(Onze heures quarante-huit minutes)
Le
Président (M. Hardy) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Énergie et Ressources naturelles des crédits budgétaires du portefeuille
Énergie et Ressources naturelles pour l'exercice financier 2018‑2019. Une enveloppe
de 12 heures a été allouée pour l'étude de ce portefeuille.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Busque (Beauce-Sud)
est remplacé par M. Boucher (Ungava); M. Simard (Dubuc) est remplacé par M. Carrière
(Chapleau); et M. Roy (Bonaventure) est remplacé par M. Bourcier
(Saint-Jérôme); et finalement Mme D'Amours (Mirabel) est remplacée
par M. Lefebvre (Arthabaska).
Énergie
et Ressources naturelles
Le
Président (M. Hardy) :
Merci. Nous allons débuter par les remarques
préliminaires, puis nous allons
procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ
20 minutes, incluant les questions et les réponses.
Puisque nous
avons débuté nos travaux en retard et qu'une période de deux heures doit être
consacrée à l'étude de ces crédits ce
matin, y a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux au-delà
de l'heure prévue, soit jusqu'à 13 h 15?
M. Moreau : ...M.
le Président, vous en avez fait la suggestion
tantôt, on va aménager tout ça. Je comprends qu'il y a eu des retards avec les discussions qui ont eu
lieu en Chambre avec le président. Moi, en ce qui me concerne, je vais raccourcir les remarques préliminaires. Je
sais que j'ai droit à 12 minutes, on va le réduire. Je n'ai pas de problème
à ce qu'on aille à 13 h 15, puis on essaiera de récupérer
l'ensemble du temps.
Le Président (M. Hardy) :
Merci, M. le ministre. M. le député...
M. Rochon : Je vais... Avez-vous parlé de 13 h 15, M. le ministre? Oui? D'accord. Alors, j'annonce aussi que moi, je n'aurai pas de remarques préliminaires, mais je vais prier le secrétariat de reporter le temps dévolu à ces remarques, là, m'appartenant,
au bloc d'échange avec le ministre.
• (11 h 50) •
Le Président (M. Hardy) :
Merci. Vous aussi, vous acceptez. Bon. Mme la secrétaire, on va...
Remarques
préliminaires
Donc, nous débutons donc avec les remarques
préliminaires. M. le ministre, vous disposez de 12 minutes.
M.
Pierre Moreau
M. Moreau : Oui, mais j'ai annoncé, M. le Président, que je ne prendrais pas les 12 minutes. Je vais simplement prendre quelques secondes pour, un, d'abord, vous saluer, vous remercier
de présider cette commission. Je veux saluer également les membres de l'aile
parlementaire libérale, notamment mon adjoint parlementaire, le député
d'Abitibi-Est, le député de
Saint-Maurice, le député de Côte-du-Sud et le député d'Ungava, saluer le
porte-parole de l'opposition officielle, le député de Richelieu, et le
député d'Arthabaska, représentant la deuxième opposition, et les assurer de ma
plus grande collaboration. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Hardy) :
Merci, M. le ministre. Disons que j'ai oublié de dire que le gouvernement avait
12 minutes, l'opposition officielle, sept minutes, et le deuxième groupe
d'opposition, cinq minutes.
Donc,
j'invite maintenant le porte-parole de l'opposition
officielle à faire ses remarques préliminaires, pour un maximum de sept minutes.
M. Sylvain Rochon
M. Rochon : Oui, M.
le Président, remarques que je vous
ai indiqué que je n'allais pas faire, préférant que ce temps soit réparti dans les blocs d'échange, là, que
j'aurai avec le ministre. Alors, je vais me limiter à vous saluer, à
saluer le secrétariat
de la commission, les collègues du parti
ministériel, de la deuxième opposition; évidemment, M. le ministre
et celles et ceux qui l'accompagnent.
Le Président (M. Hardy) :
Merci, M. le député de Richelieu. Je cède la parole au porte-parole du deuxième
groupe d'opposition pour ses remarques
préliminaires, pour un maximum de cinq minutes. M. le député d'Arthabaska.
M. Éric Lefebvre
M. Lefebvre :
Merci beaucoup, M. le Président. Moi non plus, je ne prendrai pas les minutes,
mais permettez-moi de vous saluer, saluer le ministre et les gens qui
l'accompagnent, les différents collègues de l'Assemblée. Merci.
Discussion générale
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup. Je vous remercie. Je suis
maintenant prêt à reconnaître une première intervention de l'opposition officielle pour un premier groupe
d'échange. M. le député de Richelieu, la parole est à vous.
M. Rochon : Oui. Et ce bloc
d'échange durera?
Le Président (M. Hardy) :
20 minutes. C'est ça. Un peu plus de 20 minutes.
M. Rochon : Approximativement
20 minutes. Parfait.
Alors, sur
les activités, M. le Président, du ministère que les crédits lui permettent
mener, nous nous intéresserons d'abord,
si vous le voulez bien, à l'intérêt du gouvernement pour les hydrocarbures.
Rappelons l'adoption de la Loi sur les
hydrocarbures en 2016, en dépit d'une vive opposition, je pense qu'on va dire,
d'une opposition quasi unanime, là, de
la société civile, des partis d'opposition, des Premières Nations, du monde
municipal. Ayons en tête aussi que, depuis l'adoption de cette loi sous bâillon, agriculteurs, groupes syndicaux,
environnementaux, citoyens se sont unis pour demander au gouvernement le
retrait intégral des quatre projets de règlement de mise en oeuvre de la Loi
sur les hydrocarbures déposée à
l'automne 2017. Le Regroupement des organismes de bassins versants du
Québec, l'Union des municipalités du
Québec, Fédération québécoise des municipalités se sont joints à cette
coalition pour demander le retrait des projets de règlement. Il y a
plein d'autres groupes qui ont émis de vives craintes.
Le ministre a
déclaré, le décembre 2017, à l'émission de Paul Arcand :
«Sérieusement — et je
cite le ministre, M. le Président, je suis sûr qu'il va se
reconnaître — sérieusement,
vous pensez que, si je retire les règlements, je ne créerai pas une situation encore plus terrible? Il n'y aura rien pour
réglementer ces activités-là. Vous pensez qu'un vide juridique est
préférable à une réglementation qui s'appuie sur des données scientifiques?» Je
le cite.
Le ministre
veut donc combler le vide juridique. Mais est-ce favorable de le faire en sécurisant
les droits immobiliers réels sans le
consentement des propriétaires ni de la population en général? N'y a-t-il pas
d'autres manières de combler le vide
juridique? Pourquoi ne pas avoir, par exemple, adopté une réglementation visant
à ne pas renouveler les permis peu ou pas actifs, c'est-à-dire
l'essentiel des 300 permis en vigueur? On aurait pu aussi combler le vide
juridique en adoptant une réglementation qui
restreindrait considérablement la portée de ces permis, en tout cas qui
interdirait, qui interdirait... Est-ce possible de faire ça, d'interdire
des procédés, d'interdire tous les procédés d'extraction non conventionnels,
telle la fracturation hydraulique? C'est ça, la technique honnie, là, des Québécois.
Le
30 octobre 2017, le ministre indiquait dans une mêlée de presse que son gouvernement ne comptait pas annuler les
permis d'exploration ayant déjà été
octroyés dans la vallée du Saint-Laurent. Il disait : On ne peut rien
faire avec ces permis déjà émis, si on ne passe pas aux autres étapes, ce n'est
pas parce qu'on a un permis d'exploration que l'on peut commencer à creuser le sol. Il se souviendra
d'avoir dit ça, je présume. Alors, si l'intention du gouvernement, c'est de
fermer la porte à l'exploration et à
l'exploitation des hydrocarbures dans la vallée du Saint-Laurent, pourquoi ne
pas annuler les permis dans les basses terres du Saint-Laurent?
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Merci. Je vais répondre à la question, bien entendu. Juste avant, vous me
permettrez, compte tenu de la façon
dont nous dirigeons nos travaux, de présenter les gens qui m'accompagnent, je
pense que ce sera utile pour les membres
de la commission : d'abord, immédiatement à ma droite, Mme la
sous-ministre, Dominique Savoie, sous-ministre en titre du ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles; à sa
droite, Mme Johanne Gélinas, qui est présidente-directrice générale
de TEQ; derrière moi, avec de jolies lunettes colorées, Mme Luce Asselin,
qui est sous-ministre adjointe au ministère
des Ressources naturelles, Mario Gosselin, qui est sous-ministre adjoint
également, et Diane Jean, Mme Jean qui est présidente de la Régie de l'énergie, qui est à l'arrière; sur ma
gauche, mon directeur de cabinet, Olivier Parent.
M. le député de
Richelieu, vous posez une question qui est très... qui est une grande question
d'actualité, notamment dans votre
circonscription et dans l'ensemble de la vallée du Saint-Laurent. Vous me
permettrez simplement de faire la mise en situation suivante.
Nous avons
adopté la Loi sur les hydrocarbures. Mon prédécesseur, le ministre, qui est
maintenant président du Conseil du
trésor, a fait adopter cette Loi sur les hydrocarbures, qui remplace la Loi sur
les mines, qui est une loi qui datait d'un
bon moment et qui comportait... disons, qui souffrait d'une absence de
modernité pour répondre aux questions qui touchent l'encadrement des
hydrocarbures. En même temps que la loi a été adoptée, mon prédécesseur a
déposé quatre projets
de règlement, et la mise en vigueur de ces règlements-là amènerait la mise en
vigueur de la loi. On avait prévu une
période générale d'examen des règlements, ce qu'on appelle la période de
prépublication, de 45 jours, et, lorsque j'ai été assermenté dans
les fonctions de ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, j'ai
constaté que cette période de 45 jours
venait à expiration le lendemain de ce que seraient les élections générales
dans les municipalités au Québec. Et,
comme les élus municipaux, le député de Richelieu en a fait mention, s'étaient
exprimés déjà sur la question de la
réglementation, je pensais qu'il était normal de prolonger cette période
d'examen des règlements pour permettre aux nouveaux conseils, en ne présumant pas du résultat des élections
municipales, de s'exprimer, donc on a prolongé cette période de
consultation. Et on a reçu de nombreux mémoires, des lettres, des courriels,
500 lettres, des courriels, 46 mémoires des municipalités, des
titulaires de droits, de juridictions, de certains parlementaires, des chercheurs,
d'organismes, des représentants des
Premières Nations, des résolutions du milieu municipal, des avis des ministères
et une pétition, qui sont venus commenter cette réglementation-là.
• (12 heures) •
La question
du député est de savoir pour quelle raison est-ce qu'on n'annule pas les
permis. Il faut savoir que le régime juridique qui entoure la question
des hydrocarbures, au Québec, est un régime juridique qui est évolutif et que le fait de détenir un permis à un moment donné ne
confère pas au détenteur du permis tous les droits, tant et aussi longtemps
que la procédure en vigueur n'est pas
rencontrée. Or, la procédure qui est mise en place par la Loi sur les
hydrocarbures est beaucoup plus
sévère et beaucoup plus restrictive que la procédure mise en place
historiquement par la Loi sur les mines, et notamment certains éléments de procédure, dans les règlements qui
sont en examen, sont de nature à encadrer de façon beaucoup plus stricte
cette activité-là, de sorte que, s'ils étaient mis en vigueur, et on l'a dit,
mon collègue, mon prédécesseur l'a indiqué,
cette réglementation-là est, au moment
de son dépôt et avant son entrée en vigueur, la réglementation la plus
sévère mise en place à l'égard des hydrocarbures.
Maintenant,
la période de consultation, on ne souhaitait pas qu'elle soit inutile. Et, le
nombre de représentations que nous
avons eues, j'ai rencontré les élus de l'Union des municipalités du Québec,
ceux de la Fédération québécoise des municipalités,
notamment dans la région où se situe la circonscription de mon collègue, et les
élus de la région de la Gaspésie, où
se trouvent trois sites potentiels d'exploitation d'hydrocarbures, le site
Haldimand, le site Galt et le site Bourque, qui pourraient théoriquement être plus impactés par ça, et nous sommes,
à l'heure actuelle, à colliger les informations que ces gens-là nous ont... les commentaires que l'ensemble des groupes
et des représentants, notamment les Micmacs, dans la région de la
Gaspésie, nous ont faits.
Annuler les
permis — je
complète là-dessus — annuler
les permis ne servirait à rien d'autre qu'à partir un débat juridique,
alors que les permis actuellement détenus ne feront pas en sorte que les
détenteurs de ces permis pourront s'exclure
de la procédure, éventuellement, qui sera mise en place. Donc, ce que me
suggère le député de Richelieu, la raison pour laquelle on ne l'a pas fait, c'est qu'on ne voit pas l'utilité de
le faire, compte tenu des règles qui seront beaucoup plus restrictives
qui seront mises en place.
Le Président (M. Hardy) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Richelieu.
M. Rochon : Oui. D'abord, une réaction, là, sur le fait que
le ministre se targue d'avoir prolongé la période au cours de laquelle
tous et toutes peuvent réagir au règlement. Bon, ils peuvent en effet toutes et
tous y réagir, mais ces règlements, contrairement à un projet de loi, ils ne
font pas l'objet de commentaires, d'étude devant les caméras, tous microphones
ouverts, hein? Et je souhaite faire remarquer au ministre ce que j'ai souventefois
fait observer aux parlementaires : Nous
avons, lorsque nous avons voté le projet de loi n° 106, adopté une loi,
malgré l'avis de l'opposition officielle, sans en connaître la portée.
Moi, je trouve qu'il y a là un déficit de démocratie.
Mais revenons
aux règlements, à ces règlements très sévères. Le prédécesseur du ministre en
particulier aimait nous rappeler qu'il s'agissait, selon lui, des
règlements sur les hydrocarbures les plus sévères en Amérique du Nord. Eh bien, une étude exhaustive du Centre québécois
du droit de l'environnement démontre que ce n'est pas du tout le cas, et je cite cette étude : «...les normes
proposées ne constituent pas, au vu des encadrements législatifs existants en
Amérique du Nord et à
l'international, "les meilleures pratiques généralement reconnues pour
assurer la sécurité des personnes et des biens, la protection de
l'environnement et la récupération optimale de la ressource".»
«Les mesures
proposées dans les quatre règlements de mise en oeuvre de la Loi sur les hydrocarbures
répondent de façon imparfaite aux
enjeux identifiés dans le cadre de l'étude environnementale stratégique et des
rapports du BAPE, en ce que bon nombre des recommandations ne semblent
pas avoir été prises en considération.»
Et le mémoire
déposé, là, décrit plusieurs normes des projets de règlement sur les
hydrocarbures du ministre qui sont
moins bonnes que celles adoptées par de nombreuses juridictions, notamment pour
les distances séparatrices avec les sources
d'eau potable, mais surtout pour la fracturation hydraulique. Et là je le
cite : «...la fracturation hydraulique à grand volume est interdite...»
Ça, ils ne veulent pas faire ça, le gouvernement, interdire la fracturation
hydraulique. Elle est interdite, la fracturation hydraulique à grand
volume, dans l'État de New York, dans celui du Vermont, tandis que les
provinces du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de
Terre-Neuve-et-Labrador sont présentement sous un moratoire. «...l'Île-du-Prince-Édouard a déposé un projet de loi visant
à interdire la fracturation hydraulique, tandis que de l'autre côté de l'Atlantique la France,
l'Allemagne, l'Irlande, l'Écosse, les Pays-Bas et la Bulgarie sont parmi les
pays européens à avoir interdit ou suspendu la fracturation
hydraulique.»
Alors,
vraiment, là, pour les règlements sur les hydrocarbures les plus sévères au
monde, là, il me semble, en tout respect,
qu'il faut repasser, ce n'est pas exact. Alors, est-ce que le ministre peut amender le discours tenu de façon, je
dirais, plus marquée par son
prédécesseur et nous faire l'aveu qu'en effet il est abusif de dire que les
normes québécoises sont parmi les plus sévères?
Le Président
(M. Hardy) : Merci, M. le député de Richelieu. M. le ministre.
M. Moreau : Alors, la
réponse est certainement non, M. le Président. Il y a deux éléments, là-dessus.
D'abord, sur la question de fracturation
hydraulique, je rappellerai au député de Richelieu qu'on est dans une situation
de moratoire virtuel pour tout ce qui touche la vallée du Saint-Laurent.
D'autre part,
sur les distances séparatrices, vous dites qu'on n'est pas les plus sévères.
Alors, sur les distances comparables,
par exemple, pour les bâtiments, on a 75 mètres en Ontario, on a
275 mètres au Québec, on a 46 mètres dans l'État de New York. Sur les infrastructures de
transport comme les rails, on a 40 mètres; en Californie, on est à
30 mètres. Sur les cimetières,
on est à 100 mètres. La seule juridiction la plus sévère, c'est
l'Australie, 150 mètres. Sur les aéroports, on est à 1 000 mètres; on est 91 mètres en Californie.
Sur les institutions, par exemple les hôpitaux, on est à 275 mètres;
on est à 46 mètres dans l'État de New
York. Alors, ça, c'est les règlements qui sont déposés avec les distances qui y
sont contenues.
Maintenant, j'ai dit, dans la première
intervention que j'ai faite, que ces règlements-là ont été soumis à la consultation. Et je ne me targue pas d'avoir
prolongé, je constate que nous avons effectivement prolongé. C'est un constat, je ne m'en tape pas les bretelles. Je pense que
c'est tout à fait... c'était dans l'ordre des choses de procéder ainsi. Et on
a reçu de nombreux commentaires, et les
commentaires notamment de plusieurs maires et des unions municipales ne vont pas
dans le sens d'interdire l'exploitation des hydrocarbures, ils vont dans le
sens, souvent, d'augmenter les distances ou les protections. Et j'ai aussi dit à des nombreuses reprises, et
privément et publiquement, et je le répète ici, que moi, je ne suis pas marié avec les distances qui sont
contenues dans ces règlements-là et que, s'il y a lieu de les augmenter, on va
les augmenter.
Sur la
question de la fracturation, je vous rappellerai que mon prédécesseur a
également publié un document qui s'appelle
les Orientations du ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles en
matière d'acceptabilité sociale et que l'acceptabilité sociale est
le premier critère qui sera considéré dans les décisions gouvernementales et
dans la procédure qui sera mise en place pour... à chacune des étapes
d'autorisation d'un projet.
Je rappelle
que nous sommes dans une situation de moratoire virtuel en ce qui a trait à la
fracturation dans la vallée du Saint-Laurent. Et le gouvernement va
faire connaître dans les prochaines semaines ses orientations définitives, qui tiendront compte, d'une part, de l'acceptabilité
sociale sur la question des hydrocarbures et les modes d'exploitation et
des commentaires qui ont été reçus.
Alors, moi,
je vous dis, M. le député, il est faux de laisser entendre à la population, aux
gens qui nous écoutent que le gouvernement a pris sa décision et qu'il y aura
de la fracturation. On est loin de là. Et on est tellement loin de là que les critères d'acceptabilité sociale ont été
érigés comme un guide d'orientation, comme une référence qui est prise
en considération dans les décisions qui sont prises.
Sur la
question des droits de propriété, vous m'avez interrogé sur les droits de
propriété, je vous référerai notamment aux articles de la loi elle-même,
non seulement des règlements, mais de la loi, en particulier l'article 29
et 30 sur les obligations qui sont faites à une personne avant d'aller à
l'encontre d'un droit de propriété.
Le Président (M. Hardy) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Richelieu.
M. Rochon : Oui, merci, M. le Président. Le ministre a
affirmé que, dans les basses terres du Saint-Laurent, on était en
situation de moratoire. Je l'ai aussi entendu dire... Pardon?
Une voix : Virtuel.
M. Rochon : Oui, virtuel, virtuel. Moratoire virtuel, c'est
joli. Je l'ai aussi entendu dire à la télévision gaspésienne, que nous
étions en situation de quasi-moratoire. Alors, le vocabulaire change.
Mais le
ministre sait-il qu'en réalité il n'existe aucune loi, aucun règlement, aucun
décret imposant un moratoire dans la
vallée du Saint-Laurent? Tout ce qui existe légalement, c'est la possibilité,
et non l'obligation, pour un titulaire de
permis, de ne pas faire de travaux, en vertu de la Loi limitant les activités pétrolières
et gazières. Alors, sait-il, d'une part, cela?
Et je
l'entends dire que le gouvernement n'a pas pris de décision à l'égard de la
fracturation hydraulique. Eh bien, pourquoi?
Pourquoi ne nous annonce-t-il pas qu'il est possible qu'en effet le gouvernement l'interdise? Et là il pourrait peut-être parler des règlements
parmi les plus sévères, hein, avec beaucoup d'autres, par ailleurs.
Alors, je lui donne l'occasion de divorcer avec
la fracturation hydraulique, M. le Président, pour employer le terme «divorce»
de tantôt, c'est un avocat...
• (12 h 10) •
Le
Président (M. Hardy) : M. le ministre, je vous demanderais d'être assez court dans vos réponses,
proportionnel à la question.
M. Moreau : Oui.
J'essaie d'ajuster les réponses à la longueur des questions.
Alors, d'abord,
M. le Président, pour divorcer, encore faut-il être marié. Je ne
suis pas marié avec la fracturation hydraulique, alors je vous le dis tout
de suite, donc je n'ai pas besoin de divorcer.
Par ailleurs, quand on regarde, de 2011-2012 à 2017‑2018, il n'y a
eu aucun forage et aucune fracturation dans la vallée du Saint-Laurent et il
n'y a eu aucun permis et aucune
demande qui a été faite en ce sens-là. Alors, il ne faut pas non plus se... il
ne faut pas non plus faire les Don Quichotte et essayer de combattre des choses
qui n'existent pas.
La raison pour laquelle je n'annonce
pas aujourd'hui les orientations du gouvernement, c'est précisément parce qu'à la réponse
précédente je vous ai dit que le gouvernement ferait connaître ses orientations
dans les prochaines semaines. Aujourd'hui,
on est à l'étude des crédits budgétaires, je suis convaincu que vous aurez des
questions à poser là-dessus. Et vous aurez tout le loisir de questionner
les orientations du gouvernement lorsqu'elles seront rendues publiques.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Richelieu.
M. Rochon : En tout respect, encore une fois, M. le Président, le statut du
ministre à l'égard de sa relation avec la
fracturation hydraulique n'est réellement pas clair. Est-il marié? Est-il
conjoint de fait? Est-il séparé ou a-t-il divorcé de la fracturation
hydraulique? On ne peut pas en être bien certains, à l'entendre, la relation ne
semble pas très claire.
Et je reviendrai par
ailleurs à ces projets ou ces perspectives inexistantes de fracturation
hydraulique. Je lui parlerai un peu plus
tard, je vois que mon temps sera révolu, là... je lui parlerai plus tard de
Questerre, hein, et de son projet d'expérimentation de gaz de schiste,
Questerre et son projet d'expérimentation de gaz de schiste.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Moreau :
Bien, écoutez, alors, je n'ai ni fréquenté et je ne prévois pas fréquenter ni
marier les tenants de la fracturation.
Et il n'y a personne qui l'a fait, d'ailleurs, au gouvernement. Ce qu'on fait,
on le fait de façon très sérieuse. On
a une politique énergétique qui est claire. Et on termine... on a terminé cette
période de recueillir les commentaires sur
la réglementation qui a été déposée par mon prédécesseur. Je le répète, on
prend très au sérieux les remarques qui nous été faites, le gouvernement n'est pas désincarné des commentaires qui
sont faits, notamment sur la fracturation hydraulique, mais les commentaires dépassent largement la
question de la fracturation hydraulique. Il y a des commentaires qui ont
été faits sur les distances, il y a des
commentaires qui ont été faits de façon très constructive, d'ailleurs, sur les
bassins versants des cours d'eau. On
est très conscients du fait que les gens demandent une protection importante
des cours d'eau et on va répondre à ces commentaires-là par les
positions gouvernementales, je le répète, M. le Président...
Le Président
(M. Hardy) : Merci, M. le ministre.
M. Moreau :
...dans les prochaines semaines.
Le Président
(M. Hardy) : Merci. M. le député de Richelieu, pour 3 min
42 s.
M. Rochon :
Parfait. Alors, bonne nouvelle pour vous, tiens, je pourrai vous parler de
Questerre. Ça, c'est la compagnie gazière
albertaine, là, qui lève un peu chaque jour davantage le voile sur son projet
de forage dans la vallée du
Saint-Laurent pour y exploiter le gaz de schiste. Elle ne s'en cache pas, là,
elle entend mener une étude technique et de faisabilité dite indépendante, et puis, si l'étude est positive, bien,
l'étape suivante sera d'aller demander, là, les autorisations pour forer
dans les MRC de Bécancour et de Lotbinière.
Et
il faut reparler, là, un instant du projet de loi n° 102. Vous savez qu'il
y a un article de ce projet de loi qui permet à la ministre de l'Environnement
de déroger à la loi ou à un de ses règlements et d'autoriser des projets à des
fins de recherche et
d'expérimentation dont l'objectif est d'évaluer la performance environnementale
d'une nouvelle technologie ou d'une nouvelle
pratique. C'est là, là, que Questerre, là, la compagnie, voit un sentier, là,
hein, un chemin étroit, là, pour aller faire ce qu'elle a le goût de
faire, là, dans les régions que j'ai identifiées tantôt.
Moi, les échanges auxquels j'ai assisté, pendant
l'étude du projet de loi n° 102,
m'ont donné l'impression que l'article
devait servir aux projets de technologies propres, là, aux technologies
innovantes qui ont un impact positif sur l'environnement, pas des projets
d'expérimentation de gaz de schiste, à moins que le gouvernement ne qualifie de
gaz de schiste comme ayant un impact
positif sur l'environnement. Bien, on va régler ça tout de suite. Est-ce que le
ministre des Ressources naturelles peut garantir que jamais lui ou sa
collègue de l'environnement ne donneront d'autorisation à Questerre pour un
projet d'expérimentation de gaz de schiste?
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre, pour 1 min 42 s.
M. Moreau :
Ce que je peux garantir au député de Richelieu, c'est qu'il n'y a pas de
demande de la part de Questerre à cet
égard-là, et qu'on verra les demandes que Questerre vont faire, et elles seront
examinées en fonction de la législation
et de la réglementation qui seront en vigueur au moment où les demandes seront
présentées. C'est comme ça qu'on fonctionne dans une société de droit.
Ce qui me ramène à ma
première... à mes premières réponses. Nous avons l'intention d'avoir une
position gouvernementale qui, en matière
d'hydrocarbures, amènera la réglementation et la législation la plus rigoureuse
à l'égard des modes d'exploitation.
Et encore une fois je le répète, parce que je ne veux pas que le préambule des
questions devienne une position
gouvernementale, le député de Richelieu peut répéter ad nauseam le mot
«fracturation» pour le gaz de schiste, le gouvernement ne va pas dans
cette direction-là.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Richelieu.
M. Rochon : M. le Président, le
premier ministre a dit, en septembre 2016 : Il n'y aura pas de fracturation
hydraulique dans la vallée du Saint-Laurent. Le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles a déclaré, lui, après
ça, que le Québec aurait tort de ne pas exploiter ces hydrocarbures et de se
priver des revenus qu'ils pourraient générer.
Est-ce que, oui ou
non, il entend autoriser un projet d'expérimentation de gaz de schiste si ce
projet lui est présenté? Questerre, hein, le fait voir, là, qu'elle ira de ce
côté-là, qu'elle sera en demande. Oui ou non?
Le Président
(M. Hardy) : Trois secondes.
M. Moreau :
M. le Président, il n'y a pas d'incompatibilité entre ce que le premier
ministre a déclaré et ce que
j'ai déclaré...
Le Président
(M. Hardy) : Merci beaucoup.
M. Moreau :
...puisqu'on peut explorer nos ressources sans recourir à la fracturation.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup, M. le ministre. Le temps de l'opposition officielle est maintenant terminé. Avant de continuer avec le côté gouvernemental, on a commencé à peu près une vingtaine de minutes en retard ce matin. Ça me prendrait un consentement. Soit qu'on
enlève 20 minutes, on le répartit partout, ou nous finissons ce soir,
au souper, 10 minutes plus tard ou en
soirée 10 minutes plus tard. On a
déjà pris 15 minutes que le ministre nous a données, là, c'est ça,
il nous reste 20 minutes à utiliser.
Une voix :
...
Le
Président (M. Hardy) : O.K.
Pour le souper, quand on va finir, on va finir 10 minutes plus tard, et ce
soir on va finir 10 minutes plus tard aussi, ça fait que ça va
conclure avec le 15 minutes que vous nous avez donné, M. le ministre.
Parfait.
Et maintenant nous
passons du côté gouvernemental avec M. le député de Côte-du-Sud pour une
période de 20 minutes.
• (12 h 20) •
M. Morin :
Merci, M. le Président. Je veux échanger avec le ministre sur le développement
du réseau du gaz naturel.
Le
gaz naturel, on sait que c'est une énergie de transition qui va contribuer à la
diminution des émissions de gaz à effet
de serre. Le gaz naturel va permettre de réduire les émissions de gaz à effet
de serre jusqu'à 25 % en comparaison du carburant diesel et jusqu'à 32 % en comparaison avec le mazout.
Il permet en outre à l'élimination de pratiquement tous les polluants atmosphériques. On sait qu'au
cours des prochaines années cette énergie jouera un rôle de plus en plus
important dans le soutien au développement
économique et dans la compétitivité des entreprises québécoises sur la scène
internationale.
J'ai
un but, en vous parlant de ça, M. le ministre, vous allez comprendre un petit
peu plus tard pourquoi que je parle de compétition et de compétitivité,
entreprises québécoises sur la scène internationale.
L'accès
au gaz naturel, c'est un facteur de compétitivité et de rétention très
important sur les entreprises québécoises. Donc, en plus d'être un levier économique majeur, le gaz naturel est
reconnu comme le combustible fossile ayant le moins de répercussions
environnementales lors de sa combustion, qui favorise ainsi l'atteinte des
objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. On parle de GES.
Pour réaliser des
projets d'extension du réseau de gaz naturel, souvent, très souvent, les
distances qu'il faut parcourir pour
rejoindre les régions non desservies, ça va requérir des investissements
importants. Ces investissements ne permettent
généralement pas d'atteindre les critères de rentabilité que la régie...
nécessaires au maintien des tarifs pour l'ensemble de la clientèle qu'un distributeur de gaz naturel doit rendre
des comptes. Dans le cas où les projets ne sont pas en mesure de satisfaire ces critères, la régie établit une dépense
maximale que le distributeur peut assumer sans faire augmenter la facture de la totalité des
consommateurs. Les coûts supplémentaires doivent donc être pris en charge par
les différents paliers de gouvernement.
On se rappelle, M. le
ministre, que, dans le discours du budget 2015‑2016, le gouvernement avait
réservé un investissement de 16,3 millions pour un projet dans la MRC de
Bellechasse, ça, ça couvrait 72 kilomètres de Lévis à Sainte-Claire, pour raccorder 150 bâtiments
au réseau du gaz naturel. Ça fait diminuer de plus de 8 600 tonnes
annuellement les émissions de GES dans la région de Bellechasse.
Dans le discours du
budget 2017‑2018, on a réservé en priorité trois projets, donc un projet
pour la région de Thetford Mines, dans la
MRC des Appalaches, pour réduire 1 000 tonnes de GES annuellement.
Dans la MRC de Portneuf, on a
priorisé un projet pour réduire 1 600 tonnes de GES annuellement.
Dans la MRC de Beauce-Satigan, la même chose, donc, pour 400 tonnes de GES. Donc, ces trois projets vont
être probablement approuvés bientôt.
Mais,
moi, mon intention est voulue, de vous parler de ça, parce que
dans ma MRC, la MRC de Montmagny, ils sont en attente d'un projet, ils
souhaitent la venue du gaz. Même le maire de Montmagny, il dit dans les
médias : Le gaz, c'est
important. Dans la MRC de Montmagny, c'est 100 entreprises
manufacturières dans sept secteurs d'activité et près de 3 500 emplois.
Donc,
je vous ai parlé de compétitivité, je vous ai parlé beaucoup de sauver des GES. La
région de Montmagny, comme bien
d'autres régions dans le Québec, a besoin du gaz naturel, mais j'ai un petit
penchant pour mon comté. Est-ce
que vous avez entendu parler de ce beau projet que les gens de la MRC attendent
fébrilement?
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau : Oui, merci,
M. le Président. Oui, M. le député, j'en ai entendu parler. D'ailleurs, je vous ai écrit une lettre dans laquelle
je vous indique que, dans le cadre de la Politique énergétique 2030, le gouvernement
entend poursuivre l'extension du réseau
gazier pour assurer aux ménages et aux entreprises un accès fiable, et sécuritaire, et stable
au gaz naturel. Le plan d'action 2017‑2020 prévoit
l'extension de réseaux de distribution de gaz naturel afin d'assurer la diversification et l'amélioration de l'approvisionnement
et de l'énergie. Et j'indiquais que le gouvernement du Québec souhaite poursuivre l'appui à différents projets
d'extension du réseau de distribution du gaz naturel au cours des prochaines
années et je vous assurais que le projet de
prolongement du réseau de gaz entre Saint-Henri-de-Lévis et Montmagny sera
considéré dans ces projets-là.
Ce qui est
important, c'est de voir que cette lettre-là, aussi, fait écho à ce qui est
prévu dans le budget qui a été déposé
par mon collègue le ministre des Finances, et je vous réfère à la page D.131
des documents budgétaires, du plan économique
du Québec, où on dit : «À cette fin, le plan économique du Québec de mars
2018 prévoit 36,5 millions de dollars
additionnels pour appuyer financièrement la réalisation de nouveaux projets
[qui visent] à étendre le réseau de
distribution de gaz naturel dans différentes régions du Québec, notamment la
Montérégie, l'Estrie et Chaudière-Appalaches, où Énergir a récemment
ciblé des projets majeurs démontrant un potentiel économique.»
Ce qu'il est
important aussi de mentionner, c'est que, dans nos crédits budgétaires du ministère, aux crédits de transfert, il y a une
somme pour le prolongement du réseau de distribution de gaz naturel de 6,6 millions
de dollars pour 2018‑2019
qui a été ajoutée justement pour tenir compte de l'effort gouvernemental pour l'ensemble du prolongement des réseaux.
Ce que vous dites est essentiel, c'est-à-dire que
ça permet aux entreprises du Québec de recourir à une énergie qui est beaucoup plus propre, parce qu'en général,
lorsqu'il y a une conversion vers le gaz naturel, ce qu'on délaisse, c'est
des énergies qui sont beaucoup plus
polluantes, comme le diesel ou le mazout. Et effectivement les experts
s'entendent généralement sur les
chiffres, il y a des variations, sur le fait que le gaz naturel, comme énergie
de transition, est une énergie qui nous permet de réduire l'empreinte
carbone en réduisant les gaz à effet de serre.
Bon, il y a
des débats sur le fait que, dans la production, il y a des pertes, et tout ça,
mais les distributeurs d'énergie sont
bien au fait de ça. Et j'avais des entretiens récents avec Énergir sur le fait
qu'eux non seulement sont en mesure de constater la réduction de
l'empreinte carbone par l'utilisation du gaz naturel, mais le fait aussi... et
ils attendent, et ils sont prêts à ça, le
gouvernement va agir au cours de cette année en imposant une partie plus
importante, dans le gaz naturel, de
biocarburant. Et les entreprises de distribution sont d'accord pour voir le gouvernement
réglementer là-dessus et avoir des
exigences qui vont faire en sorte que non seulement on va partir de 100 %
de gaz naturel, qui est déjà un facteur de réduction des gaz à effet de serre, mais on va avoir un gaz qui va être
également plus propre en imposant aux distributeurs un pourcentage de
biocarburant dans le gaz.
J'ai indiqué
tantôt que la présidente de TEQ, Mme Gélinas, m'accompagnait. J'aimerais,
avec votre permission, M. le
Président, lui permettre d'intervenir sur cette question-là et de voir comment,
parce que le TEQ va bientôt déposer un
plan directeur, comment on prendra en compte les éléments liés au gaz naturel
et à l'impact de réduction du gaz naturel sur les gaz à effet de serre,
avec votre permission.
Le
Président (M. Hardy) : Oui. Ça me prendrait un consentement pour
que Mme Gélinas parle. Consentement? Si vous voulez donner votre
nom et votre titre, s'il vous plaît.
Mme Gélinas
(Johanne) : Bonjour. Johanne
Gélinas, présidente-directrice générale de Transition énergétique
Québec.
Alors, un
complément d'information au point du ministre, à savoir que, pour l'ensemble
des énergies à la fois de transition
et aussi pour ce qui est de la transition vers le tout électrique, il y aura,
dans le cadre du plan directeur, qui est
en voie de finalisation, des analyses de cycle de vie qui nous permettront de
regarder, pour l'ensemble de la production jusqu'à l'utilisation, l'impact au niveau des réductions de gaz à effet
de serre. Et on s'entend pour dire que, dans un monde idéal, on irait au tout électrique. Il y a des
projets où ce n'est de toute évidence pas faisable, et à cet égard-là le gaz
naturel, bien sûr, apparaît comme une énergie de transition à
privilégier.
Le Président (M. Hardy) :
Merci. M. le député de Côte-du-Sud.
M. Morin :
Ça va. Tout simplement pour ajouter que chez nous, là, il y a des compagnies
qui font affaire mondialement. Je
pense à Habitaflex, Montel Amérique du Nord, Technion, Marquis Imprimeur, c'est
à travers l'Amérique du Nord. Cette
demande est vraiment réfléchie, et nos industriels, je dirais, partout en
région, ils sont performants, ils veulent encore faire plus et faire...
ajouter des emplois à nos régions, qu'on a bien besoin.
Le Président (M. Hardy) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Moreau :
Oui. Bien, ce que le député de Côte-du-Sud dit est fondamental, parce qu'on a
des entreprises qui le demandent, qui, l'obtenant, deviennent plus
performantes tout en réduisant leur empreinte carbone. Et, à l'heure actuelle, puis on le voit, ça, dans le secteur des
alumineries, le fait de recourir à une énergie verte ou à une énergie plus
propre devient, au plan international, un
élément de vente de ces produits-là parce qu'il y a une conscience internationale.
Elle est moins présente dans certains pays,
malheureusement, mais de façon générale il y a conscience internationale sur
l'importance d'agir pour réduire l'empreinte
carbone et pour produire ou faire de la transformation avec une énergie qui
est de plus en plus propre.
Je
le dis, le gaz naturel, dans ce contexte-là, est une énergie de transition.
L'augmentation... ou les exigences gouvernementales en matière de composition
du gaz naturel, qui devra incorporer du biogaz, vont dans le sens d'une amélioration encore plus importante de notre écart
sur l'empreinte carbone. Et, une fois les réseaux installés, il est permis
de penser que, lorsque les technologies seront développées pour produire en
quantité suffisante des biocarburants, les mêmes
réseaux pourront être utilisés pour approvisionner les entreprises avec des
biocarburants qui sont encore plus propres que ne peut l'être le gaz
naturel au moment où on se parle.
• (12 h 30) •
Donc, il
y a véritablement,
Mme Gélinas l'indiquait, dans un monde idéal, 100 % électrique.
Pourquoi? Parce que
l'hydroélectricité, au Québec, c'est une énergie qui est abondante, qui est
renouvelable et qui est à très faible empreinte carbone, presque même une empreinte inexistante. Mais ce n'est pas toujours
possible de le faire. On voit que le secteur minier se développe beaucoup avec des nouvelles technologies qui incorporent
de plus en plus l'électricité justement pour permettre
d'avoir de moins en moins de personnes exposées à des conditions de travail qui sont
difficiles, avec des robots qui sont
téléguidés et qui fonctionnent à l'électricité. Mais clairement
ce n'est pas pour rien qu'on a intitulé notre politique énergétique L'énergie des Québécois, c'est parce qu'on
vise véritablement à accroître, dans la mesure du possible, l'utilisation de l'hydroélectricité. Mais on est
dans une phase de transition. Ce matin, tous ceux qui sont ici ou probablement la plupart d'entre eux ont mis de l'essence dans leurs voitures pour se
rendre à l'Assemblée nationale. Pourquoi? Parce que qui dit transition dit : On part d'une étape et on se dirige
vers une autre étape. Mais, dans cette direction-là, il y a
des éléments qui deviennent des premiers pas qui nous permettront
d'atteindre le but ultime que l'on se donne.
D'ailleurs,
Mme Gélinas aurait pu vous indiquer que, les programmes
de financement de TEQ pour la conversion et l'efficacité énergétique, alors, les demandes qui sont faites
par les entreprises dans votre comté comme dans le comté de... dans tous les comtés des députés qui sont
représentés à l'Assemblée nationale peuvent faire l'objet... ce sont des projets
qui peuvent se qualifier au sein des programmes
pour une conversion vers des énergies plus propres. Le rôle de TEQ, c'est
de gérer les programmes, d'accompagner les entreprises
et d'assurer une facilité vers une transition énergétique pour réduire
notre empreinte carbone.
Le Président
(M. Hardy) : Merci, M. le ministre. M. le député d'Abitibi-Est,
pour 6 min 50 s.
M. Bourgeois : Merci, M.
le Président. M. le ministre, toute votre équipe, à la fois du ministère, des organismes
et également du cabinet, les collègues des oppositions.
Il me fait plaisir de pouvoir prendre la parole ce matin en lien avec
l'enjeu important qui s'adresse à nous, donc ce volet-là de la transition
énergétique.
Je suis heureux que
mon collègue de Côte-du-Sud ait planté le clou par rapport à certaines possibilités
qui effectivement rejoignent, dans nos comtés... Parce que souvent
les gens disent : Bon, la transition énergétique, ça s'adresse peut-être
plus à certaines grandes entreprises ou certains gros joueurs, mais partout
dans les régions du Québec nos entreprises, nos institutions souhaitent s'inscrire dans cette dynamique-là
qui est de favoriser le recours à des énergies propres, que ce soit pour les citoyens, que ce soit pour les institutions, que ce soit, également, dans les grands groupes industriels, dans des secteurs qui auparavant
n'avaient pas de reconnaissance à être tellement dynamiques dans ces enjeux-là
de vouloir s'adresser dans des préoccupations environnementales, qui
aujourd'hui les habitent de façon très concrète.
Et
je suis heureux de voir Mme Gélinas parce qu'entre autres il y a un projet
chez nous, dans le comté d'Ungava, il
y a une mine qui utilise la biomasse forestière, avec une entreprise de
l'Abitibi, qui a donc développé un projet pour utiliser la biomasse
forestière afin de chauffer les galeries, en période hivernale, plutôt que d'utiliser
du gaz propane, puisque le réseau n'est pas
accessible. Et il ne le sera pas, le réseau, contrairement à mon collègue de
Côte-du-Sud. Il y a des réalités
territoriales qui font en sorte qu'un prolongement de réseau, ça peut se faire
dans une réalité à la fois économique et,
je dirais, géographique, mais, quand on s'adresse dans des vastes territoires
comme l'Abitibi-Témiscamingue, le nord du
Lac-Saint-Jean, le comté d'Ungava, la Côte-Nord, il y a des secteurs où il y a
une difficulté de desserte qui fait en sorte qu'on doit penser plus à des combustibles que l'on peut transporter.
Mais les gens ont voulu trouver des solutions innovantes. Et, de ce côté-là, je crois que, clairement, cet
engagement-là non seulement à réduire la consommation d'hydrocarbures ou de gaz pour le diriger vers des sources
d'énergie plus propres, c'est un élément fort important, et en plus c'est
créateur d'emplois. C'est de
l'innovation qui permet à des entreprises de partout à travers le Québec de se
distinguer, de s'inscrire dans une dynamique qui est une dynamique mondiale
aussi parce qu'on est dans un marché mondial sur lequel on se compare
avec d'autres acteurs. Et je suis convaincu, Mme Gélinas, que vous devez
probablement avoir beaucoup de représentations
de la part d'entreprises qui sont en recherche et développement à justement se
positionner pour faire en sorte que l'on puisse exporter cette
compétence-là ailleurs dans le monde et la mettre au bénéfice des Québécois et Québécoises pour non seulement améliorer notre
bilan énergétique, mais également créer de l'emploi, travailler avec les
institutions, travailler avec le domaine de
l'enseignement pour faire en sorte que l'innovation technologique nous permette
d'avoir une efficacité énergétique augmentée.
De
ce côté-là, vous comprendrez qu'on a besoin d'avoir un organisme qui va faire
en sorte, je dirais, de susciter de
l'intérêt de la part des acteurs, à la fois les utilisateurs mais également
ceux qui peuvent amener des solutions. Et je veux m'assurer, de ce côté-là, M. le ministre, qu'avec Transition
énergétique Québec on a l'outil qui va nous permettre, entre autres avec le dépôt de leur stratégie et les
objectifs qu'on s'est fixés, entre autres, d'améliorer notre bilan au niveau
de l'utilisation des hydrocarbures mais également
de voir à diminuer ceux-ci dans notre... l'utilisation quotidienne. Comment
ce défi-là va être adressé de la part de Transition énergétique Québec? Parce
que, vous comprendrez, M. le ministre, l'ensemble
du Québec veut pouvoir porter cette fierté-là d'être inscrits dans une
dynamique qui n'est pas au niveau de polluer le Québec, mais d'améliorer
à la fois son bilan énergétique et son bilan environnemental.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre...
M. Bourgeois :
Donc, là-dessus, si vous permettez, M. le ministre, j'aimerais vous entendre
ainsi que Mme Gélinas.
Le Président (M. Hardy) :
1 min 24 s, M. le ministre.
M. Moreau : Oui. Alors, je vais simplement
dire qu'on a annoncé la création de TEQ dans la politique énergétique. Je vais laisser Mme Gélinas indiquer,
dans le temps qu'il nous reste, quelques-unes des orientations de TEQ.
Mme Gélinas
(Johanne) : Merci beaucoup.
Bien que le plan directeur ne soit pas encore rendu public, je ne vous donnerai pas tous les scoops, mais je vais quand
même vous donner quelques informations relatives au dernier budget.
Vous savez que TEQ existe seulement depuis un
an, donc l'essentiel a été consacré, cette année, à mettre l'organisation en
place mais aussi à déployer le... pas déployer mais de mettre en place le plan
directeur.
Par rapport au sujet que vous avez mentionné, je
suis quand même ravie de vous dire que, sans être dans le domaine de la
recherche et développement, on a un programme qui s'appelle Technoclimat qui...
Celui-ci est dans le domaine de la
démonstration de projets d'avenir, d'innovation. On a mis 20 millions de
plus pour être capables de répondre à
la demande. On reçoit beaucoup de projets innovants, au Québec, et on a besoin
d'accompagner les entreprises pour démontrer qu'il y a un potentiel de
commercialisation de ces projets-là.
Biomasse,
vous en avez parlé, un autre 45 millions cette année. C'est un programme
qui a vraiment la cote, et on le relance de façon active.
Le Président (M. Hardy) : En
terminant.
Mme Gélinas
(Johanne) : Il avait été
arrêté pendant quelques années, on le relance de façon active. Et ÉcoPerformance, un autre 30 millions pour les
entreprises qui veulent bénéficier de conversion et d'efficacité énergétiques.
Le Président
(M. Hardy) : Merci beaucoup, Mme Gélinas. Merci beaucoup, M.
le député d'Abitibi-Est. Maintenant,
je cède la parole au deuxième groupe d'opposition pour
24 min 50 s. Alors, la parole est à vous, M. le député
d'Arthabaska.
• (12 h 40) •
M. Lefebvre :
Merci beaucoup, M. le Président. M. le ministre, tout de suite, d'entrée de
jeu, je vous dis que le sujet que moi, je vais aborder, ça va être les
mines. On va parler un peu des mines, aujourd'hui.
Présentement,
on a 19 mines de minéraux métalliques. Pour la compréhension des gens à la
maison, minéraux métalliques, on
parle d'or, de zinc, de cuivre, cobalt et de nickel principalement. On a 19 mines qui sont présentement en activité, et on dit que, d'ici 2028, il va rester sept mines en
opération, selon les réserves qui sont connues, et on parle de 4 000 emplois directs qui seraient
perdus. Et, des sept mines qu'il nous resterait en 2028, il y en a trois qui
sont à risque si on n'a pas d'agrandissement de réalisé, et on parle
encore de 3 000 emplois perdus supplémentaires.
Alors, vous
comprendrez que je vais vous parler des projets miniers qui sont en
développement ou à la phase de mise en valeur. Je vais vous nommer
quelques mines. On parle de la Mine Arnaud, BlackRock, Douay Ouest, Eldor, Fenelon, lac à Paul, lac Bloom, lac Guéret, lac
Knife, lac Scott, lac Windfall, Rose tantale-lithium et Whabouchi. Ce sont des
mines, présentement, qu'on a des projets miniers qui sont en développement ou en phase de mise en valeur. La plus grande problématique, présentement, du monde minier, c'est le fardeau administratif, c'est les délais. J'aimerais savoir,
les mines que je viens de... les projets
miniers, plutôt, que je viens de vous élaborer, où en sommes-nous au niveau des
délais et comment va l'évolution de ces projets-là.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau : Merci.
Bonjour, M. le député d'Arthabaska. Merci de vous joindre à nos travaux.
Effectivement,
le domaine minier, c'est un domaine qui est très important pour le Québec, mais
c'est un domaine qui, grâce au cycle
haussier notamment des métaux de base, connaît de très bonnes années et a de
très belles perspectives.
Dans la liste
que vous avez élaborée, je ne sais pas, si dans le temps qu'on aura, on pourra
vous donner des détails sur tout ça, mais je vous donne des exemples
parce qu'il y a des noms que vous avez mentionnés qui m'ont frappés, notamment la mine du lac Bloom. La mine du lac
Bloom, c'est Cliffs Resources qui fait faillite, et qui est repris par des
activités de Québec Iron Ore, et qui a
relancé la mine du lac Bloom avec les installations qui avaient été laissées
par Cliffs, ce qui nous a permis d'ailleurs d'acquérir les actifs de la
Pointe-Noire, qui vient désenclaver l'accès à l'est du territoire du Plan Nord à travers un chemin de fer, un port en
eaux profondes à Sept-Îles, qui donne accès au minerai qui sort de la fosse du Labrador vers le centre économique de
l'Amérique, c'est-à-dire vers la voie maritime du Saint-Laurent, ou ailleurs
dans le monde à travers l'océan Atlantique.
La mine du lac Bloom, la relance de la mine du
lac Bloom, dans cette première phase là, a permis de créer 450 emplois directs. Et vous savez que le
secteur minier est le secteur où la proportion entre les emplois directs et les
emplois indirects est la plus élevée
de l'industrie. Je donne un exemple. Lorsqu'on a fait la relance de la mine du
lac Bloom, non seulement on a annoncé
450 emplois, mais déjà la compagnie a donné en sous-contrat à un
fournisseur la conversion des équipements qui sont les camionnettes qui
sont utilisées sur la mine, et il y a une entreprise de Sept-Îles, un garage à
Sept-Îles qui s'est vu confier un contrat de 1 million de dollars.
Donc, le
secteur minier est un secteur qui est extrêmement névralgique pour le Québec.
Il y a 15 projets de mine en développement.
Sur
Mine Arnaud, je vous dis tout de suite, et on pourra y aller en détail, là,
dans les questions que vous aurez, sur
Mine Arnaud, Mine Arnaud s'est vue octroyer une aide financière additionnelle
d'à peu près 3 millions de dollars, je pense, c'est 3,5 millions de dollars, lorsqu'on est allés
inaugurer les infrastructures de la Pointe-Noire, le convoyeur de la Pointe-Noire, pour avoir des analyses à
grande échelle sur la qualité du produit minier, pour lui permettre d'avoir
une ouverture sur les marchés et donc des investisseurs additionnels.
Donc, on
prend très au sérieux toute la question des investissements dans le domaine
minier. Et, le Québec, moi, j'ai fait
quelques missions à l'international avec le Plan Nord, on l'a fait en Norvège,
on l'a fait au Mexique, on l'a fait aux
États-Unis, et ce qui est l'avantage du Québec dans le domaine minier, un, bien
sûr, la diversité des ressources premières;
deuxièmement, la stabilité de son régime politique, la stabilité économique et
le fait que nous ayons une société qui
s'appelle la Société du Plan Nord — d'ailleurs, je pense que demain on étudie en
détail les crédits de la Société du Plan Nord — qui
est un... sans mauvais jeu de mots, qui est un entremetteur entre tout ce qui
touche l'entreprise et l'ensemble des
activités et l'obtention des autorisations gouvernementales. Donc, la Société
du Plan Nord est un facilitateur et un démarcheur auprès des
entreprises.
Je vous donne un exemple. Il y a
un congrès minier qui est très important, qui s'appelle Mexico Mining Forum,
auquel j'ai assisté. On avait des gens de la
Société du Plan Nord qui étaient avec nous. Il y a
des investisseurs privés au Mexique, parce qu'il y a des mines qui ferment, au Mexique, qui ont la connaissance et la main-d'oeuvre requises, qui cherchent à diversifier leurs investissements, et que nous avons revus ici, au Canada,
à Toronto, au PDAC, qui est le plus important congrès, et qui nous disent :
Oui, on est intéressés à venir au Québec. Puis ce qui est...
Une voix : ...
M. Moreau : Oui. Non,
allez-y.
M. Lefebvre : Je ne veux pas
être impoli, mais...
M. Moreau : Non, non.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député d'Arthabaska.
M. Lefebvre : ...merci,
M. le Président, mais j'aimerais
juste qu'on revienne à ma question principale, qui était au niveau des
délais, au niveau des délais d'obtention pour les projets miniers.
M. Moreau : Bien, je sais que le ministère
est en étroite relation avec les entreprises et que ce qu'on essaie de faire avec eux, puis on va le faire aussi lorsqu'on
va se déplacer en Abitibi, justement, pour rencontrer les gens du secteur minier avec mon adjoint parlementaire, c'est de voir avec eux comment on peut contribuer à raccourcir ces
délais. Mais, malgré les délais
actuels, on peut toujours s'améliorer, ça, c'est clair, puis on veut le
faire, parce qu'on sait très
bien que le secteur minier est un secteur de développement économique et de croissance très important pour le Québec.
Et j'ai eu plusieurs rencontres avec les associations dans le secteur minier, et ce qu'elles nous disent, essentiellement, c'est... Puis vous savez
que, pour la deuxième année consécutive, le Québec s'est classé sixième
dans le monde pour les investissements miniers.
Si on peut améliorer ça, puis on l'a amélioré, là, parce qu'on a sauté de huit crans dans l'échelle de classement, on va tout faire pour améliorer cette situation-là.
Mais les relations entre l'industrie minière et le ministère sont, je dois
le dire, excellentes.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député d'Arthabaska.
M. Lefebvre : Merci,
M. le Président. Écoutez,
vous avez instauré un compteur pour l'ensemble des traitements administratifs liés à la gestion des droits
miniers afin de réduire les délais et de diminuer la charge administrative pour
les entreprises, de 2016‑2018. J'aimerais savoir si vous êtes satisfaits des
résultats de ce compteur-là, s'il vous plaît.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau :
On n'est jamais satisfaits des résultats parce qu'on veut s'améliorer. Puis, je
vais vous dire, quand je suis arrivé
en fonction dans le ministère, j'étais très heureux de voir qu'on avait franchi
autant d'échelons sur le classement international,
où on est passé du 12e, je pense, au 6e rang, même plus que ça, on a sauté
huit échelons sur l'échelle. Notre objectif,
c'est d'atteindre le premier échelon. Mais vous savez qu'on est en compétition
avec de grandes juridictions dans le
monde parce qu'il y a des... Des ressources naturelles, il n'y en a pas qu'ici,
au Québec, il y en a ailleurs dans le monde. Et il y a malheureusement des pays où l'investissement est plus facile
parce que les normes entourant l'exploitation des ressources naturelles sont beaucoup moins sévères
que ce qu'on a ici. Ici, on veut le faire dans le respect de l'environnement.
D'ailleurs, le Plan Nord, c'est non
seulement une question d'exploitation minière, mais c'est véritablement un
développement social qui se fait avec
les communautés du territoire du Plan Nord et dans le respect des normes
environnementales, qui sont parmi les plus sévères.
Ce qui nous permet de compétitionner avec ces
endroits où c'est peut-être plus facile de laisser de côté l'environnement pour l'exploitation des ressources
minières, c'est la stabilité de notre situation ici, au Québec, et surtout
le faible coût de notre énergie, parce que, quand on dit aux Mexicains qu'ils
peuvent venir ici, au Québec, et faire de l'exploitation minière, eux savent à quel point il
y a une fluctuation du coût de l'énergie dans leur pays qui n'a rien à voir
avec ce que l'on peut autoriser ici. Et ce qui intéresse ces investisseurs-là,
bien au-delà des délais, c'est d'avoir, un, une prévisibilité au niveau des
coûts de l'énergie, des ressources dont la qualité est abondante. Et les
informations scientifiques détenues par le ministère sont des informations...
Une voix :
...
M. Moreau :
Oui. Non, mais je... O.K.
M. Lefebvre :
...je m'excuse de vous couper, c'est juste parce que...
Le Président
(M. Hardy) : M. le député d'Arthabaska.
M. Moreau :
Non, allez-y. Vous faites bien, vous faites bien.
M. Lefebvre :
Merci, M. le Président. Parce que j'ai 20 minutes total, à vous et moi.
M. Moreau :
Non, non, non, je ne vous en veux pas.
M. Lefebvre :
La question était au niveau du compteur qui était dans votre plan
d'action 2016‑2018. Est-ce que le compteur a été installé au niveau
des traitements administratifs? Ma question est aussi simple que celle-là.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre, c'est à vous, la parole. On y va
avec la grandeur des questions, la réponse aussi.
M. Moreau :
Est-ce que vous êtes sur l'allègement administratif?
M. Lefebvre :
Oui, absolument, sur l'allègement administratif.
• (12 h 50) •
M. Moreau :
Bon, un instant. Où est-ce qu'on est, là?
(Consultation)
M. Moreau :
Notre objectif est de réduire le
coût et les formalités administratives
de 20 %, et on n'a pas atteint cette
cible-là, mais notre intention est de continuer puis de s'assurer qu'on va
pouvoir les réduire, parce que ça peut être un phénomène qui est périphérique, mais je pense que ce n'est pas
tellement le coût, là, qui importe pour savoir si on sera mieux
positionnés.
L'objectif n'est pas atteint. Notre intention,
c'est de continuer les efforts dans ce domaine-là mais de faire en sorte
que... Parce que, sur l'ensemble des autres
critères qui sont pris en considération, on est véritablement très bien
positionnés. Puis, je vous dis,
l'importance que les investisseurs accordent, d'abord, c'est la disponibilité
de la ressource, l'accessibilité à la
ressource, la prévisibilité au niveau des coûts, et, au niveau des coûts, le
coût de l'énergie est un élément... est un facteur très important. Il est clair que la paperasserie
gouvernementale peut être la mouche qui tourne autour du cheval qui tire
le coche, et on veut certainement utiliser
la tapette à mouches pour éventuellement la tuer puis faire des efforts encore
plus importants pour réduire ça.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député d'Arthabaska.
M. Lefebvre :
Merci, M. le Président. C'est dans cette rhétorique, M. le ministre... Là, vous
me dites qu'on n'a pas atteint les
objectifs, je voyais que vous avez consulté des chiffres. Le chiffre qui est
atteint, présentement, est-ce qu'on l'a?
M. Moreau :
...on me dit que... Vous voyez, la cible gouvernementale de réduction du coût
des formalités était de 20 % entre 2004 et 2015, et les résultats combinés
ont fait qu'on n'a pas atteint, on est à peu près à 50 % de la cible,
si je comprends bien ce qu'on me donne là.
Mais il y a un élément... La cible en question combine à la fois le ministère
de l'Énergie et des Ressources naturelles et
le ministère de la Faune, de la Forêt et des Parcs, et la performance provient,
entre autres, donc... pour vous dire, là, elle provient surtout de la mise en
place du nouveau régime forestier. Donc, du côté minier, il n'y a pas eu
une amélioration qui a été considérable.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député d'Arthabaska.
M. Lefebvre :
Merci, M. le Président. Dans votre plan d'action, c'était clair, là, 2016‑2018,
que vous vouliez instaurer un compteur au niveau des traitements
administratifs. Y a-tu une raison pourquoi que ça n'a pas été fait?
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Moreau :
Bien, honnêtement, je vais vous dire, je ne pourrais pas vous dire s'il y a une
raison particulière pour laquelle ça
n'a pas été fait, mais certainement c'est un élément sur lequel... on pourra
vous donner un complément d'information là-dessus, mais c'est un élément
sur lequel, je pense, on va mettre de la pression.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député d'Arthabaska.
M. Moreau :
Vous faites bien de poser la question. On rame dans le même sens.
M. Lefebvre :
...on a tous un objectif commun, c'est de développer le Québec. Puis les mines,
c'est une de nos ressources
importantes, sur lesquelles on peut travailler. Je dis toujours, moi : Le
développement économique mais sans que ce soit au détriment de
l'environnement. Alors, ça, je pense qu'on est tous d'accord là-dessus.
Dans le plan
d'action, M. le Président, 2016‑2018, on parlait également de publier les
délais de traitement administratif sur les droits miniers et de faire état du
progrès réalisé dès 2016 jusqu'en 2018.
M. Moreau :
Alors, regardez, dans le plan d'action qu'on a déposé, là, on dit, sous la
rubrique Favoriser un environnement
d'affaires attrayant pour les entreprises, on veut atteindre un taux de réduction du volume des formalités
administratives puis on veut consacrer
là-dessus une réduction de 2 % annuellement et de 6 % dans les cibles
cumulées. Et on veut accompagner les
promoteurs et les acteurs locaux. Donc, le nombre de projets accompagnés, dans
nos cibles, on dit : En 2018‑2019, on vise 40 projets, 45 en 2019‑2020
et 50 en 2020‑2021. Et c'est clair qu'on va garder un oeil sur cet
élément-là.
Mais,
comme je vous dis, on est pas mal parmi les premiers de classe. Puis ça, je ne
dis pas ça pour excuser le fait qu'on
n'a pas atteint les cibles, je pense que ça n'excuse pas le fait qu'on n'a pas
atteint les cibles, on doit le faire. Puis on voit donc qu'on pourrait passer peut-être, par l'atteinte de ces
cibles-là, peut-être, à un rang additionnel. Et ça, ça relève du
développement économique du Québec.
Le Président
(M. Hardy) : Merci, M. le ministre. M. le député d'Arthabaska.
M. Lefebvre :
Oui, M. le Président. Je reviens encore au plan d'action 2016‑2018. Puis, pour
ça, pour l'industrie, c'était
important. Quand on disait qu'on allait publier les délais de traitement
administratif, pour l'industrie, ça, c'était important. Et j'aimerais savoir si on a l'intention de le faire, de
publier les délais de traitement pour qu'on puisse savoir à quoi s'en
tenir.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Moreau :
Alors, je vais vous dire si, oui ou non, ils ont été publiés. Je n'ai pas
l'information, on m'indique qu'on n'a
pas l'information, mais on va revenir avec cette information-là. Et, si elles
n'ont pas été publiées, je prends devant vous l'engagement de les
publier.
Le Président
(M. Hardy) : Merci. M. le député d'Arthabaska.
M. Lefebvre :
Oui. Lorsqu'on parlait, ici, d'un gouvernement plus efficace, là, c'est à
l'intérieur du rapport qui a été déposé en janvier 2017, Simplifier l'environnement
d'affaires — Rapport
sur la mise en oeuvre des mesures gouvernementales
d'allègement réglementaire et administratif, on parlait que «chaque ministère et organisme concerné élabore et rend publique sur son site Web une
"politique d'harmonisation" [sur] l'application des lois et des
règlements d'une région à l'autre, comprenant notamment les éléments
suivants : la rédaction [d'un guide clair] à l'intention des directions générales; [amélioration] de la
formation du personnel faisant affaire avec les entreprises», et le MERN était
à l'intérieur de ça, 2016‑2018. Je voudrais savoir si, également, ça, ça
avait été fait?
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Moreau :
Le guide des pratiques régionales, oui, on m'indique que ça a été fait.
M. Lefebvre :
C'est en ligne?
M. Moreau :
Est-ce que c'est en ligne?
Une voix :
Est-ce que c'est en ligne? Non, ce n'est pas en ligne.
M. Moreau :
Ce n'est pas en ligne.
M. Lefebvre :
O.K. Puis est-ce qu'on peut savoir si, une fois que c'est fait... L'important,
c'est que ce soit en ligne. Est-ce que c'est...
M. Moreau :
J'ai l'impression qu'une fois que c'est fait ça peut être mis en ligne. Mme la sous-ministre
m'indique que ce sera mis en ligne.
M. Lefebvre :
Et est-ce qu'on peut avoir une idée des délais, quand ça va être mis en ligne?
M. Moreau :
On va vous dire le plus rapidement possible. Je vais m'assurer que c'est...
Pardon?
Une voix :
...
M. Moreau :
Ça pourrait être fait la semaine prochaine, me dit-on. Oh mon Dieu! Alors,
regardez, il y a un engagement qui est pris, là.
M. Lefebvre :
Bien, deux engagements coup sur coup. C'est...
M. Moreau :
Vous savez qu'on les prend tous en note, hein, parce qu'il y a une période de
questions après la période des crédits.
M. Lefebvre :
Oui, tout à fait. Bon. Attendez-moi deux petites secondes, là, c'est à mon tour
d'être...
M. Moreau :
On va devenir efficaces. On va passer au cinquième rang, mais qu'on ait fini.
M. Lefebvre :
Bien oui, c'est ça. Un travail en collaboration.
M. Moreau :
Voilà.
M. Lefebvre :
Bien, en parlant de collaboration, je vais vous parler du Bureau de
coordination des projets majeurs. J'aimerais savoir comment ça
fonctionne. Est-ce qu'il y a une évaluation, présentement, qui est faite?
M. Moreau :
Alors, je vais demander à Marc...
Une voix :
Marc Leduc, qui est le directeur.
M. Moreau :
Voulez-vous... Est-ce que vous autorisez que M. Leduc vous explique
comment ça fonctionne?
Le Président
(M. Hardy) : Vous l'autorisez? Vous avez le consentement?
Une voix :
Consentement.
Le Président
(M. Hardy) : Parfait. Si vous voulez nous donner votre nom et
votre titre, s'il vous plaît.
M. Leduc
(Marc) : Marc Leduc, directeur général des mandats stratégiques et
responsable du bureau.
Le Président
(M. Hardy) : Voilà.
M. Leduc
(Marc) : Donc, le bureau a été mis en place depuis à peu près un an,
on a une équipe qui est en place, nous
avons des économistes, et nous avons été en mesure de publier déjà des analyses
sur les retombées économiques de
quelques projets. Il y a déjà des documents qui sont en ligne, qui sont des
documents synthèses, qui sont disponibles.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député d'Arthabaska.
M. Lefebvre :
J'aimerais savoir combien qu'il y a de personnes qui travaillent au bureau de
coordination.
M. Leduc
(Marc) : Une dizaine de personnes.
M. Lefebvre :
Une dizaine de personnes. O.K. Qui sont tous basés au même...
M. Leduc
(Marc) : Tous basés au ministère.
M. Lefebvre :
Parfait. Et j'aimerais savoir... Présentement, on me dit que la coordination se
fait beaucoup avec le MESI, avec votre bureau, au niveau de...
M. Leduc
(Marc) : On travaille... Le MESI coordonne des tables
interministérielles pour travailler sur le financement des projets, et
nous sommes présents à ces tables, effectivement.
M. Lefebvre :
Puis, avec le ministère de l'Environnement, est-ce qu'il y a des échanges qui
sont faits?
M. Leduc
(Marc) : Très fréquents. Mais le ministère de l'Environnement
participe aux tables interministérielles du MESI également.
M.
Moreau : Si vous me permettez d'ajouter à ça, de plus en plus
on voit que... Historiquement, le ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles puis le ministère de l'Environnement, c'était vu comme deux... un
dans le coin bleu, l'autre dans le
coin rouge, ou indépendamment des couleurs et qui était dans quel coin, et de
plus en plus je constate un
rapprochement très important entre les deux ministères, puis ce qui fait écho,
d'ailleurs, à la question de votre collègue de l'opposition officielle. Moi, je pense que ce que l'on regarde, à
l'avenir, dans la question des ressources naturelles, que ce soit à l'égard des hydrocarbures ou à
l'égard des projets miniers, c'est véritablement de plus en plus des standards
très élevés en termes d'environnement, ce
qui explique en partie aussi le retard dans... bien, pas le retard, parce que
sixième sur l'ensemble de la planète,
ce n'est pas mal, mais ce qui explique aussi la compétition qu'on a avec
d'autres juridictions qui, elles, sont pas mal moins branchées sur le
respect des règles environnementales.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député d'Arthabaska.
• (13 heures) •
M. Lefebvre :
Merci beaucoup. J'adresse peut-être
ma question à vous. Au niveau des dizaines de personnes, là, que vous
dites, qui sont à l'intérieur du bureau, est-ce qu'il y en a qui ont une
expérience particulière dans le développement minier?
Le Président (M. Hardy) :
M. Leduc.
M. Leduc
(Marc) : J'ai un économiste,
entre autres, qui a énormément d'expérience et qui connaît très bien
le secteur minier, pour avoir travaillé au secteur mines pendant de
nombreuses années.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député d'Arthabaska. Il reste quatre minutes.
M. Lefebvre : Au niveau du bureau, un des mandats est de
favoriser le développement, naturellement, des projets. Tantôt, je vous en ai énuméré une dizaine. Est-ce que
vous faites le... Est-ce que le suivi est fait de façon régulière avec
chacun de ces projets-là pour qu'on puisse...
Le Président (M. Hardy) :
M. Leduc.
M. Leduc (Marc) : Oui, tout à
fait. On a un tableau du suivi qu'on met à jour régulièrement, qu'on partage d'ailleurs
avec le MESI, avec lequel on travaille, comme je l'ai indiqué tantôt. Et donc
on a une quarantaine, une cinquantaine de projets qu'on suit de très,
très près.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député d'Arthabaska.
M. Lefebvre : Juste de
façon un petit peu plus précise,
quand vous me dites qu'il est mis à jour régulièrement, on parle de semaines, de mois, de...
M. Leduc (Marc) : On parle de
quelques semaines. À peu près aux deux mois.
M. Lefebvre : O.K. Où est-ce
que, chacun des projets, on a repassé
pour voir où est-ce que c'est dans la machine, l'avancement des
délais. Parfait.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député d'Arthabaska.
M. Lefebvre :
Oui. Est-ce que c'est possible de reporter les quelques minutes qu'il nous
reste dans le prochain bloc?
Le Président (M. Hardy) : Non.
M. Lefebvre : Non? Pas de
problème. Excusez-moi...
M. Moreau : On a vraiment
des grosses questions de minutage, aujourd'hui, hein?
M. Lefebvre : Oui, c'est
ça, c'est la... Oui, c'est ça.
C'est le sujet du jour. Excusez-moi, M.
le ministre, on poursuit.
Géologie Québec. «Le Bureau de la connaissance
géoscientifique du Québec a pour mission d'acquérir et de traiter des connaissances
géoscientifiques sur l'ensemble du territoire québécois dans une perspective de
développement responsable de nos ressources minérales.» J'aimerais avoir... que
vous puissiez m'entretenir un peu sur ce bureau, s'il vous plaît.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Bien, en fait, je le disais un peu tantôt, en réponse à une question, on a
acquis, au cours des ans, des connaissances très importantes en termes
de géoscience sur ce qui existe sur le territoire du Québec, on a des connaissances et une
accumulation d'informations sur une période de 150 ans. Et d'ailleurs,
lorsqu'on fait des représentations à l'international,
c'est un des éléments qui est mis de l'avant, au-delà de la question
énergétique, pour dire aux investisseurs : Voici un des outils les plus extraordinaires — d'ailleurs, les Mexicains ont copié cet
outil-là — qui est
mis à votre disposition pour savoir
de quelle façon vous devez orienter et vers quels endroits vous devez orienter
vos travaux, vos recherches et vos
investissements. Et cette banque de données là, elle est mise à jour par
plusieurs niveaux. D'abord, elle est
détenue par le ministère. Elle est mise à jour par les universités qui font de
la recherche, par les entreprises qui font de l'exploration. Et ça
constitue un élément de promotion pour le développement des investissements au
Québec.
Et on a
prolongé le financement de 10 ans, du Fonds des ressources naturelles,
dans le volet Patrimoine minier. Une
somme maximale de 20 millions de dollars est déduite des redevances
minières, est versée chaque année, pour les 10 prochaines années, et permet notamment de soutenir l'acquisition
de connaissances géoscientifiques, notamment par le financement de Géologie Québec et la recherche et le développement,
l'entrepreneuriat. Alors, vous savez que, dans le domaine minier, le...
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup, M. le ministre. Le temps est écoulé. Donc, nous devions aller du
côté du gouvernement, mais il cède la
parole au député de Gouin. Pour une période de 12 minutes, M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
M. le Président. Nous avons trois
minutes par heure, et donc trois fois quatre nous donne un beau gros
12 minutes.
Écoutez,
M. le ministre, je vais aller... Bien, d'abord,
M. le Président, bonjour. Bonjour aux collègues.
Je vais aller droit au but, j'ai des questions.
Vous savez, c'est un enjeu qui nous interpelle depuis longtemps,
à Québec solidaire, la question des redevances minières. Je suis sûr
que vous allez être d'accord avec moi si je dis que les ressources minières,
au Québec, ça fait partie... bien, c'est une
propriété collective, ça fait partie, pour reprendre un terme qui est à la mode
ces jours-ci, du bien commun, au Québec. Et
je suis sûr également que vous serez d'accord avec moi si je dis que c'est
un bien commun, dans le cas des ressources
minières, qui est non renouvelable, hein, c'est-à-dire qu'une fois que le
minerai est extrait il ne pourra plus être extrait, c'est une ressource
non renouvelable. Donc, c'est un bien commun qui est particulièrement précieux
parce qu'il est non renouvelable. Une fois qu'on l'extrait, il ne peut plus
être utilisé par les générations futures,
d'où la pertinence d'un régime de redevances, hein? L'idée même des redevances
est justifiée par cet aspect d'abord
collectif et ensuite non renouvelable des ressources minières. Je suis sûr que,
jusque-là... en tout cas, j'espère que jusque-là on est d'accord que les
ressources... que l'existence d'un régime de redevances s'appuie sur ces deux
idées-là.
Pourtant, au
Québec, on est un des endroits au monde et au Canada où notre régime de
redevances, pour être poli, est le
plus avantageux, le plus accommodant envers les entreprises minières. Les
derniers chiffres qu'on a sont ceux de 2016. On parlait, en 2016, d'environ
100 millions de dollars qui ont été versés au gouvernement du Québec à
titre de redevances minières, donc 100 millions de dollars, et ça...
donc 100 millions de dollars dans un contexte où ce qui était extrait en valeur brute de minerai, cette
année-là, se chiffrait à 8,3 milliards de dollars, donc 100 millions
de redevances pour 8,3 milliards
de dollars. En termes de... en pourquoi de valeur brute, ça nous donne environ,
donc, entre 1 % et 1,5 % de
valeur brute en redevances. Si on compare à ce qui se fait au Canada, la
moyenne canadienne est davantage autour de 4 %, 5 %, et on ne
peut pas dire que le Canada est connu comme un pays particulièrement exigeant
sur le plan des redevances. En fait, c'est
un pays qui est généralement considéré comme un des plus accueillants aussi en
matière de régimes de redevances. Donc, même par rapport au Canada, on
est quatre ou cinq fois en deçà, en termes de redevances.
Ça, c'est la
situation actuelle, avant le précédent budget. Dans le précédent budget, on
apprenait dans... c'est le journal Le Devoir qui a attiré
notre attention sur la nouvelle, dans le précédent budget, il y avait une
mesure pour réduire encore plus les
paiements en redevances par les entreprises minières. Ce qui a été annoncé, si
mes informations sont bonnes, ce qui
a été annoncé, c'est que les entreprises pourraient maintenant déduire le coût
de leurs études d'impact de leurs paiements en redevances.
J'aimerais savoir qui vous a demandé de mettre
de l'avant une telle mesure, quels acteurs vous ont fait des représentations pour aller dans ce sens-là, et si
vous pensez que c'est vraiment compatible avec la préservation du bien
commun minier au Québec.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Il y a plusieurs choses dans la question. Je ne vais pas essayer de faire une
réponse longue, parce que je sais que son temps est court.
D'abord, le régime de redevances du Québec, dans
l'ensemble du Canada, si vous le comparez province par province, il peut être moins exigeant que d'autres provinces, mais les
provinces où est-ce que c'est le plus exigeant, c'est là où il y a le moins d'activité minière, alors on
peut demander des taux de redevances très élevés, alors qu'on n'a pas de
ressources, d'une part.
D'autre part,
le lien que vous faites à la fin, là, ce n'est pas en l'opposant aux redevances
minières d'aucune façon, c'est une
mesure qui permet... Parce que vous savez que, dans le cadre d'exploitation
d'une mine, vous avez une partie où on
fait de la recherche puis on fait de la construction où il n'y a aucun revenu
qui est retenu, vous avez la période d'exploitation de la mine où il y a
des revenus, puis après ça vous avez la période de remise en état de la
situation où il n'y a plus de revenus. Ce
que les compagnies ont demandé
précisément pour notamment augmenter la question liée à l'acceptabilité,
c'est de pouvoir déduire certains de leurs frais pour soit les travaux
préparatoires et les travaux exploratoires ou les travaux de remise en
état des sites miniers, ce qui va dans le sens d'une protection de
l'environnement, un sens accru de l'acceptabilité sociale. Et ce n'est pas une déduction qui se
fait sur le régime fiscal ou sur le régime minier, là, des redevances,
il y a deux éléments qui sont différents là-dedans.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois :
Bien, écoutez, M. le ministre, on n'a peut-être pas les mêmes informations, là,
mais, à la page D.139 du plan économique 2018‑2019,
l'allocation pour...
Une voix : ...
M. Nadeau-Dubois : D.139 du plan
économique 2018‑2019, je le lis avec vous, donc : «L'allocation pour
études environnementales vise à permettre à un exploitant de déduire un montant
de son profit minier qui ne peut pas excéder
le solde de son compte cumulatif pour frais d'études environnementales à la fin
de cet exercice financier.»
• (13 h 10) •
M. Moreau :
Ce n'est pas la redevance, c'est son profit minier. En fait, ce qu'on fait,
c'est qu'on encourage le secteur minier à mieux prendre en considération
les enjeux sociaux et environnementaux liés à son développement. C'est
ça, l'impact. L'impact financier est de 4 millions au cours des cinq
prochaines années, de cette mesure fiscale. Alors, essentiellement, ce que l'on fait, c'est qu'on dit : On veut mettre
en place... Non seulement les
entreprises minières en général, et certainement celles qui font affaire au Québec,
sont de plus en plus conscientes des règles environnementales qui s'appliquent à elles, mais on veut qu'elles puissent avoir un
incitatif pour aller encore plus loin. Alors, il y a une question de respect de l'environnement. Puis nous, on
pense que le respect de l'environnement, là, ça ne doit pas se monnayer, c'est de dire : On vous encourage à
aller en ce sens-là. Et ce n'est pas un élément qui est un accroc au
régime de redevances à proprement parler.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Donc, juste pour
être...
M. Moreau : C'est un encouragement
financier.
M.
Nadeau-Dubois : Qu'on
encourage des meilleures pratiques environnementales et sociales, c'est difficile d'être
contre, hein? La question, c'est comment on le finance. Et ma compréhension,
c'était que c'était financé grâce à une déduction
du paiement des redevances, et c'est ce qui a été, d'ailleurs, écrit dans les médias également. Donc, ce que vous me dites, c'est que
c'est une incompréhension? Bien, je peux vous lire un article, si vous le
souhaitez.
M. Moreau : Non, non, non. Je lis Le Devoir régulièrement.
D'ailleurs, je pense
qu'on a un des journalistes...
M.
Nadeau-Dubois : Non, mais je
veux juste comprendre. Donc, je veux que vous me confirmiez que ces frais-là ne
seront pas déduits du paiement des redevances.
M. Moreau : Bien, ce que je vous dis, c'est que, non, c'est
un impact financier sur le revenu minier, sur le revenu de l'entreprise
minière, mais ça n'impacte pas le régime des redevances.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Donc, c'est des
frais qui vont pouvoir être déduits de... sur quelles dépenses fiscales?
M. Moreau : En opposé aux revenus de l'entreprise. Je ne pourrais pas vous donner le détail du type de revenus
fiscaux auxquels on pourra opposer cette dépense fiscale là. Ce que le ministère
du Revenu... Ce que le ministère des Finances estime, c'est que le coût de
cette mesure-là est de 4 millions sur les cinq prochaines années. Alors,
c'est une opposition... c'est une dépense qui s'oppose à un revenu, mais ce
n'est pas... ça ne change rien sur l'obligation des redevances faites à une
minière par le gouvernement.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Donc, je pense
qu'on se comprend, là. Ce n'est pas déduit du paiement des redevances. Le
paiement des redevances ne sera pas affecté d'aucune manière par cette...
M. Moreau : ...non.
M. Nadeau-Dubois : Bien, les pourcentages...
C'est-à-dire, si une entreprise donnée devait, en vertu de ses opérations, verser 1 million de dollars, le
fait que cette entreprise-là, disons, pour une année donnée... le fait que
cette entreprise-là fasse une étude d'impact social ou environnemental n'impactera d'aucune manière le versement de ce 1 million de dollars à la fin de
l'année.
M.
Moreau : C'est ma compréhension.
M.
Nadeau-Dubois : Parfait. Sur
un autre ordre d'idées, j'aimerais, parce
que c'est aussi un élément sur lequel
on travaille depuis plusieurs années, à Québec solidaire... j'aimerais
vous entendre sur le coût...
M. Moreau :
Je veux vous dire que je vérifie, là, puis cette compréhension-là, c'est aussi
celle du ministère.
M.
Nadeau-Dubois : Parfait. Ça aura au moins eu le mérite, notre
discussion, de clarifier cette question-là.
M. Moreau :
12 bonnes minutes.
M.
Nadeau-Dubois : 12 minutes bien investies. Une chance qu'on les a.
M. Moreau :
Voilà, oui, tout à fait.
M.
Nadeau-Dubois : Alors, sur
la question, maintenant, du coût de la gestion des sites miniers, vous
savez que c'est quelque chose qui nous intéresse beaucoup, à Québec solidaire, aussi, dans les dernières
années, j'aimerais savoir ce que vous pensez de la situation actuelle où, selon
la plus récente mise à jour d'un plan de travail sous votre ministère, c'est
1,2 milliard de dollars qui vont être investis pour, disons, restaurer
499 sites miniers abandonnés. Comme ministre responsable, est-ce que vous trouvez ça normal, dans un contexte où,
selon les dernières informations qu'on a, on va chercher à peu près 100 millions
de dollars en redevances, que, de l'autre côté, en termes de coûts de
restauration des sites miniers, ça
nous coûte plus de 10 fois plus, en fait, on parle de 1,2 milliard de
dollars? Est-ce que la balance vous semble positive pour le bien commun?
M. Moreau :
Ah! Bien, j'aime bien votre...
Le Président (M.
Hardy) : M. le ministre.
M.
Moreau : À l'instant. Alors, la balance du bien commun, il faut
voir comment le commun ce comportait il y a quelques années, parce que souvent, la réhabilitation des sites, c'est
des vieux sites qui existaient à une époque où vous et moi, n'y étions pas et... bien, probablement,
sûrement vous, mais peut-être pas... moi, je n'étais pas bien vieux non plus,
et où on exploitait sans égard à l'environnement.
Alors, ce qu'on voit, c'est une accentuation des efforts pour rétablir les
sites, même les sites qui ont été abonnés ou
qui sont orphelins. Est-ce que c'est suffisant? Moi, je sais que les efforts se
continuent là-dedans, puis je pense qu'il
faut continuer les efforts dans ce domaine-là, c'est certainement
l'orientation. Ça ne se calcule pas
nécessairement en cents et piastres de façon très précise, mais il est clair
que l'intention du gouvernement est d'accentuer les efforts dans la
remise en état des sites qui sont abandonnés.
D'ailleurs,
le volet Patrimoine minier est affecté notamment à la question du réaménagement
et de la restauration des sites miniers et au soutien au développement
de l'entrepreneuriat. Alors, ce qu'on dit, il y a deux... J'y vais très courtement. Pour les nouveaux projets, on
dit : Voici quelles sont les règles auxquelles vous devez vous astreindre.
Puis, pour ceux qui ont été abandonnés, on accentue encore les efforts
pour la remise en état.
Le Président (M. Hardy) :
Député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Très,
très brièvement, croyez-vous que les
entreprises qui exploitent les ressources minières devraient contribuer davantage
à la restauration des sites miniers, une fois que leurs opérations sont terminées?
M.
Moreau : Le régime
qui est mis en place, à l'heure
actuelle, impose aux entreprises
minières des garanties pour assurer
la remise en état du site après la fin de la vie utile du site. Et donc ces
garanties-là sont fournies avant même qu'on
commence l'exploitation. Et il y a énormément de débats, à l'heure actuelle, parce que
ma collègue la ministre
de l'Environnement a déposé un projet de règlement
qui prévoit des normes extrêmement sévères pour la réhabilitation des sites miniers, une fois l'opération terminée, puis
dans certains cas il y a des discussions qui soient faites avec l'entreprise parce que, on nous dit, il y a certains éléments qui sont dans les
règlements qui sont tellement sévères
que techniquement ils ne sont pas rencontrables. Alors, on est en débat
là-dessus. Mais clairement le ministre...
Le Président (M.
Hardy) : Merci beaucoup, merci beaucoup.
M. Moreau :
Bien, est-ce qu'on s'en va chez nous?
Le Président (M.
Hardy) : Pardon?
Une voix :
...
Le Président (M.
Hardy) : Non, on revient.
M. Moreau : Non? Ah! On n'a
pas fini?
Le Président (M. Hardy) : Compte
tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 heures. Ça fait qu'on revient cet après-midi,
à 15 heures.
(Suspension de la séance à
13 h 16)
(Reprise à 15 h 2)
Le
Président (M. Hardy) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons reprendre nos travaux. Je demanderais aux gens dans la salle
d'éteindre leurs sonneries de téléphones cellulaires.
La commission est
réunie afin de poursuivre l'étude du volet Énergie et Ressources naturelles et,
par la suite, débuter l'étude du volet Hydro-Québec des crédits budgétaires du portefeuille
Énergie et Ressources naturelles pour l'exercice financier 2018‑2019.
Je
vous rappelle que, ce matin, nous avons accusé un retard de quelque
21 minutes réservées à l'étude des actuels crédits, qui n'ont pu
être utilisées. Je comprends qu'il y a présentement consentement pour que ces
21 minutes soient reprises cet après-midi, ce qui nous ferait terminer à
18 h 21. On est d'accord avec ça?
Des voix :
Consentement.
Le Président (M.
Hardy) : Consentement. Parfait.
Lors de la suspension
de nos travaux, ce midi, la période d'intervention du député de Gouin était
terminée. Donc, j'invite un membre du gouvernement à prendre la parole pour un
bloc d'échange de 21 minutes. Et j'inviterais M. le député d'Abitibi-Est.
M.
Bourgeois : Merci, M. le Président. Vous me permettrez, M. le
Président, de, je dirais, faire une insertion dans le monde minier, une réalité qui m'habite très
directement puisque, comme vous le savez, M. le Président... Et le ministre
sera à même encore bientôt de constater
comment l'Abitibi-Témiscamingue est une région minière. Ici, de ce côté-ci de
la table, avec mon collègue d'Ungava,
on représente plus du deux tiers des... presque le trois quarts des mines en
opération, actuellement, sur le
territoire québécois. C'est un secteur d'activité économique qui
malheureusement est un peu méconnu du reste de la province, mais qui
cependant est un acteur important pour l'ensemble des Québécoises et Québécois,
puisqu'au-delà de l'opération,
l'exploitation des mines... M. le ministre, vous le savez très bien puisque,
dans votre région, je pense, entre
autres, en Montérégie, il y a énormément d'emplois qui sont générés par le
secteur minier, parce qu'il y a d'associé à ce secteur-là un réseau de
fournisseurs de biens et de services fort important. Au total, on parle
d'environ 60 000 emplois qui sont reliés, au niveau des emplois
directs et indirects, avec le secteur minier.
Et,
oui, il y a un enjeu, puisque c'est l'exploitation d'une ressource naturelle
non renouvelable, mais recyclable. Quand
on nous dit que l'exploitation d'une mine, c'est comme... il y a une fin en
soi, je peux vous rassurer, en Abitibi-Témiscamingue,
plus particulièrement sur la faille de Cadillac, il y a maintenant un peu plus
de 80 années qu'on exploite des
mines. Et, c'est un phénomène qui est très bien connu chez nous, la meilleure
place pour trouver une mine, c'est à
côté d'une autre mine, d'une ancienne mine. Et on l'a vu récemment, il y a des
mines importantes qui ont été mises en
opération ou qui le seront bientôt qui sont à proximité, si ce n'est à même les
sites qui ont déjà été exploités. Évidemment, le premier site qui vient à l'idée, c'est Canadian Malartic, mais il y
en a d'autres. Tout près de la ville de Val-d'Or, dans le périmètre urbain, il y a un projet, actuellement,
sur les anciens sites des mines Sigma et Lamaque qui est maintenant avec
Eldorado Mining, un site qui va, dès
l'automne prochain, employer plus de 425 travailleurs, qui va donc
permettre encore une fois à ce
territoire d'offrir à la fois de l'emploi, mais également de faire rayonner
l'expertise des acteurs de la région de l'Abitibi-Témiscamingue en
termes de spécialistes dans l'exploitation des mines souterraines et aussi,
maintenant, puisque, dans le cas de Canadian
Malartic, on parle de mines à ciel ouvert, donc, de mieux modaliser ces
gisements-là pour en exploiter encore des ressources qui par le passé
n'étaient plus rentables.
Évidemment, le
secteur minier, c'est un secteur qui est associé avec des fluctuations au
niveau des tarifs mondiaux. C'est évident
que, pour ceux qui sont dans ce domaine-là, ils sont très habitués avec ce
phénomène-là des cycles haussiers et
baissiers. Mais ce qu'on constate, c'est que justement, maintenant, avec une
meilleure expertise, avec aussi une
vision qui permet de diminuer les coûts d'exploitation, bien, également, ce que
ça permet, c'est d'étirer les cycles, et,
en étirant les cycles, ce qu'on fait, c'est qu'on fait bénéficier l'ensemble du
territoire québécois de l'exploitation de ces richesses-là et de pouvoir mettre à contribution beaucoup
d'innovation, de l'innovation technologique à l'exploitation, à l'opération, de l'innovation technologique au
niveau de la santé et sécurité des travailleurs. Le bilan, dans le domaine
minier, ne cesse d'augmenter de façon
favorable pour la santé et sécurité des travailleurs, pour le bénéfice,
premièrement, des individus qui se retrouvent à l'intérieur de ces
opérations-là, évidemment, pour les entreprises, mais aussi pour la population, qui voit dans ce secteur d'activité un
champ d'opération qui offre des possibilités de carrière fort intéressantes.
Et,
dépendamment où est-ce qu'on exploite ces gisements, bien, évidemment, l'autre
aspect, c'est qu'on a besoin d'autres fournisseurs. Quand on va du côté
du comté d'Ungava, chez mon collègue, on a aussi des mines qui sont exploitées dans des secteurs isolés, ce qui veut
dire qu'à ce moment-là non seulement on aura à développer une mine, mais également à fournir un ensemble de services
associés à l'équivalent d'une ville, on parle de gîte, de couvert, on parle
de services de loisirs sur ces sites-là, ce
qui donne, encore là, beaucoup d'alternatives à des populations qui veulent se
joindre à l'activité du secteur minier dans ses différentes facettes.
J'entendais les collègues, ce matin, qui
exprimaient la participation du secteur minier comme étant faible au niveau de l'apport économique auprès du
gouvernement. Entre 2000 et 2011, les revenus nets fiscaux qui ont été versés
par l'industrie
minière, on parle de 5 milliards de dollars. 5 milliards, M. le
ministre, on s'entend que... je pense que ce sont des sommes considérables. Et je serais curieux de voir les autres
secteurs d'activité en comparaison avec ceux-là.
• (15 h 10) •
Également, un petit
correctif sur ce qui était présenté par notre collègue député de Gouin à
l'effet des sites orphelins. On faisait un
amalgame qui n'était pas tout à fait approprié. Oui, il y a des sites orphelins qui
relèvent du passé, M. le ministre, vous le savez, votre ministère
en est en charge, de les réhabiliter, mais c'est un héritage du passé parce
que, maintenant, tout nouveau projet minier, maintenant, ces projets-là, avant
même de commencer l'exploitation, on détermine
la valeur pour la remise en état des lieux. Et la valeur, elle est déterminée
non seulement sur la modélisation de comment on va devoir le faire, M. le ministre, mais on le fait également en
termes d'évaluation de coûts, on verse en garantie l'équivalent des coûts de restauration des sites. Donc, on est
dans une autre époque, et c'est ce qu'il faut que les gens comprennent,
c'est que le monde minier a évolué de façon substantielle.
Ce
sont des gens très fiers, qui ont développé des expertises qui maintenant sont
exportables partout dans le monde, mais
également qui font en sorte qu'on peut attirer des investisseurs étrangers, à
venir investir au Québec, parce qu'ils sont au fait que le Québec est une juridiction qui non seulement offre un
fort potentiel au niveau minier, mais également qui leur offre un cadre
de réalisation qui est grandement recherché.
Dans cette
dynamique-là, l'Institut Fraser est une référence non négligeable. Et, si on
compare où on en est maintenant dans ce secteur-là par rapport à la dernière
évaluation de l'institut, on est maintenant au sixième rang, comme juridiction,
à travers le monde.
Et
je me permettrai de détailler un petit peu ces classements-là parce que c'est
dans le quotidien de votre personnel, M.
le ministre, c'est ce sur quoi ils travaillent en collaboration avec
l'industrie, en collaboration aussi avec les représentants des travailleurs, les syndicats. L'action qui est
faite dans ce domaine-là, M. le ministre, là, c'est vraiment une industrie
qui veut faire en sorte de trouver comment
travailler avec un gouvernement comme le nôtre, qui a démontré de façon très
claire depuis le début du mandat où nous
souhaitions amener l'industrie pour qu'elle puisse, elle, y croître mais aussi
faire croître l'économie du Québec,
pour offrir les meilleures conditions possible aux gens qui y travaillent à
l'intérieur mais offrir les meilleurs
résultats possible pour les Québécois et Québécoises, qui ont la chance de
pouvoir avoir ces modèles miniers là qui sont sur notre territoire.
Et
le Québec, dû à la formation géologique du Bouclier canadien, fait en sorte
qu'on a plusieurs types de métaux, plusieurs potentiels, que ce soit au niveau
des métaux de base, que ce soit au niveau... Nous, on aime les appeler,
chez nous, en région, les «ium», le lithium, vanadium, etc., qui sont des
métaux qu'on associe aux nouvelles technologies. M. le ministre, il y a des juridictions dans le monde qui souhaiteraient
bien avoir ce potentiel-là pour pouvoir appuyer le développement de leur industrie dans d'autres facettes, d'autres
domaines. On le sait, par exemple, l'industrie du véhicule électrique va avoir besoin de batteries. On est à
regarder différents types de producteurs, qui utilisent différents types de
métaux. On parle beaucoup du lithium, mais
il n'y a pas juste du lithium, dans la fabrication de batteries, au contraire.
Nous, on a la chance d'avoir sur le
territoire québécois des potentiels miniers fort intéressants et on travaille à
pouvoir faire en sorte de les exploiter.
Le gouvernement, dans
sa vision, ce n'est pas le gouvernement qui exploite les mines. Nous, on ne
veut pas nationaliser les mines. Nous, ce qu'on veut, c'est être capables d'établir
les paramètres qui vont faire en
sorte que les grandes compagnies minières comme les compagnies juniors
vont pouvoir, elles, faire leur travail. C'est leur spécialité, d'identifier
des potentiels miniers et de les amener à
terme avec une exploitation qui va respecter les normes telles qu'on les
souhaite, que ce soit en
termes de rendement, que ce soit en termes de potentiel, qui pourrait permettre d'exploiter
d'autres zones, et que ce soit, également, au
niveau environnemental. Et ça, l'industrie l'a bien compris, puisqu'elle a
choisi de classer notre juridiction...
Parce que l'Institut Fraser questionne ces gens-là, et ils disent : Le Québec,
à travers le monde, c'est la sixième meilleure
juridiction pour développer des projets miniers, pour investir, investir des
sommes qui sont fort importantes. M.
le ministre, vous le savez, vous avez été faire des missions à l'étranger pour
faire connaître non seulement l'ouverture du Québec à accueillir des
investisseurs... Et, ces investisseurs-là, je suis convaincu, vous pourrez nous
le confirmer, qu'ils ont dit :
Oui, le Québec nous apparaît une bonne juridiction pour investir. Pourquoi?
Bien, entre autres, il faut regarder les
aspects comme toute la question du potentiel minéral. On peut essayer
d'intéresser des gens à venir ouvrir une mine chez nous, mais il faut avoir du potentiel, il faut qu'il y ait des
gisements. Il faut donc, au niveau géologique, qu'on ait des données qui
permettent d'attirer, d'intéresser des acteurs. Et là-dessus, à l'intérieur du
ministère, je pense que Géologie Québec fait
un travail remarquable, qui a été reconnu depuis longtemps, et qui fait en
sorte qu'on peut sans aucune gêne se
présenter ailleurs dans le monde et dire : Voici, voici ce que le Québec a
à offrir non seulement comme potentiel, mais comme outils d'analyse, pour pouvoir faire en sorte d'attirer des
investisseurs et des spécialistes pour le développement de ces mines-là.
Il
y a également toute la question de la perception des politiques, de
l'environnement d'affaires, autour de ça. Et ça, je peux vous le dire, ça, c'est une des raisons, M. le ministre, qui
m'ont amené en politique. Moi, j'ai vécu 2013. Moi, j'ai vécu l'époque où les gens du secteur minier
étaient découragés. Dans ma circonscription, on avait perdu
2 000 emplois dans le
secteur minier parce qu'on avait une ministre, à l'époque, qui n'était pas
très, très chaude à l'exploitation du secteur minier, qui n'avait pas tout à fait la même vision qu'on a en lien avec
cette réalité-là. Je peux vous dire que, dans ma région, là, c'était triste. On avait des très beaux
projets, mais qui malheureusement, M. le ministre, là... on s'était comme
trompé. Et on a corrigé. Et on a donc
vraiment pris une décision de choix. On a fait l'élection de notre
gouvernement, M. le ministre, et je
peux vous dire qu'on a remis sur les rails l'industrie minière dans notre
secteur. Et celle-ci, bien, elle a saisi la balle au bond et a
dit : Bien, nous, on va travailler à développer des nouveaux projets.
• (15 h 20) •
Il y avait l'inquiétude de mon collègue de la
CAQ, qui nous disait ce matin : Bien là, qu'est-ce que vous allez faire?
Il y a des mines qui vont arriver à leur fin de vie utile. Et qu'est-ce qu'il
va y avoir dans la suite? Bien, dans la suite, on a mis en place des moyens pour faire en
sorte que les gens qui sont les spécialistes dans le domaine, les gens en exploration minière, aient des outils
appropriés et un cadre réglementaire qui fait en sorte qu'on peut les
accompagner dans ce qu'ils sont les
meilleurs, c'est-à-dire développer, trouver des sites miniers qui vont faire en
sorte qu'on puisse les amener à terme
avec des projets qui vont nous permettre d'exploiter des gisements de taille
mondiale mais également de prendre
les potentiels qui sont déjà en exploitation et d'en améliorer la productivité
pour faire en sorte qu'on puisse maintenir
et supporter peut-être de nouveaux développements à même ces sites-là qui sont
déjà en exploitation, sur lesquels, M.
le ministre, on nous dit que potentiellement leur durée de vie va être très
rapide, mais, dans le domaine minier,
là, si on donne de la confiance, si
on accompagne, les gens du secteur minier savent très bien comment continuer à
chercher. Et ils cherchent, ils sont
en exploitation. Ils vont continuer à faire des campagnes, des forages
d'exploration, que ce soit sous terre,
que ce soit dans la périphérie immédiate, pour le bénéfice de leurs opérations,
oui, mais pour la population, qui au quotidien
peut se targuer d'avoir un secteur d'activité qui a une grande préoccupation au niveau de la population, qui sont leurs voisins.
Ils
supportent des initiatives importantes
dans des investissements majeurs sur la vie socioéconomique de leur milieu en périphérie. Ils vont être des acteurs
qui vont être des partenaires privilégiés dans des festivals. Ils vont être des
acteurs qui vont être des partenaires
privilégiés. Et je viens de le vivre récemment avec Malartic, qui vient de
faire inauguration d'un complexe
sportif dans lequel le gouvernement et la municipalité ont contribué. Et la
mine Canadian Malartic, avec ses deux
partenaires, Yamana Gold et Agnico-Eagle, a pris un engagement financier de
500 000 $ pour supporter la
municipalité dans cette dynamique d'offrir des installations de qualité, qui
vont permettre à la population de jouir pleinement de ces installations-là
sans augmenter le fardeau financier des citoyens.
Vous voyez,
M. le ministre, c'est aussi ça, avoir un secteur minier qui est actif, qui veut
permettre à la fois à la population,
à ses travailleurs de se réaliser pleinement, d'avoir un milieu de vie, une
qualité de vie de choix. Mais, pour ça, il faut avoir un gouvernement
qui a une volonté claire avec une réglementation claire.
Et l'autre
élément sur lequel on est reconnus au niveau mondial, c'est toute la question
de la loi sur la transparence dans le
domaine minier qu'on a adoptée. Vous comprenez, M. le ministre, moi, j'ai eu
l'occasion de rencontrer des investisseurs
étrangers qui, avec des grands groupes comme la Banque mondiale, nous ont
confirmé que la décision du gouvernement
du Québec de joindre ce groupe-là des juridictions qui étaient dans la
dynamique de la transparence dans le monde minier, ça, ça amène aussi
une notoriété tout à fait exceptionnelle, qui est un exemple, parce que la
Banque mondiale prend le Québec en exemple pour d'autres juridictions à travers
le monde pour dire : Regardez, regardez comment
on peut faire une différence, comment vous allez sécuriser les investissements
de grands groupes financiers, qui vont dire : Nous, on est prêts...
On a ce choix-là, on se le fait dire. On peut investir au Québec, on peut
investir en Ontario. On peut aller en Amérique du Sud, on peut aller en
Mongolie.
Moi, je peux vous dire que j'ai des gens que je
connais, de notre région, de l'Abitibi, qui travaillent partout comme ça dans
le monde. Pourquoi? Ils ont développé une expertise qui, maintenant, elle est
recherchée à travers le monde, M. le
ministre. Et ça, ça fait une grande différence dans la dynamique d'une région.
On avait eu une difficulté, on l'a
corrigée, et maintenant ce qu'on veut, c'est continuer à rayonner. Et, pour
continuer à rayonner, bien, ça prend un gouvernement qui accompagne
l'industrie de façon adéquate.
Le Président (M. Hardy) : En
terminant. 10 secondes.
M.
Bourgeois : Bien, M. le ministre, vous me permettrez de finir tout à
l'heure, parce qu'il y a trop à dire sur le monde minier pour ne pas
prendre le temps qu'il faut.
M. Moreau : Et vous
connaissez ça suffisamment pour nous instruire.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup, M. le député d'Abitibi-Est.
Maintenant, je cède la parole et je l'invite à prendre la parole, le
député de Richelieu, de l'opposition officielle, pour un temps de 17 min 34 s.
M.
Rochon : Merci, M. le
Président. Je pensais que mon estimé collègue allait dire au ministre : Je
vous donnerai l'occasion, à
l'occasion de notre prochain échange, de répondre à ma question, mais, non, il
dit : Je continuerai lors du prochain bloc.
Je veux revenir sur deux...
M. Moreau : ...pas freiner un
si bel élan.
M. Rochon : Non, non. Non, il a du
talent oratoire. Ça, c'est incontestable.
Je veux revenir sur deux citations que je... sur
lesquelles j'attirais votre attention tantôt, une déclaration du premier
ministre, qui disait, en septembre
2016 : Il n'y aura pas de fracturation hydraulique dans la vallée du Saint-Laurent, et une déclaration du ministre, qui, lui, disait :
On aurait tort de ne pas exploiter les hydrocarbures et de se priver des
revenus qu'ils pourraient générer.
Nous avons, tantôt, entendu le ministre ne pas
fermer la porte à de l'exploration, pas de l'exploitation, de l'exploration dans la vallée du Saint-Laurent, n'y
voyant rien de contradictoire avec la déclaration du premier ministre. J'ai le
désagrément de lui suggérer qu'il y a contradiction. Et pourquoi y a-t-il
contradiction? C'est que, dans la vallée du Saint-Laurent, on est en présence d'un gaz qui est piégé dans les
porosités d'une roche rendue imperméable par l'argile, et c'est ça qui
demande, pour l'extraction de ce gaz de schiste, le recours systématique aux
techniques combinées de forage dirigé et de fracturation
hydraulique. Alors, ne pas fermer la porte dès l'étape d'exploration dans ce
secteur du Québec, c'est l'ouvrir à la fracturation hydraulique, c'est un
automatisme.
Et, d'autre part, une
fois cela dit — et,
moi, il va y avoir des moments pour les observations et réponses du
ministre — cela
dit, acceptabilité sociale, nous entendons le ministre beaucoup en faire état,
il dit que c'est le critère numéro un pour
prendre une décision sur la fracturation hydraulique. Il dit ensuite — en fait, il a dit ça le 27 octobre 2017
précisément — qu'il n'y a pas d'acceptabilité sociale pour
la fracturation hydraulique. Et je vous cite, M. le ministre... je le cite, M. le Président : «Il nous
apparaît de plus en plus difficile de soutenir que l'exploration et
l'exploitation par fracturation hydraulique — ah! vous avez dit
"exploration" à ce moment-là — satisfont aux exigences, aux
critères d'acceptabilité sociale et de
respect de l'environnement que nous avons érigés au premier rang de ce qui sera
pris en compte.»
Voilà
ma question, M. le Président, au ministre : Où est-il écrit dans la Loi
sur les hydrocarbures et les règlements qui en découlent qu'aucun projet
n'ira de l'avant sans acceptabilité sociale?
Le Président (M.
Hardy) : M. le ministre.
M. Moreau :
Alors, je reviens sur une partie du préambule où le député... D'abord, je
remercie le député de Richelieu de m'avoir cité au texte, là. Vous avez vu que
j'avais parlé des deux aspects, c'est-à-dire l'exploration et l'exploitation, qui sont deux éléments. Et là où
je vous disais, ce matin, qu'il n'y a pas d'incompatibilité entre la
déclaration faite par le premier
ministre et les déclarations que j'ai faites est la suivante, c'est que
l'exploitation ou l'exploration, en matière
d'hydrocarbures, ne se limite pas à la vallée du Saint-Laurent, le territoire
du Québec est beaucoup plus vaste que
ça. Et ce que l'on dit, c'est que, dans la vallée du Saint-Laurent, très
clairement, alors qu'on est dans une formation que l'on appelle le schiste, il n'y a pas d'acceptabilité sociale pour
la fracturation dans ce type de géologie là. On est... Mais il y a d'autres secteurs au Québec, notamment
si on pense, par exemple, à la Gaspésie, où on est dans une formation
qu'on appelle la formation de Forillon, qui est une formation rocheuse, où, là,
les critères d'intervention et... les conséquences
d'une intervention, selon les techniques utilisées, peuvent être extrêmement
différentes de ce qui existe dans le
schiste. Et on sait d'ailleurs que les gisements qui sont... bien, en tout cas,
qui, selon la connaissance actuelle et les informations détenues par le ministère, présentent le plus grand
potentiel ne sont pas dans la vallée du Saint-Laurent mais véritablement dans le secteur de la formation de
Forillon, dans la région de la Gaspésie. Bon. Et donc il n'est pas incompatible
de dire qu'on ne devrait pas, si on peut le faire de façon sécuritaire, dans un
contexte où on est dans l'acceptabilité
sociale et dans le respect des normes environnementales, se priver des revenus
provenant des ressources naturelles,
quelles que soient ces ressources, y compris les hydrocarbures. C'est ça,
essentiellement, que l'on dit. Et, quand on dit ça, on ne dit pas qu'on va driller à toutes conditions, soit à la
phase de l'exploration soit à la phase de l'exploitation, puis qu'on va
faire de la fracturation pour y arriver. Alors, il n'y a pas d'incompatibilité
là-dedans, tout est attaché.
Et
ce que je disais, ce matin, c'est que le gouvernement, mon prédécesseur, hein, c'est même avant la rédaction de la Loi sur les hydrocarbures, a présenté des orientations du ministère de l'Énergie en
matière d'acceptabilité sociale, laquelle
est accompagnée d'un calendrier de réalisation et des étapes, puis on se rend
compte que c'est un travail qui est en élaboration puis qui est, à certains
égards, très avancé, soit dans l'aménagement et le développement du territoire,
soit dans l'élaboration et le
développement des projets de mise en valeur des ressources minérales et
énergétiques ou dans l'exploitation des ressources énergétiques et
minérales et la restauration des sites. On pourra produire le document.
Je
sais que vous m'avez dit de faire des réponses courtes, alors je réponds au
député de Richelieu : Il n'y a pas d'incompatibilité dans toutes ces
déclarations. Et, l'acceptabilité sociale, on en fait la démonstration comme
étant un des éléments importants à prendre en compte.
• (15 h 30) •
Le Président (M.
Hardy) : M. le député de Richelieu.
M. Rochon :
Il y a bien eu, ce matin, entre le discours du ministre et la déclaration du
premier ministre à laquelle je
référais antérieurement, une contradiction, puisque, ce matin, au cours de nos
échanges, alors que je lui parlais des projets de la compagnie gazière albertaine Questerre pour la vallée du
Saint-Laurent, alors que je lui parlais de ça, ce matin, il refusait de fermer la porte à une éventuelle
demande de permis d'exploration, répondant qu'il n'y avait pas de telle
demande. Alors, s'il devait y en avoir
une, insisté-je alors, est-ce qu'il est... c'est hors de doute qu'il y aura une
fin de non-recevoir à cette demande de permis exploratoire? Alors,
j'aimerais entendre un non ou un oui mais une réponse claire.
Le Président (M.
Hardy) : M. le ministre.
M.
Moreau : Alors, ma
réponse, ça ne se répond pas par oui ou par non, mais vous allez avoir votre
réponse à la fin de l'exercice. C'est que la réponse du gouvernement, elle va être donnée dans les orientations définitives, qui vont être
produites dans les prochaines semaines, sur
toute la question des hydrocarbures,
et qui prennent en compte les observations qu'on a eues. Ce que je vous dis, c'est que moi, je ne peux pas répondre
à une question hypothétique sur une demande qui n'existe pas. Et il n'y a pas beaucoup d'ambiguïté dans la
déclaration du premier ministre. D'ailleurs, je réitère que, de 2000 à 2018, il n'y a eu aucun forage et aucune
fracturation dans les basses terres du Saint-Laurent et que nous n'en
souhaitons pas non plus.
Maintenant,
je n'ai pas de demande de la compagnie Questerre, de un. De deux, les
règlements définitifs liés à la mise
en application et la mise en vigueur des hydrocarbures ne sont pas encore
publiés. Alors, je ne ferai pas un outrage au Parlement en donnant dans les crédits une réponse qui va à l'encontre
de ce que nos procédures nous demandent de faire, c'est-à-dire d'informer les parlementaires en premier lieu des
orientations gouvernementales en matière législative ou réglementaire.
Le député de Richelieu a suffisamment d'expérience pour savoir ça.
Alors, sa question ne se
répond pas par un oui ou par un non, mais, pour être clair, est-ce que j'ai une
demande? La réponse, c'est non. Est-ce que
la version définitive des orientations gouvernementales est produite? La
réponse, c'est non. Est-ce que le
gouvernement souhaite aller dans la fracturation, dans le schiste? La réponse
est aussi non, elle a été livrée par le premier ministre du Québec.
Alors, on peut
bien pérorer tout l'après-midi sur la question, mais vous n'aurez pas les
orientations gouvernementales avant qu'elles ne soient rendues
publiques.
Le Président (M. Hardy) : Merci, M.
le ministre. M. le député d'Arthabaska... excusez-moi, de Richelieu.
M.
Rochon : Merci, M. le
Président. C'est vrai qu'on peut perdre son latin, là, quand on écoute le
ministre. Je trouve qu'il... Oui, il me semble que vous...
M. Moreau : Sujet, verbe,
complément.
M.
Rochon : ...entretenez
encore une quelconque confusion. Mais passons à autre chose, passons à autre
chose.
Parlons des territoires incompatibles aux
hydrocarbures. Vous serez heureux, je vais vous reciter le premier ministre. Au congrès de la FQM, en septembre 2017,
il disait : «Je prends l'engagement qu'il vous sera possible, une fois
qu'on se sera rapidement entendus sur les
orientations gouvernementales en aménagement du territoire, de soustraire vos
territoires à l'exploitation et à l'exploration pétrolières.»
En novembre
2017, de passage à Gaspé pour rencontrer les maires et les préfets, vous
répétez que votre gouvernement entend
donner plus de pouvoirs aux municipalités qui veulent limiter l'exploration et
l'exploitation des hydrocarbures. En
janvier 2018, vous dites : On a clairement annoncé puis on est en train de
les rédiger, on va s'asseoir avec les
municipalités pour en discuter, de leur permettre d'établir sur le territoire
des municipalités régionales de comté des
territoires incompatibles, où aucune activité liée aux hydrocarbures ne pourra
être exercée, on va s'asseoir avec les deux grandes unions municipales.
Sauf que
voilà ce qui est écrit dans la Loi sur les hydrocarbures et dans le document
transmis aux élus gaspésiens : «Un
territoire incompatible avec l'exploration, la production et le stockage
d'hydrocarbures est celui dans lequel la viabilité des activités serait compromise par les impacts
engendrés par l'exploration, la production et le stockage d'hydrocarbures.»
Mais la suite est importante : «Le
premier alinéa ne s'applique pas aux hydrocarbures dont l'exploitation, la
production ou le stockage est déjà
autorisé par une licence au moment de la reproduction des territoires
incompatibles sur les cartes conservées au bureau du registraire.» Bien là, ça,
c'est un méchant problème. Ça veut dire que la MRC ne pourra pas... Puis ce n'est pas un méchant problème pour les
entreprises pétrolières et gazières mais, pour les MRC, si, M. le ministre,
puisque la MRC ne pourra pas appliquer la délimitation d'un territoire
incompatible sur le territoire d'une licence d'exploration,
de production ou de stockage déjà délivrée. Et ça, il y en a beaucoup.
80 % du territoire gaspésien est déjà claimé, comme on dit
populairement. Alors, c'est quoi, le pouvoir réel des élus municipaux?
Bien, je suis
content si je me trompe. Parce qu'il semble ici que je me trompe, M. le
Président. Je vais lui laisser verbaliser ça, là.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Bien, vous exprimez des craintes qui sont légitimes, mais sauf qu'il n'y a pas
de permis d'exploitation qui sont en
vigueur à l'heure actuelle, de sorte que la totalité de l'interdiction prévue
par les OGAT est possible à l'heure actuelle au Québec.
Alors,
regardez, ce que j'ai indiqué... Puis là, dans votre préambule, vous semblez me
reprocher de répéter ce que le premier ministre a dit, puis, dans votre
question précédente, vous sembliez voir une dissonance entre ce que je dis et
ce que le premier ministre dit. Je
vous le dis, là, on est exactement sur la même page, le premier ministre et
moi, sur cette question-là.
Sur les orientations gouvernementales en
aménagement du territoire sur les hydrocarbures, on dit ceci : Les territoires incompatibles, ce sont les territoires
dans lesquels «la viabilité des activités serait compromise par les impacts
engendrés par l'exploitation, la production
et le stockage d'hydrocarbures». L'article 141 de la Loi sur les
hydrocarbures prévoit notamment que
«tout hydrocarbure se trouvant dans un territoire incompatible avec
l'exploration, la production et le
stockage d'hydrocarbures, délimité dans un schéma d'aménagement et de
développement conformément à la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, est soustrait à toute activité
d'exploration, de production et de stockage». Ça ne s'applique pas aux hydrocarbures dont l'exploration ou le
stockage est déjà autorisé — il n'y en a pas — par une licence au moment de la reproduction des territoires incompatibles
sur les cartes conservées au bureau du registraire. Il n'y en a pas en date
d'aujourd'hui et à l'heure où on se parle.
Les
orientations gouvernementales en aménagement du territoire sur les
hydrocarbures guideront les MRC dans l'exercice
de ce nouveau pouvoir, et ces dernières seront consultées au cours des
prochaines semaines. On est à rédiger les OGAT. Et, dans l'intervalle, les
municipalités régionales de comté pourront, dès le dépôt des OGAT, adopter
des règlements de contrôle intérimaire qui
vont interdire l'exploitation des hydrocarbures dans les territoires qu'ils
estiment incompatibles.
Alors, on
n'est pas dans le : On creuse à tout prix, on drille à tout prix puis on
s'en va dans les hydrocarbures. On
est dans les niveaux d'acceptabilité sociale, de reconnaissance des élus locaux
et régionaux comme des gouvernements de
proximité. C'est notre gouvernement, d'ailleurs, qui l'a fait, et j'en parle
avec ma main droite parce que j'étais là au début de ce mandat-là, lorsqu'on a fait l'amorce
de ces travaux-là, mon collègue le ministre des Affaires municipales a continué
admirablement ce travail-là. Et on est là-dedans. On travaille dans le respect
de l'environnement avec un encadrement qui
soit des plus sévères et avec des pouvoirs qui sont conférés de déterminer des
territoires incompatibles aux élus régionaux.
Le Président (M. Hardy) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Richelieu.
M. Rochon : Bon, M. le
Président, là, ça va vraiment demander une clarification, qui nécessitera
peut-être le concours des gens qui
accompagnent le ministre, parce que, dans le document qu'il a remis aux élus
gaspésiens, on lit : «La MRC ne
pourra pas appliquer la délimitation d'un territoire incompatible sur le
territoire d'une licence d'exploration, de production ou de stockage déjà
délivrée.»
Là, le ministre
vient de dire qu'il n'y en avait aucune, licence. Moi, je ne suis pas certain, là,
qu'il ne soit pas dans l'erreur. Je crois
au contraire qu'il y a 300, 300 licences en vigueur. Peut-on éclairer
la commission après s'être consultés? Je pense que c'est un élément
important d'information ici.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
• (15 h 40) •
M. Moreau :
Alors, il n'y a aucun permis d'exploitation en vigueur
au moment où on se parle. Alors, il n'y a
pas d'incompatibilité avec ce que je dis. Il existe des droits, mais les
droits n'amènent pas, à l'heure actuelle, un droit d'exploitation. Alors, il
n'y a pas de...
Et donc je reviens au texte que je vous ai lu.
Puis, pour les fins de raccourcir les réponses, à votre invitation, M. le
Président, l'exception dont on parle dans les dispositions sur les orientations
gouvernementales en matière d'hydrocarbures ne s'applique pas.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Richelieu. 1 min 25 s.
M. Rochon : Là, M. le Président, à mon tour d'en perdre mon
latin. Là, il parle de licence d'exploitation, là, il s'obstine à dire «licence d'exploitation». Ce
n'est pas ça qui est écrit, là, c'est écrit «licence d'exploration, de
production ou de stockage déjà
délivrée». Est-ce qu'on peut me... Je n'ai pas ça, là, par écrit, mais...
Regardez, là, regardez, liste des permis en vigueur, là, regardez ça,
là, il y en a, là...
M. Moreau : Des permis de
quoi?
M. Rochon : Ça, c'est des permis
d'exploration en vigueur, là.
M. Moreau : Voilà. Bien, vous...
M. Rochon : Il y en a plein. Alors,
ça ne pourra pas... Là où ces permis...
M. Moreau : Ils peuvent
explorer, ils ne peuvent pas exploiter.
M. Rochon : Les territoires sur
lesquels ces permis existent ne pourront pas, donc, être déterminés comme territoires
incompatibles par les MRC, M. le ministre.
M. Moreau : Ah! Mais,
regardez...
Le Président (M. Hardy) : 30
secondes, M. le ministre.
M. Moreau : Bien, je suis
convaincu que son latin lui permet de faire la distinction entre l'exploration
puis l'exploitation. Il n'y a
pas de permis d'exploitation en
vigueur à l'heure actuelle. Vous pouvez demander à votre recherchiste, qui opine du bonnet,
mais il y a une différence entre l'exploration et l'exploitation.
M.
Rochon : M. le Président, très courtement, est-ce
qu'on va pouvoir déterminer qu'un territoire
est incompatible là où il y a une licence d'exploration déjà délivrée?
M. Moreau : On pourra déterminer qu'il y a
une incompatibilité dans ce territoire pour l'exploitation malgré le fait qu'il y
a un permis d'exploration. Est-ce que ça va?
M. Rochon : ...les entreprises
pourront explorer sur ces territoires, les MRC ne pourront pas...
M. Moreau : Qui deviennent incompatibles à l'exploitation. La
racine latine est très semblable, j'en conviens.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup. Sur ce, votre temps alloué est écoulé, M. le député de Richelieu. Maintenant, je m'en vais du côté gouvernemental pour 20 min 30 s
et j'invite le député d'Abitibi-Est de prendre la parole.
M.
Bourgeois : Merci, M. le Président. Bien, comme je vous l'avais
mentionné, évidemment, je n'avais pas tout à fait terminé. Mais je vais rassurer mes collègues, je vais leur
laisser la possibilité de s'entretenir avec le ministre. Mais évidemment j'avais quelques précisions à apporter
encore concernant le secteur minier, parce que ce secteur-là, qui est d'une importance vitale, en Abitibi-Témiscamingue...
On n'a pas juste des mines. On a de la forêt, on a d'autres ressources naturelles, on a le secteur de l'agriculture.
Cependant, cependant, le secteur minier est fort important et il mérite d'avoir
notre attention, parce que trop souvent il
est oublié, il est méconnu et il fait place à de la perception plutôt que des
faits. Et ces faits-là, ils méritent d'être soulignés de façon adéquate.
Je pense,
entre autres, au niveau... Et là je reviens à ce que je vous disais. Et mon
collègue me faisait part d'un article
du Journal de Montréal de 2013 qui parlait, à propos du Plan Nord, qu'il
était devenu le plan mort. Et Marc Lassonde, qui est un acteur important dans le domaine de l'investissement au
Québec, disait : Pour susciter des investissements, il faut établir un climat de confiance. Le climat de
confiance, on l'a rétabli. Et ce que ça donne, dans les faits, concrètement,
bien, je reviens en termes de données :
Depuis 2013, le Québec a fait une remontée impressionnante, on est passés de la
18e place à la sixième place sur
l'échiquier mondial. Et, par rapport à l'échiquier canadien, parce qu'il y a
d'autres juridictions canadiennes qui ont un fort potentiel minier,
bien, là on est passés de la huitième à la deuxième place.
Donc, évidemment, ça, ça ne s'est pas fait tout seul, il y a
eu, oui, une reconnaissance du potentiel minier, mais il y a
aussi eu, de la part de notre gouvernement, une prise en charge de la situation
pour rétablir cette confiance-là. Et récemment
encore, à l'intérieur du budget, on a donné... on a écouté l'industrie,
on a travaillé avec eux pour qu'ils fassent un travail que l'on
souhaitait le plus adéquat possible avec les populations qui les entourent.
Quand on a un enjeu de développer un projet, on veut qu'il y ait l'acceptabilité
sociale de ce projet-là. Notre collègue de Gouin remettait en question un peu le phénomène, à savoir si on ne
privilégiait pas les compagnies en leur offrant la possibilité de déduire des
sommes qu'ils dépensent. Pour quoi?
Pour consulter la population, consulter les milieux, consulter les communautés
autochtones, consulter les acteurs
qui vont être directement impactés de la réalisation des projets. Il a raison,
qu'on a écouté l'industrie, mais on
ne leur a pas donné un accès sur des sommes qu'ils devaient verser au niveau
des redevances, mais c'est plutôt au
niveau de leurs profits générés qu'on a dit : Si vous faites cette
action-là de façon adéquate, vous pourrez, à ce moment-là, procéder en demandant une compensation au niveau
des profits générés, et non pas au niveau des redevances à être versées.
Vous
comprendrez également, M. le ministre, qu'il y a une grande fierté de voir le
potentiel minéral du Québec, qui
occupait le 10e rang mondial et le troisième rang au niveau du Canada en
2017. C'est une nette amélioration par rapport à 2013. En 2013, on parlait, à ce moment-là, de 17e rang. Et
pourtant ce potentiel-là, là... On n'a pas changé le sous-sol, là, on n'est pas allé modifier la géologie du Québec.
Ce qu'on a fait, on l'a présenté parce qu'on a accompagné l'industrie par des mesures gouvernementales mais par des
actions également de la part de l'industrie pour faire en sorte qu'on atteigne
ces résultats-là.
Évidemment,
il y a des secteurs sur lesquels il a fallu agir, un gouvernement est là pour
accompagner. On aura d'ailleurs
l'occasion d'en reparler demain, dans le cadre du Plan Nord, avec mon collègue
d'Ungava, on aura sûrement des
éléments importants, parce que c'est un vaste territoire, parce qu'il y a des
enjeux d'accès au territoire, il y a des enjeux également d'énergie. Mais, encore là, le Québec est tellement bien
positionné parce qu'on a une énergie renouvelable en grande capacité, en grande qualité, en termes
de disponibilité. Et, de ce côté-là, évidemment, on veut pouvoir permettre
à l'industrie d'utiliser ces avantages-là à
la fois pour son bénéfice mais pour le bénéfice de l'ensemble de la population
du Québec.
• (15 h 50) •
M. le
ministre, cette action-là avec les compagnies minières, avec les milieux, qui
veulent que le gouvernement puisse
avoir un cadre législatif qui fait en sorte qu'on peut développer des mines
dans le respect de l'environnement, dans le respect des populations qui habitent le territoire... Et là j'irais
dans un peu ce que vous mentionniez tout à l'heure avec notre collègue de Richelieu par rapport aux OGAT,
hein? Le monde municipal a demandé d'être considéré là-dedans, et on a respecté cette volonté-là aussi, on a donné
des moyens. Donc, on ne fait pas un accompagnement aveugle, contrairement à ce que certains pourraient
prétendre, mais on fait un équilibre pour permettre... Et ce n'est pas pour
rien qu'on est dans ces résultats avec l'Institut Fraser, c'est parce
qu'on a été capables d'associer des mesures incitatives à des mesures restrictives ou qui minimalement obligent les promoteurs
de ces projets-là à faire en sorte d'avoir des projets qui respectent la
volonté des Québécois et Québécoises, pour le bénéfice de l'ensemble de la
population.
M. le
ministre, l'industrie nous a fait
confiance, la population nous a fait confiance, en lien avec ces
projets-là, et nous souhaitons
pouvoir, les régions comme l'Abitibi-Témiscamingue, comme le Nord-du-Québec, comme la Côte-Nord...
Côte-Nord où, M. le ministre, je pense que vous pourriez nous entretenir longtemps
également de ce qui a été fait comme décisions
stratégiques pour permettre d'exploiter la fosse du Labrador avec des moyens
qui, suite à la problématique, je vais l'appeler ainsi, pour ne pas
utiliser un terme plus virulent... Il y avait un enjeu majeur avec la
Pointe-Noire. Et, M. le ministre, vous avez, avec les autres collègues, en temps
approprié, pris une décision majeure de désenclaver le port, et j'aimerais que vous pussiez nous entretenir un
peu là-dessus, avant que je ne cède la parole à mes collègues,
et vous laisser quand même la chance, vous aussi, d'exprimer tout votre engagement
envers le secteur minier.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau : D'abord, M. le
Président, je veux remercier le député
d'Abitibi-Est, qui est mon adjoint parlementaire et qui est une personne qui a une grande connaissance du secteur
minier. Je le dis souvent en boutade : Il est comme Obélix, il est tombé dedans quand il était petit. Il est
originaire de l'Abitibi, il connaît très,
très bien le secteur minier. Il est
très bien et avantageusement connu
aussi des industries qui agissent dans ce secteur-là, des associations, des
groupements miniers, qui le
consultent, et qui non seulement le consultent mais aussi gardent avec lui une
fenêtre de discussion qui est très importante pour le ministère. Et je veux le remercier pour sa contribution significative aux travaux que nous menons, au ministère
de l'Énergie et des Ressources naturelles, certainement pour tout le volet minier, et lui dire que son
expertise dans le domaine est, pour moi, un atout extrêmement précieux.
Sur la question de la Pointe-Noire, pour les
gens qui nous écoutent et qui connaissent peut-être moins bien la géographie du Québec, le territoire
du Plan Nord, c'est le territoire qui est situé au
nord du 49e parallèle et qui s'étend d'est en ouest sur l'ensemble du territoire du Québec. Et il y
a deux accès principaux, parce que,
quand on exploite la ressource, encore, bien
sûr, il faut l'exploiter, mais
encore faut-il pouvoir l'acheminer vers les marchés de transformation et vers les marchés d'acquisition de ces ressources-là, quel que soit
son niveau de transformation. Alors, le Plan Nord, il y a deux énormes accès qui l'alimentent, il y a
un accès vers l'ouest qui est l'autoroute de la Baie-James, qui est un accès
routier avec un transport aérien qui est important,
il y a une autoroute Transtaïga, qui correspond à peu près aux lignes de développement d'Hydro-Québec, de la production d'énergie dans le Nord-du-Québec, avec un chapelet d'aéroports, mais
à l'est il y a un chemin de fer qui part du port de Sept-Îles
avec différents titres de propriété et qui s'étend vers le secteur ouest... vers le secteur est, pardon, du Plan Nord
dans ce qu'on appelle la fosse du Labrador, qui est là où se trouvent les principaux gisements miniers de fer. La
relance de la mine du lac Bloom en est un excellent exemple, j'y référais ce
matin.
Et, au départ, la propriété de la Pointe-Noire
était une propriété d'une entreprise privée qui s'appelait Cliffs Resources, qui éventuellement s'est retrouvée
en difficultés financières, qui a cessé ses activités.
Et il y a une personne qui a eu la vision nécessaire pour conseiller le gouvernement, c'est le ministre
de l'Économie de l'époque, Jacques Daoust, qui a convaincu le Conseil des
ministres et les ministres
responsables aux différentes époques de faire en sorte que le Québec se
porte acquéreur de ces installations de la Pointe-Noire, qui s'étendent jusqu'au
port de Sept-Îles, ce qui a pour effet de désenclaver l'accès
au fleuve Saint-Laurent pour le minerai, qui est acheminé de la fosse du
Labrador à travers le corridor ferroviaire jusqu'au port, et donc, en accédant
au fleuve, d'avoir accès au centre économique de l'Amérique, c'est-à-dire vers l'ouest, par la voie
maritime du Saint-Laurent, ou vers les marchés mondiaux, vers l'est, à travers
l'océan Atlantique. Et c'est un
élément fort important, qui a amené beaucoup de dynamisme pour le Plan Nord. Et
on était récemment à Sept-Îles pour
inaugurer, justement, les installations que la Société ferroviaire et portuaire
de Pointe-Noire a mises en place,
notamment un convoyeur, à partir de cours où on peut accumuler le minerai qui
provient des mines, qui est acheminé
par train là-bas et, de là, vers les immenses bateaux qui l'amènent partout
dans le monde. Et M. O'Keeffe, qui est président d'Iron Ore, minerai Québec, et qui est à la base de la
relance de la mine du lac Bloom, indiquait à quel point ces installations-là étaient un puissant outil
pour permettre la relance de l'activité minière bien au-delà de celle de sa
propre entreprise, mais pour l'ensemble de ce que l'on retrouve comme
ressources dans la fosse du Labrador.
Le premier
ministre du Québec a signé, la semaine dernière, avec son homologue de
Terre-Neuve et Labrador, une entente
de coopération pour relancer l'échange d'expertise et l'ensemble des efforts
mis en commun par l'une et l'autre des
provinces, parce que la fosse du Labrador, elle est de part et d'autre de la
frontière nord-sud qui sépare le Québec du Labrador, de Terre-Neuve et du Labrador, et cet immense gisement de
ressources bénéficient à l'économie des deux provinces. Et notamment un des aspects très importants de
l'entente signée par le Québec et Terre-Neuve et Labrador vise justement
à conjuguer les efforts des deux provinces
pour faciliter l'exploitation des ressources minières dans cette fosse du
Labrador et donc améliorer la
situation économique pour l'une et l'autre des provinces. L'autre aspect de
l'entente qui touche moins les
ressources naturelles est celui des liens routiers entre les deux provinces et
notamment de ce lien permanent sous le détroit
de Belle-Isle entre l'île de Terre-Neuve et le continent, du côté du Labrador, et,
de notre côté, le prolongement de la route 138 vers Blanc-Sablon.
Mais l'apport
des investissements que nous avons faits dans la Société portuaire et
ferroviaire de Pointe-Noire est
inestimable pour les entreprises et devient... comme la fiabilité de notre
énergie, le coût très bas de notre énergie, la prévisibilité de notre
système juridique, légal et réglementaire qui entoure l'exploitation minière
est un facteur de prévisibilité qui est
extraordinaire pour attirer les investisseurs étrangers. Et on l'a fait... vous
le savez très bien, vous étiez au
PDAC, vous-même, M. le député, à Toronto, on a vu des investisseurs que nous
avions intéressés au Mexico Mining Forum
qui sont revenus nous voir pour justement continuer leurs recherches en vue
d'investissements étrangers dans la région
de Sept-Îles et Port-Cartier, justement, parce que le gouvernement, avec le
Plan Nord, avec l'ensemble des mesures mises en place, notamment au
niveau des infrastructures, voit un avantage économique incroyable à poursuivre
leurs recherches soit en exploration soit en
exploitation, et ce qui implique nécessairement des investissements étrangers,
qui sont bénéfiques pour l'ensemble du secteur minier.
• (16 heures) •
Et vous
indiquiez, dans votre intervention précédente, à quel point l'industrie minière
avait changé. Elle a changé. Elle a
changé pour le mieux, vous l'avez souligné avec beaucoup d'éloquence. Et elle a
changé pour le mieux parce que, les
entreprises nous disent, aujourd'hui, les investisseurs étrangers, M. le Président,
nous disent : On a compris, là, que ça ne nous donne rien de dépenser des sommes incroyables en
contestations juridiques. Et ils comprennent très bien que l'acceptabilité sociale dont on parle... Et les
mesures fiscales mises en place visent à faciliter le travail des entreprises
pour avoir cette acceptabilité
sociale. L'acceptabilité sociale, ça ne s'impose pas, ça ne s'impose pas de
force. Puis au Canada on a un exemple
récent, là, où on voit ce que ça fait lorsque l'acceptabilité sociale n'est pas
au rendez-vous, dans les litiges qui
font la une des journaux à tous les jours entre l'Alberta et la
Colombie-Britannique. Nous, on sait
que, que ce soit pour le secteur
minier, que ce soit pour le secteur des hydrocarbures, le premier élément que
nous devons obtenir, c'est celui de l'acceptabilité sociale.
Entendons-nous, l'acceptabilité sociale, ce
n'est pas synonyme de l'unanimité en faveur d'un projet, parce qu'il y en aura
toujours qui, pour toutes sortes de raisons, certaines bonnes, certaines moins
bonnes, vont s'opposer à l'existence de ces
projets-là, mais l'acceptabilité sociale, c'est le dénominateur commun, et je
dirais que c'est ce qui de façon
majoritaire amène l'appui à un projet. Et cet appui au projet amène du
développement économique dans les régions. Et on est tout à fait d'accord pour que
l'alignement gouvernemental se poursuivre, que ce soit pour les hydrocarbures
ou que ce soit pour le secteur
minier, pour que les retombées tombent d'abord dans les communautés. Et c'est
pour ça que, lorsqu'on vend le Plan
Nord à l'international, on dit : C'est non seulement une question de
développement économique, mais c'est aussi une question de développement social
pour les populations qui occupent les territoires où les gisements se trouvent et où l'exploitation se fait, parce
qu'elles doivent voir les retombées économiques, qui est la compensation
pour les inconvénients qu'elles peuvent subir en raison de l'exploration. Et
tout ça dans un contexte où les règles environnementales, au Québec, sont parmi
les plus sévères au monde dans tous ces domaines d'exploitation.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député d'Abitibi-Est.
M. Bourgeois : Combien de temps
il nous reste?
Le Président (M. Hardy) :
1 min 50 s.
M. Bourgeois :
Rapidement... Merci, M. le ministre, parce qu'effectivement ces précisions-là
sont importantes. Je voulais juste
vous mentionner également, pas plus tard qu'en fin de semaine j'ai eu
l'occasion de voir, une entreprise, Agnico-Eagle,
qui exploite la mine LaRonde, qu'ils sont maintenant à plus 3,5 kilomètres
sous terre et qu'ils viennent d'être
honorés pour un système qu'ils ont développé, un système de communication LTE,
donc l'équivalent du système cellulaire mais qui est fonctionnel jusqu'à
3,5 kilomètres sous terre.
Évidemment,
ce n'est pas nécessairement pour appeler à la maison, mais, pour l'opération
d'une mine, avec ce qu'ils ont
développé, maintenant, ça permet, toute la logistique d'opération, de
modélisation de la mine, d'opération à distance
des équipements, donc, de gagner beaucoup en productivité, en sécurité pour les
travailleurs, parce que maintenant, après
un «blast», comme on dit chez nous, après qu'on ait fait sauter le gisement,
dans un temps très rapide on peut avoir des équipements, qui sont opérés à distance, qui peuvent se rendre sur
place, voir l'état des lieux. Et je ne sais pas si vous réalisez, mais
descendre dans la mine, à 3,5 kilomètres, il faut prendre l'équivalent de
deux ascenseurs, parce que les longueurs de
câblage font en sorte que c'est un défi, ce qui fait que le travailleur, sur
son site de travail, dans un déplacement en profondeur comme ça, va passer entre deux à quatre heures maximum de
temps, dans un chiffre, à pouvoir travailler, parce que le temps de
déplacement, la logistique de déplacement à l'intérieur de la mine... tandis
qu'avec l'opération à distance ils peuvent
permettre des choses comme ça. Et, cette technologie-là, là, actuellement, il y
a des gens de partout à travers le
monde qui viennent la voir. C'est ça aussi, travailler dans le domaine minier,
de faire en sorte de développer de nouveaux instruments, de nouvelles
façons de faire pour sécuriser et optimiser l'exploitation de ces
ressources-là.
Le Président (M. Hardy) : Merci
beaucoup, M. le député d'Abitibi-Est.
M. Bourgeois : Merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Hardy) : Maintenant, je vais du côté de la deuxième
opposition. J'inviterais Mme la députée de Saint-Hyacinthe à prendre la
parole. Vous avez 17 min 36 s.
Mme Soucy :
Merci, M. le Président. Bien, tout d'abord, je veux saluer Mme Savoie,
Mme Gélinas, M. le ministre et
mes collègues. C'est la première fois que je prends la parole dans cette
commission-là, aujourd'hui, alors je tenais à les saluer.
Je vais avoir une question pour
Mme Gélinas, de Transition énergétique Québec, ou le ministre, là, mais
peu importe. Les dépenses prévues à l'étude
de crédits de TEQ en 2017, pour l'exercice 2017‑2018, c'était prévu qu'il
y ait des dépenses de 215 millions. Dans le budget de mars 2018, on lit que les dépenses sont de
57 millions. Alors, la question
est : Est-ce que... dans quelles
dépenses, le service, vous avez décidé de ne pas rendre... ou qu'est-ce qui
était prévu, pour qu'on ait un budget de 215 millions, qui n'a pas
été rendu comme service?
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau : Oui. Je vais laisser Mme Gélinas répondre à
la question. Il faut comprendre, certainement, que ce n'est pas étranger au fait que Transition énergétique Québec
est un organisme en démarrage et qu'on est virtuellement dans le début,
dans l'amorce des opérations. On aura l'occasion de produire et de rendre
public, dans les prochaines semaines, le
plan, qui sera le premier plan d'intervention de Transition
énergétique Québec, là, avec... qui a
été élaboré depuis le début. Et, pour le détail des distinctions que
vous demandez, je vais demander à Mme Gélinas, avec votre permission, M.
le Président, de compléter la réponse.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Gélinas.
Mme Gélinas
(Johanne) : Merci beaucoup. En fait, je crois qu'il faut mettre les choses en perspective, au niveau du
financement de TEQ. TEQ est financé par deux sources
principales. Le 57 millions auquel vous faites référence, c'est le budget de la quote-part, donc c'est un budget
qui est fourni par les distributeurs d'énergie pour des programmes qui
sont exclusivement axés sur l'efficacité énergétique. C'est à peu près... ce
n'est jamais pareil d'année en année mais, disons,
pour faire un pourcentage, à peu près 15 %. Le reste vient du Fonds vert.
Donc, le Fonds vert est notre banque, entre
guillemets, qui finance les programmes du PACC 2020. Et, nous, à l'intérieur du
PACC, TEQ contribue à 65 % des réductions de gaz à effet de serre et va chercher
20 % de l'investissement du budget. Donc, c'est la somme des deux qui
fait l'ensemble du budget global de TEQ.
Mme Soucy :
O.K. Donc, si je...
Le Président
(M. Hardy) : Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy :
Merci. Donc, si je comprends bien, le 57 millions faisait partie du
215 millions global, c'est ce que vous
me dites. Pourquoi, alors, le Conseil du trésor a dû remettre 11 millions
parce qu'il y avait un déficit? Pourquoi ce 11 millions là? Est-ce que c'est parce que vous n'aviez pas prévu
la transition entre le bureau d'efficacité énergétique et TEQ qu'il y
avait un déficit, que je peux dire, déficit de 11 millions?
M. Moreau :
Bien, je vais commencer, puis, pour plus de précisions, Mme Gélinas complétera.
Ce
qui s'est passé, comme je vous disais, TEQ est une société d'État qui est en
démarrage, et la réglementation qui
prévoyait l'établissement de la quote-part dans la partie du 57 millions
établissait la quote-part à partir des... oui, c'est ça, des distributeurs d'énergie était basée sur la
quote-part de l'an précédent. L'année précédente, il y a eu un surplus de
11 millions, de sorte qu'en application
du règlement on ne tenait pas compte de ce surplus-là et que la quote-part de
l'année subséquente était inférieure
de 11 millions. Alors, on a corrigé cette situation-là pour tenir compte
du fait que la disposition réglementaire
ne permettait pas à TEQ d'avoir une cotisation chez les distributeurs qui était
équivalente à ses besoins. Alors, c'est une question comptable du fait
que la réglementation ne permettait pas à TEQ, dans l'établissement des quotes-parts, de tenir compte de la partie du
budget de l'année précédente qui avait été rencontrée à même un surplus qui
existait dans le compte.
Le Président
(M. Hardy) : Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy :
Merci. Le 158 millions, donc, la différence entre les deux montants,
l'argent, est-ce qu'il est retourné au Fonds vert ou il est retourné au
Conseil du trésor?
Mme Gélinas
(Johanne) : En fait...
M. Moreau :
Allez-y.
Le Président
(M. Hardy) : Mme Gélinas.
Mme Gélinas (Johanne) : C'est de l'argent qu'on utilise essentiellement
pour les programmes, donc il n'est pas retourné, cet argent-là, il est
engagé pour les programmes qu'on roule à l'année.
Mme Soucy :
O.K. Donc, c'est encore dans l'enveloppe, si je peux dire, du Fonds vert.
M. Moreau :
Oui.
Mme Gélinas
(Johanne) : Tout à fait.
Mme Soucy :
O.K., parfait. Et est-ce que vous allez augmenter la quote-part des
distributeurs, à ce moment-là?
M. Moreau :
Alors, ce que les dispositions prévoient, c'est qu'à compter de l'établissement
de son plan TEQ va établir elle-même quelle sera la quote-part qu'elle exigera
des distributeurs et qui sont nécessaires à l'exercice de son plan d'affaires, tout ça soumis à la procédure de la
Régie de l'énergie, parce que la Régie de l'énergie, lorsque la quote-part
est fixée, la Régie de l'énergie doit voir
quel est l'impact pour les demandes que pourraient faire les distributeurs à la
régie.
Le Président
(M. Hardy) : Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy :
Donc, bien, je comprends que TEQ fixe la quote-part, la Régie de l'énergie
l'approuve. Mais, à ce moment-là,
est-ce que je dois comprendre que la facture sera refilée au consommateur?
Parce qu'évidemment, si la dépense, en fait, l'augmentation est acceptée
par la régie, à ce moment-là, c'est refilé au consommateur.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
• (16 h 10) •
M. Moreau :
Bien, c'est-à-dire que, lorsque TEQ demande une quote-part au producteur, le
producteur, lui, l'assume dans ses coûts à
partir du moment où c'est autorisé par la régie. Alors, en bout de ligne, ça va
être assumé à même les revenus du distributeur.
Le Président
(M. Hardy) : Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy :
Alors, je vais passer à... Il y a eu des sommes d'argent public qui ont été
dépensées pour des frais d'avocat. La
semaine dernière, Denis Lessard écrivait dans La Presse que
le Fonds vert et Transition énergétique Québec, société d'État sous la
responsabilité du ministre de l'Énergie, étaient à couteaux tirés et puis
qu'ils s'envoyaient des lettres d'avocat.
Alors, j'ai lu l'article puis je me suis dit : Bien, coudon, est-ce qu'on
assiste à un conflit d'egos de ministres, bien, parce que les deux font... Je me suis dit... Bien, dans le fond,
le député de Viau a changé de ministère, mais quand même.
M. Moreau :
Non, non, ce n'est pas une question d'ego. Puis il n'y a pas eu de lettre
d'avocat, là. Je pense que l'article,
je disais, dramatisait une situation qui est a suivante. TEQ est la seule
société d'État qui puise une partie de ses frais de fonctionnement du Fonds vert. Et le Fonds vert, avec l'ensemble
des autres organismes qui puisent au Fonds vert, a une entente type sur les critères de décaissement du Fonds vert. TEQ,
dans sa loi constitutive, est une société d'État qui doit agir en toute
indépendance, et conséquemment, je dirais, les ententes types qui existent
entre le Fonds vert et les autres entités
qui utilisent les fonds en provenance du Fonds vert ne convenaient pas non pas
à TEQ, mais ne convenaient pas à
l'esprit de la loi et de l'indépendance qu'on veut donner à TEQ pour l'exercice
de ses compétences. Alors, loin de là l'idée de dire qu'ils s'envoyaient
des mises en demeure, là, on n'était pas dans les mises en demeure, là, mais on
a dû effectivement recourir à des juristes
pour modifier l'entente type qui existait entre le Fonds vert et les autres
organismes, autres que TEQ.
D'ailleurs, le Fonds vert a accepté de prolonger
d'un mois l'entente qui venait à échéance entre elle et le Fonds vert et pour permettre à TEQ et au Fonds vert
de négocier les nouvelles dispositions d'une entente qui serait plus en ligne avec les objectifs prévus par la loi qui
crée TEQ. Et cette entente-là a été signée, je pense, dans les dernières
heures.
Le Président (M. Hardy) : Mme
la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme
Soucy : Si vous me permettez, ça m'amène à vous poser une autre
question : Est-ce que le Conseil de gestion du Fonds vert a remis
les orientations et les critères de sélection des projets qu'ils vont financer?
M. Moreau :
...partie des négociations dans l'entente qui existe entre TEQ... Peut-être que
Mme Gélinas pourra ajouter, parce que moi, je n'étais pas partie
aux discussions entre TEQ et le Fonds vert.
Mme Soucy :
Juste par un oui ou par non, s'ils vous ont remis leurs orientations puis leurs
critères de sélection.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Gélinas.
Mme Gélinas (Johanne) : ...projets?
Mme Soucy : Oui, tout à fait.
Mme Gélinas
(Johanne) : Les critères de
sélection et la sélection des projets se fait chez TEQ, ne se fait pas au
Fonds vert. Le Fonds vert accepte des programmes normés, et par la suite c'est
à TEQ de gérer ces programmes-là à l'intérieur.
Et il fait de la reddition de comptes au Fonds vert pour récupérer les argents
qui sont dédiés à ces programmes-là.
Le Président (M. Hardy) : Mme
la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy :
Bien, à moins que je fasse erreur, mais il me semble que, lors du projet de
loi, bien, le Conseil de gestion du Fonds vert devait donner des orientations
puis des critères de sélection parce que c'est eux, finalement, qui évaluaient s'il y avait un programme... en fait,
ils ciblaient celui qui réduisait le plus de GES possible. Alors, je pensais
qu'après ça TEQ, bien, lançait son plan
directeur avec ces informations-là. Est-ce que je me trompe ou ça a changé en
cours de route?
Le Président (M. Hardy) :
Mme Gélinas.
Mme Gélinas
(Johanne) : Ça n'a
pas changé en cours de route. Il faut comprendre deux choses. Actuellement,
TEQ est financée à partir des programmes qui
sont à l'intérieur du plan d'action des changements climatiques 2020. On est là au moment où on se parle. Donc, ces
programmes-là ont déjà été acceptés il y a déjà longtemps, et on continue de
les rouler jusqu'à 2020. Le plan directeur,
c'est autre chose. Le plan directeur va être déposé incessamment, il comprend
un certain nombre de mesures, de programmes.
Et, lorsqu'on arrivera à terme de la mise en oeuvre du pacte
2020, il y aura d'autres
discussions qui auront lieu avec le Fonds
vert pour le financement des mesures qui seront... qui apparaîtront après 2020.
Le Président (M. Hardy) : Mme
la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy : Parce
que, dans le fond, le gouvernement a créé deux entités, donc, TEQ et le comité de gestion du Fonds
vert, mais ça vise essentiellement, finalement, la même chose, ils visent la
réduction des GES. Non?
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
Une voix :
...
Le Président (M. Hardy) :
Mme Gélinas.
Mme Gélinas
(Johanne) : En fait, il y a
un recoupement, mais les finalités sont très différentes. TEQ a pour mandat
de contribuer aux objectifs
de la politique énergétique du Québec, avec des cibles très particulières en termes d'efficacité
énergétique et de réduction des produits pétroliers. Bien sûr, quand on réduit
les produits pétroliers, on réduit les réductions
de gaz à effet de serre. Nos programmes contribuent à l'atteinte du Fonds vert
en termes de réduction, mais ce n'est
pas la raison même de notre existence. Mais on est un contributeur important,
puisque c'est les programmes de TEQ qui permettent d'atteindre 65 %
des objectifs de réduction de gaz à effet de serre du Fonds vert.
Le Président (M. Hardy) : Mme
la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy : Merci...
M. Moreau : Si vous
permettez, là-dessus, dans le...
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau :
...oui, juste... très rapidement, là, le Fonds vert s'engage à financer, avec
les revenus du marché, les actions
identifiées, alors que TEQ s'engage à atteindre des objectifs généraux relatifs
aux actions qui font l'objet du financement. Alors, il y a une
complémentarité.
Mme Soucy : Mais il faut qu'ils
travaillent ensemble pour...
M. Moreau : Oui.
Mme Soucy :
Je vais aller sur un autre sujet parce que, bon, le temps file, puis je trouve
ça important. L'incertitude faite sur
les investisseurs donne mauvaise presse au Québec. Notamment, lors d'un point
de presse de votre collègue la ministre
de l'Environnement, au mois de mars dernier, elle a clairement dit : Non,
certainement pas, à l'exploration pétrolière au Québec. Et je fais la
différence entre l'exploration et...
Une voix : ...
Mme Soucy :
Non, non, non, c'est ça, là. Alors, on se rappelle que le gouvernement avait
investi 30 millions, via Investissement Québec, de sa ressource...
Ressources Québec, dans le projet Galt, qui appartient à Junex, qui est une compagnie québécoise. Junex attend après le
ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles depuis septembre 2016
pour son bail de production. Alors, avec les
déclarations qu'on a déjà entendues du premier ministre et de votre collègue
la ministre de l'Environnement, est-ce que
Junex devrait comprendre qu'il perd son temps ici puis qu'il devrait aller
investir ailleurs ou à un moment
donné les investisseurs... Parce que, vous savez, ça ne rassure pas les
investisseurs. Puis là, en ce moment,
leur machinerie est là, ils attendent, il y a des ingénieurs plein les bureaux.
Alors, qu'est-ce qui arrive avec leur permis? Allez-vous le délivrer ou
pas?
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Oui. Alors, écoutez, Junex est, je pense, un très bon citoyen corporatif dans
la mesure où il est très conscient,
pour avoir lui-même suspendu certaines de ses opérations, que le gouvernement
mène, à l'heure actuelle, des discussions
très sérieuses avec les Micmacs. Et, lorsque... Ça revient à un élément dont on
parlait plus tôt avec le député de
Richelieu, la question de l'acceptabilité sociale. L'acceptabilité sociale, ça
a une résonance très particulière dans les communautés d'accueil, qu'elles soient autochtones ou non autochtones.
Or, votre question, bien, me permet de rassurer tout le monde en
disant : Il n'y a pas d'incertitude.
Puis, je
pense, la déclaration, et ma collègue a eu l'occasion de le dire, le ministre de
l'Environnement est celui qui, au sein
d'un gouvernement, doit avoir la plus haute préoccupation liée aux affaires
environnementales et à la réglementation
environnementale. Maintenant, le premier ministre est aussi conscient... puis
il y a un équilibre qui se fait au
sein du gouvernement en disant : Le développement économique du Québec
peut se faire, et il peut se faire dans le respect des règles
environnementales.
Il y a trois
gisements qui ont un plus grand potentiel, au Québec, Junex est un de ceux-là,
et il est clair que les investissements qui ont été faits par
l'entremise des filiales gouvernementales indiquent l'intention du gouvernement
à l'égard de ce site-là. Maintenant, ça ne
peut pas se faire de n'importe quelle façon, particulièrement lorsqu'on parle
des hydrocarbures, puisqu'il y a une
question d'encadrement qui est essentielle. Et là je vous ramène aux réponses
que j'ai données à votre collègue le
député de Richelieu sur toute la question des orientations gouvernementales,
qui seront bientôt connues avec la version définitive des règlements
adoptés en vertu de la Loi sur les hydrocarbures.
• (16 h 20) •
Le Président (M. Hardy) : Mme
la députée de Saint-Hyacinthe. 1 min 30 s.
Mme Soucy : Bien, écoutez, je voulais aller sur un autre point, mais je
vais continuer sur Junex. Je comprends, sauf qu'à un moment donné, quand un ministre dit une chose, que ce soit
le ministre de l'Environnement, puis après ça le ministre de l'Énergie a un autre discours, on s'entend que ça vient
créer de l'incertitude. Et il y a toujours une bonne raison, m'a-t-on dit, pour que les dossiers traînent et qu'on n'émette pas...
Là, aujourd'hui, c'est la négociation avec les Micmacs.
Cela n'empêche pas... De toute façon, je pense que c'est une négociation qui
est globale, qui est générale, donc ça ne concerne pas ce projet-là en tant que
tel.
M. Moreau : Ah! oui, oui. Non, non, ça concerne... Non, Junex
est bien au fait que la négociation avec les Micmacs touche directement le projet de Junex, ils sont très au fait de ça. D'ailleurs,
ils ont collaboré avec le gouvernement, puis on doit les remercier pour ça,
sachant que cette négociation-là est essentielle.
Il n'y a
pas de... Je dirais, le gouvernement parle d'une seule voix à travers la politique
énergétique qui a été déposée. Ce que
ma collègue a fait comme déclaration, elle a dit : Écoutez,
quant à moi, là, les hydrocarbures, je serais capable de m'en passer. Ça ne change pas l'orientation gouvernementale générale, qui est de dire : Dans la
mesure où le cadre très strict lié
aux critères environnementaux, que ce soient les règlements
ou la loi d'application, sont respectés, on peut procéder à du développement
économique.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup, M. le ministre. Le temps de la deuxième opposition est maintenant terminé. Je reviens sur le côté gouvernemental
pour une période de 21 min 23 s et je cède la parole au député
de Saint-Maurice.
M. Giguère : Merci
beaucoup, M. le Président. Pour commencer, je voudrais vous saluer, saluer M. le ministre, toute son équipe, mes collègues de l'opposition, mes collègues ici. Je voudrais commencer par remercier mon
collègue d'Abitibi-Est, qui a mis la table. Puis il a mis tout un buffet,
depuis tantôt, puis je vais aller piger un petit peu dans son buffet. Il
a commencé aussi pour les retombées dans le secteur minier, au Québec, en
région.
On sait que notre gouvernement appuie la
réalisation de grands projets d'investissement qui engendrent des retombées économiques dans les régions du Québec.
Comme vous le savez, M. le ministre, moi, je viens de la région de la Mauricie, donc, des mines, on n'en a pas beaucoup,
mais l'importance des retombées, par exemple... Puis j'ai un exemple concret chez nous et puis que c'est une
entreprise, Nemaska Lithium, qui est une société publique canadienne dont le
siège social est ici, à Québec, et
puis eux, là, ils veulent s'en aller sur le marché des batteries au lithium, on
sait que c'est un marché de niche, et
puis aussi dans la transformation, là, du carbonate de lithium. Le projet de
Nemaska Lithium comprend une mine qui est dans le coin de la Baie-James,
sur le territoire de la Baie-James, et une usine de transformation qui est à Shawinigan, qui sont dans les anciens bâtiments de
Résolu, moulins à papier. Et puis le projet, présentement, il est en phase
création. Il crée quand même
500 emplois, présentement. Une fois qu'il va être en fonctionnement, on
parle de 340 emplois directs et indirects.
Il faut
savoir que la demande mondiale pour le lithium, ça va être en croissance avec
les fameuses batteries, avec le transport électrique. Donc, c'est une
grande chose.
Et puis, à l'automne 2017, Nemaska Lithium, là,
a débuté la transformation de concentrés à son usine de Shawinigan avec un nouveau procédé. Mais il faut revenir en arrière. Le
nouveau procédé a été mis en application par le centre de recherche, le CNETE, qui est le Centre national en
électrochimie et en technologies environnementales, qui est basé à Shawinigan, voilà deux, trois ans de
ça, si on se souvient bien, et ce procédé-là, présentement, il est mis à plus
grande échelle dans l'usine à Shawinigan. À
l'automne 2017, ils ont commencé le procédé, et puis les premiers échantillons,
ça a été... ça dépassait les attentes.
On voit
l'impact que ça peut avoir dans les régions, même si on n'a pas de mines chez
nous. Mais la transformation est
tellement importante! Chaque emploi, dans notre région, en Mauricie, est très
important. On sait que, les moulins à papier,
la grande industrie, elle a fermé, les dernières années. On a vécu... Côté
économique, ça a été difficile. La reconversion
économique se fait, ça va bien. Puis, quand on voit des nouveaux secteurs,
comme dans le secteur minier, venir s'installer pour faire de la
transformation chez nous, c'est un gros plus.
Moi,
j'aimerais ça savoir, ce projet-là, où est-ce qu'il en est rendu, Nemaska
Lithium. On dit que c'est un projet, oui, porteur pour le Plan Nord,
mais il est porteur aussi pour toute la Mauricie. Donc, j'aimerais vous
entendre sur ce projet-là, entre autres.
M. Moreau : Donc... Ça
va, M. le Président?
Le Président (M. Hardy) : Oui.
M. Moreau : Oui?
Le Président (M. Hardy) : ...en
train de calculer le temps, M. le ministre.
M. Moreau : Bien, non,
non, non, je ne vous fais pas de reproche, je ne voulais juste pas empiéter sur
votre juridiction.
Alors, merci,
M. le député. Vous avez raison, c'est un bel exemple. Il n'y a pas si
longtemps, je pense, il y a à peu près
deux semaines, le 23 mars, on est allés inaugurer avec Hydro-Québec le
Centre d'excellence en électrification des transports et en stockage d'énergie, qui fait la recherche
particulièrement sur la question des piles au lithium. Et on a la chance d'avoir au Québec un des plus grands chercheurs, un
des plus grands scientifiques, un des hommes les plus respectés au plan international, qui est le Pr Zaghib, qui est le
directeur du centre d'excellence, et — vous allez voir, je vais venir à votre
questionnement — lui
souligne l'importance d'assurer la chaîne d'approvisionnement.
Alors, le Québec est riche en minéraux, en
ressources naturelles. On a du lithium, on a du niobium. Il y a trois endroits dans le monde où il y a du niobium.
Il y a un de ces trois endroits qui est au Québec; les deux autres, c'est
au Brésil. Et on a donc ces métaux et ces terres rares, on a des terres rares
en grandes quantités, au Québec, et ces ressources-là
sont tout à fait fondamentales pour la recherche et le développement des
technologies qui nous amènent à cette
transition énergétique. Et le Pr Zaghib m'expliquait que, bientôt, la pile
qui sert à votre téléphone intelligent va, avec cette recherche, emmagasiner suffisamment de puissance pour pouvoir
générer tout ce qu'on a besoin comme énergie dans une résidence privée, alors... Puis imaginez... Vous vous souvenez,
M. le Président — je fais
référence à votre âge vénérable — quand les cellulaires ont commencé puis
qu'ils étaient gros comme des machines à laver, à peu près. On est rendus avec ça, puis c'est des téléphones
intelligents beaucoup plus puissants. Et tantôt, avec cette recherche et cette
technologie-là, on aura la capacité d'emmagasiner d'une façon extraordinaire de
l'énergie.
Donc, la
chaîne d'approvisionnement dont parle le Pr Zaghib, ça part de la mine, ça
part de l'exploration, ça part de la
recherche, ça part de l'extraction du minerai, de sa transformation et de son
utilisation dans la chaîne d'approvisionnement.
Dans le cas de Nemaska Lithium, vous l'avez dit,
là, à l'automne 2017, ils ont débuté la transformation du concentré de spodumène grossier dans l'usine de
démonstration à Shawinigan. Et justement c'est une usine de démonstration
qui permet d'améliorer le procédé et de voir
quels sont les impacts du procédé puis quels sont les éléments dont on doit
prendre en compte. Notamment, là, il y a un
enjeu sur le... parce que le procédé peut générer de l'aluminosilicate, et il
faut trouver la façon de générer tout ça.
• (16 h 30) •
Donc, Nemaska
Lithium souhaite conclure un financement et a fait, à cet égard-là, une demande
pour pouvoir boucler son financement
pour passer à une autre étape, et leur horizon est le 30 avril 2018, et
ils sollicitent de Ressources Québec
une participation de 80 millions pour cette étape du financement du
projet. J'ai recommandé, il y a une semaine, je pense, à ma collègue du MIDI de faire droit à cette demande de
financement là et j'ai signé une lettre à cet effet-là, là, il y a quelques
jours. Donc, pourquoi? Parce qu'on a, au Québec, la capacité, avec des
entreprises comme celle que vous
mentionnez, qui est dans votre comté, d'assurer le continuum de cette chaîne
d'approvisionnement que les plus grands experts internationaux estiment
essentielle. On a cette chance-là, au Québec, on a la possibilité d'avoir de
l'énergie renouvelable à coûts fixes
et bas, on a la possibilité d'avoir ces ressources naturelles. On a la
recherche que fait l'entreprise qui
est située à Shawinigan. Et Nemaska Lithium fait partie... est un maillon
très important dans cette chaîne-là, d'où l'idée du gouvernement de faire droit à la demande de financement qui est
recherchée par l'entreprise, justement pour assurer le maintien de la
chaîne d'approvisionnement dont parle le Pr Zaghib.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Saint-Maurice.
M. Giguère : Oui. Et cette entreprise-là aussi regarde
pour faire une deuxième et une
troisième transformation. Et le
produit est tellement
en demande, côté mondial, que présentement, la production
projetée de l'usine, il y a déjà 50 % qui est déjà acheté par deux entreprises. Donc, on voit qu'il y a un besoin mondial. Au Québec, on a
beaucoup de minerai de haute valeur,
puis à partir de là il y a une demande aussi mondiale, comme vous avez parlé
tantôt, de tous les appareils électroniques,
toutes les batteries qui sont faites dans ça, et puis on voit qu'il y a une
importance. Puis c'est dans les régions plus au sud qu'on a la chance de faire une deuxième et une troisième
transformation. Donc, M. le ministre, j'aimerais ça savoir, côté
deuxième, troisième transformation, c'est quoi, la vision que vous avez.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau : Bien, à partir des données qui ont
été fournies par l'entreprise, là, au ministère, on a fait une estimation
des retombées économiques du projet de
Whabouchi selon un scénario de construction de la mine sur deux ans et une
exploitation d'une durée de 33 ans. Au
total, sur les 35 années de construction et d'opération de la mine,
l'impact économique sur le produit
intérieur brut du Québec serait d'environ 2 milliards de dollars, soit une
moyenne annuelle d'environ
70 millions, et, pour les recettes fiscales du projet de la mine pour le
gouvernement du Québec, elles sont estimées annuellement à 10 millions de dollars. Alors, la demande de
financement de 80 millions, on voit, là, que le jeu en vaut la chandelle. Je pense que c'est la bonne
expression. Oui? Des fois, il faut... J'ai entendu ici «la roue à trois
boutons», alors je peux bien parler du jeu qui en vaut la chandelle.
Mais effectivement ce dont on se rend compte, c'est que ces projets-là demandent des investissements
importants, demandent d'abord des investissements importants en recherche,
je dirais, en persuasion puis en engagement
personnel, parce que les gens qui commencent ça commencent à très petite
échelle, mais on voit l'impact incroyable que ça peut avoir.
Vous parlez
de l'importance de l'emploi en Mauricie. C'est vrai pour la Mauricie, c'est
vrai pour toutes les régions du
Québec. On voit qu'à l'heure actuelle on a, dans bien des régions du Québec,
grâce à la bonne performance de l'économie
du Québec, atteint des situations de plein emploi, mais il ne faut pas
s'arrêter là. Et on sait très bien que, dans le domaine de la recherche,
l'importance de se maintenir en avant du courant est stratégique.
Alors, quand
on parle de cette chaîne d'approvisionnement, imaginez si on peut, au Québec,
avoir le produit de base, le produit
brut, le raffinage, la première, la deuxième, la troisième transformation, puis
qu'on s'en va dans une chaîne à valeur
ajoutée. On se rend compte de l'importance de l'augmentation de la
productivité, pris de façon globale, avec ce genre d'entreprise là.
Moi,
je vous dis, quand on parle du secteur minier, on disait : Le secteur
minier, c'est le plus haut ratio de constitution
d'emplois indirects par rapport aux emplois directs, et c'est probablement,
dans le contexte où on peut assurer cette chaîne complète entre la ressource et
le produit totalement transformé, un des éléments les plus puissants d'une économie. Et, quand on voit la quantité de
ressources naturelles qu'on a au Québec, la quantité de terres rares, la
quantité de lithium, la quantité de niobium
et la rareté de ces ressources-là ailleurs dans le monde, je dois vous dire
qu'on peut être... on a toutes les raisons d'être fiers.
Le Président (M. Hardy) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Maurice.
M. Giguère : Merci beaucoup. Je
vais passer la parole à mon collègue.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Chapleau, à vous la parole.
M. Carrière : Merci beaucoup,
M. le Président. Il me... Je dispose de combien de temps pour ce bloc-ci?
Le Président (M. Hardy) : Vous
avez 9 min 12 s.
M. Carrière : Merci beaucoup, M.
le Président. Bien, permettez-moi, à mon tour, de vous saluer et saluer les collègues
qui sont là, le ministre, avec son équipe nombreuse qui est ici aujourd'hui pour répondre à nos questions, tout le travail que ça implique, l'étude
des crédits. Alors, merci d'être là aujourd'hui pour répondre à nos questions.
Depuis le début de ce bloc-ci, on parle beaucoup
de développement minier, développement économique, et le ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles est assurément un ministère
qui a un rôle majeur à jouer dans cette... à la fois l'exploration et l'exploitation des ressources naturelles
au Québec. Mais, pour prendre des
décisions, je pense qu'il est important d'avoir les outils, des bons
outils, pour pouvoir prendre ces décisions-là, et un des outils qui s'est
développé au fil des années, c'est toute la question de l'information
géospatiale, de la géomatique.
Dans une
autre vie que j'ai eue, j'ai mis sur pied, lorsque j'étais préfet d'une MRC, un
département de géomatique qui aidait
à la prise de décision, là, sur... lorsqu'on avait des décisions à prendre.
Qu'est-ce que c'est, la géomatique? Bien, tantôt, là, j'ai des collègues
qui ont parlé beaucoup de latin, donc je vais décortiquer le mot
«géomatique». Vous l'avez fait, M. le ministre, mon collègue l'a fait également.
«Géomatique», qu'est-ce que c'est?
Bien, «géo», ça veut dire «terre», et
«matique» vient d'«informatique». Donc, c'est le traitement automatique ou
informatique de toute l'information géographique,
que l'on superpose une par-dessus l'autre, qui permet de prendre des décisions
éclairées. Et assurément que le ministère a sûrement un département à la
fine pointe de la technologie à ce niveau-là pour pouvoir prendre des décisions
éclairées.
Et, toute
cette connaissance géospatiale là, on peut s'en servir, assurément, dans les
mines, ce qu'on discute depuis déjà un certain temps. On le fait pour le ministère,
sûrement, et, on me corrigera si j'ai tort, en
hydroélectricité, en éolien, en
forêt, lorsque vient le temps de prendre des décisions, toutes ces données-là
qui sont accessibles et qu'on se sert pour pouvoir les mettre une... les superposer, comme je disais, pour faire en
sorte qu'on prend les décisions les plus éclairées possible.
Quelques
exemples dans lesquels la géomatique peut servir, ça peut être les services
ambulanciers, le suivi des feux de
forêt à même les images satellitaires, dans le domaine minier, comme je disais tantôt. Il y a l'aide à la navigation sur le fleuve
Saint-Laurent qui est également
un domaine où on se sert beaucoup de la géomatique; la planification des travaux routiers, toute
la question des ventes de propriétés privées; dans le monde municipal, toute la question des zonages, des
schémas d'aménagement. La géomatique prend
de plus en plus un rôle important. Ça peut même passer par le développement
de nouveaux réseaux... de nouveaux quartiers
résidentiels, pardon, et également un dossier qui depuis un peu plus d'un an
me tient assurément très occupé, et beaucoup
de mes collègues ici, toute la question de la surveillance des risques
d'inondation.
Comme vous le
savez, M. le ministre, je suis de l'Outaouais. L'Outaouais, l'année dernière, a
subi les inondations, comme d'autres
régions au Québec, mais l'Outaouais, comme on dit par chez nous, y a goûté.
C'est plus de 1 580 dossiers, résidences ou commerces qui ont été inondés. Ça, c'est plus que la
moyenne annuelle de tout le Québec, de tous les dossiers qui peuvent être ouverts à la Sécurité publique
pour des aides financières ou autres aides quelconques. À Gatineau, où est
mon comté, c'est 1 202 dossiers,
un peu dans le comté de Pontiac, un peu dans le comté de Papineau, un peu dans
le comté de Gatineau, mais principalement dans le comté de Chapleau.
Suite à ça,
il y a eu les ministères qui ont été mis à pied d'oeuvre, qui ont travaillé
très fort à ce niveau-là pour aider les citoyens. Il y a eu un forum organisé
par le ministère du Développement durable et de l'Environnement les 6 et 7 octobre dernier. Le 19 décembre, le
ministère des Affaires municipales en organisait un autre pour voir... faire un
post-mortem de ce qui avait été fait,
comment on pourrait améliorer les choses dans le traitement des dossiers et
comment prévenir également de futures inondations, donc, un forum auquel
j'ai eu le plaisir d'assister.
• (16 h 40) •
Au niveau des
données qui sont colligées, qui sont amassées, il y a plusieurs ministères,
premièrement, qui en ont, il y a les
villes qui en ont, les MRC qui en ont, votre ministère en a également, et il va
falloir trouver une façon, là, de
colliger tout ça et d'aider le citoyen le mieux possible, un, pour prévenir, et
comment prendre des décisions si on veut acheter dans les zones
inondables, comment on va traiter les zones inondables dans l'avenir. Avec les
changements climatiques, on nous dit... les
experts nous disent qu'on devrait vivre ça de façon plus fréquente. À Gatineau,
chez nous, au confluent des rivières
Outaouais et de la Gatineau, c'est en 1974 qu'il y avait eu un dernier... une
inondation de cette ampleur-là. Il y
en a eu des petites, mais c'étaient des secteurs isolés. Donc, dans l'avenir, il
va falloir prendre de plus en plus éclairées, la
géomatique puis les experts des différents ministères vont devoir prendre des
décisions et de renseigner le mieux possible nos partenaires que sont les
villes et les citoyens, ultimement.
Donc,
j'aimerais entendre le ministre, vous entendre, M. le ministre, quelles
mesures le gouvernement entend mettre sur pied ou mettre en place
pour rendre l'information de ces différentes zones inondables là accessible aux
citoyens, accessible aux villes et comment on va transmettre ça, là, dans le
quotidien des gens.
Le Président (M.
Hardy) : M. le ministre.
M.
Moreau : Oui. Merci, M. le député de Chapleau. Merci, M. le
Président. J'ai eu le plaisir d'avoir... de travailler avec le député de Chapleau lorsque j'avais la
responsabilité des Affaires municipales, il était mon adjoint parlementaire.
C'est quelqu'un qui connaît extrêmement bien
le milieu puis qui a les deux pieds sur terre. Malheureusement, il les a eus
un peu dans l'eau, lors du printemps dernier,
puis on souhaite de tout coeur que ces situations-là ne se reproduisent pas.
Mais, vous avez raison, il y a une question
d'information qui est fort importante, de colliger l'ensemble des données
détenues par les ministères, les
organismes, les municipalités pour faire en sorte que les gens puissent avoir...
un, d'abord, faire des choix qui sont
éclairés puis, deux, être en mesure d'avoir ce dont on parlait plus tôt, là, de
la prévisibilité dans ce domaine-là.
Alors,
l'ensemble des ministères, c'est-à-dire celui du Développement durable et de la
Lutte contre les changements climatiques, le ministère de la Sécurité
publique, le ministère des Affaires municipales et le ministère dont je suis responsable, celui de l'Énergie et des Ressources
naturelles, ont coordonné un projet que l'on appelle Géo-Inondations, et ce que c'est, Géo-Inondations, c'est une
application Web qui sera rendue disponible prochainement et qui va permettre
de cibler les citoyens, qui va être destinée
à être utilisée sur un appareil mobile pour avoir une vue cartographique qui
va afficher les principales informations
géographiques sur les zones inondables connues du gouvernement de même que
l'historique de ces zones-là. Alors, c'est
important. Et le caractère flexible de l'application va permettre d'avoir
beaucoup plus d'information puis de regrouper de façon pratique cette
information-là.
Alors,
Géo-Inondations va regrouper l'information pertinente et disponible sur les
zones inondables, l'historique des
zones inondées et va permettre leur compréhension. Qu'est-ce qui fait que, dans
une zone... Parce que souvent, puis on
va le voir tantôt, Hydro-Québec va venir ici, je suis convaincu que les
collègues auront des questions sur toute la question de la gestion des barrages, et tout ça, on va voir
qu'on a des capacités d'intervenir, mais ces capacités, compte tenu des
bassins drainants naturels, sont relativement limitées sur l'étendue d'un
territoire comme celui du Québec. Quand on regarde
le confluent des rivières que l'on a en Outaouais et ailleurs au Québec, quand...
Le député de Richelieu, qui est ici, sait
très bien que, quand les eaux du fleuve lèvent, puis que le Richelieu ne peut
plus entrer dans le Saint-Laurent, on a un problème. La députée de Saint-Hyacinthe sait très bien que, chez elle,
il y a une rivière, qui est la rivière Yamaska, qui à l'occasion pose aussi des problèmes. Alors, le
Québec... Et, quand on le voit en vue aérienne, c'est un immense plan d'eau parsemé de coins de terre. Quand on regarde
les lacs, les rivières et tout ce qu'on a, c'est une grande richesse au plan international, parce que c'est probablement
les plus grands bassins d'eau douce... un des plus grands bassins d'eau
douce au monde, mais il y a des inconvénients liés à ça, et les gens doivent
apprendre à vivre avec ça. Et je pense qu'historiquement, au Québec...
Le Président (M.
Hardy) : Merci beaucoup, M. le ministre. Je suis obligé de vous
couper.
M. Moreau :
Oh mon Dieu! C'est dommage.
Le
Président (M. Hardy) : La
discussion est tellement intéressante que... Là, je dois passer la parole
à... Pardon? Excusez-moi, juste...
Ah! O.K. Oui, O.K. Nous allons prendre une pause de cinq minutes, si
le monde veulent. Ça fait que j'ai le consentement de tout le monde?
Merci.
Donc, je suspends les
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 44)
(Reprise à 16 h 49)
Le Président (M.
Hardy) : À l'ordre, s'il vous plaît! J'inviterais les gens à prendre
leurs places. Nous allons recommencer.
Donc, nous étions
rendus au temps de parole de l'opposition officielle. M. le député de Richelieu,
vous avez 17 min 33 s. À vous la parole.
M. Rochon :
Merci, M. le Président. Je vais les employer brièvement
à revenir sur un échange que le ministre
et moi avons eu tout à l'heure sur ces territoires, là, que les MRC pourraient déclarer
incompatibles aux hydrocarbures. Et je
reviens à la lecture de l'article de la Loi sur les hydrocarbures ayant trait à cela, alors un territoire incompatible avec l'exploration, la production
et le stockage d'hydrocarbures et celui dans lequel la viabilité des activités
serait compromise par les impacts
engendrés par l'exploration, la production et le stockage d'hydrocarbures. Et vous vous souvenez de la suite,
elle est importante : «Le premier alinéa ne s'applique pas aux hydrocarbures dont l'exploration, la production ou le stockage est déjà
autorisé par une licence au moment de la reproduction des territoires
incompatibles sur les cartes conservées au bureau du registraire.»
• (16 h 50) •
J'aimerais à la fois
déposer à la commission le texte de la loi que je viens de lire, hein, cet article...
Alors, j'aimerais déposer à la commission cet article.
J'aimerais
aussi déposer à la commission la liste des permis en vigueur. C'est des permis d'exploration en
vigueur. Il y en a,
sauf erreur, environ 302... là, ce n'est pas environ, c'est exactement
302. Et ces licences, elles couvrent une très grande partie du territoire
de la Gaspésie, 80 %, même, du territoire de la Gaspésie.
Je veux
aussi, M. le Président, déposer à la commission un document transmis aux élus
gaspésiens par le ministère, et
j'attire l'attention des membres de la commission sur les pages 15 et
16 — d'ailleurs,
ce sont les pages que je dépose, parce
que ce sont celles qui sont utiles — où nous pouvons lire que la MRC ne pourra
pas appliquer la délimitation d'un territoire incompatible sur le
territoire d'une licence d'exploration, de production ou de stockage déjà
délivrée.
Alors, j'ai
terminé les dépôts de documents. Bon, alors, le ministre dit que ma lecture est
erronée. Je ne sais pas comment on
peut lire autre chose que ce qui est textuellement écrit. Et là peut-être
fait-il une distinction entre les endroits où de l'exploration à court, ou de l'exploitation à court, ou du
stockage à court, mais c'est un peu comme... je comparerais ça au permis de conduire qu'il détient très
certainement et qu'il n'utilise peut-être pas. Depuis qu'il est ministre, on le
conduit, n'est-ce pas? Mais, dès qu'il le
veut, il peut prendre le volant, il détient ce permis. Alors, voilà. Alors, je
laisse ça de côté. Chacun se fera une idée et aura un document pour
appuyer sa réflexion.
Je pense à la
Politique énergétique 2030. Elle vise une réduction de 40 % de
l'utilisation des produits pétroliers, hein?
Or, dans une réponse d'octobre 2017, à une demande d'accès à l'information
produite sur le site du ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles, le ministère admet qu'avec le plan de match actuel, là,
c'est-à-dire le maintien jusqu'en 2030 des
mesures actuelles du plan d'action sur les changements
climatiques 2013-2020 et le maintien des quelques réglementations en vigueur sur les émissions des
véhicules légers et des camions lourds, ça ne produira pas une réduction
de 40 % de produits pétroliers mais seulement de 20 %.
Alors, ce que
je souhaite savoir du ministre, c'est comment il atteindra donc cette
cible de moins 40 % de produits pétroliers
d'ici 2030. Est-ce qu'il peut nous présenter le scénario? Est-ce qu'il peut
nous déposer la totalité des mesures ou
hypothèse de mesures retenues par le gouvernement pour atteindre cette cible de
moins 40 % de produits pétroliers d'ici 2030?
Documents déposés
Le
Président (M. Hardy) : Juste avant de vous céder la parole, M. le
ministre... M. le député, j'accepte le dépôt de vos documents. Merci. M.
le ministre.
M. Moreau : Bien, on n'a pas
besoin de déposer la loi, M. le Président, mais... La loi est la loi.
Je vais, pour
la première partie de l'intervention du député, utiliser son exemple puis
formuler la même réponse que j'ai
donnée tantôt dans des termes différents, ce que... Les droits qui sont déjà en
vigueur sont maintenus. Or, je réitère qu'il
n'y a pas de permis d'exploration. Alors, pour reprendre son... D'exploitation,
pardon. Pour reprendre son exemple, oui,
j'ai un permis de conduire, mais le permis que j'ai ne me permet pas, par
exemple, de conduire un véhicule de passagers, un autobus. Alors, si je veux conduire un autobus de passagers, ou un
train, ou opérer une grue, je vais devoir me conformer à des dispositions afin d'obtenir ce permis-là,
alors je n'ai pas plus de droits que ceux qui me sont consentis aujourd'hui.
Or, des droits d'exploitation, il n'y en a
pas, de sorte qu'au moment où les OGAT ou au moment où une MRC intervient, si
elle intervenait, maintenant, ou quand les OGAT vont être consenties, ça va
valoir à l'égard de tout ce qui n'est pas consenti comme droits. Donc, techniquement, l'exploitation, il n'y en a
pas, donc, à l'égard de toute exploitation. S'il y a du stockage qui se
fait, à l'heure actuelle, le stockage est maintenu parce qu'il existe déjà.
C'est une situation qui est parfaitement
légale au moment où on se parle. Alors, ce que l'on... Et c'est pour ça que je
disais plus tôt ce matin que le droit,
dans ce domaine-là comme dans bien d'autres domaines, est évalué au moment où
les parties font des demandes. Alors, il n'y a pas d'incompatibilité
avec les réponses antérieures, il n'y a pas d'incompatibilité avec ce que
prévoit l'article 141 de la loi, un.
Deux, sur la
question de la réduction, oui, une des cibles qui est prévue dans la politique
énergétique, c'est de réduire de
40 % l'utilisation... Ah bon! Merci beaucoup. Où est-ce qu'on vit là-dedans?
Oh non! J'avais commencé ma lancée, un
instant. Alors, c'est de réduire de 40 % la quantité de produits
pétroliers qui sont consommés. Qu'est-ce qu'on va faire pour atteindre
cet objectif-là? Plusieurs choses. Et on conduit plusieurs objectifs en même
temps.
D'abord, il y
a toute la question de l'électrification des transports. Mon collègue le
ministre des Transports a dévoilé hier
une politique de mobilité durable, qui est un des éléments qui nous permet
d'atteindre cette cible-là. On a les éléments de recherche dans le domaine de l'hydrogène, qui nous permet aussi de
voir que, dans les années à venir, on pourra avoir d'autres options. Il
y a la question des véhicules électriques, il y a l'augmentation du réseau des
bornes de recharge. Il y a une foule d'informations.
Et je
profite de la présence de Mme Gélinas pour dire que, dans quelques
semaines, on rendra public le plan directeur de Transition énergétique Québec, qui vise précisément à nous donner des
cibles pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés dans la Politique énergétique 2020‑2030. Alors,
il n'y a pas qu'une seule façon d'y arriver, il y en a plusieurs. Une de ces façons-là, c'est d'avoir des
programmes aussi d'efficacité énergétique, de rendre l'ensemble des
activités moins énergivores.
Alors, il y a
une foule de moyens qui seront élaborés dans le plan directeur. La politique de
la mobilité en est un. Notre plan pour les véhicules électriques et le
plan directeur en sont d'autres.
Le Président (M. Hardy) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Richelieu.
M. Rochon : Oui. En tout respect, M. le Président, nous sommes loin du dépôt d'un
document, que je demandais au
ministre, qui nous présenterait le scénario qui permettra au Québec de
rencontrer cette cible ambitieuse. Écoutez, là... Là, on s'en va dans le mur. On nous dit moins
20 %, on va atteindre moins 20 % de produits pétroliers. Je demande
au ministre, suite à cet aveu de son
ministère même : Bon, alors là, puisque c'est ce que son ministère lui
dit, qu'envisage-t-il? Quel est le plan précis pour faire ce 40 %
de réduction de produits pétroliers, pour atteindre cette cible?
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau :
C'est à mon tour d'en perdre mon latin, M. le Président. Il me demande un plan,
je lui dis : Oui, il y en a un,
plan, ça s'appelle le plan directeur de Transition énergétique Québec. Et le
plan directeur de Transition énergétique Québec, il a été élaboré à partir de travaux qui sont faits sur une base
d'une vaste consultation avec la table des parties prenantes, qui sont des gens de tous les milieux,
qui ne sont pas nécessairement des membres du Parti libéral du Québec, là,
ou du gouvernement du Québec, c'est des gens
qui sont dans tous les secteurs d'activité. Et le plan directeur de TEQ, qui
sera dévoilé dans les prochaines semaines, a reçu l'aval de la table des
parties prenantes. Et là il y a des gens... il y a des collaborateurs du
Pr Pineau, que l'on connaît bien puis qui écrit souvent, dans le domaine
de l'énergie. Comment s'appelle-t-elle, la professeure...
Une voix : Whitmore.
• (17 heures) •
M. Moreau :
La Pre Whitmore, qui faisait partie de groupe de travail là. Il y a des
gens du secteur du transport par camion, Claude Robert, du Groupe
Robert. Il y a des gens de tous les secteurs d'activité qui sont générateurs de
gaz à effet de serre ou qui sont des chercheurs dans ce domaine-là, et qui ont
contribué au plan directeur.
Alors, ne
dites pas qu'il n'y a pas de plan. Il y en a un, plan. Il y a une procédure qui
est prévue, qui est celle... qui est la création de TEQ, avec la Régie
de l'énergie, qui va devoir émettre une opinion également, qui est un tribunal administratif qui va rendre une opinion sur le
plan directeur. Alors, oui, le plan directeur, c'est un plan qui va nous
permettre d'atteindre les cibles.
Le Président (M. Hardy) : Merci, M.
le ministre. M. le député de Richelieu.
M.
Rochon : Oui. M. le
Président, moi, c'est très joli, moins 40 % de produits pétroliers, mais
je ne peux pas croire que ce n'est
qu'un chiffre en l'air comme ça. Comment le ministre ou le ministère ont-ils
estimé, en dépit du fait que, si on
continue comme ça, on n'atteindra pas plus de moins 20 %, comment ont-ils
pu estimer que c'était une cible atteignable? C'est ça que je veux entendre. Sur la foi de quoi sont-ils certains,
ont-ils acquis la certitude que c'était sérieux, ça, qu'il y avait des
hypothèses de mesure qui permettaient de dire aux Québécoises et aux
Québécois : En 2030, il y aura une diminution de 40 % de produits
pétroliers?
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Oui. Je vais laisser Mme Gélinas compléter la réponse, mais, encore une fois,
dans son préambule, le député de
Richelieu dit : C'est un chiffre lancé en l'air. Je viens de lui dire...
Je vais le répéter pour la troisième fois. Si vous me posez quatre fois la question, je vais le dire quatre fois.
Si vous me la posez 10 fois, je vais le dire 10 fois. Il y a un document qui s'appelle un plan directeur,
qui n'est pas un élément lancé en l'air. L'outil le plus important de la
politique de transition énergétique, c'est
la création d'une société d'État qui s'appelle Transition énergétique Québec,
dont l'objectif est précisément de préparer
non pas un mais trois plans directeurs, d'ici 2030, qui vont fixer les mesures
établies pour atteindre les cibles que nous
nous sommes fixées. Et puis ce n'est pas tiré au fusil, il y a des
modélisations qui ont été faites. Et
je vais laisser Mme Gélinas vous donner plus de précisions là-dessus. Mais il
est inutile de revenir, dans vos préambules,
sur des éléments qui contredisent les éléments de réponse qu'on vous donne.
Vous pouvez le faire. Moi, ça m'est égal. Je vais revenir avec les
éléments de réponse. Mme Gélinas.
Le Président (M. Hardy) : Est-ce que...
M.
Rochon : M. le Président,
oui, évidemment, je serai très heureux d'entendre Mme Gélinas. Je ne veux pas
torturer le ministre, là, ce n'est pas
l'objet de mes questions, et je m'excuse si je dois en effet revenir avec la
même question. C'est que moi, j'estime que je n'ai pas de réponse.
Nous avons
obtenu un scénario de référence, là, hein, noir sur blanc, là, qui établit ce
moins 20 % auquel je réfère, là.
Alors, j'aimerais voir sous mes yeux la même chose, un scénario de référence,
un scénario maximal, maximum pour les moins 40 % visés. Et
peut-être que c'est en effet madame qui pourra m'éclairer.
Le Président (M. Hardy) : Je vais
demander à Mme Gélinas de répondre. Vous avez 3 min 30 s.
Mme Gélinas (Johanne) : Merci.
Alors, la cible est effectivement ambitieuse. Le moyen de confirmer qu'on y
arrivera en 2030, c'est par les trois plans directeurs dont M. Moreau parlait.
M. Moreau : M. le ministre.
Vous n'avez pas le droit de me nommer par mon nom.
Mme
Gélinas (Johanne) : M. le ministre, excusez-moi, M. le ministre.
Alors, le premier plan directeur doit atteindre
deux cibles très précises : 1 % d'efficacité par année et 5 % de réduction des produits pétroliers pour le
premier bloc de cinq ans. Un plan
directeur, c'est sur cinq ans. On a
construit un bouquet de mesures et pour chaque mesure on a mesuré quelles seraient les réductions de gaz à
effet de serre, l'efficacité énergétique et la réduction de produits
pétroliers, et c'est sur la base de
cet exercice-là que vous verrez bientôt quelle sera la cible atteinte, avec
notre modélisation, pour la période
2018‑2023. Et, par la suite, au fur et à mesure qu'on mesurera les résultats,
bien, on arrivera avec un autre plan directeur,
en 2023‑2028, qui sera adapté à l'atteinte des objectifs qui sont ceux de la
politique 2030, avec le 40 % dont vous
faites mention. Donc, ça va être l'atteinte des cibles de façon incrémentale,
j'ai le mot anglais qui me vient à l'esprit, mais de façon progressive
pour éventuellement arriver à 40 %.
Donc,
tout a été mis en place pour progresser vers l'atteinte des cibles de 2030.
D'ici là, on y va par étapes de cinq ans. Et je peux vous dire qu'à
cette étape-ci, pour le premier plan directeur, je suis optimiste.
Le Président (M.
Hardy) : M. le député de Richelieu. 1 min 55 s.
M. Rochon :
Oui. Alors, je comprends que le ministère
et Transition énergétique Québec se sont fixé une cible et, après que cette cible ait été fixée, ils se
sont dits : Maintenant, on va se faire un plan pour l'atteindre. C'est ce
que je saisis. Et c'est ça
qui m'étonne un peu. Je me disais : Il me semble qu'on doit d'abord
avoir l'assurance, quand on se fixe une cible, qu'elle est atteignable, il est
possible de l'atteindre. On peut trouver des mesures, mettre en place des mesures, imaginer des mesures pour atteindre cette cible.
Ma dernière question, elle aura trait au
gaz naturel. Alors, on veut réduire de moins 40 % les produits pétroliers d'ici
2030. Je ne vois rien, je ne vois rien relativement à la consommation de gaz
naturel. Est-ce qu'il y a une cible en termes de consommation de gaz
naturel? Parce qu'on a beaucoup parlé de gaz naturel depuis ce matin.
Une voix :
...
Le
Président (M. Hardy) : À moins que vous vouliez prendre du temps
sur le côté du gouvernement pour répondre.
M. Moreau :
Ah! Oui. Bon, oui, j'imagine que le côté du gouvernement va laisser le ministre
répondre. Je suis prêt à parier là-dessus, M. le Président.
Le Président
(M. Hardy) : Parfait. M. le ministre.
M. Moreau :
Alors, bon, ça va me permettre de faire deux choses.
D'abord,
sur le site du ministère, et en réponse à la demande d'accès à l'information à
laquelle référait le député de Richelieu tantôt, le ministère a répondu
ceci sur la présentation du scénario de référence, donc, de réduction de la dépendance au pétrole : Le modèle de
prévision qui est le modèle d'évaluation de la demande d'énergie permet de
produire des scénarios de prévision
de la demande d'énergie et des émissions de gaz à effet de serre afin d'appuyer
l'élaboration de politiques, de
programmes, de stratégies et de plans d'action en estimant leur impact sur la
demande d'énergie et les émissions de
gaz à effet de serre. Alors, on n'a pas tiré ça en l'air. Les hypothèses
générales prévoyaient une croissance économique
selon un taux annuel moyen de 1,9 % en 2011 jusqu'à 2020, de 1,6 %
entre 2011 et 2030 et de 1,8 % entre 2011 et 2050 — là, on
commence à être un petit peu plus précis — le prix du pétrole à 99 $ courants le
baril en 2020, allant jusqu'à 215 $ le baril en 2050, le prix du
gaz naturel, en dollars par millier de pieds cubes, à 9 $ en 2020 et
jusqu'à 33 $ en 2050. Et les principales mesures du scénario de référence,
c'est la norme canadienne d'émissions des gaz
à effet de serre pour les véhicules légers jusqu'en 2025, le règlement sur les
émissions de gaz à effet de serre de camions lourds et le plan d'action sur les changements
climatiques 2013‑2020. Alors, on voit que, les cibles que nous nous sommes
fixées, on n'a pas lancé une pièce en l'air pour voir de quel côté elle était
pour tomber avant de les fixer, de un.
De deux, on a le plan
directeur. Il y aura, d'ici 2030, trois plans directeurs, tel que l'expliquait
la présidente-directrice générale de Transition énergétique Québec.
Sur
le gaz naturel, le gaz naturel, je l'ai indiqué ce matin dans des réponses, est
une énergie de transition, alors... et
c'est une énergie de transition qui, selon le remplacement qui est effectué,
qu'on soit dans du mazout, dans du diesel ou dans du gaz, va permettre une réduction des gaz à effet de serre,
selon les experts, de 25 % à 32 % dans certains cas. Et je comprends que ces pourcentages-là que je
donne ne sont pas accrédités par tout le monde. Il y en a qui sont d'accord
avec ça, il y en a d'autres qui ne sont pas
d'accord avec ça. Mais déjà on réalise que le gaz naturel est une énergie de
transition.
• (17 h 10) •
Et
ce que le gouvernement va fixer, c'est, cette année, un pourcentage de
biocarburant dans le gaz naturel pour réduire
davantage l'empreinte en carbone émise par l'utilisation du gaz naturel. Alors,
il n'y a pas de cible de réduction du gaz
naturel, puisque le gaz naturel peut faire l'objet d'une transformation par
l'addition de biocarburant pour le rendre encore plus, je dirais, vert
en termes d'empreinte carbone. Et, comme on est dans une phase de transition.
Peut-être qu'éventuellement le gouvernement
pourra fixer des cibles de réduction sur le gaz naturel, mais, en termes
d'énergie de transition, c'est un
facteur important pour obtenir une réduction importante à court terme, pas pour
les éliminer, on convient de ça,
parce que le gaz naturel, c'est aussi un dérivé d'hydrocarbures, mais il y a
quand même... Entre deux maux, on
choisit le moindre, en général.
Alors, le
plan du gouvernement est un plan qui est extrêmement sérieux. Le premier ministre, en tête, a indiqué les orientations du gouvernement
lorsqu'il a participé à la COP21. Depuis ce temps, l'ensemble des interventions
en matière d'environnement,
dans le domaine de la transition énergétique, par le gouvernement, sont dans la
ligne directrice donnée par le premier ministre à l'effet de nous
assurer d'avoir une empreinte carbone qui soit moins importante. Et d'ailleurs c'est beaucoup mieux que, sans Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement, d'installer dans le comté de Richelieu, dans le comté du député, des
quantités de stockage de pétrole puis d'hydrocarbures. Puis c'est beaucoup
mieux que, sans impact sur l'environnement, de faire une exploitation un peu
sauvage sur l'île d'Anticosti.
Moi, je vais vous dire sincèrement, je suis très
fier des réalisations du gouvernement en matière de gestion de l'environnement au Québec. Et je pense, sans
vouloir mettre de l'huile sur le feu... ce serait peut-être un mauvais jeu de
mots ici, d'autant que l'atmosphère n'est
pas froide, dans cette pièce, de dire des choses semblables, mais l'orientation
politique du gouvernement en matière de responsabilité environnementale est pas
mal plus clairement définie que le gouvernement... que celui du gouvernement
qui nous a précédés, M. le Président.
Le
Président (M. Hardy) : Merci, M. le ministre. Maintenant, nous
sommes... On avait embarqué dans le côté gouvernemental. Je cède la
parole au député d'Abitibi-Est pour 10 minutes.
M. Bourgeois :
Merci. Merci, M. le Président. Bien, écoutez, vous me permettrez, je vais faire
un clin d'oeil, bien, premièrement,
au député de Richelieu. Moi, j'aimerais pouvoir déposer au député de Richelieu
ce document-là, qui, je pense,
pourrait lui être fort utile dans la suite des travaux, parce que là-dedans il
y a beaucoup d'éléments sur lesquels il nous a... il a questionné le
ministre cet après-midi.
Et je vais aller
un peu plus loin, parce que je pensais qu'il donnerait un peu plus de temps à
Mme Gélinas pour parler, entre
autres, d'hydrogène, parce que, M. le Président... Et là je fais un clin d'oeil
à notre collègue député de Mégantic, qui est vraiment notre spécialiste dans le
domaine de l'hydrogène. Depuis le début du mandat, le député de Mégantic
nous entretient fréquemment sur le potentiel énorme que représente l'hydrogène,
qui peut être couplé...
Une voix : ...
M. Bourgeois : Il n'est pas
ici, non, effectivement, je constate, les collègues, mais...
Une voix : ...
M.
Bourgeois : Effectivement, je ne peux le mentionner. Mais, compte tenu
du faciès de nos collègues d'en face, ça
me permet de mentionner qu'il est le père légitime d'une réflexion importante,
de notre côté, en termes d'appropriation de l'information et du potentiel que représente l'hydrogène comme source
alternative dans une transition énergétique orchestrée.
Et, bien
évidemment, ce n'est pas un phénomène, là, comment je dirais... ce n'est pas un
phénomène négligeable, le potentiel
de l'hydrogène. Il y a la France, l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie,
l'Autriche, la Norvège, les Indes, le Brésil, l'Australie, l'Afrique du
Sud, la Corée du Sud et certains États américains, entre autres la Californie,
le Connecticut, l'Ohio, qui se montrent plus
qu'intéressés dans cette alternative énergétique à fort potentiel. Déjà, on a
accéléré beaucoup. Cette innovation,
cette filière-là, au niveau international, prend beaucoup de place. Et
évidemment le Québec, avec sa capacité d'innovation, veut être
positionné stratégiquement en lien avec ce potentiel.
Vous savez,
M. le ministre, moi, je suis dans une région à l'intérieur de laquelle passe la
route 117. La route 117, c'est
la Transcanadienne. Quand on utilise la 117, à partir du port de Montréal, pour
livrer des biens dans le secteur du Midwest américain ou de l'Ouest
canadien, c'est le chemin le plus court. Mais en même temps on voit beaucoup de
compagnies de transport spécialisées sur des
longs parcours, et déjà ces compagnies-là, M. le ministre, se sont inscrites
dans une transition énergétique.
Actuellement, ils sont dans une transition avec l'utilisation du gaz naturel, mais
plusieurs d'entre elles regardent
d'autres alternatives encore plus intéressantes. Pour certains, on va parler de
gaz naturel liquéfié. Pour d'autres,
on parle d'hydrogène. Et l'intérêt est tel, M. le ministre, qu'on a même des
gens en région qui sont à regarder pour
l'implantation de stations multicarburants. Donc, il est clairement établi que
des acteurs importants à la fois dans le domaine du transport et de la distribution de produits énergétiques...
je vais l'appeler comme ça, parce qu'évidemment c'est une nouvelle
notion, d'avoir des stations multicarburants, mais définitivement il y a un
appétit pour ce type de produits, qui représentent une alternative fort
intéressante.
Nous avons
l'avantage d'avoir ici, au Québec, l'hydroélectricité, la production éolienne,
qui sont deux sources d'énergie verte
qui peuvent être couplées avec une alternative comme l'hydrogène, l'hydrogène
qui peut actuellement représenter un
fort potentiel, exemple, dans le secteur minier. D'ailleurs, déjà certaines
entreprises minières regardent cette
alternative-là plutôt que d'utiliser du diesel pour l'opération de leurs
équipements. Et évidemment l'amélioration à la fois de la production
mais également de l'utilisation sur des unités mobiles peut amener un intérêt
grandissant, et évidemment un volume plus important va amener des propositions
de prix qui seraient fort intéressantes.
Le député
de Richelieu avait commencé à questionner et a ouvert une porte vers Mme
Gélinas, mais malheureusement on n'a
pas pu l'entendre beaucoup sur ces alternatives-là. Donc, Mme Gélinas,
l'alternative de l'hydrogène, comme sujet de transition énergétique,
j'aimerais vous entendre un peu plus en lien avec ça.
Le Président (M. Hardy) : Mme
Gélinas.
Mme
Gélinas (Johanne) : Merci.
Bien, ce sera court, parce que c'est un vecteur qu'on commence à peine à
étudier. Donc, dans le cadre des
travaux du plan directeur, ma collègue, Mme Asselin, et moi-même allons
regarder, au cours de la prochaine
année, c'est quoi, le potentiel du vecteur hydrogène pour le Québec. Bien sûr,
on sait qu'il y a déjà, actuellement, des manufacturiers automobiles qui sont à déployer
des véhicules à l'hydrogène. Donc, vous avez mentionné que ça va nous prendre des stations de ravitaillement, de
toute évidence. On a vu à l'étranger qu'il n'y a pas seulement Toyota qui est
intéressée par les véhicules à l'hydrogène,
il y a d'autres entreprises qui sont intéressées. Et M. le ministre a souvent
fait mention du Québec comme banc d'essai. Donc, c'est de ce côté-là,
pour le moment, qu'on regarde le déploiement de l'hydrogène et des véhicules à l'hydrogène. Mais, bien entendu, il y a
beaucoup d'autres applications, il y a beaucoup d'intérêt, dans le
domaine de l'hydrogène. Et, par le biais de notre programme d'innovation
Technoclimat, il y a des entreprises qui
nous approchent, qui voudraient faire des projets de démonstration. Donc, c'est
un domaine qui est nommément inscrit
dans la politique énergétique, et éventuellement on va regarder avec attention
qu'est-ce qui est possible pour le Québec.
M. Moreau : M. le Président,
si vous me permettez de...
• (17 h 20) •
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre, oui.
M. Moreau :
...oui, si vous me permettez d'ajouter sur cette question-là, ce qu'on a, nous,
dans notre actualité parlementaire, appelé comme étant la filière de
l'hydrogène, en l'associant au Parti libéral du Québec, ça dépasse largement ça. Vous savez qu'on a la construction
de l'Institut de recherche sur l'hydrogène à Trois-Rivières, qui est un institut qui est parmi... qui est reconnu, qui est
reconnu mondialement. Bien, l'Institut de recherche sur l'hydrogène, ça a
été inauguré le 10 avril 1996, et le
ministre des Ressources naturelles, à l'époque, c'était un dénommé Guy
Chevrette, qui est, lui, plutôt dans
la filière péquiste que dans la filière libérale. Et l'institut, aujourd'hui, a
une réputation internationale. Et,
quand on regarde la filière hydrogène, Mme Gélinas disait qu'il n'y avait pas
que Toyota qui s'intéressait à ça, Toyota a choisi le Québec comme étant un banc d'essai pour le développement de
l'hydrogène, au Québec, puis on doit absolument s'en réjouir, un, d'abord, parce que Toyota, c'est un constructeur
automobile qui est sérieux, qui est un des principaux, sinon le principal
constructeur, le plus important constructeur automobile au monde, mais s'est
joint à Toyota, dans cette recherche
de la filière hydrogène pour le déplacement des véhicules, des entreprises de réputation internationale et de très, très
grandes entreprises. Je vais vous en nommer quelques-unes. Outre Toyota, il y a
BMW. Il y a Daimler. Daimler, pour ceux qui connaissent moins ça, c'est
Mercedes. Honda. Hyundai. Il y a Royal Dutch-Shell. Ça, Shell, c'est une pétrolière, qui fait aussi de la recherche dans le
domaine de l'hydrogène. Il y a Total, qui est aussi une pétrolière, et des
compagnies qui sont spécialisées dans
l'hydrogène, comme Air Liquide, Linde, qui ont formé un consortium qui
s'appelle The Hydrogen Council,
auquel se joint le géant ferroviaire français Alstom, la minière
anglo-américaine, et le fabricant de motos et d'équipement lourd Kawasaki
pour constituer une alliance pour rechercher la question du transport.
Puis je me
permets cette réponse-là pour répondre à quelques informations — oui,
en une minute, je vais faire ça, vous
allez voir — parce que je reçois souvent sur le site Facebook des commentaires de gens qui
sont très versés dans le véhicule
électrique. La filière du véhicule électrique, c'est une bonne filière, puis le
gouvernement du Québec n'a pas l'intention d'abandonner ça, au
contraire, on va faire connaître dans les prochains jours notre plan d'action
pour le déploiement des bornes de recharge à
haute vitesse sur l'ensemble du territoire du Québec. Et ils ont des commentaires
très négatifs sur le volet hydrogène. C'est possible d'avoir un plan d'action
dans les deux créneaux, d'autant que les chercheurs
indiquent que l'hydrogène pourrait avoir une évolution extrêmement rapide dans le domaine du transport sur de longues distances. Alors, on peut faire l'un et
l'autre. Et l'un et l'autre n'est pas moins bon parce qu'on en préfère un
à l'autre, on peut faire les deux, et c'est ce qu'on offre aux Québécois, M. le
Président.
Document
déposé
Le
Président (M. Hardy) : Merci, M. le ministre. M. le
député d'Abitibi-Est, j'accepte le
dépôt de la Politique énergétique 2030. Merci.
Donc, la commission, ayant terminé l'étude du volet Énergie et Ressources naturelles des
crédits budgétaires du portefeuille
Énergie et des Ressources naturelles pour l'exercice financier 2018‑2019,
elle suspend ses travaux quelques instants
dans le but de permettre aux personnes concernées par l'étude du volet Hydro-Québec des crédits budgétaires du même portefeuille de prendre place. Je
suspends quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 23)
(Reprise à 17 h 29)
Le Président (M. Hardy) : Donc, à
l'ordre, s'il vous plaît!
Hydro-Québec
La commission
est maintenant réunie afin de procéder à l'étude du volet Hydro-Québec des
crédits budgétaires du portefeuille
Énergie et Ressources naturelles pour l'exercice financier 2018‑2019. Je
demanderais aux gens dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie
de leurs téléphones cellulaires.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
• (17 h 30) •
La Secrétaire :
Non, M. le Président, il n'y a aucun remplacement.
Remarques préliminaires
Le
Président (M. Hardy) : Donc, nous allons débuter par les remarques
préliminaires, puis nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ 17 minutes,
incluant les questions et les réponses. Nous débutons donc avec les
remarques préliminaires. M. le ministre, vous disposez de 12 minutes.
M. Pierre Moreau
M. Moreau : Oui. M. le
Président, je n'ai pas eu l'occasion d'en discuter avec mes collègues le député
de Richelieu ou la députée de Saint-Hyacinthe, mais, conformément
à ce que je vous ai dit ce matin, on
va essayer de récupérer du temps, compte tenu du petit imbroglio que nous avons eu ce matin au salon bleu sur la
détermination des temps de
parole. Alors, je vais écourter les remarques préliminaires, ayant déjà salué
tous les membres de la commission.
Je me permettrai cependant d'introduire les gens
qui m'accompagnent pour le volet de l'étude des crédits sur Hydro-Québec. Alors, immédiatement à ma droite, M. Éric Martel, qui est président-directeur général de la société
d'État. Il est accompagné — et
ils pourront répondre aux questions — de M. Marc Boucher,
président d'Hydro-Québec TransÉnergie, de monsieur... C'est Pierre? René?
Une voix : Réal.
M. Moreau :
Réal, pardon. Alors, c'est un médecin qui a écrit ma note. Réal Laporte,
président d'Équipement, innovation et
services partagés. David Murray, président d'Hydro-Québec Production.
Jean-Hugues Lafleur, vice-président exécutif
et chef de la direction financière. Et France Lampron, directrice,
Électrification des transports. Alors, on est prêts à répondre aux
questions des membres de la commission, M. le Président.
Le
Président (M. Hardy) : Merci, M. le ministre. J'invite maintenant
le porte-parole de l'opposition officielle à faire ses remarques
préliminaires, pour un maximum de sept minutes.
M. Sylvain Rochon
M. Rochon : Oui. Merci, M. le Président. Comme le ministre,
je n'en aurai pas. Je souhaite que ce temps soit réparti aux blocs, là, qui me sont impartis. Je me limite à des
salutations au président-directeur général d'Hydro-Québec, M. Martel, et aux personnes qui l'accompagnent,
les salutations étant déjà faites aux collègues des différentes formations
politiques, au ministre et aux gens de son ministère.
Le
Président (M. Hardy) : Merci, M. le député de Richelieu. Je cède
la parole à la porte-parole du deuxième groupe d'opposition pour ses remarques préliminaires, pour un maximum de
cinq minutes. Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy : Merci, M. le
Président. Tout comme mon collègue, je vais garder mon temps pour poser des
questions. Mais je salue M. Martel et puis les gens qui l'accompagnent. Je
veux en profiter également pour féliciter M. Murray
pour son nouveau poste, je n'avais pas eu la chance de le faire, alors son
poste de président d'Hydro-Québec Production.
Alors, félicitations! Et c'est toujours un plaisir de vous recevoir et de vous
poser des questions, alors je vais garder mon temps pour ça. Merci.
Discussion générale
Le Président (M. Hardy) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Saint-Hyacinthe. Maintenant, je suis prêt à reconnaître une première intervention de
l'opposition officielle pour un premier bloc d'échange. M. le député de
Richelieu, la parole est à vous pour 23 min 40 s.
M. Rochon : Merci, M. le Président. Je vais m'attarder, en
débutant... Ma collègue, tantôt, me demandait... puis là elle va croire que je lui ai caché quelque
chose, mais ma collègue de la deuxième opposition me demandait : Que
vas-tu aborder avec le président-directeur
général d'Hydro-Québec et le ministre? J'ai omis de lui dire que j'allais
d'abord parler de ce grand rêve, là,
évoqué par... ou cultivé par le chef de la deuxième opposition, d'un grand
chantier qui créerait, là, des
milliers d'emplois payants, Baie James du XXIe siècle, alors se lancer
dans un grand chantier, là, dans de nouveaux barrages.
Alors, en
2016, le chef de la deuxième opposition nous avait proposé ce rêve-là.
Début 2018, il a changé son fusil d'épaule,
affirmé que ces barrages seraient construits dans 10, 15 ans, qu'il
fallait regarder ça sur une plus longue période. Avec sa proposition de construire de nouveaux barrages, il me semble,
moi, que la deuxième opposition dresse la perspective d'une facture
drôlement salée, là, pour les Québécoises et les Québécois, et cela m'inquiète
si le chef de la deuxième opposition devait être en position un jour de
convaincre le président-directeur général d'Hydro-Québec de cette idée.
Ce qui me rassure, c'est que le
président-directeur général d'Hydro-Québec ne paraît pas du tout partager cet
avis que le temps soit à la
construction de grands barrages. J'aimerais lui donner l'occasion de nous en
parler, de faire le point là-dessus.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Moreau :
Oui, M. Martel est avec nous. Et, avant qu'il n'entreprenne la réponse à
cette question, je dois dire
que, comme le député de Richelieu, nous avons fait connaître, comme gouvernement,
notre grande surprise au projet annoncé par
le chef de la deuxième opposition,
d'autant que nos capacités de production, avec les infrastructures actuelles,
nous permettraient de doubler encore ce que l'on produit comme énergie au
Québec, d'une part.
D'autre part, en ce qui a trait à l'alliance avec
nos voisins, nous avons avec l'Ontario, depuis plusieurs années, une
ligne d'énergie, avec l'Ontario, qui n'est pas utilisée à sa pleine capacité.
Lorsque j'ai rencontré mon collègue de l'Ontario,
il y a de ça moins d'un mois, celui-ci nous confirmait que l'Ontario était elle-même
en situation de surproduction, et, essentiellement, ce qu'elle tentait
d'obtenir d'Hydro-Québec, c'est de savoir si à l'horizon 2023 ou 2024, lorsque Pickering, qui est une centrale nucléaire de
production d'énergie, sera mise hors service, on ne sait pas si c'est
temporaire ou de façon permanente...
est-ce qu'on aurait la capacité de suppléer à l'énergie qui est actuellement
fournie à l'Ontario par la centrale de Pickering, ce à quoi Hydro-Québec
a répondu de façon positive.
On échange avec le
Nouveau-Brunswick plus d'électricité per capita que l'on ne le fait avec
l'Ontario. Et, Hydro-Québec, j'étais avec
M. Martel lorsque nous avons annoncé le plus important contrat de
l'histoire d'Hydro-Québec avec le
Massachusetts, récemment. Et la transmission d'énergie vers nos voisins du
Nord-Est des États-Unis remonte à Lomer
Gouin, en 1910, et, depuis ce temps-là, les infrastructures se sont
multipliées. Et la vente d'électricité à l'extérieur des frontières du Québec, à l'heure actuelle, au
cours des deux dernières années, a atteint près de 1,6 milliard de
dollars.
Alors, le grand
projet du chef de la deuxième opposition semble être une improvisation plus
qu'autre chose. Maintenant, sur le plan technique, pour répondre à la question
plus directe du député de Richelieu, je vais laisser M. Martel émettre son
opinion sur cette question.
Le Président
(M. Hardy) : M. Martel.
M. Martel
(Éric) : M. le Président, M. le ministre. M. le député, merci pour
votre question.
Alors,
écoutez, je vais retourner et remettre en contexte un peu. On a présenté ici,
d'ailleurs, un plan stratégique, il y
a de cela quelques années, en 2015, pour être exact, et le plan stratégique
qu'on a présenté disait la chose suivante, et pour nous, aujourd'hui, ça demeure toujours notre opinion. On revoit
notre plan toutes les années parce qu'évidemment des fois le monde autour de
nous évolue. Et ce qu'on a dit, à l'époque, c'était que nous avons construit,
dans les 15 dernières années,
beaucoup de capacité de production, au Québec, que ce soit par l'ajout de
nouvelles centrales, environ 25 TWh
que nous n'avions pas il y a une quinzaine d'années, aussi on a rajouté environ
10 TWh d'éolien, alors pour faire un total de 35 TWh de
nouvelle énergie qui n'était pas là il y a plus de 15 ans.
Et
ça, c'est important de mettre ça en contexte parce que la deuxième chose qu'il
faut prendre en compte, c'est que les
Québécois, depuis 2007, ne consomment pas plus d'énergie. On consomme
170 TWh, depuis 10 ans, ni plus ni moins. Et donc en même
temps on a rajouté de la capacité de production.
Alors,
le défi auquel fait face Hydro-Québec, aujourd'hui, c'est un défi de
commercialiser cette énergie-là qu'on a construite, qu'on a mise en
place vers les réseaux avoisinants pour faire des exportations, qui sont, je le
rappelle, extrêmement intéressantes pour Hydro-Québec et pour le Québec. C'est
environ, les exportations, 17 % de notre production,
mais ça représente environ 27 % de nos profits. Donc, sur le plan
financier, ça a un certain intérêt pour nous.
Alors, ce que je
dirais, aujourd'hui, c'est que la priorité, comme on le dit dans notre plan
stratégique, c'est de construire des
infrastructures de transport d'énergie. Alors, c'est comme si on a déjà rajouté
la capacité de production. Alors là, l'heure est au moment où il faut
ajouter de la capacité de transmission pour aller vers nos voisins.
Ce
qu'on a dit aussi, dans notre plan stratégique, c'est que, d'ici 2020, on va se
préparer quand même, parce que pourrait
arriver un jour où on a à ajouter de la capacité, il y a toutes sortes de
choses qui peuvent arriver, puis, nous, notre métier puis notre devoir, c'est d'être prêts. Si en 2020, par exemple,
on revoit puis on dit : Il y a de la capacité... Puis ce sera peut-être en 2025, en 2030, mais, pour
l'instant, c'est sûr et certain que ça ne fait pas partie des plans
d'Hydro-Québec. Mais, en 2020, nous
souhaitons être prêts puis dire, bien, à quel endroit, combien ça coûterait,
construire un nouveau barrage, parce
qu'il va y avoir un élément de coût aussi. Aujourd'hui, on construit
la Romaine à 0,06 $ du kilowattheure, alors c'est un très,
très bon prix, mais, le prochain ouvrage, s'il est plus au nord, dépendamment
d'où il est, de quel type de sol on travaille,
les prix pourraient être beaucoup plus grands. Alors, à ce moment-là, on aura
une décision. Est-ce qu'on fait l'éolien? Est-ce qu'on fait... Et ça
dépend du type de produit qu'on a de besoin aussi.
Alors,
pour résumer en deux secondes votre question, M. le député... pour résumer ma
réponse, c'est-à-dire, on doit... aujourd'hui, le défi d'Hydro-Québec et
la priorité d'Hydro-Québec est de s'assurer que, les grandes quantités
d'énergie qu'on a aujourd'hui en surplus, on les exporte, pour qu'on puisse monnayer,
en fait, cette eau-là.
• (17 h 40) •
Le
Président (M. Hardy) :
Avant de continuer, M. le député de Richelieu, ça me prendrait le consentement pour que
M. Martel parle, j'ai oublié de vous le demander tantôt, mais pour nos
notes. Et puis...
Une voix :
Pouvez-vous effacer ce qu'il vient de dire?
Des voix : Ha, ha, ha!
Le
Président (M. Hardy) :
Oui, j'ai le consentement? Si vous
voulez vous nommer et donner le titre
de votre fonction, s'il vous plaît.
M. Moreau : Veuillez
reprendre votre réponse.
Le Président (M. Hardy) : Non,
c'est... Votre nom et le titre.
M. Martel (Éric) : D'accord.
Éric Martel, président-directeur général d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Hardy) :
Merci. C'est pour la transcription des données. M. le député de Richelieu.
M. Rochon : ...en ne disant
mot, nous avions tous consenti, ne disant mot.
Une voix : ...
M. Rochon : Oui, oui, bien sûr.
Vous avez raison, M. le Président.
Donc, le président-directeur général d'Hydro-Québec, comme le ministre, comme le Parti québécois, n'estime pas l'époque d'aujourd'hui l'époque des grands
barrages comme autrefois nous avons pu vivre cela.
Autre
distinction de points de vue, je dirais, entre nous et la seconde opposition, en tout cas l'un de ses plus récents candidats,
lui, semble faire barrage au soutien d'Hydro-Québec aux véhicules électriques, il ne paraît pas
favorable à ça, il n'est pas chaud à l'idée d'une intervention du gouvernement
à l'électrification des transports. Je pense... Je parle de M. Chassin.
Alors, j'aimerais entendre le ministre et le président-directeur général d'Hydro-Québec...
Mme Soucy : M. le
Président, excusez-moi, je veux faire
un appel au règlement. On est ici en étude de crédits, pour étudier les crédits budgétaires du gouvernement, et non pas pour faire la promotion ou pour discréditer un candidat
à la prochaine élection. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Hardy) :
Merci. Je vous rappelle, M. le député de Richelieu, de faire attention à votre discussion.
M. Rochon : Bien, je regrette que la députée estime que je
suis en train de le discréditer en répétant ses paroles.
Mme Soucy : Non, mais vous
perdez du temps de commission.
M. Rochon : Bon, d'accord.
Alors, je...
Le Président (M. Hardy) : On
continue.
M. Rochon : Bien, je comprends
son point de vue. J'aurais le même, sans doute, à sa place.
Je vais donc revenir à ce qui n'est pas une
perte de temps, c'est l'électrification des transports. Et j'aimerais
l'entendre là-dessus, justement, là, à la fois le ministre et le président-directeur
général d'Hydro-Québec, sur le rôle d'Hydro-Québec en matière d'électrification
des transports. Qu'envisagez-vous, M. le président-directeur général?
M. Moreau :
M. Martel va commencer, et je compléterai, au besoin.
Le Président (M. Hardy) :
M. Martel.
M. Martel
(Éric) : D'accord.
Alors, merci de me donner l'opportunité, M. le Président... Éric
Martel. Alors, merci de me permettre
de parler de l'électrification, parce
que c'est un dossier,
l'électrification des transports, qui est extrêmement important. C'est
une de nos stratégies, à Hydro-Québec, d'électrifier davantage le Québec,
et évidemment les transports sont au coeur de cela.
Ce que je
dirais, c'est qu'aujourd'hui on a environ... on arrive à 25 000 véhicules électriques, au Québec,
quand on parle des voitures, et
Hydro-Québec, on a environ... près de 1 400 bornes, présentement, qui
sont installées. Et on sait par
toutes sortes d'études qu'on fait qu'évidemment, au coeur de ça,
l'infrastructure des bornes de recharge est extrêmement importante pour
stimuler les gens à aller davantage... à adopter le véhicule électrique.
Et j'aime
toujours dire que, s'il y a un endroit, au Québec, que ça fait énormément de
sens, d'adopter le véhicule électrique,
c'est bien chez nous. Premièrement, on charge nos batteries avec de l'énergie
propre, ce qui n'est pas le cas dans plusieurs endroits. Si vous habitez
à Boston et que vous avez un véhicule électrique qui est rechargé à partir de l'électricité qui est faite avec du charbon, on
fait juste, en fait, déplacer le problème de place et même, probablement, le rempirer, parce qu'évidemment il y a une perte d'efficacité
entre les deux processus. Alors, sur le plan environnemental, chez nous,
ça fait plein de sens.
La deuxième
raison pour laquelle ça fait plein de sens, au Québec, d'électrifier les
véhicules davantage, c'est que, on le sait, on n'a pas de pétrole, mais
on a beaucoup d'eau puis on a beaucoup d'électricité. Alors, sur notre balance commerciale, d'éviter d'importer du pétrole et de
produire, hein, de l'électricité qui est faite avec de l'eau, c'est évidemment,
sur la balance commerciale du Québec, un avantage énorme.
Alors, pour ces deux grandes raisons
là, on croit énormément que c'est la bonne chose à faire, et c'est pour
ça que ça fait partie de nos priorités.
C'est
sûr qu'à Hydro-Québec, on regarde de très, très près l'évolution du marché de l'automobile, du marché du camion aussi pour voir comment nous pouvons favoriser ça. Alors, évidemment,
l'infrastructure, hein, on travaille fort à l'améliorer. J'ai parlé tantôt... On est en train
de réfléchir à ajouter plus rapidement...
on parle de bornes rapides aussi qui
vont être intéressantes. Et aussi on est en train de réfléchir... On fait des
travaux sur nos matériaux de batterie. On a un centre d'excellence qui est
reconnu internationalement, où est-ce qu'on a des découvertes extrêmement
intéressantes qui pourraient nous permettre d'amener les véhicules...
d'avoir une batterie beaucoup plus légère, ce qui permettrait aux véhicules d'avoir beaucoup plus d'autonomie.
Alors, on est aussi dans ce milieu-là. Alors, on met à profit nos connaissances,
on met à profit aussi notre infrastructure.
Et
l'autre chose que je dirais, c'est qu'Hydro-Québec a un rôle clé en cela, et la raison pour laquelle
on a un rôle clé, c'est que le
business des bornes de recharge, aujourd'hui... Vous savez, 8 % de la recharge se fait
sur les bornes, hein, 92 % se
fait à la maison ou se fait au travail, alors rendre une borne de recharge
rentable, pour un entrepreneur, ce serait impossible, on n'a pas aucune borne de recharge elles-mêmes en
particulier qui le sont. Mais, pour Hydro-Québec, plus on
en met, plus il y a de véhicules. Et, comme c'est nous qui vendons
toute l'électricité, alors, pour nous, ça fait plein de sens sur le plan
économique.
M. Moreau : Alors, simplement pour compléter, avant que
M. Martel ne se joigne à nous, j'évoquais le chercheur et directeur
du centre d'excellence d'Hydro-Québec, Karim Zaghib, qui nous disait
l'importance, là, de cette chaîne d'approvisionnement,
parce que la recherche qu'Hydro-Québec mène à son centre
de recherche de Varennes sur les piles, non seulement ça va vers l'électrification des transports, mais on regardait
la technologie où le véhicule pourra même suppléer, par exemple, à un défaut du réseau ou à une panne du réseau en
alimentant la résidence où il est garé, en cas de défaut de réseau.
Alors,
l'électrification des transports, moi, je trouve que c'est réducteur de
dire : C'est l'électrification des transports. C'est la recherche dans le domaine électrique. On
est, grâce à Hydro-Québec, à l'avant-garde dans ce domaine-là. Et ça
amène des avancées qui sont beaucoup
plus larges que strictement les transports et qui s'inscrivent toutes dans la
transition énergétique et la politique de transition énergétique du gouvernement.
Le Président
(M. Hardy) : Merci, M. le ministre. M. le député de Richelieu.
M. Rochon : Alors, je suis heureux de voir et d'entendre où loge le président-directeur général d'Hydro-Québec.
Ce n'est pas à l'endroit de ceux qui estiment
que c'est une mauvaise idée de contribuer à l'accentuation, là, de l'électrification des transports, qui ne loge pas
non plus à l'enseigne de ceux qui estiment — et, ceux-là, je ne les nommerai pas — qui estiment que les impacts climatiques,
l'impact sur les changements climatiques des véhicules électriques, là, sont faibles, qu'ils ne peuvent pas contribuer,
les véhicules électriques, à améliorer la cause du climat. Alors, je suis
content d'entendre le président-directeur
général d'Hydro-Québec estimer qu'il faut, en effet, aller du côté de
l'électrification des transports.
Vous
allez voir, là, que je risque de faire un peu de coq à l'âne. Je veux vous
parler du lock-out chez ABI. Ça fait des semaines que le lock-out, là, de
l'aluminerie de Bécancour perdure. Il y a 1 030 employés syndiqués qui se
retrouvent sans emploi,
70 autres contractuels qui ont dû être licenciés. ABI, c'est le plus gros
employeur de la région, là. Et on sait que
l'entreprise bénéficie d'un avantage concurrentiel important de la part du
gouvernement grâce aux tarifs préférentiels d'Hydro-Québec et que chaque jour ce lock-out à l'aluminerie de Bécancour
représente un manque à gagner, là, considérable,
important pour Hydro-Québec. Alors, on parle de 60... je pense que c'est
60 millions de dollars, alors, sur une année, perte de revenus qui s'établirait à 220 millions, en
tout cas, vous pourrez, là, préciser les chiffres. Mais ce qui est indéniable, c'est que, ce lock-out,
unilatéralement décrété par l'employeur, c'est un lock-out, il est particulier,
je trouve, qu'il soit considéré, au sens du contrat, comme un cas de
force majeure où... pendant lequel cas de force majeure la compagnie voit ses
obligations contractuelles suspendues.
Est-ce
que le président-directeur général d'Hydro-Québec trouve ça normal... Ou
peut-être qu'il estimera que la question
s'adresse davantage au ministre. Est-ce que le ministre trouve ça normal que
les contribuables québécois puissent avoir l'impression de subventionner
un lock-out?
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
• (17 h 50) •
M. Moreau :
Le président-directeur général d'Hydro-Québec n'est pas à la liberté de dévoiler les dispositions qui relèvent de l'aspect commercial d'un contrat
avec un tiers sans l'autorisation de ce tiers-là. Et, dans ce cas-là, il s'agit d'ABI.
Il a été cependant
établi publiquement, et je pense qu'on peut le dire, que le lock-out, comme la
grève, a été considéré, dans le contrat,
dans ce contrat-là et dans d'autres contrats, comme une situation
de force majeure qui permet, donc... qui peut être invoquée par le
cocontractant par rapport à Hydro-Québec.
Le
dossier d'ABI, c'est un dossier... c'est un litige de relations de travail qui
relève du secteur privé. Hydro-Québec
est un fournisseur comme il est à l'égard
des entreprises publiques ou des entreprises privées, dans ce contexte-là, et je ne pense pas qu'on doit faire cette relation de cause à
effet.
La
question que l'on peut se poser, c'est : Est-ce que l'on devrait, dans
les prochains contrats qui seront négociés, considérer sur un pied d'égalité la question du lock-out et de la grève,
la grève étant une décision unilatérale des employés, le lock-out étant
une décision unilatérale de l'employeur? On pourrait dire qu'une grève est
évitable aussi puis qu'elle ne devrait peut-être pas être considérée comme un
cas de force majeure.
Toujours est-il que c'est la situation
contractuelle. Hydro-Québec, dans ce dossier-là, se voit contrainte
d'appliquer les dispositions contractuelles auxquelles elle a souscrit,
de un.
De
deux, je veux rappeler, M. le député, et vous avez raison de le soulever, c'est un
dossier qui est très important
pour la région, et c'est la raison pour laquelle ma collègue la ministre du
Travail a indiqué ce matin, à la période de questions, qu'elle avait nommé un médiateur spécial afin de
faire évoluer le conflit de travail. Et c'est un souhait que tout le gouvernement et, je suis convaincu, l'ensemble des membres de l'Assemblée nationale...
autant la deuxième opposition
que l'opposition officielle souhaitent une situation qu'on souhaite voir se
régler.
Maintenant, je ne
suis pas ici, dans le cadre de l'étude des crédits, pour décider qui a tort,
qui a raison dans ce conflit de travail là.
J'éviterai même de me prononcer sur la question pour donner toute la chance à
la médiation spéciale de trouver une conclusion heureuse à ce conflit de
travail.
Le Président (M. Hardy) :
M. le député de Richelieu.
M. Rochon : Je nous amène sur la rivière Magpie, M. le Président. Le
14 septembre 2017, devant le siège social d'Hydro-Québec, manifestation,
là, pour la protection de cette rivière. Et le chef des affaires publiques et
médias dit ceci : Bonjour, merci
d'être là. J'estime que vous avez beaucoup de conviction, c'est inspirant. Je veux juste
vous dire que la position d'Hydro-Québec sur la rivière Magpie, eh bien, c'est celle d'aucune intention de notre
part d'aller de l'avant, d'aller là.
Ce n'est plus dans notre plan stratégique, ce n'est pas dans nos projets. En
fait, on n'a pas de projet de nouveaux barrages,
de nouvelles installations. Alors, ce qu'on dit ici, c'est qu'on va simplement
acheter de l'énergie dont on a besoin, et
on n'a pas besoin d'énergie en ce
moment. Alors, il n'y a
pas de projet, rassurez-vous, tout le
monde. Cette rivière, on n'y
touche pas, on ne va pas là.
Un
autre porte-parole d'Hydro-Québec indique le même jour que le projet n'est plus
dans le plan stratégique, que les
études d'impact n'ont pas été réalisées. Il confirme du même souffle qu'Hydro-Québec ne projette construire aucun autre
barrage, étant donné le surplus d'électricité actuel de la société d'État. Alors, c'est clair, hein? Puis la décision est saluée alors par plusieurs
intervenants qui souhaitent faire de cette rivière une aire
protégée. La Société pour la nature
et les parcs, notamment, la salue, la... ce discours d'Hydro-Québec.
Alors,
l'organisme, la Société pour la nature et les parcs demande à l'ancien ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles
d'instaurer une aire protégée dans le secteur pour garantir la préservation à
long terme de la rivière. Mais, coup de
théâtre, on apprend en décembre dernier, dans les médias, que Québec veut
préserver le potentiel hydroélectrique d'une rivière au détriment de
cette aire protégée que d'autres souhaitent. Le Journal de Montréal
écrit : «...le ministre de l'Environnement
révèle que le projet d'aire protégée du bassin versant de la rivière[...],
située sur la Côte-Nord, a reçu un "avis défavorable [qui] réfère à un
potentiel énergétique" provenant du ministère des Ressources naturelles.»
Alors, c'est la Société pour la nature et les parcs qui a obtenu un
courriel du ministère de l'Environnement.
Alors, est-ce
que le ministre peut nous dire si,
oui ou non, il va en effet bloquer la création d'une aire protégée
sur la Magpie pour protéger le potentiel hydroélectrique de cette rivière? Ce
qui a étonné.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre. 1 min 50 s.
M. Moreau :
Eh! que c'est peu! Bien, je vais essayer d'aller le plus vite possible dans
cette minute 50.
Lorsque...
L'avis auquel réfère le député de Richelieu est un avis qui a été donné par le ministère
sur la base du potentiel hydroélectrique de la rivière en question. Et
donc l'avis va dans ce sens-là. Ce n'est pas au ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles de désigner les aires protégées, c'est au ministère de l'Environnement. Et je suis convaincu que vous pourrez
poser cette question à ma collègue la ministre de l'Environnement et du
Développement durable.
En ce qui nous
concerne, on regarde est-ce que la rivière a ou non un potentiel. Hydro-Québec
dit : Nous, là — d'ailleurs,
je pense qu'on fait écho à la toute première réponse qu'a donnée M. Martel
à votre toute première question — on n'est pas dans le développement des
barrages, on est dans l'établissement des infrastructures pour transporter
l'énergie supplémentaire qui est déjà produite au Québec. Alors, je pense que
tous ceux qui ont été rassurés peuvent continuer d'être rassurés à court et
moyen terme.
Et,
sur la question des orientations pour l'établissement des zones protégées, je
m'en voudrais d'aller empiéter dans le mandat de ma collègue.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Richelieu. 30 secondes.
M. Rochon : Merci, M. le ministre. Mais je vous fais observer que votre ministère
ne s'en est pas voulu de donner un avis défavorable. Vous avez produit
un avis défavorable à la création de cette aire protégée, là.
M. Moreau :
L'avis en question, c'est ce que je vous disais tantôt, l'avis en question est
basé sur le potentiel hydroélectrique de la
rivière. La décision gouvernementale liée à la constitution d'une aire protégée
n'empêche pas le ministère de
l'Énergie de dire au ministère de l'Environnement : Regardez, il y a un
potentiel hydroélectrique. Maintenant, une
fois que vous avez cet avis-là, une fois que vous savez qu'Hydro-Québec n'a pas
de besoins à court terme, décider si
vous souhaitez en faire un avis protégé, la main droite n'ignore pas ce que
fait la main gauche, mais on demande à la main droite, si on est
droitier, d'avoir une influence sur le bâton de golf, la main gauche a un autre
effet...
M. Rochon : Mais je comprends que votre avis est qu'on ne
doit pas créer cette aire protégée, que l'avis de votre ministère...
M. Moreau : Pardon?
M. Rochon : L'avis de votre
ministère est qu'on ne doit pas créer cette aire protégée.
M. Moreau : L'avis du
ministère indique aux autorités gouvernementales que cette rivière-là a un
potentiel hydroélectrique. C'est l'expertise
que l'on demande au ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles. La
ministre de l'Environnement et du
Développement durable, elle, peut émettre au gouvernement un avis sur la
création d'une aire protégée, et,
malgré un avis contraire du gouvernement ou d'un de ses ministères ou organismes,
le gouvernement peut décider, en
Conseil des ministres, d'adopter un décret pour créer l'aire protégée. Il n'y a
pas d'incohérence là-dedans. On
dit : Regardez, si vous voulez créer une aire protégée, soyez informés
qu'il y a néanmoins un potentiel hydroélectrique. Et l'autorité, la
société d'État qui a pour mission de harnacher les rivières, de produire
l'électricité et d'assurer la production
d'hydroélectricité et sa distribution aux consommateurs au Québec dit :
Nous, là, on n'a pas d'intérêt à court terme
pour ce potentiel qui existe. Alors, nous, on dit : Le potentiel existe.
Hydro-Québec dit : Je n'en ai pas besoin. Puis vous poserez la question à
ma collègue la ministre de l'Environnement à savoir si elle veut en faire une
aire protégée une fois que l'ensemble des informations est connu du
grand public.
Le Président (M. Hardy) :
Merci, M. le ministre.
M. Moreau : Ça vous va?
M. Rochon : Tout à fait. On va
lui poser. Puis on va lui dire que vous êtes défavorables.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup. Merci beaucoup. Votre
temps est écoulé, M. le député de Richelieu.
M. Moreau : ...lui dire,
elle le sait.
M. Rochon : O.K. Ah bon!
D'accord. C'est transparent.
Le
Président (M. Hardy) : Voilà. Avant de poursuivre et passer la
parole du côté gouvernemental, j'aimerais faire une rectification concernant les remplacements pour le volet
Hydro-Québec, à savoir qu'il y a des remplacements, mais ce sont les mêmes que ceux annoncés ce matin
pour l'étude des crédits du volet Énergie et Ressources naturelles. Je
devais le signifier.
M. Moreau :
Est-ce que ça invalide tous les travaux qu'on a faits à venir jusqu'à
maintenant, M. le Président?
Le Président (M. Hardy) : Non,
du tout, du tout, du tout. Même ça les améliore.
M. Moreau :
O.K., O.K., O.K.
Le Président (M. Hardy) : Donc...
M. Moreau : Non, mais
c'est parce que je veux rassurer tout le monde.
Le Président (M. Hardy) : Oui,
oui, oui. M. le député de Chapleau, à vous à parole.
• (18 heures) •
M. Carrière :
Merci, M. le Président. Permettez-moi, à mon tour, de saluer les gens
d'Hydro-Québec. Merci d'être là pour
répondre à nos questions. Hydro-Québec qui est un joyau québécois, qui fait la
fierté de tous les Québécois. On se rappellera,
dans le passé, les fameuses annonces, on est 12 012, etc. Donc, je pense
que, les gens, à travers... sur tous les territoires du Québec,
Hydro-Québec fait un travail important et extraordinaire.
Vous avez d'ailleurs travaillé quand même de
longues heures en Outaouais au début de cette semaine, avec les pannes. Et certaines pannes existent encore en Outaouais,
et je salue les gens de l'Outaouais qui n'ont pas encore de courant.
Effectivement, Hydro-Québec est un exportateur d'énergie propre. Et je vais
faire un petit peu de pouce sur ce que mon collègue de Richelieu faisait tantôt et un
petit peu citer ce qui était dans le Journal de Montréal du 16... — je
vais mettre mes lunettes, M. le Président — du
18 avril, pardon, 2015, donc il
y a deux ans, où un nouveau candidat
ou un futur candidat de la Coalition avenir Québec, M. Chassin...
qui disait qu'on devrait privatiser Hydro-Québec comme Hydro One a fait en Ontario,
et Hydro One pensait encaisser autour
de 9 milliards de dollars. Je ne sais pas combien, si nous, on privatisait Hydro-Québec ou une partie d'Hydro-Québec... combien on en recevrait, mais sûrement pas suffisamment
pour mettre de côté tout ce que... les redevances, les dividendes, les taxes
qui sont versés au gouvernement par Hydro-Québec, qui est, bon an, mal an, autour de 4 milliards par année, je crois, qui est versé à l'État. Ce serait un peu comme un agriculteur, un producteur laitier qui vendrait sa meilleure
vache pour l'envoyer à la boucherie, mais qui se priverait du lait pour les années futures. Donc, je pense,
ce serait une très mauvaise idée. Et on voit, là, que la Coalition avenir Québec n'a pas vraiment de plan économique.
Puis, je suis allé voir, le Parti québécois, dans les années 70,
privilégiait le nucléaire. Donc, on a
vu, une chance qu'à l'époque Jean Lesage, Robert Bourassa, à travers les
années, les gouvernements du Parti
libéral ont fait en sorte que l'hydroélectricité est devenue ce qu'elle est devenue,
au Québec : un, une fierté nationale et, deux, c'est de l'énergie
verte, de l'énergie propre pour tous les Québécois, qu'on exporte.
Il y a même
le poste Outaouais, chez nous, en Outaouais, où est-ce qu'il y a une
interconnexion entre l'Ontario et le
Québec, que j'ai eu la chance de visiter lors de l'ouverture. Dans une autre
vie, lorsque j'étais préfet, on a changé le schéma d'aménagement de la MRC des Collines pour
permettre la construction de ce poste d'interconnexion entre l'Ontario et le
Québec. Et je vous dirais, et vous me
préciserez, là, les chiffres, là, si je suis dans l'erreur, mais qu'on exporte
toujours beaucoup plus qu'on importe
de l'Ontario. Et, comme le ministre le disait tantôt, on a un potentiel de
doubler, peut-être plus que ça, au
niveau de... qu'on pourrait vendre à l'Ontario. Et, quand on sait que l'Ontario
est encore beaucoup avec le nucléaire
et les énergies fossiles, je pense que c'en est, une... je pense qu'on en est
dans des opportunités pour le Québec, pour
Hydro-Québec, avec nos voisins de l'Ontario, des voisins que nous, chez nous,
en Outaouais, apprécions beaucoup, je
ne sais pas combien il y a de citoyens de l'Outaouais qui traversent de chaque
côté de la rivière pour aller travailler. Donc, ce poste Outaouais là
joue un rôle clé dans l'exportation de l'électricité vers l'Ontario.
Donc,
effectivement, là, j'ai mon collègue qui me glisse un petit mot, là, moi, je
lui en ai fait tantôt, qu'effectivement le Parti libéral du Québec, c'est des grands bâtisseurs, des grands bâtisseurs
d'eau depuis les années 60, depuis la grande Révolution tranquille.
Et c'en est encore une preuve.
Ceci étant
dit, j'aimerais, soit au ministre et/ou au P.D.G. d'Hydro-Québec, vous parler
de la gestion des crues des eaux. Et
je vous ramène encore une fois en Outaouais. L'Outaouais a été durement
touchée, l'année dernière, avec les
inondations, rappelons-nous des précipitations records en l'espace de
48 heures, des précipitations qu'on n'avait pas connues depuis 40 ans, et jumelez ça avec les
grandes quantités de neige qui ont été accumulées dans le Nord, chez mon
collègue d'Abitibi-Est et un peu partout
dans le Nord-du-Québec, qui, naturellement, transite, la fonte, vers la rivière
des Outaouais et la rivière Gatineau.
Donc, ça a fait en sorte que ça a été une conséquence parfaite, où on a eu
cette crue des eaux là qui a été tout
à fait extraordinaire. Comme je disais tantôt, là, dans un autre...
précédemment, 6 000 sinistrés au Québec, presque 1 600 en
Outaouais. Donc, ça a été un événement majeur pour les citoyens de l'Outaouais.
Il y a des évacuateurs d'eau, il y a des barrages, il y a toutes sortes
d'ouvrages d'Hydro-Québec sur les deux rivières, il y a des ouvrages d'Hydro Ontario également sur la rivière
des Outaouais, et, de coordonner tout ça, j'imagine, pour... que c'est un challenge, c'est un défi en soi, lorsqu'on a
des crues des eaux de cette importance-là. Et, dans la perception de beaucoup
de citoyens, tout le long de la rivière des
Outaouais, Hydro-Québec aurait, et je dis bien «aurait», avec un «si» majuscule,
fait défaut dans cette gestion des crues, de
cette crue des eaux là, à partir de Carillon en montant, tous les barrages, là,
qui longent le long de ces rivières-là. Donc, j'aimerais beaucoup vous
entendre à cet effet-là.
Et, l'Outaouais,
chaque fois qu'on est touché par des catastrophes, c'est des inondations, et
Hydro-Québec est un peu mêlée à ça, entre guillemets. Moi, j'ai connu la
fameuse crise du verglas, en 1998, où la municipalité où j'étais maire, Val-des-Monts, a été une des plus touchées
au Québec, la plus touchée en Outaouais. Donc, lorsqu'il y a une crise, vous êtes directement concernés puis vous
avez un travail colossal à faire auprès des gens chez nous.
Donc,
j'aimerais vous entendre, qu'est-ce qu'Hydro entend faire pour la gestion des
crues. Cette année, on voit, ça
semble bien se passer, ou vouloir bien se passer, peut-être moins
d'accumulation de neige, etc. Donc, j'aimerais vous entendre, comment, cette année, la gestion de la
crue des eaux va se faire, soit cette année, qui devrait, et on l'espère tous...
se fera de façon beaucoup plus régulière et
pas au rythme de l'année dernière, et aussi pour les années à venir. Donc,
j'aimerais vous entendre là-dessus, à cet effet-là.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau : Dites-moi
combien il nous reste de temps.
Le Président (M. Hardy) :
14 minutes.
M. Moreau : O.K. Bien,
je vais laisser M. Martel commencer la réponse sur la question de la crue
des eaux.
Le Président (M. Hardy) :
Parfait. M. Martel, à vous la parole.
M. Martel
(Éric) : M. le Président, merci. Alors, merci, M. le député, pour
votre question. Puis je suis heureux que vous me la posiez parce que
c'est une opportunité pour nous de parler de la crue des eaux.
D'abord, je
veux vous dire que, chez Hydro-Québec, c'est un métier, de gérer l'eau. On fait
ça tous les jours, hein? Souvent, on
en parle, évidemment, quand il y a des catastrophes naturelles, mais on a des
dizaines, pour ne pas dire des centaines
d'employés qui passent beaucoup de temps, que ce soient des météorologues ou
des gens qui gèrent l'eau, au Québec, de façon permanente, pour
s'assurer, justement, d'éviter ce genre de situation là.
Évidemment,
on ne peut pas se substituer à mère... à dame Nature, hein, parce que des fois
elle nous cause des surprises. Moi, je peux vous dire, j'étais au
barrage Carillon, qui est sur la rivière, dans votre région, la journée où est-ce qu'on a eu la plus grande crue de
l'histoire de ce barrage-là depuis qu'il existe, au début des années 50.
Il y avait justement une plaque à
l'entrée du barrage qui indiquait que le record, c'était de
8 600 mètres cubes à la seconde, et, la journée que j'étais là, on était à
9 600 mètres cubes, alors 1 000 de plus, c'était significatif.
C'était assez impressionnant de voir
la crue des eaux cette journée-là. On avait évidemment des employés qui
géraient cette situation-là, puis je vais revenir sur comment on gère une rivière au fil de l'eau comme ça, on avait
des centaines d'employés d'Hydro-Québec, d'ailleurs, de
Distribution, qui étaient là pour réalimenter les gens, ou même il y avait des
situations d'urgence... Moi, je me
souviens très bien, j'avais des employés en chaloupe, en canot pour aller
débrancher des maisons où des compteurs étaient complètement sous l'eau, alors il y avait des situations
extrêmement dangereuses. On a passé beaucoup, beaucoup d'heures dans la région, évidemment, dans votre
région, la Mauricie aussi était touchée par le même genre de situation,
et aussi sur la rive nord de l'île de Montréal.
Alors,
écoutez, c'est des situations qu'on essaie d'éviter, hein? Hydro-Québec, on
gère l'eau en fonction toujours, justement, de ne pas avoir d'impact sur
les citoyens. Mais là on était dans une situation qui est incontrôlable, hein? Parce que ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il y
a des barrages où on a de grands réservoirs. À ce moment-là, c'est vrai qu'on
peut fermer les vannes et on peut accumuler de l'eau pendant... des très, très
grandes quantités d'eau, là, que ce soit à la Baie James ou à la Manic, malgré qu'on est rendu pas mal à la
limite de ce qu'on peut faire parce qu'on a beaucoup, beaucoup d'eau, présentement. Mais, dans une
rivière comme celle que vous parlez, la rivière Outaouais, c'est une rivière
qu'on appelle au fil de l'eau, il n'y a pas
de réservoir, alors, si on ferme les vannes, on va inonder les gens qui sont en
amont, et, si... quand on va réouvrir les
vannes, bien là on va inonder les gens qui sont en bas. Alors, il faut être
extrêmement prudents.
Puis il faut
vraiment nous faire confiance. Nous, là, notre objectif qu'on a en tête, quand
on a ces situations-là, c'est de n'avoir de l'impact sur personne. Mais
des fois c'est impossible.
Alors, évidemment, on l'a vécu dans cette
situation-là l'an dernier. Alors, on va toujours, toujours, toujours prioriser... La priorité numéro un, c'est de ne
pas inonder personne. Mais évidemment, quand il y a trop d'eau, il y a trop
d'eau. Ça fait qu'il faut être extrêmement
prudents. Si on ferme les vannes ou qu'on les ouvre, ça peut avoir des conséquences défavorables pour les gens en amont
ou en aval. Alors, habituellement, là, on laisse passer l'eau, parce que
tout ce qui arrive doit passer quelque part.
• (18 h 10) •
Ce qu'on a fait, l'an passé, dans le cas de la
rivière Outaouais, c'est qu'on avait un réservoir très au nord qui alimente la rivière Outaouais, où est-ce qu'on a bifurqué de l'eau pour aller dans une autre rivière, O.K.,
pour réduire la pression qu'on avait
sur la rivière Outaouais, qui était déjà dans des situations
records. Et l'eau qu'on a bifurquée, elle a pris trois semaines avant de se rendre. Alors, on a réussi, d'une
certaine façon, à minimiser l'impact et à ralentir le débit d'eau, parce
que c'était phénoménal, qu'est-ce qui se passait.
Alors, ce que
je peux vous dire, c'est que la bonne nouvelle, puis là je ne veux pas jouer au
devin... c'est que cette année nos
prévisions font qu'on ne devrait pas avoir de problème en Mauricie et sur la
rivière Outaouais, on devrait avoir une
année un peu plus normale. Et on se croise les doigts. Mais évidemment, je vous
dis ça aujourd'hui, hein, c'est sûr que,
si on a des pluies diluviennes pendant plusieurs jours consécutifs, ces
prévisions-là peuvent changer. Mais évidemment, aujourd'hui, on prévoit
des situations plus normales dans le cas de ces deux rivières-là.
Je ne sais pas si ça répond à votre question, M.
le député.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Chapleau.
M. Carrière :
Merci, M. le Président. Bien, pas entièrement. Dans le fond, et on l'a vu à
l'ère des médias sociaux puis en
information instantanée, on voyait, et je suis allé voir, là, le... Puis je
vais vous donner une figure de... un cas bien particulier, et les gens ont de la difficulté à saisir ça, et même les
autorités, des fois, municipales, etc. : Le barrage de la Paugan, il était ouvert, il n'y avait aucune
goutte d'eau en amont du barrage Paugan, et, tout ce qui était en bas, donc la
ville de Gatineau et les autres
municipalités, ils étaient inondés. Alors, ils disaient : Pourquoi on n'a
pas arrêté l'eau un bout de temps, etc.?
Donc, ma
question, c'est : Comment on va... Mon autre question est : Comment
on pourra informer les citoyens, les
villes? Je sais que vous êtes venus à Gatineau, vous avez fait une
présentation, vous avez dit également que ce qui avait été fait avait été bien fait, j'en suis, et que,
si c'était à refaire, vous referiez les mêmes choses, etc. Est-ce qu'il y a un
enjeu de communication? Est-ce qu'il
y a un enjeu de... en temps réel, là, avec les citoyens? Parce que, quand les
citoyens sont dans la crise, là, un,
ils n'avaient pas accès à bien, bien de nouvelles et ils n'avaient pas bien,
bien le temps de regarder ou d'écouter
les nouvelles. Donc, comment Hydro va, à l'avenir... Et, le verglas, c'est la
même chose aussi. Ceux qui avaient de
l'électricité, ils pouvaient écouter les nouvelles puis constater le dégât dans
le Richelieu, constater le dégât en Outaouais,
mais, les gens qui étaient chez nous, en 1998, le premier 10, 12 jours,
c'est à peu près 90 % des résidences qui n'avaient pas
d'électricité, donc, eux, l'enjeu de communication est majeur.
Donc, comment,
suite à ce qu'on a vécu l'année dernière, Hydro-Québec, avec les villes, avec
la Sécurité publique, etc., on va
être en mesure de répondre en temps réel aux citoyens? Et comment on va
expliquer cette gestion des barrages là?
Le Président (M. Hardy) :
M. Martel.
M. Martel (Éric) : Si je peux
me permettre... Alors, M. le Président, merci.
Écoutez, vous
avez absolument raison, la proactivité, là-dedans, est extrêmement importante.
D'ailleurs, on vient de faire des
démarches, en mars dernier, à la mi-mars, environ, où est-ce qu'on est allés
sur le terrain, encore une fois, dans
votre région, dans la région de la Mauricie, pour justement expliquer aux gens
comment on gère la crue des eaux puis
de faire de l'éducation, parce que, vous avez absolument raison, le matin où
est-ce que ça arrive, là, les gens n'ont pas le temps d'écouter la télé. Premièrement, souvent, ils n'y ont même
pas accès. Alors, on a été aussi, je peux vous rassurer... L'an passé, on avait un défi énorme, on était
extrêmement présents sur le terrain, nos gens de relations avec le milieu,
on était dans tous les
amphithéâtres ou gymnases, où il y avait des rencontres avec les citoyens, on
essayait de donner le plus possible d'information. Mais évidemment il y
avait des informations peut-être contradictoires qui ont sorti à certains moments, il y avait des gens qui avaient
des opinions, les citoyens qui avaient des opinions, ça fait qu'on s'assurait
rapidement d'intervenir pour s'assurer...
M. Carrière : Ils en ont encore.
M. Martel (Éric) : ...et ils en
ont encore, mais on s'assurait d'intervenir sur la façon qu'on le fait.
Écoutez, je vous le disais tantôt, je veux vous
rassurer, là, les gens chez nous sont très professionnels, on n'a absolument aucun intérêt à faire autrement que de
minimiser l'impact que ça peut avoir sur les citoyens. Alors, je peux vous rassurer qu'on a mis, l'année passée... on a
même... en tout cas, il ne faut peut-être pas s'en vanter, mais on a même
gagné un prix de communication sur la gestion
de crise l'an passé, au Québec, comme étant la crise qui a été le mieux gérée. Mais ça a été un défi, et ce n'est jamais
parfait. Je peux vous dire qu'on s'est remis en question, après ça, quand
le... disons, que le feu était éteint, là.
Dans ce cas-là, c'était quand les eaux... les choses étaient revenues à la
normale. On s'est assis en équipe puis on s'est dit : Qu'est-ce qu'on
aurait pu faire de différent au niveau des communications? Ça fait que, malgré qu'on avait gagné un prix, on
s'est dit : C'est sûr qu'on peut faire mieux. Et d'ailleurs c'est ça qui a
donné suite, entre autres, à notre
proactivité, à aller faire le tour des régions, dernièrement, pour, justement,
informer les citoyens.
Les
prévisions, aussi, c'est extrêmement important, hein? Évidemment, j'ai des
météorologues, chez nous, à long terme,
qui regardent, hein, puis c'est sûr que ce n'est pas une science parfaite, vous
le savez, vous écoutez la météo tous les jours, mais aussi on évalue les
quantités d'eau qu'on va avoir en saison normale, hein? Puis la bonne nouvelle,
c'est que, d'une année à l'autre, les
choses sont à peu près, sur les 360 jours... se répètent, mais il y a des
situations particulières. Cette
année, entre autres, une des choses qui est dans notre équation, c'est la très,
très grande quantité de neige que nous avons
eue dans le Nord, dans la région de la Baie-James, dans le Nord de la
Manicouagan. Entre autres, on fait toujours
du carottage, qu'on appelle : on a à
peu près entre 125 % et 150 % plus de neige que ce qu'on a dans une
année normale. Alors, évidemment, cette neige-là va devenir de l'eau. Et
d'ailleurs on a un plan, on est en train de travailler avec les communautés dans le Nord, présentement, parce qu'on va devoir, et ça, c'est un peu un
sacrilège pour Hydro-Québec... on va devoir déverser de l'eau, hein,
parce qu'habituellement nous, on aime ça turbiner l'eau puis la transformer en électricité, mais on a tellement de capacité — je vous ai parlé des surplus, tantôt, qu'on
avait — que
présentement on se prépare à déverser, à cause, justement, des grandes
quantités de neige et...
Alors, c'est
pour ça, je reviens à ce que je vous disais un peu plus tôt de notre priorité
d'avoir des lignes de transport pour
pouvoir exporter davantage. L'eau, on l'a, on a les barrages, alors,
maintenant, l'heure est à l'exportation. Mais c'est une chose qu'on doit gérer
puis qu'on regarde longtemps d'avance pour éviter ce genre de situation là,
évidemment, causée par nous. Mais
évidemment, dame Nature, on ne la contrôle pas, ça fait que, des fois, il faut
faire avec la situation. Et on essaie de minimiser l'impact, encore une
fois, sur les citoyens.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Chapleau.
M. Carrière :
Merci, M. le Président. Et comment vous vous arrimez ou vous intégrez dans les
différents schémas d'urgence, les plans de mesures d'urgence, pardon, de
chacune des régions, des MRC, des villes, lorsque... avant que survienne ce genre d'événement là et suite aux
événements qui se sont passé l'an dernier? C'est quoi, les contacts avec les villes? C'est quoi, les... Comment vous... de façon continue Hydro
va être un... je vais utiliser le mot «partenaire», là, mais
effectivement, oui, partenaire dans ces plans de mesures d'urgence là?
M. Martel (Éric) : Alors, l'an
dernier...
Le Président (M. Hardy) :
M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Premièrement — merci, M. le Président — nous créons d'abord, à Hydro-Québec, une
cellule de crise. On a un endroit qui
est dédié à ça, on a des gens 24 heures sur 24, sept jours par semaine,
qui sont là pendant ce genre de
situation là. Alors, on a tout un protocole qui est déployé. Et, dépendamment...
Des fois, les crises peuvent être gérées régionalement, mais celle de
l'an passé était tellement d'envergure qu'elle était gérée à partir du siège
social d'Hydro-Québec à Montréal, évidemment
avec une grande implication des régions, mais les régions étaient sur le
terrain puis elles avaient des défis énormes.
Mais aussi,
une fois cela dit, on est à la table aussi avec la Sécurité publique du Québec.
Alors, on était à tous les jours...
plusieurs rencontres à tous les jours. Et nous avons mis aussi nos... Exemple,
nos météorologues étaient à contribution pour donner le plus possible l'heure juste au ministère de la Sécurité
publique, pour dire : Voici ce qui se passe, voici ce que nous prévoyons,
parce que, là, on était dans le moment où est-ce qu'une pluie qui tombait dans
la rivière versus une pluie qui ne
tombait pas dans la rivière, ça faisait toute la différence, hein, étant donné
qu'on essayait d'abaisser les niveaux
d'eau. Alors, dans ce genre de situation d'urgence là, je pense qu'on a fait
plus de 200 entrevues à la télé pour, justement, informer... 150, excusez-moi, 150 entrevues pour expliquer
aux gens qu'est-ce qui se passait, pourquoi on le faisait de telle
façon.
Au début, je
me souviens, ça a démarré un peu sur les chapeaux de roues parce que les gens,
justement, disaient : Bien, ça
n'a pas d'allure, ils devraient ouvrir les vannes, ils devraient faire ci, faire
ça, mais à la fin je pense qu'on avait fait assez d'information que la majorité des gens
comprenait exactement ce qu'on faisait puis c'était quoi, notre rôle. Alors,
ça a changé beaucoup la dynamique des
communications. Mais c'est un très grand défi. Puis c'est sûr qu'Hydro-Québec,
à cause de la taille, à cause de l'expertise
aussi qu'on a à gérer l'eau, on a eu un rôle très actif, l'an passé, dans la
gestion de cette crise-là auprès de
la Sécurité publique, auprès des médias, comme je vous dis, plus de 150
entrevues qu'on a faites, plus, après
ça, à tous les jours plusieurs rencontres avec le ministère de la Sécurité
publique. On était sur le terrain, j'étais moi-même sur le terrain. On
n'a rien ménagé pour, évidemment, minimiser l'impact de cette situation-là.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Chapleau.
M. Carrière : Combien de temps
me reste-t-il?
Le Président (M. Hardy) : Deux
minutes.
M. Carrière :
Deux minutes. Bien là, vous me parlez du passé, c'est parfait. Moi, ma question
était : À partir de ce
moment-là, maintenant, là, dans l'avenir, comment, avec les... pour les plans
de mesures d'urgence, là, qui sont faits par chacune des villes ou des MRC... Qu'est-ce qui a changé ou qu'est-ce
que vous faites? Comment Hydro-Québec est à la table ou vous avez
échangé des façons de faire avec le ministère ou avec les... en région?
Le Président (M. Hardy) :
M. Martel.
• (18 h 20) •
M. Martel
(Éric) : Il y a eu, évidemment, un post-mortem, après tout ça, là, qui
a été fait à l'intérieur, chez nous, puis
on a travaillé, on communique aussi souvent beaucoup avec les municipalités.
Alors, je pense qu'une des choses qu'on veut faire dans le futur aussi,
c'est de s'assurer que les ponts avec les municipalités, avec les maires...
Moi, je me souviens, j'étais sur le
téléphone avec les maires, là, dans les 24, 48 premières heures, dans
votre région, d'ailleurs, et dans la Mauricie. Alors, on s'est aperçu
qu'une des choses qui devait être améliorée, pour le futur, c'était peut-être
le canal de communication, qu'il soit
immédiatement établi entre Hydro-Québec et les élus municipaux, ça, c'est
important, parce que c'étaient eux qui étaient sur le terrain à gérer beaucoup
la crise, avec votre support, évidemment.
Alors, ça, on pensait qu'il y avait possibilité d'améliorer ça, alors on a regardé... On a des
gens, on a un groupe, chez nous, qui s'appelle RAM, relations avec le milieu.
C'est des gens qui sont dédiés, dans toutes les régions du Québec, qui connaissent habituellement bien, tu sais,
le secteur, ils sont sur le terrain, ils connaissent bien, souvent, les députés,
souvent, les maires des localités, pour, justement, harmoniser ça.
Alors, on avait peut-être des choses qu'on a
dit : On aurait pu être un peu plus efficaces, surtout, je dirais, les 48, 72 premières heures. Après ça, ça s'est
établi, ça a assez bien été, mais je
pense qu'il y avait moyen de faire
mieux au début.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Chapleau. 30 secondes.
M. Carrière : 30 secondes, bien, pour, un, remercier — effectivement, c'est des situations de crise — remercier
et féliciter tous ceux qui ont travaillé
d'arrache-pied, que ce soient les
villes, Hydro-Québec, les différents ministères, pour ces inondations-là. Je pense que ça a été un drame humain pour bien
des gens, et certains le vivent encore. Donc, merci. Et, oui, plus les
gens sont informés, mieux ce sera. Merci.
Le Président (M. Hardy) : Merci
beaucoup.
Donc, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30. Bon souper.
(Suspension de la séance à 18 h 21)
(Reprise à 19 h 32)
Le Président (M. Hardy) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre nos travaux.
La commission
est réunie afin de poursuivre l'étude du volet Hydro-Québec du portefeuille
Énergie et Ressources naturelles pour
l'exercice financier 2018‑2019. Je demanderais à toutes les personnes dans la
salle d'éteindre la sonnerie de leurs appareils téléphoniques.
Puisque
nous avons débuté nos travaux à 19 h 32 et qu'une période de trois
heures doit être consacrée à l'étude de ces crédits ce soir, y a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux au-delà
de l'heure prévue, soit 22 h 32? Consentement? Parfait.
Une voix : ...
Le
Président (M. Hardy) :
22 h 32. Il n'y a pas de remplacements, à part ça, ça ne marche
pas, là? Bon. O.K.
Nous sommes maintenant à reconnaître le...
Une voix : ...
Le Président
(M. Hardy) : Il faut qu'il rentre plus de bonne heure? Excusez.
Nous sommes maintenant
rendus à reconnaître le deuxième
groupe d'opposition pour le prochain bloc d'échange, pour une période de
20 min 30 s. La parole est donc à vous, Mme la députée de
Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy :
Merci, M. le Président. Je veux vous rassurer que je vais faire mon travail de
parlementaire, je ne vais pas faire
de «fake news», je vais poser des questions à la haute direction
d'Hydro-Québec, par respect, parce qu'ils sont venus de Montréal
jusqu'ici pour répondre à nos questions.
Alors, je
veux vous parler d'un dossier qu'on entend souvent parler dans les médias,
c'est le «blockchain». On sait, on
connaît votre position, M. Martel, puisque vous l'avez souvent mentionnée
dans les médias, on sait que peut-être le ministre est un peu plus
frileux à cette technologie-là. Vous avez donné une entrevue avec M. Carl
Lecavalier, le 9 janvier dernier, et
puis vous disiez vouloir faire tout «pour attirer au Québec des entreprises
énergivores». Vous avez donné comme
exemple les géants du Web comme Facebook, Microsoft. Vous vous êtes fixé un
objectif de vendre 6 TWh aux
centres de données en quatre ans, et, avec l'arrivée des mineurs en
cryptomonnaie, vous estimez qu'un autre 5 TWh pourrait s'ajouter. Mais le ministre de l'Énergie
et des Ressources naturelles ne semble pas de votre avis. Il voit plutôt
une contradiction, en fait, entre ces entreprises et la politique énergétique,
qui promulgue l'économie d'énergie.
Alors,
j'aimerais vous entendre, M. Martel. Évidemment, on comprend que vous
n'avez nécessairement pas la vision que le ministre, mais est-ce que le
gouvernement vous empêche de développer ce secteur-là?
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Oui. Merci, M. le Président. Alors,
je ne sais pas si on a la même vision. On porte tous les deux des
verres, mais j'ai l'impression que M. Martel c'est pour voir de loin; moi,
c'est pour la lecture, encore.
Mais, sur la question des «blockchains», de
façon plus sérieuse, d'abord, je veux remercier la députée de Saint-Hyacinthe de poser la question, ça nous
permet, l'étude des crédits, d'approfondir ces questions-là. Je ne suis pas
frileux à l'égard de cette technologie-là,
mais ce que... la position du gouvernement est la suivante, c'est de
dire : Ce sont des consommateurs
d'énergie qui sont atypiques, parce qu'en termes d'importance, comme
consommateurs, lorsqu'on les compare,
on les compare à des entreprises qui traditionnellement, au Québec, sont
d'énormes créateurs d'emplois, ce qui n'est pas nécessairement le cas de
tout ce qui bouge dans le cadre des «blockchains».
Alors, l'idée
n'est pas... Je pense qu'il y avait un éditorial récent, de Mme Krol, dans
La Presse, qui, je pense, résume assez bien la position que nous
avons à cet égard-là, c'est-à-dire il ne faut pas se priver de cette nouvelle technologie là, d'une part, mais, d'autre part, il
faut avoir une approche prudente, qui tient compte du caractère très atypique
de ce type de consommation là. Et il ne
faudrait pas non plus placer Hydro-Québec dans une situation où, dans les
petites périodes de pointe
hivernales, elle soit en déficit dans sa capacité de rencontrer les demandes
énergétiques des Québécois. Alors, il
y a une approche qui doit être coordonnée. C'est-à-dire, oui, il y a un
potentiel de développement économique lié à ce type d'entreprise là, mais leur caractère énergivore fait en sorte
que cette activité-là doit faire l'objet d'un encadrement particulier.
On a déjà commencé des discussions avec
Hydro-Québec, qui sont d'ailleurs très avancées, et, dès qu'il sera possible, après la période d'étude des crédits
budgétaires, le gouvernement va indiquer quelles sont les mesures qu'il entend
prendre. Si c'est possible de le faire
avant, on va le faire également plus tôt. Mais l'idée n'est pas de fermer la
porte, sauf que l'idée est d'encadrer ce type d'activité là pour tenir
compte du caractère très atypique de consommation.
Maintenant,
sur le type de vision que nous avons, le gouvernement étant l'actionnaire
unique d'Hydro-Québec... Hydro-Québec
est une société d'État, qui a un niveau d'indépendance, sauf qu'il est clair
que, comme gouvernement, on est en
étroite discussion avec Hydro-Québec sur ce type d'entreprise là, qui, je le
répète, a un caractère extrêmement atypique en termes de consommation
d'énergie.
M. Martel, si vous voulez ajouter.
Mme Soucy :
En fait, comme vous avez pas mal répondu, je voulais juste savoir... En fait,
M. Martel pourrait me préciser
une chose : Combien de demandes d'approvisionnement formelles Hydro-Québec
a reçues dans le secteur des «blockchains»?
Le Président (M. Hardy) :
M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Ça me fait plaisir de répondre à votre question, M. le
Président, si vous me permettez, et ça va un peu expliquer aussi la situation,
Mme la députée, parce que, ce qu'il est important de comprendre, comme le
ministre l'a dit, c'est très atypique, ce qu'on a eu, présentement.
Vous savez,
Hydro-Québec, on a construit, dans les, quoi, 60, 75 dernières années, si ce
n'est pas les 100 dernières années,
environ 37 000 MW de capacité. Et on a accès, évidemment, à la
centrale de Churchill Falls, qui nous amène environ à 42 000, donc,
42 000. Les demandes qu'on a eues aujourd'hui pour le «blockchain», à
cause du bas prix, que notre électricité est
la plus basse, la moins chère en Amérique du Nord et même de la Communauté
européenne, si on se compare à tout le monde, il y a un engouement pour le
Québec, évidemment. Ça fait que, là, il faut... Puis je suis d'accord que ça peut être... les gens dans la population
peuvent essayer de comprendre, dire : Bien, ils ont de l'énergie de plus,
mais ils veulent ralentir ça. Alors,
c'est important de l'expliquer, il y a une différence entre l'énergie et la
puissance. Et on a beaucoup d'énergie disponible, mais les demandes, pour
répondre à votre question, justement, on en a eu pour presque
14 000... entre 14 000 et 15 000 MW. Alors, ça, ça veut
dire, là, que c'est presque le tiers, O.K., de tout ce qu'on a construit dans les
100 dernières années au Québec. Je ne peux pas, moi, m'engager puis
dire : Je vais construire, puis on va tout brancher ce monde-là
dans les trois prochains mois. C'est impossible, ce serait irresponsable de ma
part.
Et alors,
nous, Hydro-Québec, notre métier, la première chose, c'est de s'assurer un
approvisionnement sécuritaire pour
les Québécois, qui chauffent leurs maisons à l'électricité pour la majorité
d'entre eux. Alors, ça, c'est la première chose.
On n'est pas contre, hein, c'est une industrie
qui apporte, hein... C'est de la mathématique, le «blockchain». Il y a choses extrêmement intéressantes, des
algorithmes extrêmement intéressants qui permettent d'innover dans cette
technologie-là sur certaines pratiques qu'on pense qui sont intéressantes. Mais
en même temps le Québec ne peut pas héberger
la planète au complet parce que tout le monde veut venir ici. Mais on est
capables de dire : On veut faire de l'espace parce qu'on a de l'énergie à vendre. Mais il faut
limiter la puissance, hein, puis c'est ça qu'on est en train de discuter avec
le ministère, essayer d'avoir un mécanisme où est-ce qu'on pourrait continuer
d'attirer des gens à venir ici s'installer, utiliser
l'énergie qu'on a en surplus sans mettre à risque, évidemment,
l'approvisionnement des Québécois en limitant la puissance et la
demande.
• (19 h 40) •
Le Président (M. Hardy) : Mme
la députée de Saint-Hyacinthe.
M. Moreau :
Alors, simplement pour conclure,
donc, il n'y a pas de contradiction, on a la même approche, mais
on dit : Il faut avoir une approche qui tient compte du type tout à fait
particulier de cette technologie.
Mme Soucy : Bien, en fait, quand on lit les médias mais quand
on entend aussi certaines déclarations, que, bon, l'objectif de M. Martel
était quand même, en quatre ans, d'aller chercher plusieurs mégawatts et puis...
c'est-à-dire 5 TWh, également, dans le «blockchain», c'est quand même
énorme.
Puis vous
dites : Bien, oui, il faudrait
les encadrer, mais il y a une chose qui me vient à l'idée. Est-ce que vous
savez c'est combien, la consommation mondiale, dans ce domaine-là, dans ce secteur-là?
Le Président (M. Hardy) :
M. Martel.
M. Moreau :
M. Martel. Amusez-vous.
M. Martel (Éric) : Je peux
répondre... Je n'ai pas cette donnée-là avec moi, mais il y a des articles qui
sont disponibles, qui ont été publiés en
janvier dernier, sur Bloomberg, qui dit que, si toute l'industrie fait ce
qu'elle a dit qu'elle allait faire, là, on aurait besoin de probablement
être capable de produire la même quantité d'électricité qu'on produit aujourd'hui sur toute la planète pour juste
répondre aux besoins de cette industrie-là. Alors, il faut faire attention.
C'est pour ça que c'est très atypique comme demande, il faut faire
attention.
Alors, nous, on est prêts, au Québec, à héberger
une partie, hein? Puis il y a beaucoup de Québécois aussi qui souhaitent en
faire, il y a des espaces de disponibles. Alors, nous ne voulons pas freiner...
Puis vous avez absolument raison, on a de
l'énergie à vendre, alors on veut essayer de profiter au maximum de ça. Mais,
encore une fois, la priorité, c'est
de s'assurer qu'on ne met pas, hein, l'approvisionnement à risque. Et c'est ça
qui est notre rôle principal dans tout ça.
Mme Soucy : Mais...
M. Moreau :
Et, comme gouvernement — je vais compléter — et, comme gouvernement, on ne veut pas que
l'avantage des tarifs très bas d'énergie
ici, au Québec, devienne un désavantage où ceux qui sont mis à la porte
ailleurs viennent s'approvisionner
ici, d'autant que toutes les entreprises dans ce domaine-là n'ont pas la même
qualité. Et on a des données sur la relation entre le nombre d'emplois
et... L'analyse économique des installations de minage d'actifs cryptographiques de KPMG nous indique qu'en
général il y a environ 0,4 à 2,3 emplois par mégawattheure, selon le type
d'installation, qui sont produits par ce type d'entreprise là.
Mme Soucy : ...vous pourriez
déposer le document que...
M. Moreau : Ça, c'est
des notes, mais, l'analyse économique de KPMG, on peut le faire, oui.
Mme Soucy :
Merci. En fait, je voulais revenir... Tantôt, c'était l'agence Bloomberg qui
rapportait que le secteur de la
cryptomanie consommait mondialement 140 TWh, mondialement. Une chose qui
est importante, puis vous l'avez dit,
M. le ministre, c'est qu'il ne faut pas tous les mettre dans le même panier.
Puis le moratoire que vous avez mis... Bien, en fait, oui, je pourrais
appeler ça un moratoire. Même si ce n'est pas formel, c'est quand même ça.
Vous savez, je suis allée visiter une entreprise
à Saint-Hyacinthe qui s'appelle Bitfarms, c'est une compagnie publique, elle est en processus d'être accréditée
au TSX, elle est dans le domaine de chaîne de blocs, qui a déjà investi ici
50 millions en infrastructures, au Québec, dont à Saint-Hyacinthe. Elle
crée actuellement 90 emplois. Elle a déjà des engagements, d'ailleurs, avec Hydro-Québec, elle
est sur un tarif LG plus. Elle fait du délestage. Puis ça, c'est important.
Il y a des mesures à prendre,
qu'Hydro-Québec pourrait prendre pour justement éviter que, pendant les pics,
il y ait une trop grande consommation. Il y a des bons citoyens
corporatifs également dans ce domaine-là.
Puis
je trouve ça de valeur que cette compagnie-là, en fait, soit freinée par...
Eux, ils percevaient... ils avaient la même interprétation que moi en
voyant les déclarations du ministre et les déclarations de M. Martel, ce
qui a créé de l'incertitude, ça fait
qu'évidemment ils ont mis un frein à leur projet à Sherbrooke à cause de ça.
Donc, ils vont priver la ville de Sherbrooke d'un investissement de 250 millions,
200 emplois permanents, et va priver Hydro-Sherbrooke d'un revenu annuel de 40 millions. Pourquoi? Bien,
la compagnie n'avait pas prévu, dans son «business case», une augmentation
des tarifs d'Hydro. Et justement vous aviez mentionné
que vous étiez à revoir puis qu'il allait probablement... vous alliez
probablement revoir les tarifs à la hausse, ce que je trouve dommage parce que
justement ça vient encore créer une certaine
incertitude dans ce domaine-là. Puis il ne faut pas tous les mettre dans le
même panier. Cette business-là a un objectif
de créer un écosystème dédié à la technologie du «blockchain», puis on ne parle
pas juste de bitcoins, mais on parle de plein d'autres applications qui
pourraient s'y ajouter.
Donc, je pense que ce
serait une bonne idée de donner, en fait, à Hydro-Québec le pouvoir de
discriminer les entreprises comme un peu
vous... bien, comme un peu ça se fait dans certaines entreprises avec le nombre
d'emplois, avec le sérieux. Quand on
parle d'une compagnie comme ça qui a des infrastructures fixes, on ne parle pas
d'une compagnie qui vient ici, qui a
ses serveurs dans un container puis qui peut partir en tout temps. Ça fait que
ce serait bien de rassurer, en fait,
ces investisseurs-là pour ne pas qu'ils... Parce qu'il y a d'autres endroits,
hein, il n'y a pas juste le Québec, il y a d'autres endroits qu'ils
pourraient aller s'installer. Ça fait que je pense que ce serait important de
les rassurer.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Moreau : Oui. Merci, M. le Président. Dans le préambule de votre
question, je vous dis honnêtement, si je résume le préambule de votre question, on est d'accord. Vous avez dit à
la toute fin de votre intervention qu'il y en a qui peuvent partir dans
un container la nuit. Ce type d'installation là demande, en termes de
branchement, des coûts très importants en
termes d'infrastructures pour Hydro-Québec, d'une part. D'autre part, vous nous
suggérez de ne pas toutes les mettre
dans le même panier, on est aussi d'accord avec vous, et c'est la raison pour
laquelle ce que l'on souhaite, c'est faire
en sorte qu'on mette en place un encadrement qui va attirer les meilleurs et
non pas ceux qui ont un container prêt à partir la nuit. Alors, ça, ça suppose
une réflexion. C'est à cette réflexion-là que nous avons conviée Hydro-Québec.
Et on travaille en très étroite collaboration, Hydro-Québec, la société d'État
et le ministère, pour justement mettre en place cet encadrement-là.
Alors,
dans toutes les déclarations... Vous parlez de Bitfarms. Ma collègue, Mme la
vice-première ministre, est allée
visiter l'entreprise, mon directeur de cabinet a rencontré les représentants de
l'entreprise, on est très au fait que ce sont de bons citoyens corporatifs. Puis ça, honnêtement, je n'ai rien
contre Bitfarms. Ce qu'on veut, essentiellement, c'est que la politique qui soit mise en place soit une
politique qui fasse en sorte... ou un mécanisme qui fasse en sorte qu'on
puisse attirer les meilleurs, d'une part,
et, d'autre part, par équité, parce qu'Hydro-Québec est gestionnaire du
potentiel hydroélectrique de tous les
Québécois, que les Québécois puissent retirer de ce type d'entreprise là des
revenus qui sont à la hauteur des services qui seront fournis par leur
société d'État.
Essentiellement,
c'est ça. Alors, il n'y a pas lieu d'inquiéter les meilleurs. Il y a lieu,
cependant, de dire à ceux qui sont
ici pour faire un profit rapide sans vouloir assurer une stabilité et sans
vouloir... et ne tirer profit que de nos tarifs qui sont bas que ce
n'est pas le bon endroit pour investir.
Le Président
(M. Hardy) : Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy :
Donc, si je comprends bien, vous allez donner tout le pouvoir à Hydro-Québec de
discriminer l'entreprise exclusivement dans ce secteur-là pour que, par exemple...
moduler les tarifs en fonction des retombées économiques.
Parce qu'on ne peut pas... Bien, juste me laisser finir. L'entreprise fait du
délestage, donc ça ne change rien pour
Hydro-Québec dans son besoin de puissance dans les moments de «peak». Et, en
tant que gouvernement, je pense que
vous devez cesser de créer cette incertitude-là, qui arrive dans plusieurs
secteurs, même si... Vous, vous riez, mais, en fait, ce n'est pas ma perception, là, c'est la perception des
entrepreneurs, qui me le disent. Donc, la seule chose, c'est, bien, je
pense, de donner une directive claire et puis donner un tarif qui est
raisonnable et stable pour...
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Moreau :
L'avantage que vous me donnez, justement, en posant cette question-là, c'est
que tous ces entrepreneurs qui nous
écoutent, ils vont pouvoir, au-delà de la perception qu'ils ont, entendre
véritablement quelle est la position du gouvernement. Or, je le répète,
la position du gouvernement est de prendre en considération qu'il s'agit d'un
type de consommation qui est atypique, que
dans ce type d'entreprise là il y a les bons et les moins bons, que nous
souhaitons attirer les bons, avoir un encadrement qui tienne compte de
la spécificité de ce secteur-là.
Vous
parlez du délestement. C'est une modalité de fourniture de service,
essentiellement. Ça fait partie de ce que l'on regarde comme modalités d'encadrement, mais il n'y a pas que ça. Et
il faut que les Québécois puissent trouver leur compte et un enrichissement à l'égard de ce type d'entreprise là
également, compte tenu du faible taux d'emplois créés par les
entreprises.
Alors,
encore une fois, l'idée, ce n'est pas de donner tous les pouvoirs à
Hydro-Québec pour telle ou telle raison, c'est de donner à Hydro-Québec un cadre de référence à l'intérieur
duquel ils vont pouvoir gérer la demande d'énergie. Et ils sont très bien placés pour le faire. Et
c'est pour ça qu'on travaille en étroite collaboration avec eux, pour gérer ce type d'énergie vers ces
clients qui sont de caractéristiques très atypiques en termes de consommation.
• (19 h 50) •
Mme Soucy :
Parfait. Merci.
Le Président (M. Hardy) : Mme la
députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy :
Vous savez qu'on n'a pas beaucoup de temps, alors je vais me dépêcher à vous poser
les autres questions. Dans les
prévisions de revenus des prochaines années, pour le dividende à recevoir, dans
le budget 2016‑2017, vous
aviez prévu 2,6 milliards, vous
avez révisé à 2,4 milliards. Et on y va pour 2017‑2018, 2018‑2019 et 2019‑2020,
donc, on voit que la tendance est nettement une tendance à la baisse. Pourquoi,
premièrement, que cette tendance-là est à la baisse? Je poserais peut-être la
question à M. Martel. Pourquoi?
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau : Au niveau
des dividendes exigés d'Hydro-Québec, bien, je pense, la question s'adresse
plus au gouvernement qu'à M. Martel. M. Martel, il...
Mme Soucy : ...s'il fait plus
de profits, il va plus vous en verser.
M. Moreau : Oui... Non, non, bien, pas nécessairement.
Ça dépend de la directive qui est donnée par le ministère des Finances à chaque année, parce que vous savez que le
dividende est fixé par le gouvernement à partir d'une décision du ministère des
Finances. Alors, on va y aller année par année.
Pour la question de la prévisibilité des
revenus, M. Martel peut certainement répondre à la question.
Le Président (M. Hardy) :
M. Martel.
Mme Soucy :
En fait, oui, si vous voulez une question plus précise, peut-être juste me
répondre sur : Est-ce que vous
allez être capables, en fait, de changer cette tendance-là, là, pour 2018‑2019,
pour faire mieux, en fait, que 2 075 000 $?
Une voix : ...
M. Martel (Éric) : Oui. Alors,
si vous...
Mme Soucy : Oui, mais c'est à
la baisse. Il faut voir cette tendance-là qui est à la baisse.
M. Martel
(Éric) : Oui. Alors, si vous
me permettez, M. le Président, votre question, en fait, si je vous retourne à il y a
trois ans, presque trois ans, maintenant, que je suis en poste, à mon arrivée j'ai
mentionné même publiquement puis même dans différentes commissions auxquelles j'ai eu la chance de
participer qu'il y avait une pression énorme sur la profitabilité d'Hydro-Québec dans les prochaines
années. C'est pour ça qu'on a mis en place le plan stratégique qu'on a
en place, avec un objectif de croissance.
Évidemment,
hein, c'est des choses qu'on ne fait pas arriver en un an, deux ans. On a
réussi à faire un très, très bon
résultat, l'an dernier, qui était même... qui a surpassé les prévisions qu'on
avait eues au niveau du gouvernement. Alors,
ça a aidé, évidemment, la situation du gouvernement dans son entier, parce
qu'on avait quelques centaines de millions de dollars de plus.
Mais ce qu'il
est important de dire, c'est qu'on a mis en place un plan justement pour
croître nos revenus, pour améliorer notre profitabilité. Je vous le
disais tantôt, on n'a pas de croissance depuis 10 ans, alors ça met
beaucoup, beaucoup de pression sur l'ensemble de nos résultats. Et ce qu'il est
important de dire, c'est que, notre plan, il y a trois axes de croissance. On a parlé de l'exportation, on en a parlé un
peu plus tôt, comment important c'était, parce que c'est une source de revenus importante et très
profitable. C'est pour ça, donc, qu'on parle des projets qu'on a discutés
puis que vous entendez parler dans les
médias. Ensuite de ça, on a parlé qu'on voulait regarder aussi à
l'international, parce
qu'Hydro-Québec a une expertise qui est extrêmement bien reconnue en dehors de
nos frontières, on est vus souvent comme
une référence dans le milieu dans lequel on oeuvre, alors on a la chance de
peut-être faire l'acquisition d'actifs à l'extérieur puis d'améliorer la
profitabilité d'Hydro-Québec. Et le troisième axe, qui est intéressant aussi,
c'est de commercialiser certaines
innovations technologiques qu'on a. Alors, je donne à titre d'exemple, hein, tu
sais... On a une filiale qui
s'appelle TM4 — bonjour — on a une filiale qui s'appelle TM4,
aujourd'hui, qui fait à peu près 60 millions de dollars de revenus par année, mais, quand toute
l'électrification des transports que nous prévoyons va arriver, en 2030,
on pourrait voir cette compagnie-là grossir
de façon impressionnante. D'ailleurs, on a une coentreprise en Chine avec
qui... qui a beaucoup de succès,
présentement, avec des millions d'heures cumulées. Alors, c'est ça, la
stratégie de croissance des revenus d'Hydro-Québec.
Alors,
c'est clair que, dans les deux, trois prochaines années, ça met énormément de
pression, parce que ces projets-là vont
arriver à plus long terme, mais on travaille extrêmement fort, on s'assure que
nos charges d'opération restent stables pour faire des profits au
maximum.
Le
Président (M. Hardy) :
Merci beaucoup. Votre temps est écoulé, Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Maintenant, je passe la parole du côté gouvernemental. M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Bourgeois :
Merci, M. le Président. Comme la députée de Saint-Hyacinthe nous parlait
beaucoup de choix qui sont orientés
stratégiquement, suggère qu'on soit plus agressifs sur une stratégie qui
tiendrait en compte le potentiel qu'offre
le bitcoin, entre autres, il y a déjà un bout de temps, il y a une décision qui
a été prise, qui était, elle, plutôt vers l'exportation. Et récemment, dans la dernière année, disons que ça a
bougé passablement, sur les opportunités d'exportation. Évidemment, les surplus
énergétiques rendent la chose encore plus intéressante puisqu'on a la possibilité
de faire des appels d'offres avec un intérêt encore plus attentif à la
fois de notre part et de la part des clients potentiels.
D'ailleurs, vous avez participé récemment à des
appels d'offres fort importants, les plus importants, à ma connaissance, qu'Hydro-Québec n'a jamais
participé, et qui ont, on va dire, vécu certains aléas, et ce qui est normal,
hein, dans des processus, quand on parle d'une taille aussi importante, avec des enjeux de
distribution, d'amener la... dans le
fond, d'être capable de faire la transmission de cette énergie-là vers les
lieux choisis. Ça amène des enjeux, avec des solutions
technologiques qui peuvent différer à
la fois... dépendamment des États, dépendamment des partenaires d'affaires,
dépendamment également de la capacité à répondre à ces appels-là.
Ce que je
constate, dans ce que j'ai vu, actuellement, dans le processus, c'est
qu'Hydro-Québec a été, je dirais, très fortement souhaitée comme
partenaire. Il y avait plusieurs joueurs qui pouvaient soumissionner sur ces
appels d'offres là. Évidemment, ce qu'on recherchait, c'est un fournisseur qui
pouvait offrir de l'énergie verte, de l'énergie renouvelable de façon importante, fiable, avec des compétences
techniques, et d'être capable de transporter cette énergie-là sur de longues distances. Encore une fois, le
savoir-faire québécois a été reconnu. Je pense qu'actuellement, quand on
regarde les résultats de ces appels d'offres
là, malgré les enjeux qui s'y dressent, malgré la réponse de certains États par
rapport à où est-ce qu'on va passer la
ligne, ce qui demeure, c'est toujours la volonté de faire affaire avec
Hydro-Québec et de mettre à
contribution le savoir-faire d'Hydro-Québec pour solutionner ces
problématiques-là qu'il y a, et ça, on respecte ça, de la part des populations qui vont accueillir ces projets-là. Il y
a un enjeu d'acceptabilité des projets qui sont déposés, avec des
partenaires d'affaires avec lesquels vous avez négocié.
Je ne vous
demanderai pas le détail des ententes, mais ce que je sais pertinemment, c'est
que ces ententes-là vont faire une
différence sur la suite des choses par rapport à la gestion et le potentiel au
niveau de l'exportation, au niveau énergétique,
pour le Québec. Cette reconnaissance-là de la capacité à pouvoir répondre de
façon efficace avec de l'énergie verte,
avec un mixte d'énergies vertes, à la fois de l'hydroélectricité et de
l'éolien, parce qu'il est possible de coupler ces deux énergies de façon très efficace, et donc de
correspondre à des appels d'offres d'États qui peuvent être plus difficiles
que certains autres clients, ça, de ce côté-là, il faut qu'on soit capables non
seulement de le valider, de le démontrer clairement
à l'ensemble des acteurs nord-américains. Pour avoir eu la chance d'échanger
avec plusieurs collègues américains,
au cours du mandat, toujours on me revenait avec à la fois la chance que le
Québec avait de pouvoir compter sur
non seulement cette capacité... Qui avait été un choix qui a été fait à
l'époque, comme le rappelait mon collègue cet après-midi, plutôt que d'aller dans le nucléaire, d'avoir choisi
l'hydroélectricité pour se démarquer au niveau nord-américain, pour nous permettre, comme Québécois et
Québécoises, d'avoir de l'énergie d'une grande qualité à un prix exceptionnel.
On pourrait faire la comparaison des tarifs partout dans l'Amérique du Nord;
sans aucun doute, nous serons toujours avantagés.
Et c'est une volonté très clairement édictée, M. le ministre, par nos
gouvernements depuis le début de l'hydroélectricité, depuis le début,
avec le volet patrimonial.
• (20 heures) •
Mais, avec les projets qu'on a ajoutés, on a
toujours eu une préoccupation d'avoir des projets qui étaient très compétitifs. Vous parliez, cet après-midi, de la
Romaine, qui est à peu près à 0,06 $. Évidemment, n'importe quel État
américain, demain matin, prendrait un projet
comme celui-là, voudrait l'avoir dans sa cour arrière pour pouvoir dire :
On va offrir des solutions à nos entreprises, à notre population, qui nous
permet d'offrir des tarifs comme ceux-là. Nous, on l'offre en
exportation. Nous, on est capables, par l'expertise, par la capacité de production,
d'offrir ces alternatives-là à nos voisins pour leur bénéfice, pour
notre bénéfice mais pour le bénéfice de la planète également, parce qu'on a, à
ce moment-là, une production d'énergie verte plutôt que d'avoir des énergies
qui seraient produites par des sources fossiles comme le charbon, comme le mazout. Et ça, je pense que même ma collègue
de Québec solidaire va être d'accord avec moi que c'est ce qu'on souhaite, que l'utilisation d'énergie verte serve le plus possible pour être capable de répondre
aux besoins en Amérique du Nord, parce qu'on a cette chance-là de pouvoir répondre à un large
territoire avec cette énergie-là.
Évidemment, on ne veut pas, cependant, que ça
nous prive d'opportunités d'affaires, au niveau québécois, de maintenir l'industrie québécoise,
d'être capables de saisir... Comme notre collègue de Saint-Hyacinthe le disait, là, s'il arrive
une opportunité avec d'autres joueurs qui sont sérieux, qui peuvent nous
démontrer un potentiel, je suis convaincu, M. le Président, vous allez
faire un téléphone à notre ministre pour dire : Bien là, on pense qu'on a
des joueurs suffisamment sérieux pour que ça vaille la peine qu'on fasse peut-être
un certain type de négociation avec ces joueurs-là.
Et ce qu'on
souhaite, c'est garder ce positionnement-là stratégique qu'on a fait depuis plusieurs
années maintenant et qui, vous
saurez nous le démontrer... Je pense que, M. le ministre, vous êtes bien au
fait que la... et la collègue de Saint-Hyacinthe insistait sur les montants que chaque année Hydro-Québec verse, une grande partie de ces montants-là vient
de l'exportation. D'ailleurs... Et c'est pour ça que moi, je souhaite voir dans
votre stratégie, dans la continuité, M. le ministre, M. le Président, comment
vous voyez la suite des choses et comment vous anticipez la suite dans les deux contrats qui sont actuellement, là, par
rapport au Massachusetts et par rapport à l'État de New York, qui offrent des
possibilités très intéressantes pour la suite des choses.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau : Je vais laisser M. Martel parler de ça, il
est au coeur des négociations qui ont conduit Hydro-Québec à conclure avec
le Massachusetts le plus important contrat de l'histoire de la société d'État. Et le plan de diversification des
revenus d'Hydro-Québec qu'expliquait M. Martel a certainement une orientation qui va lui permettre de vous donner des réponses
bien adéquates à la question que vous posez.
Le Président (M. Hardy) :
M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Merci, M. le Président. Écoutez, une des choses qui m'a beaucoup impressionné, quand
j'ai débuté dans ce rôle-là, il y a maintenant
près de trois ans, c'était la reconnaissance à l'extérieur du Québec
qu'Hydro-Québec avait pour sa capacité, le fait qu'on était déjà à
99,5 % sur de l'énergie
renouvelable, hein? Tout le monde souhaite se diriger vers là, alors les gens... on est vraiment dans une position de
choix, les tarifs les plus bas, on est une société d'État extrêmement
profitable. Alors, tu sais, on a quand même une histoire qui est intéressante.
On a une reconnaissance à l'extérieur aussi pour la technologie.
Quand on a
soumissionné sur les appels d'offres, nous, on doit gérer la capacité à long
terme, évidemment, c'est notre métier de faire ça. Puis, vous savez, le
monde des prévisions, ce n'est jamais parfait, alors on a des surplus, aujourd'hui, dans lesquels on a un potentiel à l'exportation.
Puis je vais revenir aussi, la portion... On regarde beaucoup pour le développement du Québec aussi, dans tout
ça, mais il y a une partie importante qu'on peut exporter et se permettre
aussi de faire du développement économique chez nous de façon assez importante.
Alors, sur les appels d'offres, l'an passé... Et
je dois vous dire qu'à mon arrivée on avait beaucoup de projets techniques, mais ce qu'on avait besoin de
travailler, comme société d'État, c'était de faire du développement d'affaires.
Il fallait passer du temps en
Nouvelle-Angleterre, à New York, en Ontario, expliquer aux gens notre produit,
parce que c'est sûr qu'il y a des compétiteurs, là-bas, qui ne souhaitent pas
notre présence parce qu'on peut amener quelque chose d'assez costaud, qui peut faire quand même une
différence importante, mais évidemment on a passé énormément de temps...
J'aime souvent dire que, dans le premier
semestre de 2016, on a eu plus de 50 rencontres, mon équipe et moi, à
Boston parce qu'on allait expliquer aux
gens c'était quoi, le produit qu'on offrait. On a rencontré des groupes
environnementaux, on a rencontré des
élus, des comités environnementaux, des comités... J'ai fait la chambre de
commerce à Boston. Alors, on devait expliquer un peu on était qui, Hydro-Québec, puis qu'est-ce qu'on pourrait faire
pour eux. Et évidemment on avait une histoire qui était intéressante. On
a envoyé des spécialistes, là-bas, leur expliquer, tu sais, des biologistes, tout ce qu'on faisait, les mesures qu'on prenait
pour s'assurer qu'on protégeait l'environnement. Et je pense que les gens
ont vu le bénéfice financier, d'abord, qu'on
pouvait leur apporter. Il n'y a pas beaucoup... ou, en fait, il n'y a à peu
près aucune industrie qui peut offrir
un prix fixe pour les 20 prochaines années, alors leur rendre les prix,
hein... Pour eux, c'est intéressant, s'ils veulent attirer des
investisseurs, de dire : Aïe! je suis capable de prévoir les prix de
l'électricité pour plusieurs années. Alors,
ça, on était capables d'avoir une offre qui faisait ça. Le fait aussi de la
robustesse, notre réseau est reconnu internationalement pour sa
robustesse, hein? Malgré toutes les intempéries qu'on a ici, on a un réseau extrêmement robuste et extrêmement fiable. Et
aussi, comme je le disais tantôt, on a une énergie verte. Tu sais, l'an passé,
là, il faut se le dire, nos exportations dans leur ensemble, c'est l'équivalent
d'avoir éliminé 3 millions de véhicules, tout près de 3 millions de véhicules en
circulation. Alors, c'est quand même une contribution importante, qu'on n'a pas
juste chez nous, mais qu'on réussit
aussi à avoir à l'extérieur du Québec. Alors, tout ça, avec tout ça en tête,
c'est important.
Puis, je vous le disais tantôt, notre plan
stratégique est orienté sur trois zones de croissance. Je l'ai dit il y a trois ans, je vous l'ai dit aujourd'hui, on a
beaucoup de pression, sur les trois dernières années puis sur les trois
prochaines années, pour livrer la
profitabilité qu'on s'attend de nous, mais en même temps on a dit : Ça
nous prend un plan, pas juste regarder
le court terme, comment est-ce qu'on va s'assurer la prospérité d'Hydro-Québec
pour les 10, 15 prochaines années. Souvent, je dis : Le P.D.G. d'Hydro-Québec, son rôle, hein, ce
n'est pas juste de regarder ce qui se passe aujourd'hui puis demain, c'est de regarder dans cinq ans,
10 ans, 15 ans pour s'assurer de la pérennité de cette organisation-là,
qui est capitale puis qui est
centrale à tout ce qu'on fait, au Québec. Alors, on a réussi à faire ça. Puis
notre plan stratégique est très, très clair,
on dit : On a beaucoup d'énergie disponible. Les cinq prochaines années,
on va mettre nos efforts à faire trois choses, hein? J'ai parlé de notre... le talent qu'on pouvait exporter à
l'extérieur du Québec en faisant des acquisitions d'actif. L'autre, c'est l'exportation, qui est au coeur...
D'ailleurs, on a des preuves. On a signé un contrat de 2 TWh il y a un an
et demi environ maintenant avec l'Ontario, on regarde... on a d'autres
discussions avec d'autres provinces canadiennes. On est en train de finaliser la négociation de ce
contrat-là. Ce matin, j'ai passé une heure avec mon équipe juste là-dessus,
pour voir où est-ce qu'on en était
rendus, les choses progressent bien. Mais il reste un autre volet aussi, c'est
la commercialisation aussi de
découvertes qu'on a faites dans nos centres de recherche, qui sont extrêmement
intéressantes. On pourrait avoir... créer
des filiales extrêmement importantes et significatives pour les ventes
d'Hydro-Québec et, évidemment, au bénéfice des Québécois.
Ça fait que
c'est un modèle intéressant qu'on a. Je pense qu'il faut saluer ce que nos
prédécesseurs ont décidé, hein? Je ne
sais pas si à l'époque on était conscient de toutes les répercussions positives
que ça pourrait avoir, mais, tu sais,
Hydro-Québec est très profitable pour le gouvernement. Hydro-Québec produit
99 % de son énergie verte, Hydro-Québec a les tarifs les plus bas. Ça fait que c'est sûr, hein... Puis je ne dis
pas qu'on est parfaits, mais on est quand même dans une position
extrêmement enviable.
Alors, c'est
ça, nos ambitions, c'est qu'on pense qu'on peut avoir une contribution encore
plus grande, au Québec, en utilisant
le savoir, en utilisant le réseau qu'on a construit, tout le monde ensemble, et
en exportant puis en aidant aussi, comme
vous le disiez tantôt, M. le député, la planète, hein? Tu sais, on sait qu'on a
un enjeu important. La semaine passée, d'ailleurs,
Hydro-Québec, on a fait une étude avec l'Université Columbia puis l'Université
de San Francisco sur tout le réseau
du Nord-Est, comment est-ce qu'on peut contribuer, nous, Hydro-Québec,
davantage, et il y a des enjeux, hein? Quand
on regarde, aujourd'hui, l'État de New York et même la Nouvelle-Angleterre,
oui, ce qu'on va faire, ça va aider, là, mais il y a encore beaucoup de
chemin à faire.
Et, nous, une des choses qui est importante,
c'est que toutes les énergies renouvelables, que ce soit le solaire, l'éolien, l'hydroélectricité est la seule qui
n'est pas intermittente. Alors, les autres, ce sont des très bonnes sources
d'énergie, mais nous, on peut être
utilisés pour supporter un plus grand déploiement du solaire. On peut devenir
un genre de batterie. Je dis
toujours : Nos réservoirs, dans le Grand Nord, ce sont des immenses
batteries. Et les gens, même... puis je vous invite tous à y aller, parce que c'est extrêmement impressionnant, la
quantité d'énergie que nous stockons dans nos barrages aujourd'hui pourrait
fournir tout l'État de New York pendant environ 16 mois. Alors, pensez à
la quantité d'énergie qu'on retient dans
ces barrages-là pour produire de l'électricité. On pourrait... Et ça, j'ai dit
ça dans un panel la semaine dernière, à
New York. Les gens étaient surpris parce que, tu sais, quand tu dis
176 TWh, la plupart des gens, ce n'est pas palpable, on ne sait pas
qu'est-ce que ça veut dire, mais, quand on dit : On pourrait fournir tout
l'État de New York, pas juste Manhattan, là,
l'État au complet... ou même la Nouvelle-Angleterre au complet pendant 15,
16 mois, avec ce qu'on a en réserve,
c'est impressionnant. Alors, on pourrait avoir un rôle encore plus grand avec
une meilleure coordination avec nos voisins.
Je ne sais pas si ça répond à votre question, M.
le député.
Le Président (M. Hardy) :
Merci, M. Martel. M. le député d'Abitibi-Est. 25...
M. Moreau : ...M. le
Président...
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
• (20 h 10) •
M. Moreau :
...je peux confirmer ce que M. Martel a dit. J'étais à New York, au forum
qui s'appelle Advanced Energy, puis effectivement on a repris exactement
le même... Cette information-là sur la capacité et ce que ça peut représenter en termes d'énergie, quand on le
transpose avec des exemples concrets, dire : Voici ce que ça peut fournir pour au-delà d'une année, 15 mois, les gens
ont tous... puis il y a des gens de partout dans le monde, ils ont tous la même
réaction, ils sont impressionnés. Et ça, c'est proprement québécois.
Le Président (M. Hardy) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Donc, le temps gouvernemental est terminé.
Une voix : ...
Le
Président (M. Hardy) :
Non, c'est avec M. le ministre, qui a répondu... Je lui en ai laissé un petit peu
plus, qu'on va reprendre.
Donc, je
passe du côté des députés indépendants. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, vous avez 12 minutes.
Mme Massé : Merci,
M. le Président. Effectivement, 12 minutes, pour une société
d'État comme Hydro-Québec, c'est comme une goutte d'eau dans l'océan. C'est sûr que
j'aurais aimé vous parler d'enfouissement des lignes à Saint-Adolphe-d'Howard, j'aurais aimé vous parler du bloc patrimonial,
j'aurais aimé vous parler de plein de choses, mais, dans les faits, j'ai opté pour un sujet à
l'international, moi aussi. Alors, je vais y aller brièvement,
des questions-réponses juste pour essayer de trouver un
éclairage sur un certain nombre de choses.
Alors,
monsieur... Et, si vous le permettez, je m'adresse directement à M. Martel, puisque c'est lui
qui est le grand patron de notre
société d'État. Alors, M. Martel, est-ce que je dis vrai si je dis
qu'Hydro-Québec a signé, en 2017, une entente de coopération avec Israel
Electric Corporation?
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre, si vous permettez.
M. Moreau :
M. Martel peut répondre, M. le Président.
M. Martel (Éric) : Nous avons
signé... Je pense que c'était, oui, en 2017, exactement, vous avez raison. Et
l'entente de coopération, elle est basée sur un sujet très précis, c'est que
nous avons fait un balisage, et, en termes de cybersécurité,
les Israéliens, on les voyait, les utilités israéliennes, comme étant
probablement ceux qui sont les mieux équipés pour se défendre contre les
attaques cybernétiques.
Vous savez,
chez Hydro-Québec, c'est une grande préoccupation, hein, parce qu'on a la
responsabilité d'assurer l'approvisionnement
aux Québécois. On se fait attaquer tous les jours, O.K., on a une équipe qui
est en place sept jours, 24 heures
sur 24 pour surveiller, une équipe qui est là pour mettre des solutions en
place puis une équipe qui s'occupe toujours de revoir notre architecture
informatique. Alors, on a cru, à l'époque, et on le croit encore, qu'on a eu
des échanges... Mais c'est dans un domaine
très, très pointu, c'est vraiment par rapport à la cybersécurité et la sécurité
en général aussi des ouvrages.
Mme Massé :
Merci. Et donc vous êtes très conscients que — je vais dire IEC, là, pour faire court,
comme dirait l'autre — IEC, Israel Electric Corporation, est comme
nous, comme vous, comme nous une société d'État, donc que son mandat, c'est de desservir l'ensemble du
territoire israélien, y incluant, bien sûr, les territoires occupés de la
Palestine. Vous êtes conscients de ça?
Le Président (M. Hardy) :
M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Écoutez, nous, dans notre choix, on n'a pas fait de choix en
fonction de... Évidemment, on a regardé
ça en fonction d'où est-ce qu'on pouvait apprendre le plus. Il y a eu, l'an
passé, une mission économique en Israël, il y a des gens qui se sont rencontrés là. On a trouvé que c'était une bonne
idée, à ce moment-là, quand ça m'est revenu chez moi, de faire cette comparaison-là entre ce qu'on
faisait... c'était quoi, les meilleures pratiques qu'ils avaient chez eux,
c'étaient quelles, les nôtres. Mais ce n'était pas du tout un dossier
politique, pour nous, c'était vraiment une question technique, à ce moment-là.
Le Président
(M. Hardy) : Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé :
Oui, mais vous savez aussi... Je comprends, ce n'est pas votre rôle de faire de
la politique, c'est le rôle du
gouvernement du Québec... bien, des gouvernements en général, mais on le sait,
mondialement c'est connu, qu'IEC,
d'une part, a des interruptions de service en territoire occupé de façon
régulière, travaille, bien sûr, main dans la main avec l'État israélien, parce que c'est une société d'État,
qu'elle électrifie le mur de la honte qui a été construit en dehors des paramètres de 1967 et que même, en
2004, la Cour internationale de justice, en 2004, le 9 juillet 2004, la Cour internationale de justice a déclaré contraire
au droit international l'édification du mur. Et même, là-dedans, puis je
vous le dis, je sais que vous n'êtes pas du
politique, mais c'est clairement dit, tous les États sont dans l'obligation de
ne pas... reconnaître la situation
illicite découlant de la construction du mur et de ne pas prêter aide ou
assistance au maintien de la situation créée dans cette construction...
par cette construction, pardon.
Alors, oui, ce n'est pas votre rôle d'être politique,
mais, en même temps, vous regardez un peu, je ne pense pas que vous iriez signer des contrats en Arabie
saoudite, là, je ne penserais pas. À moins que vous m'annonciez quelque chose aujourd'hui dont je ne suis
pas au courant, mais...
Alors
donc, cette sensibilité de voir qu'il
y a là une société d'État qui a un rôle... Parce que j'entends très bien que c'est un contrat
de cybersécurité, mais partout, mondialement, cybersécurité, c'est définitivement lié à la cyberguerre. Alors, vous êtes assez intelligents pour faire
tous ces liens-là. Ma question, c'est : Pourquoi avoir signé un contrat
avec cette entreprise-là?
Une voix :
...
M. Martel
(Éric) : Alors, M. le Président, d'abord, on n'a pas un contrat, hein,
c'est une entente de partenariat. Il n'y
a pas d'argent qui circule, on ne paie absolument rien, ils ne nous paient
absolument rien. C'est vraiment un échange technique par des techniciens
pour comprendre comment ils font les choses, regarder comment nous, on les
fait, pour s'assurer d'aller chercher...
Alors,
je le redis, il n'y avait rien de politique là-dedans. Oui, on a toujours quand
même... c'est important pour nous,
savoir avec qui on fait des choses, mais... On avait des vérifications
peut-être préliminaires, à l'époque, mais on s'est dit : C'est vraiment là-dessus. C'est important pour moi de protéger
le réseau du Québec, il y a des choses à apprendre là-bas, et on va se limiter à ça. Aujourd'hui,
notre partenariat n'est limité qu'à un échange par des ingénieurs et des gens
de l'informatique.
Le Président
(M. Hardy) : Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé :
Et effectivement ça crée enjeu, parce que notre société d'État a une entente,
je reprends vos mots, de... de partenariat, pardon, avec cette entreprise-là,
une entente de coopération, oui, c'est ça, avec cette entreprise-là, alors qu'en 2017, la même année que vous avez pris
cette entente en notre nom auprès d'IEC, le Haut-Commissariat aux Nations unies pour les droits humains a lancé un
avertissement clair à la communauté internationale, aux compagnies, qu'elles soient israéliennes, d'ailleurs, ou
étrangères, de s'éloigner, de ne pas se mettre en lien, puisqu'il y a des
interventions en territoire occupé
qui violent les droits internationaux du peuple palestinien. Vous ne le feriez
pas non plus avez l'Arabie saoudite, n'est-ce pas? Alors, il est là, mon
point.
Et
il y a une liste qui existe, 150 compagnies sont déjà sur cette liste.
Hydro-Québec ne l'est pas, à ma connaissance, sauf si vous m'apprenez autre chose. Et ma grande question, c'est :
Est-ce qu'on veut attendre que le Québec, que surtout, surtout notre
compagnie d'hydroélectricité se retrouvent sur cette liste-là?
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Moreau :
Bon, bien, je pense que Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques a fait un préambule en disant
qu'elle savait très bien que M. Martel — parce qu'elle s'adresse directement à
M. Martel — et que
la société d'État ne fait pas de
politique. Je pense que M. Martel l'a confirmé également dans ses
réponses. Et je comprends que la ligne
de questions de Mme la députée est dans l'ordre du boycott, de
désinvestissement et de sanctions contre l'apartheid israélien, selon ce
que rapporte un communiqué de presse qui a été émis le 18 avril 2010.
Alors,
ici, je rappellerai, M. le Président, qu'on est à l'étude des crédits de la
société d'État et qu'on n'est pas dans des
éléments de politique internationale pour ou contre Israël, pour ou contre les
territoires palestiniens ou pour ou contre l'Arabie saoudite.
Et
M. Martel a de façon très précise répondu à la question, à savoir quelle
était la nature des échanges. Ce ne sont pas des échanges qui sont de
nature... commerciaux, mais ce sont des échanges de nature, je dirais, de
technologies et d'approches en matière de
cybersécurité. Et je suis convaincu que pas plus Québec solidaire qu'aucun
autre des partis représentés à l'Assemblée nationale ne souhaite que notre
société d'État soit victime d'attaques qui mettent en cause la
cybersécurité.
Et je
pense, moi, qu'Hydro-Québec, dans les domaines de l'énergie, a non seulement
l'obligation, mais la responsabilité d'assurer la sécurité de ses
installations, et ce qu'elle fait. D'ailleurs, je me souviens, bien avant
d'être le ministre de l'Énergie et des Ressources
naturelles, d'avoir vu des reportages à Radio-Canada qui reprochaient à
Hydro-Québec de ne pas avoir sécurisé
correctement le périmètre de certaines de ses installations. Je comprends que
ces situations-là sont remédiées.
Mais imaginez-vous qu'une attaque de nature cybernétique peut avoir un effet
encore plus dévastateur que l'attaque d'une installation physique. Alors,
on ne fera certainement pas le reproche à Hydro-Québec ici... en tout cas, j'espère que ce n'est pas le propos de Mme la députée, de faire le
reproche à Hydro-Québec ici de s'assurer des meilleures pratiques
en matière de cybersécurité.
• (20 h 20) •
Le Président
(M. Hardy) : Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Bien
sûr que sécuriser des systèmes,
c'est quelque chose d'essentiel. Et, lorsqu'on regarde comment
l'armée israélienne a développé ses
techniques de sécurisation des systèmes, c'est inquiétant qu'on se dise : Bien, ils
ont la meilleure expertise, on s'en
fout où est-ce qu'ils l'ont prise; nous autres, on a besoin de la meilleure
expertise. Il y a un enjeu,
là, il y a un enjeu international, il y a
un enjeu où autant l'ONU, autant le Conseil de sécurité, autant la convention
de Genève, et j'en passe... il y a à peu près
une dizaine de conventions qui dépassent le droit international, et nous, on se
dit : Bien, écoutez,
nous, dans le fond, il faut se protéger, puis ce n'est pas grave, où
est-ce qu'on va aller chercher cette information-là, cette formation-là.
Ça
crée un sérieux problème, un sérieux problème, d'autant plus...
C'est que notre société d'État, elle a plein de bons coups, c'est vrai. C'est vrai que
l'électricité qu'on produit est une électricité que la planète entière a besoin
pour sortir des GES. Mais à quel prix
nous, on sécurise pendant qu'il y en a d'autres qui se font bombarder, qui se
font électrifier des murs, qui se
font dire par la cour internationale qu'ils sont illégaux? Bien, moi, à un moment donné, entre l'illégal, que je ne
vous demande pas de juger, mais l'immoral, que, ça, je suis capable d'avoir une
posture morale, par exemple, par
rapport à ça, bien, je me dis :
Notre société d'État, elle... Moi, je ne pense pas que les Québécois
et Québécoises sont très
heureux de savoir qu'Israël — et
il n'est pas hydro, celui-là, au contraire — fait en sorte qu'il y a des populations
civiles entières qui sont privées
d'électricité, d'hôpitaux, de systèmes d'assainissement des eaux, et nous, on se
dit : Bien, ce n'est pas grave, nous, on va aller chercher l'information
parce que c'est là qu'elle est la meilleure.
Nous,
là, c'est vrai qu'on a un problème, c'est vrai qu'on a un problème
avec ça. Peut-être que M.
le ministre n'en a pas, certainement pas, puisque notre premier ministre est allé,
d'ailleurs, faire une visite en Israël comme si c'étaient des
partenaires comme n'importe quels autres, mais ce n'est pas... Ils occupent des
territoires occupés illégalement.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Votre temps est écoulé. Maintenant, je passe la parole au
niveau gouvernemental. M. le député d'Ungava, pour 16 min 50 s.
M. Boucher :
Alors, merci beaucoup, M. le Président. Bonsoir. C'est la première fois que je
prends la parole aujourd'hui.
Je
vais vous ramener à des enjeux, bon, beaucoup plus locaux, là. Puis une petite parenthèse, là,
un message qui m'a été passé par la
mairesse Manon Cyr, que je salue, en passant, là, elle ne nous écoute probablement pas, elle est sur la route, au moment où on se parle, mais en
tout cas elle m'a dit : Tu es en crédits...
Une voix :
...en reprise.
M. Boucher :
Oui, oui, c'est ça, elle nous écoutera en reprise.
Vous
savez, bon, je vous dirais que probablement 90 % des abonnés d'Hydro-Québec doivent être à 100 kilomètres chaque
côté du fleuve, là, en incluant l'île
de Montréal, puis c'est très bien
comme ça, c'est comme ça que la colonie s'est développée puis que le pays s'est développé, mais il y a quand même,
bon, des régions plus éloignées, comme par
exemple Chibougamau. Vous savez que,
bon, Hydro-Québec a des installations à Chibougamau, un centre régional, etc., sauf
que ce qu'on m'a dit, c'est qu'il n'y
a pas de monteurs de lignes qui sont basés à Chibougamau. Donc, en cas de
panne, comme ça arrive... Cet hiver,
on a été chanceux, ça a été moins pire, mais l'hiver d'avant il y a
eu des tempêtes de neige ou des vents
violents, des arbres qui sont tombés sur les lignes, et puis c'est des gens,
pour faire la réparation, qui venaient de Saint-Félicien. Puis souvent, bien, je veux dire, quand il y a
des pannes, c'est rare que ça arrive l'été, à deux heures de l'après-midi, quand il fait soleil, là. Il y a une
tempête de neige. Puis, pour vos équipes qui montent en camion à Chibougamau, il faut qu'ils affrontent la tempête,
puis finalement, des fois, une simple panne qui pourrait durer deux, trois heures ici, à Québec,
va se transformer en panne de sept, huit, neuf heures à Chibougamau, au cours
des temps de déplacement. Puis, si la
tempête est plus large puis vous avez des pannes à réparer au Lac-Saint-Jean, bien, ça peut être encore plus long.
Ça fait que, là, je savais que vous aviez des pourparlers avec les maires, etc. Est-ce qu'il serait possible de me faire un
petit topo, savoir où est-ce que vous en êtes dans ça, là, puis qu'est-ce que
vous envisagez?
Le Président
(M. Hardy) : M. Martel.
M. Martel : Vous permettez? Écoutez, vous savez que, depuis
mon arrivée, le service à la clientèle a été au coeur de mes préoccupations. C'était un enjeu. On n'est
pas parfaits, on a fait beaucoup de chemin dans ça, tu sais, on pense à nos centres d'appels qui sont ouverts maintenant
les week-ends, en soirée. Il y a eu plusieurs mesures, là, j'ai une longue liste de projets
qu'on a mis de l'avant pour améliorer le service à la clientèle.
C'est
sûr que, des pannes, on essaie de ne pas en avoir, mais évidemment
mère Nature, des fois... elle ne travaille pas toujours de notre côté. On en a eu cette semaine, d'ailleurs,
hein? Puis on se fait un devoir... Je peux vous dire que, nous, c'est de ramener
les clients dans un certain temps, tu sais, quand il y a des grandes, grandes
pannes, là, comme on en a eu déjà
l'été passé, où est-ce qu'on avait 300 000 clients,
on se fait toujours un devoir de ramener... notre objectif, c'est qu'en dedans de 24 heures, quand c'est des
choses comme ça, tout le monde est là. On ne lésine jamais avec le nombre
d'employés qu'on met sur les routes, le nombre d'employés.
À
partir de votre point, comment nos employés sont déployés, c'est toujours
déployé... on a des gens basés partout ou
à peu près. Je pense, de mémoire, qu'il y a eu des changements au niveau de la
direction à Chibougamau, là, sur le nombre de postes de management qu'il
y a, mais je suis pas mal certain qu'il doit y avoir des monteurs chez vous ou vraiment pas très loin qui sont capables
d'intervenir dans les minutes qui suivent une panne. Mais ça, il faudrait que
je vérifie l'information... Pardon?
Une voix :
C'est en cours.
M. Martel
(Éric) : C'est en cours, on est en train de vérifier. Mais c'est de
notre ressort, c'est notre devoir.
Puis,
je peux vous dire, je nous compare, l'été passé, quand on a eu la panne de
300 000, j'étais dans un État voisin, en Nouvelle-Angleterre, où
est-ce qu'eux avaient eu à peu près les mêmes conséquences,
300 000 pannes, ça faisait cinq
jours, et là ils étaient contents de célébrer qu'ils avaient ramené tout le
monde en cinq jours. Nous, là, si ça prend cinq jours, pour nous, c'est inacceptable. C'est en 24 heures. Puis
des fois on a une poignée, on a trois, quatre clients parce que, bon, le réseau a été complètement détruit,
des arbres, des poteaux arrachés et tout, puis il faut reconstruire, mais c'est
vraiment quelque chose qu'on prend extrêmement au sérieux.
Alors,
nos employés, cette semaine, ont travaillé d'arrache-pied dans la région du
député qui était là, présent, tantôt, pour
ramener tous les clients, dans l'Outaouais. D'ailleurs, on a vérifié, tantôt,
on n'avait plus aucune panne. Il y avait 143 pannes, mais ça n'a rien à voir avec les pannes qu'il y avait
lundi, c'étaient des nouvelles pannes, pour d'autres raisons. Mais on
avait ramené les gens quand même assez rapidement.
Ça
fait que ça fait partie de l'offre d'Hydro-Québec, de s'assurer... Moi, je dis
toujours : On est une société d'État, oui, on est un monopole, mais, parce qu'on est un monopole, c'est un
privilège qu'on nous donne, O.K., il ne faudrait pas prendre les clients pour acquis. Alors, c'est le message qui est
passé dans la société d'État, de dire : Il faut toujours mettre le
client au centre de nos décisions. Et, depuis trois ans, on a engagé un
changement culturel important, chez Hydro-Québec,
puis la chose qui est en tête de liste, c'est, dans notre transformation
culturelle, on veut toujours mettre les
clients au centre de nos décisions, dans toutes les décisions. Est-ce que c'est
la meilleure décision, qu'on est en train de prendre, pour le client ou c'est bon juste pour nous? Ça, c'est
toujours important, et la santé et sécurité aussi de nos employés et de
nos contracteurs qui travaillent avec nous.
Ça fait que je ne
sais pas si ça répond à votre question, M. le député.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député d'Ungava.
M. Boucher :
...rassurer, là, Mme la mairesse.
M. Martel
(Éric) : Si je peux me
permettre, là, M. le Président, juste de... On a une équipe de huit monteurs
pour Transport à Chibougamau puis trois pour Distribution. Donc, on a
11 employés basés chez vous.
M. Boucher : Merci beaucoup. Écoutez, là, bon, vous savez que le comté d'Ungava,
c'est grand comme la moitié du Québec,
hein, c'est 1,3 fois la France, c'est 870 000 kilomètres carrés ou à peu près, et 50 %, je pense,
de votre puissance est installée dans
mon comté. Donc, on dit qu'Hydro-Québec, ça nous appartient, mais... Ça
m'appartient peut-être un petit peu
plus que les autres. En tout cas, je suis assez prétentieux pour le penser, là.
Comme on dit, pétez-moi pas ma balloune.
Écoutez,
on va vous parler des réseaux autonomes un petit peu. Vous savez que, bon, bien
que les installations de LG 2
sont dans mon comté, puis c'est très impressionnant à aller visiter...
D'ailleurs, j'invite tous les Québécois, là. Si vous vous cherchez une destination-vacances, cet été, passez par là puis
allez voir ça de vos yeux. Je veux dire, on l'a vu à la télé, on l'a vu dans des reportages, mais le
voir de nos yeux puis de voir que ça, ça a été fait de main d'humain — je ne dirai pas «de main d'homme», parce qu'on va me dire que je suis sexiste,
là — que
c'est des humains qui ont produit ces installations-là,
c'est quand même assez impressionnant, là, je veux dire, c'est des travaux
gigantesques. Mais, dans les... si on
parle des Îles-de-la-Madeleine, par exemple, si on parle des communautés
inuites au Nunavik, c'est tous des réseaux autonomes, hein, ils ne sont pas
branchés sur le réseau d'hydroélectricité. Donc, chacun a sa minicentrale, qui malheureusement
marche à l'huile, au mazout. Puis je sais que, bon, dans ça, Hydro-Québec est
en train de faire des efforts puis de regarder pour essayer de faire une
transition, pour éliminer ça tranquillement, pas vite.
• (20 h 30) •
On
sait que, bon, il y avait eu trois... des appels d'offres reçus, là, pour
l'achat de 6 MW d'électricité de source éolienne pour les... pardon,
pour les Îles-de-la-Madeleine, voyons — il commence à être tard. Et
puis, en réduisant l'utilisation du mazout
lourd, on va diminuer l'émission des GES d'environ 13 % pour le réseau des
Îles-de-la-Madeleine, soit environ 17 000 tonnes équivalent de
CO2. Ça fait que ce n'est pas rien. Puis, avant Noël, je ne me
souviens plus, je perds la notion temps, là,
en tout cas, quelque part en janvier, on était allés à Quaqtaq avec M. le
ministre et puis on est allés visiter
le projet de panneaux solaires accompagnés du maire Robert Deer, que je salue
aussi, en passant, si jamais il nous
écoute, concernant, bon, ces installations-là de 69 panneaux solaires, qui
totalisent 20 KW, à Quaqtaq, au Nunavik. Puis c'est un peu un laboratoire pour tester la technologie dans les
régions extrêmes, parce qu'à Quaqtaq on peut dire que l'été n'est pas long puis l'hiver est rigoureux.
Mais, à terme, ça va permettre d'éviter de consommer 5 000 litres de
carburant par année, ce qui va représenter à peu près 2 % de la
puissance installée de la centrale, là.
Ça fait que j'aimerais que vous me
parliez un peu, là, de vos intentions pour le développement de l'énergie
solaire puis des sources alternatives pour les réseaux autonomes.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Moreau :
Peut-être, juste avant que M. Martel donne la réponse, vous me permettrez...
parce qu'il n'est pas avec nous
aujourd'hui, peut-être qu'il est comme les maires dans votre circonscription
puis il nous écoute, M. Richard Lagrange, d'Hydro-Québec, qui est responsable des réseaux autonomes, qui nous a
accompagnés dans cette mission à Quaqtaq. Et puis, les réseaux autonomes, peut-être pour l'anecdote,
M. Lagrange, lorsqu'on était à LG 2, a vu que, pour alimenter les
portes du barrage, il y a un petit réseau
autonome, et il était très heureux. D'ailleurs, il l'a photographié. Alors,
pour la petite histoire, les réseaux autonomes, ça sert même dans les
plus grandes installations d'Hydro-Québec.
Et,
ce qui est important, vous le souligniez, de voir l'immensité de ces
installations-là, c'est quelque chose qui remplit n'importe qui, n'importe quel Québécois d'une grande fierté,
parce que je pense qu'effectivement c'est le génie québécois. Mais je vous dirais qu'avant
l'immensité des installations ce qui est le plus frappant et ce qui nous amène
un peu à l'humilité, quand on contemple l'ensemble de l'oeuvre, c'est de
voir la vision que les gens ont eue d'identifier ces immenses bassins et cette immense capacité hydroélectrique, parce
qu'aujourd'hui on voit LG 2, on voit les installations, on voit la technologie, et tout ça, mais il faut
se rappeler qu'il y a des gens qui ont marché ça dans le bois, avec des cartes
qui étaient pas mal rudimentaires, à
l'époque où ces projets-là ont commencé à être développés. Et, alors que
d'autres visaient le nucléaire, les
Québécois ont eu la sagesse de choisir l'hydroélectricité. Et aujourd'hui, où
que l'on soit dans le monde,
lorsqu'on parle d'Hydro-Québec, lorsqu'on parle du potentiel hydroélectrique du
Québec, on voit les gens réagir avec envie à l'égard des immenses
capacités que nous ayons.
Alors, ça, je pense
que n'importe qui qui a la chance d'avoir la responsabilité de l'énergie et des
ressources naturelles... Puis je suis
convaincu que c'est la même chose lorsqu'on a l'opportunité de travailler pour
une société d'État comme
Hydro-Québec, d'en être le président-directeur général. Non seulement ça nous
remplit de fierté, mais ça nous remplit
d'humilité, parce que les gens qui nous ont précédés dans ces fonctions-là ont
fait preuve d'une immense vision, pour
laquelle on doit leur être et on leur sera certainement redevables pour de
nombreuses générations de Québécois à venir.
M. Martel, si
vous voulez aller directement à la question.
Le Président
(M. Hardy) : M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Merci, M. le Président. Alors, si on parle des réseaux
autonomes particulièrement dans les régions
éloignées, alors, vous savez, Hydro-Québec, on dit toujours qu'on a 99,5 %
de notre énergie qui est renouvelable, le 0,5 % qu'il nous manque
puis qu'on aimerait qu'il soit à 100 %, c'est chez vous, c'est les
Îles-de-la-Madeleine. Les Îles-de-la-Madeleine,
d'ailleurs, sont à peu près la moitié de cette capacité-là. Alors, pour nous,
c'est un grand défi qu'on se donne,
hein? Il y a d'autres moyens, aujourd'hui, de faire de l'électricité qu'avec
juste de l'hydroélectricité. On sait qu'évidemment,
étant donné que ces régions-là sont tellement éloignées de nos ouvrages, c'est
impensable de penser à les brancher
sur le réseau actuel, malgré qu'il y a des choses, aujourd'hui, qui nous
permettraient, avec certaines nouvelles technologies, de s'approcher de ça. On est en train, d'ailleurs, pour
les Îles-de-la-Madeleine, de considérer un projet où est-ce qu'on les
brancherait sur notre réseau, mais il y a d'autres options.
Mais,
tu sais, vous parliez tantôt, entre autres, aux Îles-de-la-Madeleine, le projet
d'éolien. L'appel d'offres a été fait.
On a reçu les résultats en octobre puis on est en train, présentement, de
travailler pour installer le 6 MW pour l'année 2019. Alors, ça, c'est un projet qui est en train
d'avancer. Je vous invite aussi, là, dans notre plan stratégique, là, qu'on a
présenté en 2015 et qu'on a présenté
ici en 2016... À la page 24, il y a toute une liste, là, de toutes les
villes qu'on est en train de travailler,
avec une mise en service, une date de mise en service. Et il y en a qui se sont
clarifiés aussi depuis ce temps-là.
Alors,
depuis le début, depuis trois ans, ça fait partie de nos intentions, de
dire : Comment on fait pour amener des sources d'énergie
renouvelable? Vous avez aussi, avec le ministre, eu la chance de le voir à
Quaqtaq. Alors, c'est un peu expérimental,
hein, parce qu'il faut tester, nous, Hydro-Québec, puis apprendre,
dire comment ça va vivre, ça, un panneau solaire, dans ces lieux-là, où les
intempéries sont quand même assez importantes,
et avec le froid, avec les vents, avec les quantités de neige qu'il peut y
avoir. Alors, on est un peu en train d'apprendre, nous aussi, dans ça, parce
qu'il n'y a pas beaucoup de monde sur
la planète... Il y en a au Mexique, là, mais disons que ce n'est pas les mêmes
conditions que chez nous beaucoup, ou en Amérique du Sud, ou dans
d'autres pays d'Europe. Alors, on doit faire notre propre apprentissage de ça,
évidemment, pour ça.
Alors,
notre objectif, il est clair. On a l'intention... c'est dans notre plan
stratégique, c'est de dire : Comment on fait pour minimiser l'effet...
l'utilisation, c'est-à-dire, de sources fossiles et les remplacer par des
énergies renouvelables?
Alors,
c'est sûr et certain qu'on ne peut pas, hein, j'en ai parlé plus tôt, mettre
l'approvisionnement des gens à risque.
Il y aura toujours, sûrement, des moyens pour sécuriser ça. À titre d'exemple,
on réfléchit, aux Îles-de-la-Madeleine, on travaille avec le milieu local à plusieurs options. Une des options,
entre autres, c'est d'avoir des énergies renouvelables sur place, qu'on fait, mais aussi de peut-être, tu
sais, relier au réseau d'Hydro-Québec, parce que maintenant il y a des technologies de câbles sous-marins qui sont
beaucoup moins coûteuses qu'elles ne l'étaient il y a 10 ans, qui
peut-être nous permettrait d'avoir un
plan A. Mais ça nous prend aussi une situation de rechange parce que, s'il y a
un problème avec le câble ou peu
importe, on ne peut pas laisser les gens des Îles-de-la-Madeleine sans
approvisionnement. Alors, il faut
avoir un plan B, comme on peut dire, une redondance sur le réseau, pour
permettre de les alimenter sécuritairement.
Et le plus possible
on va toujours se challenger, présentement, Hydro-Québec, pour essayer de
minimiser l'utilisation d'énergies fossiles.
Alors, c'est un défi. C'est des choses qui sont maintenant possibles, qui
étaient plus difficiles il y a quelques années. Mais c'est notre
engagement.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Moreau :
D'ailleurs, si je peux compléter — on est quand même dans le volet Énergie, là — un peu avant d'aller à Quaqtaq, j'ai
eu le plaisir d'aller à Los Angeles et d'assister à la première traversée du
Pacifique par un Boeing 787 Dreamliner
qui était totalement chargé de biocarburant fait à partir d'une graine de moutarde
qu'on appelle le caritana, et cette
technologie-là a été mise au point par une entreprise québécoise qui s'appelle
Agrisoma. D'ailleurs, on avait demandé
à la présidente de Qantas, la compagnie aérienne, si on avait prévenu les
passagers de la chose, et effectivement, et aucun d'eux n'a demandé un
remboursement de son billet.
Et ce qui est
le plus extraordinaire, c'est que, cette technologie qui a été mise au point
ici, au Québec, son inventeur était
avec nous et indiquait que maintenant c'est utilisé pour remplacer le carburant
dans les avions, mais que ça pourrait très
bien s'inscrire dans un remplacement de carburant, par exemple du carburant
diesel. Et les réseaux autonomes sont essentiellement des immenses génératrices
propulsées par des moteurs diesel, et on peut penser qu'avec l'énergie solaire, avec l'énergie éolienne, on pourrait
venir réduire, bien sûr, jusqu'à ce que ces biocarburants soient développés,
l'utilisation d'énergies fossiles dans les
réseaux autonomes mais aussi faire en sorte que le type de carburant utilisé
dans ces réseaux-là puisse demeurer
comme un supplément ou une base à partir de biocarburants, où, là, on est en
pleine technologie.
Et ce
qu'Hydro-Québec contribue à faire, puis on l'a eu dans nos discussions avec les
représentants d'Hydro-Québec International lorsqu'on était au Mexique,
c'est de développer cette technologie qui permet à des réseaux éoliens, hydroélectriques et solaires de s'interconnecter
sans perturbation de distribution de l'énergie pour les utilisateurs. Et j'ai été très surpris d'apprendre qu'au Mexique il y a
seulement 13 % de l'énergie
produite dans le pays qui est produite par de l'hydroélectricité et que, donc, le reste va vers le solaire. Et ils sont
intéressés, les Mexicains, à la technologie d'Hydro-Québec et au
transfert d'expertise d'Hydro-Québec dans ces domaines-là.
Le
Président (M. Hardy) :
Merci, M. le ministre. Sur ce, le temps du côté du gouvernement est terminé. Je passe la
parole à l'opposition officielle, pour 19 minutes, à quelqu'un
qui a très hâte de vous poser des questions, M. le ministre : le député de Richelieu.
• (20 h 40) •
M. Rochon : Mais, mon Dieu,
vous lisez dans mes pensées, M. le Président, c'est exceptionnel!
M. le Président, l'immense majorité des revenus d'Hydro-Québec provient de
l'argent des Québécois, hein? Dans ce contexte-là, même si elle est soumise à des exigences de rentabilité,
la société d'État, elle doit faire tout en son possible pour que le
Québec profite de son immense pouvoir d'achat. Je suis sûr que le président-directeur général, comme vous, vous avez lu dans mes
pensées, me voit venir, lui.
Alors,
l'utilisation de clauses de contenu local, M. Martel, dans vos appels
d'offres est importante. Malgré le fait que les grilles d'évaluation des
offres semblent tenir compte de cette préoccupation-là, ces grilles, à
l'évidence, ne remplissent pas toujours
leur rôle, puisque les manufacturiers se plaignent, preuve à l'appui, là, que
de plus en plus de contrats leur échappent.
Devant la
perspective d'une pluie de contrats, vous savez, M. le ministre, pour la
réhabilitation, là, de 322 unités de
turbine-alternateur des barrages d'Hydro-Québec au cours des 20 prochaines années, cette
question-là, elle est des plus pertinentes.
Ces machines-là, vieilles de, je ne sais pas, 40, 50 ans dans la plupart
des cas, sont rendues au bout de leur vie utile soit parce qu'elles souffrent d'usure ou qu'elles sont devenues
technologiquement obsolètes. Alors, il faut s'assurer que le Québec puisse profiter de ce gigantesque projet de
réfection. Nos industriels ont tout pour remplir cette commande-là, surtout que la proximité des barrages est
certainement un critère important. Quand une turbine doit être rénovée, bien,
Hydro-Québec l'arrête et, chaque jour qui passe, bien, Hydro-Québec perd de l'argent. Ça explique l'importance de la proximité.
Alors, dans
le processus de réhabilitation, certaines pièces doivent être simplement
reconditionnées et certaines autres
doivent être remplacées. Ce sont particulièrement celles qui doivent être remplacées qui
échapperaient aux industriels québécois, en raison, souvent, de la différence de prix. Par
exemple, l'an dernier, un contrat de réfection de barre stator pour ces
centrales hydroélectriques obtenu par General Electric de la part d'Hydro-Québec
sera réalisé à l'usine de General Electric
pas à Sorel-Tracy, où il y avait un atelier — parce
que le pire s'en vient, là — où
il y avait un atelier atelier électrique,
mais au Brésil. Alors, le pire qui s'en vient, bien, c'est la fermeture qui est
arrivée de l'atelier électrique de General
Electric à Sorel-Tracy, où travaillaient une quarantaine d'employés. Puis le
plus choquant, dans cette nouvelle-là, c'est qu'il semble que la bonne
réputation de cet atelier a influencé le choix d'Hydro-Québec d'accorder ce
contrat à General Electric.
Alors, dans
les documents d'appel d'offres d'Hydro-Québec pour des machines neuves, il y a une
grille d'évaluation, là, qui
accompagne les documents. J'ai obtenu une pondération, j'aimerais vérifier si
elle est exacte, vérifier ça auprès
du président-directeur général d'Hydro-Québec. Elle concerne, cette pondération, les unités de
turbine-alternateur. Alors, ce que ça
donne, la grille, là : prix, 50 %; réussite technique, 20 %;
garantie, 5 %; contenu local, 5 %. Est-ce que cette grille est conforme aux faits, M. Martel?
Le Président (M. Hardy) :
M. Martel.
M. Martel :
Alors, merci, M. le Président. Merci, M. le député, pour votre question.
Hydro-Québec étant une société d'État, nous comprenons très, très bien le rôle que
nous avons de promouvoir autant que
possible, évidemment, les fournisseurs québécois. Je dois vous donner
des chiffres de 2016 parce que, 2017, ils
vont être publiés dans les prochains jours, dans notre rapport de développement
durable, que je vous invite à regarder, d'ailleurs,
parce que c'est une pièce extrêmement intéressante, avec beaucoup d'information
sur Hydro-Québec, qui remporte des prix à
chaque année dans certains endroits. Mais, en 2016, nous avons fait
l'acquisition de biens et services pour
un montant de 2 952 000 000 $
au total, on a réussi à faire au Québec
2 772 000 000 $,
alors on parle de... plus de 90 % de nos achats se font chez les
fournisseurs québécois. Nous souhaiterions faire 100 %. Des fois,
on n'a pas le choix parce que soit il y a une expertise qui n'est pas au
Québec, des biens qui n'existent pas au Québec, alors on doit aller à l'extérieur. C'est sûr que, quand on travaille
avec des entreprises de la taille de GE, qui sont internationales, qui sont
dans plus de 140, 150 pays, qui sont dans une situation que vous connaissez,
présentement, qui font des réorganisations, ferment des usines à gauche, à droite, des fois... Bon, évidemment, je
peux vous rassurer d'une chose, c'est que tout le poids qu'on est capables de mettre pour essayer
d'influencer ces décisions-là, hein, on l'a mis, on l'a fait. Mais évidemment,
des fois, bon, dans la grande équation
internationale, on est un joueur, mais on n'est pas nécessairement le plus gros
joueur, et c'est difficile pour nous d'avoir... tu sais, d'être
capables, par exemple, d'arrêter la fermeture d'une usine.
Ce que je peux
vous rassurer, par contre, parce que je sais que c'est... je crois que c'est
dans votre comté, l'usine de GE,
c'est que la partie mécanique est là, hein, puis aujourd'hui, les gens de GE,
il n'y a aucun plan pour fermer cette usine-là.
Parce que, quand on a appris que la partie électrique, une portion, hein, se
transférait au Brésil, comme vous le disiez,
nous, on a fait, évidemment, notre boulot puis on s'est assurés le plus
possible que tous nos ouvrages... On serait mal à l'aise, de toute
façon, d'envoyer la portion mécanique à l'extérieur, parce que je pense qu'il y
a quelque chose d'intéressant à avoir une certaine proximité, une certaine
expertise.
Alors,
écoutez, on fait de notre mieux. On travaille, évidemment, dans des cadres de
règles d'achat internationaux, hein,
auxquels on adhère, comme pays et comme province, et nous, on s'assure de
respecter ça, mais on s'assure aussi... Alors, je répète les chiffres, là. Sur
2 952 000 000 $, 2 772 000 000 $ se
sont achetés au Québec, ce qui est... plus que 90 % de nos achats se font ici. Et ça, on se donne toujours le
travail... On revoit les barèmes auxquels vous référiez, là. Je ne les ai pas avec moi puis je ne les connais
pas par coeur, ça peut varier, probablement, de types d'achat à d'autres, mais c'est sûr qu'on s'assure de toujours promouvoir
une grande, grande portion — d'ailleurs, nos chiffres le confirment — de contenu québécois.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de... M. le ministre.
M. Moreau :
D'ailleurs, si je peux me permettre un complément d'information, là, le
gouvernement du Québec s'est assuré
que les achats de biens et de services stratégiques d'Hydro-Québec soient
exclus de la portée des accords qui l'assujettissent.
Le Québec pourra donc continuer d'adopter toute mesure encourageant la
sous-traitance locale dans le cas des
contrats de construction octroyés par Hydro-Québec. C'est ce qui explique le
résultat de... le pourcentage des acquisitions qui sont faites au
Québec.
Le Président (M. Hardy) :
Merci. M. le député de Richelieu.
M. Rochon : Les principaux concurrents actuels, quant à la
fabrication, on me dit que c'est plus particulièrement, maintenant, là, l'Espagne et les pays de l'Est
membres de l'Union européenne. Et ce qu'il est intéressant de savoir, c'est
que la clause suivante apparaît aux notes
afférentes à l'annexe 19-4 du Canada : «Dans le cas de la province de
Québec, la présente annexe ne couvre pas l'achat par Hydro-Québec des
marchandises suivantes...» Là, il y a toute une série de codes. Et, avec un moteur de recherche, j'ai
appris que l'un des codes apparaissant, le SH 8410, correspond à «unités
de turbine-alternateur», qui, en
étant exclues de l'accord, peuvent faire l'objet de clauses d'achat local, hein,
oui, effectivement, là, vous le notiez.
Il faut
cependant faire attention à la définition de «contenu local», parce que j'ai le
sentiment que parfois on justifie de
forts pourcentages de contenu local en y incluant des services professionnels,
hein, la planification, l'ingénierie, et en négligeant parfois le
manufacturier, hein, le secteur manufacturier. Il ne faudrait pas qu'il soit en
reste dans tout ça.
Et par ailleurs ça fait... Je faisais allusion à
la réhabilitation, là, cette vague de réhabilitation de groupes
turbine-alternateur. On en parle depuis huit ans, il y a très peu de contrats
qui ont été accordés jusqu'à ce jour. Hydro-Québec semble éprouver délai
par-dessus délai.
Est-ce que le
président-directeur général d'Hydro-Québec a des informations à me donner, là,
sur la cadence des contrats qui
seront accordés au cours des prochaines années en rapport avec cette
réhabilitation, là, incontournable de, je pense que je l'ai dit tantôt,
322 groupes turbine-alternateur?
Le Président (M. Hardy) :
M. Martel...
• (20 h 50) •
M. Martel
(Éric) : Merci, M. le Président. D'abord, juste pour vous rassurer sur
une chose, c'est que nous n'avons aucun
délai, présentement, dans toutes nos réfections que nous devons faire dans les
centrales. Hydro-Québec a un calendrier de maintenance ou de
remplacement extrêmement rigoureux.
Évidemment,
on essaie toujours de les faire le plus tard possible puis de tirer le maximum
de nos investissements qu'on a faits
dans le passé, mais il arrive un moment... Puis ce sont des très, très grands
ouvrages, hein? Ça prend des mois, sortir
une turbine, faire la réfection, la réinstaller. Et évidemment on a toujours
une période courte, parce qu'on fait ça à la fin de l'hiver, puis il faut que ce soit prêt pour redémarrer. Alors,
c'est toujours le défi énorme qu'on a. Et on a un calendrier très, très précis parce que, là, on est en train
d'entreprendre, entre autres, à LG 2,
qui est une de nos grandes centrales, la réfection de tous les 28
groupes... 28 groupes qu'on a là-bas? C'est ça, 16, excusez-moi, je me trompe
avec une autre centrale. Des 16 groupes. Alors, je viens de rajouter
5 000 MW de capacité sans trop d'efforts, mais...
Une
voix : ...
M. Martel
(Éric) : Exactement. Alors, évidemment, ces 16 groupes là, on
doit les remplacer un par un. On a déjà commencé puis on a un plan pour en faire à peu près un... On augmente en
cadence en 2022‑2023, hein? En 2022‑2023, là, on va commencer à en faire plus qu'un par année, et ça va nécessiter des
investissements. Aujourd'hui, dans la réfection des centrales, on dépense environ 300 millions de dollars,
350 millions de dollars. On va augmenter à un rythme d'environ 750, 800 millions de dollars par
année. Alors, ça va être important. Ça va créer du travail, entre autres, dans
votre comté, parce que sûrement que les
travailleurs de l'usine de GE seront mis à contribution dans la section
mécanique.
Et,
vous voyez, aussi, un des défis qu'on a, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de
compagnies sur la planète qui ont l'expertise
pour faire ce genre de travaux là, il y en a... je peux les compter sur les
doigts de la main. On travaille avec environ...
surtout deux, présentement, et potentiellement... on réfléchit est-ce qu'on va
en ajouter un troisième, O.K., à cause de la quantité de travail qu'on a à
faire. Alors c'est une réflexion qui est en cours dans le groupe de
M. Laporte, qui est avec nous aujourd'hui.
Mais
nous, on veut s'assurer de rencontrer les échéanciers. Ce sont des travaux qui
ont un certain risque et qui sont
extrêmement coûteux, on doit s'assurer qu'ils sont bien exécutés et dans les
temps, comme je disais tantôt. Alors, on
va s'assurer, hein... Puis vous faites bien de le mentionner, puis c'est
toujours une préoccupation, chez nous, on s'assure toujours de maximiser les retombées au Québec. Ça
fait partie de nos critères d'évaluation et ça va continuer de le faire.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Richelieu.
M. Rochon : Je sais que vous avez, là, un intérêt, là, pour cela réel, là, fort,
mais vous ne niez pas ce qui s'est produit
dans le cas de General Electric et du fameux contrat, là, pour les stators,
hein? General Electric obtient le contrat. Elle a des ateliers à Sorel-Tracy. Une fois obtenu le contrat, elle
envoie ça à son atelier au Brésil, ferme l'atelier électrique de
Sorel-Tracy. Ce n'est pas très heureux.
Alors,
comment, M. Martel, comptez-vous vous assurer que pareille affaire ne se
reproduise plus, là? Comment comptez-vous
vous assurer que votre volonté claire, là, que j'entends et que je sais
véritable... qu'un véritable contenu fabriqué
au Québec dans les équipements que vous acquérez soit au rendez-vous? Quelles
mesures supplémentaires...
Le Président
(M. Hardy) : M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Alors, si vous me permettez, M. le Président, M. le ministre,
écoutez, une chose que je dois être clair, c'est que, malgré tout ce
qu'on peut penser, on n'a pas le pouvoir, Hydro-Québec, non plus de dicter à
une organisation mondiale, tu sais,
exactement où est-ce qu'ils doivent tout fabriquer leurs produits. Eux, ils
regardent ça dans l'ensemble, hein,
ils ont des contrats à gauche, à droite, ils essaient de mettre du volume. GE a
fait des investissements, l'an passé,
dans les aubes à Bromont. Bon, eux, ils considèrent qu'ils ont même plus de
volume au Québec qu'ils en avaient avant. Ça, ce n'est pas à moi de dire
si c'est vrai ou pas, mais c'est ce qu'ils nous ont mentionné.
Mais il y a une
complexité, hein, ce sont des ouvrages extrêmement complexes. Dans une
turbine-alternateur, aujourd'hui, il y a à
peu près 31 usines dans le monde qui contribuent à fabriquer les pièces
d'un ensemble de turbine-alternateur.
Alors, oui, l'assemblage se fait chez nous, mais il y a beaucoup d'autres
composantes aussi qui sont fabriquées.
Alors, ça, c'est toujours un défi que nous avons. Mais ce que je peux vous réitérer,
c'est notre ferme intention à continuer et à s'assurer de donner un
poids important au contenu québécois.
Évidemment,
il faut qu'on soit compétitifs, hein, c'est toujours... parce qu'il y a un
équilibre à aller chercher, mais c'est
sûr et certain... Puis je pense que nos chiffres témoignent qu'on est
extrêmement vigilants déjà là-dessus. Puis, oui, on peut toujours, probablement, faire mieux, mais, si on achète pour 2,9
milliards par années, il y en a 2,7 qui viennent du Québec, c'est quand
même significatif. Je faisais le calcul tantôt, c'est presque 94 %,
93,9 %, pour être exact.
Alors,
oui, on va regarder à prendre des moyens, vous avez notre engagement, mais je
ne peux pas vous faire de promesses, par contre, que...on n'a pas le
contrôle sur ça à 100 %. Mais c'est sûr que l'intention, elle est là.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Richelieu.
M. Rochon :
Combien de temps me reste-t-il?
Le Président
(M. Hardy) : Il vous reste 3 min 42 s.
M. Rochon : Trois minutes? Bon, on va débuter notre échange sur la question à
laquelle je viens immédiatement, puis on risque de poursuivre un peu
plus tard.
Je
veux vous parler des autobus scolaires et, nous, de notre volonté, d'ici
2030 — je
dis «nous»... le Parti québécois, là — d'électrifier les autobus scolaires à
100 % d'ici 2030. Et actuellement ce qui est assez particulier, c'est
qu'il y a un appui financier du
gouvernement non pas à l'électrification des autobus scolaires, mais à l'achat
d'autobus scolaires diesel. Et moi,
je veux soumettre l'idée ici à la fois au ministre et entendre ce qu'en pense,
s'il veut commenter, le président-directeur général d'Hydro-Québec, soumettre l'idée de mettre en place un crédit
d'impôt énergétique d'Hydro-Québec pour réduire la facture d'électricité des opérateurs d'autobus scolaires. Et pourquoi
pas aussi... Pourquoi ne pas mettre en oeuvre aussi la technologie du
véhicule vers le réseau pour accentuer l'intérêt économique vers les autobus
scolaires électriques?
Qu'est-ce
que c'est, ça, véhicule vers le réseau? J'ai vu ça à votre centre de recherche,
à l'IREQ, là. C'est une clé, pour
moi, il me semble, là, pour permettre aux commissions scolaires de récupérer
l'équivalent de la valeur d'un autobus
neuf, durée de vie de l'autobus, 13, 14 ans, là, en revendant
l'électricité à Hydro-Québec lorsque les véhicules sont à l'arrêt, aux
moments stratégiques de la journée.
J'aimerais
que vous nous expliquiez ce principe, M. Martel. Et ensuite peut-être
voudrez-vous commenter nos suggestions.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau : Non, non,
allez-y, M. Martel.
Le Président (M. Hardy) :
M. Martel.
M. Martel (Éric) : Alors,
écoutez, quelques volets, M. le Président. Merci, M. le député.
Nous sommes
évidemment, à Hydro-Québec, très actifs, hein, puis à essayer de voir comment
on peut électrifier les transports, au Québec, davantage. On sait qu'on
est en train... on est très, très proches de faire des percées dans l'automobile en déployant nos bornes. Je vous
partageais tantôt qu'on fait des travaux sur les batteries. Et, évidemment,
sur les véhicules plus lourds, il y a encore certaines limitations techniques,
sur lesquelles on travaille. Mais vous avez effectivement
raison, on a une borne intelligente qu'on a développée à l'IREQ, hein? Dans
toute la transformation, puis la
digitalisation, puis les nouvelles énergies qui sont disponibles, le monde de
l'énergie est dans un bouleversement, et c'est une des pièces qui est intéressante parce que, quand on va
regarder une maison puis qu'on va l'intégrer complètement, on pourrait avoir des véhicules et la borne que
nous avons développée qui pourraient faire des échanges énergétiques, tu sais, la nuit, utiliser une partie, peut-être,
de l'énergie ou s'assurer que l'auto est prête le lendemain matin, mais il y a
des moments dans la journée... Alors, toute l'intelligence, la digitalisation
nous permet de rêver à cela.
On est en
train de développer dans notre centre de recherche, d'ailleurs, à Shawinigan,
ce qu'on appelle la maison intelligente.
Alors, cette maison-là, hein, elle va partir votre sécheuse en plein milieu de
la nuit, quand il y a moins d'énergie qui
est consommée sur le réseau. Mais il va y avoir une intégration puis une
connexion avec Hydro-Québec qui va devoir se faire pour que... pouvoir gérer
ça, l'ensemble de tout notre réseau, de façon plus intelligente, si je peux
utiliser le mot, et de façon plus intégrée.
M. Rochon : Merci,
M. Martel. Je sais qu'il me reste très peu de temps, je veux juste dire
que...
Le Président (M. Hardy) : 15
secondes.
M. Rochon : 15 secondes. Vous avez très bien expliqué le
principe du V2G. Et tantôt j'aimerais entendre le ministre sur l'idée du crédit énergétique d'Hydro-Québec...
j'ai peut-être, tantôt, dit «crédit d'impôt», mais évidemment c'était
crédit énergétique d'Hydro-Québec pour les autobus électriques.
Une voix : ...
Le Président (M. Hardy) : Vous
permettez?
• (21 heures) •
M. Moreau : Bien, je
veux juste ajouter un élément, là, sur... On reviendra sur le crédit
énergétique.
Vous avez
parlé de l'encouragement gouvernemental à l'acquisition d'autobus diesel. Il y
a aussi un gros encouragement
gouvernemental dans le cas de l'autobus 100 % électrique, il y a une aide
gouvernementale de 8,6 millions qui
a été consentie pour la conception des prototypes. Et, il y a deux semaines,
j'étais avec les gens d'Autobus Lion, à New York, justement, à l'Advanced Technology, pour promouvoir le travail
qui est fait ici, chez Lion, pour la vente de véhicules. Vous savez que, les Autobus Lion, il y en a qui roulent en
Californie, il y en a qui roulent ici, au Québec. On souhaite qu'il y en
ait qui roulent également à New York. Et, avec un propriétaire d'entreprise
d'autobus scolaires, récemment, je
comprenais que le coût d'acquisition est encore quand même substantiellement
plus important que le coût de l'acquisition d'un véhicule conventionnel,
d'un autobus conventionnel. Alors, c'est sur ces éléments-là qu'il faut travailler. C'est clair qu'au fur et à mesure du développement de la technologie, pour les véhicules électriques, c'est vrai pour les autobus scolaires comme c'est vrai pour
tous les autres types de véhicule, j'imagine que cet écart-là dans les coûts
d'acquisition devrait aussi diminuer. Mais l'intérêt du gouvernement pour ce
type d'équipement là est clair, et les recherches
qui sont faites au centre d'excellence, d'ailleurs, qu'on a visité lors de son
inauguration, vont tout à fait dans ce sens-là.
Et, oui, c'est ça, alors, la technologie des...
les éléments recherchés et obtenus par Hydro-Québec dans ses recherches, Autobus Lion utilise le moteur TM4 qui
a été développé dans les recherches d'Hydro-Québec. Alors, on est au bon endroit.
Et l'autobus
électrique, qu'il roule ici ou en Californie, aide globalement la planète dans
l'atteinte de ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre.
Le
Président (M. Hardy) :
Merci, M. le ministre. Maintenant, je passe la parole du côté gouvernemental. M. le député d'Abitibi-Est.
M. Bourgeois : Merci, M.
le Président. M. le ministre, vous me permettrez d'abord quelques précisions pour le bénéfice de mon collègue de Richelieu. Dans
une vie pas si lointaine, j'ai eu à vivre l'expérience que vous exprimiez au niveau des retombées économiques
régionales, par rapport à des enjeux comme celui-là. Et moi, je me rappelle
d'une époque où j'allais dans votre comté
rencontrer les gens d'Alstom, à l'époque, pour revendiquer de pouvoir faire
affaire avec eux, pour des
entrepreneurs d'Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec, pour maximiser les
retombées économiques des projets
majeurs dans le territoire. Donc, je comprends très bien votre approche. Mais
il y a un homme qui a travaillé
énormément avec nous, à cette époque-là, et qui est ici, dans la salle, ce
soir. Je fais une salutation toute particulière à Réal Laporte. On a
travaillé énormément à faire évoluer la pensée collective de part et d'autre,
donc, à l'intérieur de la société d'État.
Oui, il y avait des contraintes, des résistances, à l'intérieur, dans les
processus, dans les individus qui
géraient ces processus-là, mais également par rapport à notre monde, hein, les
gens d'affaires, les individus qui
voulaient travailler sur ces projets-là, qui voulaient pouvoir réaliser des
contrats, démontrer leur expertise en lien avec des projets.
Puis, nous, ça a
commencé, en Abitibi-Témiscamingue, sur les centrales de l'Outaouais supérieur,
qui étaient exactement où sont actuellement
les turbines-alternateurs des groupes LG. On était donc à la fin de vie utile
de ces groupes-là, réfection majeure
de ces unités-là. Je me rappelle très bien, même, avec les gens de la région la
Grande-Rivière, le premier
commentaire qu'il y avait eu : Oui, vous allez pouvoir faire des travaux
accessoires autour, mais vous n'avez pas
d'expertise, hein, vous ne connaissez pas ça. Puis effectivement je n'ai pas la
chance que vous avez d'avoir un joueur de
catégorie mondiale qui peut prétendre faire l'installation de groupes
turbine-alternateur de qualité, parce que, et là je pense que c'est déjà le premier élément
fondamental, personne ne souhaite avoir des équipements à rabais, personne ne
souhaite avoir des équipements qui ne seront pas de haute performance. Parce
qu'actuellement, quand on change un groupe
turbine-alternateur, non seulement on va rechercher la puissance qui est à
l'intérieur du groupe, mais souvent on a une augmentation d'efficacité qui est générée par les compétences de ces
entreprises-là, qui oeuvrent, dans votre cas, ici, au Québec. Je comprends tout à fait votre point de
vue de s'assurer de non seulement maintenir, mais pérenniser cette
entreprise-là avec les autres acteurs économiques du territoire québécois pour
pouvoir atteindre des résultats comme M. Martel
nous en a fait part, quand on parle de tout près de 94 % des achats. C'est
aussi des services, c'est de l'expertise. Et moi, je me rappelle d'une discussion qu'on avait eue à l'époque. Vous
le savez, je suis quelqu'un qui est très en lien avec le secteur minier et le secteur forestier, mais les gens d'Hydro
nous disaient : Bien, vous ne connaissez pas ça. Mais on a appris. Et
on a tellement bien appris qu'on a trouvé des bobineurs, pour les groupes
turbine-alternateur de votre compagnie, qui
étaient tellement bons qu'après ils ont pu aller faire
l'installation sur les installations de la centrale Eastmain et
Eastmain-1-A.
Donc, vous voyez, je
pense que, si la société d'État n'aurait pas cette volonté-là très claire...
Et, je tiens à le souligner, on a toujours
été très exigeants envers la société
d'État. On a eu des discussions
franches, des discussions robustes, à
l'occasion, par rapport à des prétentions de pouvoir faire le travail,
mais on était capables aussi, en contrepartie, d'exiger de notre monde d'avoir
aussi la même rigueur, aussi la même capacité de fournir des services de très
grande qualité et à un prix compétitif.
Parce que souvent, malheureusement, c'est l'autre élément, les gens disent :
Ah! ils sont obligés d'acheter québécois, on a un bon produit, ils vont payer. Et là je
vais faire un autre petit reproche un
petit peu aux gens d'Hydro : C'est parce qu'ils ne paient pas vite. Ça, c'est l'autre doléance qu'on
leur adresse souvent. Et là-dessus on va tous être d'accord. Mais je sais qu'ils travaillent à
améliorer leur prestation de services dans ce sens-là. Mais, définitivement,
les retombées économiques régionales,
c'est un enjeu partout sur le territoire québécois. Et les attentes des
Québécois sont élevées envers la société d'État.
Plus
récemment, parce que moi, j'ai vécu... j'ai eu la chance de vivre à la fois les
centrales de l'Outaouais supérieur, le
complexe La Grande, Eastmain, Eastmain-1-A—Rupert, et Péribonka, et même la Romaine... Et là,
M. le ministre, j'étais très heureux de voir... Récemment, vous
êtes allé sur le territoire pour participer à la mise en service de groupes
là-bas. Mais je vais vous faire une petite histoire en parallèle, cependant.
Je me rappelle aussi quand on m'avait demandé d'aller travailler avec les gens de la Minganie. Et je peux vous dire
que ça a été un choc culturel, parce
que les attentes des gens là-bas étaient très élevées. Et j'ai revu l'histoire que
j'avais vécue dans le passé, où des gens disaient : Bien, ils arrivent, Hydro vont payer, puis ils ont juste à
nous embaucher, puis ça va être comme ça que ça va se passer. Évidemment,
si... on ne veut pas prétendre à des
retombées sans être capable de livrer la contrepartie. Ça n'a pas été évident,
au départ, en Minganie. Encore là, la société d'État a travaillé fort
avec les groupes là-bas. Et je pense que, quand on regarde, maintenant, ce qui s'est fait... Parce que les attentes étaient élevées non seulement pour la construction, mais également
pour l'opération subséquente avec... On
souhaitait que les équipes soient installées directement en Minganie, qu'il
y ait vraiment un impact non seulement lors de la construction, mais
après coup. Et quand même c'est un complexe de 1 550 KW, de tout près de 8 TWh, c'est quelque chose d'important. C'est quelque
chose aussi qui a permis de
construire une route permanente de
150 kilomètres qui rentre à l'intérieur des terres, et,
sur la Côte-Nord, des routes qui rentrent à l'intérieur des terres, il n'y en a pas beaucoup. Rentrer comme ça à l'intérieur des terres,
bien, ça rejoint encore mon autre domaine, le secteur minier, la possibilité d'aller explorer le territoire, d'être capable, comme acteur, Hydro-Québec, d'être un vecteur de
changement pour une région, parce
qu'il ouvre des opportunités. Mais
ça, M. le Président, je vous le dis, il faut garder cette
ouverture-là avec les gens des régions. On vous en demande beaucoup, c'est la société
d'État des Québécois et des Québécoises, mais c'est une grande fierté, et on a besoin
de vous et on veut travailler avec vous. C'est ça que les gens de région
s'attendent de vous.
Comme mon collègue le
disait tout à l'heure, souvent on dit... Hydro-Québec, on s'attend à avoir une
haute efficacité de service, on s'attend à
avoir une grande collaboration. On vous en demande beaucoup,
vous nous en donnez. Vous êtes
capables de livrer. Parfois, il faut vous reparler à l'occasion pour s'assurer
que le message est clair, mais je pense que l'ensemble des collègues ici vont reconnaître qu'on a besoin d'un joueur
de votre type. C'est un choix stratégique
qui s'est fait à l'époque, au Québec, et on en est très fiers.
Mais, M. le ministre, je veux revenir
sur la Romaine parce je pense qu'on a des éléments intéressants à
livrer sur ce complexe qui au départ
avait été décrié. On disait : Est-ce qu'on a vraiment besoin de
la Romaine? Est-ce que ce projet-là va être livré dans les temps? Est-ce qu'il va être livré dans les coûts prévus? Et là-dessus
j'aimerais vous entendre, je ne
sais pas, M. le ministre ou M.
le président, conséquemment à la réalisation de ce grand projet, ce dernier grand projet, actuellement, au
niveau de l'électricité, et ce qui s'en vient pour la suite.
• (21 h 10) •
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Moreau :
Oui, merci, M. le Président. M. Martel va certainement pouvoir compléter
la réponse, mais, effectivement, la Romaine, c'est un projet gigantesque
qui... si je me souviens bien des chiffres, avec les lignes de transmission, c'est un projet de près de
9 milliards de dollars, qui a été complété dans les temps et dans les
budgets et qui fait, moi, je l'ai vu
lorsqu'on est allés faire l'inauguration avec le premier ministre et le P.D.G.
d'Hydro-Québec, les gens d'Hydro-Québec...
qui est une source de grande fierté pour les travailleurs qui ont oeuvré sur ce
chantier-là et, encore une fois, qui
s'inscrit dans la capacité qu'a notre société d'État de livrer de très grands
ouvrages à l'intérieur des délais qui sont prévus et à l'intérieur des
budgets.
Dans ce contexte-là,
moi, je pense que, M. Martel, vous pourriez peut-être nous indiquer, suite
à la question, comment s'intègrent ces ouvrages
dans l'ensemble du réseau d'Hydro-Québec et quelles sont les perspectives
d'utilisation de l'énergie produite à la Romaine.
M. Martel
(Éric) : Absolument.
Le Président
(M. Hardy) : M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Alors, M. le Président, écoutez, ces ouvrages-là qu'on est en
train de mettre en opération, puis on
a inauguré la Romaine-3 il y a quelques mois, là, à l'automne dernier,
prêt pour l'hiver, à temps, en budget, comme le ministre le disait, vont nous permettre, justement... nous permettre
de se positionner très favorablement, présentement, pour les dossiers d'exportation qu'on mentionnait.
Ça renforce notre réseau, ça nous donne de l'énergie, évidemment, de
disponible, ça nous donne de la puissance et, évidemment, une énergie verte,
hein, qu'on a fait tantôt...
Mais
j'étais heureux que vous mentionniez un peu plus tôt aussi le caractère un peu
audacieux d'Hydro-Québec. Et ça,
c'est toujours quelque chose... On parle de la transformation culturelle qu'on
fait à Hydro-Québec. Il y avait des choses
qu'on disait qu'on faisait puis qu'on voulait arrêter de faire, des choses
qu'on a dit qu'il faut commencer à faire, mais l'audace, c'est quelque chose qu'on se dit qu'il faut garder chez
Hydro-Québec. Ça fait partie de notre ADN. On a fait des choses extrêmement audacieuses, hein? Tu sais, quand vous
retournez aux années 70, puis qu'on a décidé de faire LG 2, une centrale sous terre immense,
c'était la plus grande centrale au monde sous terre, à l'époque, et là, quand
tu es là, tu dis : On est les premiers à faire ça, on n'a jamais... jamais
personne n'a fait ça avant... Et ça, ça fait partie de l'ADN d'Hydro-Québec. On a été les premiers à faire du
735 000 volts, on a été les premiers à amener de l'énergie en DC sur
des multiterminaux sur des très longues distances, 1 500 kilomètres
entre la Baie-James et Boston. Alors, il y avait... il y a toujours eu un certain courage et une certaine audace, chez
Hydro-Québec, qui fait partie, probablement, de ce qu'on est devenus
aujourd'hui. Alors, aujourd'hui, on continue.
Puis,
le ministre le mentionnait, juste pour raconter, on a 1 045 projets
de front, présentement, qu'on travaille, chez Hydro-Québec. Ça ne paraît
pas. C'est sûr qu'on parle souvent de la Romaine, Chamouchouane—Bout-de-l'Île,
c'est les plus grands, mais on a quand même
plusieurs autres projets de moindre envergure mais d'autres sont quand même
assez costauds. Exemple, on refait tout le
réseau sur l'île de Montréal, présentement, pour qu'il soit 2,5 fois plus
fort, plus robuste pour les 50 prochaines
années. Et, ces ouvrages-là, la société d'État a l'habileté de les faire à
temps, dans les budgets.
Alors,
sur les 1 045 projets, aujourd'hui, tu sais, on n'a pas de scandale
de dépassement en temps, en coûts, c'est quelque chose que notre équipe est très fière. Et ça, d'ailleurs, ça
fait partie de notre capacité aussi. Quand on dit : On veut regarder des choses à l'international, c'est
une expertise, parce qu'il n'y a pas beaucoup d'utilité... Des grands projets
hydroélectriques, au Canada présentement, il y en avait quatre. Il y en a deux
en difficulté, un qui est arrêté. On est les
seuls, présentement, qui réussissent à faire un projet hydroélectrique dans les
temps et atteindre nos objectifs. Puis c'est
un métier qui n'est pas simple, hein, parce qu'on creuse les sols, on ne sait
jamais à 100 % exactement qu'est-ce qu'on va trouver, comment ça va être, il y a un peu de découverte, mais
on a l'expertise, justement, d'être capables de faire face à ces
imprévus-là en tout temps.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député. 40 secondes.
M. Moreau :
Ce qu'il est important de mentionner, c'est...
Le Président
(M. Hardy) : Monsieur...
M. Moreau :
...pendant la durée des travaux, c'est 1 000 emplois en moyenne par
année, dont 45 % sur la Côte-Nord,
qui est une région qui en avait bien besoin, et donc avec les retombées
directes et indirectes que ça suppose.
Le Président
(M. Hardy) : Encore 30 secondes.
M. Bourgeois : Oui.
Juste, petite mention, quand on parle des travaux de réfection des groupes LG,
vous dites que vous allez accélérer
le rythme, mais je me rappelle très bien, à l'époque, d'être intervenu et de
saluer la volonté de la société
d'État de faire un groupe par année, parce que, vous comprendrez, pour des
petites entreprises, là, chaque année, pendant
les 30 prochaines années, d'avoir des contrats de ce type-là, c'est ce
qu'on rêve d'avoir, pour des petites entreprises. Parce que, demain matin vous avez besoin de
10 groupes par année, même la compagnie de mon collègue va avoir de la
difficulté à répondre, à ce rythme-là. Et il faut être capables d'appuyer nos entreprises.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup. Merci beaucoup, M. le
député d'Abitibi-Est. Maintenant,
je passe la parole à la deuxième opposition. Mme la députée de Saint-Hyacinthe,
pour 20 min 24 s.
Mme Soucy : Merci. Je voudrais juste revenir pour être
certaine que c'est clair. Pour le dépôt du rapport de KPMG, vous allez
bien le déposer? Oui? O.K. Parfait.
M. Moreau :
Oui, on a pris...
Mme Soucy : Ce n'était pas très clair avec... donc je voulais
juste m'en assurer. Et j'ose espérer que KPMG n'a pas basé son rapport que sur des joueurs à
l'étranger, parce que les plus gros joueurs, en fait, dans la puissance de
calcul, n'ont pas été consultés, puis
il n'y en a pas une tonne, au Québec. Donc, j'ose croire
qu'ils tiennent ça... vous allez le tenir en compte.
M. Moreau :
Alors, juste pour être clair, on a pris l'engagement, tantôt, de déposer...
Mme Soucy : Bien, ce n'était pas très clair quand on est
allés voir, tantôt, la présidence, ça fait que je voulais juste
m'assurer que...
M. Moreau : Alors, bien, je prends l'engagement de déposer le rapport de KPMG, qui était en note infrapaginale...
Mme Soucy :
Super! Merci.
M. Moreau :
...et vous pourrez, à sa lecture, voir sur quoi KPMG s'est basé.
Mme Soucy :
Parfait.
Le Président
(M. Hardy) : Merci, M. le ministre.
Mme Soucy : Dans les... Je voudrais revenir aux prévisions
des dividendes dans les prochaines années, qui sont nettement à la
baisse. Puis ça, c'est un fait, je veux dire, on ne n'obstinera pas là-dessus,
c'est vos chiffres.
Vous avez dit que
vous avez fait un plan stratégique. Évidemment, l'objectif, c'est de doubler
vos revenus pour 2030. J'aurais tendance à vous dire : Bien, ça commence
un peu mal.
Dans
l'international, vous avez dit : Bien, à l'international, on va faire des acquisitions. Je ne vois pas d'acquisition majeure. Le
seul investissement que je... d'acquisition, en fait, que j'ai vu, c'est 10 millions à Singapour. Est-ce qu'il y
en a d'autres? Est-ce que vous avez
changé votre stratégie pour les acquisitions à l'international ou ça reste toujours la même?
Le Président
(M. Hardy) : M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Alors, M. le Président, Mme la députée, écoutez, notre plan
stratégique, on a dit qu'on arriverait là
sur les 15 prochaines années. Ce qui était le plus pressant, pour nous,
puis sur lequel on a mis le plus d'efforts, au début, c'était sur les exportations, alors, je pense,
avec un certain succès, on vient d'aller chercher le plus gros appel d'offres
qui n'a jamais été remporté par
Hydro-Québec. Alors, on est très, très fiers de ça. On parle de plusieurs
milliards de dollars de revenus sur
les 20 prochaines années, et c'est évidemment un impact important sur
notre profitabilité. Alors, ça, ça nous fait faire un bout de chemin,
là, dans la troisième année. On n'est même pas dans la troisième année, on a
peut-être deux ans et quelques de faits dans
le plan, sur 15 ans, on a déjà été chercher, je vous dirais, un des plus
gros fruits qu'on avait à aller cueillir. Alors, ça, on est très heureux
d'où est-ce qu'on est.
Par rapport à des acquisitions, O.K., acheter des actifs... Et ça, ce que vous
mentionnez, Singapour, ça ne fait pas partie de ça, parce que ça, c'est
du partenariat, de la recherche et développement. Mais, quand on parle
d'acheter des actifs, ce serait acheter des
lignes de transmission, ce serait acheter des barrages dans d'autres pays, les
réfectionner, les exploiter, tout ça.
Alors, ça, on est sur ce dossier-là, hein, on a défini, je vous dirais, dans
les deux dernières années... Parce que,
comme je vous dis, on a mis l'effort sur les exportations, notre stratégie,
quels pays on veut aller, quel genre d'actif on veut acheter, quels pays
on souhaite ne pas être là tout de suite au début. Alors, ça, c'est très clair.
Aujourd'hui, il y a une dynamique de marché aussi où est-ce que les
taux d'intérêt sont très bas, où est-ce que les grands, par exemple, fonds de pension, comme les fonds de pension
canadiens, sont extrêmement intéressés à acheter des actifs. Mais nous, Hydro-Québec, on se différencie puis on peut s'associer à gens-là parce qu'on amène
une expertise technique. Oui, on est
capables d'investir, on a du capital, comme vous le savez, mais on est capables
en même temps...
Alors, les
choses progressent comme on le souhaite, dans un marché qui a une certaine
dynamique, présentement, où il y
a une certaine compétition, mais éventuellement, nous, la distinction qu'on peut apporter, c'est par rapport à ça. On
est une société d'État, on doit être extrêmement prudents dans ce
qu'on fait aussi et on veut s'assurer que la première acquisition qu'on
va faire va être un succès pour qu'on puisse en faire une deuxième, une
troisième et d'autres.
• (21 h 20) •
Mme Soucy : Parfait. Merci.
Le Président (M. Hardy) : Mme
la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy :
On sait que le gouvernement a fait un décret pour qu'Hydro-Québec mette
43 millions supplémentaires dans
le REM, 43 millions qui s'ajoutent aux 295 millions qui étaient
annoncés dans le budget. Le prédécesseur du ministre avait répondu à
cette question-là, au sujet de ma crainte de dépassement des coûts, au sujet du
295 millions, dans une commission parlementaire. Il avait dit, puis je le
cite : «...c'est que, même dans le budget comme tel [...] dans le plan économique du gouvernement, dans la structure de
financement[...]. [...]les chiffres sont le fruit des discussions qu'il y a pu
avoir entre le ministère des Finances, la Caisse de [placement et] dépôt.» Et
le ministre Leitão a fait un travail très consciencieux.
Alors, je
voulais savoir qu'est-ce qui s'est passé pour qu'Hydro-Québec remette
43 millions supplémentaires. J'imagine...
De toute façon, je n'ai pas de doute qu'Hydro-Québec a sûrement fait un travail
rigoureux en prévoyant... en fait, en
produisant un estimé de coûts qui justifie le 43 millions, parce que,
j'imagine, vous n'êtes pas arrivés avec un chiffre comme ça, dans les airs, pour faire approuver
43 millions. Alors, j'aimerais ça que vous déposiez l'estimé ventilé des
coûts du 43 millions aux membres de la commission.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Oui. Alors, en fait, vous avez... Je ne sais pas si vous étiez présente à la
commission parlementaire. Si ce n'était pas vous, quelqu'un d'autre,
certainement, de la deuxième opposition était présent lors de l'adoption
du projet de loi n° 106, qui prévoyait... Je crois que c'est vous qui...
Une voix : ...
M. Moreau :
Bon, c'est ça, alors, sur la question du matériel fixe. Et la valeur du
matériel fixe a fait l'objet d'une vérification
diligente, et l'entente d'aide financière prévoit donc qu'Hydro-Québec prend à
sa charge un maximum de 43 millions
de dollars, les contributions financières normalement exigibles lors de
demandes d'alimentation électrique en
vertu des conditions de service d'électricité, puisque les modifications
requises aux équipements électriques d'Hydro-Québec
se qualifient à titre de matériel fixe au sens de la loi, nécessaires à
l'électrification du projet de transport collectif...
Mme Soucy :
Je n'en doute pas, que c'est justifié, mais est-ce que c'est possible de
déposer quand même l'estimé qu'Hydro-Québec a fait de ces coûts-là? Je
suis certaine que... Est-ce que ça a été fait?
M. Moreau :
Je pense que votre question demande une clarification. Je vais demander à
M. Martel de vous indiquer ce qu'il a besoin comme clarification.
Le Président (M. Hardy) :
M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Si vous me permettez, M. le Président, est-ce que vous parlez
de l'estimé qui avait été fait à l'époque pour arriver au chiffre de
295 millions ou le dernier estimé qui a été fait avec le 43 millions?
Mme Soucy :
Je vous rappellerai qu'on attend encore, parce qu'on l'avait demandé, l'année
passée, justement, quand vous alliez
faire l'estimé de coûts, qu'on parlait, à ce moment-là, de 295 millions,
de nous fournir l'estimé, ce qui n'a
pas été fait, mais là ce que je parle, c'est le 43 millions
supplémentaires. En fait, est-ce que c'est possible de déposer l'estimé de coûts que vous avez fait, sûrement,
pour justifier le 43 millions, alors le déposer aux membres de la
commission, l'acheminer aux membres de la commission?
M. Martel
(Éric) : Si vous me permettez, M. le Président, aujourd'hui, ce n'est
plus un estimé, hein, c'est un chiffre qu'on a négocié.
Alors, ce que
je vais devoir vérifier, avant de répondre à votre question, c'est qu'on a des
ententes avec la caisse, O.K., qui
sont des ententes confidentielles. Nous, on est partis, l'an passé, d'une loi,
la loi n° 106, qui a été mise en place, c'est à ce moment-là qu'on
est devenus acteurs, parce qu'avant ça, évidemment, tu sais, la caisse
travaillait avec des estimés qu'ils avaient
faits. Nous, on a travaillé, à un moment donné... Comme vous le savez, il y
avait deux consortiums. On a travaillé
avec les deux consortiums pour évaluer les coûts à partir de ce moment-là. Et
donc, l'an passé, quand la loi
n° 106 est arrivée, on a dû définir... la première chose, c'était de
définir c'est quoi qu'on appelle le matériel fixe. Là, quand on s'est mis d'accord là-dessus, là, on a
contribué, Hydro-Québec, à définir c'était quoi, les évaluations des montants,
et tout ça. Et on est très confortables avec les chiffres, aujourd'hui, qui
sont là.
Le Président (M. Hardy) : Mme
la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy :
...si vous me dites que ça a été prévu à partir du projet de loi n° 106,
alors, j'ai de la misère à comprendre
pourquoi que ce n'était pas dans le budget, parce qu'en fait ils ont passé le
décret à peu près, quoi, une semaine après
le dépôt du budget. Donc, si le chiffre était déjà... vous aviez déjà travaillé
sur ces chiffres-là, lors... tout de suite après l'adoption du projet de loi n° 106, ça devait être dans le
budget, alors que, là, ils ont fait un décret de 43 millions. Ça
fait que j'ai un peu de difficultés à m'expliquer ça, là.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Moreau :
Bien, c'est-à-dire que ce que... je pense que la réponse de M. Martel et
celle que je vous donne certainement est la
suivante : Il fallait définir ce qu'était à partir des dispositions du
projet de loi... bien, de la loi n° 106, qu'est-ce qui constituait le matériel fixe. Or, le matériel fixe, ça
correspond à 43 millions de plus que le 295 millions de départ, c'est-à-dire 338 millions, qui est la
proportion de la participation d'Hydro-Québec. Maintenant, cette
participation-là, sur la période de
l'entente, prévoit, avec des évaluations conservatrices, permettre à
Hydro-Québec d'avoir des revenus de l'ordre de plus d'un demi-milliard
de dollars...
Mme Soucy :
M. le ministre, excusez, mais...
M. Moreau :
Non, mais je... Si je peux compléter ma réponse, M. le Président...
Le Président
(M. Hardy) : Mme la députée de Saint-Hyacinthe...
Des voix :
...
Le
Président (M. Hardy) : Pardon. Un instant, s'il vous plaît. Mme
la députée de Saint-Hyacinthe, vous avez posé une question. Laissez le
temps un petit peu de répondre, puis après ça je vais vous redonner la parole.
Mme Soucy :
...
M. Moreau :
Non, non, mais je ne veux pas insister. Je veux simplement vous dire que...
Alors, la réponse à votre question, c'est qu'il y a eu une revue diligente liée
à l'évaluation des coûts, à la détermination de ce que constituait le matériel fixe. Ça arrive à 338 millions. Et
ce 338 millions, sur la période de l'entente, va rapporter à Hydro-Québec
plus d'un demi-milliard de dollars de revenus.
Le Président
(M. Hardy) : Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy :
Parce que le décret a été fait, quoi, à peu près une semaine après le dépôt du
budget. Donc, vous me dites, dans la
semaine, tu sais, entre la planification du budget puis le décret, bien, vous
avez révisé puis vous avez justifié le matériel pour une augmentation du budget
de 43 millions.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Moreau :
Bien, la loi, oui...
Mme Soucy :
Parce que la loi a été adoptée en 2016. Non?
M. Moreau :
La loi n° 106, elle a été adoptée bien avant le budget, donc la définition
de ce que constitue le matériel fixe
et la révision diligente de l'évaluation de ce sur quoi on s'est entendus qui
constitue le matériel fixe a commencé bien avant le budget. Alors, l'écart entre... le délai entre l'adoption ou le
dépôt du budget et l'adoption du décret n'a rien à voir dans le travail
qui s'est fait sur la détermination de ce que constitue le matériel fixe et son
évaluation.
Le Président
(M. Hardy) : Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy :
Bien, justement, si vous dites que ça n'a rien à voir parce que le projet de
loi a été adopté à l'automne, à la session de 2016, alors il aurait dû être
dans le budget.
M. Moreau :
Pardon?
Mme Soucy :
Il aurait dû être dans le budget.
M. Moreau :
Bien, non, pas nécessairement, parce que ce que la loi prévoyait, ce que la loi
prévoyait, c'était que le matériel fixe faisait l'objet d'une participation. Ce
qui constituait... Ce qui entrait dans la définition de matériel fixe a fait l'objet d'un examen, de discussions entre
Hydro-Québec et la caisse, c'est ce que je comprends, et la valeur de ce qui
a été déterminé comme constituant le
matériel fixe a été établie suite à une vérification diligente, ce qui a amené
le décret qui majore de
43 millions la valeur de la participation d'Hydro-Québec. Mais tout ça
s'est fait entre l'adoption de la loi et l'adoption du décret, ça n'a
rien à voir avec le budget. Vous, vous dites que...
Mme Soucy :
...matériel fixe...
M. Moreau :
Pardon?
Mme Soucy :
Le 43 millions, en fait, c'est que le matériel fixe puis le
295 millions prévu dans le budget, c'est pour... Pour quoi,
exactement? C'est la participation d'Hydro?
M. Moreau :
Bien, c'est la... Je ne sais pas très bien comment je pourrais l'expliquer plus
que ça. Il y a une loi qui dit :
La participation d'Hydro-Québec sera possible sur le matériel fixe.
Hydro-Québec engage les discussions avec la Caisse de dépôt et de placement à savoir qu'est-ce qui constitue le
matériel fixe. Il y a un élément, que je comprends, qui vient s'ajouter dans les négociations, qui
dit : Le matériel fixe, c'est aussi les demandes d'alimentation électrique
en vertu des conditions de service
d'électricité, puisque les modifications requises aux équipements électriques
d'Hydro-Québec se qualifient à titre
de matériel fixe nécessaire à l'électrification d'un projet, ce qui n'a pas été
déterminé au moment de l'adoption de
la loi n° 106, mais qui a fait l'objet des discussions entre Hydro-Québec
et la Caisse de dépôt et de placement.
Mme Soucy :
...pas posé la question assez clairement. Pourquoi que, dans le budget, dans la
participation d'Hydro-Québec, dans le
budget, le chiffre n'a pas été ajusté? Bien, le budget que vous avez déposé en
mars 2018, c'est marqué...
M. Moreau :
Le budget qu'on vient d'adopter, là?
Mme Soucy :
Oui, oui, le budget qu'on vient d'adopter.
M. Moreau :
Parce que...
Mme Soucy :
C'est marqué... La participation d'Hydro-Québec, bien, c'est écrit, le chiffre,
295 millions.
M. Moreau :
Parce que les discussions étaient toujours en cours au moment où le budget a
été déposé.
• (21 h 30) •
Mme Soucy :
C'est ça. Bien, c'est pour ça que tantôt je vous disais : Ça s'est réglé,
d'abord, tout de suite après. Tu
sais, c'est pour ça que je vous disais... je me posais la question pourquoi que
ça n'apparaissait pas. Bien là, vous venez de répondre à ma question. Ce
n'est pas...
Une voix :
...
M. Moreau :
Oui, oui. Non, non, mais, dans le budget précédent celui qui vient d'être
adopté, on avait prévu 295 millions, et
l'évaluation de ce que... la détermination de ce qu'est le matériel fixe s'est
faite de façon concomitante, et le
décret a été adopté suite au dépôt du budget 2018, qui amène
une participation additionnelle de 43 millions, compte tenu de la détermination de ce que
constitue le matériel fixe et de la valeur qui y est attribuée sur la base des
discussions qui ont eu cours entre Hydro-Québec et la Caisse de dépôt et
de placement Infra, vraisemblablement.
Mme Soucy :
...passer à un autre sujet plus... un sujet qu'un citoyen m'a rapporté, c'est
la lecture croisée des compteurs. Un citoyen
a payé pendant six ans de temps le compte d'électricité de son voisin, suite à
une erreur d'Hydro-Québec. Hydro-Québec n'avait pas, en fait, associé le
bon compteur avec la bonne adresse. Est-ce que vous trouvez ça juste
qu'Hydro-Québec rembourse à ce citoyen-là, victime, en fait, d'une erreur de
bonne foi, je n'en doute pas, seulement trois ans, au lieu de le rembourser
pendant six ans de temps? Sur quelle base statuez-vous le trois ans?
M. Moreau :
J'imagine que c'était le délai de prescription d'un recours. Le délai de
prescription général, en vertu du droit civil, au Québec, est de trois
ans.
Mme Soucy :
Oui, de trois ans à partir du moment où est-ce que tu t'en aperçois.
M. Moreau :
Oui.
Mme Soucy :
Bien, il s'en est aperçu... Quand il s'en est aperçu, il a appelé Hydro-Québec.
M. Moreau :
Mais j'imagine qu'au moment du remboursement ou, en tout cas... Je ne sais pas
si vous avez une autre réponse à donner que ça, là.
Mme Soucy :
...Hydro-Québec qui s'en est aperçue, en fait, qui a averti le...
Le Président
(M. Hardy) : M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Écoutez, c'est une erreur. C'est des erreurs qui arrivent,
malheureusement, ça peut être le maître électricien, ça peut être nous, là, je ne connais pas ce dossier-là
particulièrement. Mais nous, effectivement, on a les lois de...
Une voix :
C'est les conditions de service approuvées par la Régie de l'énergie.
M. Martel
(Éric) : ...les conditions de service — excusez-moi, je cherchais les mots — les conditions de service qui s'appliquent. Habituellement, Hydro-Québec, on
va regarder la loi, les conditions de service qui s'appliquent, il y a des
périodes de prescription, et tout ça, puis on va mettre ça en application.
Alors, je ne connais pas ce cas précis là, on
pourrait peut-être en discuter à un autre moment.
Mme Soucy :
...je comprends le délai de prescription, mais il faut quand même que le client
s'en aperçoive pour que le délai de prescription commence à courir.
Alors, bien, je vous donnerai l'adresse du
citoyen.
M. Martel
(Éric) : Ce serait intéressant pour nous de l'avoir. Puis on pourra
faire un suivi avec le client. Merci.
Mme Soucy : Oui, tout à fait.
Merci.
J'aimerais ça
aller sur les surplus d'énergie. Bon, Hydro-Québec a évalué une moyenne
annuelle de surplus de plus de
10 TWh. Et on comprend qu'Hydro-Québec a un surplus d'énergie, mais il y a
un problème avec la puissance, particulièrement quand il y a une forte
demande.
Expliquez-nous
brièvement puis très concrètement, là. Comment allez-vous vous attaquer aux
surplus? Puis, si on le divise en
trois grandes catégories, l'électrification des transports, les contrats
d'exportation puis les centres de données, incluant la cryptomonnaie... Parce que, quand je regarde dans le tableau
de votre bilan d'énergie, qui a été mis à jour, là, en 2017, dans le plan d'approvisionnement, je
voulais savoir si vous avez tenu compte des cryptomonnaies et puis des centres de données dans vos prévisions de bilan en
énergie. Alors, j'aimerais ça que vous m'expliquiez, là, brièvement, ces
trois catégories-là, comment vous prévoyez régler le problème.
Le Président (M. Hardy) :
M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Merci. Merci, M. le Président. Écoutez, nous, on fait
toujours des prévisions, puis il y a plusieurs éléments qui rentrent dans ces prévisions-là. Il y a des facteurs
macroéconomiques, d'abord, en termes de croissance, la population, etc., qui
vont prendre place. On doit aussi rajouter dans ça tout l'impact des nouvelles
technologies qui vont peut-être
permettre d'avoir une consommation plus efficace dans tous les foyers, ou etc.,
la mise en chantier de nouvelles maisons,
les grands projets qui sont connus, par exemple, je ne sais pas, moi, si une
usine qui va consommer beaucoup se construit quelque part. Alors, tout
ça, c'est pris en compte.
Après ça, nous, Hydro-Québec, on vous a dit
tantôt, on cherche à améliorer nos revenus, donc on va aller à l'extérieur, on va faire de l'exportation, mais en
même temps aussi on a pris des... on a fait des démarches, on travaille avec les serres, on travaille avec les centres de
données, on travaille aussi avec les gens du «blockchain» parce qu'on sait
que ça va faire partie de ça.
Alors, toute
cette consommation d'énergie là, là, c'est une science. Chez nous, il y a des
gens qui font ça à temps plein, de
voir et de revoir en continu la demande en énergie des Québécois, et les
prévisions pour les prochaines années, et
aussi, évidemment, les demandes en puissance, on regarde ça un peu de façon...
tout ensemble. Mais évidemment il faut trouver des solutions. Notre rôle, c'est
de trouver comment on va réussir à remplir les deux, puissance et énergie.
Alors,
écoutez, comme je disais tantôt, c'est une science, il y a des gens qui font
ça, chez nous, à temps plein. On travaille
toujours, toujours à aller comprendre sur le terrain les projets, qu'est-ce qui
s'en vient. Et la cryptomonnaie slash le «blockchain», là, font partie,
évidemment, de notre équation.
Mme Soucy : Mais est-ce que ça
avait été...
Le Président (M. Hardy) : Mme
la députée de Saint-Hyacinthe. 1 min 40 s.
Mme Soucy :
Mais est-ce que vous l'aviez prévu dans votre... dans le tableau 6, là,
pour être plus précise, tableau 6 de
votre plan d'approvisionnement 2017‑2026? Est-ce que vous aviez prévu les
centres de données, incluant la cryptomonnaie, dans les besoins en
térawattheures?
M. Martel
(Éric) : Dans les centres de données, on incluait aussi une partie de
ça, de la cryptomonnaie, je ne peux pas
vous dire exactement comment c'était séparé, mais c'est clair qu'on a ciblé
surtout les centres de données qui sont, selon nous, aujourd'hui, ce qui crée le plus d'emplois, qui a aussi une
valeur économique plus intéressante. Mais c'est sûr que, la cryptomonnaie, on avait une partie.
Tantôt, on a avancé un chiffre, 500 MW, 1 000 MW au maximum. Et
là il faut faire attention parce que,
la puissance, on est plus restreints; de l'énergie, on en a beaucoup de
disponible. Puis c'est là qu'il faut toujours balancer le tout.
Le Président (M. Hardy) :
50 secondes, Mme la députée.
Mme Soucy :
Alors, écoutez, dans la puissance, j'avais aussi, également... Dans la
puissance, en période de pointe, quand
on regarde le secteur par consommation... en fait, lorsque j'analyse le bilan
de la puissance, je remarque que votre problème
de puissance, en période de pointe, s'intensifie très rapidement. Quand on...
Je me réfère, là, au tableau 7. Dès 2023‑2024, il va y avoir... vous prévoyez un
besoin de puissance additionnelle de 1 250 à 1 900 MWh.
Expliquez-nous brièvement comment vous allez vous attaquer à ce problème
de puissance là.
M. Martel
(Éric) : Alors, écoutez, on est en train de trouver des moyens,
justement, d'attaquer... J'ai eu une revue avec l'équipe la semaine
dernière, si je me souviens bien, où est-ce qu'on a regardé, justement, le
bilan de puissance. L'énergie, on n'a pas
besoin de trop, trop se casser la tête, là, parce qu'on en a plus qu'on en a
besoin, mais, sur la puissance, on est en train de trouver des moyens,
parce que...
Le Président
(M. Hardy) : Merci beaucoup. Le temps est écoulé. Je vous
remercie bien.
Des voix :
...
Le Président
(M. Hardy) : Oui? On peut compléter sur le temps du gouvernement?
M. Moreau :
...sur le temps du gouvernement.
M. Martel
(Éric) : ...la réponse, ça me fait plaisir.
Alors,
écoutez... Merci, M. le Président. Donc, cette façon-là de faire, chez
Hydro-Québec, c'est important, hein? Rajouter
de la puissance puis combler de la puissance, ça ne veut pas juste dire ajouter
de la puissance puis de la capacité. Ça
peut être d'effacer de la puissance, hein? On a des projets, par exemple
effacer les chauffe-eau, tu sais. Les chauffe-eau, ça consomme beaucoup. On sait qu'il y a des
milliers de chalets, au Québec, où les gens ne sont même pas là. On dit :
On pourrait-u avoir la permission... On est
en train de travailler à éliminer ça. Ça, ça nous évite des coûts collectifs.
Si on fait ça puis qu'on élimine les chauffe-eau pendant l'heure de
pointe, par exemple, à certains moments, dans certaines résidences où on aura l'autorisation des clients, ça pourrait être un
moyen qui va éviter d'avoir à construire plus de capacité.
Puis
évidemment je dis toujours que l'énergie la plus propre, c'est celle qu'on ne
consomme pas. Alors, c'est encore un moyen pour nous d'améliorer notre
empreinte écologique.
Une voix :
...
Le Président
(M. Hardy) : Merci beaucoup. Merci beaucoup. Le temps est écoulé,
Mme la députée. Merci, M. Martel, M. le ministre. Maintenant, je cède la
parole à M. le député de Côte-du-Sud.
M. Morin :
Merci, M. le Président. J'ai la permission de mes deux collègues spécialistes
du Nord-du-Québec de parler un petit
peu des Îles-de-la-Madeleine, parce que j'ai fait une promesse à mon collègue
député des Îles de parler des bons coups des Îles parce qu'il aime ça
qu'on entende les Îles au niveau du gouvernement.
Le 26 juin 2017,
le gouvernement du Québec et Hydro-Québec attribuaient une aide financière de
près de 2,5 millions de dollars au
Centre intégré de santé et de services sociaux des Îles pour un merveilleux
projet de récupération de chaleur
résiduelle de sa centrale thermique d'Hydro-Québec. Ce projet-là permet une
réduction des émissions de gaz, soit l'équivalent de retirer
annuellement 457 véhicules de nos routes.
Donc,
le CISSS des Îles possède des bâtiments qui sont situés à quelques kilomètres,
quelques kilomètres de la centrale
thermique de Cap-aux-Meules, puis, la très grande quantité de rejet de chaleur
résiduelle de cette centrale, ils ont
pensé que ça pourrait être valorisé. Donc, le projet consiste à utiliser les
rejets calorifiques de la centrale thermique d'Hydro-Québec de
Cap-aux-Meules pour répondre aux besoins énergétiques de ces bâtiments de
l'établissement du CISSS. Ce système de
récupération d'énergie va consister en l'installation d'échangeurs de chaleur à
la centrale thermique et à l'hôpital ainsi qu'une boucle de transfert
constituée de canalisations isolées enterrées d'environ deux kilomètres.
La
question que moi, je me posais, peut-être pas mon député des
Îles-de-la-Madeleine : Quel est l'avantage pour Hydro-Québec de
faire un tel beau projet pour les gens des Îles? Qu'est-ce que ça donne à
Hydro-Québec?
• (21 h 40) •
Le Président
(M. Hardy) : Monsieur... M. le ministre?
M. Moreau :
Allez-y, M. Martel.
Le Président
(M. Hardy) : M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Oui. Alors, écoutez,
j'ai eu le plaisir d'être aux Îles-de-la-Madeleine... Si je me souviens bien, ma mémoire est bonne, c'était en juin 2016 qu'on a décidé de
faire ce projet-là et d'aller de l'avant. Et, pour nous, bien, c'était une autre façon de réduire et d'améliorer
notre empreinte environnementale, parce
que l'autre option, c'était de... Il faut rappeler,
hein, que l'électricité, aux Îles-de-la-Madeleine, est fabriquée à partir de notre centrale au
mazout. Et il faut se le dire ici,
là, on brûle environ 40 millions de litres de mazout par année pour chauffer les
Îles et alimenter les Îles en électricité. Alors, pour nous, c'était un moyen de réduire
ça. Alors, plutôt que de brûler du mazout pour chauffer, on a dit :
On va être intelligents, on va récupérer de la chaleur qui, sinon, va s'en
aller dans l'atmosphère, qui vient de notre centrale, et on va la diriger vers
ce centre-là que vous décriviez. Alors, c'était un moyen de dire : On va
réduire notre empreinte. Et c'était un beau projet pour Hydro-Québec en collaboration
avec les gens aux Îles-de-la-Madeleine.
M. Moreau : D'ailleurs, la centrale des Îles-de-la-Madeleine, c'est la
plus grosse... c'est le plus gros réseau autonome...
M. Martel
(Éric) : ...le plus gros, la moitié de notre capacité.
M. Moreau : ...au Québec. Et, encore là, vous allez penser
que j'ai des chouchous, là, chez Hydro-Québec, mais j'étais
avec M. Lagrange... Et je sais qu'il nous écoute, il nous a envoyé un
petit texto, là, il y a quelques instants. Alors, on a au moins un auditeur : M. Lagrange.
Et on a fait la visite de ça. Et vous savez que la communauté des Îles, c'est une... Bien, d'abord, vous savez que
c'est des insulaires, donc c'est très tissé serré. Puis l'hôpital se trouve à
peu près à deux kilomètres
de la centrale. Il y a eu des difficultés avec la centrale dans le passé, là, et Hydro-Québec, je pense, comme un
bon citoyen corporatif, voit qu'un projet semblable nous permet d'utiliser une
centrale qui fonctionne au diesel, à
l'heure actuelle, à des fins bénéfiques pour un établissement, l'établissement qui est l'hôpital des Îles-de-la-Madeleine. Et on a visité
ces installations-là. C'est assez remarquable de voir... D'abord,
c'est d'immenses conduites qui sont enfouies entre la centrale et l'hôpital
et qui font circuler la chaleur à travers les conduites isolées.
Et vous savez
que les Madelinots sont très fiers de leur centrale puis ils ont un oeil sur Hydro-Québec pour savoir ce qu'Hydro-Québec entend faire dans l'avenir avec cette
centrale-là. Je comprends d'ailleurs qu'on peut probablement profiter de la
période des crédits pour indiquer les engagements qu'a pris Hydro-Québec envers les gens
des Îles-de-la-Madeleine sur la sauvegarde des emplois, là, quelle que soit
la solution qui soit retenue dans l'avenir pour alimenter les Îles-de-la-Madeleine.
M. Morin : Donc, M. Martel, les gens des Îles vous
disent merci. Et moi, je vous dis merci pour le service que vous donnez en Chaudière-Appalaches, en Côte-du-Sud, parce que nous, on a les meilleurs services, rarement des pannes
d'électricité. Franchement, on est vraiment bien servis. Merci.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député d'Ungava.
M. Boucher : Alors, oui, je
vais prendre le relais, M. le Président. Vous savez, bon, vous parliez tantôt qu'Hydro-Québec
souhaitait augmenter ses revenus considérablement dans les années futures, puis
une des avenues de ça, c'est par
l'exportation d'électricité. Vous disiez tantôt qu'on avait des
surplus; moi, j'aime mieux appeler ça du potentiel ou... il me semble que c'est mieux qu'un
surplus, en tout cas, pour exporter ça. Puis ce n'est pas d'hier qu'on
exporte l'électricité, hein? Pour ceux qui
ne sont peut-être pas au courant, là, en 1910, le Québec
approvisionnait déjà l'État de
New York via une interconnexion à 200 MW, hein? Dans les années 70, il
y a eu aussi, avec la New York Power
Authority, des contrats qui ont été signés, dans les années 80, 90. Puis
ça, c'est souvent, bon, des contrats à long
terme, pour 15 ans, 20 ans, etc.
D'ailleurs, quand on était à la Baie-James, avec
M. le ministre, vous vous souvenez qu'on était au point... au kilomètre
zéro, qu'on peut aller, de la ligne en courant continu de 450 kW
qui alimente la ville de Boston, entre le poste de Radisson et le poste de Sandy Point, près de
Boston. Donc, c'était quand même impressionnant de voir ces gigaéquipements-là
puis de s'imaginer que, 1 500 kilomètres plus loin, il y a
quelqu'un qui est en train d'écouter sa télé ou de cuisiner, de faire son lavage ou peu importe, puis dire :
Regarde, ça, c'est de l'électricité qui est produite chez nous, puis qui est
consommée à l'autre bout, puis qui est transformée en profit, au grand
bonheur des Québécois.
M. Moreau : Sans grande
perte d'énergie.
M. Boucher : Sans grande perte d'énergie, en plus. Donc, tout
ça, c'est de la haute technologie, puis qui est quand même très
impressionnant.
En visitant le poste, on avait aussi pu voir... Parce que,
bon, ça, ces contrats-là sur 20 ans, ça dit, bon : Tant de kilowatts ou de térawatts, je ne sais pas quoi,
sur 20 ans, puis c'est produit... et puis c'est planifié, mais il y a quand même...
Si, supposons, je ne sais pas, moi, à New York
il y a une vague de chaleur, puis qu'il fait 38 °C
pendant quatre jours, en plein été,
puis que tout le monde met son climatiseur au maximum, peut-être
qu'il va manquer de jus à New York. Donc, il
y a ce qu'on appelle, ce que vous
appelez, dans votre jargon, je pense, les contrats spot ou je ne sais pas quoi,
là, à travers la bourse de l'énergie, où... je pense que c'est situé au
complexe Desjardins, de mémoire...
M. Martel (Éric) : Dans le
siège social d'Hydro-Québec.
M. Boucher : Dans le siège
social d'Hydro-Québec. Et puis, là, bien, bon, dans l'exemple que je vous donne,
l'autorité de New York qui est responsable de l'électricité ferait un genre de
mini-appel d'offres, dire : Bien là, j'ai besoin de tant de puissance pendant tant de jours, donc l'Ontario «bide»
là-dessus, Hydro-Québec, ci, ça, ça, puis là, bien, «on the spot», bon, bien, O.K., c'est Hydro-Québec
qui a le contrat, tourne le piton à «on». Puis justement ça a adonné que, quand on était là, je pense, c'était pour la
ville de Boston ou je ne sais pas trop où en Nouvelle-Angleterre, il y avait
justement une demande qui venait de rentrer.
Donc, l'opérateur situé à Radisson, tic, tic, tic, programme ses choses, puis
l'électricité s'en va. Puis il peut voir en
temps réel quelle est la quantité d'électricité qui est délivrée, est-ce qu'on
doit partir une turbine
supplémentaire ou pas; cette énergie-là, elle va venir d'où, de LG 2, de
LG 1, de... peu importe où. Donc, c'est quand même assez
impressionnant.
Mais
j'aimerais que vous me donniez plus de détails sur comment ça marche, ce
marché-là, et puis... Parce que, je
me souviens, en néophyte que je suis, j'avais posé une question, que je
considérais quand même pertinente, j'avais dit : Oui, mais, tu sais, ce n'est pas nécessairement du
lundi au vendredi, de 9 à 5, que le besoin d'électricité peut se faire sentir, ça peut être un samedi soir à 11 h 30,
avant d'aller se coucher. Qu'est-ce qu'on fait dans ce temps-là? Donc,
expliquez-moi tout ça, là, comment ça fonctionne.
Le
Président (M. Hardy) : M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Merci, M. le Président. Merci. Écoutez, c'est un métier
fantastique qui se fait à Hydro-Québec, justement, celui de gérer le parquet. Je le mentionnais tantôt, le
parquet, c'est l'endroit où est-ce qu'on fait des transactions, c'est comme un parquet à la bourse. On a des opérateurs
qui sont là 24 heures sur 24, sept jours par semaine. Alors, si vous allez au parquet, cette nuit... Peut-être
qu'ils sont en train de nous écouter pendant qu'ils font ces transactions-là,
mais...
M. Moreau :
Ils s'ajoutent à nos auditeurs.
M. Martel
(Éric) : C'est ça, ils s'ajoutent à nos auditeurs. Mais nous, on a des
gens qui sont là, qui parlent à des gens
sur le système ISO de la Nouvelle-Angleterre, et celui de New York, et celui de
l'Ontario, le Nouveau-Brunswick, tous
nos voisins avec qui on fait du commerce, et on décide ensemble. Ils vont
dire : Bien là, on s'entend sur tel prix, on va vous envoyer
pendant une heure de temps, deux heures de temps 1 000 MW sur telle
ligne.
Alors,
tout se fait sur le spot. C'est pour ça qu'on appelle ça le «spot market».
Alors, c'est comme ça qu'on transige tout le temps.
Alors,
un des défis qu'Hydro-Québec a aujourd'hui sur le plan financier, c'est que la
grande majorité... l'an passé, vous
le savez, on a exporté environ 34 TWh, qui correspondait à 17 % de
notre volume qu'on a produit, 27 % de nos profits, mais l'enjeu qu'on a, c'est pour la prévisibilité.
Tantôt, hein, le député de la CAQ nous mentionnait, tu sais, nos résultats
financiers qui étaient sous pression, puis je lui expliquais pourquoi. Entre
autres, un des facteurs, c'est le prix sur les marchés, à cause de l'arrivée en grande quantité du gaz naturel qui a
fait que les marchés ont baissé. Et, juste pour vous donner, là... 0,01 $ de variation, pour nous,
sur 34 kWh, c'est 340 millions de profit. Alors, si le marché monte
de 0,01 $, on a l'air de des
héros, parce qu'on fait 340 millions de profit de plus, mais, si le marché
baisse de 0,01 $, on fait 340 millions de profit...
• (21 h 50) •
Alors, notre
profitabilité est trop volatile à mon goût. C'est un peu comme si vous avez un
portefeuille personnel, vous avez des
actions, vous avez des obligations. Alors, ce qu'on est en train de faire,
présentement, c'est de dire : On
a une grande partie qui est sur le marché spot, qui fait que nos résultats
financiers peuvent être très volatils si les prix de marché fluctuent, alors, ce qu'on essaie de faire avec les
marchés — les
contrats à terme, c'est comme des obligations,
dans le fond, dans un portefeuille — c'est d'avoir une partie du volume qui est à
un prix fixe, qu'on est capables d'établir
le prix dans le futur. Alors, ça, ça va réduire la variation sur nos résultats
financiers, sur notre profitabilité. Puis en même temps, bien, ça sécurise nos résultats pour le long terme.
Alors, écoutez, c'est ça, le métier qu'on fait, c'est que... Mais en même temps, vous aviez raison, c'est qu'on
veut garder une partie sur le spot, parce qu'on ne veut pas non plus s'engager toujours à 34 TWh. On doit
sécuriser d'abord l'approvisionnement des Québécois. Les précipitations à
chaque année, hein, ce n'est pas une
science parfaite. Une année, il y en a plus; une année, il y en a moins. Alors,
on doit être capables de prendre ces
variations-là aussi pour sécuriser l'approvisionnement, être capables de
rencontrer nos contrats à terme.
Alors, c'est pour ça qu'on va toujours se garder une portion qu'on vendra sur
le spot. Si jamais on n'a pas d'eau beaucoup
une année, on va juste réduire ces quantités-là. Et, si on a beaucoup d'eau,
bien, on va pouvoir les augmenter, hein? C'est comme ça qu'on gère un
peu, là, l'offre, la demande et les prix sur les marchés
Le Président
(M. Hardy) : M. le député d'Ungava
M. Boucher :
Combien de temps, monsieur...
Le Président
(M. Hardy) : Il vous reste 3 min 57 s.
M. Boucher : 3 min 57 s. Écoutez,
je veux en revenir aussi, bon, aux installations de la Baie James.
Je l'ai dit rapidement tantôt, là, que, bon, premièrement, c'était une fierté pour moi d'avoir ça dans mon comté.
Lorsqu'on avait visité les installations,
la centrale Robert-Bourassa souterraine, on avait eu l'occasion d'aller à
l'intérieur d'une conduite forcée. Je
pense qu'il ne doit pas y avoir grand-monde dans la population du Québec qui a
eu l'occasion d'aller là. Puis disons
qu'on s'imagine la quantité formidable d'eau qui doit circuler dans ça à la
seconde. Puis, bon, comme on dit, c'était noir comme chez le loup, là, mais il y avait comme une pente qui menait
vers la source en haut, puis, tu sais, bon, j'espère que la porte est bien fermée puis qu'il n'y a pas
quelqu'un qui va avoir l'idée de l'ouvrir le temps qu'on est là, parce qu'on
n'aura pas le temps de...
Une voix :
Il va y avoir un remaniement.
M. Boucher :
C'est ça, il va y avoir un remaniement ministériel et députationnel. Mais c'est
très impressionnant de voir tout ça puis de constater ces
équipements-là.
Mais
on a vu aussi beaucoup d'employés qui étaient des Cris, puis j'aimerais que
vous me parliez... Bon, je sais que
la communauté de Chisasibi, par exemple, est située peut-être à une heure de
route de la centrale, puis les Cris sont de plus en plus des partenaires, je dirais, puis des collaborateurs. Je
voudrais que vous me parliez un peu des efforts qui sont faits puis des
résultats que vous avez avec le peuple cri concernant l'embauche puis les
partenariats.
M. Moreau : D'ailleurs,
quand on a visité...
Le
Président (M. Hardy) : M. le ministre.
M. Moreau :
...quand on a visité la centrale, il y avait des opérateurs qui étaient là
parce que le groupe n° 9 était en
réfection. Le groupe n° 9, le député de Richelieu sera certainement
intéressé de savoir que, lorsque LG 2 a été inauguré, le groupe que M. Lévesque, le premier ministre à
l'époque, a démarré, c'était le groupe n° 9, qui était, au moment de notre
visite, en réfection, et on voyait des
travailleurs, justement, qui étaient des Cris qui sont des employés réguliers
d'Hydro-Québec à ce niveau-là.
Alors,
M. Martel, sur les relations entre Hydro-Québec et la nation crie sur le
territoire de la Baie-James.
Le Président
(M. Hardy) : 1 min 40 s.
M. Martel
(Éric) :
1 min 40 s. Rapidement, d'abord, tout le dossier diversité, chez nous, a pris beaucoup d'ampleur depuis quelques années. On fait des efforts. Juste
pour vous dire, sur toutes les minorités visibles, ethniques et autochtones,
à Hydro-Québec, on est passés, en 2007, de
633 employés à 1 501 aujourd'hui. Alors, on a eu une progression
fulgurante dans les 10 dernières
années, de 137 %. Et aujourd'hui la communauté autochtone, chez nous,
occupe 302 postes, au total, sur
les 20 000 positions, en plus, qu'on a. Et on se fait toujours un
devoir, hein, tu sais... Je pense qu'il faut être respectueux, on est sur leur territoire. On travaille avec eux
en collaboration. On a des écoles de monteurs, même, où est-ce qu'on avait
juste des Cris, à un certain moment, qui
faisaient partie de ces écoles de monteurs là, où est-ce qu'on a monté des programmes. Et ces gens-là sont formidables.
Aujourd'hui, ils travaillent dans nos opérations un peu partout, certainement
dans leur région, mais aussi il y en a qui se sont relocalisés ailleurs.
Alors,
on a mis beaucoup d'efforts à collaborer avec les gens. Tu sais, on était dans
leur communauté, comme je disais, on
était sur leur territoire. On a toujours pris beaucoup, dans les dernières
années, en tout cas, et même probablement depuis quelques décennies, un devoir important de les intégrer et qu'ils
fassent partie de nos opérations. Puis le ministre témoignait de ce
qu'il a vu, et c'est partout, à la grandeur de l'organisation.
M. Boucher :
Merci beaucoup.
Le Président
(M. Hardy) : En 30 secondes, M. le député d'Ungava.
M.
Boucher : Bien, écoutez,
c'est quand même une fierté de voir le peuple cri puis des gens
qui sont... qui habitent à côté,
puis qui sont fiers, puis qui sont partenaires, puis qui disent : Bien,
regarde, moi, je suis un employé d'Hydro-Québec,
puis qui sont aussi des modèles pour leur communauté.
M. Martel
(Éric) : M. le Président, en
deux secondes, là, en 2007, on avait 129 autochtones, et aujourd'hui on en a 301 dans nos effectifs. Alors, on a plus que doublé dans
les 10 dernières années.
M. Boucher :
Je ne peux que saluer ces bons efforts. Et continuez sur cette...
Le Président
(M. Hardy) : Merci beaucoup. Merci beaucoup, M. le député d'Ungava.
Maintenant,
je cède la parole à l'opposition
officielle, à M. le député de Richelieu, qui a très hâte de parler, encore une fois.
19 min 20 s.
M. Rochon : Merci, M. le Président. Moi, je devine que vous aimeriez revenir en
autobus, M. le Président. Je vous
amène en autobus, ce qui est plus respectable, pour quelqu'un
en politique, que d'amener le monde en bateau, hein,
vous en conviendrez, d'autant plus que cet autobus est électrique.
Alors,
je vous ramène en autobus parce qu'il
y en a 8 000, autobus scolaires, les gros autobus jaunes, là, de
type C, en opération au Québec,
et, pour le moment, plus de 99 % des autobus en question fonctionnent au
diesel, donc moins de 1 % sont
électriques. Ce n'est pas une statistique très heureuse, ça. Et pratiquement
tous ces autobus au diesel de type C vendus au Québec viennent
d'où? Des États-Unis : Georgie, Oklahoma, Caroline du Nord. D'où viennent
les autobus électriques de type C qui
roulent au Québec, ce 1 % d'autobus électriques scolaires qui roulent au
Québec? De Saint-Jérôme, de la compagnie électrique Lion.
Tout à l'heure, je
mentionnais qu'il y avait une prime gouvernementale au diesel, puis le ministre
me faisait remarquer : Oui, oui,
peut-être, mais il y a aussi des sommes gouvernementales qui sont dédiées aux
autobus électriques. On va comparer
ça. La prime au diesel, elle est de 37 millions par année, hein, et les
somme gouvernementales dédiées aux
autobus électriques, de 25 à 30 millions sur cinq ans. Je pense que nous
aurions intérêt à rééquilibrer ces sommes dédiées aux deux types
d'autobus, diesel et électriques.
Tout
à l'heure, je questionnais le président-directeur général d'Hydro-Québec sur la
possibilité pour permettre aux
commissions scolaires de récupérer, là, l'équivalent de la valeur d'un autobus
neuf, soit la durée de vie d'un autobus, 13, 14 ans, en revendant l'électricité à Hydro-Québec lorsque leurs
véhicules sont à l'arrêt, aux moments stratégiques de la journée. Je lui partageais mon souhait que le
projet pilote mené pour tester ce système-là, mené avec l'automobile, hein,
l'automobile de promenade, là, le véhicule de promenade automobile... qu'il
serait intéressant de l'étendre aux véhicules... aux autobus scolaires électriques. Il n'a pas eu beaucoup de temps pour
élaborer sur cette question-là. Est-ce que c'est pensable? Est-ce que ce serait intéressant qu'Hydro-Québec regarde de ce
côté-là? Et pourquoi pas, d'ailleurs, en bénéficiant... je ne sais pas si, Hydro-Québec, il lui arrive demander
le concours de programmes fédéraux, il en existe, alors d'aller de
l'avant peut-être avec l'aide d'un programme fédéral?
Le
Président (M. Hardy) : M. le ministre.
M. Moreau :
Alors, avant de céder la parole à M. Martel, là, pour aller plus en
précision dans la réponse à la question, le programme d'autobus
scolaires dont on parle, c'est... fait partie du plan d'électrification des
transports, qui est sur cinq ans, qui
s'étend du 27 janvier 2016 au 30 juin 2020, ou jusqu'à l'épuisement
du budget de 30 millions. Depuis le début du programme, soit du 27 janvier 2016 au 31 mars 2018,
ça correspondait à une subvention de 125 000 $ par autobus,
c'est quand même considérable, et, depuis le 1er avril 2018, jusqu'au
30 juin, donc jusqu'à la fin du programme au 30 juin 2020, c'est 105 000 $ par véhicule, d'aide
financière. Alors, ça équivaut à peu près à, on me dit, à environ
285 autobus scolaires... De type quoi?
Une voix :
C ou D.
M. Moreau :
Ah! De type C ou D. Il y a des médecins aussi qui travaillent au ministère
de l'Énergie et des Ressources naturelles! Donc, il y a quand même un intérêt
clair du gouvernement pour aller en ce sens-là.
Maintenant,
M. Martel, si vous voulez compléter sur les intentions ou l'intérêt
d'Hydro-Québec, suivant la demande qui a été faite par le député de
Richelieu.
M. Martel
(Éric) : Tout d'abord, on a un intérêt...
Le Président
(M. Hardy) : M. Martel.
• (22 heures) •
M. Martel
(Éric) : Merci, M. le Président. On a un intérêt, évidemment, à
Hydro-Québec, qu'il y ait plus d'autobus en circulation. Et notre
intérêt, il est double. D'abord, on va vendre de l'électricité pour charger les
batteries qui vont faire circuler ces
autobus-là, quand on parlait de notre demande, au Québec, qui est en
décroissance ou, au mieux, stable, et
aussi on a une filiale, TM4, qui est aujourd'hui le fournisseur du moteur
électrique avec le contrôleur d'Autobus Lion. Alors, on est très
intéressés, évidemment, à ce qu'il y ait de plus en plus d'autobus.
Et
nous, vous le disiez tantôt, on fait des travaux, présentement, je l'ai
mentionné rapidement, sur l'intégration de tout ça, tu sais. On a travaillé sur la maison intelligente dans
notre centre de recherche. On est en train de voir comment on pourrait mieux connecter, je dirais, les Québécois
avec les moyens digitaux qui existent aujourd'hui. Et fait partie de cela, évidemment,
l'échange entre que ce soit une batterie d'autobus ou d'un véhicule avec la
maison pour essayer d'optimiser la consommation, de réduire la pression sur le
réseau, d'éviter de construire des infrastructures pour des besoins de
puissance qui des fois n'arrivent que quelques heures par année, mais qui sont
extrêmement coûteux.
Alors, tout ça a une
valeur sociale pour Hydro-Québec mais aussi pour tous les Québécois parce que
ça va permettre, évidemment, de maintenir
nos tarifs, hein, sans investir. Alors, notre objectif, dans ça, il est
multiple, hein : oui, vendre des
moteurs, oui, vendre de l'électricité, mais aussi de s'assurer de maintenir
l'engagement aux Québécois de leur garder toujours les tarifs les plus
bas puis d'avoir des augmentations qui sont sous l'inflation.
Alors, on collabore
présentement avec Autobus Lion sur les moteurs en étant leur fournisseur de
moteurs. On collabore aussi avec notre
centre de recherche à développer puis on est en train de trouver une solution.
Alors, il y en a plus qu'on va être
capables de mettre sur la table dans quelques mois, quelques années, en termes
de comment nous, on pourrait jouer ce rôle-là, parce qu'il y a beaucoup
de valeur à tout intégrer, et les moyens digitaux, aujourd'hui, nous permettent de le faire. C'est une question de
volonté, une question de leadership, et on souhaite prendre ce leadership-là.
Alors,
on est en train de regarder comment tout ça va se tenir ensemble. On a des gens
extrêmement capables, dans notre
centre de recherche, ils sont en train de faire du beau travail. Et d'ailleurs
vous avez eu la chance de le voir quand
vous avez vu les moyens, là, l'appareillage qu'on a créé pour être capable,
justement, d'échanger cette énergie-là avec les véhicules.
Le Président (M.
Hardy) : M. le député de Richelieu.
M. Rochon :
Oui. La collègue de la deuxième opposition s'est amusée que je soulève la
question du financement fédéral des
projets en électrification des transports, estimant — je vais reprendre de façon sonore ce qu'elle
dit et qu'on ne peut pas
entendre — estimant
que c'était plutôt curieux pour un souverainiste. Bon, ce n'est pas du tout
curieux. Ce n'est que la continuité
de quelque chose qu'a dit il y a très longtemps le premier ministre du Québec,
Maurice Duplessis, vous êtes trop jeune pour vous en souvenir. Rendez-nous
notre butin, a-t-il dit.
Alors,
ce qu'il faut retenir, ce que cet argent-là, c'est celui des Québécois et des
Québécoises. Moi, je ne comprends pas
pourquoi on laisserait ça, hein, profiter au reste du Canada sans nous-mêmes
profiter de cet argent, tiré des impôts, hein, que nous... qui se dirigent vers le gouvernement central. Alors,
oui, en effet, je trouve qu'on devrait faire davantage pour obtenir la
juste part du Québec des fonds fédéraux.
Dans les fonds
fédéraux, là, je pense notamment, et c'est à lui que je faisais allusion sans
le nommer, tantôt, le fonds fédéral d'innovation du secteur automobile, le
FISA, qui pourrait peut-être s'appliquer à certaines avancées auxquelles travaille Hydro-Québec. Et je pense
aussi à l'installation de bornes électriques de recharge rapide. La part des
ventes de véhicules électriques au Canada,
hein, s'appliquant au Québec, c'est 50 %. 50 % des véhicules
électriques au Canada sont vendus au
Québec, au Québec, dans notre pays, Mme la députée de Saint-Hyacinthe. Mais je
veux vous faire plaisir, là, et être le parfait indépendantiste que vous
aimez que je sois.
Donc,
moi, je ne saisis pas que nous n'obtenions... Écoutez bien ça, là, je vous
partage l'analyse des subventions versées
par Ressources naturelles Canada au 6 avril 2018, c'est récent, là, dans
le cadre de l'Initiative pour le déploiement d'infrastructures pour les
véhicules électriques et les carburants de remplacement. Alors, nous recevons,
le Québec... nous avons reçu,
jusqu'ici, 4 417 000 $, c'est 29 %, hein, de ce qui a été
accordé via ce programme dans l'ensemble du Canada. Mais, plus curieux encore, nous avons reçu... De
ce 29 %, là, accordé au Québec, la part des subventions à l'électrique,
9 %; la part des subventions à
l'hydrogène, 22 %; la part des subventions au gaz naturel, 68 %.
Alors, la part des subventions, hein,
de Ressources naturelles Canada dans le cadre de l'Initiative pour le
déploiement d'infrastructures pour les véhicules électriques et les
carburants de remplacement, là, la part de ces subventions à
l'électrique : 9 %. C'est le plus faible pourcentage rencontré dans
les provinces canadiennes, là. L'Ontario, 25 %. Le Nouveau-Brunswick,
100 %, part des subventions à
l'électrique, 100 %. Colombie-Britannique, 51 %. Alberta, 100 %
aussi. Manitoba, 100 %. Nouvelle-Écosse, 100 %. Alors, nous,
9 %, il me semble qu'il y a du chemin à parcourir de ce côté-là.
Et, quant au
fonds d'innovation du secteur automobile, savez-vous combien le Québec a reçu,
hein? Il y a un total prévu de 1 250 000 000 $ d'ici 2021.
Jusqu'ici, 570 millions de dollars ont été versés via ce fonds-là. Alors,
neuf ans après le début de sa mise en oeuvre, ce fonds a dépensé, au
Québec, zéro dollar.
Alors, je m'adresse au ministre. Est-ce qu'il
trouve ça normal que le fédéral nous rende si peu de notre butin?
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Bon, alors, parlant du butin, un pourcentage n'exprime pas tout, le député de
Richelieu le sait et il utilise bien
l'argumentaire en utilisant les pourcentages. Il faut dire que les programmes
québécois ont toujours été des programmes
qui ont été beaucoup plus généreux, puis, dans certains cas, les exemples des
provinces qui reçoivent des parts plus importantes que le Québec ont des
programmes qui sont endémiques ou qui sont tout au début. Alors, il faut
comparer des pommes avec des pommes et non pas des pommes avec des oranges.
Mais on a
ici, sur... Et il a raison, le député de Richelieu, de dire qu'on doit déployer
des efforts plus importants pour le
développement du réseau de bornes de recharge rapide. Je sais qu'eux ont
l'ambition d'aller... ils soutenaient une pétition de
2 000 bornes de recharge rapide. On a des ambitions qui sont plus
grandes que celle-là. D'ailleurs, dans la politique
de transition énergétique, on souhaite aller à 2 500 bornes. On a
déjà à peu près autour de 1 400 bornes sur le territoire. Il y en a,
de ces 1 400, une centaine, environ, qui sont des bornes de recharge
rapide. Et pourquoi souhaite-t-on aller
vers ça? Parce que, lorsqu'on regarde, le champion toutes catégories
à l'international des voitures électriques, c'est la Norvège, où je me suis retrouvé il y a de ça à peu près
un mois et demi et où on a eu une conversation avec le ministre de l'Énergie de la Norvège, qui
indiquait que, malgré toutes les mesures incitatives qui ont été prises par la
Norvège à travers le temps pour augmenter la
part de véhicules électriques en circulation
sur le territoire du pays, la mesure qui a eu le plus d'effet est lorsque la Norvège s'est dotée d'un réseau très
puissant de bornes de recharge électriques. On comprend, évidemment, que
le territoire de la Norvège est beaucoup plus petit que celui du Québec et
qu'on a une population à peu près équivalente
à celle du Québec. Alors, c'est pourquoi nous allons déployer, dans les
prochaines semaines, une stratégie très claire pour accélérer le déploiement du
réseau électrique sur le territoire du Québec, en collaboration avec
Hydro-Québec, bien entendu.
Et je veux
saluer particulièrement Mme Lampron, qui est avec nous, qui est directrice de
l'électrification des transports et avec qui j'ai eu le plaisir d'inaugurer la
première station en bordure de l'autoroute 20, là, où on a plusieurs
bornes de recharge, je pense qu'on en a
quatre, Mme Lampron, quatre bornes de recharge, qui a été fait en collaboration
avec l'entreprise familiale...
Une voix : Crevier.
M. Moreau :
...Crevier, qui voyait même un intérêt à augmenter à travers leur propre réseau
de stations ce genre d'initiative là. Et on doit saluer la participation
de la famille Crevier à l'opération.
Le
Président (M. Hardy) : Merci, M. le ministre. M. le député de
Richelieu a une autre petite question à vous poser.
• (22 h 10) •
M.
Rochon : Oui, M. le
Président. Pendant que le ministre salue la famille Crevier, il oublie la
famille libérale fédérale et le chef de cette famille, M. Trudeau,
dont je disais que le Québec était mal servi par ce gouvernement en électrification des transports. Là, on a vu une
conférence de presse extraordinaire, quatre ministres, là, qui dénonçaient,
là, justement, là, le préjudice causé au
Québec en matière d'accueil, là, des demandeurs d'asile par le gouvernement
fédéral. Ce serait une belle
occasion, là aussi, là, de voir toute une série de ministres dire que ce n'est
pas acceptable que le gouvernement fédéral n'aide pas mieux
l'électrification des transports au Québec.
Les Québécois
sont prêts à rouler électrique, le gouvernement fédéral met des bâtons dans les
roues du Québec. Alors, qu'est-ce que
le ministre se propose de faire pour que cette situation soit corrigée et que
nous obtenions notre juste part, juste notre juste part de ces
programmes fédéraux?
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Bien, écoutez, ce que j'entends faire, ce n'est certainement pas suivre
l'exemple du Parti québécois, qui s'oppose au plus grand projet
d'électrification des transports dans la région de Montréal, le REM.
Alors, lorsqu'on regarde ce que votre
parti veut faire avec ça, vous êtes opposés à ce projet-là. Savez-vous que,
dans le projet du REM, le gouvernement
fédéral verse 1,3 milliard de dollars pour la réalisation de ce projet-là?
On en a parlé tantôt avec la deuxième
opposition, Hydro-Québec fait sa part, le gouvernement du Québec fait sa part.
Et ça, c'est un programme qui est
structurant non seulement dans le cadre de l'électrification des transports,
mais dans le cadre de l'électrification des transports collectifs. Le
prolongement du métro, de la ligne bleue du métro, encore là, il y a une participation du gouvernement fédéral. Ça ne nous
empêchera pas de demander au gouvernement fédéral des participations dans tous les programmes qui peuvent s'appliquer
sur le territoire du Québec. Mais encore faut-il, avant de demander au
gouvernement fédéral de faire sa part, d'avoir une vision de l'électrification
des transports, ce que l'opposition officielle manque cruellement.
Aucune vision, aucune approche.
Moi,
ce que j'ai vu dans les débats que nous avons eus à la période des questions, à
l'Assemblée nationale, M. le Président, c'est une opposition officielle qui
systématiquement montre jour après jour, après jour son opposition à un projet d'électrification des transports. Il ne
faudrait pas transposer ou changer d'idée selon les étages où on se retrouve
ici, à l'Assemblée nationale.
Le Président (M.
Hardy) : Merci, M. le ministre.
M. Moreau :
...au salon bleu, ils sont contre. Je comprends qu'ici ils veulent faire des
efforts pour accentuer l'électrification des transports, mais, dans le même
parti...
Le Président (M.
Hardy) : Monsieur...
M. Moreau :
...on a normalement la même position selon les étages où on se trouve dans la
bâtisse.
Le
Président (M. Hardy) : M. le ministre, un instant. M. le ministre, M.
le député a une autre question à vous poser.
M. Rochon :
M. le Président, le grand déblocage, c'est 133 000 voitures de moins
sur la route; le REM, c'est 1 700. Le grand déblocage, c'est 475 000 déplacements électriques;
150 000, le REM. Nous ne serions pas en faveur et nous ne mousserions pas, nous, l'électrification des
transports? Et puis nous ne serions pas en faveur de moins de véhicules
sur la route, hein? Je ne suis pas certain que mon collègue aille dans la bonne
direction.
Et
j'observe par ailleurs, plutôt étrange, ce réflexe qu'il a eu, plutôt que de
réclamer notre juste part du fédéral et de regretter qu'elle ne soit pas au rendez-vous, de tenir un discours du
type de celui qu'il a tenu contre l'opposition officielle, tout ça, là,
pour éviter d'être ennuyeux pour le grand frère libéral fédéral. Chacun jugera,
mais...
Le Président (M.
Hardy) : En terminant.
M. Rochon :
Ah! j'ai...
M. Moreau :
...est-ce que je peux répondre?
Le Président (M.
Hardy) : Cinq secondes.
M.
Moreau : Non, mais on est sur le temps du gouvernement, c'est
la beauté de la chose, que le député de Richelieu n'avait pas prévue, la
générosité de mes collègues pour me permettre de répondre à ses attaques de fin
de séance.
Le Président (M.
Hardy) : M. le ministre.
M.
Moreau : Alors, écoutez, le grand déblocage, c'est un projet
imaginaire, là, qui est sorti du chapeau du chef de l'opposition officielle récemment. Le REM, c'est
une réalité, M. le Président, et c'est une réalité qui met à contribution
la fierté québécoise, la Caisse de dépôt et
placement du Québec et qui nous permet d'aller chercher, effectivement, des
fonds fédéraux.
Mais,
vous savez quoi, M. le député de Richelieu... ou M. le Président, je m'adresse
à la présidence, ce n'est pas parce
qu'on obtient des fonds fédéraux dans le projet du REM qu'on va s'empêcher de
réclamer des fonds fédéraux là où on va y avoir droit. Or, pour le Parti
québécois, là, ça semble être une difficulté, ça. Lorsqu'on est satisfait d'une
réussite dans un dossier et qu'on n'est pas en chicane avec le
gouvernement fédéral, pour eux, c'est comme un échec. Et c'est comme si, de ce succès-là, on ne pouvait pas en
avoir ailleurs. Les Québécois ont eu souvent l'occasion de se prononcer sur la relation que l'on doit avoir au sein de la
fédération canadienne et à chaque fois ils ont répondu et ils ont choisi la
fédération canadienne.
Alors,
le député de Richelieu doit, bien sûr, comme une opposition, avoir une approche
qui est constructive et soutenir le
gouvernement lorsque celui-ci va chercher sa juste part des fonds fédéraux dans
le financement d'un aussi beau projet
d'électrification qu'est le REM. Malheureusement, l'opposition officielle se
campe à dire : Bien non, ça, c'est un projet auquel le gouvernement libéral fédéral participe, alors nécessairement
ça s'inscrit dans le cadre des grands complots vus par le Parti
québécois dans la relation entre le Québec et la fédération canadienne.
Moi, je suis
fédéraliste, M. le Président, je suis très heureux de le dire, je n'ai pas
peur, je n'ai pas honte de m'en cacher,
je suis aussi fier d'être... honte de le déclarer. Et je pense que d'être fiers
d'être Canadiens, ça ne nous enlève rien à la
fierté qu'on a d'être Québécois. Et ça nous a permis aussi d'avoir des avancées
très importantes avec, justement, notamment, l'aide du gouvernement fédéral
dans certains grands projets. Le REM en est une illustration.
Est-ce que ça
fait en sorte qu'on est satisfaits de tous les débats que nous avons avec le
gouvernement fédéral? La réponse est
non. Je pense que mon collègue le ministre de l'Immigration a clairement
démontré, dans les derniers jours, sa
détermination à aller chercher les sommes dépensées, dépensées par le Québec
pour aider le gouvernement fédéral dans l'exercice d'une juridiction qui lui est propre, c'est-à-dire la
situation de ceux qui demandent l'asile politique, qui est une juridiction proprement fédérale. Et, quand le
gouvernement du Québec estime avoir des combats à faire, il les mène, alors que
ce que j'entends dans la rhétorique malheureuse de fin de séance du
représentant du Parti québécois, dans cette commission,
c'est d'essayer de nous transposer dans une relation où on doit absolument se
chicaner. Nous, on pense que l'avenir du Québec peut très bien se faire au sein
de la fédération canadienne, et il y a de nombreux exemples qui nous
permettent d'en faire la démonstration, M. le Président.
Cela dit, cela dit...
M.
Rochon : ...à vous faire, M.
le Président. Est-il... Estimez-vous, M. le Président, qu'il est raisonnable
que...
Le Président (M. Hardy) : C'est quel
article? Quel article?
Une voix : ...en vertu de
quel article?
M. Rochon : Oh! je ne crois pas que
j'aie à signaler l'article.
Des voix : ...
M.
Rochon : Bon, voilà, alors,
puisque je n'ai pas le livre de règlements devant moi, M. le Président, bien,
je n'ai pas d'article à souligner.
Une voix : ...pas besoin de
l'article.
M. Rochon : Alors, je serai deux
fois, ainsi, appelé à me taire et à ne pas pouvoir m'exprimer. C'est bien...
M. Bourgeois : On ne peut pas
interrompre un collègue s'il n'y a pas d'article de règlement pour faire cette
opposition. Article 36.
Le Président (M. Hardy) : C'est
beau. Bon. O.K. Continuez, M. le ministre.
M. Moreau : Alors, merci, M.
le Président. Donc, j'avais terminé mon intervention sur la question de fin d'intervention du collègue de Richelieu, de
l'opposition officielle, et j'allais ajouter ceci : Je trouve que, malgré
tout... évidemment, on est en
désaccord profond sur cette dernière intervention, mais que malgré tout
j'estime que nos travaux se sont très
bien déroulés. Je voulais non seulement le remercier, lui aussi, parce que je
sais qu'on est maintenant dans le bloc
du temps qui appartient au gouvernement, je veux aussi remercier les
représentants de la deuxième opposition et les représentants des députés indépendants qui se sont exprimés, ce qui nous
a permis de faire une étude des crédits qui, ma foi, a été plutôt
sereine. Évidemment, le dernier écart n'enlève rien à la sérénité générale de
nos travaux. Et je vois que le député de Richelieu est quand même détendu,
malgré les idées qui sont diamétralement opposées entre sa formation politique
et la mienne.
Le
Président (M. Hardy) : Merci, M. le ministre. Donc, nous allons passer
la parole à M. le député d'Abitibi-Est.
M. Bourgeois : Pour combien de
temps, monsieur...
Le Président (M. Hardy) : Il vous
reste 12 min 30 s.
M. Bourgeois : Merci. Merci, M. le
Président. Écoutez...
Une voix : ...
M. Bourgeois : M. le Président, je
peux y aller?
Le Président (M. Hardy) : M. le
député d'Abitibi-Est.
Une voix : Noël est passé,
désolé.
• (22 h 20) •
M.
Bourgeois : D'accord. Oui, effectivement. Bien, moi, j'ai quelques
petits points pour terminer nos échanges.
Évidemment,
vous comprendrez, et ça va dans le sens un peu des collègues des oppositions,
qui sont très curieux du déploiement
de l'électrification des transports, on a, une région comme
l'Abitibi-Témiscamingue, des enjeux importants de ce côté-là. Il y a eu une modification au
niveau du Code du bâtiment qui fait en sorte que les nouvelles constructions,
bien, maintenant sont pourvues des
équipements appropriés pour faire le branchement à la maison, mais, évidemment,
dans un vaste territoire comme l'Abitibi-Témiscamingue, quand on veut se rendre
à Montréal, il y a un enjeu. Et là je ne vous parle pas d'aller dans le
Nord-du-Québec, chez mon collègue d'Ungava. Disons qu'il y a un sérieux enjeu.
M. Boucher :
...un gros enjeu.
M.
Bourgeois : Et donc... Et,
pour avoir travaillé beaucoup avec les représentants de l'Association des véhicules électriques du Québec, qui sont une association fort dynamique,
avec raison, leurs préoccupations qu'ils nous adressent de façon régulière, c'est... il y a
minimalement un déploiement de bornes qui doit être fait. Hydro-Québec est un acteur majeur dans ce
déploiement-là. Et, oui, il y a certains secteurs qui peuvent être plus intéressants à desservir, compte tenu, je dirais, de la concentration de population
et de véhicules, mais quand même en Abitibi-Témiscamingue c'est très populaire. Et, si on veut soutenir l'utilisation
des véhicules électriques, il y a le jeu de l'oeuf ou la poule. Comment on
fait pour rendre ça efficace?
Nous,
on a aussi un enjeu, actuellement, parce qu'avec le ministère des Transports il y a
une discussion qui se fait au niveau
de l'installation... de la réfection de la halte routière qui est à l'intérieur du parc de La Vérendrye, qui est connue sous le nom du Domaine, et qui doit nécessiter une réfection
majeure, possiblement de nouvelles installations. Et évidemment, à ce moment-là, c'est le
relais presque à mi-chemin entre Grand-Remous et Val-d'Or. Donc, oui, les véhicules électriques vont s'améliorer, oui, il va y avoir d'autres installations, probablement, à Grand-Remous et également dans le secteur de Louvicourt, mais il y a toujours
l'enjeu de traverser le parc.
Donc,
Hydro-Québec se situe où là-dedans? Notre gouvernement a exprimé très clairement sa volonté de faire un déploiement, on veut que les acteurs les plus directement concernés puissent mettre l'épaule à la roue. Et comment Hydro-Québec
va supporter ses clients? Parce que quand même, oui, vous le disiez, les coûts
associés à l'installation, actuellement, ne nous permettent pas d'identifier une
rentabilité sur la borne directement, mais, dans l'ensemble de ce que ça amène comme changements d'habitudes pour les
consommateurs, donc, l'utilisation de véhicules
électriques, l'utilisation
d'autres accessoires et la possibilité éventuellement, comme le disait si bien
le ministre, que le véhicule devienne une batterie
pour suppléer à d'autres besoins, éventuellement, dans l'évolution des technologies, qui pourrait, à ce moment-là, faire en sorte qu'on ne tarde pas à transiter vers
ce type d'équipement là, Hydro-Québec est consciente, j'en suis convaincu, du
rôle majeur qu'elle doit jouer dans ce domaine-là.
Le Président (M.
Hardy) : M. le ministre. M. Martel.
M. Moreau :
M. Martel va répondre à la question, oui.
M. Martel
(Éric) : Merci, M. le Président. Merci, M. le ministre. Alors, merci
pour votre question.
C'est
très clair, aujourd'hui, qu'Hydro-Québec veut continuer de se positionner à être le leader
dans le déploiement des bornes puis
de fournir à la population québécoise la possibilité de rouler électrique au maximum. On a, oui, des intérêts
à le faire, mais, les Québécois, il y a un besoin aussi, il y a une demande très,
très forte.
Je
vous dirais d'entrée de jeu que, sur les 24 694 véhicules électriques et hybrides qu'il y avait au Québec à
la fin du mois, 21 338, donc
plus de 85 %, je dirais, à l'oeil, sans faire le calcul, sont membres du
circuit électrique d'Hydro-Québec. Alors,
presque tout le monde qui a un véhicule
électrique, au Québec, est membre du
circuit électrique d'Hydro-Québec,
parce que c'est le plus vaste circuit, aujourd'hui, avec ses
1 400 bornes.
Le
ministre le mentionnait tantôt, on travaille
conjointement, présentement, entre Hydro-Québec et le MERN, à déployer un plan qui va permettre d'accélérer que les Québécois
adoptent le véhicule électrique. Et à la base de ce plan-là, hein, puis, je pense, vous l'avez vu en Norvège et
un peu partout, c'est qu'on doit aller... accélérer le déploiement de bornes
rapides, alors, parce que l'empêcheur, aujourd'hui, de dire : J'achète une voiture, c'est souvent les longues
distances, hein, les gens
disent : Bien là, je ne peux pas faire Québec-Montréal
ou partir de l'Abitibi. Alors, il faut qu'on aille de l'avant puis qu'on trouve des moyens, dans les haltes
routières, dans les parcs, dans les endroits, de mettre des bornes rapides,
pour que les gens puissent dire : Bien,
en 20 minutes je peux recharger ma voiture, parce qu'aujourd'hui les bornes lentes. Deux heures, c'est long. À moins d'avoir le temps de le faire, ce n'est
presque pas possible. Alors, ça devient un empêchement aux gens de convertir
vers... transitionner vers la voiture électrique.
Alors,
oui, Hydro-Québec, on est déjà le plus gros joueur dans ça, on veut continuer.
Et on a toutes les capacités. Écoutez,
on a des gens dans toutes les régions, là, des gens qui sont capables de
déployer ça rapidement. On connaît le métier.
On a développé, je vous dirais, depuis le début 2011‑2012, quand on a créé
le circuit électrique, aussi une expertise, à quel endroit il faut mettre les bornes, stratégiquement, qu'est-ce qui
va permettre... Alors, nous, la philosophie derrière ça, c'est : Qu'est-ce
qui va permettre... à quel endroit on les met pour accélérer puis avoir le plus
possible de gens qui vont adopter le
véhicule électrique? Et évidemment les grandes distances vont être clé dans ça
parce qu'elles vont permettre aux gens de passer à autre chose que de
dire : Bien là, je ne peux pas le faire à cause des distances.
Ça
fait qu'on travaille conjointement. On a un beau plan, on est en train de le
cristalliser, je vous dirais. Et on a l'intention
d'avoir un rôle de leader parce qu'on a les capacités, Hydro-Québec, de
déployer ça assez rapidement quand on va être prêts à le faire.
M. Moreau :
D'ailleurs, c'est important de voir...
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Moreau :
On parlait, ce matin, là... Il semble y avoir deux courants de pensée, où il y
aurait une opposition entre le
véhicule à hydrogène... Le véhicule à hydrogène, c'est aussi un véhicule
électrique. En réalité, l'hydrogène sert à faire l'électricité qui fait
fonctionner le véhicule. Alors, la filière électrique, elle est variable.
Maintenant,
M. Martel indiquait qu'il y a des véhicules électriques déjà sur le marché
qui ont une capacité de rouler sur
une longue distance puis il y en a d'autres qui sont des véhicules hybrides à
très courte distance. Il faut tenir compte de ça aussi dans le déploiement d'un réseau électrique. Et ce que je
constate, c'est que le comportement des acheteurs éventuels est le même partout dans le monde. En
Norvège, on a exactement les mêmes pourcentages en termes de recharge
faite à domicile plutôt que sur un réseau électrique. C'est au-delà de 90 %,
je pense...
Une voix : 92 %.
M. Moreau :
...92 % qui est fait à la maison. C'est la même chose en Norvège. Mais le
réseau électrique crée un sentiment
de confiance qui va inciter les gens à aller... à se porter acquéreurs d'un
véhicule électrique, en disant : Bien, si jamais j'ai une grande distance à parcourir, je ne serai pas mal
pris, sans être capable de recharger la voiture. Et on le voyait dans
les chiffres qui nous sont fournis par le gouvernement norvégien, le caractère
exponentiel du nombre de véhicules électriques acquis par des Norvégiens à
partir du moment où la Norvège a déployé son réseau de bornes électriques. Parce qu'il faut dire qu'il y a des
mesures aussi punitives pour des centres-villes, en Norvège, il y a des réseaux
de péage qui sont faits pour accéder au centre-ville, il y a des péages aussi
sur le réseau routier, et tous ces éléments punitifs
là sont éliminés à l'égard des propriétaires de véhicules électriques, parce
que la différence de coût, en Norvège, entre
un véhicule standard, avec un moteur à essence, ou un véhicule électrique est
beaucoup moins importante qu'ici, au Canada,
ou au Québec, ou en Amérique du Nord, et donc, en éliminant les péages, en
éliminant l'accès au centre-ville... en
permettant l'accès au centre-ville aux véhicules électriques, ce sont des
mesures incitatives qui étaient beaucoup plus importantes pour un Norvégien qu'elles ne le seraient ici, au Québec, ou
au Canada, ou ailleurs en Amérique du Nord. Et, malgré cela, tous ces
incitatifs-là n'augmentaient pas le nombre de véhicules électriques achetés.
Alors, ce qui a véritablement été un
accélérateur, ça a été le déploiement d'un réseau de bornes de recharge. Et
c'est la raison pour laquelle on planche sur cette hypothèse-là avec
Hydro-Québec.
Pouvez-vous me dire combien il nous reste de
temps, M. le Président?
Le Président (M. Hardy) : Il
nous reste 2 min 45 s.
• (22 h 30) •
M. Moreau :
Bon, alors, je vais certainement prendre les 2 min 45 s pour
remercier les gens d'Hydro-Québec qui sont
avec nous, je rappelle, alors M. Martel, président-directeur général,
M. Boucher, qui est président d'Hydro‑Québec TransÉnergie, Réal Laporte, président
d'Équipement, innovation et services partagés, David Murray, président
d'Hydro-Québec Production, Jean-Hugues Lafleur, vice-président exécutif
et chef de la direction financière, France Lampron, directrice de l'électrification
des transports. J'ai oublié tantôt Julie Boucher, qui est responsable des
relations entre Hydro-Québec et le
gouvernement et particulièrement qui est une des interlocutrices principales
avec mon cabinet. Alors, je veux les remercier du fond du coeur pour le
travail de collaboration que nous avons avec eux.
Je
voudrais également remercier, puisqu'on achève cette partie-là des crédits, la
sous-ministre, Mme Dominique Savoie, la sous-ministre adjointe, Mme Luce Asselin. De mon cabinet, vous allez certainement me permettre de
remercier ceux qui au jour le jour
font en sorte que le ministre est capable de s'acquitter de ses tâches puis il
a l'air plus intelligent, sans dire à
quel point il part. Alors, je veux nommer Jean-Félix Lévesque, Christelle Sary,
Leila Zerouala, Catherine Poulin et mon directeur de
cabinet, Olivier Parent.
Je veux
remercier les membres de la commission qui ont participé aujourd'hui; les
recherchistes, qui ont à l'égard des
députés de l'opposition comme de nos députés la même fonction que les
membres de mon cabinet, ils nous permettent d'avoir l'air plus intelligents. Je ne les connais pas personnellement,
mais je veux les remercier. Je veux remercier ma collègue la députée de Saint-Hyacinthe,
le député de Richelieu, les membres de la commission, qui nous permettent de bien faire notre travail, la secrétaire qui
vous accompagne, M. le Président, de même que tous mes collègues de l'aile parlementaire qui ont participé aux travaux aujourd'hui. Certains d'entre eux ne sont plus avec nous ce
soir. Mais je veux remercier mon adjoint parlementaire, le député d'Abitibi-Est,
le député d'Ungava, qui a toujours été d'une aide très précieuse dans nos visites vers le Grand Nord, dans les
installations d'Hydro-Québec, et notre doyen autour de cette table, le député de Côte-du-Sud, parce que,
lorsque j'ai référé à votre âge vénérable en parlant des très gros téléphones
cellulaires, vous m'avez fait
remarquer à juste titre que vous n'étiez pas le doyen de notre assemblée et que
ce titre revenait au député de Côte-du-Sud. Et enfin, M. le Président, vous me
permettrez de vous remercier pour l'excellence du travail que vous avez
fait à présider nos travaux aujourd'hui.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup, M. le ministre. Moi-même, je remercie tous les gens qui sont
dans la salle.
Après tous
ces beaux mots que vous avez dits, la seule affaire, les seuls mots que je peux
dire, pour terminer, c'est que la commission ajourne ses travaux à
demain, vendredi le 20 avril 2018, à 9 heures, où elle entreprendra
l'étude du volet Développement nordique des crédits budgétaires du portefeuille Énergie et Ressources naturelles. Bonsoir à tout le
monde. Merci.
(Fin de la séance à 22 h 32)