(Quinze heures trente-trois
minutes)
Le
Président (M. Morin) :
Bon milieu d'après-midi, tout
le monde. Comme nous avons le quorum,
je déclare la séance de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles
ouverte. Je demande à toutes les personnes de vérifier vos téléphones
cellulaires ou vos tablettes, tout ce qui fait du bruit.
La commission est réunie afin de poursuivre les consultations
particulières et auditions publiques dans le cadre de l'étude du livre vert
intitulé Orientations du ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles en matière d'acceptabilité sociale.
Mme la présidente, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Richard (Duplessis) sera
remplacée par M. Ouellet (René-Lévesque); M. Villeneuve (Berthier), par
M. Lelièvre (Gaspé); et Mme D'Amours (Mirabel), par M. Surprenant (Groulx).
Auditions (suite)
Le Président (M. Morin) :
Merci beaucoup. Cet après-midi, nous entendrons Développement économique
Sept-Îles, qui sont présents, l'Institut du Nouveau Monde, la ville de Gaspé et
le Conseil du patronat du Québec.
Donc, je
souhaite la bienvenue à nos invités. Vous savez que, pour les fins
d'enregistrement, on vous demande de vous
identifier, et vous avez 10 minutes pour nous exposer votre point de vue
sur l'acceptabilité sociale. Donc, la parole est à vous.
Développement
économique Sept-Îles
M.
Brouillette (Marc) : Alors,
bonjour, M. le Président. Mon nom est Marc Brouillette. Je suis le vice-président
de Développement économique Sept-Îles. Je vais immédiatement céder la parole à
M. Tremblay, qui va se présenter et partir le bal.
M.
Tremblay(Russel) :
Donc, bonjour, M. le Président. Russel Tremblay, Développement économique
Sept-Îles. Je suis directeur adjoint et commissaire aux infrastructures
stratégiques.
D'entrée de jeu, on a fait un mémoire synthèse
d'un petit peu les deux mémoires qu'on a faits au cours de la dernière année, notamment sur le chantier de
l'acceptabilité sociale. On l'a bonifié avec les études stratégiques sur
les hydrocarbures. On avait parlé
d'acceptabilité sociale également dans les EES. Et ça donne à peu près neuf
recommandations.
La première,
le premier point, l'acceptabilité sociale, est-ce que c'est l'affaire d'un seul
ministère? Quand on parle de
l'acceptabilité sociale, c'est une multitude de ministères ou entités
gouvernementales qui sont concernés, que ce soit le MESI, le MERN, le MTQ, le MDDELCC, Santé, Société
du Plan Nord, dans le cas comme une ville comme Sept-Îles, Stratégie maritime, encore une fois une ville
comme Sept-Îles, et j'en passe plusieurs. Puis ça, c'est rien que les
entités qui sont provinciales. Quand on
intègre le municipal et le fédéral, ça en fait une multitude. Le problème dans l'acceptabilité sociale,
c'est : Quand on en a un, des maillons de la chaîne, qui ne fait pas son
travail, ça dérape souvent dans des dérives populaires. Donc, pour nous, c'est vraiment important qu'on ait un
document de référence commun, et connu de tous, et appliqué par tous. Donc, notre première
recommandation, c'est : Définition uniforme de l'acceptabilité sociale
prise en compte et appliquée par tous les ministères et intervenants
impliqués.
La deuxième
recommandation, c'est l'importance de la communauté d'accueil. Premièrement,
c'est qui, les experts du milieu? Pour nous, c'est assez clair, les
experts du milieu, c'est ceux qui sont imputables, que ce soit au niveau économique, environnemental, de la ville en tant
que telle. Donc, c'est les gens qui sont les experts du milieu qui
peuvent apporter un «input» qui soit
intéressant au niveau de l'acceptabilité sociale. Ça signifie aussi un partage
d'information depuis le tout début de chacun
des projets. Bien souvent, dans l'inconnu, c'est là que les tensions se lèvent
et se montent, et impliquer la
communauté d'accueil fait, pour nous, du sens d'être en priorité. Donc, la
deuxième recommandation : La communauté hôte d'un projet doit être
une partie prenante en amont du processus de discussion entre le MERN et le
promoteur, ce qui facilitera une meilleure intégration des projets de
développement.
Notre
troisième point, puisque le BAPE est le gardien de l'acceptabilité sociale, on
sait... De toute façon, vous avez eu
déjà plusieurs présentations où c'est qu'on parlait souvent qu'il y a trois
composantes à l'acceptabilité sociale, soit
l'environnement, le social et l'économie. Ce qu'on se rend compte : quand
c'est les audiences du BAPE, c'est souvent des lieux de défoulement
populaire. Les impacts négatifs sont très bien documentés, les mesures de
compensation également, mais les impacts
positifs le sont beaucoup moins. Puis, quand on veut avoir vraiment une bonne
prise de vue d'un dossier en
particulier, c'est important d'avoir les deux côtés de la médaille. Donc, notre
troisième recommandation : Une refonte du BAPE est nécessaire afin qu'il prenne
en compte toutes les dimensions de l'acceptabilité sociale, qui devra
consulter et informer la population avec un panel d'experts des différents
ministères.
Notre
quatrième recommandation, nous, dans le débat de Mine Arnaud, qui a fait
beaucoup d'encre dans notre communauté,
on a eu un outil scientifique qui a été appliqué pour, disons, évaluer
l'acceptabilité sociale. C'est une grille d'analyse qui a été montée par
la Chaire d'éco-conseil de l'UQAC, où c'est qu'on a essayé de mettre ça de
façon scientifique, l'acceptabilité sociale,
en sachant que ce n'est pas une photo, l'acceptabilité sociale, c'est un concept
qui évolue. Et cette grille-là nous a permis
de vraiment... si on referait l'exercice à toutes les années, on peut voir
l'évolution de toutes les notions de
l'acceptabilité sociale, savoir où est-ce que le promoteur score, où est-ce que
le promoteur peut améliorer, ce que la population perçoit des efforts.
Donc, c'est un élément qui devrait être pris en compte lorsqu'on va mettre en
application l'acceptabilité sociale, de mettre des principes scientifiques.
Notre
cinquième recommandation, c'est un gouvernement proactif. Dans tout débat, il y
a des questions qui sont légitimes,
autant des citoyens que par des opposants systématiques, les questions sont
légitimes. Bien souvent, on va voir dans les médias des fausses vérités
ou l'utilisation du nom des ministères : tel ministère a dit ça, la Santé
a dit telle affaire. Malheureusement, ce
n'est pas les ministères qui ont parlé, c'est des citoyens. Si le ministère ne
répond pas, qui doit réagir? Est-ce
que le promoteur peut parler au nom d'un ministère? Il ne peut pas. Puis, quand
il se fait interpeller sur une
question de santé, le promoteur, il ne peut pas parler, les commissions
industrielles ne peuvent pas parler, les villes ne peuvent pas parler,
il y a juste la Santé qui peut parler. Quand il n'y a pas de réponse, qu'est-ce
qui arrive? Le vide se remplit. Donc, c'est
là qu'on voit où est-ce qu'il y a un soulèvement populaire, parce que les gens
vont commencer à avoir des craintes,
qui sont justifiées parce qu'ils n'ont pas les réponses. Ils vont essayer de trouver
des réponses où est-ce qu'ils vont
chercher de l'information. Bien souvent, ça va être sur Internet, sur Facebook.
On s'entend que, bien souvent, ce genre
d'information là fait en sorte qu'on part sur des mauvaises prémisses. On a eu
de nombreux exemples d'une dérive du débat dans notre région quand les
experts ne se sont pas prononcés, ce qui a le résultat que le débat s'est
transporté sur un débat d'émotions où
l'esprit de rigueur scientifique n'avait plus sa place. Donc, notre sixième
recommandation, c'est que le Québec s'est
doté d'une fonction publique performante, qui a le devoir de protection des
citoyens, d'assurer une pérennité économique et d'offrir un milieu sain,
rétablir les faits dans les plus brefs délais fait partie de sa mission.
M. Brouillette (Marc) : Alors, je
vais assurer la suite, M. le Président.
Le Président (M. Morin) :
Allez, M. Brouillette.
• (15 h 40) •
M. Brouillette (Marc) : On l'a déjà
souligné à plusieurs reprises, autant au niveau de la présentation en commission parlementaire de la Loi sur la Société
du Plan Nord ou les deux projets de loi sur les mines, n° 79 et
n° 43, l'importance d'avoir un fonds de diversification économique. C'est
un élément indispensable, dans un contexte d'acceptabilité
sociale, de tout projet d'envergure,
notamment minier ou autre, qui peut se réaliser au Québec. Alors, c'est
un fonds, évidemment, qui va, je dirais, répondre à des besoins, souvent des
besoins au niveau des infrastructures pour une municipalité ou un milieu, à
diminuer l'impact négatif que peut avoir un projet dans un milieu qui accueille un investisseur, permettre aussi à une municipalité ou un milieu de se diversifier, de sortir d'un réseau mono-industriel. Bref, en bout de piste, à partir des redevances ou de retours qui pourraient être versés dans ce fond de
diversification économique là, notre
sixième recommandation, c'est la mise en place d'un fonds de diversification
économique et social par territoire
de MRC opéré notamment par un comité, ou l'équivalent d'un Comax, composé des
acteurs socioéconomiques des entreprises et des décideurs politiques.
Ce qu'il est
important aussi de souligner, et on l'a vécu malheureusement trop souvent sur
la Côte-Nord récemment, et je le dis,
là, de façon très, très sereine, il faut que l'administration, au-delà de nos
lois que nous avons, actuelles, fasse
en sorte qu'on écourte les délais auxquels sont confrontés les projets
d'envergure. Les investisseurs, la communauté, les gouvernements aussi,
il faut le dire, les élus, il faut trouver une façon de se rendre plus
facilitateurs au niveau du développement de
ces projets-là. Et ça, ça fait partie malheureusement aussi de la question
d'acceptabilité sociale. Alors, dans
un contexte semblable, vous savez, les opportunités d'affaires, quand ça prend
deux ou trois ans à partir d'un projet qui est présenté devant le BAPE, il faut trouver une façon de réduire ça
pour que l'opportunité d'affaires demeure et qu'on ne perde pas
l'investisseur. Dans ces circonstances-là, notre septième recommandation,
c'est : Québec doit s'engager à diminuer
drastiquement les délais associés à des projets économiques et à renouer avec,
je dirais, un esprit de facilitateur au niveau du développement de nos
affaires.
La huitième recommandation, on est tout à fait
d'accord avec la mise en place d'un bureau de coordination des grands projets au sein du ministère. C'est
l'orientation 5, objectif 2, action 2. Évidemment, la difficulté
qu'on va avoir, c'est qu'il faut que ça soit fait de façon à être arrimé
avec tous les autres organes, et organismes, et bureaux qui vont exister : bureau de la commercialisation au
niveau de la Société du Plan Nord, les développements qui sont faits,
exemple, par Investissement Québec, les
développements qui sont faits par les ZIP, arrimé avec la Stratégie maritime,
arrimé avec la stratégie de développement de l'aluminium. Alors, il faut
que tout ce monde-là se parle pour que l'investisseur, la société, tout le
monde sache qu'il y a juste une porte d'entrée, qu'il n'y en a pas 12 000.
Et,
conséquemment à ça, ce qui est important, c'est qu'il faut que les gens au sein
du ministère, ce soient des gens qui accompagnent immédiatement tout
investisseur, c'est notre dernière recommandation, M. le Président. Ça devrait
compléter le 10 minutes.
Le
Président (M. Morin) : Merci. Il vous restait 40 secondes.
Merci. Donc, M. le ministre, vous avez 15 minutes pour échanger
avec nos invités.
M.
Arcand : Merci, M. le
Président. D'abord, bienvenue, M. Brouillette et M. Tremblay. Bienvenue. Et
j'ai lu évidemment avec beaucoup d'attention votre mémoire, et inutile
de vous dire jusqu'à quel point le développement économique, particulièrement à Sept-Îles, me tient à coeur. Alors, ça,
je pense que c'est... Je dis ça d'entrée de jeu. Ça me tient à coeur partout, mais disons que, pour des
raisons évidentes, la Côte-Nord, pour moi, revêt un caractère très important.
Maintenant,
sur la question de la diversification économique, je vous dirais, d'entrée de
jeu, que c'est un dossier, évidemment...
On est très conscient de la demande qui nous a été faite. On regarde
différentes avenues au moment où on se
parle, et donc je pense également que, sur la question des royautés, entre
autres, probablement qu'une partie des royautés, ce dont on a discuté,
entre autres, avec les municipalités, devrait aussi, peut-être, servir au
niveau du développement économique. Il n'y a pas juste le gouvernement du
Québec dans ça, il y a les municipalités.
Mais moi,
j'aimerais vous poser la question, parce qu'on ne semble pas être au courant,
au ministère, de la grille scientifique
de l'UQAC dont vous avez parlé tout à l'heure : Est-ce que vous pourriez
nous donner quelques idées sur ce que c'est exactement pour déterminer
c'est quoi, l'acceptabilité sociale?
M.
Tremblay (Russel) : En fait,
M. le Président, ils n'ont pas déterminé c'était quoi, l'acceptabilité sociale,
ils ont juste évalué toutes les facettes du
développement durable, et il y a plusieurs éléments. Donc, c'est vraiment un
exercice qui est très rigoureux. Chacune des
facettes d'un projet est analysée avec des cotations, comment que le milieu perçoit chacun des
éléments. Et après ça on prend des personnes qui sont neutres dans le débat et
on fait... C'est quasiment comme un ensemble de sondage où il y a tout le monde
qui doivent remplir ça. Et après ça on regarde les résultats.
Le promoteur
fait aussi le même exercice de son côté avec la grille, puis, bien souvent, on va voir
sa... un élément très visuel, ils
réussissent à mettre une forme de triangle, les trois éléments du développement durable. Puis c'est là qu'on voit si le promoteur se distingue ou il est juste
normal. Il respecte-tu juste les lois? Est-ce qu'il va plus loin dans certains secteurs? Et on voit la perception du promoteur versus la perception de
la communauté hôte. Donc, c'est là qu'on voit c'est quoi, les éléments à bonifier. C'est-u des choses
que le promoteur a faites mais qu'il n'a pas assez bien dites? Donc, on
se rend compte c'est où, le travail à faire.
Pour nous, ça
a été un document qui a été intéressant. Malheureusement, vu qu'il y avait eu
une certaine forme de dérive dans ce
dossier-là... Je crois qu'il aurait dû y avoir plus de place à cet outil-là,
mais c'est un outil, là, qui n'est pas unique
dans son genre dans le monde, là. On avait fait des recherches, là, vu qu'on
avait des gens qui étaient spécialisés là-dedans au Québec, on avait
passé par la chaire de l'UQAC. Mais on sait qu'il y a d'autres outils de ce
genre-là qui peuvent apporter une forme de
rigueur scientifique à l'acceptabilité sociale, ce qui fait quelque chose qui
est différent. Et ça pourrait être intéressant, là, de creuser plus loin
puis de l'enchâsser dans une loi.
Le Président (M. Pagé) : M.
le ministre.
M.
Arcand : En tout
cas, je vous remercie beaucoup
de nous en informer. Puis on va certainement, au ministère, voir exactement comment cette grille-là peut être regardée. Et je vous remercie donc de nous sensibiliser à cet élément-là.
M. Tremblay (Russel) : Si je
pourrais ajouter, je pourrais vous...
M.
Arcand : Oui.
Le Président (M. Pagé) : Oui,
M. Brouillette, allez-y.
M.
Tremblay (Russel) : M. le
Président, je pourrais envoyer, au niveau de la documentation... déposer notre
grille qu'on a utilisée dans le dossier de Mine Arnaud.
Le Président (M. Pagé) : M.
le ministre.
M.
Arcand : Bon. Merci.
J'aimerais juste qu'on revienne, parce que je pense qu'il y a un élément qui
est important dans ce dont on discute aujourd'hui, c'est tout ce qui
s'est passé dans le cas de Mine Arnaud. Je pense que c'est bien important qu'on revienne à ça, parce que c'est
clair qu'on en a parlé puis que ça a été un élément de discussion. Est-ce
que je me trompe en vous disant que, dans le
cas de Mine Arnaud, non seulement il y avait certains enjeux reliés à la
santé, là, et la question environnementale,
mais qu'il y avait même, au départ, certaines préoccupations sur le plan
économique, dans lequel on se
disait : Est-ce que ce projet-là est suffisamment bon pour la communauté?
Est-ce que, sur le plan économique, le
marché de l'apatite est assez bon, etc.? Il y avait des discussions. Est-ce
qu'au départ, même sur la question économique, je dirais, sur la rentabilité pour la communauté, sur ce que ça allait
créer comme emplois, etc., il y avait certaines questions qui étaient
posées à ce moment-là ou, d'après vous, c'était un enjeu qui était uniquement
environnemental?
Le Président (M. Pagé) :
M. Brouillette...
M. Brouillette (Marc) : En fait, au
fil...
Le Président (M. Pagé) : Ah!
M. Tremblay.
M. Brouillette (Marc) : M. le
Président, dans... Je suis M. Brouillette, M. le Président.
Le Président (M. Pagé) :
Oui, allez-y.
M.
Brouillette (Marc) : Merci.
Au fil du dossier, l'économie a pris une certaine importance. Mais
initialement l'enjeu de taille a été un
enjeu environnemental, de santé, et ça, ça a été clair, notamment du côté des
groupes citoyens. Au fil du
temps — et, je
vous dirais, dans le cadre aussi du BAPE, on l'a vu — l'économie a pris une place... et les
circonstances ont fait que le côté économique a pris une place qui
n'aurait pas dû être, nécessairement. Et, encore aujourd'hui, la réalité, c'est que le dossier, d'un point de vue
économique, est encore omniprésent sur la place publique, notamment
compte tenu de la recherche d'un
investisseur, comme vous le savez si bien. Et il y a eu des informations — puis c'est un petit peu le point qu'on traitait — il y a eu des informations qui ont été
présentées et qui n'étaient pas exactes, mais qu'il n'y a personne qui a corrigé correctement le tir de la
part de ceux qui détenaient l'information. Et ça, ça a contribué à ne
pas aider l'aspect économique. Je vous le
résume, là, succinctement, M. le ministre, là, mais essentiellement je pense
que c'est vraiment le portrait, là, de la situation, qui a évolué,
évidemment, sur une période d'à peu près trois ans.
Le Président (M. Pagé) : M.
le ministre.
M.
Arcand : O.K., mais, juste pour que je comprenne bien, les
enjeux, au départ, étaient... juste que vous me disiez quels étaient les
enjeux. Il y avait une question environnementale, il y avait une question de
santé, de dangerosité, là, de l'exploitation.
M.
Brouillette (Marc) : Il y avait
une question de la qualité de l'air, M.
le ministre... M. le Président, excusez.
Le Président (M. Pagé) :
Allez-y, M. Brouillette.
• (15 h 50) •
M.
Brouillette (Marc) : ...une
question de la qualité de l'air, la qualité de l'eau. Il y avait une question
aussi sur certaine fiabilité des
infrastructures qui étaient proposées par le promoteur qui a été mise en évidence, et la totale de ça dans un contexte
où il y a d'autres entreprises qui oeuvrent à Sept-Îles, l'effet cumulant...
culminant, excusez-moi.
M. Tremblay (Russel) : Cumulatif.
M. Brouillette (Marc) : Alors, M.
Tremblay voulait ajouter quelque chose, M. le Président.
Le Président (M. Pagé) : Oui.
Allez-y, M. Tremblay.
M.
Tremblay (Russel) : À la
limite, au niveau économique, c'est plus au rôle du promoteur de faire ses
devoirs. Dans ce dossier-là, c'est sûr que
l'élément économique a été abordé, mais ce n'est pas le rôle de la
communauté, ce n'est pas le rôle de M.
et Mme Tout-le-monde de se positionner là-dessus. Le promoteur doit faire ses devoirs. Et nous,
comme communauté, si les investissements se font puis que finalement ils n'ont pas la même rentabilité, on a quand même les emplois, on a quand même les investissements qui vont être faits. Donc, ce n'était pas un... Ça a été amené comme
un débat où est-ce que c'était grave, la rentabilité, mais, dans le fond des choses, les données, disons, sensibles du
projet, donc, sont davantage
concurrentielles au niveau de l'apatite qui est dans le gisement, sa façon
de procéder dans le cas... Dans le temps,
c'était Yara qui était l'exploitant. Il
a ses façons de faire, qu'il n'a pas
à divulguer à tout le monde pour dévoiler son avantage concurrentiel
avec le reste du monde.
Donc, le point de vue économique, si le projet
est rentable ou non, on ne croit pas que ça fait partie de l'acceptabilité sociale. En fait, les retombées
économiques dans la communauté, si, mais la rentabilité du projet, ça
n'en fait pas vraiment partie, selon nous.
Le Président (M. Pagé) : M.
le ministre.
M.
Arcand : Je ne veux pas vous poser trop de questions
parce que je sais que mes collègues en ont, mais je
vous poserais comme question... Vous avez quand même été très dur en disant, entre autres : Écoutez, on a senti, même si le BAPE est un organisme sérieux, que, surtout au départ, là,
c'étaient des séances, vous avez dit, de défoulement populaire, où là, évidemment, quand c'est des
séances de défoulement populaire, c'est toujours un peu difficile
d'avoir, comme on dit, les vraies choses,
les vraies affaires. Et ma question est la suivante : S'il y avait eu au départ une étude d'impact indépendante, faite par les
différents ministères au sein du gouvernement, qui avait clairement déterminé les enjeux économiques, est-ce que,
pour vous, ça aurait aidé à avoir, à
tout le moins, un BAPE qui aurait été
un peu moins empreint de défoulement populaire, pour employer votre
expression?
Le Président (M. Pagé) : M.
Brouillette ou monsieur... M. Tremblay.
M.
Tremblay (Russel) : C'est
sûr que, quand on... En fait, pourquoi qu'on fait les BAPE à cette date-là,
dans n'importe quel projet, c'est parce que l'ingénierie de
détail, ça coûte excessivement cher. Puis, si on est pour se positionner
pour dire non à un projet comme société,
ça serait plate pour le promoteur d'avoir à engendrer 60 %-70 % de ses frais pour avoir toutes les
réponses à toutes les informations. Ça fait qu'effectivement, oui, en
maintenant le BAPE à ce moment-là de chacune des étapes du projet, ça fait en
sorte qu'il y a des réponses qui sont plus vagues, parce qu'ils n'ont pas toute l'information détaillée, et ça finit par
dire : Bien, ils nous cachent quelque chose. Ah! ils ne nous ont pas
répondu là-dessus, donc probablement que ça va changer en cours de route.
Et nous, on travaille
en développement économique, on sait un petit peu comment ça
fonctionne, on sait que, même s'il y a
un BAPE qui est favorable à un projet, les ministères, ils ne se lavent pas les
mains, puis le projet peut aller de l'avant,
puis il peut faire les dégâts qu'il veut, puis il n'y a pas de suivi qui est fait
par la suite. Peut-être que l'élément de suivi est peut-être mis un petit peu moins en lumière de ce qu'on peut
penser dans l'imagerie populaire. Peut-être que ce serait intéressant de démontrer que le BAPE est
une étape à travers le processus, que le promoteur va être quand même suivi, on va avoir le respect de chacune des
normes et même aller au-delà. Peut-être que c'est un élément qui pourrait
être un peu plus, là, sorti.
Parce
qu'effectivement, là, des réponses qui n'étaient pas des réponses au BAPE, ça a
créé du tort. Puis je ne parle pas
nécessairement rien que du promoteur. Dans le cas de Mine Arnaud plus
particulièrement, au BAPE, on avait vu qu'il y avait plusieurs personnes de plusieurs ministères — je ne veux pas cibler personne en
particulier — mais qui
n'avaient été pas préparées à répondre aux
questions, et ça a... Tu sais, quand on voit les experts qui se font poser une
question par le public, ils disent : Je vais demander à mon expert
à côté, puis l'expert à côté dit : Je vais demander à l'expert à côté, puis l'expert à la fin, il demande à l'expert au
premier de dire : Peux-tu répondre, parce que moi, je ne la connais pas,
la réponse, puis ça fait la «loop»... Ça a
été dommage. Puis, s'il y a un élément que les opposants et les pour ont été
d'accord dans ce dossier-là, c'est de voir l'impréparation des experts qui ont
été invités, là, pour le BAPE pour Mine Arnaud.
M.
Arcand :
O.K. Merci.
Le Président (M. Pagé) : M. le ministre, je pense qu'il y
avait deux de vos collègues, soit le député d'Abitibi-Est ou des
Îles-de-la-Madeleine... Lequel des deux? Député d'Abitibi-Est, allez-y.
M.
Bourgeois : Oui. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Pagé) : Il vous reste 3 min 30 s.
M.
Bourgeois : Merci, M. le Président. Justement pour faire... Un peu
dans la même lignée, vous parliez des éléments
qu'il faudrait considérer, toute la question évolutive d'un projet, bon, on
sait, en cours de route, puis c'est un des aspects quand on amène les gens à présenter leurs projets, à échanger.
Ça peut permettre aussi d'ajuster en fonction des attentes du milieu
hôte, la modalisation du projet en tant que tel dans sa réalisation, mais
également dans ses impacts auprès du milieu.
Donc,
le livre vert, dans ce qu'on recherche en termes d'acceptabilité sociale,
est-ce que vous le jugez plus adéquat, plus structurant que simplement
la démarche du BAPE, et comment vous le positionneriez un par rapport à
l'autre?
Le Président (M.
Pagé) : M. Tremblay.
M. Tremblay
(Russel) : C'est fondamental d'impliquer la communauté d'accueil. On a
eu un colloque, l'ADNPlanNord, à Baie-Comeau, là, il
y a quelques semaines, puis il y avait
un promoteur qui nous a donné un exemple d'acceptabilité sociale, puis j'ai trouvé ça vraiment... c'était une figure frappante. Il est arrivé, il avait sa page titre en
anglais, il dit : Écoutez, moi, je suis
un francophone. J'étais dans mon bureau à Montréal puis je me
disais : Bon, bien, regarde, moi, je
vais aller faire une formation sur l'acceptabilité sociale; vu que je parle
français, je vais faire ma présentation en anglais, comme ça, là, tout
le monde va être content, les anglophones ne se sentiront pas lésés, tout ça.
Puis là il a dit : Par souci, là... qui
est anglophone ici? Il n'y a personne qui a levé la main. Là, il dit :
Vous savez, c'est ça, l'acceptabilité sociale. L'idée, dans mon bureau de Montréal, était excellente, mais je n'ai pas contacté le
milieu, je n'ai pas impliqué le milieu. Si j'avais connu le milieu
d'accueil, j'aurais su qu'il n'y a pas un anglophone à Baie-Comeau — en
tout cas, c'est entre parenthèses, il n'y avait pas d'anglophone. Donc, mon idée était superbonne, mais finalement, en
arrivant ici avec une présentation en anglais, je vous braque contre
moi.
Puis
eux, c'était Nemaska Lithium. Ils ont dit : On a fait beaucoup de consultations, on a demandé l'avis des gens dans
notre projet, mais on n'a jamais fait des vrais échanges, on a surtout donné de
la formation. On s'est rendu compte qu'après quatre ans on a perdu notre temps, puis
on a rechangé notre façon de faire, puis on a impliqué les gens dès le début.
Donc, ce que vous
faites dans le livre vert, si c'est une notion qui est bien ancrée, qui est
d'impliquer les communautés d'accueil... Parce que ce n'est pas nécessairement
la meilleure idée qui doit être appliquée dans chacun des projets, c'est l'idée
qui fait l'affaire du milieu d'accueil qui doit être mise en place.
Le Président (M.
Pagé) : Oui, il vous reste 50 secondes.
M. Bourgeois :
Oui, juste rapidement. Justement sur la notion de communauté d'accueil également,
la Côte-Nord est une grande région, comme la mienne, et, quand arrivent des projets
d'une certaine ampleur, et là je vais faire le parallèle avec le projet de la Romaine et Sept-Îles, est-ce que c'est la
région qui doit parler? Est-ce que c'est la localité, la MRC? Puis quel
niveau d'importance on doit attacher à chacun de ces acteurs-là par rapport,
exemple, au provincial?
Le Président (M.
Pagé) : En 15 secondes, M. Brouillette.
M. Brouillette (Marc) : Je vais répondre très rapidement.
C'est sûr que ce n'est pas toujours évident, là, vous en êtes conscients, vous
le vivez, et on le vit. Ce qu'on essaie de construire maintenant via la
création d'un comité de maximisation de
retombées économiques... celui-ci serait dans la MRC, actuellement, et couvrirait donc le territoire
de la MRC, mais on a des projets, évidemment, qui ont des retombées un peu
partout sur la Côte-Nord, il y a des gens de Baie-Comeau qui travaillent à la
Romaine, alors...
Le
Président (M. Pagé) :
Je vous remercie, vous pourrez compléter, parce qu'on a déjà
écoulé notre temps. Donc, on va passer avec l'opposition officielle pour
un bloc de neuf minutes.
M. Ouellet :
Merci, M. le Président. Bienvenue à mes confrères du territoire de la Côte-Nord,
bien heureux de vous voir. J'aimerais vous
entendre sur quelques-uns des principes que vous avez énoncés. Vous avez parlé tout à l'heure puis vous avez soulevé un peu ce qui s'est passé dans le cas de la Mine
Arnaud , où est-ce que, dans la communauté ou à travers les différents
médias, il y avait des faussetés qui étaient véhiculées, et malheureusement des
organisations, ministères, comme vous avez nommé, n'avaient pas tenté de corriger
le tir.
À
l'intérieur du livre vert, le ministre propose qu'il y ait un agent de suivi
à l'intérieur du MRN pour accompagner le
promoteur. Croyez-vous que cet agent de suivi là pourrait être le répondant ou,
du moins, la courroie de transmission lorsqu'on perçoit dans la région
une fausseté, pour qu'elle soit adressée au ministère en question et pour qu'il
puisse effectivement corroborer ou, du moins, donner la bonne réponse?
Le Président (M.
Pagé) : M. Brouillette.
• (16 heures) •
M. Brouillette (Marc) : C'est sûr que cette personne-là doit jouer son
rôle, mais elle ne pourra pas le jouer toute seule. Si cette personne-là est assise à Québec, n'est pas imprégnée du
milieu qui accueille l'investisseur,
oubliez ça. Il faut que cette personne-là
soit dès le départ... Puis c'est une de nos recommandations, il faut qu'il y
ait un accompagnement qui soit assuré
le plus rapidement possible, dans tout dossier, avec les gens du milieu, c'est
un effet combiné. Nous, on est capables
d'allumer des lumières pour s'assurer que l'information soit traitée, ce n'est
pas nécessairement à nous de le faire, c'est-à-dire
de traiter l'information, mais d'être en mesure de faire en sorte qu'il y ait
un porte-étendard dans le projet et qu'il assume à tout moment
l'évolution du projet.
Tu
sais, Mine Arnaud, là, c'est un autre exemple. Entre le moment où on a fini le
BAPE, à l'été 2013, et le moment où
le décret est sorti, un 19 mars 2015, où j'accueillais M. le
ministre... Tout le monde, de notre côté économique, on est contents le 19 mars. Mais pensez, là, à la
période qui a été vécue par la communauté pendant pratiquement deux ans
de temps, où on n'a pas pu savoir vraiment
qu'est-ce qu'il se passait. Et ça, ça a créé de l'émoi partout, à un tel point
qu'à un moment donné tout le monde était unanime, disait : Faites quelque
chose, que ça soit bon, pas bon, annoncez-le. Et ça, un agent devrait être en mesure de pouvoir dire à la
population : O.K., voici ce qu'il se passe, le BAPE est rendu là; il y a tel document qui s'échange, il y a telle
intervention que vous pouvez faire encore. Parce qu'il y a des
interventions peut-être qui peuvent être
faites encore par le public que, là, on ne pouvait pas faire, mais, au moins,
on avise le milieu, et ça, ça va alléger de beaucoup, beaucoup.
Pensez à
l'investisseur qui ne sait pas du tout par moments, pas toujours, mais qui ne
sait pas par moments, qu'est-ce qu'il se passe exactement dans ces différentes
enceintes là. Et ça, là, il faut vraiment, un, donner l'information, réduire
les délais. Ça, c'est deux de nos recommandations.
Le Président (M.
Pagé) : M. le député de René-Lévesque.
M.
Ouellet : Merci. Donc, ma question : Est-ce que l'agent de suivi
pourrait faire ça avec le promoteur? Quand je vous entends, vous me dites qu'il faudrait plutôt avoir un agent
d'information qui ferait effectivement cette diffusion-là.
M. Brouillette
(Marc) : C'est un tout, M. le député, c'est un tout.
M. Ouellet :
C'est un tout.
M. Brouillette
(Marc) : C'est clair.
M.
Ouellet : Vous avez parlé tantôt dans votre introduction de
l'importance de la communauté d'accueil, qu'elle soit complète par des
experts, qu'il y ait des gens autour de la table qui sont nommés et reconnus. À
l'intérieur de l'orientation 3 du livre
vert, on voit que le ministère veut produire de l'information plus accessible
et vulgarisée et qu'elle organise aussi des séances publiques de
rétro-information.
Bref,
est-ce que vous voyez cette communauté d'accueil soudée, c'est-à-dire que,
quand un projet commence, c'est la même communauté d'accueil qui suit le
projet, ou elle peut être variable, cette communauté d'accueil là, tout
dépendamment... Exemple, bon, on dit que c'est le président de la chambre de
commerce qui est là. Demain matin, la présidence
change, c'est une autre personne. Est-ce que vous voulez des individus
reconnus, dits experts ou des organisations dites compétentes pour
parler au nom de, dans vos communautés d'accueil?
Le Président (M.
Pagé) : M. Tremblay. Oui, allez-y.
M. Tremblay
(Russel) : C'est un peu des deux. C'est sûr que c'est important qu'il
y ait des gens qui soient imputables quand on parle, là, de ce que le besoin du
milieu est, quand on parle... que ça soit des développeurs économiques, que ça soit des gens en protection de
l'environnement, que ça soit la ville en tant que telle. C'est sûr qu'il
y a aussi des M., Mme Tout-le-monde qui doit
faire partie comme... un petit peu comme les comités de suivi, là, qui
sont actuellement, là, imposés dans chacun
des projets miniers. On retrouve quand même une très grande majorité de
gens qui sont imputables et certains citoyens qui doivent appliquer, puis qu'il
y a un processus qui doit être aliéné.
Le problème
avec ça dans les dernières années, c'est que, bien souvent, c'est les
regroupements de citoyens qui deviennent
comme les porte-parole de l'environnement. Nous, on a une corporation
environnementale très dynamique sur notre
territoire, mais le premier réflexe des médias, dans tous les débats de projets
miniers, ou autres, ça a toujours été d'aller voir les regroupements de citoyens et non pas la corporation
environnement, qui a quand même des employés qui ont des formations de haut niveau en environnement, donc
qui sont capables d'analyser mieux les chiffres, ce qui fait en sorte
que, des fois, il y a des éléments qui sont
dits dans... C'est important que les citoyens puissent s'exprimer, mais
techniquement, des fois, c'est des experts qui devraient se positionner.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Vous avez parlé dans
une de vos recommandations qu'il y ait dans les projets des fonds de diversification. Ma question que j'aurais pour
vous : Est-ce que vous voyez que, pour chaque projet du MERN, donc,
il y aurait un fonds qui serait créé en
fonction de l'établissement même et de la réalisation du projet? Est-ce que
c'est ça ou que, dans la région, on
fait plutôt globalement : voici les projets qui sont susceptibles de se
réaliser, voici un fonds global par rapport à ces projets-là? Est-ce que
vous le compartimentez ou vous en voulez un tout global, plutôt?
Le Président (M. Pagé) : M.
Brouillette.
M.
Brouillette (Marc) : En
fait, la présentation qui a été toujours maintenue jusqu'à présent, c'est
d'avoir un fonds qui est plus global
pour une région donnée, O.K.? C'est sûr qu'idéalement, après ça, on laisserait
au fonds, je pense, le soin de
déterminer. Si ça vise un territoire qui est beaucoup plus grand, on laisserait
au fonds, aux acteurs de déterminer la répartition de ces argents-là.
Parce que, si ça s'applique, exemple, comme on le prétend dans notre
recommandation, au territoire de la MRC et
que le projet est fait dans strictement une municipalité de la MRC, qu'il n'y a
pas de retombées ailleurs que dans
cette municipalité-là, alors on va laisser les gens qui vont siéger sur ce
comité-là déterminer la partition.
Là, ce qui est important, c'est de le mettre en
place, ce fameux comité de diversification là, parce que ça fait plusieurs années qu'on en parle et on ne voit pas
encore la couleur de ces argents-là dans le cadre d'un comité. Parce
que, pour nous autres, il aurait été utile récemment, là, dans la question
économique qui est vécue sur la Côte-Nord, pour permettre à tout le territoire d'utiliser ces argents-là pour contribuer
à une diversification, à garder des travailleurs qui ont dû quitter la Côte-Nord. Dans notre milieu à nous
autres, on a perdu un peu plus de 1 000 emplois dans l'espace de
18 mois. On aurait peut-être pu garder
ces gens-là, faire une formation différente, les préparer, exemple, pour
peut-être le projet de Mine Arnaud,
peut-être pour la phase III d'Alouette, peut-être dans d'autres
orientations, aider nos entreprises à prendre un virage technologique différent, à faire du maillage au
niveau de la transformation de l'aluminium, etc. Vous voyez les opportunités.
Mais, à chaque jour puis à chaque heure qui
passe on n'a pas accès à ces argents-là, peu importe la couleur, là, issue
du gouvernement, c'est quelque chose, quant à nous, qu'on vit déjà depuis
plusieurs années et qu'il faut qu'on mette en place.
C'était d'ailleurs une des recommandations que j'ai faites comme président de
la chambre de commerce quand on a présenté la Loi sur la Société du Plan
Nord. Il faut vite créer ce comité-là... ce fonds-là, en fait, excusez-moi.
M. Ouellet : Combien de temps?
Le Président (M. Pagé) : Il
vous reste 50 secondes, M. le député de René-Lévesque.
M. Tremblay (Russel) :
...information rapide par rapport à...
Le Président (M. Pagé) : Oui,
M. Tremblay.
M.
Tremblay (Russel) : ...par
rapport, là, à une donnée vraiment cartésienne, il y a des chercheurs
australiens qui ont évalué que, pour des
retombées économiques, là, pour faire un comité de maximisation, c'est un rayon
de 70 kilomètres autour du
projet qui... ce sont eux qui ont les impacts les plus grands, puis c'est dans
ce rayon-là qu'on doit mettre des genres... des fonds de
diversification, dans un rayon de 70 kilomètres autour du projet.
Le Président (M. Pagé) : Il
vous reste 20 secondes, M. le député de René-Lévesque.
M.
Ouellet : Rapidement, quand est-ce qu'on crée ce fonds-là, lorsque le
projet démarre ou lorsque les études commencent?
Le Président (M. Pagé) : M.
Tremblay.
M. Tremblay (Russel) : Quand les
investissements se font.
M. Ouellet :
O.K. Merci.
Le Président (M. Pagé) :
Alors, je vous remercie. Alors, on va passer à la deuxième opposition pour un
bloc de six minutes. M. le député de Groulx, la parole est à vous.
M. Surprenant :
Merci, M. le Président. Alors, M. Brouillette, M. Tremblay, bonjour. Alors, mes
questions vont aller dans le sens de
ceux de mon collègue, qu'il vient de poser, au niveau de diversification, mais
de la création d'un fonds, en fait, là. Alors, oui, la diversification,
mais ma première question, elle serait au niveau de l'investissement que les entreprises vont faire pour donner une qualité de
vie à la communauté puis pour... Alors, comment ça fonctionne en...
Est-ce que les entreprises devraient être
tenues de verser un montant qui est une quote-part des revenus qu'ils vont
tirer ou des matières qu'ils vont
extraire du territoire? Est-ce que vous auriez des critères à suggérer pour
s'assurer que l'argent vienne?
M. Brouillette (Marc) : Moi, je pense
que c'est une partie... l'approche qui a été développée au fil de la présentation qu'on a faite, c'est une partie des
redevances qui devrait être retournée par le gouvernement à la création
de ce fonds-là, ou de demander, sans nommer
l'exemple qu'on a, une aluminerie qui contribue à un fonds qui est
québécois actuellement, qui... de ces
argents-là, on pourrait prendre une partie et la retourner dans le fonds de
diversification régional ou local. Ça, c'est deux exemples concrets
qu'on vous soumet.
Alors, il y
aura, je pense, autant de possibilités d'avoir des sources d'argent qu'il y a
de programmes qui existent. Parce qu'à un moment donné on sait que ces
argents-là servent aussi... les redevances servent aussi à d'autres fins.
Essentiellement, là, deux exemples concrets que je viens de vous donner
pourraient contribuer à le créer.
Vous savez,
dans les meilleures années, là, sur la Côte-Nord, au niveau minier, il sortait
entre 200, 250 millions. Retourner
un pourcentage minime de ça nous aurait permis, nous autres, de réaliser...
exemple qu'on donnait, d'avancer tranquillement le gazoduc sur la
Côte-Nord, qui nous aurait permis de faire quoi? De la deuxième transformation
sur une période de peut-être 10,
12 ans, un peu ce que les gens de Terre-Neuve ont fait avec la
Trans-Labrador Highway sur une période de 15 ans à coups de 10, 15,
20 millions. C'est un petit peu l'exemple que ça peut vous donner.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de Groulx.
M.
Surprenant : Est-ce qu'il y a déjà eu des tentatives, quand même, par
le passé de s'assurer d'une diversification du territoire en demandant
aux entreprises de contribuer? Là, je sens qu'on veut le faire, mais il y a
sûrement eu des tentatives ou des expériences passées qui ont été faites?
Le Président (M. Pagé) : M.
Brouillette.
• (16 h 10) •
M.
Brouillette (Marc) : Bien,
il y a eu effectivement des démarches, mais, pour obtenir comme... Je ne veux
pas dévoiler de secrets d'État, là, mais, dans le cadre d'un projet qu'on a
actuellement, si le projet se réalise, il y a une possibilité que l'investisseur puisse mettre des argents, ou une
participation dans un fonds, ou participer à un autre niveau au lieu de mettre l'argent dans ce fonds-là. Ça fait
que ça, c'est une façon de faire qui est actuellement débattue. Je vous
ferais le parallèle un peu : quand le gouvernement du Québec va octroyer
une tarification hydroélectrique, on a négocié des conditions qui permettent au gouvernement d'avoir certaines garanties au
niveau de l'emploi, au niveau donc de certaines retombées. C'est sûr qu'il y a des aspects qui seraient intéressants de
toucher, comme, on voit dans d'autres provinces, de ne pas avoir de «fly-in/fly-out» pour des
entreprises dans le cadre de l'opération, mais pas dans le cadre de la
construction, ou de faire en sorte... comme on a chez nos voisins de
Terre-Neuve, une obligation de faire de la transformation dans la province, ou
une partie, là, tout le moins, de la transformation, ou d'exiger un minimum
d'investissement dans la province sur
l'investissement global qui est effectué. Il y a aussi ces paramètres-là. Il y
a deux niveaux d'intervention possibles actuellement.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de Groulx.
M. Surprenant : Si vous parlez quant
au niveau d'investissement global qui a été fait, si on compare les entreprises d'exploration et d'exploitation,
l'entreprise d'exploration, elle va investir, elle n'aura pas de retour tout de suite. Donc, est-ce que vous serez quand
même enclin à suggérer qu'elles investissent aussi dans la diversification
d'économies, même si c'est simplement de l'exploration qu'elles font? C'est ce
que vous avez semblé dire tantôt.
Le Président (M. Pagé) : M.
Brouillette. M. Tremblay.
M. Tremblay (Russel) : Une
exploration, les dépenses sont beaucoup moins intéressantes que les projets de
construction et puis d'exploitation. Donc, je ne pense pas qu'au niveau de
l'exploration on serait là.
Mais un
élément qui est à considérer par
rapport à votre première question,
c'était la stabilité. La plupart des grandes entreprises préfèrent avoir un cadre stable, de savoir comment que ça va
coûter faire leurs projets. Donc, aller pièce à la pièce pour demander à chacun des donneurs
d'ordres : Est-ce que vous pouvez contribuer à la diversification
économique?, je pense qu'on risque de se mettre en porte-à-faux. On le sait,
avec les négociations autochtones, de notre côté, c'est : chacune des ententes qui est signée est la base de
l'autre qui suit. Ça crée un débalancement puis des mécontents tout le temps. Donc, imaginez un petit peu, là : il y a
une ville comme Sept-Îles qui réussit à avoir un fonds avec... si on
administre son territoire.
Arrive la ville à côté que la minière, elle, elle ne veut rien savoir. Ça va
encore créer de la jalousie. On est mieux
de mettre un cadre qui soit stable pour tout le monde, donc on sait
c'est quoi, les règles du jeu quand on va au Québec.
Le Président (M. Pagé) : Il
vous reste 30 secondes, M. le député de Groulx.
M.
Surprenant : Dans la grille
dont vous faisiez allusion, là, on a réussi à la trouver, vous indiquez
un point : «[Favorise] la production et
l'accès à des biens et services de la plus grande qualité possible.»
Pouvez-vous expliquer ce que vous
voulez dire par ça? Parce que, les entreprises qui vont produire, il n'y a pas
de... L'acceptabilité sociale, c'est de s'assurer qu'ils ne fassent pas de dégât, là, dans la communauté
et puis... Mais de leur demander : Est-ce qu'ils produisent des
biens de la plus grande qualité possible?, je ne sais pas...
Le
Président (M. Pagé) :
Malheureusement, le temps nous est écoulé. Alors, c'est tout le temps que nous avions pour cette présentation.
Alors, nous
allons suspendre pour un moment, je vous
remercie de votre présence, pour
laisser le temps au prochain groupe de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 14)
(Reprise à 16 h 15)
Le Président (M. Pagé) :
Alors, nous allons reprendre nos travaux. Je vous souhaite la bienvenue. Vous
êtes le représentant de l'Institut du Nouveau Monde. Je vous invite à vous
présenter, et vous avez 10 minutes pour faire la présentation de votre mémoire.
Institut du Nouveau
Monde (INM)
M. Venne
(Michel) : Merci, M. le
Président. Je m'appelle
Michel Venne, je suis le directeur
général de l'Institut du Nouveau
Monde. Et je voudrais d'abord m'excuser de ne pas avoir fait parvenir notre
mémoire au préalable. Il vous sera acheminé avec toutes les références
et les annexes nécessaires dans les prochains jours.
L'Institut du Nouveau Monde, c'est une
organisation à but non lucratif dont la mission est d'accroître la participation des citoyens à la vie démocratique,
et, pour les fins du sujet qui nous occupe aujourd'hui, je mentionne
qu'on a organisé l'an passé, en collaboration avec l'UQAR, un colloque, un
forum public sur l'acceptabilité sociale, dont les actes ont été publiés. On a mené divers travaux sur ce sujet-là pour la
ville de Sept-Îles. Nous avons animé des rencontres publiques dans le
cadre de l'évaluation environnementale stratégique sur les gaz de schiste et
nous avons conduit, en 2012, une
conversation publique sur l'avenir minier du Québec, qui a fait ressortir les
attentes d'environ 500 citoyens que nous avons consultés, y compris des membres de l'industrie minière, en
matière d'acceptabilité sociale. Et c'est sur la base de ces différents
travaux que nous prenons la parole aujourd'hui.
Entre autres,
je souligne que la définition de l'acceptabilité sociale qui est retenue dans le
livre vert est celle qui a été proposée
il y a déjà quelques années par ma collègue la directrice générale adjointe de
l'INM, Julie Caron-Malenfant. Celle-ci
m'aurait accompagné volontiers si elle n'était pas présentement chez elle en
congé de maternité. Mais elle me souffle
un message : selon elle, il y aurait lieu de réviser légèrement cette
définition-là, entre autres en y introduisant la notion de démocratie,
et je vais vous expliquer pourquoi.
Les divers
travaux qu'on a menés ensemble au cours des dernières années nous invitent en
effet à mieux insérer les processus
destinés à mesurer l'acceptabilité sociale des projets dans le cadre des
institutions démocratiques existantes et des processus de décision collective portant, entre autres, sur l'aménagement
du territoire et le développement économique des régions. Je cite à cet égard une des conclusions de notre conversation
publique sur l'avenir minier : «La question minière ne peut être
abordée en vase clos. Le développement minier doit s'inscrire dans une vision
globale du développement. Logiquement, il
faudrait que les régions se dotent de plans de développement qui porteraient
aussi [sur les] considérations à long terme.
«La conception et l'adoption de ces plans à long
terme forceraient à mettre en balance les avantages et les inconvénients du développement minier dans une
région donnée, par rapport aux autres potentiels liés à l'utilisation du
territoire : forêt, agriculture,
tourisme, conservation, villégiature, et autres. Ils prendraient en considération
le point de vue éclairé des citoyens et l'impact des activités minières
sur leur qualité de vie, tant sur le plan social, économique que culturel.» Fin
de la citation.
Ce que nous
retenons de nos consultations avec les citoyens sur l'avenir minier, c'est que
l'acceptabilité sociale dépend de
l'insertion du projet concerné dans une vision plus globale de la région, qui
s'appuie sur l'histoire de cette région-là, sur ses caractéristiques sociodémographiques, sur l'état de
l'économie, le taux de chômage, et ainsi de suite. C'est sur cette vision globale que les citoyens veulent
d'abord être consultés puis pouvoir veiller, à travers des instances qui
leur sont familières, à ce qu'un projet particulier s'articule convenablement
avec le plan général adopté.
En ce sens,
l'intention du ministère de rendre plus transparents et plus participatifs les
mécanismes de planification et de
conciliation des usages dans les plans d'affectation du territoire public et de
les actualiser est une très bonne nouvelle, que nous accueillons favorablement, ainsi que l'intention d'assurer la
mise en place de processus prévisibles d'information et de consultation
à toutes les étapes d'un projet. Ce sont de bonnes nouvelles.
Nous accueillons
favorablement des éléments du livre vert. Cependant, il y a deux ou trois
choses sur lesquelles j'aimerais insister et qui pourraient constituer des
améliorations à ce qui est proposé.
• (16 h 20) •
Le livre vert
devrait être plus clair à l'égard des pouvoirs locaux. Si le ministère est le
gardien des territoires, les municipalités
et les MRC peuvent prétendre la même chose, et c'est une lacune sévère du livre
vert de ne pas considérer le rôle des
municipalités de manière plus explicite. On a vu, par exemple, dans l'Est du
Québec des décideurs publics locaux réagir
de plusieurs manières aux contestations, à une certaine époque, de la filière
éolienne et intégrer dans la conversation locale et régionale ces projets, qui sont devenus pour plusieurs des
opportunités. Il y a des élus locaux qui
ont utilisé leur marge de manoeuvre, leur capacité d'intervention pour
maximiser les retombées économiques locales en devenant partenaires de certains
projets. Il y en a d'autres qui ont utilisé des outils réglementaires pour
encadrer ou établir des normes de localisation des équipements. Mais surtout,
dans le travail accompli par les acteurs publics locaux, on peut observer des arrangements originaux, qui montrent
leur capacité à traduire dans des normes, ou des lois, ou des
règlements, ou des pratiques les
représentations qui émergent de la discussion publique, que ce soit une
contestation ou que ce soit le discours des groupes dans cette
communauté-là.
Bref, les
élus locaux sont des agents de changement parce que leur action est intégrée à
la trame régionale. Elle tient compte
de l'histoire de la région, de son rapport à une industrie, des besoins variés
de la population, des conflits sous-jacents et du désir de satisfaire la
communauté de manière équilibrée, ne serait-ce que pour être réélus aux
élections suivantes. Ils jouent un rôle
important, et ce serait bête de ne pas s'appuyer sur eux. Alors, la motivation
est forte de bien faire, mais on ne leur donne pas toujours les moyens
d'agir.
Les élus locaux ne peuvent pas être considérés
comme des parties prenantes ordinaires avec lesquelles les promoteurs devront
avoir pris contact à travers un comité de liaison, comme le propose le livre
vert.
Le palier
régional de concertation — je me permets de le souligner — que constituaient les conférences
régionales des élus pouvait représenter
aussi un atout quant à la concertation sur des projets dont les impacts
dépassent les frontières des
localités. Bon, les CRE n'existent plus. Il faudrait peut-être songer à les
remplacer par d'autre chose, ne serait-ce que pour ces fonctions-là.
Les
intentions du ministère, donc, sont bonnes. Les concepts clés sont dans le
livre vert : consulter en amont, assurer une bonne information à toutes les étapes, rendre des comptes. Je
souligne par contre que les mesures qui sont proposées sont des mesures volontaires, et nous aurions
souhaité, pour notre part, qu'elles soient plus contraignantes. Et ça
ressort de ce que les citoyens, les écologistes, les élus locaux et même des
gens de l'industrie nous ont dit lorsque nous avons consulté sur l'avenir
minier. Entre autres, dans l'industrie, on veut au moins deux choses : une
certitude quant aux exigences auxquelles on
devra se soumettre lorsqu'on développera un projet et, deuxièmement, une
application équitable des règles à l'ensemble de l'industrie.
Au-delà,
donc, de la question de la contrainte, il y a deux aspects fondamentaux qui
m'apparaissent importants de critiquer.
Le premier, c'est que la diffusion de l'information de même que la mise en
place d'un processus de consultation publique
relèvent, selon le livre vert, d'abord de la responsabilité du promoteur d'un
projet. Un promoteur peut, certes, établir
un dialogue avec les citoyens et les parties prenantes. Ces actions de relations
avec la communauté sont une bonne chose,
mais elles relèvent de pratiques de relations publiques, pratiques certes
légitimes mais qui ne peuvent pas remplacer les processus politiques ou
les institutions démocratiques.
Le livre vert
perpétue, dans ce sens-là, une pratique répandue, qui renvoie à une sorte de
négociation privée, entre le promoteur
et les parties prenantes, l'établissement de l'acceptabilité sociale d'un
projet, alors que l'effet de cette négociation aura des impacts sur toute la communauté, sur toute la région, dans
certains cas sur tout le Québec. La légitimité de ces négociations reste
toujours fragile, entre autres parce que le promoteur est juge et partie.
Le deuxième
aspect concerne le rôle même dévolu au ministère dans les processus
participatifs proposés. Je veux d'abord
rappeler une des conclusions de notre conversation publique sur l'avenir
minier : «La conversation publique a permis de déceler chez nombre de citoyens une méfiance, pour ne pas dire
une grande déception, plus grande à l'endroit de l'État même qu'envers les compagnies minières. Le message est assez
clair : Que l'État assume ses responsabilités! Fiduciaire des
ressources naturelles, c'est à lui de les protéger. Pour d'aucuns, le ministère
des Ressources naturelles et de la
Faune — à
l'époque — ne peut
pas à la fois agir pour protéger le territoire, l'environnement et les
citoyens, d'une part, et se faire le chantre et le promoteur de
l'industrie minière, d'autre part.» Fin de la citation.
D'une
certaine manière, le ministère est aussi perçu comme juge et partie à cause de
son rôle de promotion du développement économique, ce qui n'est pas un
tort du tout en soi, mais il y a une sorte de confusion des rôles quand on est à la fois promoteur de quelque chose et en
même temps qu'on est le responsable d'un processus consultatif où la neutralité est quelque chose d'important. Il nous
est arrivé à plusieurs reprises, dans d'autres contextes, de suggérer au
gouvernement de se doter de mécanismes de
participation publique qui puissent être utilisés dans tous les contextes
et servir à tous les ministères. On a créé le BAPE il y a une quarantaine
d'années. On était, au Québec, à l'avant-garde à cette époque. Depuis, on fait un peu de surplace. Mais depuis, aussi, on a
découvert l'impact des questions sociales sur les projets, on a découvert que l'acceptabilité sociale était
fondamentale. Les gens des milieux économiques réclament un bureau
d'audiences publiques sur les impacts économiques. Il y aurait peut-être lieu
de réviser cela et de s'en servir pour des projets locaux.
Et je conclurai, M.
le Président, en disant que le livre vert représente un pas dans la bonne
direction puisqu'il reconnaît le caractère
crucial de l'acceptabilité sociale des grands projets et qu'il amène le ministère
à développer une culture de la
participation publique. Il faudrait cependant retirer aux promoteurs la
responsabilité de la participation des citoyens. Il faut considérer le fait que le ministère peut
difficilement jouer lui-même deux rôles distincts. Le rôle des
municipalités et des MRC devrait être mieux
considéré et reconnu dans le livre vert. Et finalement je vous remercie
d'avance de penser à l'accompagnement non seulement des promoteurs dans les processus
participatifs, mais des citoyens. L'acceptabilité sociale est une
question de compromis au sein d'une communauté. C'est donc une affaire
politique.
Le
Président (M. Pagé) : Merci bien. Alors, M. le ministre, pour
un bloc de 15 minutes, vous pouvez échanger avec M. Venne.
M.
Arcand :
Merci infiniment, M. Venne. Bienvenue à cette audience de la commission
parlementaire. Évidemment, on a eu
l'occasion, je pense, de se côtoyer pendant de nombreuses années sur plusieurs
questions. Je me rappelle, entre autres, à l'époque du débat du gaz de
schiste, entre autres, où vous aviez fait... organisé, en tout cas, certaines
réunions de citoyens, etc.
M. Venne
(Michel) : Qui avaient été assez houleuses.
M.
Arcand :
C'est ça. Ça a été très bien fait. Écoutez, j'écoutais beaucoup ce que vous
disiez. je dois vous dire que, tout
de suite je vous le dis en commençant, le rôle du ministère, ce n'est
certainement pas d'être le promoteur, c'est d'être un facilitateur, d'une part. D'autre part, je suis
tout à fait d'accord avec vous sur le rôle très important des municipalités.
Mais je me rappelle, entre autres, très souvent, quand il y a eu le débat, au
départ, du gaz de schiste, souvent les promoteurs allaient voir le maire puis ils disaient : j'allais voir le maire
puis quelques conseillers, et par la suite, bien, j'ai parlé au maire,
donc il est d'accord, donc la population doit être d'accord. On s'entend pour
dire que ça va bien souvent bien au-delà de ça.
Mais ce que je retiens de ce que vous me dites,
c'est que vous voulez des règles ou enfin, pour vous, il devrait y avoir des
règles plus contraignantes aux promoteurs ou dans le processus que l'on discute
actuellement dans le livre vert. Est-ce que vous pourriez me dire à peu
près ce que vous avez en tête comme règles plus contraignantes comme telles?
Le Président (M.
Pagé) : M. Venne.
M. Venne
(Michel) : En fait, c'est que le livre vert contient toutes les bonnes
suggestions, hein : consulter en amont,
fournir de l'information à chacune des étapes, rendre des comptes à la fin du
processus, s'assurer que l'information soit facilement accessible, dans
certains cas c'est au ministère qu'on attribue cette fonction-là, mais, bref,
toutes ces propositions-là pourraient
devenir contraignantes, c'est-à-dire que, pour obtenir un permis ou en tout cas
une autorisation, je ne me rappelle
pas des termes que vous utilisez, il faudrait que le projet soit passé à
travers une série de règles. Pourquoi? Je l'ai expliqué, il y a des raisons qui tiennent à la clarté du processus,
entre autres, pour les citoyens, mais ça vaut aussi pour les gens de l'industrie, de sorte qu'on serait
certains que tous les joueurs dans l'industrie passeraient par le même
processus, pas seulement ceux qui sont de meilleure volonté que les autres. Je
comprends que, dans des processus de politique publique, on aime bien — et on a raison de voir les choses comme
ça — commencer
par essayer d'inciter les gens à faire les
choses et puis, si, au bout de quelques années, on se rend compte que la bonne
volonté ne suffit pas, on peut légiférer, on peut réglementer, mais il
me semble que le temps serait mûr pour établir des règles claires.
Ensuite, parmi ces
règles-là, et je répète, elles sont pas mal toutes dans votre livre vert, mais,
au travers ces règles-là, il me semble qu'il
sera important d'intégrer le processus dans les processus politiques locaux ou
régionaux, surtout ceux qui sont liés à l'aménagement du territoire.
Parce qu'il y a une responsabilité des MRC en aménagement des territoires. On sait que les villes, en tout cas
si on en croit la FQM et l'UMQ, sont demandeurs pour... demandeuses...
oui, en fait, demanderesses... en tout cas
demandent plus de responsabilités et de marges de manoeuvre sur le plan de
l'aménagement du territoire. Elles demandent
aussi plus de marges de manoeuvre et plus de responsabilités en matière
de développement économique. Et il me semble qu'il n'y a pas d'intégration qui
est prévue, alors que je pense que les processus locaux et régionaux sont des
processus de compromis, de concertation, où on est capable de jouer certains
arbitrages qu'un ministère ne pourra pas faire, parce que justement il n'est
pas de la région.
Le Président (M.
Pagé) : M. le ministre.
• (16 h 30) •
M.
Arcand :
J'ai regardé, lorsque j'étais ministre de l'Environnement, il y avait un
dossier qui était extrêmement litigieux,
et qui l'est d'ailleurs toujours, parce que j'ai vu ça aux nouvelles
aujourd'hui, le promoteur d'une mine de niobium, je pense, dans la région d'Oka, et à l'époque... je pense que c'est un projet qui date d'au moins 15, 20 ans, si ce
n'est pas plus. Et évidemment
tous les ministres de l'Environnement ont eu toutes sortes de difficultés
avec ce projet-là. Et, encore aujourd'hui, j'ai vu quelque
part que ce projet-là allait être
retiré. Parce que finalement il semble qu'il n'y ait pas, justement,
d'acceptabilité sociale, le promoteur a tout
de suite conclu qu'il n'y en aurait
pas, et il n'y en avait pas eu avec d'autres promoteurs également. Or,
il existe actuellement au nord de Dolbeau une mine de niobium ou enfin une
opération exactement similaire. Dans ce
cas-là, ça ne semble pas poser de problème. Dans le cas qui nous préoccupe, à
Oka, gros problème. Pourtant, c'est pas mal le même genre d'opération.
Et
vous avez parlé, donc, d'insertion dans la région, que souvent la différence,
c'est l'insertion dans la région. Est-ce
que je me trompe, d'une part, en vous disant que plus on se rapproche des
grands centres urbains, plus l'acceptabilité sociale devient difficile, plus on s'éloigne en région, c'est un peu
plus facile, de façon générale? Je ne vous dis pas qu'il n'y a pas des enjeux puis des problèmes, mais, en
général, est-ce qu'on... Quand je regarde ces deux exemples-là, ce sont
des exemples qui m'indiquent qu'il semble y avoir une problématique d'approche
dans bien des cas.
Le Président (M. Morin) : M.
Venne.
M.
Venne (Michel) : Une question de densité de population : plus il
y a de gens dans une agglomération, évidemment plus il y a de gens qui peuvent
ressentir différentes sortes d'inconvénients à un projet. Dans le cas de Mine Arnaud, par exemple, il y a des gens qui ne
voulaient pas de ce projet-là parce qu'il y avait je ne sais trop
combien de camions qui auraient passé sur la
rue pas loin de chez eux à chaque jour pendant x nombres d'années, ou il y
aurait eu des explosions répétitives
dans un site situé à quelques kilomètres à peine de la ville. Et, en effet,
j'ai entendu à Sept-Îles une dame dire : Écoutez, là, allez creuser
des mines au nord, mais laissez-nous le bord du fleuve, hein? Alors, en effet,
la proximité des centres joue un rôle.
Mais, vous savez,
l'acceptabilité sociale, ça dépend d'un ensemble de facteurs. Les gens qui
m'ont précédé parlaient d'une grille d'analyse, qui vous a été suggérée,
provenant de l'UQAC, il y en a plusieurs autres, grilles, qui existent — je
pourrai vous les acheminer, si vous le souhaitez, mais je suis sûr que les gens
de votre ministère les ont — mais
sauf que l'acceptabilité sociale, ça ne se fait pas en cochant des grilles.
C'est un phénomène intangible qui tient à tout un ensemble de conflits puis
d'histoires dans la région et qui tient aussi à toutes sortes de conditions.
Mine
Arnaud, au début, là, il y avait de l'opposition, entre autres, parce qu'il n'y
avait pas de chômage. Il y avait de
l'opposition à Sept-Îles aussi à des projets d'immeubles à logements parce que
ça allait cacher la vue sur la baie de Sept-Îles,
là, mais les gens n'avaient pas besoin de ces logements-là, ça allait bien sur
le plan économique. Et l'appui au projet a augmenté au fur et à mesure
que le chômage a augmenté.
Alors,
bref, c'est toute une série de facteurs qui n'ont rien à voir avec la qualité
du projet parfois. Donc, ce sont des circonstances. Et c'est pour ça que
c'est un arbitrage politique qui doit être fait. On ne peut pas le faire de
manière administrative. C'est vraiment un
jeu politique dans lequel il y a, bien sûr, les institutions, les institutions
qui doivent servir à faire des
compromis lorsqu'elles sont bien menées — et, en général, au Québec, on est
relativement bons là-dedans — mais ça joue aussi du débat public, qui, lui, est incontrôlable, en effet. Et
c'est pour ça que c'est une alchimie, et ça dépend... ça prend du talent politique pour assurer
l'acceptabilité sociale d'un projet lorsque ce projet-là crée des inconvénients
aux gens.
Le Président (M.
Morin) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Plusieurs personnes... ou enfin ce qui se dégage jusqu'ici, c'est que les gens
nous disent : Bien, écoutez, ce ne
serait pas mauvais d'avoir, finalement, deux étapes, à tout le moins,
c'est-à-dire d'aller en amont avec le projet,
analyser au départ l'aspect économique du projet, dans un premier temps, avec
un processus qui pourrait être public, donc,
et par la suite aller éventuellement au BAPE pour... et que ça permettrait, en
fait, aux promoteurs même de pouvoir corriger certains aspects du tir, à
partir du moment où il y a une première audience publique.
Je
ne sais pas ce que vous pensez de ça, mais ce sont des choses qui semblent être
ressorties souvent ici, sur le fait qu'au
départ, s'il n'y a pas de viabilité économique ou d'intérêt économique ou les
citoyens trouvent qu'il n'y a pas assez de retombées économiques, bien, à ce moment-là, ça ne donne rien d'aller
plus loin. Parce que le projet va faire probablement comme ça a été le
cas à Oka, d'après ce que je comprends, là, et avoir... tout de suite le
promoteur a décidé de ne pas aller plus loin.
Alors,
je ne sais pas ce que vous pensez de l'idée d'aller à une, deux ou peut-être
même trois étapes, je ne le sais pas, mais pour pouvoir faire évoluer ce
projet-là.
Le Président (M.
Morin) : M. Venne.
M. Venne (Michel) : Écoutez, quand un promoteur a un projet en main, il y a eu découverte
d'un gisement, si on parle des mines, par exemple, ou il existe une
forêt qui pourrait être exploitée, ou enfin, bref, il y a une possibilité d'exploitation. Lui-même, j'imagine, calcule la
rentabilité d'un projet comme celui-là, il calcule ses coûts et... bon.
Et c'est clair qu'une communauté, elle
aussi, elle calcule ses coûts et ses gains. Et, en effet, les retombées économiques, c'est un des grands facteurs
d'acceptabilité sociale. Je l'ai mentionné pour Sept-Îles : plus le taux
de chômage a augmenté avec la fermeture de
certaines mines, à cause des changements dans le marché mondial du fer, plus
l'appui au projet a augmenté. Alors,
c'est pareil, dans n'importe quelle communauté, on va voir qu'est-ce que ça
nous rapporte, un projet comme celui-là. Et c'est vrai que c'est un
facteur important. Donc, vous n'avez pas tort en disant ça.
Deuxièmement,
tout ce que j'ai entendu chaque fois que j'ai fait des consultations sur des
questions comme ça, c'est qu'il était
préférable, y compris pour le promoteur, de faire des consultations le plus en
amont possible. Ça, c'est tout à fait vrai, et vous l'avez déjà noté
dans votre livre vert.
Le Président (M.
Pagé) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Ça va.
Le Président (M.
Pagé) : On va passer à votre collègue des Îles-de-la-Madeleine.
M. le député, il vous reste 4 min 30 s.
M. Chevarie :
Merci. Combien?
Le Président (M.
Pagé) : 4 min 30 s.
M.
Chevarie : Merci. Merci, M. le Président. Merci de votre contribution,
M. Venne, c'est très intéressant. Si j'ai bien compris de votre
organisme, sur le concept d'acceptabilité sociale, puis vous me corrigerez si
j'ai une mauvaise lecture,
vous mentionnez, entre autres, que ce n'est pas l'acceptation passive d'un
projet par une majorité silencieuse ou encore
ça ne se résume pas par deux pôles, un pour, l'un contre, mais que ça met en
débat des valeurs, dépendamment des gens
de la communauté, des visions du territoire, ainsi de suite, puis ça exige la
mise en place d'un processus d'interaction entre les différentes
instances d'une communauté, les individus, ainsi de suite.
Donc, ce
n'est pas un concept qui est très facile à définir, je dirais, dans le cadre
d'une image ou de quelques mots. Mais j'ai retenu une définition de Mme
Corinne Gendron, de l'UQAM, que j'imagine que vous connaissez, qui est professeure-chercheuse, qui, elle, dit :
L'acceptabilité sociale, ça égale un jugement populationnel. Partant de ça,
comment est-ce qu'on peut l'évaluer ou le qualifier, ce jugement-là?
Le Président (M. Pagé) : M.
Venne.
M. Venne (Michel) : L'acceptabilité
sociale, en fait, ce n'est pas si compliqué que ça, c'est : Est-ce que la
communauté en veut, du projet, ou si elle n'en veut pas? Hein, la définition,
ce n'est pas... on peut chercher midi à 14 heures,
là, mais, en gros, c'est ça : Le monde en veut-u ou il en veut-u pas? Mais
évidemment la question est de savoir qui
parle au nom de la communauté. C'est toujours ça, la grande difficulté. Et,
dans notre régime démocratique, on a des institutions démocratiques dont les élus sont des représentants de la
population. Et c'est une des raisons pour lesquelles je mentionne le rôle important que devraient jouer
les municipalités dans les processus, c'est qu'on a là déjà des gens qui
ont été élus dans un processus légitime et
qui ont la légitimité de représenter la population. Sauf qu'on vit dans une
société pluraliste, et il y a une certaine
méfiance envers les élus, et il y a des citoyens qui s'organisent, et
l'expression du point de vue de ces différents citoyens là est aussi
importante. Alors, il faut trouver le moyen de la laisser s'exprimer.
Et, pour
savoir ce que les gens, ce que la communauté pense, il faut capter toutes les
voix de la communauté, et puis ça
prend quelqu'un qui est neutre, qui n'a pas d'intérêt là-dedans, et qui va
porter un jugement sur ce qu'il a entendu, et qui va dire aux promoteurs ou aux élus : Écoute,
ce que j'ai entendu, là, ce n'est pas du tout accepté par la population, ou
encore ce serait accepté si on ajoutait les
conditions suivantes, ou encore qui dirait : Écoute, ça passe comme une
balle, ou qui dirait : Écoute,
c'est moitié-moitié, là, et là toi, comme élu, tu as une décision à prendre.
Mais c'est ce que le gouvernement fait à chaque fois qu'il reçoit un
rapport du BAPE.
Alors, c'est
ça qu'il faut, au fond, continuer d'instituer. Parce que, «anyway», on est loin
de partir de zéro, il y en a eu
plein, de beaux processus qui ont bien marché, mais il faut l'instituer, le
répandre, le rendre universel et puis considérer que c'est un processus
politique et non pas un processus administratif ni scientifique, cette
affaire-là. Ça tient dans l'interaction, puis je pense qu'on a tout avantage à
ce que ça passe à travers les institutions qu'on connaît déjà.
• (16 h 40) •
Le Président (M. Pagé) : M.
le député des Îles, il vous reste 30 secondes.
M. Chevarie : 30 secondes.
Bien, on sait tous qu'un projet de développement minier ou énergétique, il y a
trois dimensions : le volet économique, vous en avez parlé, le volet de
l'acceptabilité sociale, le volet écologique ou environnemental. Et tantôt, à une réponse au ministre,
je ne sais pas si j'ai bien compris, mais vous sembliez dire que le
volet économique est vraiment le facteur prédominant. J'aimerais ça vous
entendre là-dessus quelques secondes.
Le Président (M. Pagé) : Il
reste cinq secondes, M. Venne.
M. Venne
(Michel) : Ce que je veux
dire, c'est que c'est un débat extrêmement important, mais ce qu'on voit apparaître au cours
des dernières années, c'est les retombées ou les répercussions sociales des
projets qui montent en importance dans l'expression de ce que disent les
citoyens, et même au-delà des préoccupations environnementales.
Le Président (M. Pagé) : Je
vous remercie. Donc, on va passer, pour un bloc de neuf minutes, à l'opposition
officielle, M. le député de René-Lévesque. C'est parti.
M.
Ouellet : Merci, M. le
Président. Alors, bienvenue, M. Venne. Je suis content de vous voir. J'avais eu
l'opportunité par le passé de déjà
travailler avec votre institut, avec Mme Baril, en question, avant d'être
député. Donc, je connais bien votre organisation et le genre de travail
que vous faites.
M. Venne (Michel) : Merci.
M. Ouellet : J'aurais quelques
interventions que j'aimerais vous entendre un petit peu plus là-dessus. En
acceptabilité sociale, on dit souvent : Plus on commence tôt, plus les
gens sont informés, mieux on peut répondre à une
panoplie de questions en amont. La question que j'ai pour vous : Est-ce
que, dans certains cas, plus on commence tôt... et, si les promoteurs
n'ont pas suffisamment d'information, est-ce qu'on n'est pas en train un peu de
biaiser le processus? Donc, si on a commencé
un petit peu plus tard, c'est-à-dire quand on n'a pas toute l'information, mais
une bonne partie, on pourrait faire un processus plus démocratique puis les
échanges seraient plus complets?
Le Président (M. Pagé) : M.
Venne.
M. Venne
(Michel) : Je pense qu'il
faut voir cette question-là comme devant s'insérer dans un processus qui
est continu, d'une certaine manière. Si on va très en amont, je l'ai mentionné
dans ma présentation, ce que les gens nous ont dit quand on a fait le tour des régions sur
l'avenir minier, c'est : Écoute, nous autres, dans notre région, là, on
devrait avoir un plan — d'ailleurs la plupart des régions en avaient
un — de
développement qui met l'accent sur telle ou telle industrie, sur telle ou telle activité économique,
sur la diversification, comme l'ont dit les gens qui m'ont précédé à
cette tribune tout à l'heure, et comment s'insère le minier là-dedans. Alors,
on part de là. Et là, ensuite, bien, c'est une conversation qui est continue entre les élus locaux, les élus régionaux,
les MRC, les entrepreneurs, les promoteurs, les explorateurs. Tous ces gens-là ont des relations continues, à travers la
chambre de commerce ou autrement. Et donc le processus, il est continu.
Alors, c'est
la même chose à partir du moment où le projet apparaît. Il peut y avoir... On
peut dès le départ dire : Bien,
on aurait un projet, là, d'une mine. Si c'est une mine à ciel ouvert, ça
implique évidemment un gros trou. Elle est située où? Ça, on sait ça. Tu sais, déjà on sait ça. Même si on n'a pas
tous les détails d'un rapport d'évaluation environnementale qu'on présente au BAPE, on a déjà des éléments
clés. On commence par le dire. C'est sûr que les entreprises sont
réticentes parfois, parce qu'il y a des questions de compétitivité, ou le
reste.
Et puis, au
fur et à mesure qu'on en sait davantage, on donne de l'information,
c'est-à-dire que... Et, en effet, tout au long de ce processus-là, c'est
itératif, comme on dit, il y a des allers-retours entre l'information qui est
disponible, les décideurs et la population. Et on évolue dans le projet au fur
et à mesure, mais déjà... Par exemple, à Sept-Îles, je suis persuadé que, dès
le départ, quand on a dit qu'il y aurait une mine à ciel ouvert à cinq
kilomètres du centre-ville de Sept-Îles...
Il y a des gens qui disaient que c'était à proximité d'une source d'eau. Je
n'ai pas la précision, mais enfin, bref, avant même d'avoir les détails
sur le contenu chimique du produit ou le nombre ou la densité de la poussière
dans l'air, il y avait certainement déjà des
opposants. Alors donc, ça permet quand même assez rapidement non seulement
de répondre à des questions, mais de voir
quelle est l'attitude de la population, de la communauté face au projet. Mais
on évolue dans ce projet-là.
Mais plus tôt
on commence, plus tôt le promoteur sait à quoi s'attendre. Dans certains cas,
il verra comment il peut améliorer
son projet. Dans d'autres cas, peut-être qu'il tirera la conclusion, comme à
Oka, qu'il n'y a rien à faire.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci. Dans votre
mémoire, vous parlez de l'importance ou du rôle, du moins, des élus dans le
processus pour... je ne veux pas dire favoriser l'acceptabilité sociale, mais
travailler à la mise en place du processus.
M. Venne (Michel) : Bien, pour
savoir...
M. Ouellet : Oui, allez-y... Non,
allez-y.
Le Président (M. Pagé) : M. Venne.
M. Venne
(Michel) : Non, mais, en
fait, c'est pour savoir c'est quoi, la décision qu'on doit prendre, en
fonction de la communauté.
M. Ouellet : O.K. Vous savez, les élus changent aux cinq ans.
Dans certains cas, on pourrait avoir un maire ou une mairesse favorable à un état de fait en commençant
le projet. Et on pourrait avoir un autre élu en cours de mandat, bon,
qui se présente et qui se positionne contre,
et effectivement, à bout de course, faire chavirer un peu
l'adhésion populaire, parce que celui qui était pour a maintenant
un adversaire qui se lance contre et, bon, qui gagne des suffrages. Est-ce que,
ça, vous voyez un enjeu, qu'un élu se positionne ouvertement et foncièrement en
accord ou en désaccord pour ce qui est d'un processus dit démocratique ou pour
et par les citoyens?
Le Président (M. Pagé) : M. Venne.
M. Venne
(Michel) : En fait, vous
voyez, dans le débat public, les élus ont comme un double rôle. D'une
part, vous êtes des hommes et des femmes
politiques. En fait, je devrais dire «des hommes» parce qu'il n'y a que des
hommes députés, je crois, autour de
la table. Alors, vous êtes des hommes ou des femmes politiques et vous avez des
opinions. Vous n'êtes pas allés en
politique parce que vous n'aviez pas d'opinion, vous avez un point de vue,
parfois une idéologie. Donc, il est normal que vous la défendiez et il
est normal qu'il y ait certains projets qui vous plaisent et que vous
souhaitiez les défendre. Et, dans le débat
public, vous vous exprimez, puis c'est normal, ça fait partie des règles du
jeu, puis on aime ça, même, des fois, vous voir vous chamailler un peu.
Mais, au-delà
de ça, quand arrive le moment de prendre une décision, là il y a des processus
qui doivent être suivis. Pour adopter une loi ici, il y a un processus à
suivre, il y a des règles de procédure, il y a des délais qui sont impartis. C'est la même chose lorsqu'il s'agit de prendre
une décision au niveau municipal, il devrait y avoir des règles. Et,
quand on parle d'acceptabilité sociale comme
on le fait aujourd'hui et quand on dit : On doit se fixer des règles du
jeu, bien, il faut que ces règles du jeu là soient suivies par les élus,
même ceux qui ont des opinions.
Alors, comme
les élus ont des opinions, souvent, presque toujours en fait, c'est la raison
pour laquelle je disais dans ma
présentation qu'il serait intéressant qu'il y ait un tiers neutre qui puisse la
faire, la consultation. Parce que, si c'est le maire qui a déjà pris parti pour ou contre un projet qui mène la
consultation par lui-même, bien, évidemment, il va être pris en grippe
par le camp opposé, alors que, si c'est un tiers neutre qui mène la
consultation, légitime, un tiers neutre légitime,
eh bien, à ce moment-là, le résultat de la consultation sera clair. Le maire
demeure le maire : avec ses conseillers, il va prendre une décision dans son champ de
juridiction, et le ministre va prendre une décision dans son champ de
juridiction. Puis, au bout du compte, on va savoir s'il y a un permis, une
autorisation ou s'il n'y en a pas. Mais le processus de consultation, lui, va
avoir été crédible parce qu'il y aura un tiers neutre qui l'aura mené.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de Gaspé, il vous reste deux minutes et quelques secondes.
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. Je salue M. le ministre et
l'ensemble des collègues de toutes les formations politiques. Bonjour, M. Venne. Il me fait
plaisir de vous rencontrer. J'ai lu beaucoup sur vous, je vous ai entendu,
mais je pense que c'est la première fois que j'ai le plaisir de vous voir en
personne.
M. Venne (Michel) : Ça me fait
plaisir d'être ici avec vous.
M.
Lelièvre : Écoutez, j'aurais beaucoup de questions à vous poser, mais
la première, on n'a pas grand temps : Quand on parle
d'acceptabilité sociale, j'aimerais savoir le cadre de référence physique
applicable à cette notion-là. Je m'exprime... Je m'explique. Par exemple, au
niveau, disons, d'un projet pétrolier dans une région x et dans une municipalité x, pour un enjeu aussi important que
le pétrole, par exemple, selon vous, quand on parle d'acceptabilité
sociale, est-ce que l'enjeu en question ou
le type de ressource en question peut influencer le niveau territorial
d'acceptabilité sociale, donc viser un plus grand ou un plus petit
groupe d'acteurs?
Le Président (M. Pagé) :
M. Venne.
M. Venne
(Michel) : Oui. La réponse,
c'est oui. Par exemple, dans le cas du pétrole... Je vais prendre la
réponse autrement. L'acceptabilité sociale
commence, je dirais, au niveau national, c'est-à-dire : Est-ce qu'au
niveau national, tel type
d'industrie, on est pour ou on n'en veut pas? Dans les années 70, à un
moment donné, on a décidé qu'on ne ferait pas de nucléaire. On avait Gentilly, on a arrêté. On s'est tourné vers
l'hydroélectricité. Ça a été une décision qui a été prise au niveau
national, évidemment, par les institutions politiques, mais qui a fait
consensus. On a dit : On ne veut pas de nucléaire,
on s'en va sur l'hydroélectricité. O.K. À partir de ce moment-là, il y a une
sorte d'acceptabilité sociale au niveau national de la filière
hydroélectrique.
Dans le cas
du pétrole, je pense qu'on n'est pas encore rendu là tout à fait. C'est-à-dire
qu'il y a encore des grands débats sur la question de savoir si le
Québec devrait ou pas exploiter ses ressources fossiles, et, si oui, comment,
et, si non, pourquoi. Ça serait le fun de le
savoir aussi. Et donc le débat national n'est pas fini. Alors, inévitablement,
même quand il y a un enjeu qui est local à propos du pétrole, inévitablement le
débat va rebondir au niveau national parce qu'il y a des acteurs du débat
public national qui sont impliqués dans la discussion sur la question de savoir
si...
Le Président (M. Pagé) : Je
vous remercie...
• (16 h 50) •
M. Venne (Michel) : ...au plan
national, on est pour ou on est contre.
Le
Président (M. Pagé) :
Je vous remercie. Alors, c'est ce qui complète le bloc. On va
aller maintenant avec la deuxième opposition pour un bloc
de six minutes. M. le député de Groulx.
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. Est-ce que vous voulez terminer rapidement
ce que vous étiez en train de dire? Je peux vous laisser 15,
30 secondes.
M. Venne
(Michel) : Oui, bien,
j'allais dire que... Mais par contre, une fois que l'acceptabilité sociale
existe au niveau national, il faut le vérifier au niveau local. Parce qu'il
y a d'autres enjeux qui se jouent, qui sont de l'ordre des répercussions de l'environnement local, de
santé, des questions sociales comme le logement, l'impact sur le
logement, l'impact sur les dépendances,
l'impact sur la délinquance, et ainsi
de suite, mais ça se fait au niveau
local à ce moment-là.
Le Président (M. Pagé) :
Allez-y, M. le député de Groulx.
M.
Surprenant : Alors, peut
être local, mais, au niveau de la concertation régionale, vous avez mentionné
dans votre document qu'il faudrait revoir, en fait, l'effet de la
création d'une instance au niveau régional. Alors, on sait très bien que les CRE ne sont plus là. Bon. Alors, est-ce
que vous pourriez suggérer une façon de faire, qui soit la même dans
tous les cas, pour éviter justement, comme
on disait tantôt, que... si un maire a un intérêt, bon, il va prendre des gens
peut-être plus de sa vision, et donc,
pour éviter ça, créer une structure qui va faire en sorte que ce soit toujours
neutre? Auriez-vous une suggestion à faire?
Le Président (M. Pagé) : M.
Venne.
M. Venne
(Michel) : Là, il y a deux
aspects dans ce que vous dites. Quand j'évoquais tout à l'heure l'aspect
de la concertation régionale, c'est que,
souvent, les projets qui touchent les ressources naturelles touchent de grands
territoires, et ça chevauche plusieurs
territoires municipaux, ou en tout cas les impacts ou les répercussions vont
toucher toute une région. Et, dans ce
sens-là, le fait qu'il existait une instance de concertation régionale pouvait,
en tout cas, être un atout. Est-ce qu'il était bien utilisé ou pas bien utilisé? Ça,
on aurait pu faire une évaluation des CRE puis on l'aurait su. Mais
néanmoins je trouve qu'il y a un avantage
sur certains enjeux, surtout les territoriaux, d'avoir une instance régionale
ou palier régional où on peut se
concerter. Ça ne doit pas nécessairement avoir la même forme dans toutes les
régions. Montréal, ce n'est pas
pareil, puis Québec, et puis l'Abitibi, puis la Côte-Nord, là, on n'est pas
dans des univers similaires, mais l'idée d'une concertation régionale,
ça aide à voir comment s'insère un projet dans une dynamique régionale.
Par rapport
aux instances neutres de consultation, on a des exemples, le Bureau d'audiences
publiques, c'en est un, exemple, il
est consacré aux impacts environnementaux. Tout à l'heure, je pense que le
Conseil du patronat vient ici, il me semble
que le Conseil du patronat prône l'existence d'un bureau d'audiences publiques
sur les impacts économiques. Bien, pourquoi on ne fait pas tout ça dans
la même instance? Et pourquoi cette instance-là n'est pas appelée à intervenir
un peu partout au Québec sur des projets de grande ampleur? Mais on peut aussi
avoir des instances comme l'Office de consultation
publique de Montréal, qui est une instance qui fonctionne à peu près de la même
manière mais sur des enjeux montréalais.
On pourrait avoir la même chose au niveau soit de chaque région ou d'un
ensemble de régions, mettre à la disposition
des MRC ou des villes un instrument de consultation compétent, reconnu,
légitime, qui viendrait travailler sur leur territoire quand il y a un
projet.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de Groulx.
M. Surprenant : Au niveau des
particuliers, vous mentionnez qu'il faudrait penser à l'accompagnement non seulement des promoteurs, mais des citoyens qui
veulent participer en leur réservant des ressources, l'accès à
l'expertise à des guides et à des sources
d'information faciles à consulter. Au niveau de ces axes-là, donc de
l'expertise en particulier, ça peut
impliquer des coûts, à ce moment-là, de faire affaire... Alors, qu'est-ce que
vous verriez comme proposition qu'on puisse répéter partout au niveau du
support des gens pour...
Le Président (M. Pagé) : M.
Venne.
M. Venne
(Michel) : Ce que je dis là,
ça nous est venu des citoyens qu'on a consultés sur l'avenir minier, les
gens disaient : Écoutez, nous autres,
on est du monde ordinaire, là, on n'est pas tous des spécialistes en chimie et
on a besoin d'avoir accès à des
ressources. La meilleure façon d'avoir accès à des ressources, c'est de faire
ce que le gouvernement fait déjà,
mais de le faire peut-être un petit peu plus intensément, de s'assurer qu'il
existe dans la société des organisations qui sont spécialisées dans des questions comme celles-là et qui peuvent se
mettre au service de citoyens. Le Centre québécois de droit sur l'environnement en est un, peut-être
que M. le ministre a déjà eu maille à partir avec le centre, je n'en
sais rien.
Mais, cela
étant dit, mon exemple n'est peut-être pas bon, là, j'ai peut-être mal choisi,
mais il y a des organisations qui
existent, il s'agit de les financer, et puis, comme ça, des citoyens peuvent y
avoir recours pour avoir de l'expertise sur des enjeux très précis. Et donc les coûts ne sont pas si énormes. Mais
je pense qu'il est préférable d'avoir ça et d'avoir un bon processus participatif, que le coût d'un
projet qui était bon puis qui n'est pas réalisé à cause d'une contestation
mal fondée, ou d'avoir un projet mauvais qui est réalisé et qui a des
répercussions négatives par la suite.
Le Président (M. Pagé) :
1 min 15 s, M. le député de Groulx.
M. Surprenant : Pardon?
Le Président (M. Pagé) : Une
minute.
M.
Surprenant : Merci. Donc,
vous parlez de financer ces groupes-là qui vont supporter des gens. Comment
on établit des règles claires de financement, que les gens sachent à quoi
s'attendre?
Le Président (M. Pagé) : M.
Venne.
M. Venne
(Michel) : Il s'agit
de les définir. C'est quoi, les mandats des organisations qu'on veut
financer? Et c'est ce que fait le gouvernement dans plein de domaines aujourd'hui. Si, par
exemple, le gouvernement décide de financer des entreprises d'économie sociale dans le
domaine de la gestion des services à domicile, bien, il établit des règles, des
contrats avec ces organisations-là. Ou alors on crée un programme de subventions avec des normes — c'est commun dans l'administration publique — et qui disent : Bien, voici, nous, on
est prêts à financer des organisations qui vont produire de l'information fondée sur des travaux
scientifiques, qui vont mettre à la disposition des groupes de citoyens des
scientifiques réputés, etc.
M.
Surprenant : Donc, ma question, c'est que ce serait au gouvernement à
financer ça? On n'imposerait pas ça aux entrepreneurs, aux promoteurs de
projet qui mettent un montant pour subventionner les gens, là?
Le Président (M. Pagé) : En
quelques secondes, M. Venne.
M. Venne
(Michel) : Comme vous le
savez, le gouvernement n'a pas d'argent, il va toujours chercher
l'argent dans les poches de quelqu'un.
Alors, c'est à lui ensuite de déterminer de quelle manière il peut refiler la
facture dans le cadre de processus d'autorisation de projet ou
autrement, par la fiscalité ou par des taxes à payer.
Le
Président (M. Pagé) : Je vous remercie, M. Venne. Et on va
suspendre pour un moment, laisser le temps au prochain groupe de prendre
place. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 56)
(Reprise à 16 h 58)
Le
Président (M. Pagé) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous
allons reprendre nos travaux, chers collègues. Nous recevons, pour le
mémoire, la présentation, la ville de Gaspé. Je vous demande de vous présenter.
À partir de maintenant, vous avez 10 minutes pour présenter votre mémoire.
Merci.
Ville de Gaspé
M. Côté(Daniel) : Parfait. Je
me présente : je suis Daniel Côté. Je suis le maire de Gaspé. Je suis
accompagné de Jocelyn Villeneuve, qui est
directeur à l'urbanisme, à l'environnement et à l'aménagement du territoire de
la municipalité.
Merci, M. le Président. Merci, Mmes et MM. les
députés, M. le ministre, de nous entendre ici aujourd'hui. Je vais y aller
assez rondement. On aurait beaucoup de choses à dire, parce qu'on a vécu toutes
sortes de projets de développement
impliquant de l'acceptabilité sociale sur notre territoire, mais je vais
essayer d'y aller le plus rondement possible, puis ensuite on pourra
répondre, évidemment, à toutes vos questions.
Je vous
dirais, comme prémisse de base à la discussion qu'on va tenir ce matin... cet
après-midi, pardon, la question de la vision du territoire, la question
de la planification territoriale, donc les enjeux qui sont relatifs aux
pouvoirs municipaux, c'est quelque chose qui
va nous occuper beaucoup; aussi la nécessité d'avoir des cadres juridiques qui
sont les plus cohérents possible à tous les
paliers, que ce soit... — fédéral, ça ne nous concerne pas aujourd'hui, mais c'est
quand même derrière nous — il y a le provincial, il y a le
municipal — c'est
important d'être cohérent dans notre cadre juridique, on va vous le démontrer tout à l'heure — la nécessité d'avoir des pouvoirs
habilitants qui sont, oui, présents aux bonnes instances, mais aussi qui sont assumés par les paliers qui sont
concernés, par les types de développement; l'implication des acteurs à toutes les étapes des projets; et
également le maintien constant d'un équilibre entre les projets de
développement et leur milieu d'insertion. Donc, c'est ce qui va guider notre
présentation.
On va vous
donner deux exemples : d'abord, le développement éolien et ensuite le
développement des hydrocarbures.
C'est deux choses qu'on a vécues et qu'on vit sur notre territoire. D'abord, en
éolien, petit historique rapide : 2003, projet de parc éolien dans
notre municipalité. Au départ, le promoteur débarque avec son projet, présente
ça, boom!, petite bombe dans le milieu. Les gens sont tous contre : Il
n'est pas question de venir scraper notre paysage, blablabla. Toute la grosse
affaire. Ils ne s'installeront pas sur ma place de chasse — parce
que ça se passe en milieu forestier — et tout ça. Ça fait que, O.K., ça ne va pas
bien au départ. Bon. C'est mal reçu au départ. Qu'est-ce qu'on fait?
• (17 heures) •
D'abord, il
faut savoir, la première chose, c'est que les municipalités étaient habilitées
de certains pouvoirs en aménagement
du territoire. Comment ça se transmet concrètement? C'est qu'on avait la
possibilité d'avoir des règlements de
zonage, d'établir du zonage. Donc, on avait la possibilité de faire des RCI,
qu'on appelle, un règlement de contrôle intérimaire, pour encadrer le
développement de cette industrie-là. Du côté de Gaspé, on a choisi la voie du
plan d'implantation et d'intégration
architecturale, qu'on appelle le PIIA. Qu'est-ce que ça mange en hiver?
Bien, ça vient dire qu'est-ce qu'on fait, comment on encadre le développement,
c'est-à-dire quelle distance séparatrice on met entre une éolienne puis la route, entre les éoliennes et les
maisons, comment on l'intègre, qu'est-ce
qui est permis, qu'est-ce qui n'est pas permis en termes d'aménagement
du territoire. Ça, c'est le rôle qui était consacré à la municipalité, et, du
côté de Gaspé, on l'a bien assumé, puis ce
qu'on a vu, c'est qu'à peu près partout où les municipalités ont bien assumé
leur rôle, les projets éoliens se sont bien implantés.
Vous allez me
voir venir dans mes conclusions assez facilement, vous allez voir, je suis
assez transparent. Voilà. Donc, une façon de le gérer pour améliorer
l'intégration, c'est que les pouvoirs soient le plus proche possible de la population. Quand une municipalité exerce ses
pouvoirs de zonage, bien, habituellement les projets s'implantent mieux
dans le milieu. Tu sais, une municipalité ne
mettra pas une usine lourde dans le milieu d'un quartier résidentiel, ça va de
soi. Donc, on fait notre zonage, c'est un pouvoir qu'on a reçu dans les
années 70, les municipalités, donc on l'exerce.
Ensuite, dans
le développement éolien, ce qui est arrivé chez nous, dans le parc éolien qui
est sur notre territoire, le BAPE se
penche systématiquement sur le dossier, une demande d'audience du BAPE qui a
été exécutée, effectivement les gens ont eu l'occasion de se faire
entendre, ils ont eu l'occasion de participer au processus. On a eu l'occasion,
via le processus de PIIA, qui implique aussi
la population, et via le processus du BAPE, d'entendre la population et de
tasser les irritants. Tu sais, on le voyait
au début, pourquoi les gens étaient contre, on disait : Bon, pourquoi? Ah,
j'ai dit «on», je n'étais pas maire à l'époque, j'étais simple citoyen,
je l'ai vu comme citoyen, se passer dans le coin chez nous puis personnellement
même, au départ, j'avais peut-être un petit préjugé contre, sauf que j'ai
compris les bons côtés des choses après,
puis ça, c'est important aussi. Mais, ceci étant dit, bon, le BAPE arrive, le
PIIA se fait, la population est impliquée,
on tasse les irritants, qu'est-ce qui ne fait pas l'affaire, bon, on était trop
proche de tel chalet, on était peut-être trop proche de tel site patrimonial, trop visible de la route, trop
d'éoliennes visibles de la route. Bon, on remodule le projet, on le refait en fonction de tasser les irritants,
avec, en plus de ça, l'autre volet, c'est les retombées économiques et
l'expertise.
Il y a eu, à travers
tout ça, l'implantation d'un technocentre éolien sur le territoire chez nous.
Mine de rien, c'est 25, 30 experts qui
débarquent, des maîtrises, des doctorats. Il y a un centre de recherche qui se
bâtit chez nous. Donc, on a accès aux experts qui sont dans notre cour, qui viennent faire
l'épicerie avec nous autres. Ça fait que c'est facile de leur poser des questions, c'est facile de les
voir, c'est facile de faciliter l'intégration quand tu as accès, quand tu as
une question-réponse qui est facile à obtenir. Tu as à peu près, quoi, 300
emplois qui ont été créés aussi dans l'industrie manufacturière locale, et avec des retombées qui dépassent le local,
évidemment. Puis tu as aussi des redevances qui sont versées au milieu.
Les redevances au milieu, c'est toujours facilitant en termes d'acceptabilité
sociale.
De
sorte qu'une fois qu'on a franchi toutes ces étapes-là il y a l'appropriation
citoyenne. Les citoyens qui, au départ, étaient irrités par ce type de
développement là... une fois qu'on a tassé les irritants, la population l'a
accepté. La population l'a accepté et non
seulement l'a accepté, mais est maintenant fière. À preuve, on fait une charte
des paysages. D'ailleurs, la première
charte des paysages municipaux, dans une municipalité du Canada, de tout
l'ensemble du Canada, ça s'est passé
chez nous il n'y a pas longtemps, concours, photos. Qu'est-ce qui ressort comme
paysages de choix? Les paysages avec
des éoliennes dessus, ça ressort. Donc, l'irritant est devenu une source de
fierté grâce à toutes ces étapes-là. Donc, c'est la façon dont l'éolien
a été traité chez nous.
Développement
d'hydrocarbures. Autre dossier, complètement autre dossier. En fait, pour se
localiser, il y a trois projets qui se
passent en Gaspésie présentement, on a le projet Bourque, qui est à à peu près
40 kilomètres de Gaspé, le projet
Galt, à une vingtaine de kilomètres du centre-ville, et le projet Haldimand,
qui est dans le centre-ville. Disons-nous les vraies affaires, là, peu importe ce qu'on dira, puis il y a une
lisière boisée qui sépare des maisons, on est à 350 mètres d'une maison. On est à deux kilomètres du
centre-ville. On est à 150 mètres d'un petit ruisseau qui va se jeter dans
une rivière à saumon de renommée
internationale, qui, la rivière à saumon, se jette dans une baie où il y a
toutes sortes d'espèces de baleines,
où on fait un développement touristique autour de ça. Bref, il y a tout ça. Pas
facile l'acceptabilité sociale quand le
projet se passe dans la cour des citoyens. On l'avait goûté avec l'éolien, il y
avait eu les ajustements nécessaires, mais, dans ce cas-ci, c'est
beaucoup plus difficile. C'est ça qu'on est venus vous témoigner.
Le pourquoi c'est
difficile? D'abord, le pouvoir habilitant, zéro pouvoir aux municipalités. Les
municipalités peuvent décider à peu près
tout ce qu'ils veulent en termes de zonage, on a une grande latitude, sauf le
développement des hydrocarbures. Comment
veux-tu... On dit : On ne peut pas mettre une industrie lourde dans un
quartier résidentiel, par contre un développement pétrolier peut se
faire dans un quartier résidentiel, pas de trouble avec ça.
Deuxièmement, la
législation date, la législation de base, là, le cadre législatif date de 1880.
Oui, il y a eu des ajustements législatifs avec le temps, un peu. Par contre,
le développement des hydrocarbures est très récent, et les ajustements législatifs n'ont pas encore été tout
à fait faits. Puis on a vraiment hâte d'avoir une loi sur les hydrocarbures
à jour aussi là-dessus. La Loi sur les mines
a été mise à jour, on aimerait bien que le cadre des hydrocarbures le soit
aussi. On sait que c'est dans les cordes du
gouvernement, mais ça cause toutes sortes d'incohérences quand tu as un cadre
législatif qui est dépassé.
Puis
je vais vous donner un exemple. Dans les processus d'approbation
environnementaux, un salon de coiffure qui
veut se ploguer sur une fosse septique doit avoir un certificat d'autorisation
du ministère de l'Environnement, mais ça ne prend pas de certificat d'autorisation du ministère de
l'Environnement pour forer un puits d'hydrocarbures en phase exploration. Phase d'exploitation, c'en prend un,
mais ça ne prend pas de BAPE. Ça prend un BAPE pour quatre éoliennes, 10 MW éoliens, ça prend un BAPE, mais ça n'en
prend pas pour faire une exploitation d'hydrocarbures. Ça fait qu'il y a
comme des incohérences là-dessus.
Autre affaire, les
EES sur les hydrocarbures, on était bien heureux de voir les évaluations
environnementales stratégiques, on l'a salué
puis on était très contents de voir que ça se développait, que ça se passait,
que le gouvernement, vraiment, faisait des grosses consultations
là-dessus. On en est ressortis qu'il y avait 25 études spécifiques sur
l'île d'Anticosti, il y avait zéro étude
spécifique sur le seul endroit où ça se fait en milieu habité, ce
développement-là. Gaspé, zéro, l'île
d'Anticosti, 25. 14 études spécifiques sur le milieu du golfe
Saint-Laurent, zéro, je le répète, sur Gaspé ou en Gaspésie, là où le développement se fait dans un
cadre particulier, le cas de Haldimand, où ça se fait en milieu habité.
On se dit : À quelque part, il y a une
dichotomie qui est importante, qu'il faut combler si on veut que les projets
soient acceptables socialement. Puis, ça fait quoi, ça fait tout près
d'un an, là, qu'on martèle la nécessité que le BAPE se penche sur ce dossier-là aussi. Et on l'a vu en éolien, le BAPE
a adouci les problématiques. Ça fait qu'on aimerait bien aussi que le
BAPE s'y penche. J'écoutais le précédent interlocuteur qui venait à peu près
mentionner la même chose.
Donc,
nos recommandations finales, ce serait grosso modo de suivre le modèle qui a
été bâti dans le développement éolien.
Deuxièmement... Bien, en fait, dans ce modèle-là, d'abord prévoir des pouvoirs
accrus aux municipalités. C'est-à-dire quoi?
C'est-à-dire des pouvoirs d'aménagement du territoire, des pouvoirs de zonage
qui nous permettraient de faire les meilleurs développements possible.
On va me dire : Ah oui, mais on ne peut pas déplacer un gisement. Dans
l'éolien non plus, on ne peut pas déplacer
un gisement de vent, c'est un gisement aussi, mais par contre on s'ajuste en
fonction de la présence de la population. On
pourrait faire la même chose en termes d'hydrocarbures aussi ou en termes
miniers : avoir des mécanismes de consultation comme le BAPE, avoir des
retombées économiques claires, de
l'expertise locale qui se développe, technocentre, par exemple, ou autres, et,
au final, on présume, si ça se passe comme dans l'éolien, au final on va avoir une appropriation citoyenne de ces
projets-là, que les gens vont en être fiers. Puis c'est ça qu'on veut,
que le développement se fasse comme il faut, qu'il se fasse avec
l'acceptabilité des citoyens.
Le Président (M.
Pagé) : Merci beaucoup. Top chrono, M. le maire de Gaspé.
Félicitations pour votre présentation, et vos belles photos nous donnent envie
d'aller chez vous!
M. Côté
(Daniel) : Bien, vous viendrez cet été, avec plaisir!
Le Président (M. Pagé) :
Absolument! Alors, M. le ministre, un bloc de 15 minutes pour échanger
avec le maire de Gaspé.
M.
Arcand : Bien, d'abord, M. Côté et M. Villeneuve,
merci infiniment de votre présence ici. Je dois vous, dire d'entrée de
jeu, que vous avez couvert pas mal large, si vous me permettez l'expression,
parce qu'ici on n'est pas là pour
nécessairement changer la loi québécoise sur l'environnement, mais j'ai écouté
quand même avec beaucoup d'intérêt toutes les recommandations que vous
avez faites à ce sujet-là.
Si
vous étiez capables, au départ, juste de me donner une mise à jour rapide, là.
Vous avez trois projets principaux : Bourque, Haldimand et Galt. Pouvez-vous juste me faire une mise à jour
de ce qui se passe actuellement au niveau de l'acceptabilité sociale?
Est-ce que ces projets-là avancent? Est-ce que ces projets-là ont de
l'acceptabilité sociale? Est-ce qu'il y a
des enjeux particuliers? Je vois qu'avec Haldimand vous semblez indiquer, là,
que c'est un peu proche, là, de la ville, mais juste pour me guider un
peu au départ.
Le Président (M.
Pagé) : M. Côté.
M. Côté (Daniel) : Parfait. En fait, le projet Bourque, on est à
40 kilomètres de Gaspé, 20 kilomètres de Murdochville,
25 kilomètres de Grande-Vallée. À vrai dire, on est dans le milieu du
bois. Des fois, je dis : On est dans le milieu de nulle part. Ce n'est pas nulle part, c'est dans le milieu de la
Gaspésie, mais on est vraiment très, très loin des populations. Enjeu d'acceptabilité sociale, c'est accepté. Je
ne peux pas vous dire le pourcentage, mais c'est accepté à un très, très
fort pourcentage. Galt est quand même plus proche de Gaspé puis, malgré tout, à
une vingtaine de kilomètres à peine du centre-ville,
peut-être une dizaine de kilomètres de la résidence la plus proche, tout près
d'une rivière à saumon aussi. Par contre,
il est loin de la population, donc les gens l'acceptent très bien aussi. On
entend très peu, sinon pas de critiques sur ce projet-là non plus. Haldimand, le dernier forage était à 350 mètres
d'une résidence. Ça, plus tu es proche de la population, on dirait que
plus l'acceptabilité sociale est difficile, puis ça va de soi.
Puis,
je vous dirais, j'ajouterais : Chez nous, l'acceptabilité sociale est
difficile par la population locale. Quand je regarde Anticosti, c'est un autre enjeu, l'acceptabilité sociale est
plus difficile sur Le Plateau—Mont-Royal pour Anticosti, je pense. Par contre, chez nous,
l'acceptabilité sociale, c'est sur le territoire où ça se passe. C'est là où
c'est vraiment différent. Puis on a
peut-être moins accès aux tribunes aussi, puis c'est peut-être pour ça qu'on en
entend moins parler, mais c'est
vraiment difficile, on le sent, chez nous on le sent, la population est
carrément divisée. On essaie d'essayer d'être rassembleurs là-dedans
puis de tasser les irritants, mais, quand tu n'as pas de pouvoir, quand tu n'as
aucun pouvoir comme municipalité, comment tu fais pour tasser les irritants? Tu
demandes aux responsables, à ceux qui
ont le pouvoir habilitant de les tasser, les irritants, mais ce n'est
pas simple.
• (17 h 10) •
Le Président (M.
Pagé) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Vous avez quand même... Les municipalités n'ont peut-être pas le genre de
pouvoir que vous voudriez avoir mais ont quand même un certain pouvoir,
d'abord, moral très important. C'est vous qui êtes... Les maires et mairesses
sont quand même très reliés, si on veut, à leurs communautés.
J'essaie juste de
concilier ces éléments-là de pouvoir. Parce que vous réclamez beaucoup de
choses, dans un premier temps. Puis vous dites : Écoutez, nous, on pense
que le BAPE, c'est une bonne affaire. On trouve que c'est important d'avoir un BAPE, etc. Par contre, dans
votre recommandation n° 4, vous dites : C'est très important
d'avoir des retombées économiques locales,
d'avoir une étude qui pourrait être faite sur les retombées économiques
locales. C'est un peu ce que le
ministère de l'Énergie semble proposer, de dire : En amont, avant même
qu'on fasse un BAPE, il serait peut-être
important d'avoir une étude économique qui va être faite avec les différents
ministères, sous l'égide, si on veut, du ministère de l'Énergie, dans laquelle on va être en mesure d'évaluer de
façon la plus objective possible si ce projet-là, sur le plan économique, peut faire du sens. Alors,
est-ce que ce rôle-là qui est attribué au niveau du ministère est quelque chose
sur laquelle vous êtes d'accord?
Le Président (M.
Pagé) : M. Côté.
M. Côté (Daniel) : En principe, je vous dirais que oui, oui, en effet.
Parce que c'est important de savoir toutes les retombées, parce qu'on ne peut pas juste focusser
sur le volet environnemental ni sur le volet social. D'abord, est-ce que
c'est des projets qui économiquement
rapportent quelque chose au milieu? Que ce soit en emploi, que ce soit en
expertise, enfin d'emplois reliés à l'expertise, ou que ce soit redevances au
milieu, ou peu importe, c'est très important qu'on se penche sur la question des retombées économiques, vous avez
entièrement raison, puis on est d'accord avec ça, puis ça, on l'a dit, dans une perspective de développement
durable, on ne fera pas le diagramme du développement durable, vous le
connaissez aussi bien que moi, là.
L'économie
doit se concilier avec l'environnement puis la population, puis l'acceptabilité
sociale est là. Le tout fait les
meilleurs projets qu'on peut imaginer. Donc, évidemment qu'on est d'accord avec
le volet économique, mais il faut aussi
que soient greffés le volet environnemental et le volet de l'acceptabilité
sociale. Est-ce qu'on est dus — je ne veux pas lancer la question
trop loin — pour
moderniser le BAPE pour qu'il inclue non seulement l'environnement, mais aussi
l'acceptabilité sociale, qu'il fait de plus en plus d'ailleurs, et le volet
économique? Peut-être que ça serait une instance de ce type-là qu'il faudrait
développer pour englober tout ça pour arriver avec le meilleur tout. Ça,
je plaiderais en faveur de ça sans problème.
Le Président (M.
Pagé) : M. le ministre.
M.
Arcand : Bien, tout à l'heure,
je parlais de ça parce que je parlais de la mine de niobium à Oka, où le
promoteur ne s'est même pas rendu au BAPE
puisqu'il a vu rapidement, en faisant ses rencontres et ses analyses, et à
l'intérieur d'un processus, qu'il
n'avait pas besoin d'aller plus loin parce qu'il n'avait pas d'acceptabilité
sociale. Cette mine-là est située à quelques kilomètres du centre-ville
de Montréal, et je pense que c'est... Oka est à peu près à, je ne sais pas, une
trentaine de kilomètres, ou quelque chose
comme ça, déjà il est près de Laval, il est près de... Alors, vous comprenez
que, dans ce cas-là, il y avait véritablement une problématique.
Mais je
voulais quand même qu'on revienne sur le cas de Haldimand. Est-ce que, dans ce
cas-là, pour vous, c'est une problématique qui est quelque chose qu'on
peut contourner, qui peut être discutée, ou si c'est quelque chose que,
vraiment, là, il y a une problématique majeure sur laquelle il n'y aura à peu
près pas d'acceptabilité sociale?
Le Président (M. Pagé) :
M. Côté.
M. Côté
(Daniel) : Je pense que la
problématique est contournable, mais j'espère qu'il n'est pas trop tard
pour la contourner, parce qu'en fait il y a
eu des étapes qui ont été peut-être dépassées un petit peu trop vite. Il faut
agir en amont si on veut avoir une
meilleure acceptabilité sociale. Dans ce cas-ci, on ne peut pas revenir en
arrière, on ne peut pas refaire le passé, là, mais il y a eu quelques
lacunes, disons, sur les actes qui auraient dû être posés en amont pour
impliquer davantage la population. Puis en fait l'un des enjeux à la base de la
problématique de l'acceptabilité sociale, c'est le manque d'information. À la
base, dans une saine communication, ça prend de l'information, puis de l'information
impartiale, de l'information indépendante.
Je ne veux pas plaider pour l'industrie ou pour les industriels. Par contre,
je trouve qu'ils sont souvent laissés à
eux-mêmes en termes d'information. Puis, quand l'information émane de
l'industrie elle-même, bien, quelle
crédibilité les gens lui accordent? Ils vont dire : Bien, c'est sûr,
l'industrie travaille pour elle-même, elle
travaille pour sa poche. Puis c'est normal, tu sais, puis c'est sain, sauf que,
d'un autre côté, l'information indépendante n'est pas là.
En termes du
développement des hydrocarbures au Québec, jusque dans les années 90 on avait
la SOQUIP, qui était une institution
de l'État, donc qui avait, à quelque part, une certaine indépendance,
une certaine impartialité vis-à-vis le développement,
mais qui faisait quand même de la prospection, puis tout ça, mais pas
nécessairement avec le même intérêt pécuniaire que peut avoir une entreprise
privée. Donc, à quelque part, ce qui émanait
de la SOQUIP était plus indépendant, plus impartial, les gens pouvaient plus
s'y fier. Puis je ne dis pas qu'il ne faut
pas se fier à l'industrie privée, sauf que son intérêt, c'est des intérêts
pécuniaires. Puis c'est normal, c'est sain, on a le système capitaliste, c'est bien correct. Sauf que,
si on veut que les projets soient plus acceptables, si on veut les
rendre acceptables, il faut partager la
bonne information, il faut que les pouvoirs habilitants partagent
l'information avec le public et aillent chercher les consensus nécessaires pour
le développement.
On l'a vu en
éolien, je vous disais. L'exemple de tout à l'heure, on pourrait le voir aussi.
Dans le cas de Haldimand, est-ce
qu'il est trop tard? Peut-être pas. Peut-être pas, mais, avant d'aller trop
loin, avant d'aller plus loin... avant de faire de nouveaux forages, avant de passer en mode exploitation, là il n'est
pas trop tard. Il y a sûrement d'autres étapes qui s'en viennent dans
Haldimand. Là, ils vont faire des tests de production longue durée, là, dans
les prochains mois. C'est bien correct, ça
n'implique pas nécessairement des grosses étapes majeures, à ce qu'on en
comprend. Par contre, avant de faire
un Haldimand 5, ou un 6, ou un 7 ou avant de passer en exploitation,
est-ce que le BAPE pourrait se pencher sur le dossier? Je pense qu'on a assez d'information maintenant pour soumettre
ça au BAPE et que le BAPE fasse la consultation nécessaire et fasse l'étape d'appropriation citoyenne qui est nécessaire
avant d'aller plus loin. Je pense qu'on est vraiment rendus là dans ce
dossier-là.
Écoutez, ça
fait tout près d'un an que je plaide la demande de BAPE, puis on l'a faite au
conseil municipal, que l'industrie
était d'accord, que les citoyens étaient d'accord, que le milieu
environnementaliste était d'accord, et même que les tenants du développement pétrolier à tout prix étaient aussi
d'accord. Tout le monde était d'accord sur la demande de BAPE qu'on a
faite le 2 mai 2015. On est presque un an plus tard, puis on me
réfère toujours aux évaluations environnementales
stratégiques, où il n'y a aucune étude spécifique de faite sur le territoire de
Haldimand sur le territoire de Gaspé.
J'ai hâte d'avoir une réponse claire que, oui ou non, on a un BAPE ou pas.
Parce que moi, je pense qu'on est rendus là. Je vous l'exprime.
Puis vous faites les consultations, vous avez
entendu plein d'intervenants ici, puis je suis certain qu'il y en a plusieurs
qui ont parlé du BAPE, son importance, du respect que la population donne à
cette instance-là, à cette institution-là.
Je pense qu'on est rendus là dans ce dossier-là, si on veut... pour atteindre
un processus qui serait irréversible... si on ne veut pas aller trop
loin.
Ça fait que
vous me demandez si on est rendus trop loin ou si c'est irréversible, je pense
que ce n'est pas irréversible, je pense qu'il y a moyen d'avoir une
appropriation citoyenne.
Le Président (M. Pagé) : O.K.
M. le ministre, une dernière?
M.
Arcand : Je n'ai pas d'autre question,
parce que je sais que mon collègue veut vous en poser,
mais j'aurais juste un commentaire à faire. Je sais que, dans les études
EES, l'INRS a fait une étude spécifique sur l'eau, je pense, au niveau
de Gaspé, sur l'impact des forages sur la nappe phréatique. Alors, je voulais
juste vous dire qu'il y a quelque
chose, quand même, là, de façon spécifique, qui a été fait.
Le Président (M. Pagé) :
Merci, M. le ministre. Alors, votre voisin, le député des Îles-de-la-Madeleine.
Allez-y, M. le député. Il vous reste cinq minutes.
M. Chevarie :
Cinq minutes?
Le Président (M. Pagé) : Oui.
M. Chevarie : Merci, M. le Président.
Bienvenue à l'Assemblée nationale, merci pour votre contribution à cette commission.
M. Côté (Daniel) : Merci de nous
accueillir, cher voisin.
M.
Chevarie : Oui, c'est ça,
voisin à 200 quelques kilomètres, mais quand même, oui, effectivement. Vous avez émis un certain nombre de recommandations, puis ça
touche plusieurs étapes dans ce que vous émettez comme recommandations : le BAPE
à différentes étapes, un peu le suivi de la démarche de l'éolien, vous demandez
que la ville puisse avoir une plus
grande autonomie par rapport à la réglementation, tout ça, et bien sûr
les retombées économiques, l'acceptabilité
sociale. Mais vous avez soumis un autre élément important dont vous n'avez pas
parlé tantôt, c'est toute la question de la santé publique.
Et j'apprécierais que vous nous en parliez un peu par rapport à l'implication de la Santé publique,
du ministère de la Santé et des
Services sociaux. Et est-ce que
vous l'avez sollicitée dans le cadre
de la filière éolienne?
Le Président (M. Pagé) : M. Côté.
• (17 h 20) •
M. Côté
(Daniel) : Je n'ai pas la
réponse pour la filière éolienne. Comme je vous le disais, moi, je suis élu
depuis 2013, ce développement s'est fait en
2003, 2004, 2005. Je ne sais pas à quel point la Santé publique avait été
interpellée, mais, en fait, je présume, à
quelque part, qu'il y a tellement eu d'études qui ont été faites, d'études
environnementales, et tout ça, je présume
qu'il y a eu quelque chose aussi sur la santé publique. Ça a été documenté
en long et en large, là, les effets acoustiques et tout le tralala, là.
Du côté hydrocarbures, dans le cadre des
évaluations environnementales stratégiques, il y a eu une étude qui porte sur la santé publique. Pour nous, on s'attendait...
Quand on l'a lue, on l'a lue avec beaucoup d'attention, étant donné que, quand ça se passe proche des citoyens...
Bien, «citoyen» dit «santé» aussi, hein? On l'a lue avec beaucoup
d'attention puis, en fait, on s'attendait à trouver beaucoup de réponses
là-dedans. Puis ça a été le contraire, ça a soulevé plus de questions, de nouvelles questions plutôt que de
nous apporter des réponses. Il y a plein d'éléments là-dedans qui ressortaient,
au niveau, par exemple, des risques reliés
au radon. On sait que la Gaspésie est un territoire fertile au niveau du
radon. En fait, il y a eu beaucoup de tests
dans les écoles qui ont été faits et qui démontraient un haut taux de radon.
Quand on voyait les interactions
entre le radon versus les forages, puis tout ça, on se disait : Wow! Ça
nous apporte encore des nouvelles questions dont on n'a pas,
malheureusement, les réponses.
Ça fait qu'au niveau
de la santé publique les enjeux sont effectivement très,
très, très présents, surtout quand
ça se passe en milieu résidentiel. Tu sais,
quand tu es dans un parc industriel, tu poses un petit peu moins la question
déjà, puis, quand tu es dans le milieu du bois, bien, tu ne
poses pas la question pantoute. Mais
là, dans le cas d'un de nos dossiers, ça se passe en milieu résidentiel, donc les questions se posent, puis
malheureusement non seulement on n'a pas eu de réponse avec les EES... Bien, on a eu quelques réponses,
mais on a eu plus de questions que de réponses avec les EES,
malheureusement. Mais, bon, je pense qu'il faut continuer d'aller de l'avant.
Puis je
reviens encore... je suis tannant avec mon BAPE, mais je vais toujours être
tannant avec mon BAPE, je vais continuer de le dire : Si le BAPE
arrivait et demandait, à quelque part, d'avoir de l'expertise en santé
publique, on aurait aussi des réponses peut-être plus précises sur un projet
qui est plus précis, et non pas des réponses génériques.
Le Président (M. Pagé) :
Moins de deux minutes, M. le député des Îles.
M. Chevarie : Oui, merci. Par rapport
à Haldimand, est-ce que c'est un des éléments ou un des facteurs qui pourraient favoriser une plus grande acceptabilité
sociale, là, je ne veux pas dire qu'il y aurait un consensus ou surtout
pas l'unanimité, mais en impliquant la Santé
publique par rapport à des conséquences d'un forage ou un puits qui
perfore, ou des choses comme ça?
M. Côté
(Daniel) : Clairement, oui.
Clairement, oui. On a eu quelques réponses au niveau de l'étude
hydrogéologique dont parlait M. le ministre tout à l'heure. Dans le fond, il y
a eu quelques éléments plus rassurants à cet
effet-là. Ça, c'est au niveau de l'eau, c'est la seule étude spécifique qu'il y
a, là, c'est l'étude hydrogéologique prévue par le règlement, le RPEP.
Au niveau de
la santé publique, c'est sûr que ce serait de nature à rassurer les gens, c'est
évident, c'est évident, soit les
rassurer, ou soit l'effet contraire, ou soit de répondre... au moins ça
répondrait à leurs questions. Puis, quand les gens sont informés — je reviens au nerf de la guerre, c'est l'information — quand les gens sont informés, ils peuvent se
faire une tête puis après ça dire si, oui ou non, ils en veulent, donc
répondre à la question : Est-ce qu'on est socialement d'accord ou pas avec
le projet?
Mais, en
amont, on n'a pas les réponses à toutes ces questions-là, à tous ces
risques-là, donc c'est tout le temps difficile
de dire : Est-ce qu'on a une acceptabilité sociale parfaite ou pas? Entre
le noir puis le blanc, il y a plein de gris, mais, dans le cas de Haldimand, on est en plein dans le gris. Tu as une
minorité de population qui va en vouloir à tout prix, tu as une minorité de population qui ne voudra jamais
aucune espèce de développement d'hydrocarbures. Ça, c'est correct, les extrêmes, je les tasse.
Mais je regarde le grand gris dans le milieu, ils veulent avoir des réponses à
ces questions-là : la santé,
l'eau — on a
déjà eu des belles pistes de réponse, mais la santé c'en est une — le reste des risques environnementaux,
les réelles retombées économiques de ces projets-là, combien ça crée d'emplois?
Dans l'éolien, on l'a vu, c'est 300 emplois
sur le territoire de Gaspé, à peu près, là, c'est des chiffres très, très
larges que je donne, c'est 200 dans une usine de pales, et le reste, en
expertise, et tout ça, les firmes d'ingénierie, etc. Bref, on a peut-être un
300 emplois là.
Le Président (M. Pagé) : Je
vous remercie, M. le maire de... M. Côté.
M. Côté (Daniel) : Si on avait ces
réponses-là aussi, ce serait bien.
M. Chevarie : Merci.
M. Côté (Daniel) : Merci à vous.
Le Président (M. Pagé) :
Alors, c'est ce qui met fin à notre bloc. On va passer à un deuxième bloc avec l'opposition officielle. Alors, si vous aviez
votre voisin, là, je pense que vous allez avoir immédiatement votre
député local, M. le maire de Gaspé, parce
que je pense que je vais prêter la parole au député de Gaspé pour un bloc de
neuf minutes.
M. Lelièvre : Merci, M. le
Président. Je tiens à remercier le maire de Gaspé, M. Côté, puis le directeur
de l'urbanisme, M. Villeneuve, deux personnes avec qui j'ai l'occasion de
collaborer depuis longue date et des gens très compétents et engagés. Puis je tiens à souligner, entre autres... Je me
souviens, à l'époque, quand je travaillais à la ville avec M.
Villeneuve, on avait été la première ville à adopter un plan d'implantation et
d'intégration architecturale, PIIA. C'était une première au Québec. Puis c'est
une des clés, je pense, de la solution pour améliorer, hein, l'acceptabilité.
C'était une démarche, là, qui a porté fruit puis qui a été reprise partout
ailleurs au Québec, là, par après.
Écoutez, moi,
j'aimerais revenir sur un peu la présentation que vous avez faite, M. le maire,
concernant le cadre de référence
différent au niveau des hydrocarbures versus l'éolien. Bon, vous avez parlé de
retombées économiques, bien sûr, qui
sont beaucoup plus évidentes au niveau de l'éolien qu'au niveau des
hydrocarbures. Bien sûr, on n'est pas à l'étape d'exploitation, mais il reste qu'on peut se questionner sur les
éventuelles retombées dans le domaine des hydrocarbures, si jamais on se rend à l'étape d'exploitation.
Vous avez parlé également du cadre réglementaire des pouvoirs municipaux
en matière éolienne et l'absence de pouvoirs
municipaux actuellement dans le domaine des hydrocarbures. Vous avez
parlé de consultations. Bon, oui, les PIIA
ont été une façon de consulter la population, mais il y a eu d'autres
processus, par, entre autres,
l'adoption de réglementation de contrôle intérimaire, réglementation
d'urbanisme, de zonage, où les gens ont été finalement consultés
véritablement.
Écoutez, moi,
ce que j'aimerais vous entendre... Parce qu'on est vraiment dans un processus,
une commission où on parle de l'importance de l'acceptabilité sociale,
puis tantôt j'ai posé une question aux participants précédents en référence au cadre, hein, le cadre d'intervention
différent au niveau national, au niveau régional, puis toute
l'importance, là, de situer le bon niveau de
consultation en regard du type de ressource naturelle qui est exploitée. Donc,
au niveau des hydrocarbures, vous êtes aux prises avec plusieurs projets,
M. le ministre vous a fait préciser, là, l'emplacement des différents projets, que ce soit Bourque, à
Murdochville, où finalement il y a une grande acceptabilité sociale au niveau du gaz naturel. Au niveau de Galt, qui opère depuis quelques années, on sent
aussi, à 20 kilomètres de Gaspé... en tout cas, moi, je vis dans
cette communauté-là, je n'entends pratiquement pas de plaintes à ce niveau-là. Par contre, Haldimand 4, au centre-ville, c'est beaucoup
plus problématique. Donc, en quoi vous pensez que le fait qu'une ville ou que
le monde municipal... Que le secteur
municipal ait plus de pouvoirs en
termes de réglementation — et
pouvez-vous jusqu'à nous préciser le niveau de pouvoirs qui serait souhaité
idéalement — en
quoi ce serait plus bénéfique pour le développement puis l'acceptabilité
sociale, éventuellement, de la filière gazière et pétrolière, puisqu'au niveau
éolien je pense qu'on a bien fait le tour?
Le Président (M. Pagé) : M.
Côté.
M. Côté
(Daniel) : Merci. En fait,
en quoi? En fait, à partir du moment où tu mets les bonnes choses au bon
endroit sur ton territoire, à partir du moment où tu fais un quartier
résidentiel qui est résidentiel, puis un quartier commercial qui est
commercial, puis un quartier industriel qui est industriel, à partir du moment
où tu mets tes carrières puis tes sablières
loin dans ta cour puis que tu fais ton développement minier puis ton
développement d'hydrocarbures, puis même ton développement éolien à la
limite, plus loin dans ta cour, à quelque part les usages s'harmonisent mieux.
Chaque développement est à sa place sur son
territoire. Si les municipalités ont le pouvoir de le faire à tous les égards,
il y a un pouvoir qu'elles n'ont pas,
c'est en termes d'hydrocarbures. Le développement peut se faire... En fait, il
peut débarquer un développement,
bang!, demain matin, on n'a pas un mot à dire. En fait, on va avoir un pouvoir,
peut-être, d'influence, un pouvoir
moral, mais qui, concrètement, ne donne pas grand-chose, je vous l'avoue, là.
Ça fait presque un an qu'on demande
un BAPE, puis on n'a pas de réponse. Puis un BAPE qui fait consensus partout.
Mais, ceci étant dit, quand la municipalité,
qui est le pouvoir le plus proche de la population, édicte où est-ce qu'elle
met ses créneaux de développement, où est-ce qu'elle concilie ses
usages.
C'est sûr que, dans le cas de Haldimand, par
exemple, si on avait un pouvoir de zonage, la zone qui inclut le périmètre urbain, qui inclut le secteur
résidentiel de Haldimand, il n'y aurait pas de puits de pétrole dans cette
zone-là. Peut-être qu'il y en aurait
plus loin, même on ne serait peut-être pas très, très loin du centre-ville,
mais à deux kilomètres des résidences, par
exemple, ou à 10 kilomètres des sources d'eau potable, où, par exemple,
quand tu t'éloignes un peu, ça devient plus acceptable.
Puis je suis à peu près certain, sans être un
spécialiste des hydrocarbures, mais je suis à peu près certain que, s'il y a du
pétrole sur le petit point ici, là, il doit y en avoir sur le petit point à
côté, là, aussi. Puis, avec les forages horizontaux qui existent aujourd'hui,
tu vas être capable, à partir d'un petit point qui est pas mal plus loin,
d'aller chercher le pétrole qui est plus
proche des résidences en diminuant ton risque, parce que tu ne viens pas jouer
dans la nappe phréatique, tu joues en dessous. Tu sais, il y a sûrement
moyen de moyenner.
Ça a été
demandé, mais semble-t-il que ce n'était pas possible techniquement dans le cas
de Haldimand 4. Mais j'ai
toujours des doutes, j'ai toujours des réserves, parce que la nappe, elle est
en dessous. Ça fait qu'à cette heure, avec les façons de faire, avec les
forages horizontaux, il y a moyen d'aller les chercher. Mais tu te tasses, tu
ne fais pas ton industrie extractive collée sur les résidences. On
n'autoriserait pas une carrière dans un quartier résidentiel. Donc, pourquoi on autoriserait une industrie
d'hydrocarbures dans un quartier résidentiel? Les municipalités ne le feraient
pas, je ne connais pas une municipalité au Québec qui le ferait.
Donc, on
concilierait le développement. Donc, c'est là où, quand tu as des pouvoirs, tu
aménages ton territoire convenablement, puis tu arrives avec des
résultats qui sont plus acceptables socialement. J'espère avoir répondu...
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de Gaspé.
M.
Lelièvre : Un élément aussi qui est important, c'est d'impliquer la
communauté le plus possible dans le projet. Ça, je pense qu'il y a un
consensus, tout le monde le dit autour de la table ici.
Je me
souviens, c'est le 30 juin 2012 que tous les permis ont été émis,
hein, par le gouvernement de l'époque. 30 juin 2012,
tous les permis ont été émis pour Haldimand 4. Et ça, est-ce que vous
pensez que le fait que ça a été émis assez
rapidement, pour ne pas dire en hâte, sans consultation de la population...
Est-ce qu'aujourd'hui vous vivez encore avec les contrecoups de ça?
Le Président (M. Pagé) : M.
Côté.
M. Côté
(Daniel) : C'est sûr que
oui. C'est sûr que oui. Je le disais tout à l'heure, quand il n'y a pas de
processus consultatif en amont, quand tu
n'impliques pas la population, quand tu n'impliques pas le milieu municipal en
amont, tu te ramasses avec des décisions
déjà prises puis tu es poigné pour vivre avec les décisions. Il y a moyen de
rectifier le tir et il n'est pas trop
tard pour rectifier le tir en allant maintenant consulter la population, même
s'il y a une partie du développement
qui est faite. Mais, avant de faire d'autres gros morceaux au niveau du
développement, allons chercher le consensus
de la population. Avant de prendre de nouvelles décisions, d'émettre de
nouveaux permis, avant d'aller plus loin, on pourrait y aller, consulter
la population, puis essayer d'aller chercher un consensus minimal ou une
certaine acceptabilité sociale qui, présentement, n'est pas au rendez-vous. On
pourrait le faire.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de Gaspé, il vous reste 2 min 30 s.
• (17 h 30) •
M.
Lelièvre : Oui, O.K. Vous avez parlé beaucoup du BAPE. Si on résume,
du côté de Haldimand 4, où il y a plus
de problèmes en termes d'acceptabilité sociale, Haldimand 4 fait l'objet,
bon, d'une émission de permis et certificats depuis le
30 juin 2012 mais pour la phase exploration sans fracturation. Cette
phase-là, bon, va s'achever dans les prochains
mois. Si jamais il y avait demande du promoteur d'aller vers une phase exploratoire
avec fracturation ou une phase qui amènerait à l'exploitation du site,
est-ce qu'à ce moment-là vous souhaitez fortement — je présume que oui — que la population, cette fois-ci, soit
consultée et que les études qui se sont déroulées partout ailleurs sur les
autres sites au Québec s'appliquent également à Haldimand 4?
M. Côté
(Daniel) : Clairement.
Clairement. Il va falloir avoir toute l'information nécessaire, on n'aura pas
le choix, avant toute phase supplémentaire, pas juste avant fracturation
ou avant autre chose du genre. En fait, fracturation en milieu habité, là, on va être clairs, là : ça ne se passera pas
chez nous tant que je vais être là. Ça, c'est clair. Ça, c'est clair, clair, clair. S'il y a un permis de fracturation
qui est donné à Haldimand ou dans le périmètre urbain, je vous jure que
vous allez connaître quelqu'un de méchant.
Je suis capable de sortir de mes gonds de temps en temps, mais cette fois-là je
vais sortir solide. Mais, ceci étant dit, avant toute prochaine étape, un
nouveau forage exploratoire dans ce secteur-là, exploratoire, pas de
fracturation, rien, je pense qu'il faut, avant d'autoriser un nouveau permis
quelconque, là, qui autoriserait un forage, ou une mise en exploitation, ou
quelque chose du genre... Je pense qu'on est rendus au stade du BAPE. Avant de demander le BAPE, il faut avoir
de l'information, mais maintenant, de l'information, on en a, il y en a de disponibles. L'industrie est capable de nous
parler maintenant, il y a trois forages qui ont été faits, dont un
horizontal, il y a plein de tests qui ont
été faits, elle serait capable de donner l'information nécessaire au BAPE pour
donner l'heure juste avant qu'on autorise une nouvelle étape majeure
dans le projet.
M. Lelièvre : Merci.
Le Président (M. Pagé) :
30 secondes, M. le député de Gaspé.
M. Lelièvre : C'est beau, ça fait le
tour du dossier, je pense que... Je vous remercie.
M. Côté (Daniel) :
Je peux parler 30 secondes, je suis capable.
Le
Président (M. Pagé) : Je suis convaincu que vous allez avoir
l'occasion de vous reparler. Alors, on va passer à la deuxième
opposition, M. le député de Groulx, pour un bloc de six minutes.
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs. Alors, M.
Villeneuve, j'ai une question à vous poser au niveau des PIIA, qui sont
les plans d'implantation et d'intégration architecturaux. Alors, vous sembliez
dire tantôt que le vote est très, très
précis, et puis je me demandais : Est-ce que ça ne pourrait pas
plus servir, les PIIA, pour circonscrire le
territoire puis d'éviter le plus possible d'avoir recours à des consultations
additionnelles sur l'implantation de quoi que ce soit, finalement?
M. Côté (Daniel) : La question était
pour M. Villeneuve. Allez-y.
M.
Villeneuve (Jocelyn) : Oui.
Bien, si ça pourrait éviter, en fait, d'avoir des consultations inutiles, vous
voulez dire, par la suite...
M. Surprenant : Bien, non, je ne
dirais pas inutiles, là, mais d'avoir...
M. Villeneuve (Jocelyn) : Mais qui
ne seraient pas...
M. Surprenant : Si ça règle à la
source plus de choses, finalement, là.
M.
Villeneuve (Jocelyn) : Oui,
bien, en fait, c'est ce qui est arrivé, c'est ce qui est arrivé dans le cas de
l'éolien. Parce que, quand on a établi le
règlement sur les PIIA, il y a eu des consultations pour créer le
règlement, puis par la suite, bien, il y a
eu une forme de consultation avec le comité d'urbanisme, avec le conseil
municipal, donc ça a évité beaucoup de consultations que le promoteur
n'a peut-être pas eu besoin de faire dans ces cas-là.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de Groulx.
M.
Surprenant : Mais est-ce qu'on pourrait aller plus loin avec les PIIA
pour s'assurer que, lorsqu'un promoteur arrive, à peu près tout soit
déjà pensé puis que ça aille plus vite, les choses?
Le Président (M. Pagé) : M.
Villeneuve.
M.
Villeneuve (Jocelyn) : Bien,
en fait, ce qu'on demande, on va demander des simulations visuelles, donc
c'est assez parlant, tu sais, avec notre PIIA. Lorsque le promoteur arrive avec
un projet, bien, il nous fait une simulation de
c'est quoi, le pire scénario qu'on risque d'avoir. Dans le cas de l'éolien, ça
a été très parlant, c'est sûr, ça a été très parlant dans le cas de l'éolien. Parce que ça a évité tout
débat inutile, en fait, sur peut-être qu'on va en voir de là, du site
touristique, ça va dégrader l'environnement,
et tout ça. Donc, étant donné qu'on avait les pires simulations, bien, les
comités qui étaient en place pouvaient prendre les bonnes décisions à ce
moment-là avec un visuel qui parle, qui était parlant. Puis, pour motiver leur
décision, bien, il y avait beaucoup de critères d'évaluation, tu sais, qui
permettaient de circonscrire la réflexion dans des objectifs puis des critères
bien précis. Donc, ça permettait...
Pour nous, ça
a été un exercice de consultation qui était extraordinaire. Mais, initialement,
on craignait un peu le fait que de la grande industrie gérée par des
PIIA... c'est un peu mal vu, tu sais, on se disait : Des PIIA, d'habitude,
c'est plus pour des secteurs historiques,
des secteurs patrimoniaux, c'est là que ce genre d'instrument est utilisé. Mais
nous, on se disait : Dans le cas de grande industrie, c'est un visuel
qu'on veut voir, l'implantation dans le milieu, on veut être capables de... Puis chaque critère que... pas
critère, mais chaque inquiétude que la population avait, on avait
transformé ça en objectifs et en critères d'évaluation. Je ne sais pas si ça
répond bien à votre question, là.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de Groulx, oui.
M.
Surprenant : J'ai une autre petite question. Je vais laisser ma
collègue en poser une par la suite. Monsieur,
vous disiez tantôt que vous aimeriez ça avoir un BAPE et puis vous pourriez
devenir un peu plus virulent puis dynamique dans vos propos, et je me
posais la question : On sait qu'un BAPE, souvent, c'est sous la bonne
volonté du ministre qu'il y ait un BAPE.
Est-ce que, dans votre analyse de la situation, vous auriez peut-être des
suggestions à faire où on pourrait en venir à une mécanique où
automatiquement il y aurait un BAPE dans certaines circonstances?
Le Président (M. Pagé) : M.
Côté.
M. Côté (Daniel) : Merci.
Effectivement, dans certains dossiers, le BAPE est pratiquement systématique. Pour 10 MW éoliens, par exemple, pour un
pipeline de deux kilomètres ou plus, le BAPE est pratiquement
systématique. Il suffit que quelqu'un lève
la main, puis le BAPE part. Bien, j'exagère un peu, je caricature, mais c'est à
peu près ça. Par contre, dans le cas
du développement des hydrocarbures, il n'y a aucun BAPE qui n'est prévu dans
aucune espèce de phase. Il y a le pouvoir discrétionnaire du ministre
qui existe. Puis c'est au ministre, dans le fond, qu'on demande d'exercer son pouvoir discrétionnaire depuis 10 ou... depuis
11 mois maintenant — on
arrive à un an, ça va vite — mais,
bon, présentement, il n'est pas exercé, ce
pouvoir discrétionnaire là. On nous référait beaucoup aux EES, mais les
EES, comme je vous le disais tout à l'heure, ont apporté souvent plus de questions que de réponses. Puis, un BAPE, on ne veut pas
avoir un BAPE générique sur la filiale des hydrocarbures au Québec, les EES
sont beaucoup génériques sur l'ensemble du territoire du Québec, le BAPE spécifique sur le territoire,
sur le milieu d'insertion qu'est le secteur de Haldimand, à deux pas du
centre-ville de Gaspé.
Tu sais, si
on faisait un forage d'hydrocarbures sur Le Plateau—Mont-Royal, on ne se poserait pas la question...
bien, pas sur Le Plateau, mais sur le
mont Royal lui-même, on ne se poserait pas la question longtemps.
Je pense que, premièrement, ce serait refusé d'entrée de jeu, puis, si
on décidait d'aller de l'avant, on irait avec un BAPE.
Mais le milieu du mont Royal versus la population,
là, c'est à peu près pareil comme Haldimand versus la population. Les citoyens de Gaspé ne sont pas moins importants que
les citoyens de Montréal, à ce que je sache. Peut-être un peu moins
nombreux, mais on est aussi importants dans le Québec, je pense.
Le
Président (M. Pagé) : M. le député de Groulx, il vous reste
1 min 20 s... Mme la députée de Saint-Hyacinthe, la
parole est à vous.
Mme Soucy : Merci, M. le Président.
Bonjour.
M. Côté (Daniel) : Bonjour.
Mme Soucy :
Le fait que le gouvernement... ou plutôt le premier ministre ait refusé,
d'entrée de jeu... puis même d'entendre
parler d'Anticosti, alors qu'on sait que c'est un projet qui est loin de la
population, alors que chez vous c'est un projet qui est près de votre population, et puis qu'il refuse de vous
accorder le BAPE, j'imagine que... Comment vous voyez ça? Est-ce que vous sentez qu'il y a de l'injustice ou... Comment
vous voyez ça? Est-ce que vous voyez que le fait que la décision provienne... à la bonne volonté du ministère, ou on
devrait avoir des critères qui sont déjà établis? J'aimerais vous
entendre sur ça.
Le Président (M. Pagé) :
30 secondes, M. Côté.
M. Côté
(Daniel) : Merci. Le BAPE
devrait être plus systématique dans ce type de cadre... dans ce type de
projet là, ou, minimalement, des certificats
d'autorisation du ministère de l'Environnement avant d'aller trop loin dans les
processus. Présentement, il n'y a rien de prévu.
C'est un permis du ministère des Ressources naturelles qui est émis, puis on
part avec un point GPS, là. C'est à peu près ça. Donc, il faudrait que ce soit
prévu.
Dans le cadre
du traitement Anticosti versus Gaspé, c'est clair qu'il y a une dichotomie
importante. C'est énorme. Est-ce
qu'il y a une injustice? À tout le moins, on n'a pas encore de non pour le
BAPE, hein? Vous avez dit qu'il nous avait été refusé, je n'ai pas encore eu de lettre qui me dit non. J'espère
avoir une lettre, un jour, qui me dit oui ou non, mais je n'en ai pas
eu. Ça fait que c'est ça.
Le Président (M. Pagé) :
C'est tout le temps que nous avons pour ce bloc. Alors, je vous remercie pour
votre présentation.
On va suspendre un petit moment pour permettre
au prochain groupe de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 38)
(Reprise à 17 h 40)
Le
Président (M. Pagé) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons
reprendre nos travaux pour notre dernier bloc avec le Conseil du patronat du Québec, des gens qu'on a déjà vus ici.
Bienvenue à votre Assemblée nationale. Je vous laisse vous présenter, et
vous avez un bloc de 10 minutes pour faire la présentation de votre
mémoire.
Conseil du patronat du
Québec (CPQ)
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Merci, M. le
Président. Je me présente : M. Yves-Thomas Dorval, je suis
président et directeur général du CPQ, le Conseil du patronat du Québec, et je
suis accompagné, à ma gauche, de M. Benjamin Laplatte, qui est directeur
des Affaires publiques au CPQ, qui a travaillé beaucoup dans l'élaboration de
ce mémoire et des consultations qui ont fait l'objet de notre
présentation.
Je remercie
la commission de nous écouter, de nous avoir conviés à cette discussion sur le
livre vert. Et, d'entrée de jeu, peut-être rappeler que le CPQ est une
organisation qui regroupe différentes associations sectorielles dans tous les domaines, que ce soit dans le domaine des
ressources naturelles, dans le domaine de la transformation, dans le
domaine des services, et ainsi que des
employeurs. Et, au total, on représente plus de 70 000 employeurs qui
ont des opérations au Québec.
M. le
Président, on veut réitérer l'importance pour le CPQ d'intégrer la question de
l'acceptabilité sociale dès les premières
phases d'un projet ainsi que d'offrir un accompagnement constant et transparent
des parties prenantes à chacune des étapes afin de maximiser les chances de
réussite des projets. Je dois vous dire, M. le Président, qu'on a eu
l'occasion au cours des derniers mois
d'avoir plusieurs échanges sur cette question-là. D'abord, on a eu des échanges
directement avec le ministère et avec le
ministre bien avant, au tout début des discussions. On a participé aux
consultations qui ont été menées sur cette question-là, on a contribué,
et, pour ce faire, on a consulté nos membres pour établir nos positions. Et on
a même établi un forum, un colloque sur
cette question-là, où le ministre est venu d'ailleurs rencontrer les employeurs
du Québec et où Raymond Chabot Grant
Thornton est venue également livrer et répondre aux questions concernant le
rapport suite à la recherche qu'ils ont faite, l'étude et les consultations
qu'ils ont menées. Et aujourd'hui on est devant vous évidemment suite à la
publication de ce livre vert.
Donc, nous
avons suivi l'ensemble du processus, nous nous sommes impliqués. Et on doit
dire, d'entrée de jeu, qu'au Québec
on vit à l'occasion des tensions autour de plusieurs projets de développement
économique. Or, quand un bon projet
est avorté, ce n'est pas juste son promoteur qui en écope, mais toute la
société, et il y a donc un sérieux besoin de revoir les processus destinés à favoriser un dialogue entre les
différentes parties et un arrimage de leurs intérêts respectifs.
Le CPQ prend
note qu'à travers le livre vert le ministère reconnaît l'importance de
l'acceptabilité sociale dans la réussite
des projets de valorisation du territoire québécois et de ses ressources
énergétiques et minérales, de même que l'importance
de mettre en place des outils visant à améliorer le dialogue entre les parties.
On ne peut pas arriver à un bon projet
s'il n'y a pas eu des démarches de façon intégrée et complète qui impliquent la
question de l'acceptabilité sociale.
Il salue
notamment le désir d'assurer la prévisibilité des processus de consultation à
chacune des étapes d'un projet et de
favoriser une plus grande transparence quant aux retombées économiques des
projets de mise en valeur des ressources naturelles, de même qu'aux
impacts environnementaux et sociaux pour les communautés concernées.
Le
développement durable, ça repose sur trois grands piliers. On entend beaucoup,
beaucoup parler du pilier de l'environnement,
on entend quand même parler du pilier social, et malheureusement, dans l'étude
des projets, on n'entend pas
nécessairement parler aussi d'une manière aussi approfondie des impacts
économiques, et, quand on parle d'impacts économiques, ça inclut les
impacts sociaux aussi.
Alors, qu'il
s'agisse de respecter la liberté et le droit d'entreprendre, évidemment ça fait
partie du credo de notre mission, de notre plateforme, autant que de
limiter les externalités négatives d'un projet, favoriser la recherche de
l'acceptabilité sociale est avant tout une démarche qui repose sur deux
principes forts que sont l'identification et la responsabilité sociale et le
dialogue entre les parties prenantes.
La crainte
souvent évoquée de voir une majorité décider systématiquement pour une
minorité, ou inversement, est réductrice.
Et le CPQ considère que, lorsque les choses sont faites dans les règles de
l'art, en respect des lois et en toute transparence,
ces deux scénarios peuvent s'avérer parfaitement légitimes, car tout est
affaire de circonstances. Pour cette raison,
il faut résister à la tentation d'assujettir les processus dont il est question
dans le livre vert du ministère à la recherche d'une adhésion unanime
des parties prenantes, ou, pire, de les soumettre à une sorte de plébiscite.
À défaut de
consensus sur une définition de l'acceptabilité sociale, il importe, et cela
est fondamental, que le ministère détermine les conditions d'acceptabilité sociale
avec les parties prenantes au préalable, le plus tôt possible dans la genèse d'un projet, afin de respecter un contrat
social qui veut, un, qu'un projet perfectible puisse être dûment
autorisé sans avoir à craindre d'être
subitement refusé pour des raisons émotives ou par opportunisme, que
l'acceptabilité, deux, sociale par
une population, même si elle est une variable parfois
capricieuse dans le temps et dans l'espace, puisse être fondée sur la
recherche de compromis.
Par rapport à l'orientation 1 dans les considérations générales, le rôle
du ministère, tel qu'identifié dans son livre vert, est clair du point de vue du CPQ :
tout en assumant sa vocation économique, son rôle y est décrit comme celui
d'un accompagnateur et d'un conciliateur
pour les différentes parties prenantes, même si ultimement son pouvoir est
celui d'un arbitre en cas de nécessité. Le CPQ appuie
l'orientation 1 du ministère, qui vise à mieux faire connaître ses rôles
et responsabilités en matière de planification et de gestion du territoire, de
même qu'en matière d'acceptabilité sociale.
Le CPQ est en accord avec les
orientations 2 et 3, mais dans la mesure où un maximum de processus de
planification et de valorisation du territoire seraient combinés, par exemple
la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, milieux
humides, MRC, etc., au sein de l'exercice d'actualisation des plans
d'affectation du territoire public. On est aussi en accord avec ces orientations dans la mesure où la
communication en continu et les activités de rétro-information — le
mot est important — ne contribuent pas à alourdir les
obligations déjà denses et fastidieuses des promoteurs, particulièrement
dans le cas des activités déjà assujetties à la Loi sur les mines ou la Loi sur
la qualité de l'environnement.
À chaque
étape du cycle de vie d'un projet, et en dépit du travail accompli lors de
l'élaboration des PATP, il est toujours possible que certains individus
n'y trouvent pas leur compte, et c'est pourquoi l'expression des citoyens est importante et doit être prise en considération
avec sérieux. Évidemment, au même titre que le risque ou la nuisance
zéro n'existe pas et que la quête de
l'unanimité est une utopie, tout projet est imperfectible. C'est pourquoi il
est nécessaire d'entretenir un
dialogue soutenu avec les municipalités, notamment, les différentes communautés
au cours des différentes étapes d'un projet. Il est possible d'aller de
l'avant tout en maintenant un climat de confiance mutuelle et de saine
collaboration, ce qui contribue à entretenir notre fierté collective.
Par contre,
le CPQ veut, là encore, rappeler l'importance de réduire autant que possible
l'incertitude et la confusion entourant les projets de développement, de
même que les impacts négatifs liés à des procédures et des décisions
ponctuelles et imprévisibles, ce qu'on veut éviter ici.
Le CPQ tient
à saluer les orientations 4 et 5, notamment l'importance d'informer les
populations sur les retombées économiques, on aurait pu aussi ajouter
sociales, de ces projets. Ces retombées se fondent sur la nécessité de mettre
en lumière la contribution des entreprises, des entrepreneurs à la vitalité des
communautés et des régions concernées.
À ce titre,
le CPQ souligne, de plus, la volonté du ministère d'accompagner citoyens,
promoteurs et communautés dans le
développement des projets et appuie à cet effet les actions proposées visant à
mettre en place un bureau d'analyse d'impact économique, un guichet unique
d'information et d'échange, de même qu'un bureau de coordination des
grands projets. Rappelons que le CPQ a déjà
soulevé à plusieurs reprises cet impératif de mettre en place un organisme
d'évaluation économique indépendant visant à évaluer les impacts économiques
des projets de développement.
Concernant
les comités de suivi, le ministère devra toutefois prendre soin de mettre en
prendre des balises claires pour s'assurer de la compétence et des
intérêts des parties impliquées, tout en conservant les responsabilités qui lui
reviennent en matière de gestion des
ressources naturelles. De plus, il ne devrait pas être du ressort du bureau de
juger de la viabilité ou de la rentabilité
d'un projet, puisque cet élément relève uniquement du promoteur, qui détermine
le seuil de rentabilité de son projet sur la base de rigoureuses
analyses.
Au niveau des
recommandations, je résumerai de façon très rapide trois recommandations, entre
autres : Éviter un alourdissement dommageable du processus
consultatif, donc que le ministère mette en place un guichet unique pour les parties prenantes concernées par un projet
sous sa responsabilité, ainsi que des processus prévisibles, simples et
efficaces ayant pour objet d'alléger les procédures réglementaires et les
formalités administratives superflues.
La
recommandation 2 : Que le ministère offre un accompagnement à chacune
des parties prenantes d'un projet, à titre
de facilitateur d'un dialogue social, sain, serein et constructif, en mettant
en place des mécanismes à sa disposition pour assurer l'indépendance et l'impartialité du bureau et de toute autre
entité ou processus sous sa responsabilité, de même à assurer la crédibilité
de la démarche afin d'y préserver la mission de développement économique du
ministère.
avoir fait preuve de son efficacité, que le gouvernement
évalue l'opportunité d'étendre à l'ensemble de l'appareil gouvernemental les
orientations que le ministère propose afin de mettre en place un cadre
cohérent, clair et harmonisé avec les autres ministères et organismes
actuellement impliqués dans les processus de consultation.
• (17 h 50) •
Le
Président (M. Pagé) : Je vous remercie, M. Dorval. Alors, on
pourra y aller pour faire un bloc de 14 minutes avec la partie
ministérielle. M. le ministre.
M.
Arcand : Merci beaucoup, M. le
Président. Bienvenue, M. Dorval et M. Laplatte. C'est un plaisir de vous
avoir parmi nous aujourd'hui, d'abord parce
que je sais que le Conseil du patronat a été impliqué. J'ai participé
d'ailleurs à une de vos journées en compagnie, entre autres, de la
mairesse de Chibougamau, ça a été particulièrement intéressant.
Et donc je
suis très heureux aussi de voir que vous semblez partager notre opinion sur,
évidemment, l'idée d'avoir un bureau d'évaluation économique et je
voulais vous sensibiliser tout de suite sur une chose : c'est qu'il n'est
pas question pour nous d'examiner la rentabilité. Je pense que ça, là-dessus,
je tiens à vous rassurer.
Il y a autre
élément sur lequel je tiens à vous rassurer également. Vous parlez à un moment
donné qu'il pourrait y avoir une
espèce de problématique entre le bureau des grands projets et la Société du
Plan Nord. Je pense que le rôle de la Société
du Plan Nord n'est pas de faire des audiences publiques, des processus publics.
Nous, en tout cas, on a examiné ça et
on ne voit pas de problématique, là, au niveau d'un conflit potentiel de
juridictions. Alors, ça, là-dessus, je pense que c'est très clair.
Et je vous dis également que notre but n'est pas
d'alourdir mais d'alléger. On pense que, dans un processus comme celui dont on parle... On pense que c'est
évident qu'on veut alléger davantage, évidemment, les structures et on pense qu'en allant en amont ça va peut-être
contribuer à ce que les projets, à partir du moment où on sent une
acceptabilité ou non... mais, à tout le moins, on sent qu'il va y avoir
éventuellement, peut-être, une accélération du processus.
Moi, la
première question que je voulais vous poser, c'est parce que tout à l'heure il
y avait le maire de Gaspé, et un des
enjeux qui n'a pas été tellement débattu jusqu'ici, puis j'aimerais peut-être
avoir votre opinion là-dessus... C'est que le maire de Gaspé était très insistant pour avoir beaucoup plus de pouvoirs
pour les municipalités. Il dit que, par exemple, la ville de Gaspé est... Alors là, la question qu'on
se posait, c'est : Quel est le rôle du gouvernement versus la
municipalité? Qui a un droit de veto sur quoi, etc.? Est-ce que le Conseil du
patronat a une opinion là-dessus?
Le Président (M. Pagé) : M.
Dorval.
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Quelle belle
question, M. le Président, puisque vous savez probablement que l'Union des municipalités et plusieurs municipalités font
partie du membership du Conseil du patronat, ainsi que plusieurs employeurs dans le domaine des ressources
naturelles ou dans... pas dans l'expropriation, mais dans l'exploration,
pardon.
Écoutez, la
première des choses, je pense qu'il y a des responsabilités dans chacune des
parties, puis, à la fin, il y a des schémas d'aménagement qui sont faits
et qui doivent être d'ailleurs approuvés aussi par le gouvernement à la fin.
Donc, il y a une démarche, je dirais, d'intégration au niveau gouvernemental,
de toute façon.
Il est clair que les élus municipaux ont un
devoir de responsabilité à l'égard de leurs commettants, de leurs électeurs, et ils font un travail, ils ont des
responsabilités. Mais il est clair aussi que le gouvernement a un rôle
d'arbitre aussi, parce que les ressources naturelles, c'est un fonds commun qui
appartient à l'ensemble des Québécois et des Québécoises.
Il y a un intérêt collectif qui est très grand, et c'est le rôle, finalement,
du gouvernement de faire, d'avoir ce rôle
d'arbitre. Et d'ailleurs vous le mentionnez dans le livre vert à plusieurs fois
que le ministère a un rôle, à la fin, d'arbitre, et un arbitre neutre, à la fin dans tout ça, tout en faisant valoir
l'importance de libérer le potentiel économique qu'il y a et qui existe
au Québec au niveau de ses ressources naturelles.
Les
municipalités, il faut faire attention aussi, ne sont pas toutes équipées avec
les mêmes moyens, les mêmes capacités, selon leur taille et leurs
responsabilités, là, dans l'examen et l'élaboration de toutes ces choses. Par
contre, ce sont des unités, des communautés qui sont très proches de leurs
résidents, de leurs citoyens. Donc, ils sont particulièrement au fait.
L'approche du CPQ est très
simple : on le voit, nous, plus dans l'approche d'un promoteur, il y a
tout intérêt pour un promoteur de
travailler très, très rapidement, au début du projet, avec les municipalités.
Alors, pour moi, c'est la clé. La clé, c'est
moins une question de chicanes de juridiction que de travailler le plus tôt
possible dans le processus avec les instances locales, et je pense que
ça, c'est important.
Mais en même temps ça
représente un défi, M. le Président, pour les promoteurs, parce que, souvent,
quand on fait une approche hâtive et proactive, vous n'avez pas
toutes les réponses aux questions, parce
que vous êtes dans un projet... dans une phase avant-projet et vous
n'avez pas beaucoup de réponses aux questions. Souvent, l'exploration,
le projet en étude d'avant-projet, c'est une
phase où est-ce qu'on est justement
en processus d'aller chercher de l'information, et le promoteur a toujours peur, à quelque part, qu'en commençant une
communication alors qu'il n'a pas toutes les réponses il soit coupé trop rapidement, avant même d'avoir pu faire
toute la cueillette de l'information nécessaire, soit parce qu'un mouvement de contestation va s'établir, soit parce
que, pour des raisons de toutes sortes, il y a un blocage qui peut se
passer. Or, au Québec, c'est probablement un
des plus grands défis que nous avons : c'est qu'on n'a pas assez d'appui
global, au niveau de la population, sur
l'importance de libérer davantage le potentiel économique qu'on a, en
particulier au niveau de nos ressources naturelles.
Alors, pour un
promoteur, c'est un enjeu. Mais ultimement il va être aux prises avec cet
enjeu-là. C'est pour ça que, nous, la
recommandation qu'on a à faire aux promoteurs : Vous n'avez pas le choix,
parce que, si vous tardez trop, de
toute façon vous allez être obligés de le faire un jour ou l'autre. Et, si vous
n'avez pas commencé dès le début votre relation
ou votre communication — et c'est là que l'acceptabilité sociale va commencer — bien, de toute façon, vous allez
frapper un noeud à un moment donné. Alors, nous, on préfère travailler plus sur
la prévention, et la prévention, c'est d'amener le plus possible de parties
prenantes, en commençant par les municipalités.
Quant
aux questions de schéma d'aménagement, comme je vous ai dit, bien, il y a un
processus d'arbitrage à faire, à quelque part, et le gouvernement doit
accompagner aussi les municipalités pour les aider dans ce processus-là. Alors,
l'accompagnateur, là, il n'est pas juste
pour le promoteur, il est aussi pour les parties prenantes que sont les
municipalités.
Puis en même temps il
y a des municipalités qui ont beaucoup de compétences aussi, qui ont beaucoup
de capacités, puis on pense, entre autres,
aux regroupements dans les municipalités, les MRC aussi, là, il y a quand
même une certaine capacité là. Il ne faut
pas non plus prendre les intervenants municipaux comme étant des gens qui n'ont
pas de compétence. Au contraire, ce sont des gens qui ont une compétence
en particulier, c'est celle de bien connaître leurs résidents, leurs
concitoyens.
Le Président (M.
Morin) : M. le ministre.
M.
Arcand :
M. le Président. Je vous posais la question parce que je sais qu'il y a des
cas, entre autres, là — j'ai des dossiers en tête, là — le fameux dossier des carrières et des
sablières, où parfois les maires donnent leur appui, on donne un permis, puis, à un moment donné, le vent
vire un peu, les gens n'en veulent plus. Et souvent, dans le cas des
carrières et des sablières, j'ai vu beaucoup de cas où il y a eu des
problématiques reliées à ça. C'est pour ça qu'à un moment donné le rôle du gouvernement du Québec, qui est un peu en recul,
qui doit consulter, qui doit faire affaire avec les municipalités... et c'est fondamental, bien sûr,
mais, à un moment donné, ça prend une décision finale qui appartient au
gouvernement du Québec. Parce qu'on ne peut pas commencer à donner des droits
de veto à gauche et à droite. Je ne sais pas si...
M. Dorval (Yves-Thomas) : M. le Président, nous sommes tout à fait d'accord
avec ça, parce que j'ai mentionné dès
le début de ma présentation que la prévisibilité était importante. Et ce que M.
le ministre vient de dire, c'est que cette prévisibilité-là peut être en
cause quand il y a justement des changements. Et là je ne veux pas du tout
regarder le gouvernement en place, mais ça
arrive aussi, parfois, au niveau du gouvernement provincial, ça arrive même,
des fois, au niveau du gouvernement fédéral, des changements, je dirais,
d'horizon par rapport à certaines situations.
Mais
ici je vous dirai qu'on a, je pense, une organisation démocratique qui fait en
sorte que le rôle du gouvernement du Québec est important par rapport à
ça, et ça doit se faire en partenariat avec les municipalités.
M.
Arcand :
O.K.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. le ministre. On va se diriger vers l'Abitibi-Est.
M.
Bourgeois : Merci, M. le Président. M. Dorval, vous mentionnez que
vous représentez 70 000 employeurs. Quand on parle de projets, de projets majeurs, de processus dans ce
qu'on recherche comme acceptabilité sociale, est-ce que vous avez une définition de qui ça devrait
toucher? Est-ce que c'est vos 70 000 membres ou... C'est quoi,
l'ampleur qui viendrait déterminer d'avoir un processus d'accompagnement
comme celui-là?
Le Président (M.
Morin) : M. Dorval.
• (18 heures) •
M. Dorval (Yves-Thomas) : Merci, M. le Président. Tout d'abord, quand on
parle d'acceptabilité sociale, on parle de plusieurs parties prenantes. Donc, on ne parle pas seulement des
membres qu'on représente, on parle de l'ensemble. Puis, en passant, dans les membres qu'on
représente, M. le Président, on a tant les communautés locales, je vous l'ai
dit tantôt, comme des municipalités, qui sont membres chez nous que des
promoteurs, que d'autres organisations, ou même des sociétés d'État qui sont dans le domaine de l'énergie. Alors, c'est
juste pour vous dire qu'on a quand même à embrasser plutôt large.
Non,
ce qui nous intéresse, parce que c'est dans la mission du CPQ, qui est celle de
favoriser les meilleures conditions possible
pour prospérer... Ce n'est pas pour rien qu'on a lancé une campagne importante,
un mouvement sur quatre ans pour
améliorer les conditions de
prospérité au Québec. Pour nous, c'est important, pour tous les
Québécois et toutes les Québécoises. Le titre de notre campagne, c'est Prospérité
pour tous, par tous et avec tous. Donc, ce n'est pas l'intérêt de nos membres seulement, parce que c'est l'intérêt de
tout le monde. Et c'est d'ailleurs dans notre mémoire : quand un projet réussit, ça profite à tout le
monde puis, quand un projet échoue, ce n'est pas juste le promoteur qui
échoue, ce n'est pas juste le gouvernement qui échoue, c'est l'ensemble de la
collectivité aussi qui échoue.
Alors,
pour nous, quand on parle de représenter, c'est une chose, mais, quand on vous
adresse ici, ça fait suite à une consultation. On le regarde d'une façon
très large et très globale parce que la prospérité, c'est pour tout le monde,
donc toutes les parties prenantes.
C'est
pour ça que l'acceptabilité sociale est importante, parce que, si toutes les
parties prenantes n'ont pas toute l'information, premièrement, il va y
avoir un problème parce qu'à ce moment-là les décisions vont se prendre avec une absence d'information. Et, entre autres, c'est
pour ça qu'on salue, dans le livre vert, certaines choses par rapport au
bureau d'évaluation économique. Pourquoi une
analyse d'impact économique? Parce que c'est un des éléments qui, trop
souvent, n'est pas pris en compte. Pourquoi? Parce que le promoteur est trop
souvent perçu comme étant en conflit d'intérêts
puis que, l'information qu'il livre, on dit : Ce n'est pas crédible parce
que le promoteur a un intérêt là-dessus. Alors, le fait d'avoir un bureau d'analyse économique indépendant, ça
vient justement ramener dans le débat une analyse indépendante. Elle n'est pas plus objective qu'un
promoteur, à mon avis, le promoteur, il est tout à fait objectif dans ce
qu'il veut faire, mais la perception de
l'objectivité n'est pas la même, et c'est pour ça qu'un bureau indépendant est
intéressant. Donc, pour nous, ça fait partie des critères qui peuvent favoriser
une acceptabilité sociale.
Et,
pour le reste, encore une fois, je pense que le ministère se positionne
là-dedans comme un accompagnateur des parties prenantes.
Le
Président (M. Morin) : Merci, M. le président. C'est parce que
les députés veulent avoir d'autres questions. Vous avez une facilité de
réponse.
M. Dorval (Yves-Thomas) :
M. le Président, ça me fera plaisir d'être plus concis.
Le Président (M.
Morin) : O.K. Mais il ne faut pas retarder avec notre échange.
M. le député d'Abitibi-Est.
M.
Bourgeois : Oui, M. le Président. Merci de votre intervention.
Effectivement, j'ai d'autres éléments. Moi, j'aimerais
savoir, justement, dans votre groupe, vous avez des discussions, tout ça, quand
on parle d'acceptabilité sociale par
un milieu, qui doit-on prioriser dans l'analyse de l'acceptabilité par rapport
à l'implantation d'un projet. Est-ce qu'on parle du milieu local, la MRC, la région? Parce qu'il y a plein de monde
qui se présentent, qui ont des prétentions et des ambitions en lien avec
des projets. Comment on fait cette déclinaison-là?
Le Président (M.
Morin) : Faites-moi une réponse en une minute.
M. Dorval (Yves-Thomas) : En fait, M.
le Président, personnellement, j'ai eu à m'impliquer dans plusieurs
projets, dans plusieurs démarches, soit de responsabilité sociale, puis c'est des démarches tout à fait cohérentes, soit
dans des projets d'énergie aussi.
J'ai commencé ma carrière en 1980 sur des projets d'énergie, de développement d'énergie au niveau de l'acceptabilité sociale. Donc, ça fait longtemps
que je baigne là-dedans.
Je
vous dirais qu'il faut faire un inventaire des parties prenantes. Chaque
projet est différent, chaque projet a ses spécifications, chaque
communauté a ses spécifications, chaque partie prenante est particulière. Si
vous discutez d'un projet, il y a plusieurs
parties prenantes, et c'est l'objectif, dans une démarche d'acceptabilité sociale, de
faire... excusez-moi, en anglais, on
appelle ça un «stakeholder mapping», hein, c'est-à-dire une cartographie
des parties prenantes en fonction de
leurs préoccupations et de leurs enjeux. Et qu'est-ce qu'on fait
quand on fait une cartographie des parties prenantes? On identifie quels sont les impacts en termes d'importance et la probabilité que ces
impacts-là se produisent en termes de risque
ou de probabilité. Et on regarde à travers ça quels sont... Et c'est à chaque
projet une question qui est différente. Donc, ça ne peut pas être : on va privilégier une partie ou une
autre. La seule chose qu'on sait ultimement, c'est que, si le promoteur,
il ne le fait pas, le projet, il n'y a personne qui va en bénéficier non plus.
Le Président (M.
Morin) : Merci, M. Dorval. Oui, M. le député de... voyons!
René-Lévesque.
M. Ouellet :
Comté de René-Lévesque.
Le
Président (M. Morin) :
Oui, oui, je l'ai devant moi, René-Lévesque. Je ne regardais pas du bon côté. Allez-y, M.
le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Pas de problème, M. le
Président. Merci, messieurs. Dans votre résumé, dans votre mémoire, vous
faites mention que vous voulez voir abroger
l'annexe 2, parce que vous la trouvez trop simpliste, trop limitée, et
qu'elle devrait plutôt être introduite avec un ensemble de processus qui tient
compte de la Loi sur les mines, sur la qualité de l'environnement. Bref, qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer... Si
on scrape l'annexe 2, est-ce qu'on est capables de mapper ce processus-là, qu'il soit compréhensible,
et qu'on soit capables de faire un
cheminement critique, ou vous nous dites tout simplement de le mettre de
côté et de ne rien toucher à ça?
M. Dorval (Yves-Thomas) :
En toute collégialité, je vais laisser mon collègue répondre à la question.
Le Président (M. Morin) :
Oui, M. Laplatte, c'est à vous.
M.
Laplatte (Benjamin) : Oui,
merci pour la question. En guise de réponse, c'est-à-dire que l'idée n'est
pas — parce que, là, il s'agit d'un
document d'orientation — donc,
d'abroger, c'est plutôt d'améliorer peut-être la représentation qui est faite de l'annexe 2. Au stade-ci de la consultation, on trouvait qu'elle offrait une lecture, en tout respect, pour le
non-initié, un peu réductrice de la complexité par laquelle doit passer un
promoteur, notamment dans tous les processus dont l'objectif est d'obtenir une
autorisation, une certification, etc.
Donc,
l'annexe, ce qu'elle résume, dans le
fond, c'est un peu les grands traits,
les grands faits saillants du livre vert, sauf qu'à l'étape de
l'autorisation, là, comme on le voit dans l'annexe 2, on parle beaucoup
des mécanismes de rétro-information, mais on ne met pas ici en lumière l'ensemble du
cadre législatif réglementaire à travers lequel doit
passer un promoteur, qui est complexe, qui
est différent d'une filière à une autre. Ce n'est pas du tout pour les mêmes
processus, selon qu'on parle de la Loi sur
les mines, selon que l'on parle d'un projet éolien, ou autres. Donc, ce n'est
pas quelque chose qui est aussi simple que ça, et l'annexe ne rend pas nécessairement justice de la complexité des processus actuels. En fait, il y a, on
pourrait dire, une sorte de boîte noire qui mériterait d'être clarifiée à
l'étape du processus de délivrance desdites autorisations.
Le Président (M. Morin) :
Oui, M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Je vais passer la
parole à mon collègue de Gaspé.
Le Président (M. Morin) :
Oui...
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. Vous avez parlé de l'article 246. Quand on
vous interrogeait à savoir, bon : Est-ce
qu'on devrait donner plus de pouvoirs au monde municipal en matière de
contrôle de l'utilisation du territoire?, vous avez parlé de l'article 246, qui déjà, bon,
donne certains paramètres. Vous avez parlé aussi du schéma
d'aménagement. Puis ce que j'ai cru décoder,
c'est comme si vous disiez : Bien, écoutez, les municipalités,
via le schéma d'aménagement de la MRC, ils ont déjà une négociation qui
se fait avec le gouvernement puis ils ont déjà un mot à dire à ce niveau-là.
Est-ce que
vous arrivez à la conclusion que ça serait comme suffisant, donc, le fait que
le schéma d'aménagement prévoie
certaines affectations de territoire, et non pas du zonage, des affectations? Des
grandes orientations, pour vous, c'est
suffisant ou on devrait... Parce que la question qui nous
intéresse, c'est : Est-ce qu'on devrait se rendre jusqu'au niveau municipal, notamment, comme le maire de Gaspé le demandait, comme un
précédent, aussi, intervenant, M. Venne, l'a mentionné également? Donc,
oui ou non, selon vous, là, est-ce qu'on devrait se rendre jusqu'à donner des
pouvoirs supplémentaires au monde municipal?
Le Président (M. Morin) : M.
Dorval.
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Je vais vous
répondre par l'inverse. Vous savez, malgré un cheminement d'aménagement... un chemin... en tout cas, un schéma d'aménagement, pardon — il commence
à être tard — il peut
arriver par la suite qu'on découvre dans un
territoire donné un potentiel qu'on ne connaissait pas avant. Et là il faut le
remettre en question à ce moment-là, à savoir est-ce que c'est dans l'intérêt
commun de voir la possibilité de changer un schéma d'aménagement parce que, justement, on découvre un potentiel, minéral ou
autres, qui pourrait répondre à un besoin de la collectivité, peut-être
la collectivité plus large ou la collectivité locale.
Alors, dans
ce sens-là, je vous dirais : Il faut être ouvert aux deux, hein? Il faut
être ouvert au fait que, un, malgré qu'il
y a des schémas d'aménagement approuvés... (Interruption) — je m'excuse — on puisse les revoir, mais en même temps, à la fin, ce qu'on disait, c'est :
Pour n'importe quelle partie prenante, ça prend, à un moment donné, un arbitre
dans ces questions-là. Puis c'est là où
est-ce qu'on est arrivés en disant : À la fin, même s'il y a un travail
qui est fait au niveau des schémas de
façon générale, quand on arrive sur des décisions, c'est important que
l'arbitre soit placé pour regarder les intérêts
non pas seulement d'un petit groupe ou d'une communauté, mais de l'ensemble
aussi du territoire, parce que...
• (18 h 10) •
Et je vous
donnerais un exemple très simple, très, très simple, qui n'est pas directement
dans un schéma, mais on a, nous,
rendu public notre appui au projet de ligne de transfert... de transport
d'énergie Chamouchouane—Bout-de-l'Île.
Ça ne veut pas dire que tout le monde est
d'accord puis ça ne veut pas dire que... mais, à un moment donné, il faut,
dans l'intérêt commun, qu'il y ait... l'électricité, elle passe à quelque part
puis il faut qu'elle se rende.
Alors, il faut prendre dans le mécanisme
d'acceptabilité sociale le maximum de préoccupations des parties prenantes, des
communautés, etc., mais, à un moment donné, il y a une décision à prendre. Et
malheureusement il n'y aura jamais d'impact
nul ou zéro. Et, même l'activité humaine, même de respirer, on émet du...
Alors, ce que je veux juste vous dire, c'est qu'à la fin là, il y a trop
d'éléments pour arriver à l'unanimité.
Mais ce que
vous avez dit, c'est : Qui doit prendre... Si c'est une dynamique où les
municipalités ont un rôle majeur à
jouer, parce qu'elles sont en lien direct avec leurs citoyens, elles ont des
rôles et responsabilités importants dans leurs schémas d'aménagement, le
gouvernement, à la fin, doit aussi exercer son rôle d'arbitre, dans l'intérêt
commun.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. Dorval. M. le député de Gaspé.
M.
Lelièvre : Oui, merci. Je reviens aussi, encore, sur le même élément.
Vous avez nommé souvent le mot «arbitre» durant votre présentation, et c'est
parce que c'est un terme qui n'existe pas vraiment dans la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme. La Loi sur l'aménagement et l'urbanisme prévoit
des pouvoirs spécifiques aux MRC, aux
municipalités et au gouvernement dans le cadre du schéma d'aménagement, dans le
cadre des instruments d'urbanisme que seront le schéma, le plan
d'affectation, le plan de zonage, etc.
Mais
tantôt M. le ministre m'a fait sursauter un peu. Vous avez mentionné aussi...
Vous avez un peu adhéré dans ce
sens-là, vous avez dit : Écoutez, on a des projets, par exemple, de
carrières, sablières où souvent les maires vont donner des permis, mais ça crée, bon, de l'insatisfaction
dans le milieu. Ça fait qu'il faut que quelqu'un, à quelque part, puisse
trancher. Ça, c'est un pouvoir qui est déjà
acquis. Les municipalités ont déjà un pouvoir d'émettre ou non des permis
pour les carrières, les sablières. Est-ce
qu'on doit comprendre qu'on envisage même de reculer à ce niveau-là? J'espère
que non, parce que le gouvernement actuel dit fortement que le monde municipal,
ce sont ses principaux partenaires.
Dans
la loi n° 28, on a à peu près tassé tout le monde puis on a dit :
Dorénavant, c'est le monde municipal qui va gérer le développement économique, occupation du territoire. Puis là on
dit : Ils ne sont peut-être même plus capables de gérer une carrière puis une sablière, là. J'espère
que ce n'est pas ce que vous pensez, là. Mais, de votre côté, j'espère que vous n'allez pas... Comme Conseil du
patronat, j'espère que vous êtes d'accord que le monde municipal
continue à occuper au moins le champ de juridiction actuel, qu'on ne leur
enlève pas de pouvoirs qu'ils ont en vertu notamment de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme.
Le Président (M.
Morin) : M. Dorval, un effort : 35 secondes pour
répondre.
M. Dorval (Yves-Thomas) : Ça va être plus bref que ça. Je pense que la
question s'adresse plus au ministre qu'à nous, parce qu'honnêtement on
ne s'est pas prononcés directement sur un détail comme... sur celui-là, par
exemple, les carrières, et ainsi de suite. Je vais laisser la discussion entre
vous sur cette question.
Le Président (M.
Morin) : Merci, M. Dorval. Ça va, M. le député de Gaspé? Il
restait 10 secondes. Ça va?
M. Lelièvre :
C'est beau, ça conclut. Merci.
Le Président (M.
Morin) : O.K. On se dirige vers Saint-Hyacinthe. Mme la
députée.
Mme
Soucy : Merci, M. le Président. Bonjour. Vous mentionnez dans votre
mémoire plusieurs termes, puis je vais
vous en citer : «Ne contribue pas à alourdir les obligations déjà denses
et fastidieuses pour les promoteurs». Vous revenez souvent avec ces termes. Voyez-vous un quelconque allègement
dans le livre vert présenté versus le processus actuel ou on pourrait
l'améliorer davantage pour l'alléger encore plus?
M. Dorval (Yves-Thomas) : M. le Président, l'intention du livre vert — puis le ministre l'a communiquée dès
le début en réponse à notre
intervention — c'est
d'alléger le processus. Le CPQ, on a quatre grandes priorités que les
membres nous ont confiées, et il y en a deux qui sont directement concernées
par ici, et l'une de celles-là, c'est l'allègement réglementaire, faire en sorte d'avoir une réglementation qui vise des
objectifs de résultat plutôt que des processus et des moyens, donc
éliminer le plus possible ce qui demeure de la procédurite pour s'en aller le
plus possible à l'atteinte d'objectifs de
résultat. La quatrième orientation, c'est sur l'économie durable. Donc, vous
comprendrez que ça inclut les ressources naturelles.
Alors, dans votre
question, on pense qu'il y a un potentiel d'allègement réglementaire et, en
particulier, de prévisibilité, ce qui est
très important pour les entrepreneurs et les entreprises. Par contre, ce qu'on
dit aussi, c'est qu'il existe déjà
beaucoup de choses autour, hein? On a parlé des autorisations au niveau de
l'environnement, au niveau municipal, on pourrait en rajouter, là, au niveau du territoire agricole, et ainsi de
suite. Donc, il y a beaucoup de mécanismes d'autorisation.
Évidemment, ce qu'on
ne voudrait pas dans tout ça, c'est que la bonne intention qui est manifestée
ici soit confrontée à de la duplication avec
d'autre chose qui existe ou à une confusion, d'une part, ou, d'autre part,
d'avoir des processus en parallèle,
alors que, dans le fond, l'objectif, on le comprend : quand on parle d'un
guichet unique, là, ça le dit en soi, là, hein? C'est de s'en aller vers
un processus qui soit simplifié.
Alors,
pour nous, on pense que, dans la proposition qui est devant nous, on a des intentions d'allègement, mais
c'est dans les actions et dans
l'implantation... On est dans un livre vert actuellement, on n'est pas
dans un projet de loi, et nous, on intervient, quand on parle de réglementation, beaucoup quand on arrive dans les projets de législation
ou de réglementation, pour
dire : Oups! Là, on en rajoute. Vous savez, le gouvernement s'est donné un mécanisme qui s'appelle le cran d'arrêt, au niveau
des finances publiques des programmes. J'espère que le cran d'arrêt existe aussi au niveau
de la réglementation. Je veux dire,
quand on fait une nouvelle réglementation qui est bonne, il faut en éliminer d'autres à
côté pour ne pas qu'on surcharge l'ensemble des contribuables avec trop
de réglementation.
Le Président (M.
Morin) : Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme
Soucy : Merci, M. le Président. Donc, on retient que l'intention, elle est là mais qu'il y a encore
place à l'amélioration, là, pour s'assurer que l'allègement va se
continuer. Merci, je n'ai pas d'autre...
M. Dorval
(Yves-Thomas) : C'est intéressant, M. le Président, parce qu'on a dit dans notre mémoire qu'au niveau de l'acceptabilité sociale tout
projet est perfectible, ainsi que celui d'un livre vert.
Le
Président (M. Morin) : MM. Dorval et Laplatte, du Conseil du
patronat du Québec, merci, bon retour à la maison.
Et, compte tenu que
nous nous revoyons à 19 h 30, je suspends les travaux.
(Suspension de la séance à
18 h 16)
(Reprise à 19 h 33)
Le
Président (M. Iracà) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. Je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires.
Nous
allons poursuivre les auditions publiques sur le livre vert intitulé Orientations du ministère de
l'Énergie et des Ressources naturelles en
matière d'acceptabilité sociale.
Nous entendrons ce soir Transfert Environnement et société et Raymond
Chabot Grant Thornton, ainsi que le Regroupement national des conseils
régionaux de l'environnement du Québec.
Je
souhaite la bienvenue à nos invités. Merci de vous être déplacés ce soir à
l'Assemblée nationale. Pour des fins d'enregistrement,
je vous demande de bien vouloir vous présenter. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre
exposé. Par la suite, nous procéderons à la période d'échange avec les membres
de la commission. Alors, madame monsieur, la parole est à vous.
Transfert Environnement et société inc. (TES) et
Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT)
Mme Gélinas(Johanne) : Merci
beaucoup. M. le Président, M. le ministre, membres de l'Assemblée nationale, M.
Charland, bonsoir et merci de votre invitation. Mon nom est Johanne Gélinas, je
suis associée chez Raymond Chabot Grant Thornton, et je suis accompagnée
ce soir d'André Delisle, que je vais laisser se présenter.
M. Delisle
(André) : Bonsoir. Merci de l'invitation. Alors, je suis de Transfert Environnement
et société, associé fondateur, conseiller senior aujourd'hui.
Pour ceux qui ne le
savent pas, Transfert Environnement et société est une firme de consultants qui
intervient directement dans les dossiers d'acceptabilité sociale depuis 20,
25 ans, même avant que le mot existe. Donc, on fait les mandats en participation
publique, relations communautaires, impacts sociaux, stratégies sociales.
Mme Gélinas
(Johanne) : Et Raymond Chabot Grant Thornton, au-delà de ses
comptables, a une pratique similaire à celle
de Transfert Environnement. Donc, nous, André et moi, avons été mandatés il y a
près d'un an et demi maintenant pour amorcer le processus de consultation en lien avec l'aboutissement qui est le livre vert qui est à
l'étude aujourd'hui. André et moi sommes deux anciens commissaires du
BAPE. Ensemble, nous cumulons 70 ans d'expérience en environnement,
consultations publiques et acceptabilité sociale. Si vous divisez par deux,
vous avez notre âge.
Nous
n'avons pas l'intention de commenter le livre vert lui-même
parce qu'on a contribué à sa mise en oeuvre. Mais ce qu'on aimerait faire avec vous ce soir,
c'est de prendre quelques minutes pour aborder certains points qui
nous apparaissent importants, qu'on a
entendus dans le cadre de la commission
parlementaire, qu'on a suivie avec
beaucoup d'intérêt, et aussi certains points qui ont été moins abordés mais
pour lesquels on aimerait attirer votre attention.
Donc,
tout d'abord, un mot sur la consultation. C'est un processus de consultation qui était ouvert,
inclusif, avec une importante composante régionale. On a fait le tour du
Québec. Les citoyens qu'on a rencontrés et les groupes sont venus parler beaucoup au je. Qu'est-ce que ça veut
dire? C'est qu'ils ont parlé sur la base de leur expérience personnelle.
Et pourquoi je le signale? C'est que, dans
l'exercice que vous faites et le rapport qui en émanera, il faut se rappeler
que le citoyen est au coeur de la démarche d'acceptabilité sociale. On
parle principalement de projets qui sont au coeur des communautés, et les communautés sont constituées d'individus. Et, en
parlant de communautés, il y a très certainement un rôle important à considérer pour les municipalités, qui se sont
exprimées dans toutes les régions que nous avons visitées.
M. Delisle (André) : Notre mandat, dans le cadre
du Chantier de l'acceptabilité sociale, ça a été d'abord de faire un diagnostic interne des pratiques relatives à
l'acceptabilité sociale au ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles. Après quoi, nous avons fait la
consultation dont Johanne vient de parler, consultation des parties prenantes,
des citoyens, des élus dans toutes
les régions du Québec, pour avoir leurs réflexions et leurs suggestions sur le
dossier de l'acceptabilité sociale, ce qui a donné lieu à un rapport
dans lequel il y avait des pistes d'action et de réflexion qui ont servi pour
la préparation du livre vert.
Trois
points saillants qui ont ressorti de ces consultations. Premièrement,
l'acceptabilité sociale, c'est perçu non pas comme une finalité, une
notion mesurable, et tout, mais plutôt comme une démarche et un processus qui
aboutit sur des constats.
Une
chose qui nous a été répétée souvent, c'est que les processus d'acceptabilité
sociale ne devaient pas être des processus
de vente sous pression de projets, mais bien des processus pour échanger sur
les projets, et que la possibilité, dans la démarche, devait être
préservée pour les citoyens et les communautés de refuser des projets qui
passaient dans la procédure ou dans le processus d'acceptabilité sociale.
Une
chose qui est revenue très souvent, à peu près systématiquement aussi, lors des
consultations, c'est le rôle important du ministère du Développement
durable, Environnement, Lutte aux changements climatiques dans tout processus
d'acceptabilité sociale qui porte sur l'énergie et les ressources naturelles.
• (19 h 40) •
Mme
Gélinas (Johanne) : Donc,
l'acceptabilité sociale, c'est le résultat d'une réflexion collective sur un
sujet ou un projet donné, principalement un projet, qu'on a été à même de
constater. Le processus, quel qu'il soit, c'est l'outil d'encadrement de la réflexion. Et la décision, en démocratie, appartient
ultimement aux élus. Ce qu'on nous a dit, dans toutes les régions du
Québec, c'est que les élus doivent venir expliquer leur décision suite à la
prise de décision par rapport à un projet.
Et ça
explique, entre autres... J'ai entendu beaucoup parler, dans le cadre de votre
commission, de la définition de l'acceptabilité
sociale. Ce que les gens sont venus nous dire, c'est qu'ils ne revendiquent pas
une définition formelle, ils ne cherchent
pas non plus à avoir des processus très structurés. Ce qu'on a entendu, c'est
qu'ils veulent une démarche qui soit relativement
souple, flexible, intelligente et qui s'adapte aux réalités des projets et des
communautés d'accueil. Donc, on ne veut
pas de pense-bête, on ne veut pas d'aide-mémoire, on ne veut pas, en bon
français, des «checklists». Ce qu'on veut surtout, c'est des lignes directrices, des principes de base qui vont
guider le gouvernement dans son approche, et une forme d'encadrement. En ce qui concerne l'encadrement, les gens souhaitent que le gouvernement joue un rôle dans l'appréciation de la démarche qui est mise de
l'avant par les promoteurs, ce qu'on appellerait, en entreprise, un contrôle de
qualité de la démarche.
Un autre
élément qui est ressorti aussi et dont vous avez largement entendu parler dans le cadre de votre commission, c'est le rôle dévolu soit à ce qu'on a appelé
des comités de liaison, des comités de voisinage, des comités de suivi. En fait, pour résumer ce que nous, on a
entendu, c'est que les gens souhaitent avoir un espace public d'échange
qui soit structuré, donc qui permette des échanges cordiaux, et ça, dès le
début d'un projet.
Alors, il y a
trois éléments dans cette structuration d'un espace d'échange. Les gens veulent
être en mesure de pouvoir sonder l'intérêt pour un projet, donc
connaître un peu, au niveau des balbutiements, quel type de projet que c'est puis est-ce que ça vient s'inscrire
avec les orientations de développement
régional, à titre d'exemple. Ils
veulent par la suite contribuer à la bonification du projet. Donc,
vous avez sûrement entendu fréquemment parler de la coconstruction. Mais c'est quoi? C'est travailler avec le promoteur et les autres parties prenantes à la bonification
et bâtir, le cas échéant, sur la longue durée, l'acceptabilité sociale.
Quand on parle
d'un projet qui a été accepté puis qui a été construit, en exploitation, c'est
là qu'on change un peu de vocables,
et on parle des comités de suivi ou des comités de bon voisinage, qui pour l'essentiel sont l'interface entre le promoteur et la communauté pour s'assurer que,
dans l'exploitation d'un projet quelconque, il y a une harmonisation.
Concernant
les points qui ont été moins discutés, on en retient deux. Je vais vous présenter le premier, et
André prendra le relais. C'est la prise en compte du partage des bénéfices et
de la compensation pour les impacts dans une démarche
qui se veut ouverte et transparente. En fait, on a distingué trois
éléments dans ce qui était présenté
par les gens, qui n'utilisaient pas nécessairement ce vocable que je
vais vous présenter, mais l'essentiel était là : la compensation, la
notion de compensation qui s'adresse aux individus qui vont vivre les impacts
au premier chef...
Le
Président (M. Iracà) : Mme Gélinas, simplement pour laisser
savoir, il vous reste à peu près deux minutes. Alors, je le dis aussi
pour votre collègue.
Mme
Gélinas (Johanne) :
... — on n'en
a pas besoin de plus — les bénéfices, qui est l'avantage que va retirer une communauté, et les redevances, qui sont le
principe de redistribution de la richesse à l'ensemble de la collectivité
québécoise.
M. Delisle
(André) : Il y a un autre
point qui n'a pas été beaucoup développé lors de la commission, c'est
celui de l'importance de la planification du territoire. Le travail qu'on a
fait a porté beaucoup sur la place de la planification du territoire dans le processus de débat ou d'élaboration et
d'évaluation des projets. La planification du territoire arrive en amont et apporte un cadre pour harmoniser les
usages ou pour concilier les usages et l'occupation du territoire. C'est
très important, cette étape-là, pour arriver
à l'étape d'examen des projets, et qu'on a déjà certains choix de société,
certains choix de communautés qui ont été faits
sur qu'est-ce qui peut être fait sur un territoire, et ça, ça n'a pas été
beaucoup mentionné, je pense, dans le cadre de la commission.
S'il me reste du temps, on a peut-être deux
observations rapides.
Le Président (M. Iracà) : Oui.
Allez-y.
M. Delisle
(André) : Ça va? Il y a une
chose qui est ressortie énormément et que nous, on veut attirer
l'attention de la commission là-dessus : c'est très important d'arrimer,
de coordonner les différents ministères dans ce processus ou dans cette approche du gouvernement sur l'acceptabilité sociale. Il
faut absolument avoir une approche
intégrée. Parce que plusieurs ministères sont présents. Personnellement,
j'ai eu à participer au chantier du ministère du Développement durable
sur la modernisation de la Loi de la qualité de l'environnement, et cette
thématique-là, ce dossier-là était abordé aussi par un autre ministère,
mais aussi le ministère de la Santé et le ministère des Transports.
Le Président (M. Iracà) : Alors,
merci, M. Delisle. À moins que, M. le ministre, là, si vous êtes...
M.
Arcand : Bien,
s'ils veulent conclure, on peut...
Le Président (M.
Iracà) : Si vous voulez conclure, là, une minute, là.
M. Delisle (André) : Bon, c'est pour
conclure.
Le Président (M. Iracà) : Allez-y,
allez-y.
M. Delisle (André) : La deuxième
observation...
Le Président (M. Iracà) : Sur le
temps du ministre, oui.
M. Delisle
(André) : Deuxième
observation — merci,
M. le ministre — deuxième
observation, c'est sur le bureau d'analyse
économique des projets. Je pense que c'est une des suggestions, une des
orientations du livre blanc. Oui, un bureau
comme ça qui soit indépendant, mais
transversal au niveau interministériel, ce ne serait peut-être
pas une bonne idée qu'il dépende seulement du ministère de l'Énergie,
Ressources naturelles, et qui, pour nous, devrait arriver avant le BAPE. Mais
il ne faudrait pas que ça ait comme conséquence d'enlever au BAPE le mandat
d'examiner les enjeux économiques d'un projet dans une perspective de
développement durable, puisque, dans cette perspective-là, on doit examiner les
enjeux économiques, environnementaux et sociaux.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. Delisle, Mme Gélinas. Nous
allons procéder présentement à la période d'échange avec la partie
gouvernementale. Alors, je passe directement la parole à M. le ministre.
M.
Arcand : Mme Gélinas, M.
Delisle, merci infiniment. D'abord, félicitations pour le travail. Je pense que
le livre vert, en tout cas, a suscité beaucoup d'intérêts et je pense qu'il y a
eu un travail très important qui a été accompli, surtout que le sujet n'est quand même pas facile, ce sont des notions
qui sont toujours un peu difficiles à définir de ce côté-là.
Et, moi, ma première question touche évidemment
la planification du territoire. Parce que, s'il y a un enjeu actuellement qui semble être très important, c'est
toute cette question-là, les municipalités veulent avoir plus de
pouvoir pour pouvoir le définir. Ce que j'ai vu, moi, au niveau des ministères,
c'est que très souvent on parle de... je vois des définitions. C'est indiqué, par exemple : 80 % du territoire
d'usages multiples. Ce n'est pas très, très... ce n'est pas très défini. Et ce sont des discussions entre
différents ministères, des MRC, mais ça se fait assez en circuit fermé, je
dirais.
Alors, ma
question, c'est : Comment vous voyez l'évolution de ça? Est-ce qu'il y a
des choses qu'on peut faire, comme
ministère, qui permettraient une meilleure planification du territoire? Selon
ce que vous avez entendu ou selon votre propre expertise, est-ce que
vous avez quelques idées là-dessus?
Mme Gélinas (Johanne) : Deux points,
rapidement. Il faut de toute évidence élargir la participation dans le
processus de planification du territoire au-delà de la clientèle naturelle du
MERN. Et l'autre élément, c'est qu'il faut que
les citoyens comprennent que, s'ils ne participent pas en amont à cet
exercice-là, bien, ils vont se retrouver avec des choix qui ont été faits, qui pourraient avoir un
impact sur les types de projets qu'ils ne veulent pas nécessairement
avoir sur leur territoire. André.
M. Delisle
(André) : Vous savez, une
grande partie des conflits qui arrivent sur des projets, souvent c'est
parce que le projet ne respecte pas le plan
d'aménagement du territoire, soit-il provincial ou soit-il régional ou
municipal. Alors, bien sûr, il faut rendre le processus plus ouvert,
plus transparent, plus axé sur les choix des communautés locales pour que l'ensemble des intervenants sachent si leurs
projets s'inscrivent dans la planification du territoire et qu'à partir de là
les chances qu'il y ait des conflits soient beaucoup minimisées.
M.
Arcand : C'est juste que,
quand on regarde la situation, éventuellement il va falloir définir un peu plus
ce que j'appelle les milieux humides,
une meilleure planification du territoire. À un moment donné, vous avez les tenants
de ceux qui disent que ça devrait être assez flexible, parce qu'on ne
veut pas que ce soit éminemment rigide, mais en même temps les gens veulent savoir. Puis aujourd'hui je discutais aussi de
toute la question des carrières et des sablières, des gens qui vont se
construire à côté puis qui ne sont pas contents parce qu'à un moment donné il y
a une exploitation puis... Alors, je ne sais pas jusqu'à quel point il faut
préciser, jusqu'où il faut préciser au niveau de l'utilisation du territoire.
Mme Gélinas
(Johanne) : Chose certaine,
il va falloir changer de vocabulaire, parce que, lorsqu'on dit qu'un
secteur permet des usages multiples, j'en suis, mais encore faut-il expliquer
qu'est-ce que ça sous-tend, des usages multiples,
pour que les gens comprennent ce que ça implique, et qu'ils soient en mesure de
porter un jugement s'ils veulent ce
genre d'usages sur leur territoire ou non, et qu'ils n'arrivent pas avec les
surprises qu'un projet industriel quelconque était prévu depuis belle
lurette sur un territoire, mais on n'en avait jamais compris les tenants et
aboutissants.
M.
Arcand : D'accord. Est-ce
qu'il y a eu une définition ou vous avez entendu ou vous avez une définition
sur ce qu'est un projet majeur? Est-ce qu'il
y a une définition par rapport à ça? Parce qu'il y a quand même plusieurs
projets qui existent. Je pense que tout le
monde reconnaît que des projets comme Énergie Est, c'est assez majeur comme
projet, on peut dire. Mais à quel
moment on arrête ou on trace la ligne? Est-ce qu'à travers les consultations
que vous avez faites il y a eu quelque chose de plus précis là-dessus?
• (19 h 50) •
M.
Delisle (André) : Ce ne sera
pas une réponse à votre question, malheureusement. Souvent, de l'acceptabilité sociale... Tout projet est important.
Ce n'est pas une question de grosseur, c'est une question
d'enjeu et de préoccupation locale.
Ce qui fait que, dans les processus qui sont proposés, soit par le ministère de l'Énergie, Ressources naturelles,
soit par le ministère, on essaie de développer
des processus de participation, d'évaluation, d'information publique qui
s'appliquent à l'ensemble des projets, étant entendu que, ce qui est défini
comme un projet majeur selon la législation, la Loi de la qualité de
l'environnement, il y a des seuils d'établis. Mais moi, je pense que le progrès
par rapport au processus d'acceptabilité, à
tout ce chantier, toute cette activité autour de la notion d'acceptabilité
sociale, c'est que c'est considéré comme
s'étendre à l'ensemble des activités, des projets. On est ici en
Énergie, Ressources naturelles, mais ça va aussi pour les projets
d'aménagement urbain, les transports.
M.
Arcand : Donc, on n'a pas intérêt nécessairement à diviser grands, petits projets puis de tracer une ligne. Tout
dépend de la sensibilité du milieu, d'après ce que vous me dites.
M. Delisle
(André) : C'est parce que,
souvent, des petits projets font des grands conflits et des grandes
crises sociales. Petits projets selon les
définitions des réglementations, comme par
exemple celle sur la procédure
d'évaluation environnementale.
M.
Arcand : Vous avez dit que les gens vous ont dit : Écoutez,
c'est très important qu'il y ait un BAPE, hein, que le ministère
de l'Environnement doit jouer un rôle important. Est-ce que l'idée que le ministère
des Ressources naturelles... Puis je
comprends très bien le message que vous avez également lancé, qu'il faut que le
ministère des Finances, que les Affaires municipales, à l'intérieur
d'une évaluation économique, là, soient impliqués, là, tout le monde a bien compris ça également. Mais est-ce que ce rôle qui
est dévolu au ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles pour participer d'abord à une coordination au niveau
des projets et à être, si on veut... donner, si on veut, le lead, si vous
me permettez l'expression, en matière
économique, est-ce que c'est quelque chose qui vous est apparu un besoin
absolument important au niveau de la population?
Mme
Gélinas (Johanne) : Un
premier point sur les études économiques. On a entendu à plusieurs reprises
que ce serait bon d'avoir un organisme
indépendant, quel qu'il soit, là, qui ferait les études économiques, parce que
le BAPE n'a pas nécessairement toute
l'expertise pour faire ce travail-là. On l'a entendu assez régulièrement. Si
vous me permettez juste de revenir
sur les grands puis les plus petits projets, au niveau de l'acceptabilité
sociale, il n'y a pas de grands puis de petits, mais, au niveau de la procédure, il va falloir penser à des
procédures très certainement allégées, qui vont permettre de considérer des plus petits projets, avec tout le
respect et la rigueur que ça demande, et des plus gros projets, avec la
machine qu'on a déjà actuellement, qui est, entre autres, le BAPE pour la fin
de vie de l'étude, si on veut.
M. Delisle
(André) : Une chose qui m'a
frappé sur cette question-là, parce que j'ai participé à la fois sur le
Chantier de l'acceptabilité sociale et
celui, je le disais tout à l'heure, de la modernisation de législations
environnementales, c'est que, dans
ces deux démarches-là, un processus s'appliquant aux petits projets était
développé, d'un côté, par le ministère de l'Énergie, Ressources
naturelles, de l'autre côté... et c'était deux processus différents. Moi, ça
m'apparaissait contre-productif. C'est pour
ça qu'on a insisté dans nos observations sur l'importance qu'au moins le
ministère de l'Énergie et le ministère de l'Environnement travaillent
conjointement. Maintenant, la porte d'entrée, puis c'est ça qui est un peu l'orientation du livre vert, que ce soit le
ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles... Je pense qu'on a vu
dans le diagnostic que les projets de ressources naturelles et d'énergie
arrivent d'abord au ministère de l'Énergie, Ressources naturelles. Alors, c'est
un peu normal que ce soit la porte d'entrée. Pour que ça devienne la porte
d'entrée unique, ça demande un gros arrimage avec le ministère de
l'Environnement.
M.
Arcand : D'accord.
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
le ministre. Alors, je vais passer immédiatement la parole au député
d'Abitibi-Est.
M.
Bourgeois : Merci, M. le Président. M. Delisle, Mme Gélinas, moi, je
vais faire un petit peu plus de pouce sur ce que vous venez d'amener là et je vais l'amener dans une réalité très
concrète, par exemple dans les projets miniers, où il y a eu des normes
qui ont été modifiées pour diminuer le nombre de tonnes par jour traitées, qui
fait en sorte que maintenant on est obligés
à un processus pour, exemple, une exploitation de 3 000 tonnes par
jour, puis qu'on n'avait pas auparavant.
Et, quand on le regarde, ce que ça a comme impact, c'est que souvent ces
projets-là, c'est des petits projets — tout est relatif, là, on va s'entendre, dans le monde minier — et qui ont une durée de vie parfois de trois
ou quatre ans. Et, si on enclenche
des processus très lourds, la viabilité économique de ces projets-là, et tout
ce que ça engendre, est remise en cause.
Comment on fait l'équilibre là-dedans? Comment on départit? Parce que, là, je
vous parle d'exemples miniers, mais on pourrait l'appliquer dans
plusieurs projets, dans d'autres secteurs. Qui pourrait être l'arbitre
là-dedans? Qui pourrait venir conseiller?
Mme Gélinas (Johanne) : Déjà, si on va de l'avant avec la modernisation
de l'évaluation environnementale de la Loi
sur la qualité de l'environnement, on devrait pouvoir créer de l'efficacité, de
l'optimisation de l'efficience. On fait les petits projets parce que les petits projets sont considérés aussi avoir
des impacts environnementaux importants. C'est au ministère de l'Environnement de définir c'est
quoi, les exigences de l'étude d'impact. Actuellement, on a des
directives, c'est les mêmes pour tout le
monde. Donc, dans la révision puis l'exercice de modernisation, ça devrait être
adressé, ce point-là.
Et,
si vous me permettez, je vais en ajouter un troisième pour complexifier un peu
la situation. On parle des petits projets,
des gros projets au Québec, ajoutez à ça, notamment dans les projets miniers
auxquels vous faites référence, la procédure
fédérale. Donc, il faut s'assurer qu'au Québec, au moins, si on garde nos
obligations légales et réglementaires, on bâtisse de l'efficacité puis de l'efficience au niveau des
chevauchements et au niveau aussi de la complémentarité. Dans mon esprit, il n'y a pas de raison qu'il y ait
deux procédures en parallèle, alors qu'on pourrait travailler ensemble, en
faire une, puis aller chercher le meilleur
de tout le monde dans l'exercice. Parce que ça coûte cher aux promoteurs. Mais
il ne faut pas oublier que les
citoyens puis les groupes qui viennent en audiences publiques, qui préparent
des dossiers, ils doivent le faire pour deux instances.
Donc,
essayons de voir comment on peut bâtir de l'efficience et de l'efficacité à partir
de la réflexion qu'on fait, où ce
qu'on veut à la fin de la journée, c'est avoir des projets qui font
l'unanimité, qui sont reconnus et qui vont continuer à créer de la
richesse au Québec, mais selon des concepts et des principes qui seront
respectés de tous.
M.
Bourgeois : Une des choses importantes dans le livre vert et qui vient
des demandes des populations concernées, et
ça répond en partie à votre question, c'est d'y aller avec un processus
participatif informatif en amont, amont, amont. Alors, ça allait bien avant les petits projets miniers dont vous
nous parlez. Les gens voudraient avoir leur mot à dire ou au moins être informés et pouvoir réagir même
dans les projets d'exploration qui sont encore plus petits que les
petits projets miniers. Et les gens
disaient : Il faudrait avoir un processus d'information-rétroaction même
dans les décisions antérieures à
l'arrivée d'une firme d'exploration sur le terrain, c'est-à-dire quand le
ministère délivre un claim ou accepte
un bail, même sur ces décisions-là, les gens aimeraient ça. Si ça se faisait en
amont, peut-être que ça serait plus simple et plus rapide quand on
arrive au projet en aval.
Combien de temps
encore?
Le Président (M.
Iracà) : Il vous reste une minute, monsieur.
M.
Bourgeois : Bon, rapidement. Dans la notion des... on a posé la
question à plusieurs acteurs : Qui devrait être priorisé dans le processus quand on veut dire
qu'on respecte, dans le fond, l'acceptabilité sociale d'un projet, mais en
lien avec le milieu? Quel est-il, ce milieu-là? Quel est ce milieu-là qu'on
devrait privilégier?
Mme Gélinas (Johanne) : Je vais dire une seule phrase — je vais laisser André prendre le
relais : Il faut penser à ceux
qui vivent avec les impacts du projet à la base. C'est eux qui composent au
quotidien avec la réalité d'un projet qui a cours sur un territoire.
André va compléter.
• (20 heures) •
M. Delisle (André) : Et c'est la question difficile parce qu'effectivement, sur plusieurs
projets, il y a des choix sociaux
préalables, et ça arrive quand on commence à discuter de la justification du
projet. Il y aurait moins de problèmes entre les collectivités locales
et les organismes, disons, nationaux s'il y avait plus de processus qui interviennent en amont des projets. On parle des
audiences génériques, on parle des évaluations, le ministère l'a fait dans le cadre des hydrocarbures. C'est
là que se fait la discussion sur l'acceptabilité sociale des grands enjeux, des
grands choix sociaux. Et, si ça, c'est fait, quand on arrive par après
dans les projets, c'est beaucoup plus facile, et il y a moins de collision ou
de confrontation entre les acteurs locaux et les acteurs nationaux.
Le Président (M.
Iracà) : Merci beaucoup, M. Delisle. Ceci met fin à la période
d'échange avec la partie gouvernementale.
Maintenant, vous avez une période d'échange avec l'opposition officielle, et je
vais céder la parole au député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci, M. le Président. Donc, si je comprends bien, d'entrée de jeu,
vous ne voulez pas commenter les différentes orientations du livre vert
puisque vous y avez contribué. Dans ce cas-là, j'aurais peut-être d'autres questions sur la méthode dont vous avez pris pour
arriver à cette consultation-là. La première, vous avez mentionné que vous avez fait le tour du Québec, et je vois, bon,
Montréal, Québec, Sept-Îles, Rouyn, Gaspé : Est-ce qu'il y a eu
d'autres villes que vous avez visitées ou
c'est seulement ces villes-là? Si c'est ça, pourquoi vous avez arrêté ce
choix-là et non pas aller au Bas-Saint-Laurent, Montérégie ou à Gaspé?
Première question.
Et,
la deuxième, vous avez notamment rencontré des communautés autochtones, dont
les nations huronnes, cries de
Wendake et Mistissini, et non pas des communautés innues, qui sont
majoritairement, présentement, en territoire Côte-Nord, avec lesquelles plusieurs projets miniers
ont eu à être discutés ou débattus, disons-le comme ça. Alors,
j'aimerais comprendre sur quel pas vous avez
arrêté les enjeux territoriaux pour visiter telles villes et pourquoi telles
communautés versus les autres.
Mme Gélinas (Johanne) : Alors, une partie des réponses pourraient être
obtenues par le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, mais, à la base, on avait une enveloppe
budgétaire, on a travaillé en collaboration pour essayer d'être le plus inclusifs possible. Donc,
initialement, on a commencé avec les régions Montréal, Québec, et on a
proposé d'élargir l'exercice pour couvrir des régions. On a essayé de couvrir
les régions où il y avait des enjeux particuliers reliés aux ressources naturelles, d'où les choix qui ont été faits. Par
la suite — André,
tu pourras compléter — pour les communautés autochtones, les
communautés cries qu'on a rencontrées à Mistissini, c'est à leur demande, et on
avait aussi identifié des communautés qui avaient vécu des enjeux
d'acceptabilité sociale, notamment la communauté de Wendake, ici, dans la
région de Québec.
M. Ouellet :
...les communautés innues de Pessamit, Essipit ou Mashteuiatsh... pas
Mashteuiatsh, pardon, mais
d'Uashat-Maliotenam ont été dans votre horizon parce que vous vous êtes
présentés à Sept-Îles, vous avez rencontré des gens de Sept-Îles.
Donc, ma question est : Avez-vous pu rencontrer aussi des communautés
innues?
Mme Gélinas (Johanne) : Sur ce point, j'ajouterais, et merci de le
mentionner, l'invitation était ouverte à tous. On a eu — parce
que c'est moi qui ai fait la rencontre de Sept-Îles — des représentants notamment de Malieutenash,
mais je ne voudrais pas insister là-dessus,
mais il me semble que c'est cette communauté-là, et la personne s'est retirée
disant qu'éventuellement il y aurait peut-être des rencontres plus
spécifiquement avec les communautés autochtones en particulier. Je ne
pourrais pas vous en dire plus.
M. Ouellet : Dans votre allocution, vous avez mentionné que, lors des consultations, les gens parlaient beaucoup du je, donc, quand ils étaient assis à votre table, ils parlaient de ce
qu'ils vivaient. Est-ce que, dans ce que vous avez entendu, vous avez
entendu aussi les populations locales parler de cette interférence, des fois,
qui est causée par des gens de l'extérieur
qui viennent venir se mettre dans la joute publique, pour un enjeu ou un autre,
au nom et au su d'une cause qui est plus nationale, et qui viennent
intervenir directement, sans dire pervertir, mais ils viennent intervenir directement
sur les enjeux locaux?
M. Delisle (André) : C'est un peu ce que je disais tout
à l'heure, on a cette dynamique ou
cette polarisation entre les populations
locales et les grands organismes nationaux, pas seulement dans la consultation sur l'acceptabilité sociale, c'est
là à peu près dans tous les projets. Et, quand, je dirais, le
promoteur accepte que les intervenants, quels qu'ils soient, quel que soit leur niveau d'intervention, ont une
place, ont un mot à dire, le débat se passe assez bien, et le conflit se
règle de soi. On fait des consultations, nous, sur des projets miniers, par exemple, ou des projets
énergétiques, et les organismes nationaux
sont invités à venir présenter leur position, présenter leurs intérêts,
leurs opinions sur les projets. Et, quand le processus se passe bien, les
gens locaux sont prêts à l'écouter. La réputation, ça s'est fait beaucoup
sur les débats, sur les projets miniers, des gens des mines, des régions
minières et les gens du Plateau à Montréal, pour le nommer. C'est un peu
caricatural.
Les
organismes nationaux, aussi, ce qu'on voit, nous, dans les consultations, ils essaient de se faire représenter par des gens des régions, que ce soient les grands groupes
environnementaux, les associations
minières, associations de développement
énergétique. Ils sont prudents, et souvent ils savent la sensibilité locale par
rapport à ça, et ils envoient des gens qui sont connus sur place mais
qui font partie de ces grands organismes.
Mme Gélinas (Johanne) : Et j'ajouterais qu'on parle beaucoup des groupes
nationaux plus particulièrement en référence à des groupes environnementaux
souvent, mais ce n'est pas différent de l'Association minière du Québec qui vient parler au nom de son regroupement, qui est plus à caractère national, ou encore la Fédération
des chambres de commerce. Ils
viennent parler au nom de leurs membres, et souvent leurs membres en régions
vont aussi venir exprimer leurs points de vue. Et ça a toujours été. Quand on était au BAPE, dans les
années 90, les nationaux venaient, les régionaux venaient, les
locaux venaient, puis on reprenait tout ce qu'on avait entendu, puis on se
faisait une tête là-dessus, puis on faisait rapport.
Donc,
c'est un lieu de débat, on l'a dit, c'est un lieu de débat, c'est un lieu
d'échange, tout le monde a le droit au chapitre, mais on s'entend
que les gens ne sont pas tous affectés de la même façon.
M. Ouellet : Selon vous, parce que ces groupes nationaux là sont structurés,
organisés et ont des moyens, est-ce qu'ils...
pas n'essaient pas, mais n'obtiennent pas, dans le cas du débat public, une
plus grande couverture ou une plus grande pénétration du message? Parce
que, si on les contrebalance avec une position citoyenne où est-ce que M., Mme Tout-le-monde n'a peut-être
pas tous les moyens, les recherchistes, les spécialistes pour approfondir ce
qu'ils croient être nécessaire ou
important d'être fait... Il n'y a pas là un déséquilibre entre une population
qui va vivre des préjudices mais obtenir des bénéfices sur son
territoire versus des organisations nationales qui cherchent un bénéfice mais
n'auront assurément pas tous les inconvénients de cette exploitation-là sur
leur territoire?
Le Président (M.
Bourgeois) : M. Delisle.
M. Delisle (André) : Oui. Moi, je dirais que, ce déséquilibre-là, moi, je ne le vois pas tellement,
parce que les organismes locaux, les
comités de citoyens, les groupes environnementaux locaux sont très
revendicateurs par rapport aux
instances nationales. Ils demandent d'être
appuyés, ils demandent même souvent des services et des budgets
du côté des organismes nationaux.
C'est vrai pour les organismes économiques,
comme Johanne le disait tout à l'heure, c'est vrai pour les organismes environnementaux. Et je peux dire
que, localement, l'impact des organismes et des groupes de pression locaux est très bien couvert au niveau des médias
locaux. Peut-être qu'au niveau de l'impact sur des grandes institutions comme l'Assemblée nationale... peut-être que ça a
moins de résonnance médiatique dans les grands médias, mais, au point de
vue local, les groupes locaux sont très bien couverts et appuyés dans leurs
actions.
M. Ouellet : ...temps, M. le
Président?
Le
Président (M. Bourgeois) : 1 min 20 s.
M. Ouellet : Rapidement, rétroaction, rétro-information,
qu'est-ce que vous avez entendu lors de vos consultations? Qu'est-ce que les citoyens demandent dans cette
rétroaction-là ou cette rétro-information et qu'est-ce qu'ils veulent
faire avec cette information-là?
Mme Gélinas (Johanne) : Bien, en fait, vous connaissez le processus, les
gens viennent s'exprimer, par la suite, si c'est un projet qui s'en va
au BAPE, à titre d'exemple, il va y avoir le rapport du BAPE, qui est public.
Il y a la recommandation du ministère, qui,
elle, n'est pas publique, ça s'en va pour une décision au Conseil des ministres.
Quelle que soit la décision, les gens
souhaitent de fermer la boucle, la rétroaction, pour qu'on vienne expliquer
pourquoi telle décision a été prise
et les conditions, exemple, qui vont être assorties au projet. Les communautés
veulent pouvoir se les faire expliquer, poser des questions puis
connaître la suite des choses.
M. Ouellet :
Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bourgeois) : 30 secondes. Ça va?
M. Ouellet :
Oui. Merci.
• (20 h 10) •
Le
Président (M. Bourgeois) : Merci. Nous allons maintenant passer avec
la députée de Saint-Hyacinthe, groupe de la deuxième opposition.
Mme
Soucy : Merci, M. le Président. Bonsoir, merci d'être ici. J'avais une
question qui allait dans le sens de mon collègue du Parti québécois, qui l'a posée, mais je voudrais juste revenir sur, justement,
les consultations publiques puis leur fonctionnement. Effectivement, on a l'impression que souvent les groupes environnementaux prennent beaucoup de place médiatiquement, puis souvent peut-être
qu'ils se font plus entendre, mais également sont souvent repris aussi par des partis politiques à l'Assemblée nationale. Alors, ça amplifie ou ça teinte peut-être encore
plus le message quand c'est repris systématiquement par un parti politique.
Mais vous avez raison, par exemple, de dire que souvent les groupes locaux sont
également entendus dans les médias, les médias locaux les couvrent aussi pas
mal.
J'ai deux questions,
une sous-question pour vous. L'Université du Québec à Chicoutimi a élaboré une
grille d'analyse de développement durable, et puis sous différents thèmes, différentes dimensions.
Croyez-vous à la pertinence, l'efficacité de ces grilles d'analyse? Est-ce
qu'elles sont efficaces? Est-ce qu'elles permettent vraiment de mettre un
pourcentage sur l'acceptabilité sociale?
Le Président (M.
Bourgeois) : M. Delisle.
M. Delisle (André) : Je vais y aller sur les grilles d'abord, mais je voudrais
revenir sur votre premier point. On utilise beaucoup ce type de grille
d'analyse dans les processus d'acceptabilité sociale pour mesurer le risque
social, mesurer l'ampleur des préoccupations qui vont s'exprimer. Il ne faut pas mélanger une grille d'analyse avec
une grille de mesures. Ces grilles-là
ne permettent pas de faire la mesure d'acceptabilité sociale. On s'en sert pour
voir qu'est-ce que c'est, le potentiel de résistance. Et à quoi ça
sert de mesurer le potentiel de résistance ou d'essayer de l'évaluer? Ça
sert à ajuster le processus de participation publique qu'on va mettre en place,
et ça, ça rejoint le premier point, la qualité du processus de participation est importante. Puis c'est pour ça qu'on parlait de contrôle de
qualité. Pour avoir un processus qui est
valide et valable, on doit tenir compte de la représentativité des
participants, du déséquilibre des moyens et des forces. C'est certain que les groupes nationaux ont plus
de moyens, mais, si on a un processus qui est bien fait, il va y avoir un équilibre qui va être permis dans la possibilité d'intervention, la possibilité d'information pour des organismes qui ont moins de moyens, et c'est comme ça que les choses
s'équilibrent au niveau de la... c'est sur la qualité des processus
de participation.
Le Président (M.
Bourgeois) : Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy :
O.K. Merci. Également, je voulais revenir sur si vous avez... Vous avez
répertorié, en fait, les listes des
documents consultés par secteurs. Comment les municipalités arrivent à faire
le tri là-dedans? Est-ce
qu'il y aurait une façon, je ne sais pas, une pédagogie à faire pour
que, systématiquement, ils puissent se retrouver dans ces lois et règlements, dans ces orientations, aussi,
stratégiques pour s'adresser au bon ministère, à consulter le bon règlement?
Parce que vous revenez souvent sur les mots
«efficience» et «efficacité» dans vos propos tantôt. Je pourrais résumer ça
par... bien, on pourrait dire : Bien,
il faudrait vraiment que le ministre des Ressources naturelles, mon collègue le
ministre Arcand, et le ministre
Heurtel s'assoient ensemble et s'entendent sur une façon de faire, hein, un
processus pour que les entreprises ne disent
pas... Parce que ça nous est rapporté, les entreprises disent : Bien,
parfois j'ai le feu vert du ministère des Ressources naturelles et, de l'autre côté, je peux recevoir
un avis d'arrêt du ministère de l'Environnement. Avez-vous une façon...
une recommandation? Pensez-vous que c'est possible de le faire?
Le Président (M.
Bourgeois) : Mme Gélinas.
Mme Gélinas (Johanne) : Ça va être plus court que ça. On a proposé
quelque chose de très simple, c'est un guichet unique pour les projets où l'ensemble de l'appareil gouvernemental se coordonne,
et, pour le citoyen, pour la municipalité, pour le promoteur, il y a un numéro de téléphone, une adresse, puis, quand ils
appellent, ils parlent à quelqu'un qui va les guider dans le cheminement pour obtenir leur information. On aura beau
faire l'encyclopédie, l'acceptabilité sociale, ça sera toujours
compliqué. Maman dirait : Fais simple. Bien, c'est une façon de faire
simple.
Mme
Soucy : Donc, inévitablement, il faut que les deux ministères
travaillent main dans la main, qu'ils trouvent un processus commun, puis
le tour est joué, on a simplifié les choses.
M. Delisle (André) : Ce serait déjà un premier pas, les deux ministères, mais, il ne faut
pas oublier, il y a d'autres ministères qui ont des pouvoirs
juridictionnels...
Mme Soucy :
Oui, bien, vous l'avez dit tantôt.
M. Delisle (André) : ...et qui ont une influence sur les décisions que le gouvernement prend
sur les projets. On pense au ministère de la Santé et...
Le
Président (M. Bourgeois) : Je vous remercie. Malheureusement, le temps
qui nous était alloué est terminé.
Et je vais suspendre
les travaux quelques instants, et j'invite le prochain groupe à prendre place.
(Suspension de la séance à
20 h 16)
(Reprise à 20 h 18)
Le
Président (M. Bourgeois) : Je souhaite la bienvenue à nos invités. Et,
pour les fins d'enregistrement, je vous demande de bien vouloir vous présenter. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour faire votre exposé. Par la suite, nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. La parole
est à vous.
Regroupement national des conseils régionaux
de l'environnement du Québec (RNCREQ)
M. Lessard (Guy) : Merci, M. le Président. Mon nom est Guy Lessard, je suis président du
Conseil régional de l'environnement
Chaudière-Appalaches; à ma gauche, Philippe Bourke, que vous connaissez sans
doute, qui est notre dynamique
directeur général au regroupement national; et, de l'autre côté, j'ai notre
nouveau directeur général, chez nous, dans Chaudière-Appalaches, Martin
Vaillancourt.
Alors, écoutez, je
vais mettre la table, puis je vais laisser Philippe vous développer — comme
il le fait merveilleusement bien — le reste de notre présentation. Alors, on
vient un petit peu comme en audition ce soir, et notre mémoire va suivre dans
quelques jours.
On
est dans une période d'effervescence en environnement au Québec, je ne sais pas
si vous le savez, alors, malgré qu'on
est bien organisés puis qu'on a beaucoup de ressources, comme je l'ai entendu
tout à l'heure, il y a quand même des petits
bémols à prendre en considération. Alors, c'est sûr que c'est un privilège,
hein, votre invitation de pouvoir venir vous donner notre opinion sur comment on devrait mettre en valeur le
territoire public et les ressources énergétiques du Québec. Notre objectif, évidemment, c'est de contribuer à
bonifier les travaux que vous faites déjà. Puis, les résultats, bon, on
les connaît. Ce que vous recherchez, on le
sait, c'est consigné dans le livre vert. Et, pour ce faire, bien, on ne peut
pas passer à côté de s'appuyer sur
notre expérience. Ça fait plus de 25 ans qu'on participe à des
consultations publiques, à peu près, sur les grands débats qu'on a connus au Québec, on était présents. Et
également, depuis surtout 2006, on s'approche de plus en plus au niveau de la mise en oeuvre de la Loi
sur le développement durable. Alors, c'est un petit peu notre approche.
• (20 h 20) •
Quand
on parle de la Loi sur le développement durable, à notre avis, ça fait de plus
en plus consensus. On vient de modifier
la stratégie, là, deuxième version de la stratégie. Même, présentement, on
participe aux audiences du BAPE sur
Énergie Est, sur le projet d'oléoduc,
et on voit l'évolution. La Loi sur le développement durable, c'est une loi
qui est en évolution.
Il y a des outils dans cette boîte à outils là, et on fait l'apprentissage de
les apprendre au fur et à
mesure, et l'acceptabilité sociale, c'est du même ordre.
Alors, les principes,
bien, je ne vous ferai pas lecture de tout ce dossier-là, j'imagine que vous
l'avez entendu plusieurs fois, mais c'est sûr que, dans un dossier comme
celui qui concerne votre ministère, les questions de santé et de qualité de vie, c'est présent, on ne peut pas contourner ça. La
participation puis l'engagement des communautés, vous en avez parlé, je pense, chaque fois que vous
avez rencontré des groupes. L'accès au savoir et également la subsidiarité,
ça, c'est des éléments à côté
desquels... qu'on soit au niveau de la gouvernance, au niveau de l'État,
qu'on soit au niveau des
promoteurs d'un projet ou qu'on soit au niveau de la communauté, des représentants
de la communauté, soit des organismes ou des citoyens, c'est des choses, à mon
avis, sur lesquelles on devrait être capables de s'entendre.
Dernier
petit commentaire là-dessus, on a beaucoup participé à la révision de la stratégie du développement durable, on est venus en commission
parlementaire. Elle a été adoptée en décembre dernier. J'aimerais vous rappeler
qu'il y a deux objectifs
en particulier qu'on devrait garder à l'esprit : l'objectif 1.3 qui dit que la stratégie vise à «favoriser l'adoption d'approches
de participation publique lors de l'établissement et de la mise en oeuvre des politiques
et des mesures gouvernementales». Après ça, l'autre, c'est l'objectif 6.3
qui propose de «soutenir la participation publique dans le développement
des collectivités».
Alors, pour les considérations générales, je
vais passer la parole à Philippe.
M. Bourke (Philippe) : Merci
beaucoup, Guy.
Le Président (M. Bourgeois) : M.
Bourke.
M. Bourke (Philippe) : Donc, oui. M. le ministre, messieurs dames
les députés, merci. Donc, première considération
générale, bon, évidemment, à
l'égard de la réflexion, on tenait absolument
à saluer l'initiative qui a été prise par le ministère de se pencher, en fait de faire une grande
réflexion sur cette question-là qui est très sensible, très d'actualité
et qui n'est pas sans conséquence. Et je
voudrais aussi saluer le processus qui a été choisi, le travail de fond, on a
la chance de suivre ceux qui ont en
été un peu les maîtres d'oeuvre de ce processus-là. Et ça a été essentiel de
bien diagnostiquer les choses, de réfléchir, d'amener une conversation
avec les milieux pour perfectionner. Donc, on tenait à le saluer.
Comme on dit,
c'est un enjeu sensible. C'est quelque
chose qui, à cause... En fond,
le problème d'acceptabilité sociale est associé à une espèce de
dysfonctionnement dans le processus d'autorisation de projet, et ça cause des
problématiques au niveau social, donc des personnes, des
individus, des collectivités qui sont déchirés lorsque se présentent des problématiques graves d'acceptabilité ou de
division, de polarisation. C'est aussi des conséquences économiques
graves, parce que ça coûte cher à l'État, ça
coûte cher aux gens. C'est aussi source de risques importants au niveau de
notre capacité à générer des
investissements, du développement pour le Québec, c'est important. Et, lorsque
les processus sont mauvais et qu'on en échappe comme ça, c'est toujours
très malheureux.
Cela dit, je
pense qu'une des questions — on n'est pas les seuls à l'avoir
soulevée — c'est
que c'est sûr que c'est bien que le
ministère des Ressources naturelles se penche sur ce sujet-là, mais nous, on
vit ce sujet-là bien au-delà de la gestion des ressources naturelles, on
le vit dans les municipalités, de plus en plus des problèmes d'usage, de
conflit d'usage importants. Nous-mêmes qui
faisons la promotion de nouvelles formes de développement — M. Lessard parlait du développement durable — bien, lorsqu'on parle de développement énergétique
durable, lorsqu'on parle de lutte contre les changements climatiques, veux veux pas, on se bute aussi à des problèmes
d'acceptabilité. M. Arcand le sait très bien, une des mesures fortes du plan d'action sur les
changements climatiques qui serait assurément très efficace, c'est, entre
autres, le bonus-malus dans le secteur des transports, mais c'est extrêmement
difficile à mettre en oeuvre parce qu'il y a un problème d'acceptabilité sociale au niveau de cette mesure-là. Donc, ça
donne un exemple que cet enjeu-là est beaucoup plus large que la question des ressources naturelles, et, pour ça, un
des messages qu'on veut renvoyer ici, c'est évidemment de suggérer que
ça prenne aussi... ça dépasse le cadre du ministère des Ressources naturelles.
Un autre
élément de nature générale qu'on voulait soulever, et ça a été traité avec les
intervenants juste avant nous, je
pense que l'enjeu de l'arrimage avec le ministère de l'Environnement est très
important, d'autant plus qu'il y a en cours, justement au sein de ce ministère-là, une réforme de la Loi sur la
qualité de l'environnement, une réforme des processus d'autorisation, et forcément il y aurait tout lieu
d'arrimer ces deux mécanismes-là pour éviter qu'il y ait des
dédoublements inutiles.
Bon. Dans
notre mémoire, vous verrez qu'on a toute une série de considérations
spécifiques pour chacune des cinq orientations. Mais malheureusement,
compte tenu du temps, je n'entrerai pas là-dedans. Je vais tout de suite passer
à la conclusion, qui, à mon point de vue, est la plus importante aujourd'hui.
D'abord, ce
que je voulais souligner... Vous savez, quand on veut changer ou embarquer dans
un processus comme celui-là, il faut
être capable de distinguer les choses qui sont immuables, pour employer le
vocabulaire de M. Lessard, et d'autres
choses que, elles, on sait qu'on a une capacité d'agir. Et ces choses-là,
souvent, c'est une question de timing.
Et on pense justement que, sur un des enjeux qui pourraient avoir un grand
impact pour améliorer l'acceptabilité sociale,
il y a un timing superintéressant en ce moment, et c'est là-dessus que je
voudrais insister, d'abord pour dire que...
Une parenthèse sur le fait qu'en ce moment ce
qui explique, de notre point de vue, les difficultés qu'on a au Québec à favoriser l'acceptabilité sociale, c'est
l'absence d'un consensus collectif sur une vision du développement du Québec. Il n'y a pas cette vision partagée de
dire : Aïe! C'est par là qu'on devrait aller, qu'une majorité de gens
disent : Nous, c'est la qu'on se voit
dans l'avenir. Puis une majorité suffisamment partagée pour faire en sorte
qu'après ça, bien, les projets qui
s'inscrivent dans cette vision-là, forcément, les décisions qui vont dans ce
sens-la, forcément ils vont aller de source,
ils vont s'intégrer dans ça. On entend souvent le cliché : Il n'y a pas de
projet de société au Québec. Je pense que c'est un bon cliché. Et, si on
en avait un, assurément que ce serait une façon de favoriser l'acceptabilité
sociale.
Si je reviens au timing, il y a un certain
ministre du gouvernement actuel qui va faire une annonce jeudi, qui concerne la stratégie québécoise énergétique. On a
appris ça dans les médias. Et nous, de notre point de vue, on pense que ça, c'est un exemple de stratégie qui a le
potentiel de générer une telle vision. Nous, les conseils régionaux de l'environnement,
ça fait cinq ans qu'on travaille...
Le Président (M. Bourgeois) : ...il
vous reste un peu moins d'une minute.
M. Bourke (Philippe) : ... — je
termine justement là-dessus, ça tombe bien — qu'on travaille à essayer de convaincre les autorités qu'il y a, derrière la
transition énergétique, la lutte aux changements climatiques, quelque
chose comme un projet de société, parce
qu'il y a des bénéfices économiques, il y a des bénéfices sociaux, il y a des
bénéfices environnementaux, il y a une
vision à long terme. Et c'est assurément le genre de vision de développement
qui pourrait, à terme, rassembler
suffisamment les Québécois et faire en sorte que tous les projets de
développement qui vont s'inscrire dans une telle vision vont assurément être
facilement acceptables. Donc, c'est là-dessus que je voulais terminer,
parce que je trouve que c'est important de
le mentionner. Des fois, on cherche des solutions dans les mécanismes puis les
processus, mais on oublie que, des fois, un vent d'enthousiasme collectif, ça
peut faire beaucoup de choses.
Le
Président (M. Bourgeois) : Excellent! Vous avez quand même utilisé
quelques secondes du côté ministériel. Le ministre avait offert
gracieusement d'extensionner. Puis je suis convaincu qu'il aura de bonnes
questions pour vous rapidement.
M.
Arcand : Bien, merci beaucoup,
M. le Président. M. Lessard, M. Bourke, M. Vaillancourt, merci
infiniment d'être ici ce soir. Je peux vous
dire que la politique énergétique va être excellente, jeudi, ça, j'en suis
certain, ça va être un bon projet. La difficulté, toujours, c'est que,
vous savez, c'est un peu comme en politique : vous avez une partie de la population qui est à gauche, l'autre partie est
plus à droite, dépendamment. C'est toujours un peu la même chose, je
vous dirais. Je ferai simplement le
commentaire suivant : À un moment donné, je discutais même avec des
communautés inuits, et, à un moment
donné, on s'est mis à parler d'un projet, de faire en sorte qu'il y ait des
routes qui se rendent finalement à Kuujjuaq,
qui était dans le cadre du Plan Nord. Et je peux simplement vous dire que, dans
ce cas-là, tout de suite le chef de la
communauté m'a dit : Oh! on est très divisés. Il y en a qui veulent vraiment
rester isolés, puis il y en a d'autres qui veulent le progrès, puis ils
veulent avoir une route, etc. Alors, même dans les communautés, il y a des
divisions. On l'a vu également dans plusieurs autres projets. Ce ne sont pas,
je dirais, des éléments faciles.
Maintenant,
vous allez me dire si je comprends bien ce que vous nous dites. Vous nous
rappelez d'abord que le BAPE, pour
vous, est très important. C'est un organisme essentiel pour aborder les
questions environnementales. Mais vous n'êtes
pas contre le fait — et vous
allez me dire si je lis bien ce que vous me dites — que le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, je dirais, fasse d'abord
une évaluation économique en collaboration avec les autres
ministères : Finances, Économie et Affaires
municipales, etc. Alors, tous ces ministères-là ensemble devraient travailler à
faire peut-être, au départ, une
évaluation économique des projets avant, nécessairement, de passer à la
question environnementale. Est-ce que j'ai compris ce que vous avez dit,
dans ce sens-là?
• (20 h 30) •
Le Président (M. Bourgeois) : M.
Bourke.
M. Bourke
(Philippe) : Bien, oui, tout à fait. Moi, je pense que c'est à
l'expérience, en particulier. Au cours des dernières années, plusieurs grands projets de développement qui ont
occupé énormément d'espace sur la place publique, dans les débats médiatiques, dans les communautés,
au fil du temps, se sont avérés, au bout du compte, que c'est souvent sur la base économique que ça ne tenait plus la
route. L'exemple des gaz de schiste en est un. Finalement, la décision,
ça a été de dire : Bien, l'économique
n'est pas là. C'est sûr qu'on avait fait le tour de tous les autres problèmes,
mais assurément que, si l'économique aurait été là, on en parlerait
beaucoup plus encore aujourd'hui. Ça a été le cas avec le projet de Rabaska.
Finalement, au bout du compte, on en a parlé, et tout ça, puis, comme disait M.
Lessard, il n'y avait pas de promoteur ou,
en tout cas, il n'y avait pas de client pour le gaz. La Mine Arnaud, un peu la
même chose, on arrive à la fin, il n'y a pas d'investisseur.
Donc, il y a
un besoin, à notre avis, avant d'aller jusque dans les évaluations, dans des
consultations de la population... si
le projet, au départ, il ne répond pas à des critères d'analyse coût-bénéfice,
de faisabilité, de bénéfice global pour
la société. Il me semble qu'on pourrait s'éviter beaucoup de problèmes si
c'était fait dès le départ. Et si, en plus, ça s'avère que les bénéfices sont là, bien, ces éléments-là, appelons ça de
preuve, dans la mesure où ils sont justement assez indépendants, bien, vont assurément contribuer à
l'acceptabilité, dans la mesure où, à ce moment-là, ils seraient favorables.
Le Président (M. Bourgeois) : M.
Lessard.
M. Lessard
(Guy) : Oui. En fait, la
question est vraiment importante, c'est là-dessus, je pense, qu'il faut
essayer de trouver des solutions. Dans les
exemples que Philippe a donnés, en bout de ligne, on s'est aperçus, à la fin,
malgré que ça a été des gros
problèmes d'acceptabilité sociale, il a toujours manqué... appelons ça une
information, pour le moment donné, là,
à ce moment-ci, mais nous, de plus en plus, au lieu de parler d'information, on
parle de la connaissance. Il nous a manqué des connaissances dans ces dossiers-là. Dans le dossier des centrales au
gaz, il nous manquait la connaissance de ce que c'était pour nous coûter, les Québécois, si jamais on n'utilisait pas
les équipements. Dans le cas de Rabaska, on ne savait pas qu'il n'y avait pas de promoteur. On avait plein
de monde qui était intéressé au projet parce qu'ils y trouvaient leurs
profits puis leurs bénéfices, mais on n'avait pas un fournisseur de gaz.
Par contre,
si vous allez dans les gaz de schiste, ce qui a été intéressant, c'est que le
gouvernement a accepté qu'on fasse
une évaluation environnementale stratégique. Ça a été la première fois qu'on
l'a faite au Québec. C'est un outil de base
en matière de développement durable. On ne l'avait jamais utilisé. On l'a
utilisé. Nous, on a participé au BAPE n° 1 puis au BAPE n° 2,
c'était complètement différent. Là, la présence des gens qui soufflaient
n'importe quel préjugé, ce n'était plus là, on avait la connaissance, on avait
la compréhension aussi, parce que les experts qui ont fait ces évaluations-là,
ils sont venus nous les expliquer, et là il y a un petit peu plus de
savoir-faire qui rentre en ligne de compte à ce moment-là.
Puis, quand
vous mettez ces trois domaines-là ensemble, vous êtes dans un processus de
changement d'attitude et de comportement. C'est sûr que nous, on est
toujours pressés, hein, les Québécois, on va chercher une technologie en Europe, on l'applique, puis eux autres viennent
voir qu'est-ce qu'on fait avec, tu sais, on est toujours pressés. Mais
ça, la démarche pour emmener toute une communauté à l'échelle de la province à
penser autrement que juste prendre une considération puis la défendre, soit
environnementale, soit sociale, ou économique, si on ne fait pas
l'apprentissage de mettre les trois domaines ensemble, à long terme, on
va toujours rencontrer les difficultés qu'on a là.
Un dernier
mot sur cette question-là. Ce qui m'apparaîtrait extrêmement important, M.
Arcand, c'est que, dans chacun des domaines comme celui qui nous
concerne, votre ministère, ici, il faudrait absolument avoir une espèce de stratégie de développement à long terme de votre
secteur d'activité. Ça éviterait, quand on discute, que ce soit dans un BAPE ou dans la famille durant le temps des fêtes,
de se chicaner, parce qu'il y aurait des paramètres qui seraient là, on aurait des points de repère. Au Québec, on s'est
donné une stratégie de développement à long terme. Ça fait que, quand arrive un projet, on discute du projet. On ne
discute pas de vouloir refaire le monde autour de l'énergie, on a déjà
établi nos règles. Ça, ça m'apparaîtrait,
pour les prochaines années, un moyen qui serait beaucoup plus important
que les processus qu'on veut ajouter. Mais c'est un méchant défi.
Mais là, si
je comprends bien, cette semaine on va avoir un éclairage avec votre politique
sur l'énergie. Dans les autres
domaines d'activité gouvernementale, si on faisait la même chose : prendre le
temps de le faire, de bien le faire, c'est que, par la suite, c'est beaucoup plus facile d'apporter des décisions suite à des
consultations, parce que, là, on a des paramètres pour le faire. Je ne sais pas
si ça répond à votre question, mais...
Le Président (M. Bourgeois) : M. le
ministre.
M.
Arcand : D'accord. Merci. Merci infiniment. Je pense que je serai en
mesure de répondre, en tout cas
certainement en grande partie, à vos interrogations à partir de jeudi. Alors,
là-dessus, c'est très clair.
Je voulais
simplement vous poser une question sur la santé publique. Vous avez abordé ça
tout à l'heure, que c'était un élément. Est-ce que vous voyez ça dans un
processus inclus dans le BAPE? Est-ce que je comprends ça ou si vous voyez une intervention extérieure du ministère de
la Santé pour ces questions-là? Je vous pose la question parce que j'ai
vu même, aux États-Unis et ailleurs, entre autres, de l'opposition dans
certains États, j'ai vu ça pour des projets verts, en théorie, où on faisait des sources d'énergie avec évidemment les
matières résiduelles, c'est toujours le système où on faisait... Et là il y avait même de l'opposition pour des
projets considérés extrêmement bénéfiques, parce qu'on se libérait de beaucoup, là, des centres d'enfouissement, puis
tout ça, et, malgré ça, je voyais dans certains endroits qu'il y avait ce genre de problématique là, et
c'était justement invoqué au nom de la santé publique. On disait : Bien,
ça va créer des odeurs ou je ne sais pas
trop quoi, et là, au nom de la santé publique... Comment vous voyez cet ajout?
Parce que je ne suis pas sûr que le BAPE a
beaucoup traité en détail de la santé publique. Il l'a peut-être abordée par la
bande par le passé. Mais est-ce que vous avez une vision par rapport à ça?
Le Président (M. Bourgeois) : M.
Lessard.
M. Lessard
(Guy) : On participe
présentement aux audiences du BAPE, là, sur Énergie Est, puis je peux
vous dire qu'il y a un avancement assez
important par rapport à ce qu'on a connu à dire jusqu'à maintenant. Les
citoyens qui se présentent là
arrivent avec leurs questions, puis ils sont bien préparés, puis ils ont une
bonne entrée en matière, ils posent des bonnes questions. Du côté du BAPE, du côté du promoteur, également, je
trouve qu'il y a des efforts vraiment qui sont faits pour répondre,
donner les bonnes informations. Donc, dépendamment des termes qu'on a étudiés à
chaque jour, les représentants des
différents ministères, des différents organismes, que ce soit dans le domaine
de la santé ou autres, sont là et ils
doivent répondre aux questions, puis, s'ils ne sont pas capables de répondre
sur le tas, ils sont obligés par la suite de revenir avec une réponse écrite. Ce n'était pas aussi évident que ça
avant. Ça, j'ai trouvé ça vraiment intéressant. Le président se revire de bord puis il adresse sa
question à tel organisme puis à tel monsieur ou telle madame, et, si vous
allez voir les enregistrements, c'est vraiment... puis vous les comparez à
d'autres qu'on a eus préalablement, ça, ça nous aide beaucoup.
Mais, là
aussi, du côté de la santé, on devrait être en mesure de se donner une
stratégie à moyen puis à long terme pour
voir comment, au Québec, on doit, par rapport aux principaux problèmes qu'on a,
évoluer au cours des prochaines années
pour contraindre ces... Parce qu'on sait que la santé, ça coûte cher, hein, au
trésor québécois. Vraiment, il y a des efforts
à faire sur le plan économique, sur le plan social, pour que les gens soient
plus en forme, plus efficaces au travail. Et, sur le plan
environnemental, bien, c'est sûr qu'il y a une partie des maladies qui sont causées
par des problématiques environnementales,
mais c'est comme dans n'importe quel domaine, là, à un moment donné... et c'est
pour ça qu'il faut être...
Nous, les
conseils régionaux de l'environnement, on est des organismes de concertation en
environnement. Ça fait que, quand on
intervient, on a affaire à être bien documentés, on à affaire à être précis.
Parce que notre crédibilité n'est pas dans
notre oreille à nous autres, elle est dans la vôtre. Alors, si on fait trop
d'erreurs puis on est tous croches, ce n'est pas long qu'on n'a plus de
crédibilité. Mais ça, c'est vrai pour tout le monde, c'est vrai pour le BAPE,
c'est vrai pour le promoteur qui est là, c'est vrai pour des organismes comme
nous autres qui intervenons.
La question
de la santé, ce n'est pas juste parce que ça coûte cher, c'est parce que la
principale ressource qu'on a au Québec, c'est nos citoyens et nos
citoyennes, et on a vu dans le passé des choses assez pénibles à ce niveau-là. Aujourd'hui, tu ne pourrais plus voir ça parce que
les gens sont éveillés à ça. Mais tu auras toujours des gens qui, que ce soit sur le plan économique
ou de la santé, vont vouloir pousser leur vision un peu trop loin.
• (20 h 40) •
M. Bourke
(Philippe) : Je dirais peut-être quelque chose... une réponse
peut-être directement à la question. Les autorités de santé publique ont, de ma compréhension, pouvoir d'avis,
ou, même, c'est même requis, c'est-à-dire qu'ils doivent fournir un avis sur les projets en matière de santé publique. Je
pense que, ces professionnels-là, c'est eux qui sont le mieux
positionnés pour pouvoir doser la problématique que vous soulevez. Parce
qu'effectivement elle est réelle. Nous qui faisons, entre autres, la promotion où on dit aux gens :
N'allez pas reconduire vos enfants à l'école, il faut qu'ils marchent,
c'est important, la marche, bien là, tu es pris entre le fait que tu veux que
ton enfant soit en santé puis qu'il marche,
mais tu as peur, il y a tellement d'autos proches de l'école, qu'il se
fasse frapper, puis tu aimes mieux aller le reconduire. Ça fait que, là, c'est un peu ça, là, des fois : la
balance entre la sécurité puis la santé devient... Je pense qu'il faut laisser les
professionnels, à ce moment-là, être les bons juges de fournir l'information.
M. Lessard
(Guy) : Et, sur la question
de la santé, ça, je sens qu'il y
aurait peut-être des choses à
rajouter. Les promoteurs ont une
grande responsabilité quand ils déposent un projet. Eux, ils doivent
être capables de prouver qu'ils ont fait des études, des analyses,
qu'ils ont fait de la recherche et que ce qu'ils nous proposent comme
implantation, ça respecte les préoccupations
qu'on doit avoir au niveau de la santé. Le promoteur, c'est lui qui arrive puis
qui est en demande. Donc, on devrait
s'attendre à ce qu'il soit capable non pas seulement de démontrer tous
les avantages économiques qu'on va avoir, ça, ils n'ont pas trop de difficultés là-dessus,
mais ils doivent être capables de le faire aussi au point de vue de la santé.
Le
Président (M. Bourgeois) : M. le député de... Est-ce qu'on a des membres du... M. le député de Saint-Maurice.
M.
Giguère : Oui, c'est intéressant, ça, le côté qualité de vie puis la santé, parce que,
quand ils viennent s'installer, bien, c'est la population qui est là qui
continue à vivre avec ça.
Vous avez
parlé dans votre mémoire que les critères d'accessibilité sont à court terme,
ne sont pas... souvent sont incompatibles avec ceux du long terme. Donc,
j'aimerais ça vous entendre un petit peu sur ça.
M. Lessard
(Guy) : Si vous vous penchez
sur un projet qui a lieu à Sainte-Ambroise, pour ne pas identifier aucun
projet sur lequel on a travaillé, là, et où
le promoteur, évidemment, veut vendre son projet, il fait le tour des gens
puis il préconise ses choses, c'est
sûr que vous êtes dans un environnement qui est plus fardé, puis peut-être
qu'il n'y aura pas de BAPE, parce que,
s'il y a un BAPE, c'est parce que quelqu'un
le demande. Les critères d'accessibilité, là, le processus... ce n'est pas un processus, d'ailleurs,
c'est plus un exercice de concertation. Ça ne sera pas les mêmes que si vous
arrivez sur un projet qui touche une problématique environnementale importante à l'échelle mondiale puis qu'au Québec
on essaie de se donner des
objectifs... je ne sais pas, moi, les gaz
à effet de serre, c'est peut-être
le meilleur modèle. C'est sûr que, même si ce projet de loi a lieu à quelque part dans un petit milieu, c'est
que plein de gens vont s'en intéresser. Et là l'accessibilité, elle est... comme on le dit souvent, c'est Le
Plateau à Montréal, c'est tout
le monde, là, qui est impliqué là-dedans,
et c'est là que, quel que soit le modèle qui se développe en termes de
débat...
Le
Président (M. Bourgeois) :
Je vous remercie, M. Lessard. C'est malheureusement tout le temps qu'on avait.
M. Lessard (Guy) : C'est déjà
terminé.
Le
Président (M. Bourgeois) :
Nous allons maintenant passer avec le député de l'opposition officielle, le député de René-Lévesque.
M.
Ouellet : Merci, M. le Président. Merci à vous trois d'être présents, vous êtes,
de mémoire, nos derniers à être présents.
Je ne dis pas que vous êtes les derniers parce que ce n'était pas important de vous voir, je
pense que de terminer avec
vous, c'est tout à fait essentiel.
On a entendu plusieurs personnes, et j'aimerais peut-être...
Parce qu'on n'a pas eu l'opportunité d'avoir votre mémoire avant, mais j'aurais peut-être quelques questions sur certains points qui ont
été soulevés lors de la commission. Plusieurs intervenants nous ont
parlé que, l'acceptabilité sociale, pour qu'elle soit obtenue, ou du moins
qu'elle soit consensuelle, ce qui demeure important, c'est qu'elle soit
intégrée dans une planification territoriale ou, du moins, à long terme.
Vous, vous
êtes des acteurs locaux, vous jouez un rôle de concertation dans toutes les
régions du Québec, j'aimerais vous entendre sur cette nécessité-là
d'avoir une planification à long terme, mais surtout comment, comme conseils régionaux, pourriez-vous y contribuer comme
acteurs de concertation et comme, j'aimerais dire, groupe qui détient
une certaine connaissance sur des enjeux
qui, par le passé, ont trouvé des avenues ou, du moins, par le futur, qui
auraient des voies de passage à explorer.
Une voix : ...répondre à
votre question.
Le Président (M. Bourgeois) :
Monsieur?
M. Vaillancourt(Martin) :
Vaillancourt.
Le Président (M. Bourgeois) :
Vaillancourt. M. Vaillancourt.
M. Vaillancourt
(Martin) : Oui. Disons, en tant que conseil régional, on a pris
l'habitude d'approcher les promoteurs qui
avaient des projets à proposer dans la région pour les inviter d'abord à nous
les présenter en amont. On a, à
plusieurs reprises, accompagné des promoteurs dans des projets de développement
éolien, par exemple. Et, lorsqu'on arrive
au BAPE, il est un peu tard, pour le promoteur, pour changer, disons, plusieurs
éoliennes de place dans un parc. C'est préférable, disons, dans une perspective
d'améliorer le projet puis de faire prendre conscience au promoteur
qu'il y a certains enjeux qui peuvent être
locaux, qui peuvent être des fois en lien avec les espèces présentes, des fois
en lien avec les habitats présents,
des fois en lien avec des considérations de la communauté qui accueille ou qui
va accueillir le projet, donc, d'intervenir le plus en amont possible.
Donc, à partir du
moment où les promoteurs ont une ouverture vers les groupes comme nous, qui ont
une connaissance du terrain, vous le
soulignez, et qu'ils sont aussi réceptifs aux suggestions qu'on est en mesure
de faire, il y a généralement une
amorce où le projet peut être bonifié et qu'il s'intègre un peu mieux dans le
milieu d'accueil. On n'a pas la
prétention de régler l'ensemble des problèmes associés à un projet, mais, pour ce
qui concerne les domaines où on a une expertise, ça nous fait plaisir
d'amener ces éléments-là. De la même façon, les promoteurs, encore là sur une
base volontaire, peuvent accepter de
remettre leurs études d'impact, en même temps de les rendre publiques, ils les
rendent disponibles aux différents
ministères et organismes concernés. Donc, encore là, ça nous permet de prendre
connaissance en amont de l'ensemble du
projet et d'apporter des commentaires, encore là, qui vont toujours dans une
idée de le bonifier.
Et,
je dirais, dans le cas où les projets vont moins bien, c'est généralement parce
que les promoteurs ont moins cette
vision d'ensemble là. On a vécu des projets éoliens à répétition au Québec,
puis, vous vous souviendrez, en Gaspésie, les premiers, là,
l'acceptabilité sociale était très difficile à obtenir, il y avait... en fait
l'industrie dénonçait certains agissements de certains promoteurs. Donc, il y a
eu une autorégulation, il y a un apprentissage, les communautés ont commencé à apprendre, il y a eu la mise en place
des comités de suivi, les comités de liaison entre l'industrie, le
projet et la municipalité. Tout ça permet
d'améliorer les projets. C'est toujours un nouveau projet, parce que, la
communauté d'accueil qui reçoit le
huitième ou le 28e parc éolien, c'est la première fois pour lui, mais les
organisations nationales ou locales commencent
à comprendre comment les outils fonctionnent puis comment accompagner tout ce
beau monde là, là, pour en faire de meilleurs projets.
Je
vais vous donner un autre exemple où on n'arrive pas à avoir cette
dynamique-là, c'est lorsqu'on a commencé à voir l'ensemble du développement des gaz de schiste. Puis, quand on
demandait aux promoteurs : Combien de puits allez-vous forer, c'est
quoi, votre projection sur deux, trois, cinq ans?, l'industrie n'était pas en
mesure de donner ces informations-là. On peut
les comprendre, là, ils étaient dans une phase d'exploration, mais c'était ce
genre de questionnement là que la communauté avait besoin de savoir, et
le promoteur n'était pas capable de se projeter, donc d'avoir une feuille de route à présenter. Probablement que, s'il l'avait
eue, ça aurait fait une base de discussion différente que l'ensemble des
possibles qui étaient ouverts, n'ayant pas l'information à ce moment-là.
Le Président (M.
Bourgeois) : M. le député de René-Lévesque.
M. Bourke
(Philippe) : Moi, je rajouterais peut-être quelque chose...
Le Président (M.
Bourgeois) : M. Bourke.
• (20 h 50) •
M.
Bourke (Philippe) : ...spécifiquement par rapport au mécanisme. Dans
le livre vert, il y a quelque chose de vraiment intéressant, qui est de
revaloriser un vieil outil qui était présent au ministère, qui est le plan
d'affectation du territoire. Et ça, moi, en
20 ans au regroupement, c'est arrivé une fois qu'il y a une directrice
d'un CRE qui m'a appelé, m'a dit :
Philippe, il y a une mise à jour, il faut s'intéresser à ça. Puis je ne savais
pas de quoi elle parlait, ça avait l'air compliqué, puis on avait plus ou moins le temps d'intervenir,
puis on ne savait pas quoi faire. Mais visiblement, aujourd'hui, si on valorise cet outil-là puis qu'on fait en amont les
arbitrages sur un territoire pour dire : Bien, ce type de
développement là, on va le permettre dans
cet espace-là parce que ça convient, dans celle-là, on va préserver, etc., ça
devient beaucoup plus facile, une
fois qu'on s'est entendus collectivement sur ce plan-là, de faire... si les
projets rentrent dans le cadre de ce plan-là.
C'est la même chose à
l'échelle des schémas d'aménagement des MRC. Encore là, c'est un bon outil, qui
est perfectible, je vous dirais, souvent
c'est la somme des intérêts individuels mis en commun dans un plan, mais, si
c'était une vraie vision de développement
global commune d'une MRC, bien... Puis, quand c'est bien amené puis que la
population s'est impliquée dans les choix,
dans l'adoption de ce schéma-là, en
général, après ça, les projets s'implantent beaucoup mieux, le développement
se fait mieux.
Le Président (M. Bourgeois) :
M. le député de René-Lévesque.
M.
Ouellet : Je suis content
que vous m'ameniez sur les PAT, effectivement, parce
que, bon, dans le livre vert,
on dit qu'on veut offrir une plus grande possibilité, du moins qu'il y ait une participation citoyenne. Vous êtes un organisme de concertation, vous êtes pour un meilleur développement. Nous avions à l'époque des conférences
régionales des élus dans les
différents territoires, elles n'existent plus. Alors, on a quand même
besoin d'un endroit de concertation où, effectivement, lorsqu'il
y aura des enjeux environnementaux par
rapport aux enjeux de ressources
naturelles, il va falloir y répondre,
ou du moins avoir un endroit pour y discuter. Dans le livre vert, on dénote
qu'on pourrait mettre un agent de suivi, donc, qui pourrait accompagner
le promoteur.
Comment,
selon vous, les conseils régionaux d'environnement pourraient travailler en collaboration ou est-ce qu'ils devraient
travailler en collaboration, justement, comme Martin le soulevait, pour faciliter...
Parce que, ce que j'ai cru comprendre,
les promoteurs ne sont pas obligés d'aller vers vous, ils le faisaient par
bonne conscience ou bon escient. Avec le livre vert, on veut mettre une
certaine pratique au goût du jour. Alors, comment vous pouvez y contribuer?
M. Lessard
(Guy) : Moi, je peux vous dire actuellement que la première chose
qu'un promoteur fait quand il veut venir en
Chaudière-Appalaches, c'est qu'il nous appelle, puis il vient nous rencontrer,
je pourrais tous les nommer un en arrière de
l'autre, mais généralement on réussit à cheminer avec eux autres avant même
qu'ils déposent leurs rapports d'évaluation
environnementale. On dit : Regarde, chez nous, ça, là, d'après nous
autres, tu devrais plutôt faire ça comme
ça. Puis on est sur le terrain. Moi, j'ai vu, dans le cas du Massif du Sud,
faire déplacer 20 éoliennes, là, leur faire passer sur des chemins
qui existaient déjà, parce qu'eux autres ils avaient prévu construire des
nouveaux chemins pour monter en montagne.
Donc, les
conseils régionaux, ils connaissent leurs territoires, ils connaissent
leurs gens aussi. Puis, comme on est habitués
à faire de la concertation, bien... Entre
autres, dans le cas du Massif du Sud,
il y avait deux projets sur la table du ministre, il y avait
le projet d'énergie trans, un gros projet d'éoliennes, puis il y avait
un projet d'aires protégées, un gros projet
d'aires protégées. Et là on fait quoi? Le ministre, il a deux projets,
il y en a un qui est économique puis
l'autre qui est plus du côté de la
protection des aires protégées puis des écosystèmes. D'habitude, on met ça en
opposition, hein, puis on se retrousse
les manches, puis c'est celui qui est le plus fort qui va gagner, bien souvent,
malheureusement. Mais là ce n'est pas ça
qu'on a fait. On a dit : On va regarder si on peut faire les deux. Il n'y
a pas personne qui s'était posé cette question-là. Et finalement on a
une concertation, toutes les municipalités, les MRC, la conférence régionale
des élus, puis le conseil régional
d'environnement qui poussait en arrière de ça. On a réussi à faire accepter un
plan où, de façon intégrée... La gestion intégrée des ressources
naturelles, c'est un des volets de la Loi sur le développement durable.
Alors, on a
beaucoup d'éléments puis de réponses qui sont déjà dans nos lois. Il s'agit de
bonifier ça, de faire en sorte que chaque groupe puisse mieux
participer, mieux se préparer à jouer son rôle. Et, à mon avis, l'attitude...
Le
Président (M. Bourgeois) : Je vous remercie, M. Lessard.
Malheureusement, le temps est écoulé, et nous allons maintenant passer à
la deuxième opposition avec la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy : Merci, M. le Président.
Bonsoir, alors merci d'être ici. Je suis entièrement d'accord avec vous — M. Bourke, je crois — vraiment entièrement d'accord avec vous
qu'il faut un projet de société, que ce soit pour donner espoir du point de vue économique, mais
également pour avoir une vision d'un projet à accomplir à court terme, à
long terme. Puis, comme on sait qu'un projet
ça doit être prédéterminé puis le plus précis possible, alors je pense que
vous avez raison de dire que c'est un pas
dans la bonne direction pour l'acceptabilité sociale. Du moins, ce sera au
moins une acceptabilité sociale des différents ministères qui sont
concernés, puis le projet de société peut passer, comme vous l'avez dit, hein,
par une politique énergétique.
Alors, je
pense que ce que je retiens de toutes les consultations qu'on a faites durant
le livre vert, c'est le travail de concertation
entre les différents ministères impliqués, arrêter de travailler en silo. Puis,
si les consultations amènent, en fait, les ministères à réfléchir sur
une façon de s'organiser, de bien s'organiser puis de travailler ensemble dans
la même direction pour accompagner nos
promoteurs, bien, je pense que ce sera mission accomplie pour des projets... amener à bon terme des projets économiques
pour l'ensemble du Québec.
Écoutez, je suis vraiment... je suis ravie
d'entendre ce discours-là ce soir, je pense que ça termine bien nos consultations publiques. Alors, je n'ai pas
vraiment de questions, je pense que ça a fait le tour, mais je tenais à vous
dire que c'était fort apprécié.
M. Bourke
(Philippe) : Puis, la
concertation, bien, on aime ça, on en vit, c'est dans nos veines. Et donc on
souhaite que justement ça soit revalorisé à
travers ce mécanisme-là du livre vert. Donc, effectivement, si l'enjeu est
ressorti à ce point-là, nous, on
pense que, clairement, c'est un instrument qui... Puis je pense
que les Québécois, on peut être fiers de cette capacité-là
qu'on a de se réunir, puis de discuter autour des enjeux, puis de débattre.
Mme Soucy : En gardant toujours en
tête que l'efficacité doit toujours faire partie...
M. Bourke (Philippe) : Primer.
Mme Soucy : Oui. Alors, merci.
Le Président (M. Bourgeois) : Donc,
ça complète, Mme la députée de Saint-Hyacinthe?
Mme Soucy : Oui, tout à fait.
Le Président (M. Bourgeois) : Eh
bien, sur ce, MM. Vaillancourt, Lessard et Bourke, je vous remercie.
Mémoires déposés
Et nous
allons maintenant procéder... Ceci termine nos travaux. Et, avant de terminer,
je vais procéder au dépôt des mémoires des organismes et des personnes
qui n'ont pas été entendus lors des auditions.
Et je tiens
donc à remercier à nouveau tous nos invités pour leur contribution aux travaux
de la commission et je lève la
séance. Et la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine
die. Merci de votre collaboration.
(Fin de la séance à 20 h 57)