(Onze heures trente et une minutes)
Le
Président (M. Pagé) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum...
Des voix : ...
Le Président (M. Pagé) : S'il
vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la CAPERN, la Commission d'agriculture, pêcheries, énergie et
ressources naturelles, ouverte. Je demande à toutes les personnes, bien
sûr, de bien éteindre toutes les formes de sonnerie, cellulaire, tablette et
autres.
Je rappelle le mandat : La commission est
réunie afin de procéder aux consultations particulières et auditions publiques dans le cadre de l'étude du livre vert
intitulé Orientations du ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles en matière d'acceptabilité sociale.
À ce moment-ci, M. le secrétaire, est-ce qu'il y
a des remplacements?
Le Secrétaire : Non, M. le
Président, il n'y a pas de remplacement.
Auditions (suite)
Le
Président (M. Pagé) : Pas de remplacement. Donc, à la lecture
de l'ordre du jour, nous entendons ce matin l'Association minière du Québec et la Chambre de commerce et de tourisme
de Gaspé. Je vous rappelle que vous avez 10 minutes pour votre
présentation. La totalité de nos échanges sera de 45 minutes, il y aura
donc 35 minutes qui seront partagées entre le gouvernement et les partis
de l'opposition pour des échanges avec nos invités.
Je vous
remercie. Et je souhaite donc la bienvenue à nos invités. Pour les fins
d'enregistrement, je vous demande de bien
vouloir vous présenter. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour faire votre présentation, par la suite il y aura des échanges avec
toutes les formations politiques. Allez-y, la parole est à vous.
Association minière du
Québec (AMQ)
Mme Méthot (Josée) : Alors, M. le
Président, M. le ministre, Mme, MM. les députés. Je suis Josée Méthot, présidente-directrice générale de l'Association
minière du Québec. Et je suis accompagnée de Mme Nathalie Tremblay,
directrice, Environnement et développement durable, et de M. Mathieu
St-Amand, qui est directeur Communications stratégiques, tous les deux
également à l'association.
De façon
générale, l'Association minière accueille favorablement les orientations et les
objectifs contenus dans le livre vert
mais conserve tout de même des réserves sur certaines actions proposées. Tout
comme le ministère, l'Association minière
du Québec souhaite que les projets avancent et que les freins au développement
économique soient levés, dans le respect des lois et règlements mais
aussi des gens et de l'environnement, mais, bien que ce processus du ministère puisse permettre de mieux encadrer ce qu'est
l'acceptabilité sociale, il ne faudrait pas occulter tout ce que les sociétés
minières font déjà en cette matière de
concert avec les partenaires locaux de même que toutes les exigences
auxquelles elles sont soumises en vertu notamment de la Loi sur les mines.
Au fil des
ans, l'industrie minière a sans cesse évolué afin de répondre aux nouvelles
réalités, particulièrement en ce qui
concerne le respect de l'environnement et du milieu d'implantation. Soucieuse
d'obtenir l'acceptabilité sociale de ses
projets, l'industrie minière est consciente de l'importance du dialogue avec la
population et les parties prenantes, et ce, tôt dans le processus de
développement des projets.
L'industrie
minière favorise l'intégration d'une culture de développement durable dans ses
opérations, et, à cet effet, dès 2018
toutes les sociétés membres ou qui voudront être membres de l'Association
minière devront avoir intégré dans
leurs façons de faire l'initiative Vers le développement minier durable, le
VDMD, qui vise à stimuler le rendement tout en veillant à ce que les
principaux risques liés aux activités minières soient gérés de façon
responsable dans les installations des
sociétés minières. Dans le cadre du
VDMD, les entreprises minières doivent évaluer leur rendement,
lié à 23 indicateurs classés dans six protocoles, dont celui des relations
avec les autochtones et les collectivités.
L'association juge que, parmi les initiatives
proposées dans le livre vert, les éléments suivants permettront de faciliter les processus et de favoriser une
meilleure acceptabilité sociale : le meilleur accompagnement pour les
promoteurs, la meilleure coordination entre
les différents ministères intervenant dans les processus d'autorisation,
le meilleur processus d'information des communautés d'accueil et des communautés
autochtones sur les projets, la création d'un bureau des grands projets
ou d'un guichet unique, la création d'un bureau indépendant d'analyse des
retombées économiques et financières et la plus grande présence du ministère
sur le territoire.
Le
plus important point d'achoppement pour l'Association minière
dans le livre vert concerne le potentiel droit de refus d'une
communauté. Bien que d'accord avec le fait que la mise en place d'un processus
de consultation par le promoteur n'implique
d'aucune façon que son projet sera accepté ou autorisé par le gouvernement, l'AMQ est très inquiète du fait qu'un tel processus puisse également
se traduire par le refus d'une communauté d'accepter un projet de développement.
Qui est habilité? Qui est habilité à juger du refus d'une communauté d'accueil?
Comment peut-on déterminer s'il y a un refus? Quel pourcentage de la population
aura droit de vie ou de mort sur un projet?
Ce qui doit
être recherché, c'est une meilleure conciliation des usages et des conditions,
permettant une acceptation la plus
large possible d'un projet. Est-ce que le refus d'une communauté doit priver le
Québec d'un projet qui pourrait être
bénéfique pour l'ensemble de la population afin notamment de créer de la richesse et qui contribuera au
maintien de la qualité de nos services
publics? Qu'en est-il — et
c'est souvent le cas — s'il y a plus d'une communauté concernée? Comment qu'on tranche quand une communauté est d'accord
et l'autre n'est pas d'accord? Pourquoi mettre
en place des lois, des règlements,
des obligations, des cadres normatifs, des guides, des processus d'obtention de
permis si au bout du compte un promoteur qui respecte toutes les
conditions pourrait se voir bloquer son projet en raison du refus d'une communauté? Et quel message enverrait-on aux
investisseurs en laissant planer toute cette incertitude? Voilà beaucoup
de questions qui commandent une réponse de
la part du gouvernement, puisqu'il ne fait aucun doute dans notre esprit
que d'accorder un droit de refus à une
communauté nuirait évidemment à l'attractivité du Québec
auprès des investisseurs. On le sait,
l'industrie minière est déjà bien engagée en regard de l'acceptabilité sociale
et déjà bien encadrée par plusieurs actions
contenues dans le livre vert. On ne voudrait pas non plus dédoubler ce qui se
fait déjà ou en ajouter alors que le gouvernement
parle d'allègement réglementaire et administratif.
Pour ne citer que quelques exemples de situations
où le secteur minier est peut-être en avance sur d'autres secteurs, notons, en matière d'affectation du territoire,
l'industrie minière est en attente des orientations gouvernementales en matière d'aménagement. L'Association
minière suggère que le ministère et les MRC se basent sur ces nouvelles
lignes directrices en matière de planification et d'aménagement du territoire à l'égard des activités liées aux ressources
minières.
En matière de
dialogue avec les communautés, les sociétés minières ont déjà l'obligation, en vertu de la Loi sur les
mines, de tenir les communautés informées. Qui plus est, dans le cadre du
protocole de relations avec les autochtones et les collectivités du
VDMD, on s'assure que les mines engagent un dialogue constructif avec les
communautés d'intérêts et tiennent compte de leur point de vue dans la prise de
décision.
En matière de
processus et de guide de bonnes pratiques de consultation publique :
processus déjà encadré par la Loi sur
les mines ou le Règlement sur l'évaluation et l'examen des impacts sur
l'environnement et le BAPE. De plus, une politique et un guide de
consultation sont en élaboration au ministère pour le secteur minier tout
particulièrement.
• (11 h 40) •
En matière de
mise en place et de fonctionnement des comités de suivi, en vertu de la Loi sur
les mines, les sociétés minières doivent constituer un comité de suivi.
Non seulement le créer, mais également en financer les opérations.
En matière de transparence, les dispositions particulières
pour le secteur minier sont déjà encadrées dans la Loi sur les mines, mais également
dans la loi sur la transparence. Et, avec le VDMD, on doit publier notre
performance sur nos sites Web.
En matière de consultation avec les communautés
autochtones, le secteur minier aura prochainement sa propre politique de
consultation des communautés autochtones.
En ce qui a
trait à accroître les retombées économiques pour les communautés locales, déjà,
en vertu de la Loi sur les mines, le gouvernement peut exiger la
maximisation des retombées économiques en territoire québécois, et les sociétés
minières favorisent déjà l'achat local et l'embauche de travailleurs du milieu.
En matière de
bonification du cadre légal et réglementaire, notamment au regard des garanties
et des protections, il faut rappeler
que les sociétés minières ont déjà l'obligation de verser des garanties
financières pour couvrir 100 % des coûts de restauration de
100 % du site minier.
Pour terminer, le livre vert apporte avec lui
certaines solutions pour que le processus menant à l'acceptabilité sociale soit mieux défini et encadré.
L'association entrevoit d'ailleurs d'un bon oeil l'intention du ministère de
mieux accompagner les promoteurs dans le
processus de consultation et de faire une meilleure promotion des avantages
liés à l'exploitation et à la mise en
valeur des ressources naturelles pour le Québec. Ce faisant, tout le monde en
sortirait gagnant.
Il est toutefois primordial que toute nouvelle
mesure n'ait pas pour effet d'alourdir les fardeaux et d'allonger les délais. Le ministère doit viser la
simplification et ne pas tendre vers l'ajout d'obligations. De plus, les
orientations du ministère ne doivent
pas dupliquer les processus et obligations découlant des autres ministères ou
du gouvernement fédéral. Les rôles et
responsabilités de chacun doivent être clairement établis pour favoriser une
harmonisation et une simplification des processus.
Alors, je vous remercie pour votre attention.
Le Président (M. Pagé) :
Merci beaucoup, Mme Méthot. Vous êtes bien rentrée dans le temps. Alors, merci
d'avoir fait ça dans les temps.
Alors, je rappelle le temps qui est
alloué : à la partie gouvernementale, 16 minutes; à l'opposition
officielle, 9 min 30 s; et, pour la deuxième opposition, 6 min
30 s. Alors, M. le ministre, pour les échanges.
M.
Arcand :
Merci infiniment. Mes salutations, évidemment, à Mme Méthot, merci
beaucoup d'être là aujourd'hui, et mes salutations également
à Mme Tremblay et également à M. St-Amant. Encore une fois, je pense que l'Association minière, Mme Méthot, revêt pour
nous, évidemment, une importance très grande, parce que
vous représentez quand même un pan important non seulement pour l'industrie
sur l'ensemble du Québec, mais particulièrement pour les régions du Québec. Je pense que nous
reconnaissons tous, évidemment, l'importance de ce secteur, qui demeure quand même un
secteur extrêmement valable.
D'abord, merci de
nous dire que, finalement, vous pensez qu'on s'en va dans la bonne direction, dans
un premier temps. Et je voudrais peut-être profiter de l'occasion
pour vous dire... Parce qu'à moment
donné vous avez parlé du potentiel de refus, qui était votre grande
préoccupation. Je peux simplement vous dire que d'abord, premièrement, l'historique démontre que malgré tout... je pense
qu'à peu près tous les projets miniers, à moins que je me trompe, mais tous les projets miniers, pour la plupart en tout
cas, vont dans la bonne direction. Il y a quelques cas qui ont été peut-être
plus problématiques que d'autres, mais
globalement je pense que le Québec... et particulièrement les régions du
Québec sont quand même, de façon générale, très ouvertes et très positives sur
tout ce qui s'appelle, évidemment, exploration et exploitation minières.
Maintenant,
je vous terminerais simplement la page 9 de notre document, parce que
votre question, à un moment donné,
était : Qui est-ce qui va décider?, etc., et à la page 9, dans la
mise en contexte de notre document, c'est la dernière phrase qui dit la chose suivante : «C'est au gouvernement
ultimement qu'il appartient de déterminer les conditions d'autorisation
d'un projet en prenant en compte l'acceptabilité qu'il suscite dans la
communauté concernée.» Donc, c'est clair,
c'est le gouvernement. Lorsque le travail aura été fait par le ministère de
l'Énergie et des Ressources naturelles, par le ministère de
l'Environnement et par peut-être d'autres ministères, Transports ou le
ministère de la Faune, le ministère de
l'Occupation du territoire, enfin, une fois que tous ces ministères-là auront
fait leur travail, le gouvernement
devra prendre, à ce moment-là, la décision sur l'ensemble des projets et mesurer au meilleur de sa connaissance le degré d'acceptabilité sociale.
Alors,
je voulais au départ vous rassurer sur cet élément-là parce que,
pour nous, dans notre esprit, c'est quand même le rôle du gouvernement dans son ensemble et dans son entité, d'autoriser les projets sur le territoire.
Bien sûr, les gouvernements doivent tenir compte des opinions de tous et de
chacun, mais, en bout de ligne, on l'a dit et on l'a répété à plusieurs
reprises, l'acceptabilité sociale ne veut pas dire l'unanimité. Alors, je vous
rassure sur cette question-là.
Maintenant, un des
éléments que vous avez mentionnés également, qui semblait être une préoccupation,
c'est d'alourdir, évidemment, la machine, je dirais, la machine de procédures, les procédures des ministères,
et tout ça. Moi, c'est drôle, j'ai
l'impression que ce vers quoi on veut tendre, c'est justement de faciliter les
choses dans ce sens suivant, c'est qu'à
partir du moment où on agit en amont nous pensons que le reste du processus... D'abord,
premièrement, lorsqu'on agit en amont, on a une idée un peu plus rapide de l'opinion des gens,
des enjeux. Et, à partir du moment où on agit en amont, ça va un peu plus rapidement si on voit au départ qu'il y a une acceptabilité
sociale. Moi, je peux vous dire que j'ai eu, à un moment donné, des maires de municipalité qui m'ont appelé à un moment donné pour insister fortement, dans le cadre de certains projets, pour que les procédures, là, des autres ministères
soient faites de façon beaucoup plus rapide. Alors, on voit tout de suite que, quand il y a une acceptabilité
sociale, il y a une pression du milieu également
qui peut faire en sorte que les projets vont plus rapidement.
Alors,
je voulais juste vous dire que ce n'est pas une structure supplémentaire qu'on
veut faire. On veut vraiment, dans ce rôle-là, vous accompagner.
Maintenant,
une fois que je vous ai dit ça, est-ce
que ça vous satisfait? Est-ce qu'il y a d'autres points qui vous préoccupent davantage?
Le Président (M.
Pagé) : Mme Méthot.
• (11 h 50) •
Mme Méthot (Josée) : Oui, M. le Président. Alors, merci pour cet éclaircissement sur le
droit de refus. Effectivement, j'avais même souligné en ligne, dans mon
document, la phrase que M. le ministre a citée.
Mais
il est tout de même écrit, hein, dans le livre vert qu'«un tel
processus peut également se traduire par le refus d'une communauté d'accepter un projet de développement». Or, je comprends ce que vous nous dites par rapport au fait que par le passé il a pu y avoir des cas, puis finalement
c'est le gouvernement qui a la décision, mais on ne voudrait pas
qu'à la sortie ou à la fin des travaux de
cette commission on arrive maintenant avec des nouvelles
règles qui pourraient faire en sorte
de changer ce qui est écrit ici, que c'est le gouvernement qui a le dernier
mot. Alors, on ne voudrait pas qu'on change, justement, ces critères-là,
c'est très, très important pour nous.
Par rapport au volet qu'on ne veut pas alourdir les processus, on travaille d'ailleurs
avec le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles
à l'allègement administratif et réglementaire sur des comités, mais quand même,
dans le livre vert, il y a quand même
des actions qui semblent mener à de nouvelles obligations. Puis je vais n'en
nommer qu'une seule parce qu'elle m'arrive à l'esprit très rapidement : on nous dit maintenant qu'on devra mettre
sur pied un comité de liaison avec
les élus. Alors, bien, ça, c'est nouveau. Alors qu'on doit communiquer, informer
la municipalité quand on a un claim, etc., dans tout le processus du projet, là, maintenant, on nous dit qu'il faut mettre un autre comité en place. Alors, pour nous, c'est quelque chose de plus, qui
alourdit, qui pourrait alourdir le processus. Donc, c'était un exemple,
pour ne pas en citer plus.
Mais
je comprends et j'espère que le gouvernement maintiendra cette direction d'alléger les
processus et que ça va dans le même
sens au niveau du processus d'autorisation environnementale, au niveau du ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre
les changements climatiques, qui également veut simplifier le processus
d'autorisation. Alors, on espère qu'on va continuer dans cette avenue-là et que
ce qui ressortira des résultats de cette commission n'en ajoutera pas. Alors,
c'est une mise en garde qu'on voulait absolument faire. Merci.
Le Président (M.
Pagé) : Vous êtes en mode prévention. Alors, M. le ministre.
M.
Arcand :
Oui. Le comité de liaison, d'après ce que je comprends, dans les grandes
lignes, c'est pas mal ce que vous
faites de toute façon actuellement. Je ne pense pas, je dirais, que cette
exigence-là est une exigence qui n'existe pas dans la réalité des faits. Elle n'est peut-être pas imposée par
personne, mais, lorsqu'une minière décide, par exemple, d'aller dans une communauté,
elle va à tout le moins rencontrer le maire, rencontrer les élus, je veux dire,
il y a quand même déjà une
liaison qui se fait au départ. Alors, en quoi vous pensez que ça pourrait
ajouter à ce qui se fait déjà au moment où on se parle?
Le Président (M.
Pagé) : Mme Méthot.
Mme Méthot
(Josée) : En fait, M. le Président, si on a déjà de bons réflexes, si
on fait déjà bien les choses, pourquoi
est-ce qu'on est obligés d'en créer des obligations? Je comprends
qu'on veut mettre la barre à un certain niveau pour que tout le monde travaille avec les meilleures pratiques, mais on
ne veut pas que ça devienne des nouvelles obligations et qu'on mette des
procédures mur à mur qui pourraient, finalement, s'appliquer dans certains cas, moins bien
s'appliquer dans d'autres.
Le Président (M.
Pagé) : Est-ce que vous avez... Oui.
Mme Méthot (Josée) : En fait, il ne faudrait pas mettre à perte de vue la mise en place de
comités, parce que ce n'est pas le seul moyen, ce n'est pas le seul
moyen de communiquer.
Le Président (M.
Pagé) : M. le ministre.
M.
Arcand : Bien, écoutez, je vais tenter de vous rassurer. Si je vous
promets que ce ne sera pas un règlement, si je vous promets que c'est
une incitation et non pas une obligation, est-ce que ça vous rassure?
Le Président (M.
Pagé) : Mme Méthot, oui.
M.
Arcand :
Parce que vous me dites qu'il y a plusieurs autres moyens. Nous, on dit : Écoutez,
ce serait bon d'avoir un comité de liaison, on pense que c'est bon. On pense,
de toute façon, que ça se fait déjà avec les élus.
Maintenant,
ce n'est pas une obligation, dans l'esprit que nous avons. Nous, on est là
pour être un facilitateur des choses, on est là pour que la population
puisse avoir une transparence.
J'essaie
juste de vous dire quand même que, pour nous, ce n'est pas obligatoire. C'est peut-être
souhaitable, mais ce n'est pas quelque chose qui est, là... Ça fait partie, pour nous, des bonnes pratiques qu'on
essaie de vouloir promouvoir, dans une certaine mesure.
Le Président (M.
Pagé) : Mme Méthot.
Mme Méthot (Josée) : Bien, en fait, au niveau des comités de suivi, on sait que les élus sont déjà
intégrés, hein, le comité de suivi,
on doit impliquer la municipalité locale. Nous, ce qu'on dit, c'est que... Je crois
qu'il faut nous dire : Entre autres, une bonne façon serait peut-être de mettre un comité de liaison. Dans des cas, ça
peut être pertinent; dans d'autres cas, ça peut ne pas l'être.
Et
ça peut être aussi du bord... du côté de la municipalité, qui pourrait,
elle aussi, travailler à mettre des choses en place avec le promoteur pour que ça ne devienne pas un autre fardeau administratif ou financier des promoteurs de
projet. Parce qu'il y a ce volet-là aussi.
On le sait, que, les comités de suivi, on nous demande non seulement de les
créer, mais on doit les financer,
financer les opérations, et, s'ils veulent avoir des études, des contre-expertises,
c'est le promoteur, encore une fois,
qui doit financer. Donc, c'est dans ce cadre-là qu'à un moment donné on
dit : Il y a peut-être d'autres façons de faire qui pourraient ne
pas ajouter au fardeau financier et administratif des promoteurs.
Le Président (M.
Pagé) : Merci. En vous rappelant qu'il reste
4 min 30 s. Je pense qu'il y avait un de vos collègues également...
M.
Arcand :
Oui, c'est ça, mais je voulais juste terminer avant de passer la parole.
Simplement vous dire que c'est sûr
qu'un comité de suivi, ça, c'est évidemment prévu, c'est nécessaire et, je
dirais, obligatoire; un comité de liaison ne l'est pas. Mais je pense
que mon collègue, de toute façon, avait une question là-dessus.
Le Président (M.
Pagé) : On va laisser la parole à votre collègue député
d'Abitibi-Est. S'il vous plaît.
M.
Bourgeois : Merci, M. le Président. Bonjour, Mme Méthot. Et j'aimerais, pour faire rapidement...
Vraiment, je sens comme une inquiétude dans
ce qui est amené sur la table, sur la dynamique, mais cependant
vous comprenez que nous, le gouvernement, comme fiduciaire des ressources, quand on veut s'assurer, pour la mise
en valeur de ces ressources-là, qu'elle se fasse au bénéfice du Québec,
des entreprises québécoises et des populations qui sont plus directement concernées... D'avoir des mesures qui viennent
définir des paramètres, ce n'est pas plutôt rassurant, pour vous autres, en termes de
prévisibilité, en termes de gestion du risque associé à un investissement qui
va se faire sur le territoire?
Le Président (M. Pagé) :
Mme Méthot.
Mme
Méthot (Josée) : Bien, en
fait, dans la Loi sur les mines, puis on le dit d'entrée de jeu, dans la Loi
sur les mines, avec, bon, la
réglementation qui en découle et les guides qui sont en préparation, on a, au niveau
de l'industrie minière, vraiment
un bon encadrement, on a vraiment des lignes et on sait où est-ce qu'on s'en va. Et ce qu'on dit tout simplement, c'est qu'avec tout ce qui a été fait au cours
des dernières années le fardeau administratif
a été en augmentant plutôt qu'en réduisant, évidemment, et là ce qu'on
veut s'assurer, c'est qu'on n'en ajoute pas.
On croit que
le processus actuel est correct, on travaille avec. On connaît notre loi, on
travaille évidemment les règlements.
Et on partage avec le ministère les bonnes pratiques pour que les guides
représentent davantage aussi ce qu'on fait et ce qu'on pense qui devrait
être fait pour bien faire les choses.
Alors,
évidemment qu'on ne s'oppose pas à tout ça puis on veut de la prévisibilité,
tout à fait, parce que c'est ce à quoi
je pense que vous faites allusion. Ce cadre-là, on l'a déjà. Alors, c'est dans
ce sens-là qu'on dit de ne pas en ajouter, selon nous. Merci.
Le
Président (M. Pagé) : O.K. Merci, Mme Méthot. Je crois que
le député des Îles-de-la-Madeleine avait une question également.
M. Chevarie : Combien de temps?
Le Président (M. Pagé) : Il
nous reste 1 min 40 s, question et réponse.
M.
Chevarie : 1 min 40 s. Merci. D'abord, merci pour votre
présence à l'Assemblée nationale et votre contribution à cette
commission.
Dans votre
mémoire, vous parlez que les sociétés minières, vous devriez être soucieuses
d'entretenir un dialogue avec les
communautés, c'est un exercice incontournable. Et vous parlez d'une approche en
amont, et même vous parlez d'un
permis social à obtenir; non seulement un permis sur le plan économique ou
environnemental, mais un permis social. Puis j'aimerais savoir, par rapport à cette relation-là que vous voulez
mettre en place en amont, quels sont les principaux critères, pour vous,
qui sont essentiels pour une compagnie ou pour un projet entre la relation avec
la communauté et l'objectif d'actualiser le projet comme tel.
Le Président (M. Pagé) : En
40 secondes, Mme Méthot.
Mme Méthot
(Josée) : En
40 secondes. Bien, d'abord, j'aimerais rappeler qu'on est d'accord avec
les objectifs du livre vert, hein? Les grandes lignes, on ne s'y oppose
pas du tout.
Écoutez, en matière de dialogue, en matière de
dialogue, si je saisis bien votre question, on veut entamer un dialogue avec la
communauté, alors que de part et d'autre on ait de l'écoute, dans le sens que
les promoteurs ont des obligations, doivent
travailler dans le respect des gens et de l'environnement, mais on veut aussi
que les communautés, de leur côté,
travaillent avec ouverture, sans préjugé ou prérequis d'avance par rapport à
des projets, aux projets, pour être en mesure, justement, d'avoir une
relation constructive.
Le Président (M. Pagé) : Je
vous remercie. Alors, on va passer à l'opposition officielle pour un temps de
9 min 30 s. M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. Je vous salue. Je salue nos collègues qui sont venus
nous rencontrer et nous faire état de leur intelligence sur le sujet.
Écoutez,
j'aurais plusieurs questions, honnêtement, là, je vais en poser quelques-unes
et je vais laisser ensuite la parole
à ma collègue. Je pense qu'on est pour les objectifs qui sont soulevés dans le
livre vert et je pense que vous l'avez aussi
dit concrètement. Quand je lis le livre vert, par contre, quand on regarde les
moyens, moi, honnêtement, je me pose des
questions, à savoir : Est-ce que les moyens sont suffisants? Est-ce que
c'est assez clair comme structure décisionnelle ou en tout cas comme
aide ou comme support qu'on va offrir aux entreprises pour qu'on puisse
justement remplir ces objectifs-là?
Je voudrais,
peut-être en une minute, là, vous entendre sur votre réaction par rapport à ce
qui est envisagé comme moyens. Est-ce que c'est clair? Et est-ce que
vous êtes convaincus de l'efficacité de ce qui va suivre le livre vert?
Le Président (M. Pagé) :
Mme Méthot.
• (12 heures) •
Mme Méthot
(Josée) : Bien, en fait, je
pense qu'il faut dire que tous les secteurs ne sont pas au même niveau. Alors, nous, quand on lit le livre vert, et on l'a
fait ressortir, et je pense que je l'ai fait ressortir dans mon allocution
tantôt, le livre vert recoupe déjà des
pratiques qui sont bien implantées, bien connues de l'industrie minière. Alors,
est-ce que le livre vert va trop
loin? Nous, on dit : Bien, justement,
ajoutez-en pas, parce qu'on fait déjà
bien les choses. Puis travailler en
amont, pour nous, c'est aussi de pouvoir tenir compte des préoccupations de la
population, et tout ça, c'est inclus ici, dans le livre vert, alors que d'autres secteurs d'activité... Là, ce
n'est pas ma tasse de thé, ce n'est pas ma spécialité, de parler des autres secteurs d'activité, mais c'est
peut-être là qu'on est en train, par le livre vert, d'établir un même
niveau pour tout le monde.
M.
Therrien : J'ai
bien noté...
Le Président (M. Pagé) :
M. le député de Sanguinet, oui.
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. J'ai bien noté, évidemment, là, que, bon, les secteurs
d'activité, là, qui ne sont pas mentionnés dans le livre vert, ce serait
peut-être quelque chose qu'on pourrait corriger, je ne sais pas, éventuellement. Je suis parfaitement d'accord avec
ce que vous dites, parce qu'il y a existence de doublons ou des tâches
qui se multiplient des fois peut-être inutilement.
Vous faites
une distinction entre le bien-être de la communauté d'accueil et le bien-être
des Québécois en général, vous l'avez
faite tantôt, la distinction, puis j'ai bien compris, là. Dans le fond, quand
tu parles d'acceptabilité sociale, il y a trois dimensions, là, connues, l'environnement, l'économie puis la
dimension sociale. Ça voudrait dire que la communauté d'accueil, ça touche au niveau social. Puis est-ce
que je me trompe en disant que l'appui des Québécois dans leur ensemble
s'affirmerait à travers la dimension économique de l'acceptabilité sociale?
Le Président (M. Pagé) :
Mme Méthot.
Mme Méthot
(Josée) : Bien, oui, d'une
certaine façon, là. Si on prend les trois volets du développement
durable, évidemment, le volet économique, il
y a les retombées économiques. Mais les retombées économiques, il y en a
localement aussi, parce qu'on favorise
l'achat local, on favorise l'emploi des gens du milieu. Et on sait très bien,
l'industrie minière, selon notre
étude qu'on a faite l'année dernière, on a des employés du secteur minier — puis je parle des emplois directs du secteur minier — dans toutes les régions du Québec, là, pas
juste dans les régions minières, là, et on l'a bien retracé. Alors, dans
ce cadre-là, on touche toutes les communautés, donc, pas juste la communauté
locale, quand on parle d'un projet.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Oui. Une
dernière question, une dernière question rapidement : Le rôle accru
d'évaluation économique des projets de la
part du ministère, est-ce que vous voyez ça d'un bon oeil, qu'on donne cette...
en tout cas qu'on confirme ou qu'on affirme cette responsabilité-là du
ministère?
Le Président (M. Pagé) :
Mme Méthot.
Mme Méthot (Josée) : En tout cas, il
est important pour nous que le promoteur ne se retrouve pas tout seul à
défendre les retombées économiques de son projet. Quand un projet est
intéressant pour le Québec, on croit que le gouvernement
pourrait très bien faire sa part à faire connaître et mieux faire valoir les
retombées économiques d'un projet. Alors,
nous, cette action, l'objectif de plus de transparence, de plus de diffusion
d'information de ce genre-là, on est tout à fait en accord avec ça.
Le
Président (M. Pagé) : ...laisser la parole à Mme la députée de
Duplessis, qui est députée d'une grande région minière. Allez-y, Mme la...
Mme Richard : Merci, M. le
Président. Bonjour. Bienvenue à l'Assemblée nationale.
Mme Méthot,
juste une précision. Est-ce que vous pensez, quand il y a un projet, bien,
minier ou autres — mais vous
êtes dans le secteur minier — que c'est d'abord et avant tout le milieu
qui est touché où l'acceptabilité sociale soit être au rendez-vous? Vous comprenez? Dans une région comme la mienne,
est-ce que c'est les gens du Plateau qui doivent décider pour les gens
du milieu?
Le Président (M. Pagé) :
Mme Méthot.
Mme Méthot
(Josée) : C'est sûr que le
milieu qui est touché, c'est les partenaires locaux du projet, la
majorité du temps. Et c'est bien ancré chez
les sociétés minières de travailler avec les communautés, avec les communautés
locales. Être des bons citoyens corporatifs, être des bons voisins corporatifs
fait partie de nos pratiques.
Le Président (M. Pagé) : Mme
la députée de Duplessis.
Mme
Richard : Merci. On n'a pas
beaucoup de temps, puis j'ai beaucoup de questions. Je sais que ça fait
partie des pratiques puis... de vendre le
projet à la communauté, mais tantôt, en tout cas, pour moi, ce n'était pas
précis, là, la réflexion, l'échange
que vous avec eu avec mon collègue. Pour moi, c'est clair : moi, c'est
d'abord et avant tout le milieu. Parce
que, vous savez, ce qu'on discute ici, on discute du livre vert. Le livre vert,
c'est l'acceptabilité sociale. Oui, il y a plusieurs secteurs, mais
personne ne s'entend, j'en suis convaincue, autour de la table, pour définir
qu'est-ce qu'est l'acceptabilité sociale, donc c'est pour ça qu'on en discute
puis on veut bonifier le livre vert.
Et plusieurs personnes disaient : Il faut
que le... Parce que, là, il y a l'énergie qui... c'est nouveau. Le MERN, il y a des gens qui sont venus hier en commission
et qui disaient : Bien, il va faire la promotion du projet, démontrer
sa rentabilité, ils le voyaient comme un
accompagnateur, un aidant. Je ne suis
pas sûre nécessairement que c'est son rôle, là. Le rôle est de démontrer que, oui, ça peut être rentable,
mais pas d'en faire la promotion à tout prix, parce que, là, vous
savez, quand vous êtes au gouvernement, des fois vous avez une crédibilité, d'autres fois vous n'en avez pas parce que
vous avez des
politiques qui vont à l'encontre, soit au
niveau de la famille ou en santé,
donc les gens vont se dire : Bien, les dés sont déjà
pipés d'avance, le gouvernement est derrière ce projet-là. Et des fois il l'est
réellement au niveau financier par son bras d'Investissement
Québec.
Donc, oui, le
gouvernement doit être là parce qu'ultimement c'est lui qui va décider, le
ministre en a fait référence au tout
début, quand il a échangé avec vous, il faut arriver ensemble à ne pas alourdir
pour vous, les minières, ou
pour toute autre industrie,
une lourdeur administrative ou financière, mais il faut faire en sorte d'être
capable de dégager entre nous ici, les parlementaires, mais pour
l'ensemble des Québécois et Québécoises un certain consensus par rapport à
l'acceptabilité sociale. Est-ce que c'est par rapport au nombre? Est-ce que
parce qu'il y a des gens qui vont être plus nombreux
sur Le Plateau—Mont-Royal ou ailleurs
au Québec ils vont décider pour les gens de chez nous, parce qu'on n'est pas assez nombreux? Moi,
j'ai vécu ça.
Et l'information aussi, parce que, vous savez, bon, il y a des audiences du BAPE, il y a
des groupes qui sont plus organisés
en termes de moyens financiers, de
ressources humaines, et là l'information est galvaudée d'un bord et
l'autre. Puis moi, je regarde M. et Mme
Tout-le-monde, puis ils disent : On ne croit plus personne. C'est ça, le
réel problème. Et on a des projets
que ça peut être des bons projets, dès le départ tu entends dans la
communauté : On n'en veut pas, parce que les gens ont entendu
toutes sortes de choses.
Ça fait que,
oui, c'est sûr qu'il faut travailler en amont, mais il faut tous avoir les
mêmes standards, et, moi, je dis, peu importe que ce soit dans le
secteur minier ou autres, je pourrais vous parler du secteur d'Hydro-Québec.
Vous dites : C'est différent d'un secteur
à l'autre, mais ce que je trouve, ce que je vois dans le livre vert, et là où
je le conteste un petit peu, c'est
qu'on n'a pas vraiment de réels outils pour dire : L'acceptabilité
sociale, voici, avec tel ou tel projet.
Vous savez,
l'acceptabilité sociale, on l'avait en Minganie pour le projet hydroélectrique
de la rivière Romaine. Allez voir
maintenant, il ne passerait pas, là, il ne passerait pas du tout. Puis pourtant
c'était pour que le courant passe de Tadoussac à Blanc-Sablon. Il ne
passerait plus.
On ne devrait pas avoir les mêmes standards pour
un projet d'une telle envergure, de près de 8 milliards, que pour un
projet d'expansion d'une compagnie comme ArcelorMittal? Moi, je pense que oui.
Le Président (M. Pagé) :
Alors, il vous reste une minute, Mme Méthot, pour réagir aux propos de Mme
la députée de Duplessis.
Mme Méthot (Josée) : Si je peux
parler de la promotion et de l'information, nous croyons important que le gouvernement, que le ministère de l'Énergie et des
Ressources naturelles, qui dans son mandat travaille dans le sens du développement minier ou du développement des
ressources naturelles au Québec, soit un partenaire, un accompagnateur des promoteurs et, important, que, le volet
économique, il le fasse valoir. Ça ne veut pas dire faire la promotion d'un
projet, ça veut dire de faire circuler la
bonne information, de s'assurer de l'objectivité dans cette information. Alors,
je... Il ne reste plus de temps?
Le
Président (M. Pagé) : Non, il ne vous reste plus de temps. Donc,
je vous remercie. Mais vous pourrez continuer avec la deuxième
opposition pour 6 min 30 s.
Mme
Soucy : Bonjour. Merci d'être ici. Concrètement, là, le livre vert ne
vous apprend rien, quoi, parce que vous, vous dites : On pratique déjà... on applique déjà ces processus-là,
comme la mesure d'acceptabilité sociale, ça fait que concrètement ça ne
vous apprend pas grand-chose.
Le Président (M. Pagé) :
Mme Méthot, oui, allez-y.
Mme Méthot
(Josée) : M. le Président,
on n'est pas prêts à dire que le livre vert ne nous apprend pas grand-chose.
Le livre vert est là pour encadrer, est là
pour amener un autre encadrement. Ce qu'on dit, c'est que l'industrie
minière est déjà très encadrée, a déjà de
l'avancement en matière d'acceptabilité sociale, de dialogue avec les
communautés, mise en place de
différents processus. Même qu'on a fait valoir les bons côtés, les bonnes
actions, justement, qui sont soulignées dans le livre vert. On croit que le livre vert... On est en accord avec
les objectifs, on est en accord avec ses actions. Et, par le livre vert,
par la réflexion qui a eu lieu par le chantier de l'acceptabilité sociale,
maintenant, avec le livre vert, on nous dit
qu'il va y avoir un meilleur accompagnement pour les promoteurs, alors c'est bon
signe pour nous, meilleure coordination
entre les différents ministères intervenant dans le processus d'autorisation,
meilleur processus d'information, on parle justement des retombées
économiques qui vont être rendues publiques par le ministère.
Alors, c'est
un cadre, pour nous, le livre vert, pour mieux encadrer l'acceptabilité
sociale, et on croit que... et on était
en accord avec la démarche et on y a participé d'un bout à l'autre. Alors, on
ne peut pas dire qu'on n'a rien appris. Ce qu'on dit, c'est qu'on a de l'avancement sur les autres secteurs...
ou peut-être de l'avancement sur certains autres secteurs.
Le Président (M. Pagé) : Oui,
Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme
Soucy : Merci. Comme vous le
dites dans votre mémoire, en fait, votre association dit qu'il ne faudrait
pas plus alourdir les processus déjà
existants, que vos rôles et responsabilités, de chacun, doivent être clairement établis.
Mais, selon vous, là, avec le livre vert,
ces rôles sont mieux établis que qu'est-ce
que vous pratiquez déjà, qu'est-ce que vous avez déjà comme
pratique?
• (12 h 10) •
Le
Président (M. Pagé) : Mme Méthot.
Mme Méthot (Josée) : Ici, on parle des rôles des différents ministères, donc des rôles du
MERN, des rôles du MDDELCC, du rôle
du gouvernement fédéral, parce
qu'on le sait, que, dans
l'autorisation des projets, dans la majorité des cas, on doit travailler autant avec le gouvernement provincial que fédéral. Alors, c'est
dans ce sens-là qu'on parle ici que les rôles et responsabilités doivent
être mieux définis.
Le Président (M.
Pagé) : Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme
Soucy : Comment qu'on pourrait faire en sorte de mieux clarifier le
rôle de chaque ministère dans un projet?
Le Président (M.
Pagé) : Mme Méthot.
Mme
Soucy : ...qu'est-ce que vous, là, comme organisation, vous
dites : Nous, là, on aurait vraiment besoin de savoir où est-ce
qu'on s'en va? C'est quoi... Jusqu'où on devrait aller dans la clarification
des rôles?
Le Président (M.
Pagé) : Mme Méthot.
Mme Méthot
(Josée) : C'est toute une question d'information, de bien faire
connaître à la population, au promoteur qui
est censé faire quoi. Et, avec le processus d'accompagnement qu'on voit vouloir
se mettre en place, bien nous croyons
que le promoteur va être mieux aligné, il va mieux savoir qui fait quoi, parce
qu'il va avoir un accompagnateur pour lui... pour éclairer son chemin,
si je peux le dire comme ça.
Le Président (M.
Pagé) : Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme
Soucy : Merci. Vous dites que les processus actuels sont longs et sont
coûteux. Le livre vert ne contient aucune échéance, aucune somme
d'argent. Devrait-on se doter de vrais échéanciers, mettre des chiffres, mettre
des mesures?
Mme Méthot (Josée) : Bien, en fait... Bien, justement, hier, il
y a eu la publication de la vision
stratégique sur le développement minier au Québec, et justement
on nous parle que, dans les processus d'obtention de permis ou de baux
miniers, parce que nos permis d'opérer, c'est des baux miniers, il y aura des
délais éventuellement de, si on peut dire, réglementés.
Alors, ce que je comprends, c'est qu'on travaille dans cette direction, et
c'est ce qu'on demande, finalement.
Le Président (M.
Pagé) : Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme
Soucy : Merci. Vous constatez probablement autant que moi les
problèmes auxquels les régions font face, dont un de ces problèmes : la migration vers les grandes villes.
Pensez-vous que l'acceptabilité sociale est une piste de solution? Vous ne pensez pas qu'elle viendrait
aider à freiner l'exode des jeunes ou, si l'acceptabilité sociale, elle est
là, plus de projets aideraient aux régions?
Le Président (M.
Pagé) : Mme Méthot.
Mme Méthot
(Josée) : Bien, c'est sûr qu'avec... Si on parle des régions minières ou
si on veut parler des... évidemment on parle
des projets miniers, effectivement qu'on fait la promotion de l'embauche
locale. Alors, effectivement qu'on a
besoin de bonnes ressources, bien qualifiées, et ce sont des emplois qui sont
des emplois qu'on qualifie «de qualité» et des emplois payants. Alors, ces projets-là peuvent certainement
attirer les jeunes dans les régions ou aller... ou, en fait, contribuer
à les garder dans les régions.
Le
Président (M. Pagé) : Pas d'emploi, ils ne seront pas là.
Alors, Mme la députée de Saint-Hyacinthe, il vous reste moins d'une
minute, moins d'une minute.
Mme Soucy :
Bien, merci. Ça va être tout pour mes questions.
Le Président (M.
Pagé) : Ça va?
Mme Soucy :
Oui, merci.
Le
Président (M. Pagé) : Alors, Mme Méthot, M. St-Amant
et Mme Tremblay, je vous remercie beaucoup pour votre présentation.
Alors, on va
suspendre les travaux quelques instants, le temps d'inviter le prochain groupe
à prendre place.
(Suspension de la séance à
12 h 14)
(Reprise
à 12 h 17)
Le
Président (M. Pagé) :
Alors, nous allons reprendre nos travaux. Nous recevons la Chambre de commerce
et de tourisme de Gaspé.
Je vais vous demander, pour les fins d'enregistrement, de bien vous présenter. Je vous rappelle
que vous avez 10 minutes pour présenter votre mémoire, et ensuite, comme
le groupe de tantôt, nous aurons 35 minutes d'échange avec le gouvernement
et les partis d'opposition. Alors, vous vous présentez, et on commence ensuite
notre 10 minutes.
Chambre de commerce et de tourisme de Gaspé (CCTG)
M.
Côté (Frédéric) : Oui,
bonjour. Je m'appelle Frédéric Côté, je suis président du conseil d'administration de la Chambre de commerce et de tourisme de Gaspé. Je suis accompagné de Sonia Landry,
conseillère aux communications. Alors,
merci beaucoup à tous de nous accueillir aujourd'hui. Ça nous fait plaisir
d'être parmi vous pour traiter de ce sujet important qu'est
l'acceptabilité sociale dans le cadre des projets énergétiques et de ressources
naturelles.
D'emblée,
on souligne... on tient à lever notre chapeau sur la démarche qui a mené au
livre vert. Je pense que c'est une
très belle démarche, qui est intéressante, et le contenu du livre vert aussi
est intéressant. Évidemment, aujourd'hui, notre intervention sera essentiellement favorable mais, évidemment, avec
quelques pistes de suggestion pour peut-être bonifier la démarche.
Avant d'entrer dans
le vif du sujet, peut-être présenter la Chambre de commerce et de tourisme de Gaspé.
On est un organisme qui représente
500 entreprises et organismes de tous les secteurs économiques sur le
territoire de la ville de Gaspé. Sa
mission, la mission, donc, de la chambre, est de contribuer aux plus grandes
retombées économiques en faveur de
ses membres par sa participation et sa collaboration au développement des
affaires et du tourisme sur le territoire de la ville de Gaspé.
Comme
vous le savez peut-être, l'économie de la ville de Gaspé repose sur trois
grands axes : le tourisme, beaucoup l'exploitation des ressources maritimes, et depuis quelques années il y
a l'énergie éolienne, qui s'ajoute évidemment à une économie de services, la ville de Gaspé est
également une ville de services, donc. Et plus récemment on a eu
également le développement de projets
d'hydrocarbures sur notre territoire et, dans ce sens, on a, je pense, une
expérience qui peut être pertinente pour la commission.
Avant
d'entrer dans les commentaires plus précis sur le livre vert, je tiens aussi à
le souligner, peut-être qu'en Gaspésie
ou sur le territoire de la ville de Gaspé on a une perspective peut-être un peu
différente ou en tout cas, à tout le moins,
particulière sur le vécu. Quand on regarde l'histoire, un peu, de notre milieu,
la Gaspésie a vécu la fin de ressources. Donc, quand on parle de minier,
souvent on parle de cycles qui reprennent un jour. En Gaspésie, bien, on a vécu
des fermetures de... Mines Gaspé :
fermeture, plus de gisement. Le bois d'oeuvre : plus de ressources, plus
de pâtes et papiers. Le moratoire sur
la pêche du poisson de fond, hein, ça fait plus de 20 ans puis ce n'est
pas encore revenu comme c'était auparavant.
Et aussi, au niveau de l'acceptabilité sociale, des façons de travailler avec
la communauté, je recule un peu dans l'histoire,
mais ça a quand même marqué au fer rouge la communauté, la création du parc
Forillon, la façon dont ça a été fait
dans les années 70, tout à fait scandaleux. Aujourd'hui, c'est beaucoup
mieux, mais ça reste que ça a marqué un peu l'imaginaire et la mémoire
collective. En ce sens, je pense qu'on peut dire qu'à Gaspé on a un point de
vue peut-être particulier en ce qui concerne l'acceptabilité sociale des
projets, avec une vision peut-être un peu plus long terme.
• (12 h 20) •
Récemment,
bien, évidemment, on a bénéficié du développement de l'énergie éolienne chez
nous. On le voit à la lecture du
livre vert, hein, je pense que, la façon dont l'énergie éolienne s'est
développée au Québec, il y a des bonnes pratiques qui ont été mises en place, puis c'est un exemple à plusieurs
égards. Puis on pense que c'est effectivement le cas.
Plus
récemment, on a été exposés au développement d'exploitation, exploration des
hydrocarbures, et ce qui nous a beaucoup frappés, c'est la différence de
modèles entre ce qu'on vit depuis une quinzaine d'années au niveau du développement éolien, les règles qui encadrent le
développement éolien, et le régime tout à fait différent au niveau des hydrocarbures. Et cette différence de régimes, je
dirais, a contribué à une certaine confusion et a représenté certains
défis, à mon sens, pour l'acceptabilité
sociale de la filière hydrocarbures sur notre territoire, et ce, malgré les
efforts importants du promoteur du projet.
Au
niveau des observations générales sur l'acceptabilité sociale, bon, évidemment,
je pense qu'il y a trois mots clés, puis on les retrouve bien dans le
livre vert.
L'importance
de la transparence. Donc, communication de la vision gouvernementale, je pense,
c'est important que le gouvernement,
quand il met en place une politique, il annonce ses couleurs, qu'il la
communique. La clarté des rôles, évidemment,
l'importance du ministère Énergie et Ressources naturelles mais également des
autres intervenants. On le sait, dans
le développement de projet, c'est un peu comme dans une banque, là, on a des
gens qui essaient de vendre des projets puis on a le crédit qui s'assure
qu'on respecte bien toutes les normes. Bien, c'est un peu la même chose en développement de projet, on a donc un ministère
qui doit pousser pour le développement et d'autres organismes qui doivent
freiner, respecter le cadre. Rendre l'information disponible. S'assurer d'un
dialogue ouvert, pas juste convaincre.
L'autre
mot clé : la constance. Il faut que le gouvernement, évidemment, et
l'appareil de l'État soutiennent les orientations
dans le temps. Donc, ce n'est pas tout d'annoncer une politique, il faut que,
quand elle se déploie, bien, tous les organes
de l'État contribuent et interviennent, lorsqu'il est question d'appuyer le
promoteur. Ce n'est pas seulement au promoteur — excusez l'expression — d'être au bat. Je pense, c'est important
qu'il y ait une constance dans l'accompagnement puis une durée dans le temps, puis une constance aussi sur les
différentes directions régionales. Dans certains cas, on voit que
certaines directions régionales ont des approches qui peuvent varier d'un
endroit à l'autre. Ça, c'est important, la constance, et, dans le fond,
s'assurer que le promoteur travaille dans un environnement qui est stable et
prévisible.
Enfin,
dernier mot clé : la cohérence. Évidemment, c'est un défi. Quand on parle
de gérer une société, il y a plusieurs intérêts qui sont divergents, mais la
cohérence est quand même importante, notamment sur la façon dont l'appareil de l'État intervient dans les filières.
On le sait, au niveau de la Loi sur la qualité de l'Environnement il y a
des exceptions sur l'évaluation des impacts,
et c'est toujours surprenant de constater, par exemple, que l'installation
d'une fosse septique de plus de six chambres
à coucher, le fait de relier deux maisons à la même installation septique, un
poteau de téléphone en plaine inondable, un salon de coiffure relié à une
installation septique et le prolongement d'un réseau d'aqueduc et d'égout demandent un C.A., et un forage pétrolier n'en demande
pas. Donc, c'est toujours... Donc, quand on parle de cohérence, c'est dans l'encadrement, mais évidemment ça,
c'est des éléments qui contribuent à générer une confusion qui nuit au
bon développement des projets.
Enfin, il faut aussi
voir les différents niveaux de l'acceptabilité sociale. Puis quand on est
arrivés, tantôt, l'intervention était
justement là-dessus. Il y a des niveaux. Il y a l'acceptabilité sociétale, donc
la société en général; il y a l'acceptabilité, qu'on pourrait dire,
communautaire. C'est de trouver l'équilibre dans ça.
Évidemment,
on doit... Je pense, l'ancrage dans les milieux est très important, puis je
salue le fait qu'on intègre dans la
réflexion des redevances, des retombées économiques locales, ce soit très
important. Et je pense que l'un doit aller avec l'autre. On le voit, dans un certain nombre de cas c'est des défis,
puis, je pense, les deux doivent marcher de pair ou trouver une façon
d'y arriver.
Maintenant, si on
regarde le livre vert en soi, globalement je pense que c'est très bien. Les bons
coups, là : de clarifier le rôle du
ministère Énergie et Ressources. Le processus qui est exercé en amont, c'est
excellent, accompagnement des milieux
au niveau de la réglementation municipale entre autres. La reconnaissance de
l'importance des retombées dans le milieu, c'est fondamental. On
souligne ça, évidemment.
Au
niveau de l'orientation 1... Je les reprends un peu, je vais les défiler.
Là, je n'ai pas suivi mon temps très bien, j'essaie de...
Le Président (M.
Pagé) : Il reste trois minutes.
M. Côté
(Frédéric) : Trois minutes. Parfait. Donc, au niveau des orientations,
je pense que c'est très bien, l'importance de clarifier le rôle,
l'orientation 2 aussi. Par contre, ça va être important d'ajouter à la
réflexion, selon nous, qu'est-ce
qu'on fait avec les terres privées puis avec le territoire agricole, il y a des
acteurs aussi qui sont concernés dans ça.
La cohérence, c'est important. Donc, il y a des très belles choses qui se font
en terre publique; il faut s'assurer qu'on soit cohérent avec les autres
éléments du territoire.
Au
niveau, je pense, de l'orientation 3, c'est excellent aussi. Je pense que
d'encadrer, d'encourager les bonnes pratiques,
c'est clé. Par contre au niveau des comités de suivi, clarifier la gouvernance
et le financement sera important, à notre avis.
L'orientation 4,
je pense qu'effectivement c'est fondamental. Bravo! Puis nous pensons qu'il
faut favoriser les retombées fixes et
connues. Je pense qu'également on doit encourager la participation financière
des communautés, on le voit dans l'énergie éolienne.
L'orientation 5,
c'est très bien aussi. Pour l'objectif 2, c'est important toujours, encore
une fois, d'avoir la constance. Une question,
c'est de voir qu'est-ce que des grands projets. Nous pensons que la coordination
interministérielle ne devrait pas s'arrêter seulement aux grands projets. Je
pense que ça devrait être un souci constant, peu importe la taille du projet.
Au niveau des ajouts, par rapport au livre vert, je dirais deux commentaires importants. Premièrement, bien, ça ne repose pas que sur le MERN, il faut avoir une vision d'ensemble de
l'intervention gouvernementale, je
pense que c'est très important.
Éviter les dédoublements aussi au niveau des permis, s'assurer que la démarche
soit cohérente, encore une fois, et
qu'elle se tienne à tous égards. Et notre expérience, encore une fois, mettre
de l'avant, je pense qu'il y a, puis c'est dans le livre vert... il y a des apprentissages intéressants de la
filière éolienne qui gagneraient, à notre avis, d'être déployés
également dans les autres filières.
Alors, je vous
remercie pour votre attention et je suis disponible pour vos questions.
Le
Président (M. Pagé) : Merci beaucoup, M. Côté, pour votre
présentation. Alors, je vais laisser la parole, pour un temps de
16 minutes, au ministre.
M.
Arcand :
Merci infiniment, M. le Président. Alors, M. Côté et Mme Landry,
merci encore une fois d'être présents ici.
Il y a beaucoup d'activité chez vous quand même avec différents projets, quand
je pense au projet Galt, au projet Haldimand, le projet Bourque; avec
également la filière éolienne qui est très présente dans vos régions.
Ma
première question, parce qu'on n'a pas beaucoup de temps, c'est :
Parlez-moi du partage des retombées. Vous avez... D'abord, premièrement, vous le savez, le ministère des Affaires
municipales, le MAMOT, là, de l'Occupation du territoire, a annoncé dans le pacte fiscal une amélioration assez
importante des versements pour tout ce qui est retombées, partage des bénéfices. Est-ce que vous êtes
satisfaits des dispositions actuelles du pacte fiscal? Et également, compte
tenu du fait que vous avez connu quand même
certains éléments avec particulièrement les éoliennes, est-ce que vous avez
des suggestions à nous faire à ce niveau-là?
Le Président (M.
Pagé) : M. Côté.
M. Côté (Frédéric) : Oui, merci.
Définitivement, on pense que... nous sommes d'avis que l'orientation dans le
pacte fiscal, c'est la bonne orientation. Au niveau des montants, je ne suis
peut-être pas la meilleure personne pour porter jugement, mais clairement ça va dans le bon
sens, de permettre des retombées dans le milieu, en fait, avec un souci d'outiller le milieu à faire de la diversification
économique, surtout quand il est question de ressources non
renouvelables. Et je vous parlais tantôt un
peu de l'historique qu'on a en Gaspésie. On voit que les emplois, c'est bien,
c'est très important. Par contre,
quand on arrive au bout du rouleau, en quelque sorte, on se retrouve souvent
devant des milieux qui sont tout à fait
désorganisés et qui n'ont pas les moyens facilement de se réorganiser parce
qu'ils n'ont pas pris le virage à temps. Donc, je pense, de ce côté-là,
c'est très... je pense que c'est très pertinent.
Au niveau des
recommandations que nous faisons, puis c'est un peu le propos que nous avons
tenu dans notre présentation tout à l'heure : de vraiment viser le
plus de clarté possible, d'avoir des redevances fixes, communiquées d'avance, un peu ce qu'on voit avec l'énergie
éolienne, là, ça ne dépend pas de la production du parc, par exemple,
c'est un montant fixe par mégawatt installé.
Il y a des montants de versés à la MRC, il y a des montants versés au
ministère aussi. Donc, de ce côté-là, je pense
que c'est le modèle le plus simple, le plus clair, le meilleur. Et s'assurer
d'outiller les milieux pour la
diversification économique, c'est important; encourager des initiatives aussi
de structuration. On a une initiative que la chambre appuie, là, qui est
en déploiement actuellement, d'un technocentre des hydrocarbures sur le territoire de la ville de Gaspé pour accompagner
nos entrepreneurs, parce qu'évidemment aujourd'hui on est toujours au niveau de l'exploration, mais, quand
l'exploitation viendra, bien il faut que nos entreprises soient compétentes,
soient capables de faire les contrats,
sachent comment l'industrie fonctionne, et c'est une initiative, justement,
pour accompagner nos gens, pour les
préparer à cette éventuelle exploration. Donc, de ce côté-là, il faut vraiment...
oui, c'est la bonne direction, mais, je pense, aussi il faut s'assurer
que ces redevances-là puissent jouer un rôle structurant sur le long terme.
Le Président (M. Pagé) :
Merci, M. Côté. M. le ministre.
M.
Arcand : Moi, il y a un terme
que vous employez, puis j'aimerais que vous le définissiez avec moi. Dans
un des documents que vous nous avez fait
parvenir, évidemment, vous dites : Nous sommes favorables aux projets
énergétiques dans le domaine de
l'énergie éolienne, des hydrocarbures, c'est un positionnement qui est
conditionnel à la maximisation des
retombées économiques locales — alors là, tout va bien — mais, vous dites, à une acceptabilité
sociale adéquate. Moi, c'est le mot «acceptabilité sociale adéquate» que
j'aimerais que vous me définissiez davantage.
• (12 h 30) •
M. Côté
(Frédéric) : Merci pour le
défi. Bien, effectivement, quand il est question d'acceptabilité
sociale, c'est là un peu le grand
défi, c'est difficile à chiffrer. Évidemment, ce n'est pas l'unanimité, je pense que ça doit
faire... on doit viser davantage le consensus. Évidemment, nous,
l'intervention qu'on a faite, puis on a une sensibilité particulière, puisqu'on est une chambre de commerce et de
tourisme, donc on a aussi une préoccupation de s'assurer, par exemple, que... Le développement d'une nouvelle filière, bien, dans
le fond, c'est un peu l'harmonisation
des usages, c'est-à-dire
s'assurer que, l'intégration de cette
nouvelle filière, bien, au net, on se retrouve plus riches, disons, qu'avant.
Donc, l'idée, c'est dans ce sens-là.
Au niveau
d'«adéquate», nous, la définition qu'on y donne, je vous dirais, c'est un
consensus général, là. Mais c'est
difficile de le chiffrer. On n'est pas convaincus que c'est de passer par des
référendums nécessairement ou passer par
des mesures chiffrées très précises, je pense que c'est vraiment une mesure du
climat social qui serait adéquate. Puis, nous, notre réflexion, c'est
vraiment de s'assurer que, lorsque l'on développe des nouvelles filières ou des
nouveaux projets, dans le milieu, bien, que
ça se fasse d'une manière ordonnée, que ça ajoute à notre portefeuille, et non
pas qu'on sente que, dans le fond, on déshabille un joueur pour en
habiller un autre, en fait, là.
Le Président (M. Pagé) : M.
le ministre.
M.
Arcand : Bien, écoutez, vous
avez fait, tout à l'heure, un léger reproche au gouvernement sur la
cohérence des actions. Quand vous dites, par
exemple : Bien, ça nous prend des certificats pour des conduites d'eau,
puis, dans le cas du pétrole, on n'est pas très, très encadrés, je peux
simplement vous dire que vous avez certainement suscité, je dirais, un intérêt de notre part. Parce que c'est clair
que, dans le domaine pétrolier particulièrement, ça fait des années qu'on
n'a pas vraiment eu beaucoup d'exploration,
il est clair qu'il va y avoir certaines modifications éventuellement qui vont
être apportées de ce côté-là, et même chose au niveau de certaines
autorisations environnementales. Le gouvernement regarde actuellement les façons d'améliorer les choses de ce côté-là.
Particulièrement quand ce sont des choses évidentes pour tous comme des
conduites d'eau, je pense qu'il est clair que le gouvernement va regarder de
façon à aller plus vite de ce côté-là.
Alors, je
voulais simplement vous renseigner un peu sur la vision. Puis je pense que vous
avez frappé le bon bouton, comme on dit. Alors, ça, je pense que c'est
clair.
Peut-être que
le député qui vous surveille un peu, qui n'est pas très loin de Gaspé, qui est
le député des Îles, aurait quelques questions pour vous.
Le Président (M. Pagé) :
Alors, on va laisser la parole à votre voisin le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M.
Chevarie : Merci, M. le Président. D'abord, merci pour votre présence
à l'Assemblée nationale puis votre contribution. Évidemment, c'est
d'autant plus intéressant que, par rapport au livre vert, vous considérez que l'ensemble... la démarche préalable a été très
correcte et vous considérez également que le contenu est très
intéressant.
Ça m'amène
une question sur une partie de votre mémoire qui dit qu'on devrait... vous
suggérez qu'on revoie les modalités de développement de la filière des
hydrocarbures au Québec en raison de son caractère non renouvelable. J'aimerais ça avoir un peu plus de précisions par rapport à
cette suggestion-là, parce que, ce que je comprends, vous considérez effectivement que les hydrocarbures est
une ressource qui a une limite à un moment donné et qui aurait un caractère, je dirais, transitoire. Et quelles
seraient les autres mesures pour mieux encadrer, je dirais, votre vision dans
une perspective plus durable, entre guillemets? Puis ça me fait penser à une
ville pas loin de chez vous qui a longtemps exploité le cuivre, Murdochville,
et qui finalement est passée d'une population à 7 000, 8 000, je
pense, habitants à peut-être une quinzaine de cent aujourd'hui ou à peu près.
Alors, j'aimerais vous entendre là-dessus.
Le Président (M. Pagé) : Oui,
M. Côté.
M. Côté
(Frédéric) : Merci. En fait, même si on regarde d'un point de vue
macro, sans porter de jugement précis, on
voit que c'est un peu le défi de la province de l'Alberta aussi, là, qui n'ont
pas préparé la chute des prix, et là ils se retrouvent un peu Gros-Jean
comme devant. Donc, c'est un peu le même principe. Puis en Gaspésie, comme je
le mentionnais, on le vit avec beaucoup
d'acuité, ça, des ressources non renouvelables. Donc, les emplois associés,
c'est important, mais il faut préparer
l'après, et ça, ça prend du temps, ça prend aussi des structures. Je dirais, il
faut encourager la formation, par
exemple, encourager le développement d'une expertise, encourager le
développement d'entreprises locales qui pourront par la suite peut-être
exporter ou se diversifier dans d'autres filières. Donc, vraiment, l'idée
d'avoir des redevances, ça, c'est important,
mais l'idée aussi d'accompagner la communauté, par exemple, à travers sa
commission scolaire locale ou à travers le
cégep, par exemple; de pouvoir développer des programmes de formation,
accompagner nos entreprises. Parce que les
ressources passent, mais les gens... — on souhaite, en fait — les gens restent, l'expertise reste. Donc, c'est de miser là-dessus pour
s'assurer, dans le fond, de créer... profiter de la richesse qui est là, dans
le fond, pour se diversifier dès maintenant et ajouter des cordes à
notre arc.
Donc, c'est
un peu de la vision qu'on en a, là, sur le principe, du moins, et de miser sur
la formation du personnel et la compétence de nos entrepreneurs, je
pense que ce sont deux mesures clés qui s'ajoutent à la nécessité d'avoir des
redevances, là, que le milieu peut utiliser à sa convenance pour assurer son
développement.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député des Îles-de-la-Madeleine.
M.
Chevarie : Oui, merci. En fait, c'est un peu l'approche au ministère
de l'Environnement, où il y a des mesures compensatoires dans les
secteurs où... On pourrait, par exemple, intervenir sur un milieu plus fragile
puis qu'on devrait de toute façon le faire
pour des raisons d'intérêt public, il y a des mesures compensatoires. C'est un
peu ce que je comprends dans votre approche par rapport à cet
élément-là.
Le Président (M. Pagé) :
M. Côté.
M. Côté (Frédéric) : Oui. C'est ça,
oui.
M.
Chevarie : O.K. En ce qui concerne votre mission à la Chambre de
commerce et tourisme de Gaspé, comment vous
vous êtes impliqués dans les projets soit éoliens ou encore des hydrocarbures,
en particulier Haldimand? Je ne sais pas
si par rapport au gisement Bourque, près de Grande-Vallée, vous êtes impliqués,
mais j'aimerais ça avoir votre approche sur le terrain, comment est-ce
que vous êtes actualisés, là, dans cette mission-là par rapport aux différents
projets.
M. Côté (Frédéric) : En fait...
Le Président (M. Pagé) :
M. Côté.
M. Côté
(Frédéric) : Merci. L'implication se fait à différents niveaux.
Évidemment, la chambre de commerce et de
tourisme est active lorsqu'il y a des consultations publiques ou des portes ouvertes,
donc on s'assure d'être présents. On accompagne aussi, on a travaillé
avec le promoteur pour s'assurer de la meilleure intégration possible avec le
milieu. Donc, il y a un volet de ce côté-là,
favoriser le réseautage entre nos entreprises locales et les promoteurs qui
peuvent venir de l'extérieur. On est
également impliqués de façon active au niveau du comité de suivi, par exemple,
de Haldimand 4, qui est directement sur le territoire de la ville
de Gaspé. Donc, on s'implique au niveau comité de suivi. Plus récemment, un
projet avec Bourque puis le projet de desserte maritime de Tugliq, on a
organisé, par exemple, là, des... au niveau conférence, s'assurer que, dans le
fond, la population ou les gens d'affaires puissent rencontrer ces donneurs
d'ordres potentiels là, ces développeurs-là.
Donc, je vous dirais, on a joué ce rôle-là. On a également pris des prises de
position dans l'espace public, ça fait aussi
partie un peu du rôle d'une chambre, et notre positionnement, bien, c'est celui
dont on a exprimé tantôt, c'est-à-dire : Oui, on est favorables.
Ceci dit, il faut que ça ajoute à l'ensemble de l'oeuvre et que ça se fasse dans le respect des différents, disons,
acteurs économiques déjà en place. Et c'est vraiment, donc, un rôle
d'accompagnement qu'on s'est donné, et c'est comme ça qu'on a travaillé les
projets avec les promoteurs.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député des Îles.
M. Chevarie : Combien...
Le Président (M. Pagé) : Il
reste 3 min 50 s, puis je pense qu'il y avait le député de
Côte-du-Sud aussi.
M.
Chevarie : Trois minutes. Je vais avoir deux questions puis je vais
vous les poser immédiatement.
D'abord,
par rapport au projet d'Haldimand, quelle était la... Parce qu'il y a eu
beaucoup de réactions à Gaspé, la ville, ainsi de suite. Quelle était la
principale, je dirais, préoccupation des gens par rapport à ce projet-là?
Puis après ça, s'il
vous reste du temps, j'aimerais ça que vous... puis c'est une suggestion du
ministre, puis je vais prendre la balle au
bond : Quelle est votre position par rapport au gisement d'Old Harry puis
éventuellement peut-être une
exploration ou encore une exploitation, là? On sait que le gisement est à la
frontière entre Terre-Neuve et les Îles-de-la-Madeleine, mais, dans une
perspective un peu plus lointaine puis qu'il y aurait de l'exploitation, s'il y
avait un déversement, le golfe étant un grand lac, évidemment, ça toucherait
toutes les communautés côtières des provinces maritimes.
Le Président (M.
Pagé) : M. Côté.
• (12 h 40) •
M. Côté
(Frédéric) : Oui. Donc, au niveau du projet Haldimand 4 plus
particulièrement, je vous dirais, tout à
l'heure ce n'était pas tant un reproche qu'un constat, au niveau de la
réglementation, parce qu'évidemment ce qu'on a vécu, c'est que pendant des années, hein, par exemple, la municipalité
puis le promoteur discutaient, puis ça pris un certain... pendant plusieurs années avant que, je dirais, ça
éclate, là, disons, au grand jour, le litige. Et un des constats, c'est
que c'est quoi, l'accompagnement? C'est
quoi, la réglementation? Comment on protège notre eau potable? Comment on
protège, comment on contrôle ça? Puis tantôt, quand tantôt
je parlais de cohérence puis de cadre, actualisé ou pas, tu sais, puis
c'est un constat, là, qui n'est pas
nécessairement la faute d'une personne ou d'un groupe en particulier, bien ça a
été beaucoup ça, de sentir... puis, dans le fond, la démarche, ça a été
beaucoup de voir, bien, comment on peut, au niveau de l'État québécois, mieux
encadrer. C'est un peu le sens de la démarche, puis c'est un peu le coeur de la
préoccupation.
Puis
là, quand on parle d'acceptabilité, tantôt, sociétale versus communautaire...
Et là ça, c'est un exemple où on avait
un peu l'impression parfois que la grande majorité des Québécois disent :
Mais on ne comprend pas, vous avez du pétrole
chez vous. Pourquoi vous ne voulez pas le développer? Bien, parce qu'au niveau
communautaire il y avait des enjeux
très terre à terre ou très, je dirais, pratico-pratiques qui n'étaient pas
résolus, et là ça a un peu... ça s'est emballé, en quelque sorte. Mais, je vous dirais, de ce
côté-là, c'était surtout ça. Je pense que ce vers quoi on se dirige comme
système... Je pense que des
Haldimand 4, dans le futur, si on déploie ce qu'on est en train de
regarder... je ne pense plus qu'on va en avoir, là, de la même façon,
j'ai le sentiment qu'on va être mieux outillés.
Par
rapport au positionnement au niveau d'Old Harry, c'est sûr qu'actuellement,
quand on regarde Gaspé... Puis les Îles
sont un peu concernées aussi. Bon, faisons un cercle d'un rayon de
100 kilomètres, et à peu près tout ce qui est gisement potentiel
suspecté au Québec est dedans ce rayon. O.K.? Donc, Gaspé est au coeur, on va
dire, du champ pétrolier potentiel du
Québec, incluant Anticosti, hein, c'est à un jet de pierre. Les gens traversent
en zodiac l'été, quand il fait beau, donc
c'est à un jet de pierre de Gaspé. Puis évidemment, nous, notre préoccupation,
notre intérêt, c'est plus le «onshore», donc le conventionnel. Au niveau du offshore, évidemment, Old Harry pose
des questions techniques de protection de l'environnement, puis aux
Îles-de-la-Madeleine, vous êtes aux premières loges pour ça, ça fait que je
n'oserai pas me substituer, disons, aux gens
des Îles par rapport à Old Harry, mais nous, notre intervention est d'abord le
«onshore», et on pense qu'on devrait
mettre tous les efforts pour s'assurer que ce développement puisse se faire, si
le potentiel est confirmé.
Le Président (M.
Pagé) : Alors, malheureusement, il nous reste 15 secondes,
donc...
M. Chevarie : Bien, merci beaucoup, d'abord, pour votre
participation et vos commentaires à cette commission. Merci.
Le
Président (M. Pagé) : Merci pour cet échange. Alors, on va passer
à l'opposition officielle avec le député de Sanguinet pour une période
de 9 min 30 s.
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. Alors, M. Côté, Mme Landry, je vous salue.
Écoutez,
bon, la Gaspésie, là, on parle de l'éolienne puis des hydrocarbures, là, vous
avez fait une démonstration assez
éloquente à ce niveau-là. Au départ, est-ce que vous êtes surpris, étonnés,
vous comprenez que le livre vert ne fait pas de distinction selon les
secteurs d'activité? Et, si vous êtes étonnés, qu'est-ce qu'on pourrait faire
pour corriger la situation, si vous trouvez
qu'on pourrait améliorer? Parce qu'on est là pour essayer d'améliorer le livre
vert, évidemment, là. Comment on pourrait faire pour améliorer cet
aspect du livre vert?
M. Côté (Frédéric) :
Bien, en fait...
Le Président (M.
Pagé) : M. Côté.
M. Côté
(Frédéric) : Oui, pardon. Merci.
Le Président (M.
Pagé) : Ça va.
M. Côté
(Frédéric) : En fait, nous, on pense que c'est une bonne approche
d'avoir une mécanique qui est sensiblement
la même, peu importe la filière. On pense que c'est une façon d'assurer une
cohérence puis une constance. Et, dans
l'espace public ou dans la population en général, bien, les gens comprennent
que c'est... Et c'est bon aussi pour les promoteurs, hein, ils comprennent c'est quoi. Après l'étape A, il
va y avoir une étape B, puis on sait dans quoi on avance.
Donc,
évidemment, c'est certain que chaque filière présente des impacts différents
dans les milieux. Donc, je pense que, tout
ce qui est les mesures d'atténuation puis les conditions pointues, c'est normal
que ce soit adapté à chacune des
filières. Mais, sur le grand principe d'un processus, disons, en particulier au
niveau de l'acceptabilité sociale puis de l'encadrement, je pense qu'on gagnerait à avoir un processus qui est le
plus uniforme possible et à limiter les exceptions.
Le Président (M.
Pagé) : M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Alors, je vais juste résumer. Si j'ai bien compris, vous dites : Il y a un
tronc commun, là, d'acceptabilité sociale
qui devrait être le même pour tout le monde. Puis vous parliez de cohérence, ça
fait partie de la cohérence qu'on peut simplement installer au sein de
ce milieu-là. Mais, quand vous dites... Par contre, quand on commence à analyser davantage, de façon plus
pointue les projets, peut-être que, là, il y aurait une distinction à faire
selon le secteur d'activité. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Côté
(Frédéric) : Oui, bien, en fait, c'est...
Le Président (M.
Pagé) : Allez-y.
M.
Côté (Frédéric) : En fait, oui, mon point, c'est qu'évidemment chaque
filière a des impacts différents dans les milieux. Je vais vous donner des exemples concrets. Quand on parle
d'hydrocarbures ou de mines, bien on va se préoccuper de l'impact sur les bassins versants, est-ce qu'on
va amener des contaminants dans l'eau. Quand on parle de projets
éoliens, par exemple, une des
préoccupations, bien, le climat sonore, quel sera l'impact sur... ou sur le
paysage. Donc, évidemment, il faut
avoir des mesures d'atténuation des nuisances ou des mesures d'encadrement des
impacts qui sont spécifiques au projet,
mais ça, c'est le propre, je dirais, de chacun des projets. Mais sur ce qui est
de la mécanique générale qui permet d'identifier
ces impacts, de communiquer les mesures puis de les identifier, les mesures
d'atténuation, ça, ça devrait être, à mon sens... à notre sens, ça
devrait être uniforme.
Le Président (M.
Pagé) : M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Oui. J'imagine que vous attendez avec impatience la loi sur les hydrocarbures.
Le Président (M.
Pagé) : M. Côté.
M. Côté
(Frédéric) : Définitivement. Ainsi que la politique énergétique, je
vous dirais.
M.
Therrien :
Oui. Nous aussi, d'ailleurs, on partage ce même... Comment je pourrais dire ça?
C'est un enthousiasme qui...
M. Côté
(Frédéric) : Qui est partagé.
M.
Therrien :
...oui, c'est ça, qui ne s'achève pas d'être en notre coeur, n'est-ce pas?
Voilà.
Bien,
écoutez, acceptabilité sociale, je dois vous dire, honnêtement, j'entends les
gens qui interviennent et j'ai regardé, là, le livre vert, évidemment,
là, et je vois difficilement comment cerner l'acceptabilité sociale, comment l'identifier, comment l'opérationnaliser. Bon,
c'est une démarche scientifique puis, bon, elle ne semble pas avoir été
faite.
Par
contre, et là je ne lance pas la pierre à personne, mais par contre ce qu'on
entend, depuis deux jours, c'est que c'est
quelque chose de difficile à délimiter, puis vous êtes un peu en accord avec
cette réflexion-là. Moi, je persiste à croire qu'il y aurait peut-être moyen de la clarifier davantage avec une
opérationnalisation et des indicateurs en ce sens, mais vous, vous trouvez que l'acceptabilité sociale,
selon ce qui est contenu dans le livre vert, là... vous dites : Bien,
écoutez, c'est pas mal le plus loin qu'on peut aller... ou il y aurait des
améliorations dans la définition de ce concept-là?
Le Président (M.
Pagé) : M. Côté.
M.
Côté (Frédéric) : O.K. Deux volets. Au niveau de la définition de
l'acceptabilité sociale, je pense que ce qu'on peut surtout faire, c'est
un peu de l'éducation, de la sensibilisation. En fait, parfois les gens
cherchent l'unanimité ou cherchent l'absence
de controverse, alors qu'un peu comme dans les relations de travail les
conflits, les conflits d'usage d'un
territoire, c'est inhérent à la vie en société, en fait. Donc, l'enjeu, ce
n'est pas tant de dire : On ne veut pas de conflit. L'enjeu, c'est
de se donner une mécanique que les gens trouvent juste et est éligible pour
gérer ces conflits.
Donc,
je pense que, quand on regarde, en fait, les critiques, bon, parfois il y a des
critiques qu'à sa face même le projet
n'est pas intéressant, puis là, je pense, si c'est le cas, il faut que les gens
puissent l'exprimer, mais souvent les critiques qui sont exprimées,
c'est beaucoup plus une notion de ce qu'on pourrait appeler de la justice
procédurale, les gens sentent qu'il n'y a
pas... ils ne comprennent pas la logique ou ne comprennent pas la mécanique et
sentent que l'écoute n'est peut-être
pas là. Donc, quand on parle d'acceptabilité sociale, nous, ce qu'on a vécu
dans nos milieux, le gros, disons, de
la préoccupation, c'est que les gens disaient : Bien, la procédure ne nous
semble pas adéquate, et je pense que, ça, si on vient clarifier ça, on
va régler une part, à notre avis, une part significative des défis pour les
promoteurs qui veulent développer des projets. On ne réglera certainement pas
tout, mais, si on peut faire ce premier pas-là, je pense que ce serait déjà
gagnant, à notre avis.
Le Président (M. Pagé) :
M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Combien
qu'il reste de temps, M. le Président?
Le Président (M. Pagé) : Un
peu... 3 min 45 s. M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Oui, bien c'est parce que j'ai en tête... Je suis allé à Malartic lundi, puis
au niveau de l'acceptabilité sociale
c'est un beau défi. Non, mais c'est vrai, c'est un beau défi. Tu sais, en
économie on dit souvent : Les bénéfices sont concentrés, puis les coûts sont diffus, tu sais. Bien là, c'est le
contraire. Tu sais, les coûts, en tout cas, sont concentrés, là, tu sais, je veux dire, il y a des gens qui
subissent les affres de façon très aiguë des conséquences de l'action
minière, alors que le reste de la communauté
semble en accord avec le fait que la mine soit présente. Et là, quand on parle
d'acceptabilité sociale, on est confronté à
cette réalité-là, c'est que les perdants, souvent, vont perdre énormément.
Les gagnants, bien, ils vont gagner un peu moins, mais ils seront plus
nombreux.
Est-ce que vous voyez dans le livre vert une
façon de trancher plus adéquatement ce genre de situation là?
Le Président (M. Pagé) :
M. Côté.
M. Côté (Frédéric) : Écoutez, je
vous dirais, ce qu'on voit dans le livre vert, encore une fois, c'est un peu un
principe, mais évidemment il y a des impacts
aux projets et il y a des impacts pour qu'on soit toujours davantage
positif que négatif. Il n'y a pas de réponse
facile à votre question, parce qu'évidemment, les gens qui sont déménagés ou
que leur maison est déménagée, ce
n'est pas facile de les convaincre que c'était la seule façon de faire. Je ne
sais pas, je ne connais pas particulièrement
ce projet-là, mais, je vous dirais, si les gens sentent au moins qu'il y a une
justice puis un traitement qui est
adéquat dans la façon d'aborder, avec du respect, évidemment, dans la façon
d'aborder cette problématique-là, moi, j'ai le sentiment que ça va
répondre à une bonne part des préoccupations, là, de ce qui est possible d'être
géré, en fait.
M.
Therrien :
Bien, je vous le dis, la question, ce n'est pas évident non plus, là. Je vous
posais la question, mais je comprends que ce n'est pas évident à
répondre. Moi, je passerais la parole à ma collègue.
Le Président (M. Pagé) : J'ai
compris que Mme la députée de Duplessis prendrait la parole. Il reste moins de
deux minutes, 1 min 50 s.
• (12 h 50) •
Mme Richard : Moins de deux minutes?
On va essayer de faire vite.
Bonjour.
Bienvenue à l'Assemblée nationale. Écoutez, vous avez fait référence à l'île
d'Anticosti. Vous suivez tout le
débat, on dit : L'acceptabilité sociale, on n'est pas capable de le
mesurer, c'est 50-50. Vous avez écouté, vous étiez présents quand j'ai
discuté avec le groupe qui vous précédait. Moi, je pense, j'ai toujours pensé
et je le pense encore, que c'est au milieu de décider.
Vous savez,
l'île d'Anticosti, il y a des personnes qui ont changé d'idée après avoir
entendu les propos du premier ministre à Paris. Donc, il y a des gens qui
disent : Bien là, il faudrait que le MERN, le gouvernement, soit juste accompagnateur du
projet, mais bien des fois le gouvernement, il n'est pas accompagnateur, il est instigateur
du projet. Et des fois il y a des projets qui sont là depuis... Écoutez,
l'île d'Anticosti, là, l'exploration, là, du sous-sol de l'île d'Anticosti, là, je suis encore petite, mais j'étais en très, très bas âge,
je vais le dire comme ça, et j'entendais déjà parler de futur potentiel à l'île
d'Anticosti. Et là on a un gouvernement qui est intervenu avant la fin d'un processus.
Est-ce qu'on n'a pas galvaudé un peu l'information puis on n'a pas fait en sorte que l'acceptabilité sociale, pour certains qui sont à l'extérieur de l'île d'Anticosti, qui ne sont pas résidents, qui sont à l'extérieur de la Minganie, en
Europe... que ça paraisse bien sur la scène internationale qu'on
protégeait? Mais, pour les gens là-bas, est-ce qu'on n'a pas fait en sorte de
créer encore plus de difficultés à dégager un processus d'acceptabilité
sociale?
Et moi, j'ai beau relire et relire le livre vert...
Je suis d'accord avec certaines choses, certaines orientations, mais, je me dis, là, si on prenait demain matin
concrètement le cas de l'île d'Anticosti, comment je serais capable de
dégager l'acceptabilité sociale d'un tel projet?
Le
Président (M. Pagé) : Malheureusement, Mme la députée de
Duplessis, vous n'avez plus de temps. Alors, peut-être qu'on pourra... Désolé.
Peut-être qu'on pourra compléter l'échange.
Mme Richard : Merci, M. le
Président. Mais c'est un bon défi, c'est un bon défi.
Le
Président (M. Pagé) :
Alors, je vais entendre la deuxième opposition, Mme la députée de Saint-Hyacinthe, pour continuer l'échange
avec M. Côté et Mme Landry. Oui, allez-y, Mme la députée.
Mme
Soucy : Vous allez pouvoir répondre à la question de ma collègue en
même temps parce que j'allais faire justement
du pouce sur l'acceptabilité sociale, hein, qu'on s'entend tous ici pour dire
que c'est un concept assez abstrait, puis même après le livre vert il
est aussi abstrait.
Alors,
en amont du processus d'autorisation, il y a des gens qui se font entendre, la
population locale, des groupes de
pression également. Pensez-vous que nous devrions établir des lignes
directrices pour que les gens qui se font entendre sur les projets chez vous, par exemple, devraient
être la population locale, les élus locaux, et qu'on priorise l'avis de
la population locale
pour éviter que les projets soient refusés parce que des gens de l'extérieur ou
des groupes écologiques viennent donner leur opinion — puis
on sait qu'ils sont souvent contre les projets de ce type? Alors, j'aimerais
vous entendre sur ça.
Le Président (M.
Pagé) : M. Côté.
M. Côté
(Frédéric) : Merci. En fait, un des éléments, puis c'est un peu un des
points que nous avons amenés tantôt dans
notre présentation, c'est qu'au niveau de l'acceptabilité sociale, dans les
projets énergétiques et de ressources, ça ne peut pas reposer uniquement sur l'intervention du ministère de
l'Énergie et des Ressources naturelles, il faut qu'on ait une cohérence
d'intervention de toutes les composantes de l'État. Dans le fond, le cas qui
était présenté tantôt l'illustre bien.
L'autre
volet, c'est que c'est sûr que l'acceptabilité sociale, c'est un concept qui
est abstrait au niveau législatif, je crois comprendre qu'au niveau, là...
si on fait une revue des lois, là, ce n'est pas défini nécessairement dans
aucune juridiction. Ceci dit, c'est quand
même un sujet qui est beaucoup étudié, en sciences sociales notamment, il y a
quand même beaucoup de connaissances autour
de l'acceptabilité sociale. Puis, dans le fond, je pense que... On peut
s'appuyer sur quelque chose quand même, là,
mais ça va demeurer, par sa nature même, avec des contours qui peuvent être un
peu flous.
Par
rapport à votre question, le volet local versus sociétal en général, nous, on
pense que ça devrait faire l'objet d'une question d'équilibre, tout
comme dans certains projets... Puis je prends l'exemple... Si on parlait d'une
ligne de transport d'électricité ou d'une
route, je ne pense pas qu'on jugerait acceptable qu'on ait une personne qui ait
le droit de veto sur une infrastructure
qui pourrait bénéficier à l'ensemble de la société, je pense qu'à quelque part
il faut avoir... tout comme ça, ce
n'est pas acceptable, à notre avis, d'avoir des projets qui auraient des gains
pour la société puis que ce seraient juste des nuisances locales. Donc,
nécessairement, ça prend un équilibre.
Et
le «buy-in», excusez l'expression anglaise, de la communauté d'accueil est très
important, puis on doit rendre les projets attrayants pour les
communautés; si ce n'est pas directement avec le projet, bien, trouver une
façon avec des mesures d'atténuation, avec des mesures compensatoires, au moins
que, bien, on ait quelque chose pour le milieu, qu'il puisse, tu sais, être
gagnant.
Puis c'est important aussi de comprendre
le signal des communautés. On l'a vu dans certains projets, où on
avait des projets qui pouvaient être
acceptés par les gens de la place puis on avait des autobus d'un peu partout
qui débarquaient pour dire :
Bien là, on n'en veut pas. La manifestation, elle est locale, mais les gens qui
sont dans la manifestation ne le sont
peut-être pas. Donc, je pense que ça, c'est important
de contrôler ça, le milieu local, c'est le milieu local, mais il faut avoir, je pense, un équilibre entre
les deux perspectives.
Le Président (M.
Pagé) : Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme
Soucy : Donc, si je comprends bien, oui, l'équilibre est important, puis de contrôler, en fait, de contrôler,
de savoir, justement, lors de manifestations, est-ce que c'est les gens locaux qui se font entendre ou,
comme vous avez dit, les groupes de
pression qui arrivent par autobus. Il
faut avoir, du moins, un cadre. Il faut
se doter d'une façon de faire
pour justement contrer ça puis savoir qui est pour et qui est contre, quels
sont les intérêts pour les gens qui sont pour et contre. Alors, c'est de ça...
Donc, vous êtes d'accord avec ça, qu'on se mette des lignes directrices.
M.
Côté (Frédéric) : Oui, il faut
canaliser ça, parce que ce n'est pas parce qu'on ne s'en occupe pas
que ça ne passera pas. Donc, à quelque part...
Puis on le voit dans
les audiences du BAPE. Actuellement, le BAPE joue un rôle, puis ça, on n'en
fait pas mention dans le livre vert, mais le BAPE joue ce rôle actuellement.
Les audiences publiques, c'est quand même un processus
qui est respecté. Quand le BAPE joue bien son rôle puis que c'est bien
équilibré... Je pense qu'à venir jusqu'à présent c'est une institution qui est très respectée parce que ça donne,
disons, ce canal-là pour pouvoir exprimer son point de vue sur les
projets dans un cadre qui est quand même avec un décorum qui est tout à fait
adéquat, là.
Le Président (M.
Pagé) : Mme la députée, il vous reste
1 min 40 s.
Mme
Soucy : Merci. Tantôt, vous parliez de transparence. Selon vous, dans
un souci de transparence, les études d'impact demandées par le ministère
de l'Environnement, est-ce qu'elles devraient être rendues publiques dès
l'étape du dépôt d'avis de projet comme ça se fait au fédéral?
Le Président (M.
Pagé) : M. Côté.
M.
Côté (Frédéric) : C'est une bonne question. Moi, je pense que c'est
peut-être mieux d'avoir une mécanique qui
permet à un promoteur de déposer un avis de projet tôt, même si l'étude n'est
pas complète au niveau des impacts puis qu'elle peut être préliminaire. Parce qu'évidemment la loi fédérale est
souvent pointée du doigt pour sa lourdeur, hein, on voit que c'est souvent perçu comme un frein. Puis,
dans la communauté, les gens préfèrent l'information quand le projet est initié, parce que faire l'étude d'impact, ça
implique d'être sur le terrain, ça implique de rencontrer des gens, donc
il va se passer quelque chose, en tout cas il y a du...
À mon sens... Je
n'exclus pas l'idée, là, mais il faudrait s'assurer, je pense, d'avoir un
processus qui permette rapidement de pouvoir
déposer des avis de projet, même avec des études d'impact préliminaires qui
devront être confirmées plus tard
dans le processus, plutôt que d'arriver avec un truc qui pourrait être perçu
comme étant tout attaché d'emblée.
Le
Président (M. Pagé) : Il reste 20 secondes, Mme la députée
de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy :
Merci.
Le Président (M.
Pagé) : Alors, merci, M. Côté et Mme Landry, pour
votre présentation, fort intéressante.
Alors, compte tenu de
l'heure, je suspends les travaux jusqu'à 15 heures. Merci, tout le monde.
(Suspension de la séance à
12 h 58)
(Reprise à 15 h 10)
Le
Président (M. Pagé) :
Alors, chers collègues, nous allons reprendre nos travaux. À l'ordre, s'il vous plaît! La commission,
donc, reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes, comme à
l'habitude, de bien fermer leurs sonneries des différents iPad et iPhone.
Nous allons
poursuivre les auditions publiques sur le livre vert intitulé Orientations
du ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles en matière d'acceptabilité sociale. Nous entendrons cet après-midi
l'Association de l'exploration minière du Québec — qui viennent d'arriver — le Gouvernement
de la nation crie et la Fédération des chambres de commerce du Québec.
M. le secrétaire, on avait peut-être parlé d'un remplacement, mais... On ne le
voit pas? Pas tout de suite? Parfait.
Alors, je vous
rappelle que pour la présentation, en tout, nous avons 45 minutes au
global : 10 minutes de présentation,
35 minutes d'échange. Alors, je vous souhaite la bienvenue. Je vous
demande de vous identifier au micro, et ensuite vous pourrez commencer
votre présentation de 10 minutes.
Association de l'exploration minière du Québec (AEMQ)
M. Savard
(Mathieu) : Bonjour. Mathieu Savard. Je suis vice-président de
l'Association de l'exploration minière du Québec.
Le Président (M.
Pagé) : Peut-être les deux autres personnes avec vous.
M.
Savard (Mathieu) : J'ai à côté de moi M. Alain Poirier, qui est
chargé de projet à l'Association de
l'exploration minière du Québec, et Valérie Fillion, qui est directrice
générale de l'Association de l'exploration minière du Québec.
Le Président (M.
Pagé) : Alors, allez-y pour votre 10 minutes.
M.
Savard (Mathieu) : M. le Président, membres de cette commission, chers
participants et collègues, au nom de l'Association de l'exploration minière du Québec, je désire remercier la Commission de
l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles de nous accorder l'occasion de venir
vous faire part de nos positions relativement au livre vert sur les
orientations du ministère en matière d'acceptabilité sociale.
Notre filière
minérale québécoise est aujourd'hui le fer de lance d'une industrie qui
contribue grandement à l'économie du Québec
et de ses régions ressources. Des récentes données de l'Institut de la
statistique du Québec nous indiquent
que 85 % des travaux d'exploration hors d'un bail minier sont effectués
par des PME d'exploration minière. Les
activités d'exploration minière maintiennent, selon les cycles, entre
2 000 et 3 000 emplois pour la recherche et le développement du sous-sol québécois. Notre
expertise est internationalement reconnue pour sa rigueur, son savoir-faire
et sa volonté d'oeuvrer de manière responsable.
Après évaluation de
la situation de notre secteur d'activité ces dernières années, nous pouvons
conclure que celle-ci a été particulièrement désastreuse. En effet, notre
secteur a été contraint de composer avec un long cycle économique baissier — qui se poursuit d'ailleurs — des charges réglementaires accrues, un
encadrement environnemental parfois aléatoire, un niveau de débat public
émotif. Cela a nui aux efforts de nos entreprises d'exploration à lever des
capitaux sur les marchés internationaux et au développement de leurs projets
d'exploration. L'impact majeur de cette situation
est un nombre de découvertes anémique au cours des cinq dernières années,
c'est-à-dire les mines de demain.
Les
explorateurs sont les premiers à prendre contact avec les nombreux utilisateurs
des terres publiques et des propriétaires
fonciers, incluant entre autres des chasseurs, des trappeurs, des forestiers,
des agriculteurs, des communautés locales
et autochtones. Ils sont aussi les premiers à présenter, échanger, dialoguer et
prendre en compte les préoccupations et
les attentes des communautés et à en tenir compte dans l'élaboration de leurs
projets. Nous sommes donc directement interpellés par le contenu du
livre vert et de ses répercussions sur nos pratiques quotidiennes.
Notre
association soutient l'initiative du ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles de vouloir moderniser ses
outils et ses pratiques afin de favoriser une meilleure conciliation des
usages. Nous supportons bon nombre d'orientations et d'actions proposées
dans le livre vert.
Cependant,
deux enjeux ont particulièrement attiré notre attention. Bien que le livre vert
s'adresse à l'ensemble des ressources naturelles, lorsque l'on s'attarde
à appliquer ses actions proposées à l'exploration minière, notre premier
constat est que plusieurs éléments ne semblent pas tenir compte de la réalité
de ces activités.
En matière
d'impact sur le sol, d'harmonisation des usages et de nuisances générées à
l'égard des populations de proximité, nous observons depuis plusieurs
années une tendance à vouloir adresser les enjeux entourant l'exploration minière avec le même
prisme utilisé pour analyser ceux rattachés, par exemple, à l'agriculture, la
forêt ou le développement hydroélectrique.
Bien que l'exploration ait besoin de
se déployer sur de grandes superficies du territoire pour
permettre l'acquisition de connaissances géologiques et géoscientifiques, la résultante de ses travaux, soit la
construction éventuelle d'une mine,
aura une empreinte excessivement réduite sur le sol. Historiquement,
99,97 % du territoire québécois n'a jamais fait l'objet d'extraction minière. La perception populaire qu'une
mine va s'installer suite au passage d'un prospecteur avec son marteau fait partie des mythes auxquels
notre industrie est confrontée et qu'elle doit corriger. Ainsi, l'État
ne doit pas avoir comme réflexe premier de
soustraire du territoire à l'exploration, stérilisant de cette façon le
potentiel minier définitivement, mais bien de favoriser la cohabitation,
qui, selon notre perception, se déroule généralement bien.
Certains
éléments du livre vert nous laissent croire à une certaine méconnaissance sur
nos pratiques, par exemple les
suggestions portant sur les comités de liaison, la consultation publique, le
comité de suivi lors de la mise en oeuvre des projets, un guide de bonnes pratiques en matière d'entente de
partenariat entre les promoteurs et les communautés non autochtones. Nous ne comprenons pas les problèmes
sous-jacents et la démarche effectuée menant à ces propositions puisque beaucoup d'entre elles sont déjà encadrées
par la Loi sur les mines. Celles-ci auront comme résultat de rendre
complexe, voire même impossible l'avancement de nos projets, ceux-ci ayant la
possibilité d'être bloqués à chacune des étapes.
Le choix des
outils, dans toute démarche de cette nature, requiert que les populations de
proximité, celles qui ont un parti
pris pertinent et immédiat dans la réalisation de l'initiative de
développement, soient bien informées et qu'elles puissent exprimer leurs préoccupations. Ainsi, l'État doit devenir
l'accompagnateur afin d'assurer la mise en place des conditions assurant la cohabitation des usages sur
le territoire, ce qui fera en sorte de réduire les nuisances générées
pour les populations de proximité et l'assurance d'un développement responsable
de nos ressources.
Notre deuxième questionnement concerne la
responsabilité même du gouvernement quant à la gestion des ressources naturelles et de son pouvoir
fiduciaire. Bien que l'État ait la flexibilité de se donner les mécanismes
nécessaires pour développer ses ressources naturelles, nous avons vu et sommes
toujours confrontés à des efforts de la part de certains administrateurs qui, au nom du principe de subsidiarité,
cherchent à transférer à des entités subordonnées des pouvoirs relatifs à la gestion du développement de
nos ressources minérales. La dernière action proposée dans le livre vert
va d'ailleurs dans ce sens. L'État a un
devoir de suppléance à l'égard de nos ressources naturelles et plus
particulièrement vis-à-vis le développement
de la ressource minérale, il doit demeurer le seul décideur de ce développement
et surtout ne pas le subjuguer au
pouvoir des autres intervenants sur le territoire. Le gouvernement doit assurer
davantage de cohérence et de vigilance en cette matière.
En guise de
conclusion, notre association soutient le gouvernement dans ses efforts pour
améliorer la cohabitation des usages
et leur harmonisation sur le territoire. Nous croyons cependant que le
gouvernement du Québec doit être prudent dans les outils et les
mécanismes à mettre en place en recherchant la simplicité et l'efficacité et en
assurant ses responsabilités de gestionnaire des ressources naturelles.
Au nom de l'AEMQ, nous vous remercions, M. le
Président, de l'intérêt porté à nos propositions et sommes à votre disposition
pour répondre à vos questions. Merci.
Le
Président (M. Pagé) :
Je vous remercie. Alors, M. le
ministre, vous disposez de
15 min 30 s pour échanger avec M. Savard.
• (15 h 20) •
M.
Arcand : Bien,
merci infiniment. C'est un plaisir de vous avoir ici aujourd'hui. J'aimerais encore
une fois, M. Savard, Mme Fillion et M. Poirier, vous saluer.
Et d'entrée de jeu j'aimerais peut-être
reprendre un peu ce que j'ai dit à l'association minière ce matin, puis je
pense que c'est important de bien comprendre ça. D'une part, il est clair que
le ministère fait une différence entre l'exploration
et l'exploitation. Deuxièmement, le comité de liaison, vous n'êtes pas assujettis
à un comité de liaison, vous n'êtes
pas assujettis à un processus d'information non plus quand il s'agit d'exploration. Et, troisièmement, le guide des bonnes pratiques est une suggestion et non pas une
obligation. Si vous estimez que ce que vous faites actuellement fonctionne, il
n'est pas dans l'intérêt du ministère d'avoir, donc, de ce côté-là, je dirais,
des mesures spéciales ou des mesures extraordinaires.
Je pense
qu'il faut bien comprendre, encore une fois, que ce qui
est devant nous dans ce livre vert, c'est d'aller en amont lorsqu'il y a des projets. Et il est clair
que, quand il s'agit d'exploration, on n'est pas dans un processus nécessairement
au départ de consultation, de ce côté-là. L'exploration, c'est de
l'exploration.
Maintenant,
hier, le ministre des Mines a eu l'occasion, au cours d'une conférence,
d'exposer un peu sa vision, la vision
stratégique sur le plan minier au cours des prochaines années. Je rappelle que
le gouvernement a fait, au cours, je dirais,
des derniers mois, des allègements fiscaux quand même assez importants au
niveau de l'exploration minière. Alors, une fois que je vous ai dit tout ça, quelles sont vos principales
problématiques par rapport à ce livre vert là, maintenant que je vous
dis que c'est quand même relativement flexible à ce niveau-là?
Le Président (M. Pagé) :
M. Savard.
M. Savard
(Mathieu) : Bien, tout
d'abord, vous avez parlé du comité de liaison et tout un processus de
consultation qui seraient,
évidemment, suggérés et non obligatoires. La problématique, c'est que, quand ça
devient une suggestion du gouvernement, ça devient vite, si on veut, une
norme. Et puis présentement, si on veut, dans la façon de faire que nous avons présentement, évidemment, il y a
plusieurs de ces choses-là qui sont déjà intégrées dans la Loi sur les
mines, entre autres on doit déjà informer
les communautés, les municipalités lors de la prise d'un claim. Ça, c'est déjà
intégré dans la Loi sur les mines. Également... Ça, je
crois que c'est 60 jours après l'obtention d'un claim. On se doit... on a
l'obligation d'en informer tous, si on veut, les intervenants. Ensuite de ça,
30 jours avant le début des travaux, on doit
également — encore
une fois, c'est intégré dans la Loi sur les mines — aviser les municipalités ou les entités
régionales qui sont concernées. Donc, ça, c'est déjà intégré dans tout ça.
Nous, évidemment,
pour un explorateur, évidemment, qui va avoir un claim, on ne connaît pas
toujours le potentiel d'un seul claim, souvent c'est plusieurs claims qui vont
former un projet. Et puis, quand ça devient une suggestion — tout à
l'heure je l'ai mentionné — gouvernementale, ça peut devenir une norme, et puis, si on va en
bas de ça, on va se le faire reprocher.
À
l'heure actuelle, ça fonctionne quand même bien, d'informer lors de la prise de
claim puis avant les travaux. Si on
impose, si on veut, une norme minimale, qui, à notre sens, est un petit peu...
évidemment, c'est dans la nomenclature, mais, dans les faits, ça va
devenir une norme, on va s'exposer à plusieurs processus, si on veut, de
consultation ou d'information à un stade
qu'on considère beaucoup trop avancé dans le... beaucoup trop tôt dans le
processus, puis ce qu'il va y avoir
en amont de ça, ça va être une complication, là, on va avoir de la difficulté à
faire les travaux. Puis évidemment tout
le monde est bien conscient de l'acceptabilité sociale, que c'est un
incontournable aujourd'hui. Je pense, Valérie a...
Le Président (M.
Pagé) : Mme Fillion, vous souhaitez ajouter?
Mme Fillion (Valérie) : Oui, je veux juste ajouter... C'est intéressant, M. le Président, d'entendre M. le ministre dire que
l'exploration n'est pas assujettie à ça, mais on ne l'a pas vu à nulle part
dans le document. Donc, le document ne laisse vraiment pas
entendre ça, ce n'est vraiment pas clair à ce sujet-là, donc c'est intéressant
de l'entendre dire ici.
Le Président (M.
Pagé) : Oui, vous voulez compléter? Allez-y, M. Savard.
M.
Savard (Mathieu) : Oui. À
cet égard, évidemment, on le sait, l'exploration minière, c'est un
domaine très risqué au départ, ça
engage des capitaux de risque, puis au final on a besoin d'une prévisibilité, particulièrement au plan réglementaire mais également au plan de tout le
processus d'acceptabilité sociale. Donc, évidemment, dans le livre vert, il
y a beaucoup de choses qui sont quand même
assez vagues, et puis évidemment il y a certaines choses qu'on aurait besoin de
plus de détails, évidemment.
Le Président (M.
Pagé) : M. le ministre.
M.
Arcand : Oui, bien, écoutez, d'abord,
premièrement, je
pense que... je prends note de ce que
vous me dites au niveau de la nécessité, à l'intérieur du livre vert, de
pouvoir distinguer, là, la question de l'exploration, mais encore une fois je vous le dis puis je vous
le répète, il n'est pas question de mettre... Moi, je vois ce processus-là
comme étant quelque chose qui va faciliter.
Oui, maintenant, il y a une loi sur les mines, la Loi sur les mines qui existe
exige un certain nombre de choses. Je
pense qu'il faut aller avec toute la transparence possible. Mais je pense qu'il
faut, dans les prochaines années...
puis c'est l'objectif un peu du gouvernement, c'est de pouvoir développer
encore plus efficacement le territoire, et on va pouvoir le faire de façon plus efficace lorsqu'il y aura plus
d'exploration minière. Je pense qu'une des personnalités que l'on
rencontre qui est, je dirais, le modèle un peu en termes d'exploration minière,
ça a été M. Gaumond, là, qui pendant des années, entre autres, avec sa
découverte de ce qu'est devenu Goldcorp maintenant, a fait quand même un immense travail. Et on sait que c'est long, on
sait que ça prend des années, on sait que ce n'est pas quelque chose de
facile nécessairement, et donc... Mais je voudrais juste que l'on comprenne
bien que notre rôle en est un de facilitateur. Je comprends que vous avez des enjeux sur le fameux 50-50 au niveau
environnemental, vous avez certaines questions sur le rôle des MRC. Je tiens à vous rappeler également
la page 9 que j'ai lue du document, dans notre livre vert, qu'en
bout de ligne c'est le gouvernement qui
prend les décisions qui touchent, évidemment, les territoires du Québec. Alors,
je voulais simplement vous rassurer,
parce que ce que je sens à l'intérieur de votre présentation, c'est beaucoup
d'insécurité ou, je dirais, une
certaine... je ne dirais pas une agressivité mais une certaine tension, disons,
en disant : Est-ce qu'ils vont nous compliquer la vie davantage?
C'est un peu ça que je sens à la lecture de votre mémoire.
Alors,
mon but, aujourd'hui, c'est d'essayer de vous dire : Écoutez, je pense
qu'on est là pour essayer d'aider la situation.
Les quelques, je dirais, orientations que l'on donne peuvent certainement, à
moyen et à long terme, évidemment, être
beaucoup plus bénéfiques. C'est parce que, nous, ce qu'on essaie, encore une
fois, c'est d'aller en amont, c'est d'essayer d'éviter les problématiques. Et, encore une fois, je dirais que, dans le
cas de l'exploration, je pense que le rôle qui est le nôtre au départ,
c'est vraiment de vous laisser opérer. Et le but, évidemment, où, là, ça se
resserre un peu plus, c'est lorsqu'on va
aller du côté de l'exploitation, parce que c'est là que c'est vraiment un enjeu
dans lequel les communautés, là, vont devoir être impliquées. Alors, je
voulais juste vous sensibiliser par rapport à ça.
Maintenant,
moi, ma question, qui m'apparaît, à ce stade-ci, assez importante, c'est
simplement de dire : Pour vous, vous
estimez que les guides de bonnes pratiques que vous faites actuellement
fonctionnent puis qu'il n'y a pas à revenir là-dessus? Est-ce que je
comprends que ce que vous faites actuellement se fait... Est-ce que j'ai bien
entendu lorsque vous avez dit que ça se fait relativement rondement et
relativement facilement, ce qui vous est demandé dans la Loi sur les mines
entre autres, là?
Le Président (M.
Pagé) : M. Savard, je comprends que vous voulez laisser la
parole à M. Poirier? Alors, allez-y, M. Poirier.
M.
Poirier (Alain) : Oui,
merci, M. le Président. Peut-être, pour répondre sur l'agressivité et la
tension, je vous dirais, M. le ministre,
que c'est surtout des gens très passionnés, en exploration, donc ça transcende
un peu quand on écrit des mémoires,
cette passion-là. C'est des gens qui relèvent des défis. Vous avez mentionné
M. Gaumond, il fait partie exactement de ceux-là.
Pour qu'est-ce
qui est des bonnes pratiques, c'est que, l'explication qu'on vous donnait, on
travaille depuis déjà quelques années à la mise en place d'une
certification en exploration minière. D'ailleurs, dans la stratégie minérale déposée hier, il y a un élément qui touche ça,
parce que le ministère des Ressources naturelles va participer à la
création et à la mise en place de cette
certification-là. Nous estimons être capables de la mettre en place au début de
l'année 2017 pour l'ensemble des
entreprises d'exploration et les fournisseurs de services au Québec.
Évidemment, c'est inspiré de ce qui se fait à travers le monde, des lois
en place et aussi de l'amélioration des pratiques à chacune des étapes, et ça
touche l'ensemble des populations, les communautés autochtones également, et
l'environnement. Donc, ça couvre vraiment l'ensemble
de ça. Et ce qu'on souhaite, c'est qu'il n'y ait pas deux, trois types de
bonnes pratiques qui soient publicisés, parce que ça devient complexe et ça devient un peu compliqué à gérer. Et
on sait qu'il y en a un pour le secteur minier, le VDMD, et il va y en
avoir un bientôt pour l'exploration minière, et, on pense, ça devrait se
limiter à ça.
Le Président (M. Pagé) : M.
le ministre.
• (15 h 30) •
M.
Arcand : Donc, votre
crainte, c'est que ça devienne une norme et, par le fait même... C'est plus ce
que ça pourrait devenir qui serait votre crainte, c'est-à-dire une obligation
éventuellement. Est-ce que je comprends bien ça?
Le Président (M. Pagé) :
M. Poirier.
M. Poirier (Alain) : Bien, non. Si
je peux préciser, on souhaite que ce soit utilisé par l'ensemble des entreprises. Ce qu'on souhaite, c'est que le
gouvernement ne mette pas en place d'autres types de normes, c'est qu'il
y en ait juste une, norme de bonnes pratiques, que l'ensemble des entreprises
d'exploration et des fournisseurs de services vont pouvoir suivre.
M.
Arcand : Très bien.
Le
Président (M. Pagé) : M. le ministre, je pense qu'il y avait un
de vos collègues... Oui. Alors, le député des Îles-de-la-Madeleine. Je
vous rappelle qu'il vous reste un peu moins de cinq minutes.
M. Chevarie : Merci, M. le
Président. Bienvenue à l'Assemblée nationale. Merci pour votre contribution à
cette commission.
Dans votre
mémoire, vous faites une nuance entre le minier puis le minéral et puis vous
faites une demande au ministère de
l'Énergie et Ressources naturelles de tenir compte de cette différence dans les
deux réalités des deux filières, et, pour
le bénéfice de nos auditeurs, ce serait probablement très intéressant que vous
puissiez nous expliquer en quoi c'est différent
par rapport à des projets d'exploration ou d'exploitation, particulièrement
d'exploitation, et que vous puissiez nous donner des exemples concrets
en termes de différences par rapport à ces deux filières-là.
Le Président (M. Pagé) : Oui,
Mme Fillion.
Mme
Fillion (Valérie) : Le terme
«exploration minérale» est un terme qui est plus général, donc on va
parler exploration minérale pour toutes les substances qui existent, finalement.
L'exploration minière, bien, on pourrait dire que, là, on devient un peu plus
précis.
Les gens
utilisent les deux, mais on ne peut pas dire qu'il y a une différence, là.
Quand on parle d'exploration minérale,
c'est souvent ça, là, c'est un terme plus vague, mais on comprend tous que,
quand une PME d'exploration lève des
capitaux pour aller sur un territoire faire des travaux, elle le fait en
espérant trouver... faire une découverte, définir un gisement qui va devenir une mine, puis c'est le
processus qui est souhaité. C'est un peu la nuance qu'on pourrait faire,
là, rapidement : l'exploration minérale, on espère que ça va finir en
exploration minière. Ce n'est pas...
Le Président (M. Pagé) : M.
le député des Îles.
M.
Chevarie : Parce que, si je prends... Vous mentionnez entre autres...
Pour les ressources énergétiques, on peut parler d'hydrocarbures, versus, par exemple, une mine de sel, phosphate
ou peu importe, là, il y a quand même des éléments passablement
différents dans, je dirais, les risques, probablement, environnementaux, ainsi
de suite.
Le Président (M. Pagé) : Mme
Fillion.
Mme Fillion (Valérie) : Mais le processus va rester le même. Si je
recherche du phosphate, je vais devoir avoir un plan d'affaires, je vais devoir convaincre des investisseurs que j'ai un
beau projet, que j'ai une géologie intéressante, que j'ai les compétences, les connaissances pour le
faire, que tout est là, finalement, pour convaincre l'investisseur de
venir investir dans ce projet de recherche
là. Ça reste toujours un plan d'affaires avec plusieurs composantes, que ce
soit de la potasse, que ce soient des
minéraux industriels, que ce soit du granit, que ce soit même une carrière
sablière. Si je me lance en carrière sablière, je n'ai pas de marché, ça ne me donne rien. C'est
toujours ça. Parce que je n'ai pas de revenu au début, je suis une entreprise, une PME sans revenu, je
dois convaincre des investisseurs de venir dans mon projet, avec les
bons arguments, puis qu'ils croient au succès du projet. La base est toujours
la même.
Le Président (M.
Pagé) : Il y avait le député d'Abitibi-Est ou...
M.
Bourgeois : Combien de temps, M. le Président?
Le Président (M.
Pagé) : Il nous reste 1 min 30 s, il nous reste
1 min 30 s.
M.
Bourgeois : Oh mon Dieu! Bien, d'abord, rapidement, M. Poirier,
tout à l'heure vous me sembliez avoir d'autres
éléments à amener, là, sur la notion des guides, puis moi, je veux vous
entendre aussi en complément par rapport... Vous comprenez que,
l'acceptabilité, le livre vert s'applique à un éventail de types de projet.
Donc, je voudrais vous entendre par rapport à ça. Vous semblez être inquiets
d'avoir plusieurs guides en même temps, c'est...
M. Poirier
(Alain) : Bien, évidemment...
Le Président (M.
Pagé) : M. Poirier.
M. Poirier (Alain) : Merci, M. le Président. Quand on regarde attentivement le livre vert et
qu'il n'y a pas de spécification sur l'exploration minière ou d'autres
types de ressources naturelles, bien, on prend pour acquis qu'il pourrait s'appliquer peut-être. J'imagine que dans
l'orientation ça va être beaucoup plus précis, là, ce qui s'applique ou
ne s'applique pas. On a pris note rapidement
de ce que le ministre ne va pas appliquer à l'exploration minière, on va
l'imprimer et le conserver.
Mais ce qu'on est
surtout préoccupés par, c'est l'ensemble des mesures qui pourraient être mises
en place. Le gouvernement est là pour accompagner les entreprises, oui, mais
aussi les municipalités et les populations, donner de l'information, c'est surtout
ça qu'on a de besoin, et on avait une préoccupation justement sur la quantité d'éléments qui pourraient
être en place et qui feraient en sorte que, pour une entreprise d'exploration
de trois ou cinq individus, ça devient à peu près invivable de pouvoir
développer un projet, à ce moment-là.
Le
Président (M. Pagé) :
Je vous remercie, c'est tout
le temps que nous avions. Alors, on
passe à l'opposition officielle pour une période d'échange de 10
minutes. M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. Alors, je vous salue, M. Poirier, M. Savard,
Mme Fillion. Bienvenue parmi nous.
Écoutez,
je vais tout simplement demander quelques clarifications dans le document, là, à propos du
document que j'ai lu, que vous avez produit.
À la page 10, deuxième paragraphe, vous dites : «Nous avons constaté, au cours
des dernières années, dans l'application de la réglementation et particulièrement
lors des tentatives de modification de la Loi
sur les mines, que la vision du développement minier québécois était perçue fort différemment, voire aux
opposés extrêmes, de la part de l'industrie et du ministère.» Est-ce
que vous sentez qu'avec le livre vert...
vous voyez qu'il y a un
rapprochement entre la vision de l'industrie et la vision ou l'action proposée
par le ministère?
Le Président (M.
Pagé) : M. Savard.
M. Savard
(Mathieu) : Je vais laisser la parole à Alain Poirier.
Le Président (M.
Pagé) : Oui, M. Poirier. Allez-y, M. Poirier.
M. Poirier (Alain) : Bien, vous savez, quand on a quatre tentatives de modification de la Loi sur les mines en cinq
ans, on a peut-être des perceptions un peu différentes de ce qui
était écrit à l'intérieur et le résultat qu'on a connu à la fin.
Il y a
des éléments qui s'améliorent. Je
pense que le point le plus positif du
livre vert, c'est l'accompagnement que
le MERN va faire par rapport aux communautés et l'information à donner. Ça, c'est un manque, qu'on
considère, dans les dernières années.
Souvent, la plupart du temps, le promoteur était livré à lui-même
par rapport aux communautés, ou les
groupes d'opposants, ou peu importe, O.K., et, vous savez, c'est toujours
difficile, pour quelqu'un qui pilote un projet, de venir exposer son projet devant une population.
Eux veulent avoir une source indépendante, si on pourrait dire, et c'est
le rôle du ministère de le faire. Et ça, c'est quand même important.
Un
autre souhait et qu'on regarde un peu dans le livre vert, c'est la présence...
que le MERN pourrait aussi piloter... Parce que, vous savez, nous, on
fait affaire avec différents ministères sur plusieurs projets, on est encadrés
de façon différente par plusieurs lois sur le même projet et sur la même activité.
Donc, il y a un effort considérable à faire, au niveau du gouvernement, de
s'assurer qu'il y ait une concordance non seulement au niveau des règlements,
mais de l'application de ceux-ci dans la
vraie vie, c'est-à-dire sur le territoire quand nous, on fait nos activités. Ça
fait qu'on voit que dans le livre vert il y a des éléments qui
sous-tendent ça, et nous, on l'appuie beaucoup et on souhaite que ce soit
quelque chose qui soit mis en place rapidement.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. Donc, quand on dit que le MERN est en quelque part un
promoteur, si on veut, de l'activité minière, d'une certaine façon, là, vous,
vous le sentez mieux à l'intérieur du livre vert, cette caractéristique-là.
M. Poirier (Alain) : Bien...
Le Président (M. Pagé) : M.
Poirier.
M. Poirier (Alain) : Excusez.
J'utiliserais le terme «accompagnateur», plutôt, et «facilitateur». Je pense
que M. le ministre l'a mentionné tout à
l'heure, c'est le rôle du MERN. Le livre vert, ce sont des intentions, et on a
hâte de voir, les intentions, de
quelle façon vont-elles se traduire dans notre réalité. C'est notre
préoccupation, là, pour le moment.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. Oui, on sent ça tout au long de votre écriture, là, le
ministre en a parlé aussi, des
inquiétudes. Parce que, nous, quand on a lu le livre vert, c'est ça qui
ressortait beaucoup, c'est, à quelque part, tu sais, il manquait un peu de précision, puis on va voir
la suite des choses, mais, oui, ça, moi, je me mets à votre place, ça
peut, à la limite, être inquiétant, parce
qu'il y a des éléments là-dedans qui manquent de précision. Bien, c'est ce que
je pense, puis vous le confirmez avec vos propos, là. Et puis je pense
que de toute façon on est là pour justement essayer de clarifier les choses
davantage.
À la
page 10, en bas, vous dites : «Un des enjeux majeurs du développement
de la filière minérale demeure l'accès au
territoire. Lors de la consultation sur l'acceptabilité sociale du printemps
dernier, certains éléments du document nous amenaient à conclure que
l'exploration minière était avant tout une nuisance sur le territoire.» C'est
quand même assez percutant comme propos. Moi, je vous demande : Est-ce que
vous sentez encore ça avec le livre vert, avec la définition de ce qu'on
appelle «acceptabilité sociale»? Est-ce que vous voyez que le traitement est un
petit peu moins dur à votre égard?
Le Président (M. Pagé) :
M. Savard.
• (15 h 40) •
M. Savard
(Mathieu) : Bien, écoutez, ça va se répercuter dans la mise en oeuvre,
un coup que les orientations auront
été avancées. On se souviendra qu'il y a quand même encore un 6 % du
territoire qui est menacé d'être interdit à l'exploration minière, entre
autres au niveau des zones de villégiature, et tout ça, on attend encore les
orientations finales là-dessus. Donc,
évidemment, c'est très philosophique, mais... Les orientations, c'est une
chose, mais la mise en oeuvre puis l'application de tout ça, c'en est
une autre.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de Sanguinet...
Une voix : Mme Fillion.
Le Président (M. Pagé) : Oui,
Mme Fillion.
Mme
Fillion (Valérie) : Juste un
petit commentaire, M. le Président. C'est que, si on veut parler de
cohabitation, d'harmonisation, on ne pense
pas qu'on puisse partir du principe qu'on est une nuisance, qu'il y a une
nuisance en partant. Il peut y avoir des nuisances ou des... — voyons,
j'ai perdu le mot — des
nuisances, mais au début l'activité, elle a un bénéfice, et il y a une façon de
la faire avec des bonnes pratiques.
Donc, on doit partir du principe qu'on veut
cohabiter puis harmoniser les usages. C'est dans ce sens-là qu'on le pense.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Oui.
Écoutez, à la page 7, très rapidement, ensuite je vais laisser la parole à
ma collègue, à la page 7,
l'avant-dernier picot : «Malheureusement, l'industrie se retrouve depuis
quelques années régulièrement aux prises avec un ministère travaillant davantage en opposition avec sa clientèle
naturelle en mettant de l'avant des politiques et règlements qui défavorisent son développement.» Ça
revient un peu à ce que je disais tantôt et ça revient aussi aux propos
du ministre. Ce que j'ai compris, là, c'est qu'il voulait être facilitateur,
vous l'avez un peu expliqué tantôt.
À partir de
votre critique ici, est-ce que le livre vert permet d'aller dans une bonne
direction? Et est-ce qu'on ne devrait
pas aller plus loin? Quelles suggestions vous pourriez faire pour que justement
on facilite davantage votre tâche?
Le Président (M. Pagé) :
M. Savard... M. Poirier, allez-y.
M. Poirier (Alain) : Merci, M. le
Président. Écoutez, dans les suggestions qu'on faisait, et M. Savard en a mentionné une tout à l'heure, c'est la simplicité,
O.K., il faut que ce soit applicable dans nos pratiques quotidiennes. Et
on ne pense pas qu'il y ait d'opposition
entre l'acceptabilité sociale et le travail des entreprises d'exploration. Ça
va dépendre du niveau d'encadrement que nous allons avoir et ça va
dépendre aussi des conditions.
Une
des craintes qu'on a, c'est que l'orientation devienne ce qu'il y a de base,
O.K., même si on entend que ça pourrait être volontaire, ça va quand
même devenir la base de l'ensemble des pratiques, et après ça il va y avoir des
exigences pour toujours augmenter ces pratiques-là.
Je vous
parlais tout à l'heure que les gens en exploration sont des gens de défi, et
ils en relèvent quotidiennement, des
défis. L'exploration a beaucoup évolué dans les 10 dernières années. Ce
qu'on s'aperçoit, c'est qu'il y a eu beaucoup de contraintes à l'exploration qui sont apparues, tant au niveau de l'accès
au territoire, les projets de loi, les débats sur les redevances, etc., qui fait en sorte que le taux de
découverte est anémique. Mais anémique, c'est une découverte dans les cinq dernières années. On ne pourra pas bâtir les
mines de demain si on maintient un taux de découverte aussi bas que celui-là. C'est sûr qu'on est dans un creux par
rapport au niveau des investissements, mais il y a quand même des
efforts à faire. Il faut favoriser l'exploration, il faut favoriser aussi la
cohabitation avec les populations au lieu d'essayer de contraindre ça, je pense que c'est la voie qui est à suivre. Le
ministère a un rôle à jouer d'information et de facilitateur dans les
dossiers, et les explorateurs, bien, vont faire le reste du chemin,
c'est-à-dire vont découvrir des mines.
Le Président (M. Pagé) :
Alors, est-ce que... Mme la députée de Duplessis. 1 min 45 s.
Mme Richard : Merci, M. le
Président. Bonjour, madame messieurs. Bienvenue à l'Assemblée nationale.
De ce que je
comprends des discussions que nous avons, c'est que vous avez peur qu'il y ait
des contraintes par rapport à tout le
travail que vous faites au niveau de l'exploration minière, quand vous
explorez, mais ça peut être pour n'importe
quels métaux. Et par la suite, bien, vous devez vendre à un promoteur. Vous
n'avez pas, au niveau des ressources administratives ou financières,
autant de facilité que les promoteurs pour vendre un projet.
Et, quand on
veut définir l'acceptabilité sociale, moi, je pense que... Oui, on dit qu'il
faut travailler en amont, mais, si
déjà on vous met des contraintes au niveau de l'exploration, vous n'y arriverez
pas, là. Et déjà, vous l'avez dit, vous avez un accès difficile au territoire, souvent il n'est même pas
accessible par route, c'est des défis énormes. Et, vous savez, par rapport même à la limite de ce qu'on voulait
conserver comme territoire, on ne connaît pas notre territoire,
qu'est-ce qu'on peut avoir comme richesses, là. Je pourrais vous parler d'un
pays en soi qui est la Basse-Côte, là, il n'y a pas d'exploration qui se fait
beaucoup de ce côté-là.
Moi, je
retiens vos inquiétudes. Le ministre semble vous rassurer, mais, vous savez,
quand c'est sur un livre vert ou autre chose, quand on commence, puis
qu'on veut définir un concept, puis que personne ne s'entend sur la même définition, l'industrie risque d'être confrontée à
des normes qui pour certains vont peut-être être faciles, pour d'autres
pas.
Et là on dit
que le MERN va accompagner, vous avez dit, M. Poirier, va accompagner les
communautés, les MRC. Moi, je suis
pour ça. Il y en a d'autres qui vont dire : Mais là, bien au contraire, il
faut qu'il accompagne les compagnies minières, les promoteurs, parce
qu'eux, des fois, c'est difficile d'aller vendre le projet à la communauté,
puis des fois même le gouvernement investit dans des projets miniers.
Le Président (M. Pagé) :
C'est tout le temps que nous avons, Mme la députée de...
Mme
Richard : Ça fait que je veux juste vous entendre au
niveau de l'acceptabilité sociale, je sais qu'on n'a
pas beaucoup de temps.
Le
Président (M. Pagé) : Oui. Alors, vous aurez probablement
l'occasion de répondre à l'intérieur d'une réponse que vous donnerez,
peut-être avec la deuxième opposition. Et j'entends pour une première question
Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme
Soucy : Merci, M. le Président. Bonjour à vous trois. Vous êtes très
critiques envers les ministères dans votre
mémoire. Avez-vous l'impression que le problème est plus dans la cour des
ministères que dans la cour des PME, de votre industrie?
Le Président (M. Pagé) :
Alors, M. Savard.
M. Savard (Mathieu) : Je vais
laisser M. Poirier continuer à discourir là-dessus.
Le Président (M. Pagé) :
M. Poirier. Allez-y, M. Poirier.
M. Poirier
(Alain) : Oui, on peut
paraître peut-être un peu critiques par rapport aux ministères.
Il faut savoir qu'on en côtoie beaucoup, de près et de loin, environ une dizaine. Vous savez, il y a à peu près
une centaine de lois, règlements, guides, et etc., au Canada, sur l'encadrement
du secteur minier.
Mais l'objectif
n'est pas de dire : C'est la faute du ministère, et nous, on n'a pas
de responsabilité. On est prêts, nous, à faire notre travail, évidemment, O.K., mais on souhaite que les ministères
mettent en place un cadre qui va faciliter le développement
de l'exploration minière tout en respectant les communautés, l'environnement,
etc.
Le Président (M. Pagé) : Mme
la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme
Soucy : Merci. Dans votre mémoire, vous marquez : «Qu'une seule
équipe soit dédiée aux traitements des demandes, incluant la
coordination avec [les] entités gouvernementales.» Donc, un gestionnaire de
projet qui serait attitré, pour l'efficacité, pour la
simplicité, qui ferait le lien entre tous les ministères que vous avez affaire,
c'est un peu ça, votre demande?
M. Poirier
(Alain) : Oui. Alors...
Mme
Soucy : Vous dites dans votre mémoire également... Bien, en fait, je
vous poserais la question : Pensez-vous que le MERN serait mieux de se soucier de faire connaître la différence
entre l'exploration et l'exploitation que de vous imposer un guide de
bonnes pratiques, que de toute façon vous êtes déjà bien encadrés par la Loi
sur les mines?
Le Président (M.
Pagé) : M. Poirier.
M. Poirier
(Alain) : Oui, bien, c'est le rôle du ministère, un rôle pédagogique à
informer les populations. Il pourrait le faire mieux. Si vous me posez la
question, il y a de l'amélioration à faire, c'est sûr.
Il
y a aussi une coordination par rapport à l'ensemble des autres ministères. Vous
savez, au niveau de l'environnement, il y a beaucoup de lois et
règlements aussi, on est encadrés par ce secteur-là. Les gens ont peu connaissance de cet encadrement-là et les gens ont
peu connaissance non plus de la Loi sur les mines, ce n'est pas tout le monde qui la lit le matin en se levant, et donc
souvent c'est sur des perceptions, et des vieilles perceptions du secteur
minier...
Le Président (M.
Pagé) : Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme
Soucy : Merci. Parfois, puis vous le dites, hein, c'est un secteur qui
est méconnu, les gens pensent que les gens dans votre domaine, là, c'est
tous des riches compagnies et puis... mais, dans le fond, hein, il y a beaucoup
de petites PME. Craignez-vous que
l'augmentation de la paperasse administrative pourrait être nocive pour votre
industrie?
Le Président (M.
Pagé) : M. Savard.
• (15 h 50) •
M.
Savard (Mathieu) : Je pourrais vous nommer un président de compagnie
qui a récemment hypothéqué sa maison pour financer son projet. On
parlait de passion, tantôt, et d'être dédié à son domaine.
C'est
sûr que la lourdeur administrative, évidemment, tout le monde est confronté à
ça, puis c'est pour ça qu'on suggérait justement d'avoir quelque chose de
centralisé, qui aurait davantage d'impact au niveau de l'efficacité, de la réduction des délais aussi, puis évidemment tout
ça sur une trame de fond, c'est le livre vert, pour que ce soit
prévisible à chaque étape, pour ne pas avoir
de surprise où est-ce qu'une compagnie qui a déjà assumé beaucoup de risques au
niveau de l'exploration doive assumer encore
d'autres risques à chaque étape parce qu'on va moduler le concept
d'acceptabilité sociale selon le projet,
donc ça devient imprévisible, et puis évidemment ce qui en découle, c'est une
fuite des capitaux, dans ces contextes-là.
Le
Président (M. Pagé) : Il vous reste un petit peu plus que deux
minutes, Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy :
Parfait. Je vous ai entendus, l'efficacité, la simplicité, et on aime bien ça,
à la Coalition avenir Québec. Dans le fond, un guichet unique qui... ce serait
ça qu'il faudrait? Un guichet unique qui serait au MERN, bien entendu.
Le Président (M.
Pagé) : M. Poirier.
M. Poirier
(Alain) : Merci, M. le Président. On n'en demande pas tant que le
guichet unique, parce que c'est excessivement complexe, l'ensemble des demandes
qui peuvent être faites par les entreprises d'exploration, mais minimalement
que ce soit une équipe dédiée et toujours la même équipe qui puisse répondre. Parce
qu'on sait que les autorisations sortent à peu près toujours du même bureau, il
n'y a plus de bureaux régionaux vraiment au niveau de l'exploration minière. Bien, ce qu'on souhaite, c'est qu'il y ait
vraiment une équipe qui soit fonctionnelle à Québec et qui puisse émettre les autorisations le plus rapidement possible.
Et plus ils sont rapides, plus on peut prévoir les délais, et plus on peut
prévoir les travaux sur le terrain. C'est le but qu'on poursuit.
Le
Président (M. Pagé) :
Mme la députée de Saint-Hyacinthe... Oui, Mme Fillion, allez-y. Il reste un petit peu... une minute.
Mme Fillion (Valérie) : Oui. C'est juste que, dans le fond, le financement qu'on va chercher,
que les PME vont chercher pour faire les travaux, elles souhaitent le
mettre en travaux, parce que toute la portion des frais de gestion et d'administration, bien, cette portion-là,
premièrement, ne se finance pas sur les marchés, et donc c'est très difficile
de trouver des investisseurs qui
disent : Bien, je vais te financer, puis tu vas mettre 50 % du
financement dans ta gestion, ton administration. Le but est de faire des
travaux sur le territoire, sur le terrain puis d'aller chercher l'information.
Le Président (M.
Pagé) : 30 secondes, Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme
Soucy : Oui. Dites-moi, quelle est la différence entre ce comité
suggéré par le MERN et qu'est-ce que les entreprises font déjà? Et
considérez-vous que d'autres secteurs régis par le MERN ont peut-être besoin de
ce cadre?
Le
Président (M. Pagé) : En quelques secondes, M. Savard.
M.
Savard (Mathieu) : Bien,
dans le contexte que l'exploration minière est exclue, évidemment,
on a déjà répondu à la question, mais un comité de liaison a beaucoup
plus de bénéfices pour un projet avancé. Puis ça, évidemment, naturellement les
sociétés créent des comités de liaison pour faire avancer leurs projets, justement,
dans un contexte d'acceptabilité sociale. Donc, c'est quelque chose que naturellement
les sociétés faisaient.
Le Président (M.
Pagé) : Alors, je vous remercie, c'est tout le temps que nous
avions. Alors, M. Poirier, M. Savard, Mme Fillion, merci.
On va suspendre le
temps de permettre à l'autre groupe de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à
15 h 53)
(Reprise à 15 h 56)
Le
Président (M. Iracà) : ...cette séance. Alors, je vais aviser les
membres que la présentation qui va nous être faite va être en anglais. Donc, vous avez des
équipements, là, pour la traduction, soyez bien à l'aise, là, d'utiliser les
équipements de traduction.
I
would like to welcome our guests from the Grand Council of the Crees. Please
introduce yourself and the people with you.
I remind you that you have about 10 minutes for your opening statement, we
will then proceed to the discussion
with the members of the Committee. So, welcome again to the National Assembly.
Probably you will have some questions
in French after your presentation, so, don't worry, we have equipment here,
just put the equipment on your head. So, please go ahead.
Gouvernement de la nation crie
M. Coon Come
(Matthew) : (S'exprime dans une langue autochtone).
I was greeting you in my own language,
which is Cree, knowing that you don't understand it. I don't speak French, but I do speak English, so I will make my presentation in
English.
So, with me... Of course, my name is
Matthew Coon Come, I am the Grand Chief of the Cree, of the Grand Council of the Crees of Northern Québec. I'm also the
chairman of the Cree Nation Government. I'm also the president of Eeyou Istchee James Bay Regional Government. With me, on
my right, is Kelly LeBlanc, who works for the Cree Nation Government in the environmental department, she's
the environmental and social assessment coordinator. To my left is Melissa Saganash, she is the director of Québec
relations. And to my far left is Graeme Morin, he is the environmental analyst for the James Bay Advisory Committee on
the Environment. So, well, thank you very much for the opportunity. So,
I go directly into my presentation.
The Grand Council of the Crees, the
Cree Nation Government thanks the Committee on Agriculture, Fisheries, Energy and Natural
Resources for the opportunity to present our preliminary comments on the green
paper. On the one hand, we welcome
the fact that the Ministry acknowledges social acceptability as an issue of
critical importance in relations between aboriginal nations and Québec
and in northern resource development.
At the outset, however, we must
express our concern and disappointment with the very short time limit to file these observations. It is ironic
that on such a sensitive subject as social acceptability, which turns on full and
respectful consultations, adequate time was not provided for us to
prepare detailed comments. The time available has made it possible to provide
only these initial remarks.
The Cree would have expected a longer
time frame to prepare and submit detailed
representations. That would have been more consistent with the very objective of the green paper to
promote a fruitful dialogue between the interested parties. It would also have been more consistent
with the mutual respect inherent in the nation to nation relationship
between the Cree and Québec, one of the
guiding principles of the agreement concerning the new relationship between «le
gouvernement du Québec» and the Cree of Quebec, commonly referred to as «Paix
des Braves».
This
concern is outlined by the fact that the Cree Nation Government are the only
ones to appear before the Committee and be
brought at schedule, of course, for today. We know that private individuals
have been invited to appear as late
as April 5th, 2016. With all due respect, we find it difficult to
understand why aboriginal governments, among the stakeholders most
concerned by the issue of social acceptability, have been given less time to
prepare submissions before appearing before the Committee.
• (16 heures)
•
Our concern is heightened because this is not the
first instance that the Cree Nation Government has been requested to provide comments
within a very short time frame on a Québec initiative of great importance to the Cree, there is also the case of the consultation on the strategic plan of the Société du Plan Nord, regarding which the
Cree are the key stakeholders.
Under
these circumstances, the Grand Council of the Cree Nation Government expressly reserves the right to file a detailed brief on the green paper in the upcoming weeks. We trust that adequate time will be
provided to the Cree in the future to respond to other Québec initiatives of importance to the
Cree.
It should also be noted that
there are currently active legal proceedings involving Ressources Strateco as
plaintiff and the Attorney General of Québec as defendant. The Grand Council, the Cree Nation Government and the Cree nation of Mistissini have intervened in these
proceedings as they raise as a central issue the nature and the extent
of the concept of social acceptability in its legal and other dimensions. Thus,
the Grand Council and the Cree Nation Government not only
make these representations on a «without prejudice» basis, but also suggest
that the requisite prudence be exercised by this
Committee to take into account this ongoing legal process.
With
respect to the green paper, the Submissions of the Grand Council on social
acceptability in Eeyou Istchee, dated back September 2nd,
2015, which are attached in the schedule 1, state the issues and Cree
positions. In particular, the document draws attention to the
importance of the environmental and social protection regime set out in
section 22 of the James Bay and Northern Québec Agreement, which is a constitutionally
protected treaty, the nation-to-nation partnership model of the «Paix des Braves», and the important
new jurisdictions of the Cree Nation Government and Eeyou Istchee James Bay Regional Government under the Agreement
on governance in the Eeyou Istchee James Bay territory between the Cree
of Eeyou Istchee and the «gouvernement du Québec» that was signed on
July 24th, 2012, referred to as the governance
agreement, which is in land, in resource, use planning and management. The
green paper does not address any of
theses elements, other than passing a reference in the introductory note to the
need for aboriginal consultations and a statement that MERN's other obligations and agreements with aboriginal
communities are not affected. This resembles more a pro forma statement
than a serious intent to engage with aboriginal governments as equal partners.
Before
addressing the concept of social acceptability, we reiterate that,
independently of that concept, the Cree position is that all development projects in Eeyou
Istchee require Cree consent. For the Cree nation, this is a question of
rights under the James Bay and Northern Québec Agreement, under «Paix des
Braves» and several other agreements.
With respect to the Eeyou
Istchee, the concept of social acceptability represents a compendious and
accurate expression of the principles
underlying JBNQA, in particular section 22 concerning the environment and
social protection regime. Social
acceptability is a fundamental aspect of the nation-to-nation relationship
between Québec and the Cree nation,
which is based on the James Bay and Northern Québec Agreement as a
constitutionally protected treaty. The concept applies not only to
governments but also to all who seek to undertake development of activities in
Eeyou Istchee.
Social acceptability, thus, is
not limited to a consultation process to discuss the conditions that will allow
the development project to proceed. As the
MERN acknowledges, even such a process that... may lead to a refusal by
the community to accept the project. In the case of the Cree, social
acceptability or lack thereof must be understood as a result which must be recognized and respected by governments and, of
course, the developers. For the Cree nation and in respect of development in Eeyou Istchee, if social
acceptability means anything, it must mean the consent of the Cree nation and, in particular, the affected Cree
community. As pointed out in the attached submissions, social
acceptability is at the heart of the Cree nation's inherent right to decide
where the balance between the risks and benefits of the development properly
lies. This implies that sometimes a particular project will not be allowed to
proceed.
On your guide 1, on conflicts in
MERN's roles and responsibilities, a tension exists between the responsibilities of MERN, and I
quote, «to act as the custodian of public land, harmonize land uses, and
provide support for companies proposing
projects that can contribute to the development of Québec's economy and the
prosperity of Québec society through
natural resource development». It is difficult for MERN to act as the
disinterested custodian of public lands if «as part of its economic duties, the MERN must support projects to
develop energy or mineral resources that are submitted by enterprises. For this purpose, it must advise
and assist project promoters through all the aspects leading to
government authorization or to a refusal to
issue a permit or grant a right.» Although guideline 1 proposes to make
MERN's roles and responsibilities
better known, such a measure does not remedy this conflict of responsibilities.
If MERN is to act properly as a
disinterested custodian of public lands, it should not have the competing
responsibility to advocate for development projects.
On guide 2, land planning
and land use harmonization in public land use plan, this guideline calls for
more participation by the communities and the public in the preparation of
MERN's public land use plans. However, no account is taken of the special
provisions of the governance agreement concerning the jurisdiction of the Cree
Nation Government and the Eeyou Planning
Commission regarding land and resource use planning or of the Cree nation's
right to participate in the preparation of
the public land use plans for category II lands. The special jurisdictions
of the Cree Nation Government in these matters should be acknowledged
and respected.
On guideline 3, information and
consultation process, the green paper refers to extending in the future the provisions of the Mining Act on aboriginal
consultations to other MERN sectors of activity. As of the present date,
the provisions of the Mining Act with respect to aboriginal consultation are
limited to the following :
«2.1.
This Act must be construed in a manner consistent with the obligation to
consult Native communities. The Government shall
consult Native communities separately if the circumstances so warrant.
«2.2.
Taking into account the rights and interests of Native communities is an
integral part of reconciling mining activities with
other possible uses of the territory.
«2.3.
The Minister draws up, makes public and keeps up to date a Native community
consultation policy specific to the mining sector.»
The MERN is currently preparing
a guide for the consultation of aboriginal communities for mining projects. MERN should continuously involve aboriginal
communities, including the Cree Nation Government and the Cree First Nations,
in all these exercises.
Le Président (M. Iracà) : I'm sorry,
Grand Chief. Two minutes left.
M. Coon Come
(Matthew) : Two minutes left?
Le Président (M. Iracà) : Yes.
M. Coon Come (Matthew) : I actually
have three more pages. Can I go for it?
Le
Président (M. Iracà) : Oui, alors... You can go. The
Minister says yes, so... On his time, on his time.
• (16 h 10) •
M. Coon Come (Matthew) : Thank you. Thank you,
Mr. Minister. I'm glad somebody is going to listen to me, I appreciate it very much.
On Guideline 4, sharing of
benefits, MERN states that it «still favours the signing of impact and benefit agreements between the promoter
and the communities concerned, including aboriginal communities». In fact,
Québec specifically undertook in the «Paix des Braves» to provide specific benefits to the
Cree in relation to the Eastmain-1-A—Rupert project,
which is section 4.16, and to encourage the agreements between promoters
and the Cree in respect of hydroelectric projects
and mining activities. Hence, the conclusion of the IBAs is not just a matter
of discretionary policy on the part of the MERN but a matter of legal
obligation.
As to the disclosure of payments by
mining companies to aboriginal governments, the Cree have gone on record to oppose the disclosure of financial benefits under mining
IBAs.
On
guideline 5, enhance MERN's ability to analyze impacts by taking social
acceptability into account, this guideline,
addressing the need to enhance MERN's ability to analyze impacts by taking
social acceptability into account, states
a worthy objective. It is nevertheless surprising to read that «the MERN
currently has no tools that take into account and assess the various factors contributing to a project's social
acceptability, either prior to the design stage or when land uses are planned and harmonized with various types
of activity during the process to prepare the public land use plan. For land use planning, only recreational and tourism
activities and wind farms are taken into account when assessing social repercussions. The possibility of taking into
account the factors for the social acceptability of other activities under
the MERN's responsibility, such as mining
projects, including quarries and sand pits, should be considered.» It is self
evident that the MERN must take into account
the social acceptability of mining projects. If it does not now have the tools
to do so, it must develop them
without delay in consultation with aboriginal governments, including the Cree Nation Government and the
Cree First Nations.
Major project office. MERN indicates
that is it «considering the possibility of setting up a major project office at its main offices in Québec. The office would coordinate the work of the
various units responsible for issuing authorization or guidance concerning the project, ensuring
interdepartmental coordination with the other government departments and bodies concerned.» Any such office should be
required to coordinate with the Cree Nation Government, the Cree First Nations and the Eeyou Istchee James Bay Regional
Government. Consideration should be given to the respective roles of such an office and of the Société du Plan Nord,
which asserts a role in coordinating of government departments regarding
development projects in the North. This
exercise should be conducted in close consultation with the Cree
stakeholders mentioned above.
Mr. Chairman,
I'm concluding now. The initiative of the green paper is a positive development
in that it acknowledges the significance of the concept of social acceptability
in government decision-making with respect to development
activities in Québec. The Cree nation confirms that social acceptability is an
issue of critical importance in relations between aboriginal nations and
Québec and in northern resource development. This concept is, however, subject to the constitutionally protected status
and rights of the Cree nation. The initial comments outlined above
identify a number of issues that require meaningful exchanges between the Cree
and Québec, which I believe should be in full compliance with the James Bay and
Northern Québec Agreement, «Paix des Braves» and the governance agreement. Of course, the Grand Council of the Cree nation
expressly reserves the right to file a detailed brief on the green
paper.
With
that, I am finished. But with me, of course, is Melissa, who represents... who
is the chair person of the James Bay Advisory Committee, and she just has a
short presentation to make.
Mme
Saganash (Melissa) : It's just a few words.
Thank you, Mr. Chair.
Le
Président (M. Iracà) : You want to continue?
How many... M. le ministre...
Mme Saganash
(Melissa) : It's a paragraph.
Le Président (M.
Iracà) : OK.
Mme Saganash (Melissa) : Mr. Chairman, thank you. Minister
Arcand, members of the Committee on Agriculture, Fisheries, Energy and Natural Resources, good
afternoon. Thank you for having us this afternoon. My name is Melissa Saganash and, as the Grand Chief indicated, I am
the director of Cree-Québec relations for the Grand Council of Crees, but I'm also the
chairperson, the current chairperson for the James Bay Advisory Committee on
the Environment, and I also sit as a
committee member... as an appointed member by the Cree Nation Government. And I am accompanied today, as the Grand Chief indicated, by the Committee's analyst,
Graeme Morin.
With the signing of the James Bay and
Northern Québec Agreement in 1975, the signatory parties established a unique
environmental and social protection regime, outlined in section 22 of the
JBNQA, and this regime is explicitly designed,
among other things, to minimize the impacts of development on the Cree and on
the territory's wildlife and ecology
and to insure the involvement of the Cree. And so we, the JBACE, were
established under section 22 to act as the official forum to advise
the governments on laws, policies or regulations that may influence communities
and environment of the James Bay territory. We exercise this mandate as a
tripartite committee composed of members appointed by the Cree, provincial and
federal governments in equal measure.
Many of
the proposals in the green paper will no doubt influence the planning and
handling of development projects in the
James Bay territory, and, for this reason, the JBACE intends to fully exercise
its mandate by providing the commission
with a written brief that will elaborate further on this very important matter.
But, for the time being, I can only
offer a very preliminary glimpse on the three elements that have raised
concerns for the JBACE and that may serve today as discussion points only. The JBACE will indeed explore the
following three elements further in the forthcoming brief.
The
first : two unique contextual realities for the territory covered by the
JBNQA being the importance of natural resource
development in the territory as well as the concept of social acceptability for
the territory.
Second :
the need to clarify roles and responsibilities, to
update land use planning processes, and to establish predictable information consultation processes. For example, we feel
that the MERN will have to clearly describe how it intends to go about planning and regulating development projects
while at the same time supporting those developments.
The need to strengthen
capacities to analyze project impacts, to share project benefits, and to
monitor and follow up. The JBACE will pay special attention to environmental
and social impacts.
And, with this being said,
Mr. Chairman, the JBACE will also be submitting a more in-depth reflection
on the MERN's green paper on social acceptability. Thank you, sir. Thank you.
Le
Président (M. Iracà) : Thank you, Mme Saganash. Thank you,
Mr. Grand Chief. M. le ministre,
il vous reste seulement six minutes pour les discussions. Now, it's time for the discussion. We have six minutes.
M.
Arcand : OK. Well, first of all, Grand Chief
Coon Come, it's a pleasure to have you here, and your team, Mme LeBlanc,
Mme Saganash and Mr. Morin.
The
first question is basically... Well, we understand, first of all, very well the
concept, the relationship nation-to-nation. We understand also very well the powers
and responsibilities of the Cree Nation and the James Bay agreement, we understand that. Knowing all of this, how do
you think we can work with you with regards to social acceptability?
M.
Coon Come (Matthew) : Thank you very much, Mr. Arcand. Social
acceptability, I believe, must be built upon
acknowledging our existing framework, that we built upon the James Bay and
Northern Québec Agreement, because those are
constitutional treaty rights, and to build upon the nation-to-nation
relationship that we had started with the
Government of Québec and the Cree nation, and to be able to recognize the
special rights and status that the Cree have within the territory, and to be able to build upon the institutions that
we have set up. The institutions that we set up are changing the political climate, the political
structure of decision-making in the territory, when we signed the
governance agreement. Under the governance
agreement, category II lands with 70 000 square kilometers of land
gave special powers to the Cree
Nation Government on land use and resource management. And also, under governance
agreement, we created the Eeyou
Istchee James Bay Regional Government in which we sit with the Jamesians and,
of course, with the Cree chiefs. Under
that agreement, we have jurisdiction over land use planning and resource
management. So, if you respect those, those institutions that we have
established, then I think we can begin to work.
But the challenge is finding
the balance, the balance to protect those rights, protect the animal habitat,
our traditional activity of hunting, fishing
and trapping while trying to pursue a new form of prosperity which is
participating in a modern economy. It is
also about the Cree nation's right to decide where the balance properly lies
when risks are... what risks are we
prepared to accept and what are the benefits that could outweigh the risks and
the negative impacts.
So,
social acceptability requires an understanding of the institutions, the legal
framework, the special rights and status that we have
under the agreement. If we go on that basis, then we have a basis to work on,
if you acknowledge and accept that.
Le Président (M. Iracà) :
Mr. Minister.
M.
Arcand : One question is about
the fact that, you know, we always say social acceptability does not necessarily require unanimity,
and my question is that, since you've been doing a lot of consultations over
the years, because there were many
projects in your territory, is there a special recipe, is there a special way
to deal with social acceptability, with the fact that some may be for a project and others, against? Is there a
special way that you're doing right now that can be helpful for us?
• (16 h 20) •
M. Coon Come
(Matthew) : We support development that is undertaken with our
participation and with our consent. We are
not anti-development. Just in the area of mining, we have signed IBA agreements
with Stornoway, with Goldcorp, with BlackRock, with Nemaska Lithium. We
have about seven IBA agreements.
So, we support development when it's responsible and it's sustainable, when
it benefits our people; of course, when there's not placed an undue pressure, burden
on our land and on our people. If you address the concerns of the
people, if you say in the agreement with
your signature that we have the right to hunt, fish and trap... That is our
main economy. Our people are still
living off the land, the land is still the largest employer. And, if you allow
us to participate, to be true partners, be able to consider our issues
about protecting the animal habitat, protecting that way of life, protecting
the culture, then we have a basis where we
can be participants, where we can develop partnerships, and hopefully are we
will come to an agreement.
So
far, I believe, every project that has come into our territory, where we are involved from day one, we
were able to conclude an agreement. Where we're
excluded from day one where our issues of, let's say, remedial measures, the
impacts it will have on the environment, lack of respect for the environmental
regime, like section 22, where we are not been asked, well, that creates animosity,
creates problems, then it's almost too late to come home, and then that
creates distrust. But, if you start from day one of understanding, and
respecting, and building upon and acknowledging the existing regimes that are
there, then we have a basis to work on.
M.
Arcand : According to you, is there such a thing
like the law of the majority or is it something that you don't like at first?
Le Président (M. Iracà) : Trois
minutes.
M. Coon Come
(Matthew) : We believe in consent. Consent
means that you talk. Consent means beyond consultations, it means a community
bind, it means partnerships. My one minute is up?
Le Président (M.
Iracà) : It's OK. Thank you, Mr. Grand
Chief. Now, it's time for the first opposition. You dispose of... Vous disposez de
7 min 30 s, M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Juste
vous dire, nous sommes l'opposition officielle, M. le Président.
Le Président (M. Iracà) : Opposition
officielle. Première opposition.
M.
Therrien : Merci.
Bonjour. Bonjour à vous quatre. Écoutez, depuis le début, on entend les gens
qui sont, souvent, impliqués dans
l'exploration, l'exploitation des ressources
naturelles comme des gens qui voient d'un bon oeil l'idée que le
ministère devienne davantage, si je peux me permettre, là, un accompagnateur,
un facilitateur, là, de l'exploitation des
ressources naturelles, tout en préservant l'acceptabilité sociale, et donc
généralement ils voient ça
d'un bon oeil. Mais vous, vous dites qu'il y
a un paradoxe entre les deux, soit que le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles soit à la fois un
gardien... — puis
je trouve ça intéressant, la façon que vous le voyez, là — soit
un gardien de l'utilisation du territoire public, mais aussi qu'il se
propose de soutenir des projets. J'aimerais que vous m'expliquiez davantage,
là, en quoi vous voyez, si je pourrais dire, ce paradoxe-là comme étant problématique dans l'exploitation des ressources naturelles, sachant qu'on
poursuit, à travers le livre vert, l'acceptabilité sociale, dans le fond, on
essaie de faire une communion de ces deux
principes fondamentaux, je pense. Je ne parle pas pour le ministre,
mais c'est ce que j'ai compris dans le livre vert. Voilà,
c'est ma question.
M.
Coon Come (Matthew) : Thank you very
much. It is within the
green paper, the mention the MERN is the custodian and, of course, at the same time is also
the promoter. Of this, we draw a conclusion that... Isn't that a
conflict of interest? As what relates to
development itself, shouldn't the Government of Québec be the one making the regulations and the laws of how development takes place?
But
to allow the promoter, in this case, if it's a promoter with the First Nations,
to be able to come to some kind of a mutual agreement that is beneficial to the members of the community...
And, of course, nobody will object to creating jobs. But, if you address the First Nations issues, chances are pretty
good in getting that project through. So, the Government of Québec, then, is just a facilitator making sure
that things are going well and... but the developer is working very
closely with the First Nations community in
which that project will be developed, and that community can explain the whole
process.
The
difference of the Cree is very unique, that's why I keep emphasizing. Other
First Nations don't have a treaty like we do that is constitutionally protected,
other First Nations don't have those special rights and status that we
have. They don't have section 22, they don't
have a governance agreement where we have authority over land use and
resource planning. They don't have that, but
we do. So, I think about the institutions and
structures in place. Allow that to take place, and the government itself can oversee it,
facilitate it, ensure... etc. And most of the time it works. At the end of
the day, the promoter, in our case, the Cree, have an agreement.
M.
Therrien : Je
laisserais la parole à ma collègue.
Le Président (M. Iracà) : Mme la
députée de Duplessis.
Mme
Richard : Merci, M. le Président. Bonjour, M. le grand chef Matthew Coon Come,
Mme LeBlanc, Mme Saganash, M. Morin. Bienvenue à l'Assemblée
nationale.
M. Coon
Come, j'aimerais ça vous entendre, parce que vous venez d'en faire mention,
vous l'avez dit, les Cris ne sont pas
comme les autres nations autochtones. Oui, on dit qu'on est égaux, on dit,
quand on discute avec eux, que c'est de nation à nation, mais ils ne
sont pas rendus où vous êtes rendus en termes d'autonomie. Et, quand on parle d'acceptabilité sociale, moi, je vais parler pour
un territoire tel que le nôtre, je ne sais pas comment le livre
vert pourra apporter une définition
qui va rallier tout le monde par
rapport à l'acceptabilité sociale.
Même si un promoteur déjà en amont d'un projet vient chez nous puis fait toutes
les consultations, si ça se passe à Sept-Îles, le conseil de bande
d'Uashat mak Mani-Utenam pourrait être
consulté, puis, si la communauté dit non, ça va être extrêmement difficile. Vous avez vu avec
le projet hydroélectrique de la rivière Romaine, même si c'est loin et proche
de chez vous en même temps, qu'il y a eu des problèmes avec la communauté de Mingan, la communauté aussi d'Uashat mak
Mani-Utenam par rapport aux lignes de transport. Donc, quand on
arrive avec un concept d'acceptabilité sociale pour l'ensemble des Québécois et
des Québécois, incluant les nations... moi, c'est innue et naskapie, sur mon territoire,
c'est extrêmement difficile.
En passant, j'ai lu votre mémoire
avec attention, j'ai vu que vous arriviez un peu à la même conclusion que
moi : en termes des outils, nous n'en avons pas. Dans un comté comme le
mien, c'est encore plus difficile. Et j'ai apprécié beaucoup le point 28
et quand vous parlez de la Société du Plan Nord. Je pense qu'à un moment donné
il va y avoir beaucoup, beaucoup
d'instances, qu'elles soient régionales ou nationales, qui vont avoir à
intervenir sur votre territoire tout comme le mien.
Je
sais que le temps nous presse et j'aimerais savoir... Parce que vous avez
dit : L'acceptabilité sociale, c'est dégager un consensus. Est-ce
que dans votre expérience de vos années comme chef, dans toute votre expérience
de vie — je
connais moins votre territoire, M. Coon
Come — vous
avez eu à faire des référendums chez vous pour un projet, pour dire s'il
y avait acceptabilité sociale ou pas?
Le
Président (M. Iracà) :
1 min 30 s, Mr. Grand Chief.
• (16 h 30) •
M.
Coon Come (Matthew) : That was a mouthful. I
appreciate it very much.
I do not speak for other First
Nations, but these First Nations must decide what they think is in their best interest and to be able to try
to address their issues with the promoters and with the government; in this case, the Government of Québec. But certainly, for the Cree, the
nation-to-nation works because it recognizes us as a partner and also it recognizes us as a rights holder — I didn't say «stakeholder», I said «as a rights
holder» — in all the natural development in Eeyou Istchee. And any agreement
that we have signed, we do community consultations in our communities. There
are 10 Cree communities, we number possibly 20 000, we occupy
an area of 350 000 square kilometers of land that's from the 49th to about
the 55th parallel. So, any agreement that we signed, yes, we did a referendum.
On «Paix des Braves», if I remember correctly, it was about... about 75%, 78%
were for it, and others were against it.
So, every agreement that we've signed,
we do very intensive community consultations to inform our people. We have very good debates among ourselves, you know. So, it's a
little different.
The other big difference is, when the
Cree sit down to negotiate with the Government, among ourselves we sit down and we say to
ourselves, «Do we support...» I'm talking about leaders, I'm talking about my
chiefs and the council we represent.
As a council board member, we sit down, we say, «Do we agree with this package
that we have?» Before we walk out of
that room, we will take a decision whether we support this package that we negotiated
with the developer or with the Government of Québec. And, when we do that, when we walk out of that meeting, we are now
promoting that agreement as to why we support that agreement. That is a very
different approach from other First Nations, that they'll just have an agreement. They won't take a stand on the
agreement, just give it to their members, and they debate it. I think as a leader you need to take a position on
a particular agreement that you've come to, and debate it among your
people, and be able to present it and allow the people to participate.
Le Président (M. Iracà) : Thank you, Mr. Grand Chief. C'est maintenant le temps de la deuxième opposition pour
son temps de discussion. Vous disposez de cinq minutes, et je donne la parole
au député de Masson.
Alors,
une question technique. Le député de Masson ne fait pas
partie de la commission, alors ça prend l'accord de tous les
partis pour que le député de Masson puisse s'adresser au grand chef. Alors, je
présume que j'ai l'accord. M. le ministre? Le député de Sanguinet, ça va?
Alors, je cède la parole au député de Masson.
M.
Lemay : Merci, M. le Président. Welcome, Mr. Coon Come and your team. Maybe you can keep your headset. I will ask my question in French, but I just wanted to greet you.
Vous savez, vous avez mentionné tantôt, dans votre introduction, que la
nation crie, elle décide elle-même en quoi doit consister un équilibre — you
said «the balance» — entre
les risques et les avantages du développement, puis ça implique que parfois on ne permettra pas à un projet en particulier
d'aller de l'avant. Donc, en matière
d'acceptabilité sociale, je ne sais pas si vous voulez rajouter un peu
d'information sur ce commentaire-là.
M.
Coon Come (Matthew) : No problem. There are
times in history when the Cree were confronted with a major decision. The
classical example is the Great Whale River project, when the Government of
Québec announced its intentions. You were
talking to a generation that just felt the impacts of a project that was neatly
exempted from any environmental
impact assessment, whose parents could no longer go out on the land to hunt,
and fish, and trap, whose lands were
under water, whose habitat of the animals was disrupted, people being
dispossessed, and marginalized, and driven from the land. That's the
generation you were talking to. And now where's that generation?
So,
as a grand chief, we took a position, we said no to this project. But let me
make it very clear. The reason why my generation said no was because we felt
the impacts, but I've always said, «Maybe my grandchildren — and I do have
grandchildren — and their children's children,
they may say yes to a project.» But we said no. There is no way we, as leaders, would tie the future generation on a decision
that we made at this time, we will allow them to make that decision in their
time.
So,
there's a project where we said no. There are, of course, other projects where
we contested, but, when we contested, we
were able to arrive at an agreement of either compensation or additional
remedial works to address some environmental concerns that we have, to
address the trappers' concerns like in forestry. We were able to arrive at an
agreement.
So, at the end of the day, if you want
social acceptability to work, for the Cree, you need to recognize the institutions, you need to go
beyond consultations where you're actually involved in a real participation, a
real partnership. The project will succeed because we have institutions,
we have a process in which we can follow. And, if that is done, I think chances
are pretty good.
The
reason why... I'll talk about Strateco. We said no because Strateco were
arrogant. They did not want to talk to us,
no respect for any of the processes that we have. Of course, we will contest
it, because you're infringing on our right, you're not respecting the
institutions that we agreed to, you're following a different process.
So, for
me, respect the rights, respect the recognized, the legitimate role we have in
decision-making. This Government approved «Paix des Braves». This Government recognized,
approved governance agreement. That means that we have the right to participate in the
decision-making, because of the governance structure that you set up in place, which we agreed.
M. Lemay : Respect and kindness is very important, I understand.
I
have another question on orientation No. 4. When you say, at your point
No. 24... I will read what you wrote in French : «Quant à la divulgation des paiements
versés par les sociétés minières aux gouvernements autochtones, les
Cris ont fait état devant la commission
de leur opposition à la divulgation des avantages financiers
découlant des ERA liées à des projets d'exploitation minière.» Vous
savez, il y a eu un projet de loi n° 55, la Loi sur les mesures de
transparence dans les industries minière,
pétrolière et gazière, qui a été sanctionnée le 21 octobre 2015, et puis
on parle de transparence, mais il me
semble qu'elle devrait aller dans les deux sens. Pourquoi maintenez-vous encore
aujourd'hui que vous refusez de faire la divulgation des paiements?
Le Président (M.
Iracà) : One minute left, Mr. Grand
Chief, one minute left.
M. Coon Come
(Matthew) : I think the Chair just saved me.
Every
mining project has different economics. Every deal that we make is a different
deal, every deal is different. So, to me, each deal, because it has economic differences, it's very
crucial not to give a competitive edge to the various developers or even... a competitive edge to the
developers that they can use against First Nations. That's pure
economics.
Le Président (M.
Iracà) : Thank you very much for your presentation, Mr. Grand
Chief, Mme Saganash.
Maintenant, je vais
suspendre les travaux quelques instants et je vais inviter l'autre groupe à
prendre place. Thank you again. Have a nice day.
(Suspension de la séance à 16 h 37)
(Reprise à 16 h 40)
Le
Président (M. Pagé) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre nos travaux. Nous
accueillons la Fédération des chambres de commerce du Québec. Alors, on dispose
d'un temps total, représentations et échange, de 45 minutes, vous avez
10 minutes pour faire votre présentation, et je vous demanderais en
partant de vous identifier.
Fédération des chambres
de commerce du Québec (FCCQ)
M. Forget (Stéphane) : Alors,
bonjour. Merci beaucoup, M. le Président. M. le ministre, MM. et Mmes les
députés. Alors, Stéphane Forget, vice-président Stratégie et affaires
économiques à la Fédération des chambres de commerce du Québec. Je suis
accompagné de David Laureti, qui est directeur Stratégie et affaires
économiques aussi à la fédération.
Un mot rapidement,
brièvement, sur la fédération, juste rappeler que la fédération
porte deux chapeaux : le premier, de
fédérer les 143 chambres du Québec situées sur l'ensemble du territoire
québécois, et le deuxième chapeau,
c'est d'être la chambre provinciale. Et à ce titre-là nous avons plus de
1 100 membres corporatifs, 1 100 membres qui sont réunis et
travaillent au sein d'une vingtaine de
comités composés de représentants d'entreprise et de chambres de commerce.
Ces comités s'intéressent à des sujets aussi
variés que le développement nordique, la main-d'oeuvre, l'énergie, les
finances publiques, les mines, bien sûr, et bien d'autres sujets.
La FCCQ comprend donc bien les défis que pose
l'acceptabilité sociale des projets de développement. Elle a applaudi la mise en place du chantier sur
l'acceptabilité sociale comme le dépôt des orientations énoncées dans le
livre vert parce qu'il rejoint un enjeu
qu'elle défend depuis toujours : celui de développer nos ressources de façon
responsable. Développer nos ressources,
certes, mais surtout être capables de le faire à travers un plan d'approbation des projets qui soit cohérent, prédéfini et prévisible.
Quelques
constats sur l'acceptabilité sociale. Nous avons la chance de bénéficier, au Québec,
d'une géographie qui nous donne accès
à une multitude de ressources énergétiques. Cette situation
enviable peut avantageusement bénéficier au développement économique du Québec.
Nous remarquons toutefois que les projets sont
de plus en plus contestés, voire même systématiquement remis en question. L'opposition de certains groupes à l'égard des projets de développement ralentit le développement de ceux-ci ou, dans certains cas, a
conduit à leur abandon. En tant que société moderne et démocratique, un projet
de développement ne saurait voir le jour au Québec
s'il conduisait à une détérioration de l'environnement ou s'il portait atteinte à la santé des populations
ou des travailleurs.
De ce fait,
la concrétisation des projets de développement et d'exploitation de nos ressources naturelles
est de plus en plus difficile. Le
manque d'acceptabilité sociale est dorénavant invoqué pour freiner des projets. Il faut se
rappeler que l'acceptabilité
sociale ne signifie pas unanimité sociale. Bien qu'il n'existe pas de
définition opérationnelle de l'acceptabilité sociale, elle est souvent
invoquée et, de ce fait, est devenue un concept pour tout d'opposition aux
projets.
M. Laureti
(David) : À notre avis, deux
facteurs expliquent cette situation. D'abord, l'absence de processus clair qui encadre les projets de développement. Sur ce point, nous notons que les processus d'approbation et d'émission des permis sont
nombreux, complexes et très longs. Plusieurs de nos membres déplorent ces
lenteurs ainsi que le manque de soutien, d'efficacité et d'expertise
dans certains secteurs des ministères en vue de leur obtention.
Nous assistons également à une fragmentation des
processus et demandes qui sont faites aux promoteurs de projet, ces demandes
peuvent changer d'une région à l'autre ou d'une situation à une autre. À cet
égard, la FCCQ a exprimé de vives attentes
lors des consultations particulières qui ont été menées sur le livre vert sur la
modernisation du régime
d'autorisation environnementale de la Loi sur la qualité de l'environnement. Ce projet de modernisation a soulevé de nombreuses attentes, et
nous avons bien hâte d'en savoir les suites.
Pour résumer, nous pourrions dire qu'il est
difficile pour les promoteurs de connaître les différentes étapes d'approbation et de faire évoluer leurs projets. Les règles du jeu doivent être
connues et ne doivent pas être changées en fonction de certains aléas et de l'arbitraire. Tous savent qu'il n'y a
rien de plus néfaste aux investissements que l'incertitude.
Le deuxième
facteur que nous notons est l'absence de prise en considération de l'ensemble
des variables économiques dans les
débats sur les projets de développement. Nous observons une tendance qui tend à oublier
qu'il y a trois piliers au développement durable. À notre avis, il
existe un débalancement en faveur des considérations environnementales, de
santé publique et sociales au détriment de la dimension économique.
L'idée ici
n'est pas de réduire l'examen des considérations environnementales mais
d'améliorer, de hausser notre niveau
de connaissance des dimensions économiques des projets. Pour
illustrer cela, nous n'avons qu'à penser à certains rapports du BAPE
qui, prétendant analyser les projets sous les trois angles du développement
durable, se retrouvent, dans les faits, à
mettre peu d'emphase sur la dimension économique des projets. Il n'existe donc aucune organisation au gouvernement qui promeut les
données économiques issues de l'analyse d'un projet, et qui assure
ainsi l'équilibre dans le
débat public, et qui aide à la prise de décision.
Tout cela a
des conséquences. Les entreprises doivent, elles seules, défendre l'opportunité économique
de leurs projets. Cette situation
alimente un climat de méfiance à
l'égard des projets de développement, et certains projets voient difficilement le jour, et ce, malgré
des années d'étude, de consultation et de débat.
M. Forget
(Stéphane) : Ce que nous
défendons ici, c'est une exploitation judicieuse des ressources naturelles. Nous défendons les projets de développement du territoire qui se font dans une perspective de développement durable. Nous défendons aussi la tenue de débats et de discussions
qui impliquent assurément les trois piliers du développement durable.
C'est dans cet esprit que nous saluons la
volonté exprimée dans le livre vert de mettre en place des processus d'information et de consultation qui sont prévisibles, et ce, à toutes les étapes
du projet. La fédération se réjouit également des orientations
énoncées qui visent à renforcer au ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles l'analyse des retombées économiques
des projets par la mise en place d'un bureau de projets majeurs ainsi qu'un
bureau indépendant d'analyse
économique des projets. Le MERN souligne à juste titre qu'il n'existe pas
d'outil qui lui permet de prendre en compte
et d'évaluer les divers facteurs qui contribuent à l'acceptabilité sociale des
projets. Nous sommes d'avis qu'une meilleure connaissance économique des
projets est un facteur essentiel à l'acceptabilité sociale de ceux-ci.
La FCCQ
milite depuis plusieurs années en faveur d'un bureau d'analyse économique qui
aurait pour mandat de documenter et de clarifier les aspects économiques
des grands projets de développement. Elle accueille tout aussi favorablement la mise sur pied d'un bureau des
grands projets qui serait chargé d'assurer la coordination avec les
différentes unités responsables de la
délivrance de certificats d'autorisation ou de permis, la coordination
interministérielle et avec les municipalités concernées, de même que la
diffusion publique des dossiers de projet ainsi que les résultats du bureau
indépendant d'analyse économique.
Bien que nous
militions en faveur de ces instances, nous insistons pour dire qu'elles ne
doivent pas alourdir le processus mis en place. Nous sommes en quelque
sorte allergiques au phénomène de sédimentation. À cet égard, l'implantation
d'un processus clair, prévisible, cohérent et réaliste d'approbation des
projets aura pour avantage de rééquilibrer
le processus de consultation publique et le traitement administratif des
projets. Une meilleure connaissance de
l'ensemble des variables économiques permettra au gouvernement mais aussi aux
différentes parties prenantes, incluant les communautés impliquées, d'avoir accès à des données et des faits sur
lesquels s'appuyer pour s'éloigner des oppositions purement idéologiques et faire valoir les retombées
positives d'un projet de même que les conséquences économiques de ne pas aller de l'avant avec un projet. Pour la
fédération, ce n'est qu'en renforçant notre connaissance des aspects
économiques des projets de développement et
de les partager publiquement que le souhait du ministère de l'Énergie d'établir
un processus de détermination de
l'acceptabilité sociale sera rempli. En se dotant d'outils tels que le bureau
de grands projets, le bureau d'analyse
économique, le gouvernement pourra renforcer son rôle d'accompagnateur des
projets économiques durables.
Maintenant,
un mot à l'égard des orientations inscrites au livre vert qui visent à
favoriser un partage des bénéfices des
projets de développement avec la communauté d'accueil. Les projets d'exploitation
de nos ressources provoquent parfois
des changements mais offrent aussi des opportunités pour les communautés qui
les accueillent, c'est pourquoi les entrepreneurs, en plus de respecter
la réglementation environnementale et d'innover dans leurs choix
technologiques, doivent aussi se soucier des
aspects sociaux de leurs projets. De bonnes pratiques en matière de
communication avec les communautés ont toujours favorisé une
implantation plus sereine au sein des communautés, et nous encourageons ces
bonnes pratiques.
Nous
croyons qu'une exploitation judicieuse de nos ressources constitue des
opportunités dont les retombées qui en
découlent peuvent prendre plusieurs formes. Des emplois créés, par exemple, le
développement d'infrastructures, d'une
expertise sectorielle sont également autant d'exemples des avantages que la
communauté d'accueil et le Québec tout
entier retirent de l'exploitation. En gardant cela en tête, la fédération croit
qu'une partie des redevances versées au gouvernement devrait être
accordée aux autorités locales où un projet est développé afin de les compenser
pour les inconvénients subis.
Enfin,
la fédération croit qu'il faut aussi analyser les opportunités manquées, car,
ne l'oublions pas, il y a un coût à
renoncer à un projet. Nous croyons aussi que le gouvernement a une
responsabilité au chapitre de l'acceptabilité sociale et particulièrement dans un contexte où notre
économie a un pressant besoin de stimulation. L'acceptabilité sociale
est, à notre avis, une responsabilité partagée.
Enfin, pour ces
raisons, nous invitons le gouvernement et l'ensemble des parlementaires à
considérer avec sérieux les orientations
décrites au livre vert et à réfléchir à la mise en place rapide d'un bureau des
grands projets assorti d'un bureau d'analyse économique, tout ça pour le
bénéfice, évidemment, de la société québécoise. Merci.
• (16 h 50) •
Le
Président (M. Pagé) : Top chrono. Merci, M. Forget. Alors...
Merci également, M. Laureti. Je laisse la parole au ministre pour
un échange, pour une durée de 17 min 30 s.
M.
Arcand :
Merci beaucoup, M. le Président. M. Forget, M. Laureti, bienvenue à
cette commission. J'aimerais d'abord vous remercier. Ce livre vert
semble avoir grâce à vos yeux, alors c'est déjà un pas dans la bonne direction.
On
parle d'un bureau des projets pour analyser l'aspect économique, puis
j'aimerais peut-être savoir comment vous
voyez ce bureau-là, parce que j'ai devant moi, à l'opposition, quelqu'un qui a
une formation d'économiste, et souvent, bien, quand on a des projets, parfois, les retombées économiques, ce
n'est pas toujours évident. Je pense à un projet, à un moment donné, où
on disait : Ça crée 30 emplois, puis vous avez une autre analyse qui
dit : Bien, il y a 3 milliards de retombées.
Alors, quelle est la véritable réalité derrière ça? Est-ce que, pour vous,
l'analyse économique doit être limitée à l'établissement d'emplois, d'investissement dans la communauté? Est-ce
qu'on doit aller jusque vers la rentabilité du projet, de l'entreprise?
Pour vous, jusqu'où il faut aller?
M. Forget
(Stéphane) : Bien, nous avons d'ailleurs...
Le Président (M.
Pagé) : M. Forget, oui, allez-y.
M. Forget (Stéphane) : Au mémoire, à la page 14, nous avons décrit
un peu ce qu'à notre avis pourrait prendre comme grille le bureau
d'analyse économique.
Tout
d'abord, nous soulignons qu'il devrait documenter et élucider les aspects
économiques de certains grands projets de développement ou d'activités
de production qui font l'objet d'importants débats publics, un des éléments.
Le
deuxième : analyser, évidemment, les retombées d'un projet ou d'une
activité notamment en termes d'emploi, comme
vous le mentionniez, de diversification économique d'une région, de
développement des marchés, d'avancées technologiques,
de sous-traitance, de rentrées fiscales, évidemment, et de revenus d'impôts
locaux et régionaux. C'est un autre aspect.
Analyser
les coûts directs pour le gouvernement associés à la réalisation du projet, les
avantages fiscaux, d'une part, et autres
consentis au promoteur, l'aménagement d'infrastructures reliées directement au
projet, coût réel d'éventuels avantages énergétiques, etc.
On
parle aussi, et ça, je pense que c'est important de le souligner, de documenter
l'ordre de grandeur des pertes résultant
du renoncement du projet, de la cessation de l'activité de production ou du
refus, dans certains cas, d'accorder une expansion.
Enfin,
ce qu'on souligne aussi, c'est de produire à l'intention du gouvernement et de
la population des données objectives qu'elle pourrait consulter, qu'elle
pourrait voir.
Donc,
je pense que c'est... Le bureau d'analyse, du point de vue du gouvernement,
fait une analyse de la retombée pour la société, pour l'économie.
Évidemment, pour ce qui est de la valeur économique du projet du point de vue
de l'entreprise, bien ça, pour nous, c'est
une décision d'entreprise. Si un promoteur décide d'investir dans un projet
minier, je ne pense pas que ce soit à
l'État, au BAPE ou à quelque instance que ce soit de dire : Bien, on pense
que vous ne devriez pas faire ça
parce que ce ne sera pas rentable pour vous. Je pense que ce n'est pas
l'objectif du bureau d'analyse économique, c'est de dire les retombées positives pour la société et aussi les
retombées négatives de ne pas faire un projet et de partager ça avec
tout le monde. C'est un peu de cette façon-là qu'on imagine le rôle du bureau
d'analyse économique.
Le Président (M.
Pagé) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Très bien, c'est assez clair comme définition. Parce qu'hier on discutait, puis
je pense que c'était la députée de
Duplessis qui disait qu'il fallait aller plus loin au niveau de la rentabilité,
même si, évidemment, souvent c'est basé sur la perspective d'achat futur
soit de minerai ou autre chose, là. Toujours difficile de définir la
rentabilité.
Mais
est-ce qu'a priori, d'aller plus loin dans ce sens-là, pour vous, il y a un...
Vous êtes un peu rébarbatifs à ça?
Le Président (M.
Pagé) : M. Forget.
M. Forget (Stéphane) : Bien, effectivement, je pense qu'il y a...
Assurément que l'entreprise fait son analyse actuellement. Bon, il y a des choses qu'ils peuvent partager, d'autres,
peut-être pas, pour des raisons de compétitivité, de compétition, évidemment, mais je pense qu'il faut
que le bureau se limite dans ce qui lui appartient puis dans la valeur
et les retombées pour la société québécoise.
Pour le reste, pour ma part, ça
appartient à l'entreprise, c'est elle qui a l'expertise, qui a des discussions avec ses bailleurs de fonds,
et ça appartient à l'entreprise, et je pense qu'on ne doit pas aller, du
côté du bureau d'analyse, de ce côté-là, à notre avis.
M.
Arcand :
Moi, j'ai une dernière question, M. le Président, si vous me permettez.
Le Président (M.
Pagé) : Oui. Oui, allez-y, M. le ministre, vous avez du temps.
M.
Arcand : Vous êtes... vous semblez, en tout cas, dire que le BAPE n'est pas habilité ou, enfin, je dirais, n'a
pas l'expertise pour pouvoir faire des analyses économiques. Est-ce que vous
pourriez me préciser un peu le fond de votre pensée?
Le Président (M.
Pagé) : M. Forget, allez-y.
M. Forget (Stéphane) : Bien,
tout d'abord, pour nous, il n'a jamais été clair que c'était le mandat du BAPE
de faire ce genre de travail là. Première des choses.
Deuxièmement,
on sait qu'ils ont tenté de le faire à quelques reprises, je pense notamment
dans le cas du rapport du BAPE sur le gaz de schiste, où justement le BAPE a un tant soit peu essayé
de démontrer que ce n'était pas rentable pour les entreprises d'aller de
ce côté-là. Donc, on pense qu'ils n'ont pas cette expertise-là.
Et j'irais un peu
plus loin. Vous êtes dans le domaine politique et vous savez que la perception
est souvent la réalité, et, lorsque le BAPE
fait ses études et dépose ses rapports, ce que les gens pensent et perçoivent,
c'est que c'est une analyse environnementale d'un projet, que ce n'est
pas dans son champ de compétence de faire ce genre de travail là, et on pense que les instances à vocation économique,
avec l'expertise requise, seraient mieux à même d'avoir la crédibilité
et la reconnaissance pour faire ce genre d'analyse là, à notre avis. Je ne sais
pas si ça répond à votre question.
Le
Président (M. Pagé) : M. le ministre, je pense, vous souhaitiez
laisser la parole au député d'Abitibi-Est, qui est également très
concerné par les mines. Alors, allez-y, M. le député d'Abitibi-Est.
M.
Bourgeois : Merci, M. le Président. En autant que M. le ministre a eu
le sens de la réponse qu'il voulait ou... Oui?
Bonjour,
messieurs. Dans vos commentaires, je sens aussi une préoccupation, avec la mise
en place de ce type de démarche, une préoccupation à l'effet que vous ne
voulez pas ajouter en termes de complexité et/ou de délai. Et, si je peux dire,
si je pourrais qualifier, qu'est-ce qui est le plus préoccupant pour vos
organisations dans l'analyse que vous faites, dans les gens qui veulent
développer des projets? Est-ce que c'est une crainte plus sur les délais ou sur
une réglementation supplémentaire?
Le Président (M.
Pagé) : M. Laureti, allez-y.
M.
Laureti (David) : Merci, M. le Président. Je pense que c'est un peu des deux, certainement, parce que plusieurs de nos membres nous ont rapporté les délais très
longs auxquels ils doivent faire face pour l'obtention, par exemple, de divers certificats
d'autorisation ou... voilà, de certificats d'autorisation, mais aussi
l'arbitraire, aussi, qui entoure un peu certaines émissions de ces
certificats. Les promoteurs, certains de nos membres nous font part que, quand
ils veulent développer un projet, ils ne
savent pas, autrement dit, où ça va les mener, d'une certaine façon, parce que
justement soumis à l'arbitraire, il y a des décisions qui peuvent
survenir à tout moment du processus actuel. Par la force des choses, ça
complexifie et ça ralentit déjà les processus.
Alors, notre
prétention, c'est qu'avec un processus clair, et bien défini, et connu de tous
dès le départ, d'une part, les promoteurs
sauraient à quoi s'en tenir et sauraient qu'est-ce qu'ils doivent produire tout
au long de leur promotion, de la
promotion qu'ils doivent faire de leurs projets, pour l'obtention de leurs
permis ou de leurs autorisations, et ça aurait donc un effet bénéfique sur les délais. Alors, ça n'alourdirait pas,
effectivement, ça ne ferait que simplifier une structure qui
actuellement fonctionne mal et crée par elle-même des délais insensés.
M. Forget
(Stéphane) : Je me permettrais d'ajouter une petite chose. Ce qu'on
mentionne, ce n'est pas que le promoteur
veut avoir la garantie qu'à la fin il va obtenir son permis puis que tout est
réglé, donc, quand il s'embarque dans
le processus, qu'il y a une garantie à la fin qu'il va avoir ce qu'il
souhaite. Ce n'est pas ça, l'idée. C'est que, quand il analyse l'idée d'investir au Québec
ou d'investir dans un projet, il n'y
ait pas d'incertitude sur le
processus qui va le mener à une décision, c'est ça qui est important pour
le promoteur. Là, ce n'est pas clair, le processus qui va le mener à une
décision. C'est un peu ça qu'il faut ajouter à ce qu'on a mentionné.
Le Président (M.
Pagé) : M. le député d'Abitibi-Est, une autre question, oui.
• (17 heures) •
M. Bourgeois : Oui, en complémentaire. Mais effectivement, donc, si je vous comprends
bien, ce n'est pas une demande d'amoindrir les exigences, c'est plutôt
de s'assurer d'un processus qui se
déroule, si on peut dire, rondement, donc qui va
garantir qu'avec une échéance on va pouvoir arriver d'une façon non arbitraire
sur des résultats qui, pour le promoteur, vont être capables d'être intégrés
dans sa logistique de réalisation de projet.
M. Forget (Stéphane) : Voilà.
M. Bourgeois : Vous avez également parlé
du partage des ressources, au niveau des redevances. Dans cette approche-là, est-ce que le mécanisme qui a été mis
en place actuellement correspond bien aux attentes des promoteurs? Est-ce que les promoteurs souhaitent être plus
directement en lien, par exemple, avec les communautés, les
organisations, en termes de versement de redevances, ou via le mécanisme qui
est actuellement privilégié par le gouvernement?
M. Forget (Stéphane) : Bien, tout
d'abord, je vous dirais que...
Le Président (M. Pagé) :
M. Forget.
M. Forget (Stéphane) : Merci. Tout
d'abord, je vous dirais que nous avons appuyé le projet de loi n° 55, qui
venait, dans le fond, démontrer l'importance de la transparence dans ce genre
de projet là.
Deuxièmement,
nous croyons que la redevance est importante parce qu'elle est transmise à
l'État, et après c'est à l'État de
déterminer ce qui devrait revenir aux communautés locales. Cela dit, on pense
que c'est important qu'il y ait une portion des redevances qui retourne
dans l'économie locale.
Ce que les
promoteurs nous disent beaucoup, c'est : Il faut que ce soit clair, parce
que, quand on débarque dans une communauté, au-delà des redevances,
au-delà de ce qu'on peut faire, il y a toutes sortes d'autres éléments sociaux,
d'autres projets auxquels on participe, donc on ne veut pas qu'il y ait
d'arbitraire là non plus, que ce soit clair. Que le montant de la redevance
soit clair, que la répartition communautaire et locale soit claire, et après ça
il n'y aura pas de confusion ou d'incompréhension sur la contribution réelle de
l'entreprise dans la communauté où elle s'installe.
M. Laureti (David) : Si vous me
permettez...
Le Président (M. Pagé) : Oui,
M. Laureti.
M. Laureti
(David) : Il y a par ailleurs des entreprises qui par elles-mêmes,
sans... de leur propre initiative sont entrées,
en amont, en communication avec les communautés d'accueil, ont mis en place
leurs propres processus, autrement dit,
pour faciliter auprès de la communauté leurs projets, et il y a des ententes
qui ont été prises comme ça. Et ce sont des pratiques que certainement
on favorise, à la FCCQ.
M. Bourgeois : Parfait. Merci.
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Pagé) : Oui, M. le député d'Abitibi-Est. Alors,
pour la partie gouvernementale, est-ce qu'il y a d'autres questions? Il vous resterait cinq minutes, un peu plus que cinq
minutes, M. le ministre. Est-ce qu'il y avait un autre sujet que vous
souhaitiez aborder, M. le ministre?
M.
Arcand : Bien, c'est-à-dire
que moi, j'avais une question. Vous avez parlé de cette espèce de
rééquilibrage du processus de consultation publique. Comment vous voyez, je
dirais, les projets... Est-ce que vous avez déjà fait une analyse sur les projets qui vous semblent plus
difficiles? Est-ce qu'il y a des projets d'hydrocarbures, par exemple,
est-ce qu'il y a d'autres genres de projet, dans vos analyses, qui semblent
plus difficiles que d'autres?
Le Président (M. Pagé) :
M. Forget.
M. Forget
(Stéphane) : En fait, c'est
une excellente question. On n'a pas fait d'analyse très profonde de
cela. Ce que je vous dirais, cependant,
évidemment on sent de base que tout projet de développement, actuellement,
lorsqu'on décide de faire un projet,
il y a une première vague d'opposition assez systématique, puis on le voit dans
de nombreux projets. Première des choses.
Deuxième des choses, évidemment, on ne se
cachera pas qu'il y a certains projets liés aux hydrocarbures qui causent des
enjeux, d'autres projets liés à différentes ressources naturelles, mais la
chose que je voudrais peut-être ajouter à
cet égard-là, on a un livre vert qui parle ici des projets qui touchent le
ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, qui touchent les hydrocarbures, les ressources, et je pense
que ce que vous avez mis sur la table aujourd'hui, une fois adopté, va faire école et risque de
s'appliquer à tout autre type de projet à l'échelle du Québec, ça pourrait
devenir une référence. Donc, il faut être
bien conscient que ce que nous faisons aujourd'hui, ce dont nous discutons en
lien avec les ressources naturelles risque d'avoir un impact sur tous
les autres types de projet que nous tentons de développer au Québec. Il faut
avoir ça à l'esprit parce que ça aura de la redondance assurément, à notre
avis.
Le Président (M. Pagé) : M.
le ministre.
M.
Arcand : Il y a eu un débat au
cours de l'intervention de l'association minière et de l'association
d'exploration minière, qui disaient :
Écoutez, vous proposez un comité de liaison, puis, ce comité-là, bien, nous, on
le fait déjà, on n'en a pas vraiment besoin. Et
moi, j'ai insisté pour dire : Écoutez, c'est une orientation qu'on donne,
on pense que ce serait une bonne chose.
Parce que de toute façon je pense qu'ils le font déjà, de façon générale. Mais
évidemment ils avaient une espèce de crainte que ça devienne un
règlement ou une obligation et...
Est-ce que vous partagez ce même genre de préoccupation.
Au niveau des comités de liaison, est-ce que vous voulez que le processus soit
un peu plus rigide, moins rigide? Comment vous voyez les façons de faire, comme
tel?
Le Président (M. Pagé) :
M. Forget.
M. Forget (Stéphane) : Notre
première préoccupation, c'est que le processus soit clair, qu'il soit défini en
amont du développement d'un projet. Si
dans ce processus-là il est convenu que, parce que c'est une meilleure
pratique, ça prend un comité de liaison,
puis qu'il est défini, qu'on connaît son mandat et ses limites, puis qu'il est
dans un processus clair et qu'il n'apparaît pas en cours de route, bien
je pense que c'est quelque chose avec lequel on ne pourrait pas être contre.
Le
Président (M. Pagé) :
Est-ce qu'il y a d'autres... Oui, une dernière question,
M. le ministre? Allez-y. Il vous reste
2 min 30 s.
M.
Arcand : Moi,
j'aurais une question pour vous parce que je pense que c'est un élément de préoccupation
toujours et parce qu'on voit souvent des articles dans les journaux, particulièrement
le Globe and Mail, qui souvent semblent dire que le Québec, c'est un
endroit où les projets sont plus difficiles par rapport à d'autres juridictions
à l'extérieur du Québec. Est-ce que c'est un commentaire que vous entendez de
vos membres parfois? Est-ce que c'est quelque
chose qui... Nous, on a l'impression
qu'on est quand même compétitifs dans tout ce qu'on fait, mais est-ce que c'est un commentaire que vous
entendez de la part de vos membres parfois?
Le Président (M. Pagé) :
M. Forget.
M. Forget
(Stéphane) : Nous l'entendons — merci — parfois
de nos membres, nous l'entendons aussi de gens qui viennent... Parce que bien des gens
viennent nous rencontrer, des promoteurs potentiels qui ne sont pas nécessairement
membres chez nous, qui veulent venir un peu comprendre et connaître le climat
d'affaires au Québec. Donc, oui, il arrive que nous l'entendions.
Ce que nous
entendons aussi par moments, c'est que le Québec doit redevenir ou
demeurer attractif en matière d'investissement et que, les statistiques le démontrent, notre
part des investissements privés, des investissements privés
étrangers, au Québec, est en diminution. Donc, au-delà du climat, je pense
qu'on a collectivement une responsabilité d'essayer d'augmenter la part des investissements
privés au Québec.
M.
Arcand : Et est-ce
que vous pensez que les problèmes
reliés à l'acceptabilité sociale de plusieurs projets... Parce
que, l'acceptabilité sociale, ce
n'est pas juste les projets d'hydrocarbures, c'est des projets d'éolienne,
c'est plusieurs genres de projet. Hydro-Québec, on l'a dit, a eu quelques projets dans lesquels il y a
eu certaines contestations. Est-ce
que vous pensez que ce problème
d'attraction, si on veut, des investisseurs privés peut être relié à un problème
d'acceptabilité sociale?
Le Président (M. Pagé) : En
20 secondes, M. Forget, s'il vous plaît.
M. Forget
(Stéphane) : Je pense que
toute entreprise est consciente de l'importance que son projet
soit accepté socialement. Je pense
aussi que beaucoup d'investisseurs ont le choix d'investir ici ou
ailleurs, et, quand il sera question de
déterminer lequel des endroits sera le plus fertile pour une acceptabilité
sociale, j'oserais dire, raisonnable, bien il va prendre sa décision à ce
moment-là. Donc, effectivement, c'est une réflexion qui est faite par les entreprises
qui investissent...
Le Président (M. Pagé) : Je
vous remercie. Je vous remercie, M. Forget. Alors, on va passer à
l'opposition officielle.
Je veux vous
dire que la raison pour laquelle je vous nomme à chaque fois, ce n'est pas parce que
je veux jouer mon rôle de président
de façon abusive, mais c'est pour faciliter la transcription de tout ce qui est
dit ici, c'est la même chose pour
tous les collègues, alors... et en même temps pour le décorum,
bien sûr, mais c'est vraiment pour faciliter la
transcription de nos travaux.
Alors, M. le député de Sanguinet, pour une
période de 10 min 30 s.
M.
Therrien : Je peux vous dire, M. Forget, que les gens à la
transcription ont le bonheur de vous retranscrire, quand vous avez une
voix radiophonique comme ça. Semble-t-il qu'ils éprouvent beaucoup de plaisir à
le faire.
M. Forget (Stéphane) : Ah bon! Bien,
vous êtes gentil. Merci.
• (17 h 10) •
M.
Therrien : Alors,
je vous salue, M. Forget. M. Laureti, je vous salue.
Alors, bon, écoutez,
j'ai compris que l'analyse économique de projet était quelque chose que vous
trouviez très intéressant, je pense que ça a été clair. Je pense que,
parmi les gens qui sont venus depuis deux jours, c'est à peu près vous qui avez
peut-être le plus vendu l'idée, puis je trouve ça intéressant. Puis j'imagine
que vous êtes là pour ça.
M.
Forget (Stéphane) : C'est notre rôle.
M.
Therrien : Oui, absolument.
Par rapport à ça, là, j'aimerais ça avoir des informations. Parce que
vous avez commencé à faire l'éventail
de la façon, en tout cas, que vous analysiez les projets, bon, vous avez
fait la nomenclature de tout ce qui
était inclus là-dedans. Moi, j'aurais un questionnement par rapport à ça et j'aimerais ça vous entendre là-dessus. Il y a des
externalités qui ne sont pas considérées, habituellement, là, quand on fait
l'analyse d'un projet, là, et, de faire l'analyse
de projet au niveau économique, ce que vous dites, avec raison, c'est que ça
aide à mieux comprendre la dimension économique
à l'intérieur du processus d'acceptabilité
sociale, bon, ça, on s'entend là-dessus. Puis vous avez insisté là-dessus, puis je pense que vous avez
raison de le faire. Mais est-ce qu'il y a un moyen, en prenant une
analyse avantage-coût puis en prenant les externalités puis en les
internalisant dans le processus de calcul économique, une façon de joindre aussi bien l'aspect économique,
l'aspect social puis l'aspect environnemental, à l'intérieur du
processus d'analyse avantage-coût, en faisant tout simplement l'ajout des
externalités à l'intérieur de votre modèle? Ça, c'est la question que je vous
poserais.
Puis
j'irais aussi dans l'analyse triple, ça veut dire qu'on regarderait analyse
avantage-coût pour la communauté, analyse avantage-coût pour le
gouvernement du Québec puis analyse avantage-coût pour la société québécoise en
général. Est-ce que c'est à ça que vous
pensez, ou je suis trop loin, ou je suis dans ma tête, ou je suis dans un monde
irréel parce que je suis économiste? On est souvent dans un irréel, nous
autres, on flotte puis des fois on n'a pas de contact avec la réalité. Puis
c'est vrai, c'est comme ça.
Le Président (M.
Pagé) : M. Forget. Éclairez-nous sur la tête de notre...
M. Forget
(Stéphane) : Oui, bien...
M.
Therrien :
Soyez poli, par exemple.
M. Forget (Stéphane) : Soyez sans crainte, soyez sans crainte. J'ai
beaucoup de respect pour les économistes, soyez sans crainte. Économiste
et élu de surcroît, c'est ça.
Le Président (M.
Pagé) : Allez-y, il est capable d'en prendre.
M. Forget
(Stéphane) : Bien, tout d'abord, je vais juste me permettre un petit
commentaire pour vous dire que moi, j'ai
retracé dans les documents de la fédération... le plus loin que j'ai pu aller,
moi-même, c'est depuis au moins 2006
que la fédération propose et parle de la mise en place d'une agence d'analyse
économique. Donc, quand on en parle avec
autant d'ardeur, aujourd'hui, c'est parce que ça fait plus de 10 ans que
notre présidente, Mme Bertrand, à travers toutes les tribunes et à
travers différentes commissions, a eu l'occasion de dire à quel point c'était
quelque chose qui nous apparaissait important. Donc, vous comprendrez que,
10 ans plus tard, de savoir que le fruit est peut-être mûr, c'est, à notre
avis, d'un point de vue économique, et pour le milieu des affaires et pour le
Québec en général, on le croit, une bonne nouvelle.
Deuxièmement, sur les
externalités dont vous parlez, nous croyons effectivement que... des avantages
pour la communauté, oui, des avantages pour la société québécoise, évidemment,
pour l'État aussi, il n'y a pas de doute. Je pense
que ça doit faire partie... Mais ça ne doit pas être les seules mesures
évaluées. Tantôt, je vous disais : Il faut évaluer l'impact aussi de ne pas réaliser un projet.
Alors, je pense que ça aussi, c'est important, d'être capable de faire ce
genre d'évaluation là.
L'autre chose, on
parle beaucoup, puis M. le ministre l'a mentionné tantôt, de la difficulté
d'évaluer de façon précise l'impact économique d'un projet. Je vous dirais que
c'est la même chose d'un point de vue environnemental. Lorsqu'on évalue la gestion d'un risque d'un projet, c'est assez difficile
de déterminer jusqu'à quelle mesure le risque va se réaliser ou ne se réalisera pas. Donc, je pense qu'on est extrêmement
sévères et difficiles lorsque c'est le temps d'évaluer il y a combien
d'emplois précis que nous allons créer dans un projet en particulier, alors
qu'on le sait, puis vous êtes économiste,
vous le savez, que dans toute courbe normale, là, on va se retrouver quelque
part au centre. Donc, je pense qu'il faut
avoir aussi cette même... je ne dirais pas «latitude», parce que je ne veux pas
utiliser le mot «latitude», mais cette même compréhension ou indulgence
par rapport à la valeur économique, aux études économiques que nous allons
réaliser.
Le Président (M.
Pagé) : M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Puis le fait de diviser en trois l'analyse
économique par rapport à la communauté, j'ai peut-être mal saisi votre réponse, là. Ça, c'est une perspective
que vous pourriez faire, que vous faites ou que vous ne pensez pas
réaliser dans ce genre d'analyse...
M. Forget
(Stéphane) : Bien, je pense que... Excusez-moi.
M.
Therrien :
Non, allez-y. Allez-y, je vous écoute.
Le Président (M.
Pagé) : Oui, allez-y, M. Forget.
M.
Forget (Stéphane) : Bien, je pense qu'elle est importante parce qu'il
y a des projets qui dépassent les retombées locales. Il y a des projets qui ont
un impact localement mais qui ont beaucoup de retombées positives globalement
pour la société. Donc, je pense que de le diviser ainsi, ce n'est probablement
pas une mauvaise approche lorsqu'il sera le
temps d'évaluer la valeur économique d'un projet pour l'ensemble de la
collectivité alors que peut-être que localement il a un impact plus
négatif.
M.
Therrien :
Oui, je comprends.
M. Forget (Stéphane) : Tu sais, je prends toujours exemple, dans le
domaine environnemental, du projet de Stolt LNGaz. C'est vrai que Stolt, à Bécancour, risque d'avoir une incidence
peut-être négative en termes de GES mais, pour l'ensemble de la
communauté, l'ensemble de la société québécoise, a un bilan positif.
Alors,
de stratifier de cette façon-là, ça m'apparaît peut-être une option à
considérer. Mais ça ne peut pas être les seuls, à notre avis. Je ne sais
pas si ça répond à votre...
M.
Therrien :
Oui, oui. Oui, j'aurais continué longuement, mais Mme la députée de Duplessis
veut...
Le Président (M.
Pagé) : Mme la députée de Duplessis, il vous reste
4 min 30 s.
Mme Richard :
Merci à mon collègue. Bonjour, messieurs. Bienvenue à l'Assemblée nationale.
Je
voudrais vous entendre par rapport à l'acceptabilité sociale. Est-ce
que l'acceptabilité sociale part du
milieu qui est directement impacté par un projet ou passe... Parce que vous venez de le
dire, elle peut bien avoir peu de retombées au niveau local, mais elle peut
en avoir au niveau de l'ensemble du Québec, des retombées très, très, très impressionnantes.
Mais
là on est en train de parler aussi de l'acceptabilité sociale quand une
communauté est prise avec un projet. Je pourrais vous dire que 8 milliards, ça fait grandir les firmes, le
projet hydroélectrique de la Romaine, mais je peux vous dire que venez en Minganie puis les entreprises, elles
ferment puis elles se meurent, ça fait que je ne pense pas que ça a été rentable pour la communauté, là, de la Minganie,
là, le projet hydroélectrique, un des plus gros chantiers au Canada.
Donc, quand c'est l'acceptabilité sociale,
c'est des communautés locales qui sont directement prises avec les effets
collatéraux de certains projets.
J'aimerais
vous entendre puis rapidement, parce que... Puis je vais le faire tout de
suite, parce que je sais qu'on est régis
par le temps. Le ministre, dans son introduction, a dit : La députée de Duplessis
parlait, bon, qu'il fallait vraiment faire part des retombées économiques d'un projet. Moi, je ne veux pas tout
savoir ce que la compagnie détient comme actions, mais c'est important pour une communauté, si on
veut bien mesurer... Parce qu'on n'a pas d'outil pour mesurer l'acceptabilité sociale. Si on veut être capable
de mesurer... Des fois, ce n'est peut-être pas des emplois, 300 emplois,
mais, économiquement, ce dossier-là, il est rentable, ce projet-là, puis sur du
long terme, donc il faut quand même avoir quelques
données. Mais je n'avais pas demandé de déposer les états financiers, je
voulais juste ramener... Parce que je ne sais pas si les propos du ministre, en tout cas, auraient pu vous
induire en erreur quant à ce que je voulais demander aux gens, mais l'acceptabilité sociale, pour moi, ça a
toujours été extrêmement important. Parce que, les projets, vous savez, chez nous, comment ça s'est passé avec Mine
Arnaud, pas un investisseur juste privé qui était dans le projet, c'était
le gouvernement du Québec via Investissement Québec, et là il est sur la glace,
puis on ne sait pas, parce que, l'apatite, hein,
il y avait des gens de la communauté qui disaient : Ils ne vendront jamais
l'apatite, il n'y a pas un investisseur qui va investir, parce que
l'apatite, là, commence à chuter. Donc, c'est quand même des données qui ont
fait en sorte que l'acceptabilité sociale
n'était peut-être pas toujours au rendez-vous, parce que l'information était
galvaudée de par un expert, de par un
analyste financier puis un économiste comme mon bon ami Alain. Donc, vous
comprenez. Puis souvent, dans les régions
comme la nôtre, on n'aime pas se faire dire par les gens d'ailleurs qu'est-ce
qui est acceptable pour nous ou pas.
Mais
j'aimerais vous entendre là-dessus. Locale ou pour l'ensemble des Québécois et
des Québécoises, l'acceptabilité sociale? Merci.
Le Président (M.
Pagé) : M. Forget, M. Laureti?
M. Laureti
(David) : Juste pour reprendre, si vous me permettez, l'analogie sur
Mine Arnaud, est-ce que ce projet-là,
justement, depuis... On connaît, bien sûr, tous les détails, là, tous les
aléas, et tout ça, mais, si justement le projet avait été mieux encadré à travers un processus, et tout ça, est-ce que
ça n'aurait pas permis, justement... Certainement, il y a un contexte de la ressource, là, au niveau
mondial, là, d'accord, qui est en chute, on le comprend, mais le temps que
ce projet-là a mis à se concrétiser, les
batailles parfois même stériles qui ont eu lieu, donc, autour de la nécessité
de faire ce projet-là ou non
n'auraient pas, justement, peut-être rassuré des investisseurs, et on ne se
retrouverait pas dans la situation actuelle?
C'est une question quand même que je pose, parce qu'il n'y a pas eu de...
enfin, dans le cas de Mine Arnaud...
Mme Richard : Je pourrais vous en parler longtemps. Si vous me le permettez, on
pourra le faire après. Je n'ai pas d'autre commission, je vais avoir du
temps pour vous en jaser longtemps, du projet Mine Arnaud.
Le Président (M.
Pagé) : Il vous reste une minute.
Mme Richard : Mais j'aimerais vous avoir, sur le peu de temps qu'il nous reste...
vous entendre, c'est-à-dire, sur l'acceptabilité
sociale. Est-ce qu'on doit d'abord et avant tout avoir l'acceptabilité sociale
des milieux qui sont directement impliqués dans un projet, qui souvent
cause des dommages à la communauté?
M. Forget
(Stéphane) : Ce que je vous...
Mme
Richard : Je pense entre
autres au projet Romaine. Je ne veux pas qu'on fasse des liens
nécessairement avec d'autres projets, mais
ça, je le dis à toutes les tribunes : Le projet hydroélectrique de la
rivière Romaine, ça n'a pas donné ce à quoi on s'attendait, puis
Hydro-Québec n'a pas été à l'écoute des gens de la région.
Le Président (M. Pagé) : En
25 secondes, M. Forget.
M. Forget
(Stéphane) : En
25 secondes, je vous dirais... Puis je vais reprendre ce je disais au
début. Je vous ai expliqué que la
fédération avait deux chapeaux, on a une responsabilité, comme fédération, on
représente l'ensemble des chambres à
travers le Québec, et on a aussi des membres institutionnels. Donc, au sein
même de notre organisation, on a des entreprises
qui veulent faire des projets, il y a des communautés locales, via nos chambres
de commerce, évidemment, qui disent : Attention, il faut que vous
écoutiez ce qu'on veut faire chez nous.
Donc, pour nous, il est évident que la
perception ou ce que pense la communauté locale est important. Cela étant dit,
il y a des projets qui demandent une analyse et une réflexion beaucoup plus
grandes, et à ce moment-là le gouvernement a un rôle d'arbitrage à faire.
Le
Président (M. Pagé) : Je vous remercie, M. Forget. Alors,
on va passer à la deuxième opposition pour une période d'échange de sept
minutes. Et nous y allons avec Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy : Bonjour. J'aimerais ça
vous entendre... Bon, c'est clair, vous êtes pour un bureau indépendant, là, d'analyse des retombées. Vous n'avez pas peur
que les délais soient beaucoup plus longs pour les projets? C'est ma...
Puis aussi
j'aimerais ça vous entendre... Comment qu'ils vont faire pour vulgariser, pour
faciliter la compréhension de la population?
Le Président (M. Pagé) :
M. Forget.
• (17 h 20) •
M. Forget
(Stéphane) : Tout d'abord, comme je vous le disais tantôt, nous sommes
allergiques au phénomène de sédimentation.
Donc, l'idée n'est pas de créer une nouvelle structure mais peut-être
de revoir les processus et les structures en place pour avoir un
bureau qui puisse bien fonctionner pour une analyse très courante. Première
chose.
Deuxième
élément, nous croyons que ce genre de bureau là ou d'agence là ne viendra pas
alourdir le processus, parce que déjà nous considérons que, compte tenu que dans le débat public le développement
économique ou les retombées économiques
sont mal compris ou mal évalués, on vient allonger le processus dans, justement,
la réflexion autour de l'acceptabilité
sociale. Donc, pour nous, sans sédimentation, ce serait un moyen, et avec un processus
clair, de raccourcir, nous le souhaitons, les débats et surtout de
clarifier la situation.
Le Président (M. Pagé) : Oui,
M. Laureti.
M. Laureti
(David) : Actuellement, les promoteurs doivent faire eux-mêmes la promotion de leurs projets, et, qu'on le veuille ou non — évidemment, ils sont partie prenante — ça
crée une forme de méfiance, parce que les communautés vont dire : Bien, on
sait bien, c'est vous qui voulez faire le projet, vous avez tout intérêt à nous
dire vos chiffres, et tout ça. Alors, ça
alimente un climat de méfiance qui n'a pas lieu d'être et qui ne favorise
certainement pas l'acceptabilité sociale.
Alors, ce
bureau d'analyse indépendante de l'économie des projets serait, à notre avis, la réponse, autrement
dit, pour accompagner, justement, les promoteurs dans leurs projets.
Le Président (M. Pagé) : Mme
la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy : Mais il faut faire
attention, parce que le ministre, il a quand même dit à plusieurs reprises que le MERN n'était pas là pour faire la promotion des
projets. Alors, ça va être un rôle d'accompagnement, mais je pense que vos attentes sont peut-être
très, très élevées à ce niveau-là.
Le deuxième
bureau, des grands projets, pensez-vous que c'est nécessaire de faire une
nouvelle structure ou tout simplement
de s'assurer que les gens du MERN connaissent leur rôle et puis qu'ils
l'assument pleinement? Parce que l'expertise, elle est là, ils sont
compétents. L'expertise, elle est là en ce moment.
Le Président (M. Pagé) :
M. Forget. Oui, allez-y, M. Forget.
M. Forget
(Stéphane) : Je vous dirais
deux choses. Tout d'abord, sur votre premier commentaire, nous croyons que l'acceptabilité sociale, comme je le disais
plus tôt, c'est une responsabilité partagée, donc ça n'appartient pas seulement
aux promoteurs. L'idée, pour nous, ce n'est pas que le ministère doit faire la
promotion d'un projet, mais c'est d'accompagner le projet, d'accompagner les
promoteurs, d'accompagner la communauté locale, de jouer vraiment son rôle
d'accompagnement.
Deuxième chose, sur le bureau, vous faites référence
au MERN, David pourrait en parler davantage, mais, lorsqu'on entame un projet,
on fait affaire avec le ministère de l'Énergie, le ministère des Affaires
municipales, le ministère du Développement durable, de
l'Environnement et des Changements climatiques, les bureaux régionaux dans certains cas, on passe au BAPE... Bon. Alors,
je pourrais continuer longtemps. Donc, l'idée, c'est un bureau qui va être capable... Je ne veux pas utiliser le mot
«guichet unique» parce que ce n'est pas l'idée. C'est une porte d'entrée,
un accompagnement aux promoteurs.
Le Président (M. Pagé) : Mme
la députée de Saint-Hyacinthe, oui.
Mme
Soucy : On pourrait associer ça à un gestionnaire de projet,
finalement, qui s'occupe du projet de A à Z puis qui fait les liens avec tous les ministères qu'un promoteur a
besoin, en fait. C'est ce que je comprends dans vos propos.
Vous mentionnez — puis vous l'avez
mentionné souvent — que
c'est important que les règles soient claires, que le processus soit bien établi, tu sais, vous le mentionnez, puis
nous aussi, on l'entend souvent des compagnies, comme quoi que c'est compliqué de faire affaire au
Québec. Si je vous demandais... Les gens que vous représentez, là, où
est-ce que se situe le véritable problème?
Est-ce que, le problème, vous mettez tout ça sur l'acceptabilité sociale ou le
problème se situe ailleurs également?
Le Président (M. Pagé) :
M. Forget.
M. Forget
(Stéphane) : Je pense
qu'un des éléments qu'on a, puis je le répète, c'est beaucoup
dans le processus, c'est beaucoup dans le processus.
Le Président (M. Pagé) : Mme
la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy : Merci.
Le Président (M. Pagé) : Est-ce
qu'il y avait d'autres questions? Non, ça va?
Mme Soucy : Non, c'est tout. Merci.
Le
Président (M. Pagé) :
Alors, compte tenu de l'heure, je vais ajourner les travaux. Je vous remercie pour votre présentation. Bonne fin de soirée. Merci. Bonsoir.
(Fin de la séance à 17 h 25)