(Dix heures une minute)
Le
Président (M. Giguère) : À l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles ouverte. Je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie
de leurs téléphones cellulaires.
La commission est réunie afin de procéder à
l'interpellation de la députée de Mirabel au ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation sur le sujet suivant : Les enjeux et
défis du secteur agricole au Québec.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Non, M. le
Président, il n'y a pas de remplacement.
Le
Président (M. Giguère) : Je vous informe que la députée de Mirabel,
qui demande l'interpellation, a droit, en
plus de ses interventions d'ouverture et de conclusion, à quatre des six
interventions de cinq minutes de l'opposition, soit les première,
deuxième, quatrième et cinquième... Il aura été convenu que l'opposition
officielle disposera de la troisième et de la sixième intervention.
Enfin, je vous rappelle que le débat ne peut, à
moins d'un consentement, dépasser midi.
Mme la députée de Mirabel, vous avez la parole
pour 10 minutes.
Exposé du sujet
Mme Sylvie D'Amours
Mme D'Amours : Merci, M. le
Président. Je peux m'asseoir, M. le ministre. Merci.
Une voix : ...
Mme
D'Amours : Parfait. Écoutez, je suis vraiment heureuse ce matin
d'avoir un bloc de deux heures avec le ministre
de l'Agriculture, M. le Président, parce qu'il y a des choses auxquelles on
veut avoir des réponses, des réponses claires
et on a un souci, je pense, commun avec le ministre de l'Agriculture de faire
en sorte que le monde agroalimentaire, le monde agricole aille bien.
Pour ce
faire, j'aimerais aussi souligner que, le ministre de l'Agriculture, ça va
faire 35 ans dans deux semaines qu'il
est à l'Assemblée nationale, qu'il est un député, qu'il est dans une
circonscription agricole. Il a été membre, vice-président et président de la CAPERN depuis 1994. C'est un phénomène
en soi. C'est un homme aussi avec, je pense, de grandes convictions, un homme de coeur, parce que, lorsque le premier
ministre l'a nommé ministre de l'Agriculture, le député de Brome-Missisquoi a eu une petite émotion, il était ému. Je
ne vous cacherai pas que, dans le monde agricole — parce
que je viens du monde agricole — les gens étaient contents, parce qu'ils
s'attendaient à quelqu'un qui, depuis 1994, était à la CAPERN, qui était
dans une circonscription agricole, allait bien les représenter.
Depuis que
nous sommes élus en 2014... avril 2014, le ministre a pris des engagements, des
engagements sur le bien-être animal
où tout le monde a applaudi, tout le monde s'est levé en Chambre, tout le monde
a applaudi. C'est vraiment un geste
noble de la part des législateurs, des députés, de participer à ce projet de
loi et de faire en sorte que l'animal ne soit pas un objet, qu'il soit
un être sensible et doué.
Et là on est
en projet de loi. Je ne pourrai pas en parler, parce qu'on est encore en train
de l'étudier article par article, mais
ce que je peux vous dire, c'est que, pour ma part, le projet de loi, il va être
inachevé, il ne sera pas complet. On va avoir des animaux sauvages exclus... le hamster, le lézard, la perruche,
le perroquet. Sous le projet de loi n° 54, là, on aurait pu innover, on aurait pu, si on a travaillé avec
le ministère de la Justice. Et là je sais qu'il y a deux projets, là : il
y a la loi de la justice, là, le
projet de loi qui... et la common law, parce que le ministre nous le rappelle
assez souvent en commission. Mais je
pense que le travail aurait pu être fait aussi au niveau des deux ministères
qui sont touchés... en fait, les animaux des deux ministères qui sont
touchés : le ministère de l'Agriculture et le ministère de la Faune. Je
pense que ce projet de loi aurait été
vraiment complet. Alors, il sera inachevé. Je laisserai mes collègues du
ministère de la Faune de regarder à ce qu'il soit au même niveau que le
projet de loi du bien-être animal, le projet de loi n° 54.
Il y a eu
aussi un engagement sur la relève agricole. La relève agricole, c'est un sujet
qui est important puis c'est un sujet
qui date. Depuis que moi, j'étais à la relève agricole, il y a eu toujours eu
des problématiques à la relève agricole, et on n'a jamais atteint le point où on n'aurait plus de problèmes à la
relève agricole. Alors, c'est en constante évolution, mais plus on avance et moins on règle de
problèmes, plus il y en a. Je pense que le ministre en avait fait part, là, que
c'était un cheval de bataille, qu'il
avait parlé des FIR, qui... Je crois sa bonne conviction, mais, depuis le mois d'avril 2014,
on a un rapport qu'on attend
toujours, il n'y a rien qui a été fait. J'ai su il y a quelques semaines que
même la fédération des agriculteurs
de la relève n'avait pas été sollicitée à participer à ce rapport-là. Je ne
sais pas, depuis quelques semaines, s'ils ont été sollicités à participer, mais, bon,
je laisse le doute, là, que je crois que... j'espère que oui, mais on avait eu
comme note qu'ils n'avaient pas été sollicités.
Il
va y avoir aussi, dans mon interpellation... au niveau des terres et du zonage
agricoles, qui est, encore là, un cheval
de bataille de tous les jours pour les producteurs agricoles. Alors, le
ministre semble aussi être très, très d'accord avec le zonage agricole, de garder nos terres agricoles, de garder nos
fermes familiales, alors je vais avoir des questions à ce sujet pour
comprendre, parfois, quelques gestes, quelques paroles qu'il dit qui ne vont
pas à contresens de l'idée générale, mais
quelquefois à des sujets, des dossiers très pointus où, là, on n'a comme pas la
conviction profonde du ministre de
vouloir garder le zonage agricole. Je vais parler, naturellement, du
libre-échange. Je sais que c'est un dossier fédéral, mais je pense qu'il y a un bout qu'on peut faire
ici, au Québec. On entend parler beaucoup, beaucoup, là, le ministre, mais
il n'y a pas de geste concret, de nouvelle
qui est faite, donc on est un peu dans le néant là-dessus, et j'aimerais
l'entendre, là, sur les questions, tout à l'heure, que je vais lui poser
sur ce dossier-là.
Vous
savez, moi, quand j'ai commencé à militer, j'avais besoin d'aide, parce qu'on a
tous besoin d'un mentor en politique, et, par pure coïncidence, j'ai eu
un mentor qui a travaillé avec moi qui avait déjà, aussi, travaillé avec le ministre de l'Agriculture. J'ai une amie aussi,
une amie commune avec le ministre, qui reste dans mon village, et c'est une
ancienne députée libérale, Mme Yolande
Legault Dumoulin. C'est une amie à moi. Et, quand j'ai dit à Mme Legault :
Mme Legault, je me lance en politique, elle
a aussi été un peu mon mentor. Et celui qui m'a aidée, là, à tous les jours été
Benoît Laliberté, qui a aussi travaillé avec
le ministre de l'Agriculture il y a plusieurs années. Alors, vous comprendrez
que ces gens-là ont une opinion du ministre,
qu'ils me l'ont transférée, qu'ils me l'ont dite et que moi, je me suis
imprégnée pour travailler. Et j'avais
beaucoup d'attentes, et je suis déçue, et je pourrais même dire que les deux
personnes que je viens de vous nommer ont aussi des attentes, et la
déception commence à se faire.
Alors,
moi, je veux que le ministre, aujourd'hui, réponde à nos questions clairement,
franchement, qu'il n'y ait pas de
détour, j'espère, qu'il soit un député qui... un ministre, c'est-à-dire, qui
représente sa collectivité agricole. Je m'attends à ce qu'on ait des discussions franches, courtoises et
qu'après ces deux heures de discussion on pourra enfin sortir avec quelques réponses au niveau des sujets que je vous
ai apportés. C'est la première fois, c'est ma première interpellation, et j'espère que ce ne sera pas la dernière, avec
le ministre de l'Agriculture. Le président nous avait fait une annonce hier
à la période de questions en nommant le
ministre des Affaires municipales comme ministre de l'Agriculture, donc un
petit remaniement avant-garde que j'espère que ce n'est que les paroles
du président.
Donc,
j'espère que ce deux heures sera fructifiant pour l'ensemble de la collectivité
agricole, agroalimentaire. Et je suis
persuadée qu'on va en ressortir gagnants, tous ici, autant le groupe de l'opposition
officielle que mon parti à moi, le deuxième
groupe d'opposition, ainsi que la partie gouvernementale, et tous les
agriculteurs, et tout le monde qui travaille dans le domaine
agroalimentaire du Québec. Merci, M. le Président.
• (10 h 10) •
Le Président (M.
Giguère) : Merci, madame. Je cède maintenant la parole au ministre
pour une période de 10 minutes.
Réponse du ministre
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Merci beaucoup, M. le Président. Vous me
permettrez, dans un premier temps, de
vous saluer et de saluer mes collègues, particulièrement la députée de Mirabel,
qui a eu l'excellente idée de se prévaloir des droits des parlementaires et de convoquer cette interpellation de
deux heures ce matin, saluer les collègues du côté ministériel qui m'accompagnent — le député de Mégantic, le député de
Dubuc — saluer
les autres collègues des autres formations politiques.
Bien,
c'est une journée tout agricole à l'Assemblée nationale du Québec aujourd'hui.
La journée a bien commencé. L'Institut
du Québec a rendu publique ce matin une étude portant sur l'industrie
agroalimentaire au Québec. L'Institut du
Québec l'a faite en collaboration avec les Hautes Études commerciales de
Montréal et avec le Conference Board du Canada. L'étude s'intitule L'agroalimentaire : un
puissant levier de développement économique pour le Québec. C'est un petit peu le reflet de ce que représente
l'agroalimentaire au Québec, et ce n'est pas le ministre de l'Agriculture qui
va vous en parler, c'est l'institut.
Moi, je vais le commenter, comme tel, et on va voir là où il y a des défis pour
l'avenir et des possibilités pour notre relève agricole.
Vous me permettrez,
dans un premier temps, de souligner quelques points forts de cette étude.
Grosso modo, l'industrie agroalimentaire au
Québec, c'est plus de 10 % de l'emploi, c'est tout près de 10 % de la
richesse collective des Québécois,
notre participation à ce qu'on appelle le produit intérieur brut. Ça se passe
dans toutes les régions du Québec. Montréal,
la métropole, Québec, la capitale, ne sont pas exclues : il y a beaucoup
de transformations agroalimentaires qui
se font dans ces grands centres urbains. À titre d'exemple, en matière de
création d'emplois, l'agriculture se place en tête de liste. Je le savais par intuition; maintenant, je l'ai :
confirmé par un institut. Si vous comparez l'agriculture en termes de création d'emplois, de moteur de
développement économique, c'est plus important que l'aéronautique — on a parlé beaucoup de l'aéronautique dernièrement, mais l'agriculture, c'est
plus important — c'est
plus important que les ressources
minérales, c'est plus important que le transport, c'est plus important que les
produits pharmaceutiques, c'est plus important que les jeux vidéo. Puis
l'étude mentionne également que, sur le plan économique, sur le plan de nos exportations, strictement en exportation de viande
de porc aux États-Unis, année après année, on exporte plus de viande de porc aux États-Unis que d'hydroélectricité.
Puis je vais vous laisser parcourir le reste de l'étude. Et c'est disponible
sur le site Internet, mais j'ai demandé à
mes gens d'en faire des copies, et on va les distribuer, parce qu'on en a
pendant deux heures, puis, si vous voulez revenir sur les points forts
de l'étude, moi, ça va me faire plaisir d'y répondre.
Mme
la députée a soulevé, dans un premier temps, la loi sur le bien-être animal et
elle a émis des réserves. Moi, je
tiens à la rassurer, là, la partie I de la loi, qui est la modification au
Code civil, fait passer tous les animaux, quels qu'ils soient, là — l'énumération qu'elle en a faite — de biens meubles, comme c'est actuellement,
là, à des êtres sensibles qui ont des impératifs biologiques, et ça, ça
s'applique à l'ensemble du monde animalier.
La deuxième
section de la loi, qui est issue de la common law, est inspirée des meilleures
pratiques législatives dans les trois provinces au Canada qui se voient
classées à chaque année, là, un, deux, trois par le Animal Defense Fund — le Québec est toujours dernier de classe,
là — mais les
trois meilleures provinces : Manitoba, Ontario, Colombie-Britannique. Et, ce qu'on a fait, là, on
ne l'a pas fait différemment de ces autres juridictions là, là. Dans ces
autres juridictions là — Mme la députée, vous pouvez aller
vérifier — il y a
également un ministère de la Faune qui est responsable des animaux sauvages comme tels dans les dispositions
statutaires. C'est le cas dans ces trois provinces-là comme dans les autres provinces canadiennes. Il y
a partout au Canada des ministères de la Faune, ça fait qu'on ne peut pas l'abolir ici, là. On couvre l'ensemble des
animaux sur la définition du statut de l'animal. Sur les dispositions
statutaires, on s'inspire des
meilleures pratiques au Canada. On espère que ça va nous rehausser dans le
classement. Puis, je vous le dis, là,
on ne se trompe pas en faisant ça, c'est ce que les gens qui finissent premiers
de classe font. Mais on ne peut plus
endurer longtemps la situation actuelle, là, puis moi, je ne veux pas que
personne n'utilise, comment je pourrais dire ça, là, des prétextes pour que la situation perdure longtemps, parce que les
gens l'ont réclamée, cette loi-là. Elle est 20 ans en retard. Le Québec est jugé de façon sévère par les
autres sociétés et, tant et aussi longtemps qu'on va demeurer dans l'état
actuel des choses, on met en péril nos exportations de produits d'élevage.
Parce que les gens sont conscients de notre réputation. Il faut la modifier.
Deuxième
élément : la relève agricole. Je ne sais pas qui vous a dit que la FRAQ,
qu'on les appelle, là, la fédération, n'a
pas été invitée. Cette source-là, méfiez-vous à l'avenir. Ce n'est pas vrai,
ils ont été invités. J'ai invité les jeunes de trois groupements : les jeunes syndicalistes — l'UPA; les jeunes entrepreneurs
agricoles — les
entrepreneurs agricoles; puis les
jeunes paysans de l'Union paysanne. Tout le monde a été invité à participer
dans le cadre du rapport Pronovost. C'est quelque chose qui est crucial.
Ça fait que, la source qui vous a dit ça, là, vous pouvez la rappeler. Je suis
ici, à l'Assemblée nationale, et je le dis
de mon siège : Ils ont été invités. Deuxième élément, on a posé des gestes
avant la parution du rapport
Pronovost. Dans la mise à jour économique, l'an passé, faite par le ministre
des Finances en cette Chambre au mois
de novembre, la première mesure qu'il a annoncée sur le plan fiscal a été pour
la relève agricole. On s'était engagés à l'occasion de la campagne électorale — moi, je l'avais fait à Saint-Prime, dans le
comté de Roberval, dans une ferme laitière — à faire en sorte que le premier million,
là... quand tu es le vendeur de la ferme, là, le premier million ne soit pas
taxable sur le plan du gain de capital. Puis le ministre des Finances l'a
annoncé ici, et ça s'applique.
Deuxièmement, on avait une deuxième mesure qui
permettait aux jeunes d'avoir des dégrèvements d'impôt à chaque année pour pouvoir se porter acquéreurs. Ça
a été fait par le ministre des Finances. Il y a deux semaines,
La Financière agricole du Québec annonçait une amélioration à son
programme FIRA. Ça a fait l'objet, là, de pas simplement des bulletins dans les
revues spécialisées agricoles, c'était dans les médias nationaux.
Donc, avant
même que le rapport Pronovost soit déposé, on a posé des gestes de nature
fiscale de façon à aider notre relève agricole.
Mais là où je vous suis : ce n'est jamais
simple, la relève agricole, c'est toujours un défi. Puis c'est un défi de devenir entrepreneur dans quelque secteur d'activité
que ce soit au Québec. C'est encore plus complexe dans le domaine
agricole, parce que ce n'est pas une job que vous vous achetez, c'est une façon
de vivre, c'est une existence, c'est du sept jours par semaine, 365 jours et
quart par année, ce n'est pas donné à tout le monde. Puis c'est vrai que, comme
gouvernement, on a le fardeau de rendre ça
plus facile. On a posé des gestes, puis, avec le rapport Pronovost, j'imagine
qu'on va être interpellés pour en poser d'autres.
Je veux
saluer également mon amie et ex-collègue Yolande Legault puis
Benoît Laliberté. Les derniers contacts que j'ai eus ont été indirects. C'est vrai que ça va faire 35 ans, là,
bientôt, puis on fait une petite fête au village, comme on dit chez nous, là, puis je pense que
Mme Legault va être là. Son état de santé le lui permet maintenant suite
aux épreuves qu'elle a vécues, là. Je salue également
Benoît Laliberté. Ces gens-là suivent nos actions à chaque jour. Est-ce
qu'ils trouvent que ça va suffisamment vite?
Moi, je vais vous dire de quoi, ça fait 35 ans que je suis dans l'appareil
gouvernemental, je suis encore
impatient, ça prend toujours un peu trop de temps. Maintenant, il faut pousser,
pousser, puis on a besoin de la collaboration de tous les
parlementaires.
S'il y a un secteur qui a besoin de l'ensemble
des parlementaires, c'est le secteur agroalimentaire. Moi, les agriculteurs,
ils sont libres de voter comme ils le veulent aux élections. Ils peuvent voter
pour la formation politique qu'ils veulent
au municipal, au provincial, au fédéral, au scolaire puis comme marguilliers
s'ils le souhaitent. Maintenant, quand
on arrive dans des enjeux agricoles qui touchent à la survie de l'agriculture
québécoise, moi, j'incite le monde à mettre
de côté... puis je suis prêt à le faire pas parce que ça ne me tente pas de
faire de la politique, des fois — ça fait 35 ans que j'en fais — mais, des fois, je mets mon côté politique
de côté puis je m'adresse au problème comme tel dans le but de le régler de façon la plus rapide, la plus unanime
et la plus correcte pour l'ensemble de nos producteurs et productrices
agricoles. Merci, M. le Président.
Argumentation
Le
Président (M. Giguère) : Merci. Nous allons maintenant entamer la
période d'échange. Mme la députée de Mirabel, vous avez la parole pour
un maximum de cinq minutes.
• (10 h 20) •
Mme
D'Amours : Merci, M. le Président. Moi, j'aimerais m'entretenir avec
le ministre sur le pôle logistique.
Hier,
on a eu 30 producteurs qui sont venus ici avec la relève... 30 personnes
environ qui sont venues avec une jeune
relève, une relève qui peut s'établir. On parle de 500 hectares de terre
qui sont en jeu. Moi, j'ai un document ici qui fait foi de... oui, il y a déjà des terres qui ont déjà été
expropriées pour le pôle logistique, mais on a une partie qui est bleue, qui est la partie du gouvernement, où on
parle de 538,1... Je vous le présente ici. Il y a des années records dans ces
champs-là cette année. Les producteurs ont la preuve, là, avec des documents à
l'appui. Mais là on parle de paver ces champs-là.
Ça fait un mois que j'en parle. Ça fait deux questions que je pose au ministre
là-dessus. J'ai demandé une motion qui
a été refusée. Et, d'ailleurs, la motion à laquelle j'ai parlé sur ce
dossier-là, le ministre des... je ne veux pas le dire par son nom...
Une voix : ...
Mme D'Amours : Des Affaires
maritimes. Le ministre des Affaires maritimes, bon, a dit...
Une voix : ...
Mme D'Amours : Bien, je ne peux pas
le nommer par son nom.
Une voix : ...
Mme D'Amours : Pardon?
Une voix : ...
Mme
D'Amours : Rivière-du-Loup. Oui, le député de Rivière-du-Loup — merci, M. le ministre — a
dit que je portais des intentions,
là, au gouvernement, et, moi, mon intervention sur ce sujet-là, c'est
que je disais que c'était une promesse
électorale, et j'ai les documents ici auxquels je me suis fiée, puis je voudrais
vous en citer une, là, qui... Il y avait quatre députés qui ont fait des promesses électorales et je vous en cite
une, là : «Soyez assurés qu'un prochain gouvernement libéral entamera rapidement des négociations avec le
gouvernement fédéral afin d'obtenir notre part du programme Chantiers Canada,
de la Porte continentale et du Corridor de commerce Québec-Ontario pour ces investissements
en infrastructures.»
«[Le] pôle logistique — un
autre député — incitera
les entreprises de camionnage et de transport ferroviaire [...] — et
là on parle du projet, on parle des emplois, on parle de l'investissement.» Un autre député qui dit : «Ce formidable projet fait
partie intégrante de la première stratégie maritime...» Et l'autre
député : Ce pôle sera constitué d'un centre logistique de distribution, de distribution régionale d'entreprises, d'entrepôts.
Mais, dans ces quatre citations-là,
on ne fait jamais allusion à l'agroalimentaire, jamais.
Alors, le
ministre m'a répondu à la toute dernière question hier en me parlant de
l'agroalimentaire, en me parlant de...
Puis moi, je vous dis, là, j'ai vu des ministres de l'Agriculture passer, il y
en a qui étaient dentistes, il y en a qui étaient avocats, puis là le ministre qu'on a a de
l'expérience au niveau agricole. Tout le monde a des attentes envers le
ministre. Je ne sais pas s'il le
sait, là, mais tout le monde a des grandes attentes envers le ministre. Et les
gens, même ceux qui ne sont pas des
Cèdres, qui communiquent avec moi au bureau, même ces gens-là ont des attentes
puis ils se disent : Bien, à quel
moment qu'il va le dire, qu'il nous appuie, qu'il nous défend? Parce que c'est
vrai qu'il faut regarder toutes les sphères d'activité au niveau économique, mais, quand on a quelqu'un, à
l'Assemblée nationale, qui nous représente puis qu'on ne sent pas, dans ce dossier-là très pointu,
l'appui de notre ministre,
l'appui du ministre qui représente la collectivité agricole, la personne, la première personne ici, à l'Assemblée nationale, qui devrait prendre la part des producteurs
agricoles, de défendre la zone agricole, de défendre les terres agricoles
pas par une réponse sur le domaine agroalimentaire, que c'est bien, qu'il y a beaucoup d'argent qui va se faire
là, que l'économie va être bonne... Si on veut que l'économie agroalimentaire
aille bien, ça prend des terres.
Alors, est-ce
que le ministre peut nous dire aujourd'hui qu'il va défendre les producteurs
agricoles des Cèdres, qu'il va défendre la zone agricole? Voilà, M. le
Président.
Le Président (M. Giguère) : Merci. M.
le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
...M. le Président. Je m'excuse auprès de la députée de Mirabel de ne pas
l'avoir informée en détail des gestes que j'ai posés au cours de la journée
d'hier.
Elle a fait allusion au fait que j'ai répondu à
des questions à la période de questions. Je lui remercie d'ailleurs d'avoir soulevé le sujet, d'avoir posé des questions.
J'y ai répondu, puis c'est aux transcripts, puis j'ai répondu honnêtement et franchement. Ce que je n'ai peut-être pas dit à la députée, c'est qu'avant la
période de questions j'ai rencontré les gens qui se sont déplacés, qui ont fait trois heures de
route pour venir à Québec, brièvement avant la période des questions
et beaucoup plus longuement après la période de questions.
D'ailleurs, je remercie les collègues, parce qu'on était supposés de siéger article par article en commission
parlementaire puis c'est grâce au consentement de tout le monde qu'on a pu
consacrer un peu plus de temps à ce dossier,
qui est majeur. C'est vrai que c'est les meilleures terres agricoles au Québec.
Mais je ne vous dirai pas que je suis contre
l'implantation d'un pôle logistique. Il y a déjà des terres qui sont en zone
blanche qui n'ont pas besoin d'être
dézonées. Vous pouvez me montrer une carte, là. Moi, je vous dis que, comme
ministre de l'Agriculture, puis je
vous l'ai dit hier à la période de questions, je n'ai pas attendu que le
dossier vienne sur l'actualité, je n'ai pas attendu les questions de l'opposition à
l'Assemblée nationale du Québec. La Loi sur la protection du territoire agricole m'autorise à demander un avis à la
commission, et c'est ce que j'ai fait dès le printemps passé. J'ai reçu, au
cours de l'été, un avis de la
commission qui n'était pas complet. J'ai demandé de compléter le travail.
J'attends l'avis final de la... et, lorsque l'avis final sera connu, je
le ferai connaître à l'ensemble de la population.
Maintenant,
s'il y a quelqu'un qui veut aller s'établir dans le pôle, à Vaudreuil
présentement... le CP a 300 hectares de
terrain zoné blanc. Ça fait qu'ils peuvent aller s'installer là ou dans
d'autres lots qui sont zonés blancs dans la même région. Moi, je comprends l'inquiétude des agriculteurs puis je vous
comprends de soulever la question. Moi, Mirabel, ça me dit quelque chose, là, je l'ai vécu, là, de A à Z. Ça fait que, si
vous me dites : Est-ce que ces gens-là sont inquiets?, quand vous avez vécu dans cette région-là, que
vous... Oui, vous êtes inquiets. Mais, comment je pourrais vous dire ça,
moi, à l'heure actuelle, je fais ma job de
ministre de l'Agriculture. Manifester en faveur des agriculteurs? Je les ai
rencontrés hier. Je suis allé
manifester — je
n'avais pas fait ça depuis que j'étais au cégep, je pense — avec les agriculteurs, pas ceux qui sont allés aux douanes hier à Lacolle puis à
Stanstead, mais ceux qui sont allés à Saint-Armand il y a un mois à peu près. Je pense que je suis allé aussi loin qu'un
ministre de la couronne peut aller, en me joignant à des agriculteurs qui
manifestaient pour un meilleur contrôle aux douanes pour les produits laitiers.
Ça fait que, quand on parle d'accompagner les
agriculteurs dans leurs préoccupations, que mes prédécesseurs aient été dentistes, avocats — dans le cas de François, je pense, c'était
un enseignant — chacun a
ses mérites, chacun fait son possible. Moi, je ne critiquerai pas mes
prédécesseurs, j'ai mon style particulier, mais le style particulier que j'ai
fait en sorte que, quand il y a un
dossier agricole qui interpelle la classe agricole, ça ne fait pas toujours
l'unanimité, mais je fais toujours partie du débat puis j'y vais avec
les convictions que les agriculteurs de mon comté m'ont enseignées pendant 35 ans. S'ils m'ont réélu, élection
après élection, pendant 11 ans, puis ma base électorale, c'est l'agriculture,
ça doit être que, pendant que j'étais
dans l'opposition ou au pouvoir, malgré les erreurs que j'ai commises, j'ai dû
commettre quelques bons coups.
Puis là je
suis chanceux, j'ai le ministère qui est le plus intéressant mais le plus
compliqué aussi. Les gens qui ne nous
croient pas, quand c'est compliqué, là, je leur dis : Regardez les
ententes internationales qui se signent ou qui ne se signent pas. Le
dernier dossier qui se règle ou qui ne se règle pas, c'est le dossier
agroalimentaire. L'entente avec l'Asie-Pacifique,
là, à 5 heures du matin, lundi, il y a quelques semaines, là, c'était le
secteur agroalimentaire qui accrochait.
Pourquoi? Parce que ça charrie tellement d'économies locales,
nationales, internationales, ça charrie tellement de valeurs intrinsèques que c'est ça qui fait qu'on occupe
l'ensemble de notre territoire, puis la sécurité alimentaire, c'est important
pour l'ensemble de nos concitoyens. Merci, M. le Président.
• (10 h 30) •
Le Président (M. Giguère) : Merci.
Donc, le député de Mégantic, cinq minutes.
M.
Bolduc : Merci. Bonjour, M. le ministre, bonjour, mes collègues des oppositions, etc. Donc, ça fait plaisir
d'être ici et de participer à cette interpellation sur l'agriculture aujourd'hui.
Tout d'abord, je voudrais mentionner un premier
point qui n'est pas très connu, c'est que notre ministre fait énormément
d'efforts et, sur une base très régulière, visite des opérations agricoles dans
toutes les régions du Québec sur une
base régulière, et, même si ça lui demande des ressources en temps qu'il n'a
pas à profusion, il le fait justement pour se
connecter sur la réalité du terrain avec l'agriculture. En étant un peu plus près et ayant la chance de voir ces actions-là, je crois que ça
représente vraiment le fondamental de son intérêt dans l'agriculture, le
terrain, le travail de champ, la compréhension des enjeux de l'agriculture.
Il faut bien
comprendre que l'intérêt de l'agriculture pour les terres de la vallée du Saint-Laurent
représente des grands enjeux. On le voit, on le comprend. Vous avez
entendu les préoccupations du ministre. Il y a aussi le reste du territoire agricole. Et mes collègues de l'autre
côté sont bien au courant de ces dossiers-là, parce qu'on siège sur aussi
la CAPERN, où le ministre
nous avait demandé d'avoir certains avis qu'il va falloir compléter pour faire
des recommandations par
rapport à la loi de la protection
agricole, etc. Nous savons tous très clairement, à partir du travail qui a été fait dans
cette commission-là, qu'il y a des enjeux qu'il va falloir regarder très sérieusement
pour pouvoir finalement faire des recommandations qui sont à compléter pour en arriver à de vraies
recommandations et, nous l'espérons, à des avancements
pour l'agriculture du Québec.
Moi, ce qui
m'interpelle aussi beaucoup actuellement dans l'agriculture
puis surtout dans mon comté... et je vais vous donner des exemples : dans les 30 dernières années,
24 % de mon territoire agricole a été soit transformé ou abandonné soit par les terres de friche, par les sapins de
Noël, par les plantations forestières, etc. Donc, il y a quelque chose
là-dedans qu'il faut regarder quand on considère la dichotomie, O.K.,
qu'on retrouve dans l'agriculture, où les jeunes cherchent de la terre, tout le monde nous dit qu'on manque
de terres et, de l'autre côté, des milliers d'hectares de terre sont
abandonnés, O.K., pour toutes sortes de raisons que je ne veux pas
débattre ici ce matin. Mais je crois que là-dedans on parle d'un développement qui est beaucoup plus large que le
cadre de la vallée du Saint-Laurent, qui est important, je ne veux pas le nier, mais qui va dans l'intérêt de l'ensemble
du Québec et je crois que c'est bien important de ne pas perdre cette image
plus élargie de l'agriculture.
Le ministre a
aussi, je dois vous le dire avec beaucoup de fierté, dépensé beaucoup d'énergie
dans les négociations avec le PTP en
suivant les actions qui se passaient à Atlanta avec le ministre de l'Économie. Il y a eu énormément
d'énergies qui ont été dépensées pour
la protection de nos biens agricoles et de notre production pour s'assurer que
les impacts que notre agriculture québécoise subirait seraient
minimisés.
Donc, je
crois que la population doit entendre ces choses-là, parce que,
la plupart du temps, elles ne sont pas très visibles, et nous sommes vraiment intéressés par l'évolution de l'agriculture au Québec, le ministre en fait une démonstration quotidienne. Et, pour nous, je crois qu'il est
très important de rassurer l'ensemble des agriculteurs du Québec.
On les écoute, on
les entend, nous comprenons la complexité des problématiques, et il va falloir
continuer à travailler ensemble. La beauté de ce qui se passe, c'est que, tant et aussi longtemps
que nous sommes en discussion et en élaboration des sujets, ça va nous
permettre d'avancer. Et donc je vous remercie.
Le Président (M. Giguère) : Merci. Mme
la députée de Mirabel.
Mme
D'Amours : Je voudrais
apporter un autre sujet : l'expertise au MAPAQ. Il y a
eu un reportage à Radio-Canada
le 22 octobre qui parlait, là, des
pesticides vendus, bon, les pesticides ont augmenté de 27 %, là, de 2006 à 2012. L'objectif du gouvernement, c'est de réduire l'utilisation
des pesticides de 25 %. La citation du ministre, c'est... le ministre a
dit que Monsanto était plus puissant
que le gouvernement. Est-ce que c'est vraiment le cas? Moi, je suis en train de
vivre quelque chose de surréaliste. Monsanto, il n'a aucun pouvoir sur
les lois qui... des lois de différentes juridictions. Monsanto, il n'a pas forcé l'épandage des engrais de personne.
L'objectif, là, c'est de réduire les épandages. Ce n'est pas leur
objectif, à Monsanto. Nous, ça l'est.
En tant que
producteurs agricoles, on est obligés de faire affaire avec les agronomes. À
l'époque, on avait des agronomes qui
venaient du ministère qui avaient une expertise que tranquillement on a... que
les producteurs ont perdu ce
service-là. Et là on est allé avec des agronomes indépendants, des agronomes qui
travaillent, dont on paie, là, des... Agri-Sol,
c'est tous des organismes, là, qui ont été mis en place, où les agronomes
indépendants se sont liés à ces organismes-là.
Et aussi ces agronomes-là, ils sont affiliés avec des entreprises qui vendent
de l'engrais, des pesticides. Alors,
moi, je ne veux pas parler que les agronomes ne sont pas corrects. Ils ont un
ordre, ils font leur travail convenablement,
mais ils ont un lien, et, pour moi, là, je trouve ça vraiment déplorable. Je
trouve qu'on n'a pas la transparence
qu'on devrait avoir au niveau des consommateurs, parce que l'agronome
n'arrosera pas... pardon, le producteur n'arrosera pas à tort et à travers, il va arroser quand l'agronome va
lui dire : Écoute, tu as un problème, ça te prend tel produit avec telle quantité que tu dois arroser
ton champ. Alors là, si l'agronome travaille avec une compagnie avec des
produits x, la recommandation va être avec
les produits x, avec la quantité nécessaire. Mais est-ce que l'agronome est
vraiment transparent dans sa façon de faire?
Et le producteur n'a pas le choix de travailler de cette façon-là. Donc, c'est
des pratiques qui, à mon sens, ne devraient pas avoir lieu.
Quand on
avait nos agronomes au ministère de l'Agriculture, on avait un contrôle
vraiment de ce qui se passait dans
nos champs, on avait un contrôle avec une expertise qui, à mon sens, était très
bienvenue au niveau des producteurs agricoles. Eux, ils n'étaient pas
attachés à aucune compagnie, ils n'étaient pas attachés à un regroupement.
C'est les mêmes agronomes, là, qu'on parle,
parce que les agronomes qui sortent de l'école qui n'ont pas de possibilité de
travailler au ministère, bien, ils
travaillent dans des compagnies comme ça, dans des regroupements comme ça et
ils font ce qu'ils doivent faire,
gagner un salaire pour nourrir leurs familles. Puis le même questionnement, là,
pour les inspecteurs, c'est la même chose, employés par celui qui
inspecte, là, ce n'est pas... ce n'est pas drôle.
Donc,
l'expertise du ministère, qui a été réduite pour probablement réduire les
coûts, bien, ce que ça fait, ça se reflète sur les choses qu'on voit
dans les journaux, dans les reportages, où, là, on a comme une image pas très
claire.
Alors, je
vais aller à mes questions. Pour quelle raison les producteurs sont-ils obligés
de consulter les experts de
l'industrie? Pour quelle raison les producteurs ne font pas davantage appel aux
experts du MAPAQ pour les conseiller dans
leurs utilisations d'engrais? Croyez-vous que les agronomes vendeurs d'engrais
ont un problème d'image malgré
leurs compétences, que personne ne nie?
• (10 h 40) •
Le Président (M. Giguère) : M. le
ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui, je
vais m'excuser auprès de mon collègue de Mégantic, je vais commencer par répondre à Mme la
députée de Mirabel, puis, s'il me reste du temps, je tenterai de répondre à vos
questions.
Vous soulevez
un dossier de première importance.
Quand on parle des pesticides comme tels, là, on parle de la santé de la population puis, au premier titre, de
la santé des agriculteurs, qui sont les utilisateurs. 85 % des pesticides
vendus au Québec le sont pour le
domaine agricole, donc c'est majeur. Les objectifs des dernières années que les
gouvernements se sont fixés, là, puis
tous gouvernements confondus — parce qu'il y a eu 18 mois où ce
n'était pas le Parti libéral qui était
là puis dans les pesticides je n'ai pas vu un gros changement — il y a eu une augmentation, alors qu'on
pensait qu'il était pour y avoir une diminution. Donc, il y a quelque
chose qu'on fait qui n'est pas correct.
Vous soulevez
l'aspect des agronomes. Là-dessus, je vous invite à la prudence. Les agronomes
comme tels, c'est un ordre
professionnel avec un code d'éthique, et, s'ils ne pratiquent pas correctement
leur métier, ils peuvent être sanctionnés par l'ordre professionnel.
Donc, là-dessus, là, on est prudent. Sur le nombre comme tel, les effectifs au ministère de l'Agriculture du Québec, là, dans le
jargon du Conseil du trésor, là, c'est 1 497 ETC. Ça, c'est des équivalents
à temps complet. À l'UPA, on me dit qu'il y
a 1 000 fonctionnaires. Au ministère fédéral de l'Agriculture, qui
s'occupe, là, du Québec comme tel,
là, on parle d'à peu près 500. Ça fait que, là, je suis rendu à 2 000
fonctionnaires pour 28 000 fermes. Moi, c'est la première fois que j'entends la CAQ me dire qu'il faut que
j'en engage plus, là. Je suis prêt à écouter ça puis à regarder ça, mais la CAQ, habituellement, là, de
tradition, ils nous disent que le gouvernement est trop gros, qu'il y a trop de
fonctionnaires. Mais là je prends en note ce matin, là, qu'on me recommande
d'en engager plus.
Au niveau,
comme tel, des produits qui sont utilisés, sur le plan législatif, on est en
retard sur l'Ontario, surtout dans
les néonics, qu'on appelle. L'Ontario a légiféré, l'année passée, sur
l'utilisation des néonics. Mais, quand je suis arrivé au ministère de l'Agriculture... Là, la vraie
situation, je vais vous la donner, là. Les agriculteurs ne pouvaient pas semer
d'autre chose que des semences enrobées
parce qu'il n'y en avait pas sur le marché. Pas bien, bien, compliqué. On a
contacté les semenciers, les
distributeurs puis on leur a dit, là, volontairement : Pouvez-vous
commencer à en avoir qui ne sont pas enrobées pour que nos agriculteurs aient au
moins le choix d'acheter des semences qui ne sont pas enrobées? Puis ça
a progressé. C'est une action qui a porté fruit.
Je suis, en
début de semaine, en Ontario pour voir comment l'application de leur dernière
législation a donné des effets. Mais
ça ne se fait pas facilement, là. Vous l'avez dit, ils sont puissants, les
Monsanto de ce monde. Ils ne sont pas tout
seuls, il y a CropLife, etc., là, mais ces compagnies-là font
des milliards de chiffres d'affaires puis des milliards de profit par année. Moi, mon budget, là, au
ministère de l'Agriculture, c'est en bas de 1 milliard. Vous allez me le
reprocher, à part de ça. Ça fait que,
tu sais, je suis obligé de me mesurer à ça, là, sur le terrain. En Ontario,
leur loi a été attaquée devant les
tribunaux. La cour supérieure de l'Ontario vient de rendre un jugement, en
début de semaine, donnant raison au
gouvernement de l'Ontario. On suit la situation de très près et, oui, on va
légiférer. La législation relève de l'autorité de mon collègue le ministre de l'Environnement. Oui, on a été consultés,
oui, on a eu des discussions avec, oui, on lui a demandé d'être plus sévère, parce que la santé des agriculteurs que l'on
représente, là, ça nous tient à coeur. Mais ça prend des mesures
alternatives. Si vous n'utilisez pas de pesticide, il faut que vous fassiez
d'autre chose, là.
Je vais vous
faire une préannonce, je vais annoncer prochainement que, dans le comté de mon
collègue de Huntingdon, le whip du
gouvernement, on va assister financièrement une compagnie qui a développé des
mesures alternatives dans les
oignons, entre autres. On investit de plus en plus dans la recherche et le
développement de façon à permettre à nos agriculteurs de demeurer compétitifs tout en changeant la façon de
procéder. C'est majeur comme virage. Si on ne prend pas le virage bien-être animal, si on ne prend pas
le virage «moins de pesticides» puis si on ne prend pas le virage que le
consommateur a le droit de savoir ce qu'il
consomme, on va regarder dans le rétroviseur puis on va prendre le champ.
Et, si on s'en va dans cette direction-là,
on va s'en aller dans une direction que les sociétés modernes puis que le consommateur moderne
désirent, puis nos agriculteurs vont être plus en santé, puis notre
consommateur, plus satisfait.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Giguère) : Merci
beaucoup. Le député de Dubuc.
M.
Simard : Merci, M. le Président. D'abord, M. le
Président, étant donné que c'est ma
première intervention, permettez-moi
de saluer M. le ministre, de saluer également mon collègue
le député de Mégantic et de saluer, bien sûr, de la deuxième opposition, Mme la députée de Mirabel, également, le député
de Groulx, qui accompagne la députée, je le salue et, de la première opposition, M. le député de Berthier, je le
salue également, et, bien sûr, les gens qui les accompagnent, M. le
Président.
M. le Président, ça me fait plaisir d'assister
et de participer à cette interpellation. La raison, c'est que je veux démontrer l'importance du secteur agricole chez
nous et, bien sûr, en tant que député de région, voir quelle importance l'agriculture a dans ma région, et c'est la raison
pour laquelle je mets tous les efforts nécessaires pour accompagner les
agriculteurs et l'ensemble de l'agriculture de ma région.
Dans ma région,
le secteur agroalimentaire représente 16 600 emplois, M. le Président,
donc, c'est 13 % de la totalité
des emplois de ma région, alors qu'au Québec on parle de 10 % de la
totalité des emplois au niveau de l'agriculture. Donc, chez nous, c'est encore plus important que partout au Québec.
C'est plus de 1 220 fermes, dont 79 entreprises de transformation, plus de 400 entreprises de gros et
de détail et plus de 700 entreprises dans le domaine de la restauration.
On voit que l'agriculture, chez nous, c'est
un pilier de l'économie très, très important, encore plus important que la
totalité du Québec, je le répète.
Nous avons des productions-phares, bien sûr, dont, entre autres, la production
laitière, qui est la plus importante
dans la région. Nous avons aussi plus de 400 entreprises de bleuets qui
produisent 20 millions de kilogrammes de fruits par année et dont, bien sûr, la production est exportée
internationalement. Il ne faut pas non plus oublier toutes les autres productions, dont des productions animales,
mais aussi d'avoine, de canola, de légumes adaptés au climat frais de
notre région comme la pomme de terre. Il y a aussi plein d'autres productions.
L'agriculture est riche au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
je vous le dis, M. le Président, et il faut aller beaucoup plus dans le secteur
du lac, où il y a des plaines incroyables, où on voit l'importance de
l'agriculture.
Mais, parlant
de climat, ma région, bien sûr, a des caractéristiques très, très, très, je
vous dirais, nordiques, donc, géographiques
et climatiques particulières comme celles, bien sûr, de l'Abitibi-Témiscamingue
et de la Côte-Nord. Vous savez, chez
nous, M. le Président, le gel arrive de bonne heure puis il part tard, donc, la
culture, il faut faire ça dans un laps
de temps important, de là l'importance de s'assurer qu'on fait de la recherche
et qu'on emploie des nouvelles technologies
pour que ces entreprises demeurent rentables et s'assurer justement que les
gens sont en mesure de gagner leur
vie, et ça, c'est indéniable. Ces particularités géographiques favorisent la
pratique d'une agriculture distincte dont les producteurs de ma région
peuvent être fiers. Fiers pourquoi? Fiers parce que la géographie et le climat,
comme je disais tout à l'heure, amènent des
différents défis en termes de rentabilité. Vous savez, quand je m'en viens,
moi, dans le grenier du Québec, là,
je vois les terres qui sont encore fertiles plusieurs mois, pendant que chez
nous, je dois vous dire, les feuilles
sont tombées puis mettons que le gel est commencé et on est plus à rapailler
nos affaires, là, pour s'assurer que,
le printemps prochain, on va être en mesure de cultiver. Donc, de là
l'importance de dire que les gens de chez nous doivent être fiers de
cette agriculture.
Donc, c'est
très, très important. Et, chez nous, on va développer et on développe... avec
la recherche, avec l'université, avec
beaucoup d'intervenants, on développe un créneau qui s'appelle l'agriculture
nordique, et ça porte fruit, parce que c'est en développement, et
également, bien sûr, il y a beaucoup de recherche qui se fait à ce niveau-là
avec l'Université du Québec, avec
AgroBoréal, et ça, véritablement, ce sont des gens qui se tiennent ensemble qui
regardent ensemble vers l'avenir.
Je dois vous
dire, M. le Président, il y a un produit qu'on veut développer, là, ça
s'appelle la gourgane. Je ne sais pas
s'il y a beaucoup de monde ici qui connaissent la gourgane, là, hein? M. le
ministre connaît la gourgane. Une bonne soupe aux gourganes, les gens, chez nous,
connaissent ça. Et il y a maintenant des restaurants qui vont servir de la
gourgane, de la soupe aux gourganes. On va faire développer ça. M. le ministre a investi, avec, bien sûr, la région, 171 000 $ pour s'assurer
qu'on va faire de la chaîne de valeur de la gourgane... on va développer cette
chaîne-là pour faire connaître ça à l'ensemble
du Québec pour développer, encore une fois, notre agriculture chez nous, qui
est une agriculture nordique. Donc,
M. le Président, c'est très, très, très, je vous dirais, important de faire de
la recherche au niveau de l'agriculture.
• (10 h 50) •
Le Président (M. Giguère) : Merci
beaucoup. Donc, M. le député de Berthier.
M.
Villeneuve : ...M. le Président, je vous salue et je salue la
personne qui vous accompagne à la table. Je veux saluer l'ensemble des parlementaires et des gens qui nous accompagnent
tous en ce beau vendredi, vous dire, M. le Président, que je suis assailli par un microbe ou un virus,
et c'est pour ça que je me tiens loin de vous autres, je vais le garder juste
pour moi. Alors, en parlant de soupe aux
gourganes, je vous annonce que, mon redoutable recherchiste, sa mère en fait
une excellente, paraît-il. Alors, on aura peut-être la chance d'y goûter un
jour.
Ceci étant, M. le Président, j'écoutais le
ministre tantôt, et ce n'est pas la première fois qu'il fait appel aux
parlementaires de l'ensemble de l'Assemblée nationale de collaborer pour faire
avancer les dossiers, que ce soit en agriculture,
j'imagine, ou en d'autres domaines. Je ferai remarquer, M. le Président, au
ministre que, lorsqu'il était à Atlanta dans le cadre du Partenariat transpacifique, où se tenaient les
négociations... D'ailleurs, il n'est pas allé à Hawaii, et on a vu ce que ça donne quand il s'absente de grandes
négociations comme ça. Mais, lorsqu'il était à Atlanta avec rien dans son jeu, si j'ose dire, absolument rien dans son
jeu, j'ai dû, M. le Président, saisir l'Assemblée nationale ici pour qu'on
puisse lui envoyer une motion unanime des parlementaires. Et Dieu sait, M. le
Président, que le ministre des Affaires municipales
n'était pas heureux de la chose! Mais il a quand même voté pour, parce que le
ministre, à Atlanta, il en avait grandement besoin, M. le Président.
Alors, quand le ministre de l'Agriculture nous parle de collaboration, il peut
compter sur nous, M. le Président, mais encore faut-il qu'il pose des gestes
pour pouvoir avoir cette collaboration-là.
M. le
Président, tantôt, j'écoutais le point de presse du ministre, qui disait encore
une fois que l'agroalimentaire, l'agriculture,
en général, c'est plus important que l'aéronautique. Exact. C'est vrai. Mais,
on l'a vu, le gouvernement est en
train de faire un très mauvais deal en avançant et en allongeant
1,3 milliard de dollars pour l'aéronautique, pour Bombardier, au Québec. Le ministre, s'il veut de
la collaboration de notre part, là, bien, à l'avenir, là, au lieu de couper
150 millions comme il l'a fait en
Agriculture, là... Il a coupé 151 millions de dollars, M. le Président, en
Agriculture. Alors, à l'avenir, là,
qu'il vienne donc nous voir. On va peut-être l'aider à pouvoir avoir une
certaine influence sur le Conseil des ministres pour éviter que
l'Agriculture soit coupé.
M. le
Président, l'agriculture, ces dernières années, ça ne va pas si mal, les
récoltes sont bonnes, ça va, mais, c'est justement, c'est quand ça va
bien qu'il faut investir en agriculture comme dans tout autre domaine. M. le
ministre a sûrement quelques notions
d'affaires, alors il le sait : quand ça va bien, il faut préparer pour les
années où ça va aller moins bien.
Ça m'amène à
vous parler... parce qu'évidemment on pourrait continuer à faire le bilan du
ministre, qui n'est pas très, très
reluisant, mais on gardera d'autre temps pour ça, M. le Président, ça m'amène à
vous parler du titre de l'interpellation : Enjeux et défis. Et évidemment le premier enjeu et le premier défi, à
mon sens, présentement, qui doit nous préoccuper ici comme parlementaires mais aussi comme citoyens, comme consommateurs,
c'est la relève. La relève, M. le Président, vous le savez comme moi, c'est 8 000 jeunes de moins de 40 ans. Il
y a 1 000 jeunes qui sortent diplômés au Québec... environ — il y en a un peu moins que 1 000 — qui sortent, par année, diplômés. Ce n'est
quand même pas rien. Et vous allez me
permettre de faire un ricochet et passer par la municipalité de Les Cèdres,
hein, où le gouvernement, dont le ministre fait partie, a mis une épée de Damoclès au-dessus des 35 agriculteurs
qui étaient ici présents hier à l'Assemblée nationale. Le gouvernement a mis cette épée au-dessus de la
tête des agriculteurs de Les Cèdres. Alors, nous, on demande au ministre
d'essayer, à tout le moins, d'essayer... et puis on va collaborer avec, et de
réussir à retirer cette épée-là, qui a été mise au-dessus de leurs têtes. Pourquoi je vous dis ça, M. le Président?
Parce que 90 % et plus des terres qui sont convoitées avidement par le gouvernement pour expropriation
dans Les Cèdres, les terres agricoles, M. le Président, ils ont une relève,
ils ont une relève. Alors, on ne peut pas passer à côté de cet enjeu-là, qui
est primordial pour la suite des choses pour l'agriculture au Québec.
Donc, M. le Président, j'en profite pour déposer
à l'Assemblée nationale le mémoire, ici, là, le mémoire de la Fédération de la relève agricole du Québec. Je
sais que le ministre a demandé à un certain M. Pronovost de faire un peu
le tour du Québec pour avoir des
propositions, mais vous dire à quel point, la Fédération de la relève, M. le Président, ça fait longtemps qu'ils ont des propositions, et là ils les
ont mises sur papier après mûrement y avoir réfléchi, et j'espère que M.
le ministre va pouvoir le lire. Je le
dépose. Je vais vous dire pourquoi — puis
j'y reviendrai, je pense, j'ai un autre bloc tantôt, j'y
reviendrai : parce que la souveraineté alimentaire du Québec a été
retirée... la politique a été retirée en catimini. Alors, je le dépose, M. le
Président, pour que les gens puissent y avoir accès au moins, à ce document-là,
et, M. le Président, j'invite le ministre à être à l'écoute de
la relève au Québec et de poser les gestes nécessaires
pour qu'elle puisse bien se développer. M. le Président, merci.
Le Président (M. Giguère) : Donc, M.
le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Et,
en souhaitant un prompt rétablissement à mon collègue de Berthier, M. le Président, je vais peut-être débuter par la fin, là. Oui, on a modifié la politique
agricole du Québec. Le gouvernement
précédent avait une politique de souveraineté. Nous autres, on a une politique
de sécurité. Puis ça ne s'est pas fait en catimini,
c'est un des premiers gestes que j'ai faits devant la presse parlementaire. Si c'est ça, agir en catimini, M. le Président, je pense
qu'on a une mauvaise compréhension de la situation. Mais je comprends
que, quand tu enlèves le mot «souveraineté» dans une politique québécoise, il y
a du monde qui n'aiment pas ça quand
ils ont une option qui va dans ce bord-là. Mais, quand on parle de sécurité alimentaire, l'ensemble de la société québécoise
nous rejoint. Nous autres, on ne divise pas, on additionne les Québécois.
Deuxième
élément : la relève. Moi, je
pense qu'il y a des indications que ça va
dans le bon sens. Je vais reprendre mes propos de tantôt, ceux que j'ai
prononcés à l'occasion d'une question de la députée
de Mirabel : On a posé des
gestes, La Financière agricole a posé des gestes. Un certain M. Pronovost, là?
M. Pronovost, il est connu comme étant un des grands commis de l'État, quelqu'un qui est au service de l'État québécois,
et il a fait le tour de la province pour rencontrer les jeunes de façon à dresser la liste des
obstacles à la relève et nous proposer des solutions. Son rapport devrait nous
être remis avant la fin de l'année,
là, puis on l'attend puis on est certains que ça va être un produit de
qualité. M. Pronovost, à chaque fois
qu'il a produit un rapport, ça s'est avéré un rapport de qualité, et on entend
y donner suite, M. le Président.
En ce qui concerne Atlanta, là, M. le Président, je n'étais pas tout seul à Atlanta, là, les Québécois
qui s'intéressaient à l'agriculture étaient là : l'Union des
producteurs agricoles; le Conseil des entrepreneurs — Jacques Cartier, son président, était là; Agropur, La Coop fédérée, Les Éleveurs
de porcs, les producteurs de lait, les Éleveurs de volailles, les producteurs
d'oeufs, les ministres d'autres
juridictions — là, j'y
vais de mémoire — mon
collègue de l'Ontario était là, mon collègue de la Nouvelle-Écosse était là, mon collègue de l'Île-du-Prince-Édouard
était là. Mais ils n'étaient pas à Hawaii, eux autres aussi, parce qu'eux autres aussi, ils sentaient
que c'était à Atlanta que ça se passait, pas à Hawaii. D'ailleurs, je ne suis
pas certain que, si j'étais allé à Hawaii,
on ne m'aurait pas dit que je suis allé prendre des vacances à Hawaii, là,
parce que l'opposition, des fois, ils...
En tout cas,
je suis allé à Atlanta parce qu'il y avait du travail à faire, puis c'est là
que ça s'est réglé, puis on a travaillé
ensemble, puis le Québec a exercé un rôle de leadership. Puis la présence
québécoise s'est fait sentir, à un point tel, M. le Président, que, l'Accord du PTP, là, c'est 12 pays. Trois langues
ont été retenues pour les textes officiels de l'entente : l'anglais, bien entendu, qui, dans ce domaine-là,
prend beaucoup d'espace, l'espagnol et le français. On était 8 millions
de Québécois, on dealait avec
800 millions de consommateurs, et le français s'est imposé comme langue
officielle du traité du PTP. Et ça,
on ne cherche pas de félicitations, on fait juste remarquer que, quand on va en
quelque part, puis qu'on fait notre
travail comme il faut, puis qu'entre Québécois on se serre les coudes, ça va
bien. Moi, la motion de l'Assemblée nationale,
j'en suis très heureux, là, mais on l'a reçue quand c'était fini, là, les
négociations, comme tel, mais je suis heureux quand même qu'il y ait eu un consensus. C'est toujours bon quand
l'Assemblée nationale parle d'une seule voix, puis je remercie le député
de Berthier d'avoir pris cette initiative-là.
Maintenant,
on manque de temps pour fouiller à fond les conséquences du PTP. Il y a des
conséquences qui sont inquiétantes pour certains secteurs d'activité
économique. Les secteurs qui sont sous gestion de l'offre ont encore beaucoup
de questions qui demeurent sans réponses : un meilleur contrôle
frontalier, une réciprocité des normes.
Dans le
secteur laitier, là, les Américains, des fois, ils piquent leurs vaches avec
des hormones de croissance. Ici, c'est
interdit, là. On va-tu avoir de la réciprocité? On en a discuté, nous, à
Winnipeg, on en a discuté à l'Île-du-Prince-Édouard, sur les normes de
réciprocité, depuis qu'on est arrivés, là. Le PQ, eux autres, ils demandaient
des compensations. Les agriculteurs nous
disent : M. Paradis, des compensations, c'est comme des chèques de BS, ça.
La réciprocité, là, ça maintient nos
activités, puis on gagne notre argent, puis on travaille sept jours par
semaine, 24 heures par jour, puis ça nous fait plaisir de participer à l'effort
collectif.
Pour les autres éléments, M. le Président, là,
la relève agricole, je tiens à le dire, à la fin, moi, j'ai des signes encourageants, il n'y a jamais eu autant
d'inscriptions dans les ITA, autant à La Pocatière qu'à Saint-Hyacinthe.
Peut-être que les jeunes commencent à
penser à un retour à la terre comme telle puis peut-être qu'ils vont découvrir
que l'amour est dans leurs prés. Merci, M. le Président.
Documents déposés
Le
Président (M. Giguère) : Merci. Je voudrais confirmer à cette
commission que les documents du député de Berthier ont été déposés et
ils seront disponibles. Donc, le député de Mégantic.
• (11 heures) •
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Je voudrais tout d'abord revenir sur
les propos de la députée de Mirabel au sujet
des néonics, et, juste pour vous donner une perception, il y a plus de 20 de
ces produits-là qui représentaient, en 2008, près 2 milliards de vente aux États-Unis. Et je réalise avec
beaucoup d'humilité la complexité qu'il y a à l'intérieur de ces productions-là et des effets, qui ne sont pas
toujours évidents, par rapport à la flore et à la faune, à titre d'exemple
les abeilles, qui en ont beaucoup souffert.
En ayant moi-même un fils qui est et agronome et cultivateur, je comprends
très bien l'ensemble de ces paramètres-là.
Et, pour trouver des technologies de compensation, je dirais, il faut beaucoup
d'énergie. Et il y en a plusieurs qui sont en évolution. Entre autres,
l'évolution ou le déplacement de certaines de nos productions vers le Nord, où
les bactéries et les phénomènes naturels empêchent la propagation des bactéries
et des microbes, nous donnent des éléments
de réponse à cette évolution-là, et tranquillement on voit une évolution qui se
produit.
Donc, ceci étant dit, je veux revenir aux
commentaires du député de Berthier où on a parlé de la souveraineté alimentaire, qui avait été mise en place par le PQ
en 2013, qui est une politique qui était complètement vide, parce que cette politique-là finalement s'est traduite par
des grands principes et la somme des actions qui ont été exécutées par la suite totalise la fabuleuse somme de zéro. Donc,
on pourra toujours en parler et faire un débat de fond sur le sujet, là, mais
je pense que ça fait un sommaire très intéressant de ce qui se passe.
Une autre
variable que les Québécois doivent très bien comprendre qui a déjà été
illustrée, effectivement, par le ministre
ici, à l'Assemblée nationale, concerne la souveraineté alimentaire. Un Québec
souverain devra se débarrasser d'une
de ses vaches sur deux, parce que plus de 50 % de la production du Québec,
O.K., est distribuée dans le reste du Canada. On
nous parle souvent d'inconsistance puis de travailler sur des variables qui
sont, comme on dit, pas très performantes.
Bien, si vous voulez en voir des pas très performantes, là, ça, c'en est des
superbes d'une visibilité, presque, que
je considérerais d'arrogante, O.K.? Donc, la souveraineté alimentaire, qui a
été transformée, je pense que c'était plus qu'une sécurité, c'était une
nécessité. Donc, il faut bien comprendre cette variable-là — et je
veux que tout le monde comprenne très
bien — qu'il
faut absolument continuer à développer notre agriculture et que les Québécois
ont développé une compétence et une
compétitivité, puisqu'on exporte la moitié de nos productions dans le reste du
Canada. Et, en plus, nous avons des productions de prime qui ont des
valeurs ajoutées supérieures, O.K.?
Donc, il faut
vraiment considérer l'ensemble des paramètres de notre agriculture et de les
renforcer au lieu de les diluer, puis,
pour nous, ça, ça représente des vecteurs de croissance et de développement,
comme l'a mentionné précédemment la députée de Mirabel, où on a parlé
des agronomes et pourquoi on consultait un agronome. Si vous regardez l'accroissement de la productivité dans
l'agriculture québécoise uniquement sur le plan du lait, où la croissance
a été de plusieurs dizaines de pour cent, en
moyenne, par vache, O.K., où l'amélioration du cheptel a donné des résultats
extraordinaires, où l'amélioration de la qualité de la viande chez les bovins
via la sélectivité et via le croisement des espèces
nous a donné des gains de productivité très significatifs... bien, je crois que
les agronomes puis que la technologie québécoise, dans l'évolution de
nos productions agricoles, a quelque chose à y faire.
Je crois, M. le Président, que ces éléments-là, ce n'est pas des éléments banals, c'est des
éléments d'importance
fondamentale dans l'évolution de l'agriculture québécoise.
Le Président (M. Giguère) : Merci
beaucoup. Mme la députée Mirabel.
Mme
D'Amours : Oui. Je suis contente que le thème de la relève agricole
ait été abordé puis j'aimerais continuer sur ce thème et j'aimerais citer... En campagne électorale, là, le
ministre a dit que la relève agricole était une priorité pour le Parti libéral. Donc, la citation du premier
ministre à l'assermentation, elle se lit comme suit : «La question de
l'utilisation et de la propriété des
terres agricoles est prioritaire, de même que le maintien des fermes familiales
et leur transfert à la prochaine
génération. Vous aurez à proposer des outils pour favoriser ce transfert.
[...]Mais nos agriculteurs sont confrontés à des défis pressants, allant de la concurrence internationale à la
relève.» Je répète : «Mais nos agriculteurs sont confrontés à des
défis pressants, allant de la concurrence internationale à la relève.»
Il y a même
le collègue du ministère de l'Agriculture, le député de Huntingdon, qui avait
interpelé le ministre de l'Agriculture
sur un délai inacceptable de six mois en lien avec la relève agricole lorsqu'il
était dans l'opposition. Citation venant
d'un communiqué du Parti libéral le 4 décembre 2013 : «...il y a
huit mois, lors de l'étude des crédits, le ministre Gendron promettait qu'une politique jeunesse
serait déposée en même temps que sa Politique de souveraineté alimentaire.
Six mois après le dépôt de la politique, il
n'y a toujours rien. Est-ce que le ministre Gendron a complètement largué la
relève?»
Terre de chez nous, 24 février 2015...
Une voix :
M. le Président, on ne peut pas nommer quelqu'un par son nom, il faut le nommer
par son titre, tout simplement.
Mme D'Amours : C'est une citation
que je citais.
Le Président (M. Giguère) : Mais
même une citation...
Mme D'Amours : Je ne peux pas
changer la citation du...
Le Président (M. Giguère) : Mme la
députée, dans une citation, on ne peut pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Mais, même quand on cite, on ne peut pas, malheureusement, nommer la personne
dans la citation.
Le Président (M. Giguère) : Donc,
madame, c'est par la circonscription de député.
Mme D'Amours : Merci, M. le
Président. J'en prends bonne note. Donc, dans La Terre de chez
nous : «[Le ministre de l'Agriculture actuel] dit vouloir
"prioriser" le dossier de la relève agricole. "Ça presse!",
lance-t-il. "La démographie étant ce
qu'elle est, je côtoie beaucoup d'agriculteurs qui ont mon âge et qui veulent
transférer leur entreprise à leurs
enfants.» Novembre 2015, 20 mois après l'élection du Parti libéral, on attend encore le mandat de Jean Pronovost, qui a été mandaté
le 13 février dernier.
Pourquoi
faire attendre encore la relève? Pourquoi le ministre, 35 ans d'expérience, qui a été plusieurs années
président, vice-président de la CAPERN,
qui connaît très bien son dossier, qui sait ce que la relève a besoin,
que la relève aussi aujourd'hui, hein... on va regarder ça aujourd'hui, il y a une augmentation de valeur des
terres de 800 % depuis 1990. Ça aussi, le ministre est au courant
de ça.
Il y a des
statistiques qui ont sorti : 22 % des fermes comptent une relève; un
tiers des établissements est réalisé par des femmes; un agriculteur sur cinq est âgé de moins de 40 ans;
80 % de la relève a un diplôme
postsecondaire; 92 % des membres de la relève considèrent
l'agriculture comme un mode de vie plus qu'un métier.
Ma question,
c'est : Quand allez-vous rencontrer les membres de la Fédération de la
relève agricole pour parler de leurs
priorités? Puis quand le rapport sur la relève agricole sera déposé? Et quand
allez-vous proposer une politique sur la relève agricole? Ce sont des jeunes qui
attendent, qui ont espoir en leur futur et qui n'ont besoin que de soutien.
Ils ont besoin d'un ministre qui va les appuyer. Alors, quand le ministre va
agir?
• (11 h 10) •
Le Président (M. Giguère) : M. le
ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : M. le
Président, je vais le répéter, parce que, si on n'avait rien fait, je
dirais : On attend le rapport
puis on n'a rien fait. Je vais répéter ce que j'ai dit tantôt, parce que ou
bien on ne l'a pas compris ou je me suis mal exprimé — un
des deux.
L'engagement
pris à l'occasion de la dernière campagne électorale était de nature fiscale.
J'ai été autorisé à le prendre au nom
de notre formation politique. Moi, je ne savais pas que j'allais être ministre
de l'Agriculture. Mais je l'ai pris
dans une étable à Saint-Prime. J'avais dit : On va agir sur la fiscalité,
la première chose. On n'a pas attendu longtemps, là. Dans la première mise à jour économique du ministre des Finances, il
s'est levé de son pupitre puis il a annoncé... et vous étiez là, à votre
chaise. J'ai pensé que vous l'aviez écouté, entendu et compris.
Deuxième
élément, vous mentionnez l'augmentation du prix des terres. On en est
conscients. On n'a pas attendu le rapport Pronovost. C'était dans tous
les médias d'information il y a quelques semaines. Vous êtes probablement la seule députée qui n'en a pas pris connaissance. Le FIRA
a ajusté ses programmes de façon à permettre à la relève d'avoir un meilleur accès avant le rapport Pronovost.
Imaginez-vous avec le rapport Pronovost! Dans le cadre du FIRA... annonce
une seconde option pour le produit
achat-location des terres qui plafonne à 3,5 % la plus-value annuelle des
terres agricoles. Les jeunes sont au courant.
Puis je pense
que je vais vous faire une invitation spéciale. Cet après-midi, il y a la
remise de la plus ancienne décoration
québécoise, les prix du mérite agricole, au salon rouge. Je vous invite. C'est
la première année, parce que j'ai insisté
qu'on modifie un peu la formule, qu'il va y avoir un prix du ministre à la
relève agricole. Ça fait que, quand je vais
les rencontrer cet après-midi, je vais leur dire : La députée de Mirabel a
parlé de vous autres. Puis je vous félicite. Ça, c'est mes meilleurs, là, ceux qui vont gagner le prix du ministre,
là. Il y a un jury neutre, ce n'est pas politique, là. C'est un jury d'experts qui les a choisis. Puis
j'espère que vous allez être là puis qu'on va les rencontrer ensemble, parce
que ça a l'air à vous tenir à coeur. Mais il
faut que vous teniez compte des actions qu'on a posées. Moi, j'aime ça avoir
une discussion ouverte, franche, honnête.
Que vous disiez qu'on n'en a pas fait assez, ça, là, ça fait partie de la job
de l'opposition, puis je comprends
ça, mais, que vous ne preniez pas acte des actes qu'on a posés, ça, je trouve
ça, comment je pourrais dire ça, un
peu politique comme angle. Ça fait qu'il faudrait enlever cet ingrédient-là,
puis, dans le reste du discours, on va se tenir.
Moi, j'ai
adoré les entrevues que vous avez données, là, entre autres, à La Vie
agricole. Je l'ai lu d'un bout à l'autre. Puis j'ai senti une sensibilité au monde agricole chez vous dans les entrevues
que vous avez accordées. J'aimerais, moi, ce matin, là, sentir la même... je la sens, mais la source d'information
qui disait qu'on n'avait pas invité la relève agricole, la FRAQ, qu'on
appelle, là, à rencontrer M. Pronovost... je vous ai dit : Vérifiez votre
source. Vérifiez la mise à jour économique
du ministre des Finances, vous allez vous apercevoir que ce que je dis, non
seulement c'est vrai, mais c'est en application. Les programmes modifiés
par La Financière agricole pour faciliter l'accès... Je vais faire une
affaire. Si vous ne l'avez pas vue dans les
journaux, je vais vous envoyer l'annonce officielle de La Financière
agricole. Comme ça, on n'en entendra
plus parler, puis, la prochaine fois que vous allez me parler de la relève,
vous allez dire : Félicitations pour
la fiscalité, félicitations pour ce que vous avez fait avec La Financière
agricole, puis félicitations pour le prix que vous avez mis sur place, puis, lorsque le rapport Pronovost arrivera,
vous pouvez compter sur la députée de Mirabel pour vous faire de la pression pour la mettre en
application le plus rapidement possible. Puis, si tout le monde se tient
ensemble, il va être en application
encore plus rapidement, puis la relève va en profiter, puis ça va profiter à
l'ensemble de la société québécoise. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Giguère) : Merci.
M. le député de Dubuc.
M.
Simard : Merci beaucoup, M. le Président. Au tout début, je vous
parlais du secteur agroalimentaire de ma région ou plutôt de la fierté, M. le Président, de ce secteur. Je vous
parlais des quelque 1 220 producteurs agricoles et des 79 entreprises en transformation, mais ce que je ne vous ai pas parlé, M. le Président, c'est que, parmi elles, ces entreprises-là, il se
trouve que 66 producteurs et 20 transformateurs travaillent dans le domaine biologique. Tout à l'heure, la
députée de Mirabel parlait de
pesticides, et effectivement il y a beaucoup de préoccupations à ce niveau-là
dans l'agriculture, mais ces entreprises-là n'utilisent pas de
pesticide, M. le Président, et c'est très important qu'on se le dise.
Au Québec, on
parle de près de 200 entreprises qui ont une certification biologique et
d'environ 7 000 emplois à temps
plein dans ce secteur. C'est une tendance qui est à la hausse et c'est pour ça
que, le 5 mai dernier, mon collègue le
ministre de l'Agriculture a annoncé la Stratégie de croissance du secteur
biologique. Ça, c'est plus de 9 millions de dollars d'investissement sur les trois prochaines années, M. le
Président. Il faut le citer, parce qu'il y a peut-être, encore une fois, des agriculteurs qui travaillent dans le
domaine biologique qui ne connaissent pas ce programme-là et, s'ils nous
écoutent ce matin, ils vont être en mesure
de faire une recherche à ce niveau-là. Cette stratégie-là, M. le Président,
elle appuie la conversion des
productions qu'on peut dire, entre guillemets, traditionnelles en productions
biologiques. Elle appuie les
agriculteurs qui veulent avoir accès à des services-conseils pour les
accompagner dans leurs pratiques, elle leur donne accès à des assurances adaptées pour la culture biologique et
certaines productions, elle soutient la recherche en production
biologique, et ça, ce ne sont que quelques-unes des mesures mises en place.
C'est un pas en avant que le gouvernement a
fait parce que nos producteurs et nos transformateurs voulaient améliorer leurs
pratiques. Nous avons été à leur
écoute dans ce nouveau défi, qui s'offre à eux. Ils veulent offrir aux
Québécois des produits biologiques tout en étant rentables — parce que la rentabilité dans une
entreprise, qu'elle soit agricole ou autre, c'est très, très important,
et on va les supporter à ce niveau-là — et en ayant une empreinte écologique
réduite. C'est la raison pour laquelle les gens sont préoccupés par la planète, les gens sont préoccupés par ce qu'ils
mangent, et véritablement la culture biologique est une solution à tous
ces problèmes, il faut se le dire entre nous.
Les
consommateurs québécois aussi ont évolué dans leurs pratiques. Ce sont eux qui
ont poussé cette migration de
l'agriculture. Ils demandent de plus en plus de produits biologiques. Pour
chiffrer ça, M. le Président, c'est une production qui, à toutes les années, augmente de 10 %.
Et ça, c'est pour le bien de la population, c'est pour le bien de la planète et
c'est pour le bien aussi, je vous dirai, des
agriculteurs eux-mêmes. Les consommateurs veulent aussi davantage de produits
locaux, régionaux et voient une croissance de la demande des produits provenant
du Québec. C'est pour ça que c'est important
d'encourager les produits bios, des produits de chez nous. Chez nous, là, dans
ma région, les produits régionaux sont
dans tous les commerces, ils sont reconnus. Pourquoi? Parce qu'on a un logo
qui... c'est le drapeau du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Ce sont des produits régionaux. Ça
dit aux consommateurs : Prenez ce produit-là, vous encouragez des gens d'ici, des travailleurs d'ici. Et ce sont des
produits qui ne se promènent pas partout, ils ont une empreinte écologique
diminuée. C'est ce que ça dit. Et c'est très important justement qu'on
encourage cette culture.
D'ailleurs — je parlais tantôt des organismes de ma
région qui travaillent au développement, au dynamisme de l'agriculture — j'aimerais signifier que nous avons entre
ceux-là la Coop Nord-Bio, qui est un regroupement de producteurs biologiques et de citoyens qui ont à coeur
l'agrobio. C'est justement ce regroupement d'individus, de corporations qui
ont fait un guide pour accompagner le
consommateur, accompagner, justement, les commerçants qui disent d'utiliser ces
produits bios, là, pourquoi et de quelle
façon il faut le faire. Et c'est comme ça qu'on va faire grandir notre
agriculture biologique au Québec et
dans ma région, bien sûr, et, M. le Président, c'est la raison pour laquelle
j'interviens ici ce matin. Merci beaucoup.
Le Président (M. Giguère) : Merci.
Mme la députée de Mirabel.
• (11 h 20) •
Mme
D'Amours : Merci, M. le Président. J'aimerais apporter un autre thème
au ministre sur la viande et l'abattage religieux.
En
commission, on tente de sortir cette discussion-là. Je sais que le ministre,
lorsqu'il y a eu un événement... et je le
crois, le connaissant un peu, qu'il a eu une petite crise ministérielle, pour
ne pas prendre ses mots, mais je sais qu'il... et je ressens que, ce discours-là, il ne veut pas
l'entendre, par contre, en commission. Et puis, moi, ça m'inquiète, parce que
je ne veux pas parler de rituel, mais je
veux parler de la transparence de nos produits, d'où ils proviennent, comment
ils ont été élevés, qu'est-ce qu'ils
ont mangé, de quels éleveurs on parle, le transformateur, de quelle façon il le
fait, et, le consommateur, pourquoi il paie ce produit-là un tel prix.
Pour moi, là,
c'est la transparence, ça passe par l'étiquetage, et, l'étiquetage, je sais
que, ce matin, en point de presse, le
ministre en a parlé. C'est important
que les gens sachent que ce soient des produits qui sont transformés avec
un rituel. On veut savoir si c'est de la
viande halale, on veut savoir si c'est des produits cachers. Moi, je n'ai rien
contre ça, là. Je le dis tout de suite, je n'ai absolument rien contre ça.
J'ai des amis qui ne mangent que halal, et c'est de très bons amis, et
je peux vous dire que, dans le temps des fêtes, là, ça ne paraît pas qu'ils
mangent juste halal. On a beaucoup de plaisir ensemble, et c'est vraiment des
amis proches. Mais je pense que pour tous les consommateurs il y a là une transparence qu'on doit avoir et moi, je pense
qu'on doit aider les deux parties, quand on présente un projet de loi où on doit intervenir sur la façon de faire, pour que tout le monde s'y retrouve, que tout le monde voie la
transparence et que tout le monde puisse dire : On a une étape où tout le monde doit passer par là, et, après cette étape-là, vous pouvez faire
votre procédé halal.
Il y a
eu un reportage qui parlait, justement, des garderies, des prisons où on avait des
produits halals, où parfois c'était tellement
compliqué d'avoir des produits non halals ou halals qu'on a décidé de ne
prendre que de la viande halale. Alors,
pour moi, je pense que le consommateur qui n'est pas au courant que ce n'est
que des produits halals, qu'il y a un coût qui se rattache à ça... Parce que
le transformateur doit payer la certification. Donc, dans son coût de
production, il y a une marge qui doit aller à un organisme, et c'est
parfait s'il accepte ça, c'est parfait pour les gens qui veulent acheter
de la viande et qui ne se soucient pas de
ça, mais ceux qui s'en soucient devraient être au courant de ça. Moi, je ne
veux pas citer d'entreprise agroalimentaire, parce qu'ils font avec ce qu'ils ont, avec les lois qui sont
là, et je suis convaincue qu'il y a bien des gens qui ne pensent pas qu'il y a
un coût rattaché à ce procédé-là. On doit bénir des couteaux, on doit bénir, on doit avoir un champ, on doit... Ça a un
coût. L'entreprise doit payer pour ça. Donc, s'il paie, comme je
disais tout à l'heure, il y a une... il
y a dans son coût de production une
marge qui fait en sorte que ce n'est pas le transformateur qui a l'argent, ce n'est pas le producteur agricole, ce n'est
pas le transporteur, c'est l'organisme. L'organisme, là, ce qu'il fait avec, c'est son droit. Mais je pense que les
consommateurs doivent être au courant que, lorsqu'ils achètent un
produit... qu'il y a un procédé rituel qui se fait, et qu'il y a
un coût qui est rattaché à ça, et qu'il est conscient qu'une partie de son
argent pour ce produit-là va à un organisme.
Le Président (M. Giguère) : Merci. M.
le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...peut-être
pour donner suite aux propos de mon collègue de Dubuc, M. le Président. La stratégie biologique qu'on a mise en place
avec les budgets, là, 9 millions sur trois ans, il faut la faire connaître
davantage. Moi, je suis d'accord.
On a déjà posé des gestes, là, il y a de la publicité qui a été placée dans La Vie
agricole, et ça indique aux
producteurs à quel endroit aller chercher le détail de l'information qu'ils ont besoin pour prendre ce virage biologique là. Je le souligne, M.
le Président, parce que
c'est un virage qui est incontournable, les croissances possibles, là. On importe 70 % des produits biologiques que l'on
consomme. Imaginez-vous, si on les produisait nous-mêmes, là, l'apport
économique dans toutes nos régions au Québec.
Je veux revenir à la question spécifique de Mme
la députée de Mirabel. Deux volets à votre question, Mme la députée de Mirabel : le volet abattage et le
volet le droit de savoir du consommateur. L'étiquetage, là, ça se joint à ça.
Sur le volet
abattage, on en est, en commission parlementaire à l'heure actuelle, là, à
l'étude de l'article 12 du projet de
loi n° 54. Cet article-là, il a été rédigé, là, en s'inspirant des
meilleures pratiques canadiennes. L'ensemble des juridictions canadiennes n'ont pas de législation. C'est la
réglementation fédérale qui s'applique, l'article 19 du règlement fédéral. La Colombie-Britannique est la seule
juridiction qui a pris la peine de légiférer dans ce domaine-là. On s'en est
inspirés et on l'a traduit dans la loi, mais
on n'a pas fait d'application comme telle en distinguant la couleur de la peau,
la race, la religion puis ces
choses-là. On ne l'a pas mis dans la loi. Ça s'applique à tout le monde de
façon égale. On veut que ça se fasse
sans douleur, on veut que ça se fasse rapidement, on veut être en peloton de
tête, mais on veut que ça soit applicable
également. Et c'est vrai que j'ai été choqué des images que j'ai vues, là, dans
un reportage où il y avait un agneau dans...
J'aime autant ne pas décrire la scène, là. Mais l'article 12 répond à cette
préoccupation-là, puis je vous incite à le lire et à le relire, parce qu'en répondant à cette préoccupation-là on fait
progresser le Québec et on rejoint la province canadienne qui est la plus avancée dans ce domaine-là et on
dépasse les autres provinces qui n'ont pas légiféré dans ce domaine-là.
Deuxième
élément : le droit de savoir des consommateurs. Moi, j'ai bougé dès mon
arrivée. On est aidés dans cette
direction-là par la législation qui a été adoptée par l'État du Vermont. Cette
législation-là va entrer en application au mois de juillet 2016, au mois de
juillet prochain. L'État du Vermont a une population quand même assez
restreinte, là, c'est l'équivalent de
la population de la ville de Sherbrooke, là. Tu sais, c'est important, mais, en
termes de population, le Québec,
c'est huit fois plus important, puis l'Ontario, encore plus important. J'ai un
mandat du premier ministre d'agir. J'ai
rencontré le gouverneur du Vermont, j'ai rencontré mon homologue de l'Ontario à
quelques reprises. D'ailleurs, le 6
mai dernier, là, communiqué conjoint Québec-Ontario, les ministres ont abordé
des questions touchant l'acceptabilité sociale
telles que la santé des pollinisateurs, le bien-être des animaux et le droit de
savoir des consommateurs. Sur ce dernier point, ils ont convenu que le
consommateur a le droit à une information juste et transparente. Si on réussit
à bouger, Vermont, Québec et Ontario, la
masse critique va être suffisante à ce moment-là pour rendre ça intéressant
pour les gens qui posent les étiquettes, pour les transformateurs, etc.
Si la masse critique n'est pas suffisante, les transformateurs n'y trouvent pas
leur compte, puis ça nous amène dans une problématique d'application.
Je retourne
en Ontario en début de semaine. C'est inscrit à l'ordre du jour et à l'agenda
des sujets de discussion. J'ai eu une
rencontre avec le ministre de l'Ontario il y a deux semaines, on en a discuté.
Politiquement, je sens qu'il y a une
volonté. Administrativement, je sens qu'il faut à la fois pousser et tirer.
C'est ce qu'on fait à chaque fois qu'on a une rencontre, mais l'objectif, vous avez raison, je vous donne... puis je
vous remercie de poser la question, puis plus vous allez la reposer,
plus vous allez mettre de pression, c'est un pas dans la bonne direction.
Personnellement, comme consommateur, je veux
le savoir. Maintenant, si je bouge seul sans la masse critique de l'Ontario...
Et il y a d'autres États américains
qui sont prêts à bouger également, le Massachusetts, etc. Là, il va y avoir un
ensemble de ce que j'appelle le Nord-Est
américain qui va bouger dans cette direction-là. Il s'agit que le Québec exerce
son leadership. Celui qui l'a pris présentement,
c'est le Vermont, avec des contestations en cour — ça aussi, il faut suivre ça de près — et avec une masse critique qui fait en sorte que je ne suis pas
certain qu'ils vont pouvoir s'approvisionner de tous les produits. Ça fait
qu'on veut les aider, ils vont dans la bonne direction. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Giguère) : Merci
beaucoup. Député de Mégantic.
• (11 h 30) •
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. J'abonde dans le même sens que le
ministre à ce chapitre-là, je vais d'ailleurs vous citer quelques exemples de projets qui vont dans ce sens-là, et,
dans quelques cas, tout le monde le sait, tout le monde le voit sur une base régulière. Prenez, par exemple,
les cannes de sirop d'érable où les producteurs mettent leur nom et leur
adresse. Donc, si ce n'est pas des exemples de transparence fondamentale,
qu'est-ce qui en est? Donc, il y a déjà des éléments
que qualifierais de traditions qu'il faut regarder puis peut-être s'en
inspirer. Je vais vous donner un autre exemple, dans mon comté, où il y
a un projet de marketing de sirop d'érable où ils ont refait une
classification — c'est
pour du marché d'exportation — qui est en coordination avec la fédération
des producteurs de sirop d'érable, et, sur les bouteilles, le producteur de sirop va signer son nom. Donc,
encore là, la députée de Mirabel nous donne un bel apprentissage, mais je veux réitérer le fait qu'elle a raison et
réitérer le fait qu'il y a déjà des choses et des évolutions qui se passent,
parce qu'effectivement la population le réclame à grands cris. Donc, je
pense que c'est quelque chose d'important.
Je dois faire
une mise en garde qui est très importante. Les gens semblent croire que tout
ça, c'est simple et facile. Dans le
cas du sirop d'érable qu'on a produit à la ferme x, qu'on met dans la bouteille
et qu'on signe x, ça va relativement bien. Mais, si vous considérez, par
exemple, un abattoir où on abat 1 000 têtes par jour qui proviennent de
différentes sources, l'identification et
l'étiquetage, à l'autre bout de l'usine, ça peut devenir une problématique, et
je vais illustrer ce point-là d'une
façon très simple dans le cas de l'aéronautique, où Bombardier apprend à ses dépens
que le catalogage et la traçabilité des systèmes, ce n'est pas une mince
affaire. Donc, il faut être prudent, puis je crois que la prudence du ministre à l'égard de la collaboration avec les
autres provinces et les autres régions illustre ce principe de précaution là,
qui est fondamental, parce que, même si la population réclame encore à grands
cris cette identification-là, il va falloir s'assurer que le travail en amont est bien fait et qu'il va permettre
cette traçabilité-là sans faute, sans trou dans le système pour qu'on puisse produire quelque chose qui donne
une information de valeur à la population et aux consommateurs du
Québec.
Donc, je
pense que d'identifier ces grands paramètres là puis, comme souvent on
l'oublie... on le voit dans nos exemples
quotidiens à travers le développement de nos industries, de nos institutions,
ce qui nous apparaît, à prime abord, simple relève d'une complexité qui est beaucoup
plus grande et d'une difficulté technique souvent, parce que, vous le savez très bien, imprimer trois étiquettes et
3 millions d'étiquettes, ce n'est pas la même chose en termes de coût et
ça représente des défis, O.K., où le
consommateur est prêt à enregistrer certaines variabilités mais n'est pas
nécessairement prêt à payer deux fois
le prix ou des coûts exorbitants qui vont dérentabiliser la production de ces
nouveaux marchés là. Donc, on en
parle. Il faut aussi se rappeler que, même les abattoirs, où il rentre une
vache, c'est des centaines de morceaux qui
ressortent. L'identification de ceux-là, à prime abord, n'est pas évidente,
parce que cette séquence d'événements là, elle est continue, et, quand
arrête la vache a et quand commence le boeuf b, ce n'est pas toujours évident
non plus.
Donc,
j'apprécie beaucoup les commentaires de la députée de Mirabel, mais je crois
que prudence s'impose, et la complexité à laquelle l'exercice du
ministre s'impose est une cause juste et valable pour en arriver à des
résultats qui seront efficaces. Merci.
Le Président (M. Giguère) : Merci
beaucoup. Donc, le député de Berthier.
M. Villeneuve : Merci, M. le
Président. Je veux juste en profiter pour, ce dernier bloc, rappeler au
ministre, M. le Président, qu'à tous les
jours, à tous les jours, s'il a besoin de notre collaboration pour être en mesure
de défendre le budget de
l'Agriculture... Alors, on a vu 1,3 milliard pour Bombardier, moins
150 millions pour l'Agriculture. Alors, il nous demande notre collaboration, assurément qu'il l'a d'emblée, M.
le Président. Alors, on peut le soutenir et on peut l'aider à faire progresser
l'agriculture au Québec, notamment au niveau des budgets qui y sont alloués, et
éviter des coupures comme cela s'est produit
dans le dernier budget. Et donc, comme on dit, si le ministre
veut bien faire suivre les bottines avec les babines, ça va nous faire
plaisir de collaborer pour l'aider à faire avancer l'agriculture au Québec, M.
le Président.
M. le Président, la Politique de souveraineté alimentaire. Je veux juste en
profiter pour inviter le député de Mégantic
d'en prendre connaissance, de la Politique
de souveraineté alimentaire, déposée par mon collègue le député d'Abitibi-Ouest. D'ailleurs, M. le Président, je dépose la
politique. Étant donné qu'elle a été retirée du site du MAPAQ, on ne l'a
retrouve plus. Alors là, les gens
pourront... et le député de Mégantic pourra la consulter, la lire et s'en
inspirer. Qui sait, M. le Président. Donc, je la dépose à cette
Assemblée, M. le Président.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : M.
le Président, question de règlement.
M. Villeneuve : M. le
Président, quand je...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) :
Question de règlement. Excusez, je vais faire rapide, là. Question de
règlement. C'est qu'elle a déjà été déposée par le député d'Abitibi-Ouest à
titre de ministre de l'Agriculture, donc l'Assemblée nationale en est
déjà saisie. Je ne sais pas si c'est permis de se ressaisir de quelque chose
dont on est déjà saisis.
M. Villeneuve : Le message,
M. le Président, si je peux plaider ma cause...
Le Président (M. Giguère) : Oui.
M.
Villeneuve : Le message qu'on veut envoyer ici aujourd'hui, là,
c'est que les gens ne la retrouvent plus sur le site du MAPAQ, le ministre l'a retirée. Et je veux que les gens qui nous
écoutent sachent que je la redépose pour m'assurer qu'elle soit
disponible à tous.
Le Président (M. Giguère) : ...que
vous déposiez votre document.
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. M. le Président, le
ministre de l'Agriculture, en 2014‑2015, à l'étude de crédits, disait ceci : «Avec l'arrivée d'un
nouveau gouvernement majoritaire élu pour plus de quatre ans, la Politique de souveraineté alimentaire pourra
s'appuyer sur la stabilité politique.»
(Interruption)
M.
Villeneuve : Allez-y,
mademoiselle. Il disait aussi : «Moi, j'ai de la difficulté
à digérer que mon hôpital, mon école, ma garderie, mon centre de
détention ne soient pas des acheteurs privilégiés de mes produits locaux dans
des circuits courts. [...]Pendant que j'ai fait
mes notes introductives — il continue — j'ai clairement dit que la Politique de souveraineté
alimentaire changeait de nom...» Mais entre changer de nom puis disparaître du
site du MAPAQ on s'entend qu'il y a toute une marge. Alors, on avait là
une belle politique, et je tiens à le rappeler.
Et d'ailleurs
je veux juste, peut-être, vous faire quelques lectures, M. le Président. En mars 2013, donc après le dépôt de la politique, le...
et ça, je cite : «"Le projet est rassembleur et rafraîchissant. Les orientations
retenues par le gouvernement sont fortement consensuelles et reprennent
l'essentiel des attentes du monde agricole", a déclaré le président
général de l'union, [...]Marcel Groleau.» Toujours
le président général de l'union : «Le gouvernement du Québec a misé
sur les bons ingrédients pour favoriser l'atteinte de notre plein potentiel...»
Le Devoir, 21 mai 2013, donc c'est... on dit ici : «Tout le milieu
agroalimentaire québécois a, avec raison, salué sa
Politique de souveraineté
alimentaire. Une avancée, enfin!» Et là on parle du milieu agroalimentaire, M. le Président, ce n'est pas rien. Et Le Soleil, le 20 novembre 2013 : «La Politique
de souveraineté alimentaire du Québec inspire l'Italie. Le gouvernement québécois a signé cette semaine une entente avec le ministre de l'Agriculture italien [...] prévoyant une accentuation du commerce bilatéral bioalimentaire
et un partage de renseignements sur le développement
économique de ce secteur.»
Et enfin — il y en aurait d'autres, mais il faut arrêter — La
Nouvelle Union,
3 avril 2014 : «...nous sommes choyés d'avoir auprès de
nous un ministre qui propose une politique qui est en phase avec les besoins du
milieu.»
Alors là, M. le Président, on a un problème. On a le ministre qui retire sur le site du MAPAQ une politique
de souveraineté alimentaire sur laquelle il disait pourtant ne vouloir
que changer le nom, et là on ne la retrouve plus. Le ministre n'a rien déposé
d'autre, mais vraiment rien déposé d'autre pour justement
s'assurer... Et, en réponse à ce que le
député de Mégantic disait tantôt — il disait que la politique, elle était vide — bien,
je vais vous dire une chose, M. le
Président, moi, j'ai compris une chose en affaires, c'est qu'il vaut mieux avoir
un plan que pas de plan du tout. Et là on n'a pas de plan du tout, alors
c'est vraiment inquiétant.
• (11 h 40) •
Et peut-être
aussi vous dire — et
ça, je vais citer le ministre de
l'Agriculture, le 29 avril 2014, il dit ceci : «Je ne dormirai pas tranquille tant que les hôpitaux
n'auront pas intégré les aliments du Québec dans leurs achats.» C'est
exactement cela que fait la politique de souveraineté alimentaire du Québec,
déposée par mon collègue. C'est ça qu'elle ferait si le ministre ne
l'avait pas fait disparaître du site du MAPAQ. En tout cas, j'ose espérer que
le ministre n'est pas devenu insomniaque, M. le Président, suite à ce retrait
de la Politique de souveraineté alimentaire.
Alors, M. le
Président, j'invite le ministre à remettre sur le site de l'Assemblée nationale...
sur le site du MAPAQ, pardon, la Politique de souveraineté alimentaire.
Documents déposés
Le
Président (M. Giguère) : Merci. Je confirme à cette commission que les
documents du député de Berthier ont été déposés, ils vont être
disponibles.
Conclusions
Donc, nous en
sommes maintenant aux dernières interventions. M. le ministre, vous avez un
maximum de 10 minutes.
M. Pierre Paradis
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Merci
beaucoup, M. le Président. Je veux juste rappeler à mon bon ami le député
de Berthier qu'il y a 18 mois il y a eu une
élection au Québec et que les gens, à ce moment-là, ont choisi d'élire des
députés au Parlement du Québec qui n'étaient pas des souverainistes, qui
n'étaient pas des séparatistes.
La Politique
de souveraineté alimentaire, moi, si j'étais député péquiste, je n'en parlerais
plus. Si j'étais bloquiste, je n'en parlerais pas, parce que les
agriculteurs, ils... Puis je pense que Marcel Groleau, le président de l'Union
des producteurs agricoles, il est producteur
laitier. Je pense qu'il comprend que, dans le cas de la séparation du Québec,
dans l'éventualité de la séparation
du Québec... On est sous la gestion de l'offre, là, dans le secteur laitier. Le
Québec, on s'est fait reconnaître à
l'intérieur du pays le droit de produire la moitié du lait au Canada, on a
323 000 vaches présentement et
que, si on se sépare, le reste du Canada, ils vont dire : Pas compliqué,
là, le lait que vous avez, buvez-le, nous autres, on ne vous en achète plus. Puis là ça veut dire
quoi, sur la ferme, pour le producteur agricole? Ça veut dire que tu as une
vache sur deux; tu dois choisir dans ton
étable, là, laquelle tu vas envoyer à l'abattoir. Ils appellent ça des vaches
de réforme. C'est gênant. Moi, je
fais... puis c'est le député de Mégantic qui l'a souligné, je fais des visites
de ferme régulièrement, puis, dans
l'étable, ils comprennent vite, ils comprennent vite ce que ça veut dire, la
souveraineté du Québec, pour l'industrie laitière québécoise. Ils comprennent vite qu'ils vont être obligés de
sortir une vache sur deux de leurs étables. Ça fait qu'il ne faut pas
être surpris, là, que, le message étant compris, les votes aillent dans la
direction où ils sont allés.
Mais, si on
veut parler de sécurité alimentaire, parce que c'est de ça qu'on parle, il y a
deux volets à la sécurité alimentaire. Ça commence par la sécurité du
revenu de l'agriculteur, puis la sécurité du revenu de l'agriculteur, ça commence où? Pour 40 % de la production
agricole québécoise, ça s'appelle la gestion de l'offre, puis de la gestion de
l'offre avec un bon contrôle des frontières,
avec des normes de réciprocité puis, là où il y a eu des blessures, des indemnisations qui correspondent à la société
québécoise, qui est distincte dans ce domaine-là. Ça, c'est les trois
conditions pour 40 % de nos
producteurs. Pour l'autre 60 %, bien, ça s'appelle l'accès à des nouveaux
marchés, les possibilités que donne
l'entente avec l'Union européenne, les possibilités que donne l'entente avec
l'accord de principe de l'Asie-Pacifique. L'Union européenne, c'est 500 millions de consommateurs, M. le
Président. L'Asie-Pacifique, avec les 12 pays qui sont là actuellement, là, c'est 800 millions de
consommateurs. L'Indonésie veut s'ajouter : c'est 250 millions. Puis
on n'a pas encore parlé de la Chine.
Ça, pour les gens qui ne sont pas sous gestion de l'offre, particulièrement
pour les éleveurs de porc, pour les
producteurs de bleuets, pour les producteurs de canneberges, pour les producteurs
de sirop d'érable, pour un paquet de...
Une voix : ...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) :
Producteurs de boeuf. Oui, M. le Président. Mais je ne voulais vous mettre
en conflit d'intérêts. Pour les producteurs
de boeuf, ce sont des marchés qui s'ouvrent, ce sont des possibilités incommensurables. Ça
dépend de notre génie puis de notre capacité de le faire. Puis il y a des
cycles là-dedans, M. le Président, vous les avez vécus. Quand les
marchés tombent, bien là il faut que le gouvernement intervienne.
Et
là j'attirerais l'attention du député de Berthier, là, sur cet aspect-là de la
sécurité alimentaire : la sécurité financière de ceux qui sont sous l'ASRA, l'assurance
stabilisation. On a annoncé... puis il a oublié de le mentionner, mais on a
annoncé dernièrement que le Conseil
des ministres n'avait pas diminué, là... il avait autorisé le ministre de
l'Agriculture à placer 300 millions
en liquidités à la Caisse de dépôt et de placement du Québec, au cas où il
arrive un mauvais moment pour les
producteurs dans un domaine qui est sous l'assurance stabilisation, pour ne pas
que le ministre de l'Agriculture, quel qu'il
soit, là, soit obligé de faire le chemin de croix des comités ministériels puis
du Conseil du trésor. Puis, quand tu as fini le chemin de croix, là — on l'a vécu dans la dernière crise du
porc — il est
trop tard : il y a des bons producteurs qui sont tombés au front. Ça fait que 300 millions, là, ça va être
déposé à la Caisse de dépôt, puis le ministre de l'Agriculture pourra
s'en servir.
J'en
profite, M. le Président, pour souligner que le Conseil des ministres a
approuvé cette semaine la nomination de
Mme Sylvie Chagnon pour présider le conseil d'administration de La Financière
agricole du Québec. C'est une institution majeure dans le monde agricole. Mme Chagnon a une expérience de
25 ans dans le monde bancaire. Elle a travaillé pour la Banque canadienne impériale de commerce, la Banque Nationale du Canada, la Banque
de Montréal et elle était, jusqu'à tout
récemment, vice-présidente Crédit et produits financiers chez Investissement
Québec. C'est quelqu'un qui connaît bien
le monde financier. On a besoin de finances saines, à La Financière agricole,
parce que, quand ça commence à brasser, il faut que nos chiffres soient
à l'ordre si on veut répondre correctement aux attentes des agriculteurs.
Une
journée agricole exceptionnelle à l'Assemblée nationale, je l'ai dit au tout
début, M. le Président : l'Institut du Québec, qui publie ce matin une étude qui mentionne que le ministère
le plus important sur le plan économique, c'est le ministère... pas le
ministre, c'est le ministère de l'Agriculture. Donc, vous êtes les critiques
les plus importants de l'Assemblée
nationale, je vous le dis comme tel. Puis gênez-vous pas pour critiquer le
ministre, parce que c'est le secteur de création d'emplois qui dépasse
l'aéronautique, qui dépasse le pharmaceutique, qui dépasse les jeux vidéo puis
qui est présent dans toutes les régions du Québec.
Je
vous remercie d'avoir soulevé le dossier du bien-être animal. C'est quelque
chose qui nous tient tous à coeur. Des
fois, on est obligés de s'obstiner sur des virgules puis des points-virgules,
là, mais on s'en va dans la bonne direction. Le Québec était dernier de classe, on vise à rehausser notre statut. On
s'est inspirés des meilleures pratiques législatives européennes pour la définition du statut de
l'animal. Ça ne sera plus un bien meuble, ça va être un être sensible doué de
caractéristiques, d'impératifs biologiques.
Maintenant, on s'est inspirés des meilleures pratiques au Canada pour
l'application du reste, et la Faune
va demeurer la Faune, parce que partout ailleurs ça demeure la Faune, mais je
ne vous en veux pas d'avoir soulevé le sujet, ça fait partie du devoir
de l'opposition.
Le
virage biologique, moi, je remercie mes collègues d'en avoir parlé, je remercie
Mme la députée également d'en avoir
parlé, c'est incontournable, le virage biologique, le droit de savoir des
consommateurs, moins d'utilisation de pesticides. Si vous fréquentez les
salons internationaux comme le SIAL... Moi, j'étais à Toronto l'automne passé,
là. Il y avait 34 ou 43 pays, là, de
présents. Il n'y a pas un pays qui, dans son kiosque, ne mettait pas l'accent
sur ce virage-là. Pourquoi les gens
mettent l'accent sur ce virage-là? C'est parce que le consommateur, qui est
notre client, veut savoir. Et ceux
qui comprennent ça plus vite que les autres... je peux vous donner des exemples,
là, dans la certification biologique. Le
sirop d'érable, vous l'avez donné, mais DuBreton ont investi je ne sais pas
combien là-dedans. Mais la certification, ça coûte cher. Moi, ils me disaient, là, ces gens-là, que certifier un
peu partout, parce qu'ils vendent dans plusieurs pays, ça leur coûte plus de 1 million par année de
certification. Comment, comme État, on peut faciliter le travail à ces gens-là,
qui ont besoin de certification? Ça, ce sont des défis intéressants.
À mon collègue qui me
parlait de sa souveraineté alimentaire puis qui a dit que les hôpitaux
achetaient tous québécois, là, je ne suis
pas sûr, moi, là. Je ne suis pas allé à l'hôpital dernièrement puis je ne veux
pas y aller, là, mais je fais des
pressions auprès de mes collègues, parce que, si on veut que les gens achètent
québécois, comme gouvernement, on se
doit de donner l'exemple. J'ai des échanges de correspondance avec mes
collègues de la Santé, de l'Éducation, de la Famille, de la Sécurité publique, du Conseil du trésor pour inciter
le... Mais, vous savez quoi?, quand j'ai posé la question la première fois... On ne sait pas d'où on part,
comment on peut prétendre qu'on sait où on va arriver? Ça fait que, là, ils
sont en train de colliger dans les
ministères le pourcentage d'achats. Puis des circuits courts, ça existe, puis
de la bonne nourriture produite par
des Québécois, ça existe. Puis moi, je rappelle aux consommateurs qu'à chaque
fois qu'ils achètent un produit
alimentaire ils votent. Ça fait que votez pour le biologique, votez pour les
circuits courts, votez pour les produits québécois, puis vous allez
voter correctement, vous ne vous trompez pas de direction.
Moi, j'invite le
critique également de la deuxième opposition...
Une voix :
...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Porte-parole ou critique. C'est la même affaire.
Il me critique assez quand il est porte-parole. Mais je vous invite cet
après-midi à la remise des prix du mérite agricole, c'est la...
Une voix :
...
• (11 h 50) •
M.
Paradis (Brome-Missisquoi) : Oh! votre grippe. En tout cas, faites
votre «pas longtemps», mais vous allez être
là. Je vous invite également, Mme la députée de Mirabel. On s'en va honorer des
gens qui sont les meilleurs parmi les meilleurs.
On parle
souvent de nos agriculteurs, qui travaillent sept jours par semaine,
24 heures par jour. Il y a un concours qui, à chaque année, honore ceux et celles qui servent d'exemples aux
autres. Il y a, pour la première fois, un prix de relève agricole. S'il vous
plaît, qu'on le fasse tous ensemble, moi je vous... M. le Président, vous êtes
producteur agricole également, je vous
invite à venir participer. C'est la journée de l'agriculture à l'Assemblée
nationale du Québec, et vous y avez contribué correctement. Je vous en remercie.
Le
Président (M. Giguère) : Merci beaucoup, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de Mirabel, qui a également un temps de
10 minutes.
Mme Sylvie D'Amours
Mme
D'Amours : Merci, M. le Président. Alors, à mon tour de remercier le ministre
des beaux échanges. Et merci de
l'invitation, mais j'avais déjà accepté l'invitation hier. Alors, je vous dis que
je vais être présente. Je suis très fière, d'ailleurs, il y a quatre
comtés caquistes qui vont avoir des médailles, c'est vraiment intéressant.
J'aimerais
aussi rectifier les propos de mon collègue de Mégantic, M. le
Président. Ce n'est pas à la demande
du ministre, là, que la CAPERN travaille sur certains
dossiers, entre autres le mandat de surveillance de la CPTAQ, parce que c'est moi qui l'ai demandé après 37 ans. J'avais
posé la question : Comment ça se fait qu'il avait été vu juste une
fois? Vous m'avez répondu :
C'est parce qu'il me manquait de temps. Or, je trouvais ça inadmissible. Par contre, d'un
commun accord, tout le monde a décidé
d'avoir un mandat de surveillance. Et il y a eu aussi mon collègue de Berthier
qui a fait un dépôt d'un mandat d'initiative que tout le monde aussi a
accepté unanimement, donc...
Une voix : ...
Mme D'Amours :
Sur l'accaparement des terres, le mandat d'initiative sur l'accaparement des
terres. Donc, ce n'est pas à la demande du ministre, mais plutôt à la
demande des oppositions.
Pour les
propos du député de Dubuc sur la proposition sur le biologique, qui, à mon
sens, est très louable, c'est légitime.
Il mentionne que les producteurs, par contre, ne sont pas assez au courant.
Alors, voilà la preuve que ce n'est pas
l'industrie qui a des demandes et que le gouvernement va s'asseoir avec eux
pour voir quelle est cette demande, ça vient
du ministère, ça vient du gouvernement. L'industrie n'y adhère pas, parce que
ce n'était pas leur demande, ce n'était pas leur besoin. Alors, il faut
mettre en place des programmes, de un, que l'industrie aurait besoin, hein, il
faudrait comme travailler à ça. Si le
programme n'est pas demandé, s'il n'y a pas beaucoup de producteurs qui veulent
se prévaloir de ce programme-là, ça veut dire qu'ils ont d'autres
contraintes et qu'ils ne peuvent pas aller dans cette direction-là, il y avait peut-être un autre chemin pour y
arriver, et ce n'est peut-être pas le bon programme. Ça me fait dire aussi que
les entrepreneurs agricoles, là, quand on
voit cet exemple-là... quand ça ne vient pas du milieu, là, c'est comme si on
disait à un entrepreneur qui n'est
pas agricole : On va te dire quoi fabriquer puis on va te dire comment le
fabriquer. Moi, ça, comment j'appelle
ça, là, des entrepreneurs qui ont cette façon de faire là?, c'est des
franchises. Moi, les terres agricoles, pour
moi, à mon sens, ce n'est pas des franchises, c'est des entrepreneurs qui ont
des droits, c'est des entrepreneurs qui ont des défis puis c'est des entrepreneurs qui ont aussi de bonnes idées
qu'il faudrait peut-être de temps en temps écouter. Il y a aussi un de mes
collègues qui a... et le ministre, qui m'a dit de faire attention au niveau des
agronomes. Mon intervention, là... et, je le
répète, les agronomes ont tout mon respect, ce sont des gens qui sont
talentueux, respectueux aussi de leur
travail, qui ont un code, et, si mes propos ont pu être perçus différemment,
là, je voudrais vraiment le citer ici, là, ce n'était pas dans mon
intention, du tout.
Au niveau des
pesticides, vous voulez légiférer. Bravo! Bravo! Les producteurs vont vous
suivre encore une fois, les
producteurs vont être là. Ce sont des gens avant-gardistes, ce sont des gens
qui ont toujours été en arrière des propositions qui sont comme ça. Le Québec est une des provinces les plus réglementées
au monde, il faut en être fiers, mais ça coûte de l'argent, ça prend du temps, ça prend des façons de procéder
différentes, et, malheureusement, ils sont confrontés à une acceptation de produits qui viennent d'ailleurs et
qui n'ont pas ces normes-là. Alors, le défi, là, ne sera pas sur le côté des
producteurs agricoles, le défi sera sur le
côté du gouvernement, qui devra mettre en place quelque chose pour faire en
sorte que, oui, on se soucie de notre
alimentation, oui, on devra avoir des produits plus sains, mais il faudra que
les produits qui rentrent d'ailleurs
soient aux mêmes normes que nos producteurs agricoles. C'est de la réciprocité.
Et il faut absolument être, je pense, en avant-plan sur ce projet-là
avant de commencer à aller au niveau des pesticides... ou ça peut se faire
parallèlement, là, mais rapidement.
La relève.
Félicitations pour le prix, M. le
Président, félicitations! Vous dites
qu'ils ont été invités, mais, vous, les
avez-vous rencontrés? Je ne le sais pas. Moi, ce qu'on me dit, c'est que l'UPA
a été approchée à donner quelques noms par
la FRAQ mais qu'eux n'ont pas été sollicités. Vous avez parlé des mesures, des
mesures fiscales pour la relève qui s'installe,
bon, le FIRA, entre autres, mais il n'y a pas d'argent supplémentaire dans le
FIRA, il y a seulement une méthode de transfert qui est différente. C'est mince, mais effectivement c'est un geste, il faut le souligner. Mais moi, j'aimerais plus. Puis je rappelle que le FIRA ne traite que
10 dossiers à peu près par année. Alors, si c'est ça, aider la relève...
La FRAQ nous a confirmé aujourd'hui même pendant qu'on se parlait qu'ils n'ont jamais été contactés par M.
Pronovost. Ils nous ont aussi dit
qu'il n'a jamais été rencontré par le ministre. Donc, c'est la FRAQ. Vous avez cité toutes les
mesures, comme je vous ai dit, mais, si la relève n'a plus de terres
agricoles, vos mesures n'auront aucun impact sur la relève agricole. Les mesures fiscales, c'est beau, mais,
quand on a quelqu'un qui est capable de s'installer sur une terre agricole,
s'il y a une... qu'ils sont incapables de se
prévaloir d'une terre agricole à prix raisonnable, ils ne pourront jamais
adhérer à vos mesures.
Vous avez cité, sur le côté de l'opposition
officielle, comme sur le côté du gouvernement, la souveraineté alimentaire, la sécurité alimentaire. Puis là moi,
j'embarquerais dans le jeu en vous disant «le nationalisme agroalimentaire»,
mais je n'embarque pas là-dedans. Moi, ça fait assez longtemps
que j'entends des mots magiques. Je veux des choses concrètes, je veux un document concret et je pense que le milieu
agricole, le milieu agroalimentaire, ils seraient en droit d'avoir un nouveau contrat social agricole. C'est
urgent, ça presse, parce qu'il faut les écouter, ils ont des ambitions, ils
ont des besoins, et il faut enlever la
partisanerie et le côté gouvernemental, le côté de l'opposition. Effectivement, des fois, quand on pose des
questions, ça peut avoir l'air : Bon, c'est mon travail d'opposition. Mais
moi, je peux vous dire que je prends à coeur mon travail de porte-parole
en agriculture avant tout. Je ne veux pas être citée porte-parole de l'opposition
par peut-être des mots que j'aurais choisis qui sembleraient être partisans,
pas du tout. Moi, si j'ai passé deux heures
ici de mon temps, c'était pour les activités agricoles, c'était pour ma
collectivité agricole, que je représente, et je veux que les gens le comprennent bien, qu'ils l'aient en tête. Si
je suis ici, c'est parce que j'ai un intérêt à ce que le milieu agricole soit écouté, à ce que le milieu
agricole soit soutenu, et ça, ça va dans toutes les sphères d'activité du monde
agricole.
Je l'ai dit
tout à l'heure, on est forts à vouloir être les meilleurs, on est forts à
vouloir être les premiers dans tous les
domaines, mais je vous dis qu'on n'est pas trop forts, par exemple, pour
soutenir tout ça puis dire : Maintenant, les gestes sont faits, les produits d'autres pays vont
rentrer, les façons de faire d'autres pays, ce n'est pas grave, on ne s'en
soucie pas. Je vous dirais, moi, M. le Président, j'ai déjà eu un producteur de
carottes qui n'était pas capable de vendre ses carottes au Québec, parce qu'un pays avait rentré des carottes ici
qui étaient parfaites, là, vraiment parfaites. Mais il y avait des BPC dedans. Si un producteur agricole
du Québec avait fait ça, avait mis ça dans ses champs, premièrement, il aurait fait la page première du Journal de
Montréal : Ils font manger ça à nos enfants, ça n'a pas de bon sens.
Mais par contre, quand ça passe aux douanes d'autres pays, c'est
accepté, c'est toléré parce que c'est un pourcentage.
• (12 heures) •
Alors, il va
falloir qu'au Québec, là, on regarde ça de près et qu'on fasse attention à tout ce qu'on exige de nos
producteurs agricoles, bien, que les mêmes
exigences soient pour les produits qui vont entrer au Québec.
C'est superimportant.
Alors, je reviens à ma proposition au ministre,
je demande à ce qu'on travaille sur un nouveau contrat social agricole. C'est important pour l'industrie. Je remercie le ministre de m'avoir accordé du temps, d'avoir répondu à
quelques questions. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Giguère) : Merci
beaucoup. Je lève donc la séance, et la commission, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux.
(Fin de la séance à 12 h 1)