(Onze
heures quarante-trois minutes)
Le
Président (M. Morin) :
Bon midi, tout le monde! On reprend. Comme nous avons le quorum... et,
comme à l'habitude, je vous invite à vérifier vos téléphones cellulaires pour
qu'ils soient en mode silencieux.
La commission est
réunie afin de procéder aux consultations particulières et auditions publiques
sur le projet de loi n° 54, Loi visant l'amélioration de la situation
juridique de l'animal.
M. le nouveau
secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Fortin (Pontiac) est
remplacé par Mme Nichols (Vaudreuil) et Mme Soucy (Saint-Hyacinthe) est
remplacée par M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs).
Auditions (suite)
Le Président (M.
Morin) : Merci, cher monsieur. Ce matin, nous recevons les Drs
Julie Hébert et Édouard Maccolini ainsi que le Conseil des entrepreneurs
agricoles.
Donc,
bienvenue à vous deux! Je vous invite à vous présenter, à nous dire qui vous
êtes, et vous avez 10 minutes pour nous faire entendre votre
mémoire.
Mme Julie Hébert et M. Édouard
Maccolini
Mme Hébert
(Julie) : Merci. Je m'appelle Julie Hébert, je suis accompagnée de mon
collègue Édouard Maccolini. Nous sommes tous
les deux médecins vétérinaires et soignons exclusivement les animaux dits
exotiques. Je pratique dans ce
domaine depuis 15 ans et je détiens un diplôme de spécialiste du American
Board of Veterinary Practitioners en pratique aviaire. Édouard est
actuellement en cours de spécialisation.
L'Association
des médecins vétérinaires du Québec, en pratique des petits animaux, a cette
année redéfini le terme «animaux exotiques» en «autres animaux de
compagnie» ou AAC.
En
tant que vétérinaires, nous accueillons bien évidemment tout projet de loi
contribuant à l'amélioration de la protection et du bien-être des
animaux avec grand intérêt. En tant que médecins vétérinaires oeuvrant
exclusivement dans le domaine des autres
animaux de compagnie, nous avons cependant été interpelés par le fait que le projet de loi n° 54 exclut
actuellement la quasi-totalité de nos patients. Nous souhaitions donc
participer à ces audiences publiques afin d'informer la commission sur la
réalité des autres animaux de compagnie au Québec et espérons faire entendre
nos préoccupations quant au bien-être et aux besoins de ces animaux.
À la lecture de votre
projet de loi, avec toute réserve découlant du fait que nous ne sommes pas
juristes, il y a certaines définitions qui,
selon nous, sont incomplètes, et nous espérons donc que les informations que
l'on vous apporte ce matin vont
permettre de mieux définir les points suivants : la définition actuelle
d'animal domestique, qui est restreinte et exclut la majorité des AAC; la définition d'animal de compagnie, qui, en
se limitant aux définitions d'animal domestique ou d'animal sauvage,
exclut de nouveau la majorité des AAC.
Pour
justifier la modification de ces définitions, nous allons vous détailler la
liste de nos patients et nous vous référons
à notre mémoire pour plus de détails : le furet, dont la domestication
date de 2 000 à 3 000 ans; le lapin, qui est défini comme animal domestique, selon notre
compréhension, en tant qu'animal de production pour sa viande, mais nous
tenons à préciser qu'il est aussi un animal de compagnie bien répandu; le
cochon d'Inde; le chinchilla; le dègue du Chili;
les petits rongeurs, dont le rat, la souris, le hamster, la gerbille; le
hérisson africain à ventre blanc; le phalanger volant; et les cochons miniatures et vietnamiens. Tel
qu'illustré dans notre mémoire, ces mammifères sont tous des animaux qui
ont été sélectionnés par l'homme depuis de
nombreux siècles de façon à répondre à ses besoins, soit pour des fins
d'agrément, de compagnie, d'élevage dans un but de commerce ou de recherche.
Quoique leur niveau de domestication varie énormément,
ils ont en commun le fait de vivre auprès de l'humain, dans son foyer, en tant
que compagnons et pour des fins d'agrément. Nous considérons donc qu'ils
répondent aux définitions d'animal de compagnie et d'animal domestique.
À
la différence des animaux de compagnie traditionnels, la majorité des
perroquets de compagnie sont des animaux non domestiqués, c'est-à-dire
qu'ils ne bénéficient pas de siècles de sélection humaine et d'évolution
conjointe au comportement humain. Les
espèces gardées en captivité sont encore représentées en milieu naturel,
contrairement au chien ou au chat
domestique, par exemple. La majorité des perroquets de compagnie proviennent
d'élevages domestiques, ils ne tombent
donc pas non plus sous la définition d'animal sauvage. Ils sont retrouvés
couramment en animalerie. En raison de leur
longue espérance de vie, des comportements indésirables qu'ils développent
fréquemment en réponse à des lacunes importantes
au niveau de leurs soins psychosociaux, ils se retrouvent aussi de plus en plus
dans les refuges. Les perroquets, les perruches, les pinsons, canaris,
toucans, toucanets sont en voie de domestication. Bien qu'élevés en captivité,
ils retiennent les impératifs biologiques de leurs congénères sauvages et sont
encore présents de manière inchangée en milieu naturel. Ils vivent cependant
auprès des humains en tant que compagnons.
Nous proposons ici une
nouvelle définition, celle d'animal de compagnie non domestique, soit un animal
qui vit auprès de l'humain, notamment dans
son foyer, en tant que compagnon et pour des fins d'agrément, qui est
reproduit en captivité mais n'a pas subi de
pression de sélection par l'homme et demeure donc inchangé de ses congénères
sauvages. Les oiseaux de basse-cour, dont
les poules, les cailles, les paons, les canards, etc., sont domestiqués depuis
longtemps pour fins d'élevage et font de
plus en plus partie du groupe des AAC. La garde d'un petit nombre de ces
animaux, même en milieu urbain, voit
une explosion de popularité depuis quelques années. Autrefois soignés par des
vétérinaires en production aviaire,
ces oiseaux, maintenant gardés aux fins d'agrément et de compagnie, sont
traités individuellement, leurs soins tombant
alors dans notre mandat. Les pigeons, colombes et tourterelles tombent
également dans la même catégorie que les oiseaux de basse-cour. Ils sont domestiqués depuis des siècles et sont,
de nos jours, gardés comme animaux de compagnie. Ces oiseaux entrent
dans la définition d'animal domestique et d'animal de compagnie. À l'exception
de la poule, ces espèces ne figurent actuellement dans aucune de ces deux
définitions.
Pour ce qui
est des reptiles et des amphibiens, il y a une évolution significative des
connaissances et du marché depuis
quelques dizaines d'années. Historiquement, les animaux étaient prélevés en
nature et mouraient assez rapidement en
captivité par manque de connaissances. Mais, à l'heure actuelle, de nombreuses
espèces se reproduisent en captivité et ne sont plus prélevées en nature. Les espèces les plus facilement
accessibles au public sont les animaux nés au Québec ou au moins en
Amérique du Nord, achetés pour des humains pour vivre dans leur foyer et
détenus, si ce n'est en tant que compagnon, à tout le moins pour des fins
d'agrément. Ils entrent donc également dans la définition d'animaux de
compagnie non domestiques.
• (11 h 50) •
M.
Maccolini (Édouard) : La
deuxième partie de notre mémoire, elle a pour objectif de vous démontrer la
place de ces AAC, de ces autres animaux de
compagnie dans la société québécoise. C'est une partie qui a été un petit peu
plus difficile à développer en toute
objectivité, simplement parce
qu'on a un manque de données pour pouvoir vraiment évaluer le nombre de ces animaux au Québec ou au Canada.
Il y a des données partielles qui sont disponibles, et puis, si on fait
un parallèle avec des études plus exhaustives qui sont disponibles dans des
sociétés occidentales auxquelles on pourrait éventuellement
se comparer, donc on parle de données que... donc, on a déduit, à partir de
recensements aux États-Unis, au Royaume-Uni ou en France, par exemple,
on estime qu'il y aurait entre 10 % et 15 % des foyers québécois qui posséderaient un ou plusieurs autres animaux de
compagnie, et puis leur population s'élèverait à plusieurs centaines de
milliers d'animaux, voire même peut-être jusqu'à un million.
Il y a également, chaque année dans la province,
de nombreux événements, de nombreux rassemblements dont l'objectif va être le commerce de ces animaux, mais aussi certains
rassemblements qui n'ont aucun but commerciau, qui vont être pour
l'exposition ou l'éducation du public par des regroupements.
Pour ce qui
concerne les vétérinaires, donc, nous, notre réalité, c'est vraiment... on
soigne 100 % de ces animaux-là, donc
on vit de la médecine de ces autres animaux de compagnie, mais on constate
également que les vétérinaires praticiens généralistes pour chiens et
chats, pour animaux de compagnie, voient de plus en plus de ces petits
mammifères, de ces oiseaux, éventuellement
de ces reptiles, et donc nous, on va le constater parce qu'on a de plus en plus
d'appels de nos confrères et de nos
consoeurs pour recevoir des recommandations ou des conseils ou pour nous
référer des cas quand ça devient en
dehors de leur zone de confort. Donc, au même titre que les espèces animales
qui sont actuellement incluses dans le mémoire, on considère donc que la
condition de ces autres animaux de compagnie fait partie de la préoccupation sociétale, que ces animaux contribuent à la
qualité de vie de la société québécoise, et donc que nous avons une
responsabilité individuelle et collective d'être soucieux de leur
bien-être et donc de veiller à leur sécurité.
La dernière
partie de notre mémoire, celle-là, ce n'est vraiment pas la moindre, c'est
vraiment une introduction à un travail
beaucoup plus détaillé et exhaustif qu'on espère on va vous convaincre de
considérer de mener et pour lequel on se tiendra à votre disponibilité pour collaborer. Cette partie, elle va
aborder le fait que ces autres animaux de compagnie, ce sont des êtres doués de sensibilité, qui ont des
impératifs biologiques. Donc, de la même façon que les autres animaux
pour l'instant inclus dans le projet de loi
n° 54, on espère qu'ils vont figurer, là, dans les pages 8 et 9 de votre
projet de loi, aux points 5 et 6, mais surtout au point 8, là, qui
détaille que les chats, les chiens et les équidés doivent bénéficier d'une protection légale concernant leurs besoins de
stimulation, de socialisation, d'enrichissement environnemental
convenant à leurs impératifs biologiques, parce que ça, c'est vraiment un point
qui est déterminant pour nous.
Si je me
permets juste de détailler un exemple, si on prend celui des perroquets de
compagnie, par exemple, ce sont des
espèces qui sont vraiment hautement sociales et intelligentes. Ces animaux-là,
ils ont des besoins biologiques, des comportements
naturels qui sont très spécifiques et qui sont complètement différents des
connaissances générales qu'on a chez
le chien et chez le chat, par exemple. La bonne expression de ces
comportements, elle va passer par leur compréhension et par leurs connaissances afin de justement
pouvoir leur offrir l'environnement qui va être propice et puis nécessaire
à l'expression de ces comportements qui sont
des comportements innés pour ces animaux de compagnie non domestiques.
Il faut se rappeler aussi que ces individus, ils
font seulement partie des premières générations d'individus nés captifs, donc ils gardent vraiment des
comportements similaires et pour lesquels on va établir des parallèles parce
qu'ils sont identiques à ceux de leurs
congénères qui sont encore présents en état naturel, donc des animaux sauvages.
À l'état sauvage, par exemple, les
perroquets, ils vont vivre en groupes de dizaines d'individus. Ils vont passer leurs
journées à travailler pour rechercher
leur nourriture, ils vont exprimer des comportements de confort, de toilettage,
d'accès à des bains, par exemple, ils
vont développer des liens sociaux et complexes qui vont définir leur colonie.
Pour des espèces aussi sociales et intelligentes, on considère que la
vie captive sans aucune stimulation sociale ou sans la possibilité d'exprimer
ces comportements naturels, ça va entraîner une souffrance qui, malgré le fait
qu'elle soit très difficilement évaluable objectivement,
va être une souffrance qui est autant inacceptable qu'une souffrance physique
comme, par exemple, juste la simple nécessité d'avoir accès à de l'eau
salubre, par exemple.
Donc,
à travers notre mémoire, on demande à la commission d'inclure les autres
animaux de compagnie dans la définition
légale d'animal de compagnie, d'inclure les petits mammifères que Julie vous a
présentés, et donc les oiseaux de
certains ordres spécifiques, donc les poules, les pigeons, etc., dans la
définition légale d'animal domestique et d'inclure les oiseaux de certains autres ordres, donc
notamment les perroquets, les canaris, et puis les toucans et les autres
oiseaux de ces ordres-là, dans une nouvelle
définition qui introduirait un concept d'animal de compagnie non domestique, et
enfin d'inclure, donc, ces autres animaux de
compagnie dans l'application du point 8 de votre projet de loi concernant leurs besoins psychologiques et
comportementaux.
Le
Président (M. Morin) : Merci
pour votre présentation. Maintenant, on va demander au ministre de voir s'il
est d'accord avec tout ce que vous dites ou il va prendre les informations. M.
le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui, merci
beaucoup. On vous remercie de votre
présence et de votre expertise. Là, on est dans un domaine un peu plus
pointu. On pense l'avoir couvert, mais il n'y a rien comme vérifier si on l'a
vraiment couvert.
J'attire
votre attention sur la définition d'animal de compagnie. Au chapitre I, «Objet
et champ d'application», de la
présente loi, on définit l'animal de compagnie, et je cite au texte :
«...un animal domestique ou sauvage qui vit auprès de l'humain, notamment dans son foyer, en tant que
compagnon et pour des fins d'agrément.» Je comprends, là, que, lorsqu'on
va à «animal domestique», il n'est pas
listé, mais on ajoute «animal sauvage» également. On pensait l'avoir couvert
à ce moment-là, mais, s'il y a des précisions...
Mme
Hébert (Julie) : Nous ne considérons pas que les animaux que nous
soignons sont des animaux sauvages. Ils sont élevés en captivité. Ils
n'ont jamais vécu à l'état sauvage.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K. Donc, ils échapperaient entre la définition
de «domestique» et «sauvage»?
Mme Hébert
(Julie) : Exactement. Entre les deux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Carrément entre les deux. Ça va. Pour fins de
comparaison, s'ils échappent à cette
législation, ils sont donc couverts par la législation du ministère de la Faune
ou il y a une faille entre les deux législations?
Mme Hébert
(Julie) : C'est ce qu'on a compris. Ils tombent un peu entre tout le
monde, oui.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ils ne seraient pas couverts, d'après vous, par
la Faune?
M. Maccolini
(Édouard) : Bien, moi, il me semble qu'ils...
Mme
Hébert (Julie) : Ce n'est pas la faune québécoise, et je ne connais
pas assez le MAPAQ pour savoir s'ils sont bien couverts par le MAPAQ.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça va. Donc, à préciser.
Est-ce
que vous avez fait des comparaisons du texte législatif québécois, qui est
présentement devant nous, avec les autres juridictions canadiennes, là,
particulièrement l'Ontario, pour simplifier les choses?
Mme Hébert
(Julie) : Non.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Non? Parce qu'on va revérifier, mais on s'est
largement inspirés, là, de trois
juridictions canadiennes qui sont les provinces de l'Ontario, du Manitoba puis
de la Colombie-Britannique. Dans certains
cas, on n'a même pas eu besoin de traduire, là. Ça fait que, si le trou existe
chez nous, il existe peut-être ailleurs aussi, là. Ça fait que, comment je pourrais dire, on prend au sérieux
vos mises en garde, on va le revérifier parce que, comme vous, on pense que ces animaux-là doivent
également bénéficier d'un régime juridique qui assure leur bien-être.
Merci.
Le Président (M.
Morin) : Ça va? Est-ce qu'il y a d'autres questions du côté
ministériel? Ça va? Député de Berthier, c'est déjà à vous.
M.
Villeneuve : Ah oui? Merci, M. le Président. Bonjour, madame,
bonjour, monsieur. Écoutez, merci beaucoup de nous permettre d'avoir accès à certaines de vos connaissances, parce
qu'elles sont assurément plus nombreuses que ce qu'on a là, mais c'est assez intéressant, je vous dirais, à la lecture.
Moi, en tout cas, j'ai appris beaucoup à lire votre mémoire.
Évidemment,
les questions du ministre étaient aussi nos interrogations à ce niveau-là,
parce qu'il semble y avoir un flou.
En tout cas, vous préféreriez, vous, que ça soit davantage précisé dans un
projet de loi pour s'assurer qu'évidemment quand on parle de bien-être
animal, bien, qu'on n'en oublie pas.
Mme Hébert
(Julie) : Exactement.
M. Maccolini
(Édouard) : Mais c'est surtout, si je peux me permettre, la liste.
Dans la définition d'animal domestique, par exemple, il y a vraiment une liste
des animaux qui sont inclus. Donc, si certains de nos patients font partie de cette liste, pourquoi la liste ne les
inclut pas de manière exhaustive? Ou alors on ne met aucun animal, et
puis c'est l'interprétation de dire :
Bien oui, on sait qu'il est admis que ces animaux sont des animaux domestiques,
donc de la même façon qu'un chien ou
qu'un chat. Mais on soigne beaucoup de cochons d'Inde. Le cochon d'Inde n'a pas
véritablement de caractère sauvage. Ou le
chinchilla, par exemple, est disparu en nature, c'est un animal domestique à
100 %, il n'y a plus de chinchilla qui existe à l'état sauvage.
Pourquoi cet animal ne serait pas inclus dans la liste, si elle est détaillée,
des animaux de compagnie, par exemple?
M.
Villeneuve : Tant qu'à être dans les précisions, là, dans le
projet de loi, l'article 8, je vais le lire textuellement, là : «Le propriétaire ou la personne ayant la
garde d'un chat, d'un chien, d'un équidé ou d'un autre animal déterminé
par règlement...» «Déterminé par règlement»,
est-ce que c'est suffisant? Est-ce que ça devrait être écrit différemment au
niveau de l'article comme tel pour préciser? Parce que, là, on peut en échapper
encore, là.
Mme Hébert
(Julie) : Est-ce qu'on pourrait ne pas préciser pour un chat, pour un
chien ou un cheval pour que nos espèces soient incluses, tout
simplement?
M. Villeneuve : O.K. Donc, on
n'oublie personne, personne.
Mme Hébert (Julie) : Bien oui, on se
comprend.
• (12 heures) •
M.
Villeneuve : Je ne veux pas lancer le débat sur l'article 1,
là, parce que, bon... On n'oublie aucun animal. O.K. Bien, écoutez, M.
le Président, moi, ça fait quand même le tour des questions. Mais je tiens à
vous remercier, parce qu'effectivement c'est
très intéressant comme mémoire et ça permet effectivement d'éclaircir certaines
zones d'ombre qu'il y avait. Merci beaucoup.
Le Président (M. Morin) : Merci,
M. le député de Berthier. Mme la députée de Mirabel.
Mme D'Amours : Merci, M. le
Président. Bonjour. Étant donné ma méconnaissance, là, de ce milieu-là, pouvez-vous me donner des exemples de maltraitance
sur certaines espèces dont vous parlez, perroquets et compagnie?
M. Maccolini (Édouard) : Bien, si on
prend l'exemple des reptiles, par exemple, par méconnaissance, il y a beaucoup
de maladies qui vont découler d'une mauvaise garde en captivité. Donc, ça, ça va être difficile à justifier, le fait
que c'est de la maltraitance, mais est-ce
que la négligence et puis, donc, le devoir de s'informer sur les exigences
nécessaires à maintenir un animal en captivité ne devraient pas être précisés?
Mais, par
exemple, un serpent qui ne mange pas, on s'entend que ça ne va pas crier. Donc,
il y a des gens qui vont avoir un
serpent qui ne va pas manger simplement parce qu'il n'a pas une bonne
température dans son terrarium, puis ces gens-là vont juste attendre,
attendre et attendre. Puis nous, on voit régulièrement des serpents qui sont
absolument cachectiques, qui n'ont que la
peau et les os, et on apprend que l'animal n'a pas mangé depuis six mois, par
exemple. Est-ce qu'on peut considérer
ça comme de la maltraitance? Selon moi, oui. Et puis est-ce qu'on se permettrait
ce même comportement avec d'autres
animaux? On le voit bien avec les droits pour les chiens et les chats, qu'il y
a des chiens qui sont saisis puis qui
ont la peau et les os, qui ont des gros problèmes de peau. L'opinion publique
va être vraiment terriblement choquée de l'état de ces animaux. Et puis,
nous, malheureusement, c'est une réalité à laquelle on est encore confrontés au
quotidien.
Et puis donc,
bien, ça, c'est un exemple pour les reptiles, mais il va y en avoir de la même
façon pour tous les petits mammifères, des lapins qui sont maintenus
dans des cages, qui ne vont jamais sortir de cage, pour lesquels les cages ne sont pas changées. On a des animaux qui nous
sont apportés à l'hôpital et qui sont déposés, abandonnés, où il y a de
la ripe épais de ça, et puis c'est rempli d'urine et puis d'excréments. On
estime là aussi que, par négligence, il y a de la maltraitance qui est
réalisée.
Mme Hébert (Julie) : C'est surtout
la négligence et l'ignorance.
Mme D'Amours : Vous dites :
Surtout de la négligence et de l'ignorance.
Mme Hébert
(Julie) : Oui. C'est de ne pas comprendre, par exemple, pour un
perroquet, c'est de ne pas comprendre ses
besoins psychosociaux. Mettons, on
prend un animal qui est hautement intelligent, hautement social, on va l'imprégner aux humains alors qu'il est
oisillon, il ne reconnaîtra pas sa propre espèce, il va être imprégné
sexuellement aux humains. À l'adolescence,
il va développer des changements hormonaux qui feront qu'il va vouloir
s'accoupler avec un humain. Il va
développer des frustrations, des comportements d'agressivité envers les
humains, qui peuvent être parfaitement explicables, mais qui sont
empirés par le fait que l'oiseau est imprégné aux humains. Ces frustrations-là,
couplées au fait qu'il y a un manque
d'enrichissement, un manque de socialisation, un manque d'exercice — il ne vole pas, il ne sort pas, il ne cherche pas la nourriture — font qu'il y a énormément de tension, il y a
énormément de frustration. Il y a surtout un énorme vide dans le quotidien
de cet animal-là qui, normalement, ne devrait jamais rester à ne rien faire
toute la journée, et que... la nature, qui déteste le vide, va le remplir de
quelque chose. Elle va le remplir typiquement d'un comportement
indésirable, indésirable pour nous parce que ça peut être un perroquet qui
crie, mais ça peut être un perroquet qui fait ce qu'on appelle des
stéréotypies, des comportements répétitifs tout le temps, mais ça pendant des
décennies. On s'entend que nos patients perroquets peuvent vivre... J'ai des
patients qui ont plus que 60 ans.
Et
le pire, la pire condition, la pire maladie qui se voit seulement en captivité
et non pas à l'état sauvage, c'est des problèmes de picage de plume. On
voit des perroquets qui s'arrachent toutes leurs plumes par anxiété, par manque
d'enrichissement, par manque de
socialisation. C'est de la maltraitance parce qu'on ne leur donne pas, on ne
respecte pas leur impératif biologique.
Mme
D'Amours : Vous parlez toujours, bien, si j'ai bien compris, là, d'un
propriétaire avec l'animal. Est-ce qu'il y a
des problématiques sur l'élevage de ces animaux-là et est-ce que vous pensez
qu'au Québec on a assez d'expertise ou, à tout le moins, des personnes
qui sont expertes dans ce domaine pour couvrir l'ensemble du Québec?
Mme Hébert (Julie) : De plus en plus, il commence à y avoir une
séparation entre les personnes qui s'y connaissent, incluant les
animaleries, les éleveurs, les vétérinaires, et ceux qui ne s'y connaissent
pas, et on voit vraiment la différence. Les
animaleries qui prennent le temps de bien instruire les propriétaires, les
nouveaux propriétaires, pareil pour les
élevages, ont beaucoup plus de succès. Ils vont vendre une alimentation équilibrée et appropriée, ils vont aviser
les nouveaux propriétaires des besoins des
oiseaux, ils vont aviser les nouveaux propriétaires des besoins vétérinaires de
ces oiseaux, ou de lapins, ou, en tout cas, tous les autres animaux de
compagnie. Et c'est idéalement à ce niveau-là que la loi n° 54 aurait éventuellement un effet pour certifier, pour éduquer, pour
encadrer la vente, l'élevage de ces animaux-là. On ne va jamais empêcher
la vente, c'est beaucoup trop populaire, ces animaux, mais, si on peut au moins
l'encadrer légalement, ça nous aiderait, ça
aiderait les animaux à long terme. Et le long terme, c'est important, parce
qu'ils vivent tellement longtemps.
Mme
D'Amours : Au niveau de l'élevage, est-ce que vous avez, pour
certaines espèces, des nombres maximaux pour un élevage?
Mme Hébert
(Julie) : Non.
Mme
D'Amours : Donc, quelqu'un qui élève, exemple, des pythons pourrait en
avoir 100 dans sa...
Mme Hébert (Julie) :
Ou plus.
Mme
D'Amours : Il n'y aurait pas de...
M. Maccolini (Édouard) : Bien, il faudrait étudier puis réussir à
déterminer justement une limite, de la même façon que ça existe chez les
chiens ou les chats.
Mme
Hébert (Julie) : Il y a des règlements municipaux pour certaines
espèces de reptiles, mais plus que ça, non.
Le Président (M. Morin) : Mme la députée de Mirabel, le
député de Drummond—Bois-Francs
voudrait intervenir.
Mme
D'Amours : Oui.
M.
Schneeberger : Oui, on parle de bien-être animal. Moi, ce
que je voudrais savoir, justement, il y a beaucoup de sortes exotiques, vous parlez de plusieurs
perroquets, et autres, et, moi, ce que je me demande : Est-ce que,
justement, on ne devrait pas
carrément, dans certains cas, interdire la vente de ces animaux-là à des
propriétaires ou vraiment d'être beaucoup plus stricts, là? Parce que ce qu'on voit souvent, c'est que... Bon,
admettons, je veux prendre des cas très populaires. On achète un chat, un chien, il est tout beau, il est
tout mignon. Souvent, on achète ça pour faire plaisir à nos enfants,
c'est bien le fun. Moi, ma conjointe avait
acheté un lapin. Après ça, il faut s'en occuper, et puis ça vient avec le
reste. Alors, tu sais, c'est le fun,
ça fait plaisir aux enfants, mais, à un moment donné, bien, ces animaux-là se
ramassent malheureux parce qu'ils n'ont pas les besoins nécessaires.
Alors,
est-ce que, justement, on ne devrait pas peut-être être plus stricts dans
certains cas, dans des animaux plus spécifiques,
et, dans d'autres cas, voir aussi si la capacité à entretenir un animal, là,
étant donné que ce n'est pas un bibelot...
Mme
Hébert (Julie) : Absolument. Je trouve que la majorité des animaux que
nous traitons ne font pas des bons animaux
de compagnie, pas parce qu'ils ne sont pas gentils, pas parce qu'ils sont
agressifs, mais parce que les propriétaires ne sont pas en mesure de
fournir leurs besoins, leurs impératifs biologiques.
Je
ne pense pas que la réponse est d'interdire la vente, parce que, là, il va y
avoir un marché noir qui va apparaître, c'est sûr, mais de l'encadrer, absolument. Je sais qu'en France, pour
avoir les perroquets, ça prend un permis. Ça serait une bonne façon d'encadrer et de limiter la vente
de ces animaux et de la rendre un peu plus difficile. Parce qu'en effet c'est exactement ce qui arrive, les personnes
veulent un animal parce qu'il est «cute», un lapin à Pâques, un
perroquet parce que ça parle, un lézard parce qu'ils ont des allergies puis ils
pensent que ça va être facile, mais finalement ils se font abandonner tout le
temps, et abandonner ou ils meurent parce qu'on n'est pas capable de combler
leurs besoins, leurs impératifs biologiques.
En France, est-ce que tu sais... Est-ce que tu
connais un peu les lois en France pour ça?
M.
Maccolini (Édouard) : Bien, pas assez pour les détailler, là, mais il
y a des certificats de capacité qui existent pour...
M.
Schneeberger :
Merci, ça va.
Le Président (M.
Morin) : Ça va? Merci beaucoup, Dre Hébert,
Dr Maccolini — je
le dis bien? — merci
beaucoup, ça a été très intéressant malgré que court, mais on a appris beaucoup
de choses en peu de temps. Donc, bonne fin de journée en cette belle ville de
Québec. Bonne visite! Merci beaucoup.
Je suspends quelques
instants, et nous attendons le Conseil des entrepreneurs agricoles à venir nous
présenter leur mémoire.
(Suspension de la séance à 12
h 9)
(Reprise à 12 h 11)
Le Président (M.
Morin) : Nous reprenons nos travaux et nous recevons, comme je
l'ai dit tout à l'heure, le Conseil des
entrepreneurs agricoles. Bonjour, messieurs. Bienvenue chez vous, à l'Assemblée nationale. Et j'attends que vous me présentiez et... vos collègues, savoir
qui ils sont, et vous savez très bien que vous avez 10 minutes. Donc, bonne
présentation.
Conseil des entrepreneurs agricoles (CEA)
M.
Cartier (Jacques) : Merci, M. le Président. Mesdames messieurs. Alors, je me présente. Mon
nom est Jacques Cartier, président du Conseil des entrepreneurs
agricoles. Et je vais laisser à mes confrères le soin de se présenter. À ma
gauche.
M. Bourdon
(Luc) : Bonjour. Merci. Luc Bourdon, administrateur du Conseil des
entrepreneurs agricoles, producteur laitier de la région de l'Estrie.
M.
Breault (Adrien) : Oui, bonjour. Adrien Breault, président de l'Association
de défense des producteurs de bovins et producteur laitier en Estrie
aussi.
Le Président (M.
Morin) : Merci.
M. Cartier
(Jacques) : Alors, M. le Président, par la présente, il me fait
plaisir de vous transmettre les commentaires
du Conseil des entrepreneurs agricoles
relativement au projet
de loi n° 54 en objet, un projet de loi de loi qui édicte par ailleurs la Loi sur le bien-être et la
sécurité de l'animal.
Alors,
le Conseil des entrepreneurs agricoles a été fondé en 2010 dans la foulée du
rapport de la Commission sur
l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire québécois. Nous représentons
plus de 2 500 producteurs de diverses productions,
peu importe leur modèle ou leur taille d'entreprise, et ce, partout au Québec.
Nos membres se caractérisent par leur
esprit d'entreprise et leur désir d'innover et de faire évoluer l'agriculture.
Alors, nous visons à donner aux producteurs toute la latitude nécessaire pour prendre des décisions importantes
en matière de développement, de gestion, de mise en marché et de représentation syndicale. Les cinq organisations de producteurs qui
composent aujourd'hui le Conseil des entrepreneurs
agricoles sont l'Association des
jardiniers maraîchers du Québec, l'Association des érablières-transformateurs
et des produits de l'érable, les Céréaliers du Québec, l'Association de défense
des producteurs de bovins ainsi que l'Association des producteurs de gazon du Québec.
Le Conseil des entrepreneurs agricoles tient donc à remercier la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles pour son invitation à participer
aux présentes consultations.
De
par la nature de notre organisation, l'essentiel de nos propos s'orienterait
autour des enjeux et des dispositions touchant
les animaux à des fins agricoles. D'entrée de jeu, le conseil des entrepreneurs
agricoles tient à souligner qu'il appuie
le projet de loi présenté et qu'il salue l'engagement démontré par le ministre
dans ce dossier. Avant toute autre personne,
les producteurs agricoles, sauf de très, très rares exceptions, ont comme
première préoccupation le bien-être des animaux. Les préoccupations concernant le bien-être animal sont aussi de
plus en plus présentes chez la population en général et les
consommateurs. Ces derniers recherchent désormais non seulement des produits de
qualité salubres et sécuritaires, mais veulent également s'assurer du
traitement responsable des animaux. Conscients de cet enjeu, les producteurs-entrepreneurs agricoles veillent
quotidiennement à assurer la sécurité et à offrir le bon traitement à leurs
animaux.
Au fil des années,
plusieurs améliorations dans l'environnement de production et dans les façons
de faire se sont implantées au sein des fermes dans le but de concilier les
exigences de production à celles du statut de leurs animaux. À nos yeux, les retombées positives du projet de loi sont
doubles. D'abord, à l'échelle des fermes, il clarifie les attentes et les responsabilités en matière de
bien-être animal tout en contribuant à endiguer les comportements
inacceptables envers les animaux de ferme. Bien que ces cas soient à notre
connaissance très peu nombreux et souvent isolés, ils affectent fortement l'image de l'ensemble de la production agricole. C'est
pourquoi nous croyons également que le projet de loi contribuera à rassurer le consommateur quant au traitement
responsable des animaux de ferme et à améliorer globalement la
réputation de notre secteur.
Nous
tenons d'ailleurs à féliciter le gouvernement pour l'approche privilégiée à
l'intérieur du projet de loi, soit celle de la responsabilisation de l'ensemble des secteurs agricoles visés et
des différents acteurs interpelés, soit la production, transport, abatage, producteurs, ouvriers, médecins
vétérinaires et, suite à ce que j'ai entendu hier, aussi possiblement
les agronomes. Elle traduit une vision
pragmatique et équilibrée de notre secteur qui doit veiller à concilier des
exigences de production à celles du bien-être des animaux à des fins agricoles.
Le Conseil
des entrepreneurs agricoles considère donc que le projet de loi déposé offre
globalement aux producteurs agricoles la flexibilité requise pour
poursuivre leurs activités tout en répondant aux exigences en matière de
bien-être et de sécurité de l'animal. Les dispositions de l'article 7 de la loi
édictée sur le bien-être et la sécurité sont en ce sens fondamentales. En référant également, à l'intérieur de l'article 7, aux
règlements généralement reconnus plutôt que d'édicter des exigences et/ou des statuts ou des standards
fixes, le projet de loi témoigne aussi de la reconnaissance des efforts
et de la responsabilisation du secteur, des bonnes pratiques déjà en place tout
comme du caractère évolutif des conditions d'élevage.
Nous comprenons également que les dispositions de l'article 4 de la loi édictée
sur le bien-être et la sécurité de l'animal
touchant le pouvoir accordé aux municipalités ne visent pas les pratiques
d'élevage des animaux de ferme, ceci étant couvert par le Conseil national
pour les soins des animaux d'élevage.
Par ailleurs,
le Conseil des entrepreneurs agricoles considère que, bien que pouvant susciter
quelques interrogations quant au maintien de saines relations entre les
producteurs et les médecins vétérinaires, l'obligation de dénoncer et l'immunité de poursuite accordée aux médecins
vétérinaires apparaissent comme des mesures raisonnables, considérant
les objectifs visés par le projet de loi.
Nous invitons cependant le ministère à tenir un registre interne des dénonciations
faites et du résultat des inspections afin de conserver un historique des
situations soulevées.
Ceci nous
amène à aborder la question des sanctions et des dispositions pénales. Le
renforcement des sanctions pour les
producteurs fautifs est un aspect important de la loi, il s'agit d'un facteur
dissuasif important. Un geste inacceptable et démontré doit donc être fortement réprimandé. Le Conseil des
entrepreneurs agricoles souhaite cependant s'assurer que le régime
d'analyse des plaintes et d'application des sanctions qui sera mis en place
soit bien encadré. Il devrait non seulement
être modulé en fonction de la gravité des gestes posés, mais il pourrait
également tenir compte du caractère exceptionnel ou récidiviste de
l'événement ou du fait rapporté.
Il faut
comprendre qu'un producteur agricole est appelé à travailler jour après jour
avec des animaux vivants. Ces animaux
sont souvent présents en grand nombre. Les opérations de ferme requièrent aussi
la participation de différents travailleurs.
Outre les cas flagrants de maltraitance, il n'est pas exclu que, malgré une
vigilance constante, un producteur soit confronté à un événement
problématique. Ainsi, si le principe de bonne foi s'applique pour le
dénonciateur, il devrait également
s'appliquer au producteur agricole dans l'évaluation du dossier et dans
l'imposition d'une sanction. Ce principe
de bonne foi nous semble particulièrement fondamental considérant les
dispositions de l'article 62 qui permet au ministère de transmettre à
La Financière agricole les informations disponibles.
Malgré cette réserve, vous comprendrez que le
Conseil des entrepreneurs agricoles est favorable au projet de loi n° 54. Nous considérons cette initiative
du ministre comme la continuité du nécessaire exercice de modernisation
des lois et règlements encadrant notre
secteur, dont plusieurs remontent à quelques décennies. Nous encourageons le
ministre à poursuivre ses efforts de
modernisation des autres lois existantes, reflétant les réalités et les valeurs
d'une autre époque. Plus les lois et
les règlements seront modernes, adaptés aux attentes et aux besoins des
producteurs-entrepreneurs agricoles ainsi qu'aux attentes des
consommateurs, meilleures seront les retombées pour l'agriculture pour
l'ensemble du Québec et de ses régions. Alors merci, M. le Président.
Le
Président (M. Morin) :
M. Cartier, merci. Vous avez rentré dans votre temps. Donc, ça part bien.
M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Les
entrepreneurs sont des gens disciplinés, vous devriez le savoir, M. le
Président.
Le Président (M. Morin) :
Oui, je vois ça.
• (12 h 20) •
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Merci
de votre mémoire. En tout début, je vais répéter, probablement dans des mots différents, mais ce qu'on a dit à d'autres
représentants de producteurs hier. On est conscients des efforts que les
gens font sur le terrain, dans le secteur agricole comme tel, d'élevage. Si le
Québec a une si mauvaise réputation quand on regarde
le classement qu'en font les organismes de défense des droits des animaux,
c'est dû peut-être à d'autres secteurs d'activité que le secteur des
élevages comme tel.
Maintenant,
il faut être prudents puis, comme vous le mentionnez, il faut être modernes et
à l'avant-garde. C'est ce que le
projet de loi vise. On pense qu'il y a des coûts au projet de loi, je l'ai dit,
pour les agriculteurs comme tels, mais on pense également qu'il y a des
bénéfices, et le coût de ne pas bouger est plus important que le coût de bouger
et de moderniser notre législation. Vous
parlez de la préoccupation de l'agriculteur pour son animal, pour sa bête.
C'est payant de bien prendre soin de son animal. Je pense que ça a été
établi, et c'est ce que les producteurs ont compris avant le législateur. Vous parlez également des exigences
du consommateur. De plus en plus, comme vous le dites, le consommateur a
besoin de savoir d'où provient son panier d'épicerie, puis sa viande, puis ses
éléments qui sont dedans, et de quelle façon ça a été traité, et, dans ce
sens-là, le projet de loi va de l'avant.
Moi,
j'aimerais vous entendre, parce qu'à peu près tout le monde s'est prononcé, sur
les codes de bonne pratique qui sont
présentement des codes qui sont à adhésion volontaire, ne sont pas
obligatoires. Le projet de loi, tel que libellé actuellement, vise à faire de ces codes-là quelque chose d'obligatoire.
C'est un élément très important du projet de loi. Si ce secteur d'élevage là n'a pas de code de bonne
pratique, les fonctionnaires vont préparer des règlements, puis le
gouvernement va les analyser et les mettre en vigueur, s'il y a lieu. Il n'y
aura pas de vide juridique comme tel. Mais ce qu'on souhaite d'abord et avant tout, c'est
qu'il y ait des codes de bonne pratique dans l'ensemble des productions.
C'est quoi, votre réaction face à la mise en vigueur obligatoire de ces codes
de bonne pratique?
M. Cartier
(Jacques) : Avant de laisser M. Breault répondre, je vais quand même
citer quelque chose que j'ai vécu dans
une vie antérieure. On disait : Ça prend une vie pour bâtir une réputation
en agriculture et ça prend une journée pour la détruire. Alors, je pense
que ça, c'est un des éléments importants quand qu'on parle de toute cette
notion du bien-être animal et de la sensibilité.
Je vais
laisser M. Breault... Mes deux confrères sont des producteurs laitiers
d'envergure, alors qui ont à vivre régulièrement avec ces phénomènes-là.
Alors, je vais les laisser répondre plus en détail à cette question-là.
Le Président (M. Morin) : M.
Breault.
M. Breault
(Adrien) : Oui, merci. Bien, nous autres, pour ce qui est en
production laitière, on a des pratiques. Premièrement, la loi, je la trouve correcte parce qu'elle n'est pas trop
contraignante puis elle ne nous oblige pas. C'est sûr que l'objectif de la loi, c'est de dire :
Bien, on va protéger... réduire au minimum les problèmes... mettons, c'est le
stress d'un animal, puis, quand qu'on
intervient pour lui éviter des douleurs, ça, c'est acceptable. Mais, en
production laitière, on a déjà, au
niveau des syndicats spécialisés, des règlements qui ont été mis au niveau
national, qu'on appelle le programme proAction,
qui nous disent directement comment intervenir puis qu'est-ce qu'on peut faire
puis ne pas faire en production laitière
au niveau du confort animal. Ça fait qu'on est déjà réglementés de ce côté-là,
puis c'est une réglementation qui est volontaire
par les producteurs laitiers canadiens. Ça fait que ça a déjà été mis en place,
des normes de bonne pratique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui,
mais je vais tenter d'être un peu plus précis, là. Je comprends, et ces normes
de bonne pratique là nous apparaissent correctes. Maintenant, elles ne sont pas
obligatoires ou sanctionnables présentement, sauf s'il y a, comment je pourrais
dire ça, infraction comme cruauté animale, etc., là. Si on les rend d'application obligatoire sur les fermes avec les
échéances qui sont contenues dans ces éléments-là, est-ce qu'on impose à
l'agriculteur un fardeau trop lourd ou raisonnable?
Le Président (M. Morin) : M.
Breault ou M. Cartier? M. Cartier.
M. Cartier
(Jacques) : Bien, moi, je vais vous dire une chose. Je comprends, une
des notions, c'est que, vous l'avez
mentionné, c'est d'établir ça de façon officielle avec des échéances. Je pense
que c'est un des éléments importants. Mettre
un système en place qui serait toujours un souhait ou un volontariat, je pense
qu'on n'arrivera jamais à une finalité. L'élément qui est important, c'est le facteur temps de la mise en place
de ces éléments-là parce qu'il faut se donner des règles. Puis ces règles-là doivent devenir aussi
contraignantes pour justement qu'elles soient applicables. Parce que, si
on les met seulement que sur une base de volontariat, comme on dit, à la fin de
la journée, on n'arrivera avec rien, sauf des bons
souhaits pour tout le monde, mais on doit aller plus loin que ça. Par contre,
il faut tenir compte aussi de l'impact financier au niveau des
producteurs.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) :
Deuxième question. Vu que vous êtes sur le terrain, il a été question
d'ajouter aux devoirs, obligations et
immunités qu'on donne aux médecins vétérinaires. On envisage ou on étudie la
possibilité de le confier également à
vos agronomes ou aux agronomes sur le terrain. Il y a eu des questions, comment
je pourrais dire ça, d'indépendance comme telle qui ont été soulevées
par des parlementaires. Comment vous voyez ça dans la pratique? Est-ce qu'on
devrait le faire? Puis quelle garantie d'indépendance devrait-on exiger?
M. Cartier
(Jacques) : Pour avoir entendu hier les propos, entre autres, de
l'AQINAC, où c'était suggéré, je pense que
c'est une bonne initiative pour une raison qui est importante. Je prends
l'exemple surtout des gros élevages porcins, entre autres, où les agronomes, où les technologistes font régulièrement
des visites chez les producteurs pour s'assurer du suivi alimentaire, et
tout. Et, compte tenu que les agronomes sont aussi des professionnels, je pense
que c'est un des éléments à ajouter, parce
que ces gens-là ont le contact régulier
avec les animaux. Et, compte tenu des grands élevages, ça serait peut-être
un groupe de professionnels à ajouter au niveau de l'inspection pour s'assurer justement
qu'on ne se ramasse pas avec des
défaillances ou des cas qui pourraient être plus problématiques et entacher
l'image de l'agriculture.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Comme organisation — puis vous dites que ça fait deux ans, là — est-ce
que vous êtes intervenus auprès de vos membres pour les encourager dans ce dossier-là,
du bien-être animal, pour leur fournir de l'information? Quelle action
avez-vous posée?
Le Président (M. Morin) :
M. Breault.
M. Breault
(Adrien) : On n'a pas fait d'intervention, c'est une loi qui est tout
à fait récente. Non, on n'a pas fait d'intervention, mais on sait qu'en
général les producteurs ont une bonne pratique et puis...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Je pense qu'aujourd'hui votre présence est une
intervention, si je me permets de la
qualifier ici, qui va dans le bon sens. Il est important de le communiquer, là,
avec vos membres, que vous participez à ce débat-là. Puis, si après,
comment je pourrais dire ça, une analyse encore plus approfondie, après avoir
écouté tous les témoignages
de l'ensemble des gens qui viennent nous donner de bons conseils, vous voulez
nous préciser les ajustements à des textes législatifs, vous êtes
bienvenus de le faire.
M.
Cartier (Jacques) : Comme il a été mentionné tantôt, je pense que les
syndicats spécialisés ont ce rôle-là avec le code des pratiques, là, ce que j'ai compris. L'élément, peut-être,
pour nous, qui nous affecte un peu et qui, je pense, a déjà été mentionné à quelques reprises, c'est le
pouvoir des municipalités. On l'a mentionné, ça a été mentionné par
d'autres intervenants antérieurement, c'est un facteur qui nous interpelle dans
ce sens qu'on comprend que, dans le cas des animaux d'élevage, ils ont moins à
intervenir. Par contre, ce qu'on s'aperçoit dans les faits, c'est toute la
notion des distances séparatrices qui nous
affectent énormément. Et l'autre élément, c'est les limites au niveau des
productions ou des superficies. On
prend l'historique dans les productions porcines, entre autres. Et ces cas-là
se vivent encore maintenant, et ça,
c'est un non-sens, qu'on empêche des régions du Québec qui, parfois,
mériteraient du développement économique... et on sait qu'on est des entrepreneurs et on le dit régulièrement, et
d'empêcher, sous forme de réglementation, des élevages importants de se
développer dans des régions périphériques, entre autres, on trouve ça
malheureux parce que, pour nous, c'est de
répondre à des attentes, des besoins des clients et consommateurs. Et, de le
faire par un moyen détourné, on limite
des productions ou on limite, à cause des distances séparatrices, des projets
agricoles qui pourraient s'implanter.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K. Je n'adresserai pas le problème directement,
parce que je suis encore en réflexion,
mais vous êtes revenus, comme beaucoup d'autres, sur la question de... le
rapport entre le remboursement des taxes,
l'ASRA, etc., les programmes gouvernementaux et le respect du bien-être animal.
Il y a un message qui commence à se
dégager, là, dans ce sens-là. On en prend note. Vous faites partie de ceux et
de celles qui nous demandent d'être correctement sévères, mais
raisonnables. Ça va, merci.
Le Président (M.
Morin) : Oui? M. le député de Dubuc.
M. Simard :
Merci, M. le Président. Je vais poser une question et j'ai posé une question,
hier, à l'AQINAC concernant... On parle de
bien-être animal, mais, étant donné que vous êtes des éleveurs, vous allez être
capables de me... Peut-être que vous
avez plus d'information que ce qui m'a été dit hier. Vous le dites, d'ailleurs,
au niveau du projet de loi, là, que vous êtes d'accord que le projet de
loi... à tous les secteurs de l'industrie, c'est-à-dire producteurs,
transports, abattage, ouvriers, médecins
vétérinaires, etc., là, vous êtes d'accord que cette loi-là touche l'ensemble
des intervenants.
Maintenant,
moi, comme néophyte, je le dis parce que je ne suis pas un éleveur puis j'en ai
alentour de chez nous, là, sauf que,
quand je vois, moi, un chargement de bêtes qui vient d'un éleveur à moins 35°,
moins 40°, qui part avec un chargement
soit de bovins, soit de porcs, soit de poulets, je fais toujours le saut parce
qu'ici on parle de bien-être animal, puis
moi, quand il fait moins 40°, je ne suis pas tellement bien, là. J'imagine
qu'eux autres c'est pareil comme moi, là. Et j'aimerais vous entendre là-dessus. Est-ce que c'est normal qu'on
transporte des bêtes à ces températures-là? Étant donné que vous êtes
des éleveurs, vous devez connaître ça un petit peu plus puis, au moins pour les
personnes qui vont nous écouter, là, ou qui
nous écoutent actuellement, vous pouvez sûrement nous donner de l'information.
Ou encore c'est de la maltraitance animale d'agir de cette façon-là?
Le Président (M.
Morin) : M. Cartier.
• (12 h 30) •
M. Cartier
(Jacques) : Je vais vous répondre comme président puis je vais laisser
mes confrères répondre par la suite. Je vais
vous dire une chose, on trouve ça aussi désolant que... Et, je vais vous dire
une chose, c'est très, très rare, ce
que vous mentionnez, parce que, pour avoir été régulièrement sur la route,
parce que j'ai voyagé pendant des années, dans 99,9 % des cas, je
peux vous dire une chose : au niveau des élevages de poulet, il y a des
toiles, les animaux sont protégés.
Dans
le cas des productions plus spécialisées, je vais vous dire, entre autres, en production porcine, vous êtes rendus avec des ventilateurs,
vous êtes rendus avec des systèmes de bruine, comme pour mettre de la bruine
pour abaisser la température des animaux. Je
pense qu'il y a eu des efforts énormes qui ont été faits au cours
des années. Puis je comprends que ce
domaine-là, là, au sens large, ça s'adresse plus à la juridiction fédérale,
mais il faut reconnaître aussi les efforts qui ont été faits par à peu
près tous les transporteurs. Et ceux qui sont des professionnels du métier,
sauf quelques rares exceptions que vous avez
peut-être déjà vues, ne font pas ces choses-là parce qu'ils
ont à coeur aussi non seulement
la protection des animaux, mais des gens qui travaillent.
Prenez
comme exemple ce qu'on appelait dans le temps des «chicken catchers», là, les
gens qui ramassent des poulets dans les poulaillers, là. Je peux vous
dire une chose, leurs problèmes avec les fientes de poulet... Il y a eu des améliorations extraordinaires au niveau de
la conception des véhicules, et tout, et tout, justement, pour protéger les
individus et les animaux qui sont impliqués dans ces cas-là. Alors, il y a des
efforts énormes.
Des
cas malheureux, il en existe
toujours, vous en mentionnez un, peut-être, que vous avez vu dans votre
secteur. On ne voit pratiquement plus jamais
ça. Il y a même des heures limites au niveau des chargements pour, justement,
qu'il n'y ait pas des temps d'attente trop longs, et tout ça. Alors, ce
phénomène-là est en régression, pour ne pas dire quasi nul, mais malheureusement il y a toujours des exceptions. Et c'est ce
qu'on dit dans notre mémoire, c'est malheureux pour l'agriculture, parce
qu'un cas, un seul cas qui est dénoncé, fait une... il y a un tort à l'ensemble
de la profession.
Le Président (M.
Morin) : M. Breault, voulez-vous rajouter ou c'est
complet?
M. Breault (Adrien) : Oui.
Bien, moi, je ne suis pas un spécialiste dans le porc, mais je sais qu'ils se
sont donné des normes beaucoup sur le transport, puis je pense qu'il y a
des personnes qui devraient être... en tout cas, qui sont spécialisées pour voir, là, le confort au niveau
des transports. Mais je peux vous dire que, dans la production des
vaches laitières, ce sont des animaux qui
aiment mieux le froid que la chaleur puis qui dégagent beaucoup de chaleur,
premièrement. Ça fait que...
Puis
l'autre affaire qui est peut-être un peu plate à dire, mais il y a la
contrainte de dire qu'il y a des usines qui ont besoin de porcs pour fonctionner à tous les jours. Ça fait que, tu sais,
c'est malheureux, là, mais je pense qu'il y a une sensibilisation qui a
été faite beaucoup au niveau du transport, puis il y a des modifications qui
ont été apportées.
Le Président (M.
Morin) : Oui, M. Bourdon.
M.
Bourdon (Luc) : Oui. Au fil
des années, le mode de transport a évolué énormément. Comme M. Breault
a mentionné, au niveau des vaches, que ce
soit... peu importe, c'est plus au niveau des petits veaux laitiers, là, ils ont plus de difficulté, mais les transporteurs ont adapté énormément leurs véhicules
pour respecter ça. Puis souvent la problématique, ce n'est pas tellement au mode de transport
lorsqu'il y en a plusieurs, parce qu'ils ont tendance à transpirer, ils sont
en stress comme vous et moi lorsqu'on a des
déplacements inopportuns, c'est plus s'ils sont laissés au froid après, mais,
quant au transport lui-même, il n'y a
pas vraiment de problématique parce qu'ils sont quand même à
la chaleur, là. Même, parfois, comme on dit, parfois, quand ils sont beaucoup,
il fait chaud à l'intérieur, ils transpirent. C'est plus autre chose.
Mais,
comme M. Breault mentionne aussi, il
y a des impondérables. Les
entreprises doivent continuer à rouler. Soyez assuré que, lorsque les
producteurs ont à faire le transport, souvent, ils le font contre leur gré,
mais c'est dans l'obligation. Il y a des exploitations qui ont deux, trois
sites et ils doivent avoir un mouvement d'animaux, mais c'est beaucoup
mieux que c'était, là. Comme on dit, il
y a une responsabilité qui vient, et
ce n'est pas économiquement viable aussi
de faire du transport inapproprié, parce qu'il y a des problèmes de
santé qui peuvent s'ensuivre, et ainsi de suite. Donc, il y a
des circonstances que le transport ne se fait pas, il va se faire uniquement
lorsque c'est réellement nécessaire, là.
M. Simard :
Merci.
Le
Président (M. Morin) :
Ça va? Est-ce qu'il y a... Oui? Bon, les Îles-de-la-Madeleine, ensuite Saint-Maurice. Faites ça les deux ensemble
vite, là. Question courte.
M. Chevarie :
Il reste du temps?
Le Président (M.
Morin) : Oui.
M. Chevarie :
Pardon?
Le Président (M.
Morin) : Pas grand-temps.
M.
Chevarie : J'aimerais
intervenir sur le volet de votre présentation à la page 4, où vous parlez
de dénonciation, registres, ainsi de
suite. Et, un peu plus bas, vous parlez de maltraitance, mais également le
principe d'appliquer la bonne foi
versus, je dirais, un principe de tolérance zéro. Et ce que je comprends, vous dites : Dans l'évaluation — en tous les cas, j'espère que c'est ça que je comprends — le processus doit être rigoureux et non
complaisant, mais ce n'est pas clair à mon esprit que c'est ça. La sanction, je peux comprendre qu'elle peut être
nuancée en fonction de l'historique de l'entreprise. Est-ce que c'est une première sanction? Est-ce que
c'est une première dénonciation ou quelque chose comme ça? Alors,
j'aimerais avoir des explications de votre part par rapport à ce point-là.
Le Président (M.
Morin) : M. Cartier, une réponse très courte.
M. Cartier
(Jacques) : Oui, il y a une explication qui est fort simple. Écoutez,
je prends l'exemple des soins vétérinaires. On sait que, normalement, dans le
cadre des bonnes pratiques courantes, il existe une relation qui est extraordinaire entre le producteur et son
vétérinaire. Sauf que, pour des raisons que j'appellerai «spéciales», si la
relation se dégrade, qu'il pourrait y avoir,
comme exemple, des abus de la part de vétérinaires, ce qui peut arriver, ce
sont des êtres humains tout comme
nous, tout comme ça pourrait arriver chez certains éleveurs... Alors, c'est
pour ça, quand on parle de la question
de la bonne foi et la notion d'un registre, c'est que, si c'est toujours le
même individu où vous avez énormément de plaintes auprès des éleveurs, ça doit être aussi, compte tenu qu'on
demande un registre... bien là, automatiquement, vous allez avoir des cas qui peuvent être flagrants,
qui seraient malheureux autant pour la profession de vétérinaire que
pour les producteurs. Alors, c'est ce qu'on
dit, la notion d'avoir un registre, c'est d'être capable de faire la nuance
là-dessus. Et le même phénomène au
niveau des producteurs. S'il y a trois vétérinaires qui passent puis qui ont le
même rapport à faire au niveau des éleveurs, je pense qu'on aurait le
même état.
Alors,
c'est pour ça qu'on dit : C'est tout simplement une protection réciproque,
qu'on dit. Et, compte tenu qu'on parlait
tantôt des grands élevages, je prends l'exemple de M. Breault, les élevages
porcins où vous avez des grands, grands nombres d'animaux, si c'est un
employé qui, à la connaissance du producteur qui ne l'a pas vu... Généralement,
des gestes qu'on a déjà vus au niveau de la
télévision, ce sont des gestes qui ont été filmés par des gens, mais le
propriétaire, généralement, n'est pas là,
parce que ça serait inacceptable qu'un propriétaire accepte une chose comme ça.
Alors, c'est pour ça qu'on parle de la notion de bonne foi.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. Cartier. On se dirige vers le député de Berthier.
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs. Bien,
écoutez, un peu dans la même veine, cruauté animale, je pense qu'on se rend compte, là, tout au cours de la
commission, que c'est des cas exceptionnels, exceptionnels. Les Québécois, comme, je dirais, les Canadiens et
l'ensemble des gens, sont de plus en plus sensibles, justement, à la
façon dont on s'occupe... que ce soit au
niveau de l'élevage ou que ce soit au niveau des animaux de compagnie, sont de
plus en plus préoccupés par le bien-être
animal. Et, en ce sens-là, évidemment, les entreprises que vous représentez et
toutes les autres entreprises qui existent ont tout intérêt, justement,
à améliorer leurs pratiques. Et je pense que c'est ça qu'on constate avec les auditions qu'on a. On a quelques
jours, là, déjà, d'auditions, plusieurs organismes qui sont venus nous en témoigner, et effectivement il y a des avancées
assez spectaculaires en termes de bien-être animal, autant, je présume,
au niveau d'autres organismes qui oeuvrent
dans d'autres domaines que le vôtre, que vous-mêmes vous le faites, là.
Vous parliez tantôt des camions avec des
toiles. Maintenant, il y a des... je ne veux pas dire le mot «fans», là, mais
des ventilateurs, voilà, contrôle de
température, une bruine quand il fait trop chaud. Le débarquement des animaux
se fait... Je lisais dans un des mémoires que c'était fait selon la
vitesse de l'animal, ils n'étaient pas poussés.
Bref, bravo! Bravo! Et je pense qu'on a tout
intérêt à mieux vous connaître, à mieux connaître justement ces pratiques-là
qui ont cours présentement. Bien sûr, il y a toujours place à amélioration,
mais je pense qu'au niveau de l'élevage, au
niveau des animaux de ferme, je pense que ça va relativement bien, et c'est
assurément des cas d'exception qui font la une, effectivement, et qui
entraînent tout le monde dans son sillage.
Je veux vous
amener sur les codes de pratique publiés par le conseil national. Est-ce que
j'ai bien compris? Parce que, la
semaine prochaine, on va rencontrer beaucoup... Et vous représentez aussi des
gens de la filière de l'élevage, hein? Et la semaine prochaine on va en rencontrer beaucoup, justement, de
certaines filières spécialisées au niveau de l'élevage. Et vous, selon ce que je comprends, c'est que les
codes de pratique élaborés soient à renouveler ou à mettre à jour, mise
à niveau de ces codes-là. Vous êtes d'accord
à ce qu'ils soient obligatoires, mais évidemment toujours d'une façon, je
dirais, là, graduelle pour s'assurer que tout le monde puisse suivre, autant
sur le plan économique qu'aussi sur le plan de l'innovation et sur le plan de l'installation, parce que, des fois, ça
requiert des installations particulières. Alors, est-ce que j'ai bien
compris que votre position par rapport à cela, c'est bien celle que je viens de
donner?
M. Cartier (Jacques) :
Effectivement, et je vais peut-être laisser soit M. Breault ou M. Bourdon
y aller dans les détails
Le Président (M. Morin) : M.
Bourdon.
• (12 h 40) •
M. Bourdon
(Luc) : C'est sûr que la mise en place obligatoire de telles pratiques
de production sur le bien-être est
parfois souhaitée. Moi, par contre, la mise en garde que je souhaite, c'est que
ces pratiques-là soient sur un processus respectable, de un, et, de
deux, qui tienne en compte les capacités économiques.
Puis je
précise à ce point-là, c'est que c'est bien d'apporter des précisions au niveau
d'un modèle de production. Par contre,
si ces modèles-là deviennent contraignants au niveau économique, c'est plus
difficile pour les producteurs, de un, de rester compétitifs. Et où je spécifie la compétitivité, c'est que,
souvent, on est confrontés, en tant que producteurs, à devoir respecter des normes de production qui nous
amènent des coûts de production plus élevés, mais les consommateurs ne
suivent pas nécessairement le coût que ça nous coûte parce que, lorsque ça se
répercute dans leur panier d'épicerie, s'ils
ont une possibilité d'acquérir un produit qui provient d'ailleurs à un prix
moindre, qui ne respecte pas nécessairement les mêmes critères de production, souvent, on est mis de côté. C'est
comprenable, mais c'est difficile à accepter, qu'une société nous impose des règles de production et de
protection animalière, mais qui ne respectent pas nécessairement, au niveau achats, leur propre demande. On le
constate, on l'a déjà vécu, et on le vit, et on va sûrement le vivre encore.
Mais c'est dangereux, c'est dangereux de...
Puis on le
voit, on l'a vu à différents stades au niveau de l'environnement. Souvent, on
respecte des critères, mais ça se
reflète au niveau du coût du produit. Les consommateurs, ayant plus qu'un
choix, bien, ils vont avec la disponibilité financière qu'ils ont, qui n'est pas nécessairement favorable à nos
productions. C'est la mise en garde que je souhaite, que, oui, comme
société, on s'adopte et on s'établit des règles, mais qu'à l'intérieur de ces
règles-là on y retrouve encore un marché potentiel pour écouler nos produits,
parce que, si on devient non performants au niveau économique, les entreprises
vont quitter tout de même, là. Donc, il faut avoir une suite logique. Si on
adopte des règles, il faut être en mesure de l'accepter aussi.
M.
Villeneuve : Tout à fait, mais c'est un point. On pourrait en
discuter longtemps, mais effectivement c'est un point important. Le consommateur québécois, acheter local, acheter
régional, acheter national, acheter, donc, des produits d'ici, qui sont de qualité, ça, il n'y a aucun
doute, de très haute qualité, réussir à les finaliser, finalement, ces achats
locaux là... D'ailleurs, la politique de
souveraineté alimentaire, qui, malheureusement, a été évacuée par le
gouvernement actuel, mettait l'accent
sur le fait de mettre de plus en plus de produits du Québec dans notre
assiette. Je pense qu'on est à 32 % ou 33 %, on a déjà été en haut de 50 %. Et la politique visait
justement à revenir à des achats plus grands encore, et tout ça avec les
partenaires du milieu, hein, pour pouvoir y arriver.
Bien, écoutez, on
aura la chance, la semaine prochaine, d'approfondir davantage, là, ce sujet-là
au niveau des codes de bonne pratique. Mais, assurément, et le ministre le
disait, oui, il y a peut-être un coût à faire des choses plus contraignantes,
entre guillemets, là, mais il y a aussi un coût à ne rien faire et peut-être
aussi à se laisser dépasser, peut-être,
éventuellement. Terre-Neuve a mis ça en place, là, et... Bon, mais il y a
peut-être un coût aussi à ne rien faire et à avoir une crédibilité ou une réputation qu'on est
derniers de classe, là. Alors, il faut bouger pour justement s'assurer
d'avoir une meilleure perception de la population. Non seulement une
perception, mais des faits et la réalité.
Je vous amène à
l'article 4. L'article 4, vous dites : «Nous comprenons également que les
dispositions de l'article 4 de la loi
édictée sur le bien-être et la sécurité de l'animal touchant le pouvoir accordé
aux municipalités ne visent pas les
pratiques d'élevage des animaux de ferme...» Vous, c'est une... En tout cas,
selon vous, ça ne vise pas les animaux de ferme. Mais est-ce qu'il y
aurait lieu que cet article-là soit encore plus explicite par rapport à votre
perception, votre interprétation?
Le Président (M.
Morin) : M. Breault.
M. Breault
(Adrien) : Bien, effectivement, c'est ce qu'on a mentionné tantôt,
c'est que, généralement... la réglementation
municipale s'applique généralement pour les petits animaux, les animaux
domestiques. Dans le cas des animaux de ferme, généralement, c'est ce qu'on a
mentionné, ça ne s'applique pas. Par
contre, les niveaux de
contraintes qu'on a mentionnées tantôt...
M. Villeneuve :
C'est ça, lignes séparatrices.
M. Cartier
(Jacques) : ...c'est les notions de lignes séparatrices et les
superficies, comme, exemple, pour les porcheries,
et autres. Parce qu'on sait que...
tantôt, vous en avez parlé, mais l'évolution des productions, que ça soit
dans la volaille, dans le porc ou dans la
production laitière, c'est qu'on prend maintenant des superficies beaucoup plus
grandes pour avoir le même nombre
d'unités animales à cause, justement, des normes qui s'améliorent à chaque
année, et, de ce fait, dans certains
cas, c'est que, si la municipalité ne permet pas les superficies nécessaires
pour les types de productions — entre autres, je prends l'exemple de
la production porcine — c'est
que ça va limiter le producteur dans son développement et ça va même l'empêcher de garder les mêmes unités animales qu'il avait
antérieurement. Même s'il avait un droit acquis, ce droit acquis là
s'estompe parce que c'est une superficie plancher et non pas un nombre d'unités
animales.
Alors,
c'est pour ça qu'on dit... c'est que le pouvoir des municipalités, dans ce secteur-là,
je ne sais pas si c'est au niveau de cette loi-ci, mais on a certaines
réserves qui sont très, très importantes, parce que, je l'ai mentionné, puis peut-être même que, dans votre région, ça s'est
appliqué, ça peut avoir contraint des producteurs dans leurs projets de développement, et c'est l'économie régionale qui
en souffre automatiquement. Et souvent ce qui est malheureux, c'est que
les gens du monde municipal — parce que vous avez déjà été maire de
votre municipalité, vous le savez — les agriculteurs ne sont pas toujours disponibles pour participer aux
différentes réunions du conseil municipal et délaissent ce secteur politique là. Et souvent, malheureusement,
les décisions qui sont prises au niveau municipal les affectent par la
suite, mais il est trop tard parce que c'est déjà annoncé ou c'est déjà édicté.
Alors, ça peut créer certains problèmes dans certaines municipalités.
M.
Villeneuve : Oui, et sans parler des délais souvent, parce
qu'un projet... Je le dis souvent puis je le répète, les agricultrices, agriculteurs sont des
entrepreneurs. C'est des gens pratico-pratiques, et je ne le dis pas
péjorativement, au contraire, je
trouve ça fantastique. Ces gens-là, il faut qu'ils passent à l'action. Et là on
se retrouve des fois dans des délais qui
mettent en péril même l'existant, là, l'existant même, sans penser au projet
qui peut se retrouver finalement oublié, ou sur une tablette, ou avorté parce que, justement, là, les délais se sont
étirés. D'accord, ça répond bien à cette question-là.
On
a parlé tantôt... vous avez dit que vous avez écouté la commission hier, c'est
bien. Avant-hier aussi, oui? Non. Mais
on parlait des inspecteurs et enquêteurs ou... Dans l'article, là, on
dit : «...[ou] toute autre personne nommés par le ministre...» Et hier, justement, les agronomes du
Québec... bien, les agronomes, les gens qui étaient ici nous disaient
que... peut-être ajouter les agronomes dans la liste de médecins vétérinaires,
donc, et agronomes. Moi, ce que je disais, c'est :
N'y aurait-il pas lieu de s'assurer que... «toute autre personne», c'est très
large, mais s'assurer que les gens qui seront nommés ou les gens qui sont déjà en place aient une formation en
continu, développent des expertises, aient les expertises, les connaissances nécessaires? Parce que, là,
c'est très large, là. On couvre... Je donnais l'exemple hier de la
personne qui va dans un chenil où c'est des chihuahuas puis il se retrouve
devant un boeuf, bien là ce n'est pas la même chose, là. On s'entend que ça couvre des domaines très larges.
Il faut s'assurer que les gens, finalement, puissent faire le travail,
dans l'avenir, correctement. Je ne dis pas qu'ils ne le font pas bien maintenant,
là, mais...
Je
ne sais pas, je voudrais vous entendre, parce qu'à ce rythme-là ça pourrait
être l'agronome, puis j'imagine qu'il y a d'autres professions qui vont
appeler M. le ministre et qui vont m'appeler pour dire : Moi, finalement,
moi aussi, je verrais mon nom. Alors, peut-être justement s'assurer que ça
soit, là, conforme aux attentes du milieu, parce qu'il y a toute la question de
la crédibilité aussi, là. Les gens qui reçoivent ces gens-là sur leurs terres,
sur leurs terrains, ils s'attendent à faire affaire avec des professionnels. Et
là, si on diversifie ou si c'est inégal sur le territoire en termes de répartition, mais aussi en termes de formation,
bien, ça risque de créer une certaine confusion puis peut-être aussi de
créer une certaine...
Le Président (M.
Morin) : M. le député de Berthier...
M. Villeneuve :
Oui, je m'arrête, M. le Président. Désolé.
Le Président (M.
Morin) : Une réponse très courte, parce que j'ai laissé du
lousse.
M.
Cartier (Jacques) : Oui, la réponse, elle va être très courte.
Écoutez, vous avez vu tout simplement nos prédécesseurs
qui sont passés ici, c'étaient des vétérinaires, mais spécialisés dans un
secteur bien donné. Et c'est aussi vrai... L'agronomie, c'est une
profession qui est très, très large, puis ce n'est pas tous des gens qui sont
spécialisés en production animale non plus.
Alors, c'est pour ça que, quand on parle de la notion des personnes
compétentes, c'est vrai dans...
partout au niveau, je pense, gouvernemental, ça devrait s'appliquer. Mais ça,
c'est autre chose, c'est un autre débat qu'on ne parlera pas ce matin,
malheureusement, mais c'est...
Le Président (M.
Morin) : Bon, vous écoutez l'actualité, vous.
M.
Cartier (Jacques) : Effectivement, ça prend des gens spécialisés dans
leur domaine et avec des formations spécifiques.
Le Président (M.
Morin) : Merci, M. Cartier. Mme la députée de Mirabel.
• (12 h 50) •
Mme
D'Amours : Merci beaucoup. Bonjour, messieurs. Je veux revenir sur ce
qui a été... On en a parlé hier, là, entre
autres, avec des groupes, certains groupes, que les municipalités, par leurs
règlements, c'était un frein pour arriver à vos codes de bonne pratique.
Est-ce que,
d'après votre expérience, il y a
d'autres paliers gouvernementaux, en exemple, qui pourraient être un
frein à vos codes de pratique déjà existants?
M.
Cartier (Jacques) : Moi, j'aurais de la difficulté à vous répondre
pour une raison... Avoir des craintes et des freins, il y en a toujours.
Comment réussir à s'adapter à la réglementation, ça, c'est autre chose, parce
qu'on ne peut pas rien faire... puis c'est
normal aussi que, de poser des gestes sans contrainte aucune, on va se ramasser
avec des abus puis avec des choses
qui sont dangereuses. On pense que le législateur, de façon générale, fait de
bonnes lois. L'application... Et souvent
ce n'est pas le problème de la loi. C'est les gens qui sont chargés de faire
application de la loi qui nous créent les problèmes, et c'est ce que M.
Villeneuve a mentionné tantôt. Puis je pense que M. le ministre est...
Le Président (M.
Morin) : Raccourcissez vos réponses. Madame...
Mme
D'Amours : À moins que je ne... Pardon.
Le Président (M.
Morin) : Allez-y.
Mme
D'Amours : À moins que je ne comprenne pas bien ou que je me suis mal
exprimée, là, mais, si on appliquait la loi, puis qu'on avait des codes de
pratique à l'intérieur, puis qu'on y mettait... Est-ce que vous auriez de la difficulté à atteindre vos codes? Parce que,
depuis hier, on entend parler de vos codes de pratique, vous avez été
au-devant de la loi, vous êtes... Moi, je
pense, je suis très fière, très, très fière des producteurs québécois d'avoir
installé ce code de bonne pratique là avant même qu'une loi existe pour
les animaux.
Mais on parle, là, de
restrictions au niveau des règlements municipaux. Puis, dans chaque
municipalité, il y a des règlements que vous devez... dans chacune de vos
municipalités respectives, vous devez les appliquer, ces règlements-là, puis ça
vous donne... Ce qu'ils nous ont dit hier, c'est qu'il y avait des freins à
arriver à leurs codes de bonne pratique. C'est qu'ils ne pouvaient pas les
atteindre à cause des règlements municipaux.
Est-ce qu'il y a des
règlements... Je vais le nommer, mais c'est juste un exemple. Dans vos membres
qui ont différents codes de pratique, est-ce
qu'il y a des freins, exemple, au niveau du palier du gouvernement, de
l'Environnement, qui font en sorte que — leurs lois — vous
n'atteignez pas vos codes de pratique?
M.
Cartier (Jacques) : Moi, personnellement, je ne peux pas vous
répondre. Je m'excuse, là, je n'ai pas cette information-là, parce que
les codes de pratique qu'on vous parle généralement sont des codes canadiens et
non pas québécois. Alors, ça, il faut faire
la nuance au départ, là, et ça doit s'appliquer à l'intérieur du pays. Mais
généralement ce qu'on comprend, c'est que les codes de bonne pratique ont été
faits par les gens de la profession dans leurs secteurs spécifiques.
Je prends l'exemple
de mes deux confrères, c'est des producteurs laitiers; le code de bonne
pratique dans le secteur laitier a été établi par des producteurs laitiers.
Alors, normalement, ça doit être ça. Qu'il y ait des contraintes municipales, c'est ce qu'on a dit tantôt, c'est
des gens, souvent, qui sont carrément en dehors du secteur qui vont
créer des contraintes.
M. Breault
(Adrien) : Si je peux...
Mme
D'Amours : Oui, allez-y, monsieur.
Le Président (M.
Morin) : M. Breault.
M. Breault
(Adrien) : C'est parce que, dans la loi... Là, moi, ce que j'en
comprends, c'est une loi pour la protection
des animaux, pas de l'élevage d'animaux. Moi, je le vois comme ça. C'est que,
quand tu fais l'élevage, c'est que tu aies les bonnes pratiques pour ne
pas qu'il y ait de stress et puis pas de douleur. Quand on intervient, on...
Après
ça, quand on vient dans les codes de bonne pratique, c'est des comités qui sont
mis en place pour dire : Bon, on peut faire ci puis on peut faire
ça. Puis ça, c'est acceptable puis c'est évolutif.
Là où est-ce
qu'est ma crainte, c'est quand on vient mêler un peu la municipalité dans
l'exploitation, de dire : Bien, on ne permettra pas une
exploitation pour x raisons, mais qui n'ont pas les compétences de savoir
est-ce que les normes de pratique, elles sont acceptables. Moi, à mon avis, la
municipalité n'a pas ces compétences-là, et c'est là qu'il ne faut pas... C'est pour ça qu'on demande d'exclure un peu
l'agricole des pouvoirs des municipalités à réglementer là-dessus, parce
que la pratique agricole, les élevages, ça évolue puis ça ne touche pas la loi
dans le sens qu'on veut protéger les animaux
du stress et puis de maltraitance. Moi, je veux faire un peu une dissociation
de ces deux choses-là, là.
Mme
D'Amours : J'aimerais avoir votre opinion sur une proposition qui nous
a été recommandée, que, lorsqu'un producteur qui serait aux prises avec
une dénonciation, là... qu'automatiquement tout serait arrêté. Est-ce que vous êtes du même avis ou si vous êtes d'avis que la dénonciation peut être superflue, farfelue, mais
que le producteur, lui, a cessé toute activité parce qu'il y a une
plainte qui a été...
M. Cartier
(Jacques) : Bien, écoutez,
c'est de condamner quelqu'un avant qu'il
y ait eu une évaluation
des faits, là. Écoutez,
si vous vous ramassez comme ça, n'importe qui va être... On revient à
l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale en Europe quand on dénonçait
des voisins, là. Être présumé coupable avant d'avoir fait une analyse des
faits, là, c'est un non-sens.
Mme D'Amours : C'est pour ça que je
voulais avoir votre avis.
Des processus...
des codes de pratique, tout à l'heure, vous avez dit que ça prendrait — je veux bien le dire — un
processus respectable, mais, s'il fallait mettre une date butoir, est-ce que,
dans chaque cas de bonne pratique que vous faites pour le bien-être animal,
vous vous êtes donné des dates butoirs, et est-ce que l'ensemble des
producteurs l'atteignent? Est-ce que ça
serait une grande problématique à ce qu'on mette... Parce que le code de
pratique peut bouger quand vous avez
atteint un premier code de pratique, puis vous êtes toujours à travailler pour
un autre code de pratique pour évoluer.
Mais est-ce qu'il y aurait des dates butoirs? Est-ce que ça ferait en sorte
qu'il y aurait quelque chose qui ne serait pas correct pour certaines
entreprises, là? Ces dates butoirs là, est-ce que ça serait une problématique?
M. Bourdon
(Luc) : Bien, au niveau de la date butoir, souvent, c'est... Si on
parle au niveau de l'aménagement de bâtiments,
entre autres, pour limiter le nombre de bêtes par pied carré, déjà là on est
confrontés... Puis vous avez parlé, vous avez posé une question au niveau d'autres ministères. Si ça implique la
construction d'un nouveau bâtiment ou l'extension d'un... on est confrontés à différents permis à
différents niveaux, là où entre en question la réglementation qui peut
entrer en conflit avec la mise en application d'une règle ou d'une pratique.
C'est clair que, si on se fait dire : Bon, bien, dans six mois, vous devez vous conformer à une nouvelle
règle puis que, physiquement, c'est impossible pour différentes raisons
dans le six mois, bien là, à ce moment-là, il faudrait peut-être y aller avec
du cas par cas.
Puis il y a
l'aspect financier toujours. Si le producteur ne peut pas... Je reviens sur le
plan financier, puis ce n'est pas une
excuse, mais c'en est une aussi pour la survie des entreprises. Si, dans
l'espace d'un an, il doit refaire totalement tous ses bâtiments puis que ce n'est pas viable
économiquement, il faut aussi voir ça. Si on arrive puis on dicte des dates,
puis que c'est impossible à se
conformer, c'est plus difficile, c'est difficile à tous les points de vue. Il
faut respecter les règlements municipaux par rapport au droit de
construire, il faut respecter les normes environnementales. Est-ce qu'on a le
droit d'agrandir? Est-ce que
l'agrandissement implique des dépenses supplémentaires? C'est là qu'il dicte le
temps de mise en application d'une règle. Souvent, ce n'est pas un
manque de volonté, c'est un manque de capacités et de temps.
Le
Président (M. Morin) : Merci. Merci, M. Bourdon. Merci, Mme la
députée de Mirabel. MM Cartier, Breault et Bourdon, merci d'avoir pris le temps de préparer ce mémoire, d'avoir
pris le temps de venir à Québec pour nous présenter votre mémoire, et je vous en remercie grandement.
Je vous dis : Un bon retour à la maison et je suspends... j'ajourne,
oui... Ah! je cherchais... J'ai toujours quelque chose qui ne va pas bien.
J'ajourne les travaux de la commission au mardi
22 septembre, à 10 heures.
(Fin de la séance à 12 h 59)