(Neuf
heures cinquante-sept minutes)
Le
Président (M. Morin) :
Bonjour. Bonjour, tout le monde, j'espère que vous avez bien dormi. Donc, on va
reprendre aujourd'hui. Comme il y a
quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles ouverte.
Comme à l'habitude, veuillez vérifier vos téléphones cellulaires, s'il vous plaît.
La commission est
réunie afin de procéder aux consultations particulières et aux auditions
publiques sur le projet de loi n° 54, Loi visant l'amélioration de la
situation juridique de l'animal.
M. le secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Bourgeois
(Abitibi-Est) est remplacé par Mme Vallières (Richmond); M. Simard (Dubuc) est remplacé par
Mme Tremblay (Chauveau); et M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs) est remplacé par
Mme Soucy (Saint-Hyacinthe).
Auditions (suite)
Le
Président (M. Morin) :
Parfait, monsieur, merci. Ce matin, nous recevons les représentants d'ANIMA-Québec et aussi de l'Association québécoise des SPA et
des SPCA.
Donc,
comme je vois que les personnes sont arrivées, d'ANIMA-Québec, j'inviterais à
vous présenter, pour les fins d'enregistrement, et vous avez
10 minutes. Si vous avez suivi les travaux d'hier... Non? Bien, vous avez
10 minutes. Merci. Allez-y.
Association nationale d'intervention pour le mieux‑être
des animaux, Québec (ANIMA‑Québec)
Mme
de Jaham (Caroline) : Merci.
Moi, je me présente : je suis Dre Caroline de Jaham, la présidente de
l'organisme ANIMA-Québec. Et je suis
accompagnée de Dre Marie-Claude Gagnon, qui est administratrice au sein du
conseil d'administration d'ANIMA-Québec.
Juste
à des fins d'information, ANIMA-Québec, c'est l'Association nationale
d'intervention pour le mieux-être des
animaux. C'est un organisme sans but lucratif qui a été créé en 2002, donc qui
existe depuis 2002, et dont la mission est
de veiller à la sécurité et au bien-être des chats et des chiens du Québec
par des activités d'inspection qui aujourd'hui
sont de certification, d'éducation et d'information. Alors, on est très contents aujourd'hui d'être en auditions particulières sur le projet de loi
n° 54, qui nous a énormément interpellés, vu la mission de notre
organisme.
Si
on revient... Avant d'aller un petit peu dans les détails sur les commentaires
sur le projet de loi n° 54, si on fait un petit peu d'historique, pour vous contextualiser ANIMA-Québec, nous
avions été mandatés, on a été les seuls mandataires par le MAPAQ, le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation, pour appliquer la section IV.1.1 de la sécurité
et du bien-être des animaux de la loi P-42, donc la Loi sur la protection
sanitaire des animaux. On a fait ça entre
2005 et 2013, où on a, à ce moment-là, remis les activités d'inspection
officiellement au ministère, au
MAPAQ. Durant cette période-là, on a effectué plus de 4 000 visites
de lieux de garde de chats, des chiens, donc des animaux de compagnie. Il y a eu plus de 1 000 avis de
non-conformité qui ont été émis, ainsi que 200 rapports d'infraction
qui ont été déposés au Bureau des infractions.
• (10 heures) •
Ça fait que c'est au fil de... forts de cette
expérience-là de saisie et de dossiers d'infraction qu'ANIMA-Québec en est
venue à la conclusion que le Québec devait se doter de mesures plus strictes et plus
coercitives. C'est en étant à l'écoute des
besoins de la population par l'entremise de notre système de plainte qu'on
avait en place jusqu'en avril 2013, donc, qu'on a réalisé qu'il fallait mettre en place une réglementation qui
était plus stricte et plus sévère et que le Québec était mûr pour une législation qui engloberait la
plupart des aspects du bien-être animal. C'est ce qu'on peut voir aujourd'hui avec le projet de loi n° 54.
Nous
avions été, en 2012, appelés à déposer aussi en commission sur la modification de la loi P-42. Ça avait été accueilli très favorablement par ANIMA-Québec, puis on est très fiers
d'être invités aujourd'hui à donner nos commentaires sur le projet
de loi n° 54. En 2012, si je
peux me permettre de paraphraser ce que nous avions écrit dans notre mémoire,
nous avions constaté que l'obligation de
posséder un permis, donc, dans la loi P-42, qui avait été modifiée à ce moment-là, en 2012, n'était
requise que pour un certain nombre de lieux de garde en regard du nombre
d'animaux qui étaient hébergés,
pour dire 15 animaux reproducteurs.
Pour cette raison et également parce
qu'ANIMA-Québec veut développer son mandat d'éducation et de sensibilisation auprès de la population, nous en
étions à évaluer la pertinence d'éventuellement établir un programme de
certification des lieux de garde pour essayer de pallier au fait que le permis
n'était accordé qu'aux lieux de garde qui
avaient 15 animaux adultes reproducteurs et plus. Ce
programme de certification, on le voulait qui viserait à encourager le développement des élevages ou des
lieux de garde oeuvrant non seulement selon les normes de la loi P-42, à
ce moment-là, mais aussi au-delà des standards requis. Un
tel programme, nous nous disions à l'époque, permettrait éventuellement de faire valoir aux animaleries et
à la population l'avantage d'obtenir des animaux provenant des lieux de garde certifiés bons élevages, ça fait que cela
pourrait aussi alléger le travail de la loi — c'est ce qu'on pensait à ce moment-là — en réduisant par une saine compétition les
lieux d'élevage non certifiés. C'est que, plutôt qu'avoir juste des contraventions,
on pourrait mettre des étoiles dans les cahiers pour permettre aux gens de bien
reconnaître les bons lieux d'élevage.
Ça fait que
le projet de loi n° 54 qui modifie le Code civil du Québec et édicte la
Loi sur le bien-être et la sécurité des
animaux, donc la loi P-42, en statuant que les animaux ne sont pas que des
biens mais des êtres doués de sensibilité et qu'ils ont des impératifs biologiques est un très, très grand pas vers
l'avant, et nous tenons à le souligner. Ça va définitivement dans le sens de la vision du programme de certification
des lieux de garde qu'ANIMA-Québec a mis sur pied.
J'ai la
fierté de vous annoncer que, le 10 septembre 2015, nous avons lancé
officiellement notre programme de certification,
et c'est le premier programme au Québec; non seulement au Québec, mais au
Canada. Il n'y a aucun organisme, à ce
jour, qui avait mis en place un programme de certification des lieux de garde.
Le programme d'ANIMA-Québec en est un
de certification objective et normative qui évalue par le biais de visites
régulières les lieux, les soins administrés aux animaux, l'enrichissement du milieu et la socialisation ainsi que les
interventions effectuées et déterminées selon les lignes directrices
soigneusement élaborées en regard du bien-être animal.
Dans cette
optique, et tel qu'élaboré dans notre vision de 2012, nous croyons que de
mettre nos efforts en synergie et de
lier l'octroi des permis de garde — donc, si on voit à la page 9 de notre
mémoire, chapitre III du projet de loi P-54 — au programme
de certification d'ANIMA-Québec ne pourrait qu'être bénéfique pour tous et
maximiserait l'application de cette loi à tous les niveaux. Ça fait que
notre commentaire à ce niveau-là, ça serait de lier les deux ensembles.
Si on regarde un commentaire plutôt général de
l'ensemble du projet de loi n° 54, la reconnaissance que les animaux ne
sont pas des biens mais sont des êtres doués de sensibilité et qui ont des
impératifs biologiques, comme je disais
tantôt, est un grand pas vers l'avant. Cependant, il est écrit qu'«outre les
dispositions des lois particulières qui les protègent, les dispositions
du présent code relatives aux biens leur sont néanmoins applicables». Ça fait
que notre questionnement ici est de savoir
comment la reconnaissance de la sensibilité des animaux par le Code civil
donnera une protection supplémentaire aux animaux qui ne sont pas
protégés par des lois particulières, notamment ça ne tient pas compte des chats et des chiens qui n'ont pas de
propriétaire. C'est un questionnement, ce n'est pas un commentaire négatif.
Aussi, il est
écrit : «Sont meubles les biens qui peuvent se transporter.» Ce n'est pas
très clair jusqu'à quel point la reconnaissance de la sensibilité
protégera davantage l'animal, qui peut de toute évidence se transporter. Ça
fait qu'il va y avoir des ajustements à
faire au fur et à mesure dans l'application légale de ça, j'ai l'impression. En
tant que société, nous avons reconnu
l'importance des animaux, et ce projet de loi le démontre. Encore faut-il que
cette loi soit mise en application
dans un cadre réglementaire qui va aider à la préciser et que notre société se
donne les moyens de faire respecter ses lois.
Il faut aussi
mentionner, et ça, on y tient, que la Loi sur la protection du consommateur
n'est aucunement affectée par les modifications proposées ici. Dans celle-ci,
les animaux sont encore des biens et seront encore des biens meubles, non doués de sensibilité ou d'impératifs
biologiques, si on ne s'attarde pas à venir la modifier avec le projet de loi
n° 54, qui vient déjà modifier plusieurs des lois existantes.
Dans les
commentaires spécifiques qu'on avait, on en avait un au chapitre II,
l'article 5, en fait dans le point 5, l'article 1. On voulait aider à préciser un petit peu. C'était
marqué dans la loi : «...accès à une quantité suffisante et de qualité convenable d'eau et de nourriture.» On
pense qu'on gagnerait à ajouter «d'eau potable et nourriture adaptée à son
espèce et à ses impératifs biologiques». Ça viendrait préciser un petit
peu plus que «convenable», qui peut
être interprété dans un sens très large.
Nous recommandons aussi fortement l'ajout de deux des
cinq libertés universellement admises qui sont omises dans la présente loi : être libre d'exprimer
des comportements naturels et être épargné de la peur. Je sais bien que c'est
mentionné dans la loi actuellement, dans le
projet, que c'est être épargné de la détresse, mais peur et détresse sont quand
même deux choses différentes, on tient à le souligner.
Ensuite, si on
regarde dans le cadre du permis au chapitre III, et c'est là notre grand
point qu'ANIMA-Québec veut amener aujourd'hui, c'est que la loi P-42
ainsi que l'actuel projet de loi n° 54, comme je disais tout à l'heure, prévoient un permis pour la garde des lieux qui
ont 15 chats ou chiens adultes ainsi que pour toute animalerie, refuge ou
fourrière, et ce, peu importe le nombre
d'animaux adultes. Nous recommandons deux points à cet égard : Que le
permis soit obligatoire pour tout
lieu qui garde des animaux à des fins de commerce, que ce soit la vente ou la
revente — ici on
est plus préoccupés par les chats et les
chiens, mais de tout animal de compagnie — et quel que soit le nombre d'animaux gardés. Le deuxième point, c'est qu'ANIMA-Québec
certifie présentement les lieux de garde et d'élevage, quel que soit le
nombre d'animaux gardés, nous n'avons pas de restriction de nombre ici dans
notre certification. Nous pouvons ainsi fournir
un moyen tangible et pratique aux citoyens de s'assurer que les animaux qu'ils
adoptent ont été élevés et ont été gardés
selon des hautes normes de bien-être et de sécurité. Nous recommandons donc de
lier l'octroi du permis du MAPAQ avec
la certification qualité et bien-être d'ANIMA-Québec. Ainsi, pour tout lieu de
garde et d'élevage certifié ANIMA-Québec, l'octroi du permis pourrait se faire automatiquement, en épargnant les
efforts qui sont mis à étudier le dossier du permis et à coût réduit.
Dans les autres commentaires que nous avions, il
y avait, à l'article 63 — ça revient un petit peu à la même
chose — qu'on
le définisse dans un cadre réglementaire ou qu'on l'incorpore dans le projet de
loi en tant que tel. On recommanderait
peut-être de l'incorporer, si c'est possible, dans le projet de loi en tant que
tel, mais sinon on peut aussi le définir dans un cadre réglementaire,
puis ça pourrait se lier à l'article 63, qui est le point 6°a :
«6° relativement aux permis et [...] titulaires
de permis visés au chapitre III :
«a)
déterminer les catégories de permis ainsi que les conditions et [les]
restrictions...»
Nous recommandons ici
de faire de la certification d'ANIMA-Québec une condition à l'octroi du permis.
On
tient à souligner que la hausse des amendes en cas d'infraction et la
possibilité d'une peine d'emprisonnement sont un autre aspect nettement
amélioré de la présente loi, et nous voulons le saluer.
Conclusion :
le projet de loi n° 54 est plus qu'intéressant, ANIMA-Québec l'appuie. Ce
projet de loi marque le début d'une nouvelle ère au Québec et reflète
bien la sensibilité accrue des citoyens du Québec à l'égard des mauvais traitements qui sont infligés aux animaux et qui
suscitent beaucoup d'attention du public et des médias. Nous considérons
que c'est un autre grand pas vers l'avant,
notamment en ce qui concerne le transport des animaux et l'interdiction de
faire le dressage des animaux pour le combat. À souligner également, le
fait de sortir de la loi P-42 toute la section sur la sécurité et le bien-être et d'en faire une loi particulière donne sa
pleine portée légale et reflète l'importance que notre société accorde
au fait de veiller à la sécurité et au bien-être des animaux dont nous avons la
responsabilité.
Comme
la mission d'ANIMA-Québec est de veiller à la sécurité et au bien-être, nous ne
pouvons que saluer ce projet de loi
qui permettra non seulement une plus grande sensibilisation des divers
intervenants à la condition animale, mais
qui, et cela reste à définir dans son application, devra assurer une plus
grande portée juridique aux contrevenants. ANIMA-Québec, avec son
programme de certification, fournit un moyen tangible, sûr et objectif de
s'assurer que les animaux ont été élevés ou
ont été gardés selon des hautes normes de bien-être et de sécurité. Comme je
disais tantôt, nous recommandons donc de lier l'octroi du permis du
MAPAQ avec la certification.
Et
voilà, nous vous remercions de nous avoir donné l'occasion de nous exprimer sur
ce projet de loi là. Et, si vous avez des questions...
Le Président (M.
Morin) : Merci beaucoup. Merci beaucoup, chère madame.
Maintenant, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui. Mes premiers mots sont également pour vous
remercier de la collaboration que
vous avez toujours accordée au ministère de l'Agriculture. Vous avez été le
bras agissant sur le terrain, là, ça vous donne une expérience, et on
l'apprécie. Ça renforcit davantage les commentaires que vous faites.
Vous
avez lancé tout récemment une nouvelle expérience, ça nous intéresse
grandement. De quelle façon on va pouvoir l'harmoniser avec les
dispositions de la loi qui est sous étude, là, ça reste à définir, mais je vais
vous poser la question à l'envers :
Est-ce que vous, votre code, comme tel, votre certification, vous l'avez
harmonisé avec le projet de loi qui est actuellement devant l'Assemblée
nationale?
• (10 h 10) •
Mme
de Jaham (Caroline) : En fait, quand on a écrit le programme, quand on
a commencé à écrire le programme de
certification, et ça, ça s'est fait vraiment en gestion participative,
c'est-à-dire qu'on a mis des comités
sur pied puis avec des experts du
domaine de la santé animale, des experts du bien-être, des éleveurs parmi
ceux qui faisaient les choses, tu sais... les leaders de leur industrie,
le projet de loi n'était pas... il était à l'étude, mais on n'était pas au fait
de ce qu'il y avait dans ce projet de loi là. Donc, est-ce qu'on l'a harmonisé dans le pas-à-pas du processus?
Non. Par contre, je pense qu'on avait tous les mêmes préoccupations
et, quand on lit le projet de loi, on se retrouve tous.
Ce
qu'on avait dit à l'époque, quand il
y avait eu la modification de P-42, c'était vraiment que ce qui manquait à la P-42, c'était tout
l'aspect bien-être psychologique, O.K., enrichissement du milieu,
socialisation. Tu sais, il faut se rendre
compte que les animaux de compagnie vont finir par vivre dans une famille, être
un compagnon, ce n'est pas une tranche de bacon dans une assiette, donc c'est important,
cet aspect-là, qu'ils aient grandi dans un milieu qui les adaptait bien
à vivre dans des familles.
Donc, on avait vraiment
cette préoccupation-là majeure et puis on avait la préoccupation d'aller
au-delà de la loi P-42. Ça fait qu'en ce sens on se retrouve à être harmonisés,
même si on ne l'a pas cheminé dans le quotidien, là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Dans les bonifications... Parce que je l'ai dit
en début de commission puis je le répète ce matin, là, on ne vise pas à adopter le projet de loi tel que déposé; si jamais il y a des améliorations, il y a des bonifications, elles sont bienvenues. Moi, j'en ai
retenu quelques-unes que vous avez faites. Entre autres l'obligation ou la
nécessité de modifier la Loi sur la protection du consommateur, j'aimerais vous
entendre un petit peu plus là-dessus, parce que ça a attiré mon
attention.
Mme
de Jaham (Caroline) : Bien, écoutez, à l'heure actuelle, quand on
achète un chat ou un chien d'un éleveur, c'est un petit peu considéré, dans la Loi de protection sur le
consommateur, comme un toasteur, c'est-à-dire qu'il y a une garantie de vice caché, etc. Puis là il faut se
rendre compte que c'est un animal vivant. Donc, on le sait, nous sommes du
vivant, on ne peut pas protéger contre la
maladie. Je veux dire, si on savait ça, j'aurais gagné le prix Nobel de la
santé, ainsi que vous, là, tu sais.
Bon, bref, ça fait que je n'élaborerai pas là-dessus, on peut tous comprendre
le gros bon sens, là. Ça fait que, si
on en fait... si le statut juridique de l'animal change, il va nécessairement
falloir se pencher sur la Loi de la protection
du consommateur et viser à dire que ce n'est pas un bien meuble, donc ça ne
peut pas être considéré au même titre, la protection des vices cachés
pendant x nombre de temps ne peut pas être applicable, là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Il y a un souhait d'harmonisation entre la loi
n° 54 et la Loi de protection du consommateur.
Mme
de Jaham (Caroline) : C'est parce que c'est majeur. Si je pense aux
éleveurs qui vendent leurs animaux, ils
vont devoir les élever, les garder selon ce nouveau statut juridique là, puis,
quand ils vont faire la vente, ils vont tomber sous un bien meuble. Je
veux dire, à quelque part il va y avoir un gros «clash», là, oui.
M.
Paradis (Brome-Missisquoi) :
Peut-être une question conjointe, je ne sais pas comment qu'on va diviser le
temps, là, M. le Président, mais j'ai noté la Loi de protection du consommateur
que vous nous suggérez de modifier. Est-ce
qu'il y a d'autres législations qu'il serait approprié de modifier par le
projet de loi n° 54 pour le rendre
conforme, là, aux nouvelles dispositions, à la nouvelle définition, au
nouveau statut de l'animal?
Mme de
Jaham (Caroline) : Non, pas à ma connaissance. C'était la seule qui
nous venait en tête quand on y pensait, là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
O.K., mais moi...
Mme de Jaham (Caroline) : Mais ça ne
veut pas dire qu'il n'y en a pas d'autres, là, mais...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Non,
non, mais on garde la porte ouverte. La question est posée. S'il y a des
gens qui travaillent avec vous ou que vous
connaissez qui apportent cette réponse-là, s'il vous plaît, vous l'acheminez
à la commission, puis la commission... On va lancer un appel au public.
Mme de Jaham (Caroline) : Il va
falloir faire attention. Je pense que les représentants des associations et de l'Ordre des médecins vétérinaires se sont déjà
penchés sur le problème, mais il y avait quelques articles là-dedans qui
venaient un petit peu en contradiction avec
la Loi sur les médecins vétérinaires ainsi que le code de pratique, le code de
déontologie. Ça fait qu'il va juste falloir faire attention à rester en
harmonie avec ça aussi, là, oui.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Quand
vous vous êtes prononcés sur le projet de loi n° 51, vous avez traité
du besoin psychologique de base des animaux.
Pensez-vous que le projet de loi qui est déposé, là, surtout à son
article 8, répond à cette préoccupation que vous aviez à l'époque?
Mme de
Jaham (Caroline) : Moi, quand je l'ai lu, le projet de loi n° 54,
ça restait vague, O.K., c'est-à-dire que ça l'a mis dans la loi... Puis c'est pour ça qu'on dit qu'on va avoir
besoin de le préciser dans un cadre réglementaire. Ce que nous, on a cherché à faire par le programme de
certification, où on a vraiment... et ça, c'est Dre Gagnon qui en connaît
plus les détails, mais on a vraiment
détaillé ce que ça prenait pour avoir un milieu de socialisation adéquat puis
un milieu d'enrichissement adéquat.
La loi dit que c'est nécessaire, mais, dans son application, il manque un petit
peu de viande autour de l'os, là, mettons. Il va falloir le définir, là.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : C'est
peut-être là que les éléments de certification peuvent être complémentaires.
Mme de
Jaham (Caroline) : C'est ce que je pense. Et une certification peut
mieux bouger dans le temps qu'un règlement
ou qu'une loi, et c'est là où ça devient beaucoup plus intéressant, parce qu'on
en découvre, tu sais, on s'adapte aussi en fonction de ça.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je sais
qu'il n'y en a pas d'autre au Québec comme tel. Est-ce que vous avez mentionné que la certification existe dans
d'autres juridictions au Canada, à votre connaissance, ou dans d'autres
juridictions aux États-Unis, là, dans le territoire qui est plus proche
de chez nous?
Mme Gagnon
(Marie-Claude) : En fait, au
Canada, il n'y aurait pas de programme de certification. Actuellement,
là, nous avons le programme de certification qui existe, au Québec, au Canada.
Pour ce qui
est des États-Unis, il existe... j'ai vu, il y avait quelques certifications,
mais je ne pourrais pas dire aussi développées que celle qu'a développée
ANIMA-Québec...
Mme de Jaham (Caroline) : Aussi
rigoureuses.
Mme Gagnon (Marie-Claude) : ...aussi
rigoureuses.
Mme de
Jaham (Caroline) : On est quand même forts de nos neuf ans
d'inspection avec un mandat légal, là, on a quand même développé un
programme qui est très solide, là.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Vous
avez écouté, là, d'autres qui sont venus témoigner, là, devant la commission, on part de tellement loin! Si on
progresse aussi loin que vous le souhaitez en très peu de temps, est-ce que
votre connaissance du milieu, là, du terrain peut nous assurer que les gens
vont suivre, là? Parce que, quand une loi...
Mme de
Jaham (Caroline) : Le public va suivre. Ça, c'est une chose. Les
citoyens sont prêts et ils sont prêts à avoir un outil pour... Je pense qu'ils veulent faire des bons choix, des
choix éclairés, parce qu'ils en souffrent. C'est à deux niveaux : on veut travailler pour le
bien-être animal, mais on veut aussi travailler à avoir un animal de compagnie
qui est adéquat pour notre famille. Puis,
quand ils sont élevés dans des mauvais lieux de garde, c'est bien de valeur,
ils partent avec toutes sortes de
vices cachés, justement, entre guillemets, là, mais ils partent avec toutes
sortes de problèmes de santé, tu
sais, ça fait que c'est dans leur intérêt à eux aussi, tu sais. C'est un petit
peu... Comme je dis tout le temps, là, tu
sais, quand vous achetez des oeufs biologiques, là, est-ce que vous avez visité
le poulailler? Non, tu sais, vous vous attendez à ce qu'un organisme ait mis un sceau de
certification comme quoi c'est biologique. Bien, c'est la même chose
pour la certification.
Ça fait que
le public est définitivement prêt à avoir cet outil-là, et je pense que les
lieux de garde et les éleveurs vont
suivre. À date, l'engouement est là, ça, c'est sûr, il y a beaucoup plus... Le
vidéoclip qu'on a lancé... la publicité-clip qu'on a lancée le 10 septembre, jeudi dernier, a été vue plus que
25 000 fois, on a une portée de 70 000 personnes, à l'heure
actuelle, en quelques jours, là. Les gens sont prêts, là.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Le coût...
Je vais être très pratico-pratique, là. Sur le plan philosophique, ça va
bien, je suis puis j'essaie de vous suivre,
parce que vous allez vite et loin. Sur le plan des coûts comme tels, la
certification, ça s'évalue... ça coûte combien?
Mme de
Jaham (Caroline) : ...si on veut le relativiser, ça va coûter environ...
entre 400 $ et 500 $ pour la première année, bon, les frais d'ouverture de dossier, les frais de la première
visite. Bon, si on cumule tout ça, là, pour la première année de certification, c'est entre 400 $,
500 $. Ça revient à, grosso modo, entre un quart et un demi du prix d'un
seul animal vendu dans une année, et les frais de renouvellement sont
moitié moindres.
Donc, on a
essayé de le rendre... on a vraiment tenté de le rendre le plus abordable
possible. C'est sûr que c'est un coût supplémentaire qui se rajoute sur
les éleveurs, mais, quand on relativise tout ça, ce n'est pas énorme, ce n'est
vraiment pas énorme.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Merci. Ça va.
Le Président (M. Morin) :
Est-ce qu'il y a d'autres... Oui, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Chevarie : Oui, merci. D'abord,
merci pour votre présentation.
Dans votre
mémoire, vous parlez... vous recommandez, entre autres, d'ajouter deux des cinq
libertés universelles admises :
être libre d'exprimer ses comportements naturels, puis l'autre, c'est d'être
épargné de la peur. Vous mentionnez également qu'à l'intérieur du projet
de loi on parle de détresse, on parle de... exactement, de détresse, d'anxiété.
Pour nous
instruire davantage un petit peu, est-ce que vous pourriez nous donner votre
définition et les nuances qui sont apportées par rapport aux deux
éléments?
Le Président (M. Morin) :
Oui. Mme Gagnon, c'est ça?
Mme Gagnon
(Marie-Claude) : Oui. En
fait, la peur et la détresse, c'est deux choses complètement différentes
dans le sens que l'animal va vivre la peur...
Une peur, c'est un ressentiment qui est à bas bruit, qui... c'est un animal qui
va développer un stress, qui va développer
une anxiété. Une détresse, c'est une souffrance qui est immédiate, qui est là,
et ça demande d'agir, il y a une
action qui doit être faite face à une détresse. Une peur, c'est un bas bruit,
c'est quotidien. C'est un malaise, finalement, qui est là en tout temps,
une peur.
M. Chevarie : C'est beau. Merci.
Le Président (M. Morin) : Ça
va? M. le député de Berthier, à votre tour.
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. Alors, bonjour, mesdames.
Effectivement, bravo pour le travail que vous avez fait. Et ça, je pense que ça s'applique à toutes les personnes,
jusqu'à maintenant, qu'on a pu rencontrer en commission ou autrement, par le biais des mémoires qui ont
été déposés mais qui... des gens qui ne viendront pas nécessairement nous
rencontrer. Mais c'est fort instructif.
Je vous amènerais peut-être... Quand on
dit : «Les animaux ne sont pas des biens. Ils sont des êtres doués de
sensibilité et ils ont des impératifs biologiques», la fameuse définition qui
semble plaire à tout le monde mais qui en même
temps semble poser certains défis ou à tout le moins n'est pas... C'est parce
que la plupart nous disent : Bon, bien là on va pouvoir faire un
pas de plus. Ce serait quoi, le pas de plus qu'on devrait faire pour... Parce
que certains nous ont dit que c'est
symbolique, et on le retrouve dans plusieurs autres mémoires aussi, là, où on
dit que c'est symbolique, mais c'est
une symbolique que personne ne veut soustraire au projet de loi, c'est ce que
je comprends. Alors, ce serait quoi, le pas qui manquerait pour
finalement obtenir... Oui, allez-y.
• (10 h 20) •
Mme de Jaham (Caroline) : ...la
précision. En fait, c'est ça, moi, je pense que c'est plus que symbolique, là. Le pas qu'on fait, qu'on traverse, à l'heure
actuelle, on change le statut. Je veux dire, combien de fois on s'est butés à
différentes contraintes liées au statut de
bien meuble des animaux? Je pourrais nommer des dizaines d'exemples en ce
sens-là. Ça fait que de changer ça est beaucoup plus que symbolique et va avoir
une action quotidienne.
Maintenant,
si on ne veut pas laisser la jurisprudence définir c'est quoi, parce que c'est quand même
flou, je veux dire, vous le dites, on
le dit, etc., si on ne veut pas laisser de la jurisprudence nous définir c'est
quoi, il va falloir se doter d'un
cadre plus précis, réglementaire, il va falloir cheminer là-dedans,
O.K.? Je pense que... Et vous, vous avez la bonne question,
et moi, je n'ai pas la bonne réponse. Et on se pose les mêmes questions.
C'est de rester vigilant là-dedans puis de le
développer au fur et à mesure qu'on avance mais de ne pas attendre 10 ans avant
de développer des cadres réglementaires précis là-dedans.
M.
Villeneuve : D'accord.
Vous proposez que votre certification puisse être, en tout cas, en amont, si on veut, du processus d'autorisation d'un permis,
c'est ce que vous proposez. Et on voit aussi qu'il y a cette préoccupation-là d'émettre un permis... c'est-à-dire d'aller voir, que le ministère puisse aller voir sur les lieux avant d'émettre
un permis, et non pas recevoir une
demande de permis sans aller sur les lieux et après ça autoriser un permis sans
possiblement avoir jamais été sur les
lieux. Votre proposition ferait en
sorte qu'il y aurait assurément de
votre part une visite, j'imagine, des lieux, une rencontre avec les
demandeurs ou, bon...
Mme de
Jaham (Caroline) : Il y a toujours... Toujours, oui. Plus qu'une visite. C'est que, tu sais, c'est vraiment...
M.
Villeneuve : Bien,
j'aimerais vous entendre, j'aimerais ça que vous élaboriez un petit peu plus. Et, selon vous, cette
certification-là permettrait d'éviter, justement... à
tout le moins de ne pas faire en sorte que le ministère aille sur les lieux comme c'est demandé
par d'autres groupes?
Mme de
Jaham (Caroline) : Oui.
Avant de laisser Dre Gagnon répondre à la question sur les visites,
parce qu'elle est plus au fait du
programme de... elle connaît beaucoup plus les détails, je vais vous répondre sur un état de
fait qui existe à l'heure actuelle, une perception du permis.
Il y a une
grande confusion, à l'heure actuelle, sur la perception du permis, que ce soit
au niveau du public, des éleveurs,
des gens qui sont visés par le permis, puis je vous dirais qu'il y a plus de
gens parmi les éleveurs qui essaient de passer en dessous du permis que
d'essayer d'aller chercher un permis, à l'heure actuelle. Ça fait qu'ils...
M. Villeneuve : De quelle
façon ils font ça?
Mme de Jaham (Caroline) : Bien, ils
se maintiennent avec en dessous de 15 animaux reproducteurs, c'est...
M. Villeneuve : Ou ils ont
deux installations...
Mme de
Jaham (Caroline) : Deux
installations. Je veux dire, tous les trucs, là, nommez-les, là, ils sont tous
là, là. Ça fait que c'est pour ça qu'il n'y a pas tant de permis que ça
qui ont été émis à ce jour.
Mais la perception est très confuse là-dedans,
sur la perception du permis, parce qu'il existe des permis d'exploitation, vous avez besoin d'un permis pour
aller vendre de la crème glacée sur le bord de la rue, puis il existe des
permis qui donnent une conformité, O.K.? Ce
permis-là n'est comme ni dans l'un ni dans l'autre, ça fait que je pense
qu'il est vraiment pris de manière confuse. Ça fait qu'il y en a qui
affichent leur permis en disant : Je suis conforme, puis il y en a d'autres qui affichent le permis en
disant : J'ai un droit d'exploitation. Le public ne sait pas comment le
percevoir, là-dedans.
Ça fait que,
moi, ce que j'ai peur, c'est que, s'il n'est pas lié à une certaine forme de
certification qui assure, qui garantit
une conformité ou si le ministère ne se dote pas d'un processus,
qui va être excessivement coûteux, là, de visite de tous les lieux d'élevage à qui on accorde un permis ainsi que d'étude
de dossier... Ce n'est pas juste la visite, là, il y a l'étude de dossier, il faut faire des normes, il
faut faire des questionnaires, des formulaires, enfin, etc. Si on ne fait pas
ça puis qu'on fait vivre les deux de manière
séparée, je veux dire, on va juste confondre le public, au bout de la ligne, là,
parce qu'il y a des éleveurs qui vont
dire : Bien, moi, j'ai le permis, je n'ai pas de certification, ou :
Moi, j'ai la certification, je n'ai pas le permis. Tu sais, c'est comme...
M. Villeneuve : Madame, vous
voulez ajouter quelque chose, je pense.
Le Président (M. Morin) : Mme
Gagnon.
Mme Gagnon
(Marie-Claude) : En fait,
pour parler des visites, ANIMA-Québec a composé une équipe, en fait, d'experts qui ont une très bonne connaissance du milieu de l'élevage pour aller sur place pour faire les visites d'évaluation,
puis c'est un programme qui est volontaire.
Donc, les visites, le lien entre la personne... le certifié, en fait, l'établissement certifié et ANIMA-Québec, on veut que ce soit un lien ouvert, donc un lien
qui va rester constamment ouvert entre l'organisme et l'adhérent, ce qui
fait que de façon régulière ANIMA-Québec aura accès, là, aux établissements.
M.
Villeneuve : Et peut-être
une question... peut-être qu'on le retrouve dans le mémoire, parce qu'on
l'a eu tout chaud, hein, on n'a pas
eu... on l'a lu en diagonale, c'est le cas de le dire, mais vous êtes, en
principe, spécialisés au niveau
des
chiens et des chats, c'est ça que je comprends. Le projet de loi est plus large que ça en
termes d'animaux. Est-ce que
vous vous limitez tout de même aux chiens et aux chats...
Mme de Jaham (Caroline) : Écoutez...
M.
Villeneuve : ...ou si
vous préconisez d'élargir, d'avoir un élargissement du mandat qui est le vôtre?
Et, si c'est le cas, il va y avoir tout un domaine d'expertise à
acquérir. Je voudrais vous entendre là-dessus.
Mme de
Jaham (Caroline) : Oui, effectivement. On y va par phases. Ça, c'était la phase I dans la vision
stratégique que nous avions. La phase I est devenue réalité aujourd'hui,
O.K.?
Dans la phase II, on veut aller
pour les refuges, les SPA, SPCA, etc., tout ce qui est forme de refuge, pour
aller vers une certification vers ça,
les pensions, les toilettages. O.K., ça va être vraiment la phase II,
dans laquelle on va s'engager dans
quelques mois, là, O.K., commencer l'élaboration de ça et se doter des
expertises pertinentes à ce moment-là. Ça, c'est la phase II.
Dans
la phase III, c'est d'avoir les autres espèces qui sont considérées comme
animai de compagnie, et puis on a déjà des demandes en ce sens-là, parce qu'il existe très peu de chose qui est fait au niveau des autres espèces,
les lapins, les oiseaux, bon,
ce qu'on appelle les nouveaux animaux de compagnie, là, il y a
fort peu de chose qui est là à
l'heure actuelle. Ça
fait que les gens nous le demandent.
Puis je ne parle pas du public. Les gens qui en élèvent, O.K.,
les gens qui en font commerce, de ça, nous le demandent, d'arriver avec
une forme de certification là-dedans.
M.
Villeneuve : Comment
le consommateur va... Parce qu'imaginons, c'est correct, hein, imaginons,
imaginons que vous avez un mandat
élargi, imaginons que les SPA, SPCA... et imaginons aussi que
d'autres endroits du Québec... — le
Québec est un territoire très vaste, et les organismes ne sont pas toujours présents dans certaines parties
du territoire — que
le ministre, parce qu'on sait qu'il peut
nommer, bon... donc qu'il pourrait y avoir d'autres organismes qui, eux aussi,
pourraient être les yeux et les
oreilles du ministre... Et ça, on verra, on essaiera de comprendre aussi
comment tout ça va se déployer au
final, parce que... comment le ministère va réussir à garder un oeil sur ce qui
se passe, s'assurer que tout se passe bien. Et là on va... J'ai comme
l'impression qu'il y a un risque, je ne dis pas que ça va être ça, mais il y a
un risque de multiplication des acteurs. Est-ce que ça ne peut pas créer une confusion,
à la limite, si...
Mme
de Jaham (Caroline) : Je ne
crois pas, je ne crois pas. Ce n'est pas donné à tout le monde d'élaborer un
tel programme de certification, je vous le dis, là, c'est...
M. Villeneuve :
O.K. Bien, pas nécessairement sur la certification, mais, oui, allez-y.
Mme
de Jaham (Caroline) : Oui, O.K. Bien, plus «at large», ce n'est
vraiment pas donné à tout le monde, puis c'est l'aboutissement de deux ans de travail, et c'est des centaines, et
des centaines, et des centaines d'heures bénévoles qui ont été mises là-dedans de la part de dizaines
de personnes du milieu, O.K., des intervenants qualifiés là-dedans. Ça
fait que, un, ce n'est pas donné à tout le monde.
Deux,
dans la structure qu'on s'est donnée de l'application de ce programme-là, on a
des conseillers dans toutes les
régions géographiques. Ça fait qu'on fonctionne sur une base de région. Nous
n'avons pas d'employé permanent lié à un
lieu géographique, on a des conseillers qui sont occasionnels, qui ont eu la
formation adéquate, qui sont accompagnés là-dedans et puis... un petit peu comme fonctionne, là, le programme
pour les animaux de laboratoire au niveau canadien. C'est exactement ça.
C'est un programme qui fonctionne super bien pour tous les animaux qui sont en
recherche, les certifications pour les
bonnes normes de pratique là-dedans. En fait, c'est exactement sur ce modèle-là
qu'on s'est basés.
Ça
fait que je ne crois pas... Bon, peut-être que vous parliez de d'autres
multiplications d'acteurs à différents niveaux. Pour ce qui est de la couverture du territoire géographique, je n'ai pas
de crainte à ce niveau-là. On pourrait aller pancanadien que ce ne
serait pas un problème.
M. Villeneuve :
O.K. Bon, donc, on vient de vous entendre sur l'équipe que vous aviez, qui
couvrait non pas physiquement, mais, bon,
avec les moyens qu'on a aujourd'hui, on peut faire autrement qu'être sur le
lieu pour pouvoir avoir...
Mme
de Jaham (Caroline) : Bien, en fait, ils vont y aller physiquement,
parce qu'ils sont dans les diverses régions géographiques du Québec,
oui.
M. Villeneuve :
Oui, éventuellement. Éventuellement, je comprends, éventuellement.
Mme de Jaham
(Caroline) : On les a choisis habitant dans des régions... Oui.
M.
Villeneuve : Ça
m'amène à vous parler des ressources. Certaines personnes considèrent que présentement le MAPAQ n'a pas de
ressources suffisantes pour faire le travail déjà existant, et là le projet de loi n° 54 va amener... et on a des demandes de plusieurs groupes pour ajouter
des choses déjà au 54 qui vont demander des ressources
supplémentaires. J'aimerais vous
entendre sur les ressources actuelles pour faire respecter les lois actuelles et les ressources qui nécessairement devront s'additionner pour pouvoir aller de
l'avant vers la mise en place du projet
de loi n° 54, s'il est
adopté tel quel.
Mme
de Jaham (Caroline) : Je
crois que, dans l'état actuel du projet
de loi n° 54, s'il est adopté
tel quel, il ne demandera pas énormément
de ressources, je ne crois pas, parce
qu'à part un enrichissement du milieu qui n'est comme pas... qui ne demande pas énormément de
ressources, qui est surtout les ressources de la part des éleveurs... Comme il
est présentement, ça reprend la loi
P-42. Ça en fait une loi à part entière, mais la loi reste telle quelle, à
part, je vous dis, ce point-là sur
l'enrichissement du milieu puis la socialisation, qui ne demandera pas beaucoup
plus de ressources qu'il y en a actuellement,
ce n'est pas énormément de dépenses. Ça fait que moi, je ne le vois pas, là,
pour être sincère. Peut-être que je suis néophyte là-dedans, mais,
l'augmentation des ressources au niveau du MAPAQ, je ne la vois pas, là.
Maintenant, c'est sûr qu'au fur et à mesure
qu'on va définir un cadre réglementaire plus précis c'est là où il va y avoir... Tu sais, ça va-tu demander plus
d'inspecteurs sur le terrain pour appliquer cette loi-là? Mais je pense que
le cadre réglementaire
ne change pas sur l'application, les normes, les guides des bonnes pratiques
pour les lieux de garde, donc... Si on ajoute des choses, oui, évidemment,
ça ouvre la porte, oui.
M. Villeneuve : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Morin) :
Merci. Il vous restait 25 secondes. Mme la députée de Mirabel.
Mme D'Amours : Merci, M. le
Président. Bonjour, mesdames.
Une voix : Bonjour.
Mme
D'Amours : Vous avez chiffré
puis évalué votre programme de certification à 500 $, première année, et moins les
autres années. Est-ce que vous avez fait le travail de voir est-ce que ça, ça
va couvrir tous les frais de cette certification-là?
Mme de
Jaham (Caroline) : Écoutez, moi, je roule une entreprise de
225 employés, là; les budgets, je connais ça. Oui, dans le... Et puis un budget, comme je dis tout le temps, ça se
modifie au fur et à mesure qu'on rentre là-dedans, là, aussi, là, ce
n'est pas coulé pour les trois prochaines années, mais ce qu'on voit, c'est
qu'on atteint... on arrive à autonomie
financière l'année 3, dans ça, si on remplit nos objectifs stratégiques.
C'est sûr qu'on roule à perte pour l'année 1 puis l'année 2. Par contre, on a les fonds
suffisants à l'heure actuelle, on s'est bâti un petit coussin budgétaire pour
pouvoir absorber ces pertes-là de la phase de démarrage en tant que
telle, là.
Mme D'Amours : Votre programme de
certification, est-ce que vous l'avez évalué au niveau des entreprises agricoles qui ont des parcs d'engraissement pour
les animaux, bon, des certifications qu'eux ont déjà pour leur mise en marché? Est-ce
que vous avez regardé si votre programme
d'évaluation pouvait être en harmonie avec leurs programmes déjà existants? Est-ce qu'il y
aurait une bonification qui pourrait se faire?
• (10 h 30) •
Mme de
Jaham (Caroline) : On n'a
pas du tout été là-dedans, non. C'est une avenue intéressante, puis on n'a jamais voulu se limiter simplement aux animaux de
compagnie. En fait, sur notre conseil d'administration, on a une représentante de la Fédération équestre du Québec, qui ont, eux, un programme
de certification pour les chevaux, ça fait qu'on a aussi travaillé de concert avec eux pour élaborer le nôtre,
bénéficier de leurs expertises, leurs erreurs de début, etc. Ça fait que
je vous dirais que notre programme s'harmonise avec le programme qui existe, de
la Fédération équestre, mais on n'a pas du tout regardé au niveau des animaux
de production, non.
Mme
D'Amours : Pensez-vous que
ce serait une alternative pour que dans l'ensemble du Québec
on ait tous le même programme? Est-ce que vous pensez que ce serait
bien?
Mme de Jaham (Caroline) : Ce serait certainement
quelque chose à regarder, oui.
Mme
D'Amours : Vous dites que...
Dans votre mémoire, là, vous parlez que... «Nous recommandons donc — à
la page 10 de votre mémoire — de
remplacer la phrase ci-haut par : "La perte de sensibilité doit être atteinte en minimisant
le stress et la douleur chez
l'animal."» Et vous dites que «nous recommandons d'ajouter que
l'euthanasie doit être pratiquée par
un médecin vétérinaire et sous la surveillance de celui-ci». Mais vous ne
parlez pas des lieux. Est-ce que... Parce qu'hier il y avait une dame qui nous a mentionné que, dans
un abattoir, on devrait avoir un endroit, là, une pièce où l'animal se déstresse du voyagement qu'il a vécu pour ensuite
aller, un à un, se faire abattre. Donc, c'était comme une vision qu'elle
avait, là.
Mme de
Jaham (Caroline) : Il n'y a pas toujours... Oui, je comprends votre
point puis je comprends son point à
elle. Par contre, minimiser le stress se fait de différentes manières, puis,
quand c'est... tu sais, quand il faut abattre un cheval en Abitibi qui
est blessé, on ne le mettra pas dans un lieu en particulier.
Ça fait que
restreindre ça à des lieux, je pense qu'on se restreint dans un cadre. C'est
pour ça que je dis qu'il faut que ça
reste sous la supervision... Un, c'est un acte vétérinaire, ça fait qu'on va à
l'encontre de la Loi sur les médecins vétérinaires si on le sort de là.
Ça peut être sous la supervision, ça peut être un acte indirect vétérinaire,
mais je pense qu'il faut que ce soit, tu
sais, supervisé par un vétérinaire qui va s'assurer que c'est fait dans des
conditions où le bien-être est
maximisé, le stress est minimisé. Puis ça, ça va au-delà du lieu. Je pense que
le lieu, c'est un élément, mais c'est loin d'être le seul, puis qu'il
n'est pas... ce n'est pas une contrainte non plus.
Mme
D'Amours : O.K. Quand vous dites, là, que vos permis, votre
certification, vous l'avez chiffré, c'était dans l'optique que toutes
les petites, les moyennes et les grandes entreprises adhèrent, ce serait une...
Mme de
Jaham (Caroline) : Ah! loin d'être tout. On a un objectif trois ans de
1 000 élevages, O.K., éleveurs, lieux de garde certifiés. À l'heure actuelle, puis ça, si vous avez ces
chiffres-là, ce serait le fun de nous en faire part, mais il n'y a
personne qui sait combien il y a d'élevages exactement. Chez les chats, on le
sait un petit peu plus, parce qu'il y a une
association qui est parapluie et qui regroupe la plupart des chats. Ça fait
qu'il y a à peu près 6 000 élevages de chats à l'heure actuelle au Québec,
6 000 éleveurs de chats. On estime qu'il y a 2 500 éleveurs
de chiens. Donc, on est loin d'avoir
fait tous les éleveurs quand notre objectif trois ans est d'avoir certifié
1 000, là. Il s'est adopté, en 2013, près de 800 000 animaux de compagnie dans la
seule province du Québec. Ça fait qu'il faut toujours bien les... C'est un gros
marché.
Mme
D'Amours : Oui, bien, je vous comprends parce que, dans les villes,
certaines villes, ils ont une réglementation qui dit qu'on n'a pas le
droit à plus que deux chiens, alors il y a souvent des petits éleveurs qui ont
deux chiens mais qui ont des portées et... Alors, est-ce que votre
certification pourrait être aussi... Si ces éleveurs-là voulaient être
conformes, voulaient avoir une certification, est-ce que ça se prête aussi à
ces éleveurs-là?
Mme
de Jaham (Caroline) : Oui, ça se prête autant à deux animaux
reproducteurs qu'à 200 animaux reproducteurs, il n'y a pas de
quantité minimum ou de quantité maximum, c'est simplement... La pression va
venir des gens, qui vont demander :
Est-ce que ce que je suis en train de me procurer, c'est un animal certifié?,
quel que soit le nombre de... la grosseur de l'élevage d'où il provient.
Mme
D'Amours : La grosseur de l'élevage. Parfait. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Morin) : Ça va? Est-ce que... Oui, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Avec le consentement, j'aurais une question que
je pense d'intérêt général, et profiter de... Et vous n'êtes pas obligée
d'y répondre. Vous êtes médecin...
Le Président (M.
Morin) : Est-ce qu'il y a consentement? Consentement? Oui.
Allez-y, M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : O.K. Vous êtes médecin vétérinaire?
Mme de Jaham
(Caroline) : Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : On va tenter de profiter de votre présence, comme
tel. Hier, on a eu beaucoup de discussions sur les abattages et on est
allés jusque dans les abattages rituels, là, halals, cashers, etc. Vous avez
pris connaissance de l'article 12 du projet de loi. Est-ce que cet
article-là balise suffisamment ce type d'abattage?
Mme
de Jaham (Caroline) : Je ne
me souviens pas par coeur de l'article 12, ça fait que vous m'excuserez, je
vais aller le lire. Ça disait quoi, au juste, l'article 12?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je peux aller...
Mme
de Jaham (Caroline) : 8, 9, 10, 11, 12. Je l'ai. «Lorsqu'un animal est
abattu ou euthanasié, son propriétaire, la personne en ayant la garde [...] doit s'assurer que les circonstances
entourant l'acte ainsi que la méthode employée ne soient pas cruelles et qu'elles minimisent la
douleur et l'anxiété...» C'est ça, c'est ce qu'on disait dans nos commentaires.
«La méthode employée doit produire une perte de sensibilité rapide, suivie
d'une mort prompte.»
Quelle est votre
question précisément alentour de ça?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Avec la connaissance que vous avez du terrain, est-ce que les pratiques halales et cashères respectent... peuvent être
encadrées correctement par ce type de législation, par le libellé de
l'article 12?
Mme
de Jaham (Caroline) : Sans plus de réflexion autre que celle-là, genre
cinq secondes, moi, j'ai l'impression que ça encadre bien.
On
a proposé une modification du libellé. C'est sûr que la mort doit être prompte.
Une perte de sensibilité rapide, en
fait, ce qu'on disait, c'est de rajouter qu'on minimise le stress, là, les
conditions... puis ça, je pense que ce serait une bonification importante à faire. On a proposé un libellé dans ce
sens-là, là. Je pense que c'était toi qui l'avais écrit, d'ailleurs,
donc tu serais plus à même que moi de répondre.
Mme Gagnon
(Marie-Claude) : En fait, oui...
Le Président (M.
Morin) : Mme Gagnon.
Mme Gagnon (Marie-Claude) : Oui. En fait, pour ce sujet-là en particulier, le halal dans les abattoirs, l'idée,
c'est vraiment que l'animal perde la
sensibilité rapidement, hein, donc c'est dans cette optique-là. Donc, je pense
qu'il faut garder... sans avoir
développé, là, il faut garder en tête qu'effectivement, si l'animal perd la
sensibilité rapidement... mais tout en minimisant le stress et la
douleur, je pense qu'on est en mesure de circonscrire.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Merci beaucoup.
Le
Président (M. Morin) : Donc, ça va? Merci beaucoup de votre
présentation, vous avez suscité beaucoup de questionnements. Merci. Bon
retour à la maison.
Je suspends quelques instants pour recevoir le
prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 37)
(Reprise à 10 h 39)
Le
Président (M. Morin) :
Nous reprenons nos travaux en recevant l'Association québécoise des SPA et des
SPCA. Donc, mesdames, si vous voulez bien vous présenter.
Association québécoise
des SPA et SPCA (AQSS)
Mme Jodoin
(Emmanuelle) : Bonjour. Je
suis Emmanuelle Jodoin, directrice du développement à la SPA de
l'Estrie. Ma collègue, Alanna Devine, directrice de la défense des animaux et
juriste à la SPCA de Montréal. On est ici pour représenter l'AQSS,
l'Association québécoise des SPA et SPCA.
Alors, je
vais faire la présentation une dizaine de minutes, et ensuite ma collègue
pourra répondre à toutes vos questions.
Le Président (M. Morin) :
Oui, voilà, vous avez tout compris.
• (10 h 40) •
Mme Jodoin
(Emmanuelle) : Tant mieux. C'est bon. D'abord, je tiens vraiment à
vous remercier de donner la chance à
l'AQSS de faire ses commentaires sur le projet de loi n° 54. Vous le
devinez, c'est un projet de loi qui est vraiment d'une très grande
importance pour les SPA et les SPCA.
Un mot rapide au sujet de l'AQSS — je
vais essayer de changer de diapositive, voilà. Alors, l'AQSS regroupe 10 refuges pour animaux du Québec,
des refuges qui sont présents dans plus de 120 municipalités
du Québec, dont Montréal, Québec, Sherbrooke, Trois-Rivières; des refuges qui desservent au total 2,1 millions d'habitants et qui, parmi tous leurs employés, comptent plus de
30 employés qui sont accrédités pour appliquer la législation provinciale,
donc c'est une présence très importante
sur le terrain. Mais aussi l'AQSS a été très engagée dans tous les travaux en
lien avec la loi P-42 et ses règlements depuis plusieurs années.
L'AQSS est vraiment
très heureuse de toutes les avancées pour les animaux que contient le projet de loi n° 54. Plusieurs demandes, d'ailleurs, qu'on avait
déposées ici même en 2012 dans le cadre du projet de loi n° 51 ont été
entendues, et, pour nous, c'est
extrêmement positif. Ce sont des avancées qui sont nécessaires, on a besoin de
ces outils-là pour aider les animaux sur le terrain, donc vraiment c'est
très important qu'elles soient préservées.
Par contre,
on a aussi quelques suggestions parce que, pour nous, le projet de loi
n° 54, c'est aussi un projet de loi
qui a un grand potentiel d'aller, dans certains domaines, un peu plus loin, et
on vous présentera, au fil de l'exposé, quelques suggestions de
bonification à ce niveau-là. Donc, par un survol rapide de cinq enjeux qui
sont, pour nous, particulièrement
stratégiques, je vais donc essayer rapidement de mettre en évidence les aspects
très importants et très positifs de la loi et certaines suggestions
d'amélioration.
Donc, premier
enjeu d'une grande importance pour les SPA et SPCA, membres de l'AQSS :
l'enrichissement environnemental. Le
fait de reconnaître dans la loi les besoins de stimulation, de socialisation et
d'enrichissement pour les chiens, les
chats, les équidés, pour l'AQSS, c'est une avancée majeure, c'est vraiment très
important. On l'avait souligné dans le passé, on est très heureux que ça
ait été entendu. En fait, l'ensemble des experts en comportement animal considèrent que le bien-être des animaux a une
dimension physique mais aussi psychologique et que le caractère stimulant
de leur environnement, leur capacité
d'exprimer des comportements naturels, c'est des critères essentiels à leur
bien-être. Sur la photo, rapidement,
on voit des animaux qui sont visiblement privés de toute forme d'enrichissement
environnemental. Je crois que c'est
évident qu'on ne peut pas parler de bien-être dans une situation comme
celle-là, d'où l'importance du nouvel article à ce niveau-là.
Deuxième
enjeu très important pour les SPA et SPCA, membres de l'AQSS : sans
surprise, les lieux d'élevage de
chiens et de chats. Je vais proposer trois éléments dans ce thème-là qui
seraient peut-être des pistes de bonification à la nouvelle loi.
D'abord,
premier élément, je vous montre sur l'image la page d'accueil d'un lieu
d'élevage, Les chiens du Ô Ranch, un
lieu d'élevage de chiens. Je pense que vous avez déjà remarqué qu'ils affichent
leur numéro de permis du MAPAQ en lettres rouges. On comprend très bien
l'intérêt commercial d'afficher cette information sur la page d'accueil du site Web, on comprend aussi que le citoyen qui
veut adopter ou acheter un chien qui visite le site va considérer que cet
endroit-là est conforme à la législation.
Par contre, si on visite aussi le site Web du MAPAQ, on réalise que c'est un
endroit qui a eu, dans le passé, des
constats d'infraction. Alors, en fait, c'est un cas de figure que j'utilise
pour illustrer le fait qu'un permis
du MAPAQ donne de la crédibilité aux gens qui l'ont, et peu importe,
finalement, le niveau de conformité à la loi que ces gens-là démontrent.
Depuis
longtemps, l'AQSS demande que les permis du MAPAQ soient émis seulement
lorsqu'une inspection préalable a été
effectuée et a démontré que le demandeur est conforme à la législation. Pour le
moment, ce n'est pas le cas, alors, malheureusement, même, à la limite,
une véritable usine à chiens peut avoir un permis du MAPAQ, et ça crée beaucoup de confusion auprès du public. Si ce
n'était pas possible d'adhérer à cette suggestion-là, nous, on suggère qu'on
pourrait nommer
autrement le système pour diminuer la confusion, peut-être parler d'un système
d'enregistrement, parce qu'actuellement c'est une situation qui est
problématique.
Deuxième
élément en lien avec les lieux d'élevage de chiens et de chats, on réitère la
suggestion qu'on avait faite en 2012
d'instaurer une limite du nombre de chiens et de chats reproducteurs gardés
dans un lieu pour faire en sorte que les élevages du Québec demeurent de
dimensions raisonnables. Sur le terrain on le voit, dans la littérature c'est
aussi démontré, il y a une corrélation
négative entre la taille des lieux d'élevage et la qualité des soins qui sont
prodigués aux animaux. C'est très
logique, quand on y pense, que les risques de négligence augmentent dans des
élevages à grande échelle, qui sont
très souvent surpeuplés. Je vous montre très rapidement ici une image de la
saisie d'une installation d'élevage à
grande échelle qui a eu lieu à Bonsecours en mai 2014. Il y avait
220 chiens gardés dans cette grange que vous voyez au fond de
l'écran, dont plusieurs femelles gestantes. C'est un cas qui est toujours
devant les tribunaux. Ça illustre l'importance...
ou en fait le risque qui s'avère au
moment où les élevages sont d'une
dimension, je dirais, déraisonnable, donc des risques en termes de
négligence.
Je parlais des élevages à grande échelle; il y a
aussi une problématique au niveau des petits et des moyens élevages. Actuellement, quelqu'un qui a 14 chiens reproducteurs n'a pas à
obtenir de permis du MAPAQ. Donc, souvent, sur les petites annonces, les productions de ces lieux d'élevage là sont
écoulées, des dizaines et des dizaines de chiots par année, dans le cas
de quelqu'un qui a 14 chiens reproducteurs. C'est une faille dans le système.
L'AQSS propose deux éléments : diminuer
à 10 le nombre de chiens ou de chats reproducteurs à partir duquel un permis
devrait être obtenu et exiger l'enregistrement de tous les lieux d'élevage, même ceux qui n'ont pas de permis, qui ont une activité
commerciale, pour avoir un numéro d'enregistrement, pouvoir avoir une
traçabilité des animaux qui sont vendus au Québec.
Troisième enjeu très important... J'imagine que
le temps s'écoule, je vais aller... Il reste quatre minutes?
Le Président (M. Morin) : Trois.
Mme Jodoin
(Emmanuelle) : Trois? Je vais aller rapidement. Donc, on voulait
souligner qu'on appuie la décision d'exiger des permis pour les lieux
d'élevage de renard roux et de vison d'Amérique. Je vous montre rapidement des images de l'enquête criminelle de la SPCA de
Montréal chez un éleveur, Visons J.N.J., un éleveur d'animaux à fourrure
de la Montérégie. C'est un éleveur qui est
accusé de cruauté et de négligence envers les animaux. Donc, ça illustre le
besoin criant de plus de contrôle pour cette industrie-là.
Quatrième
enjeu. J'ai parlé jusqu'ici des animaux de fourrure, les chiens, les chats,
mais ils sont loin d'être les seuls à avoir besoin d'être protégés par
la loi provinciale, on a besoin de pouvoir intervenir aussi auprès des animaux exotiques, vendus en grand nombre dans les
animaleries; même chose pour les grands animaux sauvages, exotiques dans
les zoos, dans les cirques. Selon notre
lecture de la loi, ils ne seraient pas protégés par la nouvelle loi, mais ils
sont, eux aussi, à haut risque d'être gardés dans des conditions
inacceptables.
Pour les
animaux sauvages et exotiques gardés en captivité, on est aussi un petit peu
perplexes, et on l'exprime ici, face
au fait que la loi ne reconnaît pas leurs besoins en termes d'enrichissement
environnemental comme elle le fait pour
les chats, chiens et équidés, même logique pour les animaux d'élevage. Pour nous,
c'est un fait évident que les besoins comportementaux
de tous les animaux gardés en captivité, peu importe leur espèce, sont un
critère essentiel à leur bien-être.
Dernier enjeu dont je traite aujourd'hui :
les pratiques d'élevage agricole. Donc, je souligne que l'AQSS est vraiment très heureuse que le projet de loi donne
au gouvernement le pouvoir de rendre obligatoires par règlement les
codes de pratique du Conseil national pour les soins aux animaux d'élevage et
aussi d'autres conditions pour exercer certaines
activités. On appuie sans réserve la perspective de rendre obligatoires des
normes de soins minimales pour les animaux d'élevage comme pour tous les
animaux qui sont protégés par la loi.
Enfin, je
termine avec ce sujet d'une très grande importance : la reconnaissance de
la nature sensible de l'animal. On
voit ici un cheval qui a été saisi par la SPA de l'Estrie en vertu du Code
criminel, qui a maintenant trouvé une famille. Pour l'AQSS, c'est une avancée majeure que de reconnaître la nature sensible
de l'animal, et c'est vraiment un aspect qui a le potentiel de servir de
fondement à des grands développements futurs, donc on en est très heureux.
Alors, je
vous remercie de votre écoute, mais surtout j'ai envie vraiment de vous
remercier de votre considération pour le bien-être des animaux du
Québec. Merci.
Le Président (M. Morin) :
Merci, chère Mme Jodoin. M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Merci.
Je le souligne encore une fois puis je pense qu'on va être capables de le
souligner jusqu'à la toute fin,
habituellement les commissions parlementaires sont d'une nature un peu plus
partisane que celle-ci. Celle-ci, je
pense que tout le monde a saisi que l'enjeu était sociétal, et tout le monde
collabore en posant des questions parfois
difficiles, en tentant d'orienter le débat, mais on s'en va tous et toutes dans
la même direction. Et ça, ça ne veut pas dire qu'on va arriver à la même
destination finale, mais on chemine correctement. Puis la qualité des mémoires qui nous est présentée, l'expérience
terrain d'organisations comme la vôtre facilitent énormément cette dynamique
de la commission parlementaire, ça fait qu'on vous remercie beaucoup.
Moi, je vous
remercie également de ce que vous faites sur le terrain. Sans vous, là, on
serait encore un peu plus mal pris.
Je pense que
je vous ai vues entrer dans la salle au moment où le groupe d'avant a témoigné,
comme tel. Il a été question de
certification avec le groupe qui vous a précédées. De quelle façon vous voyez
cette approche de certification?
Mme Devine (Alanna) : C'est une
excellente question.
Le Président (M. Morin) :
Oui, c'est Mme Devine, ça, Devine?
• (10 h 50) •
Mme Devine
(Alanna) : Oui. En effet,
c'est certain que, pour nous, si le programme de permis et si la loi est assez exigeant, ça devrait être assez pour que le public
puisse avoir la «confidence» dans un certain éleveur. Donc, on voit que le permis, avec une inspection au préalable,
devrait avoir en effet la réalité de dire au public qu'en effet ça, c'est un
bon éleveur, ils sont conformes aux
lois et aux règlements. Et, si ces lois et règlements
sont assez stricts, ça devrait être comme une certification, d'une
certaine manière.
Présentement, la loi prévoit seulement que les
permis sont pour 15 chats ou chiens ou plus. Nous, on fait une recommandation que les permis devraient être émis pour 10 chats ou chiens et qu'il y ait
un système d'enregistrement
pour tout endroit qui garde 10 ou moins
chats ou chiens mais qui fait des transactions commerciales. Donc, pour nous,
le programme d'ANIMA-Québec pourrait peut-être
être accouplé avec le programme d'enregistrement, mais, pour nous, si le programme de
permis est vraiment comme il devrait être, du MAPAQ, ça devrait être assez
suffisant pour que le public a la confidence
dans un certain éleveur de chats ou chiens avec 15 ou, avec notre suggestion, 10 chats ou chiens ou moins.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Présentement, on m'assure, là, qu'avant d'émettre un permis on effectue une
visite. Ce n'est pas une obligation légale, même réglementaire, c'est une
directive ministérielle.
Si ça fonctionne de cette façon-là, par
directive, est-ce que ce serait plus sécuritaire de l'insérer sur le plan
réglementaire ou législatif?
Mme Devine
(Alanna) : En effet, ça, c'est notre recommandation, on comprend très
bien, avec votre direction, que maintenant les inspections sont faites
de plus en plus au préalable, mais que ça devrait être une obligation légale
directement dans le règlement — ou dans la loi — lui-même.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça
va. Merci.
Le Président (M. Morin) : Ça
va? C'est beau. M. le député de Berthier.
M. Villeneuve : Merci, M. le
Président. Alors, bonjour, mesdames. Merci d'être ici aujourd'hui pour pouvoir
discuter de votre mémoire.
Moi, je vais
vous amener immédiatement, là... Attendez un petit peu, j'ai été pris de
court. Je ne croyais pas que le parti ministériel avait si peu de questions.
Une voix : ...
M. Villeneuve : Oui, c'est
ça, c'est clair. Ça a le mérite d'être clair, effectivement.
On parle ici, et là je cite un paragraphe de
votre mémoire : «En vertu de l'article 7, la loi écarte de son champ d'application
les activités [agricoles], d'enseignement et de recherche scientifique...» Et
plus loin vous ajoutez : «Malheureusement, à lui seul, ce critère ne peut
garantir que soit proscrite une pratique qui serait considérée comme déraisonnable, dépassée ou même
cruelle par la société québécoise d'aujourd'hui.» Hier, on a même eu quelqu'un
qui est venu nous dire qu'il ne faudrait pas juste se fier à cela mais
ajouter un processus plus rigoureux en amont.
Moi, j'ose
vous dire que je vais... M. le
ministre, je suis convaincu, aussi et
Mme la députée de Mirabel aussi, on
est appelés à aller sur les fermes, étant donné que le poste qu'on occupe, et
je peux vous dire que je n'ai pas l'impression, moi, que les agricultrices et agriculteurs du Québec sont déconnectés de ce qui se passe et
concernant le conseil national, les
normes, là, édictées, qui sont le fruit d'une expertise, le fruit d'une
pratique. Je veux vous entendre là-dessus parce que je lis un peu plus loin, le paragraphe d'en bas, vous dites :
«De nombreuses industries qui utilisent des animaux ont d'ailleurs déjà
élaboré, par le biais du Conseil national pour les soins aux animaux [...] et
en collaboration avec des vétérinaires et
des spécialistes du bien-être animal, ce genre de code de pratique.» Alors, je
veux vous entendre là-dessus. Je sens
un peu de contradiction dans votre texte, mais peut-être que c'est une mauvaise
interprétation que j'en fais. Alors, juste
vous dire qu'au quotidien on va sur les fermes, on voit les pratiques, on voit
que les agriculteurs et agricultrices du Québec, ils ont à coeur, finalement, la santé et le bien-être animal. Je
vous dirais qu'à la limite ils sont peut-être même des précurseurs dans
le domaine. Alors, j'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Devine
(Alanna) : Donc, ce qu'il
est important de se souvenir, c'est que présentement il n'y a aucune loi au niveau de la province qui rédige ou exige certaines
normes minimales sur des fermes d'élevage, des animaux d'élevage. On encadre le transport, il y a
une loi concernant le transport, l'abattage, mais, pour toute la vie de
l'animal, il n'y a rien sous
la loi qui est obligatoire. Le code national des soins aux animaux, le CNSAE,
c'est des codes qui sont construits avec l'industrie au niveau national,
c'est un processus qui est développé vraiment pour mettre en place quelles sont
les normes minimales acceptées par l'industrie mais en consensus aussi avec des
vétérinaires puis d'autres spécialistes.
Donc, pour
nous, c'est bien de dire que les éleveurs ont au coeur le bien-être
animal, mais d'avoir une lacune au
niveau de la loi, de n'avoir aucune exigence minimale sur laquelle ils peuvent
dire : Ça, c'est ce qu'on considère acceptable ou non dans notre industrie est problématique, surtout que... Étant juriste, je regarde toujours
les terminologies, comment elles
peuvent être interprétées. Le terme «généralement reconnues», c'est un terme qu'aucun juriste n'est
capable de dire c'est quelle
proportion de l'industrie qui doit utiliser cette pratique. Est-ce que c'est
trois quarts? Est-ce que c'est 50 %?
Donc, ce que nous, on
propose, c'est qu'en effet, les pratiques généralement reconnues, ce terme-là
soit défini dans la loi. Puis vous allez voir dans notre mémoire, qui est
beaucoup plus long que ce que vous avez devant vous, on fait même une suggestion de comment ça devrait être défini.
Puis, pour nous, ça devrait être défini en effet par les codes, pour commencer,
les codes de pratique CNSAE qui sont
construits par l'industrie, et, pour d'autres secteurs qui n'ont pas encore un
code, ils vont être obligés d'avoir
un code de pratique. Donc, s'ils veulent bénéficier de l'exemption, au moins
ils devraient savoir quelles sont les
pratiques que nous, dans notre industrie, on considère comme généralement
reconnues et donc acceptables.
M.
Villeneuve : Bon, bien, merci. Ça a le mérite d'être pas mal
plus clair pour moi, à tout le moins, là, parce que j'avais une
compréhension peut-être un peu différente tantôt, mais là ça va mieux.
Je vous amène, dans
ce cas-ci... Parce que je voulais commencer par cette question-là parce que je
la trouvais tellement importante, mais je
vous amène et je reviens au début, je reviens à la fameuse définition, là,
hein, l'article 1; partie I, article 1. Donc, c'est la
page 1 de votre mémoire. Vous dites qu'il y a «une différence de nature entre
les animaux et les objets inanimés», bon,
bien que symbolique... et là je fais grâce du reste, là, mais vous
rajoutez : «...malgré qu'elle n'ait pas pour effet de doter les
animaux de véritables droits.» Alors, vous croyez, l'association, vous croyez également important de limiter la portée du
deuxième alinéa, et ça, ce n'est pas... vous n'êtes pas le premier groupe qui nous soumettez cela. Vous nous dites,
finalement : Attention, il y a peut-être un risque, avec le deuxième
alinéa, de limiter la portée, et il
faudrait peut-être faire un ajustement au projet de loi actuel pour s'assurer
que tout ça est très clair. C'est ce que je comprends?
Mme Devine
(Alanna) : Oui. Donc, en effet, malheureusement, ils n'ont pas décidé
de témoigner, mais cette recommandation
vient à la suite des échanges avec la personne qui est l'expert au niveau des
droits des biens au Barreau de
Québec. Donc, c'est eux... Malheureusement, ils n'ont pas témoigné, mais cette
recommandation vient du Barreau de Québec.
Puis,
quand on regarde les articles du Code civil, j'avais quand même fait pas mal
réflexion, il n'y a pas beaucoup d'articles
qui seraient à l'encontre de l'idée qu'un animal est un être sensible, mais
j'ai été capable d'en trouver quelques-uns comme exemples. Encore c'est un exemple très précis, mais
l'article 944 du Code civil parle d'un bien confié à un tiers pour être gardé; s'il n'est pas réclamé après
90 jours de la période convenue, il est considéré oublié. Donc, si on
prend cet article-là puis on
l'applique, un chien, par exemple, gardé dans un endroit de gardiennage,
quelqu'un part en vacances puis il dit : Je vais retourner dans
cinq jours, il ne revient pas, cinq jours, six jours, sept jours, huit jours, je
pense que l'obligation, en considérant
l'être sensible et le fait que l'animal a besoin de soins, a besoin d'être tenu
d'une façon adéquate avec tous ses besoins comblés, ça ne fitte pas
exactement avec le premier alinéa.
Donc, je n'ai pas
trouvé beaucoup d'articles, mais nous croyons qu'au cas où un tribunal serait
dans une situation où il serait pris...
parce qu'on ne peut jamais prévoir c'est quoi, la jurisprudence, mais ils sont
pris avec un certain article, bien ce
serait clair de dire : Si jamais il y a une partie de l'article qui va à
l'encontre de qu'est-ce qui est en effet expliqué dans le premier alinéa, cette partie-là de l'article ne devrait
pas avoir priorité, et donc on devrait reconsidérer pour dire peut-être, dans le cadre de
l'article 944 : Les animaux sont des êtres sensibles, sont aussi,
sous certaine jurisprudence,
considérés comme des biens susceptibles de dépérissement, puis peut-être une
autre période de temps devrait être considérée avant que l'animal ne
soit considéré légalement oublié.
M.
Villeneuve : Parfait. Merci de l'explication. Et je vous amène
sur un autre terrain, votre rôle et aussi le territoire que vous couvrez
sur l'ensemble du Québec. Je posais tantôt la question à ANIMA-Québec, et ils
me disaient qu'ils couvraient, là, le territoire complet. J'aimerais savoir de
votre part, de un, quelle partie du territoire du Québec — on va
y aller plus simple — vous
ne couvrez pas.
Mme
Devine (Alanna) : C'est compliqué parce qu'en effet les membres de
l'AQSS, avec nos inspecteurs, pour l'application
de la loi P-42, premièrement, on a juste le pouvoir de l'appliquer pour les
chats et les chiens. Donc, présentement, les animaux d'élevage, les chevaux, ce n'est pas nous qui l'applique,
on n'a aucun pouvoir de l'appliquer sur
le territoire du Québec. C'est quelque
chose qu'on recommande qui devrait
changer, on est la seule province où les SPA ou SPCA sont spécifiquement nommées juste pour certaines espèces.
Donc, on aimerait bien avoir le pouvoir de l'appliquer partout, pour
toutes les espèces.
La
deuxième précision, c'est que certains de nos membres, incluant la SPCA de Montréal,
nous avons des constables spéciaux, donc, chez nous, et c'est sous moi,
c'est moi qui les dirige, j'ai des constables spéciaux qui appliquent le Code
criminel, qui appliquent à tous les animaux. Donc, ça, c'est la première chose
à comprendre.
Mais,
par rapport à la province au complet, on couvre un grand, grand territoire. Il
y a certaines villes ou petites régions
qui sont couvertes par le MAPAQ simplement parce que nous n'avons pas les
moyens, les ressources d'aller si loin. Nous, à la SPCA de Montréal, on couvre même des territoires qui sont deux
heures à l'extérieur de Montréal. Le subventionnement
qu'on reçoit du gouvernement provincial nous donne assez pour avoir un
inspecteur et demi, nous, de notre
propre financement, on a quatre inspecteurs supplémentaires, mais, pour être honnête,
pour vraiment combler les besoins d'inspection, à mon avis, j'aurais
besoin entre 15 et 20 inspecteurs, pour arriver à traiter les plaintes de
la façon qu'elles sont traitées dans les
autres provinces, donc une plainte est rentrée, quelqu'un est là la journée
après. Nous, on n'a simplement pas
les ressources pour le faire, pour le moment, n'importe où dans la province où
l'AQSS a des inspecteurs.
• (11 heures) •
M.
Villeneuve : Oui, j'ai l'impression que ça va être le nerf de
la guerre éventuellement, ça va être de s'assurer que les ressources sont suffisantes pour justement
faire le travail et s'assurer que le projet de loi n° 54, dans la mesure
où à terme il serait adopté, puisse finalement porter les fruits qui sont les
siens.
Je vous amène sur une autre question.
Vous dites... à la page 3 vous parlez des... «...les liens entre le milieu
des animaleries et celui des usines à chiots et chatons sont de
notoriété publique.» Selon vous, est-ce que le projet de loi, actuellement, permet de s'assurer que, lorsque je
vais dans une animalerie, j'achète un chat ou un chien... Je ne sais pas
d'où il vient, dans le fond. La traçabilité,
mon garçon a fait l'acquisition d'un «border collie», et il a une puce, alors
on le scanne puis pouf! on sait d'où
il vient, on sait exactement, alors c'est extraordinaire. Est-ce que vous
considérez que dans le projet de loi
actuellement... Parce que vous semblez dire qu'il s'alimente beaucoup... en
tout cas il se procure beaucoup de
chats et de chiens, souvent, d'usines à chiots, probablement, potentiellement,
et là on sait qu'il faut cibler puis régler ce problème-là, les usines à chiots, il faut régler ça. Je pense que les
Québécois sont très... très horrifiés, je vous dirais, de certaines images qu'on a pu voir, là. Alors,
comment on y arrive? Est-ce que le projet de loi va permettre d'y arriver avec...
Mme Devine
(Alanna) : C'est une bonne question.
M.
Villeneuve : Si on encourage l'achat, puis la provenance est
douteuse, dans le fond, on ne règle pas la situation, au contraire on la
perpétue.
Mme
Devine (Alanna) : C'est une question très intéressante. C'est certain
que, pour nous, un premier pas en avant, c'est d'obliger au moins que les
animaleries ont un permis, c'est la première étape.
Une
question que je ne peux pas répondre sans faire un peu de recherche,
c'est : Est-ce que, par exemple, on pourrait demander au
gouvernement provincial d'interdire les chats et les chiens dans les animaleries?
Ça, je ne sais pas si ça provient, sans faire la recherche, de la juridiction
provinciale ou municipale.
Présentement,
la SPCA de Montréal et d'autres SPCA qui sont membres de l'AQSS travaillent
pour encourager des municipalités
d'adopter des règlements soit qui interdisent la vente des chats et des chiens
dans les animaleries, ou au moins
d'obliger qu'ils soient stérilisés, ou, troisièmement, essayer qu'ils
travaillent avec des partenaires en refuge pour faire l'adoption des animaux et non la vente des animaux provenant des
sources inconnues. Est-ce que le projet de loi va régler la situation au complet? Pas
nécessairement, mais, si tous les lieux avec 10 ou 15 chats et chiens et
plus sont obligés d'avoir un permis
avec inspection préalable, avec des lois très strictes, des animaleries
seraient obligées d'avoir un permis, eux aussi, c'est un pas en avant.
Une
question qui serait peut-être intéressante, c'est : Avec les pouvoirs que
le gouvernement a ou aura en vertu de
l'article 63, est-ce qu'il y a possibilité, par exemple, que le
gouvernement pourrait adopter un règlement qui exige que tous les chats et les chiens vendus en animalerie
soient stérilisés et peut-être que leur lieu de garde original soit émis sur,
en effet, l'endroit où ils sont vendus, donc la personne qui fait
l'achat de l'animal pourrait, s'il voulait faire diligence raisonnable, aller
visiter les lieux avant de faire l'achat?
Le Président (M.
Morin) : Merci, Mme Devine. Mme la députée de Mirabel, on
est rendus à vous.
Mme
D'Amours : Merci. Bonjour, mesdames. Vous considérez que le traitement
est inacceptable pour les animaux qui sont
conservés dans les zoos ou les animaux exotiques qui doivent subir les
températures que l'on vit au Québec en hiver. J'aimerais que vous
élaboriez sur ce sujet.
Mme Devine
(Alanna) : Je n'ai pas tout à fait compris la question. Pouvez-vous la
répéter?
Mme
D'Amours : Vous dites dans votre mémoire que vous considérez qu'il y a
un traitement inacceptable pour les animaux
conservés dans des zoos ou les animaux exotiques qui doivent subir les climats
du Québec. C'est en page 3 de votre mémoire.
Mme
Devine (Alanna) : Oui, mais
je ne pense pas qu'on parle spécifiquement de question de climat. C'est
certain, nous, on fait toujours référence
à la science et les experts. Vous allez recevoir bientôt, dans quelques
semaines, Dr Édouard Maccolini
puis Dre Julie Hébert qui... ce sont des experts des animaux exotiques. Il
faut comprendre que les animaux exotiques, malheureusement, sont encore
exclus de la loi — puis
j'aimerais peut-être, s'il y a une question, revenir
là-dessus, parce
que c'est un point très important — sont
exclus de la loi, ont des besoins très, très complexes, très importants, des besoins physiologiques et
psychologiques juste comme les animaux domestiqués mais même plus, parce que
ce sont de nature, la plupart, des animaux qui sont encore sauvages. Ça veut
dire que, même s'ils sont en captivité depuis
quelques générations, puis, je pense, Me Gaillard l'avait souligné hier
durant sa présentation, ce sont des animaux qui gardent encore tous
leurs besoins qu'ils auraient à la nature.
Donc,
c'est certain qu'il y a des bons zoos, il y a des pas bons zoos; on
ne peut pas dire que tous les zoos sont bons, tous les zoos sont
mauvais. Ce qu'on aimerait voir, c'est, pour comme toutes les autres espèces,
des standards minimums prévus dans un règlement
et que ces animaux-là ont aussi la protection incluse dans le projet de loi pour les animaux domestiqués, ainsi que les chats, les chiens et
les équidés.
Mme
D'Amours : O.K.
Vous pouvez continuer, si vous vouliez... Parce que vous disiez :
J'espère avoir d'autres questions. Qu'est-ce
que vous aimeriez nous dire, à la commission, qui serait important qu'on sache, qu'on n'a pas dans votre mémoire
ou...
Mme
Devine (Alanna) : Oui, mais
je pense que c'est traité dans le mémoire, mais je n'ai pas reçu une question. Donc, je vais en profiter, de
continuer.
En effet, nous, on a eu beaucoup d'expériences
avec les animaux exotiques. On ne parle pas beaucoup de ces animaux-là, mais vous allez voir, surtout dans le mémoire
de Dre Hébert et Dr Maccolini, le nombre qui sont vendus en
animalerie, en ligne, c'est un nombre énorme.
Ces animaux-là sont présentement protégés par le
Règlement sur les animaux en captivité, il y a trois articles. Présentement, la loi, comme elle est rédigée dans le projet de loi n° 54,
permet aux inspecteurs du MAPAQ d'appliquer ces règlements seulement pour des animaux exotiques ou les animaux de la
faune en captivité s'ils sont considérés comme des animaux de compagnie. La façon que je lis ou nous, on lit cet article-là,
ça va permettre seulement de protéger, premièrement, des animaux qui
sont dans des maisons d'habitations, à cause de la façon qu'«animaux de
compagnie» est défini, c'est-à-dire que les animaux dans les animaleries, les animaux dans des lieux
d'élevage, des animaux dans des zoos, des animaux dans des parcs d'amusement
ne seraient pas protégés par le MAPAQ.
Deuxièmement, les protections qui sont données dans le projet de loi, dans l'article 5 et 6, sont beaucoup plus bonifiées que les protections données à ces
animaux sous le Règlement sur les animaux en captivité. Donc, la protection
n'est pas du tout la même.
Et, troisièmement, il y a une question de...
pour les animaux qui ne seraient pas couverts, les animaux pas de compagnie dans les lieux d'élevage, animaleries.
Avec tout respect, les compétences et le personnel, si le ministère
de la Faune a les compétences ou le
personnel pour effectuer ces inspections-là... Nous, on a vécu des expériences.
On a transféré des plaintes sérieuses concernant des animaux exotiques
qui n'étaient jamais, jamais traitées.
Le
Président (M. Morin) :
Ça va? Donc, merci beaucoup, mesdames, pour votre présentation. Encore une fois, très intéressant. Merci. Bon retour à la maison.
Compte tenu que les travaux sont terminés, on va
y revenir après les affaires courantes aujourd'hui. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 9)
(Reprise à 16 h 21)
Le
Président (M. Morin) :
Bonjour, tout le monde. La commission reprend ses travaux en s'excusant,
là, pour les personnes qui sont en
attente depuis 1 h 15 min,
1 h 20 min. Je demande à toutes les personnes, naturellement,
dans la salle de vérifier vos téléphones cellulaires.
Nous allons
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 54, Loi visant l'amélioration
de la situation juridique de l'animal. Nous entendrons cet après-midi
l'Association des propriétaires du Québec, l'Association des abattoirs
avicoles du Québec et La Coop fédérée.
Donc,
immédiatement, j'invite les personnes qui sont présentes à la table de se
présenter et de nous faire l'honneur de leurs 10 minutes de
présentation.
Association des
propriétaires du Québec (APQ)
M. Messier
(Martin A.) : Merci, M. le Président. M. le ministre, Mmes et MM. les
députés, mesdames et messieurs. Mon
nom est Martin Messier, je suis président de l'Association des propriétaires du
Québec, propriétaires, donc,
d'immeubles locatifs résidentiels,
qui compte 16 000 membres,
en fait, un peu partout au Québec. Je suis accompagné de
Mme Estelle Fabre, à ma gauche, directrice des communications.
D'abord,
merci de nous accueillir pour un projet de loi qui nous interpelle sur certains
points directement et qui nous touche
moins dans l'ensemble, on entend l'ensemble de vos intervenants, mais soyez
convaincus de notre intérêt à vous
parler ce soir du logement locatif. D'abord, pour bien cadrer les choses, vous
indiquer que les prises de position de ce soir doivent prendre en considération le fait que, pour nous, l'animal
qui est dans le logement est en fait rarement la source du problème,
mais souvent, malheureusement, c'est celui qui en est responsable qui nous pose
des problèmes.
D'abord,
vous parler un petit peu de l'APQ. Donc, l'association offre des
services de formation, services juridiques, enquêtes de crédit, programmes de groupe, programmes législatifs et,
dans ce cadre-là, est appelée à répondre de façon quotidienne à plusieurs propriétaires qui sont aux
prises avec des difficultés.
Actuellement, simplement pour nous mettre en
contexte, les propriétaires ont la possibilité d'accepter ou de refuser la présence d'un animal dans le logement à
la signature du bail. C'est donc un droit qui est extrêmement important pour les propriétaires. D'abord, le type d'immeuble et
nos clientèles requièrent souvent, que ce soit pour des raisons d'allergie ou pour des raisons... des
inconvénients qui peuvent être liés avec le manque de soins aux animaux, donc
les aboiements et tout ce qui va
avec, nous demandent souvent de leur garantir qu'il n'y aura pas d'animaux à
proximité, et donc ça fait partie des
restrictions pour certains baux dans certains immeubles. Par contre,
dans plusieurs immeubles, les propriétaires vont
permettre et accepter la présence des animaux. Quand c'est le cas, le
propriétaire doit garantir la jouissance paisible du logement aux autres
locataires, et on est donc interpelés par deux aspects.
D'abord, durant le bail, donc pendant que le
locataire est présent sur les lieux, plusieurs cas d'abus qui nous interpellent, des animaux qui sont laissés seuls
durant des périodes prolongées, des animaux qui sont laissés à eux-mêmes,
que ce soit pour la journée ou même durant plusieurs semaines, qui crée des difficultés
actuellement pour leurs propriétaires, que
ce soit la capacité d'avoir accès au logement, la capacité de demeurer le
gardien de la jouissance du logement tout en ayant le respect de la vie
privée, et c'est donc dans ce contexte que, pour nous, il est souhaitable que
le propriétaire puisse, en fait, donner
accès au logement. Et vous pourrez le lire dans notre mémoire, mais une des
demandes qu'on vous fait, c'est de
nous permettre de donner accès aux agents qui seront désignés pour le respect
de la loi, sans autre formalité, pour pouvoir intervenir, ce qui n'est
pas clair actuellement, ce qui est difficile à faire. Et, dans certains cas, malheureusement, le propriétaire se retrouve face à des poursuites criminelles ou devant
à la Régie du logement, quand il
donne accès au logement ou même quand il dénonce, parce qu'évidemment
les propriétaires sont considérés comme des entreprises, et donc, au niveau de la gestion des renseignements et de l'accès au logement, il
y a des obligations
qui nous sont imposées qui peuvent
donner lieu à des poursuites. Donc, l'immunité tant pour donner accès que pour
dénoncer.
On
a également le problème de l'abandon à la fin du bail. Donc, malheureusement, on est très familiers avec cette réalité-là, les locataires qui quittent le logement en laissant à leur
départ un ou plusieurs animaux dans leur logement, et encore une fois c'est la difficulté,
donc on a des dispositions qui nous permettent de savoir quoi faire avec
des meubles qui restent dans le logement,
mais avec un animal c'est autre chose. Et on est dans la saison, au Québec,
on le sait, on est dans la saison, la frénésie du 1er juillet, où tout
le monde est extrêmement occupé, et là on manque de ressources, de
disponibilités au niveau également des municipalités ou des forces policières.
Donc, il y a vraiment une saison du 1er juillet,
là, qui nous pose problème. Donc, on accueille avec plaisir cette
responsabilisation du locataire, en mettant l'emphase sur le fait que vraiment, dans ce cas-ci, le propriétaire de l'immeuble
n'a absolument aucun contrôle, donc, au niveau de
sa capacité de gérer le dossier. Définitivement, l'intervention de personnes
autorisées à le faire et la responsabilisation vraiment du locataire
nous apparaît approprié.
Quelques
minutes pour vous sensibiliser sur un autre aspect, parce qu'évidemment on parle d'amendes, il y aurait
peut-être lieu, selon nous, de clarifier le
projet de loi à ce sujet-là, dans cet aspect-là, mais également me permettre de
vous spécifier que dans certaines provinces,
au Canada, on permet un dépôt de garantie spécifique quand il y a un animal.
Et d'ailleurs moi-même, amoureux des
animaux, quand je vais à l'hôtel avec mon petit toutou, je dois payer un dépôt
pour la chambre, hein, on me
sensibilise, avec ma carte de crédit, en ayant un dépôt spécifique pour la
chambre d'hôtel, et ça fait en sorte
certainement que l'hôtel est plus à même d'accepter le fait qu'on vienne chez
eux, avec les conditions qui s'imposent,
avec un animal. Et c'est un peu la même chose. Ce qu'on pense, c'est que le
propriétaire, s'il était en mesure de demander un dépôt de garantie
spécifique pour s'assurer qu'il a devant lui un locataire qui a à coeur son
animal et qui n'a pas peur de s'engager
quant au respect que ce soit des autres, donc les aboiements, les animaux
laissés sur les lieux ou les dommages
causés au logement... Malheureusement, dans plusieurs cas, au 1er juillet,
les dommages les plus graves qu'on
retrouve, ce sont les gens qui se retrouvent avec des dégâts causés par des
animaux, hein, que ce soit l'urine ou les murs qui sont rongés, c'est là qu'on a des dépenses importantes, et donc
certainement de nature à rassurer les propriétaires et à favoriser
l'acceptation des animaux dans les logements de permettre ce dépôt de garantie.
Donc,
écoutez, je me résume, simplement pour vous dire que, pour nous, la
sensibilisation du locataire est essentielle, permettre au propriétaire d'agir sans crainte de se faire poursuivre par
la suite, et définitivement d'axer que ce soit par les amendes mais également par éventuellement un
dépôt de garantie spécifique à la présence de l'animal sur les lieux
serait de nature à sensibiliser le locataire qu'il est responsable de son
animal.
Le Président (M.
Morin) : Merci, M. Messier. M. le ministre, faites un tri dans
vos questions, vous avez neuf minutes.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je vais faire ça vite. Première question... Merci
d'être là, premièrement. Deuxièmement, j'ai
besoin d'information sur ce qui se passe sur votre terrain, là, vous êtes un
peu partout. À votre connaissance, quelle
est la proportion des logements où les animaux sont acceptés ou, vous pouvez
répondre à l'inverse, sont refusés?
M. Messier (Martin
A.) : Probablement le tiers des logements où les animaux sont
acceptés. Ça mériterait vérification, là, mais comme ça, à la volée,
certainement le tiers.
Dans
les cas où les animaux sont refusés, comme je le disais tout à l'heure, la
clientèle le demande. Maintenant, on
a des gens d'une allergie spectaculaire, là, où les enfants ne peuvent même pas
circuler dans le même corridor qu'un animal.
Il y a vraiment une demande de la clientèle où on s'assure qu'on ne croisera
pas d'animaux, que ce soient les chiens, les chats.
Normalement, on va
interdire les serpents dans à peu près tous nos immeubles, mais sinon, pour les
chiens et les chats, il y a quand même plusieurs propriétaires qui les
acceptent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Si le législateur incorporait une obligation de
dépôt, votre proportion d'un tiers, suivant votre estimation, grimperait
à combien?
M.
Messier (Martin A.) : Évidemment, ça dépend du dépôt, parce qu'on en a
effectivement discuté, et, comme je
le disais, les dommages les plus importants sont reliés à cette gravité des
dommages qu'on constate au départ du locataire. Donc, il y a vraiment des travaux d'importance. Dans certains cas, il
faut refaire les planchers, les armoires au complet. Mais certainement
que ce serait de nature à sensibiliser. C'est souvent des gens qui ne prennent
pas soin de leur animal, tout simplement,
qui le laissent sur les lieux pendant des périodes prolongées, et ça cause des
dégâts, ou qui en ont mais en nombre... il y en a un de prévu sur le
bail, mais il y a de la population qui s'ajoute au fur et à mesure.
Mais certainement
qu'on serait en mesure de voir un accroissement radical de la présence des
animaux, de la tolérance des animaux.
M.
Paradis (Brome-Missisquoi) :
Est-ce que vous avez vérifié avec vos vis-à-vis en Ontario, qui ont une
obligation d'accepter les animaux, si
ça a causé, à travers le temps, des problèmes qui se sont retrouvés, je ne sais
pas, devant les tribunaux, insolubles, etc., ou est-ce qu'il s'agit de
problèmes à la marge?
M. Messier
(Martin A.) : Il y a vraiment des problèmes importants qui sont reliés
à l'obligation, et, pour nous, on
voit ça, évidemment, comme une obligation extrêmement difficile pour les
propriétaires d'immeuble, particulièrement dans un contexte québécois du
logement locatif, contrairement à l'Ontario, où on a très peu de ces grandes
structures multiétages, béton, donc avec un
niveau d'insonorisation particulier qui... Au Québec, on va retrouver
énormément de petits logements, de
petits propriétaires où on se voisine de façon beaucoup plus près, les uns les
autres. Et donc l'obligation d'avoir
un animal, dans le contexte actuel, je vous dirais que ce serait tout
simplement l'enfer pour les propriétaires mais aussi pour les locataires, hein, parce que, quand on a un animal qui est
laissé à lui-même, qui aboie durant toute la journée, dans un logement comme celui que je viens de vous
décrire, c'est la catastrophe, hein? C'est l'usage du logement qui est remis en question, et le propriétaire est
responsable du logement. Les délais devant la Régie du logement... Parce qu'il
y a des actions qui peuvent être
entreprises. Donc, je peux envoyer une mise en demeure à mon locataire.
Malheureusement, si déjà il est
négligent avec son animal, il y a moins de chances de trouver intérêt dans la
mise en demeure que je lui ferai parvenir.
Je devrai donc me retourner devant la Régie du logement, et là les délais font
en sorte que je risque de perdre l'ensemble de mes locataires avant
d'avoir une décision qui me permet de régler le problème. Donc, vraiment, cette
obligation de recevoir un animal, pour nous, ne s'applique pas au contexte
québécois du logement.
• (16 h 30) •
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : On
vient de faire circuler, là, votre mémoire, donc je n'ai pas eu le temps de le
passer avec ma deuxième paire de lunettes,
là, mais je suis quand même intéressé par l'aspect de l'accès à nos inspecteurs
ou aux inspecteurs que l'on désigne de façon beaucoup plus aisée, à condition
qu'il y ait une immunité qui vous empêche, là... ou qui vous protège des
poursuites, là, dans ces cas-là.
M. Messier (Martin A.) :
Effectivement.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Moi,
j'aimerais peut-être — si c'est contenu dedans, ça va — si ce n'est pas contenu dedans, que
vous complémentiez cet aspect de l'information.
M. Messier
(Martin A.) : C'est contenu, mais, si vous me permettez quand même
simplement d'insister sur ce fait-là...
Donc, on le
disait, on a près de 280 000 petits propriétaires de logement au Québec,
et de prévoir... de les rassurer en
leur disant que, si quelqu'un leur présente le badge officiel, un peu comme les
policiers, ils sont en mesure d'ouvrir, puis qu'ils n'auront pas de problème, ça risque de favoriser à la fois
les appels visant à protéger les animaux contre les abus mais également
l'accès au logement. Donc, un peu comme quand un responsable des forces de
l'ordre nous dit d'ouvrir un appartement,
bien, on l'ouvre, donc, il faudrait qu'il y ait, je dirais, une instruction
claire aux propriétaires de donner accès séance tenante aux inspecteurs
qui s'identifient.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça
va, M. le Président.
Le Président (M. Morin) : Ça
va?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui.
Le Président (M. Morin) : Du
côté ministériel, c'est bien? Donc, M. le député de Berthier.
5 min 30 s.
M.
Villeneuve : Merci,
M. le Président. Encore une fois, désolé. Je sais que vous vous êtes déplacés,
et le temps qui nous était imparti a
fondu comme peau de chagrin. Mais, bon, l'important, c'est que vous
soyez là et qu'on puisse aller droit au but.
Tantôt, le ministre a abordé, je pense, le cas
de l'Alberta, où les propriétaires privés n'ont pas vraiment un mot à dire, c'est ce que j'ai cru comprendre, par
rapport au fait d'accepter ou non un animal. Au Québec, c'est très différent,
vous avez cette possibilité-là. Et, malgré...
bien je dis «malgré», là, mais vous avez donc cette possibilité-là d'accepter ou non, à moins que ce soit pour un handicap ou de
la zoothérapie, etc., et on constate que tout de même plus d'un tiers ou
un tiers des propriétaires acceptent qu'un animal puisse être accepté dans un
logement.
Ça m'amène à
vous poser la question. Lorsque... Et ça, je présume, évidemment, que vous
voulez que ça continue comme cela. C'est ce que je comprends?
M. Messier
(Martin A.) : ...c'est important pour nous qu'on puisse offrir cette
possibilité-là aux propriétaires. Dépendamment
de l'immeuble, en fait de la configuration de l'immeuble, certains
propriétaires vont avoir plus d'aisance ou de possibilité à accepter les
animaux que d'autres. Effectivement, on doit laisser ce choix-là aux
propriétaires.
M.
Villeneuve : Dans votre première recommandation, là, vous
parlez que «l'APQ juge important de convenir d'un délai maximal pour ce faire». Alors, on comprend qu'il n'y a pas de
délai maximal actuellement. Est-ce que ça a amené à des histoires un
petit peu compliquées en termes de délai, voire heures, jours, semaines?
M. Messier (Martin
A.) : Ah! extrêmement...
M. Villeneuve : Et qu'est-ce
qu'on fait? On entre... Contez-nous ça, là. Dites-nous qu'est-ce que vous
faites s'il y a, je ne sais pas, moi, un
bouledogue, par exemple... Bien, je ne veux pas nommer de race, là, en
particulier, c'est tous... moi, je
suis un amant des chiens, là, j'adore les chiens, alors... Mais, s'il y a un
chien dans l'appartement, puis, bon, vous
n'êtes pas certain, puis que, là, vous avez appelé puis qu'ils ne viennent pas,
vous faites quoi? Il mange les meubles, le tapis...
M. Messier
(Martin A.) : J'adore également les animaux, mais je peux vous dire
que parfois les gardiens des animaux...
Je disais «les maîtres» avant, mais, bon, j'ai corrigé ça. Je trouvais que
c'était un petit peu... Je ne sais pas c'est quoi, le vocable que vous
utilisez, mais disons le responsable de l'animal.
M. Villeneuve : Propriétaire,
propriétaire.
M. Messier
(Martin A.) : Le propriétaire de l'animal. Mais, nous, vous savez
qu'on est propriétaires de logement, ça porte à confusion. Disons le
responsable de l'animal.
C'est
extrêmement difficile parce que le pouvoir d'intervention n'est pas balisé de
façon claire. Donc, on appelle les
municipalités, on va tenter d'avoir l'appui des forces de l'ordre, mais on va
nous dire de leur côté aussi : Non, on ne peut pas intervenir comme
ça.
Et donc, dans
certains cas, les propriétaires vont donner accès, ouvrir la porte, et là on
s'expose à des poursuites par la
suite. J'ai même vu des propriétaires accusés du vol de l'animal, qui avait été
abandonné pendant deux semaines dans
le logement, qu'on voulait tout simplement nourrir, et puis on a contacté les
forces de l'ordre. Mais le propriétaire a pris les choses en main, je
dirais, le coeur à la main, et il s'est fait poursuivre, donc...
M.
Villeneuve : Donc, pour le bien-être de l'animal, il a cru bon
d'intervenir, et mal lui en prit. Alors, la loi du bon samaritain, dans
ce cas-ci, ne s'est pas appliquée.
M. Messier
(Martin A.) : Ça a été compliqué, disons, effectivement. Et faire face
à des procédures judiciaires, peu importe le succès, aujourd'hui la
procédure elle-même est en soi une source d'inconvénients importante.
M.
Villeneuve : Bien, écoutez, suite à notre échange, j'imagine,
en tout cas, que vous souhaiteriez qu'on puisse clarifier cette
section-là, à tout le moins, là.
M.
Messier (Martin A.) : Effectivement. Qu'on puisse, comme
propriétaires, à la fois, dans la mesure où on dénonce l'animal, bénéficier d'une immunité et également
qu'on puisse donner accès séance tenante à la personne chargée... l'inspecteur
chargé de l'application de la loi. Qu'il
soit clair, là, qu'on ne puisse pas être poursuivi pour ces deux démarches-là,
en fait.
M.
Villeneuve : Si c'était possible d'avoir les éléments, là, dont
vous venez de faire état, là... Quelqu'un qui s'est fait poursuivre, il
doit y avoir des traces de cela sur le plan juridique.
M. Messier (Martin A.) :
Certainement.
M.
Villeneuve : Parce que le ministre nous a bien dit qu'il était
à l'écoute, et que son projet de loi, c'était un projet de loi, et qu'il était prêt à le bonifier. Et moi,
j'écoute votre histoire. Bien, si j'avais les éléments pour la valider, pas que
je ne vous crois pas, là, mais, si j'avais
les éléments pour la valider, bien je pense qu'avec le ministre on pourrait
peut-être regarder à améliorer la
situation, et ce, pour le bien-être de l'animal, bien sûr, mais aussi pour que
vous puissiez fonctionner de façon correcte.
Bien, je vous remercie infiniment de vous être
déplacés.
M. Messier (Martin A.) : Avec
plaisir. Merci.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. le député de Berthier. Mme la députée de Mirabel.
Mme D'Amours : Combien de minutes?
Le Président (M. Morin) :
Excusez-moi. 3 min 30 s.
• (16 h 40) •
Mme
D'Amours : 3 min 30 s, d'accord. Bien, bonjour. Vous
avez dit que vous accepteriez de devenir un intervenant ou à tout le moins un dénonciateur avec immunité, vous
demandez aussi d'avoir le droit de demander un dépôt, mais, quand je lis le document, le dépôt... Parce
que, vous savez, la loi, c'est pour le bien-être animal. Alors, quand je lis
votre document, c'est comme si vous preniez
la loi pour vous aider à avoir un dépôt pour réparer vos immeubles. C'est la
perception que j'ai. Je ne juge pas, là, mais c'est la perception que j'ai.
Il n'y aurait pas lieu de regarder avec vos
propriétaires? Et le dépôt, en tant que tel, ne pourrait pas être aussi une
phase, à mon avis, une façon de faire
qui pourrait faire en sorte que, l'animal qui est laissé dans l'appartement,
vous ayez les
moyens de le soigner, les moyens de le placer, les moyens de... Est-ce qu'il
n'y aurait pas une façon de faire, avec ce genre de dépôt là, qui serait
aussi pour l'animal et non pas pour juste les planchers et les murs?
M. Messier
(Martin A.) : Écoutez,
ce serait compliqué, pour le propriétaire, de gérer, d'acquitter des factures,
de prendre en charge... Il y a une
responsabilité probablement juridique qui accompagnerait cet élément-là, là. Si je fais moi-même
héberger l'animal, ce serait extrêmement compliqué.
Par contre,
on voit dans l'intérêt et pour le bien de l'animal qu'il y ait un dépôt qui
soit exigible, pour sensibiliser le maître d'abord à ne pas abandonner
son animal sur les lieux parce que, s'il y a des dégâts, il va y avoir un
impact financier autre que l'amende, qui
s'ajoute à l'amende. Et, si en cours de bail il abandonne durant une période
prolongée son animal, il y aura
certainement une préoccupation de dire : Bien, peut-être qu'il va y avoir
des murs de rongés, des planchers à changer parce que l'urine s'y
retrouve.
Donc, oui, on
parle du bâtiment, mais ultimement on parle d'une sensibilité. On s'entend pour
dire que ce n'est pas tous les locataires, ce sont les locataires qui ne
prennent pas soin de leurs animaux qui auraient peut-être enfin, permettez-moi cette expression, la sensibilité de
dire : Il ne faut pas que j'abandonne mon animal, parce qu'il va y avoir
des conséquences à la fois financières et
possiblement des amendes et des interventions des agents, alors qu'aujourd'hui,
extrêmement difficile d'intervenir pour les deux.
Mme D'Amours : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Morin) : Ça
va?
Mme D'Amours : Oui.
Le
Président (M. Morin) : Donc, mon cher M. Messier,
Mme Fabre, merci beaucoup. Ça a été court et touchant, par exemple.
Donc, merci.
Je suspends quelques instants et pour inviter le
groupe suivant à venir prendre place.
(Suspension de la séance à 16 h 42)
(Reprise à 16 h 43)
Le Président (M. Morin) :
Nous recommençons nos travaux, nous reprenons nos travaux et nous recevons
l'Association des abattoirs avicoles du Québec. Donc, messieurs madame, si vous
voulez bien vous présenter.
Association des
abattoirs avicoles du Québec (AAAQ)
M. Cormier
(Joël) : Oui, bonjour. Merci, M. le Président. Joël Cormier, président
de l'Association des abattoirs
avicoles du Québec. Je suis accompagné aujourd'hui, M. le Président, de notre
secrétaire directeur général, M. Daniel Dufour, également de Mme Silke Schantz, directrice du
bien-être animal chez Exceldor, et de M. Stéphane Beaudoin, consultant
en bien-être animal.
Le Président (M. Morin) :
Très bien. Vous avez 10 minutes.
M. Cormier (Joël) : Parfait. Merci
beaucoup, M. le Président.
Dans un
premier temps, je tiens à remercier la commission de nous avoir invités, de
nous avoir permis de venir vous rencontrer ici aujourd'hui, c'est
grandement apprécié. Nous avons déposé un mémoire à l'intérieur duquel vous
allez avoir un bref aperçu de ce que c'est, l'association, si ce n'est que pour
vous dire que l'Association des abattoirs avicoles
du Québec représente tout près de
99 % de l'abattage de volaille, poulet et dindon, du Québec, donc on peut
parler de presque la totalité des membres...
des abattoirs. Et ces abattoirs-là à 99 % sont sous inspection fédérale,
et ça, c'est extrêmement important de le spécifier. Donc, on est régis,
dans nos établissements, par des inspecteurs de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, qui sont à
la fois, aujourd'hui, sous Santé Canada et sous Agriculture Canada. Et le
pourquoi de cette mention-là, c'est que déjà
au fédéral nous sommes régis par un ensemble de règles, de règlements qui
tiennent compte du bien-être animal : la Loi sur la santé des animaux, la
loi sur le transport des animaux, le code de pratique.
Donc, les inspecteurs qu'on a sur une base permanente dans nos établissements
nous supervisent à l'égard de ces règlements-là et ces lois-là, et on
est assujettis, à défaut, à des pénalités monétaires qui peuvent aller jusqu'à
des pénalités criminelles, des poursuites en cour, il y a déjà des cas au
Canada qui ont eu lieu.
Donc, on est déjà très au fait et très sensibles
à tout ce qui est la cause du bien-être animal. À cet égard, l'association,
d'ailleurs, a lancé deux projets communs au cours des dernières années en
collaboration avec... c'est le programme
accord Canada-Québec Cultivons l'avenir 2, deux formations, une qui était
la formation CLT — excusez
pour l'anglais, là — Canadian Livestock Transport Program, qui
est un programme qui amène les transporteurs, les chauffeurs de camion et tous
ceux qui manutentionnent les oiseaux de la ferme à l'abattoir à tenir compte
des impératifs que cette espèce-là a
en termes de bien-être animal et de s'assurer une bonne conduite. D'ailleurs, à
cet égard-là, c'est M. Beaudoin qui
s'est occupé de donner la formation à l'ensemble de ces gens-là, on parle de
plus de 350 personnes qui ont été formées. Par la suite, on a embrayé avec une deuxième étape
qui est les ateliers pratiques en matière de bien-être animal, où, là,
on est vraiment dans du concret.
Donc, on a déjà mis
en place plusieurs choses. Et pourquoi que ces choses-là sont mises en place?
Et je fais abstraction, en passant, des
initiatives de certains de nos membres, qui ont eux-mêmes des propres
initiatives, qui ont pris ça ici comme base, qui ont poussé ça encore
davantage plus loin. Et pourquoi on fait ça? Bien, c'est justement parce qu'on a déjà une réglementation qui nous est
imposée, donc on doit s'y conformer, et cette formation-là nous amène dans
cette direction-là, mais également parce qu'on a vraiment le souci du bien-être
animal. Et vous saurez que, pour un transformateur
de volaille, la qualité des oiseaux qui rentrent dans nos usines dépend
beaucoup de la façon dont les oiseaux auront
été traités, tant à la ferme qu'à l'attrapage, qu'au transport, et, si on ne le
fait pas d'une manière adéquate, bien on a le bien-être animal... on a
l'oiseau lui-même qui va en souffrir, mais on a également des pertes
économiques qui vont s'ensuivre. Et, si vous
me demanderiez un exemple, bien, si on maltraite les oiseaux, il s'ensuit
souvent des ailes brisées, des pattes
brisées. Bien, c'est une perte, pour nous, directement. Donc, d'une part, le bien-être
animal, par conscience, oui, on y
croit fermement, et à cet égard on applaudit l'arrivée de cette loi-là au
niveau du Québec, mais également en termes de perte directe monétaire
pour les entreprises. Donc, c'est pour ça aussi qu'on investit à former les
gens et également à se doter d'outils pour faire face à ces impératifs-là.
En
ce qui a trait au projet de loi n° 54, M. le Président, d'emblée, puis j'y
reviendrai un petit peu plus longuement à la fin, mais d'emblée on souhaite, du côté des transformateurs, à tout
le moins ceux qui sont sous inspection fédérale, d'être exclus de ce projet de loi là ou des applications, puisqu'on se
ramasserait avec deux juridictions à l'intérieur de nos établissements.
Puis, comme je vous le mentionnais, on en a déjà une qui est très exhaustive,
avec des inspecteurs en permanence, encore
une fois, dans nos établissements. On doit se conformer au chapitre 12 du
Manuel des méthodes, au règlement sur
l'inspection des viandes, qui interdit, lui, les souffrances inutiles aux
animaux, ainsi qu'à la Loi sur la santé des animaux et au Règlement sur la santé des animaux. Donc, c'est le
cadre réglementaire dans lequel on doit travailler. Je l'ai mentionné d'emblée, on a diverses
sanctions qui peuvent s'appliquer, allant jusqu'à des peines d'emprisonnement
dans le cas où les non-conformités seraient répétées année après année et cas
après cas.
Certains
articles du projet de règlement n° 54 nous interpellent, les articles...
paragraphes 5, 6, 7, 10, 11 et 12, je répète, 5, 6, 7, 10, 11 et
12, nous interpellent parce que nous croyons que la loi, à ces paragraphes-là,
devrait faire référence aux codes nationaux
qui existent en termes de bonnes pratiques, pour les nommer, ceux du Conseil
canadien des transformateurs d'oeufs
et de volailles, du Conseil national sur les soins aux animaux d'élevage, ainsi
qu'aux normes nationales qui sont
mises en place par les offices nationaux de production, dont les Producteurs de
poulet du Canada et Les Éleveurs de
dindons du Canada. Donc, ces offices nationaux là ont développé des programmes
de soins aux animaux qui sont
appliqués directement au niveau des éleveurs, donc la loi, en quelque part,
devrait se référer à ces codes-là qui existent et, à ce moment-là, de
venir s'arrimer avec ce qui est déjà mis en place.
• (16 h 50) •
Les
préoccupations de l'AAAQ concernant le projet de loi, si on est pour être
assujettis... mais, comme je vous dis,
d'emblée on demande de ne pas être assujettis parce qu'on est déjà sous des
lois qui existent au Canada, mais, si on devait l'être, notre première préoccupation vient du fait que
comment les deux plateaux d'inspecteurs vont interagir, entre un inspecteur provincial qui aujourd'hui n'est pas
du tout dans nos établissements, il est dans les établissements provinciaux... Et, à cet égard-là, les
établissements provinciaux, ces inspecteurs-là ne sont pas là en permanence...
Donc, comment cette règle-là va
s'appliquer? Mais chez nous, les inspecteurs, une usine sous inspection
fédérale ne peut pas fonctionner si
les inspecteurs ne sont pas en place, donc on ne peut même pas commencer à
penser à avoir des oiseaux qui arrivent sur la chaîne si les inspecteurs
ne sont pas là. Ça fait qu'on se demande comment ces deux paliers-là travailleraient. Quelle loi aurait préséance sur
une ou sur l'autre, le provincial sur le fédéral ou vice versa? Donc, qu'est-ce
que ça impliquerait?
La portée de certains
articles semble plutôt écrite pour des animaux de compagnie, puis, oui, c'est
important qu'il y ait des choses à cet
égard-là, mais, pour nous, où on est dans l'élevage agricole... Et à souligner
que, les oiseaux, on a eu la même
chose avec l'agence canadienne au début, un oiseau, ce n'est pas comme des
grands animaux, et même là l'agence a
dû apporter plusieurs modifications à sa réglementation pour tenir compte qu'on
ne traite pas un individu, dans les oiseaux... C'est une masse qui arrive. Il
faut faire attention à chaque oiseau, mais on fait affaire avec... Ce n'est
pas cinq vaches dans un camion, là, c'est
des volumes beaucoup plus importants. Ça amène une problématique différente.
Juste pour illustrer, les oiseaux ne marchent pas pour se rendre au camion, on
les amène dans le camion. Ça fait que, quand
viendra le temps de déterminer, selon la loi actuelle, si l'oiseau est apte à
être transporté ou pas, bien, quand on l'a dans les mains, il y a certains signes qui peuvent être regardés, mais
ce n'est pas évident qu'on va pouvoir déterminer s'il l'est ou il ne l'est pas, contrairement aux grands animaux. Donc,
le projet de loi ici devra faire attention, s'il doit être appliqué, de
tenir compte que les oiseaux n'ont pas les mêmes... ce n'est pas traité de la
même façon que des grands animaux. Et
également, au niveau physiologique, si je pense juste à l'application
d'abreuvement en période de transport ou
d'alimentation, l'oiseau a un système physiologique complètement différent des
grands animaux, puis ça, un projet de règlement doit en tenir compte. Et
l'agence, à cet égard-là, a déjà apporté des modifications, en ce qui a trait à
sa réglementation, pour tenir compte des différences dans ces oiseaux-là.
Dans
les autres préoccupations, le point 6 de la loi, on pense, devrait être nuancé.
Concernant les traitements qui induisent la mort, on voit plus loin dans
le projet de règlement que les activités d'abattage en sont exclues, mais il semble y avoir un petit peu une ambiguïté, là, en
tout cas à notre égard, quand on en fait lecture, parce qu'on fait mention
ici que, bon, les traitements qui pourraient
induire la mort doivent être évités, mais il faut comprendre que les
traitements d'abattage, c'est une fin en soi.
On pense, et
c'est le dernier point qu'on veut soulever... on pense que le MAPAQ devrait
aller plus loin à l'égard de la
dénonciation. On a vu dans le projet de règlement qu'on fait référence aux
médecins vétérinaires, qui doivent indiquer toute situation de cruauté animale. Nous, au
niveau de l'AAAQ, puis c'est une position qu'on a également au niveau de
l'association des transformateurs canadiens,
qui représente 95 % des transformateurs canadiens, on pense que les gouvernements devraient imposer... en tout cas ici
le MAPAQ devrait imposer une dénonciation de toute personne qui observe un acte de cruauté, et ce, dans un délai
de 48 heures, sinon cette personne serait déclarée complice de l'acte en
question. Donc, ça devrait s'étendre pas
juste aux médecins vétérinaires mais à toute personne qui constaterait un acte
de cruauté animale.
Donc, en terminant, M. le Président,
M. Paradis ainsi que les gens de l'opposition, on est contents et on vous
remercie de nous avoir permis d'être présents.
Peut-être un
élément que je voudrais ajouter aussi au niveau de l'inspection, qu'on n'a pas
indiqué aussi au niveau du document,
du mémoire : Pour nous, s'il est pour y avoir inspection, on pense que ça
relève des gens du MAPAQ, qui devraient
avoir la responsabilité de procéder aux inspections. Un, ils sont déjà présents
dans les abattoirs provinciaux, et,
je pense, c'est ces gens-là qui auraient les compétences et la crédibilité
auprès du consommateur également pour assurer une bonne application de
la loi.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. Cormier. M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui. Je
vous remercie d'être là. On va tenter, là, dans le peu de temps qu'on a,
de profiter au maximum de votre expérience terrain pour voir comment on peut le
marier avec le texte législatif.
Je le
reprends, là, dans son ensemble. Ce qu'on tente de faire sur la définition de
l'animal, comme tel, on le passe de
bien meuble à des sources d'inspiration dans le droit européen. Ça, on a pris
ce qu'on pense être une juste mesure des principaux pays qui ont légiféré dans ce domaine-là. Sur le plan du
droit statutaire, on n'a pas inventé, là, on s'est inspiré des provinces canadiennes qui se classent parmi
les meilleures dans les classements des Animal Defense Fund, etc., là, soit l'Ontario, le Manitoba puis la
Colombie-Britannique. On se dit que, si on a traduit correctement et adapté
correctement, si les industries fonctionnent
là-bas, elles devraient être capables de fonctionner ici. Maintenant, ça nous
fait progresser dans le bien-être animal. On part de loin.
Je me rends compte que vous vous posez beaucoup
de questions sur l'aspect juridictionnel, c'est-u Ottawa ou c'est Québec, pour résumer ça, là. Quand vous avez
un inspecteur de l'ACIA, là, on va vous laisser avec le modèle que vous
avez. On n'y va pas, on va maintenir la situation actuelle.
Nous autres, on est dans nos petits abattoirs,
comme vous le dites, puis pas de
façon permanente, mais il y a
un avis dans la porte qui indique qu'on n'est pas là de façon
permanente, mais que c'est comme ça que ça fonctionne, puis le consommateur sait à quoi s'attendre. Si on fait
ça, est-ce que vous êtes satisfaits... ou est-ce que
vos légistes vous disent encore qu'il peut y avoir confusion?
M. Cormier
(Joël) : Non, au terme de l'élaboration finale de la loi, si un abattoir sous inspection fédérale, ça a
préséance, on est satisfaits, définitivement, c'est ce qu'on souhaite à la fin
du...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : On
n'est même pas dans la préséance, là. Si le fédéral est là avec l'ACIA...
Ils ont une réputation, ils ont des normes,
ils font généralement le travail correctement. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de plainte, là, il n'y a
pas un système qui est parfait, mais c'est un système
dont les gens ne se plaignent pas et qui progresse avec des normes qui
s'ajustent, là, qui deviennent de plus en plus sévères.
Mais ça,
c'est strictement l'aspect abattage. Peut-être une autre question sur l'abattage :
Avez-vous de l'abattage halal, casher chez vous?
M. Cormier (Joël) : Parmi nos
membres, il y a des gens qui font du casher, des gens qui font de l'halal, oui,
effectivement.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : O.K. Est-ce que les pratiques correspondent ou sont conformes au nouveau libellé
de la loi?
M. Cormier
(Joël) : Elles sont
conformes au niveau de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, qui, là
aussi, a des pratiques qui doivent être faites, qu'ils recommandent d'être
faites, puis elles sont sur inspection. Donc, ces abattoirs-là sont conformes à la loi. D'ailleurs,
on a copie de la loi, qu'on pourra déposer, si c'est nécessaire, au niveau...
Une voix : Copie du règlement
ici.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui, le
faire circuler pour être certains qu'on ait un arrimage qui est correct.
Maintenant,
il y a de plus en plus... Puis je
lisais, là, je lisais cet après-midi La Terre de chez nous de
demain, on mentionnait que... Poulet certifié bien-être
animal chez Sobeys. Il y a de plus
en plus de consommateurs qui exigent,
là, du «humane treatment», qu'on appelle, de leurs animaux.
Est-ce que
vous êtes un joueur important, un maillon de la chaîne là-dedans?
Vous poussez pour, vous... Ça dérange votre game?
M. Cormier
(Joël) : Aucunement.
En fait, la certification est une chose, mais il y a des éléments qui sont
faits dans l'ensemble des...
majoritairement, dans les abattoirs du Québec et du Canada,
il y a des éléments de bien-être
animal qui sont
mis en place sur une base régulière. Qui se classifie pour une certification,
là, à savoir : Est-ce qu'on va jusqu'à
la certification finale?, je pense qu'on a des membres chez nous qui ont tout
en place pour être certifiés.
À ce moment-là, c'est un choix face au client — puis,
quand je dis «client», je ne parle pas consommateur, je parle à la chaîne — de dire : Est-ce qu'on va 100 % du
volume sur une certification de même? Là, il y a des coûts qui sont associés
à ça, ça fait que, là, il faut voir est-ce
que le client le souhaite. C'est des
discussions qu'ils ont sur une base régulière avec les chaînes d'alimentation. Ce qu'on voit présentement, certaines chaînes souhaitent avoir une partie de leur approvisionnement avec la certification,
mais, le gros de leur approvisionnement, qu'ils le veulent sur une base
conventionnelle.
Par contre, on a des clients qui achètent sur une base
régulière dans nos abattoirs qui viennent faire des audits de bien-être
animal. Donc, il y a des entreprises, présentement, canadiennes qui ne vendent
pas un produit certifié mais qu'eux-mêmes, ils ont un programme d'audit qu'ils
viennent faire en abattage chez nous, au-delà de ce que l'agence demande, pour s'assurer que ça rencontre leurs
cahiers de charges. Et ça, c'est fait sur une base régulière. Pour en nommer, des entreprises comme Sobeys le font, comme Costco le font,
comme Yum! le font. Ils ont des audits qu'ils viennent faire dans nos entreprises.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K.
Je vais reprendre un argument qui a été utilisé par mon collègue le député de
Saint-Maurice à quelques occasions, là : L'animal, il ne
passe pas beaucoup de temps de sa vie à l'abattoir. Il en
passe beaucoup sur la ferme, il en passe un petit peu dans le transport puis
pas beaucoup à l'abattoir, comme tel.
Est-ce que les dispositions de la loi, là,
telles que vous les avez vues présentement, analysées, vont vous aider à avoir
un produit de meilleure qualité?
M. Cormier (Joël) : M. Paradis, je
vais répondre à votre question, mais ça m'amène une question.
Vous m'avez
dit tantôt que les abattoirs sous inspection fédérale qui auraient
présence d'un inspecteur seraient soumis
à la loi, donc j'assume, d'une part, que ce serait inscrit dans le texte éventuellement. Il faut comprendre aussi que ces
mêmes inspecteurs là ont juridiction dans le transport. Donc, quand l'oiseau
est mis en situation de transport, à la ferme, donc ça veut
dire quand les camions arrivent et l'équipe d'attrapage est sur place, on
déclare la ferme en situation de transport, et là l'agence canadienne, elle a
juridiction, à ce moment-là. Ils peuvent intervenir, envoyer des pénalités
monétaires aux éleveurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Mais
tant qu'ils ne sont pas arrivés, non.
M. Cormier
(Joël) : Ce qui se passe
avant ça, il n'y a personne qui s'en... bien il n'y a
personne qui s'en occupe. Je sais
qu'on a des membres qui nous disent que les inspecteurs dénoncent certaines
situations au niveau du MAPAQ. Là,
on n'est pas trop au fait de ce qui se passe par la suite, mais il y a
cette pratique-là dans certains abattoirs qui a lieu présentement, de volaille, où l'inspecteur de l'agence canadienne
va soulever pas une alarme mais un questionnement sur ce qui se passe à
la ferme avant que les camions arrivent, et là la balle est envoyée au MAPAQ à
ce moment-là.
Ça fait que
c'est sûr qu'un projet de loi qui viendrait encadrer mieux ce qui se passe à la
ferme, appuyé sur ce qu'on mentionne ici, des programmes nationaux faits
par les offices nationaux, je pense qu'on pourrait avoir de quoi d'intéressant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K.
Ça va pour le moment.
Le Président (M. Morin) :
Oui, Mme la députée de Richmond.
Mme
Vallières : Si vous
permettez, est-ce que c'est en ce sens-là que, pour vous, la dénonciation à une
échelle plus large prendrait toute son importance? C'est en ce sens-là,
pour pouvoir... O.K., c'est beau.
M. Cormier
(Joël) : Pas juste à la ferme, partout. Pour nous, c'est que toute
situation, incluant une usine d'abattage, s'il y a quelqu'un... D'ailleurs, chez certains de nos membres cette
politique-là existe, où les employés ont l'obligation de dénoncer une situation de cruauté, c'est
clairement indiqué dans les politiques d'embauche. Ça fait qu'on voudrait que
ça s'étende à plus grande échelle que juste les employés.
• (17 heures) •
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Saint-Maurice.
M.
Giguère : Oui. Je voudrais un petit bout de chemin sur le sujet de ma
collègue, sur les personnes qui dénoncent, parce qu'on parle pour les
vétérinaires, mais on sait aussi que sur les entreprises il y a beaucoup de...
les vétérinaires, souvent, ils n'y vont pas,
tu sais, ils y vont une fois ou deux par année, ça dépend de la production, et
puis on a, un exemple, aussi des
nutritionnistes, des entreprises, exemple, comme Coop, Shur-Gain qui passent
souvent sur les entreprises, qui connaissent
les entreprises très bien. C'est aussi ces personnes-là que vous visez, là,
pour qu'ils aient un oeil, là, sur les animaux, entre autres?
M. Cormier
(Joël) : Bien, je vous dirais... Oui, bien, par définition, certaines
de ces personnes-là, que ce soit un agronome
ou un vétérinaire, ont un code d'éthique qu'ils doivent respecter, ça fait
qu'automatiquement certains sont liés à s'assurer que les bonnes
pratiques prennent place, mais on pense que ça devrait s'étendre à plus large
que ça, à toute personne qui... On tient à
le préciser. Toute personne qui a conscience d'un acte de cruauté qui est
appliqué, que ce soit à la ferme, en transport, en usine d'abattage, dans un délai de
48 heures devrait dénoncer cette situation-là aux autorités en
place, sinon cette personne-là serait responsable au même titre.
Le
Président (M. Morin) : Merci, M. le député de Saint-Maurice. Ça
va, du côté ministériel? Ça va? Oui? M. le député de Berthier.
M.
Villeneuve : Oui, merci, M. le Président. Je vais peut-être me
faire l'avocat du diable, là, mais tantôt j'écoutais le ministre concernant... Parce que vous, vous
parlez de préséance, M. le ministre a dit : On n'est pas dans la
préséance, et pourtant, là, quand on
regarde... Parce que ce que vous soulevez est drôlement pertinent, vous
dites : On ne peut pas, nous...
Conséquemment, c'est impossible d'appliquer à la lettre l'article 10, pour
les raisons que vous avez données tantôt. Est-ce que c'est le fédéral qui va l'appliquer? Je pense que non, ça va
être au gouvernement du Québec à appliquer cette disposition-là. On aura l'occasion d'en reparler, mais moi, je veux
qu'on n'oublie pas, là, de faire la discussion à l'étude article par article,
parce qu'il me semble qu'il y a comme une difficulté, là, qui se pose. Je pense
que vous avez raison, là, d'une
certaine façon, d'être inquiets par rapport à cela, parce que c'est bien dit
dans l'article : «Il est interdit d'embarquer ou de transporter dans un véhicule ou de permettre
l'embarquement ou transport d'un animal qui, notamment en raison d'une
infirmité, [...]maladie, [...]blessure ou [...] fatigue, est incapable de se
tenir debout...» Alors là, comment on va appliquer ça, je ne le sais pas.
Mais c'est
sûr qu'on va creuser la question à l'étude article par article, mais rien ne
nous empêche de commencer maintenant à creuser la question. Est-ce qu'il
n'y aurait pas lieu... Et je ne sais pas si c'est déjà fait à la ferme, ou par l'entreprise de transport, ou par quiconque, là,
mais, exemple, est-ce qu'il n'y a pas lieu, la journée avant l'embarquement,
exemple, de s'assurer que, bon, il n'y a pas
d'animal infirme, blessé ou, bon... Parce que, là, ils sont debout, là, à un
moment donné, là, ils ne sont pas
toujours dans une cage, là. Donc, je ne sais pas, je lance ça comme ça, parce
que moi, je pense qu'il faut le
clarifier, ce petit bout-là, parce que sinon vous allez vous retrouver
possiblement, éventuellement en infraction parce qu'il y aura des animaux qui vont être trouvés puis que... Mais je
veux vous entendre. Est-ce que vous êtes satisfaits de la réponse du
ministre, où on aura l'occasion peut-être de creuser davantage la question?
M. Cormier
(Joël) : Merci du point qui est soulevé. Pour nous, puis je reviens
là-dessus, si on est sous inspection fédérale
puis on a des inspecteurs, et à ce moment-là la juridiction du fédéral s'étend
jusqu'à la mise en transport des oiseaux, et qu'on est exclus du projet
de loi, à ce moment-là, nous, on est très satisfaits.
Quand même
souligner qu'à l'inspection fédérale il y a un règlement qui existe que les
oiseaux inaptes au transport ne
peuvent pas être embarqués à bord des camions, je pense que c'est l'article
143, article d de la loi qui fait état de ça. Donc, c'est déjà en place, ça. Si quelqu'un... Puis il y a déjà eu des
pénalités d'appliquées. D'ailleurs, il y en a plusieurs qui sont sur le site de l'agence canadienne, des
transporteurs au niveau canadien que, s'ils ont transporté des oiseaux qui
étaient inaptes au transport, que ça a été
démontré, bien ils ont eu des pénalités monétaires en fonction de ça. Ça fait
que la loi fédérale couvre déjà ça très bien.
M.
Villeneuve : Mais, dans le projet de loi qui est ici devant
nous, là, s'il y avait une spécificité propre à ce que vous soulevez comme problème, je pense que ça vous
siérait, là, c'est ce que je comprends. M. le ministre, vous voulez
peut-être me corriger, peut-être, dans mon interprétation, ma compréhension?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...je
veux juste qu'on comprenne bien, là. C'est que, quand le fédéral va être
là — puis on
va s'assurer que législativement il y ait un mur de feu, qu'on appelle, entre,
là — c'est le
fédéral qui s'en occupe puis qui fait ces choses-là.
Maintenant, on a des abattoirs provinciaux, et
là c'est nous autres qui va s'en occuper avec l'application de
l'article 10. Mais l'article 10 n'ira pas s'appliquer dans un
abattoir fédéral.
M.
Villeneuve : D'accord. Là, c'est beaucoup plus clair. Bien,
voilà. Bien, c'est tout pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Morin) :
Oui, M. le député de Berthier. Mme la députée de Mirabel.
Mme
D'Amours : Moi, j'aurais
juste une question, parce
que vous comprendrez que, quand on
passe la troisième, les questions
les plus... Puis, quand on arrive à nous, bien elles sont... des fois elles ont
l'air moins intelligentes, mais ce n'est pas plus...
Êtes-vous ouverts à... Ce matin, on a eu une
dame qui est venue et qui a parlé d'une certification qui était ANIMA-Québec, qui parlait d'une certification, et moi, je lui
ai demandé, parce que... la certification dont elle parlait, qui
était avec des petits animaux de compagnie, si elle la voyait, cette
certification-là, étendue en agriculture sur des positions que vous, vous tenez, avec des agriculteurs qui ont énormément de poulets chez eux. Est-ce que vous
pensez qu'avec le fédéral, la loi fédérale et la loi provinciale, vous
seriez enclins aussi à être dans cette certification-là?
M. Cormier
(Joël) : Merci pour la question, Mme la députée. Je reviens sur les
programmes nationaux qui sont développés
par les offices nationaux. Ces programmes-là sont appliqués au niveau des
élevages par les producteurs, ça fait
que, déjà là, il y a une forme d'audit qui se fait à la ferme par des
inspecteurs. Le Québec, d'ailleurs, a fait pionnier au Canada là-dedans, en ayant un parti tiers qui
venait auditer les fermes. Donc, il y a déjà des choses qui se font très bien
à cet égard-là.
Pour
ce qui est de la certification propre, là, à partir du moment qu'il y a... Pour
moi, une certification, c'est quand on
applique un «label», là, il y a une étiquette qui est mise que, là, c'est
certifié. Ça ne veut pas dire que celui à côté n'a pas eu le même traitement, là, c'est juste qu'il y
a quelqu'un qui n'a pas payé le coût de 300 000 $,
400 000 $ par année, dépendamment
des volumes, pour avoir le droit de mettre une étiquette. Celui d'à côté,
peut-être qu'il a subi le même traitement, là.
Ça, ça va un peu avec les grandes chaînes, ce
qu'elles nous demandent. Au niveau de la certification, il faut regarder, à ce moment-là, qu'est-ce qui se fait au
niveau nord-américain, et le «humane certified» est pas mal le standard qui se fait. Et des entreprises du Québec le font,
je connais des membres chez nous qui ont une certification «humane», il y en a au Canada, mais ça prend une demande
aussi pour avoir le «label» parce que, là, il y a un coût directement associé
à ça, il y a des redevances qui sont données à quelqu'un, quand il a une
certification.
Mais, comme je vous dis, présentement, pour ce
qui est du poulet en étagère, le poulet qui a une certification, à matin, à
côté de celui qui n'a pas la certification, ça ne veut pas dire qu'ils ont eu
un traitement différent, parce que l'ensemble
des lois et des codes nationaux qui sont mis en place nous obligent à faire pas
mal les mêmes choses. C'est juste qu'il y a quelqu'un qui a payé pour
mettre un logo dessus.
Mme D'Amours : Mais est-ce que la
mise en marché est meilleure, s'il y a une certification, vis-à-vis le consommateur qui regarde dans le comptoir puis qui
voit un poulet qui n'a pas de certification, puis il y en a un qui l'a? Est-ce que vous êtes en mesure de chiffrer si,
ceux qui ont des certifications, leur mise en marché est mieux que ceux qui
n'en ont pas?
M. Cormier (Joël) : Bien, écoutez,
on est soumis à la loi de l'offre et de la demande. Et, je vous dirais, présentement c'est une question qui s'adresse
beaucoup plus auprès des détaillants, et, si cette demande-là est très forte,
la demande va venir très forte vers le
fournisseur, qui est nos membres, et on... Comme je vous dis ce matin, on n'a
pas encore cette pression-là, mais,
si elle vient puis la demande est là, c'est une question de mettre le programme
puis de payer la redevance, parce qu'encore une fois la pratique, elle
est en place, là.
Mme D'Amours : Déjà, O.K. Ma
collègue...
M. Cormier
(Joël) : Et juste souligner que la volaille est en croissance d'une
manière extrêmement importante présentement au niveau canadien, on parle
de croissance, là, cette année, qui pourrait facilement dépasser les 3 % à
3,5 %, alors que pendant une dizaine
d'années la viande de poulet était consommée à une croissance de 1 %,
1,5 % par année. Donc, on a vraiment
une viande que le consommateur reconnaît comme étant de qualité et bien
positionnée, là, dans le marché.
Le
Président (M. Morin) : Mme la députée, une question courte,
parce que je vais avoir besoin d'une réponse très courte.
Mme Soucy :
Oui. Alors, vous avez mentionné dans votre mémoire qu'il faudrait nuancer
davantage le libellé concernant les
traitements qui induisent... préalables à un traitement l'insensibilisant,
alors, à l'article 6. Pouvez-vous nous dire quel genre de précision,
de nuance?
M. Cormier
(Joël) : Bien, je pense, c'est là qu'on fait référence où est-ce qu'on
veut que... Puis il y a des exclusions qui
sont mises plus loin, là, en fonction de l'abattage. On veut juste que ce soit
clair que, quand on travaille avec une usine de transformation, d'abattage, il va y avoir une insensibilisation puis
il va y avoir une mise à mort, là, je veux dire, c'est une fin en soi.
Ça fait qu'il
faut, à quelque part, que l'exclusion soit claire là-dedans. On ne peut pas
penser qu'on n'induira pas un traumatisme, là, il va y en avoir un. Il
faut qu'ils soient insensibilisés pour ne pas qu'ils le ressentent; ça, on est
d'accord avec ça.
• (17 h 10) •
Mme
Soucy : O.K. La dernière question,
très, très rapide : Combien de pourcentage à peu près
pour l'abattage avec un rite religieux? Ça peut ressembler à quoi à peu
près en pourcentage de votre...
M. Cormier (Joël) : Je vous dirais peut-être
30 %, là, 35 %.
Mme Soucy : O.K. Merci.
Le Président (M. Morin) : Ça
va?
Une voix : ...
Le Président (M. Morin) :
Oui?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Avec le
consentement, j'aurais une petite question de pourcentage également, si
j'obtiens le consentement. Ça va?
Mme D'Amours :
Consentement, M. le ministre.
Le Président (M.
Morin) : Oui, merci, Mme la députée de Mirabel.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Merci. Quel pourcentage sous inspection fédérale,
quel pourcentage sous inspection provinciale, dans le poulet?
M. Cormier
(Joël) : 99 % est sous inspection fédérale dans la volaille
aujourd'hui.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : C'est les petits abattoirs de proximité qui font
le 1 %. O.K.
Le
Président (M. Morin) : Merci. Donc, M. Cormier,
Mme Schantz, M. Beaudoin, je vous resalue — là, je vous ai comme il faut, là,
hein? M. Dufour, merci. Ça a été très intéressant encore une fois. Bon
retour à la maison.
Et je suspends
quelques instants.
(Suspension de la séance à 17
h 11)
(Reprise à 17 h 12)
Le
Président (M. Morin) : Nous reprenons nos travaux en recevant
La Coop fédérée. Donc, M. Richard, bienvenue chez vous. Et je vous laisse la parole pour
10 minutes, en nous présentant la personne qui vous accompagne. Et vous
avez 10 minutes.
La Coop fédérée
M.
Richard (Denis) : Merci, M. le Président. Jean-François Harel, qui est
secrétaire général à La Coop fédérée, et
moi-même, Denis Richard, qui est président de La Coop fédérée. Alors, M. le
Président, membres de la commission, merci,
d'abord, de nous donner l'opportunité de venir nous entretenir avec vous
aujourd'hui sur le projet de loi n° 54, le règlement sur le
bien-être animal.
Alors,
au nom du conseil d'administration de La Coop fédérée, j'aimerais tout d'abord
féliciter le gouvernement pour le
dépôt de ce projet de loi visant à l'amélioration du bien-être animal. Le
Québec peut se féliciter de vouloir adresser cet important enjeu. Pour nous, à La Coop fédérée, le bien-être animal
est une priorité au quotidien. Nos membres impliqués en production
animale travaillent très étroitement avec des animaux d'élevage; assurer le
bien-être constitue une prérogative très
importante. Non seulement plusieurs éleveurs ont choisi ce métier par passion
pour les animaux, mais le bien-être aussi est synonyme de productivité
et de rentabilité. C'est pour cette raison que l'entreprise promeut son orientation dans ses activités. Nous le faisons
autant dans nos installations que dans la formation de nos experts-conseils,
qui travaillent étroitement avec les producteurs agricoles. Bref, nous croyons
en ce principe et nous agissons.
Si
vous le permettez, laissez-moi brièvement vous présenter La Coop fédérée.
Peut-être qu'autour de la table ce n'est pas tout le monde qui connaît
bien La Coop fédérée.
Alors,
La Coop fédérée est une coopérative. C'est la plus grande entreprise en
agroalimentaire au Québec et la deuxième
au Canada. Son réseau s'étend aux quatre coins de la province de Québec, c'est
sûr, au Nouveau-Brunswick, même
jusqu'en Alberta, et nos activités se déploient partout, sur tous les
continents. La Coop fédérée, c'est un réseau de 98 coopératives affiliées, 16 000 employés, 9 milliards de
volume d'affaires par année, mais plus que tout c'est 100 000 membres, des agriculteurs et des
consommateurs qui s'unissent et qui permettent à la vie coopérative agricole
de grandir, de s'enrichir et de se
pérenniser. Il est utile de se rappeler que notre réseau coopératif, qui fêtera
d'ailleurs 93 ans cette année,
est présent à travers l'ensemble de la chaîne agroalimentaire, qu'on parle
d'approvisionnement de la ferme, de
l'élevage, de la transformation et de la mise en marché par notre filiale
Olymel. Cette dynamique rehausse donc l'importance pour nous de
participer à la présente commission.
Alors, je souhaite préciser que les représentants d'Olymel exploiteront plutôt le côté abattage à leur présentation
ce soir qui est prévue à votre horaire. Nous
limiterons donc nos commentaires aux activités agricoles concernées par le
projet de loi.
Cela étant dit, parlons maintenant du projet
de loi. Soulignons d'emblée que La Coop fédérée accueille favorablement le projet de loi, comme je l'ai dit tout à
l'heure. Cependant, comme très souvent, le diable se cache dans les détails.
Nous aimerions partager nos préoccupations sur la portée de certaines
dispositions du projet de loi. On a quatre points à souligner à la commission.
Un,
je souhaite d'entrée de jeu discuter des codes de pratique cités dans le projet
de loi. La Coop fédérée adhère à
l'approche concertée du Conseil national pour les soins des animaux d'élevage.
Ces codes de pratique ont été élaborés avec des représentants provenant de la
société civile, du gouvernement et de l'industrie. Cette
formule nous apparaît gagnante pour
identifier les points d'équilibre entre les attentes sociétales, la science et
les impératifs de production. Les producteurs canadiens bénéficient
ainsi d'une approche cohérente, progressive et prévisible.
Toutefois, leur utilisation obligatoire commande
prudence et circonspection. D'une part, il faut maintenir la compétitivité des
entreprises du Québec dans un contexte où les autres provinces ne sont pas
soumises à une telle réglementation. D'autre
part, les codes de pratique n'ont pas été rédigés dans un objectif
réglementaire mais plutôt selon une approche de pratiques de production,
c'est-à-dire une méthode à atteindre et non une obligation.
Ainsi, il est important de bien
baliser toute réglementation utilisant ces codes. En effet, la recommandation
de la Coopérative fédérée est de
faire preuve de discernement dans l'utilisation des codes de pratique comme
outil réglementaire en matière de
bien-être animal, considérant qu'ils ne sont pas rédigés dans un objectif
réglementaire, et l'importance de maintenir une compétitivité de
l'industrie.
Deuxième
recommandation. La Coop fédérée est également préoccupée par l'étendue de
certains pouvoirs réglementaires prévus par
le projet de loi. Par exemple, tel que libellé, le gouvernement pourrait, par
règlement, restreindre les activités
impliquant un animal, régir l'organisation d'un lieu ou encore déterminer un
nombre maximal d'animaux sur un site.
À nos yeux, il est important de bien tenir compte de la réalité spécifique de
la production agricole, qui commande certaines
manipulations et façons de faire propres aux animaux d'élevage. Nous sommes
donc d'avis qu'il faut baliser davantage
l'esprit et la portée de certaines dispositions afin de mieux refléter
l'intention du législateur. Il est essentiel que toute réglementation future soit prévisible et cohérente avec les
approches nationales du Conseil national pour les soins aux animaux d'élevage. Comme rédigée
actuellement, l'éventuelle réglementation pourrait s'écarter substantiellement
de ces principes. Nous recommandons donc que
l'esprit et la portée des dispositions réglementaires ayant une incidence
potentielle sur les activités agricoles soient mieux balisés afin d'assurer
leur prévisibilité, leur cohérence avec les principes des codes et d'impliquer
l'industrie dans la détermination de ces balises.
Troisième
recommandation. La Coop fédérée est aussi préoccupée par le risque de
dédoublement entre la réglementation
provinciale et fédérale. Bon, je sais que le dossier, ça vient d'être traité,
j'ai entendu les représentations, mais
on a les mêmes inquiétudes. Alors, l'Agence canadienne d'inspection des
aliments est déjà responsable du bien-être des animaux dans le transport
et à l'abattage dans nos installations, alors c'est déjà régi par... Alors,
l'ACIA est aussi responsable d'encadrer les
activités d'abattage des animaux dans les établissements sous inspection
fédérale en s'assurant que ces
derniers respectent la réglementation sur l'inspection des viandes. La rigueur
et l'expertise de l'ACIA sont reconnues depuis longue date, tant à l'échelle nationale qu'internationale. Alors,
la recommandation de La Coop fédérée, c'est que la Loi sur le bien-être
et la sécurité de l'animal n'intervienne pas dans les secteurs d'activité sous
juridiction fédérale comme le transport et l'abattage dans les établissements
agréés par le gouvernement fédéral.
• (17 h 20) •
Quatrième
et dernière recommandation. Notre quatrième et dernière recommandation concerne
la modification de la Loi sur La
Financière agricole. La Coop fédérée adhère au principe selon lequel les bénéficiaires
de programmes gouvernementaux doivent respecter les lois et règlements
en vigueur en matière de bien-être animal, d'autant plus que nous sommes persuadés que la presque totalité
des producteurs agricoles agit comme les règles de l'art et assure le bien-être
de leurs animaux d'élevage. Toutefois, il nous apparaît essentiel de bien
baliser la portée et l'étendue de l'animoconditionnalité — on lui a trouvé un nom — afin de ne pas pénaliser indûment les
producteurs fautifs. La sévérité des
sanctions devrait être nuancée selon la gravité de la situation, par exemple en
distinguant un cas isolé et un problème chronique. De plus, la
multiplicité des situations potentielles peut aussi complexifier la teneur des
sanctions. Nous recommandons à cet effet au gouvernement d'impliquer
l'industrie dans la détermination des principes encadrant
l'animoconditionnalité du soutien financier afin de ne pas pénaliser de façon
indue les entreprises agricoles.
En conclusion, nous
sommes confiants que cette future loi, lorsqu'adoptée, servira d'outil
mobilisateur pour l'industrie. Dans
l'attente de l'adoption de ce projet de loi ou de tout règlement afférent, La
Coop fédérée est disponible à participer à tout effort de concertation
avec le gouvernement du Québec et les parties prenantes de l'industrie agroalimentaire dans ce domaine. Dans ce dossier
comme dans l'ensemble des dossiers qui ont un impact sur l'agriculture
et l'agroalimentaire, nous demeurons convaincus que le législateur québécois
saura permettre au milieu agricole de grandir, de se pérenniser et de créer
davantage de richesse pour les Québécois des quatre coins de la province.
Merci aux membres de
la commission de nous avoir écoutés. On a déposé un mémoire, que vous avez probablement déjà entre les mains, et nous sommes
disposés à répondre à vos questions ou à avoir des échanges avec vous.
Le
Président (M. Morin) : Merci, M. le président. Et je vous
félicite, vous êtes dans les temps. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui. Je vais tenter de mériter vos félicitations
aussi, mais j'ai quelques questions.
Merci
d'être là. Votre expertise sur le terrain, elle est vaste, elle est partout au
Québec. On en a besoin pour arriver avec une législation puis une
réglementation qui fassent progresser le droit animal, le bien-être animal mais
qui en même temps fassent en sorte que le Québec demeure compétitif.
Je pense que je l'ai
dit au début de la commission : Si on ne légiférait pas à ce moment-ci,
compte tenu des classifications qu'on a sur
le plan national et international, ça commence à avoir des effets sur le
commerce, comme on dit. Les gens ne
veulent pas acheter de viande de quelqu'un qui a mal élevé son animal, ça,
c'est un bout du spectre. L'autre bout
du spectre, c'est peut-être votre conclusion, l'agriculteur est bien placé pour
bien traiter son animal parce que, quand il le traite bien, il a un meilleur
rendement, il l'aime puis il a un meilleur rendement, puis, quand tu conjugues
ça ensemble, là... Je ne dis pas qu'il n'y a pas de cas de délinquance,
ça arrive, mais c'est à l'extrême marge, les cas de délinquance, comme tel, il
n'y en a pas beaucoup. Sauf que ça fait les médias et ça a une incidence sur
l'ensemble de l'industrie. Puis aujourd'hui
ça va vite, les médias, comme tel, et les conséquences économiques sont lourdes
et importantes.
Votre
premier élément, faire preuve de discernement dans l'utilisation des codes de
pratique, présentement ils ne sont
pas obligatoires. Avec ce qu'on prévoit, ils vont devenir obligatoires, mais on
a confiance que ces codes-là, ayant été
établis de la façon dont vous l'avez décrite tantôt, par les gens du milieu,
les experts, qui sont en progression... on a confiance que c'est
applicable, que ça nous amène dans la bonne direction sans nous perturber sur
le plan de notre compétitivité. On est-u dans l'erreur ou on est, à quelque
part, vers le progrès?
Le Président (M. Morin) :
M. Richard.
M.
Richard (Denis) : Moi, je nuancerais un peu vos propos, M. le
ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Allez-y.
M.
Richard (Denis) : Les codes de bonne pratique ont été rédigés comme un
objectif à atteindre. Si on les prend puis
on les met dans une réglementation textuelle, ça crée une situation où il y a
un rattrapage très rapide de l'industrie puis qui peut créer des
problèmes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Excusez-moi, là, mais il n'y a pas des dates,
quand j'ai lu certains codes, objectif à atteindre en 2020, objectif à
atteindre en 2022? Est-ce que cette progression-là n'est pas déjà là?
M.
Richard (Denis) : Mais, comme vous venez de l'expliquer, c'est des
objectifs à atteindre. Alors, si on les met dans une réglementation obligatoire... Si l'ensemble de l'industrie dans
le monde le fait, c'est une chose, mais comment compétitionner le reste
du monde si on avance plus vite que les autres dans la réglementation?
Alors,
c'est pour ça qu'on dit qu'au niveau... Les codes sont au niveau fédéral.
L'industrie est présente, tout le monde
est présent. Si on avance à la vitesse du Canada, on peut compétitionner au
moins avec les Canadiens, mais, si on va rapidement, ce qu'on dit, c'est
qu'il y a un danger d'avoir un problème de rentabilité dans l'industrie.
Alors, on ne dit pas qu'il faut les ignorer, là,
on dit que c'est une bonne pratique de s'en inspirer, mais il faut les
lire comme étant un code de bonne pratique, ce qui est différent d'un règlement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Il y a déjà... Sur le plan juridictionnel, on
sent un mouvement dans ce sens-là, là.
Terre-Neuve l'a déjà rendu obligatoire, c'est le même code
canadien, puis moi, là, on a des discussions avec les autres
juridictions, on sent qu'il y a un mouvement dans ce sens-là, là. Je pense que
l'industrie en est consciente aussi, là.
M. Richard
(Denis) : Est-ce que je peux...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui, oui, allez-y.
M. Richard
(Denis) : J'attendaisun signe du président.
Le Président (M.
Morin) : ...des échanges.
M.
Richard (Denis) : Je
comprends que Terre-Neuve a peut-être avancé plus vite que les autres, mais il faut
évaluer, dans l'avancement d'un règlement, l'importance de l'industrie,
exemple, dans le volume d'affaires de la province.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je comprends la nuance, là.
M. Richard
(Denis) : Il y a une nuance importante. Alors, vous savez que le Québec
et l'Ontario sont les deux provinces où il y
a la plus grande production animale, ça n'a pas la même incidence tout à fait qu'à Terre-Neuve. Et je
ne dis pas qu'il ne faut pas y aller, là, je dis qu'il faut être prudent. Puis
ce qu'on vous recommande, c'est de trouver un moyen de consulter
l'industrie, qu'on puisse s'en parler puis avancer à la vitesse qu'on pense que
l'industrie peut y aller, puis on trouvera des moyens ensemble. Mais on pense
que c'est une bonne idée d'aller vers ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Moi, ce que je comprends, là, c'est que, quand vous les avez rédigés, en collégialité, vous les avez rédigés comme des
éléments qui n'étaient pas obligatoires, des objectifs à atteindre. À
partir du moment où une loi les
rendrait obligatoires, vous voudriez les réviser un peu, peut-être
la date, peut-être le contenu. Je vous lis comme il faut ou
je vous lis mal?
M.
Richard (Denis) : Oui, puis
il y aurait peut-être des nuances à apporter dans une réglementation qui ne sont pas dans un code
de bonne pratique. Quand on rédige des codes de bonne pratique pour nos
éleveurs, exemple la fédérée avec ses
membres, on veut qu'ils tendent vers. On a dans nos cahiers de charges, à l'heure actuelle, des pratiques de bien-être
animal qui sont obligatoires, d'autres qui
sont à atteindre. On ne peut pas toutes les mettre au même rang. On veut que
ça s'améliore, on ne peut pas... Si on est
trop exigeants, on va briser un peu la relation et empêcher que l'amélioration
se fasse.
On travaille en éducation,
dans une partie de l'amélioration, en expliquant au producteur que mieux sont
ses animaux, meilleure est sa productivité
comme entrepreneur. Donc, il faut prendre le temps d'éduquer et de... pour s'assurer que l'industrie ne s'arrête pas.
Le lendemain, il faut que tout le monde mange, là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Mais, si on veut continuer à vendre sur nos
marchés d'exportation, il faut avoir une bonne réputation, et une
législation qui est plus positive sur le bien-être animal peut devenir un outil
de vente.
M.
Richard (Denis) : Je suis d'accord avec vous, M. le ministre. Ce qu'on
dit, c'est qu'il faut être prudent, consulter pour ne pas appliquer
intégralement ces codes de bonne pratique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K. Votre élément 3, là, on revient... Le projet
de loi n° 54 n'intervienne pas dans
les secteurs d'activité sous juridiction fédérale, ça, c'est la même
argumentation qu'on a eue tantôt. J'ai obtenu une précision, là. Quand les inspecteurs fédéraux sont
là, les nôtres ne sont pas là, mais on a des protocoles d'entente avec l'agence canadienne pour l'application de
certaines dispositions. Donc, il s'agit de voir quelles dispositions on insère
dans le protocole d'entente. Moi, je
comprends qu'à partir du moment où l'agence fédérale est là, il y a des
ententes également avec l'Ontario, le
Manitoba, etc., vous avez des usines, là, dans chacune de ces juridictions-là,
il s'agit de s'assurer qu'il y a une espèce d'harmonisation puis pas de
dédoublement. Ça va? O.K. Ça va pour le moment.
Le Président (M.
Morin) : Ça va, du côté ministériel? M. le député de Berthier.
• (17 h 30) •
M.
Villeneuve : Oui, merci, M. le Président. Bien, c'est une bonne
précision que le ministre apporte parce que, là, ça... On remet un peu au jeu, là, la préoccupation du groupe qui
était là avant vous, les représentants du groupe qui étaient là avant vous, mais je pense qu'il y aura
matière à discussion par rapport à cela parce qu'effectivement ça risque
de poser problème en tout cas au niveau du transport, c'est ce que j'ai
compris.
Hubert
Reeves — et là
j'espère le citer comme il faut, là, j'y vais de mémoire, là, avec l'esprit
dans lequel il faisait cette
déclaration-là — disait
qu'au niveau de l'environnement c'est les grandes entreprises qui vont prendre
le lead un jour parce que justement
elles ont tout intérêt à le faire parce que de plus en plus les gens seront sensibilisés
aux réalités planétaires, aux
réalités de l'environnement, et donc, pour pouvoir continuer à être en
business, être en commerce, elles vont
nécessairement elles-mêmes se donner des contraintes pour améliorer leurs
façons de faire. Je pense que l'industrie, et à écouter ceux avant vous tantôt et ceux qu'on a entendus aussi hier...
bref, je pense qu'il y a là une conscientisation très claire. Le ministre parlait de 8 millions de paires d'yeux,
là, qui vous regardent, plus le Canada entier et même l'Europe, l'Europe
qui a des standards en environnement qui va faire en sorte que les pays qui
n'atteindront pas des standards environnementaux
pourraient être pénalisés sur le plan de leur commerce. Donc, ça revient un peu
à ce que le ministre disait tantôt.
Effectivement, si on n'arrive pas à se placer mieux puis de faire mieux en
termes de bien-être animal, on risque d'être pénalisés.
Par ailleurs, si on
décide de faire mieux... Et je suis convaincu qu'avec ce que je lisais sur
votre organisme, la Coop fédérée, autant que
l'autre organisme avant vous, où vous mettez des formations en place puis il y
a vraiment des protocoles qui sont
établis... Je pense que ça, vous l'avez à coeur. Et moi, je pense, en tout cas,
je suis assez convaincu que, si vous
avez produit des codes de pratique comme ils sont produits, avec des objectifs...
Un objectif, par définition, c'est
quelque chose qu'on veut atteindre, donc, si ces codes de pratique là, ils ont
été mis là, c'est parce que vous voulez les atteindre. Alors, je comprends tous les échanges que vous venez
d'avoir avec M. le ministre, mais moi, je suis assez convaincu qu'on
doit tendre à faire mieux et à démontrer qu'on fait mieux.
Alors,
je ne sais pas si vous avez d'autre chose à ajouter par rapport à ce point-là,
je sais que ça a pas mal été discuté. Mais
comment vous voyez ça pour la suite de choses? Parce que, dans le fond, si on
n'applique pas ces codes-là ou si nous,
on les applique, puis les autres ne les appliquent pas, bien on risque
peut-être, au final, d'être gagnants, là, parce qu'on va améliorer le bien-être animal, et ça va être reconnu. Je veux
quand même, si vous voulez prendre quelques instants, là, vous entendre
là-dessus.
M. Richard
(Denis) : Bien, oui, on adhère à ces codes de pratique là. On forme
nos représentants, hein? Tout à l'heure, on y a fait allusion, il y a des
représentants qui vont sur les fermes. La fédérée, on a toute une équipe d'experts-conseils qui accompagne les producteurs,
ces gens-là ont des formations sur le bien-être animal. On a même fait venir, voilà trois ans, Mme Temple
Grandin, qui est la sommité en Amérique du Nord en normes de bien-être animal,
pour venir expliquer les nuances dans le
comportement des animaux à nos représentants, là, puis à un groupe de
producteurs. En fait, il faut voir le
bien-être d'un animal, mais il faut se placer à sa place, parce que notre
bien-être à nous et le sien est
différent, nos besoins ne sont pas les mêmes. Alors, ce qu'elle est venue
expliquer à notre monde, c'est comment on peut s'assurer, dépendamment
des espèces, qu'on travaille à améliorer le bien-être de cet animal-là en
élevage, avec certaines contraintes, c'est
sûr, mais il faut... Son objectif, dans les deux jours qu'elle a passés avec
notre monde, c'est de s'assurer qu'on
tend vers une amélioration du bien-être animal, pour toutes les raisons que
vous avez nommées, parce que certains
de nos clients le demandent, parce que c'est plus productif aussi dans les
élevages. Nos membres y trouvent leur
compte, il faut seulement leur laisser le temps un peu de comprendre le
système. Puis on part, je dirais, là, d'une façon de faire qui est historique et qui évolue dans le
temps, alors c'est important de laisser tout le monde avancer. Et l'industrie
a besoin de tout le monde pour avancer. Tout à l'heure, on vous disait qu'il y
a l'augmentation de consommation de volaille; bien, il faut s'assurer de ne pas
perdre trop de joueurs en avançant pour réussir à satisfaire au marché.
Alors,
oui, on y adhère, oui, on continue. On avait quelques interrogations qu'on vous
a amenées, on pense que vous devriez
en tenir compte, je pense qu'on tient aussi à noter qu'on croit que vous avez
ensemble la capacité de trouver la meilleure façon de faire, mais on
voulait vous amener quelques points de réflexion.
M.
Villeneuve : Tantôt, si j'ai bien compris, le groupe avant vous
disait qu'il y avait 99 % de
leur activité qui était sous l'abattage fédéral, transport et abattage
fédéral. Dans votre cas, c'est quoi? Est-ce que vous avez...
M. Richard
(Denis) : 100 % fédéral.
M. Villeneuve :
100 % fédéral.
M. Richard (Denis) : On n'a pas de
plus petit abattoir, tous nos abattoirs sont au fédéral.
M. Villeneuve :
D'accord. Donc, d'où l'importance de clarifier la nuance que le ministre vient
d'apporter concernant le protocole qui
serait appliqué par les inspecteurs du fédéral, advenant une entente avec le
gouvernement du Québec. C'est tout pour moi, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Morin) :
Merci. Mme la députée de Mirabel, s'il vous plaît.
Mme D'Amours : C'est la députée de Saint-Hyacinthe...
Le Président (M. Morin) : Ah
oui? Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy : Merci. Bien, merci
d'être ici.
En ce qui concerne le code de pratique, je comprends très bien l'enjeu. En fait, je
suis d'accord avec vous dans les grandes lignes parce
que, bon, ils ont été écrits d'une façon à atteindre une cible dans le monde
idéal puis dans un échelon aussi qui n'est
pas dans le moment présent. Donc, je pense qu'il ne faut pas mettre plus de
bâtons dans les roues que les producteurs en ont déjà, parce qu'ils en
ont beaucoup dans certains ministères, entre autres.
En ce qui
concerne les standards et la réglementation, on a vu, au cours des discussions,
que ça revient souvent, l'argument
que, bon, si on a des plus hauts standards, on va avoir une compétitivité qui
va tendre vers... en notre faveur, en
fait. Est-ce que vous pensez qu'en ce moment on n'a pas de standards qui sont
parfois plus élevés dans certains secteurs à l'extérieur que nous-mêmes
ici?
M. Richard
(Denis) : Bon, il faut le voir production par production. Si on parle
du... Tout à l'heure, la volaille, la volaille ainsi que le lait, on
n'exporte pas à l'extérieur du pays, alors on n'a pas... Olymel est un des plus
grands exporteurs canadiens de la viande de
porc. Nos standards sont déjà dans les plus élevés au monde, puis on tend quand
même à les augmenter.
Alors,
c'est pour ça qu'on garde des objectifs et non des obligations, parce que le
marché, lui, n'a pas nécessairement la volonté,
comme expliquait tout à l'heure celui qui m'a précédé, de vouloir payer une
prime pour les effets causés. Alors, c'est
pour ça qu'exemple on va demander à nos agriculteurs qui sont membres,
lorsqu'ils font des réparations de bâtiment, de changer un peu la réorganisation, plutôt que de les obliger à
réorganiser le bâtiment. Alors, on tend vers des standards à la vitesse
que le marché est capable de le prendre parce que le marché ne donne pas
vraiment de prime ou très peu. S'il y a
2 % qui est primé puis qu'on normalise 100 % du produit, l'autre
98 % du produit, on va avoir moins de compétitivité pour le passer,
alors les agriculteurs vont être pénalisés.
Mme
Soucy : O.K. Mais vous n'avez pas l'impression qu'en ce moment on a
moins de réglementation que le reste...
M. Richard
(Denis) : Non, je ne pense pas. Dans les produits comme le porc, en
tout cas, on est dans les meilleurs au
monde en frais de normes de santé et bien-être animal... bien, dans les
meilleurs avec l'Europe, mais le reste du monde est peut-être un peu...
M. Harel (Jean-François) : Et même
en Europe les normes sont différentes de... Ce n'est pas uniforme.
Mme Soucy : Non, non, c'est ça.
J'ai une
petite question concernant, justement, La Financière
agricole. Vous avez soulevé un bon point puisque, si jamais le producteur ne respecte pas des
règlements qui sont déjà en vigueur, bien il n'aura pas la somme qui est octroyée par La Financière agricole. Pouvez-vous me donner un exemple qui vous
vient concrètement en tête qui pourrait nuire aux producteurs en ce
moment avec la législation, si elle était...
M. Richard (Denis) : Comme on n'a
pas la réglementation mais qu'on voit que...
Mme Soucy : Pas la réglementation
mais le projet de loi, excusez.
M. Richard
(Denis) : ...et comme on sait que tout est possible, un producteur qui
serait fautif, pris fautif pour, je dirais, là, une action mineure
pourrait se retrouver avec pas de remboursement de ses taxes municipales.
Mme Soucy : Si on se fie au code de
bonne pratique, supposons, là, tu sais, si les codes de bonne pratique...
M. Richard
(Denis) : Ce qu'on voulait nuancer, et c'est pour ça qu'on voulait
attirer votre attention, il faut faire une différence entre une action
spontanée, là, d'un employé qui un matin est arrivé avec pas la même humeur
qu'à l'habituel, qui peut... qui est un geste répréhensible mais pas
répréhensible de la même façon qu'une situation qui est récurrente dans le temps. Il faut que ce soit nuancé dans les pénalités
ou dans l'application. Et un producteur qui aurait plusieurs sites avec des employés, si un site est
pris à défaut, est-ce que tous ses sites sont pénalisés ou seulement le site qui est pris en défaut? Alors, ça, ce n'est pas
nuancé dans ce qu'on nous... Alors, c'est pour ça qu'on dit qu'il y aurait
besoin de certaines nuances dans l'application des pénalités.
Mme Soucy : Merci.
Le
Président (M. Morin) : Ça va? M. Richard, M. Harel, merci. Encore une fois, des bons commentaires, très
appréciés par la commission. Et je vous souhaite un bon retour à la maison.
Donc, je
suspends les travaux quelques instants afin que la commission puisse procéder à
l'élection de la présidence de cette commission.
(Suspension de la séance à 17 h 39)
(Reprise à 19 h 31)
Le
Président (M. Morin) :
Bonsoir, mesdames et messieurs. La commission reprend ses travaux. Je vous prie de
vérifier vos téléphones cellulaires.
Nous allons
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 54, Loi
visant l'amélioration de la situation juridique de l'animal.
Nous recevons à cette heure Olymel. Donc,
M. Sylvain Fournaise, je vous salue et vous laisse la parole pour
10 minutes.
Olymel SEC
M.
Fournaise (Sylvain) :
Parfait, merci beaucoup. Donc, oui, je suis Sylvain Fournaise, je suis vice-président Sécurité alimentaire et services techniques chez Olymel. D'abord,
merci beaucoup pour l'invitation à venir commenter le projet
de loi, qui est très important.
Quelques mots
à propos d'Olymel en mise en situation. Olymel, comme vous le savez, est un chef de file
dans le domaine de la production, du
transport des animaux, de la transformation et la distribution des produits de
porc et de volaille. On compte sur
plus de 10 000 employés
pour faire ce travail-là dans des opérations dans au-delà de 23 usines
et centres de distribution. On a un chiffre
d'affaires qui s'élève à 2,8 milliards de dollars, on exporte dans plus de
65 pays. Et, avec les acquisitions qu'on a faites au niveau de la
production, Olymel est maintenant le troisième plus important producteur de
porc au Canada.
D'entrée de
jeu, je dois dire qu'Olymel supporte et encourage l'élaboration du projet de
loi qui vise à améliorer le statut juridique de l'animal et à donner un
encadrement réglementaire au bien-être animal. Étant impliquée dans la production de porc et dans l'abattage de porc et
de volaille, Olymel a toujours mis en priorité la manutention humanitaire
des animaux et le bien-être animal.
Le projet de loi, tel que présenté, est un
excellent point de départ à ces discussions-là qu'on a ensemble. On a cependant certaines préoccupations qu'on va
partager avec vous pour pouvoir obtenir des éclaircissements sur certains
articles et également de voir comment
l'application de cette nouvelle loi va être faite en regard de la réalité
industrielle des élevages et de la transformation des animaux qui sont
destinés à la consommation.
Selon nous,
il est très important de bien définir les balises qui vont permettre de se
conformer à l'esprit de la loi et de
bien définir les rôles et responsabilités de chacun, de reconnaître le besoin
de formation à cet égard, et ça, c'est des éléments qui sont excessivement importants. Au départ, il y a une loi,
il va y avoir des codes de pratique qui vont donner les lignes directrices, entre les deux
l'élaboration d'un règlement, mais après ça, lors de l'application, la
formation va être excessivement
importante. On croit qu'il est essentiel que le travail se fasse en
concertation avec l'industrie et les autorités gouvernementales puis que
la mise en oeuvre de cette législation s'inscrive dans une démarche
d'amélioration continue. On est intéressés, on est disponibles, on confirme
notre intérêt à participer pleinement à tous les efforts de concertation qui
seront entrepris autour de cette question du bien-être animal.
Vous savez,
au cours de 30 dernières années, où je suis impliqué, au niveau de
l'abattage et de la transformation, j'ai
été témoin, là, de tout le travail qui a été fait tant au niveau de la
production, producteurs de volaille, producteurs de porc, dans le domaine de la salubrité alimentaire,
dans le domaine du bien-être animal, tous les efforts qui ont été faits également au niveau du transport, que ce soit dans
les remorques — on exige
que tous les transporteurs aient une formation certifiée, autant dans le
porc que dans la volaille — tout
le travail qui a été fait pour ne pas transporter des animaux fragilisés; au niveau des abattoirs les efforts
qui ont été faits en formation, en sensibilisation, les équipements beaucoup
plus performants, l'évolution des procédés, tout ça pour nous amener aujourd'hui à respecter les grands... les normes les plus sévères en termes
de bien-être animal. Donc, il faut être conscient que, les dernières années, il
y a beaucoup de travail qui a été fait, puis
c'est pour ça qu'on parle d'un processus d'amélioration continue, où on se donne le temps avec des
objectifs puis on continue d'avancer et de s'améliorer.
Bien sûr,
puis, je pense, vous le réalisez, le bien-être animal, c'est un enjeu qui est complexe, qui est
très large, il y a beaucoup
de sensibilité. Mon but, dans le mémoire qui a été déposé, c'est peut-être
aussi de démystifier un petit
peu les choses qu'Olymel fait pour mettre en contexte le volet de la
transformation alimentaire.
Olymel, au cours des années, a su recourir aux
meilleures pratiques dans le domaine, et, au-delà de l'aspect réglementaire, le traitement sans cruauté des
animaux, c'est non seulement une priorité, mais c'est une valeur fondamentale
de l'entreprise, une valeur à laquelle tous les employés sont invités à
souscrire. On a développé nos programmes de bien-être animal et on les a faits de concert... en
consultant Dre Temple Grandin, que vous connaissez, et on suit le travail,
les réalisations de Dre Grandin, et on
a des contacts toujours avec elle, et on a recours à ses conseils. Donc,
on a mis en place des programmes qui
couvrent tous les aspects du bien-être animal et le traitement sans cruauté des animaux
dans le but d'éviter toute souffrance
inutile, et le personnel de nos abattoirs, à la fois dans le secteur du porc et
aussi de la volaille, reçoit une formation qui leur procure une bonne connaissance du
comportement animal, des principes fondamentaux du bien-être animal afin
qu'ils puissent contrôler les sources de stress et prévenir les blessures.
Au niveau
du secteur du porc, peut-être démystifier certains éléments. Par exemple,
il peut être mentionné que le jeûne
de l'animal est une source de souffrance, mais l'animal, avant d'être
transporté vers l'abattoir, se doit de subir un jeûne. Toutes les études démontrent que ça facilite la manipulation,
ça évite l'inconfort de l'animal et ça permet également à l'abattoir de
permettre de rencontrer nos objectifs au
niveau de la salubrité. Donc, le
jeûne est nécessaire pour l'animal avant le transport.
Et
également, je l'ai mentionné, tous nos transporteurs, c'est
une obligation, doivent avoir une certification du
programme d'Assurance Qualité Transport. Et, si jamais on reçoit un animal qui
a une blessure ou quoi que ce soit, immédiatement il va y avoir examen par un
vétérinaire et les dispositions appropriées.
Nos
abattoirs de porc, également,
peut-être une chose que vous ne savez
pas, mais sont tous équipés avec
aires de repos, et les porcs, à la
réception, doivent... sont dans l'aire de repos, et un repos minimal de trois
heures avant d'être abattus. Et ils ont, à ce moment-là, accès à de
l'eau potable, on a également des systèmes de brumisation, si jamais la température est trop chaude, pour qu'ils puissent...
et ils ont amplement la place également pour s'étendre et se reposer
avant l'abattage.
Ensuite,
ils sont amenés en petits groupes vers l'abattage comme tel, et les systèmes,
maintenant, permettent de soutenir le
porc sous l'abdomen, par les côtés, délicatement l'amener au système pour
l'étourdissement électrique, et ça prend
une fraction de seconde, et l'animal est insensibilisé à ce moment-là. À la
suite, il est déposé sur une table — parce qu'on entend parfois des accrochages d'animaux qui ne sont pas
insensibilisés, etc. — l'animal insensibilisé, qui ne perçoit aucune douleur, est
déposé sur une table pour être saigné par une petite incision au niveau des
artères jugulaires à ce moment-là, la
saignée se fait sur un animal qui est étendu sur une table, et à la fin de la
saignée l'animal est accroché pour aller
vers le processus d'abattage, et à ce moment-là il est décédé. Donc, le
processus se fait, nos employés sont formés, et c'est sous surveillance
étroite.
Un
autre volet aussi au niveau de la production de porc : au niveau de la
stabulation libre, toujours dans nos efforts continus pour le traitement plus humanitaire, on a également pris un
engagement, Olymel a pris l'engagement qu'en 2022 100 % des porcs abattus dans nos
établissements vont provenir d'exploitations agricoles en stabulation libre. Il
y a déjà plusieurs initiatives qui
sont en cours, puis notre projet de construction au Témiscamingue des
maternités porcines sous les Fermes boréales, c'en est un exemple.
• (19 h 40) •
Au
niveau de la volaille, bien c'est la même chose : programme de formation,
programme d'audit. Et on a démontré notre
leadership. On a installé des toits
amovibles sur les camions, on a installé des sondes de température qui donnent
une lecture en continu de la température de
la remorque de transport, on a maintenant, à la réception, des hangars fermés, qui prévient l'animal d'être exposé aux
intempéries, pour vous donner quelques exemples de choses qui ont été faites.
Et également on a mis en place l'étourdissement au CO2. Donc, nos dindons sont maintenant anesthésiés au CO2, toujours dans un but de bien-être animal.
Là, je vois le temps,
donc je vais aller rapidement aux recommandations sur le projet de loi. Donc, lorsqu'on
examine le projet de loi, bien on vient rapidement
à la conclusion qu'il a été écrit et s'adresse aux commerces d'animaux plus de compagnie. Donc, quand on lit les articles
avec l'esprit des animaux de compagnie, prévenir des actes de négligence
très répréhensibles envers les animaux, pour
nous, c'est très clair, et sous cet aspect on n'a pas de commentaire, car les articles sont vraiment clairs, sont explicites, selon
nous.
Par contre,
en accord avec ce projet-là, il
manque des balises afin d'appliquer le règlement dans le cadre d'une
production commerciale destinée à la consommation, et on craint que, sans ces
balises, l'application stricte de la loi viendra contrecarrer tous les efforts
appliqués dans un processus d'amélioration continue.
Je vais donner
quelques précisions rapidement en terminant. Par exemple, l'article 63.3°
est excessivement important. Il concerne la reconnaissance des codes de
pratique, et, pour nous, c'est la façon de justement se doter de lignes
directrices et de balises. Donc, les codes de pratique, pour nous, c'est
l'élaboration de lignes directrices, d'objectifs
à atteindre, et ils ne peuvent pas devenir des règlements directement, il faut
les rediscuter parce qu'ils sont des
lignes directrices et des objectifs, et ça nous permet de donner un encadrement
et de définir, selon les articles de la loi, comment qu'on va
l'appliquer sur le terrain. Et ces balises sont très importantes lorsqu'on
regarde, par exemple, les articles 10,
11 et 12, qui nous préoccupent principalement au niveau de la production, parce
que l'article 7 nous donne quand
même une définition pour les activités d'agriculture, mais, lorsqu'on prend
isolément les articles 10, 11 et 12, bien ça vient contrecarrer cet article 7 là. Donc, il faudrait qu'il y
ait une clarification pour bien voir comment ça va s'appliquer et
s'harmoniser ensemble. Donc, il y a des éléments comme ça à revoir au niveau du
règlement.
Donc, nos
recommandations : de reconnaître les codes de pratique comme étant les
lignes directrices qui permettent de
rencontrer les exigences des lois et règlements, favoriser la concertation de
tous les intervenants à l'élaboration et
la compréhension de ces codes, utiliser des mécanismes qui sont déjà en place
pour cette concertation, par exemple le
groupe de pilotage de la Stratégie québécoise de santé et de bien-être des
animaux, et mettre en place des programmes de formation pour tous les
intervenants, y compris le personnel chargé d'appliquer les lois et règlements.
Un
autre élément aussi, je vais aller très rapidement parce que, je crois, vous en
avez entendu parler : de définir les
rôles et responsabilités entre les instances — et, M. le ministre, vous avez répondu plus
tôt aujourd'hui à ça — donc que soient
clairement, bien définis les rôles et responsabilités des différentes
instances. Et, comme vous l'avez dit, il y a déjà des protocoles d'entente sur la salubrité, donc qu'il y ait des
protocoles d'entente qui soient convenus pour reconnaître... que les
exigences fédérales permettent de rencontrer la loi provinciale.
En terminant,
trois petits points très précis. Dans un esprit de clarification, peut-être
qu'il faudrait regarder — mais je ne suis pas un juriste — de préciser un peu
plus les tables d'amendes ou le mécanisme de graduation pour définir quelles amendes
s'appliquent au milieu agricole versus les particuliers. À l'article 14,
où il est mentionné que les médecins vétérinaires
doivent déclarer, on pense que ça devrait être élargi à un médecin vétérinaire
ou autre intervenant sur la ferme, il y
a des experts-conseils, des agronomes, il y a d'autres intervenants qui doivent
également, selon nous, avoir l'obligation de déclarer. Et également, dernier petit point, article 38, lorsqu'on
dit que l'inspecteur a le droit de pénétrer à toute heure raisonnable,
il faudrait préciser que ça doit se faire en respect des règles de biosécurité
en vigueur. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Morin) : Merci, M. Fournaise. Pour le fond,
vous avez 100 %, mais on a dépassé de quelques minutes. Mais c'est
bien, c'est bien. M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui.
Olymel, c'est majeur, là, comme représentant de ce secteur d'activité là.
Merci d'avoir pris le temps de venir éclairer la commission.
Il demeure certaines questions. Quand vous
dites : «Les activités agricoles, telles que définies», puis là vous reprenez une série d'articles, ça nous inquiète un
peu. Moi, ce que je comprends du projet de loi, comme tel, c'est que c'est de la traduction de ce qui se passe en
Ontario, au Manitoba puis en Colombie-Britannique. Si vous êtes capables
de répondre aux normes dans les autres
juridictions, qu'est-ce qui vous empêcherait de répondre aux normes au Québec?
M. Fournaise (Sylvain) : Je
m'explique. Ce n'est pas de rencontrer les normes qui est le problème, c'est
s'il y a une interprétation très stricte. C'est les nuances qu'on a besoin dans
l'application.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
O.K., ça va.
M.
Fournaise (Sylvain) : Parce que la loi, telle qu'elle est écrite là,
on n'a rien contre, et chacun des articles. C'est lorsqu'on y va dans le détail, l'application
stricte, le manque de balises que, là, on peut se retrouver en situation problématique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : La
réglementation et l'application qui vont en découler, autrement dit.
M. Fournaise (Sylvain) : C'est ça.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : O.K.,
ça va. On est allés consulter votre site Internet, c'est très bien. Vous dites
qu'Olymel répond aux critères les plus élevés en matière de bien-être animal.
Vos critères sont inspirés de quelle juridiction, de quelles pratiques?
M.
Fournaise (Sylvain) : Comme je l'ai dit, tous les programmes qui ont
été développés ont été faits de concertation
avec toutes les recommandations que la Dre Temple Grandin, elle fait.
O.K.? Et ça, ça permet de rencontrer toutes les normes réglementaires.
Et, quand on
dit que nos programmes vont au-delà de ça, c'est qu'on a mis en place des
processus d'audit interne, on a mis
en place, comme je le mentionnais, par exemple des changements au niveau des
remorques pour le transport, on a mis
en place des hangars, c'est des éléments qui ne sont pas réglementés. Et on dit
qu'on doit éviter toute souffrance inutile.
Donc, Olymel, par ses initiatives, va plus loin pour s'assurer... éviter toute
souffrance et améliorer le confort des animaux qui sont transportés.
Donc, c'est dans ce sens-là qu'on dépasse les normes en vigueur.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : O.K.
Vous avez une politique de tolérance zéro en matière de cruauté animale.
M. Fournaise (Sylvain) : Oui.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Quelles
sont les sanctions qui peuvent être appliquées contre une personne qui
est fautive?
M.
Fournaise (Sylvain) : Bien sûr, c'est dans le cadre également des
conventions collectives en vigueur, alors c'est... Donc, à ce moment-là, dépendamment du geste qui est posé, on
s'entend, il peut y avoir... ça peut partir de l'avis verbal, l'avis écrit, et ça pourrait aller, dans
les cas les plus graves ou dans les cas de récidive, jusqu'au congédiement.
Donc, il y a un suivi qui est en place dans
toutes les usines, les employés sont très, très sensibilisés à ça, et toute
infraction est notée.
Et la
politique de tolérance dit : Tu vois quelque chose, tu le déclares, et on
ne portera jamais de préjudice envers un employé qui va déclarer quelque
chose qu'il a vu. Et ça peut même se faire sous confidentialité.
Donc, nous,
c'est d'appliquer la tolérance zéro sur tout geste qui pourrait porter atteinte
à l'intégrité de l'animal.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : O.K. Est-ce
que ces politiques de bien-être animal que vous avez mises en place vous apportent des compensations, comment je
pourrais dire ça, financières sur le plan de la mise en marché, de
l'exportation?
M.
Fournaise (Sylvain) : Au moment où on se parle, il faut dire qu'il n'y
a pas, comme tel... Si on va sur le marché international, il n'y a pas d'exigence ou de demande, comme tel, qui
régit le bien-être animal. J'ai un client, pour dire, international, c'est GWF, parce qu'on exporte en
Australie, et lui, c'est, dans le fond, l'intermédiaire pour les chaînes de
restaurants McDonald. Donc, GWF, sur une
base mensuelle, je dois lui fournir mes rapports d'audit de bien-être animal.
C'est une relation client-fournisseur, à ce moment-là.
Donc,
il n'y a pas vraiment de pays qui a des normes bien-être animal qui
m'empêcheraient d'exporter de la viande. Là...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Sauf que, si vous exportez au Japon... Moi, j'ai
déjà vu votre matériel d'exportation, vos caisses, tu sais, les porcs
élevés au Canada, la verdure, l'environnement, le...
• (19 h 50) •
M.
Fournaise (Sylvain) : Oui. Donc, l'histoire est très importante, la
provenance, la traçabilité, le mode qu'on l'alimente, bien sûr.
Ce
qu'on a, par contre, c'est nos clients qu'on appelle les comptes nationaux, eux
ont des exigences en matière de bien-être animal. Ici, par comptes
nationaux, je vais parler des chaînes de restaurants Wendy's, PFK, je parle de Burger King, donc nommez-les tous. Eux ont en place
des programmes structurés qu'ils nous soumettent, et ces clients-là viennent nous auditer. Et on a également des
audits de tierces parties neutres qui sont faits par des organismes d'audition,
donc c'est très, très, très surveillé, en plus de la présence, bien sûr, de
l'agence d'inspection, qui est sur les lieux.
Donc,
au niveau, si on veut dire, de la mise en marché, si on n'avait pas en place
nos programmes de bien-être animal,
ça pourrait être très difficile avec les comptes nationaux et les chaînes de
restauration qui ont été de l'avant. Comme par exemple, McDonald, l'annonce qu'ils font pour les oeufs, ce genre
d'annonce là, bien ça devient contractuel entre un client et
fournisseur.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Sentez-vous que c'est un mouvement qui est
strictement québécois, pancanadien, nord-américain... ou si ça s'étend à
la planète?
M.
Fournaise (Sylvain) : Non, c'est clair que c'est à la grandeur de la
planète, c'est clair qu'il y a une grande sensibilisation. L'Europe a été précurseur par la mise en place de lois,
l'Europe ont été de l'avant rapidement avec des normes de transport, et
tout ça, mais on sent clairement que ce n'est pas une mode, ce n'est pas un
mouvement, c'est vraiment une obligation à
mettre en place. Les consommateurs, le public, ils sont très sensibilisés, ils
demandent à ce que les entreprises
soient responsables par rapport aux produits qu'ils leur fournissent. Il y a
beaucoup de mouvement dans ce sens-là également aux États-Unis.
Donc,
non, clairement, ce n'est pas une boîte à surprise, ce n'est pas une petite
mode qu'on répond rapidement. D'après
moi, ça doit être intégré dans nos modes de fonctionnement et dans notre
philosophie d'entreprise, c'est clair.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Merci. Moi, ça va pour le moment. On va garder le
contact pour la suite du projet de loi. Merci.
Le Président (M.
Morin) : M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M.
Chevarie : Oui, merci, M. le Président. M. Fournaise, j'ai porté
une attention à votre mémoire quand vous parlez qu'il pourrait y avoir,
pour certains volets de l'application du projet de loi, un litige entre
l'Agence canadienne d'inspection des
aliments et des inspecteurs du MAPAQ. Et d'ailleurs vous en faites une de vos
quatre recommandations, à votre
page 11 du mémoire, où vous mentionnez : «Que soient clairement
définis les rôles et responsabilités des différentes instances
gouvernementales et qu'un protocole d'entente soit convenu afin de reconnaître
que les exigences fédérales permettent de rencontrer la loi provinciale.»
J'aimerais ça si vous... si c'était possible, pour des fins d'une meilleure compréhension, de nous apporter quelques exemples
concrets qui pourraient illustrer des problématiques potentielles à ce niveau-là.
M.
Fournaise (Sylvain) : Oui, d'accord. Un exemple qui me vient en tête,
par exemple, si on prend le transport de
la volaille, O.K. : lors de la réception des volailles à l'abattoir, les
inspecteurs de l'agence vont vérifier notre réception, ils vont vérifier également le taux de mortalité,
car il arrive, lors du transport, qu'il y a des oiseaux qui vont décéder lors
du transport, et il y a, par exemple, une
tolérance sur un certain pourcentage, et ça, c'est reconnu, et l'agence accepte
ce pourcentage. Et on doit démontrer les efforts qu'on fait pour être en
meilleur contrôle pour réduire ce pourcentage.
Prenons un inspecteur
provincial qui arriverait avec la loi telle qu'elle est écrite là. S'il n'a pas
les mêmes balises ou les mêmes lignes directrices,
il pourrait dire : Un oiseau représente une souffrance inutile. Donc,
c'est ça que je veux dire.
Donc,
il faut qu'ensemble, autant du niveau de l'industrie, les autorités fédérales,
les autorités provinciales, on s'entende
ensemble sur les définitions, sur la façon d'évaluer chacun des dossiers, qu'on
parle d'un langage commun et qu'ensemble,
bien, on reconnaisse : Ça, c'est inacceptable, et ça, ça fait partie des
lignes directrices. Donc, c'est dans ce sens-là. Si l'espace alloué à un animal dans l'aire de réception serait
de tant de mètres dans une réglementation fédérale mais tant de mètres dans une réglementation
provinciale, on a un problème. Donc, c'est dans ce sens-là de l'harmonisation,
de définitions communes, de lignes directrices communes, concertées par tous
les intervenants.
M. Chevarie :
Merci. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Morin) : Ça
va, du côté ministériel? M. le député de Berthier...
Une
voix : ...
Le Président (M.
Morin) : Oui, allez, M. le député de Saint-Maurice, il n'est
pas trop tard pour bien faire.
M.
Giguère : Non, non, bien
c'est ça, il n'est jamais trop tard. Puis notre ministre,
il aime ça qu'on peut amener de l'information.
Vous
dites que les vétérinaires sont obligés de dénoncer puis vous voulez qu'il y ait d'autres intervenants, mais M.
le ministre, il a mis en ligne un
numéro de téléphone pour dénoncer, justement, la cruauté envers les animaux. Mais vous
voulez aller encore plus loin que ça, qu'il y ait une obligation des intervenants.
M.
Fournaise (Sylvain) : Oui,
bien c'est parce que je me disais : Pourquoi se limiter aux
médecins vétérinaires? Parce qu'il y a plusieurs intervenants qui peuvent... à la ferme, par exemple, qui doivent être touchés par le même article. C'est dans
ce sens-là que... Compte tenu
que tout le monde ensemble, on travaille dans le même sens, donc, à ce moment-là, ouvrez la porte en obligeant chacun de ces intervenants-là.
Pourquoi qu'un
vétérinaire, lors de sa pratique, est témoin, aurait obligation réglementaire
de déclarer, et l'agronome pourrait passer à
côté... ou l'expert-conseil? Disons-le clairement. Tous les intervenants, tous
les témoins d'un acte de négligence qui pourrait amener souffrance, vous
déclarez.
Le Président (M.
Morin) : Ça va, M. le député? Monsieur...
Une voix :
...
Le
Président (M. Morin) :
Mais vous avez liberté, M. le
ministre, vous avez encore six
minutes à vous exprimer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Non, mais je veux le faire assez rapidement.
L'obligation au
vétérinaire est accompagnée d'une immunité, le vétérinaire qui porte sa plainte
ne peut être poursuivi. Cette immunité-là ne
s'adresse pas aux autres intéressés. Et, si vous accordez l'immunité à tout le
monde, vous allez avoir quoi comme conséquence?
Présentement,
là, on a une ligne, là, 1 844 animaux, les gens peuvent s'identifier
ou conserver l'anonymat, et on donne
un suivi avec un inspecteur. Est-ce
que c'est suffisant ou ce n'est pas
suffisant? Parce qu'à partir du
moment... Et ça n'a pas été évident,
là, sur le plan juridique, de donner une immunité à un vétérinaire, qui peut en
vouloir à un client, là, tu sais, j'extrapole complètement, là, puis qui
dit : Moi, je vais le dénoncer puis je vais le... Il y a un équilibre,
puis je recherche cet équilibre-là entre protéger l'animal au maximum puis ne
pas permettre un dérapage du système.
M. Fournaise
(Sylvain) : Oui, je comprends très, très, très bien la nuance et la
difficulté. Donc, c'est ça, la réflexion,
là, je n'ai pas non plus la réponse magique, sauf que, je suis sûr, vous y avez
pensé, puis ça fait partie de, bon, jusqu'où
on va et quelles sont les conséquences. Je pense que ça nécessite d'y penser.
Puis peut-être que les médecins vétérinaires sentiraient qu'ils font un
petit peu moins cavalier seul dans cette...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ils ont une expertise aussi. Quand un médecin
vétérinaire porte plainte, c'est qu'il a vu quelque chose dans son domaine
de compétence, comme tel.
M. Fournaise
(Sylvain) : Oui. Ça, je comprends ce volet-là aussi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : On pourrait peut-être l'extrapoler sur les
techniciens, sur les... comme vous l'avez
mentionné, moi, je ne suis pas fermé à cette réflexion-là, mais, à partir du
moment où vous créez une obligation de dénonciation, vous êtes
pratiquement obligé d'accorder une immunité de poursuite, pour garder
l'équilibre.
M. Fournaise
(Sylvain) : Oui. Oui, je comprends.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Et le donner à l'ensemble de la population, là,
je suis certain qu'il y a des juristes à
certains endroits dans l'appareil gouvernemental et extragouvernemental qui
vont trouver que ça peut être compliqué.
M.
Fournaise (Sylvain) : Oui. Non, je comprends très, très, très bien ça.
Et, vous savez, je suis vétérinaire de formation aussi et membre de
l'ordre, hein?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Donc, vous avez l'immunité.
M. Fournaise
(Sylvain) : Merci, M. le ministre.
Le
Président (M. Morin) : ...parce que vous êtes ici. Ça va? Bon,
M. le député de Berthier, c'est à vous, en fin de compte.
• (20 heures) •
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. Bonjour, monsieur. Merci
d'être là. Écoutez, moi, je... Vous êtes en train de donner raison... en fait vous donnez raison à...
Je donnais l'exemple d'Hubert Reeves qui disait qu'à un moment donné, au niveau de
l'environnement, c'est les grandes entreprises de ce monde qui vont finalement
répondre de par leurs actions aux difficultés environnementales que ce
monde connaît, parce qu'elles ont tout intérêt à le faire aussi.
Mais,
écoutez, sans complaisance, et je n'ai pas d'intérêt dans Olymel, là, mais
c'est assez surprenant, ce que vous faites
déjà en termes de travail pour le bien-être animal. Puis je ne veux pas tous
les nommer, parce qu'il y en a plusieurs, mais je lisais, je regardais.
Entre autres, bon, tolérance zéro, M. le ministre en a parlé, mais les
remorques qui sont désormais équipées d'un
toit amovible protégeant les oiseaux, vous avez des hangars fermés, ventilés
l'été et chauffés l'hiver, afin de protéger, encore là, les oiseaux,
etc., bravo!
M. Fournaise
(Sylvain) : Merci.
M.
Villeneuve : Honnêtement, là, puis je ne vous le dis pas par
complaisance, moi, je suis estomaqué de voir tout ce qui a été fait.
Maintenant que ça,
c'est dit...
Une voix :
...
M. Villeneuve :
Non, non. Maintenant que ça, c'est dit...
Une voix :
...
M.
Villeneuve : Oui.
Non, je veux vous amener pareil sur... Parce
que tantôt le député des Îles-de-la-Madeleine a soulevé un point, et on avait répondu à la question
un peu auparavant, c'est que ce qui va se passer au niveau des inspections du fédéral, c'est les agents fédéraux
qui vont s'en occuper. Et il y a des protocoles, par ailleurs, qui sont faits
entre le Québec et le fédéral. Alors,
le protocole qui sera mis en place éventuellement pour répondre aux exigences de la loi sera
négocié avec le fédéral, et c'est le fédéral qui va l'appliquer.
Donc,
est-ce que ça se pourrait qu'il y ait des éléments dans
un protocole qui puissent vous embêter? Peut-être, mais là je
pense que, toute logique ayant sa
place... Exemple, l'article 10, là, quand on dit : «Il est interdit
d'embarquer ou de transporter dans un
véhicule ou de permettre l'embarquement ou le transport d'un animal qui, notamment
en raison d'une infirmité, d'une
maladie, d'une blessure ou de la fatigue, est incapable de se tenir debout»,
quand on sait la façon dont vous
transportez les... on va les appeler les oiseaux, les poulets, on comprend que
vous ne pouvez pas le savoir, s'il se tiennent debout ou pas, là.
M. Fournaise
(Sylvain) : Exact.
M.
Villeneuve : Ça fait
que je pense que, là, à ce moment-là,
ça devrait bien s'établir dans un protocole en faisant les différenciations et assurant les spécificités
de chaque domaine. Je pense que, de ce côté-là, le ministre, tantôt, a montré
beaucoup d'ouverture.
M.
Fournaise (Sylvain) : Puis, à ce niveau-là, je n'ai aucun problème
avec les protocoles d'entente, parce que les protocoles existent présentement pour les activités d'inspection en
matière de salubrité, et il n'y a jamais de conflit entre le provincial
et le fédéral au niveau salubrité. C'est le même exemple qu'on peut prendre qui
va arriver pour le bien-être animal.
M.
Villeneuve : Maintenant, si on prend l'article 10, 11 et
12, vous demandez qu'ils soient inopérants, si je peux dire ça comme ça, là, versus les codes de pratique.
J'imagine bien, là, il faut aussi s'entendre, parce que, ce qu'on retrouve
dans ces articles-là, comment on va pouvoir...
Et il y a aussi tout le côté dissuasif aussi de la chose, parce que le projet de loi a des éléments dissuasifs, à l'intérieur du
projet de loi, et ces éléments-là dissuasifs, bien c'est toujours aidant, hein,
quand on veut faire appliquer une loi. Et
là, si on les soustrayait... Je veux juste voir comment vous verriez, à ce
moment-là, l'effet dissuasif. Est-ce
qu'il ne vient pas tout simplement, là, être évacué, étant donné que le projet
de loi serait modifié?
M.
Fournaise (Sylvain) : C'est parce que, comme je disais tout à l'heure,
je pense, les éléments dissuasifs, c'est surtout... le questionnement, c'est sur le comment. Comment ça va être
évalué? Comment ça va être jugé? Sur quelles lignes directrices ou
quelles balises on va définir qu'on rencontre ou qu'on est en infraction avec
les articles? Et, lorsqu'on lit le 10, le
11, le 12, pris isolément, si on n'a pas une reconnaissance de ce qu'est les
pratiques agricoles courantes, on
peut avoir un problème. C'est dans ce sens-là qu'il faut qu'on réfléchisse
comme il faut pour que ce soit suffisamment clair que l'application ou le respect des articles réglementaires tient
compte des pratiques courantes, et des balises, et des codes sur
lesquels on s'est tout le monde entendus comme étant la façon de faire les
choses.
Ça
fait que, donc, à partir de ce moment-là, la mise en garde que je faisais,
est-ce que ça entraîne une modification de la loi, comme tel? Peut-être pas, mais on doit avoir l'explication,
puis, pour l'application, c'est le comment dans la vie réelle de tous les jours, là. Mais je
comprends le point qu'on doit avoir au départ une loi qui a la poigne
nécessaire puis qui est dissuasive.
M. Villeneuve :
Qui a quelques dents, disons.
M. Fournaise (Sylvain) : Et ça, on...
C'est pour ça que d'emblée, le projet, on est en accord.
M.
Villeneuve : Peut-être je vous amènerais à la page 10, là,
quand vous dites : «Dans un esprit de clarification et distinction, il faudrait préciser la table des
amendes ou le mécanisme de graduation — c'est un peu de ça qu'on parle au
niveau de la... quand on parle d'éléments dissuasifs, là, donc — et
définir quelles amendes s'appliquent au milieu agricole.» Peut-être
m'éclaircir, m'éclairer un peu là-dessus?
M.
Fournaise (Sylvain) : Bien, ça, dans le fond, c'est juste un élément
de s'assurer... Parce qu'à la lecture des tables et des amendes on se posait la question : Dans ce cas-là,
est-ce que ça pourrait être pour une compagnie, pour un employé qui a posé un geste, pour... donc dans le
domaine agricole, dans le cadre de l'application des codes de pratique? On faisait juste se poser la question. Est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu de dire, par exemple : Un individu qui possède
des animaux, qui a posé des gestes,
versus une entreprise qui est responsable de l'abattage de
70 000 porcs dans une semaine? C'était dans ce sens-là, cet esprit de graduation là, et tout ça, et
c'est vraiment juste une réflexion à l'effet... Donc, y a-tu lieu de
clarifier ou... — je
ne suis pas juriste — la
façon que c'est écrit, et ce sera, à ce moment-là, les tribunaux qui décideront de qu'est-ce qui s'applique dans quel
cas, dépendamment de la gravité du cas, là? C'était dans ce sens-là, là.
M.
Villeneuve : D'accord. Bien, écoutez, moi, je vous dis bravo,
bravo pour l'ouverture que vous avez. D'ailleurs, cette ouverture-là, on la retrouve chez tous les
intervenants. Effectivement, il y aura des précisions à apporter, clarifier
des choses, s'assurer que tout cela ait du sens, là, mais, encore une fois,
merci de votre participation.
M. Fournaise (Sylvain) : Merci.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. le député de Berthier. Mme la députée de Mirabel.
Mme
D'Amours : Merci, M. le Président. Bonsoir, M. Fournaise. Tout à
l'heure, on a rencontré l'autre groupe précédent
qui, eux, parlaient que, le code de pratique, là, on devait être prudent
là-dessus, et vous, dans votre recommandation, vous dites de mettre en
place un processus officiel. Pouvez-vous m'expliquer pourquoi que vous c'est
officiel et que la coop, eux autres, ils
disent des pratiques... Il faut comme doser, là, parce que tout à l'heure ils
nous expliquaient qu'il y avait des
producteurs qui étaient en évolution dans leurs processus plus vite que
d'autres, et d'autres un peu moins vite. Puis, quand je vous écoutais, tantôt, parler, vous parliez d'objectifs
sur ces codes de pratique là. Quand on a une planification stratégique puis on a un objectif, on a des dates
puis on se donne un défi d'arriver à la date puis d'avoir atteint nos
objectifs.
M.
Fournaise (Sylvain) : Oui. C'est parce que, lorsqu'on mentionne que
les codes doivent être officiels, c'est reconnu comme étant le véhicule, comme étant les lignes directrices qui
permettent de rencontrer la loi et ses règlements. Donc, à ce moment-là, le code, tel qu'il a été
élaboré, en concertation avec tous les intervenants, il est correct. On ne peut
pas, par contre, et c'est là qu'est la
nuance... Et je crois que, l'intervenant, la nuance qu'il voulait faire, c'est
qu'on ne peut pas prendre tous les éléments du code tel quel aujourd'hui
et en faire un règlement directement. Pour pouvoir faire ce pont-là vers un règlement, il faut se réasseoir, et se
concerter, et décider quels éléments peuvent faire l'objet d'un
règlement d'application et quels autres éléments pourraient causer une
problématique de mise en oeuvre pour des producteurs, pour différentes raisons.
Donc, c'est
pour ça que, le code, on veut qu'il soit reconnu comme étant les balises, les
lignes directrices, mais on ne peut
prendre un code qui a été concerté sur une base volontaire et en faire
directement un règlement, directement, c'est
là qu'est la nuance. Donc, ce qu'on dit, on doit... pour développer le
règlement, il va falloir se réasseoir. Et ensuite le code demeurera, bien sûr, les objectifs, les
lignes directrices, les balises. Et il y a des éléments du code qui peuvent
aller directement dans des règlements, il y en a d'autres qu'il faut se
questionner puis avoir une réflexion, toujours dans le processus d'amélioration continue où est-ce qu'on continue d'encourager
les gens à avancer, puis à améliorer, puis à aller plus loin.
Mme
D'Amours : Mais est-ce que vous pensez, selon votre expérience, qu'il
y aurait lieu qu'on mette une date butoir
sur cette façon de faire là d'arriver à un objectif x? Est-ce qu'on peut
établir une date puis qu'à ce moment-là tout le monde sera conforme
rendu à cette date-là?
Est-ce que
c'est une problématique chez les producteurs? Exemple, est-ce que c'est une
problématique monétaire, d'espace, d'environnement ou tous ces...
M.
Fournaise (Sylvain) : Il y a différentes problématiques. Je vais
donner un exemple. Le code, dans le cas du porc, parce que celui de la volaille est en révision, il n'est pas
officiel... Dans le cas du porc, l'élimination des truies en cage est
pour 2024.
Mme D'Amours : Il y a déjà une date?
• (20 h 10) •
M.
Fournaise (Sylvain) : Olymel a pris un engagement qu'en 2022 on serait
là. Ça, c'est un exemple. L'ensemble des
entreprises ont... puis, bien sûr, c'est beaucoup de discussions, puis on finit
par décider que ce sera... mais l'ensemble de l'industrie a accepté 2024
comme étant...
Dans le même
esprit, on parle, par exemple, lors de la castration du petit porcelet, qu'on
doit utiliser un moyen pour pouvoir
soit geler l'animal ou anesthésier l'animal, et là, je pense, si ma mémoire est
bonne, la date, c'est 2017, et présentement
il n'existe pas de façon de réussir à atteindre cet objectif-là que l'industrie
et tous les intervenants se sont donné. Donc, de prendre ça puis mettre 2017
pourrait poser un sérieux problème parce qu'on n'a pas les moyens
technologiques de réussir, dans un milieu industriel, cet objectif-là.
Donc, c'est ce genre d'exemple, là, qu'il y a des discussions de cas
particuliers qu'il faut qu'on regarde, là.
Mais
par contre, si on prend que chacun des porcs doit disposer d'une surface de
tant par animal, et tout ça, ça, c'est
reconnu, on a accepté ces normes-là, et ça, ça peut être justement le règlement
qui encadre la loi. Ça, il n'y a pas de problème.
Donc, il y a des
éléments directement. Il y en a d'autres qui nécessitent discussion, et tout
ça.
Mme
D'Amours : Parfait. Merci.
M. Fournaise
(Sylvain) : Ça répond?
Mme
D'Amours : Oui, merci beaucoup. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Morin) :
M. Fournaise, merci. Vous avez
parlé du jeûne, ça m'a rappelé qu'il y a un certain temps c'était la norme, avant de faire abattre un
animal il fallait le faire jeûner une journée avant. Donc, ça m'a rappelé
des bons souvenirs. Merci beaucoup de votre
mémoire et des questions qu'il y a eu ici, ça a été vraiment intéressant, je
vous remercie grandement. Et bon retour à la maison.
Et j'invite le
conseil des industries laitiers du Québec à prendre place.
(Suspension de la séance à
20 h 11)
(Reprise à 20 h 12)
Le
Président (M. Morin) :
Nous reprenons nos travaux. Bienvenue au Conseil des industriels
laitiers du Québec inc. Donc,
M. Langlois, je vous cède la
parole. Et je vous invite à nous
présenter la personne qui vous accompagne, et vous avez 10 minutes
pour nous présenter vos propos.
Conseil des industriels laitiers du Québec (CILQ)
M. Langlois
(Charles) : On va essayer d'être brefs. Merci. M. le ministre, mesdames
messieurs, bonsoir. Mon nom, c'est Charles
Langlois, je suis le président-directeur général du Conseil des industriels
laitiers du Québec. Je suis accompagné de Mme Julie Paquin, elle
est chef Relations industrie, gouvernement et producteurs chez Saputo.
Mme Paquin
(Julie) : Bonsoir.
M. Langlois (Charles) : Donc, je vous remercie de l'opportunité que vous
nous donnez de venir vous présenter nos brefs commentaires sur le projet
de loi. On va faire ça court.
Le
premier élément, je pense, qui est important, c'est de se présenter, qui on
est, le conseil. Le Conseil des industriels laitiers du Québec
essentiellement regroupe les entreprises laitières privées qui transforment le
lait de vache. Nos membres, on a à peu près
90 entreprises qui sont membres, aussi bien au niveau artisanal que des
entreprises moyennes ou de la multinationale
comme Saputo peut l'être. Nos entreprises sont surtout dans la fabrication de
fromage, mais on fabrique du yogourt, de la crème glacée, du lait.
Toutes les gammes de produits laitiers qui existent sur le marché, on les
fabrique. Bien entendu, nos membres sont les principaux fabricants de fromage
et de yogourt au Canada, pour des proportions
assez importantes. Nos membres sont aussi majoritairement des acheteurs de
lait, et certains de nos membres achètent
et transforment également du lait de chèvre ou de brebis. Bien entendu, la
grande majorité du volume acheté, c'est
du volume de lait de vache. Nos membres sont situés partout sur le territoire
québécois mais surtout entre Québec et Montréal
et au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
c'est dans ces deux pôles là qu'on a le plus grand nombre d'entreprises de
transformation laitière au Québec.
Nous
avons une particularité par rapport à d'autres secteurs agricoles : nous
avons un seul fournisseur de matière première,
ce sont les producteurs de lait du Québec. Nous oeuvrons dans un système de
mise en marché collective. Le lait constituant
la très grande majorité de nos intrants de fabrication et de nos coûts, à peu
près 70 % à 80 % de nos coûts, nos membres sont grandement intéressés par toutes les questions qui touchent
la production laitière, tant au point de vue sanitaire que de l'aspect
du bien-être animal.
L'enjeu du bien-être
animal est un sujet qui préoccupe de plus en plus les transformateurs laitiers
québécois. C'est un enjeu qui préoccupe
également de plus en plus nos consommateurs, d'où notre intérêt grandissant
pour ce sujet-là. La maltraitance,
comme vous le savez, animale n'est pas socialement acceptable aujourd'hui, et
il faut trouver des façons de
répondre à ce besoin exprimé dans notre milieu et dans notre société. Nous
sommes donc très heureux que le gouvernement envisage d'essayer
d'assurer une protection appropriée aux animaux en créant une telle loi.
Nous souhaitons vous
soumettre quelques brefs commentaires sur le projet de loi.
Premièrement, nous sommes satisfaits que le Code civil du Québec soit modifié afin d'y déclarer
expressément que l'animal est un être doué de sensibilité et qu'il a des
besoins biologiques spécifiques qui doivent être comblés adéquatement. Donc, il nous apparaît important que
l'actuel projet de loi interdise certains actes, mette en place des mesures
pour aider les animaux en détresse et contienne des dispositions pénales en cas
de contravention à la loi.
Deuxièmement,
nous considérons important que le gouvernement puisse rendre obligatoire pour
toutes les personnes qu'il détermine l'application des dispositions de codes de
pratique publiés par le Conseil national pour les soins aux animaux et prévoir
les adaptations ainsi que les dispositions transitoires nécessaires à cette application-là. Les producteurs de lait
ont adopté en 1990 un code de pratiques recommandées pour le
soin et la manipulation des bovins laitiers
qui traite notamment des normes à respecter en ce qui a trait aux conditions de vie, à
l'alimentation, aux soins de santé et
au transport des animaux. Ce guide a été mis à jour en 2009 avec la
collaboration du Conseil national pour les soins des animaux d'élevage, de la fédération canadienne d'assistance
aux animaux, des producteurs laitiers du Québec et du Canada ainsi que des scientifiques et vétérinaires. Actuellement,
ce code-là n'est pas obligatoire, et on trouve que ce serait une bonne
orientation de rendre ça obligatoire pour s'assurer qu'il s'applique dans
toutes les fermes.
Nous
appuyons aussi le principe de restreindre, voire interdire de détenir des
animaux à certains individus reconnus coupables de maltraitance animale
afin d'éviter que de telles situations se répètent au détriment desdits
animaux.
Nous
appuyons aussi le principe d'inspecteurs pour veiller au respect de la loi. Par
contre, comme n'importe quel système
d'inspection, nous souhaitons que le ministre y consacre les sommes nécessaires
pour établir un système efficace.
Au
niveau du chapitre II, de l'article 6 de votre projet de loi, où est-ce que
vous faites part que «nul ne peut,
par son acte ou son omission, faire
en sorte qu'un animal soit en détresse», nous souhaitons que toutes les
personnes impliquées dans les
différentes étapes de la production laitière, et particulièrement du ramassage
du lait à la ferme, parce que ce
maillon-là, c'est un intervenant
privilégié qui passe à tous les deux jours à la ferme, qui prend des mesures,
qui collecte, qui joue un rôle dans
la collecte du lait et le contrôle de la qualité, bien, puissent peut-être
jouer un rôle à ce niveau-là. Bien entendu, si on lui donne un rôle ou certaines responsabilités, bien il va être
important d'assurer la protection de tout intervenant qui ferait...
contre toute action qui serait... qui pourrait faire une poursuite contre le
transporteur, si jamais il fait des remarques
à cet effet-là. On pense qu'il peut jouer un rôle important, mais il faut
assurer qu'il ait une protection pour être capable de jouer son rôle
efficacement comme vous l'avez d'ailleurs prévu avec les vétérinaires.
Nous appuyons l'idée
aussi qu'il y ait une obligation d'imposer aux vétérinaires de déclarer tout
mauvais traitement d'un animal lorsqu'une
telle déclaration est faite de bonne foi et, bien entendu, en lui donnant la
protection nécessaire. On est tout à fait d'accord avec ça.
L'élément
le plus important de notre mémoire et sur lequel on veut mettre plus d'accent,
c'est toute la question qui permet au ministre de conclure avec tout
organisme des ententes qui établissent un programme d'inspection concernant l'application de la présente loi.
Actuellement, on sait que les producteurs de lait au Québec, par le biais de
l'organisme fédéral qui est Les Producteurs
laitiers du Canada, travaillent à mettre en place un cadre national de certification
à la ferme qu'on appelle proAction, qui,
dans un horizon de 10 ans, couvrira les différents aspects de la
production laitière, dont, entre
autres, la qualité, la salubrité, le bien-être des animaux, la traçabilité, la
biosécurité et l'environnement. Donc, sur
cette base-là, les producteurs devront donc assurer un contrôle du respect des
diverses exigences du programme pour les
producteurs. Ce qu'on souhaite, c'est que le gouvernement reconnaisse cette
initiative qui ne peut être que bénéfique pour le bien-être des animaux
visés.
• (20 h 20) •
Par contre, il est
important pour nous que, dans ces ententes-là et dans cet encadrement-là, la
loi accorde aux producteurs laitiers du
Québec le droit de refuser de ramasser du lait d'un producteur lorsqu'une
situation de maltraitance est mise en lumière. Actuellement, seule une
question de salubrité peut permettre aux producteurs de ne pas ramasser le lait
produit par un de leurs producteurs. Or, c'est à ce niveau que sont
principalement affectées les entreprises de transformation laitière. Pour la
majorité des consommateurs, aujourd'hui, la différenciation entre le producteur
laitier et la transformation est minime, on
l'aperçoit très peu. Nos entreprises, dans de telles situations, sont donc à
risque d'être prises à partie lorsqu'un cas de maltraitance sur des
vaches est mis en lumière et que ce lait est livré à leur usine. Les consommateurs peuvent aller jusqu'au boycott des
produits laitiers fabriqués par ces usines, alors que les entreprises n'ont
aucun contrôle sur l'origine du lait qui leur est livré.
D'ailleurs,
on en a vécu des épisodes ailleurs au Canada avec Saputo, qui pourra d'ailleurs
vous en parler, mais une des
particularités qu'on a, c'est qu'effectivement, à partir du moment qu'on est dans un environnement sous gestion de l'offre, qui
est très bien, puis on a une mise en marché collective, les producteurs
organisent le transport du lait de la façon
la plus efficiente possible et nous livrent le lait en conséquence, donc on n'a
aucun contrôle à savoir quels sont les producteurs
qui rentrent chez nous et on n'a aucun contrôle non plus en amont du quai de
chargement sur le contrôle de la qualité
ou encore le contrôle des pratiques à la ferme, ce sont des responsabilités de
producteur. Le seul élément où est-ce que
les producteurs sont tenus, c'est de respecter la loi au niveau de la qualité et de la salubrité, et ça, les règles sont assez claires là-dessus, mais, dès qu'on sort de ces éléments-là, bien il
n'y a pas rien qui permet aux producteurs de dire : Bien là, on a un cas de maltraitance, ce lait-là ne
peut pas être mis en marché, on le met de côté, on ne le livre pas aux
usines.
Et
ça, c'est un enjeu, et ça, c'est un élément important qu'il va falloir trouver
une façon de l'encadrer. Nous, on pense,
les producteurs, c'est important qu'ils l'aient. On sait que dans d'autres
provinces ça existe aussi parce que la loi, la façon qu'elle est bâtie,
si je prends l'exemple des producteurs de lait de l'Ontario, permet aux
producteurs de lait de l'Ontario
de ne pas mettre en marché un lait qui n'est pas commercialisable. Et ça, quand
on parle de «commercialisable», bien
c'est une notion plus large que la simple salubrité ou la simple question de
qualité du lait, et en plus c'est une notion qui peut évoluer avec les besoins du milieu puis de la société.
Actuellement, au Québec, on n'a pas cette disposition-là, on doit respecter des normes. Donc, on pense que,
si on met en place un nouveau projet
de loi pour encadrer le bien-être
des animaux, si on reconnaît aux producteurs... — puis on signe des
ententes avec eux autres pour leur permettre de mettre en oeuvre des politiques
comme ils sont en train de le faire, on reconnaît qu'ils font un très bon
travail à cet effet-là — bien
on a besoin aussi qu'il y ait une autorité supplémentaire, qui n'est pas
prévue, pour assurer une mise en marché
de nos produits laitiers qui est conforme à l'acceptabilité sociale de nos
consommateurs et aussi de protéger l'image et toute la filiale de
l'industrie laitière.
Donc, l'élément principal sur lequel
je veux mettre l'emphase sur le projet
de loi, c'est cet élément-là. Pour ce
qui est du reste, nous, on trouve que
le projet de loi, c'est un excellent... bon pas dans la bonne direction, on est satisfaits des éléments qui sont dedans. Et on souhaite qu'on va
mettre ça dans les plus brefs délais et qu'on va avoir un environnement qui va nous permettre d'assurer à nos
consommateurs que les produits qu'on va leur livrer, ils vont être encadrés par
des bonnes pratiques qui assurent le bien-être des animaux.
Donc, moi, ça
finirait ma présentation là-dessus, en espérant que je n'ai pas trop débordé,
mais...
Le
Président (M. Morin) : Oui. C'est que ce n'est pas 100 %,
mais c'est bien. Merci, M. Langlois. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui. M. Langlois, je vous remercie, là, de
l'analyse que vous faites. Vous êtes un
regroupement qui est toujours un peu à l'avant-garde des choses qui se
produisent, vous le manifestez aujourd'hui.
Maintenant,
vous nous faites une certaine mise en garde, vous nous faites, dans vos
recommandations, une certaine suggestion.
Je ne sais pas si c'est à vous ou à Mme Julie, là, mais, moi, le cas de
Chilliwack Cattle, là, ça m'a interpellé. Ça a fait les médias, ça a risqué de nuire considérablement à toute
l'industrie laitière pancanadienne. À
l'époque, moi, j'ai eu des contacts,
puis je le dis bien librement, là, avec Donat Roy, qui est assez bien connu
dans le monde laitier, là. Ça a été quoi, les impacts sur Saputo?
Le Président (M.
Morin) : Mme Paquin.
Mme Paquin (Julie) : Oui. Merci,
M. le ministre. Dans notre cas, au niveau... ce qu'on s'est rendu compte, quand
cette problématique-là est arrivée et est
sortie dans les médias, c'est que l'office de commercialisation de la Colombie-Britannique, finalement, n'était pas en mesure de
réagir, il ne s'était pas doté ni de l'autorité légale ou d'un certain
protocole pour arrêter la collecte du
lait. Donc, ça a produit un véritable chaos sur le marché. Il y a eu une
pétition de milliers de concitoyens
disant littéralement que Saputo devait arrêter de maltraiter des vaches
laitières, on s'est retrouvés dans une situation où la notoriété de
notre entreprise a été prise à partie sans qu'on n'ait aucun moyen de se
protéger.
Par la suite, ça nous a permis de se donner comme
mandat de réagir, de ne plus laisser, finalement, ces situations-là dégénérer,
parce qu'on ne peut pas se le permettre,
ce n'est pas bon pour personne dans l'industrie de se retrouver dans une situation comme ça. Tel que l'a mentionné
M. Langlois, dans une mise en marché fermée, finalement, on ne choisit pas nécessairement... on achète le lait à l'office
de commercialisation, là, sans avoir un choix nécessairement de la ferme
ou de la situation, mais on a besoin de
s'affirmer en tant que compagnie. On a mis en place une politique de bien-être
animal, puis, pour nous, c'est devenu
primordial, là, de se mettre de l'avant puis de favoriser, finalement, le
bien-être animal pour notre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Un des deux intervenants, là... La mécanique de
mise en marché, là, nous autres, on
la supporte, là, collective, on ne remet pas ça en question, je pense,
personne, en tout cas, à l'Assemblée nationale du Québec. En tout cas,
je ne l'ai pas entendu, là.
À
partir du moment où on a ce système-là qui est en place, quelle est la
mécanique qui permettrait, comment je pourrais dire ça, d'isoler le
fournisseur qui maltraite ses animaux? Je vais le revirer à l'envers, là.
M. Langlois
(Charles) : Bien, je pense qu'à partir du moment qu'on a un organisme
qui gère l'ensemble des producteurs de lait,
qui gère la collecte de lait à l'ensemble des producteurs puis qui organise des
circuits en conséquence, il est assez
simple pour les producteurs de dire : Bien là, ce producteur-là sur tel
circuit, on ne le ramasse pas parce que présentement il est sous une
accusation de maltraitance. Et là soit qu'on...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je vous arrête, là. Il y a une différence entre
«sous une accusation» et «condamné pour».
M. Langlois (Charles) : Je suis d'accord, je suis d'accord avec vous. Et
je n'ai pas dit «condamné» non plus, parce
que «condamné»... Mais l'élément important dans ça, c'est qu'il faut réagir
rapidement, et, si j'attends à avoir la condamnation avant de réagir, il est trop tard, le mal est fait. Donc,
il faut que je réagisse dès que j'ai une alerte qui me dit qu'une ferme X ou Y est en situation de
maltraiter ses animaux, et là je suis obligé de mettre ce lait-là de côté pour
éviter que ça...
Et là, après ça,
est-ce que le producteur va être pénalisé? Est-ce que le producteur va subir
des conséquences? Bien là, on peut attendre
plus tard à voir quel va être le verdict, mais, dès que j'ai une alerte, je
peux facilement dire : Bien là, tel
producteur, camion untel, ramasse-le pas aujourd'hui parce que, là, on a un
problème, puis il faut enquêter, et on ne peut pas se permettre de le mettre dans le circuit de commercialisation
parce que, là, ça va prendre la... si jamais ça se sait, ça va prendre
le canal des médias puis ça va affecter toute la filière.
Puis
c'est un peu le problème qu'on a eu en Colombie-Britannique. En n'ayant pas les
outils, ils ont pris un certain temps
à réagir. Et, bien entendu, pour les activistes — parce que c'est ça qui s'est produit — bien la cible facile pour faire réagir, c'est une marque commerciale forte. Et
nécessairement les gens ne sont pas au courant que l'acheteur de lait, ce
n'est pas lui qui contrôle la mise en marché
de la matière première, ça fait qu'on fait le lien : Bien, tu sais,
Saputo, tu reçois du lait... tu acceptes le lait d'un producteur qui
gère mal son troupeau. L'entreprise n'a pas cette autorité-là.
Ça fait qu'à ce moment-là celui qui l'a, c'est
celui qui fait la mise en marché du lait, et ce sont les offices de producteurs
ou les agences. Et il faut leur donner l'autorité. Et eux contrôlent les
circuits, et aujourd'hui c'est tout informatisé, tout se transmet par données
Internet en temps réel, ça fait que, je pense, c'est assez facile.
Mais
c'est clair que ce que moi, je dis ici, c'est qu'il faut donner aux producteurs
l'outil pour arrêter de collecter puis
de commercialiser ce lait-là tout de suite, mais ça ne veut pas dire, dans mon
esprit, qu'il est condamné tout de suite. Mais il faut éviter... il faut faire de la prévention. Et là, bien,
quels sont les mécanismes qu'on développe pour se donner l'assurance
contre une mauvaise déclaration, si ça arrive, bien ça, c'est des choses qui
peuvent se développer, ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Merci beaucoup. Ça va.
Le Président (M. Morin) : Ça
va? M. le député de Saint-Maurice, peut-être? Envoyez donc!
M.
Giguère : Oui, une petite interrogation. J'ai été producteur de lait, donc je conçois que,
quand ils ramassent le lait, c'est important
que les animaux soient bien traités, puis je comprends aussi votre bout, mais en même temps je me mets dans la peau du
producteur, productrice qui a une famille à faire vivre, que, pour une
raison x, y, z, son employé, il
s'est passé de quoi avec les animaux, et puis qu'on ne veut pas collecter son
lait... Puis, avant qu'il soit accusé, ça peut prendre quelques mois, quelques
années. Qu'est-ce qu'on fait avec ce lait-là puis cette famille-là?
M.
Langlois (Charles) : Bien,
avec le lait, c'est clair qu'à partir du moment que c'est une denrée
périssable, puis que ce lait-là, il
est difficilement commercialisable parce
qu'il est à risque, je vais être
obligé d'en disposer, hein? Ça, c'est clair.
Deuxièmement, en termes du revenu du producteur,
comme il existe dans d'autres éléments, on peut... les producteurs peuvent le faire ou encore il peut y avoir des programmes
d'assurance qui se développent pour couvrir ça. Exemple, un producteur, présentement, qui est pris avec un lait qui a
une contamination sur les antibiotiques, ce n'est pas parce qu'il a fait une mauvaise pratique, des fois
ça arrive, mais il y a des assurances qui existent pour ça, qui couvrent
ces risques-là, parce qu'effectivement,
aujourd'hui, le producteur qui livre un lait qui a de l'antibiotique, il perd
son lait, il n'est pas payé pour, et
il y a des conséquences importantes. Mais il y a des polices d'assurance, et
moi, je pense que, dans un contexte
comme ça, il y a sûrement des outils d'assurance qui peuvent se développer pour
protéger ça. Et moi, je pense que le
coût que ça implique, de développer ça, est, d'après moi, très inférieur par
rapport aux coûts qu'on prend ou aux
risques qu'on prend de commercialiser ce lait-là puis que c'est su, hein, parce
que c'est la réputation de la filiale au complet, là, qui est touchée,
là, puis on est tous dans le même bateau dans ce cas-là, là.
• (20 h 30) •
M. Giguère :
Oui, je suis d'accord avec vous. Mais je reviens à ma petite famille qui s'est
fait... Vous allez trouver... peut-être dire que les chances que ça
arrive, c'est minime, mais il en faut juste une qui risque d'arriver, que ce
soit un employé... qu'il y ait eu
maltraitance ou une vengeance. Dans notre société d'aujourd'hui, tout est
possible, il faut essayer de prévoir.
Moi, c'est plus ce petit bout là que j'ai un questionnement parce que cette
famille-là, cette entreprise-là, on peut la mettre en péril à cause
d'une vengeance parce qu'il a été dénoncé qu'il y a eu des animaux qui ont eu
de la maltraitance. De le prouver, ça peut
prendre du temps. Ce mécanisme-là, ça peut prendre beaucoup de temps. C'est là
que j'ai un petit peu de...
Mais je comprends.
Pour les antibiotiques, c'est facile de savoir que, dans mon verre d'eau ou
dans mon verre de lait... il y a une
analyse qui est faite aujourd'hui, puis il y a un antibiotique dedans, c'est
facile à voir tout de suite, mais, pour l'autre, ça peut être difficile,
ça peut prendre du temps.
M.
Langlois (Charles) : Bien,
ça dépend, je vous dirais franchement, ça dépend. Moi, à partir du moment...
Puis j'imagine que, les producteurs,
c'est en plein ça qu'ils vont avoir comme modèle, parce qu'ils ne sont pas le
genre à rester les doigts... les bras
croisés, là. C'est que la journée que j'ai un producteur qui est identifié à
risque il y a des gens qui vont
débarquer, là, pour revoir les pratiques, s'assurer que les pratiques... comme
il faut, puis apporter les corrections de ça, qu'en quelques jours ça
peut être réglé, là. Et là on parle d'une situation de quelques jours qui peut
affecter la paie du producteur du mois, on ne parle pas nécessairement de lui
enlever son revenu de l'année ou un tiers de ses revenus.
Moi, je pense
qu'avec des outils appropriés, dès qu'il y a un producteur qui a un problème...
comme on l'a avec les antibiotiques,
qu'il y ait des équipes qui débarquent, puis qu'on revoie les pratiques, puis
qu'on corrige les pratiques, puis
après ça... quitte à ce que pendant une certaine période de temps le producteur
a un cahier de charges à faire, puis, tant
aussi qu'il les remplit, qu'il les respecte, il est collecté puis il est dans
le système. Moi, je pense que c'est des outils comme ça qu'il faut
développer.
M. Giguère : Merci beaucoup.
Le Président (M. Morin) : Ça
va? M. le député de Berthier.
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. Vous allez me dire que je
suis de bonne humeur ce soir, mais ce n'est pas une question d'humeur. Je vous dirais que... Tantôt, je disais que
j'étais estomaqué et surpris, et j'emploierai les termes du ministre, vous êtes souvent des précurseurs et
innovateurs, mais, votre mémoire, j'appelle ça les trois C, moi, il est court, clair et concis. Et je ne le dis pas de façon
péjorative, je le dis de façon qu'il est bien fait. Et on sent, à le lire,
toute l'attention et la volonté que
vous avez de faire encore mieux, parce que je pense que, quand on lit ça, on
s'aperçoit que le lait, au Québec, c'est une qualité... il est de
qualité, là. On peut bien comparer, parce que vous savez qu'on a parlé du Partenariat transpacifique, etc., ce qui se passe
en Europe présentement au niveau du lait, là, mais au Québec les gens ont
un lait d'une...
Une
voix : ...
M.
Villeneuve : Oui, bien j'ai juste neuf minutes. Mais, au
Québec, les Québécois, en tout cas, à tout le moins, ont un lait d'une
qualité extraordinaire, et on comprend pourquoi en lisant votre mémoire.
Et
ce que je trouve assez extraordinaire aussi, c'est quand vous dites : Ce
guide... Vous parlez du... Parce qu'on sait
qu'à l'article 63, alinéa 3°, on dit dans le projet de loi : «3°
rendre obligatoire, pour les
personnes qu'il détermine, l'application
de dispositions de codes de pratiques publiés par le Conseil national...» Et vous, vous dites : «Ce guide — entre autres — a été
mis à jour en 2009 avec la collaboration du Conseil national pour le soin des
animaux d'élevage, de la fédération canadienne d'assistance aux animaux, des producteurs
laitiers du Québec, des Producteurs
de lait du Québec ainsi que de
scientifiques, vétérinaires, experts, producteurs et citoyens.» Bien là, on
peut en rajouter d'autres, là, mais je
pense que c'est assez complet, là, comme spécialistes puis comme... Donc, de
mettre en place un... Et là vous continuez en disant : «L'application obligatoire du code de pratique
permettra aux Producteurs de lait du Québec de mieux encadrer les soins
appropriés à apporter aux bêtes et ainsi facilitera l'élimination des problèmes
de maltraitances et d'abus.»
Vous,
là, ce que je comprends, c'est qu'au niveau de la filière laitière du Québec,
le code de pratique, vous êtes pour à
100 %. On n'a pas eu nécessairement... En tout cas, je veux vous entendre
là-dessus avant d'aller plus loin, là, parce que... Bien, je vais aller plus loin tout de suite : On n'a pas eu
nécessairement cette ouverture-là de tout le monde. Mais, au regard de ce que vous avez fait comme travail,
vous êtes prêts, vous. Demain matin, le ministre le rend obligatoire,
vous n'avez pas peur de ça, vous allez de l'avant avec ça. C'est ce que je
comprends?
M. Langlois
(Charles) : Bien...
M.
Villeneuve : Puis en terminant peut-être... En fait, tantôt le
ministre parlait de Chilliwack, c'est ça? Alors, plus jamais, dans le
fond, c'est aussi ça que je comprends.
M. Langlois (Charles) : Bien, ça, c'est clair, Chilliwack, que plus
jamais, puis on veut avoir les outils pour ne pas que ça nous arrive
ici, au Québec. Donc, ça, c'est le premier élément.
Deuxièmement, je
pense qu'il faut rendre à César qu'est-ce qui appartient à César. Je pense que
ce qu'on soulève dans notre mémoire, c'est
que nos collègues les producteurs ont pris ce dossier-là à bras-le-corps puis
ils ont fait des initiatives qu'on
supporte. D'ailleurs, même dans nos projets de recherche, que vous connaissez
très bien, M. le ministre, Novalait, on a une chaire en longévité et
bien-être animal pour essayer d'améliorer les pratiques à la ferme.
Donc,
c'est un enjeu qui est pris avec sérieux ici. Nous, ce qu'on pense, c'est que
présentement, dans le projet, il manque un morceau, puis il faut juste
l'ajouter pour s'assurer que notre réseau de commercialisation, de la ferme à
l'épicerie, il assure au consommateur qu'il va avoir un produit qui est
socialement acceptable.
M. Villeneuve :
Peut-être juste une petite dernière question mais mineure. Vous dites à la
page 4, là : «Il est important
cependant d'assurer la protection de tout intervenant qui ferait un tel rapport...»
On parle ici, là, des personnes impliquées
dans les différentes étapes de la production laitière, particulièrement du
ramassage du lait, donc, ce dont vous faites...
Et vous dites : «...pour que ce mécanisme fonctionne et ne nuise pas à la
relation avec son client producteur.» Vous pensez à quoi quand vous dites
ça?
M. Langlois (Charles) : Bien, c'est sûr que, quand je prends le cas que
vous soulevez, si je prends, entre autres, le ramasseur, le transporteur
de lait, le transporteur de lait, il rentre à l'étable à tous les deux jours,
il s'assoit avec le producteur pratiquement à tous les deux jours, il collecte
le lait, donc il y a une relation étroite. Et il ne faut pas nécessairement qu'il rentre puis qu'il soit
attendu avec un fusil, hein? Ça fait que ça ne fait pas très... Ça fait que
c'est sûr que, si on lui donne un
rôle qu'on pense que le transporteur peut jouer parce qu'il fait déjà ce
rôle-là de contrôle de qualité,
contrôle de qualité des composants, salubrité, etc., il peut jouer un rôle
d'alerteur aussi, mais, s'il joue ce rôle-là, il faut lui donner les protections nécessaires ou l'encadrement nécessaire
pour qu'il puisse toujours continuer à faire son travail dans un
environnement de travail qui est convenable, là. Puis, vu qu'il est en relation
à tous les jours avec le producteur, bien
c'est important qu'il y ait un encadrement qui lui permette de faire le travail
sans nécessairement être attendu à tous les jours avec un fusil à la
réception de lait, là. Je charrie, là, mais...
M.
Villeneuve : Non, mais j'imagine que déjà, les producteurs, sachant
tout ce que vous venez de dire à propos de ces tâches actuelles, les producteurs de lait savent, dans le fond,
que la personne qui entre... En fait, les producteurs ont sûrement une pression à savoir il faut que les
choses soient faites correctement. Ce monsieur-là qui entre là, il voit
des choses, là, quand même, donc déjà...
Est-ce
que vous ne pensez pas que c'est déjà suffisant ou... Vous pensez qu'il faut
rajouter une couche, il faut mettre une personne en autorité avec un
élément supplémentaire de surveillance?
M. Langlois (Charles) : Écoutez,
nous, je ne suis pas là aujourd'hui pour vous dire qu'il faut absolument en rajouter une couche. Ce qu'on soulève aujourd'hui,
c'est que, dans votre projet de loi, vous dites à quelque part : Tout
le monde, tous ceux qui peuvent prendre
connaissance qu'une telle situation arrive, il faut qu'ils alertent. Moi, je
sais que dans mon milieu j'ai deux
professionnels qui ont une entrée privilégiée dans les étables, hein, c'est le
vétérinaire, vous le couvrez;
l'autre, c'est le transporteur de lait, et il est déjà prévu par la loi qu'il a
déjà un rôle important en termes de contrôle de
salubrité du produit qu'il doit collecter. Bon, il pourrait effectivement
rajouter à son rôle cet élément-là d'avoir une vigilance, une veille pour
s'assurer qu'on n'en échappe pas.
• (20 h 40) •
M.
Villeneuve : Malgré
que le fait que ce ne soit pas obligatoire — ce n'est pas obligatoire pour le moment, ça
le sera peut-être, là, le
code en question — est-ce que présentement vous pouvez nous dire... Est-ce que vous savez si le
code, tel qu'il est écrit présentement, est
respecté par une majorité, par la totalité?
Avez-vous des chiffres ou... Ou vous ne
l'évaluez pas, tout simplement, mais juste peut-être avoir votre lecture de la
situation sur le terrain par rapport au code.
M.
Langlois (Charles) : Bien,
moi, je vous dirais, là-dessus c'est difficile pour moi de vous donner une
situation de terrain. Je représente des transformateurs, pas les
producteurs.
M. Villeneuve : Oui, oui, je
comprends.
M.
Langlois (Charles) : Je
pense, cette question-là, je vous invite à la poser aux producteurs de lait du
Québec, qui sont, eux autres, sur le terrain.
Moi, ce que
j'en sais aujourd'hui, si je me fie à leur programme, c'est que, un, ils ont
une volonté de mettre en place un
programme pour justement répondre à ces besoins-là; deux, je pense qu'ils ont
élaboré des modalités; trois, ils veulent
appliquer ça à l'échelle canadienne. Et je pense qu'au moment qu'on se parle
ils sont en train de mettre des projets pilotes, et ils se sont donné un
échéancier, je pense, jusqu'en... il faudrait que je regarde mon...
M. Villeneuve : Sur
10 ans. Sur 10 ans, en tout cas.
M.
Langlois (Charles) : Oui,
mais là ils l'ont ramené un peu, là, leur échéancier. J'ai un de leur rapport
qu'ils m'avaient soumis voilà quelque temps, puis il pourrait vous
mettre à jour.
M.
Villeneuve : Oui. Ils parlent de qualité,
salubrité, bien-être animal, traçabilité, biosécurité et environnement.
M. Langlois (Charles) : Oui. Ils se
sont donné un échéancier, là, jusqu'à... attendez, là, bien-être animal... jusqu'en 2023, je pense, pour toucher 100 % des producteurs. C'est sûr que, si demain
matin j'ai un projet de loi qui rend ça
obligatoire, ça va accélérer le processus et ça va aider les producteurs à
justement accélérer le processus d'implantation. C'est plus facile,
implanter un environnement qui vienne restreindre tes activités de production,
parce que c'est des normes supplémentaires... C'est plus facile de l'implanter
quand il est obligatoire que quand il est volontaire.
M. Villeneuve : C'est bon.
M. Langlois (Charles) : À terme, on
peut réussir à les convaincre, mais le processus est plus long.
M. Villeneuve : Bien, merci
beaucoup.
M. Langlois (Charles) : Bienvenue.
Le Président (M. Morin) :
Merci, monsieur...
Mme Paquin (Julie) : Puis, si je
peux compléter...
M. Villeneuve : Ah! Oui,
allez-y, madame.
Le Président (M. Morin) :
Oui, Mme Paquin.
Mme Paquin
(Julie) : Oui. Si je peux compléter la réponse de Charles, au niveau
du code de pratique, pour nous, vous
l'avez mentionné, c'est important qu'il soit mis dans la législation, parce que
ça peut servir de référence. Si on retrouve un cas comme Chilliwack encore, bien au moins on s'est doté d'un moyen
de savoir quels étaient les soins acceptables pour les animaux sur la ferme, ça fait que ça permet d'avoir un niveau
de référence. Puis c'est déjà en place dans d'autres provinces au
Canada, le code est déjà intégré dans certaines lois, dans certaines
législations, puis on pense que c'est important. Merci.
M. Villeneuve : Parfait.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. le député de Berthier. Mme la députée de Mirabel.
Mme D'Amours : Merci. Bonsoir.
J'aimerais revenir sur la recommandation que vous faites, là, qu'aussitôt qu'il y aurait une plainte le producteur
arrêterait, là, que vous n'iriez plus chercher son lait. Il me semble que...
là, je l'ai écrit, là, mais, une
assurance pour un risque d'une éventuelle dénonciation de maltraitance sur les
animaux, je ne sais pas comment ça
coûterait. Puis est-ce qu'on est capable d'avoir une assurance sur ça, de un?
Et, tant qu'il n'y a pas eu d'accusation, il y a
présomption d'innocence. Alors, je vois mal votre recommandation de tout de
suite arrêter, parce qu'on parle toujours
ici du bien-être animal. Puis déjà dans la loi il y a des sanctions et il y a
des montants qui sont là pour celui qui a enfreint la loi, et moi, je crois que c'était comme suffisant. Là, quand
vous faites cette recommandation-là... Madame a souligné tout à l'heure que ça vous avait fait mal, le cas qui vous
était arrivé, puis que vous vouliez contrer ça parce que vous aviez eu un manque à gagner, j'imagine que
l'image en avait pris un coup, mais le producteur, lui, si ça s'avère que
ce n'est pas vrai, sa vie est... Je veux
dire, des producteurs agricoles, là, il ne faut pas qu'ils soient longtemps
sans avoir de paie parce que sinon
c'est terminé, ils vont être en faillite, ils fonctionnent, là, presque au jour
le jour ou à la semaine. Alors, si on arrête de prendre son produit,
bien, comme mon collègue, il va vivre comment? Il va faire quoi avec ses
paiements? Il n'y a pas d'assurance, là, pour un risque éventuel de... Ça
n'existe pas encore, là.
M.
Langlois (Charles) : Bien,
c'est sûr qu'au niveau des modalités il faut les regarder, mais un élément qui
est clair pour nous autres, c'est
qu'un lait qui est produit dans un environnement où est-ce que les animaux sont
maltraités on ne peut pas le
commercialiser parce que, si le consommateur sait qu'on a fait des produits
avec ça, on est faits. Les consommateurs, il va y avoir des campagnes de
boycottage, ils vont accuser les compagnies de faire... puis comme on a vu en Colombie-Britannique, c'est exactement ce qui s'est produit. Et la meilleure... Et non seulement l'entreprise va être affectée,
mais là c'est l'ensemble de la filière qui va être affectée en termes de renommée. Deuxièmement, c'est clair que, nous, si on veut éviter
ça, on n'a pas le choix, il faut que ce lait-là soit mis de côté, donc ça veut
dire pas collecté.
Bon, au niveau du producteur, comme je l'ai dit tantôt,
là, on ne parle pas nécessairement d'arrêter de collecter le lait pendant deux, trois, quatre, cinq mois,
là. Je veux dire, établir des pratiques à la ferme pour s'assurer que les
animaux sont traités adéquatement, si je fais référence, mettons, au cas
de la Colombie-Britannique où est-ce qu'il y avait un employé qui battait les vaches, c'est des éléments qui se règlent
rapidement, là. On n'est pas dans un environnement de dire que les conditions de l'étable ne sont pas
bonnes, parce que, je pense, de façon générale toutes les conditions d'étable
sont bonnes, mais on parle ici beaucoup de
maltraitance. La maltraitance, ça, ça se règle assez rapidement s'il y a des
gens qui vont sur place, qui font
enquête, qui regardent les pratiques de l'entreprise. Puis à la limite on peut
mettre en place, comme je disais, un code puis dire : Bien, si tu
suis ce code-là, bien on va recommencer à te recollecter dans deux, trois
jours. On ne parle pas d'arrêter de façon... longtemps.
Puis
deuxièmement encore il faut avoir la perspective qu'on parle ici de cas isolés,
hein? Ce n'est pas la majorité des producteurs qui sont dans cette
situation-là, c'est des cas exceptionnels. La majorité des producteurs traitent
les animaux très bien, ils ont des
environnements adéquats. Mais il y a des cas exceptionnels qui peuvent arriver,
et, ces cas-là, bien on ne veut pas
que ça vienne nuire à la réputation de l'industrie, aussi bien au niveau des
producteurs que nous autres, parce
que les producteurs mettent beaucoup d'efforts pour s'assurer que
l'environnement de leurs vaches est accepté par la société, nous, on met beaucoup d'efforts pour la même chose aussi,
mais c'est sûr que, si on a un ou deux contrevenants qui mettent à risque tous les efforts qu'on fait,
bien ça vaut la peine de les isoler un peu, puis de les encadrer, puis de les
former, puis de leur donner ce qu'il faut
pour qu'ils rentrent dans le rang. Et moi, je pense que c'est peut-être un
coût, mais c'est un coût qui peut se contrôler.
Vous
dites : Des assurances... Des assurances, le principe d'une assurance,
c'est de couvrir un risque, hein? Et, des risques, il s'agit qu'il y ait
une compagnie d'assurance qui l'évalue puis en mette.
Deuxièmement,
les producteurs peuvent eux autres même avoir une assurance, à quelque part, à
même leur pool pour être capables de
soutenir un producteur en attendant que la cause soit clarifiée, puis, si après
terme il est condamné, bien il
rembourse le pool en conséquence ou vice et versa. Ça, c'est des mécanismes qui
existent que, d'après moi, on est capables d'éviter d'insécuriser
inévitablement un producteur.
Mais en même
temps, moi, je pense, dans cet environnement-là, dans le contexte de société
qu'on a, il faut montrer aux consommateurs qu'on réagit rapidement.
Mme D'Amours : Je comprends votre
réponse, là, puis dans le meilleur des mondes ça prend juste deux, trois jours, mais là on parle d'une loi puis on
parle du Code civil, puis, si on a à passer devant un juge avec des
avocats, deux, trois jours, on n'est
pas logique, là, ça va aller plus loin. Je veux dire, est-ce qu'il faut attendre que la personne
dise : Non, non, on s'est
trompés, puis que ça a pris quelques mois avant de... Quelques mois, est-ce que
je suis correcte quand je dis quelques mois?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : ...très
raisonnable.
Mme D'Amours :
Je suis très raisonnable, hein? Alors, moi, je vois mal le producteur qui a eu
un problème puis que ça s'avère que
ce n'est pas de sa faute ou... ça va prendre plusieurs mois avant qu'on dise
que ce n'est pas de sa faute, mais
pendant ce temps-là vous avez sûrement arrêté de prendre le lait, puis vous
avez mis un X dessus, puis là on a une ferme
de moins au Québec par une erreur. Ça peut arriver. Alors, de mettre ça dans la
loi, je trouve ça un petit peu... En tout cas, c'était mon...
M. Langlois (Charles) : Je pense que
ça dépend comment tout ça est encadré. Comme je disais tantôt, si un producteur se trouve devant une alerte comme quoi
il fait une mise en marché... ou il fait un cas de maltraitance, et qu'on
se met à dire : Bien là, le lait de ce
producteur-là, on le met de côté le temps qu'il y ait une équipe qui va voir
qu'est-ce qui se passe dans la ferme,
pour être capable de rétablir des pratiques... En attendant qu'on juge si le
cas est vraiment un cas de
maltraitance réel ou pas, on peut se mettre des unités de contrôle dans la
ferme pour s'assurer que les pratiques sont
respectées. Puis, si ces pratiques-là sont respectées, il n'y a rien qui
empêche, à ce moment-là, de ramasser le lait puis de dire au producteur : Tu vas avoir ton
paiement, puis en même temps, vis-à-vis le consommateur, on lui démontre
qu'on est intervenu, on a mis en place des
pratiques, on suit le dossier d'un point de vue pratique. Puis là on attend
plus tard pour voir si la cause était
réelle ou pas, mais ça, pendant ce temps-là, on minimise les impacts sur les
producteurs puis on peut rassurer le consommateur.
• (20 h 50) •
Mme
D'Amours : ...on a une belle
discussion entre nous, mais, je vous dirais, je vous rappelle, le projet de loi, il est pour la santé et bien-être animal et non pas pour l'industrie
si elle a un problème qui survient puis que l'industrie est touchée. Là, on parle de
santé et bien-être animal, alors il faut peut-être relativer. Merci.
Le
Président (M. Morin) :
Merci, Mme la députée de Mirabel.
M. Langlois, Mme Paquin, merci beaucoup. Encore une fois, vous
avez vu que les échanges... fort intéressant. Donc, merci. Bon retour à la
maison.
Et j'attends le Conseil canadien du commerce de
détail.
En attendant, je suspends quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 51)
(Reprise à 20 h 52)
Le
Président (M. Morin) : Nous reprenons nos travaux. J'étais un
petit peu inquiet, mesdames, je ne vous voyais pas, là. J'ai dit : Je suis inquiet, le Conseil canadien du
commerce de détail n'est pas là. Donc, merci d'être là. Donc, vous avez
10 minutes pour votre présentation, mais avant je veux vous connaître.
Conseil canadien du
commerce de détail (CCCD)
Mme
St-Pierre (Nathalie) :
Merci, M. le Président. Alors, mon nom est Nathalie St-Pierre, et je suis
vice-présidente pour le Québec et
responsable également du développement durable pour l'ensemble du Canada pour
le Conseil canadien du commerce de
détail. Et je suis accompagnée aujourd'hui de Carole Fortin, qui est directrice
Relations intergouvernementales et affaires publiques pour notre
division alimentation au Québec.
Alors,
rapidement, le conseil canadien est une organisation qui a été fondée en
1963, et qui est à but non lucratif, et qui est financée donc uniquement par l'industrie du commerce de
détail, et qui a la mission d'être la voix des détaillants. Nous
représentons plus de 45 000 commerces de tous types à travers le
Canada, dont le tiers au Québec, incluant les grands
magasins, les épiceries, pharmacies, commerces indépendants, marchands en
ligne, etc., et incluant les grandes chaînes en alimentation qui vendent
des produits alimentaires telles que Costco, Metro, Sobeys, IGA et Wal-Mart également, et tous les autres types de commerce
qui vendent de l'alimentation, ou des produits issus des animaux, ou même
des vêtements de cuir et de fourrure, d'où, également, notre intérêt.
Je vous
dirais d'entrée de jeu, M. le ministre, que nous vous félicitons pour votre
volonté de réprimer la négligence et
la cruauté envers les animaux, comme vous l'avez dit lors du dépôt du projet en
juin. Les membres de notre organisation se sont opposés publiquement à de nombreuses reprises contre la cruauté
envers les animaux, toute forme de cruauté, et nous avons également un
engagement de notre industrie à favoriser le bien-être des animaux.
Bien que le
projet de loi n° 54 ne vise pas directement nos membres, qui ne sont pas
des producteurs, évidemment, l'importance
de la question, pour nous, nous pousse à être présents ici aujourd'hui, mais
nous tenons à souligner que notre mémoire
couvrira principalement plus les enjeux qui touchent la production d'animaux
d'élevage pour la consommation. Évidemment, nous souhaitons nous assurer
que les détaillants puissent continuer à offrir des protéines animales et d'autres produits issus des animaux à leurs
clientèles, et ce, sans entrave. Alors, comme je l'ai dit, soyons clairs, la
cruauté envers les animaux est
inacceptable, mais par contre l'élevage en vue de consommation fait dans le
respect, évidemment, du bien-être animal est normal et indispensable.
Alors, nous
sommes également très contents de voir que le gouvernement reconnaît, à
l'article 63, paragraphe 3° du
projet de loi, les codes de pratique. Et je pense qu'on en a discuté pas mal ce
soir. Alors, je sais qu'il est tard, mais quand même je pense que c'est
important de souligner la reconnaissance des codes qui sont publiés et adoptés
par le Conseil national pour les soins aux animaux d'élevage et d'en rendre les
dispositions obligatoires par règlement. Évidemment, cette approche, pour nos
membres, est une approche que nous favorisons, puisque nous y participons depuis de nombreuses années. Nous sommes... Je
suis moi-même d'ailleurs membre du conseil d'administration du conseil, et Carole siège sur plusieurs des comités
d'élaboration des codes. Donc, en
soutien à ce qui a été dit aujourd'hui et hier également,
et même par la Humane Society
of Canada, nous sommes d'avis que la reconnaissance de ces codes permet une
approche flexible. Et je pense que c'est le coeur de la discussion que
j'entendais ce soir à l'effet que ces codes-là ne doivent pas nécessairement
être enchâssés dans la réglementation, mais on doit y faire référence, puisque
les codes évoluent, sont révisés aux cinq
ans et même... en fait ils sont examinés aux cinq ans, révisés aux 10 ans,
et donc ça permet une grande flexibilité et une adaptation. Et les producteurs, lorsqu'ils choisissent des dates, elles se retrouvent reflétées dans le projet de règlement sans qu'on ait besoin
d'en changer la réglementation elle-même. Évidemment, ça minimise pour tout le monde le processus administratif et
ça simplifie un peu la bureaucratie. Évidemment, aussi, cette approche a
l'effet d'être harmonisée avec l'ensemble des normes au Canada, donc, pour
nous, c'est tout à fait souhaitable.
Mais, si nous
recommandons de rendre les codes obligatoires, évidemment, en ce qui concerne
ce qu'on appelle, dans les codes, les
dispositions qui sont les pratiques recommandées, nous ne pensons pas, par
ailleurs, qu'elles doivent faire l'objet de réglementation. Ces pratiques, bien qu'elles soient
recommandées, qu'elles améliorent le bien-être animal, même si on ne les applique pas, on n'est pas en
contravention avec les normes acceptables pour les soins des animaux,
et, à notre avis, c'est donc le fond qui compte plutôt que les pratiques
recommandées.
Une deuxième
recommandation que nous avons faite dans notre mémoire touche la modification
qui est proposée au Code civil, avec
laquelle nous, on n'est pas vraiment à l'aise, mais, bon, si cela doit rester,
à notre avis, il serait au moins important
de dire que, si les animaux ne sont plus des biens maintenant, ce ne sont pas
non plus des personnes, et je pense que
cette précision-là doit être apportée afin de clarifier, dans le fond, la
portée, puisqu'on parle de droit nouveau. Et on l'a entendu au cours des
travaux de la commission, qu'on pouvait peut-être même penser à léguer... bon,
il y a toutes sortes de choses qui
peuvent découler de cette appréciation-là. Donc, peut-être, avant d'aller aussi
loin, comme c'est du droit nouveau, il faudrait peut-être préciser.
Notre
troisième recommandation touche l'article 7. Alors, nous sommes d'avis que
le gouvernement doit franchement
inscrire dans la loi que son intention est aussi d'assurer que le commerce des
produits provenant des animaux ou des
poissons gardés en captivité à des fins d'élevage est reconnu et permis sans
équivoque. On en parle dans le projet, on
l'a vu, mais on pense qu'il serait important d'ajouter un considérant qui vient
le camper et qui vient aussi l'annoncer à la population parce que ça
fait partie d'un processus éducatif, donc de dire qu'il y a quand même des
animaux et des poissons qui sont gardés en
captivité à des fins d'élevage et que c'est tout à fait correct. Et, pour nous,
ça reflète une réalité qui est
importante, puisqu'il y a quand même 96 % des consommateurs québécois qui
sont des consommateurs de protéines animales.
Une quatrième
recommandation, concernant toujours l'article 7, alors le considérant qui
dit que toute l'espèce humaine a une
responsabilité individuelle et collective, pour nous, c'est un peu... on se
questionne. Si on jumelle ça, par exemple,
avec l'article 6 qui... ça nous apparaît que ça devient très lourd et très
large, en matière de responsabilité individuelle
et collective, quand on stipule que «nul ne peut, par son acte ou son omission,
faire en sorte qu'un animal soit en
détresse», et que par ailleurs on dit : «Considérant que l'espèce humaine
a une responsabilité...» Est-ce que l'effet combiné de ces articles-là et le fait qu'on mette ça dans le Code civil
ne créera pas un régime qui va être assez difficile à apprécier par les
tribunaux et qui va aussi faire en sorte que, par exemple, on pourra se
demander jusqu'où vont les obligations des
détaillants, par exemple? Si un fournisseur fait l'objet de manchettes parce
qu'il a procédé à des actes qui sont
répréhensibles en matière de cruauté envers les animaux, est-ce que par
association on pourra poursuivre le détaillant parce qu'il aura omis
d'aller aider l'animal en détresse?
Alors, vous voyez, vous le savez, je pense qu'on
en a parlé, on a parlé du cas de Saputo aujourd'hui, mais les détaillants, comme vous le savez, vous l'avez vu
dans les journaux, ont été souvent pris pour cible pour des actions d'éclat
publiques concernant des situations de cruauté envers les animaux, et ce, même
si la situation problématique qui était rapportée
avait lieu en amont dans la chaîne d'approvisionnement et non pas chez les
détaillants, bien entendu. Nous-mêmes
et nos membres ont été accusés dans les médias de tolérer des actes de
cruauté, à l'instar de Saputo, qui l'a bien dit aujourd'hui, et ce qui était
faux, puisqu'on n'avait pas de responsabilité envers, par
exemple, notamment
les veaux ou les poulets, et en plus
d'être la cible d'appels au boycottage et d'avoir des manifestations devant les
comptoirs de viande dans les épiceries.
• (21 heures) •
Alors, vous
comprendrez que nous ne pouvons pas être en accord avec le fait que, si on omet
d'intervenir, pour n'importe quel
animal en détresse, ça pourrait entraîner des poursuites à tous les niveaux de
la chaîne d'approvisionnement. Le projet de loi n° 54 doit donc éviter, à notre avis, de mettre à
risque les détaillants contre d'éventuelles actions juridiques qui seraient contre eux sous le prétexte qu'ils
font partie de la chaîne d'approvisionnement d'animaux d'élevage. Selon nous, seuls les gardiens et les propriétaires d'un
animal sont les personnes qui devraient avoir la responsabilité de mettre
en place et de respecter les normes pour assurer le bien-être animal et donc
d'être passibles de poursuite en cas de non-respect.
Ce principe est d'ailleurs déjà inclus dans le Règlement sur la sécurité et le bien-être
des chiens et des chats et devrait donc être adopté également dans le projet
de loi n° 54.
Notre cinquième recommandation touche toujours
l'article 7, lorsqu'on parle des impératifs biologiques des animaux. Et je sais que, pour l'avoir entendu
hier, il y en a d'autres aussi qui sont préoccupés à ce qu'il y ait une
définition ou un peu plus de chair entourant la notion d'impératifs biologiques des animaux, et
nous, on pense effectivement qu'il doit
y en avoir davantage pour laisser moins de place à l'interprétation et aux perceptions ou aux
idéologies, mais fondé sur des bases
reconnues scientifiquement, notamment les codes. Et je pense qu'il y en a
d'autres qui vous ont suggéré la même
chose, d'ajouter ça au niveau... ou de faire référence aux codes quand on
définit les impératifs biologiques. On ne peut pas laisser ça uniquement aux tribunaux, de décider quels sont les
impératifs biologiques d'une race, et donc je pense qu'il faudrait un
peu encadrer ça et donner un peu plus de substance à cette notion.
Notre sixième
recommandation, nous nous questionnons sur la portée et la signification de
l'article 3, qui stipule que le
gouvernement peut exempter, là, de l'application de la loi ou du règlement des
personnes, des espèces qui... Pourquoi exempter?
Est-ce qu'on... Cette notion-là, pour nous, est très floue, on se pose la
question : Est-ce que ça veut dire qu'il y en a qui vont devoir demander des exemptions? Est-ce que ce sera les
boucheries ou est-ce que ça sera à l'intérieur des commerces de détail? Pour nous, ça laisse un petit
peu d'incertitude, et donc peut-être avoir un peu plus de clarté à ce
niveau-là pourrait aussi nous aider.
Notre septième et avant-dernière recommandation,
M. le Président, pour ne pas dépasser, alors, les pouvoirs conférés aux
municipalités, nous croyons que les... nous nous opposons, en fait, à ce qu'il
y ait possibilité d'accorder quelconque
pouvoir aux municipalités en matière d'adopter des règlements qui seraient plus
contraignants que les codes ou que le
projet de loi. Et, vous imaginez, il y a plus de 1 000 municipalités,
on ne peut pas penser qu'il y aurait autant de règlements à mettre en oeuvre ni pour les Québécois, ni pour les
entreprises. Et possiblement, évidemment, que ce ne serait pas du tout développé de façon aussi
concertée que le sont les codes, avec l'ensemble des acteurs en présence. Et
c'est de coûts additionnels. Et nous pensons que ça devrait être abrogé.
Et
finalement, concernant les inspecteurs, je sais qu'on en a beaucoup parlé
aujourd'hui, mais on est aussi également d'avis que le rôle doit être mieux défini. Il ne l'est pas, au niveau
des enquêteurs, dans le projet de loi, donc, à notre avis, ça devrait être un peu mieux défini. Et on
voudrait également que ce soient uniquement des inspecteurs ou des enquêteurs
qui puissent déposer des poursuites, et non
pas des organismes, comme le fait mention l'article 60. Comme on vous l'a
démontré, et je pense que Saputo aussi, les
groupes de pression sont parfois très actifs dans ce domaine, et on verrait
très mal qu'ils puissent avoir le
pouvoir d'inspecter ou de déposer des poursuites. Alors, on pense que ça doit
être limité à des personnes qui sont neutres, formées et qui ont les
compétences pour le faire.
Alors, nous vous remercions.
Le
Président (M. Morin) : Oui, Mme St-Pierre, merci. Comme le
sujet de cette commission est tout à fait spécial... C'est simplement pour dire, si jamais vous revenez
à une autre commission, là vous avez dépassé de trois minutes, et je vous
ai laissé...
Une voix : ...
Le Président (M. Morin) :
Oui, je le sais, mais c'est simplement pour vous habituer. Ce soir, dans cette commission, je peux me permettre ça parce que
l'ambiance est bonne puis le sujet est intéressant. Donc, M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui. Je vais passer directement à la définition
des animaux, comme tel. Vous suggérez dans votre mémoire que «les
animaux ne sont ni des biens ni des personnes. Ils sont des êtres doués de sensibilité et ils ont des impératifs
biologiques.» Moi, je vous suis, je n'ai pas de difficulté, sauf que, quand
vous arrivez dans une modification du Code civil, là ça se complique
puis pas à peu près. Les modifications du Code civil se font, si ma mémoire ne me fait pas défaut, au moins aux
25 ans, et ça prend 25 ans le modifier, et ça prend un partenariat
entre les oppositions
et le gouvernement. La dernière fois que ça s'est fait, c'est Gil
Rémillard qui était ministre de la
Justice et Louise Harel qui était la
critique en justice. Donc, quand ils permettent à un ministre
sectoriel de modifier le Code civil, il
faut y aller avec délicatesse,
parcimonie et doigté, et c'est ce qu'on a fait. On n'est pas allés tout à fait aussi loin que ce que vous
souhaitez, mais ce qu'on dit, nous autres, c'est : «Les animaux ne sont
pas des biens. Ils sont des êtres doués de sensibilité et ils ont des impératifs biologiques.» Et là on
mentionne : «Outre les dispositions des lois particulières qui les
protègent, les dispositions du présent code relatives aux biens leur sont néanmoins
applicables», parce que, si on n'avait pas
mis ça, il aurait fallu modifier substantiellement toute la section des biens
du Code civil, et là je
ne pense pas qu'on aurait eu la permission, comme ministère sectoriel — oubliez
le ministre, là — d'entrer
dans le Code civil.
Donc, votre
pensée est bonne, votre orientation est bonne, mais, dans son application
pratique, à moins que vous ayez des
relations très particulières avec le ministère de la Justice et que vous me
disiez que c'est faisable, je suis obligé de vous dire que votre idée
est bonne, mais, dans l'application pratique, je ne vois pas la porte de sortie
puis...
Mme
St-Pierre (Nathalie) : Bien,
en fait, c'est justement, M. le ministre, si vous me permettez, le fait de dire
que, pour nous, peut-être qu'on ne devrait
pas du tout modifier le Code civil et qu'on devrait uniquement, dans le fond,
asseoir le statut de protection, en matière
de bien-être animal, des animaux dans le projet de loi, et non pas d'inclure ça
dans le Code civil. Donc, à ce moment-là, on
s'assure... Parce qu'effectivement c'est le droit nouveau et tout ce qui va
venir avec ça.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je veux
juste que vous soyez conséquente avec ce que vous dites, là. Si on
n'ouvre pas le Code civil, demain matin votre chien, c'est un meuble, parce que
ça l'est ce matin, là. Est-ce que vous souhaitez ça?
Mme
St-Pierre (Nathalie) : Non,
je comprends. C'est pour ça qu'on dit que... Et je comprends, et c'est
peut-être une question maintenant
de : Est-ce que ça peut se faire?, mais c'est pour ça qu'on aurait voulu
que ce soit balisé; que, bien que ce
ne soit plus un bien meuble — on comprend très bien donc que c'est doué de
sensibilité, avec des impératifs biologiques — il serait quand même... d'ajouter que ce ne
sont pas des personnes. Mais là je comprends ce que vous dites, qu'au niveau de la portée puis de la réalisation
de ça ça peut être plus complexe, mais disons que ça aurait été une balise
que nous souhaitions.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Mais ce
n'est pas simple non plus parce qu'il faut marier à la fois du droit civil
avec de la common law, on est une société
distincte. Le droit civil, on est allés le rechercher... on est allés le
chercher dans des pays d'origine
européenne; la common law, on s'est inspirés essentiellement du droit de common
law de l'Ontario, du Manitoba et de la Colombie-Britannique.
Maintenant,
moi, j'ai quelques questions un petit peu précises, là. La proportion de la
vente de vos aliments qui sont
reconnus pour leur responsabilité au niveau du bien-être animal, ceux qui sont
certifiés bien-être animal, là, est-ce que c'est une proportion importante, pas importante? Est-ce que c'est en
croissance ou en décroissance dans vos tablettes?
Mme
St-Pierre (Nathalie) :
Alors, comme j'ai mentionné, nos détaillants qui vendent des produits en
alimentation sont très engagés, donc
ils travaillent à l'application des codes qu'on connaît, dont vous avez
certainement entendu parler, et donc avec...
Chacun ont leurs stratégies, évidemment, là, d'approvisionnement individuelles,
donc on ne peut pas, évidemment, partager
cet aspect-là, mais généralement, lorsque les codes existent et qu'ils
travaillent au développement de ces
codes, ils demandent à leurs fournisseurs, évidemment, d'appliquer les codes.
Mais, comme on l'a dit précédemment également,
ça appartient aux producteurs de mettre les codes en pratique. Et donc nous, on
exige... ou on va demander ou travailler avec les fournisseurs pour
qu'ils fournissent les produits qui respectent les codes.
• (21 h 10) •
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : On a vu l'évolution, entre autres, là, des
produits bios dans les épiceries. Il y a 10 ans,
tu rentrais dans une épicerie puis tu
cherchais la section bio, ils t'envoyaient en arrière à côté des balais, là,
puis tu en trouvais quelques tablettes. Aujourd'hui, il y a des allées
complètes, là.
Est-ce
que dans la viande, comme tel, on commence à développer... Sans que ce soit
rendu aussi important que le bio, là, est-ce qu'on commence à
avoir plus d'espace tablette? Parce que ça, c'est un langage que vous
connaissez.
Mme St-Pierre (Nathalie) : Oui,
bien en fait c'est que, là, vous faites référence plus à une certification
comme une certification bio, alors
que l'application des codes, c'est un mode de production qui touche tous les
producteurs et pour lequel il n'y a pas un sceau, par exemple, sur un
morceau ou une pièce de viande.
Donc,
ce qu'on constate, c'est que les consommateurs ont certaines préoccupations, effectivement. La préoccupation a évolué
avec le temps, elle varie selon les années, comme dans bien d'autres cas, elle
est autour de peut-être 20 %, 25 % à l'heure actuelle. Ils ont une préoccupation avec...
également une préoccupation sur des enjeux de développement
durable, par exemple l'achat local, vous le savez, les Aliments du
Québec, par exemple, donc des choses comme ça.
Mais
l'enjeu principal, pour le consommateur, reste le prix, et ça, on ne peut pas y
échapper. En 2017, on estime qu'il y a à peu près 50 % des achats
qui seront effectués dans les magasins à escomptes. Alors, l'enjeu peut sembler
important, mais le traduire en dollars dans le panier, ça reste quelque chose
d'autre. Alors, ce qu'il faut, c'est que l'ensemble
de la chaîne, via les codes, et que l'ensemble des productions, finalement, se comportent correctement et adoptent les bonnes pratiques en matière de bien-être animal.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Le consommateur continue de voter avec son
porte-monnaie, là.
Mme St-Pierre
(Nathalie) : Exactement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Dans les révisions des codes, comme tel, ou leur
modification, là, je sais que vous êtes impliqués. C'est quoi, le rôle
et l'influence de votre organisation là-dedans?
Mme St-Pierre (Nathalie) : Évidemment, il varie puisque, quand on parle de
choses éminemment scientifiques, vous
comprendrez qu'on n'a peut-être pas nécessairement les connaissances pour... et
notre contribution, à ce stade-là, va consister
à comprendre et essayer d'accompagner, mais par contre, lorsqu'on développe des
consensus, nous contribuons au même titre que l'ensemble des partenaires
au développement des consensus quant à la façon... on est là aussi pour partager les attentes des consommateurs, puisqu'on
les connaît aussi, donc notre contribution est la même que l'ensemble
des autres partenaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Mais vous n'êtes pas tentés de faire preuve de,
comment je pourrais dire ça... d'un maximum de leadership, compte tenu
que, si on arrive avec une réglementation qui a certains coûts, certaines
obligations pour le producteur, vous, bien, au bout de la ligne, ce n'est pas
vous qui les assumez?
Mme St-Pierre
(Nathalie) : Ce sont des codes qui sont développés en concertation, et
nous devons tenir compte, effectivement, des
impératifs économiques. Et je pense qu'on en a entendu parler de quelques-uns
ce soir effectivement. Alors, les producteurs
ont besoin parfois de plus de temps, et je pense que monsieur de chez Olymel,
par ailleurs, l'a bien expliqué. Pour
certains, il y a des dates butoirs qui sont faciles... ou plus faciles à
rencontrer. Par contre, pour d'autres productions, les investissements
sont beaucoup plus importants, et donc ils ont besoin de beaucoup plus de temps
ou d'accompagnement. Parfois, la technologie n'existe même pas, donc il faut
tenir compte de ça.
Donc, je
pense que l'approche concertée permet
d'offrir les meilleurs résultats en termes de ce qu'il est possible de
faire économiquement, sociétalement parlant et technologiquement parlant.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça va. Merci beaucoup.
Le Président (M.
Morin) : M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Y a-tu du
homard dans ça?
M.
Chevarie : Il y a peut-être un petit point que j'aimerais vous
entendre là-dessus. Vous dites à la page 19 de votre mémoire qu'il
y a un grand défi de communication sur le plan de la protection et le bien-être
animal, puis j'ai tendance à vous donner
raison parce que, depuis deux jours, on en apprend beaucoup de toutes les
mesures qui sont prises et qui sont mises en application par différentes
associations, corporations, et ainsi de suite, fédérations et... Mais par ailleurs vous dites, un peu plus loin dans cette
page-là : «Nous sommes d'avis qu'il est faux d'affirmer que la cruauté et
la violence soient des pratiques courantes.» Vous mentionnez ça. Mais
par ailleurs il y a un fait qui demeure, c'est qu'il semble que, dans le classement canadien, la province de Québec se situe
à la queue du peloton par rapport aux provinces qui ont une bonne relation entre l'animal et les personnes et qui n'appliquent pas nécessairement toutes les bonnes pratiques et les bonnes mesures concernant la
protection et le bien-être animal. J'aimerais ça vous entendre là-dessus.
Mme St-Pierre (Nathalie) : Alors, merci
beaucoup de nous donner l'opportunité
parce que je ne l'avais pas dit pour essayer de rentrer dans les 10 minutes,
j'avais coupé cette partie du texte, mais effectivement on recommande de
meilleures communications.
La phrase que vous
avez mentionnée, malheureusement, là, c'est peut-être mal expliqué, mais elle
est reliée directement et uniquement à la citation de Mercy for Animals qui dit que...
Et on citait Mercy for Animals qui disait : «Bien que la cruauté et la violence sont des pratiques courantes dans
l'industrie du veau au Canada...», et nous, on disait que c'était faux. Je pense qu'il faut reconnaître que nos producteurs,
au Québec, principalement... 80 % de la production de veau est faite au Québec, et je ne pense pas
qu'on peut dire que tous les veaux du Québec sont abusés ou il y a de la
violence envers les veaux. Donc, ce qu'on
disait, c'est qu'on reconnaît qu'il y a des pratiques abusives, mais on ne peut
pas généraliser, et c'était donner un
exemple pour dire pourquoi on pense qu'il y a besoin de meilleures
communications et que la stratégie québécoise serait la bonne place pour
coordonner des meilleures communications.
D'autre
part, et probablement que les producteurs vous le diront, mais je pense qu'on
peut le constater nous-mêmes dans le
commerce de détail, les consommateurs sont très déconnectés de la ferme, des
pratiques, et donc il y a
eu beaucoup d'émissions qui mettaient en lumière des pratiques
agricoles qui donnaient l'impression de cruauté ou de violence, alors que ce n'étaient pas des actes de violence. Ça
fait que, là encore, l'ensemble des acteurs pourraient jouer un meilleur rôle
d'informer, de mieux éduquer les consommateurs. Ça fait que c'est dans ce
sens-là qu'on a fait notre contribution.
Une voix :
...
Le Président (M.
Morin) : Bon, M. le député de Berthier. J'étais parti, moi, là,
là. Allez-y.
M.
Villeneuve : Non,
restez avec nous, M. le Président,
jusqu'à la fin. Oui, bonjour,
mesdames. Bonjour. Merci
d'être là, surtout à cette heure tardive.
Étant donné que vous avez discuté longuement, là, concernant, là, l'article 1,
partie I, sur la définition comme telle,
définition qui a été... On a discuté avec beaucoup de groupes, là, à
savoir... bon, on a eu la chance, l'occasion aussi d'avoir des avocats, avocates qui
sont venus nous dire que ce n'était peut-être pas parfait, mais, bon, peut-être
même y aurait-il... on peut peut-être
regarder qu'un n'anéantisse pas l'autre dans la définition, là. Ça, on pourrait
le regarder plus tard. Mais, étant donné que vous avez eu cette
discussion-là avec M. le ministre, moi, je vous amènerais sur les impératifs
biologiques. Vous dites que ça devrait être plus clair, plus précis. Vous savez
qu'on retrouve une certaine explication aux impératifs biologiques au projet de
loi, on dit : «...ceux liés, notamment, à l'espèce ou la race de l'animal, à son âge, à son stade de croissance, à
sa taille, à son niveau d'activité physique ou physiologique, à son état
de santé, ainsi que ceux liés à son degré
d'adaptation au froid ou à la chaleur.» J'imagine, en quelque part, qu'il y aura de la formation, il y aura des explications supplémentaires
qui vont, au fil du temps, s'ajouter pour préciser chacun des éléments qui sont là, mais, vous, ce qui est là présentement est nettement insuffisant. C'est ça qu'on doit comprendre?
Mme St-Pierre (Nathalie) : Bien, en fait, ça, c'est la base, et, pour nous,
autour de ça devrait venir se greffer... dans le fond, les impératifs
devraient correspondre à ce qu'il y a dans les codes, donc, lorsqu'on parle...
par race, évidemment, parce
que c'est différent, et ce qui fait
que, lorsqu'on veut, par exemple, poursuivre ou on veut dire qu'il n'y a pas eu... les impératifs biologiques n'ont
pas été rencontrés par un individu, bien il faut pouvoir dire qu'est-ce que
c'est que ça. Et donc on comprend qu'il faut
laisser une certaine place aux tribunaux parfois d'interpréter, mais, en même
temps, comme là ça pourrait aller à toutes
les sauces, de dire : Bien, moi, je considère que telle pratique, ce n'est
vraiment pas acceptable, là ça devient un jeu, alors au
moins délimiter ça dans la patinoire des codes, qui définit, dans le fond, quels sont les besoins
essentiels en termes de chaleur, de froid, de... au niveau de telle race, pour
le niveau de croissance de cet animal,
etc. Nous, on pense que ce serait davantage rassurant aussi, je pense, pour toute la chaîne
de bien connaître que le code, c'est la base, la définition des
impératifs.
M.
Villeneuve : Oui, je
comprends, effectivement. Puis ça peut être difficile, pour le propriétaire
d'un animal, effectivement,
d'avoir exactement les notions, comme tel, si on regarde juste le projet de loi
actuellement.
Je
vous donne un exemple. J'avais un poney. Mon vétérinaire m'avait dit : À
moins 20, tu laisses ça dehors, c'est un mammouth. Moi, je le rentrais,
tu sais, à l'intérieur, pour... mais, bon, voyez-vous...
Une voix :
Pour bien faire.
• (21 h 20) •
M.
Villeneuve : ...pour
bien faire, mais il devait rester dehors. C'est un vétérinaire qui m'a dit : Tu laisses ça dehors, il
va être en meilleure santé dehors qu'à l'intérieur, parce qu'il était très
pourvu en fourrure, voilà.
Mais je comprends qu'effectivement
vous vouliez avoir plus de précision à ce niveau-là.
Une voix :
...
M. Villeneuve :
Oui, allez-y. Pour mon poney?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Non, non, je ne veux pas prendre une «ride» sur
votre poney, là. Mais vous avez raison parce que, dans cette
définition-là, il s'agit d'une preuve d'expert.
M. Villeneuve : Tout à fait.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : À un
moment donné, c'est celui qui accuse
qui a le fardeau, et c'est le médecin vétérinaire qui va venir
dire : Vous avez bien fait, ou : Vous êtes allé à l'encontre de ce
que la nature... les impératifs.
Mme St-Pierre (Nathalie) : Exact. D'où la base... Étant donné que la base
des codes est scientifique, si vous aviez suivi le code, bien vous auriez su que peut-être moins 20, c'était bien
correct. Et vous n'étiez pas en contravention d'aucune... Tu sais, bon, peut-être que, si l'animal avait deux semaines, là ça ne
marche pas, mais, l'animal ayant cinq ans, ça fonctionne.
M. Villeneuve :
Oui, tout à fait. Là, on parle de l'âge.
Mme St-Pierre
(Nathalie) : Et ça, c'est prévu dans le code.
M. Villeneuve :
Exactement, exactement. Tout à fait. Voilà.
Mme St-Pierre
(Nathalie) : Donc, c'est là où on pense que ça pourrait aider.
M. Villeneuve :
O.K. Non, c'est une bonne précision quand même.
Je vous amène à votre
recommandation 8. Les enquêteurs, vous prenez pour acquis — et
puis effectivement peut-être avez-vous raison — que, si toute autre personne est nommée par le ministre,
elle n'aurait pas nécessairement
une formation adéquate. Vous en déduisez
automatiquement cela, d'après ce que je constate, ou vous pensez que ça
pourrait être ça ou... Vous voulez plus de précision par rapport à ça?
Mme St-Pierre (Nathalie) : Bien, en fait, pour être... ce qu'on prétend, on ne
le sait pas, là, évidemment, nous, ce
qu'on dit, c'est : On ne peut pas le faire si on n'a pas la formation
adéquate, si on n'a pas la neutralité adéquate et si on n'a pas aussi, je pense, disons l'encadrement avec le MAPAQ, par exemple, qui est l'institution plus reconnue en matière d'inspection, là. Donc, «toute autre personne», le
«toute autre personne» ou «tout autre organisme», pour nous, laisse place à...
de nommer des personnes qui pourraient ne pas être appropriées, alors on
souhaiterait voir... qu'il y ait un encadrement qui soit plus spécifique et que
les inspecteurs soient effectivement formés adéquatement pour les codes, parce que, si on va mettre les codes dans la
réglementation ou les référer aux codes, il faut qu'ils soient formés en
fonction des codes.
Et
je pense qu'on l'a vu, il y a quand même des enjeux importants, là, au niveau
de l'immunité, il y en a plusieurs qui
en ont parlé, mais on ne peut pas laisser non plus un ensemble de groupes,
disons, faire des enquêtes. On l'a écrit dans notre mémoire, il y a toutes sortes de synonymes pour «enquête» :
des enquêtes... caméras cachées, etc. Je pense que le processus qui est décrit dans le projet est clair
pour les... au niveau de s'annoncer, bon, etc., et donc je pense que c'est
ça qu'il faut que tout le monde puisse mettre en oeuvre, puis ça prend les
personnes formées pour faire ça.
M.
Villeneuve : Donc, si je décode un peu ce que vous dites,
idéalement ce serait une homogénéisation au niveau de l'expertise, au niveau de la formation. Puis je
pense qu'au niveau du public c'est important aussi de s'assurer que... Vous savez, on entend souvent dire : Dans
telle région, on sait bien, eux autres, ils ont le droit; nous autres, on n'a
pas le droit. Alors, pour éviter ce genre de comparaison là, s'assurer
qu'il y a une homogénéité en termes d'expertise, de formation, oui, je pense...
Mme St-Pierre
(Nathalie) : Et la neutralité étant pour nous, dans ce domaine-là qui
est très...
M.
Villeneuve : Appelons ça du professionnalisme. Alors, avec du
professionnalisme, effectivement, ça permettrait, là, je pense, de... Et
je suis convaincu que les gens qui vont y oeuvrer seront des professionnels.
Je vous amène au
niveau des municipalités, un peu la même chose. Au niveau des municipalités, ce
que vous craignez, c'est que ce soit éclaté
et qu'on se retrouve avec à un demi-kilomètre ou des fois même à
100 mètres... Oups! Bien,
finalement, l'autre municipalité d'à côté, ça va être différent comme
application, là, ou comme interprétation, même, et comme réglementation,
surtout et assurément, d'une municipalité à l'autre.
Vous le vivez dans
d'autres domaines que celui-ci, au niveau du commerce de détail?
Mme St-Pierre
(Nathalie) : Les réglementations non harmonisées, monsieur, sont le
lot de l'ensemble... de beaucoup des
entreprises à travers le Québec et le Canada, donc je pense que de multiplier
ça... Mais, oui, je vous dirais que dans d'autres provinces, par
exemple, au niveau de... la gestion des pesticides dans les commerces de
détail, par exemple, peut varier, ou il y a
des tentatives que ça varie d'une municipalité à l'autre ou d'une région à
l'autre, ce qui est absolument
ingérable. Comment voulez-vous qu'un consommateur qui se présente dans un
établissement... Il faut lui demander :
O.K., vous habitez dans quelle région? Ah! O.K., dans cette région-là on n'a
pas le droit de vous vendre ceci. Ça n'a pas de bon sens, là.
Donc, vous comprendrez que notre crainte est vraiment
réelle à l'effet de laisser s'appliquer ou développer des réglementations.
Et, si on favorise le code, je pense qu'on doit croire au code et faire vivre
les codes à travers la réglementation, et non pas les abandonner parce que
les municipalités souhaiteraient adopter des règlements plus sévères.
M. Villeneuve : Mais c'est
déjà le cas au niveau des règlements sur les chiens, entre autres, sur les
chats, où chaque municipalité a sa propre réglementation qui lui est propre. En
tout cas, je n'en connais pas deux pareilles, là, au niveau des municipalités, là, ils ont tous des...
bon, puis on réussit quand même à s'y retrouver, là, si je peux dire ça
ainsi, là, mais...
Mme St-Pierre (Nathalie) : C'est une
belle opportunité d'harmonisation.
M.
Villeneuve : D'harmonisation. Donc, à ce moment-là, les
municipalités, ce que vous proposez, c'est que ce ne soit pas donné aux
municipalités de...
Mme
St-Pierre (Nathalie) :
Écoutez, pour nous, de réglementer, non, on pense que ça appartient au
ministre, que ça appartient au
gouvernement, au législateur de réglementer en matière de bien-être animal pour
une application à travers le Québec
qui serait homogène, effectivement, avec des inspections et la mise en oeuvre
par des professionnels. Et, à ce compte-là, de remettre ça dans les
mains des municipalités, pour nous, je pense que ça va créer beaucoup de
problématiques pour les producteurs d'abord, évidemment, et ça va minimiser la
portée des codes, je pense.
M.
Villeneuve : O.K., oui. Par rapport au projet de loi, là, que
nous avons devant nous, là, vous verriez vraiment... Donnez-moi un
exemple concret dans le projet de loi qui pourrait être appliqué d'une
municipalité à l'autre.
Mme
St-Pierre (Nathalie) : Bien,
l'article précise qu'ils pourront adopter des choses qui sont plus
contraignantes que les codes.
M. Villeneuve : Oui. Ça, je
suis d'accord.
Mme St-Pierre (Nathalie) : Donc, je
ne peux pas m'imaginer, là, pour l'instant, qu'est-ce qui peut être plus
contraignant, par exemple, que de dire que pour, je ne sais pas, moi, telle
date il y aura telle application au niveau du secteur
agricole dans cette municipalité-là, ou que ce soit aussi au niveau de
l'application... par exemple de la vente, dans une animalerie,
d'animaux. Donc, si on est pour édicter des normes, je pense qu'elles devraient
être les mêmes pour l'ensemble des entreprises à travers le Québec.
M.
Villeneuve : Le ministre me soufflait à l'oreille que ça
pourrait peut-être être donné aux MRC. Bon, là, au lieu d'avoir
1 100 municipalités, vous en avez 90, ce qui serait différent. Mais,
enfin, on verra, comme on dit.
Mais je vous remercie de vos propositions et de
vos recommandations. Merci beaucoup.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. le député de Berthier. Mme la députée de Mirabel.
Mme
D'Amours : Merci. Bonsoir, mesdames. J'aimerais revenir sur les
enquêteurs. Bon, j'ai entendu la réponse que vous avez faite à mon
collègue de Berthierville.
M. Villeneuve : Berthier.
Mme
D'Amours : De Berthier. Est-ce que vous avez des cas de figure? Parce
que je comprends que vous aimeriez que
ce seraient des inspecteurs qui seraient neutres, bon, ça veut dire, ça...
c'est d'un organisme, mais, ces inspecteurs-là, pour qu'ils soient efficaces et qu'ils soient rentables en termes de
dépense, il faudrait qu'ils soient formés pour toute la panoplie, là,
d'animaux qu'on parle, les animaux d'élevage avec les animaux aussi, là, de
compagnie, alors...
• (21 h 30) •
Mme
St-Pierre (Nathalie) : Bien,
en fait, pour nous, on pense que c'est réaliste. Si on compare, par exemple,
ce que le MAPAQ fait en ce moment en matière
de salubrité des aliments, le MAPAQ a des inspecteurs qui... certains ont des fonctions, là, au niveau plus des
abattoirs, etc., bon, alors que d'autres ont des fonctions dans les commerces
de détail, et ils vont inspecter, que
ce soit au niveau du fromage, par exemple, il y a des règles particulières,
bon, dû à certaines choses, il y a la
viande, il y a les températures, il y a beaucoup d'éléments. Donc, ce sont des
professionnels qui ont les capacités
de procéder à quand même des évaluations sur plusieurs facettes, là, de tout
ça. Et, la même chose, on pense que
probablement, en matière de santé animale et de bien-être animal, les
inspecteurs pourraient être formés pour... En comprenant bien l'esprit des codes, je pense qu'ils pourront être formés
pour apprécier à leur juste valeur, là, si les codes sont respectés.
Mme
D'Amours : Mais, quand vous parlez qu'il y a des organismes qui ne
devraient pas... Puis ces organismes-là, souvent ils ont une expertise. Je vais prendre comme exemple les usines
à chiots, ils ont une expertise là-dedans. Vous pensez que ce serait mieux que ce soit au ministère que d'avoir cet
organisme-là qui connaît le terrain, qui est capable de travailler, qui
est venu ici, qui nous a déposé des mémoires qui sont intéressants, qui sont...
Vous croyez que, ça, il n'y aurait pas de...
Pour vous, il n'y a
pas de possibilité à ce que ce soit neutre, même si eux, ils ont juste une
catégorie à travailler?
Mme
St-Pierre (Nathalie) : Bien,
écoutez, tout dépend comment on peut définir la neutralité, mais, à notre avis, un organisme dont la
mission — et je
pense qu'ils l'ont dit clairement, là — c'est la protection des animaux, mais
financé par les dons publics, donc,
tu as toujours intérêt à te faire connaître. Ça fait que, tu sais, la
perception de neutralité dans le public, tu sais, il faut faire attention. Et je
pense que c'est bon pour eux aussi de ne peut-être pas être si près que ça de
l'enquête, qu'ils maintiennent leur degré de
séparation entre ce que l'État a à faire, qui est l'application d'une loi, et
leur rôle qui est d'éduquer, et de lever les boucliers, effectivement,
et d'aller chercher l'attention du public.
Mais par
ailleurs je pense qu'ils ne pourraient pas avoir le rôle d'enquêteur ou
d'inspecteur et certainement pas de déposer
des plaintes, parce que je pense qu'ils n'ont pas le degré de neutralité. Et
ils en tirent un bénéfice, à la fin du compte, puisqu'ils vont avoir
plus de financement public aussi nécessairement, donc...
Mme
D'Amours : Je reviens aux villes. C'est drôle, moi, je voyais comme un
partenariat avec les municipalités parce
que ce sont eux qui émettent des permis pour les animaux de compagnie, chiens
et chats, et qu'il y a des inspecteurs canins qui se promènent sur le
territoire de chaque ville, qui sont engagés par les villes.
Alors, si on
prend des inspecteurs qui ne sont que pour le MAPAQ, alors les villes vont
quand même vendre des petites
licences mais se retirent de l'inspection, et là on demande au ministère
d'aller dans chaque ville pour aller vérifier la dame de la rue Untelle qui fait de l'élevage avec deux chiens seulement,
mais elle fait quand même de l'élevage dans sa maison. Alors, il n'y a pas une possibilité, d'après vous, qu'il
pourrait y avoir un certain lien entre les municipalités et la loi qu'on
est en train de...
Mme
St-Pierre (Nathalie) : Tout
à fait. Je pense, que les municipalités puissent exercer comme on le fait, par
exemple, en matière de salubrité
alimentaire, par exemple la ville de Montréal va aller faire... a un mandat,
dans le fond, du MAPAQ pour faire des visites, ce n'est pas la même
chose que d'adopter la réglementation, parce que...
Ça fait qu'il
y a un article spécifique pour dire : Il peut y avoir une collaboration,
il peut y avoir des partenariats pour
aller exercer un certain rôle, et ça, ce n'est pas nécessairement problématique
si les personnes sont formées, sont neutres,
etc. Là où nous, on... Ce qu'on soulignait, c'est l'adoption de réglementations
plus exigeantes que les codes, et donc
donner des pouvoirs en la matière aux municipalités. C'est là où, pour nous, on
trouve que ce n'est pas... ça devrait être abrogé, cet article.
Mme D'Amours : O.K. Merci, M. le
Président. Merci, madame.
Le Président (M. Morin) :
Merci, Mme la députée de Mirabel. Mmes St-Pierre et Fortin, merci de votre
indulgence, d'être là à cette heure aussi tardive, 21 h 34, c'est
formidable. Ça a été très intéressant, et on n'a pas senti de fatigue autour de la table, donc bravo à tout
le monde! Merci beaucoup. Bon retour à la maison. Soyez prudentes, on
veut vous revoir. Merci.
Compte tenu de
l'heure, j'ajourne les travaux de la commission à demain, le mercredi
16 septembre 2015 — attention — à 15 heures.
(Fin de la séance à 21 h 34)