(Quinze heures six minutes)
Le
Président (M. Morin) :
Mesdames messieurs, bonjour. Comme nous avons le quorum, je déclare la séance
de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles ouverte. Comme
à l'habitude, je suis certain que tout le monde a vérifié leurs
téléphones cellulaires.
La commission
est donc réunie afin de procéder à l'étude des crédits budgétaires du
portefeuille Énergie et Ressources naturelles pour l'exercice
financier 2015-2016.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine) est remplacé par Mme Vallières (Richmond);
M. Simard (Dubuc) est remplacé par M. Boucher (Ungava); M. Leclair (Beauharnois)
est remplacé par M. Drainville (Marie-Victorin); et Mme D'Amours (Mirabel) est
remplacée par Mme Roy (Arthabaska).
Le Président (M. Morin) :
Merci, monsieur. Nous allons débuter par les remarques préliminaires, puis nous
allons procéder à une discussion d'ordre
général par blocs d'environ 20 minutes, incluant questions et réponses. La mise aux voix des
crédits sera effectuée à la fin du temps qui est alloué à l'étude des crédits
de ce portefeuille.
Puisque nous
avons débuté nos travaux à 15 h 6 et qu'une période de trois heures
doit être consacrée à l'étude de ce
programme cet après-midi, y a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux
au-delà de l'heure prévue, soit jusqu'à 18 h 6? Consentement?
Merci.
Énergie et Ressources
naturelles
Remarques préliminaires
Nous débutons donc avec les remarques
préliminaires. M. le ministre, à vous la parole pour 17 minutes.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : Merci, M. le
Président. Alors, chers collègues, j'aimerais profiter de l'occasion
aujourd'hui pour justement vous
parler du contexte de l'étude des crédits, les réalisations, les défis du
ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles. J'en profite pour saluer évidemment mes collègues : le
député d'Abitibi-Est, qui est mon adjoint parlementaire, le député de Saint-Maurice, le député d'Ungava et
la députée de Richmond, qui sont ici présents. Je salue également le député de Marie-Victorin — je sais qu'il a une journée remplie
d'émotion aujourd'hui — et également la députée d'Arthabaska.
Donc,
j'aimerais vous présenter d'abord l'équipe qui compose le ministère et qui est
avec moi : d'abord, à ma gauche,
M. François Émond, qui est mon directeur de cabinet; à ma droite, M. Gilbert
Charland, sous-ministre en titre, accompagné de Mme Luce Asselin,
sous-ministre associée à l'Énergie; M. Mario Gosselin, sous-ministre associé au
Territoire; Mme Line Drouin, sous-ministre
associée aux Mines; M. Marc Gagné, directeur général des ressources financières et matérielles et de la gestion
contractuelle; Mme Mylène Martel, directrice générale des ressources humaines
et des ressources informationnelles; Mme
Lynda Roy, secrétaire générale du ministère; et M. Marc Leduc, directeur
général des mandats stratégiques. Je
remercie également les équipes des divers secteurs du ministère qui ont préparé
les documents pour cette étude de crédits. Ils ont fait de l'excellent
travail.
Je vais
maintenant entrer dans le vif du sujet en abordant les principaux dossiers
énergétiques. Comme vous le savez, le
Québec, comme la très grande majorité des États dans le monde, fait face à un
contexte énergétique en pleine mouvance.
Les changements mondiaux qui s'observent en matière technologique,
environnementale et climatique posent de nouveaux défis aux Québécois et
leur ouvrent en même temps de nouvelles opportunités.
La stratégie énergétique du Québec prend fin
cette année, et cette échéance et le contexte énergétique actuel nous imposent le devoir d'établir de nouvelles
priorités d'action. C'est pourquoi nous avons engagé en novembre dernier
une démarche de réflexion et d'échange avec
les Québécois, les experts d'ici et d'ailleurs et nos partenaires. Cette
démarche, qui s'est concrétisée
jusqu'à maintenant par la tenue de deux tables d'experts, vise à intégrer dans
une vision cohérente toutes les données qui sont relatives à l'énergie. Si le
gouvernement mène actuellement un tel exercice de consultation, c'est pour que le Québec grandisse, à sa manière,
dans un environnement complexe qui comporte autant de défis à relever que d'opportunités à saisir. Parce que nous avons
à coeur l'intérêt des Québécois et parce que nous souhaitons tous que
chacun ait l'occasion d'intervenir, nous avons décidé d'associer à ce processus
un maximum d'intervenants.
• (15 h 10) •
La nouvelle politique énergétique vise à
permettre au Québec de s'inscrire dans un contexte énergétique et économique mondial, d'accroître son leadership en
matière d'énergies renouvelables, d'efficacité énergétique, d'innovation
technologique. Elle
vise également à mettre en valeur de façon responsable l'ensemble de ses
ressources et son patrimoine commun,
en plus de poursuivre le développement d'une économie à faible empreinte
carbone. D'ici la fin de 2015, le gouvernement
du Québec sera ainsi en mesure de se doter d'une politique énergétique pour
couvrir l'horizon 2016-2025.
Malgré tous
les efforts qui sont déployés pour diversifier nos sources d'énergie, les
hydrocarbures ne disparaîtront pas,
ni à court ni à moyen terme, dans notre bilan énergétique. Le Québec est
toujours dépendant de ces hydrocarbures, il dépend entièrement des importations pour approvisionner en pétrole
brut ses deux raffineries, une balance commerciale de plus de 14 milliards
de dollars. Nous avons donc tout intérêt à ce que l'approvisionnement des
raffineries soit le moins coûteux, le
plus sécuritaire possible. C'est pourquoi le gouvernement considère avec soin
les mesures permettant à ces raffineries
d'avoir accès à des pétroles bruts moins chers. Des projets d'oléoduc sont
susceptibles d'apporter une flexibilité accrue en ce domaine.
La sécurité
de la population québécoise et la protection de notre environnement sont des
conditions incontournables, et nous avons été clairs à ce sujet. C'est pourquoi,
conformément à nos engagements en matière d'hydrocarbures annoncés le 30 mai 2014, le gouvernement
a mis en place une unité de vigilance permanente gouvernementale sur les
hydrocarbures afin d'effectuer un suivi
rigoureux des projets d'infrastructure pétrolière ou gazière en cours. L'unité
a pour mandat de s'assurer que toute
l'information relative à la sécurité et à la protection de l'environnement soit
transmise à tous les acteurs
directement concernés par les projets. L'unité de vigilance veille également au
respect de la conformité des travaux
aux conditions imposées par l'Office national de l'énergie ainsi qu'aux
recommandations de la Commission de l'agriculture, des pêcheries,
de l'énergie et des ressources naturelles.
L'an dernier, nous avons dévoilé le plan
d'action gouvernemental sur les hydrocarbures. Ce plan propose une approche globale pour le développement responsable de la filière des hydrocarbures, et nous allons agir en
toute transparence avec la population
québécoise. Le gouvernement entend réunir les conditions adéquates avant
d'envisager une exploitation des hydrocarbures, et, pour ce faire, nous
allons poursuivre l'acquisition de connaissances par la réalisation de deux évaluations
environnementales stratégiques, une sur l'ensemble de la
filière des hydrocarbures et une propre à l'île d'Anticosti. L'année, donc, 2015 sera déterminante en ce qui a trait à ces évaluations. Nous tiendrons cet automne une consultation publique en lien avec l'EES globale sur les hydrocarbures, et c'est à la
fin de 2015 que nous allons déposer les deux rapports de ces deux évaluations environnementales stratégiques. Au terme de ce processus, notre gouvernement sera en mesure de procéder à
une révision globale, une modernisation de l'encadrement législatif et
réglementaire afin de s'assurer que le développement de nos ressources
naturelles respecte les meilleures pratiques. L'objectif est de déposer un
projet de loi complet et intégré d'ici la fin de l'année.
Si la mise en
valeur des hydrocarbures a souvent été évoquée, il en est autrement de l'hydroélectricité, fleuron de l'énergie
renouvelable québécoise qui positionne le Québec parmi les leaders. L'accroissement de notre capacité de production hydroélectrique est garant d'un développement
économique soutenu, de la réalisation d'investissements majeurs, du maintien de notre expertise de classe mondiale et de notre
contribution à l'effort planétaire de lutte contre les changements climatiques. Grâce à cette
puissance installée, nous allons pouvoir combler nos propres besoins, augmenter
nos exportations d'électricité propre et
renouvelable et contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le nord-est de l'Amérique du Nord.
Dans le cadre du discours sur le budget, le
4 juin 2014, nous avons annoncé que l'électricité disponible serait utilisée comme un avantage concurrentiel, et,
conformément à cette orientation, Hydro-Québec a déposé à la Régie de l'énergie, pour approbation, un tarif de
développement économique qui va apporter aux... qui va accorder, je dis bien, aux projets d'investissement admissibles un rabais tarifaire en regard du tarif réglementé régulier.
Pour le gouvernement, l'électricité disponible constitue un
atout stratégique important afin d'attirer les investissements.
L'an dernier,
nous avons également énoncé nos préoccupations concernant une évolution
des tarifs qui serait le plus
possible appariée à l'évolution de l'indice des prix à la consommation du Québec.
C'est pourquoi je l'ai recommandé... en fait, j'ai recommandé que la question de l'évolution des tarifs d'électricité, pour l'année tarifaire 2015-2016,
soit prise en compte dans un décret
concernant les préoccupations économiques, sociales et environnementales indiquées à la Régie
de l'énergie.
Le
24 août 2014, je me suis engagé également, lors de la
Conférence des ministres de l'Énergie et des Mines à Sudbury, avec mon vis-à-vis, le ministre
Bob Chiarelli, à créer un groupe de
travail Québec-Ontario
en énergie avec comme mandat
d'étudier les possibilités d'accroître le commerce de l'énergie et de
comparer des stratégies et des pratiques dans certains domaines. Pour appuyer ces travaux, des
sous-comités sur le commerce de l'électricité, les collectivités hors réseau, les enjeux liés au pétrole et au gaz naturel ont également été mis en place. Les discussions se poursuivent
sur une base continue afin d'effectuer une planification plus fréquente
des transactions d'électricité.
Permettez-moi de vous parler également des petites
centrales hydroélectriques. Vous vous souviendrez que le gouvernement précédent avait pris la décision
d'annuler six projets de petites centrales hydroélectriques soumis par les
communautés et retenus par Hydro-Québec
Distribution. Tel que nous nous y étions engagés en pleine campagne électorale,
le premier ministre a donné, l'an dernier, le signal de relancer ces projets.
Les promoteurs ont été informés de l'intention de notre gouvernement de
permettre la réalisation de ces petites centrales hydroélectriques.
Quant au Plan Nord, le 8 avril dernier,
nous avons annoncé des gestes concrets que nous allions poser pour accomplir la
relance du Plan Nord. Nous avons envoyé un signal clair aux investisseurs en
leur confirmant que le Plan Nord est plus
que jamais sur les rails, un projet qui est très bien accueilli. Un premier
jalon vient d'être justement atteint
avec la mise sur pied, début avril, de la Société du Plan Nord qui assure
désormais la coordination du développement durable du territoire
nordique, le respect, la participation des communautés locales et autochtones
et le partage des retombées dans toutes les régions du Québec. Avec le Plan
Nord, le gouvernement entend maintenir, favoriser une collaboration étroite avec tous les partenaires de ce projet et avec les
communautés autochtones afin de s'assurer que le développement du Nord se fasse dans un esprit de
collégialité. L'acceptabilité sociale pour les projets de développement des ressources naturelles est une valeur à
laquelle nous accordons une grande importance. J'aurai l'occasion d'ailleurs
de vous parler davantage de ce sujet un peu plus tard.
Pour
développer efficacement le Nord-du-Québec, nous devons mettre en place les
infrastructures nécessaires. Nous
nous sommes engagés à investir de façon stratégique dans les infrastructures.
Et, au total, plus de 1 milliard seront investis au cours des 10 prochaines années par le ministère des
Transports et la Société du Plan Nord dans des infrastructures de transport. Cet effort va contribuer de façon significative
à la mise en valeur du territoire nordique, au mieux-être des
communautés qui y vivent ainsi qu'au développement économique de l'ensemble du
Québec.
Sur le plan économique, nous voulons tout mettre
en oeuvre pour maximiser les retombées dans toutes les régions du Québec. C'est
pourquoi notre gouvernement a créé un bureau de commercialisation, intégré à la
nouvelle Société du Plan Nord, qui aura pour
mission de faire connaître aux entreprises québécoises et étrangères les
besoins en fournitures et en
équipements nécessaires à la réussite des projets. Par le biais de Ressources
Québec, une filiale d'Investissement
Québec, le gouvernement fera aussi connaître les besoins des grands donneurs
d'ordres, accompagnera les
entreprises dans leur développement. Cette initiative permettra d'appuyer les
fournisseurs de machinerie, les équipementiers et les sous-traitants
industriels. Enfin, afin d'améliorer, en contenu, nos connaissances et dans le
but de planifier les interventions dans le meilleur respect du milieu, nous
allons mettre sur pied un réseau de soutien à la recherche et au développement des connaissances du territoire
nordique. Et, à cette fin, notre gouvernement a participé à la création de l'Institut
nordique du Québec, qui est basé sur le campus de l'Université Laval.
• (15 h 20) •
Le Plan Nord est également lié, bien sûr, au
secteur minier. C'est pourquoi nous nous sommes donné comme mission de rétablir un climat pour les
investisseurs. Et, pour y arriver, nous avons posé des gestes concrets. Nous
nous sommes d'abord engagés à
simplifier et à alléger les mesures
réglementaires partout où c'est possible, sans pour autant diminuer nos exigences envers un développement minier responsable ni
relâcher le contrôle sur le respect de ces exigences. Tous ces gestes ont permis de rétablir au Québec
un climat propice aux investissements miniers. Se classant maintenant à
la sixième position, le Québec est enfin de retour dans le top 10 des
territoires les plus attrayants au monde pour les investissements miniers.
Par ailleurs,
mon collègue ministre délégué aux Mines a terminé à la mi-mars une tournée du
Québec. Cet exercice constitue un
premier jalon en vue de définir la nouvelle vision stratégique du Québec en
matière de développement minier. La
vision stratégique, que nous prévoyons lancer dans les prochains mois, tiendra
compte des grands projets du gouvernement du Québec, s'arrimera de façon naturelle avec la mise en place du Plan
Nord, la Stratégie maritime ainsi que la démarche du ministère des Affaires municipales et de
l'Occupation du territoire visant à adopter des orientations gouvernementales
en matière d'aménagement du territoire, volet minier.
Je vous l'ai mentionné plus tôt, l'acceptabilité
sociale pour les projets de mise en valeur est pour nous une priorité. En ce
sens, j'ai lancé en novembre dernier un chantier portant sur l'acceptabilité
sociale des projets liés à l'exploitation
des ressources naturelles. Dans un contexte où les terres du domaine de l'État
et les ressources minérales et énergétiques
sont de plus en plus sollicitées pour différentes activités et compte tenu de
l'importance économique du territoire
du Québec, la conciliation des usages constitue un enjeu incontournable. Elle
ne peut être dissociée de l'acceptabilité sociale des projets de mise en
valeur.
Le chantier
sur l'acceptabilité sociale a pour but de permettre à notre gouvernement de
mieux prendre en compte les attentes et les intérêts des collectivités
lors de la planification et de la réalisation des projets. Ainsi, le ministère
a procédé à un état des lieux de manière
objective afin d'obtenir un portrait clair des pratiques et des outils
existants, de leur efficacité et de la gouvernance des projets de mise
en valeur du territoire. La réflexion porte notamment sur les facteurs de succès communs des projets qui ont eu
l'appui de la communauté. Par ailleurs, nous tiendrons bientôt un exercice
de consultation qui donnera l'occasion aux
acteurs interpellés d'exprimer leurs points de vue, et ce processus se fera de
manière transparente et dynamique. La première consultation aura donc lieu le
11 mai prochain.
Comme vous le voyez, plusieurs grands chantiers
ont été lancés au cours de la dernière année. Ces chantiers concernent, entre autres, le développement du
Nord, le développement du potentiel énergétique au Québec et l'acceptabilité
sociale. La plupart de ces chantiers auront
des aboutissements concrets au cours de l'année 2015, dont notamment le
dépôt d'une nouvelle politique énergétique à l'automne. Combinés à
plusieurs autres chantiers en lien avec les ressources naturelles, ils permettront de favoriser le développement économique et
social du Québec et de ses régions, et ce, dans le respect de
l'environnement.
Alors, voilà
donc notre bilan. Je répondrai maintenant, chers collègues, à vos questions, et
ce, avec grand plaisir. M. le Président, je vous remercie infiniment.
Le
Président (M. Morin) : Merci, M. le ministre. J'invite
maintenant le porte-parole de l'opposition officielle, le député de
Marie-Victorin, à faire ses remarques préliminaires. Vous avez 10 minutes.
M.
Drainville : Merci,
M. le Président. Salutations à M. le ministre, M. le sous-ministre, toute
l'équipe ministérielle. Salutations également à la collègue de la CAQ,
Mme la députée d'Arthabaska.
J'aimerais entreprendre sans tarder, M. le
Président, mes échanges avec le ministre, donc y aller avec des questions. Est-ce qu'on est mieux de donner la
parole d'abord à la députée d'Arthabaska pour voir si elle a des remarques
préliminaires?
Le Président (M. Morin) :
Oui, ce serait...
M. Drainville :
Et on garde le temps que nous avions pour les questions. C'est bien ça?
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. le député de Marie-Victorin. Donc, je cède la parole à Mme la députée
d'Arthabaska, porte-parole du deuxième groupe d'opposition, pour ses remarques préliminaires. Vous avez entre les mains sept minutes.
Mme Sylvie Roy
Mme Roy
(Arthabaska) : Merci beaucoup, M. le Président. Comme mon collègue, je veux aussi garder
un peu de temps pour les échanges, parce que c'est l'exercice le plus intéressant,
mais je veux quand même vous adresser quelques mots avant de... garder le reste
du temps qui sera imparti sur un autre bloc.
Avant que nous ne commencions nos débats, je
tiens à prendre quelques secondes pour vous saluer, saluer également
tous les collègues du gouvernement, de l'opposition
officielle, leur personnel ainsi que
les membres de cette commission qui sont aujourd'hui autour de cette table. Je leur assure mon entière
collaboration pour le déroulement des études de crédits.
Je suis,
depuis seulement quelques
jours, porte-parole de la Coalition avenir Québec pour le dossier énergie et
ressources naturelles. Je tiens à remercier
mon chef pour cette marque de confiance et dire à tous que c'est un privilège
pour moi d'assumer ces fonctions. Nous sommes
ici car nous savons tous qu'il est primordial d'avoir un plan de développement
durable et responsable de nos ressources naturelles et minières. Ceci doit être
la responsabilité du gouvernement du Québec quel que soit le parti politique.
Au cours des travaux, je chercherai à obtenir
des réponses au bénéfice des familles de la classe moyenne du Québec. Le ministère de l'Énergie et des
Ressources naturelles est complexe, distribue des sommes importantes et surtout
joue un rôle fondamental dans le quotidien de nombreuses familles du Québec, il
faut donc s'y attarder et avoir des réponses
claires. Je compte faire des questions courtes puis avoir des réponses courtes
pour qu'on puisse toucher le plus grand
nombre de sujets. Je nous souhaite, au courant des prochaines heures, des
échanges constructifs, fructueux et clairs, basés sur l'ouverture et le respect. M. le Président, veuillez, s'il
vous plaît, ajouter les minutes qu'il me reste à mon temps de parole.
Merci.
Le Président (M. Morin) :
Merci, Mme la députée d'Arthabaska. C'est ce que je vais faire avec plaisir.
Discussion générale
Donc, M. le député de Marie-Victorin, je vous
retourne la parole.
M.
Drainville : Merci,
M. le Président. On va y aller avec le dossier d'Enbridge. Je rappelle qu'à
l'automne 2013 il y a eu une
commission parlementaire de la CAPERN qui a siégé sur ce projet, donc,
d'inversion de la canalisation 9B d'Enbridge.
Et, au terme de cette consultation publique, la commission a publié un rapport
qui faisait état de 18 recommandations à satisfaire pour que le projet se concrétise. Je rappelle que la partie
gouvernementale, bien entendu, le Parti québécois d'alors donc, avait voté pour les recommandations,
les 18 recommandations, mais je rappelle aussi que le Parti libéral
avait voté pour ces 18 recommandations, ainsi que l'actuelle deuxième
opposition.
Alors,
j'aimerais ça qu'on regarde certaines de ces recommandations qui avaient été
faites. Et j'aimerais qu'on commence
par la recommandation 13, qui prévoit qu'«Enbridge effectue des tests
hydrostatiques pour vérifier l'état
de la canalisation 9B». Est-ce que le ministre peut nous dire si de
tels tests hydrostatiques ont été réalisés?
Le Président (M. Morin) : M.
le ministre.
M.
Arcand : Bien, ce que je peux
dire actuellement, c'est qu'il y a une rencontre, le 27 avril prochain, je
pense, de l'unité de vigilance sur toutes ces questions-là. Et il est
clair également que plusieurs des recommandations qui se retrouvent au sein de la CAPERN... c'est-à-dire de
la commission qui s'est penchée là-dessus, sur ces éléments-là, il est très clair que l'ensemble de ces recommandations
vont devoir être suivies. Il y a d'ailleurs, au niveau du ministère, un
suivi qui est fait au niveau des 18 recommandations.
Maintenant, vous nous parlez d'une façon très
précise, là. C'est la recommandation n° 16? Est-ce que...
M. Drainville : N° 13,
s'il vous plaît.
M.
Arcand : N° 13. Alors,
les tests hydrostatiques comme tels, je ne peux pas vous dire, là, de mémoire
ou de façon très spécifique, si ça a
été fait, mais ce que je comprends, et c'est ce sur quoi on s'est engagés à le
faire de façon majeure de ce
côté-là... Et c'est pour ça que les travaux de l'unité se poursuivent au moment
où on se parle, c'est qu'on s'est
engagés — et je
pense que c'était à votre demande d'ailleurs — qu'il y ait un rapport qui soit déposé à
l'Assemblée nationale au mois de juin. Alors, c'est ce sur quoi nous
allons travailler.
Et je sais
qu'il y a eu même cette semaine, dans le cas d'Enbridge... je sais qu'il y
avait certains éléments, je dirais, de
discussion qui ont même eu lieu avec le président d'Enbridge, qui a rencontré
le maire de Montréal, parce qu'il y avait quand même des préoccupations de la part des maires et qui étaient
contenues dans nos 18 recommandations comme telles. Mais il est
clair que ce rapport-là sera déposé à l'Assemblée nationale.
M. Drainville : M. le Président, on a quand même
quelques années d'expérience, vous et moi, et le ministre aussi. Je vais essayer de poser des questions courtes, ce
n'est pas toujours facile, mais, si on pouvait s'entendre, M. le ministre,
comme on va passer quelques heures ensemble
aujourd'hui et demain, d'essayer de respecter un certain équilibre, je dirais,
entre la durée des questions et la durée des
réponses, c'est possible, je pense que ce serait apprécié, parce que ça nous
permettrait d'aller plus loin.
Alors
là, vous nous répondez que vous ne le savez pas. Est-ce qu'il y a quelqu'un
dans votre équipe qui peut nous répondre
là-dessus? Parce qu'il doit y avoir, j'imagine, dans votre entourage, là,
quelqu'un qui soit siège sur l'unité de vigilance ou est en lien avec l'unité de vigilance? Parce que je pense
que c'est quand même important qu'on sache est-ce qu'il y a eu des tests hydrostatiques ou pas. Il
me semble que c'est pas mal fondamental qu'on puisse au moins établir ça, là.
M.
Arcand :
Écoutez, je demanderais peut-être au sous-ministre, là, qui siège sur ces
comités-là de pouvoir peut-être nous répondre.
Le Président (M.
Morin) : M. le sous-ministre, si vous voulez vous identifier.
M.
Arcand :
Non, c'est Mme la sous-ministre.
• (15 h 30) •
Le
Président (M. Morin) : Ah! Madame, excusez-moi. Est-ce qu'il y
a consentement? Consentement. Mme Asselin, voulez-vous vous identifier?
Mme Asselin
(Luce) : Oui, merci, M. le Président. Luce Asselin, sous-ministre
associée à l'Énergie.
Alors,
effectivement, il y a 18 recommandations qui sont suivies de façon très,
très, très pointue au niveau de l'unité de vigilance. Et, en ce qui concerne lesdits tests dont vous parlez, M.
le député, il y a eu certains travaux d'effectués et pour lesquels les gens doivent nous revenir avec
un rapport incessamment dans le cadre des rencontres que nous avons avec eux. Enbridge s'engage à chaque rencontre de
l'unité de vigilance à venir nous présenter l'état d'avancement de certains
tests qui doivent être faits au cours de l'inversion qui est à venir,
effectivement.
M. Drainville :
O.K. On parle bien de tests hydrostatiques? Parce que vous dites «certains
tests». On parle bien de tests hydrostatiques?
Mme Asselin
(Luce) : ...de certains tests qui sont à faire, oui.
M. Drainville :
De tests hydrostatiques?
Mme Asselin
(Luce) : Oui.
M. Drainville :
Bon. Là, juste pour que les gens nous suivent, M. le Président, je pense que
c'est important qu'on précise que les tests hydrostatiques, ils servent à
vérifier l'état de la canalisation. Dans le fond, ce dont il est question ici,
c'est de l'intégrité du tuyau et d'éventuels risques qu'il pourrait poser pour
la sécurité.
Par
exemple, dans le rapport de Dynamic Risk, qui a été rendu public par le
gouvernement libéral — qui avait été commandé
sous notre gouvernement mais qui a été déposé par le gouvernement libéral — on pouvait lire à la page 26 : «Pour pouvoir continuer [à] détecter les fissures
susceptibles de se propager, il est nécessaire d'avoir recours de façon répétée à ces deux stratégies — c'est-à-dire les épreuves hydrostatiques et
les inspections internes — avec des intervalles entre
la mise en oeuvre de chaque stratégie qui aura [soigneusement été] conçue, en
fonction de la taille des défauts détectés et du taux de croissance des
fissures.» Donc, on s'entend.
Et
les tests hydrostatiques, c'est pas mal important, parce que
ça sert à déterminer s'il y a des fissures dans le tuyau, donc s'il
pourrait y avoir éventuellement des déversements à cause de ces fissures-là, et
quel est le risque que ces fissures-là
puissent éventuellement devenir plus importantes. Alors là, ce que
j'entends de la partie gouvernementale, c'est qu'on attend, dans le fond, les
résultats d'Enbridge. On me dit : Enbridge doit nous revenir. Moi,
j'aimerais ça que le ministre nous dise : Si vous n'avez pas des tests,
des résultats de tests hydrostatiques satisfaisants, allez-vous demander
à Enbridge de retarder ou de repousser l'inversement du pipeline?
Le Président (M.
Morin) : M. le ministre.
M.
Arcand : Bon, d'abord, premièrement, vous savez qu'il y a
deux joueurs à l'intérieur de ça. Il
y a évidemment le gouvernement du Québec qui surveille ces opérations de très près et il y a
également le permis qui doit être donné par l'Office national de l'énergie. Je pense que le député sait très bien
que, dans la discussion qui a eu lieu au cours des derniers mois sur cette question-là... Vous avez eu même
une lettre ouverte de la part du président de l'Office national de l'énergie,
qui a écrit, à l'intérieur de La Presse, là, qu'il
était pour y avoir véritablement un nombre de conditions et que toutes
ces conditions-là devaient être remplies sur la question de la sécurité.
Maintenant,
je tiens à vous dire, parce que vous me parlez d'un rapport qui... Le rapport,
qui est celui de Dynamic Risk, entre
autres, dans lequel, entre autres, on dit que «l'expérience que l'industrie a
accumulée dans l'exploitation [de ce]
type de conduite utilisée [dans] la canalisation 9B — ce dont on parle — suggère que sa sensibilité aux défaillances
est faible, comparativement aux points de repère de l'industrie».
Alors, ce que je veux dire c'est...
Une voix :
...
M.
Arcand : Bien, ça veut dire
que le risque est quand même calculé, est quand même limité. Ça ne veut pas
dire qu'il ne faut pas faire les
tests, mais il ne faut pas non plus voir des problèmes où il n'y en a pas.
Alors là, s'il y en a, on va les
détecter, ça sera dans le rapport. Et déjà le président de l'Office national de l'énergie l'a dit de façon
très claire qu'il n'émettrait pas de permis sans que toutes ces
conditions-là soient remplies de façon importante.
M. Drainville : M. le
Président, le ministre nous dit : D'un côté, il faut que l'ensemble des
recommandations soient suivies — hein,
ça, vous y tenez, vous y tenez, vous
le répétez — et en
même temps on entend de la part de votre sous-ministre qu'on attend d'Enbridge des résultats de tests
hydrostatiques. Puis contredisez-moi si vous avez une autre information,
je vous en prie, mais ce qu'on entend actuellement, c'est qu'Enbridge prévoit
aller de l'avant avec l'inversion du flux
d'ici la fin juin. Entendez-vous la même chose que nous? Est-ce que, vous, au
gouvernement, là, on vous a dit...
Est-ce qu'Enbridge vous a dit : Notre intention, c'est d'aller de l'avant
avec l'inversion d'ici la fin juin? Est-ce que c'est l'information que
vous avez, qu'on entend un peu partout?
M.
Arcand : Écoutez,
Enbridge va aller de l'avant fin juin, au mois de juillet s'ils satisfont aux
conditions de l'ONE, et les conditions
parlent justement de sécurité, parlent du fait que les tuyaux soient quand même
sans fuite, sans problème. Et, quand
vous allez avoir votre rapport, M. le
député, au mois de juin, vous allez avoir un aperçu des 18 recommandations de la commission, et, dans ces 18, il y aura un rapport complet
sur chacun des items, y incluant l'item que vous avez à ce moment-ci.
Alors, je pense que c'est sur quoi on travaille.
Autre chose
que je dois vous dire également, c'est que l'unité de vigilance ne s'arrête pas à
la fin juin. L'unité de vigilance va
fonctionner en continu et va continuer à oeuvrer même après ces questions-là.
Donc, il faut juste que vous compreniez
dans quel état on est. Nous avons bien
sûr... Comme tout le monde, et pas seulement vous, nous ne voulons pas qu'il
y ait de problème de sécurité, qu'il y ait des problèmes de contamination. Et c'est pour ça que nous avons accepté
de déposer le rapport, que nous suivons de très près ce qui se passe au niveau
des 18 recommandations.
M.
Drainville : Donc, ce que vous nous dites, c'est que, d'ici la
fin juin, l'unité de vigilance va déposer un rapport...
M.
Arcand : Avant même
la fin de la...
M. Drainville : De la session
parlementaire?
M.
Arcand : ...de la
session parlementaire.
M. Drainville : C'est vous
qui allez le déposer?
M.
Arcand : C'est nous
qui allons le déposer.
M.
Drainville : Et ce rapport-là, ça va être un rapport de
l'unité de vigilance qui va faire le point sur le suivi des 18 recommandations
de la CAPERN?
M.
Arcand : Les
18 recommandations.
M.
Drainville : Bon. Dans le rapport, dont vous prendrez connaissance, bien entendu, quelques jours avant
sa publication ou son dépôt, si vous
vous apercevez qu'effectivement il y a un certain nombre de recommandations qui
n'ont pas été suivies, qui n'ont pas été respectées, est-ce que... c'est
quoi, le plan de match d'un ministre comme vous, à ce moment-là? Est-ce que c'est d'intervenir auprès de l'ONE pour
dire : Écoutez, nous, on est inquiets et on veut que vous retardiez
votre autorisation finale pour l'inversion? Parce que ce que je comprends dans
ce que vous nous dites, c'est qu'avant de
procéder avec l'inversion il faut qu'Enbridge obtienne une autorisation,
n'est-ce pas? Il faut qu'ils retournent devant l'ONE ou... en tout cas, il faut qu'ils retournent... il faut
qu'ils aient une autorisation formelle pour aller de l'avant avec
l'inversion. Est-ce qu'on se comprend là-dessus?
M.
Arcand : Tout à fait. Et il
faut qu'ils retournent devant l'ONE, et, si ce n'est pas satisfaisant, à ce
moment-ci nous allons simplement
retourner, nous, à l'ONE, et nous allons dire à l'ONE : Vous ne devriez
pas émettre ce permis-là, tout
simplement. Je veux dire, notre rôle est de défendre les intérêts du Québec. Et
je dois vous dire qu'à la lecture de ce que j'ai lu également de la part des dirigeants de l'ONE — c'est le président qui a écrit, entre
autres, à La Presse de ce côté-là — il est
très clair que l'ONE n'a aucun intérêt à ce que les travaux se fassent et que
l'inversion se fasse s'il y a des problèmes
de sécurité. Alors, je veux juste qu'on soit clairs là-dessus : Nous
allons intervenir, et, si ce n'est pas correct, il n'y aura pas de
permis.
M. Drainville : Donc, très
formellement, là, il y a une mécanique qui prévoit que l'ONE doit émettre une
autorisation, là. Il faut qu'il y ait...
M.
Arcand : C'est ça.
M. Drainville :
Vous appelez ça un permis. C'est bel et bien ça? Un permis ou une autorisation?
M.
Arcand : C'est un
permis.
M.
Drainville : Parfait.
O.K. Alors, ça, c'est pour les tests hydrostatiques. Ça, c'est pour les tests
hydrostatiques. On y reviendra
peut-être, si besoin est, mais j'aimerais passer à la recommandation 14 du
rapport de la CAPERN, qui considère...
pardon, qui concerne, dis-je, le plan d'urgence portant sur l'approvisionnement
en eau potable qui doit être mis à
jour régulièrement selon l'évolution des connaissances. Est-ce que je peux vous
demander, M. le ministre, si vous avez obtenu d'Enbridge une copie du
plan d'urgence portant sur l'approvisionnement en eau potable?
M.
Arcand : Bien, je demanderais
peut-être à la sous-ministre, parce que ce n'est pas moi qui siège, n'est-ce
pas, sur l'unité de vigilance. Alors,
peut-être que je pourrais lui demander de répondre, avec votre permission, là,
à cette question.
M. Drainville : Avec plaisir.
Le Président (M. Morin) :
Oui, Mme Asselin.
Mme Asselin (Luce) : Oui, oui, oui.
M. Drainville : ...
Mme Asselin (Luce) : Oui, puis c'est
correct.
M. Drainville : C'est bien,
c'est bien.
• (15 h 40) •
Mme
Asselin (Luce) : Enbridge a
déposé au sein de l'unité de vigilance son plan d'urgence qui fait référence
à tous les éléments dont il est fait mention
au niveau des recommandations. Maintenant, ce plan nécessite analyse et avis
de notre part, s'il doit y avoir
modification ou pas, et c'est pourquoi nous travaillons en ce sens avec la
Sécurité publique, pour que ce soit regardé attentivement.
M. Drainville : À quel moment
est-ce qu'ils vous ont déposé ce plan-là, ce plan d'urgence?
Mme
Asselin (Luce) : Bien, ils
ont fait un dépôt, je dirais, à l'ensemble des gens interpellés par la
question, autant au niveau de la CMM que du gouvernement du Québec.
M. Drainville : Mais ça fait
un mois, deux mois, trois mois, six mois?
Mme Asselin (Luce) : Ça doit faire à
peu près trois à quatre semaines.
M. Drainville : Trois à
quatre semaines.
Une voix : ...
Mme
Asselin (Luce) : Oui,
certainement, Mme la députée. Alors, il doit y avoir de cela environ quatre
semaines.
M.
Drainville : O.K.
Est-ce qu'il serait possible, M. le ministre, que vous nous déposiez ce plan
d'urgence qui vous a été communiqué par la compagnie Enbridge?
M.
Arcand : ...travail
actuellement, là, qui fait... Vous allez avoir le rapport sur les plans
d'urgence. Et, d'autre part, je tiens
à vous dire qu'encore une fois il n'y a pas seulement nous là-dedans. L'Office
national de l'énergie, c'est sa responsabilité
également de dire... Et je pense qu'elle a une certaine expérience, il y a des
pipelines pas mal à travers le Canada,
là. Il n'y en a pas seulement au Québec, il y en a dans toutes les régions du
Canada. Et c'est sa responsabilité de dire si le plan d'urgence est
valable ou pas. Et, à moins que... Vous dites que l'ONE n'a aucune compétence
dans ce domaine-là, moi, je pense qu'il n'y
a rien qui prouve qu'ils ne sont pas très compétents dans ce domaine-là. Et
donc, si le plan d'urgence n'est pas acceptable ou n'est pas conforme,
il est clair qu'ils ne donneront pas le permis.
M.
Drainville : Ce n'est
pas tellement... M. le ministre, ce n'est pas tellement que je ne reconnais pas
la compétence technique de l'ONE,
mais je ne me fie pas sur l'ONE pour défendre le territoire du Québec, défendre
les cours d'eau du Québec. Je ne me
fie pas sur l'ONE pour nous assurer que les Québécois soient bien protégés dans
ce projet-là. Je me fie sur mon gouvernement et je me fie sur mon
ministre. Je pense que vous avez une responsabilité importante.
Puis je ne
veux pas rentrer dans la question Québec-Canada, là, ce n'est pas ça,
l'affaire. On a chacun nos positions. Non,
mais, je reconnais, l'ONE a une compétence constitutionnelle. Je m'en désole,
mais, qu'est-ce que tu veux, c'est comme
ça. Mais ce que je vous dis, c'est que vous, comme ministre responsable de
l'Énergie, vous avez bien entendu une
responsabilité de premier plan pour vous assurer notamment du respect de ces
18 conditions de la CAPERN. Et puis, à titre de ministre responsable, vous avez une
sous-ministre qui siège sur l'unité de vigilance puis qui répond à nos
questions aujourd'hui. Donc, la
responsabilité politique, elle s'arrête avec vous pour ce qui est de l'État
québécois et du gouvernement du Québec, et je me fie sur vous — prenez
ça comme un compliment — je
me fie sur vous, hein, bon.
Alors,
maintenant... C'est parce qu'Enbridge, jusqu'à maintenant, on a l'impression
qu'ils se font tirer l'oreille pour respecter les
18 recommandations. Puis on n'est pas les seuls à s'impatienter. Le maire
Coderre, à Montréal, s'impatiente, la CMM
s'impatiente. Il y a pas mal de monde qui s'impatiente. Puis, tu sais, je me
dis : Pourquoi est-ce qu'ils se
font tirer l'oreille comme ça, là? Ils savent qu'ils passent chez nous, là, ils
ne veulent pas que... Tu sais, ils savent que le gouvernement du Québec a l'autorité d'intervenir auprès de l'ONE
pour dire : N'émettez pas le permis, parce qu'ils ne respectent pas les conditions. Pourquoi cette
espèce d'attitude là, d'état d'esprit de la compagnie Enbridge? Puis, est-ce
qu'il y a moyen de faire pression pour leur demander d'accélérer un peu sur
le respect des 18 puis de... des 18 recommandations? Par
exemple, est-ce que vous avez eu des discussions, vous, avec les porte-parole
d'Enbridge ou des représentants d'Enbridge
pour leur manifester, mettons, l'impatience du ministre de l'Énergie du gouvernement du Québec? Êtes-vous
intervenu auprès des représentants de la compagnie pour le dire :
Déguédinez, là, un peu, là?
M.
Arcand :
J'ai déjà eu des discussions. D'ailleurs, on était au même souper, entre
autres, où est-ce qu'on a discuté, il y avait des gens d'Enbridge qui étaient
là. Et on était en train de...
M. Drainville :
TransCanada?
M.
Arcand :
C'était TransCanada, mais il y avait des gens d'Enbridge.
M. Drainville :
Ah non! je n'ai pas parlé au monde d'Enbridge ce soir-là, ils m'ont assis à
côté de quelqu'un de TransCanada.
M.
Arcand :
Moi, je peux juste vous dire qu'on a des rencontres. Les gens de mon cabinet
ont des rencontres avec Enbridge. Il
y a des rencontres, comme on le disait, sur l'unité de vigilance entre nos
fonctionnaires. Mais je dirais que,
dans ce dossier-là, il y a un échange qui se fait, d'une part, qui est
constant, qui est permanent. Et, deuxièmement, dans ce dossier-là, il y a à la fois la ceinture puis les bretelles.
Alors, vous avez à la fois l'Office national de l'énergie qui vérifie ces éléments-là de façon très importante,
et nous, on est là également, dans lequel on s'assure... À l'intérieur
de cette unité-là, on a un accès direct à Enbridge également pour leur dire ce
qui ne fonctionne pas.
Deuxièmement,
je tiens à vous rappeler aussi que nous avons des députés à l'Assemblée
nationale, de nos formations politiques,
de notre formation politique en particulier, qui ont aussi accès directement à
toutes les préoccupations des citoyens. Les citoyens leur en font part.
Et il y a aussi là-dessus un... Je dirais, quand il y a un problème qui est
souligné par les citoyens, on nous en fait
part très rapidement. Et je peux vous dire que l'intérêt de tous, y incluant
celui de la compagnie, est de
s'assurer justement qu'il n'y ait pas de problème lié à l'exploitation de ce
pipeline-là. Je pense que la compagnie... je présume qu'ils sont suffisamment intelligents pour comprendre qu'il y
va de leur intérêt d'avoir un pipeline qui fonctionne correctement.
M. Drainville :
Donc, une réponse courte à ma question : Êtes-vous intervenu auprès des
représentants ou de la direction
d'Enbridge pour accélérer le respect des 18 recommandations? La réponse à ma
question, c'est : Non, vous n'êtes pas intervenu?
M.
Arcand :
Non, c'est-à-dire que moi, je ne parle pas à tous les jours aux gens
d'Enbridge, mais déjà les gens de mon
ministère ont accès aux gens d'Enbridge lorsqu'il y a des discussions au sein de
l'unité. Et il est très clair que, de ce côté-là, les gens travaillent
sur ces questions-là.
M. Drainville :
O.K. Mais ma question très spécifique, c'était : Est-ce que vous avez eu
des discussions avec les représentants ou bien...
M.
Arcand :
...rencontré les gens d'Enbridge l'an dernier, je crois.
M. Drainville :
Mais récemment, non.
M.
Arcand :
Mais récemment je ne leur parle pas. Je me fie... Je pense que les gens au
ministère font très bien le travail.
M. Drainville :
O.K. Revenons au plan d'urgence, Mme la sous-ministre. Est-ce qu'une évaluation
préliminaire du plan d'urgence
portant sur l'approvisionnement en eau potable vous démontre qu'il y a des
problèmes avec le plan? Est-ce que
vous voyez des problèmes avec le plan? C'est quoi, l'évaluation préliminaire
dont vous pouvez nous faire part? Est-ce
que vous êtes satisfaite de ce plan-là ou est-ce que vous avez
l'impression qu'il manque des informations et qu'il va falloir
qu'Enbridge refasse ses devoirs?
Une voix :
...
Mme
Asselin (Luce) : Merci, M.
le Président. Le plan d'urgence est sous analyse. Alors, il est difficile pour
moi, à ce moment-ci, de vous donner une appréciation.
M.
Drainville : O.K.
Mais dites-moi ce que vous allez chercher à vérifier dans ce plan-là. C'est
quoi, là, les deux, trois éléments, pour vous, qui sont les plus
importants dans un plan d'approvisionnement en eau potable?
Le Président (M. Morin) : En
quelques secondes.
Mme
Asselin (Luce) : Oui, je ne
pointerai pas d'éléments précis. Je vais simplement dire que c'est extrêmement
complexe et que, pour nous, les spécialistes
dans le domaine, qui sont les gens de la Sécurité civile, sont à l'examiner et
nous feront leurs recommandations, que nous pourrons faire, de ce fait, à
Enbridge.
M. Drainville : Juste une
petite dernière, M. le Président.
Le Président (M. Morin) :
Oui, vous avez le temps, 23 secondes.
M.
Drainville : M. le
ministre, quand vous allez déposer votre rapport sur les
18 recommandations, là, quelque part
d'ici la fin de la session parlementaire, est-ce que vous pourrez, lorsque vous
aurez un plan final, plan d'urgence, là,
sur l'approvisionnement en eau potable... Est-ce que vous pouvez vous engager à
déposer en cette Chambre le plan final
d'Enbridge portant sur l'approvisionnement en eau potable? Est-ce que c'est un
engagement qu'on peut avoir de vous?
M.
Arcand : Ça va dépendre. Moi,
ce que je me suis engagé, c'est de déposer le rapport. Et je m'engage à ce que,
s'il y a vraiment des problèmes significatifs qui sont causés par le
non-respect de ces conditions-là, de faire toute la pression nécessaire auprès
de l'ONE pour que les permis ne soient pas livrés à Enbridge si ce n'est pas
satisfaisant.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. le ministre. Nous nous dirigeons vers l'Abitibi-Est, un beau voyage.
M. le député.
• (15 h 50) •
M. Bourgeois : M. le Président, M.
le ministre et son équipe, les membres des deux partis d'opposition, les
collègues, moi, je vais aller dans un autre sujet. J'aimerais qu'on puisse
parler un peu d'éoliennes.
Je suis un député de région, et, au cours...
Même, hier soir, ici, directement au salon bleu, on a eu l'occasion d'entendre des commentaires concernant l'énergie
éolienne. Et je pense qu'il faut profiter de l'occasion de l'étude des crédits pour pouvoir permettre d'éclairer certains
faits concernant cette filière-là, qu'il faut se rappeler que, lors de la mise
en place de la politique énergétique, la politique 2006-2015, on avait un
objectif de pouvoir permettre d'avoir une contribution de 4 000 kWh
de la part du réseau éolien.
Cette
énergie-là éolienne, là, qui est donc mise à contribution auprès
d'Hydro-Québec, a permis de créer une filière éolienne. Cette
filière-là, on a voulu la développer en région en tenant compte d'une situation
qui était très claire, particulière, entre
autres, à la Gaspésie et à la Matanie. Les taux de chômage à l'époque
oscillaient autour de 20 %, ce n'était
pas intéressant pour les populations qui étaient là. Et cette stratégie-là nous
permettait, dans le fond, de répondre à
la fois à cette opportunité de développer une industrie fort intéressante, qui
est en croissance non seulement au Québec, mais partout à travers le monde et qui nous permet de nous positionner
dans une stratégie d'énergie verte. On se rappellera donc, cette stratégie-là nous a permis de
créer — maintenant
on peut très clairement l'affirmer — 5 000 emplois en lien avec cette filière-là, 5 000 emplois
dont on retrouve 1 200 emplois en Gaspésie et en Matanie. Je pense
que, de ce côté-là, on peut en être fiers.
Ces
régions-là ont été capables de saisir
l'opportunité de développer un nouveau secteur d'activité économique,
de développer une filière de fournisseurs en lien avec cette opportunité-là qui
s'est présentée et de se positionner non seulement sur le marché québécois,
mais aussi de viser le marché de l'exportation. Parce qu'on a été non seulement
capables de répondre aux appels d'offres, donc... D'ailleurs, le plus récent, le quatrième, a permis
d'attribuer pour 450 MW d'énergie
éolienne et nous permet donc d'aspirer à un développement encore plus
grand de cette filière-là. Et l'attribution de cet appel d'offres là de 450 MW permet de maintenir cette
capacité-là de production dans le domaine éolien, avec la filière québécoise.
Il y a
donc des enjeux qui se prêtent non
seulement pour la fabrication, mais
aussi à tout ce qui tourne autour de l'implantation
de ces projets-là, qui se font en collaboration avec, oui, des réseaux et des entreprises
privées, mais des acteurs locaux, des MRC qui sont partenaires dans
l'implantation de ces parcs éoliens là et qui amènent un apport économique
non négligeable pour ces territoires. Toute cette filière-là permet aussi d'alimenter
des entreprises de service dans le domaine environnemental, des spécialistes, des entreprises
de construction, des entreprises de transport de pièces. On sait qu'une éolienne, c'est quand même
assez particulier comme pièce à transporter. Donc, il y a
une logistique dans le transport. Je
peux vous le dire, j'ai la chance d'avoir, en Abitibi-Témiscamingue, une entreprise, qui s'appelle Témisko, qui a
développé un système de remorque spécialisé pour faire du transport de
pièces éoliennes, des pales. Et eux, ils vendent ces remorques-là pas seulement au Québec, ils en vendent à travers le Canada,
pour répondre à des besoins d'entreprises et de projets à travers le Canada et les États-Unis,
pour livrer ces équipements-là.
On n'a aussi
qu'à penser au niveau des développeurs
de projets — d'ailleurs,
tout à l'heure, je reviendrai peut-être sur un qui me touche plus particulièrement à coeur — et aussi toute la question de la
main-d'oeuvre. Moi, j'ai eu la chance de
connaître plus directement un jeune qui était dans un domaine, qui se cherchait
un peu et qui est allé faire une formation en Gaspésie. Il a appris à travailler dans le
domaine des éoliennes. Et maintenant il est rendu superviseur sur les parcs
éoliens au niveau de toute la question d'entretien de ces équipements-là. Non
seulement il s'est doté d'un métier fort intéressant,
il s'est réalisé lui-même, mais en plus s'est donné des conditions de vie qui
sont encore beaucoup plus intéressantes grâce à cette filière-là qui
s'est pointée.
Je suis donc très fier, comme député québécois,
d'avoir permis à ce qu'on puisse développer cette énergie verte là, qu'on en fasse partie, qu'on ne se soit
pas bornés au type d'énergie qu'on avait sur le territoire, qu'on a eu
l'ouverture de pouvoir dire : Au
Québec, on va regarder cette filière verte là, on va la développer, on va la
développer d'une façon telle que
notre monde va participer à sa
réalisation. Donc, j'aimerais, là-dessus, que M.
le ministre peut-être
puisse nous entretenir concernant
cette filière-là. Comment, M. le
ministre, vous entrevoyez pouvoir
persévérer au niveau du
maintien de ces 5 000 emplois là et d'en développer dans le futur de l'industrie
éolienne au Québec?
Le Président (M. Morin) : M.
le ministre.
M.
Arcand : Bien,
merci infiniment pour la question. Je pense que... Vous savez, depuis la
dernière politique énergétique du Québec, en
2006, nous avions un mandat de compléter la création d'une filière éolienne
d'ici 2015, une filière éolienne qui nous permettrait d'avoir à peu près
4 000 MW d'énergie éolienne. Ce qui a permis, cette énergie éolienne, non seulement à créer des emplois, mais,
je dirais, à donner plus de vigueur à une région, au Québec, qui en avait bien besoin, et qui était évidemment la
Gaspésie, entre autres, mais il y a des projets dans l'ensemble des régions
du Québec également, au niveau de la filière
éolienne, et ce sont des emplois qui sont évidemment très importants. Et je
pense que c'est très bon pour l'avenir du Québec.
Je pense
qu'il faut se rappeler qu'on s'était dit... En 2006 en particulier, de 2003 à
2006, il y avait eu une réflexion, puis
on s'était dit : On ne peut pas seulement dépendre de l'hydroélectricité.
Je pense que c'est très important d'avoir une source d'énergie renouvelable, et c'est ça qu'on s'était dit à l'époque.
Je tiens à vous rappeler qu'à cette époque-là on n'avait pas de l'énergie disponible de la même façon qu'on en a maintenant,
aujourd'hui. Au fil des années, évidemment, les choses ont évolué, les
prix de l'énergie ont baissé. Je dirais, de façon générale, on se retrouve avec
plus d'énergie disponible que l'on pensait,
particulièrement à cause de la faiblesse du secteur des pâtes et papiers. Alors
là, il faut essayer de redéfinir ce que va être la filière éolienne au
cours des prochaines années.
Je vais vous
montrer, peut-être pour ceux qui peuvent voir, ici... J'ai, ici, deux
éoliennes... enfin c'est une éolienne en
photo comme telle, qui... j'ai eu l'occasion d'assister, si on veut, au
déploiement de cette éolienne-là près de Salluit, dans le Grand Nord du Québec, et c'était, entre
autres, à une mine qui s'appelle Raglan. Les gens qui ont même écouté l'émission il y a quelques semaines, Découverte,
à Radio-Canada, ont eu l'occasion de pouvoir entendre parler de cette
éolienne de 3 MW et qui permet de sauver environ 2,5 millions de
litres de diesel dans le Grand Nord québécois.
Alors, il
est clair que le développement futur de l'éolien, au Québec, doit prendre en
compte plusieurs considérations, c'est-à-dire le soutien, la création
d'emplois, le contexte aussi de surplus d'électricité auquel fait face
actuellement la société d'État, les
retombées économiques et fiscales de certaines régions. Et il y a eu même ce
qu'on a fait au cours du mois de
juillet, l'an dernier, on a créé un groupe de travail pour essayer de définir
de quelle façon on voyait l'énergie éolienne.
• (16 heures) •
Il est
clair que la question de l'énergie éolienne, c'est une question également dans
laquelle... Je pense que l'ensemble des
Québécois sont d'accord avec le développement de cette filière, à condition
évidemment que ça réponde à un besoin très particulier. Et je pense que,
d'une part, il était très clair dans les recommandations qui ont été faites
qu'il fallait diversifier, si on veut, les marchés de l'éolien. C'était un des
éléments importants.
Deuxièmement, il était aussi important d'appuyer
les créneaux de recherche dans ce domaine-là, parce qu'on s'améliore constamment. Personne, il y a même
trois ans, ne pouvait penser un jour qu'on pouvait même avoir une éolienne
dans une région nordique, arctique. Les gens disaient : Bien, les
éoliennes, là, en janvier, février, ça ne fonctionne jamais, etc. Là, on a développé une filière éolienne, et une éolienne
qui est couplée d'ailleurs à de l'hydrogène. Donc, ça, c'est un élément qui est quand même nouveau,
extrêmement intéressant et qui suscite l'envie d'ailleurs de plusieurs petites
communautés.
Alors, pour
nous, il est important de continuer à élaborer une stratégie de développement
de cette industrie-là qui va faire face à la réalité d'aujourd'hui, une
réalité où, il faut bien le dire, les prix de l'énergie sont bas, dans laquelle
il y a des besoins qui doivent être assurés de façon complémentaire par
l'industrie éolienne.
Et je pense
également qu'un des objectifs que nous avons, c'est de réviser un peu certains
règlements qui existent, parce que,
si on veut que nos éoliennes soient compétitives dans ce domaine-là, bien, il
faut évidemment qu'il y ait des réglementations
qui soient révisées en ce qui a trait... par exemple, le transport, les normes
de construction, pour nous permettre d'être beaucoup plus compétitifs. Or, le
dernier appel d'offres qu'il y a eu au cours des derniers mois, qui avait
été initié à l'époque, eh bien, on en a conclu finalement que... Dans ces
appels d'offres là, finalement le coût de l'énergie
éolienne était, je crois, à 0,063 $. Donc, le coût de construction, là,
c'était le prix à peu près d'un barrage actuellement. Et donc, au fil
des années, cette industrie-là est devenue, je dirais, extrêmement compétitive.
Et, en ce
sens-là, je pense que c'est très recherché et je pense que cette industrie-là,
non seulement elle est bonne, mais il
y a des projets qui touchent aussi les communautés autochtones, et ces
communautés autochtones là vont pouvoir, évidemment, en bénéficier, mais pas seulement les communautés
autochtones, les régions, entre autres, au Québec, là, qui ont été parmi
les régions les plus démunies ont bénéficié de nombreux impacts qui étaient
socioéconomiques.
Et, en terminant, bien, je vous dirais qu'on
parle quand même de 150 entreprises qui fournissent des services actuellement. Directement et indirectement, on
parle de création de 5 000 emplois. Donc, je pense que la filière
éolienne dans les municipalités du
Québec, parce que les municipalités tirent profit également de la présence de
certaines éoliennes, je pense qu'on voit que ça peut être bénéfique pour tout le Québec.
Puis, quand on me parle de l'énergie disponible, bien, notre travail, c'est aussi de vendre l'énergie au
Québec, et non seulement au Québec, mais sur les marchés étrangers. C'est
la meilleure façon aussi d'assurer la pérennité de cette industrie-là.
Le Président (M.
Morin) : M. le député d'Abitibi-Est, vous voulez intervenir à
nouveau?
M.
Bourgeois : Oui, M. le Président, merci. Moi, je vais aller peut-être
un peu plus loin dans le questionnement avec M. le ministre concernant l'industrie... le secteur éolien. Et je
sais que nos collègues de la CAQ ont beaucoup de préoccupations en lien avec cette filière-là, entre autres au niveau du
coût. Nous aussi, on est préoccupés de la question du coût. Je pense que, M. le Président, M. le
ministre a très bien illustré l'amélioration qu'il y a eu en termes de coût au
niveau du kilowatt, mais ça, ça s'est fait
parce qu'on a accompagné cette industrie-là de façon efficace, et ils ont été à
même de répondre de façon appropriée aux enjeux qu'ils avaient devant eux.
Entre
autres, dans cette notion-là d'efficience, il faut aussi... quand on regarde
l'industrie au niveau international, l'évolution des éoliennes, comment
ça s'est modifié au fil du temps. Au départ, on parlait d'éoliennes d'une
capacité d'un kilowatt, c'étaient les plus
grosses qu'on voyait. On avait des problématiques également en termes de toute
la question du lien avec les rigueurs au niveau de la température des
sites pour pouvoir implanter ces éoliennes-là.
Et
vous allez me permettre, M. le
Président, je vais citer des gens du
Technocentre éolien de Gaspé en lien avec le Plan Nord, qui ont accueilli
avec intérêt, donc, le Plan Nord tel que présenté
tout récemment, le 8 avril, et le directeur général du technocentre, Frédéric Côté affirmait, et je le cite :
«Le potentiel éolien dans le Grand
Nord québécois est très important.
Lorsqu'on le regarde de manière attentive ou plus pointue, avec les atlas de
vents, on constate [que] de belles concordances avec des zones riches en
minerai, notamment le minerai de fer qui se situe dans la fosse du Labrador.
[Dans] ce point de vue, il y a vraiment un potentiel intéressant» pour l'industrie
éolienne.
Et
il complète en mentionnant que... «Trouver des solutions pour remplacer
graduellement les génératrices au diesel»,
parce que c'est ça que ça nous amène comme potentiel. On
parle, en 2012, qu'il y avait des centrales thermiques situées sur le territoire, l'ensemble du territoire du Nord, qui n'étaient
pas desservies par le réseau conventionnel. Ils ont consommé 31 millions de litres de combustible
fossile à coût très élevé. Parce que, ce combustible-là, on l'amène par bateau,
donc l'empreinte au niveau des GES... Encore
là, je vous fais grâce de l'ensemble des chiffres, mais je pense que c'est
assez révélateur. Donc, le gouvernement qui
se tourne vers des solutions pour remplacer graduellement les génératrices
au diesel par des énergies plus vertes et économiques, pour le bénéfice de
l'ensemble du Québec, des populations qui habitent ces territoires-là, je pense
que c'est vraiment une vision que de développer ce secteur-là.
L'autre
élément, M. le ministre en parlait, c'est au niveau de la consultation auprès
de groupes de travail avec les
acteurs de l'industrie. J'aimerais que peut-être M. le ministre puisse nous
parler un peu plus de ce volet-là, parce que c'est un rapport de 53 pages qui porte spécifiquement sur les
conditions pour assurer la pérennité de l'industrie éolienne au Québec. Donc, j'aimerais, M. le ministre, si
vous pourriez nous expliquer un peu plus le processus qui a mené au choix
de mettre en place le groupe de travail sur
l'industrie au niveau de la filière éolienne et quelles en sont les
conclusions.
Le Président (M.
Morin) : M. le ministre, vous avez moins de deux minutes pour
satisfaire notre collègue.
M.
Arcand : Bon, on va tenter d'aller rapidement
là-dessus. D'abord, premièrement, le
rapport a été rendu public le
26 mars dernier, le rapport sur l'industrie éolienne. Je pense qu'encore
une fois on doit regarder ce rapport-là comme étant une réponse à ce qu'il faut faire pour l'avenir. Et il est clair
qu'on n'est pas dans une période actuellement où les coûts d'énergie sont élevés. Alors, ce que ça veut
dire dans ce temps-là pour l'énergie éolienne, et c'est ce qu'on demande
évidemment, c'est qu'il faut absolument continuer d'appuyer l'industrie
éolienne et l'appuyer beaucoup au niveau de l'innovation.
Je pense qu'il est très clair qu'il faut que, dans ce domaine-là, l'industrie
éolienne soit encore plus innovante, qu'on
trouve des solutions et qu'elle puisse, dans un monde idéal également, faire,
je dirais, plus d'exportation, aller aussi, comme on l'a dit, dans des
communautés qui en ont bien besoin.
J'ai
parlé tout à l'heure de Raglan, mais il y a beaucoup encore d'endroits au
Québec où... Alors que le Québec a un
objectif de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, bien, dans
encore beaucoup de régions éloignées du Québec, on ne fonctionne pas encore avec le réseau hydroélectrique, alors on
fonctionne encore au diesel. L'éolien peut
être une alternative dans ces régions-là certainement, pour éventuellement
progresser dans cette direction-là. Il y a donc un potentiel là qui peut
être intéressant.
Maintenant,
je tiens à rappeler aussi que, dans ce domaine-là, on nous a demandé, dans le
rapport, entre autres, là... Il y
avait tout un rapport qui a été déposé, où les gens sont très lucides et nous
disent : Écoutez, on est conscients, là, qu'il n'y a pas de moment propice actuellement au lancement de nouveaux
appels d'offres, mais il est clair qu'il y a des façons de faire pour
l'avenir de l'éolien qui vont pouvoir fonctionner dans l'avenir.
Le Président (M. Morin) : Merci, M. le ministre. Maintenant,
je me dirige vers la députée d'Arthabaska. Vous avez 22 minutes à
votre disposition, chère madame.
• (16 h 10) •
Mme Roy
(Arthabaska) : M. le Président, je vous remercie. Je vais
entamer d'une façon un petit peu plus macro les questions. Pour une
petite mise en contexte, le 2 février 2014, le gouvernement Marois
recevait un rapport de la Commission sur les
enjeux énergétiques au Québec. C'était suite à des consultations. Il y a eu
400 mémoires de déposés à l'automne 2013.
Les coprésidents de cette commission
me semblent des gens compétents. Le rapport proposait plusieurs pistes de solution. Maintenant, pourquoi le gouvernement, le nouveau gouvernement a-t-il tabletté ce rapport de la Commission sur les enjeux énergétiques, qui avait mobilisé
autant d'acteurs, 2013? Pourquoi on repart à la case zéro?
M.
Arcand : Eh bien, d'abord, premièrement, je ne suis pas d'accord avec cette
affirmation-là. Le rapport n'a pas
été tabletté d'aucune façon, on s'en inspire pour la prochaine politique
énergétique. Vous le savez, dans le domaine énergétique, il y a des
enjeux qui sont éminemment discutables, et vous l'avez vu. D'ailleurs, même les
savants, les professeurs d'université ne s'entendent pas quand on parle
d'énergie, hein? Il y en a qui trouvent qu'on devrait augmenter les tarifs de façon très importante puis il y en a d'autres
qui disent : Ça n'a pas de bon sens, ce que vous dites, etc. Donc,
il y a des débats actuellement à l'intérieur de ça.
Ce que le
rapport Mousseau et Lanoue disait sur les enjeux énergétiques, essentiellement
c'est : Il faut travailler davantage
pour le contrôle de notre énergie, avoir une meilleure efficacité énergétique
au Québec. L'énergie la meilleure pour
les Québécois, c'est celle que l'on ne consomme pas, c'est-à-dire, donc, qu'il
faut faire beaucoup d'efforts en ce sens-là.
Et ils disaient d'abandonner l'industrie éolienne. Ça, c'était une de leurs
conclusions. Ils disaient : Écoutez, le Québec n'aura pas besoin nécessairement d'énergie avant 2027, etc.
Alors, il y avait une série de mesures qui se retrouvaient dans ça.
Maintenant,
on a dit aux gens qui ont soumis les 460 rapports, là, de la commission,
on leur a dit : Écoutez, on n'a pas
besoin que vous nous fassiez un nouveau rapport. Sauf que ce qu'on a fait
essentiellement, c'est qu'on a quand même tenu une série de consultations, quand même. Parce que ça fait presque
deux ans, là, que le rapport a été fait, et à l'époque le prix du pétrole était à 100 $, là on se
retrouve avec un prix du pétrole entre 40 $, 50 $, actuellement. Les
coûts d'énergie ont changé, peuvent
changer dans l'avenir. On a besoin quand même d'avoir ce que j'appelle une
espèce de mise à jour, si vous le voulez, de ces questions-là.
Alors, on va
s'en inspirer dans notre politique énergétique, mais il est clair qu'il faut
aussi avoir un plus grand consensus
au Québec sur ces questions-là, parce qu'à la fois sur les éoliennes, à la fois
sur la question des hydrocarbures, à
la fois sur la question des mandats et de l'avenir d'Hydro-Québec, il n'y avait
pas nécessairement un large consensus sur
plusieurs de ces questions-là. Alors, ce qu'on a fait, c'est qu'on a fait en
sorte que la démarche qui a été annoncée... Il y a des groupes qui ne sont pas loin... d'ailleurs, de votre comté,
l'AQLPA, je pense qu'ils ne sont pas tellement loin, l'Association québécoise de lutte à la pollution
atmosphérique, qui avait salué notre intervention. Parce que ce n'est pas...
On n'a pas demandé une nouvelle commission,
des sommes d'argent supplémentaires, mais on fait une espèce de mise à
jour pour pouvoir avoir la meilleure politique énergétique.
Mme Roy
(Arthabaska) : Les objectifs du gouvernement, selon ce rapport,
je pense que ça fait un gros consensus peut-être,
sauf les éoliennes. Ce que vous avez énuméré, c'était : assurer la
sécurité et la diversité des approvisionnements énergétiques, explorer de façon responsable les réserves
d'hydrocarbures, miser sur la production d'énergies renouvelables, favoriser l'efficacité énergétique, utiliser les
surplus d'électricité pour accentuer l'électrification des transports. Je pense
que ça fait un consensus, ça. On n'a pas
besoin des experts pour venir nous dire ça, ça fait un consensus dans la
société québécoise.
Et également
c'est réduire les émissions à gaz à effet de serre. Je voudrais savoir
qu'est-ce que vous pensez de l'érection
d'une cimenterie qui va augmenter de 2 % le gaz à effet de serre émis au
Québec, l'industrie la plus polluante qu'on a eue au Québec.
M.
Arcand : Oui, bien, j'ai
entendu hier soir deux heures de discours de la part de votre formation
politique sur cette question-là. J'ai
beaucoup de difficultés à comprendre d'ailleurs l'orientation de votre
formation politique, parce que
d'habitude, sur des projets économiques, de façon générale, il est clair que
ces projets-là peuvent avoir un certain sens. Il est clair aussi que,
lorsqu'on fait ce genre de projets économiques là, certains projets parfois
sont plus polluants que d'autres. Mais il y
a une chose qui est claire cependant : au Québec, peu importe la nature
des projets qui sont devant nous, on
a un marché du carbone, et, parce qu'on a un marché du carbone, cela signifie que les entreprises qui font partie de ce marché du carbone... dans l'ensemble
du Québec, on a l'assurance qu'au cours des prochaines
années on va avoir une réduction de nos émissions de gaz à effet de
serre. C'est ça, la nature du marché du carbone.
Alors, il va falloir que l'entreprise en question
en Gaspésie, qui est... On le sait, les cimenteries sont parmi, évidemment, des industries polluantes, on le reconnaît. Mais elles peuvent améliorer
leurs technologies, elles doivent le faire
au cours des prochaines années. Et donc on va travailler avec ces gens-là dans
ce sens-là. Et c'est pour ça que, pour nous,
on pense que ce projet, de façon générale, est un projet qui est porteur pour
la Gaspésie. Vous avez vu d'ailleurs
que les députés d'autres formations politiques
que la nôtre supportent ce projet-là. D'ailleurs, en Gaspésie, c'est un projet qui... contrairement à ce qui a été dit, il n'y a
pas une aide directe gouvernementale, ce sont des prêts qui sont consentis
mais qui vont être remboursés à des taux d'intérêt importants, dans ce cadre-là.
Alors, vous
savez, tout ce que l'on fait, à
quelque part, pollue. Le rôle, et l'objectif, que nous avons comme État québécois est de s'assurer de diminuer la
pollution de façon globale à l'intérieur de notre développement économique.
Et ce n'est pas parce qu'on a un projet...
On comprend qu'une cimenterie pollue peut-être un peu plus qu'un autre, mais
ce n'est pas parce que vous avez un projet
de cette nature-là que ça remet en question notre volonté de diminuer les gaz à
effet de serre et de participer au marché du
carbone, qui, soit dit en passant, depuis d'ailleurs le dernier mois, est plus
que jamais en santé, avec l'arrivée de l'Ontario, l'arrivée de l'État de
Washington, la Californie. Le Québec, on n'est plus seuls à faire partie du marché du carbone, et je
pense qu'au cours des prochains mois vous devriez avoir d'autres États en
Amérique du Nord qui vont y participer.
Donc, je pense que c'est ça qui est l'objectif, et c'est pour ça qu'on va dans
cette direction-là.
Mme Roy (Arthabaska) :
Bon, on a parlé de la deuxième consultation que vous avez faite. Vous
dites : C'est pour évoluer.
Est-ce que vous pouvez déposer les deux mandats? Est-ce que c'est le même
mandat? Est-ce que c'est... Je
voudrais savoir les différences entre les deux mandats, celui qui avait été
donné précédemment pour pondre du rapport Mousseau-Lanoue et celui que
vous avez donné maintenant.
M.
Arcand :
Il n'y a pas de mandat spécifique, on demande aux gens... La question qui est
posée de façon générale, ça a été posé dans le cas de la commission
Mousseau et Lanoue. Et, dans le cas des reconsultations que nous faisons
actuellement, la question est de dire : Bon, bien, quelle serait la
meilleure politique énergétique? Est-ce qu'on doit favoriser telle chose, je veux dire? Il y a des éléments, bien sûr, qui
sont consensuels. C'est clair qu'il faut essayer de réduire les importations d'hydrocarbures puis d'essayer
d'en consommer le moins possible. Ça, ça m'apparaît, évidemment, une
évidence sur laquelle tout le monde est d'accord.
Sur
la question des éoliennes, ce n'est pas tout le monde qui est d'accord. Il y en
a qui disent qu'il faut arrêter ça, il
y en a d'autres qui disent qu'il faut continuer. Je pense qu'il faut avoir une
position plus nuancée sur ces questions-là.
Sur
le rôle d'Hydro-Québec, c'est un peu la même chose, il va falloir essayer de
déterminer qu'est-ce qu'on veut faire avec notre société d'État pour l'avenir.
Il va falloir se poser des questions. Je vais vous donner un autre exemple.
À un moment donné, on a parlé du circuit électrique qu'on faisait pour
améliorer, évidemment, je dirais, la capacité énergétique
de nos batteries dans le domaine électrique. Alors là, on a de plus en plus de
bornes de recharge au Québec, je pense qu'on en a près de 500, et il va
falloir continuer dans cette direction-là. Hydro investit pour améliorer,
évidemment, la capacité de nos batteries dans ce sens-là.
Et
là est arrivé un nouveau joueur beaucoup plus agressif, je dirais, depuis les
six derniers mois, c'est l'hydrogène. Alors, la question qu'on se pose :
Est-ce que c'est un phénomène uniquement en Californie ou si un jour des entreprises
comme Air Liquide et d'autres vont vouloir
s'implanter avec plus d'agressivité au Québec? Alors, je pense que ça vaut
la peine de faire justement cette mise à
jour et de voir exactement quelles sources d'énergie on doit privilégier et
quelle devrait être l'orientation du Québec au cours des prochaines
années dans le domaine énergétique.
Alors,
en ce sens-là, c'est là le mandat et c'est ce vers quoi on va tenter de
répondre d'ici la fin de l'année avec la nouvelle politique énergétique.
• (16 h 20) •
Mme
Roy (Arthabaska) : Vous avez aussi accordé des contrats à deux
compagnies, AEIC, ACFAS, pour un montant
de 124 000 $. Ces experts débattent aussi, j'imagine, des enjeux
énergétiques. Quelle est la différence avec eux? Leur avez-vous donné un
mandat spécifique?
M.
Arcand :
Écoutez, je vais vérifier exactement. Là, vous me parlez d'un contrat
spécifique. En général, lorsqu'on fait
ce genre de consultation là, il se peut qu'on fasse appel à des experts. En
général, ce dont on parle, c'est qu'il y a un institut... je pense que c'est l'Institut du Québec. L'Institut du
Québec, c'est un peu l'équivalent du Conference Board du Québec, d'ailleurs je pense qu'ils sont associés
au Conference Board du Canada. Et donc eux nous donnent, évidemment, certaines statistiques de façon beaucoup plus, je
dirais, précise, préparent également certains groupes de discussion pour
s'assurer évidemment qu'on ait, dans
l'ensemble, je dirais, les meilleures informations dans ce domaine-là et
également nous produisent aussi,
évidemment, les données les plus fiables, des statistiques, la production de
fascicules, et ainsi de suite, pour nous permettre d'élaborer cette
politique énergétique là...
Mme Roy
(Arthabaska) : Si vous ne le savez...
M.
Arcand :
...et dans la rédaction également, pour nous aider dans la rédaction du
document de réflexion.
Mme
Roy (Arthabaska) : Je vous ai entendu concernant la ligne de
transport hydroélectrique, là, qui va passer à Saint-Michel-des-Saints, dans Lanaudière. Moi, ce que j'ai compris...
Je vous ai entendu dire que tout le monde était d'accord, mais...
Une voix :
...
Mme
Roy (Arthabaska) : Bien, sauf une municipalité, c'est ce que
vous avez dit, mais, si on lit... Il y a la présidente d'un regroupement de citoyens qui n'est pas d'accord, il y a
des préfets... La préfète de Montcalm, Danielle Allard, se demande aussi
qu'est-ce qui se passe. Citoyens et élus demandent à Hydro-Québec de recycler une
ligne existante. Moi, je vois plusieurs personnes se lever puis ne pas être
d'accord. C'est d'après un reportage de Catherine Kovacs, à Radio-Canada.
Pouvez-vous me faire l'état des choses, s'il vous plaît?
M.
Arcand :
Oui. Bien, d'abord, premièrement, nous avons des ententes avec la plupart des
municipalités, il y a seulement une
municipalité qui n'a pas voulu faire d'entente dans ce domaine-là. C'est un peu
bizarre que certaines des MRC, là, que vous mentionnez... Les
municipalités, elles étaient d'accord avec le projet, alors je pense que c'est
très important. Parmi les opposants... Bien, depuis le début, il y a eu plus de
300 consultations qui ont été faites.
Vous
savez que, quand on décide de faire que ce soient des pipelines ou que ce
soient, par exemple, des projets d'Hydro-Québec et des tracés, entre
autres, là, de lignes d'Hydro-Québec, vous ne pouvez pas avoir l'unanimité, impossible d'avoir l'unanimité. Il y a toujours
des gens qui vont s'opposer par principe, évidemment, et vous le savez très bien. Je pense que, Mme la députée
d'Arthabaska, vous l'avez vécu dans le cas du gaz de schiste, entre autres.
Mais plus vous vous rapprochez de la
ville centrale, d'une large population, plus c'est difficile d'avoir,
évidemment, l'unanimité.
Nous,
nous avons travaillé avec les villes les plus touchées, c'est-à-dire
Terrebonne, etc., et le long du corridor qui était devant nous. La première fois qu'on a présenté le tracé, le
tracé était de telle façon. Je pourrais même vous déposer, si vous voulez, les corridors, les différents
corridors qui ont été étudiés pour le projet Chamouchouane—Bout-de-l'Île. Je peux vous dire qu'Hydro-Québec a fait plus de 300 consultations
sur ces questions-là. Il y a même, là aussi... Comme dans le projet d'Enbridge et comme dans les autres
projets, il y a une unité de vigilance. Les gens travaillent pour essayer
d'avoir le tracé qui va être le tracé le
moins difficile, le moins dommageable, si on veut, pour les gens, mais il est
clair également qu'on a eu, dans la région de Lanaudière, dans les
Laurentides, sur l'île de Montréal, une explosion de la population, depuis de nombreuses années, qui fait en sorte que, pour la
sécurité des citoyens, ce projet-là était nécessaire. Et d'ailleurs
c'est un projet qui va s'autofinancer pour les prochaines années.
Alors, oui,
il y a des opposants, il y a des citoyens qui s'y opposent. Et puis il est
clair qu'à chaque fois qu'il y a ce
genre... Mais, vous savez, on a eu trois rapports importants qui ont été faits,
et deux de ces trois rapports-là... Le rapport de la Régie de l'énergie a dit que c'était incontournable comme projet,
ça n'a pas été... ça a été assez direct de la part de la Régie de l'énergie, ils ont dit : C'est
incontournable. Et la Commission de protection du territoire agricole a dit
également que ce projet-là était acceptable.
Alors, à un moment donné, vous avez les municipalités,
vous avez la régie, vous avez la commission de protection des territoires agricoles, je pense que la
majorité des gens comprennent que ce projet-là qui est devant nous est un
projet qui est nécessaire.
Mme Roy
(Arthabaska) : Mais,
corrigez-moi si je me trompe, le BAPE, qui a l'expertise en la matière, qui est
le principal acteur, recommande au gouvernement d'exiger d'Hydro-Québec qu'il retourne à sa table à dessin, qu'il essaie
de récupérer ou réparer des lignes déjà existantes plutôt que de faire un autre
tracé.
M.
Arcand : Oui, le BAPE a fait ce rapport-là. Le BAPE a dit
que... Mais, vous savez, le BAPE consulte, et tout ça, il a dit, évidemment, qu'il fallait que
le gouvernement retourne à sa planche à dessin, sauf qu'à un moment donné ce projet-là existe depuis, je pense...
a déjà été élaboré... Dès 2010, il y a eu des consultations, c'est un projet
qui est dans les cartons d'Hydro-Québec.
Vous savez, Hydro-Québec, leur but également, c'est de s'assurer que ce projet-là soit le
moins dommageable. Alors, ça, je pense
que c'est important. Puis moi, je pense aussi que... Encore une fois,
je me réfère beaucoup plus... Parce
que
les experts en matière énergétique, c'est la Régie de l'énergie. Et, sur ces questions-là,
la régie a été très claire, elle a dit
que le transporteur avait démontré le caractère incontournable de la solution
retenue dans le projet. Ce que les gens voulaient, c'était une autre
solution. Les groupes, là, qui étaient contre, il y en a d'abord qui étaient
contre carrément, ils ont dit : Vous
n'en avez pas besoin. Puis il y en a d'autres qui ont dit : Bien on n'est
pas contre le fait d'avoir ça, mais il va
falloir que le tracé soit différent. Sauf que, comme vous le savez, le tracé
qu'eux suggéraient est un tracé qui coûtait à peu près presque le double
par rapport au tracé qui avait été retenu à ce moment-là par Hydro-Québec.
Alors, à un moment donné, le gouvernement regarde la situation et essaie d'adopter,
à la fois sur le plan économique
puis sur le plan environnemental, la
solution qui lui paraît la plus équilibrée. Et c'est cette solution-là qui est
retenue pour nous actuellement.
Compte tenu des différents rapports des différents organismes et des
différentes consultations que nous avons eues, on a essayé d'éviter les
endroits où il y avait le plus de population autant que possible.
Mme Roy
(Arthabaska) : Mais je peux vous dire: Vous avez raison, il y a
déjà eu des lignes dans mon comté, mais Hydro-Québec a fait un travail
de conciliation, on n'en a pas entendu parler. Par contre, ici, on a une
opposition ferme de la part de municipalités
locales, régionales, de citoyens, d'agriculteurs, de gens d'affaires de
Lanaudière. Et est-ce qu'il ne serait
pas possible d'employer une autre emprise qui est déjà sur place? Pourquoi? Il
y en a, des emprises, déjà.
M.
Arcand : Mme la députée, je
vais vous répondre: Il y a eu 300 consultations, c'est le troisième tracé.
On a fait les corrections déjà qui
étaient appropriées pour cela. C'est le troisième tracé qui est devant nous, à
un moment donné... Puis, je peux vous
le dire, j'ai été responsable de Lanaudière et j'ai été responsable des
Laurentides il n'y a pas tellement longtemps,
il y a un autre projet actuellement, qui est à Saint-Adolphe-d'Howard, c'est le
même genre de problématique, il y a
eu des consultations, ça dure depuis nombre d'années. À un moment donné, il
faut essayer de trouver la meilleure solution,
mais en même temps il faut trouver aussi une solution qui est réaliste. Et ce qui
est devant nous m'apparaît être la solution la plus réaliste dans les
circonstances.
Mme Roy (Arthabaska) : M. le
Président, il me reste combien de temps?
Le Président (M. Morin) :
2 min 43 s, 2 min 42 s.
Mme Roy
(Arthabaska) : Simplement un commentaire. En période de
questions, on entend souvent dire : Bien, on attend tel rapport, on attend telle consultation pour vous répondre.
Puis, quand on a un rapport d'une autorité aussi reconnue en la matière
comme le BAPE, bien, on ne l'écoute pas. Je me demande pourquoi les ministres
d'abord ne prennent pas les décisions eux-mêmes, sans attendre toutes ces
consultations-là?
• (16 h 30) •
M.
Arcand :
Il y a eu des rapports qui ont été faits sur lesquels, évidemment, on a écouté
le BAPE. Puis, dans ce cas-ci, c'est
qu'on avait le rapport de la Régie de l'énergie, le rapport de la commission de
protection des territoires agricoles
qui étaient très en faveur. Alors, à un moment donné, le rôle du gouvernement,
c'est d'essayer de regarder tout ça, l'ensemble des municipalités, les consultations.
Puis, encore une fois, je vous rappelle que, quand on parle, encore une fois, de ces questions-là, on ne peut pas avoir
l'unanimité sur ces questions-là. On essaie d'avoir une majorité de gens,
et je crois que, dans ce cas-là, une
majorité de gens comprennent les
besoins qui sont là, les besoins qui sont en croissance dans les Laurentides, qui sont en croissance dans
la région de Lanaudière, la fiabilité du réseau qui est très importante,
et particulièrement sur l'île de Montréal. Et sans compter en plus que, dans ce
projet-là, c'est un projet qui va être d'une
durée d'à peu près cinq ans, on parle de la création de 1 000 à 1 500 emplois, donc ce n'est
pas rien. En plus de ça, c'est bon
sur le plan économique dans l'ensemble. Et donc je pense qu'il faut y voir, là,
une amélioration. Vous savez qu'il
n'y a pas eu de ligne 735 kV depuis les 20 dernières années au
Québec. Je pense qu'il est important qu'au Québec on puisse, à un moment
donné, se remettre à niveau.
Le Président (M.
Morin) : Vous avez encore quelques secondes, madame.
Mme
Roy (Arthabaska) : Oui, on va les reporter sur l'autre bloc,
parce que poser une question sans avoir de réponse, ce n'est peut-être
pas utile.
Le
Président (M. Morin) : Merci. Donc, on s'en va du côté du
gouvernement. On se dirige du côté de Saint-Maurice.
M.
Giguère : Merci, M. le Président. Donc, je voudrais saluer mes
collègues, M. le ministre aussi. Ça me fait plaisir aujourd'hui d'être ici pour parler d'énergie et surtout aussi de
développement économique. Si on se rappelle, dans le cadre du discours
du budget 2014-2015 qui a été fait au mois de juin 2014, notre
gouvernement a annoncé que les disponibilités
énergétiques seraient utilisées comme un avantage concurrentiel afin d'attirer
des investissements industriels et de renforcer la compétitivité de la
base manufacturière du Québec.
Si on dresse, là, un
bref historique, nous constatons qu'au Québec on a connu une diminution des
besoins énergétiques dans les dernières
années. En même temps, c'est combiné, ça, à une augmentation de l'offre. Cette
situation-là a fait qu'on a
aujourd'hui un bloc énergétique de disponible qui n'est pas utilisé. Il faut
comprendre aussi qu'il y a eu un ralentissement dans l'industrie des
pâtes et papiers. Et puis, dans mon comté, dans Saint-Maurice, on a une ville
qui s'appelle Shawinigan qui a été, les
dernières années, très affectée de ce côté-là. Donc, on a des industries qui
ont fermé dans les pâtes et papiers,
la Belgo, entre autres, et, dernièrement, Laurentide, dans le secteur
Grand-Mère. Donc, ça fait, là, que ça
a donné un bloc énergétique encore plus gros. Aussi, c'est combiné à un cycle
baissier des prix des métaux qui a fait en sorte que les industries
consommatrices intensives en électricité ont fermé leurs portes ou ont diminué
leur consommation.
Donc,
dans ce contexte, nous croyons que la meilleure option est d'utiliser ces
surplus énergétiques pour attirer, comme j'ai dit tantôt, des investissements.
Il faut s'en servir comme une opportunité pour investir, car, en effet, les bas
prix d'électricité du Québec, c'est... On
est chanceux parce que l'électricité n'est pas tellement dispendieuse à cause
de notre coût de production. C'est un héritage qu'on a eu de notre
développement du potentiel hydroélectrique. Puis, cet héritage-là, j'aimerais,
si vous permettez, M. le Président, rappeler d'où ça vient un petit peu.
Je vous ai parlé
tantôt, là, de Shawinigan, mais on a une entreprise, à Shawinigan, qui était la
Shawinigan Water & Power, qui a été
pendant plus d'un demi-siècle la plus grande entreprise en production,
transport et distribution d'électricité
au Québec. Donc, une partie de l'héritage qu'on a aujourd'hui vient de là. Et
puis, il faudrait aussi rappeler qu'on
a, à Shawinigan, une centrale hydroélectrique, Shawinigan II, qui a
200 MW, qui produit 200 MW, qui a été mise en service en 1911 — donc, un petit peu plus vieux que vous, M.
le Président, pas beaucoup, mais un petit peu plus — puis elle est toujours en production, c'est quelque chose quand même
phénoménal. Puis, malgré son âge, la centrale Shawinigan II est l'une des seules en Amérique du Nord à
disposer à la fois de turbines à axe vertical et à axe horizontal. Donc, notre
héritage qu'on a aujourd'hui, notre coût d'électricité, il faut savoir... il
faut se rappeler d'où est-ce que ça vient. Donc, je suis fier de dire qu'une partie de ça vient de mon comté, de ma ville
d'origine, Shawinigan. Donc, on a un beau bloc énergétique, aujourd'hui,
de disponible.
J'aimerais
savoir, M. le ministre, quelles initiatives notre gouvernement a-t-il adoptées
pour mettre en valeur les surplus énergétiques d'Hydro-Québec tout en
soutenant les entreprises québécoises?
M.
Arcand : Oui. Bien, écoutez, premièrement, je remercie le député. Je
pense que les... Vous savez, nous,
comme gouvernement du Québec, il faut bien comprendre que les disponibilités
énergétiques, pour nous, ça représente une opportunité
et pas un handicap. Il est clair que nous aimerions vendre notre électricité
encore plus chère, surtout lorsqu'il s'agit
de la vendre aux Américains. Et, que ce soit à Shawinigan ou ailleurs,
là, on a évidemment des possibilités extrêmement intéressantes de pouvoir
regarder cela.
Et
on a quand même, lorsqu'on le regarde, à peu près 3 % d'énergie disponible, là. On n'est pas
dans une situation, quand même, où
est-ce que, l'énergie, là, on peut l'avoir de façon illimitée, on a 3 %
d'énergie disponible au Québec. Et
donc... Je crois qu'il faut bien
comprendre cependant la chose suivante : c'est que les prix bas
des prochaines années risquent de se
poursuivre. Vous savez que, depuis les trois ou quatre dernières années en particulier, il y a une explosion considérable du gaz naturel aux États-Unis, et à
la fois ça nous rend quand même, je dirais, plus vulnérables sur le plan
compétitif aux États-Unis, et en même temps,
donc, il faut faire le travail. Et, en plus de ça, c'est que, lorsqu'on a parlé
tout à l'heure de l'éolien, bien, l'éolien
va pouvoir, dans l'avenir, fonctionner mieux si on réussit, évidemment, à avoir
moins d'énergie disponible. On va pouvoir
avoir peut-être plus de projets
possibles aussi. Alors, il faut tout regarder ça dans l'avenir par
rapport à cela.
Maintenant, nous, devant ces disponibilités
énergétiques, nous avons annoncé le 14 octobre dernier notre stratégie d'utilisation, entre autres, de l'énergie disponible, qui
reposait sur la mise en place d'un tarif d'électricité qui voulait favoriser justement le développement économique. Je
pense qu'on a ça comme avantage au Québec. Il faut absolument travailler à ce
que nos tarifs soient parmi les plus compétitifs. Et donc nous avons soumis à
la Régie de l'énergie une proposition de tarif de développement économique,
tarif de développement économique qui a été autorisé par la Régie de
l'énergie le 6 mars 2015.
Donc,
nous voulons travailler à stimuler, en fait, la croissance dans les différents
secteurs industriels. Comme vous le savez, dans le domaine, par exemple,
de l'aluminium, on sait que la compagnie Ford va utiliser, par exemple, ses camions F-150 avec de l'aluminium. Alors, il
va y avoir des besoins importants, peut-être, dans l'avenir pour avoir encore plus d'aluminium dans le monde. Et donc, s'il y a
un endroit où on peut produire de l'aluminium avec de l'énergie verte, c'est bien au Québec, et donc là on a un
avantage. D'ailleurs, je pense que le ministre du Développement économique prépare une stratégie de
l'aluminium, parce que, ça, on pourrait vendre cette énergie-là de façon
importante.
Donc,
l'octroi de ces possibilités-là, de ce tarif de développement économique est là pour inciter les investisseurs, qui n'auraient pas vu le jour autrement, à venir
investir au Québec, et je pense que c'est très important. Mais on ne
veut pas le faire à n'importe
quel prix. Pour qu'un investisseur vienne, il faut que ses coûts en électricité
représentent au moins 10 % de sa production, de ses coûts totaux, si
on veut, d'opération, et ça va donc viser une clientèle qui peut être intéressante. Et c'est une façon aussi, et je
le dis en passant, d'aider les
régions du Québec, d'aider des
régions qui, grâce à ces ressources naturelles là, vont pouvoir se
développer.
Mon
travail également est de m'assurer aussi que l'on puisse continuer à exporter
notre électricité, parce que c'est une
source de dividendes importante pour Hydro-Québec, donc importante pour les citoyens du Québec, parce que
ces dividendes se retrouvent évidemment
dans les budgets gouvernementaux, et donc, en ce sens-là, je pense que
c'est majeur. Et enfin il est clair également
que nous voulons absolument travailler à ce que l'économie
du Québec — c'est, je pense, l'objectif que nous voulons réaliser — pour l'avenir, soit une économie qui soit
prospère. Et, vous savez, on est dans un monde très compétitif et on a
une arme qui s'appelle une énergie verte, qui est de qualité, qui a de la
puissance, qui est capable d'être extrêmement compétitive, alors on fait
le travail pour s'en servir.
Le Président (M.
Morin) : Oui, M. le député de Saint-Maurice.
M. Giguère :
Pour compléter?
Le Président (M.
Morin) : Oui.
M. Giguère :
On vise surtout les entreprises très énergivores, grandes consommatrices. Vous
avez parlé de l'aluminium. Y a-tu d'autres secteurs aussi qu'on pourrait
cibler, que vous avez dans votre mire présentement?
• (16 h 40) •
M.
Arcand : Écoutez, il
y a beaucoup de secteurs actuellement qui ont des possibilités extrêmement intéressantes. D'abord, dans le domaine minier, il y a
plusieurs secteurs qui sont importants dans lesquels on peut avoir véritablement, là, des possibilités intéressantes, mais il est clair que le secteur
aluminium, là, c'est un secteur de très grande consommation. Mais, vous
savez, j'ai entendu parler de beaucoup de projets, de possibilités qui peuvent
se faire.
Je
vais vous donner un peu les secteurs
d'activité, là, où il y a, entre autres, des coûts d'électricité en termes de dépenses d'opération, là : la transformation de l'acier, la transformation du cuivre, la transformation du zinc, du nickel. Ça, ce sont des possibilités
extrêmement intéressantes. Il y a toujours les pâtes et papiers, hein? Ce n'est
pas parce qu'il y a une baisse dans le domaine des pâtes et papiers que nous n'avons pas des forêts qui peuvent être opérées avec, évidemment, des tarifs électricité qui sont concurrentiels. Vous avez également
certains composants, comme les cellules photovoltaïques, qui ont des possibilités,
et, je dirais, l'ensemble de l'industrie chimique également, au Québec, peut
bénéficier aussi de ces possibilités-là. Donc, il y a quand même pas mal de possibilités.
Et aussi, bien sûr, le ciment, éventuellement,
peut-être. Je sais que, parfois, dans ce domaine-là, il y a
des sortes d'énergie qui existent qui ne peuvent pas nécessairement être de l'énergie électrique, mais, tout ce
qu'on peut faire dans ce domaine-là pour nous assurer qu'on ait une
énergie verte, on va le faire de façon importante.
Le Président (M. Morin) :
Oui, M. le député d'Ungava.
M.
Boucher : Alors, bonjour, M. le ministre. Bonjour aux collègues des oppositions. Vous savez, M. le ministre, bon, dernièrement, on a vu, dans les nouvelles, où
il y avait des développements entre l'Ontario et le Québec
en matière d'énergie et d'échange... Ça fait un petit peu bizarre, là, la caméra est là, puis vous êtes là, là, je vais essayer
de me mettre à... je vais regarder M.
le président, là, je vais me mettre à
mi-chemin entre les deux, là, pour ne pas attraper de torticolis avant
l'heure de la...
Vous
savez, bon, on entend souvent que le Québec, Hydro-Québec a des surplus d'énergie. C'est en partie... Bon,
moi, je préfère qu'on parle d'énergie disponible pour du développement
économique plutôt que de surplus d'énergie. Mais
ça, c'est vrai mais en moyenne sur l'année. Vous savez que, bon, l'hiver, par exemple, par ce grand froid ou par température extrême, il arrive qu'au
bulletin de nouvelles on dise : Bien là, soyez raisonnables sur la consommation,
évitez de faire marcher certains appareils
électroménagers, la sécheuse, le lave-vaisselle, entre telle heure et telle
heure pour ne pas surcharger le
réseau d'Hydro. Donc, à ce moment-là,
les capacités d'Hydro sont presque atteintes, puis on aurait besoin d'énergie. En d'autres temps, l'été,
où... Ici, bon, les étés sont chauds mais quand même raisonnables par rapport à certains autres endroits en Amérique du
Nord. Ce n'est pas tout le monde qui marche à l'air climatisé. Donc, on préfère ouvrir les portes, les fenêtres. Comme
disait ma mère, on a été encabané suffisamment longtemps pendant l'hiver,
on aime respirer le grand air pendant l'été, puis je pense que c'est tout à
fait québécois.
Vous
savez, ces surplus-là proviennent des grandes centrales. Au début du mois de
mars, j'avais l'occasion d'aller visiter
LG 2, le barrage Robert-Bourassa. Vous savez, après l'avoir vu souvent en
photo, le fait de se retrouver devant cet
ouvrage-là, c'est presque inimaginable que la main de l'homme ait pu créer
quelque chose comme ça. Quelqu'un qui n'était
pas fier d'être Québécois ou pas fier du génie québécois l'est automatiquement
en repartant de là. C'est l'escalier des
géants puis... Bon, franchement, là, c'est quelque chose d'exceptionnel qui
produit de l'électricité pour le Québec et puis qui fournit, bon, une richesse pour l'ensemble des Québécois.
Malgré tout ça, comme je vous disais tout à l'heure, il arrive des
périodes de pointe où on aurait besoin peut-être d'énergie supplémentaire.
Le
21 novembre dernier, il y avait, bon, M. le premier ministre, Philippe
Couillard, avec Mme Kathleen Wynne, qui est la première ministre de l'Ontario, qui ont présidé ensemble une
réunion conjointe du Conseil des ministres à Toronto et qui ont adopté des mesures dans plusieurs
domaines clés, dont un protocole d'entente sur l'électricité, M. le ministre.
Au cours de cette réunion-là, les deux
gouvernements ont fait des progrès importants puis ont conclu... qui ont
inclus, entre autres, la signature
d'une entente sans précédent qui fera en sorte que le Québec et l'Ontario vont
faire un échange de leurs capacités
respectives de production d'électricité afin de maintenir l'énergie abordable, fiable pour les citoyens du Québec et de l'Ontario aussi. On savait que, bon... On a
vu, à Radio-Canada ... Ils nous apprenaient, au début du mois,
que l'Ontario et le Québec
veulent augmenter leur échange d'électricité de façon significative au cours
des prochaines années afin de répondre à leurs besoins respectifs en
période de pointe.
Alors, M. le ministre, j'aimerais que vous nous entreteniez un petit peu sur l'état de ces
discussions-là avec l'Ontario.
Le Président (M. Morin) : M.
le ministre.
M.
Arcand : Oui. Bien, vous savez que nous voulons travailler
dans un Canada dans lequel il peut y avoir des échanges fructueux et importants et des échanges
qui peuvent être remplis de bénéfices à la fois pour les citoyens du Québec et
pour les citoyens d'autres régions. Vous savez, au fil des dernières années, il
y avait eu certains accords, je vous dirais, sur des bases plus horaires ou presque avec l'Ontario.
Mais, suite à la rencontre que nous avons eue le 21 novembre dernier,
entres autres, avec les conseils des ministres conjoints puis des rencontres que moi, j'avais
eues à la fois à la conférence
des ministres de l'Énergie du Canada et aussi avec le ministre de l'Énergie de l'Ontario,
à quelques reprises, avant même le 21 novembre, eh bien, on a
décidé de travailler ensemble, on a décidé de trouver des solutions. Vous savez
que l'Ontario va avoir des besoins
en électricité, parce qu'ils ont, eux... Évidemment, l'Ontario
a beaucoup de nucléaire. On présume qu'au cours des prochaines années l'Ontario va avoir besoin de
faire une réfection de leurs centrales nucléaires, particulièrement à
Darlington. Donc, je pense que l'opportunité est là pour le Québec.
Et l'Ontario a beaucoup d'options, hein? Ils
peuvent aller dans le domaine gazier, ils peuvent avoir... Il y a Manitoba Hydro qui peuvent leur fournir. Leurs
besoins sont grands, leurs besoins sont importants, mais il y a également des
possibilités du côté du Québec. Alors, nous avons maintenu les échanges avec le
gouvernement ontarien, et, nous, ce
que nous voulons pour l'avenir, c'est d'intensifier nos relations. Je pense
que les marchés qui sont intéressants pour le Québec, il y a un
petit peu le Nouveau-Brunswick, mais ce n'est pas très significatif, l'Ontario peut être
significatif, l'État de New York, le
Vermont et évidemment tous les États de la Nouvelle-Angleterre, là, le New Hampshire et les autres, le Massachusetts éventuellement,
si jamais il y avait des possibilités intéressantes.
Alors, ce
dont on parle actuellement, c'est la possibilité d'avoir un protocole
d'échange avec le gouvernement en
Ontario, on parle d'un protocole de 500 MW avec l'Ontario. Parce que la
beauté, actuellement, du système ontarien et du système québécois, c'est qu'on a déjà
des lignes d'interconnexion, d'une part, et, d'autre part, nous, nos besoins,
c'est en décembre, janvier, février
où on a besoin d'énergie, et Ontario, eux, ont des besoins durant la période
d'été, parce que, dans la région de
Windsor et dans la région de Toronto et jusque dans ce qu'on appelle le «Golden
Horseshoe», si vous me permettez
l'expression, Niagara, etc., là, toutes ces régions-là, avec l'air climatisé,
ils ont besoin évidemment d'avoir beaucoup plus de besoins
énergétiques.
Alors, il y a
vraiment un intérêt manifeste des deux côtés. Alors, nous sommes en train de
discuter et d'avoir une entente
formelle, le plus rapidement possible, avec l'Ontario, et peut-être
même la possibilité d'avoir d'autres ententes dans le futur. Je pense qu'au fur et à mesure que les joueurs se
connaissent il y a un lien de confiance qui s'établit entre eux. Je pense que ça peut représenter des
possibilités extrêmement intéressantes pour le Québec, à la fois pour être
capables d'avoir un approvisionnement
qui vient de l'Ontario lorsque c'est nécessaire pour nous, mais aussi de pouvoir vendre aux Ontariens justement notre énergie. Donc, il y a comme ce que
j'appelle un... le mot anglais, c'est un swap, là, ce n'est pas le terme exact, mais c'est quelque chose...
c'est un échange qui peut se faire et qui peut être extrêmement bénéfique pour
les deux joueurs.
Alors, on
continue les discussions entre Hydro-Québec... C'est un peu compliqué, le système ontarien,
parce que vous avez Hydro One, puis
vous avez IESO, puis vous avez tous les autres qui jouent là-dedans. Et ils
n'ont pas, je dirais, la même... la
simplicité, au niveau organisationnel, qui existe actuellement au Québec. Alors, il est clair qu'au cours des
prochaines semaines j'aurai de nouveau des rencontres avec le ministre
Chiarelli, et on va tenter de faire avancer les choses. Évidemment, dans
l'intérêt des Québécois, je pense que c'est le genre d'échange qu'on appelle
des scénarios gagnant-gagnant. Alors, ces scénarios-là, je pense, sont bons
pour les Québécois puis ils sont bons pour à la fois les Ontariens également.
• (16 h 50) •
Le Président (M. Morin) :
Merci, monsieur. Il nous reste 54 secondes. On pourra le reprendre...
M. Boucher : Au prochain bloc.
Le
Président (M. Morin) :
...tout à l'heure dans l'autre bloc. On se dirige du côté du député de
Mercier. M. le député de Mercier.
M. Khadir : Merci,
M. le Président. C'est toujours
agréable qu'on soit surpris avant que ça... notre tour arrive avant
qu'on l'attende pour tout... Est-ce qu'on m'entend bien?
Le Président (M. Morin) :
Difficilement, mais parlez plus fort.
M. Khadir : Est-ce que ça va
comme ça?
Le Président (M. Morin) :
Oui, comme ça.
M. Khadir : Très
bien. Alors, je salue mes collègues,
je salue le ministre et ceux qui l'accompagnent. Puisqu'on se
concentre sur la politique énergétique du Québec, je voudrais mentionner d'abord
que ce qu'on observe avec ce gouvernement qui vient, en quelque sorte, compléter
l'approche initiée par le PQ, c'est-à-dire une ouverture tous azimuts à l'exploitation du pétrole, cette énergie sale et
polluante, cette énergie du XIXe siècle, bien, c'est malheureux. Parce que c'est
sûr qu'il y a d'énormes intérêts économiques en jeu. Il y a
des banques. Il y a même la caisse
de dépôt, malheureusement, attirée par les sirènes du profit à court terme. Il y a d'immenses
intérêts financiers, ceux notamment de Power Corporation, ou de la famille Desmarais, directement,
indirectement via Total, en France, dans lequel ils sont impliqués depuis des
années, qui ont investi des milliards de dollars dans des ressources
énergétiques, notamment dans le pétrole sale de l'Alberta.
Et il est
très malheureux, il est vraiment très malheureux que la classe politique, au
Québec, alors que la population du
Québec aspire à ce qu'on se donne collectivement le moyen, le plus rapidement
possible, d'être... de sortir d'un bilan énergétique défavorable pour
nous sur le plan économique, pour la planète sur le plan écologique, qu'on voit
donc l'influence de ce milieu d'affaires
excessivement puissant. On l'a vu lorsque le Parti québécois a organisé une
commission, malheureusement un peu
vide, bidon, pour examiner le renversement de la direction, de l'écoulement du
pétrole dans le pipeline d'Enbridge,
où l'essentiel de cette commission, organisée sur une brève période, je dirais,
son contenu puis son orientation,
était calqué sur le discours du lobby d'Enbridge qu'on voyait tous les jours
présent à l'Assemblée nationale.
C'est
vraiment malheureux de voir à quel point ce lobby extra-activiste, encore
englué dans une économie qui appartient vraiment au XIXe siècle ou à la
première moitié du XXe siècle, continue à causer autant de tort à notre économie, à notre bilan énergétique, à notre
capacité de nous extirper des mauvaises habitudes économiques, dont la plus
importante, c'est la dépendance déplorable
encore d'une trop grande partie de nos activités, de notre transport et de
notre économie aux énergies fossiles.
Mais donc, de facto, grâce à l'aide du PQ dans son
bref passage au pouvoir, bien, le gouvernement libéral, précédent et actuel,
met en place la politique énergétique du Québec qui, parfois, est traversée par
des incohérences incroyables. Parce qu'on se
rappelle, il y a quelques années, on s'était lancés comme ça, à bride relâchée,
dans le développement de l'énergie
éolienne, ensuite dans la construction de mégabarrages incroyables, très chers,
très coûteux. C'est parce que, ces
mégabarrages, actuellement on les subventionne. On fait payer cher le coût de
ces mégabarrages dont, je vous
rappelle, pour ceux qui n'étaient pas là lorsque j'ai posé ces questions au
cours des trois, quatre dernières années, neuf des 10 plus importants
contrats ont bénéficié aux entreprises de Tony Accurso et aux entreprises Neilson,
liées à la famille Fava qui finançait la caisse électorale du Parti libéral, en
fait qui est un collecteur de fonds très connu, pour l'Est du Québec, pour le Parti libéral du Québec, des milliards de
dollars de contrats pour construire un barrage hydroélectrique sur la plus importante, probablement, de nos
rivières patrimoniales, quoique j'implore le ministre à reconsidérer — et son équipe — ça,
parce qu'on est rendus à la phase 2, il n'est pas nécessaire qu'on
engloutisse encore 4 autres milliards pour les phases 3 et 4, parce qu'on sait qu'on est en surplus de
production d'hydroélectricité. Donc, non seulement on a fait ça, mais, en étant à la relance des minicentrales, on se rappellera de
Val-Jalbert, encore une fois le Parti
québécois et le Parti libéral, dans cette optique-là, sont en parfaite cohérence avec le lobby de ces
firmes d'ingénieurs, de ces développements économiques néfastes qui sont
à courte vue et qui sont à visée électoraliste.
Ensuite, on
se lance dans des démarches avec l'Ontario pour exporter l'électricité excédentaire. Bon, il
faut bien le faire, parce que cette
électricité excédentaire, comme je le mentionnais, nous coûte cher, les
minicentrales, Rupert, la Romaine,
avec de l'électricité produite à plus de 0,10 $ le kilowattheure qu'on
n'est pas capables d'écouler même à 0,06 $ le kilowattheure.
Ce n'est pas
suffisant, il faut encore que le milieu industriel obtienne d'autres faveurs
aux dépens d'une politique énergétique
cohérente pour le Québec. Je parle des tarifs spéciaux soutirés par
l'industrie. D'autres cadeaux, on ne sait pas pour quelle raison, parfois sont... Parce que, bon, ces lobbys-là
sont très efficaces, hein, c'est des lobbys excessivement puissants. Parfois, c'est à visée électoraliste,
parce qu'on cherche, comme ça, à séduire la nomenclature locale dans certaines
régions où ces industries sont implantées et sont...
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Mercier.
M. Khadir : Oui.
Le Président (M. Morin) :
Vous prêtez des intentions. Je vous laisse aller, là, mais faites attention,
là.
M. Khadir : Je ne sais pas,
je me pose des questions, je me demande : Pourquoi, alors...
Le Président (M. Morin) :
Oui, continuez.
M. Khadir : ...lorsqu'on impose
des hausses de tarifs pour les citoyens ordinaires...
Des voix : ...
Le Président (M. Morin) : Je
m'excuse, je m'excuse...
M. Khadir : Très bien. Je
n'impose...
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Mercier, un instant, un instant! Merci. Vous pouvez continuer maintenant.
M. Khadir : D'accord. Je ne veux pas imposer, je suis sûr que ça échappe à la
volonté individuelle de chacun d'entre
nous, je suis persuadé que le ministre actuel n'est en rien dans cette
décision-là, mais je constate la tristesse de pouvoirs politiques qui
sont incapables d'une vision un peu plus à long terme et se soumettent à
n'importe quelle invective, à n'importe
quelle commande qui vient du milieu des affaires. D'ailleurs, un ministre
péquiste l'avait reconnu à l'émission
de Marie-France Bazzo, alors qu'il était ministre de l'Éducation, je
parle de M. Pierre Duchesne, hein, il avait dit : C'est malheureux, mais la classe politique a les mains liées
ou... enfin je ne veux pas trahir ses propos exacts, mais, en substance,
il disait que la classe politique est trop souvent à genoux, complètement
inféodée dans ses décisions...
Une voix : M. le...
Le Président (M. Morin) :
Oui, oui...
M. Khadir : Ah! Mais, écoutez, c'est M. Duchesne. S'il veut, je peux lui
trouver la citation textuellement. C'est dans notre rapport sur le
lobby.
Le Président (M. Morin) : Un
instant, un instant, M. le député.
M. Drainville : M. le
Président, là, sur un appel au règlement.
Le Président (M. Morin) :
Allez-y, M. le député de Marie-Victorin.
M.
Drainville : Il doit y avoir un règlement qui dit qu'un député
ne peut pas dire n'importe quoi puis insulter à tour de bras, là, un
autre... ancien collègue de la Chambre, là.
Le Président (M. Morin) : Merci,
M. le député de Marie-Victorin.
M. Khadir : ...
Le
Président (M. Morin) :
M. le député de Mercier...
M. le député de Mercier, s'il
vous plaît! S'il vous plaît! M. le député de...
Des voix : ...
Le
Président (M. Morin) : M. le député de Marie-Victorin, c'est moi qui va gérer ça. Allez-y, vous avez le
droit de parole, mais je sais que vous êtes capable de faire ça
correctement. Continuez.
M. Khadir : Oui. C'est drôle, quand on parle de Franco Fava ou de Tony Accurso, le
député de Marie-Victorin ne s'offusque pas pour accabler Jean Charest.
Mais, quand il s'agit d'un ministre respectable du gouvernement du PQ, qui a eu la présence d'esprit et une lucidité, peut-être
passagère mais combien salutaire, de reconnaître la trop grande influence des
lobbys d'affaires sur nos décisions politiques, ça heurte le député de Marie-Victorin.
Ce qui
devrait le heurter, c'est l'influence de ces lobbys des secteurs d'affaires et
des gens riches et puissants sur nos
décisions politiques, y compris dans son parti. D'ailleurs, l'illustration est
faite par la mainmise des détenteurs des intérêts de Québecor sur son parti actuellement, je veux dire, je
parle que je... personne n'a besoin de démonstration plus éclatante. Déplorons cet état de choses ensemble,
mon cher collègue de Marie-Victorin! Déplorons cet état de choses, que trop de décisions sont prises par le gouvernement actuel à cause de l'influence du milieu des affaires, qui est au-delà
de tout ce qui est acceptable et raisonnable en démocratie.
Un autre...
Appelez-le comme vous voulez, le capitalisme est sauvage, et ce n'est pas moi
qui le dis, c'est un de ses plus ardents bénéficiaires actuellement,
Warren Buffett, qui admet que le comportement des élites économiques entraîne
une situation qui, pour le capitalisme lui-même, est dangereuse par ses excès.
Vous voulez
un autre excès qui nous coûte cher, qui coûte cher au bilan énergétique du Québec?
C'est la centrale thermique de
Bécancour pour laquelle on paie
150 millions encore, par année. Alors, je demande au ministre, peut-être
que ma question
pourrait être aussi simple que celle-là : Peut-il m'expliquer pourquoi son
gouvernement qui ne se gêne pas
d'ouvrir des contrats lorsqu'il s'agit des employés municipaux et de leurs
caisses de retraite, qui pense que, lorsqu'il en va de l'intérêt supérieur de la nation et des finances publiques, il
faut ouvrir les contrats, il n'est pas capable d'ouvrir et... pour mettre fin à ce contrat honteux qui
fait en sorte que le gouvernement est obligé de payer 150 millions de
dollars juste pour garder cette centrale fermée?
• (17 heures) •
Le
Président (M. Morin) : Merci. M. le ministre, vous avez
4 min 44 s à répondre à la question de 10 minutes.
M.
Arcand : Oui. Bien, écoutez,
je vais tenter de répondre de la meilleure façon possible. Mais, vous savez, il
faut vivre dans la réalité également. On ne
peut pas, évidemment, être contre les hydrocarbures, contre le nucléaire,
contre les pylônes d'Hydro-Québec,
contre l'industrie éolienne, contre à peu près toute forme d'énergie, contre le
gaz naturel qui arrive. Il faut, à un moment donné... on a besoin
d'énergie.
Et je tiens à
lui rappeler que nous avons un marché du carbone dans lequel, évidemment, on
souhaite, dans l'avenir, que les gens puissent utiliser, bien sûr, moins
d'essence. Et on y travaille. Ça ne va peut-être pas assez rapidement.
Et moi aussi,
je suis aussi frustré que vous pouvez l'être parfois de voir qu'actuellement,
le prix de l'énergie... des
hydrocarbures étant bas, bien, les gens... Ce n'est pas les banques, là, ce
sont les gens qui se ruent pour acheter des 4x4 actuellement. La vente, là, des gros véhicules énergivores augmente
actuellement. Alors, ça, c'est une réalité à laquelle nous sommes
confrontés, et donc il faut également sensibiliser les citoyens.
Maintenant,
pour la question de TransCanada Énergie, il y a eu évidemment une ouverture qui
a été faite, évidemment, il y a un
certain nombre d'années, et qui coûte cher, effectivement, à Hydro-Québec, et
qui n'a pas servi de la façon dont on pensait que ça allait faire. On a
abordé cette question-là lors de... la dernière fois que le président
d'Hydro-Québec est venu témoigner ici, en commission parlementaire. Et il a dit
qu'il regardait actuellement des solutions
qui permettaient de trouver une... je dirais, de renégocier le contrat de TCE,
actuellement, de TransCanada Énergie, au
Québec. L'objectif, évidemment, est de pouvoir moins s'alimenter durant les
périodes d'hiver, là, les périodes de pointe, aux États-Unis, et de pouvoir utiliser... peut-être lorsque vraiment,
là, on est au maximum de l'énergie au Québec, quand on est au mois de janvier ou au mois de février, à
ce moment-là de peut-être trouver des façons d'utiliser cette centrale-là.
Sauf que la
nouvelle, dans cela, c'est que ça n'a pas été, et on le voit aujourd'hui, le
meilleur coup dans ce cas-là. Mais, à l'époque, nous étions en manque
d'électricité, et il fallait trouver une solution urgente. Je n'étais pas là à
ce moment-là, autour de 2003, lorsque cette décision a été prise. Maintenant,
ce contrat va avoir une fin au cours des prochaines
années, et il est clair que nous allons tenter, bien sûr, de travailler avec
une orientation qui va être la meilleure. Mais je peux vous dire que nous partageons l'objectif de diminuer les
importations d'hydrocarbures au Québec. On espère que, le 14 milliards, je pense,
d'importations d'hydrocarbures qu'on a au Québec, on va pouvoir le diminuer au
cours des prochaines années. Mais il
faut également que les citoyens du Québec nous aident. Et nous continuons à
avoir plus de bornes électriques,
plus de... On a une taxe, finalement, sur le carbone, avec la bourse du
carbone, ça équivaut finalement à une taxe sur le carbone. Alors, on
travaille dans cette direction-là.
Le Président (M. Morin) :
Merci. Oui, M. le député de Mercier.
M. Khadir : Combien de temps
me reste-t-il?
Le Président (M. Morin) :
1 min 20 s.
M. Khadir : C'est bien beau de dire qu'on est
favorable à l'objectif de réduire notre dépendance aux énergies fossiles, mais il faut que les politiques soient
cohérentes. Le préjugé favorable versus... par rapport au pipeline n'est pas
cohérent à ça. Le maintien des investissements
dans Anticosti, ce n'est pas cohérent avec ça. Même la mégacimenterie, qui va s'alimenter en coke de pétrole...Le fait de
maintenir contre votre propre promesse ou votre propre intervention, lorsque ça a été annoncé par le PQ, donc votre maintien
du financement de la mégacimenterie est contraire... Je veux dire, on ne
peut pas dire quelque chose, puis agir différemment, et avoir la crédibilité
aux yeux de l'opposition, je regrette, M. le ministre.
Mais
j'aimerais quand même reposer ma question : Pourquoi vous n'ouvrez pas le
contrat? Pourquoi est-ce que c'est si
facile lorsqu'il s'agit de s'abattre sur les pauvres travailleurs, ouvrir leurs
contrats pour revoir leurs pensions, mais, pour ce qui est d'une
multinationale qui ravage notre territoire, qui insulte souvent les mécanismes
de consultation et d'évaluation, de
contrôle, comme ça a été souvent reproché à Enbridge — j'ai dit «à Enbridge», à
«TransCanada» — vous
n'y voyez aucun problème? Bien, c'est-à-dire que vous ne voyez pas la possibilité
d'ouvrir le contrat.
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Mercier, votre temps est écoulé.
M.
Arcand : Je
pourrais répondre, mais là...
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. le ministre. Donc, on se retourne vers l'Abitibi-Est.
Une voix : ...
Le Président (M. Morin) :
Oui, ou le... Ungava? On y va pour l'Ungava.
M. Boucher :
Alors, merci. Je veux vous parler, bon, un petit peu, là, du milieu autochtone,
le milieu des Premières Nations. Vous savez
que moi, je suis d'un comté où le deux tiers et même plus de la population sont
des gens des Premières Nations, des
Cris et des Inuits. Mon épouse, qui nous écoute probablement à cette heure-ci,
si on est à la télé, puis que je salue en passant, est membre, elle
aussi, des Premières Nations.
Sur les
réserves... Bon, vous savez qu'il y a beaucoup de préjugés encore aujourd'hui
sur les gens qu'on appelle communément
les Indiens : Ah! ils ont tout payé, que le gouvernement leur donne tout,
ils ne paient pas de taxe, ils ne paient
pas d'impôt, c'est la vie facile. Mais il suffit de se promener dans les
communautés autochtones pour voir que la misère puis les difficultés
économiques sont présentes puis sont visibles à l'oeil nu assez rapidement.
Je suis un
petit peu chamboulé de voir, là, que des gens peuvent prétendre que les grands
barrages sont une erreur et puis que
ça n'aurait jamais dû être fait. Je veux dire, le Québec... le monde entier,
mais le Québec, c'est inéluctable, va
être dépendant à l'énergie, point, pour toujours, pour l'avenir, jusqu'à la fin
des temps, que ce soit de l'énergie électrique, fossile, gazière, nommez-les comme vous voudrez, ça prend de l'énergie.
Demandez aux Cris, par exemple, ce qu'ils pensent des grands barrages,
qu'est-ce que la venue des grands barrages à la Baie-James leur a apporté. Ça
leur a apporté le développement, ça leur a apporté des moyens dont ils ne
disposaient pas auparavant.
Je vais vous
ramener peut-être à une plus petite échelle, hein : les petites centrales
hydroélectriques. On sait que, sous
le précédent gouvernement de Jean Charest, on avait annoncé un programme de
construction de petites centrales hydroélectriques,
qui sont souvent, bon, situées en région, un peu partout, souvent dans des
milieux autochtones, d'ailleurs. Et puis,
bien qu'on ne parle pas de centrales d'une puissance épouvantable, avec des
milliers d'emplois, ça donne des bons
leviers économiques à ces gens-là pour essayer de tirer l'épingle du jeu et
puis de se donner un avenir un petit peu plus souriant, un petit peu
plus prometteur.
Le Québec
dispose d'un important réseau hydrographique, dont une partie a été mise en
valeur pour la production hydroélectrique.
Par le passé, la mise en valeur de cette ressource-là s'est largement appuyée
sur le développement des industries forestières puis métallurgiques,
puis par la suite bien, le gouvernement, dans l'histoire, avait confié à Hydro-Québec le mandat d'aménager l'immense
potentiel hydroélectrique du territoire. Les populations locales sont, bon,
dans l'ensemble, favorables au développement
de projets et de petites centrales hydroélectriques. Néanmoins, certains
groupes de pression et des citoyens
invoquent, bon, ce qu'on appelle encore les surplus d'énergie — mais, moi, ce que j'appelle plutôt de
l'énergie disponible pour opportunités d'affaires — pour remettre en
question ces projets-là.
Le précédent
gouvernement avait décidé d'annuler ces projets-là de petites centrales qui
avaient été retenus par Hydro-Québec
dans un contexte d'appel d'offres. Puis cette décision a eu des impacts majeurs
sur les finances publiques, ça, on ne
peut pas se le cacher. Plusieurs promoteurs, dont certains étaient des
municipalités, avaient choisi la voie des tribunaux afin d'être compensés pour l'annulation de ces contrats-là.
Certaines requêtes dépassaient les 20 millions de dollars, et cela, sans compter le processus dans
lequel s'était engagé le précédent gouvernement de rembourser les promoteurs
pour les frais déjà encourus.
En
sachant que les petites centrales hydroélectriques profitent aux communautés
locales, qui sont souvent partenaires et profitent des redevances... En effet, selon une étude Secor-KPMG, la
petite hydraulique crée 16 emplois par mégawatt par année. Donc, dans certains coins de pays, ces
emplois, c'est absolument non négligeable, c'est souvent des bons emplois, bien
payés. La FQM est favorable à ça.
Donc, dans un
contexte comme ça, M. le ministre, n'y aurait-il pas lieu de questionner la
position qu'a tenue le Parti
québécois dans ce contexte-là, celle-là d'annuler ces projets-là, puis combien
cette décision-là a coûté au trésor
public?
• (17 h 10) •
Le Président (M. Morin) : M.
le ministre.
M.
Arcand : Écoutez, je pense que ce développement-là, pour nous...
Il ne s'agit pas pour nous de nous lancer dans des programmes constants de minicentrales, sauf qu'il est clair
que, pour les régions du Québec, plusieurs des régions, c'était important de pouvoir
travailler en ce sens-là.
Quand le Parti québécois a pris la décision d'annuler les projets de minicentrales, bien, ils
ont... évidemment, ça a nui à beaucoup, beaucoup de communautés.
Et je voulais simplement, entre
autres, vous parler de certains de
ces projets qui ont été annulés. Entre autres, là, le projet de la chute
de Six Milles, c'était un projet qui était fait par... un projet 100 % communautaire qui a été fait par la
communauté autochtone. C'étaient des projets qui étaient situés à Forestville,
sur la Côte-Nord, c'étaient des projets qui
étaient importants. Il y avait un projet de la municipalité de Shannon, entre
autres, le projet de centrale
Saint-Gabriel, c'est 3,3 MW. C'étaient des projets qui étaient très
importants pour ces communautés-là. Il y a eu le projet de la Onzième
Chute, qui est un 16 MW. C'est une structure d'entreprise, là aussi, qui
est 100 % communautaire. Et c'est un
projet qui est localisé à Notre-Dame-de-Lorette et à Girardville au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Et donc ça, ce genre de projet là... Puis il y a le projet aussi de
22 MW, qui est le projet Manouane Sipi, là, qui est dans la région de la députée de Laviolette, entre autres.
C'est un projet d'une société en commandite, avec une structure d'entreprise,
avec la ville de La Tuque et en partenariat avec le conseil des Atikamekw
de Wetomaci.
Alors, vous
avez, là, ces projets-là qui avaient été annulés. Et évidemment, dès que nous
sommes arrivés au pouvoir, je pense qu'il était très important de voir
ça. Et ce qui a été un peu ennuyeux, je dirais, dans l'annulation de la part du
Parti québécois... La théorie du Parti
québécois était de nous dire à l'époque : Écoutez, ce sont des projets, on
a de l'énergie disponible au Québec,
on n'a pas besoin de ces projets-là, etc. Ça, c'était le discours public. Mais
le discours privé, il était un petit
peu différent, parce qu'on disait à ces gens-là : Bien, nous, vos projets
de centrale, là... vous pourriez arriver avec d'autres projets. Et le PQ
voulait rembourser des millions de dollars aux promoteurs des projets.
Alors, ce qui
était à l'époque une décision à caractère, je dirais... une décision qui
disait : Bon, bien, c'est d'un caractère
réaliste, raisonnable, c'est une décision économique, c'est une décision parce
qu'on n'a pas vraiment besoin de ce genre de projet là, on a évidemment de
l'énergie disponible au Québec, la vraie réalité, la vraie réalité, c'est que
c'était une décision éminemment politique.
Parce que, dans les faits, les promoteurs s'étaient vus, à ce moment-là... On
était prêts, dans les discussions... Et ils
nous l'ont tous raconté les uns après les autres, ils nous l'ont raconté, ils
nous ont dit : Bien, le Parti
québécois, à l'époque le gouvernement, voulait rembourser des millions de
dollars aux promoteurs des projets.
Ou on leur disait : Bien, écoutez, si on a annulé les barrages, bien,
peut-être si vous avez un projet d'éolien, là, on va peut-être dire oui
à cela.
Alors, on
trouvait, nous, évidemment, puis les promoteurs ont eu l'occasion de nous le
dire, que c'était vraiment quelque chose qui ne marchait pas rond. Et
c'est pour ça que le premier ministre du Québec, et durant la campagne électorale et par la suite... on a dit : Il
faut que ces projets-là nous reviennent, ce sont des projets qui étaient
importants. Et le Parti québécois, à
l'époque, là... Je peux simplement vous citer un exemple. Dans le cas de
Saint-Joachim, là, il y avait un
projet, entre autres, là, à Saint-Joachim, on était rendus à vouloir compenser
les promoteurs à raison de 22 millions de dollars, à l'époque.
C'était sans précédent.
Alors, je
peux simplement vous dire que, pour nous, c'est clair qu'il y avait même eu...
Parce que, par la suite, ils ont
déposé une poursuite, et évidemment, nous, en rétablissant ce processus-là,
évidemment, la poursuite est tombée. Donc, il n'y avait pas, là, de
considérations économiques, là, dans le cas de cette décision-là. C'était
vraiment une décision d'orientation
politique, pour d'ailleurs une raison que j'ai encore de la difficulté à
m'imaginer. Parce qu'il faut juste se
rendre compte que, quand on fait l'analyse de tout ça, là, les projets qui ont
été annulés, là, ça représente... je n'ai pas fait le calcul, là, mais, sur entre 36 000 et
40 000 MW d'électricité au Québec, là, tous ces projets-là, ça représente
à peu près 80 MW. Ce n'est pas
ça qui va ruiner le Québec, là, hein? Au contraire, ça aide, ce sont des
bénéfices pour les communautés, ce sont des bénéfices qui sont très
importants.
Maintenant,
on va devoir, nous... À l'intérieur de la prochaine politique énergétique, on
va devoir se pencher sur ça. On va
vouloir, par exemple, que les promoteurs... qu'ils vont devoir s'assurer que
leurs projets respectent les meilleures pratiques environnementales, bien sûr, en matière d'acceptabilité
sociale, mais, quand c'est des projets de cette nature-là, des projets
qui sont communautaires, il est clair que l'acceptabilité sociale est pas mal
plus facile à ce moment-là.
Maintenant,
on va établir pour le futur les nouvelles orientations en matière de minicentrales.
Parce que, vous savez, nous, on a dit
oui pour les six minicentrales en question, on a dit que c'était pour être les
six pour l'instant, mais on n'arrête pas
de recevoir des idées, des projets. Les gens en veulent. Puis moi, j'arrive des
États-Unis en plus, et là-bas tout ce qui s'appelle biomasse, cogénération, projets de minicentrale, là, eux
voient ça dans leur avenir, actuellement. Donc, il faut juste se rendre compte de la réalité également qui nous entoure.
Et les minicentrales, ça ne représente même pas 1 %, ça représente à peu
près 0,8 % de nos approvisionnements totaux. C'est donc très peu
significatif. Mais, si vous saviez les bienfaits que ça fait aux
communautés, c'est majeur.
Alors, nous,
on va établir certainement des nouvelles orientations dans notre politique
énergétique, les critères d'exploitation également de ces minicentrales.
Nous sommes parfaitement au courant du fait qu'il y a de l'énergie disponible au Québec, on va le regarder étape par
étape. On va agir avec prudence, mais je pense que c'était une erreur d'abolir ces six projets-là à l'époque, et on va
tenter évidemment de voir de quelle façon on va se guider pour l'avenir.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. le ministre. M. le député d'Ungava.
M.
Boucher : Je suis content, M. le ministre, que vous abordiez le thème
de la politique énergétique, parce que ça
va un petit peu dans la suite, là, de l'intervention que je voulais faire
aujourd'hui. La dernière politique énergétique du Québec a été adoptée en 2006. Cette politique-là a
été marquante dans l'histoire du Québec, puis notamment elle a conduit à l'aménagement hydroélectrique de la
rivière de la Romaine, elle a fait éclore l'industrie verte de l'éolienne,
comme parlait mon collègue d'Abitibi
un petit peu plus tôt, puis elle a accentué les efforts du Québec sur le plan
de l'efficacité énergétique. Cette
politique a contribué à l'atteinte par le Québec de sa cible de réduction des
gaz à effet de serre en vertu du
Protocole de Kyoto. En 2012, nous avons en effet réduit nos émissions de moins
de 6,8 % sous le niveau de 1990, alors que la cible était de 6 %. Il y a de quoi être fier. Je pense qu'on
peut être content de ce beau résultat-là puis content pour la planète et
les générations qui s'en viennent.
La vision
énergétique vient à échéance en 2015. Pour soutenir l'élaboration de cette
nouvelle politique énergétique, le
gouvernement s'est engagé dans une démarche de consultation qui permet aux
citoyens et aux organismes de partout au
Québec, de même qu'aux experts d'ici et de l'étranger d'exprimer leurs opinions
sur le sujet, de faire connaître leur expertise et puis de formuler des
suggestions pour répondre aux principaux enjeux énergétiques du Québec.
En 2006,
l'expression «gaz de schiste», c'était inconnu, personne ne savait ce que ça
mangeait en hiver. C'était même
inconnu des spécialistes canadiens et québécois qui avaient été entendus en
commission parlementaire à l'époque. Aujourd'hui,
bon, ça correspond à un bouleversement complet de la géopolitique nord-américaine
de l'énergie. En l'espace de quelques
années, les États-Unis sont devenus les premiers producteurs de gaz naturel au
monde, puis cette abondance-là a fait chuter les prix du gaz naturel de
moitié à travers toute l'Amérique du Nord. Elle a enclenché chez nos voisins un
mouvement de construction de centrales
thermiques au gaz naturel, qui sont venues remplacer des vieilles centrales au
charbon et, ainsi, des centrales nucléaires
qui étaient rendues au bout de leur vie utile, et qui étaient désuètes, puis
qui auraient nécessité des investissements encore plus importants.
Mais on ne
parle pas seulement de gaz de schiste. Il faut aussi parler de pétrole de schiste.
Ce pétrole vient gonfler la
production américaine. En conséquence, la croissance de la demande américaine
pour le pétrole canadien se trouve freinée,
de là ces projets de pipeline de l'ouest vers l'est pour trouver des nouveaux
débouchés pour le pétrole canadien.
Le secteur énergétique de l'Amérique du Nord vit des transformations qui sont fondamentales
et probablement sans précédent dans l'histoire récente.
Pouvez-vous
nous expliquer, M. le ministre, quelle est la valeur ajoutée des nouvelles opportunités
de réflexion et de consultation que
le ministère met présentement en oeuvre pour rejoindre à nouveau la population
et les intervenants socioéconomiques?
• (17 h 20) •
M.
Arcand : Bien, j'ai parlé tout
à l'heure de ces consultations qui ont eu lieu, la commission Mousseau et
Lanoue. La Commission sur les enjeux
énergétiques du Québec a coûté 1,5 million de dollars. C'est donc une
commission, puis on a pris les 400
quelques mémoires, là, qui ont été déposés, et on les a analysés à nouveau.
Alors, on s'est inspirés de ça pour faire la politique énergétique, pour
travailler à la politique énergétique.
Mais il y a
des éléments qui vont contribuer à notre politique énergétique qui vont être
aussi très importants et qui doivent
être très complémentaires à ce rapport-là. Et c'est pour ça qu'on l'a fait,
entre autres quand on regarde l'EES qu'on a annoncée, l'étude
environnementale stratégique qu'on a annoncée. Je tiens à vous rappeler qu'on a
annoncé que nous faisions ces études-là,
d'une part, spécifiquement sur la question de l'île d'Anticosti, parce qu'on va
devoir prendre une décision
définitive à un moment donné. Actuellement, là, il y a ce qu'on appelle du
carottage qui se fait sur l'île d'Anticosti, mais on a besoin d'avoir
une évaluation environnementale stratégique sur Anticosti.
On a besoin
d'avoir également l'évaluation environnementale stratégique sur l'ensemble des
hydrocarbures au Québec. On a besoin
également... On avait besoin d'avoir le Plan Nord, exactement les objectifs du
Plan Nord pour la prochaine année. On
va évidemment... Avant d'avoir la politique énergétique, on va devoir... Je
pense que le ministre de l'Environnement
et le premier ministre, au cours des prochains mois, vont faire connaître
quelles sont les cibles du Québec en
matière de réduction de gaz à effet de serre après 2020. Actuellement, on a une
cible jusqu'en 2020. Je pense qu'avant la
conférence de Paris en décembre on va devoir avoir, à un moment donné, une
discussion sur les cibles de réduction de
gaz à effet de serre, parce que je ne peux pas faire une politique énergétique
si on n'a pas une idée également de nos cibles de réduction de gaz à
effet de serre.
On a aussi
les travaux des groupes sur l'éolien dont j'ai parlé tout à l'heure, qui est un
élément important, qui va nous aider
aussi sur ces questions-là. Puis, on a eu récemment le rapport du Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement sur la question du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent, mais
je pense que cette question-là est pas mal... pour l'instant en tout cas, il n'est pas question de
revenir. On n'a pas de demande de permis, il n'y a pas... Depuis maintenant,
quoi, quatre, cinq ans, le ministère n'a pas eu de demande justement sur ces
questions-là.
Alors,
essentiellement, on a fait des réflexions sur trois éléments qui nous
apparaissaient très importants. On a fait des consultations publiques,
on fait des consultations avec certains groupes autochtones, mais il y a eu
déjà une table d'experts et des consultations en janvier sur l'efficacité et
l'innovation énergétiques. On a pris une journée pour réfléchir sur ces éléments-là par rapport à la nouvelle réalité. On a
fait à Shawinigan une table ronde avec les experts sur tout ce qui s'appelle énergie renouvelable.
Qu'est-ce qu'on doit faire en termes d'énergies renouvelables? Quelles sont
celles qui sont privilégiées? À un moment
donné, je parlais même à des fabricants dans le secteur de l'automobile, puis
on disait : Bon, l'hydrogène, est-ce que ça va être du Beta ou du VHS, là?
Lequel va être lequel? Est-ce que c'est un phénomène
uniquement californien? Est-ce que c'est un phénomène qui va se produire au
Québec? L'éolien, comment vous voyez
ça pour l'avenir, comment vous voyez la biomasse, etc.? Alors, il y avait
vraiment des discussions là-dessus.
Et puis, au mois de mai, il va y avoir une table
ronde. Celle-là risque d'être un petit peu plus controversée, parce que la table ronde va parler des
hydrocarbures fossiles. On fait quoi au Québec? De quelle façon on pense qu'il
est réaliste de diminuer notre
dépendance aux hydrocarbures? Comment on pense qu'il est possible de le faire?
Je pense que c'est très important
qu'on en discute. On importe pour 14 milliards de pétrole. Comment est-ce
qu'on fait pour réduire cette dépendance au pétrole?
Et je pense
également que, vendredi, on a des rencontres également sur toute la question du
transport, l'électrification des
transports, comment on fait pour avancer plus vite. Je ne vous cacherai pas que
j'étais... Moi, ma grande frustration, je dirais, depuis le début, c'est
que j'étais là, moi, en 2010-2011... Entre autres sur la question des camions, c'est un peu ma frustration actuellement, parce que, pour
moi, il paraissait très clair que, si
on veut être réalistes et au moins contribuer à réduire les gaz à effet de serre, le gaz naturel est certainement une solution pour les camions, pas pour
l'automobile nécessairement, mais pour les camions clairement, compte tenu de
la puissance des moteurs, et tout ça. Si on
utilisait, au lieu du diesel, du gaz
naturel, on pourrait contribuer à
faire ça. Et, pour toutes sortes de raisons techniques, là, puis je n'entrerai pas dans les détails,
mais ça n'avance pas au rythme où on pensait que ça allait avancer.
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Marie-Victorin.
M. Drainville : Youpi! Merci,
M. le Président. J'ai combien de temps, là?
Le Président (M. Morin) :
22 minutes.
M. Drainville : Ah.
J'aimerais revenir sur le dossier Enbridge. L'une des recommandations de la
CAPERN portait sur... C'est la recommandation 9 et la recommandation 10 : «Qu'Enbridge soutienne financièrement
les municipalités pour la mise à niveau des équipements
associés aux interventions d'urgence», donc une aide financière pour les municipalités. Et la recommandation 10, c'était : «Qu'Enbridge partage les informations relatives au plan d'urgence,
assure la formation [...] des intervenants de première ligne [...] et
tienne [...] des exercices de simulation.»
Alors, M. le
ministre, est-ce que vous pouvez nous dire si vous avez la liste et le détail
des montants versés aux municipalités
québécoises pour l'achat d'équipements d'urgence? Évidemment, on parle d'une
aide financière versée par Enbridge.
M.
Arcand :
Bien, la première des choses, c'est que... Je vais vous répondre de la façon
suivante par rapport à cela : Il faut
d'abord, avant de parler des redevances, même s'il y avait certains éléments
qui se sont retrouvés dans le dernier budget, là, le dernier budget du
ministre Leitão... J'aurai l'occasion de vous revenir là-dessus, on cherche la feuille, là, puis je vais vous revenir sur cette
question-là. Mais la première des choses, c'est que le plan d'urgence doit
nous satisfaire. Et, le plan d'urgence, actuellement,
on a parlé tout à l'heure de l'unité de vigilance, l'unité de vigilance se réunit, etc., et évidemment les discussions se
font actuellement, et les échanges se font avec l'entreprise et les différents
partenaires. Mais, lorsque le plan d'urgence va nous satisfaire, le plan
d'urgence sera rendu public.
M. Drainville : ...pas du
plan d'urgence, là. Là, je parle d'une liste de montants versés aux
municipalités québécoises pour l'achat
d'équipements. Est-ce qu'on a une liste comme celle-là? Est-ce que c'est
possible de déposer cette liste-là
des montants qui auraient été versés par Enbridge aux municipalités pour
l'achat d'équipements d'urgence? Est-ce que ça existe, cette liste-là?
M.
Arcand : Je pense qu'il y a
des négociations actuellement. Il y a des discussions au moment où on se parle.
Moi, je peux vous dire que, dans le dernier budget du Québec qui a été déposé,
on prévoyait 3,4 millions pour la recherche et l'acquisition de
connaissances afin de favoriser l'élaboration de plans d'urgence
environnementaux.
M.
Drainville : Mais, M.
le ministre, ça, c'est l'État, c'est les contribuables qui paient, là. Moi, je
ne parle pas des contribuables.
M.
Arcand : ...savoir
combien Enbridge va donner aux municipalités. C'est ça que vous voulez...
M. Drainville : Je veux
savoir s'ils ont donné ou combien ils vont donner s'ils n'ont pas déjà donné.
M.
Arcand : Bien, écoutez, il n'y
a pas de montant actuellement. C'est prématuré de pouvoir répondre à cette
question-là au moment où je vous parle.
M.
Drainville : O.K.,
mais est-ce qu'Enbridge s'est engagée auprès de l'unité de vigilance à aider
financièrement les municipalités, tel que le demande la recommandation 9,
la condition 9 du rapport de la CAPERN?
M.
Arcand : Bien, ça
fait partie des 18 conditions, donc Enbridge s'est engagée. C'est ce qu'on
me dit.
M.
Drainville : O.K.,
mais là, là, ça n'avance pas diable, là, hein, parce qu'on a un début de test
hydrostatique, mais c'est vraiment un
très modeste début, c'est ce que je crois comprendre. On a un plan d'urgence
sur l'approvisionnement en eau qui a
été déposé il y aurait trois ou quatre semaines et qui est à l'étude
présentement. On ne sait pas encore si Enbridge va aider les municipalités à mettre à niveau leurs équipements
d'urgence. Alors, je vais m'essayer sur autre chose : Est-ce que vous avez des rapports sur les exercices de
simulation par Enbridge tel que le demande la recommandation 10? Est-ce
qu'on a de l'information là-dessus?
M.
Arcand : Je
pourrais demander à ma sous-ministre, c'est elle qui assiste aux réunions, là.
Je pourrais lui demander.
• (17 h 30) •
Mme Asselin (Luce) : Alors, oui,
merci, M. le Président. Luce Asselin, sous-ministre associée à l'Énergie.
Oui, il y a
eu des simulations qui ont été faites, pour lesquelles Enbridge rencontre... Il faut
comprendre aussi que l'entreprise
agit sur le terrain, mais on ne reçoit pas un téléphone au préalable à chaque
fois. Alors, ils ont vraiment un plan
d'action, et, lorsqu'ils se retrouvent devant nous, à l'unité de vigilance, ils
nous font rapport des derniers gestes qui ont été posés.
M. Drainville : Est-ce qu'il est possible d'avoir
la liste et le détail des activités de mesures d'urgence, simulations et formations qui vous ont été transmises par
Enbridge, qui ont été transmises à l'unité d'urgence... l'unité de vigilance,
dis-je?
M.
Arcand : Ma
réponse, ma réponse au député de Marie-Victorin : Il a présenté une motion
à l'Assemblée nationale, on a accepté cette
motion-là. Il y a 18 recommandations. On a dit que le rapport serait
produit au mois de juin. Je dirais au
député de Marie-Victorin : Laissez le comité travailler. Vous allez avoir
un rapport, et, si, dans ce rapport-là, il n'a pas de satisfaction, si
le résultat n'est pas concret par rapport à toutes ces recommandations-là, il
est clair qu'on va avoir un problème. Alors,
je veux juste qu'on comprenne qu'il faut laisser la chance aux gens. C'est
parce que, là, on est en train de discuter avec la compagnie, c'est ce que je
comprends. Et il y a une réunion, je pense que c'est la semaine
prochaine?
Une voix : ...27 avril.
M.
Arcand :
27 avril, on me dit. Il y a une réunion le 27 avril. Il va y avoir
des réunions au cours des autres semaines
également, on doit produire un rapport. Il y a eu des rencontres parce qu'il y
avait certains enjeux. J'ai vu cette semaine que le maire Coderre et le président
d'Enbridge se sont rencontrés sur ces différents enjeux là. Ma réponse à ça,
c'est de dire : Laissez-les travailler, puis vous aurez votre rapport. On
vous a dit qu'il y aurait un rapport puis que le rapport va être public, puis
tout ça, alors je pense qu'il faut laisser travailler les gens.
M. Drainville :
Oui, mais, en tout respect, M. le Président, le ministre de l'Énergie pourrait
s'inspirer du maire Coderre, qui, lui,
n'attend pas un rapport pour parler au nom de Montréal. Pourquoi est-ce que le
ministre, notre ministre ici présent,
ne monte pas un petit peu le ton, là, pour dire : Écoutez, là, le rapport,
là, de la CAPERN, il date de 2013, on
est rendus en 2015, on a reçu votre rapport d'urgence sur l'approvisionnement
d'eau potable il n'y a même pas un
mois, on ne sait toujours pas ce que vous allez verser comme aide financière
aux municipalités pour qu'elles puissent avoir les équipements nécessaires pour réagir en cas d'urgence, les
tests sur la fiabilité du réseau, ça commence, mais c'est visiblement très peu avancé... Ah! tiens, je vais
m'essayer avec autre chose, la garantie de 1 milliard. M. le ministre, la
garantie de 1 milliard, elle est-u déposée quelque part? On l'a-tu, la
garantie financière de 1 milliard qu'Enbridge...
M.
Arcand :
Bien là, je peux vous répondre facilement, parce que c'est dans le projet
fédéral, alors ils n'ont pas le choix, il faut qu'ils mettent ça, alors
la garantie est de 1 milliard.
Maintenant,
pour répondre à votre question également, tout à l'heure, c'est parce que les
ministères sont là, le gouvernement du Québec est là, le gouvernement
est représenté non seulement par le ministère de l'Énergie, mais les autres ministères qui sont impliqués, y incluant
la Sécurité publique. Ce n'est pas que... Je sais, je sais que le député essaie
de trouver, là, les choses, là, qui vont
aller mal. Qu'il attende donc d'avoir le rapport public. Quand il aura le
rapport sur les 18 recommandations, il pourra faire ses
commentaires à ce moment-là.
Je
veux juste dire que, sur la question du milliard, oui, ça fait partie des
règles, des normes, maintenant, dans la nouvelle loi fédérale. Alors, je pense que c'est bien important qu'on
puisse laisser, encore une fois, les gens travailler.
Le Président (M.
Morin) : ...M. le député de...
M.
Arcand :
Nous, d'ailleurs, on...
Le Président (M.
Morin) : Oui, excusez.
M.
Arcand : Je
pense que le Parti québécois, quand il était au pouvoir, là... Les recommandations de la CAPERN,
je ne sais pas jusqu'à quel point ils les ont suivies à l'époque où ils
étaient au pouvoir. Nous, on les suit actuellement, les réunions se font.
Je
comprends que le député voudrait que les choses avancent très, très, très rapidement, mais ce sont des dossiers complexes. Les plans d'urgence, avant de donner
aux municipalités... Il
faut savoir ce que le plan d'urgence
comprend. Et, une fois que tout ça
sera fait, le reste va débouler beaucoup plus rapidement. Alors, c'est ça que je dis au député. On ne
parle pas d'un rapport qui va être publié
dans six mois d'ici, on parle de quelque
chose qui va se faire dans les
prochaines semaines, et même avant le 12 juin.
Le Président (M.
Morin) : M. le député.
M. Drainville : Je suis content qu'il y ait un rapport. Mais
ce n'est pas tellement le rapport qui me questionne, c'est, je
dirais, l'attitude générale par rapport au dossier Enbridge. Je vous sens passif puis j'aimerais ça vous sentir
un peu plus, je ne sais pas, avenant, peut-être? Prévoyant, plus exigeant,
qu'on sente que vous êtes actif, que
vous êtes aux aguets, que vous mettez
de la pression, que vous vous assurez que la compagnie comprenne que, pour l'autorité politique responsable du
ministère de l'Énergie et premier responsable politique au Québec de ce
dossier-là, je commence à m'impatienter.
J'aimerais ça que vous bougiez un petit peu plus vite. On aimerait ça sentir
ça. Pourquoi, c'est trop vous demander,
M. le ministre, de dire à la compagnie : Là, on aimerait ça, là...
Pourquoi le maire Coderre est capable de le faire, puis vous, vous ne pouvez pas le faire? Dites-moi donc ça, en
tout respect, là. Vous savez, je vous aime bien, mais je...
M.
Arcand :
Mais oui.
M. Drainville :
Vous savez que je vous aime bien, mais...
M.
Arcand :
Mais oui, moi aussi.
M. Drainville :
...pourquoi le maire Coderre, lui, il s'en va au batte, politiquement, puis il
met de la pression sur Enbridge, puis moi, je ne sens pas cette volonté
puis cette attitude de votre part?
M.
Arcand : Moi, je
pense que... Premièrement, moi, j'aime ça faire confiance à ma machine, premièrement. Les directives qui ont été
faites sont très claires. Les gens savent exactement ce à quoi
s'attendre, et mes représentants qui sont sur place ont un accès, premièrement.
Deuxièmement, vous n'avez pas de leçons à me donner. Moi, je peux vous dire que,
quand on a parlé aux gens de l'ONE, entre autres, sur ces questions-là, ils ont dit : Ah! le Québec
existe. Parce que, dans le temps du Parti québécois, ils ne
parlaient pas aux gens de l'Office national de l'énergie. On ne leur parlait
pas, il n'y avait aucun contact, aucun échange. Personne ne savait ce qui se
passait.
Alors, nous, on va intervenir à
l'Office national de l'énergie. Nous, on a des liens à l'Office national de
l'énergie. Nous, on parle directement à la compagnie via nos intermédiaires qui sont ici. Alors, je pense
que c'est important de le souligner.
Et donc je n'ai pas de leçons, là, de morale et des leçons d'attitude à avoir
de la part du député de Marie-Victorin. On
fait notre travail, on fait notre travail efficacement. On a une unité de
vigilance qui fonctionne, avec des représentants du gouvernement qui
sont là et des représentants de tous les ministères qui sont impliqués.
Alors,
je ne vois pas en quoi le député de Marie-Victorin, là, veut s'inquiéter, veut créer de la panique.
Je sais que ça fait partie de son
rôle dans l'opposition de vouloir inquiéter les gens parfois, mais, moi,
ce que je dis, c'est que, si on a à
inquiéter les gens, on va les inquiéter pour des vraies raisons. Mais là, pour
l'instant, le travail se poursuit, le travail continue, et il n'y a pas de raison de croire actuellement, là, que la compagnie ne respectera pas les 18 recommandations.
Et, si elle ne le fait pas, bien, on agira en ce sens-là. C'est ça que je peux
vous dire à ce stade-ci.
Le Président (M.
Morin) : M. le député de Marie-Victorin.
M. Drainville : M. le
Président, sur la question
de la traverse des cours d'eau, là, puis la présence des vannes le long des cours d'eau, là, ce n'est pas le ministre de l'Énergie qui est allé au batte, là,
là-dessus. C'est la CMM, là, c'est la Communauté
métropolitaine de Montréal qui a soulevé cette question-là sur le fait que les
vannes, dans le fond, qui servent à fermer le tuyau étaient beaucoup trop
éloignées des cours d'eau, que la disposition des vannes faisait en sorte
que ce n'était pas sécuritaire. C'est la CMM qui a attiré l'attention
là-dessus.
Alors, la CMM tire la
sonnette d'alarme, et là on a une lettre de l'Office national de l'énergie,
datée du 6 octobre, qui dit :
«L'office constate [...] que seulement six des 104 franchissements de
cours d'eau importants énumérés par
Enbridge jusqu'à [maintenant] semblent avoir des vannes installées à moins de
1 kilomètre de part et d'autre du cours d'eau; dans la majorité des cas, les vannes semblent être installées à
plus de 10 kilomètres du cours d'eau sur au moins un côté.» Mais ce n'est pas le gouvernement du
Québec qui soulève ça, là, c'est la CMM. C'est eux autres qui vont soulever
la question, également, de la modélisation
des déversements. Puis là Enbridge va répondre à la CMM que la CMM doit d'abord signer une entente de confidentialité
avant de fournir l'information au comité de vigilance, parce que la CMM a son
propre comité de vigilance, c'est ce que je comprends en tout cas.
Vous,
les avez-vous demandés? Avez-vous demandé au nom du Québec ce que la CMM a
demandé à Enbridge? Ce n'est pas à la
CMM de prendre le leadership dans le dossier Enbridge, c'est au gouvernement du
Québec de prendre le dossier du leadership. Ce n'est toujours bien pas
Coderre, en tout respect, maire Coderre, qui est maire, qui est responsable de...
qui est ministre de l'Énergie, hein? Tu sais?
M.
Arcand :
Bien, je pense...
• (17 h 40) •
M. Drainville :
Bon, bien, le ministre de l'Énergie, ce n'est pas le maire Coderre. Le ministre
de l'Énergie, c'est le ministre qui est devant nous aujourd'hui. Bien
oui, mais c'est ça.
Les
volumes précis de déversements encourus en cas de rupture de l'oléoduc, on les
a-tu, les volumes précis de déversements
encourus en cas de rupture de l'oléoduc? Moi, je pense que c'est pas mal
important, ça, de savoir c'est quoi, la
quantité de pétrole qui pourrait s'écouler s'il y a une rupture de l'oléoduc.
On peut-u avoir au moins une réponse puis se faire dire : Oui, là-dessus,
au moins, on a avancé? Là-dessus, là, Enbridge nous a donné l'info. Sur tout le
reste, c'est en traitement, en évaluation, on commence à avoir des
bribes d'information. On peut-u, sur les volumes précis de déversements
encourus en cas de rupture de l'oléoduc... je peux-u me faire dire : Oui,
là-dessus, on a l'info?
Le Président (M.
Morin) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Je pense que le député est en retard dans les lettres, là, qui ont été envoyées
au mois d'octobre. Puis, deuxièmement, je peux vous dire que, la
condition n° 16, la condition n° 18, déjà l'Office national de
l'énergie a approuvé les dépôts d'Enbridge
sur ces questions-là. Donc, les deux conditions, la condition de disposition
des vannes et également sur le plan de gestion des franchissements de
cours d'eau, ça a été déjà accepté par l'Office national de l'énergie. Puis je pense que l'Office national de
l'énergie, il y a assez de monde là-dedans, ils ont assez de compétence
pour être capables de juger sur si c'était correct.
La
lettre dont fait référence le député de Marie-Victorin, ça faisait partie des
constatations de l'Office national de
l'énergie qui avaient été examinées. Et l'office a écrit à Enbridge, et
finalement ils se sont entendus, et donc il y a eu une correction. Donc, le n° 16 puis le
n° 18, c'est réglé, M. le député. C'est tout à fait réglé. Alors, il y a
des choses qui ne sont pas réglées puis il y a des choses qui sont
réglées. Ça fait partie, ça, des choses qui ont été réglées.
Le Président (M.
Morin) : M. le député de Marie-Victorin.
M. Drainville :
Ce n'est pas parce que c'est réglé par l'Office national de l'énergie que ça doit
être réglé par le ministre de
l'Énergie du Québec. Dans le cas des vannes, là, il y a un groupe, Les Citoyens
au courant, qui questionne justement
la décision de l'ONE, parce qu'il constate que, dans 92 cas sur 95, les
vannes ne sont pas installées à moins de
1 kilomètre de part et d'autre du franchissement des cours d'eau tel
qu'initialement requis par l'office. Ce n'est pas parce que l'office dit : C'est beau, Enbridge, on
est contents, que le ministre de l'Énergie du Québec est obligé de dire :
C'est beau, Enbridge, on est contents.
M.
Arcand : ...une
guerre avec les experts.
M.
Drainville : Non, ce n'est pas une guerre que je veux.
M.
Arcand : Ah! O.K.
M. Drainville :
Moi, je veux rassurer les citoyens puis je veux m'assurer que ce projet-là se
fasse d'une façon qui est
sécuritaire. C'est ça, ma job, comme député de l'opposition responsable des
dossiers d'énergie. C'est ça, ma job, aujourd'hui,
c'est de vous poser ces questions-là pour m'assurer que ça se fasse
correctement. Si vous étiez à ma place, vous poseriez les mêmes questions. D'ailleurs, vous l'avez été, à ma
place, à un moment donné, pendant 18 mois, puis vous faisiez votre
job d'opposition. Alors, reprochez-moi pas de faire la mienne aujourd'hui.
Ce
que je vous dis, c'est que... Assoyez-vous pas sur l'ONE. L'ONE, ils font un
bout, mais ce n'est pas de dire : Ah!
bien, l'ONE a dit oui, ça fait que c'est correct pour moi. Non, non. Non, non.
Non. Regardons, là, à sa face même : Est-ce que c'est satisfaisant?
Tiens,
je vais vous donner un autre exemple : l'ONE, là, sur les tests
hydrostatiques. Alors, la porte-parole de l'ONE a déclaré que les tests
hydrostatiques n'étaient pas le meilleur outil pour voir l'état de la conduite
et qualifie le test de méthode ancienne qui
pourrait abîmer les conduits des pipelines déjà en service. Alors, visiblement,
ce que j'ai compris de la réponse tout à l'heure, de la sous-ministre,
c'est que les tests hydrostatiques, pour le gouvernement du Québec, ils sont importants. Puis ce n'est pas parce que
la porte-parole de l'ONE dit que c'est une méthode ancienne qui pourrait
abîmer les conduites des pipelines que vous
êtes d'accord avec elle, hein? On s'entend là-dessus? Je pense que les tests
hydrostatiques, ils sont importants pour vous, même s'ils ne le sont pas pour
l'ONE.
Ça
fait que, si l'ONE, elle dit que c'est correct pour les vannes, vous avez le
droit de dire non. Vous le dites, non, d'après
ce que je comprends. Vous le dites, non, pour ce qui est des tests
hydrostatiques. Vous les voulez, les tests hydrostatiques, vous les avez demandés, puis ils commencent à
arriver. Bien, c'est ça, tu sais? Vous me dites : L'ONE demande ci... Si
on leur dit : Oui, c'est beau,
on se contente de ça, la... Je vous dis : Prenez le leadership. Prenez le
leadership, inquiétez-vous pas. Si
vous le prenez, le leadership, Enbridge n'aimera pas ça puis ils vont peut-être
répondre un petit peu plus qu'ils répondent présentement. C'est ce que
je pense. C'est ce que je pense.
Le Président (M.
Morin) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Je pense que le député de Marie-Victorin a plus de problèmes avec un organisme
fédéral qu'il a un problème avec
Enbridge, d'après ce que j'entends aujourd'hui. D'ailleurs, hein, au niveau de la transparence, là, je peux vous dire, M. le Président, que le Parti
québécois, quand il était au pouvoir,
ils ont commandé un rapport sur Enbridge qu'ils n'ont jamais rendu public. Alors, tu sais, au niveau de la transparence, là, nous, là, on s'est engagés à ce que les
18 recommandations soient rendues publiques au début du mois de juin.
Maintenant,
sur cette question-là, on a accès au maire, on a accès à la
compagnie, on a accès à l'Office national de l'énergie. Quand il y a quelque
chose qui ne fait pas notre affaire, on le dit, on ne lâche pas. Alors, je n'ai
pas besoin d'avoir des leçons, encore une fois, du député sur cette
question-là. On fait notre travail. Le travail, il est fait correctement
et il va être fait en toute transparence
lorsque le moment sera venu. Je ne peux pas être plus transparent que ça. J'ai
même donné une date au député. J'ai
dit que, d'ici le 12 juin, il y aurait un rapport qui serait rendu public.
Alors, je ne sais pas pourquoi il nous reproche actuellement...
Puis,
quand il y a des gens qui ne sont pas d'accord avec l'ONE, ils en discutent
puis ils trouvent les solutions. On
n'est pas à la remorque de personne. Puis le Québec a sa voix, puis il a sa
voix via différents ministères, que ce soit l'Environnement, que ce soit
l'Énergie, que ce soit la Sécurité publique. Alors, je pense qu'on est
présents, on est là, on n'a pas besoin de
faire des déclarations spectaculaires pour la galerie. On travaille de façon
importante. Et nous, on analyse les
choses qui doivent être analysées, puis on va à l'extérieur lorsque c'est
nécessaire de faire ça à l'extérieur. On n'est pas à la remorque de
personne.
Puis, quand on arrive
dans des choses extrêmement précises comme des dossiers et des analyses de
tests hydrostatiques, je pense que le député
n'est pas capable d'analyser ça, moi non plus, alors on a nos experts puis on
délègue. C'est ça, notre job, c'est
de déléguer aux gens qui connaissent ça. Il y a des gens dans l'ONE qui
connaissent ça, il y a des gens à
notre ministère qui sont capables d'évaluer ça, et il faut que tout le monde
s'entende. On a une obligation de résultat pour les citoyens du Québec,
et c'est ce qu'on fait, M. le député.
M. Drainville :
O.K., mais — il me
reste 30 secondes, là — quand l'ONE déclare que le test
hydrostatique n'est pas le meilleur
outil pour voir l'état de la conduite et qualifie le test de méthode ancienne
qui pourrait abîmer les conduits des
pipelines déjà en service, est-ce que vous pouvez, au nom du gouvernement du
Québec, me dire : On n'est pas d'accord avec l'ONE là-dessus, sur l'utilité des tests hydrostatiques, là-dessus
on a deux visions : l'ONE a la sienne, puis nous, on a la nôtre?
M.
Arcand :
Quand on discute...
Le Président (M.
Morin) : C'est terminé, mais vous pouvez...
M.
Arcand : Vous savez, c'est des discussions qui fonctionnent. Nous, au ministère, on a des
experts, puis on a les gens
d'Enbridge avec qui on discute, puis on a des gens de l'ONE, et, s'il y a un
problème fondamental, inquiétez-vous pas,
on va se tenir debout puis on va le dire qu'il y a un problème fondamental. On
n'est pas à la merci de personne, soyez sans crainte, M. le député.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. le ministre. Est-ce que le député d'Abitibi... Oui.
• (17 h 50) •
M.
Bourgeois : ...oui, merci, M. le Président. J'aimerais pouvoir faire
un complément au niveau de l'information qu'on a discutée depuis tantôt, au niveau de toute la question de la
structure du réseau énergétique. On a donc abordé le thème un peu des éoliennes. On a parlé également
des minicentrales. On a parlé du réseau en général. Mais je pense que ce qui
est important, qu'il faut retenir là-dedans, c'est la vision qu'au Québec on a,
dans le fond, un ensemble de sources d'approvisionnement,
mais également une préoccupation au niveau de la... on le sait, la meilleure
énergie, c'est l'énergie qui est bien
utilisée, donc aussi des mesures nous permettant des économies d'énergie au
niveau des habitations. Là aussi, on a une stratégie qui a été
développée en termes d'efficacité énergétique.
Et, il faut
bien comprendre, quand on parle de l'éolien, l'éolien, ça se couple très bien
avec l'énergie hydroélectrique, puisque,
quand on a des vents favorables, on peut à ce moment-là fermer, comme on dit
chez nous... on ferme la valve, on
garde cette énergie-là en... Donc, on accumule l'eau pour nous permettre de
l'avoir disponible dans des périodes de pointe, soit pour répondre à nos besoins ou éventuellement à des besoins
qui pourraient venir de clients à l'extérieur du Québec.
Tantôt, mon
collègue parlait, entre autres, de la situation avec l'Ontario. On peut parler
aussi du marché américain. Je pense
que ça offre des opportunités qui
nous permettent non seulement d'aller chercher de l'efficience au niveau de l'ensemble du réseau et de la mettre à contribution pour le bénéfice des
Québécois dans sa qualité de prestation de services, mais aussi en termes de revenus potentiels pour
l'État, pour l'ensemble des Québécois. Et là-dessus j'inviterais peut-être M.
le ministre à nous donner un petit peu plus d'explications dans ce qui
touche ce qu'on appelle l'approvisionnement de base et l'approvisionnement de pointe. Qu'est-ce qui fait la
différence de ce côté-là, pour le bénéfice de l'ensemble des Québécois?
Le Président (M. Morin) : M.
le ministre.
M.
Arcand : Bien, je suis heureux
que le député puisse nous parler justement de cet avantage que nous avons,
de cette espèce de couplage entre l'éolien
et l'hydroélectricité. La semaine dernière, j'étais aux États-Unis, où j'ai
rencontré beaucoup de personnes. Puis
je regarde actuellement les différentes opportunités qu'on a, et les différents
enjeux qu'on a, mais une des grandes
opportunités qu'on a, c'est que l'hydroélectricité... Vous savez, il y a un
enjeu aux États-Unis, là, qui est un
enjeu, je dirais, particulier, c'est qu'ils ne reconnaissent pas tout à fait...
ça dépend des États, là, puis ça dépend de certains, ils ne reconnaissent pas la grande hydraulique versus la
petite hydraulique, etc. Alors là, il y a, je dirais, un certain enjeu
de ce côté-là.
Mais je vous
dirais que, de façon générale, cependant, le fait d'être en mesure, avec de
l'hydroélectricité... puis de coupler
l'éolien avec ça, ça représente certainement pour nous un avantage très
important. Je pense que tout le monde va
reconnaître, dans ce secteur-là, qu'il y a véritablement un enjeu... disons, un
bénéfice important qui se fait très bien. Puis, la semaine dernière, je rencontrais même des gens d'Hydro qui ont
reconnu effectivement que, dans ce domaine-là, lorsqu'on a des vents qui sont favorables, qu'on a une puissance éolienne
qui est acceptable, combinée à celle de l'hydroélectricité... je pense que tout le monde reconnaît le bénéfice
très important que ça a. Alors, en ce sens-là, je vous dirais que je peux dire au député que nous
sommes... nous croyons que nous sommes dans la bonne voie. Et je pense que,
pour l'avenir du Québec, il faut absolument
qu'on continue dans cette direction-là, parce que clairement il y a des
avantages.
Mais il y a
d'autres systèmes, la biomasse entre autres, et d'autres qui peuvent
représenter aussi des avantages. Moi,
je vais travailler, dans l'élaboration de la politique énergétique, à m'assurer
que ces systèmes-là, que ces façons de faire,
dans n'importe quel domaine, qui sont à la fois verts, naturels, et ainsi de
suite... je peux vous dire qu'on va continuer à travailler dans cette
direction-là, et on va essayer d'avoir un plan qui est important.
Mais je
dirais également, pour répondre à cela, qu'un des très bons plans, et là-dessus
je rejoins le rapport sur la Commission des enjeux énergétiques, où
évidemment la maîtrise de notre énergie... Parce que c'est un peu le thème qu'ils ont actuellement, c'est que la meilleure
façon évidemment pour les Québécois de garder leur argent, et tout ça, c'est
évidemment l'efficacité énergétique, et ça,
je pense que c'est un des éléments qui va certainement être discuté durant la
politique énergétique. Je pense qu'il y a
des initiatives en efficacité énergétique, en innovation, qui sont multiples.
Ce sont des avantages économiques qui sont très évidents.
Et également
n'importe quelle personne va reconnaître que, parfois, des investissements en
efficacité énergétique, bien, ils le
retrouvent sur leur facture énergétique. Et d'ailleurs on a un bon travail à
faire, au Québec, de ce côté-là. On n'est
pas les meilleurs et on est loin d'être les meilleurs en matière d'efficacité
énergétique. J'en ai discuté même avec des gens qui m'ont dit : Le
Québec, de façon générale, et les Québécois sont les Hummer de l'énergie verte.
Ça, c'est l'expression qui était employée
pour dire que, oui, on a la chance de consommer une énergie qui est propre et
une énergie qui est renouvelable,
mais on n'est pas très, très efficaces, si on se compare aux Européens, et même
aux Américains, et au reste du Canada, dans l'efficacité énergétique.
Alors, il est
clair que l'essor de l'efficacité énergétique, il est important pour le Québec.
Il est important pour la poche des
citoyens, d'abord et avant tout, mais aussi parce que ça a permis la création
de nombreuses entreprises et, je dirais,
d'une industrie verte qui est importante.
Il y a plusieurs organismes qui se spécialisent dans
l'écoénergétique, si on veut. Chacun
offre des services pour une gestion de l'énergie qui est efficace. Et de
nombreux organismes viennent déjà
en aide aux citoyens dans le but de
rendre, que ce soit dans les cas de domiciles ou dans le cas d'entreprises... mais en tout cas
c'est beaucoup plus écoénergétique. Et, en ce sens-là, c'est très bénéfice.
Alors, je
pense que l'application de ces mesures est acceptée par la société. Je pense
qu'il faut faire une utilisation beaucoup
plus judicieuse de l'énergie. Et c'est en ce sens-là qu'on va travailler
certainement dans la politique énergétique.
Le
Président (M. Morin) : Merci, M. le ministre. M. le député d'Abitibi-Est.
M.
Bourgeois : Oui, M. le Président. L'autre enjeu important, le territoire du Québec est tellement vaste, on le sait qu'actuellement on a des secteurs qui ne sont pas desservis par
les réseaux conventionnels. Et j'en ai parlé un peu tout à l'heure, l'opportunité
qu'amènent les éoliennes du nouveau type, qui peuvent être efficaces dans des
régions nordiques, va nous permettre à la
fois d'aller chercher, encore là, plus d'efficience, mais également d'aller
desservir des communautés qui, il n'y
a pas si longtemps, ne pouvaient même pas s'imaginer qu'un jour elles auraient
l'opportunité d'être desservies par
des énergies vertes. C'est un fait fort important pour eux, parce que, dans
leurs valeurs, c'est aussi quelque
chose qui prime par rapport à la réalité qu'ils vivent. Et mon collègue d'Ungava en est un témoin de tous les jours. Dans son comté, il rencontre des intervenants qui,
j'en suis sûr, doivent le questionner fréquemment sur les opportunités qui maintenant se présentent à
eux.
Et
il n'y a pas si longtemps, je vous rappelle... M. le ministre en faisait état
tout à l'heure, la compagnie Raglan, la
mine Raglan, qui vient d'implanter avec Tugliq Énergie un projet
pilote qui actuellement est très performant, permet à
la fois de desservir adéquatement certains besoins énergétiques, mais aussi de diminuer l'empreinte environnementale de ces projets-là, parce que
les émissions de gaz à effet de serre sont directement réduites. Donc, je pense que là-dessus il faut saluer la vision que
notre gouvernement a, en termes de développement d'énergie, sur l'ensemble du territoire
québécois.
Oui,
les gens du Sud ont la chance d'avoir accès à un réseau efficace, même s'il y a des enjeux, par exemple, au niveau des lignes de desserte, qui doivent être
faites pour améliorer la robustesse du réseau, pour bien desservir l'ensemble
du territoire québécois. Mais, dans le Nord,
ces gens-là n'ont pas cette chance-là de pouvoir dire : Demain matin, là,
on a un réseau qui est là,
disponible, puis on n'a qu'à se brancher, puis soudainement tout fonctionne.
C'est beaucoup plus compliqué que ça.
C'est pour ça qu'il
faut soutenir des initiatives, qu'il faut soutenir la recherche dans ce
domaine-là, et c'est pour ça qu'on a mis en
place des projets structurants, porteurs d'avenir pour ces communautés-là, mais
qui servent aussi pour les autres
acteurs. On n'a qu'à penser à des gens qui développent des projets actuellement
à la fois dans le domaine minier,
dans le domaine forestier, même certains joueurs qui sont dans le domaine
touristique, l'exploitation de pourvoiries. Dépendamment des besoins qui sont identifiés, on est à mettre en place
une filière qui va nous permettre de répondre aux besoins de ces
acteurs-là avec une source énergétique verte.
• (18 heures) •
Tout ça fait en sorte
que, demain matin, les gens sont maintenant capables de monter un projet, de
faire des chiffres. Parce qu'aussi il y a
une question de rentabilité. Ce n'est pas rien qu'une question de capacité. On
est capables maintenant de chiffrer
les coûts associés avec cette réalité-là. Et, si on la compare, comme on
parlait tout à l'heure, avec une source d'approvisionnement, par exemple, au
niveau du diesel pour alimenter des centrales aux hydrocarbures, qui laissent une trace importante au niveau de la
production de GES, mais également ont un coût exorbitant et avec des risques environnementaux non négligeables, dans l'exploitation de
centrales de ce type-là, je pense qu'il
y a tout à fait lieu de
souligner cette possibilité-là et de bien l'accompagner pour faire en sorte que
le Québec puisse aspirer à demeurer un leader
dans le domaine mondial, à la fois dans l'éolien, à la fois dans la production
hydroélectrique... Parce qu'aussi,
là... Et moi, j'ai été témoin, pour
avoir participé à plusieurs reprises dans des processus d'acceptabilité
environnementale... Quand on a
l'occasion de voir comment les gens ailleurs dans le monde considèrent notre
capacité de produire de l'énergie avec
une connaissance fine, un réseau de fournisseurs... Nonobstant certaines
prétentions d'autres joueurs, ici on a une connaissance, une capacité de
produire des installations dont l'ensemble des Québécois doivent être fiers.
M.
le Président, je pense aussi à un autre secteur qui m'est très cher : le
domaine forestier, la production, à partir de résidus forestiers, à partir de biomasse, d'énergie. Encore là, on
est dans une filière fort intéressante. On veut que notre industrie forestière se positionne adéquatement.
Les marchés sont de plus en plus présents. Il y a des enjeux à être capables
d'utiliser la fibre, l'ensemble de la
matière ligneuse de façon efficace, la plus efficace possible. C'est là,
l'enjeu : ne pas faire juste de
la production de produits de première consommation, mais être capable d'aller
le plus loin possible dans la filière
et intégrer le potentiel énergétique qui se rattache avec le secteur forestier,
donc la biomasse. Et là-dessus il y a déjà
des projets. Mais je pense que, si on travaille avec l'ensemble des
industriels, là aussi on a des pistes fort intéressantes pour être capables d'à la fois diminuer
l'empreinte au niveau des GES et aussi amener une plus-value à l'ensemble de la
filière forestière.
Donc, M. le
Président, vous comprendrez, je pense, qu'on doit faire en sorte que l'ensemble
de la production énergétique doit être mieux
connue de l'ensemble des Québécois et que les enjeux soient mieux compris.
Malheureusement, on a tendance à vouloir critiquer ce qui est fait parce
que ça ne va pas assez loin, parce que c'est dans ma cour et que je ne veux pas être dérangé par ça. Mais
regardons-le dans la globalité, je pense que le travail avec le ministre, entre
autres avec les groupes qu'on a mis à contribution pour, dans le fond,
s'assurer d'aller encore un peu plus loin en termes de préoccupations et de
livrables pour l'ensemble de la filière énergétique du Québec, nous assure de
pouvoir livrer aux Québécois un réseau fort
intéressant, diversifié, solide, qui va leur bénéficier à eux, dans un premier
temps, mais qui va leur bénéficier
aussi avec la capacité qui nous permet de répondre soit à la venue d'industries
majeures sur le territoire québécois,
parce qu'on aura de l'énergie disponible à des coûts très compétitifs, et, de
l'autre côté, de pouvoir même en exporter,
si besoin est de la part de clients externes, mais, premièrement, pour le
bénéfice des Québécois et Québécoises, qui vont pouvoir travailler à
partir de cette disponibilité d'énergie là qui va avoir été mise à
contribution.
Donc,
là-dessus, M. le Président, j'aimerais que M. le ministre puisse nous rassurer
que cette vision-là, elle bien partagée par les groupes qui sont mis à
contribution dans les démarches, pour nous assurer qu'on aura vraiment une vision, comme le Plan Nord, qui nous mène, dans
plusieurs années, à un essor économique pour le bénéfice de l'ensemble
des Québécois et Québécoises.
Le
Président (M. Morin) : Merci, M. le député d'Abitibi-Est. M. le
ministre, qu'est-ce que vous pensez de ce discours enflammé?
M.
Arcand : Bien, je pense que...
Premièrement, je dois vous dire que je voudrais profiter de l'occasion d'abord
pour remercier le député
d'Abitibi-Est, qui, dans l'élaboration du Plan Nord, est très utile, parce
qu'il nous aide, entre autres, là,
sur la question du bureau de commercialisation. Je pense qu'il a réussi à
simplifier beaucoup certaines des choses qui étaient là-dessus.
Maintenant,
sur la question énergétique, je pense que, dans le Nord, actuellement,
l'objectif, c'est clair, c'est de réduire
évidemment la présence d'hydrocarbures, et ça, je pense qu'on partage cette
volonté-là. Cette direction-là, pour nous,
est incontournable. Et là, bien, avec les projets... On a parlé du projet que
nous avions à la mine Raglan, là, qui est une éolienne de 3 MW, et je dois vous dire qu'on a également des
projets très importants pour l'avenir. Et une des choses qui est majeure
pour nous, c'est évidemment le gaz naturel liquéfié, dans les domaines des
entreprises. Puis on parle beaucoup, là, de deuxième puis de troisième
transformation. Bien, je pense que l'apport de gaz naturel liquéfié, sur la Côte-Nord, ça peut certainement nous aider. Il y a
des entreprises qui sont intéressées. Il y a une entreprise qui s'appelle
Stolt, entre autres, qui a des projets. Il y
a Gaz Métro qui a triplé, aussi, sa capacité de gaz naturel liquéfié. Je
pense qu'il y a des opportunités
extraordinaires pour le bénéfice des communautés et également, M. le Président,
pour l'ensemble des Québécois, parce que, là, il va y avoir certainement
une réduction de nos hydrocarbures à ce moment-là.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. le ministre.
Compte tenu
de l'heure, je lève la séance, et la commission ajourne ses travaux au jeudi
23 avril 2015, après les affaires courantes, où elle
entreprendra l'étude des crédits du volet Développement nordique. Bonne fin de
soirée et à demain.
(Fin de la séance à 18 h 7)