(Neuf
heures trente-trois minutes)
Le Président (M.
Trudel) : Alors, bonjour à tous, bon matin. Alors, à l'ordre, s'il
vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles ouverte.
Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
Alors,
je vais relire le mandat : La commission est réunie afin de procéder aux
consultations particulières sur le projet de loi n° 43, Loi
sur les mines.
Alors, Mme la
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Martel
(Nicolet-Bécancour) est remplacé par M. Bonnardel (Granby).
Auditions (suite)
Le
Président (M. Trudel) : Alors, ce matin, nous entendons la
Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine!, l'Association des prospecteurs du Nord du Québec
et enfin l'Association des producteurs de tourbe horticole du Québec.
Alors, j'invite donc
nos premiers invités à nous faire leur présentation. Vous disposez de 10
minutes.
Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine!
M.
Lapointe (Ugo) : Merci, M. le Président. Donc, bonjour, M. le
Président. Bonjour, Mme la ministre. Bonjour, les députés de l'opposition,
M. Bonnardel, M. D'Amour. Donc, c'est un plaisir, pour nous, d'être
présents pour une troisième fois devant
cette commission, troisième tentative de réforme de la Loi sur les mines du
Québec en quatre ans.
Rappelons que la
Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine! a été fondée en 2008. Aujourd'hui,
on regroupe une trentaine d'organismes de
toutes les régions du Québec, principalement des milieux de la santé,
milieux citoyens, milieux environnementaux,
milieux syndicaux. L'ensemble des organismes membres de la Coalition Pour
que le Québec ait meilleure mine!
représentent collectivement 250 000 membres individuels de toutes les régions
du Québec, notamment les régions minières. La mission principale de la
Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine!, c'est de revoir les cadres et la façon dont on encadre et pratique les
activités minières sur le territoire québécois, notamment pour favoriser
des meilleures pratiques au point de vue social, environnemental et économique.
Donc, premier message
qu'on souhaite laisser ou dire aujourd'hui à cette commission, c'est que ça
prend une nouvelle loi sur les mines. Le fait de ne pas avoir de nouvelle loi
mine le Québec littéralement, le statu quo mine le Québec. Ça fait trois
projets de loi depuis 2009, 150 mémoires déposés devant cette commission,
trois rapports du Vérificateur général qui se sont penchés spécifiquement sur
les mines ou sur le ministère de l'Environnement qui encadre ce secteur, de nombreux débats, de nombreuses mobilisations
citoyennes. Le statu quo ne peut plus durer, on pense que ça prend une
nouvelle loi sur les mines.
On a entendu, depuis
le début de la commission, plusieurs intervenants, je dirais une grande
majorité aller dans ce sens-là. On souhaite
que ce soit fait dans les plus brefs délais, car, en l'absence d'un nouveau
cadre, de nouvelles balises, ce sont
principalement les citoyens et l'environnement qui écopent des conséquences
négatives de l'activité minière.
Donner quelques exemples. D'abord, le contexte.
Depuis 10 ans, l'activité minière a triplé au Québec. L'explorationminière a littéralement triplé, l'exploitation
minière a plus que doublé en valeur minérale produite. Ça se traduit par
plus de projets sur le territoire, ça se traduit par, bien entendu, plus de
risques et plus d'impacts, et on n'a toujours pas de nouvelle loi, de nouveau
cadre.
On
fait face aussi à des déficits majeurs dans les ministères responsables d'encadrer
cette industrie-là. Nous avons sonné
l'alarme à plusieurs reprises, le Vérificateur général a sonné l'alarme à
plusieurs reprises. Le dernier rapport du Vérificateur général, en 2013, était insatisfait des progrès effectués
dans l'encadrement des mines dans 70 % des recommandations qu'il
avait émises quatre ans plus tôt.
Quelques
chiffres pour illustrer. Nous avons répertorié depuis cinq ans, depuis 2008, l'équivalent
de 300 millions de litres de résidus miniers et de résidus liquides
qui se sont déversés dans les rivières et les lacs du Québec dans au moins une
douzaine de déversements miniers depuis 2008. Parmi cette douzaine, cinq ou six
sont d'importance, je dirais, majeure. On
aura l'occasion d'y revenir tout à l'heure avec des spécificités, mais, pour
nous, c'est une catastrophe qui est
inacceptable et qui traduit un manque de cadre réglementaire d'une part, un
manque d'application de ce cadre-là d'autre part, un manque de suivi et
de contrôle sur le terrain.
On
pourrait également citer la faillite d'au moins deux entreprises, une en 2010,
une en 2012, qui nous ont laissé pas moins de 70 millions de tonnes
de résidus miniers et probablement une facture qui oscille autour de
100 millions de dollars en sites miniers abandonnés. Autrement dit, les
sites miniers abandonnés, ce n'est pas seulement l'histoire des années 50,
c'est aussi l'histoire de 2010 et 2012.
C'est aussi une trentaine de communautés d'un
peu partout au Québec, dans toutes les régions, l'Abitibi, la Côte-Nord, les
Laurentides, l'Estrie, la Gaspésie, le Bas-du-Fleuve, qui ont vécu des
difficultés en relation avec des projets miniers, que ce soit d'exploration ou d'exploitation, au cours
des dernières années, des conflits, avec tout ce que ça implique comme
impacts sociaux, impacts environnementaux, impacts économiques. Et ça, c'est
dû, à notre avis, encore une fois, au manque de cadre réglementaire et au
manque d'application de ce cadre-là.
Comment on peut tolérer encore aujourd'hui qu'une
minière ait 99 avis d'infraction environnementale depuis quatre ans, 1 170 plaintes, et qu'on
dirait qu'il n'y a aucun régime de... sans impunité la minière continue, et c'est
comme si de rien n'était? Les déversements dont on a parlé tout à l'heure, à
notre connaissance, il n'y a eu aucune pénalité d'effectuée contre ces
compagnies-là. Donc, on a l'impression de vivre un peu dans un... non seulement
dans un vide juridique, mais dans un vide d'application
des lois. Ça fait qu'il y a quelque chose qui ne marche pas, au Québec,
avec l'encadrement minier, et c'est le temps qu'on le corrige — on l'espère — avec
cette commission.
• (9 h 40) •
Cela étant
dit, on vous propose, dans le mémoire, toute une série de bonifications qui
pourraient être apportées à la Loi
sur les mines. On reconnaît plusieurs avancées au projet de loi n° 43, que
ce soit sur le plan... au point de vue social, citoyen, des
collectivités, municipalités, MRC et de l'environnement. On propose aussi toute
une série de mesures qui pourraient bonifier le projet de loi.
Maintenant,
on insiste sur quatre principales, que je vais résumer simplement ici. Et on
aura peut-être l'occasion d'en discuter dans la période d'échange.
Mieux protéger les citoyens qui sont directement
touchés par les projets miniers, notamment ceux qui sont voisins des mines,
ceux qui subissent les nuisances ou les impacts des mines. Actuellement, il n'y
a rien dans le projet de loi pour ces gens-là.
Deuxièmement,
il faut des mesures qui permettent à la fois aux MRC, à la fois à l'État de
pouvoir déclaimer ou enlever des
titres miniers dans des zones sensibles du territoire, que ce soient des
sources d'eau potable, que ce soient des aires protégées, que ce soient des développements urbains. Il faut se
doter de ces outils légaux là qui n'existent pas encore.
Troisièmement, je l'ai mentionné tout à l'heure,
ça prend des mesures de contrôle terrain. Deux grandes solutions : renforcer les ministères au niveau des effectifs et des
ressources, d'une part; d'autre part, mettre sur pied des comités de
suivi indépendants à vocation prioritairement environnementale, obligatoires
dans la loi.
Et, quatrièmement, ne pas attendre la fin de l'étude
détaillée du projet de loi sur les mines pour tout de suite changer le
règlement devant assujettir toute nouvelle mine à une évaluation d'impact sur l'environnement
et à des audiences publiques du BAPE. Actuellement, on craint que des projets
miniers tombent dans les mailles du filet, si ce règlement-là n'est pas changé
dans les prochaines semaines, notamment le projet Matamec, qui pourrait devenir
la première mine de terres rares au Témiscamingue.
J'aimerais
maintenant prendre un instant — je me rends compte que j'ai oublié de le
faire — de
présenter mes collègues qui sont ici
aujourd'hui avec moi. Donc, à ma droite, M. Marc Nantel, premier
vice-président de la Centrale des syndicats du Québec et également
responsable des établissements verts Brundtland, 1 200 établissements au
Québec dans le domaine de l'enseignement. À
ma gauche, Mme Anne-Marie Saint-Cerny, directrice de la Société pour
vaincre la pollution, cumule pas loin de
25 années d'expérience terrain dans le milieu environnemental. Et, à ma
gauche encore, M. Daniel Green,
coprésident de la Société pour vaincre la pollution, et également une trentaine
d'années d'expérience dans le milieu de l'environnement au Québec.
Donc, là-dessus, M. le Président, combien de
temps nous reste-t-il?
Le Président (M. Trudel) :
Environ deux minutes.
M. Lapointe (Ugo) : Deux minutes. J'aimerais
peut-être laisser une minute à chacun de mes collègues pour compléter, s'ils
ont un mot à dire.
M. Nantel (Marc) : Alors, bonjour.
Simplement vous dire que la centrale endosse complètement le rapport qui a été déposé, les recommandations qui ont été
déposées par Québec meilleure mine, mais il y a quelques items qu'on
aimerait souligner, au niveau de la centrale, qui nous inquiètent beaucoup.
Tout ce qui touche l'autorégulation des
entreprises au Québec, combiné à un sous-investissement de l'État au niveau des inspecteurs, et tout ça, ça crée
vraiment une dynamique assez incroyable, et je pense que ça nous expose à
réagir seulement lorsqu'il y a des catastrophes, plutôt que d'être en amont et
puis d'essayer, là, de prévenir les coups. Alors donc, je pense qu'il y a, au
niveau de la loi, tout ce qui est autorégulation à régler.
La défense
des citoyens avant, pendant la période d'exploration, et tout ça, il y a eu des
améliorations qui ont été apportées,
on le souligne, mais ça devrait aller plus loin pendant l'exploitation, lorsqu'il
y a des griefs, d'aider les simples citoyens. David contre Goliath est
une image qui est sous-estimée, est en deçà de la réalité lorsqu'on parle d'une
minière face à un citoyen.
Et puis une
grande faiblesse, en tout cas, qu'on voit au niveau du comité de suivi :
lorsqu'on dit que ça doit être seulement au niveau économique, ça doit
aller plus large, sociétal et environnemental. Merci.
Le Président (M. Trudel) :
…secondes avant le début des échanges.
Mme
Saint-Cerny (Anne-Marie) :
Mon collègue Daniel Green et moi sommes rarement devant cette commission
pour parler de contamination, de maladies, de santé publique, et on a tenu à y
être aujourd'hui. On a fait, à la demande de
citoyens inquiets, le tour du Québec, littéralement le tour du Québec jusqu'à
la Baie-James, pour des projets de mine, parce que les gens sont
inquiets. On vous apporte une solution ici qui doit être mise dans la loi, qui
se fait ailleurs. On n'invente pas la roue, ce n'est pas
révolutionnaire. Et je pourrai vous donner d'autres détails tout à l'heure, si
vous le souhaitez, mais ce que je pourrais vous dire, c'est qu'à titre de
représentants de ceux qui tiennent en main
le bien du Québec et qui veulent aussi son développement économique, à notre
avis, et d'après ce que j'ai vu sur le
terrain avec mes collègues, vous n'avez pas le choix d'inclure une telle mesure
de protection des citoyens, parce que, l'acceptabilité sociale — dont
on n'a pas de définition — on
aura de plus en plus de misère à avoir des projets au Québec si on n'a pas des
mesures légales de protection des citoyens.
Le Président (M. Trudel) : Je
vous remercie. Alors, sans plus tarder, je vais passer la parole à la ministre
des Ressources naturelles.
Mme
Ouellet :
Merci, M. le Président. Donc, bien, dans un premier temps, bienvenue à la
Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine!, bienvenue. Je sais que
c'est une troisième fois, mais merci d'avoir encore accepté cette fois-ci notre
invitation de venir présenter un mémoire à l'Assemblée nationale. Donc,
bienvenue à M. Lapointe, à Mme Saint-Cerny, à M. Green et à
M. Nantel. Merci d'être ici.
Peut-être, d'entrée de jeu, certaines
préoccupations que vous avez soulignées. Sur le comité de suivi et de
maximisation des retombées économiques, en fait, c'était implicite, et je pense
qu'on aura tout avantage à le mettre explicite,
là, mais c'était «suivi et», donc c'était le suivi environnemental qui était
visé, là. Donc, juste vous rassurer
de ce côté-là, ce sera précisé. Et plusieurs
intervenants nous ont proposé, dans les autres présentations, de scinder le
comité, puisque c'étaient des objectifs qui étaient différents et que, la
composition, même s'il y a des gens qui peuvent se retrouver sur les deux comités, ça ne sera pas nécessairement exactement
la même composition. Donc, c'est des choses qui seront regardées. Donc,
ce qui était prévu, c'est que ce soient des comités, justement, indépendants,
en majorité, là, indépendants qui soient formés.
Vous avez
aussi souligné la question d'avoir le plus rapidement possible des
consultations publiques qui soient menées
par le Bureau d'audiences publiques en environnement pour tous les projets
miniers, tel qu'inscrit dans la loi, mais que, si ça pouvait se faire,
là, plus rapidement par règlement… Je peux vous dire que mon collègue ministre
de l'Environnement regarde déjà cet aspect-là.
Et finalement votre préoccupation quant au
suivi, renforcer les ministères, nous avons eu… je crois que c'est cette semaine, je ne sais pas si c'était mercredi
ou lundi, mais nous avons eu le Syndicat de la fonction publique qui
sont venus nous déposer un mémoire, qui nous
ont vraiment présenté, là, ces différents éléments là. Je vous répète un peu
ce que je leur ai dit, là, je suis très
sensible. Pour moi, l'expertise de la fonction publique, c'est très important,
et effectivement il faut développer l'expertise
de la fonction publique, il faut s'assurer d'avoir les moyens de faire
appliquer les encadrements que nous mettons en place. Donc, je suis très
sensible, là, à cette question-là.
J'aimerais avoir peut-être quelques précisions,
là, suite à votre mémoire. Et Mme Saint-Cerny, là, a un peu ouvert la porte,
mais peut-être aussi de la part de M. Lapointe. Vous parlez, dans votre
mémoire, là, bon, qu'il y a eu plusieurs
déversements, là, d'ailleurs certains qui sont très récents, et vous dites que,
s'il y avait des mesures de contrôle serrées préventives... J'aimerais
que vous m'en parliez un peu plus. À quoi vous faites référence avec ces
mesures de contrôle là et préventives? Qu'est-ce que vous pensez qui pourrait
être de l'ordre d'une loi sur les mines et qu'est-ce que vous pensez qui serait de l'ordre de règlements sur les mines et/ou
sur l'environnement, pour qu'on soit capables de voir à quel niveau il
serait pertinent d'intervenir pour mieux encadrer ce volet-là?
M. Lapointe
(Ugo) : Je vais me permettre
de répondre à la première partie et je vais laisser ensuite Mme
Saint-Cerny compléter.
Donc, sur la
question des comités de suivi, précisons que ce que recommande la Coalition
Pour que le Québec ait meilleure mine!, c'est une inscription claire,
précise dans le projet de loi n° 43, qu'un comité de suivi à vocation
principalement environnementale soit inscrit dans la loi, dont les modalités de
fonctionnement devraient être renvoyées dans
un règlement afin notamment de faciliter, là, l'adoption du présent projet de
loi et de pouvoir discuter plus amplement de comment vont fonctionner
ces comités-là.
Cela dit, nous, on a déjà une position qui parle
en gros de trois ou quatre grands principes généraux pour ces comités de suivi
là : indépendance, compétence, bon financement puis, je dirais, une base
juridique solide pour faire face, par
exemple, à des conflits qui pourraient survenir dans le cadre d'opération de
ces comités de suivi là. Il en existe ailleurs
au Canada. Les modèles qu'on aime bien — et Mme Saint-Cerny va pouvoir peut-être
compléter là-dessus — sont
les modèles d'Ekati ou de Stillwater au Montana.
Sur la question de l'expertise dans la fonction
publique, oui, nous appuyons et nous avons été aussi alarmés par les constats que fait le Syndicat de la
fonction publique du Québec, qu'il a faits cette semaine. Donc là, il y a
urgence. Ici, il y a peut-être… Une question
qui a été posée, c'est : C'est quoi, les besoins? C'est quoi, les
effectifs? C'est quoi, les ressources?
La mairesse, Mme Pelletier, si je ne me trompe pas, de Fermont — c'est-u ça, son nom de famille? — suggérait
que chaque mine ait une personne attitrée.
Bien, déjà, on parle d'au moins 25 personnes additionnelles de façon
urgente. On croit que c'est une suggestion qui pourrait être pertinente.
• (9 h 50) •
Maintenant,
je vais laisser compléter… Sur la question des comités de suivi et du contrôle
terrain, afin d'éviter des déversements
comme on a vécus à répétition ces dernières années, qui, à notre avis, auraient
pu être évités, s'il y avait eu des
inspections beaucoup plus régulières sur le terrain… Ce n'est pas normal que
des bris de digue surviennent à cause d'une pluie abondante peut-être
12 fois, là, dans les cinq dernières années, ce n'est pas normal. Que ça
survienne une fois, peut-être deux fois, ça
peut arriver, mais 12 fois, même on est rendu peut-être pas loin de
15 fois, ce n'est pas normal. Et ça ne prend pas une tête à Papineau, là, je veux
dire. La digue est là, il y a un niveau d'eau. Habituellement, tu as un
évacuateur de crue. S'il ne fonctionne pas, il y a un problème. Ce n'est juste
pas normal.
Donc, de toute
évidence, il y a un manque de contrôle terrain. Et je vais laisser
Mme Saint-Cerny parler de solutions possibles.
Mme Saint-Cerny
(Anne-Marie) : Oui. Alors, d'abord, les déversements, il faut s'entendre,
viennent des parcs à résidus. Et il faut bien savoir la gravité des choses, parce
que, dans les parcs à résidus, même ceux qui sont soi-disant restaurés, quand on a des 50, 100… 50 millions d'arsenic
ou de plomb dans les parcs à résidus, il faut bien savoir qu'il n'y a
aucune restauration possible. Lorsque ça se déverse, c'est une pollution
intense et majeure qui s'en va dans les cours d'eau toujours.
Les déversements
posent exactement la question du suivi, et ça, sans du tout empêcher la partie
contrôle, inspecteur terrain, il n'en reste pas moins que la seule et unique
façon de contrôler des déversements qui vont survenir…
C'est clair, parce qu'une structure humaine a un temps défini, surtout en ces
temps de changements climatiques ou
avec des pluies abondantes. Donc, la seule et unique façon de contrôler et de
vérifier, c'est avec un comité indépendant de monitoring environnemental qui inclut la communauté, et qui inclut
des experts scientifiques selon le modèle qu'on propose, et qui est sur le terrain pour aller voir. La majorité des
déversements sont dus à de la négligence, au faitqu'effectivement les mesures de précaution ne sont
pas suivies et que… Donc, s'il n'y a personne sur le terrain pour aller
voir ce qui se passe en tout temps, c'est clair et net que ça va se reproduire.
Ça, c'est la première chose.
Donc, la seule et
unique solution valable, c'est d'avoir une agence de monitoring par projet
financée par le promoteur entièrement mais
sans droit de regard, où toutes les données sont publiques et où les gens
peuvent intervenir, échantillonner et aller voir en tout temps sur le
terrain. Voilà la seule façon de prévenir, et c'est ça qu'on voudrait qui soit
enchâssé dans la loi, avec les modalités plus tard.
Deuxièmement,
il faut qu'il y ait des pénalités. Les déversements, une mine a un permis de
polluer, a un permis de déverser selon des modalités qu'on lui donne
dans un certificat d'autorisation, et maintenant dans les attestations, certificats, je pense… ou je ne sais plus comment
ça s'appelle. Bref, lorsqu'une mine comme Casa Berardi ou Niobec déverse
500 000 litres d'arsenic ou de… et que ça passe inaperçu, et que ce n'est
pas comptabilisé dans ses droits de rejet, elle va continuer à déverser.
Pourquoi se donner la peine de prévenir s'il n'y a aucune pénalisation?
Donc,
une mine devrait être assujettie, d'une part, à un suivi pour ne pas que ça
arrive, parce qu'on ne peut pas le réparer, c'est irréparable.
Deuxièmement, on doit comptabiliser ces rejets dans son permis de déverser et
de polluer. Et, si en un déversement elle
pollue pour cinq ans, bien il faudra qu'il y ait quelque chose qui se
passe effectivement, donc des pénalités qui peuvent être monétaires, de
réparation, etc., enchâssées dans un règlement ou dans une loi, que ça soit
comptabilisé.
Le Président (M.
Trudel) : C'est bien. Mme la ministre.
Mme
Ouellet :
Oui, merci, M. le Président. Je vois que… Puis je pense qu'effectivement un
comité de suivi environnemental a tout un
rôle local, régional à jouer, mais j'aimerais vous entendre un peu plus. Parce
que vous lui mettez beaucoup d'importance, mais moi, j'aimerais vous
entendre un peu plus sur la composition, parce que vous dites : Ça sera défini plus tard par règlement. Ça peut être
le cas, mais il faut toujours quand même bien le définir. Et vous savez
à quel point c'est sensible, comment on
définit les choses, et que le diable est dans les détails souvent, comme on
dit. Mais j'aimerais vous entendre sur quel genre de composition vous
voyez. Ce qu'on avait prévu, nous, il y a déjà une composition qui est prévue
dans le projet de loi, on prévoyait un comité majoritairement indépendant mais
tout de même qui puisse compter sur les
connaissances de la minière. Je voulais savoir un peu ce que vous en pensiez,
là, quant à la composition du comité.
M. Lapointe
(Ugo) : Encore une fois, je vais donner un premier volet de la réponse
et je vais laisser Mme Saint-Cerny compléter.
On
a eu l'occasion d'aller visiter les comités de suivi dans les Territoires du Nord-Ouest l'année dernière, donc les trois comités
de suivi qui ont été mis sur pied pour les trois mines de diamant là-bas, donc
c'est Ekati, Snap Lake et Diavik. Il nous
est apparu que… Et aussi en fonction de l'étude que Mme Saint-Cerny va peut-être
vous déposer, là, plus tard, une
étude, là, de la Colombie-Britannique, en 2011, qui a répertorié une trentaine de
comités miniers, pétroliers, gaziers
en Amérique du Nord ces dernières années. Ce qui semble assurer le
succès, l'efficacité de ces comités-là au
niveau de réduire l'impact sur l'environnement et les collectivités, là, parce
que c'est ça, l'objectif,
là : il faut qu'ils aient une indépendance, et cette
indépendance-là doit s'incarner réellement, et le promoteur ne doit pas siéger
et avoir droit de vote sur les décisions du comité. Le promoteur peut être
invité à témoigner, peut être invité à fournir l'information, d'ailleurs
il doit fournir l'information, mais
il ne doit pas être partie prenante
des décisions de ce comité-là, qui a un mandat, si on veut, de chien de
garde au niveau des impacts environnementaux et sociaux. Donc, voilà un premier
volet.
Le financement doit
être conséquent. Dans le cas de ces comités-là, on parle d'un financement de
500 000 $ à 600 000 $ par année pour chaque comité. Cela
permet d'engager deux permanences, peut-être trois, et de financer un conseil d'administration adéquatement, avec des
expertises souhaitables, là, dans ce conseil-là. Ça permet aussi de faire des analyses, des contre-expertises, avec ce
budget-là, sur une base annuelle et de rendre des comptes à la
collectivité par rapport à l'évolution des impacts, à l'amélioration, s'il y en
a, et les défis qu'il reste à corriger.
Donc, voilà. Je vais
laisser maintenant Mme Saint-Cerny compléter.
Mme Saint-Cerny
(Anne-Marie) : Il n'y a aucun exemple, et on le comprend bien, où la
minière siège qui peut fonctionner dans une communauté, c'est impossible par
nature. Il y a des liens qui se créent, il y a des emplois qui sont en jeu, c'est absolument impossible. Les
intérêts sont divergents. La minière a un profit — et c'est correct — à
faire sur 15 ans. La communauté a une survie à assurer sur des
générations. C'est incompatible.
Ce n'est pas
nécessairement conflictuel. Et d'ailleurs la seule façon de ne pas être
conflictuel, c'est probablement ça, ce type d'entente là, puisque le
mécanisme de règlement de conflit est décrit. C'est un mécanisme de règlement
de conflit qui est entièrement public, et il y a un jeu qui se fait entre la
communauté et le promoteur mais en bonne indépendance. Et on le voit à
Malartic, même, avec le rapport de Mme Gélinas. C'est impossible d'avoir
quelque suivi que ce soit, et on voit encore
des lettres et des inquiétudes au niveau des sautages, etc. Donc, il faut
vraiment trancher, il faut accorder à la communauté ce suivi. Et ce
suivi est fait non seulement financier et indépendamment, mais il est fait, et
c'est un peu, là, le… au-delà des déversements, il est fait sur un suivi de données
réelles.
Actuellement,
à Mine Arnaud, c'est la troisième… — Dumont, la même chose, on les a toutes
étudiées — c'est la troisième ou quatrième
modélisation de dispersion de l'air, des dioxydes d'azote et autres particules.
C'est comme si on faisait des modèles jusqu'à ce qu'à un moment donné ça
marche, tu sais, ça passe. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Un comité de suivi comme ça a le pouvoir de regarder, de
mesurer les changements dans l'eau, de mesurer les changements dans l'air,
parce qu'il a les moyens de le faire. Donc, ça prend la communauté, ça prend
des gens de l'extérieur pour enlever le… — excusez-moi le gros mot que
je vais prononcer — l'espèce,
un peu, de syndrome de Stockholm qui se crée
forcément puisque leurs emplois en dépendent, donc des universitaires, des OSBL
indépendants de loin qui sont capables de dire : Voici, dans votre rivière
il y a tant de cyanure. C'est une donnée fort…
Donc, le
modèle a été… Les seuls modèles qui fonctionnent, le meilleur modèle pour l'instant — ce n'est pas la panacée, mais c'est vrai au Dakota — c'est le Stillwater Agreement, qui a neuf
critères de base qui ont été étudiés. Et, en bas de ça, il n'y a jamais
rien qui va fonctionner. C'est sans arrêt un plasteur, qui s'en va au bout de
quelques jours. On le voit à Malartic. Voilà.
Le Président (M. Trudel) :
Mme la ministre.
Mme
Ouellet : J'irais
peut-être aux oppositions, puis on aura l'occasion de revenir.
Le Président (M. Trudel) :
Donc, j'ai le consentement de tous les partis pour qu'on y aille par blocs?
Alors, M. le député de Rivière-du-Loup.
M.
D'Amour :
Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Le Président (M. Trudel) :
Rivière-du-Loup—Témiscouata.
• (10 heures) •
M.
D'Amour : Merci, M.
le Président. Alors, bienvenue à cette commission.
Tout d'abord,
je tiens à vous dire qu'on partage l'objectif commun d'avoir une loi sur les
mines. Effectivement, il y a eu
plusieurs tentatives. Il y en a eu… On parle de 79, du p.l. n° 14, il
y a eu 197 qui a été proposé par nous l'automne dernier, et il y a l'actuel
projet de loi n° 43. Ce serait important qu'il y ait un encadrement,
puis ça, là-dessus, je tiens à vous rassurer.
Cependant, il
faut se dire une chose aussi, ce n'est pas un petit projet de loi qu'on a
devant nous. Et il nous reste encore, sur le plan des consultations
particulières, un certain nombre de mémoires à être… enfin, des groupes à être entendus, et on se prête à l'exercice avec
beaucoup de plaisir, avec beaucoup d'ouverture, puis c'est important qu'on
le fasse. Ceci dit, il y a aussi l'étude
détaillée article par article, et il y a plus de 300 articles. Alors, il
faut prendre le temps. Puis, pour
avoir eu l'occasion de parler à des intervenants tant en commission qu'à l'extérieur de la commission, les
gens nous disent une chose : Oui, il nous faut une loi, mais prenez le
temps de bien la faire, de bien la ficeler de manière à ce qu'elle soit
porteuse pour l'avenir du Québec.
M. Lapointe, vous disiez, tout à l'heure, vous
avez fait référence… et je reprends votre expression, vous avez dit : On devrait déclaimer certains
territoires. Moi, je voudrais que
vous nous donniez des exemples, à ce
moment-ci. Selon vous, là, qu'est-ce
qui devrait être retiré? Ça cause quoi comme dommages potentiels? Je veux en
savoir davantage.
M.
Lapointe (Ugo) : Donc, d'abord,
si vous me permettez, j'aimerais revenir sur la question de l'urgence d'avoir
une nouvelle loi sur les mines, si vous me permettez, et ensuite je vais
répondre à la question.
Donc, écoutez, c'est le troisième projet de loi
en quatre ans. Ce projet de loi ci, ce projet de loi n° 43,
reprend en gros là — et
on a fait le calcul — pas
loin de 80 % minimum, si ce n'est pas 90 % des propositions que le
Parti libéral faisait et avait acceptées dans le cadre du projet de
loi n° 14 et amendées. Donc, à notre avis, on n'est pas loin d'un
consensus.
Donc, on est
dans un contexte de gouvernement minoritaire. De toute évidence, le
gouvernement Marois a besoin de l'appui
des deux partis d'opposition pour passer cette loi-là rapidement, c'est la
seule condition possible. Est-ce qu'il y a une possibilité de volonté politique de la part de tous les partis,
incluant les partis d'opposition, de s'engager à peut-être négocier
quelques amendements précis puis arriver à une loi rapidement?
Une façon aussi de peut-être y arriver, c'est de
prévoir… Les mesures qui sont peut-être un petit peu plus «touchy», comme on pourrait dire, peut-être les
inscrire comme obligation dans la loi, par exemple on a parlé des
comités de suivi, mais de renvoyer une
discussion plus détaillée dans un règlement. Ça peut être une façon d'accélérer
le processus aussi,
parce que, pendant qu'on n'a pas de loi, bien les projets miniers continuent d'avancer
sur le territoire du Québec, et on n'a
pas de cadre, et on a des cas de citoyens qui vivent des impacts et un
environnement qui vit des impacts, et, pour nous, c'est inacceptable.
Donc, on insiste sur cette nécessité de volonté
politique de tous les partis d'agir dans l'intérêt supérieur du Québec. Après trois projets de loi, il y a quand
même eu beaucoup de détails d'étudiés, et je pense qu'on n'est pas loin
d'un consensus. Ça, c'est la position de Québec meilleure mine.
Maintenant,
au niveau de la question précise de déclaimer les territoires, en fait, ce qu'on
dit, c'est que l'État doit se donner des outils dans l'éventualité où il
y aurait besoin de déclaimer des territoires. Donc, les articles actuels du projet de loi, les articles 250, 251, 252,
devraient mentionner explicitement qu'ils s'appliquent aux claims miniers
existants. Autrement, si on ne fait pas ça,
bien on laisse… Par exemple, on a eu Richard Desjardins qui est venu il y a
quelque temps nous expliquer que, bien, la source d'eau potable de Rouyn
est claimée. On a entendu la ville de Rouyn nous dire : Écoutez, nous aussi, on a besoin d'outils pour
pouvoir définir clairement des zones d'exclusion, des zones avec
conditions plus strictes. Et là, actuellement, les articles 250, 251, 252,
ce n'est pas clair s'ils s'appliquent aux claims miniers existants ou non. Est-ce qu'on va se retrouver
dans une situation, par exemple, où on va permettre à un titulaire de
claim de forer, O.K., la nuit, alors que l'autre
qui a acquis son claim après le nouveau schéma d'aménagement n'aura pas le
droit de forer la nuit, puis ils sont côte à côte, là? Ça ne marche pas.
Il faut uniformiser l'application des nouvelles
zones incompatibles et des zones compatibles avec conditions, et, pour faire ça, il faut un outil clair, légal
qui dit : Bien, ça s'applique aussi aux claims miniers existants. Bon,
voilà. Ça, c'est le principe. Si on ne se donne pas cet outil-là légal,
bien, dans le fond, on vient dire : Bien, le claim minier, le titre minier a préséance sur toute autre décision,
considération locale et régionale, que ce soit une source d'eau potable,
que ce soit un périmètre urbain que la ville de Rouyn veut agrandir parce que
sa population grandit, que ce soit une aire protégée
ou un milieu récréotouristique que la région veut se doter pour diversifier son
économie, par exemple. Donc, voilà le principe. Je ne sais pas si ça
répond à la question.
M.
D'Amour : Oui, ça
répond à la question.
Le Président (M. Trudel) : M.
le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
C'est bien, cette fois-ci?
M.
D'Amour :
Peut-être revenir sur le projet de loi n° 14 puis… Vous parlez de
consensus, vous avez raison de soulever
ce volet-là des consensus. Des consensus existaient, M. Lapointe, depuis pas
mal longtemps, là. Depuis plus d'un an,
les consensus étaient sur la table. Malgré tout, il nous a fallu
200 heures de commission parlementaire, sans qu'on arrive à des
résultats. Et ce n'est pas parce qu'on n'a pas tendu la main, ce n'est pas
parce qu'on n'a pas essayé. Il y avait un blocage systématique, puis on en est
là aujourd'hui. Et je comprends qu'il y a des impacts. Et, je vais vous dire, les groupes qu'on entend, il n'y a pas personne
qui est venu nous dire, depuis le début des consultations particulières,
qu'il ne faut pas de loi, là, retarder ça, au contraire. On loge tous à la même
enseigne, mais on va faire les choses correctement,
on va prendre le temps. Oui, il y a des consensus, mais il y a de nouveaux
éléments là-dedans, puis il faut les questionner correctement. Puis, en
démocratie, je pense que c'est important. Puis moi, je suis content qu'on ait l'occasion
de vous réentendre. On vous a déjà entendus.
Je veux qu'on
revienne sur la question… peut-être les mesures, lorsque vous avez parlé
aussi — mais
vous êtes passés là-dessus très rapidement — sur les voisins des
mines, à travers ce qui est vécu. Puis ça nous ramène sur les mesures légales de protection. Est-ce qu'on peut
être plus précis, faisant référence carrément à des situations qu'on
vit?
M. Lapointe (Ugo) : Oui, merci, c'est
une excellente question, et j'aimerais rajouter juste une précision à la question
précédente. Effectivement, le Parti libéral prévoyait d'ailleurs le principe qu'on
puisse, dans certains cas, dire non ou
déclaimer des portions de territoire. Donc, ça, c'était un principe qui était inscrit
dans le projet de
loi n° 14 amendé, qui ne se retrouve plus dans le projet de
loi n° 43.
Maintenant,
sur la question des citoyens, effectivement… Et là, si vous me permettez, je
vais… J'aurais beaucoup aimé que
plusieurs des groupes citoyens directement impactés par les projets miniers
actuellement, que ce soit l'exploration ou l'exploitation, puissent
participer à cette commission, plusieurs ont été déçus de ne pas pouvoir le
faire. Donc, aujourd'hui, on essaie de se faire le porte-voix de ces
citoyens-là, avec tous les défauts que ça peut peut-être susciter, engendrer. Mais c'est important de comprendre que
nous, depuis six ans, on collabore avec plusieurs groupes citoyens de partout au Québec qui sont affectés par des
projets miniers, et il y a clairement un manque d'encadrement au niveau
des relations entre les citoyens et les
entreprises qui crée une dynamique de déséquilibre des forces et des relations
et qui crée des tensions sociales, qui crée des conflits, qui crée des
impacts psychosociaux importants chez plusieurs familles, plusieurs résidences.
Donc, on pourrait nommer, par exemple, Évain, récemment, pas loin de Rouyn,
80 familles qui avaient besoin d'aide,
d'accompagnement face à l'implantation d'un projet. Malartic, on en a entendu
beaucoup parler. Il y a des familles qui s'en sont peut-être
correctement sorties, mais il y a beaucoup de familles qui ont vécu beaucoup de difficultés lors du déplacement et aussi après
la mise en place. Et, encore aujourd'hui, il y a des familles qui vivent
à côté de la fosse qui ont des difficultés et qui sont laissés à eux seuls. On
pourrait penser à Mine Arnaud actuellement, 200 propriétaires
fonciers qui seraient directement touchés. On peut penser à Niobec, 100 à
200 propriétaires fonciers touchés; Saint-Camille, Wotton en
Estrie, 80 familles touchées par un projet. Et j'en passe et j'en passe.
On en liste une trentaine dans le mémoire.
Donc, à cet égard-là, rapidement, au niveau de
la protection et accompagnement des citoyens, le fait qu'on amène, dans le projet de loi n° 43, une
obligation d'autorisation écrite des propriétaires fonciers avant de faire des
travaux d'exploration, c'est une bonne chose, ça, c'est…
et qu'on élimine l'expropriation à l'étape de l'exploration, c'est une bonne chose. Maintenant, il faut que ça aille plus
loin, à notre avis. On pourrait inscrire, par exemple, à l'article 198
du projet de loi l'idée que les ententes de gré à gré qui doivent être conclues
avec ces citoyens-là doivent être encadrées selon
certains principes, certaines balises qui pourraient être discutées justement
dans le cadre d'un règlement, dont les modalités pourraient être
discutées dans un règlement, donc pas juste dire dans la loi : Monsieur
madame, entendez-vous avec la minière — parce que c'est à peu près ça que ça dit,
là — mais
plutôt : Monsieur madame, vous pouvez vous entendre avec la minière, mais en plus on vous donne un cadre pour ça,
on vous donne un accompagnement, et il y a des principes qui doivent être respectés. On en nomme quelques-uns, par
exemple s'assurer que le propriétaire qui négocie une entente ne soit
pas lié sur des impacts sur son voisin, là. S'il permet un forage, là, c'est
lui qui est responsable pour les dégâts qui
peuvent arriver sur les puits des voisins. Il y a une inéquité là. Là, il y a
bien des citoyens qui ne savent pas ça. Ils ont besoin d'accompagnement
juridique, ils ont besoin d'accompagnement technique.
Et là il y a du chemin qui s'est fait, ces
dernières années, avec certains projets. Il n'y a rien de parfait, mais il y a
quand même des bons exemples ici et là, Niobec en est un avec son approche au
niveau des processus d'acquisition. Donc, l'idée d'entente, oui, mais est-ce qu'on
peut renvoyer en discussion au niveau des modalités de, O.K., c'est quoi, les
ententes, comment on balise ça, ces relations-là? Puis je vous dis que, parmi
les minières, disons, parce qu'il y en a, des minières qui sont plus responsables
que d'autres, habituellement les plus responsables ont une politique interne de
gestion des relations avec les propriétaires fonciers, par exemple, qui est
beaucoup plus détaillée que ce que le projet de loi actuel propose. Et donc il
faut aller réglementer ça. Ça, c'est un exemple, au niveau des ententes.
Maintenant, lorsqu'il y a plusieurs ententes qui
doivent être négociées pour un même projet, là, à notre avis, il y a lieu aussi
qu'il y ait une base collective et un protocole d'entente collectif qui soient
établis pour respecter les principes d'équité, entre autres, de transparence et
de solidarité de la Loi sur le développement durable, pour ne pas que des citoyens
se retrouvent dans des situations plus critiques que d'autres sur la seule base de
leur capacité de négocier ou non. Donc, l'idée des protocoles collectifs
pourrait être inscrite aussi dans la loi lorsqu'il y a plusieurs ententes qui
doivent être négociées.
Maintenant, j'aimerais insister aussi, si vous me permettez,
sur le fait que, l'article 198, les mesures d'accompagnement qui y sont inscrites, c'est
une avancée. Par contre, on les trouve trop limitées en portée, parce qu'elles
s'appliquent seulement aux propriétaires de résidence familiale, mais nous, on
a des situations, là, un peu partout au Québec où c'est un propriétaire d'une terre agricole qui doit négocier l'acquisition
d'une partie de son terrain, c'est un propriétaire de terrain forestier, d'une terre forestière qui doit
négocier la perte ou l'acquisition d'une partie de son terrain pour
laisser place à une minière. Donc, on dit : Pourquoi ne pas étendre la
portée de l'article 198, les mesures de protection et d'accompagnement, dans le fond, à toute personne
qui doit négocier l'acquisition d'un bien pour permettre une activité
minière?
Voilà. Je
vais m'arrêter là, parce que je pense que j'ai donné plusieurs éléments. S'il y
a d'autres questions, on pourra peut-être compléter. Je ne sais pas si
mes collègues veulent compléter.
• (10 h 10) •
Le Président (M. Trudel) : M.
le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour :
Sur l'article 198, avez-vous eu l'occasion notamment de discuter avec la
commission… pas la commission mais l'Union des producteurs agricoles
là-dessus?
M. Lapointe (Ugo) : On n'a pas
discuté avec eux en rencontre, mais on a vu leur positionnement puis...
M.
D'Amour : Qu'en
pensez-vous?
M.
Lapointe (Ugo) : Bien, c'est
une bonne idée, dans le sens où... Le principe de base, c'est que l'activité
minière fait partie du développement
économique de plusieurs régions du Québec. Ça, c'est indéniable. Maintenant,
est-ce que c'est l'activité qui doit avoir forcément préséance sur les
autres activités économiques ou les autres activités sociales? Nous, on dit non, il doit y avoir une équité dans
les choix. Bon, les terres agricoles peuvent avoir une valeur très
importante dans certains secteurs, certaines municipalités qui sont… et on sait
qu'elles vont être là pour des générations à venir, donc il est légitime, à notre avis, de penser que les MRC ou les
municipalités puissent inclure ou exclure des activités minières de
terres agricoles, ça va de soi, si ça fait partie de la vision du développement
économique. On pense aux cas de Saint-Camille, Wotton, entre autres, là, mais
il y en a plusieurs autres.
Ma collègue veut peut-être ajouter un mot
là-dessus.
Mme Saint-Cerny
(Anne-Marie) : Oui, c'est ça. C'est que les mines se rapprochent, on
ne peut pas le cacher. Il y a des cas comme Dumont à Amos. Les gens d'Amos ont
fait plusieurs démarches, dont certaines ont été fructueuses, auprès du ministère de l'Environnement et de certains
ministères pour justement déclaimer des parties de l'esker, dont j'oublie le nom, Saint-Mathieu—Berry, je pense, pour le protéger, parce que leur
choix est que c'est une activité économique viable et choisie pour la
région. La future mine Dumont met en péril… est très, très proche des sources d'esker, d'une part, et, d'autre part, est
établie dans des communautés où il y a des terres agricoles et même en
partie forestières, et cette communauté est
inquiète et doit choisir, parce qu'il y aura 80 kilomètres carrés de
terre, si vous me permettez, virés à
l'envers, ça sera le plus gros trou… apparemment un des plus gros trous au
monde, dont 27 kilomètres carrés
de haldes, qui seront laissées là, d'amiante. Il y a plus d'amiante, il y a
10 % d'amiante et 0,2 % de nickel. C'est une mine de nickel. Donc, il y aura des haldes contenant
minimalement 10 % d'amiante qui seront laissées. Ces gens veulent la mine mais sont très inquiets parce que
cet amiante-là en vrac est dangereux. Leur esker, leur activité
économique est peut-être menacée.
Donc,
effectivement, il faut qu'il y ait cet équilibre. Et, encore là, le message qu'on
entend, c'est que ça doit être fait dans la Loi des mines mais que les
tensions augmentent, et les gens sont de plus en plus inquiets. Et donc vous
avez le pouvoir d'apaiser ça avant qu'il y ait braquage.
Le Président (M.
Trudel) : M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour :
Merci.
Le Président (M.
Trudel) : Pour l'instant, c'est complété?
M.
D'Amour :
Oui.
Le Président (M.
Trudel) : Maintenant, je vais céder la parole au député de
Granby.
M.
Bonnardel :
Merci, M. le Président. M. Lapointe, bienvenue. Messieurs dame. Rapidement,
parce que je n'ai pas beaucoup de temps. Je
suis très sensible, à la page 3, là, quand vous parlez d'abandon récent de
sites miniers, de ce que vous nous
avez montré comme photos, renforcer les contrôles terrain. J'ai juste une question où je trouve que
c'est un peu une contradiction dans votre mémoire
versus ce que le gouvernement a décidé de faire pour ces garanties
financières pour la restauration des sites miniers. À la page 3, vous
dites : «…de même que l'absence persistante de garanties financières suffisantes pour assurer la
restauration des sites miniers…» Est-ce que ce qui a été fait par règlement
n'est pas assez pour vous?
M. Lapointe
(Ugo) : O.K. C'est un fait qu'actuellement, dans les coffres de l'État
aujourd'hui, là — quelle
date on est? — 13 septembre
2013, il n'y a pas assez d'argent, au niveau des garanties financières, pour
garantir la restauration des sites miniers au Québec. O.K.? Ça, c'est un fait,
le Vérificateur général l'a relevé.
Maintenant,
on salue, d'une part, l'initiative libérale — parce
que c'est eux qui ont amené ça
initialement — de
dire : On va aller chercher, la
garantie financière, 50 % avant
que le projet démarre, 50 % dans les trois premières années. Et on félicite le gouvernement actuel pour avoir mis
en application ce règlement-là, qui, depuis le 22 août, là, est appliqué
au Québec, donc qui va permettre de sécuriser l'avenir de ces sites-là.
Maintenant,
est-ce qu'il va y avoir des brèches? Est-ce que ce règlement-là va être
effectif? Le temps va nous le dire.
Probablement… On espère que les garanties sont assez solides et que les
versements vont se faire dans des temps conséquents pour assurer que l'État
en aucun temps ne soit assujetti à un risque, comme le Vérificateur général le dénonçait, de faillite ou de se retrouver avec des
dizaines de millions, mais disons que l'adoption rapide de ce
règlement-là, sans attendre la fin du projet de loi, c'est une bonne chose qui
a été faite.
M.
Bonnardel :
Donc, pour vous, je pense que c'est une très bonne chose, oui, de mettre en
application ce règlement puis de s'assurer
qu'il y a 100 % du montant en termes de restauration. On parle de passif
environnemental qui joue entre 1,2, 1,4, 1,5 milliard, selon les chiffres
du Vérificateur général. On est tous conscients, là, que ce sont les
contribuables Québécois qui auront à payer pour… si demain matin on décidait de
nettoyer le Québec au complet.
Est-ce
que vous pensez vraiment que c'est… Pour vous, ce 100 % est correct, mais
vous doutez que ce fonds puisse un jour être pigé pour des
raisons x et qu'il ne soit pas mis pour la restauration possible, un jour,
d'un mauvais client corporatif qui pourrait quitter?
M. Lapointe (Ugo) : Deux choses qu'il faut dire. Le règlement qui vient d'être adopté s'applique
aux mines en opération actuellement et aussi aux futures mines.
Maintenant, vous avez tout à fait raison, M. Bonnardel, de dire qu'il y a un passif, il y a une dette d'au moins
1,2 milliard, probablement plus, à notre avis, lorsqu'on va se mettre à
faire les vrais travaux sur le terrain, que
les Québécois doivent assumer seuls. La position de Québec meilleure mine
depuis des années sur cet enjeu-là, c'est que les minières doivent faire leur part
pour restaurer ce passif-là à hauteur d'au moins
50 %. Ce n'est pas Mme Saint-Cerny, ce n'est pas M. Nantel, ce n'est pas
vous, ce n'est pas moi qui avons créé ces
sites-là. Pourquoi c'est à nous de les payer? L'industrie minière vient nous
dire : Bien, ce n'était pas nous, mais ce n'est pas plus nous, là.
Donc, vous avez aussi une responsabilité, comme industrie, de nettoyer ce lourd
passif là que votre industrie a légué dans
le passé. Et d'ailleurs il me semble que ce serait à leur avantage d'emboîter
le pas dans ce sens-là. Nous, on a estimé qu'avec une redevance spéciale
de 0,5 % pendant 20 ans les minières pourraient financer un fonds de
restauration des sites miniers abandonnés à hauteur de 50 %.
M.
Bonnardel :
Vous parlez donc du 0,5 % qui pourrait être perçu sur le montant qu'on
reçoit de toutes les minières. C'est ça? Vous dites une portion, 0,5 %...
M. Lapointe (Ugo) : 0,5 % de la valeur brute produite, oui, pendant une vingtaine d'années
financerait un fonds.
M.
Bonnardel : O.K., merci. Parlez-moi rapidement, là, à la
page 2, de l'absence d'un règlement environnemental spécifique aux
mines, vous dites, comme d'autres secteurs, agriculture, forêts. C'était
peut-être un complément à notre sujet, là, qui est la
restauration des sites miniers, et c'est la cause aussi de ces photos
malheureuses sur notre environnement, là.
Le Président (M.
Trudel) : En 30 secondes.
M. Lapointe
(Ugo) : Oui. Veux-tu la prendre, celle-là, je vais te la laisser? La
directive de…
Mme Saint-Cerny
(Anne-Marie) : Ah, la directive, O.K., d'accord…
M. Lapointe (Ugo) : La position officielle de Québec meilleure mine, c'est que… Un peu
comme le Syndicat de la fonction publique l'a relevé cette semaine,
actuellement c'est une directive, la directive n° 019, au ministère
de l'Environnement, qui encadre l'émission
des certificats d'autorisation des projets miniers. Donc, nous, on pense
qu'une directive, ce n'est pas suffisant. Ça devrait être un règlement, un
règlement environnemental comme il en existe dans d'autres secteurs
industriels, les forêts, l'agriculture, etc. Et je vais laisser compléter ma
collègue.
• (10 h 20) •
Mme Saint-Cerny (Anne-Marie) : En fait, cette directive a été invalidée, comme
toutes les directives, par la cour.
Donc, elle n'a pas force de loi, d'une part. D'autre part, actuellement, la
moitié au moins des mines qui vont s'ouvrir au Québec, apatite, etc., ne
sont même pas couvertes, même si elle avait force de loi. Donc, il faut
vraiment inclure tous les types d'exploitation
minière, d'une part, parce que, là, c'est juste les métaux, et les terres
rares, tout ça, tout ce qui s'en
vient ne serait pas couvert. Et de toute façon elle a été invalidée. Donc, il faut vraiment de façon
urgente encadrer ce pouvoir de polluer là, en fait.
Le Président (M.
Trudel) : Merci beaucoup. La parole revient maintenant à la
partie gouvernementale, à Mme la ministre des Ressources naturelles.
Mme
Ouellet :
Merci, M. le Président. Et je souligne aussi que votre voix s'ajoute à plusieurs
voix qui nous demandent d'adopter le plus rapidement
possible, là, le projet de
loi n° 43 sur les mines au Québec. Effectivement, et nous l'avons toujours
dit, nous avons basé le nouveau projet
de loi n° 43 sur des consensus
qui ont été établis mais en ajoutant des améliorations, en particulier
sur la transformation. Et je suis bien contente d'entendre aujourd'hui — et on
l'avait déjà entendu depuis quelques mois — que le Parti libéral s'est
rangé un peu à notre opinion qu'il est important de faire plus de transformation au Québec et que le discours a changé
depuis l'ancien ministre des Mines libéral qui disait que la
transformation allait plutôt créer de la pauvreté. Donc, je suis bien contente
de voir qu'il y a eu des avancées de ce côté-là.
Et je pense que ça va nous permettre justement d'avoir une meilleure
collaboration sur le projet de loi n° 43 et des avancées en termes de transparence qu'on trouvait
importantes, la transparence qui est un élément essentiel, l'information
ou l'accès à l'information pour établir, là, la confiance avec les populations.
Donc, je pense que c'était important de le souligner.
Concernant
l'article 198, effectivement, on a entendu l'UPA, qui est venue nous
souligner qu'il y avait aussi, là, des considérations reliées aux
propriétés agricoles, et nous sommes sensibles à cet élément-là.
Dans
votre mémoire, j'aimerais avoir un petit peu d'indications… Bon, on parlait
tantôt des audiences publiques, des consultations menées par le Bureau d'audiences
publiques en environnement prévues dans le projet de loi, qui s'appliqueraient
à tous les projets miniers. Mais vous dites dans votre mémoire, à la
page 5, «incluant les grandes carrières».
Là, j'aimerais savoir comment vous définissez, parce que c'est toujours une
question de définition, là, parce qu'il y a des consultations publiques qui sont prévues également pour les
substances minérales de surface mais pas nécessairement menées par le
Bureau d'audiences publiques en environnement, parce qu'il y en a une
multitude, de projets et... Mais, quand vous
dites «grandes carrières», là, il s'agit de la définition. Où vous mettez la
barre de ce que vous considérez qui
doit être amené au Bureau des audiences publiques en environnement de ce qui
peut se faire par des consultations menées, là, par les intervenants sur
le terrain?
M. Lapointe
(Ugo) : O.K. Bien, c'est une très bonne question. Je vais partir du
principe général.
On intervient
beaucoup sur la question des mines, des mines de métaux et autres mines qu'encadre
la Loi sur les mines. Maintenant, il y a aussi des carrières, des sablières qui
sont exploitées au Québec puis dans un nombre quand
même beaucoup plus important que les mines de métaux. Pour nous, le principe
est qu'il nous paraît invraisemblable que
l'entièreté de ces 200, ou 300, ou 400 quelques carrières au Québec n'aient pas
à faire d'étude d'impact sur l'environnement en fonction de l'article 31.1
de la Loi sur la qualité de l'environnement et éventuellement des audiences du BAPE, alors que certaines de ces
carrières-là — parlons,
par exemple, du cas Port-Daniel actuellement — vont exploiter pas loin de 100 à
200 millions de tonnes, peut-être même plus. C'est énorme. Quels sont les
impacts sur la nappe phréatique à Port-Daniel? La cimenterie, qui va émettre
pas loin de 10 % des gaz à effet de serre, équivalent, du secteur
industriel au Québec, comment ça se fait que ce projet-là n'est pas assujetti à
une évaluation d'impact sur l'environnement et à des audiences du BAPE?
Donc,
des critères qui pourraient peut-être servir de guide, ça pourrait être, par
exemple : Est-ce que le projet a une
incidence sur une source d'eau potable d'une communauté? Est-ce qu'il a une
incidence sur des nappes phréatiques? Est-ce qu'il est en deçà d'un certain
seuil de production? Là, le seuil pourrait être discuté, là, 1 million ou
autres, mais le principe est qu'on laisse aller l'entièreté de ces
carrières-là, dont certaines sont majeures, dans les milieux habités ou périurbains, par exemple — ça pourrait être un autre critère,
périurbains et urbains — sans étude en fonction de l'article 31.1, sans BAPE.
Pour nous, ça nous apparaît aberrant.
Donc, dans le projet de
loi n° 43, actuellement, corrigez-moi si je me trompe, mais on
croyait que c'était seulement l'exploitant de tourbe qui était assujetti
à une consultation. Mais vous dites que c'est l'ensemble, l'ensemble des
substances minérales de surface?
Mme
Ouellet :
En fait, c'est ce qu'on appelle les BEX, là, les baux exclusifs, là, d'exploitation.
M. Lapointe
(Ugo) : Mais il y a une nuance à faire entre ce qui est proposé au
niveau consultatif, un peu un processus ad hoc du BAPE, et ce que le BAPE et l'article 31.1
peuvent faire. C'est beaucoup plus rigoureux. Pour nous, ça va beaucoup plus
loin que cette consultation ad hoc là, et on pense que ça peut être justifié
dans certains cas.
Maintenant, si vous
me permettez, rapidement revenir sur un élément important au niveau des
citoyens, de la protection des citoyens qu'on a parlé tout à l'heure. On veut
vous sensibiliser sur une chose, c'est que les citoyens, dans le fond, qui vivent à côté des mines ou qui
voient venir un projet minier, ce qu'ils veulent, c'est des garanties. C'est
une garantie que, si le projet va de l'avant, si leur solage est craqué, si
leur puits d'eau disparaît… s'ils vivent des impacts
à cause de ce projet-là, bien, qu'il y ait des garanties écrites d'avance qu'il
y a un processus soit d'indemnisation, soit de médiation, soit d'arbitrage
qui soit mis en place.
Et
là on fait du pouce un peu sur la proposition que vous a faite Me Kirouac
lorsqu'on est venus avec M. Richard Desjardins, il y a une dizaine de jours. Elle disait : On pourrait
aussi peut-être prévoir… Autant on prévoit une garantie financière pour la restauration des sites miniers,
peut-être on pourrait aussi prévoir une garantie pour gérer les
relations futures, les problématiques
futures d'impact et de nuisance autour d'une mine, pour que les citoyens n'aient
pas à se battre pour aller chercher des fonds, qui sont inexistants s'ils
ne se battent pas. Donc, je voulais insister sur ce point-là avant de vous
quitter, parce que je vois l'heure qui défile.
Le
Président (M. Trudel) : Alors, Mme la ministre, vous voulez
toujours prendre la parole? D'autres questions? Alors, M. le député de
Repentigny.
M.
McKay :
Oui, merci. Bonjour. Ça me fait plaisir de vous revoir, tout le monde.
Juste
concernant les carrières, sablières, quand même mentionner : Même s'il n'y
a pas, dans le projet de loi actuel, de
consultation publique, elles sont quand même assujetties à obtenir un
certificat d'autorisation du ministre del'Environnement, et il y a quand même, à ce moment-là, donc certaines
normes qui sont régies. Donc, les citoyens ne sont pas abandonnés à leur
sort, là, il y a quand même un encadrement autour de l'exploitation de ces
installations-là.
Moi,
je voulais savoir, concernant les comités de suivi… Puis il me semble que vous
avez mentionné tout à l'heure qu'il y
aurait peut-être un rapport qui serait déposé sur les comités de suivi. Donc,
est-ce que vous pouvez nous parler un peu
de ce rapport-là? Entre autres, vous mentionniez le cas de Stillwater. Je pense
que M. Lapointe avait dit au Montana, puis
Mme Saint-Cerny, au Dakota, là, je ne suis pas sûr lequel des deux est bon,
mais peut-être juste nous en dire un peu plus sur… Ça semble être un… Je ne sais pas si c'est un rapport d'évaluation
de différents cas types en Amérique du Nord.
Le Président (M.
Trudel) : Il vous reste 45 secondes.
M. Lapointe (Ugo) : Oh! Alors, je vais me permettre, si… Bon, vas-y. Vas-y rapidement,
puis je vais essayer de conclure avec ça.
Mme Saint-Cerny
(Anne-Marie) : Simplement, au niveau des certificats d'autorisation,
vous avez raison, mais dans la pratique c'est
très difficile, puisque, tous les certificats qu'on a toujours
demandés, on a une ossature vague et qui réfère à des documents qu'on n'a
jamais pu obtenir dans les 20 dernières années. Donc, essentiellement, les
conditions d'exploitation de carrière, ou de mine, ou de quoi que ce soit sont toujours
inconnues à la communauté, et ça, c'est majeur.
Et, oui, c'était le
Montana. C'est le Bakken Shale du Dakota qui m'a… Est-ce que tu veux y aller?
M. Lapointe (Ugo) : Oui. En terminant, bien, d'abord, on souhaiterait vous remercier de nous avoir
accueillis pour une troisième fois. On espère qu'il n'y aura pas une quatrième
fois.
Et,
avant de vous quitter on aimerait vous laisser aussi — on
en a trois copies pour chacun des partis ici présents, là — une
compilation de ce qui se fait au Yukon et en Ontario au niveau de l'encadrement
des travaux d'exploration, information, consultation des citoyens mais aussi
des premières nations, qui est aussi, pour nous, un enjeu, que cette loi-là reflète les demandes des premières nations
et respecte les obligations constitutionnelles d'information et consultation comme l'a revu l'Ontario et comme est en train
de le revoir le Yukon. Même si imparfaits, ils sont déjà un petit peu plus loin
que le Québec à cet égard-là.
En terminant, je vous
remercie.
Le
Président (M. Trudel) :
Alors, il reste cinq minutes aux députés
de l'opposition officielle. Alors, M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
• (10 h 30) •
M.
D'Amour : Merci beaucoup. À mon tour, à notre tour de vous
remercier pour votre présentation éloquente. Et ça dit des choses qui
sont importantes de bien savoir, de bien cibler pour la suite des événements.
Et je veux juste revenir très rapidement pour
illustrer le pourquoi on est encore ici. Ce genre de commentaire, tout à l'heure, que nous venons d'entendre de la ministre — et je le dis en tout respect — qui
laisse croire aux Québécois que notre formation
politique n'est pas favorable à l'industrie de la transformation, elle a
entendu comme nous il y a quelques jours ici des gens qui sont venus nous parler de la
transformation qui se fait au Québec, 20 000
emplois liés à la transformation. 20 000 emplois liés à la
transformation, c'est beaucoup. Je lui ai demandé, en cours de présentation de mémoire, de nous déposer la liste des projets
de transformation qui ont été soutenus par le gouvernement depuis un an,
et on attend encore le dépôt, là, soit dit
en passant. Et c'est ce genre de commentaire qu'on a entendu pendant
200 heures en commission parlementaire.
Il y aurait une loi sur les mines qui aurait été rajeunie depuis pas mal de
temps, depuis plus d'un an, et ça n'a pas été possible.
Je vais fermer la parenthèse ici, là, en disant
que c'est dommage qu'on en soit là encore et qu'on joue dans ce vieux film là encore. De la transformation, au
Québec, il s'en fait. Ce qu'on veut, là, c'est une industrie minière qui
est performante dans la mesure de ce qu'il est possible de réaliser, avec
ouverture et détermination. Nous autres aussi, on espère, M. Lapointe, Mme Saint-Cerny et vous deux, on
espère qu'il y ait une loi sur les mines. On espère surtout qu'on puisse
y arriver, mais on espère évidemment des commentaires constructifs. Merci
beaucoup. Bon retour.
Le Président (M. Trudel) :
Une réponse, une réplique, un commentaire?
M.
Lapointe (Ugo) :
…commentaire rapide. Je vais dire : On entend bien ce qui se dit, mais on
invite comme on l'a fait le 22 août dernier, juste avant le début
de la commission, tous les partis de s'élever un peu, là, au-dessus des luttes
partisanes, bien que ce soit… On comprend, là, des fois, que ça peut être
dérangeant, mais adoptons cette loi, cette
nouvelle loi que le Québec attend depuis longtemps. Et je vous encourage à
essayer de vous entendre sur quels sont les gros points, quels sont les
gros amendements qu'on doit apporter, qu'est-ce qui peut être discuté dans un
projet de règlement qui suivra, pour qu'on
arrive peut-être d'ici Noël ou peu après Noël avec une nouvelle loi, en toute
honnêteté.
Donc, je laisserais un peu mon collègue dire le
mot de la fin, vu qu'il n'a pas eu la chance de parler beaucoup aujourd'hui.
Le Président (M. Trudel) :
Très rapidement, s'il vous plaît.
M. Nantel (Marc) : Oui. Simplement
dire, écoutez… Merci. Il y a des inquiétudes qu'on n'a pas soulignées. Il y a des pratiques qui se sont développées
depuis un certain temps, lorsqu'on arrive à appliquer des normes au
niveau des exploitations, et puis, plutôt que d'appliquer les normes — puis
je vous dirais que c'est tous gouvernements confondus — on les change, les normes, on les adapte
pour aider l'entreprise. C'est des éléments qu'on n'a pas discutés, probablement que ça ne rentrera pas dans une loi
des mines, mais juste souligner, lorsqu'une entreprise ne fonctionne pas
dans les normes puis on les change comme il s'est passé à Malartic au niveau
des décibels, lorsqu'il s'est passé la même chose à Montréal au niveau de la
qualité de l'eau, quand les entreprises ne sont pas capables de l'atteindre on
augmente la norme, c'est une attitude qui est inquiétante, à ce moment-là,
parce que, là, on va se poser des questions sur la restauration et les sous qu'on
met. Est-ce que nos normes vont être appliquées à la hauteur et au besoin qu'on
a pour que les régions soient satisfaites? C'est des inquiétudes qu'on a.
Merci.
Le
Président (M. Trudel) :
Merci beaucoup. Alors, c'est tout? Je vous remercie beaucoup de vous être
déplacés pour nous permettre de vous entendre.
Je vais laisser une courte période au prochain
groupe pour venir s'installer.
(Suspension de la séance à 10 h 33)
(Reprise à 10 h 36)
Le Président (M. Trudel) : Si
vous voulez bien, on va tous reprendre les travaux. Nous allons entendre maintenant
M. Robert Gagnon, qui est président de l'Association des prospecteurs du Nord
du Québec. Je vous cède la parole pour une période d'environ 10 minutes.
Association des
prospecteurs
du Nord du Québec (APNQ)
M. Gagnon
(Robert)
: Merci,
M. le Président. On m'entend bien? M. le Président, Mme la ministre, messieurs dames les députés, membres de cette commission, en mon nom
personnel et au nom de mon association que je représente, il me fait grand
plaisir de venir vous présenter, premièrement, nos positions et ainsi que notre
mémoire, que vous avez sûrement eu la chance de lire attentivement.
Donc, mon nom
est Robert Gagnon. Je suis le président du conseil d'administration de l'Association des prospecteursdu Nord du Québec,
communément appelée l'APNQ. Je suis géologue de formation, technicien en
exploration minière et prospecteur. Je suis également citoyen du Québec.
En fait, je suis ici pour démystifier le mythe
du prospecteur. Oui, on va parler de nos positions par rapport à l'actuel projet
proposé de loi n° 43,
mais également pour démystifier. Ça va vous surprendre, mais en
fait les prospecteurs ont évolué. On ne se promène plus dans le bois
avec une mule puis une bouteille d'alcool frelaté à la recherche de châteaux en
Espagne, on a évolué. On travaille avec les outils les plus performants mis à
notre disposition. Nous sommes des entrepreneurs, nous
sommes des artisans, nous contribuons à la richesse collective du Québec par nos
actions quotidiennes. Nous sommes des acteurs privilégiés, présents sur le territoire
du Québec. Nous sommes une main-d'oeuvre, nous sommes des entrepreneurs qui
sont libres. On a besoin de l'accès au territoire, qu'est-ce qui va faire un
peu partie, là, des recommandations que mon association voudrait vous suggérer.
Je sais, notre métier, bien qu'artisanal,
demeure quand même adapté aux technologies modernes. Maintenant, le prospecteur
est en mesure de recevoir les résultats d'analyse de ses prospections
directement sur son BlackBerry ou son iPhone, peu importe. La prospection
artisane est la fondation même de notre industrie minière.
Je remercie
en passant les groupes d'opposition ainsi que le gouvernement de m'avoir permis
de venir démystifier ma profession,
parce que souvent on pense que les prospecteurs, ça n'existe plus, mais non, je
représente une centaine et plus d'individus
encore actifs sur le territoire québécois. On entend très peu parler de nous.
On est du monde autonome, indépendant, mais nous participons au succès
minier du Québec. Nous ne sommes pas des multinationales, nous ne sommes pas
des entreprises. Nous sommes des individus.
• (10 h 40) •
Nous sommes
des scientifiques également. On utilise tous les levés mis à notre disposition
par le gouvernement. On utilise le système qui est le plus performant du
monde, qu'on appelle SIGEOM, GESTIM, qui a été mis en place par les Québécois,
qu'on s'en sert dans les autres provinces et les autres juridictions
canadiennes.
L'industrie minière moderne, qu'on connaît
aujourd'hui, est née de la force, du courage et de la vision de prospecteurs
tels que MM. Gabriel Commanda, Alphonse Olier, Arthur Doyon, James Norrie,
Edmund Horne. Je nomme ces noms-là, puis le
coeur me bat. Edmund Horne est parti de sa Nouvelle-Écosse natale pour
aller prospecter les rives du lac Osisko, a découvert un des gisements
de cuivre les plus riches au monde, qui a donné le groupe minier Noranda aujourd'hui.
C'était un seul individu avec sa passion, sa vision, c'est souvent là que ça
commence. Nous sommes la base de l'industrie.
Je vous le
rappelle, la majorité des grandes découvertes du dernier siècle du Québec
sont l'oeuvre de la rigueur, de la persévérance de nos prospecteurs.
Nous ne sommes pas en voie de disparition, au contraire. Nous travaillons
fortement à développer les ressources, à faire… Le prospecteur ne trouve pas
les mines; le prospecteur découvre les indices
qui par la suite permettront un développement minier fait par les entreprises minières. Et nous
sommes des individus souvent avec une
idée en tête, puis c'est difficile parce
que, je vous dis, peut-être qu'est-ce qui est notre insuccès, c'est peut-être justement
le taux de découverte, le taux de réussite. C'est difficile de percer dans mon
domaine, sauf que ça prend de la persévérance et de la passion, bien entendu.
Concernant le projet de loi n° 43,
maintenant que j'ai démystifié un petit peu notre rôle à l'intérieur de la grande industrie minière, notre association est
heureuse de voir que le gouvernement reconnaît la pratique de la
prospection dans le projet de loi. On a été
complètement ignorés dans le projet de loi n° 79 et dans le projet de
loi n° 14. Je ne sais pas qu'est-ce qui s'est passé, mais on
voulait carrément nous mettre dans l'oubli. Nous faisons partie de la
collectivité. Les prospecteurs, c'est le
plus vieux métier du monde, c'est ce qui a permis à l'homme moderne d'être
aujourd'hui ce qu'il est. S'il n'y
avait pas eu la découverte de silex pour nous permettre d'avoir le feu, c'est
certain que notre cerveau n'aurait pas été en mesure de devenir ce qu'il
est aujourd'hui, ça a pris des visionnaires pour ça.
Nous sommes satisfaits de constater que la
ministre n'a pas repris les erreurs des dernières tentatives de modification de la Loi sur les mines qui
contraignaient le prospecteur à détenir les claims avant de poursuivre ses
efforts d'exploration sur les terres
publiques. L'accès au territoire est primordial pour la pratique de notre
passion — je ne
parle pas d'activité, je parle de passion, M. le Président. Nous croyons qu'il
serait aussi nécessaire de pouvoir garantir l'accès aux terres publiques pour
nos prospecteurs. L'article 26 de la présente loi pourrait servir de point de
départ tout en étant plus précis, on le sait.
Cependant,
nous doutons du bien-fondé de la proposition de modifier notre régime de
gestion de claims. Ce régime a fait ses preuves et s'avère un des plus
démocratiques et équitables qui soient. L'introduction d'une mécanique d'offrir
les claims aux enchères nous apparaît être contraire aux fondements mêmes de
notre système économique. Il s'agit d'une mesure qui sera grandement
défavorable à la filière minière québécoise et qui s'appliquera en faveur des grandes entreprises. Un gouvernement prônant l'égalité
pour tous, les chances égales ne doit pas créer un tel précédent pour
favoriser une classe plus fortunée par rapport à une autre. Nous sommes d'avis
que la mise aux enchères des cibles
géologiques et des claims va carrément à l'encontre de notre pratique et va
menacer même notre champ d'expertise que les individus et les membres
que je représente ici ont acquis au fil des dernières décennies.
Donc, vous ne
serez pas surpris de vous dire que nous, nous sommes contre l'ensemble des
articles concernant les enchères,
nous sommes défavorables. Puis ce qui choque mes membres, c'est qu'un citoyen
du Québec puisse être empêché de
développer des projets, alors que l'entreprise étrangère, la multinationale
avec les moyens financiers sera, elle, en mesure de le faire, comparativement aux citoyens. La mise aux enchères va nous
défavoriser, M. le Président. Et je suis sûr que vous allez comprendre qu'un individu comme moi ne peut
pas rivaliser avec les grands de ce monde, mais j'ai des idées aussi
bonnes, sinon plus que les grandes entreprises. Il ne faut pas nous empêcher.
Maintenant,
au plan de la divulgation des renseignements de nos travaux, exiger la
divulgation de renseignements stratégiques
expose de manière inutile et risquée l'ensemble de notre travail. Cette mesure
nous apparaît encore en être une destinée à la grande entreprise, qui a
les moyens d'avoir des systèmes de communication efficaces, mais nous, non.
Nous vous demandons également de retirer cet article.
La question de fournir une planification des
travaux au stade de jalonnement, de la désignation sur carte ou même de la prospection de reconnaissance, il s'agit
ici d'une autre mesure visant soit les grandes sociétés ou une autre
façon d'étouffer la prospection artisanale
qui a vu naître notre grande industrie minière, qui est source de fierté pour
l'ensemble des Québécois et l'ensemble des
citoyens. Pour les quelques
fonctionnaires de votre ministère qui maîtrisent encore nos pratiques de terrain, ils devraient pouvoir confirmer que
notre travail est peu invasif et quasi nul en termes d'impact environnemental, puisque notre travail consiste en
grande partie à récolter quelques kilogrammes de roche. Allons-nous
maintenant demander au cueilleur de bleuets de fournir la planification
détaillée de sa cueillette? Pourquoi qu'on le demande maintenant au
prospecteur?
Nous sommes
des artisans aux moyens limités. Nous vous prions respectueusement de cesser d'augmenter
nos charges administratives, car nous n'avons pas les moyens de les assurer.
Nous, c'est en forêt que nous sommes bons, ce
n'est pas dans la… On le sait, déjà on a beaucoup de paperasse, beaucoup de
bureaucratie à remplir pour être en mesure de renouveler nos travaux.
Je dépasse, hein?
Le Président (M. Trudel) : Il
vous reste une bonne minute.
M. Gagnon
(Robert)
: Merci, monsieur. J'achève. Merci, M. le
Président. Donc, la planification d'une activité annuelle est contraire
à nos pratiques, surtout que, imaginez, le prospecteur se promène en forêt, et
c'est de façon aléatoire qu'il va faire ses
découvertes. Donc, pour nous, de faire la planification des travaux, ça ne
concorde pas avec notre manière de pratique.
Puis le dernier point : les amendes. S'il
vous plaît, avez-vous vu? L'encaisse totale de mes membres de mon association… Dans le cas de l'oubli du permis de
prospection en forêt, on peut s'exposer à des amendes de 4 000 $
jusqu'à 300 000 $. C'est
impossible, on… Pourquoi? Régulariser, moduler les infractions, on n'a rien
contre ça, mais de là à dire qu'un prospecteur qui oublie son permis de
prospection soit victime, en fait, d'amendes aussi sévères, pour nous, c'est quelque chose qui est inconcevable. Pour les
entreprises, il y a sûrement moyen de moduler, mais, pour les individus,
les citoyens comme moi qui s'exposent… Parce que de toute façon le permis de
prospecteur qu'on reçoit maintenant, c'est une feuille de papier qu'on imprime
à partir d'Internet. Puis c'est écrit dans la loi. Si le permis est brisé… Mais
imaginez en forêt, une feuille de papier, ça
dure combien de temps. Avant, nos permis de prospecteur étaient
plastifiés, étaient résistants. Maintenant, on nous envoie ça par Internet. Qu'est-ce
que vous voulez que je fasse avec ça? Soyons cohérents dans nos méthodes.
Le
Président (M. Trudel) : Alors, merci beaucoup. Vous vous
adressez à nous avec beaucoup de passion. Nous allons certainement
pouvoir permettre de vous entendre à nouveau en commençant tout de suite le
bloc d'échange avec Mme la ministre des Ressources naturelles.
Mme
Ouellet :
Oui, merci, M. le Président. Bienvenue, M. Gagnon. Bien contente de vous
recevoir à la commission parlementaire sur le projet de loi sur les
mines. Effectivement, tout commence par la prospection pour pouvoir arriver à
un projet minier éventuellement.
Peut-être,
dans un premier temps, je voudrais vous préciser certains éléments reliés à
votre mémoire. Concernant la mise aux
enchères, là, qui est prévue, là, aux articles 49, 50, juste préciser — et j'ai eu l'occasion de le préciser, là, à
d'autres moments dans la commission
parlementaire — on ne
change pas l'ensemble du système, là. Ce qu'on a ici, en général, c'est
premier arrivé, premier servi, ce qu'on appelle le «click and claim». Ce qu'on
cherche à faire, c'est pour les secteurs identifiés par le ministère des
Ressources naturelles, sur lesquels il y a beaucoup de travaux qui sont faits,
donc des coûts qui sont assumés par le
gouvernement. On veut valoriser ce travail-là. Et, l'année passée, lorsqu'il y
a eu le congrès sur les mines ici, à Québec, il y a eu environ
800 claims, lorsque les résultats des travaux ont été divulgués sur ces petits territoires là — et je pense que vous savez encore mieux de
quoi je parle — donc il
y a 800 claims qui se sont pris à l'intérieur d'un délai de
15 minutes. Donc, on pense qu'il y a moyen de valoriser ce travail-là et
permettre d'avoir un meilleur financement au niveau des équipes du ministère
pour réaliser les travaux qui sont réalisés. Et je pense que, même dans ces cas-là, les individus comme les
entreprises, puis que ce soient des entreprises du Québec ou d'ailleurs,
ont accès, ça ne veut pas dire que
nécessairement ça va être juste les multinationales. Plusieurs… Les entreprises
puis certaines associations sont venues nous dire qu'en général ils ne sont pas
au niveau de la prospection. Ils attendent de voir
que ce soit avancé, et là ils peuvent s'impliquer. En tout cas, il y a des
ventes, des achats, des rachats pour pouvoir faire avancer le projet. Donc,
les grosses multinationales qui sont dans l'exploitation minière, elles vont
être dans l'exploration, en général, autour de leurs gisements déjà existants,
pour agrandir leurs gisements, mais elles sont rarement dans l'exploration de
base, là comme ce que vous faites.
Ça fait que je voulais préciser ce point-là. Ça
fait que peut-être que ça vous rassure, j'espère…
M. Gagnon (Robert)
: Ça ne me
rassure pas du tout.
• (10 h 50) •
Mme
Ouellet :
Peut-être pas, mais ce n'est vraiment pas pour l'ensemble, là, du territoire qu'on
vise, là, la mise aux enchères, c'est
vraiment seulement pour les secteurs qui sont travaillés par le gouvernement, où le gouvernement, bien, comme je vous dis, là, investit des sommes quand même
non négligeables, là, pour améliorer les connaissances. Et donc c'était
dans une vision, là, d'avoir la valeur ajoutée reliée au travail qui est fait
par le gouvernement, là, dans un marché… D'ailleurs, vous savez, on a mis de la
mise aux enchères du côté des forêts, là, également.
Du côté des amendes, vous l'avez probablement
vu, mais il y a quand même des amendes différenciées, que ce soit aux individus
ou que ce soit aux entreprises. Et juste vous préciser, parce que vous parlez,
là, de questions administratives : par rapport à la Loi sur la qualité de l'environnement,
bien, dans la Loi sur la qualité de
l'environnement, il y a deux régimes, il y a le régime de sanctions
administratives et le régime de sanctions pénales, et même pour les
amendes plus de nature
administrative, où on a le même genre d'exigence, là, d'avoir les
permis, d'avoir… Donc, il y a des sanctions administratives. Donc, c'est
les mêmes… on s'est collés sur les mêmes niveaux, là. Donc, c'est sûr, lorsqu'il
y a un impact environnemental, on augmente
le niveau, et les impacts environnementaux importants se produisent, en général, plus du côté de l'exploitation,
du côté des mines, que de l'exploration. Mais je voulais juste vous dire d'où
on est partis, parce qu'il y a eu tout un travail qui a été fait du côté
des sanctions pénales et des sanctions administratives par l'ancien
gouvernement, auquel j'ai participé, là, dans les dernières années, donc juste
pour vous préciser ces éléments-là.
Et j'aimerais
vous entendre un petit peu plus, là, quand vous parlez de la planification des
travaux, parce qu'il est clair que
notre volonté, ce n'est pas d'augmenter les lourdeurs administratives, ça va
être même de la diminuer, mais on a eu beaucoup
de représentations des citoyens, des municipalités aussi, qui voulaient être informés
de ce qui se passait. Donc, si ce n'est
pas ça, le meilleur moyen de pouvoir informer les municipalités, les citoyens
de ce qui s'en vient sur le territoire qu'ils habitent, qu'est-ce que
vous proposeriez comme moyen?
M. Gagnon
(Robert)
: Premièrement, vous m'avez posé beaucoup de
questions. C'est sûr que j'aimerais répondre à celle des cibles, j'aimerais répondre à celle, par la suite,
concernant, là, les amendes, mais je vais vous répondre tout de suite. Moi, j'ai du flair, je suis un chien de
chasse. Comment je fais pour planifier où je vais trouver mon prochain
indice? Je ne le sais pas. Je n'ai rien
contre ça, d'aller présenter mes travaux, moi, à la ville de Rouyn, à la ville
de Val-d'Or pour dire : Bien, je vais circuler en forêt dans ce
secteur-là avec mon VTT, ou à pied, ou… puis je vais espérer trouver quelque chose, mais je ne peux pas faire une
planification à long terme de ce que je vais trouver, je ne le sais pas. Ça
prend mes résultats d'analyse pour me confirmer que qu'est-ce que je pensais
être bon, en fin de compte, bien ce n'est pas diable.
C'est difficile, à l'étape de prospection de base, de faire une planification.
C'est aléatoire. Ça prend du flair, ça prend de la chance, ça prend de
la passion. C'est comme ça.
Je vous
dirais que, concernant vos cibles, moi, j'ai plusieurs de mes collègues et
confrères qui sont en mesure de désigner
plus vite que n'importe quelle compagnie junior, n'importe quelle compagnie
minière, ils ont accès instantanément à
vos 800 claims que vous disiez tantôt, et tous les citoyens québécois
paient, via leurs taxes et leurs impôts, les géologues qui travaillent.
Pourquoi renchérir pour remettre… pour faire plus d'argent? Je ne crois pas,
moi, que c'est en créant deux classes de citoyen, un citoyen corporatif mieux
nanti par rapport… C'est sûr qu'on ne pourra jamais aller aux enchères, Mme la ministre, c'est impossible. Quand
même que vous diriez que les multinationales, c'est… Peut-être que je me suis mal exprimé, mais même une compagnie
junior a beaucoup plus de moyens que l'artisan. C'est sûr qu'on ne sera jamais capables. Puis, nous, via cette activité, c'est
là qu'on est capables de tirer notre salaire. On n'a pas de subvention,
on n'a rien, nous, les prospecteurs, c'est notre imagination, c'est notre
fougue, c'est notre passion qui nous permettent de travailler aujourd'hui. Puis, si on n'est pas en mesure de vendre nos
découvertes à des compagnies parce qu'on n'est plus en mesure de
jalonner des bons terrains, qu'est-ce qu'il va nous rester? Le Grenville? Non.
Moi, je suis représentant de l'Association
des prospecteurs du Nord du Québec. On travaille en Abitibi, on travaille au
Témiscamingue, on travaille à la
Baie-James, à Chibougamau. On travaille dans les camps miniers. Si on n'a plus
accès via vos cibles… On respecte le très bon travail qui est fait par
vos géologues, on travaille en collaboration avec les géologues, mais pourquoi
nous demander de payer alors qu'on n'aura pas les moyens?
Et,
concernant vos amendes, je vous rappellerai, Mme la ministre, que, si j'oublie
mon permis de prospection, là, bien c'est 3 000 $. Ce n'est
pas vrai, là, que c'est juste des infractions environnementales. C'est écrit
noir sur blanc, l'article ici, l'article, attendez un petit peu…
Mme
Ouellet : Non, je
suis d'accord, monsieur. Je n'ai jamais dit que ce n'étaient que des
infractions de nature environnementale…
M. Gagnon (Robert)
: Bon,
regardez, si j'oublie mon…
Mme
Ouellet :
…j'ai dit qu'il y avait aussi des sanctions de nature administrative, tout
comme c'est prévu aussi dans la Loi sur la qualité de l'environnement. Donc,
c'est l'ensemble des sanctions qui sont couvertes dans la Loi sur les mines, tout comme c'est le cas aussi dans la
Loi sur la qualité de l'environnement,
où ils prévoient aussi des sanctions de nature administrative. Et ce que
je vous dis, c'est que ce qu'on a fait dans la Loi sur les mines, dans les
sanctions administratives, c'est équivalent à ce qui était prévu, parce qu'il y
a eu une mise à niveau de la Loi sur la qualité de l'environnement, mais, même
si c'est la Loi sur la qualité de l'environnement, ils ont aussi des sanctions
de nature administrative, qui ne sont pas reliées à des impacts directs sur l'environnement,
là, parce qu'eux autres aussi font des autorisations de permis, etc. Donc, je n'ai
jamais dit, là, que ce n'était pas de nature environnementale, juste pour qu'on
précise.
M. Gagnon
(Robert)
: …je ne comprends pas, moi, que, si je me promène
en forêt avec un papier qui n'est même pas plastifié… Si je me fais
arrêter par un fonctionnaire puis je poigne une amende, c'est sûr que je vais
le contester, Mme la ministre. Mais là vous
ne nous laissez même pas le temps de… Régularisez mais essayez de penser à
nous, les petits. Vous êtes un
gouvernement qui prône l'égalité pour tous, et là vous êtes en train de créer
un précédent. On avait le système qui mettait égal tous les citoyens,
que ce soit corporatifs ou les individus comme moi que je représente ici. Là,
on crée un précédent.
Puis
c'est certain que personne n'est venu parler de ça en commission parlementaire.
Nous, on est vus comme des dinosaures,
on est vus comme des gens qui n'ont pas évolué. Ce n'est pas vrai. Je suis le
porte-parole d'une association qui représente, sur le territoire du
Québec, plus d'une centaine de personnes qui sont encore actives. Mais c'est
vrai que les personnes que je représente, souvent, sont
gênées de venir au micro, sont gênées de venir présenter, parce qu'ils n'ont pas le temps, ils sont dans le bois
puis ils travaillent. Bien, moi, je l'ai dit : Je vais la prendre, la
«pole», puis je vais aller débattre
de nos enjeux. Ça nous concerne. Nous, c'est notre outil de travail quotidien,
la Loi sur les mines. Il n'y a pas de
presse à l'adopter. Nous, quant à ça, on préfère naviguer un petit peu dans l'incertitude
mais qu'on ait un bon travail de fait, pas qu'est-ce que je vois là
présentement, et mes membres non plus. Je ne viens pas ici pour débattre des grands points, des grands enjeux. Il y a
308 articles. Vous savez quand même, là, que ce qui concerne les
prospecteurs, ce n'est pas tant que ça. Mais
je veux que la classe politique soit en mesure de démystifier le mythe de la
réalité. Nous existons encore, nous faisons partie prenante de l'industrie
minière, et souvent… On n'est jamais consultés. On est au troisième projet de loi, c'est la première fois qu'une association de
prospecteurs vient se présenter devant vous. Ce n'est pas normal, ce n'est
pas normal.
Le Président (M.
Trudel) : Merci. Mme la ministre, vous avez d'autres questions
à ce moment-ci?
Mme
Ouellet : Oui, merci, M. le Président. Je comprends, j'entends votre réalité lorsque
vous dites : On est la prospection
à la base, on va dans la forêt, on va sur le flair et… mais c'est parce que,
là, ce qu'on couvre… Et là peut-être que
ce que vous apportez, c'est ce qui a été suggéré aussi par d'autres groupes.
Lorsqu'on couvre le volet exploration, la question, là, du permis, ce n'est
pas juste pour la partie d'exploration au
niveau de la base, il y a
aussi de l'exploration avancée, et on
n'a pas fait de distinction, dans la loi, entre l'exploration de base et l'exploration
avancée, qui n'ont pas du tout le même impact et qui n'ont pas du tout
les mêmes réalités, je crois. Et je sais qu'il y a certains groupes qui nous
ont fait ces propositions-là, je sais que ça existe aussi ailleurs.
Est-ce que, pour
vous, ce serait une façon de pouvoir différencier le travail de base qui est réalisé
par les prospecteurs et le travail ou… L'exploration avancée, ce n'est pas
juste de se promener en forêt, mais là il y a de l'équipement, il y a des
forages qui se réalisent, il peut y avoir même… on appelle ça, je crois, du
décapage. Donc, est-ce que ce serait une
façon de pouvoir répondre à votre réalité que de distinguer les différentes
formes de prospection et, à ce moment-là, de pouvoir ajuster en
fonction des impacts l'ensemble de l'encadrement, tant au niveau… Parce
que, lorsqu'on parle, là, de planification
des travaux, je comprends très bien. Ce qui n'est pas visé, c'est savoir quand
est-ce que vous allez vous balader en
forêt, là, on s'entend très bien, là. Ce qui est visé, c'est lorsqu'il arrive
des vrais travaux de carottage, de décapage, où, là, les gens voient la
machinerie arriver, se demandent qu'est-ce qui se passe et se sentent
concernés. Donc, j'aimerais vous entendre sur cet élément-là.
• (11 heures) •
M. Gagnon (Robert)
: C'est
un très bon point que vous amenez, Mme
la ministre. Je suis tout à fait en accord avec vous de
différencier la prospection artisane, la prospection de base des travaux un
petit peu plus… qui vont être à la portée des sociétés juniors ou
majors. C'est clair que les travaux ne sont pas les mêmes, mais il faut souvent
comprendre que, si moi, je fais une
découverte avec ma petite pioche, mon petit marteau, bien je vais vendre les
claims, la propriété à une compagnie
qui, elle, par la suite, va arriver avec ses forages, ses décapages. Mais, la
représentation, on est capables de la
faire, on est capables de faire la représentation une fois qu'on a les moyens
de le faire. Mais c'est certain que je suis tout à fait en accord avec ce que
vous soulignez, de différencier les travaux de base de ceux un peu plus
avancés. De toute façon, on le voit par rapport aux montants
investis. On s'entend que les investissements d'un autonome comme moi ne sont pas les mêmes qu'une compagnie
publique, c'est certain. Je suis en accord, il n'y a pas de problème.
Je suis ici pour évaluer les possibilités et les pistes, et c'est
certain qu'on va être ouverts puis qu'on va rester ouverts à la négociation
puis à parler avec vous.
Je
suis ici pour démystifier le mythe, puis on existe encore puis on veut faire
partie prenante. On est des citoyens du Québec puis on est fiers d'être
actifs sur le territoire québécois. On voudrait continuer à le faire, parce que
je vous dirais qu'on est sollicités un petit peu partout. Je ne suis pas en Abitibi, moi… C'est un choix de vie, d'être
au Québec. Ce n'est pas une nécessité, ce n'est pas une obligation. Je peux
aller travailler partout dans le monde, je peux aller travailler partout. J'ai choisi de rester près de ma famille,
de rester… de mes gens. Mais sinon, le Yukon, combien de fois qu'on a des téléphones du Yukon, de l'Ontario, de la
Saskatchewan pour aller travailler? On préfère développer notre
potentiel, notre plein potentiel minier québécois, parce que nous sommes fiers
de notre industrie.
Les Québécois
devraient être fiers de cette industrie comme ils sont fiers de l'industrie
aéronautique, pharmaceutique. L'industrie minière, je rencontre plein de gens
qui voyagent partout dans le monde pas pour aller miner, pas pour aller creuser, pour enseigner les bonnes pratiques
environnementales et de développement durable à des mineurs au
Guatemala. C'est des mineurs de mon Abitibi qu'on envoie là-bas pas pour aller
miner, aller exploiter, non, pour aller montrer à miner de façon sécuritaire.
Notre industrie minière est un fleuron, notre industrie minière devrait être
source de fierté pour l'ensemble des Québécois, et c'est mon devoir d'être ici
pour vous le rappeler.
Mme
Ouellet :
Merci. On va peut-être aller aux oppositions, puis on aura l'occasion, là, de
revenir.
Le Président (M. Trudel) : Alors, merci beaucoup, Mme la
ministre. M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour : Merci beaucoup, M. Gagnon, d'être avec nous ce
matin. Alors, vous avez l'avantage de dire les choses clairement,
franchement et sans détour. Effectivement, on a bien des raisons d'être fiers
de l'industrie minière au Québec, parce que ça génère de la richesse.
Moi,
je vous écoute puis… L'association, vous parlez au nom d'une centaine de
personnes, dites-vous. On adopte demain matin cette loi-là, là, le
projet de loi devient une loi avant Noël. On s'entend, c'est la joie, l'allégresse,
c'est fini. Il reste combien de vos membres dans cinq à 10 ans?
M. Gagnon
(Robert)
: Le travail que je fais présentement comme président
est justement le recrutement de nouveaux
membres. Je suis quand même assez chanceux, j'ai une aile de jeunes qui sont en
arrière de moi, qui vont prendre la «pole», mais je vous dirais que la
prospection va toujours être là pour… C'est une activité qui est vieille comme
le monde, de toute façon, on ne peut pas
enlever la prospection. La prospection va toujours être là, parce qu'il va
toujours y avoir des curieux, il va toujours
y avoir des cueilleurs de fruits, il va toujours y avoir des ramasseux de
champignons. La prospection, cueillir des roches, ramasser des roches, ça va
toujours faire partie d'une activité, d'une passion. Moi, j'ai commencé, j'avais
13 ans. J'ai eu mon premier permis de prospecteur à l'âge de 13 ans.
Avant mon numéro d'assurance sociale, bien
entendu, avant mon numéro de permis de conduire, j'avais mon permis de
prospection. Donc, c'est une activité qui est millénaire, on ne se le
cache pas. On pense souvent que les prospecteurs… on a encore l'image :
grosse barbe, cheveux, chapeau. Non, on a changé. Et on va toujours rester.
Que vous
appliquiez le projet de loi tel quel, ce n'est pas nécessairement ça qui va
nous empêcher de croître, mais on va peut-être migrer, on va peut-être
migrer. Puis ça, ce n'est pas à l'avantage des Québécois, qu'on migre, parce que, si moi, je m'en vais avec mes membres, on va
aller développer, on est les bienvenus. Si on ne se sent plus le
bienvenu chez nous, qu'est-ce qu'on va faire quand on reçoit un peu la poussée
hors du nid? Bien, on s'en va voler ailleurs. Puis ce n'est pas ça que je
souhaite pour le Québec, ce n'est pas ça que je souhaite pour notre Québec
minier.
Je veux
rester et développer chez moi, dans un esprit de développement durable, dans le
respect des communautés, mais je veux
être en mesure de continuer ma passion, ma passion. Je n'ai jamais voulu
devenir chanteur, je n'ai jamais voulu devenir un acteur. J'étais petit
puis je voulais devenir prospecteur. Mon père était enseignant : Un
prospecteur? Il faut que tu ailles à l'école.
Ce n'est pas un métier, ça, il faut que tu t'éduques. Oui, j'ai pris les
moyens, je me suis éduqué, mais j'ai toujours resté à la base et je vais
toujours rester un prospecteur.
M.
D'Amour : Je suis
tout de même un peu surpris sur la question de la divulgation de renseignements
des travaux des prospecteurs, parce qu'entre
retirer l'article purement et simplement, ce que vous nous demandez, ce que
vous proposez, il y a comme un milieu à
quelque part, là, qu'on pourrait atteindre, mais vous, vous dites :
Écoutez, ça, il n'en est pas question. On retire ça, l'article, c'est
terminé.
M. Gagnon
(Robert)
: Bien, regardez, comme Mme la ministre l'a
souligné, pour les petits travaux de reconnaissance, de prospection de base, de jalonnement, peut-être
qu'on n'en aurait pas besoin, justement, on pourrait se soustraire à
cette gymnastique un petit peu contraignante
pour les individus que je représente. Je n'ai rien contre ça, moi, la
divulgation des travaux, c'est certain. Je suis même prêt à aller m'asseoir
avec les conseils de ville, s'il le faut, pour jaser. Mais de là à dire où mes travaux vont m'amener… Même moi, je
ne le sais pas. Mais on peut moduler, par rapport aux travaux de base, une certaine exemption, ce qui n'empêche pas
d'aller se présenter quand même au conseil de ville, on est pour ça,
mais quand même un peu moins contraignant que qu'est-ce qui est demandé, parce
que, vous savez, on n'a pas les outils qu'une
compagnie minière a, on n'a pas de personnel attitré à la gestion de nos
claims, c'est nous-mêmes
qui faisons ça en même temps de travailler avec tous les outils
géoscientifiques que le gouvernement a mis à notre disposition.
Qu'est-ce qu'on dispose comme outils de travail, les prospecteurs québécois, fait l'envie dans le monde. Le système de «click and claim» de GESTIM, SIGEOM, je me promène un petit peu
partout, puis on se fait féliciter pour ça. Il faudrait continuer à
avoir une vision pour l'avenir puis démystifier le mythe de la réalité, puis je
compte sur vous, le politique, pour le faire.
Le Président (M. Trudel) : Merci
beaucoup. Je… M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata, allez-y.
M.
D'Amour : Une petite précision. Quelqu'un… C'est Richard Desjardins, lors de sa visite la semaine dernière,
qui dit : Est-ce que c'est normal qu'il y ait un claim dans le secteur de
l'eau potable de Val-d'Or, par exemple? Vous répondez quoi à ça, vous?
M. Gagnon
(Robert)
: M. D'Amour, je vous dirais une chose, c'est qu'avant
qu'il y ait n'importe quoi il y
avait déjà des claims à Val-d'Or. Avant qu'il y ait un territoire municipalisé, les
claims étaient déjà là. C'est un camp minier, la ville n'existait même pas. La fondation même de
la ville, il y avait… Bourlamaque, c'étaient des territoires qui
étaient gérés par la mine Lamaque à l'époque, qui était Teck Corporation… Teck
Hughes.
Donc, moi, je
dis : Là-dessus, c'est difficile, parce qu'une mine, ça ne se tasse pas. Désolé, là, mais une mine,
c'est un accident de la nature, c'est un
accident géologique, on ne peut pas la tasser. Je ne vous dis pas qu'on peut
tasser la source d'eau, ce n'est pas
ça, mais il y a plus de chances de retrouver une source d'eau potable qu'un
gisement, dites-vous ça.
Et on ne le
contrôle pas, sinon… C'est sûr que, si on pouvait contrôler la localisation de
nos mines, on serait bien heureux. On
n'aurait pas besoin de chercher comme on fait présentement, si toutes les mines
étaient déjà découvertes. De toute façon, ça n'aurait aucune valeur, le
métal, aujourd'hui.
Donc, c'est important de comprendre qu'une
anomalie géologique on ne peut pas la tasser. On peut peut-être moduler nos activités aux alentours de la mine,
mais, désolé, la mine, elle ne peut pas se déplacer. Nos activités,
elles, peuvent être modulées en fonction… mais, l'accident géologique, on ne
sera jamais capables de déterminer, premièrement, où il va être et on ne
pourra pas dire : Bien là, tu es dans ma cour, tasse-toi un petit peu.
Elle ne se tassera pas, la mine. Ça, c'est sûr.
Le
Président (M. Trudel) : Juste un petit rappel amical : Je
vous demanderais de vous adresser aux membres de la commission par leur
titre. Maintenant, je vais céder la parole au député de Huntingdon.
M.
Gagnon (Robert)
: …trop habitué.
M.
Billette :
Merci beaucoup, M. le Président. Bienvenue, M. Gagnon, c'est un plaisir. Je
pense que c'est intéressant de vous
entendre. Je pense que c'est un métier qui est souvent méconnu, parce qu'on
pense souvent aux grandes entreprises dans le monde de secteur minier.
J'ai
une petite question relativement à la conjoncture actuelle au niveau
minier. Il y en a plusieurs, au
niveau de l'exploration, que ce soient des financiers, que ce soient des
entreprises, ils sont venus nous mentionner que, depuis un an, certaines mesures ont fait qu'il y a un ralentissement
très important — je ne rentrerai pas dans les facteurs qui
ont causé ça — un
ralentissement fort important au niveau de la prospection, ils ne sont plus
capables de se financer. Le Québec a une conjoncture actuelle qui fait en
sorte… la crainte de plusieurs grands investisseurs.
Ça
doit avoir un impact très important sur vos activités. Vous êtes
100 membres actuellement. Combien vous étiez il y a un an et
combien vous prévoyez être à la fin de l'année, malheureusement?
M. Gagnon
(Robert)
: C'est certain que, peu importe le contexte
économique, il va toujours y avoir des prospecteurs. On est habitués à voguer
dans des cycles économiques. J'ai terminé mes études, l'or était à 250 $ l'once.
J'ai toujours travaillé. C'est certain que je ne cherchais pas de l'or, je
cherchais des pierres d'ornement, des pierres décoratives. On est du monde
extrêmement débrouillard, on a toujours réussi à sortir notre épingle du jeu.
Je
crois que l'incertitude, de toute façon, elle est mondiale. Ce n'est pas
seulement le fait que le Québec est en négociation
pour un nouveau projet de loi, c'est toutes les juridictions qui sont victimes
de la baisse drastique des prix des métaux
qu'on vit présentement. Je touche du bois, je suis chanceux. L'or est encore
au-dessus de 1 000 $, donc il y a un attrait. Dès qu'il y a une belle découverte, c'est sûr que les
financiers vont être là, vont revenir. C'est juste que présentement l'industrie
minière mondiale — je
ne parle pas de l'industrie minière québécoise —l'industrie mondiale a moins
la cote au niveau des investissements, les
investisseurs sont un peu plus frileux. C'est tout à fait normal, c'est
cyclique. Les prospecteurs que je représente sont habitués à ce genre de
cycle, et c'est tout à fait normal, ça fait partie de notre vie. C'est à nous à
bien se planifier.
Moi, ce que je fais,
concrètement, c'est que je me prépare pour le prochain boom, c'est ça. On
dit : On vit un ralentissement. On va faire un peu moins de travaux, on va
peut-être cibler un peu plus nos terrains plutôt que de prendre trop de claims à la fois, on va mieux cibler nos zones, puis on
va être prêts quand le prochain boom économique va reprendre. On va être
là, c'est sûr, on a toujours été là.
M.
Billette :
…parce que, veux veux pas, il y a une tarte quand même au niveau du
financement, pour les groupes d'investissement, dans les produits miniers. Vous
êtes financés comment, vous…
M. Gagnon (Robert)
:
À partir de notre portefeuille personnel.
M.
Billette : …pas de firme comme les grandes entreprises qui
vous financent en ayant des... C'est vraiment votre portefeuille, vous
êtes autonomes de A à Z?
• (11 h 10) •
M. Gagnon (Robert)
:
Voilà une dizaine d'années, il y avait des fonds miniers à l'échelle du Québec
qui encadraient les prospecteurs via des
volets pour des subventions, pour des projets moins avancés et des projets plus
avancés. C'étaient des subventions
de 5 000 $ pour la
prospection de base et allant jusqu'à 15 000 $ pour de la prospection
avancée.
La
venue du gouvernement libéral a fait en sorte que le ministre des Ressources
naturelles, voilà 10 ans, a sabré dans
un budget qui coûtait à peine 1 million de dollars pour tous les fonds
miniers du Québec. Et il avait bravement dit que de toute façon, avec ce programme, il ne s'était pas trouvé aucune
mine. Je vous rappellerais que le gisement d'apatite titane qu'on est en
train de développer au lac à Paul est en majeure partie fait grâce à
la ténacité des prospecteurs du Saguenay—Lac-Saint-Jean et, bien entendu, de
Ressources d'Arianne, mais c'est quand même des découvertes de prospecteurs de base. Le gîte de Montviel de
Géoméga a été découvert voilà à peu près 10 ans par la persévérance
encore de prospecteurs. Donc, de dire qu'il ne s'est pas trouvé de mine grâce à
ce programme...
C'est certain qu'on
ne trouve pas une mine en un an, vous êtes conscients de ça. Ça prend… C'est un
long cheminement. Donc, maintenant, on n'a
pas le choix, on se finance à partir de nos... En fait, on investit. Le maigre
profit qu'on peut faire est toujours
réinvesti, si on veut continuer nos activités constructives. Mais le fait que
depuis une dizaine d'années on soit
laissés à nous-mêmes... Je ne viens pas ici pour revendiquer des sous, ce n'est
pas ça du tout, mais je veux vous mettre dans le contexte que, oui, on
en trouve, des gisements. Ça prend peut-être un peu plus de temps, mais on
participe au bien-être de la collectivité québécoise via nos activités.
M.
Billette : Petite question au niveau de votre point 5, dans
le mémoire, au niveau des amendes. Vous en avez reparlé tantôt :
Nous, nous sommes des petits prospecteurs, les amendes sont élevées pour nous.
Mais j'ai sursauté un petit peu, je me suis questionné, lorsque j'ai vu le
point, parce qu'on agit dans un système de droit, on n'y va pas sur l'individu mais sur l'infraction qui est en place
à ce moment-là. C'est comme si vous disiez à quelqu'un : Vu que tu
as une grosse voiture, tu fais une
infraction au Code de la route, à ce moment-là, ou ne respectes pas la limite
de vitesse, si tu as une voiture de tel prix, tu vas payer telle amende,
mais, si tu as une minoune, tu vas payer tel prix.
Vous
ne croyez pas un petit peu que votre point, il va contre le système de droit qu'on
s'est donné au Québec, que ce n'est pas en fonction de l'individu, de la
taille de l'individu qu'on donne une amende?
M.
Gagnon (Robert)
: En fait, je vous répondrais, monsieur, que, nous,
qu'est-ce qui nous a jetés à terre, c'est que pratico-pratique… Au
départ, nous recevions notre permis de prospecteur par la poste, il était
plastifié comme un permis de chasse, solide, indestructible. On l'a toujours
porté sur nous. Donc, qu'un fonctionnaire du gouvernement m'arrête en train de
faire de la prospection, je l'avais toujours sur moi, concrètement. Maintenant,
je suis obligé de l'imprimer par moi-même, et il... C'est écrit dans le projet
de loi que, si on n'a pas notre permis pour s'identifier… Maintenant, je cours
le risque, en fait, parce que je ne le traîne plus, mon permis de prospecteur,
c'est une feuille, je le laisse dans mon bureau puis j'espère ne pas me faire
attraper par un fonctionnaire, dans le sens qu'en une demi-heure il va être
détruit, mon permis de prospection. On a monté les frais pour l'acquisition du
permis, mais on a baissé, disons, le service un peu. Donc, c'est ça qui nous
a... Je sais, il ne faut pas faire... par rapport à votre exemple, qui est très
bon, mais il faut faire attention. Je ne pense pas qu'un prospecteur qui n'a
pas son permis, lorsqu'il travaille sur les terres publiques, mérite une amende
4 000 $, là, quand même, je vous dirais peut-être de moduler un petit
peu les amendes. Mais franchement on trouve ça un petit peu sévère comme...
Puis ça, ça peut être certains points aussi pour
décourager la relève. On s'entend, il n'y a pas beaucoup de relève dans mon
domaine, mais, si on voit des amendes aussi salées que ça, peut-être que...
En fait, je vous dirais, on a une crainte.
Pratico-pratique, on a de la misère à... Déjà, les intervenants précédents
parlaient qu'il n'y avait même pas assez d'intervenants pour surveiller les
mines, donc imaginez peut-être pour les prospecteurs, ce serait assez difficile
de nous pogner sur le terrain pas de permis. Mais quand même ça nous titille un
petit peu.
Je ne suis pas allé dans les autres amendes,
vous allez comprendre que je me suis concentré sur les articles qui nous
concernent directement. 4 000 $ pour ne pas avoir son permis qui est
en fait un papier, qui devrait être... Fournissez-nous encore nos cartes, ça va
nous faire plaisir. D'ailleurs, c'était ma source de fierté, moi, de le
montrer, mon permis de prospecteur, à l'époque, 7720, quatre numéros.
Maintenant, ils sont rendus à cinq, à six. En fait, j'ai les mêmes numéros,
comme je vous dis, que les prospecteurs de 60, 70 ans. Je suis très fier
de mon numéro. Au pire, je me le ferai tatouer. Comme ça, si je me fais arrêter
par un fonctionnaire, je pourrai...
M.
Billette : ...ce
serait un bon investissement de le faire plastifier. 1 $ versus
4 000 $, je pense que c'est une initiative que vous pourriez prendre.
M. Gagnon (Robert)
: On ne
peut pas les plastifier nous-mêmes, monsieur.
M.
Billette : Vous ne
pouvez pas les plastifier vous-mêmes?
M. Gagnon (Robert)
: Non.
M.
Billette : Parfait.
C'est beau, M. le Président, ça répond à ma question.
Le Président (M. Trudel) : C'est
beau pour votre côté? Alors, je vais céder la parole au député de Granby.
M.
Bonnardel :
Merci, M. le Président. M. Gagnon, bienvenue à l'Assemblée nationale. Oui, je
vous le confirme, vous êtes un passionné. Et je vois un homme qui lutte
pour sa survie mais la survie de ses membres aussi. Et j'en conviens qu'avec
les points que vous nous divulguez, le point 3 des renseignements des
travaux des prospecteurs, planification des travaux, divulgation…
Est-ce qu'on est en train de mettre en place, si
on adoptait ce projet de loi comme il est écrit là-dedans, les mesures les plus
coercitives au Canada? Avez-vous fait du droit comparé, qu'on appelait avec le
Barreau avant-hier? Est-ce que vous avez fait des comparatifs? J'imagine que
vous parlez à vos collègues ailleurs au Canada. J'imagine que vous avez des
conversations, peut-être des rencontres annuelles. Est-ce qu'on... L'Institut
Fraser disait dans la dernière année, bon : Le Québec est devenu pas mal
moins sexy pour les entreprises qui veulent investir, qui ont le choix, hein, partout dans le monde, puis ça, c'est
correct. La tarte est immense, puis le Québec est très, très, très
petit, quand on regarde les chiffres. Mais,
avec ce que vous nous indiquez, bon, vous semblez dire que c'est la mise à mort
ou presque, ou presque de vos membres.
Est-ce que vous avez fait donc des comparatifs avec ailleurs au Canada? Et est-ce
qu'on aurait donc ces mesures les plus coercitives au Canada concernant, donc,
les prospecteurs?
M. Gagnon (Robert)
: Juste l'exemple...
Je regarde les autres provinces par rapport à leurs prospecteurs, le soutien qu'ils
ont. Quand on s'en va à Toronto, au PDAC,
Prospectors & Developers of Canada, on se rend compte que les prospecteurs de la Nouvelle-Écosse,
Nouveau-Brunswick sont carrément amenés dans ces conventions internationaleslà par leurs propres gouvernements, leurs
gouvernements leur paient le déplacement, ils sont fiers de leurs
prospecteurs. Ils ont les plus beaux kiosques de disponibles avec des gens qui
sont actifs sur le territoire.
Nous, on
dirait qu'on a comme... je ne sais pas, on n'est pas fiers de nous. On a tassé
les petits prospecteurs, on n'existe
pas. Je trouve ça de valeur, parce que souvent j'en parle avec mes confrères de
mon conseil d'administration, puis ils me disent : Il faudrait qu'on
se batte, qu'on essaie de sortir un petit peu plus fort. Puis on essaie. On a
fait des lettres, on écrit dans les journaux. Mais on aimerait ça avoir la même
reconnaissance, sans nécessairement avoir...
Parce que vous parlez de la mise à mort de notre
activité. Ce n'est pas la mise à mort, moi, que je vous dis, c'est la migration. On se fait courtiser tout le
temps pour s'en aller au Yukon, pour s'en aller dans des provinces où on
serait les bienvenus. Mais moi, quand je regarde mes confrères des autres
provinces qui sont amenés dans toutes les conventions, que ce soit à Québec, que ce soit à
Toronto, par leurs propres gouvernements, qui sont fiers d'exhiber leurs
découvertes, et c'est le gouvernement qui les supporte, qui les encadre, je me
dis : On a encore du chemin à faire.
Puis on a reculé, parce qu'avant, voilà
10 ans, le gouvernement nous supportait dans nos activités. On avait des
fonds miniers, on avait des géologues qui étaient disponibles pour nous
encadrer, chaque région avait son fonds minier. Maintenant, on n'a plus ça. On
avait des petites subventions qui nous aidaient à passer au travers des cycles
économiques difficiles.
Je vous
dirais que, si on adopte le projet de loi comme ça, bien c'est peut-être la
mise à mort de la prospection artisane
qu'on va vivre, mais vous ne verrez pas la mort des prospecteurs, ça, c'est
clair. C'est l'activité peut-être au Québec qu'il n'y en aura plus, mais nous, on va avoir migré. Je ne changerai
pas de métier puis de passion demain matin, là. Rendu à mon âge, je ne pourrai pas commencer à me mettre à
jouer de la guitare demain matin, là. Écoutez, je suis un prospecteur.
Moi, je vais aller où est-ce qu'on veut bien de moi. L'accès au territoire, c'est
important.
M.
Bonnardel : Merci,
M. le Président. Vous parliez d'aide financière voilà une dizaine d'années, des
fonds spécifiques dans chacune des régions. Donc, présentement, en 2013, il n'y
a aucun crédit d'impôt, zéro, niet, qui est applicable
à un homme comme vous qui part en forêt avec son quatre-roues, qui se
dit : Tiens, mon pif m'amène par là, et j'ai découvert un gisement qui pourrait être intéressant? Il y a une
valeur x derrière tout ça puis il y a du temps, j'imagine, il y a
énormément de temps. Donc, il n'y a rien présentement au Québec, il n'y a
aucun...
M. Gagnon (Robert)
: Aucun
crédit d'impôt. Je suis content que vous me posiez cette question parce que ça
fait longtemps qu'on revendique ce point que les sociétés juniors ont le droit
d'avoir des crédits d'impôt, c'est sûr, à la hauteur de leurs travaux, on est
conscients de ça, mais nous, on ne peut pas, à moins d'avoir une compagnie, là,
on passe ça dans les... Mais souvent moi, j'ai
des membres qui ne sont pas enregistrés, pas incorporés, puis leurs
dépenses en essence, en quatre-roues, comme vous dites, sont...
M.
Bonnardel : Donc,
vous êtes tous des travailleurs autonomes?
M. Gagnon (Robert)
: Oui.
M.
Bonnardel : C'est
ça. Continuez, excusez-moi.
M. Gagnon
(Robert)
: Donc, comme je vous disais, si on était capables
d'en déduire, au moins de peut-être... Mais
je ne veux pas entrer dans la fiscalité. La finance, c'est compliqué, puis on n'est
pas là ici aujourd'hui pour ça. Mais c'est un très bon point que vous
amenez. C'est vraiment un problème, on n'est pas capables de déduire nos
dépenses par rapport à tout l'investissement qu'on fait.
Quand on
réussit à faire une vente à une compagnie d'exploration… Présentement, c'est
tellement difficile de réussir à
vendre des propriétés minières! Puis vous savez comment qu'on gagne notre vie?
C'est en vendant des claims mais aussi
en se faisant engager pour faire les travaux par la suite. Il n'y a pas juste
une vente de claim, puis nous, on ne fait
plus partie du décor. Non. Étant donné qu'on a l'expertise de l'indice du
terrain, souvent on va se faire engager par la compagnie minière, qui,
elle, par la suite, va... On est à la base, mais on est une chaîne qui… Je ne
sais pas combien de millions que le Québec,
admettons, là… juste par mes propres activités, comment j'ai pu faire générer
de millions de dollars pas dans ma
poche mais juste d'activité économique, que ce soit du décapage, de la coupe de
ligne, du forage, juste par mes propres initiatives. Imaginez quand on
met cette centaine de personnes là ensemble.
Puis on
permet à des compagnies publiques de venir se... à partir de nos terrains qu'on
vend, de réussir à se coter en bourse, qui viennent de Vancouver, qui
viennent de Toronto. On se fait appeler. Les compagnies du Québec nous
appellent pour avoir des claims, des terrains. La base, c'est nous. C'est nous
qui avons l'expertise du territoire, parce qu'il nous appartient, dans un sens,
on est sur le territoire.
• (11 h 20) •
Le
Président (M. Trudel) :
Merci beaucoup. Le temps qui était dévoué au deuxième parti d'opposition est écoulé, alors je reviens avec le temps
qui est accordé au gouvernement. Le député de Repentigny.
M.
McKay : Oui. Bien, bonjour, M. Gagnon. Bienvenue à l'Assemblée nationale. Effectivement, je pense que vous avez bien réussi à transmettre votre passion
puis à nous donner une meilleure idée de ce que sont les prospecteurs aujourd'hui,
en 2013. Puis, je pense, la ministre a montré une ouverture que vous avez
semblé… intéressante, là, par rapport à départager les types de travaux d'exploration,
ceux qui sont légers des autres.
Je me demandais… On me dit qu'au Labrador il y a
déjà un système comme ça de permis où les prospecteurs doivent soumettre leurs
travaux. Vous hochez de la tête. Donc, pouvez-vous nous dire si vous êtes un
peu au courant de ce qui se passe au
Labrador, puis c'est quoi, la différence avec ce qui se passe au Québec,
puis comment on pourrait adopter, dans le fond, le projet de loi pour… si vous pensez… Moi, ce qu'on me dit, c'est
qu'au Labrador ça existe, les prospecteurs semblent bien tirer leur
épingle du jeu là-bas. Donc, est-ce que… Enfin, expliquez-nous un peu c'est
quoi, la différence.
M. Gagnon
(Robert)
: Je peux répondre à votre question : Le Labrador
n'a aucune agglomération urbaine d'importance comparativement à nous qui
opérons en Abitibi. On a quand même 43 000 personnes sur le territoire de
Rouyn-Noranda, on a à peu près 35 000 à 40 000 personnes sur le
territoire de La Vallée-de-l'Or. Donc, être au Labrador, on s'entend, tu n'as pas besoin de
parler à personne, donc c'est facile de dire : Oui, on est d'accord, mais,
quand on est confrontés à la réalité d'aller présenter nos travaux à un conseil
municipal, on s'entend que ce n'est pas tout le monde qui est outillé de manière égale. Donc, c'est certain qu'être
actif sur le secteur du Labrador — ou c'est comme être actif dans le
secteur de la Baie-James, de la Jamésie — on n'a pas affaire
nécessairement à des communautés… des grosses agglomérations qui, elles, ont
déjà leurs plans de planification par rapport à tout le périmètre urbain.
Les
municipalités commencent de plus en plus à s'outiller par rapport à ça, donc il
est difficile, pour nous, de savoir à
quel interlocuteur… Mais de plus en plus… Je prends l'exemple de la ville de Rouyn-Noranda,
qui s'est arrangée pour avoir un plan d'urbanisme conforme avec les
activités minières. J'encourage d'ailleurs les municipalités à le faire et nous
souhaiter la bienvenue aussi, parce que, dans un sens, on contribue au
développement économique. On n'est pas des pilleurs. On est des citoyens du
Québec et on veut faire ça harmonieusement avec les autres occupations du
territoire, nous sommes très conscients des enjeux. Puis je reste en Abitibi.
Je ne reste pas à Toronto, je ne reste pas à Vancouver.
J'habite Val-d'Or, je suis un citoyen, j'habite le village minier de
Bourlamaque. C'est certain que je ne veux pas polluer mon environnement,
je ne veux pas dégrader mon environnement pour les générations futures, je suis
un citoyen, je suis un Québécois, c'est certain.
M.
McKay :
O.K. Donc, vous reconnaissez qu'il y a moyen d'avoir un système qui permet de…
M. Gagnon (Robert)
: Il
y a moyen, mais il faut comparer les choses entre elles. Au Labrador, ce n'est
pas les mêmes réalités que nous vivons en Abitibi-Témiscamingue,
monsieur.
M.
McKay : Oui. Bien, ce que vous dites, là où il y a des
communautés comme en Abitibi-Témiscamingue, c'est encore plus important de communiquer, que vous
communiquiez avec les autorités municipales que dans des endroits qui
sont moins denses de population.
M. Gagnon (Robert)
: J'avoue
qu'on a peut-être fait une erreur de communication. On n'a pas été assez
proactifs pour se faire reconnaître, se
faire connaître, notre travail, j'avoue. On a peut-être un petit déficit
pédagogique à rattraper, ça, c'est
clair. Mais c'est pour ça que je suis ici, c'est pour essayer de faire au moins
comprendre au politique puis par la suite aux citoyens, parce que c'est
vous qui faisez souvent le maillage, ce n'est pas moi, je suis dans le bois.
Mais quand même vous allez faire le pont
entre les citoyens et la classe politique, et je suis content d'avoir pris la
peine d'être ici pour vous parler, parce que je voulais vraiment
démystifier notre passion aux yeux du politique pour que vous compreniez qu'on
existe encore.
M.
McKay : Oui. Bien, soyez certains que nous aussi, on est
très heureux que vous vous soyez déplacé puis que vous ayez pris la
peine de venir nous rencontrer.
Je voulais juste
aborder rapidement la question du permis, parce qu'effectivement c'est un peu
normal qu'on demande aux gens d'être en
possession de leur permis pour une activité qui est réglementée, là. Moi, ce
qui me vient tout de suite à l'esprit,
c'est le permis de chasse. Quand on se promène en forêt, c'est un peu l'équivalent.
Vous êtes possiblement chasseur aussi. Non?
M. Gagnon
(Robert)
: …je chasse les minéraux.
M.
McKay : Oui, mais je pense
que c'est autour de… C'est des forfaits, qu'on appelle, un peu, dans le
domaine de chasse et pêche. Et, je pense, le forfait de base, c'est autour de
500 $. Ça peut aller jusqu'à 1 000 $, 1 500 $.
Est-ce que c'est davantage
la bracket d'amende, là, que vous trouveriez davantage acceptable?
M. Gagnon (Robert)
: Premièrement, M. le député, j'aimerais vous rappeler que le permis de chasse
est plastifié et permet une utilisation en forêt. Remettez-nous notre
permis comme il était au départ, plastifié, et, oui, on va le traîner, oui.
Puis avec… Comme vous dites, moduler des types d'amende de cet ordre-là, oui,
on serait en mesure, mais physiquement il y a
une différence entre le chasseur et le prospecteur présentement. Le chasseur a un vrai permis qu'il peut traîner sur lui, mais
moi, présentement, je n'ai rien, là.
M.
McKay :
Puis est-ce que votre association serait disposée à contribuer à gérer ce système-là?
Parce qu'au niveau de la chasse, bien, le permis de chasse, je pense, c'est
davantage des permis en papier, là, mais par contre, effectivement, la carte
pour nous habiliter à chasser et à obtenir le permis de chasse, celle-là est
plastifiée, mais c'est géré par… en collaboration avec la fédération des
chasseurs et pêcheurs.
M. Gagnon (Robert)
:
Il faudrait que j'aie une permanence pour me permettre de faire ça, parce que j'en
ai beaucoup sur les épaules.
M.
McKay :
Vous avez juste 100 membres, hein? Effectivement, c'est… O.K. C'était
juste une question comme ça. Merci.
M. Gagnon (Robert)
:
C'est un bon questionnement, M. le député. Merci.
Le
Président (M. Trudel) :
Alors, c'est tout, du côté du gouvernement? Pas d'autres questions? Merci. Du côté
de l'opposition officielle aussi? Alors, là-dessus,
je me permets de vous dire merci
beaucoup. Je crois
que votre passion a été bien communiquée aux membres de cette
commission.
Et je suspends les travaux et j'invite les
prochains intervenants à prendre place.
(Suspension de la séance à 11 h 27)
(Reprise à 11 h 32)
Le Président
(M. Trudel) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! On va reprendre nos travaux. Nous allons
entendre les membres de l'Association des producteurs de tourbe horticole du Québec. Et je vais vous
demander de vous présenter tout de suite, s'il vous plaît, et je vais
vous… ensuite céder la parole pour une période de 10 minutes.
Association des
producteurs de tourbe
horticole du Québec (APTHQ)
Mme Potvin (Geneviève) : Bonjour.
Mon nom est Geneviève Potvin, je travaille pour l'Association des producteurs
de tourbe horticole du Québec. Je suis accompagnée aujourd'hui de Jacques
Gagnon, responsable de la gestion de la ressource chez Premier Tech
Horticulture, et Me Robert Daigneault, avocat. Ça me fait plaisir d'être
ici aujourd'hui. Au nom de l'APTHQ et du créneau Tourbe et agroenvironnement,
nous tenons à vous remercier pour l'invitation, on remercie la commission et la
ministre de nous écouter aujourd'hui.
Donc, tout d'abord,
je dois dire que, pour nous, c'est un peu particulier de venir discuter d'une loi
qui vise les mines, parce que, malgré
que le secteur de la tourbe soit régi par la Loi sur les mines, notre industrie
est basée sur une ressource végétale, la tourbe de sphaigne. Donc, je
vais me permettre rapidement, là, de vous expliquer ce qu'est exactement cette ressource-là, qui est une
ressource typique et abondante au Québec mais peu connue. Donc, c'est la
partie décomposée de mousse de sphaigne,
donc des plantes typiques de tourbière, qui s'accumule au lieu de se
décomposer, car le milieu de la tourbière, c'est
une nappe perchée, donc c'est un écosystème acide et humide qui fait en sorte
que les plantes ne se décomposent pas rapidement. Donc, s'accumule au
fond de la tourbière une matière organique qu'on appelle la tourbe et qui est
la ressource principale sur laquelle est basée notre industrie.
Donc, la
production de tourbe, on récolte la tourbe plutôt qu'on ne l'extrait. Les
opérations liées à la production de tourbe sont intimement liées au
secteur agricole, les équipements utilisés sont comparables aux équipements de
ce secteur-là. Les opérations se font sur
des grandes surfaces et non en profondeur, c'est des grandes surfaces mais sur
des profondeurs très négligeables, de quelques centimètres par année. Les
activités d'aménagement et de production se déroulent
sur une longue période. Donc, la durée de vie d'un site de production de tourbe
peut varier entre 20 et 60 ans, selon les caractéristiques de la
tourbière.
Dans les
usines de transformation, on tamise la tourbe pour ensuite la mélanger avec des
engrais, de la chaux, des composts et
autres amendements pour produire un substrat adapté aux besoins de nos clients,
qui se trouvent à être des producteurs
en serre, des pépinières, des agriculteurs maraîchers, des architectes
paysagistes, des centres-jardins ainsi que des jardiniers amateurs.
Donc, la tourbe qui est récoltée et transformée sert de milieu de vie pour les
végétaux comme les aménagements, les magnifiques platebandes et le potager qui
ont été installés devant le parlement.
Donc, je vais vous faire un rapide portrait de
notre filière. Donc, l'APTHQ regroupe l'équivalent de 98 % à 99 % de la production de tourbe au
Québec. Donc, malgré qu'on ait seulement neuf entreprises dans la production
de tourbe directe, on regroupe l'essentiel de la production québécoise. Le
secteur mobilise une quinzaine d'entreprises, donc, quand on ne pense pas
seulement à la production de tourbe horticole directe comme les substrats et
les terreaux professionnels mais aussi
certains produits environnementaux, incluant les absorbants écologiques, la
biofiltration des eaux usées, etc. Également, il y a une filière au
niveau des équipements spécialisés pour la récolte et la manutention de la
tourbe.
Donc, cette
filière-là représente un chiffre d'affaires de 550 millions par année et
investit plus de 15 millions en recherche et développement. Au
niveau de la création d'emplois, il y a environ 1 500 emplois directs qui
sont créés et maintenus par l'industrie de
la tourbe au Québec. Même si le nombre peut paraître petit, il faut souligner
que les emplois qui sont créés par
les tourbières se situent en milieux ruraux, donc c'est souvent… une tourbière
peut être le principal employeur dans une municipalité. Donc, il est
reconnu qu'un emploi créé ou perdu en région a plus d'impact qu'un emploi créé ou perdu en secteur urbain. Donc, les
dernières estimations que nous, on a trouvées, donc, portaient à… l'estimé
portait à considérer qu'un emploi créé ou perdu au Bas-Saint-Laurent équivaut à
24 emplois dans la métropole, par exemple.
Donc, dans le cas actuel, les 1 500 emplois en région du secteur de la
tourbe équivalent à plus de 36 000 emplois dans la région
montréalaise.
J'ai
mentionné que la tourbe était abondante au Québec. Donc, je vais vous faire un
bref état de la situation. On compte, selon le ministère des Ressources
naturelles, 8 270 000 hectares de tourbière, donc
82 000 kilomètres carrés, ce qui
correspond à de 7 % à 9 % de la superficie de la province. Les
activités de récolte de tourbe couvrent aujourd'hui 6 600 hectares
ou 66 kilomètres carrés. Depuis l'ouverture des premiers sites en récolte,
on peut compter qu'il y a eu 8 200 hectares d'ouverts, donc
82 kilomètres carrés, ça fait qu'on voit que le potentiel est encore
disponible au Québec. Puis, parmi les 1 600 hectares qui ne sont plus en
production, la majorité ont été restaurés ou ont trouvé une nouvelle vie, donc,
au niveau de la sylviculture ou de la culture de petits fruits. En 2011, sur
les 8 millions d'hectares de tourbière au Québec,
1,5 million ont un statut de conservation au Québec. Puis je vous
mentionne que 50 % de la production de tourbe s'effectue sur les terres
publiques. Donc, ça, c'est important de le mentionner pour la suite de nos commentaires. Les principales régions
productrices de tourbe sont le Bas-Saint-Laurent, la Côte-Nord, le
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
le Centre-du-Québec ainsi que Chaudière-Appalaches.
Je vais faire un court résumé, là, des
initiatives menées par mon groupe d'entreprises sur une base volontaire.
Donc, depuis
1992, l'industrie de la tourbe a investi beaucoup d'argent au niveau de la mise
en place d'une chaire de recherche
industrielle à l'Université Laval qui porte sur l'aménagement et la
restauration des tourbières. Donc, cette année, on renouvelle pour un troisième mandat quinquennal cette
chaire-là, pour 2013 à 2018. Les producteurs de tourbe effectuent
eux-mêmes les travaux de restauration de leurs sites à l'aide des travaux de
recherche qui sont faits par l'université, par la chaire de recherche
industrielle, et ces techniques de restauration là font maintenant partie de
leurs pratiques courantes. L'industrie
québécoise de la tourbe occupe un rôle de leader mondial en restauration des
tourbières, donc, grâce à l'expertise qui est développée dans les entreprises et
les travaux de recherche qui sont menés.
• (11 h 40) •
Aussi, au-delà des normes réglementaires, l'industrie
s'est fortement impliquée dans la mise en oeuvre et le développement d'une norme internationale, donc la certification
Veriflora — Gestion responsable
des tourbières, afin d'outiller les
membres de l'association qui sont désireux d'encadrer leurs pratiques par des critères environnementaux
et sociaux des plus poussés. Il y a eu la production d'une analyse de cycle de
vie sur la tourbe, il y a eu des rapports de responsabilité sociale, etc. Donc,
c'est une industrie qui est vraiment proactive.
D'ailleurs, je tiens à souligner que le cadre de
référence de notre rapport de responsabilité sociale qui a été développé en 2013 a servi de projet pilote pour
une initiative internationale qui va aider à définir les lignes
directrices qui vont encadrer le développement durable dans le secteur
agroalimentaire. Donc, on était un des 15 projets pilotes, là, de l'initiative
qui a eu lieu en Italie au printemps 2013.
Nous avons
formulé des… Malgré qu'on considère qu'on n'est pas une ressource minérale, il
y a des articles du projet de
loi n° 14... projet de loi n° 43 qui visent le secteur de
la tourbe. Donc, parmi les observations
et les recommandations, tout d'abord, nous tenons à mentionner que,
nous, notre souhait, c'est d'avoir un cadre réglementaire et juridique adapté à
notre secteur d'activité. C'est notre premier point, notre point essentiel, c'est
d'avoir un cadre adapté pour la production de tourbe.
Donc, au niveau
des points plus spécifiques, au
niveau des superficies maximales des
baux exclusifs d'exploitation...
Le
Président (M. Trudel) :
Je vais vous demander rapidement de conclure, il vous reste environ
45 secondes, puis on va pouvoir passer à la période d'échange.
Mme Potvin
(Geneviève) : O.K.
Donc, au niveau des superficies des BEX qui sont limitées à
300 hectares, donc, c'est
un des exemples, là, flagrants que notre industrie est très différente de l'industrie
minière, c'est qu'on exploite plus en
superficie. Donc, on demande, pour plusieurs raisons technologiques et au niveau
du développement des marchés, des réalités de 2013, donc,
que la superficie soit plutôt de 500 hectares disponibles à l'exploitation.
Puis, au niveau des consultations publiques,
nous, on a tout un... il y a déjà tout un processus, qui est décrit dans notre
mémoire puis que je pourrai discuter par la suite, au niveau de la période de
questions, si c'est utile et intéressant pour les membres de la commission, mais
donc, nous, au niveau des consultations publiques, il y a tout un processus d'échange
avec la communauté qui est en place pour notre secteur.
Et, en guise
de conclusion, bien, nous, comme je disais tout à l'heure, c'est vraiment un
cadre réglementaire adapté qui serait la meilleure solution pour notre
industrie.
Le
Président (M. Trudel) : Merci beaucoup. Sans plus tarder, je
vais céder la parole aux membres du gouvernement. Mme la ministre des
Ressources naturelles.
Mme
Ouellet :
Oui, merci, M. le Président. Bien, bienvenue, dans un premier temps,
Mme Potvin, M. Gagnon et M. Daigneault. Je sais qu'on a
eu l'occasion de rencontrer l'association l'année passée, donc merci de revenir
encore cette année.
Et je pense qu'il en avait été question
également l'année passée mais sans avoir de demandes aussi précises que cette
année, là, de la situation un peu spécifique de la tourbe, mais, dans la Loi
sur les mines, il y a quand même deux sections, là, il y a les mines, les
minéraux, mais il y a les substances minérales de surface. Donc, c'est sûr que
la section de la tourbe est dans les substances minérales de surface, là, donc
pas avec les projets miniers, là, comme on les
entend généralement. Je comprends qu'il y a des différences, il y a des
spécificités, du côté de la tourbe, mais je crois qu'il y en aurait aussi si on le regardait dans d'autres
lois. Que ce soit la forêt ou que ce soit l'agriculture, il y aurait
encore des spécificités. Donc, en tout cas, on va... Je pense qu'il faut qu'il
y ait un encadrement pour l'industrie de la tourbe, qu'elle se trouve à un endroit où un autre dans les lois du Québec, et
là nous l'avons dans la Loi sur les mines mais dans la section des
substances minérales de surface.
Il y a un
point où je suis un peu surprise, parce que, de mémoire, mais je viens de le
valider, l'année passée, sur la question des consultations publiques,
vous aviez une position assez différente où vous nous disiez que vous étiez
tout à fait d'accord à ce qu'il y ait des consultations publiques pour chacun
des projets. Et d'ailleurs je me rappelle des représentations qui avaient été
faites, vous disiez : Bon, bien c'est important, les discussions avec les
citoyens. Je comprends que... Puis l'année
passée aussi il y avait des questions de zone d'exclusion. Cette année, après
discussion et un comité de travail, on a plutôt appelé ça «zone
incompatible», à l'intérieur du schéma d'aménagement, mais ça, c'est une espèce de
vision globale, ce n'est pas une consultation sur un projet précis avec les
impacts du projet précis. Et même, l'année passée, vous nous demandiez
que les consultations publiques soient menées par une instance neutre,
idéalement une instance gouvernementale, et là, cette année, vous nous
dites : Non, bien, finalement, on n'en veut plus, de ces consultations-là.
Je dois vous
avouer que je suis un petit peu surprise parce que le discours a beaucoup
changé, et, de l'expérience que j'ai
dans les différents projets, je comprends que la tourbe, c'est spécifique, mais
tout de même c'est l'utilisation du territoire
avec des fois des proximités, puis
des fois encore plus avec la tourbe qu'avec d'autres projets miniers,
proximité avec les municipalités; de voir
votre changement de positionnement que, sur un projet précis, vous ne souhaitez
plus de consultation du tout sur le
projet précis, en disant : Bien, les consultations globales sur l'aménagement
du territoire sont suffisantes, alors qu'elles visent quand même un
objectif passablement différent et qu'à ce moment-là on n'aborde pas chacun des projets précis, c'est plus une
vision globale d'occupation du territoire qu'une consultation sur un
projet précis. Donc, j'aimerais vous entendre pour comprendre votre changement
de positionnement sur cet élément-là.
Mme Potvin (Geneviève) : Bien, en
fait, l'industrie de la tourbe reste favorable à des échanges avec la communauté.
Ça, c'est indéniable. Ça, ça n'a pas changé.
Dans le projet de loi n° 43, vous avez des
articles qui visent la révision des schémas d'aménagement des MRC. Donc,
les MRC sont, à nos yeux, les entités parfaites pour tenir des consultations
publiques, sont reconnues par la population,
c'est un tiers indépendant. Donc, pour nous, s'il y a des consultations qui
sont menées par les MRC dans le cadre de la révision des schémas d'aménagement…
Contrairement
à l'industrie minière, les tourbières sont facilement identifiables sur une
carte. Donc, même si ça vise de façon
globale l'aménagement du territoire, il est possible d'identifier clairement où
sont situées les tourbières, où sont situés les secteurs avec potentiel
de développement pour la tourbe. Et, comme c'est une matière qui est en surface, qui est facile à identifier, à
cartographier aussi, la pratique des producteurs de tourbe, les pratiques, les
opérations courantes sont similaires d'une entreprise à l'autre, donc les
impacts sont très prévisibles. Il n'y a pas de surprise dans… Dans un site de production de tourbe, c'est toujours à peu près
les mêmes impacts qu'il peut y avoir. Donc, dans les consultations que les MRC mèneraient, ça serait très facile de
pouvoir identifier les secteurs et de dire : Bien, vu les opérations courantes des producteurs de tourbe,
voici les impacts potentiels. Donc, les citoyens pourraient tout de
suite mentionner leurs préoccupations ou avoir plus d'informations sur les
impacts potentiels pour eux. La ressource, elle est clairement précise sur le territoire, on peut anticiper. Il n'y a pas
de mauvaise surprise, là, c'est clairement identifié et prévisible.
Mme
Ouellet : Oui, je
vous remercie. Je comprends que la ressource est clairement identifiable,
mais c'est un peu comme pour les
carrières et sablières, où les impacts aussi, d'un projet à l'autre, peuvent se
ressembler, mais reste que, dépendant exactement où le projet est situé…
Et là les consultations qui sont menées dans le
cadre du schéma d'aménagement par les MRC sont des consultations globales, et, une fois que le schéma, il est identifié, c'est
du moyen et long terme. Les révisions de schéma sont aux cinq… dans certains cas 10 ans, exceptionnellement plus
longtemps, et un projet, un nouveau projet de tourbe pourrait tout à fait arriver à l'intérieur de ces
délais-là, et, à ce moment-là… La MRC, lorsqu'elle consulte, elle ne
consulte pas ce qui est prévu actuellement dans la loi. Ce n'est pas pour
chacun des projets, là, c'est dans le cadre du schéma d'aménagement, d'une vision globale, donc, de conciliation un peu des usages,
mais ce n'est pas nécessairement sur…
Puis, même si
une MRC pouvait être favorable à ce qu'il y ait un projet de tourbe sur son
territoire, ça ne veut pas dire que
les populations ne souhaiteraient pas avoir l'occasion de pouvoir être
consultées sur les impacts spécifiques de ce projet-là, l'impact sur les
cours d'eau et environnement de ce projet-là, parce que je comprends que les
impacts sont semblables d'une tourbière à l'autre, mais ce n'est pas exactement
les mêmes cours d'eau, ce n'est pas exactement les mêmes utilisations de chacun
des cours d'eau, la même utilisation du territoire.
Donc, vous ne croyez pas que… Cet outil-là de consultation projet par projet, lorsqu'un nouveau projet arrive, ça ne serait pas quelque
chose qui justement permettrait aux citoyens d'avoir les informations et de se
prononcer pour que vous puissiez avoir leurs préoccupations et, autant que
faire se peut, là, les intégrer dans votre projet?
• (11 h 50) •
Mme Potvin
(Geneviève) : Tout d'abord, les projets de développement de tourbière peuvent prendre environ cinq
à six ans avant de pouvoir se développer. Ça, c'est une durée minimale parce qu'il
y a la période où est-ce que l'entreprise va prendre son claim, ensuite il y a l'obtention
du BEX comme tel, qui peut prendre plusieurs mois, quelques années même, et ensuite il y a le processus d'obtention du certificat d'autorisation
auprès du ministère de l'Environnement. Donc, tout ça fait en sorte qu'on
peut prévoir dans des périodes de cinq à 10 ans le développement de l'industrie.
Les projets n'émergent pas du jour au lendemain. C'est planifié à l'avance,
parce que le processus est relativement long.
Puis, dans le
cadre de l'obtention du BEX, dans les pratiques actuelles, les MRC sont
consultées, les communautés autochtones sont consultées. Donc, avant d'obtenir
un BEX, il y a des consultations qui se tiennent, à l'heure actuelle. Même si ce n'est pas officiel, il y a
des consultations, les gens du ministère des Ressources naturelles
demandent à ce que le promoteur se soit entendu avec les MRC et avec les
communautés autochtones. Puis nous, les MRC, on considère que c'est les représentants de la population, des
populations locales où se déroulent les projets. Et, par la suite, dans
le cadre de l'obtention du certificat d'autorisation,
là, c'est là que les enjeux, les impacts sont plus clairement définis. Et, dans
le cadre de l'obtention du certificat d'autorisation,
il y a une validation qui se fait avec la municipalité pour s'assurer qu'il
y a un respect des lois et règlements en
vigueur, là, au niveau de cette municipalité-là. Donc, il y a déjà des
consultations qui se font en cours de processus. Là, je parle du processus
actuel.
Et,
de plus, j'ai parlé tout à l'heure de la certification Veriflora. Donc, dans le
cadre de cette certification-là, les producteurs de tourbe doivent
développer des processus de lien avec... d'échange avec leur communauté. C'est
une formule intéressante parce que les
producteurs le modulent en fonction du milieu où leur projet se déroule. Donc,
si le projet se déroule dans un endroit où est-ce qu'il n'y a presque…
pratiquement pas de population autour — puis c'est quelque chose qui
est quand même fréquent — donc,
le processus d'échange n'est pas le même en comparaison avec un autre projet
qui serait situé à côté d'un village de 600 personnes, par exemple. Donc,
les entreprises développent et modulent des processus d'échange pour justement
rencontrer les gens, puis ça, c'est un processus qui se fait à chaque année.
Donc, ce n'est pas pour tous les sites, il y a une rotation des sites qui se
fait en fonction, là, de la taille de l'entreprise, en fonction de la
localisation des projets. Ça peut être sous forme d'une journée portes ouvertes
où l'entreprise est présentée et que les
gens viennent puis ils peuvent discuter avec les propriétaires des entreprises.
Parce qu'il faut se rappeler que l'industrie
de la tourbe, c'est principalement des entreprises québécoises. Donc, les
dirigeants des entreprises vont faire leur épicerie dans la même municipalité,
là, où est situé leur siège social, là, donc il y a une proximité qui est déjà
présente, je dirais, au niveau des projets de tourbière et des populations
environnantes. Et ce processus-là est
actuellement… déjà en fonction, si on peut dire, à travers la certification
Veriflora, puis c'est audité par un tiers.
Donc, il y a une agence de certification qui vient, qui vérifie que le
processus d'échange a eu lieu puis que l'entreprise a tenu compte des commentaires. Mais c'est un
processus qui est un peu plus souple, qui est adapté en fonction des
réalités de chacun des sites. Donc, ce n'est pas qu'on est contre la
consultation, on en fait déjà.
Le Président (M. Trudel) :
Merci. C'est complet? C'est complet, de votre côté?
Mme Ouellet : C'est complet.
Le
Président (M. Trudel) :
Juste avant de céder la parole au député de Rivière-du-Loup—Témiscouata, vous avez dit dans votre introduction que ça vous faisait un peu bizarre d'être
ici pour parler de la Loi sur les mines. Je peux vous dire qu'on vous connaît très bien, un de vos
chantres et un de vos admirateurs a parlé de vous quasiment tout au long
de nos audiences. Alors, je lui cède avec plaisir la parole.
M.
D'Amour : Merci. Merci
beaucoup, M. le Président. Effectivement, s'il y a un député au Québec qui est concerné par la question des tourbières, c'est
bien moi. Effectivement, il y en a
aussi sur la Côte-Nord, au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
mais c'est un secteur d'activité qui est réellement porteur sur le plan de l'emploi,
de l'activité économique et sociale. Si on additionne tous les emplois
directs et indirects chez nous… Et il y a un lien, d'ailleurs, entre notre
gouvernement de l'époque et l'association. Je me souviens d'annonces que nous
avions faites ensemble, notamment en 2012, sur la formation de la main-d'oeuvre,
une annonce de 905 000 $ ou 906 000 $ qui touchait
678 travailleurs. Il y en avait eu auparavant dans le secteur, on avait
fait une annonce à Saint-Modeste. Bref, il y a une cohabitation entre nous qui
est tout à fait porteuse.
Peut-être,
avant de poser des questions, revenir très rapidement sur la question de la
consultation, apporter des précisions.
Effectivement, dans les schémas d'aménagement des MRC, ça implique une
connaissance pointue de chacun des
territoires de ladite MRC, qu'on soit dans Rivière-du-Loup, qu'on soit dans
Kamouraska, peu importe. En partant, là, comme il y a une connaissance
du territoire et que la tourbière, ce n'est pas comme une mine d'or ou une mine
de fer, c'est facile à identifier, ne
serait-ce que sur le plan visuel. La ressource, elle est là, donc il y a une
connaissance. Dans la planification des schémas d'aménagement, il y a
déjà des choses qui sont prévues là. Moi, je vous comprends et je vous reçois très bien là-dessus, et je vous reçois
très bien aussi quand vous nous parlez d'un cadre adapté pour les
tourbes. C'est différent. Tout en étant contenu à l'intérieur de la loi, c'est
différent.
Moi, je veux…
De cet élément-là, je pense qu'on en a beaucoup parlé, là, à venir jusqu'à
maintenant, puis en fait je veux juste
dire une chose : Un schéma d'aménagement n'est pas une fin en soi. Ça ne
veut pas dire, entre les transformations, qu'il n'y a pas une marge de
manoeuvre pour que les gens puissent s'entendre éventuellement sur des projets.
Additionner à ça votre propos qui dit : Écoutez, un projet, ça peut
prendre facilement entre cinq, six ou sept ans à se réaliser, je pense qu'il
y a déjà là, sur le plan de la consultation… Par l'entremise de la connaissance
du territoire, il y a déjà, à mon sens, des assurances, vous avez raison
là-dessus.
Sur les
superficies, la nuance entre le 300 hectares puis le 500, là, vous me l'avez
déjà expliquée, là, mais je veux que les gens comprennent bien pourquoi
cette différence-là, pourquoi passer de 300 à 500 hectares, la question de
rentabilité, mais je veux que vous alliez beaucoup plus loin là-dessus.
Mme Potvin (Geneviève) : Parfait.
Bien, comme j'ai la chance d'être accompagnée de quelqu'un qui est un
spécialiste de la gestion de la ressource, je vais passer la parole à
M. Gagnon.
M. Gagnon
(Jacques) : Bonjour. Donc,
ce qui est au niveau des demandes, là, pour avoir un secteur qui est
plus grand comme… pour exploiter, c'est que c'est la concurrence du marché
aussi, c'est le fait que, depuis un peu plus de
10 ans, les prix sont stagnants au niveau du marché, les prix de la
tourbe, donc on se doit d'être concurrentiels, et une des manières, c'est
d'aller dans des secteurs qui sont plus grands et donc où c'est qu'on est plus
efficaces. Et aussi la technologie a changé
beaucoup depuis une quinzaine d'années. On a des équipements qui sont mieux
adaptés, plus gros. Et aussi, la spécificité de la tourbe elle-même, la
tourbe, elle est… il y a des caractéristiques, il y a différents grades à l'intérieur d'une tourbière qui… Quand vous allez
plus en profondeur, la tourbière est plus décomposée, donc ça nous prend
un territoire qui est plus grand pour nous permettre d'avoir une qualité
constante dans le produit. On va ouvrir une partie de ce
secteur-là qui va nous donner tel type, tel grade de tourbe, telle qualité, et,
par la suite, on va ouvrir d'autres secteurs pour homogénéiser tout le produit,
pour qu'il soit constant. Donc, c'est des caractéristiques qui sont importantes pour nous, pour nos clients, de
toujours avoir un produit qui est constant. Donc, avec plus de territoire,
ça nous permet d'être plus constant de cette manière-là et de pouvoir avoir un
produit de qualité, là, donc.
M.
D'Amour :
Si cette autorisation-là était accordée par l'entremise de la loi, c'est quoi,
la conséquence que ça pourrait avoir
à travers les différents territoires? Parce que les territoires se ressemblent
quant à la ressource, mais on n'a pas les mêmes dimensions, on n'a pas
les mêmes caractéristiques. C'est quoi, la conséquence que ça pourrait avoir?
• (12 heures) •
M. Gagnon (Jacques) : Bien, ça
permettrait à ce moment-là, pour nous, d'avoir une planification plus à long
terme aussi puis d'avoir des investissements qui seraient plus grands, parce
que, vous savez, pour les usines de transformation,
on a besoin d'avoir quand même un certain nombre de superficies, qui nous
permettrait, là, d'aller faire des
investissements qui sont plus prononcés, donc un standard comme tel, mettons, qui nous permettrait d'avoir une
usine de transformation, des équipements qui sont adaptés ou qui sont plus
performants maintenant qu'ils ne l'étaient auparavant.
Donc, tout ça mis ensemble
fait que ça nous permettrait d'avoir une meilleure stabilité et des investissements plus
considérables, à ce moment-là, d'usine de transformation.
M.
D'Amour :
Parlez-nous du processus de réhabilitation des tourbières. Il y a eu des
avancées importantes faites à cet égard, et je veux que la ministre
entende ça.
M. Gagnon (Jacques) : Oui, tout à
fait, on est bien fiers de ça, là. C'est qu'on est des… c'est écrit dans le mémoire, on est des leaders mondiaux au niveau de
la restauration des tourbières. Il y a beaucoup de personnes, là, ou d'entreprises d'Europe qui viennent nous voir pour
apprendre les techniques qu'on a développées au fil des
20 dernières années, 15,
20 dernières années. C'est quelque chose qui est relativement… en principe
pas très compliqué mais qui apporte des résultats qui sont très
impressionnants, là.
Dernièrement, on a eu une visite, sur la
Rive-Sud de Québec, de l'association des journalistes horticoles de l'Amérique
du Nord et puis qui étaient vraiment impressionnés, même qui étaient arrivés un
peu sceptiques et puis qui, à la suite de
cette visite-là, ont été très, très impressionnés, là, de voir l'évolution des
tourbières, parce qu'on avait peut-être
mauvaise presse dans le passé, à savoir que les sites étaient abandonnés ou laissés
pour compte. Donc, maintenant, avec toutes les techniques qu'on a
développées, même, les gens ne croyaient pas, là, que c'étaient des secteurs qu'on
avait restaurés, ils croyaient que c'étaient
des secteurs qu'on n'avait jamais touchés, là, auparavant. Donc, il a fallu
leur prouver par des photos aériennes, ces choses-là, puis leur dire :
Bien, écoutez, non, non, c'étaient des secteurs qui étaient… qui ont été
récoltés, là, dans le passé.
Donc, on est
bien fiers de ça, là, de dire, puis sans prétention, là, qu'on est vraiment des
leaders à ce niveau-là, au niveau de la restauration de tourbière.
M.
D'Amour :
Sans dire que c'est un phénomène qui est récent, ça ne fait quand même pas des
décennies, là, qu'on procède à une restauration. Et une restauration, de
façon générale, dans le temps, ça peut prendre combien de temps? C'est long?
Mme Potvin
(Geneviève) : Bien, au
niveau des travaux de restauration comme tels, ça se déroule sur
quelques semaines, quelques mois. Donc, ça, c'est relativement rapide. Dans un
délai de cinq ans, le recouvrement végétal typique
d'une tourbière, quand les travaux sont bien faits, là, donc on retrouve un
recouvrement végétal typique d'une tourbière. Dans un délai de cinq à
15 ans, les fonctions écologiques de l'écosystème sont retrouvées, donc on
parle de captation du carbone et tout ce qui
concerne l'hydrologie de la tourbière. Donc, les fonctions écologiques, dans un
délai de 15 ans, là, les travaux du groupe de recherche en écologie des
tourbières, là, issus de la chaire de recherche, nous amènent des preuves
concrètes qu'après 15 ans on a restauré l'écosystème.
M.
D'Amour : O.K. À la
page 13 de votre mémoire, vous demandez «à ce que la notion d'intérêt
public soit définie afin d'éviter les tergiversations possibles dans l'application
de ces articles». Mais encore?
Mme Potvin
(Geneviève) : En fait, nous,
ce qu'on pense qui serait intéressant, ce serait d'utiliser les items de
l'article 250, tout simplement. Je peux
passer la parole aussi à Me Daigneault, là, qui est plus ferré que moi en
termes juridiques, là.
M.
Daigneault (Robert) : Oui.
M. D'Amour, lorsqu'on regarde l'article 250, c'est ça, il amène, il suscite
une question sur cette notion d'intérêt public parce que, quand on regarde l'énumération
qui est là, il y a beaucoup d'éléments qui sont déjà des éléments d'intérêt
public, je pense à la conservation de la flore et de la faune comme exemple, et puis… Mais, dans le paragraphe
introductif, on parle, encore là, d'intérêt public : «…à tout objet qu'il
juge d'intérêt public, notamment la
réalisation des travaux, ouvrages et objets suivants…» Alors, on estime que ce
serait plus clair si tout simplement,
dans la loi, à chaque fois qu'on
réfère à l'intérêt public, on réfère plutôt à l'énumération des objets qui sont mentionnés à l'article 250.
M.
D'Amour : C'est un article
qui, en termes de contenu, est lourd.
M. Daigneault
(Robert) : Il y a beaucoup d'éléments.
M.
D'Amour : Il y a effectivement
beaucoup, beaucoup d'éléments. On va s'y attarder de façon plus pointue et
sérieuse.
M.
Daigneault (Robert) : Tandis
que j'ai la parole, M. le député, c'est qu'en passant à travers les
dispositions concernant les substances minérales de surface je me suis aperçu d'un
petit problème de rédaction législative à l'article 133, on réfère à un
alinéa qui n'existe pas. Alors, ce serait juste de le signaler pour le
rédacteur.
M.
D'Amour : Merci.
Nous comprenons que ça peut arriver, ça peut arriver
Écoutez, moi, ça fait le tour des questions que
j'avais à vous poser ce matin, là… à moins que la ministre ait autre chose.
Le
Président (M. Trudel) : Merci beaucoup. Mme la
ministre? D'autres membres de la commission? Peut-être vous laisser
un deux minutes en guise de conclusion.
Mme Potvin
(Geneviève) : Bien, écoutez,
on vous remercie très sincèrement de l'invitation aujourd'hui. Nous, donc, pour conclure, notre demande, c'est de mettre sur pied une table
de concertation avec l'industrie et
avec le ministère pour essayer de définir un cadre juridique et
réglementaire adapté qui permettrait de mieux supporter la filière et de
pouvoir continuer les initiatives que les producteurs ont menées de l'avant de
façon volontaire, mais d'avoir l'appui et le support du ministère puis d'avoir
un cadre réglementaire qui soit ajusté au niveau de l'exploitation de la tourbe
au Québec. Je vous remercie.
Le Président (M. Trudel) :
Alors, merci beaucoup. Merci à mes collègues.
Et,
en vertu des pouvoirs qui me sont conférés par le peuple, la Constitution ainsi
que… et surtout le règlement, je déclare que la commission ajourne ses
travaux au mardi 17 septembre, à 10 heures. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 12 h 6)