(Quatorze
heures)
Le Président (M.
Lévesque) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la
salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
La commission est réunie
afin de procéder à des consultations particulières sur le projet de
loi n° 43, Loi sur les mines.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Aucun remplacement aujourd'hui.
Auditions
(suite)
Le Président (M. Lévesque) :
Merci, Mme la secrétaire. Cet après-midi, nous entendrons la Chambre de
commerce de Val-d'Or, M. Nochane Rousseau, la Corporation de protection de l'environnement
de Sept-Îles et enfin le Réseau de la transformation métallique du Québec.
J'invite donc nos
premiers invités à faire leur présentation. Messieurs madame, vous disposez de
10 minutes.
Chambre
de commerce de Val-d'Or
M.
Jolicoeur (Marcel H.) : Merci, M. le Président. Je me présente :
Marcel Jolicoeur, président de la Chambre de commerce de Val-d'Or. Je tiens à remercier le gouvernement et la
ministre des Ressources naturelles, Mme Martine Ouellette, pour son
invitation. Sincères salutations aux députés membres de la commission et au
personnel.
Je
vais tout d'abord prendre quelques secondes pour vous présenter notre
organisme. La chambre de commerce compte plus de 1 100 délégués
actifs au sein de la communauté d'affaires, ce qui en fait l'un des grands
réseaux de l'Abitibi-Témiscamingue. Notre
mission est de promouvoir le développement socioéconomique et d'agir comme
partenaire mobilisateur, un lieu d'échange,
d'action et de concertation. Nous sommes ici pour représenter nos membres et
tous ceux qui sont liés de près ou de
loin à l'industrie minière, et, croyez-moi, en Abitibi, cela veut dire
pratiquement l'ensemble des entreprises.
Je
suis accompagné du deuxième vice-président et administrateur responsable du
secteur minier de la chambre de commerce,
M. Éric Tremblay, et de notre directrice générale, Mme Hélène
Paradis; de nos membres, M. Pascal Hamelin, vice-président des opérations chez Ressources Métanor, M. Alain
Laplante, vice-président et chef de la direction financière chez Forage Orbit Garant, et M. Ghislain
Blanchet, qui est vice-président exécutif du Groupe minier CMAC-Thyssen.
Si un seul mot
résumait les recommandations de la chambre de commerce pour ce projet de loi,
ce serait le mot «stabilité». La Loi sur les
mines se doit d'offrir une réglementation claire, précise et surtout
prévisible. Vous n'êtes pas sans savoir que l'industrie minière demeure
un secteur fragile. L'incertitude de la dernière année à l'égard des redevances et la baisse rapide du prix de l'or ont
grandement affecté l'activité minière en Abitibi-Témiscamingue. Nous sommes présents ici aujourd'hui pour soutenir l'industrie
minière québécoise et le gouvernement dans la révision de la Loi des mines. Nous vous assurons que c'est dans
une optique de collaboration que nous souhaitons amener des
recommandations constructives.
Certaines
orientations du projet de loi nous préoccupent, et, à notre avis, plusieurs
amendements doivent être faits afin de réaliser le plein potentiel
minier du Québec. D'entrée de jeu, le projet de loi n° 43 nous a
laissé un sentiment d'insécurité en ce qui concerne le pouvoir discrétionnaire
du ministre. Nous croyons que le gouvernement doit agir comme gardien de la ressource mais non en tant que tribunal de l'activité
minière. Plusieurs articles octroient un pouvoir important au ministre. Certains sont justifiables, d'autres ne le sont
pas. La chambre de commerce s'entend pour dire que le gouvernement doit
établir des règles du jeu et veiller à leur respect, mais, une fois que les
règles sont déterminées, elles doivent être
sans équivoque et seulement régies par les lois du marché. C'est pourquoi nous
recommandons de préciser et d'encadrer
davantage les pouvoirs discrétionnaires du ministre afin d'assurer à l'industrie
minière la mise en place d'une réglementation fixe.
Nous
croyons aussi que plusieurs dispositions dans le projet de loi n° 43
constituent un frein à l'investissement et à l'exploration. Notre
recommandation est donc simple : L'accès au territoire est essentiel pour
le développement de la ressource minérale québécoise. Sans exploration, il n'y
a pas de mine. Nous souhaitons donc que le gouvernement établisse, à l'intérieur du projet de loi n° 43, des
mécanismes de coopération pour encourager l'investissement minier plutôt
que des mesures rigides et contraignantes.
La
question des claims aux enchères, notamment, vient ajouter au climat d'insécurité
qui sévit. C'est le libre accès au territoire et à la ressource qui
permet de favoriser le dynamisme des entreprises québécoises. Le gouvernement
ne doit pas substituer à l'industrie des territoires et accroître les barrières
à l'entrée qui défavoriseraient les entreprises d'exploration juniors, souvent
québécoises. Nous recommandons donc le retrait de l'article 49 à 51.
La
chambre de commerce croit en une gestion minérale responsable et harmonieuse
avec l'environnement et les communautés, c'est
pourquoi nous sommes en accord avec les dispositions modifiant la Loi sur l'aménagement
et l'urbanisme. Toutefois, nous croyons que
le gouvernement doit demeurer le premier gestionnaire des ressources
naturelles du Québec, et c'est pourquoi,
dans ce cas, il est essentiel que le ministre se réserve la flexibilité de
refuser un changement au schéma ou de
dispenser un titulaire de claim de respecter les conditions qui lui sont
imposées. Il est aussi important de préciser
et d'inscrire dans le projet de loi des balises claires précisant les
circonstances selon lesquelles un territoire pourra être soustrait à l'activité
minière ou toléré sous certaines conditions.
Nous sommes aussi en
accord avec le fait que les consultations publiques sont un incontournable pour
les projets miniers de moyenne et grande
envergure. Toutefois, nous estimons que la tenue d'une audience du BAPE
pour les petites minières pourrait devenir
un enjeu financier mettant en péril le démarrage du projet. Nous croyons donc
que les projets miniers de moins de 3 000 tonnes par jour
pourraient être dispensés.
Aussi, le processus d'octroi
d'un bail minier est un réel casse-tête pour les entrepreneurs. Le titulaire
doit fournir un très grand nombre de documents, en plus de nombreux permis qui
doivent être délivrés par les différents ministères.
Nous demandons donc au gouvernement de mettre en place plus de ressources
disponibles et compétentes afin de
rendre la démarche rapide et efficace. Nous recommandons aussi de prévoir un
délai maximal pour la tenue de l'audience et que le bail soit émis
systématiquement quand l'évaluation du BAPE a confirmé que le projet rencontre
l'ensemble des conditions exigées.
En
ce qui concerne le versement de la garantie prévue aux articles 182 et
184, la chambre de commerce propose que
les versements soient selon le type de mine et en fonction des impacts sur l'environnement,
étalés sur une plus longue période.
Le dévoilement d'un site minier et son impact sur l'environnement varient d'un
projet à l'autre, particulièrement lorsqu'on
compare une mine à ciel ouvert à une mine souterraine. Nous croyons donc que
ces distinctions doivent être prises
en compte. La chambre de commerce recommande également que le premier versement
de 50 % soit versé lors de la mise
en production du projet minier et non dans les 90 jours suivant la
réception de l'approbation du plan et, finalement, que le délai prévu à
l'article 189 qui concerne les travaux de réaménagement et de restauration
suivant une cessation des activités d'exploitation soit allongé à cinq ans.
Certains articles
visant la maximisation des retombées économiques constituent, à notre avis, de
l'ingérence au sein de l'entreprise privée
et vont à l'encontre de la liberté du commerce. L'article 103 qui dit que
le ministre peut, au moment de la conclusion d'un bail, exiger une
entente avec le titulaire ayant pour objet de maximiser les retombées économiques impose un fardeau supplémentaire sans
justification à l'industrie minière. Les autres secteurs d'activité de l'économie
québécoise sont régis par les lois du marché. Pourquoi l'industrie minière
doit-elle se voir imposer des exigences différentes quant aux retombées
économiques? Nous demandons donc le retrait de cet article.
Nous demandons
également de scinder le comité de suivi et de maximisation des retombées
économiques. La chambre de commerce n'est
absolument pas contre l'idée de créer des comités de suivi et encourage les
sociétés minières à le faire lorsque
le contexte s'y prête, sans la nécessité d'imposer une obligation. La CCVD
convient donc… convient que le projet de loi pourrait contenir des
orientations permettant de dicter et d'enclaver les circonstances où la
création d'un comité de suivi devient nécessaire.
En
ce qui concerne le comité de maximisation, nous rappelons que l'industrie
minière redistribue déjà largement au sein
des communautés où elles sont implantées, et les entreprises ont tout intérêt à
faire affaire avec les fournisseurs locaux. Les retombées économiques locales sont donc maximisées par la nature
même des activités minières. Nous proposons donc de prévoir la création d'un comité de maximisation des retombées
économiques par la MRC englobant l'ensemble des sociétés minières dans une approche commune. Ce comité aurait un pouvoir
de recommandation et pourrait être chapeauté par une structure déjà existante comme le comité de maximisation des
retombées économiques de l'Abitibi-Témiscamingue.
Concernant l'étude de
faisabilité de la transformation du minerai prévue aux articles 102, 108,
122 et 300, la chambre de commerce considère
qu'il n'est pas de la responsabilité des sociétés minières de produire une
telle étude. Les sociétés minières sont spécialisées dans l'extraction,
pas dans la transformation. De plus, produire une étude comme celle-là
coûterait plusieurs centaines de milliers de dollars. Cette obligation pourrait
compromettre le démarrage de certains projets miniers.
• (14 h 10) •
Finalement,
les ententes entre les sociétés minières et les communautés autochtones se sont
multipliées depuis le début de la décennie. Toutefois, il y a un flou
qui persiste quant à la démarche à suivre et aux obligations à respecter en ce qui concerne la conclusion d'ententes avec
les communautés autochtones. La CCVD
recommande donc d'encadrer les consultations et les conclusions d'entente avec les communautés autochtones de
manière à ce que les obligations des sociétés minières soient claires et
précises.
De
plus, l'article 163 prévoit que sont rendues publiques
«toute entente conclue entre le titulaire de bail minier ou de concession minière et une communauté». Nous sommes d'accord avec l'idée de rendre publique cette information et d'ailleurs nous tenons à
souligner que l'industrie minière fait preuve d'une très grande
transparence. Toutefois, en ce qui a trait à la divulgation des
ententes, cet article soulève certaines inquiétudes alors que l'industrie
craint les risques de surenchère. Le processus de conclusion d'entente devrait
donc être encadré afin d'éviter que certaines ententes soient utilisées comme
base de négociation, sans égard aux particularités de chaque projet.
En
conclusion, M. le Président, ce que la Chambre de commerce de Val-d'Or veut
vous dire, c'est que la Loi sur les mines
doit offrir à l'industrie minière une stabilité qui lui permet de croître dans
une optique de développement durable à la fois respectueuse de l'environnement
et des communautés et mutuellement enrichissante pour les entrepreneurs, les
investisseurs et l'ensemble de la collectivité. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. Jolicoeur. Maintenant,
nous aurons une période d'échange de 50 minutes qui sera répartie
comme suit : 24 minutes pour le groupe formant le gouvernement, 20 min 48 s
pour l'opposition officielle et 5 min 12 s pour le deuxième
groupe d'opposition. La parole est à vous, Mme la ministre.
Mme
Ouellet :
Merci, M. le Président. Donc, saluer M. Jolicoeur ainsi que toute l'équipe qui
l'accompagne, de la Chambre de commerce de Val-d'Or. Bienvenue.
Bienvenue à l'Assemblée nationale. Bien contente que vous veniez présenter un
mémoire sur la Loi sur les mines.
Donc,
peut-être d'entrée de jeu… J'ai déjà fait la précision, mais, concernant l'étude
de faisabilité sur latransformation,
j'ai déjà précisé que c'était une étude de faisabilité, là, de marché
économique, donc d'opportunité, à savoir s'il y a un intérêt, il y a un marché pour la transformation pour ce
type de minerai là en fonction de la localisation et en fonction du
nombre d'entreprises. Parce que nous, on pense que la transformation, c'est
important, la transformation crée trois à
quatre fois plus d'emplois que la simple extraction. Et je suis un peu surprise
de votre positionnement sur les articles que nous proposons, en
particulier, là, la possibilité de conclure des ententes, parce qu'on a balisé
avec ce qui se faisait ailleurs dans le
monde, avec ce qui se faisait au Canada, et ce qu'on a proposé, c'est d'amener
le Québec au même niveau que ce qui se fait en Ontario, que ce qui se
fait à Terre-Neuve, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse. Et, je vous dirais même, la façon dont on l'a
présenté, il y a même plus de prévisibilité sur ces données-là. Ce n'est
pas de la transformation automatique, on sait bien que ce n'est pas 100 %
du minerai qui sera transformé au Québec, mais, le minerai extrait au Québec qui est transformé, il y a quand même de la
place à amélioration. Et on pense que c'est un outil qu'il est important qu'on puisse se donner, qu'on ait l'opportunité
de l'utiliser, si besoin est. Et on a vu, Terre-Neuve l'a utilisé dans le cas de Voisey's Bay, avec un
résultat intéressant. L'Ontario, depuis déjà longtemps, l'utilise, avec
les résultats de transformation qu'on connaît, qu'ils ont eus. Donc, je suis un
peu surprise, et peut-être vous pourrez revenir sur ce point-là, concernant la
transformation.
Et, quand
vous dites : Les sociétés minières, elles font de l'extraction, pas de la
transformation, bien je comprends. En
Abitibi, il y a beaucoup de mines d'or, et là on est dans un autre
environnement. Dans l'or, il n'y a pas vraiment de transformation
possible. Mais, si on se transporte un petit peu à l'est et un petit peu au
nord et on regarde les sociétés qui sont là,
bien je dois vous avouer que plusieurs sociétés qui sont dans l'extraction font
également de la transformation, sont vraiment intégrées en aval, qu'on
parle d'ArcelorMittal, de Tata Steel, de Xstrata qui vient d'être achetée par
Glencore. Ils construisent une usine de transformation du nickel en
Nouvelle-Calédonie suite à l'ouverture de la mine qu'ils ont.
Donc, je
pense que c'est un outil supplémentaire. Ce n'est pas un outil qui va être
nécessairement utilisé à chaque fois,
ce n'est pas possible, il n'y a pas 100 % du minerai… puis, par exemple,
au niveau de l'or, il n'y a pas de transformation, mais je pense que c'est important que le Québec se
donne des outils à la hauteur de ses ambitions sur la transformation.
Donc, c'était sur ce volet-là que je voulais
apporter certaines précisions, et j'aimerais vous entendre un petit peu plus… Je suis contente d'entendre sur la
partie de la transparence sur les ententes. Et nous, on pense que
justement ça va permettre peut-être, avec de la transparence, de contrer la surenchère,
parce que, même si les ententes ne sont pas publiques actuellement, bien il y a
des bribes qui sont connues à droite et à gauche, et, dans le milieu, les gens
savent, même s'ils n'ont pas le détail, un peu ce qui s'est négocié. Je pense
que la transparence, ça va aider.
Et j'aimerais vous entendre. Vous dites que ça
prendrait plus d'encadrement sur ces ententes-là. Comment vous le
voyez, l'encadrement sur les ententes? Est-ce qu'il y a des modèles ailleurs
qui vous inspirent? Comment vous voyez un meilleur encadrement sur les
ententes?
Le Président (M. Lévesque) : M.
Jolicoeur.
M.
Jolicoeur (Marcel H.) : …Mme la ministre, c'est que, dans le premier cas de transformation — je
voudrais juste revenir là-dessus pour répondre un peu — notre
vision, on est... Au niveau de l'Abitibi, il y a beaucoup d'or, O.K., c'est
l'or qui est primordial, qui est là. Je sais, par exemple, si vous parlez du
fer, qu'il y a de la transformation, oui, mais, quand on
regarde au niveau de l'or ou dans d'autres, parce qu'il va s'en venir… par
exemple avec les terres rares, etc., on en parle, la compagnie minière, de
trouver la deuxième... En tout cas, de la manière que c'est libellé, la
deuxième et troisième transformation, ce n'est pas nécessairement eux. Ce qu'on
demande, nous, c'est que ce soit le gouvernement qui soit capable de faire les
études sur la transformation là-dedans et que ce soit global au niveau de la
province, et non que ça soit chacune des entreprises minières qui adhère à ça.
Je ne sais pas si vous comprenez la façon que je
m'exprime là-dessus, là. Je pourrais peut-être... S'il y en a un qui veut
renchérir ou... Non?
Mme
Ouellet :
Je peux peut-être vous répondre, parce qu'on a déjà eu cette discussion-là
aussi plus tôt. Et moi, je pense que c'est une bonne idée qu'on puisse
avoir une vision globale sur la transformation par type de minerai. Toutefois,
ça n'empêche pas… un n'empêche pas l'autre. On va assez rapidement conclure
que, du côté de l'or, il n'y a pas vraiment
de possibilité, mais, par exemple, du côté du fer, il peut peut-être y avoir
des possibilités, et là il devient intéressant
de quand même avoir l'information pour chacun des sites en fonction des
capacités de chacune des entreprises, en fonction de la concentration,
en fonction des équipements qu'ils installent, du marché visé, quelles peuvent
être les possibilités de transformation. Donc, oui, je pense que les deux approches
sont tout à fait complémentaires.
Et tout ce que je voulais vous dire, c'est que,
les outils qu'on se donne à l'intérieur de la loi, bien on n'a pas réinventé la
roue, ça se donne ailleurs. Ces outils-là sont déjà dans d'autres lois à
travers le monde mais au Canada également, là.
M.
Jolicoeur (Marcel H.) : Puis
maintenant, si on va au niveau de la transparence au niveau des ententes
avec les autochtones, ce qu'on dit dedans, c'est parce que c'était gardé
secret, et chaque minière le gardait secret, ils ne se parlent pas entre eux autres trop, trop pour ça, sauf qu'on sait
pertinemment bien que les autochtones, eux autres, disent : On ne le déclare pas, mais eux autres savent que...
ils se passent toute l'information et ils se les négocient. Nous, on dit,
à ce moment-là, que ces ententes-là devraient être publiques et surveillées par
le gouvernement pour ne pas qu'il y ait une surenchère au moment où, par
exemple, ils ont négocié une entente avec telle communauté, qu'ils arrivent à l'autre
puis disent : Regarde, tu as eu ça,
nous autres, on va demander plus, on va demander plus, et on ne finira pas. Et
c'est cette surenchère-là qu'il faut surveiller. Alors, si c'est public,
à ce moment-là, ça nous permet d'être chapeautés par le gouvernement, qu'il nous
dise : Regardez, c'est ça, les ententes, et on s'en va avec ça.
Et vous savez
comment ça marche dans le domaine... en tout cas à chaque communauté. Je
pourrais peut-être parler à monsieur… les expériences qu'ils ont eues
avec Métanor.
M. Hamelin
(Pascal) : Oui. Bien, nous
autres, on a conclu une entente de collaboration avec la nation crie de
Waswanipi à peu près à 30 kilomètres de notre projet en septembre 2012,
puis, lors des négociations, on n'avait pas moyen
de savoir ce qui était, mettons, sur le plancher ou dans les autres projets.
Puis la partie qui est tout le temps sensible, c'est... on n'a pas le droit d'appeler ça comme ça, mais les redevances.
On en a, on en a eu. Puis, lorsque j'ai approché le Secrétariat aux affaires autochtones, ils me disaient :
Tu n'as pas le droit de faire ça. Je le sais, que je n'ai pas le droit, mais moi, je n'ai pas mes permis si je ne signe
pas, puis, bien, les autochtones, eux autres, me l'exigent. Ça fait que
j'ai été un peu pris en sandwich, puis tu es obligé d'accepter. Puis nous
autres, on est en faveur de la transparence, nous autres aussi, à cause de ça,
parce qu'eux autres, les Cris, de leur bord, ils savent qu'est-ce que Goldcorp
ont signé, ils savent ce que Stornoway ont signé, mais nous autres, on ne peut
pas le savoir, tu sais. Ça fait que...
M. Jolicoeur (Marcel H.) : Tu sais,
c'est pour ça, dans ce temps-là, qu'on demande au gouvernement de chapeauter
tout ça puis de rendre transparentes les ententes qu'il y a dedans.
M. Hamelin
(Pascal) : Surtout le volet
financier, je dirais, où est-ce que le gouvernement devrait avoir un
oeil plus... Surtout si la ressource
appartient à tout le monde, aux citoyens, qu'une MRC ou une communauté
autochtone décide d'avoir une
redevance en particulier sur cette ressource-là, ça commence à... Nous autres,
ce n'est plus 16 % qu'on paie, nous autres, c'est 20 %, tu
sais. Je ne vais pas… Je vais vous laisser deviner c'est quoi que le
pourcentage donne, là, mais nous autres, dans ce territoire-là, pour exploiter
cette mine d'or là, c'est 20 % de redevance. Puis ça, ce n'est pas connu,
ça, là.
Le Président (M. Lévesque) : Mme la
ministre.
• (14 h 20) •
Mme
Ouellet : Oui.
Bien, c'est une des raisons pour lesquelles sur l'ensemble on veut de la
transparence, plus de transparence sur le
tonnage extrait, sur les redevances, sur les ententes, parce qu'on pense que,
comme c'est une ressource qui est
collective, c'est important qu'on puisse savoir les retombées. Après ça, il y a
sûrement... vous allez avoir probablement des contrats de
sous-traitance, d'emploi. Ça, c'est des contrats, ça vous appartient. Mais, ce
qui est lié à la ressource, je pense que c'est
important qu'il y ait une plus grande transparence, et c'est dans ce sens-là, c'est
dans ce sens-là qu'on pousse. Et je suis contente de vous entendre sur cet
élément-là.
Je voulais peut-être revenir aussi sur une
précision — vous
en avez parlé, M. Jolicoeur, au début de votre intervention — sur les
claims mis aux enchères, préciser que c'est sur un très petit territoire. Je ne
sais pas si vous le savez, là, mais
le ministère des Ressources naturelles, à chaque année, avec l'industrie, en
collaboration avec l'industrie, a un congrès sur les mines et dépose les
analyses qui ont été réalisées pour... Ils appellent ça des lentilles, là. Et,
l'année passée, il y a je ne sais plus
combien de centaines de claims… 800 claims qui ont été pris en
15 minutes lorsque les données ont été rendues publiques. Ce n'est
pas des grands territoires, parce que le ministère choisit un territoire qu'il
n'y a pas encore de demande de permis puis
pour lequel il pense qu'il y a un potentiel plus intéressant, et là il fore les
données un peu partout. Donc, il y a tout un travail du ministère, des employés
du ministère qui est réalisé, et c'est pour valoriser ce travail-là, parce qu'à 800 claims en dedans de 15 minutes, là,
vous comprenez, lorsque les résultats sont publiés... Ça fait que c'est vraiment juste sur ces petits
territoires là où le ministère choisit de faire des analyses plus pointues,
pour essayer de donner de la valeur ajoutée à ces territoires-là.
Le Président (M. Lévesque) : M.
Jolicoeur.
M. Jolicoeur (Marcel H.) : Est-ce
que je peux transmettre à...
Le Président (M. Lévesque) :
Absolument.
M. Jolicoeur (Marcel H.) : O.K.,
bon, et je vais revenir.
M.
Tremblay (Éric) : Le
problème est que justement ça part en 15 minutes. Ça va passer peut-être
plus vite mais à une personne qui va avoir les moyens de l'acheter. Puis
les sociétés québécoises, ce n'est pas les sociétés les plus riches au monde, donc ça va être des majeures qui
vont aller chercher ces claims-là. C'est ça qu'on ne veut pas. On veut
que ça soit... qu'on reste juste et
équitable puis que tout le monde a le droit d'aller les acquérir. Mais là, si on
va à l'enchère, «enchère»,
on sait tous qu'est-ce que veut dire «enchère», c'est le plus offrant. Donc, si
on dit qu'on veut garder notre richesse au Québec… Je pense qu'on pousse
à la donner justement au plus offrant. Ça peut être des Chinois, ça peut être
tout le monde. Ça fait que c'est là qu'on accroche un peu, dans la surenchère.
Le Président (M. Lévesque) : Merci.
Mme la ministre.
Mme
Ouellet :
Oui. Je comprends ce que vous dites, mais la richesse qui va être créée par la
mise aux enchères, ça va venir au gouvernement aussi. Et ensuite, de
toute façon, vous le savez, comment ça fonctionne : les claims sont achetés, ils sont revendus. C'est bien possible qu'ensuite...
Même s'ils sont pris pendant un moment par une entreprise ou un individu, ça peut être racheté par la suite.
Donc, ce n'est pas parce que c'est un «click and claim» que c'est
garanti que ça va rester de propriété québécoise non plus, là.
M.
Jolicoeur (Marcel H.) : Mais
c'est quand c'est à l'enchère, c'est-à-dire que c'est le plus offrant qui va
aller le chercher. Et le plus offrant, naturellement, il peut attendre un peu
puis il dit : Écoute... Il laisse aller les enchères et là il est capable
de mettre l'argent, plus tard, pour aller le chercher.
Et c'est
cette vision qu'on a peut-être mal compris, en tout cas, quelle est la position
du gouvernement là-dedans, c'est
peut-être ça, là, qui est peut-être mal ou pas assez bien compris, ce qu'il y a
dedans, mais les petits, les prospecteurs, ceux qui veulent... Il y en a
800 de sortis, mais ces gens-là surveillent. C'est des gens des… Ils sont tous
là-dedans puis ils savent les claims qu'ils veulent avoir. Dès que ça ouvre,
boum, ils cliquent dessus puis ils veulent aller le chercher, question de
timing, là.
Mme
Ouellet : Quand on
dit 800, ce n'est pas nécessairement 800 individus différents, c'est
800 claims.
M. Jolicoeur (Marcel H.) : Je suis d'accord
avec vous.
Mme
Ouellet : Je ne
sais pas par combien d'entreprises les 800 ont été claimés, il faudrait qu'on fasse
les validations, là, mais…
Une voix : …
Mme
Ouellet :
Puis, dans la mise aux enchères, on l'a pour le bois, on l'a mis en place, là,
pour la forêt, puis, les joueurs, ça
permet d'avoir une plus grande variété de joueurs dans ce cas-là. Mais, du côté
des mines, moi, je pense que ça peut
être très bien, la mise aux enchères de ces petits territoires là. C'est des
gens qui connaissent le territoire, qui vont vouloir de toute façon continuer à avancer. Ça peut très bien être des
prospecteurs québécois, là, qui ont ces claims-là, là, je ne pense pas
que ça remette en cause que ce soient des Québécois ou pas des Québécois qui
vont avoir accès à ces claims-là. Ça fait
juste en sorte que, le travail qui est réalisé par les gens du ministère, il y
a une valeur ajoutée qui revient au gouvernement, parce qu'il y a tout
un travail qui a été fait là, puis il faut le valoriser, ce travail-là. C'est
plus ça, là.
M. Hamelin
(Pascal) : Les gens du
ministère, quand ils ont ces claims-là, pourquoi qu'ils ne les optionnent
pas, d'abord, au lieu de les mettre en
enchère? Ils peuvent les donner en... les optionner puis garder une royauté
dessus si jamais il y a quelque chose qui se fait avec ça. Moi...
C'est parce
que la mise aux enchères, c'est que le petit prospecteur, là, lui, il va s'essayer
puis il va se ramasser avec les
miettes. Parce qu'on a beaucoup de prospecteurs à Val-d'Or, là. Puis le petit prospecteur, bien là, présentement, il a autant de chances que Glencore, tu sais, il n'a
pas besoin de débourser plus cher. Mais là le petit prospecteur à Val-d'Or,
mettons, je regarde Laurian, là, Laurian
Marcotte, je veux dire, c'est un prospecteur, il a plein de claims un peu
partout, mais il vient à bout d'avoir beaucoup
de claims pour finalement qu'il y
en ait un ou deux qu'il y ait des
travaux intéressants, mais ça ne lui a pas coûté une fortune, là, tu
sais. Mais…
Mme
Ouellet : Oui,
mais… Je m'excuse.
Le Président (M. Lévesque) : Oui, Mme
la ministre.
Mme
Ouellet : Il va pouvoir continuer ça partout sur le territoire, sauf le petit territoire qui est travaillé par les gens du ministère.
Puis c'est des tout petits territoires, là, je ne sais pas si vous le savez. À
chaque année, là, ce qui est déposé comme travaux, là, c'est vraiment des tout
petits territoires.
M. Hamelin (Pascal) : Là, vous ne
parlez pas de SOQUEM, là, vous parlez…
Mme
Ouellet : Non, non, non, je ne parle pas de SOQUEM, là. Là,
je parle… Les gens du ministère, à chaque congrès minier, ils déposent une
étude sur une portion d'un territoire, là… Il faudrait que je vous sorte c'était
quoi l'année passée, là, je pense que ce serait peut-être la meilleure chose.
Je pourrais sortir l'année passée c'était quoi, la portion de territoire. Je
vous le ferai parvenir, on va faire ça.
M. Jolicoeur (Marcel H.) : J'aimerais
ça qu'on puisse le regarder puis être capables…
Mme
Ouellet : Oui, parce
que vraiment, je vous le dis, là,
c'est vraiment une petite portion de territoire.
Et c'est les gens du ministère
qui ont identifié ça, je pense que c'est Géologie Québec qui font ces travaux-là, qui
ont identifié que, selon les
différents indices — je
ne suis pas une spécialiste là-dedans, là — il y avait un potentiel, et là ils ont
foré les données et ils ont fait beaucoup de
travail. Et, lorsqu'ils ont diffusé ces données-là, c'est là qu'il y a eu
beaucoup de claims qui se sont pris
juste sur… Mais, partout en dehors de ces territoires-là, ça continue à
fonctionner comme on fonctionne actuellement, là. C'est vraiment juste
pour valoriser, donner de la valeur ajoutée et des revenus aussi pour que le
ministère puisse continuer à faire ces travaux-là.
Le Président (M.
Lévesque) : M. Jolicoeur.
M. Jolicoeur (Marcel H.) : Est-ce que cette partie de claims là qu'ils vont
faire des travaux dessus appartenait à quelqu'un? Ils n'appartenaient
pas à personne à ce moment-là?
Mme
Ouellet :
Non.
M. Jolicoeur (Marcel H.) : O.K., vous répondez à ma question. Parfait. Mais
j'aimerais ça avoir les données, par exemple, si vous les avez. On
pourra vous les commenter après ça.
Mme
Ouellet : On va vous faire parvenir, là, la… puis que ça
soit disponible pour la commission, là. Je pense que je vais le déposer, parce que ça va être plus
clair pour tout le monde. L'année passée, ça donne un exemple, là. L'année
qui vient, ça va être autre chose, mais, en
termes de grandeur de territoire, là, ça se ressemble. Donc, on va vous
diffuser ça.
M.
D'Amour :
…votre phrase, là, que vous venez de terminer, je n'ai pas entendu.
Mme
Ouellet :
Bien, ce qui a été diffusé l'année passée, on va vous le rendre disponible pour
que vous ayez une idée de c'est quoi, la
grandeur des territoires, parce que ça n'a pas l'air d'être clair pour les
gens, sur quoi s'appliquent les enchères. Donc, juste pour que ça soit
clair, je vais donner l'exemple de, par exemple, l'année passée, ça se serait
appliqué sur quel territoire. Là, sur cette année, les travaux n'ont pas été
rendus publics, donc le territoire n'est pas connu,
mais, pour l'année passée, on connaît le territoire, comme ça a été rendu
public. Il y a 800 claims qui se sont pris à l'intérieur d'un délai
d'environ 15 minutes. Donc, ça va vous permettre de voir à quoi pourraient
ressembler les mises aux enchères puis c'est quel genre… quelle grandeur de
territoire environ, là, d'une année à l'autre ce n'est pas le même, là, mais
qui serait visée, là.
M. Hamelin
(Pascal) : Mais c'est toujours des terrains non claimés, là?
Mme
Ouellet :
Oui.
M. Hamelin
(Pascal) : O.K.
Mme
Ouellet :
Bien oui, parce que sinon ils ne peuvent pas… Oui, oui.
Le Président (M.
Lévesque) : Merci, Mme la ministre. Avez-vous d'autres questions?
Mme
Ouellet :
Ça va faire un premier tour, puis on pourra revenir.
Le
Président (M. Lévesque) : Donc, la parole est à l'opposition
officielle, donc au député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour : Merci. Félicitations, M. le Président, vous êtes
le premier à bien prononcer le nom de mon comté, c'est bien parti. Parce qu'on parlait de Rivière-du-Loup—Témiscamingue la semaine passée. Alors,
voyez-vous, il y a des rapprochements entre les régions.
Vous avez parlé… Vous
avez employé l'expression «optionner» tout à l'heure. Votre définition de ça,
là?
M. Hamelin (Pascal) : Bien, moi, ce que j'ai en tête, c'est ce que SOQUEM fait, là. SOQUEM,
présentement, ils vont prendre, mettons, une
entente. S'ils ont des claims, SOQUEM, qu'ils veulent faire fructifier ou
mettre de la valeur dessus, ils vont s'associer avec une junior pour
aller faire de l'exploration plus avancée sur ce site-là. Moi, je pensais que c'était
dans cette optique-là, là.
M.
D'Amour :
Ceci dit, écoutez, je n'ai pas l'intention de revenir beaucoup sur la question
des pouvoirs discrétionnaires, simplement
vous dire que votre voix s'ajoute à celles… On a entendu une vingtaine de
groupes à venir jusqu'à maintenant, tout le monde dit la même chose. La
ministre s'est ouverte en disant : Bon, bien, peut-être des amendements. Certains ont même demandé le retrait
de l'article, purement et simplement. Mais on va revenir là-dessus, le
message doit être entendu par toutes les parties.
Sur la question de la
transformation, il faut être conscient qu'il s'en fait, de la transformation au
Québec. Et c'est la Fédération des chambres
de commerce du Québec, la semaine dernière, qui sont venus le dire ici, une
vingtaine de milliers
d'emplois qui sont directement liés à la transformation. Il ne faut pas laisser
croire aux gens qu'il ne s'en fait pas, qu'au Québec c'est le désert en
matière de transformation des minerais, ce n'est pas le cas. Ça, c'est une mise
au point qu'il faut apporter.
Maintenant, sur la question…
Parce que, pour exploiter, il faut explorer, là. Sur la question de l'exploration,
présentement, sur ce que vous constatez sur votre territoire — il y
a les gens d'Orbit Garant qui sont avec nous, que j'avais eu l'occasion de
visiter le printemps dernier, lors de ma visite chez vous — on en
est à quel niveau en matière d'exploration? Est-ce que ça s'améliore? Est-ce
que ça va mieux? Est-ce que ça se détériore, comme situation?
• (14 h 30) •
M. Jolicoeur
(Marcel H.) : On a justement le vice-président d'Orbit Garant qui est
avec nous, alors je vais demander à M. Laplante de répondre à cette question.
M. Laplante (Alain) : Merci beaucoup. Écoutez, depuis le printemps dernier, la situation a
continué de se dégrader. Évidemment,
les sociétés n'obtiennent pas de capitaux, ne sont pas capables d'avoir des
fonds. Par conséquent,l'exploration,
je ne dirais pas qu'elle a cessé, mais elle a diminué largement. Nous avons
224 foreuses. Au moment où on se
parle, aujourd'hui, là, aujourd'hui, j'ai probablement 50 à 55 foreuses en
action. Il y a à peu près 15 mois, nous étions à peu près
1 100 employés; il nous en reste approximativement 550 ou à peu près. La
différence entre les deux, approximativement
60 % de cette main-d'oeuvre-là sont des emplois… des travailleurs du
Québec. Une grande partie viennent de
la région de l'Abitibi, mais ils ne viennent pas juste de l'Abitibi, il y en a
qui viennent d'ailleurs au Québec. Et présentement c'est vraiment… Nous,
ce qu'on prévoit à court terme, disons, des six prochains mois, on pense que la
demande pour le service de forage va continuer de réduire. On s'attend
éventuellement à faire d'autres mises à pied à cause de cette situation.
Au
Québec, ce qu'on voit également, c'est qu'au Québec la situation, elle est pire
qu'ailleurs. Notre société opère principalement dans l'Est, donc l'Ontario,
le Québec, un peu les Maritimes, le Nunavut. Rapidement, pour ce qui est de la portion canadienne, qui compte pour
90 % et plus de notre chiffre d'affaires, ce qu'on voit, c'est qu'en
Ontario, entre autres, ils réussissent, une fois de temps en temps il y
en a une, junior, qui réussit à obtenir des fonds. Au Québec, des juniors qui
ont obtenu des fonds, il y en a très peu, très, très peu. Ceux qui font du
forage ou qui débutent des programmes de forage présentement sont ceux qui
avaient des actions accréditives et qui se doivent de le faire avant le
31 décembre pour ne pas perdre leurs privilèges.
Alors,
on voit qu'au niveau de l'exploration puis de la demande de services d'exploration
ça diminue. On doit savoir que les services d'exploration… Selon moi,
98 %, évidemment, bon, des sociétés d'exploration mais aussi des sociétés minières utilisent des entreprises comme
nous pour leur donner ce service-là. Même les sociétés minières qui sont
en opération présentement ont réduit considérablement leurs programmes de
forage et de mise en valeur. Alors, présentement la situation, elle n'est
vraiment pas rose, et puis on ne voit pas, au moment où se parle, vraiment, là,
de lumière au bout du tunnel.
Et,
au niveau de la capacité des juniors à obtenir le financement présentement,
nous sommes aussi une société cotée en
bourse, et on se fait refuser des rencontres avec des investisseurs. Et ça, c'est…
je n'aime pas ça le dire, mais parce qu'on est une entreprise du Québec,
à cause de l'incertitude.
Alors,
notre position, nous, un service de forage : Oui, on veut voir une loi,
parce qu'on a besoin de stabilité. On a besoin d'avoir les bons
arguments dans cette loi-là pour réattirer éventuellement les investisseurs
ici, parce que, oui, il y a un beau
potentiel, on a une belle expertise, mais tranquillement pas vite, nous, on a
formé énormément de gens, et nos meilleurs, tranquillement pas vite,
bien ils s'en vont où est-ce qu'il y a de l'ouvrage, qui est ailleurs. Et ça,
on trouve ça dommageable, mais, bon, on doit s'ajuster.
M.
D'Amour : Peut-être vous rassurer dans la mesure où c'est
possible de le faire, là : sur la question d'avoir une loi, on loge
à la même enseigne là-dessus. Honnêtement, là, on a eu l'expérience de 79, de
14 avec les dizaines et les dizaines d'heures
en commission parlementaire, 200 heures. Ça n'a rien donné. Là, on est
embarqués dans un processus qui va encore durer au moins quelques
semaines, parce que c'est un projet de loi où il y a plus de 300 articles,
puis on en a jusqu'au mois d'octobre, là, en termes de consultations
particulières.
Est-ce
que la situation que vous vivez chez Orbit Garant, c'est une situation qui est
généralisée à travers les autres entreprises qui font de l'exploration?
M. Laplante
(Alain) : Oui, exactement, on voit nos compétiteurs également dans…
exactement dans la même mesure que nous, on
lit leurs rapports financiers. Certaines sont des sociétés cotées en bourse
également, mais on a aussi des contacts avec des sociétés qui sont ce qu'on
appelle, nous, des compagnies privées ou des «mom-and-pop companies» puis on
voit qu'ils ont énormément de difficultés également, on reçoit des demandes d'emploi
d'un peu partout présentement. Alors, oui, c'est généralisé.
M.
D'Amour : Je comprends que vous avez la moitié moins d'employés
comparativement à il y a un an, là. À peu près 1 100 travailleurs,
550, c'est la moitié. Ça, c'est une conséquence directe ici, là, maintenant,
là, en termes d'opérations puis en termes d'emplois.
Lorsqu'on explore moins, on trouve moins, donc on
exploite moins. Ce qu'on traverse comme zone de turbulences présentement, là, va avoir, selon l'expérience que vous avez, des effets à moyen et à long terme?
Comment ça se passe, là?
M.
Laplante (Alain) : Regardez…
Écoutez, la société existe depuis plus de 28 ans, ça fait sept
ans que je suis pour la société présentement. Les gens qui ont formé la société
en ont vu d'autres, il y a des périodes très creuses, et revenir
dans l'industrie des mines ça prend du temps, il faut que la confiance se
réinstalle et que ça redécolle. Alors, nous,
on croit que la situation actuelle aura des impacts au cours, sûrement, des deux, trois prochaines
années, en présumant qu'il y a
quelque chose qui va se passer de positif, disons, d'ici les six à huit
prochains mois, parce que c'est une industrie qui est toujours en retard un peu. Les bonnes nouvelles arrivent, mais
ce n'est pas parce que la bonne nouvelle, demain matin, elle arrive que tout le monde commence à explorer. Tout le monde
est quand même sage, ils doivent recommencer à obtenir des investissements avant de recommencer le forage. Alors, il
y a toujours, là, un laps de temps qui s'écoule entre le moment où on
dit : Bien, la condition économique est plus favorable…
Nous, on
croit que les sociétés qui ont des sous présentement sont assises sur de bonnes
liquidités, sont prêtes à faire des
investissements, mais le marché… Puis ce n'est pas juste au Québec présentement
non plus, le marché international, présentement, il y a beaucoup d'incertitude.
Et, au Québec, bien, à cause de la situation qu'on connaît présentement, bien c'est
un petit peu pire. Alors, on prévoit que l'industrie… Selon nous, l'industrie
minière va avoir des difficultés au cours des prochaines années.
M.
D'Amour : Maintenant,
à la recommandation 2, vous dites, bon : «…recommande que le
gouvernement établisse, à l'intérieur du projet de loi n° 43, des
mécanismes de coopération et de communication pour encourager l'investissement
minier plutôt que des mesures rigides et contraignantes.» Vous parlez de quoi?
M.
Jolicoeur (Marcel H.) : On
dit à ce moment-là : Dans le projet
de loi qui est là, il y a
des affaires… On parle, par exemple, au niveau du ministre, les pouvoirs
du ministre, ça insécurise encore les gens qui sont dedans, et on dit : Écoute, c'est quoi qu'ils ont comme pouvoirs?
Alors, ce n'est pas clair. Ça, c'est une affaire qui nous rend insécures
là-dedans aussi. Il y a la question aussi qu'on
parlait tantôt au niveau des actions avec les… les ententes avec les
autochtones. Ce n'est pas clair, ce n'est
pas fait. Toutes ces affaires-là, ce n'est pas encore clair, alors ça crée une
insécurité de la part des entreprises
qui sont là, puis ils attendent. On en entend parler, on est alentour, c'est
pour ça qu'ils nous le disent, et c'est pour ça, ce que M. Laplante disait tantôt là-dessus. Les compagnies
de forage qui sont là-dedans, il faut que… Si eux autres n'explorent pas, il n'y en aura pas. On n'a pas de
financement qui va dedans, les gens sont comme insécures, et tout ça.
Alors, il est
important d'avoir une loi qui soit passée le plus rapidement possible pour
avoir les balises exactement qu'il y a
dedans, avec ce qu'on demande de… les modifications qu'il y a dedans. Ce qu'on
vous a donné, on a10 recommandations
en tout qui sont dedans, vous avez lu notre mémoire qu'elles sont dedans, les
10 recommandations, et je pense qu'il est important que ce soit pris en
compte pour être capable de rassurer les entreprises, rassurer tout le monde,
et, à ce moment-là, on va être capables d'aller de l'avant.
Si on n'a pas
d'exploration… Vous le savez, qu'un projet minier, O.K., sur 5 000
possibilités de projet, il y en a une, mine. Le ratio, c'est de
5 000 à une. Alors, il faut se rendre compte que ce n'est pas évident. Il
y en a beaucoup, il y a beaucoup de monde que ça ne veut pas dire qu'ils vont
aller dedans. Tous les coûts sont dedans, on parle de coûts qu'il y a dedans. On parle d'aller… Si c'est une petite minière
qui a moins de 3 000 tonnes par jour, ce n'est pas un gros projet,
mais, si on passe au BAPE pour avoir tout ça, je veux dire, ça ne finira plus,
il y a tellement… Et vous le savez. Au
niveau de l'environnement, pour une minière, ça prend alentour de 80,
85 permis de toutes sortes qui… Imaginez, là, quand vous voulez
aller dedans. C'est beaucoup.
Alors, c'est
ça qui rend insécure. On dit : Écoutez, mettez l'encadrement qu'il faut
dedans pour être capable de rassurer les investisseurs, rassurer les
entreprises, rassurer tout le monde pour que, le Québec, on soit capables de l'exploiter
comme il faut, la richesse qui appartient à tout le monde.
Le Président (M. Lévesque) : M. le
député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
• (14 h 40) •
M.
D'Amour : Sur la question de la transformation, dans
le fond, vous ouvrez une porte, une
porte qu'on avait nous-mêmes abordée il
y a quelques semaines, lorsqu'on
parle d'étude, d'étude de marché, hein, ou d'étude d'opportunité sur le plan économique. Nous, ce qu'on dit, c'est
que c'est une étape qui devrait être franchie conjointement, une
étude globale, là, sur l'ensemble
des possibilités, avec comme partenaires les régions — vous
en êtes une, région, une région minière — les syndicats… Je
reprends toujours l'exemple du Syndicat des métallos qui, chez nous, là, il y a
à peu près… un peu moins d'un an, disait : Il faut faire de la transformation davantage au Québec,
je comprends, les mettre à profit, en faire des partenaires financiers, s'il
le faut, avec le gouvernement, parce
que tout le monde en bénéficie.
L'idée, c'est d'avoir une étude, de savoir exactement
où on s'en va, au Québec, avec la transformation, avec comme base, là,
les fondements qu'on a présentement. Ce n'est pas rien, 20 000 emplois
directs touchés en regard de la transformation. Il s'en fait, hein, il s'en
fait. Il faut qu'il s'en fasse davantage, c'est sûr, mais une étude globale qui
ferait de nous, là, de nous des partenaires.
M. Jolicoeur
(Marcel H.) : …tout le monde
est d'accord avec la transformation, la deuxième et la troisième, tout
le monde est dedans. Et vous savez qu'en Abitibi-Témiscamingue, je veux dire,
on a des entreprises qui sont au niveau mondial,
des personnes… Au niveau des équipementiers qui sont là, c'est une partie de la
pérennité qu'on a dedans. Ces gens-là ont créé des machines, des… puis c'est
de l'innovation qu'ils ont mis dedans pour créer ces compagnies-là qui sont
partout dans le monde. On a CMAC-Thyssen qui ont fabriqué une machine qui est
vendue partout dans le monde, puis c'est des gens de chez nous qui l'ont fait.
Alors, tout ça, au
niveau de la transformation, c'en est une partie. La minière est là, ça a donné
de la sous-traitance, et on continue avec.
Et on est tous d'accord là-dessus, mais ce n'est pas à une entreprise de faire
l'étude de la transformation sur tel produit. Si vous me parlez du fer,
si vous me parlez de l'aluminium, vous me parlez de ces produits-là,
oui, il y en a, on est tous d'accord, mais au moment qu'on va parler des
petites minières, qu'on va parler des terres
rares, qui s'en vient puis qu'on n'en parlait pas voilà 10 ans passés, c'est
tout nouveau qu'ils commencent à en parler… Puis nous autres, on est au
niveau de l'or. Dans l'or, c'est quoi qu'on va transformer? On n'est pas pour commencer à faire des bijoux, écoutez, là. Vous
savez comment c'est, je veux dire, on peut sortir ça, mais… Je pense que, Mme la ministre, vous le saviez très bien, je
pense qu'on en a jasé déjà, de ça, et on est tous un peu d'accord. Il s'agit
juste d'encadrer et de mettre les bons articles à la bonne place pour que tout
le monde s'entende, pour qu'on fasse quelque chose pour donner de la sécurité
aux gens et non de l'insécurité.
Et
je passerais peut-être la parole à M. Blanchet à cet effet, au niveau de la
deuxième et troisième, concernant vos machines par exemple.
Le Président (M.
Lévesque) : M. Blanchet.
M. Blanchet (Ghislain) : Oui, merci. Nous, en fait, on est un fabricant de
foreuses sous terre, qui opèrent sous terre.
On a la chance, je dirais, d'avoir des mines, on est aussi une entreprise de
services miniers, donc on identifie parfois un problème chez une mine pour essayer de corriger ses procédés de
fabrication, c'est ce qui nous permet de développer des produits. Nos produits sont présentement vendus,
là, en Afrique, en Amérique du Sud, en Europe, en Asie, un peu partout.
Mais,
pour en revenir à la deuxième et troisième transformation, je pense que tout le
monde est pour la vertu, en fin de
compte, mais il faut se mettre dans la dynamique que, si ça prend
1 milliard d'investissement pour aller en production minière, rajouter en plus une contrainte qu'il
faut transformer ce produit-là au Québec en plus, je pense que ce n'est
pas la même «ball game». On est tous pour
ça, mais la transformation, ultimement, ça s'adresse à un autre marché, à
d'autres entrepreneurs, comme par exemple je
ne demanderais pas à Agnico-Eagle de fabriquer des foreuses. Ils me
demandent de le faire, je le développe. Je
suis comme une conséquence de ça. Le fait qu'une mine démarre, il va y avoir
des conséquences. L'exemple de l'aluminium
en est très bien… mais on a tout fait pratiquement au Québec, on a donné des
crédits d'impôt, des tarifs d'électricité. Mais c'est quelque chose qui
est un autre «ball game». C'est pour ça qu'exiger de l'industrie minière de
transformer le nickel au Québec il y a une réalité, ça prend une réalité de
marché, ça prend une réalité d'importance du
gisement. Puis cette transformation-là, c'est des milliards d'investissement. À
Rouyn-Noranda, on a la chance d'avoir un «smelter» qui traite maintenant
des minéraux d'ailleurs qu'au Québec, mais il faut se mettre dans le contexte, là. L'obliger à tous les projets qui
vont démarrer, c'est un peu, je dirais, utopique. On n'est pas contre la
vertu, mais il faut être réaliste aussi. Un projet de lithium de 1 000
tonnes par jour, vous ne ferez pas une grosse shop de manufacturier de
batteries, de piles pour ça. C'est une autre «ball game».
Mais on est tous… C'est
pour ça qu'on dit que ça devrait être une responsabilité gouvernementale. Avec
les sociétés d'État qu'il y a, que ce soit
la SGF, Investissement Québec, ils ont les ressources pour ça, ils ont des
contacts à l'étranger, ça devrait être dans
leurs… Et bien sûr que l'industrie va participer à ça, mais c'est une autre
façon de le voir.
Le Président (M.
Lévesque) : Merci, M. Blanchet. M. le député de Huntingdon.
M.
Billette : Merci beaucoup, M. le Président. Je veux vous
souhaiter, premièrement, la bienvenue. Je pense que vous avez fait une
longue route, un projet tellement important pour votre région. Saluer mes
collègues également et mon collègue de Rivière-du-Loup—Témiscouata — j'ai
bien prononcé, moi, également.
J'avais
quelques questions pour vous relativement… au niveau du développement durable.
Vous avez parlé que les projets
étaient pour être soumis au BAPE — selon la loi actuelle, je pense qu'on tient
des audiences, des consultations pour avoir
votre point de vue, vous êtes directement là-dedans — et surtout au niveau des petits projets, des
mines juniors, les exclure, à ce
moment-là, du processus du BAPE, comme ça se fait… Je pense qu'on l'a dans d'autres
domaines. Dans une production porcine, moi, de 2 000 porcs par
porcherie, ils sont exclus. Au niveau des quais de marina, 99 quais ou
moins sont exclus des études d'impact et des consultations du BAPE.
Je
voulais savoir, le 3 000 tonnes par jour, sur quelle base que vous
vous êtes basés pour dire : Il faudrait exclure les projets de 3 000 tonnes et moins jour d'extraction,
les soustraire au niveau du BAPE? Ça aurait-u pu être 2 000,
4 000 ou il y a un seuil, à ce moment-là, au niveau de la rentabilité pour
les petites mines juniors… ou ça a été un chiffre vraiment lancé de façon
aléatoire?
Une voix :
Je vais passer la parole à monsieur...
M.
Billette :
Parfait.
M. Tremblay
(Éric) : C'est des projets miniers qui ont très peu d'envergure. En
Abitibi, les projets de 3 000 tonnes,
c'étaient vraiment des petits chevalements, peu d'impact environnemental. Ça
fait que c'est de là que c'est venu,
le... Puis c'est des projets qui s'en viennent relativement rares aussi, ce n'est
pas des projets maintenant, là, qu'on voit énormément. Donc, c'est ça qu'on
a sorti, les chiffres, là, c'est vraiment peu d'impact environnemental, puis
souvent ils utilisent une usine déjà existante, ça fait que c'est pour ça.
M.
Billette :
O.K. C'est des gens, souvent, qui vont faire l'extraction mais ne feront pas la
deuxième ou la première transformation du minerai, l'extraction de la roche,
qui est sortie à ce moment-là. Ça fait que c'est un chiffre qui est aléatoire
quand même, pour permettre aux petites mines de se développer…
M.
Tremblay (Éric) : …petits projets miniers.
M. Billette :
…et de pouvoir occuper le milieu.
M. Tremblay
(Éric) : Mais ça n'empêche pas d'aller chercher les permis. C'est que
l'audience publique, le BAPE, vu qu'ils ont peu d'impact, c'est de réduire ça,
mais tu as les permis environnementaux.
M.
Billette : ...laisser tomber le bout étude d'impact, un
petit peu comme qu'on a dans la production porcine ou dans les quais de
marina, sur les plans d'eau, à ce moment-là.
M. Tremblay
(Éric) : Tu as les mêmes permis à aller chercher, là, malgré tout.
M.
Billette :
Parfait.
Le Président (M.
Lévesque) : M. Jolicoeur.
M. Jolicoeur
(Marcel H.) : J'aimerais juste passer la parole à monsieur...
M.
Hamelin (Pascal) : C'est parce
qu'aussi, dans l'industrie, typiquement, les veines, là, si le gisement se
prête à du volume, là, tu n'auras pas une mine de 5 000 tonnes, ça va être
soit 50 000 tonnes, 30 000 tonnes. Mais rarement quelqu'un… Mettons une fosse à ciel ouvert, là, tu
ne feras pas une fosse à 2 900 tonnes juste pour ne pas aller au
BAPE, là. Tu sais, je veux dire, si c'est
ça, ta raison, là, peut-être que tu devrais refaire tes calculs aussi. Je sais
que des fois il y en a, des minières, qui vont peut-être faire ça, mais
tes calculs, là, au niveau financier, là, soit tu y vas gros ou tu restes
petit, puis typiquement, petit, là, on parle d'en bas de
2 500 tonnes, là.
M.
Billette :
Donc, c'est où vient le chiffre de 3 000 tonnes, à ce moment-ci.
M.
Hamelin (Pascal) :Je crois
que c'est déjà dans la loi présente, où il y a déjà des articles… le
3 000 tonnes est déjà chiffré, là.
M.
Billette :
Une autre question qui s'adresse à M. Hamelin, je crois...
Une voix :
Laplante.
M.
Billette :
…Laplante — excusez-moi
d'avoir mélangé les noms — effectivement,
de Forage Orbit, petite question pour vous.
Vous avez dit qu'actuellement la situation est beaucoup pire au Québec qu'ailleurs
pour les juniors. Vous avez parlé… Il
y a des mots… Je n'enlèverai pas les mots de la bouche de M. Jolicoeur. On
a parlé d'incertitude, de confiance, d'insécurité dans le domaine minier
québécois.
Pouvez-vous
élaborer là-dessus, voir un petit peu ce qu'il en est, ce qui a apporté ça?
Parce que, selon ce que je peux voir, les données que vous avez
avancées, ça va avoir un impact beaucoup plus long qu'au moment présent, et la situation dans les six prochains mois ne semble
pas vouloir s'améliorer non plus. C'est quoi qui a créé l'incertitude?
Et également qu'est-ce que le gouvernement
pourrait faire pour soutenir les petites minières juniors au niveau
financier? Est-ce que le rôle du gouvernement ne serait pas de jouer un effet
déclencheur, à ce moment-là, pour ces projets-là?
Le Président (M.
Lévesque) : M. Laplante, vous avez 45 secondes pour
répondre.
M. Laplante
(Alain) : Pas de problème. Écoutez, au niveau du contexte d'incertitude,
c'est qu'évidemment, lorsqu'on touche aux lois, on touche aux redevances, les
investisseurs deviennent peureux. Il y a d'autres endroits au Canada
qui ont plus de possibilités, donc ils vont ailleurs en premier. C'est une
question, tout
simplement, de risque. Alors, ça, c'est un élément excessivement important. Ce
qui fait que… Qu'est-ce que le gouvernement peut faire maintenant? Bien, regardez, ma pensée à moi : aboutir
avec une loi qui va se tenir debout, qui va être bien définie et qui ne fera
pas peur à personne. On sait que le droit de veto de la ministre est un problème
de perception, alors il y a certainement un travail de promotion qui devrait
être envisagé par le gouvernement, qui va faire une très grande différence dans
les investissements futurs et dans les possibilités futures.
Le
Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. Laplante. Maintenant, je
cède la parole au deuxième groupe d'opposition. M. le député de
Nicolet-Bécancour.
M.
Martel : Merci, M. le Président. Bonjour à vous toutes et
tous. Je n'ai pas beaucoup de temps, ça fait que je vais y aller juste d'un
trait, parce que souvent je reviens à une deuxième question, puis mon temps est
épuisé.
Deux affaires que j'ai
entendues. La première, c'est au sujet des ententes avec les autochtones, que
vous voulez rendre ça de façon transparente. Moi, j'entends bien ça puis je
vois tout à fait la pertinence de ça. Deuxième chose que j'entends aussi, c'est
que vous souhaitez que le projet de loi soit adopté. On a quelque chose d'imparfait,
vous souhaitez qu'on l'améliore, mais, le temps, il faut arrêter, parce que c'est
quand même, je pense, le troisième projet de loi, il faut accoucher.
Deux questions que j'ai. La première, j'essaie de
bien comprendre la différence entre ce que vous dites, peut-être que
la ministre s'octroie un petit peu trop de pouvoir au niveau du veto, par
rapport au schéma d'aménagement. Je ne sais pas si vous êtes familiers
avec les schémas d'aménagement, mais, une fois que le processus est fait, il y
a toujours la sanction du ministre des Affaires municipales. Vous ne trouvez
pas que c'est suffisant comme processus?
Puis la
deuxième chose que je veux vous parler, ça concerne l'étude de transformation.
Est-ce que vous seriez plus à l'aise
ou est-ce que ce serait plus réalisable de parler d'étude de raffinage plutôt
que de tout de suite aller dans la transformation, compte tenu que ce n'est
pas tous des gros joueurs qui sont dans l'exploitation minière?
• (14 h 50) •
Le Président (M. Lévesque) : M.
Jolicoeur.
M.
Jolicoeur (Marcel H.) : Dans
un premier temps, vous parlez du schéma d'aménagement. Ce qu'on dit dans
le mémoire, nous, on est d'accord avec à
condition que ce ne soit que la MRC, et non chaque municipalité. Et c'est
peut-être là qu'il n'est pas clair, défini dans la loi ou tout ça… Si c'est la
MRC au complet avec le schéma d'aménagement, c'est correct. Mais, si vous prenez les petites… chacune des localités que c'est
dedans… Puis on sait pertinemment bien qu'il y a des toutes petites
localités que les gens ne sont pas compétents là-dedans, ils ont beau être maires,
ils ont beau être conseillers, etc., et il y
a peut-être des gens qui sont plus verts, en tout cas, dedans. Vous allez voir
que ça peut charrier, si on veut.
Alors, on demande… On dit : Écoutez, il y a
un schéma d'aménagement qui est là, il y a des zones qui sont protégées, il y a des affaires qui sont dedans, c'est
correct, puis peut-être que, le pouvoir du ministre, à ce moment-là, de dire à ce moment-là : Non, ça ne se fait pas,
un autre tantôt va peut-être dire oui, des cas d'exception très spéciaux.
Et c'est ça qu'on dit que ce soit clair
là-dedans, c'est ça au niveau du schéma d'aménagement. Puis on est d'accord
là-dessus, on n'a pas dit qu'on n'était pas d'accord ou en désaccord,
mais que ce soit contrôlé par la MRC.
Votre
deuxième que vous parlez aussi de la transformation, la question de
transformation. Il faut faire attention ce qu'on demande dans la transformation, c'est peut-être la question encore
de compréhension. Pour un dialogue, il faut être ouvert, il faut être capable de se comprendre, et souvent ce que je peux
dire, ce n'est pas ce que vous entendez complètement. Puis je pense qu'on
est d'accord là-dessus. Souvent, c'est… Les termes, il faut être capable de dialoguer. Ce qu'on dit : La deuxième puis
troisième transformation, on est d'accord, puis il n'y a pas personne qui
est contre. C'est qu'on dit que ce ne soit
pas à la minière qui est là de dire… faire l'étude, qui paie pour, pour être
capable de faire une deuxième et une troisième.
On a expliqué
tantôt ce que Forage Orbit puis CMAC-Thyssen disent, et les gens sont tous d'accord.
Déjà, si on a une minière qui s'appelle Agnico-Eagle ou… ont besoin, ils
vont transformer à d'autres entreprises, être capables de dire : Regarde, fais une machine pour être
capable de nous servir là-dessus, eux autres travaillent en R-D, etc., et on
continue de faire de la transformation. Et
je suppose… Je ne connais pas le fer parce qu'on n'est pas de ces régions-là.
Je ne connais pas l'aluminium non
plus, on le sait, on n'est pas de ces régions-là. Mais nous, dans notre région,
on parle d'or surtout, un peu de cuivre mais de l'or, puis, si vous
parlez de cuivre, puis dire une deuxième puis une troisième transformation, imaginez-vous qu'on est en Abitibi puis on décide
de faire des tuyaux de cuivre de cette grosseur-là, puis là il faut
mettre du transport pour transporter ça en
dehors. Oubliez ça, on n'en vendra pas un, parce que le transport va coûter
très cher, à transformer. Et c'est
là, il faut faire attention dans la deuxième puis troisième transformation.
Vous savez, il y a des affaires qui peuvent se faire, puis il y a d'autres
choses qui ne peuvent pas. On peut en faire, du tuyau, mais on ne sera jamais
capables de le vendre, avec le coût de transport, parce que du tuyau, ça prend
bien de la place puis ça coûte des fortunes à transporter.
Alors, tout
ça, je pense que c'est un dialogue qu'il faut avec le gouvernement, qui
consulte l'industrie, puis qu'on soit capables de le faire, et non
imposer aux minières : Vous devez faire l'étude de transformation. Je ne
sais pas si je réponds à votre question.
Le Président (M. Lévesque) : Il vous
reste 30 secondes, M. le député de Nicolet-Bécancour.
M.
Martel :
J'ai très bien compris la… Puis moi aussi, j'avais remarqué ça dans le projet
de loi, parce qu'à un moment donné on
octroie des pouvoirs aux municipalités locales puis à un autre moment on parle
de schéma d'aménagement, alors que tout devrait être compris dans le
schéma d'aménagement.
Ce que je
parlais, moi, vous n'aurez pas le temps de répondre à ma question, mais c'était
plus… J'aurais aimé ça vous entendre par rapport au raffinage versus la
transformation.
Le Président (M. Lévesque) : En
10 secondes.
M.
Jolicoeur (Marcel H.) : Y
a-tu quelqu'un qui peut répondre au niveau du raffinage? Là, vous parlez de
l'or, faire raffiner l'or ou je ne sais pas
quoi, là? Non, en général? Y a-tu quelqu'un qui pourrait répondre au niveau du
raffinage?
Le
Président (M. Lévesque) : Malheureusement, on n'aura pas le temps,
mais peut-être qu'on pourra revenir, on verra. Il reste
7 min 15 s au gouvernement. Alors, la parole est à Mme la
ministre.
Mme
Ouellet :
Oui, merci, M. le Président. Concernant la transformation, est-ce que vous êtes
d'accord qu'on se donne des moyens équivalents à ce que l'Ontario a,
Terre-Neuve, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, dans la Loi sur les
mines?
M.
Jolicoeur (Marcel H.) : On
ne peut pas être contre la vertu. On ne peut pas être contre, O.K., vous
comprenez ce que je veux dire. On ne peut pas être contre.
Mme
Ouellet : Bien, je
suis…
M.
Jolicoeur (Marcel H.) : Ce que je veux dire, je veux juste dire aussi
là-dedans : Mais, si on peut améliorer, si on peut être meilleurs qu'eux autres, est-ce qu'on peut faire, Mme la ministre… Si, par exemple, l'Ontario
fait quelque chose, Terre-Neuve et
les autres places, est-ce qu'on peut améliorer pour être capables d'avoir chez
nous plus de business, être plus
ouverts et non restrictifs puis… mais être un peu plus ouverts, avec un
encadrement qui est correct pour tout le monde, et que notre population en bénéficie, notre gouvernement et nos
gens de chez nous, du Québec, en bénéficient?
Mme
Ouellet : Ça fait
que je comprends que vous êtes d'accord à ce qu'on se donne les mêmes outils
que l'Ontario s'est donnés. C'est des outils,
et je veux juste vous corriger, ce n'est pas une obligation de faire de la
transformation à chaque fois, là. Puis, je vous l'ai dit, c'est «peut». Ce n'est
pas «doit à chaque fois», c'est «peut». Et c'est
pour ça que c'est «peut», c'est lorsque ce sera approprié. Et, si Terre-Neuve n'avait
pas eu cette possibilité-là, elle n'aurait
pas pu négocier avec… je crois que c'est avec Vale, pour qu'il y ait de la
transformation. Ce n'est pas chacune des mines à Terre-Neuve qui a eu de la
transformation, mais celle-là avait un gisement… un potentiel particulier. Et
je pense que c'est la même chose qui s'est passée aussi en
Nouvelle-Calédonie.
Donc, c'est
juste se donner un outil supplémentaire. Ça ne veut pas dire qu'il va être
utilisé à chaque fois, c'est une
possibilité. Et c'est comme ça également que c'est dans la loi pour
Terre-Neuve, pour le Nouveau-Brunswick, pour la Nouvelle-Écosse. Pour l'Ontario,
c'est différent. Eux autres, ils exigent tout le temps que tout soit… la
première transformation se fasse, mais eux
autres, dans leur loi, c'est au Canada. Donc, oui, on l'a adapté au contexte du
Québec, mais nous, on pense qu'il faut qu'on
se donne des outils à la hauteur de ce que nos concurrents, en termes d'États,
ont, et au Canada mais aussi ailleurs dans
le monde. Puis, je vous le dis, ce n'est pas quelque chose qui va être utilisé
à chaque fois, mais, c'est ça, si
Terre-Neuve n'avait pas eu cet outil-là, elle n'aurait pas pu exiger de la
transformation à Terre-Neuve.
Et je pense que de la transformation, comme vous
dites, sur le cuivre, bien la Fonderie Horne, ça en est, de la transformation.
Sur le zinc qui est exploité en Abitibi puis à la Baie-James, c'est transformé
à Valleyfield, CEZinc. Mais c'est vrai qu'il
y a des potentiels. Du côté des terres rares, il y en a, du potentiel pour
faire de la transformation. Dans le
lithium, il y a des projets de transformation, là, des usines pilotes à
Valleyfield. Il y en a, des possibilités, puis on pourrait créer toute une chaîne manufacturière. Moi, j'y
crois, qu'on peut faire une chaîne manufacturière jusqu'à la batterie au
Québec. On a même une entreprise, Phostech,
qui utilise ce matériau-là qui rentre… qui fabrique ce matériau-là qui
rentre dans la composition des batteries, on
a des entreprises émergentes qui fabriquent des batteries, mais il faut qu'on
puisse aussi, à un moment donné, un petit peu coordonner.
Et donc c'est
des outils. Ce n'est pas des obligations à chaque fois, c'est des outils qu'on
se donne. Ça fait que je voulais juste le clarifier, là, avec vous. Puis
justement c'est des outils qu'on se donne, au niveau du gouvernement, pour que le gouvernement puisse prendre sa responsabilité
gouvernementale. Mais, pour qu'on puisse la prendre, il faut qu'on ait
des outils pour nous supporter.
Sur les
pouvoirs, j'ai déjà eu l'occasion d'en parler, du côté des zones incompatibles,
là, avec le secteur minier. Sur les
autres éléments, je dois vous avouer que c'est assez… On aura l'occasion, si
vous voulez, on pourra les reprendre, là, mais, sur les zones incompatibles, j'ai déjà annoncé, là, qu'il y aurait
des amendements spécifiquement à l'article 280.
Et je suis
bien contente d'entendre que, comme plusieurs, plusieurs intervenants, vous
souhaitez une adoption rapide de la
loi. Moi aussi, je crois que c'est important, parce qu'il faut mettre de la
prévisibilité, de la prévisibilité pour les entreprises minières mais
également pour les citoyens. Et, si on a de la transparence, de la
prévisibilité puis on sait dans quelle
démarche on s'engage, bien les citoyens vont aussi avoir plus confiance, et ça
va aider les projets à se réaliser,
parce que c'est important qu'on le fasse, maintenant, en dialogue avec les
communautés. Mais tous ces outils-là qu'on
s'est donnés, d'avoir des BAPE pour chacun des projets miniers, d'avoir la
garantie financière, d'avoir… c'est des outils qu'on se donne aussi pour
que le développement soit responsable et d'établir la confiance avec la
population.
Le Président (M. Lévesque) :
M. Laplante, je crois que vous voulez réagir.
• (15 heures) •
M. Laplante (Alain) : Oui, s'il vous
plaît. Juste un petit commentaire, s'il vous plaît. Je vais faire très vite.
On parle de
transformation, on parle de mines. Au cours des cinq dernières années, le
MEG, qui est très bien connu, a démontré qu'au Canada la demande d'exploration
a diminué constamment aux dépens d'une croissance dans d'autres pays, entre
autres le Mexique, l'Afrique. Mon point est le suivant : Dans les faits, c'est
qu'il faut comparer l'industrie minière avec l'industrie minière d'ailleurs et
arrêter de faire le lien industrie minière et transformation.
Ceci étant dit, je ne suis pas contre la
transformation, en aucune façon. Je suis Québécois, je veux que ça reste ici
puis je veux qu'on en tire profit, aucun doute là-dessus. Mais, dans le
développement de la loi présentement, selon moi, on doit faire une distinction
entre les deux. C'est deux choses, dans une certaine mesure, pas rapport dans un
développement. Le développement minier est une chose; ce qu'on va faire avec
les ressources en est une autre. Je comprends qu'au gouvernement on veut
essayer de faire un lien le plus possible, puis comme Québécois ça fait du
sens, mais, d'un point de vue économique, ça n'en fait pas. On doit régler le
cas des mines, puis on réglera le cas de la transformation à part.
Puis
en même temps ce qu'il faut dire, c'est que les sociétés
minières sont très concernées par qu'est-ce
qui va arriver avec leur minerai. Plus il y a de la transformation près,
plus leurs coûts vont diminuer, parce qu'eux autres, un coup qu'ils l'ont extrait, il faut qu'ils l'envoient
à quelque part. S'ils sont capables d'avoir une transformation à côté,
ils ont un avantage à l'avoir. Ça, c'est des choses qui existent naturellement.
Alors,
moi, à mon point de vue, là, c'est qu'il y a une distinction entre les deux,
puis il faut arrêter de se comparer entre l'Ontario puis les maritimes.
Regardons qu'est-ce qui arrive ailleurs. Le Canada était vraiment plus haut
dans les rangs antérieurs; aujourd'hui, on
ne l'est pas. Au Québec, on est un beau joueur, on a des… on est assis sur une
mine d'or, on le dit, mais oublions juste l'or,
là, il y a d'autres minerais. Il faut être capables d'en tirer avantage et de
faire la promotion, justement, au
niveau des mines, et ça, c'est important et c'est l'essence, je pense, de la
loi. Mais oublions un peu la
transformation ou trouvons quelque chose qui fera que la transformation sera un
à-côté au développement des mines.
Le Président (M.
Lévesque) : M. Jolicoeur, en bonification. Il reste moins d'une minute.
M. Jolicoeur (Marcel H.) : O.K. Ce que nos investisseurs ont besoin, O.K.,
ils ont besoin d'une réglementation qui est claire, précise et surtout
prévisible. Alors, le plus rapidement qu'on va avoir tout ça clair, d'établi,
ce qu'on demande… C'est un secteur qui est
très fragile. L'industrie minière, c'est cyclique, et vous le savez. Ça peut
être très payant puis ça peut être…
Ce qu'on demande, c'est que, les signaux qu'on obtient, c'est des signaux
clairs qu'on veut pour être capables
de dire aux investisseurs : Chez nous, c'est la place à investir, c'est la
place pour la transformation, c'est la place pour le développement minier. Et, avec ça, je pense que tout le monde,
tout le monde, tout le monde va être heureux au Québec, et ça va avoir
bénéficié à tous les Québécois. C'est ce que je vous demande.
Le Président (M.
Lévesque) : Merci beaucoup, M. Jolicoeur, alors ce qui met fin à nos
débats pour cette première partie. Alors, je tiens à vous remercier, vous et
les membres de votre équipe de la Chambre de commerce de Val-d'Or, d'avoir
participé à nos travaux.
Je vais suspendre les
travaux pour quelques minutes, pour donner la chance au prochain intervenant de
prendre place.
(Suspension de la séance à
15 h 2)
(Reprise à 15 h 4)
Le
Président (M. Lévesque) :
Alors, la commission est prête à reprendre ses travaux, la commission
qui étudie présentement le projet de loi n° 43, Loi sur les
mines.
Alors,
j'ai le plaisir d'accueillir M. Nochane Rousseau, qui a déposé un mémoire à la commission.
Alors, la parole est à vous, M. Rousseau, pour une période de
10 minutes.
M. Nochane Rousseau
M. Rousseau (Nochane) : Merci, M.
le Président. J'aimerais tout d'abord vous remercier pour votre
invitation à participer à cette commission. J'aimerais également saluer Mme la
ministre Ouellet ainsi que les députés et membres de la commission ici
présents.
Je vais débuter par
me présenter ainsi que ma firme. Je m'appelle Nochane Rousseau et je suis
associé chez PricewaterhouseCoopers ainsi que le responsable du secteur minier
pour le Québec. Je fais également partie de notre groupe national et mondial dédié au secteur minier depuis 15 ans.
Quant à PricewaterhouseCoopers, nous fournissons des services adaptés au
secteur minier à des sociétés minières, à des associations, à des gouvernements
ainsi qu'à des sociétés d'État. À l'échelle mondiale, ça représente près de
169 000 personnes dans 158 pays, dont 6 000 au Canada.
Je
vais vous expliquer la démarche que j'ai suivie afin d'analyser le projet de
loi et de préparer mon mémoire. Puisque mon expertise est
essentiellement financière et que l'accès aux capitaux constitue la condition
sine qua non pour assurer le développement du secteur minier au Québec, mon
analyse ainsi que mon mémoire n'abordent que les dispositions ou les articles du projet de loi qui pourraient avoir une
incidence sur le financement du développement minier au Québec. Donc, afin d'y parvenir, nous avons
utilisé notre expertise et expérience chez PWC en matière de financement
d'entreprise. Nous avons donc plusieurs
interactions avec les différents investisseurs et prêteurs oeuvrant dans le
secteur minier au Canada ainsi qu'ailleurs dans le monde.
Je crois qu'il est
important de commencer par expliquer le fonctionnement du financement dans le
secteur minier. On y retrouve principalement deux sources de financement, soit
le financement par équité ou le financement par
emprunt. Le financement par emprunt est possible lorsque le niveau de risque
est faible ou modéré, mais, lorsque le niveau
de risque est trop élevé, seulement par équité est possible. Chaque source de
financement correspond donc à un profil de risque spécifique, et le
rendement demandé est également différent. Les grandes sociétés minières
productrices peuvent habituellement avoir accès en partie au financement par
emprunt pour financer le développement de leurs projets miniers, alors que les
autres entreprises peuvent habituellement uniquement se financer par équité.
Nous
assistons également à un phénomène relativement récent, soit les modes de
financement alternatifs — qui sont nécessaires dans le contexte actuel — par exemple des prises de participation par
des investisseurs stratégiques, ce qu'on appelle aussi l'intégration verticale, ou encore la conclusion d'ententes
d'approvisionnement garanti, ce qu'on appelle en anglais des «offtake
agreements».
Pour évaluer les
dispositions et les articles du projet de loi qui sont susceptibles d'avoir une
incidence sur le financement, il faut également comprendre les critères
habituellement utilisés par les investisseurs pour justifier leurs décisions d'investissement,
soit le taux de rendement interne d'un projet par rapport à son évaluation du
niveau de risque que cela représente.
Un investisseur potentiel évaluera les facteurs de risque du projet minier au
stade de développement où il se trouve mais également en considérant les
étapes à venir, afin d'identifier les nouveaux risques. Tous les autres
critères étant satisfaits, un investisseur décidera d'investir si le niveau de
risque est jugé acceptable en fonction du niveau
de rendement attendu. Pour chaque élément de risque identifié dans un projet,
un élément de rendementcorrespondant
et proportionnel doit être généré — c'est ce qu'on appelle la relation
risque-rendement — afin de
conserver le même niveau de rentabilité. Ces
risques constituent autant de barrières à l'entrée pour des investisseurs
potentiels plus hésitants à accepter ce niveau de risque. Conséquemment,
plus le niveau de risque est élevé, moins les possibilités d'investissement seront présentes, et les
possibilités de financement seront pratiquement inexistantes pour
développer un projet minier.
Les
investisseurs potentiels examineront donc les changements aux lois et
règlements, par exemple, dans le cas qui
nous intéresse, ceux du projet de loi n° 43, afin d'identifier, justement,
ces nouveaux risques auxquels le projet pourrait être confronté. C'est ce qu'on appelle communément le risque politique
ou encore le risque réglementaire. Ce risque se réfère à tout changement politique susceptible d'avoir une incidence
importante sur les intérêts notamment économiques. Cette perception du risque politique peut être
aussi nourrie par plusieurs changements récents liés aux lois et
règlements propres à un secteur d'activité,
notamment au niveau des redevances minières au Québec. Il est important de noter
que le risque perçu peut être aussi
dommageable que le risque réel pour le financement, car l'incertitude ainsi
causée augmente le risque lié au projet pour l'investisseur.
Avant d'aborder ce
thème, apportons d'abord quelques précisions. Au préalable, il importe de
distinguer le risque de l'incertitude. Tout
élément qui, dans l'environnement politique des affaires, suscite le doute mais
qui se prête à la mesure ou au calcul des probabilités relève du risque
politique ou réglementaire. À l'inverse, tout élément qui, dans cet environnement, suscite le doute mais qui
relève de l'appréciation subjective et qui ne se prête pas à la mesure
relève du domaine de l'incertitude.
• (15 h 10) •
Dans le domaine de la
finance, on est habilités à identifier les risques, à estimer leur incidence et
à mettre en oeuvre des mécanismes pour les
mitiger. Rappelons-nous toutefois que plus le risque d'un projet minier est
important, plus son coût en capital sera
élevé, plus son rendement interne attendu sera également élevé. Une augmentation des risques a pour conséquence de diminuer
le nombre de projets réalisables et de restreindre le nombre d'investisseurs
potentiels disposés à tolérer un niveau de
risque plus élevé. L'incertitude, quant à elle, rend l'investissement et le financement très
difficiles, voire impossibles, si ce niveau
d'incertitude est trop élevé, et ce, même pour des projets ayant un risque…
un profil de risque raisonnable ou faible.
Une autre notion
importante dans le domaine de la finance, c'est la valeur temps de l'argent. Un
dollar aujourd'hui vaut évidemment plus qu'un dollar de demain, il est donc
important de considérer dans le projet
de loi les dispositions qui pourraient entraîner des délais
supplémentaires importants ou encore une incertitude en ce qui concerne
l'échéancier du projet. Ces délais supplémentaires pourraient avoir des
incidences importantes, pour une société minière, car elle doit disposer des
liquidités nécessaires pour financer les frais engendrés par ces délais. Ces
délais supplémentaires peuvent également priver une société de diverses
circonstances opportunes qui sont essentielles au développement d'un projet
minier.
Si
vous me permettez, j'aimerais utiliser une analogie pour illustrer mes propos.
Le financement d'un projet minier s'apparente à l'ascension
d'une montagne. Plus le projet est gros, plus le montant à financer sera
important, et plus la montagne à gravir sera haute et difficile. Chaque élément
de risque dans un projet doit s'accompagner d'un gain de rendement
correspondant, l'ajout de conditions réglementaires qui augmentent le coût et
le risque d'un projet minier sans en
augmenter le rendement le rendent moins attrayant pour un investisseur. Cela s'apparente,
dans notre analogie, à rendre
certains passages de notre ascension de la montagne plus dangereux et à
diminuer l'intérêt de certains aventuriers à gravir la montagne.
Certains décideront de rebrousser chemin devant ce nouveau danger.
Un
équilibre doit donc être trouvé entre les risques du projet et son rendement
correspondant. Cette relation est dictée
par les marchés des capitaux et par la concurrence des différents projets
miniers ailleurs dans le monde. C'est en grande partie parce que le financement
d'un projet minier doit se faire essentiellement par les marchés publics des capitaux ou encore par des modes de financement alternatifs que l'effet cumulatif des différentes dispositions du projet de loi serait dommageable pour l'économie québécoise,
particulièrement pour ses régions. Les conditions imposées par l'article 122
auront pour effet direct de mettre fin à des modes de financement alternatifs.
Est-ce que des sociétés verticalement
intégrées investiraient sérieusement temps et ressources dans des projets au
Québec si elles ne pouvaient pas utiliser le minerai extrait dans leurs
usines de transformation à l'extérieur du Québec qui disposent d'une capacité
excédentaire?
Une
des principales inquiétudes au sujet des dispositions visant la transformation du minerai est que l'investisseur potentiel devra s'assurer que la société minière pourra se
financer sur les marchés des capitaux, incluant la transformation, si cela est exigé. Ainsi, cette disposition aura fort probablement une incidence importante sur les
investisseurs potentiellement intéressés à un projet minier, car il
comporterait alors une dimension de transformation qui ne les intéressera pas nécessairement. De plus, l'analyse du projet
devient plus complexe, car elle comporte
alors deux activités distinctes offrant également une relation
risque-rendement différente.
Certaines entreprises
ont actuellement énormément de difficultés à financer le développement d'une
mine. En ajoutant une dimension de transformation, est-ce que des possibilités d'investissement
ou de financement seront encore présentes pour ces entreprises?
Au sujet des ententes
visant les retombées économiques et le suivi de leur maximisation par un
comité, il faut faire ici d'extrême
prudence. Il faut éviter que les dispositions modifient profondément l'équilibre
entre les parties prenantes en privilégiant des
intérêts particuliers et étroits à des intérêts généraux qui profiteraient à l'ensemble
des Québécois. Il y a danger que la société minière devienne captive de ces
comités, et cela est propice aux dérapages.
Concernant les
garanties financières, les dispositions au sujet du calendrier de versement
créent des enjeux importants, étant donné que l'entreprise doit verser des montants plus élevés pour la
garantie financière sur une période plus courte. En effet, les besoins en capitaux sont plus importants avant
même que des flux de trésorerie suffisants puissent être générés par les activités minières sous-jacentes.
Conséquemment, cela augmente le montant à financer pour développer le
projet minier et réduit la rentabilité des projets.
Le Président (M.
Lévesque) : 30 secondes, M. Rousseau.
M. Rousseau (Nochane) : Cela signifie que les garanties financières ne
devraient normalement pas être exigées à 100 % avant que la
mine ne soit mise en exploitation commerciale.
En
conclusion, afin que les entreprises du secteur minier puissent continuer à
bénéficier de capitaux et que les projets
de développement dans le secteur ne soient pas compromis, plusieurs
dispositions du projet de loi n° 43 devront être précisées quant à
leur portée, à leur fonctionnement et à leur application ou être modifiées afin
de réduire les risques et éliminer les
incertitudes, essentiellement dans les trois domaines suivants : la
transformation du minerai, les ententes visant les retombées économiques
et leur maximisation par un comité, ainsi que la garantie financière.
Le
Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. Rousseau. Nous aurons
maintenant 50 minutes d'échange. Donc, je cède tout d'abord la
parole à Mme la ministre pour une période de 24 minutes.
Mme
Ouellet :
Oui, merci, M. le Président. M. Rousseau, bienvenue à l'Assemblée nationale.
Vous venez présenter un mémoire dans le cadre du projet de loi n° 43
sur les mines. Je dois vous avouer que, sur le volet que vous avez abordé, le dernier volet sur la garantie
financière, je suis assez surprise, parce
que d'ailleurs plusieurs minières le font déjà de
façon volontaire, et on veut
généraliser une bonne pratique. Et je ne crois pas que ça les pénalise dans
leurs activités, puisqu'elles l'ont fait de façon volontaire, donc, et je crois
que c'est une façon… Vous savez, au Québec
on s'est retrouvés, dans le passé, avec plusieurs
sites miniers orphelins et on ne veut plus que ce soit possible, donc on veut
s'assurer que le montant soit réservé jusqu'à
temps que ce soit nécessaire, donc le mettre en garantie financière. Donc, je
pense que c'est une bonne pratique, là, qui a déjà été mise en place par quelques
minières au Québec.
Sur
le volet de la transformation, je me demandais si vous aviez regardé, parce qu'il
y a d'autres pays à travers le monde
qui se sont donné des outils pour pouvoir faire plus de transformation sur leur
territoire, et si vous aviez fait un balisage mondial des différentes
juridictions avec les outils qu'ils s'étaient donnés en termes de lois et de
règlements sur la transformation.
Le Président (M.
Lévesque) : M. Rousseau.
M. Rousseau (Nochane) : Oui. Donc, premier commentaire : Au niveau
de la garantie financière, nous sommes d'accord
que 100 % du montant soit donné en garantie. C'est en ce qui concerne le
calendrier des versements. Donc, à mesure que la compagnie a engagé des
obligations, à ce moment-là, on est d'accord qu'elle doit mettre en garantie des versements, mais qu'est-ce qui arrive à un
moment… Est-ce qu'une compagnie minière peut avoir terminé… peut être
encore au stade de la construction de sa mine mais avoir déjà déposé 100 %
de la garantie financière, alors que les événements générateurs des obligations
ne sont pas encore survenus?
En
ce qui concerne la transformation, oui, on a fait un exercice, et puis, pour
commenter par rapport à ce qui se fait en Ontario, l'Ontario demande que
le minerai soit traité et raffiné mais pas à l'intérieur de la province mais
dans l'ensemble du Canada, puis des
dérogations sont possibles et négociées. Pour avoir participé sur certaines de
ces négociations-là, justement, il y a des mesures incitatives qui sont
accordées par le gouvernement aux compagnies minières justement pour rendre la
transformation rentable et possible.
Ailleurs
dans le monde, que ça soit également en Nouvelle-Calédonie, pour le nickel, ou
Voisey's Bay, le projet de Vale,
encore là, pour chacune de ces situations-là, il y a des ententes qui sont
négociées entre la compagnie minière et le gouvernement, où des mesures
incitatives sont données aux compagnies minières, que ce soient des congés
fiscaux, des bonifications fiscales ou encore des paiements d'infrastructures
par le gouvernement.
Le Président (M.
Lévesque) : Mme la ministre.
Mme
Ouellet :
Oui, bien, merci, parce qu'effectivement ces ententes-là sont possibles parce
qu'ils ont des dispositions dans la loi qui leur permettent d'avoir un outil
pour bien négocier avec les entreprises. Moi, ça fait le tour de mes questions
pour M. Rousseau. Merci.
Le Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup. Alors, je cède la parole au
député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour :
Sur la question de la restauration des sites, les modalités que vous proposez,
j'aimerais vous entendre là-dessus d'abord.
M. Rousseau
(Nochane) : Au niveau des garanties financières, comme on disait, c'est
qu'au niveau… une fois que l'obligation est engendrée par la compagnie, à ce
moment-là, le montant devrait être déposé, mais, si je peux juste
vous donner un exemple pour illustrer les propos, admettons, dans un plan de
restauration, une compagnie prévoit installer un concasseur dans
quatre ans parce qu'elle veut augmenter la cadence de production, les
frais de démantèlement de ce concasseur-là devraient être donnés en garantie
dès le départ, alors que l'élément générateur de l'obligation n'est pas encore survenu. Donc, pourquoi déposer en
garantie des frais de démantèlement de quelque chose qu'on n'a pas
encore construit?
Donc, je suis
d'accord avec le principe de base que, quand on crée une obligation, on doit
déposer un montant en garantie. Ce qui serait également intéressant,
aussi, c'est d'évaluer la valeur temps de l'argent dans ces obligations financières là. Si les travaux doivent être faits
dans 15 ans, ou dans 20 ans, ou dans 30 ans, si on regarde les
compagnies dans le secteur du fer où que la
durée de vie des mines va être très élevée et les garanties vont devoir être payées dans 30 ans, devrions-nous actualiser en dollars d'aujourd'hui
les montants de ces garanties-là? Ça ferait diminuer le montant de la
garantie à donner au jour 1. Et puis, l'argent qui serait déposé en
garantie, qui serait fructifié, bien le rendement réalisé sur ces actifs-là
permettrait justement de payer les travaux de restauration.
L'autre
élément, si vous me permettez, c'est en ce qui concerne les formes de garantie.
Donc, quelle sorte de forme de garantie qui va être accordée? Est-ce que
c'est seulement des dépôts en liquidités ou il va y avoir aussi certaines
formes de cautionnement comme des lettres de garantie par des sociétés d'assurance
ou des garanties d'entreprise?
• (15 h 20) •
M.
D'Amour :
Sur la question de la restauration des sites, de toute façon, cette question-là
avait été réglée par l'ancien gouvernement à l'époque. Les choses
avaient été dites clairement, des engagements avaient été pris.
Ceci dit, le
parallèle entre le Québec et l'Australie sur la question minière, sur la
question des redevances, ça a fait couler beaucoup d'encre. Ceux qui
forment le gouvernement actuellement, pendant deux ans, là, nous ont parlé du
modèle australien comme si c'était, finalement, là, ce qu'il existait de mieux
dans le monde. Versus le Québec, le parallèle que vous faites entre les deux?
M.
Rousseau (Nochane) : C'est
deux territoires très différents, un, en termes de coûts de production et de
qualité de gisement et puis en termes de proximité des marchés émergents. À l'heure
actuelle, la Chine consomme 40 % des métaux de base à travers le monde,
donc toute la consommation mondiale des métaux de base est effectuée en Chine.
L'Australie est beaucoup plus proche de ce marché-là, donc leurs frais de
transport sont environ 2,5 fois inférieurs à ce qu'on retrouve au Québec. Et puis la qualité des gisements fait en
sorte qu'en Australie, sur plusieurs commodités comme le fer, par
exemple, ils n'ont pas besoin de procéder à l'étape de la concentration, étant
donné que la concentration du gisement est déjà beaucoup plus élevée que qu'est-ce
qu'on retrouve au Québec. Donc, au Québec, on doit aller à une étape supplémentaire,
donc faire de la concentration, et, évidemment, ça, ça augmente les coûts de
production de façon très importante.
M.
D'Amour :
Iriez-vous jusqu'à dire que la comparaison est inappropriée entre les deux, ne
s'applique pas, il n'y a pas de comparaison possible?
M.
Rousseau (Nochane) : Bien, c'est
deux territoires très différents, le climat est très différent. Le Québec
fait en sorte qu'aussi on a la rigueur de l'hiver qui augmente énormément les
coûts de production, puis on le voit pour des compagnies
qui ont autant des opérations en Australie et au Canada, que les coûts sont
très élevés au Québec par rapport à ce qu'on retrouve en Australie,
effectivement.
M.
D'Amour :
Je tiens, M. le Président, à amener ce point-là parce que celle qui occupe le
fauteuil de ministre présentement est celle qui établissait ce
comparable-là entre le Québec et l'Australie constamment sur la question des
redevances… ou peu importe, mais tout de même.
Une fois que
c'est dit, la transformation, vous avez une position claire là-dessus. Il s'en
fait, mais votre message, il est à l'effet de…
M.
Rousseau (Nochane) : Au
niveau de la transformation, qu'est-ce qui est compliqué actuellement, c'est
au niveau du financement. Donc, une
compagnie minière, actuellement, si on pend une compagnie, là… Prenons un
exemple, là, une compagnie avec un projet de nickel dans la région d'Amos.
Cette compagnie-là va avoir une capitalisation boursière peut-être, en date d'aujourd'hui,
de 100 à 150 millions, et elle doit financer la construction de la mine à
la hauteur de 1 à 1,5 milliard. Donc,
les seules façons, pour cette société minière là, d'y parvenir, c'est de signer
des ententes stratégiques avec un
partenaire financier ou un partenaire qui va venir avec une intégration
verticale ou encore vendre d'avance
sa production pour lui permettre de financer son projet. Donc, si on met en
place ou si on exige la transformation, bien ces deux sources de
financement là alternatif ne seront plus possibles au Québec. Puis, si on
regarde le projet Consolidated Thompson,
pourquoi qu'il s'est développé, c'est parce qu'ils ont été capables de signer
des ententes, des «offtake
agreements» avec la compagnie WISCO. Si on aurait exigé la transformation du
fer au Québec, WISCO n'aurait jamais
été en mesure de signer ces ententes d'«offtake agreement» qui ont permis le
financement et le développement du projet minier au Québec.
Le Président (M. Lévesque) : M. le
député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour : M. Rousseau, lorsque le gouvernement dit à l'intérieur
d'un article, dans le projet de loi n° 43, ceci,
article 122 : «Le ministre peut, avant le début de l'exploitation et
à l'expiration de la période de 20 ans prévue au premier alinéa, exiger — on emploie le terme "exiger" — qu'une entente soit conclue avec le
concessionnaire ayant pour objet de
maximiser les retombées économiques en territoire québécois de l'exploitation
des ressources minérales autorisées en vertu de la concession minière»,
vous pensez quoi de ça?
M. Rousseau (Nochane) : Bien, c'est difficile, parce qu'actuellement il n'y
a aucune précision additionnelle à savoir
qu'est-ce qu'on entend par la maximisation des ces retombées économiques là. Puis
moi, quand je mepromène dans ces
régions minières là, je n'ai pas entendu les fournisseurs locaux me dire qu'il
manque d'affaires avec les compagnies minières. Ce qu'on entend par
contre souvent, c'est des maires ou des mairesses des communautés qui disent qu'ils
aimeraient obtenir une quote-part des redevances qui sont versées au
gouvernement, justement pour leur permettre
de financer les services qui sont donnés aux individus qui vont travailler dans
ces régions-là ou encore pour répondre à la pression qui arrive sur les
infrastructures. Mais, en termes des fournisseurs locaux, je n'ai pas senti qu'il y avait un problème au sujet qu'ils allaient
chercher leur quote-part des contrats qui sont accordés par la compagnie
minière, puis ma préoccupation est davantage que la société pourrait alors être
captive et propice aux dérapages, si jamais ça crée des comportements
dysfonctionnels au niveau de la communauté.
M.
D'Amour : On va tous s'entendre, là, on en veut tous, de la
transformation au Québec, le plus possible. Il s'en fait. Je vous donnais l'exemple la semaine
dernière. Dans ma circonscription, à Saint-Cyprien, on transforme de l'aluminium
pour des pièces en aéronautique par Bombardier. On le fait dans l'industrie de
l'automobile, on le fait dans l'industrie de l'ardoise, à travers nos
tourbières.
Comment on pourrait faire
en sorte d'aller en chercher davantage, selon vous?
M. Rousseau (Nochane) : Oui. Puis ça, je pense qu'il y a plusieurs intervenants qui aimeraient travailler
dans ce sens-là, en mettant des mesures
incitatives qui pourraient favoriser le développement de la
transformation au Québec. Puis ça pourrait avoir des avantages très importants,
parce que, si on fait plus de transformation, ça va
justement permettre aussi d'augmenter
l'acceptabilité sociale dans les régions, si on est capables de démontrer qu'on
transforme davantage. Mais on est davantage pour des mesures
incitatives, donc en travaillant soit sur des ententes fiscales, des ententes
économiques, des ententes ad hoc, revoir les infrastructures, revoir aussi le
prix de l'énergie ou le volume d'énergie qui peut être accordé, justement pour
inciter, favoriser le développement du secteur de la transformation.
Puis je
pense également que la transformation
n'est pas propre à une seule mine. À moins d'avoir un gisement de classe mondiale ou que la mine peut opérer pendant
plusieurs décennies, ça va prendre plusieurs
mines pour faire vivre une usine de
transformation. Donc, je suis davantage pour avoir une étude qui est réalisée,
coordonnée par le gouvernement du Québec, en fonction des métaux qui sont jugés pertinents, et non pas pour l'ensemble
des métaux, justement pour voir comment et de quelle façon on peut
développer cette filière de la transformation.
M.
D'Amour : Est-ce que ce serait pertinent d'inclure des partenaires dans cette étude-là, monde
syndical, régions, gouvernement, minières, tout le monde ensemble?
M. Rousseau (Nochane) : Je pense qu'il faut impliquer toutes les parties prenantes, mais je crois
qu'il faut que ce soit
coordonné par le gouvernement du Québec.
M.
D'Amour : L'article 122,
tel que je viens de vous lire, là, avec l'expression «exiger» — enfin,
vous ne l'avez pas, le texte, devant vous, probablement, là, je viens de
vous lire l'intégrale — il
faudrait retravailler ça un peu, là?
M. Rousseau
(Nochane) : Oui, effectivement.
M.
D'Amour : Lever
des capitaux, il y a des gens qui sont venus nous dire juste avant
vous, aujourd'hui, que trouver
de l'argent pour faire de l'exploration, pas mal difficile. Dans ce que vous
côtoyez, là, dans votre quotidien, à travers les entreprises, là, que vous
côtoyez, est-ce que c'est généralisé?
M. Rousseau (Nochane) : C'est généralisé, puis actuellement les formes de financement traditionnelles qu'on retrouvait dans le
secteur minier ne sont plus disponibles. Donc, toute forme de financement sur
laquelle on travaille, c'est des financements alternatifs, donc des prises de participation stratégiques, des
ententes d'approvisionnement
garanti, puis, pour ça, justement, il ne
faut pas exiger la transformation, sinon on ne sera plus capables de réaliser
ces ententes de financement là. Et puis, pour les compagnies d'exploration,
eux, là, qui doivent vraiment lever les fonds pour faire les travaux d'exploration,
bien un très grand nombre de compagnies au Québec sont en phase de mettre des
plans de survie pour éviter la faillite financière, parce qu'il n'y a pas d'exploration
qui se fait, puis ils ne sont pas capables de lever les capitaux.
M.
D'Amour : Quelle
est la réputation du Québec à l'étranger? Parce que, lorsqu'on
cherche des capitaux dans ce domaine-là, on sort de nos frontières un peu,
n'est-ce pas? Quelle est la réputation du Québec à l'étranger?
M. Rousseau
(Nochane) : Le Québec avait excellente réputation, et, depuis quelques
années, on se fait… moi, je me fais poser la
question par mes collègues : Qu'est-ce qui se passe au Québec? Qu'est-ce qui
arrive au Québec? Avant, c'était une des forces du Québec, qui était
justement sa stabilité et sa prévisibilité, puis maintenant les gens ne
comprennent pas qu'est-ce qu'on fait au Québec, donc on a beaucoup de
questions.
La
semaine dernière, il y avait un investisseur étranger qui regardait pour
financer un projet au Québec, c'était sous forme de partenaire
stratégique, et, dans la revue diligente, les questions ont été principalement
au niveau du changement au niveau des
redevances minières puis justement le volet de la transformation dans le projet
de loi actuel.
M.
D'Amour : Et ce
projet… Qui était un projet majeur? De quel genre de projet s'agissait-il?
M.
Rousseau (Nochane) : Je ne
peux pas le nommer, c'est confidentiel, mais c'est un projet au Québec qui
est au stade, là, du développement.
M.
D'Amour : Est-ce qu'il
y en a d'autres, projets comme ça au Québec, là, qui…
M. Rousseau (Nochane) : La majorité
des projets au Québec sont au stade de développement, éprouvent des difficultés
pour les financer. Et, oui, il y a le contexte mondial, mais le contexte du
Québec amène une complexité supplémentaire.
M.
D'Amour : Selon
vous, la conséquence sur l'emploi, sur un horizon de maintenant à cinq ans?
M.
Rousseau (Nochane) : C'est
difficile à évaluer, parce que, les dommages qu'on crée aujourd'hui, on va
le vivre probablement sur plus d'une
décennie. On l'a vu en Colombie-Britannique pendant plusieurs années. Quand il
y a eu des mesures gouvernementales qui ont été prises, ça a freiné énormément
l'exploration, puis ça a pris au moins 10 ans pour revoir les
investisseurs retourner en Colombie-Britannique, investir dans ce domaine-là.
Le Président (M. Lévesque) : Oui, M.
le député de Huntingdon, vous avez une…
• (15 h 30) •
M.
Billette : Merci
beaucoup. Je vous souhaite la bienvenue. Très intéressant, M. Rousseau.
Très bien fait également comme mémoire.
Je veux
continuer un petit peu sur mon collègue de Rivière-du-Loup—Témiscouata, au niveau de l'incertitude
présentement. Vous avez parlé du risque politique, je pense, c'est les mots que
vous avez utilisés. On parle beaucoup d'incertitude
législative et réglementaire au niveau du secteur minier. Les gens avant vous
qui sont venus nous voir, dont M. Laplante, de la direction
financière de Forage Orbit Garant, nous ont parlé beaucoup au niveau de l'exploration
actuellement. Vous, vous avez de l'air à
être beaucoup plus spécialisé dans l'exploitation. Souvent, on entend dire…
Les réponses au niveau du gouvernement, c'est
que c'est l'industrie minière que c'est difficile actuellement, le prix des
métaux a chuté, et le discours que vous me dites aujourd'hui et également que
M. Laplante nous a bien mentionné, qui était très clair : c'est pire
au Québec qu'ailleurs, à l'heure actuelle, par le risque politique dans lequel
on doit vivre.
Est-ce que
vous vivez ce risque-là? Est-ce que dans les autres provinces… Si on regarde le
nord de l'Ontario, qui ont mis
5 milliards d'investissement depuis quelques mois, puis au Québec, vous
semblez me dire : C'est difficile, on n'est plus capables de financer. Et, si on rajoute l'article 122, où la
ministre peut exiger d'avoir une entente de transformation… Est-ce que
tout ça fait en sorte que, le Québec, plus difficile financer un projet
actuellement au Québec qu'en Ontario ou que partout à travers le monde? Si j'ai
bien compris, c'est ça que vous avez mentionné.
Le Président (M. Lévesque) : M.
Rousseau.
M.
Rousseau (Nochane) : Oui. Au
niveau, je pense, du marché du secteur minier, je pense qu'il y a des
tendances qui sont mondiales. Le prix des commodités, c'est mondial. L'effet
sur la demande, c'est mondial.
Par contre,
quand on travaille avec les investisseurs puis les prêteurs puis qu'on regarde
des projets financiers puis quand ils
font leur modélisation financière, on se fait questionner énormément sur les
changements récents au niveau des
régimes de redevances mais également au niveau du projet de loi actuel. Parce
qu'eux, quand on regarde les formes de
financement, qu'on regarde avec eux… Comme je vous dis, c'est des financements
alternatifs, donc où qu'ils viennent acheter d'avance une partie de la
production en prenant des intérêts stratégiques. Mais, si on exige la
transformation, on va mettre frein à cette forme de financement. Donc, il y a
énormément de questions à ce niveau-là.
M.
Billette : Question
difficile pour vous, je ne sais pas si vous allez pouvoir y répondre. Vous avez
parlé également de la conjoncture mondiale, mais c'est devenu beaucoup plus
difficile au Québec à cause de l'incertitude, entre autres, qui a été créée par
les redevances. Je pense que c'est un domaine que vous connaissez très bien.
Quel est le
pourcentage qu'on pourrait dire? C'est-u la moitié des pertes d'emploi qui sont
dues à l'incertitude dont les… tout
ce qui a été dit sur les redevances minières, aller en chercher plus? C'est
quoi, c'est-u 50 %, 50-50 qui est dû au marché mondial des métaux,
et l'autre, de l'incertitude, on pourrait dire, presque le risque politique, je
pense que c'est vos mots que vous avez utilisés? Quelle est la proportion à ce
moment-là? Est-ce que c'est mesurable?
M.
Rousseau (Nochane) : Je ne
suis pas capable de commenter, c'est quelque chose… Comme je vous
dirais, là, c'est du domaine de l'incertitude, donc on n'est pas capables de
mesurer les probabilités qui sont reliées à ça. Mais qu'est-ce que je peux vous dire, c'est qu'il est très difficile
actuellement de, le terme anglais, «closer», là, de fermer des financements, dans le contexte actuel, parce que
les investisseurs, les prêteurs attendent de voir qu'est-ce qui va
arriver avec le projet de loi plutôt que de s'engager à long terme.
Le Président (M.
Lévesque) : Oui, M. le député de Huntingdon.
M.
Billette : …la
parole au deuxième groupe d'opposition officielle, si…
Le Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup. Alors, la parole est au député de Nicolet-Bécancour.
M.
Martel :
Merci, M. le Président. Merci, M. Rousseau. Bravo pour le mémoire puis bravo
pour la présentation. Je sens votre présentation vraiment dénuée de
tactique politique ou des choses comme ça, vous faites vraiment appel à notre intelligence, à notre rigueur, puis ce que
je comprends, moi, c'est que vous identifiez deux risques — il y en a plus que ça, là — qui sont un peu dans notre cour. Dans un
premier, il y a toute l'incertitude par rapport à ce qu'on fait avec le projet de loi, est-ce qu'on en adopte un, est-ce
que… on est depuis un certain nombre d'années en attente d'un nouveau
projet de loi relatif aux mines, puis le deuxième, c'est, bien, le contenu de
ce projet de loi. Je comprends-u…
M. Rousseau (Nochane) : Oui.
M.
Martel :
Oui. Moi, je voulais savoir : Par rapport au contenu, ce que vous avancez,
est-ce que vous avez déjà fait des
études comparatives avec… — bon, vous avez parlé de l'Ontario tantôt — avec d'autres provinces, avec d'autres
pays? Puis, si oui, j'aimerais ça
savoir : À votre avis, là, s'il y avait une ou deux faiblesses à l'intérieur
du projet de loi, que vous nous disiez, là : Ça, faites vraiment
attention à ça, ce serait quoi?
M. Rousseau
(Nochane) : Les études qu'on
a faites n'étaient pas spécifiques sur ce point-là, mais on a analysé
afin de voir les juridictions où qu'ils ont
exigé la transformation sans mettre en place en échange des mesures
incitatives. Donc, ça, ça exclut l'Ontario,
la Nouvelle-Calédonie, ça exclut Terre-Neuve parce qu'ils ont exigé de la
transformation, ils l'ont demandée, mais en retour ils ont fait des
concessions importantes justement pour rendre la transformation rentable.
L'endroit où
qu'ils ont exigé la transformation sans accorder des mesures incitatives, c'est
l'Indonésie. L'Indonésie a exigé la
transformation et a banni l'exportation de plusieurs minéraux, puis l'impact
pour l'Indonésie a été terrible au niveau
de l'investissement étranger. BHP Billiton, Newmont se sont retirés du
pays avec des projets d'investissement de plusieurs milliards de
dollars. Le Japon et la Chine, qui étaient deux acheteurs importants des
minéraux produits par l'Indonésie, ont porté
plainte au niveau de l'Organisation mondiale du commerce. Puis,
juste pour vous donner une idée, là,
l'Institut Fraser, qu'on connaît bien au Québec, l'Indonésie se classe
au quatrième rang pour le potentiel minier mais au dernier rang pour ses mesures politiques
favorables au secteur minier. Au
niveau des dépenses d'exploration,
les dépenses d'exploration qui ont été effectuées en Indonésie, ça a été
de 70 millions seulement. Juste pour vous donner une idée de grandeur, là,
en 2011, au Québec, ça a été de 800 millions. Donc, on voit vraiment, là,
que ça a des impacts très importants sur l'investissement étranger lorsqu'il n'y
a pas de mesures incitatives qui sont accordées en échange, justement pour
rendre la transformation rentable et possible.
Le Président (M. Lévesque) : M. le
député.
M.
Martel : J'essaie
de bien comprendre, là, ce que vous dites. Dans le projet de loi, on dit qu'on
pourrait demander une étude de transformation. Pour vous, ça, là, cette
demande-là, c'est inquiétant puis ça peut créer de l'incertitude?
M. Rousseau
(Nochane) : Oui, bien qu'est-ce qui arrive aujourd'hui, c'est que les
entreprises, elles doivent se financer
aujourd'hui, en amont d'obtenir le bail minier. Donc, moi, je suis une
compagnie avec une faible capitalisation boursière qui veut développer
mon projet; les seules sources de financement actuellement disponibles, là, c'est
des financements alternatifs. Donc, je vais avoir un partenaire stratégique qui
va vouloir investir dans ma compagnie parce
que lui, il va pouvoir acheter la production, qu'il va utiliser dans ses usines
à l'extérieur du Québec, où il y a une capacité
excédentaire. Ça serait illusoire de croire qu'il va venir investir ici puis il
va construire une nouvelle usine alors qu'il
a déjà de la capacité dans ses usines à lui… ou encore… ou quelqu'un va venir
acheter de la production future aujourd'hui.
Moi, je dois
me financer puis je n'ai pas encore mon bail minier. Donc, je ne vais pas
encore faire la demande ou déposer l'étude
de faisabilité pour démontrer que ce n'est pas possible, mais c'est aujourd'hui
que je dois me financer. Puis, s'il y
a un doute que je puisse obtenir mon bail minier parce qu'on pourrait m'exiger
de faire de la transformation, bien ces investisseurs-là qui sont
ouverts aux modes de financement alternatifs ne seront pas intéressés à venir
investir au Québec. Puis les derniers
projets au Québec qui se sont développés, c'est grâce à ces modes de
développement alternatifs.
Le Président (M. Lévesque) :
45 secondes, M. le député.
M.
Martel :
Si l'État disait : Nous, pour procéder à l'exploitation, là, des mines, on
souhaiterait être partenaires, est-ce que vous pensez que ça pourrait
être un frein, ça, à l'investissement?
M. Rousseau (Nochane) : Non, parce
que justement les sociétés minières sont à la recherche de partenaires qui peuvent amener du financement aussi dans les
projets. Donc, si le gouvernement veut investir dans leurs projets, c'est
sûr que les sociétés minières vont être favorables à ça, parce que l'accès au
financement, c'est clé dans ce secteur-là. C'est vraiment la condition
principale pour être en mesure de développer le secteur minier au Québec.
Le
Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. Rousseau. Je passe
maintenant la parole à Mme la ministre, et votre groupe parlementaire a
toujours 21 minutes de temps de parole. Mme la ministre.
Mme
Ouellet :
Oui, merci, M. le Président. M. Rousseau, est-ce que vous diriez que l'Ontario
qui a dans sa loi, là, tous les minerais, souhaite que tous les minerais
qui sont extraits soient traités et raffinés au Canada, la Nouvelle-Écosse qui dit que personne ne doit retirer de la
province pour de la transformation sans le consentement du ministre, le
Nouveau-Brunswick qui dit que le ministre exige de lui, au moment où le bail
minier est passé ou à tout moment par la
suite, de transformer ou transformer davantage dans la province, avec des
dispositions semblables à Terre-Neuve... Est-ce que vous diriez que ces
quatre provinces-là qui avaient des pouvoirs dans les lois, des outils pour
demander plus de transformation qui n'étaient pas... Bien, dans le cas de l'Ontario,
ils le demandaient de façon systématique, mais ils pouvaient passer une entente
pour ne pas le demander. Mais, tu sais, je veux dire, qu'ils le demandent, qu'il
y ait une possibilité de le demander ou qu'il y ait une possibilité de ne pas l'exiger,
là — d'une
façon ou d'une autre, là, ça revenait au même — est-ce que vous diriez que ça
a mis plus d'incertitude dans ces quatre provinces-là au niveau du
développement minier, parce qu'ils avaient de telles dispositions dans leurs
lois?
• (15 h 40) •
M.
Rousseau (Nochane) : Bien,
juste commencer par l'Ontario, je vous dirais que, l'Ontario, le fait de
demander que ce soit traité ou raffiné au Canada plutôt qu'à l'intérieur de la
province a un impact considérable, parce que, si on regarde les commodités qui sont produites... qui sont extraites,
excusez, en Ontario, il y a des capacités de production au Canada reliées à ça. Donc, on a de la
transformation de cuivre, de zinc, c'est possible, les facilités sont ici, et
ils vont avoir besoin justement de
minerai pour être en mesure de fournir ces facilités de transformation là. Le problème arrive lorsqu'il y a une capacité excédentaire ailleurs dans le monde puis que ces
commodités-là sont demandées ailleurs dans le monde.
Mme
Ouellet : …mais est-ce
que vous pensez que parce que
c'est dans la loi ça a mis plus d'incertitude dans ces quatre
provinces-là que ce qu'il y avait, par exemple, au Québec, là, à l'époque où on
n'en a pas?
M.
Rousseau (Nochane) : C'est
sûr que oui en ce qui concerne les modes de financement alternatifs, qui
n'étaient pas présents antérieurement. Maintenant,
si on regarde les ententes de financement alternatif, que ce soient les
«offtake agreements» ou encore les intégrations verticales pour les partenaires
stratégiques, oui, ça peut être problématique, puis on le vit actuellement sur
des dossiers qu'on travaille.
Mme
Ouellet : Des
dossiers en Ontario, à Terre-Neuve, au Nouveau-Brunswick ou en Nouvelle-Écosse?
M.
Rousseau (Nochane) : Les
dossiers que j'ai été impliqué en Ontario et à Terre-Neuve, il y a eu des concessions importantes du gouvernement
pour mettre des mesures incitatives pour rendre, justement, la transformation
rentable.
Mme
Ouellet : Vous savez qu'on a aussi émis, dans le dernier budget, des mesures incitatives à la
transformation et à l'investissement. Donc,
ça fait aussi partie du portrait, là, du coffre à outils que nous voulons
mettre sur la table pour la transformation.
Moi, de mon côté, M. le Président, ça fait le
tour. Merci, M. Rousseau.
Le Président (M. Lévesque) : Merci,
Mme la ministre. Je vais céder maintenant la parole au député de
Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Il reste 5 min 48 s pour votre groupe parlementaire.
M.
D'Amour :
Bien, sur la question des mesures incitatives dont vient de parler la ministre,
il serait intéressant qu'elle dépose
à la commission la liste des entreprises qui en ont bénéficié à venir jusqu'à
maintenant. Ça ne devrait pas être trop compliqué.
Moi, je
retiens, M. Rousseau, votre message. On parle de réputation du Québec à l'étranger.
On parle de difficultés de faire du
financement pour des projets d'exploration, d'exploitation. Ça, pour moi, ça
vient me chercher, là, parce que le
Québec, vous le savez, ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre, a perdu, au
cours des derniers mois, 45 000 emplois, 45 000 emplois. On
avait, juste avant vous, les gens de la Chambre de commerce de Val-d'Or. Quand
une entreprise, un fleuron que vous
connaissez sans doute, Orbit Garant, vient nous dire qu'en un an ils sont
passés de 1 100 travailleurs à
550 travailleurs, ça, n'importe quel politicien digne de ce nom-là est capable
d'admettre qu'il y a un problème, il y a un très, très, très sérieux
problème.
Moi, je
reçois très bien votre message, puis on va vivre ensemble au cours des
prochaines semaines… du moins je l'espère.
Tout dépendra du gouvernement, s'il appelle ou non cet automne le projet de
loi, là, pour l'étude article par article.
Mais, sur la question des exigences liées à la transformation, parce qu'on
emploie le mot «exiger», «peut exiger», là, mais «exiger», là, il faut raffiner tout ça. Ce qu'on veut, là, tout
le monde ensemble, ce qu'on devrait vouloir tout le monde ensemble,
effectivement, c'est qu'il y ait de l'exploration, de l'exploitation et de la
transformation. Dans un monde idéal, là, on
ferait tout ça. La nuance est importante entre l'exiger au Québec et l'exiger
au Canada. On travaille dans le domaine de l'aluminium, là, au Québec
et, à ce que je sache, on n'a pas ce qu'il faut pour, là, on importe et on
transforme ici.
Alors, moi, je vous remercie, parce qu'il n'y a
pas personne qui peut douter du fait que vous soyez, dans le domaine, un expert, là. J'ai parcouru votre C.V.,
ça parle. Et il faut… On a tout un travail à faire dans l'étude article
par article, parce qu'il ne faut pas se
tromper, mais on veut aller chercher le maximum en termes de retombées, de
retombées économiques
pour le Québec. Moi, votre message, je le reçois 10 sur 10. Ce n'est pas tant
une question qu'un commentaire que je fais, là, à la fin de votre
présentation, pour vous dire qu'on est conscients des éléments que contient le
projet de loi, sur lesquels on va devoir travailler avec beaucoup de rigueur.
Le Président (M. Lévesque) : M.
Rousseau.
M. Rousseau (Nochane) : Oui. Puis,
juste bien me faire comprendre, au niveau de la transformation, je suis persuadé que ça va favoriser l'acceptation
sociale, si on est en mesure d'augmenter la transformation au Québec.
Je suis pour des mesures incitatives et non pas un pouvoir de l'exiger, parce
que, si on a le pouvoir de l'exiger, c'est là que c'est très difficile au niveau du financement, mais, s'il y a
d'autres formes qu'on peut mettre en
place pour favoriser le développement
de la transformation, on est prêts à travailler avec vous dans ce sens-là à
100 milles à l'heure.
M.
D'Amour : Merci. Et je reviens avec la demande de tantôt.
Si la ministre peut déposer la liste des entreprises qui ont bénéficié, depuis un an, des mesures
incitatives, là, pour ce qui est de la transformation, j'en serais bien heureux.
Le Président (M. Lévesque) : Mme la
ministre.
Mme
Ouellet : C'est
complet. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup. Alors, M. le député, est-ce que vous avez des questions
supplémentaires?
M.
D'Amour : Ça va.
Le
Président (M. Lévesque) : Ça
va? Alors, mesdames et messieurs, constatant qu'il n'y a pas de commentaire
supplémentaire, je vais suspendre les travaux. M. Rousseau, je vous remercie
beaucoup de votre contribution à la commission parlementaire. Alors, je suis
très heureux de votre démarche, merci beaucoup.
Je vais
suspendre les travaux quelques minutes pour laisser la chance aux prochains
intervenants de prendre place.
(Suspension de la séance à 15
h 45)
(Reprise à 15 h 48)
Le Président (M. Lévesque) : Alors,
mesdames et messieurs, on reprend les travaux de la Commission de l'agriculture,
des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles. Nous accueillons maintenant
la Corporation de protection de l'environnement de Sept-Îles. Alors, bienvenue.
Je vous cède la parole, mesdames, pour une période de 10 minutes.
Corporation de
protection de
l'environnement de Sept-Îles
Mme
Prévost (Stéphanie) : Merci,
M. le Président. Mme la ministre, MM. et Mmes les députés, membres de la commission, pour
débuter, à titre de directrice générale de la corporation de l'environnement de
Sept-Îles et au nom de notre conseil d'administration, je vous remercie de nous donner l'opportunité
pour la première fois de nous exprimer sur le projet de loi sur les
mines. Je suis accompagnée aujourd'hui de Mme Rachel Laurin, qui est vice-présidente
de notre corporation.
Le mémoire qu'on a déposé à la commission fait état
des principaux éléments qu'on souhaite voir apparaître, préciser ou bonifier dans la nouvelle Loi sur les mines. 12 recommandations sont suggérées pour améliorer l'encadrement de l'industrie minière au Québec. Elles portent
prioritairement sur la protection de l'environnement, la qualité
de vie des populations locales et la participation citoyenne. Pour les
fins de notre présentation, parce qu'on a 10 minutes, on va s'attarder plus particulièrement aux enjeux
qui sont liés à l'environnement, à la consultation publique et à l'acceptabilité sociale, parce
que c'est des enjeux qui sont totalement liés à notre mission.
• (15 h 50) •
Bien, d'entrée de jeu, on recommande en fait l'application d'un règlement environnemental spécifique aux mines afin d'assurer une meilleure protection
de l'environnement. Pour l'instant, l'État fait part de ses attentes envers l'industrie
via la directive 019, mais nous, on trouve que ça ne suffit pas. À notre
avis, un promoteur minier doit se conformer
aux directives des experts du ministère et non seulement prendre note des commentaires émis par ces
derniers comme on a pu le constater dernièrement, dans notre expérience récente
avec un projet minier. Vous savez, pour nous,
il est évident que l'autorégulation de l'industrie a ses limites, et ce, à toutes les phases d'un
projet. Permettre au promoteur de négocier ou de rejeter les balises
qui ont été dictées par le ministère, ça nous paraît un petit peu
hasardeux pour les suites d'un projet. Ça
compromet aussi la confiance que la population peut avoir et envers l'industrie
minière et envers aussi la capacité de l'État à les régir adéquatement, tant au
niveau de l'analyse, du suivi et du contrôle de leurs activités.
Vous n'êtes pas sans savoir que
présentement notre ville vit sa plus grande catastrophe écologique, il y a eu
un déversement de mazout lourd dans la baie
de Sept-Îles. Lors de son passage, hier après-midi, le ministre de l'Environnementdéclarait : «S'il y a une augmentation
de la contrainte à imposer aux entreprises, tout ça doit être considéré. Si l'imputabilité doit être augmentée, eh bien, l'imputabilité
le sera.» Pour nous, il est clair qu'il doit y avoir une augmentation de
la contrainte et une augmentation de l'imputabilité envers l'industrie, et ce,
pour le bien-être de la population du
Québec, des communautés d'accueil mais aussi pour leur environnement de vie.
Pour nous, ça passe non seulement par une réglementation
environnementale spécifique au secteur minier, mais aussi par l'augmentation
des ressources affectées à l'analyse, au
suivi et au contrôle des projets miniers. Comme plusieurs, on ne souhaite pas
qu'on garde une traditionnelle opposition
entre le développement minier et l'environnement, mais, pour y arriver, il faut
que les populations et leur environnement de vie aient un niveau de sécurité
adéquat et plus élevé.
En
ce qui a trait à la procédure environnementale et d'examen des impacts sur l'environnement,
bien on est heureux d'apprendre que maintenant tous les projets de mine
y seront assujettis. Toutefois, on a constaté que, compte tenu de sa
complexité, elle gagnerait à être démystifiée pour accroître la participation
des citoyens. Selon nous, il serait aussi pertinent
de revoir certaines pratiques de la procédure, et ce, afin de favoriser la
transparence et optimiser la compréhension de la population face à un
projet.
Vous
savez, l'acceptabilité sociale est étroitement liée à la gestion des risques et
ses probabilités d'occurrence, le risque est considéré acceptable par
une collectivité lorsque celle-ci peut en accepter les conséquences. Comment
une population peut bien comprendre les
risques associés à un projet si elle n'a pas accès aux commentaires des
spécialistes de l'État?
Selon
nos observations, il arrive souvent que le silence du ministère dans l'évaluation
et l'appréciation d'un projet minier
contribue au cynisme et à la non-confiance de plusieurs citoyens, et ça
favorise la polarisation face à un projet, puisqu'ils y voient une négociation secrète entre le ministère et l'État…
entre, plutôt, le promoteur et l'État. Pourtant, pour que s'établisse l'acceptabilité sociale et pour qu'elle
perdure dans le temps, il faut qu'un projet, ses risques, ses bénéfices
et ses impacts aient été reconnus en toute connaissance de cause par l'ensemble
des parties prenantes, dans un climat d'équité
entre les différentes classes d'expert, les citoyens y compris. C'est pourquoi,
pour nous, il est souhaitable que l'analyse
quantitative et qualitative des études d'impact qui sont effectuées par les
représentants de l'État se fasse avec plus de transparence, et ce, bien
avant la tenue des audiences publiques.
Au
niveau de la consultation publique, le projet de loi n° 43 introduit
de nouvelles obligations pour les minières, notamment en ce qui a trait
à l'information, la consultation et la constitution des comités de suivi. Tout
dialogue entre le promoteur et la population
est primordial. Il constitue une compétence éthique qui est essentielle et qui
permet une rencontre responsable avec l'autre
partie par l'élargissement des positions — qui sont souvent dogmatiques — par
l'ouverture, par l'écoute, par l'empathie.
Toutefois,
l'expérience démontre que les processus de consultation qui ont été mis en
place par les promoteurs sont en
général développés sur mesure par des professionnels. Ils ont des formes, des
modalités et des règles de fonctionnement différentes. Certains
exercices ressemblent plus à des campagnes de relations publiques qu'à un réel
dialogue avec la communauté.
Quant
aux comités de suivi, il est reconnu qu'ils remplissent deux rôles
importants : celui d'agir comme un canal de communication pour le public mais aussi celui de permettre un suivi
rigoureux des activités de la mine. Les comités peuvent également être
très utiles pour vérifier la justesse des évaluations des effets
environnementaux d'un projet et peuvent être des outils de gestion intégrée du
territoire, des lieux de concertation, voire même de médiation entre les activités d'une entreprise minière et la
communauté. Pour cette raison, pour nous, il est préférable que le comité de
suivi et le comité de maximisation
économique soient distincts, parce que, pour nous, ils ne poursuivent pas les
mêmes objectifs.
Rappelons que l'importance de bien organiser
les comités de suivi est illustrée par les difficultés éprouvées, par
exemple, dans le projet de la mine Osisko à Malartic. Les bonnes pratiques
recommandent différents éléments pour optimiser
certains critères en matière de reddition de comptes, d'autonomie de gestion et d'action,
de sélection des membres, de création
de catégories de membres avec ou sans vote, de pouvoirs, de fréquence de
rencontres, ainsi qu'en matière de ressources
humaines et financières. Bien que ces
deux initiatives soient saluées, nous sommes d'avis que le projet de loi ne va pas assez loin, parce qu'il ne rend pas explicites les modalités par
lesquelles devront être satisfaites ces obligations. Il est important de
ne pas laisser l'industrie minière déterminer les moyens qui seront pris pour
satisfaire l'exigence légale d'informer, de consulter et de mettre en place des
comités de suivi de façon efficace et efficiente.
Pour ce qui est du droit de veto de la ministre sur les révisions aux schémas d'aménagement, nous désirons porter à votre attention
que cette disposition peut dévaloriser le travail des élus locaux et la participation
des citoyens.
Nous ne pouvons pas
vous quitter sans aborder la question de l'acceptabilité sociale. Nous l'avons beaucoup
étudiée dans les deux dernières années. Nous écoutons la commission depuis ses
débuts et on est très heureux de constater
que nous ne sommes pas les seuls à avoir abordé le sujet. L'État a maintes fois répété son exigence d'atteindre
l'acceptabilité sociale dans les projets, qu'ils soient miniers ou non, et on a
toujours appuyé cette obligation, mais, à notre plus grande surprise, le projet
de loi ne fait pas beaucoup de référence à cette notion. L'acceptabilité
sociale devient donc très difficile à satisfaire, tant pour le promoteur que
les municipalités et les populations, puisqu'aucun consensus n'existe quant à
sa définition, ses modalités et ses outils de mesure.
Après avoir effectué
travaux et recherches sur le sujet, nous arrivons à la conclusion que l'encadrement
de l'acceptabilité sociale par l'État est obligatoire, au même titre que l'a
été le concept de développement durable au début
des années 2000. Pourquoi? Parce que, malgré toutes les consultations
effectuées par le promoteur, par les élites locales, il n'en demeure pas moins que l'interlocuteur privilégié des
promoteurs et l'instance responsable de l'évaluation et de l'octroi des
décrets d'autorisation demeure le gouvernement provincial. C'est donc à lui de
fixer les règles de base qui sont claires.
Bref, on sait que ça peut être
difficile de définir l'acceptabilité sociale, le défi est important parce que
l'acceptabilité sociale, elle est
intangible, elle est volatile, mais je pense que ce serait une avancée
extraordinaire, en fait, pour qu'on puisse, je dirais, baisser les
tensions sociales et la polarisation des projets dans les collectivités.
Le
Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme Prévost, de votre
présentation. Je cède maintenant la parole à Mme la ministre pour une
période de 24 minutes.
Mme
Ouellet :
Merci, M. le Président. Bienvenue, Mme Prévost et Mme Laurin. Je sais que vous
avez fait beaucoup de travail de façon très spécifique à Sept-Îles, beaucoup d'implication,
donc on est bien heureux de vous entendre puis de pouvoir enrichir la
commission de votre expérience.
J'aimerais
peut-être avoir un petit peu plus d'informations. Vous dites dans votre
mémoire, concernant les... puis j'ai bien entendu, vous suggérez de
faire deux comités : un comité pour le suivi environnemental, un comité
pour les retombées économiques. Il y a d'autres
intervenants qui ont d'ailleurs fait les mêmes suggestions. Mais vous parlez
de resserrer les règles, dans votre
recommandation 6, là, les règles encadrant la constitution des comités de
suivi et définir leurs modalités d'opération,
et, dans le texte de présentation, vous référez à un projet de mine, là, en
Abitibi. Puis c'est vrai que, du côté du projet de loi, on n'est pas
allés, dans le projet de loi, sur le détail de ces modalités-là, puisqu'elles
seraient inscrites plutôt à l'intérieur d'un règlement, mais j'aimerais vous
entendre sur comment vous voyez la composition. Parce qu'on a entendu différents intervenants, les gens disent :
Bien, il faudrait, dans certains cas particulièrement, les comités de maximisation, que la composition puisse
évoluer dans le temps, donc trouver un mécanisme où lareprésentation, bien, ça puisse évoluer dans le
temps. Qui vous verriez? Vous parliez de proportion, en tout cas, il y
avait un certain nombre d'éléments. Ça fait
que j'aimerais vous entendre tant sur la composition, les mandats, le
fonctionnement. Qu'est-ce que vous pensez
qui devrait être déterminé et qu'est-ce que vous pensez qu'on devrait laisser
ouvert pour avoir de la souplesse dans le fonctionnement?
• (16 heures) •
Mme Prévost (Stéphanie) : En fait, pour nous, c'est clair qu'il faut qu'il y ait
des représentants de la municipalité, il faut aussi qu'il y ait des représentants de l'entreprise, mais on aimerait qu'il y ait plus de place aux
citoyens ou riverains, entre autres…
surtout dans le cas de mines qui sont en milieu urbain ou périurbain; les
conseils régionaux de l'environnement; la présence d'ONG, d'acteurs de
la collectivité au niveau social. La maximisation économique, ce serait bien aussi qu'il y ait d'autres représentants que les développeurs économiques des régions. Puis l'importance, en fait, c'est que ce comité-là soit le plus
indépendant possible, donc c'est pour ça que, pour nous… que l'industrie
donne un montant financier quand même assez important pour permettre à ce
comité-là, en fait, d'avoir un coordonnateur externe, de permettre en fait
aussi à ce comité de suivi là… je n'aime pas dire «contre-expertiser», mais de
faire ses propres vérifications. Parce que ces comités de suivi là sont
probablement très importants — puis on le voit dans la littérature — pour suivre le décret d'autorisation et pour
aussi évaluer les réels impacts, en fait, du projet minier quand il s'implante dans une collectivité, parce que dans l'étude
d'impact c'est une modélisation, donc pour faire des suivis plus
rigoureux. Pour nous, le comité de maximisation économique, bien son nom le
dit, c'est vraiment fait pour étendre les retombées économiques, là, au sein...
local et régional.
Le Président (M.
Lévesque) : Mme la ministre.
Mme
Ouellet :
Merci. Et, lorsque vous parliez fréquence des rencontres, à quoi vous pensiez?
Mme Prévost (Stéphanie) : Bien, fréquence des rencontres, on ne voudrait
pas que ce soient des comités de suivi qui
se rencontrent deux, trois fois par année. Quand on parle aussi de reddition de
comptes, bien ce serait le fun que ce soit le président qui rende des
comptes à la population et non le promoteur qui fait un compte rendu des
rencontres du comité de suivi, exemple, dans son rapport de développement
durable.
Le Président (M.
Lévesque) : Mme la ministre.
Mme
Ouellet :
Merci, M. le Président. Vous avez aussi soulevé la question, là, des schémas d'aménagement.
D'ailleurs, nous avons travaillé, là, avec
les municipalités et les minières pour en arriver, là, à des articles sur les
zones incompatibles et les zones compatibles
sous conditions, et, suite aux discussions que nous avons eues, dans l'article 280,
j'ai déjà annoncé, là, qu'il y aurait des amendements qui seraient déposés à l'article 280,
donc pour vous rassurer si vous aviez des inquiétudes concernant ce volet-là.
Lorsque vous parlez,
à la recommandation 4, d'un fonds d'urgence, qu'est-ce que vous entendez
par le fonds d'urgence?
Mme Prévost (Stéphanie) : Bien, en fait, on n'est pas des spécialistes, là,
dans le droit minier et ces choses-là, mais,
nous, en fait, ce qu'on aimerait, c'est des garanties financières en cas d'accident
mineur ou majeur. On le vit, là. Quand
on a écrit notre mémoire, on ne savait pas qu'il allait y avoir un déversement
de mazout lourd dans la baie, mais parfois les accidents peuvent avoir
un impact sur l'environnement, sur la qualité de vie des citoyens, sur d'autres
industries, et présentement c'est beaucoup le recours civil qui peut être, je dirais,
effectué par les gens qui sont atteints, que ce soit un citoyen ou une
autre industrie. Donc, on se disait que, s'il y avait des garanties
financières, ça permettrait de faciliter en fait les règlements, en cas que l'industrie
minière soit, je dirais, moins proactive, là, dans le cas de dédommagements.
Le Président (M.
Lévesque) : Mme la ministre.
Mme
Ouellet : Merci. La recommandation n° 7,
nous, ce qu'on propose dans le projet
de loi, c'est que, chacun des projets miniers, la consultation publique soit
réalisée par le Bureau d'audiences
publiques en environnement. Et, quand vous dites de définir les
modalités de consultation effectuées par le promoteur, je veux juste comprendre
à quoi vous faites référence, parce que,
dans ce qui est déposé dans le projet de loi, bien les consultations pour tous
les projets miniers, bien, seraient
réalisées par le Bureau d'audiences publiques en environnement. Donc, je ne
vois pas comment ça s'inscrit, ce que vous avez mis dans la
recommandation 7, par rapport à ce qu'on a mis dans le projet de loi.
Mme
Prévost (Stéphanie) : …nous,
on ne l'avait pas compris comme ça. C'est sûr que l'obligation de
consulter par le promoteur, on la trouve
intéressante. On l'a vécu, nous, dans un projet minier, mais on lui a décelé
quelques failles, puis, en analysant
plusieurs, je dirais, consultations que les promoteurs ont faites au Québec, on
se rendait compte que c'est assez
inégal. Donc, si c'est dans le cadre du BAPE, ça peut nous paraître
satisfaisant, mais il faudrait que ça se fasse le plus en amont possible pour permettre, en fait, là, un
assez grand laps de temps, pour permettre une dynamique sociale puis
une... je n'aime pas dire «une négociation», là, mais pour bien comprendre le
projet, que l'ensemble des acteurs de la communauté, incluant les citoyens,
puissent bien comprendre les projets puis les risques qui y sont associés
aussi.
Le Président (M. Lévesque) : Mme la
ministre.
Mme
Ouellet :
Oui. Donc, vous seriez d'accord que, pour chacun des projets miniers, la
consultation publique soit réalisée par le Bureau d'audiences publiques
en environnement.
Mme
Prévost (Stéphanie) : Oui,
si c'est fait très en amont, là, que ce ne soit pas 45 jours comme présentement.
Le
Président (M. Lévesque) :Merci
beaucoup. Pour une période de 20 min 48 s,
je cède la parole au député de Rivière-du-Loup—Témiscouata pour la période
d'échange.
M.
D'Amour : Alors, bienvenue à l'Assemblée. On a eu l'occasion
de se rencontrer au moment d'une campagne de promotion intense pour le territoire
de Sept-Îles.
Ceci dit,
moi, je n'ai pas tant de questions que ça, mais il y en a une… Enfin, la recommandation n° 8, définir le rôle des élus locaux dans le processus de participation
publique, ça m'étonne un peu que ce soit là, parce que le rôle de l'élu
local, à mon sens, est défini, l'élu local est là tout simplement, il fait son
travail. Dans quelle perspective vous l'avez amenée, cette recommandation-là?
Mme
Prévost (Stéphanie) : Bien,
en fait, dans ce qu'on a vécu, nous, à Sept-Îles, dans la consultation
publique, dans l'acceptabilité sociale, ce n'est pas toujours clair… en tout
cas, pour nous, ça n'a pas été toujours clair, et pour notre population, le rôle de l'élu. On sait, bon, il y a à protéger les
zones sensibles, la source d'eau potable, tout ça, mais on voudrait que
ça aille un peu plus loin.
Chez nous, on a eu un débat sur un référendum,
sur un référendum sur un projet minier, et puis on s'est rendu compte que, si le pouvoir de l'élu local, dans cet
ordre-là, dans la mesure de l'acceptabilité sociale, n'était pas défini,
ça pouvait causer des risques de dévalorisation de la consultation publique,
parce que, dans le cadre d'un refus ou d'une acceptation
par référendum d'un projet, si l'État ne tient pas compte, en fait, du résultat
du référendum dans l'obtention ou la
non-obtention d'un décret, bien en fait on a peur de la conséquence que ça peut
avoir sur la perception du… je n'aime pas dire «du pouvoir du citoyen»,
là, mais la perception que ça peut avoir chez le citoyen. On a peur, en fait,
que ça dévalorise la participation citoyenne.
M.
D'Amour : Et,
lorsque vous abordez la recommandation 3, établir le soutien en cas d'expropriation
et de relocalisation, il y a déjà, à l'intérieur du projet de loi, des
modalités. Elles ne vous… Ça ne vous satisfait pas?
Mme
Prévost (Stéphanie) : Bien,
on trouve que c'est peu puis on trouve que ça peut créer aussi des
inégalités. Le coût de soutien, ce n'est pas toujours le même, peu importe la
région où tu habites. Puis la valeur, là, elle est basée sur la valeur d'une résidence, et puis on trouve
que ça peut créer des inégalités, parce que la valeur d'une maison peut être X pour quelqu'un, puis le voisin peut être Y.
Pourtant, ils ont le même besoin. Mais le voisin Y va avoir moins d'aide,
en fait, de la compagnie que le voisin X
parce que sa maison a moins de valeur, en fait. Donc, on trouve que ça
devrait être, un, de la valeur réelle que ça peut coûter pour négocier avec le
promoteur.
Puis on aimerait aussi ajouter un volet de
soutien psychosocial, parce que nous, on s'est rendu compte, dans notre communauté, que ça crée énormément de
stress, ça crée énormément d'angoisse. Et puis ce serait le fun que ces
gens soient soutenus aussi, parce que ce n'est pas toujours facile. Certains
trouvent que c'est David contre Goliath, tout
ça. Ce n'est pas toujours facile, pour un citoyen seul, de négocier avec des
grands consortiums ou de forts contentieux. Donc, on aimerait qu'il y ait une bonification puis qu'il y ait une
offre de soutien psychosocial pour permettre, en fait, que le citoyen
qui est aux prises avec cette négociation-là soit outillé financièrement mais
soit aussi outillé de façon psychosociale.
Le Président (M. Lévesque) : M. le
député de Rivière-du-Loup.
M.
D'Amour : M. le député de Huntingdon.
Le
Président (M. Lévesque) : De Huntingdon, maintenant. M. le député de
Huntingdon, la parole est à vous.
• (16 h 10) •
M.
Billette : Merci. Merci beaucoup, M. le Président.
Bienvenue, mesdames. Je pense que… Un long voyage pour venir nous voir. C'est un plaisir de vous
rencontrer, surtout suite aux malheureux événements que vous connaissez
dans votre baie de Sept-Îles. Donc, on sympathise beaucoup avec vous à ce
niveau-là. Puis ça touche votre domaine de façon très directe.
Je
veux revenir sur un point sur lequel vous avez, je pense, pesé fort à la fin,
au niveau de l'acceptabilité sociale. Je pense qu'une réalité qui se vit dans toutes les régions, je pense, c'est
de vivre bien dans un environnement dans lequel les gens se sentent
réconfortés et rassurés, puis, je pense, c'est le principe de tout être humain.
Et, si on revient, vous nous avez parlé du BAPE, à ce moment-là, et le lien
avec le gouvernement qui accordait ça, mais je pense que c'est important juste
peut-être informer les gens qui vous ont entendus, je pense, qu'il y a une
séparation à faire entre le politique et le
Bureau des audiences publiques qui est très importante. Le gouvernement ne
prend pas de décision. On s'est doté,
en 1978, d'un bureau des audiences publiques en environnement qui fait les
consultations pour aller s'enrichir, enrichir
le ministre, le bureau du ministre, les fonctionnaires au niveau de l'expertise
locale ou de la connaissance du milieu qu'on fait. Donc, je pense, c'est
important de dire que c'est un organisme qui est neutre, dont le gouvernement n'a
pas à s'ingérer dans la consultation. Et c'est
au ministre, suite aux consultations du BAPE, d'autoriser ou non le
projet en tant que tel, mais je pense qu'au
Québec on a la chance de s'être dotés d'un organisme qui est neutre pour les
gens du milieu, pour que les gens se sentent intégrés dans le processus
de consultation. Et l'acceptabilité sociale, c'est un des points, une des
valeurs les plus importantes, c'est dans les 14 principes qui sont étudiés par
le BAPE. Je pense qu'il faut le reconnaître.
En
parlant du BAPE, j'ai une petite question pour vous au niveau économique. Il
faut toujours savoir le pour, le contre. On a des gens tantôt qui sont
venus, de la Chambre de commerce de Val-d'Or, qui sont très impliqués au niveau minier. Vous également, vous avez une
présence très importante de ce secteur, au niveau du fer principalement.
Et une suggestion qui nous a été faite, puis
j'aimerais ça savoir votre point de vue : au niveau des petits projets,
lorsqu'on parle de 3 000 tonnes
par jour — je ne
sais pas si vous étiez présentes dans la salle à ce moment — ils nous suggéraient d'exclure les projets… ils appelaient ça des projets juniors
ou des plus petits projets, à ce moment-là, un petit peu comme ce qui se
fait dans l'industrie porcine, dans les
quais de marina, dans plusieurs autres secteurs, au niveau de l'économie d'échelle,
où l'impact qu'ils peuvent avoir au niveau
environnemental… qu'ils soient exclus, à ce moment-là, d'un processus
complet d'étude d'impact, audience du BAPE, audience publique, rapport et tout
à la ministre ou au ministre. J'aimerais avoir votre opinion sur cette idée-là.
Le Président (M.
Lévesque) : Mme Prévost.
Mme Prévost (Stéphanie) : Oui, bien, écoutez, c'est sûr qu'on n'est pas
vraiment d'accord, parce que, pour nous, une mine, peu importe la taille
de la fosse — exemple,
c'est une mine à ciel ouvert — ça a quand même des impacts majeurs, ça laisse une empreinte écologique qui
est quand même significative, pour nous. Donc, le fait de voir que le
projet de loi faisait en sorte que l'ensemble des projets miniers étaient
assujettis, pour nous, on était très heureux, en fait, d'apprendre ça, puis ça permet… Que ce soit un petit projet ou un gros
projet, d'aller vers le BAPE, ça oblige en fait le promoteur à plus de transparence puis ça oblige…
Vous l'avez dit, bon, le BAPE, c'est quelque chose de neutre. On en a
vécu un dernièrement, et ça a été, je dirais, salutaire, parce que la
neutralité du BAPE a permis en fait de baisser la tension sociale, tout ça.
Donc, pour nous, que ce soit un petit ou un grand projet, l'instance du BAPE
est importante dans une collectivité. Ça a de forts bienfaits, en fait.
M.
Billette :
Et croyez-vous… Parce qu'on consulte plusieurs experts lors des… et c'est le
but des audiences également, qu'on est ici
en commission parlementaire. Est-ce que vous croyez qu'en mettant la barre pour
les petits, petits projets il y
aurait un risque de perdre ces petits projets là? Parce que, veux veux pas, ils
sont quand même… ils vont être réglementés au niveau de l'exploitation.
Que ce soit le MRNF, le ministère de l'Environnement, du Développement, de… le ministère de l'Environnement, tous les
ministères, je pense, ils ont une législation, une réglementation qui s'applique
à toute entreprise, qu'elle soit passée au
BAPE ou pas, lorsqu'arrive le moment de l'exploitation. Est-ce que vous
croyez… Parce que les gens nous ont
mentionné que des projets… Ils nous parlaient de petits projets. Ils ont mis ça
à 3 000 tonnes-jour, là,
ils nous parlaient des projets de 2 000, 2 500 versus un grand de
50 000. Est-ce que vous croyez, vous, quevraiment, en exigeant le BAPE, on pourrait perdre ces petits projets là,
qui des fois peuvent avoir un impact économique très important? Parce qu'ils
sont quand même soumis, là, au niveau des réglementations, que ce soit le
MDDEP, que ce soit le MRNF, que ce soit…
tous les différents ministères qui sont touchés. Est-ce que vous avez la ferme
intention que ces projets-là vont se réaliser, où les experts du milieu,
dont la Chambre de commerce de Val-d'Or, nous disaient qu'on a un potentiel
beaucoup plus fort de perdre des petits projets qui ont un impact important
pour des très petites municipalités des fois?
Mme Laurin
(Rachel) : Parce qu'ils ne voudraient pas s'investir à cause du BAPE,
vous voulez dire?
M.
Billette :
Oui, exactement.
Mme
Laurin (Rachel) : En fait, c'est
possible, mais c'est important pour nous. Comme Stéphanie l'a dit, que
ce soit un petit ou un gros projet, il va y avoir des impacts, il va y avoir
des inquiétudes des citoyens. Puis, si on parle d'acceptabilité sociale, on parle d'acceptabilité sociale d'un petit ou
d'un gros projet. Donc, c'est important d'avoir des mesures de consultation. Si ça ne serait pas dans
le cadre d'un BAPE, il faudrait que ça soit clair de quelle façon, puis
là, bien, on s'embarque dans tout autre chose, là, de définir des modalités de
consultation pour tel… projet X, projet Y, projet Z. En
disant : Tous les projets doivent passer au BAPE…
Le Président (M. Lévesque) : M. le
député de Huntingdon.
M.
Billette :
Ça répond bien à mes questions, M. le Président. Je pense, on va chercher une
information, puis ça nous enrichit toujours. Donc, je vous remercie
énormément d'être présentes.
Mme Prévost (Stéphanie) : …une
petite précision?
Le Président (M. Lévesque) : Oui,
allez-y, Mme Prévost.
Mme
Prévost (Stéphanie) : Vous
avez parlé, tout à l'heure, d'acceptabilité sociale. On est conscients que le
BAPE est neutre, mais présentement il n'y a pas de définition, hein, sur l'acceptabilité
sociale. Certains pensent que c'est un préalable
à un projet; d'autres pensent que c'est le résultat d'une concertation, d'un
dialogue au sein de la communauté. Et puis dernièrement j'ai moi-même
posé une question aux représentants de l'État sur comment ils font pour évaluer
l'acceptabilité sociale, et la
personne-ressource m'a clairement dit : Nous n'avons pas de définition, on
y va selon notre feeling. Et même le
commissaire du BAPE parlait… souvent disait à certains intervenants qui commentaient, lors de la deuxième série d'audiences :
Bien, si vous voulez nous suggérer une définition par rapport à l'acceptabilité
sociale, elle sera la bienvenue.
Donc, le BAPE
peut, je dirais, circonscrire l'acceptabilité sociale. Il le fait pour le développement durable parce qu'il y a des
principes et il y a une définition, mais ce n'est pas le cas pour l'acceptabilité
sociale.
M.
Billette : Si jamais vous avez la recette pour quantifier le
qualitatif, vous me le direz, je pense que tout le monde va être heureux de l'entendre.
Mme Prévost (Stéphanie) : Je pense
que la personne qui va le trouver va être riche.
Le
Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Nicolet-Bécancour pour une période de
5 min 12 s.
M.
Martel : Merci,
M. le Président. Bonjour, Mme
Prévost, Mme Morin. Merci de votre présence, d'avoir fait ce grand
voyage là pour venir nous rencontrer.
La première
question concerne la recommandation 9. Vous dites : «Retirer le droit de veto
réservé au ministre dans les
décisions des municipalités [et] MRC en matière d'aménagement du territoire
et de schémas d'aménagement», mais tantôt, dans la présentation — c'est
probablement moi qui n'ai pas bien compris, là — ce n'est pas ça que j'ai
entendu du tout, vous disiez qu'il fallait
garder un certain pouvoir. J'aimerais ça que vous m'éclairiez par rapport à ça.
Mme
Prévost (Stéphanie) : En
fait, ce qu'on expliquait, c'est que, dans les schémas d'aménagement, il y a déjà un processus de consultation. Des fois, il est difficile, parce
que c'est plusieurs valeurs au sein d'une
même communauté qui s'entendent sur ce qui est incompatible et non
incompatible avec, je dirais, l'industrie minière. Donc, oui, on aimerait ça
que ce droit de veto là soit retiré, parce qu'il peut, encore une fois,
dévaloriser le travail des élus locaux et aussi la participation des citoyens.
Nous, on est une organisation qui prône la
transparence, qui prône la participation citoyenne, donc on est très sensibles, en fait, à tout ce qui peut dévaloriser
la participation citoyenne. Nous, on le voit déjà, il y a déjà des
citoyens dans notre collectivité qui se demandent, bon : Pourquoi
participer à telle consultation sur une politique X, sur un
programme Y?, parce qu'il risque d'y avoir une instance supérieure qui
vienne changer, en fait, la décision, notre décision qu'on a prise ensemble,
puis des fois, cette décision-là, le consensus est difficile à obtenir.
Le Président (M. Lévesque) : M. le
député.
M.
Martel :
Merci, mais… Et j'aimerais ça retrouver les mots que vous avez mentionnés
tantôt, là, mais c'est vraiment le contraire que je comprenais.
Mme Prévost (Stéphanie) : …vous les
retrouver…
M.
Martel :
Mais ça doit être moi qui n'ai pas bien compris. Moi, je veux vous dire que le
rôle que vous jouez, je dirais, dans l'activité économique et sociale
est fondamental. Vous êtes des éclaireurs de conscience.
Moi,
j'aimerais ça savoir, parce que, quand on regarde des projets notamment au
Québec, tous les processus de consultation,
d'adoption, ça fait des projets… Entre le moment où on pense qu'on a une bonne
idée puis sa réalisation, on a des délais qui sont vraiment exorbitants par
rapport à beaucoup d'autres endroits dans le monde. Moi, j'aimerais ça
savoir si, de votre point de vue, avec ce qu'on
a sur la table comme projet de loi… Est-ce qu'il manque encore de la
consultation là-dedans? Ou vous souhaitez peut-être la cibler de façon plus
efficace ou plus…
• (16 h 20) •
Mme Prévost (Stéphanie) : Bien, en fait, je pense qu'il faudrait s'assurer
de la cohérence puis de la complémentaritédes exercices de consultation qui sont déjà existants et puis fixer des
modalités, des modalités ou des principes de base sur la diffusion de l'information, l'identification
des parties prenantes, la manière dont on documente les commentaires,
les suggestions, la manière dont on fait le
suivi des résultats, des décisions, la réévaluation pendant et après l'implantation
du projet. On pense qu'il faut des modalités, des principes de base respectés
par toute l'industrie, par les instances consultatives
pour permettre, en fait, aux citoyens d'avoir toujours un cadre de consultation
qui est le même puis qui est prévisible, parce que présentement les
exercices de consultation privés qu'on voit chez le promoteur sont inégaux. Il y a un
projet… J'ai rencontré une compagnie minière — je pense que c'est un projet en Abitibi — elle, elle a créé l'étude d'impact
avec le milieu. On a trouvé ça intéressant. Mais il y a d'autres projets où
est-ce qu'ils travaillent souvent en catimini et ils choisissent eux-mêmes les
parties prenantes qu'ils vont consulter. Donc, s'il y avait des principes de base, ça pourrait, selon nous, favoriser en fait
la participation citoyenne mais aussi diminuer l'espèce de cynisme
alentour des consultations publiques, que ce soient des consultations faites
par le promoteur ou celles du BAPE.
Le Président (M.
Lévesque) : En 45 secondes, M. le député.
M.
Martel :
La semaine dernière, on a reçu des gens de chez vous. Je ne me souviens pas si
c'est la chambre de commerce ou…
Mme Prévost
(Stéphanie) : La ville de Sept-Îles?
M.
Martel : La ville de Sept-Îles. Est-ce qu'il y a des
divergences fondamentales qui vous dissocient un de l'autre, là, par
rapport au projet de loi n° 43?
Mme Prévost
(Stéphanie) : Je ne pense pas tant que ça. Il ne faut pas oublier qu'on
est une corporation municipale, quoiqu'on a
notre indépendance. Mais non. Je pense que, surtout au niveau de l'acceptabilité
sociale puis des consultations publiques, ce qu'ils sont venus vous dire
émane de nos travaux qu'on a faits, donc on ne peut pas être en désaccord avec
ce qu'ils vous ont dit.
Le Président (M.
Lévesque) : Merci beaucoup, Mme Prévost. Maintenant, pour le parti
ministériel, il reste 17 minutes, alors la parole à Mme la ministre.
Mme
Ouellet : Merci, M. le Président. Peut-être revenir un petit
peu sur les montants de support en termes de services professionnels, là, en cas d'expropriation à l'exploitation,
parce que nous avons enlevé la possibilité d'expropriation à l'exploration.
En fait, à l'article, là, je crois que c'est 198, c'est un montant maximal de
10 %, c'est les coûts réels qu'on vise à être remboursés. Et donc c'est un
plafond. Le 10 %, c'est un plafond.
Est-ce que vous
proposeriez qu'on ait une autre mécanique pour le plafond? Parce que, dans le
fond, l'idée, c'était de dire : Bien,
oui, on veut aider à supporter, mais il faut, à un moment donné, dire :
Voici la limite, là. Donc, est-ce que vous avez une autre suggestion qu'un
pourcentage comme celui-là pour déterminer un plafond?
Mme Prévost (Stéphanie) : Bien, c'est sûr que nous, pour la protection du
citoyen, on aimerait qu'il n'y ait pas de plafond, mais… On ne s'est pas
nécessairement, je dirais, penchés sur un montant plafond, parce que, nous, en
fait, ce qu'on disait, c'est que le citoyen doit être outillé jusqu'au bout
dans sa négociation, en cas d'expropriation ou de relocalisation. Parce que,
pour nous, ce n'est pas juste l'expropriation, c'est aussi la relocalisation,
parce qu'il y a des projets miniers qui ne
nécessitent pas d'expropriation mais qui offrent des cadres d'acquisition parce
que ce n'est pas tout le monde qui veut vivre à côté d'un projet minier.
Mme
Ouellet : Quand vous dites «jusqu'au bout», ça veut dire
quoi, pour vous, «jusqu'au bout»? Parce que, vous savez, un processus de
négociation, il y a deux parties, et, pour qu'on puisse s'entendre, il faut que
les deux parties souhaitent une entente. Donc, qu'est-ce que ça veut dire, pour
vous, «jusqu'au bout»?
Mme Prévost (Stéphanie) : Je dirais jusqu'à ce que le raisonnable… C'est
sûr qu'on est conscients qu'il y a des citoyens ou des entreprises qui
peuvent faire durer ça très, très, très longtemps, mais on pourrait se pencher
puis vous revenir, je dirais, plus tard avec
une suggestion de plafond. Parce que, nous, c'est sûr qu'on se disait «jusqu'au
bout», mais dans notre tête c'est toujours dans la bonne foi des deux parties,
parce que, comme organisation, on prône toujours la bonne foi des deux parties. Donc, on pourrait effectivement se pencher
plus précisément sur un plafond pour pallier, en fait, à des situations
dont vous venez de mentionner.
Le Président (M.
Lévesque) : Mme la ministre.
Mme
Ouellet :
Merci, M. le Président. Quand vous dites : Il faudrait encadrer plus le
processus de consultation, mettre des règles claires, puis tout ça, en
confiant au Bureau d'audiences publiques en environnement, qui a un encadrement déjà défini par
les lois et les règlements qui régissent le Bureau d'audiences publiques en
environnement, est-ce que vous pensez que cet encadrement-là, étant donné que c'est
proposé de le faire pour l'ensemble des projets miniers, c'est un encadrement
qui va permettre au processus d'avoir la confiance de la population?
Mme
Prévost (Stéphanie) : Oui.
Nous, on pense que oui. Pour nous, le BAPE, on reconnaît son rôle, on le
trouve efficace. Il n'est pas parfait. Ça, c'est
clair. Sauf que, si c'est un mandat supplémentaire qui est donné au BAPE, que,
les règles, exemple, d'identification des
parties prenantes, des délais de réponse, tout ça est clairement identifié,
pour nous, ça peut être très satisfaisant.
Mme
Ouellet :
Parce qu'une fois qu'on a dit que, le
BAPE, il y a une consultation publique, que la consultation est menée
par le Bureau d'audiences publiques en environnement, bon, ça n'empêche pas que
chacun des promoteurs fasse des séances d'information,
s'il souhaite le faire, et là ils le font, je vous dirais, un peu à leur guise,
là, parce que le processus de consultation
officiel devient celui qui est mené par le Bureau d'audiences publiques en
environnement.
Ça fait que, vous, est-ce que vous pensez que cette façon-là de présenter les
choses est acceptable, en fonction, là, de ce que vous avez vécu chez vous, en ayant cette consultation-là qui est très formelle, que ça répond à vos demandes, là, d'encadrement?
Mme
Prévost (Stéphanie) : Je pense
que oui, parce que, bon, nous, ce qu'on a vécu chez nous, ça a été
deux ans quand même de tensions sociales assez élevées. Si un
organisme neutre comme le BAPE était arrivé beaucoup plus en amont dans notre collectivité, ça aurait probablement facilité des échanges, je dirais, plus factuels, plus respectueux
aussi que ce qu'on a pu vivre. Donc, si l'intention,
c'est de permettre, en fait, au Bureau
d'audiences publiques de commencer plus tôt des consultations, pour
permettre, en fait, la transmission d'information de façon claire, de façon transparente,
avec la bonne identification des parties prenantes, tout ça, ça peut être
satisfaisant.
Le Président (M. Lévesque) : Mme la
ministre.
Mme
Ouellet :
Oui. Puis finalement... Peut-être pas la dernière, mais en tout cas une des
questions. Et vous l'avez soulevé vous-mêmes, on a mis en place beaucoup
d'éléments dans la loi pour de la transparence, pour des dialogues avec des communautés, tant au niveau des plans de
restauration qu'au niveau du suivi environnemental, qu'au niveau de la maximisation des retombées économiques, l'implication
des municipalités avec les zones d'exclusion, les zonesincompatibles, les zones compatibles sous
conditions, toute une série d'éléments pour avoir une meilleure protection
de l'environnement, des garanties financières, avoir un meilleur dialogue avec
les communautés. Et là ce sont tous des éléments qui rentrent dans le vocable
«acceptabilité sociale», mais là vous dites : Ça nous prendrait une
définition claire et… En avez-vous une?
Mme
Prévost (Stéphanie) : Bien
oui. Bien, en fait, pour nous, l'acceptabilité sociale, ce n'est pas un
préalable, hein, ce n'est pas un préalable à un projet. C'est vraiment le
résultat d'un processus par lequel l'ensemble des parties concernées d'une
communauté vont construire ensemble les conditions minimales à mettre en place
pour voir à l'acceptation ou non d'un projet. Pour nous, c'est beaucoup aussi
en lien avec l'acceptation des risques à court terme, à long terme qui peuvent
accompagner un projet.
Donc, pour nous, c'est vraiment le résultat.
Donc, c'est pour ça qu'on met beaucoup d'accent, en fait, sur la consultation
publique, parce que, pour nous, s'il n'y a pas de concertation, s'il n'y a pas
de dialogue entre l'ensemble des parties prenantes, l'acceptabilité sociale,
elle risque d'être difficile à qualifier ou à quantifier.
Mme Laurin
(Rachel) : J'ajouterais
peut-être à ça que l'acceptabilité sociale, c'est un processus évolutif
dans le temps. Donc, le BAPE, c'est une
instance ponctuelle, donc l'acceptabilité sociale, ça vient dans un processus
évolutif avant, pendant et après le
BAPE. Donc, il faut qu'il y ait des consultations par la suite, qui peut être
initié par, par exemple, le comité de
suivi ou autres. C'est aussi un processus qui intègre plusieurs aspects, donc,
sociopolitiques, environnementaux, économiques,
etc., qui va intégrer tous les citoyens et autres acteurs et leurs intérêts.
Donc, c'est un processus évolutif.
Mme
Prévost (Stéphanie) : Puis,
si je peux me permettre, il y a des initiatives intéressantes sur de l'acceptabilité
sociale en continu. Le maire de Sept-Îles vous parlait de table de partenaires.
On sait qu'en Abitibi il y a une espèce de
projet pilote où l'association minière, les... je pense que c'est les MRC, les
représentants du ministère se sont réunis pour faire une espèce de table
de concertation. Les comités de suivi sont, je dirais, des outils importants
pour la pérennité, en fait, de l'acceptabilité
sociale, parce que, Rachel a raison, l'acceptabilité sociale, c'est volatil, il
suffit qu'il arrive quelque chose de
bien ou de désastreux pour que l'opinion publique change du tout au tout. Donc,
c'est beaucoup de concertation, pour
nous, l'acceptabilité sociale, autant en amont, pendant et en aval du projet,
pour que l'ensemble de la collectivité soit toujours au même diapason
puis ait toujours conscience des conditions minimales qu'elle s'est fixées pour
accepter un projet au sein de sa collectivité.
Le Président (M. Lévesque) : Merci,
Mme Prévost. Mme la ministre.
Mme
Ouellet : C'est
complet pour moi.
• (16 h 30) •
Le
Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole à M.
le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour :
Simplement pour remercier. Je vous remercie toutes les deux de vous être
présentées devant la commission. Merci.
Le
Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup. Donc, il n'y a pas d'autre
question. Mesdames de la Corporation de protection de l'environnement de
Sept-Îles, je tiens à vous remercier beaucoup d'avoir pris le temps de venir
partager votre mémoire avec nous aujourd'hui et je vous souhaite bon retour
dans la belle région de la Côte-Nord.
Je vais maintenant suspendre les travaux
quelques minutes pour permettre aux intervenants suivants de prendre place.
Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 31)
(Reprise à 16 h 39)
Le
Président (M. Lévesque) : Mesdames et messieurs, nous allons reprendre
les travaux de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles afin de procéder aux consultations particulières
sur le projet de loi n° 43, Loi sur les mines.
Alors, j'ai le plaisir d'accueillir les membres
du Réseau de la transformation métallique du Québec. Alors, mesdames et
messieurs, je vous cède la parole pour 10 minutes.
Réseau de la
transformation
métallique du Québec (RTMQ)
M.
Chevalier (Frédéric) :
Merci. Et on va faire ça effectivement assez vite. Au nom du conseil d'administration
du Réseau de la transformation métallique du Québec, des membres et de toutes
les entreprises du secteur de la transformation métallique, je vous remercie de
nous accueillir.
• (16 h 40) •
Nous pensons que la disposition qui demande une
étude de faisabilité dans la loi n° 43 est trop restreinte et devrait permettre de prendre compte de l'impact
économique aussi de la construction et de toutes les opérations des
mines sur l'économie du Québec. J'aimerais
en fait peut-être vous choquer un petit peu en vous disant qu'au Québec les
ressources naturelles ne sont pas toujours naturelles mais sont souvent
fabriquées. Quand on sort un tiers ou un quart d'once d'or par tonne de roche,
vous pouvez imaginer qu'il y a beaucoup de travail derrière tout ça. Quand on
doit déplacer des millions de tonnes de roche, de minerai sur des
centaines de kilomètres, qu'on doit les extraire de plusieurs kilomètres de profondeur, il y a énormément de
savoir-faire. Et, au Québec, nos ressources sont le fruit de la vision
des entrepreneurs miniers, de la compétence de nos travailleurs, de l'expertise
de nos fournisseurs, et ça fait partie d'un ensemble
d'expertises et d'un tissu industriel qui se déploient, au Québec, de l'extraction
minière jusqu'à la fabrication de matériel de transport.
Et là on se rend compte qu'on transforme
énormément de métal au Québec. En fait, ça représente plus de 140 000 employés juste en transformation
métallique et 40 000 entreprises qui sont dédiées à la transformation
métallique, parce que je vous rappelle que…
Au niveau, par exemple, du matériel de transport, 95 % des entreprises qui
font du matériel de transport
transportent du métal. On en parlera plus tard, c'est là que la valeur ajoutée
se fait. Donc, je n'irai pas dans le détail, première, deuxième fabrication
de machines. On pourra revenir un petit peu plus tard, si vous voulez avoir
plus de détails là-dessus.
En fait, la
filière métallique est la filière industrielle qui crée le plus de richesse au
Québec. Avec un petit nombre d'établissements,
donc environ 17 % des établissements manufacturiers, on compte à peu près
25, 30… près de 30 % des travailleurs,
près de 37 %, 38 % des livraisons manufacturières. Et c'est un
secteur qui a une dynamique vertueuse, parce que, là aussi, la majorité ou la grande proportion des investissements
manufacturiers au Québec se font dans la filièremétallique. Donc, non seulement elle est grande, mais elle va continuer
de grandir. Et, en termes de création de richesse et en termes d'impact, c'est celle qui crée le plus de
richesse. Donc, l'exportation, là où on va chercher quand on va
chercher des sous à l'extérieur de notre
communauté, donc on sort nos produits et on les vend à l'extérieur, c'est la
filière métallique qui crée le plus de richesse en donnant… en faisant
le plus d'exportation.
On peut
imaginer l'impact et l'effet de levier que ça peut avoir quand on a le plus
gros secteur qui est en même temps
dans la cour arrière… et qu'en même temps, dans notre cour arrière, on a le
secteur minier qui est en train d'investir de façon massive. On a la
possibilité d'avoir un effet de levier très important. Donc, vous l'avez vu,
certains de nos collègues sont venus vous
expliquer, vous montrer l'augmentation des investissements miniers au cours des
dernières années, et ça tombe bien, parce que non seulement l'industrie minière
va beaucoup dépenser, mais elle va beaucoup dépenser
en métal. La chambre de commerce du Grand Montréal… de Montréal métropolitain a
fait une étude l'année dernière pour
avoir un peu une idée des montants qui vont être dépensés par sous-secteur et
dans quelles filières. Sur les 25 prochaines
années, c'est 22 milliards en machinerie, 61 milliards en
construction, 6 milliards en équipement électrique.
Bien
entendu, c'est des projections. Les projections, est-ce qu'elles vont se faire?
À quelle vitesse et dépendant de quels projets? Mais ça donne une idée
quand même de ce qui est sur la table et donc qu'est-ce qui pourrait être fait par nos entreprises dans la transformation, en
transformation métallique. Ça tombe bien parce que nous, on est capables de faire ça. On a des entreprises qui
font des godets, on a des entreprises qui font des ponts roulants, des
chutes, des feeders, des armatures. Mes
collègues vont mieux vous expliquer que moi qu'est-ce que nos entreprises sont
capables de faire, quel est l'impact que ça peut avoir sur nos PME, nos ME et
sur notre tissu industriel.
Mme Boulanger (Sylvie) : Alors, Supermétal, c'est une compagnie qui a été
fondée en 1959. C'est un entrepreneur spécialisé qui fournit, fabrique
et érige des charpentes d'acier pour des ouvrages industriels complexes. On est
aussi dans le secteur institutionnel et
commercial. On a des usines et des bureaux au Québec, et le siège social est à
Lévis, pas très loin d'ici. On en a
aussi en Alberta, en Caroline du Sud, à Manille, puis on emploie autour de
600 employés. Donc, on a une grande capacité de production. Vous
entendez souvent parler de tonnes, c'est un peu notre langage, mais on a une
capacité annuelle d'environ 60 000 tonnes. Alors, on a des projets.
Dans le domaine industriel, on a le projet AP60 à Jonquière, de Rio Tinto, la mine de fer d'IOC au Labrador, les
installations de MEG Energy et Christina Lake en Alberta, la
mine de potasse d'Agrium en Saskatchewan, des installations hydroélectriques,
etc.
Je
pense que vous voyez le genre de travail qu'on fait. On est dans un secteur
industriel, et ce n'est pas venu du jour au lendemain. Pourquoi est-ce qu'on a cette expertise-là, cette belle
expertise là, qu'on emploie autant d'employés et qu'on a pu exporter
cette expertise et aux États-Unis et en Alberta? C'est en grande partie parce
qu'on a pu travailler dans le secteur
industriel dans les années 80, ça a vraiment commencé là dans le domaine
des pâtes et papiers. Alors, le fait qu'on a, disons, contribué à la construction des pâtes et papiers, ça nous a
amené une expertise qui nous a permis de fleurir puis d'aller beaucoup
plus loin.
Donc,
c'est un petit peu le message d'aujourd'hui, c'est de ne pas nous oublier, c'est
tout ce qu'on… tous ces gens qui transforment le métal à la phase de la
construction, phase de maintenance, d'entretien. Ça, on a aussi beaucoup de
projets d'entretien, puis ça fait des tonnes d'acier de fabriqué, puis ça fait
des emplois.
Alors,
quand, par exemple, vers la fin des années 90, le secteur manufacturier
commençait un peu à peiner, on a réussi
à s'exporter aux États-Unis. Ce serait très difficile d'aller à Boston puis de
ne pas voir un des projets de Supermétal. Je pense à l'hôtel Mandarin, le Fenway Park, College, University,
et j'en passe. Donc, cette expertise-là, elle vient d'où? C'est parce qu'on
a pu participer à un secteur industriel au Québec.
Alors,
je pourrais vous ajouter toutes sortes de chiffres puis des aspects qu'on
trouve intéressants, mais, je pense, le
message principal, c'est que c'est important d'avoir du contenu local, de faire
attention, quand il y a la transformation, que, les mines, quand les minières s'installent, tout ce qui va dans la
construction… de faire attention que les compagnies EPC ne s'approvisionnent pas nécessairement à l'extérieur,
surtout quand on a l'expertise ici. On a tendance à oublier toute cette expertise, alors je vous encourage
simplement à ne pas nous oublier, parce qu'on apporte beaucoup. Puis là
Supermétal est un exemple où on a pu participer au secteur industriel dans les
années 80, puis regardez où on est aujourd'hui. Puis on a l'intention de
continuer comme ça.
Le Président (M.
Lévesque) : En continuité?
M. Lacroix
(Yves) : Oui.
Le Président (M.
Lévesque) : Il vous reste deux minutes. Moins de
deux minutes.
M. Lacroix
(Yves) : Moins de deux minutes pour deux personnes, ça va
être très rapide.
GL&V, entreprise
purement québécoise fondée par des Latuquois, un bel exemple, qui ont développé
une expertise dans les pâtes et papiers qui
s'est exportée par la suite, maintenant présents dans 26 pays avec
2 100 employés.
Si on passe à la
«slide» suivante — parce
que deux minutes, ça va aller très rapidement, quelques exemples de produits dans la «slide» précédente — au-delà de la transformation, avec l'effet
de levier que Frédéric a parlé tantôt, je pense que ce qu'il est important de mentionner, c'est que le monde
manufacturier était inquiétant au cours des dernières années. Il y a eu un temps où 25 % du produit
intérieur brut du Québec était produit par les manufacturiers.
Maintenant, il est à 16 %, et les plus pessimistes pensent qu'on va être à
13 % dans les prochaines années. Il est important de penser à des
incitatifs, quelque chose qui compte. Les minières n'iront pas dépenser avec
des entreprises québécoises s'il n'y a pas en quelque part un incitatif, et là,
du côté manufacturier, l'engagement qu'on veut prendre, c'est qu'il faut qu'on
soit compétitifs, parce que sans ça, pour les minières, ça ne veut rien dire. L'effet
multiplicateur du monde manufacturier, c'est
1,6, donc 0,60 $ d'activité parallèle dans le monde manufacturier, et
chaque dollar créé au niveau manufacturier correspond à 3 $ d'activité
économique. Ça fait qu'imaginons tout l'effet d'entraînement au-delà des
redevances ou de peu importe ce que les minières sont accablées, qu'est-ce que
ça pourrait créer que de favoriser, par exemple, un contenu local ou tout autre
incitatif pour le monde manufacturier.
Le
Président (M. Lévesque) : Techniquement, il ne resterait plus de
temps, mais peut-être, s'il y a consentement de l'ensemble des parlementaires ici présents, considérant qu'on a pris
les devants dans notre journée, on pourrait avoir consentement pour
permettre à M. Boyte de faire sa partie de présentation. Est-ce qu'il y a
consentement? M. Boyte, la parole est à vous.
• (16 h 50) •
M. Boyte (Alain) : Je vous remercie beaucoup.
Je vais faire ça vite quand même. Donc, Alain Boyte, vice-président Ventes et opérations d'Acier
Picard et président du RTMQ.
Donc, Acier Picard
est un distributeur d'acier qui est basé… qui a son siège social à
Saint-Romuald. On a un chiffre d'affaires de
100 millions de dollars. On
fournit de l'acier à des transformateurs métalliques, on a près de4 000 clients dans
la grande région de Montréal, dans la grande région de Québec et dans
Lanaudière. On se démarque par un
service de livraison extrêmement rapide où je pense qu'au Québec on a appris à
se tourner sur un dix cennes par rapport
à nos compétiteurs ailleurs dans le monde. Donc, quand un client nous place une
commande le matin, on est prêts à la
livrer l'après-midi, donc c'est un point qui nous démarque. On a
400 000 pieds carrés d'entreposage de 2 400 produits d'acier. Donc, par nos activités, qui sont
relativement simples, on aide les transformateurs à être, eux aussi, plus
efficaces.
Le point que je
voulais apporter par rapport à la commission, c'était que la plus grande valeur
ajoutée qu'on peut trouver dans la filière
métallique, donc qu'on parle de l'extraction, de la fabrication d'acier par une
aluminerie ou une aciérie et l'autre
étape qui est la fabrication de pièces ou d'équipement, clairement, la
troisième transformation, c'est celle qui apporte le plus de richesse, c'est
celle qui apporte le plus d'emplois, c'est celle qui rapporte le plus au niveau
du coffre du Québec. Je suis certain qu'il y
a des pays qui ont des aciéries, qui fabriquent des barres d'acier, ou des
poutres d'acier, ou des plaques d'acier, qui
doivent se dire : Bien, coudon, on fait quoi avec ça, là? On les fabrique,
mais après elle est où, la troisième
transformation? Je veux juste vous dire que la troisième transformation, elle
se fait ici, au Québec. Puis on a
deux exemples qu'on voit. Effectivement, quand on va aux États-Unis, quand on
regarde les stades, on est des experts dans la fabrication de stades
sportifs, l'industrie métallique, puis… Donc, cette expertise-là est reconnue,
mais il faut l'amener dans le secteur des minières, parce que c'est un secteur
qui est peu connu de notre marché.
Le
Président (M. Lévesque) : Madame messieurs, merci beaucoup pour votre
présentation. Maintenant, je cède la parole au parti ministériel. Mme la
ministre, vous disposez de 24 minutes.
Mme
Ouellet : Oui, merci, M. le Président. Bien, merci d'être
présents avec nous, M. Chevalier, Mme Boulanger, M. Lacroix, d'être ici
pour venir nous présenter votre secteur.
En
fait, vous nous présentez aussi beaucoup… Il y a comme les deux bouts. Il y a
la transformation après la mine, mais il y a aussi fournir la mine en
construction, donc en équipement. Et vous nous parlez de favoriser le contenu
local, le contenu québécois, on est très sensibles à ça.
Qu'est-ce que vous
suggérez comme moyens d'y parvenir?
M. Chevalier (Frédéric) : La première chose qu'on regardait face à la loi,
c'est simplement d'ouvrir… Vous demandez
aux minières de faire des études de faisabilité sur de la transformation
métallique. On pense que vous pourriez ouvrir cette demande-là à une
étude d'impact plus large qui permettrait aux minières d'expliquer quel est l'ensemble
des impacts économiques, comprenant l'aval, donc la construction, et les efforts
que ces minières-là peuvent faire pour inclure du contenu local dans leurs
projets dans leur ensemble. Donc, ça, c'est la première chose.
Vous
savez, on a plein d'autres idées. Yves parlait tout à l'heure d'incitatifs, de
contenu local minimum. Il y a d'autres choses qu'on pourrait rajouter,
mais je pense qu'au minimum ce qu'on aimerait, c'est de voir ouvrir cette
phrase-là pour parler plutôt d'étude d'impact que d'étude de faisabilité.
Le Président (M.
Lévesque) : Mme la ministre.
Mme
Ouellet : Merci, M. le Président. En fait, moi, je parlerais
plus d'amont que d'aval, là, parce que c'est avant la… c'est pendant la construction de la mine,
donc… Mais, vous savez, dans ce qu'on a mis comme libellé, bon, il y a l'étude de faisabilité, qui est une étude de
faisabilité, je le reprécise parce qu'il y a eu des interprétations dans le
milieu, mais économique et de marché sur la transformation, mais ce qu'on a
inscrit dans la loi, c'est… Je n'ai pas pris le libellé exact, là, mais le
ministre peut demander des ententes de maximisation des retombées économiques,
et là, vous voyez, c'est plus large. Dans la
maximisation des retombées économiques, bien là ça peut inclure du contenu
local, ça peut inclure… D'ailleurs, ça s'est fait dans le cas, là, de Voisey's
Bay, là. Donc, ça peut être plus large.
Donc,
à ce moment-là, là, il y a une ouverture de ce côté-là, et, dépendant des
projets… Effectivement, les projets ne sont pas tous pareils. On ne
voulait pas faire du mur-à-mur, c'est pour ça qu'on a ouvert de ce côté-là.
Je me
demandais : Pour Acier Picard, quand vous dites que vous êtes distributeur
d'acier, c'est qui, votre fournisseur?
Le Président (M.
Lévesque) : M. Boyte.
M.
Boyte
(Alain) : Ah, c'est bon, très bonne question. Environ 50 % de
notre contenu est canadien, il y en a québécois, il y en a canadien, et il y a
environ 50 % qui provient des États-Unis ou d'ailleurs dans le monde.
Je
vous donne comme exemple des poutres d'acier. Il n'y a pas de poutre d'acier
qui se fabrique au Canada, ça se
fabrique au Québec… Excusez-moi. Ça se fabrique aux États-Unis ou ailleurs dans
le monde, mais il n'y a pas de fabrication de poutre d'acier au Canada
présentement.
Il y avait
eu un projet pour… Si ça intéresse, il
y avait eu un projet d'ArcelorMittal,
hein, de faire un moulin à Contrecoeur, de faire faire un moulin de
poutres, puis, bien, il s'est enlevé du projet. Écoutez, moi, je ne suis pas ArcelorMittal
puis je ne le connais pas tellement, je ne fais pas tant affaire que ça avec
lui, mais je comprends le marché, et, quand
on regarde le prix d'une poutre d'acier aujourd'hui, qui est plus bas
qu'en 2004, c'est difficile. Il y
a une très grande offre de poutres d'acier
dans le monde, et la demande rétrécit, rétrécit un peu partout, ce qui fait en
sorte qu'économiquement parlant je pense qu'ils ont cru bon de s'enlever du
marché, parce qu'effectivement de l'offre d'acier,
il y en a vraiment beaucoup. Le prix de l'acier est en chute, hein? Il n'est
pas en montant, il descend beaucoup.
Mme Boulanger (Sylvie) : Est-ce que
je peux ajouter un commentaire?
Le Président (M.
Lévesque) : Mme Boulanger.
Mme
Boulanger (Sylvie) : Oui, merci. C'est quand on parle de la valeur
ajoutée, parce que, quand on transporte… quand l'acier arrive ici, il
faut ensuite en faire quelque chose pour avoir la valeur ajoutée, sinon on ne
pourrait pas compétitionner en Alberta, on ne pourrait pas compétitionner aux
États-Unis. Donc, c'est toute l'expertise qui va dans la transformation, c'est-à-dire qu'on prend cette poutre, on doit
la découper, on doit faire des trous, on doit faire des assemblages très complexes, réfléchir à comment on
va la transporter de façon efficace. On utilise le train, on maximise
pour pouvoir être compétitifs. Et on peut l'être en Alberta puis on peut l'être
quand on exporte aux États-Unis. Donc, il y
a le matériau, mais il y a toute la valeur ajoutée au niveau de la
transformation qu'on ramène souvent ici, parce que ça a un effet de
levier puis un effet d'entraînement sur bien d'autres domaines que juste le
nôtre.
Le Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup. Mme la ministre.
Mme
Ouellet :
Oui, juste… Je reviens sur ça. Les poutres d'acier, ce n'est pas fabriqué au
Québec. Je ne sais pas elles vous proviennent d'où, mais il y a donc du
transport, puis ce n'est quand même pas léger, là. Donc, c'est quoi qui fait qu'ailleurs… C'est-u leurs processus de
fabrication qu'ils réussissent à avoir des coûts plus bas? Est-ce que c'est
des questions de main-d'oeuvre? J'aimerais avoir un petit peu plus d'informations.
Par exemple, les poutres d'acier, où vous les achetez? Puis comment vous
expliquez la différence de coût si on le produisait au Québec? Est-ce qu'on
serait capables de le produire au Québec avec un processus efficace, à des
coûts compétitifs?
Et qu'est-ce
que vous achetez? C'est quoi, quand vous dites 50 % Québec, Canada? J'aimerais
savoir, du 50 %, c'est quoi, la proportion Québec. Et c'est quoi,
le type de produits que vous achetez au Québec?
M.
Boyte (Alain) : Essentiellement des tubes. Il y a beaucoup de
tuberies au Québec, et, à partir de bobines d'acier, on va fabriquer des
tubes, donc… Puis il y en a quelques-uns, là, il y en a trois, quatre au Québec
qui fabriquent ça.
Des aciéries,
il y en a une, ArcelorMittal, qui est
à Contrecoeur, qui va fabriquer quelques formes d'acier. J'en ai
2 400, donc notre espace est quand même assez restreint pour l'acheter au Québec.
Sinon, il y en a beaucoup près du lac Ontario, hein? En Ontario, il y a beaucoup
d'aciéries qui sont là.
Pour répondre
à votre question concernant pourquoi ce serait plus économique ailleurs ou… j'aimerais
bien ça vous répondre, mais je vais
vous dire n'importe quoi, parce que je ne les fabrique pas, les poutres, puis… Mais
je peux vous dire une chose, c'est
que le marché est mondial. L'offre de poutres d'acier se fait aux États-Unis,
le marché est complètement ouvert. Donc, si le prix de la poutre est
meilleur en Espagne, ou en Turquie, ou au Brésil, c'est là que c'est acheté,
tout simplement. Mais pour quelle raison, là…
Le Président (M. Lévesque) : En
complément, Mme Boulanger.
• (17 heures) •
Mme
Boulanger (Sylvie) : Je
voulais juste… J'ai déjà été directrice pour le développement durable pour l'industrie de l'acier à travers le Canada puis je voulais juste clarifier. On dirait que le
transport, ça préoccupe beaucoup les gens, ils s'imaginent que ça libère beaucoup
de CO2. On pourrait être beaucoup plus local si on les faisait
nous-mêmes, sauf que, dans la tonne de CO2 qui est émise, c'est
vraiment la production qui est importante, le transport et l'extraction représentent à peine 6 % du CO2 de la tonne d'acier.
Donc, on a meilleur temps d'être à un endroit qui le fait de façon très efficace. Puis, quand on transporte, il vaut mieux
transporter aussi de façon très efficace, mais ce n'est pas là qu'il y a
le plus d'énergie qui est dépensée dans une tonne d'acier.
Le Président (M. Lévesque) : Mme la
ministre.
Mme
Ouellet :
Oui, je comprends au niveau des émissions, mais j'étais sur le coût, parce que
quand même, là, vous dites... Vous, une fois que vous prenez, par
exemple, la poutrelle, le travail que vous faites de découpage, de faire les
trous, il y a une valeur ajoutée, donc, à ce moment-là, vous réussissez, avec
cette valeur ajoutée là, à pouvoir transporter jusqu'aux États-Unis, jusqu'en
Alberta tout en étant compétitifs. Mais la poutrelle de base, lorsqu'elle est transportée, il y a donc un coût qui s'ajoute
aussi. Donc, ce coût-là peut défavoriser des fournisseurs qui sont plus
loin.
Vos fournisseurs, est-ce qu'ils sont
continentaux ou ils sont même jusqu'en Chine?
M. Boyte (Alain) : Bien, comme
Sylvie... Pas en Chine. Il y a… Non, pas en Chine. C'est en Europe, ou en
Amérique du Sud, ou aux États-Unis, ou au Canada.
L'effet de transport, comme Mme Boulanger
disait, l'effet du transport, je pense que le transport est plus dispendieux
par camion de l'Ouest canadien, qui est en Alberta, que par bateau qui va
provenir de l'Espagne. Donc, il n'y a pas
beaucoup... Un bateau qui contient 32 000 tonnes d'acier, il y en a quand
même beaucoup, là. Donc, c'est pour ça que le coût est moins élevé, puis
c'est pour ça qu'il y a plus d'échange qui se fait.
Le Président (M. Lévesque) : Merci,
M. Boyte. Mme la ministre.
Mme
Ouellet :
Oui. Puis, les tubes qui sont achetés au Québec, est-ce que c'est confidentiel
de vous demander les entreprises...
bien, sans que ce soient nécessairement les vôtres, mais en tout cas… ceux avec
qui vous faites affaire, mais les entreprises qui sont fournisseurs, du
côté des tubes, au Québec?
M. Boyte (Alain) :
Avec plaisir : Acier Nova, Acier Fati, Qualité Tube. C'est des
fournisseurs de... C'est des fabricants de tubes d'acier.
Le Président (M. Lévesque) : Merci.
Mme
Ouellet : Merci.
Peut-être aller aux oppositions, puis après ça on pourra revenir.
Le
Président (M. Lévesque) : Oui, avec plaisir. Maintenant, je cède la
parole à M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour :
Avant les questions, vous me permettrez sans doute un préambule. Moi, je vous
écoute puis je suis très content qu'on ait eu l'occasion de vous
entendre ici aujourd'hui. J'ai même le goût de vous dire que, si jamais, à travers vos entreprises, vos projets d'implantation,
vous vouliez un terrain en région pas cher, à des fins industrielles, j'ai
un comté où il y a un port de mer en eau profonde...
Une voix : …
Des voix : Ha, ha, ha!
M.
D'Amour :
Non, mais sincèrement il y a un aéroport chez nous, un port de mer en eau
profonde, il y a un réseau ferroviaire bien développé, capacité portante
de terrain illimitée. On va même vous construire un motel industriel, en acier, évidemment, hein, pour bien vous... Non,
mais blague à part... Et vous avez des gens dans votre domaine qui sont basés chez nous. Je pense à XMetal, je pense à
Cotech, qui sont des entreprises qui n'ont peut-être pas la même
dimension que les vôtres mais qui font un travail qui est reconnu. D'ailleurs,
à l'époque où le Plan Nord se mettait en place, à l'époque où il y avait un
Plan Nord au Québec, ces entreprises-là avaient des contrats. Les temps ont
changé, là, mais quand même.
Sur les
incitatifs... Mais je dis ça à la blague, mais je suis quand même sérieux,
hein? Dans l'Est du Québec, on a des opportunités d'affaires pour vous
qui sont assez exceptionnelles.
Sur la question des incitatifs, tantôt vous en
avez parlé, Mme la ministre vous a posé des questions là-dessus. Vous n'avez
pas parlé d'incitatifs financiers. C'est dire que, ça, vous n'en avez pas
besoin, vous mettez ça de côté?
Le Président (M. Lévesque) : M.
Chevalier.
M.
Chevalier (Frédéric) : Je
pense que la question des incitatifs financiers est toujours un peu... Il faut
qu'on ait quelque chose qui permette aux entreprises minières… Si on avait
quelque chose qui permettait aux entreprises minières
d'avoir un retour sur l'effort qu'ils vont faire pour travailler plus avec
nous, c'est idéal. O.K.? Donc, on l'a vu, ça peut être effectivement un incitatif fiscal, ça peut être un retour, ça
peut être une façon de... Il y a plusieurs avenues. On n'a pas exploré le détail puis on ne vous amène pas un
plan avec des pourcentages. Clairement, ce serait idéal qu'on ait un
incitatif pour permettre aux entreprises d'être reconnues pour l'effort qu'elles
vont faire de travailler plus avec nous.
M.
D'Amour : Je
voudrais vous entendre davantage sur le modèle pour bien saisir les
opportunités liées à la transformation au
Québec, de ce qu'on extrait du sol. Quelle serait votre proposition, là, pour
articuler ce genre d'étude là? Qui fait quoi et comment?
M.
Chevalier (Frédéric) : Je
pense que ce qui est incroyable, au Québec, c'est qu'on a déjà un modèle, on a
déjà dans notre secteur un sous-secteur qui a ça, c'est le secteur de l'aluminium.
Le secteur de l'aluminium est dans le même
principe que nous, hein? Quand une aluminerie veut s'implanter, elle doit avoir
accès à de la ressource, hein, c'est la même chose. Donc, au lieu d'avoir
accès à un droit minier, l'aluminerie va venir vous voir, dire : On veut
avoir un bloc de kilowatts, et, pour avoir
ce bloc de kilowatts, elle va déployer, elle va faire des démonstrations sur ce
qu'elle va redonner en échange à la société québécoise. Et ce qui est
assez fascinant, c'est que, dans l'aluminium, on est resté très ouvert. Et, vous le savez, certaines
alumineries vont offrir de faire de la transformation — de moins en moins. Certaines vont dire : Bien, nous, on va supporter des
équipementiers parce qu'on a des alumineries ailleurs dans le monde, on
va supporter des équipementiers puis on va
les aider à rentrer et à faire de l'exportation. Certaines alumineries vont
dire : Bien, nous, on va être ni l'un
ni l'autre, mais on va faire un fonds et on va aider les entreprises qui font
de la transformation au Québec en allant les aider une par une. Donc, il
y a une panoplie de choses que les alumineries peuvent faire.
Nous, dans le
domaine de la transformation métallique en général — on l'a étudié puis on n'aura peut-être
pas le temps de le voir — on a une série d'enjeux qui sont des enjeux
d'accès aux marchés. Et c'en est un, l'accès aux marchés. L'accès aux
marchés des minières, pour nous, est un enjeu. On est là pour ça, dire :
Nous, on veut avoir accès à ce marché-là. On veut que les entreprises minières
nous écoutent et on veut pouvoir faire affaire avec.
On a des
enjeux de marché. On a des enjeux de compétitivité, on en parlait tout à l'heure.
Si on veut être sur les marchés
extérieurs, il faut qu'on soit plus compétitifs. On a des enjeux de main-d'oeuvre.
On a donc une série d'enjeux comme ça, ce serait un peu trop long de
passer à travers, mais, dans notre cas, ce qui nous intéresse, effectivement, c'est
de faire en sorte qu'on ait un accès aux marchés, aux marchés des minières.
Là, Yves, je te laisse prendre la suite.
M.
Lacroix (Yves) : Oui, merci.
Et, sans connaître le détail de ce qui a généré le contenu local aux
entreprises SFK Pâte au Lac-Saint-Jean, il y
a déjà quelques années — c'était par le biais de subventions ou de prêts, mais peu
importe — au
niveau d'argent qui était mis à la disposition de l'entreprise pour faire la
transformation de leur moulin de pâte, où en quelque
part on avait exigé, entre guillemets, un certain pourcentage de contenu local,
ces gens-là ont fait affaire avec des gens qui viennent d'Europe de l'Est.
Et eux auraient pu très bien arriver avec tout leur équipement, et tout ça,
mais, parce qu'il y avait un contenu local, on a eu l'opportunité de fabriquer
certains équipements.
Et, quand on
parle de l'expertise qui s'exporte par la suite, GL&V, au fil du temps, a
réussi à être mondial justement à cause de ces opportunités-là de
fabriquer des équipements spécialisés dans le domaine des pâtes et papiers et d'être
en mesure par la suite de l'offrir à l'échelle planétaire. Et, à cette
époque-là, ce fabricant-là qui venait d'Europe de l'Est, à cause de ce contenu local là, s'est tourné vers qui étaient les
manufacturiers québécois en mesure de fabriquer… C'étaient des énormes
équipements, et on avait eu l'opportunité d'avoir accès uniquement parce qu'il
y avait un contenu local, sans quoi jamais on n'aurait vu la couleur de cet
équipement-là. Et c'était lié soit aux subventions ou à l'investissement, peut-être qu'il y avait un organisme du gouvernement
québécois qui investissait dans ce projet-là, et il y avait une clause
dans ce sens-là.
Le Président (M. Lévesque) : M. le
député.
M.
D'Amour :
Moi, j'aimerais revenir… Tantôt, lorsque vous avez parlé des enjeux de main-d'oeuvre,
à quel niveau précisément cet enjeu-là ou ces enjeux-là sont importants?
Est-ce qu'on parle de formation? Est-ce qu'on parle de salaire? Qu'est-ce qui
influence?
M.
Chevalier (Frédéric) : On a
des enjeux de relève. Toutes nos entreprises — Yves sourit — on a des employés qui vont bientôt
prendre une retraite bien méritée, et il faut qu'on puisse garder leurs
compétences et leur expertise à l'intérieur des entreprises. Donc, on a des
enjeux de relève. On travaille avec les comités sectoriels et toute une série d'intervenants
pour nous aider à les régler.
Donc, on a
une série d'enjeux qui sont soit de la relève soit des métiers. Vous le savez,
on manque de métiers. Nos jeunes ne
vont pas nécessairement dans les métiers qui correspondent à nos entreprises,
donc il faut qu'on fasse en sorte que nos
jeunes soient sensibilisés au fait qu'on offre des conditions de travail et des
métiers qui sont intéressants. Et donc on a, comme un peu toutes les
entreprises au Québec, là, ce genre de défi.
M.
D'Amour : Le
salaire moyen, dans votre domaine, se situe à combien?
M. Chevalier (Frédéric) : Les
salaires moyens sont plus élevés dans notre domaine que dans la moyenne
manufacturière, donc on est compétitifs.
M.
D'Amour :
D'accord. Tantôt, vous avez fait état de chiffres. Vous avez parlé, enfin, sur
le marché, là, de 25 % à 16 %, à potentiellement à 13 %.
J'aimerais que vous reveniez là-dessus en termes de pourcentage.
M.
Chevalier (Frédéric) : C'est
sur le… Vous parliez du pourcentage du secteur manufacturier à l'intérieur…
Oui.
M. Lacroix (Yves) : O.K.
Précisément, la question est…
M.
D'Amour : …de
25 %, à 16 %, à 13 %, qu'est-ce qui explique le phénomène
descendant?
• (17 h 10) •
M. Lacroix
(Yves) : Écoutez, je pense
que la mondialisation a eu un impact majeur de ce côté-là, il ne faut
pas se le cacher. Je ne pense pas que ce soit un problème lié à la main-d'oeuvre
comme telle. Je pense que, dans les dernières années,
en tous les cas dans notre domaine, le gouvernement québécois s'est très
bien acquitté de cette tâche-là en
favorisant et en publicisant certains métiers où on voyait venir des pénuries.
Entre autres au niveau des soudeurs-monteurs, on a réussi à relever ce défi-là
et à embaucher des gens très qualifiés qui proviennent de nos écoles québécoises.
Je pense que, principalement, il y a aussi le
fait qu'au Québec il y a comme une inquiétude au niveau des investissements. Et c'est peut-être la crise financière de 2008, c'est peut-être
d'autres éléments, j'apporte juste des éléments de réponse, mais une des raisons pour lesquelles il y a
moins de manufacturier, c'est qu'il y
a moins d'investissements, il y a moins de
choses.
Et, en termes de compétition, avant que le
balancier revienne… C'est-à-dire ce qui se produit en Chine ou en Inde, éventuellement, à un rythme de 10 %, 12 % d'augmentation du coût de la vie, bien,
éventuellement, on va voir le balancier revenir, pour plusieurs raisons.
Aux États-Unis, on observe que ce balancier-là revient d'un point de vue
manufacturier. Avec les Américains, il faut faire attention, il y a deux
éléments. Ça peut être parce qu'ils veulent favoriser
le Buy American Act puis ils veulent s'assurer que ces jobs-là reviennent du
côté américain, mais il y a aussi le fait que ça coûte très cher de
fabriquer outre-mer en ressources que tu voyages. C'est très dispendieux et c'est
un élément important.
Mais
je crois… Évidemment, je suis teinté manufacturier. Je crois profondément qu'il
y a un retour du balancier. Présentement, nos taux horaires sont
environ… Pour vous donner un exemple, chez nous le taux moyen est à 75 $
de l'heure, et on voit en Chine des taux autour de 50 $ et 55 $ de l'heure.
Donc, à partir du moment où les gens vont vraiment regarder les taux horaires
et calculer dans leurs vrais coûts la logistique pour amener tout ça en
Amérique du Nord, je
pense que le balancier va revenir. Et, si en plus on a des projets générateurs
de richesse au Québec, bien ça va, en quelque part, favoriser le monde
manufacturier.
Le Président (M.
Lévesque) : En complément, M. Chevalier? Non?
M. Chevalier
(Frédéric) : Non, c'est… Vas-y.
Mme Boulanger
(Sylvie) : Je voulais juste ajouter un…
Le Président (M.
Lévesque) : Mme Boulanger.
Mme Boulanger
(Sylvie) : Pardon. Je voulais juste ajouter un complément par rapport
à l'Australie, parce que j'y étais il n'y a pas si longtemps
que ça et j'ai vu plus les ravages de ne pas avoir plus utilisé de contenu
local de transformateur. Alors, il y a les redevances qui ont bien
nourri le gouvernement, je veux dire, ils ont un système qui était assez généreux, puis on voit que ça a bien
profité au dollar australien, sauf qu'il
y a des secteurs où il y avait
une expertise qui sont en train de disparaître. Alors, c'est beau, d'avoir ce
montant supplémentaire en redevances, sauf que
maintenant il y a une expertise qui va faire qu'il y a
des emplois qui ne pourront pas être renouvelés, il y a tout un domaine qui va avoir de la peine à durer. Donc, c'est
tout cet effet d'entraînement de garder cette expertise, de pouvoir
garder les emplois, de continuer à former nos employés qui a un effet très
positif, un effet d'entraînement pour les retombées économiques.
Le
Président (M. Lévesque) : M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata, ça convient? Maintenant, je vais céder la parole au député de la deuxième
opposition, M. le député de Nicolet-Bécancour, pour 5 min 12 s.
M.
Martel : Merci, M. le Président. Bonjour, tout le monde. Bienvenue ici.
Merci de nous rappeler l'importance de la création d'emplois dans le
secteur privé. C'est vraiment vous autres qui créez de la richesse au pays.
La
semaine dernière, mon collègue le
député de Lévis
nous faisait remarquer que, le Québec, sur un budget
de 90 milliards, il y a 60 milliards qui est relié à l'emploi, les
salaires, le fonds de pension, etc., 60 milliards. C'est très utile, là, la fonction publique, c'est très utile,
on a besoin des professeurs, on a besoin des docteurs, on a besoin…
mais, au niveau de la création de la
richesse, ce n'est pas des facteurs qui contribuent. Moi-même, je suis un
ancien fonctionnaire municipal, puis c'était très utile, ce que je
faisais, mais je ne créais pas de richesse.
Moi,
j'aimerais ça savoir, par rapport à la présentation que vous faites et par
rapport au projet de loi, qu'est-ce que vous voudriez qu'on retienne ou
qu'on fasse plus attention. Moi, je vous dirais juste que, par rapport aux
crédits d'impôt qu'on donne aux entreprises
au Québec, je pense qu'on donne quelque chose comme 2 milliards, quand on
regarde, là, on fait une moyenne à l'échelle
canadienne, c'est peut-être ici où est-ce qu'on en donne le plus, mais c'est
ici qu'on récolte aussi le moins d'investissement privé. Voyez-vous des
biais par rapport à ça? Qu'est-ce que…
M. Chevalier (Frédéric) : Si je peux me permettre — puis mes collègues compléteront — je pense que, s'il y a une chose
que vous devriez vous rappeler, c'est qu'au Québec on transforme énormément de
métal. Des fois, on a l'impression, quand
on voit le débat, que, oups, parce qu'effectivement toutes les minières n'ont pas une
usine ou qu'on n'a pas uneaciérie de
plus, on n'en fait pas. On en fait énormément puis on en fait… Comme disaient
mes collègues tout à l'heure,
on en fait des fois au bon endroit, à l'endroit où il y a
le plus de valeur ajoutée, en deuxième et en troisième transformation.
Maintenant,
est-ce que la chaîne de transformation est complète? Non, ça, c'est clair. On
ne fait pas des trains à partir du minerai qui est sorti de Schefferville,
O.K., ça, c'est… de la même façon qu'on ne fait pas les avions de Bombardier avec l'aluminium qu'on fait chez
Alouette. Ce n'est pas… Des fois, ça sort, il y a des alliages qui se
refont. Donc, il y a une chaîne qui des fois
se casse, mais l'expertise et la chaîne de… la filière, elle existe. On en a
énormément et on en fait énormément.
Est-ce qu'on pourrait en faire plus? Oui. Est-ce
qu'on doit en faire plus? Oui. Est-ce qu'on doit essayer d'aller combler ou d'aller trouver des niches, comme vous
disiez tout à l'heure, où, à un moment donné, on n'a peut-être
pas besoin de la plus grosse aciérie, mais peut-être qu'on pourrait avoir
un «minimill» ou des fois une niche de marché sur laquelle on pourrait se
positionner? Est-ce qu'on doit faire l'effort pour essayer de la trouver?
Certainement. Ça, je pense qu'il faut qu'on le fasse.
Et
on a, au Québec, un tissu industriel. Beaucoup
d'entreprises, beaucoup de régions qui ont des ressources n'ont
pas nécessairement un tissu industriel comme nous, on a. Donc, nous, il faut qu'on
puisse en profiter. Il faut que nos entreprises minières en profitent puis il
faut que nous, on profite de nos entreprises minières pour se développer. Donc,
ça, c'est une première chose.
Après
ça, vous parliez des crédits d'impôt.
Ce n'est pas un secret : un de nos problèmes, c'est la
commercialisation. On est ici pour vous dire qu'on veut ouvrir des marchés. On
est inventifs, on est innovants, on fait plein de choses. Des fois, on a de la misère à se vendre puis on a
besoin d'un petit coup de main. Là, le coup de main qu'on a besoin de
votre part, c'est de faire en sorte que les
minières pensent à nous quand elles vont acheter du matériel, trouver une
façon. Mais, de façon générale, si on peut avoir des façons d'aider nos
entreprises à mieux se commercialiser, à mieux se vendre, vous pouvez être sûrs
que ça va avoir un impact important.
Le Président (M.
Lévesque) : M. Lacroix? M. le député de Nicolet-Bécancour.
M.
Martel :
Non, merci, ça fait le tour. Je pensais que vous vouliez réagir tantôt.
Le
Président (M. Lévesque) : M. Boyte.
M. Boyte (Alain) : Donc, on dit de penser à nous au niveau de la transformation. Évidemment,
avant ça c'est un client, les
minières, les minières sont un client vraiment important pour notre industrie,
puis on veut que vous en preniez soin puis on veut qu'on puisse
développer cette industrie-là. Donc, si on leur met… Il faut faire respecter notre
environnement qu'on a au Québec mais dans la
mesure où on peut faire en sorte qu'eux peuvent fleurir chez nous. C'est
vraiment hyperimportant, parce qu'ils sont dans notre cour, puis c'est un
client potentiel qui est majeur.
Le Président (M. Lévesque) :
Merci. M. le député, il vous reste 30 secondes.
Une voix :
…
Le
Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup. Alors, je vais céder la
parole à Mme la ministre. Il vous reste… Ah! Pardonnez-moi. Oui,
Mme Boulanger, vous voulez ajouter?
Mme
Boulanger (Sylvie) : Oui. Bien, je voulais ajouter quelque chose, mais
maintenant j'ai un peu oublié mon idée, excusez-moi.
Le
Président (M. Lévesque) : On aura sans doute le temps d'y revenir.
Alors, je voudrais céder la parole à Mme la ministre pour 14 minutes
supplémentaires.
Mme
Ouellet :
Oui, merci, M. le Président. Aussi, par curiosité, Supermétal, les charpentes d'acier,
vos fournisseurs, est-ce qu'ils se situent au Québec ou à l'extérieur du
Québec?
• (17 h 20) •
Mme
Boulanger (Sylvie) : C'est très varié. Donc, quand on s'approvisionne,
on peut s'approvisionner auprès de centres
de distribution d'acier, comme c'est le cas d'Acier Picard, ou directement
auprès d'une aciérie, donc comme des aciéries
comme Atlas Tube en Ontario. Il y a aussi des aciéries qui… Bien, il y a un
gros cercle quand même, il y a une bonne importance au niveau de l'Ontario,
au niveau de la plaque, au niveau des profilés tubulaires, des cornières également. Il est vrai que les profilés en i, ceux
qu'on associe le plus à la construction, il y a trois grands fabricants
aux États-Unis, et puis il y en a un en particulier avec lequel on a tendance à
faire des achats directs. Donc, c'est un petit peu notre…
Mais,
si vous regardez la tonne d'acier fabriqué, le matériau représente une partie.
Il y a le montage qui est des employés du Québec qui érigent la structure,
c'est une très grande partie, et puis tout ce qui va dans l'ingénierie, dans le
dessin, dans la fabrication, ça, c'est encore une plus grande partie.
Donc, je comprends que c'est important, le
matériau, mais je pense qu'il faut voir… je voulais juste le mettre dans
un contexte, pour nous, d'une tonne
fabriquée. Le matériau est vraiment une composante seulement. La valeur
ajoutée, pour nous, ce n'est pas de produire ce matériau, mais c'est de le
transformer, et puis cette transformation-là, elle représente trois quarts, de
deux tiers à trois quarts d'une tonne d'acier fabriqué.
Le Président (M.
Lévesque) : Merci. Mme la ministre.
Mme
Ouellet : Oui, je comprends tout à fait ce que vous dites, parce que
vous êtes un peu au bout de la chaîne, donc, jusqu'à la construction,
donc, à ce moment-là, c'est de plus en plus la valeur ajoutée qui est de la connaissance,
de
l'ingénierie et de la construction, c'est ça. Mais, nous, ce qu'on essaie de
voir… On est conscients que ce n'est pas 100 % du minerai, au Québec,
qui sera transformé au Québec, mais est-ce qu'il y a moyen de faire un pont
entre le secteur minier et le secteur manufacturier pour que les deux puissent
se renforcer?
Moi, j'ai eu des...
Dans le secteur aéronautique en particulier, je ne sais pas si ça fait partie
des secteurs dans lesquels vous êtes actifs, là, mais on m'a dit qu'un des
facteurs stratégiques de compétition, c'était d'avoir accès au matériel et que,
certaines pièces, ils les avaient tard, étant donné qu'il y avait plus de difficultés
d'accès au matériel. Donc, c'est de voir comment on est capables de renforcer
les différents secteurs à partir des ressources et des forces qu'on a au Québec,
là.
M. Chevalier (Frédéric) : Si je peux me permettre de renforcer ce que vous
dites, ce qui est fantastique, dans le secteur de l'aluminium, c'est l'accès
au matériel mais surtout à l'expertise des alumineries. Les entreprises ont
accès, au Québec, à la proximité des
alumineries et de leurs centres de recherche, et ça, c'est un avantage
compétitif qu'on a. Il faut qu'on arrive à recréer quelque chose comme ça avec les secteurs du fer et de l'acier, clairement il faut qu'on arrive à faire quelque chose.
Est-ce que
ça doit absolument prendre la forme d'une aciérie? Et c'est là qu'il faut
qu'on soit créatifs, c'est là qu'il faut qu'on soit créatifs, parce que
ce serait bête de se retrouver devant un mur alors qu'il y a d'autres avenues
qui pourraient être possibles. On l'a vu, il y a des centres de recherche… Rio
Tinto a des centres de recherche ailleurs dans
le monde. Ils pourraient faire des choses avec nous. Il y a
des choses qui peuvent être faites, et, si on ouvre, si on se laisse l'esprit ouvert et qu'on leur ouvre la
porte en leur disant : Écoutez, surprenez-nous pour avoir accès à nos ressources,
bien je pense que c'est là qu'on pourrait avoir des bonnes surprises.
Le Président (M.
Lévesque) : Mme la ministre.
Mme
Ouellet : Moi, ça complète. Merci.
Le Président (M.
Lévesque) : M. le député de Saint-Maurice.
M.
Trudel : Tout à fait. Si je comprends, l'essentiel de votre message, c'est de nous dire qu'il y a
un marché dans lequel vous pourriez... c'est-à-dire qu'il pourrait
générer, pour vous et pour la société québécoise, des revenus très importants,
et vous demandez au gouvernement du Québec un coup de pouce, de l'aide pour
avoir accès à la chaîne d'approvisionnement.
Une voix :
...
M. Trudel :
C'est ça, tout à fait.
Des voix :
...
M. Boyte
(Alain) : ...pas en aval mais en amont.
Mme Boulanger
(Sylvie) : ...chaîne d'approvisionnement, on parle bien de...
M. Trudel :
Bien, au début du… construction, mise en place, mais aussi toutes les
opérations des mines...
Mme Boulanger
(Sylvie) : C'est ça, exactement.
M. Trudel :
...pour après ça tenter de transformer, d'utiliser le matériel.
Autre chose. Bon,
vous avez envisagé, mentionné deux, trois méthodes pour faire ça, mais vous
reconnaissez d'abord et avant tout le rôle
du gouvernement pour faciliter cet accès à l'information, ainsi de suite. Vous
avez envisagé... Entre autres, vous avez souligné l'importance, là, de
la production d'études de marché ou d'études de faisabilité dans leur domaine.
Vous avez parlé des crédits d'impôt aussi puis de pourcentage de contenu ou
imposer un pourcentage de contenu local.
Mais vous allez
peut-être me voir venir, là. Vous savez, il y a de beaux débats philosophiques,
dans le monde occidental, au niveau
économique. Vous savez que, si on intervient, quand le gouvernement intervient
dans le marché, on vient introduire un biais puis on favorise des
baisses de productivité des entreprises locales.
Je
vous pose la question : Est-ce que vous êtes capables de fonctionner de
façon autonome ou vous avez vraiment besoin d'un coup de main sous une
forme ou une autre de l'État?
Mme
Boulanger (Sylvie) : On peut
très bien fonctionner de façon autonome. Par contre,
on n'est pas toujours considérés de façon équitable, O.K.? Et alors ce
que je vous dirais, ce que j'ai vu en Australie, c'est que des fois on va importer de la charpente d'acier fabriqué et on
va dire que c'est avantageux parce
que ça peut représenter 25 % de
coûts en moins, d'aller vers la fabrication
chinoise. Par contre, il
faut vraiment analyser le risque
qui va autour de ça, pas juste garder un chiffre qui est noir et blanc.
Je dirais que le gouvernement pourrait dire : Bien, écoutez, O.K., vous
nous démontrez que, ma foi, l'acier fabriqué
chinois est moins cher, donc on ne peut rien dire, mais il faut
calculer la vraie valeur. Les
retombées économiques, ce n'est pas
juste qu'eux, ils sont moins chers, c'est le risque qui est associé à ça. C'est
le fait qu'après il va y avoir des emplois
en moins de notre côté, que l'expertise va s'appauvrir. Donc, il faudrait avoir
une façon de calculer qui permette de faire une vraie comparaison, pour qu'une
compagnie décide d'octroyer le contrat à une compagnie externe.
M. Chevalier
(Frédéric) : Je peux compléter?
Le Président (M.
Lévesque) : Oui, M. Chevalier, allez-y.
M. Chevalier (Frédéric) : Juste
deux choses. Je pense que la raison pour laquelle on était un peu
embarrassés, tout à l'heure, quand vous nous disiez : Est-ce que
vous voulez des incitatifs, et quel montant?, c'est parce qu'on n'est pas en train de courir après des incitatifs, vous l'avez
bien vu. Ce qu'on dit, c'est qu'effectivement on veut être considérés,
on veut simplement que les entreprises... Et c'est un peu...
Puis
je prends 30 secondes pour vous expliquer. Quand quelqu'un fait des
achats, des fois aussi c'est simplement de rentrer dans son radar. Et,
si les personnes qui font des achats sont coincées dans le temps, doivent
prendre des décisions rapidement, eux-mêmes
sont obligés d'aller rapidement. Ils ne vont pas prendre le temps de venir nous
voir, ils vont simplement faire affaire avec les gens avec lesquels ils ont l'habitude
de faire affaire.
Donc, on ne veut pas
que vous les forciez. On veut simplement forcer à travailler avec nous, forcer
à nous rencontrer. Et donc, effectivement,
si les minières ont un incitatif à travailler avec plus de contenu local, elles
vont passer cette commande-là à leurs
firmes d'ingénieurs, ce qu'on appelle les EPC et les EPCM, en leur
disant : Faites attention, ça fait
partie des choses sur lesquelles nous sommes jugés, donc prenez le temps d'aller
voir les gens qui font du contenu local. Après ça, effectivement, au
niveau des contenus locaux, sur les prix, on a plusieurs choses sur lesquelles
on est capables de compétitionner. On est capables d'être bons, on est capables
d'avoir des bons prix, de la bonne qualité. Ça, on est prêts à faire notre
bout.
Si vous voulez nous aider, ce qu'il faudrait que
vous fassiez, c'est que vous fassiez en sorte que notre environnement, notre environnement réglementaire, l'environnement
dans lequel nos entreprises font affaire soit considéré dans le coût, parce que c'est sûr que, quand on fait affaire
avec une entreprise asiatique qui n'a pas de CSST, n'a pas d'équité
salariale, n'a pas tout cet environnement qui correspond à nos valeurs
québécoises et qu'elle arrive avec un prix qui reflète son environnement de marché, bien là il y a un petit
déséquilibre, parce que, nous, ce 20 % là, là, il correspond à ces
valeurs québécoises qu'on inclut dans notre prix, et on se retrouve avec
20 % de plus sur un contrat. Donc, si vous voulez nous aider, ça, c'est
une réflexion que vous pourriez avoir avec nous.
Le Président (M. Lévesque) : Merci. M.
le député de Saint-Maurice, est-ce que vous avez des questions supplémentaires?
M.
Trudel : …à ce moment-ci, je voudrais vous remercier pour la qualité de cette présentation-là. C'est
un point de vue qu'on n'a pas entendu beaucoup jusqu'à maintenant, parce
qu'on s'occupait d'un autre type d'intervenant
jusqu'à maintenant. Là, on arrive plus, là, dans les retombées
économiques intéressantes sur l'ensemble du territoire du Québec, sur la
valeur ajoutée, et puis je pense que vous nous donnez tout un coup de pouce
pour comprendre qu'avec un projet de loi comme ça on est capables d'en faire beaucoup
plus chez nous avec vous. Merci beaucoup.
Le Président (M.
Lévesque) : Merci beaucoup. Réponse? Ça va? Alors, je cède maintenant
la parole à l'opposition officielle. M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour : Un très bref commentaire pour dire que je suis
heureux que le gouvernement constate qu'il y a de la transformation au Québec. C'est une grande
révélation pour moi aujourd'hui. Merci de le constater, M. le député.
Merci.
Le
Président (M. Lévesque) : Merci. Alors, il reste du temps. Est-ce que
d'autres collègues souhaitent prendre la parole à cette étape-ci? Oui,
Mme la ministre. Allez-y, je vous en prie.
Mme
Ouellet :
En conclusion, je pense qu'avec les dispositions qu'on a mises, justement, de l'entente
pour maximiser les retombées économiques, ça allait justement à la possibilité.
Et il y a un deuxième outil peut-être qui, pour vous, est plus passé sous
silence, qui est le... et là la plupart des intervenants proposent de faire
deux comités, là, mais le comité de suivi environnemental et de maximisation
des retombées économiques. Donc, dans le comité de maximisation des retombées
économiques, très clairement on pensait à l'emploi, particulièrement au niveau
des fournisseurs d'équipement, fournisseurs de services reliés aux projets,
donc c'était très clairement cette vision-là, là, qui était liée. Donc, c'est sûr que, pour les communautés, il y a aussi
une vision locale, donc, dépendant où vous êtes situé, c'est sûr, ça a un impact plus grand, mais une
vision aussi régionale et québécoise, là, de l'ensemble de ces retombées
économiques là. Donc, il y a vraiment ces deux outils-là qu'on a ajoutés à la
Loi sur les mines — qui
est, en tout cas quant à moi, une amélioration — pour améliorer, pour
avoir plus de retombées économiques des activités que nous avons, parce que
nous sommes effectivement très sensibles à la partie contenu local.
Et
vous avez soulevé des grands débats, je ne suis pas certaine qu'on aura des
réponses à tout. Il y a des réflexions qui se font déjà d'un point de
vue mondial sur le volet environnement. Il y a aussi tout le volet santé et
sécurité, effectivement. Mais, comme vous l'avez
mentionné, c'est en train de s'équilibrer tranquillement, peut-être pas assez
vite, mais de s'équilibrer tranquillement en
termes de coût de main-d'oeuvre. Le coût de main-d'oeuvre est déjà un
élément important, là, sur le coût global de
ces projets-là, parce que la valeur ajoutée que vous avez, c'est beaucoup de la
matière grise aussi et de la capacité de fabrication. Donc, je pense qu'on va
continuer à avancer.
Le
Président (M. Lévesque) : Si
vous le désirez, messieurs dames, je vous laisse quelques instants pour
conclure.
• (17 h 30) •
M. Boyte (Alain) : Peut-être un mot. Dans les activités que le Réseau de la
transformation métallique fait — vous
parliez de contenu local — depuis
quelques années, on se penche beaucoup sur l'industrie minière. Auparavant, on
se penchait sur d'autres problématiques, mais celle-là est intéressante. Puis
une des activités qu'on fait, c'est des missions
dans le Nord pour pouvoir faire des maillages avec les entreprises
de l'Abitibi notamment, pour... Eux, dans leur cour, ils ont vraiment
beaucoup de travail qui se donne, puis c'est peut-être plus au Sud que… il y a
une expertise puis il y a
une force de travail qui est plus au Sud, puis on essaie de mailler ces deux entreprises-là.
Puis on pense qu'on s'en va dans la bonne direction quand on s'en va là.
Aussi,
peut-être juste rajouter… On fait souvent une image
négative face aux mines quand on s'imagine que des étrangers grattent
dans notre roche, mettent ça sur un bateau puis s'en vont, puis que tout se
fait à l'extérieur. Mais, si on pense qu'il y a une expertise, qu'il y a une ressource,
qu'il y a des transformateurs qui vont fabriquer des... qui vont construire la
mine, des équipements, là je pense qu'on ne parlera pas d'exploiter une mine,
mais on va parler de mettre en valeur une mine, parce que ça va être nous qui l'aurons
conçue.
Le Président (M.
Lévesque) : Sur ces bons mots, merci beaucoup, M. Boyte,
M. Chevalier, Mme Boulanger et M. Lacroix.
J'ajourne la commission,
et elle reprend ses travaux le 11 septembre, à 9 h 30, à la
salle Papineau. Bonne fin de soirée et bonne journée à tous.
(Fin de la séance à 17 h 32)