(Neuf heures trente-deux minutes)
La
Présidente
(Mme Bouillé) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires, sinon il sera confisqué par la présidente jusqu'à
la fin de la séance de ce matin, qui est à 12 h 45, donc… 12 h 45.
Donc, la
commission est réunie ce matin afin de procéder aux consultations particulières
sur le projet de loi n° 43, la Loi sur les mines.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Billette (Huntingdon) est remplacé par M. Bolduc
(Mégantic) et M. Martel (Nicolet-Bécancour), par M. Bonnardel
(Granby).
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Parfait, merci beaucoup. Ce matin, nous
allons débuter par les remarques préliminaires. Par la suite, nous
entendrons les représentants et représentantes de Mines Agnico-Eagle, la
Fédération québécoise des municipalités et M. Renault-François Lortie, de
KPMG-Secor.
Remarques
préliminaires
Nous débutons
donc sans plus tarder avec les remarques préliminaires. Mme la ministre,
bienvenue. Vous disposez d'un maximum de six minutes pour vos remarques
préliminaires.
Mme
Martine Ouellet
Mme
Ouellet :
Bien, merci, Mme la Présidente. Dans un premier temps, j'aimerais vous saluer,
vous remercier,parce qu'on a déjà eu
l'occasion de travailler ensemble dans d'autres projets de loi la session
passée; saluer également mes collègues du gouvernement, donc le député
de Repentigny et le député de Saint-Maurice, et les remercier de leur présence ici aujourd'hui; saluer les gens du
ministère, Mme Giroux qui est avec nous aujourd'hui ainsi que macollègue, Mme Cliche, et les gens qui nous
accompagnent; saluer les députés de l'opposition, donc le député de
Rivière-du-Loup—Témiscamingue,
le député de...
Une voix : ...
Mme
Ouellet :
…Témiscouata — à
chaque fois c'est la même chose — le député de Mégantic, le député de
Côte-du-Sud et le député de Granby. Bienvenue à la commission parlementaire.
Le Québec
possède une expérience de 125 ans dans le domaine minier, rien de moins.
Avec tant d'années d'expérience, rien
d'étonnant que le Québec soit reconnu internationalement pour son expertise, sa
main-d'oeuvre et poursa connaissance
du territoire. Je suis fière de cette expertise, c'est ce qui fait du secteur
minier et de la transformation desmétaux
un pilier du développement économique du Québec. Le secteur minier représente
3 %, près de 3 % du PIB du Québec, et environ 25 % des
exportations, et près de 45 000 emplois directs et indirects.
Les marchés
mondiaux des métaux sont en mouvement constant. Après avoir connu des sommets
au cours desdernières années, les
prix des métaux demeurent beaucoup plus élevés que ce qu'ils étaient au début
des années 2000.
Même si le marché se transforme, les projets
miniers au Québec avancent bien. Le Québec compte actuellement23 mines actives dont
huit exploitent le minerai d'or, trois, le fer, et une, le nickel. Parmi les
exploitations au Québec,pensons
seulement à la mine de fer du Mont-Wright proche de Fermont, à la mine de
nickel de Raglan à la pointe de la baie d'Ungava, aux mines d'or de
LaRonde et d'Osisko en Abitibi.
Plusieurs projets miniers sont aussi
actuellement en développement, à différents stades de développement au Québec, et particulièrement dans les territoires
nordiques. Ceux-ci visent plus principalement le minerai de fer, de nickelet d'or. Avec les différents projets en
développement, on pourrait tripler la production de fer et de nickel au Québec
et prèsde doubler la production d'or
au Québec. Il y a également des projets de nouveaux minerais comme les terres
rares qui sont en développement actuellement au Québec.
Pour
maintenir le secteur minier en bonne santé, il est important d'identifier
les conditions qui permettront un développement économique harmonieux.
Avec le nouveau projet de loi sur les mines, nous y parviendrons. Je suis fière de ce projet de loi qui propose une loi
moderne, digne du développement économique d'aujourd'hui et qui
permet d'assurer une stabilité économique, environnementale et sociale,
et ce, tant pour les citoyens que pour les entreprises.
Le projet de
loi, les différentes mesures du projet de loi s'inscrivent dans le même sens
que celles en vigueur aux États-Unis, en Europe et de même que ce qui est
en discussion au plan international. Le projet de loi est basé sur des consensus établis déjà
depuis quelques années au Québec. Nous en sommes à la troisième mouture du
projet de loi surles mines, au
Québec, et il y a une volonté d'avoir plus de transparence, une meilleure
protection de l'environnement et un développement économique harmonieux.
Plus particulièrement, dans le projet de loi,
nous avons des articles pour assurer plus de transparence, donc, concernant le tonnage extrait et les redevances payées
mine par mine, qui seront rendus publics; les plans de réaménagementet de restauration également. Finalement, les
titulaires de claims devront informer les municipalités des travaux qui seront
en cours, qu'ils veulent réaliser.
Nous
souhaitons aussi avoir plus de transformation et de retombées économiques pour
le Québec. Nous savonsque la
transformation crée de trois à quatre fois plus d'emplois que la simple
extraction et que c'est une activité économique qui est structurante
pour le Québec.
Donc, comment
nous voulons atteindre d'avoir plus de transformation? Nous demandons une étude
de faisabilitéde la transformation.
Et là, ici, j'aimerais préciser, parce que je crois qu'il y a eu de la
confusion dans le milieu : L'étudede faisabilité, c'est une étude de faisabilité économique et de marché.
Je crois que certaines personnes dans le milieu ontinterprété que c'était une étude de faisabilité d'ingénierie
détaillée. Ce n'est pas le cas, on n'est pas à ce stade-là. C'estvraiment seulement une étude de faisabilité
économique et de marché que nous demandons. Et, à partir de ces résultats,
il sera possible d'exiger de la transformation au Québec.
Aussi, des
mesures pour stimuler les travaux sur les claims et finalement la possibilité
de mettre aux enchères des claims, seulement les claims… de mettre aux enchères
certains claims qui sont travaillés, les territoires qui sont travaillés
par le ministère des Ressources naturelles, pour ainsi donner une valeur
ajoutée aux activités du ministère.
On veut aussi
avoir plus d'implication des communautés locales dans le processus du
développement minier enidentifiant
des zones incompatibles et des zones compatibles sous conditions avec les
municipalités. On veut s'assurerd'une
consultation des communautés autochtones qui sera faite de façon distincte. Et
finalement on veut s'assurer que les sociétés minières fourniront un
support financier lors de l'acquisition d'une maison, une meilleure protection
de l'environnement avec une garantie
financière à 100 % pour la restauration, des BAPE pour chacun des projets
miniers.
Finalement, nous souhaitons une adoption cet
automne de la nouvelle Loi sur les mines. Pour ce faire, une collaboration est nécessaire entre les différents
partis du gouvernement. Nous sommes un gouvernement minoritaire et,pour réussir à adopter la loi, nous avons
absolument besoin de la collaboration à l'amélioration de cette loi-là de l'oppositionofficielle, de la deuxième opposition. Et je
suis certaine qu'ensemble nous pouvons travailler à améliorer la loi et à avoirune nouvelle Loi sur les mines digne du
développement économique de 2013‑2014 et des années qui vont venir et quenous puissions être un modèle de
développement minier responsable pour l'ensemble de la planète. Et j'espère que
nous allons atteindre cet objectif.
• (9 h 40) •
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci beaucoup, Mme la ministre, pour vos
remarques préliminaires. J'invitemaintenant
le porte-parole de l'opposition officielle en matière de mines et député de
Rivière-du-Loup—Témiscouata
à faire ses remarques préliminaires, pour une période de six minutes.
M. Jean D'Amour
M.
D'Amour :
Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. À mon tour de saluer les collègues
présents ce matin,tout d'abord Mme
la ministre, M. le député de Repentigny, de Saint-Maurice, de Côte-du-Sud, de Granby.
Et vous nem'en voudrez certainement pas, Mme la Présidente, de saluer de façon toute particulière le député de Mégantic,
qui a connuun été pour le moins
mouvementé, qui n'a pas vraiment pris de vacances. Et je tiens à le saluer dans la
mesure où le députéde Mégantic a été à tous les jours très près de ses citoyens
pour les soutenir et pour permettre aussi une relance de Mégantic.Alors, nos félicitations. Vous pouvez être
assuré de notre admiration, M. le
député. Également, des salutations au
personnel de la commission.
Effectivement, nous abordons une séance de
travail qui sera lourde, qui sera riche en échanges au cours des prochaines semaines et des prochains mois, j'en
suis convaincu. Cependant, il aura fallu tout près d'un an pour qu'on enarrive à se retrouver en commission parlementaire pour étudier ce projet de loi, projet de loi n° 43. Il y a eu effectivement
79, il y a eu le projet de
loi n° 14. J'étais moins présent à l'époque de 79, mais j'ai vécu 14
pratiquement du début à la fin,plus
de 200 heures de commission. Ça n'a pas toujours été facile, ça n'a pas
toujours été agréable, mais tout de même.Il y a eu le projet de loi n° 197 que j'ai eu, au nom de l'opposition
officielle, en novembre dernier, le plaisir de déposer à l'Assemblée
nationale, malheureusement sans qu'il soit appelé par le gouvernement.
Au cours de
la dernière année, si on se rappelle certains faits, il y a eu quelques reculs,
je dois le souligner, de lapart du
gouvernement. D'abord, sur la question des redevances, les engagements
électoraux et les redevances, le nouveaurégime… enfin, le futur nouveau régime annoncé, il y a toute une
différence, 400 millions d'engagements qui se traduisent,sur un horizon 2015, à plus de 50 millions de
plus. Encore faudra-t-il que l'activité minière soit au rendez-vous. Ça, c'esttrès clair, on doit faire ce constat-là. Mme
la ministre nous disait, lors de l'étude détaillée du projet de
loi n° 14, que lesredevances
devaient obligatoirement être comprises à l'intérieur du projet de
loi n° 14. On constate aujourd'hui que, dansle projet de loi n° 43, on ne parle pas
nécessairement de redevances, ça relève du ministre des Finances. C'est comme
ça que ça a été vécu, alors c'est important de remettre ça en perspective.
Il y a
un climat d'incertitude, qu'on le veuille ou non, qui a été créé au cours des
derniers mois — en
fait depuisl'élection du gouvernement — qui
a eu des conséquences, et, les conséquences, je vais les traduire par des
chiffres quej'ai puisés au cours des
dernières heures à l'intérieur des données de l'Institut de la statistique du Québec. Ce que je vais vous dire est tout à fait vérifiable. Ce n'est pas l'opposition
officielle, ce n'est pas le Parti libéral qui le souligne, c'est l'Institut
de la statistique du Québec. En Abitibi, région minière par excellence, entre
janvier 2012 et aujourd'hui,le taux
de chômage est passé de 5,7 % à 7,9 %, une augmentation de plus de
2 %. Côte-Nord et Nord-du-Québec : de 7,6 %, en janvier
2012, à 10,1 % au cours du deuxième trimestre de 2013. C'est tout de même
une augmentation de 2,5 %. Saguenay—Lac-Saint-Jean : de 7,1 % à
9,6 % — vous
voyez, c'est constant, là — 2,5 % d'augmentation du taux de chômage.
Une
parenthèse. On ne parle pas nécessairement de mines, mais juste la Gaspésie,
là, c'est assez révélateur d'une tendance économique qui va vers la
perte d'emploi, on est passé de 11 % à 16,4 %.
Ça,
c'est le portrait économique. Et, sur le plan des indicateurs, Mme la
Présidente, l'indice TSX, strictement sur le volet exploration minière — si on explore et on trouve, on exploite
éventuellement — les
investissements, selon le TSX,en
2012 se sont situés à peu près au même niveau qu'en 2008, l'année de la crise
financière où ça a débuté, tout ça. Ce sont des faits qui parlent. Et on
nous indique à ce moment-ci… 2013, là, c'est une année qui va être en deçà de
2012. Alors, les choses, en matière d'exploration,
ne s'améliorent pas beaucoup. Et, à travers des notes personnelles que… enfin,
que j'ai notées au cours des mois, les
projets qui étaient annulés, menacés, suspendus, j'en ai une bonne liste, et on
aura l'occasion d'en parler à l'occasion de cette commission
parlementaire au cours des prochaines semaines.
Ça, c'est le constat.
C'est un portrait un peu sombre, puis je m'excuse, parce que j'ai bien l'intention
de travailler à visière levée, de façon
positive et constructive avec l'équipe de l'opposition officielle au
cours des prochainessemaines. Cependant,
on part d'où? On part de là, on part d'une autre mouture. La ministre
parlait tantôt d'une troisièmemouture; moi, j'oserais dire une quatrième, dans la mesure où il y a quand
même eu, de notre côté,
des efforts importants, en novembre dernier, pour déposer le projet
de loi n° 197.
Je
veux ouvrir une parenthèse, à ce
moment-ci, pour remercier l'ensemble des groupes qui, au cours de l'été, hein,
parce que ça s'est passé pas mal entre le
29 mai et aujourd'hui, ont préparé des mémoires. Et, pour les avoir
parcourus,pour les avoir étudiés, je
vais vous dire, il y a beaucoup de travail. Même si dans certains cas il y a
quelques copier-coller,parce que,
pour la majorité d'entre eux, c'est une troisième fois, là, il y a quand même
des attentes qui sont importantes. Parmi
les préoccupations, on parle du pouvoir de la ministre qui est très grand sur
bien des volets, on va en discuter. Laquestion autochtone, il y a des craintes de la part des groupes autochtones
dont nous devons aujourd'hui tenir compte etsur lesquelles nous devons, bien
sûr, échanger. La protection des territoires
sur le plan municipal, ça aussi, préoccupation de la FQM qu'on va entendre ce matin. J'ai eu l'occasion
d'échanger avec des gens de l'Union des municipalités.
Nous
espérons aussi, Mme la Présidente, une loi cet automne. Cependant, on ne
contrôle pas tout, là. Il pourraity
avoir des élections, en situation de gouvernement minoritaire, Mme Marois
pourrait décider qu'il y a des élections… enfin, Mme la première ministre, pardon. Plein de choses peuvent
survenir, c'est évident. Il y a plus de 300 articles, onn'a pas l'intention non plus de faire ça à la
hâte. Nous souhaitons un équilibre. Nous souhaitons une activité économique
accrue, importante, dans un cadre d'exploitation mais de transformation, nous
aussi, tel que le stipulait le projet de loi n° 197.
Alors, place au travail maintenant, parce que le travail est colossal, il nous
attend, et les Québécois attendent de nous une loi qui va nous projeter
par en avant. Merci beaucoup.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci, M. le député. Je vous remercie aussi
d'avoir souligné la tragédie de Lac-Mégantic.
Et permettez-moi, à ce moment-ci… Et je suis certaine que tous les membres de
la commission vont se joindre à moi pour souligner le courage des gens
qui ont été impliqués dans cette tragédie.
Donc,
ceci étant dit, j'invite maintenant le porte-parole du deuxième groupe de l'opposition
en matière de ressources naturelles et député de Granby à faire ses
remarques préliminaires, pour une période maximale de trois minutes.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : Merci, Mme la Présidente. À mon tour de saluer
la présidence, Mme la ministre, ses collègues ministériels, les
collègues de l'opposition officielle. Messieurs dames d'Agnico-Eagle,
bienvenue.
On
débute certainement aujourd'hui un des projets de loi les plus importants du
gouvernement du Parti québécois,un
projet de loi important en ce qui concerne le développement économique du
Québec, parce que, dans les derniers mois,mon collègue l'a bien mentionnée, du côté du Parti libéral, oui, cette
incertitude qui a été créée depuis le 4 septembre,et on la voit, on la sent. J'ai fait une tournée
en Abitibi, je suis allé au Saguenay deux, trois fois dans les derniers mois,sur la Côte-Nord on l'a sentie aussi, puis
malheureusement cette incertitude se répercute, oui, par des pertes d'emploi,
un taux de chômage à la hausse, des redevances à la baisse du côté du
gouvernement, des capitaux qui s'éloignent du Québec
parce que nos minières, nos compagnies d'exploration ont énormément de
difficultés à aller chercher des capitauxà l'extérieur du pays, que ce soit Chicago, Hong Kong, Dubai, parce
que la question se pose : Qu'est-ce qui se passe auQuébec depuis le 4 septembre dernier? Alors,
aujourd'hui, d'entreprendre ces consultations pour être capables de trouverun équilibre dans ce projet de loi… Parce que,
on le sait, on est en concurrence, le Québec, face aux autres provinces, faceau monde, parce que ces compagnies peuvent
décider d'aller n'importe où pour s'installer, donc, que ce soit en Afrique,que ce soit en Australie, que ce soit dans d'autres
provinces canadiennes. Et, dans ce cas-ci, on avait un avantage concurrentiel dans les dernières années, le
Québec, face aux autres pays du monde, et on l'a certainement perdu. Pourquoi?Je vais me garder d'être trop partisan
pendant ce trois minutes, mais je pense que tout le monde le sait, que la
situationn'est pas rose
présentement. J'ose espérer qu'avec ce projet de loi on va être capables, oui,
de trouver… Je parle souventd'équilibre
parce que je pense que c'est important de trouver cet équilibre, dans un projet
de loi comme celui-là, pour quenos
entreprises aient le goût d'investir au Québec, qu'elles puissent sentir que le
gouvernement accompagne ces entreprises, qu'on protège l'environnement. Qu'on le fasse dans un contexte d'acceptabilité
sociale aussi, ça, c'est archi-important pour toutes les formations
politiques qui sont à l'Assemblée nationale, j'en suis persuadé.
Donc,
débutons ce travail, essayons… J'ose croire et j'ose espérer qu'on sera
capables de l'adopter, ce projet de loi, d'ici Noël, parce que, oui, on
a des redevances aussi, hein, à adopter, un nouveau projet de loi qui doit être
mis en application le
1er janvier 2014. Donc, c'est très important qu'on soit capables de donner
tous les outils à ces entreprisesau
Québec, d'être capables donc d'avancer, de créer de la richesse, de créer de l'emploi
et de faire travailler nos Québécois. Merci, Mme la Présidente.
Auditions
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci, M. le député. Alors, j'invite
maintenant les représentants de Mines Agnico-Eagle à se présenter et à
faire leur exposé. Vous disposez, madame messieurs, de 10 minutes.
Mines Agnico-Eagle ltée
Mme
Grondin (Louise) : Merci, Mme la Présidente. Bonjour à tous et merci
de nous donner cette opportunité de présenter un peu un résumé en
10 minutes de ce qu'on a présenté dans le mémoire. Mon nom est Louise
Grondin, vice-présidente principale,
Environnement et développement durable chez Agnico-Eagle. Mon collègue
ici : Guy Gosselin, vice-président, Exploration. Et Jean-François
Doyon, spécialiste en développement durable.
• (9 h 50) •
J'aimerais d'abord
parler de développement minier. La vision qui a été avancée dans la stratégie
minérale adoptée en 2009 puis reproduite dans l'article 16 du
projet de loi est une vision de développement, mais la pierre angulaire du
développement, c'est l'investissement.
Donc, l'article 16
dit vouloir favoriser l'investissement minier tout en l'encadrant, en encadrant
ce développement-làde façon à
respecter l'environnement et les communautés. Bien, nous, on partage cet
objectif-là, donc dès le départ on est pour. Mais, si on ouvre le projet
de loi et on commence par regarder les notes explicatives, si on regarde les
premiers 11 paragraphes, c'est des
contraintes et des exigences supplémentaires. On y lit «le projet de loi
impose», «il ajoute auxconditions»,
«il instaure l'exigence», et ainsi de suite. C'est juste au paragraphe 12
qu'on trouve le mot «stimuler». Ça, c'estrévélateur. Force nous est de constater que le projet de loi qui suit
ces notes explicatives est une suite de changements un peu à la pièce
qui n'articule pas la vision de l'article 16.
Puis on croit
que personne ne s'est penché sérieusement sur les conséquences de l'ensemble de
l'œuvre à long terme sur la vitalité de l'industrie minière et des
régions minières. On trouve entre autres, dans ce projet de loi, un fardeau
administratif et financier supplémentaire — puis ça, ça ne favorise pas
le développement — une
complexité et même j'irais jusqu'à dire un
chevauchement entre les juridictions du MRN, du MDDEP, des municipalités et
sans intégration, ce qui fait que ça ajoute de l'incertitude aux
échéanciers.
Le projet de
loi vient aussi… Dans la même foulée que certaines mesures du MDDEP qui
imposent des tarificationsaux
résidus miniers, aux stériles, aux gaz à effet de serre, des redevances
supplémentaires en 2010, d'autres redevancessupplémentaires en 2013, on impose en plus que tous les projets miniers,
quelle que soit leur envergure, passent par leBAPE. Donc, ces mesures nous arrivent à la pièce, et on ne voit pas de
concertation entre les ministères ni d'évaluation de l'effet cumulatif
de toutes ces mesures sur le domaine minier.
Donc, le regard que l'investisseur va poser sur
ce projet de loi, à notre avis, n'est pas favorable. Puis, en tant qu'industrie, comme le témoigne l'Institut Fraser,
le Québec en a perdu un peu, a perdu de son attrait dans les cinq dernièresannées. Il est utopique de penser, comme ça
a été mentionné, qu'on peut opérer, qu'on peut gérer l'industrie minière en
vase clos au Québec. On compétitionne avec le financement de façon mondiale.
Donc, en tant que Québécois, nous sommes…
Nous faisons partie des cadres supérieurs d'Agnico-Eagle, puis nous, on a à
cœur le développement minier duQuébec
parce que c'est là qu'on est nés, c'est là qu'on a développé notre compagnie,
au Québec, mais on a de la difficultéprésentement
à vendre nos projets à notre conseil d'administration au Québec, et, on
regarde, il n'y a rien qui nous aide, dans le projet n° 43, à
vendre ces projets-là. Donc, ce n'est pas un projet qui favorise le
développement.
Malgré tout,
on continue de croire que la Loi des mines est vraiment un instrument de
développement, ça pourraitêtre un
instrument de développement. Donc, dans notre mémoire, vous allez trouver des
pistes de solution pour vraiment faire ce que l'article 16 dit.
Quand on
parle de développement minier responsable, on y croit, le développement minier
responsable, puis oncroit à la
conciliation des usages. C'est un beau défi, la conciliation des usages. On y
est arrivé, nous. Goldex, notre mine en banlieue de Val-d'Or, acceptabilité
sociale, c'est là.
Le projet de loi favorise l'exclusion, pas la
concertation, puis ça, c'est au détriment des régions minières matures où les gens se sont installés près de…
dans les mines de proximité. Donc, il y a des gens qui vivent proche desmines. Donc, on craint que, si on ne peut
plus opérer ces mines-là et si on ne peut plus rechercher des mines dans ce
coin-là, ça va être des «fly-in/fly-out», et nos régions minières vont
se vider.
On est pour la transparence et la consultation.
Et nous, comme on disait, on doit être compétitifs au niveau mondial dans nos structures de coûts et tout, donc
on doit être efficaces, et on s'attend
de la même chose des juridictionsdans
lesquelles on s'installe. Il faut que vous soyez efficaces dans vos processus,
et présentement ce qu'on voit, c'est qu'il n'y a pas d'intégration de tous les morceaux qui sont mis sur notre
assiette de règlements. Puis il ne s'agit pas de couper lescoins ronds puis d'être moins rigoureux. Il s'agit
juste d'enlever certaines interdépendances qui ne sont pas une valeur ajoutée.
Le projet de
loi nous demande aussi de déposer 50 % de la garantie financière lors de l'approbation
du plan, et, avec les autres mesures, on s'aperçoit que l'approbation du
plan de restauration arrive deux ans avant qu'on ait la permission d'opérer. Donc, le calendrier n'est pas adapté à la réalité d'un
démarrage de mine. Si on regarde le calendrierqui est offert dans le projet de loi, on aura déposé 100 % de la
garantie financière avant d'avoir produit une seule tonne. Donc, il faut
vraiment regarder ce calendrier-là de façon à l'adapter à la réalité du
démarrage d'une mine.
Une autre chose sur laquelle on s'interroge,
c'est l'obligation inscrite dans la loi d'avoir des retombées économiqueslocales. Présentement, les régions minières
sont vitales. Elles ont passé à travers la crise économique, heureusement, avecdes mines en santé, et on a vraiment une
activité économique importante qui a été générée par les mines. Seuls nous, nosmines en Abitibi, en 2012, on a généré
341 millions de biens et services au Québec, et notre mine au Nunavut,
165 millions d'achats de biens et services au Québec. 400 personnes
de notre mine au Nunavut vivent au Québec.
Donc,
est-ce qu'on essaie de résoudre un problème? Nous, on ne croit pas qu'il y a un
problème dans les retombéeslocales,
elles sont là. Et ce qu'on craint, c'est que… Nous, on est en compétition avec
tout le monde, on est en compétition avec toutes les mines sur la
planète, et, si on dit qu'on favorise… si on crée un monopole ou on dit que ça
prend des entrepreneurs locaux, on n'aide pas l'industrie, parce qu'on aura…
nos fournisseurs n'auront pas l'obligation d'être concurrentiels.
Donc,
il y a un vrai danger là-dedans de nuire à l'entrepreneuriat québécois, qui est
déjà extrêmement dynamiqueet qui s'exporte
partout, puis c'est étant les meilleurs qu'on va favoriser le développement et
qu'on va avoir une prospéritéresponsable
et durable. On croit que le projet de loi pourrait faire ça, il pourrait être
un réel instrument, mais, pour l'instant, on ne voit pas comment ce projet de loi pourrait arriver à ça. Puis,
comme je le disais plus tôt, tout passe par l'investissement.
Je
vais maintenant donner la parole à mon collègue, Guy Gosselin, qui va
apporter une perspective plus exploration.
M.
Gosselin (Guy) : Merci, Louise. Donc, au tout départ, si on revient à
la base de l'industrie minière, l'industrieminière et nos mines, nos exploitations, ça commence au tout départ par
une activité d'exploration qui va être solide, qui va être structurée
puis qui va pouvoir être efficace.
Un
des problèmes qu'on voit au niveau du projet de loi, c'est les contraintes
supplémentaires qui vont s'additionneret
qui vont impacter beaucoup au niveau de l'accessibilité au territoire. Force
est de constater que, bon, il y a eu beaucoup de communautés qui se sont
établies à proximité des vieux camps miniers, et on croit que plusieurs des
dispositions, plusieurs des modifications au
projet de loi vont faire en sorte qu'il va être de plus en plus difficile de
pouvoir effectuer des travaux d'exploration dans nos camps miniers, dans
nos vieux camps miniers, si on parle… Donc, nos efforts d'exploration
deviennent de plus en plus difficiles, et c'est définitivement vital pour la
pérennité de nos régions, pour assurer… On a
mis en place plusieurs infrastructures dans nos régions minières, des usines de
transformation, de concentration, et,
s'il devient de plus en plus difficile de pouvoir explorer et découvrir des gisements
à proximité, dans noscamps miniers,
on va également mettre en péril ces infrastructures-là qui ont été bâties au
courant du dernier siècle en Abitibi.
L'établissement
des zones d'exclusion, dans le projet de loi, ça va complexifier énormément
notre vie au niveaude l'exploration,
et toute cette incertitude-là, tel qu'il a été mentionné par plusieurs membres
de la commission, va faireen sorte
qu'il va être de plus en plus difficile d'attirer des investisseurs. Puis,
entre autres, certaines des dispositions, dans le passé, il faut toujours voir qu'on a travaillé… Une exploration, c'est
une accumulation de compréhension qui se faitgrâce à des investissements qui ont été faits dans le passé. Donc, les
modifications qui sont proposées quant au rayon pourtirer des excédents, dans le projet de loi, la
durée de vie, qu'on va perdre des crédits après six périodes de renouvellement,ça va fragiliser de beaucoup nos petites
sociétés juniors. Et, bon, nous, on est des exploitants qui explorent en même
temps, mais la vitalité des sociétés juniors, qui sont aux premières
lignes de la stratégie d'exploration, c'est vital pour nous. Plus les petites sociétés juniors vont être
efficaces, vont pouvoir avoir accès à des capitaux, lever du financement, avoiraccès au territoire, plus nos chances vont
être bonnes, comme exploitants, de pouvoir développer la prochaine générationde mines pour pouvoir assurer la pérennité
de notre industrie, de nos mines, de nos infrastructures de transformation, de
nos emplois et de nos régions minières.
• (10 heures) •
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci beaucoup. Je suis
désolée, à cette étape-ci, de devoir vous interrompre,M. Gosselin, mais vous allez pouvoir… On va procéder à la période d'échange, et je vous
invite donc tous les trois à inclure peut-être vos messages qui
restaient lors de l'échange avec les membres de la commission et la ministre.
Donc,
nous allons procéder maintenant à la période d'échange avec les membres de la commission et nos invitéset en débutant par le groupe parlementaire formant le gouvernement, puis par les
députés d'opposition. Je vous rappelle que la motion que nous avons
reçue de l'Assemblée nationale est à l'effet d'avoir un échange, donc, de
50 minutes : 24 minutes pour
le groupe formant le gouvernement, 26 minutes pour les députés d'opposition.
Pour les députés d'opposition, le
temps est réparti 4/5 du temps de l'opposition
officielle, donc
20 min 48 s, et le deuxième groupe d'opposition, 1/5 du temps,
5 min 12 s. Je vous propose d'ailleurs… Est-ce que vous
souhaitez qu'on procède à des blocs d'échange?
Mme
Ouellet : Bien,
moi, je souhaite qu'on puisse faire quelques échanges puis faire un peu des allers-retours
avec les oppositions, là…
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Ça me prend…
Mme
Ouellet :
…en fonction du temps qui sera disponible.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Parfait, Mme la ministre.
Mme
Ouellet : Des
fois, on prendra l'ensemble du temps. D'autres fois, peut-être
pas l'ensemble du temps, là, dépendant des précisions qu'on
aura besoin, là, des différents groupes.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Très bien, Mme la ministre.
Donc, il y a consentement? Merci beaucoup. J'invite
donc maintenant le groupe parlementaire formant le gouvernement à débuter la période d'échange avec nos invités.
Mme
Ouellet : Merci, Mme la Présidente. Dans
un premier temps, j'aimerais saluer,
là, les différents représentantsd'Agnico-Eagle
d'être venus nous rencontrer pour nous présenter leur mémoire sur le nouveau projet de loi sur les mines, M. Gosselin, Mme Grondin et M. Doyon.
Je
voudrais, dans un premier temps, vous rassurer qu'on a tout à fait prévu une concertation, là, avec le ministèrede l'Environnement. D'ailleurs, on le voit à différents endroits dans la loi. C'est
déjà prévu, les moments où le ministèrede l'Environnement sera consulté, où on lui demandera son avis. Donc,
il est clair que nous voulons travailler en concertation, parce qu'effectivement
il y a des activités, et je pense particulièrement à la restauration des sites,
où le ministère de l'Environnement a aussi
une implication du côté, là, des mines. Je pense aussi en particulier aux
consultationspubliques ou lorsqu'on
parle qu'il y aura des consultations publiques pour chacun des projets miniers
via le BAPE, lesmandats qui sont
donnés par le ministre de l'Environnement. Donc, je veux vous rassurer. Il y a
une concertation qui est faite, là, et qui est prévue dans la loi avec
le ministère de l'Environnement.
Sur
vos questions de calendrier, je suis sensible, et nous allons le regarder. Vous
nous apportez là un éclairagede gens
qui à tous les jours travaillent, là, et connaissez, là, l'application précise,
donc nous allons le regarder pour s'assurerque le calendrier… Je comprends, là, ce que vous nous apportez comme
information, là, qu'il y aurait des garanties quidevraient être versées avant même que l'exploitation
commence, et là tant que l'exploitation n'est pas commencée il n'y apas d'entrée d'argent, donc je comprends que ça
fait un montant supplémentaire à supporter pour la mine. Donc, je pense qu'il
est possible de regarder, là, ce qui est… L'objectif, c'était qu'au début de l'exploitation
de la mine, la garantie financière, là, on
puisse commencer à la verser et ne pas attendre 15 ans comme c'était le
cas dans le passé. Donc, nousallons
regarder les modalités, là, pour s'assurer que ça ne vous cause pas d'obligation
supplémentaire sur ce qu'on appelle le cash-flow, là. Donc, nous allons
regarder ça.
Sur
la question du développement minier, je vous entends. Vous me parlez d'incertitude.
Moi, je vous dirais, de ce que j'ai vu dans l'ensemble des rapports
internationaux, il a été identifié qu'une des plus grandes incertitudes pour le
développement minier à travers le monde, et ce n'est pas spécifique au Québec,
c'est l'acceptabilité et l'acceptation parles différentes communautés. Qu'on parle du Chili, qu'on parle de l'Inde,
qu'on parle de la Nouvelle-Calédonie, qu'on parle du Québec, c'est un
élément essentiel maintenant pour le développement minier.
Donc,
moi, je pense que le développement minier, comme le développement économique, on
ne peut plus le faireaujourd'hui, en 2013, comme on le faisait dans les
années 80 ou 90. La population maintenant est informée via Internet, aaccès à de l'expertise au niveau international via Internet, est capable de se mobiliser rapidement,
on l'a vu dans les différentsdossiers
dans un passé récent. Et on peut très
bien laisser les choses sans les
structurer, mais moi, je pense que, tant pourles entreprises que pour les citoyens, on a tout avantage à
mettre en place un cadre prévisible comment les projets vont seréaliser, que les citoyens
sachent quelle sera la démarche, pouvoir rassurer, pouvoir avoir une transparence, parce que, pourétablir
une confiance avec la population, le premier élément, c'est la transparence. Donc,
c'est pour ça que nous avonsdifférents
éléments de transparence. Et, la confiance avec la population,
moi, je suis certaine que c'est un élément clé desuccès pour le développement des futurs
projets miniers au Québec. Donc, c'est dans cette perspective-là que nous
avons établi différents éléments d'implication des citoyens. Je crois
que c'est incontournable, aujourd'hui, que les citoyens puissent être
impliqués. Donc, au lieu que ce soit laissé un peu à différents mécanismes,
variable, à structure variable dépendant des entreprises, dépendant des communautés,
nous avons établi un cadre pour de la prévisibilité. Je pense que la prévisibilité, pour les minières, c'est un
élément essentiel. Et moi, je crois que ça va aider le développement minier de pouvoir mettre en place les différents éléments qui
vont permettre une meilleure confiance.
Et, lorsqu'on parle
de maximiser les retombées économiques locales, bien vous en avez déjà, dans
votre cas, vous en avez déjà beaucoup,
puis tous les projets ne sont pas des projets comme ce que vous vivez. Donc, on
veut s'assurerque l'ensemble
des projets miniers pourront avoir des retombées économiques, un comité de
suivi environnemental et unemaximisation des retombées économiques. Les
communautés ne sont pas toutes au même niveau en termes de servicesà offrir aux minières, et, dans certains cas, des
fois, pour des communautés qui sont plus éloignées, qui ont développé
moins d'expertise, même des petits services, ça fait toute une différence. Et
moi, je l'entends. Quand je suis allée en particulier sur la Basse-Côte-Nord…
et ce n'était pas dans le cas d'un projet minier, c'est le développement d'autres
projets de ressources naturelles, mais ça se
ressemble, où la communauté souhaite avoir des contrats pas nécessairementtrès, très spécialisés, parce qu'ils n'ont
pas cette expertise-là, mais des contrats des fois beaucoup moins spécialisés,
et que ça fait une différence en termes d'emploi local. Donc, c'est dans
cette perspective-là que nous avons mis en place le comité de suivi, d'ailleurs,
qui avait été adopté, là, lors de l'étude du projet de loi n° 14.
Moi,
j'aimerais savoir… Et, la question des zones d'exclusion, je comprends que c'est
une contrainte supplémentaire, mais,
vous savez, les citoyens et les municipalités veulent aussi avoir leur mot à
dire dans le développementdes
ressources naturelles. Et moi, je me demandais : Est-ce que vous êtes d'accord
avec l'idée de la garantie financière à100 %? Êtes-vous d'accord à ce que les municipalités puissent avoir
leur mot à dire? Nous avons déposé… Et c'est un travail qui a été fait en partenariat avec l'Association minière du
Québec, avec l'Association de l'exploration minière duQuébec, avec la Fédération québécoise des
municipalités et l'Union des municipalités du Québec pour pouvoir déterminerdes zones incompatibles, des zones
compatibles sous conditions. Moi, j'aimerais vous entendre un petit peu plus
sur ceséléments-là parce que, ce qu'on
entend dans l'ensemble du développement des mines au Québec depuis quelques
années,moi, je crois qu'il est
incontournable que les citoyens et les municipalités puissent avoir leur mot à
dire. Il faut trouver une façon d'encadrer, et j'aimerais entendre vos
suggestions à ce niveau-là.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci, Mme la ministre. Madame messieurs, la parole est à vous.
M. Gosselin (Guy) : Bon,
pour répondre peut-être en partie à votre question, malheureusement les
gisements sont où mère nature les a
mis, et ça, c'est un fait indéniable, qu'on ne peut pas contourner. On comprend
qu'il y a des usages qui sont peut-être plus difficiles à concilier,
sauf que, comme industrie, on a à faire face au fait qu'il y a une partie relativement restreinte du territoire qui a un
potentiel minéral, et c'est difficile de l'identifier au départ pour empêcher,au moins pour le futur, d'établir des
infrastructures ou de dire : Bon, bien on va faire un zonage au niveau du
potentielminier, et, bon, voir, pour
ces secteurs-là, à ne pas… Mais, dans les secteurs miniers existants — et on a une histoire minièrequi est longue, comme vous l'avez cité, hein, dans
votre préambule — on a à
faire face au fait que nos meilleurs campsminiers, les endroits où on a le plus de chances d'être chanceux dans
nos démarches d'explorateur, c'est à proximité descommunautés. Donc, tout ce qui rend difficile ou
tout ce qui va mettre… qui va rendre difficile l'exploration à proximité
des communautés, ça nous enlève a priori beaucoup de potentiel.
Et,
si on regarde… Encore là, moi aussi, j'ai l'opportunité, dans ma position, de
superviser également ce que notrecompagnie
fait en Europe, au Mexique ou dans d'autres juridictions. Si on doit soustraire
les parties du Québec ou d'unerégion
comme l'Abitibi où il y a un potentiel défini parce qu'il va y avoir trop de
contraintes… Notre métier nous demanded'essayer
d'augmenter nos chances de succès et à se concentrer. Donc, indéniablement, si on soustrait ou on exclut
desusages possibles sur certaines
parties du territoire à fort potentiel, ça va avoir un impact sur nos stratégies
d'investissement, c'est
indéniable.
• (10 h 10) •
Mme Grondin (Louise) : C'est ça. Moi, je peux vous répondre pour la
garantie financière. Je pense que ça faitcinq ans, à l'AMQ, qu'on a dit qu'on est d'accord pour 100 % de la garantie. Donc, cette question-là
revient tout le temps,mais je ne
comprends pas parce que ça fait longtemps qu'on s'est dit qu'on est pour, parce
que c'est normal de restaurer ce qu'on a… à la suite de la fermeture.
Donc, ça, c'est correct.
Ce que vous parliez,
là, le BAPE et tout ça, la consultation, je pense que c'est une question de
modulation. Là, il y a zéro… Si on a, par
exemple — ça n'existera
pas, là — une mine
de 500 tonnes par jour — il y en a, des minesde 500 tonnes par jour — il va falloir qu'elle passe au BAPE. Dans la
stratégie minérale, on avait mis 3 000 tonnes parjour, ce qui nous semblait logique. Pourquoi?
Parce que le mécanisme est adapté à l'ampleur des impacts. Et ça ne veutpas dire qu'en bas de 3 000 tonnes
il n'y a rien, et ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas que ce soit encadré,
mais est-cequ'on doit sortir le BAPE
pour… et mettre toutes ces énergies, le même niveau d'énergie à une petite mine
qu'à une mineà 7 000 tonnes
par jour? Personnellement, je ne crois pas que ce soit efficace ni pour le
gouvernement ni pour les compagnies
minières. Donc, il y a quelque chose à faire là. En bas de 3 000 tonnes,
on peut moduler, on peut faire autre chose. Ça ne veut pas dire ne rien
faire, ça ne veut pas dire ne pas encadrer.
Puis,
pour répondre à votre comité de suivi, on était d'accord pour le comité de
suivi des citoyens. Là, on se retrouveavec
un comité de suivi des retombées économiques. Qui va être assis sur ce
comité-là? On ne le sait pas. Est-ce que ce comité-là va être, pour utiliser
un terme anglais, «hijacké» par quelques intérêts particuliers? C'est une
chose.
On
parle de la même chose des municipalités. On remet dans les mains des
municipalités le potentiel minéral de lafaille de Cadillac, par exemple, qui est de classe mondiale. Donc, on
remet dans les mains… Est-ce qu'on est certain qu'iln'y aura pas justement des intérêts particuliers
qui vont aller à l'encontre de l'intérêt global du Québec dont vous êtes legardien? Vous êtes le gardien de s'assurer
que les ressources minérales qu'on a, qui nous sont confiées… Nous, notre job,c'est de les faire fructifier pour l'intérêt
des Québécois, pour le bénéfice des Québécois. On amène de l'argent sur la
table, on fait fructifier ça. Donc là, on est placés devant plein de
potentiels d'intérêts particuliers, et c'est ça qui fait peur aux investisseurs. Ce n'est pas que ce n'est pas bien
organisé, et tout ça. C'est qu'à l'intérieur de ces structures-là il y a de
multiples sources d'inquiétude.
M.
Gosselin (Guy) : Peut-être un autre commentaire à apporter, c'est :
On essaie d'encadrer dans un projet de loil'ensemble de l'industrie, mais, quand on y vit, quand on y travaille,
on a affaire à une industrie qui inclut plusieurs typesde dépôt avec des longévités très variables. Et,
pour certains dépôts comme dans l'or, pour certains, on parle d'un projet
qui va avoir des durées de vie de huit ou 10 ans, très vite.
Il
faut que ces projets-là aussi coïncident avec des cycles prospères au niveau du
prix des… du cours des métaux,et ce
que la lourdeur du processus d'obtention des permis au départ peut engager, c'est
qu'on peut potentiellement manquerun
cycle. Et, au niveau d'une entreprise, d'une société qui lève des capitaux, qui
veut faire du financement, très difficiled'attirer des investisseurs si les gens disent : Oui, tu as
probablement un beau prospect entre les mains, mais le processusde permis va durer trois, cinq ou sept ans avant
que tu puisses mettre ta mine en production, et tu vas manquer le cycledes métaux. Et un cycle de métaux haussier qui
tient cinq ou 10 ans va être suivi généralement, si on regarde au niveau
des 10 dernières années… des 50 dernières années, d'un cycle
équivalent baissier. Et, malgré le fait, tel que le soulevaitMme la ministre, que, même si le prix des métaux a
baissé, il est quand même relativement haut, tel qu'elle disait, il fautse rendre compte qu'au niveau des marges
bénéficiaires, ceux qui sont directement impliqués et qui voient un peu la
haussedes coûts d'exploitation, il serait
aujourd'hui impossible pour la majorité, sinon l'ensemble des mines de pouvoir
opérerdans un cadre où les métaux se
transigeaient à 400 $ ou à 500 $ l'once, tel que c'était il y a
15 ans, à cause de la haussedes
consommables. Il y a plusieurs
items qui sont hors de notre contrôle, et la hausse des coûts d'opération, même si
le prixdes métaux a triplé, la
hausse des coûts d'exploitation a également triplé dans cette période-là. Et, quand le prix
des métauxfait un recul de 30 %
ou 35 %, tel qu'on a connu depuis environ un an, les marges bénéficiaires sont rendues très, très faibles, je peux vous le dire, je peux
vous en assurer.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. Nous allons maintenant permettre au groupe
parlementaire formant l'opposition, les députés
d'opposition, à procéder à un premier bloc d'échange. Donc, du côté de l'opposition
officielle, le député Rivière-du-Loup—Témiscouata, vous avez la parole.
M.
D'Amour :
Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. À mon tour de souhaiter la bienvenue
à vous, Mme Grondin, MM. Gosselin et Doyon. Alors, heureux de vous
recevoir.
Alors, lorsqu'on parle de développement minier
au Québec, de quoi parle-t-on? Je vous ai trouvés humbles et modestes, juste une phrase, page 4 de votre
mémoire, qui vous définit, alors au paragraphe intitulé Nous employons des
Québécois : «Au 31 décembre 2012, des 5 723 personnes
travaillant chez [Agnico-Eagle], 2 712 étaient québécoises, 1 897 en Abitibi et 815 au Nunavut.» De 2008
à 2012, la masse salariale de votre entreprise en Abitibi seulement étaitde 692 millions, avec des retombées de
114 millions en impôt sur le revenu pour le Québec, et, durant cette
période, desentrepreneurs québécois
recevaient 485 millions de dollars en contrats. Ce n'est quand même pas rien.
Puis ça, on doit le souligner puis on doit être fiers de notre industrie
au Québec. Alors, ça, c'est un exemple, c'est une compagnie.
D'autre part,
page 17 de votre mémoire, écoutez, c'est… Moi, je parle de collision
frontale, là. Je vous ai entendus,mais,
avant de citer ce que j'ai entendu ce matin, je vais citer votre mémoire.
Page 17, article 4.1, Objectifs poursuivispar la loi, vous dites : «Nous ne voyons aucun article…» Vous êtes très
critiques, hein? «Nous ne voyons aucun articledans ce projet de loi qui, dans les faits, favorise le développement
minier. [...]Toutes ces mesures sont négatives, et nous ne voyons pas
comment elles pourraient réaliser l'objectif de développement des ressources
minérales au profit des Québécois.» Ce
matin, dès l'instant que Mme Grondin a pris la parole, et je vous
cite : changements à la pièce, fardeauadministratif supplémentaire, complexité, chevauchements, incertitude,
pas de concertation, favorise l'exclusion. Ce n'estquand même pas rien, là, ce n'est quand même pas
rien. Il y a eu différents autres projets de loi; il y a le projet de
loi n° 43.
Moi, il y a
un aspect, là… Avant d'exploiter une mine, on explore. Moi, je voudrais qu'on
me mette la table, là.On part ça au
début, là. L'exploration, quand vous parlez de difficulté à vendre les projets,
là, je comprends qu'on parled'exploration
et d'exploitation potentielle, mais on doit lever des fonds, là. La situation
du Québec, parce qu'on lève desfonds
pas nécessairement sur la rue Saint-Paul à Rivière-du-Loup, là, on lève des
fonds ailleurs dans le monde, c'est quoi, la situation du Québec telle
que vous la vivez aujourd'hui?
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci, M. le député. J'invite maintenant les
représentants de Mines Agnico-Eagle à prendre la parole.
• (10 h 20) •
M.
Gosselin (Guy) : Bon, généralement… On va parler d'une société comme
la nôtre, qui est une majeure, commeon
dit dans le milieu. Généralement, les travaux d'exploration de première ligne,
on les souhaite efficaces mais faits pardes sociétés juniors qui sont en santé et qui vont pouvoir quadriller le
territoire et amener à notre… C'est un peu la façondont notre industrie est structurée. Rares sont
les majeures qui vont faire une exploration de premier niveau et dégrossirl'information géologique au niveau du
territoire. Généralement… Et les promoteurs ou les géologues de premier niveauqui vont sur le terrain, c'est eux qui font
la découverte et qui ont la possibilité du gros gain éventuellement, si leur
stratégie d'exploration et fructueuse.
Donc, nous, si les sociétés juniors, qui sont
dans les faits le pipeline qui nous amène le bassin de projets potentiels… Si les sociétés juniors qui sont
actives sur le territoire du Québec ne sont pas en santé, ça va être difficile
pournous, parce que nous, à la base,
on fait très peu d'exploration pour identifier des nouveaux… ou de faire ce qu'on
appelledu «grass roots», dans le
jargon du géologue. Donc, l'exploration de premier front, c'est nos sociétés
juniors, et, si nossociétés juniors
sont en mauvaise santé… Et vous pouvez aller voir le TSX Venture, regarder la
situation financière de bon nombre
des sociétés juniors. Je ne me lancerai pas sur le nombre de sociétés juniors
qui sont présentement listées, maisje
crois qu'il y a plus de 30 % ou 40 % de celles-là qui risquent d'avoir
de la difficulté à passer au travers de la prochaine année financièrement parce qu'elles ne
seront même pas capables de maintenir les activités administratives de base.
Donc, presque pas d'exploration de premier
front. Quand vous regardez les statistiques générales des travaux d'exploration, ça va être souvent des travaux d'exploration
plus avancés, mise en valeur, définition des gisements, maisregardez… Si vous voulez savoir comment le futur
de notre industrie minière au Québec… qu'est-ce que le futur va avoirl'air, regardez les sociétés de premier front et
regardez comment celles-ci sont capables de lever du financement pour allerfaire de l'exploration de première ligne, et
vous allez être surpris que, malgré le fait que les sommes investies en
explorationet en mise en valeur des
complexes miniers… Ça, ça augure bien pour les prochains, peut-être, 10 ou
15 ans, mais, quandon a une
vision long terme de développement durable, il faut regarder qu'est-ce qui s'en
vient peut-être dans 15, 20 ou 30 ans. Et ça, c'est ce que nos sociétés
juniors d'exploration… Il faut aujourd'hui qu'ils préparent ce terrain-là, et c'est
très difficile pour eux actuellement.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci. M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour :
Alors, le gouvernement et l'opposition s'entendent, on termine les
consultations particulières, le
gouvernement appelle le projet de loi. L'étude détaillée article par article,
ça va bien, le 15 octobre on a une loi, puis la vie est belle, on
est dans un monde idéal, là, on l'applique intégralement.
L'effet que ça a au niveau de l'exploration?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Madame messieurs.
M.
Gosselin (Guy) : L'effet, c'est souvent une question de momentum. Je
prendrais peut-être, par exemple, cequi
est arrivé en Colombie-Britannique il y a une vingtaine d'années, où à cause de
certaines dispositions ou certaineslégislations
qui ont été prises ça a dévitalisé et défait le momentum pour une certaine
période. Et malheureusement on aune
industrie qui va sur des vagues, un momentum. Depuis non pas seulement ce
projet de loi, parce que je ne veux pas seulement m'adresser à ça… Il y a plusieurs
dispositions qui ont été prises et par ce projet de loi actuel et par les
précédentsgouvernements, il y a eu
des changements qui ont été faits qui vont nous affecter beaucoup. Et je peux
même citer des choses qui ont été faites par votre gouvernement dans le
passé, en 2011, quand il y a eu un changement au niveau de l'impôt sur les sites miniers. Avant, on
bénéficiait d'une structure qu'une société au Québec pouvait réinvestir des
fonds dans d'autres projets, et cette structure-là qu'on appelle le mine
par mine, qui a été mise en place en 2011 par le gouvernement libéral, ça nous
a influencés beaucoup.
Pourquoi
je dis ça? À l'heure actuelle, même sans ce projet de loi là, il nous serait
probablement impossible dedévelopper
des mines comme la mine Lapa et Goldex, en Abitibi, parce qu'on a été en
mesure, quand les décisions ontété
prises, à l'époque, en 2007, 2008, 2009, de développer ces gisements-là, de
bénéficier des argents, du cash-flow générépar notre mine LaRonde pour le réinvestir en territoire québécois, pour
développer des mines comme Goldex et Lapa.Et ça faisait du sens financièrement pour nous, et on a été capables de
développer ces gisements-là et de démontrer un niveau de rentabilité.
Notre
chiffre magique, quand on a la mine à notre conseil d'administration, on va se
le dire ouvertement : ça nousprend
un retour sur l'investissement interne de 15 %, de «rate of return». Et la
façon qu'on a réussi à vendre ces projets-là comme Goldex et Lapa, ça a
été parce qu'on avait une opération en santé comme la mine LaRonde qui générait
des cash-flows, et naturellement, comme
industrie, on s'est affairés à réinvestir ces capitaux-là au Québec pour
développer des nouveaux projets.
Actuellement,
ce n'est plus possible. Et ce n'est même pas dans le projet de loi actuel. Là,
je vous ramène à desdispositions, à
des décisions qui ont été prises avant. Donc, il ne faut pas s'arrêter
seulement à l'impact de ce projet de loi là,c'est le cumul de ce qui a été fait depuis les derniers trois, quatre ou
cinq ans autour de notre industrie. Puis, ce momentum-là,vous pouvez le voir sur le classement de l'Institut
Fraser qui… Ça, ça reflète un peu la perception du marché, des investisseurs sur le régime, le fonctionnement, le
potentiel. Personne ne nie qu'il y a du potentiel minier au Québec, sauf que cette incertitude-là fait que le Québec est en
baisse. Il va probablement encore être en baisse au prochain sondage.
Donc,
combien de temps — pour
répondre à votre question — ça va prendre pour rétablir la confiance des investisseurs? Ça peut peut-être être long. Et c'est
une dynamique. C'est pour ça que d'entrée de jeu on aurait espéré que le
projet de loi s'inspire de l'ensemble des recommandations de la stratégie
minérale, parce que le projet de la stratégie minérale,
ça ne faisait pas seulement qu'apporter des contraintes, ça aidait à développer
notre industrie, il y avait un volet de
s'assurer qu'on ait une industrie. Pour que notre industrie soit faite dans des
principes de développement durable, ilfaut
qu'il y ait du développement et il faut qu'il y en ait une, industrie. Et après
ça on est tous d'accord qu'il faut que notreindustrie soit… ça se fasse correctement, et de concert avec les autres
utilisateurs du territoire. Donc, c'est
un momentum qu'il faut recréer, qu'on a perdu depuis cinq ans.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci, M. Gosselin. Je vais maintenant
permettre au deuxième groupe d'opposition
de pouvoir échanger avec les représentants des mines. M. le député de Granby,
la parole est à vous.
M.
Bonnardel :
Merci, Mme la Présidente. Messieurs dame, encore une fois bonjour. Merci d'être
là.
Une
question rapide. Je n'ai pas beaucoup
de temps, là, mais je veux savoir ce que vous pensez, donc, d'imposer
aux sociétés minières l'obligation de dévoiler la quantité de minerai prélevé
et les redevances payées.
Mme Grondin
(Louise) : Mais c'est déjà fait, ça. Je ne comprends pas… Excusez-moi.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Madame…
155 LaPrésidente(Mme Bouillé) : …
M.
Bonnardel : Ça,
oui, mais d'être obligés d'être au-delà…
Des redevances payées, ça, on en
convient, maison est presque rendus
aux états financiers ou au bilan de ces compagnies. Est-ce que,
pour vous, ce n'est pas un problème
concurrentiel?
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Madame, la parole est à vous.
Mme
Grondin (Louise) : Merci.
Vous avez, je pense… Je vous ai donné une copie du rapport de développement durable.
M.
Bonnardel :
Oui. Qu'on a ici, oui.
Mme
Grondin (Louise) : On
dévoile tout, on n'a rien à cacher. Ça, pour nous, ce n'est pas un problème
du tout.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Monsieur… Woups!
M. Gosselin
(Guy) : …il y a le rapport annuel de la corporation qui est déposé
publiquement à chaque année pour… depuis toujours,
depuis les débuts de la société, qui vous permet de voir mine par mine combien il y a
eu de tonnes exploitées. Tous ces chiffres-là, c'est très transparent.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Dans les nouvelles mesures aussi, diviser le territoire
en trois catégories, compatible avec l'activité minière, compatible à certaines conditions ou
incompatible, dans ce contexte de cette mesure, vous trouvez ça plus
difficile peut-être, là, à mettre en application, nécessairement, pour partir
des projets d'exploitation?
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Les représentants des Mines Agnico-Eagle.
M. Gosselin
(Guy) : Ce qui est un peu épeurant dans cette disposition-là, c'est
que, pour un investisseur de l'extérieur, ça
donne beaucoup de pouvoir aux représentants des communautés
locales. Et pas qu'on n'a pas confiance. Dans certains cas, on va avoir des municipalités, des maires qui
vont vouloir… On préférerait grandement que lemodus operandi de faire de l'activité minière et de concilier soit dicté par le gouvernement plutôt que d'être laissé à la pièce à chacune des municipalités
et à chacune des MRC. Un message pour l'investisseur, l'investisseur de l'extérieur,tu lui dis : Ton projet est au Québec.
La prochaine question dans le futur, il va-tu falloir qu'il nous
demande dans quelleMRC il se situe
ou dans quelle ville il se situe? Et quelles sont les perspectives? Est-ce que
le maire ou est-ce que la MRC d'une telle partie du territoire va
être promine à long terme?
Ce que l'investisseur a besoin, de l'extérieur, c'est
des signaux clairs. Je ne veux pas parler contre nos investisseurs, mais ils ont besoin que le message soit simple à
comprendre, et ça, c'est du ressort du gouvernement, qui est le propriétairedu territoire puis qui est le gestionnaire.
On s'attend que ce soit au gouvernement de donner le modus… le mode d'opérationet la condition dans laquelle opérer et que
ce ne soit pas laissé à… Ça peut être fait, ça peut être dicté par le
gouvernementpeut-être, je ne sais
pas. Faites des états généraux, demandez ce qu'on veut au niveau de toutes les
MRC du Québec pour avoir un consensus, mais de grâce arrivez avec un
message clair qui ne sera pas variable à la pièce, selon la partie du
territoire sur lequel il va être situé.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Donc,
de ne pas connaître les orientations de la ministre, ça ne sera pas nécessairement évident.Quand on sait que les municipalités
vont s'appuyer sur les orientations de la ministre pour définir leurs schémas d'aménagement et délimiter ces zones, si on ne sait pas ce
que le gouvernement va définir eux-mêmes, ça ne sera pas nécessairement
évident, là, dans ce contexte. C'est exactement ce que vous dites, là.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Madame messieurs.
• (10 h 30) •
Mme
Grondin (Louise) : Bien, je pense
que, dans un premier temps — et c'est
ce que je disais plus tôt — on
està la merci d'individus avec des…
Normalement, on a des structures, on a des schémas de décision clairs, a, b, c,
d, et là on se sent à la merci de beaucoup d'intangible. Puis, comme
disait Guy, l'intangible, c'est un risque.
C'est
déjà extrêmement risqué d'investir en exploration. Comme on le
disait dans notre mémoire, une cible sur 10 000 va devenir une
mine. Donc, les gens qui mettent de l'argent dans ce genre d'activité, ils ont
déjà un niveau de risque plus haut.
Et,
si on parlait… Justement, ce n'est pas clair pour nous, dans la loi, si les
gens qui ont des claims dans les milieux à proximité des municipalités… si on va avoir des droits acquis. Parce qu'ils
ont investi, disons, 10 millions sur ce claim-là.Là, on enlève ça, c'est comme un changement de
zonage, mais on te demande de… Tu sais, ce n'est pas clair, pour nous, là.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. le député de Granby, en 20 secondes.
M.
Bonnardel : Vous pensez quoi de l'article du projet de loi
dans les notes explicatives : «Il permet au ministrede refuser d'octroyer un bail d'exploitation de
substances minérales de surface, ou de mettre fin à un tel bail, pour un motif
d'intérêt public»?
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Madame monsieur.
Mme
Grondin (Louise) : Bien, je pense que c'est un peu le… Ça dit ça. Ça
dit qu'on est à la merci de quelque chose qu'on ne comprend pas et qui
peut changer avec le temps.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci beaucoup. Mme la
ministre, je vous invite… C'est le groupe, maintenant, de la partie
gouvernementale. Donc, il vous reste 10 minutes d'échange.
Mme
Ouellet : Oui, merci, Mme la Présidente. En fait, ce à quoi
faisait référence le député de Granby, c'était particulièrement pour les
carrières, sablières, là, dans le cas spécifique qui était mentionné.
Moi,
j'aimerais juste préciser… Vous me parlez d'exploration. En fait, ce qu'on a mis dans le projet de loi, c'estpour stimuler les travaux d'exploration, et je
vous dirais que c'est beaucoup ce qui avait déjà été prévu par le projet deloi n° 14,
là. Donc, de ce côté-là, on a pas mal tablé sur les consensus qui avaient été
établis, et plusieurs de ces articles-làavaient déjà été votés à l'intérieur du projet de loi n° 14.
Même si le projet de loi, en tant que tel, n'avait pas été adopté,plusieurs, plusieurs articles, là, avaient été
adoptés. Donc, il n'y a pas vraiment, de ce côté-là, là, de grande nouveauté
dans le projet de loi n° 43 par rapport à ce qui avait été déposé
dans 14 sur spécifiquement les articles d'exploration.
Sur les
zones d'exclusion, je veux y revenir parce que c'est vraiment un sujet sensible.
Et ce n'est pas pour rien que j'ai mis en
place un comité de travail avec l'Association minière, l'Association de l'exploration,
la Fédération québécoise des
municipalités — que
je salue, d'ailleurs, qui sont arrivés — et l'Union des municipalités
du Québec. L'incertitude dont vous parlez,
elle existe déjà. Elle existe au Québec et, comme je vous dis,
elle existe au Chili, elle existeen
Nouvelle-Calédonie. Lorsqu'il y a des projets de mine qui… même de l'ensemble
des ressources naturelles, je vous dirais, que ce soient des mines ou
que ce soient d'autres projets de ressources naturelles, il y a très clairement
une beaucoup plus grande implication des citoyens, des communautés locales, et les gens veulent
suivre les projets et les gensveulent
avoir leur mot à dire, et il faut se trouver une façon de pouvoir baliser. Si nous
ne balisons pas, il va y avoir detoute façon, de façon spontanée, des réactions au niveau local, et c'est pour
ça que nous avons travaillé une façon, justement,
pour avoir une prévisibilité.
C'est
sûr que, tant que les zones ne sont pas établies, c'est difficile de savoir où est-ce qu'elles vont être, et c'estpour ça
que les orientations sont travaillées en collaboration tant avec l'industrie
qu'avec les municipalités à l'intérieurdu schéma d'aménagement, qui est un outil qui existe déjà du côté municipal. Et les différents ministères, dont celui desRessources naturelles, seront consultés, puis, sur la question
des zones d'exclusion, aura vraiment son mot à dire aussi, en collaboration
avec les municipalités.
Mais
je pense que c'est important parce que…
C'est important pour que l'industrie minière le sache. Et ça ne serapas MRC par MRC. Une fois que les zones vont être
établies, elles seront établies, et là il
n'y a pas d'incertitude qu'il
va y avoir. Et les municipalités où il y a beaucoup… Vous êtes en Abitibi, où
il y a beaucoup d'exploration, il y a beaucoup
de gisements. Ces municipalités-là sont déjà très sensibles. Elles sont déjà
venues nous parler, lors des autresprojets
de loi, comme quoi elles avaient beaucoup d'ouverture. Donc, elles pourront
moduler leurs zones d'exclusion en fonction de leur développement
économique.
Et
une zone d'exclusion déterminée au niveau de la municipalité, ce que ça veut
dire… Ça ne veut pas dire qu'ilne
peut pas y avoir de projet minier. Ça veut dire que, s'il y a un projet minier,
là il faudra que la municipalité donne sonaccord, dans cette partie de territoire là, parce que la municipalité
aura toujours le pouvoir de donner son accord à un projet,mais ça va justement vous donner une
prévisibilité, de dire : Bien, ces zones-là sont beaucoup plus sensibles,
les zonessous conditions. Il y aura
donc des conditions à respecter, là, sur l'exploitation parce que ça peut avoir
de l'impact sur les autres activités économiques alentour.
Donc,
moi, je me demandais : Si ce n'est pas comme ça que nous le balisons,
comment vous proposez de le baliser?
La
Présidente
(Mme Bouillé) : J'invite maintenant les représentants des Mines Agnico-Eagle à répondre aux questions
de la ministre.
Mme
Grondin (Louise) : Bien, dans le fond, on n'est pas contre baliser ça. C'est clair, je suis d'accord
avec vous, on ne peut pas arriver dans un milieu et penser qu'on ne
parlera pas aux autres usagers du territoire.
Ce
qui nous inquiète, c'est les changements. Par exemple, pour développer un
gisement, ça prend des fois 10, 20,
30 ans, et puis on va investir de l'argent, beaucoup d'argent dans l'exploration,
et on est à la merci d'un changement de zonage. Les changements de
zonage, les schémas d'aménagement ne sont pas irrémédiables.
Donc,
le gardien du potentiel minéral québécois, qui est le ministère des Ressources naturelles, donne sa responsabilité à la municipalité, et nous, on arrive, on va investir et on va
mettre de l'argent là-dedans pour éventuellementavoir devant nous peut-être
un changement de zonage qui ne nous permettra pas d'exploiter dans ce coin-là.
Donc, oui, il y a une incertitude. Il y a définitivement… Ce n'est pas
irrémédiable, un schéma d'aménagement.
Puis, les droits
acquis, qu'est-ce qu'on fait avec les droits acquis? Est-ce qu'un changement de
zonage…Par exemple, moi, j'ai un building commercial dans une zone
qui devient résidentielle. Est-ce qu'automatiquement je perdstout ça? Non. Donc, dans la loi, ça ne dit pas
que… Présentement, si on a des claims qui vont être dans une zone
qui vadevenir incompatible, je les
perds. J'ai investi 20 millions là-dedans. L'investisseur regarde ça puis il se dit :
Bon, est-cequ'on
respecte l'investisseur au Québec? Est-ce
qu'on veut de l'investissement au Québec? Je
pense que l'image est un peu
difficile à voir.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Mme la ministre.
Mme
Ouellet : Bien, peut-être
juste pour vous rassurer, les schémas d'aménagement, ce sont des exercices qui sefont quand
même sur des longues périodes, ça ne
change pas à chaque année, là. Ça fait
que je veux vous rassurer sur ça.Et
ça se fait en collaboration avec l'ensemble des ministères, lorsqu'il y a des
modifications aux schémas d'aménagement. Puis des fois c'est plusieurs années, là, ça peut aller jusqu'à
10 ans même avant qu'il y ait des changements au niveau des schémas
d'aménagement.
Et
je veux vous rassurer aussi sur les claims qui… Ce qui est prévu actuellement
sur les claims qui sont à l'intérieurdes
zones, il n'y a pas de modification, mais il y a des travaux, on souhaite qu'il
y ait des travaux qui se fassent sur cesclaims-là pour qu'on puisse savoir si, oui ou non, il risque d'y avoir
exploitation ou pas. Mais il n'y a pas de… On n'enlèvepas les claims, là, mais c'est pour le futur, les
futurs claims sur ces territoires-là, parce qu'on pense que c'est importantque, dans le futur, les gens sachent qu'où
il y a plus d'exigences ça ne sera pas possible à moins que la municipalité l'accepte.
Donc là, le ministère
des Ressources naturelles ne renonce pas à ses pouvoirs. Il partage une partie
de ses pouvoirs sur des territoires où
vraiment il y a une activité municipale importante. Et, comme je vous dis, de
toute façon, actuellement, il y a
déjà une volonté populaire, et ça va se faire de façon spontanée, où les gens
vont s'impliquer pourles projets. Et
vous le voyez dans les différents projets de l'ensemble des ressources
naturelles. Je n'ai pas besoin de vous citer le cas des gaz de schiste
en particulier, ça l'illustre très bien. Donc, moi, je pense qu'il est
important de pouvoir baliser, et nous avons travaillé avec les intervenants une
façon de baliser, justement, ces zones-là pour travailler en collaboration avec
les municipalités et pour que l'information soit prévisible.
Ça fait que moi, ce que je
vous propose, je comprends que c'est nouveau, mais la volonté des citoyens et
des municipalités aussi se fait de plus en
plus importante, et à raison dans bien des cas, et je crois qu'il faut
travailler avecles gens pour faire
un succès des différents projets miniers. Et moi, je vous invite à ce qu'on
puisse travailler ensemble, àtravers
l'Association minière du Québec, pour se donner des meilleurs éléments dans les
orientations qui seront données pour déterminer ces territoires-là.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci. M. Gosselin, en deux minutes.
M.
Gosselin (Guy) : Deux minutes. Mme la ministre nous dit qu'on n'enlèvera
pas les claims, mais, en changeantplusieurs
des dispositions, tel que réduire le rayon pour tirer des excédents, et en
réduisant les périodes de renouvellementà six, on va potentiellement morceler des propriétés d'exploration. On
va également faire probablement échoir des crédits sur des propriétés
minières qui ont fait l'objet de financement.
Et, quand on
disait que l'incertitude en général… qu'on veut régler cette incertitude-là, c'est
tout ça qui crée de l'incertitude. C'est le fait que, les sommes
investies dans le passé, les règles du jeu étaient X dans le passé, on avait travaillé, investi des sommes sur des propriétés;
maintenant, ces règles-là changent, les règles sont rendues Y. Ça, ça fait
partie du processus d'incertitude.
Et l'autre
partie qui fait partie du processus… ou de l'impression d'incertitude, c'est
toute la durée, le cumul duprocessus
pour en arriver à l'acceptabilité d'un projet minier, qui va nous faire manquer
les cycles. Et on a à composer,contrairement
à beaucoup d'autres industries, avec des cycles de métaux qui sont très
volatils, contrairement à plusieursautres
entreprises qui ont des plans d'affaires à long terme, qui peuvent se contenter
de marges bénéficiaires beaucoup moindres et qui ont des projets sur des
décennies.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci beaucoup. Dernier commentaire ou question de la part du ministre.
M. Trudel : Oui. Bien, très
rapidement.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Du député, excusez-moi.
M. Trudel : De Saint-Maurice.
• (10 h 40) •
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
De Saint-Maurice.
M. Trudel :
C'est bien, merci. Très rapidement. Quand j'ai lu votre mémoire, j'ai accroché
sur certains passages,de même que
mon collègue de Rivière-du-Loup, à la page 17 : Rien ne favorise le
développement minier. J'ai entendu aussi
votre première partie d'intervention, votre présentation, qui était très dure à
l'égard du projet de loi mais égalementaussi aux différentes actions de l'ensemble du gouvernement depuis
plusieurs années. Pour moi, c'est une chose que dedénoncer, de demander de ne rien faire, mais j'étais
très heureux d'entendre dans vos échanges par la suite une certaine
ouverture.
Ce que je
comprends, c'est que vous voulez qu'on précise les éléments qui serviront aux
citoyens ou aux autresintervenants à
venir échanger avec vous. Vous n'êtes pas contre toute négociation, contre
toute loi ou quoi que ce soit d'autre. Si vous me dites oui, vous allez
me rassurer. Ça veut dire qu'on va pouvoir travailler ensemble…
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
M. le député de Saint-Maurice, M. le député de Saint-Maurice, je m'excuse, mais
je dois vous interrompre. Je vous invite à peut-être répondre à cette remarque,
si vous le désirez, lors de la période d'échange avec le groupe de l'opposition
officielle. Donc, M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour :
Merci, Mme la Présidente. Peut-être juste apporter une précision à ce que
disait Mme la ministretout à l'heure.
J'ai été maire pendant huit ans. Sur la question des schémas d'aménagement, c'est
quelque chose que jeconnais un peu,
et effectivement ça peut prendre un certain temps, mais parfois ça peut être
très rapide. Loin de moi, là,l'idée
de vouloir dire : Écoutez, le monde municipal… mais à un moment donné, là,
il faut mettre ça en relation aussi. Ça
fait partie des enjeux, la question des schémas d'aménagement. On aura l'occasion
d'en parler tout à l'heure, avec l'un des prochains groupes, mais la
situation…
Puis il faut
se la rappeler, là, il faut se la rappeler. En termes d'emploi dans le domaine
minier, il y a des conséquences, là.
L'incertitude, la ministre le disait tantôt, ça existe partout, ça peut
arriver. Cependant, la conséquence ici,au Québec aujourd'hui, là… On va laisser faire le Chili puis l'Australie,
on a fait bien des débats là-dessus, là. La conséquence, j'en ai un peu parlé tantôt. En Abitibi, région minière par
excellence, en Abitibi, on est passé de 5,7 % à 7,9 % sur une
période d'un an et demi. C'est court, c'est court. Et ce que les gens de l'industrie
nous disent, c'est que ça ne va pas nécessairement s'améliorer à court terme.
Côte-Nord et Nord-du-Québec, le Nord pour tous, là, on est passé de 7,6 % à 10,1 % au deuxième trimestre
de 2013. C'est maintenant plus de 10 %, Côte-Nord et Nord-du-Québec.
Saguenay—Lac-Saint-Jean :
7,6 %… 7,1 %, pardon, à 9,6 %. C'est 2,4 % d'augmentation.
Ici, là,
lorsqu'on parle d'incertitude, il y a une conséquence directe sur les
travailleurs et les travailleuses. Le mondepour qui on est élus, pour qui on doit travailler au quotidien, là, se
pose des questions. Sur le plan de l'emploi au Québec, là, on n'a pas
rêvé à ça, puis ce n'est pas le Parti libéral qui l'a dit, là, c'est les
statistiques qui le disent, on a perdu 30 000 jobs en juillet. Je n'ai pas
hâte de voir ce que ça va être au mois de novembre. Si j'additionne à ça la
réforme de l'assurance-emploi,
là, ce qu'on appelait à l'époque le fameux trou noir, ça va être un précipice
de grande noirceur, là. Ça, c'est une
situation. Puis, lorsqu'on parle d'incertitude — on va laisser faire le Chili puis l'Australie,
parlons de nous autres un peu, là — ça fait drôlement mal.
Moi, c'est un
commentaire que je voulais amener à ce moment-ci, qui est constructif, là,
parce qu'on a un beaugros travail à
faire, on rencontre un premier groupe puis déjà on sent un peu d'instabilité,
là, au niveau des fondations.Alors,
la maison, on ne peut pas la construire là-dessus, là. Alors, il faut, il faut
vraiment qu'on se dise les vraies choses aujourd'hui.
Et il y a mon
collègue… Je sais que mon collègue de Mégantic a des questions puis je voudrais
lui laisser un peu de temps, quitte à revenir tout à l'heure.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Est-ce que les représentants des Mines
Agnico-Eagle souhaitent faire un commentaire par rapport aux propos du
député? Madame.
Mme
Grondin (Louise) : Bien, je ne ferai pas de commentaire,
malheureusement, par rapport aux propos, mais, si on me donne l'opportunité
de répondre aux propos de monsieur dont je ne me rappelle plus le nom, je m'excuse…
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
…député de Saint-Maurice.
Mme
Grondin (Louise) : O.K. Bien, je dirais que je trouve ça un peu
bizarre de penser que… On n'a pas dit qu'on ne voulait pas de changement
à la loi. On est d'accord pour bien des choses, on est d'accord d'être encadrés
de façon consistante, mais il ne faut pas
aller de zéro à 100 kilomètres-heure et il ne faut pas penser qu'il n'y a
rien présentementqu'on fait. Les
certificats d'autorisation qu'on a avec la directive 019 sont extrêmement
précis sur ce qu'on a à faire, il y ade
la consultation là-dedans. Et présentement, si on regarde la mine Goldex, on a
fait une étude d'impact pour la mine
Goldex, on a fait des rencontres publiques. C'est sûr que ce n'était pas
encadré, puis je suis un petit peu d'accord avec la ministre, il faut avoir des attentes claires, mais est-ce qu'on
doit avoir un BAPE sur tout et est-ce qu'on doit avoirdes contraintes? Et vraiment ce qui manque dans
le… c'est vraiment une intégration puis une vision d'ensemble.
C'estun outil, cette Loi des mines là,
puis moi, j'ai toujours vu le ministère
des Ressources naturelles comme un
partenaire. Puis là ce n'est pas ça qu'on voit.
M. Gosselin (Guy) : Pour répondre
aussi…
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Je
m'excuse, je vous demanderais… de façon brève, parce qu'il y a le député de Mégantic, et c'est le temps de
parole du groupe de l'opposition. Allez-y.
M.
Gosselin (Guy) : Parfait.
Mais on s'est quand même sentis un petit peu attaqués, donc je vais me
permettre de rajouter : Agnico-Eagle, on est actifs depuis
47 ans au Québec. Vous l'avez vu, on est habitués de cohabiter avec des communautés. Je pense qu'à ce niveau-là on
a fait nos preuves. Demandez à toutes les communautés dans lesquelles… Donc,ce n'est pas nouveau, et ce n'est pas le projet de loi qui nous a éduqués à cohabiter avec les milieux dans lesquels on opère.
Et vous
verrez qu'on a une licence sociale. Promenez-vous en Abitibi et allez demander
aux gens la réputation d'Agnico-Eagle, et ça m'étonnerait que vous ayez beaucoup
de mauvais commentaires.
Et ce qui est
important, ce qu'on aurait souhaité et ce qu'on trouve… oui, ce qu'on trouve
déplorable et dans cequ'il y avait
dans le 14, dans le p.l. n° 79 et dans le p.l. n° 43,
c'est qu'on aurait aimé un projet de
loi visionnaire qui auraitdéveloppé les trois aspects de la stratégie
minérale, et pas seulement qui aurait additionné des contraintes à notre
industrie.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. J'invite maintenant le député
de Mégantic à échanger avec les représentants.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, Mme la Présidente. Je vais vous aider un peu, puis on va parler justement
de cesstratégies-là, parce que,
si on était dans un milieu où vous pouviez travailler de façon…
je ne dirai pas «idéale», là, maisde
façon flexible, qui vous permettrait,
à partir des juniors, des seniors et des opérations, d'en arriver à une
productionefficace et rentable… En
fait, tout le monde, si vous ne faites pas d'argent, il n'y aura pas d'impôt.
S'il n'y a pas d'impôt, onn'est
pas gagnants, et, la société, les emplois sont à risque. Donc, je pense qu'il faut créer un climat où, pour vous autres, vous
pouvez travailler, développer et nous arriver avec une économie qui se
renforcit au lieu de se déprécier.
Ça fait que ma question pour vous, c'est :
Quelles sont les étapes ou les durées qui, pour vous, seraient… appelons-les optimales, O.K., à travers les cycles
d'exploration préliminaire, le développement secondaire, les opérations?Et naturellement il y a une conjoncture économique que je comprends très bien, qui va par cycles, que vous devez essayerde coordonner dans la mesure du possible, je crois,
parce que les opérations doivent arriver dans le fond du
cycle pour sevendre au sommet du
cycle. Donc, pouvez-vous nous donner une idée d'échéancier normal que vous avez
vécu, je dirais, dans les dernières décennies, qu'il faudrait protéger
pour s'assurer que les minières au Québec vont vouloir opérer?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Madame messieurs.
M.
Gosselin (Guy) : À la base,
je dirais, en autant que le processus soit clair et facile à comprendre, on en
revienttoujours, à la base, à l'investisseur ou à l'administrateur
de nos conseils d'administration qui est à convaincre, de dire que… Tout le monde reconnaît que le Québec a un immense potentiel minéral. Tout le monde reconnaît que le Québec a uneexpertise qui est exportée à l'échelle mondiale.
En autant que le processus soit clair, efficace et compris de tout le monde, le message va être simple, et ça va enlever cette
incertitude-là.
Je
ne sais pas comment ça prend de temps en général pour tenir un BAPE ou tout le
processus, mais, en autantque le
processus soit clair, et transparent, et efficace, je crois
qu'on va toujours pouvoir
fonctionner. Ce qui nous a été…capables
de constater, au cours des différentes mines qu'on a passées au processus, c'est
que souvent il y a des lourdeursadministratives,
des lenteurs administratives, et on a peur que certaines des dispositions là
viennent encore plus ajouter à cette complexité-là, plutôt que de la
faciliter et de la rendre transparente.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci. Est-ce que vous pouvez
nous donner des exemples de lourdeurs du passé quevous avez peur qu'elles s'amplifient? On comprend
bien à l'intérieur du projet de loi maintenant, mais, dans le passé, là,
quels sont les principaux handicaps qui créent des contraintes majeures?
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Les représentants d'Agnico-Eagle.
Mme
Grondin (Louise) : Oui. Bien, dans un premier temps, je vous amènerais
aux figures 2 et 3 du mémoire qui montrent le processus.
M. Gosselin
(Guy) : Pages 15 et 16.
• (10 h 50) •
Mme
Grondin (Louise) : Pages 15 et 16. Puis ce qui arrive, c'est que,
même auparavant, on a beaucoup d'interventions
en parallèle de plusieurs ministères, mais c'est encore plus présentement. On
va devoir… Par exemple,pour avoir un bail minier, il va falloir
avoir le certificat d'autorisation. Pour avoir le certificat d'autorisation, on
va passerà travers… C'est comme… ça
se chevauche, et on a le potentiel de délai dans chacune des étapes. Plus il y a d'étapes…
Et il n'y a pas une concertation, il n'y a pas…
Moi,
j'ai beaucoup aimé votre terme, créer un climat. Je dirais que
le rôle du ministère des Ressources
naturelles,c'est d'être un chef d'orchestre pour créer un
climat favorable à l'investissement dans le respect des communautés,
puis je pense que ce projet de loi là pourrait faire ça. On ne le voit
pas.
Présentement, on nous… Si vous regardez un investisseur
qui regarde ça… Et moi, je suis en environnement, j'aifait des permis toute ma vie. Je regarde ça, et ça
ne sera pas simple. C'est sûr qu'il faut avoir un encadrement, on n'en sortpas. Il faut que ça soit prévisible,
transparent. On n'en sort pas, c'est comme ça. Mais on a besoin d'une
intégration, parceque c'est… Et les
exemples qu'on a dans le passé, qui ont été réglés, en passant, là, ça prenait
trois ans, avoir l'approbationd'un
plan de fermeture, d'un plan de restauration au ministère des Ressources
naturelles, auparavant. Dernièrement, ça s'est beaucoup amélioré, mais
les processus…
Je
vais vous donner une… Ce n'est pas dans notre mémoire, mais, si vous dites, par
exemple : On a toutes cesétapes-là,
et il y a des… Disons que c'est 90 jours plus tard, 120 jours plus
tard. S'il y a des délais prescrits, déjà on est rassurés, parce qu'on
sait qu'on n'a pas un glissement de la cédule.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Je vous remercie. M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Vous parlez, dans votre mémoire…
Merci, Mme la Présidente. Vous parlez, dans votremémoire, de… en fait de vos travailleurs québécois
et de l'expertise que vous développez. Est-ce que vous pouvez nousdonner un peu l'idée de ce que vous trouvez que…
dans votre expérience internationale, ce que nos travailleurs, nos coûtsd'opération au Québec… Là, je parle
spécifiquement des travailleurs, de la compétence technologique, etc. Où on se
situe à travers tout ça, là, puis comparé à d'autres régions du monde?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :Je suis au regret de vous signaler que le temps
est écoulé, malgré la question fortintéressante
du député de Mégantic. Désolée. Donc, je vous remercie pour votre
présentation et cette période d'échange.
Et j'invite le
prochain groupe à prendre place à la table des témoins.
Et je suspends les
travaux pour une minute.
(Suspension de la séance à
10 h 53)
(Reprise à 10 h 55)
La
Présidente
(Mme Bouillé) : J'invite maintenant les représentants de la Fédération
québécoise des municipalités à se présenter et à faire leur exposé.
Messieurs, vous disposez d'une période de 10 minutes.
Fédération québécoise
des municipalités (FQM)
M.
Généreux (Bernard) : Merci, Mme la Présidente. Donc, Bernard Généreux. Je suis le président de
la Fédération québécoise des
municipalités. Et m'accompagne Nicolas Fleury, directeur des politiques à la fédération.
Merci
de l'invitation pour ce nouveau rendez-vous avec la question des mines. Je pense que, depuis les
dernièresannées, on a été très
présents à toute la réflexion qui a encadré cette volonté de revoir la Loi sur
les mines. On a souventparlé de
moderniser la Loi sur les mines, donc effectivement le rendez-vous avec cette question-là qui est un enjeu
dedéveloppement majeur, important pour plusieurs de nos communautés et même pour l'économie
du Québec. Et, je dirais,les… Est-ce
qu'il faut parler de difficultés à bâtir le consensus autour des projets de loi successifs qui
se sont présentésà nous pour
traduire à la fois la volonté du législateur de procéder à cette modernisation… Parce que,
quand le législateurdécide de remettre en question
une loi aussi importante que la Loi sur les mines, c'est parce qu'il considère lui-même qu'ilfaut
faire des changements, mais, comme dans tout changement, il y a
des choses où les consensus sont peut-être plusdifficiles
à atteindre. Mais néanmoins il faut absolument… Puis j'espère que c'est le bon rendez-vous auquel on assistecette
fois-ci, à travers ce projet de loi
là, pour enfin pouvoir passer à une
autre étape dans ce qui doit régir nos relations entre l'État, les communautés
et l'industrie minière. Et, ma foi, je pense que… Comme je l'entendais tantôt
dans les échanges, je suis convaincu qu'il y a
de larges consensus qui ont déjà été atteints dans les discussions qui ont
accompagné cette réflexion au cours des dernières années. Et je
souhaiterais ardemment qu'on soit dans cette dernière étape où les derniers
consensus doivent s'attacher, pour enfin procéder à l'adoption de cette loi.
• (11 heures) •
La nécessité,
elle est, je pense, tributaire aussi du contexte social dans lequel
est rendue notre société et d'une loiqui
donnait une espèce de préséance presque totale sur les autres exercices de planification qui font maintenant partie denotre réalité de société, de la sensibilité des citoyens.
Et je ne voudrais pas rappeler, là, le pénible épisode de la filièredes gaz
de schiste, où on a vu une levée de
boucliers importante parce
que le contexte ou le cadre dans
lequel cette activitéqui s'appuyait
sur la Loi sur les mines a été mise en place a donné lieu à tous les débats
que l'on a connus. Donc, je neveux
pas dire que, dans l'activité minière, on est dans ce genre, je dirais, de
psychodrame social qu'on a connu, au contraire.Moi, je pense que l'activité minière, c'est une activité importante,
majeure pour le développement de plusieurs de nos territoires, et la volonté du monde
municipal est d'accompagner le développement de son territoire.
Et, lorsqu'on ouvre… Et c'est peut-être les principaux
éléments, là, où on sent que les consensus ne sont pas tout àfait encore établis, mais, même là, nous, avec l'industrie
minière, au cours des derniers mois, on a réussi à travers noséchanges… Et ça, c'est historique, là, puis je
voudrais bien qu'on saisisse l'importance de cette évolution où le mondemunicipal, avec l'industrie minière, a
réussi à bâtir des consensus sur comment on doit voir la suite des choses. C'est
majeur, là. On était dans des univers parallèles où, à partir d'une façon de voir le développement
minier au Québec, parce quej'obtenais
une autorisation du ministère ou du gouvernement, parce que j'avais un claim
que je mettais en développement, on
ne pouvait d'aucune façon intervenir à travers nos outils de planification pour
accompagner cette importante activité,qui
a une influence énorme sur nos territoires, il ne faut pas le minimiser. Donc,
ça, je pense que… Qu'on ait réussi à separler, l'industrie minière, le monde municipal, reconnaissons qu'il y a
là-dedans un signal important au législateur d'unevolonté de faire autrement. Et cette volonté de
faire autrement, c'est à travers la discussion, à travers les échanges, à
travers la compréhension de nos projets.
Et, quand on
ouvre, dans la loi n° 43, la possibilité de définir ce qu'on appelle
les zones incompatibles, compatiblesavec
certaines réserves ou complètement compatibles, bien je pense que, là, on s'ouvre
forcément. Puis je dirais à l'industrie :
C'est une chance historique, là, que l'on se donne de pouvoir travailler
ensemble à la définition de ce qui doit être maintenant à la base de
tels projets dans la mesure où ils surviennent dans des espaces municipalisés.
Je pense qu'on
a tous maintenant reconnu que la règle de l'acceptabilité sociale des projets
est une clé importante dans la capacité de faire avancer les projets. Et
cette exigence de l'acceptabilité sociale des projets, elle passe par la discussion, la transparence, les échanges, le
dialogue, et c'est ce à quoi nous ouvre le projet de loi n° 43, qui
est en parfaitecontinuité sur bien
des éléments par rapport au projet de loi n° 14 qui est mort au
feuilleton pour les raisons que l'on connaît.
Donc, bâtir
des consensus, là, oui, c'est exigeant, oui, c'est une responsabilité qu'on
doit partager, mais ce n'estpas un
précédent. Puis je pense que certaines hésitations qu'on peut peut-être
entendre de la part d'une partie de l'industrie…Parce qu'encore là je pense qu'il n'y a pas… ce n'est pas un bloc
monolithique, là, l'industrie, puis il y a certaines situationsou certaines expériences qui ont pu prêter à
penser qu'on s'en allait dans l'à peu près n'importe quoi, là. Je pense qu'ilfaut être honnête et reconnaître que, quand
on fait un exercice de planification avec l'industrie autour d'un projet, bien
je pense que généralement on est capables de trouver des consensus.
Puis on le fait déjà, là, on n'est pas des
néophytes en matière de planification puis d'aménagement de nos territoires. On a plusieurs expériences où on a dû
bâtir des consensus avec d'autres partenaires de développement. Pensons à
l'épisode de l'industrie porcine, hein? Ça a été «rough», là, comme relation à
bâtir, puis aujourd'hui, bien, on a une industrie qui a pu se mettre en place,
où il y a des collaborations puis des partenariats qui sont exemplaires.
Dans l'industrie éolienne, ça a été la même
chose. On est partis d'une feuille blanche, puis, oui, il y a eu des confrontations majeures dans certains milieux.
Maintenant qu'on a mieux défini les orientations gouvernementales, qu'ona inscrit ça dans nos relations, bien il y a
des projets qui se réalisent dans l'harmonie puis dont on n'entend même pas
parler.
Donc, je
pense qu'il y a certaines zones, là, de précision qu'il faudrait peut-être
apporter à ce projet de loi là, bon,la
question des… je reviens sur la question des zones, la question des claims existants
dans les zones qu'on conviendrade
définir comme incompatibles, le pouvoir exclusif ou discrétionnaire de la
ministre de renverser ce qui pourrait êtredans la planification et, je pense, aussi la question des redevances,
qui est une question qui est au cœur de nos préoccupationscomme fédération et que l'on aborde, au moment où
on se parle, dans un autre dossier, mais qui est quand même en lien avec l'importance de ce que représente cette
industrie pour le Québec, le partage des redevances pour nos communautés et de voir
comment cette activité-là peut aussi avoir des retombées positives dans les
territoires concernés par le développement minier.
Donc, voilà, pour l'essentiel, les
préoccupations que l'on veut partager avec vous, mais tout en rappelant de l'urgence
et de la nécessité de passer à une étape d'adoption de cette Loi sur les mines
dont on attend depuis trop longtemps l'adoption pour la suite des choses, autant pour, je dirais,
le profit… au profit de l'activité minière définie parl'industrie que par les préoccupations qu'elle
suscite dans nos communautés. Et, encore une fois, je pense
que les morceaux sont là. Il reste à nous de les mettre ensemble le plus
rapidement possible pour procéder à cette loi. Merci.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci, M. Généreux. Nous allons procéder à la période d'échange avec les
groupes parlementaires. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme
Ouellet : Merci, Mme
la Présidente. Saluer
M. Généreux, M. Fleury. Merci à la Fédération québécoise
des municipalités de participer, là, aux consultations sur le projet de
loi n° 43, le nouveau projet de loi sur les mines.
Donc, je sais
que vous êtes actifs dans ce dossier-là depuis déjà un certain temps et que
vous avez participé auxdifférentes
consultations particulières des différentes moutures de projet de loi. D'ailleurs, vous avez été aussi actifs, là, sur le
comité de travail sur la partie des zones d'exclusion, donc merci de votre
collaboration.
Moi, j'avais
des questions plus précisément sur le volet du comité de suivi environnemental
et de maximisationdes retombées
économiques. Donc là, vous dites… vous souhaitez, là, je
crois que c'est au niveau de la MRC, qu'il y ait un siège. Donc, j'aimerais ça vous
entendre un peu plus sur comment vous voyez ce comité-là. Je sais qu'il en
existe déjà,des
comités. La plupart des nouveaux projets miniers ont… Moi, les différentes
entreprises m'ont parlé de leurs comités.Il y a certaines entreprises qui
ont un comité, il y en a d'autres qui en ont deux ou même trois pour suivre
soit l'environnement soit les
retombées économiques. Donc, j'aimerais avoir un peu plus votre vision sur
comment ces comités-là pourraient travailler.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
M. Généreux.
M. Généreux
(Bernard) : Donc, j'inviterais
peut-être M. Fleury à aborder cette question-là, parce qu'il a beaucoupaccompagné aussi les travaux autour de la relation
entre l'industrie et le monde municipal, et je pense qu'il pourrait encore
mieux que moi répondre à cette question.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
M. Fleury, bienvenue.
M. Fleury
(Nicolas) : Merci. En fait, nous, ce qu'on souhaite, c'est que l'ensemble
des communautés concernées par les projets miniers soient partie prenante
à ce genre de comité. On n'a pas réfléchi à une façon particulière de fonctionner, on pense que les communautés sont à
même peut-être de définir les mécanismes plus précis de fonctionnementde ces comités-là. À tout le moins, ce qu'on
souhaite, c'est que, dans chaque cas, la MRC et la municipalité locale quiest directement touchée par le projet
puissent faire partie de manière statutaire, là, du comité de travail qui verra
à élaborerles différentes pistes de
maximisation de retombées économiques mais aussi assurer le suivi des projets,
s'assurer que ces projets-là — M. Généreux en a
parlé — s'intègrent
de manière harmonieuse dans la communauté.
C'est un peu
le cœur de nos préoccupations, et c'est pour ça qu'on souhaite que les MRC,
dans le cadre de leur planification territoriale, les MRC abordent l'ensemble
des dynamiques du territoire. On souhaite qu'elles abordent également la
dynamique minière, qu'elles incluent ça dans la planification territoriale, et
on voit une logique là toute simple à impliquer
l'ensemble des communautés, que ce soit la municipalité locale, que ce soient
les représentants de la MRC, au sein de ces comités-là.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Mme la ministre.
Mme
Ouellet :
Oui, merci, Mme la Présidente. Toujours sur le même sujet, je ne sais pas,
est-ce que vous avez des membres qui siègent déjà sur les comités
existants, là, qui n'ont pas nécessairement ce titre-là actuellement? Et qu'est-ce
que vous avez retiré… Si oui, qu'est-ce que vous avez retiré de cette
expérience-là?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Messieurs.
M. Généreux (Bernard) : Vous parlez
toujours de comités autour de l'activité minière?
Mme
Ouellet :
Oui. Des comités, je sais qu'il y en a en Abitibi, je sais qu'il en existe
aussi sur la Côte-Nord, etj'imagine,
là, que vous avez dû en entendre parler un peu de la part de vos représentants.
Parce qu'on va s'inspirer unpetit
peu de ce qui se fait déjà, ce qui a bien été et ce qui a moins bien été, pour
ajuster. Ça fait que je me demandais qu'est-ce que vous en aviez retiré,
de l'expérience.
• (11 h 10) •
M.
Généreux (Bernard) : Bien, ce qu'on en entend généralement, c'est une
grande satisfaction parce qu'on partagede l'information. Un projet minier — je pense qu'il y a un consensus là-dessus
unanime — ne peut
plus se faire en secret,dans le sens
où un bon matin on apprend qu'il y a un projet minier. Partout où il y a des
projets, puis de plus en plus, là, c'estdans la façon de faire. Puis on le voit, là, l'industrie pratique ça de
façon régulière, ce partage d'information, de préparationdes projets avec les intervenants locaux que sont
les élus de la MRC ou de la municipalité concernée. Et ça, je
pense, c'est au plus grand
profit de tout le monde. Ça évite de se retrouver dans des situations où…
Quand ça ne
va pas, là, où le citoyen s'adresse? Dans nos salles de conseil. Et, quand
les problèmes… ou quandon
ne sait pas ce qui se passe, bien c'est le premier intervenant à qui on s'adresse
pour dire : Aïe! Qu'est-ce qui se passe dans ma cour? C'est dans nos conseils de municipalité que ça se passe. Et ça, dans la
mesure où on est capables de partagerl'information
en amont, on sera toujours capables de répondre correctement aux préoccupations
des citoyens qui… Malgréle fait qu'il
y a ces comités-là de travail avec l'industrie, il y a néanmoins des citoyens
qui continuent d'être préoccupéspar
l'arrivée de ces projets dans l'environnement de leur lieu de résidence. Donc,
ça, ça fait partie de la dynamique et de lasensibilité dans laquelle on est, et il faut reconnaître ça comme un
fait de société et comme une responsabilité qu'on doitprévoir, qu'on doit encadrer dans la préparation
des projets et dans l'évolution des projets. Parce qu'on n'est pas là pourbloquer des projets, là. On est là pour bâtir
des consensus autour des projets pour que, quand on atteint le niveaud'acceptabilité sociale, bien tout le monde sait à
quoi s'en tenir, puis qu'est-ce qui s'en vient, puis comment on va faireles choses. Et ça, je pense qu'il y a un
gain immense à faire ça comme ça et qu'on puisse le cadrer dans une loi qui
intègre cette préoccupation de l'acceptabilité sociale, où on définit en
amont des zones qui, pour nous…
Puis, quand
je dis «nous», là, quand on définit ou on définira une zone incompatible, par
exemple, bien on ne ferapas ça tout
seuls dans notre coin, là. C'est public, nos affaires. Puis l'industrie pourra
venir aussi partager ses préoccupationsavec nous, au même titre qu'on l'a fait dans d'autres domaines, là.
Quand on joue dans la zone agricole ou qu'on joueavec d'autres intervenants liés au développement
de nos territoires, ça se fait en partenariat avec les principaux concernés,
c'est-à-dire ceux qui ont des projets.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Y a-t-il d'autres… Parfait. M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour :
Alors, merci, Mme la Présidente. M. Fleury, M. Généreux, bienvenue à la
commission. Félicitationspour la
préparation de votre mémoire. Il y a beaucoup de travail, il y a beaucoup de
sérieux à l'intérieur de ce document-là.
Et je m'attarde
sur la recommandation n° 8 et je la cite, là, c'est trois ou quatre
lignes : «La fédération québécoise[...] est d'accord avec l'idée de créer un comité de suivi et de
maximisation des retombées économiques et recommande que la MRC et la
municipalité locale, où le titre minier est conscrit, siègent d'office au sein
du comité...»
Moi,
premièrement, je n'ai aucun problème avec ça, au contraire. Cependant, lorsqu'on
parle de maximisationéconomique, je
me suis fait une réflexion là-dessus, on en a discuté entre nous plus tôt.
Évidemment, on propose un peud'y
aller à la pièce, à ce moment-ci. Ce que nous, on oserait suggérer, parce que l'opposition
doit et peut aussi proposerdes
choses : Si déjà en partant, là, aujourd'hui, on décidait… Et j'essaierai
probablement, en cours de commission, de convaincre la ministre. Mais maintenant, là, si on créait un comité de
maximisation global? Ça n'exclut pas la possibilitéd'aller plus loin dans le cas par cas après, là,
mais un comité qui réunirait autour d'une table l'industrie d'abord, évidemment,
le volet syndical — je me souviens de propos du Syndicat des
métallos, qui suggéraient fortement de la transformation — lemonde
municipal, les régions. Créer cette table-là qui pourrait évaluer dès
maintenant, là, les possibilités de transformation complémentaire à
partir de tout ce qu'on produit, là : Est-ce que c'est possible de le
faire avec le nickel, le zinc? Le prendre, là, secteur par secteur puis l'évaluer
maintenant. De faire… Tenir compte des marchés, de la proximité, de l'éloignement, des climats, tenir compte des
cycles. De s'asseoir, là, de se reculer et de regarder l'ensemble du portrait,puis en même temps rendre service au Québec,
rendre service à l'industrie, rendre service aux travailleurs. Pourquoi on nepourrait pas maintenant faire ce travail-là
pour préparer le terrain? Le monde municipal, vous avez des choses à dire. Çanous permettrait éventuellement d'envisager
ce que seraient des redevances régionales qui seraient intéressantes pour vous.
Alors, un comité, là, au cours des prochains
mois. Même pas besoin que la commission ait terminé ses travaux, dans le
fond. De le faire maintenant puis de l'initier.
Tu sais, on
se projette dans le temps, là. Dans cinq ans, dans 10 ans, dans
15 ans, qu'est-ce qu'on peut transformerde plus? Puis le gouvernement est là puis financièrement le gouvernement
pourrait aider puis pourrait soutenir la démarchede façon à ce qu'on crée un projet minier global.
On se projette dans le temps puis on dit : Écoutez, là, on se fixe des
objectifs en termes d'emploi. Ça, c'est bon pour les régions minières,
puis il y a pas mal de vos membres, M. Généreux, qui se retrouvent dans ces régions-là, hein? C'est une bonne partie. Je ne
dirai pas la majorité, ce n'est peut-être pas le cas, là, mais c'est un
bon nombre de vos membres.
Alors, avoir
une photo claire aujourd'hui, est-ce qu'on peut aller plus loin notamment avec
le fer, au-delà de cequi se fait?
Moi, chez nous, dans mon comté, là, j'ai Saint-Marc-du-Lac-Long où on procède à
l'extraction d'ardoise puison
transforme de l'ardoise. On en fait des toitures, du pavé uni, un paquet d'éléments,
on le sait. Est-ce qu'on ne pourrait pas mettre ça ensemble, puis
inviter nos partenaires autour de la table, puis développer, puis avoir des
objectifs de développement?
Comment vous recevriez ça, demain matin, si une
proposition vous était faite en ce sens-là, M. Généreux?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
MM. les représentants de la FQM.
M.
Généreux (Bernard) : Merci. Donc, écoutez, moi, je pense que tout ce
qui peut contribuer à multiplier l'effet,tu sais, l'espèce… le fameux levier, là, dont on parle, là… Extraire de
la ressource, c'est une chose. La transformer puisd'en maximiser les retombées dans nos territoires,
bien sûr, mais ailleurs à travers le Québec, jamais on ne sera contre ça.Et qu'il y ait à travers le projet de loi un
signal d'une volonté de maximiser les retombées d'une activité minière, l'ouverture
qu'on fait à la deuxième puis à la
troisième transformation, qu'on débat, là, de toutes nos énergies dans la
forêt, bien on vale faire dans le
minier aussi puis on va le faire dans l'agriculture. Il faut le faire partout
tout le temps. Les richesses qu'on a, là, elles doivent d'abord profiter
à notre monde puis profiter à la société.
Puis, quand on… Tu sais, l'activité minière, là,
ce n'est pas juste extraire, c'est surtout connaître. Il y a de la connaissance là-dedans, il y a de l'expertise, il
y a de la formation, il y a toutes sortes de leviers secondaires puis encorepeut-être plus importants que l'activité d'extraction.
C'est pour ça que, quand vous nous ouvrez la porte de la maximisation, on sera toujours là tout
le temps puis le plus loin possible. C'est sûr qu'il y a peut-être des niveaux
où on dirait : Regarde, on va attendre, là, mais partout tout le temps où on
peut faire de la maximisation des ressources qui sont les nôtres on dira
présent.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour : Voyez-vous, Mme la Présidente, il y a des jeunes…
Ça, je l'ai constaté quand je suis allé en Abitibi.On a rencontré des jeunes qui songent à une
formation, qui veulent devenir miniers. Puis c'est tout à fait légitime. Lessalaires sont bons, il y a une perspective
pour leur avenir qui est drôlement intéressante. Puis c'est comme ça dans
toutesles régions minières. Il y a
des sous-traitants qui espèrent aussi obtenir des contrats, ce qui est tout à
fait légitime. Ce qu'on veut au Québec, ce dont on a besoin, ce sont des
emplois.
Il
y aurait là, je pense, Mme la Présidente, un signal très clair de la part du
gouvernement, de l'opposition, toutle
monde ensemble, là, et on fait un travail ici, là, maintenant pour vraiment
mettre la table, et je pense que ça viendrait faciliter le travail de l'industrie
par la suite. Ça leur permettrait déjà d'atterrir. On a des données claires, c'est
ce vers quoi on s'en va. S'il y a un travail
de peaufinement à faire mine par mine ou industrie par industrie après, on n'est
pas contre, mais, envoyer un signal pour faciliter le travail de tout le
monde, on pourrait peut-être gagner du temps.
Puis
ce signal-là aurait l'avantage de parler de l'industrie sur une base positive.
On a besoin de ça. Tu sais, l'effetdu
camion avec les petits cailloux, là, ça a fait mal sur le plan de l'image. C'est
en arrière, ça, c'est en arrière de nous. On va regarder en avant.
Nous, comme
opposition officielle, on propose ça. Ce n'est pas une structure permanente,
là, mais un mandat qu'on se confie entre
nous. On s'assoit autour d'une table, en harmonie avec l'industrie, les
syndicats, le monde municipal,puis
on dit : Écoutez, dans tel cas, là, on va oublier ça, là, il n'y a pas de
perspective pour le Québec là-dedans, n'allonspas là, le marché à long terme n'existe pas, ou : Techniquement, on
n'a pas le volume. Techniquement, au niveau du climat, c'est plus
difficile. C'est une proposition, puis j'espère qu'on aura l'occasion d'en
reparler.
L'autre
bout sur lequel je veux vous interroger, c'est sur la question des redevances.
C'est un mot qui a connubien des
définitions, puis il y a bien des structures puis il y a bien des échanges
là-dessus. Clarifions ça, là. Vous êtes dumonde municipal puis vous n'êtes pas rien, là, vous êtes l'une des deux
unions municipales, vous êtes de la FQM. Vous pensez à quoi? Sur quelle
base? Ça ressemble à quoi puis on s'en va vers quoi? On ne négociera pas ça
ici, autour de la table, là, mais parlez-nous des redevances municipales, qu'on
clarifie ça puis qu'on puisse avancer.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Messieurs de la fédération.
• (11 h 20) •
M.
Généreux (Bernard) : D'abord, je voudrais souligner tout mon… en tout
cas ma satisfaction de voir votreintérêt
à la maximisation. Je pense que… Là-dessus, je constate qu'il y a un consensus,
il faut aller au maximum de cequ'on
peut faire avec la ressource. Et, si j'entends ce que vous dites, on pourra
rapidement convenir de beaucoup de choses dans l'adoption de ce projet de loi là. Donc, bravo pour ce consensus-là
qui est fondamental pour la suite des choses. Puis c'est un signal
important, là, qu'on se donne comme société vis-à-vis l'industrie.
Et, en regard des redevances, il n'a jamais
été de notre volonté de faire en sorte qu'on se substitue à l'État,
dontc'est la responsabilité première de percevoir les redevances. Mais, une fois cette perception
des redevances effectuée parl'État, comment on peut, à travers des mécanismes de
répartition, s'assurer que les territoires ou les régions qui contribuent à cet effort et à cet essor économique par l'activité de prélèvement des
ressources naturelles puissent avoir un certain nombre ou une certaine
retombée de ces avantages qu'offre le territoire?
Et
déjà, je dirais, dans la réflexion et les discussions qu'on a autour du pacte
fiscal on a une formule que je vousinviterais
à aller voir, qui existe déjà, qui définit un mécanisme de partage des
redevances sur les ressources naturellesqui s'inspire beaucoup d'un partage autour de l'activité forestière, que
nous, on souhaite élargir à d'autres activités deprélèvement et qu'on puisse, à travers ce
mécanisme-là, élargir des revenus. Parce qu'on parle de revenus, de moyenspour être capables d'assumer des
responsabilités qu'on souhaite de plus en plus importantes autour de notre
niveau de gouvernance. Et ça, bien je pense qu'il y a une partie de la
réponse qui doit venir par ce partage des redevances.
Mais,
encore là, on ne veut pas s'inscrire comme étant celui qui perçoit ou celui à
qui l'industrie doit verser desredevances,
d'aucune façon. C'est à l'État à faire ça, puis c'est entre nous, après ça, qu'il
faudra convenir des mécanismes. Puis je vous le dis, il existe déjà des
formules qu'on voudrait bonifier à travers le pacte fiscal.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, messieurs.
Il me fait plaisir d'être ici avec vous aujourd'hui,
parce que je pense qu'il y a plusieurs anciens maires ici aussi autour de la
table, donc ça renforcit un peu le débat quant à la situation de la
maximisation des redevances.
Mais
il y a une préoccupation de ma part qui est fondamentale, et je voudrais vous
entendre sur ce sujet-là, parce que, comme vous l'avez vu dans l'expérience
des dernières années avec le gaz de schiste et le pétrole de schiste, on a
assisté à des campagnes de destruction systématique d'une industrie qui a fait
qu'il y a une hystérie sociale qui s'est intégrée
dans notre société, qui fait que ça va être très difficile de remonter cette
pente-là. Je ne dis pas que l'industrie est facile puis je ne dis pas
que c'est une industrie qui n'a pas de problème, mais dans l'ensemble ça
fonctionne, dans beaucoup de régions du monde, bien, appelons ça comme ça.
Je vais vous
redonner un autre exemple du même historique. Naturellement, en étant député de
Mégantic, il y a une hystérie actuellement sur les voies ferrées dans
les municipalités du Québec. On va toutes les sortir de toutes les
municipalités du Québec. On en a juste 600.
Vous voyez que, quand on
arrive dans une situation où on est dans une pente négative, de ramener ça dans
la bonne direction, ça va demander beaucoup
d'énergie, beaucoup de ressources. Puis des fois on s'attrape nous-mêmes.
Quand on fait une campagne négative, bien on est pris avec le négatif, puis on
ne pourra jamais remonter la côte.
Moi, ma préoccupation, c'est que, dans nos
municipalités au Québec — puis
on parle d'avoir un comité, puis j'applaudis
ça aussi — il y a
deux niveaux pour moi, il y a une maximisation des recommandations puis il y a
un aspecttechnique, puis cet aspect
technique là, dans les MRC et dans les municipalités, c'est très difficile.
Comme vous le savez,on a des
citoyens qui sont souvent beaucoup mieux préparés ou beaucoup mieux éduqués que
les élus eux-mêmes, puis, quand ces gens-là arrivent au conseil
municipal puis qu'ils font des demandes, des requêtes, des points de vue, il y
a souvent que les élus, surtout dans les
régions, sont mal préparés pour gérer ce type de problématique là. O.K.? Et il
y aune complexité technologique,
technique qui les embête, ce qui fait qu'à la fin c'est beaucoup plus facile de
rejeter le débat puis de l'éliminer que de travailler là-dedans sans qu'on
ait vraiment une compréhension réelle de ce qui se passe.
Je ne sais
pas si vous suivez où je m'en vais avec ça, là, mais qu'est-ce que la FQM — puis c'est ma question à vous — qu'est-ce que la FQM pourrait faire pour
aider en fait nos municipalités qui vont avoir à faire face à des titres declaim minier, de redevances, de
développement minier, pour aider ces gens-là techniquement à comprendre ou à
les rassurerpuis à leur faire,
comment je dirais ça, travailler dans le projet au lieu d'éviter le projet puis
créer en fait une incertitude économique, dont on a besoin pour se
donner des services sociaux? Comment vous voyez ça?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Messieurs.
M.
Généreux (Bernard) : Je pense
que les exemples auxquels vous faites référence, là, doivent nous servir deleçon, et on a là, je pense, des opportunités qu'offre le territoire
qui ont été mal préparées. Et c'est notre responsabilité à nous, là, je ne jette le blâme à personne, là.
Mais autant l'État que nous, le monde municipal, quand on a à faire face à desdéfis nouveaux, comment on se prépare à
accompagner nos gens par rapport à ces perspectives nouvelles qu'offrent ces
situations-là?
Et je suis
convaincu que… Tu sais, prenons… Je reviens sur votre exemple de gaz de
schiste, là. Qui savait c'étaitquoi,
du gaz de schiste, avant qu'on lance la filière, où on s'est présenté en nous
disant : Regarde, dans quelques annéeson va être aussi riches que les Arabes, là, puis ne pensons à rien, là,
on va commencer ça de même? Je pense qu'il faut tirer leçon. On ne peut
pas improviser dans des filières où les gens ne savent pas.
Même chose
avec l'éolien. Moi, je me souviens très bien d'avoir reçu à la fédération en
catastrophe le ministredes
Ressources naturelles de l'époque avec la ministre des Affaires municipales,
qui s'en venaient dire : Bien, voici nosorientations gouvernementales, mais le feu était dans nos campagnes
parce qu'on ne savait pas ce qui se passait puis on n'a pas préparé le
terrain.
Et autant dans ce qui s'offre à nous, là, comme
levier puis potentiel de développement il faut être capable de travailler en amont, de se parler, hein, d'ouvrir
les discussions, d'ouvrir les débats pour que, quand on sera en mesure delancer ou d'arriver avec des projets, le
projet, là, c'est la traduction d'un consensus où on dit : Voici comment
on va faireles choses. Et c'est, je
pense, ce à quoi on nous invite, là, dans ce fameux projet de loi sur la
modernisation de la Loi sur lesmines,
c'est dire comment on peut maintenant jouer ça, comment on doit jouer ça à tous
égards, et que les règles soient claires.
Et une des ambiguïtés, là, que je continue de
penser qu'il reste dans cette loi-là, c'est celle où on continue de maintenir dans la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme
le fameux article 246 qui dit : Préséance de l'activité minièresur les autres planifications. Pourquoi on
garde ça, cette espèce d'héritage d'une autre époque qui n'a plus sa place? Je
me dis : Il faut que les règles soient claires.
Puis j'entendais tantôt l'industrie qui
dit : Dites-nous comment ça va marcher, ça va nous rassurer. Bien, je pense qu'il faut lever toutes les ambiguïtés
autour de comment on doit maintenant appréhender le développement minier,pour faire en sorte que, cette activité-là,
on puisse en tirer le maximum en termes de retombées non seulement… autant
de l'activité d'extraction mais de transformation, de maximisation, de…
Moi, je pense
qu'il n'y a pas de limites à notre capacité puis, à ce moment-là, je me
dis : On se réjouira peut-êtreencore
plus de tout le potentiel qu'offrent ces ressources-là pour le développement de
notre société que de dire : Oui, on nefait pas comme ailleurs, puis ils sont meilleurs au Chili puis en
Australie que chez nous. Moi, je pense qu'il n'y a pas de raison qui
explique qu'on ne soit pas aussi performants qu'ailleurs puis qu'on n'ait pas
les exigences qu'on souhaite les plus
élevées en matière de transformation, sauf qu'aujourd'hui, on le sait, ça doit
se faire dans la transparence, dansla
communication, puis ça, il y a du temps à mettre là-dedans. Il n'y a pas de
formule magique. Il faut préparer à la foisnos milieux, l'industrie, nos communautés. Puis on n'est pas là pour
dire non, là, on est là pour bâtir des consensus. Çaprend du temps, ça prend de la volonté. Puis je
pense que la volonté est là. Moi, je l'ai sentie tout au long du travail qu'on
a fait avec l'Association minière au cours des derniers mois. Puis, ma foi,
bâtissons là-dessus pour aller plus loin.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci. J'accorde maintenant la parole au député de Granby pour la période d'échange.
• (11 h 30) •
M.
Bonnardel : Merci,
Mme la Présidente. M. Généreux, M. Fleury, bienvenue à l'Assemblée nationale.
Juste revenir
sur la question des redevances. Je suis un gars de chiffres, puis
vous avez donné tantôt un exempleavec la forêt dans le cadre du pacte
fiscal. J'aimerais ça que vous soyez
capables de nous expliquer un petit peu, s'il y aun exemple précis en termes de chiffres, ce que peut représenter cette entente du côté de
la forêt, ce qui pourrait peut-êtreamener une certaine entente similaire du côté des
mines. Parce que, bon, le montant des redevances, pour ceux qui ne
le savent pas, a baissé énormément. Ce qui a été perçu par le
gouvernement pour l'année 2012 : 100 millions de moins minimalement. Maintenant, vous dites : O.K., ça, on laisse Québec s'arranger
avec ça, mais, de l'autre bord, ça nous tenteraitd'avoir un
petit peu de sous. Puis, pour
certaines régions qui vont en bénéficier… Je ne pense pas que la région deLa Haute-Yamaska, chez nous, on pourrait
dire : Oui, on a besoin de redevances, parce qu'il n'y a pas vraiment
de mine à part pour ce qui est du…
roche, gravelle, des choses comme ça. Alors, avez-vous peut-être
un exemple un peu plus précis sur cet exemple de la forêt que
vous avez mentionné tantôt?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
J'invite les représentants de la FQM à répondre.
M.
Généreux (Bernard) : Dans l'actuelle
entente-cadre qui existe, il y a une disposition qui s'appelle redevancessur les ressources
naturelles, et cette disposition permet de répartir 10 millions, je pense,
si ma mémoire est bonne, là,entre
les MRC. Puis ce n'est pas nécessairement affecté à une MRC productrice de… Il
y a là un levier qui est disponiblepour
les MRC dans l'accomplissement de leurs responsabilités. Et la formule qui
permet de définir ce 10 millions là, bon,je ne la déclinerai pas ici, mais il reste qu'elle existe. Puis, dans la
discussion… qui a été suspendue, là, pour les raisonsque l'on connaît, pour quelque temps, mais il
reste qu'on veut aller plus loin dans l'application de cette formule-là pour
qu'elle intègre davantage des ressources que la seule ressource forestière.
Donc, la
formule est là. Je pense qu'on est capables de l'élargir à d'autres dimensions
de sorte qu'on puisse…Puis c'est une
responsabilité de l'État, là, puis on négocie avec l'État. On ne discute pas de
ça avec l'industrie, là. L'État,qui
est, lui, percepteur de redevances, convient qu'il y a lieu de partager une
partie de ce qu'il perçoit avec les municipalités,dans une formule qui existe, encore une fois, puis
qu'on cherche à faire évoluer vers plus de revenus. Parce qu'on chercheplus de revenus pour le monde municipal autrement
que par l'impôt foncier, donc on se dit : Il y a une opportunité là. Puisplus on sera riches de notre développement
minier, bien plus on sera capables d'accroître la formule. L'important, c'est
de la créer, cette richesse-là, puis de la répartir. C'est là-dedans qu'on est.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci. M. le député de Granby.
M.
Bonnardel :
Ce montant-là, donc, qui est récurrent ou qui… indexé ou même pas est donné
complètementà chaque année à toutes
les MRC du Québec qui en font une demande ou qui est réparti selon la grosseur
de la MRC ou selon la ressource qui est…
M.
Généreux (Bernard) : C'est réparti selon une formule convenue depuis
déjà plusieurs années. C'est prévisible,c'est dans le pacte. Puis moi, je pense qu'on n'invente rien, là, on
veut juste bonifier quelque chose qui existe déjà. Donc, je vous
inviterais à aller regarder ça.
Puis je pense qu'il y a une belle fenêtre, là,
pour nous tous là-dedans, puis ça fait partie du consensus, hein, à bâtir
autour de ces activités-là. Quand on est tributaire puis qu'on est… il y a une
espèce de retour sur ce qu'on peut offrir
comme territoire, bien je pense qu'on est plus ouvert, je dirais, à réfléchir
le développement aussi, là. Parce que ledéveloppement, ce n'est pas juste pour les autres. Puis souvent, dans
nos territoires puis dans nos régions, il y a cette espèced'impression, peut-être à tort, mais que le
développement, il est ailleurs, puis que nous autres, on est le pourvoyeur deressources, alors que la richesse, elle s'en
va ailleurs. Comment on peut retenir une partie de ça, là, pour… je pense qu'on
a tous, là, à trouver ensemble les formules qu'il faut pour y arriver.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci. M. le député de Granby, en 50 secondes.
M.
Bonnardel : Merci, Mme la ministre… Mme la Présidente.
Dernière question : Quand, à la recommandation n° 6, vous
parlez que «la Fédération québécoise des municipalités recommande au
gouvernement de modifier l'article 280 du
projet de loi n° 43 sur les mines afin que la ministre des Ressources
naturelles n'utilise ce pouvoir que lors des cas exceptionnels», quel
exemple vous pouvez nous donner de cas exceptionnels pour vous?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Messieurs.
M.
Généreux (Bernard) : Qu'est-ce qu'une situation exceptionnelle? Je ne
sais pas comment on définit ça dansle
projet de loi, là, mais je pense que ce qu'on veut signaler par ça, c'est que,
tu sais, quand on bâtit une planification etqu'elle est consensuelle sur un territoire, puis qu'une autorité
supérieure vient dire : Bien, regarde, ce que vous avez défini,moi, je ne suis pas d'accord avec ça, il faudra
convenir de dans quel contexte ça peut se faire, parce que ça peut créer des
situations indésirables. Donc, balisons la chose.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci, M. Généreux. Merci beaucoup. La
parole est maintenant au député de Repentigny.
M.
McKay : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour, M. Généreux et la personne qui vous accompagne.
Je voudrais simplement revenir sur votre proposition par rapport aux redevances, parce que vous mentionnez quele pacte fiscal contiendrait déjà
certaines dispositions, puis j'imagine que la ministre
va sûrement regarder ça avec attention, si ce n'est
pas déjà fait, mais est-ce que vous faites une… Vous ne feriez pas une
distinction entre les redevances qui proviennent
de ressources renouvelables par
rapport aux ressources non
renouvelables? Parce que les ressources minéralesdont nous discutons avec ce projet de loi sont des ressources qui sont non renouvelables. Donc, les ponctions que
l'on prend dans les réserves de minéraux, c'est quelque
chose qui va éventuellement s'épuiser. Et donc, si le gouvernement et à plus forte raison les municipalités
fondent leur financement, leurs opérations sur un mode de financement qui est
épuisable, est-ce que ce n'est pas un peu dangereux?
Je
soulignerais que, dans le budget du gouvernement du Québec, à partir de 2015, l'ensemble des redevances qui
proviennent des ressources non renouvelables vont être affectées au
remboursement de la dette, donc vont permettre d'éviter qu'on paie des intérêts, là, sur… Ça va
réduire les paiements d'intérêt sur notre dette, et donc ça préserve l'avenir.
Puis ce n'est pas un financement qui est
récurrent. Et ça, ça respecte les principes du développement durable, c'est-à-direqu'on ne va pas épuiser tout
simplement une ressource. On va le
transformer, notre capital de ressources minérales, encapital financier, et ensuite de ça on pourra
utiliser soit les intérêts ou réduire les intérêts en remboursement d'une
dette.
Alors, est-ce
que vous avez, dans le cadre de votre réflexion, intégré cette dimension-là de l'aspect
non renouvelableet de la nécessité, dans le cadre d'un développement durable, de ne
pas épuiser effectivement ce capital de ressources là qui fait notre
richesse?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Messieurs de la fédération.
M.
Généreux (Bernard) : Ça fait effectivement partie des échanges de
points de vue qu'on a lorsqu'on abordecette
question-là, cette distinction entre énergies renouvelables et non
renouvelables, mais, dans la mesure où la volontéest là de chercher des formules… Puis je pense que
l'idée qu'on se fait de la modulation, elle doit pouvoir s'appliquer làcomme ailleurs. Et je suis tout à fait d'accord
pour considérer le fait qu'une énergie renouvelable on ne peut pas, je pense, la traiter de la même manière qu'une qui ne l'est
pas, mais ça n'exclut pas qu'on puisse, au profit du développement de
nos territoires, trouver des formules qui permettent de doter les territoires…
Puis souvent les régions ressources, là, au-delà
de la ressource qu'elles détiennent, ont énormément de difficultés à
diversifier leur économie, puis il y a des défisde développement puis d'occupation des territoires. Comment on trouve
les formules pour accompagner ça? Parce que c'est un fait que… Quand la
mine est finie puis qu'on la ferme, comment on prépare l'après-mine, là? Donc,
ça, c'est important qu'on se donne ça comme
signal, et ça passe par une… Oui, il faut réfléchir à long terme de comment on
s'assuredu maintien de la vitalité
puis de l'occupation des territoires, puis ça, ça passe par des moyens. Puis
les moyens, bien, ils sont autour des ressources, parce que c'est ce qui
caractérise souvent ces territoires-là.
Donc, tu
sais, encore là, il n'y a pas de formule toute faite, mais acceptons d'y
réfléchir. Puis je suis convaincuqu'on
a l'intelligence pour être capables d'y arriver et de retourner une réponse aux
territoires qui, pendant qu'ils contribuentà fournir cette matière-là, bien ils contribuent à la richesse puis à l'enrichissement
collectif. Comment on trouve une façonpour
qu'eux-mêmes participent à cet enrichissement autrement que pendant la période
d'exploitation, au-delà de laquelleil
y aurait un trou noir, là, pour faire… Donc, je pense qu'il faut sortir de
cette logique qu'on est là juste en attendant qu'on exploite, là. Je
pense qu'on n'en est plus là.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci. Mme la ministre.
• (11 h 40) •
Mme
Ouellet :
Merci, Mme la Présidente. Moi, je
vais revenir à la recommandation 10, où vous dites, bon, des
incitatifs pour permettre, là, la deuxième et troisième transformation. Il y a déjà
deux mesures qui ont été présentées dans le
budget, là, du ministre des Finances à l'automne passé, mais j'aurais aimé ça vous
entendre un petit peu plus. Quelgenre
d'incitatif? Parce que c'est toujours… souvent dans la façon. Comment vous voyez ces
incitatifs-là pour que vraiment
ça puisse favoriser, là, la deuxième et la troisième transformation du minerai?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Messieurs.
M.
Généreux (Bernard) : Écoutez,
je pense qu'on a expérimenté avec des succès inégaux
différentes formules,soit par des crédits d'impôt, soit par des crédits aux régions
ressources, soit par des crédits à l'investissement, soit par…Bon. Je pense
que l'idée, c'est qu'on se mette dans une perspective forte et claire d'une
volonté de transformer. Ça, ce n'estpas
toujours clair. Et ce n'est pas toujours
possible non plus, là. Je pense qu'entre la volonté de maximiser la
transformation…Il ne faut pas tout de suite dire : Oui, bien, regarde, on n'est pas compétitifs. Non, je pense
qu'il faut aller voir jusqu'où
on peut aller là-dedans puis jusqu'où ça peut être payant pour nous tous, là.
Puis, quand
on pense transformation, on pense souvent transformation le plus près possible
du lieu d'extraction. Autre défi,
parce qu'on va se faire dire : Bien oui, mais vous n'avez pas les moyens
de transport requis, vous êtes loin.Bien
oui, mais ils sont loin… On est toujours loin quand on est dans les ressources
naturelles, mais on est toujours proche quand il s'agit de se faire de
la business avec ça.
Ça fait que
comment on réconcilie ce potentiel puis cet avantage qu'on a dans nos
territoires puis qu'on le partage avec l'ensemble de la société? Moi, je
me dis : Les centres de recherche, c'est peut-être normal qu'ils soient
dans les universités, puis on ne demandera
pas qu'il y ait une université à Saint-Prime, là, mais on pourrait peut-être demanderqu'il y ait davantage de transformation.
Puis comment on conditionne ça pour rendre ça possible, les moyens, je
pense qu'il y a du monde assez imaginatif puis intelligent au ministère
des Finances puis dans nos organisations, qui sont capables d'imaginer des incitatifs à la transformation, mais encore
faut-il que la volonté politique soit clairement exprimée sur cet
enjeu-là.
Puis, quand
on le veut, on le peut. Puis, je me dis, on n'est pas dépourvus de moyens, là.
Même si des fois on seflagelle beaucoup,
au Québec, moi, il me semble que, quand j'entends, là, des rapports de la
Caisse de dépôt et autres, là, je me dis : Il y a des moyens
là-dedans qui nous permettraient de s'ouvrir à ça. Puis c'est notre réalité, c'est
notre territoire, ça nous appartient. Il appartient… On a
une responsabilité d'État. C'est un bien collectif, nous dit-on, les ressources naturelles. C'est un bien collectif,
une grande partie de la forêt. Mais, ce bien collectif là, comment on le metau service de l'enrichissement de nos
communautés puis du développement de l'emploi? Moi, je me dis : On n'a pas
le droit de passer à côté de ces rendez-vous-là.
Puis, même si
temporairement les cycles économiques, comme on les a vécus dans la forêt avec
la crise forestièredes dernières
années puis avec le ralentissement dans l'activité minière… Arrêtons de penser
qu'on est les seuls àinfluencer ces
grands cycles là, là. Mais comment, pendant que les cycles sont à la baisse, on
se prépare à la reprise des cycles? Parce que ça revient tout le temps,
ces affaires-là. On le sait, c'est cyclique. Ça fait que, quand ça va repartir,
comment on est prêts à aller dans la
transformation, la valeur ajoutée puis l'enrichissement avec ces richesses-là?
C'est ce qu'on s'apprête à faire avec ce projet de loi là, je pense.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci. Mme la ministre.
Mme
Ouellet : Merci,
Mme la Présidente. Bien, en fait, je peux vous dire qu'il y a une volonté très
claire du gouvernement de pouvoir
transformer plus au Québec. Il y a des incitatifs qui ont été mis en place,
tant crédits aux régions ressources qui ont été maintenus que des
crédits à l'investissement. Et, dans le projet de loi de façon spécifique, c'est
pour ça qu'il y a une étude de faisabilité.
Et là j'avais précisé, là, en début de lancement, là, que c'est une étude de
faisabilitééconomique et de marché,
là, parce qu'il y a des gens qui avaient pensé que c'était une étude de
faisabilité d'ingénieriedétaillée,
ce qui n'est pas le cas, là. C'est
une étude économique de faisabilité
de marché et pour voir qu'est-ce qui estpossible comme transformation. Et c'est pour ça aussi qu'il y a une
possibilité de faire une demande de maximiser, là, les retombées
économiques.
Moi, ça fait
une bonne tournée, là, concernant les questions. Je ne sais pas, peut-être que
l'opposition officielle a…
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Ou si les représentants de la fédération ont
quelque chose à rajouter aux commentaires de la ministre…
M.
Généreux (Bernard) : …en conclusion, j'inviterais les parlementaires à
adopter le projet de loi. Je pense qu'onen a besoin. On a besoin de sortir de cette phase de réflexion, qui a
été longue et pas toujours facile, mais
il me sembleque les consensus
sont suffisamment présents pour qu'on puisse aller de l'avant avec
ce qui est devant nous et commencerà
faire autrement dans la gestion de l'activité minière, au plus grand profit de
l'industrie elle-même, de nos territoires puis de l'ensemble de la société.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. Généreux. Maintenant, on traverse du côté de l'opposition, du côté de
Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour : Merci,
M. le Président. Très bref commentaire sur la question des incitatifs. Il y a une volonté, de
notre côté, qui est évidente en regard de la transformation, dans la mesure de
ce qui est faisable, réalisable, mais, lorsqu'on
parle d'incitatifs, on a la fâcheuse habitude, au Québec…
On parle tout le temps d'argent. Puis c'est correct, il faut des
incitatifs financiers. Je croyais que le président de la Fédération québécoise
des municipalités me parlerait d'autres
incitatifs, notamment le retour des jeunes en région, hein? On sait qu'au niveau
des minières il va éventuellement
y avoir besoin de personnel si les projets finissent par aboutir, certains d'entre
eux. Retour des jeunes en région, il peut y
avoir des incitatifs à cet égard-là. Formation en région, je partage votre vision là-dessus, mais est-ce qu'on a
évalué jusqu'où ça peut aller, ça?
Lorsqu'on parle de promotion des régions, est-ce que ça ne peut pas être inclus
à l'intérieurdes incitatifs? Moi, je
pense que les régions ont besoin de ça. Et les chiffres, c'est une chose, les crédits d'impôt. Ça, c'estfacile puis c'est correct. Ça se fait. Ça se fait
de toutes les époques. Cependant, on a un devoir d'imagination, en commission
parlementaire. On a une occasion là.
Je comprends
que vous voudriez voir la loi être adoptée, là, rapidement, là, dans les
prochaines semaines, maison a un
travail responsable à faire aussi. Il y a plus de 300 articles là-dedans,
puis il faut les analyser un par un. Puis avantil faut revoir tout le monde qu'on a rencontré, comme vous, mais il y a
d'autres groupes. Et on est rendus en consultationsparticulières jusqu'à la fin septembre, ça vient
de changer ce matin. Correct, mais on a un travail à faire et on a surtout
le devoir de pousser l'imagination jusque dans ses derniers retranchements.
Moi, je veux
qu'on parle de tout, tu sais. On parle de transformation? Parfait. Comment on
va les amener, nosjeunes, en région?
Comment on va les ramener? Moi, comme
père, j'ai des enfants à l'université. Je veux les ramenerdans le Bas-Saint-Laurent,
je veux les ramener chez moi. Il y a
ça. On a une occasion de promouvoir les régions en mêmetemps que les emplois de qualité qu'on va
promouvoir, c'est tout ça. Alors, il faut un plan de transformation global. Nous,c'est ce qu'on
soutient, comme opposition. Les chiffres, c'est important, j'en conviens, puis
il faut qu'il y en ait. Au-delà de ça, comment on fait pour promouvoir
notre industrie correctement puis aller chercher le maximum?
Je ne sais pas
comment vous recevez mon propos, là, mais ça fait partie des objectifs
que nous, comme formation politique, on a et qu'on propose aux Québécois.
Le Président (M. Morin) :
Vous recevez ça comment, M. Généreux?
M.
Généreux (Bernard) : Bien, écoutez, je pense qu'on ne s'opposera pas à
l'évidence, là. Notre fondement, comme fédération, c'est le développement
des régions, et puis je pense que notre préoccupation, elle est celle du développement de nos
régions. Et je veux bien qu'on ramène nos jeunes en région, c'est un objectif
fondamental, maison va les ramener
parce qu'on sera capables de leur offrir des emplois, et ça passe par notre
capacité de diversifier noséconomies,
et ça, malheureusement, là, nos succès sont très inégaux à cet égard-là. Et
comment on peut rendre attrayantesnos
régions? Puis, les régions, pour les jeunes, là, qui partent de nos régions, ce
n'est pas parce qu'ils veulent tourner ledos à leur région d'origine, c'est parce qu'ils trouvent ailleurs,
souvent, réponse à leurs aspirations en termes d'emploi.Donc, notre responsabilité, c'est de diversifier,
à travers ces opportunités que nous offre le territoire, l'offre d'emploi, etça, bien ça passe par des propositions, des
programmes ou je ne sais trop, d'une volonté de l'État de dire : Voici
comment j'aide au développement puis à la diversification des économies
régionales.
L'opportunité des mines en est une, mais il y a
d'autres opportunités aussi, et ça, je pense que je ne voudrais pas qu'on utilise ce projet de loi sur les mines
pour dire : Il faut bâtir une stratégie de développement régional. Je
pense qu'il faut faire ça en concertation avec d'autres intervenants. C'est
un aspect important, le développement minier, mais
ce n'est pas la seule façon de développer les régions. C'en est une importante,
mais voyons ce qui se passe actuellementdans d'autres secteurs d'activité économique, auxquels il y a
probablement des efforts à faire pour… Mais n'utilisez pas leprojet de loi sur les mines pour dire : Il
faut attendre le grand jour où on aura toutes les solutions au développement
régional. Il y a là une opportunité qu'il faut faire lever, il faut
attacher, puis elle fera son effet, l'effet qu'elle doit faire.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. Généreux. Mme la ministre, c'est à vous.
Mme
Ouellet : Oui.
Bien, on a fait le tour de pas mal… oui, de toutes les questions. Je pense que…
Le
Président (M. Morin) :
Donc, M. Généreux et M. Fleury, de la Fédération québécoise des municipalités, merci
beaucoup. Merci pour votre mémoire et bon retour à la maison.
Je suspends pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 50)
(Reprise à 11 h 56)
Le
Président (M. Morin) :
Nous reprenons nos travaux et nous recevons M. Renault-François Lortie, de KPMG-Secor. Mais, avant de poursuivre, j'aurais
besoin d'un consentement pour terminer une dizaine de minutes plus tard
que l'heure prévue. J'ai le consentement? Mme la ministre, j'ai le
consentement?
Une voix : …
Le Président (M. Morin) :
Terminer plus tard que l'heure prévue.
Une voix : …
Le
Président (M. Morin) :
Merci. Donc, M. Renault-François Lortie, bonjour, bonjour chez vous. Bienvenue
à votre compagnon de droite. Si vous voulez bien me le présenter.
Secor-KPMG
M. Lortie
(Renault-François) : Avec
plaisir. Donc, Thomas Bienfait est consultant chez KPMG-Secor. Moi, je
suis associé et responsable de la pratique dans le secteur minier pour
KPMG-Secor au Québec.
Le Président (M. Morin) :
Vous savez que vous avez 10 minutes pour nous parler, nous…
M. Lortie
(Renault-François) : Tout à fait. Alors, merci beaucoup au gouvernement
du Québec, à la ministre des Ressources naturelles, Mme Martine
Ouellet, de cette invitation. Sincères salutations aux députés membres de la
commission et au personnel de la commission.
Notre
présentation portera uniquement sur deux éléments du projet de loi n° 43. Premier élément : l'obligationd'effectuer une étude de transformation du minerai afin d'obtenir un
bail minier, principalement supporté par l'article 102du projet
de loi. Deuxième élément : le
pouvoir d'exiger une entente sur la maximisation des retombées économiques
lors de la conclusion du bail, principalement supporté par l'article 103.
Nous sommes d'avis
que de conditionner l'octroi d'un bail minier… d'un bail d'exploitation au
dépôt d'une étudede faisabilité sur
la transformation du minerai est trop exigeant et contre-productif et que le
pouvoir discrétionnaire quantà la
maximisation des retombées serait suffisant afin de maximiser la transformation
minière au Québec. Permettez-nous maintenant de vous
présenter nos principaux arguments en ce sens.
Premièrement, il faut considérer la place du Québec
dans l'échiquier mondial et l'univers minier mondial. Je crois que vous le savez, le Québec
est un producteur minier marginal, représentant aux environs de 1 % de la productionmondiale
de ses principaux minerais extraits, qui sont le fer, l'or, le nickel et le
zinc. Nos coûts de production au Québecsont généralement plus élevés que la moyenne mondiale, la plupart de nos
mines se situant dans le troisième quartile des coûts de production. Pourquoi? Parce qu'on a des
hivers rigoureux, notre position géographique est loin des principauxmarchés de consommation des métaux de base, et d'ailleurs
la transformation des métaux de base se fait généralementtrès près de ces principaux marchés de
consommation. Donc, nous avons comme devoir de garder notre juridiction compétitive afin de continuer à attirer des
investissements privés dans la juridiction québécoise et de prendre en compte
donc ces facteurs structuraux et conjoncturaux.
Deuxièmement,
qu'est-ce qu'il en est au niveau de la transformation métallique au Québec? Je
crois qu'en généralles gens croient
qu'il n'y a pas de transformation métallique au Québec. Or, c'est faux, nous
sommes la première juridictionaprès
l'Ontario en première et en deuxième transformation au Canada. Le poids relatif
du Québec au sein du Canada estplus
élevé en première et en deuxième transformation qu'en extraction. Pour certains
minerais tels la bauxite, le titane,le
zinc, le cuivre, le Québec en transforme plus qu'il n'en extrait. On est un
importateur net de la plupart de ces minerais-là.
Troisièmement…
Et là je comprends les propos d'introduction de ce matin de Mme la ministre,
qui est un peunouveau quant à la
définition d'une étude de faisabilité et qu'est-ce qui est couvert par l'article 102.
Nous croyons qu'ilfaut clarifier la
notion d'étude de faisabilité, parce qu'elle est porteuse de sens dans l'industrie
minière, comme vous lesavez, et en
général elle est définie par l'aboutissement de la phase d'évaluation du
gisement. Donc, lorsque le projet est jugé économique, l'ensemble de la
réalité économique et technique se résume dans l'étude de faisabilité.
Donc, lorsqu'on voit, dans l'article 102,
«étude de faisabilité de transformation du minerai», bien entendu, on faisait
des relations avec ce qui est connu dans l'industrie minière, soit une étude
plutôt technique, avec une partie de marché
mais aussi une partie technique qui fait appel aux ingénieurs. L'étude de
faisabilité en général, au Québec, coûte entre 1 % et 3 % de
l'investissement requis pour le développement du complexe minier total. C'est
plusieurs millions de dollars et, bien entendu, des investissements
qui ont lieu avant même qu'un seul dollar de profit ne soit fait par la
compagnie minière. Alors, nous croyons que d'exiger
le dépôt d'une étude de transformation du minerai, en termes d'exigence pouravoir accès à son bail minier, aurait des
potentiels effets négatifs. Les impacts pourraient être les suivants :
bien entendu, ça augmente les
investissements requis dans le cadre des travaux avant même la construction du
complexe; ça rallongela durée de
développement des projets; ça risque d'augmenter donc le risque sous-jacent
dudit projet, parce que, pendantce
temps-là, les cycles continuent; la filière des minières québécoises d'explorateurs,
donc nos juniors, auraient donc plus de difficultés à financer leurs
projets parce qu'elles feraient face à un coût de financement accru par rapport
aux autres juridictions auxquelles elles pourraient aller faire leurs affaires.
• (12 heures) •
Donc, en
conclusion, pour la plupart des minerais traditionnels, la transformation s'effectue
proche des grandesrégions
industrielles et manufacturières mondiales, qui sont en général en Asie. La
réalité stratégique et financière de voirdavantage de première transformation dans ces cas-là est minime, et l'instauration
d'une obligation coûteuse de procéder à une étude de faisabilité de la
transformation du minerai n'y changera absolument rien.
Nous sommes d'accord
qu'il faut veiller à maximiser les retombées économiques des projets miniers au
Québec. On l'a souligné à quelques reprises cet avant-midi, ça crée des
impacts économiques plus importants qu'au niveau de l'extraction.
Par ailleurs,
les retombées économiques des projets miniers en général peuvent se faire en
amont de l'exploitation,donc dans l'ensemble
des travaux préparatoires — et je vous dirais qu'en général ces travaux-là sont faits… créent
des retombées économiques au Québec parce que c'est fait par des
ingénieurs québécois et par plusieurs fournisseurs québécois — pendant
la construction — encore
une fois, beaucoup de travaux d'ingénierie ou des firmes de construction
aussi — et
lors de son exploitation, notamment par de la première et de la deuxième
transformation.
Donc, dans l'article 103, quand on parle de
maximiser les retombées économiques, pour nous, ça inclut, bien entendu, des retombées économiques suite à la
construction du complexe minier, donc d'inciter la première et la
deuxième transformation. Donc, le pouvoir du ministre à l'article 103 du
projet de loi semble tout à fait suffisant. D'ailleurs,
c'est cette situation-là qui prévaut dans d'autres provinces canadiennes, où
les gouvernements utilisent le poids de leur soutien aux projets afin de
négocier certains pourcentages de transformation, d'affinage ou de traitement
des minerais.
Pour tenter de promouvoir la transformation,
tant première, deuxième que troisième, nous considérons que le gouvernement du Québec devrait plutôt procéder à
son analyse, en association avec les joueurs en place, par filières et non pas par projets. Ainsi, on pourrait voir
émerger pour certaines filières, par exemple au niveau des minerais émergents,
des vraies opportunités de transformation,
auxquelles il ferait beaucoup de sens de se poser des questions sur comment
inciter ces investissements-là dans ces filières précises.
Par ailleurs,
au niveau de la définition de la transformation, nous considérons que le
gouvernement du Québec devrait adopter une définition qui répond à la
réalité de chacune des filières et s'éloigner de la définition qui est prise par le SCIAN, le système de classification
industriel en Amérique du Nord. Pour parler un peu plus concrètement, dansle cas du fer, nous, on considère que le
concentrage et la boulette, ça fait partie de la transformation. En fait, ça fait partied'activités
économiques qui créent de la valeur,
qui maximisent les retombées économiques au Québec — si vous êtesdéjà allés à Sept-Îles ou à Port-Cartier, vous savez de quoi je
parle — et donc
il faut prendre en considération ces activités-làentre l'extraction et ce qui est considéré
première transformation par le SCIAN et se pencher là-dessus pour pouvoir les
promouvoir.
Donc, en ce qui a trait à nos recommandations
spécifiques, la recommandation n° 1, ce serait le retrait de la composante de l'article 102 portant sur l'obligation
de réaliser une étude de faisabilité de la transformation, donc on retirerait
les mots «et d'une étude de faisabilité de
la transformation du minerai». En cas de non-adoption de la
recommandation n° 1, la
recommandation n° 2, ce serait de définir «étude de transformation»
pour n'inclure que la première transformation. La recommandation n° 3,
on aimerait définir «étude de transformation» de façon plus flexible que la
définition du SCIAN
afin de couvrir les activités amont créatrices de valeur telles que le
bouletage et la concentration pour le mineraide fer. Et la recommandation n° 4 : Permettre à ces
études de transformation d'être étudiées filière par filière, adaptéesà la réalité de chacune de ces filières et
abandonnées pour les filières où la possibilité d'avoir une transformation
accrue au Québec n'est pas stratégiquement ni économiquement réaliste.
Merci.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. Lortie. Mme la ministre.
Mme
Ouellet :
Merci, M. le Président. Donc, vous comprenez, en fonction des propos de ce
matin, que, sur ladéfinition d'étude
de faisabilité, il y a plusieurs définitions, et qu'effectivement le milieu
minier a sa propre définition, qui n'est
pas nécessairement la définition lorsque, souvent, on parle d'étude de
faisabilité. Moi, dans une autre vie, j'ai déjà été dans une entreprise
où, lorsqu'on était à l'étude de faisabilité, c'était plus en amont que ce qui
est le cas dans l'industrie minière. Mais ce
qui est la volonté — et ça
sera précisé, là, des amendements seront apportés, là, pour préciserla volonté — la volonté, c'est vraiment une étude économique
et de marché. Avant de penser à faire des études d'ingénierie
détaillées, il faut évaluer si l'opportunité est intéressante ou non. Donc, c'est
vraiment dans cette perspective-là, une étude
de marché justement pour pouvoir orienter l'article 103 ensuite, où il y a
une décision à prendre si, oui, on demanderaplus de transformation. Donc, c'est un indicateur qui permettra, là, un
support, je dirais, à la décision, donc je pense que ça peut être
pertinent.
Et j'aimerais avoir votre avis dans cette
perspective-là. Je comprends que votre mémoire n'est pas dans cette perspective-là, mais, dans cette nouvelle
perspective là, est-ce que vous pensez qu'il peut être pertinent de garder…
puis là,le vocabulaire, là, on
pourra s'entendre sur le vocabulaire, là, si vous avez des bonnes suggestions,
on est ouverts, maisune étude, là,
qui permettrait d'avoir les opportunités et économiques et de marché? On sait
que pour chacun des mineraisc'est
différent — dans l'or,
il n'y a pas de transformation — mais pour les entreprises aussi, parce qu'il
y a des entreprises qui sont intégrées en aval, donc qui sont déjà dans
la transformation, qui connaissent très bien ce métier-là; d'autres entreprises que c'est moins le cas, et donc c'est
plus difficile, pour ces entreprises-là, d'aller réaliser de la transformation.
Donc, c'est pour ça qu'on pensait qu'il pouvait être pertinent de le faire, là,
pour chacun des projets. Les études par filièrespeuvent aussi être intéressantes, mais il y a des particularités pour
chacune des entreprises, je pense, qui s'ajoutent à la filière.
Le
Président (M. Morin) : Allez-y, M. Lortie, je vous laisse
échanger. À moins qu'on ait besoin de votre conseiller, là, je ne vous
interromps pas.
M. Lortie
(Renault-François) : Merci. En fait, j'ai plusieurs idées qui me
passent dans la tête pour répondre à votre question.
Premièrement, je trouve que le changement au
niveau de l'étude de faisabilité telle qu'on la comprend dans l'industrie minière et une étude économique et de marché,
ça va dans le bon sens. Pourquoi? Parce que les coûts d'uneétude de faisabilité économique et de marché vont
être beaucoup moindres, et donc la pression au niveau de la comparaison
de la juridiction va être amoindrie.
Par ailleurs,
on déplace quand même le fardeau à chacune des compagnies minières de faire
cette étude-là, et cefardeau-là n'existe
pas dans les autres juridictions canadiennes. Alors, on perd un petit peu
encore en comparaison, en termes de compétitivité.
Je crois que…
Je comprends l'argument qu'il y a certaines compagnies qui sont intégrées en
aval. Elles sont très rares. À part ArcelorMittal, là…
Mme
Ouellet : Tata
Steel, WISCO.
• (12 h 10) •
M. Lortie
(Renault-François) : Oui, eux autres sont en train de s'intégrer. Ils reviennent
par en arrière parce quec'étaient
des aciéristes, qui s'intéressent de plus en plus à… Mais, pour l'instant, en
tout cas, leur tonnage est très, très minime au niveau du fer québécois.
Mais je comprends l'argument.
Je vous
dirais que, bien que l'argument d'entreprise peut être intéressant, je ne vois
pas de différence que l'entrepriseva
faire par rapport à une étude filière par filière. Est-ce que le bon joueur va être là dans la deuxième transformation, la troisième
transformation?
Et sa présence
va être importante, mais je pense que le gouvernement du Québec a le devoir de
faire sa propreétude filière par
filière. Et ça, on le faisait, je pense, comme gouvernement, dans le passé,
avec des études sectoriellesoù on
prenait le fardeau de décider quelle filière semblait intéressante pour nous
puis le développement économique duQuébec.
Là, on décharge le fardeau aux sociétés minières puis on se garde le pouvoir,
je dirais, de voir si l'étude est bienfaite
ou si on est d'accord avec ses conclusions ou pas. Moi, j'aimerais qu'on
travaille ensemble, donc les sociétés minières d'une certaine filière, le gouvernement du Québec ensemble pour voir
quelles sont vraiment factuellement les possibilités et les opportunités
de transformation.
Et je considère, pour terminer, que ça s'applique
à la première transformation et non pas à la deuxième et la troisième transformation, d'où la recommandation,
nous, de spécifier que c'est uniquement pour la première transformation.
La deuxième et la troisième transformation, c'est un monde très différent que
celui de l'extraction et de la première transformation. Je mets l'extraction et
la première transformation dans un lot qui peut se parler économiquement et stratégiquement et la deuxième et la troisième
transformation dans un autre lot qui est complètement différent, dont lesjoueurs sont habituellement complètement
différents, et qui répond à des réalités économiques et stratégiques
complètementdifférentes. La deuxième
et la troisième transformation, c'est de l'industrie manufacturière, on sait en
général comment l'aider. L'extraction et la première
transformation, c'est différent, et je pense que, là, de faire le pont entre la
première et la deuxième, on va avoir beaucoup de difficultés.
Mme
Ouellet :
Oui. Je crois qu'un n'empêche pas l'autre. Je ne pense pas que l'idée, c'est de
décharger vers lesentreprises. Je
pense que ça n'empêche pas que le gouvernement puisse se faire des études
filière par filière et avoir une vision globale, là, de la
transformation au Québec et des opportunités.
Moi, je pense
que, le milieu minier, beaucoup de projets sont en développement actuellement
dans le territoirenordique. Le
portrait du milieu minier est en train de changer, au Québec, avec des joueurs
comme Tata Steel, commeWISCO qui s'en
viennent avec des projets d'exploitation au Québec. Ces projets-là sont en
développement, certains — en particulier Tata Steel — qui sont quand même assez
avancés. Ce sont des joueurs qui sont… Comme ArcelorMittal. Comme, d'ailleurs, Xstrata, qui va faire de la
transformation en Nouvelle-Calédonie également, là, qui a la mine de…Xstrata qui est maintenant Glencore, là, mais qui
a la mine de Raglan, là, dans le nord de la baie d'Ungava. Et certains
de ces joueurs-là, ce qu'on ne voyait pas beaucoup avant, sont vraiment
intégrés en aval, assez…
Une voix : …
Mme
Ouellet :
…c'est ça, jusqu'à l'automobile dans le cas de Tata Steel, donc de façon assez
poussée, là, donc. Puis, ces
joueurs-là, les projets potentiels qui sont actuellement au Québec, ce sont des
projets et des gisements avec des potentiels très importants, si je
pense au projet de taconite avec Tata où on a 25 millions de tonnes par
année, qui est autant… à peu près l'équivalent
de ce qui est exploité par trois mines actuellement, là, deux mines d'Arcelor
et une minede Cliffs; si je pense à
WISCO, qui est 50 millions de tonnes par année — il reste encore à être déterminé, mais ce
sontdes potentiels qui sont quand
même très importants par rapport aux exploitations qu'on a; si je pense au
nickel également,des potentiels qui
sont au-delà de la production actuelle du Québec qui peuvent être développés.
Donc, c'est dans cette perspective-là de ce qui s'en vient dans les
futures années, pour se donner des outils.
C'est certain
que ça ne sera pas possible dans tous les cas, ça ne sera pas possible pour
100 % du minerai, maiscertainement
que, s'il y avait des créneaux pour faire de la première et même, dans certains
cas, de la deuxième transformation, pour faire le lien avec l'industrie
manufacturière du Québec… Et on le voit dans le cas du lithium — d'ailleurs,
vous abordez, là, les nouveaux minerais dans
votre mémoire — qui est
vraiment un exemple, là, où on pourrait avoir l'ensemblede la chaîne de production au Québec, jusqu'à la
fabrication des batteries au Québec, on a déjà des joueurs dans ce champ-là.
Mais il y a aussi les terres rares, les autres terres rares qui sont en
exploration actuellement.
C'est pour ça
que la première transformation me semble un petit peu limitative dans la
perspective des nouveauxprojets qui
viennent. Si on regarde dans le passé, je vous comprends. Mais, si on regarde
dans l'avenir… Et moi, je seraisportée
à regarder beaucoup dans l'avenir avec tous les projets qui s'en viennent. Je
trouvais ça un petit peu limitatif delimiter
ça exclusivement à la première. Ça ne sera pas toujours possible, la deuxième,
mais je crois que des fois on peut faire la chaîne de production jusqu'à
faire le lien, le pont avec l'industrie manufacturière déjà existante au
Québec.
Des gens dans
le secteur de l'aéronautique me disaient que, si on pouvait leur donner un
avantage concurrentiel…qu'ils ont de
la difficulté à avoir des approvisionnements des fois en acier inoxydable. Nous
produisons au Québec le fer et lenickel
qui permettent de faire l'acier inoxydable. Donc, si on pouvait aller jusque-là
et donner un avantage comparatif… Est-ce que c'est possible ou pas, ça
reste à être déterminé, mais c'est l'idée dans les créneaux qui seront
possibles.
Donc, c'est pour ça que je me
demandais pourquoi vous limitez juste à la première transformation.
M. Lortie
(Renault-François) : Parce que la réalité qu'on va réaliser à travers
ces études filière par filière là, jecrois,
va faire en sorte qu'on ne convaincra pas les Tata Steel de ce monde d'établir
leur prochaine fonderie au Québec. Stratégiquement, ces entreprises-là
ont déjà établi leur chaîne de valeur, de transformation, et sont intéressées
en ce moment à intégrer l'extraction dans la
chaîne de valeur déjà existante. C'est des investissements en capitaux énormes.Et on fera le chèque qu'on voudra à ces
entreprises-là, stratégiquement et économiquement, je ne pense pas que ça vafaire du sens qu'elles installent leur
prochaine unité de deuxième transformation ou même de première transformation
ici. Et, comme vous le dites si bien, on pourra le voir dans les études puis
factuellement, qu'est-ce que ça donne.
Je pense que
vous touchez un très bon point en regardant des filières émergentes. Donc, moi,
je fais une grandedifférence entre
les métaux dits traditionnels et les métaux émergents, où il y a, encore là,
une chaîne de valeur mondiale àconstruire.
Et là, je vous dirais, il faut agir vite, parce que cette chaîne de valeur là,
une fois qu'elle va être construite… Prenons le cas du… oui, du cuivre avec
Sudbury. Une fois que c'est installé, une fois que ton investissement en
capitalest mis, de plusieurs
milliards de dollars pour construire ta fonderie, c'est une barrière à l'entrée
pour une autre fonderiede s'installer
ailleurs. Donc, si on veut, pour le lithium, pour les terres rares lourdes
particulièrement, être avant-gardistes,voir plus loin, là, oui, je pense, c'est des filières très
intéressantes, d'inciter les entreprises à investir au Québec pour établircette chaîne-là, qui peut aller jusqu'à la
troisième transformation, je suis complètement d'accord avec vous. Et on va
avoirdes avantages compétitifs
énormes une fois qu'elle va être établie, et probablement que ça va amener des
minerais à êtretransformés ici,
parce qu'on va avoir créé une barrière à l'entrée pour les autres joueurs d'établir
leur première et deuxième transformation ailleurs.
Dans les
minerais dits traditionnels, cette chaîne-là est établie, et là, nous, venir
compétitionner des investissements déjà faits, amortis depuis 15, 20,
30 ans, c'est toute une commande.
Mme
Ouellet :
Oui. Donc, on s'entend pour les métaux non traditionnels. Mais, pour les
minerais traditionnels,moi, je pense
que, si la Nouvelle-Calédonie avait réfléchi comme ça, elle n'aurait pas son
usine de transformation, quiest en construction actuellement. Si Terre-Neuve
avait réfléchi comme ça, elle n'aurait pas non plus actuellement son usinede transformation. Je comprends qu'il y a un
historique, je comprends qu'il y a… c'est pour ça qu'on ne pense pas que100 % du minerai va être établi, mais
je pense que, si on ne se donne pas les moyens, on ne pourra pas non plus faire
comme d'autres juridictions qui ont exigé la transformation, qui ont
ciblé, et avec des compagnies comme Vale, avec des compagnies comme Xstrata. Et, malgré, comme vous dites, que les
infrastructures sont établies, ça n'a pas empêché qu'elles ont construit
des usines de transformation additionnelles.
M. Lortie
(Renault-François) : Oui, et l'article 103 est là pour vous
permettre de négocier ce type d'entente là.Vous n'avez pas besoin, je vous le soumets, de l'article 102 et de
créer ce fardeau supplémentaire là qui va affecter la compétitivité de
notre juridiction en exigeant que ces gens-là obligatoirement déposent une
étude de faisabilité sur la transformation pour avoir leur bail d'exploitation.
Mme
Ouellet :
Donc, je comprends que vous êtes d'accord que même dans les métaux traditionnels
il pourrait y avoir, dans certains cas, des usines de transformation qui
pourraient s'établir au Québec.
M. Lortie
(Renault-François) : Tout à fait. Et vous allez voir que, dans notre
mémoire, on souligne par exemplele
titane, on souligne le cuivre, on souligne… Je pense que le troisième exemple,
c'est le lithium, ça fait que ça ne rentre pas dans le traditionnel.
Alors, oui, je suis d'accord, c'est l'exception qui va confirmer la règle.
Mme
Ouellet : Merci.
Je ne sais pas si…
Le Président (M. Morin) : Mme
la ministre, il y a le député de Saint-Maurice qui veut intervenir.
Mme
Ouellet : Ah!
• (12 h 20) •
M. Trudel :
J'ai lu avec beaucoup d'attention votre mémoire. J'écoute les discussions, vos
réponses depuis tantôt.Je vous
poserais cette question-ci à ce
moment-ci : Vous ne croyez pas
qu'on serait dus, au Québec, d'avoir une vraiebelle politique de développement industriel puis qu'on se donne les moyens d'appuyer
toutes les filières industrielles sur l'ensemble du territoire?
M. Lortie
(Renault-François) : Tout à fait. Et je pense que certaines mesures du gouvernement du Québec vont
dans le bon sens.
Par exemple,
sur le congé fiscal aux projets de 300 millions, si je peux donner mon avis là-dessus,
j'abaisserais…300 millions, c'est beaucoup d'investissement, puis j'abaisserais ça à 200, 150 millions, parce que, pour l'instant, il
n'y a pas beaucoup de monde qui en ont profité, je dirais, de ce congé
fiscal là.
Deuxièmement, j'ouvrirais la définition de projet qui peut être couvert par ce type
de disposition là. Par
exemple, le bouletage serait
exclu d'un investissement qui serait couvert par ce congé fiscal là, malgré le
fait que c'est créateur d'emplois, créateur de valeur et que ça maximise les
retombées économiques ici.
Donc, je
mettrais encore plus de flexibilité dans ce type de disposition là pour attirer
les investissements privés.Et je
suis d'accord qu'on peut regarder ça de façon beaucoup plus focus, plus
concentrée, et j'inclurais dans ça un regardgouvernemental en accord avec l'ensemble des joueurs existants sur le
territoire pour pouvoir pousser à fond ce genre d'étude là, oui.
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Saint-Maurice, vous voulez rajouter quelque chose?
M. Trudel :
Oui, c'est ça. Vous étiez là plus tôt, je crois que vous avez entendu d'autres
présentations. Vous avez entendu probablement la FQM, qui parlait d'un
appui au développement régional.
Que pensez-vous de l'importance, pour le
gouvernement du Québec, d'offrir un appui significatif pour le développement
des régions, tant au niveau des incitatifs financiers mais aussi au niveau des
études, de l'information stratégique?
M. Lortie
(Renault-François) : Ça s'éloigne un petit peu de mon expertise, mais,
je veux dire, je ne pense pasque
personne peut être contre la vertu. C'est sûr et certain que l'ensemble de ces
emplois-là, en première transformation particulièrement… En deuxième
transformation, je pense qu'on va se rapprocher des centres, là où est les
ressources humaines, là. Qu'on regarde
Valleyfield, au niveau de la transformation du zinc, etc., là, on est un petit
peu plus loin deslieux d'extraction.
Mais tout à fait. Si on est capables d'avoir des politiques qui vont encourager
les investissements en région, ça va être… C'est vital pour l'économie
du Québec.
M. Trudel :
On a échangé brièvement avant votre présentation. On a parlé entre autres, là,
d'un projet qu'on chéritau gouvernement
présentement, là, le projet de BDEQ, qui viendrait, d'une part, allier le
support au développement et ainsi que le financement au projet.
Pourriez-vous me donner vos opinions là-dessus?
M. Lortie
(Renault-François) : Écoutez, c'est un projet que je connais encore…
Là, c'est encore plus loin quemon
expertise, là, la façon dont est organisé, je dirais, le support financier aux
entreprises québécoises et au développement économique du Québec. Que ce soit par la présence
des CRE ou non, il y a besoin d'un regard de la réalité économiquelocale et régionale dans l'ensemble de l'étude de
ce type d'investissement là. Là, à savoir si c'est dans un véhicule d'une
organisation ou d'une autre, je vous laisse débattre de tout ça à l'Assemblée
nationale.
M.
Trudel : Selon votre information, ce que vous avez dans votre
secteur d'activité, comment qualifieriez-vousle niveau d'information que l'État québécois, ou que les entreprises
québécoises, ou que l'ensemble de la collectivité a dans certaines
filières industrielles, dont, entre autres, là, dans le secteur minier et le
secteur de la transformation?
M. Lortie
(Renault-François) : En fait, dans le secteur minier — ça va
me permettre de promouvoir mon mémoire — je pense que vous avez entre les mains à peu
près la seule étude factuelle des 10 dernières années sur qu'est-cequi se passe en première et en deuxième
transformation au Québec. Il y avait une très large absence, je dirais, de
faits surqu'est-ce qu'on extrait par
filières, qu'est-ce qu'on fait comme première transformation par filières, qu'est-ce
qu'on faitcomme deuxième
transformation. Et j'ai placé… Donc, nous avons placé en annexe l'extrait qui
vient de l'étude de laChambre de
commerce du Montréal métropolitain, qui fait un regard vraiment, là, filière
par filière et qui vous donne des exemples très concrets de compagnies
qui sont impliquées dans ces filières-là.
Donc,
c'était un manquement, je pense qu'on vient d'en couvrir une certaine partie.
Et je pense qu'en général unregard
factuel va… l'ensemble des débats qu'il peut y avoir dans le monde minier et
dans d'autres débats, là, vont tout simplement aider la prise de
décision stratégique et économique, là, dans l'avenir. Donc, moi, je vais
toujours être un partisan de ça. C'est mon métier de faire ce type d'étude là,
ça fait que ce serait un peu bizarre que je sois contre.
Le
Président (M. Morin) :Merci,
M. le député de Saint-Maurice. On se retourne vers le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata,
porte-parole de l'opposition officielle en matière de mines. M. le député,
allez-y.
M.
D'Amour : Je vais
surtout, tantôt, laisser la parole à mon collègue de Mégantic,
mais je veux revenir sur la question de la transformation.
Vous
êtes un acteur important dans l'industrie au Québec,
ça, c'est clair. Cependant, moi, je
pense qu'on peutaller beaucoup plus loin. Mme la ministre tantôt
employait le terme «limitatif», et je vais le pousser encore plus loin quantaux instances qui devraient être autour d'une
même table. Il y a un travail de partenariat à réaliser, il faut
savoir. Puis tantôtmon collègue va parler des métaux émergents, et
tout ça. On en a brièvement parlé. Il a une connaissance plus pointue,
il va aller plus loin.
Ceci
dit, ce matin, la proposition que nous, on faisait, c'est de dire : Autour de cette table-là, il y a
aussi les syndicatsqui ont des
idées, il y a un partenariat à établir. Ça peut
même, à mon avis, être un partenariat financier, le gouvernement, les régions et l'industrie qui
dit : On va aller le plus loin possible — il n'y a pas de mal à ça — et faire en sorte de voir toutes les
retombées potentielles.
La
responsabilité qu'on a…
Puis là, là, c'est la troisième fois
et demie, là, parce qu'il y a eu… la demie, je l'expliquepar le projet
de loi n° 197. On a le
devoir de sortir avec quelque chose, là, tu sais. On aurait l'air tous un peu fous,
là. Alors, cette idée-là qui est
inclusive parce que, là, on ouvre la porte à d'autres instances qui
sont celles des syndicats, des régions, est-ce que vous recevez bien ça?
M.
Lortie (Renault-François) : Tout à fait. Et, j'ajouterais, j'ai compris tout à l'heure la mention que
ça n'empêchepas le gouvernement du Québec à faire ses propres études. J'aimerais qu'on ne
fasse pas des études chacun de notre côté, j'aimerais qu'on fasse des
études tous ensemble. Alors, je suis d'accord avec votre point de vue.
Le Président (M.
Morin) : Oui. À vous, M. le député.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, M. le Président. Écoutez, vous avez un
tableau, le tableau 1 à la page 10, je pense, qui est vraiment
intéressant, parce que vous mettez là les avantages et désavantages
compétitifs, qui sont très intéressants. Il y en a
une couple qui m'intéressent beaucoup. Dans les facteurs structurels, le premier
désavantage compétitif, c'est l'éloignement
des marchés asiatiques. Vous parlez abondamment pour le fer, entre autres, mais, pour lesmatériaux
émergents, les terres rares, certains de ces matériaux-là, cette variable-là n'est
pas vraiment limitative parce que,les volumes étant beaucoup
moins importants, les prix de l'énergie, la main-d'œuvre, etc., sont peut-être
des facteurs plus significatifs. Je voudrais juste vous entendre un peu là-dessus,
là.
M.
Lortie (Renault-François) :
Vous avez en partie raison, je crois. Par
ailleurs, pour le moment, la
productionde ce type de minerai dit
émergent est fortement concentrée en Asie, en Chine et au Japon. Il y a
même une concentrationque je
qualifierais de très significative, qui fait en sorte qu'il pourrait y avoir un
pouvoir, je dirais, questionnable, là, dans l'avenir. Donc, lorsque la…
C'est quasiment un monopole, là, en ce moment.
Donc,
hormis ce point de vue là, il y
a absolument des belles
opportunités d'établir des chaînes de valeur nord-américaines,
américaines et même d'Europe occidentale. Et, comme je l'ai souligné un peu
plus tôt, il faut agir rapidement avec les
acteurs que nous avons en territoire québécois qui sont intéressés par le développement de ces filières-là, là, pour les inciter à mettre en activité la
chaîne de valeur complète ici, au Québec.
Le Président (M.
Morin) : Allez-y, M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, M. le Président. Écoutez, je
pense qu'on a lu le même rapport quant
à… rapportdes terres rares où la
Chine avait un monopole pratiquement exclusif et que même, les États-Unis, on va parler de redémarrercertaines opérations de terres rares, justement pour, comment je… se
départir de la dépendance de l'Asie et de ramener ça. Je peux bien comprendre ça. Mais ce que vous me
dites, là, ici : que cette opportunité, on l'a vraiment, là, elle est
potentielle si on agit rapidement.
M. Lortie (Renault-François) : Je
vais permettre à mon collègue de répondre là-dessus.
M.
Bolduc
(Mégantic) :
J'ai bien compris ce que vous me dites? Non?
M. Lortie (Renault-François) : Oui.
Le Président (M. Morin) :
Monsieur, si vous voulez bien vous identifier.
• (12 h 30) •
M. Bienfait (Thomas) : Thomas
Bienfait, consultant chez KPMG, collègue de M. Lortie.
M. le député, je pense que vous avez tout à fait raison. Ce qu'il
faut bien comprendre… Je vais m'intéresser plusparticulièrement au cas des terres rares, qui sont un peu différentes du
cas du lithium. Le lithium est une filière qui est quand même moins
consolidée que celle des terres rares.
Il y a
deux types de terres rares différents : vous avez des terres rares
lourdes, des terres rares légères. Les terres rares légères, c'est la
majorité de la production en termes de volume, mais peu en termes de valeur.
Ces terres rares légères là sont produites à quasiment 100 % en Chine, il
y a un seul projet qui est situé aux États-Unis. Elles vont êtreutilisées pour de nombreux usages industriels,
mais elles resteront en Chine. Il est très peu probable qu'on va développer,à l'heure actuelle, des projets de terres
rares légères en dehors de la Chine, puisque ce ne serait pas économiquement
viable.
Maintenant,
on a cette chance, au Québec, d'avoir ce qu'on appelle des terres rares
lourdes. Ce sont des terresrares qui
vont être utilisées pour les batteries mais aussi pour ce qu'on appelle les
aimants permanents, en fait, qui sont utilisés dans plein d'applications :
votre iPhone, vos voitures électriques, etc. Donc, on a une vraie opportunité
de développer une filière de terres rares
lourdes au Québec. On a actuellement, si je ne me trompe pas, deux… enfin,
deux projets plus avancés, de nombreux autres projets en vigueur.
La seule
chose, par contre, qu'il faut comprendre dans le cas des terres rares, c'est
que, oui, on va pouvoir maximiserla
valeur, on va pouvoir transformer plus. Après, est-ce qu'on pourra avoir une
filière totalement intégrée, c'est-à-direavoir de l'extraction à la production
d'aimants permanents, voire à la production de batteries? Ça va être
plus difficile.Néanmoins, entre ces deux étapes, de l'extraction
à la production de batteries, il y a énormément d'étapes intermédiaires.Ce sont en fait des filières minérales qui nécessitent énormément de ce qu'on appelle du
«processing», enfin, de passer par de nombreux bacs, enfin…
M.
Bolduc
(Mégantic) :
Des étapes de transformation.
M.
Bienfait (Thomas) : Voilà. Les étapes de transformation intermédiaires
sont très importantes, très source devaleur
ajoutée mais aussi très coûteuses. Le problème actuellement de ces projets-là,
c'est que la Chine a un monopole.Ceux
qui essaient de développer ces projets-là en dehors de la Chine, prenons le
cas… vont le faire pour que, mettons,des
sociétés allemandes, des sociétés japonaises puissent se diversifier, ne
puissent pas uniquement s'approvisionner enChine mais s'approvisionner dans d'autres pays. En général, ces
projets-là seront toujours plus coûteux que la production de minerai en
Chine, donc il y a un élément stratégique derrière.
Néanmoins, à
l'heure actuelle, on n'a que des projets de développement de… on va dire d'extraction,
et un petit peude transformation, et
un petit peu de traitement. Pourquoi? Parce que ce sont des projets qui sont
coûteux. Et, comme toutecette
dynamique derrière de transformation accrue est extrêmement coûteuse, ce sont
des projets qui ont du mal à se financer.
Mettons un
projet de terres rares actuel. C'est 200 à 300 millions environ en coûts,
en investissement requis pourextraire
le minerai au Québec. Le fait de faire plus de transformation, d'avoir ce qu'on
appelle des concentrés plus poussés,ça
en coûterait autant. Alors, aujourd'hui, le problème, c'est que ces sociétés ne
sont pas capables ou ont du mal de trouver les 200 à 300 millions
qu'il faut pour développer le projet. Donc, elles ne vont même pas regarder à
faire les 200 ou 300 millions parce qu'elles
savent qu'elles n'auront pas forcément la possibilité, même si, pour elles, ça
pourrait être plusrentable, même si,
pour elles, ça pourrait permettre de capter plus de valeur ajoutée et de
permettre au Québec aussi d'avoir plus de valeur ajoutée.
Donc, c'est
aussi le rôle du gouvernement d'identifier ces filières-là, d'identifier jusqu'à
quel niveau de transformation il est
réaliste de vouloir aller dans ces filières et ensuite de permettre à ces
sociétés de pouvoir se financerou d'avoir
un financement facilité. Je pense qu'on pourrait avoir tout à y gagner, puisqu'on
aurait plus de projets, on aurait plus de transformation et on aurait
plus de retombées.
M.
Bolduc
(Mégantic) : D'où votre commentaire d'abaisser les
déductions fiscales des usines de transformation sous les
300 millions.
Est-ce que
vous pouvez nous donner une échelle? On parle de 100 millions,
150 millions ou… moins que ça? Parce que, dans ces cas-là, les étapes de transformation, chacune des étapes,
si on la morcelle, ça peut faire une série de petitsprojets, puis ils vont tous être sous la barre, si
on veut, de l'avantage fiscal… à moins qu'on en bâtisse une série en séquence,
mais ce n'est pas toujours possible, ça.
Le
Président (M. Morin) : M. Lortie.
M.
Lortie (Renault-François) : Oui. Alors, c'est là l'importance de le
regarder par filières et de ne pas se borner, je dirais, à une limite.
Alors, il faut s'asseoir avec les joueurs et regarder. Si c'est deux, trois
étapes de formation qui forment
150 millions d'investissement, bien, je veux dire, on ne s'enfargera pas
dans les fleurs du tapis puis on va vouloir créer de la richesse au
Québec puis inciter ces gens-là à faire ces investissements-là ici, là.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci. J'ai une autre question
qui est dans le même tableau, aux facteurs conjoncturels,qui, pour moi, a une importance qui est
probablement peut-être plus importante encore, qui est le premier élément, doncc'est l'absence d'infrastructures pour les
mines nordiques. Ici, on parle de ports adéquats, on parle de gazoducs, on parle
de voies ferrées, on parle d'accessibilité dans tous les sens, et naturellement
je pense qu'un jour ou l'autre on frappe Hydro-Québec avec les tarifs
internationaux, etc.
Est-ce
que vous pourriez élaborer un petit peu là-dessus pour s'assurer que tout le monde ici comprenne
bien, là, cet enjeu-là qui nous est fondamental puis, je pense, qui peut
créer ou enlever l'opportunité?
M.
Lortie (Renault-François) :
Oui. Puis c'est un peu l'oeuf ou la poule, mais effectivement, si vous voulez,notre territoire est tellement
large et son potentiel minier est tellement intéressant que plus nous aurons les infrastructures pour le découvrir, plus nous pourrons tous en profiter.
Alors,
le rôle d'une compagnie privée, le rôle du gouvernement, c'est… Pour moi,
ce n'est pas uniquement auxentreprises privées à 100 % de financer ces
infrastructures-là, parce que les bénéfices qui en ressortiront seront partagéspar l'entreprise privée et par le
gouvernement et l'ensemble des Québécois. Donc, nous avons, je crois, un rôle d'investirdans ces infrastructures-là qui vont pouvoir
nous permettre d'explorer et d'exploiter davantage l'ensemble de notre immense
territoire.
On
a des infrastructures en place, je dirais, dans notre région de Rouyn-Noranda,
qui est une de nos deux grandesrégions
d'exploitation. Au niveau de Fermont, de Schefferville, je pense qu'il y a des
efforts à faire au niveau ferroviaire, il
y a une espèce de blocage en ce moment qui devrait être regardé par le
gouvernement et qui pourrait être facilité par legouvernement. Et tout ce qui est au-dessus de ces
deux régions-là, c'est par le biais d'aéroports et d'infrastructures, même au niveau social qu'il faut voir, et je crois,
encore une fois, que c'est par le biais d'un partage des investissements que
ça devrait être fait.
Le
Président (M. Morin) : M. le député de Mégantic, j'aurais
besoin de votre gentilhommerie pour permettre au député de Granby, qui
doit quitter… Et on reviendra à vous, s'il y a lieu. M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Merci, M. le Président. Bienvenue, messieurs.
Deux questions peut-être rapides. Bon, dans latransformation, pour ce qui est de la transformation minière au Québec,
vous semblez dire… À la page 21 — je penseque ma collègue l'a lu tantôt : «Ainsi, il serait erroné de
considérer que le Québec se retrouve désavantagé par rapport à d'autres provinces canadiennes au niveau de la
transformation des minerais qui y sont extraits.» Puis vous donnez des
exemples.
Ça
semble être un faux débat dans ce qu'on peut imaginer comme tendances et
messages qu'on envoie au Québec présentement, mais, pour ce qui est des deux
points que vous mentionnez dans votre mémoire, avez-vous fait une étude à savoir… Si demain matin ces mesures
contraignantes passaient dans ce projet de loi, avez-vous fait une étudeà savoir, dans d'autres législations dans le
monde… On sait que ces entreprises peuvent aller mettre leur argent où elles
veulent. Est-ce que ces mesures sont appliquées dans d'autres pays dans le
monde?
M. Lortie (Renault-François) :
Je veux juste comprendre quelles mesures vous…
M.
Bonnardel :
Bien, pour ce qui est de la transformation du minerai ou…
M. Lortie
(Renault-François) : D'exiger une…
M.
Bonnardel :
Des mesures coercitives. C'est ça, oui.
M.
Lortie (Renault-François) : En fait, au niveau canadien, il semble y
avoir quatre juridictions qui, je dirais,couvrent le sujet en ayant des dispositions. Donc, l'Ontario,
Terre-Neuve-et-Labrador, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosseont des dispositions dans leurs lois sur les mines
qui demandent un traitement, et non pas une transformation, un traitementou un affinage de leurs minerais extraits
soit en territoire canadien, pour l'Ontario, soit au sein de leur province, au
niveaudes trois autres. Et aucune de
ces juridictions ne demande aux compagnies minières, comme obligation à l'obtention
dubail, de déposer une étude de
transformation sur le minerai ou une étude économique et de marché. Ils ont le
pouvoir, donc, d'exiger, et dans chacune de ces dispositions-là
législatives il y a tout le temps une exemption possible.
Alors, finalement,
ils se créent un pouvoir discrétionnaire de négocier, lors de la conclusion du
bail avec la minière, un certain traitement
ou une certaine transformation. C'est ce qui a permis à l'Ontario de traiter
une partie desdiamants, là, de la
mine De Beers et, effectivement, comme vous le souligniez tout à l'heure,
à Terre-Neuve-et-Labrador de négocier des dispositions avec Vale au
niveau de Voisey's Bay.
Et c'est ce qu'on a dans l'article 103
qui est proposé dans la Loi sur les mines. C'est pour ça qu'on croit qu'il estsuffisant d'en rester à l'article 103…
et de retirer cette obligation-là qui n'existe pas dans les autres juridictions
canadiennes et de créer un fardeau supplémentaire aux compagnies
minières.
• (12 h 40) •
M.
Bonnardel : Mais même… M. le Président, si vous permettez,
même les juridictions ailleurs dans le monde? Avez-vous fait cette étude
ou regardé au-delà du Canada?
M.
Lortie (Renault-François) : Pas exhaustive, pas comme au niveau
canadien. Je sais qu'au niveau du Vietnam,en Indonésie, il semble y avoir une direction vers ce type, encore une
fois, de disposition, mais je ne pourrais pas répondre plus que ça, là.
Je n'ai pas fait une étude exhaustive au niveau mondial.
M.
Bonnardel : Croyez-vous que d'exiger un plan de restauration
avant même l'octroi du bail… on est d'accord pour le fait qu'on met
100 %, là, des garanties pour restaurer le site qu'on va exploiter, mais
pourrait être une problématique pour ce qui
est du financement à aller chercher, donc une autre mesure additionnelle
demandée, donc, àces minières?
Considérez-vous que celle de demander un plan de restauration peut être
négative vis-à-vis le financement qu'on va aller chercher, ou ça va
augmenter la prime de risque, ou…
M.
Lortie (Renault-François) : Inévitablement, ça va augmenter les
pressions au niveau du financement du projet.Inévitablement, ça va changer la profitabilité du projet dans ses
premières années, qui sont très importantes pour sa survie.
Par ailleurs, c'est
une tendance assez, je dirais, reconnaissable dans le monde minier, d'aller
vers ce type de disposition.
M.
Bonnardel :
Je vous repose la même…
Le Président (M.
Morin) : Quelques secondes, M. le député de Granby.
M.
Bonnardel :
Je vous repose la même question et je termine avec ça : Est-ce qu'il y a d'autres
juridictions canadiennes qui demandent donc un plan de restauration avant même
l'octroi du bail?
M. Lortie
(Renault-François) : Je ne le sais pas.
M.
Bonnardel :
Merci.
Le Président (M.
Morin) : Merci, M. le député de Granby. On revient au député de
Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, M. le Président. Je voudrais revenir à
une question fondamentale. On parlait d'infrastructures, mais on va la
spécialiser un peu plus.
Comme
vous le savez très bien, Hydro-Québec dispose actuellement de plusieurs
milliers de mégawatts d'énergieexcédentaire
qui pourraient être utilisés comme, moi, j'appellerais ça, des incitatifs,
O.K., dans des filières comme le fer, pas toutes les catégories de fer
mais certaines applications hydroélectriques, entre autres, ou spécialités de
marché, le titanium dans la fabrication de l'éponge — que vous appelez, je pense, la première
transformation dans votre dossier,qui
amène la deuxième transformation presque automatiquement — le zinc et le cuivre. Je parle de ceci puis
je voudraisvous entendre sur quel
est, selon vous, l'intérêt qu'Hydro-Québec pourrait fabriquer ou attirer à l'égard
de ces infrastructures-làavec un
tarif hydroélectrique et naturellement la masse ou la disponibilité de ces
matériaux-là. Est-ce que vous avez des données ou vous avez une
perception à cet égard?
M.
Lortie (Renault-François) : Vous voyez, vous touchez, si vous voulez,
à la page 10, là, les facteurs conjoncturels,
les principaux avantages compétitifs du Québec, les principaux désavantages. On
a mis le coût de l'énergiedans
chacune des deux colones. Alors, le coût de l'énergie lorsque la mine est
raccordée au réseau d'Hydro-Québec, oncroit
que c'est un avantage conjoncturel compétitif du Québec, et les coûts de l'énergie
lorsque la mine n'est pas raccordée au réseau d'Hydro-Québec se
retrouvent dans la colonne des désavantages.
Est-ce
qu'Hydro-Québec et les tarifs d'énergie représentent une opportunité d'attirer
les investissements privés?C'est sûr
et certain. Est-ce que le gouvernement du Québec devrait l'utiliser dans tous
les projets? Je ne crois pas. Je pense que la Commission sur les enjeux
énergétiques qui s'en vient va pouvoir débattre de cette épineuse question de
quoi faire avec nos surplus énergétiques en ce moment, donc je vais laisser à
cette commission-là la tâche de régler cette problématique.
Le
Président (M. Morin) : M. le député de Rivière-du-Loup, ça va
pour l'instant? Mme la ministre, à vous la parole.
Mme
Ouellet : Oui, merci, M. le Président. Moi, je reviendrais
sur votre proposition de dire que les études devraientse faire par filières. Donc, j'aimerais ça vous
entendre. J'imagine que vous avez réfléchi à quelles filières, comment vous
diviseriez les filières, là, ça fait que je vais profiter de votre présence
pour nous en dire un peu plus.
M. Lortie
(Renault-François) : Alors, je peux vous référer à la page 22 de
notre mémoire, où nous avons fait,je
vous dirais, une étude très préliminaire de certaines filières présentes au
Québec, que nous avons regardées eu
égardaux
critères que vous retrouvez dans le haut, donc : Est-ce que
nous avons accès à un bassin de main-d'oeuvre au Québecpar rapport à cette filière-là? Est-ce
que nous utilisons des installations
de production existantes? Est-ce que donc il
y a desinstallations déjà en territoire québécois? Est-ce
qu'on a accès à des marchés hors Québec? Est-ce que notre productionpeut se différencier au niveau mondial? Et est-ce
qu'il y a une viabilité économique de nouvelles installations possible?
Donc, on voit que, je
dirais, en général, en conclusion, là, le titane, le cuivre et le lithium sont,
pour nous, les filières les plus
intéressantes. Et je répète que c'est une étude très préliminaire et je serais
tout à fait heureux de la rendre beaucoup plus spécifique et précise
avec le gouvernement et l'ensemble des joueurs de l'industrie.
Mme
Ouellet : Oui. Concernant le cuivre, on a, par rapport au
passé, maintenant quand même peu de production, là, dans le cuivre au Québec. On a quand même une usine de
transformation, qui est la Horne à Rouyn-Noranda. Et lesfuturs projets qui s'en viennent sont beaucoup
dans le fer et le nickel, bon, et, comme on le disait, dans les terres rares,
là, incluant le lithium.
Pensez-vous qu'il
peut y avoir également des opportunités du côté du fer et du nickel?
M. Lortie (Renault-François) : Donc, effectivement, le problème avec le cuivre,
c'est qu'on n'en trouve plus,parce
qu'on a une superinstallation avec la Fonderie Horne, qui est flexible, qui est
très compétitive et d'ailleurs qui a untaux d'utilisation à capacité. Et ils font des investissements en ce
moment pour pouvoir augmenter cette capacité-là, d'où le fait que le
cuivre, finalement, on l'importe, puis c'est du cuivre d'ailleurs qu'on
transforme.
Bon,
dans le fer et dans le nickel, je dirais, pour commencer avec le nickel, c'est
intéressant qu'il y ait un nombrede
projets maintenant sur les rails qui puissent augmenter de beaucoup le volume
de production au Québec et de voir à unetransformation de ce minerai-là. Il reste qu'en ce moment le nickel
arrive au port de Québec, prend le train vers Sudbury,se fait faire une première transformation, reprend
le train et s'en va en Norvège. Donc, c'est l'histoire du nickel. Il y a
0 % de transformation.
Est-ce
qu'on peut augmenter ça? Probablement, si on a un ajout de volume d'extraction
à un certain degré. Mais il va falloir, je dirais, un vouloir
gouvernemental en ce sens pour inciter les investissements privés à se faire,
parce que, naturellement, stratégiquement, économiquement, je vous dirais que,
tout comme le fer, ce n'est pas inné… ou les réflexes
ne seront pas là de faire ces investissements-là. Donc, ça sera par le support
gouvernemental qu'il pourrait y avoir des opportunités.
Le
Président (M. Morin) : Mme la ministre, si vous voulez avoir
une réponse, faites une question courte. Il vous reste une minute.
Mme
Ouellet : Donc, j'ai la réponse pour le nickel et pour le
fer avec les quantités, parce qu'encore là, les quantités, si elles se
concrétisent, en termes de différence de volume, ça se ressemble, là. Ça peut
être… C'est comme le fer, là, comme le
nickel, ça peut être multiplié par trois et même plus, là, dépendant quel
projet se réalise, là, parce qu'il y a aussiles autres projets qui sont proches de la baie d'Ungava et les autres
projets dans le coin de la baie James, Duncan, qui sontpeut-être… on en entend moins parler dans l'actualité,
mais qui sont quand même des projets actuellement, là… les études sont
en cours. Ça fait une augmentation très importante des quantités de fer qui
seraient extraites au Québec.
Par ces nouveaux
projets là, n'y aurait-il pas une opportunité de dire : Dans une vision
globale, on pourrait faire en sorte qu'il y ait plus de transformation au
Québec dans l'ensemble?
• (12 h 50) •
M.
Lortie (Renault-François) : Alors, tel que recommandé, si on rend
notre définition de transformation flexiblepour inclure la concentration et le bouletage, oui. Et ça va prendre de
l'appui gouvernemental pour inciter cette partie-làde la transformation à se faire au Québec, parce
que naturellement, stratégiquement et économiquement les joueurs en
place vont vouloir investir dans cette partie-là de la chaîne de valeur
ailleurs qu'ici.
Donc,
avec les volumes qui vont augmenter, si on se concentre sur la concentration,
le bouletage, oui. Si on veut
aller encore plus loin, je vous le dis… En ce moment, on transforme 11 %
des 27,5 millions extraits, essentiellement ArcelorMittal. Je suis certain que vous avez eu des discussions avec les
gens d'ArcelorMittal dans le passé, et ils seront à même
mieux de répondre, mais ça va prendre des incitatifs financiers majeurs pour
inciter des investissements sidérurgiquesau Québec. Et le passé n'est pas très porteur, là, nos investissements
en sidérurgie d'il y a quelques décennies n'ont pas créé beaucoup de
valeur.
Mme
Ouellet :
Sur…
Le Président (M.
Morin) : Allez-y.
Mme
Ouellet : Il m'en reste un petit peu? Sur le bouletage, la
boulette est plus utilisée dans les hauts fourneaux,qui est un marché plus états-unien et européen où
la demande est pas mal moins en croissance au niveau du fer que dans les
marchés asiatiques, qu'on pense à la Chine ou à l'Inde. Donc, est-ce que c'est
encore un secteur de marché où il peut y avoir un développement et de la
croissance? Est-ce que la perception que l'industrie me donne concernant le bouletage — et c'est d'ailleurs pour ça qu'il y a une
usine, là, qui a fermé ses portes, là — c'est que le marché est de moins en
moins là dans les prochaines années, donc ça ne serait pas nécessairement un
créneau qui serait très porteur pour l'avenir, là?
M. Lortie
(Renault-François) : En fait, je suis d'accord sur la différenciation
au niveau du traitement. Et effectivement le bouletage était très utilisé dans
la chaîne de valeur nord-américaine et d'Europe occidentale. Il reste encore de la capacité, et, si on croit que l'Europe…
Les premiers, disons, indices qu'il y a relance de l'économie dansl'ensemble de l'Europe occidentale, il va y avoir
un niveau de transformation qui s'intéresse au bouletage qui va reprendre,selon moi, mais les échos que vous avez sont
réels, tout à fait. Il faudra voir, donc, ces investissements-là avec ce regard
stratégique et économique là, oui.
Le
Président (M. Morin) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Merci,
MM. Lortie et Bienfait, ça a été des échangestrès, très intéressants. Je ne sais pas si c'est
parce que le mémoire a été bien fait, mais merci à vous deux. Bon retour à la
maison.
La commission ajourne ses travaux au lundi
26 août, à 14 heures. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 12 h 53)