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(Douze heures quarante-trois minutes)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation est réunie en vue d'étudier
le projet de loi 49, Loi modifiant la Loi sur les produits agricoles, les
produits marins et les aliments. L'ordre de la Chambre nous demandait de nous
réunir pour étudier ce projet de loi de midi à 13 heures,
pour revenir ensuite de 15 heures à 18 heures. Étant donné
que les travaux ont été retardés, qu'il est maintenant 12
h 45, donc qu'il ne reste que quinze minutes, et que la commission n'a pas
quorum, nous allons suspendre les travaux jusqu'à 15 heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 44)
(Reprise de la séance à 15 h 11)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, mesdames
et messieurs! La commission élue permanente de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation poursuit ses travaux en vue
d'étudier le projet de loi 49, Loi modifiant la Loi sur les produits
agricoles, les produits marins et les aliments, et aussi de compléter
l'étude du projet de loi 48, Loi sur les pêcheries et
l'aquaculture commerciales et modifiant d'autres dispositions
législatives. C'est donc pour faire l'étude de ces projets de loi
article par article que nous nous réunissons.
Nous allons commencer par le projet de loi 49.
M. Garon: Je vais faire, si vous voulez...
Le Président (M. Paré): Je vais juste nommer les
membres et les intervenants de la commission avant qu'on entreprenne le
dialogue.
Les membres de la commission sont: MM. Baril (Arthabaska), Beaumier
(Nicolet), LeMay (Gaspé), Dupré (Saint-Hyacinthe), Gagnon
(Champlain), Garon (Lévis), Ciaccia (Mont-Royal), Lévesque
(Kamouraska-
Témiscouata), Lincoln (Nelligan), Dubois (Huntingdon), Maciocia
(Viger).
Les intervenants sont: Mme Bacon (Chomedey), MM. Bisaillon
(Sainte-Marie),
Blouin (Rousseau), Boucher (Rivière-du-Loup), Mme Juneau
(Johnson), MM. Lachance (Bellechasse), Middlemiss (Pontiac), Picotte
(Maskinongé).
Le rapporteur pour la commission, en ce qui a trait au projet de loi 49,
est M. Beaumier, député de Nicolet.
M. Lincoln: Je voulais demander la permission du ministre pour
que, durant la séance, on puisse remplacer quelques intervenants, car il
y a des collègues qui vont pouvoir se libérer au cours de
l'après-midi. Si on pouvait les remplacer comme intervenants. Je ne suis
pas trop sûr lesquels vont pouvoir venir. Est-ce qu'il serait possible,
durant la séance, de changer un ou deux intervenants? Je ne sais pas
lesquels vont pouvoir se libérer.
Le Président (M. Paré): II serait
préférable qu'on fasse les changements tout de suite; sinon, il
faudra les faire approuver à mesure.
M. Lincoln: Oui, oui, d'accord. On les fera approuver.
M. Garon: On souhaiterait que ce ne soit pas un "merry-go-round",
pour que...
M. Lincoln: Non, non, ce ne sera pas un "merry-go-round".
M. Garon: ...les gens ne recommencent pas les débats qu'on
a faits au début.
M. Lincoln: Oui, oui.
M. Garon: II faudrait que l'Opposition, pour une fois, prenne
l'agriculture un peu au sérieux, le secteur des pêches aussi, de
sorte que, si les gens s'intéressent au secteur, cela paraisse. Il ne
faudrait pas qu'un député de l'ouest de Montréal vienne
faire un monologue qui équivaudrait plus à une moquerie du
secteur qu'à autre chose.
M. Lincoln: M. le Président, je ne peux pas accepter ces
remarques. Le ministre commence bien mal. Je veux lui dire que, franchement,
pour son projet de loi 49, il a besoin du consentement de l'Opposition. S'il
veut faire des remarques sur le secteur ouest de Montréal et sur les
députés de l'Opposition qui se moquent de l'agriculture, je lui
dis qu'on lui refuse le consentement
pour l'adoption de son projet de loi 49. Une voix: C'est du
chantage!
M. Lincoln: Ce n'est pas du chantage; c'est lui qui fait du
chantage, excusez-moi. D'abord, j'ai le droit de parole, M. le
député. Je n'accepterai aucune... On suit ces débats bien
consciencieusement. Les gens qui ont travaillé là-dessus ont fait
leur étude, leur travail; ils ont travaillé très
consciencieusement, qu'ils soient de l'ouest ou de l'est de Montréal.
C'est à nous de juger. En tout cas, on s'intéresse à
l'agriculture et à ces projets de loi très certainement. Je pense
que notre travail a été un travail sérieux, on a bien
préparé l'étude des dossiers. Je ne les nommerai pas, mais
je peux vous dire qu'il y en a parmi vos fonctionnaires qui ont trouvé
qu'on avait bien fait notre préparation de ces dossiers. C'est cela que
je voulais dire.
M. Garon: Bien, je n'ai pas parlé...
M. Lincoln: Non, mais c'est cela que je voulais dire.
M. Garon: ...des intervenants réguliers; excepté
que je n'aimerais pas qu'on amène, à la dernière minute,
comme la semaine dernière, des intervenants qui ne se sont jamais
préoccupés de ce secteur et qui viennent faire des remarques
juste pour passer le temps.
Maintenant, vous savez que moi, pour le chantage, je ne suis pas fort;
écoutez ma voix, je n'ai jamais été bon pour chanter. Je
pense que je vais terminer ma vie sans savoir chanter. J'ai commencé
à faire de la politique debout et je ne finirai pas à genoux.
J'ai passé ma vie politique debout, depuis le début, et je le
resterai jusqu'à la fin. Ma carrière politique s'est basée
jusqu'à maintenant sur la défense des gens qui ont besoin de
politiciens qui se tiennent debout (des travailleurs, des cultivateurs, des
pêcheurs, des ouvriers, des employés d'usine) et j'ai l'intention
de continuer à défendre ces gens plutôt que les financiers
qui ont bien des gens qui peuvent travailler à leur solde.
Le Président (M. Paré): Ceci étant dit, pour
répondre à votre question, M. le député de
Nelligan, les membres et les intervenants viennent d'être acceptés
et sont nommés. Si d'autres personnes veulent s'ajouter et demander la
parole, elles devront obtenir l'assentiment des membres de la commission.
M. Lincoln: Je suis tout à fait d'accord, c'est ce que je
voulais demander.
Projet de loi 49
Le Président (M. Paré): Sur le projet de loi 49, y
a-t-il des remarques préliminaires, M. le ministre?
Remarques générales M. Jean
Garon
M. Garon: Le projet de loi 49, je l'ai mentionné
récemment, est rendu nécessaire par la nouvelle
interprétation qui a été faite par la Cour suprême
du Canada, en 1979 et en 1980, dans des arrêts importants: l'arrêt
Labatt et l'arrêt Dominion. On y a étudié la production
alimentaire et on y a fait des distinctions entre la production et la mise en
marché et les contrôles de la production qui sont de juridiction
provinciale. Évidemment, lorsque les tribunaux supérieurs font de
telles interprétations, il doit y avoir des attributions
législatives de juridiction qui correspondent à ces
décisions jurispruden-tielles.
La Cour suprême du Canada a rendu ces décisions
récemment. Pour vous dire à quel point ce que je vous dis est
exact, il y a quelques mois, je recevais une lettre du ministre de
l'Agriculture du Canada, signée conjointement par le ministre de la
Santé, nous demandant, à la suite des décisions de la Cour
suprême du Canada, ce qui se passerait. J'ai répondu que nous
sommes prêts à faire tous les ajustements, toute la coordination
nécessaire entre la loi québécoise et la loi
fédérale, mais dans le cadre d'une juridiction pleinement
occupée.
Comme il s'agit d'occuper des juridictions qui sont nôtres, qui
sont définies par la constitution et interprétées par les
tribunaux supérieurs, je pense que ce projet de loi est très
important et va éliminer un ensemble de zones, dans le secteur
alimentaire, qui étaient grises au détriment des consommateurs.
Ce projet de loi, clarifiant les juridictions du Québec, va permettre
à notre système d'inspection d'occuper toute la place qui lui
revient et va nous permettre de faire les ajustements nécessaires avec
les autres pouvoirs décisionnels, de sorte que l'inspection alimentaire
va se faire d'une façon encore plus systématique au
Québec.
Il était également important de couvrir un certain nombre
d'éléments qui n'étaient pas couverts dans la loi ou les
règlements concernant l'inspection alimentaire. Le projet de loi couvre
aussi un certain nombre d'éléments dont j'aurai l'occasion de
parler au fur et à mesure qu'on énumérera les articles en
indiquant comment ils viennent combler les vides juridiques sur le plan de
l'inspection alimentaire.
De toute façon, je pense bien que l'Opposition va collaborer avec
nous car elle a voté pour le projet de loi en deuxième lecture.
Je m'attends à des questions, mais je ne m'attends pas à une
obstruction
systématique vis-à-vis de ce projet de loi. Comme le
projet de loi est très court, comme il ne comprend que 12 articles, en
travaillant avec diligence, on pourrait adopter ces articles rapidement.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: Tout d'abord, je voudrais dire brièvement que
nous avons effectivement voté pour le principe du projet de loi en
deuxième lecture. Nous avons dit très clairement au ministre que
nous sommes d'accord avec le principe du projet de loi, que nous reconnaissons
la juridiction du Québec. Dans ce sens, nous allons certainement
travailler en coopération et nous espérons que cela va se faire
dans ce climat.
Je n'ai pas du tout aimé les remarques du ministre au
début, je ne pense pas que ce soit la façon de demander de la
coopération. C'est pourquoi j'ai répondu à ces remarques.
On a tout à fait l'intention de travailler diligemment pour faire
l'étude de la loi, article par article. On a quelques réserves
quant à certains articles, comme je l'ai souligné durant mon
discours en deuxième lecture, par exemple, par rapport aux
pisciculteurs, par rapport aux pouvoirs du ministre et par rapport à la
question des abattoirs. Ces réserves vont être soulevées
par mon collègue de Huntingdon, mais on a tous l'intention de travailler
le plus diligemment possible pour que le projet de loi soit adopté.
Je vous ai aussi demandé - et vous m'avez dit que, durant les
remarques explicatives, vous me donneriez la permission - de faire une
brève remarque sur le projet de loi 48, pour situer exactement où
on se trouve à ce sujet. Le ministre et nous, on a eu des colloques
à ce propos. Je voulais savoir vraiment à quoi m'en tenir, parce
qu'on a parlé de cela et nous avons fait une proposition au ministre par
rapport à la loi 48 qui se lisait comme suit: "1 Que la loi 48 entre en
vigueur sur proclamation et que cette proclamation ne soit pas faite avant que
les conditions suivantes n'aient été respectées
fidèlement: a) que les règlements et tous les projets de
règlement ayant une incidence directe et indirecte sur la pêche,
la culture et l'élevage de nature commerciale dans les eaux à
marée soient déposés et rendus publics et que, par la
suite, b) une commission parlementaire soit convoquée et tenue
conformément aux dispositions de l'article 118a du règlement de
l'Assemblée nationale dans le but d'entendre toute personne ou organisme
intéressé. "2° Advenant l'acceptation intégrale de ces
conditions, que l'article 68 du projet de loi 48 soit modifié en
conséquence."
Nous avons fait cette proposition. Je n'ai pas eu de communication
directe avec le ministre. Il m'a été confirmé par le
cabinet de M. Lévesque que cette proposition n'était pas
acceptable. Je voulais savoir maintenant où on se situe purement sur la
loi 48 en commission parlementaire, où on en est réellement,
parce que cette commission a été appelée pour travailler
sur le deux projets de loi.
M. Garon: On fait la loi 49 et, après cela, la loi 48. Si
vous voulez voter contre, vous voterez contre. Faites votre jeu d'Opposition
comme vous l'entendez, mais je n'ai pas l'intention de commencer à
négocier des projets de règlements qui vont durer des mois et qui
vont mettre en échec l'application de la loi 48. La loi 48 est une loi
souhaitable. Si l'Opposition a décidé d'empêcher son
adoption avant Noël, c'est son choix, elle en assumera les
conséquences. Quant à moi, je n'ai pas l'intention de commencer
à discuter de choses qui n'ont pas de bon sens. L'élevage de
nature commerciale, ce sont des projets de règlements qui vont durer des
mois de discussion avant d'être présentés, ce qui veut
dire, à toutes fins utiles, que l'Opposition veut mettre sur la glace le
projet de loi 48 pendant des mois, peut-être un an. Ces projets de
règlements sont considérables et les propositions que fait
l'Opposition changent selon l'interlocuteur. M. le Président, si
l'Opposition a décidé d'être contre, elle sera contre.
C'est son choix. Elle assumera ses responsabilités. Comme ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, avec mes
collègues qui sont ici présents, nous irons dans le territoire du
Québec expliquer le projet de loi 48 et nous dirons pourquoi
l'Opposition a tenté d'en empêcher l'adoption.
M. Lincoln: M. le Président, je ne pense pas que nos
propositions changent selon les interlocuteurs. Nos propositions sont tout
à fait claires. Tout ce qu'on voulait, c'est que justement, les projets
de règlements soient discutés. Cela a été toute
l'approche du chef de l'Opposition durant son discours de deuxième
lecture. Il a même demandé au ministre de déposer ses
projets de règlements. Si vous les déposez, on vous rejoindra
là-dessus. Je me souviens de cela très clairement. Il a
même posé une question spécifique au ministre à la
fin. Ce projet d'entente ou d'accord que nous avons soumis au ministre
répond exactement aux deux choses fondamentales que nous avons dites. Le
chef de l'Opposition a dit: Soumettez-nous vos projets de règlements.
Lorsqu'on les aura vus, on va demander une commission parlementaire.
C'étaient ses deux conditions.
Si le ministre veut dire maintenant: Boni C'est à nous que... Je
ferai remarquer au ministre qu'on a travaillé pour adopter
jusqu'à l'article 68 et nous avons demandé un amendement à
l'article 68, le dernier article. C'est au ministre lui-même de
décider ce qu'il veut.
M. Garon: M. le Président, on est rendu à l'article
68 du projet de loi 48. Les 67 autres articles ont été
adoptés. Les amendements ont été adoptés. Au fond,
l'obstruction de l'Opposition à ce projet de loi, c'est parce qu'elle ne
veut pas que ce projet de loi entre en vigueur et elle cherche un moyen de le
bloquer en proposant d'autres méthodes pour le faire. À ce
moment-là, je dis tout simplement que l'Opposition utilise les articles
du règlement pour empêcher son adoption. C'est son choix et elle
en subira les conséquences.
Le Président (M. Paré): À la suite de ces
remarques préliminaires qui portaient sur l'autre projet de loi, nous
reprenons l'étude du projet de loi 49 article par article. J'appelle
l'article 1.
Étude article par article
M. Lincoln: Aucun problème avec l'article 1, M. le
Président.
Le Président (M. Paré): L'article 1 est
adopté.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 2?
M. Lincoln: Un petit moment pour voir.
Le Président (M. Paré): Est-ce qu'il y a des
questions sur l'article 2?
M. Garon: Je suis en pleine forme. Je continue ma carrière
politique comme je l'ai commencée, debout.
M. Dubois: Vous êtes assis!
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article
2...
M. Lincoln: Une minute, s'il vous plaît!
M. Garon: Je vais vous dire une chose: Je vais commencer
dès janvier la Côte-Nord, de Blanc-Sablon à Sept-Îles
en motoneige. Il n'y a pas de routes, il n'y a pas de bateaux, il n'y a pas
d'avions. Je vais le faire en motoneige pour aller expliquer ma loi dans tous
les villages.
M. Lincoln: M. le ministre, est-ce qu'on peut revenir à
l'article 2?
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît;
M. Maciocia: Des promesses électorales?
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît;
M. Garon: On a déjà commencé à
préparer les mécanismes.
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît; Nous sommes toujours à l'article 2. M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, est-ce que vous pourriez nous donner
vos commentaires par rapport à l'article 2, les raisons de l'article 2?
Comment diffère-t-il de l'article 7 du projet de loi original?
M. Garon: Dans ce domaine des pêches, on utilise de la
glace.
M. Lincoln: Je vais vous dire là où sont nos
questions et peut-être que vous pourrez nous répondre par rapport
à cela. À l'article 2, par exemple, ici, on parle
d'établissements plutôt que d'usines. Quels sont les genres
d'établissements visés? C'est notre première question.
M. Garon: L'article 2 change l'article 7.
M. Lincoln: Je le sais, oui.
M. Garon: Tout ce qui est modifié là-dedans, avant,
on disait dans l'article: "Le gouvernement peut prescrire les conditions
relatives à la provenance des viandes ou des produits cernés.
Maintenant, on dit "les conditions relatives à la provenance de tout
produit détenu ou utilisé par l'exploitant d'un
établissement visé." Ce qu'on veut ajouter là-dedans, ce
sont principalement les produits agricoles, parce que, si on veut permettre
l'élevage de la truite mouchetée et sa commercialisation, ou des
espèces indigènes, il faut bloquer le circuit de
commercialisation aux produits marins d'élevage qui viendraient du
braconnage. C'est pour cela qu'on dit que "le gouvernement peut prescrire les
conditions relatives à la provenance de tout produit", pour indiquer en
plus des produits d'élevage, les produits agricoles.
M. Lincoln: En fait, avec le changement, vous avez ajouté
les paragraphes e) et f) du premier alinéa de l'article 9.
M. Garon: C'est cela. On indique tout produit, au lieu des
viandes à e) ou f) et aussi quand on parle des dispositions des
règlements relatives à l'estampille.
M. Lincoln: C'était déjà là. C'est e)
et f). À e), c'est "exploiter une usine de préparation ou une
conserverie, pour fins de vente en gros, de produits marins destinés
à la consommation humaine." (15 h 30)
M. Garon: L'autre raison aussi, comme je vous le disais
tantôt, c'est que la Cour suprême du Canada a
déterminé que la production alimentaire était une
responsabilité provinciale; l'inspection de la production est une
responsabilité provinciale dans les arrêts Labatt et Dominion. En
inscrivant "tout produit", cela veut dire qu'on peut couvrir la provenance des
produits dont on a besoin. On vise principalement les produits marins.
Il y a aussi l'arrêt, en 1978, du référé sur
les oeufs en Ontario, qui distingue entre la production et la mise en
marché, à la suite de quoi nous avons adopté la loi
105.
M. Lincoln: Est-ce que le fédéral n'a pas toujours
un droit d'inspection sur les produits destinés à
l'exportation?
M. Garon: Non. C'est là que sera le débat parce que
c'est nouveau actuellement.
M. Lincoln: Mais oui.
M. Garon: Quand M. Whelan et Mme Bégin m'ont écrit,
ils m'indiquaient, à la suite des décisions de la Cour
suprême, comment va se faire la coordination entre l'inspection
fédérale, l'inspection québécoise ou les
réglementations, puisqu'un certain nombre d'articles des lois
fédérales ont été déclarés ultra
vires. J'ai répondu que la coordination et la cohérence entre nos
systèmes d'inspection doivent se faire entre nos deux gouvernements dans
le cadre de nos juridictions, pas dans le cadre de juridictions usurpées
par le gouvernement fédéral.
Le tribunaux ont dit que la production sur le territoire
québécois, quelle que soit la destination du produit et où
qu'aille la production, est une responsabilité provinciale. La mise en
marché locale est une responsabilité provinciale. La mise en
marché interprovinciale et internationale est une responsabilité
fédérale. Évidemment, à la suite de ces
décisions de la Cour suprême, des réajustements devront
être apportés dans les lois fédérales et il faudra
définir ce que veulent dire les juridictions sur la mise en
marché internationale et interprovinciale. Il appartiendra à ce
moment-là au gouvernement fédéral de clarifier ses
juridictions dans ses lois, mais en fonction de la jurisprudence de la Cour
suprême du Canada.
M. Maciocia: Si la mise en marché interprovinciale et la
mise en marché internationale dépendent du gouvernement
fédéral, comment allez-vous empêcher le gouvernement
fédéral de faire des inspections en même temps que le
gouvernement provincial?
M. Garon: Oui, c'est là justement. Jusqu'à
maintenant, le gouvernement fédéral a empiété sur
une foule de choses. Le gouvernement fédéral ne discute pas
beaucoup ses droits; habituellement, il occupe des droits. Il occupe des champs
de juridiction, mais pas toujours en se préoccupant tellement des
juridictions des provinces.
Le gouvernement fédéral a voulu, par exemple,
réglementer la construction des bâtisses de production dans les
provinces. Il n'est pas si sûr que ça que le gouvernement
fédéral a le droit de faire ça, parce qu'il a juridiction
sur la mise en marché et non sur la production.
M. Maciocia: Vous n'en êtes pas sûr. M. Garon:
Oui, les tribunaux l'ont dit.
M. Maciocia: Vous venez de dire que vous n'êtes pas
sûr que le gouvernement fédéral puisse empiéter sur
la construction de cela.
M. Garon: Non, je dis que le gouvernement fédéral a
une responsabilité juridictionnelle au niveau de la mise en
marché internationale ou interprovinciale, mais il doit définir
ce qu'il veut régir à ce niveau-là et jusqu'où
ça va.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président...
M. Garon: C'est parce qu'il a fait des règlements
déjà là-dessus. Cette partie-là n'a pas
été contestée devant les tribunaux, mais d'autres parties
ont été contestées avec succès par des entreprises.
Je pense qu'actuellement le gouvernement fédéral doit
réviser sa réglementation. La preuve, c'est que M. Whelan et Mme
Bégin m'ont écrit pour me demander, face aux nouvelles
décisions de la Cour suprême, quelle était notre position.
On a dit qu'au point de vue de la coordination entre les lois
fédérales et provinciales nous souhaitons une coordination
cohérente, des ajustements, mais ces ajustements doivent se faire dans
le cadre d'une cohérence législative dans l'occupation, chacun,
de nos juridictions et non dans le cadre d'une occupation d'une juridiction
provinciale par le gouvernement fédéral.
Si je dis cela, c'est parce que, dans certaines provinces, surtout dans
les petites
provinces qui n'ont pas senti le besoin d'avoir un système
d'inspection, c'est le gouvernement fédéral qui fait l'inspection
alimentaire. Toutefois, l'inspection alimentaire dans ces provinces devrait se
faire en fonction d'une législation provinciale, puisque la production
au niveau d'une province et la mise en marché locale sont une
responsabilité provinciale. Or, le gouvernement fédéral
l'a fait jusqu'à maintenant en vertu de sa propre réglementation.
De la même façon que, dans le domaine des pêcheries, une
délégation par un règlement fédéral
était requise pour pouvoir faire des règlements chez nous, dans
le domaine des usines, dans le domaine de la production alimentaire, c'est
l'inverse qui joue. Il faudrait que les provinces qui veulent
déléguer leurs pouvoirs au gouvernement fédéral
adoptent une réglementation en conséquence et
délèguent l'administration fédérale dans une
entente fédérale-provinciale.
M. Maciocia: Oui, j'ai bien compris votre réponse. Les
règlements ou la réglementation qui existent... M. le ministre,
j'aimerais que vous écoutiez mon argumentation.
M. Garon: Mais j'écoute. J'ai deux oreilles.
M. Maciocia: Mais, je ne comprends pas que vous puissiez faire
les deux.
M. Garon: Une pour chaque côté.
M. Maciocia: Vous ne pouvez pas faire deux choses en même
temps. On sait comment vous réagissez assez souvent. Si les
règlements et la réglementation de la mise en marché, sur
le plan interprovincial et international...
Une voix: C'est impossible de se fâcher avec vous.
M. Garon: Oui.
M. Maciocia: ...n'ont pas été contestés et
qu'ils sont encore en vigueur, comment pouvez-vous aujourd'hui les mettre en
doute?
M. Garon: Non, mais c'est au niveau de la production, ce n'est
pas au niveau de la mise en marché. Ici, ce sont des règles de
provenance, c'est au niveau de la production locale.
M. Maciocia: Oui.
M. Garon: Alors, il n'y a pas de problème. Il n'y a pas de
contestation sur l'article qu'on adopte actuellement. C'est pour ajouter,
à toutes fins utiles, les produits agricoles qu'on a indiqué
"tout produit".
M. Maciocia: Ce sont seulement les produits agricoles?
M. Garon: C'est ce qu'on a dans l'esprit.
M. Maciocia: Bien, l'esprit, c'est une chose et la loi, c'en est
une autre.
M. Garon: Oui. À toutes fins utiles, au point de
départ, le premier produit dont on voudrait réglementer la
provenance, c'est la truite mouchetée.
M. Maciocia: C'est quoi?
M. Garon: C'est la truite mouchetée.
M. Maciocia: Seulement cela?
M. Garon: Ce n'est que le premier, il y en aura d'autres.
M. Maciocia: Et les autres, ce sont lesquels?
M. Garon: Je vous donne un exemple, je sais qu'il y a un projet
d'élevage d'achigans. Celui qui veut élever de l'achigan,
normalement, ce n'est pas pour le regarder sauter dans le lac; il veut le
commercialiser. S'il veut faire un projet d'élevage pour le vendre, il
aura besoin aussi d'une réglementation à ce point de vue, pour
que cela soit couvert.
Une voix: Des cuisses de grenouilles.
M. Garon: Et, éventuellement, les cuisses de
grenouilles.
Une voix: C'est bon. C'est très bon, avec ou...
M. Garon: Actuellement, elles viennent de la Chine.
Une voix: ...sans ail.
M. Ciaccia: À la provençale, c'est bon.
Le Président (M. Paré): Oui, M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: M. le ministre, avez-vous l'intention de conclure des
ententes avec le gouvernement fédéral sur la question de
l'inspection, particulièrement dans les gros abattoirs qui font du
commerce interprovincial et de l'exportation? Prenons le cas d'Olympia, c'est
un gros exportateur; elle vend aux États-Unis, au Japon et ailleurs.
Elle doit subir l'inspection
canadienne, fédérale, pour les produits qui sont
envoyés dans les autres provinces canadiennes et à l'exportation.
Elle-même serait possiblement sujette, si vous occupiez ce champ de
juridiction que vous désirez occuper, à une inspection
additionnelle qui serait une inspection provinciale. Elle serait obligée
d'avoir une inspection fédérale pour faire de l'exportation et du
commerce interprovincial. Finalement, elle devrait subir deux inspections
canadiennes: une québécoise et une canadienne. Mais, elle
n'aurait pas le choix si vous appliquez le plein champ de juridiction que la
Cour suprême a décidé... Enfin, elle a décidé
que cela appartenait aux provinces, sur le plan de la production, sur le plan
du contrôle de la qualité.
M. Garon: II n'est pas question de cela ici.
M. Dubois: Écoutez, dans le projet de loi 49, quand on
regarde...
M. Garon: Non, là, on est à l'article 2.
M. Dubois: Non, cela ne fait rien, on parle d'inspection. On
touche quand même à un champ d'inspection à cet
article.
M. Garon: Non, on en reparlera quand on y touchera. Ici, on ne
touche pas à cela du tout.
Une voix: II n'est pas question de cela du tout.
M. Garon: On y touche à l'article 9, mais pas à
l'article 2. Â l'article 2, ici tout simplement, ce sont les
règles de provenance pour couvrir les établissements de
préparation de produits marins ou de produits d'eau douce et pour
couvrir la provenance des produits d'élevage dans les eaux douces.
M. Dubois: Mais, on parle quand même d'inspection.
M. Garon: Oui, mais pas ici. On est à l'article 2.
Le Président (M. Paré): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur l'article 2? M. le député de Viger.
M. Maciocia: Vous avez dit que c'est à l'article 9 qu'on
touche aux inspections fédérale et provinciale?
M. Garon: C'est l'article 3 qui modifie l'article 9.
M. Maciocia: Parfait. M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
3?
M. Ciaccia: Article 3.
M. Garon: Qu'est-ce que change l'article 3? Il y a plusieurs
alinéas, c'est un long article, l'article 3. L'article 3 vise à
utiliser le terme "établissement" plutôt que le terme "usine" et
ce, pour couvrir une zone grise. Je vais vous expliquer pourquoi. Cette
disposition vise à étendre le permis de préparation de
produits marins pour fins de vente en gros qui visait l'usine à tout
établissement et ce, que la vente en gros soit faite par l'exploitant ou
par un grossiste qui fait faire la préparation à forfait.
Auparavant, dans certains cas, les gens, au lieu de faire la
préparation eux-mêmes, faisaient faire la préparation
à forfait, de sorte que dans aucun cas on ne faisait de vente en gros;
en réalité, c'était du travail à forfait. Donc, un
certain nombre d'entreprises n'étaient pas couvertes par l'inspection
parce qu'elles ne faisaient pas véritablement de vente en gros, elles
faisaient faire leur travail à forfait par un autre. Celui qui faisait
le travail à forfait n'était pas couvert par l'inspection.
Cet article vise aussi à introduire de nouveaux permis pour
l'exploitation d'établissements concernant le secteur des produits d'eau
douce, des produits de la pêche impropres à la consommation
humaine, de la bouette ou encore de la glace utilisée dans le secteur de
la pêche commerciale. Pourquoi? Pour que sur le territoire on sache
où sont les établissements qui font des produits pour la
consommation humaine et ceux qui font de "l'appâtage" de hareng ou
autres, afin de faire une distinction entre les deux, pour que cela ne soit pas
mélangé et aussi pour couvrir la glace qui est utilisée
dans le secteur de la pêche commerciale. On a déjà eu des
cas où la glace qui servait à conserver le poisson, qui va fondre
un jour, était elle-même contaminée. Alors, il faut
vérifier d'où vient l'eau qui sert à faire la glace, si
l'eau est propre à la consommation humaine, si la glace fabriquée
à cet endroit est propre à la consommation humaine et si cette
glace, qui va servir à refroidir le poisson dans les cales de bateau,
est elle-même saine.
On n'accorde pas de permis pour le plaisir de la chose, on l'accorde
à ceux qui oeuvrent dans ce secteur, mais il nous faut vérifier
s'ils ont les installations pour faire le travail correctement.
M. Dubois: Actuellement, quel genre d'inspection y a-t-il sur la
qualité de la glace?
M. Garon: Jusqu'à maintenant, en gros, la glace
était fournie par le gouvernement,
par des établissements qui avaient été mis en place
lorsque la production du poisson est passée du poisson salé et
séché au poisson congelé. Je ne sais pas si vous
êtes assez vieux pour vous le rappeler, cela dépend si vous
fréquentiez ces milieux.
M. Dubois: Je ne peux pas me le rappeler, je suis plus jeune que
vous.
M. Garon: Le député de Huntingdon est un peu plus
vieux que moi.
M. Maciocia: Ah, oui?
M. Garon: Je me le rappelle, il doit se le rappeler, lui
aussi.
M. Ciaccia: C'est un jeune garçon. M. Maciocia: 42,43?
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît;
M. Garon: À ce moment-là, sur le territoire
maritime, le gouvernement avait mis en place des équipements. Il n'y
avait pas d'électricité; l'électricité est
arrivée en Gaspésie dans les années cinquante. Du temps de
l'Union Nationale, le gouvernement du Québec a mis en place des
équipements. C'était avant vous, du temps où l'Union
Nationale faisait de bonnes choses.
M. Maciocia: Biron était là.
M. Garon: Non, c'était avant, quand l'Union Nationale
faisait de bonnes choses.
M. Ciaccia: Depuis l'arrivée de Biron, elle ne faisait
plus de bonnes choses?
M. Garon: II n'a pas été au pouvoir.
M. Maciocia: Mais il se permettait de critiquer. (15 h 45)
M. Garon: Le Dr Pouliot, de respectée mémoire,
était le ministre des Pêches en Gaspésie. D'ailleurs, nous
avons nommé le plus important patrouilleur du nom de M.
Camille-Eugène Pouliot qui a été ministre des Pêches
pendant toutes ces années. Il a établi un réseau
d'établissements pour produire de la glace et entreposer la bouette.
M. Maciocia: C'est quoi, la bouette?
M. Garon: La bouette, c'est un appât. Ce sont surtout des
harengs. On dit qu'ils sont bouettés ou appâtés. Quand on
va pêcher le homard, pour attirer le homard, on ne met pas les cages
à l'eau parce que le homard aime aller dans les cages. Il n'a pas de
goût particulier pour les cages, mais, si on met de la bouette dans la
cage, le homard, voyant cette bouette...
Des voix: Ah! Ah!
M. Garon: ...c'est-à-dire ce morceau de hareng, va entrer
dans la cage pour manger ce morceau. Comme la cage est un petit
labyrinthe...
Des voix: Ah! Ah!
M. Garon: Ce n'est pas un petit labyrinthe, mais c'est plus
facile d'y entrer que d'en sortir.
M. Dubois: C'est contraire à eux autres.
M. Dupré: C'est comme la politique.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Ils se font tous attraper.
M. Garon: II faut dire que la différence, c'est que les
homards entrent tous dans les cages par en arrière, alors que certains
politiciens entrent dans la politique par en avant. Le homard doit entrer la
queue en premier, parce qu'il est plus mince d'en arrière que d'en
avant. Vous avez déjà vu un homard avec ses bras? S'il entre
comme cela, il va se prendre dans le cordage et il n'entrera pas. S'il entre
par la queue, il va entrer, mais il ne sera plus capable de sortir facilement
à cause de la façon dont la cage est disposée.
M. Maciocia: C'est un peu comme le Parti québécois.
C'est cela.
M. Ciaccia: Pas de partisanerie ici.
M. LeMay: À part cela, il devient rouge seulement quand il
meurt.
M. Maciocia: Ah oui? Avant, il est de quelle couleur? Il est
bleu?
M. LeMay: II est vert. C'est seulement quand il meurt qu'il
devient rouge.
Une voix: Dans l'eau chaude.
M. Dupré: II est vert comme l'espérance.
M. Garon: II n'y a pas tellement de différence.
M. Ciaccia: M. le Président...
M. Garon: Une chose, il s'agit pour les homards de la mort
physique.
M. Ciaccia: ...je voudrais demander au ministre pourquoi il a
insisté à l'article 3 sur l'obligation pour ces gens-là
d'obtenir un permis du gouvernement du Québec et quels seront les
coûts additionnels.
M. Garon: II n'y a pas vraiment de coûts. Ces permis ne
sont pas chers. Le but, c'est de savoir où va se faire l'entreposage de
la bouette, c'est-à-dire des produits qui sont impropres à la
consommation humaine, l'endroit où va se faire la production de la glace
pour qu'on puisse le visiter occasionnellement et voir si la glace est produite
dans de bonnes conditions. Le but, c'est de déterminer où se
trouvent les endroits de production de glace pour la pêche commerciale.
Lorsque nos inspecteurs vont se promener, ils vont arrêter pour voir si
tout se fait correctement et, occasionnellement, ils vont prendre un
échantillon de la glace pour l'analyser, mais ils ne donneront pas de
permis à ceux qui ne respecteront pas les conditions initiales de
propreté et de salubrité pour vendre de la glace pour geler le
poisson.
M. Ciaccia: Les coûts?
M. Garon: II n'y a pas vraiment de coûts. Le permis? On n'a
pas fixé de prix. Le but n'est pas de faire de l'argent.
M. Ciaccia: M. le Président, je pense que cela vient
à cet article-ci.
M. Garon: Le coût est nominal.
M. Ciaccia: II y a un article. Je vais vous demander votre
réaction. Il y avait un éditorial dans la Gazette ce matin.
M. Garon: Je ne l'ai pas vu.
M. Ciaccia: Oui, oui, et ils vous appellent "the Bonaparte of
beef", le Bonaparte du boeuf. C'est dans la Gazette et ils disent...
M. Garon: Ah! Ah! Bonaparte.
M. Ciaccia: ...que vous demandez des permis...
M. Garon: Bonaparte?
M. Ciaccia: Oui, Bonaparte. Cela revient à ma question,
vous allez voir. Un instant!
M. Garon: Napoleone Bonaparte.
M. Ciaccia: Premièrement, vous n'avez pas la même
stature que Bonaparte.
M. Garon: Plus vieux?
M. Ciaccia: Non, non, physiquement et, deuxièmement...
M. Garon: Napoléon était plus court.
M. Ciaccia: ...vous n'êtes pas d'origine italienne.
Bonaparte était d'origine italienne. Quelle est votre réaction
à un éditorial de la Gazette qui vous accuse d'être le
Bonaparte du boeuf, parce que vous exigez des permis additionnels, des
coûts additionnels et que cela va causer toutes sortes de
problèmes? Quelle est votre réaction?
Une voix: Vous ne voulez plus collaborer.
M. Garon: Je dois vous dire que je suis très fier
d'être appelé le Bonaparte du boeuf puisque, si je réussis
à créer un empire dans le boeuf au Québec, cela voudra
dire que les Québécois trouveront plus d'emplois dans le boeuf.
Ils gagneront davantage leur vie et je peux vous dire une chose; c'est que, si
je peux réussir à être à la hauteur de la situation,
j'essaierai de faire honneur à l'article de la Gazette qui veut que je
sois le Bonaparte du boeuf. Mais je ne le suis pas encore.
M. Ciaccia: Est-ce que le projet de loi 49 serait votre
Waterloo?
M. Garon: II n'y a pas de boeuf là-dedans. Montrez
donc!
M. Lincoln: Vous aimez mieux le lire vous-même. Vous aimez
lire des remarques sur vous.
M. Garon: Je vais vous dire une chose: Habituellement, je suis
tellement en retard dans la lecture des journaux. Une chance qu'il y a le temps
des fêtes. J'en ai une pile. Je ramasse les journaux pour ma fille.
M. Maciocia: C'est comme cela que vous lisez...
M. Garon: Ma fille me demande de lire les journaux rapidement
parce qu'ils ramassent les journaux à l'école pour les pauvres et
j'ai promis de lui ramasser tous les journaux que je lisais. Alors, je dois
lire les journaux pour qu'elle les emporte à l'école.
Habituellement, je suis en retard dans la lecture de mes journaux et, au cas
où cela vous intéresserait, je ne regarde à peu
près jamais la télévision.
M. Lincoln: C'est pourquoi vous ne savez pas ce qui se passe dans
le milieu. Vous ne lisez pas les journaux et vous ne regardez pas la
télévision.
M. Garon: Non. Je préfère lire les
journaux par l'entremise des commentaires que m'en font les gens.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Garon: Quand les gens me disent qu'ils ont vu telle chose
à la télévision, habituellement, je leur demande si
c'était bon. S'ils me disent que cela l'était, je trouve cela
correct. Mais, habituellement, je ne regarde jamais la
télévision.
M. Lincoln: Si on vous dit que ce n'est pas bon, vous
n'écoutez pas.
M. Ciaccia: Lincoln faisait cela aussi. Il ne lisait pas les
journaux. Ce qu'il faisait...
M. Garon: Non, je lis les journaux, mais je ne regarde jamais la
télévision. Je suis toujours en assemblée, le soir.
M. Maciocia: Mais s'ils vous disent que les commentaires ne sont
pas bons, que répondez-vous?
M. Garon: Je leur demande ce qui n'était pas bon et
j'essaie de me corriger.
M. Maciocia: Ah oui!
M. Dupré: C'est très rare que cela arrive.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je m'aperçois que les
problèmes commencent quand on touche aux abattoirs enregistrés en
vertu de la loi fédérale sur l'inspection des viandes. On exige
un permis pour les abattoirs enregistrés en vertu d'une loi
fédérale.
M. Garon: On peut demander au député de
Gaspé, qui est adjoint parlementaire, de vous en dire un mot.
M. Dubois: De quoi? Non, non.
M. LeMay: Non, non, il parle des abattoirs. C'est des abattoirs
qu'il veut parler.
M. Garon: Les abattoirs ne sont pas vraiment touchés par
cela.
M. Dubois: Mais on exige un permis. C'est votre porte
d'entrée.
M. Garon: Non, non. On ne touche pas les abattoirs. Il n'y a rien
de spécial par rapport aux abattoirs là-dedans.
M. Dubois: Mais vous exigez un permis.
M. Garon: Ah oui! Sauf pour l'exemption...
M. Lincoln: Au 3e paragraphe.
M. Garon: D'accord.
M. Lincoln: Le 3e paragraphe.
M. Garon: L'exemption est enlevée. "Le paragraphe a du
premier alinéa s'applique à la personne qui exploite un abattoir
enregistré en vertu de la Loi sur l'inspection des viandes (Statuts
révisés du Canada, chapitre M-7)." "Le paragraphe b du premier
alinéa s'applique à la personne qui exploite un atelier
enregistré en vertu de la Loi sur l'inspection des viandes". Alors, on
va rencontrer les deux groupes - je vous avais dit qu'après l'adoption
de la loi on rencontrerait les gens des Salaisons du Canada, de même que
le gouvernement fédéral - et on va conclure des ententes.
M. Ciaccia: Mais s'il y a maintenant une loi qui oblige ces
abattoirs à obtenir un permis en vertu de la loi fédérale,
pourquoi insistez-vous pour qu'ils obtiennent un deuxième permis en
vertu de la loi du Québec? Vous ne trouvez pas que c'est un
dédoublement?
M. Garon: Lorsque les lois ont été faites avant
1978, la Cour suprême n'avait pas tranché ces questions d'une
façon aussi claire qu'elle ne l'a fait par des décisions de 1978,
1979 et 1980. Dans ces nouvelles dispositions, il est clair que la production
sur le territoire québécois est de juridiction
québécoise. Je ne voudrais pas me retrouver, demain matin, dans
un scandale de viande avariée parce qu'on ne s'est pas occupé des
juridictions qui étaient les nôtres et qu'on n'a pas fait
l'inspection qu'on aurait dû faire.
M. Ciaccia: Vous pourriez demander au fédéral de
s'en occuper.
M. Garon: Non, non. C'est notre juridiction. Une fois qu'on a
établi notre juridiction, on a établi qu'il y avait un permis et,
ensuite, on a établi avec le fédéral une coordination
à savoir qui fait quoi. Là, il n'y aura pas de zone grise. Mais
si, auparavant, on n'a même pas établi notre juridiction, comment
voulez-vous qu'on négocie?
M. Maciocia: Mais en connaissant vos relations avec le
fédéral, M. le ministre, je me pose beaucoup de questions sur la
possibilité d'avoir une entente avec le fédéral.
M. Garon: Est-ce qu'il y a eu beaucoup d'ententes avec le
gouvernement fédéral depuis 1977, avec M. Whelan?
M. Maciocia: Mais vous n'en avez pas avec le projet de loi 48 et
le projet de loi 38.
M. Garon: M. De Bané n'a pas signé beaucoup
d'ententes dans sa vie avec le Québec. Il ne s'entendait pas plus
à la papeterie de Matane. Il ne s'entendait pas à la Raffinerie
de sucre. Il a écouté le lobbying de l'Ontario pour qu'on ne
puisse pas vendre au détail pendant cinq ans. Jamais le gouvernement
fédéral n'a posé de telles conditions à des
entreprises.
M. Dubois: Dans le cas des abattoirs, M. De Bané n'est pas
impliqué.
M. Garon: Non, non. C'est pour cela que je dis que, quand j'ai
répondu à M. Whelan, je lui ai dit - la session est
terminée, mais j'aurais pu déposer la lettre ou la correspondance
que nous avons eue -que nous ferions une négociation avec eux dans le
cadre de nos juridictions respectives.
M. Ciaccia: J'aurais une question pratique. Vous dites que les
abattoirs sont obligés maintenant d'obtenir un permis du gouvernement
fédéral. Là, vous allez les obliger à obtenir un
autre permis du gouvernement du Québec. Si vous étiez dans la
position d'un petit abattoir, que vous exploitiez un commerce, ne trouvez-vous
pas que c'est un peu une charge additionnelle, un autre problème, une
autre difficulté? Pourquoi, au niveau pratique, un abattoir devrait-il
obtenir deux permis, un du gouvernement fédéral et un du
gouvernement du Québec? Quel est le vrai problème?
M. Garon: C'est simple. Le gouvernement fédéral a
juridiction sur la mise en marché internationale ou interprovinciale. La
juridiction sur la production est une responsabilité
québécoise, de même que la mise en marché locale.
Jusqu'à maintenant, ce n'était pas aussi clair. Il a, d'ailleurs,
fallu amender nos lois aussi. La Cour suprême du Canada a
déterminé qu'il y avait une distinction entre la production et la
mise en marché, mais cette distinction n'était pas faite d'une
façon aussi claire auparavant.
M. Ciaccia: Mais, est-ce qu'il y a un problème? Une loi
vient répondre à un problème pratique. Je peux comprendre
qu'au niveau théorique, au niveau de la juridiction, vous disiez: Le
fédéral peut-être, oui, non... Le Québec a
juridiction. Mais, au niveau pratique, est-ce qu'il y a eu des problèmes
à ce niveau-là qui vous obligent maintenant à dire: On
veut insister pour avoir un permis du gouvernement du Québec? À
part les conflits de juridictions, pourquoi insister pour avoir un permis
québécois?
M. Garon: Parce que c'est notre juridiction de façon
claire, alors que ce n'était pas clair auparavant.
M. Ciaccia: II n'y a donc pas de raison pratique pour le faire.
Vous insistez pour donner effet à votre soi-disant juridiction.
M. Garon: Cela a l'air plus compliqué, parce que c'est
l'inspection des aliments, mais si, jusqu'à maintenant, c'est le
gouvernement fédéral qui avait réglementé la
vitesse sur les routes, et que, d'un coup sec, la Cour suprême du Canada
disait que la réglementation de la vitesse sur les routes est une
responsabilité provinciale, qu'est-ce qui arriverait? Le
fédéral ne pourrait plus faire de réglementation sur
l'inspection sur les routes.
M. Ciaccia: Mais c'est théorique, ça n'arrive
pas.
M. Garon: Non, ce n'est pas théorique. Actuellement, la
production...
M. Ciaccia: Quand je vais sur la route
Montréal-Québec, je n'ai pas de maximum de vitesse du
fédéral. J'ai un maximum de vitesse, je le suis, et c'est le
gouvernement du Québec. À ma connaissance, le
fédéral n'a jamais imposé un maximum de vitesse sur les
routes du Québec. Ça, c'est théorique.
M. Garon: Oui.
M. Ciaccia: Ici, on fait face à un problème
très pratique. Ils ont des permis du gouvernement fédéral.
Est-ce qu'il y a eu des problèmes pratiques, est-ce qu'il y a eu des
difficultés pour que vous insistiez sur un autre permis additionnel?
Le Conseil des viandes du Canada vous a fait des représentations.
Je n'ai pas besoin de vous lire la copie du télégramme qu'il vous
a envoyé, mais je veux juste souligner ceci: "L'industrie de la
transformation des viandes du Québec, dont la très vaste
majorité des établissements opèrent sous le contrôle
de l'inspection canadienne des viandes et de l'inspection américaine,
jouit d'une réputation enviable pour sa qualité et sa
salubrité sur le marché domestique et international. Elle a la
confiance du commerce et du consommateur. Elle exporte annuellement pour
environ 300 000 000 $ de porc seulement et elle subit déjà une
double vérification par les inspecteurs américains. Afin de
conserver cette réputation, nous croyons que toute intervention
supplémentaire
de la part du gouvernement du Québec serait superflue et serait
de nature à ajouter de la confusion sur les marchés que nous
desservons présentement."
Selon ces représentations, en pratique, ça semble
fonctionner; on vous souligne la qualité de cette opération et on
vous souligne que ça peut créer des difficultés. Pour des
raisons strictement de juridiction, pourquoi allez-vous insister pour
introduire une mesure dans votre projet de loi qui pourrait causer des
difficultés aux gens du milieu?
M. Garon: Je ne suis pas de cet avis-là.
M. Ciaccia: Vous êtes ministre; ce n'est pas vous qui
êtes dans la pratique.
M. Garon: Quand vous êtes rendu sur votre propre territoire
et qu'on fait en sorte que les viandes Approuvé Québec, dont les
standards, à mon avis, sont supérieurs aux standards
Approuvé Canada, ne peuvent pas entrer dans les établissements
Approuvé Canada au détriment de la production locale, pensez-vous
que c'est normal?
M. Ciaccia: Je ne pense pas que cela ait à voir avec le
sujet que je discute. Non, non.
M. Garon: C'est la situation. (16 heures)
M. Ciaccia: Non, non. Vous avez le don - je ne sais pas si je
devrais vous féliciter ou m'arracher les cheveux - de prendre un
détour. Cela n'a rien à voir avec le problème que je vous
soumets.
M. Garon: Moi, je pense que vous entrez dans un boulevard.
M. Ciaccia: Cela n'a rien à voir avec le fait que ces
viandes sont Approuvé Canada.
M. Garon: Bien oui. M. Ciaccia: Bien non. M. Garon:
Bien oui. M. Ciaccia: Bien non.
M. Garon: Bien oui, actuellement, la marque Approuvé
Canada constitue une barrière non tarifaire à l'intérieur
même du système québécois et ce n'est pas
normal.
M. Lincoln: Une barrière tarifaire?
M. Ciaccia: Comment? De Montréal à
L'Abord-à-Plouffe - ce n'est plus L'Abord-à-Plouffe, c'est Laval
- et il n'y a pas de tarif.
M. Garon: L'an dernier - vous n'étiez pas à la
commission parlementaire à ce moment-là, et vous non plus - on a
changé des lois du Québec afin d'uniformiser la
réglementation. Il y avait des industries, des usines, sur la rive sud
de Montréal, qui ne pouvaient pas vendre à Montréal parce
que la réglementation municipale créait une barrière non
tarifaire. Êtes-vous au courant de cela? On a uniformisé la
réglementation dans les municipalités, par la loi de l'an
dernier, aux niveaux du secteur primaire et du secteur secondaire.
M. Ciaccia: Cela n'a rien à voir avec l'article 3.
M. Garon: Laissez-moi finir.
Maintenant, au tertiaire, on a dit: II est possible, à
Montréal, de faire une réglementation au niveau tertiaire ou
quant aux services à la clientèle. À ce moment-là,
il n'y a pas de danger d'empêcher la provenance des produits du
secondaire ou du primaire dans les établissements de services à
la condition que les établissements de services respectent les normes;
cela créait des barrières. Actuellement, les normes
Approuvé Canada constituent, dans certains cas, des barrières non
tarifaires par rapport aux normes... même pas les normes, les estampilles
constituent des...
M. Maciocia: Pourquoi?
M. Garon: C'est comme ça.
M. Maciocia: Pourquoi c'est comme ça?
M. Garon: II n'est pas normal qu'à l'intérieur du
Québec les normes Approuvé Canada et Approuvé
Québec s'excluent l'une l'autre. Comme l'on déterminé la
constitution et la Cour suprême du Canada - je vous réfère
aux décisions de 1978, le référé de l'Ontario dans
l'affaire des oeufs; en 1979, l'arrêt Labatt, au Québec,
concernant Food and Drugs; en 1980, l'arrêt Dominion, en Ontario - on a
déterminé qu'à l'intérieur d'une province le
contrôle de la production est une responsabilité provinciale. On
distingue entre la production et la mise en marché. La mise en
marché locale est une responsabilité provinciale, alors que la
mise en marché interprovinciale et internationale est de juridiction
fédérale. Ce qu'on fait actuellement, c'est d'adapter les lois.
Il y aura des négociations avec le gouvernement fédéral et
j'ai écrit à M. Whelan et à Mme Bégin pour faire
les changements en fonction des juridictions constitutionnelles telles
qu'interprétées par la Cour suprême du Canada. Vous ne
trouvez pas cela beau? Vous êtes des spécialistes du BNA Act,
vous
aimez qu'on en fasse partie et on le fait exactement dans le cadre d'un
fédéralisme qui s'affirme.
M. Ciaccia: On est aussi pragmatique. Est-ce que je me trompe en
disant que vos intérêts sont plutôt d'affirmer vos
soi-disant juridictions dans tous les domaines plutôt que de dire au
gouvernement: On a une situation pratique, cela semble fonctionner, on va
laisser aller tout ce qui fonctionne bien et on n'interviendra que quand
ça ne fonctionnera pas bien?
M. Garon: Oui, mais vous savez, M. le député de
Mont-Royal, que je ne peux pas m'attribuer de juridictions, le gouvernement du
Québec ne peut s'attribuer de juridictions dans des secteurs qui ne sont
pas de sa juridiction; autrement, les tribunaux feraient sauter ces
juridictions. J'éprouve beaucoup de plaisir à vous dire que
depuis ce temps il n'y a pas une loi ou un règlement du ministère
de l'Agriculture qui ont été abrogés ou condamnés
par les tribunaux au Canada et que nous avons gagné tous nos
procès. Quel serait mon intérêt à vouloir faire des
lois et des règlements? Vous le savez tellement bien qu'aujourd'hui la
seule façon que vous avez d'empêcher l'affirmation des droits du
Québec est de l'empêcher d'adopter des lois.
M. Maciocia: M. le ministre, ce n'est pas là la question.
On est d'accord sur la juridiction du gouvernement provincial. La question
pratico-pratique, comme l'a déjà dit le député de
Mont-Royal, c'est qu'actuellement il y a un permis du gouvernement
fédéral.
M. Garon: Oui.
M. Maciocia: Et vous arrivez avec un projet de loi qui demande un
permis québécois.
M. Garon: Oui.
M. Maciocia: Vous avez dit tantôt que vous alliez conclure
des ententes avec le gouvernement fédéral pour voir de quelle
façon ces permis pourraient être accordés aux
différents établissements. S'il n'y a pas d'accord - et cela,
vous le savez très bien, on le voit tous les jours, vous avez des
problèmes d'entente avec le gouvernement fédéral...
M. Garon: Pas du tout.
M. Maciocia: ...qui va en subir les conséquences? C'est ce
qu'il faut...
M. Garon: Pas du tout.
M. Maciocia: La pratique est là. Qui va en subir les
conséquences? Ce n'est ni vous, ni le ministre fédéral, ce
sont les gens qui vont vivre ces problèmes au jour le jour. Là
est le problème. Étant donné qu'il n'y a pas de
problèmes...
M. Garon: Quels problèmes vont-ils vivre, ces
gens-là? Vous parlez pour parler.
M. Ciaccia: Non, non, non.
M. Maciocia: Vous dites qu'il n'y a pas de problèmes
actuellement. S'il n'y a pas de problèmes, pourquoi ne le laissez-vous
pas faire comme cela?
M. Garon: Vous avez un établissement au Québec qui
vend 75% de sa production sur le marché québécois et 25%
à l'exportation. La Cour suprême dit que la production est une
responsabilité provinciale et la mise en marché locale, une
responsabilité provinciale, et vous voudriez que le permis soit
donné à celui qui aurait une juridiction sur l'exportation. Il y
a quelque . chose qui ne va pas. Voyons doncl Le premier permis que les gens
doivent avoir, c'est le permis du Québec, parce que c'est lui qui a
juridiction sur la production et la mise en marché locale. Il me semble
que c'est l'enfance de l'art de comprendre cela. Auparavant, il n'était
pas aussi clair, en vertu des jurisprudences à ce moment-là, que
la mise en marché et la production étaient distinguées de
cette façon. L'Ontario - j'espère que vous avez une bonne opinion
du gouvernement de l'Ontario...
M. Maciocia: Cela dépend.
M. Garon: ... a voulu savoir qui avait juridiction dans le
domaine des oeufs. La réponse de la Cour suprême, en 1978 - et
d'ailleurs, vous pourriez le demander à votre collègue de
Brome-Missisquoi...
M. Ciaccia: On ne parle pas des oeufs. On parle de la viande. Ce
n'est pas la même chose.
M. Maciocia: II tourne toujours...
M. Ciaccia: Je sais qu'un poulet natt d'un oeuf, mais on n'est
pas à ce stade de l'oeuf.
M. Garon: Votre collègue de Brome-Missisquoi est au
courant. Il s'était greffé à cette cause-là qu'il
avait perdue, d'ailleurs.
M. Maciocia: On parle de viande ici.
M. Garon: II faut déterminer que, dans le comté de
Brome-Missisquoi - le député, que voulez-vous? il ne peut rien
dire - le gouvernement du Québec était content de la
décision. Pour le gouvernement de l'Ontario, cela a
été clarifié par la Cour suprême du Canada qui a
dit: II faut distinguer entre la production et la mise en marché.
M. Lincoln: Est-ce que l'Ontario a des permis spéciaux
pour les viandes comme ceux que vous demandez ici?
M. Garon: L'Ontario a des permis, mais je ne sais pas s'ils
couvrent toute la production ou non.
Des voix: Ah!
M. Garon: Un instant! Ne dites pas: Ah! ah! ah! Je vais vous dire
une affaire.
Des voix: Ah! Ah!
M. Garon: Je viens de recevoir une lettre, cette année, du
ministre de l'Agriculture du Canada qui me demande, à la suite des
décisions de la Cour suprême, ce que nous allons faire.
Après les décisions de 1978, nous avons changé, par la loi
116... Le député de Huntingdon se le rappelle, l'Union Nationale
était venue voter contre le syndicalisme agricole à ce
moment-là sur la loi 116. Nous avons passé deux ou trois semaines
en commission parlementaire. Je me rappelle qu'à ce moment-là, le
Parti libéral se préparait à faire la même chose et
je vais vous dire de petits secrets, si vous voulez. À ce
moment-là, le Parti libéral se préparait à faire la
même guerre et je suis allé voir...
M. Maciocia: C'était dans...
M. Garon: ...le député du Parti libéral, le
député de Bonaventure. Je lui ai dit: Pourquoi vous engagez-vous
dans une bataille qui est mauvaise? Vous ne me croirez pas, le Parti
libéral n'est pas là pour me croire. Vous avez un excellent
conseiller juridique qui est au courant de ces questions-là. Vous n'en
avez pas dans votre parti actuellement, mais il y a encore quelqu'un qui peut
vous renseigner là-dessus pour voir si cela a du sens ou non, ce que je
fais avec la loi 116. J'ai conseillé à M. Gérard D.
Levesque et à M. Giasson qui était le député de
Montmagny d'appeler Jean Lesage qui connaissait ces lois-là. La
première journée, le Parti libéral n'a pas pris position
parce que les gens n'ont pas pu rejoindre Jean Lesage, mais le lendemain, ils
ont pu rejoindre Jean Lesage en Floride qui leur a dit: Garon n'a pas le choix.
À la suite des décisions de la Cour suprême, il faut qu'il
comble les vides juridiques. À ce moment-là, le Parti
libéral est resté tranquille et n'a pas dit un mot, parce qu'il a
daigné consulter en dehors de ses députés. Il n'avait pas
les compétences qu'il fallait dans son groupe. Je n'ai pas de
blâme à faire là-dessus, sauf que c'est un fait.
C'était la même chose. La loi 116 venait combler un vide juridique
parce qu'il y avait eu des décisions de la Cour suprême. Il y a
aussi des décisions de la Cour suprême qui ont été
adoptées, concernant la production et la mise en marché dans le
domaine alimentaire. Elles ont comblé des vides juridiques pour faire en
sorte qu'on occupe le terrain que la Cour suprême dit être de
responsabilité provinciale.
M. Dubois: M. le Président...
Le Président (M. Paré): M. le député
de Huntingdon.
M. Dubois: ...je me souviens très bien de la loi 116.
Quant à la question de combler le vide juridique, dans le temps - et je
pense que, si vous relevez les demandes en Chambre, on vous demandait de
diviser votre loi - on était totalement d'accord là-dessus, mais
votre loi était presque une loi omnibus. Elle amenait des amendements et
aussi des demandes de la part du syndicalisme agricole. Vous aviez mis un
paquet de choses dans la loi et, pour nous -encore aujourd'hui, je suis de cet
avis - il y avait certains éléments de cette loi qui
n'étaient pas acceptables, mais le vide juridique dont vous parlez, on
était d'accord avec cela. D'ailleurs, on vous a demandé de couper
votre loi en deux, de la diviser, de mettre dedans les éléments
particuliers dont vous aviez besoin immédiatement. D'accord. Il ne faut
quand même pas porter des accusations et dire...
M. Garon: Vous rappelez-vous quand vous disiez que, avec cette
loi, je dirais aux cultivateurs quand couper leur foin, quand faire leur
semence? Vous avez essayé d'ameuter la population en disant toutes
sortes de choses à ce moment. Je pourrais reprendre des discours de ce
temps, mais, aujourd'hui, l'Union Nationale n'existe plus.
M. Dubois: Si c'était à refaire aujourd'hui, il y a
des éléments dans la loi 116 que je n'accepterais plus.
M. Garon: Mais j'ai été trop bon à ce
moment, j'ai donné un bon conseil aux libéraux et ils l'ont
suivi. Comprenez-vous, les libéraux ne suivent pas toujours mes
conseils. Et, dans la loi 48...
M. Dubois: J'espère que non.
M. Garon: ...ils ne les ont pas suivis et ils s'en mordront les
pouces.
M. Dubois: M. le Président, il y a un
élément que je voudrais soulever immédiatement et cela n'a
pas trait à la loi
49. Vous avez apporté un amendement à la loi 48 que j'ai
accepté avec plaisir puisque c'était une demande de mon
collègue de Maskinongé. Je pense que c'est à l'article 63
de la loi 48, vous aviez apporté un papillon dont le texte s'adressait
aux jeunes producteurs agricoles.
M. Garon: On veut parler de la loi 49.
M. Dubois: Non, ce n'est pas cela, M. le Président. Je
crois que c'est urgent, il y une loi omnibus à l'étude
présentement qui modifie environ cinquante lois.
M. Garon: On est dans la loi 49.
Le Président (M. Paré): M. le
député...
M. Dubois: Ce n'est pas cela, c'est que le risque est grand que
la loi 48 ne soit pas adoptée. Et si elle n'est pas
adoptée...
Le Président (M. Paré): M. le député
de Huntingdon, si la loi 48 n'est pas adoptée, on en jugera au moment
où on y sera rendu. Nous en sommes toujours à l'article 3 du
projet de loi 49.
M. Dubois: Cela touche les jeunes producteurs agricoles.
Initialement, ce n'était pas dans la loi 48. C'est un papillon qui a
été amené par M. le ministre, qui touchait les
producteurs...
Le Président (M. Paré): M. le député
de Huntingdon, la loi 49, c'est une loi modifiant... Un instant! À
l'ordre s'il vous plaît!
M. Dubois: Cet article pourrait aller dans n'importe quelle autre
loi, dans la loi omnibus par exemple.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Huntingdon. La loi 49, c'est la Loi modifiant la Loi sur les produits
agricoles, les produits marins et les aliments.
À l'ordre, s'il vous plaîtl M. le député de
Hungingdon.
M. Dubois: Vous en subirez les conséquences.
Le Président (M. Paré): Un instant! À
l'ordre s'il vous plaîtl Si vous voulez revenir au projet de loi 48,
tantôt, les arguments que vous apportez là, vous les apporterez
lors de l'étude du projet de loi 48. On est toujours à l'article
3 du projet de loi 49.
M. Garon: Je pourrais vous donner un exemple qui pourrait clore
le débat, peut-être pas non plus. Dans les usines
laitières, il y a les deux permis. Il y a le permis provincial, et le
permis fédéral. Les inspecteurs provinciaux font leur travail et
les inspecteurs fédéraux font le leur, et cela va très
bien.
M. Lincoln: M. le ministre, une question. Pourquoi - puisque vous
devez faire des ententes avec M. Whelan et vous savez que vous allez le faire -
est-ce que vous n'avez pas fait ces ententes avant, antérieurement
à votre projet de loi? Pourquoi attendre que vous ayez le projet de loi
et après vous discutez et... Pourquoi n'avez-vous pas essayé de
faire des ententes avant? Comme cela, vous sauriez exactement quel genre de
fonctionnement ce serait. Est-ce que cela n'aurait pas été
beaucoup plus logique?
M. Garon: C'était pour faire des ententes sur
l'administration, sur les modalités d'application. Par exemple; M.
Whelan peut reconnaître nos inspecteurs pour les fins des lois
fédérales. On peut reconnaître les siens pour les fins des
lois provinciales à condition qu'ils les appliquent. Le problème
jusqu'à maintenant - ne nous trompons pas - c'est que j'aimerais que
vous pensiez qu'on a un peu de vérité dans ce qu'on dit.
Pourquoi, dans le secteur des pêches, avons-nous assumé
nous-mêmes l'inspection? C'est parce que les inspecteurs
fédéraux n'appliquaient pas nos lois. Alors c'étaient des
inspecteurs pour les lois fédérales et pour les lois
provinciales. Mais ils ne s'occupaient pas d'administrer nos lois. Qu'est-ce
que vous voulez que je vous dise? À ce moment, on s'est dit: Si ces gens
ne veulent pas les administrer, on va les administrer nous-mêmes.
Dans le cadre de ces lois, il va y avoir des discussions avec le
gouvernement fédéral, à savoir ce qu'il va appliquer, de
la même façon qu'on discute actuellement avec la Communauté
urbaine de Montréal, à savoir qui va administrer quoi.
M. Ciaccia: Mais le Conseil des viandes, section Québec,.
a demandé de vous rencontrer pour vous expliquer, de façon plus
élaborée...
M. Garon: Je lui ai envoyé un télégramme
pour lui dire que je suis d'accord pour le rencontrer.
M. Ciaccia: Et vous ne l'avez pas encore rencontré.
M. Garon: Bien non, mais à ce moment, on siège ici,
c'est un peu difficile, ce ne sera pas une discussion d'une demi-heure.
M. Ciaccia: Mais la raison pour laquelle il veut vous rencontrer,
c'est concernant la question des permis, avant que vous adoptiez ce projet de
loi. C'est pour cela qu'il veut
vous rencontrer.
M. Garon: Non.
M. Ciaccia: II l'a dit ici.
M. Garon: Je comprends cela, mais c'est pour l'application
opérationnelle.
M. Maciocia: J'aurais une dernière question.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Viger.
M. Maciocia: Oui, une dernière. Vous avez parlé
tantôt d'un établissement. Il y a 75% de cette viande
distribuée localement et 25% distribuée à
l'extérieur, que ce soit interprovincial ou international. Vous dites:
Pour 75%, il faut obtenir un permis du Québec. Admettons qu'on peut
présumer -cela peut arriver comme cela peut ne pas arriver - que vous ne
vous mettez pas d'accord avec le gouvernement fédéral. Qu'est-ce
qui arrive avec les 25% qui doivent être exportés à
l'extérieur, soit de façon interprovinciale ou internationale?
S'il n'y a pas d'accord, est-ce qu'il va y avoir...
M. Garon: II n'y a pas de problème.
M. Maciocia: Mais comment, il n'y a pas de problème?
M. Garon: Le gouvernement fédéral va occuper ses
juridictions.
M. Maciocia: Mais qu'est-ce qui arrivera à
l'établissement? Dans un coin, il y aura 25% de sa production et les 75%
seront dans un autre? (16 h 15)
M. Garon: Ce n'est pas comme ça que ça marche. Le
gouvernement fédéral va faire ses normes d'exportation et va les
administrer ou bien il va nous en confier l'administration. Nous aurons nos
normes à nous. C'est comme ça que ça fonctionne dans
d'autres secteurs.
M. Ciaccia: Mais le pauvre gars qui est pris entre les
deux...
M. Maciocia: Mais la personne qui est prise entre les deux...
M. Ciaccia: ...qu'est-ce qu'il fait, lui? M. Garon: Le
problème n'est pas là.
M. Ciaccia: Mais oui, le problème est là. Le
Conseil des viandes du Canada vous l'a dit.
M. Maciocia: Bien oui, voyonsl
M. Ciaccia: C'est là le problème.
M. Garon: Le problème, ce sont les normes de construction.
Le permis n'est pas lié à la commercialisation, il est
lié...
M. Ciaccia: M. le Président, voulez-vous rappeler les
députés à l'ordre? Article 100, s'il vous plaît!
Le Président (M. Paré): Un à la fois.
M. Garon: Le problème n'est pas là. Le permis est
relié à des normes de construction, il n'est pas relié
à la commercialisation. Pour avoir un permis, il faut respecter les
normes de construction. C'est à ça qu'est relié le permis.
La commercialisation, c'est une autre chose.
M. Ciaccia: Pour ceux qui sont déjà construits,
qu'allez-vous faire? La construction c'est pour l'avenir.
M. Garon: Est-ce que les normes canadiennes sont
inférieures aux normes québécoises? Est-ce que vous avez
peur que les abattoirs Approuvé Canada ne puissent pas satisfaire aux
normes Approuvé Québec?
M. Ciaccia: Non, non, non. Ces abattoirs sont au Québec,
ce ne sont pas des abattoirs à Mississauga.
M. Garon: Ils sont supposés déjà respecter
les normes du Québec. S'il arrivait que des entreprises Approuvé
Canada ne respectent pas les normes du Québec, c'est parce que les
inspecteurs fédéraux ne se seraient pas chargés de les
faire appliquer. Actuellement, les entreprises Approuvé Canada sont
supposées respecter les normes québécoises.
M. Maciocia: Oui.
M. Garon: Normalement, il n'y a pas de problème au point
de vue des normes de construction.
M. Ciaccia: II n'y a rien là-dedans qui dit que vous
n'allez pas changer vos normes ou vos règlements.
M. Maciocia: Dans l'article actuellement, est-ce seulement pour
les nouvelles constructions ou aussi pour celles qui sont déjà
existantes?
M. Garon: Toutes.
M. Maciocia: Alors, c'est ça. Ce n'est pas seulement pour
celles qui seront construites.
M. Garon: Mais les normes de
construction sont déjà là.
M. Maciocia: Oui, mais là vous vous donnez un pouvoir
d'aller vérifier et vous aurez probablement des problèmes avec le
gouvernement fédéral. Qui en subit les conséquences? C'est
la personne qui est là, l'établissement qui est là.
M. Ciaccia: Ce n'est pas le fédéral.
M. Maciocia: Ce n'est pas le fédéral qui en subit
les conséquences.
M. Garon: Réalisez ce que vous êtes en train de
dire. Vous êtes en train de dire que les entreprises d'abattage ou de
charcuterie Approuvé Canada ne respecteraient pas les normes
Approuvé Québec...
M. Maciocia: Ce n'est pas ça.
M. Garon: ...et craindraient d'avoir un permis Approuvé
Québec parce qu'elles ne respectent pas les normes.
M. Ciaccia: Ce n'est pas ça.
M. Maciocia: Ce n'est absolument pas ça.
M. Garon: Vous voudriez dire actuellement qu'à
l'intérieur du Québec... Non, non.
M. Maciocia: Non, non.
M. Garon: Si ce n'est pas ça, il n'y a pas de
problème. Autrement, ça voudrait dire que les gens pourront avoir
un permis Approuvé Canada, avoir des normes de construction
inférieures à celles des gens qui ont le permis Approuvé
Québec et leur façon de rester en dehors des normes
québécoises, ce serait d'avoir le permis Approuvé Canada.
Ce qui n'a ni queue ni tête.
Il doit y avoir, à l'intérieur du Québec, pour des
gens qui vendent sur le marché québécois dans le
réseau commercial, qui respectent le même ensemble de
normes...
Une voix: Adopté, M. le Président.
M. Lincoln: Un instant! Je crois qu'on ne vous bougera pas, on
parle aux murs, mais enfin... À l'article 3, on parle
d'établissement au lieu d'usine. Est-ce que vous pouvez nous dire quel
établissement? On a élargi ça, on parle
d'établissement. De quoi parlez-vous?
M. Garon: Surtout parce qu'il y avait des entreprises - comme
elles étaient couvertes par la notion de vente en gros - et des usines
qui ne faisaient pas de vente en gros, mais qui faisaient du travail à
forfait et leur produit était vendu à une autre entreprise qui,
elle, faisait la vente en gros. C'est-à-dire qu'elles faisaient du
travail à forfait et les entreprises n'étaient pas
inspectées parce qu'elles ne faisaient pas de vente en gros. C'est pour
couvrir les entreprises qui font du travail à forfait, ce qui est
l'équivalent de la vente en gros, mais sans être de la vente en
gros.
M. Lincoln: Mais...
M. Garon: Le deuxième point dont je vous parlais
tantôt, c'est à propos des établissements qui font du
travail à forfait. Il y a également, dans le domaine de la
transformation des produits marins, des entreprises, surtout du territoire
maritime, qui font de l'usinage, qui prennent du poisson brut et qui le
travaillent pour faire un produit secondaire, c'est-à-dire le
transformer. Par ailleurs, dans la région de Montréal, il y a des
entreprises qui ne font pas vraiment une transformation, qui font de
l'emballage. Actuellement, on ne peut pas appliquer un régime distinct,
alors qu'elles ne font pas vraiment de l'usinage; elles font principalement des
choses comme l'emballage, par exemple, en plus petites portions. Avec la loi
actuelle, on ne peut pas distinguer ce genre d'opération et on serait
obligé de soumettre ces entreprises à des normes plus
sévères que nécessaire. C'est pour cela...
M. Lincoln: Combien y a-t-il d'établissements à
forfait? De combien d'établissements parlez-vous quand vous parlez
d'établissements à forfait?
M. Garon: II y aurait une quinzaine d'établissements
à forfait. Les autres, ceux qui font de la préparation autre que
l'usinage, ce serait une quarantaine d'entreprises.
Le Président (M. Paré): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur l'article 3?
Une voix: Non.
M. Lincoln: Nous avons beaucoup de réserves qu'on vous a
exprimées sur le troisième paragraphe par rapport... L'on va
adopter l'article 3, sur division.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 3 est
adopté sur division. J'appelle l'article 4.
M. Lincoln: À l'article 4, on a ajouté le mot
"débarque"; à c de l'article 4, "pour exploiter un
établissement de préparation ou de conserverie"... Pardon,
excusez-moi. À l'article 4, "pénétrer en tout temps dans
un endroit où l'on prépare, conditionne,
transforme, emballe, entrepose, débarque" les produits. Est-ce
que vous visez les ports dans le territoire fédéral?
M. Ciaccia: Pas les "porcs" dits cochons, les "ports".
M. Lincoln: Les "ports", p-o-r-t-s.
M. Garon: On vise à préciser les pouvoirs des
inspecteurs dans l'exercice de leurs fonctions, pour qu'ils puissent
accéder non seulement à un local, parce qu'on disait avant "dans
un local", mais dans tout lieu incluant les quais de débarquement et les
marchés publics. Dans ce cas-là, il va se faire du triage sur les
quais de débarquement et on veut que les inspecteurs puissent venir
faire l'inspection à terre. D'ailleurs, si vous avez des doutes, vous
pouvez encore lire le rapport Kirby, qui n'a pas été
commandité par le gouvernement du Québec. Dans les quatre
premières pages, il est dit: Aussitôt que le poisson est rendu
à terre, il est nettement de juridiction provinciale.
Le triage va s'appliquer à partir du 1er avril 1984 et, par la
suite, il va y avoir aussi une inspection...
M. Ciaccia: Quand il est mort, il est sous la juridiction
provinciale...
M. Garon: II peut être débarqué vivant.
M. Ciaccia: ...pour autant qu'il est en vie, c'est au
fédéral.
M. Lincoln: Au paragraphe 2, vous parlez de "prendre des
photographies des produits", etc. Pouvez-vous...
M. Garon: C'est pour prendre des photographies afin de
compléter le rapport des inspecteurs pour le bénéfice des
tribunaux. Les juges ont manifesté, dans certaines causes, qu'il serait
bon d'avoir des photographies pour mieux montrer ce qu'on veut indiquer.
Le Président (M. Paré): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur l'article 4?
M. Lincoln: Cela va pour l'article 4.
Le Président (M. Paré): L'article 4 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. J'appelle
l'article 5.
M. Garon: Encore là, c'est une concordance. On remplace le
mot "local" par le mot "endroit". Ensuite, c'est pour retirer de la
présente loi la règle de confidentialité des
renseignements d'inspection, étant donné que ces renseignements
sont couverts et protégés par la Loi sur l'accès aux
documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels. Plutôt que d'avoir une note particulière au point de
vue des renseignements, on a préféré être soumis aux
règles générales de l'accès à l'information
et à la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et
sur la protection des renseignements personnels.
M. Lincoln: À l'article 35, comme il était... En
fait, la différence entre l'article 35, tel qu'il est maintenant, et
l'article 35 que vous proposez, c'est justement dans la confidentialité
du second paragraphe.
M. Garon: C'est cela.
M. Lincoln: Est-ce que cela ne protège pas mieux les
intéressés? Est-ce qu'il n'aurait pas été aussi
bien de l'y laisser? Pourquoi? C'est une protection pour les
intéressés, en fait. Pourquoi ne pas l'y avoir laissé?
Pourquoi l'avoir changé et transféré dans une autre loi
puisque la loi est là? Pourquoi l'avoir changé? Quel est
l'avantage pour le citoyen?
M. Ciaccia: Bonne question.
M. Garon: Nous pensons que le ministère de la Justice,
éventuellement, va abroger toutes ces lois et tous ces articles
concernant la confidentialité pour les rendre assujettis à la Loi
sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection
des renseignements personnels.
Ce n'est pas parce qu'on était bien "chaud" de l'enlever, mais on
s'est dit que, dans un souci de transparence...
M. Maciocia: Quel souci de transparence?
M. Lincoln: II me semble que, si c'était tellement
nécessaire, le ministre de la Justice l'aurait fait. Mais cela me semble
être tout le contraire, M. le ministre. Sûrement que la
transparence voudrait que vous laissiez cela là parce que cela
protège les intéressés dans la confidentialité. Je
ne vois pas ce que cela fera, votre loi, d'une façon ou d'une autre.
M. Garon: Mais il y a aussi des protections qui sont
prévues dans la loi sur l'accès à l'information.
M. Lincoln: II y a toujours des protections. On pourrait dire
aussi qu'il y a des protections qui sont incluses dans la Charte des droits et
libertés de la personne. C'est certain qu'il y a des protections,
mais
qu'est-ce qui vous empêche de laisser cela tel quel?
M. Garon: Non, je suis d'accord pour dire...
M. Lincoln: Et vous savez que la loi sur l'accès à
l'information n'est pas en vigueur complètement, d'après ce que
notre avocat nous dit. Elle entrera en vigueur par étapes. En fait, j'ai
eu un cas dans une autre commission parlementaire où cela ne
s'appliquait pas justement.
M. Garon: Où? À l'article 5... Des voix:
C'est cela.
M. Garon: On pourrait faire un amendement à l'article 5.
On dirait: "Le premier alinéa de l'article 35 de cette loi est
remplacé par le suivant.
M. Lincoln: Oui. Vous changez les mots "d'un local" par "d'un
endroit".
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: C'est cela. Oui. D'accord.
M. Garon: On dirait: "Le premier alinéa de l'article 35 de
cette loi est remplacé par le suivant." Cela se lirait ainsi.
M. Lincoln: D'accord.
M. Garon: L'article 5 se lirait...
Le Président (M. Paré): Donc, il y a un amendement.
Vous avez parlé de l'article 35...
M. Garon: Non, non. C'est l'article 5.
Le Président (M. Paré): Oui, c'est l'article 5,
mais...
M. Garon: À l'article 5, on remplacerait: "L'article 35 de
cette loi est remplacé par le suivant", par "Le premier alinéa de
l'article 35 de cette loi est remplacé par le suivant." Est-ce clair?
L'article 5...
Le Président (M. Paré): L'article 5 est le
début. Au lieu de dire: "L'article 35 est remplacé...", ce serait
"Le premier alinéa de l'article 35..."
M. Garon: Oui. "L'amendement serait le suivant: Au lieu de dire:
"L'article 35 de cette loi est remplacé par le suivant", on dirait: "Le
premier alinéa de l'article 35 de cette loi est remplacé par le
suivant." L'article continuerait...
Le Président (M. Paré): Exactement.
M. Lincoln: Tout ce qu'on change, ce sont les mots "endroit" pour
"local". C'est d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Oui, si tout le monde est
d'accord, cela veut dire qu'on remplace: "L'article 35 de cette loi est
remplacé par le suivant", par "Le premier alinéa de l'article 35
de cette loi est remplacé par le suivant...", et il continuerait tel
qu'il est déjà écrit. Est-ce que cela va?
Une voix: C'est cela. À ce moment-là, le
deuxième alinéa reste là.
M. Lincoln: Oui.
Le Président (M. Paré): Cela va.
M. Lincoln: Le reste...
M. Maciocia: Si c'est comme cela, il n'y aura pas de
problème.
Le Président (M. Paré): On pourrait l'enlever
complètement et il serait remplacé par cela. Cela veut dire que
cela est remplacé par cela.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Paré): L'amendement est cela.
Donc, on s'entend là-dessus pour que cela soit bien clair. L'amendement
apporté à l'article 5 du projet de loi 49 est: "L'article 35 de
cette loi est remplacé par le suivant". Ce bout-là est
remplacé par: "Le premier alinéa de l'article 35 de cette loi est
remplacé par le suivant." Est-ce que ça va là-dessus? (16
h 30)
M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Paré): Est-ce que cet amendement
est adopté?
M. Lincoln: M. le Président, afin qu'il n'y ait aucun
malentendu - je crois qu'on se comprend tous - tout ce qu'on fait,
d'après votre formulation, c'est que l'article 35 original reste,
excepté que le mot "local" devient "endroit".
Le Président (M. Paré): C'est exact.
M. Lincoln: Alors, si vous placez cela dans un texte juridique
quelconque qui dit cela, nous sommes tout à fait d'accord.
Le Président (M. Paré): Vous avez raison, M. le
député de Nelligan, mais je crois que la nouvelle formulation,
dans l'amendement proposé, vient répondre exactement à ce
que vous avez dit.
Donc, est-ce que cet amendement est adopté?
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
l'article 5 tel qu'amendé est adopté?
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. J'appelle
l'article 6.
M. Garon: Vous voyez comment on est de bon entendement.
J'ai le papillon dont je vous parlais pour amender le texte à la
suite des rencontres avec l'Union des producteurs agricoles. Je vais le lire
tranquillement. À l'article 6 du projet, remplacer l'amendement se
lirait comme suit - à l'intérieur du paragraphe 1°, le
paragraphe c.2 par le suivant: "c.2 prohiber ou réglementer, aux fins du
troisième alinéa de l'article 70 de la Loi sur la conservation et
la mise en valeur de la faune (1983, chapitre (insérer ici le
numéro de chapitre attribué à cette loi),
l'exécution d'activités relatives à tout produit aquatique
qu'il désigne et concernant sa vente, sa préparation, sa
transformation, sa détention, son transport ou sa distribution;".
Au fond, le point central, c'est que l'UPA craignait qu'on veuille
régler les plans conjoints par cet article, mais cela n'a jamais
été notre intention. Elle m'a dit: Si vous - malgré tous
les sparages, je pense qu'il y a plusieurs personnes dans l'UPA qui ont
confiance au ministre - nous promettez d'étudier cela
sérieusement, on n'a même pas besoin de voir l'amendement, on est
convaincu que vous allez faire ce qu'il est possible de faire. Comme ces
personnes s'inquiétaient, de cette façon, on indique au
paragraphe c.2 qu'il s'agit de prohiber ou de réglementer aux fins du
braconnage. C'est pour cela qu'on inscrit "aux fins du troisième
alinéa de l'article 70 de la Loi sur la conservation et la mise en
valeur de la faune". Si je peux vous lire, par exemple, le troisième
alinéa de l'article 70, celui-ci dit: "La vente ainsi autorisée
doit aussi respecter les normes et conditions prévues à la Loi
sur les produits agricoles, les produits marins et les aliments." Cela est pour
empêcher le braconnage, de sorte que les produits du braconnage ne
pourront pas entrer dans le réseau de commercialisation. Je pense que
cet amendement...
M. Lincoln: M. le ministre, je voulais...
M. Garon: Les gens de la protection de la faune, qui sont des
gens craintifs, vont être heureux de voir qu'on a ajouté une
référence à leur loi, parce qu'ils souhaitaient avoir le
plus de références possible à leur loi. Comme on fait une
référence additionnelle et que cela semble faire plaisir à
l'Union des producteurs agricoles et aux syndicats...
M. Ciaccia: On veut mentionner un point.
M. Garon: Lequel?
M. Lincoln: Dans la résolution, on dit: Considérant
que l'article 6 du projet de loi, qui modifie l'article 40c.2 de la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments, permet au gouvernement
de prohiber ou réglementer l'exécution d'activités
relatives à tout produit agricole qu'il désigne et concernant sa
vente, sa préparation, sa transformation, sa détention ou sa
distribution... On demande de modifier l'article 40.
J'ai reçu un coup de téléphone. J'avais
essayé de joindre M. Fillion pour voir comment il se situait par rapport
à cela. Il m'a dit qu'il avait rencontré M. Garon, en compagnie
de M. Pierre-Louis Landry et de trois avocats. M. Fillion et son groupe ont
simplement fait part à M. Garon des raisons pour lesquelles ils sont
contre son projet de loi et M. Garon devait étudier le tout. Ils n'ont
rien accepté ni refusé; donc, entente sur rien du tout. M. Garon
devait prendre les représentations en considération.
M. Garon: C'est cela.
M. Lincoln: Ils disaient: Pourquoi M. Garon n'a-t-il pas fait des
consultations en commission parlementaire comme M. Chevrette l'a fait pour le
projet de loi 9 sur la faune, qui, lui, a pu obtenir un consensus
général et même des félicitations de la part de
l'Opposition?
M. Garon: II n'a jamais été question de cela.
Une voix: Ah oui!
M. Garon: Non, non, le gars qui vous a dit cela... J'étais
à la réunion et il n'a jamais été question de
cela.
M. Lincoln: Non, il demande cela comme question...
Écoutez, pouvez-vous m'expliquer comment cela satisfait à
leur...
M. Garon: C'est parce qu'ils disaient: Si c'est aux fins de la
consommation de la faune et du braconnage, pourquoi ne l'indiquez-vous pas dans
votre projet? Alors, c'est ce qu'on fait. On l'indique en donnant la
référence que c'est aux fins de la commercialisation des produits
de la faune,
l'article 70 couvre cela. Il est interdit de vendre des produits
indigènes sur le marché.
Le troisième alinéa se réfère
particulièrement...
M. Lincoln: Ah bon!
M. Garon: Pardon?
M. Lincoln: Je vais voir.
M. Garon: C'est pour cela que, si l'on veut...
Une voix: II se réfère à notre loi et
nous...
M. Garon: ...que la commercialisation des produits
indigènes élevés dans les piscicultures commerciales soit
mise en marché, il va falloir une réglementation qui
empêche la provenance du produit de braconnage dans le réseau
commercial. Il va falloir adopter des restrictions qui vont leur donner
satisfaction pour qu'on puisse le faire et c'est pour cela qu'ils l'ont
indiqué dans leur projet de loi, tellement ils étaient craintifs
qu'on ne soit pas assez sévère. Alors, je suis pris entre deux
feux. Il faut que je rende service aux gens de la faune pour qu'ils veuillent
qu'on commercialise et l'UPA craint d'être réglementée et
qu'on intervienne dans le plan conjoint. Alors, je suis pris en sandwich...
M. Lincoln: Ce que vous faites...
M. Garon: ...et j'essaie de faire plaisir aux deux.
M. Ciaccia: C'est un gros sandwich! M. Garon: Délectable!
Des voix: Ah! Ah! Ah!:
M. Lincoln: Vous situez cela par rapport... Là, ce que
vous qualifiez, c'est aux fins du troisième alinéa de l'article
70 de la loi sur...
M. Ciaccia: C'est un "club sandwich".
M. Lincoln: ...la conservation de la faune qui a trait au
braconnage. C'est cela que vous dites?
M. Garon: C'est cela, qui a trait à l'autorisation de
commercialiser, pour éviter que ceux qui n'y sont pas autorisés
aient quelque chose à voir avec cette affaire. Pour que ceux qui ne sont
pas autorisés à faire de la commercialisation dans le cadre de la
commercialisation, pour le produit élevé en pisciculture qui est
de la même espèce que les produits indigènes, puissent le
faire. Les gens de la faune ont peur du braconnage et que les produits
braconnes soient mis en marché. Alors, il faut bloquer la provenance
dans le réseau de produits du braconnage. C'est ce qu'on indique dans
cet article du projet de loi.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Lincoln: Comment est-ce que cela a trait à l'objection
par rapport au plan conjoint qui était leur grosse objection?
M. Garon: C'est parce qu'eux voyaient ceci dans l'article:
prohiber ou réglementer l'exécution d'activités relatives
à tout produit aquatique qu'il désigne et concernant sa vente, sa
préparation, sa transformation, sa détention, son transport ou sa
distribution.
Une voix: C'est l'objet de...
M. Garon: Ce sont différentes activités dans le
cadre de la commercialisation. Ils pensaient que cela avait pour but de
restreindre la commercialisation suivant le plan conjoint. Si le plan conjoint,
éventuellement, faisait des règlements - il n'y a pas de
règlement, actuellement, du plan conjoint là-dessus - s'il en
faisait, le cadre qu'on aurait établi pourrait intervenir, de telle
façon que le plan conjoint ne serait plus applicable. Alors, j'ai dit:
Ce n'est pas cela qu'on vise. C'est pour empêcher l'entrée, dans
le réseau de commercialisation, de produits braconnés. Ils ont
dit: Si c'est cela, on n'a pas d'objection à cela. C'est une exigence
des gens de la faune. Ils m'ont dit: Ce qu'on aimerait que vous fassiez, si
c'est pour ces fins-là, c'est que vous l'indiquiez dans votre article.
J'ai dit: Si c'est possible, je vais le faire. Mais comme il y a eu beaucoup de
discussions, à ce point de vue là, entre différents
organismes, je n'ai pas envie de recommencer tout le débat. Alors, on a
essayé de faire la correspondance avec l'article de la loi sur la
conservation de la faune pour que les gens de la faune soient satisfaits sans
que les producteurs et les pisciculteurs soient inquiets. On a essayé de
faire plaisir aux deux, au fond. Je suis un peu, avec des gens qui sont trop
soupçonneux, comme celui qui voulait faire plaisir à qui donc,
dans la fable de La Fontaine?
Une voix: À son père. M. Garon: À son
oncle.
Une voix: À sa mère.
M. Garon: II voulait faire plaisir à tout le monde, il
avait de la misère. Je suis un peu dans cette situation-là. Tu
n'essaies pas
de réglementer des choses inutilement là-dedans. Si je
veux réglementer le plan conjoint, je peux le réglementer
directement, pas besoin de faire des détours comme cela. En tout cas, je
le leur ai dit. Je pourrais réglementer le plan conjoint. Aussitôt
qu'un règlement est adopté par la Régie des marchés
agricoles, je peux le faire amender par le Conseil des ministres si je
convaincs le Conseil des ministres. Pourquoi, alors que j'ai déjà
ce pouvoir-là, essayer de me le donner à un autre endroit?
M. Maciocia: Vous savez que, apparemment, vous n'avez plus les
mêmes pouvoirs au Conseil des ministres.
M. Garon: Qui a dit cela?
M. Maciocia: Ce matin, c'est cela qu'on a su.
M. Garon: Ah!
M. Maciocia: Cela vous surprend!
M. Garon: Je vous dirai que j'ai entendu parler qu'il y a eu une
question dans ce sens-là.
M. Maciocia: Est-ce que vous avez des commentaires?
M. Garon: Les agriculteurs du Québec sont, pour la
plupart, des francophones d'origine française, d'origine normande. Et
vous connaissez la réputation des Normands! Je vous dirai que pour
être ministre de l'Agriculture pendant sept ans, il faut être un
peu normand aussi.
M. Lincoln: Alors, M. le ministre. M. Maciocia: De quelle
façon?
M. Lincoln: Alors, sur le paragraphe c.2, ce que vous nous
dites...
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Paré): Un dialogue à la
fois, s'il vous plaît!
M. Garon: Vous dites que Duhaime est plus fort que moi?
Le Président (M. Paré): M. le député
de Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, pour revenir à c.2, ce qui
nous préoccupe, ce sont les objections du syndicat des pisciculteurs.
Vous dites que là-dedans, tout ce que vous excluez, c'est le braconnage.
À ce moment-là, pourquoi est-ce que vous dites:
"L'exécution d'activités relatives à tout produit
aquatique qu'il désigne et concernant sa vente, sa préparation?"
Alors, ce ne sont que les produits qui sont la conséquence du
braconnage?
M. Garon: C'est cela. Il ne faut pas qu'ils entrent dans le
réseau. C'est parce qu'il faut être capable de viser le produit
qui est à l'extérieur du réseau pour le bloquer. Alors, il
faut être plus large, nécessairement, que ce qui est à
l'intérieur, en termes de bloquer un produit qui rentrerait de
l'extérieur. La préoccupation est au niveau du produit
lui-même, qui est au niveau des établissements piscicoles ou des
fermes piscicoles.
Avec le terme "aquatique", on veut être sûr qu'on ne le
limiterait pas strictement au niveau de l'établissement de ferme, mais
qu'on puisse bloquer un produit qui est à l'extérieur de cela et
qui n'est pas autorisé dans le circuit. Mais c'est aux fins de cet
article-là, c'est pour cela qu'on y fait référence. (16 h
45)
Avant, il n'y avait rien d'indiqué et on nous a dit: Le simple
fait de remplacer le mot "aquatique" par "agricole" vous réalisez les
conséquences que cela aura pour les gens de la mise en marché en
vertu de la loi des marchés et nous autres, le syndicat.
Il faut l'indiquer à toutes les phases de la mise en
marché du produit, les phases qui sont mentionnées dans la loi -
vous voyez ici, au niveau des phases, la vente, la préparation, la
transformation, la détention de transport, la distribution - pour faire
en sorte que le produit braconné ne puisse pas être un sujet de
ces transactions. On ne peut pas interdire le braconnage, c'est
déjà interdit. Quand bien même on aurait dit qu'on interdit
le braconnage, on n'aurait rien fait: le braconnage étant
déjà interdit par la Loi sur la conservation de la faune. Il faut
empêcher que le produit du braconnage ne puisse entrer dans le
réseau commercial. Le règlement qu'il y a là va nous
permettre de mettre des balises aux différentes étapes qui sont
situées entre la production du produit d'élevage et son achat par
le consommateur pour que le produit braconné ne puisse pas entrer dans
le réseau. Remarquez bien que ce sont des gens de la faune qui nous
demandent cela.
C'est pour satisfaire d'autres personnes, l'interdiction ne vient pas de
nous. Il ne faut pas penser que c'est nous qui faisons cet article, mais, pour
satisfaire les gens qui souhaitent cela, on a mis un article comme
celui-là, parce qu'on pense qu'ils ont raison, le produit
braconné ne doit pas être commercialisé. C'est le seul but
de l'article. Il ne faut pas chercher autre chose que cela, il n'y en a
pas.
M. Lincoln: J'ai une question sur le paragraphe 4 de l'article 6,
à 1.1. Pour le reste, on n'a pas d'objection. On aurait pu, à ce
moment, les adopter.
Le Président (M. Paré): On pourrait passer à
l'amendement tout de suite. Ensuite, revenir sur l'article 6 globalement.
M. Lincoln: Oui, d'accord.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement
à l'article 6 est adopté?
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Paré): Adopté sur division.
On revient maintenant à l'article 6, M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: J'aurais voulu poser une question au ministre, par
rapport à 1.1, à 4° "exempter, en totalité ou en
partie, de l'application de la présente loi ou de ses règlements,
une catégorie de personnes, de produits, d'établissements ou
d'activités qu'il détermine." Là, vous vous donnez le
pouvoir presque illimité de dire: Cette personne, on va l'exempter de la
loi. Pourquoi exempterait-on une catégorie de personnes, à votre
discrétion? Il me semble que ce sont des pouvoirs
discrétionnaires exceptionnels, et que les personnes, selon même
ce que vous avez dit déjà quand on a discuté des autres
lois, doivent se conformer à la loi. Pourquoi est-ce qu'on a besoin
d'exempter des personnes ou des activités que vous déterminez
vous-même par rapport à la présente loi? M. le ministre,
comment considérer cela, par exemple?
M. Garon: C'est un article où il pourrait y avoir des
exemptions exceptionnelles. Ce n'est pas un régime ou il peut y avoir
des cas exceptionnels. On ne les a pas prévus. On fait une règle
générale pour couvrir l'ensemble des établissements, mais
il pourrait arriver qu'un établissement situé en tel endroit
fasse tel genre de petites activités, et que, le soumettre à un
régime général, ce serait, à toutes fins utiles, le
fermer. Normalement, il faudrait appliquer cet article avec beaucoup de
discrétion.
M. Lincoln: C'est cela qui nous tracasse, parce que cela vous
donne une discrétion.
M. Garon: Je veux dire pas souvent.
M. Lincoln: Pas souvent! Mais là, vous avez une loi, vous
avez un pouvoir presque illimité. Si, par exemple, vous aviez des
critères... M. le ministre, je suggère qu'on biffe cet article.
Je crois que, dans la loi, pour les gens, ou bien vous avez un critère
ou bien vous avez une norme.
M. Ciaccia: Cela vous protège, vous aussi, parce que cela
va créer des pressions pour vous empêcher de dire: On veut une
exemption.
M. Garon: C'est le gouvernement. Ce n'est pas un pouvoir
discrétionnaire accordé au ministre. Il faut
référer à l'article 40 qui dit: "Le gouvernement peut, par
règlement, exempter, en totalité ou en partie, de l'application
de la présente loi ou de ses règlements une catégorie de
personnes, de produits, d'établissements et d'activités qu'il
détermine."
M. Lincoln: En fait, le gouvernement, comme nous l'avons
déjà discuté, c'est un peu vous. C'est le gouvernement,
c'est vous qui allez soumettre une liste de personnes ou de catégories.
M. le ministre, je peux voir que vous-même n'êtes pas trop
sûr de cet article et que vous seriez tout à fait satisfait s'il
n'y était pas. En fait, le gouvernement, c'est vous. Nous sommes
d'accord que légalement...
M. Ciaccia: Vous êtes le gouvernement.
M. Lincoln: ...vous êtes le gouvernement.
M. Garon: Vous disiez que je n'avais plus de pouvoirs,
tantôt.
M. Ciaccia: Vous êtes le gouvernement.
M. Garon: Vous avez dit: Vous êtes pas mal moins pesant
qu'auparavant. J'aimerais cela, je cherche à être moins
pesant.
M. Ciaccia: La loi, c'est moil
M. Garon: Je recherche plutôt cette apesanteur.
M. Maciocia: Cela vous chicote. Mais cela n'est pas pour vous,
est-ce que vous comprenez?
M. Ciaccia: Ce n'est pas Bonaparte, c'est Louis XIV qui disait:
La loi, c'est moi.
Une voix: L'État, c'est moi.
M. Ciaccia: Non, la loi, dans ce cas-ci.
Une voix: Louis XIV parlait de l'État.
M. Ciaccia: Je comprends, mais je modifie cela pour les
circonstances.
M. Lincoln: Lui, c'est l'État.
Une voix: Cela s'adapte, c'est tel que modifié.
M. Ciaccia: Je l'adapte. C'est tel que modifié par le
Parti libéral.
M. Lincoln: M. le ministre, une fois commencé, il y a deux
catégories: il y a la catégorie de gens qui sont exemptés
et la catégorie de gens qui sont obligés de payer des permis,
etc. Je ne trouve pas cela juste. Il ne faut pas croire que c'est une
discrimination selon la loi. Que ce soit vous ou le gouvernement, en fait, ce
sera fait sur votre recommandation. Je ne peux pas voir qui pourrait s'opposer
à une recommandation que vous feriez.
M. Garon: Mais vous dites que je n'ai pas de poids au Conseil des
ministres.
M. Ciaccia: Ce n'est pas lui qui a dit cela, ce n'est pas le
député de Nelligan qui a dit cela.
M. Garon: C'est le député de "Montréal".
M. Ciaccia: Pas celui de "Montréal". M. Maciocia:
C'est le député de Viger.
M. Ciaccia: Le député de Mont-Royal n'a pas dit
cela.
Une voix: Montréal!
M. Maciocia: Je vais vous l'expliquer après, à 18
heures.
M. Ciaccia: II badinait, il faisait des farces.
M. Maciocia: Vous subirez des pressions indues.
M. Ciaccia: II ne voulait pas dire cela, il ne voulait que votre
réaction.
M. Dupré: D'ailleurs, il regrette.
M. Ciaccia: Oui, il regrette.
M. Maciocia: II ne pense qu'à cela.
M. Garon: On est en train de travailler avec des Inuits pour la
transformation de l'omble de l'Arctique. Actuellement, il est question de faire
la chasse au caribou, de faire l'abattage d'un certain nombre de caribous parce
que le troupeau est déjà très grand et, s'il n'y a pas un
plus grand abattage de caribous, le troupeau va diminuer de lui-même. Il
va falloir établir un certain type d'installations qui ne pourront pas
respecter les normes habituelles. À ce moment-là, on sera mal
pris. Vous savez, quand vous êtes dans le Grand-Nord l'hiver, le danger
est peut-être pas mal moins grand du fait de ne pas avoir tout à
fait les mêmes normes.
M. Maciocia: Oui, mais vous pouvez toujours faire des
amendements.
M. Ciaccia: Le ministre nous dit-il toujours que les seuls cas
où cet article sera utilisé, ce sera dans le cas des Inuits?
M. Garon: Je n'ai pas beaucoup de cas à l'esprit, mais
c'est un cas qui a été imaginé. On est à faire des
recherches avec les Inuits à ce moment-ci pour faire la mise en
marché du poisson.
M. Ciaccia: Quel autre cas pourrait-il y avoir?
M. Garon: Je pense au caribou, par exemple.
M. Ciaccia: Non, non, mais à part les Inuits, quel autre
cas pourrait-il y avoir? Si vous me dites que c'est dans le cas des Inuits, je
vous dirai immédiatement que j'accepte l'article parce que je comprends
les problèmes.
M. Garon: Par exemple, sur la Basse-Côte-Nord, à des
endroits où il n'y a pas de transport, on peut imaginer une situation
transitoire, en tout cas, qui pourrait être différente.
M. Maciocia: Oui, mais l'article est tellement
général qu'il faudrait le restreindre, même pour vous, pour
ne pas avoir trop de pression sur les épaules, parce qu'il va y avoir
des établissements qui vont faire des pressions à droite et
à gauche.
M. Garon: Imaginez-vous qu'on parle d'une disposition sur les
poissons impropres, sur la Basse-Côte-Nord où vous avez, en deux
mois, des périodes de filetage incroyable de poisson, avec des
résidus considérables. Si vous n'avez pas quelque chose de
particulier pour eux, cela va prendre une moyenne bâtisse pour
emmagasiner tout cela. Il y a des choses qu'il faut imaginer pour des
populations éloignées ou nordiques et c'est ce à quoi on
pense actuellement.
M. Maciocia: Vous pourriez mettre une balise ou quelque chose
pour le rendre moins général.
M. Ciaccia: Vous pourriez dire: dans des cas exceptionnels
où ils ne peuvent pas...
M. Garon: La balise, c'est qu'il est
écrit qu'il faut aller au Conseil des ministres.
M. Ciaccia: ...se conformer aux termes de la présente loi.
Cela fera plus de questions à poser en Chambre.
M. Garon: Je suis tout à fait d'accord avec vos
appréhensions, je suis assez de votre avis là-dessus. Ne vous
cassez pas la tête, si j'étais dans l'Opposition, je vous dirais
la même chose. Par ailleurs, je vous explique mon point de vue
là-dessus. S'il y avait abus là-dedans, le gouvernement ne
passerait pas pour sérieux bien longtemps. Personnellement - je vais
être franc -j'aimerais mieux ne pas avoir d'article semblable.
M. Lincoln: Oui, moi aussi. C'est simple, nous allons le
retirer.
M. Garon: Si on pouvait trouver une balise... Je vous donne des
cas. Je n'en vois pas d'autres.
Une voix: À moins que vous ne nous donniez une
explication.
Une voix: Oui, oui, allez-y.
M. Garon: À condition que vous n'ouvriez pas une porte de
grange. On a parlé de l'établissement au début. Vous vous
le rappelez?
Une voix: Oui, oui.
M. Garon: On parlait de certains cas qu'on avait à
Montréal et on disait qu'on élargissait une notion. Ce sont des
établissements dont le volume...
Une voix: II n'entend pas. C'est le ministre qui parle. Il parle
pour vous.
M. Garon: ...en circulation de produits marins est
considérable. Il faut les viser, mais, en même temps qu'il faut
les viser, il peut y avoir un paquet de détails ou de données qui
font qu'il faut être capable, à un moment donné, s'il y a
une règle qui s'applique en général, d'assouplir en raison
du type d'établissement. Un exemple: on exige un local de
congélation et il y a une règle de congélation qui est
exagérée dans ce cas-là qui peut s'appliquer à des
produits où il y a de la grosse transformation, dans les usines, par
exemple. C'est l'exemple qu'on donnait tantôt des types
d'établissement pour les usines. Dans un cas comme celui-là, on
sera obligé d'exempter de cette règle-là. On va être
obligé d'exempter, mais on ne peut pas donner tous ces détails au
niveau de la loi.
Si on ne l'a pas, ce qui va arriver, c'est qu'on va accrocher des choses
alors qu'on ne voulait pas aller aussi loin. Au moment de l'adoption d'une loi,
on ne peut pas avoir toutes les données, mais on sait, par exemple, une
chose: compte tenu du volume de produits marins traités de cette
façon à Montréal, il y a nécessité de mettre
ces établissements sous permis, mais, en même temps qu'il y a
cela, il faut être capable d'intervenir à un moment donné,
sous certaines réserves, certaines règles. Quelles sont les
réserves? Là...
M. Ciaccia: Cela aurait été
préférable d'inclure dans l'article le genre de situations ou
certaines balises, parce que là, cela pourrait être arbitraire,
personnel. (17 heures)
M. Garon: Vous l'avez dans la Loi sur la protection du
consommateur. Je vous dirais que mes fonctionnaires voient plus d'exceptions
que moi.
Il faut éviter les abus, on est d'accord avec ça, mais, en
même temps, il faut être capable d'avoir une certaine souplesse de
fonctionnement parce qu'on ne fait pas amender la loi à tout bout de
champ. C'est simplement une question de savoir comment doser ça.
Quand on parle de ça, on parle de plusieurs centaines
d'établissements.
M. Lincoln: M. le ministre, un de mes collègues parlait
des abattoirs familiaux. Est-ce que vous allez...
M. Garon: Non, ça ne serait plus un cas d'exception,
ça serait un régime d'exception.
M. Lincoln: Vous parlez d'une catégorie
d'établissements.
M. Garon: Ce qui est prévu pour les petits abattoirs est
déjà prévu dans la loi. Le régime est prévu
dans la loi. Je ne pourrais pas faire un régime qui irait contre la
loi.
M. Maciocia: C'est ça, on parle de "catégories de
personnes" ici...
M. Ciaccia: Les Inuits...
M. Maciocia: ..."de produits, d'établissements ou
d'activités qu'il détermine".
M. Ciaccia: ...c'est une catégorie de personnes.
M. Garon: Oui, je vais vous donner un exemple. On a
travaillé avec les Inuits pour faire de l'omble de l'Arctique
fumé. Leur façon de faire le fumage du poisson, c'est qu'il y a
tant d'heures de saumurage. Je suis
allé rencontrer les Inuits. Je voulais acheter de l'omble de
l'Arctique pour voir comment c'était. J'arrive pour en acheter et ils me
disent: Voulez-vous du saumurage d'une heure ou de quatre heures? J'ai dit:
Comment ça? Ils ont dit: Les Blancs mangent surtout du saumurage de
quatre heures, mais nous autres, Inuits, on est habitués à manger
notre poisson cru, le poisson est comme en frasil. Ne me demandez pas comment
écrire frasil, je ne le sais pas. Le poisson est
décongelé, mais pas décongelé, il est encore dur;
il est congelé sans être décongelé...
M. Lincoln: F-r-a-s-i-l, je pense.
M. Garon: Dans la saumure pendant quatre heures, pour eux
ça goûtait trop salé. Ce goût-là
n'était pas développé de cette façon-là. On
fait de l'omble de l'Arctique saumuré une heure et, ensuite,
fumé. Ce que j'ai fait, j'en ai acheté des deux pour goûter
à ça. Je vous dirai franchement que la première fois que
vous goûtez à l'omble de l'Arctique saumuré une heure, au
goût des Esquimaux, vous faites un saut. Le goût est plus doux.
Mais, si vous en mangez quelques fois, vous vous apercevez que c'est
peut-être meilleur que celui qui est plus saumuré. Il n'y a pas de
réglementation là-dessus. S'il y avait une réglementation
sur le saumurage, qu'est-ce qu'on ferait par rapport aux Esquimaux qui veulent
ça pour eux-mêmes?
On peut faire aussi de la mise en boîte de loup-marin
éventuellement. M. De Bané a eu de la misère pour le
vendre en Europe. Il n'y a pas que moi qui ai du mal à m'entendre avec
M. De Bané, même les Européens, pour le loup-marin.
M. Lincoln: Vous ne pouvez pas l'oublier, lui!
M. Garon: Non. Trouvez-moi des gens qui se sont entendus avec M.
De Bané. Trouvez-m'en.
Si la viande du loup-marin était ramassée, d'autant plus
que rendu à une certaine période de l'année les Inuits
manquent de viande de loup-marin, la mise en boîte du loup-marin pourrait
connaître certaines exceptions - ça ne veut pas dire qu'il ne
devrait pas être bon - parce que les habitudes de vie des Esquimaux ou
des Inuits sont ainsi qu'ils voudraient avoir telle chose de telle
façon.
M. Ciaccia: Est-ce que le régime pour les Inuits et pour
les Cris est réglé par l'entente de la Baie James? Il y a un
comité de coordination dont les Inuits et les Cris font partie. La
représentation est à part égale entre les autochtones et
le gouvernement du Québec. Je ne pense pas que cet article serait
nécessaire pour répondre aux demandes des Inuits, ils ont
déjà un régime de chasse, de pêche et de
piégeage. L'entente de la Baie James a préséance sur toute
autre loi qui vient après, qui pourrait aller à l'encontre de
l'entente.
Le Président (M. Paré): Sur le même sujet, M.
le député de Nelligan aurait un amendement à apporter.
M. Lincoln: Je veux proposer comme amendement que le
sous-paragraphe 1,1, du paragraphe 4e de l'article 6 soit retiré.
M. Garon: Vendu. Une voix: Adopté.
Une voix: Très bien. Un ministre flexible.
Le Président (M. Paré): L'amendement est
adopté. Attention, s'il vous plaît! À l'ordre, mesdames et
messieurs! Est-ce que l'article...
M. Ciaccia: Vous restaurez ma foi.
M. Garon: J'étais bien hésitant sur ce paragraphe.
Les fonctionnaires y voyaient une utilité. Moi, les régimes
d'exception, je n'ai jamais été très fort
là-dessus. Si on peut tous s'entendre, si cela peut contribuer à
faire en sorte que l'Opposition fonctionne avec plus de souplesse...
Le Président (M. Paré): Sur ces bonnes paroles,
est-ce que l'article 6 tel qu'amendé est adopté?
M. Lincoln: On n'est pas d'accord avec ces deux articles. Donc,
sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 6 tel
qu'amendé est adopté sur division. Article 7?
M. Garon: L'article 7 est susceptible d'avoir peu d'applications.
C'est simplement pour faire en sorte que, s'il est nécessaire, il soit
là. Il est susceptible d'avoir peu d'applications. Personnellement, je
ne pense pas que le processus du triage soit utilisé pour les produits
d'eau douce. S'il arrivait que c'était nécessaire, l'article 7 le
permettrait. Moi, je ne vois pas actuellement que cet article soit
appliqué dans le temps prévisible.
M. Ciaccia: Si ce n'est pas applicable, est-ce qu'il y a une
raison pour laquelle vous l'incluez? Il doit y avoir des coûts
supplémentaires? Quels seraient les coûts
supplémentaires.
M. Garon: Pas considérables. Par exemple, dans un lieu
où il y a beaucoup de pêche et un volume important comme le
lac
Saint-Pierre, les gens ne débarquent pas à plusieurs
endroits. Il pourrait y avoir un certain triage du poisson en fonction de ce
qui est bon pour la consommation humaine et de ce qui ne l'est pas parce qu'il
y a de la pêche au filet. Cela pourrait faire en sorte que le poisson ne
soit pas bon pour la consommation humaine. Cela pourrait être le cas dans
un autre plan d'eau qui serait important. Il ne me semble pas, a priori, qu'on
peut avoir un régime semblable à celui qu'on aura dans un
territoire maritime, mais cela peut arriver. Ce ne serait pas au point de
départ mais, aussitôt que le système de triage va
être instauré, il va y avoir des négociations qui vont
s'établir entre les pêcheurs et les entreprises en fonction du
poisson trié.
Quand il n'y a pas de classification, il est difficile d'avoir un
régime de négociations. Il est possible, à ce moment,
devant les avantages du triage, que les petits centres, qu'on ne vise pas
actuellement, souhaitent avoir un système et un système qui soit
ajusté en fonction de petits centres. À ce moment, ce
système pourrait être utile pour les poissons d'eau douce.
M. Ciaccia: C'est la balance des inconvénients. Quand vous
vous donnez le droit de prescrire des dépenses, les personnes auxquelles
vous prescrivez ces dépenses n'ont pas vraiment de recours. Vous leur
envoyez le compte, et le seul choix qu'elles ont c'est de payer. L'année
passée, vous avez eu je ne sais combien de crédits
périmés dans votre ministère. Franchement, est-ce que
c'est vraiment nécessaire de dire que nous avons le droit de
prescrire...
M. Garon: Prenons un cas concret, l'usinage de l'anguille au
Québec se fait principalement dans deux endroits: à Saint-Nicolas
dans le comté de Lévis et à Saint-Hyacinthe dans le
comté de Saint-Hyacinthe. À ce moment, on peut imaginer le triage
de l'anguille. C'est possible parce qu'il y a assez de volume dans une
période restreinte pour justifier un triage. Comme il y a eu des
problèmes pour l'anguille du lac Ontario, à ce moment, il
pourrait y avoir une analyse des anguilles au débarquement à
l'usine en fonction de ces critères.
M. Ciaccia: Ne trouvez-vous pas que ces frais devraient
être absorbés par le ministère, puisque ces charges ne
peuvent être contestées? Cela devrait faire partie de votre
administration et de votre souci de donner le plus grand service possible aux
pêcheurs. Pourquoi donnez-vous encore un autre droit?
M. Garon: Parce que, quand les gens paient, ils trouvent le
système moins coûteux.
M. Ciaccia: Mais, c'est à vous de les
déterminer?
M. Garon: Oui, vous savez actuellement, au gouvernement
fédéral, la politique, c'est que tous les services qui sont
donnés deviennent payants parce que, à ce moment, cela
évite des services inutiles.
M. Ciaccia: Quels contrôles les exploitants des
établissements ont-ils?
M. Garon: Parce que, à ce moment, des régimes
seront conçus à meilleur marché. Si chacun des
intervenants a une partie à payer, le régime qui sera
conçu ne sera pas le plus coûteux; au contraire, ce sera le moins
coûteux. Quand c'est seulement le gouvernement, les gens se balancent du
coût du régime parce qu'ils n'ont pas à payer
directement.
M. Ciaccia: C'est quand même vous qui déterminez le
régime.
M. Garon: Non.
M. Ciaccia: Qu'est-ce que vous déterminez?
M. Garon: Je vais vous donner un exemple, un cas où on a
fait un système gouvernemental où tout le monde est content:
l'inspection du lait au point de vue du contenu en gras, parce que les
producteurs sont payés sur ce contenu. C'était fait par les
coopératives à l'usine. Une critique revenait chaque
année, à savoir qu'il y aurait intérêt à
mettre moins de gras parce qu'on est payé selon le gras. J'ai convaincu
les coopératives. Je leur ai demandé: Pourquoi n'embarquez-vous
pas? Dans le fond, on pourrait répartir les dépenses en trois:
les usines un tiers, les cultivateurs un tiers et le gouvernement un tiers.
Personne ne va mettre en doute le contenu de gras, à ce moment. On a
réussi à faire une entente là-dessus...
M. Ciaccia: C'est une autre situation.
M. Garon: ...et je n'en ai plus entendu parler depuis ce
temps.
M. Ciaccia: Mais, c'est une autre situation. Là, c'est une
question d'entente. Ici, ce n'est pas une question d'entente, c'est le droit
que vous avez de prescrire ces frais. Vous ne dites pas ici que vous pouvez
aller par entente; vous n'avez pas besoin de le dire, parce que vous auriez ce
droit.
M. Garon: Oui, mais...
M. Ciaccia: Ici, cela vous donne le droit de prescrire...
M. Garon: Vous prescrivez un tiers, un tiers, un tiers. Mais,
à ce moment, le régime est pensé ensemble pour
réaliser les fins du régime. Je souhaite qu'il y ait des listes
là-dedans, pour que tout soit fait d'une façon plus
ordonnée et moins coûteuse.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 7 est
adopté sur division. J'appelle l'article 8.
M. Garon: Cette disposition vise à introduire un
système d'amendes plus élevées pour les
éléments d'infractions sur des règles de provenance. On en
parlait tantôt pour les braconniers.
M. Lincoln: Vous avez enlevé l'emprisonnement?
M. Garon: Oui, on a enlevé l'emprisonnement. Cela ne donne
rien.
Une voix: C'est de la torture.
M. Garon: Les produits de la pêche impropres et le triage
des produits d'eau douce. On est devenu plus libéral...
M. Ciaccia: C'est bon cela.
M. Garon: Non, non, pas à ce point de vue-là...
M. Ciaccia: Adopté. Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. J'appelle
l'article 9.
M. Ciaccia: Avec un commentaire semblable, que voulez-vous qu'on
fasse, M. le Président, on n'a pas le choix.
M. Lincoln: L'article 9 étend la loi aux produits de la
pêche.
M. Garon: C'est la même chose, c'est la concordance au
point de vue de l'administrateur pour ne pas que les gens disent: Ce n'est pas
la compagnie qui l'a fait, c'est l'administrateur. Pour que les deux soient
faits en même temps.
Le Président (M. Paré): L'article 9...
M. Garon: ...
M. Lincoln: C'est d'accord.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 9 est
adopté?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Paré): J'appelle l'article 10.
M. Lincoln: ...question...
M. Garon: L'article 10 est un article très important.
Actuellement, dans le secteur des pêches, l'un des grands drames - et
c'est peut-être le point majeur sur lequel le rapport Kirby et les gens
du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
sont d'accord - c'est qu'il y a trop d'usines qui fonctionnent à un
faible pourcentage de capacité parce qu'il n'y a jamais eu sur le
territoire maritime, extérieur au Québec de même qu'au
Québec, un véritable contrôle sur les usines.
M. Lincoln: Vous parlez de...
M. Garon: Oui. De sorte que, dans le secteur des pêches, il
y a une insécurité complète au niveau des usines quant au
nombre d'usines, de gens qui vont s'implanter, qui vont embarquer et
débarquer au gré des circonstances, alors que l'approvisionnement
est limité. Cela fait un secteur qui est faible parce que le nombre
d'usines est trop grand par rapport à la ressource à traiter.
Comme, dans le cadre actuel des lois, les pénalités sont
insignifiantes pour quelqu'un qui s'implique, qui bâtit une entreprise,
les gens ne s'occupent pas beaucoup de cette condition. Ce n'est pas nous qui
voyions à cette application, ce sont les inspecteurs
fédéraux qui appliquaient notre réglementation.
Je me rappelle que, dans le temps, on avait établi un
téléphone rouge entre Québec et Ottawa pour se consulter
sur différents domaines. Un des premiers appels de M. De Bané a
été pour m'accuser ou accuser des inspecteurs d'avoir
donné un permis pour une usine dans son comté alors qu'elle
nuisait à une autre usine. Il me disait: Vous n'auriez jamais dû,
à Québec, donner un permis à cette usine puisqu'il n'y a
pas les approvisionnements suffisants pour deux usines. Je lui ai dit: Le
permis a été donné par votre ministère à
cette usine. Il m'a dit: Non, la réglementation est du Québec. Je
lui ai répondu: Oui, mais c'est votre ministère qui applique
notre réglementation. Il ne me croyait pas, au point de départ.
Je lui ai dit: Vérifie et tu te rendras compte que c'est
notre règlement, mais appliqué par vous autres, de la
même façon que, pour les bateaux de pêche, c'est votre
règlement, mais appliqué par nous. Le ministre
fédéral des Pêches se plaignait que ses propres inspecteurs
aient donné un permis à une usine dans son comté. Tout
cela pour vous indiquer à quel point la prolifération des usines
dans un secteur contingenté peut créer des problèmes.
M. Ciaccia: Est-ce que cela aiderait si on changeait le ministre
fédéral des Pêches, si on enlevait M. De Bané et si
on le remplaçait par un autre? Est-ce que cela aiderait à ce que
l'on pourrait faire conjointement? Vous semblez avoir des conflits avec M. De
Bané.
M. Dupré: Cela dépend qui.
M. Ciaccia: Ce n'est pas un conflit
fédéral-provincial, c'est un conflit personnel De
Bané-Garon.
M. Garon: Bof!
M. Dupré: Cela dépend qui prendrait la place.
M. Lincoln: M. le ministre, comment pouvez-vous augmenter les
amendes de dix fois? Par exemple, vous passez de 100 $ à 1000 $ par
jour, enfin, entre 1000 $ et 2000 $ par jour. Cela veut dire que, si cela dure
plusieurs mois, cela représente une somme considérable, 30 000 $
par mois. C'est peut-être une façon de forcer les usines à
faire faillite.
M. Garon: Non, c'est pour que l'usine ne ferme pas ses
portes.
M. Dupré: Et que la loi soit respectée.
M. Ciaccia: Oui, mais c'est toujours proportionné.
M. Garon: Si l'usine fait plus d'argent que l'amende
imposée, elle va fonctionner en se foutant de l'amende; il faut que
l'amende soit assez forte pour que ce ne soit pas payant de fonctionner sans
permis.
M. Ciaccia: C'est comme en Angleterre dans l'ancien temps, on
pendait les gens qui volaient 1 $ ou 2 $.
M. Garon: Non, c'est comme dans le temps des "bootleggers"; la
pénalité contre un "bootlegger" était bien moins lourde
que l'argent qu'il gagnait. Le "bootlegger" pouvait faire 1000 $ par jour; si
l'amende était de 0,50 $ ou de 1 $ par jour, il se disait: Je paierai
l'amende si je me fais prendre.
M. Ciaccia: Ce n'est pas la pénalité qui compte,
c'est la loi; si la loi est bonne, il n'y a pas de problème. Si la loi
n'est pas bonne...
M. Garon: C'est un peu comme dans le secteur de l'automobile.
Avant, si vous commettiez une infraction, vous n'aviez qu'une amende à
payer alors que, aujourd'hui, vous pouvez perdre votre permis. Les gens sont
beaucoup plus prudents depuis qu'ils peuvent perdre leur permis, car
l'appréhension est plus grande. Dans ce secteur, c'est la même
chose, on établit une amende plus forte pour que la loi soit
respectée.
M. Ciaccia: Avec une théorie semblable, vous pouvez
préconiser la pendaison aussi. Comme cela, vous serez certain que
personne ne contreviendra à la loi. Il faut être raisonnable.
M. Lincoln: II faut un équilibre. Vous sautez de 100 $ par
jour, ce qui est déjà... Peut-être que c'est trop peu,
mais, là, vous allez de 1000 $ à 2000 $. Alors, si c'est 2000 $,
c'est 60 000 $.
M. Garon: Mais quelqu'un qui va fonctionner avec son permis
n'aura pas de problèmes. Il s'agit de demander son permis avant.
M. Lincoln: Mais qu'est-ce qui arrive si, par exemple, d'une
façon arbitraire, vous ne donnez pas de permis, si vous le refusez? Y
a-t-il des cas que vous pouvez, par exemple, situer?
M. Garon: Oui, dans le secteur des pêches, c'est en
fonction de l'approvisionnement, si vous avez un approvisionnement suffisant.
Mais si la seule façon, c'est d'enlever l'approvisionnement de
l'autre... Si, à un endroit, par exemple, vous avez une usine pour 5 000
000 de livres de poisson et qu'il y a seulement 5 000 000 de livres de poisson
qui débarquent, si je veux construire une usine à
côté de 10 000 000 de livres en disant: Je vais prendre
l'approvisionnement de cette usine, je vais prendre l'approvisionnement de
l'autre, j'ai créé quoi au juste? J'ai sans doute
créé les trois usines en faillite.
M. Lincoln: M. le ministre, êtes-vous prêt à
considérer une amende moins forte de 1000 $ à 2000 $?
M. Garon: Ah non! Cela prend ça, c'est
nécessaire.
M. Ciaccia: Par jour. M. Lincoln: Sur division.
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 10 est
adopté sur division. Article 11.
M. Lincoln: Au sujet de l'article 11, fondamentalement, on
s'oppose à ce genre d'article, qui est une protection pour les citoyens.
Je ne vois pas ce que cela fait là-dedans. Vous savez qu'on ne peut pas
accepter, pour une question de principe, un article pareil. On s'y oppose.
M. Ciaccia: Même pour les poissons.
M. Lincoln: Même pour les poissons. On s'y oppose. Sur
division.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 11 est
adopté sur division. Article 12.
M. Garon: Attendez un peu. À l'article 12, c'est un
amendement de concordance: Remplacer à la deuxième ligne... Je
vais recommencer: L'amendement à l'article 12... Je vais vous en donner
des copies d'abord, pour faire toutes les choses dans les règles. Je
vais en donner en même temps aux gens du parti gouvernemental.
M. Ciaccia: Ce n'était vraiment pas nécessaire de
nous donner une copie quand vous changez les chiffres 3 et 4 par 2 et 3.
M. Garon: À l'article 12, l'amendement se lit comme suit:
"À l'article 12 du projet, remplacer, à la deuxième ligne,
les chiffres et le mot "3 et 4" par les chiffres et le mot "2 et 3."
M. Lincoln: Vous lisez très bien.
Le Président (M. Paré): L'amendement est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
M. Ciaccia: II va falloir réétudier les articles 2
et 3, je pense. J'avais étudié les articles 4 et 5.
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Paré): Donc, l'amendement est
adopté. L'article 12 tel qu'amendé est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Le titre du
projet de loi est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Le projet de
loi tel qu'amendé est-il adopté?
M. Lincoln: Sur division.
Le Président (M. Paré): Adopté sur
division.
M. Garon: On voit que le député de Nelligan a
vécu en Afrique du Sud. Il est toujours sur division.
Des voix: Oh! Oh!
M. Lincoln: Je vous jure, M. le ministre, que je
préfère...
M. Garon: C'est quasiment l'apartheid.
M. Ciaccia: On pourrait dire la même chose des gens au
Québec.
M. Lincoln: Oui, des gens au Québec.
M. Garon: Vous autres, vous êtes toujours sur
séparation.
M. Lincoln: J'ai pensé à cela l'autre jour quand on
a exclu le...
M. Garon: Vous avez des propos racistes.
M. Lincoln: M. le ministre...
M. Garon: Ce n'est pas correct, ça.
M. Lincoln: M. le ministre, j'ai pensé à cela
l'autre jour quand on a exclu un membre de votre propre parti d'une commission
parlementaire. On lui a défendu de siéger.
M. Ciaccia: Oui, ce n'était pas correct, ça. Le
député de Bourassa a exclu le député de Vachon.
M. Garon: Le député de Laprairie devrait retirer
ses paroles.
M. Ciaccia: II ne fait pas partie de la commission, lui. Cela ne
compte pas.
M. Garon: II a parlé des Zoulous. Ce sont des propos, mon
ami...
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît:
M. Garon: ...qui sont racistes. Pardon, c'est le
député de Laporte.
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît;
M. Bourbeau: Le ministre ne sait même pas les noms de
comté des députés.
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Une voix: Avant qu'il arrive, cela allait si bien.
M. Garon: Le député de Laporte, je n'aime pas
beaucoup ses propos quand il parle des Zoulous avec mépris parce que les
Zoulous, c'est un peuple.
M. Bourbeau: Alors, je vais remplacer le mot "Zoulous" par
"zouaves".
Le Président (M. Paré): De toute façon, M.
le député de Laporte n'a pas le droit de...
M. Ciaccia: Aïe! Un instant! Les zouaves...
Une voix: Les zouaves pontificaux.
M. Garon: Le pape s'en vient, ce n'est pas le temps d'avoir des
propos antipapistes.
M. Ciaccia: ...ont une fonction très importante: ils
protègent le pape.
M. Garon: C'est encore...
M. Ciaccia: Ne parlez pas avec mépris des zouaves.
M. Garon: Le député de Laporte a maintenant des
propos antipapistes.
M. Ciaccia: Même si le pape est polonais, ça ne veut
pas dire que l'institution...
Projet de loi 48
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs. Maintenant que le projet de loi 49 est adopté,
on revient au projet de loi 48, Loi sur les pêcheries et l'aquaculture
commerciales et modifiant d'autres dispositions législatives.
Entrée en vigueur (suite)
Lorsque nous avons laissé la dernière fois l'étude
du projet de loi 48, nous en étions au dernier article, soit l'article
68. Un amendement avait été soumis à ce
moment-là.
M. Garon: C'est un plan de l'usine de Newport.
Le Président (M. Paré): Un amendement avait
été proposé par l'Opposition. Il se lit comme suit: "Que
l'article 68 soit modifié: 1. En biffant tous les mots à la
deuxième ligne après le mot "gouvernement". 2. En ajoutant les
alinéas suivants: Avant la proclamation de celle-ci, le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation convoquera une
commission parlementaire afin d'entendre les représentations des
personnes et organismes intéressés dans la présente loi.
"Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation doit,
au plus tard le 31 décembre 1984, et par la suite tous les trois ans,
faire à l'Assemblée nationale un rapport sur la mise en oeuvre de
la présente loi, sur l'opportunité de la maintenir en vigueur et,
le cas échéant, de la modifier. Ce rapport est
déposé dans les quinze jours suivants devant l'Assemblée
nationale du Québec si elle siège, ou, si elle ne siège
pas, auprès de son président. "Le président convoque, dans
un délai d'un an à compter du dépôt du rapport, la
commission appropriée de l'Assemblée nationale pour
étudier l'opportunité de maintenir en vigueur ou, le cas
échéant, de modifier la présente loi et entendre à
ce sujet les représentations des personnes et organismes
intéressés. "Le gouvernement doit établir dans les trois
mois suivant la date de l'adoption de la présente loi, un calendrier de
l'entrée en vigueur et de la prise d'effet des dispositions de la
présente loi. Ce calendrier est déposé dans les quinze
jours de son adoption devant l'Assemblée nationale du Québec si
elle siège ou, si elle ne siège pas, auprès de son
président."
Lorsqu'on a laissé les travaux, la dernière fois, sur
l'étude du projet de loi 48, la proposition venait tout juste
d'être déposée. Y a-t-il des gens qui veulent intervenir
sur la recevabilité?
M. Maciocia: Je crois qu'on avait déjà fait ce
débat sur la recevabilité.
Le Président (M. Paré): On en avait parlé un
peu parce qu'on n'avait pas vu la copie. C'était tout écrit sur
des bouts de papier.
M. Maciocia: C'est vrai, vous avez raison, M. le
Président.
M. Garon: M. le Président, j'ai dit que je pensais que
l'amendement était irrecevable, à toutes fins utiles, parce que
son effet est d'écarter la question principale et de faire en sorte
qu'il y ait tellement d'embûches que la loi sera difficile d'application.
(17 h 30)
Les dispositions de l'article 68 ont été mises de cette
façon-là parce que des règlements viendront
s'échelonner dans le temps. Comme il s'agit d'un régime nouveau
qui demande la concertation de plusieurs personnes, il est un peu illusoire de
convoquer une commission parlementaire sur
une loi juste avant sur son adoption. Je ne comprends pas trop l'objet -
avant la proclamation - de l'amendement libéral. À quelles fins
cet amendement servira-t-il?
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Paré): M. le député
de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je crois que l'amendement est recevable. On
n'écarte pas la question principale. L'article 68 se lit comme suit: "La
présente loi entrera en vigueur à la date fixée par
proclamation du gouvernement, à l'exception des dispositions exclues par
cette proclamation, lesquelles entreront en vigueur à une date
ultérieure." Le principe de l'article 68, c'est que ce n'est pas de
fixer la date par proclamation, mais c'est aussi de prévoir certaines
exceptions. Ce que nous faisons dans l'amendement, nous n'écartons pas
la question principale. Nous ajoutons certaines modalités aux exceptions
qui sont déjà prévues à l'article 68. L'article 68
prévoit que la loi va entrer en vigueur à une certaine date et
prévoit des exceptions. Ce que nous faisons, nous ajoutons des
modalités additionnelles aux exceptions.
Je vous référerais au Précis des décisions
rendues, où ce principe est maintenu. Par exemple, une motion
d'amendement qui ajoute à la motion principale sans en changer le
contexte est recevable. On ne change pas le contexte, parce que vous avez
déjà des exceptions. On ajoute tout simplement. Au lieu de
trouver seulement des exceptions et des dispositions exclues par cette
programmation, on ajoute les différentes modalités
d'exclusion.
M. Garon: Vous en changez la nature. Vous essayez d'en faire une
loi provisoire.
M. Ciaccia: Non.
M. Garon: On va réévaluer à chaque
année pour voir si on va la maintenir en place ou si on ne l'appliquera
pas. C'est dans ce sens qu'elle est irrecevable. On veut la faire
réévaluer. Regardez ce qu'on dit: "Le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation doit au plus tard le 31
décembre 1984 et par la suite à tous les trois ans faire à
l'Assemblée nationale un rapport sur la mise en oeuvre de la
présente loi, sur l'opportunité de la maintenir en vigueur et, le
cas échéant, de la modifier. Ce rapport est déposé
et doit revenir en commission parlementaire et, dans un délai d'un an,
la commission appropriée étudie la loi." C'est-à-dire
qu'à tous les mandats on va réétudier l'opportunité
de la loi et de la mettre en vigueur. Ce qui veut dire, au fond, qu'on en fait
une loi temporaire par définition.
M. Dupré: M. le Président...
Le Président (M. Paré): M. le député
de Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Sur les exceptions, où cela se
gâte, c'est lorsque dans le deuxième paragraphe vous marquez "sur
l'opportunité de la maintenir en vigueur." Vous ne pouvez pas
considérer, dans les exceptions qui font partie la loi, comme une
exception le fait de remettre la loi en vigueur ou pas. On doit la maintenir en
vigueur. Cela fausse complètement le sens des exceptions que vous
mentionnez dans tout le paragraphe. Cette seule phrase vicie totalement votre
texte parce que ce n'est pas une exception en soi.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Paré): M. le député
de Mont-Royal.
M. Ciaccia: L'article 2 est une reproduction exacte des termes du
projet de loi 65 sur l'accès à l'information. Ce n'est pas un
précédent. C'est déjà inclus dans un projet de loi
du gouvernement. Vous avez ouvert la porte à cet amendement en
prévoyant vous-même, dans le projet de loi actuel, des exceptions.
Je dirais que même s'il n'y avait pas eu d'exceptions dans l'article 68,
l'amendement serait recevable. Mais il est encore plus recevable parce que le
projet de loi lui-même prévoit des exceptions. Le projet de loi 65
a exactement cette prévision. En plus, la possibilité de la
maintenir en vigueur est la décision du gouvernement strictement. Nous
ne pouvons pas insister pour ne pas la mettre en vigueur.
M. Garon: Non, non.
M. Ciaccia: Mais c'est juste la question d'aller faire un rapport
tous les trois ans. C'est comme pour une société où on
dirait: Vous déposez un rapport annuel tous les ans.
M. Garon: En plus, un argument additionnel, M. le
Président, c'est que la loi deviendrait contradictoire. L'article 68
deviendrait contradictoire parce qu'il se lirait ainsi - écoutez bien,
on dirait: En biffant tous les mots à la deuxième ligne,
après le mot "gouvernement". La loi dirait, à l'article 68: La
présente loi entrera en vigueur à la date fixée par
proclamation du gouvernement, donc, dans son entier. Et ensuite, dans votre
amendement, dans les deux derniers paragraphes, on dit: Le gouvernement doit
établir, dans les trois mois suivant la date de l'adoption de la
présente loi, un calendrier d'entrée en vigueur de la prise
d'effet des dispositions de
la présente loi.
Dans le premier paragraphe, on dirait qu'elle entre en vigueur dans son
entier; ensuite, une fois qu'elle est entrée en vigueur dans son entier,
le gouvernement soumettrait un calendrier où elle entrerait en vigueur
par parties.
Une voix: Contradiction.
M. Garon: Cet amendement-là que vous proposez a
été fait un peu par amateurisme parce qu'il est contradictoire,
il est inapplicable. Est-ce que la loi va entrer en vigueur dans son ensemble
ou par un calendrier par après? Cela ne marche pas.
M. Ciaccia: Ecoutez, M. le Président, on ne va pas
faire...
M. Lincoln: M. le Président.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Nelligan avait demandé la parole.
M. Lincoln: Je suis prêt, M. le ministre, à retirer
mon amendement et à le remplacer par un autre. Je suis prêt
à le retirer et à le remplacer par celui que j'ai
suggéré au début de la séance d'aujourd'hui, qui
serait à l'effet...
M. Garon: Bien non, il faut débattre celui-ci.
Le Président (M. Paré): Oui.
M. Ciaccia: S'il le retire.
M. Garon: Une fois qu'il est là...
Le Président (M. Paré): II l'a été
conditionnellement.
M. Garon: ....déposé, il faut en disposer.
M. Ciaccia: Un instant là.
Le Président (M. Paré): Au départ, je
dois...
M. Ciaccia: Le règlement permet au proposeur d'un
amendement de le retirer.
M. Dupré: M. le Président, le député
de Nelligan ne peut pas retirer conditionnellement son amendement.
M. Ciaccia: Pas conditionnellement. M. Dupré: Oui.
M. Lincoln: Je vais en proposer un autre.
M. Ciaccia: II a le droit de le retirer totalement.
Une voix: D'accord.
M. Garon: Vous retirez votre amendement?
M. Ciaccia: Oui.
M. Garon: Je remercie le député de Nelligan de
reconnaître son erreur.
M. Ciaccia: Vous voyez comme nous sommes flexibles.
M. Lincoln: Non, non. Écoutez, M. le Président, si,
à ce moment-là, vous dites que je retire l'amendement parce que
je suis dans l'erreur, je le laisse; alors, je le laisse et vous voterez
contre. C'est tout.
M. Garon: II est contradictoire.
M. Lincoln: Non, non. Votez contre l'amendement, je le
laisse.
M. Garon: On va laisser la décision au
président.
Le Président (M. Paré): L'article 70 de nos
règlements nous dit: "Un amendement doit se rapporter directement au
sujet de la motion proposée et ne peut avoir que les objets suivants:
retrancher, ajouter des mots ou les remplacer par d'autres. Il est irrecevable
si son effet est d'écarter la question principale sur lequel il a
été proposé et il en est de même d'un
sous-amendement par rapport à un amendement."
Donc, la proposition qui a été amendée par M. le
député, si je me rappelle bien, de Pontiac, est, à mon
avis, irrecevable...
M. Maciocia: Le député de Papineau.
Le Président (M. Paré): ...le député
de Papineau... pour au moins trois raisons. Lorsqu'on demande une commission
parlementaire sur l'ensemble du projet de loi, on se trouve à revenir
sur les articles, donc c'est-à-dire sur l'ensemble du projet de loi qui
a déjà été accepté. À mon avis, le
premier paragraphe du 2 , où on ajoute l'alinéa où on dit
"avant la proclamation de celle-ci, le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation convoquera une commission parlementaire
afin d'entendre les représentations des personnes et organismes
intéressés dans la présente loi", c'est-à-dire
qu'on remet en question tous les articles déjà approuvés;
donc, pour cette raison.
Et une autre raison: Et l'effet que, dans un autre paragraphe, on dit:
"Le président convoque, dans un délai", il ne faut
pas oublier qu'une commission peut émettre des voeux à la
présidence mais ne peut donner un ordre à la présidence ou
à l'Assemblée nationale.
La troisième raison, c'est que, effectivement, à mon avis,
le début de votre amendement, qui demande que l'on garde la
première ligne et le début de la deuxième ligne, qui dit:
"La présente loi entrera en vigueur à la date fixée par
proclamation du gouvernement", cela entre en contradiction avec les deux
derniers paragraphes de la proposition qui vient justement remettre en question
l'ensemble de ce qu'on vient de dire, puisque le calendrier qu'on demande, ce
n'est pas sur certaines dispositions, mais cela semble être sur
l'entrée en vigueur et la prise d'effet de cette même loi. Donc,
pour ces raisons, l'amendement du député de Papineau est
irrecevable. On revient à l'article 68.
M. Lincoln: M. le Président, je me rends à votre
décision, que nous acceptons. Je voudrais souligner purement et
simplement, avant qu'on vote sur l'article 68, que nous avions - en fait, je
l'ai souligné, au début de l'audience sur le projet 49, avec
votre permission - soumis une proposition au ministre pour que tous les projets
de règlement ayant une incidence directe ou indirecte sur la
pêche, la culture et l'élevage de nature commerciale dans les eaux
à marée soit déposés et rendus publics et que, par
la suite, une commission parlementaire soit convoquée et tenue
conformément aux dispositions de l'article 118a du règlement de
l'Assemblée nationale dans le but d'entendre toute personne ou organisme
intéressé.
Comme le ministre a indiqué qu'il n'était pas prêt
à accepter ces conditions, nous allons voter contre l'article 68.
Le Président (M. Paré): Donc, est-ce que l'article
68 est adopté sur division?
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 68 est
adopté sur division.
Est-ce que le titre du projet de loi 48, Loi sur les pêcheries et
l'aquaculture commerciales et modifiant d'autres dispositions
législatives, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
les autres titres et sous-titres sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
le projet de loi, dans son ensemble, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Lincoln: Sur division.
Le Président (M. Paré): II est adopté sur
division.
Étant donné qu'il y a eu des changements d'apportés
au présent projet de loi 48, il faudrait faire motion aussi pour
approuver la renumérotation du projet de loi.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Donc, le
projet de loi 48 est adopté sur division, tel qu'amendé. La
commission ayant rempli le mandat qui lui a été confié
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 42)