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(Douze heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, mesdames
et messieurs!
La commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation
reprend ses travaux dans le but d'étudier le projet de loi 49, Loi
modifiant la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments, et le projet de loi 48, Loi sur les pêcheries et l'aquaculture
commerciales et modifiant d'autres dispositions législatives.
Les membres de la commission sont: MM. Perron (Duplessis), Beaumier
(Nicolet), LeMay (Gaspé), Dupré (Saint-Hyacinthe), Laplante
(Bourassa), Garon (Lévis), Houde (Berthier), Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Lincoln (Nelligan), Mathieu (Beauce-Sud),
Dubois (Huntingdon).
Les intervenants sont: Mme Bacon (Chomedey), MM. Bisaillon
(Sainte-Marie), Blouin (Rousseau), Boucher (Rivière-du-Loup), Mme Juneau
(Johnson), MM. Lachance (Bellechasse), Middlemiss (Pontiac), Picotte
(Maskinongé).
J'aurais besoin qu'on me désigne un rapporteur pour le projet de
loi 49.
M. Blouin: Je proposerais M. Beaumier (Nicolet) comme
rapporteur.
M. Beaumier: Je n'aime pas rapporter des choses, mais ça
va me faire plaisir de le faire pour mon ministre
préféré.
M. Houde: Tu es capable de faire celai
Le Président (M. Paré): Donc, le rapporteur pour le
projet de loi 49 sera M. Beaumier, député de Nicolet.
Projet de loi 49
J'appelle pour l'étude article par article le projet de loi 49,
Loi modifiant la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments. Pour les remarques préliminaires, la parole est à vous,
M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Remarques préliminaires M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'aimerais qu'on commence
à étudier le projet de loi 49 ce matin et, cet après-midi,
revenir au projet de loi 48 puisqu'on l'avait retardé et laissé
ouvert pour des amendements. Ensuite, selon qu'on aura fini ou non
l'étude du projet de loi 49 - je ne pense pas qu'on l'ait fini, car il
est 12 h 30 - on pourra y revenir.
Je ne veux pas faire de remarques préliminaires sur le projet de
loi 49 inutilement. Je pense, lors du discours de deuxième lecture,
avoir indiqué l'objet du projet. Au cours de l'étude article par
article, je ferai des remarques sur chacun d'eux. Je vais commencer par
l'article 1. Essentiellement, l'article 1...
M. Lincoln: Moi, je veux parler sur le projet de loi
lui-même.
Le Président (M. Paré): Un instant, M. le
député. Nous en sommes aux remarques préliminaires.
M. Lincoln: Si le ministre n'a pas de remarques
préliminaires, moi, j'en ai à faire.
Le Président (M. Paré): M. le ministre, en
avez-vous terminé avec les remarques préliminaires?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Paré): La parole est à
vous, M. le député de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le ministre, je veux vous rappeler certaines des
remarques que nous avons faites ici quand nous avons étudié le
projet de loi 48 et aussi au cours de la deuxième lecture du projet de
loi 49 en Chambre.
Ce que nous continuons à dire, c'est qu'il nous semble que les
gens qui sont les plus concernés par ce projet de loi ne sont pas
écoutés. C'est notre plus grand souci. On continue à nous
dire: C'est formidable, mais, aujourd'hui encore, j'ai reçu un
télégramme concernant les projets de loi 48 et 49. Alors, il y a
sûrement quelque chose car les intervenants qui sont les plus
affectés par la chose, les gens du milieu, soit dans la pisciculture ou
la pêche, trouvent qu'il y a des problèmes qui demandent à
être soulignés très fortement. Pour les fins du dossier,
j'aurais voulu situer quelques différents problèmes en regard du
projet de loi 49 que
nous étudions.
Nous espérons que le ministre va pouvoir nous dire dès le
début qu'il va apporter des modifications à ce projet de loi, car
il est sûr qu'il y a des choses qui clochent et qui demandent à
être changées. Par exemple, j'aurais voulu demander au ministre
quelle est sa réponse au télégramme qu'il a reçu du
Conseil des viandes du Canada qui disait: "Réunis à Québec
le 7 décembre, les membres du Conseil des viandes, section
Québec, ont étudié le projet de loi 49, Loi modifiant la
Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les aliments, et ils ont
unanimement résolu de demander au gouvernement d'enlever du projet de
loi l'article 3 et de maintenir l'exception prévue dans la loi actuelle,
au deuxième alinéa, par laquelle le gouvernement du Québec
reconnaît automatiquement les permis des ateliers sous inspection
fédérale. L'industrie de transformation des viandes du
Québec, dont la très vaste majorité des
établissements opèrent sous le contrôle de l'inspection
canadienne des viandes et de l'inspection américaine, jouit d'une
réputation enviable pour sa qualité et sa salubrité sur le
marché domestique international. Elle a la confiance du commerce et du
consommateur, elle exporte annuellement pour environ 300 000 000 $ de porc
seulement et elle subit déjà une double vérification par
les inspecteurs américains. "Afin de conserver cette réputation,
nous croyons que toute intervention supplémentaire de la part du
gouvernement du Québec serait superflue et serait de nature à
ajouter de la confusion sur les marchés que nous desservons
présentement. Nous serions disposés à vous expliquer de
façon plus élaborée notre point de vue dans une
éventuelle rencontre." C'est signé par le président, M.
Pierre-Paul Léger, Conseil des viandes du Canada, section
Québec.
Voici la première question d'ordre général que je
vais poser au ministre. Un télégramme lui a été
envoyé le 9 décembre, je pense, pour faire suite à la
réunion que le conseil a tenue le 7 décembre, disant au ministre:
Nous serions disposés à vous expliquer de façon plus
élaborée notre point de vue dans une éventuelle rencontre.
Est-ce qu'il a contacté M. Léger à la suite de ce
télégramme? Est-ce qu'il a répondu au
télégramme? Est-ce qu'il a rencontré M. Léger ou
les membres de son conseil? Qu'est-ce qu'il compte faire pour diminuer ou
diluer leur anxiété à ce sujet?
J'ai aussi cité plusieurs fois au ministre les
télégrammes que nous avons reçus et la copie de la
résolution qui a été adoptée au congrès de
l'UPA. Cela aussi mérite d'être souligné. Cela nous vient
de M. Jacques Proulx, président général de l'Union des
producteurs agricoles, et de M. Louis-Philippe
Filion, président du Syndicat des pisciculteurs du Québec:
"L'Union des producteurs agricoles et le Syndicat des pisciculteurs
désirent vous faire part de leurs inquiétudes suite à
l'étude des projets de loi 48 et 49 que l'Assemblée nationale
s'apprête à adopter rapidement. "Relativement au projet de loi 49,
nous croyons que les dispositions prévues à l'article 6 du projet
de loi, qui modifie l'article 40c.2) de la Loi sur les produits agricoles, les
produits marins et les aliments, permet au gouvernement, par règlement,
de contrecarrer, d'annuler ou de remplacer l'application des pouvoirs
prévus par la Loi sur les marchés agricoles et applicables par le
plan conjoint que les pisciculteurs du Québec se sont donné.
"Nous avons demandé une rencontre immédiate avec le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation pour discuter en
particulier de cette disposition des projets de loi 48 et 49 avant qu'ils ne
soient adoptés par l'Assemblée nationale. Nous comptons sur votre
collaboration pour faire valoir notre position avant que ces projets de loi ne
soient adoptés par l'Assemblée nationale. Nous sommes
disposés à vous rencontrer pour en discuter plus
longuement." Comme ils ont demandé une réunion
immédiate, dans un télégramme envoyé le 1er
décembre - j'ai cité le même télégramme
à la commission sur le projet de loi 48 - il est évident que le
ministre n'a rien fait à ce sujet, car il n'a même pas
contacté les gens qui ont envoyé le télégramme.
Une lettre du 9 décembre disait: "Par la présente, nous
vous faisons parvenir copie de deux résolutions adoptées par le
congrès général de l'UPA relativement aux projets de loi
48 et 49 présentement à l'étude à
l'Assemblée nationale." S'il y avait eu une rencontre avec le ministre,
si le ministre avait laissé entrevoir une possibilité de revoir
le projet de loi 49 et de répondre aux demandes de ces gens,
peut-être qu'il n'aurait pas reçu de résolution. Là,
c'est sans doute parce que, encore une fois, vous n'avez rien fait. Vous pensez
avoir la vérité pure; alors, ils ont adopté une
résolution. Je m'excuse de la relire, M. le ministre, je sais que ce
sera un peu ennuyant, mais je pense que, pour les fins du débat, c'est
bien important qu'elle soit inscrite au journal des Débats.
Je vais lire la résolution relative à la Loi modifiant la
Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les aliments, le projet
de loi 49. "Considérant le dépôt du projet de loi 49 par le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation;
considérant que ce projet de loi a pour objet de modifier le
régime de permis d'exploitation prévu dans la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et
les aliments, en étendant sa portée dans les secteurs des
produits carnés et marins; considérant que l'article 6 du projet
de loi, qui modifie l'article 40c.Z) de la Loi sur les produits agricoles, les
produits marins et les aliments, permet au gouvernement de "prohiber ou
réglementer l'exécution d'activités relatives à
tout produit aquicole qu'il désigne concernant sa vente, sa
préparation, sa transformation, sa détention ou sa distribution;
considérant que ces pouvoirs permettront au gouvernement de
contrecarrer, d'annuler ou de remplacer l'application des pouvoirs
prévus par la Loi sur la mise en marché des produits agricoles
applicables par le plan conjoint des pisciculteurs du Québec; le
congrès général de l'UPA demande à l'UPA de
défendre vigoureusement la primauté du principe de l'application
des pouvoirs et du plan conjoint et demande au ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation de retirer du projet de loi 49 les
dispositions modifiant l'article 40, paragraphe c.2)."
Depuis, on a reçu d'autres télégrammes qui ont
été envoyés au ministre et au chef de l'Opposition. Je
vais citer ceux qui ont trait aux projets de loi 48 et 49 comme tels, pas
seulement au projet de loi 48. C'est l'Association des pêcheurs
côtiers de Newport et Pabos Mills.
M. Garon: Le projet de loi 49 n'a rien à faire
là-dedans.
M. Lincoln: Écoutez! Voilà ce qu'ils disent. Ils
s'opposent aux projets de loi 48 et 49.
M. Garon: Cela prouve qu'ils ne les connaissent pas.
M. Lincoln: D'accord, peut-être. M. Garon: C'est
signé par qui? M. Lincoln: Pardon? M. Garon: C'est
signé par qui?
M. Lincoln: C'est signé par l'Association des
pêcheurs côtiers de Newport, Québec.
M. Garon: Le projet de loi 49 n'a rien à faire
là-dedans.
M. Lincoln: Enfin, ils ont trouvé que le projet de loi 49
avait quelque chose à faire là-dedans, parce qu'ils se sont
spécifiquement référés au projet de loi 49. En tout
cas, M. le ministre, il y a assez d'avertissements là-dedans. Je crois
que nous avons cité très clairement les endroits qui nous
tracassent dans ce projet de loi. C'est l'article 3 qui a été
cité par le Conseil canadien des viandes.
Il y a l'article 6 qui a été cité par l'UPA et il y
a les paragraphes, les clauses de la loi où vous vous donnez, encore une
fois, des pouvoirs exceptionnels, des pouvoirs tout à fait
démesurés par rapport aux pouvoirs que vous devriez avoir: par
exemple, comme je le disais en deuxième lecture, "exempter, en
totalité ou en partie, de l'application de la présente loi et de
ses règlements, une catégorie de personnes, de produits,
d'établissements ou d'activités, etc."
Peut-être que vous auriez pu aussi nous dire, avant qu'on
commence, ce qui va se passer avec toute cette question de duplication des
permis, parce que le fédéral va continuer à faire ses
inspections pour le contrôle des produits exportés. Cela va
continuer comme d'habitude, à moins que vous n'ayez une entente.
Peut-être que vous auriez pu préciser ce point-là aussi.
Combien tout cela va-t-il coûter à l'industrie? Combien cela
va-t-il coûter au ministère? Quel va être le coût des
seize inspecteurs additionnels que vous allez nommer dans le domaine des
pêcheries? Il me semble, avant de commencer, que ce sont des questions
importantes qu'il faudrait situer un peu en général. Quelle est
votre attitude par rapport à ce projet de loi? Si on l'étudie
article par article, vous allez dire non au troisième et non au
sixième, après il sera trop tard. On a envie de savoir quel genre
d'attitude vous allez prendre, si vous êtes prêt à des
ouvertures sur ces points-là, si vous êtes prêt à
modifier la loi en conséquence.
Le Président (M. Paré): M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, disons tout d'abord, que je
suis un peu étonné des paroles du député de
Nelligan parce qu'il devrait être le premier à suivre les
directives de la Cour suprême du Canada. Évidemment, en 1975,
quand ces exemptions-là ont été mises dans la loi, il n'y
avait pas les cas de jurisprudence qu'on retrouve dans les causes de 1979 et
1980, l'arrêt Labatt au Québec, l'arrêt Dominion en Ontario,
qui indiquent - c'est la Cour suprême qui l'a fait d'une façon
très claire - qu'il y a une distinction à faire entre la
production et la mise en marché - la production est une chose; la mise
en marché est une autre chose - et que la juridiction du Québec
est totale concernant le contrôle de la qualité de la production.
C'est une responsabilité provinciale décidée par la Cour
suprême dans l'interprétation de la constitution en vertu
d'arrêts qui ont été rendus devant la Cour suprême.
Nous ne faisons actuellement que mettre en place des mécanismes qui nous
font assumer des juridictions qui ont été
interprétées en faveur du Québec par le tribunal
supérieur au Canada. Il serait anormal, alors qu'on a la
responsabilité du contrôle de la production sur le territoire
québécois, de ne pas l'assumer.
Qu'est-ce que la loi 49 vient faire? C'est assumer cette
responsabilité. J'ai eu la prudence, si vous regardez l'article 12,
d'indiquer que les paragraphes 3 et 4 de l'article 3 entreront en vigueur, en
tout ou en partie, à une date ultérieure fixée par
proclamation du gouvernement. Ceci veut dire que la loi, une fois
adoptée, fait que l'Assemblée nationale permet au gouvernement
d'occuper un champ de juridiction qui est le sien. C'est évident qu'on
entend faire des accommodements, qu'on entend discuter avec les gens du
gouvernement fédéral, mais après qu'on aura assumé
les juridictions qui sont les nôtres dans la loi, quitte ensuite à
mettre en vigueur les articles de loi en conséquence, avec une
réglementation en conséquence. Il s'agit d'une jurisprudence
récente, qui n'était pas aussi claire lorsque ces sections de la
Loi sur les produits agricoles et les aliments ont été
adoptées en 1975, puisque ces causes devant la Cour suprême
n'étaient pas connues, car ces décisions ont été
rendues en 1979 et 1980. Nous ne faisons donc, tout simplement, qu'occuper un
champ de juridiction qui est le nôtre.
Maintenant, ce sont les députés de l'Opposition
eux-mêmes qui ont souligné qu'il y a une inspection
américaine des abattoirs québécois qui exportent aux
États-Unis. C'est le gouvernement fédéral qui a
juridiction au niveau de l'exportation ou du commerce interprovincial. Mais, la
mise en marché locale, dans le territoire québécois, c'est
une responsabilité québécoise. Nos institutions sont
d'abord des institutions économiques qui produisent pour le
marché québécois. Quand on parle de l'industrie
laitière, on produit à 133% de la capacité de notre
consommation, c'est-à-dire que seulement 33% excèdent la
consommation. Dans le porc, on produit 150%. Nos usines transforment donc les
deux tiers du porc pour le marché québécois et un tiers
pour les marchés d'exportation. Les Américains viennent
eux-mêmes au Québec vérifier si nos entreprises ont des
normes de construction réglementaires en fonction des normes
américaines pour pouvoir exporter sur le marché
américain.
Le gouvernement canadien, s'il veut adopter des normes spéciales
au point de vue de l'exportation, peut le faire, mais parce que la
jurisprudence de 1979 et de 1980 de la Cour suprême est là, il ne
peut pas prendre prétexte de sa juridiction sur les exportations pour
venir contrôler la production, puisque la Cour suprême dit: La
production et la mise en marché sont deux opérations
différentes et le contrôle de la production est une juridiction
provinciale. On ne peut pas me faire rigueur et on ne peut pas faire rigueur au
gouvernement de vouloir proposer un projet de loi qui va dans le sens des
juridictions déterminées ou interprétées par la
Cour suprême du Canada. C'est si peu souvent qu'elle interprète en
faveur du Québec que lorsqu'elle le fait, il ne faudrait pas insulter la
Cour suprême en disant: Vous avez donné une interprétation
en faveur du Québec, mais on ne prendra quand même pas la
juridiction. On s'est assez souvent plaint dans le passé que la Cour
suprême avait fait des interprétations contre le Québec.
(12 h 45)
Deuxièmement, concernant les télégrammes qu'a
reçus le député de Nelligan, je pense que, concernant le
Conseil des viandes du Canada, c'est dans les modalités d'application
qu'il sera utile de rencontrer le Conseil des viandes du Canada, et qu'au
moment où on adopte le principe de la juridiction du Québec sur
la production, le Conseil des viandes du Canada doit accepter, parce que c'est
une juridiction constitutionnelle du Québec. Il serait peut-être
mieux d'envisager pour l'avenir que l'inspection soit faite par le
Québec et que le fédéral reconnaisse l'inspection
québécoise pour des fins d'exportation si les normes
fédérales d'exportation sont respectées. Mais, il faudra
aussi que le gouvernement fédéral tienne compte de ces jugements.
Je peux vous dire que j'ai reçu de la correspondance du ministre de
l'Agriculture et du ministre de la Santé nationale et du Bien-Être
social du Canada qui me disaient qu'il doit y avoir une coordination entre les
lois québécoises et fédérales - ce à quoi
j'ai acquiescé immédiatement - mais dans le cadre de nos
juridictions respectives.
Une voix: C'est la même chose que l'Ontario?
M. Garon: Oui, mais dans le cadre de nos juridictions
respectives, il doit y avoir une coordination. Nous sommes d'accord qu'il y ait
une coordination, mais dans le cadre de nos juridictions, non pas dans le cadre
où le fédéral occuperait nos juridictions.
Concernant l'Union des producteurs agricoles, j'ai rencontré hier
après-midi les gens de l'Union des producteurs agricoles qui avaient des
appréhensions parce qu'en lisant littéralement, au texte,
l'article 6 du projet de loi 49, qui modifie l'article 40 de la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments en y ajoutant le
paragraphe c.2), ils y ont vu une possibilité d'intervention par rapport
au plan conjoint. J'ai dit que ce n'était pas le but du paragraphe c.2).
Le paragraphe c.2) a pour but de fermer les possibilités de mise en
marché de produits marins braconnés. C'est pour éviter le
braconnage, que des produits qui seraient braconnés ne puissent
être mis en marché.
Je présenterai un amendement pour en restreindre,
peut-être, le sens afin qu'il n'y ait pas d'inquiétudes inutiles,
parce que ce n'était pas notre but de venir contrecarrer le plan
conjoint par cette disposition. Si cela peut calmer des inquiétudes,
à mon avis, inutiles, on est disposé à le faire et, dans
le cours de la journée, je présenterai des amendements.
Lincoln: Avez-vous rencontré l'UPA?
M. Garon: J'ai rencontré le président de la
fédération des pisciculteurs, M. Fillion, le secrétaire de
l'association qui l'accompagnait, M. Bonneau, également M. Gras qui est
le vice-président de l'UPA et son procureur, Me Marcel Trudeau, qui
était autrefois le procureur du ministère. Je suppose que l'UPA
paie plus cher ou a plus de causes. M. Trudeau est son avocat. C'est un
excellent avocat, d'ailleurs. Nous avons discuté de ces questions. Les
gens de l'Union des producteurs agricoles que nous avons rencontrés nous
ont dit que les pisciculteurs étaient prêts - c'est, d'ailleurs,
inscrit dans le texte d'une lettre qu'ils m'ont fait parvernir il y a un
certain temps - à restreindre leur plan conjoint à des
espèces qui étaient produites lorsque le vote a eu lieu, parce
que c'est une question de formalité, au fond. Au moment où ils
ont voté, il se sont donné une juridiction sur toutes sortes
d'espèces qu'ils ne produisent pas. Cela pourrait créer des
problèmes éventuellement, de sorte que d'eux-mêmes,
à leur assemblée générale, ils se sont
prononcés pour restreindre l'application du plan conjoint aux
espèces qui étaient produites par les pisciculteurs au moment du
vote.
Je leur ai dit que les avocats du ministère et moi nous
regarderions de façon positive les représentations qui nous ont
été faites afin, si c'était possible de le faire sans
créer trop de problèmes, d'apporter un amendement qui pourrait
donner satisfaction à tout le monde. C'est ce que nous allons
présenter cet après-midi.
M. Lincoln: Vous êtes-vous mis d'accord avec eux concernant
cet amendement?
M. Garon: Non, je leur ai dit ce qu'on voulait faire dans le
paragraphe c.2). Ils ont dit: Si c'est cela, il n'y a pas de problème
pour nous autres, mais, tel que rédigé, on ne peut pas savoir que
c'est cela. Ils aimaient mieux qu'on puisse l'indiquer. Comme nous n'avions pas
d'objection, j'ai demandé aux avocats du ministère de trouver une
nouvelle formulation en ajoutant quelques mots pour bien indiquer que c'est
pour éviter que des produits marins d'eau douce braconnés ne
soient mis en marché.
Enfin, concernant les autres télé- grammes dont a
parlé le député de Nelligan, je vais vous dire une chose,
M. le Président, c'est que, dimanche, j'ai eu l'occasion d'être
à Gaspé où il y avait une table de concertation regroupant
différentes personnes dans le secteur des pêches de la
Gaspésie. On m'a posé deux questions sur le sujet. Quel serait le
prix du permis? Les gens m'ont demandé en riant - ils me connaissent et
savent que je n'ai pas l'habitude de les exploiter - Avez-vous l'intention de
contribuer beaucoup au financement du gouvernement par le prix que vous allez
nous demander pour le deuxième permis, le permis
québécois? Je leur ai dit que, de toute façon, parce que
nous avons besoin des enregistrements pour ceux qui n'avaient pas de permis
dans le passé, nous avons établi, il y a un an ou un an et demi,
que l'enregistrement serait nécessaire quand il n'y aurait pas de permis
du Québec, que ce serait le permis ou l'enregistrement et qu'il y avait
de grosses chances que ce soit le même prix, c'est-à-dire 20 $. Je
leur ai dit que ce que je souhaitais principalement, c'est que le gouvernement
fédéral ramène ses taux de permis au même prix que
les nôtres, de sorte que les pêcheurs économisent beaucoup
d'argent. Je peux vous dire que la réaction de l'assistance m'a paru
plutôt positive; j'ai plutôt entendu des rires complices que de la
réprobation.
Deuxièmement, on m'a demandé de quelle façon cela
fonctionnerait par rapport au Nouveau-Brunswick et par rapport aux pêches
que faisaient nos pêcheurs. Je leur ai expliqué que, dans le cadre
de la loi 48 actuelle, les pêcheurs du Nouveau-Brunswick auraient besoin
de faire une demande pour déposer des engins fixes sur notre territoire,
mais que, par ailleurs, les gens du Nouveau-Brunswick ne le pourraient pas,
à moins qu'ils n'adoptent une loi comme la nôtre. Alors, ils ont
dit: Oui, mais s'ils adoptent une loi comme la nôtre, qu'est-ce qui va se
passer? On a parlé de certaines parties du territoire où les
pêcheurs allaient pêcher. Je leur ai dit que, lorsque chaque
province, le Nouveau-Brunswick et le Québec, auront des droits
identiques, il y aura lieu de conclure une entente entre le Nouveau-Brunswick
et le Québec selon laquelle les pêcheurs seraient consultés
pour que la pêche se fasse davantage en harmonie.
Vous savez qu'actuellement il y a souvent de graves dissensions entre
les gens du Nouveau-Brunswick et du Québec justement sur les territoires
de pêche. Le fait que le Québec va adopter le projet de loi 48 et
que le Nouveau-Brunswick adopte une loi semblable, ça permettrait pour
une fois de faire asseoir les gens à la même table pour
régler des dissensions séculaires. Mais, comme nous n'avions pas
les instruments législatifs, pas plus que le Nouveau-Brunswick, pour le
faire, il n'y a
jamais eu de réunion pour essayer de régler ces
dissensions. Je peux vous dire que, dans les prochains jours, je dois
rencontrer les gens du Nouveau-Brunswick qui ont manifesté le
désir de me rencontrer et qui m'ont indiqué que le ministre
fédéral des Pêches faisait des pressions un peu partout
pour demander à des gens d'envoyer des télégrammes
demandant au premier ministre du Québec ou au ministre des
Pêcheries du Québec de surseoir à son projet de loi. J'ai
présumé que le ministre fédéral des Pêches
qui, jusqu'à maintenant, s'était moqué du projet de loi,
avait eu récemment des avis du ministère de la Justice, à
Ottawa, lui disant que le projet de loi était constitutionnel.
Maintenant, il comprend qu'il devra composer avec nous quand le projet de loi
sera adopté, alors qu'auparavant il passait plus de temps à s'en
moquer. Maintenant, il fait des pressions politiques - ce qui est normal - pour
nous empêcher d'adopter le projet de loi, parce qu'il sait que le projet
de loi a une valeur. Si le projet de loi n'avait pas de valeur, il continuerait
à s'en moquer pour se dépêcher de le faire sauter une fois
adopté.
Alors, je prends plutôt comme un compliment le fait que des gens
disent que le projet de loi peut occasionner un nouveau régime. C'est
exactement le but du projet de loi. Si le projet de loi avait pour but de ne
rien changer, je serais en train de faire perdre le temps de la Chambre et
celui de cette commission parlementaire. C'est parce que le but de ce projet de
loi est de faire changer quelque chose qu'il est actuellement débattu
à l'Assemblée nationale par cette commission parlementaire.
Par ailleurs, on me dit également qu'il y a eu - je n'ai pas eu
l'occasion d'assister à cause de la session, j'aurais beaucoup
aimé - à Sept-Îles des délibérations, mardi
et mercredi de cette semaine, où les fonctionnaires de mon
ministère étaient présents, de même que les
fonctionnaires fédéraux. Ces questions ont été
discutées et mes fonctionnaires m'ont rapporté qu'ils avaient
plutôt senti, de la part des intervenants, une approbation au projet de
loi 48 et au projet de loi 49. En effet, le gouvernement fédéral
se préparant à placer certains équipements à glace
à la Basse-Côte-Nord sans consulter les gens, ceux-ci
étaient très craintifs et se sont étonnés que le
gouvernement fédéral vienne s'occuper d'un secteur
exploité par le gouvernement du Québec, jusqu'à
maintenant, alors qu'il prévoyait, après avoir annoncé des
millions de dollars, seulement 800 000 $ pour les quais sur la Côte-Nord.
Les gens se sont dits estomaqués de voir que le gouvernement
fédéral avait seulement 800 000 $ à investir dans un
secteur de sa juridiction, alors qu'il avait des millions à investir
dans des secteurs qui n'étaient pas de sa juridiction. Je peux vous dire
que le débat qui a eu lieu à Sept-Îles a été
assez virulent parce que la population représentée dans ces
discussions ne comprenait pas l'attitude du gouvernement
fédéral.
J'ai fait quelques téléphones après avoir
reçu les télégrammes. Il est un peu normal que M. Cauvier,
dont on me dit qu'il est président de l'Association libérale
fédérale, m'envoie un télégramme pour me dire qu'il
est contre le projet de loi 48 si M. De Bané lui a demandé de le
faire. Je ne m'attends pas que M. Cauvier m'envoie un télégramme
d'approbation, étant donné qu'il est président de
l'Association libérale fédérale de Gaspé. Je ne
savais pas qu'il était président de l'Association libérale
fédérale; on m'a dit cela cette semaine. J'ai
vérifié après avoir reçu son
télégramme. Je pense que c'est un peu dans l'ordre des choses,
d'autant plus que plusieurs m'ont dit que M. De Bané faisait des
pressions sur beaucoup de personnes les incitant à envoyer des
télégrammes demandant de surseoir au projet de loi 48.
Encore une fois, je vous dis que j'imagine que M. De Bané a
reçu récemment des avis qu'il n'avait pas reçus la semaine
dernière, lorsque nous sommes allés, le 5 décembre, en
conférence fédérale-provinciales. Il m'a dit, à ce
moment, de même qu'aux ministres des provinces qui lui ont posé
des questions sur notre projet de loi 48 qu'il pourrait s'enquérir
auprès du ministère de la Justice à Ottawa, qui
étudiait le projet de loi au point de vue de sa légalité.
J'ai pensé qu'il avait maintenant reçu les avis du
ministère de la Justice, qui lui ont confirmé ce que je dis
depuis le début, que le projet de loi 48 est un projet de loi
constitutionnel, de même que le projet de loi 49.
M. Lincoln: M. le ministre, là on a commencé sur le
projet de loi 49. Je n'ai pas parlé du tout du projet de loi 48,
excepté dans les télégrammes où il y avait 48 et
49. Les gens avaient expliqué 48 et 49.
M. Garon: Les remarques valent pour les deux.
M. Lincoln: On va laisser M. Cauvier et tous les membres de
l'Association libérale fédérale. Vous avez l'air d'avoir
plus de contacts et de connaissances sur l'Association libérale
fédérale que certainement nous n'en avons. Je ne sais pas ce que
M. Cauvier fait, ce qu'il est. Cela ne m'intéresse nullement s'il est
libéral fédéral ou du Parti populaire nationaliste. Je
m'en contrefous, je peux vous l'assurer.
Tout ce qui nous intéresse, c'est les gens qui ont
communiqué avec nous. Certainement, si vous avez rencontré l'UPA,
on voudrait savoir si les modifications que
vous allez apporter vont rencontrer leurs exigences.
Il y a une chose qui nous intéresse; c'est la question du
contrôle de la transformation. C'est là que toute cette histoire
arrive. Vous, vous dites: Notre juridiction est totale. Pourtant, si vous
regardez le Conseil des viandes du Canada, il semble dire que c'est
différent. Il y a un communiqué que M. De Bané ou le
fédéral a émis à la suite de votre
communiqué où vous disiez que vous alliez reprendre la
pêche au Québec. J'ai regardé ce que vous dites et eux
disent tout à fait différemment. Voilà votre
communiqué.
Une voix: D'abord, l'inspection.
M. Lincoln: L'inspection, d'accord. Ils parlent de l'inspection
des poissons parce que 80% des prises sont exportées en dehors de la
province. Ils disent: Ces produits sont donc sujets à l'inspection par
le gouvernement du Canada. Je vais vous expliquer comment ils travaillent
différemment de vous. Alors, ils disent: Les responsabilités du
gouvernement fédéral -c'est pourquoi je vous dis tout le temps
que c'est un dialogue de sourds; vous me dites quelque chose et, chaque fois
que je regarde les déclarations du gouvernement fédéral,
c'est exactement le contraire - toute la chaîne de transformation des
produits destinés à l'exportation hors de la province, depuis la
certification des bateaux de pêche jusqu'aux produits finis, en passant
par le triage sur les quais et l'inspection en usine.
Voilà, vous me dites que toute la production nous appartient; eux
s'intéressent seulement à la mise en marché. Il en est de
même pour les produits d'importation; une partie des espèces
consommées par les Québécois proviennent de
l'étranger; là aussi, ce sont les inspecteurs
fédéraux qui exercent cette juridiction. Alors, vous dites que
vous avez la juridiction totale, eux disent qu'ils ont la juridiction sur tous
les produits exportés, qui sont 80% de la production. Qui dit vrai dans
cette affaire? C'est pourquoi je vous dis qu'on ne sait jamais qui a raison,
qui a tort. C'est toujours la même popote, c'est toujours la même
histoire. Vous faites une déclaration; le gouvernement
fédéral fait exactement la même déclaration.
Là, vous dites que ce sont de bons projets de loi; c'est bon pour qui?
Pour vous? Le milieu ne semble pas croire que c'est tellement bon pour lui.
Autrement, ils n'auraient pas envoyé de télégramme.
Comment cela peut-il être bon pour eux quand vous et le gouvernement
fédéral avez des vues tout à fait contradictoires sur ce
sujet?
Le Président (M. Paré): Comme il est 13 heures -
selon nos règlements et le mandat qu'on a reçu de
l'Assemblée nationale, on doit suspendre nos travaux à 13 heures
- nous allons suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures; nous continuerons
les remarques préliminaires. Les travaux sont suspendus jusqu'à
15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 3)
(Reprise de la séance à 15 h 13)
Le Président (M. Paré): La commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation reprend ses travaux
dans le but d'étudier article par article le projet de loi 48, Loi sur
les pêcheries et l'aquaculture commerciales et modifiant d'autres
dispositions législatives.
Les membres de la commission sont: Mme Lachapelle (Dorion), M. Beaumier
(Nicolet), M. LeMay (Gaspé), M. Dupré (Saint-Hyacinthe), M.
Laplante (Bourassa), M. Garon (Lévis), M. Houde (Berthier), M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Lincoln (Nelligan), M.
Mathieu (Beauce-Sud), M. Dubois (Huntingdon).
Les intervenants sont: Mme Bacon (Chomedey), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Blouin (Rousseau), M. Boucher (Rivière-du-Loup), Mme
Juneau (Johnson), M. Lachance (Bellechasse), M. Middlemiss (Pontiac), M.
Picotte (Maskinongé).
Le rapporteur à la commission est M. LeMay (Gaspé).
Projet de loi 48
Dans le projet de loi 48, nous étions rendus à l'article
68, mais, avant de l'adopter, il y avait l'article 14 qui avait
été mis en suspens.
Articles en suspens
M. Garon: Il y avait l'article 14 et également l'article
49 qui avait été adopté sous réserve. Si vous
voulez, on le reprendra et j'aurai un amendement. Je vais vous les donner, les
amendements, pour qu'il n'y ait pas d'erreur.
M. Lincoln: Habituellement, les amendements ne changent pas
grand-chose, seulement une virgule ou un point. Aujourd'hui, c'est un "s".
M. Garon: M. le Président, avec toute la
déférence qui vous est due.
Le Président (M. Paré): Il y a un amendement.
L'article 14 est modifié par le remplacement du premier alinéa
par le suivant: "Le ministre délivre un permis à toute personne
qui remplit les conditions et paie le droit déterminé en vertu de
la présente loi, et qui se conforme aux normes
sur la qualité de l'environnement et sur la protection de la
faune."
M. Garon: Essentiellement, le but de cet amendement, M. le
Président, c'est pour éviter plusieurs permis. Au fond, c'est un
arrangement entre les trois ministères, parce qu'il y a des
responsabilités en vertu de la loi sur l'environnement, d'autres en
vertu de la Loi sur la protection de la faune. L'article 14 indique que c'est
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui
donnera le permis à toute personne qui remplit les conditions et paie le
droit déterminé en vertu de la présente loi ou de ses
règlements, mais, aussi, qui se conforme aux normes sur la
qualité de l'environnement et sur la protection de la faune, de sorte
que cela évite d'avoir un permis donné par chacun.
L'environnement pourrait dire: II faut que je donne un permis pour
l'environnement. La faune pourrait dire: II faut que je donne un permis pour la
faune. Ce sera plus simple, à ce moment-là, sur le plan
administratif. C'est une façon de mettre dans le même article
toutes ces dispositions, de sorte que cela évite la duplication sur le
plan administratif parce que les protections nécessaires sont
assurées.
M. Lincoln: J'ai quelques questions à poser parce que cet
article avait été suspendu complètement.
M. Garon: C'est moi qui avais demandé qu'on le
suspende.
M. Lincoln: Je sais, je sais, je vous le concède. On dit:
"et paie le droit déterminé." Avant, c'était
déterminé "par règlement" et maintenant c'est
déterminé "en vertu du présent projet de loi." Comment
situez-vous le droit qui est payé? Qu'est-ce qui va arriver? Il y aura
un règlement sur la loi qui va situer le droit, le permis
lui-même? Vous délivrez un permis à toute personne qui
remplit les conditions et paie le droit. De quel droit parlez-vous? Est-ce une
espèce de permis global de l'environnement, de la protection de la
faune, de l'agriculture, de la chasse et de la pêche? Ces gens-là
paient un droit par rapport à l'environnement? Pouvez-vous expliquer
ça un peu mieux?
M. Garon: Ils paient le droit qui est déterminé en
vertu de la présente loi et de ses règlements, qui est
sous-entendu.
M. Lincoln: Mais oui, mais oui.
M. Garon: On aura un règlement pour établir ce
qu'est un droit de pisciculture.
M. Lincoln: C'est comme une concession. Par exemple, un droit
quelconque pour la pêche, pour l'agriculture...
M. Laplante: C'est comme un permis de magasin.
Une voix: Disons un permis de commerce.
M. Garon: Un permis d'exploiter une pisciculture.
M. Laplante: Comme une "licence."
M. Garon: D'ailleurs, à la suite des discussions d'hier
avec les gens de l'Union des producteurs agricoles à qui je disais que
le permis en question était pour satisfaire à des normes de
l'environnement, à des normes de la faune, au lieu d'avoir
différents guichets, le permis sera émis à un endroit par
le ministère des Pêcheries.
M. Lincoln: D'accord. C'est pourquoi je vous posais la
première question. Ma deuxième question est celle-ci: Comment
incitez-vous la personne à se conformer aux normes sur la qualité
de l'environnement et sur la protection de la faune? Vous faites la
coordination de ça parce que cette personne paiera les droits au
ministère de l'Agriculture. Est-ce que la personne doit faire sa demande
au ministère de l'Environnement, au service de la protection de la faune
ou au ministère de l'Agriculture? Comment pouvez-vous délimiter
les secteurs et comment la coordination se fait-elle par rapport à
l'individu? Comment pouvez-vous déterminer qu'il a rempli les
critères requis par le service de la faune et par l'environnement?
Où tout cela se situe-t-il?
M. Garon: II s'agit d'avoir un rouage administratif. On va
demander à chacun de ces ministères: Qui est votre pendant? Qui
est le répondant? Quant à la circulation des dossiers, un dossier
va circuler au lieu d'avoir trois demandes dans chacun des
ministères.
M. Lincoln: Avant que le ministre de l'Agriculture, s'occupe de
cela, c'était le MLCP et puis le ministère de l'Environnement.
Comment se débrouillait-on jusqu'à présent? Comment
travaillait-on?
M. Garon: Avant, l'administration des piscicultures était
faite par le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Le
gouvernement a dit maintenant que, pour les fins de la pisciculture
commerciale...
M. Lincoln: Oui, je comprends.
M. Garon: ...pas la pisciculture de loisir, la pisciculture
commerciale, ce sera sous la juridiction du ministère de
l'Agriculture, sauf qu'il y a des règles à respecter au
point de vue de la faune, des normes à respecter au point de vue de
l'environnement. Au lieu d'avoir plusieurs types de permis, il y aura un permis
délivré par le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche et il y aura des normes à respecter au point de vue de
l'environnement, s'il y en a, et de la faune.
M. Lincoln: Oui, je comprends cela. Ce qui m'intéresse,
c'est de savoir comment va se faire la bureaucratie quand vous aurez trois
ministères et que quelqu'un devra respecter les normes. Qui va
réellement contrôler les normes, qui va s'assurer que tout cela va
se faire? Est-ce que ce sera vous? Si c'est vous, quel droit de regard
aurez-vous sur les autres ministères? Est-ce que leur décision
prévaudra?
Par exemple, est-ce que le ministère de l'Environnement pourra
avoir une espèce de droit de veto? Comment cela va-t-il se faire en
pratique? Si vous voulez donner un permis, si les trois sont d'accord, il n'y a
pas de problème, mais si, au ministère de l'Environnement, on
voit les choses différemment, comment cela va-t-il se passer? Si le
ministère de l'Environnement dit: Non, pas question, je ne
considère pas que cet établissement piscicole respecte nos
normes, si vous voulez émettre un permis, est-ce que vous aurez le
dernier mot? Est-ce que cela ne va pas créer encore des situations de
conflits? À moins qu'au préalable vous n'ayez une espèce
de protocole d'entente entre les trois. C'est ce qu'on a essayé de vous
suggérer. Dans toute la loi, il n'y a jamais eu de protocole d'entente
entre ces ministères. Cela arrive comme cela.
M. Garon: C'est cela qu'on établit par cette loi. C'est ce
qu'on établit. Le gouvernement aurait pu dire: Le permis sera
donné par le ministère de l'Environnement.
M. Lincoln: Ce n'est pas ce que je veux vous dire, M. le
ministre.
M. Garon: Je ne comprends pas.
M. Lincoln: Je sais qu'on a établi que c'est vous qui
allez émettre le permis, nous sommes d'accord. Dans toutes les lois
où il y a différents ministères qui sont impliqués
-j'ai vu cela tellement souvent avec le ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme et le ministère du Commerce extérieur -
à un moment donné ils ont dû signer un protocole d'entente
pour décider de quelle façon les dossiers fonctionnent. À
un moment donné, un dossier est à Québec quand l'autre en
a besoin à Montréal, c'est un méli-mélo complet.
Ils ont dû signer un protocole d'entente pour le savoir.
Si, un matin, un type demande un permis d'établissement piscicole
et que le ministère de l'Environnement voit les choses tout à
fait différemment, comment cela va-t-il être coordonné
à travers tous ces ministères si vous n'avez pas une
espèce de système d'entente, si vous n'avez pas une
procédure quelconque à suivre? Cela va se faire un peu au pied
levé. Je sais que vous allez émettre le permis, mais comment
allez-vous vous assurer que vos normes et celles du ministère de
l'Environnement vont coïncider? Il n'y a pas de réponse dans la
loi. Tout ce que la loi dit, c'est qu'elle vous donne le pouvoir
d'émettre les permis. Le fait même que vous
réfléchissiez tellement longtemps, M. le ministre...
M. Garon: Je ne comprends pas; il y a un règlement sur
l'environnement. Chez nous, il y a un service responsable de la pisciculture.
Ils travaillent, ils présentent leur plan. On dit: Bon! Là, il va
y avoir des normes à l'environnement, des normes à la faune. Ils
disent: Pour qu'une pisciculture respecte les normes de la faune, il faut
qu'elle fasse telle et telle chose. Quand le dossier va arriver,
immédiatement, le ministère va être au courant du dossier.
À ce moment-là, ils vont donner leur opinion sur le dossier et
voir s'il respecte le permis; il n'y aura qu'un seul permis.
M. Lincoln: Oui, je le sais. Mais prenez, par exemple, l'affaire
de Kamouraska dont on a discuté souvent.
M. Garon: Laquelle? Une voix: Les aboiteaux.
M. Lincoln: Les aboiteaux de Kamouraska.
M. Garon: Les aboiteaux, c'est très clair.
M. Lincoln: Je sais que c'était clair de votre point de
vue. C'était aussi clair du point de vue du ministère de
l'Environnement. Vous aviez un point de vue différent. Je ne vous dis
pas que ce sera un petit établissement piscicole; je vous dis que c'est
un établissement piscicole important où le ministère de
l'Environnement et vous-même voyez les choses différemment. Selon
vos normes, vous voulez donner un permis; lui ne veut pas donner un permis
parce qu'il pense qu'il ne respecte pas les normes. Ce que je voulais savoir,
c'est: Est-ce que vous avez une espèce de droit de regard final pour
dire: Non, on va donner un permis, malgré tout? Comment cela
s'arrange-t-il? Je vous suggère qu'il devrait peut-être y avoir un
système de normes pour émettre ces permis-là. Il y a trois
ministères
d'impliqués. Si vous voulez nous faire croire que ces trois
ministères s'organisent facilement, qu'il n'y a aucun problème
entre eux, je ne le crois pas parce que je sais qu'il y en a.
M. le Président, j'ai besoin de m'absenter pour cinq ou dix
minutes. J'aurais voulu demander ceci au ministre: Par rapport à 49,
pouvez-vous me dire où on en est?
M. Garon: II n'y a rien.
M. Lincoln: On n'avait pas adopté un amendement?
M. Garon: On n'avait même pas commencé à en
parler.
M. Lincoln: On n'avait pas commencé.
M. Garon: II y avait seulement eu les remarques
préliminaires.
M. Lincoln: Non, je parle des articles du projet de loi 48 qui
étaient en suspens. Quels étaient-ils? L'article 14...
M. Garon: L'article 14.
M. Lincoln: ...et l'article 68. N'y en avait-il pas un
troisième? Ce n'étaient que les articles 14 et 68.
Le Président (M. Paré): Non. Concernant le projet
de loi 48, il y avait seulement l'article 14 qui était en suspens et
l'article 68 est le dernier adopté.
M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Paré): Qu'est-ce que vous
demandez?
M. Lincoln: Non, je vais passer la parole à mon
collègue.
Le Président (M. Paré): D'accord.
M. Dubois: Cela va bien. Je n'ai jamais touché au projet
de loi.
M. Lincoln: II y a l'article 68 où j'ai beaucoup de
questions à vous poser. Il faut que je m'absente pour cinq ou dix
minutes. J'ai un rendez-vous à mon bureau. Je reviens tout de suite. (15
h 30)
Le Président (M. Laplante): Avant de partir, M. le
député de Nelligan, il y a une petite correction. Je me suis
trompé. Mme Lachapelle a été nommée membre ici. Il
aurait fallu que je laisse M. Baril.
M. Lincoln: Avec plaisir, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Laplante): Vous êtes bien aimable.
Je vous remercie.
M. Garon: À l'article 14, il n'y a pas vraiment de
problème, parce qu'en ce qui concerne les concessions, lorsqu'il s'agit
du domaine public, la concession doit être faite par le ministère
de l'Environnement. Cela prend un fond marin. S'il n'y a pas de concession,
c'est le secteur privé qui utilise la terre et, à ce
moment-là, le fond marin peut être de possession privée.
Lorsqu'il y a possession privée, il n'y a pas de problème, sauf
que les règles sur la qualité de l'environnement doivent
être respectées, s'il y en a.
M. Lincoln: Vous voyez...
M. Garon: Au fond, nous ne voulons pas qu'il y ait de
problème. C'est pour qu'on puisse donner des permis à un endroit
à condition que les règles soient respectées concernant
l'environnement et la faune. On va avoir un correspondant auprès d'eux.
C'est régulier, on fait beaucoup d'affaires avec eux.
M. Lincoln: Puis-je demander - je sais que ce n'est pas dans
l'ordre normal, mais j'espère qu'on ne va pas trop à l'encontre
de la procédure - quelque chose au ministre? Je dois m'absenter pendant
dix minutes. J'ai un rendez-vous que je n'ai pas pu annuler, parce que je ne
savais pas que les projets de loi 48 et 49 viendraient aujourd'hui. Je serai
absent dix minutes. J'aurais voulu revenir sur quelque chose à l'article
14 par rapport aux permis sur les fonds marins. Entre temps -mon
collègue connaît mieux le projet de loi 49 - pourrions-nous
étudier l'article 1 du projet de loi 49 et revenir à celui-ci,
par la suite, lorsque je reviendrai?
M. Garon: J'aurais un autre amendement pour ajouter un
article.
M. Lincoln: Où cela?
M. Garon: Non, dans les dispositions transitoires.
M. Lincoln: Dans le projet de loi 48?
Le Président (M. Laplante): Au projet de loi 48, oui.
M. Garon: À la fin.
M. Lincoln: Dans le projet de loi 48. Allez-y toujours avec cela.
Peut-être que vous pourrez discuter de cela avec mon collègue. Je
reviens presque tout de suite. D'accord.
M. Garon: Allez-vous très loin?
M. Lincoln: Je vais à mon bureau seulement.
Une voix: II a un rendez-vous.
M. Garon: II ne peut pas faire l'article 14?
M. Lincoln: Je n'ai pas envie d'adopter l'article 14.
M. Dubois: Je vais continuer avec l'article 14. J'ai quelques
questions.
M. Garon: On va le laisser en suspens. M. Lincoln: En
suspens.
M. Garon: On continuera et on reviendra à l'article 14
lorsque vous serez revenu.
M. Lincoln: Oui, d'accord, je reviens presque tout de suite.
M. Garon: Cela va.
Le Président (M. Paré): Pour être bien clair,
nous continuons l'étude du projet de loi 48, à l'article 14.
M. Dubois: C'est cela.
Le Président (M. Paré): La parole est au
député de Huntingdon.
M. Dubois: J'ai lu l'amendement proposé à l'article
14. Dans le texte du projet de loi, on indique que le droit est
déterminé "par règlement." Dans le texte de l'amendement,
on indique "le droit déterminé en vertu de la présente
loi". Le montant du droit qui sera appliqué n'est pas indiqué
dans le projet de loi. Il sera appliqué par règlement quand
même.
M. Garon: C'est cela.
M. Dubois: On n'a pas spécifié que c'était
par règlement dans l'amendement. Est-ce bien cela? Est-ce automatique?
En vertu de la loi qui vous autorise à apporter des règlements?
Cela fait drôle qu'on l'inscrive dans le projet de loi initial et qu'on
ne le fasse pas dans l'amendement. En tout cas.
M. Laplante: C'est une concordance, c'est dans la loi
générale.
M. Dubois: Si on n'a pas besoin de le dire, pourquoi le dirait-on
dans le texte original?
M. Garon: L'article disait "déterminés par
règlement" et cela ne comprenait pas la loi et les règlements,
cela comprenait seulement le règlement, tandis qu'en disant "en vertu de
la présente loi", cela comprend la loi et les règlements.
M. Dubois: Lorsque vous parlez de "motifs d'intérêt
public", j'imagine qu'il est question de l'environnement et de la protection de
la faune. Dans le texte original, vous indiquez "refuser de délivrer un
permis pour des motifs d'intérêt public". Dans l'amendement, on
invoque des raisons, soit les questions de l'environnement et de protection de
la faune.
M. Laplante: C'est cela.
M. Dubois: Les "motifs d'intérêt public" sont
remplacés par "la qualité de l'environnement" et "la protection
de la faune."
M. Laplante: C'est plus spécifique.
M. Dubois: Dans le texte original, on disait: "Refuser de
délivrer un permis pour des motifs d'intérêt public."
C'était dans le texte original. Dans l'amendement, on indique "qui se
conforme aux normes sur la qualité de l'environnement et sur la
protection de la faune."
M. Garon: Cela remplace l'alinéa 1 seulement; cela ne
remplace pas tout.
M. Dubois: Les deux autres demeurent, d'accord. Les motifs
d'intérêt public, cela pourrait être quoi?
M. Garon: On pourrait refuser une pisciculture parce qu'il y en
aurait trop, cela nuirait à tout le monde.
M. Dubois: C'est discrétionnaire, quand même.
M. Garon: Non. S'il n'y avait pas "en vertu de
l'intérêt public", ce serait discrétionnaire. Parce que
c'est indiqué "pour des motifs d'intérêt public", ce n'est
pas discrétionnaire, il faut le justifier. On dit après: "Toute
décision du ministre refusant la délivrance d'un permis doit
être motivée et transmise par écrit à
l'intéressé." Alors, la notion d'intérêt public
réfère à des motifs. Cela ne peut pas être
discrétionnaire, à ce moment-là.
M. Dubois: On ne peut pas dire que le projet de loi est
très précis sur cet élément-là. Parce
que...
M. Garon: Non, mais on l'a mis...
M. Dubois: ...les motifs qui seront évoqués par le
ministre...
M. Garon: Oui.
M. Dubois: ...ils sont quand même sujets à sa
décision.
M. Garon: Pour le permis d'usine, on a mentionné la
même chose dans la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et
les aliments. On peut refuser un permis d'usine pour des motifs
d'intérêt public.
M. Dubois: L'autosuffisance.
M. Garon: Je vais vous donner un exemple concret. Vous avez dans
une région un quota de pêche d'à peu près 10 000 000
de livres. Vous avez déjà une usine qui en traite 10 000 000;
vous en mettez une autre qui va traiter 10 000 000; elles vont crever toutes
les deux. Alors, on dirait: Est-ce que c'est utile pour l'intérêt
public d'avoir deux usines à un endroit, d'avoir une capacité
d'approvisionnement pour le traitement du poisson double de ce dont on a
besoin? C'est cela.
M. Dubois: Je comprends le point qui est soulevé.
M. Garon: On est dans un domaine contingenté.
M. Dubois: II peut y avoir aussi d'autres raisons qu'une question
de contingentement. Le contingentement est une des raisons pour lesquelles le
ministre refuserait d'émettre un permis.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Mais il peut y avoir une foule d'autres raisons, qu'on
ne peut vérifier nulle part dans le projet de loi et cela
n'apparaîtra pas dans le règlement, non plus. Parce que cela
devient, jusqu'à un certain point, discrétionnaire.
M. Garon: Oui. Quand vous parlez de "motifs
d'intérêt public", il faut en avoir des motifs
d'intérêt public.
M. Dubois: Oui.
M. Garon: Ce n'est pas une discrétion totale.
M. Dubois: C'est loin d'être précis, en tout cas. Le
ministre peut quand même, pour des motifs qu'il décide, ne pas
émettre le permis. Enfin, il peut dire: C'est d'intérêt
public. Mais jusqu'à quel point?
M. Garon: C'est cela.
M. Dubois: Faire la relation entre intérêt public
vraiment et...
M. Garon: Mais là, cela va être à
préciser. On l'oblige à motiver.
M. Dubois: Y a-t-il d'autres lois existantes qui ont un texte
aussi imprécis?
M. Garon: Cela pourrait être, par exemple, un endroit
où il y en a déjà trop, où ils sont
déjà cinq pisciculteurs. Un sixième, cela surcharge le
coin, cela peut présenter des dangers. Ce sont des motifs
d'intérêt public.
M. Dubois: Je ne connais pas les questions que mon
collègue de Nelligan voulait poser.
M. Garon: On peut continuer et on y reviendra.
M. Dubois: Oui.
Le Président (M. Paré): Si vous n'avez pas d'autre
question sur l'article 14, on va le suspendre. Nous allons prendre le prochain
amendement que vous vouliez apporter à la loi.
M. Garon: Ici, il n'y a pas de problème pour l'article
qu'on avait adopté sous réserve, l'article 48.5. On en a
parlé avec les gens.
M. Dubois: L'article 49.5.
M. Garon: L'article 49.5, oui. On a indiqué aux gens qu'il
s'agissait de normes qui auraient trait au respect des conditions
d'environnement, de la faune...
M. Dubois: Vous n'avez pas d'amendement...
M. Garon: ...de santé. M. Dubois: ...à
proposer? M. Garon: Non, non.
M. Dubois: C'est strictement parce que cela a été
mis en suspens.
M. Garon: Non, il avait été adopté sous
réserve.
M. Laplante: C'est moi qui l'avais fait adopter.
M. Garon: C'est simplement pour dire que c'est un article dont on
a traité avec l'UPA, celui-là et l'autre.
M. Laplante: C'était au cas où vous auriez des
questions.
M. Garon: On a convenu d'avoir un
amendement que l'on apportera aux projets de loi 48 et 49. C'est
plutôt le projet de loi 49 qui le créait, et on a dit: Voici dans
quel état d'esprit on peut l'indiquer. J'avais dit que je vous ferais
rapport et on l'avait adopté sous réserve. C'est pour cela que
j'en glisse un mot, parce qu'il n'y avait rien là.
M. Dubois: C'était strictement à cause de craintes
possibles de représailles de la part de l'UPA là-dessus. Je ne
sais si vous avez eu des représailles de sa part en ce qui a trait
à cet article précisément. Quand elle mentionne les
articles 48 et 49, serait-elle mêlée entre l'article 49 et la loi
49? C'est parce que, dans certains textes de telex, on voit les chiffres 48,
49.
M. Garon: Non, c'est l'article 6 de la loi 49 qui amende
l'article 40, la Loi modifiant la Loi sur les produits agricoles, les produits
marins et les aliments.
M. Dubois: Oui, d'une part.
M. Garon: Sur ce projet de loi 49, j'ai dit que je vous
apporterais des amendements. Je pense qu'il n'y a pas de problème
là.
Le Président (M. Paré): II n'y a pas de question
sur l'article 49.
M. Dubois: Je sais que M. le député de Nelligan
avait des questions sur l'article 49, mais je ne connais pas les questions
qu'il avait à poser.
M. Garon: Maintenant, si vous voulez, j'aurais un autre
amendement à proposer qui va vous faire bien plaisir. Comme je l'ai dit
en Chambre, il faudrait que vous me donniez votre consentement. Cela modifie
d'autres dispositions des lois agricoles dans la section qui suit. L'article
63.1: Le projet de loi est modifié par l'insertion, après
l'article 63 du suivant: "63.1 Les articles 2, 5 et 7 de la Loi favorisant la
mise en valeur des exploitations agricoles (Lois refondues du Québec,
chapitre M.36) sont modifiés par le remplacement dans leur
dernière ligne du millésime "1984" par le suivant "1986".
Le Président (M. Paré): Expliquez donc votre
amendement, M. le ministre.
M. Garon: L'amendement concerne la question des 8000 $ et des 50
000 $ que les libéraux avaient discutée en Chambre. Tout
simplement, c'est que dans la Loi favorisant la mise en valeur les
exploitations agricoles...
M. Dubois: C'est que le chapitre 36, je ne l'ai pas en tête
comme cela. C'est la raison pour laquelle je vous demande des explications.
M. Garon: Non, je vais vous le dire. Cela a pour but de faire en
sorte que, aux trois articles qui touchent les subventions -parce qu'il s'agit
de différents types de subventions pour arriver à 8000 $ - sur
les 8000 $ au lieu des 50 000 $, cela permet, au lieu de faire les demandes
jusqu'au 1er janvier 1984, de pouvoir les faire jusqu'au 1er janvier 1986.
M. Dubois: II existera un choix pour le producteur...
M. Garon: Cela maintient le choix existant.
M. Dubois: ...sur chacune des demandes formulées par l'UPA
au niveau de la région.
M. Garon: Vous en avez parlé en Chambre et j'avais dit
qu'on était d'accord là-dessus et qu'on voulait avoir votre
consentement. Alors, comme cette loi s'appelle la Loi sur les pêcheries
et l'aquaculture commerciales et modifiant d'autres dispositions
législatives, je pensais qu'on pouvait le mettre ici plutôt que de
faire une loi spéciale.
M. Dubois: Alors, c'est presque une loi omnibus. Finalement, vous
pouvez insérer...
M. Garon: Si vous êtes d'accord,
M. Dubois: Oui. C'est une demande formulée par les gens du
milieu.
M. Garon: Vous êtes d'accord? M. Dubois: Oui.
Le Président (M. Paré): Donc, le nouvel article
63.1 est adopté.
Des voix: Adopté.
M. Dubois: Adopté. On allonge de deux ans ce qui existait.
C'est aussi simple que cela.
Le Président (M. Paré): Adopté.
M. Garon: Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Dubois: Oui.
M. Garon: D'accord.
M. Dubois: M. le député de Nelligan n'est pas
touché en particulier par ce problème.
M. Garon: Non, il était plutôt touché par les
pêches. C'était pour cela que j'étais content quand je vous
ai vu parce que, le
domaine agricole, cela vous concerne.
M. Dubois: On pourrait passer à 49.
M. Garon: On ferait mieux de finir 48 avant de passer à
49.
M. Laplante: À ce moment, on va attendre M. Lincoln.
M. Dubois: Malheureusement, c'est un projet de loi que je n'ai
même pas regardé et que je ne connais pas. C'est un domaine que je
connais pas non plus, les pêches maritimes. Chacun sa
spécialité. Je vais laisser à M. le député
de Nelligan le soin de toucher au projet de loi 48.
Le Président (M. Paré): Oui, M. le
député d'Arthabaska. (15 h 45)
M. Baril (Arthabaska): Je voudrais faire une remarque au ministre
sur l'amendement qu'il vient de déposer sur l'accessibilité ou le
choix des 8000 $ ou des 50 000 $ qu'on laisse aux jeunes qui
s'établissent. Est-ce que le ministre - je ne sais pas si c'est dans les
règlements - pourrait mieux définir - je sais que c'est difficile
- le mot "établissement"? Il y a des gens chez nous qui n'ont droit ni
aux 8000 $ ni aux 50 000 $ parce qu'ils ont loué la ferme de leurs
parents. Les fonctionnaires disent que le jeune est établi.
M. Garon: En réalité, on prolonge la période
de deux ans parce que, normalement, cette loi serait devenue inopérante.
On ne pense pas avoir besoin de deux ans parce que, dans le cours de
l'année 1984, on va faire des consultations sur le crédit
agricole; on fait des assemblées informelles sur invitation d'une
centaine de cultivateurs. Une fois que ces assemblées auront
été suivies de consultations informelles, on fera des
consultations formelles avec des groupes structurés comme l'UPA, les
coopératives, les institutions financières, et on fera un
document en vue d'une conférence socio-économique qui devrait
avoir lieu au mois de mai, quelque chose comme cela. Il s'agit d'une refonte.
M. Proulx a dit, au congrès de l'UPA, un peu...
M. Dubois: Est-ce une refonte en profondeur?
M. Garon: C'est justement. L'an dernier, quand M. Proulx a dit au
congrès de l'UPA que j'avais promis une réforme en profondeur du
crédit agricole, ce n'est pas exactement ce que j'ai dit au dernier
congrès de l'UPA, l'an dernier. J'ai dit: En 1983-1984, ce seront les
années du crédit agricole parce qu'on va commencer des
consultations sur le crédit agricole en vue d'une refonte et, à
l'occasion de la refonte, s'il y a des choses à réformer, on fera
une réforme du crédit agricole.
Nous avons commencé les consultations justement dans le but de
voir ce qu'il y aurait à améliorer en même temps, parce
que, au lieu d'avoir huit lois, on veut avoir une seule loi du crédit
agricole. Il y a des choses qui ne sont plus nécessaires aujourd'hui,
comme du crédit pour l'amélioration foncière, parce qu'il
y a maintenant au ministère toutes sortes de programmes sur
l'amélioration foncière. On pense aller dans une formulation de
crédit à court terme, moyen terme et long terme et refondre
toutes les lois en une seule. S'il y a des points de réforme, c'est pour
cela qu'on fait des consultations en même temps.
Il s'agit d'une refonte qui va inclure des réformes, si c'est
souhaité et souhaitable. On fait les consultations. Normalement, au mois
de mai, il y aura une conférence socio-économique et après
cela le processus législatif. Ce que je souhaiterais, c'est que ce soit
adopté pour la fin de l'année 1984, en décembre 1984. On
pourrait préparer et adopter les projets de loi à l'automne.
C'est par prudence que l'on a donné le choix entre les 8000 $ et les 50
000 $ jusqu'au 1er janvier 1986, au cas où on n'aurait pas
terminé en 1984.
M. Baril (Arthabaska): Je comprends tout ça, mais j'aurais
aimé qu'on puisse éclaircir un point. Je connaissais les
intentions du ministre quand on a donné le choix des 50 000 $ ou des
8000 $; d'ailleurs, c'est vous qui avez placé cette nouvelle politique
des 50 000 $ sans intérêt. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a
des gens qui achètent des fermes, mais, après les avoir
louées par un bail d'un an - ce n'est pas un bail de dix ans - le
contentieux de l'office reconnaît qu'ils sont déjà
établis. Plusieurs jeunes... Oui, oui, je peux vous apporter des
cas.
M. Garon: Non, ils ont jusqu'à 40 ans pour
s'établir. Quand ils n'ont pas eu les 8000 $, ils peuvent les avoir
avant l'âge de 40 ans.
M. Baril (Arthabaska): Non, M. le ministre. Je peux vous apporter
des cas où le contentieux a dit qu'après un an d'activité
d'une ferme ou d'une entreprise, le jeune est reconnu comme établi.
M. Garon: S'il a eu le montant...
M. Baril (Arthabaska): Non, il n'a pas eu le montant, c'est
ça; il a fait la demande.
M. Garon: II n'est pas obligé de faire la demande pendant
la première année de son établissement.
M. Baril (Arthabaska): Si un jeune veut acheter la ferme de son
père, qu'il veut bénéficier des 50 000 $ sans
intérêt...
M. Garon: II ne peut pas avoir les deux, c'est l'un ou
l'autre.
M. Baril (Arthabaska): Non. M. Garon: Oui.
M. Baril (Arthabaska): S'il veut avoir les 50 000 $ sans
intérêt, on lui dit: Tu n'as pas le droit parce que tu es
établi. On le reconnaît comme étant établi.
M. Laplante: Parce qu'il reste chez eux.
M. Baril (Arthabaska): II a loué la ferme...
M. Garon: On pourra regarder ça dans le cadre de la
réforme.
M. Baril (Arthabaska): Je comprends, M. le ministre. Mais, d'ici
la réforme, quand on a mis le choix des 50 000 $, vous aviez la bonne
intention d'en faire bénéficier les jeunes. Présentement,
ce que je trouve déplorable, c'est que vos intentions sont là,
l'argent est là et les jeunes n'en bénéficient pas.
M. Garon: Non.
M. Baril (Arthabaska): Oui, dans le cadre de la réforme,
cela retardera d'un an. Mais je vous dis ceci: II y a des jeunes actuellement,
parce qu'ils ont loué la ferme de leurs parents ou de quelqu'un d'autre
durant un an, que l'office reconnaît comme des gens établis.
M. Garon: En vertu des 8000 $ ou des 50 000 $?
M. Baril (Arthabaska): En vertu des 50 000 $.
M. Garon: Je ne change pas les 50 000 $. Je change les 8000 $
pour le permettre avant deux ans; je ne touche pas aux 50 000 $.
M. Baril (Arthabaska): Non, mais je vous demandais si on aurait
pu, en même temps qu'on touche à cela, éclaircir...
M. Garon: On pourra le faire l'an prochain dans le cadre de la
refonte.
M. Baril (Arthabaska): Oui, mais c'est parce que les jeunes vont
attendre encore un an avant de bénéficier des 50 000 $.
M. Garon: Vous comprenez qu'on n'est pas capable, avant la fin de
la session...
M. Blais: Pourrait-il y avoir une directive que l'année de
l'obtention ne compte pas pour un établissement, mais juste pour un
essai avant de s'établir?
M. Garon: On me dit que c'est une interprétation. Cette
loi existe depuis plusieurs années.
M. Baril (Arthabaska): Cela est depuis les 50 000 $. On dit
qu'ils ont droit aux 8000 $, mais le jeune qui veut bénéficier
des 50 000 $ parce qu'il considère que c'est plus avantageux pour lui,
on le refuse parce qu'on lui dit qu'il est établi. On lui dit de faire
sa demande pour les 8000 $ parce que, peut-être, il les aura, les 8000 $.
Je peux vous amener des cas, je trouve cela dommage.
M. Dubois: Cela ne s'applique pas dans tous les cas, dans le sens
qu'un jeune va aller louer une terre un an n'importe où. Tout à
coup, il décide de s'établir et, s'il ne déclare pas qu'il
a loué une terre l'année d'avant, qui est-ce qui va dire qu'il
est déjà établi?
M. Baril (Arthabaska): S'il ne le déclare pas... Tu ne
caches pas grand-chose.
M. Dubois: S'il n'a bénéficié de rien, il
n'a aucun crédit.
M. Baril (Arthabaska): On dit: Tu as
bénéficié des revenus durant un an; donc, tu es
établi. Je vous le dis. Si on n'est pas capable, je le regrette
beaucoup. Mais j'aimerais que le ministre, de toute façon, regarde cela
attentivement pour voir à ce que...
M. Garon: Oui, oui. Je me prononce dans le cadre de la refonte.
Je ne pourrais pas, comme cela... C'est évident, dans une affaire comme
celle-là, que si ce que vous dites - on n'était pas au courant -
est exact, à ce moment, il faut aller au Conseil du trésor, il
faut aller au Conseil des ministres. C'est un changement important.
M. Baril (Arthabaska): Selon moi, non, c'est dans
l'interprétation du mot "établi". Qu'est-ce que c'est, un jeune
qui est établi ou un jeune qui ne l'est pas? C'est là qu'est le
problème. Les gens de l'office avec qui j'ai discuté...
M. Garon: Je n'ai pas regardé cette loi.
M. Baril (Arthabaska): ...le connaissent, le problème et
ils disent que c'est difficile de définir un jeune qui est établi
et un qui ne l'est pas.
M. Garon: II y a sûrement quelque chose de plus
compliqué que cela.
M. Baril (Arthabaska): Je vous amènerai des cas.
M. Garon: D'accord, on regardera les cas au caucus.
Le Président (M. Paré): Donc, comme on doit
attendre le député de Nelligan pour continuer et revenir à
l'article 14, nous allons suspendre les travaux jusqu'à son retour.
(Suspension de la séance à 15 h 54)
(Reprise de la séance à 15 h 59)
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, si on revenait
à l'article 14, parce que les micros sont ouverts.
M. Lincoln: Je peux parler de l'Afrique, mais, pendant que vous
allez parler de l'Afrique, on va laisser l'article 14. On pourra reparler de
l'Afrique, si cela vous intéresse.
M. Garon: Cela m'intéresse, ce que vous faisiez en
Afrique.
M. Lincoln: Oui?
M. Garon: Étiez-vous dans le poisson?
M. Lincoln: Non. En fait, je connais les poissons parce que j'ai
vécu sur la mer une partie de ma vie...
M. Garon: Pendant la guerre, vous étiez dans
l'armée.
M. Lincoln: Sur la mer, sur la mer, à côté de
la mer, au bord de la mer.
M. Garon: À l'île Maurice.
M. Lincoln: L'île Maurice, l'Afrique du Sud, un peu la
Rhodésie, l'Afrique centrale, la famille avait...
M. Garon: Qu'est-ce que vous faisiez?
M. Lincoln: Bien, quand j'étais là-bas,
j'étais étudiant. Là, si on veut faire un palmarès
individuel, on va...
M. Garon: Je trouvais cela intéressant de savoir que vous
étiez...
M. Lincoln: Oui, j'étais étudiant.
M. Garon: D'accord. À l'article 14, avez-vous une autre
question?
M. Lincoln: Non, M. le ministre. Dans toute cette affaire de
ministères conjoints, quels sont les rouages dont vous allez vous
servir? On arrive au fond marin. C'est cela qui m'intéresse le plus. Par
exemple, vous avez un établissement piscicole intérieur, ou un
petit lac, ou autre chose; je peux comprendre qu'il n'y aura pas de
problème. Mais vous parlez aussi des concessions dans les eaux à
marée, n'est-ce pas, dans les fonds marins. L'article 14 va inclure les
droits de concession dans les fonds marins.
M. Garon: Non.
M. Lincoln: Non?
M. Garon: Il n'y a pas de concession à l'article 14.
M. Lincoln: Le permis.
M. Garon: Ah, si cela lui prend une concession, il devra l'avoir.
Évidemment, la concession, ce n'est pas en vertu de l'article 14. S'il y
a des conditions, oui; mais, normalement...
M. Lincoln: Quand vous parlez de l'aquaculture commerciale, cela
peut se faire n'importe où.
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Dans le domaine public. M. Garon: Le domaine
public ou privé. M. Lincoln: Le domaine...
M. Garon: Les fonds publics ou privés. Mais, si c'est sur
des fonds publics, cela va prendre des concessions.
M. Lincoln: Ah oui, je comprends. On dit, à l'article 12:
"Aux fins de la présente loi, un établissement piscicole est un
établissement où se fait, pour la consommation ou le
repeuplement, la production ou l'élevage commercial de poissons,
d'amphibiens, d'échinodermes, de crustacés, de mollusques, de
leurs oeufs, produits sexuels ou larves." Cela peut être des produits de
la mer, cela peut être des huîtres, cela peut être n'importe
quoi de ce genre. Ce peut être ce genre d'établissement, n'est-ce
pas?
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: D'accord. Quand cela arrive à la mer - c'est
ce qui me tracasse - dans les eaux à marée.
M. Garon: Ce sont des eaux à marée, cela va prendre
des concessions. Il faut
retourner...
M. Lincoln: L'article 14 ne concerne pas du tout les eaux
à marée? Est-ce que cet article pourrait avoir affaire aux eaux
à marée? C'est cela que je veux savoir. Qu'est-ce que vos experts
vous disent là-dessus?
M. Garon: Si cela a affaire aux eaux à marée et au
fond public, cela va prendre une concession du fond public par le
ministère de l'Environnement.
M. Lincoln: C'est exactement ce que je veux vous demander. C'est
bien cela, le ministère de l'Environnement aura à vous donner une
concession du fond public. Puisqu'on parle d'eaux à marée, vous
allez avoir Environnement Québec et Environnement Canada. Eux aussi, ils
ont quelque chose à dire sur les eaux à marée. Comment
cela se passera-t-il concernant l'émission des permis? Quand vous avez,
par exemple, un petit établissement piscicole, vous avez un petit lac,
un étang, vous allez donner des concessions. Je crois qu'à ce
moment il n'y a pas de problème. Mais si, par exemple, vous parlez d'une
concession côtière, vous faites un établissement
d'huîtres ou de molusques, à ce moment, vous avez Environnement
Québec. Si cela est dans le fond de la mer, vous allez avoir
Environnement Canada, vous allez avoir Pêches et Océans Canada.
Comment allez-vous...
M. Garon: Pourquoi Pêches et Océans Canada? Ces
gens-là n'ont pas la juridiction sur l'élevage.
M. Lincoln: Si ce n'est pas le rivage, si cela est sous la mer,
même en admettant que vous ayez raison avec votre fond marin cela n'est
pas admis, prenant votre exemple que vous contrôlez le fond marin, en
attendant que vous contrôliez la mer - au moins, selon même votre
argument, eux, ils contrôlent la mer. Vous allez les avoir pour la mer.
Vous serez pour le fond marin; de même, Environnement Québec.
Comment est-ce que vous allez démêler toute cette affaire avant
d'émettre un permis? Je veux savoir. Pour établir vos droits, ne
devriez-vous pas avoir, au moins avec les ministères provinciaux -
laissez le fédéral de côté parce que ce sera la
bagarre - un système? Vous dites que vous allez faire ça par
règlement. Là, vous allez avoir trois ministères
impliqués: Loisir, Chasse et Pêche dans les eaux sans
marée, Environnement de toute façon dans les eaux sans
marée ou avec marée et, avec marée, vous allez avoir
l'Environnement et vous-même. Ne pensez-vous pas que cela va créer
toutes sortes de problèmes?
M. Garon: Non.
M. Lincoln: Naturellement, vous allez me dire non. Mais
l'histoire montre que cela a créé des problèmes à
chaque fois qu'il y a eu deux ministères en conflit; l'un voit la chose
d'une façon et l'autre la voit d'un autre façon.
M. Garon: De 1977 à aujourd'hui, alors que les
juridictions étaient beaucoup plus floues qu'elles ne le sont
actuellement avec ce projet de loi, on est passé d'une centaine de
piscicultures à 450.
M. Lincoln: Mais ce n'est pas vous qui émettiez les
permis
M. Garon: C'est parce qu'on les finançait.
M. Lincoln: II y avait le financement, mais vous
n'émettiez pas les permis.
M. Garon: Non.
M. Lincoln: Alors, vous ne pouvez pas savoir ce qui s'est
passé, mais en fait...
M. Garon: Oui, on a financé un paquet de projets.
M. Lincoln: Alors, quand ça passe du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche, à l'Environnement et à vous, quel
système suivez-vous aujourd'hui? En admettant que cette loi n'est pas
encore adoptée et que les permis sont émis par vos
collègues, est-ce que ce n'est pas ça qui a causé des
problèmes qui ont fait que vous avez voulu prendre les pêches
commerciales et les ramener à l'Agriculture, aux Pêcheries et
à l'Alimentation?
M. Garon: Non. Quel est le travail du ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche? C'est un ministère de loisir, mais il
y a aussi l'aspect de la conservation de la faune. Développer
l'aquaculture commerciale, c'est plutôt une responsabilité du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
parce que c'est pour des fins alimentaires. Si vous avez le goût d'aller
sur un étang à la pêche pour être sûr de
prendre du poisson, si vous allez le pêcher et si vous l'apportez chez
vous, on dit: C'est plutôt une activité de loisir. Au lieu d'aller
dans une rivière naturelle, vous allez dans un étang où il
y a du poisson qui a été élevé pour faire
pêcher les gens. Là, on dit: Cela se rattache au Loisir; donc on
va laisser ça au Loisir. Comprenez-vous? C'est la distinction que le
gouvernement fait pour tout ce qui regarde le développement, le
commerce, l'activité commerciale dans le secteur des pêches; on
met ça au ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Ce qui regarde la pêche
sportive, le loisir va aller au ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche. Par ailleurs, comme la conservation de la faune restait au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche - remarquez bien
que ça pourrait être à l'Environnement aussi - on a dit:
Vous aurez affaire au ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche pour la partie de la conservation de la faune. Si la conservation
de la faune avait eu affaire avec l'Environnement, on aurait eu affaire
seulement avec le ministère de l'Environnement.
M. Lincoln: D'accord. Je n'ai pas envie de charrier ça...
J'ai une dernière question pratique. Si, par exemple, vous avez
quelqu'un qui veut commencer une aquaculture commerciale - huîtres,
mollusques, etc. - d'abord, il doit se procurer un permis. Qui fait la demande
au ministère de l'Environnement et à vous? Est-ce que ça
se fait par vous, et vous allez chercher les coordonnées au
ministère de l'Environnement, vos fonctionnaires s'occupent de
ça, ou si cette personne fait sa demande et ensuite, quand elle a rempli
les critères de ces différents ministères - disons qu'il y
en a deux autres - finalement, vous émettez le permis vous-mêmes,
ou si tout se centralise à travers vous et vous négociez avec les
autres ministères et vous faites les démarches
nécessaires? Comment est-ce en pratique? C'est ce que je veux
savoir.
M. Garon: En pratique, on a un service de la pisciculture ou de
l'aquaculture. Alors, les gens qui font une demande dans le cadre d'un
programme pour développer une pisciculture viennent voir les gens de
notre ministère qui sont en contact avec leurs correspondants au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche ou au
ministère de l'Environnement et font cheminer le dossier pour que, de
façon administrative, ces gens disent: Nous estimons que c'est correct
du point de vue de la faune et du point de vue de l'environnement. Si c'est
correct de notre point de vue, il y a un permis qui est
délivré.
M. Dubois: Le processus devrait être long, parce que, par
exemple, pour libérer un terrain en vue d'élargir un chemin, il y
a l'Environnement, la protection du territoire agricole. Cela peut prendre deux
ou trois ans.
M. Garon: Non, on est passé d'une centaine de
piscicultures, en 1977, à 450 en 1983. Ce sont quand même 300
piscicultures...
M. Dubois: Les exigences étaient-elles analogues, en 1977,
à celles d'aujourd'hui au niveau de l'environnement, au niveau...
M. Garon: Ce sera plus clair avec ce qu'on va adopter maintenant.
Normalement ça devrait prêter moins à confusion. Comme, au
point de vue du fédéral, dans le règlement
fédéral, on dit, au point de vue de la délégation
qu'on délègue... On ne dit pas à quel ministère,
mais à celui que choisira le gouvernement du Québec. À ce
moment-là, il n'y a pas de problème.
M. Lincoln: M. le ministre, est-ce que vous pouvez (n'expliquer,
pour que je comprenne bien? Prenez la section II du projet de loi sur les
concessions. Si on parle du fond de la mer, vous donnerez des concessions,
n'est-ce pas? C'est pour le droit de pêcher à des fins
commerciales, selon l'article 3.
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Pour faire de l'aquaculture commerciale, selon
l'article 12, par exemple, si vous parlez des crustacés, des mollusques,
etc., même de l'élevage commercial des poissons, disons que
quelqu'un fait ça dans un fond marin où il a besoin d'une
concession. Est-ce qu'il a besoin de deux permis, d'abord d'un permis pour la
concession et ensuite d'un permis pour l'aquaculture commerciale? Ou est-ce un
seul permis? C'est ce que je ne réussis pas à comprendre. Du
point de vue des étangs commerciaux, je comprends ça.
M. Garon: Dans l'article 3 de la section II, il ne s'agit pas de
l'aquaculture mais de la pêche commerciale. L'article 4 concerne aussi la
pêche commerciale.
M. Lincoln: Pour avoir un permis pour l'aquaculture commerciale -
l'article 12 -pour aller faire l'élevage commercial de crustacés,
de mollusques sur la côte, s'il se sert du fond de la mer au bord d'un
territoire côtier, par exemple, est-ce qu'il a besoin d'un droit de
concession en plus d'un permis d'aquaculture commerciale? C'est ce que je vous
demande.
M. Garon: Dans la mer?
M. Lincoln: Mais oui. L'aquaculture commerciale peut se faire
dans la mer.
M. Garon: Oui. Il aura cette concession du ministère de
l'Environnement.
M. Lincoln: Du ministère de l'Environnement? Excusez-moi,
M. le ministre, je n'ai pas envie d'être têtu, mais je trouve cette
affaire-là bien confuse.
M. Garon: Je vais vous dire pourquoi.
C'est parce qu'au point de vue du fond hydrique, tout cela est
administré par le ministère de l'Environnement. Comme on veut
garder toute l'administration du fond hydrique au même endroit, le
gouvernement a dit: Quand il s'agira d'une concession pour fins de pisciculture
qui a un caractère de permanence - parce que le permis est pour un an;
au fond, il sera probablement renouvelé - la concession du fond hydrique
est faite par le ministère de l'Environnement. De la même
façon, par exemple, quand le gouvernement fédéral veut
faire un quai, un type de concession est fait pour la construction du quai par
le ministère de l'Environnement, mais tout le fond public hydrique est
administré par le ministère de l'Environnement.
M. Lincoln: Même dans la mer, même dans l'eau
salée?
M. Garon: Même dans l'eau salée.
M. Lincoln: D'accord, si c'est le cas et que c'est
administré comme ça. À ce moment-là, sous la
section II: "Le ministre peut, dans les eaux sans marée du domaine
public - l'article 3 - concéder le droit de pêcher à des
fins commerciales", comment pouvez-vous avoir le droit de concéder
vous-même si vous me dites que c'est l'Environnement qui a le droit de
regard sur le fond hydrique?
M. Garon: Ce n'est pas le même genre de concession. C'est
une concession de pêche commerciale. Ce n'est pas la même
chose.
M. Lincoln: Je comprends que ce n'est pas la même chose
puisqu'il y a deux sections.
M. Garon: Mais oui, l'une est pour les fins de la pêche et
l'autre pour les fins de l'aquaculture.
M. Lincoln: D'accord.
M. Garon: Alors, si je donne une concession d'aquaculture, je ne
peux pas la donner à deux personnes, je peux la donner seulement
à une dans un endroit donné. Une concession d'aquaculture, ce
sera très précis, très localisé dans l'espace
tandis que, pour concession pour utiliser le fond marin à des fins de
pêche, l'espace est moins déterminé. Ce peut être une
baie, mais ce ne sera pas de mettre votre casier à homard sur telle
roche. (16 h 15)
M. Lincoln: D'après ce que vous me dites, le
ministère de l'Environnement a toujours un droit de regard même
sur les fonds à marée du domaine public, n'est-ce pas? Vous
donnez votre collaboration pour une pêche commerciale...
M. Garon: Ce qu'il a le droit de faire, c'est l'interdiction.
C'est marqué plus loin.
M. Lincoln: À l'article 64?
M. Garon: L'article 63.
M. Lincoln: L'article 63.
M. Garon: II y a des interdictions sur...
M. Lincoln: Est-ce qu'il y a quelqu'un du ministère de
l'Environnement, M. le ministre? L'autre jour, il y avait une dame avocate. Y
a-t-il quelqu'un du ministère de l'Environnement ici?
M. Garon: II y avait, tout à l'heure, Me Brière, un
spécialiste du droit de l'eau. Il a travaillé plusieurs
années dans le droit de l'eau.
M. Lincoln: Oui, je sais. J'aurais une question parce que je
trouve cela bien confus par rapport au droit de regard du ministère.
M. Garon: C'est complexe, mais ce n'est pas confus.
M. Lincoln: C'est complexe et pas confus, mais, pour moi, c'est
complexe et confus. J'admets ne pas savoir toutes ces choses-là et
j'essaie d'avoir des réponses, parce que je trouve qu'il y a là
une distinction qui est très difficilement faite dans votre projet de
loi. Vous me dites, si je comprends bien, que si j'exploitais une aquaculture
commerciale... Je sais que cela doit être plus localisé; nous
sommes d'accord. Vous avez...
M. Garon: Êtes-vous bien sûr que c'est parce que vous
ne comprenez pas?
M. Lincoln: Non, je...
M. Garon: Ou si c'est parce que vous voulez faire durer le
débat le plus longtemps possible?
M. Lincoln: Non, je ne cherche pas à faire durer le
débat le plus longtemps possible. Écoutez! Si je cherche à
faire durer le débat le plus longtemps possible, je vais faire 20
amendements, parler 20 minutes sur chaque amendement et faire toutes sortes de
niaiseries. Ce n'est pas mon style. S'il faut faire cela, on le fait. Mais il
reste que je veux être sûr. Je ne veux pas m'embarquer dans une
affaire où je vais vous dire que l'article 14 est accepté, qu'on
aura ensuite toutes sortes de problèmes et que vous allez revenir, dans
deux ans, en Chambre, nous dire: Écoutez! Vous avez voté pour; il
n'y
avait pas de problème. Je crois qu'il y a là des
problèmes, parce que quand vous me dites que...
M. Garon: Moi, je suis certain qu'il n'y en a pas.
M. Lincoln: Pardon?
M. Garon: S'il y en avait, on amendera, mais je ne pense pas
qu'il y en ait.
M. Laplante: M. le Président.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Bourassa.
Une voix: II y a un vote.
M. Laplante: Est-ce qu'on peut suspendre pour un vote? En
revenant, peut-être que vous allez avoir des questions concernant
l'article...
Le Président (M. Paré): Non, je pense qu'on peut
continuer les travaux. On vient d'envoyer quelqu'un pour vérifier si
c'est simplement le rappel des députés au salon bleu ou si c'est
vraiment pour un vote.
M. Laplante: Vous avez raison, je pense.
Le Président (M. Paré): Merci, M. le
député de Bourassa.
Une voix: Je pensais que vous alliez me...
M. Lincoln: ...est une très bonne avocate. Alors, quand le
ministre...
M. Garon: Êtes-vous avocate?
Une voix: Oui.
M. Garon: Où avez-vous étudié?
Une voix: À Laval.
M. Garon: En quelle année?
Une voix: Jusqu'en 1977. De 1974 à 1977.
M. Lincoln: Quand elle me dit qu'elle a des...
M. Garon: C'était à l'époque où les
professeurs étaient bons.
Une voix: Mais j'en ai choisi d'autres.
M. Garon: Vous avez choisi ceux qui n'étaient pas
bons.
Une voix: Je n'ai pas dit qu'ils n'étaient pas bons. J'ai
dit que j'en ai choisi d'autres.
M. Lincoln: Peut-être que tous étaient
également bons.
M. Garon: II y avait des bons confrères.
M. Lincoln: Revenons à l'article 63, M. le ministre. Je
m'excuse d'y revenir; je sais qu'on a adopté l'article 63, je sais qu'on
a discuté l'article 63, mais quand vous l'étudiez en relation
avec l'article 14... Regardez-le une minute. C'est pourquoi nous avons des
problèmes. Si vous regardez l'article 63 aux fins des articles 10 et 11,
le ministère de l'Environnement peut, par arrêté...
M. Garon: C'est bien. C'est parce que pour le droit de
pêche, l'utilisation du fonds n'est pas aussi précise dans
l'espace qu'une concession pour fins de pisciculture. Dans une pisciculture,
vous aurez des poteaux, des cages; ce sera très localisé; vous
allez pouvoir venir sur une passerelle, marcher à tel endroit. Votre
cage à homards, pour les fins de pêche, sera plutôt dans
telle baie, dans tel espace. Ce ne sera pas le même caractère de
précision. On dit à ce moment-là: La concession pour fins
de pêche commerciale pour étudier le fonds marin sera faite par le
ministre des Pêcheries. Si le ministre de l'Environnement veut
empêcher quelque chose, l'article 63 lui permet de le faire pour des fins
d'environnement. Il peut interdire, il peut empêcher des choses. Mais
pour les fins de l'aquaculture commerciale, comme il s'agit du domaine public,
qu'il doit y avoir un contrat, quelque chose de précis à ce point
de vue, on a dit que la concession sera faite pour celui qui est responsable du
fonds hydrique, parce qu'il y a un caractère de permanence
là-dedans. Si vous faites une pisciculture, votre pisciculture sera
localisée dans l'espace, à tel endroit très
précisément avec des équipements, des investissements qui
peuvent représenter plusieurs centaines de milliers de dollars. Ce n'est
pas la même opération. C'est pour cela que la concession n'a pas
le même caractère sur le plan administratif.
Les concessions, en vertu du régime des eaux, sont toutes faites
par le ministre de l'Environnement. Même lorsqu'on fait un quai pour le
gouvernement fédéral, c'est fait par le ministère de
l'Environnement. La section II, les concessions pour fins de pêche pour y
déposer des agrès de pêche, est une exception, si on veut,
parce que ce n'est pas le ministre de l'Environnment qui fera cette concession,
mais le tempérament à cette concession est apporté
à l'article 63. C'est bien fait, n'est-ce pas?
M. Lincoln: Enfin, c'est votre critère, mais je peux voir
qu'il y aura toute cette distinction. Je ne vois pas la raison pour laquelle
dans la section sur l'aquaculture, vous n'avez pas la même approche que
pour les concessions commerciales. Je ne vois pas la raison pour laquelle vous
n'avez pas fait la même chose, vous n'avez donné exactement le
même droit à l'article 63 en étendant cela à
l'aquaculture commerciale aussi exactement de la même façon que
dans les concessions. Avoir la même chose aurait été
certainement beaucoup plus logique et beaucoup plus clair.
Le Président (M. Paré): L'article 14 est-il
adopté?
M. Lincoln: On va d'abord voter sur l'amendement.
Le Président (M. Paré): Ah oui! vous avez raison.
L'amendement est-il adopté?
M. Lincoln: On va adopter l'amendement sur division, parce que je
crois que cela va présenter des problèmes.
M. Garon: On peut aller au dernier article du projet de loi.
Le Président (M. Paré): L'amendement est donc
adopté sur division.
M. Lincoln: Attendez un instant. C'est seulement le premier
alinéa, n'est-ce pas? Nous allons maintenant voter sur l'article 14
globalement, n'est-ce pas?
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Paré): Là, on vient
d'adopter l'amendement sur division.
M. Lincoln: L'amendement. Là, il faut revenir à
l'article amendé, n'est-ce pas?
Le Président (M. Paré): L'article 14 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Lincoln: Sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 14 est
adopté sur division.
M. Garon: II y a le dernier article... aussi.
Réglementation (suite)
M. Laplante: L'article 49 n'était pas en suspens?
M. Garon: Non, le dernier.
M. Lincoln: II y en a un qu'on avait adopté sous
réserve.
M. Garon: L'article 49.
M. Laplante: L'article 49.
M. Lincoln: Oui, cinquièmement.
M. Garon: J'en ai parlé aux représentants des
pisciculteurs. Finalement, on a convenu de faire un amendement à la loi
49 pour préciser cela. C'est plutôt concernant le projet de loi 49
qu'ils étaient inquiets. J'ai dit que j'apporterais un amendement que je
présenterai tout à l'heure.
M. Lincoln: Pourquoi ne le faites-vous pas dans les deux, M. le
ministre? Je ne peux pas comprendre pourquoi vous ne le faites pas dans les
deux. Cela ne va-t-il pas causer...
M. Garon: Ce n'est pas la même chose.
M. Lincoln: Ils croyaient avoir le même problème
puisqu'ils vous l'ont souligné.
M. Garon: Oui, mais je leur ai dit que je leur apporterais.
M. Lincoln: L'article 49, 4° et 5°.
M. Garon: Non, ce n'est pas la même chose.
M. Lincoln: ..."édicter des normes relatives à la
production et à l'élevage, dans un établissement
piscicole, des poissons, des amphiDiens, des échinodermes, des
crustacés ou des mollusques, de leurs oeufs, produits sexuels ou larves,
de même que des normes relatives au transport, à l'état
vivant, de ceux destinés à la consommation", n'y a-t-il pas moyen
pour vous de clarifier cela ici aussi et dans le projet de loi 49?
M. Garon: Ce n'est pas la même chose. Dans le projet de loi
49, oui, parce que c'est prohibé. Ce qu'il y avait de particulier,
c'était la prohibition dans le projet de loi 49. Ici, c'est un pouvoir
réglementaire. On ne peut pas, par règlement, abolir des lois. Si
je veux abolir une loi, il faut que j'abolisse un article, il faut que je
l'abolisse précisément. Ce qu'ils craignaient, surtout
après qu'on ait discuté de l'article du projet de loi 49,
c'étaient les normes sur la commercialisation prévues à la
loi 49. C'est cela qui les fatiguait parce que cela pouvait intervenir avec le
plan conjoint dans la loi 49 avec les normes sur la commercialisation. Ici, ce
sont des normes de production, ce n'est pas la même chose.
M. Lincoln: D'après vous, il n'y avait
aucun...
M. Garon: Quand on parle de prohiber ou de réglementer
l'exécution d'activités relatives à tout produit agricole
qu'il désigne et concernant sa vente, sa préparation, sa
transformation, sa détention, son transport ou sa distribution, ce
qu'ils craignaient, c'est qu'on intervienne par rapport au plan conjoint qui
réglemente, qui régit la commercialisation.
M. Lincoln: Vous vous souvenez, ils nous avaient dit, à
l'article 49, 4° et 5° qu'ils avaient des doutes quant au
bien-fondé des paragraphes 4 et 5 par rapport justement à un plan
conjoint. Deuxièmement, ils trouvaient que les normes devraient faire
partie d'une loi-cadre ou d'un programme-cadre sur la santé. C'est
l'explication sanitaire... Vous vous souvenez, nous avons eu toute une
discussion là-dessus. C'est pourquoi...
M. Garon: II n'y a pas eu de grosse discussion là-dessus.
Ce qui les inquiétait surtout, c'était...
M. Laplante: ...
M. Garon: Non, c'était dans la loi 49...
M. Lincoln: Je croyais que vous apporteriez des amendements ici
sur...
M. Garon: On vous avait dit qu'on ne pensait pas en apporter.
À la loi 49, oui, on va en apporter tout à l'heure.
M. Lincoln: Est-ce qu'on ne devrait pas regarder cela avec
l'amendement que vous allez apporter à la loi 49?
M. Garon: Ce n'est pas la même chose.
M. Lincoln: Oui, vous me dites que ce n'est pas la même
chose. J'ai discuté de cela avec M. Fillion et il me disait que
c'était la même chose. Autrement, on ne pourrait pas écrire
cela.
M. Garon: J'en ai parlé avec lui. Les avocats
étaient là. Ce qu'ils craignaient surtout, c'était
c.2)...
M. Lincoln: Oui, c.2). Voilà. La loi 49...
M. Garon: L'article 40 est modifié par l'article 6 du
projet de loi 49.
M. Lincoln: Oui, mais ils pensent que cela aussi devrait
être amendé en conséquence. À 18 heures, on va avoir
une chance d'aller voir exactement si on adopte cela. Est-ce que vous
êtes prêt, par exemple, à rouvrir, si on peut leur
parler...
M. Garon: Non, on ne peut pas le rouvrir, on l'avait
adopté sous réserve que s'il arrivait quelque chose... Je leur
avais donné les explications. Ils sont d'accord. Il n'y a pas de... Ce
n'est pas cela qu'ils craignent. Ils se demandaient pourquoi on avait mis cela.
Ils avaient des interrogations. On n'en avait pas discuté avec eux. Les
véritables interrogations? C'est évident qu'ils aimeraient mieux
qu'on ne contrôle rien. Sauf que ce n'est pas cela, leur grande
inquiétude. La grande inquiétude, c'était l'autre.
M. Lincoln: Vous admettez que c'est évident qu'ils
voudraient qu'il y ait quelque chose qui se passe là.
M. Garon: Non, ce n'est pas ça. C'est qu'il est
évident que pour la santé...
M. Lincoln: Ce que je ne peux pas comprendre, c'est pourquoi vous
n'acceptez pas. Je ne comprends pas ce que cela va changer dans le projet de
loi. On a accepté 49 sous réserve. Pourquoi est-ce que vous
n'acceptez pas...
M. Garon: La grosse question, c'est que l'article c.2) visait
à intervenir dans la commercialisation de la truite. Si vous craignez
cela, on va donner cela. Ce n'est pas cela que ça veut dire.
M. Lincoln: Et dans l'administration des plans conjoints, vous
avez deux choses.
M. Garon: J'ai dit que dans l'administration des plans conjoints,
je n'ai pas besoin de cela pour intervenir. La grosse affaire, au fond, dans
l'administration des plans conjoints, c'est qu'ils voulaient donner des permis
et qu'il y ait une demande devant la régie. Ils savent que je ne suis
pas très favorable qu'ils donnent des permis parce que,
évidemment, comme nous devons avoir un contingentement indirect, on
commence le développement dans ce secteur. Je leur ai dit simplement: Si
c'était ce que je voulais faire, lorsque la Régie des
marchés agricoles vous donnera le pouvoir d'émettre des permis,
je n'ai qu'à aller devant le Conseil des ministres pour faire changer la
décision de la régie. J'ai le droit de le faire. Je n'ai pas
besoin de faire des lois tortillées pour le faire, j'ai le droit de le
faire en vertu de la Régie des marchés agricoles. (16 h 30)
J'ai parlé avec eux et quand ils parlent des permis de
production, je leur ai dit que c'est une façon indirecte de
contingenter. À mon avis, au lieu de contingenter seulement, ils doivent
aller directement au contingentement et non pas passer par un permis de
production. Comme les producteurs ne sont pas prêts à se voter
un
contingentement, je vois mal comment on peut faire voter aux producteurs
ce qu'ils ne veulent pas réellement.
M. Lincoln: M. le ministre, sauf votre respect, j'ai toujours une
espèce de petit doute même après m'avoir raconté
toutes ces choses-là. Vous voyez tout en rose...
M. Garon: Vous l'avez adopté.
M. Lincoln: ...et nous, c'est notre job de souligner ces
choses-là.
M. Garon: II est adopté.
M. Lincoln: Adopté sous réserve justement parce
que...
M. Garon: Non, non, sous réserve que je les rencontre et
je les ai rencontrés.
M. Lincoln: Oui, d'accord, vous les avez rencontrés.
M. Garon: Deuxièmement, j'ai dit que j'avais des
amendements à la loi 49 qui faisaient suite à cette rencontre.
J'ai respecté ce que j'ai dit, sauf que, entre-temps, le Parti
libéral veut faire un "filibuster", c'est ça, le
problème.
M. Lincoln: D'accord, M. le ministre, voilà le
"filibuster" qu'on va faire. Vous m'avez dit que vous les avez
rencontrés et qu'ils sont très contents. J'ai des doutes quand
vous me dites qu'ils sont très contents parce que quand je cause avec
eux, ils n'ont pas l'air très contents. J'ai relu la résolution
et la lettre du 9 décembre où ils disent: "Considérant
qu'aux paragraphes 4 et 5 de l'article 49 du projet de loi - on ne parle pas du
projet de loi 48 - le gouvernement peut, par règlement, édicter
des normes relatives à la construction, à l'aménagement et
à l'équipement d'un établissement piscicole et
édicter les normes relatives à la production et à
l'élevage d'un établissement piscicole; "Considérant que
ces normes sont habituellement associées aux conditions d'application
des programmes de subvention du gouvernement et que la mise en application des
paragraphes 4 et 5 de l'article 49 du projet de loi pourrait contrer
l'utilisation de certains pouvoirs du plan conjoint des pisciculteurs;
"Considérant qu'aucune raison ne justifie le gouvernement de se donner
de tels pouvoirs d'intervention dans l'entreprise privée, le
congrès général de l'UPA demande au MAPAQ de retirer du
projet de loi 48 les paragraphes 4 et 5 de l'article 49." Et vous me dites: Je
les ai rencontrés et ils sont très contents!
M. Garon: C'est un pouvoir qu'on avait et qu'on garde parce qu'on
a une responsabilité face à la santé et face à un
certain nombre de choses touchant la pisciculture et c'est un des pouvoirs du
gouvernement. Ils ont alors dit: La véritable crainte qu'on a, c'est que
vous interveniez dans le plan conjoint pour réglementer la
commercialisation. J'ai dit: Non, il n'en est pas question. Mais cet article 49
leur faisait peur quand même, malgré les explications. J'ai dit:
Parfait. On parlait de prohiber au lieu de réglementer. Le mot qui leur
faisait le plus peur, c'était le mot "prohiber". On a alors dit: On va
vous indiquer les fins pour lesquelles on le fait.
M. Lincoln: En tout cas, M. le ministre, on a adopté
l'article 49 sous réserve. Tout ce que je veux, c'est que soit
consigné au journal des Débats que j'ai toujours les mêmes
réserves. La résolution de l'UPA est très claire, elle ne
parle que des paragraphes 4 et 5. Je ne peux pas croire que durant votre
rencontre ils vous aient dit que tout était merveilleux dans le meilleur
des mondes. S'ils ont écrit cela, c'est qu'ils avaient sûrement
une raison.
M. Garon: Non, je leur ai donné des explications, je leur
ai dit qu'à ce point de vue, si on veut développer la
pisciculture, pour pouvoir le faire, il y a des choses qu'il faut
réglementer et indiquer. Par exemple, il y a des problèmes dans
les piscicultures parce qu'il n'y a pas les volumes d'eau adéquats. Il
faut tenir compte du tonnage, de la dissémination des maladies et de
toutes sortes de choses qui seront indiquées dans la
réglementation. On ne peut faire autrement, on n'a pas le choix. C'est
une responsabilité gouvernementale, ce n'est pas une
responsabilité syndicale. On a discuté là-dessus.
Maintenant, c'est comme n'importe quelle discussion, il y a des points
sur lesquels on se bat plus et d'autres sur lesquels on se bat moins. Le point
majeur... Plus que cela, il y en a qui m'ont dit: M. Garon, on vous fait
confiance. Si vous dites que vous allez regarder sérieusement comment
restreindre le paragraphe c.2) de l'article 6 du projet de loi 49 qui modifie
l'article 40, on vous fait confiance parce qu'on sait que vous allez le
regarder sérieusement. J'ai dit: Je vais le regarder sérieusement
et je l'ai regardé assez sérieusement pour l'encadrer dans le
sens où ils me l'ont demandé, afin de ne pas les inquiéter
pour rien.
M. Lincoln: Je sais que vous savez très bien persuader les
gens, mais, sauf votre respect, moi je reste tout à fait cynique dans
cette affaire-là. Je m'excuse, mais je pense que ces gens n'adoptent pas
des
résolutions de cette nature devant leur congrès... Si,
deux jours après, vous leur donnez l'explication, ils seront très
contents, parce que, autrement, ils auraient retiré leur
résolution et auraient écrit pour nous dire: Ne vous occupez pas
du projet de loi 48, articles 49, 4° et 5°. En fait, ça vient
d'arriver.
M. Garon: Oui, mais voter contre...
M. Laplante: Me permettriez-vous une question? Si chaque
groupement, syndicat et association, chaque fois qu'une loi est adoptée,
voit un empiétement sur son pouvoir ou un rétrécissement
dans les actions qu'il veut accomplir et qu'il s'adresse à vous, qui
êtes dans l'Opposition, est-ce que cela voudrait dire que chaque fois que
ces groupements sont contre un article de loi, même si on est dans
l'Opposition, on est obligé d'essayer de les gagner à cet article
contre un projet de loi qui aurait du bon sens? Est-on obligé d'aller
aussi loin que ça?
M. Lincoln: Pas nécessairement, si vous ne croyez pas
qu'ils ont raison. Mais ces gens sont venus me rencontrer, j'ai eu deux
réunions avec eux et ils m'ont convaincu du fait que, selon eux, ces
alinéas 4 et 5 de l'article 49, ces pouvoirs que se donne le ministre
par règlement, devraient être administrés au sein des plans
conjoints et délégués à ces organisations comme le
Syndicat des pisciculteurs. C'est ça leur point de vue.
M. Laplante: Mais là où je voudrais en venir, c'est
à savoir si vous êtes d'accord qu'il y a un droit nouveau qui
existe par ce projet de loi sur l'élargissement de cette faune du fond
marin et qu'il faut prendre des précautions pour faire la loi la plus
juste possible.
M. Lincoln: Mais là on ne parle pas du tout du fond marin,
c'est une tout autre affaire.
M. Laplante: Non, mais je parle en général.
M. Garon: Je ne commence pas à élargir la
faune.
M. Laplante: Non, mais je parlais des deux projets qui sont
là.
M. Lincoln: Si le ministre veut...
M. Laplante: Non, je parlais des deux lois. Cela concerne la
pisciculture, d'accord, la commercialisation, etc.
M. Lincoln: Tout ce que je peux vous dire, c'est que,
naturellement, si quelqu'un me dit... Malheureusement, dans le projet de loi 48
tout est controversé, mais, à l'article 49, la plupart des
alinéas sont tout à fait acceptables, ils sont dans les normes
des pouvoirs du ministre. S'il me dit: L'article 1, il faut le changer, je vais
lui dire: II faut être raisonnable. Mais si, demain matin, les gens ont
des raisons valables et vous démontrent pourquoi ils ont ces raisons
valables... J'ai passé pas mal de temps avec ces personnes à deux
ou trois occasions...
M. Laplante: Je sais, mais ce que je voulais... Le ministre peut
avoir raison, mais ce sont les objectifs d'une loi, c'est ce que je voudrais
faire comprendre, sans partisanerie d'un côté ou de l'autre.
M. Garon: Quelqu'un peut être contre...
M. Lincoln: Mais ce qui arrive, c'est que le ministre pourra dire
que ce n'est pas de la partisanerie parce qu'il voit cela de son optique
à lui. Il voit tout en grand, il voit un ministère de
l'Agriculture qui soit immense, il veut étendre les pêcheries
jusqu'au Nouveau-Brunswick. Les pisciculteurs ne sont pas contents, l'UPA n'est
pas contente et vous envoie des télégrammes.
M. Laplante: II est ouvert au monde.
M. Garon: La semaine prochaine, je vais rencontrer une
délégation du Nouveau-Brunswick.
M. Lincoln: Oui, j'ai vu les télégrammes aussi, je
vais les lire après.
M. Garon: L'empire s'étend!
M. Lincoln: L'empire, oui, c'est ça.
M. Laplante: Le dernier amendement n'est pas adopté.
M. Garon: Oui, on est rendu au dernier article.
Le Président (M. Paré): Nous sommes rendus à
l'article...
M. Lincoln: 49 a été adopté?
Le Président (M. Paré): II était
déjà adopté. Il reste le dernier article à adopter,
l'article 68.
M. Garon: II n'y a rien là!
M. Lincoln: II n'y a rien là? Je vois Me Brière qui
rigole en arrière.
M. Garon: On peut le faire entrer en vigueur...
M. Lincoln: Je vous comprends, Me Brière, je comprends
très bien vos pensées. On est sur la même longueur
d'onde.
M. Garon: Remarquez, la prudence de Sioux que vous retrouvez dans
l'article 68: "La présente loi..." De Sioux ou d'Apaches, selon notre
partisanerie.
M. Lincoln: J'aurais voulu que mon confrère M. Marx soit
ici.
M. Garon: "La présente loi entrera en vigueur à la
date fixée par proclamation du gouvernement, à l'exception des
dispositions exclues par cette proclamation, lesquelles entreront en vigueur
à une date ultérieure fixée par proclamation du
gouvernement." On va faire entrer en vigueur les articles au fur et à
mesure des besoins.
M. Lincoln: Oui, c'est ce qui nous fait encore plus peur.
M. Garon: Bien non!
M. Lincoln: Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'un de mes
collègues, le député de D'Arcy McGee, a fait un discours
en Chambre, l'autre jour, sur les amendements au projet de loi et il a
cité cela comme l'une des clauses les plus étranges qu'il ait
trouvées dans un projet de loi. Il a cité cela comme exemple.
M. Garon: Cela se retrouve souvent dans les projets de loi.
M. Lincoln: Pourriez-vous me donner quelques exemples?
M. Dubois: Dans les projets de loi, on dit: Tel article ou tel
article entre en vigueur à telle date.
M. Lincoln: Pourriez-vous m'en donner des exemples?
M. Laplante: M. Brière. Une voix: II n'y en a
pas.
M. Lincoln: Vous êtes professeur de droit, alors,
montrez-moi...
M. Laplante: La loi concernant les travailleurs au pourboire
qu'on vient d'adopter, c'en est une, cela.
M. Lincoln: Ne donnez pas cela comme exemple!
M. Garon: C'est une clause standard.
Une voix: La mise en vigueur, plus tard, est
identifiée.
Le Président (M. Paré): Un à la fois, s'il
vous plaît!
M. Garon: La Loi sur la conservation et la mise en valeur de la
faune, vous l'avez votée, mais c'était avant que vous ne
décidiez de faire un "filibuster". L'article 128, c'est la même
chose. L'article 128 de la loi 9 sur la conservation et la mise en valeur de la
faune comprend une disposition semblable et vous l'avez votée. C'est
avant que vous ne décidiez de faire un "filibuster" sur tout.
M. Lincoln: Si c'est ça un "filibuster", je ne sais pas
où il est. Je suis le seul à m'opposer?
M. Garon: Vous en avez adopté une...
M. Laplante: II n'est pas allé à la commission des
affaires municipales.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Lincoln: S'il veut un "filibuster", on peut présenter
des amendements sur la loi 14 jusqu'à demain matin.
M. Laplante: Vous faites cela pour rire.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 68 est
adopté?
M. Lincoln: Non, il n'est pas adopté.
M. Garon: Pardon? Qu'est-ce que vous dites? Sur division?
M. Lincoln: Non, M. le ministre, à ce stade, j'ai le droit
de parole et c'est ma seule chance de vous faire valoir mes arguments et
d'essayer de vous persuader de quelque chose. Je crois que c'est comme si
j'essayais de me frapper la tête contre le mur, je m'en rends compte. De
toute façon, vous avez dû recevoir certains
télégrammes que j'ai aussi reçus et peut-être plus
que j'en ai reçu. Cela ne vous touche pas du tout? Ces gens, vous allez
me dire, ne sont pas représentatifs.
M. Garon: J'ai communiqué dans le milieu, moi aussi.
M. Lincoln: J'en suis sûr, mais tout ce que je peux vous
dire, c'est ce que le milieu me dit.
M. Garon: Voulez-vous que je vous lise les réponses que je
vais envoyer par télégrammes?
M. Lincoln: Vous commencez par les réponses?
Généralement, on commence par les lettres et, après
cela... Mais je vais
écouter votre réponse.
M. Garon: Ce ne serait pas poli.
M. Lincoln: Allons, bon, on va commencer par les réponses.
C'est votre logique? D'accord, on va commencer par les réponses.
M. Garon: Non, je préfère autant attendre. Je
voudrais avoir les réponses avant de les envoyer.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Garon: Mais je vais répondre à cela. Je peux
vous dire une chose: j'ai consulté sur le territoire, j'ai fait des
appels téléphoniques. Je peux vous dire une chose: vous
remarquerez qu'il y a peu d'opposition, très peu d'opposition.
M. Lincoln: Bon. Je ne sais pas si c'est peu, si c'est mauvais,
si ça ne veut rien dire ou quoi, tout ce que je sais...
M. Garon: Tout ce qu'on m'a dit, c'est que M. De Bané a
téléphoné aux gens de son cabinet, a
téléphoné à des gens pour essayer de leur faire
envoyer des télégrammes.
M. Lincoln: Tout ce que je peux vous dire, M. le ministre, et je
suis prêt à le certifier ici, je n'ai rien à foutre avec M.
De Bané, son cabinet, ses gens. Tout ce que je sais, c'est que ces
télégrammes ont été transmis à M. Levesque;
certains sont adressés à M. Levesque, d'autres sont des copies et
une lettre m'a été adressée directement. C'est un type que
je ne connais pas du tout...
M. Garon: Qui?
M. Lincoln: Je vais vous dire tous les noms, d'accord, et vous
allez leur téléphoner, si vous me donnez une minute. Je pense
qu'il est important de souligner qu'il n'y a pas que les libéraux qui
ont décidé que c'était toute une affaire. Quand je vous
disais qu'il y avait des problèmes, vous répondiez: Ah, non! il
n'y a pas de problème du tout, c'est tout à fait
réglé, le fond de la mer est à nous, le reste est au
fédéral et les autres provinces vont faire les mêmes lois.
D'après ce que je vois, ce n'est pas du tout ce qui se passe. Si on peut
lire ces télégrammes...
M. Garon: Ouais! (16 h 45)
M. Lincoln: Écoutez, donnez-moi une minute. "M.
Gérard D. Levesque. Suite au projet de loi 48 sur l'émission d'un
deuxième permis de pêche pour les pêcheurs qui utilisent des
engins fixes et, par surcroît, qui contraint les pêcheurs à
verser un montant d'argent supplémentaire pour l'acquisition de ce
deuxième permis provincial est inacceptable. Nous vous demandons de nous
aider à retarder l'adoption de ce projet de loi afin que nous soyons
entendus en commission parlementaire. C'est ce qu'on vous a demandé.
Nous vous remercions à l'avance. Regroupement des pêcheurs de Les
Méchins, par Alain Dugas, comté de Matane."
M. Laplante: Ah! les chaloupes.
M. Lincoln: Cela ne vaut rien. S'il est contre ça, lui,
c'est sûrement qu'il n'est pas bien sérieux.
L'Association des pêcheurs côtiers de Newport et Pabos Mills
s'oppose au projet de loi 48 sur les droits des fonds marins et veut en faire
retarder la troisième lecture de trois mois et aussi: "nous voulons nous
faire entendre en commission parlementaire à Québec au sujet de
ces deux projets de loi. René Castilloux président de
l'Association des pêcheurs côtiers de Newport."
Je ne sais pas si vous l'avez reçu. "M. Gérard Levesque.
Nous exigeons que le projet de loi 48 soit retardé d'au moins trois
mois. Nous nous opposons à ce projet de loi. Nous voulons nous faire
entendre en commission parlementaire. Nous exigeons que vous fassiez
l'impossible pour empêcher le projet d'être adopté."
D'autres télégrammes de la part des pêcheurs de la
Gaspésie, de la Côte-Nord, des Îles-de-la-Madeleine. Les
syndicats des employés des usines de pêcheries de Newport, de
Rivière-au-Renard, de Clori-dorme, de Saint-Maurice, des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Garon: Ils ne suivent pas.
M. Lincoln: Celui-là dont vous m'avez dit qu'il est le
chef fédéral dans le district, M. Cauvier. Je ne savais pas,
c'est un homme intelligent. M. Léo Cauvier, président du
Regroupement des pêcheurs de la Gaspésie, je suppose. Ensuite
l'Association des pêcheurs côtiers de Forillon; L'Association des
pêcheurs côtiers de l'Anse-aux-Griffons; L'Association des
pêcheurs côtiers de Saint-Yvon; l'Association des pêcheurs
côtiers de l'Anse-à-Valleau; l'Association Nouvelle-Vague;
l'Association des pêcheurs côtiers Saint-Godefroi; l'Association
des pêcheurs côtiers de Port-Daniel; l'Association des
pêcheurs côtiers de Grande-Rivière; l'Association des
pêcheurs côtiers de Gaspé-Est; l'Association des
pêcheurs côtiers de Rivière-au-Renard; l'Association des
pêcheurs côtiers de Grande-Vallée; l'Association des
pêcheurs côtiers de Mont-Louis. Tout ça, je suppose,
ça ne veut rien dire.
Ils disent: "Comme député de
Bonaventure gaspésien, nous n'avons pas à vous expliquer
l'importance des pêches pour notre région. Nous sommes totalement
opposés à l'émission des permis de pêche
supplémentaires comme le propose le ministre Jean Garon et nous sommes
extrêmement inquiets de voir adopter en toute hâte le projet de loi
48. Nous n'avons pas été consultés par le gouvernement sur
ces deux projets de loi. Nous aimerions nous faire entendre en commission
parlementaire. Pour cette raison nous avons besoin de votre appui et de toute
votre collaboration pour retarder l'adoption du projet de loi. "Comme vous avez
déjà déclaré que vous ne voteriez pas ou vous ne
supporteriez pas le projet de loi 48 tant et aussi longtemps que vous n'auriez
pas eu l'opportunité d'étudier la réglementation de ce
projet de loi et compte tenu de l'importance et de l'urgence d'intervenir, nous
vous demandons de prendre tous les moyens pour bloquer ce projet de loi d'ici
à ce que nous ayons pu nous faire entendre. "Nous aimerions obtenir une
rencontre avec vous au début de la semaine prochaine pour vous expliquer
notre position. Nous vous demandons de nous rencontrer et de nous faire
entendre en commission parlementaire malgré le délai très
court et nous faisons appel à votre compréhension. Nous vous
assurons de notre entière collaboration." Il s'agit de douze
associations.
C'est l'Association coopérative des pêcheurs de l'île
Ltée, ce sont des pêcheurs acadiens du Nouveau-Brunswick qui
envoient ça au premier ministre, M. René Lévesque: "Nous
avons appris que votre gouvernement s'apprêtait à adopter le
projet de loi 48. D'après l'information que nous on avons, cette
législation va affecter directement les pêcheurs acadiens du
Nouveau-Brunswick dans l'exercice de leur métier. Nous serait-il
possible de vous exprimer nos inquiétudes à ce sujet dans les
plus brefs délais? Nous osons même vous demander de retarder
l'adoption du projet de loi 48 jusqu'à ce que nous puissions vous
démontrer les effets adverses d'une telle législation pour nos
pêcheurs acadiens. Notre coopérative, à elle seule, compte
250 pêcheurs membres pêchant dans le golfe Saint-Laurent et la baie
des Chaleurs. Espérant que vous nous donnerez l'opportunité de
nous exprimer sur le sujet avant que la loi soit adoptée, nous
demeurons, bien à vous, M. Réal Chiasson, gérant
général."
J'ai aussi reçu un appel - je vais essayer de me rappeler son nom
- de M. Gatien Godin que je ne connais pas du tout, qui m'a
téléphoné un jour à mon bureau parce qu'il avait
téléphoné au Parti libéral pour demander qui
était le critique des pêcheries. Il avait appris qu'on avait
voté contre la loi 48. Il m'a dit: On est bien tracassé par la
loi 48. Qu'est-ce que vous faites? J'ai dit: On a essayé de persuader
l'honorable ministre M. Jean Garon de déférer le projet de loi
devant une commission parlementaire, mais c'est comme si on se frappait la
tête contre le mur. Il m'a dit: "Écoutez! je vais venir à
Québec la semaine prochaine, je vais aller demander à M. Garon de
nous rencontrer. Est-ce que vous pouvez me voir? On veut à tout prix lui
dire que ça nous tracasse beaucoup parce qu'on ne veut pas avoir de
double permis. Il vous a téléphoné aussi pour vous dire
que ce ne sont pas des choses... Il y a sûrement des gens qui se posent
des questions.
M. Garon: Oui, mais ce ne sont pas les gens du Nouveau-Brunswick
qui vont nous dire comment mener le Québec.
M. Lincoln: Nous sommes entièrement d'accord. Tout ce
qu'on veut...
M. Garon: Ils feraient mieux de passer leur temps à parler
de leur ministre, qui n'a même pas défendu leurs quotas de
sébaste dans le golfe.
M. Lincoln: Là, il y a un télégramme...
M. Garon: À la dernière conférence
fédérale-provinciale, le premier qui a donné son accord
pour que Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse aillent pêcher dans le
golfe, les quotas même du Nouveau-Brunswick, ce fut leur ministre.
M. Lincoln: Mais ce sont douze associations de la
Gaspésie. Ce n'est pas...
M. Garon: II était pressé de partir.
M. Lincoln: On a deux autres télégrammes. Un
premier du "Minister of Fisheries for Nova Scotia". "Reference to the vessel
licensing provisions in Bill 48. Please be advised that, in our view, such a
legislation would not improve the situation in the Gulf of Saint Lawrence
fishery. The licensing provisions would lead to balkanization and duplication.
In theory, a fisherman might have to acquire licences for many provinces if
that fisherman were required to obtain one for a particular province. We wish
to establish cooperative action in fisheries of mutual concern. However,
provisions which attempt to provincialize Canadian fishery resources lead only
to confrontation. Signed: John Leefe, Minister of Fisheries for Nova Scotia."
C'est la "Nova Scotia"; on se fout d'eux.
M. Garon: Je vous ferai remarquer que c'est l'une des personnes
qui souhaitaient que l'entente de 1922 avec le Québec soit abolie. Il
faut quand même que les gens réalisent les gestes qu'ils
posent.
M. Lincoln: D'accord. On fait comme s'il n'avait rien dit.
M. Garon: Je suppose que ce sont les gens que vous appuyez qui
veulent...
M. Lincoln: M. le ministre, je vous assure que je n'ai jamais vu
cette personne de ma vie. Je ne lui ai jamais parlé. Elle a
envoyé cela à M. Gérard D. Levesque. Je ne connais pas du
tout la personne. On s'est déjà rencontré, il y a
peut-être un an, à une conférence
fédérale-provinciale où votre collègue, M. Payne,
était et où je représentais le Parti libéral. J'ai
rencontré son prédécesseur au ministère des
Pêcheries et j'ai oublié son nom. Lui, je ne le connais pas du
tout. Alors, je ne sais pas du tout ce qu'il dit par rapport à l'entente
de 1922.
M. Garon: Vous oubliez souvent le nom des gens qui vous
rencontrent.
M. Lincoln: Pardon?
M. Garon: Tous les gens à qui vous parlez, vous oubliez
leur nom.
M. Lincoln: Je peux me rappeler de son nom, si je le cherche. Ce
n'est pas bien important. J'ai rencontré le...
M. Garon: C'est très important.
M. Lincoln: ...ministre prédécesseur.
Celui-là, je ne le connais pas.
M. Garon: C'est très important de se rappeler le nom des
gens qu'on rencontre.
M. Lincoln: Écoutez! Nous n'avons pas tous la
mémoire fabuleuse que vous avez. Si je les rencontre et que j'oublie
leur nom, je l'admets en toute humilité.
Il y a un autre télégramme qui vous a été
envoyé. Vous l'avez sûrement vous-même reçu. "I am
communicating with you as Minister of Fisheries for the province of P.E.I.,
concerning an intent, as we perceived it, to impose an additional provincial
fishing licence for fishermen fishing in waters adjacent to your province. I
wish to assure you that your Bill to bring this into effect will create
considerable disorder to the fishery in the Gulf of Saint Lawrence. With a
proper provincial input, the present licensing system, in our minds, is
equitable and adequate for all concerned. Should your proposed bill be passed,
this action will force P.E.I, to study various options open to us and I am sure
our neighbouring provinces as well. I do not think anyone would want to
envisage the fisherman requiring a licence from each of the five Eastern
provinces to pursue his livelihood. I hope that you and your colleagues will
re-evaluate their thinking on the plan, one that we feel could have serious
repercussions on the fishing industry in Eastern Canada. Signed Honourable
Roddy Pratt, Minister of Fisheries and Labour, Charlottetown, P.E.I."
M. Garon: Montrez-moi donc! Celui-là, je ne l'ai pas
vu.
M. Lincoln: Celui-là, vous ne l'avez pas vu. Mais c'est
adressé à vous.
M. Garon: J'ai été ici toute la journée.
M. Lincoln: C'est sur votre bureau sans doute. Vous n'avez pas
dû le lire. Cela fait deux jours qu'il est là.
M. Garon: C'est daté du 15. Une voix: Hier.
M. Garon: Hier. Comme... cela rentre au ministère de
l'Énergie et des Ressources...
M. Lincoln: Peut-être que vous auriez pu arranger vos
communications un peu mieux, au ministère de l'Agriculture.
M. Laplante: Ce sont tous des gens qui vont négocier avec
nous autres.
M. Garon: Voyez-vous! II y a eu un appel
téléphonique de M. De Bané et ils ont décidé
de nous envoyer un télégramme.
M. Lincoln: Cela prouve peut-être notre point, si M. De
Bané a été...
M. Garon: Cela prouve que le gouvernement du Québec
mène les choses dans l'intérêt des gens d'ici et non dans
celui des gens de l'extérieur. Que voulez-vous? Je suis très
heureux de ce télégramme. Ils font exactement ce que je fais.
M. Lincoln: Ah oui!
M. Garon: Regardez ce qu'on dit: "I wish to assure you that your
Bill to bring this into effect will create considerable disorder to the fishery
in the Gulf Saint Lawrence."
M. Lincoln: ...
M. Garon: Attendez un peu. "With a proper - écoutez bien
ce qu'il dit, il a des réserves - "provincial input, the present
licensing system, in our minds, is equitable and adequate for all concern."
M. Lincoln: "The present licensing system":
M. Garon: "Yes", mais c'est cela qui est enlevé. L'entente
qui existait et fonctionnait n'existe plus et le système a
été changé au Québec.
Deuxièmement, écoutez bien ce qu'il dit: "Should your
proposed bill be passed, this action will force P.E.I. to study various options
open to us and, I am sure, our neighbouring provinces as well."
M. Lincoln: Continuez.
M. Garon: II dit: "I do not think anyone would want to envisage
the fisherman requiring a licence from each of the five Eastern provinces to
pursue his livelihood." Au contraire, je souhaite cela.
M. Lincoln: Vous n'êtes pas sur la même longueur
d'onde.
M. Garon: Non.
M. Lincoln: Ah non!
M. Garon: II s'en vient tranquillement sur la même longueur
d'onde. J'en suis très heureux. Lorsque le fédéral menace
d'établir un système de permis lui-même, je dis: Bravo!
bravo! et je souhaite que les provinces aient leur propre système de
permis de sorte qu'un jour qui n'est peut-être pas aussi lointain qu'on
pense, on puisse s'asseoir et discuter sur un pied d'égalité avec
les gouvernements des provinces maritimes et le gouvernement
fédéral, tandis que là, que sommes-nous actuellement? Nous
sommes les "puppets"...
M. Laplante: Si les provinces de l'Est finissaient pas
s'unir...
M. Garon: Aujourd'hui, c'est un gouvernement qui nous consulte
pour la frime. Même M. De Bané nous a dit au début de la
dernière réunion de la conférence
fédérale-provinciale - la moitié de la conférence a
duré là-dessus - qu'il venait nous rencontrer après avoir
fixé des quotas. En tout cas, cela voulait quasiment dire cela. Ses
collègues du cabinet lui ont dit: Vous venez nous consulter alors que
les décisions sont déjà prises. Dans le domaine des
pêcheries actuellement, les provinces n'ont à peu près rien
à dire. Je pense que des lois comme le projet de loi 48 vont contribuer
à établir un régime démocratique dans le secteur
des pêches...
M. Lincoln: Cela en a l'air dans ce télégramme.
M. Garon: ...et les gens pourront s'asseoir ensemble. Lors de la
libération des esclaves aux États-Unis, savez-vous qu'il y a des
esclaves au XIXe siècle qui sont montés sur les tribunes pour
dire: ne faites pas cela. On est bien esclaves. On n'a pas de
responsabilités. D'autres s'occupent de nous. Il y a des gens qui ne
veulent pas de responsabilités, qui trouvent cela fatigant. On pense que
d'avoir des responsabilités, c'est une bonne chose pour un gouvernement.
Je peux vous dire que M. Morgan, le ministre des Pêches de Terre-Neuve, a
dit à la conférence fédérale-provinciale: Je suis
très heureux de voir que les initiatives du Québec peuvent
fonctionner ici. Nous pensons que c'est quelque chose qui peut nous
intéresser. Attendez un peu. Je n'ai pas le mot à mot, mais je
peux vous dire que j'ai eu le sentiment que le ministre des Pêches de
Terre-Neuve...
M. Lincoln: Vous en avez toujours le sentiment. Vous allez
à la conférence le week-end et vous avez le sentiment qu'ils sont
tous avec vous en entendant les petits rires de la foule. Vous faites des
interprétations aux gestes, aux paroles et aux petits bruits que vous
entendez dans les salles. Là, vous avez le sentiment qu'il est avec
vous, mais je préfère lire le mot à mot et je comprends
qu'il vous dit que le projet de loi 48 n'a aucun sens. C'est cela qu'il dit,
bien au contraire.
M. Garon: Non, il dit...
M. Lincoln: Vous avez trouvé le moyen de penser qu'on est
d'accord avec vous. Pourtant, dans tous les paragraphes, on dit qu'on n'est pas
du tout d'accord et qu'on prendra toutes les mesures nécessaires pour
s'opposer à cette affaire-là. C'est cela qu'on dit.
Relisez-le.
M. Garon: II menace de faire la même chose. Je le
souhaite.
M. Lincoln: Ah bon! vous le souhaitez.
M. Garon: C'est très heureux. (17 heures)
M. Lincoln: Par exemple, je vous mets au défi que si on
téléphonait à M. Morgan, que je ne connais pas ni
d'Ève ni d'Adam, pour savoir ce qu'il pense de ce projet de loi, je suis
sûr qu'il vous dirait exactement la même chose, parce que personne
ne va chercher un fouillis comme celui dans lequel vous êtes. Ce n'est
pas croyable qu'un type prenne la peine de dire: I am communicating with you as
Minister of Fisheries for the Province of Prince Edward Island concerning an
intent to perceive, to impose an additional Provincial fishing licence. I wish
to assure you that your bill to bring into effect will create considerable
disorder in the fishery." Et que vous me disiez que lui est d'accord avec vous.
Ce n'est pas croyable. Je ne sais pas comment vous
pouvez dire qu'un type qui vous dit que cela va créer un
désordre considérable...
M. Garon: Non. Il me menace... M. Lincoln: II menace...
M. Garon: ...de faire la même chose que nous, en
représailles. Je souhaite qu'il fasse la même chose que nous.
M. Lincoln: Excusez, il y avait une conférence
importante...
M. Garon: Dans quel sens?
M. Lincoln: Pour aller manger du poisson à 18 heures.
M. Garon: Quelle sorte?
M. Lincoln: Quelle sorte? Je ne sais pas, je vais vous demander
des suggestions, mais ce sera du poisson québécois. "Au cours des
derniers jours, nous avons pris connaissance de votre projet de loi 48...
M. Garon: Vous voulez dire pêché au Québec
par les provinces maritimes.
M. Lincoln: "...Nous aimerions, nous insistons même sur la
possibilité d'avoir le privilège de pouvoir vous formuler des
recommandations, des modifications et même des ajouts à plusieurs
articles. Nous pensons qu'une consultation à la base ne pourrait
qu'être bénéfique après court terme tout en
créant les conditions nécessaires pour qu'une initiative de cette
ampleur réponde à nos attentes. Vous priant de retarder
l'adoption de votre projet de loi, nous assurons, M. le ministre, que nous
sommes à votre disposition. Association coopérative des
pêcheurs de Rivière-au-Renard".
Nous exigeons que le projet de loi 48 soit retardé d'au moins
trois mois. Nous nous opposons à ce projet de loi. Je pense que je vous
ai lu cela.
M. Garon: Pas celui-là.
M. Lincoln: "Nous voulons nous faire entendre en commission
parlementaire. Nous exigeons que vous fassiez l'impossible pour empêcher
le projet de loi 48 d'être adopté. Capitaines
propriétaires, J.V. Cyr, Clément Lavigne, Martin Castilloux,
trois capitaines propriétaires de la part des Pêcheurs de la
Gaspésie, de la Côte-Nord et des Îles-de-la-Madeleine." Cela
vous tracasse tout cela?
M. Garon: Non.
M. Lincoln: Ah non, cela ne vous fait rien. C'est encore plus
dangereux. Je ne peux pas comprendre que toutes ces choses...
Vous me dites que le milieu est tout à fait avec vous, mais tous
ces gens, cela représente sûrement quelques centaines de gens.
Quand vous avez douze associations dans un télégramme que je vous
ai cité, cela comprend sûrement quelques centaines de gens qui
sont dans le milieu. Est-ce que c'est un vote?
Le Président (M. Paré): C'était juste le
quorum. Je veux juste vous transmettre une information. Les commissions doivent
terminer, ce soir, à 22 heures au lieu de minuit.
M. Garon: Pourquoi?
Le Président (M. Paré): Les gens ont veillé
toute la nuit, monsieur, hier.
M. Garon: On est prêt...
M. Lincoln: M. Garon, lui, n'a pas veillé.
Une voix: C'est ça, l'affaire.
M. Lincoln: Moi, j'ai passé toute la nuit, et M. Patrice
aussi.
Le Président (M. Paré): Le vote sur la motion de
guillotine, c'est à 17 h 45, il va y avoir les cloches.
M. Laplante: Merci, monsieur.
M. Lincoln: Sur la motion de guillotine, M. Garon, vous allez
voter pour cela, M. le ministre? Guillotine. Ce n'est pas contre...
M. Laplante: ...je vais réfléchir. M. Lincoln: Oui,
merci beaucoup.
M. Laplante: À 22 heures, l'adoptez-vous sur division?
M. Lincoln: Article 68, c'est un article clé...
M. Laplante: Qu'est-ce que vous proposeriez comme amendement?
M. Dubois: Cela laisse la porte ouverte à beaucoup de
lobbying.
M. Laplante: Bien non.
M. Dubois: II n'y a pas une disposition qui va être...
M. Lincoln: Je vais demander à M. le ministre. M. le
ministre.
M. Dubois: Effectivement, cela laisse la porte ouverte à
toutes sortes de lobbying
parce qu'on ne sait pas quand surviendra l'entrée en vigueur.
M. Garon: ...en vigueur, on va les mettre au fur et à
mesure.
M. Dubois: Certains articles ne peuvent même pas entrer en
vigueur. Jamais. C'est ce que je dis, il y a certain lobbying qui pourrait
arriver.
M. Garon: C'est ça.
M. Dubois: C'est ce que je dis.
Le Président (M. Paré): Vous avez un autre
commentaire, M. le député de Nelligan?
M. Garon: Nous sommes prêts à voter.
M. Lincoln: M. le ministre, avant que vous ne soyez prêt
à voter, je voudrais faire ma dernière tentative pour vous
convaincre de quelque chose que je considère comme très
raisonnable, sérieusement, sans rigolade. Je suis persuadé que
toutes les constatations que nous avons faites durant la deuxième
lecture, après avoir parlé avec des gens, avoir reçu assez
des communications - M. Lévesque a reçu aussi assez de
communications - que même s'il y avait le moindre doute... Comme vous le
savez, M. Lévesque était très réceptif à ce
projet de loi; il vous a presque demandé de déposer les
règlements, pour que si nous savions quels sont les règlements,
peut-être pourriez-vous nous convaincre. C'est ce qu'il vous a
demandé et vous n'avez pas déposé les règlements.
Mais je peux vous dire qu'aujourd'hui, après avoir causé avec des
gens, après avoir reçu tous ces télégrammes, nous
sommes tous convaincus qu'avec ce projet de loi 48 vous allez vers une
confrontation automatique avec les autres provinces. Quand vous avez les
ministres de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick... J'ai
parlé à ce M. Grondin, la même personne qui vous a
téléphoné et qui représente une association de
pêcheurs du Nouveau-Brunswick, la plus grosse association - je pense
qu'ils sont 400 membres...
M. Garon: On ne s'occupe pas du Nouveau-Brunswick.
M. Lincoln: Ce n'est pas le point, on ne s'occupe pas du
Nouveau-Brunswick, mais c'est le fait que les pêcheurs
québécois vont pêcher sur les côtes du
Nouveau-Brunswick et que les pêcheurs du Nouveau-Brunswick ont, pendant
une centaine d'années, pêché dans la baie des Chaleurs et
dans la golfe. Là, avec votre projet, vous allez demander des permis
québécois, ce que vous avez admis vous-même. Eux, que
vont-ils faire? Ou bien ils vont faire la même chose et ça va
être un méli-mélo continuel; quand un pêcheur voudra
aller là-bas il devra avoir un permis du Nouveau-Brunswick, ils vont
adopter une loi semblable à la vôtre et s'ils ne font pas le
même genre de loi que la vôtre, vous aurez deux types de
pêcheurs: vous aurez un pêcheur québécois qui aura
deux permis, vous aurez un pêcheur du Nouveau-Brunswick avec un permis
fédéral et quand il arrivera pour pêcher dans ce que vous
appelez les eaux territoriales québécoises qui n'ont pas encore
été définies... Là, j'ai envie de vous poser une
petite question là-dessus, car j'ai vu un article qui cite la même
personne et j'ai envie de vous dire: Si c'est ça votre carte que vous
avez décidé d'accepter, car j'ai vu une carte que j'ai
trouvée bien intéressante, qu'allez-vous faire à ce
moment-là? Consulter ces gens et tenir une commission parlementaire ce
qui vous donnerait un son de cloche? Si, par exemple, ce que vous me dites est
vrai et que tous les pêcheurs sont de votre côté, vous allez
sortir de là grandi. S'ils ne sont pas de votre côté et
qu'ils vous disent qu'ils ont des contraintes, vous pourrez alors ajuster le
projet de loi selon ce qu'ils vous diront. Vous pourrez peut-être
apporter des adoucissements au projet de loi et faire un compromis quelconque.
Je ne peux pas croire que vous pouvez être tout à fait insensible
à toute cette affaire.
On va regarder cette carte. Est-ce ce que vous dites comme... Est-ce ce
que vous avez en vue pour le territoire marin?
M. Garon: Ce serait bien.
M. Lincoln: Je ne vous demande pas si vous pensez si ce serait
bien, mais vous avez sûrement réfléchi à tout
ça. On a parlé d'étapes, on a parlé de...
M. Garon: Je vous ferai remarquer que c'est une carte qui est
reconnue par le Parti libéral du Québec.
M. Lincoln: Je sais très bien l'origine de la carte, la
carte a été faite en 1964 par rapport à des droits miniers
dans les fonds marins et sur lesquels les provinces se seraient mises d'accord.
Quand vous en avez parlé en commission parlementaire, M. le ministre,
j'ai vérifié, parce que je vérifie tout ce que vous me
dites pour être tout à fait sûr. Vous m'avez
présenté ça en me disant: C'est le premier ministre Lesage
et vous m'avez fait croire que cela avait droit aux droits marins, ce
n'était pas du tout ça, j'ai été vérifier et
cette carte...
M. Garon: Vous parlez des limitations envisagées par les
provinces.
M. Lincoln: Une minute! Ces limitations que vous voyez, la
division de ce territoire a été faite en prévision d'une
conférence interprovinciale, en 1964, et Me Brière me corrigera
si ce n'est pas correct. On voulait établir comment on allait diviser
les droits miniers sous-marins pour une négociation avec le
fédéral. Cela n'avait rien à faire avec les droits marins
eux-mêmes, les droits de pêche. Or, par extension, on est en train
de dire que cela aurait peut-être été une bonne
délimitation pour les fonds marins. C'est ce que je veux vous demander:
Est-ce que vous allez vous servir de cette carte, qui avait trait aux droits
miniers seulement, pour dire que maintenant, c'est cela, le territoire du
Québec, pour les fonds marins? C'est ce que je vous demande. Vous ne
m'avez jamais répondu. Vous m'avez dit: On a fait cela par étapes
et peut-être qu'on va aller jusqu'à l'île d'Anticosti. Je
vous dis: Si vous allez à l'est de l'île d'Anticosti, vous allez
traverser les Îles-de-la-Madeleine et vous allez les couper en deux. Je
vois cette carte et je commence à me poser quelques questions. Est-ce ce
que vous avez en vue pour votre fonds marin?
M. Garon: Cela aurait du bon sens.
M. Lincoln: Est-ce que vous faites votre loi sans faire aucune
prévision de ce que cela va donner? Est-ce que, parce que je vous parle
d'un article de votre ami Florent Plante au sujet de la carte, vous allez
l'adopter aujourd'hui?
M. Laplante: Ce n'est pas cela, l'article 68.
M. Lincoln: Non, mais cela a trait à l'article 68.
M. Laplante: C'est pour cela, il faut qu'il fasse ses cartes.
M. Lincoln: Oui, mais nous voulons savoir; c'est pourquoi
l'article 68 est tellement important. On voudrait savoir quelles sont les
intentions du ministre avant l'adoption de l'article 68, non pas après
l'adoption de la loi. C'est justement pour ne pas avoir de petites surprises
par la suite.
M. le ministre, c'est ce que tout le monde vous demande. C'est cela que
M. Levesque vous demandait. Vous parlez de concessions dans les fonds marins.
Déjà, nous avons des liasses de télégrammes qui
disent: Qu'est-ce que c'est, ces fonds marins? Le Nouveau-Brunswick,
l'Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse vous disent:
Qu'est-ce que c'est, ces territoires? Tout le monde a pêché dans
le golfe Saint-Laurent par compromis, par habitude historique, par coutume,
etc.; là, vous allez délimiter des concessions dans le fonds
marin. Est-ce dans vos intentions? Vous ne me répondez jamais; comment
peut-on ne pas avoir de craintes et aller de l'avant?
M. Garon: Vous posez des questions hypothétiques.
M. Lincoln: Comment cela peut-il être hypothétique
puisque vous donnez des concessions? C'est hypothétique? Ce n'est pas
croyable!
M. Garon: II faudra faire un règlement,
éventuellement, et aller au Conseil des ministres. C'est le Conseil des
ministres qui, à ce moment-là, décidera jusqu'où on
émettra des permis.
M. Lincoln: Le Conseil des ministres va décider; d'un jour
à l'autre, il va dire: Bon, on va se faire ce petit
territoire-là. Est-ce que vous ne consultez pas la province voisine?
Peut-être qu'elle dira: Ne venez pas là, c'est à moi. C'est
ce que j'essaie de vous dire.
J'ai relu les galées de la commission et vous avez donné
un exemple. Vous avez dit que c'était exactement la même chose
qu'un camion qui traverse du Nouveau-Brunswick au Québec; on sait
exactement quand il traverse le Québec. Vous avez beau parler de
"filibuster", ce n'est pas du tout cela. Si vous relisez toutes les
galées, partout, c'est la même chose qu'on a essayé
d'obtenir. Vous ne répondez pas, vous ne voulez pas répondre,
vous dites que c'est le Conseil des ministres qui va faire les
règlements.
La question n'est pas de traverser sur un territoire terrestre, de
sauter d'un endroit à l'autre, où il y a une frontière
délimitée, on parle de la mer. Vous parlez du Conseil des
ministres. Le Conseil des ministres, ce sera vous; c'est vous qui allez
être là, vous allez dominer. Vous allez me dire: Non. Quand vous
arriverez avec tous vos règlements...
M. Garon: Le caucus des députés. M. Lincoln:
Le caucus des députés? M. Garon: Ah! oui.
M. Lincoln: J'aurais voulu savoir combien de fois le caucus des
députés a eu raison de vous, combien de fois les autres ministres
ont eu raison d'un de vos projets. Il aurait été
intéressant de le savoir. Que ce soit le caucus des
députés ou le Conseil des ministres qui décide que cette
ligne, au lieu d'être comme elle est tracée ici, va passer...
M. Garon: II y a de la circulation du côté
libéral, c'est épouvantable.
M. Lincoln: Bien oui, c'est un parti qui
est en ébullition, en mouvement. Ce n'est pas un parti statique,
voyez-vous?
M. Garon: Comme des bactéries dans un digesteur.
M. Lincoln: Peut-être, mais savez-vous ce que les
bactéries font dans un digesteur?
M. Garon: ...c'est très temporaire.
M. Lincoln: Savez-vous ce que les bactéries font dans un
digesteur? Elles détruisent le digesteur alors, faites attention, cela
s'en vient. Au lieu de tracer cette ligne telle quelle, supposons que votre
Conseil des ministres... Chaque fois qu'on vous parle, on dirait que vous
êtes dans les cieux ou dans la mer... Supposons que cette ligne que vous
tracez passe ici. Vous avez des cartes. Il sera intéressant de nous
montrer ça. (17 h 15)
M. Garon: Je n'ai pas de carte.
M. Lincoln: Vous n'avez pas de carte, vous n'avez pas de
projet?
M. Garon: Non, je n'ai pas de projet.
M. Lincoln: Non? Disons que votre Conseil des ministres
décide de passer cette ligne-là ici au lieu de là
où ça se trouve, ou là. Qu'est-ce qu'il arrive des
provinces d'ici, de l'Île-du-Prince-Édouard, si elles
décident que ça va trop loin de leur point de vue et qu'elles
veulent réserver cette mer-là pour la pêche?
M. Garon: Cette ligne-là? Ce seraient les lignes selon les
règles du droit international. Les points que... Le Parti libéral
est arrivé avec raison, à mon avis, dans le temps de Jean Lesage,
à cette ligne-là.
M. Lincoln: Cela a été un projet pour des fins de
discussion et de négociations. Demandez à Me Brière, il va
vous dire la vérité. Il sait exactement ce que je dis.
Demandez-lui. Cela n'a pas été accepté par le
fédéral.
M. Laplante: Non, par les provinces.
M. Garon: Cela a été approuvé et
accepté par chacune des provinces.
M. Lincoln: Vous jouez sur les mots, c'est terrible.
M. Garon: Écoutez une minute. Non, non, cela a
été accepté par chacune des provinces.
M. Lincoln: Nous sommes...
M. Garon: Pour qu'une province se prononce, cela a dû
prendre un arrêté en conseil. Les gouvernements de chacune des
provinces se sont entendus pour dire: Cela va être ça la
délimitation.
M. Lincoln: Ah! Oui, là nous arrivons au point.
Voilà ce que je vous avais dit. D'abord, quand vous avez discuté
de ces délimitations, vous m'avez fait croire, quand vous avez
parlé de M. Lesage, que c'étaient des fonds marins. J'ai
vérifié. J'ai appris que c'était une conférence
justement interprovinciale des provinces maritimes...
M. Garon: Oui, c'est ce que j'ai dit aussi.
M. Lincoln: ...qui ont décidé... Ah oui. M.
Garon: C'est ce que j'ai dit.
M. Lincoln: D'accord. Une conférence des provinces
maritimes; elles négocient avant de faire des projets de loi. Elles
disent: On va tirer une ligne comme ça et c'est équitable pour
les fins de négociations ultérieures avec le gouvernement
fédéral. Cela n'a pas été accepté, c'est
toujours en litige ces questions-là. C'était un projet de
discussion.
Si demain matin vous arriviez à l'Assemblée nationale avec
un projet de loi qui vous donnait l'autorité d'aller négocier
avec les provinces avoisinantes pour un projet qui dirait: Nous allons situer
un peu les limites... En fait, il y avait un projet de travail du Parti
libéral en ce sens. Un des sous-ministres avait fait un projet dans le
sens de dire: On va situer un petit peu des zones de pêche pour chaque
province. Comment allons-nous diviser la zone de 200 milles par exemple? C'est
tout à fait valable. Si vous faisiez un projet du Québec qui est
un projet d'étude et que vous alliez vous asseoir avec les autres
ministres des autres provinces avoisinantes pour discuter de la chose et
ensuite aller négocier avec le fédéral, on serait 100%
pour vous, on ne serait même pas ici en train de discuter. Ce n'est pas
ce que vous faites. Unilatéralement, vous faites un projet de loi, vous
décidez que vous allez prendre les fonds de la mer sans même
savoir si vous y avez droit. En supposant, à l'extrême, que vous
avez droit aux fonds de la mer, on vous dit: Où allez-vous prendre ces
fonds de la mer? Vous avez admis l'autre jour - à force de vous tirer
petit à petit - la moitié de la baie des Chaleurs. Ensuite, vous
m'avez dit: Ah! bien, peut-être l'île d'Anticosti.
Je vous ai dit: Bon...
M. Garon: Je n'ai pas dit peut-être. M. Lincoln:
Vous avez dit sûrement.
Mais je vous ai demandé: la pointe est ou la pointe ouest? C'est
important. Pensant que, comme vous l'avez dit vous-même tout à
l'heure, vous étiez l'empereur des mers, j'ai dit: C'est sûrement
l'ouest. Si vous prenez l'ouest, à ce moment-là vous allez vers
les Îles-de-la-Madeleine. Je vous ai demandé: Qu'est-ce que vous
faites? Est-ce que vous allez à travers les Îles-de-la-Madeleine
ou si vous prenez un peu de territoires marins autour des
Îles-de-la-Madeleine? Vous m'avez dit: On va faire ça étape
par étape.
Ce que j'ai envie de savoir, c'est quelle étape vous avez en vue.
Qu'est-ce que vous allez faire après, unilatéralement, sans
l'assentiment du fédéral qui a sûrement un droit de regard
pour le moins là-dedans, sans l'assentiment d'aucune des autres
provinces? Je vous ai cité la Nouvelle-Écosse,
l'Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick qui ne sont pas
d'accord sur votre histoire d'aller prendre des droits de fonds marins de
façon unilatérale. Elles le disent tout à fait clairement.
Elles vous disent que ça va créer du désordre
considérable dans les pêches du golfe Saint-Laurent. Ce n'est pas
la question que vous allez vous asseoir avec les autres pour pouvoir faire un
projet. Ce n'est pas ce que vous faites. Vous allez dire à votre conseil
des ministres où vous allez sûrement dominer: Bon...
M. Garon: Je vais vous poser une question.
M. Lincoln: Oui.
M. Garon: Voulez-vous dire que le Parti libéral a
reculé et ne reconnaît plus ce que Jean Lesage reconnaissait en
1964...
M. Lincoln: Mais...
M. Garon: ...comme ligne qui devrait être limitrophe pour
le Québec?
M. Lincoln: Vous détournez les choses
complètement.
M. Garon: Non, un instant. Quand le gouvernement du Québec
fait un arrêté en conseil, l'arrêté en conseil est
valable tant qu'il n'est pas aboli.
M. Lincoln: Cela n'avait rien à faire avec ce qu'on
discute. Enfin, ce que je vais dire est bien vrai. Cela n'avait rien à
faire avec ce qu'on discute. Cela avait trait à une proposition, une
entente interprovinciale aux fins d'une discussion sur les droits miniers
sous-marins.
M. Garon: Bon! Alors, à ce moment-là...
M. Lincoln: Cela n'avait rien à faire...
M. Garon: ...concernant les droits miniers, le gouvernement du
Québec, sous M. Lesage, reconnaissait qu'il y avait une ligne qui devait
être la ligne limitrophe pour le Québec dans le golfe.
M. Lincoln: Pour les fins de droits miniers, pour les
négociations avec le fédéral.
M. Garon: Quelles que soient les fins, trouvez-vous que la ligne
que reconnaissait M. Lesage était une bonne ligne ou s'il en demandait
trop pour le Québec? Pensez-vous qu'à ce moment-là, les
autres provinces ont reconnu un trop grand territoire pour le Québec et
que vous voulez le rapetisser?
M. Lincoln: C'est bon, M. le Président, que le ministre
commence à, nous poser des questions parce que nous allons faire un
débat constructif. On va lui dire un peu ce qu'il devrait savoir.
D'accord? On va le lui dire, il nous a posé des questions. C'est bon de
poser des questions.
M. Garon: Mais trouvez-vous que... M. Lincoln: Je vais
vous répondre.
M. Garon: ...le territoire était trop grand, celui voulu
par Jean Lesage?
M. Lincoln: Si vous me laissez répondre, je vous dirai que
si, demain matin, nous étions à votre place, on aurait dit que
c'est très possible que cette carte... Vous allez voir les études
faites par le sous-ministre qui travaillait au ministère responsable des
pêcheries à l'époque, sous le gouvernement libéral -
on pourrait vous situer les années et vous envoyer les cartes - qui
avait aussi fait un projet qui divisait des territoires de pêche afin
qu'il y ait des lignes d'établies...
Une voix: C'est cela.
M. Lincoln: ...qui seraient faites suivant un accord des
provinces, une entente quelconque des provinces. Écoutez! Je vais y
revenir. Ce serait une entente qui dirait, par exemple, que c'est notre
territoire principal pour les pêches et qu'en même temps on va se
partager la zone des 200 milles. Si vous aviez attaqué ce projet comme
cela, vous servant de cela ou de n'importe quelle autre base comme cela, en
accord et en concertation avec les autres provinces, parce qu'on ne peut pas
ignorer qu'on parle de la mer... On ne parle pas de la terre ferme; on parle de
la mer. On ne peut pas diviser la mer. Les poissons bougent; les poissons ne
sont pas des poissons bleus du Québec qui deviennent rouges quand ils
viennent en Nouvelle-Écosse; ils ne sont pas dans des
bocaux; ils bougent. Là, on fait cela comme projet. Ensuite, vous
allez négocier avec le gouvernement fédéral. Là,
c'est une chose. Mais ce que vous faites, vous faites un projet de loi. Vous ne
nous dites pas la date d'entrée en vigueur du projet de loi; vous ne
nous donnez aucun règlement; vous ne nous donnez aucune carte; vous ne
nous dites pas où les concessions vont être; vous ne nous dites
pas les limites des concessions.
M. Garon: Bien oui!
M. Lincoln: Ah, bien oui! On est obligé d'acheter
cela...
M. Garon: Non.
M. Lincoln: ...sur la foi de quoi? De votre science infuse que
cela va marcher? Mais, nous avons des télégrammes.
M. Garon: C'est vous-même qui m'avez demandé... Vous
ne vous rappelez pas ce que vous m'avez demandé?
M. Lincoln: Je me le rappelle très bien.
M. Garon: Vous m'avez demandé, à ce
moment-là, et le Parti libéral, en Chambre, lors de la
deuxième lecture, m'a demandé: Est-ce que vous avez l'intention
d'abuser des pouvoirs que vous allez avoir avec le projet de loi 48? J'ai dit:
Non. C'est tout inscrit; c'est enregistré. J'ai dit: Au contraire, je
souhaite une discussion, une négociation, une coordination pour qu'il y
ait application, dans la plus grande souplesse possible, de toutes les
juridictions du Québec, du fédéral et des autres provinces
dans le secteur des pêches. J'ai dit que je n'avais pas l'intention
d'abuser. Si tout est proclamé automatiquement lors de l'entrée
en vigueur de la loi - c'est en vigueur automatiquement, d'une façon
automatique - à ce moment-là, qu'est-ce que vous pensez qui peut
arriver?
M. Lincoln: Donnez-nous au moins un projet.
M. Garon: Là, c'est le contraire que je veux faire. Je
veux essayer de discuter avec ces gens-là. À preuve, dès
la semaine prochaine une délégation du Nouveau-Brunswick sera
à Québec.
M. Lincoln: Vous voyez ce que vous faites, vous. Vous me rappelez
quelqu'un qui vous casse son marteau sur la tête. Quand il vous a assez
nui, il vous dit: Là, on va discuter un peu; à quel hôpital
voulez-vous aller? Il va dire: Bon! Je suis bien content, à n'importe
quel hôpital parce que je suis bien blessé. Vous ne faites pas le
projet de loi et, ensuite, vous allez négocier. Selon moi, le bon sens,
la logique, dans un pays fédéral, à moins que vous disiez
que le Québec n'appartient plus à une fédération...
Si le Québec appartient à une fédération, si le
fédéral a des droits de regard sur la mer, vous ne pouvez
pas...
Oui, je le pense. Ce que je veux vous dire, M. le ministre, c'est
qu'avec toute cette affaire, nous sommes en train d'acheter quelque chose qu'on
ne connaît pas du tout. On ne connaît pas les limites de votre
concession. On ne connaît pas les limites cartographiques. On ne
connaît pas les règlements. On ne connaît pas les
critères. On ne connaît pas les modalités. On ne sait rien.
On vous donne des pouvoirs avec presque un chèque en blanc. Pourquoi
vous donne-t-on un chèque en blanc? C'est la question. En plus, à
l'article 68, vous avez presque la latitude de déclarer quand ce projet
de loi sera mis en vigueur, quel article sera mis en vigueur et à quel
moment, etc. C'est presque une histoire qui vous donne carte blanche sans qu'on
le sache et vous voulez qu'on achète l'affaire. Comment voulez-vous
qu'on achète l'affaire? Tout ce qu'on vous demande, c'est de retarder
l'adoption du projet de loi 48. En ce qui concerne le projet de loi 49, il n'y
a pas de problème. On va adopter le projet de loi 49, mais, en ce qui
concerne le projet de loi 48, faites une commission parlementaire qui va vous
sortir de là grandi plutôt que de chercher la confrontation. Je
finis par croire que c'est cela que vous aimez.
M. Garon: ...entendement.
M. Lincoln: Quoi? Pardon?
M. Garon: Un homme d'entendement.
M. Lincoln: Un homme d'entêtement?
M. Garon: D'entendement.
M. Lincoln: D'entendement. Vous êtes un homme
d'entendement?
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Je vous dis...
M. Garon: Je vais vous donner un exemple, Mirabel. Qu'est-ce que
j'ai commencé par faire à Mirabel? J'ai dit aux gens de Mirabel
qui étaient venus me voir en 1977 que je ne toucherais pas à
Mirabel tant qu'ils ne me le demanderaient pas. Ils sont venus me le demander
avec 2000 signatures. Je me suis occupé de Mirabel avec eux. Je suis
allé voir le gouvernement fédéral, sans aucune annonce
dans les journaux, nulle part, sans aucune déclaration, pour faire un
règlement. C'est seulement après, comme il n'y avait pas d'autres
choix, qu'il y a eu autre chose. Les gens de Mirabel ont
décidé
de poursuivre et on a décidé de les aider, mais, avant
cela, vous n'avez pas idée des années de tentatives de
négociation. Dans ce domaine, c'est la même chose, j'ai
l'intention de négocier, mais, s'il n'y a pas moyen, il s'agira
d'appliquer la loi.
M. Lincoln: Disons que vous avez raison, qu'il n'y a aucun moyen
de négocier. Je n'accepte pas cette théorie. Au départ, on
dit qu'on ne peut pas négocier, c'est impossible. Vous pouvez au moins
négocier avec les provinces avoisinantes pour en arriver à une
espèce de modus vivendi avant de présenter votre projet de loi.
Elles ne sont pas M. De Bané. Elles causeront avec vous. Même si
M. De Bané ne cause plus avec vous, peut-être que vous pourrez
leur parler. Vous n'avez même pas fait cela.
M. Garon: M. De Bané a fait appel à vous
là-dessus, parce qu'il sait que le projet de loi est légal. Tant
qu'il a pensé que le projet de loi n'était pas légal, il
n'a pas sauté sur le téléphone, mais là il a
sauté sur le téléphone et il a envoyé des
télégrammes. Des gens nous l'ont dit.
M. Lincoln: Tout ce que vous allez nous raconter sur M. De
Bané, je ne rentre pas dans votre affaire. Je ne veux pas rentrer dans
votre affaire. Tout ce que je peux vous dire, M. le ministre, même si
vous ne pouvez pas vous mettre d'accord avec M. De Bané, au moins
présentez-nous un projet de loi avec quelque chose à l'appui pour
nous dire ce que vous avez en main, ce que veulent dire les concesssions, les
limites, les dates des limites, les critères, les modalités.
Pourquoi est-ce que...
M. Garon: Je ne peux pas vous en dire plus. Nous sommes rendus au
dernier article. On a adopté tous les autres.
M. Lincoln: Mon collègue me demande si vous pouvez nous
montrer, par exemple, quelle preuve vous avez qu'il y a un avis qui dit que, du
point de vue de De Bané, votre projet de loi est constitutionnel.
Pouvez-vous nous donner quelques preuves de cela ou est-ce encore votre
optimisme qui vous fait faire des déclarations catégoriques?
Quelle preuve avez-vous pour dire que c'est constitutionnel, qu'on a
examiné cela et que tout le monde est d'accord avec vous?
M. Garon: Mon flair politique.
M. Lincoln: Votre flair politique. Ah bon! Tout à l'heure,
c'étaient les petits bruits que vous entendiez dans la salle. Tout
à l'heure, lorsque vous avez parlé avec Terre-Neuve,
c'était la façon dont on vous répondait au
téléphone. Vous sentiez quelque chose à la façon
dont on vous répondait, je ne sais pas trop quoi. Vous l'avez
regardé, ses yeux clignotaient d'une certaine façon et vous avez
dit qu'il était d'accord avec vous. Je vous lis un
télégramme de l'Île-du-Prince-Édouard qui vous dit
qu'il y aura un désastre considérable dans les pêches. Vous
me dites: Ah non, cela montre qu'il est tout à fait d'accord avec moi.
Là, on vous demande quelles raisons vous avez de croire que ce projet
est constitutionnel - vous dites vous-mêmes que le fédéral
croit que c'est constitutionnel - et vous répondez que c'est votre flair
politique qui vous dit cela. Mais ce n'est pas croyable! Vous n'avez vraiment
aucune preuve qu'on a examiné la chose et qu'on vous a dit que
c'était constitutionnel. (17 h 30)
M. Laplante: M. le Président...
M. Garon: Tout simplement parce qu'ils font un baroud d'enfer
pour envoyer le maximum de télégrammes pour dénoncer le
projet de loi alors que, avant, ils n'ont rien fait. Pourquoi? Tout simplement,
parce qu'ils pensaient seulement à s'en moquer. Ils ont dû avoir
des opinions juridiques contraires, leur disant que c'était bon.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Bourassa.
M. Laplante: Cela fait 55 minutes que monsieur parle à ce
sujet. Ce serait peut-être le temps - on accorde 20 minutes par
article... S'il y avait une motion d'amendement, ce serait peut-être le
temps de la recevoir, ou de passer au vote sur l'article.
M. Lincoln: M. le Président, ce que je veux demander au
ministre... Nous, on voulait lire les télégrammes au
ministre...
M. Garon: Vous les avez lus.
M. Lincoln: Oui, je sais que je les ai lus. Je voudrais, une
dernière fois, demander au ministre de convoquer une commission
parlementaire. C'était cela. J'ai discuté avec le chef de
l'Opposition, qui est très intéressé par ce projet de loi.
Il m'a demandé d'essayer d'avoir une ouverture de vous, d'essayer de
voir si, par exemple, il y avait un compromis quelconque. Moi, je veux - il est
presque 17 h 30, 17 h 45 - demander au ministre de suspendre le dernier article
jusqu'à ce que je puisse voir M. Levesque durant le souper, quitte
à revenir à 20 heures. À ce moment, on votera. Pardon?
M. Garon: Pourquoi le suspendre?
M. Lincoln: Parce que je dois discuter avec M. Levesque et voir
quelle attitude vous avez prise. Si vous ne voulez pas, je
vais faire un amendement et je vais parler pendant 20 minutes
jusqu'à 17 h 45. Ce sera bien facile. Pas de problème, je propose
n'importe quel amendement. Alors, moi, je vous dis: Ce n'est pas dans mon
intention de faire un "filibuster"; je vais aller chercher des gens pour
proposer des amendements. Tout ce que je vous demande, c'est de suspendre
l'article 68 pour que j'aie une chance de discuter avec M. Levesque parce qu'on
a discuté ensemble de ce projet de loi. On voulait savoir si, par
exemple, vous pouviez nous donner encore des informations sur la cartographie
que vous avez à l'esprit pour les concessions. Si vous pouvez nous
donner un peu... Pardon?
M. Garon: On a discuté de cela.
M. Lincoln: Pardon?
M. Garon: On a parlé de tout cela.
M. Lincoln: On a parlé de cela, mais vous n'avez jamais
donné de réponse. On peut parler, mais vous ne donnez jamais de
réponse. Vous êtes dans les cieux ou dans les mers, je ne sais pas
ce qui arrive, mais, à chaque fois qu'on parle de cela...
M. Garon: On a parlé de cela quand on a parlé d'un
article pertinent à cela.
M. Lincoln: Mais on n'est jamais arrivé au point...
M. Garon: On est maintenant rendu à l'article sur la mise
en vigueur.
M. Lincoln: Non, la mise en vigueur, c'est l'article clé
parce que la mise en vigueur, vous le savez très bien, ça dit:
"La présente loi entrera en vigueur à la date fixée par la
proclamation du gouvernement -ce qui n'est pas la coutume - à
l'exception des dispositions exclues par cette programmation - vous pouvez
faire entrer cela article par article, comme vous voulez, au pied levé -
lesquelles entreront en vigueur à une date ultérieure
fixée par proclamation du gouvernement." Mon collègue M. Marx me
dit que c'est quelque chose de très... Ce n'est pas la coutume, c'est
exceptionnel de faire ces choses comme cela. On se demande pourquoi vous vous
donnez le pouvoir d'introduire ces choses-là étape par
étape. On ne sait pas du tout quel genre de règlements vous allez
apporter. Cet article, ce n'est pas un article que vous retrouvez dans tous les
projets de loi. Je vous ai demandé des exemples. Vous avez cité
l'article 9...
M. Garon: C'est fréquent. M. Lincoln: Pardon?
M. Garon: C'est fréquent.
M. Lincoln: C'est fréquent. Écoutez, j'ai beaucoup
de respect pour mon collègue, M. Marx; il me dit que ce n'est pas
fréquent du tout. Il s'est servi de cet article comme exemple pour faire
un discours parce qu'il pensait que c'était un abus de pouvoir de la
part du gouvernement de faire des articles pareils. Ce que je vais vous dire...
Je vous propose deux solutions. Ou bien on suspend l'article 68 jusqu'à
20 heures pour que j'aie une chance de parler avec M. Levesque; ou bien je fais
un amendement à l'article 68. On est trois ici, on va discuter
jusqu'à 17 h 45, jusqu'au vote. Cela reviendra à la même
chose.
M. Garon: S'il veut faire un amendement, qu'il fasse un
amendement.
M. Lincoln: Je fais un amendement. Je le fais tout de suite.
Mme Bacon: II n'y a rien qui vous empêche de suspendre
l'article. Il n'y a rien qui empêche le ministre de suspendre un article
et de revenir...
M. Garon: Un peu de sérieux.
Mme Bacon: Un instant, j'avais la parole. Un instant, je demande
le droit de parole, M. le Président.
M. Garon: Vous arrivez d'un coup sec...
Le Président (M. Paré): C'est bien de le demander.
Mme la députée de Chomedey.
Mme Bacon: II n'y a rien qui empêche la commission de
suspendre l'adoption d'un article et d'y revenir à 20 heures. Le
ministre est rendu au dernier article, il peut attendre. Il y a un autre projet
de loi qu'il faut regarder. On pourrait commencer l'autre projet de loi et y
revenir à la fin de la soirée. Il n'y a rien qui empêche de
faire cela. Je ne vois pas pourquoi le ministre s'entête à vouloir
absolument faire adopter l'article 68 et à ne pas attendre à 20
heures pour le faire.
M. Garon: Je vais vous dire pourquoi. Le Président (M.
Paré): M. le ministre.
Mme Bacon: C'est parce qu'il veut gagner. Entêté. De
l'enfantillage.
M. Garon: Non. C'est qu'à toutes fins utiles, le projet de
loi 48 a été suspendu parce que j'avais dit qu'il y avait un
projet d'amendement. C'est à ma demande qu'il a été
suspendu. Ce n'est pas à la demande de l'Opposition, c'est à ma
demande. Là, vous
m'arrivez avez des projets d'amendements, les réserves qu'avait
l'Opposition avant la rencontre avec l'Union des producteurs agricoles, et on
est rendu à l'article 68. Alors, c'est à ma demande, ce n'est pas
à leur demande, c'est à ma demande que cela a été
retardé; autrement, il serait déjà adopté.
M. Lincoln: Entre-temps, M. le ministre, quelque chose de
significatif est arrivé. Le fait est que nous avons reçu pas mal
d'appels téléphoniques, nous avons reçu pas mal de
télégrammes comme vous en avez reçu et ça confirme
le doute que ce projet de loi 48 va créer toutes sortes de
problèmes. C'est ce qui nous fait peur. De la façon que ça
entre en vigueur sans qu'on sache les règlements, sans qu'on ait une
carte sur les concessions, de la façon que ça entre en vigueur,
par étapes, notre collègue, M. Marx, me dit que ça cause
toutes sortes de problèmes.
M. Garon: M. le Président, j'ai fait des appels dans le
territoire. C'est M. De Bané qui, depuis quelques jours, a
demandé à des gens d'envoyer des télégrammes pour
retarder l'adoption du projet de loi 48. J'ai vérifié
moi-même dans le territoire, j'ai fait des appels
téléphoniques moi-même dans le territoire à la
minute où des télégrammes sont arrivés à mon
bureau hier ou avant-hier. On m'a dit que les gens du cabinet de M. De
Bané cherchaient à faire en sorte que les gens s'opposent pour
que le projet de loi 48 ne soit pas adopté. J'en ai déduit que M.
De Bané a eu des avis juridiques du ministère de la Justice qu'il
n'avait pas le 5 décembre puisque, le 5 décembre, il a dit
à la conférence fédérale-provinciale qu'il
attendait des avis du ministère de la Justice du Canada, et, à ce
moment, il s'était plutôt moqué de notre projet de loi.
Aujourd'hui, il fait des pressions politiques à différents
endroits pour qu'on empêche l'adoption du projet de loi. Là, je
dis que le Parti libéral se ligue avec le Parti libéral
fédéral pour empêcher que le Québec occupe ses
juridictions.
Mme Bacon: M. le Président, le ministre sait très
bien que cela est gros comme un piano.
Le Président (M. Paré): S'il vous plaît!
M. Garon: Ce n'est pas gros comme un piano. J'ai parlé
avec des gens du territoire cette semaine. Avec combien de gens du territoire
avez-vous parlé cette semaine?
Mme Bacon: M. le Président...
M. Garon: Moi, j'ai parlé avec des gens du territoire et
je sais que, cette semaine, à
Sept-Îles, il y a eu deux jours de session. Les gens sont
inquiets. J'ai été à Gaspé, ils ont
siégé pendant une journée complète; ils m'ont
posé deux petites questions à la fin et je leur ai
répondu. J'ai même rencontré des gens qui ont envoyé
des télégrammes et qui ne m'ont pas dit un seul mot
là-dessus. Sauf que vous avez des gens qui sont plutôt reconnus
pour leur allégeance libérale et qui ont envoyé des
télégrammes.
Mme Bacon: C'est ça, allez reprocher aux gens d'être
libéraux maintenant!
M. Garon: Non, ils ont le droit d'être
libéraux...
Mme Bacon: Faites de l'esprit!
M. Garon: ...sauf que c'est à la demande de M. De
Bané que certaines personnes, reconnues pour leur allégeance
libérale, envoient des télégrammes. Je vais vous dire plus
que ça, à Rivière-au-Renard, savez-vous qui a tenu
l'assemblée avec un petit groupe? On sait tout ça.
M. Lincoln: Qui?
Mme Bacon: Causez, causez!
M. Garon: Renseignez-vous.
M. Lincoln: Cela ne m'intéresse pas du tout.
M. Garon: Tout ce que je peux vous dire, c'est tout simplement
ça. M. De Bané fait des efforts considérables pour que le
projet de loi 48 ne soit pas adopté parce que c'est un projet de loi qui
est constitutionnel.
M. Lincoln: Vous et M. De Bané avez une obsession
mutuelle. Vous parlez tellement de lui, il y a sûrement une fixation,
vous parlez tout le temps de M. De Bané, vous ne pouvez pas le tirer de
votre esprit.
M. Garon: Pas du tout.
M. Lincoln: Mais je voudrais vous demander si l'Association des
pêcheurs côtiers de Forillon, l'Association des pêcheurs
côtiers de l'Anse-aux-Griffons, l'Association des pêcheurs
côtiers de Saint-Yvon, l'Association des pêcheurs côtiers de
l'Anse-à-Valleau, l'Association des pêcheurs côtiers
Nouvelle-Vague, l'Association des pêcheurs côtiers de
Saint-Godefroi, les associations des pêcheurs côtiers de
Port-Daniel, de Grande-Rivière, de Gaspé-Est, de
Rivière-au-Renard, de Grande-Vallée et de Mont-Louis, ce sont
tous des libéraux.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Huntingdon.
M. Dubois: Je voudrais demander au ministre...
Des voix: ...
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Huntingdon a demandé la
parole.
M. Dubois: Je voudrais demander au ministre, si depuis le
dépôt du projet de loi, il a reçu des avis du milieu
à savoir qu'on acceptait ce projet de loi. Il y a eu des
télégrammes, M. le député de Nelligan a fait
état d'une douzaine de télégrammes qui demandaient une
commission parlementaire. Je pense que la demande a été faite par
des gens sérieux. Êtes-vous d'accord pour tenir une commission
parlementaire et écouter ce que les gens ont à dire ici, à
l'Assemblée nationale?
M. Garon: Je ne suis pas d'accord pour tenir une commission
parlementaire, c'est le Québec qui occupe ses juridictions.
M. Dubois: Si le projet de loi n'était pas
contesté, il n'y aurait pas douze télégrammes. Les gens du
milieu, les pêcheurs, les associations demandent d'être entendus en
commission parlementaire. Pourquoi ne pas le faire?
M. Garon: Je vais aller dans le territoire et je vais dire: J'ai
reçu des télégrammes de certains ne voulant pas qu'on
occupe nos juridictions.
M. Dubois: Ils ne discutent pas des juridictions du
Québec, ils demandent d'être entendus.
M. Garon: C'est ce qui est en cause. Sauf qu'il y a des gens qui
ne veulent pas que le Québec occupe ses juridictions.
M. Dubois: Cela n'a rien à voir avec cela, parce qu'il
n'est pas question de juridiction.
M. Garon: Maintenant, je pense que l'idéal, ce serait de
suspendre nos travaux, tout simplement; parce que commencer l'autre projet de
loi pour cinq minutes... On doit aller voter à 17 h 45...
M. Dubois: Mais je vous demandais si vous aviez reçu des
avis de gens du milieu qui se disaient d'accord avec le projet de loi.
M. Lincoln: Montrez-nous un télégramme du
milieu.
M. Dubois: Est-ce que vous en avez?
M. Garon: Je n'ai pas suscité de
télégrammes; je peux en susciter si vous voulez.
M. Dubois: Écoutez, sans en susciter... M. Lincoln:
Suscitez, suscitez.
M. Dubois: Sans en susciter, les gens qui sont d'accord avec le
projet de loi disent: Oui, M. le ministre, on aime votre projet de loi...
M. Garon: Écoutez, le projet de loi a été
déposé - voulez-vous en avoir la meilleure preuve? - le 16
novembre en Chambre. Entre le 16 novembre et le 13 décembre, dans un
mois - alors qu'on en a parlé beaucoup dans les journaux - il n'y a eu
aucun télégramme. Et, d'un coup sec, dans une journée,
vous recevez une série de télégrammes. Vous pensez que
c'est venu de façon spontanée! Je suis allé à
Gaspé, dimanche, et les gens ne m'ont à peu près pas
parlé du sujet! Il y a eu une rencontre à Sept-Îles,
regroupant tous les gens de la Basse-Côte-Nord, de la
Moyenne-Côte-Nord et de la Haute-Côte-Nord, ils n'ont à peu
près pas parlé de cela! Et je n'ai eu aucun
télégramme des Îles-de-la-Madeleine! Et là, d'un
coup sec, comprenez-vous... Vous pensez que ce n'est pas organisé!
Lorsque j'ai téléphoné, on m'a dit...
Mme Bacon: M. le Président...
M. Garon: ...M. De Bané, son secrétaire en
particulier, des gens suscitent des télégrammes pour essayer
d'empêcher l'adoption de votre projet de loi. C'est cela qu'on m'a dit
à ce sujet. Il y a des gens qui ont refusé. Il y a beaucoup de
gens qui ont refusé d'envoyer des télégrammes. Et je peux
vous dire que M. Cauvier qui a envoyé un télégramme, n'est
pas capable de satisfaire, avec son association, aux critères
représentatifs pour avoir droit aux subventions.
Mme Bacon: M. le Président...
Le Président (M. Paré): Mme la
députée de Chomedey.
Mme Bacon: ...je ne pense pas que la lecture
préférée des pêcheurs soit les projets de loi; cela,
le ministre le sait. Les pêcheurs ont été mis au courant
par la réunion du CRD qui a eu lieu dimanche.
M. Garon: Ils n'ont pas parlé de cela.
Mme Bacon: Ils ne peuvent pas...
M. Garon: Ils n'ont pas parlé de cela.
Mme Bacon: ...avoir fait la lecture des projets de loi.
M. Garon: Ils n'ont pas parlé de cela.
Mme Bacon: Bien, ils ne font pas que la lecture des projets de
loi, les pêcheurs. Je pense que le ministre va être d'accord avec
moi là-dessus. Ils n'ont pas le temps de faire cela.
M. Garon: Oui. Mme Bacon: Bon.
M. Garon: Bien, je vais vous dire une chose. Je suis allé
à la réunion du CRD. Le député de Gaspé
était là également. Cela n'a pas été un
sujet de discussion. Il y a eu deux questions; une sur le prix des permis qu'on
aurait. Ils nous ont dit de ne pas essayer de renflouer le trésor de la
province avec le prix de nos permis. J'ai dit: Non, on n'a pas l'intention de
demander plus cher que pour l'enregistrement. De toute façon, cela va
être le permis ou l'enregistrement. Si, dans des cas, on n'a pas de
permis, ce sera l'enregistrement; autrement, le permis vaudra pour
l'enregistrement. Alors, pour les pêcheurs, ce n'est pas plus
onéreux que l'enregistrement, cela va être la même
chose.
Deuxièmement, les gens m'ont demandé: Par rapport au
Nouveau-Brunswick, comment cela va-t-il aller? Je leur ai dit: II faudrait que
le Nouveau-Brunswick ait une loi; s'il en a une, on négociera une
entente.
Mme Bacon: Est-ce qu'ils étaient complètement au
courant du projet de loi?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Gaspé.
Mme Bacon: C'est le ministre qui le leur a expliqué.
M. Garon: Écoutez, j'en parle depuis l'été
dernier. J'en parle depuis la déclaration de M. De Bané, le 11
juillet. Je n'ai pas fait de cachette, j'ai fait des entrevues
là-dessus, plusieurs émissions de radio, de
télévision. Je n'ai pas fait de cachette pour ce que l'on fait.
Le 11 juillet même, je disais qu'on reviendrait avant l'entente de 1922
et que le Québec aurait son système de permis. C'est cela qui
avait mené à l'entente de 1922, M. De Bané avait
cassé l'entente de 1922. Alors, les gens du territoire le savent, depuis
le temps!
Le Président (M. Paré): M. le député
de Gaspé.
M. Garon: Et vous pensez que, s'ils le savent, en
Nouvelle-Écosse, à l'Île-du-Prince-Édouard, au
Québec ils ne le savent pas! Mais, écoutez et expliquez-moi
comment il se fait que je reçois, la même journée, des
télégrammes de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick,
de l'Île-du-Prince-Édouard et de quelques associations de la
Gaspésie. Je suppose que c'est arrivé comme cela.
Une voix: Une tempête!
Le Président (M. Paré): M. le député
de Gaspé.
M. Garon: Voyons donc!
M. LeMay: M. le Président, cet après-midi
même, j'avais la confirmation de ce que M. le ministre disait tout
à l'heure. C'est qu'il y a eu, dimanche dernier, à Gaspé,
un colloque organisé par le CRD. À ce moment-là, M. De
Bané a rencontré les côtiers. Il a fait beaucoup de
pression - de quelle façon, je ne le sais pas - pour que les
côtiers envoient ces télégrammes. Les pêcheurs sont
au courant, cela fait longtemps, de ces lois qui s'en viennent. Cet
après-midi, je recevais un appel téléphonique de mon
secrétaire de comté demandant des copies du projet de loi parce
qu'il ne l'avait pas encore lu. Mais ces gens sont très au courant de ce
qu'il y a dedans.
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Paré): Donc, comme on doit voter
et qu'il est maintenant 17 h 45, les travaux sont suspendus jusqu'à 18
heures.
Une voix: Une bonne décision, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Non, 20 heures. (Suspension
de la séance à 17 h 44)
(Reprise de la séance à 20 h 19)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, mesdames
et messieursl La commission parlementaire élue de l'agriculture, de
pêcheries et de l'alimentation reprend ses travaux dans le but
d'étudier les projets de loi 48 et 49 article par article.
Les membres de la commission sont: M. Baril (Arthabaska), M. Beaumier
(Nicolet), M. LeMay (Gaspé), M. Dupré (Saint-Hyacinthe), M.
Laplante (Bourassa), M. Garon (Lévis), M. Assad (Papineau), M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Lincoln (Nelligan), M.
Maciocia (Viger), M. Côté (Charlesbourg).
Les intervenants sont: Mme Bacon
(Chomedey), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Blouin (Rousseau), M.
Boucher (Rivière-du-Loup), Mme Juneau (Johnson), M. Lachance
(Bellechasse), M. Middlemiss (Pontiac), M. Picotte (Maskinongé).
Lorsque nous avons interrompu les travaux, nous étions à
l'étude du projet de loi 48, à l'article 68. Est-ce que l'article
68 est adopté?
Entrée en vigueur
M. Lincoln: Je suis à rédiger un amendement que je
veux présenter. Entre-temps, je me demande si mes collègues
veulent intervenir.
M. Côté: Le représentant de M. Pertini
voudrait prendre la parole.
M. Baril (Arthabaska): Voulez-vous qu'on vous passe le projet de
loi pour qu'au moins vous sachiez de quoi vous allez parler?
M. Laplante: Je m'excuse, M. le Président. Ce n'est pas
parce que je suis intéressé à jouer au règlement,
mais c'est pour vous faire une observation. Pour les membres qui étaient
ici à ce moment, non remplacés, leur temps de parole sur
l'article 68 était complété et M. le député
de Nelligan a dit textuellement à ce moment en suspendant les travaux,
qu'à son retour, il serait prêt à regarder l'article 68
soit en vue de l'adopter ou en vue d'un amendement. Il n'a pas dit qu'il
l'adopterait, mais les discussions sont faites sur l'article 68. Si M. le
député de Nelligan a une motion à présenter, on est
bien prêt à l'accepter.
M. Lincoln: M. le Président, tout d'abord, je ne pense pas
que ce soit exact de dire que le temps de chaque intervenant est
écoulé. Mme Bacon, la députée de Chomedey, a
parlé environ cinq minutes, si vous avez remarqué. M. Dubois, sur
l'article 68, n'a rien dit. Je ne veux pas dire que je n'ai pas
écoulé mon temps, c'est certain que, sur les trois que nous
étions, il y en a deux qui l'ont fait. Mme Bacon a parlé à
peine deux ou trois minutes, peut-être cinq minutes au maximum. M. Dubois
a parlé deux minutes. Je ne vois pas pourquoi les membres ici n'auraient
pas au moins le temps qu'il restait aux membres qui étaient
présents avant.
Ce n'est pas dans ce sens que j'ai pris la parole. J'ai clairement
indiqué que, si le ministre ne nous donnait pas des réponses plus
claires, je discuterais de cela avec le chef de l'Opposition qui
s'intéresse particulièrement à ce projet de loi et que je
devais présenter quelques amendements. Entre-temps, nous avons M.
Côté, qui s'est intéressé à ce projet de loi
et qui en a parlé, qui m'a demandé de venir ici en commission
pour faire quelques observations. Je ne vois pas pourquoi je ne lui donnerais
pas mon droit de parole ou le droit de parole qui restait aux autres membres.
Voilà ce que j'ai demandé.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Nelligan, est-ce que vous avez une proposition à faire ou un
changement à apporter?
M. Lincoln: Je vais proposer un amendement mais, entre-temps,
j'aurais voulu...
M. Côté: Alors, on a le droit de parler, M. le
Président?
M, Maciocia: M. le Président, est-ce que vous me le
permettez?
Le Président (M. Paré): M. le député
de Viger.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: M. le Président, j'ai déjà eu
l'occasion de discuter sur ce projet de loi 48 - vous n'étiez
probablement pas là en tant que président, c'était au
salon rouge -avec notre sympathique et inimitable ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation. Au lieu de parler du projet de loi,
il parlait des oiseaux et d'autres choses. C'est précisément la
remarque que je faisais au début, qu'il n'était même pas
prêt probablement pour cette commission parlementaire sur ce projet de
loi parce qu'il était toujours à consulter ses conseillers en
arrière pour savoir ce que disait l'article que nous discutions.
M. le Président, à ce moment, je crois qu'il y avait
plusieurs articles sur lesquels on n'était pas d'accord. Le ministre,
par ce projet de loi, ne s'en prenait à personne d'autre qu'aux
pêcheurs de la Gaspésie et aux pêcheurs
québécois. On l'avait dit clairement qu'une querelle entre deux
paliers gouvernementaux était stérile. Cette querelle aurait
coûté, si le projet de loi était adopté, beaucoup
plus cher aux pêcheurs québécois.
Je me rappelle très bien que, quand je lui avais demandé
pourquoi ce projet de loi, est-ce seulement pour avoir deux permis, pour
indiquer aux pêcheurs québécois qu'au lieu de payer un
permis il faudrait qu'ils en paient deux, qu'au lieu de remplir un formulaire
pour un permis, il faudrait en remplir deux, donc, des tracasseries
administratives, le ministre m'avait répondu: Non, ce n'est pas pour
cela, c'est seulement parce qu'on veut avoir la juridiction qu'on avait depuis
1922. À ce moment-là, je lui avais dit que les fonds marins
n'appartenaient pas au gouvernement du
Québec, mais bien au gouvernement canadien, que ce projet de loi,
qui est clair sur cet aspect, pourrait avoir des conséquences encore
plus désastreuses pour le gouvernement du Québec et le
gouvernement fédéral, toujours sur le dos des pêcheurs.
Je me rappelle que je lui avais dit aussi: Supposons que le gouvernement
du Nouveau-Brunswick adopte la même loi, qu'est-ce qu'il arriverait?
Apparemment, à l'intérieur de la présente loi, même
les pêcheurs du Nouveau-Brunswick qui ont un permis du gouvernement
fédéral auraient le droit de pêcher à certains
endroits au Québec, dans les limites du Québec et du
Nouveau-Brunswick. Par la nouvelle loi, ces mêmes pêcheurs doivent
avoir deux permis: le permis fédéral et le permis du
Québec. J'ai demandé au ministre: Si le gouvernement du
Nouveau-Brunswick faisait la même chose, qu'est-ce qu'il arriverait aux
pêcheurs québécois? Il m'a répondu: II ne l'a pas
fait. C'est la même réponse qu'on a eue au sujet du projet de loi
38 l'autre jour. On a parlé au ministre des Affaires municipales en lui
disant: Vous couvrez l'aspect canadien, mais vous ne couvrez pas l'aspect
étranger. Il se peut très bien que la France donne 1 000 000 $
à la ville de Québec pour faire telles choses; automatiquement,
elle n'y a pas droit parce que la loi des Affaires intergouvernementales
prohibe cela. Par cette loi 38, vous laissez le champ ouvert. Il a
répondu: Le problème ne s'est pas posé encore. Du moment
qu'il va se poser, on va adopter une loi.
C'est la même chose ici au sujet de la loi 48. J'ai posé
clairement la question à M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Je me rappelle qu'il avait répondu
que, pour le moment, le Nouveau-Brunswick n'avait pas adopté de loi qui
fasse que les pêcheurs québécois, qui ont le droit, avec un
permis canadien, d'aller pêcher dans les eaux canadiennes sur le
territoire du Nouveau-Brunswick, n'aient plus ce droit. Ils auraient les
mêmes tracasseries qu'avant pour aller chercher un autre permis. Avec
tous ces problèmes amenés par le projet de loi 48, je crois que
le ministre devrait être un peu plus conscient, si conscience il y a, et
devrait essayer ne pas adopter de projet de loi sur le dos des pêcheurs
québécois.
Je ne sais pas - je n'étais pas présent - s'il y a eu, aux
articles suivants, des amendements proposés par le parti de
l'Opposition, mais, connaissant l'attitude et la façon d'agir du
ministre en question, je serais très surpris qu'il ait acquiescé
à la demande ou aux propositions de l'Opposition. (20 h 30)
Je ne pourrai jamais être d'accord avec un projet de loi qui est
fait sur le dos de la population du Québec et spécialement sur le
dos des pêcheurs québécois, jamais. C'est actuellement une
marque de commerce de ce gouvernement de passer sur tout le monde, de passer,
comme le disait le leader du gouvernement un jour, sur le corps de la
population. À ce moment-là, il disait sur le corps de la
députation de l'Opposition. Je crois aussi qu'aujourd'hui, avec votre
façon d'agir, vous êtes en train de passer sur le corps de la
population du Québec. Jamais la population n'acceptera la façon
d'agir de ce gouvernement.
M. le Président, je n'ai jamais vu -pourtant, j'ai
été dans d'autres paliers gouvernementaux - une mesquinerie, qui
est actuellement la marque de commerce du gouvernement, aussi cynique, aussi
irresponsable de la part d'un gouvernement qui a complètement perdu le
sens de ses responsabilités, qui a complètement perdu le sens de
ses devoirs.
Je vous demanderais une directive, M. le Président. Pourriez-vous
demander aux députés ministériels de m'écouter,
parce qu'il y en a qui dorment actuellement sur leur chaise? Au moment du vote,
je voudrais, au moins, qu'ils soient conscients de mes propos et je pourrai
probablement les convaincre de voter pour...
Une voix: On écoutait.
M. Maciocia: ...ma proposition. M. le Président, je n'ai
même pas besoin de votre directive ou de votre conseil. Je sais
très bien, et je l'ai même dit cette nuit, qu'on est en face,
comme les appelait Jean-Louis Roy, de perroquets. Au moment du vote, ils seront
là seulement pour faire un signe de la tête, pour lever la main ou
pour dire oui, d'accord, pour ou contre. On les connaît. Malheureusement,
c'est ça, c'est probablement comme ça que cela se passe au
pouvoir. Je n'ai jamais vécu le pouvoir.
Une voix: Vous n'êtes pas à la veille de le
vivrel
M. Maciocia: Probablement. Il se peut que ce soit un peu la
marque aussi, le prix qu'il faut payer pour être au pouvoir. De toute
façon, si c'est ça, M. le Président, je peux vous dire
aujourd'hui que je ne serai pas là longtemps, lorsqu'on sera au pouvoir,
si je dois être seulement une machine à voter ou si je dois
être là seulement pour dire oui à ce que les
ministériels disent ou à ce que le gouvernement dit, même
si ma pensée est complètement contraire à la façon
d'agir et de se comporter du gouvernement.
M. le Président, la seule façon que ces gens ont
d'exprimer leur pensée, c'est au moment du vote. J'espère qu'ils
auront au moins la conscience et la responsabilité de penser aux gens
qu'ils représentent ici, à l'Assemblée nationale, et
qu'ils auront vraiment le courage pour une fois - je ne dis
pas toujours, mais de temps en temps - de dire au gouvernement leur
façon de penser. La seule manière de la dire, comme je le disais,
c'est seulement en s'exprimant pour ou contre. On ne vous en demande pas
beaucoup; on ne vous demande pas de faire des discours, ce n'est pas
nécessaire. Si vous voulez relaxer, il n'y a aucun problème, mais
soyez au moins conscients de la façon dont vous allez voter
tantôt, en soirée, lundi ou mardi. Je ne sais pas quand, ça
dépend du gouvernement.
Comme je le disais tantôt, ce projet de loi est inacceptable.
C'est un projet de loi fait sur le dos des pêcheurs. Je ne sais pas si le
ministre a reçu des télégrammes des pêcheurs de la
Gaspésie ou d'un peu partout qui disaient que ce projet de loi est
inacceptable pour eux. C'est un projet de loi qu'il faut absolument retirer,
mais je n'ai pas beaucoup d'espoir parce que, connaissant un peu l'attitude
irresponsable du gouvernement, je serais vraiment surpris qu'il pose un acte de
responsabilité en acceptant de voir et d'agir de la même
façon que réagit le pêcheur québécois.
M. le Président, c'est pour cette raison que je crois que je
devrai me battre contre ce projet de loi et je vais revenir tantôt, si
j'ai encore quelques minutes à ma disposition. M. le Président,
est-ce que j'ai encore du temps?
Le Président (M. Paré): Oui, M. le
député, vous avez encore onze minutes.
M. Maciocia: Onze minutes.
Une voix: II a commencé à 20 h 20, M. le
Président.
Une voix: C'est marqué.
M. Maciocia: D'accord, j'ai neuf minutes.
M. Laplante: II a fini, il a même dépassé
d'une minute.
M. Maciocia: Je m'excuse. Je parlais de l'irresponsabilité
gouvernementale. Mademoiselle, en arrière, me dit que j'ai neuf minutes.
Les fonctionnaires me disent que j'ai neuf minutes. Le député,
qui prouve encore son irresponsabilité, me dit que j'ai
écoulé mon temps. Est-ce que c'est vous qui allez me dire que
j'ai écoulé mon temps ou si ce sont les gens responsables en
arrière et le président qui vont dire si j'ai
écoulé mon temps? Particulièrement, pis encore, vous
comprenez la considération que j'ai pour ce président parce que
je me suis fait expulser, mais à raison et ces mots-là, je les
répéterai à n'importe quel moment, lorsqu'il sera assis
sur la chaise du président.
Le Président (M. Paré): Est-ce que vous avez
terminé?
M. Maciocia: M. le Président, est-ce que j'ai encore du
temps à ma disposition pour parler sur ce projet de loi?
Le Président (M. Paré): Vous avez pris quatorze
minutes, M. le député de Viger.
M. Maciocia: Alors, j'en ai encore six. Est-ce exact?
Le Président (M. Paré): Oui, M. le
député.
M. Maciocia: Merci beaucoup.
Le Président (M. Paré): La parole est maintenant au
député de Bourassa.
M. Patrice Laplante
M. Laplante: Merci, M. le Président. J'avais l'intention
de ne pas parler.
M. Maciocia: C'est mieux.
M. Laplante: ...d'être docile à cette
commission...
Une voix: II n'a pas compris.
M. Laplante: ...en espérant qu'on viendrait, d'une
façon constructive, du moins terminer l'étude du projet de loi
48. Encore une fois, on se trompe sur la bonne foi, sur la bonne volonté
d'une Opposition qui, en somme, veut un blocage à peu près
systématique de toutes les lois présentées durant la
présente fin de session. Ce qui me frappe surtout dans l'intervention du
député de Viger et dans d'autres aussi, entre autres, dans celle
de M. le député de Nelligan, c'est que vous avez de la suite dans
les idées; je peux vous le dire et je peux vous féliciter
là-dessus.
Pour tout ce qui touche les Québécois, leur
propriété, vous servez encore de valets à vos grands
frères fédéraux pour essayer de diminuer le Québec
à son point le plus petit. Je me demande jusqu'où, à un
moment donné, vous aurez le courage de défendre un peu les
intérêts du Québec. Longtemps -nous-mêmes l'avons dit
- nous avons dit que la Cour suprême penchait seulement d'un
côté. C'est vrai qu'on l'a dit souvent, mais lorsqu'elle a
penché de notre bord, en 1922, elle nous a donné les droits sur
les pêcheries. À ce moment-là, il y a eu une entente entre
le Québec et le fédéral.
M. Maciocia: Pourriez-vous faire une mise au point, M. le
ministre?
M. Laplante: Voilà qu'en 1983 le
fédéral décide, à un moment donné, de
jeter ces ententes par-dessus la clôture et dit: On poigne le
Québec à la gorge. Mais le Québec ne s'est pas
laissé faire. On a un ministre vigilant. On a un ministre qui
connaît très bien les pouvoirs du Québec en matière
de contrôle des pêches. Ce qui me surprend le plus - cela surprend
et cela ne surprend pas - c'est...
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Laplante: ...l'avis du Parti libéral actuellement que
je connais mieux depuis que je suis ici, depuis sept ans. À la minute
qu'on touche au fédéral, le Parti libéral vient à
son secours. Son rôle de valet, il l'a joué dans le projet de loi
34, dans le projet de loi 48. Il le joue aussi dans le projet de loi 38. Dans
le projet de loi 57, c'est la même chose, il le joue également. Il
le joue chaque fois qu'un projet de loi favorise le Québec. Je ne
comprends pas cela. On se promène à l'Assemblée nationale
du Québec comme députés québécois,
représentant les intérêts québécois. Ce soir,
il n'y est pas, il était ici avant le souper, avec un petit drapeau du
Canada seulement pour s'identifier seulement au Canada. On est rendu comme cela
chez vous. Après cela, c'est difficile de vous demander de prendre la
part du Québec dans les projets de loi.
L'argument du député de Nelligan concerne les lignes
marines, jusqu'où les Québécois auront le droit de
pêcher. M. le ministre lui répond d'une façon franche. Il
lui dit que des tracés ont déjà été faits
depuis 1964, sous le gouvernement de M. Lesage, avec l'accord de toutes les
provinces Maritimes, le Nouveau-Brunswick, la Nou-velle-Écosse,
l'Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve. Aujourd'hui, vous avez
tendance à vouloir changer ces lignes, à renfermer le
Québec dans un cours d'eau d'à peu près quinze pieds,
comme une grève, pour ne pas qu'il pêche, pour qu'il soit encore
à genoux devant M. De Bané pour aller chercher d'autres permis.
Ce n'est presque pas compréhensible que vous puissiez rejeter les bonnes
choses que vous avez pu faire. Pourtant, je ne me cache pas que M. Lesage,
c'est un homme que j'ai admiré énormément.
M. Côté: Votre chef aussi...
M. Laplante: Oui, j'ai admiré beaucoup M. Lévesque
et je l'admire encore.
M. Côté: ...admirait M. Lesage.
M. Laplante: Oui, parce que c'était bien dans ce
temps-là. Je ne comprends pas que vous puissiez renier les lois ou les
arrêtés en conseil que vous avez pu adopter dans ce
temps-là. Vous avez actuellement une victoire: ces pêcheurs auront
une certaine autonomie, une certaine fierté de pêcher sur leur
territoire avec des permis québécois. S'il y avait un boycott
systématique des autres provinces, je dirais: II peut être
méchant, mais déjà le Nouveau-Brunwick a demandé de
rencontrer M. le ministre et je suis certain que le ministre, le connaissant,
va en venir à une entente très rapide avec le Nouveau-Brunswick.
Pourtant, c'est la province qui serait la plus mal prise, avec la baie des
Chaleurs. Selon le dessin qui a été fait, la plupart viennent
pêcher dans les eaux québécoises.
Une voix: Ils peuvent bien se cacher.
M. Laplante: Connaissant le ministre, je sais qu'il pourra y
avoir des ententes à ce moment-là.
Une voix: Le ministre est gêné.
M. Laplante: L'Opposition a étudié tout le projet
de loi 48. Les deux tiers des articles, elle les a adoptés. Les autres
articles ont été adoptés sur division. Il n'y a aucun
article sur lequel elle s'est abstenu de voter. On est rendu au dernier
article, l'article 68. Je m'attendais que le député de Viger, vu
qu'il était question de l'article 68, en parle. Il n'en a pas
parlé, pas une seule virgule. Pour votre connaissance, M. le
député de Viger...
M. Maciocia: L'article 68...
M. Laplante: ...je vais vous le lire, parce que vous ne semblez
pas avoir le projet de loi devant vous.
M. Maciocia: Je l'ai ici.
M. Laplante: L'article 68 se lit comme suit: "La présente
loi entrera en vigueur à la date fixée par proclamation du
gouvernement, à l'exception des dispositions exclues par cette
proclamation...
M. Maciocia: "... lesquelles..."
M. Laplante: "lesquelles entreront en vigueur à une date
ultérieure fixée par proclamation du gouvernement."
M. Maciocia: Est-ce que cela veut dire que... (20 h 45)
M. Laplante: M. le député de Viger, j'aurais
aimé savoir pourquoi vous ne le trouvez pas correct, cet article. S'il y
a des choses sur lesquelles vous pensez, par amendement, pouvoir mettre des
dates, on pourrait regarder cela à ce moment. Mais vous ne le faites
pas. À un moment donné, le député de Nelligan dit:
Cela ne s'est
jamais vu dans un projet de loi, ces choses-là. Pourtant, il y a
plusieurs lois qui ont été dans ce sens. Sous le gouvernement
Bourassa, de tels articles, aussi, étaient présentés.
M. Garon: C'est un article historique.
M. Laplante: C'est un article historique, M. le ministre, c'est
vrai. Ce que j'aimerais, c'est vous entendre parler sur l'article. C'est cela
que j'aimerais voir développer. Il me reste encore du temps, à
moi aussi, M. le Président?
Le Président (M. Paré): Oui, il vous reste dix
minutes.
Mme Bacon: Vérifiez donc comme il faut.
M. Laplante: II me reste dix minutes! Je suis impatient
d'entendre ce qu'ils ont à dire sur l'article...
Mme Bacon: C'est long faire dix minutes, n'est-ce pas?
M. Laplante: Non, si vous voulez, je peux vous faire passer
beaucoup de temps là-dessus. Je vais céder mon droit à un
autre membre de l'Opposition, mais pour entendre parler de l'article 68.
J'aimerais, M. le Président, que vous teniez compte de cela.
Le Président (M. Paré): La parole est maintenant au
député de Charlesbourg, toujours sur l'article 68 du projet de
loi 48.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté: C'est avec beaucoup d'intérêt
que j'ai entendu les élucubrations du député de Bourassa
qui, manifestement, a fait quelques voyages en Gaspésie, où il y
avait de la pêche, mais comme touriste. Je l'ai écouté nous
définir très brillamment les frontières entre le
Nouveau-Brunswick et le Québec, précisément au niveau de
la baie des Chaleurs, ce qui a fait s'esclaffer le titulaire du MAPAQ. Il y a
quelques observations que le député de Bourassa a faites qu'on ne
peut passer sous silence. Bien sûr, j'avais l'intention, au
départ, de parler du projet de loi, mais, comme il a créé
certaines ouvertures, je pense que la vérité a quand même
ses droits.
M. Beaumier: Parlez-vous de la loi?
M. Côté: Absolument. En réponse, M. le
député de Nicolet, aux propos... Est-ce que vous voulez parler?
M. le Président, est-ce que le député de Nicolet veut
parler?
Le Président (M. Paré): Son temps est
écoulé.
M. Côté: Je peux lui garantir une chose, c'est que,
s'il dort comme tout à l'heure, je ne le réveillerai pas.
Le Président (M. Paré): La parole est à
vous, M. le député de Charlesbourg.
M. Côté: Merci, vous êtes bien aimable. J'ai
entendu le député de Bourassa parler des gens de ce
côté-ci de la table comme étant des valets du
fédéral. Bien sûr, c'est une accusation facile qui revient
quotidiennement dans la bouche de ceux qui sont en face de nous et qui ont
d'autres objectifs que de servir uniquement les intérêts du
public.
Je voudrais rappeler, dans le cadre de ce projet de loi, au
député de Bourassa qu'il y a un seul député en
cette Chambre, lors de la deuxième lecture, qui a demandé que le
ministre fédéral responsable du dossier des pêches soit
relevé de ce dossier pour une meilleure solution du problème des
pêches et c'est le député de Charlesbourg qui l'a
demandé. Possiblement que vous n'étiez pas en Chambre, je ne vous
en fais pas grief. Vous étiez probablement président d'une
commission à ce moment.
M. Laplante: J'étais en Chambre.
M. Côté: Si vous aviez eu l'esprit ouvert, M. le
député de Bourassa, vous auriez pu, au moins, en faire
mention.
M. Laplante: Vous êtes tellement acteur.
M. Côté: Je ne suis pas acteur, M. le
Président, les galées sont là pour le prouver et la
demande a effectivement été faite.
Je pense que, dans la situation actuelle au niveau des pêches, ni
l'un ni l'autre des deux ministres ne servent les intérêts des
pêcheurs qui, eux, sont des Québécois, ceux-là que
vous voulez défendre, M. le député de Bourassa, lorsque
vous intervenez. Je trouve extrêmement intéressant de voir
qu'aujourd'hui le bordel est poigné entre deux ministres qui, dans le
passé, avaient des sympathies communes, plus spécialement en
1976. C'est très intéressant. Si on veut - et je le
répète devant cette commission - être capable de mettre de
l'ordre au niveau des pêches du Québec, tant dans ce qui est de
juridiction fédérale que provinciale, il faut une volonté
politique pour régler les problèmes des deux
côtés.
Dans ce dossier, depuis le début, M. le député de
Bourassa, vous en conviendrez, l'heure n'est pas aux ententes, l'heure est
à la chicane, et déjà depuis fort longtemps,
alimentée de gestes d'un côté comme de l'autre. Il y a
très certainement, M. le député - je suis très
honnête lorsque je vous le dis - des torts des deux côtés et
je n'hésite pas du tout à condamner l'attitude
du fédéral dans ce dossier.
M. Laplante: Alors, appuyez-nous.
M. Côté: M. le député de Bourassa,
laissez-moi terminer, il vous reste encore du temps parce que 20 minutes, pour
vous, à parler des pêches, semble-t-il, cela a été
très long.
J'écoutais le ministre répondre à une question en
Chambre cette semaine. Il puisait dans ses origines les racines qu'il pouvait
tirer pour expliquer qu'il connaissait la pêche. Il parlait de son
père qui a été pêcheur et je respecte cela, le
ministre a certainement pu en tirer profit. Je suis moi-même originaire
de la Gaspésie, M. le député, vous le savez très
bien, je suis de Sainte-Anne-des-Monts. Mon père était originaire
de Cloridorme, coin que vous connaissez beaucoup. Lorsque je regardais tout
à l'heure les noms des associations de pêcheurs, en faisant le
tour, l'Anse-à-Valleau, Saint-Yvon, ce sont des coins que j'ai
fréquentés dans ma jeunesse et où je suis allé
moi-même pêcher au moment où les techniques étaient
plus artisanales qu'aujourd'hui, car il y a eu toute une évolution dans
le domaine de la pêche, avec l'apparition de chalutiers, avec des
réserves très impressionnantes de poisson au niveau du golfe
alors que les gens ont fait des cueillettes de poisson tout à fait
exceptionnelles.
Je suis originaire de ce coin et je suis particulièrement fier
d'avoir pu aider - c'est là la leçon qu'il faut tirer - les
pêcheurs côtiers de Saint-Joachim-de-Tourelle. En 1974, sous un
gouvernement libéral dont je faisais partie, j'ai eu de la
difficulté à aider des pêcheurs côtiers de
Saint-Joachim-de-Tourelle. Rappelez-vous les manifestations que ces
pêcheurs ont été obligés de faire pour avoir
justice. Des carcasses de voitures jetées au fond du fleuve pour se
défendre contre des pêcheurs hauturiers. M. le Président,
on a dû se battre pour une subvention de 5000 $ pour avoir de la glace
pour conserver le poisson de pêcheurs qui n'étaient pas reconnus
comme professionnels, mais qui étaient bénéficiaires de
l'aide sociale; à Saint-Joachim-de-Tourelle, en 1974, il n'y avait pas
un seul pêcheur professionnel.
Par la suite, avec la collaboration des fonctionnaires et de celui qui
était alors responsable des pêches, le député des
Îles-de-la-Madeleine, Louis-Philippe Lacroix, en 1976, sept bateaux
d'au-delà de 45 pieds arrivaient à Saint-Joachim-de-Tourelle et
aujourd'hui, M. le Président, tout près de 60 pêcheurs
professionnels sont de Saint-Joachim-de-Tourelle et gagnent honorablement leur
vie; ils ont un niveau de vie très intéressant. Une usine est
implantée à Saint-Joachim-de-Tourelle, les gens y transforment
leur poisson et l'expédient sur le marché américain.
Ce furent des gestes concrets et positifs, d'abord posés par le
gouvernement libéral de l'époque, avec de la difficulté,
et poursuivis, il faut le dire, par votre gouvernement au niveau de
l'implantation de l'usine. Mais pas de pêcheurs professionnels, pas
d'usine. La base était là et ce fut une collaboration de tous les
instants. Je suis extrêmement fier d'avoir collaboré à
retrancher des gens de l'aide sociale ou de "jobines", comme le premier
ministre le disait au moment de son exposé sur la relance
économique. On a sorti des gens des "jobines" pour les faire gagner
honorablement leur vie. Saint-Joachim-de-Tourelle est devenue une des places de
pêche intéressantes dans la région. D'ailleurs - le
ministre pourra le confirmer - le premier chalutier est en construction et est
peut-être même livré, à 5aint-Joachim-de-Tourelle,
à un pêcheur qui s'appelle Jean-Louis Labrie qui, avec son bateau
de 45 pieds, faisait une cueillette de 12 000 livres de turbot tous les deux
jours à 90 brasses de profondeur. Ce sont des pêcheurs qui gagnent
leur vie.
Le projet de loi 48, avec l'article 68 que vous voulez faire appliquer
le plus rapidement possible, M. le député de Bourassa, si on s'en
tient à la logique du projet de loi, obligerait ces pêcheurs
à avoir un deuxième permis, une deuxième tracasserie
administrative, ce que vous appelez dans votre langage, dans vos tribunes et
dans vos caucus des irritants. Ce serait un deuxième irritant. Je serais
intéressé de savoir ce qu'en pense le ministre
délégué aux Relations avec les citoyens, M. Lazure, lui
qui n'a qu'un seul dossier: trouver des irritants à l'intérieur
de ce gouvernement. C'en est un. Vous êtes en train d'en ajouter; c'est
ce qui fait qu'aujourd'hui vous êtes rejetés à peu
près partout. Allez-vous finir par comprendre? Si vous voulez
véritablement le bien-être des pêcheurs, si vous voulez
véritablement que la pêche progresse au Québec, c'est en
discutant que vous y arriverez.
Que De Bané disparaisse, je n'ai absolument rien contre cela si
cela peut régler le problème. Qu'il vienne un autre interlocuteur
à la table pour discuter de pêcheries, je n'ai absolument rien
contre cela. Mais il faut s'asseoir à la table et négocier sans
toujours avoir une épée de Damoclès au-dessus de la
tête. C'est ce que vous faites depuis l'ouverture de la session.
M. Laplante: J'ai une question.
M. Côté: M. le député de Bourassa,
vous vous servirez du temps de parole qui vous reste, il vous reste encore dix
minutes. Prenez des notes et posez des questions. Si vous voulez qu'on y
réponde, on va y
répondre une par une et avec plaisir, à part cela.
Si vous voulez le bien-être des pêcheurs
québécois et développer cette industrie, il faut d'abord
vous asseoir à la table et changer d'attitude, cette attitude que vous
avez depuis que nous avons recommencé à siéger en
novembre, après avoir retardé le retour du Parlement pendant un
mois parce que vous étiez à court d'idées et qu'il fallait
faire des conclaves et des voyages sur le Marie-Clarisse - sur lequel le
ministre était probablement, à la Malbaie - pour pouvoir trouver
des solutions. Le temps d'agir!
Curieusement, j'ai vu l'envoi sans adresse du député de
Bourassa qui exprimait cette volonté du gouvernement d'agir. Mais il
faut agir dans tous les domaines et principalement dans le domaine de la
pêche, au bénéfice de ceux que vous voulez défendre,
mais que vous ne défendez pas parce que vous ne les connaissez pas.
Il n'y a qu'à regarder - et je ne veux pas en faire la
nomenclature - les télégrammes qui sont entrés au bureau
du chef de l'Opposition, M. Gérard D. Levesque, et vous ferez rapidement
le tour de la côte gaspésienne; cela commence à
représenter du monde. Ce devrait être gênant un peu pour le
député de Gaspé de voir tous les télégrammes
qui sont entrés venant des municipalités qui font le tour de la
côte. Moi, je serais gêné un peu.
Donc, je n'hésite pas à dire que, s'il faut remplacer
Pierre De Bané comme responsable des pêches au
fédéral, soit; je suis prêt à appuyer cela pour
autant que le gouvernement du Québec fasse preuve de bonne
volonté dans ce domaine et s'assoie à la table pour
négocier sans avoir toujours la même idée derrière
la tête, l'idée si ardemment et si brillamment défendue en
Chambre hier par le député de L'Assomption, un des dauphins, que
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation devra
surveiller lors du prochain leadership. Il n'a pas eu peur de montrer ses
couleurs; il a véritablement parlé des motifs de
l'indépendance. Il ne pense qu'à cela. J'imagine qu'on poussera
plus loin et que, par la suite, on pourra parler de l'indépendance des
poissons, de l'indépendance de la crevette, de l'indépendance du
homard, de l'indépendance du poisson rouge. Peut-être qu'à
ce moment-là vous pourrez changer le nom du poisson rouge pour celui de
sébaste ou peut-être avoir un poisson mi-rouge mi-bleu, comme vous
êtes, ni-chair ni-poisson. Il y a de bonnes chances que cela en arrive
là.
Une autre observation du député de Bourassa. Il a fait un
retour sur le passé, en 1964, en se pourfendant, en puisant dans sa
réserve de vocabulaire pour qualifier la grandeur de l'homme qui
était premier ministre à cette époque, M. Lesage. Il en
était fier. Il a fait de très bonnes choses: entre autres, il
vous a mis au monde. Une révolution tranquille au Québec a
été faite sous sa tutelle. J'aurais aimé qu'il me parle de
son chef actuel, qui a fait partie de cette époque.
M. Laplante: II aurait fallu que je parle du vôtre et je
n'ai pas voulu le faire. (21 heures)
M. Côté: J'aurais bien aimé en entendre
parler. Je me souviens de la période de 1973-1976. Quand je fais le tour
de la table, je vois le député de Shefford, le
député de Lévis, le député de Bourassa, le
député d'Arthabaska, le député de Nicolet, le
député de Gaspé; pas un d'eux, du côté du
gouvernement, n'était autour de cette table entre 1973 et 1976. Je vous
vois regimber devant l'attitude de l'Opposition qui veut discuter en profondeur
des projets de loi et qui veut avoir des réponses. Si vous n'en avez pas
les moyens, il me ferait plaisir de vous expédier la copie qui me reste
des Débats de l'Assemblée nationale de 1973 à 1976. Il y a
très grande matière à réflexion sur l'attitude de
l'Opposition de l'époque qui était véritablement à
la solde d'autres intérêts. Comment ne pas oublier et comment ne
pas faire abstraction d'un personnage qui faisait partie de ces six menteries,
le député de Lafontaine, qui, aujourd'hui, veut servir les
intérêts du Québec à Ottawa? Cela doit vous dire
quelque chose, j'espère que vous l'appuyez. J'ai hâte de voir la
logique qu'il va y avoir. Ils ont foutu le bordel au niveau du Parlement du
Québec de 1973 à 1976 avec six députés; ils ont
bloqué systématiquement tous les travaux. Je ne voudrais que vous
rappeler 1974, M. le député de Bourassa, où les six, avec
toutes sortes de mesures discriminatoires, toutes sortes de procédures
sur le plan de l'Assemblée nationale dilatoires et à la fois
discriminatoires - ont obligé les parlementaires à revenir entre
Noël et le jour de l'An. Ça, ça va bien, ça va
très bien, Mme la marquise. C'était acceptable à
l'époque parce qu'ils n'étaient que six, ces pauvres. Au nom de
six, tout était permis. Ils étaient forts.
Une voix: Ils étaient forts.
M. Côté: Vraiment, c'est là qu'on voit que
cela s'est dilué passablement avec ce qu'on a en face de nous.
Une voix: On est six.
M. Côté: Oui, six. Donc, beaucoup de
difficultés, M. le Président.
L'attitude de l'Opposition, M. le député de Bourassa,
n'est pas toujours comme vous l'avez qualifiée. Vous auriez
peut-être dû, dans votre nomenclature, nous parler du
projet de loi 9 où il y a eu une collaboration de tous les
instants avec le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche pour
adopter le projet de loi. Je peux vous en parler en connaissance de cause,
j'étais là.
M. Laplante: Oui, il n'y avait rien qui touchait au
fédéral.
M. Côté: Absolument pas.
M. Laplante: Oui, c'est pour ça.
M. Côté: Absolument pas. Un instant! On va s'en
parler, vous voulez qu'on s'en parle, ce n'est pas fini. Ouvrez-vous les
oreilles, vous allez avoir de quoi parler pour dix minutes après. On
arrive. MLCP, si le député de Nicolet ne sait pas ce que
ça veut dire et s'il n'a pas étudié son projet de loi, il
va apprendre ce que ça veut dire. Ouvrez vos oreilles très
grandes, vous allez en avoir plein votre vue! Le projet de loi 9 où il y
a eu deux commissions parlementaires pour entendre les intervenants qui ont
débouché sur un projet de loi qui a été
modifié et qui a amené 90 amendements de la part du ministre sur
128 articles. Projet de loi complètement modifié parce que lui a
eu la clairvoyance, l'honnêteté d'entendre ceux qui avaient des
choses à dire dans ce domaine. C'est pour ça que l'Opposition n'a
pas fait un débat à n'en plus finir, parce qu'il a
consulté la base.
Quelle consultation le projet de loi 48 a-t-il eue sur le plan public?
Il aurait été intéressant d'entendre toutes ces
associations venir nous parler du projet de loi 48 du ministre. Il aurait
été très intéressant d'entendre tous ces gens qui
sont visés directement par le projet de loi 48 et plus
spécialement par l'article 68 qui vise à proclamer ce projet de
loi. Il aurait été intéressant de les entendre.
Tout comme pour le projet de loi 9, l'Opposition aurait
été extrêmement constructive à ce niveau-là
et aurait pu aider le ministre à apporter les amendements
nécessaires à bonifier le projet de loi. Mais il n'en
était pas question. Il n'en a jamais été question et c'est
pour ça que l'Opposition a donné son accord, son assentiment pour
que le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche dépose un
amendement qui lui permettait de mettre au pas le MAPAQ. Alors qu'initialement
cet amendement devait faire partie du projet de loi 48, il fait maintenant
partie du projet de loi 9.
J'aimerais que le député de Bourassa nous parle des
relations, des discussions entre le MAPAQ et le MLCP. Comprenez-vous
maintenant, M. le député de Nicolet? On en parle des poissons qui
sont visés par le projet de loi; des articles qui devaient faire partie
du projet de loi 48 font partie du projet de loi 9. Est-ce que vous comprenez
le bien entre les deux? La clairvoyance de l'un ne se retrouve pas chez
l'autre. C'est ce qui fait qu'on est encore ici et c'est ce qui fait qu'on sera
encore ici jusqu'à 22 heures et la semaine prochaine, s'il le faut, pour
être capables d'éclairer les citoyens, pour être capables de
faire entendre ceux qui vous ont élus, en particulier le
député de Gaspé. Lorsqu'on fait le tour des associations
de pêcheurs qui ont envoyé des télégrammes, calculez
le nombre de ceux qui sont dans le comté de Gaspé.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Charlesbourg, je vous demanderais de conclure, s'il vous plaît!
M. Côté: M. le Président, bien sûr, il
m'aurait fallu encore au moins une heure, parce que je parlais de
pêche.
M. Laplante: II y a du stock pas mal.
M. Côté: Mais si j'ai bien compris, on pourra
revenir tout à l'heure et compléter. Ce que je veux laisser comme
message à ce moment-ci, en conclusion, c'est que le député
de Bourassa a complètement erré lorsqu'il a parlé de
valets du fédéral puisque c'est moi-même qui ai
demandé qu'on change le ministre responsable à Ottawa, de
façon que des discussions sereines, plus efficaces soient entreprises
pour que les pêcheurs puissent tirer profit d'une loi comme
celle-là qui, normalement, est destinée non pas à les
enfarger, non pas à les écoeurer, mais à améliorer
la situation au Québec pour que ceux-ci puisent bénéficier
d'une ressource qui est la nôtre en termes de prises, de
développement et de transformation à l'usine, ce qui procure du
travail aux travailleurs d'usine, etc.
M. le Président, définitivement, ceux qui sont de ce
côté-ci sont de fiers fédéralistes; j'en suis un.
Mais lorsque le gouvernement fédéral a besoin de se faire mettre
à sa place - c'est le cas dans le domaine des pêches concernant le
ministre De Bané - je n'hésite nullement à le faire. Si,
dans d'autres domaines, ce doit être le cas, c'est avec plaisir que je le
ferai.
Le Président (M. Paré): La parole est maintenant
à Mme la députée de Chomedey.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: M. le Président, avant l'ajournement de 18
heures, on discutait du nombre de personnes qui connaissaient bien le projet de
loi ou qui ne le connaissaient pas, de ceux qui étaient d'accord ou non
avec le projet de loi. Le ministre semblait nous dire que tout le monde
était d'accord avec son projet de loi 48, tel que
présenté.
J'ai devant moi des copies de télégrammes qui sont tout
à fait contraires à ce que le ministre nous affirmait. J'aimerais
vous lire ici un télégramme du ministre des Pêches et du
Travail de Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard, qui dit: "I am
communicating with you as Minister of Fisheries for the province of Prince
Edward Island concerning your intent, as we perceive it, to impose an
additional provincial fishing licence for fishermen fishing in waters adjacent
to your province." Et cela continue, M. le Président. On nous dit qu'on
ne pense pas que les pêcheurs veulent avoir un permis pour chacune des
cinq provinces de l'Est pour continuer à gagner leur vie. On demande,
à la fin: "I hope that you and your colleagues will re-evaluate your
thinking and your plan, one that, we feel, could have serious repercussions on
the fishing industry in Eastern Canada." Je pense qu'il est clair et net que
c'est un avis au ministre d'une opposition qui est fort valable au projet de
loi 48.
Il y a aussi des groupes de pêcheurs, des associations de
pêcheurs qui ont fait connaître leur opposition au projet de loi et
qui demandent aux députés qui siègent en cette Chambre de
prendre leur défense et leur intérêt et de tenter de faire
comprendre au ministre qu'ils s'opposent à ce projet de loi. Je vais en
nommer, M. le Président. Il y a l'Association des pêcheurs
côtiers de Forillon, l'Association des pêcheurs côtiers de
L'Anse-au-Griffon, l'Association des pêcheurs côtiers de
Saint-Yvon, l'Association des pêcheurs côtiers de
L'Anse-à-Valleau, l'Association nouvelle vague, l'Association des
pêcheurs côtiers de Saint-Godefroi, l'Association des
pêcheurs côtiers de Port-Daniel. Ce n'est pas fini, M. le
Président: il y a l'Association des pêcheurs côtiers de
Grande-Rivière, l'Association des pêcheurs côtiers de
Gaspé-Est, l'Association des pêcheurs côtiers de
Rivière-au-Renard, l'Association des pêcheurs côtiers de
Grande-Vallée, l'Association des pêcheurs côtiers de
Mont-Louis. Il y en a d'autres, M. le Président, ce ne sont pas les
seules.
M. Garon: Vous me direz cela la semaine prochaine. Vous allez
comprendre ce que je préparais.
Mme Bacon: II y en d'autres aussi, le Regroupement des
pêcheurs de Les Méchins qui écrit ceci: Le projet de loi 48
sur l'émission d'un deuxième permis de pêche pour les
pêcheurs qui utilisent des engins fixes et, par surcroît, qui
contraint les pêcheurs à verser un montant d'argent
supplémentaire pour l'acquisition de ce deuxième permis
provincial est inacceptable. Nous vous demandons de nous aider à
retarder l'adoption de ce projet de loi afin que nous soyons entendus à
la commission parlementaire. C'est aussi un groupe important, M. le
Président.
Il y a une autre association de pêcheurs côtiers de Newport
qui s'oppose aux projets de loi 48 et 49 et qui demande d'être entendue
en commission parlementaire.
M. Garon: Port-Daniel.
Mme Bacon: Le syndicat des employés des pêcheries de
Newport et de Rivière-au-Renard exige que l'adoption du projet de loi
soit retardée au moins de trois mois et s'oppose à ce projet de
loi en disant: Nous voulons nous faire entendre en commission parlementaire. Il
y en a encore un autre ici du ministre des Fisheries for Nova Scotia qui
s'oppose aussi au projet de loi. Je vous ferai grâce de vous lire la
copie du télégramme. Il y a l'Association coopérative des
pêcheurs de l'île Ltée qui écrit au premier ministre
et qui demande aussi d'être entendue et de retarder même l'adoption
du projet de loi 48.
Je pense qu'il faut, quand même, que ce gouvernement soit
décroché d'une partie de la population. C'est presque triste
à voir et à constater que, lorsque les ministres nous
présentent un projet de loi, ils sont peu ou pas à
l'écoute de la population qu'ils servent. Ils sont
décrochés complètement, M. le Président. S'ils
étaient à l'écoute de cette population, ils auraient
entendu ses demandes, ils auraient surtout écouté et
cherché à traduire dans un projet de loi les aspirations et les
demandes de cette partie de la population qui est touchée par le projet
de loi.
À l'article 68, on dit que la loi "entrera en vigueur à la
date fixée par la proclamation du gouvernement, à l'exception des
dispositions exclues par cette proclamation, lesquelles entreront en vigueur
à une date ultérieure fixée par proclamation du
gouvernement." Je demanderais au ministre de reconsidérer l'article 68,
d'attendre avant d'adopter son projet de loi et de rencontrer encore des
groupements. Une fois qu'il aura été à l'écoute de
la population, il en retardera l'adoption et il pourra corriger sensiblement
son projet de loi
Je pense, M. le Président, que nous faisons notre travail comme
Opposition. Cela dérange, évidemment, les gens du gouvernement,
mais nous sommes là pour représenter la population qui n'a pas de
voix ici et qui est loin d'être entendue. Elle n'est seulement pas
écoutée. Je pense que nous ne ferions pas notre travail de
député si nous ne faisions pas connaître au ministre notre
opposition à ce projet de loi et si nous ne représentions pas ici
cette partie de la population qui demande au ministre de retarder l'adoption de
ce projet de loi et d'être entendue. (21 h 15)
M. le Président, j'écoutais tout à
l'heure avec beaucoup d'attention le député de Bourassa.
Même s'il n'a pas utilisé complètement son droit de parole,
des choses qu'il nous a dites nous font un peu sursauter. Je ne sache pas que
l'Opposition soit à la solde de qui que ce soit. Je pense que, de plus
en plus le Parti québécois sera très vulnérable
lorsqu'il parlera de nos grands frères d'Ottawa, parce que lui aussi a
un frère: il se promène dans toute la province, et veut
siéger au gouvernement fédéral. Ce frère, il a un
salaire payé par les Québécois pour se promener. Ce n'est
pas pour cela que les Québécois l'ont élu et ce n'est pas
pour cela que le comté de Lafontaine l'a élu. Ce n'est pas pour
cela que les Québécois lui paient son salaire de
député provincial. S'il avait la décence de
démissionner, pour faire campagne - puisque c'est ce qu'il veut faire -
à un autre niveau de gouvernement, je pense qu'il démontrerait
une meilleure volonté, une meilleure probité. De moins en moins,
M. le ministre et les députés du parti ministériel
pourront utiliser cet argument qui, pour eux en est un de dernière
ressource, je pense, en parlant de nos grands frères d'Ottawa.
Pour ma part, je n'ai pas besoin des gens d'Ottawa pour me faire
élire dans mon comté, comme je n'en aurai pas besoin la prochaine
fois. Je n'ai pas besoin de me faire dire quoi faire et quoi dire. Si j'avais
voulu faire de la politique fédérale, je me serais
présentée au fédéral. J'ai décidé de
servir le Québec comme mes collègues du Parti libéral
à l'Assemblée nationale. C'est à ce titre que je
siège ici et à l'Assemblée nationale.
On a vu, ces derniers jours, la démocratie battue en
brèche. C'est inquiétant. Si nous ne sommes pas capables de faire
notre travail dans les commissions parlementaires, quel grand mot que cette
réforme parlementaire! J'ai la possibilité de siéger au
Bureau de l'Assemblée nationale, mais cela deviendra une farce de
siéger au Bureau de l'Assemblée nationale et de se voir dicter
des gestes à poser par l'exécutif. On a fait adopter des lois
dans cette Chambre pour améliorer le Parlement. On est en train de
saboter petit à petit la démocratie qui semblait vouloir y
régner avec la bonne volonté des deux partis en cause. Si nous ne
disions pas au ministre, ce soir, qu'il devrait retarder l'adoption de son
projet de loi, nous ne ferions pas notre travail. Donc, quoi qu'en disent les
députés ministériels et le ministre, nous allons continuer
à faire ce travail jusqu'à la fin de cette séance.
Le Président (M. Paré): Vous avez terminé,
madame? Oui, M. le député de Papineau.
M. Mark Assad
M. Assad: Oui, ça va être très court, sur
l'article 68. Évidemment, dans ce projet de loi qui est rendu à
la dernière étape, la problématique était de
corriger l'instabilité qui existait dans l'industrie de la pêche.
Vous avez défini un objectif. C'était assez subjectif,
étant donné les critiques que vous avez eues. La question que je
voudrais vous poser est la suivante: Quels mécanismes avez-vous pour
évaluer, disons, le succès ou l'échec de votre projet de
loi? Deuxièmement, est-ce que vous voyez la possibilité, d'ici
à un an, d'être obligé d'apporter des amendements ou de
faire des corrections dans l'application de votre loi?
M. Garon: Je ne vois pas d'amendement pour le moment.
M. Assad: Non, je parle d'ici à un an, est-ce que vous
avez prévu la possibilité d'être obligé de faire des
changements? Ce n'est pas un problème simple. Vous avez certainement
envisagé que, d'ici à un an, il y aurait peut-être des
correctifs à apporter. Non? Du tout?
Le Président (M. Paré): Vous avez
terminé?
M. Assad: C'est sa réponse.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Viger.
M. Maciocia: Oui, M. le Président. J'ai encore six
minutes?
Le Président (M. Paré): Oui.
M. Maciocia: Parfait. C'est encore sur l'article 68 du projet de
loi 48. Cela m'étonne, mais, en réalité, je devrais dire
que cela ne m'étonne pas. J'écoutais, tantôt, le
député de Bourassa qui disait - et je voudrais la confirmation du
ministre là-dessus - que les deux tiers des articles ont
été adoptés à l'unanimité, que seulement le
tiers des articles ont été adoptés sur division. Depuis
mon départ du salon rouge, pendant qu'on discutait justement
article par article ce projet de loi, vous auriez adopté tous les
articles subséquents à l'unanimité. Je ne pourrai jamais
croire qu'il y a eu les deux tiers des articles qui ont été
adoptés à l'unanimité. Est-ce que le ministre pourrait au
moins me renseigner, car je n'ai pas été présent à
toutes les séances? Est-ce qu'elle est vraie, l'affirmation faite par le
député de Bourassa, disant que les deux tiers des articles ont
été adoptés à l'unanimité? Ne serait-ce pas,
plutôt, que 80% ou 90% des articles ont été adoptés
sur division?
M. Garon: Je ne tiens pas ce genre de statistiques.
M. Maciocia: Vous ne les gardez pas. Mais, vous ne pouvez pas
confirmer ni infirmer l'affirmation du député de Bourassa. C'est
cela?
M. Garon: Non.
M. Maciocia: Apparemment, il tient ces
statistiques-là.
M. Garon: Lui tient peut-être ces statistiques, mais pas
moi.
M. Maciocia: Est-ce que vous lui faites confiance?
M. Garon: Oui, normalement.
M. Maciocia: Comme cela, vous acceptez son affirmation.
M. Garon: Je l'ai entendue.
M. Maciocia: Vous l'avez entendue. Parfait. Cela démontre
encore - c'est cela que je voulais dire - que ce gouvernement n'a même
pas d'amour-propre, qu'il est là pour dire des mensonges sur n'importe
quel sujet, à n'importe quel moment, n'importe comment, quand on sait
pertinemment qu'au-delà de 80% des articles ont été
adoptés sur division. Cela prouve encore exactement, s'il y avait encore
besoin de le prouver, que ces gens-là, spécialement le
député de Bourassa... Entre parenthèses, il ne sera pas
là la prochaine fois, vous pouvez en être sûr parce que je
vais m'en occuper personnellement, de ce comté. Jamais on ne pourra
permettre à un comté aussi, je dirais, dynamique, aussi
respectueux, d'avoir un député qui n'a pas le sens de ses
responsabilités, le sens de représenter ses électeurs et
ses concitoyens de la façon dont il devrait le faire.
M. le Président, l'artice 68 du projet de loi 48, on ne devrait
pas l'adopter - je l'ai même dit en commission parlementaire au salon
rouge - parce que le ministre devrait accepter, une fois pour toutes, de
rencontrer tous les pêcheurs et toutes les associations. On a reçu
des télégrammes - je ne sais pas si le ministre en a reçu
également - de gens qui sont contre ce projet de loi. Pourquoi le
ministre refuse-t-il systématiquement de recontrer ces gens? Comme je le
disais tantôt, sur le projet de loi 38, le ministre des Affaires
municipales a refusé carrément de rencontrer les gens des
municipalités, les élus municipaux; il y a pourtant 1600
municipalités au Québec. C'est la même chose ici: le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation refuse
systématiquement de rencontrer les gens, de tenir une commission
parlementaire pour qu'on connaisse les choses qu'ils ont à nous
proposer.
Tantôt, le député de Charlesbourg nous disait que le
projet de loi 9 a été modifié dans 80% des articles. Il y
a eu des amendements à 80% des articles parce qu'on a eu deux
commissions parlementaires au cours desquelles on a écouté les
gens qui avaient des représentations à faire. On les a
écoutés. Le ministre a été attentif aux
représentations qui ont été faites par ces gens et il a
modifié son projet de loi. Pourquoi le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation refuse-t-il de rencontrer ces gens? Est-ce
parce qu'il se considère plus haut que ces gens du milieu, ces gens qui
chaque jour devront vivre avec un projet de loi comme cela? Ce sont ces
gens-là qui subissent les conséquences du projet de loi. Ce n'est
pas le ministre parce que je ne crois pas qu'il fasse de la pêche. Parce
que, s'il mangeait plus de poisson et faisait un peu de pêche...
Une voix: C'est un grand pêcheur de saumon.
M. Maciocia: ...il serait... Vous comprenez ce que je veux dire
par là.
Une voix: C'est un fils de pêcheur.
M. Maciocia: Mais il n'en a jamais fait. Il faut, à un
certain moment, que ces gens soient mis au courant, qu'ils soient au courant de
la situation, qu'ils soient au courant des implications du projet de loi.
Pourquoi ne pas dire: On est là, on veut vous écouter, on veut
écouter les représentations que vous avez à nous faire, on
veut savoir ce que vous avez à nous dire? Non, le ministre connaît
tout, il sait tout et il connaît aussi les revendications de ces gens.
Pourtant, des télégrammes sont envoyés à profusion
au chef de l'Opposition lui demandant de faire tout ce qui est possible pour
bloquer un projet de loi qui n'a aucun sens. Le projet de loi, c'est, encore
une fois, une querelle stérile entre deux ministres. Je l'ai dit quand
j'ai parlé en Chambre: Pour les pêcheurs québécois,
le mieux serait que les deux ministres disparaissent, qu'ils
démissionnent. Eh bien, faites-le! Je serais le premier à dire au
ministre fédéral des Pêches de démissionner, mais,
en même temps je vous le demanderais si vous n'avez pas le respect des
pêcheurs québécois. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Est-ce qu'il y a quelqu'un
d'autre qui veut prendre la parole?
M. Lincoln: J'ai envie de proposer des amendements à
l'article 68.
M. Côté: N'était-ce pas le
député de Bourassa qui n'avait pas écoulé son
temps?
M. Maciocia: Celui de Gaspé.
Le Président (M. Paré): Un instant! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Côté: On peut le prendre, M. le Président,
s'il n'est pas capable de le remplir.
M. Maciocia: Est-ce qu'on peut prendre les dix minutes du
député de Bourassa, M. le Président?
Le Président (M. Paré): Non, vous ne pouvez pas
prendre les dix minutes des autres et j'aimerais aussi rappeler au
député de Nelligan, que le temps qui lui était
alloué a été largement dépassé.
M. Lincoln: D'accord, je vais laisser la parole à M. le
député de Papineau qui va proposer les amendements.
M. LeMay: Est-ce qu'il est capable de faire ça?
M. Côté: Est-ce que le député de
Gaspé pourrait être à sa place, s'il veut intervenir de
manière aussi brillante qu'il le fait actuellement?
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est maintenant à M. le député de
Papineau.
Motion d'amendement
M. Assad: Premièrement, que l'article 68 soit
modifié en biffant tous les mots à la deuxième ligne
après le mot "gouvernement"; deuxièmement, en ajoutant
l'alinéa suivant: "Avant la proclamation de celle-ci, le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation convoquera une
commission parlementaire afin d'entendre les représentations des
personnes et des organismes intéressés dans la présente
loi. "Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
doit, au plus tard le 31 décembre 1984 et par la suite tous les trois
ans, faire rapport à l'Assemblée nationale sur la mise en oeuvre
de la présente loi, sur l'opportunité de la maintenir en vigueur
et de la modifier le cas échéant. Ce rapport est
déposé dans les quinze jours suivants devant l'Assemblée
nationale du Québec si elle siège ou, si elle ne siège
pas, auprès de son président. Le président convoque, dans
un délai d'un an à compter du dépôt du rapport, la
commission appropriée de l'Assemblée nationale pour
étudier l'opportunité de maintenir en vigueur ou, le cas
échéant, de modifier la présente loi et entendre, à
ce sujet, les représentations des personnes et organismes
intéressés." (21 h 30)
Des voix: Non, non.
M. Assad: "Le gouvernement doit établir, dans les trois
mois suivant la date de l'adoption de la présente loi, un calendrier
d'entrée en vigueur et de la prise d'effet des dispositions de la
présente loi. Ce calendrier est déposé dans les quinze
jours de son adoption devant l'Assemblée nationale du Québec si
elle siège ou, si elle ne siège pas, auprès de son
président."
Le Président (M. Paré): Alors, M. le
député, vous comprendrez que j'aimerais avoir l'amendement par
écrit. Je vais vous demander votre attention pour le relire. Alors,
l'amendement est le suivant: "Que l'article 68 soit modifié,
premièrement, en biffant tous les mots à la deuxième
ligne, après le mot "gouvernement"; deuxièmement, en ajoutant
l'alinéa suivant...
M. Lincoln: Les alinéas.
Le Président (M. Paré): ...les alinéas
suivants: "Avant la proclamation de celle-ci, le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation convoquera une commission parlementaire
afin d'entendre les représentants...
M. Lincoln: Les représentations.
Le Président (M. Paré): ...les
représentations des personnes et des organismes intéressés
dans la présente loi. "Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation doit, au plus tard le 31 décembre 1984 et par la
suite tous les trois ans, faire rapport à l'Assemblée nationale
sur la mise en oeuvre de la présente loi, sur l'opportunité de la
maintenir en vigueur et, le cas échéant, de la modifier. Ce
rapport est déposé dans les quinze jours suivants devant
l'Assemblée nationale du Québec si elle siège ou, si elle
ne siège pas, auprès de son président."
À l'ordre, s'il vous plaît! "Le président convoque,
dans un délai d'un an à compter du dépôt du rapport,
la commission appropriée de l'Assemblée nationale pour
étudier l'opportunité de maintenir en vigueur ou, le cas
échéant, de modifier la présente loi et entendre, à
ce sujet, les représentations des personnes et organismes
intéressés. "Le gouvernement doit établir, dans les trois
mois suivant la date de l'adoption de la présente loi, un calendrier
d'entrée en vigueur et de la prise d'effet des dispositions de la
présente loi. Ce calendrier est déposé dans les quinze
jours de son adoption devant l'Assemblée nationale du Québec si
elle siège ou, si elle ne siège pas, auprès de son
président."
Est-ce qu'il y a des gens qui veulent intervenir sur la
recevabilité de cette motion?
M. Maciocia: C'est tellement recevable, M. le Président,
que je ne crois pas que cela prenne des motivations pour justifier la
recevabilité de cette motion.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, je pense que la motion est non
recevable parce qu'elle dénature toute la mise en oeuvre du projet de
loi tel qu'il a été conçu par le gouvernement. Elle aurait
pour effet d'empêcher la mise en oeuvre de la loi. Je pense que, pour ce
motif, le projet de loi perdrait véritablement sa signification. Je ne
pense pas que l'Opposition puisse présenter un amendement qui aurait
pour effet, dans son dernier article portant sur la proclamation, de rendre le
projet de loi inopérant, à toutes fins utiles.
M. Côté: M. le Président, sur la
recevabilité...
Le Président (M. Paré): M. le député
de Charlesbourg.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté: Je pense que le ministre a fait un effort
valable pour tenter d'arrêter les travaux de cette commission. Le
ministre a, d'abord, dit que l'amendement déposé par le
député de Papineau, qui est un connaisseur dans le domaine de la
pêche, dénature le projet conçu par le gouvernement. M. le
Président, étant vous-même une personne qui vient d'une
région où il y a de la pêche sportive, vous serez à
même de considérer que les amendements ne dénaturent
absolument pas le projet de loi du gouvernement mais visent à pousser la
consultation plus loin de façon que le ministre soit plus
éclairé et là puisse changer les éléments
qu'il y aurait à changer à l'intérieur du projet de loi.
Donc, le ministre erre, quand il affirme que les amendements
déposés par le député de Papineau dénaturent
le projet de loi.
Deuxièmement, il dit: Cela vise à en empêcher la
mise en oeuvre. C'est absolument faux parce qu'à l'intérieur
même de l'article 68 le ministre préserve la prérogrative
du gouvernement d'appliquer le projet de loi par étapes selon son bon
vouloir. Je pense que les deux points que le ministre vient d'invoquer pour
nous dire que la motion d'amendement déposée par le
député de Papineau est irrecevable sont des arguments tout
simplement irrecevables.
Le Président (M. Paré): Est-ce que d'autres
personnes veulent se faire entendre sur la recevabilité? Sur la
recevabilité, M. le député de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: Sur la recevabilité de la motion du
député de Papineau. D'abord, je ne suis pas du tout d'accord avec
le ministre que la motion n'est pas recevable. Le ministre lui-même a
inclus dans l'article 68 une flexibilité quant à la date
fixée pour la proclamation de la loi par le gouvernement. Il se laisse
même des exceptions; "à l'exception des dispositions exclues par
cette proclamation, lesquelles entreront en vigueur à une date
ultérieure fixée par proclamation du gouvernement".
Ce que nous voulons faire avec les changements que nous avons
apportés, c'est signifier, comme nous l'avons demandé au ministre
déjà, que la présente loi entrera en vigueur à la
date fixée par proclamation du gouvernement, ne lui laissant pas la
latitude d'avoir des exceptions et de proclamer des parties de la loi quand bon
lui semblera, selon ses propres critères sans qu'on ait aucun
contrôle. Deuxièmement, cela demande au ministre, ce qui est tout
à fait dans le même cadre, avant la proclamation de la
présente loi, d'entendre les personnes intéressées. Je ne
vois pas ce qui n'est pas recevable là-dedans et qui ne coïncide
pas avec le cadre de la loi, d'entendre les personnes intéressées
par cette loi, qui ont indiqué, en grand nombre, le désir de se
faire entendre. Cela a été la pensée commune de tous ces
gens qui sont intervenus, qui sont des gens du milieu, qui sont directement
concernés par la loi.
La troisième chose que nous voulons faire, c'est selon les lois
mêmes du gouvernement. Je me souviens très bien, lorsque je
m'occupais du secteur de l'environnement, qu'il y avait eu toute une discussion
là-dessus. On voit cela aussi dans le projet de loi 65, qui demande au
gouvernement de faire un rapport sur la mise en oeuvre d'une loi, sur
l'opportunité de la maintenir en vigueur et, le cas
échéant, de la modifier, et on donne les procédures qui
sont adoptées pour la déposition de ce rapport. Je pense que ceci
bonifierait le projet; cela n'entrave en rien le processus de sa proclamation,
le processus de la mise en vigueur de la loi. Tout ce que cela demande au
ministre, c'est de faire un rapport après la proclamation de la loi pour
la modifier s'il y a lieu.
Est-ce que je peux emprunter cela pour une minute, s'il vous
plaît?
M. Maciocia: M. le Président, sur une question de
règlement, est-ce que je peux vous en demander une copie?
Le Président (M. Paré): Je pense que la
première chose qu'on va faire, on va suspendre les travaux pour quelques
minutes, le temps de le faire dactylographier et d'en
remettre une copie à chacun des membres. M. Lincoln: Ce
serait très important.
Le Président (M. Paré): Les travaux sont suspendus
pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 40)
(Reprise de la séance à 22 h 4)
Le Président (M. Paré): Cela me prendrait le
consentement pour pouvoir poursuivre. On n'a pas le consentement?
Des voix: Non.
Le Président (M. Paré): Donc, la commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 4)