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(Vingt heures quarante minutes)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre! La
commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation reprend
ses travaux pour l'étude article par article du projet de loi 48.
Nous étions rendus à l'article 10.
Pêcheries commerciales
M. Lincoln: On n'a pas voté l'article 10, n'est-ce
pas?
Le Président (M. Brouillet): On m'a dit que vous n'aviez
pas voté encore l'article 10. Alors, est-ce que vous avez suffisamment
discuté de l'article pour être prêts à voter?
M. Lincoln: Est-ce que je peux me référer à
mon dossier?
Le Président (M. Brouillet): Oui. M. le
député de Nelligan, s'il vous plaît.
M. Lincoln: Oui, on peut voter l'article 10.
Une voix: Est-ce que vous...
M. Garon: La commission n'est pas encore commencée.
Une voix: Excusez, M. le Président...
M. Lincoln: Bien, appelez l'article 10, on va voter l'article
10.
Une voix: ...je ne crois pas que vous l'ayez.
M. Garon: Est-ce qu'on était rendu à l'article 10
ou à l'article 11?
M. Lincoln: Non, l'article 10.
Le Président (M. Brouillet): Excusez, s'il vous
plaît, nous devons vérifier un peu la liste. Monsieur, vous
n'êtes pas sur la liste, je crois.
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez mettre...
M. Garon: Vous avez le coeur rouge, mademoiselle.
Une voix: Un coeur qui saigne.
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Si vous voulez, nous allons suspendre quelques minutes.
(Suspension de la séance à 20 h 43)
(Reprise de la séance à 20 h 49)
Le Président (M. Brouillet): La commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation reprend ses travaux. Je
dois mentionner que M. Maciocia (Viger) remplace M. Mathieu (Beauce-Sud).
Une voix: Ah! Ah!
Le Président (M. Brouillet): Nous en étions
à l'article 10. Je crois que le député de Nelligan avait
des commentaires à faire sur l'article 10.
M. Lincoln: On ne se souvient pas, parce qu'on n'a pas encore eu
les épreuves, où on s'était arrêté dans
l'article 10. On dit à l'article 10: "Le concessionnaire doit payer au
ministre la redevance fixée par règlement." Encore une fois, le
règlement. On a demandé au ministre de situer ce dont il parle,
quel sera le coût additionnel pour les pêcheurs, quelles
catégories de pêcheurs vont être impliquées, ce qui
va arriver du dédoublement de permis par rapport aux pêcheurs des
autres provinces, ce qui va arriver par rapport aux pêcheurs du
Québec. "Il (le concessionnaire) doit, dans l'exercice de ses
activités, utiliser et fournir au ministre les livres, registres et
autres documents déterminés par règlement." Nous, on dit
que c'est une affaire de dédoublement de permis.
Une voix: Ah oui?
M. Lincoln: C'est encore une affaire de tracasserie
bureaucratique pour les pêcheurs que le ministre appelle les
concessionnaires. On ne sait pas du tout comment cela va se situer. On ne sait
pas du tout dans quels paramètres, selon quels critères. On est
fondamentalement opposés à l'article 10.
M. Maciocia: On nous apprend que, probablement, on va vous laver
encore une fois dans les deux comtés de Jonquière et de
Mégantic-Compton.
Le Président (M. Brouillet): Si vous voulez, nous allons
revenir à l'article 10.
M. Garon: Ce qui est important, ce n'est pas de gagner les
partielles, mais les générales.
Des voix: Ah!. Ah!Ah!.l
M. Lincoln: Oui, on sait cela. Cela va venir, cela va venir.
Attendez votre tour.
M. Maciocia: Celle de Jonquière.
Le Président (M. Brouillet): Bon, alors, si vous voulez,
nous allons revenir à l'article 10. On aura tout le loisir après
minuit de discuter du résultat des élections partielles. M. le
ministre, est-ce que vous avez des réactions aux commentaires du
député de Nelligan?
M. Garon: Je dois dire d'abord, M. le Président, que
j'aurais aimé être là à 20 heures, mais j'assistais
à une conférence fédérale-provinciale sur les
pêches, justement, à Ottawa. J'ai dû quitter la
conférence avant la fin pour essayer d'être ici à temps,
mais nous sommes arrivés quand même un peu en retard. C'est
vraiment involontaire parce qu'entre le plaisir de rencontrer la loyale
Opposition de Sa Majesté à Québec et le plaisir de
rencontrer la future Opposition à Ottawa je préfère celle
de Québec.
Par ailleurs, je constate que le député de Beauce-Sud a
subi une rétrogradation; tranquillement, il sort du dossier de
l'agriculture et des pêches. C'est malheureux parce que c'était un
homme de bonne volonté dans le secteur.
M. Lincoln: M. le Président, est-ce que je peux demander
ce que cela a à voir avec l'article 10?
Le Président (M. Brouillet): Oui, oui.
M. Lincoln: J'ai fait des commentaires sur l'article 10, sur le
double permis que les pêcheurs ont à payer, sur toute la
tracasserie bureaucratique, sur le fait même que cet article 10 impose
encore des contraintes à des gens dans un milieu
défavorisé. Et le ministre nous parle du député de
Beauce-Sud. On pourrait discuter de son cas peut-être un autre jour. Pour
le moment, si on pouvait revenir à l'article 10 et situer le cas des
pêcheurs. C'est cela qui nous intéresse.
Le Président (M. Brouillet): Oui, alors M. le ministre, si
vous voulez aborder le sujet de l'article 10, en réponse au...
M. Garon: Je n'ai pas voulu faire de commentaire avant d'avoir la
parole, M. le Président, je n'avais pas la parole. Maintenant, il faut
dire qu'à l'article 10... J'ai dit à plusieurs reprises au
député de Nelligan, je peux le répéter autant de
fois ou je peux faire comme les nouveaux téléphones, avoir un
piton qui répète le dernier numéro...
M. Lincoln: Pas la même chose que vous avez dite
déjà.
M. Garon: Voici la réponse et chaque fois que vous allez
me poser la question, cela va être la même réponse. Avant
1922, il y a eu, en 1920, un jugement du Conseil privé de Londres, qui
référait à d'autres jugements antérieurs, et qui
expliquait que dans le secteur des pêches, le droit de pêche, ou la
réglementation sur les pêches n'était pas un droit exclusif
du gouvernement fédéral, dans le sens qu'on ne pouvait pas
être entendu en dehors des autres attributions juridictionnelles du
Québec. De sorte qu'en vertu du droit de propriété, le
gouvernement du Québec ou l'Assemblée nationale du Québec
plus précisément a le droit de légiférer dans les
secteurs constitutionnels qui sont de sa juridiction. C'est d'ailleurs dans la
sagesse des gens du temps, qui a duré jusqu'au 8 juillet 1983, qu'il y a
eu une entente pendant 61 ans qui a fonctionné entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement de Québec. Et comme vous avez
pu le constater - c'est peut-être ce qui fait que le député
de Nelligan est de mauvaise humeur - l'entente n'a pas été
cassée par ce que vous appelez le gouvernement séparatiste de
Québec, mais par le gouvernement fédéraliste d'Ottawa. De
façon unilatérale, il a décidé de casser l'entente
qui fonctionnait depuis 61 ans, parce que M. De Bané, de son propre chef
mais plutôt sous la direction de son chef actuel, ou les deux ensemble
n'ont pu supporter plus longtemps une entente qui durait depuis 61 ans. C'est
ce qui fait qu'aujourd'hui, nous nous trouvons dans la situation ante 1922 et
nous devons occuper les droits du Québec. Alors, ici, jusqu'à
maintenant - c'est là la raison du paragraphe 2, sur lequel s'interroge
le député de Nelligan, quand on dit que le concessionnaire "doit,
dans l'exercice de ses activités, utiliser et fournir au ministre les
livres, registres et autres documents déterminés par
règlement", ceci veut dire, au fond, que le concessionnaire devra
fournir des renseignements et donner accès aux renseignements auxquels
nous aurons besoin.
Dans l'état actuel des choses, on a accès à ces
documents ou à ces données, parce que c'est le gouvernement du
Québec qui finance les bateaux des pêcheurs, qui subventionne la
construction des bateaux, qui
prête pour les constructions nouvelles ou pour les
réparations, qui paie 50% des primes d'assurance, qui subventionne les
agrès, etc. Les paiements, la plupart du temps, sont faits selon le
pourcentage des prises des pêcheurs. La façon de faire les
paiements, par rapport aux entreprises, c'est en partie en vérifiant les
prises des pêcheurs, parce que les paiements se font selon le pourcentage
de ces prises.
Qu'est-ce qui a fait qu'il y aura possiblement d'autres documents...
peut-être pas si on est capable de s'entendre avec le gouvernement
fédéral au moins là-dessus. S'il n'y a pas moyen de
s'entendre, nous aurons besoin de ces données pour les activités
administratives du ministère. Si un pêcheur estime qu'il n'a pas
besoin des subventions du gouvernement du Québec et qu'il peut
s'organiser avec le gouvernement fédéral, à ce
moment-là, on aura beaucoup moins de renseignements à lui
demander.
M. Lincoln: Vous voyez, M. le Président, le ministre a dit
qu'il allait pousser son petit bouton et répéter la même
chose. Moi aussi, je vais pousser mon petit bouton parce que je pense qu'il n'a
pas écouté ce qu'on lui a dit déjà. Il parle de
l'entente de 1922. En 1922, c'était très clair, le Québec
octroyait des permis. Le gouvernement fédéral octroyait des
permis, c'est vrai, il y avait un double système de permis. Dans le cas
des permis du Québec, cela avait trait à des engins de
pêche fixés au sol.
Maintenant, dans cette loi 48, le ministre va beaucoup plus loin que
cela. Tout d'abord, il parle de fixer au sol et de déposer sur le sol.
Deuxièmement, il parle d'un territoire qu'il ne définit pas. Il
parle de limites de territoire qu'il ne définit pas du tout dans sa loi.
Nous devrons lui reposer des questions par rapport aux pêcheurs
terre-neuviens et aux pêcheurs du Nouveau-Brunswick qui viennent
pêcher en haute mer, qui viennent pêcher au large de Blanc-Sablon,
au large des Îles-de-la-Madeleine, qui viennent pêcher, par
exemple, dans la Baie des Chaleurs.
On lui a demandé: Est-ce que vous allez délimiter les
concessions territoriales sous la mer, sur le lit même de la mer? Il m'a
répondu qu'en effet il allait délimiter des concessions
territoriales. Je lui ai posé des questions. Je lui ai dit: Dans la baie
des Chaleurs, quand les pêcheurs du Nouveau-Brunswick arrivent, où
placez-vous la limite? Est-ce que la limite se partage dans le milieu de la
baie des Chaleurs? Est-ce vous qui décidez? Dans les concessions que
vous allez octroyer dans le fond de la mer, qu'arrive-t-il à un
pêcheur qui n'a pas de permis du Québec et qui va pêcher
dans ladite concession du ministre? Qu'arrive-t-il à un pêcheur du
Nouveau-Brunswick qui va y pêcher? Qu'arrive-t-il à un
pêcheur d'ailleurs qui va y pêcher? Qu'arrive-t-il du fait que le
pêcheur du Nouveau-Brunswick pour se contenter d'un seul permis
fédéral et que le pêcheur du Québec devra avoir
double permis, un du Québec et un du gouvernement fédéral?
Qu'arrive-t-il, par exemple, au pêcheur de Terre-Neuve qui va
pêcher au large de Blanc-Sablon? Est-ce que le Québec peut lui
imposer un permis du Québec? Le ministre m'a dit oui.
Toute cette question va beaucoup plus loin que la situation qui
était en vigueur avant l'entente de 1922, beaucoup plus loin, parce que
le ministre, maintenant, s'aventure. Le territoire, d'après lui, va en
pleine mer. Il n'a pas pu nous dire, il n'a pas situé les limites, il
n'a pas situé la cartographie, il n'a pas situé l'étendue
du territoire. En fait, il nous a confirmé qu'il ne veut pas le faire.
Il veut laisser la question floue, justement, pour qu'il n'y ait pas de bagarre
de juridiction. Mais, en laissant la question tout à fait ouverte, cela
va créer même une contestation juridique. (21 heures)
Par rapport à l'article 10 qui s'enchaîne sur les articles
8 et 9, et tous les autres qui ont trait à cette double émission
de permis, il nous dit qu'il va fixer le coût des permis par
concessionnaire, par règlement. On lui dit: Qu'est-ce que cela va
être pour les pêcheurs? Quel effet cela aura-t-il pour les gens qui
se servent de ces concessions? Qu'est-ce qui va arriver lorsque des gens iront
voir un avocat qui leur dira: Écoutez, avec un permis
fédéral, vous êtes tout à fait justifiés
d'aller pêcher n'importe où dans la baie des Chaleurs ou dans le
golfe, et que le ministre, lui, pensera autrement? Qu'est-ce qui se passera? Il
n'a jamais répondu à cela. Il dit: Bon, je vais vous
répéter la même chose, à savoir que nous avons des
juridictions. Mais la juridiction que vous réclamez de par la loi 48
maintenant va beaucoup plus loin que la juridiction dont le Québec se
réclamait avant 1922. C'est une tout autre affaire. D'abord, on parlait
des engins fixés au sol. Vous, vous parlez des engins
déposés et vous ne limitez pas votre territoire, d'après
la description du territoire qu'on vous a citée, que M. Jacques-Yvan
Morin a citée. On a cité le précédent qu'il y a eu
en cour, en Colombie britannique, par rapport aux droits miniers, aux droits
pétrolifères. Nous avons cité l'étude du professeur
Henri Brun sur la définition du territoire du Québec qui
s'appliquait selon la description en vigueur en 1867.
Vous allez beaucoup plus loin dans l'article 48, mais vous ne nous
expliquez pas du tout ce que vous avez en vue. Tout cela est flou. C'est
pourquoi on revient à l'article 10 et on dit: Quels vont être les
effets par rapport aux pêcheurs du Québec, par rapport
aux pêcheurs des autres provinces? Est-ce qu'eux aussi peuvent
devenir concessionnaires, par exemple, au Québec? Sur quelle base dans
votre territoire? Est-ce que le pêcheur du Nouveau-Brunswick, qui a un
droit historique d'aller pêcher dans une certaine partie de la baie des
Chaleurs, ou le pêcheur de Terre-Neuve qui va pêcher à
Blanc-Sablon, est-ce que vous allez lui céder des concessions? À
quel prix? Est-ce que cela va être un prix différent de celui
payé par les pêcheurs du Québec? Tout cela est flou, tout
cela est laissé à votre discrétion, les pouvoirs que vous
donnent les articles 8 et 9 qui sont presque extrêmes. On n'a aucune
réponse et on est censé accepter cela sur votre bonne foi, mais
ce n'est pas suffisant. C'est tout ce qu'on dit.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre, avez-vous des
commentaires sur cet article?
M. Garon: Cet article dit: "Le concessionnaire doit payer au
ministre les redevances fixées par règlement." Le
règlement va dire combien coûte une concession. "Il doit, dans
l'exercice de ses activités, utiliser et fournir au ministre les livres,
registres et autres documents déterminés par règlement."
Il va s'agir principalement des questions pour les pêcheurs
québécois. Il n'est pas impossible qu'il y ait des pêcheurs
d'autres provinces, plus particulièrement du Nouveau-Brunswick ou de la
baie des Chaleurs, qui demandent l'autorisation de placer leurs casiers,
certains casiers sur le fond québécois. Mais...
M. Lincoln: Vos casiers ont coulé à
Jonquière.
M. Garon: Pardon?
M. Lincoln: Vos casiers ont coulé à
Jonquière.
Une voix: On parle des pêches.
M. Lincoln: Ah oui, pardon.
Mme Lavoie-Roux: Jonquière est libéral.
M. Lincoln: Jonquière est libéral.
Le Président (M. Brouillet): Êtes-vous prêts
à voter sur l'article 10? On dirait que vous êtes tous prêts
à voter sur l'article 10. Moi, je suis prêt à soumettre
l'article 10 aux voix.
M. Garon: C'est quoi le comté de Dean?
Une voix: Pardon?
M. Garon: Le comté de Dean, c'est quoi?
Une voix: Prévost.
M. Garon: Le comté de Prévost était
libéral aux partielles aussi.
Des voix: Ah! Ah! Ah! Une voix: Maisonneuve. M. Garon:
Maisonneuve.
M. Maciocia: Je crois qu'il ne vous reste plus grand-chose
à faire...
Le Président (M. Brouillet): Bon, vous êtes
prêts à voter sur l'article 10?
M. Maciocia: ...si ce n'est d'aller en élection.
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Brouillet): Êtes-vous prêts
à voter sur l'article 10?
Concessions
M. Lincoln: Est-ce que le ministre pourrait nous dire, avant de
voter sur l'article, ce qu'est une concession? Vous dites qu'un pêcheur
du Nouveau-Brunswick aura peut-être à demander l'autorisation.
Pourquoi aura-t-il besoin de venir vous demander l'autorisation par rapport
à une pêche qu'il a toujours faite historiquement dans la baie des
Chaleurs, de même que le pêcheur de Terre-Neuve le faisait à
Blanc-Sablon? Pourquoi auraient-ils besoin de vous demander une autorisation
à vous? Et qu'est-ce que c'est qu'une concession? Vous n'expliquez pas
cela. Est-ce que vous pouvez nous définir ce qu'est une concession?
M. Garon: L'ensemble des articles détermine ce qu'est une
concession.
M. Lincoln: Ah oui! Où sont-elles, ces concessions? Vous
ne délimitez pas le territoire, vous ne délimitez pas les limites
du territoire.
M. Garon: Oui, on dit dans le domaine public
québécois.
M. Lincoln: Oui, mais vous ne dites pas ce qu'est le domaine
public québécois à marée. On ne parle pas du
domaine sans marée, on parle du domaine à marée. Vous ne
dites pas du tout ce que c'est. Vous refusez de dire ce que c'est.
M. Garon: Dans la baie des Chaleurs, par exemple - vous avez
parlé de la baie des
Chaleurs - c'est la moitié de la baie des Chaleurs.
M. Lincoln: Ah bon! Vous avez la moitié de la baie des
Chaleurs? C'est à vous maintenant?
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Garon: Vous ne saviez pas cela?
M. Lincoln: Maintenant, on fait du chemin. C'est
intéressant de savoir cela.
Vous possédez la moitié de la baie des Chaleurs?
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Après?
M. Garon: Bien, je donne un exemple.
M. Lincoln: Ah bon! Mais est-ce que, par exemple, par rapport au
golfe, vous possédez quel territoire?
M. Garon: Bien là, il faudrait que j'aie les points de
latitude. Je vous dis la baie des Chaleurs parce que c'est facile, mais c'est
plus compliqué dans le golfe parce qu'il faut avoir des lignes.
M. Lincoln: Ces lignes seront-elles faites avant l'adoption du
projet de loi ou si elles seront faites après?
M. Garon: Ce sont les règlements qui vont les
déterminer.
M. Lincoln: Ah bon! C'est ce qui nous fait bien peur. Les
règlements vont déterminer quel sera votre territoire. Vous allez
délimiter. C'est comme si c'était un grand guerrier, un grand
potentat, Alexandre le Grand qui dirait: Voilà, mes limites sont
là. Par règlement, je vais prendre ceci ou cela. Vous allez tout
prendre. Alors là, vous allez délimiter le territoire que vous
vous réservez après l'adoption du projet de loi. Ce n'est pas
fantastique.
Vous avez déjà la moitié de la baie des Chaleurs et
maintenant, vous vous en allez dans le golfe. Vous allez délimiter par
règlement quelle partie du golfe vous prendrez.
M. Garon: C'est cela.
M. Lincoln: Mais, pourquoi ne prenez-vous pas Terre-Neuve et tout
cela? Il y a du poisson un peu partout. Vous pourriez prendre le Labrador, qui
était dans l'ancien temps au Québec, c'est-à-dire jusqu'en
1927. Mais, croyez-vous qu'on puisse accepter que, sans nous délimiter
les territoires vous nous indiquiez par règlement, après coup ce
que sont vos territoires. Ne croyez-vous pas que cela créera une
confrontation automatique?
M. Garon: Je ne le pense pas. Je suis allé à une
conférence fédérale-provinciale cet après-midi. Le
gouvernement fédéral avait mis dans un des cahiers, dans le
cahier principal, les nouvelles lois fédérales et provinciales et
la loi 48 était là.
M. Lincoln: Qu'est-ce que cela peut faire?
M. Garon: Les ministres des autres provinces étaient
là. Et je peux vous dire que le ministre de Terre-Neuve a dit cet
après-midi que cela l'intéressait beaucoup, ce que le
Québec fait actuellement, parce qu'il pense aussi que les permis
devraient être attribués par les provinces.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Garon: Vous pouvez être certain que, dans le cheminement
que nous poursuivons, il y a d'autres provinces qui peuvent être
intéressées.
M. Lincoln: Ce qui va arriver, d'après le cheminement que
vous nous présentez, c'est que vous délimiterez par
règlement le territoire que vous allez assumer. Vous nous avez dit que
vous avez déjà la moitié de la baie des Chaleurs et que
vous prendrez une grande partie du golfe qui vous appartient, selon vous.
Terre-Neuve décidera de prendre alors une partie de la côte du
Labrador, une partie de tout ce qui entoure Terre-Neuve; le Nouveau-Brunswick
décidera la même chose, de même que la
Nouvelle-Écosse. Et vous voulez nous faire croire que tout cela est
acceptable, que les provinces pourront délimiter certaines concessions
au fond de la mer d'après une certaine latitude. Qui va aller policier
tout cela? Cela va - excusez l'expression - être le bordel
général.
Comment voulez-vous qu'on aille donner des concessions dans le fond de
la mer? Le gouvernement fédéral aura juridiction pour la mer et
vous aurez juridiction sur le fond de la mer: Une partie à vous, une
partie au Nouveau-Brunswick, une partie à Terre-Neuve et une partie
à la Nouvelle-Écosse. C'est comme cela que vous voyez cela? C'est
comme cela que cela se situe?
M. Ciaccia: Vous n'êtes pas sérieux. M. Garon:
Bien, voyons.
M. Ciaccia: Vous ne voulez pas dire cela?
M. Garon: Certainement.
M. Lincoln: Mais là, nous sommes plus inquiets que
d'habitude parce que vraiment...
M. Garon: Terre-Neuve a également des droits sur du
territoire.
M. Lincoln: Mais c'est différent.
M. Garon: Je n'ai pas étudié chacune des provinces
maritimes.
M. Lincoln: Le fait est, d'après votre théorie, que
les provinces pourront réclamer, dans le territoire qu'elles vont situer
par règlement après coup - et cela tout le monde va le deviner
jusqu'à ce que vous présentiez vos règlements - quel est
le territoire du Québec. Si l'on comprend votre historique, ce sera
très vaste. Cela comprendra tout le golfe ce seront les deux tiers du
golfe, ce sera la moitié de la baie des Chaleurs. Vous nous en avez
déjà donné un aperçu. Vous aurez donc ce grand
territoire dans lequel vous pourrez dire aux pêcheurs: Nous vous donnons
le territoire 2, vous allez prendre un bout dans la baie des Chaleurs, un autre
bout dans le golfe. Et les autres provinces feront la même chose.
Le gouvernement fédéral qui est supposé, lui,
gérer les pêches, gérer les espèces, etc. acceptera
cela. Il dira: C'est très bien. On fera une conférence
fédérale-provinciale pour savoir quel est le petit lopin de terre
sous la mer. Mais, c'est une affaire de fous.
M. Garon: Non.
M. Lincoln: Non? Et vous ne nous dites même pas avant coup
quel territoire vous envisagez. Vous devez certainement avoir à l'esprit
un territoire quelconque.
M. Garon: Quelle différence y a-t-il dans votre esprit
entre mettre une cage à homards sur le sol et mettre une plate-forme
à forage? Tout simplement, vous mettez un équipement sur le
sol.
M. Lincoln: Exactement. Si on revient à cela et si vous
vous référez à la décision de 1967 qu'a
citée M. Jacques-Yvan Morin, c'est exactement ce qu'on vous dit. En
Colombie britannique, on a testé l'affaire en cour et la province a
perdu contre le fédéral. On a dit que ce plateau continental
appartenait juridiquement au Canada d'après la loi internationale et
d'après tous les traités.
Ce qui arrive, c'est un bon exemple, la question de forage que
Terre-Neuve est en train d'essayer de vérifier maintenant auprès
du gouvernement fédéral, cela va aller en cour comme votre
affaire de concession de pêche. Ce qui semble probable d'après les
précédents avec la Colombie britannique, vous jouez quitte ou
double. Si vous perdez, vous perdez beaucoup, parce que vous ne perdez pas
seulement dans les pêches, vous perdez les droits miniers, les droits
pétroliers et tout ce qui peut se faire sous la mer. C'est ce qu'on vous
dit.
M. Garon: Là, il traite d'une chose. Est-ce qu'on a les
droits ou non. Vous êtes en train de dire qu'on ne les a pas et on
perdrait des choses qu'on n'a pas.
M. Lincoln: M. le ministre...
M. Garon: Est-ce qu'on les a ou non?
M. Lincoln: ...le fait est que, d'après les experts qu'on
vous a cités, d'après les précédents juridiques, le
seul précédent juridique en 1967, vous ne semblez pas les avoir,
mais ce sont des décisions qui doivent être testées en
cour. On vous dit que c'est beaucoup plus sage d'aller négocier, d'avoir
un genre de "bargaining power" plutôt que d'aller jouer quitte ou double
dans une affaire qui va finir en cour. Il y a des risques de perdre,
d'après les précédents, d'après les experts qui
sont cités. Votre propre ministre des Affaires intergouvernementales, le
professeur Brun disent que vous n'avez pas ce droit et vous, vous dites que
vous l'avez. C'est une affaire qui ira en cour. Celui qui gagne gagne pour de
bon. Si c'est vous qui gagnez, c'est une bonne affaire; mais la Colombie
britannique a perdu. Il vaut peut-être mieux négocier plutôt
que de s'affronter.
Comment pouvez-vous dire que vous possédez la moitié des
droits de concession sur le fond de la moitié de la baie des Chaleurs et
d'une grosse partie du golfe? Vous l'avez dit. Est-ce que vous croyez que cela
tient debout si toutes les provinces disent la même chose? Que le
fédéral va s'asseoir et qu'il va accepter cela? C'est comme si on
déclarait la séparation, cela ne tient pas debout; cette affaire
doit finir en cour.
C'est tout l'argument que nous avons essayé de vous dire:
Attendez, négociez. Concernant l'entente de 1922, allez voir les autres
provinces, essayez ensemble de négocier une espèce de nouvelle
entente avec le gouvernement fédéral qui a été
suggérée déjà deux ou trois fois dans les
conférences fédérales-provinciales. Je peux vous citer des
déclarations du ministre Jean Chrétien alors qu'il était
ministre de l'Énergie. Il disait: On peut négocier, mais à
condition que vous alliez d'une façon juridique; vous direz que c'est
à vous et on va vous contester en cour. Je peux vous citer ce qu'il
disait. Sûrement que c'est l'approche idéale plutôt que d'y
aller d'une façon presque unilatérale en disant: Eux, ils ont
agi, selon vous, unilatéralement et nous faisons la même chose. On
va déclarer que c'est cela notre
territoire, on va vous donner des concessions. Cela n'a pas l'air de
tenir debout si déjà, vous commencez à dire: Vous allez
donner des concessions, la moitié de la baie des Chaleurs, le
pêcheur du Nouveau-Brunswick qui a toujours pêché là
va pouvoir passer la moitié... Qu'est-ce que vous allez faire? Vous
mettrez une corde comme dans une piscine et vous allez dire: Vous n'irez pas de
l'autre côté de la piscine parce que vous êtes trop petit.
S'il va jeter son chalut, qu'est-ce que vous allez faire? Vous allez envoyer
votre patrouilleur? Au lieu d'avoir huit patrouilleurs, vous en aurez dix ou
douze?
M. Garon: On a offert de vendre au fédéral, il veut
acheter nos patrouilleurs, on ne vendra pas nos meilleurs, mais s'il est
intéressé à acheter nos moins bons, on est...
M. Lincoln: Ah bon! Vous allez vendre les moins bons et vous
allez garder les meilleurs.
M. Garon: II est intéressé à acheter des
patrouilleurs, six patrouilleurs. C'est évident, que s'il a la
juridiction seulement sur le fond du sol, l'administration va être moins
compliquée. On pense avoir besoin de moins de six patrouilleurs,
d'autant plus qu'on veut appliquer tout cela graduellement, on pourrait se
départir d'une couple de patrouilleurs temporairement.
M. Lincoln: Vous dites que ce sera moins compliqué. Je
vous pose une question spécifique. Vous parlez d'engin fixe et d'engin
déposé. Qu'est-ce qui arrive à un chalut qui est
déposé, qui touche le fond de la mer, est-ce qu'il est
déposé? Est-ce qu'il est un engin fixe? Dès que le chalut
touche le fond de la mer, cela devient la juridiction du Québec? Si le
chalut flotte, c'est fédéral? Et vous dites que cela va
simplifier les choses, mais ce n'est pas pour rigoler. C'est ce qui va arriver.
(21 h 15)
M. Garon: La question a déjà été
discutée.
M. Lincoln: C'est sûr que cela a été
discuté parce que...
M. Garon: Le chalut peut se promener seulement dans l'eau.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Garon: Un chalut pélagique va se promener surtout en
surface. Il y a des chaluts entre deux eaux. Il y a des chaluts au fond, sur le
sol.
M. Lincoln: Vous enverrez des scaphandriers pour aller voir
où est le chalut et, quand il touchera le sol, ils vont l'attraper.
M. Garon: Alors... Pardon?
M. Lincoln: II y aura des scaphandriers ou des petits sous-marins
qui iront regarder et, dès que le chalut touchera le sol, ilsvont l'attraper. Vous me dites que cela va simplifier les choses. Je vous
dis, M. le ministre - et je ne rigole pas...
M. Garon: Vous avez remarqué que dans le projet de loi on
ne vise pas les chaluts; pas encore.
M. Lincoln: Pas encore. Savez-vous pourquoi vous ne visez pas les
chaluts, M. le ministre? Parce que toute cette affaire est tellement
contradictoire, c'est une affaire de fou. Lorsque vous en arrivez au processus
logique - c'est pourquoi je vous ai questionné sur les chaluts - vous ne
savez plus où vous allez parce que cela n'a plus de sens. Vous
dites...
M. Garon: Le chalut s'attache beaucoup plus à la
pêche qu'aux droits de propriété sur le fond du sol.
M. Lincoln: Mais les deux en ont...
M. Garon: II y a eu un grand débat là-dessus, mais
on a décidé finalement de ne pas inclure les chaluts.
M. Lincoln: Ah bon! Vous n'incluez pas les chaluts pour le
moment, me dites-vous, mais...
Mme Lavoie-Roux: C'est là que vous modifiez la loi.
M. Lincoln: C'est là que vous modifiez la loi. Vous avez
exclu les chaluts et, maintenant, qu'est-ce que vous avez vraiment? Vous avez
les casiers.
M. Garon: On n'a pas inclus les drageurs à
pétoncles non plus.
M. Lincoln: Ah bon! Vous avez fait de petites exceptions: les
drageurs à pétoncles et les chaluts. Bientôt, il y aura une
liste de choses qui sont sous votre juridiction et une liste de choses qui sont
sous la juridiction du gouvernement fédéral; alors c'est
maintenant acquis.
M. Garon: Non. C'est tout simplement qu'actuellement nous sommes
intéressés à avoir une loi. C'est évident que c'est
du droit nouveau. Je parle du Québec.
M. Lincoln: Excusez-moi de vous interrompre. Vous venez de me
dire que vous
rentriez dans les mêmes droits qui existaient avant 1922, mais
vous dites maintenant que c'est du droit nouveau.
M. Garon: Non. Je parle pour les chaluts. Les chaluts
n'existaient pas en 1922.
M. Lincoln: Oui, d'accord.
M. Garon: Alors les dragues à pétoncles
n'existaient pas comme telles. J'aime mieux faire une loi pour rattacher le
terrain à des choses solides. Quand notre façon de faire sera
établie, on pourra penser à étendre davantage dans des
secteurs nouveaux. Une gratte à pétoncles avec des griffes racle
le fond du sol. Cela ramasse les roches et les pétoncles; on
enlève les pétoncles et on jette le reste à l'eau. Cela
m'apparaît être une opération qui se rattache beaucoup au
sol. Par ailleurs, comme il pouvait y avoir un doute, on n'a pas voulu
fonctionner dans le doute. Alors, on a mis dans la loi ce qui était
vraiment des agrès de pêche fixés ou rattachés au
sol...
M. Lincoln: D'accord.
M. Garon: ...et qui ne peuvent pas fonctionner sans le sol.
M. Lincoln: Prenez les palangriers... M. Garon: Oui, les
palangriers. M. Lincoln: Cela est dans votre loi. M. Garon:
Oui.
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez me dire logiquement, par
exemple, dans votre esprit, quelle est la différence entre les
palangriers et les gratteurs de pétoncles?
M. Garon: Quand vous mettez une palangre à l'eau, vous
mettez une ligne rattachée par les bouts à différents
endroits au sol.
M. Lincoln: D'accord.
M. Garon: La ligne est là, c'est une ligne dormante au
fond.
M. Lincoln: Oui, oui, dormante. Quand le type lève sa
ligne, cela entre dans le bateau. Quand elle flotte...
Mme Lavoie-Roux: Quand elle est entre deux eaux...
M. Lincoln: Quand elle est entre deux eaux, c'est le gouvernement
fédéral. Quand elle est fixée... Je vais vous dire une
chose, M. le ministre, si vous voulez des exemples. Vous me direz qu'on peut
délimiter des droits terrestres sous la mer et des droits marins; alors
il y aura deux juridictions, mais cela ne tient pas debout. En 1922,
cela...
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Vous pouvez regarder cela
ainsi, sauf que je suis allé voir les pêches en Corée. On
pêche en Corée 2 800 000 tonnes de poisson; il y a 600 000 tonnes
d'élevage. Tout le territoire marin est quadrillé et
attribué exactement comme du sol ou de la terre ferme. Vous
pensez...
M. Ciaccia: En Corée? M. Garon: En Corée,
oui. M. Ciaccia: Vous êtes sûr.
M. Lincoln: Est-ce que vous élaborez une...?
M. Garon: Un instant.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a un gouvernement
fédéral?
M. Garon: Vous regarderez la loi qui est là.
Jusqu'à maintenant, on a toujours parlé des poissons. C'est cela
qui a retardé le secteur des pêches. De toujours revenir au temps
de Jacques Cartier et de se prendre encore pour des coureurs des bois... On a
considéré la pêche comme une pêche uniquement pour
les sportifs qui couraient les rivières. Si on décidait
d'exploiter nos ressources au maximum avec l'aquaculture, la baie des Chaleurs
pourrait être un endroit d'élevage extraordinaire.
M. Lincoln: La moitié, la moitié.
M. Garon: Attendez un peu. Cette année - je vais vous
donner un exemple -aux Îles-de-la-Madeleine, on a pêché du
homard. Les petits homard ont été mis en cage; ils sont
restés dans des cages fixées au sol. Ils ont été
élevés pendant des mois de sorte qu'on les a revendus, à
l'automne, à un poids au moins deux fois plus élevé que
lorsqu'on les a pris. Le potentiel des pêches ici n'a jamais
été utilisé parce qu'on a considéré qu'on
pouvait gaspiller la ressource. D'ailleurs, c'est pour cela qu'il n'y a pas un
secteur qui a été plus mal administré que les pêches
dans l'Est du Canada.
Mais actuellement, on veut se donner des instruments pour vraiment
développer les pêches d'une façon rationnelle et
intelligente. Pour cela, vous verrez le potentiel qu'il y a. Je trouve cela
incroyable. Par exemple, on achète des moules élevées
ailleurs. Pourquoi n'élèverait-on pas des moules? Pourquoi
n'élèverait-on pas des huîtres? Elles sont
élevées à Caraquet, en face, l'autre bord de l'eau.
Pourquoi ne les élèverait-on pas? Où
les élèvera-t-on? En donnant des concessions sur le fond
du sol.
C'est plus payant d'avoir des grappes de moules ou d'huîtres dans
le fond du sol que d'avoir une case qui ramasse ce qui peut passer.
M. Lincoln: Mais au Nouveau-Brunswick, on élève les
moules, n'est-ce pas? Vous les achetez du Nouveau-Brunswick. On ne donne pas de
concession sur le sol. Vous parlez de la Corée. Le Nouveau-Brunswick n'a
pas votre système et votre loi 48 et, pourtant, il a ses moules. La
Corée a la mer et le fond de la mer. C'est un pays unitaire, c'est un
gouvernement unitaire. C'est tout à fait différent. On parle d'un
gouvernement fédéral où il y a des juridictions
provinciales et fédérales. Tout ce qu'on vous dit, c'est que ce
n'est pas la même patente qu'en Corée, parce que, en Corée
on a un seul gouvernement qui dit: On va vous donner des concessions. On ne dit
pas: On va vous donner des concessions; on va les diviser en deux; on va vous
donner un concession sur la mer, mais comme cela touche le sol, ce sera notre
concession. C'est cela que vous dites. C'est une différence
marquée. En Corée, quand on délimite cette concession,
c'est le même gouvernement coréen qui donne à ces
pêcheurs le droit de pêcher là. Il ne fait pas de
distinction entre votre grappe de pétoncles et un chalut; il donne des
concessions.
On vous dit qu'à un moment donné vous donnez une double
juridiction qui nécessairement crée des conflits. Un
pêcheur va avoir deux permis. Vous avez vous-même admis qu'un
pêcheur de Matane aura peut-être un permis, qu'un pêcheur en
haute mer aura peut-être deux permis et qu'un pêcheur de
Terre-Neuve aura peut-être un permis de Terre-Neuve et du Québec.
Cela n'a pas de sens. Un pêcheur du Nouveau-Brunswick quand il ira
pêcher dans la moitié de la baie des Chaleurs aura un permis et
celui qui essaiera de pêcher à Québec sera obligé de
vous demander le droit de pêcher dans une concession. Comment allez-vous
pouvoir administrer tout cela? Je crois que ce n'est pas du tout similaire
à la Corée. Si vous donnez la Corée comme exemple, cela se
retourne peut-être contre vous et non avec vous. C'est sûr.
M. Garon: J'ai vu des grandes marées pleines
d'agrès fixés au sol. On ne fait plus la pêche, on fait la
culture. Les pêches sont encore à l'époque où on
court après le poisson. Le poisson se sauve, mais on court et on essaie
de le prendre. C'était comme cela en agriculture autrefois: on courait
après les animaux qui couraient. Finalement, des hommes ont
décidé d'arrêter de courir après les animaux et de
les mettre dans des enclos, de les élever à côté de
leur maison.
Là, on a eu l'élevage. Il y a des gens qui couraient pour
faire la cueillette. On a décidé de planter des graines et
d'avoir les arbres à côté de leur maison. Dans le domaine
du poisson, tout cela est possible. La truite était
considérée comme une activité de loisir. Yves Duhaime et
moi avons fait une entente en décembre 1977: il m'a passé la
truite pour l'élevage. Il s'élevait à ce moment au
Québec environ 80 000 livres de truites. Aujourd'hui, on en
élève presque 2 000 000 de livres. S'il y avait la
commercialisation de la truite mouchetée, cela pourrait être
plusieurs millions de truites. En Norvège, on élève 4 000
000 de truites et 8 000 000 de saumons. Ces chiffres relèvent de deux
ans. On calcule que d'ici à l'an 2000, on élèvera des
dizaines de milliers de tonnes de saumons et de truites. Le marché est
là. Pourquoi ne ferait-on pas ce développement? On ferait cela
dans la mer avec des cages. Il y a des homards qui vivent ici. Pourquoi ne
ferait-on pas éclore des homards et ne s'en servirait-on pas pour les
faire élever dans nos endroits propices aux homards? Pourquoi certaines
ressources ne seraient-elles pas élevées en quantité
très considérable, ce qui aurait pour effet de baisser le prix?
Vous savez, ce qui coûte le plus cher, c'est de courir après le
poisson. Vous avez des gros bateaux pour courir après le poisson
aujourd'hui. Autrefois, des gens prenaient des quantités plus grandes
qu'aujourd'hui, aussi grandes en tout cas, en restant à pêcher
devant le village. Ils laissaient rentrer la morue. Aujourd'hui, la morue
rentre moins parce qu'on va la courir au large. De plus en plus... J'ai
été étonné à un moment donné quand,
on a parlé de la restructuration des pêches. Le ministre de
Terre-Neuve semblait marcher là-dedans mais, aujourd'hui, il a
recommencé à parler et, au début de son discours il s'est
mis à dire: On devrait d'abord donner des allocations aux pêcheurs
côtiers, ceux qui pêchent devant le village. Ce serait là le
bon sens.
Je pense que, dans le territoire maritime... Vous savez qu'il y a
plusieurs projets, n'est-ce pas? Le projet de loi n'est pas adopté et
déjà les lettres entrent. Ce que je vois, c'est un élevage
de saumon par rivière, par municipalité en Gaspésie. Qu'on
descende les rivières une par une et on pourrait avoir de
l'élevage du saumon dans les embouchures de chacune des rivières.
On pourrait aussi faire les deux types d'élevage: en circuit
fermé et en circuit ouvert, à condition que le ministre
fédéral retarde la pêche de quinze jours autour de
Terre-Neuve. À ce moment, 80% des poissons qui viendraient de nos
rivières y reviendraient au lieu d'être interceptés
lorsqu'ils font le tour de Terre-Neuve dans le bout de Port-aux-Basques.
À ce moment, cela pourrait être une activité qui
emploierait des centaines et des milliers de personnes dans le territoire
maritime, avec plus d'espèces de saumon, les moules, les huîtres,
et je suis persuadé qu'on peut faire plus d'espèces dé
homard en les faisant éclore et en ayant plus de homards qui vont
éclore. Quand vous prenez une femelle de homard, et voyez la
quantité d'oeufs qu'il peut y avoir dans un homard. On pourrait aider
à faire éclore davantage de ces oeufs. Dans un territoire
protégé, pourquoi ne pas faire l'élevage en mer?
Ce sont des techniques maintenant qui ont été
développées et qui étaient peu connues auparavant. Combien
d'espèces comme celles-là - je parle des espèces les plus
payantes - seraient possibles? C'est évident qu'on ne fera pas cela avec
la morue. La technique pour élever la morue est connue et je ne vois pas
de profit à en tirer. Sur le plan financier, on peut en prendre assez
comme cela.
Les espèces les plus payantes, pourquoi sont-elles payantes?
C'est parce qu'elles sont rares. Si le homard n'était pas rare, il se
vendrait au même prix que la morue. J'ai connu le homard à 0,20 $
la livre. Mes grands-parents venaient de la Gaspésie et chacun vendait
du homard le long du chemin. Cela se vendait pour rien car il y avait beaucoup
de homard dans ce temps-là. S'il y avait encore beaucoup de homard, il
serait meilleur marché pour les consommateurs. Quand les espèces
coûtent cher, c'est parce qu'il en manque. Le prix élevé
est uniquement une question de rareté. Il n'y a pas de raison pour que
des espèces de poisson se vendent plus cher que d'autres. Si elles se
vendent plus cher, c'est parce qu'il y en a moins par rapport à la
demande, si on en élève.
M. Ciaccia: M. le ministre.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: On ne conteste pas du tout ce que vous dites. Mais
qu'est-ce que cela a à faire avec les points que...
M. Garon: C'est cela des concessions.
M. Ciaccia: ...mon collègue vient de soulever. Le
problème de la juridiction fédérale, le nombre de permis.
Il va falloir obtenir deux permis: un de vous et un du fédéral.
Supposons que le pauvre pêcheur a le vôtre ou celui du
fédéral. S'il n'a pas le vôtre, que va-t-il faire
pendant... Ses agrès de pêche... Que va-t-il faire?
M. Garon: Cela va lui prendre les deux permis.
M. Ciaccia: C'est de ces conflits qu'il parle.
M. Garon: On ne souhaite pas de conflit.
M. Ciaccia: II ne parle pas du prix du homard. Moi aussi,
j'aimerais que le prix du homard baisse et que la morue... Mais cela n'a rien
à faire avec votre projet de loi.
M. Garon: Je dois vous dire que si le gouvernement
fédéral veut renoncer à une entente du genre de 1922 on
est prêt à discuter à nouveau de la signature d'une
entente. Ce n'est pas nous qui avons rompu l'entente. Je lui ai dit à
plusieurs reprises que nous sommes d'accord pour faire une nouvelle entente,
mais c'est le gouvernement fédéral qui a dit qu'il n'y avait plus
d'entente. J'espère que si le gouvernement actuel à Ottawa ne
veut pas, le prochain voudra. Je pense que si les gens sont arrivés
à une entente qui a duré pendant 61 ans, c'est parce que
c'était bon. Autrement, il faudrait penser que tous ceux qui ont
vécu pendant ces 61 ans manquaient de jugement. Je préfère
penser que, pendant 61 ans, ces gens ont eu du jugement et que c'est le
gouvernement actuel à Ottawa qui en a manqué.
M. Lincoln: M. le ministre, plus vous parlez, et plus vous nous
convainquez de notre affaire. Vous avez parlé du cas de la
Norvège. Par exemple, la Norvège n'a pas le problème qu'on
a ici. De ce point de vue...
M. Garon: Elle est indépendante depuis 1905.
M. Lincoln: Ce qui arrive, c'est qu'en Norvège la mer et
la terre ont la même juridiction, comme en Corée. D'accord?
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Ici, tant que la Confédération sera
maintenue - et la Confédération existera tant que les gens du
Québec décideront que c'est comme cela qu'ils voient les choses,
ils ont vu les choses de cette façon en 1980, il faudra attendre qu'il y
ait un autre référendum ou une élection. Pour le moment,
c'est comme cela. On peut parler de pays indépendant, ce ne l'est pas.
Le fait juridique, ce n'est pas comme cela.
Vous parlez de saumon que vous auriez pu élever dans l'embouchure
des rivières et dans les rivières de la Gaspésie. Nous en
avons discuté l'autre jour. C'est très facile pour vous. Le
fédéral vous a offert de faire une entente beaucoup plus large
sur les eaux sans marée en y incluant les rivières. Je suis
sûr que cela aurait été possible et cela ne
vous aurait en rien empêché de faire l'élevage du
saumon. (21 h 30)
On vous parle des concessions sur la mer. Depuis que vous avez eu
l'entente de 1922, donc jusqu'en 1982 et une partie de 1983, vous n'avez pas
pensé à faire des concessions sur la mer. Vous n'avez pas
pensé du tout à tout cela. Vous attendez que l'entente soit
levée et vous commencez avec votre loi 48, qui va causer des
problèmes. Vous parlez de retarder la pêche au saumon de 15 jours
à Terre-Neuve. Cela n'a rien à faire avec la loi 48. Vous pouvez
négocier tout cela avec Terre-Neuve et le fédéral. C'est
cela qu'on vous demande au lieu de poser des gestes conflictuels qui vont
sûrement provoquer une bagarre juridique. On vous demande d'aller
négocier toutes ces choses-là. Peut-être que ce sera
possible pour vous dans le cadre actuel d'aller donner vos concessions pour
l'élevage dans certaines juridictions. Mais si vous allez dire que vous
allez avoir la juridiction sur la moitié de la baie des Chaleurs et une
partie du golfe, c'est automatique que vous allez chercher des conflits
juridiques. C'est ce qu'on vous dit. On ne vous dit pas de ne pas faire toutes
ces choses-là, mais de la façon dont vous vous y prenez, c'est
sûr que vous allez avoir des problèmes.
M. Garon: Comment voulez-vous que je me prenne autrement?
M. Lincoln: Autrement, la première chose que vous faites,
vous allez d'abord vous entendre avec les ministres des autres provinces
puisque vous dites qu'ils vous sont sympathiques. En deuxième lieu, vous
irez en groupe, trois, quatre ou cinq négocier avec le ministre
fédéral. S'il ne veut pas négocier, comme vous le dites,
vous attendez que l'autre gouvernement arrive. Heureusement, lorsque l'autre
gouvernement arrivera, ce sera aussi le cas pour notre gouvernement et tout
cela va se régler.
M. Garon: On a encore un petit bout de temps à
attendre.
M. Lincoln: C'est sûr, car, maintenant, c'est toujours la
bagarre. Comment voulez-vous, à vous seul, agir presque
unilatéralement, sans les autres provinces? Vous dites que toutes les
autres provinces ont le même problème. Pourquoi ne
négociez-vous pas avez elles?
Le Président (M. Brouillet): Je crois que, de part et
d'autre, on a élaboré de multiples façons d'agir sur le
même sujet. Je soumettrais l'article 10 au vote. Est-ce que...
M. Lincoln: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division.
Article 11, s'il vous plaît.
M. Lincoln: Avant de parler de l'article 11, je voudrais lire
quelque chose. Au début, j'avais dit au ministre que l'Union des
producteurs agricoles, l'UPA, avait beaucoup de réserve sur cette loi.
Il m'a dit que cela ne tenait pas debout.
M. Garon: Je n'ai pas dit cela.
M. Lincoln: Ah! On pourrait vous lire la transcription. Vous
m'avez dit que vous ne voyiez pas comment elle pouvait s'opposer à tout
cela. Je vais vous lire un télégramme qu'elle a envoyé et
dont vous avez dû recevoir la copie. "L'Union des producteurs agricoles
et le Syndicat des pisciculteurs du Québec désirent vous faire
part de leurs inquiétudes suite à l'étude des projets de
loi 48 et 49 que l'Assemblée nationale s'apprête à adopter
rapidement. Le projet de loi 48 prévoit entre autres que le gouvernement
peut, par règlement, édicter des normes relatives à la
production, à l'élevage dans un établissement piscicole de
poissons, de même que des normes relatives au transport, à
l'état vivants, de ceux destinés à la consommation".
Relativement au projet de loi 49 on va oublier cela, car on n'en est pas
là. "Nous avons demandé une rencontre immédiate avec le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation pour
discuter en particulier de ces dispositions des projets de loi 48 et 49 avant
qu'ils soient adoptés par l'Assemblée nationale. Nous comptons
sur votre collaboration pour faire valoir notre position avant que ces projets
de loi soient adoptés par l'Assemblée nationale et sommes
disposés à vous rencontrer pour en discuter plus longuement."
C'est signé par M. Jacques Proulx, président
général de l'Union des producteurs agricoles, et M.
Louis-Philippe Fillion, président du Syndicat des pisciculteurs du
Québec.
Après l'étude de ce télégramme, j'ai envie
de demander au ministre, comme on le lui a demandé à deux, trois
ou quatre reprises, de convoquer une commission parlementaire, de retarder
l'adoption de ce projet de loi pour qu'on puisse mieux l'étudier.
M. Garon: Les choses qui sont mentionnées dans le
télégramme ne se retrouvent pas dans ce projet de loi, mais dans
le projet de loi sur la faune.
M. Lincoln: Ils parlent de l'étude des projets de loi 48
et 49.
M. Garon: Je comprends. Lisez ce qu'ils disent quant au projet de
loi 48.
M. Lincoln: Bien.
M. Garon: On dit quoi?
M. Lincoln: Je ne sais pas. Il va falloir que je relise tout le
télégramme. Ils parlent de...
M. Garon: Ce qu'ils mentionnent qu'il y a dans la loi 48 ne se
retrouve pas dans la loi 48 mais dans le projet de loi sur la faune. On ne
parle pas du transport du poisson dans ce projet de loi-là. C'est
traité dans le projet de loi sur la faune, soit la loi 9.
M. Lincoln: En tout cas, ils parlent d'édicter les normes
relatives à la production et à l'élevage dans les
établissements piscicoles de poissons...
M. Garon: La loi 49 en parle mais non pas la loi 48.
M. Lincoln: Regardez l'article 12: la consommation et le
repeuplement. Prenez l'article 18.
M. Garon: II y en a une partie dans le projet de loi 9 et une
autre dans le projet de loi 48.
M. Lincoln: Regardez l'article 18: "Le ministre peut, à
des fins de recherche, créer et gérer des établissements
piscicoles."
M. Garon: Bien oui...
M. Lincoln: Bien oui, c'est cela qu'on vous demande. C'est cela
qu'ils disent...
M. Garon: Où est le problème? Le gouvernement et
les établissements piscicoles dans les centres de recherche...
M. Lincoln: Est-ce que c'est vous... M. Garon: C'est
normal qu'il y en ait.
M. Lincoln: Est-ce que c'est vous qui faites cela ou est-ce que
c'est le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui le fait?
M. Garon: C'est dans quelle loi? Cherchez-en une autre.
M. Lincoln: C'est ce que ces gens-là... M. Garon:
Où est le problème?
M. Lincoln: C'est sûrement un problème, selon eux,
puisque le président de l'UPA et le président du Syndicat des
pisciculteurs du Québec n'auraient pas pris la peine de nous envoyer et
de vous envoyer un télégramme. Il y a un sûrement un
problème, selon eux.
M. Garon: II n'y a pas de problème là.
Le Président (M. Brouillet): Maintenant, est-ce que...
M. Garon: Les normes relatives à la production, c'est
normal.
Le Président (M. Brouillet): Excusez-moi. Les
problèmes soulevés dans le télégramme apparaissent
dans les articles qui vont venir plus tard?
M. Garon: Oui, dans l'article 49.
M. Lincoln: Cela va aussi arriver à l'article 12.
M. Garon: Pas vraiment à l'article 12.
Le Président (M. Brouillet): Si vous le voulez, on va
passer à l'article 11 et quand on arrivera à l'article où
il est question des problèmes soulevés, vous pourrez ramener la
question à ce moment-là.
M. Lincoln: D'accord.
M. Garon: Ce n'est pas vraiment à l'article 12; c'est
à l'article 49. C'est marqué: "édicter des normes
relatives à la production et à l'élevage, dans un
établissement piscicole, des poissons, des amphibiens, des
échinodermes, des crustacés ou des mollusques, de leurs oeufs..."
C'est parce qu'il y a des exigences. Je vais vous dire ce que c'est au fond. Le
ministère...
Le Président (M. Brouillet): Dans un sens, j'aimerais
attendre qu'on soit rendu à cet article-là étant
donné que... On pourrait peut-être passer à l'article 11
pour le moment et, lorsqu'on sera arrivé à cet article, vous
pourrez soulever la question.
M. Garon: S'il a des inquiétudes, cela les calmerait.
M. Lincoln: On peut laisser cela jusqu'au moment où on
arrivera à cet article. On voulait lire un télégramme qui
vous demande encore une fois de retarder ce projet de loi. Vous avez des
intervenants, l'UPA, le Syndicat des pisciculteurs du Québec qui vous
demandent de retarder l'adoption du projet de loi, qui vous demandent de les
écouter, de les consulter.
M. Garon: La question est très simple. Si j'y
répondais, cela simplifierait l'affaire. Auparavant, ils avaient un
permis émis par le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche et, comme ce ministère a la
responsabilité de la conservation de la faune, pour éviter
qu'il y ait double permis au Québec entre les deux ministères, il
faut qu'on respecte certaines normes au point de vue de la protection du
secteur de la faune, particulièrement quand il s'agira d'oeufs ou
d'ensemencement, ou de l'aspect sanitaire, pour que la maladie ne se propage
pas dans le territoire.
Essentiellement, cet article est là pour satisfaire le
ministère responsable de la conservation de la faune. C'est
évident qu'il y a certaines règles à respecter au point de
vue de l'élevage du poisson. Autrement, on pourrait l'enlever, sauf
qu'il faudrait un permis du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, un double permis.
M. Ciaccia: Selon le contenu du télégramme, ils ne
se plaignent pas de la possibilité d'avoir à se procurer un
double permis. Ils disent que les articles auxquels ils se
réfèrent peuvent contrecarrer, annuler ou remplacer l'application
de pouvoirs prévue par la Loi sur les marchés agricoles et
applicables par le plan conjoint. Cela n'a rien à voir avec...
M. Garon: II n'est pas question de cela.
M. Ciaccia: Ils disent que les règlements des projets de
loi 48 et 49 - je n'ai pas vu le projet de loi 49 - peuvent contrecarrer cet
autre plan. Cela n'a rien à voir avec le ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche.
M. Garon: Pas avec le projet de loi 48.
M. Ciaccia: Ils se réfèrent aux deux: 48 et 49.
M. Garon: Non, c'est que...
M. Ciaccia: Ils disent: "...les produits marins et les aliments
permet au gouvernement, par règlement, de contrecarrer, d'annuler ou de
remplacer l'application de pouvoirs prévus par la Loi sur les
marchés agricoles..." Par règlement, vous avez ce
droit-là; vous ne dites pas dans le projet de loi que vous allez... On
n'a pas les règlements.
M. Garon: Quel article peut donner ouverture à cela?
M. Lincoln: On va vous citer plusieurs articles, d'accord? Si
vous voulez les articles, je vais vous parler, par exemple, de l'article
12.
M. Garon: Je vais vous dire une chose: j'ai eu l'occasion de
rencontrer les gens du Syndicat des pisciculteurs à plusieurs reprises.
Quand on est dans le poisson, on n'est pas dans les produits agricoles. L'Union
des producteurs agricoles est familière avec les produits agricoles.
Quand elle arrive dans les poissons, elle est moins familière.
M. Lincoln: II s'agit ici des pisciculteurs, M. le ministre.
M. Garon: Je comprends.
M. Lincoln: Le Syndicat des pisciculteurs.
M. Ciaccia: Ils doivent connaître la pisciculture.
M. Garon: Je comprends cela, sauf que la pisciculture, ce n'est
pas... Si vous êtes en mer ou dans les eaux, vous avez des règles
à respecter qui n'existent pas dans l'agriculture. Ils ont toujours eu
une certaine difficulté à comprendre que ce sont deux
régimes différents. Et, qu'est-ce que vous voulez? Dans les eaux,
il y a des problèmes plus complexes que sur terre.
M. Lincoln: La seule chose, c'est que dans ce projet de loi, vous
entrez en gros dans la pisciculture.
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Et c'est là qu'il y a un conflit de
juridiction - dont on parlait -entre vous et le ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche. Vous dites ici à l'article 12: "À
moins d'être titulaire d'un permis délivré par le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, nul ne peut
exploiter un établissement piscicole."
M. Garon: C'est cela.
M. Lincoln: Vous dites: "Aux fins de la présente loi, un
établissement piscicole est un établissement où se fait,
pour la consommation ou le repeuplement..." Cela avait toujours
été sous la responsabilité du ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche et c'est toujours le cas. Alors, qu'est-ce
qui va arriver? Est-ce vous ou lui?
M. Garon: C'est nous.
M. Lincoln: C'est cela, le genre de... C'est vous?
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: C'est vous maintenant. Ce n'est plus lui?
M. Garon: C'est nous qui allons émettre les permis de
pisciculture commerciale.
M. Lincoln: Pour le repeuplement aussi?
M. Garon: Pour le repeuplement, à condition de respecter
leurs règles sur le repeuplement.
M. Lincoln: Ah! Là, c'est cela. D'accord, à
condition que... C'est vous qui respectez les règles? Leurs
règles?
M. Garon: Ce sont eux qui font l'énoncé des
règles sur le repeuplement.
M. Lincoln: D'accord. Alors, eux, ils énoncent les
règles. Mais vous, vous dites ici, par exemple: "Aux fins de la
présente loi, un établissement piscicole est un
établissement où se fait, pour la consommation ou le
repeuplement..." Et là, vous dites: "À moins d'être
titulaire d'un permis délivré par le ministre, nul ne peut
exploiter un établissement piscicole." Pourtant, ce sont eux qui font
les règles sur le repeuplement.
M. Garon: Au fond...
M. Lincoln: C'est ce qu'on vous dit, que c'est une contradiction
et c'est cela que ces gens-là...
M. Garon: ...au fond... Non, non, ce n'est pas une contradiction.
Voyons, ce n'est pas une contradiction.
M. Lincoln: Ah non!
M. Garon: Non. Je vais être très franc avec vous: je
ne tenais pas à avoir le repeuplement. Ce qui m'intéresse
davantage, c'est...
M. Lincoln: Alors, retirez-vous de là.
M. Garon: Bien non, parce que c'est avantageux pour les
pisciculteurs.
M. Lincoln: Ah! Ils ne disent pas cela. M. Garon: Ils ne
disent pas...
M. Lincoln: Ils vous ont envoyé un
télégramme pour dire qu'ils ne sont pas d'accord.
M. Garon: Ils ne disent pas cela. Au contraire. Demandez aux
pisciculteurs.
M. Lincoln: Moi, ils m'ont dit cela. Ils m'ont dit qu'ils ne sont
pas d'accord avec le repeuplement. Ils m'ont dit: Écoutez, vous croyez
qu'il connaît quelque chose au repeuplement en pisciculture? Avez-vous
des produits de pisciculteurs?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Garon: Je vais vous dire une chose. S'il y a une demande
d'enlever le repeuplement, je vais l'enlever, mais les premiers à
être pénalisés vont être les pisciculteurs
eux-mêmes, parce que... Je ne voulais pas le mettre personnellement.
Mais, comme on ne voulait pas avoir un système de double permis, le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche nous a
demandé de l'indiquer, parce qu'il va avoir accès aux mesures qui
vont avec l'élevage. Alors, cela va être avantageux pour les
pisciculteurs d'autant plus que c'est un secteur payant. Moi, je n'y tenais
pas, parce que ce n'est pas de l'élevage pour la consommation
humaine.
M. Lincoln: C'est étonnant que les pisciculteurs, eux,
ceux à qui j'ai parlé... Le président du syndicat ne pense
pas que ce soit bon pour lui. II pense que c'est un désavantage. Il
préférerait...
M. Garon: C'est parce que le président du syndicat fait
surtout de la pêche en étang de ferme. La pêche en
étang de ferme va aller au ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche. C'est nous qui avons contribué à la
développer, mais maintenant, vu qu'un étang de ferme, c'est un
endroit où vous allez pêcher quelques truites, comme amusement,
cela se rattache plutôt au loisir qu'à l'élevage. Alors, on
a dit: Comme l'étang de ferme va aller avec le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, l'élevage pour le
marché et la consommation humaine va venir au ministère de
l'Agriculture. Il y a des secteurs qui sont proches où le
repeuplement... Le repeuplement, la production des oeufs, des produits sexuels
ou des larves, je ne tenais pas à cela. Sauf qu'on...
M. Lincoln: Enlevez-le.
M. Garon: Ce n'est pas cela. C'est parce que c'est avantageux
pour les pisciculteurs.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Garon: C'est un secteur qui est plus payant. Alors,
plutôt que d'avoir accès à deux endroits pour le
développement d'une pisciculture qui se rattache à une
activité commerciale plutôt qu'à une activité de
loisir, pour être cohérent du point de vue de ces faits, le
ministère du Loisir nous a demandé de l'inclure, à
condition de respecter un certain nombre de normes au point de vue de la
conservation de la faune.
M. Lincoln: Ce n'est pas le son de cloche qu'on entend. Notre
porte-parole sur le loisir, chasse et pêche, ce n'est pas le son de
cloche qu'il entend. Ce qu'on aurait dû
faire, c'est d'inviter le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche ici pour savoir ce qu'il pense...
M. Garon: II va vous dire cela. Je vous dis...
M. Lincoln: Cela aurait été intéressant...
(21 h 45)
M. Garon: Écoutez, c'est enregistré. Si ce
n'était pas cela...
M. Lincoln: Lorsque la loi sera adoptée, ce sera trop
tard. Il aurait été bon de savoir maintenant ce qu'il pense et
aussi ce que les pisciculteurs pensent. C'est pourquoi nous vous le demandons
comme eux vous le demandent. Écoutez-les. Allons les entendre. Pendant
qu'ils seront là, vous pourrez donner votre point de vue. Vous pourrez
leur dire que c'est à cause d'eux qu'on fait cela. Mais ils vous diront
que ce n'est pas à cause d'eux qu'on fait cela parce qu'ils ne vous
l'ont pas demandé. Un télégramme leur a été
envoyé.
M. Garon: Je vais vous dire bien franchement, quand on a
considéré l'élevage de la truite comme un produit
agricole, essentiellement, c'est qu'on voulait qu'il y ait un crédit
agricole. Mais, quand on fait l'élevage du saumon dans la mer, on n'est
plus dans l'agriculture. C'est malheureux mais nos gens du ministère ont
demandé ce qu'ils pensaient de cela et ils ont répondu que c'est
une activité qui revient beaucoup plus au milieu marin qu'au milieu
agricole. Pour la truite - surtout la truite arc-en-ciel...
M. Lincoln: La truite arc-en-ciel relève du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, n'est-ce
pas?
M. Garon: Non, la truite arc-en-ciel est une truite
d'élevage qui n'est pas à l'état indigène ici.
C'est une truite d'élevage qui peut se rattacher plus... C'est
d'ailleurs sur cela qu'il y avait eu des votes pris dans le temps par des
pisciculteurs. Les moules et les huîtres éventuellement, le saumon
ou autre chose comme cela, c'est un autre genre d'activité. Ce n'est pas
une activité agricole. Si vous voulez consulter la loi de la
Régie des marchés agricoles, vous verrez qu'il faudrait
élargir pas mal la loi pour lui faire dire de telles choses.
M. Lincoln: Serait-il possible de clarifier tout cela?
M. Garon: L'élevage de la truite dans un étang de
ferme, c'est proche.
M. Ciaccia: Ce à quoi ils semblent s'opposer dans le
projet de loi 48, c'est qu'ils disent que le projet de loi 48 prévoit
entre autres que le gouvernement peut, par règlement, édicter des
normes relatives à la production et à l'élevage, dans un
établissement piscicole, de poissons, de même que des normes
relatives au transport, à l'état vivant, de ceux destinés
à la comsommation. Pour eux, c'est un problème. Je ne sais pas
quel est le problème exact. Ce n'est pas moi qui leur ai parlé
mais mon collègue. Ils demandent de pouvoir discuter de cela avec le
ministre avant d'adopter le projet de loi 48.
M. Garon: Avec qui?
M. Ciaccia: Avec vous. Cela semble causer un problème.
M. Garon: Oui, je vais les rencontrer au cours de cette
semaine.
M. Ciaccia: Cela semble leur causer un problème.
M. Garon: Non, cela ne cause pas vraiment un problème.
Sauf que, si on veut éventuellement commercialiser certaines
espèces comme la truite mouchetée, il faudra sûrement
réglementer le transport pour éviter que les truites de
braconnage entrent dans le commerce. Je suis même étonné
que...
M. Lincoln: On ne vous dit pas non, M. le ministre. Tout ce qu'on
vous dit, c'est que ces gens disent qu'ils ont des réserves sur ce
point. Ils veulent se faire entendre. C'est cela que tous ces gens demandent.
Entendez-les! Qu'est-ce qui presse tant d'adopter le projet de loi pour que
vous soyez obligés de faire cela à toute vapeur? Ils disent que
cela se fait trop rapidement. Il n'y a pas seulement nous qui disons qu'on
s'apprête à adopter le projet de loi rapidement. Rapidement, cela
veut dire qu'en l'espace de 15 jours vous allez adopter ce projet de loi qui
aura toutes sortes de conséquences.
M. Garon: Ce n'est pas rapidement, un mois et demi devant
l'Assemblée nationale.
M. Linco'n: Un mois et demi?
M. Ciaccia: Où prenez-vous ce mois et demi?
M. Garon: Oui. Le projet de loi a été
déposé le 16 novembre.
M. Ciaccia: Et la date aujourd'hui?
M. Garon: On est au 5 décembre mais, avant qu'on en soit
rendu à l'ajournement après avoir passé les
deuxième et troisième
lectures, cela fera un mois et demi.
M. Lincoln: C'est cela. Un mois et demi. Ces gens n'ont eu aucune
chance de se faire entendre par vous. C'est ce que nous vous demandons.
M. Garon: Oui, mais il s'agit essentiellement de
développer des choses qui n'existent même pas aujourd'hui.
M. Lincoln: C'est justement pourquoi ils sont
tracassés.
M. Garon: Bien oui, si vous voulez. Cela ne les concerne pas,
c'est pour le milieu des pêches. Pour élever du saumon, des
mollusques, des échinodermes, des crustacés - vous savez ce qui
est marqué -des amphibiens, des grenouilles...
M. Lincoln: Eux, ils sont...
M. Garon: Ils sont dans la truite arc-en-ciel essentiellement
pour la consommation de table et la truite mouchetée est dans les
étangs de ferme.
M. Lincoln: Ce sont les pêcheurs...
M. Ciaccia: Mais pourquoi cela les tracasse? Pourquoi ont-ils
pris la peine d'envoyer un télégramme pour dire "avant que ce
projet de loi soit adopté"? Ils doivent voir quelque chose, parce qu'ils
sont affectés directement; le projet de loi affecte leurs droits. Il
doit y avoir certains problèmes.
M. Garon: On va les rencontrer mais cela n'est pas fait
encore.
Le Président (M. Brouillet): Le ministre prend note des
suggestions de l'Opposition.
M. Lincoln: Comme d'habitude. J'espère qu'il en prend
note...
M. Garon: On va les rencontrer... M. Lincoln: Cela fait
des historiques.
M. Garon: ...sauf qu'il n'y a rien là-dedans.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre...
M. Garon: C'est pour éviter un double permis.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre dit qu'il va
les rencontrer...
M. Garon: Sauf qu'une chose est claire, c'est que les permis
seront émis par les ministères; ils ne seront pas émis par
un syndicat.
Le Président (M. Brouillet): J'ai appelé l'article
11 tantôt. On a débordé un peu. Si on revenait à
l'article 11, est-ce que...
M. Lincoln: Je veux demander au ministre si le droit de
pêche n'est pas un droit public dans les eaux à marée?
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Dans les eaux à marée, c'est un droit
public n'est-ce pas? Vous contrôlez cela aussi, n'est-ce pas? "Ni
utiliser à cette fin soit une portion de la rive ou du lit de ces eaux
ou des eaux à marée faisant partie du domaine public". Vous
prenez tout là. Si c'est un droit de pêche, c'est un droit public
des deux façons.
M. Garon: Non. C'est marqué: "À moins d'être
titulaire d'une concession octroyée en vertu de la présente
section, nul ne peut faire la pêche commerciale dans les eaux sans
marée du domaine public..." Il n'y a pas de problème?
M. Lincoln: Oui, oui.
M. Garon: "...ni utiliser à cette fin soit une portion de
la rive ou du lit de ces eaux ou des eaux à marée faisant partie
du domaine public."
M. Lincoln: Oui, d'accord.
M. Garon: Dans les eaux à marée... On ne dit pas
qu'on concède le droit de pêche. On dit que s'il utilise pour des
fins de pêche la rive ou le lit des eaux...
M. Lincoln: Ah bon!
M. Ciaccia: ...ou des eaux à marée...
M. Garon: ...ou des eaux à marée.
M. Lincoln: Alors, on revient à la même chose.
M. Garon: ...de ces eaux sans marée ou des eaux à
marée. Celui qui utilise, c'est toujours à cette fin,
c'est-à-dire à des fins de pêche commerciale "dans les eaux
sans marée du domaine public... soit une portion de la rive ou du lit de
ces eaux à marée faisant partie du domaine public, soit une
portion de la rive ou du lit ne faisant pas partie du domaine public et ayant
fait l'objet d'une entente visée à l'article 5" - c'est par les
propriétaires de...
M. Lincoln: Mais quand vous dites: "Ni utiliser à cette
fin soit une portion de la rive ou du lit de ces eaux ou des eaux à
marée faisant partie du domaine public", on revient à la
même chose. Si quelqu'un veut pêcher avec un hameçon etc.
pourvu qu'il ne touche pas le fond de la mer, cela ne vous préoccupe
pas, aussitôt que cela touche, alors cela vous concerne. C'est ce que
vous dites - c'est la même histoire qu'on a discuté avant - c'est
sous votre contrôle. Il faut qu'il soit titulaire d'une concession ou
d'un permis autrement personne ne peut aller toucher au fond de la mer
d'après vous. Les eaux à marée... Cela ne vous tracasse
pas toujours.
M. Garon: Oui, cela me tracasse dans le sens que j'aimerais mieux
qu'il y ait une entente, que nous administrions le tout en vertu d'une entente
comme celle de 1922. Le fédéral a refusé, qu'est-ce
que...?
M. Ciaccia: S'il n'y a pas d'entente, vous êtes prêt
à faire des articles qui ne sont pas légaux.
M. Garon: Non, non, cela est légal.
M. Ciaccia: Douteux. Ils vous donnent des juridictions qui sont
plus que...
M. Garon: Pas d'après nos experts en droit. On a
discuté avec plusieurs personnes là-dessus et il n'y a pas de
doute...
M. Lincoln: Mais si vous êtes tellement sûr, pourquoi
cela vous tracasse-t-il alors?
M. Garon: Ce n'est pas cela, c'est que cela serait plus simple
à administrer de la façon dont on administrait auparavant.
Qu'est-ce que vous voulez? Ce n'est pas moi qui n'ai pas voulu. J'ai
fonctionné selon l'entente, même lorsqu'on a brisé des
parties de l'entente, j'ai essayé de faire des corrections, des
amendements, de négocier avec M. Roméo LeBlanc; j'ai
essayé avec M. De Bané. Ce n'est pas moi qui ai cassé
l'entente. Entre nous, le 11 juillet... Vous savez il faut choisir le moment;
un peu plus et c'était le jour de Noël, je suppose.
M. Lincoln: En tout cas, on a assez discuté de cette
question. M. le ministre, on vous met encore en garde que vous serez en
confrontation presque directe, presque automatique... Comment voulez-vous dire
à l'article 11 que personne ne peut se servir du fond des eaux à
marée sans votre auguste bénédiction? Cela n'a pas de
sens. Vous vous croyez l'empereur de la mer maintenant.
M. Ciaccia: Hah! Hah! L'empereur de la mer...
M. Garon: De la mer et de la terre. M. Lincoln: De la mer
et de la terre.
M. Garon: II me manque juste les oiseaux.
M. Lincoln: Oui, bientôt, vous allez prendre cela parce que
vous administrez l'agriculture; vous direz que les oiseaux aussi sont à
vous, que le ciel est à vous.
M. Garon: On va commencer par les faisans.
M. Lincoln: Tout ce que vous avez besoin de faire, c'est de
prendre le ciel.
M. Garon: Des volières... On peut avoir aussi des cages
pour élever les oiseaux dans l'air.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
M. Lincoln: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Sur division. L'article
12.
M. Garon: Pourquoi divisez-vous toujours cela?
M. Lincoln: On divise parce que c'est vous qui avez
commencé à tout diviser et cela n'a pas marché. On vous
dit...
M. Garon: On aimerait une plus grande solidarité, faire
équipe.
M. Lincoln: Oui, j'en suis sûr, mais nous...
M. Garon: C'est toujours sur division et sur division.
M. Lincoln: ...voyons clair.
M. Garon: C'est nous qui sommes les séparatistes et ce
sont eux qui divisent.
Aquaculture commerciale
Le Président (M. Brouillet): Alors, l'article 12, s'il
vous plaît!
M. Lincoln: L'article 12 se lit: "À moins d'être
titulaire d'un permis délivré par le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, nul ne peut exploiter un
établissement piscicole". Là aussi, le...
Le Président (M. Brouillet): Excusez-moi, M. le
député de Nelligan, j'ai ici une modification
suggérée à l'article 12. Je vais la...
M. Garon: Oh! J'ai oublié mon amendement.
M. Lincoln: II va ajouter un "s" ou un "a".
Le Président (M. Brouillet): Un amendement.
Peut-être que cela va éviter de longs débats.
M. Garon: Oui. L'article 12 est modifié par le
remplacement, à la troisième ligne du deuxième
alinéa, du mot "commercial" par le mot "commerciaux".
M. Lincoln: Encore de la grammaire.
Le Président (M. Brouillet): Avez-vous encore des
questions, M. le député de Nelligan?
M. Lincoln: Cela règle tout. Il est très bon avec
les adjectifs. Il fait encore des adjectifs. L'autre jour, il avait
ajouté un "s". C'était un grand amendement. Là, il change
"commercial" pour "commerciaux".
M. Garon: Vous ne pourrez pas dire que je ne suis pas un homme de
compromis. Vous pourrez dire que vous avez obtenu un certain nombre
d'amendements.
Le Président (M. Brouillet): Je crois que l'amendement est
adopté. Il n'y a pas de problème.
M. Lincoln: Oh oui! L'amendement ne fait pas de
problème.
Le Président (M. Brouillet): Alors, nous revenons à
l'article tel qu'amendé.
M. Lincoln: Qu'arrive-t-il à la juridiction
fédérale, par exemple, sur le saumon, par rapport à cet
article?
M. Garon: On n'intervient pas dans la juridiction
fédérale sur le saumon.
M. Lincoln: Vous contrôlez, en fait, le repeuplement, la
production et l'élevage. Votre sous-ministre n'est pas d'accord avec
vous.
M. Garon: On me dit qu'au Nouveau-Brunswick on fait
l'élevage du saumon et que le Nouveau-Brunswick émet
lui-même ses permis.
M. Lincoln: Pardon?
M. Garon: On me dit que le Nouveau-Brunswick émet
lui-même ses permis.
M. Ciaccia: C'est peut-être à la suite d'une entente
avec le gouvernement fédéral qu'il le fait.
M. Garon: II n'en a pas besoin.
Pourquoi?
M. Ciaccia: Si c'est une juridiction...
M. Garon: C'est l'élevage. Le gouvernement
fédéral a juridiction sur la pêche, pas sur
l'élevage. Regardez les articles constitutionnels. Le gouvernement
fédéral a juridiction sur la pêche.
M. Lincoln: Vous avez vous-même cité le saumon, tout
à l'heure, comme étant un problème qu'il fallait
régler parce que le gouvernement fédéral avait un droit de
regard sur le saumon, n'est-ce pas?
M. Ciaccia: C'est de la production.
M. Lincoln: L'autre jour, vous avez admis vous-même que le
gouvernement fédéral avait un droit de regard sur le
contingentement du saumon, le quota, etc. Peut-être que le
Nouveau-Brunswick émet des permis à la suite d'une entente.
M. Ciaccia: Oui, cela doit être par
délégation.
M. Garon: Le gouvernement fédéral fait des accords
internationaux quant au saumon. S'il y a des contingentements qui interviennent
dans les accords internationaux, il a surtout des problèmes à
s'entendre avec le Groenland, par exemple.
M. Lincoln: C'est une autre affaire. Ce sera l'affaire de votre
collègue, le député de Lafontaine. C'est lui qui
s'occupera de cela. On ne discute pas du gouvernement fédéral et
du Groenland, on discute du Québec et du gouvernement
fédéral.
M. Garon: Là aussi, entre le Groenland et le Canada, il y
a une ligne au milieu de l'eau. Ils tracent la ligne. Quand les Esquimaux ont
eu des problèmes avec le Lumaaf, c'est parce que le Canada n'a pas pu
s'entendre avec le Groenland, de sorte qu'on n'a pu pêcher dans la zone 0
du côté du Groenland. Cela a créé des
problèmes.
M. Lincoln: Pour revenir à nos saumons, M. le ministre,
les lignes internationales entre le Groenland et le Canada sont naturellement
fixées par les accords internationaux. Cela n'a rien à voir, par
exemple, avec la baie des Chaleurs où vous tracez votre ligne imaginaire
sans accord. C'est la différence. Par rapport au saumon, par exemple,
vous dites que le gouvernement fédéral a absolument le droit de
contingentement. Que ce soit un droit direct ou indirect, il a un droit.
Qu'arrive-t-il ici? Vous dites que nul ne peut exploiter un
établissement piscicole. Le gouvernement fédéral n'a-t-il
pas le droit, par exemple,
d'aller réglementer la production du saumon, les endroits
où cela se fera, etc.?
M. Garon: Au chapitre II, sur l'aquaculture commerciale, selon
les avis des juristes, notre juridiction est entière quand il s'agit
d'élevage. La constitution parle de juridiction fédérale
dans le cas de la pêche, mais quand il s'agit de l'élevage ou de
l'aquaculture commerciale, il ne s'agit pas de la pêche. À ce
moment, on fait la pêche sur le fond. (22 heures)
M. Ciaccia: Ce ne serait pas un pouvoir résiduaire, parce
que l'aquaculture, en 1867, ce n'était peut-être pas
stipulé dans la constitution, aux articles 91 et 92? Ce ne serait pas la
juridiction que le gouvernement a sur une espèce, le saumon?
M. Garon: II faudrait voir si l'élevage du poisson se
rattache au sol, au fond de la mer...
M. Ciaccia: Au sol.
M. Garon: ...ou à la pêche. Cela se rattache
beaucoup plus au sol pour fixer toutes sortes de gréements ou de bassins
ou de clôtures dans la mer avec des filets, de sorte qu'on puisse faire
l'élevage. À ce moment, non, je pense que cela se rattache
beaucoup plus à la propriété du sol. Je ne pense pas qu'il
s'agisse d'un pouvoir résiduaire.
M. Ciaccia: II y aurait des saumons fédéraux et des
saumons québécois.
M. Garon: II y a autre chose aussi. Celui qui fait
l'élevage du poisson...
M. Ciaccia: Vous allez mettre une fleur de lys sur la...
M. Garon: Ce poisson sera sa propriété. M.
Lincoln: Comme Quebecair.
M. Garon: Le poisson qui est dans l'eau, dans un élevage,
est la propriété de l'éleveur. Cela se rattache au droit
de propriété.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que l'article 12, tel
qu'amendé est adopté?
M. Lincoln: J'ai envie d'interroger le ministre sur l'article 12.
Vous ne voulez pas. Vous parlez du repeuplement, etc. Vous avez des oeufs. Vous
êtes disposé à biffer tout cela? C'est ce que vous nous
avez dit tout à l'heure. Ce n'est pas vous qui cherchez cela?
M. Garon: Non. C'est que, pour éviter un double permis, la
plupart des pisciculteurs qui développent le moindrement la pisciculture
ou qui font du repeuplement... Si vous ne faites pas de repeuplement, vous
n'êtes pas astreint à cela, mais si vous voulez faire du
repeuplement votre permis va vous dire ce que vous pouvez faire. Si vous avez
un permis pour élever des truites pour la consommation humaine, c'est
une chose. Si vous voulez élever du poisson qui peut se repeupler il va
y avoir des exigences. Le permis délivré par le ministre aura des
spécifications. À ce moment, comme il s'agit beaucoup plus
d'élevage à des fins de repeuplement que d'élevage
à des fins commerciales, cela se rattache beaucoup plus à
l'aquaculture commerciale qu'à l'aquaculture pour des fins
sportives.
Remarquez bien qu'il peut arriver que quelqu'un fasse tout cela en
même temps: qu'un étang de ferme pour fins sportives fasse de
l'élevage pour fins de repeuplement et aussi pour la consommation
humaine.
M. Lincoln: Mais qui décide de la sorte de permis,
à ce moment?
M. Garon: C'est le permis qui va le déterminer. Mais si
vous voulez faire du repeuplement, les conditions sanitaires seront plus
sévères pour préserver la santé des poissons et
pour éviter qu'il y ait diffusion de maladies à l'occasion du
repeuplement.
M. Lincoln: Si vous...
M. Garon: Par exemple, je me souviens, il y a quelques
années, que des gens avaient trouvé dans une pisciculture une
maladie des reins chez la truite. Les gens ont eu peur d'une
épidémie. Il y a quand même des dangers quand on fait de
l'élevage. Il faut restreindre les dangers ou les contrôler. C'est
pour cela qu'il est nécessaire d'avoir une certaine
réglementation qui vient plus tard, à l'article 49.
Ici, on appelle un établissement piscicole "un
établissement où se fait, pour la consommation ou le repeuplement
- pas nécessairement les deux - la production ou l'élevage
commerciaux - l'amendement a été adopté - de poissons,
d'amphibiens, d'échinodermes, de crustacés, de mollusques, de
leurs oeufs, produits sexuels ou larves." Voyez-vous? Les pisciculteurs sont
habituellement intéressés à faire cela parce que c'est
payant. Vous vendez des groupes de poisson alors qu'ils ne sont pas
très... Cela se vend au poids. Cela se vend à un bon prix. C'est
intéressant. Pour permettre ce genre de pisciculture à des fins
commerciales, le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche nous a
demandé si l'on voulait l'inclure ici. Ce n'est pas dans un esprit
impérialiste, qu'on le voulait à tout prix, mais tout simplement
parce que c'est une activité qui se rattache beaucoup plus au
secteur commercial.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que l'article 12, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Lincoln: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division.
Article 13?
M. Garon: À moins d'être titulaire d'un permis
délivré par le ministre...
M. Lincoln: Pas d'autres que lui. M. Garon: ...nul ne
peut... M. Lincoln: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): L'article 13, adopté
sur division. Article 14?
M. Garon: Article 14. Si cela ne vous fait rien, j'aimerais
passer par-dessus parce que j'ai un amendement. Je pensais arriver plus
à bonne heure aujourd'hui et rencontrer le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, car je veux apporter un amendement ici. J'aimerais
revoir le ministre au point de vue de l'amendement. J'ai eu l'occasion de le
voir très rapidement en fin de semaine dernière et il aimerait
qu'on en parle davantage. Peut-être qu'il n'y aura rien de changé
dans l'amendement, mais, afin de ne pas être obligé de revenir et
d'amender deux fois, j'aimerais rencontrer le ministre avant.
M. Lincoln: On laisse l'article 14.
Le Président (M. Brouillet): On laisse l'article 14 et
nous y reviendrons. Article 15.
M. Garon: Voyez-vous ici, le ministre peut assujettir la
délivrance d'un permis à toute condition, restriction ou
interdiction qu'il détermine et inscrit au permis.
M. Ciaccia: ...
M. Garon: Non, au contraire, cela peut être avantageux.
Cela peut être avantageux, car, si vous avez un permis restreint, les
conditions d'élevage peuvent être différentes.
M. Lincoln: Ces permis ne sont-ils pas donnés à
travers des plans conjoints du mouvement des pisciculteurs, des syndicats?
M. Garon: Non, c'est que le syndicat des pisciculteurs a
déjà pensé émettre les permis et même
demander à la Régie des marchés agricoles d'émettre
des permis de pisciculture. Cela n'a pas de sens, car la Régie des
marchés agricoles est une régie de marchés agricoles. Les
permis dont il est question ici ne sont pas des permis à des fins de
marché agricole. Soyons francs. Quand j'ai ajouté qu'on
considère l'élevage de la truite arc-en-ciel - c'était de
cela qu'il était question à ce moment-là - j'ai voulu
donner accès au crédit agricole et à certaines mesures
agricoles. J'ai changé un règlement pour déterminer qu'on
considérerait la truite comme un produit agricole. À ce
moment-là, on a été trop large dans la définition
et il va falloir préciser. On avait écrit poisson, car il ne
s'agissait pas d'autre chose à ce moment-là.
En réalité, les permis dont il est question ici, ce sont
des permis à toutes sortes de fins mais pas nécessairement
à des fins de marché agricole. Il s'agit de permis de
pisciculture. Comme je vous le disais, par exemple, le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche donnait un permis; maintenant cela va
être donné par nous, mais il y a certaines règles qu'il va
falloir suivre. Si on ne respecte pas les règles de la conservation de
la faune, c'est évident qu'il ne pourra pas y avoir de permis. C'est le
bon sens.
Le Président (M. Brouillet): L'article 15 est-il
adopté?
M. Lincoln: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division.
Article 16?
M. Garon: L'article 16 est un peu plus théorique. Il
s'agit, normalement, d'un permis annuel. On ne veut pas établir de
droits acquis par les permis. C'est pourquoi on dit que les permis sont annuels
sans même dire qu'ils sont renouvelables. Dans les faits, ils sont
renouvelés. On ne veut pas établir de droits acquis par des
permis de sorte qu'à un moment donné on soit pris dans des
conditions de droits acquis.
M. Ciaccia: Je vais vous dire pourquoi je voterai contre
l'article 16. Normalement, un permis a douze mois, mais vous pouvez le fixer
à une durée moindre. Dans les articles précédents,
on a essayé de clarifier la question des permis, des doubles permis, les
permis que vous allez donner dans des juridictions fédérales. Si
j'accepte l'article 16 sur division, c'est pour cette raison et non parce que
la durée d'un permis ne devrait pas être de douze mois. Puisqu'on
a un problème avec les permis - on a essayé de vous faire
clarifier plusieurs articles précédents sur la question de la
double juridiction où vous semblez accaparer une juridiction que vous
n'avez pas - c'est pour cette raison que nous l'adopterons sur division. Mon
collègue est d'accord?
M. Lincoln: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Alors, l'article 16 est
adopté sur division.
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division.
Article 17?
M. Ciaccia: Adopté sur division. Il va falloir qu'il
fournisse des livres, des registres et d'autres documents.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division.
Article 18?
M. Lincoln: Article 18: "Le ministre peut, à des fins de
recherche, créer et gérer des établissements piscicoles."
N'est-il pas vrai que le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche envisage maintenant de fermer des établissements piscicoles
de recherche?
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: C'est vrai. Pourquoi en ouvrez-vous de nouveaux?
M. Garon: On n'en ouvre pas. On dit: "Le ministre peut...". Il
n'est pas obligé. Si c'est nécessaire, il pourra le faire.
M. Lincoln: Bien oui.
M. Garon: J'aurais pu dire "si nécessaire" mais, dans les
lois, on n'écrit pas de mots inutiles.
M. Lincoln: II y en avait à Saint-Faustin, à
Gaspé, à Tadoussac, au lac aux Écorces. Votre
collègue, M. Chevrette, pensait en fermer quelques-uns.
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Pourquoi ne vous servez-vous pas de ceux qui
existent, que M. Chevrette veut fermer? Pourquoi voulez-vous ces
pouvoirs-là?
M. Garon: Aujourd'hui, depuis que la pisciculture s'est
développée grâce au ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation depuis qu'on a mis en place nos programmes
en 1978, il y a beaucoup de pisciculteurs qui sont intéressés
à la pisciculture. Le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche se rend compte que les activités de ces piscicultures sont
des activités payantes qui pourraient être faites par le secteur
privé. C'est pour cela qu'il songe à se départir de ces
piscicultures qui étaient utilisées à des fins de
recherche. Ce sont des activités connues qui, notamment, peuvent
être utiles dans l'élevage du saumon. On a un programme qu'on
vient de développer pour l'élevage du saumon; l'élevage du
saumon va commencer. Je m'attends à mettre en place, l'an prochain,
plusieurs élevages de saumon.
Si on a besoin de faire des recherches sur quelque chose, les avocats
nous ont dit qu'il était plus prudent de prévoir le faire dans
une loi.
M. Ciaccia: Est-ce que cela vous donne le droit de créer
une société de la couronne pour ces fins-là?
M. Garon: Je vais vous dire bien franchement qu'aussi longtemps
que je vais être ministre de ce ministère, ce n'est pas mon genre
de créer des centres de recherche pour ce qu'on peut faire faire par le
secteur privé. Je pense qu'il est toujours mieux de le faire faire par
le secteur privé quand on le peut. J'ai favorisé les recherches
dans les fermes, dans les endroits privés, parce que, si cela
réussit, l'exemple est meilleur pour les autres. Ils ont plus confiance
parce qu'ils ont vu cela chez quelqu'un du secteur privé. Quand c'est
une activité gouvernementale, les gens disent: C'est connecté sur
le fonds du trésor; que ça paie ou que ça ne paie pas,
cela va continuer. Dans le secteur privé, les gens sont
intéressés si ça rapporte des revenus.
Il n'y a aucun but de créer un centre de recherche mais si cela
était nécessaire, l'article est là pour le permettre.
M. Lincoln: C'est cela qui fait peur aux gens. Vous dites
toujours que vous n'avez pas besoin de cela maintenant mais que si... Alors,
tous les gens se demandent pourquoi vous vous donnez toujours plus de pouvoir.
Vous dites que c'est bien mieux que cela ne se fasse pas...
M. Garon: Je vais vous donner un exemple concret: Vous envoyez
une mission pour l'élevage du homard; l'élevage du homard n'est
pas à point comme celui de la truite, du saumon qui sont des
élevages mieux connus. L'élevage des moules et celui des
huîtres sont en développement. Comme on possède un
territoire propice au homard, si on décidait de faire des recherches
là-dessus, il faudrait créer un genre d'établissement
piscicole pour faire ces recherches. Quand cela serait à point, on
n'aurait plus intérêt à s'en occuper; le secteur
privé pourrait le faire. Cela peut être nécessaire, mais on
n'a pas de projet précis où ce serait nécessaire. C'est
simplement pour que ce soit possible sans problème si cela est
nécessaire. (22 h 15)
Le Président (M. Brouillet): L'article 18 est-il
adopté?
M. Lincoln: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Sur division. L'article
19.
Sanctions administratives et appel
M. Garon: "Sanctions administratives et appel. Suspension ou
annulation d'une concession ou d'un permis. "Le ministre peut, après
avoir donné à l'intéressé l'occasion de
présenter ses observations, suspendre ou annuler une concession ou un
permis: 1° Si l'intéressé est trouvé coupable d'une
infraction à la présente loi ou aux règlements; 2° Si
l'intéressé ne se conforme pas aux conditions, restrictions ou
interdictions de la concession ou du permis. "Le ministre peut, de la
même manière, suspendre ou annuler le permis de celui qui refuse
de prendre une mesure prescrite par un inspecteur ou un agent en application de
l'article 47."
L'article 47 est pour les fins de protection de l'environnement et de la
faune. S'il y a des poissons qui sont atteints d'une maladie contagieuse ou
parasitaire.
M. Ciaccia: Quand vous dites que vous donnez à
l'intéressé l'occasion de présenter ses observations, vous
donnez le droit de suspendre ou d'annuler un permis. Est-ce que vous ne trouvez
pas que c'est une procédure un peu vague et un peu arbitraire? Vous
donnez seulement le droit de faire ces observations, cela ne vous lie pas, il
peut faire toutes les plus belles observations au monde, le choix des mots est
même intéressant.
M. Garon: On aurait pu dire: ...après avoir donné
à l'intéressé l'occasion d'être entendu, c'est une
façon...
M. Lincoln: Faites l'amendement vous-mêmes. C'est vous qui
mettez des affaires.
M. Garon: Je comprends. L'occasion de présenter sa
version...
M. Lincoln: Le tribunal péquiste.
M. Garon: Ses observations. Non, non. Remarquez, je vais vous
dire une chose: ces pouvoirs sont écrits dans les lois...
M. Lincoln: Comme cela!
M. Garon: Est-ce qu'on a annulé les permis pour infraction
depuis trois ans? Quand il y a de graves infractions, cela peut aller
jusque-là. Mais, habituellement, il faut qu'il y ait une infraction
terriblement grave pour faire l'annulation d'un permis. La suspension, cela est
moins grave. Cela peut être comme un avertissement, mais l'annulation
d'un permis, il faut que cela soit très grave. Souvent la suspension va
être une période de temps limitée comme un avertissement
sérieux.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce qu'il y a encore des
questions à l'article 19?
M. Garon: Vous savez comme moi, au fond, c'est parce que nous
sommes vis-à-vis des...
Le Président (M. Brouillet): Est-ce qu'il y aurait des
questions à l'article 19? Nonl Adopté?
M. Ciaccia: Sur division?
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division.
L'article 20.
M. Garon: L'article 20, personne ne peut être contre cela:
"Dans les cas visés à l'article 19, la décision du
ministre doit être motivée et transmise par écrit à
l'intéressé."
M. Lincoln: Le délai, le mode de signification, le lieu,
l'adresse, est-ce qu'on ne met pas cela normalement dans la loi? Non.
M. Garon: Non, la décision doit être motivée
c'est-à-dire que la décision rendue doit être
motivée et transmise par écrit à
l'intéressé. Il ne pourra pas avoir annulation du permis avant
qu'il soit annulé. La décision qui l'annule doit être
motivée et elle doit être transmise à
l'intéressé pour ne pas qu'il continue à faire ses
activités.
M. Ciaccia: Vous dites que la décision doit être
transmise par écrit à l'intéressé, il n'y a pas de
délai... D'après l'article 19, vous pourriez l'annuler.
M. Garon: S'il n'est pas avisé, il va être content,
son permis est annulé et on ne l'avise pas tout de suite. Pendant qu'il
n'est pas avisé, il continue à faire ses activités. S'il
annule le permis, la décision qui l'annule va être rendue, je
pense bien... Il ne sera pas lésé si la décision ne lui
est pas transmise immédiatement, au contraire.
Le Président (M. Brouillet): Alors, l'article 20 est-il
adopté?
M. Garon: Ne lui donnez pas de mauvaises idées, vous.
Le Président (M. Brouillet): Oui, l'article 20?
M. Lincoln: Sur division.
M. Garon: Sur division aussi?
M. Lincoln: Oui, tout cela, c'est la même patente.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division.
Article 21.
M. Garon: "Peuvent interjeter appel de la décision du
ministre devant la Cour provinciale, sur toute question de droit ou de
compétence: "1° celui dont la concession ou le permis est suspendu
ou annulé; "2° celui dont la demande de permis est refusée
pour des motifs autres que d'intérêt public."
M. Lincoln: II n'y a pas d'appel sur les questions de fait? On
parle de questions de droit et de compétence seulement,
M. Garon: C'est toujours comme cela dans les décisions
administratives.
M. Lincoln: C'est toujours inscrit comme cela: droit ou
compétence, sans...
M. Ciaccia: La plupart de vos décisions ne seront pas sur
des questions de droit. C'est sur des questions de fait que vous allez rendre
votre décision.
M. Garon: Non, non, ce sera sur des questions de droit.
M. Ciaccia: Cela va être sur un fait. Quand vous
allez...
M. Garon: Oui, oui, c'est un fait.
M. Ciaccia: Sur un fait. Vous dites, effectivement, qu'il n'y a
pas droit d'appel, parce que vos décisions sont sur des faits. Vous
dites que, sur les faits, vous n'avez pas de droit d'appel.
M. Garon: Non. C'est l'appel habituel des questions
administratives.
M. Ciaccia: Sauf que vous n'êtes pas un tribunal
administratif. C'est une décision du ministre. C'est vous, cela; ce
n'est pas le tribunal administratif. Alors, le ministre pourrait bien se
tromper sur les faits.
M. Garon: Les tribunaux contrôlent la
légalité, mais ils ne contrôlent pas
l'opportunité.
M. Ciaccia: Oui, vous avez raison. Et même, en Cour
d'appel, on peut faire un appel sur une question de droit, non sur une question
de fait. Mais, ici, c'est votre décision à vous.
M. Garon: Bien oui.
M. Ciaccia: Vous n'êtes pas un tribunal, vous.
M. Garon: Pardon?
M. Ciaccia: Vous n'êtes pas un tribunal.
M. Garon: Bien non.
M. Ciaccia: Ni administratif, ni autrement.
M. Garon: C'est la règle normale dans des questions de ce
genre.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que c'est assez
clair?
M. Ciaccia: C'est clair.
Le Président (M. Brouillet): L'article 21 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Sur division. C'est clair aussi.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur
division.
M. Lincoln: M. le Président, je crois que pour situer ce
que mon collègue a dit déjà, ce qui accroche
là-dedans, c'est qu'on parle toujours des concessions, on parle toujours
des permis. Nous pensons que, tout au long de la loi, c'est le gros
problème: les concessions et le fait que le ministre se donne le droit
de donner des doubles permis. C'est pourquoi on vote sur division sur toute
l'affaire, parce qu'on pense que tout cela s'enchaîne.
M. Ciaccia: II peut annuler un permis qu'il n'avait pas le droit
d'accorder...
M. Lincoln: Des concessions qui, selon nous...
M. Ciaccia: ...qu'il n'avait pas le droit d'accorder.
M. Lincoln: Pour le moment, il devra les négocier
plutôt que de les donner arbitrairement.
M. Garon: ...négocier au maximum...
Le Président (M. Brouillet): Article 22, s'il vous
plaît!
M. Lincoln: L'article 22, pour la même raison, on va
l'adopter sur division.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division.
Article 23.
M. Lincoln: On n'a aucun problème
technique avec cela.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division
aussi?
M. Lincoln: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division.
Article 24.
M. Ciaccia: C'est quoi l'effet de cet article-là, quand
vous dites "L'appel est entendu et jugé d'urgence"?
M. Garon: C'est que, si l'appel va en Cour provinciale, on veut
qu'il soit traité rapidement, parce que cela concerne un gars qui
travaille dans un secteur et, normalement, c'est son gagne-pain. Alors, on ne
veut pas que cela traîne pendant deux ans et que, pendant ce temps, le
gars n'exerce pas ses activités. On dit que cela doit être
traité d'urgence. La loi dit que cela doit être entendu et
jugé d'urgence pour que cela passe en priorité au rôle.
M. Ciaccia: Est-ce que cela va avoir un effet sur la Cour
provinciale? Vous n'aurez pas besoin de changer la loi sur les tribunaux pour
qu'il y ait une procédure en temps d'urgence.
M. Garon: II y a une indication à l'effet que
l'Assemblée nationale demande au juge, dans ces cas-là, de
procéder rapidement. Évidemment, le juge...
M. Ciaccia: II va falloir prendre un juge qui ait de
préjugés favorables envers l'Assemblée nationale.
Autrement, on va mettre cela en bas de la pile.
M. Garon: II ne faudra pas prendre un juge qui s'est
présenté plusieurs fois et qui n'a jamais été
élu.
Le Président (M. Brouillet): L'article 24 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Ou bien un juge qui a déjà
siégé.
Le Président (M. Brouillet): Cet article 24 est-il
adopté sur division?
M. Ciaccia: L'article 24 est adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. J'appelle
l'article 25.
M. Lincoln: À l'article 25, M. le ministre, on dit:
"...après avoir permis aux parties de présenter leurs
observations." Pourquoi n'ajoutez-vous pas que les parties ont droit de se
faire entendre et de présenter une défense? Pourquoi faire des
observations? Cela va sûrement plus loin que cela, le droit de se faire
entendre et de se défendre.
M. Garon: Apparemment, les juristes ont rédigé cela
de cette façon pour raison de concordance à notre Charte des
droits et libertés de la personne...
M. Ciaccia: Est-ce l'article 24 ou 25?
M. Garon: ...en disant: "...de présenter leurs
observations." La Charte des droits et libertés de la personne
prévoit que, dans ses fonctions, un ministre agit en fonction quasi
judiciaire et qu'une partie peut être entendue si elle le souhaite. On
dit que si une partie veut présenter ses observations verbales ou
écrites...
M. Ciaccia: Mais pourquoi ne mettez-vous pas "aux parties de se
faire entendre"?
M. Garon: C'est déjà prévu par la Charte des
droits et libertés de la personne. On dit que si une partie veut se
faire entendre, d'envoyer...
M. Ciaccia: Un instant. Est-ce que vous voulez qu'il y ait un
conflit entre la charte et votre...
M. Garon: Non.
M. Ciaccia: Pour éviter un conflit, pourquoi
n'utilisez-vous pas les mêmes mots: "de se faire entendre".
M. Garon: Bien, c'est pour l'indiquer que si une partie veut
présenter ses observations écrites ou orales, elle pourra le
faire. Écrites surtout.
M. Lincoln: Les parties ont sûrement ce droit. De toute
façon, si elles se font entendre, elles ont le droit de présenter
leurs observations écrites ou orales. Cela n'a pas de sens M. le
ministre.
M. Ciaccia: On n'est pas pour parler avec des signes...
M. Garon: II n'y a pas d'intention particulière. Les gens
qui ont rédigé cette partie-là, moi je n'ai pas...
M. Lincoln: C'est quelque chose de nouveau, M. le ministre.
M. Ciaccia: Cela déduit vraiment le droit de se faire
entendre parce que lorsque vous dites: Présenter vos observations, ce
n'est pas la même chose que de se faire entendre.
M. Garon: On dit que cette expression
se retrouve dans plusieurs lois.
M. Ciaccia: Je ne conteste pas cela, mais cela n'est pas la
même chose.
M. Lincoln: Mais vous qui nous disiez être un
défenseur du peuple, vous devriez vous opposer à cela. Dans votre
loi, vous devriez procéder différemment. Ce n'est pas suffisant.
Vous avez admis vous-même que si les parties se font entendre, elles
peuvent présenter des observations écrites ou orales. Pourquoi ne
pas spécifier exactement ce qu'elles peuvent faire?
M. Garon: On dit qu'il y a différentes façons de
rédiger ce droit et que tout cela veut dire la même chose au fond.
Les juristes l'ont rédigé de cette façon ici.
M. Ciaccia: S'ils l'ont rédigé de cette
façon... Il y a une règle d'interprétation qui s'applique
à toutes les lois. S'il y a une différence entre le
libellé d'un droit et de l'autre, cela veut dire qu'il y a une
différence dans le droit qui a été accordé. Si on
dit dans certains cas "le droit de se faire entendre", cela a des implications
totales. Pour se faire entendre, il va faire des représentations
verbales ou écrites, mais si vous dites "présenter leurs
observations", ce n'est pas tout à fait aussi impérieux. Il n'y a
pas autant de protection; cela ne lui accorde pas les mêmes droits que de
se faire entendre, mais seulement de présenter des observations. Je ne
vois pas pourquoi on devrait argumenter là-dessus. (22 h 30)
M. Garon: Si on le met, c'est parce que cela a un sens plus large
que de se faire entendre. On peut présenter des observations
écrites ou verbales tandis que se faire entendre, c'est se faire
entendre.
M. Lincoln: M. le ministre, j'avais proposé un amendement
pour dire à l'article 25: "Les mots "présenter leurs
observations" sont remplacés par les mots "se faire entendre".
M. Ciaccia: Le droit de se faire entendre... Se faire entendre
voudrait dire avoir le droit d'interroger et de contre-interroger; tandis que,
dans "présenter leurs observations", vous n'avez pas le droit
d'interroger ni de contre-interroger. Alors vous restreignez le droit en disant
seulement de "présenter des observations"; au moins, selon l'autre, on
peut poser des questions.
M. Garon: Non, mais ce droit est déjà prévu,
apparemment, dans la Charte des droits et libertés de la personne.
M. Ciaccia: Oui, mais je ne le vois pas. S'il est prévu,
ne présentons pas deux choses différentes...
M. Garon: Alors, on élargit le droit. M. Ciaccia:
Non, vous le restreignez.
M. Garon: Bien non, je ne peux pas le restreindre.
M. Ciaccia: Quelqu'un dira: Non, tu n'as pas le droit de te faire
entendre, mais seulement de présenter tes observations. Si le type n'est
pas assez vite pour dire: la Charte des droits et libertés de la
personne me donne ce droit, il présentera ses observations et il sera...
Vous ouvrez la porte à un abus possible. Pourquoi ne le dites-vous pas
clairement? Si vous dites qu'il a le droit de se faire entendre, dites-le.
Montrez donc votre grande ouverture d'esprit.
M. Garon: Oui, mais ce n'est pas cela. Quand on est dans le
territoire maritime, quand on fait... Les gens aiment beaucoup mieux des
méthodes informelles que des méthodes formelles qui leur
coûtent beaucoup d'argent. Je comprends que c'est meilleur pour les
avocats, mais cela coûte plus cher aux gens.
M. Lincoln: C'est meilleur pour les pauvres gens qui ont à
se défendre.
M. Garon: Ah non! La plupart du temps, les juges prennent pour
les gens qui...
M. Ciaccia: II n'y a rien qui l'empêche d'être
informel, s'il ne veut pas aller...
M. Maciocia: Oui, oui.
M. Ciaccia: ...mais, au moins, déléguez le
droit.
M. Macioccia: II n'est pas obligé.
M. Garon: II a ce droit par la charte.
M. Lincoln: Non, mais on ne parle pas de la charte ici, on parle
du projet de loi 48. Pourquoi ne pas éliminer l'article ici? Qu'est-ce
que cela vous donne de mettre des articles déjà inscrits dans la
charte? Tout cela est dans la charte.
M. Ciaccia: Si vous parlez devant la Cour provinciale, il se fera
représenter par un avocat, il n'ira pas à la Cour provinciale
tout seul.
M. Lincoln: Qu'est-ce qui arrive?
Le Président (M. Brouillet): L'amendement est reçu.
L'amendement consiste à remplacer à la fin de l'article 25
les mots "présenter leurs observations" par "se faire
entendre".
M. Lincoln: Oui.
M. Ciaccia: Si cela fait plaisir au ministre, on pourrait dire
"présenter leurs observations et se faire entendre". Vous parlez d'un
droit d'appel devant la Cour provinciale...
M. Garon: Les juristes du ministère de la Justice qui
participent à ces rédactions me disent qu'ici il s'agit d'un
droit plus large. Quand on dit "se faire entendre", on veut dire: se faire
entendre verbalement. Ici, les gens peuvent présenter leurs observations
par écrit.
M. Ciaccia: Dans les autorisations de plaider par écrit,
le droit de se faire entendre est inclus.
M. Garon: Je comprends, mais on le met de cette façon dans
plusieurs droits. Si on avait mis...
M. Lincoln: Là on parle du projet de loi 48, cela ne veut
pas dire que c'est raisonnable. La Charte des droits et libertés de la
personne peut être amendée et être annulée demain
matin par l'Assemblée nationale. Vous l'avez vous-mêmes suspendue
sur la loi 111. Pourquoi ne pas dire dans le projet de loi 48 que quelqu'un
doit se faire entendre?
M. Ciaccia: Si vous dites que c'est plus large, on peut toujours
dire: "de se faire entendre et de présenter des
réclamations."
M. Lincoln: "...et de présenter des
réclamations."
M. Garon: Oui, oui, là, on s'amuse.
M. Lincoln: Non, on ne s'amuse pas du tout.
M. Ciaccia: Non, non, on parle d'un droit d'appel devant un
tribunal, devant la Cour provinciale, dont la décision est sans
appel.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement est soumis.
M. Garon: On a droit à combien de votes?
M. Ciaccia: On peut prendre un vote.
Le Président (M. Brouillet): Les trois qui sont
là.
M. Lincoln: II veut prendre le vote.
Le Président (M. Brouillet): Les gens sont-ils prêts
à voter?
M. Garon: Ça prend du monde pour pêcher, qu'ils
viennent voter au moins, s'ils ne sont pas là. Je vais parler pour tenir
le temps.
M. Maciocia: On vous donne la permission de continuer, M. le
ministre. Oui, pour ne rien dire. C'est cela.
M. Garon: Non, on avait accepté cette expression dans un
article antérieur...
M. Lincoln: Non, ce n'est pas ce qui est arrivé.
M. Maciocia: Ce n'est pas la même chose.
M. Lincoln: Ce n'est pas la même chose.
M. Maciocia: Je ne vois pas pourquoi le ministre s'oppose
à dire "après avoir permis aux parties de présenter leurs
observations ou de se faire entendre" ou "et de se faire entendre". Quelle est
la différence?
M. Garon: C'est parce qu'en droit on ne parle pas pour rien
dire.
M. Maciocia: Alors, cela veut dire que vous voulez cacher quelque
chose par cela.
M. Garon: Non, pas du tout.
M. Ciaccia: Allez-vous continuer à parler? Je demande le
vote, M. le Président. Si le ministre n'a rien à dire.
Le Président (M. Brouillet): Si vous êtes
prêts à voter, je...
M. Garon: Je continue tranquillement mes observations. Vous
remarquez que mes observations, c'est le droit de me faire entendre. Dans ce
cas-ci, c'est verbalement. Pardon? Autrement...
M. Maciocia: II est arrivé.
M. Lincoln: II est arrivé.
M. Garon: Qu'est-ce qui est arrivé?
M. Maciocia: Allez-y! Continuez.
M. Garon: Alors, au fond, les légistes nous disent que
cette formule est employée régulièrement, qu'elle
s'inscrit dans le cadre de l'élargissement des droits des gens qui
peuvent présenter leurs observations, tant par écrit que
verbalement. Comme nous sommes dans une matière de droit, qui va se
passer
dans le territoire maritime où, entre Sept-Îles et
Blanc-Sablon, il y a 400 milles, où en Gaspésie, c'est plusieurs
centaines de milles, où, aux Îles-de-la-Madeleine, c'est
également très loin, qu'il est utile que les gens puissent faire
leurs remarques, non seulement verbalement, mais aussi par écrit et que
leur consentir de faire leurs remarques par écrit devant le tribunal,
ceci étant leur droit prévu par la Charte canadienne des droits
et libertés, c'est ce droit fondamental que nous voulons inscrire dans
cette loi pour que les gens aient tous leurs droits. C'est pourquoi cet
article, à la demande même des légistes, va plus loin que
la Charte canadienne des droits et libertés pour tenir compte des
particularités du territoire maritime qui permet aux gens de
présenter par écrit leurs observations devant le juge comme s'ils
étaient présents devant lui. Alors, c'est de là que vient
cette formulation qui étend les droits des personnes.
Une voix: Ils ont la télévision!
M. Lincoln: Très beau discours. Dans tous les cas...
Le Président (M. Brouillet): Alors, est-ce qu'une autre
personne aimerait ajouter à...? Comme cela, tout le monde est prêt
à voter?
M. Maciocia: M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: La seule observation que je voudrais faire, M. le
Président, c'est qu'on est prêts à voter, parce que
tantôt il y avait seulement le ministre et un autre député.
C'était la raison pour laquelle le ministre voulait parler pour ne rien
dire.
Le Président (M. Brouillet): Vous avez tous fini de
parler?
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement est mis aux
voix. Je l'ai mentionné tantôt. Pour ceux qui n'y étaient
pas, il serait peut-être bon de rappeler l'amendement. Il s'agit de
remplacer à la fin de l'article 25 les mots "présenter leurs
observations" par "se faire entendre". Ceux qui sont pour l'amendement?
M. Ciaccia: Appelez les noms des membres pour qu'ils disent
"pour" ou "contre".
Le Président (M. Brouillet): Si vous le désirez, on
peut procéder de cette façon.
M. Lincoln: Oui, oui.
M. Ciaccia: Vote nominal.
Le Président (M. Brouillet): Vote nominal. C'est
permis.
M. Baril (Arthabaska)?
M. Baril (Arthabaska): Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Beau-mier (Nicolet)?
M. Beaumier: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M.
Lachance (Bellechasse)?
M. Lachance: Contre. Une voix: ...
M. Ciaccia: Seulement les membres, M. le Président. Pas
les intervenants.
Le Président (M. Brouillet): M. Dupré
(Saint-Hyacinthe)?
Une voix: Absent.
Le Président (M. Brouillet): M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata)?
M. Lévesque: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Lincoln (Nelligan)?
M. Lincoln: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. Maciocia (Viger)?
M. Maciocia: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Pour
M. Maciocia: C'est combien le vote?
Le Président (M. Brouillet): Pour: 3. Contre: 5.
L'amendement est rejeté.
M. Ciaccia: Je préfère gagner une partielle qu'un
vote pour des choses comme cela.
Le Président (M. Brouillet): Nous revenons à
l'article 25. L'article 25 est-il adopté?
M. Lincoln: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division.
Article 26.
M. Garon: C'est correct, cela. Article 26. L'appel ne suspend pas
l'exécution de la décision du ministre à moins que le
tribunal n'en décide autrement. C'est le tribunal qui va décider.
À ce moment, si pendant l'appel le fait de maintenir la décision
les autres vont...
M. Lincoln: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division.
Article 27. Adopté?
M. Garon: C'est assez.
Le Président (M. Brouillet): Adopté? Purement.
Adopté. Article 28?
M. Lincoln: Adopté. M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
29?
Inspection, saisie et confiscation
M. Garon: Bon! "Le ministre peut, pour l'application de la
présente loi et des règlements, dans les limites
autorisées par le Conseil du trésor - c'est là une formule
différente aussi - nommer des inspecteurs, des analystes et des agents
et déterminer leur rémunération ainsi que leurs
autres...
M. Ciaccia: C'est la première fois que vous lisez
l'article.
M. Garon: Pardon?
M. Ciaccia: C'est la première fois que vous lisez
l'article.
M. Garon: Oui. Non, non. Quand on l'a rédigé, j'ai
trouvé cela aussi. Mais c'est aussi une nouvelle façon de
rédiger. "...ainsi que leurs autres conditions de travail.
M. Lincoln: On dirait que c'est le Conseil du trésor qui a
l'autorité sur vous. Non?
M. Garon: Oui.
M. Maciocia: II n'est pas d'accord.
M. Lincoln: C'est la première fois que le Conseil du
trésor a l'autorité sur vous...
M. Garon: Comment cela?
M. Lincoln: Je suis content. Peut-être que ce sera un
ministre qui pourra vous tenir un petit peu en...
M. Maciocia: Contrôler.
M. Lincoln: Un petit peu de contrôle. D'après ce que
je comprends, si on lit bien cela: le ministre peut, pour l'application de la
présente loi et des règlements et dans les limites
autorisées par le Conseil du trésor, nommer des inspecteurs...
C'est-à-dire qu'il n'y a pas de délégation de pouvoirs, le
Conseil du trésor a autorité sur la nomination des inspecteurs,
des analystes et des agents et détermine leur rémunération
ainsi que leurs conditions de travail.
M. Ciaccia: Cela n'a pas de bon sens. (22 h 45)
M. Lincoln: C'est le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation...
M. Garon: C'est le nombre qui peut être limité.
M. Lincoln: Ah! non, ce n'est pas du tout ce que dit
l'article.
M. Garon: Oui. "Le ministre peut..."
M. Lincoln: "...pour l'application de la présente loi et
des règlements..."
M. Garon: "...et dans les limites autorisées par le
Conseil du trésor, nommer des inspecteurs, ..." On veut dire que je peux
en nommer 50, 60, 70 ou 80. Par ailleurs, il faut en nommer assez pour faire
respecter la loi.
M. Lincoln: Voulez-vous dire que "limites" veut seulement dire le
nombre? Cela peut être des limites dans les conditions, dans la
qualité, dans le temps. Cela ne veut pas dire que ce sont des limites de
nombre. "Limite" est un mot presque illimité, quand vous dites "limites"
cela peut être des limites de temps, de périodes de temps.
M. Garon: En vertu des conventions collectives qui sont
négociées par lui et qui va être responsable de la fonction
publique.
M. Lincoln: En tout cas, d'après ce qu'on lit: Le Conseil
du trésor peut situer presque les cadres dans lesquels... Il peut vous
dire: Au lieu de nommer cinq inspecteurs, vous en nommerez deux. Je vous
laisse nommer des inspecteurs et vous allez dire trois en
Gaspésie, etc. Il a la limite d'autorisation. Il me semble que ce sont
des limites de condition, peut-être de contrat.
M. Maciocia: On ne veut pas vous mettre dans des conditions pour
que vous vous chicaniez encore.
M. Garon: Comment cela se fait-il? Je ne me chicane pas. Je suis
un "régleux".
M. Maciocia: C'est un "régleux"?
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que l'article 29 est
adopté?
M. Lincoln: Je suis content de voir que notre ministre prend
cette loi en considération mais cela n'a pas de sens et c'est
inacceptable.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur
division.
M. Ciaccia: Vous allez vous passer la balle s'il y a trop de
pêcheurs.
M. Lincoln: Quand quelque chose va mal aller, vous allez dire: Ce
n'est pas moi, mais le Conseil du trésor.
M. Ciaccia: Le Conseil du trésor ne saura plus où
se jeter et il va se jeter à l'eau.
Le Président (M. Brouillet): Article 30? M. Ciaccia:
Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur
division.
M. Lincoln: Non.
M. Ciaccia: Non, article 29 sur division.
M. Lincoln: Article 29 sur division. Article 30
adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 30 adopté,
cela va. L'article 30 est adopté. Article 31?
Adopté?
M. Lincoln: Attendez une minute.
Le Président (M. Brouillet): Article 31, adopté sur
division.
M. Ciaccia: Oui.
M. Lincoln: Je veux poser une question au ministre.
Le Président (M. Brouillet): Oui, très bien.
M. Lincoln: On a adopté cela sur division, car les article
31 et 32 qui suivent ont trait aux inspecteurs. Tout cela ne refère-t-il
pas aux droits des inspecteurs de contrôler des concessions qui sont
sujettes à contestation dès le premier abord? En d'autres mots,
les inspecteurs ont le droit d'aller contrôler des concessions que vous
allez donner dans le golfe, à la baie des Chaleurs et que vous avez
décidé de prendre là-bas la possession territoriale.
M. Garon: C'est cela.
M. Lincoln: Tout cela n'a aucun bon sens. Je suis content que ce
soit sur division.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce adopté sur
division?
M. Lincoln: Certainement.
Le Président (M. Brouillet): Article 32, adopté sur
division. Article 33?
M. Garon: Ce sont les mêmes inspecteurs qui vont aller dans
les piscicultures. L'article 33 est bien fait.
M. Ciaccia: Vous pensez cela vous.
M. Lincoln: Si cela est aussi bien fait que le reste, je ne crois
pas que...
M. Garon: "Tout inspecteur ou agent peut dans l'exercice de ses
fonctions: 1. pénétrer, à toute heure convenable, dans
l'établissement d'un titulaire de permis et en faire l'inspection; il
peut examiner les produits qui s'y trouvent, en prélever gratuitement
des échantillons, examiner les registres et tout autre document et en
prendre un extrait ou une copie; 2. exiger tout renseignement relatif à
l'application de la présente loi et des règlements, de même
que la production de tout document s'y rapportant." C'est bien dit.
Le Président (M. Brouillet): L'article 33...
M. Maciocia: À toute heure convenable, qu'est-ce que cela
veut dire, M. le ministre?
M. Garon: Pardon?
M. Maciocia: À toute heure convenable, qu'est-ce que cela
veut dire?
M. Garon: Selon les circonstances.
M. Maciocia: Que voulez-vous dire? Est-ce pendant les heures de
travail, en
dehors de heures de travail ou quoi?
M. Garon: Dans ce secteur, les heures de travail peuvent
être extensibles. Dans le domaine de la pêche, on pêche
souvent jour et nuit.
M. Maciocia: Oui...
M. Garon: Cela dépend de ce dont il s'agit.
M. Maciocia: Oui mais, si c'est jour et nuit, c'est 24 heures sur
24. Que veut donc dire "à toute heure convenable"?
M. Garon: Une heure qui a du bon sens dans les circonstances.
M. Maciocia: Dans les 24 heures?
M. Garon: Non, cela dépend des circonstances.
M. Maciocia: Donnez-moi un exemple. Vous n'êtes pas capable
de me donner un exemple de ce que veut dire "à toute heure
convenable".
M. Ciaccia: 22 h 50, ce n'est pas une heure convenable.
M. Garon: Cela dépend...
M. Maciocia: Donnez-moi un exemple.
M. Garon: Si c'est quelqu'un qui fait du braconnage la nuit, une
heure convenable peut être n'importe quand. Si c'est quelqu'un qui commet
une infraction qui peut être vérifiée le jour, ce sera le
jour. Cela dépend du type d'infraction.
M. Maciocia: Mais là on ne parle pas d'infraction.
M. Garon: Si vous êtes en train de "poacher" un lac...
M. Maciocia: On ne parle pas d'infraction. On dit que
l'inspecteur peut entrer dans l'établissement; cela ne veut pas dire
qu'il y a eu une infraction à la loi. Vous parlez d'une infraction.
M. Garon: S'il présume qu'il y a une infraction...
M. Maciocia: II peut rentrer pour inspecter. Ce n'est pas
seulement s'il présume qu'il y a une infraction. Il peut rentrer dans un
établissement comme n'importe quel autre inspecteur et vérifier
ce qu'il y a à l'intérieur de l'établissement.
M. Garon: C'est cela.
M. Maciocia: Cela ne veut pas dire qu'il y a une inspection parce
qu'il y a une infraction. Alors c'est quoi une heure convenable?
M. Garon: Cela dépend des activités. M.
Maciocia: Oui...
M. Garon: Pour un genre d'activité, une heure convenable
sera la nuit mais pour une autre activité la nuit ne sera pas une heure
convenable.
M. Ciaccia: Je voudrais savoir si 22 h 50 c'est convenable pour
une commission parlementaire qui étudie un projet de loi.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Cela dépend des circonstances.
M. Garon: Cela dépend à quel point on est
libéral.
Le Président (M. Brouillet): À l'article 33, il
semble y avoir un différend sur le mot "convenable". Est-ce que cela
vous empêche de procéder au vote?
M. Lincoln: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur
division.
M. Garon: À l'article 34...
Le Président (M. Brouillet): Article 34.
M. Garon: ...nous avons un amendement.
M. Lincoln: Oui, j'espère que vous allez apporter beaucoup
d'amendements.
M. Garon: L'article 34 est modifié par le remplacement,
dans la troisième ligne, du mot "partie" par les mots "une portion".
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez nous dire le sens de cela?
Quelle est la différence?
M. Ciaccia: II n'y en a pas. M. Garon: C'est plus
élégant.
M. Lincoln: Est-ce que vous rigolez ou bien si cela est
sérieux?
M. Garon: On dit: "Tout inspecteur ou agent peut monter à
bord d'un bateau de pêche pour y vérifier si ses occupants se
conforment à la présente loi et aux règlements et,
notamment, s'ils utilisent partie de la rive - on dit une portion de la rive -
ou du lit des eaux du domaine public
conformément à la présente loi et aux
règlements."
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Lincoln: L'amendement est adopté. M. Ciaccia: Une
minute, attends. M. Lincoln: C'est l'amendement.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Revenons
à l'article 34 tel qu'amendé...
M. Lincoln: II n'y a pas de problème pour l'amendement
parce qu'on a déjà parlé de la portion de la rive mais,
quand on parle de l'article lui-même, on revient à toute la
question fondamentale de la loi. Vous dites: "Tout inspecteur ou agent peut
monter à bord d'un bateau de pêche pour y vérifier si ses
occupants se conforment à la présente loi et aux
règlements et, notamment, s'ils utilisent une portion de la rive ou du
lit des eaux du domaine public...". Vous ne dites pas ce qu'est le domaine
public. Vous ne faites aucune distinction s'il s'agit des eaux à
marée ou sans marée. C'est tout le problème. Comment vos
gens vont-ils décider qui utilise quoi, quel droit ils ont de
l'utiliser? Comment vérifie-t-on l'utilisation de quelque chose? On a
parlé des engins fixes ou des engins déposés. Comment vos
inspecteurs vont-ils vérifier cela? Qu'arrive-t-il, par exemple, s'il y
a un pêcheur qui a des casiers dans son bateau, qui ne les a pas encore
déposés et qui ira peut-être les déposer au fond de
la mer? Est-ce que, par présomption, ils peuvent dire qu'il utilise
partie de la rive ou du lit des eaux? Est-ce qu'il utilise, quand il a
déposé ses engins au fond de la mer? Comment, à ce moment,
l'inspecteur établit-il cela? Est-ce qu'il utilise cette concession
lorsque le bateau traverse sur cette concession? Comment décidez-vous
toutes ces choses pour renforcer votre loi? Est-ce lorsqu'un bateau qui n'a pas
de permis pour cette dite concession traverse la concession, alors qu'il n'a
pas le droit? Si son bateau est arrêté sur une concession qui
appartient, selon vous, à quelqu'un d'autre mais qu'il n'a pas
déposé son casier, est-ce que votre inspecteur peut
l'arrêter à ce moment, ou si c'est seulement quand il a
déposé son casier au fond de la mer? À ce moment, comment
votre inspecteur détermine-t-il ce qu'il y a au fond de la mer, si c'est
un grand fond de mer? Comment contrôlez-vous cette bagarre, comment
contrôlez-vous tout cela?
Maintenant, c'est facile parce que vous avez un permis qui a
été donné avant par le Québec, vous avez un permis
qui a été donné par le fédéral tandis que
dans l'avenir, ce sera différent. Vous allez avoir un permis du
Québec, un permis du fédéral, un permis du
fédéral aux pêcheurs québécois, un permis du
Québec aux pêcheurs québécois, un permis du
fédéral pour les pêcheurs du Nouveau-Brunswick, un permis
de Terre-Neuve pour les pêcheurs de Terre-Neuve, plus un permis du
Québec, sans doute une espèce de permis spécial pour les
pêcheurs du Nouveau-Brunswick qui viennent pêcher au Québec
et ceux de Terre-Neuve qui viennent pêcher au Québec, selon vous.
Ce sera un fouillis de premier ordre. Votre inspecteur arrive. Est-ce qu'il
demande de vérifier le permis de la personne? Comment est-ce qu'il
contrôle l'utilisation de cette fameuse concession? Est-ce quand le
bateau traverse la concession. Si c'est le soir, comme vous dites, quand il
pose les casiers, est-ce que votre inspecteur le prend en flagrant délit
quand il traverse cette ligne magique que vous vous êtes
tracée?
M. Garon: Ce n'est pas cela qui est écrit.
M. Lincoln: Ah! C'est cela qui est écrit.
M. Garon: Notamment, s'il utilise une partie de la rive ou du lit
des eaux...
M. Lincoln: Oui, du lit...
M. Garon: ...la rive ou le lit des eaux.
M. Lincoln: D'accord, mais les eaux ne sont pas des eaux à
marée, ce sont les eaux...
M. Garon: On ne contrôle pas s'il passe sur l'eau.
M. Lincoln: S'il est arrêté, ce que je vous ai
demandé, M. le ministre, par exemple, dans la moitié de la baie
des Chaleurs où le lit, le fond de la mer vous appartient, cela est
à vous. Vous avez donné une concession au pêcheur X. Le
pêcheur Y - surtout s'il vient du Nouveau-Brunswick, c'est plus
compliqué - vient s'arrêter au haut de cette fameuse concession
sur la mer, dans les limites que vous avez tracées pour l'autre
pêcheur. Il a déposé ses casiers, il est
arrêté, il est ancré. Est-ce que vous l'arrêtez
à ce moment? Est-ce que vous l'arrêtez quand il a
déposé ses casiers? Comment est-ce que vous allez vérifier
tout cela? Quel droit votre inspecteur se donne-t-il pour aller... Est-ce qu'il
dit: Vous êtes dans une concession, vous avez des casiers, je vous prends
en flagrant délit? Est-ce qu'il attend qu'il ait déposé
ses casiers? Comment va-t-il vérifier si ces casiers sont à lui
ou à la personne de la concession? Comment est-ce qu'il fait cela?
M. Garon: Voyez-vous...
M. Lincoln: Est-ce que la concession que vous louez à ce
pêcheur...
M. Garon: Ah Oui! On va louer le terrain.
M. Lincoln: Est-ce qu'il peint ses casiers avec une fleur de lys
pour les différencier des casiers de quelqu'un d'autre? Comment est-ce
que vous vérifiez tout cela?
M. Garon: C'est simple. M. Lincoln: Ah oui!
M. Garon: Si un pêcheur a des cages dans le fond de l'eau,
pour savoir où sont ses cages, il doit maintenir une bouée
à la surface de l'eau. S'il y a une bouée à la surface de
l'eau, celle-ci doit porter un numéro. D'après nos listes, on
sait que cette bouée qui a tel numéro appartient à tel
pêcheur et est censée être à approximativement
à tel endroit. Et, si la bouée n'a pas de numéro ou un
numéro qui n'a pas de permis il y a quelque chose qui ne va pas.
M. Lincoln: Je vous pose une question. D'accord. On est
arrivé quelque part. Vous avez une bouée avec un numéro.
Il y a un pêcheur du Nouveau-Brunswick qui sort de votre ligne imaginaire
de la baie des Chaleurs, qui vient déposer son casier avec sa
bouée, avec son numéro qui est un permis
fédéral.
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Est-ce que vous saisissez son casier, vous l'amenez
sur la côte du Québec et vous le saisissez? Est-ce cela que vous
faites? Lui, il n'a pas de permis...
M. Garon: Normalement, il n'aura pas un seul casier parce que si
c'est un pêcheur de crabes, il va avoir...
M. Lincoln: Raison de plus, c'est simple, on vous donne un
exemple... (23 heures)
M. Garon: ...près de 10 casiers par bouée, mais il
a droit jusqu'à 150 bouées.
M. Lincoln: D'accord.
M. Garon: Pardon, 150 casiers.
M. Lincoln: Cela n'est pas important, la quantité. Si, par
exemple, c'est un pêcheur du Nouveau-Brunswick, il y a un numéro
sur sa bouée qui transmet l'information à votre inspecteur,
à savoir que c'est un permis fédéral, que ce n'est pas un
permis québécois, que ce n'est pas le permis de la personne
à laquelle vous avez donné la concession; est-ce que votre
inspecteur saisit toutes les cages?
M. Garon: En fonction du règlement, dans des cas comme
cela, il pourrait les saisir.
M. Lincoln: II pourrait les saisir, d'accord; alors, c'est
cela.
M. Garon: Dans un cas comme celui que vous mentionnez...
M. Lincoln: Oui.
M. Garon: ...s'il n'y a pas de permis...
M. Lincoln: S'il n'y a pas de permis de quoi? De qui?
M. Garon: Du Québec. M. Lincoln: Du
Québec.
M. Garon: Pour utiliser le fond marin québécois
pour y déposer ses casiers.
M. Lincoln: D'accord. Avant que la loi 48 soit
sanctionnée, aujourd'hui, ce même pêcheur a le droit de
venir déposer ses casiers parce qu'il a un permis fédéral;
aujourd'hui, dans la baie des Chaleurs, il a le droit de venir déposer
ses casiers.
M. Garon: Auparavant?
M. Lincoln: Pas auparavant, aujourd'hui.
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez dire par aujourd'hui?
M. Lincoln: Aujourd'hui, la loi n'est pas adoptée.
M. Garon: Non, d'accord.
M. Lincoln: Ce soir, durant la saison de pêche 1983. C'est
pratiquement terminé, mais disons que c'était en septembre
1983.
M. Garon: La pêche est terminée. Normalement, il n'y
a pas de casiers; on arrache tout.
M. Lincoln: D'accord. Là, on y revient. Disons que ce
sont....
M. Garon: La pêche au crabe est terminée depuis le
mois d'août.
M. Lincoln: Monsieur, je vous ai dit que c'était au
début de septembre...
M. Garon: Je prends le cas qui m'a été
demandé, pour aujourd'hui; il veut absolument que ce soit
aujourd'hui.
M. Lincoln: Non, non.
M. Garon: Aujourd'hui, la pêche au crabe est
terminée.
M. Lincoln: Disons que nous revenons -on est en train de jouer
sur les mots - en septembre, comme je vous l'ai dit. Peut-être que je
n'ai pas été assez loin. Si on dit qu'on revient au 15
août, au 20 août ou au 1er août, avant que cette loi soit
adoptée, pendant une saison de pêche, on parle de crabe, vous
parlez, dans votre loi, de pêche à la morue, vous parlez de
poisson - par exemple, dans les environs de Blanc Sablon -mais parlons de
crabe, si vous voulez parler de crabe. Vous-même n'avez pas l'air de
connaître la réponse, M. le ministre.
M. Ciaccia: Le journal des Débats mentionnera qu'il y a
une longue pause. Il n'y a pas de réponse du ministre; le ministre
attend, discute, consulte et réfléchit.
M. Lincoln: Le ministre réfléchit et il aura
beaucoup à réfléchir quand sa loi sera adoptée.
M. Garon: On dit que cela s'est appliqué à
certaines pêches; à la pêche au hareng, avec des filets.
Comme le règlement fédéral et le règlement
fédéral pour le Québec n'étaient pas exactement les
mêmes, les pêcheurs du Nouveau-Brunswick, lorsqu'ils
pêchaient sur le territoire québécois, devaient avoir un
permis québécois...
M. Lincoln: D'accord.
M. Garon: ...en vertu du règlement
fédéral.
M. Lincoln: D'accord. Cela est en vertu du...
M. Garon: II y a des... Voyez que...
M. Lincoln: En vertu du règlement fédéral.
Mais dans un cas où le règlement fédéral - afin
qu'il n'y ait aucun malentendu dans votre esprit - est le même pour le
pêcheur du Nouveau-Brunswick qu'il ne l'est pour le pêcheur du
Québec - il y a de nombreux exemples de cela - ou le même pour le
pêcheur de Terre-Neuve qu'il ne l'est pour le pêcheur du
Québec et qu'ils viennent pêcher dans des eaux que vous
considérez comme la propriété du Québec par rapport
au lit de l'eau, au fond de la mer, je vous dis qu'en août, en juillet,
en juin, il avait le droit de pêcher, il avait le droit de jeter sa
bouée avec son numéro de permis fédéral.
Aujourd'hui, avec la loi 48, tout de suite, il n'a plus le droit de le
faire, n'est-ce pas? Vous saisissez ses...
M. Garon: S'il n'a pas le permis du Québec et qu'il
dépose ses engins sur le sol du Québec, il faut qu'il demande un
permis.
M. Lincoln: Mais il n'a pas demandé de permis parce que le
gouvernement fédéral lui a dit qu'il n'avait pas besoin de
permis.
M. Garon: Le gouvernement fédéral ne dira pas
cela.
M. Lincoln: II ne dira pas cela.
M. Garon: Je ne le pense pas. Aujourd'hui même,
j'étais en conférence fédérale-provinciale et des
ministres ont posé des questions. Ils m'ont posé des questions et
en ont posé au ministre fédéral. Le ministre
fédéral a dit: Je ne suis pas habilité à vous
répondre, c'est le ministre de la Justice qui doit vous dire s'il
considère que cette loi est légale ou non, mais il n'a pas voulu
répondre à cette question.
M. Lincoln: On revient exactement à tout ce que nous vous
avons dit. Pour eux, ce sera un cas pour le ministre de la Justice; tout de
suite, cela prouve ce qu'on vous a dit tout le temps, que le ministre
fédéral des Pêches ne veut pas s'immiscer dans le dossier
lui-même. Il va passer tout le dossier au ministre de la Justice. Sans
doute l'a-t-il déjà fait. Et le ministre de la Justice va dire:
Bon, on va aller tester cela en cour.
Tout ce qu'on vous dit, c'est que si, demain matin, un pêcheur du
Nouveau-Brunswick va pêcher dans la moitié de la baie des Chaleurs
que vous, vous considérez être vôtre, mais que le
gouvernement fédéral ne considère pas vôtre, vous
allez saisir ses cages à crabes ou quoi que ce soit d'autre selon
l'article 34 de votre loi qui donne ce pouvoir à vos inspecteurs... Si
le type du Nouveau-Brunswick veut faire cela, vous allez me dire que cela va
rester là, que personne ne va essayer de tester l'affaire, ne va essayer
de contester la chose? Si c'était déjà arrivé,
d'accord, mais c'est quelque chose de nouveau que vous apportez avec la loi 48.
Déjà, vous nous prouvez même que le ministre
fédéral de la Justice... Déjà, le ministre vous a
répondu: Cela est renvoyé au ministre de la Justice; c'est lui
qui va décider si votre loi est constitutionnelle ou non. Donc, ils ont
beaucoup de doute. S'ils croyaient que votre loi est constitutionnelle, s'ils
n'avaient pas de doute eux-mêmes...
M. Garon: Au contraire, j'ai l'impression que si on lui avait dit
qu'elle était non constitutionnelle, il se serait fait un plaisir de le
dire.
M. Lincoln: C'est peut-être même parce qu'il n'a pas
voulu vous le dire qu'il a dit que c'était entre les mains du ministre
de la Justice.
M. Garon: Non, il a dit: Concernant ces questions, vous devez en
référer au ministre de la Justice. Je pense bien... J'ai pris
cela beaucoup plus comme un signe du fait que déjà les avis
disent que notre loi est constitutionnelle.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Excusez-moi, M. le ministre. Pour que ce soit plus
clair dans mon esprit et dans l'esprit de tout le monde, la question que vous a
posée le député de Nelligan était dans le sens
suivant. Un pêcheur du Nouveau-Brunswick qui aujourd'hui - quand je dis
aujourd'hui, je veux dire au mois de juillet ou au mois d'août -
possède un permis du gouvernement fédéral et, par
conséquent, a le droit de pêcher le crabe dans les eaux que vous,
aujourd'hui, voulez contrôler, ce pêcheur, à cause de la loi
48, doit avoir un permis fédéral et un permis du Québec?
Est-ce que c'est cela, oui ou non?
M. Garon: Oui. Pas aujourd'hui, mais quand la loi sera
adoptée.
M. Maciocia: C'est cela.
M. Garon: S'il veut déposer des engins sur le sol
québécois.
M. Maciocia: Sur le sol que vous considérez
québécois.
M. Garon: Alors, là...
M. Maciocia: C'est le même sol qu'aujourd'hui... Je parle
du même sol, sur lequel aujourd'hui il en a le droit avec un permis du
gouvernement canadien.
M. Garon: Non, non. Le gouvernement fédéral donne
le droit de pêcher. Mais le droit de pêcher n'est pas un droit, au
sens de la constitution, qui doit s'interpréter en niant tous les autres
articles de la constitution. Il doit s'interpréter dans le cadre de
l'ensemble de la constitution canadienne.
M. Maciocia: Oui, je suis d'accord avec vous. Mais ma question
était précise, dans le sens que le pêcheur qui,
aujourd'hui, a le droit de mettre ses engins dans tel endroit seulement avec un
permis canadien, demain, après l'adoption du projet de loi 48, devra
avoir deux permis, le permis canadien et le permis québécois.
Autrement, vous avez le droit, au moyen de la loi 48, de saisir ces engins.
Est-ce que c'est cela, le projet de loi 48?
M. Garon: S'il utilise un territoire québécois, le
lit ou la rive...
M. Maciocia: Ou vous jouez sur les mots, ou vous ne voulez pas
répondre, M. le ministre, parce que je vous pose la question:
Aujourd'hui, dans le même territoire que vous prétendez être
vôtre, est-ce qu'il doit avoir le permis canadien fédéral
et le permis québécois? Apparemment non. Son permis canadien, son
permis du gouvernement fédéral est suffisant pour pêcher.
Demain, avec l'adoption du projet de loi 48, il ne pourra pas pêcher au
même endroit sans avoir les deux permis. Cela veut dire le permis
fédéral et le permis québécois. C'est cela, oui ou
non? C'est aussi simple que cela.
M. Garon: C'est cela.
M. Maciocia: C'est cela. Parfait. C'est cela qu'on veut savoir.
Cela prend deux minutes pour le dire.
Le Président (M. Brouillet): L'article 34 est-il
adopté?
M. Maciocia: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur
division.
M. Ciaccia: Faut-il qu'il y ait un motif raisonnable avant qu'il
y ait une infraction ou s'il s'agit de donner seulement un...
M. Garon: Non, dans leur vérification, les inspecteurs ont
pour fonction d'inspecter.
M. Maciocia: Est-ce qu'aujourd'hui... J'aurais seulement une
petite question encore, M. le Président. Vous permettez?
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. le
député de Viger.
M. Maciocia: Je ne connais pas ce domaine-là. Est-ce
qu'aujourd'hui les pêcheurs québécois ont le droit, eux,
d'aller pêcher dans les eaux du Nouveau-Brunswick avec un permis
fédéral?
M. Garon: Oui.
M. Maciocia: Par exemple, supposons que le Nouveau-Brunswick
légifère dans le même sens que le Québec
légifère présentement, acceptez-vous...
M. Garon: Dans la même situation qu'aujourd'hui? Parce que
le Nouveau-Brunswick n'a pas encore adopté de loi.
M. Maciocia: Mais supposons qu'il en adopterait comme le fait le
Québec, on en arriverait déjà à un
précédent sur le règlement de placement dans la
construction. Vous connaissez très bien les ennuis auxquels les
travailleurs du Québec ont fait face en raison de l'Office de la
construction du Québec (OCQ) lorsqu'ils voulaient aller travailler dans
une autre province. Ne croyez-vous pas qu'il pourrait y avoir demain une loi
créée au Nouveau-Brunswick qui irait jusqu'à dire aux
Québécois, aux pêcheurs québécois qu'il leur
faut un permis du Nouveau-Brunswick pour aller pêcher dans les eaux de
cette province?
M. Garon: C'est un peu théorique ce que vous dites. Les
pêches...
M. Maciocia: C'est théorique parce qu'il n'y a pas de
loi.
M. Garon: II n'y a pas de loi, c'est cela.
M. Maciocia: Mais s'il y en avait une...
M. Garon: Premièrement, il n'y a pas de loi...
M. Maciocia: ...dans quelle situation placez-vous le
Québécois?
M. Garon: On traversera les ponts quand on sera rendu aux
rivières.
M. Maciocia: Quand il n'y aura pas d'eau.
M. Garon: Alors si, à ce moment... M. Maciocia:
Vous allez traverser...
M. Garon: ...le Nouveau-Brunswick adopte une loi et veut discuter
d'accommodements de part et d'autre, ce sera faisable.
M. Maciocia: ...les ponts quand il n'y aura pas d'eau.
M. Garon: Cela arrive. Il y a des rivières qui coulent
plus au printemps et moins à l'été.
M. Lincoln: M. le ministre, pour revenir à votre
règlement qui va décider...
M. Garon: Vous allez être surpris par cette loi.
J'écoutais certains ministres des pêches aujourd'hui qui ont
parlé de cette loi. Le ministre de Terre-Neuve dit qu'il souhaiterait
que sa province administre les permis. Il y a un régime qui existe
actuellement et qui a fonctionné jusqu'à maintenant et ce n'est
pas idéalement le système centralisé au maximum. Au fond,
dans le secteur des pêches, cela devrait être un peu comme dans le
secteur de l'agriculture. On détermine les quotas nationaux, les besoins
nationaux, les possibilités nationales et ensuite on fait la
répartition entre chacune des provinces. Et à l'intérieur
d'une province, chacun peut faire sa location comme il le veut en fonction des
besoins des gens du territoire.
Je ne renonce pas à l'idée de convaincre les gens.
M. Maciocia: Mais ici...
M. Garon: Dès aujourd'hui, le ministre de Terre-Neuve m'a
dit qu'il souhaiterait que sa province administre les permis parce que je sais
ce qu'il va faire. Il y aura peu de gros bateaux à Terre-Neuve mais il y
aura plus de petits bateaux et plus de gens vont gagner leur vie.
M. Maciocia: On ne parle pas de quotas, on parle de tracasseries
pour le pêcheur québécois qui doit avoir deux permis et il
ne sait plus lequel respecter. Est-ce que c'est le permis
québécois qui aura un droit plus grand que celui du gouvernement
fédéral? Il doit remplir deux formulaires pour avoir deux permis,
pour être probablement avec le gouvernement fédéral dans
une situation qui lui permette de pêcher à tel endroit avec tel
nombre d'engins et avec le gouvernement québécois, cela peut
être une toute autre histoire. Vous placez-vous dans la situation du
pêcheur québécois? Dans quelle situation se trouvera-t-il?
Avec cette querelle que vous avez avec le gouvernement fédéral au
lieu de vous entendre, il est inutile de passer des projets de loi
complètement inacceptables pour le pêcheur québécois
et non pas pour les autres. C'est dans cette situation que vous le placez
aujourd'hui. Vous n'êtes même pas - je dirais ou je devrai le dire
parce que je ne sais pas si c'est le mot exact - conscient de ce que vous
faites avec ce projet de loi 48.
M. Garon: Vous pensez?
M. Maciocia: J'en suis sûr. Depuis que je suis ici à
cette table, j'en suis de plus en plus convaincu.
M. Lincoln: J'aurais aimé être d'accord avec mon
collègue mais ce qui me tracasse, c'est que vous êtes très
content de ce que vous faites et beaucoup trop conscient.
M. Ciaccia: Vous êtes trop conscient, je dirais. Vous
êtes trop conscient de ce que vous faites, c'est cela le
problème.
M. Lincoln: C'est cela qui nous fait peur. Vous êtes
tellement conscient de ce
que vous faites...
M. Garon: Je suis entièrement conscient. J'ai
réfléchi à cela pendant des mois.
M. Lincoln: Oui, c'est cela qui nous tracasse encore plus.
M. Garon: Mais vous disiez dans votre discours en Chambre que
c'était le Dr Laurin qui avait préparé le projet.
M. Lincoln: Le Dr Laurin l'a dit lui-même. Il dit que c'est
une étape de l'indépendance. Et, ce qui arrive, M. le ministre,
vous parlez de Terre-Neuve. Les différences sont les suivantes. Vous
dites que Terre-Neuve aimerait prendre l'administration des pêches. C'est
une affaire de PME. C'est une affaire tout à fait différente. Ce
que vous dites c'est que vous ne demandez pas seulement l'administration des
PME que vous aviez avant le 5 janvier 1982 et le 11 juillet 1983, cela est une
chose et nous sommes d'accord pour que le Québec négocie pour
reprendre cela le plus tôt possible, mais ce n'est pas cela que vous
dites maintenant. Vous allez beaucoup plus loin que cela. Il y a beaucoup plus
de choses dans ce projet de loi 48 que dans l'administration des permis que
vous aviez avant. (23 h 15)
Ce que vous demandez maintenant, c'est une reconnaissance que le lit de
la mer vous appartient, d'après un territoire que vous allez
décider par règlement. Personne ne sait quel est ce territoire.
Vous avez même admis ce soir que c'est la moitié de la baie des
Chaleurs. Pour la première fois, vous avez ouvert le territoire du
Québec, vous avez déclaré que la moitié de la baie
des Chaleurs est à vous. Vous avez dit que c'est une grande partie du
golfe, mais vous n'avez pas voulu nous dire où c'est. C'est toute une
partie de la mer qui se trouve près de la Côte-Nord ou de tout le
territoire du Québec. Vous ne voulez pas nous dire où cela est.
D'après vous, si vous possédez le lit de la mer sous la
moitié de la baie des Chaleurs, là, c'est toute la question de
l'exploration minière, de l'exploration pétrolifère. Cela
va beaucoup plus loin. Jamais Terre-Neuve n'a dit jusqu'à présent
dans le projet de loi - s'il le dit, ce sera au fédéral de
regarder l'affaire avec Terre-Neuve, c'est une chose qui concerne Terre-Neuve
et le fédéral... Vous, délibérément, dans un
projet de loi, pour la première fois, n'importe où au Canada,
vous avez décidé que le lit de la mer vous appartient. Vous
allez, par règlement, que personne ne connaît... C'est dans votre
tête. Vous allez dire quelle est l'étendue de ce fameux territoire
marin que vous réclamez. Le fond de la mer, cela va jusqu'où?
C'est presque dire que le Québec est un État indépendant.
Comme mon collègue le dit, dans ce territoire que vous avez
décidé, puisque vous possédez le fond de la mer, vous
contrôlez les pêcheurs d'outre-province, qui sont des citoyens
canadiens comme les pêcheurs québécois, qui n'auront pas le
droit de venir pêcher sans votre permis dans une concession. C'est
vrai.
M. Garon: En quoi c'est différent d'un citoyen du
Nouveau-Brunswick qui va prendre un permis de chasse fédéral aux
oies? Quand
Il va venir sur le territoire québécois, il va avoir
besoin d'un permis québécois aussi pour chasser les oies.
M. Lincoln: M. le ministre, vous nous avez parlé du
transport. L'autre jour, vous nous avez dit: Qu'est-ce qu'il y a de
différent? Vous avez repris l'exemple du camionnage. Vous avez dit: Un
camion qui sort du Nouveau-Brunswick, comme il sort de la frontière du
Québec, il doit avoir un permis différent, etc. Ce que nous avons
dit, c'est que sur la terre tout cela est très clair. Il y a des
frontières, etc. Vous sortez du Québec pour aller au Vermont, on
sait exactement où on est. Par exemple, un pêcheur du Vermont qui
va pêcher dans les eaux qui sont à l'extérieur du Maine, ce
sont les eaux américaines. Le droit international dit, et cela a
été confirmé par votre confrère, M. Jacques-Yvan
Morin, quand il a cité l'opinion de la Colombie canadienne... Dans le
droit international, toute la zone des 200 milles appartient au Canada. Cela
n'appartient pas au Québec ni à Terre-Neuve. Ce que vous voulez
faire, c'est une juridiction pour le fond de la mer et une juridiction pour la
mer. Je ne sais pas comment vous allez faire cela, mais cela pose des
problèmes juridiques. C'est cela qu'on vous dit. Cela n'est pas aussi
simple que de dire: C'est le droit de pêche sur la terre ou c'est le
droit d'un camion de sortir du Nouveau-Brunswick et de venir au Québec.
Là, vous séparez le droit qui appartient à la mer,
au-dessus du fond marin, et le fond marin lui-même. Vous essayez de vous
établir un territoire qui n'a jamais existé selon la loi,
c'est-à-dire que vous voulez faire comme si le Québec
était un pays indépendant, qui a sa petite zone de 12 milles ou
de 200 milles, etc., avant que cela n'arrive. C'est cela qu'on vous dit. Si,
demain matin, d'après ce que vous avez répondu à mon
collègue de Viger, le Nouveau-Brunswick fait, lui aussi, la même
petite loi que vous pour dire que les permis... Vous voyez un peu la bagarre de
juridiction pour le fond de la mer entre le fédéral et les
provinces. C'est impensable que cela n'aille pas se contester
juridiquement.
M. Garon: Cela ira peut-être se contester.
M. Lincoln: Ah bon! Vous admettez maintenant pour la
première fois que cela ira peut-être se contester. Pour revenir
à la question que vous ont posée plusieurs collègues en
Chambre, est-ce que vous pensez que pour le Québec, en ce moment, c'est
la meilleure façon? Est-ce qu'on devrait prendre le risque d'aller faire
tester cela en cour? Si on perd du point de vue, pas seulement de la
pêche, cela affecte les droits pétroliers, les droits miniers,
etc.
M. Garon: Non. Il n'y a rien qui interdit des négociations
politiques ou des arrangements politiques entre-temps.
M. Lincoln: Mais commencez par là avant de
présenter votre projet de loi.
M. Garon: Oui, mais que pensez-vous? Il y avait un arrangement
politique avec l'entente de 1922. Ce n'est pas moi qui l'ai cassé. J'ai
supplié M. De Bané, du mois de septembre 1982 jusqu'à
temps qu'il le fasse, de ne pas toucher à cela. Je lui ai dit: Tu vas
avoir des élections à l'automne 1984, tu ne peux pas dire que tu
n'as pas été capable de fonctionner pendant deux ans avec
l'entente de 1922, alors que des ministres anglophones ont fonctionné
pendant 61 ans dans l'entente de 1922 avec le Québec. Toi, le
député de Matane, tu serais incapable de fonctionner avec
l'entente de 1922?
M. Lincoln: C'est un peu étrange que durant tout ce
temps-là, pendant toutes les administrations, l'Union Nationale et le
Parti libéral cela fonctionnait. Aussitôt que vous êtes
arrivés vous avez commencé les querelles. Depuis 1982 que cela a
commencé. 75% de l'entente ont été enlevés.
M. Garon: En 1982 par M. LeBlanc. M. Lincoln: Oui, c'est
cela.
M. Garon: II ne se souvenait même pas que c'était
écrit dans la lettre qu'il m'avait envoyée.
M. Lachance: Après le référendum.
M. Garon: Quand M. Trudeau a dit: "Fini le
fédéralisme coopératif", c'est là que cela a
commencé. Alors, c'est comme si vous accusiez la victime. Voyez-vous,
vous êtes en train d'accuser la victime des fautes du contrevenant. C'est
comme si vous aviez un voleur et un volé et que vous accusiez le
volé de s'être fait voler.
Mme Lavoie-Roux: On ne parlera pas du viol de la semaine
dernière.
M. Garon: Pardon? Une voix: En Ontario.
M. Garon: Je ne parle pas de viol, je parle de voler.
Une voix: On parle du viol de la semaine dernière.
M. Garon: Lequel?
M. Lincoln: Tout ce qu'on dit, c'est que dans ce cas-là,
vous pouvez parler de voleur et de volé...
M. Garon: Je n'étais pas au courant.
M. Lincoln: ...on parle d'un dialogue de sourds, d'un dialogue de
gens qui ne veulent pas s'entendre ni d'un côté ni de l'autre.
M. Garon: Au contraire, j'ai dit encore à la
conférence fédérale-provinciale aujourd'hui que je
considérais que dans l'avenir, comme cela aurait toujours dû
être le cas, il est impensable que les pêches dans l'Est du Canada
puissent être administrées autrement que par des discussions ou
des négociations entre le Nouveau-Brunswick,
l'Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve et
Québec.
M. Lincoln: Allez faire ces négociations pour commencer
avec les quatre ou cinq provinces et, ensuite, allez négocier avec M. De
Bané les cinq ensemble. Mais ne commencez pas par le projet de loi qui
cimente les choses...
M. Ciaccia: Incontestable.
M. Lincoln: ...qui fait une contestation automatique, parce que
vous agissez unilatéralement. Pourquoi, si c'est tellement bon pour les
autres provinces, n'agissent-elles pas de la même façon?
M. Maciocia: M. Laurin l'a bien dit. M. Garon: II a dit
quoi M. Laurin?
M. Maciocia: II a dit que c'est une étape
indépendantiste.
M. Garon: Je vais vous dire une chose: II y a assez de travail
dans les deux projets de loi 48 et 49. Je peux vous dire qu'au ministère
plusieurs personnes ont travaillé depuis la fin de juillet sur ces
projets de loi. Dans le projet de loi 49, vous avez d'autres
éléments - on en parlera plus tard - qui...
M. Maciocia: Quand on étudiera le projet de loi 49 vous
allez vous apercevoir...
M. Garon: Le projet de loi 49 est très important. C'est un
des projets de loi les plus importants dans la législation
québécoise.
M. Maciocia: ...ce qu'il y a là-dedans, en temps et
lieu.
M. Garon: Je le sais. Il y a un mandat que j'ai pris en 1978
à la conférence au sommet agro-alimentaire au Québec
d'uniformiser la loi du territoire québécois. C'est à la
demande de l'industrie agroalimentaire. Le projet de loi 49 va permettre de le
faire.
Le Président (M. Brouillet): Nous sommes depuis un bon
bout de temps dans les considérations très
générales.
Une voix: Adopté.
M. Garon: II est encore dans le cadre de la constitution. J'agis
toujours... M. le Président, je ne comprends pas le Parti
libéral. Il a dit à plusieurs reprises que le tort du
gouvernement était de ne pas occuper toutes les juridictions auxquelles
a droit le gouvernement du Québec dans le cadre de la constitution. Tout
ce que je fais par le projet de loi 48 et aussi par le projet de loi 49, c'est
d'occuper dans le cadre de la constitution toutes les juridictions que permet
la constitution.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être un peu plus.
Une voix: C'est restreint.
M. Garon: Non, parce que dans mon esprit, je pense que les gens
peuvent honnêtement penser que la loi va être contestée et
qu'elle pourrait être déclarée nulle par les tribunaux. Les
gens ont droit à des opinions. D'ailleurs, des avocats donnent des
opinions. Sauf que toutes les opinions que j'ai sont unanimes à dire que
si elle est contestée, elle sera déclarée valide.
Maintenant, je n'ai pas d'intérêt personnellement à faire
en sorte qu'une loi que je présente et sur laquelle est inscrit mon nom
soit annulable. Au contraire, avec les avocats, j'ai toujours travaillé
en ayant à l'esprit que la loi serait valide. Je voudrais qu'on
enlève de cette loi tous les éléments qui peuvent faire en
sorte que la loi ne soit pas valide. La loi...
Une voix: C'est pour cela que je m'informe.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Nous allons revenir à
l'article 35, s'il vous plaît. Est-ce que l'article 35 est
adopté?
M. Lincoln: On est à l'article 34, s'il vous plaît,
M. le ministre.
M. Garon: Je vais vous dire... M. Lincoln: Article 34 et
non 35.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division
l'article 34.
M. Garon: Cette loi va jouer un rôle très important
dans la redéfinition du secteur des pêches dans l'Est du Canada.
Je suis convaincu de cela.
M. Lincoln: Excusez, on a accepté seulement l'amendement
à l'article 34. On est présentement à discuter l'article
34. On n'a jamais accepté l'article comme tel.
M. Maciocia: Est-ce que les lois que vous avez jugées
valides et qui, d'après vous, n'étaient pas contestables, ont
été déclarées invalides et contestables devant les
tribunaux?
M. Garon: Depuis sept ans, j'en ai présenté une
cinquantaine de lois, sûrement une quarantaine. Il y a des lois qui ont
été assez complexes. Jusqu'à aujourd'hui, il n'y en a
aucune qui a sauté. Je ne m'attends pas que celle-ci saute non plus.
Le Président (M. Brouillet): Si vous le voulez, nous
allons revenir à l'article...
M. Ciaccia: II va faire sauter les pêcheurs.
M. Maciocia: II va faire sauter les...
Le Président (M. Brouillet): J'ai écrit ici:
adopté sur division, pour l'article 34.
M. Lincoln: Je ne me souviens pas. Je crois qu'on est toujours
à l'article 34. Pour prendre avantage de la suggestion du ministre qu'on
retire de la loi tout ce qui pourrait donner lieu à des contestations,
je lui dis que je veux faire un amendement pour que l'article soit
biffé.
M. Garon: Ce n'est pas un amendement, mais la négation de
l'article.
M. Lincoln: C'est la négation. Je propose la
négation de l'article.
M. Garon: Vous n'avez pas le droit de proposer la négation
de l'article.
M. Lincoln: C'est le président qui...
Le Président (M. Brouillet): L'amende-
ment peut consister à supprimer un article à ce
moment-là.
M. Ciaccia: On peut abroger toutes les lois.
M. Garon: On va voter contre. Cela se fait en votant contre.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Maciocia: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. Lincoln: Non. Le vote nominal.
Le Président (M. Brouillet): Le vote nominal. On va
prendre le vote nominal. M. Baril (Arthabaska).
M. Baril (Arthabaska): Contre.
Le Président (M. Brouillet): M.
Beaumier (Nicolet).
M. Beaumier: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M.
Lachance (Bellechasse).
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Garon (Lévis).
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata).
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Lincoln (Nelligan).
M. Lincoln: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. Maciocia
(Vigor).
M. Maciocia: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. Ciaccia (Mont-Royal).
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Brouillet): C'est tout. Trois pour et
cinq contre.
M. Garon: J'aime cela quand quelqu'un dit Lévis.
Le Président (M. Brouillet):
L'amendement est rejeté.
M. Garon: C'est un nom symbole de victoire, Lévis.
Le Président (M. Brouillet): Je reviens à l'article
34, est-il adopté?
M. Lincoln: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division.
L'article 35 est-il adopté?
M. Lincoln: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Sur division. L'article
36.
Une voix: Adopté.
M. Maciocia: Ne pensez-vous pas, M. le ministre, que l'article 36
peut donner un peu trop de pouvoir à l'inspecteur ou à l'agent
qui peut, sans mandat, saisir un bien, s'il a des motifs raisonnables et
probables de croire que l'infraction à la présente loi ou au
règlement a été commise à l'égard de ces
biens ou que ces biens aient servi à commettre une telle infraction.
M. Garon: Non, M. le Président. Sans mandat, si vous avez
quelqu'un qui est en train de commettre une infraction en mer et qu'il faut que
vous retourniez voir le juge pour obtenir un mandat, il y a de grosses chances
que...
M. Maciocia: Que le poisson soit sorti, quoi.
M. Garon: Des casiers. Soit changé de place ou que les
bouées soient... Vous n'avez pas beaucoup de choix dans ce genre de
domaine.
Le Président (M. Brouillet): L'article est-il
adopté?
M. Maciocia: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division.
Article 37?
M. Ciaccia: Adopté. (23 h 30)
Le Président (M. Brouillet): L'article 37 est
adopté. Article 38?
M. Maciocia: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 38, adopté.
Article 39?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 39 est
adopté. Article 40.
M. Lincoln: Attendez une minute, M. le Président. Je pense
que vous avez...
M. Maciocia: Un instant.
M. Lincoln: II n'a rien dit. Excusez-moi.
M. Ciaccia: Article 39.
M. Lincoln: L'article 39 n'est pas adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 39 n'est pas
adopté. On est rendu à l'article 39. Cela va.
M. Garon: Ne me dites pas que vous vous opposez à ce que
l'inspecteur fasse son rapport sans délai!
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Garon: C'est cela, l'article 39.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Maciocia: On ne s'inquiète pas du "sans délai",
c'est du fait qu'il le fasse au ministre.
M. Garon: Oui.
M. Maciocia: Ce n'est pas cela.
M. Garon: C'est théorique. Quand on voit le mot "ministre"
dans ces lois-là, ce n'est jamais le ministre.
M. Lincoln: M. le ministre, quelle est la situation actuelle pour
les inspecteurs?
M. Garon: Pardon?
M. Lincoln: Quand le Québec avait la juridiction sur les
permis, etc., quel était le...
M. Garon: II a encore la juridiction. On ne peut pas
émettre, en vertu du règlement fédéral, de nouveaux
permis depuis la déclaration de M. De Bané en juillet 1983, sauf
que...
M. Lincoln: Oui, oui. Oubliez M. De Bané. Je vous pose une
question...
M. Garon: Oui, attendez un peu... M. Lincoln: Qu'est-ce
qui arrive?
M. Garon: Oui, c'est cela que je suis en train de vous expliquer:
sauf que la protection dans le secteur des pêches et la surveillance de
la réglementation... M. Lincoln: Oui, oui.
M. Garon: ...en vertu du règlement fédéral,
continuent jusqu'au 1er avril 1984, parce que le gouvernement
fédéral n'a pas ce qu'il faut. Il faut qu'il s'équipe.
Actuellement, il y a des concours; il doit engager des gens.
M. Lincoln: Oui, mais qu'est-ce qui arrive maintenant? C'est cela
que je veux savoir. Dans vos présents règlements?
M. Garon: Nous appliquons le règlement
fédéral.
M. Lincoln: Alors, vous appliquez le règlement
fédéral.
M. Garon: Sauf pour l'émission des permis.
M. Lincoln: Qu'est-ce qui arrive à l'inspecteur ou
à l'agent? Est-ce qu'il fait un rapport écrit au ministre chaque
fois? Quelles sont les procédures actuelles?
M. Garon: C'est une façon de parler. M. Lincoln:
Oui, je sais.
M. Garon: On vient d'engager un nouveau directeur de la
protection qui, incidemment, vient du gouvernement fédéral.
C'était le directeur adjoint de la protection au niveau
fédéral qui a réussi le concours, qui est arrivé le
premier. C'est lui qui a été nommé directeur de la
protection récemment. Quand on dit "le ministre", à toutes fins
utiles, il y a des délégations de signatures là-dedans et
quand il fait rapport, normalement il y a des... Le territoire, au point de vue
de la protection, est divisé en huit districts. Le territoire maritime
québécois est divisé en huit districts. Il y a des chefs
de districts et le chef de la protection pour l'ensemble du territoire.
M. Ciaccia: M. le ministre. M. le Président.
M. Garon: Alors, il va faire rapport au directeur de la
protection du district qui, selon les cas, fait rapport au directeur de
l'ensemble du Québec.
Mme Lavoie-Roux: Mais, la pratique actuelle est celle-là?
C'est cela qu'on vous demande.
M. Garon: Cela va être la même pratique.
M. Ciaccia: Mais...
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Cette fonction de l'inspecteur devrait pour
l'administration... C'est quasi judiciaire, c'est l'administration de la
justice.
M. Garon: Oui.
M. Ciaccia: Son rapport ne devrait pas être fait au
ministre; il devrait être fait au Procureur général.
M. Garon: C'est fait...
M. Ciaccia: Autrement, il y a possibilité d'abus. C'est un
peu trop...
M. Garon: Oui, attendez un peu. C'est fait à la protection
et c'est analysé chez nous. Et les dossiers vont être
transférés à la Justice, s'il y a des poursuites.
M. Ciaccia: Le rapport de l'inspecteur qui effectue une saisie,
c'est une fonction quasi judiciaire dans l'administration de la justice. Ce
devrait être fait au Procureur général. Autrement, on
réduit la protection des personnes qui sont impliquées.
M. Garon: Cela dépend s'il y a lieu de porter plainte ou
non. Il y a beaucoup de choses qui sont administratives là-dedans. Quand
vous saisissez du homard, vous saisissez des choses, il y a une loi et un
règlement qui sont adoptés. Alors, il y a des parties...
M. Ciaccia: Mais si...
M. Garon: II y a des poursuites dans certains cas et dans
d'autres cas, il n'y en a pas.
M. Ciaccia: Même s'il n'y a pas de poursuite, le fait que
vous donniez le droit à l'inspecteur de saisir certains biens, que vous
lui donniez certaines fonctions, le fait de... Il faut absolument qu'il fasse
son rapport au Procureur général. De cette façon, il va
agir avec un peu plus de prudence.
Une voix: C'est cela.
M. Ciaccia: Qu'il y ait des plaintes ou non.
M. Garon: Voyez-vous... Il peut y avoir une saisie et on peut se
rendre compte qu'on n'a pas tous les éléments pour porter
plainte. Alors, il y aura levée de la saisie. Il y a un délai
prévu pour cela.
M. Ciaccia: Oui, mais...
M. Garon: On me dit que c'est à peu près la
même chose dans la loi fédérale et dans la loi provinciale,
ce qu'on prévoit ici.
M. Ciaccia: Le rapport qu'il fait par écrit...
M. Garon: Oui.
M. Ciaccia: Qu'il y ait plainte ou non, il va devoir faire un
rapport.
M. Garon: Oui.
M. Ciaccia: Ce rapport devrait être fait au Procureur
général et non pas au ministre parce que ce n'est pas une
fonction strictement, de permis de pêche, c'est une question
administrative... C'est une question d'administration de la justice. C'est
quasi judiciaire. Il prend certains droits qu'il exerce contre les personnes
impliquées.
M. Garon: Tant qu'il n'y a pas décision de porter plainte,
cela demeure un geste administratif. Uniquement au moment où l'on
décide de porter plainte, on décide d'abord qu'il y a une saisie.
Le cas est analysé. On décide de porter plainte ou de ne pas
porter plainte. Si l'on décide de porter plainte, tout cela est
transféré à la justice. Si l'on décide de ne pas
porter plainte, il y a levée de la saisie.
M. Ciaccia: Mais vous imposez, par l'article 39, l'obligation de
faire rapport par écrit de toute saisie qu'il effectue d'après la
présente loi.
M. Garon: Oui.
M. Ciaccia: Qu'il y ait plainte ou non. L'inspecteur effectue une
saisie. À la suite de cette saisie, il faut qu'il fasse un rapport, que
vous portiez plainte ou non. Ce rapport, par écrit, devrait être
fait au Procureur général et non pas au ministre. Par prudence,
la fonction même...
M. Garon: Non, il faut lire tous les articles. Vous lisez ici
l'article 39: "L'inspecteur ou l'agent doit, sans délai, faire rapport
par écrit au ministre de toute saisie qu'il effectue en vertu de la
présente loi". "Au ministre", à toutes fins utiles, c'est
à ses supérieurs administratifs. "L'inspecteur ou l'agent a la
garde du bien qu'il saisit jusqu'à ce qu'il ait été
produit dans une poursuite judiciaire ou qu'il en soit disposé
conformément à l'article 41, 42, 44, 45 ou 46."
L'article 41: "Si, parmi les biens saisis, il s'en trouve qui soient
périssables, l'inspecteur ou l'agent qui en a la garde peut les vendre,
selon les modalités et au prix justifiés par les circonstances."
Où va le
produit de la vente en attendant? M. Ciaccia: Le fait que...
M. Garon: On dit: "Sous réserve de l'article 45 ou 46, le
bien saisi ou le produit de sa vente doit être remis au
propriétaire ou au possesseur légitime si aucune accusation
relative à ce bien n'est portée dans les 90 jours qui suivent la
date de la saisie".
Si on veut plus de 90 jours, il faut aller en demander la permission au
tribunal, à un juge de paix. Cela se tient.
M. Ciaccia: Je comprends tous ces articles et que,
éventuellement, cela peut aller ou non devant un tribunal. Mais,
l'exercice du droit de saisie par l'inspecteur, c'est l'exercice d'un droit
extraordinaire. Normalement, une personne, un inspecteur, à moins que
vous ne lui donniez ce droit par législation, ne peut entrer et faire
une saisie. Il faut qu'il ait un mandat.
M. Garon: D'accord.
M. Ciaccia: C'est un geste d'administration de la justice.
Là, vous lui donnez ce droit extraordinaire parce que, pour des raisons
que je peux comprendre, s'il est au milieu de la mer et qu'il doit retourner en
cour devant les tribunaux pour saisir, c'est aussi bien de ne pas avoir le
droit. Mais, le rapport qu'il fait, à la suite de ce geste
extraordinaire qu'il a posé ne devrait pas être fait à lui
mais il devrait être fait au Procureur général. Cela va
pour une bonne administration de la loi et pour établir les droits de
ceux qui sont concernés. Cela imposera plus de prudence parce que,
autrement, de la façon que c'est fait, non seulement c'est un droit
extraordinaire mais cela peut être abusif. Puis, s'il va seulement faire
rapport au ministre, ce n'est pas le ministre qui va... C'est un aspect
judiciaire, c'est un aspect de la justice et ce n'est pas le ministre qui va
s'occuper de cela. Il peut y avoir un abus de droit parce que le fait
même d'exercer ce droit peut mener à des abus.
Normalement, ailleurs, l'exercice d'un tel droit se fait par le
Procureur général et non par le ministre. C'est trop dangereux
d'inclure ce droit extraordinaire reporté au ministre dans un texte de
loi. Cela ouvre la porte à des abus.
M. Garon: On a des dispositions semblables dans la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments. C'est pour
éviter que quelqu'un fasse une saisie dans un territoire et ne se
rapporte à personne. Là il se rapporte au représentant du
ministre qui est responsable de l'application de la loi et il y a une
décision, à ce moment, s'il doit y avoir une poursuite ou non.
Cette poursuite doit être prise dans les 90 jours.
M. Ciaccia: Je ne répéterai pas 75 fois la
même chose.
M. Garon: Je comprends que vous dites cela.
M. Ciaccia: Le fait de prendre une poursuite après cela
n'est pas pertinent du tout, c'est l'exercice de la...
M. Garon: Bien oui.
M. Ciaccia: Mais non! Qu'il la prenne après ou non, ce
n'est pas cela le problème.
M. Garon: Mais il ne peut pas la prendre avant.
M. Ciaccia: Une fois que vous avez saisi, les droits de celui qui
a été impliqué ont été affectés; le
rapport de l'inspecteur qui a fait cette saisie devrait aller au Procureur
général. Au moins qu'on ait cet élément de
prudence.
M. Garon: C'est cela qui va être fait.
M. Ciaccia: Ce n'est pas cela qui est fait ici. Vous dites que le
rapport est fait au ministre.
M. Garon: Mais oui.
M. Ciaccia: II devrait être fait au Procureur
général. Au moins cela va introduire un élément de
prudence dans les agissements de l'inspecteur. Il va savoir que lorsqu'il va
saisir il est mieux d'être certain qu'il agit de bonne foi dans ses
fonctions et d'une façon responsable parce qu'il faut que son rapport
aille au Procureur général. Autrement, vous lui donnez ce droit
extraordinaire. Il n'y a aucune façon de le...
M. Garon: C'est la même chose dans toutes ces lois.
M. Ciaccia: Elles ne sont pas toutes comme cela les lois. Celles
que vous m'avez citées, cela se peut qu'elles soient mal faites elles
aussi.
M. Garon: ...la conservation de la faune.
M. Ciaccia: Je ne répéterai pas les autres
arguments, je l'ai expliqué, si vous ne voulez pas comprendre.
M. Garon: C'est le ministère de la Justice lui-même
qui nous recommande de rédiger cela de cette façon.
M. Ciaccia: Peut-être que le ministère de la Justice
ne veut pas avoir de travail additionnel, je ne le sais pas. Mais pour la
protection de celui qui est affecté il faudrait que cela aille au
ministère de la Justice.
M. Garon: Oui, cela va y aller éventuellement.
M. Ciaccia: Non, pas ce rapport. M. Garon: Non, pas ce
rapport.
M. Ciaccia: Cela peut finir là. Il va saisir, c'est fini
et il n'y a plus d'autres... Il peut n'y avoir aucun suivi.
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez dire?
M. Maciocia: Avec la saisie ce n'est pas obligatoire, une
poursuite judiciaire.
M. Garon: Non, c'est cela.
M. Maciocia: C'est cela.
M. Garon: Vous avez l'article 42.
M. Maciocia: C'est exact, c'est cela.
M. Ciaccia: Vous avez l'article 41 aussi.
M. Maciocia: Vous avez l'article 41 aussi.
M. Ciaccia: Vous allez assez loin. M. Garon: L'article 45,
l'article 46.
M. Ciaccia: À l'article 41, il peut vendre cela au prix
qu'il veut, justifié par les circonstances.
M. Garon: C'est toujours comme cela dans le droit
alimentaire.
M. Ciaccia: Au moins qu'il fasse son rapport au ministre de la
Justice...
M. Garon: Dans le droit alimentaire, on n'a pas le temps. Ce sont
des marchandises périssables.
Le Président (M. Brouillet): L'article 39 est-il
adopté sur division?
M. Ciaccia: Adopté sur division.
Le Président (M. Brouillet): L'article 40. Adopté
sur division?
M. Maciocia: Adopté sur division.
Le Président (M. Brouillet): L'article 41?
M. Maciocia: Article 41. "Si, parmi les biens saisis, il s'en
trouve qui soient périssables, l'inspecteur ou l'agent qui en a la garde
peut les vendre, selon les modalités et au prix justifiés par les
circonstances." Cela veut dire qu'il peut les vendre avant qu'il y ait
poursuite judiciaire, c'est clair. Admettons que la saisie est justifiée
- cela peut arriver - et que les biens saisis ont été
vendus...
M. Garon: Oui.
M. Maciocia: ...qu'arrive-t-il à ce moment?
M. Garon: Le huissier va lui remettre l'argent.
M. Maciocia: Pardon!
M. Garon: II lui remettra l'argent, c'est prévu à
42. S'il s'agit d'une cage à homard...
M. Maciocia: Oui, mais un instant.
M. Garon: ...qu'il y a des homards dans la cage, il va garder la
cage et il va vendre les homards parce que autrement ils vont se
détériorer.
M. Maciocia: Mais, si vous allez saisir, vous allez saisir la
cage et les homards, c'est cela?
M. Garon: Oui.
M. Maciocia: Au moment où vous allez vendre les homards,
je peux le comprendre, les homards cela vaut tant la livre et vous les vendez,
et cela est fini là, mais la cage... (23 h 45)
M. Garon: La cage on ne la vendra pas, ce n'est pas une
marchandise périssable.
M. Maciocia: C'est cela. Vous ne la vendez pas, mais...
M. Garon: Remarquez. Parmi les 500 livres, il s'en trouve qui
soient périssables. On va vendre seulement ceux qui sont
périssables.
M. Maciocia: D'accord! Oui.
M. Garon: C'est cela qui protège de la saisie.
M. Ciaccia: On va vendre le...
Le Président (M. Brouillet): L'article 41 est-il
adopté?
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
42?
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 43?
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 44?
Une voix: Adopté.
M. Lincoln: M. le Président, je veux vous demander quelque
chose.
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. Lincoln: Si vous insistez, je ne vais pas revenir dessus, mais
on est allé tellement vite que, sur l'article 43, j'ai oublié de
soulever quelque chose. Le ministre veut-il que je demande quelque chose sur
l'article 43?
M. Garon: Oui. Allez-y!
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Lincoln: À l'article 43: "Sur demande du saisissant, un
juge de paix peut ordonner que la période de rétention du bien
saisi soit prolongée pour un maximum de 90 jours". Cela pourrait donner
six mois en tout, est-ce que ce n'est pas une période tout à fait
démesurée, compte tenu des circonstances? Vous avez
déjà 90 jours, ce qui fait trois mois. Vous demandez une autre
période de 90 jours.
M. Garon: Mais si ce n'est pas correct, le juge ne l'acceptera
pas. Le juge va essayer de protéger le saisi, pas le saisissant.
M. Lincoln: Comment un juge, par exemple, dans un cas tout
à fait... Quelle est la motivation de tout cela? Qu'est-ce qui vous fait
chercher à obtenir six mois?
M. Garon: La motivation, c'est que, dans le territoire maritime,
il y a des centaines de milles de distance, avec des moyens de communication
qui ne sont pas faciles, on n'est pas à Montréal ou à
Québec.
M. Lincoln: Tout de même, vous prenez la plus grande
majorité...
M. Garon: Je vais vous dire que, souvent, cela va faire l'affaire
des gens.
M. Lincoln: Vous excluez les chalutiers de cette loi. Vous parlez
des bateaux côtiers et hauturiers, même pas des bateaux hauturiers,
mais surtout des bateaux côtiers, des pêcheurs de crabes.
M. Garon: Des pêcheurs à la morue.
M. Lincoln: Mais qu'ont-ils besoin de six mois? Ils ne vont pas
aller pêcher sur les bancs de la France ou... C'est extraordinaire. Il me
semble que cela n'a pas de sens.
M. Maciocia: Cela prend combien de temps pour les amener à
la rive?
M. Lincoln: À moins que vous annexiez une autre partie du
monde. C'est possible. Vous avez des idées de grandeur, vous annexez
l'Inde...
M. Ciaccia: Déclarez que vous êtes
propriétaire, comme vous êtes...
M. Lincoln: ...ou le Japon, ou la Norvège.
M. Ciaccia: C'est simple. Unilatéralement, vous avez
juridiction.
M. Garon: On ne sait jamais. N'oubliez pas qu'on dit que, d'ici
à l'an 2000, le phénomène de serre va faire que le climat
québécois va être réchauffé.
M. Lincoln: Mais, en attendant, avez-vous besoin de six mois pour
cela? Et même, à l'extrême, si on exclut les chalutiers,
même les chalutiers, six mois, je trouve que cela n'a aucun sens.
M. le ministre, notre objection est ceci: pour prendre un cas typique,
vous faites une saisie contre un pêcheur de homard ou de crabe. Vous
saisissez son équipement et ses cages.
M. Garon: Oui, mais je vais vous dire une chose.
M. Lincoln: Vous gardez son équipement pendant six
mois?
M. Garon: C'est parce que vous ne connaissez pas assez le
territoire.
M. Lincoln: Eh bien, expliquez-nous. On verra.
M. Garon: Quand vous allez sur la Côte-Nord, vous savez
quand vous partez, vous ne savez pas quand vous atterrissez, vous ne savez pas
quand vous revenez, une fois que vous avez atterri. J'y suis allé
plusieurs fois et je peux vous dire que j'avais souvent l'impression de revenir
dans un corbillard tellement on partait dans de mauvaises conditions. Des
atterrissages dans la brume... J'ai vu atterrir en pleine nuit
déjà avec une lumière sur le bout de la
piste. Je vous dis que c'était silencieux dans l'avion. On est
dans un territoire qui est spécial.
M. Lincoln: Qu'est-ce que votre atterrissage a à faire
là-dedans?
Une voix: Fantastique! M. Garon: La brume... C'est que... M.
Ciaccia: Vous pêchez en avion? M. Lincoln: En avion!
M. Garon: Vous avez des juges qui devront venir pour rendre la
justice. À un moment donné ils ne peuvent y aller à cause
de la température. C'est très fréquent sur la
Côte-Nord. À ce temps-ci en particulier...
M. Ciaccia: De la brume pendant six mois?
M. Garon: Ah! Vous avez souvent de la brume. Non, ce n'est pas
cela.
M. Ciaccia: ...de temps en temps.
M. Garon: Vous avez un juge qui a un rôle...
M. Ciaccia: On regarde, on voit ce qui se passe.
M. Garon: ...qui doit se rendre là-bas et il ne peut le
faire parce que... Vous pouvez partir et ne pas être capable d'atterrir.
Vous revenez et vous y êtes allé pour rien.
M. Lincoln: Mais, M. le ministre... M. Garon: Souvent.
M. Lincoln: ...M. le ministre, écoutez. Je suis
allé au Labrador, à Terre-Neuve, etc., dans de petits avions
peut-être aussi souvent que vous. Je suis allé au Labrador dans un
petit avion. J'ai été pris dans la brume aussi à
Terre-Neuve et au Labrador.
M. Garon: Souvent?
M. Lincoln: Assez souvent pour savoir. Ce que je veux vous dire,
c'est que penser que cela peut prendre... Vous avez déjà trois
mois, M. le ministre. C'est plus que la brume peut durer. C'est une longue
brume.
M. Ciaccia: Les saisons changent tous les trois mois
même.
M. Garon: Oui.
M. Ciaccia: L'été, le printemps, l'hiver...
M. Garon: Oui. Sauf que dans le territoire vous n'avez pas un
juge assis là en attendant qu'on le convoque pour aller sur la
Côte-Nord. Comprenez-vous? Quand le juge... À un moment
donné il ne peut y avoir de remise. Le juge n'est pas là. Cela
peut arriver à plusieurs reprises. Ce n'est pas aussi facile que vous le
pensez.
Je suis allé sur la Côte-Nord et plusieurs fois j'ai
été obligé de remettre des voyages ou, encore, j'ai
déjà vu pendant une saison complète ne pas être
capable de me rendre. Pourquoi? Parce que... Évidemment, je ne suis pas
là à attendre à chaque jour. Je ne peux y aller le mardi,
j'ai autre chose le mercredi. Cela peut aller à dix jours plus tard et
à ce moment quand je peux y aller c'est encore impossible.
M. Lincoln: M. le ministre.
M. Garon: J'ai vu cette situation se produire pendant des
mois.
M. Lincoln: M. le ministre. Vraiment...
M. Garon: Dans le territoire maritime il y a très souvent
- cela dépend des endroits - des mauvaises conditions climatiques.
M. Lincoln: M. le ministre, admettons qu'il y ait de mauvaises
conditions climatiques, qu'un juge ne puisse s'y rendre, comme vous l'avez
expliqué, à cause de ces contraintes pendant une longue
période de temps. Ne pensez-vous pas qu'à ce moment c'est encore
plus important, du point de vue du bien saisi, du point de vue de la personne
dont le bien a été saisi, qu'on limite le temps? Parce que si on
donne la chance à un juge de faire une extension presque automatique de
90 jours, à ce moment il sera moins tenu de s'y rendre le plus tôt
possible. Il va faire...
Pensez au pêcheur dont le bien a été saisi. On ne
parle pas du bien périssable parce qu'il a été vendu,
naturellement, mais de l'équipement. Son équipement le fait
vivre. Il pourrait manquer, si c'est pendant six mois, toute une saison de
pêche. Ce n'est pas équitable. Même 90 jours c'est loin.
Vous lui donnez six mois. Ce n'est pas normal. Vous lui faites perdre toute une
saison de pêche.
M. Ciaccia: Le juge va être plutôt porté
à...
M. Lincoln: À dire: Bon, il a encore 90 jours. Puis il va
extensionner.
M. Ciaccia: ...au lieu de statuer sur le fond, et ce sera son
collègue qui le fera
ensuite.
M. Garon: Ce que vous dites là... Regardez l'article 44.
En tout cas, je vais vous dire une chose. Sur la Basse-Côte-Nord, il n'y
a pas beaucoup de ministres libéraux qui vont vous dire combien cela
prend de temps pour y aller parce que j'ai été le
deuxième. L'autre qui y est allé avant moi c'était un
autre ministre des Pêcheries du Parti québécois. Il n'y en
a pas un avant qui soit allé sur la Basse-Côte-Nord.
M. Lincoln: M. le ministre, si vous voulez qu'on vous encense, on
va le faire...
M. Garon: Pardon? Mais j'y suis allé à plusieurs
reprises. Je peux vous dire que ce n'est pas toujours facile.
M. Lincoln: Oui. Si vous voulez qu'on vous...
M. Ciaccia: Je suis allé à Saglouc. C'est encore
plus loin que cela.
M. Garon: Je comprends! Mais quand vous partez... Est-ce que le
jet peut atterrir maintenant? Il ne le pouvait pas. C'est le F-27. Quand vous
partez, cela vous prend quatre heures pour vous rendre. Souvent, quand vous
arrivez, la température n'est pas la même que lorsque vous
êtes parti. Vous êtes obligé de revenir au bout de deux
heures parce qu'ils disent que cela s'est couvert. Vous pouvez prendre une
chance de continuer. Si vous continuez et que c'est encore couvert, vous
regardez l'aéroport et... Vous ne le regardez pas, vous ne le voyez pas.
Vous voyez la brume au-dessus et vous retournez.
M. Lincoln: Je vais pleurer, M. le ministre. Est-ce qu'on peut
revenir aux articles 43 et 44? Je suis bien chagrin pour vous de toutes ces
choses. Tous ces vols que vous faites. Vous allez, vous revenez...
M. Garon: J'y suis allé dans le plus beau temps en
1981.
M. Lincoln: Là on va repartir...
M. Garon: Mon voyage devait durer neuf jours...
M. Ciaccia: Racontez-nous votre voyage. Il nous reste cinq
minutes avant d'ajourner.
M. Garon: ...et il a duré onze jours parce qu'on est
resté pris à des endroits à cause de la
température.
M. Lincoln: Nous sommes d'accord avec vous sur tout cela, M. le
ministre. On ne conteste rien de vos voyages.
M. Ciaccia: Vous êtes revenu trois mois après.
M. Lincoln: On parle des article 43 et 44.
M. Garon: II y a de la brume.
M. Lincoln: Oui, M. le ministre. Quand on parle de l'article 43
vous nous dites:...
M. Garon: On se penserait en l'Angleterre.
M. Lincoln: ...Revenez à l'article 44 qui explique
l'article 43. L'article 44, je vais vous souligner que...
M. Garon: II protège le bien saisi.
M. Lincoln: ...cela dit que le propriétaire
dépossédé peut demander à un juge de paix que son
bien lui soit remis. Vous-même vous venez de me dire que la raison pour
laquelle on prolonge les 90 jours, c'est que le juge de paix ne peut pas se
rendre sur les lieux. Comment va-t-il s'y rendre pour aller donner des
dispenses selon l'article 44 puisqu'il ne sera pas là? Vous voyez bien
que cela n'a pas de sens.
M. Ciaccia: Quel article a préséance? Est-ce
l'article 43 qui vient avant l'article 44 ou si c'est l'article 44 avant
l'article 43?
M. Lincoln: II ne peut même pas savoir mais il va lui
donner une dispense. Il téléphone. Vous parlez d'une affairel
...M. le ministre, vous connaissez bien votre loi.
M. Ciaccia: Je demande la suspension du débat, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): II reste exactement une
minute à ma montre.
M. Ciaccia: Une minute de silence pour...
M. Lincoln: ...on va demander aux légistes d'aller
consulter le juge de paix qui est coincé sur la Côte-Nord.
Le Président (M. Brouillet): Nous avions
déjà adopté l'article 43.
M. Ciaccia: On l'a rouvert.
M. Lincoln: Avec votre permission on l'a rouvert...
Le Président (M. Brouillet): Oui, très bien. Disons
qu'il est minuit. Demain, nous reprendrons cet article 43.
M. Lincoln: On ne fera pas de négociations
là-dessus, on va déposer...
Le Président (M. Brouillet): Je dois présentement
ajourner les travaux sine die.
(Fin de la séance à minuit)