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(Onze heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Gagnon): La commission de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation se réunit avec le mandat
d'étudier, article par article, le projet de loi 13, Loi modifiant la
Loi sur les grains. Par la suite, nous terminerons l'étude des
crédits. C'est cela le mandat de l'Assemblée nationale, je pense
ne pas me tromper.
Les membres de cette commission sont: MM. Baril (Arthabaska); Beaumier
(Nicolet); Beauséjour (Iberville); Dupré (Saint-Hyacinthe);
Gagnon (Champlain); Garon (Lévis); Houde (Berthier); Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata); Lincoln (Nelligan); Mathieu (Beauce-Sud); et
Vallières (Richmond).
Les intervenants sont: Mme Bacon (Chomedey); MM. Bisaillon
(Sainte-Marie); Blouin (Rousseau); Boucher (Rivière-du-Loup); Dubois
(Huntingdon); Mme Juneau (Johnson); MM. Lachance (Bellechasse); LeMay
(Gaspé); Middlemiss (Pontiac); et Picotte (Maskinongé).
Pour le projet de loi 13, je demanderais à la commission de me
suggérer ou de nommer un rapporteur pour faire rapport à
l'Assemblée nationale.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Le député d'Iberville.
Le Président (M. Gagnon): Le député
d'Iberville sera le rapporteur pour le projet de loi 13. Et lorsque nous
arriverons à...
M. Mathieu: On peut lui faire confiance, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): ...et lorsque nous arriverons
à l'étude des crédits, c'est le député de
Gaspé, je crois, qui était déjà rapporteur.
M. Mathieu: Exact, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, est-ce que vous
avez des mots d'introduction pour présenter le projet de loi?
Projet de loi 13
M. Garon: Non, j'aime autant ne pas faire d'introduction, M. le
Président, afin qu'on puisse rapidement adopter le projet de loi, qui ne
prête pas à controverse. C'est un projet de loi qui me semble
facile à adopter. On n'a pas voulu en mettre un gros pour faciliter la
tâche de l'Opposition. On a proposé un projet de loi simple,
facilement acceptable par l'Opposition, sans lui faire faire des
indigestions.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je remercie le ministre de sa sollicitude, M. le
Président. Franchement, le ministre nous sert de bonnes diètes,
j'en conviens. La diète n'est peut-être pas tellement bonne pour
ceux qui auront à se servir de cette loi.
Je ne voudrais pas, moi non plus, perdre de temps, à moins que le
ministre ne veuille faire de l'opposition à son projet de loi, mais
j'aimerais poser une couple de questions au ministre, M. le Président.
Je suis étonné de voir que le ministre n'impose pas un classement
obligatoire au grain. Des céréaliculteurs me disent que le fait
que leur grain n'est pas classé, comme celui qui provient du
marché de l'Ouest ou des États-Unis, résulte en une chute
des prix. Il semblerait que, du fait que le grain n'est pas classé, il y
ait plus de risques pour les acheteurs ou les utilisateurs. Il paraît que
le prix du boisseau serait d'environ 0,10 $ inférieur au prix s'il
était classé. Le fait qu'on n'impose pas un classement
obligatoire, est-ce une question de budget ou d'encadrement technique?
M. Garon: Qu'est-ce que vous entendez par classement
obligatoire?
M. Mathieu: Que le grain soit classé d'une manière
obligatoire pour qu'à qualité égale, nos producteurs
puissent obtenir un prix égal.
M. Garon: Le producteur peut toujours exiger le classement. Au
fond, ce qu'on dit, c'est que le régime est volontaire dans le sens que
vous pouvez vendre du grain sans le classer. Mais, si vous voulez faire du
classement, vous devrez nécessairement le faire dans le cadre de la Loi
sur les grains du Québec. Pourquoi? Parce que vous ne pourrez pas faire
de classement sans avoir
un permis de la Régie des grains. Vous vous soumettez à
l'ensemble du système de la Loi sur les grains.
Jusqu'à maintenant, on a toujours eu des règlements
obligatoires, des lois obligatoires; je pense que ce règlement est
tellement bon qu'on peut fonctionner de façon volontaire. Les gens font
beaucoup de critiques parfois sur la réglementation. Ils disent: II y a
trop de règlements, ceci et cela. Je leur dis: Essayez donc de
procéder par nécessité plutôt que par obligation. La
loi est volontaire, le règlement est volontaire. Si vous voulez faire du
classement de grain, il faut que vous entriez dans le cadre de la loi pour que
tout soit équitable, que tout soit fait correctement. Si vous voulez
faire du classement de grain, vous êtes assujettis à la
régie et vous devez demander un permis.
M. Mathieu: Cela laisse une note artisanale. Ce dont on m'a
parlé, c'est de ceci. Il y a des gens de ma région, comme
ailleurs au Québec, je pense, qui ont eu des problèmes comme de
la maladie qui s'est développée dans le troupeau laitier, par
exemple.
M. Garon: Par du grain classé.
M. Mathieu: Le grain était classé. Alors, les gens
se disent que, si le grain n'est pas classé, il y a encore plus de
danger. Je vous dis cela en tant que profane, à tort ou à
raison.
M. Garon: Le grain classé n'assure pas que le grain est
sain, ce n'est pas la même chose; c'est le service du
fédéral qui assure que le grain est sain, qu'il n'y a pas de
risque de maladie. Ne mêlons pas les choses.
M. Mathieu: Je voudrais justement faire préciser cela.
J'ai eu des représentations à cet effet. Les gens disaient: Si un
producteur de céréales vend son grain non classé et qu'un
utilisateur se retrouve avec une maladie dans son troupeau, si on se
réveille avec des actions en dommages et intérêts
considérables, que va-t-il se passer? Il devrait y avoir un
système pour que le producteur de céréales soit toujours
à l'abri de certaines poursuites.
M. Garon: Vous parlez de la maladie des
céréales.
M. Mathieu: La maladie occasionnée par les
céréales.
M. Garon: Lorsqu'on parle du classement qu'on préconise et
qu'on dit qu'il est artisanal, il ne faut peut-être pas le prendre comme
cela. Il n'est pas artisanal. L'inspecteur du fédéral a suivi un
cours et un programme de formation; nous avons fait exactement la même
chose. La seule exception est qu'on s'est dit: Au lieu de former des
employés du gouvernement, on va former les employés de
l'industrie. Cela, c'est au point de vue économique. La formation est
exactement la même. Ce n'est pas de façon artisanale que le grain
sera classé; il sera classé par un préposé au
classement qui est un employé de l'acheteur et qui aura suivi non
seulement un cours, mais un programme de formation et de perfectionnement.
Lorsqu'il aura obtenu sa carte de compétence de la régie, ce
préposé sera presque aussi efficace et même peut-être
plus efficace, dans certains cas, qu'un inspecteur du fédéral
présentement.
M. Mathieu: Ce préposé sera à l'emploi de
qui?
M. Garon: II sera à l'emploi de l'utilisateur ou de
l'acheteur. C'est lui qui doit faire le classement. Ce n'est pas nouveau. C'est
comme cela qu'on fonctionne dans les trois provinces des Prairies. On n'a rien
inventé. C'est comme cela que le classement se fait dans les trois
provinces des Prairies. La seule différence, c'est qu'on a
utilisé le système dans les provinces des Prairies et nous, on
l'a amélioré. C'est-à-dire qu'on l'a mis encore plus
efficace au point de vue du classement, mais c'est le même système
qui est utilisé dans les trois provinces des Prairies.
M. Mathieu: Est-ce que cela peut rendre le grain produit au
Québec moins concurrentiel? Est-ce que, dans le moment... Si je
comprends bien, si on prend le prix des céréales à la
Bourse de Chicago ou de Winnipeg, j'imagine que le prix comprend ce que cela
coûte pour l'avoir classé et tout cela. Est-ce qu'ici cela va
rendre notre grain moins concurrentiel?
M. Garon: L'avantage d'un classement, c'est que cela donne un
prix équitable au producteur de céréales, un juste prix
pour une qualité et que cela lui ouvre l'accès à des
marchés qu'il n'a pas présentement. Le coût est minime,
cela n'implique pas une dépense. Justement, il a fallu, pour le
maintenir concurrentiel, réduire le coût du classement, le mettre
le plus économique possible.
M. Mathieu: L'acheteur, l'utilisateur devra payer des gens pour
faire le classement du grain, pour le classer.
M. Garon: Ce sont des gens qui font déjà un travail
de réception. Ce sont des gens qui font déjà ce genre de
travail. Le problème, c'est qu'ils ne le font pas de façon
uniforme parce qu'on ne leur a pas
enseigné comment le faire.
M. Mathieu: Est-ce que ces gens sont déjà à
l'emploi des utilisateurs?
M. Garon: Oui, ce sont des gens à la réception des
céréales, dans les centres et chez les meuniers, des gens qui
sont déjà en place à l'emploi des centres et des
meuniers.
M. Mathieu: Quel serait l'inconvénient d'avoir un
classement obligatoire pour tout le grain?
M. Garon: C'est le coût. C'est cela qui apporterait
peut-être la question de mettre notre production
céréalière non concurrentielle parce que là, on
augmenterait les coûts énormément.
M. Mathieu: Le grain qu'on achète de l'Ouest ou des
États-Unis doit être classé.
M. Garon: II est classé, mais d'une façon
économique, en ce sens que l'on peut regrouper à la tête
des lacs un volume extraordinaire et mettre un certain nombre d'inspecteurs
réalistes. Mais, si on voulait le faire au Québec... C'est un peu
comme dans les provinces des Prairies. Dans les provinces des Prairies, on
classe le grain aux élévateurs primaires et, si on veut un
classement officiel, on le dirige vers la tête des lacs. Là, c'est
classé officiellement par les inspecteurs. On a un volume et le
coût est tout de même minime. On ne pouvait appliquer autre chose,
exactement comme dans les provinces des Prairies. Ce qui se fait en Ontario,
c'est que le grain est classé lorsqu'il est livré par le
producteur à un élévateur primaire.
M. Mathieu: Est-ce que cela veut dire que cela va venir annuler
ce qu'on disait... L'objection que j'ai eue de la part de certains utilisateurs
ou de certains producteurs, c'est que, dans le moment, le grain n'étant
pas classé ici, le prix est inférieur au prix du marché.
Est-ce que le fait qu'on va avoir ce classement volontaire maintenant va rendre
le grain à un prix égal? À qualité égale, le
prix sera égal pour les producteurs.
M. Garon: Cela va permettre à l'acheteur,
premièrement, de s'assurer de la qualité de la
céréale qu'il utilise. Pourquoi est-il au rabais
présentement? C'est que l'acheteur ne peut s'assurer de la
qualité de la céréale. Avec les procédures
uniformes d'un classement, il sera capable de payer un juste prix, qu'il est
prêt à payer et qu'il veut payer, pour une qualité qui est
égale à la qualité de l'extérieur. Pour le
producteur, cela sera équitable également. Il faut avoir des
normes de qualité, des critères pour permettre la
négociation entre l'acheteur et le vendeur. C'est à cela que sert
un classement. Étant donné que nous, dans notre production
locale, il n'y en a pas, la négociation se fait à rabais parce
que l'acheteur ne peut être assuré de la qualité. Ce sont
les avantages.
M. Mathieu: Le but de la loi, quand elle sera en vigueur et quand
le grain sera classé, c'est que le producteur aura un prix uniforme,
c'est-à-dire qu'à qualité égale, il aura un prix
égal. Il n'y a pas autre chose.
Le Président (M. Gagnon): Avant de laisser la parole au
député de Berthier, je voudrais demander aux membres de la
commission d'accepter la substitution suivante: le député de
Vaudreuil-Soulanges remplacerait le député de Pontiac comme
intervenant à cette commission.
M. le député de Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président. Est-ce que vous
êtes capable de nous dire, M. Beaudet... C'est votre nom?
M. Beaudet: C'est cela.
M. Houde: Lorsqu'ils feront le classement des grains, est-il
possible de détecter s'il y a quelque chose qui peut causer des maladies
chez les animaux? Ou si cela va seulement déterminer la qualité
du grain par l'apparence, la pesanteur et la qualité? S'il est lourd, il
est de qualité; s'il n'est pas lourd, c'est de la paille.
M. Garon: Là, on parle de maladies possibles comme la
fusariose et la vomitoxine.
M. Houde: Oui, parce que c'est bon de...
M. Garon: Le travail qu'on fait est exactement le même que
celui fait par le gouvernement fédéral. Cela se fait en deux
étapes, c'est-à-dire qu'on fait le même travail que la
Commission canadienne des grains, l'organisme responsable de classer les
grains. Lors du classement, la Commission canadienne des grains n'a pas la
responsabilité de mettre un produit en quarantaine.
M. Houde: Vous non plus, vous ne l'avez pas.
M. Garon: Nous non plus, nous ne l'avons pas. Ce n'est pas notre
responsabilité. La responsabilité est au gouvernement
fédéral. Dans le cas de la fusariose et de la vomitoxine, la
Commission canadienne des grains a détecté, lors du classement,
une couleur rosâtre sur la céréale qui laissait
croire qu'il y avait de la fusariose. Elle doit le rapporter et c'est
l'autre service, l'autre division, l'autre direction qui est la protection des
produits qui s'en est préoccupée parce que c'est sa
responsabilité d'imposer les restrictions en conséquence. C'est
Agriculture Canada. C'est ce qui est arrivé: le gouvernement
fédéral a mis des restrictions sur l'utilisation de notre
blé.
Le classement ne détecte pas la maladie. On peut identifier un
problème visuel qu'on voit sur la céréale, mais le
rôle de la commission fédérale est comme le nôtre, au
niveau du classement; on n'a pas la responsabilité en ce qui regarde la
maladie qui touche les céréales. C'est la loi sur la protection
des végétaux.
M. Houde: Ce qui est arrivé l'an passé - comme le
disait le député de Beauce-Sud tantôt - aux troupeaux
laitiers, est-ce qu'en les inspectant, vous vous seriez aperçus des
problèmes qui existaient?
M. Garon: Non, à moins que cela ne soit visuel sur la
céréale, il n'y a pas de moyen de détection. Le classement
se fait de façon visuelle et non pas de façon très
technique, par équipement. Cela ne se fait ni par le
fédéral ni par nous.
M. Houde: ...
Le Président (M. Gagnon): Allez-y.
M. Garon: C'est le gouvernement fédéral, par son
service Food and drugs, qui doit assurer la qualité des moulées
par la surveillance. Au niveau de la céréale, vous ne pouvez le
détecter, mais, au niveau de la moulée, le service du
gouvernement fédéral doit normalement être capable
d'identifier s'il y a des problèmes. D'ailleurs, c'est ce qui arrive
lorsqu'on découvre des cas de salmonellose attribuables à une
moulée qui a pu...
M. Houde: ...qui a chauffé, si vous voulez.
M. Garon: C'est le fédéral qui fait cela. C'est un
autre service.
M. Dubois: Ces inspections des moulées
préparées se font-elles dans les meuneries du Québec?
M. Garon: Par le gouvernement fédéral, oui.
M. Dubois: C'est suivi de façon constante?
M. Garon: C'est suivi par le gouvernement fédéral.
C'est sa responsabilité.
Une voix: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): L'article 1 est adopté.
L'article 2 est-il adopté?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): L'article 3 est-il
adopté?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. Vous n'êtes
qu'intervenant, M. le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Mathieu: Sur division.
Le Président (M. Gagnon): L'article 4 est-il
adopté? L'article 3 est adopté sur division.
M. Houde: ...parce qu'il n'avait pas le droit de...
M. Garon: M. le Président, j'aimerais savoir du
député de Beauce-Sud, qui acceptait l'article, si c'est
accepté sur division parce qu'il vient de recevoir un ordre ou bien...
Je suis étonné.
M. Mathieu: M. le Président, le ministre...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): S'il suivait les débats
de la Chambre, il comprendrait.
M. Mathieu: On voit que le ministre était occupé
à autre chose qu'aux travaux de la commission. Je n'avais pas fini de
parler. Je ne peux pas dire tous les mots en même temps, il ne
comprendrait pas. Il faut dire les mots un après l'autre.
Le Président (M. Gagnon): L'article 4 est-il
adopté?
M. Mathieu: Adopté.
M. Garon: Le député de Beauce-Sud a des
problèmes avec son caucus depuis le rapport Gilson.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Berthier.
M. Houde: M. le Président, si le ministre écoutait
lorsque les gens parlent, lorsque le député de
Vaudreuil-Soulanges a pris la parole - ce n'est pas le député de
Beauce-Sud qui l'avait prise, c'est lui qui l'avait prise - étant
donné qu'il n'est qu'intervenant, c'est l'autre qui a parlé pour
que cela soit enregistré au journal des Débats. Il me semble que
le ministre devrait
comprendre cela.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Vaudreuil-Soulanges a droit de parole, il n'a pas droit de vote.
M. Houde: C'est ce que je veux dire. Le Président (M.
Gagnon): C'est cela.
M. Garon: II a dit au député de Beauce-Sud comment
voter.
M. Houde: Non. Il ne le lui a pas dit, c'est l'autre qui a
parlé. C'est le président qui a dit qu'il n'avait pas le
droit...
M. Garon: II a dit: sur division.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Garon: Le député de Beauce-Sud était
d'accord pour adopter la loi sans division.
M. Mathieu: Ah non!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On parle de l'article, on ne
parle pas de la loi.
M. Garon: La loi, l'article, oui. M. Mathieu: M. le
Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je comprends que le ministre semble redouter
terriblement le député de Vaudreuil-Soulanges. C'est un homme qui
a beaucoup d'influence et je pense qu'il en aura de plus en plus au
Québec. Quoi qu'il en soit, je pense que le ministre de l'Agriculture le
redoute à juste titre.
M. Garon: II a de l'influence auprès de la haute
finance.
M. Mathieu: Auprès du peuple. (11 h 45)
M. Garon: Je me rappelle quand M. Caouette parlait de la haute
finance...
Le Président (M. Gagnon): Le projet de loi no 13, Loi
modifiant la Loi sur les grains, est adopté.
M. Mathieu: M. le Président, avant de conclure, je
voudrais remercier le président de la Régie des grains, M.
Beaudet, ainsi que le personnel qui entoure le ministre dans la
préparation de ce projet de loi. Je voudrais vous dire que nous
espérons, nous souhaitons que ce projet soit bénéfique
pour les producteurs de céréales et les utilisateurs. C'est dans
cet esprit que nous concourons rapidement à son adoption.
Le Président (M. Gagnon): Donc, le projet de loi no 13 est
adopté, la Loi modifiant la Loi sur les grains. Je prierais le
rapporteur, le député d'Iberville, d'en faire rapport à
l'Assemblée nationale.
Maintenant, nous allons entreprendre ou terminer l'étude des
crédits. M. le député de Berthier.
Étude des crédits du
ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation
M. Houde: M. le Président, étant donné que
j'ai eu la permission de mon collègue de Beauce-Sud, est-ce que je
pourrais savoir de la part du ministre, s'il veut bien me répondre ce
matin... M. le ministre, c'est à vous que je parle. C'est au sujet de la
demande que j'avais faite pour les planteurs de tabac à cigarettes dans
la région de Lanaudière, Joliette-Berthier surtout.
Une voix: Quelle marque?
M. Houde: II n'y a pas de marque, ils produisent pour toutes
les... Bon, c'est cela, il ne connaît rien là-dedans, lui.
Je veux savoir s'il y a possibilité d'inclure dans la loi 113 une
clause leur permettant de se prévaloir des emprunts de 100 000 $
à 500 000 $ du crédit à la production agricole. Est-ce que
vous pouvez les inclure dans cette loi, M. le ministre, oui ou non?
M. Garon: La loi est adoptée, M. le Président.
M. Houde: Oui, mais est-ce qu'il n'y a pas moyen de faire un
amendement, M. le Président?
M. Garon: Non, non, la loi est adoptée; elle est en
vigueur. Elle est sanctionnée et le règlement a été
acheminé au Conseil des ministres immédiatement.
M. Houde: D'accord. M. le Président, en date du 20 avril
1983, lors de l'étude en deuxième lecture du projet de loi no
113, je vais vous lire ce que je vous ai demandé. Vous me dites qu'il
est trop tard parce que la loi est adoptée. Mais, quand j'en ai
parlé, il n'était pas trop tard, par exemple. "Je voudrais le
sensibiliser à la suite de la demande qui m'a été faite.
Il y a des producteurs de tabac jaune dans mon comté, dans ma
région. Je me demande s'il ne serait pas possible d'étendre la
protection aux planteurs de tabac à cigarettes, étant
donné que les caisses populaires ne sont pas
toujours capables de leur prêter et que les banques..." Dans le
temps, elles n'avaient pas été acceptées à nouveau
par le ministre à la suite des pressions que nous avions faites...
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que c'est une motion que
vous êtes en train de faire?
M. Houde: Non, non, c'est parce que je veux relire... Le ministre
m'a dit tantôt...
Le Président (M. Gagnon): Ah bon, vous relisez.
M. Houde: ...qu'il est trop tard. Il est trop tard, c'est
accepté, le projet de loi est adopté.
Le Président (M. Gagnon): Ce que je vous avais dit, M. le
député de Berthier, lors de l'étude des crédits de
la dernière séance, c'est qu'on a passé, si je me souviens
bien, une demi-journée à l'étude du programme 2...
M. Houde: Oui, d'accord.
Le Président (M. Gagnon): ...et le programme 2 a
été adopté. Et là, vous demandez, en fait - c'est
un peu ce que je vous avais dit la dernière fois - de revenir au
programme 2. Moi, je n'y vois pas d'inconvénient pour autant que la
commission soit d'accord.
M. Mathieu: M. le Président, je veux seulement dire
là-dessus que c'est une question qui préoccupe fortement les
agriculteurs de la région de Joliette...
M. Houde: Joliette-Berthier, oui.
M. Mathieu: Alors, si le ministre voulait, sans se formaliser de
la numérotation des programmes, répondre de bonne foi. Je ne
voudrais pas entamer un débat qui dure une demi-heure; notre temps est
trop précieux. Mais, s'il avait une réponse aussi courte que la
question du député de Berthier, je pense que ce serait
bienvenu.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Garon: J'ai déjà répondu à cela,
M. le Président. Nous avions l'intention, cette année, à
cause du développement de la production céréalière
et de bovins de boucherie, d'accroître les crédits à la
production de 100 000 $ à 500 000 $ dans ces deux productions, et de les
augmenter à moyen terme de 100 000 $ à 200 000 $ dans toutes les
productions. Pour le reste, nous procéderons au cours des prochains mois
- le processus est en marche - à la refonte et à la
révision de toutes les lois du crédit agricole. Il y a huit lois
administrées par le crédit agricole. Nous avons l'intention de
refondre ces lois dans une seule loi du crédit agricole avec une mise
à jour et une révision du crédit agricole. Actuellement,
les documents sont en préparation et les consultations ont
commencé pour préparer les documents consultatifs
nécessaires pour une conférence socio-économique qui
portera sur le crédit agricole. J'ai dit qu'à ce
moment-là, on révisera l'ensemble du crédit agricole et
que nous avions adopté les lois 112 et 113 pour permettre aux
agriculteurs, d'ici à la fin de l'année 1983, de
développer ces productions qui demandent beaucoup de capitaux. C'est
pourquoi nous avons adopté, un peu comme une mesure d'urgence, les lois
112 et 113. Pour l'ensemble des productions, je sais bien qu'il y en a d'autres
où des producteurs aimeraient avoir des prêts de plus de 100 000
$, comme crédits à la production, dans le cadre du crédit
agricole. Nous avons indiqué clairement notre intention. Il s'agissait
de faire ces amendements pour faciliter l'élevage du boeuf et de
vaches-veaux, ainsi que pour développer la production
céréalière. Pour le reste, cela entrera dans le cadre de
la révision du crédit agricole.
M. Houde: Est-ce que, pour l'an prochain, il y a des
possibilités, soit pour le printemps 1984? Est-ce qu'on peut
espérer? Vous savez, M. le ministre, que, l'an passé, la culture
du tabac à cigarettes a été affectée par les
gelées. Au moment où on se parle, au printemps, ce n'était
pas facile, parce que souvent, dans des municipalités, ce sont des
caisses populaires. Je ne peux pas dire qu'elles ne sont pas capables de
prêter des montants raisonnables, mais, quand on parle du tabac à
cigarettes, cela prend des centaines de milliers de dollars. C'est donc dans ce
sens que j'intervenais. Lors de la deuxième lecture des projets de loi
nos 112 et 113, je vous l'ai mentionné à deux reprises et je n'ai
pas reçu de réponse. Là, comme vous me dites, je suis en
retard, mais je ne voudrais pas me faire accuser d'avoir été en
retard.
Si vous me dites qu'il y a des possibilités d'espérer pour
l'an prochain, tant mieux pour les producteurs de tabac à cigarettes et
on va leur donner l'espérance qu'ils pourront avoir de la part du
ministre qu'il en tiendra compte. C'est tout simplement cela. Je ne veux pas
avoir de réponse ce matin parce que, comme vous le dites, les projets de
loi sont adoptés.
Le Président (M. Gagnon): Si vous avez autre chose
à ajouter, ensuite, nous reviendrons à l'objet de notre...
M. Garon: M. le Président, je voudrais
dire au député de Berthier ce que je lui ai
déjà dit. Nous voulions faire une exception pour deux productions
dès le printemps.
M. Houde: Oui, oui, j'ai compris cela.
M. Garon: Pour le reste, cela sera révisé dans le
cadre de la refonte du crédit agricole.
M. Houde: Ce sera pour 1984?
M. Garon: Je ne dis rien. Je ne donne pas d'espoir. Je ne fais
pas de promesse. Je ne prends aucun engagement. Je dis tout simplement qu'on va
étudier rationnellement tout l'ensemble du crédit agricole avec
des consultations avec tous ceux qui y sont impliqués, les producteurs
agricoles eux-mêmes, les institutions financières
concernées, pour étudier cette question. Alors, je ne prends
aucun engagement. Je dis tout simplement que nous allons examiner tout le
crédit agricole dans son ensemble et que nous allons le réviser,
sans préjuger. Moi, quand je fais une consultation, je ne donne pas les
réponses d'avance, je veux savoir ce que le monde pense et on prend les
décisions après. Je ne préjuge pas des opinions que vont
émettre les producteurs agricoles et les institutions financières
qui prêtent dans le cadre du crédit agricole, lors de ces
consultations. C'est pourquoi je ne peux vous répondre
immédiatement. Vous avez des gens qui vous en ont parlé
localement, mais...
M. Houde: Ce sont deux comtés de chez nous...
M. Garon: ...le crédit... Êtes-vous
député d'un ou de deux comtés?
M. Houde: La région de Lanaudière comprend
Joliette, Berthier...
M. Garon: Vous n'êtes pas un député
régional, vous êtes un député d'un seul
comté. Alors, il y a des gens...
M. Houde: Merci beaucoup, M. le Président. J'ai
terminé.
M. Garon: ...qui vous ont parlé...
M. Houde: Ce sont des choses que vous répétez,
alors on attendra des réponses positives.
M. Garon: Mais je ne comprends pas que le député de
Berthier travaille de cette façon-là. Ce n'est pas une
façon de travailler.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, le ministre doit être
content, il l'a remercié.
M. Garon: II ne m'a pas remercié lui-même, parce
qu'il est parti.
M. Mathieu: Mais il est retenu par les travaux au salon bleu.
M. Garon: Oui, mais il arrive comme un cheveu sur la soupe,
à tout instant, et, sans s'occuper... J'aimerais qu'il y ait un peu
d'ordre dans le caucus libéral. Vous savez qu'on s'entend ensemble, M.
le Président.
Une voix: Vous allez le regretter!
M. Garon: On s'entend pour étudier les crédits
d'une telle façon. Moi, habituellement, j'ai l'esprit ouvert
là-dessus parce qu'on peut me poser à peu près toutes les
questions sur n'importe quoi, dans le cadre général que nous
étudions ensemble. Ensuite, on se dit qu'on va suivre un certain ordre.
Je l'ai déjà dit, la meilleure façon de ne pas
régler un problème de comté, c'est de venir en parler en
commission. On est là pour étudier les crédits. On n'est
pas là pour régler les problèmes de comté.
Le Président (M. Gagnon): C'est pourquoi, M. le ministre,
lorsque le député de Berthier a entamé sa question, j'ai
demandé si la commission était d'accord. Si vous n'aviez pas
répondu à la question ou si on n'avait pas été
d'accord pour en discuter, on serait tout simplement revenu au programme
5...
M. Mathieu: Si on passait au programme.
Le Président (M. Gagnon): Mais, comme la commission ne
semblait pas être en désaccord, puisque personne ne s'est
opposé à ce que le député de Berthier entame cette
question, j'ai été obligé de l'accepter. Nous revenons
maintenant au programme 5. M. le député de Beauce-Sud a
demandé la parole.
M. Mathieu: Oui, M. le Président. Nous étions en
train djétudier l'organisme SOQUIA, cette société
d'État. Je laisserais au député de Huntingdon le soin de
continuer le travail que nous avions commencé.
M. Garon: Dans quel cadre? On a posé les questions
préliminaires. Tous ensemble, on a étudié toutes ces
questions.
M. Mathieu: C'est la suite, M. le Président. Nous en
étions justement à discuter de SOQUIA, à la fin.
M. Garon: Non, non, non.
M. Mathieu: Bien oui.
M. Garon: Non, non, non.
M. Mathieu: Bien oui, certain.
M. Garon: La dernière fois, on a
étudié...
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, M. le ministre. La
dernière fois, j'ai tenté de fermer le programme 5, la
commercialisation des produits agro-alimentaires.
M. Garon: SOQUIA n'a rien à faire là-dedans.
Le Président (M. Gagnon): On a dit qu'on ne l'adoptait pas
tout de suite, qu'on voulait revenir sur certains points de ce programme. Je
pense que c'est dans le cadre de ce programme qu'on doit discuter.
M. Mathieu: Je comprends que SOQUIA n'est pas là-dedans,
elle n'est dans aucun des programmes, mais on en est à la
commercialisation des produits agro-alimentaires. SOQUIA, c'est la
Société québécoise d'initiatives agro-alimentaires.
Il me semble qu'il n'y a pas de cadre mieux approprié que le programme 5
pour discuter de ce point. Lorsque nous avons fini, à la dernière
séance de la commission, je pense que nous en étions justement
à discuter de SOQUIA.
M. Garon: Non.
M. Mathieu: J'en suis persuadé. On a parlé de la
raffinerie de sucre, et le député de Maskinongé a
entamé la discussion sur SOQUIA. J'en suis persuadé. C'est
justement la suite que nous voulons reprendre ce matin.
M. Garon: II n'a pas été question de cela, la
dernière fois. Vous avez demandé qu'on parle de SOQUIA, mais j'ai
dit qu'on discutait des crédits budgétaires. SOQUIA ne fait pas
partie des crédits du ministère. On a fait chaque fois
l'étude des crédits de la même façon. On pose des
questions générales au début et ensuite on procède
programme par programme. Dans vos questions générales, au
début, vous n'avez pas parlé de SOQUIA, et nous en sommes aux
programmes. Dans les programmes, il n'est pas question de SOQUIA, ce ne sont
pas des crédits du ministère.
M. Mathieu: Avez-vous quelque chose à cacher?
M. Garon: Je n'ai rien à cacher. J'ai dit que, lorsqu'on
présenterait le projet de loi pour modifier la loi de SOQUIA, projet qui
doit être discuté la semaine prochaine, comme on parle de modifier
le capital-actions, je n'ai aucune objection à ce que vous posiez des
questions sur SOQUIA, mais, dans le cadre actuel des crédits, SOQUIA
n'est pas là.
M. Mathieu: Pourquoi n'est-elle pas là? Pourquoi
trouvons-nous au programme 9 la Régie des grains? Pourquoi n'y a-t-il
pas de programme pour SOQUIA?
M. Garon: Écoutez, je ne peux pas vous faire un cours de
comptabilité. Vous avez des crédits budgétaires et des
crédits extrabudgétaires. SOQUIA est dans les crédits
extrabudgétaires, elle n'est pas dans les crédits
budgétaires.
M. Mathieu: En tout cas, je vous dis...
M. Garon: Laissez-moi finir. Dans les crédits de
fonctionnement, on trouve les organismes que vous trouvez dans les
crédits du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Maintenant, on vient avec SOQUIA. Une loi est
déposée pour accroître le capital-actions de SOQUIA. La loi
est déposée et demande de faire passer le capital-actions de
SOQUIA de 40 000 000 $ à 85 000 000 $. C'est devant le Parlement. Il va
y avoir la deuxième lecture et ensuite l'étude en commission
parlementaire. Je pense, au début de l'étude en commission
parlementaire du projet de loi, qu'il sera loisible à l'Opposition de
poser les questions qu'elle voudra sur SOQUIA. Par le projet de loi, on va
justement demander d'augmenter les budgets de SOQUIA. SOQUIA n'est pas un
organisme dont les crédits proviennent du budget du
ministère.
Le Président (M. Gagnon): Avant de vous céder la
parole, M. le député de Beauce-Sud, je voudrais corriger une
erreur. Tantôt, j'ai dit que le programme 5 n'était pas
adopté. Le procès verbal de la dernière réunion dit
le contraire, le programme 5, éléments 1, 2 et 3, a
été adopté sur division. Je voulais simplement
spécifier que le programme 5 a été adopté.
M. Garon: C'est cela, on voulait commencer le programme 8.
Le Président (M. Gagnon): Maintenant, la discussion sur
SOQUIA. Le député de Maskinongé, qui voulait en parler,
avait demandé une commission parlementaire. Le ministre avait
répondu qu'éventuellement on aurait une loi à
étudier en commission parlementaire. C'est par la suite que j'ai
ajouté: II vous reste trois heures pour l'étude des
crédits. Ce n'était pas à l'intérieur du programme
de SOQUIA.
M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: Lors de la dernière séance de
l'étude des crédits, cette semaine, le député de
Maskinongé avait formulé le voeu qu'on puisse discuter de SOQUIA.
Il l'a fait à titre de whip adjoint. Finalement, hier, le
député de Maskinongé m'a laissé entendre qu'il y
aurait une possibilité aujourd'hui de discuter de SOQUIA et des
sociétés dans lesquelles SOQUIA a investi. Ce serait basé
sur des discussions qu'il aurait eues avec des membres de votre cabinet ou
d'autres personnes. Hier après-midi, le député de
Maskinongé m'a laissé entendre qu'on pourrait discuter de SOQUIA
aujourd'hui. Si c'est impossible de discuter de SOQUIA aujourd'hui... (12
heures)
M. Garon: Vous comprenez que j'ai des organismes qui... Je ne
peux pas maintenir ici cinquante personnes au cas où, comme un cheveu
sur la soupe, il arriverait un député qui voudrait poser des
questions sur tel et tel sujet. On a convenu de procéder selon un
certain ordre avec le député de Beauce-Sud. On l'a convenu et
c'est enregistré. J'ai dit: Au début, on pose des questions
générales sur tout. On s'est entendu là-dessus.
Après cela, on procédera programme par programme. C'est ce qu'on
a fait. Au début, nous posions des questions sur n'importe quoi et,
après cela, on a procédé programme par programme et on
était rendu au programme 8 la dernière fois. Ce que j'ai dit, ce
n'est pas comme un refus de répondre. Tout simplement, j'ai dit ceci
à ce moment et le député de Maskinongé ne pouvait
pas le savoir parce que la loi n'était pas déposée. J'ai
dit: Je vais déposer, dans les prochains jours, un projet de loi qui
touche SOQUIA et la commission parlementaire de l'agriculture va se
réunir à ce moment parce que c'est la loi pour modifier la loi de
SOQUIA. À ce moment, j'ai dit: Comme on va siéger
là-dessus et que les gens de SOQUIA seront ici, les questions que vous
pourriez avoir sur SOQUIA pourraient être étudiées dans ce
cadre parce que cela sera justement une loi pour augmenter les crédits
de SOQUIA.
Alors, que les députés de l'Opposition en commission
parlementaire soient intéressés à savoir comment SOQUIA a
utilisé les crédits qu'elle a eus - jusqu'à 40 000 000 $ -
avant de voter des crédits passant de 40 000 000 $ à 85 000 000
$, cela m'apparaît logique et normal. C'est pour cela que j'ai dit
à ce moment: Quand on se réunira pour étudier la loi
modifiant la loi de SOQUIA, ce sera le bon cadre avec tous les gens
présents à ce moment. Mais il me semble évident que ce
n'est pas le cas à l'heure actuelle.
Le Président (M. Gagnon): D'ailleurs, je vous ferai
remarquer qu'effectivement il reste les programmes 8 et 9. Tous les autres
programmes ont été adoptés. M. le député
de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
C'était seulement pour faire partager à la commission
l'expérience que j'ai eue aux Finances. Comme vous le savez, M. le
ministre, à chaque année, il y a trois ou quatre organismes - il
y en a un quatrième maintenant - extrabudgétaires. Il y a la
Curatelle. En vertu d'une loi adoptée l'an dernier, la Curatelle
publique, c'est zéro au crédit des finances. Elle est à
part, elle marche toute seule, ainsi de suite. La Caisse de dépôt,
s'il y a quelque chose d'extrabudgétaire, c'est bien cela.
Loto-Québec, c'est extrabudgétaire, il y a bien quelque chose
comme cela.
Tous ces gens sont là quand on fait les crédits des
Finances. Il est bien entendu que le ministre responsable, normalement, tient
ces gens à la disposition - d'autant plus si c'est demandé - des
membres de l'Opposition, aux commissions parlementaires,
généralement. J'essayais de voir la raison de vos
résistances parce que, dans le cadre de l'étude actuelle des
crédits - c'est pour cela que j'étais venu, parce que les
sociétés d'État m'intéressent
particulièrement - le ministre des Finances refuse le débat
public - à moins que le fédéral nous tombe dessus -sur les
sociétés d'État. C'est lui l'actionnaire. Même si
c'est l'actionnaire, ce n'est pas avec lui qu'on va parler de SOQUIA,
n'est-ce-pas? C'est à l'étude de ses crédits à lui.
Ce serait plutôt, il me semble, à la commission permanente
où on est aujourd'hui. Je veux dire que je ne vois pas pourquoi vous
résistez tellement à traiter de ces choses.
M. Garon: Je ne résiste pas.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Garon: Je ne résiste pas. Au début, la
première journée des crédits, le député de
Beauce-Sud se souviendra que c'est une politique qu'on a adoptée. Pour
tous les crédits, chaque année, on a adopté la même
politique parce que c'est plus ordonné. On a dit: Au début, dans
la première phase, on pose des questions sur tout. Or, j'ai tous les
fonctionnaires ici concernés par les institutions. Ils sont tous
là et ils étaient là cette année, comme les autres
années. Je me souviens du premier budget que j'ai défendu en
1977. On avait passé, je pense... Le député d'Iberville
s'en souviendra parce qu'il était concerné ainsi que le
député de Verchères; il avait posé beaucoup de
questions sur la raffinerie de sucre parce qu'il y avait un projet de fermeture
de raffinerie par les libéraux et, à ce moment, je me souviens
que des gens m'avaient dit: Vous n'êtes pas obligé de parler de
la
raffinerie de sucre dans vos crédits parce que ce sont des
crédits extrabudgétaires. À ce moment, on avait pris,
dès 1977, la formule de... J'avais voulu discuter de l'ensemble des
choses, même si... J'ai dit: On en parlera au début. Et on
s'était toujours entendu là-dessus avec le Parti
libéral.
M. Mathieu: Vous êtes fort dans la Common Law.
M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: Vous êtes fort dans la Common Law, dans la
tradition.
M. Garon: Oui, j'aime cela les traditions.
M. Mathieu: Le droit britannique.
M. Garon: C'est ce qui fait un peuple fort, les bonnes
traditions. Alors, même s'il y a des mauvaises lois, les traditions
continuent dans le peuple. On avait convenu à ce moment de faire des
études de l'ensemble des questions, sur n'importe quoi, dans une
première phase de l'étude des crédits, avant de
procéder de façon systématique; et on avait convenu
ensemble, l'Opposition et le parti ministériel, de ces choses de sorte
qu'au début, on maintenait beaucoup de gens ici pour répondre sur
n'importe quel sujet. Cela nous permettait par la suite de déblayer le
terrain sur une foule de questions de sorte que, lorsqu'on arrivait,
après cela, dans les programmes particuliers, c'étaient surtout
des questions de détail qu'on abordait sur chacun des programmes.
On a procédé de la même façon cette
année. Vous vous rappelez d'ailleurs que vous avez demandé qu'on
puisse faire la partie du débat central un peu plus loin, passer
pardessus quelque chose parce que le député de Nelligan voulait
faire passer un programme en premier. On avait alors convenu qu'on adopterait
ce programme et ensuite qu'on reviendrait aux questions générales
sur l'ensemble des sujets. C'est pour cela que, cette semaine, losque le
député de Maskinongé a parlé de SOQUIA, je lui ai
dit: On a fait les questions générales, on est rendu aux
programmes particuliers. Ce que je propose est qu'on va adopter une loi
prochainement, une nouvelle loi concernant SOQUIA. Il y aura une commission
parlementaire et cela touchera les budgets de SOQUIA. À ce moment, je
pense que le cadre serait parfait, les gens de SOQUIA seraient tous là.
Vous pourriez poser toutes les questions que vous voulez concernant SOQUIA.
Aujourd'hui, il y a une réunion du conseil d'administration de la
raffinerie de sucre à Saint-Hilaire. Le président de SOQUIA est
à Saint-Hilaire pour une réunion du conseil d'administration.
Le Président (M. Gagnon): M. le
député...
M. Garon: Mais cette étude, la deuxième lecture va
se faire... Nos leaders doivent le savoir.
M. Dubois: Lundi après-midi.
M. Garon: Je ne sais pas quand exactement, mais au début
de la semaine prochaine pour SOQUIA, ce qui veut dire qu'au cours de la semaine
prochaine, on aura la commission parlementaire sur SOQUIA. Je n'aurais aucune
objection à répondre à toutes les questions que vous avez
sur SOQUIA.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Autrement dit de ne pas limiter
la commission qui va suivre la deuxième lecture à l'étude
article par article...
M. Garon: Non, non.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On pourra faire des
considérations.
M. Garon: Au début, on pourra s'entendre comme d'habitude,
c'est-à-dire qu'au début, on pose des questions d'ensemble et
ensuite on procède article par article.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je voudrais être clair aussi; le ministre va
sans doute reconnaître qu'on n'a jamais fait de petites obstructions, de
petites...
M. Garon: On s'est bien entendu là-dessus.
M. Mathieu: Je pense qu'on s'est bien entendu de part et d'autre.
L'année dernière, il y a des fois que cela ne me convenait pas
d'étudier les crédits article par article à telle date et
vice versa. Je pense qu'on s'est bien entendu.
Cette semaine, je conçois, je pense qu'il n'y a rien de
sacramentel dans l'étude des crédits qu'on commence par
défricher ou qu'on commence par certains programmes pour convenir aux
gens ou même aux organismes qui relèvent de votre
ministère. Il y en a deux ou trois qui l'ont demandé et cela nous
a fait plaisir d'accéder à leur demande. Je n'ai jamais rien vu
de sacramentel là-dedans. Je vous ai dit en Chambre, la semaine
dernière: Quand on va recommencer, je voudrais que le président
de
SOQUIA soit là. Vous m'avez dit: Ce sont des crédits
extrabudgétaires. C'est ce que vous me dites aujourd'hui. Finalement,
à la dernière séance que nous avons eue, M. Marier y
était et, ce matin, il n'y est pas. Vous me dites qu'il a une bonne
raison. Le problème de la raffinerie de sucre, je suis prêt
à l'admettre, mais, moi, monsieur...
M. Garon: Ce n'est pas le problème de la raffinerie de
sucre, c'est la réunion du conseil d'administration. Il n'y a pas de
problème.
M. Mathieu: Je suis bien prêt à reconnaître
que son absence est justifiée, mais je voudrais que les traditions que
le ministre est en train d'établir... Je ne suis pas prêt à
admettre, pour l'avenir, à être lié par ces traditions dans
l'étude des crédits, de manière qu'on arrive
l'année prochaine pour étudier un programme et qu'on nous dise:
Ah, non! la tradition, depuis 1977, ce n'est pas cela, à notre
ministère. La tradition, je pense qu'il n'y a rien de sacramentel
là-dedans. Je pense qu'on peut s'ajuster selon les besoins et selon ce
qui nous préoccupe.
Maintenant, on sait qu'une étude de projet de loi article par
article et une étude de crédits, ce n'est pas la même
chose, cela ne se fait pas de la même manière. Il peut y avoir une
pertinence, il peut y avoir une question de règlement soulevé qui
nous empêche de poser les questions qu'on veut. Si le ministre est
prêt à nous dire - et je prends sa parole - qu'on ne sera pas
restreint et qu'on peut y aller "at large" dans les questions que nous voudrons
poser au président de SOQUIA ou à son personnel, qu'il n'y aura
pas de questions d'obstruction, de questions de règlement et de
pertinence de la loi 30, etc.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Garon: II y aura toujours des questions et, normalement,
lorsqu'on pose des questions, on est obligé d'y répondre. On
n'est pas obligé d'y répondre dans l'intérêt public.
Maintenant, une commission parlementaire est pour étudier un projet de
loi. Mais, dans le cadre du projet de loi, essentiellement, ce que je vous dis,
c'est qu'on va étudier l'augmentation des crédits de la
Société québécoise d'initiaves agroalimentaires
pour passer de 40 000 000 $ à 85 000 000 $. J'imagine que vous allez
nous demander si on a bien dépensé les premiers 40 000 000 $.
Dans ce cadre-là, il n'y aura pas de problème. J'imagine que
c'est cette question que vous voulez poser. Quand vous dites qu'il n'y aura pas
de limite ou de restriction, je ne sais pas ce que vous voulez dire.
Le Président (M. Gagnon): Là-dessus, tout d'abord,
je voudrais revenir sur les traditions dont vous avez parlé
tantôt. Si j'ai bien compris, M. le ministre, la tradition est qu'au
début de l'étude des crédits - cette année, au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
c'est 20 heures on s'entend pour faire la discussion générale.
C'est la tradition dont le ministre parlait. On s'entend, chaque année,
pour voir de quelle façon on va aborder chacun des programmes, la
discussion générale et, après cela, les programmes qui
nous intéressent' en premier. Comme vous l'avez souligné, par
exemple, le programme du crédit agricole pour libérer les gens de
l'Office du crédit agricole. La tradition dont le ministre parlait,
c'est l'entente, au début de chaque année, pour l'étude
des crédits.
En ce qui concerne le projet de loi qui viendra, il y a toujours le
préambule du projet de loi qui permet, avant d'étudier article
par article - je pense aussi que c'est ce que le ministre veut dire - de poser
des questions un peu générales.
M. Mathieu: M. le Président, je veux bien, mais les
traditions sacramentelles que le ministre est en train de transformer en
procédure, en jurisprudence, je ne veux pas être lié par
cela à l'avenir.
M. Garon: C'est vous-même, souvent, qui l'avez
proposé, la première journée; je vous sais d'ailleurs
gré de l'avoir fait. Vous étiez d'accord pour qu'on garde
à notre disposition autant de fonctionnaires. On pourra procéder
de telle façon et vous avez proposé la façon habituelle de
procéder.
M. Mathieu: II n'y a rien d'immuable là-dedans.
M. Garon: Non, sauf si on s'entend...
M. Mathieu: C'est un accommodement de bon aloi. Cela veut dire,
comme cela, à l'avenir, qu'il ne faudra plus qu'on s'entende avec vous
d'aucune manière et qu'il faudra avoir tout votre personnel ici du
début à la fin.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud, nous allons clore cette discussion pour être capable de
revenir...
M. Mathieu: Pour mettre de l'ordre.
Le Président (M. Gagnon): Je voudrais dire que ce n'est ni
le ministre ni aucun membre de la commission qui fait jurisprudence.
Normalement, c'est le président qui applique le règlement.
M. Mathieu: Avant de clore...
Le Président (M. Gagnon): Même s'il y a un voeu ou
un souhait exprimé, c'est le président qui applique les
règlements. Je vous dis qu'il est de coutume, de pratique, au
début de l'étude des crédits, de s'entendre sur la
façon dont l'étude va se faire. C'est ce que j'ai compris de la
part du ministre. M. le député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): Maintenant, je vous inviterais
à revenir le plus vite possible sur les deux programmes parce que le
temps s'écoule rapidement. Vous pouvez revenir sur les deux programmes
qu'il nous reste à étudier.
M. Mathieu: Avant de clore, M. le Président, je voudrais
vous dire que l'étude des crédits est le moment
privilégié de l'Opposition pour poser les questions et pour avoir
les éclaicissements qu'elle désire et non pas pour poser les
questions qui font l'affaire du gouvernement ou pour faire de cela un moment
privilégié pour le gouvernement. C'est un moment
privilégié pour l'Opposition. Je veux qu'on garde la marge de
manoeuvre dont on aura besoin. Même si, globalement, on s'entend au
début de l'étude, dans une entente de bon aloi, pour rendre
service aux personnes, aux groupes et pour ménager les fonds publics, je
ne vois rien de sacramentel à ce qu'on arrive et qu'on dise, à un
moment donné: On fait un accroc ou une exception, car l'exception
confirme souvent la règle. Je ne veux pas aller plus loin
là-dedans.
Le Président (M. Gagnon): Vous allez me permettre de
corriger juste une affirmation que vous venez de faire parce que je crois que
c'est important. C'est le moment privilégié des membres de la
commission de poser des questions sur un ministère, non pas seulement de
l'Opposition. Je pense aussi que c'est ce que vous vouliez dire. On parle des
membres de la commission de chaque côté de la table.
M. Mathieu: Nous savons, M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): En théorie et en pratique
aussi, lorsque le temps le permet.
M. Mathieu: Au moins, M. le Président, les membres du
parti gouvernemental peuvent se parler en caucus.
M. Beaumier: M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nicolet.
M. Beaumier: J'espère que cela ne sera pas
interprété comme nous enlevant le privilège d'être
député à temps plein, y compris au niveau des
commissions.
Le Président (M. Gagnon): C'est justement pour cela que
j'ai voulu rétablir les faits. M. le député de Beauce-Sud,
est-ce qu'on entame le programme 8 qui est la gestion interne et le
soutien?
M. Mathieu: Oui, M. le Président.
Gestion interne et soutien
Le Président (M. Gagnon): II y a des remarques
préliminaires? (12 h 15)
M. Garon: Non, je n'ai rien de spécial à dire sur
l'interne. J'ai fait mes remarques à ce sujet au départ, pour
montrer l'amélioration et l'efficacité au sein du
ministère. Actuellement, le pourcentage de frais administratifs est de
moins en moins important par rapport aux paiements de transferts dont le
pourcentage est de plus en plus élevé. Aujourd'hui, on peut dire
que 67% du budget du ministère va en paiements de transferts alors que
c'était seulement 46% en 1976. Nous avons fait une augmentation
considérable de près de 50% en pourcentage des frais
d'administration vers les paiements de transfert.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, ce qui étonne à
ce programme, c'est qu'il semble se faire un vide autour du ministre. On voit
un de ses sous-ministres adjoints qui est parti, M. Marquis; on voit le
président de la Régie des marchés agricoles qui
démissionne et on entend beaucoup d'autres bruits voulant qu'il y ait un
vide peut-être plus grand qui se ferait. Je voudrais que le ministre
commente le départ de son sous-ministre, M. Marquis. C'est un excellent
sous-ministre.
M. Garon: C'est un bon monsieur, M. Marquis. Au contraire, nos
relations sont excellentes. On pense même, un autre membre de mon cabinet
et moi, acheter un boeuf de son élevage. Je crois que nos relations
étaient excellentes, je pensais même récemment à le
nommer à un organisme où on avait besoin de quelqu'un. Je peux
vous dire que nos relations étaient excellentes. Ses relations
étaient excellentes avec tout le monde, tant du côté des
sous-ministres qu'en ce qui concerne le cabinet. C'est un choix de vie qu'a
fait M. Marquis. M. Marquis a une entreprise d'élevage de boeuf depuis
déjà quelques années. Il atteignait 40 ans...
M. Mathieu: Ce n'est pas une cause d'inaptitude, cela!
M. Garon: Non, mais il avait accès au crédit...
M. Mathieu: Cela arrive à tout le monde.
M. Garon: Savez-vous, nos 50 000 $ sans intérêt
attirent même des sous-ministres. Quand les gens disent: 50 000 $ sans
intérêt pendant cinq ans, ce n'est pas bon, la position qui...
M. Mathieu: Je suis obligé de rester, je ne suis pas
admissible.
M. Garon: M. Marquis allait avoir 40 ans et il voulait se
prévaloir de ce prêt. Son rêve depuis plusieurs
années, c'était de s'établir comme agriculteur. Il
habitait d'ailleurs sur une ferme. Il faisait des voyagements assez importants
le matin et le soir dans le comté de Beauce-Nord, dans la paroisse des
Saints-Anges. Il a décidé de donner sa démission pour
s'établir comme agriculteur à temps plein, cela étant sa
principale occupation. Je crois qu'il a l'intention de faire un peu de
consultation pour meubler ses moments de loisir. M. Ouellet me dit qu'un
sous-ministre reste en poste en moyenne trois ans et il est demeuré cinq
ans au ministère.
M. Mathieu: Vous êtes un "toffe", M. Ouellet!
M. Garon: Au contraire, je peux dire que, s'il y a quelque chose,
au ministère, on me fait souvent le reproche de garder les mêmes
personnes longtemps. Moi, au contraire, avec une équipe gagnante, je
suis réticent à changer d'équipe. Je considère
qu'au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, nous avons une équipe gagnante.
M. Dubois: Une fois que vous les avez tous mis à votre
main, vous les gardez.
M. Garon: Non. Au contraire, je peux vous dire qu'au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, ce
qui est de commune renommée dans le gouvernement, c'est que les hauts
fonctionnaires et les sous-ministres peuvent diverger d'opinion avec le
ministre dans les réunions de travail sans jamais qu'il n'y ait des
représailles d'aucune sorte. Au contraire, je n'aime pas garder autour
de moi des gens qui pensent toujours la même chose que moi. Ce n'est pas
utile à ce moment. Je suis capable de penser tout seul, si tout le monde
pense la même chose que moi. Ce que j'aime, au contraire, c'est que,
quand il y a un problème complexe et qu'on se réunit une dizaine
de personnes autour de la table, avec l'équipe qu'on a actuellement, je
suis toujours convaincu qu'on va résoudre le problème. On a des
bons cerveaux, des gens qui sont travaillants. L'équipe de direction des
différents organismes du ministère, en ce qui concerne les
sous-ministres et les sous-ministres adjoints, les directeurs de service pour
un bon nombre - je travaille moins souvent avec eux - les dirigeants
d'organismes, ce sont des gens qui travaillent fort et qui sont
compétents. On essaie toujours, quand on engage quelqu'un à ce
niveau, de prendre la personne la plus compétente dans l'ensemble du
Québec. De sorte que, lorsque quelqu'un part, cela me fait de la peine.
Nous avons déploré tous ensemble au ministère le
départ prématuré de M. Moore, qui est
décédé, qui était un homme extraordinaire. M.
Marquis, ses relations étaient excellentes avec nous. Il a quitté
pour un choix de vie. M. Dagenais a quitté il y a quelques années
pour un choix de vie. Il a choisi lui aussi de s'établir.
M. Mathieu: Je l'avais oublié, M. Dagenais.
M. Garon: M. Dagenais est... M. Mathieu: ...
M. Garon: M. Dagenais est parti parce qu'il voulait lui aussi
s'établir comme producteur de céréales et de betteraves
à sucre, comme fournisseur de raffineries et j'ai toujours pensé
que c'était un excellent projet. Nous sommes en parfait accord. Non
seulement cela, mais on a fait appel aux services de M. Dagenais parce qu'il
est un membre du conseil d'administration de la Régie des grains. Je
pense qu'il apporte une contribution. Il ne faut pas que les gens pensent tous
la même chose lorsqu'on essaie de créer un équilibre dans
une équipe. Si vous regardez les membres du conseil d'administration de
la Régie des grains, la provenance de chacun est différente; pas
deux ne viennent du même monde. Chacun a une excellente formation,
à mon avis, et pas deux n'ont été formés de la
même façon dans les grains...
M. Mathieu: Comme le Parti libéral du Québec, c'est
une équipe forte.
M. Garon: Non, elle est trop homogène, elle a le
défaut auquel je faisais allusion il y a quelques instants. Le parti qui
a ce caractère d'hybridation qui fait la force de la reproduction, c'est
le Parti québécois: là, vous trouvez des
ex-créditistes, des ex-membres de l'Union Nationale; les meilleurs
éléments de ces partis s'y sont regroupés; certains
ex-libéraux aussi. Lorsque M.
Lévesque a quitté le Parti libéral dans les
années soixante, il est parti avec les meilleurs éléments
et...
M. Mathieu: C'est pour cette raison que cela va bien dans votre
campagne de financement et dans votre campagne de recrutement?
M. Garon: Ma campagne ne va pas mal.
Le Président (M. Gagnon): Si vous le permettez, on
pourrait revenir au programme 9.
M. Mathieu: M. le Président, en parlant de vide, il y a
une grande et triste nouvelle en même temps. Je vois dans le quotidien La
Presse, dans la Terre de chez nous: "M. Benoît Lavigne démissionne
de la Régie des marchés agricoles du Québec." J'aimerais
connaître... D'abord, dans le quotidien La Presse, on écrit ce qui
suit: "C'est pour éviter une crise de crédibilité à
l'organisme décisionnel qu'il dirige depuis 13 ans que M. Lavigne a
posé ce geste qu'il veut une sorte de signal d'alarme." Plus loin: "M.
Lavigne a laissé entendre que sa décision de démissionner
n'était pas irrévocable et qu'il pourrait se laisser convaincre
par M. Garon de demeurer à son poste jusqu'à l'expiration de son
deuxième mandat".
Je voudrais que le ministre nous commente en quelques mots cette
nouvelle surprenante.
M. Garon: M. Lavigne est un homme, sur ce plan, un peu
exceptionnel. J'ajouterai - je vous fais ainsi des confidences - qu'au moment
de son renouvellement de mandat en 1980... Au cours des deux années qui
ont précédé ce renouvellement de mandat, M. Lavigne
m'avait laissé entendre à plusieurs reprises qu'il songeait
à prendre sa retraite, etc. Par la suite, lorsque je lui ai
demandé de continuer et d'accepter un renouvellement de mandat, il a
accepté. Une fois qu'il eut accepté et qu'il fut nommé,
j'ai demandé à M. Lavigne: Pourquoi m'avez-vous dit, au cours des
années précédentes, que vous songiez à vous
retirer, que vous songiez à faire autre chose? Il m'a répondu: Je
voulais que vous vous sentiez plus libre de renouveler mon mandat ou non, que
vous ne pensiez pas que, sur le plan de ma carrière professionnelle,
cela m'affecterait. Je vous dis qu'il y a peu d'hommes qui ont autant
d'abnégation. En 1980, je n'aurais pas demandé à M.
Lavigne de continuer, je l'aurais remercié, puis... Je lui
demandé s'il voulait laisser renouveler son mandat parce que je pensais
qu'il pouvait effectuer un excellent travail. Il est un excellent
économiste, un homme qui a le sens de la synthèse, de l'analyse
et de la synthèse. Il est capable de dire en une page ce que souvent
certaines personnes exprimeraient en 50 pages. M. Lavigne est un conseiller
précieux, qui m'a toujours accompagné dans les conférences
fédérales-provinciales parce qu'il possède ce sens de
synthétiser une situation.
En 1980 il m'avait laissé assez libre de renouveler ou non son
mandat, afin que, si le premier ministre - parce que c'est le premier ministre
qui nomme - ou le Conseil des ministres prétendait qu'il serait
préférable de nommer quelqu'un d'autre, on puisse le faire sans
gêne. Il m'avait ensuite dit que c'était un peu dans ce but qu'il
m'avait indiqué qu'il pouvait faire autre chose.
Il est exact que le gouvernement, depuis un an, a renversé deux
décisions de la régie. J'ai même senti le besoin, au moment
de la dernière décision, au mois d'avril, de faire une
déclaration ministérielle, ce que je n'avais pas fait
antérieurement, pour bien expliquer qu'il ne s'agissait pas d'un
désaccord avec la régie ou d'un désaveu de la
régie, mais plutôt d'une décision du Conseil des ministres
sur des requêtes en appel, en demande de révision auprès du
Conseil des ministres - comme la loi le permet - de groupes de citoyens qui
étaient touchés par la décision de la régie. J'ai
bien indiqué à ce moment-là que, dans la décision
de la régie, on trouverait trois éléments
différents qu'on aurait pu, si ces trois éléments
s'étaient retrouvés dans des décisions différentes,
accepter ou rejeter. C'est beaucoup plus pour des raisons d'opportunité
dans le temps que de désaccord avec la décision. Je l'avais dit
d'une façon très claire, justement parce que je voulais que la
régie sache en même temps, par cette déclaration
ministérielle, qu'il n'y avait pas de désaccord.
M. Lavigne a, je pense, remis une lettre de démission qui n'a pas
encore été acceptée. Nous devons le voir dans les jours
qui viennent. Je lui en ai déjà parlé lors d'une
rencontre, d'un voyage à Ottawa que nous faisions ensemble
récemment. Nous avons convenu de nous rencontrer dans les jours qui
viennent. Pour ma part, je peux vous dire que la crédibilité de
M. Lavigne n'est pas en cause. La crédibilité de la régie
n'est pas en cause non plus, sauf que le Conseil des ministres a le droit, en
vertu de la loi, de réviser une décision de la régie. Il y
a un privilège prévu par la loi - qui a d'ailleurs
été adoptée dans le temps des libéraux - pour le
faire. Au début, je me suis longtemps penché sur ce pouvoir du
Conseil des ministres de réviser une décision de la régie.
Je dois vous dire que j'ai longuement réfléchi sur cette
question. Au début, j'ai mis en doute ce pouvoir. Je n'étais pas
certain que c'était une bonne chose. Aujourd'hui, après sept ans
comme ministre, je pense que c'est une bonne chose
parce que, dans les décisions de la régie...
M. Mathieu: Ce n'est pas une loi des libéraux.
M. Garon: ...il y a un bon article et je vais vous dire pourquoi.
Un tribunal peut rendre une décision en appel sur les questions de
droit, sur les questions de fait. La régie prend essentiellement
position, prend des décisions sur des questions de droit, sur des
questions de fait, mais aussi sur des questions de politique économique.
C'est pour cela que je dis que le pouvoir de révision du Conseil des
ministres doit s'exercer avec beaucoup de prudence parce que, dans certaines
matières, je pense qu'il serait malvenu de renverser la décision
de la régie. Lorsqu'il s'agit d'une question qui est beaucoup plus une
question de politique économique qu'une question de droit simple, je
pense qu'il appartient autant au Conseil des ministres qu'à la
régie de prendre une décision. C'est très important.
On pourra analyser un jour chacune des décisions qui ont
été renversées sous mon mandat. Je peux vous dire que,
dans un cas, il y a eu renversement de décision parce que le principal
argument, sans même aller au fond du débat, était que
quelqu'un qui y avait siégé était en conflit
d'intérêts. Je pense que les gens qui vont devant la Régie
des marchés agricoles ont le droit de siéger devant une
régie où il n'y a personne qui est en conflit
d'intérêts. Il y avait un membre de la régie qui
était à l'emploi des coopératives et c'était une
décision qui concernait des coopératives. À mon avis,
cette personne-là n'aurait pas dû siéger lorsqu'on a pris
une telle décision. Je n'ai pas hésité à
recommander le renversement de la décision de la régie. (12 h
30)
Deuxièmement, il est aussi arrivé un cas, dans le secteur
du porc, où la décision a été renversée. Les
événements qui ont suivi la décision de la régie
ont fait que la décision de la régie devenait difficilement
applicable. Lorsque la décision - la vie n'arrête pas son cours
parce qu'une décision de la régie est prise - a été
prise, c'était une bonne décision sur laquelle nous étions
d'accord, mais les événements qui ont suivi cette décision
ont fait en sorte que la décision de la régie pouvait
difficilement s'appliquer correctement dans le fonctionnement quotidien. Encore
là, il ne s'agissait pas du tout d'une révision véritable
de la décision de la régie, mais, simplement à cause des
circonstances qui ont suivi la décision de la régie, il
était bon de faire une révision.
Dans le cas du lait, il s'agit encore là beaucoup plus
d'opportunité dans le temps qu'autre chose. Le prix du lait a
été révisé pour être maintenu, pendant un
certain temps encore, au niveau où il est. Vous vous rappelez les
débats sur les ristournes pour le lait. J'ai dit, à ce
moment-là, et je répète que ce n'est pas facile de
démontrer qu'il y a des ristournes lorsqu'il y a un prix
administré. Mais, lorsqu'il est établi, après des
enquêtes de la régie où un certain nombre de poursuites ont
été prises, qu'il y a presque un régime de ristournes dans
un domaine et que le gouvernement peut difficilement suivre au jour le jour les
transactions, il y a des mesures d'un certain caractère
d'exemplarité qui devraient être prises. C'est dans ce
sens-là que des organismes de consommateurs ont demandé,
même s'ils n'étaient pas eux-mêmes les plus touchés
par ces ristournes, que le prix du lait soit gelé pendant un certain
temps. J'ai pensé - c'est une façon de parler, le Conseil des
ministres a pensé - que ce serait une bonne chose que le prix du lait
soit fixe pendant un certain temps. D'autant plus que le lait se vend au prix
minimum et que cela portera les marchands de lait à y penser deux fois
avant de s'embarquer dans des systèmes de ristournes.
Deuxièmement, suivait une loi qui venait d'être
adoptée par le Parlement au mois de décembre, dans laquelle les
pénalités étaient beaucoup plus rigoureuses et on n'avait
pas eu le temps de la mettre en application. C'était une décision
qui suivait l'adoption d'une nouvelle loi. Dans la décision de la
régie, il est fait mention qu'il devrait y avoir... On avait
parlé de former un comité consultatif qui permettrait une
meilleure compréhension entre les différentes personnes et les
différents groupes impliqués dans le commerce du lait. Cette
décision du Conseil des ministres permettait justement de mettre sur
pied ce comité pour travailler pendant un certain temps à mieux
aplanir les tensions qui pouvaient exister dans le secteur du lait. Je
pense...
M. Mathieu: Je veux soulever une question de règlement, M.
le Président.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: On est loin du programme 8. Je m'excuse auprès
du ministre. Je ne veux pas lui être désagréable, mais je
voulais m'enquérir du vide qui est en train de se faire autour de lui et
il me fait toute une romance pour justifier les changements...
M. Garon: Vous posez une question sur le président de la
régie, on vous répond.
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): Sur la question de
règlement, M. le député de Beauce-Sud, vous avez fait
allusion à un
article de journal qui annonce la démission de...
M. Mathieu: Je veux savoir si le ministre va le retenir ou s'il
va accepter sa démission. C'est ce que je veux savoir.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez demandé au
ministre de commenter...
M. Mathieu: La démission.
Le Président (M. Gagnon): ...cet article. À venir
jusqu'à maintenant...
M. Mathieu: Je commence à trouver que c'est abusif, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): ...je ne dis pas que les
commentaires ne sont pas un peu longs, mais je suis obligé...
M. Mathieu: Écoutez, le temps passe et il y a encore deux
programmes.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud, je ne dis pas que ce n'est pas un peu long, ces commentaires,
excepté que je suis obligé de constater qu'il répond
à votre demande de commenter cette décision. Maintenant, je vous
demanderais, M. le ministre, de le faire le plus rapidement possible.
M. Mathieu: Je ne lui demande pas de commenter les
décisions du Conseil des ministres qui ont renversé les
décisions de la régie, voyons.
Le Président (M. Gagnon): II vous explique dans quelle
situation le président de la régie a donné sa
démission. Et c'est l'article de journal que vous avez
mentionné.
M. Mathieu: II fera une déclaration ministérielle
demain, à ce compte-là.
Le Président (M. Gagnon): Maintenant, je demanderais tout
de même au ministre d'aller le plus rapidement possible pour qu'on puisse
passer...
M. Mathieu: Si vous êtes abusif, on va fermer le chantier
et on va s'en aller, c'est tout.
M. Garon: Tempus fugit, comme dit un gars de
Saint-Elzéar!
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, est-ce que vous
avez terminé?
M. Garon: J'achevais, M. le Président. C'est parce qu'on
est dans des matières importantes. La confiance et la
crédibilité sont des matières très importantes dans
l'ordre des tribunaux. J'ai l'impression que M. Lavigne l'interprète
correctement en disant que, voulant encore là permettre au gouvernement
d'exprimer sa confiance dans la régie, il a le choix: profiter de
l'occasion de la lettre qu'il envoie pour nommer un nouveau président ou
demander au président de demeurer dans ses fonctions.
M. Mathieu: Qu'est-ce que vous allez faire. C'est ce qui nous
intéresse.
M. Garon: Je vais rencontrer M. Lavigne dans les prochains jours.
Je lui en ai déjà dit un mot à Ottawa. Je pense que M.
Lavigne est indicatif dans cette lettre en disant qu'il veut principalement,
par les gestes qui sont posés de part et d'autre, qu'il y ait une
manifestation de confiance dans la régie.
M. Mathieu: Allez-vous le convaincre de rester?
M. Garon: Cela dépend aussi de lui. Je ne peux pas
l'attacher. Je peux vous dire une chose, c'est que tous les gens qui me
connaissent savent... Je vais vous dire une chose, c'est que je trouve cela
très sain tout ce débat, parce que les gens peuvent voir une
chose dont ils n'étaient pas convaincus auparavant. C'est que les
décisions de la régie ne sont pas dictées par le ministre.
Les gens se sont toujours demandé, avant 1976, si le ministre ne dictait
pas les décisions à la régie. Je peux vous dire que,
depuis 1976, les gens savent que les décisions de la régie ne
sont pas dictées par le gouvernement. La régie prend ses
décisions librement selon sa meilleure vision des choses. La meilleure
preuve qu'on vit actuellement, c'est qu'il n'y a rien de dicté dans les
décisions de la régie.
Maintenant, je pense que, de part et d'autre, la régie a des
responsabilités. Le Conseil des ministres a aussi des pouvoirs en vertu
de la loi et doit avoir toute la latitude pour les exercer.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Pour revenir encore au programme 8, il a
été question quelque part de l'abolition des postes de
coordonnateurs adjoints dans les régions administratives. Je pense qu'il
y a douze régions - on me corrigera si je fais erreur - et il y avait
douze coordonnateurs, un par région. Je crois savoir qu'il y a des
coordonnateurs qui sont partis ou qui sont décédés et le
poste n'a pas été comblé. Je voudrais connaître les
intentions du gouvernement à ce sujet.
M. Garon: Dans les postes de coordonnateurs? Nous songeons
à faire une
réforme administrative importante au ministère. Nous
faisons plus qu'y songer, nous en sommes convaincus. Une réforme
administrative importante est souhaitable. Maintenant, il y a
l'opportunité dans le temps, encore là pour ne pas troubler
l'administration du ministère.
Vous le savez, il y a douze régions administratives. Il y a
environ 80 bureaux locaux. Depuis une quinzaine d'années, l'agriculture
a évolué considérablement. Il y avait, dans les bureaux
régionaux, un coordonnateur et des coordonnateurs adjoints, deux ou
trois coordonnateurs adjoints. Dans les bureaux locaux, il n'y a vraiment
personne en charge du bureau. Nous songeons à modifier l'administration
des bureaux pour faire en sorte que ce soit administré plus
efficacement.
Nous pensons à diminuer le nombre des régions. Nous
pensons qu'il n'est pas nécessaire qu'il y ait douze régions.
Nous pensons qu'éventuellement, on pourra fonctionner au
ministère avec neuf régions.
Par ailleurs, cela veut dire certains fusionnements. Je suis convaincu
que cela ne veut pas dire des baisses d'effectifs. On pense qu'on pourrait
être beaucoup plus efficace. Je vais vous donner des exemples. Dans une
région - cela veut dire autour de six ou sept bureaux par région
- nous pensons avoir plutôt un bureau régional avec le
coordonnateur adjoint en charge de deux bureaux, de sorte que, dans une
région, on pourrait trouver un coordonnateur avec un coordonnateur
adjoint responsable d'une sous-région avec deux bureaux. Ce qui nous
permettrait d'organiser notre système de bureau d'une façon
beaucoup plus fonctionnelle que c'est le cas actuellement.
Prenons la région de Québec. Il y a différentes
sortes d'agriculture dans la région de Québec. Il peut y avoir un
bureau qui s'occuperait plus du haut des comtés et un bureau qui
pourrait s'occuper plus du bas des comtés, où l'agriculture est
assez différente. À ce moment, un territoire d'un bureau, par
exemple, pourrait être le bas des comtés de Montmagny, de
Bellechasse, de Lévis ou de Lotbinière.
M. Mathieu: Le siège social à Lévis.
M. Garon: Pas nécessairement. Je crois que le bureau de
Lévis devrait être fusionné avec un autre. Je m'attends, je
vais être bien franc avec vous, que le bureau de Lévis et le
bureau de Saint-Charles soient fusionnés et le nouveau bureau ne se
retrouvera sans doute à aucune des deux places. C'est cela qui peut
arriver. Et avoir d'autres bureaux qui s'occuperaient du haut des comtés
où on est dans des régions montagneuses, où il y a un type
d'agriculture différent et qui ne bénéficie pas des
microclimats qu'on trouve le long du fleuve.
De sorte qu'on pourrait avoir neuf régions, moins de bureaux
qu'on en a actuellement. Au lieu d'avoir 80 bureaux, peut-être avoir
environ 60 bureaux, mais mieux répartis que ce n'est le cas
actuellement. Voici des exemples. Dans Charlevoix, il y a un bureau à
Baie-Saint-Paul et un bureau à La Malbaie. On serait peut-être
mieux d'avoir un seul bureau, mais à Saint-Hilarion. Cela serait plus
efficace et il y aurait des meilleurs services aux agriculteurs. Mais à
cause des rivalités traditionnelles entre les deux places, il y a eu
dans le passé des bureaux à chacune des deux places. Il y a un
bureau à Saint-Jean-d'Iberville et un bureau à Iberville. Un de
chaque bord de la rivière. Il y avait un bureau régional à
Trois-Rivières et un bureau régional à Nicolet. Dans le
temps, il n'y avait pas de pont sur le fleuve Saint-Laurent, ce qui constituait
un obstacle. Aujourd'hui, si vous regardez cela, les bureaux de
Trois-Rivières et de Nicolet pourraient être fusionnés sans
poser beaucoup de problèmes. Mais, à ce moment il n'y aurait pas
de pénalités dans ce sens. Il y aurait des sous-bureaux qui
correspondraient beaucoup mieux aux régions en termes de vocation
agronomique ou agricole. Nos bureaux seraient plus gros et plus polyvalents
aussi. Ce qui est très important, c'est que, lorsqu'on a fait des
bureaux, c'était surtout pour la production laitière.
Aujourd'hui, dans une même région, on va trouver de la production
laitière, de la production porcine, de la production
céréalière, de l'élevage du boeuf, de la production
maraîchère, de sorte qu'on est disséminé dans
beaucoup de bureaux avec un manque de spécialistes dans plusieurs
bureaux. En termes de réorganisation, on pourrait avoir une plus grande
efficacité avec des bureaux moins nombreux mais plus polyvalents.
M. Mathieu: Alors, il n'y aurait plus de bureaux régionaux
et locaux.
M. Garon: Oui. Il y aurait encore des bureaux régionaux et
locaux mais l'on songe à regrouper environ neuf régions avec des
territoires un peu plus grands pour certaines régions, des
régions qui sont à peu près homogènes; on pense, en
trois endroits, à regrouper deux régions ensemble, mais à
avoir des sous-bureaux, des bureaux régionaux. Le coordonnateur adjoint
peut se retrouver dans un bureau local, avec la supervision de deux
bureaux.
M. Mathieu: Deux bureaux locaux.
M. Garon: Deux bureaux locaux. De sorte qu'il y aurait une
meilleure coordination. On aurait un coordonnateur régional à tel
endroit, et plus de gens dans le bureau local que dans le bureau
régional. Traditionnellement, dans le passé, parce
qu'on avait besoin de spécialistes, on a mis plutôt des
spécialistes dans le bureau régional. On pense actuellement
à avoir des bureaux régionaux moins considérables,
à avoir moins de bureaux locaux, mais des bureaux locaux plus
polyvalents. (12 h 45)
M. Mathieu: Vous savez que vos bureaux régionaux sont
anémiques de plus en plus. Ces gens sont complètement
débordés de travail. Je le constate dans la région que je
représente, je ne sais pas quel miracle ils font pour résister.
Vous devez avoir, au bureau régional de Saint-Joseph, huit ou neuf
personnes parties depuis à peu près cinq ans, dont le
coordonnateur. Vous avez, par exemple, celui qui est en charge de la
relève agricole, si je ne m'abuse, celui qui est en charge de la
planification, etc. Ces gens sont partis ou décédés et ne
sont pas remplacés. Le bureau devient anémique. Les demandes sont
tellement considérables de la part des agriculteurs que les agriculteurs
n'ont plus de service.
M. Garon: Vous faites la preuve que c'est le temps qu'on le
fasse. Vous avez raison. C'est le temps qu'on réorganise nos
bureaux.
M. Mathieu: Je n'ai rien contre la réorganisation, mais je
voudrais, par exemple, que l'on mette les effectifs nécessaires au bon
endroit. Je constate une anémie dans la région chez moi.
M. Garon: Vous êtes au bon endroit. Vous avez raison.
M. Mathieu: Comme cela, je peux espérer qu'une
région comme la mienne sera dotée d'un personnel plus polyvalent
et en meilleure forme, parce que je me méfie des améliorations du
ministre, M. le Président.
M. Garon: Mais les services aux cultivateurs sont donnés
par les bureaux locaux, pas par les bureaux régionaux.
M. Mathieu: Mais il y a des services par les bureaux
régionaux comme, par exemple, le service de la relève agricole et
ces choses-là.
M. Garon: Oui, des services spécialisés. Mais c'est
ce qu'on explique très bien. C'est qu'au fond on veut rapprocher les
agronomes des agriculteurs et je pense qu'on ne peut pas se tromper
là-dessus.
M. Mathieu: Mais si vous fermez un bureau comme... Excusez.
M. Garon: Je pense que la façon la plus efficace est,
comme M. Garon l'a expliqué tout à l'heure, d'avoir dans un
bureau local où va l'agriculteur pour bénéficier de
l'ensemble des services... Notre intention ici - M. Garon, vous pourriez le
dire - c'est que d'autres services, d'autres régies vont probablement
venir dans ces bureaux pour que l'agriculteur n'ait pas à se
déplacer et à courir à l'office, à la Régie
des assurances. On veut essayer de regrouper les services à un endroit
pour que l'agriculteur, lorsqu'il arrive là, pour ce soit
personnalisé, avec l'ensemble des services pour lui. Je pense que c'est
la préoccupation. On peut faire bien des discussions pour savoir si on
doit en mettre un ici ou là, mais disons que c'est cela l'esprit et je
pense que c'est ce qu'il est important de comprendre ce matin. Ce n'est pas de
diminuer le services aux agriculteurs, c'est le contraire, c'est de s'approcher
de l'agriculteur.
M. Dubois: M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Hyacinthe. Après. Oui, M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: J'ai seulement une petite question dans le même
cadre.
M. Dupré: Seulement une petite question, M. le
Président. Est-ce que l'échéancier est prévu?
À peu près quand cela sera-t-il en application?
M. Garon: Normalement, cela devrait être à
l'automne. On ne veut pas faire cela à l'été dans le gros
du travail, mais on voudrait faire cela à l'automne et, en même
temps, on voudrait se préparer comme il faut pour mettre cela en place
rapidement à l'automne, de sorte que la nouvelle fiche de l'agriculteur
qui va se faire au cours de l'hiver permettra à chacun des bureaux de
connaître sa nouvelle clientèle. C'est vraiment pour que ce soit
en place de façon numéro un avec le fichier de l'agriculteur
à partir du printemps prochain.
M. Mathieu: Le ticket modérateur.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Une simple question au ministre, M. le
Président. Je pense que le coordonnateur de la région sud-ouest
s'occupe aussi du bureau de Saint-Hyacinthe, n'est-ce pas?
Une voix: Oui.
M. Dubois: II y a une rumeur qui circule voulant que M. Bertrand
soit nommé au poste de sous-ministre adjoint. Alors, il n'y aurait plus
de coordonnateur ni dans la
région sud-ouest ni à Saint-Hyacinthe. Est-ce que cette
rumeur est fondée?
M. Garon: M. Bertrand assume actuellement les deux fonctions
parce qu'on pense faire du regroupement entre ces deux fonctions, entre les
deux régions qu'on trouve dans le coin. La région du sud de
Montréal, la région de Saint-Hyacinthe, c'est exactement le
même genre d'agriculture, les mêmes unités thermiques, le
même genre de plaines, avec de plus en plus les mêmes productions,
la production céréalière, la betterave à sucre et
l'horticulture, les productions maraîchères. De plus en plus la
production de lait industriel se déplace vers l'est et le lait nature va
rester là pour desservir le marché de Montréal, qui est
près; cela fait moins de transport. Il y a des déplacements.
Alors, on pense véritablement à de nouvelles délimitations
et, quand quelqu'un prend sa retraite, il n'est pas mauvais, au lieu d'avoir
des problèmes, de faire en sorte que le regroupement puisse commencer
à s'exercer tranquillement dans les faits.
Maintenant, est-ce que ce sera exactement les deux mêmes
régions ou un découpage différent? Il peut y avoir un
certain découpage différent. On n'a pas vu l'opportunité,
à l'heure où on parle, de faire un regroupement, de faire un
renouvellement de fonctions alors que M. Bertrand peut très bien faire
la coordination des deux.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Considérant, M. le ministre, que l'ITA de
Saint-Hyacinthe est ni plus ni moins la maison mère des agriculteurs au
Québec, j'espère que le coordonnateur régional aura place
dans la maison mère. C'est un souhait que je vous adresse.
M. Garon: Je vais vous dire une chose. J'ai plutôt
l'impression, avec notre nouvelle façon de faire, que les gens vont
aimer mieux le bureau local.
Une voix: Oui, c'est évident.
M. Garon: Le service aux agriculteurs va se faire, dans notre
nouvelle structure, essentiellement par le bureau local. Le bureau
régional sera une structure très allégée. On veut
faire des bureaux locaux beaucoup plus polyvalents. Pour ma part, si je voulais
un bureau dans mon comté, qui est un comté vraiment agricole, je
préférerais de beaucoup le bureau local au bureau
régional.
M. Dupré: II est tout de même étrange, M. le
ministre, que le capital agro-alimentaire de l'agriculture au Québec
n'ait pas de coordonnateur.
M. Garon: II y en a un.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Ce qui m'inquiète un peu, c'est qu'on m'a dit
que vous vouliez faire disparaître les bureaux régionaux. À
vous entendre, je commence à en être convaincu. Si vous voulez
tellement alléger la structure, à un moment donné, il n'y
aura plus rien. Elle va être vraiment légère.
Dans tout cela, dont je ne doute pas du bien-fondé, qu'il y ait
des réaménagements à faire après quinze ans ou
vingt ans, je n'ai rien contre cela. Dans le moment, ce que les agriculteurs
déplorent, c'est un manque de personnel, un manque de professionnels
à leur service. Est-ce que, après cette réorganisation,
les bureaux locaux auront plus de personnel à leur service? C'est ce qui
les inquiète.
M. Garon: Ce sera une meilleure organisation. Avec ce
regroupement, au lieu d'avoir 80 bureaux, on en aura peut-être 60.
M. Mathieu: Mais si vous n'avez pas plus de personnel?
M. Garon: Ce sera beaucoup mieux organisé. Avoir du monde
à 15 kilomètres ou à 25 kilomètres, cela ne fait
pas une grosse différence. Mais si, dans un rayon de 25 ou 30
kilomètres, vous avez vraiment tous les services dont vous avez besoin,
c'est peut-être mieux que d'avoir à courir à trois ou
quatre bureaux différents pour avoir les services dont vous avez
besoin.
M. Mathieu: Vous allez augmenter le personnel?
M. Garon: C'est-à-dire qu'on va avoir moins de bureaux
régionaux, moins de bureaux locaux, mais des bureaux beaucoup plus
polyvalents.
M. Mathieu: Autrement dit, vous agrandissez par en dedans, si je
comprends bien.
Une voix: En caucus.
M. Garon: C'est bien résumer la situation.
M. Mathieu: Ce qui m'inquiète, c'est le service aux
agriculteurs.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez terminé le
programme 8. Le programme 8 est donc adopté, avec les
éléments 1 et 2.
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. Le programme 9.
Je pense qu'on vient d'en discuter, la Régie des grains.
Régie des grains
M. Mathieu: J'aurais une question supplémentaire. Quand M.
Beaudet était ici, ce n'était pas pertinent à ce que je
voulais lui demander. Est-ce que je peux y aller, M. le Président?
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud, oui.
M. Mathieu: Je voudrais profiter de la présence de M.
Beaudet. On sait que la régie existe depuis 1979 et que M. Beaudet est
en fonction depuis 1981. Le ministre nous a dit que ça prenait du temps
pour recruter du bon personnel, je n'en doute pas. Je ne doute pas que le
personnel de la régie soit un personnel compétent, un personnel
désireux de développer cette régie. Ce qui m'intrigue un
peu, c'est le fameux règlement qui doit sortir depuis que la
régie est fondée, le fameux règlement sur les grains. Il y
a deux aspects que je veux toucher.
D'abord, depuis des années, on ne sait plus combien de versions
du projet de règlement ont été déposées au
bureau du ministre. Je voudrais savoir où on en est maintenant. Je
voudrais savoir aussi si les pouvoirs de réglementation de la
régie seront les doubles de ceux de la Commission canadienne du
blé. Ce sont mes deux questions. Je les pose tout de suite parce qu'il
ne reste que cinq minutes.
M. Garon: II y a eu plusieurs versions, c'est vrai. C'est un
secteur complexe et on voulait le rendre le plus clair possible. D'ailleurs,
quelqu'un disait justement ce matin, à une réunion du mouvement
coopératif: Je suis content de voir que les articles sont clairs parce
que, dans le règlement fédéral, il y a plusieurs articles
qui ne sont pas clairs. On a fait un effort de clarification des articles et
beaucoup de consultation. Aussitôt que la loi sera adoptée, le
projet de règlement sera prêt. Il nous reste un groupe à
rencontrer dans la consultation. Il faut faire le point sur toutes les
représentations qui nous ont été faites, cela sera
possiblement acheminé la semaine prochaine pour
prévérification au Conseil des ministres.
Je veux le faire approuver par le Conseil des ministres avant sa
publication. La publication qui le rendra officiel dans un mois contiendra peu
de changements parce qu'on aura fait tellement de consultations au
préalable.
M. Mathieu: Puis les dédoublements avec les
règlements de la Commission canadienne du blé?
M. Garon: II n'y a pas de dédoublement parce que la
Commission canadienne du blé a juridiction à l'intérieur
des trois provinces des Prairies et sur les silos de transbordement dans le
Saint-Laurent. C'est la seule juridiction qu'elle a. Elle n'a pas de
juridiction dans l'Est.
M. Mathieu: Est-ce que la réglementation va être un
peu similaire à ce qui se passe dans l'Ouest, par exemple?
M. Garon: C'est basé sur à peu près le
même système que celui du fédéral, comme je le
mentionnais ce matin, à l'exception qu'il y avait de sérieuses
lacunes au fédéral sur le marché intérieur.
Le fédéral est bien reconnu pour sa qualité de
céréales pour les marchés d'exportation et y attache une
importance extraordinaire, mais le système est critiqué dans son
application au niveau de la classification sur le marché
intérieur.
Nous avons donc essayé de compenser. Nos gestes ont pour but de
compenser cette lacune.
M. Mathieu: M. Beaudet, vous devez avoir hâte que la
réglementation soit adoptée pour vous brancher une fois pour
toutes. Vous avez sans doute participé aux nombreux règlements
qui n'ont jamais passé l'étape du bureau du ministre.
M. Garon: J'écoutais M. Garon hier et je pense qu'il a
raison de dire qu'il est bon de prendre le temps nécessaire pour la
préparation d'un règlement afin de s'assurer que ce soit un bon
règlement. Il faut aussi le faire en consultation avec l'industrie.
C'est une industrie qui est quand même un peu naissante pour nous, c'est
quand même une production céréalière commerciale qui
en est à ses débuts et qui n'a jamais été
réglementée. Il est bon de le faire avec soin.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous avez d'autres
questions, M. le député de Beauce-Sud? En concluant?
M. Mathieu: En concluant oui. Les objectifs de la loi seraient
en...
M. Garon: II fallait aussi attendre cette loi parce que nous
n'avions pas le pouvoir d'exiger des frais. Je ne voulais pas commencer avec un
système et le changer ensuite en cours de route. On voulait un
système sur lequel on est d'accord parfaitement, pour le faire commencer
à fonctionner.
La loi que nous avons adoptée il y a quelques heures, en
commission parlementaire, article par article, va nous
permettre des choses qui n'étaient pas permises dans l'ancienne
loi. Elle va clarifier certains points et c'est aussi pour cette raison qu'on a
attendu pour que le règlement suive l'adoption de ces modifications
à la Loi sur les grains. On s'est rendu compte, en faisant la
réglementation, qu'on avait besoin de certaines modifications.
M. Mathieu: Une fois la loi adoptée et une fois les
règlements adoptés, votre régie est prête à
prendre son envol, si je peux m'exprimer ainsi?
M. Garon: Oui, en même temps que l'élaboration du
projet de réglementation, nous avons recruté notre personnel. Le
personnel est recruté déjà depuis plus de six mois et,
dans certains cas, jusqu'à neuf mois. On a formé ce personnel et
il est prêt pour l'étape opérationnelle.
M. Mathieu: C'est parce qu'on remarque que vos crédits ont
peu augmenté entre 1982-1983 et 1983-1984. J'imagine que, si la
régie prend son envol, son ampleur à l'automne 1983 ou au
début de 1984, cela va se ressentir sur les crédits de
l'année suivante.
M. Garon: Non, nous avions budgétisé, au cours des
deux dernières années, des crédits nous permettant
d'être opérationnels. L'erreur qu'on a pu faire à la
régie serait d'avoir pensé qu'on pouvait recruter le personnel
plus rapidement qu'on n'a été capable de le faire.
M. Mathieu: J'aimerais connaître les grandes
priorités que vous allez établir immédiatement
après l'adoption de cette loi.
M. Garon: II y a déjà l'étape du programme
de formation qui est commencé avec l'industrie. La deuxième
étape est le programme de formation avec l'industrie concernant le
classement des céréales. C'est déjà en cours
présentement, en préparation de la publication de ce
règlement.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce qu'à ce moment-ci,
il est 13 heures, vous demandez que la commission poursuive ses travaux encore
quelques minutes?
M. Mathieu: J'aurais une dernière question. Je pense qu'on
peut compléter, M. le Président, si le ministre est
d'accord...
M. Garon: Est-ce qu'on peut finir la commission avant le
dîner, sans suspension?
M. Mathieu: II me reste une question, si vous acceptez.
M. Garon: Pas de problèmes, tant que vous voulez. (13
heures)
M. Mathieu: Un des objectifs de la Loi sur les grains est de
protéger les agriculteurs en cas de fermeture, de faillite de centres
régionaux.
M. Garon: Protection financière des producteurs lorsqu'ils
livrent leurs céréales aux centres régionaux.
M. Mathieu: Après quatre ans, cet élément
a-t-il encore autant d'intérêt qu'au début, à
l'expérience?
M. Garon: Je pense que c'était une
nécessité. C'est sûr. C'est une des priorités du
mandat de la régie. En fait, en plus d'établir des normes de
qualité, la deuxième priorité dans le mandat, c'est la
protection financière. Sûrement, c'est une
nécessité.
M. Mathieu: Comment l'agriculteur peut-il déterminer les
centres qui sont fiables ou d'autres moins fiables, ceux qui présentent
des risques et ceux qui n'en présentent pas?
M. Garon: Je pense qu'à l'intérieur... Je ne sais
pas si vous voulez répondre?
Ce n'est pas de cette façon que cela est déterminé.
Si un marchand de grain ou un centre régional, par exemple, veut faire
la classification du grain, il devra fonctionner dans le cadre de la loi, de la
réglementation de la régie. Il devra obtenir son permis et
ensuite respecter les normes de solvabilité qui sont prévues dans
le règlement. La loi permet aussi au règlement d'adopter ces
normes. Actuellement, selon les consultations que nous avons faites, les
cultivateurs sont contents et les gens aussi, parce qu'ils ont vu que nous
avions adopté des normes qui ne sont pas les plus onéreuses
possible, qui tiennent compte de la réalité.
M. Mathieu: Ce qui étonne un peu, M. le ministre, cela ne
dépend pas de M. Beaudet, mais cela a pris quatre ans à mettre
cela en marche, après l'adoption de la loi. Ce qui étonne, c'est
que cela était urgent et que cela a pris quatre ans, imaginez-vous,
juste à le préparer.
M. Garon: C'est plus long que vous ne le pensez. Dans le domaine
du grain, on n'y était quasiment pas. J'aime autant qu'on y aille plus
lentement et plus sûrement.
M. Mathieu: Hâtons-nous lentement.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que le programme 9 est
adopté?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté.
M. Mathieu: Avanr de conclure, je voudrais remercier tous les
invités dont le ministre s'était entouré durant
l'étude des crédits. Ce fut apprécié. Il y a des
gens très compétents autour du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Je les remercie donc de leur
disponibilité. Je suis content qu'on ait pu les interroger. Il y a des
choses qu'on aurait peut-être pu préparer ou présenter
d'une autre manière. On va compléter la semaine prochaine avec
SOQUIA, tel qu'entendu. Alors, merci à tous les gens qui se sont
déplacés et je conclus en offrant ma collaboration.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Garon: Je voudrais remercier le député de
Beauce-Sud pour les compliments qu'il a faits à l'égard du
personnel qui m'entoure et un peu indirectement pour les félicitations
qu'il m'adresse pour avoir choisi des personnes compétentes.
M. Mathieu: II y en a beaucoup qui étaient là avant
vous, M. le minstre.
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Vous seriez surpris de
savoir que, pour une grande partie du personnel qui m'entoure, je ne sais pas
de quel bord ils sont. Je ne sais même pas s'ils sont... On me dit qu'il
y a même des bleus. Ce qui est essentiel, c'est la compétence. Je
pense qu'on a un personnel, au ministère de l'Agriculture, d'une grande
compétence et je pense que c'est ce qui a permis à l'agriculture
du Québec... Je le vois dans les conférences
fédérales-provinciales, auxquelles j'assiste depuis maintenant
près de sept ans. Je ne me sens jamais gêné quand je vais
à des conférences fédérales-provinciales avec le
personnel du ministère pour discuter avec les gens des autres provinces
et leur personnel. Je vais vous dire une chose, je ne me sens pas
démuni, au contraire.
Une voix: Ça vaut pour les membres de son cabinet!
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. La
commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation a
terminé l'étude des crédits pour l'année 1983-1984.
Nous avons étudié les dix programmes et l'ensemble de leurs
éléments, et les crédits ont été
adoptés. Alors, on ajourne donc la commission sine die.
(Fin de la séance à 13 h 05)