Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures six minutes)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation reprend ses travaux en vue d'étudier les crédits
pour l'année budgétaire 1983-1984.
Les membres de cette commission sont: MM. Baril (Arthabaska), Beaumier
(Nicolet), Beauséjour (Iberville), Dupré (Saint-Hyacinthe),
Gagnon (Champlain), Garon (Lévis), Houde (Berthier), Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Lincoln (Nelligan), Mathieu (Beauce-Sud),
Vallières (Richmond).
Les intervenants sont: Mme Bacon (Chomedey), MM. Bisaillon
(Sainte-Marie), Blouin (Rousseau), Boucher (Rivière-du-Loup), Dubois
(Huntingdon), Mme Juneau (Johnson), MM. Lachance (Bellechasse), LeMay
(Gaspé), Middlemiss (Pontiac), Picotte (Maskinongé).
Le rapporteur était le député de Gaspé, M.
LeMay.
Nous étions rendus à l'adoption du programme 3.
Aide à la production agricole
M. Garon: Est-ce qu'on l'a adopté?
Le Président (M. Gagnon): On ne l'a pas adopté,
mais il était sur le point de l'être. M. le député
de Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, j'aurais quelques questions
à poser au ministre au sujet de divers dossiers qui se rattachent au
programme 3. Il semble y avoir un conflit de juridiction en ce qui concerne la
truite mouchetée, le problème des pisciculteurs. C'était
rapporté entre autres dans le journal La terre de chez nous du 28
octobre 1982. Il semble y avoir un conflit entre les lois du ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et du ministère de
l'Agriculture. Le ministre pourrait-il nous dire si ce conflit est en voie de
règlement? Quel est le point litigieux exactement?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Garon: J'aimerais avoir une question plus précise de la
part du député de Beauce-Sud parce qu'on pourrait parler
longtemps de la truite mouchetée, de la truite arc-en-ciel.
M. Mathieu: Pour aller au coeur du problème, il semblerait
que, pour la truite mouchetée, il y ait une réglementation au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Il semblerait
que cette truite peut être prise par n'importe qui, un consommateur, dans
un lac, une pisciculture, mais que le pisciculteur lui-même ne peut pas
la vendre en magasin ou en comptoir pour la consommation humaine. De là,
il y a, semble-t-il, un conflit entre les deux ministères.
C'était bien relaté dans le journal La Terre de chez nous du 28
octobre 1982. Je ne veux pas lire tout l'article, mais on mentionnait bien: Les
pisciculteurs semblent revendiquer la possibilité de vendre leur truite
mouchetée au comptoir. Dans le moment, je crois savoir qu'il ne leur
faut vendre la truite mouchetée qu'à des personnes qui vont
à la pêche.
Je pense que le ministère a donné des subventions, qu'il a
fait des programmes encourageant l'élevage de la truite
mouchetée. Le ministre disait: Nous avons augmenté
considérablement la production de la truite. Je me souviens d'avoir
entendu dire cela.
M. Garon: Dans le cadre des règlements, non, on ne veut
pas encourager l'élevage de la truite mouchetée, essentiellement,
on a encouragé l'élevage de la truite. Nous avons permis de
développer les élevages dans le cadre de la réglemention
existante. Il est très connu que, personnellement, je suis pour la
commercialisation de la truite mouchetée. Maintenant, quand les gens ont
fait des investissements, ils ne les ont pas faits sur des promesses que la
truite mouchetée deviendrait commercialisable.
M. Mathieu: Ce n'est pas mon point non plus.
M. Garon: Ce qui est arrivé, c'est qu'on a
considéré la truite arc-en-ciel comme un produit
d'élevage, la truite en général. Les premiers de ces
pisciculteurs, au début, faisaient l'élevage de la truite pour
faire pêcher en pisciculture. C'étaient plutôt des
étangs de ferme où les gens venaient pêcher la truite et un
petit nombre de pisciculteurs seulement mettaient en marché
leur truite arc-en-ciel. Maintenant, pour des questions comme la
température de l'eau, certains endroits étaient plus propices
pour l'élevage de la truite mouchetée que de la truite
arc-en-ciel, et des gens qui avaient pensé, au début, faire
l'élevage de la truite arc-en-ciel se rendaient compte qu'il serait plus
facile d'élever la truite mouchetée, étant donné la
température des eaux qui alimentaient leurs étangs.
Alors, ils se sont tournés vers la truite mouchetée, mais
comme le nombre d'étangs de ferme est important, que la truite
arc-en-ciel peut être commercialisée et que la truite
mouchetée ne le peut pas, cela faisait pour ceux qui utilisaient leur
étang de ferme pour élever la truite mouchetée un
marché beaucoup plus restreint que pour la truite arc-en-ciel.
Je ne dirais pas que le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche est contre la commercialisation de la truite mouchetée; je
dirais qu'il a plutôt peut-être pris l'attitude... J'ai
l'impression personnelle que le ministère y est favorable mais qu'il a
choisi, dans un premier temps, de tenter de convaincre des gens qui,
jusqu'à maintenant, se sont toujours opposés traditionnellement
à la commercialisation de la truite mouchetée. Des gens des deux
ministères travaillent ensemble actuellement pour finir de mettre au
point les différents mécanismes de commercialisation qui
pourraient faire que la truite mouchetée soit mise en marché sans
danger et en contrôlant le produit mis en marché pour que la
truite prise en braconnage ne soit pas et ne puisse pas être mise en
marché. J'ai bon espoir que, dans un avenir pas trop
éloigné, la truite mouchetée puisse être
commercialisée légalement au Québec.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je cite, M. le Président, avec votre
permission, quelques lignes de l'article paru dans La terre de chez nous du 28
octobre 1982 et intitulé "La pisciculture et la réglementation".
L'article est de M. Jacques Bonneau: "Pour bien illustrer cette situation,
qu'il suffise de mentionner que le ministère de l'Agriculture donne des
subventions pour l'aménagement de nouvelles piscicultures, entre autres
dans des régions où seul l'élevage de la truite
mouchetée est permis et que, d'autre part, le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche interdit la vente pour la
consommation de la truite mouchetée d'élevage. Si le ridicule ne
tue pas..."
Le point que je voudrais faire valoir est celui-ci: Comment allez-vous
vous organiser, si la réglementation favorise la vente de la truite
mouchetée, pour savoir si la truite mouchetée vient d'un
élevage ou du braconnage? Il semble que ce soit là le litige.
M. Garon: Non. Ce n'est pas cela. M. Bonneau laisse entendre des
choses qui ne sont pas exactes. D'ailleurs, c'est arrivé plusieurs fois
dans le passé que les articles de M. Bonneau n'étaient pas les
articles les plus révélateurs de la réalité. C'est
que, dans des régions où on émet des permis
d'élevage de la truite mouchetée, c'est vrai, mais c'est pour des
fins de pêche en étang de ferme, pour que les gens aillent
pêcher dans les étangs de ferme et non pas pour la
commercialisation à l'état frais sur les marchés. Il ne
faut pas induire non plus les gens en erreur. Les gens savent qu'actuellement
la réglementation ne le permet pas, mais, en même temps, je pense
que c'est connu, parce que je l'ai dit à plusieurs reprises, je suis
favorable à la commercialisation de la truite mouchetée et nous
sommes à mettre au point les mécanismes pour permettre de mettre
en marché la truite mouchetée sans danger. Il s'agit, à ce
moment, qu'il y ait un contrôle sur les éleveurs et le commerce de
la truite mouchetée avec différentes façons de faire ce
contrôle. Nous sommes en train de déterminer une telle mise au
point dans des discussions entre les deux comités... Cela comprend
beaucoup d'autres choses d'ailleurs. Dans mon esprit, il ne s'agit pas
seulement de l'élevage de la truite mouchetée. (Il h 15)
La truite mouchetée est une truite et je pense à faire
éventuellement l'élevage du doré, du maskinongé,
d'utiliser les oeufs d'esturgeon. Il y a là tout un secteur de nos eaux
qui peut être utilisé pour l'élevage de nos jours. Je vous
dirai même que nous aurons bientôt la visite de grands
spécialistes du monde de la technique d'élevage de nos
différentes ressources marines. Je peux vous dire une chose: si, au
cours des dernières années, nous avons vécu les
balbutiements de la pisciculture, l'enfant est maintenant à la veille de
parler.
M. Mathieu: M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je me méfie toujours des fantasmes du
ministre. Je me méfie toujours quand le ministre dit que c'est
considérable, extraordinaire et qu'il utilise toutes les autres
épithètes que je ne dirai pas pour ne pas abuser de votre temps,
M. le Président. Je clos donc la question de la truite
mouchetée.
Dans le même programme, je voudrais faire le point sur un autre
aspect de la situation des pomiculteurs. C'est un vieux problème qui
traîne depuis longtemps. Je
voudrais dire au ministre qu'en date du 29 juillet 1981, on est à
la veille de célébrer le deuxième anniversaire...
M. Garon: De quoi?
M. Mathieu: Le chef du Parti libéral du Québec de
l'époque, M. Claude Ryan...
M. Garon: Ah oui?
M. Mathieu: ...avec une délégation de
députés de comtés ruraux de partout, avait tenu une
conférence de presse...
M. Garon: Pourquoi l'avez-vous changé?
M. Mathieu: ...à Frelighsburg, dans le comté de
Brome-Missisquoi...
M. Garon: Cela ne lui a pas porté chance.
M. Mathieu: ...pour faire le point de la situation.
M. Garon: Cela ne lui a pas porté chance.
M. Mathieu: La position du Parti libéral avait
été clairement définie et elle est encore
d'actualité, je crois, devant l'inaction du ministre. Je dis rapidement
les quatre points que nous avions revendiqués: premièrement,
demander au gouvernement québécois de déclarer sans
délai qu'une situation de sinistre prévaut cette année
dans l'industrie pomicole et de décréter immédiatement un
programme spécial d'aide à l'intention des producteurs
sinistrés; deuxièmement, demander au gouvernement
fédéral d'accepter sa responsabilité dans le soulagement
des conséquences découlant de la situation désastreuse de
la pomme québécoise, de demander également au gouvernement
fédéral de prendre l'engagement de venir en aide aux pomiculteurs
québécois dès que le Québec aura confirmé la
situation de sinistre qui sévit dans ce secteur; troisièmement,
de demander au gouvernement québécois de réviser dans les
meilleurs délais le régime d'assurance-récolte pour que ce
régime puisse s'appliquer de manière plus économique, plus
efficace et plus répandue au secteur pomicole; quatrièmement, vu
que c'est tout l'avenir de la pomiculture québécoise qui est
engagé dans la crise cette année, on demande enfin au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, M. Jean Garon, de
créer sans délai un comité multidisciplinaire qui sera
chargé d'étudier l'avenir de l'industrie pomicole au
Québec et de formuler des recommandations précises quant au
meilleur moyen d'assurer l'avenir de cette industrie de manière stable,
équilibrée et prospère.
Or, il semble que la situation soit stagnante, M. le
Président...
M. Garon: Stagnante?
M. Mathieu: ...qu'il n'y ait pas eu d'amélioration dans le
domaine de la pomiculture. L'autre jour, en réponse à une
question, le ministre disait, si je ne m'abuse, à l'Assemblée
nationale: Nous attendons que le gouvernement fédéral fasse sa
part. Le gouvernement fédéral attend, semble-t-il, que le
Québec déclare cette industrie sinistrée. Alors, je
voudrais faire le point de cette situation. Qu'en est-il?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Garon: Au fond, dès le point de départ, j'ai
fait faire une analyse exhaustive des dommages. Le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et la Régie des
assurances agricoles ensemble ont fait un inventaire des vergers du
Québec. Alors, nous avons fait faire un inventaire exhaustif. Dès
l'été 1981, nous avons compilé les données et fait
l'analyse au cours de l'automne. J'ai écrit à M. Whelan. Je lui
ai parlé de la situation qui avait été vécue par
les pomiculteurs du Québec à l'hiver 1981, plus
particulièrement au mois de février 1981.
Par la suite, M. Whelan, qui avait entendu parler de notre étude,
me l'a demandée lors d'une rencontre que j'ai eue avec lui à mon
bureau. Je lui ai dit que je m'apprêtais justement à lui la
donner, puisqu'on venait d'avoir des résultats complets. Je lui ai remis
une copie de l'étude. Il m'a parlé, à ce moment-là,
en se basant sur cette étude, des dommages et il m'a dit qu'il pourrait
nous faire une proposition pour avoir... Antérieurement, il m'avait dit
qu'il attendait les études pour voir ce qu'il pourrait faire.
À aucun moment M. Whelan n'a demandé qu'on parle de zone
sinistrée ou de choses comme celles-là, parce que, quand on parle
de sinistre, il s'agit d'une loi bien particulière et il n'est pas
nécessaire que ce soit un sinistre pour que le gouvernement
fédéral paie. Si on déclare un sinistre, cela veut dire
que, en vertu de la question des sinistres, du fonctionnement des sinistres,
que les premiers 6 500 000 $ sont payés par le Québec et que le
fédéral contribue pour ce qui excède 6 500 000 $, parce
qu'il s'agit de pommiers jusqu'à concurrence de 1 $ par tête de
population par province.
D'ailleurs, M. Whelan, en deux ans de discussion, n'a parlé de
sinistre, à aucun moment, quand nous avons parlé avec lui. Il ne
nous a jamais demandé de faire une telle demande. Tout ce qu'il nous a
dit, c'est:
Donnez-moi l'évaluation des dommages, on pourra regarder ce qu'on
peut faire. Dès mes premières lettres, je lui ai dit: II y a deux
aspects là-dedans. Il y a un aspect qui concerne la reconstitution des
vergers brisés, endommagés, et il y a un aspect qui concerne les
pertes financières des cultivateurs.
Nous, comme nous sommes les mieux placés pour contribuer à
la reconstitution des vergers et au financement agricole sous forme de mesures
de financement, de subventions d'intérêt, de crédits
particuliers pour ces producteurs, nous lui proposons d'agir dans ce secteur
avec ces instruments. De votre part, lui disais-je, nous vous suggérons
d'aller dans le domaine des pertes, les pertes ou les dépenses
assumées par les agriculteurs, les pomiculteurs au cours des
années de reconstitution des vergers, à l'exception de la
plantation des arbres, les autres dépenses, par exemple, les pertes de
revenu, des pertes comme celles-là.
Nous avons par la suite continué notre démarche. Nous
avons adopté un programme qui s'est appliqué au cours de
l'année 1982-1983, qui a connu beaucoup de succès et qui doit en
connaître encore plus en 1983-1984, parce que nous avons des chiffres qui
établissent des projections de l'année la plus importante en
termes de reconstitution des vergers qui sera l'année 1983-1984, puisque
nous avons déjà des demandes pour 257 hectares. Vous savez que,
dans la pomiculture, 257 hectares, c'est considérable. L'an dernier,
nous avons contribué à la reconstitution des vergers des anciens
pomiculteurs, donc ceux qui ont eu des dommages, pour 155 hectares
comparativement à l'année précédente,
c'est-à-dire en 1982. En 1982-1983, disons l'année 1982, si on
regarde le nombre de personnes, le nombre de projets dans les
différentes régions... Quant à l'étalement dans le
temps, on se rend compte qu'il y aura, au cours des années 1982-1983,
1983-1984, 1984-1985, 1985-1986, 1986-1987, sur cinq ans, soit le plan du
programme, pour ceux qui ont déjà fait leur demande actuellement,
806 hectares de vergers reconstitués, ce qui veut dire au-delà de
2000 acres, ce qui est considérable en termes de pommes. Les montants
que le gouvernement du Québec versera seront de 3 150 000 $, sans
compter le crédit agricole.
Notre objectif est de 1100 hectares, selon les demandes actuelles,
après une année. Les gens font un projet pour cinq ans, dans
plusieurs cas et d'autres vont le faire plus rapidement. Les demandes
actuelles, pour 1982 à 1986, soit sur cinq ans, totalisent 806 hectares.
On pense se rendre à 1100 hectares. Cela veut dire que notre programme
connaît un succès qui va au-delà de tout ce qu'on avait
envisagé, contrairement à ce que des gens ont
véhiculé.
Il faut faire attention car la Fédération des producteurs
de pommes n'a pas l'unité comme marque de commerce. Il y a de grandes
divergences dans cette fédération. Il y a eu des élections
homériques. Il y a des débats réguliers. Il n'y a pas
uniformité sur le plan de la pensée; il y a beaucoup de
divergences. Par ailleurs, quand les gens disent que cela servira surtout
à de nouveaux pomiculteurs plutôt qu'aux pomiculteurs ayant subi
des dommages, cela aussi est inexact, car 90% des montants vont à
d'anciens pomiculteurs, pour ceux qui étaient en place et qui ont subi
des dommages. C'est seulement une petite partie des montants qui vont aux
nouveaux pomiculteurs.
Il y a une restriction très forte pour les nouveaux pomiculteurs,
c'est-à-dire qu'ils peuvent seulement exploiter du pommier nain et
semi-nain, ils ne peuvent pas opter pour le pommier standard, alors que les
anciens pomiculteurs peuvent renouveler leurs vergers également avec du
pommier standard.
Je peux vous dire, pour l'avoir vu récemment, dans d'autres pays,
que les pommiers nains, constituent la formule de l'avenir. Les pommiers
standard dans lesquels on grimpait autrefois à l'aide d'échelles
ou encore quand les jeunes allaient piquer des pommes, tombaient de l'arbre et
se faisaient prendre sur le fait, seront de moins en moins en vogue.
M. Mathieu: Vous parlez en connaissance de cause.
M. Garon: Ils vont pouvoir ramper pour aller chercher des
pommes.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, le ministre nous fait part
d'un programme identique à celui qui existait quand même avant les
gels qui ont endommagé les pommiers. Il existait il y a trois ou quatre
ans un programme de subventions pour la plantation d'arbres nains et semi-nains
si je ne me trompe. Le ministre fait état d'un programme pour aider les
producteurs qui ont été pénalisés il y a deux ans,
mais c'est le même programme qui existait avant. Il n'y a aucune
différence. Vous pouvez dire: Je mets un plus gros budget, mais le
programme lui-même n'a pas changé. Ce n'est pas un programme
particulier.
M. Garon: Le montant a augmenté considérablement.
Dans les montants qu'on a inclus à l'hectare, il s'agit d'un montant,
pour les pommiers nains, de 3700 $ l'hectare; ceci inclut le coût des
pommiers et également le coût de la plantation, la
préparation du terrain et tout ce qui va avec
la plantation de l'arbre. Ce sont des montants importants. (Il h 30)
II y a eu aussi des dommages en Ontario, mais beaucoup moins importants.
Vous parlez du fédéral. Il situe son intervention dans une
perspective globale. En effet M. Whelan, dans sa déclaration il y a
quelques mois, disait qu'il voulait lui aussi adopter un programme de
plantation de pommiers. Ce n'est pas cela qui est nécessaire, c'est en
place déjà depuis deux ans. Au fond, ce qu'il veut faire, c'est
copier un programme qu'on a au Québec pour l'appliquer à
l'Ontario, sachant que le Québec en a déjà un. Au lieu de
payer au Québec des parties qui ne sont pas couvertes par d'autres
programmes, comme la province de l'Ontario ne s'est pas impliquée, il va
payer en Ontario ce qu'on paie déjà comme gouvernement au
Québec à la suite des dommages. Ce n'est pas très bien.
C'est cela le fédéralisme.
M. Dubois: II est question ici du genre d'aide que peut apporter
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation aux
producteurs de pommes du Québec. On n'a pas à discuter ici des
subventions ou de l'aide qui pourraient venir du fédéral. On sait
que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation ne
s'entend jamais avec son homologue fédéral.
M. Garon: C'est faux.
M. Dubois: C'est assez difficile lorsque deux personnes ne se
parlent pas, c'est même impossible, de s'entendre, de toute façon.
Pour nous, ce qui nous intéresse à la commission parlementaire
ici, ce sont les revendications des producteurs du Québec et ceux qui
sont aidés par la fédération des producteurs. Le ministre
a fait état tout à l'heure du fait qu'on ne s'entend pas
tellement bien dans ce milieu. C'est peut-être vrai, mais cela touche
spécialement les prix élevés.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Huntingdon, je prends le début de votre question un peu comme une
question de règlement. Lorsque le ministre parle du gouvernement
fédéral, c'est à la suite d'une question du
député de Beauce-Sud, qui avait souligné une
conférence de presse alors que l'on demandait de l'aide au gouvernement
du Québec et aussi au gouvernement fédéral.
M. Dubois: C'est le président qui soulève une
question de règlement?
Le Président (M. Gagnon): Je dis que j'ai pris votre
question ainsi, parce que vous avez dit: On n'est pas ici pour discuter de
cela. Le ministre apportait des réponses au député de
Beauce-Sud. Là-dessus, je vous laisse la parole.
M. Dubois: Ce qui nous intéresse, ce sont les
crédits du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. J'ai ici la dernière lettre en provenance de la
Fédération des producteurs de pommes du Québec, en date du
4 juin 1982; dans cette lettre, les producteurs exigeaient que seuls soient
admissibles au programme ceux qui avaient déjà un hectare en
production. Ils ont dénoncé le fait que toute personne pouvait
être admissible. Remarquez bien que cela ne change pas si les budgets
sont assez élevés pour permettre à n'importe qui de se
lancer dans la production, je n'ai presque rien à apporter sur ce sujet.
De plus, ils voulaient avoir une aide financière pour leur permettre de
payer l'entretien de leurs arbres jusqu'à la production. Ils ne l'ont
pas eue. Vous avez peut-être fait état d'un programme qui leur
permet de préparer leur sol et de transplanter, mais ces gens auront
sept ou huit ans à attendre avant d'avoir une production. Quand on
regarde la situation financière des pomiculteurs présentement, je
vous assure que ce n'est pas rose. C'est loin d'être rose. Il s'agit de
consulter les institutions bancaires pour savoir que tous les producteurs de
pommes en général sont en grande difficulté.
M. Garon: C'est justement notre position, pour donner l'occasion
au gouvernement fédéral d'intervenir. Nous savions qu'il
interviendrait dans d'autres provinces, et on lui a dit: Cette place, on va
vous la laisser. Vu que nous allons au plus pressant, soit le remplacement
immédiat des vergers, le financement agricole, qui est important
également, on s'est dit: Laissons une place au gouvernement
fédéral, ce qui est justement ce que vous venez de mentionner.
Nous souhaitons que le gouvernement fédéral fasse sa part
puisqu'il perçoit 50% des taxes au Québec. Comme le gouvernement
fédéral aime mieux intervenir directement, nous n'avons pas eu
d'objection à le laisser, s'il le préfère - nous avons les
dossiers - transférer un montant d'argent pour qu'on l'affecte au
gouvernement et on mettra sur le chèque que l'argent vient de lui, on
peut le faire aussi.
M. Dubois: Vous avez certainement de la correspondance avec M.
Whelan à ce sujet.
M. Garon: J'ai encore soupe avec lui la semaine dernière,
contrairement à ce que vous dites.
M. Dubois: Je parle de la correspondance, des écrits.
M. Garon: Vous dites qu'on ne se parle pas.
M. Dubois: Je parle des écrits.
M. Garon: Tantôt, vous disiez qu'on ne se parlait pas.
M. Dubois: Cela n'arrive pas souvent que vous nous parliez en
tout cas.
M. Garon: Non, on se parle. J'ai écrit à M. Whelan
plusieurs fois, j'ai fait des demandes précises. Que voulez-vous?
M. Dubois: Le ministre pourrait-il nous déposer la
correspondance en ce qui concerne...
M. Garon: II n'y a pas de dépôt en commission
parlementaire.
M. Dubois: Nous donner des documents, cela fait pareil.
M. Garon: On pourrait faire cela à l'Assemblée
nationale.
M. Dubois: Vous pouvez distribuer des documents ici.
M. Garon: À l'Assemblée nationale.
M. Dubois: Vous n'êtes pas un distributeur de documents,
vous n'êtes pas un déposeur de documents non plus. J'en ai
demandé à l'Assemblée nationale et je n'en ai jamais
eu.
M. Garon: Pardon! M. Dubois: Ici.
M. Garon: II faut économiser l'argent des
contribuables.
M. Dubois: Sans en faire un dépôt, pourriez-vous
distribuer la correspondance échangée entre M. Whelan et vous, en
ce qui a trait à la pomme?
M. Garon: Ah! Je peux faire cela.
M. Dubois: C'est parce qu'il serait intéressant pour nous
de savoir où se situe le dossier, d'entendre vos échos et ceux de
M. Whelan, moi, j'aimerais bien voir ce qui se passe dans le dossier.
M. Garon: Ah oui! Je sais qu'en fait...
M. Dubois: Je pense que les pomiculteurs seraient aussi en droit
de savoir ce qui se passe.
M. Garon: Je suis persuadé que vous êtes au courant
de la dernière lettre de M. Whelan, après deux ans de
correspondance, il y parle de régions sinistrées pour la
première fois. Que le Parti libéral provincial et le Parti
libéral fédéral se parlent, je suis au courant de
cela.
M. Dubois: On parle ici au ministre provincial de l'Agriculture,
on ne parle pas au ministre fédéral de l'Agriculture. Il n'y a
pas de commission parlementaire où on reçoit des gens du
fédéral. Alors, je m'adresse au ministre de l'Agriculture du
Québec.
M. Garon: Je ne suis pas convaincu que vous parliez dans le
meilleur intérêt du Québec, cependant.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dubois: M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous avez
terminé? Non! Alors, vous...
M. Dubois: Je veux que le ministre me réponde. Je veux que
le ministre me réponde s'il va déposer... Pas déposer,
distribuer...
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous êtes
prêt à distribuer la correspondance?
M. Dubois: ...la correspondance ou ne pas...
M. Garon: Pas en commission parlementaire; sauf que le
député d'Iberville m'a demandé si je déposerais la
correspondance, justement, qu'on a eue avec
M. Whelan. Je lui ai dit que je le ferais possiblement à
l'Assemblée nationale incessamment.
M. Dubois: Toute la correspondance? M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Est-ce toute la correspondance entre vous...
M. Garon: Pourquoi dites-vous toute la correspondance?
M. Dubois: ...et M. Whelan sur le dossier de la pomme ou si c'est
seulement un document? Parce que si c'est seulement une lettre, et qu'on ne
connaît pas l'évolution du dossier depuis deux ans, on ne sera pas
plus avancé.
M. Garon: Pourquoi dites-vous cela?
M. Dubois: Je vous demande si vous
allez déposer tous les documents au lieu d'un?
M. Garon: Pourquoi?
M. Dubois: Bien, parce que je veux savoir si vous allez les
déposer.
M. Garon: Parce que vous lui avez demandé, dans la
dernière lettre qu'il m'a envoyée, de marquer "zone
sinistrée" pour la première en deux ans?
M. Dubois: Non, ce n'est pas cela. Je vous demande si vous allez
déposer toute la correspondance. C'est tout ce que je vous demande.
M. Garon: De la même façon que votre nouveau chef,
M. Gérard D. Levesque, a communiqué avec M. De Bané
pour...
M. Dubois: Écoutez, vous suggérez des choses ici,
M. le ministre, et vous n'êtes même pas au courant du dossier.
M. Garon: Non seulement je ne le suggère pas, mais j'en ai
eu la confirmation à Ottawa.
M. Dubois: Vous n'êtes pas ici pour suggérer des
choses. Si vous voulez parler du dossier de la pêche, on va demander
à M. Gérard D. Levesque de venir ici et vous parlerez du dossier
de la pêche.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Je demande au ministre...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! Bon, vous avez la parole maintenant. Après cela, le
ministre vous répondra.
M. Dubois: M. le Président, si le ministre ne veut pas
nous faire parvenir les documents, la correspondance entre le ministre
fédéral de l'Agriculture et lui-même sur le dossier de la
pomme, c'est son affaire. Il n'est pas obligé. Je lui demande si, oui ou
non, il veut le déposer. C'est tout.
Le Président (M. Gagnon): Alors, à cette question,
est-ce que vous acceptez de...
M. Garon: Pas en commission parlementaire.
Le Président (M. Gagnon): Pas en commission parlementaire.
Il n'y a pas de dépôt...
M. Mathieu: Avez-vous quelque chose à cacher?
Le Président (M. Gagnon): Attention, s'il vous
plaît! Vous n'aviez pas la parole, M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Excusez, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Alors, on va laisser le
ministre... Pas en commission parlementaire, mais si cela vous est
demandé à l'Assemblée nationale, est-ce que vous pouvez le
faire?
M. Garon: J'ai répondu tantôt que le
député d'Iberville m'en avait touché un mot. J'ai dit que
je faisais relever la correspondance et que ce n'était pas impossible
qu'à sa demande je le fasse.
M. Dubois: Que les documents soient déposés
à l'Assemblée nationale ou qu'ils circulent ici, cela ne me
dérange pas, pour autant qu'on les aura.
M. Garon: Parce qu'il n'y a pas de dépôt à la
commission parlementaire.
Le Président (M. Gagnon): II n'y a pas de
dépôt...
M. Dubois: Vous pouvez quand même fournir des documents
sans en faire le dépôt officiel, distribuer des documents. Cela,
vous avez le droit de le faire. Cela s'est déjà fait
d'ailleurs.
Le Président (M. Gagnon): II n'y a pas de
dépôt de documents en commission parlementaire, excepté que
vous pouvez faire distribuer de l'information.
M. Dubois: Bon!
M. Mathieu: On pourrait faire une conférence de
presse.
M. Dubois: Ce qui revient pas mal au même de toute
façon.
M. Garon: Bien oui!
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Dubois: II n'y a pas de réponse à recevoir du
ministre. De toute façon, cela n'a rien donné.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Cela ne sera pas sur la pomme.
M. Garon: J'aimerais terminer sur la pomme, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Oui, M. le ministre avait une
réponse à terminer.
M. Houde: D'accord, on finit la pomme, d'accord.
M. Garon: Dans la pomme, comprenez-vous...
M. Houde: On finit la pomme, d'accord.
M. Garon: ...je comprends que le député de
Huntingdon est contre la relève dans la pomme...
M. Dubois: Je suis contre la relève!
M. Garon: ...alors, c'est pour cela qu'il ne veut pas que de
nouveaux pomiculteurs puissent bénéficier...
M. Dubois: M. le Président, une question de
règlement, une question de règlement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Huntingdon sur une question de règlement.
M. Dubois: M. le Président, le ministre indique que je
suis contre le relève de la pomme. Je ne sais pas où il prend
cela.
M. Garon: Vous venez de déclarer cela.
M. Dubois: Je viens de vous faire part des commentaires de la
Fédération des producteurs de pommes du Québec. Ce ne sont
pas mes commentaires. J'ai lu un petit bout des commentaires.
Le Président (M. Gagnon): Vous allez...
M. Dubois: C'est ce qu'ils vous demandaient: de supporter
particulièrement et premièrement ceux qui avaient
été pénalisés par le gel d'arbres.
Le Président (M. Gagnon): Vous allez admettre avec moi, M.
le député de Huntingdon, que ce n'était pas une question
de règlement. De toute façon, vous avez rétabli des
faits.
M. Dubois: Bien, cela lui ressemble pas mal, parce que le
ministre m'impute des propos que je n'ai pas tenus. C'est cela, M. le
Président.
M. Garon: Je peux vous dire... C'est justement, il ne veut pas
qu'on donne de l'argent pour les nouveaux pomiculteurs. Nous, nous disons que
nous ne sommes pas un gouvernement corporatiste; il peut y avoir des anciens et
des nouveaux. D'ailleurs, dans le même communiqué, les gens
disaient qu'il pourrait y avoir des pénuries de pommes parce qu'il n'y
avait pas assez de transplantations de pommiers. On ne peut pas encourager une
pénurie de pommes au Québec. Quand des jeunes veulent
s'établir, il faut favoriser leur implantation dans la pomme. Si vous
regardez, en 1982-1983, M. le Président, nous avons versé aux
anciens pomiculteurs 887 400 $ et aux nouveaux pomiculteurs 23 000 $. J'ai
l'impression que les nouveaux pomiculteurs ne sont pas en train
d'égorger les anciens pomiculteurs.
M. Mathieu: Vous êtes autant contre la relève que le
député de Huntingdon.
M. Garon: Attendez un peu. Connaissant notre programme...
M. Mathieu: ...de 23 000 $.
M. Garon: Pourquoi le député de Huntingdon se
plaint-il qu'on n'en donne pas assez aux anciens et trop à de nouveaux
pomiculteurs?
M. Dubois: Je ne me suis pas plaint. J'ai fait état d'une
lettre qu'avait envoyée la fédération au ministre.
M. Garon: Je peux vous dire que l'an prochain on va en donner
plus aux nouveaux.
M. Dubois: Et puis en...
M. Garon: En 1983-1984, nos prévisions sont que les
anciens pomiculteurs recevront environ 1 050 000 $ et les nouveaux, 116 000 $.
Cela va faire quand même pour les anciens 257 hectares et, en termes
d'acres, cela veut dire près de 700 acres -700 acres de pommiers, c'est
beaucoup! - et, pour les nouveaux, 35 hectares, ce qui veut dire environ 85 ou
87 acres pour eux. Ensuite, et cela sera le point culminant, cela va diminuer,
parce que les principaux vergers ont été renouvelés. En
1984, les montants seront un peu moins considérables, mais ils seront
encore assez forts, il s'agira de 600 000 $. Ce qui veut dire qu'on estime
qu'en superficie on aura 806 hectares, plus de 2000 acres, d'ici 1986,
où il va y avoir application du nouveau programme pour le renouvellement
des vergers; là-dessus, 712 hectares pour les anciens producteurs et 86
hectares pour les nouveaux. En termes d'équilibre, cela nous
paraît très bien, sauf que je ne m'attends pas que le
président de la Fédération des producteurs de pommes nous
dise qu'il est content.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Au moment où la fédération a
envoyé cette lettre, c'était le 4 juin 1982; c'est bien certain
que les interventions qui ont eu lieu au cours de l'année
financière 1982-1983, ils ne pouvaient pas en être au courant,
parce que c'était avant cela.
M. Garon: C'est cela.
M. Dubois: Je suis content de savoir que la majorité des
interventions financières est allée vers les producteurs
existants. Je pense que, si on regarde le texte de la lettre, ce n'est pas de
mettre de côté le nouveau producteur totalement, mais ils
voulaient avoir la majorité des interventions financières,
c'est-à-dire que la majorité de l'argent disponible aille aux
producteurs qui ont été pénalisés il y a deux ans.
Je pense que c'est eux qu'il fallait sortir du pétrin, principalement.
Alors, je suis content de savoir que la grande majorité de cet argent
est allée vers les producteurs existants qui ont été
pénalisés. D'ailleurs, c'était à peu près la
teneur de la lettre du 4 juin de la fédération. Ce qui semblait
les inquiéter, c'est qu'il y ait trop, sur le montant global
alloué, de cet argent qui aille aux nouveaux producteurs. Il semblerait
que c'était à peu près la teneur de la lettre. De toute
façon, je ne demande pas mieux que notre production pomicole s'accroisse
au Québec. Je pense que tout le monde le désire, mais on a des
producteurs qui sont vraiment en difficulté financière et je
pense que le ministre est au courant, aussi bien que n'importe qui, que ces
types-là ont de la difficulté à emprunter aux institutions
bancaires, car ils en ont jusqu'au cou des dettes.
Est-ce que le ministre a l'intention d'aller plus loin dans une
intervention financière de prêts spéciaux? Parce que vous
savez qu'il y des producteurs qui ne pourront pas passer à travers. Cela
ressemble un peu au problème qu'on a eu, dans le domaine du porc, il y a
deux ans, où cela prenait des interventions tout à fait
particulières, et le ministre a des pouvoirs discrétionnaires
dans ce sens-là. Je peux vous dire qu'il y a une très forte
majorité des producteurs de pommes qui sont en difficulté
actuellement. Il s'agit de parler aux gérants de banque pour voir
comment cela se passe actuellement. Il y en a qui ont de la difficulté
même à payer leurs produits d'arrosage pour cette année.
Cela va aussi loin que cela.
Alors, si on veut avoir une production pomicole qui se tient au
Québec, qui continue d'exister, je pense qu'il va falloir très
bientôt qu'il y ait une intervention particulière du ministre dans
ce sens. Je ne connais pas l'intention du ministre. Au programme, il n'y a rien
de prévu dans ce sens. Avec vos pouvoirs discrétionnaires,
j'imagine qu'il y a moyen d'arriver à quelque chose pour aider ces
gens.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le ministre.
M. Garon: Actuellement, nous sommes dans le programme de l'aide
à la production agricole. En termes d'aide à la production
agricole, pour la question du financement, cela a été
traité antérieurement. (Il h 45)
M. Dubois: Oui, mais il reste qu'on parle de production agricole
en général, je pense que c'est une problème qui peut
être soulevé.
M. Garon: Mais le financement va bien à l'Office du
crédit agricole, à ce qu'on me dit.
M. Dubois: Je n'ai pas dit que le financement de l'office allait
mal non plus, mais j'ai dit qu'une intervention particulière pourrait
être appropriée.
M. Garon: II y a aussi des gens qui ne s'assuraient pas.
Voyez-vous, en 1980-1981, il y avait 103 producteurs assurés...
M. Mathieu: 103 producteurs?
M. Garon: 103 producteurs. Il faut dire que, dans l'inventaire
1980-1981, il y a 1100 vergers ou 1100 proprétaires. Parmi ceux-ci, ceux
qui sont vraiment des vergers commerciaux, on en a compté - quand on a
compté les vergers, quelle grandeur a-t-on compté? - au minimum -
je dis cela de mémoire, parce que les fonctionnaires ont l'air d'avoir
oublié - environ 25 si je me rappelle bien.
M. Mathieu: Si vous parlez des règlements de la
fédération, au niveau des prélevés, c'était
25 pommiers.
M. Garon: Je pense que, pour 25 arbres, on comptait un
verger.
M. Mathieu: C'est cela, effectivement.
M. Garon: Beaucoup de vergers ne sont pas très
commerciaux. Ce sont de petits vergers. Quand on regarde les champs des gros
pomiculteurs, ceux qui s'assurent, il y a 103 assurés en 1980; en 1981,
115 assurés. Je pense que les gens ont compris que c'était mieux
de s'assurer. En 1982, 202 assurés; en 1983, 246 assurés.
M. Mathieu: Ils ont compris par la force, M. le Président,
parce que s'ils demandent un prêt à l'Office du crédit
agricole, l'office exige qu'ils prennent l'assurance-récolte. Dites donc
tout!
M. Garon: Non, l'office ne l'exige jamais.
M. Mathieu: C'est de commune renommée.
M. Garon: L'office ne l'exige jamais.
M. Dubois: Le nombre de pomiculteurs qui s'assuraient librement,
sans être forcés par l'office, autrement dit, était
très minime. En 1980, le nombre de pomiculteurs qui s'assuraient sans
être forcés de le faire était très minime. Ceux qui
demandaient un crédit agricole devaient s'assurer absolument, ils
n'avaient pas le choix. Alors, la quantité de ceux qui décidaient
par eux-mêmes de s'assurer était très minime en 1980.
M. Garon: On a l'impression que cela couvre presque tout ce qui
est assurable.
M. Mathieu: À tout événement, pour conclure
sur...
M. Garon: Quand l'office l'exige, me dit-on, c'est lorsque
l'équité du producteur est faible et qu'une mauvaise année
pourrait le faire basculer. Dans ces conditions-là, on dit: On accepte
de prêter à condition que vous vous assuriez parce que vous ne
passeriez pas à travers une mauvaise année. Dans l'ensemble, pour
celui dont l'équité est suffisante, l'office n'exige pas
l'assurance.
M. Mathieu: Si le régime était satisfaisant, les
producteurs de pommes seraient les premiers à y adhérer. C'est
parce que le régime n'est pas suffisant.
M. Garon: Le député de Beauce n'a pas assez
d'expérience pour parler comme cela. Il y a toujours des gens qui
disent: Moi, je prends la chance, je calcule que c'est plus payant pour moi de
ne pas m'assurer et d'assumer les pertes s'il y en a. Pour différentes
raisons... Il y a des gens dont le niveau de revenu est moins
élevé et dont, sur le plan de la fiscalité, les pertes ou
les revenus ne réagissent pas de la même façon. Il y a
toutes sortes de raisons qui font en sorte que les gens préfèrent
s'assurer ou ne pas s'assurer. C'est évident, lorsque l'assurance paie,
qu'il y a toujours à chaque année des pressions de la part des
gens qui ne sont pas assurés pour qu'on les paie indirectement par le
ministère de la même façon que s'ils avaient
été assurés. Si on faisait cela une année, cela
serait terminé, il n'y aurait plus d'assurance. Cela, c'est la vie!
M. Mathieu: On pourra en reparler tantôt lorsqu'on arrivera
au programme 4.
Le Président (M. Gagnon): Oui, M. le député
de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Si on regarde également la valeur
assurée, voyez-vous...
M. Garon: La valeur assurée s'est promenée entre 1
000 000 $ et 2 000 000 $ au cours des années qui
précédaient 1979. Même en incluant 1979, avant 1980, cela
variait toujours entre 1 000 000 $ et 2 000 000 $.
En 1983, c'est rendu à 7 681 000 $. C'est une valeur
assurée beaucoup plus forte que les autres années. Cela a
passé de 1 982 000 $ en 1979, à 2 502 000 $ en 1980, à 3
244 000 $ en 1981, à 5 381 000 $ en 1982 et à 7 681 000 $ en
1983. La valeur assurée augmente considérablement. Pourquoi?
Parce que la confiance en la Régie des assurances agricoles grandit.
M. Mathieu: Vous pouvez nous dire cela sans rire?
M. Garon: Pardon? Je sais les montants qui ont été
payés par les assurances agricoles et je connais tous les débats
que j'ai avec le Conseil du trésor.
M. Mathieu: Je vous le dis...
Le Président (M. Gagnon): Si vous le permettez, on pourait
revenir à l'assurance-récolte au programme 4. J'aimerais qu'on
puisse terminer le programme 3.
M. Mathieu: Bien. En concluant sur ce point de la pomiculture,
nous devons constater qu'on prend acte du refus du ministre de donner suite
à une demande qu'on lui avait faite le 29 juillet 1981 de
décréter cette production comme sinistrée pour permettre
l'intervention du gouvernement fédéral. Qu'il nous suffise de
conclure ainsi...
M. Garon: Ce n'est pas comme cela que cela marche.
M. Mathieu: ...pour ce dossier.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Garon: Demandez-vous donc sincèrement, si cela avait
été la formule, si le ministre fédéral, lorsque je
suis intervenu auprès de lui en 1982, n'aurait pas dit: La formule,
c'est de faire une zone sinistrée. Sauf qu'il n'a jamais dit cela. Je
l'ai rencontré en 1981 et en 1982 et je lui ai parlé chaque
année de cette question. Jamais il n'a été question de
cela entre nous.
M. Mathieu: Mais nous vous l'avions
suggéré en 1981. Vous ne l'avez pas...
M. Garon: Oui, oui, suggéré... Et là,
peut-être bien qu'il me l'a écrit dans une lettre récente
pour vous faire sauver la face parce que vous êtes dans le même
parti. Mais il n'a jamais dit un mot dans deux ans. La ligne rouge a
fonctionné comme elle a fonctionné la semaine dernière
dans les pêches...
M. Mathieu: M. le Président, c'est normal que la ligne
fonctionne. Ce n'est vraiment pas normal qu'elle ne fonctionne pas entre le
cabinet du ministre et ses homologues au niveau provincial ou au niveau
fédéral.
M. Garon: Elle fonctionne, mais, des fois, je me demande si elle
est plus utile que nuisible. Je dois vous dire qu'elle a fonctionné dans
le sucre, parce que, lorsque j'ai parlé avec M. Whelan au sujet du sucre
l'automne dernier pour les exportations aux États-Unis, alors que le
prix est à peu près trois fois plus élevé aux
États-Unis qu'au Canada, le seul résultat que cela a
donné, c'est que le cartel a dû entendre parler de nos
conversations avec M. Whelan puisque le résultat, c'est que le quota,
qui aurait dû être en janvier, a été ramené en
octobre et que le sucre a été écoulé à
pleine vitesse vers les États-Unis pour qu'on puisse en vendre le moins
possible. Des fois, je me demande - et j'en ai parlé très
sévèrement à M. Whelan - si les conversations que je peux
avoir avec lui pour aider les producteurs québécois nous aident
ou nous nuisent dans certaines circonstances, parce que, dans le cas du sucre,
j'ai été très mal impressionné.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Le ministre soulève le cas du sucre, mais il
doit quand même savoir qu'il s'exporte environ 30 000 tonnes de sucre
canadien aux États-Unis. C'est le seul besoin des Américains
d'ailleurs. Toutes les raffineries du Canada s'arrachent ces 30 000 tonnes
parce qu'elles sont payantes. Alors, si le ministre veut participer au cartel -
c'est ce qu'il fait actuellement - il aura le même râle à
jouer que n'importe quelle autre raffinerie au Canada.
M. Garon: Sauf que ces 30 000 tonnes sont distribuées, 15
000 tonnes en octobre et 15 000 tonnes en janvier. Lorsque j'ai demandé
au ministre de l'Agriculture du Canada un plus fort contenu canadien sur les
exportations du Canada vers les États-Unis -alors que le contenu
canadien de la Raffinerie de sucre du Québec est à 100% -le
résultat fut que les 30 000 tannes sont passées au mois
d'octobre.
M. Dubois: M. le Président, lorsque le ministre tombe dans
la mise en marché du sucre, il faut qu'il concurrence les autres
industries du Canada. Il peut s'attendre qu'il y ait une guerre quand
même qui existe, à l'effet de savoir qui aura la grosse portion
des exportations vers les États-Unis. D'ailleurs, je pense que le
ministre est au courant que cela achève parce que, malheureusement,
apparemment, il y un projet de loi qui a été ratifié au
Congrès américain: si la réglementation est mise en place
bientôt, cela peut donner un dur coup à tous les raffineurs
canadiens. Je n'en sais pas plus pour le moment, mais la rumeur circule
actuellement chez les raffineurs canadiens quant à cette
possibilité.
M. Garon: Je suis au courant de cela.
M. Dubois: Alors, je sais que lorsqu'on tombe dans un domaine qui
est généralement celui de l'entreprise privée, le ministre
ne peut pas s'attendre à avoir de privilèges particuliers. Il
faut qu'il fasse son jeu comme une autre entreprise privée. Il faut
qu'il concurrence les autres entreprises canadiennes. Le ministre n'est pas
seul là-dedans. Il y en a dans tout le Canada. Cela part des Maritimes
jusqu'à Vancouver.
M. Garon: Dans le domaine du sucre, nous n'avons pas peur de
concurrencer l'entreprise privée. L'avenir le démontrera.
M. Dubois: Aux coûts...
M. Garon: Toutefois, le député de Huntingdon est
malheureux quand on est plus efficace que l'entreprise privée.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que le programme 3 est
adopté?
M. Dubois: Plus efficace, c'est à prouver.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que le programme 3 est
adopté?
M. Dubois: On reviendra là-dessus.
M. Mathieu: Les éléments 1 et 2, M. le
Président. J'aurais un mot à dire concernant
l'élément 3.
Soutien de l'emploi agricole
Le Président (M. Gagnon): L'élément 3, oui,
Soutien de l'emploi agricole.
M. Mathieu: Soutien de l'emploi agricole.
Le Président (M. Gagnon): Allez-y, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: L'année passée, le ministre se vantait
d'avoir 3 215 000 $ à ce chapitre. On s'aperçoit qu'il y a eu des
crédits périmés pour 1 244 000 $. Je crois que cela
démontre justement l'inapplicabilité de son programme ou le fait
qu'il n'était pas assez adéquat pour que les agriculteurs
désirent s'en prévaloir. Ainsi, par exemple, si mes
renseignements sont bons, l'agriculteur ne peut pas choisir lui-même la
personne qu'il va embaucher. Il faut que ce soit...
M. Garon: ...
M. Mathieu: Si mes renseignements sont bons, on m'a dit qu'un
agriculteur ne pouvait pas choisir d'embaucher telle et telle personne et que
le ministère lui imposait des personnes en vertu de ce programme. C'est
une des principales raisons pour lesquelles le programme a été
boudé. Je voudrais savoir, cette année...
M. Garon: Pourquoi le programme est-il boudé,
dites-vous?
M. Mathieu: Le programme est boudé parce que,
anciennement, l'agriculteur pouvait embaucher un chômeur.
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: On m'a dit que, l'année passée,
l'agriculteur ne pouvait plus embaucher de chômeurs. Il devait embaucher
des assistés sociaux.
M. Garon: C'est cela.
M. Mathieu: Maintenant, l'agriculteur n'a pas le choix de la
personne qu'il veut embaucher, c'est le ministère qui lui impose
d'embaucher telle et telle personne, si mes renseignements sont exacts. C'est
une revendication constante que j'ai reçue de la part de diverses
fédérations de l'UPA.
Le ministre ne connaît pas ses...
M. Garon: Le gouvernement du Québec utilise ses fonds dans
ces programmes de main-d'oeuvre, aujourd'hui, alors que
l'assurance-chômage est rendue plus difficile, plus serrée par le
gouvernement; de plus en plus de personnes sont laissées pour compte par
l'assurance-chômage et doivent, dans une période où on ne
trouve pas d'emploi, recourir aux services de l'assistance sociale. Comme ces
personnes recourent aux services de l'assistance sociale, il n'est pas anormal
que le gouvernement du Québec veuille aider ceux qui ont
été depuis plus longtemps en dehors du marché du travail,
d'autant plus que c'est lui qui paie l'assistance sociale à 100%.
M. Mathieu: À 50%.
M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: L'aide sociale est payée à 50% par le
gouvernement fédéral et à 50% par le gouvernement
provincial.
M. Garon: 100%.
M. Mathieu: Voyons donc! L'aide sociale, maintenant, voyons!
M. Dubois: Les transferts, M. le ministre.
M. Garon: Le gouvernement du Québec veut aider d'abord les
gens qui... Maintenant...
M. Mathieu: Je n'ai rien contre cela...
M. Garon: Laissez-moi finir... Pardon? Vous n'avez rien contre
cela? Pourquoi dites-vous que vous n'êtes pas en faveur?
M. Mathieu: Continuez.
M. Garon: Deuxièmement, justement, pour maintenir une
certaine fidélité pour l'agriculteur qui veut engager la
même personne la deuxième année, nous considérons
qu'il peut engager le chômeur qu'il avait engagé l'année
précédente alors qu'il était bénéficiaire de
l'aide sociale, même s'il s'est classé comme chômeur par la
suite, parce qu'on se dit qu'il a entraîné une personne
lorsqu'elle a travaillé pour lui; s'il veut réengager cette
personne, c'est possible de le faire, même si elle s'est classée
comme chômeur parce qu'elle a travaillé l'année
précédente chez le cultivateur. Elle n'est plus
bénéficiaire de l'aide sociale, mais on l'accepte pour les fins
de nos programmes de soutien de l'emploi.
M. Mathieu: Donc... (12 heures)
M. Garon: Maintenant, c'est parce qu'on considère, aussi,
sur les plans social et humain, qu'il n'est pas bon que quelqu'un soit trop
longtemps sans travailler. Dans nos programmes nous voulons donner la
préférence à ceux qui sont des bénéficiaires
de l'aide sociale.
M. Mathieu: Je n'ai rien contre ce point, M. le Président,
mais pourquoi ne laissez-vous pas l'agriculteur libre de choisir le
bénéficaire de l'aide sociale qu'il désire
lui-même?
M. Garon: II le peut.
M. Mathieu: Est-ce qu'il le pouvait l'an dernier?
M. Garon: L'an passé, il y a eu une
période de temps où... J'ai dit déjà en
Chambre qu'une grande partie des montants... On ne trouve pas tous les montants
dans les programmes du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation. Une partie des montants se trouve dans les programmes du
ministère du Travail et sont administrés conjointement par le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
le ministère du Travail.
Or il est arrivé l'an dernier qu'une directive interne au
ministère du Travail a fait en sorte qu'on a voulu restreindre
l'engagement des personnes déterminées par les gens du
ministère du Travail, mais il y a eu immédiatement une rencontre
entre les gens du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation et ceux du ministère du Travail et cette directive a
été annulée, sauf que, pour ceux qui avaient
commencé à l'appliquer avant que ce ne soit annulé dans
tout le Québec, cela a pris un certain temps.
M. Mathieu: Vous nous confirmez que, dans les programmes que vous
signez vous-même cette année, l'agriculteur peut choisir le
bénéficiaire de l'aide sociale qu'il désire? C'est ce que
vous confirmez, n'est-ce-pas?
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: Maintenant, en est-il de même pour le programme
concernant les étudiants? Est-ce que l'agriculteur peut choisir
l'étudiant qu'il veut?
M. Garon: Également.
M. Mathieu: Est-ce qu'il peut prendre son enfant?
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: Bon. Grâce à l'intervention de mon
collègue, le député de Huntingdon...
M. Garon: II y a une question d'âge, par exemple. Il ne
peut pas le prendre trop jeune.
M. Mathieu: Et un dernier point rapide, M. le Président.
C'est...
M. Garon: Ce qu'on souhaite, c'est qu'il n'y ait pas trop d'abus
dans ces programmes parce que vous savez qu'on ne peut avoir un policier
à côté de chacun. C'est pour cela que s'il y a des gens qui
contournent les fins du programme, il y aura des poursuites sans pitié.
Ces programmes sont mis en place pour aider les gens et s'il y en a qui s'en
servent pour d'autres fins et mettent en danger des programmes parce qu'ils
essaient d'en contourner les fins en les utilisant de façon frauduleuse,
il y aura des poursuites sans aucune restriction.
M. Mathieu: M. le Président, pour le déplacement
des travailleurs agricoles saisonniers et journaliers, il y a une baisse de 150
000 $ environ. Est-ce que je comprends bien qu'il s'agit du déplacement
de travailleurs à l'intérieur du Québec, supposons
quelqu'un de Portneuf qui désire aller faire la récolte de pommes
à Iberville, j'imagine?
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous avez d'autres
questions, M. le député de Beauce-Sud à ce programme?
M. Mathieu: Non. C'est la dernière.
Le Président (M. Gagnon): Votre collègue me demande
s'il y a possibilité de suspendre les travaux immédiatement
jusqu'à cet après-midi parce que vous avez un conseil des
députés.
M. Dubois: M. le Président... Le Président (M.
Gagnon): Oui.
M. Dubois: ...si nous avons un conseil des députés
à 12 h 30, il nous reste 25 minutes pour dîner, ce n'est pas
tellement long.
Le Président (M. Gagnon): Si la commission est d'accord,
je suis prêt à ce qu'on suspende les travaux immédiatement,
mais j'aimerais, avant, qu'on puisse adopter le programme 3 que vous semblez
avoir terminé.
M. Dubois: Si vous avez d'autres questions à ce sujet,
vous pouvez continuer. Quand même cela prendrait cinq minutes de
plus...
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: Merci. Élément 4, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Oui.
M. Mathieu: À l'élément Administration et
services régionaux, il y a une baisse de près de 4 000 000 $, ce
qui étonne... 3 500 000 $ pour être plus concret, ce qui
étonne considérablement. Le ministre peut-il nous dire ce qu'il
est en train de pondre comme programme? Va-t-on assister à la fermeture
des bureaux régionaux pour avoir plutôt des directions
générales à Québec ou je ne sais quoi?
M. Garon: Non. Je peux vous dire qu'au ministère j'ai fait
disparaître toutes les directions générales, il n'en reste
qu'une,
pour qu'au contraire, il y ait des directives avec le moins
d'intermédiaires possible. Il y avait avant des sous-ministres adjoints,
des directeurs généraux, des directeurs de service. On a
enlevé toute la ligne des directeurs généraux. C'est pour
cela que j'espère avoir en contrepartie de ces sept postes de directeurs
généraux qui auront disparu et de ces deux postes de
sous-ministres adjoints, qui sont encore au même salaire d'ailleurs...
pour que le regroupement se fasse en ligne directe...
M. Mathieu: Mais comment expliquez-vous la baisse de
crédits? Est-ce qu'il y a des services à l'agriculteur qui seront
affectés?
M. Garon: Non. Je vous l'ai dit dans l'introduction. Si vous
regardez les traitements au haut de la page, à gauche, dans vos budgets,
vous voyez que le fonctionnement du personnel baisse de 41 200 000 $ à
37 100 000 $, c'est 4 000 000 $ de moins. Les 4 000 000 $ sont de l'autre
côté. Il faut que cela s'équilibre.
Il y aura un peu moins de personnel et, parce qu'il y a un peu moins de
personnel, il y a un peu moins de frais de déplacement. Nous aussi,
c'est parce qu'on a changé notre façon de travailler. Pour le
drainage souterrain, par exemple, on approuve le plan, mais aujourd'hui des
firmes d'ingénieurs font les plans et elles sont responsables. On a
changé considérablement le programme Sol-Plus cette année
en accord avec l'Union des producteurs agricoles, d'ailleurs, à sa
demande même. Les agriculteurs seront de plus en plus responsables
puisqu'il devrait y avoir un plan d'ingénieur. La firme devra s'engager
à suivre le plan d'ingénieur et s'il y a des corrections à
apporter au plan, elles devront avoir été signées par un
ingénieur. Donc, en tout temps, il y aura à la base un plan
d'ingénieur et une firme qui s'engage à respecter le plan, de
sorte que s'il y a un problème de drainage, l'agriculteur pourra
poursuivre les entrepreneurs qui pourront...
M. Mathieu: Je voudrais revenir au programme 3.
M. Garon: ...revenir contre la firme d'ingénieurs. Pour
vérifier si les travaux ont été effectués pour
faire les paiements, de façon plus rationnelle, on va faire tous les cas
dans un village en même temps au lieu d'y aller un à un. Cela
occasionne moins de voyages, c'est aussi efficace et si quelqu'un nous a
trichés, on peut demander le remboursement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Pour conclure sur ce programme, le bureau
régional de Saint-Joseph-de-Beauce...
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: ...va-t-il être déménagé
à Lévis?
M. Garon: Pourquoi le déménager à
Lévis?
M. Mathieu: L'année passée, vous aviez
annoncé cela.
M. Garon: II n'y a qu'un petit bureau local à
Lévis.
M. Mathieu: Comment?
M. Garon: II n'y a qu'un petit bureau local à
Lévis. C'est plutôt le petit bureau local de Lévis qui peut
être appelé à être transféré ailleurs
et fusionné avec un autre.
M. Mathieu: Vous vouliez amener trois ou quatre services ou
régies à Lévis dont le bureau local.
M. Garon: Je n'ai pas eu le temps d'inaugurer encore - j'ai
hâte de le faire -la Régie des grains, qui est rendue à
Lévis, au bord de l'autoroute 20.
M. Mathieu: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Alors, le programme 3, avec ses
éléments 1, 2, 3 et 4, est adopté.
M. Mathieu: Le programme est adopté au complet.
Le Président (M. Gagnon): Le programme est adopté
au complet. La commission parlementaire de l'agriculture, des pêcheries
et de l'alimentation ajourne ses travaux sine die.
Parce que nos amis libéraux ont un conseil des
députés, on me demande d'ajourner.
M. Garon: Ah bon! d'accord. Je vous remercie d'avoir
accepté qu'on commence à Il heures ce matin. On vous rend la
pareille en vous laissant partir à midi.
Le Président (M. Gagnon): Alors, je vous ferai remarquer
qu'on devrait revenir après la période de questions à la
suite d'un ordre de l'Assemblée nationale et qu'il nous reste quatre
programmes à étudier. Le temps diminue, alors il faudrait
peut-être aller un peu plus vite.
(Suspension de séance à 12 h 09)
(Reprise de la séance à 16 h 42)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation poursuit l'étude des crédit pour 1983-1984.
Les membres de cette commission sont: M. Baril (Arthabaska), M. Beaumier
(Nicolet), M. Beauséjour (Iberville), M. Dupré (Saint-Hyacinthe),
M. Gagnon (Champlain), M. Garon (Lévis), M. Houde (Berthier); M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata) est remplacé par Mme
Juneau (Johnson); M. Lincoln (Nelligan), M. Mathieu (Beauce-Sud), M.
Vallières (Richmond).
Les intervenants sont: Mme Bacon (Chomedey), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Blouin (Rousseau), M. Boucher (Rivière-du-Loup), M.
Dubois (Huntingdon), M. Lachance (Bellechasse), M. LeMay (Gaspé), M.
Middlemiss (Pontiac), M. Picotte
(Maskinongé).
Le rapporteur est le député de Gaspé.
Lors de l'ajournement, nous étions rendus à l'étude
du programme 4. Je présume que M. le député de Beauce-Sud
avait des questions à poser.
M. Mathieu: Oui, M. le Président. Nous ne voulons pas
passer beaucoup de temps au programme 4, étant donné que le temps
fuit assez rapidement et que nous avons encore beaucoup de programmes à
adopter d'ici à 18 heures, soit la clôture présumée
de l'étude de nos crédits.
La première question à laquelle le ministre doit sans
doute s'attendre est celle-ci, celle qui lui fut posée...
M. Garon: J'aimerais peut-être faire une petit commentaire
au début.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
Assurances agricoles
M. Garon: J'ai de beaux chiffres à vous présenter
et je ne voudrais pas manquer l'occasion de vous faire savoir où en sont
les assurances agricoles. Faisons une petite comparaison dans le domaine de
l'assurance-récolte: en 1976 le total des contrats d'assurances,
assurance-récolte et assurance-stabilisation, est de 8399; actuellement,
en 1983-1984, il y a 28 252 contrats, ce qui veut dire trois fois et demie de
plus.
En termes de producteurs, les chiffres sont à peu près
équivalents. Si on regarde le nombre d'unités assurées...
Les unités végétales, le nombre d'hectares couverts par
l'assurance-récolte était de 130 000 en 1976. En 1983, savez-vous
quel est le nombre, M. le Président? Je vous demanderais de le dire et
vous n'en seriez pas capable; vous ne le penseriez jamais. Je demande au
député de Beauce-Sud de bien comprendre le chiffre que je vais
dire. De 130 000 hectares en 1976, c'est passé à 1 075 828
hectares en 1983. C'est quasiment dix fois plus en 1983 par rapport à
1976.
L'assurance-stabilisation est passée de 0 en 1976 - il n'y avait
rien d'assuré - à 248 000 hectares en 1983. Si on additionne les
deux, l'assurance-récolte et l'assurance-stabilisation, le nombre
d'hectares assurés en 1976 était de 130 681 hectares; en 1983,
à l'assurance-récolte et à l'assurance-stabilisation, il y
a 1 323 851 hectares. Le député de Beauce-Sud en a le souffle
coupé...
M. Mathieu: M. le Président, le ministre
présume.
M. Garon: En termes d'unités animales, savez-vous combien
il y avait d'unités animales assurées en 1976 par
l'assurance-stabilisation? 44 159 en tout. En 1983, 2 263 802 unités
animales sont assurées. On est dans les 50 fois plus. De 44 159 à
2 263 802.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, cela démontre que les
libéraux ont bien vu lorsqu'ils ont mis sur pied en 1976, le
régime d'assurance stabilisation.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud, vous aurez la parole tantôt. On va laisser parler le
ministre. M. le ministre.
M. Garon: Ce sont tous des programmes qui n'existaient pas en
1976, on a mis sur pied toutes sortes d'assurances qui n'existaient pas,
l'assurance collective, l'assurance-récolte, maintenant 20 productions
différentes sont assurées dans huit ou neuf régimes.
Une voix: Neuf régimes.
M. Garon: Neuf régimes. On a fusionné des
productions pour avoir neuf régimes couvrant 20 productions alors qu'il
y avait seulement une production assurée dans le temps des
libéraux. Ensuite, dans les valeurs assurées, qu'est-ce que les
gens ont assuré? Ils ont assuré de petits montants, de gros
montants? Voyez-vous, l'assurance-récolte, il y avait 29 523 707 $
assurés, en 1976. En 1983, M. le Président, 328 084 900 $ en
termes de valeurs assurées pour l'assurance-récolte. C'est onze
fois plus. En assurance-stabilisation en 1976, il y avait 10 112 000 $; 10 000
000 $, M. le Président, en 1976. En 1983, savez-vous
combien? 746 122 000 $, 75 fois plus, M. le Président. Ce ne sont
pas de petits chiffres.
Si on additionne les deux, cela fait un total d'assurances en 1976, du
temps des libéraux, les deux ensemble, assurance-récolte et
assurance-stabilisation, de 39 635 800 $. En 1983, 1 074 207 000 $.
M. Houde: M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Je ne sais pas si on pourrait appeler cela une question
de privilège ou une question de ce que vous voudrez mais, étant
donné qu'il reste seulement une heure et dix minutes pour l'étude
des crédits et qu'on a encore trois ou quatre points... Je comprends que
le ministre peut dire bien des choses parce que cela fait trois ou quatre fois
qu'il répète ce qu'il dit actuellement depuis que la session est
commencée, il me semble qu'on pourrait passer à l'étude
des crédits, s'il y a possibilité. C'est à vous de...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Berthier, le ministre a parfaitement... D'ailleurs, c'est l'habitude du
ministre...
M. Houde: Je suis d'accord.
Le Président (M. Gagnon): ...au début d'un
programme, de donner les grandes lignes de son programme. Il a parfaitement le
droit. Je veux dire qu'il n'y a pas de question de règlement
là-dessus. Le règlement prévoit qu'il puisse donner les
grandes lignes de son programme et par la suite vous pouvez poser des
questions. Je suis d'accord avec vous. Si vous voulez qu'on termine à 18
heures, il va falloir y aller le plus rapidement possible mais...
M. Houde: D'après moi, on finit à 18 heures. Cela
finit ce soir à 18 heures, à moins que j'aie été
mal renseigné. Cela finit à 18 heures?
M. Garon: Cela finit ce soir à 18 heures?
M. Houde: C'est cela et il me semble qu'on pourrait passer
à des choses qui n'ont pas été dites.
M. Garon: Ce que je disais n'a jamais été dit. Ce
sont des chiffres nouveaux!
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Houde: Ah! des chiffres nouveaux.
M. Garon: Je n'ai pas le temps de faire des compilations tout le
temps.
Habituellement, je parle des nouveaux programmes.
M. Houde: Ce n'est pas important, d'accord. Allez-y! Ce n'est pas
important d'étudier les crédits. Ce n'est pas grave.
M. Garon: C'était pour rassurer le député de
Berthier...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Berthier, vous pouvez retarder le ministre.
M. Houde: Non, non, allez, allez!
Le Président (M. Gagnon): On va laisser la parole au
ministre et, après, je vous reconnaîtrai.
M. Houde: La cassette, mettez-la dans la machine et faites-la
marcher. Faites marcher la bobine.
Le Président (M. Gagnon): II va falloir fermer d'autres
cassettes pour que le ministre puisse parler.
M. Garon: M. le Président, je comprends le
député de Berthier, cela le fatigue qu'on assure le monde...
M. Houde: Je pense qu'il y a des choses beaucoup plus importantes
cet après-midi.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Berthier, vous n'avez pas la parole, c'est le ministre qui a la parole.
M. Houde: Oui, M. le Président, je m'excuse.
M. Garon: Le problème, jusqu'en 1976, c'est que
l'assurance ne payait pas, cela décourageait le monde. En 1976,
l'assurance-récolte avait payé 2 032 000 $; en 1982, elle payait
14 000 000 $. L'assurance assure, mais il faut que cela paie de temps en
temps.
M. Dubois: ...des oranges et des bananes.
M. Garon: Combien a-t-on payé en compensations pour
l'assurance-stabilisation en 1976? 3 806 000 $; en 1982, savez-vous combien? 53
218 900 $.
M. Houde: Fantastique!
M. Garon: Pourquoi? Parce que les bons régimes sont
là pour aider les gens losqu'ils en ont besoin. En 1976, si on calcule
le total payé, tout ce qui a été payé en
indemnités, et compensations de toute nature par
l'assurance-récolte et l'assurance-stabilisation - 1976, qui
était une mauvaise année, cela aurait dû être une
année qui aurait payé, on se rappelle que 1976 a
été une année qui n'était pas extraordinaire - cela
a été 5 839 000 $. J'aurais pu être dur pour les
libéraux, j'aurais pu donner l'année 1975. Savez-vous combien
cela payait en 1975?
M. Mathieu: ...encore bien pire.
M. Garon: Ce n'est pas tellement loin, 1975. M. le
Président, vous ne devinerez jamais. Cela payait 622 000 $. Les
cultivateurs avaient payé 2 000 000 $ de primes et ils avaient eu 622
000 $ d'assurances. Je ne voulais pas donner l'année 1975, je voulais
donner l'année 1976, car c'est l'année où cela a
payé le plus dans le temps des libéraux. J'ai donné 1976,
car je ne suis pas dur dans mes statistiques. C'est l'année où
les libéraux ont payé le plus. Il y avait des élections et
ils ont dit: On va payer un peu plus cette année-là.
M. Houde: ...des fois vous!
M. Garon: Donc, 5 839 000 $. Et combien ont payé
l'assurance-stabilisation et l'assurance-récolte en 1982? Cela a
payé 67 234 700 $, ce qui fait 13 fois plus que dans le temps des
libéraux.
M. Houde: C'est malchanceux 13.
M. Garon: C'est pour cela... Ce n'est pas très juste.
C'est treize fois et demie. Ce qui veut dire que si on faisait la compilation -
je n'ai pas voulu faire cela encore - à savoir combien
l'assurance-récolte a payé dans son histoire - cela fait
longtemps que l'assurance-récolte existe - dans le temps des
libéraux et de l'Union Nationale, ensemble, comparé aux montants
payés à l'heure actuelle par le Parti Québécois...
J'ai les chiffres et si on me les demande pas, je vais demeurer modeste.
M. Mathieu: Quelle magnanimité!
M. Garon: II ne faut pas prendre trop de temps des
libéraux. Tout à coup, ils nous féliciteraient. Alors, on
peut voir que s'il y a une chose qui a changé de poil depuis 1976, c'est
vraiment l'assurance-récolte et l'assurance-stabilisation, qui
administrent un grand nombre de programmes avec à peu près le
même nombre de personnel qu'en 1976, sensiblement le même personnel
en 1982, 1983 qu'en 1976, mais avec des assurances 50 fois et 70 fois plus
considérables que dans le temps des libéraux.
Une voix: Bravo!
M. Garon: Je vous ai donné cela et je me demande
même si la population n'aimerait pas avoir un petit feuillet expliquant
ces données.
M. Houde: Vous pourriez l'envoyer avec la cotisation que vous
demandez.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Berthier, vous n'avez pas la parole. Je vous demanderais de lire l'article 45
de votre livre des règlements.
M. Garon: Je ne veux pas être couillon, parce que je sens
que le député de Beauce-Sud bout de nous dire à quel point
il est estomaqué que les chiffres démontrent d'aussi bons
résultats. Je vais lui laisser la parole.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Le ministre aurait
bien pu commencer en 1958 ou 1960, quant à faire parler des chiffres
tout de travers. Le ministre vient de nous faire la démonstration que
les libéraux avaient vu juste en 1974-1975 en créant
l'assurance-stabilisation. À ce moment, que disaient les agriculteurs?
Ils disaient au gouvernement: Laissez donc faire vos petites subventions et
donnez-nous donc des revenus assurés pour nos produits. C'est justement
cela l'inquiétude grandissante dans le milieu rural. Le ministre veut
nous démontrer les compensations payées, mais cela tourne un peu
contre la démonstration qu'il vient de faire parce que si ces gens
avaient eu des revenus suffisants, l'assurance-stabilisation n'aurait pas eu
besoin de payer, comme l'assurance-récolte. Le seul point que je veux
porter à l'attention du ministre, c'est le suivant: son projet
d'autosuffisance en céréales, le programme de 50 000 000 $ de
trois ans qui, cette année, finalement, est censé coûter au
trésor 6 000 000 $ qui proviennent du roulement de l'année
passée, ce n'est pas de l'argent neuf, plus possiblement 3 000 000 $
à l'automne...
M. Garon: II n'a jamais été utilisé.
M. Mathieu: Oui.
M. Garon: C'est de l'argent neuf.
M. Mathieu: M. le Président, je voudrais mettre cela en
relief avec un article du journal Le Soleil du 30 mars 1977 qui est
intitulé comme ceci: La proposition du PQ: investir dans la production
agricole plutôt que de combler les pertes de revenus, sous la signature
de Marc Lestage, et je cite: Le ministère de l'Agriculture espère
assurer la relance de l'agriculture en investissant dans la production pour
tirer un
meilleur parti de chaque ferme plutôt que de garantir le
remboursement de pertes auxquelles les producteurs s'exposent. Plus loin: Ces
améliorations doivent permettre de rendre chaque ferme
québécoise plus efficace et plus rentable. Dès lors, le
ministère de l'Agriculture peut se permettre de réduire les
crédits qu'il consacre à la stabilisation des revenus. Plus loin:
L'UPA requiert une bonne assurance-stabilisation pour placer les producteurs
à l'abri des importantes fluctuations de prix."
Or, M. le Président, le ministre peut-il nous dire, si on s'en
remet à son programme de 50 000 000 $ annoncé il y a quelques
jours, quelle perte il prévoit pour indemniser les agriculteurs? Nous
savons qu'un tiers de la prime est payé par les producteurs et que les
deux tiers sont, payés par le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. C'est bien cela? Alors, avez-vous
prévu des sommes cette année? On voit à
l'élément 1, assurance-récolte: 7 365 000 $ pour
l'année 1983-1984. Prévoyez-vous que ces sommes seront
suffisantes pour combler le manque à gagner qui pourrait arriver
à la suite de la recherche de l'autosuffisance dans les
céréales?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Garon: Pour la recherche?
M. Mathieu: Vous voulez atteindre l'autosuffisance en
céréales, on n'a rien contre cela.
M. Garon: C'est-à-dire que l'on veut y accéder
graduellement, parce qu'on sait que cela va prendre un certain temps. On avait
environ 50 000 000 $ en 1981 et on n'a pas encore les chiffres de 1982...
M. Mathieu: Ne détournez pas la question. La seule chose
que je vous demande, croyez-vous que vos chiffres de 7 365 000 $ en 1983-1984
sont réalistes?
M. Garon: Vous savez, on fait une prévision. Je ne suis
pas comme un almanach qui prédit le temps, mais on pense que nos
chiffres sont exacts en termes de primes à payer. Les primes, il s'agit
de montants qui sont prévus pour le fonctionnement. Normalement, en
termes de primes, c'est un fonds d'assurances. Du montant qu'on va payer, il y
a une partie qui va pour le fonctionnement et une partie qui va pour la prime.
La prime s'en va dans le fonds des assurances et les montants
d'indemnité sont payés à même le fonds des
assurances. Alors, c'est un montant prévu pour une partie de la prime
qui est payée par le gouvernement du Québec pour l'assurance, une
partie qui est payée par l'agriculteur et une partie qui est
payée par le gouvernement fédéral. À ce
moment-là, la prime qui est payée se retrouve là, mais pas
la compensation. (17 heures)
M. Mathieu: Prévoyez-vous que le fonds des assurances sera
suffisant pour combler les pertes éventuelles sans avoir recours
à de l'argent nouveau qui pourrait venir du fonds consolidé.
M. Garon: II y a quelquefois des fonds sans surplus et des fonds
sans déficit. Il y a des fonds, parfois, qui ont beaucoup d'argent. Il y
a des fonds qui ont moins d'argent. Cela dépend des années
où ils paient ou ne paient pas. Quand il en manque, ils en empruntent et
quand ils en ont trop, cela rapporte des intérêts. Mais les fonds
ne sont pas mêlés.
Il y a différents types de fonds selon les assurances. Il y a
plusieurs fonds d'assurances là-dedans. Vous avez un fonds qui rapporte
de l'argent, il n'a pas payé. L'argent est placé, les primes
s'accumulent dans le fonds. Si vous avez à payer beaucoup plusieurs
années de suite, le fonds peut être négatif,
c'est-à-dire qu'il y a une dette dedans. Mais, comme c'est basé
sur des calculs actuariels de risques de dommages, normalement, sur un grand
nombre d'années, sur une certaine période, le fonds est en
équilibre.
M. Mathieu: Je conclus, là-dessus pour ne par retarder mes
collègues - que c'est que...
M. Garon: Mais j'aimerais aussi donner un mot d'explication,
c'est important. Ce qui a contribué beaucoup à faire le
succès des assurances, c'est que, dans la prime qui est payée par
l'agriculteur, de plus en plus la partie de la prime s'en va au fonds des
assurances, parce qu'on a réduit considérablement les coûts
administratifs.
Par exemple, en 1976, lorsque vous payiez 1 $ de prime d'assurances,
0,706 $ allaient pour le fonctionnement, pour les frais administratifs et
seulement 0,294 $ allaient au fonds des assurances. Pour 1 $, en 1976, 0,706 $
allaient à l'administration.
Je vais vous dire ce qui est arrivé de tout cela avec les
changements qu'on a apportés. Je vais vous montrer comment cela a
baissé graduellement. En 1979, c'était rendu à 0,268 $; en
1980, c'était rendu à 0,186 $; en 1981-1982, c'était rendu
à 0,149 $; en 1982-1983, c'était rendu à 0,139 $. J'avais
dit cela au député. Il aurait pu penser qu'on se reposerait sur
nos lauriers, pas du tout.
On avait prévu 0,139 $ l'an dernier, on a réalisé
0,109 $. Cette année, on prévoit 0,091 $. Ne parlons pas du 0,09
$, c'est une prévision cette année. L'an dernier, c'était
0,109 $. Donc, pour 1 $ de prime payée par
un cultivateur, en 1982, l'administration coûte 0,109 $. En 1976,
dans le temps des libéraux, l'administration coûtait 0,706 $;
M. Mathieu: M. le Président...
M. Garon: 70% de la prime étaient consacrés au
fonctionnement et 30% à l'assurance. Tandis que, dans le temps du Parti
québécois, avec un régime d'efficacité
administrative - quand on parle d'un bon gouvernement, c'est cela un bon
gouvernement et une bonne administration - sur la prime de 1 $, il va 0,89 $
dans le fonds des assurances et 0,109 $ - c'est-à-dire Il% - à
l'administration. Ce n'est pas une mince réalisation, M. le
Président, d'avoir diminué de presque sept fois les frais
administratifs compris dans 1 $ de prime d'assurances.
M. Mathieu: M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. M. le
député de Berthier m'avait demandé la parole.
M. Houde: Merci, M. le Président... M. Mathieu: Je
n'avais pas fini. M. Houde: Je veux qu'il finisse...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je voudrais seulement dire au ministre qu'on peut
faire dire aux chiffres ce que l'on veut. Si on a un fonds de 1 000 000 $ et un
fonds de 50 000 000 $, le pourcentage varie considérablement.
M. le Président, je conclus ce programme 4 en vous disant ceci:
Nous sommes tout à fait favorables à une assurance-stabilisation
des revenus des producteurs agricoles. C'est nous qui l'avons mise au monde, la
Loi sur l'assurance-stabilisation.
M. Garon: Elle ne fonctionnait pas.
M. Mathieu: Maintenant, M. le Président, le but ...
M. Garon: L'assurance agricole, ce fut dans le temps des
bleus.
M. Mathieu: Je parle de l'assurance-stabilisation. Le but de
cette loi était d'assurer des revenus décents aux agriculteurs.
La seule chose qui nous inquiète, c'est que le ministre dévie du
but de la Loi sur l'assurance-stabilisation et veuille en faire un instrument
pour atteindre l'autosuffisance. Ce n'était pas le but à
l'origine. Nous allons surveiller le fonctionnement du régime...
M. Garon: Quel était le but à l'origine?
M. Mathieu: Le but à l'origine? C'était d'assurer
aux agriculteurs des revenus stables et adéquats.
M. Garon: À condition qu'on ne produise pas trop.
M. Mathieu: Et vous, avec votre leurre d'autosuffisance, comme le
disait le Soleil, que j'ai cité tantôt, le 30 mars 1977,
"Proposition du PQ: Investir dans la production agricole plutôt que de
combler les pertes de revenus."
Alors, M. le Président, nous adoptons ce programme 4 si vous
êtes d'accord.
M. Garon: Attendez un peu. M. le Président, j'ai une
explication additionnelle à donner au député.
M. Mathieu: Une question?
M. Garon: Non. C'est pour compléter mon information sur
l'administration. Dans le temps des libéraux, les hors-cadres... Il y a
des gens dans les cadres et les hors-cadres et ils coûtent cher. Il y
avait quatre hors-cadres et, en 1982, il y en avait deux. On a baissé
cela à deux. Dans le temps des libéraux en 1976, il y avait six
régisseurs et on a baissé cela à quatre pour
épargner de l'argent. Les cadres supérieurs étaient
allés jusqu'à quatorze en 1978 et en 1982 cela a baissé
à huit. Il y en a peut-être un ou deux à rajouter, on a
peut-être baissé un peu fort mais c'est dans une perspective
d'économie.
Lorsqu'on est arrivé au gouvernement, ils étaient autour
de 18 hors-cadres, régisseurs et cadres supérieurs, en 1977, et
on est rendu à 10. Pourquoi? Vous savez, ce qui coûte cher sur un
chantier de construction, ce sont les calottes jaunes; il y a les calottes
blanches, les contremaîtres, puis, quand il y a des gars qui travaillent,
des calottes rouges; comprenez-vous, quand il y a une petite "gang" qui
travaille et une grosse "gang" qui surveille, cela coûte cher. Il faut
que le groupe qui travaille soit plus nombreux que le groupe qui surveille. On
a eu une plus grande efficacité administrative en réduisant le
nombre de personnes qui sont au niveau de la supervision par rapport au niveau
des gens qui administrent. On voit que cela a donné des
résultats, parce que cela a responsabilisé davantage le personnel
de sorte qu'aujourd'hui sur 1 $, il y a seulement 0,109 $ de frais
administratifs alors que, du temps des libéraux, c'était 0,70
$.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président. Je voudrais
rafraîchir la mémoire du ministre et en même temps lui
répéter ce que je lui avais dit lors de l'étude en
deuxième lecture des lois 112 et 113. Étant donné que je
n'ai pas pris la parole pour poser la question en Chambre, je vais la lui poser
ici. J'espère qu'il va me comprendre comme il faut.
D'abord, en ce qui concerne la marge de 200 000 $ à 500 000 $ -
je vais le lire -je voudrais le sensibiliser sur un fait à la suite des
demandes qui m'ont été faites. Il y a des producteurs de tabac
à cigarettes dans mon comté, et aussi dans le comté voisin
de Juliette. Étant donné que les caisses populaires ne sont pas
toujours capables de leur prêter et que les banques, que je sache, ne
semblent pas vouloir leur prêter ou presque, j'aimerais que le ministre
en tienne compte dans son projet de loi no 113 pour voir s'il y aurait
possibilité d'apporter un amendement pour que ces producteurs puissent
être aidés ou couverts par la marge de 200 000 $ à 500 000
$. Lors de l'étude du projet de loi no 113, j'avais posé la
question deux fois au ministre et, si j'ai bien suivi la réponse qu'il a
donnée, il ne m'a pas répondu. Cela ne change pas tellement avec
les autres fois mais, en tout cas, c'est comme d'habitude.
M. Garon: Vous ne pouvez pas dire que j'ai conté une
menterie.
M. Houde: Non, il n'a pas conté de menterie, il n'a pas
répondu. Conter une menterie ou ne pas répondre, des fois, on
peut quasiment penser que c'est la même chose. J'aimerais que le ministre
puisse nous répondre, s'il en est capable, pour savoir si les planteurs
de tabac à cigarettes seront inclus dans le projet de loi no 113; oui ou
non?
Le Président (M. Gagnon): ...c'était au programme
2, monsieur.
M. Houde: Oui, mais, écoutez, je n'étais pas
toujours ici parce que j'étais en haut à un moment
donné...
M. Garon: II faudrait refiler vos questions au
député de Beauce-Sud.
M. Houde: Non, je les pose moi-même, je veux avoir la
réponse. D'ailleurs, je ne les ai pas refilées au
député de Beauce-Sud en Chambre. Je les ai posées
moi-même et vous ne m'avez pas répondu; à deux reprises
à part cela, sur les deux projets de loi. C'est clair et net que
j'aimerais savoir cet après-midi si vous allez pouvoir les inclure. Oui
ou non?
M. Garon: Inclure quoi? M. Houde: Comment?
M. Garon: Inclure quoi? Les planteurs de...
M. Houde: Inclure les planteurs de tabac à cigarettes
parce que cela demande énormément d'argent d'abord pour le tabac
à cigarettes.
M. Garon: Les inclure dans quoi?
M. Houde: Pardon?
Une voix: Les crédits à la production.
M. Houde: Les crédits à la production. Dans les 200
000 $...
M. Garon: On n'est pas là-dedans, on est dans les
assurances.
M. Houde: Bien oui, mais... Écoutez, vous ne voulez pas me
répondre? C'est ce que vous voulez faire?
M. Garon: Pardon?
M. Houde: C'est ce que vous voulez, ne pas me
répondre?
M. Garon: Je peux vous dire que, dans le tabac jaune,
l'évaluation des valeurs assurées en 1976 était de 7 500
000 $ et en 1983 c'est passé à 16 622 000 $.
M. Houde: Je ne parle pas des valeurs assurées, M. le
Président, je parle...
M. Garon: C'est deux fois et demie plus de valeurs
assurées dans le tabac jaune en 1983 qu'en 1976.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Berthier, vous parlez effectivement du crédit à la production
qu'on a discuté au programme 2. D'accord? Alors, est-ce que ce serait
possible de passer les programmes qui nous restent à étudier, et,
s'il vous reste un certain temps, on pourrait peut-être revenir
après à des questions d'ordre général?
M. Houde: Oui, mais je n'ai que cela à demander. Cela ne
durera qu'une minute, M. le Président. Je n'ai pas parlé de
l'assurance, ce n'est pas ce dont je vous ai parlé tantôt.
M. Garon: On va attendre la fin de la période et, si on a
le temps, on reviendra là-dessus.
M. Houde: C'est cela. Vous ne voulez pas répondre aux
planteurs de tabac jaune, d'accord, j'en prends bonne note et je vais
transmettre à ma région, dans mes journaux, ce que vous
venez de me dire. Vous ne voulez pas vous en occuper, vous ne répondez
même pas.
M. Garon: Mais non, je veux dire qu'il faudrait que vous trouviez
le temps de venir poser vos questions quand c'est le temps.
M. Houde: Cela prendrait 30 secondes pour avoir une
réponse.
M. Garon: Là on est dans les assurances agricoles. Au
programme 2, je ne sais pas si vous étiez sorti prendre un café
ou ailleurs, mais vous n'êtes pas venu quand on a parlé de cela.
On a passé plusieurs heures sur ce programme. Si vous ne pouviez pas
venir, vous aviez quand même d'autres intervenants du Parti
libéral qui auraient pu venir poser des questions. Alors, vous en
profitez pour faire du zigzag dans l'étude des crédits. On est
dans les assurances agricoles.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, je pense que le ministre est
encore au Zig Zag et au LaSalle dans le tabac. Je pense qu'on ne devrait pas
s'enfarger là-dedans. Je comprends que les programmes ont
été adoptés, mais la réponse serait courte. Si le
ministre ne veut pas répondre, il n'a qu'à dire que c'est
passé et qu'il ne répond pas, point final. On ne fera pas une
guerre avec cela. Par contre, cela pourrait peut-être prendre deux
minutes de dire s'il est intéressé ou pas et s'il veut inclure
cela. Cela réglerait la question. Les crédits sont dans le but de
s'informer pour apporter des éclairages additionnels. Qu'on ait
passé un peu cela, je pense bien que cela ne dérangera pas le
ministre. Parlant de zigzag, vous savez, quand on regarde aller le ministre
à l'Assemblée nationale, s'il avait des ailes, il volerait et
cela déplacerait pas mal d'air. Il zigzague pas mal lui aussi dans ses
réponses à ce moment-là.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Maskinongé, personnellement, je ne vois pas d'inconvénient...
M. Garon: Je ne fais jamais de choses en l'air, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): ...à ce que le ministre
réponde à la question, mais je me souviens fort bien, lorsqu'on a
étudié le programme 2 - d'ailleurs, c'est le député
de Beauce-Sud qui avait demandé de passer à ce
programme-là pour libérer le plus vite possible les gens de
l'Office du crédit agricole qui étaient ici - qu'on a
passé presque une demi-journée à parler de l'Office du
crédit agricole en général. En principe, on a
discuté passablement longtemps...
M. Houde: Oui, je suis d'accord là-dessus.
Le Président (M. Gagnon): ...de l'Office du crédit
agricole. M. le ministre.
M. Garon: Je vais conclure, M. le Président, en
répondant d'abord au député de Huntingdon qui a
posé une question ce matin concernant les pommes. Il disait que les gens
s'assuraient parce qu'ils étaient obligés par leur prêteur
de s'assurer. Je peux vous dire qu'en 1982 il y avait, dans les pommes, six
personnes assurées, sur 202, qui avaient une cession de compensation ou
d'indemnité au cas où l'assurance paierait. En 1983, il y en a
huit, sur 243 personnes assurées, qui ont une cession de compensation ou
d'indemnité en cas de paiement d'assurance de la part de leur
prêteur, sans doute - parce qu'elles craignent. S'il y avait un
désastre, elles voudraient être liées à
l'assurance.
M. Dubois: M. le Président, je n'avais pas les chiffres de
1982 et 1983 ce matin. Je me rapportais à 1980 et 1981, surtout à
1980 où il y avait très majoritairement des gens qui ont
été forcés à prendre de l'assurance à cause
de prêts agricoles. Je pense que c'était 1,4% des assurés
qui l'ont fait librement parmi les pomiculteurs. Je vous parle de 1980-1981, si
je me souviens bien. Étant donné que je n'ai pas les chiffres de
1982, je ne peux pas soulever les chiffres de 1982 ici en commission. Je vais
zigzaguer moi aussi.
M. Garon: Je voudrais terminer par une conclusion rapide. Il y a
eu un effort de fait dans les cultures assurables par province en 1980-1981.
J'ai les chiffres ici pour comparer, on n'a pas cela toutes les années.
Cela vient du gouvernement fédéral: Cultures que les producteurs
peuvent assurer dans les différentes provinces. À Terre-Neuve, il
y en a 3; au Nouveau-Brunswick, il y en a 7; à
l'Île-du-Prince-Édouard et en Saskatchewan, il y en 16; en
Nouvelle-Écosse, il y en a 17; en Alberta, il y en a 21; au Manitoba,
19; en Colombie britannique, 24; en Ontario, 37; au Québec, 58.
Voyez-vous, on est de loin la province où il est possible d'assurer le
plus grand nombre de cultures au Canada, parce qu'il y a eu un effort
considérable de fait au Québec pour rendre les différentes
cultures assurables pour les producteurs. (17 h 15)
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. Le
programme 4, éléments 1, 2 et 3, est-il adopté? Le
programme 4 est donc adopté. Les éléments sont aussi
adoptés.
Le programme 5. M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: Non.
Le Président (M. Gagnon): Non?
M. Dubois: On va y aller "at large". Je vais zigzaguer...
M. Garon: II serait peut-être intéressant,
j'aimerais les donner et ce serait bien important, rapidement...
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, concernant le
programme 5?
M. Garon: Le programme 4.
Le Président (M. Gagnon): Le programme 4.
M. Garon: En terminant, parce que cela répond à une
préoccupation. J'en dirai un mot demain dans l'intervention que je ferai
également. Les gens pensent qu'il y a beaucoup de pluie. Cependant, en
termes d'avis de dommages, en 1982, à pareille date, il y en avait 187.
Cette année, il y en a 486. C'est beaucoup plus, mais c'est beaucoup
moins que ce qu'on avait pensé. 187 l'an dernier, 486 en 1983. C'est
principalement à cause du gel du printemps. Il a fait très froid.
On dit qu'on a des temps d'automne. Le bon Dieu a dit: Les gens ont voté
non au référendum, ils se sont rapprochés des Anglais,
donnons-leur une température qui ressemble à celle de
l'Angleterre.
Le Président (M. Gagnon): Le programme 4 est
adopté.
M. Dubois: La France est encore pire.
Le Président (M. Gagnon): Le programme 4 est
adopté.
M. Dubois: Ne parlez pas de l'Angleterre, la France est encore
pire.
Le Président (M. Gagnon): Programme 5.
M. Mathieu: Contentez-vous de faire dire des choses aux
libéraux. Ne les faites pas dire au bon Dieu, il est capable de les dire
tout seul.
M. Garon: Pardon?
Une voix: On arrive au programme 5...
M. Mathieu: Contentez-vous de faire dire des choses aux
libéraux, mais ne les faites pas dire au bon Dieu, il est capable de les
dire tout seul.
Le Président (M. Gagnon): Programme 5. Est-ce que vous
avez des questions concernant le programme 5? M. le ministre, est-ce que vous
avez une introduction au programme 5?
M. Garon: Programme 5.
Commercialisation du sucre
M. Mathieu: II y a le désastre budgétaire.
M. Garon: Pardon? Au programme 5, comme les libéraux se
plaignent que je parle trop, je vais les laisser parler tout de suite.
M. Dubois: M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Dans le cadre du programme 5, je voudrais parler au
ministre de sa politique de commercialisation du sucre, de la mise en
marché du sucre ou, si vous aimez mieux, du grossiste dans le sucre.
M. Garon: De quoi?
M. Dubois: Vous êtes rendu un grossiste dans le domaine du
sucre?
M. Garon: Un grossiste?
M. Dubois: Un grossiste dans le domaine du sucre, c'est cela.
Qu'est-ce que c'est alors? Trouvez un autre terme. C'est un grossiste, c'est de
la mise en marché, vous devenez un grossiste dans le sucre. À
l'étude de la loi 63, l'an passé, si je me souviens bien,
c'était vers la fin de juin...
M. Garon: Vous savez qu'on a adopté une nouvelle mesure
dans le domaine du sucre?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Garon: Je peux vous faire le plaisir d'entendre les
producteurs.
M. Dubois: Je parle de...
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, je m'excuse, on
va laisser le député de Huntingdon terminer, ensuite...
M. Dubois: ...de mise en marché dans le domaine du
sucre.
Le Président (M. Gagnon): ...ce sera votre tour. M. le
député.
M. Dubois: M. le Président, lors de l'étude de la
loi 63 l'an passé, on a beaucoup discuté de sucre et
d'équipement, mais le ministre nous a caché le fait que, cette
année, il irait vers la commercialisation. C'est une chose que le
ministre n'a pas soulevée l'an passé. Je comprends que la loi 63
accorde à la Raffinerie de sucre du Québec la permission de
commercialiser du sucre, d'en acheter et d'en vendre. C'est pour cela que je
dis que vous êtes rendu grossiste dans le sucre, parce que vous achetez
du sucre.
Le ministre m'a dit, en réponse, en Chambre, la semaine
dernière, qu'il n'achète pas de sucre. Je ne comprenais plus
rien. Le ministre vend 42 000 tonnes de sucre, mais il n'achète pas de
sucre. On produit environ 16 000 tonnes de brut de betterave qui est
tranformé par Redpath à Toronto en sucre blanc fini. Le ministre
signe des contrats ou prend des engagements pour 42 000 tonnes de sucre avec
Provigo et Métro, mais le ministre n'achète pas de sucre.
Je voudrais que le ministre m'explique, premièrement, comment il
se fait qu'il n'achète pas de sucre lorsqu'il en vend 42 000 tonnes et
qu'il en produit 16 000?
M. Mathieu: Bonne question!
M. Dubois: Deuxièmement, je voudrais que le ministre me
dise ses vraies intentions lorsqu'il est allé vers la commercialisation
du sucre, c'est-à-dire à titre de grossiste dans le domaine du
sucre. C'est le terme, en fait. Vous achetez du sucre et vous en revendez. On
s'aperçoit que le sucre brut raffiné en sucre blanc au
Québec est en quantité moins importante qu'il ne l'était
l'an passé, il y a deux ans et trois ans. On a du sucre qui nous
provient présentement, par l'entremise d'un courtier de Québec,
si je me souviens bien, de Atlantic Sugar, du Nouveau-Bruns-wick. On a des
spécialités dans le sucre de marque Redpath. Je ne parle pas de
Marie perle.
M. Garon: Des spécialités?
M. Dubois: Des spécialités, oui. Ces mêmes
spécialités, l'an passé, n'étaient pas
nécessairement de marque Redpath, il y en avait de Saint-Laurent.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: II y a des spécialités de Atlantic Sugar
qui sont rendues sur le marché du Québec. Ce qui arrive
actuellement... Je voudrais que le ministre me dise pourquoi il s'en va dans la
commercialisation du sucre, quelle est son intention particulière
d'aller dans ce domaine. Est-ce que l'entreprise privée ne faisait pas
son travail, est-ce que les gens au Québec manquaient de sucre?
Avez-vous l'intention de jeter par terre, d'écraser ou de torpiller la
seule raffinerie du Québec en produits finis? Est-ce là votre
intention? J'aimerais que le ministre s'explique sur ses intentions
particulières.
Le Président (M. Gagnon): M. le
député...
M. Dubois: Vous avez à répondre à plusieurs
questions. Premièrement, comment pouvez-vous vendre 42 000 tonnes de
sucre et en faire raffiner 16 000 tonnes?
Le Président (M. Gagnon): Vous aviez une troisième
question?
M. Garon: C'est parce que, comme vous remarquerez dans nos
annonces, on a commencé à prendre des contrats avec Provigo et
Métro à l'hiver. Vous savez comme moi qu'on récolte le
sucre à l'automne et qu'on produit du sucre avant l'hiver. Parce que ce
qu'on vend actuellement, c'est essentiellement du sucre produit à la
raffinerie comme sucre brut.
Mais quand on sera rendu plus avant dans la saison, on a encore
plusieurs milliers de tonnes ou millions de livres de sucre en inventaire.
M. Dubois: Bien, 16 000 tonnes de brut, cela ne fait quand
même pas plus de tonnes de fini, n'est-ce-pas?
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Huntingdon, si...
M. Garon: Non mais cela fait du sucre. Et notre grosse
période de production c'est présentement. On a produit pendant
l'hiver et on va recommencer à produire au début d'octobre. Mais
on a encore des inventaires.
M. Dubois: Vous signez des ententes, M. le ministre, de 42 000
tonnes de sucre et vous avez environ 16 000 tonnes de brut à faire
raffiner, que vous faites raffiner à Toronto par Redpath actuellement.
Vous allez approvisionner annuellement vos deux clients que vous avez
volés à Saint-Laurent: Provigo et Métro.
M. Garon: M. le Président.
M. Dubois: Littéralement volés, M. le
Président.
M. Garon: Voyons donc! On fait des appels d'offres, on demande
des soumissions.
Le Président (M. Gagnon): M. le
député...
M. Dubois: Non, non, non. Littéralement volés.
Écoutez, quand on prend des fonds
publics et qu'on dit: On va aller chercher...
M. Garon: On n'a pas pris un cent des fonds publics.
M. Dubois: ...des acheteurs de compagnies privées pour
l'écraser, c'est en plein ce qui se passe actuellement. C'est
évident et cela crève les yeux.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Huntingdon, vous employez des termes qui sont très forts.
M. Garon: M. le Président, je demanderais au
député de Huntingdon...
M. Dubois: Bien écoutez, je vais rajouter
"littéralement volés". C'est à peu près cela.
M. Garon: Quels fonds publics avons-nous pris, M. le
Président? J'aimerais demander cela au député de
Huntingdon.
M. Dubois: Pardon?
M. Garon: Quels fonds publics avons-nous pris?
M. Dubois: Écoutez, vous allez soumettre des prix que
l'entreprise privée ne peut concurrencer. Avec quoi faites-vous cela?
Vous faites raffiner du sucre produit au Québec, du brut de betterave
produit au Québec, à Toronto. Vous emmenez un contenu torontois,
un contenu ontarien, n'est-ce-pas?
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Mais oui.
M. Garon: Mais c'est assez simple. Je vous ai expliqué
cela cent fois.
M. Dubois: Ah oui! Vous avez étudié,
oui.
M. Garon: Sauf qu'on n'aurait jamais dû demander la
subvention au gouvernement fédéral. Cela a été une
erreur. Je vous dis bien franchement que lorsque la raffinerie de sucre a
parlé de demander une subvention au gouvernement fédéral,
qu'elle a dit y avoir droit en vertu de la loi fédérale et
pourquoi ne pas la demander, j'étais bien hésitant. J'ai dit: On
va me le reprocher, si je ne le fais pas. Je vous dis une chose: je n'aurais
pas dû le faire.
M. Dubois: Mais pourquoi revenez-vous là-dessus? Vous avez
signé l'entente.
M. Garon: Attendez un peu. Laissez-moi finir.
M. Dubois: Vous l'avez signée, l'entente.
M. Garon: Parce que cela nous a pris tellement de taponnage
là-bas, de politicaillerie, de fonctionnaires affiliés au Parti
libéral qui ne voulaient pas nuire aux libéraux en temps
d'élection, que la décision n'a jamais été prise.
Cela a retardé le projet d'un an. Toute l'affaire a été
retardée d'un an. Les 6 000 000 $ de subventions ont été
perdus dans la construction. Si on n'avait pas demandé un marché
avec une promesse, si on n'avait pas eu un cent du fédéral, cela
ne nous aurait pas coûté un cent de plus. On n'aurait pas eu la
subvention et cela nous aurait coûté de l'argent en moins. Mais on
n'aurait eu aucune condition. Lorsque l'année a été
passée, on a été obligé de continuer parce que
l'année était écoulée. Puis est arrivée la
condition de M. Pierre De Bané, le ministre de l'Expansion
économique régionale, de ne pas raffiner du sucre fin avant le
mois d'octobre 1985. C'étaient les pressions du cartel du sucre de
l'Ontario qui demandaient cela.
Face à cela, qu'est-il arrivé? C'est très simple.
Quand on a voulu faire raffiner du sucre - d'abord, par du sucre brut,
c'est-à-dire vendre le sucre brut, parce qu'à ce moment on a dit
qu'on voulait vendre du sucre brut, le prix que nous offrait la raffinerie de
sucre Saint-Laurent aurait été celui du sucre brut payé
par une raffinerie de sucre le meilleur marché au monde. On trouvait que
cela n'avait pas de bon sens, le prix était trop bas. Et comme, en nous
interdisant de faire du raffinage jusqu'en octobre 1985, on mettait le
Québec dans la position de demander un prix à un seul raffineur
qui nous offrait des prix épouvantablement bas, que s'est-on dit? On a
dit: II faut trouver une autre façon. Alors, on a pensé à
faire le raffinage à forfait et on a demandé au
fédéral si sa condition interdisait de faire faire du raffinage
à forfait. Il nous a dit non. On a donc demandé des prix de
raffinage à forfait d'abord à la raffinerie Sucre Saint-Laurent
qui a, dans un premier temps, refusé catégoriquement de faire du
raffinage pour la Raffinerie de sucre du Québec. Par écrit, en
plus.
Quand nous avons obtenu des prix de raffinage ailleurs, nous avons pu
finalement obtenir un prix de la raffinerie Sucre Saint-Laurent, après
vous être rencontrés, si ma mémoire est bonne. En tout cas,
à peu près à ce moment, il me semble que c'est
après, il faudrait que je révise les dates des rencontres et des
lettres, le prix était environ deux fois plus, le prix qu'on nous
demandait pour faire du raffinage à forfait à Sucre
Saint-Laurent, que celui de l'autre compagnie. Nous avons essayé de
faire baisser les prix et vous avez vu ensuite tout
le débat où on a dit: Bon, le gouvernement du
Québec est actionnaire, faisons un jeu politique et négocions
dans les journaux. Le député de Huntingdon s'est
prêté à cela, mais je ne suis pas convaincu que la
raffinerie Sucre Saint-Laurent a eu la meilleure stratégie dans ces
circonstances en décidant constamment de faire ses négociations
dans les journaux, parce qu'elle a aussi réussi à ameuter et
à effrayer tout le monde. Aujourd'hui, elle est prise dans une
négociation de contrat de travail où ses employés
craignent ses décisions. Les employés, craignant ce qu'on a dit
durant des mois, ne veulent plus changer la convention collective parce qu'ils
disent: Si vous voulez vraiment fermer vos portes, vous nous paierez les
indemnités qui sont prévues à la convention.
M. Dubois: La grève existait avant que le dossier soit
soulevé en Chambre.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Huntingdon.
M. Garon: Non, non, non.
Le Président (M. Gagnon): On va laisser terminer le
ministre. Après, vous aurez la parole, M. le député.
M. Garon: Alors, on peut jouer au fin fin, mais, vous savez,
lorsqu'on court...
M. Dubois: C'est le ministre qui a joué au fin fin.
M. Garon: ...deux lièvres à la fois, le danger,
c'est de rater les deux lièvres.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Le ministre n'a pas répondu à ma
question: Pourquoi aller dans la mise en marché du sucre quand cela va
bien au Québec? Il y a une entreprise privée qui a une
capacité excédentaire. Elle peut remplir tous les besoins en
sucre des Québécois. La raffinerie Sucre Saint-Laurent a une
capacité de 260 000 tonnes de raffinage annuellement; on en emploie 240
000, il y a 60 000 tonnes qui vont chez Steinberg et qui proviennent de
Atlantic Sugar. Finalement, on a besoin de 180 000 tonnes et Sucre
Saint-Laurent a une capacité de 260 000 tonnes. Lorsque le ministre dit
que M. De Bané lui a imposé de ne pas produire du sucre blanc
jusqu'en 1985, au moment où la subvention fut demandée au
ministère de l'Expansion économique régionale, il y avait
trois raffineries au Québec. Il y avait une capacité
excédentaire de tout près de 300 000 tonnes au Québec dans
le temps. Au moment où la demande a été faite, il y avait
Cartier, Redpath, à
Montréal, et il y avait aussi Saint-Laurent; je ne dis pas au
moment où la subvention a été accordée, mais au
moment où la demande a été formulée au
ministère de l'Expansion économique. Il y avait
déjà 300 000 tonnes de capacité excédentaire au
Québec. Alors, c'était bien normal que le gouvernement
fédéral ne mette pas encore de l'argent pour arriver avec une
quatrième raffinerie au Québec et peut-être 400 000 tonnes
excédentaires. Il ne faut quand même pas charrier.
M. Garon: Voyons donc!
M. Dubois: Lorsqu'on met des fonds publics dans quelque chose,
c'est parce qu'il y a un besoin quelque part.
M. Garon: Bien, voyons donc!
Le Président (M. Gagnon): Avez-vous terminé?
M. Dubois: Non, je n'ai pas terminé. Le
Président (M. Gagnon): Non? M. Dubois: Ah non!
Le Président (M. Gagnon): Alors, M. le ministre, on va
attendre qu'il ait terminé.
M. Dubois: Le ministre a soulevé cette question en Chambre
à au moins trois reprises, le fait que M. De Bané, un
Québécois, l'aurait empêché d'aller vers le
raffinage de produits finis.
M. Garon: C'est vrai.
M. Dubois: Quand la demande a été formulée,
puisqu'il y avait trois compagnies qui étaient très
excédentaires dans leur capacité de raffinage, à quoi cela
servait-il d'en avoir une quatrième?
M. Garon: Alors, je vais vous poser une question.
M. Dubois: Les tuer toutes les trois, est-ce cela que vous
vouliez? Les écraser toutes les trois dans le temps? Il en reste
seulement une aujourd'hui.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Garon: Je n'ai pas vérifié, vous auriez à
vérifier si Redpath, lorsqu'elle a construit en Ontario quelques
années auparavant, et si Labatt, qui a construit presque en même
temps que la raffinerie en Ontario, ont eu des subventions. Elles avaient des
capacités excédentaires dans tout l'Est du Canada. Vous savez que
Redpath venait
de construire en Ontario. Elle était sur un "phasing out" au
Québec. Au moment où on demandait la subvention au gouvernement
fédéral, la compagnie Redpath produisait, si ma mémoire
est bonne, autour de 40% de sa capacité. Je dis 40% approximativement,
je ne me souviens pas du chiffre exact. Elle produisait à un faible
pourcentage de sa capacité, parce qu'elle avait ouvert une nouvelle
usine en Ontario. Elle n'avait pas fait d'investissement depuis des
années au Québec, parce qu'elle s'était mise en position
de déménager sa raffinerie en Ontario. C'est la même chose
pour Labatt, qui a fait une raffinerie pour faire du sucre à base de
maïs. (17 h 30)
J'ai déjà donné des chiffres à
l'Assemblée nationale, mais je peux vous dire que cela a
entraîné un déficit considérable pour l'entreprise
en Ontario. Je me rappelle très bien que le député de
Huntingdon, dans le temps, disait qu'on n'était pas dans la technologie
moderne en utilisant la betterave, qu'on devrait utiliser le maïs.
Toutefois, l'entreprise qui utilisait le maïs, l'an dernier, a perdu 32
000 000 $. La Raffinerie de sucre du Québec, qui a à peu
près le même genre d'investissement, a perdu un peu moins de 2 000
000 $, soit 1 300 000 $ ou 1 400 000 $.
M. Dubois: Oui, 1 400 000 $!
M. Garon: Ce qu'on nous reproche...
M. Dubois: Additionnez tout ensemble et vous allez voir que cela
ne fait pas 1 400 000 $.
M. Garon: Ce qu'on nous reproche essentiellement... Pensez-vous
sérieusement, comme le dit le député de Huntingdon, qu'on
dérangerait le cartel du sucre si on n'était pas efficace?
M. Dubois: Vous...
M. Garon: Dans le temps des libéraux...
M. Dubois: ...vouliez entrer dans le cartel.
M. Garon: ...la Raffinerie de sucre du Québec ne
dérangeait personne. Personne n'en parlait, personne ne disait un
mot.
Le Président (M. Gagnon): Un instant...
M. Dubois: Vous voulez faire partie du cartel du sucre,
actuellement, c'est là le problème.
M. Garon: Sauf que...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Huntingdon, c'est extrêmement difficile d'enregistrer ces débats,
je présume, quand on parle deux ou trois en même temps. Laissons
parler le ministre.
M. Garon: J'aimerais savoir une chose, à part cela. La
Raffinerie de sucre du Québec a donné à raffiner du sucre
blanc fini pour le détail aux consommateurs de 1944 à 1973.
J'aimerais savoir combien cela a rapporté à la caisse
électorale du Parti libéral d'arrêter de faire du sucre
blanc raffiné en 1973.
M. Dubois: Ne reculez pas de 30 et 40 ans, on parle
d'aujourd'hui.
M. Garon: J'aimerais le savoir.
M. Dubois: On ne parle pas de 1940 et de 1950.
M. Garon: Alors que, dans toute l'histoire de la raffinerie,
pendant 30 ans, elle avait toujours fait du sucre blanc raffiné, de 1944
à 1973, vous avez signé un contrat avec Redpath à
Montréal pour fournir du sucre brut. En retour, vous vous engagiez
à ne plus faire de sucre raffiné. Trois ans plus tard, vous avez
décidé de fermer la raffinerie. Combien cela a-t-il
rapporté à la caisse électorale du Parti
libéral?
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Le ministre déterre les morts, M. le
Président, il parle de 1940 et de 1950.
M. Houde: II dit n'importe quoi.
M. Dubois: II n'était pas en politique alors et moi non
plus. Il ne faut pas aller si loin que cela.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Huntingdon a la parole.
M. Dubois: On parle du cas présent. J'ai posé une
question au ministre et il n'a pas encore répondu. Pourquoi aller dans
la mise en marché du sucre? Il ne m'a pas répondu à cela.
Il y a des raisons particulières.
M. Garon: ...
M. Dubois: Vous allez acheter du sucre aux États-Unis, si
vous ne pouvez pas l'avoir chez Redpath, Atlantic ou ailleurs,- parce qu'on me
dit que le ministre regarde actuellement vers les États-Unis pour
acheter du sucre. Alors, finalement, vous êtes rendu dans une
politique...
M. Garon: On regarde bien plus loin que vers les
États-Unis...
M. Dubois: Je n'ai pas fini, M. le Président.
M. Garon: ...on regarde vers le monde entier.
Le Président (M. Gagnon): Un instant, on va laisser le
député terminer.
M. Dubois: Là, le ministre participe à une
politique de dumping, parce que, premièrement, il prend du sucre de
l'Ontario et on est excédentaire au Québec en raffinage. Il
amène du sucre de l'Ontario au Québec. Il amène du sucre
des Maritimes au Québec. Là, il est en train de regarder aux
États-Unis pour ramener du sucre des États-Unis au Québec.
C'est une vraie politique de dumping que vous appliquez actuellement. Vous
parlez souvent vous-même du dumping de produits étrangers qui nuit
aux Québécois. Là, vous pratiquez exactement ce que vous
prêchez que les autres font.
Par exemple, lorsque vous dites que le fédéral est un
instrument de dumping de certains produits...
M. Garon: De quel dumping parlez-vous?
M. Dubois: Vous faites le dumping du sucre, actuellement, au
Québec? Non?
M. Garon: Comment est-ce que je fais cela?
M. Dubois: Vous allez chercher du sucre dans les autres provinces
et vous l'amenez ici. On était à 60%...
M. Garon: Non, c'est notre sucre brut.
M. Dubois: ...autosuffisant dans le raffinage l'an passé
au Québec. N'est-ce pas? Avec votre nouvelle politique, on n'est
autosuffisant qu'à 25%, parce que le sucre est raffiné soit dans
les Maritimes, soit en Ontario, mais pas au Québec. Vos 42 000 tonnes
qui sont vendues à Métro et à Provigo ne seront
certainement pas raffinées au Québec de la façon dont
c'est parti. Vous êtes déjà engagés avec Redpath.
Pour combien de temps? Je ne le sais pas. Je n'ai pas lu le contrat et je ne
l'ai pas vu. Mais vous êtes quand même engagés avec Redpath
pour faire raffiner du sucre. Ce sucre qui n'est pas raffiné au
Québec est raffiné en Ontario.
L'autosuffisance dans le raffinage de produits finis - je ne parle pas
de produits bruts comme la betterave ou la canne, mais de l'autosuffisance dans
les produits finis -qui était de 60% l'an passé est rendue
à 25% actuellement grâce à votre politique. Pourquoi
arriver avec des politiques comme celle-là? Qu'est-ce que cela vous
donne et qu'est-ce que cela donne aux Québécois que la Raffinerie
de sucre du Québec nous livre du sucre Marie perle ou qu'on consomme du
sucre de la compagnie Sucre Saint-Laurent?
Je n'ai pas peur de vous prouver que, pour la récolte 1980-1981,
le sucre brut de betterave qui était raffiné par Saint-Laurent
avait un contenu québécois plus grand que ce qu'on a
actuellement, parce qu'on n'a pas de main-d'oeuvre de raffinage
québécoise; on a seulement le brut québécois.
Tandis que, en 1980-1981, on avait le brut et la main-d'oeuvre qui provenait de
Montréal. Ce n'est pas un contenu québécois plus grand
qu'on a actuellement, c'est un contenu québécois plus faible.
Vous avez, en plus, ouvert la porte à Redpath, de Toronto, qui
peut mieux s'attaquer au marché du Québec, parce qu'elle a un
contenu québécois dans son sucre, présentement. Elle peut
aller sur le marché institutionnel au Québec. Elle peut aller
vers les compagnies qui ont eu des subventions de la SDI, parce qu'elle a
présentement un contenu québécois, ce qu'elle n'avait pas
avant. Redpath a un contenu québécois, le sucre brut de betterave
est rendu là-bas. Elle a un contenu québécois, ce qu'elle
n'avait pas l'an passé.
Il y a des raisons particulières pour lesquelles le ministre est
allé vers la mise en marché du sucre...
M. Garon: L'an dernier, on a vendu du sucre à Redpath.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez terminé?
M. Dubois: Durant deux années, M. le ministre, la
raffinerie de sucre Saint-Laurent a raffiné votre brut. Durant deux
années.
M. Garon: L'an dernier, on a vendu à Redpath.
M. Dubois: Vous parlez de la récolte de 1982.
M. Garon: Non, non. L'an dernier... M. Dubois: 1980 et
1981.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous avez
terminé votre question, M. le député de Huntingdon?
M. Dubois: J'ai demandé au ministre d'expliquer pourquoi
il se dirige vers la mise en marché du sucre au Québec quand
l'entreprise privée fait son travail. Pourquoi?
Le Président (M. Gagnon): La parole est
au ministre.
M. Garon: Le contrat qui a été fait avec Redpath
était fait dans le temps des libéraux.
M. Dubois: II ne répond pas.
Le Président (M. Gagnon): On va lui laisser le temps de
parler.
M. Garon: Le contrat qui a été fait avec Redpath,
vous savez, a été fait dans le temps des libéraux. L'an
dernier, on a vendu du sucre à Redpath. 10 000 tonnes. C'était la
moitié à Toronto et la moitié à Montréal que
le sucre brut était vendu. L'année précédente, en
1981, on avait vendu le sucre à 100% à Redpath.
M. Dubois: Quand Redpath était à
Montréal.
M. Garon: Elle était en déménagement.
M. Dubois: C'est cela. Quand elle était à
Montréal. Pas à Toronto, n'est-ce-pas?
M. Garon: Elle était en déménagement.
M. Dubois: Quand Redpath a été rendue à
Toronto, vous avez vendu une partie de votre brut de betterave à
Saint-Laurent et une partie à Redpath.
M. Garon: On en a vendu une année. M. Dubois: Deux
années.
M. Garon: Comment se fait-il que, dans le temps des
libéraux, vous ne vendiez pas cela avant?
M. Dubois: Écoutez, ne reculez pas dans...
M. Garon: Non, non, non.
M. Dubois: Ne déterrez pas les morts. Cela fait sept ans
que vous êtes là.
M. Garon: Oui, mais comment se fait-il que vous n'étiez
pas capables de vous entendre avec Saint-Laurent?
M. Dubois: Cela fait sept ans que vous êtes là. On
parle de votre politique actuelle, on ne parle pas des politiques
antérieures. Je n'étais pas ici avant 1976 et vous non plus.
M. Garon: Non.
M. Dubois: Je vous parle de la politique que vous venez
d'établir il y a quelques mois...
M. Garon: Oui.
M. Dubois: ...d'aller vers la mise en marché du sucre.
Pourquoi? C'est ce que je demande. Pourquoi? Qu'est-ce que cela va donner de
plus aux Québécois, demain? Premièrement, les jobs qu'on
risque de faire perdre à Montréal...
M. Garon: Voyez-vous, on a...
M. Dubois: ...deuxièmement, du raffinage à Toronto,
du sucre du Nouveau-Brunswick, ici... Alors qu'est-ce que cela donne aux
Québécois?
M. Garon: Non, non, non.
M. Dubois: Oui, elle en offre.
Le Président (M. Gagnon): Alors pourquoi, M. le
ministre?
M. Garon: M. le Président, le député de
Huntingdon peut penser rendre service à Sucre Saint-Laurent. Quant
à y être, je vais lui passer le message suivant: II reste peu de
temps avant qu'on prenne la décision d'installer de la machinerie pour
faire le raffinage au Québec à la Raffinerie de sucre du
Québec. Si la raffinerie de sucre Saint-Laurent est
intéressée à raffiner pour la Raffinerie de sucre du
Québec, elle est mieux d'arrêter ses déclarations dans les
journaux et d'essayer de faire des "briefings" avec le député de
Huntingdon, et de négocier avec la Raffinerie de sucre du
Québec.
M. Dubois: ...
M. Garon: Parce que, très bientôt...
M. Dubois: Question de règlement.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je pose des questions sur la
mise en marché du sucre parce qu'il y a 400 emplois à
Montréal qu'il est important de protéger et c'est ce que je veux
faire.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Garon: Je peux vous dire une chose, M. le Président.
C'est qu'à partir d'octobre 1985, tout le raffinage du sucre se fera au
Québec, parce que la condition posée par le ministre
fédéral, M. Pierre De Bané, aura atteint son
échéance. À ce moment, nous aurons toute liberté
pour faire raffiner notre sucre où nous voudrons. On pourra faire les
gorges chaudes qu'on voudra. Pour être prêts en octobre 1985, cela
nous prend plusieurs
mois de préparation pour installer les équipements qu'il
faut. Je n'ai pas l'habitude de faire des sparages quand je fais des
affaires.
Je vais vous dire une chose: Si les gens veulent faire des sparages, je
vais répondre aussi clairement. Ceux qui veulent ou qui pensent vouloir
ou qui laissent entendre qu'ils veulent, qu'ils négocient; parce que,
lorsque les échéances d'octobre 1985 seront arrivées, les
directives seront de nous installer nous-mêmes si on ne peut pas faire
autrement.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Maskinongé.
M. Garon: Et peut-être quand même de nous installer
nous-mêmes pour ne pas être pris au piège.
M. Dubois: Pas de port de mer et vous allez vers le
raffinage.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, merci. Le ministre se vante
très souvent de bien administrer les fonds publics et de faire en sorte
que cela ne coûte pas cher aux Québécois, que son
administration est bien transparente, etc. Avant de se lancer dans la mise en
marché du sucre, il y a sûrement eu une étude de
faisabilité qui a été faite quelque part,
c'est-à-dire que si on me dit qu'il n'y a pas eu d'étude de
faisabilité, on va comprendre le fouillis et tout ce qui se passe
à l'intérieur de ce programme, de cette situation et de cette
boîte.
Mais s'il me dit qu'il y a eu une étude de faisabilité et
que son affaire est prospère, que cela va bien, qu'on lui a dit: Ouvrez
les valves, M. le ministre, vous allez voir que cela va bien aller, puis vous
pouvez embarquer et voir grand là-dedans, le ministre n'a sûrement
pas d'objection parce qu'il est transparent, le ministre n'a sûrement pas
d'objection, parce qu'il administre bien les fonds publics, à
révéler et déposer à cette commission cette
étude de faisabilité et à nous démontrer en noir
sur blanc qu'il avait raison de s'embarquer et de la façon qu'il s'est
embarqué. Le ministre est capable de répondre à cela. Tout
ce que je lui demande, c'est de répondre à cela: l'étude
de faisabilité, qu'il nous la fournisse. S'il n'y a pas d'étude
de faisabilité concernant la mise en marché, on va comprendre
bien des choses et on sera peut-être bien compréhensif; on ne
posera plus de questions au ministre parce que cela nous aura
démontré qu'il ne sait pas où il s'en va.
S'il y a une étude de faisabilité, il a juste à
nous la donner. Et je pense qu'on va comprendre facilement que si on lui a dit
d'ouvrir les valves et que cela allait bien, on va comprendre facilement. S'il
nous dit qu'il n'est pas capable de nous la déposer, on va comprendre
qu'il y a un tas de cachettes là-dedans. S'il y a de la cachette, qu'il
ne reproche pas à l'Opposition de vouloir aller piger et aller fouiller
dans ses cachoteries.
Le Président (M. Gagnon): Merci. Avant de donner la parole
au ministre, je veux vous dire qu'il n'y a pas de dépôt en
commission parlementaire. Mais si le ministre veut vous donner les
informations... Alors, M. le ministre.
M. Garon: Essentiellement, le député de
Maskinongé, qui se fait le défenseur et surtout le commanditaire
et le représentant du cartel du sucre de l'Ontario, n'aura pas nos
données de base qui lui permettraient de faire de la concurrence; on ne
connaîtra pas quel est notre seuil de rentabilité, à quel
moment on fait de l'argent et nos différents chiffres. Pourquoi? Parce
que nous sommes en concurrence avec des concurrents de l'Ontario. Sauf que je
lui dirai ceci pour éclairer sa lanterne, s'il y a du jus dans la
lanterne pour l'éclairer: La marge entre le sucre brut et le prix du
sucre raffiné s'est élargie considérablement depuis 1977
et je ne sais pas si le député de Huntingdon est au courant de ce
qu'était la marge entre le prix de vente du sucre brut et le prix de
vente du sucre raffiné en 1977 et de ce qu'est la marge entre le prix de
vente du sucre brut en 1983 et le prix de vente du sucre raffiné. Est-ce
que le député de Huntingdon pourrait répondre à
cela? Connaît-il la marge entre les deux?
M. Dubois: Répondez au député de
Maskinongé et je vais poser des qestions tout à l'heure.
M. Garon: Alors, je constate que le député de
Huntingdon, en se renseignant auprès du cartel du sucre de l'Ontario ou
de l'Institut canadien du sucre, qui en est le prolongement...
M. Dubois: M. le Président, je suis au courant du prix du
sucre brut: j'ai les tableaux depuis 40 ans, le haut, le bas, et la moyenne,
annuellement.
M. Garon: Non, pas cela. L'écart entre les deux?
M. Dubois: Je n'ai pas une facture d'achat de sucre à
l'épicerie d'il y a cinq ans. Je vous parle de brut. Vous vous
êtes basé sur des prix très hauts, les hautes moyennes, au
lieu de vous baser sur la basse moyenne, alors que c'est là que se situe
le problème de la Raffinerie de sucre du Québec.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, vous avez
à nouveau la parole.
M. Garon: En répondant et en concluant...
M. Picotte: En répondant!
M. Garon: ...et en tentant d'éclairer l'Opposition... En
1977, l'écart entre le prix brut et le prix raffiné était
autour de quatre cents et, en 1982-1983, aujourd'hui, l'écart entre les
deux est de treize cents; cela variait entre 0,03 $ et 0,05 $ en 1977, alors
qu'il y a 0,13 $ et 0,17 $ entre le brut et le raffiné en 1983. Je ne
sais pas si vous comprenez ce que cela veut dire. Cela veut dire...
M. Dubois: Le ministre est tellement faible dans les chiffres
qu'il n'a pas d'explication à me donner sur les chiffres. Cela
paraît qu'il n'a jamais rien administré de lui-même, cela
paraît énormément.
M. Garon: Est-ce qu'il y a moyen de le faire tenir tranquille, M.
le Président? Il va falloir lui mettre une camisole de force si cela
continue.
M. Picotte: C'est au ministre que l'on va installer cela
bientôt. Parce que, pour vous, on n'en a pas d'assez grande.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, vous avez la
parole. Essayez de ne pas provoquer de réaction de l'autre
côté, de façon que l'on puisse terminer.
M. Garon: Le député de Maskinongé a
déjà renoncé parce qu'il dérangerait les autres.
Mais...
M. Picotte: Allez chercher votre camisolel
M. Garon: Entre 0,13 $ et 0,17 $. Ce qui veut dire
essentiellement, dans le monde du sucre... On sait que c'est un monde de
concurrence et différent des autres milieux, que lorsque les gens se
groupent, ils peuvent décider fortement des achats, peser sur le prix
des achats souvent parce qu'ils sont dans une position de négociation
plus forte, et c'est le piège dans lequel on a essayé d'amener la
Raffinerie de sucre du Québec en lui disant: Vous n'allez être que
dans le sucre brut et là on va vous fixer le prix auquel on va acheter.
Vous n'aurez aucune chance de faire autrement que d'accepter le prix que nous
vous offrirons et vous serez complètement coïncés. Nous
avons décidé de ne pas rester coïncés et de vendre
directement au consommateur pour obtenir le prix du marché de
détail. (17 h 45)
M. Houde: ...avec 1 400 000 $.
M. Garon: Ceci est absolument normal. Aussitôt qu'une
société d'État est dans la production d'un bien, elle ne
pourra pas vendre directement aux commerces? Voyez-vous l'Hydro-Québec
obligée de vendre à une société privée pour
vendre son électricité au consommateur?
Hydro-Québec, une société d'État
nationalisée dans le temps des libéraux, évidemment
grâce à M. René Lévesque, ministre à ce
moment-là, a décidé de vendre au consommateur; avez-vous
trouvé un scandale à cela? La plupart des sociétés
d'État vendent directement au consommateur. La raffinerie de
sucre...
M. Dubois: Et la Société nationale de
l'amiante!
M. Garon: Jusqu'en 1973, elle avait raffiné jusqu'au
marché de détail, de 1944 à 1973, sans exception. Cela
avait commencé avec l'honorable Adélard Godbout, s'est
continué sous l'Union Nationale et sous les libéraux. En 1973, il
a été décidé de vendre aux multinationales,
c'est-à-dire au cartel du sucre.
Quelle raison peut-on invoquer pour faire en sorte de mettre la
Raffinerie de sucre du Québec dans ce piège où elle ne
peut plus vendre au consommateur mais uniquement aux gens qui ont
constitué un groupement que tous connaissent comme une forme de cartel?
C'est une chose connue publiquement.
On le sait, M. André Ouellet a déjà, à titre
de ministre des Consommateurs, essayé de faire certaines
démonstrations. On a même dit qu'il avait été assez
loin dans sa tentative mais, par ailleurs, le gouvernement libéral
à Québec essayait en même temps d'empêcher une
entreprise au service des agriculteurs de pouvoir obtenir le meilleur prix pour
son produit. Nous avons alors dit: Nous faisons une raffinerie de sucre ou nous
n'en faisons pas. Les libéraux voulaient la fermer, mais nous avons
décidé de la maintenir, de la moderniser et de ne pas la mettre
en tutelle parce qu'elle pourrait être vétuste.
Actuellement, l'entreprise est moderne et je suis heureux que les
députés du Parti libéral en parlent beaucoup de sorte que,
lorsque viendra l'inauguration officielle au mois d'octobre, des milliers de
personnes se presseront aux abords de la raffinerie pour voir cet
établissement qui a suscité autant de curiosité. Et je
peux vous dire qu'un grand drapeau fleurdelisé se déploiera sur
le toit, qui est déjà là d'ailleurs... Les gens seront
fiers des...
M. Dubois: Est-ce que je peux vous poser une question?
M. Garon: ...réalisations de la
Raffinerie de sucre du Québec parce qu'ils diront qu'elle a
réussi un virage technologique dans le secteur du sucre au Québec
qui est réalisé par des Québécois. Je peux vous
dire que le panneau des commandes...
Le Président (M. Gagnon): En terminant, M. le
ministre.
M. Garon: ...doit avoir des boutons automatiques...
Une voix: Arrêtez de faire le fou!
Une voix: II est "flyé", attrapez-le vite!
M. Picotte: II n'est pas "flyé", il est
"flagué".
M. Garon: Je peux vous dire que le panneau des commandes doit
avoir seulement des boutons automatiques pour faire fonctionner la raffinerie.
Le panneau des commandes doit avoir environ 30 pieds de largeur. Sur le plan
technologique, c'est de toute beauté de voir cette raffinerie dont le
potentiel est incroyable. Maintenant, je tiens à vous dire que je n'en
parlerais pas avec fierté si j'en avais honte et que nous ferons une
grande inauguration à l'automne.
M. Dubois: ...votre...
M. Garon: On en fera une vraie et j'espère que vous ne
nous reprocherez pas cette "visibilité" dans le but de montrer aux gens
la raffinerie dont vous aimez parler; et on procédera au même
moment... On vient d'acheter, MM. les députés de la
région, une nouvelle empileuse de 500 000 $ pour empiler plus
rapidement, parce que la betterave entre sur un temps riche! Cette année
j'espère que nous atteindrons notre objectif, qui était d'environ
350 000 tonnes pour 1983.
Une voix: Si vous ne l'atteignez pas...
M. Garon: II y a plus de 7000 hectares qui sont ensemencés
cette année...
M. Picotte: ...drapeau, si vous l'atteignez.
M. Garon: Nous avons encore de la semence pour quelques hectares
cette année. Nous avons augmenté l'assurance-stabilisation de 100
hectares à ZOO hectares.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, est-ce que je
peux vous demander de terminer parce qu'il nous reste environ 10 minutes pour
finir l'étude des crédits?
M. le député de Maskinongé, oui, sur le sucre?
M. Picotte: Oui, je conclus que le ministre n'a pas de
réponse à m'apporter, son histoire n'est pas plus solide qu'il
faut, il n'est pas question de son étude de faisabilité, on ne
saura rien. Son affaire est toute mélangée. Le ministre prend des
raccourcis qui sont évidemment étroits et je lui conseillerais de
ne pas prendre cela trop étroit dans son cas. Il a associé
à un certain moment la raffinerie de sucre à HydroQuébec,
M. le Président. Il faut se rappeler que la société
Hydro-Québec, dans le temps a été nationalisée dans
le but d'aller fournir de l'électricité à des populations
qui n'en avaient pas, ou peu ou à qui on ne pouvait pas offrir le
service hydroélectrique et, à ce que je sache, personne n'a
manqué de sucre au Québec à ce jour. Les
Québécois sont très bien servis du côté du
sucre. Le ministre aurait pu en manger encore plus qu'il n'en a mangé et
personne n'aurait manqué de sucre. Le ministre n'en aurait pas
manqué non plus et je pense qu'on prend un raccourci ou un corridor qui
est trop étroit, ou c'est l'étroitesse d'esprit du ministre qui
lui fait tenir ce langage.
Ce n'est vraiment pas intelligent de nous avoir fourni une telle
réponse. M. le ministre, voici la question que je me pose. Je terminerai
sur ce point pour laisser ensuite la parole à mon collègue. Vous
aviez dit que vous vouliez nous faire un portrait il y a quelques instants. N'y
aurait-il pas dans votre portrait une idée un peu, de votre part et de
celle de votre voisin de droite, d'aller ramasser facilement à un
certain moment la raffinerie Sucre Saint-Laurent après lui avoir
enlevé des clients et après avoir tout organisé pour que
cela devienne non rentable? Je me demande s'il n'y avait pas une idée
géniale de votre part comme fond de scène d'aller chercher cela
facilement, avec un petit gain facile, tranquillement pas vite, de vous
introduire dans cette raffinerie et de faire ce que SOQUIA a fait dans bien des
cas, parfois heureusement, d'autre fois malheureusement, parce que si on
regarde, dans la liste des compagnies associées à SOQUIA, le
nombre de faillites, de saisies d'actifs et de ventes, c'est
phénoménal, cela ne prend pas de grands administrateurs pour en
arriver à de tels résultats dans certains cas. Est-ce que cela ne
serait pas le vrai fond du portrait? Dites-moi que ce n'est pas cela et je vais
vous croire, parce que vous ne mentez jamais, mais j'aurai quand même des
doutes.
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Savez-vous ce qu'est le
marché du sucre? On est dans un système canadien, on a même
vendu un peu aux États-Unis, l'an dernier et on voudrait vendre
davantage. Le marché du sucre en Ontario, au Québec et dans les
Maritimes est de 750 000 tonnes. Traditionnellement, au Québec, on
fabriquait
plus de sucre qu'on n'en consommait. Maintenant les raffineries se sont
déplacées en Ontario. Est-ce que cela veut dire qu'au
Québec, quand on parle du marché du sucre, on doit parler
uniquement du marché québécois et agir comme si tout ce
qui est produit au Québec ne peut pas sortir du Québec, mais
qu'il n'est pas impossible pour le Nouveau-Brunswick de vendre chez nous, pour
l'Ontario de vendre chez nous, et que Sucre Saint-Laurent ou la Raffinerie de
sucre du Québec ne pourraient pas vendre en Ontario ou dans les
Maritimes? Moi, je réponds c'est de la "boulechite" parce que le
marché de l'Est actuellement, c'est-à-dire l'Ontario, le
Québec et les Maritimes, c'est 750 000 tonnes. Nous n'avons pas
l'intention de vendre du sucre seulement au Québec. Nous désirons
en vendre à l'Ontario, avec des marques anglaises, en plus, pour ne pas
nous faire boycotter parce qu'on y pense que le sucre vient du Québec.
Nous en vendrons partout. L'Amérique du Nord est notre marché. Il
n'y aura pas de limite. Dans les achats qu'on peut faire, dans la transaction,
il n'y a pas de limite non plus.
M. Dubois: Écoutez, c'est ridicule, les États-Unis
sont autosuffisants à moins de 30 000 tonnes.
M. Garon: Dans ces 30 000 tonnes qui se vendent à un prix
beaucoup plus élevé aux États-Unis, pourquoi ne
vendrions-nous pas? Pourquoi dirait-on que nous allons laisser des compagnies
de l'Ontario vendre...
M. Dubois: La nouvelle loi à Washington peut changer tous
ces calculs.
M. Garon: La nouvelle loi? Demandez-vous pourquoi elle existe.
Demandez-vous pourquoi la bêtise a été faite l'an dernier
de prendre le quota pour empêcher la Raffinerie de sucre du Québec
d'en vendre un peu en janvier. On a fait en sorte de vendre les deux quotas
d'octobre et de janvier en octobre à la suite des appels que j'ai faits
à M. Whelan pour essayer de garder ou d'obtenir un meilleur contenu
canadien sur le sucre importé aux États-Unis. Posez-vous la
question. Si les gens avaient été moins gourmands - ils voulaient
tout garder pour eux - en ramenant les deux quotas de janvier et d'octobre en
octobre, peut-être que les lois que vous retrouverez maintenant aux
États-Unis n'existeraient pas.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Huntingdon, j'aimerais vous demander si le programme 5 est adopté.
M. Dubois: Oui, M. le Président. Je voulais poser une
petite question au ministre. Je voudrais savoir si, lors de ses
festivités d'inauguration, il invitera les 400 employés de Sucre
Saint-Laurent. Avez-vous l'intention d'inviter à votre inauguration ces
400 employés qui risquent de perdre leur emploi?
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Voyons donc! vous avez
déjà vu la négociation collective. Sucre Saint-Laurent dit
constamment que si nous ne lui donnons pas un prix de faveur, que si nous ne
lui donnons pas un prix plus élevé, la raffinerie fermera ses
portes.
Par ailleurs, vous avez dû le constater, les employés sont
en négociation et ont une clause qui leur garantit une
sécurité d'emploi avec une indemnité très forte.
S'ils sont mis à pied, l'entreprise, qui a effrayé tout le monde
pendant des semaines et des mois, avec la complicité du Parti
libéral...
M. Dubois: C'est le ministre qui est complice.
M. Garon: ...se retrouve aujourd'hui devant des employés
qui disent: On a une clause de sécurité et on ne veut pas la
laisser tomber parce que vous faites peur constamment en disant qu'on va
fermer.
M. Dubois: M. le Président, une question de
règlement.
M. Garon: Alors, pouvez-vous blâmer les employés
aujourd'hui?
M. Dubois: S'il y a un complice dans le domaine du sucre, c'est
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: C'est visa le noir, tua le blanc.
M. Dubois: Premièrement, il est complice de la perte de
400 emplois; deuxièmement, il est complice du dumping;
troisièmement, il est complice d'achats faits en Ontario, aux
États-Unis et au Nouveau-Brunswick. Il est complice de tous les malaises
qui arrivent dans le sucre, c'est le ministre qui est complice de cela.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que le programme 5 est
adopté?
M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: Je me permettrai de dire seulement une chose au
ministre, il reste cinq minutes. J'aurais aimé poser plusieurs questions
concernant SOQUIA. On n'aura pas le temps éventuellement et on n'est pas
pour vider ce dossier en cinq minutes, ce n'est pas vrai, parce qu'on en a pour
quelques heures sûrement. Est-ce que le ministre accepterait, ou s'il
peut me dire s'il a l'intention, d'ici la fin de la session, non pas à
l'intérieur d'une commission parlementaire
comme l'étude des crédits, de convoquer les gens de SOQUIA
pour les interroger sur leur administration, au sujet d'une foule de
transactions où elle a été partie? Est-ce que le ministre
a l'intention de convoquer cette commission parlementaire où on aurait
le loisir, dans une demi-journée, dans une journée même, de
parler de SOQUIA? S'il me répond oui, je dois lui dire que nous aurons,
nous de l'Opposition, le consentement à donner, si cela nécessite
une troisième commission durant nos travaux. Sinon, je demanderais au
ministre de garder le président-directeur général de
SOQUIA auprès de lui pour quelques heures afin de se faire conseiller,
parce qu'il y aura des questions qu'on n'aura pas le loisir de poser en
commission parlementaire et que l'on posera au sujet de chacune des industries
dont SOQUIA fait partie en période de questions à
l'Assemblée nationale. J'aimerais bien qu'il puisse au moins se
renseigner sur bien des choses afin de pouvoir nous répondre à
l'Assemblée nationale s'il ne veut pas le faire en commission
parlementaire. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Garon: M. le Président, le député de
Maskinongé devrait être un peu plus réveillé. Il
saurait que ma réponse est affirmative, pour la raison suivante. J'ai
présenté, aujourd'hui, en première lecture, un projet de
loi, en vue de l'adopter. Donc, il devrait y avoir une deuxième lecture
et éventuellement une commission parlementaire, puisque nous envisageons
de faire adopter ce projet de loi avant l'ajournement du mois de juin.
M. Picotte: Je regrette, on ne s'est pas bien compris. Je ne veux
pas faire perdre le temps de personne. Je sais qu'on aura, en commission
parlementaire, une étude article par article, ce qui ne nous donnera pas
le loisir de poser toutes les questions que nous voulons poser sur SOQUIA. Ce
n'est pas cela que j'ai demandé. En commission parlementaire, on
étudiera tous les articles, on n'a pas d'objection à cela; mais
il y a une foule de questions qu'on ne pourra pas poser à l'étude
article par article, parce qu'on nous dira: Cela ne fait pas partie de cette
loi, réveillez-vous, M. le député de Maskinongé,
vous n'êtes pas dans la bonne commission. Notre ministre national est un
spécialiste de ce genre de répliques. Ce n'est pas cela qu'on
veut. Il y a une foule d'affaires sur l'administration quotidienne de SOQUIA
auxquelles on s'intéresse et c'est de cela que je vous parle. On le fera
lors de l'étude article par article, ne soyez pas inquiet, on sera
là.
M. Garon: Le député de Maskinongé peut faire
tous les sparages qu'il voudra. On vient de passer 20 heures à
l'étude des crédits. Il y a eu des questions
générales au début qui pouvaient porter sur n'importe
quoi. À toutes fins utiles, il n'y a pas eu vraiment de questions sur
SOQUIA. Il y a eu quelques questions que vient de poser le député
de Hungtindon sur la raffinerie de sucre. Je ne parle pas de l'étude des
crédits programme par programme, cela n'aurait pas été
possible, parce qu'à l'étude des crédits, les programmes
ne couvrent pas SOQUIA. Mais, lors de l'analyse générale des
choses qui relèvent du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, lors de l'étude
générale des crédits, les questions portent sur n'importe
quoi, et, à ce moment, l'Opposition aurait eu tout le loisir de poser
des questions sur SOQUIA, mais elle ne l'a pas fait.
Le Président (M. Gagnon): Une question de
règlement.
M. Picotte: Un point de règlement. J'ai fait demander par
mon collègue de Beauce-Sud, qui est ici présent, au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, et cela a
été une discussion personnelle: si on aurait le loisir d'avoir le
personnel de SOQUIA pour pouvoir lui poser des questions. Le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a répondu que
c'était hors budget, que cela ne le concernait pas et qu'il n'avait pas
l'intention de le faire entendre. (18 heures)
M. Garon: Non.
M. Picotte: C'est cela qu'on nous a répondu. Aujourd'hui,
on a ici le représentant de SOQUIA. L'on sait très bien où
on en était rendu et qu'à toutes fins utiles on ne pouvait pas le
questionner.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Garon: Ceci n'est pas exact. Le député de
Beauce-Sud m'a demandé de questionnner M. Marier, président de
SOQUIA, et qu'il soit ici audjourd'hui. Il a été ici toute la
journée. Il était ici ce matin et cet après-midi.
Deuxièmement, il est exact que je lui ai répondu qu'à ce
moment-là nous étions à l'étude des crédits
programme par programme. Il me semble qu'étant donné que nous
sommes dans cette étude programme par programme, on devrait
procéder programme par programme. Le député de Beauce-Sud
sait que, dans l'analyse préliminaire des crédits, avant qu'on
aborde l'étude des crédits programme par programme, l'Opposition
peut poser des questions sur n'importe quoi. Nous n'avons jamais refusé
de répondre.
M. Mathieu: Question de règlement, M. le
Président.
M. Garon: Mais, à ce moment-là, personne n'a voulu
poser de questions sur SOQUIA.
Le Président (M. Gagnon): Sur la question de
règlement, M. le député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Juste pour rétablir ceci. Il est exact
qu'à la demande du député de Maskinongé, j'ai
demandé au ministre, la semaine dernière, que nous ayons ici M.
Marier, de SOQUIA. À la suite d'une conversation avec le ministre, j'ai
cru comprendre que ce seraient les crédits extrabudgétaires et
non pas budgétaires; on s'est quitté comme cela. J'ai conclu que
M. Marier n'y serait pas.
M. Garon: II était là. J'ai demandé
personnellement à M. Marier, hier soir, d'être présent
aujourd'hui, car l'Opposition a manifesté le désir de poser des
questions au sujet de SOQUIA. J'ai répondu au député de
Beauce-Sud que SOQUIA présentait des crédits
extrabudgétaires. Je ne lui ai pas dit que c'était habituellement
dans les remarques préliminaires que c'était la tradition, au
début de l'étude des crédits, de poser des questions
générales avant d'aborder l'étude des crédits,
programme par programme.
M. Picotte: Ne perdons plus de temps, M. le Président, on
va s'organiser pour poser ailleurs les questions qu'on a à poser.
Le Président (M. Gagnon): MM. les députés,
je dois vous dire que je dois suspendre les travaux. Il est 18 heures. Si vous
le désirez... L'ordre de la Chambre est de ne pas dépasser 18
heures. Par contre, il vous reste trois heures. Il semblerait que vous aviez
vingt heures pour l'étude des crédits et on y a
déjà consacré 17 heures. Je dois donc ajourner les travaux
sine die.
M. Houde: C'est pour les enfants, ça.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! S'il vous
plaît! Est-ce que le programme 5 est adopté avec les
éléments 1, 2 et 3?
M. Mathieu: M. le Président, adopté, avec une
baisse inadmissible à l'élément 2, développement
des marchés.
Le Président (M. Gagnon): L'élément 2 est
adopté?
M. Mathieu: Adopté sur division.
Le Président (M. Gagnon): Adopté sur division.
M. Garon: Diviser pour régner.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce qu'on adopte les deux
autres programmes, 8 et 9? Le programme 8 est-il adopté?
M. Mathieu: Quelle en est la conséquence, M. le
Président? Si on adopte les programmes 8 et 9, cela veut dire qu'on ne
fait plus l'étude des crédits s'il reste du temps à notre
disposition? Cela veut dire qu'on ne peut plus revenir sur ce sujet?
Le Président (M. Gagnon): On peut revenir sur les
programmes 8 et 9. La commission est libre de ses travaux. Il reste trois
heures.
Alors, la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 03)