(Quinze heures sept minutes)
Le Président (M. Marcoux) :
Comme nous avons le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'administration publique ouverte. Je demande à toute personne de bien
vouloir ou fermer ou placer en mode silencieux son appareil
téléphonique, si ce n'est pas déjà fait.
Donc, selon
l'avis de convocation, l'objet de cette séance est de procéder à l'audition qui
porte sur le contrôle et la surveillance
de l'assainissement des eaux usées municipales et le contrôle et
la surveillance de la production d'eau potable.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements
ou des membres temporaires?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Drolet (Jean-Lesage) est remplacé par M. Sklavounos (Laurier-Dorion), et, comme membre
temporaire, il y aura M. Lessard (Lotbinière-Frontenac).
Le Président (M. Marcoux) :
Alors, merci. Donc, comme prévu, après les remarques préliminaires de nos
invités, il y aura une discussion et des échanges avec les membres de la commission
pour une période d'environ 2 h 30 min à peu près, et le temps va
être partagé entre les différents groupes parlementaires qui sont représentés à
la commission. Et donc nous allons le faire toujours de façon assez flexible
pour que les échanges puissent être le plus fructueux possible.
J'invite tout
d'abord M. le Vérificateur général peut-être à dire un mot et puis, après, M.
Jean Cinq-Mars, qui est le Commissaire au développement durable, qui d'ailleurs
a présenté son rapport en février dernier, si ma mémoire est bonne, donc nous
faire un résumé de ses observations qui portent sur les deux sujets qui font l'objet
du mandat de l'audition de la commission cet
après-midi. M. Cinq-Mars, et peut-être vous inviter également à présenter les
personnes qui vous accompagnent. Oui, M. le Vérificateur général?
M. Samson (Michel) : Un petit
mot, oui.
Le Président (M. Marcoux) :
Oui.
• (15 h 10) •
M. Samson
(Michel) : Merci, M. le Président. M. le Président, MM. les
membres de cette commission, MM. les sous-ministres ainsi que les gens
qui vous accompagnent, permettez-moi, dans un premier temps, de vous présenter
justement les gens qui m'accompagnent : M. Jean Cinq-Mars, Commissaire au
développement durable ainsi que Mmes Janique Lambert et Caroline Rivard, qui
sont directrices de vérification dans l'équipe du Commissaire au développement
durable.
C'est avec
grand intérêt que je participe aujourd'hui à cette séance de la Commission de
l'administration publique portant sur
le contrôle et la surveillance de l'assainissement des eaux usées municipales
et de la production de l'eau potable. Les résultats de ces vérifications
se trouvent dans les chapitres 5 et 6 du rapport du Commissaire au développement
durable à l'Assemblée nationale pour l'hiver 2013.
Puisque les rapports dont nous discutons aujourd'hui
résultent des travaux de l'équipe du commissaire, permettez-moi, M. le
Président, de lui laisser le soin de vous en présenter les faits saillants.
Le Président (M. Marcoux) :
Alors, merci, M. le Vérificateur général. M. Cinq-Mars.
Exposé
du Commissaire au développement
durable, M. Jean Cinq-Mars
M.
Cinq-Mars (Jean) :
Merci, M. le Président. M. le
vice-président, chers collègues, lorsque j'ai présenté mon rapport à la Commission de l'administration
publique en février dernier, je soulignais qu'il y avait deux principes à
retenir dans la gestion des eaux usées et de l'approvisionnement en eau
potable. Tout d'abord, le principe évoqué par le grand chimiste français Lavoisier : Rien ne se perd, rien ne se
crée, tout est transformé. Lorsqu'appliqué à la gestion des eaux usées,
ce principe signifie que l'eau qui est rejetée dans l'environnement par une
usine, une municipalité ou à la suite d'un usage qui l'a détériorée sera
éventuellement réutilisée ou consommée par des êtres humains. Elle sera bien entendu transformée par les substances polluantes
qui y auront été rajoutées. Les systèmes de traitement municipaux sont avant tout conçus pour la décontamination
organique plutôt que chimique, si bien que de nombreuses substances
risquent de ne pas être captées ou éliminées par les usines de traitements d'eaux
usées.
Le deuxième principe à retenir est que
le maillon le plus faible détermine toujours la résistance d'une chaîne
ou d'un processus. Ce principe élémentaire, appliqué à la production d'eau
potable, veut dire que le processus le moins rigoureux
de l'ensemble des opérations conduisant à la fourniture d'eau potable aux
citoyens sera celui qui déterminera la possibilité d'avoir
continuellement une eau de qualité à boire.
Mes
vérifications portant sur la gestion des eaux usées et sur la production d'eau
potable ont mis en lumière des faiblesses qu'il faut corriger pour
minimiser les risques à la santé de la population et pour protéger l'environnement,
duquel notre qualité de vie et notre bien-être dépendent en grande partie.
Les
vérifications portant sur le contrôle et la surveillance de l'assainissement
des eaux usées municipales et de l'eau
potable ont été menées au ministère du Développement durable, de
l'Environnement, de la Faune et des Parcs ainsi qu'au ministère des
Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire. Ces travaux
ont été réalisés entre mars 2011 et novembre 2012.
En
premier lieu, l'objectif de vérification portant sur les eaux usées était de
vérifier si le MDDEFP et le MAMROT exerçaient
un contrôle de la performance des infrastructures municipales d'assainissement
des eaux usées afin d'assurer la protection du milieu récepteur et le
maintien des usages relatifs à l'eau. Les principaux constats qui ont été
formulés sont les suivants :
Globalement,
la protection des milieux récepteurs et le maintien des usages de l'eau ne sont
pas assurés par les… mises en oeuvre
par le MDDEFP et le MAMROT pour encadrer le rejet des eaux usées dans le
secteur municipal. Les données
recueillies par le MAMROT ne sont pas toutes obtenues dans les délais requis et
ne sont pas suffisamment fiables pour
lui permettre de suivre avec efficacité le respect des exigences de rejet
auxquelles sont soumises les infrastructures municipales d'assainissement.
Les recommandations découlant des visites d'évaluation de l'exploitation des infrastructures municipales d'assainissement ne
sont pas assorties d'une échéance, et le suivi de leur mise en oeuvre n'est
pas effectué de façon rigoureuse. Lorsqu'une
situation de non-conformité est relevée, les interventions du MDDEFP et
du MAMROT auprès des municipalités ne
donnent pas toujours lieu à un retour rapide et au respect des exigences de
rejets.
Deuxièmement, l'objectif
des vérifications portant sur l'eau potable était d'évaluer dans quelle mesure
les moyens mis en place par le MDDEFP pour
s'assurer d'un approvisionnement en eau potable de qualité et minimiser
les risques à la santé publique sont efficaces. Les principaux constats qui ont
été formulés sont les suivants :
Le
processus de mise à jour des normes de qualité d'eau potable adopté par le
MDDEFP repose sur des paramètres scientifiques reconnus. Le contrôle et
la surveillance de la compétence des opérateurs sont insuffisants. De plus, la formation minimale exigée est, de façon générale,
moins élevée que dans d'autres administrations nord-américaines. La stratégie de contrôle développée par le MDDEFP ne
lui permet pas d'obtenir une assurance raisonnable que les échantillons pour vérifier la qualité de l'eau prélevée par les
opérateurs le sont en respect de l'ensemble des exigences du Règlement
sur la qualité de l'eau potable. Le programme d'inspection des usines de
production d'eau potable, basé sur le risque, constitue une bonne pratique.
Toutefois, il ne peut assurer que chacune d'elles sera inspectée au moins une
fois à l'intérieur d'un délai déterminé.
Dans les cas de non-conformité au Règlement sur la qualité de l'eau potable,
les mesures nécessaires sont mises en place de façon diligente afin de
minimiser les risques pour la santé publique.
En terminant, j'aimerais
remercier le personnel des ministères concernés pour leur collaboration. Je
tiens également à assurer aux membres de cette commission mon entière
participation à ses travaux afin de contribuer à l'amélioration de la gestion
au sein de l'administration publique et dans le respect de la Loi sur le
développement durable. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Marcoux) : Alors, merci, M. Cinq-Mars. Je vais
maintenant demander... inviter le sous-ministre au ministère du
Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs à nous
faire sa présentation pour environ une dizaine de minutes. Alors, M. le sous-ministre.
Exposé du sous-ministre du
Développement
durable, de l'Environnement, de la Faune
et des Parcs, M. Clément D'Astous
M. D'Astous
(Clément) : M. le Président, membres de la commission, M. le Vérificateur
général du Québec, M. le Commissaire au développement durable,
chers collègues, je vous remercie de cette invitation à participer aux
travaux de la Commission sur l'administration publique.
Je suis accompagné
aujourd'hui de Mme Brigitte Portelance, sous-ministre adjointe à la gestion et
au milieu terrestre; de M. Charles
Larochelle, sous-ministre adjoint aux changements climatiques, à l'air et à
l'eau; de M. Léopold Gaudreau,
sous-ministre adjoint à l'état de l'environnement, à l'écologie et au
développement durable; et de M. Michel Rousseau,
sous-ministre adjoint à l'analyse et à l'expertise régionales et au Centre de
contrôle environnemental du Québec.
M. le Président, nous
avons accueilli positivement les commentaires soulevés par le Vérificateur
général. Ses recommandations ont permis d'alimenter notre réflexion sur nos
façons de faire, nos standards et nos protocoles en matière de qualité de l'eau potable et de l'assainissement des eaux
municipales. D'ailleurs, nous cherchons toujours à mettre en oeuvre les
meilleures pratiques possible dans ces champs d'action.
Dans
son rapport, le Vérificateur général a noté, avec justesse, que la
réglementation québécoise en matière d'eau potable est régulièrement mise à jour afin de tenir compte de
l'évolution des connaissances scientifiques et des meilleures pratiques
en ce domaine. Le Vérificateur général a toutefois formulé quatre
recommandations auxquelles le ministère entend donner suite de manière
appropriée.
D'abord, en ce qui concerne les compétences des
opérateurs d'installation de traitement de l'eau potable, le ministère a
entrepris des démarches auprès d'Emploi-Québec, de la Commission de la
construction du Québec, du ministère de l'Éducation, du
Loisir et du Sport et du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science
et de la Technologie pour élaborer un processus de révision périodique des
programmes de qualification ou de formation des opérateurs en eau potable afin
de s'assurer qu'ils possèdent les compétences suffisantes et à jour. Des
travaux sont également en cours pour établir les exigences de formation
continue pour les opérateurs.
De plus, au
mois de juin 2013, le ministère a révisé le Règlement sur la qualité de
l'eau potable afin d'y inclure des
sanctions administratives pécuniaires et d'augmenter le montant des amendes
pénales. Les prochains règlements qui seront
mis en vigueur par le gouvernement incluront tous des sanctions administratives
pécuniaires afin de sanctionner de manière plus sévère les responsables
qui ne respectent pas les normes et obligations.
Enfin, dans
le but de répondre à la préoccupation du Vérificateur général quant à la
stratégie de contrôle basée sur le
risque, le programme de contrôle des systèmes de distribution d'eau potable a
été bonifié par la mise en oeuvre d'une méthode de sélection des systèmes de distribution qui doivent être
inspectés. Cette méthode est basée sur un échantillonnage aléatoire stratifié. Ceci implique que tous les systèmes
de distribution sont susceptibles d'être inspectés mais que ceux qui présentent le plus haut risque
ont plus de chances d'être sélectionnés que ceux pour lesquels le risque
est moindre. Le ministère a aussi entamé des
démarches en vue de procéder à la révision graduelle du seuil d'intervention
en cas de non-respect des fréquences d'échantillonnage.
Vous me permettrez, M. le Président, d'aborder
maintenant le second volet de la vérification du Vérificateur général, soit l'assainissement des eaux usées
municipales. Je voudrais tout d'abord attirer votre attention sur l'importance
capitale de la collaboration du ministère
avec le MAMROT dans ce domaine. Pour assurer notre efficacité sur le
terrain, nous sommes à revoir l'entente administrative de collaboration, liant
nos ministères respectifs, qui vise notamment à corriger rapidement les
faiblesses notées par le Vérificateur général.
De plus, le
ministère a déjà amorcé un virage important, en mai dernier, par la publication
du projet de règlement sur les
ouvrages municipaux d'assainissement des eaux usées. Ce projet de règlement a
fait l'objet d'une consultation publique
et devrait être édicté au cours des prochains mois. Ce règlement aura des
conséquences majeures sur la façon dont se fait l'encadrement
environnemental des eaux usées municipales au Québec. Les municipalités
québécoises disposeront dorénavant d'un cadre plus rigoureux et prévisible pour
orienter leurs priorités d'action. Le MAMROT continuera
de jouer un rôle clé en s'assurant que les programmes d'infrastructure viennent
épauler les objectifs poursuivis par la réglementation.
• (15 h 20) •
Le nouveau règlement permettra de moderniser les
instruments d'encadrement des effluents municipaux et d'assurer un meilleur
contrôle de la performance et du suivi des ouvrages municipaux d'assainissement.
Un nouveau mécanisme de délivrance
d'attestations municipales sera mis en oeuvre, ce qui permettra d'actualiser
périodiquement les exigences de rejet
et de débordement. Ces nouvelles attestations seront renouvelables aux cinq ans
de manière à ce que les municipalités s'inscrivent dans une démarche d'amélioration
continue de la gestion de leurs eaux usées.
Le règlement viendra compléter
notre démarche en établissant des orientations pour l'élaboration d'un plan de
réduction des débordements d'égout. Déjà, le 3 mai dernier, le ministère
publiait une position ministérielle sur l'application des normes de débordement
des réseaux d'égout qui prévoit qu'à partir du 1er avril 2014 aucun
projet d'extension de réseau d'égout
susceptible d'augmenter la fréquence des débordements ne sera autorisé. Dans le
cadre des attestations, les municipalités
devront aussi se doter d'un plan de réduction de la fréquence et du volume des
débordements.
À l'échelle du Québec, l'élimination
des débordements de réseau d'égout représente un investissement de l'ordre de 6 milliards
de dollars et ne pourra évidemment se faire en quelques années. Dans un premier
temps, nous entendons prioriser les
interventions là où les gains environnementaux et ceux pour la santé publique seront les plus
élevés. Par ailleurs, au printemps 2013, nous avons mis à jour nos priorités d'assainissement
en établissant une liste de municipalités dotées d'un réseau d'égout mais
dépourvues d'installations de traitement. Ce sont 68 municipalités qui devront se munir d'installations de ce type d'ici
2020. La mise à niveau des installations existantes qui le nécessitent
se fera dans un second temps. À terme, c'est
un investissement global de l'ordre de 3 milliards de dollars qui sera requis pour construire et
moderniser les usines existantes qui le nécessitent.
Nous
disposerons également d'une liste de stations d'épuration où des
équipements de désinfection doivent être ajoutés. Cette liste fait présentement l'objet d'une mise à jour. Nous pourrons ainsi
mieux cibler notre action, de concert avec les nouvelles obligations
issues du Règlement sur les ouvrages municipaux d'assainissement des eaux
usées. Le règlement sera en fait le
déclencheur de la dernière phase d'assainissement des eaux usées municipales
qui permettra de compléter ce vaste chantier entrepris au début des
années 80. Je vous rappelle qu'en 2013 c'est plus de 800 stations d'épuration municipales que nous comptons,
desservant au-delà de 99 % de la population raccordée à un réseau d'égout,
et qui sont exploitées au Québec. Des progrès fort importants ont donc été
accomplis, mais il reste beaucoup à faire.
Nous
avons élaboré ce règlement en gardant toujours comme objectif principal
d'assurer la santé et la sécurité de la population à l'échelle du Québec
et de protéger efficacement l'environnement. Les obligations qui incombent aux municipalités seront dorénavant suivies de façon
beaucoup plus serrée. Je crois sincèrement que les plans d'action que
nous avons déposés démontrent que le ministère est déjà en mode solution et qu'il
met tout en oeuvre pour corriger les faiblesses mises en lumière par le
Vérificateur général.
En terminant,
M. le Président, vous me permettrez de saluer le travail des employés du
ministère qui travaillent dans le
domaine de l'eau potable et de l'assainissement des eaux usées. Pour réaliser
sa mission, le ministère s'appuie sur les
compétences, l'expertise et l'engagement de ses employés, qui demeurent à
l'affût des nouvelles données scientifiques pour offrir des solutions
innovatrices et adaptées à la réalité québécoise. J'aimerais également réitérer
l'importance de la collaboration de l'équipe du MAMROT, qui constitue un
partenaire indispensable pour assurer adéquatement le traitement des eaux usées
au Québec. Je vous remercie, M. le Président.
Le
Président (M. Marcoux) : Je vous remercie, M. D'Astous. J'invite
maintenant M. Sylvain Boucher, qui est sous-ministre au ministère des Affaires
municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire, à nous présenter son exposé, pour un maximum
également de 10 minutes.
Exposé du sous-ministre des
Affaires municipales,
des Régions et de l'Occupation du
territoire, M. Sylvain Boucher
M. Boucher
(Sylvain) : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, M. le Président,
MM. les membres de la commission, M. le Vérificateur
général du Québec, M. le Commissaire
au développement durable, donc je vous remercie de cette invitation
de participer aux travaux de la Commission de l'administration publique portant
notamment sur le chapitre 5 du rapport du
Commissaire au développement durable et visant le contrôle et la surveillance
de l'assainissement des eaux usées municipales.
Permettez-moi, M. le
Président, de vous présenter les personnes qui m'accompagnent : M.
Frédéric Guay, sous-ministre adjoint aux Infrastructures et aux Finances
municipales; M. Jean-François Bellemare, directeur général des infrastructures
municipales, et tous les membres de leur équipe qui m'accompagnent en arrière.
M.
le Président, j'aimerais, dans un premier temps, dresser un bref aperçu de l'implication
et des responsabilités du ministère des Affaires municipales, des
Régions et de l'Occupation du territoire, le MAMROT — je
vais continuer MAMROT — dans leurs méthodes d'assainissement des eaux
municipales. Le MAMROT et le ministère de l'Environnement assument des rôles complémentaires à l'égard des
enjeux gouvernementaux associés aux infrastructures d'eau municipales.
Ainsi, alors que le ministère de l'Environnement exerce le contrôle de l'application
des lois et des règlements en matière de protection de l'environnement, la
contribution du MAMROT s'inscrit dans une démarche cohérente d'accompagnement qui vise à soutenir les municipalités
québécoises afin qu'elles puissent atteindre les objectifs recherchés. Cet accompagnement se traduit par un soutien technique visant à aider et orienter
les municipalités dès les premières étapes d'un projet d'assainissement,
soit lors de sa définition et de son développement, et durant l'étape d'exploitation
à long terme des ouvrages d'assainissement.
Par son implication,
le MAMROT vise la réalisation de projets répondant aux besoins des municipalités,
une exploitation adéquate ainsi que la mise en place d'infrastructures
durables. La prestation du MAMROT se manifeste par l'action d'une équipe
d'ingénieurs et de techniciens possédant une expertise très importante dans le
domaine de l'assainissement des eaux. Cette expertise est plus particulièrement
bénéfique aux petites municipalités qui n'ont pas toujours accès à de telles
ressources spécialisées.
Le
support du MAMROT se traduit aussi par un soutien financier aux municipalités dans le cadre des programmes d'infrastructures d'aqueduc et d'égout afin de maintenir les
efforts visant la pérennité du développement des infrastructures municipales, selon les
investissements prévus dans le Plan québécois des infrastructures, ce qu'on
appelle le PQI.
Ainsi,
la mise en place des services d'eau au bénéfice de nos collectivités, qu'il
s'agisse d'infrastructures pour l'alimentation, la distribution
d'une eau potable de qualité ou d'infrastructures assurant la collecte et le
traitement, conformes aux exigences environnementales, des eaux usées municipales, a constitué, au cours des dernières
décennies, une préoccupation de grande importance pour le MAMROT. Cette préoccupation est encore à l'avant-plan, aujourd'hui,
de notre ministère… et continuera
dans les prochaines années à supporter les municipalités québécoises afin
qu'elles puissent offrir à leurs concitoyens
des services d'eau de qualité, en respectant l'environnement et dans une
perspective de développement durable.
À cet égard, il m'importe de mentionner, M. le Président, que le gouvernement du Québec a fait des investissements en infrastructures,
dans les dernières années, une priorité. Le gouvernement du Canada, par l'entremise
des ententes fédérales-provinciales, a aussi contribué aux investissements. Ces
investissements ont atteint des niveaux records. Ainsi, les investissements en infrastructures municipales d'eau ont atteint 5,6 milliards de dollars au cours de la période 2002-2003 à 2011-2012,
donc une période de 10 ans. Par ailleurs, le gouvernement du Québec
prévoit investir, de 2013-2014 à 2022-2023, donc le prochain 10 ans, selon
le PQI 2013 du MAMROT, 4,9 milliards de dollars dans les infrastructures
municipales d'eau, ce qui devrait générer des investissements d'environ
9,5 milliards de dollars.
Ainsi, dans le cadre des projets d'infrastructures
municipales, l'aide financière aux municipalités et l'accompagnement du
MAMROT se sont révélés stratégiques, plus particulièrement en ce qui concerne l'assainissement
des eaux usées. Ainsi, aujourd'hui, près de
99 % de la population raccordée à un réseau d'aqueduc… d'égout est
desservie par une ou l'autre des
quelque 825 stations d'épuration municipales. Ce pourcentage ne s'élevait
qu'à 2 % au début des années 80.
La
concrétisation des projets d'investissement des eaux aura permis d'améliorer la
qualité de vie des citoyens, de l'environnement, ainsi que récupérer
certains usages au bénéfice de l'environnement et des citoyens.
Comme
je le disais tantôt, le MAMROT s'est doté d'une équipe d'ingénieurs et de
techniciens en assainissement des eaux, puisqu'il est apparu nécessaire
d'effectuer un suivi de la performance des nouvelles infrastructures. En effet,
principalement en raison du manque de suivi, près de 60 % des quelque
115 stations existantes éprouvaient des problèmes
de fonctionnement et ne donnaient pas le rendement escompté, au début des années 80. Le MAMROT et
le ministère de l'Environnement ont donc travaillé conjointement afin d'obtenir
les résultats escomptés. À cet effet, le travail
réalisé par nos équipes ainsi que le développement de l'application spécifique SOMAE, donc le Suivi des
ouvrages municipaux d'assainissement des eaux, aura permis d'instaurer un haut
niveau de suivi et de contrôle et de constituer une base d'information unique sur la performance et l'exploitation des
ouvrages d'assainissement. Le fruit de ce suivi est par ailleurs présenté sous la forme d'un rapport
du bilan de performance qui est publié annuellement, en toute
transparence, sur le site Web du ministère. Le Québec est la seule province à
diffuser un bilan de performance aussi détaillé visant l'ensemble des ouvrages
d'assainissement.
Les
efforts consacrés à ce suivi se sont réalisés malgré l'absence d'une
réglementation spécifique, ce qui illustre bien l'importance accordée
par le MAMROT au dossier de l'assainissement des eaux municipales. Par
comparaison, selon le Bulletin de
rendement de 2012 de la Fédération canadienne des municipalités, environ
30 % des 123 municipalités canadiennes sondées ne possédaient que
des données limitées sur leurs usines de traitement des eaux. Le suivi du
MAMROT concerne également des visites sur la pérennité des stations d'épuration
municipales. Les informations issues de ces
visites sont partagées avec le ministère de l'Environnement, et des
recommandations sont formulées à la municipalité afin d'améliorer l'exploitation
de sa station. Le Québec est la seule province à effectuer ce suivi.
• (15 h 30) •
Malgré le travail considérable réalisé jusqu'à
présent, il reste encore du chemin à faire pour compléter l'assainissement municipal. On n'a qu'à penser aux
eaux usées non encore traitées de certaines petites municipalités et aux
débordements des réseaux d'égout unitaires. Les efforts consacrés à l'assainissement
des eaux devront donc se poursuivre au cours
des prochaines années. Ces efforts
seront cohérents avec les nouvelles normes pancanadiennes et la nouvelle réglementation québécoise, qui ont fait l'objet, au printemps dernier,
d'une publication aux fins de consultation. Le MAMROT a collaboré
étroitement avec le ministère de l'Environnement à l'élaboration de ce projet
de règlement qui fournira un encadrement de l'action des municipalités en vue
de compléter l'assainissement des eaux, au Québec.
Dans le chapitre 5 de son rapport 2013,
le Commissaire au développement
durable a formulé trois recommandations au ministère. Trois autres recommandations formulées au ministère de
l'Environnement font aussi l'objet d'une collaboration avec le MAMROT.
Ces recommandations concernent principalement des points visant l'amélioration du contrôle de la transmission des données, et
leur fiabilité, par les municipalités, le suivi des mesures correctives par
les municipalités et le respect des exigences de rejet.
M. le Président, le MAMROT a accueilli
favorablement ces recommandations et convient que des mesures seront mises en place. À cet effet, un plan
d'action a été élaboré afin d'y donner suite, en tenant compte des
particularités relatives au monde municipal
et à sa dynamique spécifique. Je
tiens à cet égard à souligner la collaboration du Vérificateur général et de son équipe. Merci
beaucoup.
Discussion générale
Le Président (M. Marcoux) :
Alors, je vous remercie, M. Boucher. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange avec les membres de la commission, pour une période d'à peu près une
heure pour les membres représentant le gouvernement, à peu près le même... une
heure également pour les représentants de l'opposition officielle et à peu près
une vingtaine de minutes pour les membres du deuxième groupe d'opposition. Nous allons le faire par
blocs de 10 minutes à peu près, avec l'application d'une certaine flexibilité, pour ne pas
interrompre une réponse après 10 minutes,
de façon précise, et donc... mais de façon à ce qu'à la fin le temps ait été
partagé à peu près également.
Donc, M. le Vice-président, est-ce que...
Une voix : M. Chapadeau
voudrait commencer.
Le Président (M. Marcoux) : M.
le député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
excellent. Oui.
M.
Chapadeau :
Bonjour. Merci, M. le Président. M. D'Astous... Bien, d'abord, bienvenue à l'Assemblée
nationale à vous tous, mais merci pour l'excellent rapport, l'excellent travail
que vous avez fait, là, c'est... On salue à chaque fois le rapport du Vérificateur
général, et votre rapport est particulièrement... nous aide, nous autres, les parlementaires, à mieux comprendre la situation. Puis je suis
convaincu que, pour les ministères concernés, c'est une aide aussi, en même temps, pour faire avancer les
différents dossiers.
J'aimerais... M. D'Astous, à la page 6,
vous parlez d'un nouveau règlement qui permettra de moderniser les instruments d'encadrement, un nouveau règlement
qui a été publié. Pouvez-vous nous parler exactement de ce règlement-là,
et en quoi ça va... à la page 6 de votre...
Le Président (M. Marcoux) :
Oui. Alors, M. D'Astous.
M.
D'Astous (Clément) : Oui. Le
règlement, il s'agit du Règlement sur les ouvrages municipaux d'assainissement
des eaux usées, qui a été déposé le
3 mai dernier. Il y a eu une période de consultation, qui s'est
terminée le 13 juillet dernier, et le ministère entend faire
adopter le règlement, là, lors de la prochaine... c'est-à-dire à l'automne qui
vient.
Le projet de règlement sur les ouvrages
municipaux d'assainissement des eaux usées fournira au ministère du
Développement durable, de l'Environnement, Faune et Parcs, là, des moyens d'intervention
additionnels à ce qui existe actuellement et prévoira des exigences générales applicables à tous les exploitants,
dont des normes d'exploitation, de
rejet et de débordement; l'obligation d'effectuer un suivi des rejets et de
débordements, de tenir un registre et de produire un rapport annuel, lesquels devront être transmis par voie électronique au ministre
au moyen d'un système informatique; l'obligation d'aviser le ministre lors de divers
événements de débordement inhabituel, défaillance d'équipement,
dérivation des eaux lors de travaux; l'obligation pour tous les opérateurs de station d'épuration de détenir un
certificat de qualification délivré en vertu d'un programme de formation
et de qualification professionnelle.
Il prévoira également la délivrance, à chacune
des stations d'épuration, d'une attestation d'assainissement municipal, renouvelable aux cinq ans, et l'obligation de s'y conformer, au même titre qu'au règlement. Il exigera que
les municipalités dont la station d'épuration n'est pas en mesure actuellement
de se conformer aux normes de rejet prévues par le
règlement présentent un plan d'action pour procéder à la mise à niveau d'ici l'échéance
fixée en fonction du niveau de risque
établi. Il exigera également que les municipalités qui sont dotées d'un réseau
d'égout sans système de traitement ou dotées uniquement d'un dégrilleur,
ce qu'on appelle un dégrilleur, se dotent d'une station d'épuration répondant aux nouvelles exigences de rejet, et ce, d'ici la
fin de l'an 2020. Il prévoira finalement des sanctions
administratives pécuniaires et des dispositions pénales, en cas de manquement,
qui auront un caractère dissuasif et devraient
conduire à régulariser plus rapidement les situations de non-conformité. Donc,
ce sont là tout un ensemble de nouvelles
mesures qui viennent… qui vont permettre d'encadrer beaucoup
mieux les ouvrages municipaux d'assainissement des eaux, comparativement
à la situation actuelle.
J'aimerais peut-être
ajouter que, de façon concomitante avec l'entrée en vigueur du règlement, le
gouvernement activera ce qu'on appelle le
mécanisme de délivrance d'attestations municipales d'assainissement des eaux
usées prévu à la Loi sur la qualité de l'environnement. Ces attestations
seront en quelque sorte des permis d'exploitation et elles permettront de
préciser les exigences particulières de rejet, de débordement et d'exploitation
applicables à chacune des stations
d'épuration et aux ouvrages de surverse en fonction de leurs particularités et
des caractéristiques du milieu récepteur, par exemple la fragilité à
certains apports de contaminants tels que le phosphore, l'azote ammoniacal ou
autres, ou en raison de la présence d'usages spécifiques tels qu'une prise d'eau
potable, une aire protégée, un site récréotouristique
ou autre qui est situé en aval du point de rejet. Il exigera également
la réalisation d'études, la préparation de plans d'action pour corriger
les problèmes d'exploitation ou mettre à niveau les installations existantes,
ainsi que l'installation d'équipements ou la réalisation de travaux selon l'échéancier
prévu.
Avec ce
nouvel outil, le ministère pourra actualiser et réviser, au besoin ou aux
cinq ans, les exigences applicables selon
l'évolution du milieu récepteur, des problématiques émergentes et de
l'avancement des technologies, et ce, dans une perspective d'amélioration
continue. Donc, ce qu'on anticipe, c'est qu'il y aura une amélioration notable
et sensible par rapport à la situation actuelle, en termes d'encadrement des
ouvrages municipaux d'assainissement des eaux.
Le Président (M. Marcoux) :
Merci. M. le député.
M.
Chapadeau : Il nous
reste encore du temps, oui?
Le Président (M. Marcoux) :
Oui, oui, tout à fait.
M.
Chapadeau : Merci. Dans le rapport du Vérificateur général sur la question des activités de contrôle dans le dossier de l'eau potable, au chapitre 6, le
paragraphe 35, ça dit : Le ministère
du Développement durable, de la
Faune, des Parcs et de la Faune — là, le titre est très long — n'a
pas de stratégie de contrôle lui permettant d'assurer que les échantillonnages
servant à vérifier la qualité de l'eau… Quels sont les niveaux d'intervention
de votre ministère par rapport au contrôle de la qualité de l'eau?
M. D'Astous (Clément) : Je demanderais peut-être
à M. Michel Rousseau de répondre à cette question.
Le
Président (M. Marcoux) : Oui. Alors, pour les fins de la transcription des débats, si vous
vouliez bien vous identifier, s'il vous plaît.
• (15 h 40) •
M. Rousseau(Michel) : Michel
Rousseau, sous-ministre adjoint.
En fait, si
je comprends bien la question, de façon générale, là, le contrôle qu'on fait au
niveau de l'eau potable, ça se fait à
plusieurs niveaux. Je vais essayer d'y aller rapidement. Disons qu'un des
principaux contrôles qui est fait, c'est de suivre les résultats d'analyse. Parce que, dans la
réglementation, les gens qui distribuent de l'eau potable doivent faire,
à une fréquence variable selon la grosseur
du système de distribution, le suivi de plusieurs paramètres. Donc, ce
suivi-là, les résultats sont envoyés au ministère,
et on s'assure, par exemple, au niveau de la qualité des résultats, que ça
respecte les normes. S'il n'y a pas de respect de normes ou s'il y a une
infraction à ce niveau-là, ça va être signifié rapidement.
Il y a aussi des contrôles qui sont faits au
niveau de la fréquence de l'échantillonnage. Parce qu'il y a tant d'échantillons
à envoyer par mois ou par semaine, donc on s'assure du respect de la fréquence.
Donc, ça, c'est un élément clé dans le
contrôle de l'eau potable. Et, juste pour travailler sur cet aspect-là, là, je
vous dirais, là, que c'est environ une
quinzaine de personnes temps complet, par année, qui font uniquement la
vérification de ces données d'analyse là, qui viennent de laboratoires
accrédités, bien sûr.
Un des aspects qu'on a voulu améliorer dans les
dernières années, c'est la présence, davantage, sur le terrain, faire plus d'inspections des systèmes de
distribution d'eau potable. Pour faire ça, il a fallu se donner un peu de marge
de manoeuvre. Donc, on a continué et on continue à faire ce suivi-là, qu'on
appelle le suivi plus à l'écran, des données, mais
on s'est donné des seuils de tolérance, par exemple, au niveau de la fréquence — d'ailleurs, le Vérificateur général
en parle aussi — le fameux seuil de 75 %, en se disant
que, bon, quelqu'un qui respecte sa fréquence à 75 % et plus ne
sera pas nécessairement mis en infraction. Ça nous enlevait beaucoup d'interventions,
parce qu'il y avait quand même beaucoup de
ces cas-là qui étaient des cas assez mineurs, pour aller plus sur le terrain
puis faire des inspections. Donc, depuis
quelques années, on travaille à faire des inspections terrain sur les systèmes
de distribution, quelques centaines par année qui sont faites. Et, à ce
niveau-là, on a aussi innové, là. Depuis deux ans, on vise d'aller inspecter
les usines qui sont les plus à risque.
Donc, on a travaillé…
Il y a beaucoup de travail qui a été fait à analyser toutes les données d'eau
potable qu'on avait dans nos systèmes depuis des années pour qualifier chacun
des systèmes de distribution en fonction du risque, tout
dépendant de leur historique de conformité, le milieu récepteur, etc. Et, avec
ça, on a été capables de dire : Bon,
bien, telles strates d'usines sont plus à risque, donc on va accentuer nos
inspections au niveau de ces usines-là. Alors, ça, c'est fait depuis
déjà une couple d'années.
Ce qu'on veut
rajouter cette année, et, je dirais, à la demande du VG, puis aussi, en même
temps qu'on a travaillé avec eux là-dessus,
on était à élaborer ça, c'est ce qu'on appelle une inspection aléatoire mais en
fonction du risque. Donc, les usines
qui sont peut-être un peu moins à risque, qui ne seraient pas nécessairement dans
notre cible, on veut qu'elles se sentent susceptibles d'être visitées.
Donc, on fait aussi une inspection aléatoire à ce niveau-là mais en fonction, encore une fois, du risque que
représente chacune d'elles. De façon imagée, un système de distribution qui
est plus à risque va avoir plus de boules dans le boulier, plus de chances d'être
tiré, plus de chances d'être inspecté.
Donc,
il y a à la fois du contrôle sur les résultats, du contrôle terrain. Il y a
aussi du contrôle des bilans, parce que, depuis le mois de mars de cette année, les gens qui font la distribution
d'eau potable doivent fournir des bilans. Donc, il y a une analyse des
bilans qui est faite. Ça, c'est une opération qui est quand même importante.
Ces bilans-là doivent être conservés au niveau des usines, donc toute
information pertinente par rapport à la qualité d'eau potable.
Et
il y a aussi les interventions qui sont faites au niveau de la qualification
des opérateurs. Ça aussi, ça fait l'objet du rapport du vérificateur.
Donc, on pourra peut-être en parler plus en détail, mais on a, suite aux
recommandations du vérificateur, disons, accéléré l'opération qu'on voulait
faire, de faire le tour de tout l'ensemble des opérateurs des municipalités, qui doivent être qualifiés puis
avoir une certification pour faire du contrôle en ce sens-là. Donc, c'est
du contrôle qu'on fait déjà, mais qu'on va accentuer, puis, bon, peut-être qu'on
pourrait élaborer un peu plus là-dessus.
Donc,
au niveau de l'eau potable, il y a quand même plusieurs façons de faire du
contrôle, l'inspection en est une, la
vérification des données en est une autre, s'assurer que les gens qui
travaillent dans ce domaine-là sont bien formés et s'assurer que les analyses sont faites par des
laboratoires accrédités puis les prélèvements sont faits soit par des
personnes qui sont certifiées ou encore par
des laboratoires accrédités. Donc, c'est une panoplie d'interventions. Puis,
bon an, mal an, c'est quand
même — je vous
donne un chiffre, là — environ 25 équivalents... personnes à temps complet qui
travaillent uniquement, là, au contrôle eau potable et eaux usées.
Le Président (M.
Marcoux) : Alors, merci, M. Rousseau.
M.
Chapadeau :
Sur la question de la formation, on reviendra, parce que c'est un élément qui
est soulevé qui est préoccupant.
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, tout à fait, oui. Alors, maintenant, je me
tourne… Oui, M. le député de Laurier-Dorion.
M.
Sklavounos : Merci, M. le Président. Alors, bonjour, merci
d'être ici, MM. les sous-ministres ainsi que les gens qui les
accompagnent.
Je
suis en train de regarder les recommandations du Commissaire au développement
durable. Il y avait évidemment la
recommandation, en collaboration avec le MAMROT, pour le MDDEFP, de «fixer des
exigences de rejet qui assurent le
respect de la capacité de support des milieux récepteurs et le maintien des
usages de l'eau». Comme mesure, action corrective
prévue, on trouve, dans le plan : «Développer une méthodologie permettant
d'identifier les municipalités où une
meilleure cohérence entre les exigences de rejet et les objectifs
environnementaux de rejet se traduit par des gains environnementaux significatifs dans le milieu, et
établir une priorité d'intervention d'assainissement pour ces municipalités.»
Première
question. Il doit y avoir, évidemment, une méthodologie qui existe en ce
moment. On parle d'établir, développer
une méthodologie qui nous permet d'identifier. J'aimerais juste comprendre. Il
y a sûrement une méthodologie qui existe. Et quel serait l'avantage de
la nouvelle méthodologie qu'on espère développer, qu'on veut développer? Qu'est-ce qui existe actuellement? Si on peut
juste essayer de comprendre... Je suis convaincu qu'il existe de quoi,
hein, il existe de quoi. Qu'est-ce que vous
proposez mettre en place, quels seront les gains, quels seront les gains qu'on
espère voir?
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, M. D'Astous.
M. D'Astous (Clément) : Clément D'Astous. Le ministère a déjà entrepris des actions, là, qui
vont dans ce sens. Dans le cadre de
son plan d'action sur les algues bleu-vert, le ministère a adopté, en 2009, une
position qui est en vue de resserrer les exigences de rejet en phosphore
pour les rejets municipaux en amont de certains plans d'eau dits vulnérables. D'ici 2015, le ministère établira,
conjointement avec le MAMROT, des priorités d'intervention d'assainissement
pour les municipalités où on sait qu'un effort supplémentaire d'assainissement
résultera en un gain pour le milieu récepteur ou pour les usages qu'on en fait.
La méthodologie qui
sera alors proposée et sur laquelle nous travaillons, là, prendra en compte à
la fois les municipalités, par exemple
l'état actuel de leur niveau d'assainissement, la performance de leurs
installations, tiendra en compte également des objectifs environnementaux
de rejet les plus à jour, les contaminants ciblés et les meilleures
technologies économiquement soutenables disponibles pour générer les réelles
améliorations de la qualité des plans d'eau. Par exemple, des municipalités
avec un réseau de collecte des eaux usées sans traitement de même que les municipalités où la désinfection est requise
seront intégrées dans cette démarche. Ces interventions pourront être
exigées aux municipalités par l'entremise des attestations d'assainissement qui
découleront du nouveau Règlement sur les ouvrages
municipaux d'assainissement des eaux usées du ministère... que le ministère
vise à faire adopter prochainement, excusez-moi.
Le
Président (M. Marcoux) : Oui, M. le député.
M.
Sklavounos :
Merci, M. le Président. Lorsqu'on a eu une séance préparatoire, justement ce
matin, afin de préparer cette audition, on
nous a parlé évidemment des écarts qui existent, des écarts importants entre
les exigences et les besoins du
milieu. On avait mentionné là-dedans qu'il y avait une question de capacité de
payer, il y avait une question technologique également.
Et vous employez… le
terme qui est employé, c'est «des gains environnementaux significatifs». Alors,
ça semble être la terminologie qui est
utilisée pour, si je crois bien, déterminer les priorités ou aider à fixer les
priorités. Est-ce que vous pouvez
expliquer, pour les membres et pour les gens qui suivent, comment le MDDEFP
définira ce qui est un gain environnemental significatif? Quels sont les
critères… ou comment qu'on pourrait comprendre ce que ça signifie? Est-ce que, par exemple, il y a des points sur
lesquels on pourrait se questionner? Est-ce que les coûts futurs, par
exemple ceux associés à des pertes d'usage,
la dépollution ou encore des hausses des coûts de production d'eau potable,
seront pris en compte? Comment allez-vous définir «gain environnemental
significatif»?
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, M. D'Astous.
M. D'Astous
(Clément) : Oui, M. le Président. Un gain environnemental significatif se
définit par une amélioration réelle de la
qualité du milieu récepteur pouvant être atteinte par le seul fait de
l'assainissement municipal. Par exemple,
pour un contaminant tel le phosphore, la contribution relative à un gain
environnemental significatif, pour le milieu récepteur d'une petite
municipalité, peut être très faible là où l'agriculture, par exemple, est
intensive et occupe une place importante du bassin versant en question. Dans ce
cas, faire un effort supplémentaire pour atteindre l'objectif environnemental du rejet pour le phosphore ne se
traduit pas nécessairement par un gain environnemental significatif pour
le milieu récepteur. À titre d'exemple, si
90 % du phosphore, dans un cours d'eau, provient de l'activité agricole,
les efforts demandés par l'assainissement municipal de cette
municipalité, qui rejette ses aux usées traitées dans ce cours d'eau, n'auront pas, par la force des choses, le même
niveau de gain d'efficacité que dans le cas d'un cours d'eau peu affecté
par le phosphore provenant du milieu agricole.
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, M. le député.
• (15 h 50) •
M.
Sklavounos :
J'étais pour vous demander, M. le sous-ministre : En termes de priorité… parce
que des priorités… Il y a
des priorités à l'intérieur des priorités. Et on comprend, du portrait qu'on
a eu, qu'il y a plusieurs
pistes et il y a plusieurs besoins. Quelles sont les priorités des priorités?
Si vous étiez pour identifier les priorités des priorités, quelles sont-elles,
M. le sous-ministre?
Le Président (M.
Marcoux) : Oui. M. D'Astous.
M. D'Astous
(Clément) : Oui. Dans le cadre de la délivrance de la première génération
de l'attestation de l'assainissement municipal dont j'ai parlé plus tôt, les priorités
d'intervention devraient être établies de la façon suivante :
Pour ce qui est des
rejets en phosphore, on compte environ 145 municipalités qui devront s'être
dotées, d'ici la fin 2016 ou 2017, selon le
cas, des équipements nécessaires pour respecter les nouvelles exigences prévues
en vertu de la position sur la réduction du phosphore dans les rejets d'eaux
usées domestiques.
Une
mise à jour de la liste des municipalités où des équipements de désinfection
doivent être ajoutés pour assurer la désinfection des eaux usées, là où
la protection des usages le justifie, sera complétée pour 2014, avec un
échéancier pour se doter des équipements requis.
Toutes
les stations d'épuration devront réaliser une caractérisation initiale des eaux
usées qu'elles rejettent pour déterminer
quels paramètres sont problématiques et pour évaluer la toxicité globale de
l'effluent. Donc, advenant que les paramètres
problématiques soient identifiés ou qu'une toxicité aiguë ou chronique soit
mesurée, des objectifs environnementaux de rejet seront établis pour ces
nouveaux paramètres, et un plan d'intervention sera exigé pour corriger ou
réduire le risque de manière prioritaire.
La station devra
aussi continuer à mesurer, lors de son suivi régulier, des paramètres jugés
problématiques. Lors d'émissions ultérieures
d'attestations d'assainissement, les paramètres qui demeureront problématiques
pourront faire l'objet de normes
particulières de rejet. Ces normes devront toutefois tenir compte des limites
technologiques actuelles, ce qui pourrait faire en sorte que tous les
objectifs environnementaux de rejet ne puissent être atteints.
Dans
les cas des débordements d'eaux usées non traitées, il sera prioritaire, comme
mentionné antérieurement, de corriger les débordements par temps sec
causés par un manque de capacité de l'ouvrage, ou par des raccordements illicites, ou des branchements croisés, d'exiger
la production d'un plan de réduction de débordements, et sa mise en
oeuvre à brève échéance, pour les ouvrages de surverse qui se rejettent en
amont de prises d'eau potable.
Finalement, les
municipalités qui ne sont pas en mesure de respecter les nouvelles normes de
performance établies et qui bénéficieront
d'un délai pour se conformer en vertu du projet de règlement pourront devoir
procéder plus rapidement à la mise à
niveau de leurs stations d'épuration si elles veulent en augmenter la capacité
de traitement pour permettre de nouveaux développements.
Le Président (M.
Marcoux) : Vous avez terminé, M. D'Astous?
M. D'Astous (Clément) : Oui.
Une voix :
Il reste un peu de temps?
Le Président (M. Marcoux) :
Oui, une minute.
M.
Sklavounos : Rapidement, on a appris du commissaire que le MDDEFP ne
révise pas les exigences de rejet de
façon régulière pour tenir compte de l'évolution de la capacité de support, et il
y a des changements qui sont
apportés à la capacité, vu des pressions venant notamment du développement
économique urbain, des conséquences liées aux changements climatiques. Vous
parlez, dans le plan d'action — vous utilisez des… — de
délivrance des attestations renouvelables à
cinq ans et que vous allez renouveler selon l'évolution de la situation.
Est-ce que vous pourriez nous donner quelques
précisions? Qu'est-ce que ça veut dire, «l'évolution de la situation»?
Le Président (M. Marcoux) :
Oui, M. D'Astous.
M. D'Astous (Clément) : Oui. Effectivement,
on fait état de la délivrance d'attestations d'assainissement municipales qui vont devoir être révisées à tous
les cinq ans... d'assainissement municipales environnementales.
Pour la
question de l'évolution de la situation, on doit prendre en considération un
certain nombre d'éléments, dont des
indicateurs d'état du milieu récepteur à l'échelle du bassin versant,
c'est-à-dire le degré d'amélioration et de dégradation observé pour divers paramètres. On doit tenir
compte également des nouveaux usages ainsi que de l'évolution démographique
et de la dynamique de développement industriel, agricole et autres dans la municipalité
ou le bassin versant.
Un autre
critère, c'est les problématiques résiduelles à résoudre par rapport à la station d'épuration et aux ouvrages de surverse, ou à leur
exploitation. Il faut se rapprocher des objectifs environnementaux. Il y a
aussi l'évolution des connaissances scientifiques par rapport aux divers
contaminants, dont les contaminants émergents, et leur impact sur la santé publique et l'état
des écosystèmes aquatiques. Enfin, il
y a les progrès technologiques et l'évolution des coûts des
solutions de traitement ou d'évitement en ce
qui concerne le contrôle des rejets à la source. Ainsi, lors du
renouvellement d'une attestation
d'assainissement municipal, les objectifs environnementaux de rejet pourront
être révisés et de nouvelles exigences de rejet pourront être établies
en fonction des nouvelles limites technologiques, donc en tenant compte de l'évolution
de la situation.
Le Président (M. Marcoux) :
Oui. Merci, M. D'Astous. M. le député de La Peltrie.
M.
Caire : Oui. Jusqu'à
nouvel ordre, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux) : Et
vice-président de la commission.
M.
Caire : Merci, M.
le Président. M. D'Astous, je regarde dans votre plan d'action, pour faire
suite à la recommandation du Commissaire
au développement durable par rapport à l'échantillonnage qui est fait de l'eau
potable, deux éléments. Le premier,
c'est : «Former le comité de travail qui va déterminer les moyens à mettre
en place.» Vous avez 2014 comme échéancier. 2014, est-ce qu'on parle du
1er janvier 2014 ou du 31 décembre 2014? Ça fait… c'est un bon
«range», en bon français, là.
M. D'Astous (Clément) : …M. Rousseau.
Le Président (M. Marcoux) :
Oui, M. D'Astous. Oui, M. Rousseau.
M. Rousseau (Michel) :
Spécifiquement sur le comité de travail dont on parle, les travaux vont débuter
à l'hiver 2014, là. En attendant, il y
a des choses qui sont faites quand même pour s'assurer que les prélèvements,
là, sont adéquats, là. Mais les travaux comme tels, là-dessus, c'est
hiver… bien, c'est cet hiver, là.
M.
Caire : O.K. Donc,
avant le 21 mars?
M. Rousseau (Michel) : Oui, oui.
Bien, c'est dans… oui, oui.
M.
Caire :
Mais ça, c'est la mise en place du comité ou c'est la mise en place du
comité et la réception du rapport avec les recommandations?
M.
Rousseau (Michel) : La mise
en place du comité. Et normalement, après quelques mois de travail là-dessus, ce qui… Je peux peut-être aller… je
ne sais pas si vous avez… voir un peu
c'est quoi, l'enjeu qu'on a à traiter, de ça. C'est qu'au
niveau du prélèvement de l'eau potable
il y a déjà des exigences. Les opérateurs doivent être
certifiés, ils ont déjà… ils doivent avoir déjà une certaine
qualification pour prélever l'eau. Et, si ce n'est pas des opérateurs
certifiés, ça doit être des laboratoires
accrédités qui, eux, ont un domaine d'accréditation de prélèvement. Donc, ça,
ça existe déjà, des gens qui sont accrédités.
Ce qu'il faut essayer de trouver, ce que le VG
nous demande, dans le fond, c'est comment on peut faire un contrôle
supplémentaire là-dessus. Nous, puis on ne se le cache pas… L'approche qui
était la première approche du vérificateur,
c'est de dire : On va aller inspecter pendant qu'ils échantillonnent. On
n'est pas sûrs que c'est une bonne idée. On n'est pas sûrs parce que ce n'est pas comme ça
qu'on peut garantir la qualité du prélèvement. Donc, il faut trouver de quoi de nouveau, et ça, on veut le faire en
collaboration avec notre centre d'expertise, au niveau du laboratoire, qui,
eux, ont l'expertise dans l'accréditation, qui en font depuis des années.
Donc, quand on parle d'un comité,
essentiellement, ça, c'est un joueur important qui va venir nous dire…
M.
Caire : …ma question. Fondamentalement, ma question, c'est : Pourquoi est-ce que
c'est si long, mettre en place un
comité, étant donné la nature de l'enjeu? Puis, je pense
que vous l'avez bien ciblé, là, l'enjeu est assez majeur.
M. Rousseau (Michel) : En fait…
M.
Caire : Parce
qu'il y a beaucoup de
choses qui vont découler de ça, dont votre capacité à évaluer le risque.
Si l'échantillonnage n'est pas fait
correctement, l'évaluation du risque n'est pas faite correctement, là.
D'après moi, il y a un
corollaire.
M. Rousseau (Michel) : Je dirais que
c'est une question de priorités. Tantôt, le député de Laurier-Dorion parlait de priorités. Dans toutes les priorités
qu'on retrouve là-dedans, la lecture que nous, on en fait, au niveau du risque, actuellement, c'est que c'est important, l'échantillonnage, mais on n'est pas dans une situation,
au Québec, où l'échantillonnage d'eau potable est mal
fait. Ça, on a cette conviction-là. Il y a des choses pas mal plus importantes
à travailler d'abord.
Donc, oui, on
va le faire, mais, si on regarde l'ensemble de notre plan d'action, là... Si
vous me disiez : Lequel qui est «number one»?, ce ne serait pas
celui-là, pour nous.
M.
Caire :
O.K. Mais je vais aller un peu dans le même ordre d'idées, parce que le
deuxième élément du plan, c'est de
mettre en place, dans le fond, une identification, dans vos systèmes
informatiques, du préleveur. L'informaticien en moi se demande :
Pourquoi en 2015? Parce que, dans votre formulaire, il faut changer un champ de
saisie puis, dans votre banque de données, il faut rajouter un champ
d'information. À moins que vos programmeurs aient des gros problèmes,
normalement c'est une grosse demi-journée d'ouvrage, là. Ça fait que… Est-ce
que c'est parce que ça amène un changement de culture, ça amène un changement
organisationnel majeur? Sincèrement, là, 2015, là, je ne la comprends pas, là.
Le Président (M. Marcoux) :
M. Rousseau. Oui.
• (16 heures) •
M.
Rousseau (Michel) : Bien, en
fait, c'est qu'il y a tout un travail qui doit être fait, d'abord,
sur la certification. Les gens ont l'obligation d'être certifiés, et ce qu'on veut faire maintenant et pour la
prochaine année, c'est d'aller chercher, faire l'inventaire complet — puis
c'est aussi ce que le Vérificateur
général nous a recommandé — de
tous les gens qui ont une certification, d'essayer d'avoir — puis
on ne l'a pas, cette liste-là, elle n'existe pas — une liste qui va
vraiment faire le lien entre les gens qui
sont certifiés selon tel type de tâche, puis qu'on puisse, lors de nos
inspections ou lors de nos contrôles,
vraiment faire le lien entre les deux. En plus de ça, il va y avoir un
développement de la formation, mais ça, c'est autre chose. Ça, c'est la
première chose qu'il fallait chercher. Donc, avant même de penser au
développement du système informatique, il faut aller chercher cette
information-là, et ensuite, en deuxième temps...
M.
Caire : Là, en tout
respect...
Le Président (M. Marcoux) : Oui,
M. le député.
M.
Caire : Oui. En
tout respect, je vous arrête, parce que ça fait quand même partie du plan d'action.
Il y a deux éléments, par rapport à l'échantillonnage, il y a deux éléments dans votre plan d'action. Le premier, vous me dites : Écoutez, c'est long parce que
ce n'est pas une priorité. O.K. Le deuxième, là, je ne fais pas le lien, parce
que vous me dites : Ce qu'on doit
faire, c'est identifier correctement qui fait les prélèvements chez nous. Dans le fond, c'est ça, la mesure. Et vous me dites : Ça, ça va se
faire, on va modifier notre système informatique. Mais moi, je peux vous dire,
là...
M. Rousseau (Michel) : Mais, quand même
qu'on le modifierait aujourd'hui — excusez — cette donnée-là n'est pas
utile tant et aussi longtemps qu'on n'a pas fait l'inventaire dont je vous
parle. Donc, ce n'est pas le lien... ce n'est
pas le... Je suis d'accord avec vous qu'on n'est pas en train de faire un
programme d'informatique pour aller sur la lune, là, je suis bien d'accord
avec ça, mais ça vient en deuxième temps, c'est pour ça.
Puis, quand
je vous disais : «Le premier, ce n'est pas dans nos priorités», mais on n'a
quand même pas reporté ça aux calendes grecques, on
le fait dès cet hiver. C'est dans l'ordre des étapes qu'il faut faire pour
arriver à avoir un système, entre guillemets, intelligent qui va nous
permettre de faire un meilleur contrôle puis une meilleure adéquation
entre les préleveurs, entre leurs
certifications. Et, pour ça, il faut aller chercher l'info qu'on n'a pas actuellement… c'est-à-dire, on a fait l'opération en 2007 d'aller... surtout au
niveau des municipalités, là on veut le faire pour l'ensemble des
distributeurs d'eau potable. Donc, c'est un travail qui va être fait dans la
prochaine année.
M.
Caire : Est-ce que
ça pourrait être fait, par exemple, de façon concomitante? Est-ce qu'un est un
empêchement à l'autre?
M.
Rousseau (Michel) : Oui. Bien, parce que,
pour nous, dans le fond, c'est que le... Oui, ça peut être fait de façon concomitante.
Mais l'idée, c'est que, si on regarde... On est en 2013-2014,
on peut penser qu'à la planification
annuelle de la prochaine année on va être en train d'aller chercher nos listes,
de faire l'adéquation, si les gens sont bien formés pour les bonnes tâches, et
ensuite tout ça va être intégré dans le système informatique, ce qui fait qu'en
14... en 15, c'est-à-dire en 2015, là, on va
être vraiment optimaux. Alors, c'est pour ça qu'on l'a mis comme ça dans le
plan, mais on aurait pu les mettre dans une même action.
M.
Caire : Je comprends que le gros de travail de
défrichage, dans le fond, c'est la liste de vos... les compétences
de vos... O.K., je comprends.
M. Rousseau (Michel) : Oui, c'est ça.
M.
Caire : O.K. Je vais aller un petit peu dans la même
lignée, parce que, sur... Vous avez parlé tantôt de, bon, la
récurrence du non-respect, dans le cas de l'échantillonnage, qui donne des résultats
inadéquats puis là vous dites : Bon,
bien, écoutez, on a une évaluation du risque à faire, parce que c'est ce qui va
conditionner, si je comprends
bien, la fréquence des inspections, ce qui
m'apparaît être effectivement une bonne façon de procéder. Par contre,
je regarde ici, dans votre plan d'action : «Développer les requêtes
pouvant effectuer, dans le système de gestion de l'information SAGO, afin d'identifier des situations
récurrentes...» Encore là, 2013, bon,
est-ce que c'est fait? Est-ce que c'est en voie
d'être réalisé? Parce que c'est un peu cette requête-là qui va colliger l'information
sur le niveau de délinquance, là. Est-ce que je me trompe?
M. Rousseau
(Michel) : Le niveau de
délinquance au niveau de la fréquence. Parce que, dans nos contrôles,
la priorité, c'est d'abord le respect de la norme, qu'on appelle le respect de
la qualité. Donc, ça, c'est systématique, dès qu'il
y a un dépassement, il y a
un avis de non-conformité. Ce qu'on a fait depuis 2008, c'est que, pour la
fréquence, on s'est donné un seuil de
tolérance, parce qu'on se rendait compte qu'on envoyait des avis de
non-conformité à des gens, dans le fond... Souvent, ça peut être des grosses villes qui
ont plusieurs échantillons à faire, et il y a
soit un échantillon qui est brisé, qui
est perdu ou qu'il y a des raisons qui sont assez mineures, et là, tout
d'un coup, ça a nécessité un avis de non-conformité puis ça engendrait
du travail, dans le fond, qui n'apportait rien. Donc, on s'est donné un seuil
de 75 %.
Ce que le vérificateur
nous demande, c'est de regarder si, à travers ceux qu'on a mis dans la zone de
tolérance, il n'y en aurait pas qui auraient une récurrence ou, entre
guillemets, des délinquants plus fréquents. C'est ça qu'on veut faire. Puis on veut voir en même temps si, en
faisant cette analyse-là des gens qui... des entreprises qui auraient un
non-respect des fréquences plus fréquent, là, sans jeu de mots, est-ce qu'on
peut, après ça, remonter notre seuil? Donc, c'est
un travail quand même pas simple, parce que c'est une analyse... Il y a
beaucoup de données à traiter là-dedans,
on parle de 4 000 systèmes de distribution, des milliers de données.
Donc, c'est un travail assez colossal. Puis moi, j'ai été bien clair là-dessus avec mon équipe puis aussi avec des
vérificateurs : On va le faire, mais je ne veux pas perdre la marge de manoeuvre qu'on s'est donnée avec ce
seuil-là pour faire des inspections. Parce qu'en même temps le
vérificateur me demande d'aller inspecter, si possible, toutes les usines.
Mais, avec les gens qu'on a, à un moment donné, il faut choisir, et nous, on…
M.
Caire : …j'en
arrivais, parce que cette question-là préparait ma prochaine.
M. Rousseau (Michel) : Oui…
M.
Caire : J'allais
faire une mauvaise blague, mais je vais… Je ne suis pas habitué qu'on réponde à
mes questions.
Une voix : Mais surtout d'avance.
M.
Caire : Surtout
d'avance. Parce que vous amenez l'idée d'inclure une espèce de… dans votre
système, j'imagine, une notion d'inspection
aléatoire, puis pondérée par le risque. Parfait, moi, j'en suis, puis je pense
que c'est une bonne idée. Par contre, est-ce qu'il y a aussi un
déterminant qui permettrait de s'assurer qu'il y a un minimum d'inspections qui sont faites? Parce que, dans le
paragraphe suivant, puis c'est le point 4 de votre plan d'action, vous
dites que vous allez aussi plancher sur des
moyens alternatifs à l'inspection qui… je peux me tromper, là, je ne suis pas
un expert en la matière, mais doit quand même demeurer, j'imagine, le
moyen de contrôle le plus efficace, le plus probant.
Alors, la
question, c'est : Quels moyens alternatifs pourraient être mis en place?
Puis là vous allez me dire : On met un comité, justement, pour
réfléchir à ça…
M. Rousseau (Michel) : Bien, c'est une
bonne question.
M.
Caire :
Et est-ce qu'il y a quand même... est-ce qu'il y aura quand même, dans vos
préoccupations, de s'assurer qu'il y aura un minimum de fréquences d'inspections,
même pour des infrastructures qui sont moins à risque?
M.
Rousseau (Michel) : Bien, c'est
tout là le défi. Parce que, là, ce qu'on a fait en 2008, on a introduit
l'approche de risque, on a d'abord
dit : Quelles sont les usines les plus à risque? Parce qu'avant ça on ne
faisait pas zéro inspection dans ce domaine-là,
mais on n'en faisait pas beaucoup, parce qu'on passait presque tout notre temps
à vérifier les nombreuses données qui nous arrivent. Alors, comme je vous dis,
on s'est dégagé une certaine marge avec le fameux seuil de tolérance et on a… Bon an, mal an, maintenant, on fait quelques
centaines d'inspections, 200 quelques la dernière année, sur les usines les plus à risque. Il y en a
qu'on va revoir plusieurs fois. Là, ce qu'on veut faire, c'est dans l'esprit,
effectivement, du vérificateur, c'est qu'il
faut que tout le monde se sente susceptible d'être inspecté. Mais je ne
voudrais pas qu'on en arrive — puis quand je dis je, là, je pense à
l'équipe qui travaille là-dessus — à ce qu'on aille inspecter des endroits qu'on sait d'avance que l'inspection ne
sera pas le meilleur moyen puis qu'il pourrait y avoir quelque chose d'autre
qu'on peut faire puis qui prend moins de temps, moins d'énergie puis moins de
TC, en langage de fonctionnaire.
Donc,
l'inspection aléatoire va venir combler ça. Ça veut dire : ceux qu'on ne
prévoyait pas faire, notre boulier va rouler
là-dedans, on va en faire plus. Est-ce qu'on va se rendre à 100 %? C'est
ce que le VG nous demande. Ce qu'on a convenu dans notre plan d'action,
c'est qu'on viserait le 100 % mais que, si en cours de route on s'aperçoit
que les autres moyens... Puis là il y a une bonne réflexion à faire là-dessus.
Puis honnêtement, là, j'ai posé encore la question ce matin, il y a des pistes dans ce qu'on fait déjà, c'est-à-dire :
Est-ce que la qualité de l'eau s'est améliorée? Est-ce qu'il y a des…
Parce que l'inspection, oui, c'est un bon moyen, mais, dans certains cas, ça se
peut que ça ne soit pas le meilleur. Alors,
je ne voudrais… On va viser de toutes les faire, mais, si ça, ça nous amène à
mettre de l'énergie à des endroits
qu'il n'y a pas vraiment de gains à faire, je vais m'y opposer puis je vais
plutôt demander à nos gens de trouver des moyens alternatifs. Puis ça,
dans tous les défis qu'on a là-dedans, c'est le principal. Parce qu'on a
réussi, depuis 2008, à faire les
inspections, alors qu'on n'en faisait presque pas. On est rendus à quelques
centaines par année, on ne veut pas
rebaisser en bas de ça, ou je ne veux pas gonfler le nombre d'inspections
artificiellement à des endroits qui ne sont pas productifs. C'est tout
ce défi-là, puis je pense que vous l'avez bien cerné, là.
Le Président (M. Marcoux) :
Si vous voulez prendre tout votre temps, il vous reste à peu près...
M.
Caire : J'ai pris
combien de temps, là?
Le Président (M. Marcoux) :
Une douzaine de minutes.
M.
Caire : Ah, mon
Dieu! Bien, peut-être une dernière question, parce que je vous avoue que…
Une voix : …
M.
Caire : Oui, c'est
ça. Je ne voudrais pas ignorer le MAMROT non plus, qu'il se sente délaissé.
Mais, très rapidement, M. le sous-ministre, je me disais : Bon, la qualité
de l'échantillonnage va déterminer votre capacité à évaluer le risque, la délinquance, et toute votre politique d'inspection
est basée là-dessus. Et je ne suis pas un expert, mais, les moyens
alternatifs, quand j'entends ça, je m'inquiète un peu, là.
• (16 h 10) •
M.
Rousseau (Michel) : Bien, un, la
qualité de l'échantillonnage, c'est un des paramètres. Les résultats, c'est
le principal paramètre. C'est la donnée qu'on reçoit. Mais je vous comprends,
puis effectivement c'est un défi qu'on se donne.
Puis on a bien compris la recommandation du vérificateur, c'est-à-dire de faire
en sorte que tout le monde se sente susceptible
d'être inspecté et, idéalement, que tout le monde le soit. Mais, comme je dis
souvent, dans tous les secteurs, puis ce n'est pas juste en eau potable,
si on fait du 100 % partout, ça devient, à un moment donné, impossible.
Puis je ne suis pas en mode — je pense que vous allez être d'accord avec
moi là-dessus — de
dire : Il faut gonfler les ressources pour pouvoir faire du… Avec
les gens qu'on a, on ne peut pas faire du 100 %.
Donc, quand on me dit : Il faut faire
100 % dans un domaine, que ce soit l'eau potable ou l'autre, moi, là, ma
première question que je demande à mon équipe : On peut-u faire autrement
que du 100 %? C'est ça qu'on veut regarder.
Et on dit : moyens équivalents. Puis c'est sûr et certain qu'on va être…
ce plan d'action là va être suivi par le vérificateur, puis je m'attends
à ce qu'on ait des commentaires lorsqu'on va élaborer nos moyens là-dessus,
puis on va en tenir compte. Mais, oui, c'est
un défi, mais on ne l'a pas mis là pour rien, c'est qu'on pense que ça peut être
payant en termes de temps, de temps-personne qu'on met là-dessus.
M.
Caire : Merci.
Le
Président (M. Marcoux) : Ça va? Il vous reste… M. le vérificateur, auriez-vous
des commentaires? Parce que c'est un sujet dont nous avons
discuté puis…
M. Samson (Michel) : Je veux
juste faire un…
Le
Président (M. Marcoux) : Oui. Parce que, vous savez, on peut demander au vérificateur...
ou de lui-même, hein, lors des audiences, là, lui-même
peut dire : Bien, j'aimerais dire un mot. Alors, on vous donne la faculté
de le faire.
M.
Samson (Michel) : Merci, M. le Président. Je vais y aller très rapidement
avant de passer la parole justement au commissaire. Mais ce que je
voudrais qui soit bien clair, c'est qu'on n'a jamais demandé, on ne demandera jamais
des inspections mur à mur à 100 %. Ce qu'on demande, c'est une gestion du
risque et qu'on soit capable de nous démontrer, lorsqu'on se présente dans une entité, qu'on gère bien notre risque.
Donc, je ne voudrais pas qu'il y ait des sous-entendus puis qu'on laisse croire,
qu'on laisse sous-entendre que, dans notre rapport, on demandait des
inspections mur à mur, ce n'est pas le cas du tout. Mais on veut qu'il y
ait une gestion du risque qui se défende, qui soit structurée, qui soit argumentée.
Et soyez certains que, de notre côté, on va offrir toute notre collaboration
pour que… y aller, vous accompagner s'il
faut. Il va y avoir un suivi du plan d'action, un suivi en trois ans, pour
qu'on en arrive à des résultats qui vont satisfaire tout le monde, soyez-en
assurés. Peut-être laisser M. Cinq-Mars ajouter…
Le Président (M.
Marcoux) : Oui. M. Cinq-Mars, avez-vous quelques commentaires?
M.
Cinq-Mars (Jean) : Oui, quelques commentaires. Bien entendu, la
gestion du risque, comme M. Samson disait, on ne veut pas qu'il y ait des inspections partout. On veut qu'il y ait
des inspections qui sont basées sur une gestion du risque, mais également on veut s'assurer que
certaines usines qui présentent peut-être un risque plus faible que d'autres,
qui n'apparaîtraient pas, finalement, sur
l'écran radar, soient quand même inspectées périodiquement de façon à ce
que, dans une période de temps raisonnable, chacune des usines soit inspectée.
Alors, c'est ce qu'on avait recommandé.
On ne veut pas avoir
100 %. On comprend qu'il y a toujours un défi, à savoir : Comment
est-ce qu'on gère le risque avec les
ressources qu'on a? Alors, quand on dit qu'on va regarder des moyens
alternatifs, moi, je me dis : Bon, bien, tant mieux. Il y a peut-être des moyens plus efficaces que ceux qu'on
utilise aujourd'hui pour faire une gestion du risque qui va nous assurer
que l'ensemble des usines va être inspecté pendant un certain laps de temps.
Le Président (M.
Marcoux) : Avez-vous un dernier commentaire?
M. Rousseau
(Michel) : Moi, j'aurais une question, mais je ne suis pas ici… on n'est
pas ici pour poser des questions. Mais je me
permets peut-être un commentaire. J'aimerais… On échangera là-dessus, mais,
quand moi, je parle de 100 % puis que j'entends que chaque usine va
être inspectée, pour moi, ça, c'est du 100 %. Donc, c'est là tout le débat
qu'on aura à faire avec eux. Parce que c'est sûr qu'il faut prévenir. Quand je
parle de faire du 100 %, c'est ça.
M.
Cinq-Mars (Jean) : Mais ce n'est pas 100 % par année, là.
Je veux dire, à l'intérieur d'une certaine période de temps, on pourrait se donner un certain nombre
d'années. C'est que, finalement, les usines qui sont plus à risque, on
les inspecte plus fréquemment, sauf que, certaines usines, s'ils peuvent savoir
qu'ils ne seront pas finalement sur la liste des
usines à risque, à ce moment-là il peut y avoir un certain laxisme qui peut
s'installer. Alors, on veut juste garantir que le laxisme ne s'installe
pas.
Le Président (M.
Marcoux) : Alors, merci. M. le député de Deux-Montagnes.
M.
Goyer : Oui, M. le Président, merci. Merci à vous tous de
votre présence. C'est impressionnant, la délégation. Je pense que c'est la plus grande délégation que
j'ai rencontrée depuis que je siège à la Commission de l'administration publique.
L'introduction, je
vous dis, c'est concernant les eaux usées, le chapitre 5,
paragraphes 17-26, si vous voulez vous mettre au diapason pour ma
question. Je suis bien conscient que le ministère de l'Environnement, c'est
quand même un jeune ministère, hein, ça a
été créé en 1978. On a fait un boulot extraordinaire de rattrapage entre ce qui
existait au niveau des eaux usées et leur traitement par rapport à ce qui
existait avant, là. Je me souviens très bien de la Société québécoise d'assainissement
des eaux puis tout le travail qu'elle a fait avec les municipalités puis le
ministère de l'Environnement.
Par
contre, j'étais très heureux de voir qu'il existait des objectifs
environnementaux de rejet, vos fameux OER, pour fixer finalement la capacité
des bassins d'eau à recevoir de l'eau plus ou moins propre, et jusqu'à quel
point elle peut recevoir cette eau-là,
compte tenu de sa capacité de traitement. Moi, ma circonscription, c'est
Deux-Montagnes. Notre eau, on la
puise à Saint-Eustache, dans la rivière des Mille Îles, on la rejette dans la
rivière des Mille Îles. Rosemère reprend la même eau, la rejette par
après, Mascouche fait de même, jusqu'à Terrebonne, jusqu'à L'Assomption. Ça
fait que c'est évident qu'un corridor, un cours d'eau comme la rivière des
Mille Îles, les objectifs environnementaux de rejet, ils deviennent cruciaux, parce
que Terrebonne, ça va lui coûter très cher à traiter l'eau, si on n'en tient
pas compte.
Par contre, dans le
rapport du vérificateur, on dit que ces objectifs-là, le ministère, on est
beaucoup permissif par rapport aux
objectifs. On signale même qu'on va jusqu'à 25 fois plus permissif que les
OER établis. Ça fait que, là, ma
crainte — c'est
juste une crainte — c'est de
dire : Le ministère, par sa compétence, fixe des objectifs, mais on ne
force par les municipalités à les respecter ou on ne s'entend pas avec les
municipalités à les respecter. Et en même temps il y a des municipalités qui
font les efforts d'atteindre les objectifs. Ça fait qu'il y a une forme d'iniquité
dans notre façon d'être permissif.
Ça
fait que ma question, c'est : Comment expliquer les écarts entre les
objectifs que vous, les scientifiques, vous établissez par rapport aux
cours d'eau puis le fait qu'on laisse les municipalités aller 25 fois supérieur?
Le Président (M.
Marcoux) : Oui. Alors, qui répond à la question?
M. D'Astous
(Clément) : Je pourrais demander à M. Léopold Gaudreau de répondre à la
question.
Le Président (M.
Marcoux) : Oui. Alors, M. Gaudreau, si vous voulez vous
identifier s'il vous plaît.
M.
Gaudreau (Léopold)
: Alors, Léopold Gaudreau, sous-ministre
adjoint au ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune
et des Parcs.
D'abord,
il faut bien savoir que, lorsque nous établissons des objectifs
environnementaux de rejet, ce qui nous préoccupe,
c'est d'être en mesure de bien évaluer la qualité de l'eau, ses problèmes, ses
problématiques et de faire en sorte que, lorsque nous allons assainir
les eaux, on ne viendra pas détériorer cette qualité et, au contraire, que ce
sera un plus pour le futur.
De
façon générale, lorsqu'on regarde les rapports qui ont été publiés au Québec
sur la qualité, par exemple, de l'eau des rivières, on se rend compte qu'entre
1980… 1998 et aujourd'hui il y a eu une amélioration très importante de la qualité. Donc, on peut présumer que, s'il y
a eu une amélioration de la qualité, c'est qu'effectivement les
traitements des eaux qui ont été faits ont tenu compte des paramètres importants.
Et,
comme le disait tantôt notre sous-ministre, il y a des paramètres finalement
qu'on… En fait, il y a une qualité d'eau qu'on évalue qui ne peut pas
être corrigée par un traitement d'eaux usées, lorsque, par exemple… comme dans — vous parliez tantôt de certains bassins
versants — le
bassin de L'Assomption, par exemple, où on sait que la difficulté première, c'est le phosphore. Et
effectivement, même si je mettais des exigences de rejet extrêmement
fortes par rapport au phosphore, qui pourraient coûter extrêmement cher, la
résultante, ça n'apporterait pas grand-chose par rapport à cette qualité-là.
De
façon générale, nos objectifs environnementaux de rejet et les objectifs
environnementaux… et les exigences de rejet
sont relativement semblables. Elles sont très différentes… elles peuvent être
très différentes dans le cas de certains paramètres, comme le phosphore,
et elles sont plus préoccupantes, ces différences-là, lorsque, par exemple, les
rejets se font dans des lacs ou se font sur
des territoires, effectivement, où la responsabilité n'est pas nécessairement
agricole, ou autres. Et c'est là que nous
avons du travail à faire, c'est là effectivement que nous nous sommes donné des
moyens d'être plus sévères par
rapport à la question phosphore. Nos attestations d'assainissement vont nous
permettre de corriger ou de réévaluer
la situation aux cinq ans, et, en fonction de la connaissance que nous aurons
sur l'eau, en fonction également des technologies existantes, nous
serons en mesure d'apporter ce correctif qu'on n'avait pas jusqu'à maintenant.
Alors
donc, c'est ça qu'il faut regarder. Et il ne faut pas regarder juste, je
dirais, l'écart entre ces deux objectifs-là. Il faut voir le gain qu'on vise par la mise en place de l'objectif
environnemental de rejet versus l'objectif d'assainissement. C'est ça.
Le Président (M.
Marcoux) : M. le député.
• (16 h 20) •
M.
Goyer :
Oui, M. le Président. Ce que je comprends aussi, dans les propos du
sous-ministre, c'est qu'on doit investir
3 milliards de plus ou supplémentaires pour ramener l'ensemble du Québec
au XXIe siècle, si on peut dire, mais entre-temps, en 2001, il y
avait quand même 15 % des usines ou des stations d'assainissement des eaux
qui n'étaient pas conformes. C'est un bel
effort, j'en conviens, mais c'est pour l'établissement des usines de traitement
primaire, on n'est pas encore au traitement secondaire ou tertiaire. On m'a dit
que même la ville de Montréal était encore sur un stationnement... l'immense
usine Des Baillets est encore primaire.
Ma
crainte, c'était de dire : On a encore un effort à faire, beaucoup de
travail. Vous avez des échéanciers, c'est ce que le vérificateur nous dit, c'est au niveau du traitement. Vous parlez
du phosphore agricole. J'en conviens, je viens d'un milieu agricole.
Mais est-ce que les usines qu'on a peine à amener tout le monde vers l'étape de
l'assainissement primaire ou le traitement
primaire vont être en mesure de soumissionner ou de traiter, exemple, les
médicaments, le fluor qu'on essaie de
nous imposer? Ça, c'est un autre débat, je ne le ferai pas ici, là. Mais ma
crainte à moi, c'est : malgré tous les efforts, on va être qualifiés
comment au niveau du traitement de l'eau au Québec? Je vais poser la question
de même.
Le Président (M.
Marcoux) : Oui. Est-ce que... Oui, M. D'Astous.
M. D'Astous
(Clément) : Bien, je peux y aller. Ce qui est envisagé, ce sont des
investissements majeurs, effectivement, de
3 milliards, 3 milliards réalisés sur une période de 30 ans, là,
si je ne me trompe pas, jumelés à toute la question des débordements
de...
M.
Goyer :
Des stations.
M. D'Astous (Clément) : ...des surverses, là, il y aura des investissements de l'ordre de
6 milliards. Tout ça va être réalisé sur une période de
30 ans. Puis ça, c'est en cohérence avec la stratégie pancanadienne, là,
qui est mise en oeuvre aussi dans l'ensemble du Canada. Donc, on est confiants,
là, que les résultats obtenus vont être satisfaisants.
M.
Goyer :
Oui, bien, en fait, les usines vont être plus performantes parce qu'on demande,
entre autres, aux municipalités d'enlever les combinés pour mettre le sanitaire
sur un bord puis l'égout pluvial sur l'autre, pour amener moins de débit d'eau dans les usines, là. Ça, je
comprends ça. Mais ma préoccupation, c'était plus par rapport aux
médicaments ou aux... Exemple, les
industries, les métaux lourds finalement, par
rapport aux normes qu'on a établies,
on ne les traitera pas, même si du
jour au lendemain on investit 3 milliards, même si du jour au lendemain
les 68 municipalités ont leurs propres usines de traitement
des eaux, là.
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, M. Gaudreau.
M.
Gaudreau (Léopold) : En fait — une
partie de la réponse — par rapport
à des paramètres courants, habituels, là, qui qualifient notre qualité d'eau,
je pense qu'on a pas mal ce qu'il faut à la fois en termes de fixer les objectifs
environnementaux de rejet puis fixer également les installations pour y arriver. Effectivement, de plus en plus, on peut retrouver puis on retrouve dans l'eau
d'autres substances, des substances émergentes, qu'on appelle, des produits pharmaceutiques, etc., sur lesquelles il y a
un travail important à faire de connaissance de ces produits et surtout un travail à faire par
rapport à l'établissement de normes et de critères. Avant d'être capable de les contrôler, il faut
voir jusqu'à quel point, effectivement,
un milieu est en difficulté et quelles normes je dois fixer.
Donc, il y a un travail qui est déjà fait, il y
a des... Nous travaillons là-dessus. Nous suivons bien l'actualité à l'échelle
internationale. Nous faisons aussi des vérifications de plus en plus, des
analyses de ces produits, qui vont nous
emmener tôt ou tard, effectivement, à
en tenir compte, à devoir en tenir compte dans les installations d'assainissement.
Pour l'instant, pour l'instant, on n'a pas
nécessairement toute cette information-là. On l'a surtout pour des
paramètres qui sont plus connus, qui sont
normés et qui sont importants pour la santé. Mais il y a beaucoup de produits,
effectivement, qui entrent dans le système aquatique, pour lesquels il faut
développer la connaissance, la science, et peut-être... Je ne sais pas s'il y a
d'autres qui veulent ajouter là-dessus, là, mais c'est une préoccupation, c'est
certain.
Le Président (M. Marcoux) :
Oui, M. le député. Quelques minutes.
M.
Goyer : Quelques minutes? Je sais que ça ne fait pas l'objet du
rapport du vérificateur, parce qu'on parle des usines de traitement ou d'assainissement des eaux, moi, c'est plus par rapport aux bassins versants. Si je prends toujours ma région, parce que
je la connais un peu, la rivière du Chêne se jette dans la rivière des Mille
Îles, mais la rivière du Chêne draine, bon, probablement des problèmes de phosphore, parce qu'il y a de l'agriculture, mais il y a aussi beaucoup d'installations
sanitaires individuelles, en d'autres termes, les fosses septiques.
Je sais que le ministère a transféré la
responsabilité des petites usines individuelles — appelons ça comme ça — des résidents — je demeure dans le secteur rural, je le
sais — aux
municipalités, mais je n'ai jamais senti de suivi de la part du
ministère par rapport aux municipalités, pour qu'ils fassent le suivi de la
loi. La loi date de 1989, puis, en 2012-2013, donc beaucoup d'années plus tard,
on n'a pas encore obligé les municipalités par leur... de faire un suivi promptement de tous les individus en zone agricole
au niveau des fosses septiques, la conformité de ça. Et ça amène, dans
le bassin de la rivière du Chêne vers la rivière des Mille Îles, à titre d'exemple,
une problématique au niveau du E. coli.
Alors, à terme,
ce que je veux vous donner comme image, c'est qu'il n'y a pas juste le
phosphore qui peut être problématique
et il n'y a pas juste les urbains qui sont problématiques, par défaut, avec
leurs municipalités qui ne sont pas aux normes, mais il y a tout le côté
rural. Je voulais juste attirer votre attention là-dessus. Parce qu'on met
beaucoup d'emphase, dans le rapport, sur les
usines, mais je pense qu'il faudrait tenir compte aussi, globalement, de
l'ensemble des citoyens, pas juste les citoyens desservis par un réseau d'égout
et d'aqueduc.
Le
Président (M. Marcoux) : Oui, alors, peut-être brièvement,
quitte à ce que nous revenions sur cet enjeu-là, M. le député. Oui, M.
Rousseau.
M. Rousseau (Michel) : Peut-être juste
mentionner là-dessus que bien sûr que les municipalités ont la responsabilité des fosses septiques sur leurs
territoires, à l'exception de celles de plus de 3 240 litres puis,
finalement, les commerciales. Notre lecture,
c'est que les municipalités, en général, font leur travail qu'ils ont à faire
là-dedans. Ce n'est pas toujours facile pour eux. On apporte le support
qu'on peut dans certains dossiers. Et, de notre côté, on a aussi, en lien avec le plan d'action sur les algues bleues puis toute
la dynamique du phosphore qu'il y a eu autour de 2008, mis en place des
programmes d'inspection sur les fosses septiques de plus de
3 240 litres.
Donc, on fait... Je regarde, cette année, là, on
a 94 inspections, en 2012-2013, spécifiquement sur les fosses septiques de
plus de 3 240 litres, ce qui est quand même beaucoup. C'est un
secteur, comme il relevait du monde municipal,
qu'on intervenait moins, mais on a mis l'accent sur cette prévention-là. En
tout cas, à notre niveau, au niveau du ministère, il y a quand même bon
nombre d'inspections qui sont faites là-dessus bon an, mal an, puis des cas,
des campings, entre autres, des petits restaurants, des choses comme ça, qui
doivent se conformer, avec tout ce que ça implique en termes d'investissement.
Le Président (M. Marcoux) :
Merci. Maintenant... Oui, M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Oui, merci, M. le Président. On a déjà parlé, à quelques reprises, de la
compétence des opérateurs, et ça semble être un noeud, en quelque part,
là, à plusieurs points de vue. Le vérificateur, lui, il mentionne d'abord que
«la compétence des opérateurs d'usines de
production d'eau potable constitue une importante barrière en vue de la
prévention des risques associés à la qualité de l'eau potable». Tout le monde
se souvient évidemment de Walkerton, en Ontario, où il y a des personnes qui
sont décédées, etc. Donc, c'est sûr que c'est quelque chose de fondamental.
Il
dit aussi : «...la formation minimale exigée est, de façon générale, moins
élevée que dans d'autres administrations nord-américaines.» Alors, on a
demandé au vérificateur, nous, ce matin, comment ils font, les autres, par
quelles comparaisons? Et, dans beaucoup d'autres cas, semble-t-il, on fait
affaire... on fait appel à une entreprise ou à un... je ne sais pas si c'est une entreprise mais «ABC», ou ABC, qui offre — et j'ai le site devant moi — la certification, qui offre des services de test, des services de formation
continue, etc. Et je me suis demandé, puis je vous pose la question, si
on n'a pas ici un exemple, qu'on voit assez
souvent au Québec, où on dit : On va faire les choses... nous autres, on
va faire ça mieux que les autres, alors que, partout ailleurs, disons,
il y a quand même des services qui sont, et les gens adhèrent souvent à ces
services-là, c'est moins compliqué. Quand il y a besoin de donner un grand
coup, bien eux, ils ont beaucoup de monde qui peuvent faire quelque
chose de vite.
Et
je regardais, dans le discours, tout à l'heure, de... la présentation du
sous-ministre au ministère du Développement
durable, et, à la page 3, vous disiez, M. D'Astous : «D'abord, en ce qui
concerne les compétences des opérateurs
d'installation de traitement de l'eau potable, le ministère a entrepris des
démarches auprès d'Emploi-Québec, de la Commission de la construction du
Québec, du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport, du ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie pour élaborer — on
est à une étape d'élaboration — un processus
de révision périodique des programmes de qualification ou de formation des
futurs opérateurs en eau potable.»
• (16 h 30) •
Alors,
il reste qu'on voit que c'est assez lourd comme système, comme approche pour
faire ça. Par comparaison… et je ne
veux pas aller trop dans le détail, mais, par comparaison, a priori, une firme
qui offre des services, ça existe dans d'autres secteurs aussi, ça nous
donne une certaine garantie, ça donne aussi une garantie aux ministres, aux
élus concernés par les différents ministères et organismes que vous mentionnez
qu'en quelque part on s'est fiés à une entreprise, on a pris des précautions. S'il y a quelque chose qui ne va pas, bien, ce n'est pas parce qu'il y a un ministère ou un autre qui n'a pas fait son
travail.
Enfin,
il y a différents éléments qui sont avantageux, mais le principal avantage,
c'est normalement de pouvoir avoir une garantie, de nous assurer que, s'il
y a un coup vite à faire... Parce que tantôt on disait que c'était assez long juste de voir est-ce que les gens qu'on a sont en
mesure de faire le travail. Ces firmes-là, en général… j'ai connu ça
dans d'autres secteurs, mais ces firmes-là,
en général, ont la capacité tout à coup de venir faire un coup et d'amener
beaucoup de monde à la même place,
puisqu'ils ont un marché qui est grand et qu'on n'a pas toujours cette
capacité-là, nous, dans notre coin,
de faire quelque chose en dedans de quelques mois, alors que ça va prendre
peut-être un an ou quelque chose comme ça.
Alors, je me
demande : Est-ce que c'est parce que le système est comme ça, puis, bon, c'est
compliqué de… ou est-ce que c'est parce que
finalement mon raisonnement ou l'idée d'aller, comme, d'autres provinces,
d'autres États américains, vers une
firme comme celle-là, ce n'est pas si bon que ça pour le Québec?
Le Québec aurait des particularités peut-être que d'autres
n'ont pas. A priori, ce n'est pas apparent, là, dans le contexte de l'eau, mais
on ne le sait pas. J'aimerais ça savoir un
petit peu comment vous pouvez… comment vous voyez ça. Est-ce que c'est quelque chose qui est une possibilité,
finalement, de pouvoir accélérer toute cette assurance que la population veut
avoir d'avoir de l'eau potable puis qu'on ne
se retrouve pas avec un cas comme en Ontario, où je
pense qu'en particulier, là, les...
Ce que j'ai cru comprendre, c'est que les deux techniciens qui étaient
responsables pour l'eau potable n'avaient pas nécessairement les compétences voulues, et, pour des raisons de
clause grand-père, ils étaient là. Mais ils n'avaient pas la formation, et donc c'est un peu de là que
viendrait le problème. Et je suis sûr que ni vous ni personne au Québec ne veut
se ramasser avec un problème comme celui-là.
Donc,
est-ce que c'est une idée qui est bonne ou qui n'est pas bonne? Et pourquoi,
là, ça ne serait pas une bonne idée ou pourquoi on ne la fait pas si c'est
une bonne idée?
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, M. D'Astous.
M. D'Astous (Clément) : Comme j'ai expliqué dans l'allocution et comme on a présenté dans le plan d'action, vous savez, il y a déjà une
démarche qui est amorcée avec différents joueurs : Emploi-Québec, la
Commission de la construction du Québec,
le ministère de l'Éducation, du
Loisir et du Sport, le ministère de l'Enseignement supérieur, de
la Science et de la Technologie. Il y a une réflexion qui est en cours, il y a
des travaux qui sont en cours, qui doivent mener vers des standards de formation
reconnus et garantissant la sécurité des personnes.
Je
pourrais peut-être laisser M. Charles Larochelle vous donner plus de
détails, là, sur les discussions qui ont cours présentement avec ces
entités.
Le Président (M.
Marcoux) : Alors, si vous voulez bien vous identifier, s'il
vous plaît.
M. Larochelle
(Charles) : Oui, M. le Président. Charles Larochelle.
Comme ça a été
mentionné, là, par le sous-ministre dans ses remarques introductives, donc, il
y a déjà des échanges qui ont été entamés. Il faut
distinguer... Il y a la formation dans le réseau scolaire, donc la formation
de base qui est inculquée aux
personnes qui vont évidemment occuper ces emplois-là, et il y a
la formation continue ou la formation des gens en emploi. Et évidemment à partir du moment où
on rehausse la formation de base se pose aussi la question : Est-ce qu'on va s'assurer que… Les gens qui sont
déjà en emploi, il ne s'agit pas de les mettre à pied, il s'agit de s'assurer
qu'on va les qualifier.
Du point de vue de la
formation de base, présentement, ce qui a été fait et ce qui est en vigueur
depuis septembre 2013, c'est la
révision du diplôme d'études
professionnelles en conduite de procédés de traitement de l'eau. Ça, ça
a été complété…
M.
Reid :
Je vous arrête parce que ma question, elle n'est pas nécessairement le détail
de ça. Ma question, c'est : Est-ce
qu'on fait tout ça et est-ce que ce processus-là n'est pas un processus qui
finalement est lourd et long, et que peut-être on aurait, des fois… et
qu'on ne fait pas souvent au Québec, malheureusement, mais qu'on aurait intérêt
de regarder ce que les autres provinces
font, qui semble être un peu différent? Parce que la certification n'est pas
donnée par une école ou par un collège, elle est donnée par un institut ou, en
tout cas, un organisme de certification qui doit être assez connu, puisqu'il
semble qu'il est adopté dans la plupart des provinces canadiennes et une grande
partie des États américains. Est-ce qu'on ne devrait pas regarder à trouver une
façon...
Moi, je regarde ça à l'inverse.
Je ne connais pas beaucoup ces systèmes-là, mais j'en connais d'autres, la
comptabilité ou d'autres, là, l'Institut canadien ou... En tout cas, les
organismes de certification disent qu'est-ce qu'ils
veulent avoir et puis, finalement, ils négocient avec les universités ou avec
des cégeps pour que les cégeps puissent donner la formation qui va donner à la fin la certification. Alors,
c'est tout un travail de moins qu'on a à faire, de regarder... Autrement
dit, il y a deux façons de prendre les choses.
Mais là c'est
parce que vous ne répondez pas à ma question, dans le sens que… Est-ce qu'on
regarde ça ou si on est déjà dans un système où on le fait comme ça puis
on veut continuer à le faire comme ça, même si jamais il y avait une meilleure
idée?
Le Président (M. Marcoux) :
M. Larochelle.
M.
Larochelle (Charles) :
Oui. Alors, non, ce n'est pas exclu. Évidemment, au Québec, il y a,
disons, un partage, je dirais, de responsabilités, notamment avec, bon, Emploi-Québec, avec la Commission de la construction, avec
lesquels on doit établir les profils de
qualification, les profils de compétence. Et, je dirais, on a des façons de
fonctionner qui font en sorte que c'est principalement avec des
partenaires, je dirais, d'ordre public, notamment ceux que je viens de vous
mentionner, avec lesquels on travaille. Ça, c'est une chose.
Après,
lorsqu'il est question de donner cette formation-là, évidemment, là, on peut
envisager différentes façons pour accélérer
la formation, pour donner… des groupes, pour faire de la formation à distance, pour
réussir à former des groupes en
région ou autrement. Parce que ce qu'on constate, c'est que, la formation pour
les grandes stations présentement, dans les grandes villes, il y a du
personnel compétent, ce qui ne veut pas dire qu'ils ne doivent pas être...
continuellement se perfectionner puis se mettre à jour. En région, c'est plus
difficile, mais ce n'est pas exclu.
Mais je dois
vous dire qu'au Québec c'est sûr que, les pratiques habituelles, ce travail-là
de détermination des profils de
compétence, des règles qui mènent au certificat de qualification, ça se fait
d'un point de vue, je dirais... puis c'est encadré, au niveau
réglementaire et légal, avec Emploi-Québec, et ça se fait avec la Commission de
la construction. Mais, de fait, à partir du
moment où, ça, c'est défini, de s'assurer qu'on va accélérer l'offre de
formation, que ce soit la... Puis on parle, ici, beaucoup de formation
continue, de mise à niveau. Je pense que c'est des choses qu'on va explorer
dans le sens de ce que vous dites.
Mais on n'a pas, effectivement, les mêmes
traditions que les autres provinces, je dirais, dans tout ce qui est,
évidemment, la formation... Puis là vous parlez beaucoup moins de la formation
de base en fait, parce que...
M.
Reid : Est-ce que
je comprends... Bien, on parle de la certification, essentiellement, qui peut
se faire de différentes façons. Ça peut être des tests, même.
C'est parce que, moi, quand j'entends que... Parce
que, quand j'ai posé la question… «La formation minimale exigée est, de façon générale, moins élevée [ici] que
dans d'autres administrations nord-américaines», ce n'est pas juste,
donc, Ontario ou Nouveau-Brunswick, là,
c'est l'Amérique du Nord, et finalement la référence, c'est cette espèce
d'organisme de certification. Alors, est-ce
qu'on n'aurait pas intérêt à essayer de faire en sorte que... Parce que ça doit
exister dans d'autres cas que, je ne
sais pas, Emploi-Québec et la Commission de la construction, etc., et les
collèges ou les écoles secondaires, les commissions scolaires puissent
essayer de s'aligner pour voir : Est-ce qu'on ne pourrait pas trouver une
façon?
L'avantage supplémentaire, c'est que celui qui a
la certification au Québec actuellement, ça ne veut pas dire qu'il va travailler si, en Ontario, il veut y
aller, parce qu'ils demandent la certification ABC, puis il ne l'a pas. Et ça
veut dire que, si nous, on manque de personnel puis qu'on veut du personnel
qualifié, on ne peut pas embaucher un Ontarien, mettons, parce qu'un Ontarien, lui, sa qualification, c'est ça, ce n'est
pas celle, là, qu'on a définie au Québec. Alors, c'est peut-être un cas
où, comme, des fois, pour faire mieux au Québec, finalement on crée des
situations qui ne sont pas nécessairement si bonnes que ça, là.
Et je posais la question : Est-ce qu'il y a
une ouverture, est-ce qu'il y a... Parce que je n'ai pas vu, nulle part, cette remise en question là. Comme vous dites, il
y a des traditions, puis là on fait... on continue les traditions. Vous
ne pensez pas que ça vaudrait au moins la peine de faire une remise en question
en quelque part pour voir si on ne peut pas prendre des moyens que d'autres
prennent? Ce n'est pas toujours mauvais, ce que les autres font, là.
Le Président (M. Marcoux) :
Oui, est-ce qu'il y a des commentaires?
M.
D'Astous (Clément) : Bien, comme
M. Larochelle l'a expliqué, les discussions qui sont en cours, les
travaux qui sont en cours avec nos partenaires, là, n'excluent pas...
M.
Reid : Ils
pourraient faire...
M. D'Astous (Clément) : ...d'examiner ce
qui se passe ailleurs, effectivement, là.
M.
Reid : C'est bien,
merci. Ça répond à ma question, M. le Président.
Le
Président (M. Marcoux) : Oui? Bien, peut-être simplement en
suivi sur cette question-là, moi, ça me surprend un petit peu,
honnêtement, que vous nous disiez : On va peut-être regarder ça à l'extérieur,
parce que le Vérificateur général nous a
expliqué tantôt que c'est un peu plus compliqué que c'était, être
opérateur — moi, je
ne connais pas ça, mais c'est ce que vous nous avez dit — les
technologies changent, il y a des sources de polluants émergents, etc. Il semble qu'ailleurs, en Amérique du Nord, peut-être que — évidemment,
nous, nous avons nos traditions, puis c'est correct,
là — les
qualifications exigées des opérateurs sont plus élevées que chez nous
actuellement. Je parle... parce que je... Il y a la formation continue,
c'est une chose, ça, on reconnaît ça. Mais, pour les nouveaux, est-ce que vous
devez... on doit maintenir le même type de qualification que nous avons
actuellement? Moi, je n'ai pas l'impression que le ministère s'interroge
là-dessus, d'après les réponses que vous nous donnez.
Deuxièmement,
oui, il y a la formation continue. Alors, je dois vous avouer que ça me... en
tout cas pour moi, pour un, peut-être que les autres membres ne sont pas
d'accord avec moi, ça me paraît très, très timide, comme approche, compte tenu
des commentaires et des observations qui sont faits par le Vérificateur
général. Oui, M. Larochelle.
M. Larochelle (Charles) : Oui,
oui. Bien, en fait...
Le
Président (M. Marcoux) : Je ne veux pas... mais c'est ce qui me
paraît, là. C'est comme si on dit : On se fie sur les autres puis on va regarder avec les
autres, puis, dans un an, où est-ce qu'on sera rendus, on ne le sait pas.
C'est peut-être sévère, là, mais je vous donne un peu la réaction...
M. Larochelle (Charles) :
Bien, comme je vous ai mentionné...
• (16 h 40) •
Le Président (M. Marcoux) :
...puis, je pense, qu'on partage.
M.
Larochelle (Charles) : Comme j'ai mentionné, la révision du
diplôme d'études professionnelles, elle, elle s'applique... elle a été
rehaussée significativement, ça s'applique depuis septembre 2013. La
révision des profils de programmes, je n'ai pas dit qu'on… On y pense peut-être
un jour, c'est convenu et c'est entrepris avec Emploi-Québec. Deux profils ont été identifiés pour une première
phase de révision. Et ça s'amorce cet automne. Donc, on est en mode de
révision.
On ne dit pas
que c'est parfait, qu'on ne doit pas les rehausser. Peut-être
que je n'ai pas pu vous donner une réponse complète tout à l'heure. Donc, il
y a un travail de révision qui se
fait. Ces deux programmes-là qui sont… Les deux profils qui sont en révision, donc, c'est OPA,
c'est les préposés au réseau d'aqueduc, et ORD, les préposés au réseau
de distribution. Ça, c'est en cours. Et on
examine aussi, dès maintenant, avec la CCQ, la révision du processus
de qualification. Pour la formation continue, j'en ai parlé tout à l'heure. Mais, dans le plan d'action... Les
engagements qu'on a pris, dans le plan
d'action, à l'égard
des recommandations du Vérificateur
général, on mentionne que c'est des
choses qui sont en cours. Est-ce que ça nous amènera au niveau de l'Ontario,
du Nouveau-Brunswick, des États-Unis? Ça, je ne peux pas… en mesure de vous le
dire maintenant.
Le
Président (M. Marcoux) : Mais ça, ça va pouvoir être vérifié quand même. J'imagine que vous
avez accès à ces ressources-là pour dire : Écoutez, on peut quand
même l'évaluer, faire des comparaisons. La première chose. La deuxième chose, vous dites que déjà les
qualifications ont été augmentées depuis septembre. Vous dites que le
niveau de qualification a déjà été augmenté. Est-ce que c'est ce que j'ai
compris?
M. Larochelle (Charles) :
Pour ce qui est du diplôme d'études professionnelles en conduite de procédés de
traitement de l'eau, ça s'applique depuis septembre, un nouveau programme.
Le
Président (M. Marcoux) : …peut-être en transmettre un peu d'information aux membres de la commission à cet
égard-là puis nous indiquer quels sont… où se situe, dans le fond, le niveau d'augmentation de qualification par rapport à ce qui existe actuellement. Excusez-moi, M. le vice-président.
M.
Goyer : Je veux
faire un peu de pouce sur ce que vous dites. Ce que je comprends…
Le Président (M. Marcoux) :
Oui, M. le député de Deux-Montagnes.
M.
Goyer : Merci,
M. le Président. Ce que je comprends,
c'est qu'on demande un diplôme d'études professionnelles augmenté au
niveau des critères, comme vous dites, depuis septembre. Mais j'étais toujours
sous l'impression que c'étaient des
technologues, moi, c'était de niveau cégep. Notre différence et notre
distinction par rapport aux autres systèmes américains, c'est qu'on a un cégep qui donne un programme
de gestion d'assainissement des eaux, il me semble que c'est le collège d'Ahuntsic, si ma mémoire est bonne, et
c'est ce niveau-là qu'on doit atteindre pour avoir des opérateurs dans
les usines de filtration. Moi, je parle des usines de filtration d'eau, pas d'épuration,
là, pas d'assainissement. Ça fait que c'est ce qui fait que j'étais sous l'impression
qu'on prenait quelqu'un de niveau cégep.
Puis, quand
on lit le rapport du vérificateur, on
se rend compte que c'est des D.E.C... des D.E.P. ou des diplômes d'études secondaires, des D.E.S., pas un diplôme
professionnel. On n'est pas encore rendu dans les exigences minimums
pour un D.E.C, un diplôme d'études collégiales. Ça, c'est pour l'entrée dans la
profession.
Et, ceux et
celles qui sont là actuellement, on a un superbeau régime qui est admissible
par Emploi-Québec, qui concerne le compagnonnage — j'ai
bien de la misère à le dire — le maître et le compagnon. Et beaucoup
dans ce métier-là... On a des opérateurs qui ont des compagnons, et c'est ces
compagnons-là qu'on peut amener comme opérateurs
s'ils ont la formation. Et Emploi-Québec réglemente ça, prévoit des normes pour
dire à quelqu'un : Dorénavant, tu peux devenir opérateur parce que
tu as eu un compagnonnage pendant deux ans, selon une formation spécifique.
Ce
n'était pas une question, c'était juste une affirmation, là, mais… Excusez-moi.
Le Président (M.
Marcoux) : M. Larochelle, vous avez peut-être un commentaire?
M. Larochelle (Charles) : Oui. Bien, encore là, la formation,
effectivement, il y a un D.E.C. qui est donné pour les
techniciens en eau potable, pour les gens présentement… Et c'est aussi fonction
de la taille de la station. Quand je parlais du diplôme d'études professionnelles,
c'est beaucoup pour les personnes qui étaient déjà... ou qui avaient des
formations insuffisantes. Maintenant, oui, il y a une formation collégiale de
techniciens en eau potable, tout à fait.
Le compagnonnage, c'est
effectivement... vous avez raison de le mentionner, ça se pratique dans
certaines situations et c'est quelque
chose qui est examiné, qui est
travaillé avec Emploi-Québec aussi pour permettre un accompagnement
aussi des personnes, des opérateurs. Donc, c'est en cours dans ce domaine-là.
Ça peut être élargi, on en convient aussi, puis on en discute avec Emploi-Québec.
M.
Goyer : Moi, ce
que je comprenais dans le rapport du vérificateur,
c'est que la porte d'entrée pour une station tout équipée OST, traitement complet d'eau de surface, c'est :
mathématiques quatrième secondaire ou D.E.S. J'ai été surpris de savoir que c'était un diplôme d'études
secondaires qu'on demandait. Je n'ai rien contre, là, mais j'étais sous
l'impression que c'était plutôt un D.E.C. qu'on demandait comme entrée. Tandis
qu'en Ontario c'est l'équivalent d'une
12e année d'études. Mais eux autres, ils n'ont pas de cégep, là, je ne
peux pas faire le comparable. Mais ça donnait l'impression… Le vérificateur nous disait que nos exigences pour opérer
une usine d'épuration d'eau étaient
moindres au Québec que par rapport à l'Ontario. Je pense que c'est ça, M. le
Président, que vous vouliez dire par les normes, là.
Le
Président (M. Marcoux) : Bien, c'est le message, en
tout cas, que nous avons compris du
vérificateur, là. C'est peut-être inexact, là, mais...
M.
Goyer :
…ce n'est pas un lancement de pierres, parce que…
Le
Président (M. Marcoux) : Non, non, non, mais on essaie de comprendre. Parce que,
je dois vous dire, je pense que je
ne suis pas le seul à essayer de mieux comprendre, là, comment… quelles sont
les qualifications. Et peut-être
il serait intéressant d'avoir, pour nous, un peu... Justement, vous
dites : Bien, voici, il y a des D.E.C., voici ce qu'ils font. Il y a le diplôme
d'études supérieures, voici les qualifications que nous avons augmentées et
voici la formation continue. Parce que vous comprendrez que, pour des personnes
qui sont peut-être moins familières que vous avec tout ça, parfois c'est un peu
compliqué. Oui, M. Larochelle.
M. Larochelle
(Charles) : On ne reconnaît que les exigences. Et on ne remet
pas en question le constat du Vérificateur
général. Et ce qu'on dit, c'est qu'il y a
justement des travaux en cours de révision pour les rehausser. On le
reconnaît tout à fait.
Mais,
pour répondre à votre demande de
façon précise, on pourrait être en
mesure de vous fournir probablement un
document plus détaillé sur qu'est-ce qui existe, qu'est-ce qui est en voie d'être augmenté, avec
une analyse comparative peut-être un petit peu plus complète. Si ça
pouvait servir les parlementaires, là, on vous...
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, alors...
M.
Goyer :
Dernier point...
Le Président (M.
Marcoux) : M. le député, est-ce que c'est vous qui prenez le
relais?
M.
Goyer : Dernier petit indice. On parle de la formation
des opérateurs. Est-ce que le ministère
de l'Environnement pense sécurité? Je
ne dis pas que vous ne le faites pas là. Mais moi, j'ai déjà
visité l'usine de filtration de Saint-Eustache et je me suis rendu compte qu'il fallait que ce soit
un bunker, hein? Parce que, quand l'eau part du système de l'usine
puis qu'elle s'en va dans la champlure de
tous les individus d'une ville, le risque est énorme. Et j'ai réalisé jusqu'à
quel point ça prenait deux personnes à temps plein, parce que ça, c'est
une machine, c'est une usine qui marche 24 heures sur 24, l'assainissement, la filtration de l'eau. Ça fait qu'on s'est rendu compte que, de nuit,
bien souvent il y avait
seulement qu'un opérateur. S'il tombe malade, s'il tombe dans le réservoir...
Bon, peu importe.
Donc, ma préoccupation, c'était au
niveau d'est-ce que
le ministère a un droit de regard, ou les Affaires municipales,
sur les municipalités qui gèrent ces usines-là. C'est géré quand même par les municipalités,
ce n'est pas nous, au ministère, ni au gouvernement. Est-ce
qu'on établit un cahier de charges ou
un cahier de normes disant qu'en tout temps il y a toujours deux
opérateurs ou un opérateur et un compagnon dans une usine de filtration de l'eau?
Est-ce qu'on a établi des normes ou un cahier de charges qui détermine que ce n'est
pas n'importe qui qui rentre dans l'usine de filtration sans avoir une passe
magnétique, peu importe le système? Mais, au niveau de la sécurité des lieux,
est-ce qu'on a eu cette préoccupation-là?
Là,
je sors du rapport du vérificateur, j'en conviens. Vous n'étiez peut-être pas
préparés, je m'en excuse, mais on parle
de formation. Parce que notre inquiétude première, c'est d'avoir les bonnes
personnes qui opèrent comme il faut les usines, mais il faut aussi bien
encadrer ces personnes-là.
Le Président (M. Marcoux) :
Oui. Qui veut répondre à cette préoccupation?
M.
Goyer :
En fait, ma question, c'est de savoir si on a autorité là-dedans, là.
M. D'Astous (Clément) : Oui. On n'a pas
vraiment de…
Le Président (M. Marcoux) :
Oui, M. D'Astous.
M. D'Astous (Clément) : Je pense qu'on n'aura
pas de réponse satisfaisante pour vous maintenant, mais on peut s'engager à
vous transmettre plus d'information en réponse à votre question.
Le Président (M. Marcoux) :
Merci. Oui?
M.
Goyer :
En fait, c'est plus une préoccupation que je voulais vous exprimer. Je ne suis
pas expert, je ne suis pas dans la fonction
publique, je suis un simple député. Mais c'est le vécu en tant que conseiller
municipal qui me dit ça, en me
disant : Wow! C'est un outil important, une usine de filtration. C'est un
bâtiment excessivement important. Puis, même à la ville de Saint-Eustache,
on n'avait pas imaginé l'importance. Je me dis : Si les villes n'ont pas
eu cette préoccupation-là, il va falloir que
le gouvernement ou le ministère s'assure de la sécurité des bâtiments, pas
juste de la formation du personnel. C'était ça, le message.
Le Président (M. Marcoux) :
Oui, M. Rousseau.
M.
Rousseau (Michel) : La
réglementation, ce qu'elle dit, tout… En termes d'autorité qu'on a là-dessus,
c'est que l'opération doit se faire par un
opérateur qualifié, et ça se limite à ça dans la réglementation. Ça se limite à
ça comme exigence. Par rapport à ce
que vous dites, c'est qu'il faut qu'il y ait une personne qualifiée en mesure
d'opérer l'usine pour…
M.
Goyer : En tout
temps, 24 heures sur 24.
M. Rousseau (Michel) : Pour le reste, c'est…
Une voix : …
M.
Rousseau (Michel) : Non, il n'y a
pas de critère de sécurité puis de doubler la… C'est la seule
municipalité qui a la responsabilité de s'assurer que ce soit fait.
Le Président (M. Marcoux) :
Oui, M. le vice-président...
M.
Chapadeau : Vous
avez terminé, là?
Une voix : Oui, oui, oui.
Le Président (M. Marcoux) :
Bonjour, M. le député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
• (16 h 50) •
M.
Chapadeau :
Merci, M. le Président. Moi aussi, je vais sortir du rapport du Vérificateur
général, mais en même temps ça s'y
rattache de toute façon, là. Je veux
juste revenir sur une tragédie qu'on a vue durant l'été, là, ce qui s'est
passé à Mégantic, au lac Mégantic, où on a vu, là, rapidement, trois municipalités,
là, qui ont dû trouver une alternative, là,
une source d'eau potable. Et j'imagine que ça nous a fait aussi réaliser, là,
le besoin d'identifier aussi d'autres situations qui pourraient être similaires, avec des
déversements, ou une sécheresse, ou peu importe, là, mais comment maintenant
on… ce qu'on a réalisé, ce qu'on a vu là, comment ça a permis, là, pour vous
autres, de préparer le terrain ou de regarder, là, des alternatives ailleurs
où ça pourrait arriver, dans d'autres municipalités, on espère, jamais de cette
ampleur-là, mais des déversements, ça peut
arriver, donc… et l'importance d'identifier des sources alternatives. Est-ce qu'au
ministère, là, on a pu se pencher là-dessus, là, pour justement prévenir, là,
que ça arrive dans d'autres municipalités?
Le Président (M. Marcoux) :
Oui, M. D'Astous.
M.
D'Astous (Clément) : La tragédie
du Lac-Mégantic, évidemment c'est un cas patent où ça montre qu'il faut
faire tout en sorte pour identifier les risques et se doter de plans d'urgence
pour assurer l'approvisionnement en eau potable pour desservir la population,
hein? Avec le déversement qui a eu lieu à Lac-Mégantic et le pétrole qui s'est rendu
à la rivière Chaudière, on sait qu'il y a trois grandes municipalités qui ont
été obligées de prendre des plans d'urgence...
mettre en place des plans d'urgence de façon très, très rapide, simplement en à
peine 48 heures. Il y a Saint-Georges,
la ville de Sainte-Marie puis la ville de Lévis. Pour les cas de Saint-Georges
et de Sainte-Marie, ils ont pu avoir recours à d'anciennes prises d'eau
qu'ils avaient, qui étaient toujours en opération. Dans le cas de Lévis, ça a
été un peu plus compliqué, mais ils ont trouvé des moyens de s'approvisionner
dans la rivière Beaurivage, là, dans un délai raisonnable, pour éviter la
contamination de leur usine d'épuration d'eau.
Évidemment,
c'est une problématique à laquelle il faut se… à laquelle le ministère
réfléchit depuis longtemps. Il faut
se rappeler qu'en avril 2002, bien avant que les événements de
Lac-Mégantic surviennent, le gouvernement a publié un projet de stratégie de protection et de
conservation des sources destinées à l'alimentation en eau potable. Ça, c'est
une stratégie qui a été adoptée pour donner suite aux engagements mis de l'avant,
là, dans la Politique nationale de l'eau, adoptée
en 2002. L'objet de cette stratégie est de développer une meilleure
connaissance, là, de la vulnérabilité des sources destinées à l'alimentation en eau potable tant
souterraine que de surface. Elle prévoit aussi l'établissement de
mesures d'urgence visant la protection des
sources face aux risques d'accident découlant d'activités humaines ou face aux
aléas climatiques, comme les événements qui ont eu lieu à Lac-Mégantic.
Cette
stratégie est en lien avec le règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection,
qui a été rendu public aussi au
printemps dernier, qui a été déposé au printemps dernier et dont l'objectif est
d'avoir son adoption à l'automne prochain.
La stratégie a fait l'objet de larges consultations publiques et elle devrait
être adoptée à l'automne prochain, en même temps que le projet de
règlement.
Dans le cadre
de cette stratégie, on prévoit l'identification des causes de vulnérabilité des
sources d'alimentation en eau
potable. On prévoit aussi de trouver les moyens pour confronter les problèmes
d'approvisionnement en eau. On vise aussi à l'élaboration de plans de
protection et de conservation des sources d'eau potable, l'élaboration de plans
de protection d'urgence permettant de réduire certains risques à la source et de
prévoir des mesures d'urgence, telles que les sources alternatives au règlement
en eau pouvant rapidement être déployées en cas de besoin, comme ça a été le
cas pour les trois villes de Saint-Georges, Sainte-Marie et Lévis.
Donc, la stratégie
existe, elle a été déposée et elle a fait l'objet de larges consultations publiques, et l'objectif est de l'adopter à l'automne
prochain.
Le Président (M. Marcoux) : Oui,
M. le député?
M.
Chapadeau : On va
passer...
Le Président (M. Marcoux) :
...à l'autre groupe?
M.
Chapadeau : Oui.
Le Président (M. Marcoux) :
Oui, M. le député de Laurier-Dorion.
M.
Sklavounos : Merci,
M. le Président. Après 10 ans de
la Politique nationale de l'eau... Et nous savons qu'à l'intérieur de la Politique nationale de l'eau il y avait une question
où on voulait être capable de mesurer la toxicité des rejets et évaluer s'il
y a eu une diminution réelle. Évidemment, plus de cinq ans après que cet engagement
était censé être accompli, si vous voulez, il y a, en ce moment, absence d'évaluation
totale de la toxicité des rejets. Ça pourrait en surprendre certains d'entendre
ça, mais c'est vrai.
À l'intérieur du plan d'action, on parle d'«exiger par voie réglementaire que l'effluent d'une station d'épuration de moyenne, grande ou très grande taille ne présente
pas de toxicité et d'effectuer des essais de toxicité selon une
fréquence et une procédure établies, ainsi
que, par les attestations d'assainissement, la réalisation d'une caractérisation de l'effluent de
tous les ouvrages municipaux d'assainissement», et de «l'établissement d'un
ordre de priorités de réalisation selon l'ampleur des impacts des rejets sur le
milieu récepteur».
Je comprends
bien qu'en 2014 le ministère établira un ordre de priorités. Par contre,
nous n'avons pas vraiment d'information sur les correctifs qui auront à être apportés,
quel échéancier, quel délai qu'on donne pour apporter les correctifs...
Le Président (M. Marcoux) :
Alors, moi, M. le député de Laurier-Dorion, je suis... je m'excuse de vous
interrompre, c'est qu'on m'informe qu'il y a un vote en Chambre. Alors donc,
nous nous excusons auprès de vous, mesdames messieurs, nous allons devoir
suspendre pour quelques minutes et nous allons revenir.
(Suspension de la séance à 16 h 58)
(Reprise à 17 h 16)
Le
Président (M. Marcoux) : Alors, nous allons reprendre la
séance. Et, quand nous avions quitté pour un vote… Et, pour ceux qui se
poseraient des questions, nous avons tous gagné le vote, alors c'est correct.
Une voix : …
Le Président (M. Marcoux) :
Non, c'était unanime. Et la parole était au député de Laurier-Dorion.
M.
Sklavounos : En
fait, je venais quasiment de terminer la question, M. le Président, mais,
juste un rappel rapide, je parlais de la
Politique nationale de l'eau, le fait qu'après 10 ans de mise en oeuvre de
la Politique nationale de l'eau il y
a encore certaines lacunes, entre autres l'absence d'évaluation de la toxicité
des rejets. Même si on est cinq ans après
l'échéancier qui a été fixé pour parvenir à une certaine évaluation de la
diminution, si tel était le cas, de la toxicité des rejets, il y a, dans le plan d'action du MDDEP,
deux exigences. D'abord, première, c'est d'exiger par voie réglementaire
que les effluents des stations d'épuration
de moyenne, de grande et très grande taille ne présentent pas de toxicité
aiguë, des essais de
toxicité sur une fréquence et procédure établies. Ensuite, aussi, exiger par
les attestations d'assainissement la caractérisation
de l'effluent ainsi qu'un ordre de priorités de réalisation selon l'ampleur des
impacts sur les rejets… sur le milieu récepteur.
Et ma
question était… On établira, en 2014, un ordre de priorités. Je voulais savoir,
au niveau des correctifs, la réalisation
des correctifs qui auront vraisemblablement à être apportés dans certains cas,
pour quand la réalisation des correctifs,
c'est-à-dire quel serait l'échéancier. Quel serait le délai, la date limite
pour apporter des correctifs? C'est une chose, fixer des priorités, c'est
une autre chose, apporter des correctifs. Alors, c'était ma question, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux) :
Oui, M. D'Astous.
M. D'Astous (Clément) : Avec l'adoption
éventuelle du projet de règlement sur les ouvrages municipaux d'assainissement
des eaux usées et les éventuelles attestations d'assainissement municipales qui
ont été délivrées, toutes les stations
d'épuration, sauf les très petites, là, devront procéder dorénavant à
l'évaluation de la toxicité de leurs effluents
traités afin d'établir, le cas échéant, la nature de la toxicité aiguë ou
chronique, les espèces affectées, l'ampleur de la toxicité mesurée et
son caractère ponctuel ou continuel.
Dans les cas
où il y aura toxicité mesurée, le ministère du Développement durable, de
l'Environnement, Faune et des Parcs
et le MAMROT détermineront avec les municipalités quelles sont les causes et
quels sont les correctifs à apporter pour réduire le potentiel de
toxicité, au moyen d'une amélioration du traitement ou d'une réduction à la
source, ainsi que les échéances de réalisation des correctifs à apporter. Et, à
cet égard, le ministère des Affaires municipales, le MAMROT, dispose d'outils financiers pour supporter les municipalités,
là, à apporter les correctifs requis. Je ne sais pas si monsieur… si les
gens des Affaires municipales veulent ajouter quelque chose là-dessus.
• (17 h 20) •
Le Président (M. Marcoux) :
Oui. Si vous vouliez vous identifier, s'il vous plaît.
M. Guay (Frédéric) : Frédéric Guay,
sous-ministre adjoint aux Affaires municipales.
En fait, oui, en complément d'information, comme
l'a expliqué M. D'Astous, là, une fois que, je dirais, les critères ou si… on aura pris des décisions sur
qu'est-ce qu'on fait avec les effluents toxiques puis on aura statué là-dessus,
juste rassurer les parlementaires aussi
qu'aux Affaires municipales on sera présent, là, pour supporter les municipalités
au niveau de l'aide financière, pour les
accompagner dans la mise aux normes. Le prochain règlement prévoit des
normes qui s'adressent justement… qui sont à l'égard de la toxicité. Alors, dans
les budgets des Affaires municipales, sur la prochaine
période de 10 ans, il y a déjà 1,5 milliard, quand même, qui n'est pas
rien, là, qui est prévu pour faire face à ces demandes-là de mise aux
normes avec la nouvelle réglementation qui est en voie d'être adoptée, là, aux
Affaires… à l'Environnement.
Le Président (M. Marcoux) :
Merci. Oui, M. le député.
M.
Sklavounos :
Je comprends qu'évidemment c'est en quelque sorte du cas par cas, là, mais j'ai demandé une
estimation des délais un petit peu au niveau de la détermination qu'il y a un
correctif à apporter. Est-ce que… je ne sais pas, peut-être généralement ou peut-être
en utilisant quelques exemples, nous dire, du moment qu'on identifie un problème au niveau de la toxicité, et qu'on a
caractérisé, suite à des essais, etc., et on a établi la priorité, on regarde
quel type de délai. Parce qu'évidemment c'est quelque chose qui…
La Politique
nationale de l'eau , c'est 10 ans, on est cinq ans après l'échéancier. Là,
on parle de fixer des priorités, de commencer à évaluer, là on parle
d'un autre délai avant d'apporter les correctifs. C'est pour ça que je vous
pose la question. Parce qu'évidemment c'est un dossier qui, si vous voulez,
traîne, si vous voulez, un petit peu, là, si je peux employer ce terme-là, avec respect évidemment. Mais simplement pour
avoir une idée, pour le public qui nous écoute, s'il y a… Est-ce que quelqu'un pourrait s'aventurer là-dessus, sur ce
terrain, peut-être en utilisant quelques exemples? Et, j'imagine, il y a des choses à régler qui peuvent
être réglées plus rapidement que d'autres. Mais juste pour l'information
du public.
Le Président (M. Marcoux) :
M. Guay.
M. Guay (Frédéric) : Juste avant de céder
la parole à mes collègues de l'Environnement, juste pour dire que la réglementation
de l'Environnement, qui est un peu le miroir de la stratégie pancanadienne, là,
prévoit des échéanciers, là, sur les 30 prochaines années. Donc, quand on
parlait tantôt — puis
les chiffres que vous aviez véhiculés aussi, là — 3 milliards pour
la mise aux normes puis 6 milliards pour les déversements, donc un total
de 9 — en fait, je pense, le chiffre exact, on est
à 9,4 présentement, là — c'est sur une échéance de 30 ans. Puis on y va par
tranches de 10 ans. Donc, la stratégie est faite comme ça, la
réglementation va être faite de la même façon.
Donc, il y a un 0-10, un 10-20 puis un 20-30. Tantôt, quand je vous parlais du
1,5 milliard, c'était pour la première tranche de 10 ans. Là,
pour les détails, les exemples, je vais céder la parole à mes collègues, parce
qu'il y a des choses à dire là-dessus.
Le Président (M. Marcoux) :
Oui, M. Larochelle.
M. Larochelle (Charles) :
Oui, oui. Charles Larochelle.
Bien,
écoutez, en fait, il peut y avoir des causes variables, en fait, là, qui
expliquent le problème de toxicité, et, selon ces causes-là, évidemment les correctifs vont varier. Dans
certains cas, ça peut être plutôt au niveau des pratiques mêmes de gestion
de l'usine. Ça, c'est des choses qui peuvent se corriger assez rapidement. Dans
d'autres cas, il peut s'agir carrément
d'équipements qui doivent être améliorés. Et là, évidemment, on a… là, c'est
sûr que c'est un petit peu plus long,
parce qu'il y a de la mise aux normes à faire et puis, bon, il y a des travaux
d'infrastructure. On m'indique que, même, dans certains cas, ça peut aussi venir d'un effluent, d'un rejet
industriel, mais qui passe par le réseau d'égout municipal. À ce
moment-là, on peut agir à la source. Donc, on n'agit pas nécessairement sur le
traitement municipal.
Alors, tout ça fait en sorte que les correctifs,
là, peuvent prendre plus ou moins de temps. Les budgets sont disponibles, et on va être en mesure d'avoir le
tableau de la situation dès que la caractérisation va se faire. Et ça, elle
va être exigée de façon immédiate lors de la
délivrance des attestations, d'ici un an ou deux. Dans certains cas, ça va
pouvoir se faire rapidement. Dans d'autres
cas, il y aura des délais, peut-être de quelques années, s'il y avait vraiment
des travaux majeurs d'infrastructure à faire sur les équipements. Mais
je ne peux pas vous dire : D'ici 2017, tout va être réglé. Peut-être que…
pour les raisons que je viens de vous évoquer.
M.
Sklavounos : Si je
pourrais, M. le Président, une autre question…
Le Président (M. Marcoux) :
Oui, allez-y.
M.
Sklavounos :
…plus du côté du MAMROT. Nous apprenons qu'il y a des municipalités qui ne
respectent pas leurs obligations en
matière de suivi, on a certains chiffres : 30 % des stations
d'assainissement en 2011, et, des fois, que le non-respect des modalités de suivi est même récurrent, ce qui veut dire
que… je ne sais pas, je suis un ancien criminaliste, je ne veux pas
parler des récidivistes, là, mais je veux… si vous voulez, ça ressemble, en
quelque sorte, à ça.
Il y a également des manquements, et c'est
peut-être le plus sérieux de tout, je ne sais pas, peut-être, des manquements à l'obligation de transmettre des avis
de déversement dans les plus brefs délais, ce qui me semblerait être quelque chose de «basic», si vous voulez… si vous
me pardonnez cette expression-là. Je sais évidemment qu'on parle… et je ne suis pas l'informaticien du groupe, là — il a pris la parole plus tôt, là, puis il a
mentionné son expertise — mais je vois, ici, certaines propositions dans le plan d'action
du MAMROT, c'est une espèce de courriel automatique, une fois que l'échéancier est passé, disant : On vous
rappelle que vous n'avez peut-être pas transmis des données. Et évidemment
ça prendrait la mise en oeuvre d'une modification informatique, également, qui
pourrait assister le tout.
Mais je
voulais savoir un petit peu… tu sais, encore, je… malheureusement, j'ai un
langage de criminaliste, là. Du côté
coercitif un petit peu plus, quels moyens envisagez-vous, là, pour essayer de
vous assurer une certaine collaboration? Je ne veux pas dire
«collaboration», je présume que les municipalités veulent collaborer, mais,
pour des raisons, des fois, qui peuvent leur
appartenir ou qui sont spécifiques, la transmission des données n'est pas faite
de manière diligente, et j'imagine pour…
Le Président (M. Marcoux) :
Alors, rapidement, M. le député, parce que…
M.
Sklavounos : Il
manque du temps?
Le Président (M. Marcoux) :
Pardon?
M.
Sklavounos : Je
manque du temps, M. le Président?
Le Président (M. Marcoux) :
Oui.
M.
Sklavounos : Alors,
ça va un petit peu avec qu'est-ce qu'on pourrait envisager comme conséquences, évidemment, parce que, s'il n'y a pas de
conséquence… Et, si jamais, au niveau de l'informatique, il s'avère que ce
n'est pas réaliste ou ça ne fonctionne pas, il y-a-tu quelque chose d'autre qu'on
envisage comme alternative?
Le Président (M. Marcoux) :
Alors, M. Boucher.
M. Boucher
(Sylvain) : Vous avez
raison. Nous, ce qui a été noté dans le rapport du vérificateur, c'est :
On a peu de moyens coercitifs. Vous avez parlé tantôt de collaboration.
Nous, on travaille sur la base de collaboration avec les municipalités. On a dit : Nous, on… D'entrée
de jeu, on a dit : On n'est pas dans un univers réglementaire, donc on
n'est pas coercitifs. On travaille beaucoup
avec cette collaboration-là. Donc, on s'est mis en place un plan de suivi des
ouvrages, de suivi des exigences de rejet puis des programmes de suivi. C'est
là que vous avez raison. Dans les suivis, dans les exigences de suivi, des municipalités ne nous ont pas fourni toujours à
temps les données. Le bout… Donc, on l'aborde de deux façons.
Donc, ce
qu'on a mis dans le plan d'action, c'est que, oui, on va se donner des moyens,
au niveau informatique, de faire des
rappels, bien qu'on en fait déjà, des rappels. Puis on travaille beaucoup,
surtout avec des petites municipalités. On leur donne de la formation, on fait des guides, on fait une série de
choses, puis on va aller encore plus loin : mettre des systèmes
informatiques plus automatisés. On pèse sur un piton, puis il va se faire un
rappel. Tout ça, c'est en cours.
Mais, l'autre bout,
le bout coercitif, dans le fond, il va venir aussi du règlement, du projet de
règlement, parce que, dans le règlement, il
va y avoir aussi des exigences de transmettre les données, de transmettre des
informations avec des
délais et, si ce n'est pas fait, bien, il y a des pénalités qui vont être
associées. Et ça, ça va être suivi par le ministère de l'Environnement, à travers le règlement. Donc,
nous, on va continuer sur la base de la collaboration, mais le règlement
va introduire certains aspects de coercition
auprès des municipalités. Donc, c'est ça. Peut-être, si tu veux compléter,
Frédéric.
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, M. Guay.
M. Guay (Frédéric) : Oui. En fait, pour compléter là-dessus, je veux aussi rappeler que,
malgré le fait qu'on est quand même en accompagnement puis en
collaboration avec les municipalités, lorsqu'on identifie des mesures correctives qui doivent être mises en place au
niveau des infrastructures, les municipalités ont un suivi à faire, puis,
si on constate que le suivi n'est pas fait,
que les mesures correctrices n'ont pas été apportées aux équipements, nous, on
a une certaine forme de contrôle, je
dirais, en parallèle, qui est le versement de la taxe d'accise sur l'essence
pour laquelle on dit aux
municipalités : Si vous avez des travaux à faire, des mesures correctrices
à faire sur vos infrastructures et que vous ne les faites pas, donc le suivi n'est pas fait, nous, on va bloquer au
niveau du versement de la taxe d'accise. Donc, tant que vous ne faites
pas vos correctifs avec ça… puis la taxe peut servir à ça. Donc, on dit :
Prenez votre taxe puis utilisez-la pour faire les mesures correctrices sur les
ouvrages d'assainissement.
Le Président (M.
Marcoux) : Merci. Donc, M. le député de Sherbrooke,
vice-président de la commission.
• (17 h 30) •
M.
Cardin : Oui, M. le Président. Merci beaucoup. Bonjour à
tout le monde. C'est un plaisir de vous recevoir dans un dossier que je
qualifie de très important. Je vais avoir une petite introduction style
éditorial philosophique, dans le sens que,
quand on parle au niveau de la vie, la qualité de vie et tout ça, on se rend
compte qu'il y a trois éléments essentiels que, je considère, moi, c'est
la base. C'est : l'air, l'eau et ce que j'appelle la terre pour l'alimentation.
L'air,
je pense que c'est vous qui êtes responsable à ce niveau-là, et l'eau aussi,
deux éléments très importants. L'air comme tel, plus qu'important parce
que, dans le fond, on est ce qu'on respire, on est ce qu'on boit et on est ce qu'on mange. Et, au niveau de l'air, bien, c'est
essentiel, évidemment, parce que deux, trois minutes puis, si on en
manque, c'est fini; l'eau, cinq, six jours,
si on en manque complètement, c'est fini; l'alimentation, bien, ça peut être un
peu plus long. On a eu un exemple, à
un moment donné, 40 jours, là, dans le désert, là — pas d'allusion, quand même — et puis… Donc, c'est trois éléments
essentiels, puis aujourd'hui on est ici principalement pour l'eau.
Quand
je dis : C'est philosophique, c'est peut-être plus que ça, mais on dit que
l'eau, c'est la vie. On se sert de l'eau aussi pour purifier, donc nettoyer. Puis on le voit, l'exemple, dans
notre société, on nettoie beaucoup à partir de l'eau. Puis ça se ramasse où? Ça se ramasse
potentiellement dans les égouts et ça se ramasse aussi, potentiellement,
directement dans les drains pluviaux, qu'on
appelle, là, qui vont directement aux cours d'eau, dans l'eau. Donc, on a, à ce
moment-là, de l'eau qui est, directement dans son bassin, polluée par les
rejets.
Et
puis, quand on parle des égouts, bien, l'eau cache bien les choses, hein? Si on
regarde dans le passé, là, celui qui a
eu la première idée d'envoyer ça dans l'eau, là, tous les égouts comme tels,
là, ça cachait, on ne le voyait pas. D'ailleurs, j'ai participé souvent à des nettoyages de berges et même de cours
d'eau, de façon bénévole, l'été, c'était épouvantable ce qu'on pouvait trouver dans l'eau. Pourquoi? Ça
cachait. Ça fait qu'on s'est servi de l'eau pendant, je dirais, des
centaines d'années pour cacher des choses,
cacher des déchets, cacher même… En tout cas, il y en a même qui cachaient des
sacs de couchage sur des blocs de béton, ça
fait que… C'est d'autre chose. Mais, voyez-vous, ça cache.
Donc, on se donne bonne conscience, on cache des choses à travers l'eau.
Et puis c'est pour ça
que, quand on étudie ce dossier-là, l'eau, son assainissement et bien sûr son
traitement pour rendre l'eau potable et puis saine à la vie… Ça fait que, quand
je regarde ça, il y a quelque chose là. Puis on nous a dit tantôt : Rien ne se perd, rien ne se crée, mais tout se
transforme. Dans le fond, c'est effectivement ça, là. Il n'y a rien qui
se perd, il n'y a rien qui se crée, mais, de façon consciente, on salit l'eau.
Donc, après ça, on est obligé de la traiter.
Probablement que, de la traiter, même s'il n'y avait aucune source de pollution
comme on la connaît aujourd'hui, on aurait quand même besoin d'un
minimum, mais les questions ne seraient pas aussi existentielles, et
financières, et économiques qu'elles sont
présentement. Ça fait que je me suis toujours demandé : Ces deux
éléments-là… Dans le fond, pour régler les problèmes, il faut retourner
à la source, à la source où l'eau est supposée d'être plus pure.
Et,
à part des égouts domestiques, il y a le ruissellement que j'appelle urbain et
agricole. Urbain, ça a l'air de rien, comme ça, là, mais, toutes les
surfaces d'asphalte et de ciment, l'eau s'en va dans l'égout pluvial,
directement au cours d'eau. Toutes les
bâtisses, bâtiments à plafonds plats, où les mouettes s'amusent et font ce
qu'elles ont à faire, c'est ramassé
avec une pluie, ça s'en va directement dans l'eau, dans les cours d'eau. Ça
fait que, quand je regarde ça, je me dis qu'il y a, oui, la pollution
dite humaine et quotidienne, et il y a aussi la pollution à travers les grandes
surfaces, là, cimentées et asphaltées. Ça fait que, quand on regarde ça, on se
dit : On prend ça comment? Puis, dans un autre côté, tout ça représente une concentration, quand on
parle du ruissellement urbain, et, quand on regarde ça, on se dit :
Bien, comment on pourrait procéder? Mais malheureusement on cherche à
concentrer la population de plus en plus. On a une concentration, à ce niveau-là, du ruissellement et une concentration
au niveau des égouts. Et il y a l'agricole. Là-dedans, on n'a pas beaucoup entendu parler de l'agricole,
sauf que les effets que ça peut avoir… le nitrate, le phosphore et les
différents insecticides, pesticides qui se promènent, tout ça. Ça fait que,
quand on regarde ça, on peut se poser énormément de questions.
Tantôt,
M. Rousseau, je crois, à l'analyse dans une discussion que vous aviez avec
un autre collègue, vous avez dit : Bien là, on n'est pas… on ne fait pas un programme pour aller sur la
Lune. Mais ça, là, ça m'a rappelé, bien sûr, comment dirais-je, le 25… si on se rappelle bien des
dates, 25 mai 1961, où Kennedy disait : D'ici la fin de la
décennie, on va aller sur la lune. Ça fait que le programme, il a quand
même été bon, compte tenu de la situation, je dirais, scientifique et
technologique du moment. Ça a été une volonté, puis elle a été faite.
Ça fait qu'aujourd'hui on peut se dire
à peu près la même chose. On peut-u penser que, la prémisse de salir l'eau
pour pouvoir la traiter, on ne pourrait pas…
il n'y a pas d'autre chose? La première personne qui a pensé à se servir
de l'eau pour faire toutes les… — encore là, il faut que je mette beaucoup de
guillemets dans mes mots — à la salir, tu sais, se servir de l'eau pour nettoyer de
tout, de tout, quand on utilise quelque chose d'essentiel… pour pouvoir
quasiment, à quelque part, la traiter un jour ou l'autre. Ça fait que tout ça,
bien, on sait que…
Quand
je dis, bien, «revenir à la source», revenir à la source, c'est aussi… ça met
dans le décor la gestion par bassin versant.
Et puis quelqu'un qui se trouve à un point x, il peut s'attendre à avoir
des droits par rapport à celui qui est en amont. Et il y a des responsabilités par rapport à celui qui est en aval. Donc,
quand on regarde tout ça, tout le monde est responsable.
C'est une question de
responsabilité mais aussi de moyens. On ne pourrait pas dire aujourd'hui :
Si jamais… Tu sais, des fois, il y a des
questions qui se posent aux gens, dire : Si vous étiez président de la
république… Est-ce que, si j'arrivais
ici aujourd'hui puis je disais : Je veux qu'en dedans des
10 prochaines années, là, on trouve d'autres moyens, d'autres façons de faire qui ne nous obligent pas
à procéder continuellement à l'assainissement de ce qu'on salit la
veille, de façon continuelle, répétitive… On dirait qu'on se pose juste des
questions sur comment on pourrait bien faire pour, tu sais, éviter telle chose, éviter toutes sortes d'éléments, là. On
peut le voir au niveau des rejets, des analyses constantes qu'il faut
faire, les surveiller, la toxicité, tout ça.
Puis
la toxicité… On parlait des produits, M. le… Eh, bateau! je n'aurai pas le
temps de poser de questions, hein? Mais
ce n'est pas grave. Au moins, le message va être passé : Dans 10 ans,
je voudrais qu'on change de façon de faire, arrêter de faire dans l'eau.
C'est-u possible, si je vous donnais le mandat, là, dans 10 ans, puis les
moyens, arrêter de faire dans l'eau?
Le Président (M.
Marcoux) : Est-ce que c'est une question que vous posez?
• (17 h 40) •
M.
Cardin :
Oui, mais je vais finir avant. Je n'aurai pas le temps, probablement, de
revenir si vous répondez tous, parce que vous pouvez tous répondre. Ça fait qu'à
ce moment-là, là, c'est ça, régler le problème à la source, à quelque part.
Et puis tantôt je
parlais des grandes étendues urbaines, qui sont aussi responsables pour
beaucoup dans les rejets, dans les rejets qui vont dans le milieu récepteur
directement. Et, si on regarde ça… C'est ça. J'espère que vous comprenez bien,
hein, ce que je veux dire et puis qu'est-ce que ça peut impliquer.
Mais,
avant d'aller plus loin… Je n'irai pas plus loin, je vais juste reparler de
quelques éléments, comme la toxicité. Cette
semaine, pas plus tard qu'hier, il y avait, dans le journal La Tribune :
Le cancer : effet des pesticides se révèle, l'effet des pesticides sur l'apparition du cancer du sein
chez l'humain. Le chercheur… «Le Pr Luc Gaudreau et son équipe ont testé
les mécanismes qu'induisent sur l'organisme
une vingtaine de produits utilisés couramment en agriculture.» Donc, au niveau de l'agriculture, je le sais qu'il y a des
normes, des applications, mais, pour mettre fin au ruissellement
agricole, il y a sûrement un moyen. Donc, ça
fait partie, là, du mandat que je vous ai donné sur 10 ans, là, pour
diminuer l'assainissement comme tel. Et puis… et d'autres causes de
cancer aussi.
Le
titulaire de la chaire de recherche sur les mécanismes de la transcription
génétique de l'Université de Sherbrooke :
«"Il y a des choses qu'on peut faire pour évaluer les effets à moyen et à
long terme des pesticides" […] — ce qu'on ne faisait pas
nécessairement avant. M. Gaudreau et son équipe ont testé environ une vingtaine
de pesticides jusqu'à présent, des pesticides couramment utilisés en
agriculture — on
revient sur l'agriculture. Cela inclut les insecticides, les herbicides […] les
fongicides. On retrouve notamment dans la liste des chercheurs sherbrookois le MCPA, un herbicide, et le chlorpyrifos, un
insecticide, fréquemment utilisés.» Donc, il y a une multitude... Quand on
parle, par exemple, de certains produits qui
ne sont pas nécessairement hypertoxiques à la base, cela peut amener... mais
cela peut amener des mutations. Donc, la recherche se poursuit pour déterminer
tout ce qu'il peut y avoir comme problèmes.
Puis,
s'il y a quelque chose qu'on n'est pas capables nécessairement d'enrayer, bien,
c'est bien ça. Parce qu'il y a même des choses qui se mettent dans les
différents secteurs agricoles qu'on ne sait même pas qu'ils sont là. Mais c'était pour vous dire : Pour la toxicité,
bien, je pense que, là, on voit de mieux en mieux ce que ça représente. Mais,
en attendant que vous ayez un bon plan, d'ici 10 ans, pour changer les
choses, bien là, ce sont des travaux qui doivent être faits, c'est évident, et
la compétence doit être là.
Et donc les
différents éléments qu'on a pu voir dans le rapport... Moi, j'adhère
complètement au rapport du commissaire et du
vérificateur. Je crois qu'au lieu de corriger, je dirais, de guérir, il
faudrait peut-être penser à qu'est-ce qu'on peut faire en amont et faire
en sorte de développer un système. Je le sais que ça peut avoir l'air drôle,
avec un peu d'humour à travers ça, là, mais,
je veux dire, c'est fondamental. Est-ce qu'on pourrait découvrir une
technologie qui fait que les rejets dans l'eau, bien, soient minimisés
au maximum et qu'on n'ait pas à développer des réseaux comme on a été obligés
de développer? Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Marcoux) : Merci, M. le député de Sherbrooke. Est-ce qu'il y a
quelques commentaires? Vous avez...
Une voix :
...pour 10 ans.
Le Président (M.
Marcoux) : Bien, écoutez... Oui. Assez brièvement.
Des voix :
...
M. Boucher (Sylvain) : Bien, on va répondre… Oui. En fait, c'est comment
on se voit dans le futur puis comment moins salir l'eau, ce n'est pas le
bon mot, mais moins... Je m'en vais vous répondre d'une façon. Ce qu'on
travaille, nous, actuellement, c'est comment
moins l'utiliser, l'eau. C'est ce qu'on a mis en place, c'est une stratégie
d'économie d'eau potable. Et ça, M. le
Président, si vous voulez, on pourrait vous en parler une minute… très court,
là, je comprends que le temps file, mais toute la stratégie pour moins
utiliser l'eau, qui est une partie de la réponse à ce que vous nous présentez
comme défi, défi de société.
Le Président (M.
Marcoux) : M. Guay, brièvement.
M. Guay (Frédéric)
: Effectivement. Donc, il y a... Une partie de la réponse à votre question
réside dans une action qu'on a mise en place
au mois de mars 2011. Donc, c'est quand même assez récent. Donc, le MAMROT
a lancé ce qu'on appelle la Stratégie
québécoise d'économie d'eau potable. Donc, il y a même une page Facebook
au gouvernement du Québec — on est quand même assez novateurs avec
ça. Donc, c'est en ligne depuis mars 2011.
Et,
à l'intérieur de la stratégie, les actions concourent effectivement à réduire
l'utilisation de l'eau. Par exemple, on a mis en place un modèle de
réglementation qui peut être adopté par les municipalités pour réglementer les
usages abusifs de l'eau. Donc, ça peut être
d'arroser les pelouses tous les jours, ça peut être d'arroser les entrées,
l'asphalte, nettoyer son entrée avec
le boyau d'arrosage. Donc, on a mis à la disposition des municipalités des
modèles de réglementation qui peuvent être adoptés. On travaille aussi
avec la Régie du bâtiment du Québec pour introduire dans la réglementation l'obligation, je dirais,
d'équipements à faible débit de consommation. Donc, c'est une autre chose.
On travaille avec des programmes d'économie d'eau potable dans les écoles, dans
les hôpitaux. On fait beaucoup de...
Vous
savez, l'avenir, ça se prépare aussi avec les jeunes d'aujourd'hui. Donc, on a
aussi de la formation dans les écoles,
sur l'économie d'eau potable. Actuellement, il y a déjà un programme qui est en
cours pour les cinquièmes... les étudiants
de... les élèves de cinquième année du primaire. On a des programmes... Dans la
stratégie, il y a des programmes de recherche de fuites. Ça, on en
entend beaucoup parler aussi, ça, donc ça contribue à la chose. Et mes
collègues, tantôt, de l'Environnement me
rappelaient aussi qu'il y a toute une question aussi de gestion des eaux
pluviales qui se fait, donc avec un article... la Loi sur la qualité de
l'environnement qui régit, là, la gestion pluviale.
Une voix :
On a produit un guide récemment là-dessus.
M. Guay (Frédéric)
: Pardon?
Une voix :
On a produit un guide sur la gestion...
M. Guay (Frédéric) : Il y a un guide qui a été produit là-dessus aussi. Donc, vous voyez, on
a quand même une partie de la réponse qui, je pense, est intéressante
pour l'avenir.
M.
Cardin :
Juste 20 secondes.
Le Président (M.
Marcoux) : Oui.
M.
Cardin :
Ce n'est pas...
Une voix :
...est-ce qu'il va me rester du temps?
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, oui, oui, parfaitement. Oui.
M.
Cardin : Oui, oui, oui. Il va rester du temps en masse. O.K.
Vous avez parlé d'économie d'eau, mais, dans le fond, ça ne répond pas
nécessairement à la question. L'économie d'eau, c'est quelque chose qui est
directement relié au traitement. Donc, on va économiser au niveau du traitement si on
économise au niveau de l'utilisation de l'eau. Mais moi, je vous parle
de l'assainissement. Si vous mettez moins d'eau dans votre réservoir de toilette,
vous allez avoir moins de traitement à faire. Par contre, vous allez avoir une
plus forte concentration, donc plus d'assainissement. C'est ce problème-là que
je veux régler.
M. Boucher (Sylvain) : C'est pour ça que je vous disais : On répond
en partie. Je ne réponds pas au complet, on répond en partie. Mais par
contre, s'il y a moins d'utilisation, pour toutes sortes de choses, s'il y a
moins de pertes dans les systèmes, bien, ça fait moins d'eau aussi à traiter.
On a quand même une partie de réponse là. Puis ça, ça fait partie… un des enjeux du Québec,
où on a beaucoup de fuites dans nos réseaux, on utilise beaucoup
d'eau, on est, hein, des grands
consommateurs d'eau. Donc, se sensibiliser, se donner des moyens de moins
l'utiliser, pour répondre à une partie, mais je comprends qu'on ne
répond pas… nous, de notre point de vue municipal, on est dans notre champ de responsabilité,
ou si la réponse qu'on peut vous faire est…
Le Président (M.
Marcoux) : Donc, merci. Non, je pense que c'est intéressant. On
pourra poursuivre la discussion, M. le député. Alors, je comprends que c'est le
député d'Orford…
M.
Reid : Oui, M. le
Président.
Le
Président (M. Marcoux) : …d'avoir la parole, et après ça le
député de La Peltrie.
Une voix :
…
Le Président (M.
Marcoux) : Pardon?
M.
Reid :
Merci, M. le Président. C'est intéressant, là, de faire ça dans les écoles
parce que ça veut dire que nos enfants et nos petits-enfants vont nous faire la
morale dans les prochaines années, là, puis ça va avoir un effet, c'est sûr et
certain.
Ce n'est pas
nécessaire de connaître beaucoup le Commissaire au développement durable, parce
que, quand on le rencontre, ce n'est pas
long qu'il va nous parler de… pour l'eau, en tout cas, pour… Il y a des façons
de contourner les limites financières et technologiques, c'est
évidemment de prendre plus large. Et on en a encore parlé ce matin, entre autres, des stratégies de bassin versant, et pas
juste des stratégies de traiter des eaux usées d'une municipalité. Et tout
à l'heure, M. D'Astous, vous avez été
exactement dans le même sens quand vous avez décrit la situation où
aujourd'hui on prend des décisions et on va
essayer de prendre une décision plus optimisée. Et je n'ai peut-être pas les
baux, là, mais, en gros, vous avez un
village qui a des exigences par rapport aux eaux usées, mais… pour aller dans
un ruisseau, et le même ruisseau ramasse du phosphore d'une agriculture
tout le tour. Donc, évidemment, c'est intéressant dans ce cas-là. On peut se demander quelle est l'intervention la
plus… enfin, qui est optimale : Est-ce que c'est de mettre encore les
trucs dans l'eau usée ou bien donc c'est de faire une intervention un peu plus
large avec les agriculteurs, etc., qui demande des moyens? Bien, en fait, les
deux demandent des moyens.
Et, moi, en fait, la
question se pose aux deux ministères, et aux deux sous-ministres, et à vos
collaborateurs : Comment est-ce que…
Parce que c'est quelque chose qui est… Sans être nouveau, ce n'est pas quelque
chose qu'on a toujours fait, hein, ces choses-là. Et souvent c'est parce
qu'on fonctionne en silo : d'un côté, les municipalités, de l'autre côté,
l'agriculture, l'environnement, etc. J'aimerais ça que vous nous disiez, chacun
dans votre ministère, en gros, là :
Quel est le processus décisionnel qui nous donne des chances d'arriver à la fin
avec une décision optimale dans un cas
comme celui-là? Parce que, des fois, ça va être de mettre encore… de faire une
intervention au niveau de la municipalité, d'autres fois, ça va être
faire une intervention au niveau du bassin versant. Est-ce que vous pourriez nous dire, dans chacun de vos ministères, comment
est-ce que cette question-là… Parce que ça arrive à des décisions, à un
moment donné, d'accorder de l'argent, de faire une intervention, donc de mettre
du personnel. Et comment est-ce que la
décision… Quel est son cheminement, le processus décisionnel, qui fait en sorte
qu'on risque d'arriver au bout avec la bonne décision plutôt que la
décision qui correspond chacun à son ministère?
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, alors qui…
M. Boucher
(Sylvain) : Je peux commencer. Parce que, dans le fond…
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, M. Boucher.
M. Boucher (Sylvain) : Je peux peut-être vous présenter… puis on complétera. Dans le fond, quand on a un projet d'une municipalité, dans le fond, la municipalité,
nous, elle nous dépose… elle vient souvent nous voir pour une aide financière. Donc, quand la municipalité vient nous voir pour une aide financière, comme il y a
des choses qu'on… Bon, on a nos programmes, là, on regarde l'admissibilité
et tout ça, mais première des choses qu'on fait, nous, c'est qu'on va voir le ministère
de l'Environnement pour regarder les
objectifs environnementaux de rejet, ce qu'on a parlé tantôt. Ça,
c'est notre point de départ, dans le fond. Nous, c'est le point de départ.
Ensuite,
on regarde avec la municipalité, souvent avec les consultants, la technologie qui existe puis, déterminer des objectifs de rejet, qu'est-ce
qu'il est possible de faire, donc,
puis on regarde. Donc, c'est là qu'on est, nous. On dit souvent qu'on est vraiment dans la sphère du développement durable parce qu'on regarde l'aspect environnemental et l'aspect économique. Parce que c'est
là qu'on regarde avec la municipalité combien ça va coûter. Puis là on regarde
avec nos programmes d'aide. Puis comment ça va
coûter? Bien, on n'a pas de balise. Souvent, on peut aller jusqu'à 95 % d'aide. Mais on va comparer ensuite la charge fiscale sur les citoyens. Puis là
on va comparer la situation de la municipalité avec…
Une voix :
…
• (17 h 50) •
M. Boucher
(Sylvain) : Oui, puis avec la MRC, avec des municipalités limitrophes,
parce qu'on reste dans la même sphère. Souvent, c'est... Notre barème, c'est 600 $ par citoyen. Est-ce que ça, c'est... C'est
comme une limite. Puis après ça, une
fois qu'on a trouvé la bonne technologie, le bon emplacement pour l'usine…
Parce que, des fois, l'objectif de rejet
n'est pas acceptable, on va trouver une autre technologie, on va déplacer le
projet pour arriver à quelque chose qui est acceptable d'un point de vue du ministère de l'Environnement. Donc, à la
fin, nous, lorsqu'on a trouvé la technologie, le coût qui... avec la
subvention qui est dans la zone, je dirais, acceptable, il y a une aide
financière qui est offerte.
Mais, avant de l'offrir,
on va voir avec l'Environnement pour qu'ils offrent une certification d'autorisation.
Donc, c'est le ministère de l'Environnement
qui va déterminer si ce projet-là, il répond aux objectifs
environnementaux ou il se rapproche le plus
possible, dans une limite acceptable. Et après ça, nous, une fois qu'il y a le
certificat d'autorisation, bien, il y a la subvention qui...
M.
Reid : Est-ce qu'il y a quelqu'un qui pose la question à ce
moment-là, ou quand vous travaillez avec le ministère de l'Environnement, qui
pose la question : Est-ce que le 5 millions que ça va coûter, à parts
égales, aux municipalités, etc… Est-ce qu'on ne serait pas mieux de mettre une
couple de millions ou de mettre un 5 millions dans un programme qui
couvre, disons, un large territoire pour les agriculteurs, pour diminuer le
même phosphore, finalement? Je ne sais pas.
M. Boucher (Sylvain) : C'est un peu le rôle de l'Environnement où,
avec... Il y a l'objectif, puis nous, on arrive dans la municipalité avec l'objectif de... l'objectif général, puis,
nous, l'objectif de rejet. C'est là que l'Environnement va dire : Bien, l'objectif de rejet, ça, la
municipalité en fait un bout, puis là il y a un autre bout qu'on va essayer de
voir dans les bassins versants, ou d'autres choses. C'est l'arbitrage.
Ce n'est peut-être pas le bon terme, mais...
M.
Reid :
...des conversations entre ministères que vous avez, dans le processus qui
existe...
M. Boucher (Sylvain) : C'est ça. Puis nous, on est le bloc municipal.
Mais ils vont nous dire : Bien, il y a d'autres choses qui vont se
faire, puis on regarde le...
M.
Reid :
...je pense que c'est complémentaire, votre site ou...
M. Boucher
(Sylvain) : C'est ça, oui.
Le Président (M.
Marcoux) : M. D'Astous.
M. D'Astous
(Clément) : Il a été question de la gestion par bassin versant. Vous savez
que l'émission de contaminants dans l'environnement, là, ça a diverses sources,
il y a plusieurs acteurs, il y a des... le monde agricole...
M.
Reid :
...aqueux.
M. D'Astous
(Clément) : Il y a le monde agricole, il y a le monde... il peut y avoir
des piscicultures, il peut y avoir de l'industriel, il y a du résidentiel,
ainsi de suite. Tous ces groupes, ces acteurs-là contribuent à émettre des
contaminants dans l'environnement, puis il faut avoir une approche... une
vision globale de ces choses-là puis voir l'interaction
des uns par rapport aux autres. C'est pour ça que la dimension financière est
importante dans le cas d'ouvrages d'assainissement des eaux usées dans
le secteur municipal. Si on agit uniquement... on prend une décision pour ce secteur-là sans tenir compte de ce qui est rejeté
dans l'environnement par les autres acteurs du même bassin, on n'arrivera
pas nécessairement à une solution financière optimale.
M.
Reid : Et donc ce que je comprends, c'est que, dans le cours
des conversations que vous avez dans le cadre d'un projet, vous avez des conversations entre employés
du même... des deux ministères c'est-à-dire, et c'est lorsqu'il y a ces
conversations-là que vous regardez les projets. Chacun de son côté évalue aussi
l'aspect qui le touche le plus. Dans le côté environnement, évidemment c'est l'aspect
plus global, parce que les bassins versants travaillent surtout avec le
ministère de l'Environnement.
M. D'Astous
(Clément) : Oui. Et on a beaucoup d'échanges avec nos collègues du
ministère des Affaires municipales, on a beaucoup d'échanges avec le MAPAQ, par
la force des choses.
M.
Reid :
O.K. C'est bon. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Marcoux) : Oui. M. le député Laurier-Dorion, aviez-vous d'autres
questions?
M.
Sklavounos :
Ça va.
Le Président (M.
Marcoux) : Ça va? Député de La Peltrie.
M.
Caire :
J'ai tout ce temps-là juste pour moi?
Le Président (M.
Marcoux) : Non, c'est-à-dire qu'on va répartir s'il y a encore
des questions ici.
M.
Caire :
Je me disais aussi.
Une voix :
J'en aurais peut-être une dernière…
Le Président (M. Marcoux) :
Ah! Bien, vous reviendrez. Je vais laisser passer le député de
La Peltrie...
M.
Caire :
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux) :
...nous lui avions donné la parole.
M.
Caire :
Le Commissaire au développement durable, dans la portion de son rapport qui
touche à l'établissement des
exigences de rejet, nous dit : Le ministère de l'Environnement va établir,
par des calculs scientifiques, la capacité d'un milieu à recevoir une certaine quantité d'eau contaminée, et vous l'établissez,
comme ça nous a été expliqué, en fonction de calculs scientifiques.
Là où les
observations du Commissaire au développement durable m'interpellent, c'est
quand on nous dit que les exigences au niveau des eaux usées qui sont rejetées
dans ces milieux-là sont plus permissives que ce que vous avez établi. Je me dis : Comment vous expliquez cet écart-là
quand on dit : Voici, tel milieu est capable, sans problème pour l'utilisation
de l'eau, d'un certain niveau de contamination, mais on va permettre aux
municipalités d'excéder cette capacité-là?
Là, j'essaie de comprendre le déséquilibre entre les deux. Puis qui autorise
les municipalités à ne pas
respecter cette norme-là qui est établie, là?
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, M. D'Astous.
M. D'Astous
(Clément) : M. Gaudreau a répondu, je pense, à cette question un peu
auparavant. Un peu dans la foulée de ce
qu'on nous disait tout à l'heure, il se peut que les exigences imposées aux municipalités soient plus élevées que les… c'est-à-dire moindres que les objectifs
visés, mais c'est en tenant compte de la capacité financière des municipalités,
c'est en tenant compte aussi du milieu dans lequel elles opèrent. Par exemple,
demander des exigences trop élevées à une municipalité qui se situe dans un bassin versant où c'est essentiellement de l'agriculture qui est présente et qui est forte
émettrice de phosphore dans l'eau, il faudrait investir des sommes
considérables pour… sans avoir d'incidence, là, sur la contamination globale,
là, du milieu.
M.
Caire : Le
Commissaire au développement durable nous disait que, dans ses observations, les
municipalités vérifiées, dans certains cas, avaient les équipements
pour faire mieux, d'une part, d'autre part, qu'il y avait possibilité, en travaillant
en amont, de corriger le problème à des coûts beaucoup moindres. Est-ce que
ces solutions-là ont été vérifiées, validées et éventuellement mises en application,
et sinon pourquoi?
Le Président (M. Marcoux) : Oui. Est-ce que… Qui pourrait répondre? Oui, M. D'Astous?
Oui, M. Larochelle.
M. Larochelle
(Charles) : En fait, ça a été beaucoup discuté cet après-midi.
Lorsque — puis
les gens… nos collègues du MAMROT pourront
compléter — lorsqu'on
conçoit la station d'épuration, il y
a les éléments principaux, il y a les objectifs
environnementaux qui sont, je dirais : Ça, c'est la
quantité de contaminants que les cours d'eau peuvent recevoir sans impact qui serait significatif, et il y a
les exigences. Et il est clair qu'il
y a des… il n'y a
pas adéquation directe.
Dans le monde idéal,
les exigences rejoignent les objectifs pour un ensemble de considérations qui
ont été évoquées cet après-midi, qui peuvent être de… pas seulement financières, ça peut être
technologique. Et évidemment
le gain, quand on parlait de maximiser puis optimiser l'utilisation des fonds
publics, ce n'est pas toujours… ça ne rejoint
pas. Avec le nouveau règlement, avec les attestations, l'objectif,
c'est de viser à ce que les exigences se rapprochent de plus en plus des
objectifs mais tout en tenant compte des facteurs dont on a fait état.
Et on a fait beaucoup…
on a fait mention du phosphore et puis, donc, à l'impact du milieu agricole,
puis ça m'amène un peu dans le sens de la réflexion qui a été amenée tout à l'heure
sur l'ensemble des sources. On a un certain
nombre de réglementations, par
exemple pour limiter les rejets
industriels. Il y a des réglementations en
matière d'agriculture. Là, on va avoir une réglementation maintenant avec des
normes précises pour les stations d'épuration. Toutes ces réglementations-là
pourraient être respectées, et les effets cumulatifs continueraient d'être
préjudiciables à l'état de nos cours d'eau.
Et puis je pense qu'on a un défi gouvernemental, mais on a un défi collectif là-dessus :
de plus en plus prendre en compte l'impact cumulatif de ce qu'on fait.
Mais,
quand c'est le temps d'optimiser les interventions, évidemment, c'est... quand
il s'agit de fonds publics, bien,
au-delà de l'aspect réglementaire... Parce que, dans le cas des entreprises, la
grosse vague d'assainissement industriel a pas mal été faite. Dans le cas agricole, il y a encore un chantier
énorme, on en discute avec les gens du MAPAQ; il y a des programmes d'aide
financière au MAPAQ. Mais, pour mettre fin à la pollution agricole puis
récupérer les usages de cours d'eau, on a
encore beaucoup, beaucoup à faire. Ça implique des changements de pratiques,
alors c'est quand même majeur sur, même...
M.
Caire : Je comprends que vous dites : Il y a des
impacts à faire respecter la réglementation ou à faire respecter les
objectifs. Est-ce que vous avez mesuré l'impact de ne pas le faire?
M.
Larochelle (Charles) : C'est-à-dire qu'on vise à ce que... Il
faut que les réglementations soient respectées. Il faut que les
réglementations soient respectées.
• (18 heures) •
M.
Caire :
...toutes sortes de considérations financières et techniques, dans certains
cas. Dans le fond, vous me dites : On a plus ou moins le choix de
laisser... de donner un peu de lousse, là, en bon français, parce qu'il y a des
impacts à faire respecter les objectifs
environnementaux de rejet, il y a des impacts à faire respecter la stricte réglementation.
Donc,
je repose ma question : Quels sont les impacts de ne pas le faire? Si ça a
été mesuré en termes financiers et en termes de conséquences pour l'environnement,
en termes de conséquences sur l'impact sur les gens.
M. Larochelle (Charles) :
Oui. Puis ça a été évoqué dans le rapport du vérificateur, puis on le regarde
aussi de notre côté. Là, on arrive beaucoup dans les analyses, un peu les
analyses coût-bénéfice puis, effectivement, les impacts de ne pas agir. Mais, quand je vous
indiquais, dans le cas des stations municipales, les objectifs
environnementaux de rejet, présentement, évidemment, ils n'ont pas un caractère
réglementaire. Avec le nouveau règlement sur les ouvrages municipaux, il va y avoir des normes de rejet qui vont être
fixées par règlement, avec des moyens coercitifs. Alors, je pense qu'avec ça on va déjà faire un
pas, un pas énorme. C'est un peu ça, le sens de ce que je voulais
apporter.
Le Président (M. Marcoux) :
M. Boucher.
M. Boucher (Sylvain) : Pour
compléter, ce qu'on a expliqué tantôt, habituellement c'est ça, ce n'est pas
réglementaire, donc on est sur une base de collaboration avec les municipalités.
Il a un suivi important qui se fait… qu'on a
dit, qui ne se fait pas ailleurs, donc, beaucoup de municipalités, lorsqu'on leur fait un commentaire… Nous, on a
un suivi puis on les… On a un score, hein? Puis, à 85 %, c'est notre note
de passage. Il y en a quand même une grosse
majorité qui le passe, là, la note de passage. Puis, en bas de la note de
passage, 85 %, on va les voir, on leur donne des conseils. Il peut y en avoir que c'est plus
lent à mettre en place. Puis nous, on le dit, on n'est pas coercitifs. La
seule coercition qu'on a, c'est: on retient de la subvention sur la taxe d'accise.
Donc, on a quand même une très bonne collaboration.
Dans le
futur, il va y avoir cet aspect-là qui va être introduit, donc on va passer
dans un univers plus réglementaire, donc
avec un petit peu plus de coercition. C'est ça qui va changer, dans les moyens,
aussi, financiers. On peut peut-être montrer des exemples, la réalité
des choses, là. Parce qu'on a dit : On a beaucoup d'argent, mais en même
temps ça coûte cher pour les municipalités. Il y a peut-être un exemple, là.
Le Président (M. Marcoux) :
Alors, M. Guay, brièvement.
M. Guay
(Frédéric) : En quelques
secondes, brièvement. Juste préciser une petite chose en partant :
D'abord, quand il y a un écart entre l'OAR puis le rejet, l'exigence de rejet,
ce n'est jamais pour affecter la santé publique. S'il y a un risque pour la santé publique, soit que le projet ne se fait pas…
bien, en fait, il ne se fait pas où est-ce qu'il était prévu, on va
déplacer le projet, ça c'est systématique. Donc, dans les cas où il y a un…
Une voix : Ça, ça a été évalué
par…
M. Guay (Frédéric) : Ça, ça a été évalué,
c'est ça.
Une voix : …parce qu'on n'a
pas le O.K. de l'Environnement.
M. Guay (Frédéric) : Ça, on ne le fera
pas. Et puis, quand on disait que ça rencontre aussi de la capacité… C'est un
objectif, hein, ce n'est pas une norme. Ça va le devenir, mais, pour l'instant,
c'est des objectifs. Donc, on tend vers les objectifs dans la limite des
technologies et dans la limite des coûts.
Je ne vous
donnerai pas le nom d'une municipalité, mais j'ai un bel exemple ici, là, d'une
municipalité qui a pris une
technologie standard avec une aide à 95 % du MAMROT. Puis, cette
municipalité-là, là, ça va faire une augmentation du compte de taxe de
717 $ par citoyen pour elle — puis c'est en cours, là, ils le
font — donc,
c'est quand même substantiel. Et, cette
municipalité-là, pour son phosphore, là, l'OAR est à 0,03, puis l'exigence de
rejet est à 0,8, 26 fois plus. Ça
relève… ce que le VG nous a démontré. Mais, voyez-vous, si je veux… D'abord, au
niveau technologique, pour le phosphore,
le système suivant, qui est à membrane, va nous donner du 0,1. Je n'atteindrai
même pas, avec la technologie, le 0,03. Puis, si je veux y aller avec
des membranes pour faire le 0,1, vous voyez, le 717 $, là, je vais
exploser, là. Donc là, on vient mettre à risque, à péril la réalisation du
projet.
Au MAMROT, on ne contrôle pas. C'est la
municipalité qui est maître d'oeuvre puis qui réalise son projet. Puis, comme élus, ils doivent le vendre à leurs
citoyens. Donc, si c'est plus que ça… Donc, l'idée, c'est de dire :
Bien, tendons vers l'objectif, faisons le maximum pour avoir l'assainissement
de l'environnement mais dans le respect de la capacité de payer aussi des
contribuables.
Le Président (M. Marcoux) :
Oui.
M.
Caire :
Si je peux me permettre, en conclusion, M. le Président, ce que vous… Puis je
comprends ce que vous me dites, là,
puis c'est une réalité, puis, comme élus, on la comprend très bien. Par contre,
que ça soit des objectifs, que ça devienne une norme ne changera pas la
difficulté que vous exprimez aujourd'hui. Même si ça devient une norme, vous allez avoir le même problème. Donc, comment
on va pallier, comment on va être capables de pallier au fait qu'on doit
se conformer à une norme, mais on n'aura pas les moyens de le faire? Je ne sais
pas si vous comprenez ma question. Est-ce
qu'il y a des mesures qui vont être mises en place pour faire en sorte que, si
ça devient une norme, et donc qu'on a
l'obligation de s'y conformer… Il y a quand même des moyens qui seront mis en
place. Parce que, dans le fond, tu
sais, on va faire une norme pour se donner bonne conscience, en sachant très
bien que les gens ne seront pas capables de s'y conformer.
Le Président (M. Marcoux) :
Oui. Brièvement, parce que…
M. Guay (Frédéric) : Tout va être
question de quelle va être la norme, voyez-vous.
M.
Caire : C'est sur la norme qu'on va jouer.
M. Guay (Frédéric)
: C'est ça.
Une voix :
…l'évolution des technologies, le suivi des technologies.
M.
Caire : Donc, ce qui est maintenant l'exigence de rejet
pourrait servir de norme, en sachant bien que, ce qui était notre
objectif, on n'est pas capable de l'atteindre.
M. Guay (Frédéric)
: Bien, vous voyez, actuellement, pour le phosphore, là, ça ne
fonctionnerait pas, là. Si on mettait la norme à 0,03, on n'y arrive pas, là.
Ça fait que, si on veut avoir une norme de phosphore, il va falloir la gérer
différemment.
M.
Caire :
On va en faire une, norme, mais on va le faire plus permissif que si c'était...
Le Président (M.
Marcoux) : Non, c'est un point... Dernière question, M. le
député de Laurier-Dorion.
M.
Sklavounos :
Question finale, M. le Président, très rapide. Le 22 mai, il y a
eu l'incident qu'on connaît à l'usine de
traitement des eaux d'Atwater, à Montréal. Évidemment, si on avait suivi
la revue de presse durant ce temps-là, à
un moment donné c'était technique, après c'était une erreur
humaine, après ça c'était une constellation de facteurs inévitables.
Premièrement,
quel est votre diagnostic de cet incident-là? Et, deuxièmement, de ce que vous
proposez dans les plans d'action, est-ce que ça aurait permis d'éviter l'incident
qui a eu lieu, selon le diagnostic que vous posez?
M. Boucher
(Sylvain) : M. le Président…
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, M. Boucher.
M. Boucher (Sylvain) : Je passerai la parole à François Payette,
M. Payette, qui est directeur des infrastructures à Montréal, donc
qui connaît bien le dossier, qui pourrait vous répondre…
Le Président (M.
Marcoux) : Alors, M. Payette.
M. Payette (François) : Merci. Ce qui est arrivé à Atwater… C'est une usine qui est construite
depuis 1916, l'usine d'Atwater, qui a eu plusieurs rénovations, dont une
récente qui se fait actuellement dans le cadre d'un programme d'aide financière. Il y a deux usines majeures à
Montréal, Atwater et Des Baillets, et la mise à niveau de ces deux
usines-là, c'est un projet de 234 millions, donc qui est presque terminé
et qui devrait être terminé cette année.
Pour
réaliser les travaux à Atwater, les opérateurs devaient baisser le niveau des
réservoirs d'eau potable. Ce n'est pas
de l'eau brute, c'est vraiment un réservoir d'eau potable. En baissant le
niveau, automatiquement la pompe devait arrêter à un certain niveau pour
ne pas aller chercher — parce
que c'est un vieux réservoir — les dépôts qui étaient dans le fond de ce réservoir d'eau traitée là. Le
système n'a pas arrêté, et la pompe a continué à fonctionner, et ça a
entraîné les matières en suspension dans le réseau de distribution d'eau
potable.
De façon préventive,
puisque la turbidité était augmentée dans le réseau de distribution, la ville a
émis un avis d'ébullition préventif. Donc,
il a fallu qu'ils prennent des analyses, selon le règlement qui est
actuellement en vigueur, pour
s'assurer qu'avant qu'ils émettent… qu'ils lèvent l'avis d'ébullition la
situation était revenue normale, il
n'y avait aucun risque pour la population.
Les résultats ont démontré qu'il n'y
avait pas eu de contaminant puis il n'y avait pas eu de risque pour la
santé des gens, mais, de façon préventive, en vertu du règlement, ils se sont
conformés pour se protéger.
Même en vertu des
meilleures formations d'opérateur, en vertu d'un nouveau règlement, c'est un
accident qui s'est produit à la station lors des travaux de construction, donc
ça aurait pu également se reproduire à d'autres stations. Il n'y a pas de règlement qui peut empêcher ça. C'est ça,
c'est un accident bête qui est arrivé, puis personne n'est à l'abri.
Puis la municipalité, maintenant, elle a appris de cet exercice-là puis elle
est en train de mettre un plan de communication
pour essayer d'informer la population le plus rapidement possible si jamais ça
peut… ça se reproduit, ce qui est à éviter.
Remarques finales
Le président, M. Yvon Marcoux
Le
Président (M. Marcoux) : Merci. Ça répond à la question? Est-ce
que… Pas d'autres questions? Alors, sinon, je voudrais remercier et le
sous-ministre, M. D'Astous, de l'Environnement et toute votre équipe,
M. Boucher et toute votre équipe également.
Comme
vous le savez, la Commission de l'administration publique va faire des
recommandations. Il y a certains documents ou certains renseignements,
je pense, que vous allez pouvoir nous transmettre déjà. Je ne vous cacherai pas que, sans doute, et je ne veux pas présumer,
là, de ce que les collègues membres de la commission pourront conclure, nous allons probablement,
sur certains plans, demander des échéanciers un peu plus rapprochés que ce qui
est mentionné dans le plan d'action.
Je pense qu'il y a un plan d'action. Le vérificateur a fait des commentaires.
Et, notamment pour ce qui touche, par exemple, la formation, je pense
que, 2015, on trouve ça très loin.
La
même chose pour une méthodologie permettant d'identifier les municipalités où
une meilleure cohérence, là, entre les exigences de rejet et les
objectifs environnementaux se traduit par des gains environnementaux
significatifs, établir une priorité d'intervention pour 2015, ça nous paraît
loin.
Même
chose aussi pour un autre élément que vous mentionniez, je pense, c'est du côté
du comité de travail pour déterminer, là, les moyens alternatifs, et je
comprends que ce n'est pas nécessairement simple mais que vous avez peut-être
des discussions encore avec le Vérificateur général, mais je pense que, ça,
nous allons insister là-dessus.
• (18 h 10) •
Et également vous
mentionnez, là… vous êtes à revoir une entente administrative de collaboration
avec le MAMROT. Je ne sais pas quelle est la date qui est prévue, mais, en tout
cas, ça nous intéresse toujours, nous, d'avoir un établissement d'un
échéancier, ce qui permet de mieux suivre subséquemment.
Alors donc, c'est
dans ce sens-là, je pense, que nous allons faire des recommandations, tout en
étant bien conscients qu'il y a parfois,
peut-être, des éléments, là, qui sont un peu plus complexes, mais ça nous
apparaît être des éléments, là, qui sont importants dans le cadre de la
mise en place du plan d'action répondant aux observations du Vérificateur
général.
C'est la même chose,
je pense, sur la surveillance des usines d'assainissement des eaux, tout ce qui
touche la transmission d'information, la vérification de l'information, vous en
avez fait état un petit peu tout à l'heure, M. le sous-ministre, là, mais ça nous apparaît, je pense, assez important,
nous, d'après les commentaires du Vérificateur général.
Donc,
je ne sais pas si, M. D'Astous, vous avez des remarques finales. Vous avez fait
des remarques préliminaires, je ne sais pas si vous avez des remarques
finales. Même chose pour M. Boucher.
M. Clément D'Astous, sous-ministre
du Développement
durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs
M. D'Astous (Clément) : Très rapidement. Je vous remercie de l'invitation que vous nous avez
lancée aujourd'hui de venir
participer aux travaux de la commission. On prend bonne note que vous allez
nous faire des recommandations pour
bonifier notre plan d'action. Je remercie également le Vérificateur général, le
Commissaire au développement durable. Je remercie mes collègues des Affaires municipales puis je remercie surtout
l'équipe du Développement… de l'Environnement, là, pour l'excellent travail qu'ils ont fait au cours des dernières
semaines et des derniers mois et pour les prochaines années.
Le
Président (M. Marcoux) : Et qu'ils vont faire au cours… que
vous allez faire au cours des prochaines années. Oui, M. Boucher.
M. Sylvain Boucher, sous-ministre
des Affaires
municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire
M. Boucher
(Sylvain) : Moi aussi, je veux remercier tout le monde, là. Je ne veux
pas répéter, mais peut-être un dernier petit
mot. Dans ces opérations-là, puis, les échanges qu'on a eus depuis
3 heures, souvent on fait état des problématiques, mais il faut reconnaître qu'au Québec on a quand même
fait beaucoup de progrès sur la gestion de l'eau, sur à la fois de l'eau
potable et les rejets. Les municipalités ont investi beaucoup. Beaucoup de
gens… On a donné quelques chiffres, il ne
faut pas les perdre de vue non plus à travers les choses qu'il faut améliorer.
Puis on est d'accord, il faut les
améliorer. Nous, on a dit, d'entrée de jeu, qu'on était d'accord avec les
recommandations du vérificateur mais de ne jamais perdre à l'esprit qu'il
y a quand même un bon bout de chemin… Et, comme citoyens, on a investi beaucoup
à travers nos contributions qu'on fait, soit au gouvernement, nos taxes ou nos
taxes municipales, et les municipalités aussi ont fait un grand bout de chemin.
Le
Président (M. Marcoux) : Alors, merci. Donc, merci, M.
D'Astous, merci, M. Boucher, merci à vos équipes. Nous savons très bien et nous réalisons le travail
que ça vous prend pour venir devant la Commission de l'administration publique. Maintenant, je me tourne vers le
Vérificateur général pour savoir si vous avez, vous également, des
remarques finales à faire.
M. Michel Samson, Vérificateur
général
M. Samson (Michel) :
Merci, M. le Président. Juste, oui, peut-être une remarque, très rapidement.
Écoutez, je crois que les échanges de cet après-midi ont été très fructueux.
Oui, il reste encore des gestes à poser de la part des ministères pour donner
suite à nos recommandations, mais je réitère que j'offre mon entière
collaboration et celle de mon organisation
aux sous-ministres et à vos collaborateurs pour nous aider… pour aider à poser
les gestes qui vont faire en sorte
que, dans x temps, bien, on aura donné suite aux recommandations à la
satisfaction de tous, soyez-en… Soyez assurés de notre collaboration.
Merci.
Le Président (M.
Marcoux) : Oui.
M. Jean Cinq-Mars, Commissaire
au développement durable
M.
Cinq-Mars (Jean) : Tout d'abord, merci à tout le monde qui ont
collaboré pour cette rencontre fort fructueuse. Je suis agréablement
surpris d'entendre qu'il y a des initiatives qui vont se prendre.
J'abonde avec le président pour accélérer la
réalisation de certains projets pour que ça soit concret. Je vous signalerais par contre une chose : Je note
encore une certaine timidité par rapport à une approche de bassin versant.
On arrive souvent à des limites économiques
ou techniques avec les approches traditionnelles d'assainissement d'eaux
pour la production d'eau potable. On a vu,
il y a quelques années, l'exemple de la ville de New York qui a économisé entre
6 et 8 milliards en faisant une meilleure gestion des bassins versants.
Pas plus tard que ce matin, je donnais, dans une conférence à Montréal, deux
exemples, à Halifax et à Victoria, où on a fait des économies substantielles en
ayant une meilleure gestion de bassin versant. Et, dans la région d'Halifax, on
paie des agriculteurs pour ne pas utiliser certains champs, et ça nous a
occasionné des diminutions substantielles au niveau des nitrates. Donc, il y a
des approches novatrices, qui incluent des outils économiques, appliquées à des
producteurs agricoles, on en a parlé longuement aujourd'hui, qui sont la
source, finalement, de contamination au niveau du phosphore, nitrate, etc.
Donc, il y a des nouvelles approches qui sont mises en place dans certaines
municipalités avec des succès économiques et des succès environnementaux.
Il y a également des approches aux États-Unis
sur la gestion des eaux de surface. La U.S. EPA a un nouveau règlement
là-dessus, et on amène de plus en plus les gens qui sont des grands
propriétaires terriens à faire une meilleure gestion des eaux de surface de façon à diminuer la quantité d'eau qui
s'en va dans des usines d'épuration. Alors, lorsqu'on combine finalement la problématique de la gestion
des égouts et de la gestion des eaux de surface avec la production d'eau
potable, on parvient à trouver des solutions
qui, souvent, sont peut-être plus économiques que les solutions
traditionnelles.
Alors,
de ce côté, je vous encourage à aller au-delà de votre timidité pour être
inspirés des derniers développements qu'on
a dans ce domaine. Alors, je pense que, si on regardait un peu plus ce qui se
faisait dans ces municipalités, ailleurs, on pourrait avoir des économies qui nous permettraient d'avancer plus
rapidement dans la réalisation de nos objectifs.
Le Président (M. Marcoux) :
Alors, merci beaucoup. Merci à tous. Alors, nous allons ajourner la séance. Je vais vous inviter à sortir. Et puis je demande aux
membres de la commission de rester ici pour leurs dernières
observations et conclusions. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 h 16)