Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Etude du projet de loi no 66
Loi concernant l'acquisition
de certains immeubles par la
Société d'habitation du
Québec
(Seize heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs!
Etant donné que nous avons quorum, nous allons commencer les
travaux de la commission parlementaire des affaires municipales et de
l'environnement pour étudier, article par article, le projet de loi no
66, Loi concernant l'acquisition de certains immeubles par la
Société d'habitation du Québec.
Il faudrait commencer par nommer un rapporteur de la commission.
M. Burns: M. le Président, je proposerais vous
êtes bien gentil je n'accepte pas cet honneur quand même
l e député de Beauharnois, M. Lavigne.
Le Président (M. Dussault): Les membres de la commission
sont-ils d'accord pour la nomination de M. Lavigne?
M. Lalonde: Avec regret.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie et je vais
vous donner la liste des membres de la commission. M. Alfred (Papineau), M.
Beauséjour (Iberville), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Caron (Verdun),
M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes),
moi-même, M. Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Lavigne (Beauharnois), M.
Dubois (Huntingdon) a été remplacé par M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska), M. Léger (Lafontaine) remplacé par M. Burns
(Maisonneuve); M. Léonard (Laurentides-Labelle) remplacé par M.
Baril (Arthabaska); Mme Ouellette (Hull) remplacée par M. Gagnon
(Champlain); M. Saindon (Argenteuil), M. Tardif (Crémazie), ministre des
Affaires municipales; M. Vaugeois (Trois-Rivières) et M. Verreault
(Shefford) remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys).
Je donne la parole au ministre des Affaires municipales.
Projet de loi no 66
Loi concernant l'acquisition
de certains immeubles par la
Société d'habitation du
Québec
M. Tardif: M. le Président, je pense qu'il n'est pas utile
à ce moment-ci de revenir sur l'historique de ce projet de loi.
D'ailleurs, cela a été fait de façon très
complète, entre autres, par le député de Nicolet-Yamaska,
en deuxième lecture.
A l'article premier, il est proposé d'insérer,
après le paragraphe 2 de l'article 16 de la loi prolongeant et modifiant
la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires,
le paragraphe 2a qui se lit de la façon suivante: "Les paragraphes 1 et
2 ne s'appliquent pas dans le cas d'une convention à laquelle est partie
la Société d'habitation du Québec".
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le ministre. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'aurais une question à poser... Si le
ministre veut bien y répondre, il n'est pas obligé de le faire.
On sait que le but, du moins ce qu'on en a compris je parle pour
moi-même de ce projet de loi, serait de permettre la vente des
propriétés frappées par l'interdiction des lois
mentionnées à l'article premier à la Société
d'habitation du Québec. Or, on en est à l'étude article
par article. Je pense que c'est le moment de s'attacher à la
formulation. On emploie la formulation suivante: Les paragraphes 1 et 2 ne
s'appliquent pas dans le cas d'une convention à laquelle est partie la
Société d'habitation du Québec, c'est-à-dire que,
si on adopte cet article tel quel, les dispositions pertinentes de la loi
actuelle ne s'appliqueront pas dans une convention où la
Société d'habitation sera, par exemple, le créancier
hypothécaire, interviendra à titre de créancier
hypothécaire ou interviendra d'une façon ou d'une autre, pas
nécessairement à titre d'acquéreur. Je ne sais pas si le
ministre comprend bien ce que je veux dire. Il m'a semblé que le
principe, lorsqu'il a été accepté, était pour dire
que la Société d'habitation du Québec deviendrait
propriétaire. Donc, cela ne s'appliquerait pas dans les cas d'une
convention à laquelle la Société d'habitation du
Québec serait la partie acquérante. Ici, on dit cela un peu
autrement.
M. Tardif: C'est tout à fait juste, M. le
Président. La Société d'habitation du Québec, de
par l'amendement proposé, serait habilitée non seulement à
se porter acquéreur du projet Val-Martin, mais, éventuellement,
s'il en était décidé ainsi, à le céder, par
exemple, à un office municipal d'habitation de Laval, si jamais il y en
avait un de créé, ou à un organisme sans but lucratif.
C'est la raison pour laquelle l'article est libellé de cette
façon.
M. Lalonde: Je pense que cela s'explique, à ce
moment-là. Etant donné que l'interdiction continuerait de frapper
les immeubles, cela explique le fait d'ouvrir la porte pour le cas où la
Société d'habitation serait venderesse autant
qu'acquéreur.
Les autres remarques que j'ai à faire, M. le Président, ne
peuvent pas toucher le principe. Le principe a été
accepté, mais ce serait plutôt des mises en garde. On ouvre la
porte ici à une situation où la Société
d'habitation du Québec acquerrait le complexe. On connaît
l'existence, j'allais dire la connaissance judiciaire, parlementaire d'un
projet d'entente qui m'a fait sourciller à plusieurs reprises lorsque je
l'ai lu.
J'ai posé certaines questions et je pense qu'on n'a pas eu de
réponses complètes. Par exemple, il y a une contradiction que je
vois ici, dans une des réponses que le ministre a données, le
mardi, 15 novembre, à la page 4091: M. Tardif: "Les $25 000 ne sont pas
en considération de la quittance, ils n'ont rien à voir avec la
quittance. Or, je vois l'article 13a qui commence comme ceci: "En
considération des quittances données par la partie de
deuxième part".
Il y a des contradictions là-dedans qui me font simplement dire
à ce stade-ci au ministre que le législateur donne un blanc-seing
à la Société d'habitation du Québec. Etant
donné les imprudences que je considère au minimum des
imprudences, dans cette entente, je souhaite que le ministre les corrige.
Malgré les affirmations qu'il a faites, peut-être de bonne foi,
j'ai essayé de faire le tour de la question lors de mon discours de
deuxième lecture, je ne veux pas y revenir, mais ii est important que
toutes ces questions ne soient pas perpétuées par une entente
finale.
Il s'agit ici non pas d'un projet, mais d'un mode d'entente qui va
donner une ouverture à un contrat notarié, formel, qui sera
enregistré et qui aura une sorte de perpétuité. J'attire
l'attention du ministre sur la possibilité justement, à
l'occasion du règlement de ce contrat, de faire preuve de plus de
prudence.
M. Tardif: M. le Président, encore une fois, ce document a
été préparé et il faut le concevoir comme un tout
et non pas uniquement les deux premières lignes du paragraphe 13a. A ce
moment-là, lorsqu'on continue la lecture, on voit que c'est "à
titre d'indemnisation, des honoraires et des déboursés
judiciaires et extrajudiciaires encourus, jusqu'à la date de fermeture,
par la partie de deuxième part, dans toutes les instances auxquelles
elle est ou a été partie, relativement à l'ensemble
immobilier Val-Martin". C'est donc en considération de
déboursés et d'honoraires professionnels effectués
à la date de fermeture et non pas pour ce qui pourrait ou aurait pu
résulter comme intention, de la partie de deuxième part,
éventuellement.
Pour bien faire le lien en considération de quoi ce montant a
été donné, il faut le lire aussi avec le paragraphe 4b,
où on dit bien, à ce moment-là, que la partie de
première part, c'est-à-dire la Société d'habitation
du Québec, devra également substituer la partie de
deuxième part, c'est-à-dire les Immeubles Val-Martin, dans les
procédures légales entre la partie de deuxième part et la
Société centrale d'hypothèques et de logement et les
régler à l'exonération complète de la partie de
deuxième part.
Elle s'oblige à indemniser, à mettre à couvert, la
partie de deuxième part, de toute responsabilité,
réclamation, de quelque nature que ce soit, relative auxdites
procédures. Cette disposition, toutefois, compte tenu du paragraphe 13a
de la présente, ne s'applique pas aux honoraires et frais judiciaires et
extrajudiciaires encourus par la partie de deuxième part, jusqu'à
la date de fermeture.
Pour cette partie, la substitution est limitée au montant
indiqué. La relation entre les paragraphes 13a et 4b indique bien
pourquoi cette considération ou ce montant est donné en
l'occurrence. C'est pour cela qu'il faut lire les deux paragraphes
ensemble.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai dit que je ne voudrais
pas rouvrir le débat. Les explications du ministre ne me satisfont pas
parce qu'il y a un texte clair. Je voudrais simplement qu'il accepte mon
invitation à faire preuve de beaucoup de vigilance dans la
rédaction d'un contrat final. Il nous donne des explications qui nous
viennent peut-être de sa connaissance personnelle du dossier,
connaissance que le lecteur n'a pas et qui semble être contredite, pas
par moi, moi je lis un contrat que le ministre a signé. Personnellement,
je pense qu'il y a lieu d'être extrêmement prudent dans la
rédaction finale pour que tous les doutes qu'il pourrait y avoir dans
l'esprit de certains soient complètement éliminés.
M. Tardif: M. le Président, si la commission n'a pas
d'objection, je peux demander au procureur, Me Gagnon, ici présent, qui
a négocié cette entente avec toutes les parties, d'ajouter un
complément d'information, à l'intention du député
de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que la commission est
d'accord? M. Gagnon.
M. Tardif: Je voudrais expliquer davantage à la
commission, dans quelles circonstances on a rédigé le paragraphe
13a comme il est rédigé.
Le ministre vous a exposé qu'au cours de la négociation,
on a été amené, outre le prix d'acquisition des immeubles,
cela faisait partie de la négociation, à donner ou à
consentir, à indemniser la partie venderesse éventuelle, d'une
somme d'à peu près $25 000, suite aux ennuis judiciaires qu'elle
avait eus et aux démêlés qu'elle avait eus devant les
tribunaux, soit avec les associations de locataires, soit encore avec la
Société centrale d'hypothèques et de logement.
On nous a fourni l'argument qu'évidemment, elle avait dû
encourir des frais judiciaires et extrajudiciaires qui pouvaient
s'élever jusqu'à une certaine de milliers de dollars. On a dit:
On n'est pas entièrement responsable de la loi, on veut être
indemnisé.
Evidemment, cela faisait partie de la négociation de dire oui ou
non, à un moment donné, à cela. On en est arrivé
à dire: D'accord pour $25 000. Il y avait effectivement des actions
pendantes devant les tribunaux. Ces actions étaient pendantes entre la
Société centrale d'hypothèques et de logement et les deux
compagnies, en particulier, Netherwood. Ce sont, en vertu de l'article 4, les
procédures dans lesquelles nous nous substituons. On nous dit: Nous
prenons votre place: nous allons nous occuper d'obtenir de la SCHL la fin de
ces procédures. Nous allons payer les arrérages et nous allons
vous libérer de cela. Nous
prenons tous les frais à notre charge, sauf les honoraires
judiciaires, parce que les honoraires judiciaires font partie de l'ensemble de
ce pourquoi on accepte de vous indemniser d'une somme de $25 000, en vertu de
l'article 13a.
Par ailleurs, il y avait aussi d'autres procédures. Quelles sont
les procédures dans le dossier? Ce sont les procédures entre
Netherwood et l'Association des locataires: demandes d'injonctions, poursuites
en dommages-intérêts, poursuites également contre des
locataires en particulier et, réciproquement, actions de la part de
l'Association des locataires contre Netherwood et de certains locataires contre
Netherwood.
A l'article 13, lorsqu'on se donne quittance, en particulier, cela vise
évidemment d'abord et avant tout ces actions pendantes. C'est d'abord
à cela qu'on veut mettre fin. C'est le premier objectif. Nous acceptons,
dans un deuxième temps, compte tenu du fait qu'on veut mettre fin aux
procédures... On dit: Cela fa finir; on va vous payer $25 000 pour le
passé, pour les frais que vous avez encourus.
Voici qu'on arrive à l'article 13a. On avait deux choix.
Examinons les deux choix. Le premier choix aurait été de ne pas
mettre les mots en considération des quittances données, etc.
A ce moment-là, on ne parlait que des $25 000. C'est moi qui ai
rédigé la clause en question. Remarquez la façon dont...
en tout cas, la préoccupation que j'avais. On dit: En
considération des quittances données par la partie de
deuxième part... Dans l'article 13, il y a beaucoup de gens qui se
donnent des quittances. La partie de deuxième part, ce n'est pas tout le
monde. Ce sont les deux compagnies, Netherwood et Val-Martin, qui sont parties
aux procédures dont je vous ai parlé.
Quand j'accepte, comme négociateur, de donner $25 000 pour mettre
fin aux procédures, je dis: D'accord, mais à condition que ce
soit la fin.
Si, pour les actions qui sont pendantes, à tout le moins, vous ne
mettez pas fin aux procédures, je veux aller chercher mes $25 000.
Remarquez que la considération est rattachée à la
quittance donnée par les deux compagnies. On aurait pu aussi
rédiger en disant: En considération des quittances que se donnent
les gens. Ce n'est pas cela, ce que j'ai voulu protéger, ce sont les $25
000. Je donne $25 000, j'accepte de participer pour $25 000 dans les honoraires
judiciaires que l'autre partie a encourus, mais à la condition d'avoir
une assurance que c'est la fin et que c'est particulièrement la fin pour
les actions qui sont en cours. S'ils ne se désistent pas de leur action
contre les locataires, je ne veux pas contribuer à alimenter les armes
de la guerre, en laissant mes $25 000 là. Non seulement je veux pouvoir
invoquer qu'il y a quittance, qu'on s'est donné quittance, mais je veux,
en plus, aller récupérer mes $25 000. C'est la raison pour
laquelle j'ai, en tout cas, comme négociateur, comme rédacteur de
cette partie, en accord avec l'autre partie au mémoire d'entente,
insisté pour qu'il y ait interrelation entre l'arrêt des
procédures auxquelles étaient partie les deux compagnies contre,
en particulier, la Société cen- trale d'hypothèques et de
logement et les Associations de locateurs et de locataires et le fait qu'on
payait $25 000.
M. Lalonde: Est-ce que vous me permettez une question? Vous dites
que le premier but, c'était de mettre fin aux procédures. Est-ce
que le langage de l'article 13 n'est pas plus large que cela quand on pense
à la date de fermeture? Je lis l'article 13: "...est partie aux
présentes, ainsi que les intervenantes" c'est tout le monde qui a
signé, et il y en a beaucoup "s'engagent à se donner
mutuellement"mutuellement" est important "une quittance
complète et finale pour toutes actions" à ce moment, je
serais d'accord avec vous que c'était des actions en cours dont on parle
"ou droit d'actions" le droit d'action, c'est un droit dont
l'action n'est pas nécessairement prise que chacune d'elles a et
pourra avoir ou prétend avoir là, il y a bien un langage
d'avocat qui ne veut rien laisser de côté. A ce point de vue,
c'est un succès. Il ne veut rien laisser de côté. Est-ce
qu'à ce moment, vous ne touchez pas aussi à toutes sortes de
réclamations qui ne sont même pas demandées dans l'article
13?
M. Tardif: De part et d'autre.
M. Lalonde: De part et d'autre, oui. Deuxième question,
vous dites, à l'article 13a: En considération des quittances
données par la partie de la deuxième part. C'est exact. La partie
de la deuxième part étant deux compagnies qui s'engagent à
vendre... Vu le caractère mutuel des quittances, est-ce que la partie de
deuxième part, les deux compagnies, ne donnent pas aussi des quittances,
à titre personnel, au ministre?
M. Tardif: Oui
M. Lalonde: Oui. Alors, est-ce que les questions qui se
soulèvent dans mon esprit, ne sont quand même pas valides dans une
certaine mesure? Est-ce qu'il n'y a pas eu avantage, c'est-à-dire une
quittance, pour savoir si cela vaut $1 ou $0.05, la quittance, ou $5000 ou $5
millions? Je ne sais pas, mais en tout cas. Cela dépend des droits
d'action qui existent, je ne les connais pas.
Est-ce qu'il n'y a pas une quittance de la part de la partie de
deuxième part en faveur du ministre personnellement, en
considération de quoi la Société d'habitation a
donné $25 000? C'est ça qu'est mon problème.
M. Tardif: Ecoutez!...
M. Lalonde: Cela vient peut-être du langage
enveloppé...
M. Tardif: Oui, le langage...
M. Lalonde: ... en fait, qui veut tout envelopper, mais ça
existe.
M. Tardif: ... ce sur quoi et comme avocat, vous
êtes en mesure de le constater la clause de
quittance, de part et d'autre... D'ailleurs, je pense que c'est la
version intégrale qui avait été préparée
à l'origine par l'autre partie, qu'on a gardée comme telle. On
donne ce qu'on a et chacun donne ce qu'il n'a pas dans ça. Tout le
monde...
M. Lalonde: ... et reçoit...
M. Tardif: ... et reçoit ce qu'il pourrait avoir...
M. Lalonde: ... ce qu'il pourrait avoir...
M. Tardif: ... et ce qu'il pourrait ne pas avoir non plus.
M. Lalonde: Bon! On ne le sait pas.
M. Tardif: On règle le sort du monde. La planète y
passe, les droits qu'on pourrait penser avoir, auxquels on pourrait avoir
rêvé, y passent. On renonce à tout. Je pense
sincèrement qu'à cet égard c'est le type de clause qu'on
met fréquemment dans les procédures où on entend mettre
fin à tout. On a réglé tous ceux qui ont
été avocats ou qui le sont des actions comme ça, en
disant: A l'égard de tout fait se rapportant à l'origine...
M. Lalonde:... ou indirectement, par personne interposée,
tout le reste.
M. Tardif: ... ou indirectement, bon! On l'a rédigé
dans ce sens-là. Techniquement, M. le député, vous pouvez
dire ce que vous avez dit. A présent, dans la mesure où les deux
compagnies sont concernées et selon la connaissance qu'on avait du
dossier, ce que j'ai dit, dans la lettre que j'ai fournie au ministre, c'est
que cela a été un consensus de part et d'autre. Dans un premier
temps, on se donne, on veut s'assurer, d'un côté comme de l'autre,
la paix à l'avenir. Cela a été, entre autres, une
préoccupation de M. Steckler et exprimée par son avocat. M.
Steckler n'a pas participé directement, sauf à l'occasion, aux
négociations. Il avait un avocat, Me Freiheit, de Montréal, et
cela a été une exigence très nette de sa part, en
particulier lorsqu'il nous a demandé de nous substituer à lui
dans les procédures. Lorsqu'il nous a demandé de lui donner $25
000 pour l'indemniser pour le passé et qu'il a demandé les
quittances, son idée, c'était: J'accepte de vous vendre. J'ai
c'est son point de vue eu de la difficulté avec ça
depuis deux ans ou trois ans. Je veux que ce soit fini.
Or, sur la question de la quittance qu'on a demandé et que,
personnellement, j'ai demandé à M. Tardif de signer... A un
certain moment, on a négocié sans savoir, peut-être, de
quelle façon, techniquement, on en arriverait à l'étape
des signatures. Ce pourquoi je l'ai demandé de même que Me
Cardinal qui était sur le dossier avec moi c'est que, au cours
je vous le dis bien franchement du débat sur Val-Martin,
en particulier après le passage en commission parlementaire sur la loi
3, il y a eu des déclarations, déclarations qui nous concernaient
en particulier. Re- marquez bien que moi aussi j'ai signé le
mémoire. Me Cardinal l'a signé. M. Steckler aussi.
Ces déclarations, rapportées, entre autres, dans le
Devoir, et qui ont fait l'objet de la mise en demeure dont a fait état
le ministre en Chambre, étaient que, par exemple, Me Cardinal et moi, on
se serait rendus à une compagnie d'assurance prêteuse
L'Industrielle et qu'on aurait fait des pressions pour bloquer les
prêts aux petits propriétaires. C'était une des
déclarations qui avaient été faites par M. Steckler. A
l'époque où cela s'est fait, on était loin encore d'une
entente.
J'ai pris le téléphone et j'ai dit à mon
confrère: Tu vas dire à ton client de se taire parce que, s'il ne
se ferme pas il est lui-même avocat je vais aller au
Barreau et je peux te dire que le ministre, à qui tu viens d'envoyer une
mise en demeure disant qu'il nous a dit d'aller faire des pressions, n'est pas
content lui non plus et ton client va peut-être avoir une action.
Alors, le jour où on se dit on a tous retenu cela nous
autres, de part et d'autre Garantissez-moi ou garantissons-nous
mutuellement qu'il n'y aura pas de poursuite... Je me rappelle avoir
évoqué la possibilité que je porte plainte ou que je
poursuive M. Steckler pour atteinte à ma réputation. On a dit:
C'est d'accord et, je pense, le plus honnêtement du monde, on a dit: On
va faire signer tout le monde. Donc, de part et d'autre, on aurait pu
s'attendre à une action ou on pourrait penser à s'attendre
à une action parce qu'on s'en est parlé pendant les
négociations et comme j'avais évoqué enfin, nous,
les deux procureurs qui représentions le ministre à un certain
moment la possibilité... Nous avions répondu à
l'attaque de M. Steckler en disant: Vous nous attaquez personnellement pour une
chose qu'on n'a pas faite et vous attaquez également le ministre.
Arrêtez cela parce que vous risquez de compliquer le dossier et d'avoir
des procédures...
Le jour où ils nous ont demandé... Ils ont dit: On veut
avoir l'assurance par ce document qu'il ne restera rien. Je pense que,
honnêtement, je ne pouvais pas leur donner cette assurance sans signer
moi-même et sans faire signer aussi M. Tardif.
Evidemment, cela avait aussi l'effet que vous mentionnez, mais je vous
dis que c'est le contexte dans lequel cela s'est passé parce que la
clause de quittance, évidemment, n'apparaît pas au dossier. Elle a
été négociée et elle a été
complétée, textuellement, telle qu'elle est, avant même
qu'il ait été question des $25 000. Evidemment, au dossier et
à l'entente, cela apparaît comme cela, mais il suffit d'avoir
négocié, d'avoir une expérience en négociation pour
savoir que le jour où on arrive tout prèsde l'entente, il y a
toujours une partie et cela arrive fréquemment qui dit:
Oh! Vous savez. Cela irait comme ça, mais il y a une toute petite chose
qu'on a oubliée jusqu'à maintenant et, si on avait cette toute
petite chose, la dernière, c'est la dernière qu'on demande, on
signerait, on serait d'accord.
C'est un peu ce qui est arrivé avec les $25 000, ce qui a fait
d'ailleurs se poursuivre la négociation
pendant à peu près trois semaines, parce qu'on en
demandait plus au début. C'est à peu près le contexte dans
lequel cela s'est passé.
M. Lalonde: A 13a, quand on dit "...en considération des
quittances, la partie de première part s'engage à payer, à
titre d'indemnisation, des honoraires...", êtes-vous d'accord avec moi
pour dire qu'à titre d'indemnisation des honoraires, c'est simplement
une indication de paiement? C'est comme si on avait un conflit entre nous deux
et que vous me menaciez de me poursuivre. Je vous obtiens une quittance en vous
payant une indemnité quelconque, on règle hors cours et on
règle cela pour $1000, mais vous me dites: Je dois $1000 à mon
avocat. Paie mon avocat et tu as une indication de paiement. Ce n'est pas la
considération.
La vraie considération, si je lis bien 13a, comme vous l'avez
expliqué, ce sont les quittances.
M. Tardif: C'est une considération de paiement.
M. Lalonde: Une indication de paiement.
M. Tardif: C'est une indication de paiement de ce pourquoi on
paie. C'est une indication de ce pourquoi on paie. On paie pour des honoraires
judiciaires et avec la connaissance qu'on avait du dossier; il n'y a pas de
doute que cela représente une fraction seulement. Comme je vous le dis,
ce pourquoi j'ai mis la relation et nommément, à mon sens, si
jamais il était arrivé qu'on ait payé les $25 000 et que,
par ailleurs, pour une raison ou pour une autre... Je ne veux pas prêter
de mauvaise intention ou de mauvaise foi, mais c'est un dossier qui a
été complexe, je pense que personne n'a voulu prendre de chance,
ni d'un côté ni de l'autre dans cela, il suffit d'aller voir la
clause en particulier où on a étalé le jeu sur la vente
future, par la SHQ. Vous avez vu que toutes les parties sont prudentes. M.
Steckler nous fait mettre une clause en disant...
M. Lalonde: Attention, je pense qu'il y a un droit de
préemption qui est donné.
M. Tardif: Oui, en cas de vente par petits morceaux.
Si vous vendez en pièces détachées. Si vous le
revendez en petits morceaux.
M. Lalonde: Cela fait deux ans qu'il se fait défendre
cela.
M. Tardif: Vous ne pourrez pas faire ce que vous m'interdisez de
faire.
M. Lalonde: C'est cela.
M. Tardif: Ce n'est pas un climat de confiance. Nous voulons
arrêter les procédures. Je leur dis:
Je vous paie $25 000 pour des frais, pour des honoraires encourus dans
vos causes. Je le sais que c'est vrai qu'ils les ont encourus, et plus que
cela. Mais à tout le moins, il y a une chose que je veux garantir.
J'imagine la tête que j'aurais pu avoir, comme conseiller ou comme
avocat, si après avoir déboursé $25 000, l'autre partie ne
se désistait pas. Alors, je viens de lui donner $25 000 et elle continue
les procédures. Evidemment, vous me direz: Vous pouvez, si le
mémoire est finalisé, évoquer quittance, etc.
M. Lalonde: Enrichissement sans cause.
M. Tardif: Mais la première chose c'est que je veux
récupérer clairement les $25 000.
M. Lalonde: Donc, c'est clairement en considération de la
quittance.
M. Tardif: Mais en considération des quittances
données par les compagnies strictement.
M. Lalonde: C'est cela.
M. Tardif: De telle sorte que je ne pourrais pas, par exemple...
Prenons l'exemple que je vous donnais. Je ne pourrais pas aller rechercher les
$25 000 sur la base de la clause 13a si M. Steckler. par hypothèse, ne
respectant pas sa quittance de l'article 13, décidait de poursuivre M.
le ministre Tardif.
M. Lalonde: Non, mais si les compagnies décidaient de
poursuivre personnellement le ministre...
M. Tardif: Par ailleurs, les relations entre les gestes
posés parce que si on veut être aussi pratique par
M. Tardif, soit avec son chapeau de ministre, soit avec son chapeau d'individu,
à l'égard des autres parties au dossier, cela peut être
quoi? Quand on regarde les compagnies, les compagnies sont les personnes
morales qui étaient propriétaires des immeubles, les gestes qui
ont été posés et qui pourraient impliquer M. Tardif
à titre individuel... Une compagnie ne peut pas se sentir
blessée. Le ministre ne peut pas se sentir, comme ministre,
blessé. Ce n'est pas le ministre qui est blessé. C'est
l'individu. Là où il pouvait y avoir des problèmes, voyons
les choses en face, c'était entre Arthur Steckler, comme individu, pour
des déclarations qu'il avait faites ou encore à l'égard de
M. Tardif.
M. Lalonde: Vous souvenez-vous de Ronca-relli versus
Duplessis?
M. Tardif: Oui, pour l'excès de pouvoir.
M. Lalonde: Donc, un individu, même une compagnie, peut
souffrir des dommages pour excès de pouvoir.
M. Tardif: Aurait pu... Le seul document qui impliquait M.
Tardif, comme ministre et non pas
comme individu, est un document qui avait trait à l'exercice de
ses fonctions. On disait:... Ou comme ministre, vous avez dit à vos
mandataires, vous allez faire cela.
M. Lalonde: Pour être bien sûr, on ne s'est jamais
parlé de cela avant, nous deux?
M. Tardif: Non, je ne pense pas.
M. Lalonde: Non. D'ailleurs, vous n'êtes pas
président de l'Association libérale ici?
M. Tardif: Non plus. M. Lalonde: Non plus.
M. Tardif: Quoique je ne vois pas ce que cela pourrait changer
même si je l'étais.
M. Lalonde: Je veux être bien sûr que c'est en
toute...
Le Président (M. Dussault): Alors, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, ce sont des considérations
qui n'ont pas lieu à cette commission parlementaire, je pense.
M. Lalonde: M. le Président, je voulais simplement
établir le lien d'indépendance totale que nous avions l'un
à l'égard de l'autre.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie de ces
clarifications. Jusqu'à maintenant vous avez compris que j'ai
laissé discuter la commission sur un cas particulier qui, on est
d'accord là-dessus, a exigé une modification à la Loi pour
favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires. Je pense
que nous avons mis suffisamment de temps sur ce cas et j'appellerais maintenant
l'article 1 du projet de loi que nous avons devant les yeux.
M. Fontaine: M. le Président, j'aurais deux ou trois
questions à poser au ministre.
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse, effectivement,
j'aurais dû penser à vous avant.
M. Fontaine: Je voulais simplement avoir des précisions de
la part du ministre pour savoir ce qui permettait, dans la Loi de la
Société d'habitation du Québec, de débourser un
certain montant d'argent pour acquérir ces immeubles, pour avoir une
entente possible. On me dit que ça pourrait être l'article 78,
paragraphe c)...
M. Tardif: L'article 78, paragraphe a), permet à la
Société d'habitation, je n'ai pas le texte, dans le cadre d'un
programme expérimental ou je ne sais pas quoi c'est une
espèce d'article omnibus ... Evidemment, le fait qu'il n'existait
pas à Laval d'office municipal d'habitation, lorsqu'il n'y en a pas... A
l'article 78a, paragraphe c), on dit: "La société peut, avec
l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil, aux conditions qu'il
détermine, accorder des subventions pour des études et recherches
sur l'habitation et pour la réalisation de programmes
expérimentaux dans le domaine de l'habitation. La société
peut aussi, aux mêmes conditions, réaliser elle-même de tels
projets ou programmes".
C'est un article omnibus qui permet à la société,
dans les endroits où il n'y en a pas, notamment dans le cadre de
programmes expérimentaux c'est le cas, par exemple, de la
préfabrication de procéder à la réalisation
de programmes d'habitation.
M. Fontaine: Mais vous ne trouvez pas que c'est pas mal
tiré par les cheveux de procéder en vertu de cet article pour
accorder des subventions pour des études et recherches sur
l'habitation?
M. Tardif: Cela, c'est simplement la première partie de
l'article. Mais ici, on dit: "et pour la réalisation de programmes
expérimentaux dans le domaine de l'habitation". En fait, vous allez me
dire que c'est une drôle d'expérience que le projet
Val-Martin.
M. Lalonde: Oui, cela fait vingt ans.
M. Tardif: Mais redonner tout le monde était
d'accord à un projet domiciliaire bâti à même
les deniers publics, c'est ça qui est en cause ici, projet à
dividendes limités, sa vocation locative, pas contrairement à ce
qui a pu être dit en Chambre, parce qu'on croit nécessairement que
le projet doit rester ad vitam aeternam, qu'un projet d'abord conçu
comme un projet locatif doive le demeurer ad vitam aeternam... Je pourrais
citer abondamment le député de Laval, M. Jean-Noël Lavoie,
au journal des Débats du mois de décembre 1975, pour dire que,
structurellement et architecturellement parlant, cet ensemble n'a pas
été conçu pour être vendu en pièces
détachées.
Dans ce cas précis, l'expérience, si vous me permettez, M.
le Président, pourrait résider dans ceci: Contrairement aux HLM
que bâtit, gère, opère la Société
d'habitation, qui sont des logements subventionnés, dans ce cas-ci,
c'est un logement à but non lucratif, mais qui n'est pas
nécessairement subventionné. Par cet aspect, c'est vraiment
nouveau.
M. Fontaine: Est-ce que c'est en se basant sur cet article que
deux arrêtés en conseil ont été adoptés, 2776
et 2775? C'est un emprunt de $1 971 000 fait au ministre des Finances?
M. Tardif: C'est cela. C'est exact.
Maintenant, il y a une chose. On a dit: La Société
d'habitation du Québec se lance dans le commerce des créances
hypothécaires. Evidemment, ce n'est pas pour le commerce des
créances hypothécaires comme tel, mais bien parce qu'elle
acquiert l'ensemble du projet et, comme les Immeubles Val-Martin étaient
les créanciers hypothécaires vis-à-vis des 88 logements
déjà vendus, forcément, on devient le créancier
hypothécaire. Il reste que la Société d'habitation
gère déjà un pa-
trimoine immobilier de plus de 20 000 logements et que,
deuxièmement, elle gère un certain nombre d'hypothèques
également, à partir du moment où elle pouvait, avant 1974,
reprêter de l'argent aux municipalités, et elle est
créancier hypothécaire vis-à-vis d'un bon nombre de
municipalités, c'est-à-dire d'offices municipaux d'habitation. Ce
n'est pas quelque chose de nouveau pour la société, cet
aspect.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre pourrait nous donner des
éclaircissements concernant le fait qu'à un moment donné,
il nous avait dit que ce n'était pas trop sûr si c'était
une bonne affaire d'acheter cet immeuble et, par la suite, il nous dit, en
deuxième lecture, qu'il fait une bonne affaire.
Est-ce que vous pourriez nous faire état des études qui
ont été faites à ce sujet?
M. Tardif: M. le Président, j'ai entendu, en Chambre, le
député de Nicolet-Yamaska, me prêter ces paroles, de
même que le député de Marguerite-Bourgeoys. Ce n'est pas
moi qui ai dit cela. C'est le député de Laval qui, lors de
l'étude du projet de loi 78 ou je ne sais plus lequel, le projet de loi
no 3, je pense, avait posé la question, à un moment donné:
Pourquoi n'achetez-vous pas le projet? Pourquoi la Société
d'habitation n'achète-t-elle pas l'ensemble immobilier Val-Martin?
A ce moment-là, je lui avais servi ces paroles, lorsqu'il avait
lui-même déclaré, à un moment donné et
j'essaie de trouver la référence exactement, M. le
Président ...
M. Fontaine: La mienne, M. le Président, je peux vous la
donner.
M. Tardif: D'accord, mais c'est celle du député de
Laval que je cherche. Si on me donne un petit moment, M. le
Président.
M. Fontaine: Le 21 décembre 1976.
M. Tardif: Pardon?
M. Fontaine: Le 21 décembre 1976.
M. Lalonde: La page B-54 du journal des Débats du 21
décembre.
M. Fontaine: Je me rappelle très bien les paroles du
ministre qui disait: Je me demande si, finalement, son acquisition par la
Société d'habitation serait finalement une bonne affaire, compte
tenu qu'il y a véritablement ces travaux à faire. J'ai pu m'en
rendre compte sur place.
C'est le ministre qui disait qu'il avait été visiter les
Immeubles Val-Martin, ainsi que McLynn, Connaught et Elmhurst.
M. Tardif: M. le Président, c'est effectivement le 21
décembre 1976 que le député de Laval avait
déclaré, en substance, ce que j'ai répété
par la suite. Lorsqu'au mois de mars dernier, il me demande: Pourquoi ne vous
portez-vous pas acquéreur? Je lui dis: Un moment, M. le
député, voici ce que vous disiez au mois de décembre 1976.
Effectivement, je lui ai dit: Cela mérite considération, mais, de
prime abord, il faudrait qu'on regarde ceci, puisque vous-même, qui
habitez ce comté, qui avait été maire de Chomedey, je
pense, à ce moment-là, la municipalité où est
situé le projet Val-Martin...
De fait, nous avons fait faire une expertise par la
Société d'habitation du Québec.
M. Lalonde: Est-ce que vous me permettez une question de
règlement, M. le Président? Si le ministre a dit ceci en citant
le député de Laval, je désire m'excuser à son
égard. Moi, j'ai cru que c'était lui, le ministre, qui disait
cela.
M. Tardif: Non, absolument pas.
M. Lalonde: Je vais vérifier dans mes sources, mais
c'était sûrement avec le nom du ministre au début. Si j'ai
fait erreur et que je lui ai prêté des paroles qu'il n'a pas
dites, à ce moment-là, je vais vérifier moi-même.
Mais, au cas où ce serait cela, ce n'était pas mon intention de
lui prêter des propos...
M. Tardif: M. le Président, le 21 décembre, page
B-53. "M. Lavoie: Une dernière remarque. J'avais saisi l'ex-ministre des
Affaires municipales, lorsqu'il occupait encore ce poste, il y a à peine
quelques mois, de l'idée que la Société d'habitation du
Québec devienne propriétaire de ce projet, pour y conserver son
but premier qui était un projet locatif. De cette manière, je
crois qu'on pourrait trouver le moyen, soit par une expropriation devant les
tribunaux ou une négociation normale, pour que tout le monde y trouve
son compte, etc., autant les locataires qui pourraient continuer à
habiter les logements qu'ils occupent, pour la plupart, depuis de très
nombreuses années. "Je crois qu'il n'y aurait pas de préjudice,
surtout pour ceux que je mentionnais tout à l'heure qui sont
propriétaires mais qui ne peuvent pas occuper leur logement, ce qui
permettrait... La Société d'habitation du Québec pourrait,
sans aucun doute, à cause de sa position de force, être en mesure
de négocier avec la Société centrale d'hypothèques
et de logement pour que la première hypothèque subsiste et
même soit augmentée possiblement à un taux
préférentiel." Je vous rappellerai qu'en vertu de l'entente, nous
allons conserver les mêmes conditions du prêt, c'est-à-dire
à 3 3/4% d'intérêt. "Etant donné que ce projet est
situé... Vous le savez, c'est votre comté, mon cher voisin, c'est
un endroit stratégique dans Laval je pense qu'il parlait à
ce moment-là à M. Landry c'est un endroit même
où l'immeuble, la bâtisse déprécie la valeur du
terrain qui est en-dessous. On sait que tout projet d'habitation a une certaine
longueur de vie, une certaine durée. Je me suis exprimé
déjà, on arrive à la fin de cette durée
d'années possible pour un tel projet connaissant la qualité de la
construction. Cela pourrait faire l'objet éventuellement, étant
donné que c'est situé près de l'hôtel
de ville de Laval dans un endroit tout à fait stratégique,
dans quatre, cinq ou dix ans, alors que les bâtisses seront
complètement dépréciées, par un seul
propriétaire qui sera idéalement la Société
d'habitation du Québec, d'un réaménagement urbain...
A ce moment-là, le député de Laval disait qu'il
voyait une dépréciation complète au bout de quatre, cinq
ou dix ans. Lorsqu'au mois de mars, lors de l'étude du projet de loi 3,
il me pose la question, je lui sers à nouveau ses paroles à ce
moment-là.
M. Fontaine: Continuez à lire. M. Tardif: Oui.
M. Fontaine: Vous allez voir le ministre Landry qui répond
et ensuite vous prenez la parole et vous dites exactement les paroles que je
viens de citer.
M. Tardif: Oui, d'accord.
M. Fontaine: Datées du 21 décembre 1976.
M. Lalonde: A la page B-54.
M. Tardif: M. le Président, je vais continuer en lisant
mes paroles, d'abord en les relisant, si vous voulez.
M. Fontaine: C'est cela.
M. Tardif: "Je suis allé constater sur place de quoi avait
l'air ce projet Val-Martin, parce que... à voir cela dans les
documents... Je suis allé également voir les Habitations McLynn,
Connaught et Elmhurst et d'autres, également le projet Elmhurst,
près de la laiterie du même nom dans l'ouest. J'ai pu me rendre
compte que, dans le cas des Habitations Val-Martin, que vos commentaires, M. le
député, lors des débats à cette même date
l'an passé... Vous dites que ce projet n'a encore peut-être dix
ans d'âge, cinq ans ou huit ans d'âge... Eventuellement ce projet,
à mon humble avis je connais légèrement la
construction de ces cas devrait peut-être, dans cinq ans, huit
ans, dix ans, faire l'objet d'une rénovation urbaine d'un projet
complètement nouveau et neuf, etc. Je me demande si, finalement, son
acquisition par la Société d'habitation serait finalement une si
bonne affaire..."
En fait, la seule partie qui est la mienne, c'est: "Je me demande si,
finalement, son acquisition par la Société d'habitation serait
finalement une si bonne affaire, compte tenu qu'il y a véritablement des
travaux à faire. J'ai pu m'en rendre compte sur place."
M. Lalonde: Je retire mes excuses.
M. Tardif: Toute la partie, sauf le "je me demande si
finalement", dans tout cela, je cite au texte le député de
Laval.
M. Lalonde: Ce n'est pas clair, parce que vous êtes...
M. Fontaine: II connaît légèrement la
construction.
M. Lalonde: Vous dites, "à mon humble avis je
connais légèrement la construction de ces cas devrait dans
cinq ans, huit ans, etc. Je me demande si finalement..." là,
c'est le ministre qui parle son acquisition par la Société
d'habitation serait finalement une si bonne affaire. "
M. Tardif: A tout événement, M. le
Président, pour la partie supérieure du paragraphe, ce sont les
paroles du député de Laval. Effectivement, je suis allé
sur place me rendre compte de l'état des lieux. C'est bien
évident que je ne suis pas un expert en construction d'habitation. J'ai
demandé une expertise complète de la part de la
Société d'habitation là-dessus.
M. Fontaine: ...
M. Tardif: Cette expertise a été effectuée.
Nous en sommes venus à la conclusion que l'acquisition, dans les
conditions que nous avons négociées, c'est-à-dire en
moyenne $8500 par logement, c'est-à-dire $17 000 par duplex à peu
près, était, somme toute, une affaire fort convenable, d'autant
plus intéressante que M. Steckler a cru bon de mettre une clause dans
l'entente à savoir que si jamais on voulait vendre cela en pièces
détachées, il voulait les reprendre.
Dans ce cas, qu'il y ait des travaux, l'expertise de
laSociétéd'habitation là-dessus établit la
valeur grosso modo à peu près à $8 millions. Les travaux
pour une réfection complète pourraient entraîner des
déboursés se situant entre $3 millions et $4 millions, selon
l'ampleur des travaux.
Je pense d'ailleurs qu'on avait fourni à ce moment-là les
documents lors de la séance d'information, mais c'était bien
évident que si on se mettait en frais de remplacer, par exemple, toute
la plomberie des cuisines, les comptoirs et les armoires pour leur donner la
présentation qu'ont aujourd'hui les installations des cuisines, on peut
fort bien débourser passablement d'argent par unité de logement,
ce qui ne veut pas dire que les cuisines existantes ne remplissent pas leurs
fonctions. Le fait est qu'il faut quand même regarder tout le contexte.
Ces logements payés, je ne sais pas combien, $13 000, $14 000 ou $15 000
par M. Steckler sont vendus $25 000 ils sont d'abord offerts aux
locataires ce qui a pour effet de faire porter le prix du loyer mensuel
moyen, qui était de l'ordre de $100, à peu près à
$200, sans que les conditions d'habitation de ces locataires ne soient le
moindrement améliorées. C'était cela, les faits nets de
l'opération.
Quant à la valeur elle-même, gardée au taux
d'intérêt et au prix payé, je pense que cela reste quelque
chose d'intéressant. Il faudra sûrement que des travaux
d'amélioration soient faits.
Quant à la nature et à l'étendue de ces travaux,
nous avons un document assez complet de la société.
M. Fontaine: M. le Président, je ne veux pas faire de
motion ici. D'ailleurs, je pense qu'on ne pourrait pas faire de motion pour
demander un dépôt de documents. On a eu l'expérience dans
une autre commission parlementaire. Cela avait été...
Le Président (M. Dussault): En effet. Nos
règlements ne permettent pas le dépôt de documents en
commission.
M. Fontaine: Maintenant, le ministre a mentionné tout
à l'heure qu'il nous avait fourni ces renseignements lors de la
réunion qui avait eu lieu au préalable.
M. Tardif: ...
M. Fontaine: Oui, mais sauf qu'on vous avait demandé une
copie de l'expertise. Vous aviez seulement un original. Il n'y avait pas de
copie disponible. Est-ce que le ministre aurait objection aujourd'hui à
distribuer aux députés de cette commission une copie de
l'expertise pour qu'ils puissent connaître l'ampleur des travaux à
réaliser, parce que c'est important. On acquiert cet immeuble à
un certain prix. Il y aura une quantité de rénovations à
faire. Je pense être informé que la plomberie sera à
refaire. Les fondations sont à refaire. L'électricité
aussi. Je pense que...
Le Président (M. Dussault): Si vous me le permettez, M. le
député de Nicolet-Yamaska, je tiens quand même à
vous faire remarquer que le projet de loi que nous discutons aujourd'hui,
article par article, ne parle pas explicitement de cette transaction dont on
parle à cette commission depuis plus d'une heure maintenant.
M. Fontaine: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): J'ai quand même
toléré qu'on le fasse, parce que je pense que c'était le
cas qui justifiait la modification de la loi elle-même. Je souhaite qu'on
en vienne le plus tôt possible à l'article 1.
M. Fontaine: D'accord, M. le Président, mais tout le
monde...
Le Président (M. Dussault): Je vais quand même
laisser M. le ministre donner une réponse à la demande que vous
avez faite.
M. Fontaine: C'est une demande que je formule. C'est pour
l'information des députés. Je pense que ce serait important qu'on
soit informé du coût de ces travaux qui devront être
effectués et du coût de l'acquisition de cet immeuble, parce que
le projet de loi vise essentiellement cette entente.
Le Président (M. Dussault): J'avais présumé,
d'ailleurs, de votre désir d'être très informé sur
la question. M. le ministre, à moins que...
M. Tardif: Je préférerais laisser le
député de D'Arcy McGee poser sa question. Je veux d'abord
m'assurer auprès de nos procureurs qui ont agi dans ce dossier que la
divulgation de l'expertise ne portera pas préjudice à l'entente
qu'est en train de négocier la Société d'habitation. Il
faut quand même penser qu'il y a des... Pardon?
M. Fontaine: L'entente est négociée.
M. Tardif: Oui, mais tant et aussi longtemps que cela ne sera pas
complété, c'est le 30 du mois, enfin... Je prends avis.
M. Lalonde: C'est une autre bonne raison pour ne pas les donner,
quoique j'aimerais bien les voir. Si c'est l'intention du ministre ou de la
Société d'habitation de construire au meilleur coût
possible, de rénover au meilleur coût possible, il n'est
peut-être pas sage de dévoiler le montant qu'elle est prête
à payer pour ensuite être prise dans ce cadre pour les soumissions
qu'elle pourrait demander pour faire la rénovation. Il y a cette
considération qui est peut-être...
M. Tardif: Je voudrais prendre avis...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président pendant que le
ministre prendra cet avis si j'ai demandé la parole, il y a
quelques instants, ce n'était pas pour poser une question au ministre,
mais bien pour m'adresser à vous sur l'interprétation du
règlement.
Il me semble que la discussion qui se déroule depuis le
début de notre séance est parfaitement dans l'ordre. Je soutiens
respectueusement, M. le Président, que cette discussion, qu'elle ait
lieu avant ou après l'appel de l'article 1, a quand même sa place.
Si vous appeliez l'article 1, vous trouveriez là-dedans qu'il s'agit de
l'exemption d'une convention quelconque de l'application des paragraphes 1 et 2
d'un article d'une loi et, à ce moment-là, M. le
Président, il y aurait lieu, si nous ne le savions pas, de demander:
Mais de quelle convention s'agit-il? Quel est le cas particulier? Et d'aller
dans les détails de ce cas particulier pour savoir pourquoi le
gouvernement propose une telle mesure dans son projet de loi.
J'aimerais aller un pas plus loin, M. le Président. Nous avons
accepté, par consentement unanime, que Me Gagnon vienne à la
table de la commission parlementaire, participe à la discussion et
réponde même à des questions. Je ne suis pas avocat, M. le
Président, je suis médecin. Il me semble que si j'étais
appelé comme expert-témoin par Me Gagnon, disons, dans une cause
médico-légale, une des premières choses qu'il ferait,
serait d'établir ma crédibilité ou mon manque de
crédibi-
lité. Il me demanderait mes titres de créance, ma feuille
de route comme médecin, et le reste. Il me semble donc que c'est
parfaitement légitime de poser des questions.
J'aimerais effectivement savoir ce n'est pas méchant, ce
que je vais demander, mais dans le sens que je viens d'exprimer par
exemple, de quelle faculté de droit M. Gagnon est diplômé
et en quelle année et quelle est la spécialisation qu'il a par
rapport à cette responsabilité. Enfin, j'aimerais demander au
ministre, parce que le ministre est membre d'un gouvernement qui, depuis son
arrivée au pouvoir, se vante de la transparence de ses actions et de son
intention d'éviter tout ce qui pourrait être appelé
patronage, je voudrais lui demander comment Me Gagnon et Me Cardinal ont
été choisis pour ce dossier? Parce qu'il y a eu des commentaires,
de la part du gouvernement, sur la façon dont les professionnels ont
été choisis par d'autres gouvernements qui l'ont
précédé; et tout cela me paraît tout à fait
normal, M. le Président, dans le cadre de nos discussions.
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît, si vous permettez, parce que vous êtes passé d'une
question de règlement à une intervention. L'interprétation
que vous avez faite de nos travaux, M. le député de D'Arcy McGee,
je l'ai faite mienne, parce que, effectivement, c'était vraiment dans
cet esprit que j'avais vu la chose. Cependant, je tiens à vous faire
remarquer que l'exception dont il est question dans la note explicative, qui
fait l'objet du paragraphe 2a, à la fin de l'article premier, cette
exception n'est pas exception uniquement pour le cas dont on discute depuis
déjà trois quarts d'heure, mais pour d'autres cas qui viendront,
auxquels la Société d'habitation du Québec pourra
être partie. C'est dans ce sens-là que j'ai dit que le cas dont on
discute... C'était, je pense, explicite de la part de la commission,
qu'on tenait à en parler on en a parlé mais je
pense qu'il faudra, à un moment donné, y mettre fin pour pouvoir
spécifiquement parler de l'article premier, selon ce qui est
écrit à l'article premier. Je pense qu'on va s'entendre
là-dessus. Je ne veux pas restreindre la possibilité de la
commission de s'exprimer, loin de là. Au contraire, je veux être
très patient.
M. le député de Nicolet-Yamaska, M. le
député de D'arcy McGee avait posé une question à M.
le ministre.
M. Fontaine: C'est seulement sur la question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui.
M. Fontaine: II avait été convenu, je pense, avec
l'accord du ministre, qu'on pourrait, en commission parlementaire, poser toutes
les questions qu'on voudrait sur la question de Val-Martin, parce que
l'Opposition officielle avait demandé la convocation d'une commission
parlementaire et cela avait été refusé par le ministre qui
a dit: Vous aurez l'occasion, en commission parlementaire, lors de
l'étude article par article, de poser toutes les questions que vous
voudrez.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie de cette
clarification. Le président d'une commission ne suit pas
nécessairement toutes les délibérations de
l'Assemblée nationale et ce genre de nuance peut fort bien
échapper au président d'une commission.
Alors, M. le ministre, si vous voulez répondre à la
question de M. le député de D'Arcy McGee.
M. Tardif: Quant aux questions sur la compétence des
procureurs et leur choix, d'abord, je dois dire que, dans ce dossier, comme il
est de mise, c'est au ministère de la Justice que je me suis
adressé pour obtenir les services de procureurs dans ce dossier et, si
le député de D'Arcy McGee veut savoir comment les procureurs ont
été choisis là-dedans, c'est au ministre de la Justice
qu'il devra s'adresser.
M. Goldbloom: Je n'y manquerai pas, M. le Président.
M. Tardif: J'ai demandé les services de deux avocats. On
m'en a désigné deux, Me Cardinal et Me Gagnon, dans ce dossier.
Quant aux renseignements plus précis quant à la faculté,
l'université l'année et tout cela...
M. Lalonde: C'est dans le livre bleu.
M. Goldbloom: Je pourrai obtenir ces renseignements, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska, vous vouliez prendre la parole à nouveau?
M. Fontaine: Oui. Je voulais demander au ministre s'il
était exact que la Société d'habitation du Québec a
évalué la valeur de l'ensemble immobilier Val-Martin à $8
635 000 et si elle a également évalué les coûts de
dépréciation et de dégradation des lieux aux environs de
$4 millions, ce qui laisserait un solde de $4 635 000.
M. Tardif: C'est à peu près l'ordre de grandeur. Je
n'ai pas les chiffres devant moi, mais c'est à peu près cela.
M. Fontaine: Le ministre est-il conscient... Je pense qu'il y
aura des revenus de $1,5 million par année de loyer. Suis-je dans
l'erreur?
M. Tardif: C'est...
M. Fontaine: Dans cet ordre?
M. Tardif: Un peu plus que cela.
M. Fontaine: Un peu plus que cela. Il restera environ $500 000
qui devront servir pour les réparations. Le ministre est-il conscient
que, durant les
premières années, les réparations coûteront
plus de $500 000 et qu'à ce moment, la Société
d'habitation devra trouver un moyen de financement ailleurs?
M. Tardif: Dans ce dossier, dans lequel, d'ailleurs, la
Société centrale d'hypothèques et de logement est toujours
intéressée dans la mesure où elle est créancier
hypothécaire pour un montant de $2,5 millions, si des rénovations
s'imposent, il y a des programmes existants de rénovation auxquels
contribue la Société centrale d'hypothèques et de logement
et la Société d'habitation du Québec et l'office
municipal, quand il y en a un, et sans aucun doute qu'il faudra utiliser les
programmes existants.
M. Fontaine: Cela va se faire avant le
référendum.
Le Président (M. Dussault): J'appellerai l'article 1
à l'adoption de la commission. L'article 1 est-il adopté?
M. Goldbloom: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Article 1. Adopté sur
division.
Article 2. Adopté?
M. Lalonde: Les mêmes commentaires valent pour l'article 2
aussi, à moins que le ministre n'ait des précisions à nous
donner.
M. Tardif: Non, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Tardif: L'article 2, qui modifie l'article 16k, découle
évidemment du premier puisqu'on dit que le registrateur, dans les trente
jours de l'entrée en vigueur de la présente loi, est tenu de
rayer l'enregistrement de tout acte de vente enregistré depuis le 13
décembre 1976 et portant sur un immeuble situé dans les lots
visés à l'article 16a et qu'il est tenu de refuser d'enregistrer
tout acte de vente d'un immeuble situé sur lesdits lots. A partir du
moment où on permet de vendre, il faut permettre d'enregistrer.
M. Lalonde: Aucun commentaire, sauf les mêmes.
Le Président (M. Dussault): Article 2. Adopté?
M. Lalonde: Sur division.
Le Président (M. Dussault): Adopté sur division.
Article 3. Adopté?
M. Lalonde: Le ministre pourrait-il nous expliquer la
nécessité de cette rétroactivité étant
donné que la loi donne la permission de faire cette transaction
maintenant et même dans l'avenir? Le ministre pourrait-il nous dire
pourquoi on doit recourir encore à la rétroactivité?
Lorsque c'est néces- saire, on l'accepte, mais, lorsque ce n'est pas
absolument nécessaire, on trouve cela un peu exhorbitant.
M. Tardif: Ceci, en quelque sorte, découle de l'article
16a qui disait qu'à partir du 16 décembre 1976, nul ne peut
directement ou indirectement vendre ou promettre de vendre ni offrir en vente
un immeuble situé sur les lots untel, untel, etc.
Or, il est bien évident que, même si l'entente n'a
été paraphée qu'au cours du mois d'août, les
négociations étaient en cours depuis déjà un
certain temps et que cela se parlait bien avant cela. Alors, on verrait mal de
faire commencer cette rétroactivité à partir du moment de
la signature de l'entente, une personne pouvant invoquer le fait qu'il y aurait
eu promesse de vente ou tractations en vue de l'acquisition de cela avant que
l'entente ne soit paraphée. C'est uniquement pour couvrir ceci, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, je voudrais savoir du
ministre ce qu'il va advenir des 88 petits propriétaires du
complexe.
M. Tardif: Je veux bien répondre à cela, M. le
Président, mais ce n'est pas relié comme tel à l'article
3. Dans le cas des petits propriétaires, il est bien évident que
deux possibilités s'offrent à eux. Ou bien de conserver leur
logement comme tel, c'est à eux...
M. Cordeau: En tant que propriétaires?
M. Tardif: En tant que propriétaires, oui, c'est exact. Ou
de le vendre uniquement à la Société d'habitation du
Québec. Dans ce cas, nous leur avons dit qu'ils ne subiraient aucun
préjudice de la vente ou même de leur désir de conserver
leur logement. Nous leur avons également dit qu'ils pourraient continuer
à jouir du logement qu'ils occupaient, même s'ils le vendaient
à la Société d'habitation du Québec, tant et aussi
longtemps qu'ils le voudraient, un certain nombre d'entre eux ayant fait des
améliorations, fini un sous-sol, par exemple, ou des choses comme cela.
Le prix payé, s'il n'était pas question qu'ils fassent un profit
mirobolant, serait donc au moins équivalent au coût d'acquisition
plus les améliorations apportées par eux. Ils pourraient
théoriquement le conserver nous sommes leur créancier
hypothécaire - comme propriétaires pendant...
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Lalonde: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté sur division.
J'appelle l'article 4. Oui, M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Je sais que l'article 4 est traditionnel et ne dit
que la phrase traditionnelle: La
présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction. Mais avec
l'entrée en vigueur de cette loi, la Société d'habitation
du Québec se trouvera dans une situation différente de celle qui
aura existé jusqu'à ce moment et pas simplement pour le
règlement du cas Val-Martin, parce que le projet de loi est
rédigé d'une façon plus générale.
Pour toute convention à laquelle la Société
d'habitation du Québec sera partie, les paragraphes 1 et 2 de l'article
16a de la Loi prolongeant et modifiant la loi pour favoriser la conciliation
entre locataires et propriétaires et le reste, tout cela ne s'appliquera
pas. Donc, il sera possible, en quelque sorte, et dans une certaine mesure,
selon les conventions qui pourront être conclues à l'avenir, pour
la Société d'habitation du Québec, d'élargir son
champ d'action et de pénétrer dans le marché de
l'habitation d'une façon jusqu'à maintenant sans
précédent. J'aimerais simplement demander au ministre si l'on
peut régler le cas de Val-Martin par une acquisition par la
Société d'habitation du Québec de quelque chose qui
n'était pas conçu comme un HLM et qui, dans une certaine mesure,
au moins dans un premier temps, ne sera pas exploité comme un HLM...
M. Tardif: M. le Président, je m'excuse, mais sans
consultation avec nos juristes, l'article 16a est vraiment un article
spécifique au cas Val-Martin. A compter du 16 décembre, nul ne
pourra directement ou indirectement vendre ou permettre de vendre, ni offrir en
vente un immeuble situé sur les lots 380 à 578, la subdivision
officielle du lot originaire no 159 et les lots etc... du cadastre aux plans et
livres de renvoi officiel de la paroisse Saint-Martin. Ce ne sont pas tous les
autres immeubles au Québec. C'est celui-là.
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président, c'est...
M. Fontaine: ... M. le Président devait nous laisser poser
des questions tout à l'heure.
M. Lalonde: J'aurais quelques remarques, M. le Président,
en terminant.
Le Président (M. Dussault): Avant l'adoption de l'article
4?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Dussault): Allez, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Cela s'adresse plutôt de façon
générale... Je pense que les remarques qui ont été
faites, les éclaircissements qui ont été donnés par
Me Gagnon, confirment les inquiétudes que j'avais et rendent plus
pertinents les appels à la vigilance que j'ai faits au début de
mon intervention, au début de l'étude article par article.
J'espère que le ministre, au lieu de nier comme il l'a fait en
Chambre, prendra une attitude positive et réaliste, se rendra compte
que, techni- quement, comme le dit son avocat, mais très
réellement, il y a une quittance personnelle qui lui a été
donnée et il verra à y renoncer pour qu'on puisse
désormais étudier, examiner ce que la Société
d'habitation fera avec ça, annuellement, à l'étude des
crédits de ce ministère, en toute objectivité et sans
cette ombre au tableau.
Pour le reste, j'ai autant d'opposition que j'en avais lors de
l'étude en deuxième lecture.
M. Tardif: En réponse à ça, si vous
voulez... M. Fontaine: Oui, d'accord.
M. Tardif: Ecoutez, concernant cette question des quittances
personnelles, ce qui m'a fait bondir de mon siège, M. le
Président, en Chambre, c'est le fait que la question laissait entendre
que j'avais pu retirer un avantage personnel. On ne parlait pas de quittance,
on parlait d'avantage.
Je serais prêt à dire au député de
Marguerite-Bourgeoys que, si M. Steckler était consentant que je retire
cette signature personnelle, je n'aurais aucune espèce d'objection
à l'enlever. Cela a été mis là dans le but
exprès et exprimé au cours des négociations, n'en
déplaise aux démentis qui auront pu être apportés
par la suite... Là-dessus, s'il est consentant que j'enlève ceci,
ce qui me donne donc ouverture à un recours, je n'ai pas
d'objection.
M. Lalonde: M. le Président, cela commence à
être du marchandage.
M. Tardif: Non, écoutez, c'est ça.
M. Lalonde: Ce qui est répréhensible, à mon
sens, ce n'est pas que le ministre ait donné une quittance personnelle.
S'il veut bien se départir d'un bien, d'un avantage quelconque,
c'est-à-dire d'un droit d'action contre Steckler ou contre quiconque
ayant signé ce projet de loi, c'est à lui de décider, de
le faire. Mais il n'a sûrement pas besoin de l'accord de Steckler pour
renoncer à la quittance qu'il a reçue, étant donné
que la quittance est mutuelle. Il n'a pas besoin de ça. Maintenant, il
veut marchander la renonciation à la quittance qu'il a reçue
contre la renonciation de Steckler. On voit bien qu'il a reçu quelque
chose.
Lorsque j'ai lu ça, que j'ai vu que c'était écrit,
signé personnellement, moi aussi, j'ai bondi au plafond. Quand on voit
les autres dispositions qui ne sont pas usuelles... Le ministre a dit pourquoi
ce n'était pas usuel. Je suis prêt à accepter ça.
C'est vrai que ce n'est pas un accord conclu de façon normale, dans le
cours normal du marché où un acheteur veut achter et où un
vendeur veut vendre. C'est peut-être une des raisons pour laquelle on
voit des stipulations inusitées, comme la renonciation à toutes
sortes de garanties, des choses comme ça.
Mais j'étais, sûrement justifié de me poser des
questions, à savoir si cet avantage personnel... C'est un avantage de
recevoir une quittance, que ce soit $1 ou $1 million, je ne le sais pas, mais
une
quittance générale, c'est un avantage. Le recevoir
personnellement, pour moi, c'est tout à fait inacceptable de la part
d'un ministre, dans le cas d'une transaction faite pour les affaires publiques.
Surtout lorsque la considération de cet avantage reçu, en partie
au moins, c'est $25 000, et même, d'après l'article 2a, une partie
du prix d'achat.
Je pense que le ministre peut facilement, personnellement, renoncer
à cet avantage sans avoir le consentement de Steckler. Il renonce
à quelque chose qu'il a reçu et, par un petit bout de papier, il
dit: "Je renonce à ça, c'est tout." A ce moment-là, on
saura qu'il n'a aucun avantage en aucune sorte. On pourra l'étudier en
toute objectivité.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska, vous aviez demandé la parole.
M. Fontaine: Oui, M. le Président. Ce que je voulais
savoir, avant de terminer l'étude de ce projet de loi, c'est ce qui va
advenir du projet de loi.
Est-ce que le ministre ou la Société d'habitation du
Québec a l'intention de le céder à une association de
locataires, une compagnie sans but lucratif. Qu'est-ce qui va advenir de ce
projet?
M. Tardif: Je pense, M. le Président, qu'il est trop
tôt pour affirmer les gestes qui seront posés par la suite. Il est
bien évident que l'objectif qui était de redonner à ce
projet sa vocation locative lui restera, et il restera, d'autant plus qu'encore
une fois, là-dessus, c'était clair, c'était bien
assuré, il ne permettra pas à la Société
d'habitation de faire ce qui lui a été interdit de faire.
Je pense que, dans la mesure où un Office municipal d'habitation
existerait à Laval, c'est-à-dire un organisme sans but lucratif,
formé des locataires eux-mêmes, qui voudrait se présenter
pour exploiter, pour gérer ceci comme un ensemble immobilier locatif,
cela m'apparaît tout à fait normal que la Société
d'habitation ne vise pas par- ticulièrement à accroître son
parc immobilier de plus de 20 000 logements, de celui-là en
particulier.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre, d'autre part, pourrait nous
assurer, étant donné qu'il y aura des réparations qui
seront effectuées à ces immeubles, que les loyers ne seront pas
augmentés d'une façon trop considérable?
M. Tardif: M. le Président, je pense que cela va de soi
que les programmes de rénovation de logements que nous connaissons
actuellement le programme PAREL, du gouvernement fédéral,
pèche justement par ceci; il consent des subventions à même
les deniers publics pour faire de la restauration et il rend le logement
inabordable aux locataires, qui, par la suite, se voient évincés,
parce qu'ils ne peuvent pas assumer le loyer.
Je crois que la préoccupation du député de
Nicolet-Yamaska je la partage totalement à savoir que si
des montants, des subventions, étaient alloués, pour fins de
rénovation, il faudrait s'assurer que ceci ne soit pas refilé
comme tel aux locataires et que cela devienne inabordable.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Les travaux de
cette commission se terminent avec l'adoption de l'article 4. M. le
député de Beauharnois fera rapport des travaux de cette
commission à l'Assemblée nationale. Je vous remercie de votre
collaboration.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 33)