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Etude du projet de loi no 59
Loi concernant le rôle de la valeur
locative de la ville de Montréal
(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires municipales et de l'environnement se
réunit pour l'étude du projet de loi no 59, Loi concernant le
rôle de la valeur locative de la Ville de Montréal.
Les membres de cette commission sont: M. Alfred (Papineau), M.
Beauséjour (Iberville), M. Brassard (Lac-Saint-Jean) remplacé par
M. Baril (Arthabaska), M. Caron (Verdun)...
M. Goldbloom: M. le Président, s'il vous plaît. M.
Caron de Verdun sera remplacé par M. Blank, de Saint-Louis.
Le Président (M. Laplante): ... remplacé par M.
Blank (Saint-Louis), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Dubois (Huntingdon), M. Dussault (Châteauguay), M.
Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Lavigne (Beauharnois), M. Léger
(Lafontaine) remplacé par M. Clair (Drummond), M. Léonard
(Laurentides-Labelle), Mme Ouellette (Hull), M. Saindon (Argenteuil), M. Tardif
(Crémazie), M. Vaugeois (Trois-Rivières) remplacé par M.
Lefebvre (Viau) et M. Verreault (Shefford).
Maintenant, j'accepterais une proposition pour un rapporteur. Qui veut
être rapporteur?
M. Clair: M. Lefebvre.
Le Président (M. Laplante): M. Lefebvre (Viau).
Projet de loi no 59. M. le ministre des Affaires municipales.
Discussion préliminaire
M. Tardif: M. le Président, ce projet de loi très
court, comme les notes explicatives l'indiquent, a :out simplement pour objet
d'autoriser la ville de: Montréal à utiliser pour son exercice
financier 1977/78 le rôle de la valeur locative de l'exercice financier
antérieur, c'est-à-dire celui de 1976/77. Les raisons à
l'appui de cette requête, M. le Président, nous sont parvenues
sous forme de résolution, en bonne et due forme, du comité
exécutif de la Communauté urbaine de Montréal en date du 9
juin. Deux séries d'arguments ont été invoquées
dans la correspondance annexée à cette résolution: la
première, c'est que l'imposition de la taxe dite olympique obligeait la
ville de Montréal à inclure dans son rôle
d'évaluation une série de données et de codes nouveaux
permettant de percevoir ces taux différenciés prévus dans
la loi. La deuxième, le plafonnement en 1976, des évaluations
pour fins scolaires obligeait à procéder à la confection
d'un nouveau rôle, strictement pour les fins scolaires, selon les
modalités différentes du rôle normal.
Et, troisième argument qu'on invoque, c'est que encore une fois,
à cause du même plafonnement aussi pour 1977/78, la ville devra
procéder également à des ajustements, si bien que, pour
ces trois raisons, le comité exécutif de la Communauté
urbaine de Montréal a cru devoir accepter la requête de la ville
de Montréal; il nous fait tenir en conséquence cette
résolution et le gouvernement croit justifié de modifier la loi
de façon à permettre le report mentionné.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, les explications que vient
de fournir le ministre sont assez claires; je me permets quand même de
trouver au premier abord un peu curieux le fait que ce soit un projet de loi
public. Il s'agit de l'intérêt de la ville de Montréal;
cette dernière a réussi à convaincre la Communauté
urbaine de Montréal d'appuyer sa demande par une résolution et a
mis de l'avant un certain nombre d'explications pour justifier cette
requête que formule la résolution en question. Mais, quand
même, normalement, quand il s'agit de l'intérêt d'une
municipalité, la demanderesse formule sa demande par un projet de loi
privé et vient ici, à la barre, s'expliquer et essayer de
convaincre les membres de la commission.
Le fait pour le gouvernement de présenter un projet de loi public
veut dire deux choses: d'abord qu'il est déjà convaincu, parce
qu'il prend à sa charge les explications et la mesure législative
et, deuxièmement, que les membres de la commission ne sont pas en mesure
de poser des questions aux intéressés directement et doivent les
poser au ministre.
Ce n'est pas une mauvaise chose ni une chose désagréable
de poser des questions au ministre, mais celui-ci se trouve quand même
dans une situation un peu épineuse, parce qu'il devient malgré
lui le défenseur non seulement des intérêts de la ville de
Montréal, cela est normal, dans une certaine mesure, mais de cet accroc,
parce que c'est un accroc aux procédures normales de l'administration
municipale de notre principale ville.
Or, je pense, M. le Président, que nous devons prendre les
quelques minutes nécessaires pour que le ministre nous explique comment
il se fait que nous ayons devant nous un projet de loi public au lieu d'un
projet de loi privé.
M. Tardif: M. le Président, la raison est très
simple, c'en est une de délais tout simplement, en ce sens que des
efforts ont été faits pour essayer de remplir des exigences. La
ville de Montréal s'est rendu compte qu'on ne pouvait pas et qu'on
n'avait pas les délais requis pour faire inscrire un projet de loi
privé, puisqu'il y a des avis de publication et tout, et on ne pouvait
le faire de façon
régulière, si bien que, compte tenu de ce fait, on a
invoqué aussi, en plus des raisons de temps, qu'une partie des raisons
pour invoquer le report étaient attribuables à deux
décisions contenues au budget. L'une est la Loi sur la taxe
foncière et, l'autre est toujours cette question du budget avec le
plafonnement de la taxe, l'évaluation pour des fins scolaires. Donc, ces
deux raisons de temps, M. le Président, ont amené la ville de
Montréal, d'une part, et la communauté, d'autre part, à
faire cette requête.
En l'occurrence, évidemment, ce n'est plus une
municipalité en particulier, bien que ce soit à la demande de la
ville de Montréal, mais bien la communauté urbaine qui a fait la
requête. Je voudrais signaler quand même que ce que le
député de D'Arcy McGee appelle un accroc, c'est un accroc qui
n'est pas, je pense, très conséquent; il s'est lui aussi permis
d'en faire de même nature, lorsqu'il a reporté, par exemple, les
délais pour la présentation du budget du conseil de
sécurité publique de la communauté urbaine.
Or, ce n'est pas M. le Président, pour empêcher les
députés de poser les questions voulues aux élus de la
Communauté urbaine de Montréal, mais, bien au contraire, c'est
uniquement, encore une fois, pour des questions de temps et de délais
tout simplement qu'on s'est cru obligé de procéder de cette
façon.
M. Goldbloom: M. le Président, vous avez remarqué
que j'ai exposé un fait sans.faire un procès d'intention au
ministre. Nous devrons toutefois avoir un jour l'occasion d'interroger sur une
foule de sujets les dirigeants de la ville de Montréal. Il y a cependant
un commentaire que je voudrais faire sur les effets prévisibles de ce
projet de loi, de cette éventuelle loi. Nous avons ici, je continue de
l'appeler un accroc, ce n'est pas un mot terriblement péjoratif, mais
quand même, nous intervenons dans un processus qui, en principe, tient
à jour le rôle d'évaluation sous tous ses aspects, et nous
disons: le rôle d'évaluation qui est préparé par la
Communauté urbaine de Montréal c'est à ce niveau
maintenant que se situe le service d'évaluation sera tenu
à jour pour les propriétés qui appartiennent à des
propriétaires autonomes et il ne sera pas tenu à jour pour les
immeubles locatifs. Il sera tenu à jour pour les autres
municipalités, mais pas pour la ville de Montréal. Il y aura un
gel en quelque sorte. On utilisera les valeurs de 1976/77 pour l'administration
de la chose publique à la ville de Montréal, mais seulement pour
la valeur locative, en 1977/78.
Si ce n'est pas l'effet principal de ce projet de loi, j'aimerais
comprendre exactement quel en sera l'effet. J'en conviens, il y a toujours
l'ajustement possible par le taux de taxation, mais le taux est quand
même essentiellement uniforme, sauf que la taxe d'affaires intervient
ici, elle est affectée par le rôle de la valeur locative. Je ne
dis pas que c'est une chose énorme et terrible, mais je continue quand
même de croire qu'il y a un certain accroc à l'administration
normale et j'aimerais que le ministre poursuive ses explications.
M. Tardif: Les légistes n'ont pas cru bon d'introduire
cette disposition dans la loi puisqu'on a dit: II y a un rôle qui aura
force de loi et c'est celui de l'année antérieure, sauf que la
résolution du comité exécutif de la communauté
urbaine que je vais citer ici, si vous me le permettez, dit ceci: "II est
résolu de demander au ministre des Affaires municipales de
présenter dans les plus brefs délais à l'Assemblée
nationale du Québec un projet de loi public pour que le rôle des
valeurs locatives de la ville de Montréal pour l'exercice 1976/77
préparé par le commissaire à l'évaluation serve
également à cette ville pour son exercice 1977/78 et que le
commissaire à l'évaluation soit, en conséquence,
dispensé de déposer un nouveau rôle des valeurs locatives
pour l'exercice en cours de cette ville." Donc, c'est ce que vise la loi. Et je
continue: V... le commissaire à l'évaluation restant
néanmoins tenu de faire la mise à jour du dernier rôle de
valeurs locatives déposées." Donc, la mise à jour continue
s'impose, mais on n'impose pas de refaire le nouveau rôle qui portera
officiellement le titre dûment adopté et voté pour
l'année de...
Donc, la mise à jour se fait et se continue normalement.
M. Goldbloom: C'est une explication qui nous manquait. Je
remercie le ministre de l'avoir fournie.
M. Tardif: Et d'ailleurs cette mise à jour est
prévue en vertu de la Loi de l'évaluation foncière.
M. Goldbloom: D'accord. Justement parce que la
phraséologie de l'article 1 ne permettait pas de comprendre que la mise
à jour se continuerait, il y avait cette inquiétude qui
m'inspirait les demandes de renseignements que j'ai formulées.
Si je comprends bien, d'après les explications fournies par le
ministre, il s'agit, en bonne mesure, d'une technicité,
c'est-à-dire que les valeurs inscrites au rôle seront les valeurs
de 1977/78, mais le commissaire sera dispensé, exempté de
l'obligation de faire le travail de compilation et de publication qui porterait
un titre, un rôle de la nouvelle année.
Devant ces explications... Il y a peut-être d'autres
collègues qui aimeraient prendre la parole.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: A ce stade-ci, je n'ai pas tellement de questions
à poser. Je les poserai tout à l'heure à l'article 1, mais
en ce qui regarde le supposé accroc qu'aurait fait le ministre, j'aime
bien ces accrocs lorsque l'administration peut être rendue plus
rapidement...
Souvent, lorsqu'on suit exactement tous les méandres de la route,
si on peut se trouver un chemin raccourci, cela va plus vite.
Projet de loi
Le Président (M. Laplante): Projet de loi no 59, article 1
: Le rôle de la valeur locative de la Ville
de Montréal applicable pour son exercice financier 1976/77
constitue à compter du, (insérer ici la date de l'entrée
en vigueur du présent projet), le rôle de la valeur locative de
cette ville pour son exercice financier 1977/78.
Pour les fins de la Loi sur l'évaluation foncière (1971,
chapitre 50), ce rôle est réputé avoir été
déposé, pour l'année 1977/78, à cette même
date.
L'article 1 est-il adopté?
M. Goldbloom: M. le Président, sans vouloir
éterniser le débat, je reviens à ce fait: La façon
dont l'article 1 est rédigé ne permet pas, je l'ai dit il y a
quelques instants, aux membres de la commission d'avoir l'assurance que la mise
à jour se fera.
Le ministre nous dit-il que La Loi de l'évaluation
foncière ou La Loi constitutive de la Communauté urbaine de
Montréal rend obligatoire cette mise à jour et que c'est la
raison pour laquelle il n'y a aucune précision à cet égard
dans l'article?
M. Tardif: C'est assurément prévu dans la Loi de
l'évaluation foncière. C'est à l'article 86, si on veut
vérifier l'article 86 de la Loi de l'évaluation foncière,
qui prévoit que les rôles de la valeur locative doivent
constamment être mis à jour.
M. Goldbloom: Cela me suffit, M. le Président. Je n'ai pas
besoin...
M. Cordeau: Chapitre 50?
M. Tardif: Chapitre 50: Loi de l'évaluation
foncière, article 86. De la tenue à jour du rôle dit le
titre, section X: "Le rôle doit être modifié pour: a) donner
suite à une mutation de propriété, sur réception de
l'avis prévu à l'article 51 de la Loi des bureaux
d'enregistrement ou sur preuve suffisante; si la mutation ne touche qu'une
partie d'un immeuble ou porte sur une partie d'un lot non subdivisé,
l'évaluateur opère au rôle les changements qui s'imposent;
b)y corriger une erreur d'écriture; c) y inscrire un immeuble qui en a
été indûment omis ou en rayer un immeuble qui a
été indûment inscrit; d)refléter la diminution de
valeur par suite de destruction, démolition ou disparition d'un
immeuble; e) donner suite à la réalisation de l'une des
conditions prévues à l'article 10.
Donc, c'est prévu dans la loi, ces ajustements, c'est la raison
pour laquelle cela n'a pas été inscrit ici.
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président. Il me reste deux
questions seulement. La première en est une que j'aurais aimé
poser au commissaire, s'il avait été ici. Quel est l'état
d'avancement de ce travail à la ville de Montréal? On nous
demande d'ajuster les exigences pour la ville de Montréal pour cette
année. Est-ce que la mise à jour se fait à un rythme
satisfaisant ou est-ce qu'il y a beaucoup de retard dans ce travail?
M. Tardif: Je suis incapable de répondre à cela, M.
le Président.
M. Goldbloom: L'autre question s'adresse carrément et
normalement au ministre. Est-il en mesure aujourd'hui de nous indiquer ses
intentions quant au service d'évaluation de la Communauté urbaine
de Montréal un service qui a fait l'objet de certaines critiques? Il y a
eu des recommandations quant à des améliorations. Je pense qu'il
serait normal, en ce moment où nous nous penchons sur une petite partie
du problème, que le ministre nous indique s'il a l'intention de poser
des gestes prochainement pour améliorer une situation qui a
provoqué beaucoup de plaintes.
M. Tardif: M. le Président, je rappellerai qu'il s'agit
d'un service non pas du gouvernement du Québec ou du ministère
des Affaires municipales, mais bien de la Communauté urbaine de
Montréal. C'est donc à cette communauté qu'il appartient
de s'assurer du bon fonctionnement de cet organisme. Même si le
gouvernement, par le biais de l'ordonnance ou du décret qui a
été rendu par le ministre des Affaires municipales et rendu
public au mois de mars ou avril, concernant la confection des nouveaux
rôles d'évaluation, notamment par la publication de son manuel
d'évaluation, de ses procédures, par la publication et aussi la
création d'un programme dit le programme PAIRE, celui-là, et non
pas PAIRA, qui prévoit une subvention gouvernementale pouvant aller
jusqu'à 50% des coûts de confection des nouveaux rôles
d'évaluation, ces 50% n'étant pas automatiques mais comportent
40% plus 10% de boni à la qualité de la confection du rôle,
à ce moment-là donc, les mesures prises sont autant d'incitations
à assurer une certaine uniformité dans l'évaluation et une
qualité dans cette évaluation.
Je pense que le député de D'Arcy McGee fait allusion de
façon plus spécifique à un document qu'il a
commandé qui est le rapport Bergevin et que j'ai rendu public. Mais que
je ne tiens pas à commenter puisqu'il y a encore des causes pendantes
présentement. On peut donc considérer l'affaire comme
étant sub judice, si bien que c'est la raison pour laquelle je me suis
permis de déposer ce document, mais sans commentaires.
Et, je ne crois pas le moment opportun de le faire, compte tenu encore
une fois des causes en nullité qui sont devant les tribunaux.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président: Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, j'aimerais savoir en quelle
année a été dressé le rôle actuel del de la
valeur locative auquel on donne une extension?
M. Tardif: C'est un rôle annuel, M. le Président. La
loi prévoit la confection d'un rôle...
M. Cordeau: Non, mais, ah bon...
M. Tardif: ... annuel...
M. Cordeau: C'est la première fois que l'on demande cette
extension sur le rôle de...
M. Tardif: A ma connaissance, oui, M. le Président,
d'autoriser que le rôle de l'an passé...
M. Cordeau: C'est le rôle de l'an passé.
M. Tardif: ... à cause des raisons invoquées,
notamment que la taxe olympique et autres soient utilisées, mais avec la
mise à jour. Donc il n'y aura pas, je donne le résumé je
pense, de façon assez concrète... Il n'y aura pas un nouveau
rôle déposé, portant le titre de rôle de valeur
locative de... Donc, on sait pertinemment que de toute façon 95% du
contenu est identique à celui de l'année précédente
mais ajusté en conséquence, quoi. Alors c'est...
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président, le programme
PAIRE, cela s'épelle comment, est-ce que c'est comme père de
famille?
M. Tardif: P-A-l-R-E, programme d'aide à l'implantation
des nouveaux rôles d'évaluation.
M. Goldbloom: Ce n'est pas père de famille? Il n'y aura
pas de programme "parrain" qui constituera une offre que les
municipalités ne pourront refuser?
M. Tardif: Pas de programme du genre "Godfather"
Le Président (M. Laplante): Article 1, adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 2: "La présente
loi entre en vigueur le jour de sa sanction".
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Ceci termine l'étude du
projet de loi no 59 adopté sans amendement. Je prierais le rapporteur de
faire rapport à l'Assemblée nationale. Merci.
La commission est ajournée sine die.
(Fin de la séance à 10 h 32)