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Etude des crédits des Services de
protection
de l'environnement
(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires municipales et de l'environnement continue
ses travaux. Pour la séance de ce matin, M. Marquis (Matapédia)
remplace M. Alfred (Papineau), M. Rancourt (Saint-François) remplace M.
Dussault (Châteauguay), M. Michaud (Laprairie) remplace M. Lavigne
(Beauharnois), M. Charbonneau (Verchères) remplace M. Léonard
(Laurentides-Labelle), M. Baril (Arthabaska) remplace Mme Ouellette (Hull).
Discussion générale
Lorsque nous avons suspendu les travaux hier, nous en étions
encore à des discussions d'ordre général et M. Roy,
député de Beauce-Sud, avait la parole. Je lui cède donc la
parole.
M. Roy: Merci, M. le Président.
M. Caron: Avant de commencer, je vois qu'il y a seulement quatre
membres du parti ministériel. Cela veut dire que, s'il y avait un vote,
on pourrait vous renverser. On ne le fera pas ce matin.
Une Voix: Là, je suis pris.
M. Goldbloom: C'est dommage que nous n'ayons rien de litigieux,
parce que ce serait une occasion en or.
M. Léger: Je dois quand même rétablir les
faits. Actuellement, le gouvernement a un caucus des députés.
Cela arrive souvent, chez nous, que nous consultions nos députés.
C'est peut-être un changement avec ce qui se passait auparavant, mais
nous consultons régulièrement nos députés.
Actuellement, il y a un caucus qui exige...
M. Goldbloom: C'est peu fondé.
M. Léger: Je dois vous dire, M. le Président, que
c'est normal qu'il puisse manquer quelques députés au
départ, mais nous sommes quand même quatre présents. Il en
manque un peu, mais on est allé les chercher et ils vont être ici
dans quelques minutes.
M. Caron: Même si vous consultez, vous n'êtes pas
toujours d'accord. On voit cela dans le journal ce matin, dans le Soleil.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne veux pas retarder
l'intervention du député de Beauce-Sud. Simplement, quand le
ministre dit qu'il veut rétablir les faits, il n'y a aucun fait à
rétablir. Le fait est là; ils ne sont que quatre.
M. Léger: Le député, qui ne veut pas
retarder les travaux, continue encore à en parler. Je dois simplement
dire que, si le député de Verdun n'avait pas ouvert la porte,
personne ne serait entré à l'intérieur.
M. Caron: J'ai vécu cela et cela me fait plaisir de le
dire en passant.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Cordeau: Un instant, s'il vous plaît. Nous aussi, de
l'Union Nationale nous avions caucus à 8 h 30, ce matin. Par contre, on
a terminé pour 10h.
M. Caron: Vous avez commencé plus tôt, vous autres,
pour être ici à l'heure. C'est bien.
M. Roy: M. le Président, si on me permettait d'ajouter mon
grain de sel suite à ce qui a été dit, sans malice
à l'endroit du ministre, je dirais que, parfois, trop de consultation
retarde les décisions.
Voici, le ministre nous a dit hier qu'il avait l'intention il a,
d'ailleurs, averti les conseils de comté en ce sens d'interdire
les dépotoirs à ciel ouvert. J'aimerais aborder un sujet ce
matin.
Je voudrais lui demander où en sont rendues les études du
ministère de l'environnement je voudrais savoir, d'abord, s'il y
a des études qui ont été entreprises dans ce sens
concernant le recyclage des rebuts.
J'ai ici une étude des Etats-Unis qui est assez significative
pour démontrer jusqu'à quel point cette solution au
problème des rebuts, qui est le recyclage, pourrait, peut-être
je dis bien peut-être ici au Québec, contribuer
grandement à améliorer la qualité de l'environnement et
à en diminuer les coûts. En effet, une étude qui date de
quelques années aux Etats-Unis a démontré qu'il y a 360
millions de tonnes de déchets par année et ils se sont
lancés à fond dans le recyclage de rebuts et de déchets.
Actuellement, on dit les chiffres sont importants que 52% du
plomb, 45% du cuivre et du laiton, 30% de l'aluminium et 26% de l'acier
utilisés aux Etats-Unis proviennent de déchets recyclés.
Pour le papier, le zinc et le verre, ces pourcentages sont respectivement de
'25%, 20% et 10%. Toute l'industrie américaine traite annuellement pour
$8 milliards de vieux papier, de verrerie usagée, de vieux textiles et
de métaux non ferreux. Les déchets de fer et d'acier
recyclés représentent un chiffre d'affaires de $3 milliards, sans
compter les huit millions de carcasses d'automobiles qui sont reconverties
chaque année.
On dit plus loin: Pour le cuivre et le laiton, l'importance de la
récupération des déchets est capitale en raison de la
forte consommation domestique et des difficultés croissantes
d'approvisionnement. 42% seulement du cuivre utilisé aux Etats-Unis sont
extraits des mines américaines, le reste venant des pays avec lesquels
les relations
commerciales sont souvent difficiles. C'est pourquoi entre 80% et 90%
des déchets de cuivre et de laiton sont
récupérés.
Quant à l'industrie de l'aluminium, elle possède quelque
400 centres de ramassage de boîtes d'aluminium usagées et
reconvertit 75 millions de ces boîtes chaque année. Seul le verre
demeure difficile à récupérer, peut-être en raison
de sa fragilité et de son volume. Les fabricants de verre ont
recyclé 500 millions de bouteilles au cours des trois premiers mois de
1971, ce qui est encore peu de chose en comparaison des 35 milliards de
bouteilles produites.
Je pense que, de ce côté, on a quand même certaines
régions où le recyclage serait difficile à cause des
difficultés de regrouper tous les déchets, mais qu'on songe, par
exemple, à la région métropolitaine de Montréal,
même à la région métropolitaine de Québec,
ici, sans oublier évidemment des possibilités qu'il pourrait y
avoir dans des régions comme Sherbrooke, Trois-Rivières, dans les
principaux centres du Québec. J'aimerais savoir si au ministère
de l'environnement, effectivement, il se fait des études de ce
côté et si on examine les possibilités et les avantages que
nous pourrions avoir.
M. Léger: M. le Président, le député
me demandait, entre autres, si des études avaient été
faites dans le domaine du recyclage. Je sais qu'il y a une couple
d'années, deux ou trois ans, il y a eu des études de faites sur
les possibilités de recyclage de matières comme la ferraille, le
papier, le verre, etc.
Les conclusions de cette étude étaient que pour que ce
soit rentable, il fallait que cette usine soit installée dans un bassin
de population d'au moins un million d'habitants. Autrement, ce n'était
pas rentable et cela n'apportait pas de solution définitive au
problème.
Maintenant, à ce jour, c'est Montréal qui pourrait obtenir
une certaine rentabilité en y installant une usine de recyclage. Il
semble qu'une entreprise privée ait déjà fait des
approches auprès du service de l'environnement qui avait demandé
si c'était possible et le ministère, à ce moment, a
accepté l'idée. On attendait des rapports ou des demandes plus
précises. Cela ne s'est pas soldé par une proposition ferme.
Maintenant, dans un autre domaine, l'utilisation, parfois, des
déchets à des fins plus utiles, la carrière Miron a
utilisé une partie de son territoire, le trou qui était
là, pour y faire un enfouissement sanitaire et qui admet une sorte de
récupération de terrain qui pouvait être utile,
après cela, comme terrain de stationnement ou comme terrain
d'utilisation publique. En prenant un trou qui ne valait plus rien et en y
amenant un enfouissement sanitaire bien organisé, cela pouvait servir de
récupération de terrain. A ce jour, c'est ce qu'on a pu avoir
comme expérience.
Ce serait peut-être bon que la population soit au courant de la
possibilité d'utiliser un territoire qui a une densité de
population comme Montréal. S'il y a des organismes privés qui
seraient intéres- sés dans la région de Montréal,
la porte est ouverte ou les terrains sont ouverts.
M. Roy: Si le ministère faisait une étude pour
être en mesure de déterminer quelles seraient les
possibilités de rendement, les possibilités de
récupération, il y aurait certainement des entreprises
privées qui seraient intéressées à faire des
investissements. Mais je vois très mal, par exemple, l'entreprise
privée se décider à faire une étude dans ce
secteur, étant donné les risques que cela comporte, d'investir
$50 000, $75 000 ou $100 000 dans des études, sans savoir quels
pourraient être les résultats, s'il y aurait possibilité,
éventuellement, de récupérer cette somme en comptabilisant
ses dépenses dans les frais généraux de l'entreprise.
Si le ministère de l'environnement s'occupait de faire faire une
étude approfondie dans une région donnée, une
région qui a quand même la population requise pour assurer son
rendement, étant donné aussi que cette expérience est
répandue aux Etats-Unis, il y aurait peut-être lieu qu'un groupe
de travail se rende visiter certains endroits pour voir ce qui a
été fait, de façon à ne pas répéter
les mauvaises expériences qui ont été faites ailleurs mais
bénéficier plutôt des expériences favorables qui ont
pu être faites.
Si, aux Etats-Unis, dans certains secteurs, on a contribué
à diminuer les coûts pour le débarras des déchets et
des rebuts, puisqu'on en a fait des valeurs industrielles, je pense qu'on
aurait peut-être avantage à regarder ce qui pourrait être
fait de ce côté. Il ne faut pas oublier que même
l'enfouissement finit toujours par causer des problèmes; cela a
été dit, cela a été écrit par d'autres. Des
études ont été faites, cela finit par contaminer les
nappes d'eau souterraines et cela a créé de multiples
problèmes.
J'en fais une suggestion au ministre, au ministère de
l'environnement, et à la commission parlementaire ce matin; que le
ministère prenne les mesures nécessaires. Je pense qu'il serait
avantageux et intéressant qu'on consacre une certaine somme d'argent
pour faire faire une étude de ce côté, une étude qui
pourrait être rendue publique et qui pourrait peut-être attirer
l'attention de certains hommes d'affaires, de certaines entreprises qui,
à la suite de ces rapports, pourraient être en mesure
d'évaluer la rentabilité éventuelle d'une telle
entreprise. Cela me paraîtrait une suggestion positive dans les
circonstances actuelles, comme le futur ministère de l'environnement
veut s'attaquer d'une façon toute spéciale et particulière
étant donné l'urgence de la situation aussi au
problème des déchets et des rebuts, de façon que cela
évite la pollution de notre environnement.
M. Léger: Je vais certainement prendre en sérieuse
considération la suggestion du député. Je dois quand
même dire ceci quant à la localisation, à
l'intérieur d'une région très populeuse: Quel que soit
l'endroit, ce n'est pas cela qui est important, c'est d'avoir un bassin de
population suffisam-
ment élevé pour nourrir cette usine de façon
qu'elle puisse en retirer une certaine rentabilité par la suite.
C'est pour cela que je n'aurai pas d'objection à vérifier
ce que j'ai au ministère au niveau de cette étude qui a
été faite et qui démontrait l'importance d'une
densité de population minimale d'un million, pour être capable de
rendre rentable cette entreprise, de recyclage des déchets. Je pourrai
peut-être faire ressortir à mon ministère cette
étude et la ramener à l'occasion d'une commission parlementaire
subséquente ou même à une autre séance.
Il y a un autre point, par exemple, que je pourrais ajouter, c'est le
fait q ue l'entreprise privée ou des entreprises privées qui
pourraient habituellement s'intéresser à cette nouvelle industrie
de recyclage des déchets exigent souvent de la part du gouvernement des
contrats fermes ou des subventions précises qui deviennent une sorte de
subvention particulière. C'est là-dessus que cela a
achoppé, parce qu'avant de donner une subvention ou de donner des
contrats bien précis à une firme, on pense qu'elle doit
elle-même déterminer sa propre rentabilité. Il y aura
peut-être, à ce moment-là moyen de donner une aide, mais je
pense qu'on ne peut pas, au départ, exiger du gouvernement un contrat
précis. Entre autres, je me rappelle qu'une firme voulait dans
une région périphérique de Montréal, à une
quarantaine de milles de Montréal, sans nommer l'endroit
installer une telle usine de récupération des déchets et
elle exigeait un contrat ferme de dix ans, pour que toutes les
municipalités apportent leurs déchets là.
Cela crée quand même un problème, parce que ce sont
toutes des instances politiques, des instances décisionnelles
différentes, et je pense que nous pourrions difficilement obliger tout
le monde à aller là. C'est, je pense, à l'entreprise
privée de faire elle-même ses contacts avec les
municipalités avoisinantes, pour s'assurer d'eux une certaine
participation et de faire l'étude elle-même du marché et de
se servir peut-être de l'étude que nous avons pour vérifier
la partie rentable de ce projet.
De toute façon, je vais apporter à la prochaine commission
parlementaire, ou, si je ne l'ai pas à temps, je la ferai parvenir au
député, une copie de cette étude pour que vous puissiez
juger jusqu'où on peut aller en ce sens.
M. Roy: M. le Président, j'aurais une deuxième
question qui fait suite évidemment à la première,
puisqu'on parle du recyclage des déchets. Il y a une commission
parlementaire qui a siégé le 7 mars 1974, pour étudier les
règlements concernant la Loi de la qualité de l'environnement. Il
y avait des mémoires qui avaient été
présentés; entre autres, il y en avait un qui avait
été présenté par l'Association des embouteilleurs
de boissons gazeuses du Québec. Je pense que le ministre lui-même
était présent à cette commission parlementaire.
Il avait été question de la fameuse canette et les
contenants retournables et non retournables. On se rappellera les pressions ou
les arguments que les propriétaires d'usines d'embouteillage de boissons
gazeuses avaient apportés de façon à demander au
ministère de l'environnement une réglementation à ce sujet
afin d'éviter la multiplication de ces canettes. Cette intrusion sur le
marché de cette nouvelle forme de contenant provoquait la fermeture de
plusieurs entreprises d'eau gazeuse au Québec. Elles ne pouvaient
continuer à faire de l'embouteillage, c'est-à-dire des
bouteilles.
On sait très bien que la bouteille se récupère par
elle-même parce qu'elle a une valeur économique et la canette,
elle, traîne le long des routes dans tout le Québec, dans nos
parcs, sur le bord des lacs, dans les lacs et les rivières, les cours
d'eau; il y en a partout. Il n'y a pas eu de suite à ceci. Autrement
dit, cette commission parlementaire a siégé, mais il n'y a pas eu
de suite comme telle; ce règlement n'est jamais venu.
J'aimerais demander au ministre si au ministère de
l'environnement on a l'intention de reprendre ce dossier là où il
a été laissé en 1974 et de réexaminer la situation
pour voir quelles sont les mesures que le gouvernement pourrait prendre
concernant cette réglementation qui devrait être adoptée,
et qui, en passant, M. le Président, ne coûte rien au
gouvernement. Il s'agit d'une réglementation à imposer pour
permettre à une situation de se corriger par elle-même sans qu'il
soit nécessaire d'accorder des subventions et d'investir des sommes
d'argent et avoir des inspecteurs, etc.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Léger: Dans le temps où nous avions
étudié ce projet, j'étais député de
l'Opposition et j'avais participé à cette commission
parlementaire. On me dit, à mon service de l'environnement, que ce
dossier a été rouvert et qu'on est en train de repréparer
une réglementation un peu plus conforme aux besoins à la suite
des remarques qui ont été faites par les différents
intervenants de la commission parlementaire de cette fois-là.
Le gros problème, c'est une implication économique, c'est
le fait que cela obligerait puisque l'esprit de la réglementation
serait de convaincre d'une façon à avoir une
réglementation plus sévère davantage l'utilisation
de la bouteille ou de la canette retournable si on mettait une valeur
économique plus élevée. De cette façon, on incite,
par le prix que vaudrait la canette ou la bouteille retournable, les gens
à ne pas la jeter, à ne pas la laisser traîner et causer un
problème de pollution par déchets partout sur le bord des routes.
Mais il y a des implications économiques au niveau des manufacturiers et
c'est là-dessus que le service de l'environnement se penche. Une
réglementation devrait être présentée dans quelques
mois, après avoir évalué les conséquences de
chacune des décisions. Il faudrait, dans cette réglementation,
des mesures suffisamment sévères pour éviter qu'on mette
de l'avant des canettes non retournables et qui deviennent une contribution
énorme à la pollution du milieu.
M. Roy: En somme, si j'ai bien compris le ministre, on peut
s'attendre à quelque chose de ce côté.
M. Léger: Au cours de l'année.
M. Roy: Au cours de l'année. Est-ce que le ministre a
l'intention de soumettre cette réglementation et d'en faire une
étude en commission parlementaire?
M. Léger: Je ne voudrais pas promettre cela aujourd'hui,
mais je peux dire que, dans mon esprit, chaque geste qui nous permettra
d'améliorer la qualité de l'environnement et qui obligera les
citoyens à en subir certaines conséquences, j'aimerais le faire
le plus ouvertement possible, soit en commission parlementaire ou soit par une
consultation populaire, de façon que les décisions soient prises
après que les gens auront eu l'occasion de s'exprimer. Par la suite, la
décision qui sera prise ne lésinera pas, même si on ne peut
pas plaire à tout le monde, mais j'ai l'intention d'administrer cela de
la façon la plus ouverte possible avec le plus de consultations
possibles.
M. Roy: Ma dernière question, M. le Président, est
une question que j'ai posée hier mais je pense que le ministre a
oublié de me répondre. Est-ce que le ministre prévoit
apporter des modifications à la Loi de l'environnement?
M. Léger: Oui. Il y aura probablement, au cours de
l'année, un projet de règlement de modification de la
qualité de l'environnement sous plusieurs aspects de cette loi. Je vais
attendre pour en donner le contenu mais il y a des aspects importants qui
doivent être changés et, au cours de l'année, il y aura une
loi qui sera un amendement à la Loi de l'environnement.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Argenteuil.
M. Saindon: M. le Président, je réalise que le
ministre est très conscient de l'immensité, de la grandeur du
champ de l'environnement. Je dois dire qu'il y a eu, jusqu'à maintenant,
passablement de travaux qui ont été faits dans ce domaine. Bien
sûr, puisqu'on oeuvre dans ce domaine, on s'aperçoit qu'il y a des
maux à guérir. Il y a aussi des maux à prévenir.
Chose certaine, lorsque vous guérissez, vous prévenez en
même temps; vous faites la même chose qu'en médecine.
Lorsque vous guérissez un bobo, non seulement vous guérissez,
mais vous faites en même temps de la médecine préventive.
C'est la même chose dans l'environnement.
En outre de poser certains gestes qui guériraient plusieurs maux,
je crois qu'il faudrait retenir en premier lieu le choix des endroits où
les premiers gestes seront posés. Lorsqu'il s'agit du secteur de l'eau,
il faut penser, à ce moment-là, à nos réservoirs,
ce qu'on appelle en anglais, nos "watersheds". Il v a différents
endroits dans la pro- vince de Québec qui sont considérés
comme des réservoirs. J'ai à l'esprit, notamment, le
réservoir des Laurentides. Plus précisément, je peux vous
parler d'un secteur que je connais très bien, le comté
d'Argenteuil. Il y a à peu près 1000 lacs dans le comté
d'Argenteuil. Ces lacs se déversent, en grande partie, dans la
rivière Outaouais et l'autre versant se déverse en grande partie
dans la rivière du Nord. Toutes ces eaux se déversent
éventuellement dans le Saint-Laurent. il y aurait lieu, je crois, de
choisir avec grande précaution les premiers endroits où le
ministère de la protection de l'environnement commencera ses travaux. Je
ne crois pas qu'il serait très sage de commencer, par exemple
c'est juste un exemple à épurer les eaux en bas du courant
plutôt que de remonter immédiatement à sa tête. Il a
déjà été question de construire des usines
d'épuration à certains endroits. On m'a même
demandé, lorsque j'étais maire de Lachute, si j'étais
prêt comme maire à construire une usine d'épuration
à Lachute. J'ai dit oui, mais à une condition, c'est qu'on
commence par épurer la rivière du Nord à sa tête et
quand on sera rendu en bas, chez nous, là on fera ce qu'on devra faire.
Je crois qu'il est très important qu'on considère les endroits
où on devrait premièrement oeuvrer.
J'aimerais savoir du ministre s'il s'est arrêté sur un plan
où il devra apporter en premier lieu des corrections. J'ai
remarqué, par exemple, qu'il y a déjà, en ce moment,
plusieurs études qui ont été faites. Je crois qu'on ne
devrait pas attendre pour passer à l'action que toutes les études
qui sont nécessaires ou souhaitables soient faites. On devrait se servir
immédiatement de ce qu'on a, quitte à compléter et
à poursuivre celles qui sont en cours.
M. Léger: Je suis d'accord avec les médecins qui
parlent de prévention plutôt qu'uniquement d'un aspect curatif. Je
dois vous dire que dans le domaine de l'épuration des eaux, s'il fallait
faire l'épuration totale de toutes les eaux du Québec, ou du
moins les eaux les plus importantes, il y a un aspect financier que je dirais
astronomique. Cela coûterait environ $3 milliards pour faire
l'épuration des eaux du Québec, de façon
générale, sans aller dans les détails. C'est pour cela que
le gouvernement précédent avait commencé à faire
des études sur les endroits où on devrait commencer. On avait,
à ce moment, étudié cinq endroits bien précis, et
je suis d'accord avec le député d'Argenteuil quand il parle de
faire un travail d'épuration en commençant en amont plutôt
qu'en aval. Une des régions que nous avons en tête était la
rivière Outaouais, qui se jette dans la rivière des Mille-Iles,
la rivière des Prairies et le fleuve Saint-Laurent, et c'est pour cela
que le projet de la CRO a été mis de l'avant.
Le grand projet de l'épuration des eaux de Montréal avait
été choisi aussi parce que c'est l'endroit où la
population est la plus dense. C'est là que se déverse à
peu près la moitié de la pollution des eaux au Québec.
Juste ce projet coûterait environ $1.2 milliard, et si on y ajoute les
petites
régions adjacentes, partant de Saint-Jérôme,
Beauharnois, Saint-Hyacinthe, Sorel et Berthier, si on fait le tour du grand
Montréal et si on voulait épurer toutes les eaux de cette
région, c'est pas loin de $1,6 milliard. Juste là, c'est la
moitié du prix que cela coûterait pour épurer les eaux de
tout te Québec.
Il y a la rivière Yamaska qui a un problème bien
particulier et qui avait été considérée comme une
des cinq régions importantes comme départ de moyen
d'épuration des eaux. La rivière Yamaska avait une
particularité, c'est qu'au départ il y avait
périodiquement une baisse du niveau de l'eau; deuxièmement,
l'épuration des eaux provenant soit des égouts municipaux, soit
des industries était une priorité. Contrairement à
Montréal, là-bas les usines déverseraient leurs
déchets dans les égouts municipaux. Donc, il faudrait avoir une
entente avec les municipalités pour l'épuration des eaux de
toutes les municipalités de la rivière Yamaska.
Un programme a été mis de l'avant, avec le gouvernement
fédéral, qui prévoyait des subventions de 16 2/3%
provenant du gouvernement fédéral, avec un prêt de la
Société centrale d'hypothèques et de logement de 50%, et
une participation du gouvernement du Québec, comme subvention, de 50%.
Autrement dit, le prêt du fédéral était payé,
de fait, par la province, la subvention du fédéral se limitait
à 16 2/3%, et la participation des municipalités se chiffrait
autour de 33%. Ces projets ont été acceptés pour la CUM,
pour la CRO.
Dans la région d'Yamaska, les municipalités se sentant,
à tort ou à raison, en difficulté financière pour
absorber davantage, on avait demandé de hausser la participation du
gouvernement provincial à 90% ou 95%. Cela remettait donc en question
tout le projet.
Il y a des municipalités qui ont eu l'audace de se doter d'un
équipement peut-être beaucoup plus luxueux et beaucoup moins
nécessaire. Ce que je disais dans mon intervention du début,
c'est qu'on devrait avoir une nouvelle échelle des valeurs au niveau des
municipalités. L'épuration des eaux devrait être une
priorité qui passe avant celle d'équipements sportifs ou autres,
malgré que ce soient toutes des choses nécessaires.
C'est ce que je disais au député de Beauce, hier. Il y a
une différence entre ce qui est nécessaire, urgent, important et
essentiel. Cette façon d'entrevoir les choses a fait que les
municipalités ne se sentent pas la capacité financière de
participer au tiers. On leur a demandé de monter cela à 90% et
95%.
Je vais bientôt préparer un dossier là-dessus pour
le Conseil des ministres. Je vais demander quelle position le gouvernement
devrait prendre pour le problème de l'épuration des eaux au
Québec, spécialement en tenant compte de la région de la
Yamaska et de Montréal.
Nous vivons actuellement un problème majeur, c'est que nous
sommes obligés de faire des choix politiques. Je pense que la population
doit être mise au courant que le gouvernement du Québec a des
disponibilités financières qui sont limitées. Quand on a
fait le choix des Jeux olympiques, on a retardé en même temps, par
voie de conséquence, des projets de transport en commun sur l'île
de Montréal, comme le prolongement du métro, le transport en
commun des REM de Repentigny, de Châteauguay, de Mirabel, de
Pointe-aux-Trembles. On a tout remis cela en cause et, spécialement, on
a aussi retardé la réalisation de l'usine d'épuration des
eaux de la région de Montréal ainsi que le réseau
collecteur d'égouts de la Communauté urbaine de Montréal.
On a tout remis cela en cause, en permettant des dépenses olympiques qui
ont enlevé une partie des revenus que les Québécois
avaient pour réaliser d'autres projets. Nous avons hérité
d'une situation financière assez difficile et il va falloir que la
population soit au courant que nous devons avoir des priorités. Est-ce
qu'il faut retarder un des projets? Est-ce qu'il faut les commencer plus
lentement? Est-ce qu'il faut les réaliser plus lentement? Est-ce qu'il
faut commencer chacun de ces projets d'une façon particulière? Ce
sont des décisions que le gouvernement doit prendre bientôt. C'est
le dossier du ministre responsable de l'aménagement du territoire, qui
doit coordonner les différentes priorités, soit du ministre des
Transports, soit du ministre des Affaires municipales, soit du ministre de
l'environnement, pour qu'ensemble on puisse déterminer de quelle
façon on va combler tous ces besoins.
Je pense que la population doit être mise au courant de ces choix,
et le gouvernement a l'intention de gouverner avec la population. C'est pour
cela que je le dis aujourd'hui, il est difficile de réaliser tous ces
projets en même temps. Il va falloir qu'il y ait des ordres de grandeur
ou des priorités et des choix qui soient faits. J'aimerais que la
population s'exprime là-dessus.
Est-ce qu'on préfère se promener en métro bord en
bord de l'île de Montréal, ou si on préfère qu'on
traite les eaux usées, de façon qu'on prévienne les
maladies, qu'on s'occupe de la qualité de vie, de la santé des
gens, auparavant? C'est beaucoup moins rentable, politiquement, de faire le
traitement des eaux et cela a l'air beaucoup plus le "fun" au point de vue
politique de dire qu'on a un métro qui se promène de bord en bord
de l'île. Mais il y a aussi le problème de l'habitation, il y a
aussi un problème de relations entre le traitement des eaux dans
l'île de Laval, celle de Montréal, celle de la rive sud.
Vous avez un problème majeur auquel nous faisons face et je pense
que la population devrait s'exprimer là-dessus.
Le Président (M. Boucher): Le député
d'Argenteuil.
M. Saindon: M. le Président, je ne sais pas si le ministre
pourrait me répondre il n'est peut-être pas tellement au
courant sur un cas particulier qui est grave. L'ancien ministre le
connaît très bien, c'est le cas de Saint-Adolphe-d'Howard, au lac
Saint-Joseph. Il y a eu d'abord trois ordonnances qui ont été
émises dans ce cas. La munici-
palité refuse de construire un système
dégoûts et une usine d'épuration pour la bonne et simple
raison que financièrement, elle prétend qu'elle n'est pas capable
de supporter ces dépenses.
Il y a eu trois ordonnances d'émises; elles ont été
retenues parce qu'il y avait toujours des pourparlers en cours. Il y a eu des
planches qui ont été préparées par deux bureaux
d'ingénieurs-conseils. Il reste que la population de cette
municipalité, l'été, s'accroît jusqu'à 35
000, tandis que la population permanente, l'hiver, est d'à peu
près 800. Le lac Saint-Joseph, aujourd'hui, est presque rendu au point
de non-retour. C'est malheureux parce que c'était une beauté.
Mais la municipalité prétend qu'elle n'est pas capable de le
faire financièrement. Qu'est-ce qui arrive dans un cas semblable? Je
sais qu'il y en a d'autres dans la même situation, mais, si on en
règle un, j'imagine que les autres pourront peut-être se
régler de la même façon.
M. Léger: II est exact qu'il y a eu une ordonnance qui a
été modifiée deux fois, parce que la municipalité a
changé elle-même son projet. Chaque fois, il fallait l'adapter et
essayer de le restreindre en se basant sur les capacités
financières de la municipalité. Le problème de
Saint-Adolphe-d'Howard se répète peut-être 500 ou 1000 fois
dans le Québec quant au problème financier qui se cache
derrière la réalisation d'un projet d'aqueduc et d'égouts
ou d'une usine d'épuration.
Une chose est certaine, c'est que maintenant il y a deux ministres
concernés dans le dossier de l'aqueduc, des égouts et de
l'épuration des eaux. Il y a d'abord le ministre de l'environnement, qui
est responsable de la santé des gens quant à l'alimentation en
eau potable de qualité et à l'épuration des eaux, qui est
responsable, au niveau de l'approbation des plans et devis de ces proiets, qui
a aussi la responsabilité d'émettre des o:donnan-ces quand les
municipalités ne veulent pas se conformer à une norme bien
précise de qualité de l'eau pour leurs citoyens. D'un autre
côté, il y a le ministre des Affaires municipales, qui, lui, a le
budget pour évaluer la participation de la province aux programmes de
financement de ces projets et qui, lui-même il aura à en
parler probablement durant ses propres crédits doit
déterminer ses priorités là-dedans, quelles seront les
municipalités qui devront passer en premier ou après, quelles
sont les municipalités qui ont les capacités financières
pour au moins effectuer une bonne partie de ces projets. C'est un
problème majeur auquel nous faisons face aujourd'hui: les besoins des
municipalités et le financement pour y répondre.
Du fait qu'il y a maintenant deux ministres attachés à ce
dossier, un modus vivendi doit exister entre les municipalités et les
deux ministres. Au départ, quand c'était le même ministre
qui avait les deux tâches, le ministre pouvait, d'un côté,
prendre le chapeau de l'environnement et dire: Vous allez faire cela.
Après cela, il se retournait, mettait l'autre chapeau et disait:
Financièrement, je peux vous aider pour telle chose. Il y avait la
vision de la même personne pour un dossier.
Maintenant qu'il y a deux ministres, l'avantage d'en avoir deux, c'est
d'avoir une préoccupation environnementale différente d'une
préoccupation de l'administration municipale. Je pense que c'est un
avantage, mais, d'un autre côté, cela amène
l'inconvénient suivant. Auparavant, quand le ministre de l'environnement
émettait une ordonnance ou quand il approuvait les permis, les plans et
devis d'une municipalité, automatiquement il se créait dans la
municipalité une impression d'approbation financière du projet,
alors que maintenant ce ne sera pas nécessairement le cas.
Ce n'est pas ma responsabilité, comme ministre de
l'environnement, de déterminer s'il doit y avoir une subvention pour
cela. Mon rôle est de voir à ce qu'il y ait des équipements
conformes aux normes et, deuxièmement, que les municipalités
remplissent leurs responsabilités de donner à leurs citoyens une
alimentation en eau de qualité et une épuration des eaux au
moment où cela dépasse les normes acceptables.
Et cela se limite là, sauf que je dois tenir compte des
capacités financières. C'est pour cela que nous sommes en train,
le ministre des Affaires municipales et moi-même, de trouver une
façon de coordonner nos deux champs de responsabilités, qui
serait à peu près la suivante. Les municipalités font une
demande auprès des services de l'environnement pour la
préparation de plans. Je pense qu'à ce moment, cela devrait
être des plans très préliminaires, pour évaluer
l'ampleur des projets au point de vue financier, avant d'engager des firmes
d'ingénieurs qui prépareraient un plan qui serait très
dispendieux sans savoir si la municipalité aurait la capacité
financière de le faire, et on serait obligé soit de refuser le
plan, ou de payer des grosses sommes d'honoraires a des firmes
d'ingénieurs qui n'aboutiraient pas à un résultat
immédiat.
Alors, une première étape serait de faire approuver un
plan préliminaire, pour évaluer l'ordre de grandeur des
coûts de préparation de ces projets d'aqueduc et d'égouts.
Une fois que ces plans seraient approuvés, il ne faudrait pas que la
municipalité prenne cette approbation comme une acceptation de
subvention. Au contraire, c'est uniquement l'aspect technique qui serait
approuvé. Les relations que j'aurai avec les municipalités sont
les suivantes: Sur le plan technique, la première présentation de
vos projets semble conforme, selon les normes acceptables par le service de
l'environnement. Vous devez maintenant demander au ministère des
Affaires municipales s'il est d'accord pour accepter que vous alliez plus loin
là-dedans, concernant soit la participation du ministère des
Affaires municipales, soit la capacité financière de ce projet et
spécialement dans un genre de plan quinquennal, pour qu'on sache
d'avance vers où se dirige une municipalité. C'est beau de nous
arriver avec un petit projet aujourd'hui, mais si, dans six mois un autre
projet d'envergure fait que la capacité financière de cette
municipalité va réellement dépasser les normes, je dirais
qu'il faut sonner la cloche d'alarme, qu'il faut connaître ce plan
d'avance.
Et, une fois que les Affaires municipales ont
accepté l'aspect financier, les municipalités devraient
revenir chez nous pour faire approuver leurs plans et devis au niveau normatif
et, par la suite, ce sont les Affaires municipales qui voient à
coordonner la réalisation de ces projets.
M. Saindon: C'est toujours comme cela qu'on a
procédé. On vous préparait un avant-projet, on demandait
l'approbation du ministère et si le ministère l'approuvait, on
allait ensuite aux détails. C'est toujours comme cela qu'on a
procédé.
M. Léger: II y a une grosse nuance. Quand nous sommes
arrivés au gouvernement, nous nous sommes aperçu qu'il y avait
une quantité de projets qui avaient eu soit une approbation verbale, une
approbation téléphonique, une approbation partielle par lettre,
ce qui faisait qu'il y avait beaucoup de gens qui attendaient. Il y a une
quantité de subventions qui étaient données aux
municipalités et cela n'était même pas passé par les
instances soit de comités ministériels, soit au Conseil du
trésor; à ce moment-là, on a été
forcé de dire aux municipalités: Je m'excuse, mais il n'y a pas
eu d'approbation officielle des autorités du gouvernement. Il s'ensuit
des problèmes énormes aujourd'hui dans les relations que nous
avons avec les municipalités.
M. Saindon: Allez-vous honorer ces promesses?
M. Léger: Je ne veux pas entrer dans le domaine du
ministre des Affaires municipales. C'est lui-même qui défendra ses
crédits. Je présume que vous viendrez faire un tour à
cette commission; vous pourrez lui poser la question, c'est lui le responsable
du dossier. Je ne suis pas en mesure, même au point de vue de la
compétence, de vous dire jusqu'ici quels dossiers ont été
acceptés ou non. Par exemple, j'ai soumis la liste de 87 cas où
nous, au service de l'environnement, nous calculions que c'étaient des
cas urgents.
J'ai dit au ministre des Affaires municipales: Voici parmi tous ceux qui
ont fait approuver leurs plans et devis chez nous ou qui ont demandé une
approbation de plans au service de l'environnement, les 87 cas précis
où nous jugeons que c'est urgent et nécessaire et qu'il faut
aller de l'avant. A ce moment-là, les Affaires municipales auront la
responsabilité, quand les demandes vont continuer à affluer, de
passer, au départ, les 87 cas que j'ai mis de l'avant.
M. Saindon: Est-ce que Saint-Adolphe est dans cette liste?
M. Léger: Je ne l'ai pas avec moi ici.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: Je demanderais au ministre s'il peut déposer
la liste des 87 municipalités à titre d'information?
M. Léger: Je pense qu'il serait un peu tôt pour la
déposer, en ce sens que ce sont des recommandations internes d'un
ministre qui dit: Voici les 87 cas que je juge les plus prioritaires. Ils ne
sont pas par ordre de 1 à 87. Dans les 87 cas, lui, c'est pour telle
raison, telle municipalité c'est pour telle autre raison, une
municipalité a tel ou tel problème ou a telle ou telle
dépense de faite. Ce sont toutes des recommandations précises. Il
y a 87 cas et c'est seulement le ministère des Affaires municipales qui
les a et qui doit par la suite, étant donné que ces
municipalités sont en contact direct avec les Affaires municipales,
juger, quand il recevra d'autres demandes, et dire: Comme j'ai
déjà un budget limité, je passerai les autres avant.
Je pense que cette question est entre les mains du ministre des Affaires
municipales. C'est à lui de juger s'il doit la publier ou pas.
M. Verreault: Je poserai la question au ministre. M. le
Président, j'en profite, on n'a pas commencé les programmes. Tout
à l'heure le ministre a parlé de la rivière Yamaska;
est-ce qu'il serait préférable d'attendre le programme 2?
Le Président (M. Boucher): Je crois que ce serait
préférable, étant donné qu'on a demandé de
faire plusieurs interventions. M. le député de Verdun.
M. Caron: Je pourrais attendre, mais par contre c'est dans la
même ligne que mon collègue le député de Beauce-Sud.
Le ministre doit être au courant, et je sais que le ministre veut aider
les municipalités. On a le problème à Montréal des
ordures ménagères qui, il y a de cela huit ans, coûtaient
à Verdun $225 000. Aujourd'hui cela coûte $800 000 par
année et c'est un fardeau lourd sur le budget des municipalités.
Dans l'étude, s'il y en avait une de faite par le gouvernement, on
pourrait aider énormément les municipalités à
baisser leurs coûts et en plus le fameux transport, parce qu'ils ne vont
pas tous chez Miron. Ils n'ont pas grand choix à Montréal. On est
obligé de sortir de l'île, ce qui est un problème pour les
gens de Châteauguay. Il n'y a peut-être personne ici de
Châteauguay. Ils ont un problème de pont et de circulation.
Je pense que si le ministre se penchait sur le problème et
offrait un certain montant additionnel du gouvernement, ce serait rentable pour
les municipalités. Le fait de ne pas avoir grand choix favorise
l'enchérissement. On augmente le prix et on est obligé de
l'accepter.
M. Léger: On me dit dans mon service qu'il y a une
étude qui se fait présentement sur la possibilité
d'augmenter le nombre d'endroits pour recevoir les ordures
ménagères et qu'il y en a deux sérieusement
considérés, dont un dans l'ouest, ce qui veut dire que les gens
de l'ouest pourraient s'en servir.
M. Caron: Ceux qui manoeuvrent ça ont quasiment le
contrôle. Vous êtes obligés d'aller à telle
place et ils chargent le montant qu'ils veulent. Ils se tournent de bord
et c'est la municipalité qui doit payer, car ils n'ont pas le choix.
C'est bien important d'enlever le contrôle. C'est contrôlé
par quelques personnes; je parle de Montréal. Déjà
à Verdun, on a fait un pas l'an passé quand nous sommes
allés en soumission et avons demandé des prix à d'autres;
on épargne $103 000 par année et cela donne $500 000 au bout de
cinq ans. C'est avantageux, mais cela n'a pas été facile pour le
type qui a soumissionné, parce qu'il avait affaire à un gros
bonhomme qui a presque le contrôle de l'île. Je suis bien content
que graduellement d'autres petits vont s'infiltrer. Cela donnera la chance
à d'autres de bien vivre aussi. Je pense que le ministre devrait suivre
cela de très près. Cela donnera une chance aux
municipalités d'économiser sur le budget.
M. Léger: On va essayer d'éviter le cartel des
poubelles.
M. Caron: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: Le député de Beauce-Sud a ouvert tout
à l'heure la question, vous avez répondu au sujet du recyclage.
Avez-vous également des études sur la conversion des
déchets industriels en énergie, en particulier sous forme de
vapeur? Avez-vous là aussi des normes de bassins de population ou de
bassins industriels pour la rentabilité de telles entreprises?
M. Léger: Dans la conversion des déchets
industriels, c'est sûr qu'il y a au moins deux formes d'énergie
qui peuvent être développées. Vous avez celle de
l'utilisation de la vapeur. Je pense que vous l'avez mentionnée tout
à l'heure. Et celle aussi qui s'appelle la méthode de pyrolyse,
qui est l'utilisation de l'énergie provenant des gaz. Dans les deux cas,
par exemple, le problème majeur, c'est qu'il faut un client possible qui
rende l'entreprise rentable. Deuxièmement, que ce client soit
très proche de la place où on produit cette énergie.
Ici à Québec, la Communauté urbaine de
Québec a déjà ce projet qui fonctionne et a comme client,
je pense, l'Anglo Pulp, qui est très proche de lui et qui se sert de
l'énergie de vapeur. On nous offre cette possibilité d'ouvrir une
usine pour une récupération possible d'énergie venant des
déchets, mais il faut nécessairement qu'ils trouvent des clients,
et c'est le problème majeur, numéro 1, auquel nous faisons
face.
M. Vaugeois: M. le Président, si je comprends bien, il y a
trois obligations pour qu'un projet puisse être bien vu: il faut qu'il y
ait des déchets industriels, il faut qu'il y ait une entreprise
prête à les traiter avec un procédé au point, et un
client acheteur pour l'énergie. Dans mon cas, c'est sous forme de
vapeur. A ce moment-là, votre ministère peut intervenir pour
l'octroi de permis ou quelque chose comme ça.
Concrètement, j'ai effectivement ce problème: une
entreprise qui jongle actuellement avec un tel projet, et les gens de
l'entreprise affirment que, pour eux, cela offre des perspectives de
rentabilité exceptionnelles.
M. Léger: II faut que le client aussi soit proche.
M. Vaugeois: Oui.
M. Léger: Maintenant, l'industrie des pâtes et
papiers s'intéresse de plus en plus dans votre région...
M. Vaugeois: C'est le cas dans notre région.
M. Léger: ... à brûler ses propres
écorces et elle récupère la vapeur pour en faire de
l'énergie pour ses propres fins. Mais le problème est quand
même entier. Nous, on est prêt à donner des permis de ce
côté à condition, comme de raison, que cela remplisse les
objectifs qu'on veut atteindre. Maintenant, une entreprise qui doit, au
départ, s'organiser, si elle sait qu'elle a des clients, il faut
qu'elle-même les trouve. Il y a des entreprises, comme je le disais tout
à l'heure, qui nous ont demandé une aide, entre autres, en
obligeant les municipalités environnantes à leur apporter des
déchets particuliers. Que ce soit des compagnies ou pas, je pense que
c'est le rôle de l'entreprise qui veut s'installer de se trouver
elle-même ses clients et, par la suite, de voir les possibilités
que le gouvernement pourrait leur donner. Au niveau des permis, il n'y a pas de
problème. Si ça pouvait aider sur le plan communautaire,
autrement dit, s'il y avait une possibilité d'utilisation des
déchets domestiques, je pense que le gouvernement pourrait aider de ce
côté.
Mais encore là, le problème c'est que le climat doit
être très proche de la place où est l'usine, et cela limite
quand même le nombre de clients.
M. Vaugeois: M. le Président, j'avais une question sur
l'enfouissement sanitaire. Est-ce préférable d'attendre au
programme 1?
Le Président (M. Boucher): Oui. M. Vaugeois:
D'accord.
M. Léger: Sommes-nous prêts à commencer
à l'article 1?
Le Président (M. Boucher): Disons qu'il y a encore
quelques interventions demandées. Le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, d'abord j'aimerais poser au
ministre une question sur les travaux de la commission parlementaire. J'ai
entendu, un peu accidentellement, une rumeur selon laquelle il ne serait pas
ici cet après-midi. Est-ce vrai?
M. Léger: Oui, je suis d'accord. Je dois partir cet
après-midi. Alors, la commission parlementaire pourrait probablement
siéger sur l'environnement la semaine prochaine.
M. Goldbloom: II n'est plus question de siéger cette
semaine, ni ce soir, ni demain matin?
M. Léger: Cela a été dit par le leader
parlementaire, hier, en Chambre, qu'on siégeait jusqu'à une heure
aujourd'hui, ou une heure moins le quart, peut-être, et qu'on
continuerait probablement la semaine prochaine.
M. Goldbloom: Je n'avais pas saisi qu'il avait été
dit que nous ne siégerions pas cet après-midi.
Deuxièmement, j'aimerais demander simplement au ministre le
dépôt d'un document, d'un renseignement. J'aimerais qu'il
fournisse à cette commission la liste de son personnel de cabinet avec
les... Pardon?
M. Vaugeois: Les photos?
M. Goldbloom: Pas nécessairement. Non.
M. Vaugeois: M. le ministre, pour me faire plaisir, ajoutez donc
les photos.
M. Goldbloom: Très bien. Si le ministre veut inclure les
photos, tant mieux. A lui de choisir cela. J'aimerais avoir c'est le
genre de question que nous avons reçue assez souvent quand les positions
étaient inverties la liste des noms, des salaires, et en bref les
curriculum vitae, si cela est possible.
Maintenant, M. le Président, j'aimerais poser quelques questions
sur les sujets qui ont été abordés ce matin et hier.
D'abord, nous avons parlé de déchets. Hier soir, si ma
mémoire est fidèle, le ministre a indiqué qu'il aura des
rencontres ou une rencontre avec l'Union des conseils de comté du
Québec pour parler de la question des déchets ménagers.
Est-ce l'intention précise du nouveau gouvernement de modifier la loi de
façon à accorder aux conseils de comté le pouvoir de se
rendre responsables de la gestion des déchets sur leurs territoires?
M. Léger: Premièrement, la raison pour laquelle
nous avons envoyé, avant même que cela paraisse dans la Gazette
officielle, le projet de règlement sur la gestion des déchets,
c'est parce que nous croyons que les conseils de comté ont une
expérience impayable sur les problèmes ruraux qui touchent les
municipalités et les conséquences sur des gestes qui vont
être directement impliqués aux municipalités.
Nous avons aussi demandé à l'Union des
municipalités de nous faire rapport sur les projets de règlement
de façon que nous soyons sensibilisés, avant d'en faire un
règlement officiel, de le rendre absolument légal, au point de
vue général de tous les gens. Maintenant, le ministre de
l'aménagement du territoire, M. Léonard, envisage, entre au- tres
hypothèses, la possibilité de donner aux conseils de comté
des responsabilités pas mal plus précises, et peut-être
même dans le domaine des déchets et de la gestion des
déchets, et des sites d'enfouissement sanitaire régionaux. C'est
la raison pour laquelle je pense qu'il est un peu trop tôt pour dire si
c'est cette hypothèse qui va être retenue, mais c'est une des
hypothèses que nous avons mises de l'avant.
M. Goldbloom: Deuxièmement, M. le Président, le
ministre a indiqué son intention de poursuivre des travaux sur la
question de la gestion des déchets. En quelque sorte, sans le dire
précisément, il a indiqué qu'au fur et à mesure
qu'il y aura des données là-dessus il fournira des
éléments de rentabilité, par exemple, pour expliquer des
choix qu'il y aura à faire et les façons qu'il y aura à
établir, pour la gestion des déchets.
J'aimerais demander au ministre de bien vouloir, en fournissant de tels
renseignements, indiquer clairement quelle sera la charge proposée, les
frais qui seront chargés par les gestionnaires de ces entreprises,
qu'elles soient publiques ou privées, pour recevoir et traiter les
déchets.
J'ai remarqué, à maintes reprises, que des propositions
mises de l'avant avec grand enthousiasme comportaient quand même une
charge assez importante, plus élevée que ce que payent
présentement les municipalités et leurs contribuables. Je pense
que, quand on parle de rentabilité, il faudra tenir compte de cela. Des
entreprises ont avoué clairement que la rentabilité n'existerait
pas s'il n'y avait pas cette charge relativement élevée.
J'aimerais donc demander au ministre de bien vouloir inclure des
précisions quant à ce que devront payer les contribuables pour le
recyclage des déchets ou pour d'autres façons de gérer les
déchets à l'avenir.
Il y a une dernière question que j'aimerais poser au sujet des
déchets, notamment au sujet du recyclage. Nous avons, au cours des
récentes semaines, parlé à plusieurs reprises du
problème particulier de la société Québec Steel,
à Lon-gueuil. Je ne sais pas quel est précisément
l'état de ce dossier et quel est précisément l'avenir de
cette compagnie. Mais, puisque cette compagnie s'occupe présentement du
recyclage des carcasses d'automobiles, qu'est-ce qui va arriver si le
gouvernement, par une décision que nous pourrons discuter dans un autre
contexte ce n'est pas mon intention d'aborder cet aspect de la question
ne vient pas en aide à cette compagnie et si cette compagnie
meurt? Qu'est-ce qui va arriver avec un programme qui va bon train, qui
implique la récupération et le recyclage des carcasses
d'automobiles?
M. Léger: Je vais prendre la portion de la question qui
touche le recyclage des carcasses d'automobiles, parce que je ne pense pas que
ce soit à moi de commencer un débat sur les subventions ou sur
l'aide gouvernementale à une entreprise comme Québec Steel. Je
pense qu'on a l'occasion en Chambre de le faire, s'il y en a qui veu-
lent poser des questions en Chambre au ministre concerné de ce
côté. Ce n'est pas ma responsabilité, mais sur l'aspect du
recyclage des carcasses d'automobiles, il y avait dans la région de
Montréal environ quatre endroits où on faisait justement ce type
d'opération; d'abord, celle de Lon-gueuil, la Québec Steel. Il en
reste quand même trois autres qui font du recyclage de carcasses
d'automobiles: il y a "Québec-Feruni", il y en a une autre, je pense,
à Laprairie et une autre, je pense, à Sainte-Catherine ou dans la
région de Sainte-Catherine. Cela veut donc dire que le recyclage des
carcasses d'automobiles se fait déjà dans trois autres usines. Si
une entreprise n'est pas rentable comme telle, si la décision
gouvernementale est de ne pas la subventionner parce que même en la
subventionnant cela n'aide pas l'entreprise comme telle et qu'il y aurait
encore une demande plus tard, je ne vois pas le lien qu'il pourrait y avoir
entre le problème de recyclage des carcasses d'automobiles et la
rentabilité de l'industrie comme telle aidée par le
gouvernement.
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce que ces trois autres
usines ont également, comme c'est le cas de la Québec Steel, des
fonderies ou est-ce que la ferraille est traitée ailleurs?
M. Léger: On me dit que "Québec-Feruni" est une
filiale de SIDBEC-DOSCO qui, elle aussi, a une fonderie.
M. Goldbloom: Et qui accepte maintenant cette ferraille, parce
que nous avons vécu une période pendant laquelle la SIDBEC
refusait carrément d'en accepter. C'est changé maintenant?
M. Léger: On me dit que "Québec-Feruni" ne fait que
cela.
M. Goldbloom: Je l'espère, je l'espère.
M. Léger: "Québec-Feruni" elle-même
récupère des carcasses et elle traite elle-même ses
produits. Mais il n'y a pas de lien entre "Québec-Feruni" et
Québec Steel.
M. Goldbloom: Non, je n'ai pas suggéré qu'il y en
avait; je savais qu'il n'y en avait pas. Mais la question que je pose est
celle-ci: Nous avons traversé une période au cours de laquelle
SIDBEC refusait de recevoir de la ferraille venant d'autres usines.
C'était même un problème parce qu'il y avait une source de
ferraille qui existait déjà au Québec et SIDBEC achetait
quand même sa ferraille à l'extérieur du Québec et
refusait de collaborer vers la création d'un marché stable au
Québec.
Maintenant, le ministre me dit qu'il y a une fonderie,
"Québec-Feruni", filiale de la SIDBEC qui reçoit des carcasses
d'automobiles et les traite sur place. Mais il y a deux autres usines qui
reçoivent des carcasses d'automobiles. Il y a un réseau de
collection de ces carcasses que nous avons étendu sur le territoire du
Québec. J'aimerais sa- voir si la "Québec-Feruni" accepte de la
ferraille qui vient d'autres sources québécoises. Sinon,
où est-ce que cela va, cette ferraille? Est-ce que cela s'accumule tout
simplement sans être recyclé?
M. Léger: Tout ce qu'on peut dire, à notre
connaissance, actuellement, c'est que "Québec-Feruni" a son propre
réseau de collecte, qu'elle traite elle-même et qu'elle envoie ses
ferrailles pour être traitées à SIDBEC. Mais je ne sais pas
si elle en collecte à l'extérieur de ce réseau; on n'est
pas renseigné là-dessus.
M. Goldbloom: Maintenant, M. le Président, j'aimerais
poursuivre par des questions sur un autre sujet et je m'en contenterai pour
l'instant, parce que je sais que vous aimeriez procéder à un
examen plus systématique des sujets, selon les programmes des Services
de protection de l'environnement. J'aimerais, à cet égard, vous
dire que, pour nous de l'Opposition officielle, nous n'avons pas l'intention de
faire un débat prolongé sur les crédits, à
condition que nous puissions examiner les divers sujets qui nous semblent
importants. Nous ne voudrons pas, pour notre part, tout formaliser et surtout
nous n'aimerions pas, ayant exprimé cette bonne volonté, nous
trouver dans la situation où, rendus au programme 3, nous nous ferions
répondre: Vous auriez dû poser cette question sur le programme 1.
Je pense que nous pouvons nous entendre sur cette façon détendue
de procéder, avec l'engagement de notre part que nous n'avons pas
l'intention d'éterniser le débat et de retarder indûment,
au-delà des heures normalement prévues pour l'étude des
crédits d'un ministère, le débat là-dessus.
M. Léger: M. le Président, sur cet aspect, je tiens
à assurer le député que le nouveau style du gouvernement
est de permettre une ouverture aux questions, le plus possible quand même
dans le bon programme, mais, s'il y a des questions oubliées du
programme 1 pendant qu'on est au programme 2, par exception, il n'y a pas de
problème, à moins que cela ne devienne un débat bien
précis, pour revenir en arrière. On peut toujours noter la bonne
volonté des deux côtés.
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président.
Maintenant, voici la question fondamentale que j'aimerais poser au
ministre. C'est essentiellement un éclaircissement d'abord que
j'aimerais lui demander. Hier soir, il a dit que sa philosophie de son
rôle est de protéger les ressources que nous appelons
collectivement notre environnement et que d'autres doivent s'occuper du
développement, de l'exploitation des ressources et du territoire, de
l'aménagement du territoire dans le sens de développement. Il a
ajouté que l'arbitrage, un cas de désaccord ou de tendances
différentes de pensée et de politique entre les
ministères, serait fait au niveau du Conseil des ministres.
Il est évident que c'est le Conseil des ministres qui doit
être l'arbitre final de tout différend qui peut exister, d'accord,
mais je trouve, pour ma
part, un peu artificielle cette distinction que fait le ministre
à l'intérieur de l'expression bien connue "aménagement du
territoire" entre le développement, d'un côté, et la
protection, de l'autre. J'aimerais qu'il commence par situer un peu plus
précisément le rôle qu'il entend jouer par rapport au
développement et à l'approbation qu'il sera appelé, lui,
à donner pour les projets qui tomberont dans l'autre catégorie
qu'il appelle le développement et l'exploitation des ressources.
Où interviendra-t-il et quelle sera sa fonction par rapport à
celles qui sont dévolues à d'autres ministres et, surtout, en
fonction d'un nouveau partage dont il nous a donné un aperçu,
partage qui effectuera un transfert de responsabilités du
ministère des Terres et Forêts et du ministère des
Richesses naturelles vers les actuels Services de protection de l'environnement
et l'éventuel ministère de l'environnement?
M. Léger: Au départ, il faut dire qu'auparavant les
différents ministères à vocation de développement
comportaient une portion de responsabilités de la qualité de
l'environnement, de la protection de la nature et du milieu de vie du citoyen,
mais elles étaient tellement minoritaires que, la plupart du temps,
l'aspect développement et l'aspect exploitation écrasaient la
préoccupation environnementale dans les différents
ministères. C'était normal, parce que la vocation première
des différents ministères était de développer des
ressources et la voix du protecteur de la ressource était beaucoup plus
étouffée. Autrement dit, on pesait en même temps sur le
frein et sur l'accélérateur; souvent, cela ne donnait pas les
résultats escomptés. Trop souvent même,
l'accélérateur passait par-dessus le frein. On usait même
les freins, les freins n'étaient plus bons, les disques étaient
usés. C'est la raison pour laquelle on pense que si on donne une voie
prioritaire, en donnant à un ministère précis la vocation
d'être la cloche d'alarme, d'être le frein à un
développement aveugle et qu'il y a un ministère qui est
concerné par cela, il y a beaucoup plus de chances d'éviter qu'on
oublie cet aspect.
De la façon que nous pensons fonctionner au cours des
années à venir, d'abord, les projets de développement
doivent passer par le comité ministériel de l'aménagement
du territoire, le COMPA. A ce comité, siègent autant les
ministres qui ont une responsabilité de développeur que le
ministre de l'environnement; et c'est là qu'on épluche chacun des
projets et qu'on donne à chacun sa préoccupation première.
De là découlent des résolutions ou des propositions de ce
comité de l'aménagement qui, par la suite, passent au
comité des priorités. Là, au comité des
priorités, le même projet est encore étudié et on y
apporte des recommandations particulières devant d'autres projets qui
arrivent d'autres ministères et d'autres groupes. Par la suite, cela
arrive au Conseil des ministres où le ministre de l'environnement a
aussi des choses à dire qui peuvent amener des corrections avant
l'approbation totale.
D'un autre côté, nous avons l'intention de présenter
je ne sais pas si cela va être au cours de l'année,
probablement au cours de l'année un projet de loi sur les
études d'impacts. Chaque projet d'envergure, soit projets
gouvernementaux ou paragouvemementaux ou même projets de l'entreprise
privée d'une certaine envergure, on devrait faire des études
d'impacts écologiques avant de le réaliser, et cela par une loi.
Je pense que ce projet de loi va protéger énormément les
citoyens et les régions données, pour que la préoccupation
écologique soit aussi importante que la préoccupation de
développement industriel.
M. Goldbloom: Maintenant, M. le Président, le sens de ce
que vient de dire le ministre est justement le sens de l'évaluation d'un
développement industriel, mais l'utilisation du sol passe par beaucoup
de canaux, suit beaucoup de voies de développement. Il y a un
développement domiciliaire par exemple qui se fait d'une façon
plus ou moins ordonnée, dans beaucoup de municipalités du
Québec. A cause de ce manque d'ordre et de planification et de notions
de protection de l'environnement, il y a sûrement, dans de tels projets,
un gaspillage du sol, une mauvaise utilisation du sol et, comme
résultat, un mauvais impact sur l'environnement.
Est-ce que le projet de développement domiciliaire, pour la
municipalité X, Y, Z, va passer également par ce même
processus d'évaluation et d'approbation?
M. Léger: Oui, d'abord il y aura des lois, qui sont en
train d'être rédigées, touchant l'urbanisme, des lois
touchant le zonage agricole qui vont déjà définir une
certaine réglementation, une certaine orientation dans le
développement domiciliaire et aussi dans la protection des terres
arables et des milieux agricoles. De plus, au niveau du développement
des municipalités, beaucoup de municipalités ont
été développées d'une façon anarchique; de
façon souvent désordonnée, on permettait à des
municipalités de construire des réseaux d'aqueduc et
d'égouts.
Accorder un permis d'aqueduc et d'égouts à une
municipalité donne souvent ouverture à un développement
domiciliaire qui n'a pas été prévu dans une planification
d'ensemble. C'est la raison pour laquelle il y a eu des ententes entre le
ministre des Affaires municipales et le ministre de l'environnement de
façon que, chaque fois qu'il y aurait une approbation de plans de
développement d'infrastructure sur les aqueducs et les égouts,
cela devrait être soumis à ce plan d'ensemble. Souvent on passe
des tuyaux dans une région pour aller simplement rejoindre un petit
secteur, une petite densité de population très
éloignée de la municipalité. Le fait qu'on les rejoint par
des tuyaux amène nécessairement un développement de cette
région; est-ce souhaitable ou non?
C'est cette préoccupation de l'aménagement. Ce plan de
l'aménagement du territoire que le mi-
nistre responsable va mettre de l'avant bientôt nous permettra,
quand il y aura des permis d'octroyés au niveau de l'environnement, au
niveau des Affaires municipales, de tenir compte de ce plan de
développement domiciliaire selon un ordre beaucoup plus logique qui va
être issu de cette loi d'urbanisme et du zonage agricole.
M. Goldbloom: M. le Président, le ministre a décrit
tout à l'heure un processus d'étude et d'approbation des projets
tant industriels que domiciliaires et autres qui commence, selon sa
description, au comité permanent ministériel de
l'aménagement du territoire et qui monte vers le comité des
priorités et vers le Conseil des ministres. Mais il n'a pas encore
répondu à la première question que je lui ai posée,
qui était de situer dans cela le rôle du ministre de
l'environnement. Est-ce que les projets qui arriveront sur la table du
comité ministériel de l'aménagement du territoire auront
été auparavant étudiés par le ministère de
l'environnement? Est-ce que l'exigence de ce comité sera d'avoir une
appréciation, voire même une approbation du ministère de
l'environnement, avant de procéder à l'analyse du projet et
à son envoi au comité des priorités et
éventuellement au Conseil des ministres? Où entrera en jeu la
fonction du ministre de l'environnement dans ce processus?
M. Léger: L'ancien ministre sait fort bien qu'il existe,
et je pense qu'il existait avant aussi, ce qu'on appelle un comité
interministériel qui fait que les fonctionnaires les plus près du
ministre, d'une part, et les fonctionnaires près du ministre qui a une
loi ou une réglementation à présenter se consultent et
demandent aux différents paliers de ces ministères et surtout de
l'environnement, leurs impressions, leurs oppositions. Avant même que la
loi soit présentée au comité d'aménagement, il y a
un mémoire qui peut être présenté au comité
d'aménagement qui donne le point de vue des ministères,
spécialement de l'environnement, qui peut-être ne se rendra
même pas au comité d'aménagement tant qu'il n'y aura pas eu
de correction, puisque l'on sait fort bien qu'au niveau de l'environnement on
n'accepterait pas l'orientation donnée devant tel ou tel projet. Donc,
en l'amenant au comité d'aménagement, il y aurait certainement
une opposition si un projet ne respectait pas les préoccupations qui
sont sous la responsabilité de l'environnement.
Au départ, il y a ces rencontres au niveau des fonctionnaires des
trois ministères concernés où on présente ensuite
un mémoire. Dans le mémoire, on apporte les avantages et les
désavantages de telle ou telle façon de concevoir la
réalisation du projet, et les recommandations de ce comité qui
arrivent souvent très diluées au comité
d'aménagement. C'est pour cela que le ministère de
l'environnement a, avant même que le projet soit présenté,
donné son approbation ou son refus catégorique dans le cas.
M. Goldbloom: Justement, M. le Président, si le ministre
de l'environnement a apposé au dos- sier son refus catégorique,
est-ce que le projet fera quand même son chemin jusqu'au comité de
l'aménagement du territoire, jusqu'au comité des priorités
et jusqu'au Conseil des ministres?
M. Léger: II y a une petite nuance à apporter. Je
pense que le député de D'Arcy McGee voulait faire reposer sa
question là-dessus. C'est le fait qu'actuellement il y a certains
pouvoirs qui sont entre les mains du directeur du service de l'environnement et
qui ne sont pas entre les mains du ministre comme tel.
L'application de la nouvelle orientation supposerait que certains
pouvoirs que détient le directeur du service de l'environnement, en
vertu de l'article 22 de la loi, soient transférés au conseil des
ministres. Un exemple de cela: le tracé du corridor des services de
l'Hydro-Québec et de la voirie, même l'implantation de grands
projets ou de grands complexes industriels. Au préalable, il y aurait
les études d'impact qui auront d'abord l'effet de vérifier par
l'environnement et commenter par l'environnement les conséquences de
tels projets avant que le dossier ne soit acheminé au comité
d'aménagement du territoire. C'est là que le ministre, ayant
maintenant le pouvoir plutôt que son directeur, aura le point de vue du
ministre qui aura déjà donné son point de vue versus le
point de vue de l'autre ministre qui, lui, veut faire un développement
quelconque.
M. Goldbloom: M. le Président, si je pose cette
série de questions c'est à partir de la déclaration faite
par le ministre au tout début des travaux de cette commission
parlementaire. Il a dit, en quelque sorte, et je veux reproduire aussi
fidèlement que possible sa pensée, je ne cherche pas à la
caricaturer, il a dit, en quelque sorte, que, jusqu'à maintenant, tous
les gouvernements de l'histoire du Québec ont accordé une
importance insuffisante à la protection de l'environnement.
Il y a eu un début d'action entre les mains du gouvernement qui a
précédé immédiatement celui qui est
présentement au pouvoir mais ce n'était pas assez. Et le
ministre, nonobstant certains désavantages qu'a reconnus le nouveau
titulaire, avait le problème d'avoir plus d'un chapeau, d'être en
même temps ministre des Affaires municipales et tout cela. Il dit: II
faudra que la voix du ministre de l'environnement soit plus efficace et plus
pesante et plus déterminante dans les décisions qui seront prises
par le Conseil des ministres.
Mais de deux choses l'une: Ou bien il y a dans le processus qu'il nous a
décrit une augmentation réelle du pouvoir du ministre de
l'environnement, un pouvoir de refus de ce que proposent d'autres instances de
responsabilité, ou bien c'est simplement une question humaine où
le nouveau ministre dit: Moi, je parlerai plus fort et je serai plus
convaincant. Mais ce n'est pas exactement la même chose et le nouveau
ministre, comme tous ceux qui ont siégé comme ministres, n'est
pas permanent. S'il a la détermination d'être plus
éloquent, et plus convaincant, il ne sera pas toujours là; il y
aura d'autres ministres de l'environnement
qui pourront être moins éloquents et moins efficaces.
A ce moment-là, s'il n'y a pas d'augmentation réelle de
son pouvoir de refus, de blocage de projets qui ne respectent pas la protection
de l'environnement, ce serait absolument temporaire même si on lui
accorde le bénéfice du doute quant à son éloquence
et à sa capacité de convaincre.
C'est là où je voudrais qu'il nous explique clairement si
c'est une augmentation réelle de pouvoirs ou si c'est simplement une
détermination personnelle d'être plus convaincant.
M. Léger: Quand on parle d'avoir une voix plus efficace et
plus déterminante, ça peut être, comme l'ancien ministre
vient de le dire, une question de refus, une question de pouvoir de persuasion.
On sait ce que souvent donne le pouvoir de persuasion. C'est un travail qui
diffère complètement de la loi qui donne au ministre le pouvoir
de dire non. A ce moment-là, je pense qu'il serait illogique de penser
que, dans les grands projets, il n'y ait que la voix du ministre de
l'environnement qui dise: Non, ça finit là.
Je pense que, dans les grands projets, il est important que le ministre
qui a un projet de développement l'amène à travers tous
les dédales le pipe-line qu'on vient de mentionner tout à
l'heure jusqu'au Conseil des ministres. Il a eu la chance d'être
épluché tout le long, ce projet-là, pour
l'améliorer le mieux possible. Rendu au Conseil des ministres, je pense
que, dans les grands projets, c'est là que la décision politique
est une décision gouvernementale. La voix d'un ministre de
l'environnement doit être persuasive pour que le Conseil des ministres,
qui a à supporter par la suite l'odieux ou les avantages de la
décision, décide dans quelle direction s'orienter.
Mais pour l'ensemble des autres projets, comme les projets d'usines
d'épuration ou les projets d'égouts, projets de degrés de
traitement, ce sont des pouvoirs que le ministre possède
déjà par la Loi de la qualité de l'environnement pour
refuser ou accepter tel ou tel projet. A ce moment-là, il a
réellement un pouvoir de refus. Où cela peut-il se situer? Il y a
une troisième dimension que j'aimerais ajouter. C'est celle de
l'implication des citoyens là-dedans. Et mon projet de participation des
citoyens à la défense d'un milieu de vie va devenir quelque chose
de pas mal plus important et pas mal plus fort auprès d'un gouvernement
qui veut agir dans une direction. J'ai l'intention de faire appel à la
population et spécialement aux citoyens qui sont groupés dans des
associations reconnues pour leur sérieux. Je veux me servir de ces
citoyens pour alimenter l'opinion publique de façon que la voix du
ministre, à l'intérieur du Conseil des ministres, ne soit pas
limitée uniquement à son pouvoir de charme ou de persuasion. On
saura que la population désire telle ou telle chose. Le gouvernement,
qui jusqu'à maintenant a démontré l'intérêt
qu'il avait d'être à l'écoute des citoyens, devra tenir
compte de ce qu'ils vont dire là-dessus. Et je veux m'appuyer sur les
citoyens. Je vais être leur voix au niveau du
Conseil des ministres et j'ai besoin aussi que les citoyens m'appuient
dans ces projets.
M. Goldbloom: Je termine par deux questions courtes et
précises. La première veut obtenir simplement un
éclaircissement sur ce que le ministre vient de dire, parce que je
voudrais bien le comprendre. Si j'ai bien compris, il a dit: Pour les grands
projets, ce sera un rôle de persuasion qui m'incombera et la
décision incombera au Conseil des ministres qui assumera l'odieux si
elle est mal vue par la population. Pour les projets plus restreints, il aura
effectivement un pouvoir accru de refus, pour des projets domiciliaires ou des
choses comme celles-là.
M. Léger: D'accord.
M. Goldbloom: Dernière question. Pour la première
fois, je vais poser une question à la Marcel Léger. S'il ne
réussit pas dans son but de persuasion pour les grands projets
appuyés par l'opinion publique dans le secteur affecté, est-ce
qu'il va donner sa démission?
M. Léger: J'espère que vous ne la voulez pas tout
de suite!
M. Goldbloom: Pas encore, mais je veux vous rendre la monnaie de
votre argent et j'y arriverai en cours de route, sans doute.
M. Léger: Une chose est certaine, c'est que je
n'affirmerai jamais en Chambre une chose qui n'est pas exacte. Là, on
pourra me demander ma démission.
M. Goldbloom: Je l'espère.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: M. le Président, je voudrais adresser mes
quelques questions au ministre de l'environnement. J'ai rencontré, il y
a peut-être 15 jours ou trois semaines, les promoteurs d'une usine de
recyclage d'ordures ménagères. A première vue, cela
m'apparaît très intéressant. J'avais invité, lors de
cette rencontre d'information, les maires des municipalités de mon
comté qui, eux aussi, ont, à première vue en tout cas,
trouvé le projet très intéressant. J'entendais le ministre
tout à l'heure et il ne m'apparaissait pas donner les chiffres que
j'avais reçus lors de cette soirée d'information. Il mentionnait
un bassin de population de 1 million pour arriver à faire vivre ou
à rentabiliser une industrie de ce genre.
Quant à moi, j'avais eu les chiffres suivants. On nous demandait
de garantir un bassin de population de 100 000. On nous demandait aussi de
garantir, sur une période de dix ans, les ordures
ménagères de cette population. Il y avait aussi comme exigence le
transport des ordures ménagères à l'usine de reclyclage,
et la municipalité aurait à payer un montant de cinq dollars,
globale-
ment. Bien sûr, il y a beaucoup plus de détails qu'on
pourrait avoir. A première vue de cet exposé, moi, aussi bien que
les maires des municipalités concernées avons été
assez emballés de ce projet, d'autant plus que vous n'êtes pas
sans savoir quelles difficultés rencontrent les municipalités
à disposer de leurs fameuses ordures ménagères. En
l'occurrence, dans Valleyfield, on a une ancienne carrière qu'on est en
train de remplir. On prévoit que, d'ici un an ou un an et demi, il n'y
aura plus de place. Présentement, on est à la recherche d'un
autre endroit et on n'en trouve pas. Je souligne au ministre que je lui ai
remis le dossier que cette compagnie m'avait fourni. Je voudrais savoir si le
ministre et ses adjoints ont commencé à faire l'étude de
ce dossier. Si oui, peuvent-ils me donner quelques détails et un premier
aperçu, que ce soit négatif ou positif? J'aimerais savoir dans
quelle voie on se dirige face à cette proposition que nous faisait la
compagnie de s'implanter chez nous, parce qu'apparemment le bassin de
population serait suffisant. Les maires, à première vue, seraient
d'accord pour payer la livraison des ordures à l'usine et même
à défrayer les cinq dollars la tonne. J'aimerais avoir une
réponse partielle.
M. Léger: L'étude dont nous avons fait mention
tantôt datait d'il y a trois ans et elle concluait que cela prenait un
bassin de population de 1 million. Est-ce que, depuis trois ans, le bassin de
la population peut être moins important et qu'on peut le faire avec un
bassin de population de 100 000? Peut-être. Moi, au départ, je
peux dire au député qu'il n'y a pas de problème. Si
l'industrie comme telle veut nous soumettre un projet, qu'elle démontre
qu'elle est sérieuse et qu'elle répond aux normes, il n'y aura
pas d'objection à ce qu'elle puisse avoir un permis de
fonctionnement.
Cependant,l'usine, en plus de cela, demandait une garantie, dans le
bassin de 100 000, que, pendant dix ans, toutes les instances municipales et
autres s'engagent à lui donner les déchets. Maintenant, si la
compagnie veut elle-même obtenir son marché et ses clients, on n'a
pas d'objection, mais elle semblait beaucoup plus nous demander d'obliger par
une sorte, je ne sais pas, de réglementation ou autrement toutes les
municipalités à envoyer leurs ordures là. A ce moment,
cela créait un peu un genre de monopole. Nous pensons que c'est à
elle, la compagnie, si elle veut fonctionner, de faire elle-même ses
ententes avec les municipalités, sans obliger le gouvernement à
le faire pour elle. Si elle est capable de s'assurer ces conditions, pour nous,
si le projet qu'elle va nous soumettre est sérieux et répond aux
normes, elle pourra avoir un permis.
M. Lavigne: Pour faire suite à cela, M. le
Président, si le ministre est intéressé, je lui offre une
visite de la part des promoteurs de cette compagnie. Ils ont un film, ils ont
des diapositives, ils ont de la documentation supplémentaire au dossier
que je vous ai remis. Il s'agira pour le ministre de me faire signe en temps et
lieu, si toutefois il lui manquait des informations ou s'il voulait en ajouter
à celles qu'il a déjà. C'est une offre que je vous fais;
libre à vous de l'utiliser. En tout cas, il s'agit de renseignements
supplémentaires que cette compagnie pourrait nous offrir ou des
exigences qu'elle veut avoir pour implanter l'usine en question.
M. Léger: Alors, si le député peut demander
à cette compagnie de nous soumettre un projet bien précis, avec
les conditions qu'elle demande pour fonctionner, il me fera plaisir de
l'étudier rapidement et de donner une réponse au
député.
M. Lavigne: Merci.
Le Président (M. Boucher): Alors, avant de donner la
parole au député d'Arthabaska, je voudrais corriger le fait qu'au
début de la séance j'avais mentionné que le
député de Beauharnois était remplacé par le
député de Laprairie, ce qui n'est pas le cas. Le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Pour ne pas retarder l'acceptation des crédits,
je vais retarder ma question au programme 1.
Le Président (M. Boucher): Le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, dans les
priorités à mettre pour l'épuration des cours d'eau, et en
rapport aussi avec l'aide apportée aux municipalités qui s'y
approvisionnent, est-ce que le ministère tient compte du nombre de
municipalités qui s'approvisionnent dans ces cours d'eau? De quelle
façon, cela peut-il être un moyen d'éviter une perte
d'argent, étant donné que, souvent, on pollue à un
endroit, et un demi-mille plus loin on peut aller chercher l'eau pour la
transformer en eau potable? Je ne sais pas s'il y a une étude qui a
été faite dans ce sens pour mettre en priorité les cours
d'eau à plus grande utilisation pour l'eau potable.
M. Léger: L'exemple de la Yamaska est exact
là-dessus. Un des critères que nous mettons pour établir
la priorité pour l'épuration des eaux, c'est la quantité
justement de municipalités qui sont directement affectées par les
endroits où elles s'alimentent en eau et je pense que la question du
député est très pertinente. Il est bien important
d'évaluer qu'une municipalité, d'un côté,
déverse ses déchets dans un cours d'eau, et un peu plus loin,
parfois en aval, une autre municipalité s'alimente directement
là. C'est la raison pour laquelle on a mis d'avant les cinq projets dont
la rivière Yamaska, la région de Montréal, la
région de l'Outaouais, même la rivière du Nord est une des
rivières sur laquelle nous avons mis une priorité, et la
région de Québec. Il m'en manque une autre, ville de Laval.
Salubrité du milieu
Lutte contre la pollution de l'air
Le Président (M. Boucher): Alors comme il n'y a pas
d'autre intervention et qu'il est de coutume
de passer à l'étude des crédits programme par
programme, j'appelle donc le programme 1, élément 1. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président.
M. Léger: On me demande, avant de commencer, de faire une
correction. Tantôt on a parlé de Québec Feruni, et le nom
de la compagnie est SIDBEC-FERUNI. Juste pour la correction du journal des
Débats.
M. Cordeau: M. le Président, M. le ministre me faisait
part, dernièrement, qu'il avait l'intention de faire adopter une
nouvelle réglementation visant à obliger tout promoteur d'un
important projet de développement industriel ou commercial à
obtenir un certificat de non-pollution, avant de pouvoir entreprendre quelque
travail de construction que ce soit. Est-ce que le ministre pourrait nous
donner quelques explications concernant cette réglementation?
Deuxièmement, quand prévoit-il que cette réglementation
entrera en vigueur? Troisièmement, est-ce que cette
réglementation prévoira la non-pollution, tant de l'air que de
l'eau, ou autres formes de pollution comme l'environnement des déchets
de carcasses?
M. Léger: Pourriez-vous répéter la fin de
votre question? J'écoutais ici.
M. Cordeau: Oui. C'est que vous avez manifesté l'intention
d'adopter un règlement visant à obliger tout promoteur d'un
important projet de développement industriel ou commercial à
obtenir un certificat de non-pollution avant de pouvoir entreprendre quelque
travail de construction que ce soit. La première question était:
Le ministre pourrait-il nous donner quelques renseignements concernant cette
réglementation? Quand entrera-t-elle en vigueur?
M. Léger: Tantôt, c'est cela que j'avais saisi, il
me manquait un petit point. C'est que déjà, l'article 22 oblige
une industrie à ne pas s'installer sans qu'il y ait auparavant une
assurance de non-pollution. Ce qui va être nouveau dans la
réglementation, c'est l'obligation de faire une étude d'impact
avant. L'étude d'impact va nous donner beaucoup plus de renseignements,
beaucoup plus de précisions pour évaluer et mesurer les
conséquences écologiques de tel ou tel projet. C'est la partie
d'étude d'impact qui est différente de ce que la loi nous donne
déjà par l'article 22.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: Ma question concerne plutôt
l'élément 2.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, nous avons eu des audiences
publiques sur certains projets de règlement. Il y a eu des commentaires
de la part de nombreuses industries sur le projet de règlement
concernant la pollution de l'air. Est-ce qu'il y a un rapport-progrès
que le ministre peut nous fournir à cet égard?
M. Léger: Le député de D'Arcy McGee se
rappelle fort bien cette grande séance d'information publique où
les différentes industries étaient venues démontrer les
conséquences pour elles de ce projet de règlement. Actuellement,
nous sommes en train d'évaluer les coûts précis que
l'industrie ou les industries concernées auraient à
défrayer. Je peux vous dire que nous sommes rendus à une
évaluation d'environ un demi-milliard de dollars, près de $500
millions que les industries devront mettre pour se doter des équipements
voulus pour répondre à la réglementation limitant la
pollution de l'air. Je pense que ce dossier devrait être prêt pour
le mois de juin. En juin, j'aurai toutes les données permettant
d'acheminer un projet de règlement à travers les
différents comités du gouvernement, dont le comité de
l'aménagement, pour approbation et une présentation future dans
la Gazette officielle.
M. Goldbloom: Est-ce que le ministre a rencontré des
industries, des représentants d'industries importantes, depuis qu'il est
là? Quelle est sa politique personnelle, gouvernementale en ce qui
concerne les relations avec les industries du Québec?
M. Léger: Relations très amicales, très
réceptives à toute recommandation des industries. J'ai
rencontré, à ce jour, au moins deux industries importantes dans
le domaine.
Je peux vous dire une chose: Les préoccupations que ces
industries ont sont peut-être légitimes, mais elles ne m'ont pas
convaincu, à ce jour, d'accepter comme telle la recommandation qu'on me
faisait. Les recommandations qu'on me faisait, je pense que le
député de D'Arcy McGee les connaît comme moi. Le
contrôle de la pollution atmosphérique peut se faire au niveau de
l'air ambiant comme il peut se faire au niveau de l'émission. Les
compagnies préféreraient du moins, certaines m'ont
donné cette impression que nous n'ayons que des normes au niveau
de l'air ambiant et que l'ensemble des industries se sente responsable de
maintenir au niveau de l'air ambiant le degré de matières
polluantes qu'elles émettraient.
Moi je pense, à ce stade-ci, à moins qu'on ne me
convainque du contraire, que, tant qu'on n'a pas un contrôle des
émissions, on ne pourra jamais savoir qui est le coupable. Une
réglementation doit toujours permettre de déterminer qui a
réellement été le responsable de la quantité de
matières polluantes qui dépasse les normes acceptées.
C'est pour cela que nous croyons que c'est autour de cette préoccupation
d'une combinaison de l'air ambiant et de la quantité de matières
polluantes à l'émission que la réglementation devrait
exister. Je donne un exemple très particulier pour démontrer le
problème auquel nous fai-
sons face. Supposons que, dans un endroit donné, il y ait quatre
industries qui émettent des matières polluantes dans l'air et
qu'on dise que l'ensemble de l'air ambiant ne doit pas avoir plus que tel
degré de particules par million de matières polluantes
permissibles, si les quatre s'y conforment, il n'y a pas de problème.
S'il arrive une cinquière industrie qui vient s'installer et qu'elle
émet des matières polluantes faisant dépasser la norme de
l'air ambiant, à ce moment-là, les quatre autres industries
diraient que la venue d'une nouvelle industrie les oblige, elles, à
diminuer la quantité de leurs matières polluantes, donc, à
faire des dépenses supplémentaires. Elles ne seraient pas
heureuses de voir venir une nouvelle industrie.
Même s'il n'y avait pas une nouvelle industrie qui vient
s'implanter dans une région, parmi les quatre qui sont là,
comment pourrions-nous faire respecter un règlement si on ne sait pas
laquelle des quatre a dépassé les normes à
l'émission? C'est autour de ce problème que nous sommes à
établir notre réglementation. Jusqu'à présent, on
ne m'a pas convaincu qu'il ne fallait pas avoir une norme à
l'émission.
M. Goldbloom: Le ministre a indiqué que ses services, sans
doute en utilisant des données fournies par les industries
elles-mêmes, compilent présentement les prévisions de
coûts impliqués par l'application de l'éventuel
règlement sur la pollution atmosphérique. Ce que j'aimerais lui
demander est simplement ceci: Aurait-il l'intention, si les coûts lui
semblent, pour utiliser un mot qu'il a déjà choisi
lui-même, astronomiques ou "olympiques", de réduire, dans une
certaine mesure, les exigences du gouvernement à l'endroit de ces
industries? Ou, par contre, aurait-il déjà dans ses intentions
générales une visée encore plus sévère?
A-t-il l'intention de rendre encore plus sévères si oui,
sur quelle sorte de calendrier les exigences prévues à
l'endroit des industries en ce qui concerne la pollution
atmosphérique?
M. Léger: II y a quand même plusieurs
hypothèses de travail. Premièrement, si les chiffres fournis par
les industries, comme coûts pour s'équiper de ce qu'il faut pour
respecter les normes actuelles, sont vrais, si les compagnies émettent
des prix et qu'elles acceptent comme telle la réglementation, je ne
pense pas qu'il soit nécessaire d'aller plus loin.
Si les difficultés sont d'un ordre différent et que les
compagnies nous disent qu'il faudrait peut-être soit arrêter ou
diminuer leurs opérations parce que les normes seraient trop
sévères, une chose est certaine, c'est qu'avant d'accepter ces
chiffres comme tels, le gouvernement fera, soit par d'autres ministères
ou par nos services, l'évaluation de ces coûts, pour ne pas
être tout simplement crédule devant les affirmations de
compagnies.
Il y a quand même des normes qui sont différentes pour une
nouvelle industrie qui s'implante et pour une industrie qui est
déjà là, et dont souvent le procédé est
désuet; c'est la raison pour la- quelle le ministre des Richesses
naturelles avait fait état de conclusions qui ne sont pas
terminées, de conclusions d'une étude non terminée, sur la
rentabilité des entreprises de pâtes et papiers qui se voient dans
l'obligation et parfois dans l'incapacité, avec leurs vieux
procédés, soit le procédé Kraft ou le
procédé au sulfite, de respecter les normes qui s'en viennent
pour leurs vieilles industries. Il y a une approche nouvelle, qui pourrait
être celle de voir à une implantation ou une modernisation de
toutes les principales industries de pâtes et papiers comme exemple, de
façon que, tout en étant devenues de plus en plus
compétitives dans le domaine des pâtes et papiers, dans le domaine
de leur propre production, compétitives au niveau du prix, elles
respectent en même temps, par une nouvelle modernisation de l'industrie
ou par une implantation nouvelle, elles respectent, dis-je, non seulement les
normes d'environnement, mais qu'elles puissent aussi faire une opération
qui soit rentable.
Il y a toutes sortes de modalités, soit de prolongement de
réalisations ou de respect de ces règlements, par exemple par une
date qui peut être changée, mais c'est tout cela que nous sommes
en train d'étudier actuellement. Tout ce que je peux dire à
l'ancien ministre, c'est que la réglementation va être prête
pour juin, et que les implications vont en être analysées à
la suite de tout ce que j'avais comme dossier à ce moment-là.
M. Goldbloom: Y aura-t-il de nouvelles séances de la
commission parlementaire, pour entendre les intéressés à
ce moment-là?
M. Léger: II se peut, s'il y a des implications plus
importantes que celles qu'on prévoit, il se peut qu'il y ait une autre
commission parlementaire, mais, au moment où je vous parle, je ne peux
affirmer qu'il y en aura une comme telle, puisqu'il y en a déjà
eu une, une fois, pour entendre ces compagnies et les groupes concernés.
Si notre réglementation tient compte de beaucoup de ces facteurs, nous
allons juger à ce moment-là de cette possibilité, et, s'il
y a des problèmes majeurs, il y aura une autre commission
parlementaire.
M. Goldbloom: L'industrie des pâtes et papiers est-elle une
des deux que le ministre a rencontrées?
M. Léger: Personnellement, non.
M. Goldbloom: Est-ce que le ministre, pour changer de sujet, peut
nous faire un rapport progrès sur le problème des
incinérateurs de déchets à Montréal et à
Québec?
M. Léger: Au niveau de Montréal, j'ai reçu
un rapport d'un conseiller municipal, M. Paul Cliche, sur le problème de
l'incinérateur de Montréal. Son procédé semblerait
être encore défectueux, ou, du moins, ne pas fonctionner d'une
façon parfaite; il semblerait émettre encore des matières
polluantes dans l'air. Nous avons écrit à la ville de Mont-
réal, pour lui demander de faire les corrections voulues; nous
attendons ces jours-ci une réponse pour voir si des corrections ont
été apportées ou s'il y a des difficultés de ce
côté.
Au niveau de Québec, il y a eu des rencontres avec les
responsables et des améliorations ont été
apportées, mais celles qui ont été apportées ne
sont pas selon nous suffisantes pour permettre d'assurer que cet
incinérateur fonctionne selon les normes prévues; on me dit quand
même que cela pourrait coûter de $500 000 à $1 million pour
corriger et améliorer les équipements actuels. C'est une question
financière pour le moment et nous sommes en constant contact avec eux
pour voir de quelle façon ils pourraient réaliser cela.
M. Goldbloom: Dernière question, pour le moment, M. le
Président. Quelle est la politique du nouveau gouvernement en ce qui
concerne les aérosols et plus particulièrement le
fréon?
M. Léger: Le député de D'Arcy McGee nous
amène dans les relations fédérales-provinciales.
M. Goldbloom: Y en a-t-il encore?
M. Léger: II y a des relations.
M. Goldbloom: Je suis heureux de le savoir.
M. Léger: Elles ne sont pas toujours tendues, cela
dépend des domaines que nous touchons.
M. Goldbloom: Et de l'hymne national qui est joué.
M. Léger: C'est cela. J'espère que le
député de D'Arcy McGee, lorsqu'il y aura un hymne du
Québec, sera aussi d'accord d'être très heureux de
participer à cet hymne national.
M. Goldbloom: Moi, je me lève toujours.
M. Léger: Vous êtes toujours debout. Pour revenir au
sérieux, le gouvernement américain a déjà pris
position pour interdire les aérosols ainsi que le fréon, tandis
qu'au niveau du Canada, le gouvernement fédéral, qui semble
être celui qui a la juridiction dans ce domaine, n'a pas encore pris
position là-dessus. Comme cela touche l'importation et la fabrication de
cela, nous n'avons pas encore touché à cela au niveau de notre
service de l'environnement puisque cela relève du
fédéral.
M. Goldbloom: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: M. le Président, je remarque au programme 1,
la salubrité du milieu, qu'il y a un peu plus de $5 millions
d'alloués à ce programme, pour 4 éléments, et, si
je regarde sur l'autre page, il y a $4 millions pour les salaires, les
traitements. Est-ce que cela veut dire que ce programme concerne uniquement le
personnel et les enquêteurs qui vont superviser ou enquêter, pour
chacun des éléments? D'autre part, est-ce qu'on dépense $4
millions sur les $5 millions du programme pour les enquêtes ou pour les
salaires? Les personnes qui ne se conforment pas aux règlements de votre
ministère et qui reçoivent des pénalités, avez-vous
un certain contrôle de cela et à quel montant, par année,
ces pénalités peuvent-elles équivaloir?
M. Léger: Le domaine des pénalités, c'est
l'aspect juridique. Malheureusement, dans le fonctionnement du contentieux,
c'est un personnel qui travaille à nos services, mais qui relève
du ministère de la Justice. Si je ne m'abuse, le budget est à la
Justice et c'est pour cela que cela ne paraît pas ici, au niveau des
poursuites.
M. Verreault: Est-ce que les plaintes sont formulées
à la suite des enquêtes qui sont faites par le personnel du
ministère?
M. Léger: C'est ça. C'est le personnel du
ministère qui fait des enquêtes.
M. Verreault: On dit qu'il y a environ 600 employés dont
235 employés... Vous disiez hier, M. le ministre, que le nombre des
enquêteurs pourrait être augmenté et que des équipes
volantes pourraient parcourir la province. A titre d'information personnelle,
il existe, au niveau des localités, dans chacune des régions, du
personnel engagé par les municipalités et qui est payé par
ces municipalités, mais qui est sous vos directives. Est-ce que ce
même personnel ne pourrait pas être à la disposition de
votre ministère d'une manière plus efficace?
M. Léger: C'est certain que c'est l'idéal qu'il y
ait des inspecteurs engagés par des groupes de municipalités qui
voient à être beaucoup plus sévères dans leur
région puisque ce sont directement elles qui sont impliquées par
cela, mais, que la plainte provienne soit de l'enquêteur, aux services de
l'environnement ou un enquêteur municipal, pour nous, du moment qu'il y a
une preuve d'infraction, nous prenons immédiatement action au niveau du
ministère.
M. Verreault: De votre ministère. M. Léger:
C'est cela.
M. Verreault: Et puis l'amende faisant suite à
l'infraction est perçue par le ministère de la Justice, comme
vous me le disiez tout à l'heure.
M. Léger: C'est cela.
M. Verreault: Mais pour l'enquêteur lui-même qui est
payé actuellement par la municipalité pour faire un travail de
supervision au niveau de l'environnement, comme cela se fait dans toutes les
régions, votre ministère n'envisage pas d'utiliser ce
personnel pour compléter le manque de personnel que vous avez
actuellement?
M. Léger: Cela pourrait être une solution.
Cependant, il faut dire que lorsque plusieurs municipalités engagent un
inspecteur, ce n'est pas uniquement pour l'environnement, c'est pour beaucoup
de choses. A ce moment-là, il n'est pas uniquement engagé pour la
surveillance de l'environnement mais pour des projets qui touchent directement
à l'environnement. Cela, c'est pour les régions en dehors des
grands centres. Mais dans des régions comme la CUM de Montréal,
ils ont déjà leurs propres bureaux, leur personnel
qualifié et c'est l'une des responsabilités de mon
ministère, actuellement, de voir à permettre une meilleure
formation des enquêteurs. On veut mettre sur pied un programme de
recyclage des enquêteurs, de façon que ces gens, qui depuis un
certain temps avaient des responsabilités, voient les lois et les
règlements s'ajouter. Et le problème devient de plus en plus
complexe et ils ont besoin d'un recyclage pour être capables de faire
face à tous les problèmes qu'ils peuvent rencontrer.
Alors, au niveau des municipalités, nous allons certainement
utiliser davantage les enquêteurs que nous avons, soit les nôtres,
soit ceux des municipalités. Mais il faut quand même tenir compte
de la formation donnée à ces gens: ce ne sont pas toutes des
personnes polyvalentes qui peuvent toucher à tous les aspects de
l'environnement.
M. Verreault: Mais pour revenir à ma question principale,
le programme I est relatif aux enquêteurs, au personnel de votre
ministère seulement, parce que le reste de l'argent qui reste à
disposer est quand même très infime?
M. Léger: Quand vous regardez à la page 2, à
gauche, dans le tableau, vous avez quand même la répartition des
dépenses au niveau des traitements. Le grand total se chiffre à
$3 886 000.
M. Verreault: C'est ça.
M. Léger: Mais il faut dire que le 937 dans la colonne 1
touche le programme de l'air. Et ce sont les spécialistes qui s'occupent
des programmes de l'air tandis qu'à l'article 2, c'est pour la gestion
des déchets. Les $483 000, c'est pour la gestion des déchets et
les $603 000, c'est pour l'hygiène industrielle. Ce sont encore des
spécialistes. Tandis que la partie des inspecteurs, c'est la colonne 4
où vous avez $1 862 000.
M. Verreault: Mais de toute façon, cela revient à
du personnel ou des gens qualifiés.
M. Léger: Oui, du personnel. Le service de l'environnement
est l'un des services où le personnel est... La proportion de
professionnels est très forte dans le domaine du personnel. Ce n'est pas
uniquement une personne qui a une qualification juste secondaire.
M. Verreault: Alors pour les 114, cela coûte à peu
près $2 millions et pour le personnel spécialisé, cela
reviendrait à peu près à la différence.
M. Léger: Oui, c'est cela. Quant au pourcentage
professionnel, je me demande si c'est à peu près le tiers.
M. Verreault: Toujours pour revenir à la même
question de tout à l'heure, vous n'avez aucun contrôle. Vous ne
savez pas au juste combien de plaintes ont été formulées
par votre ministère pendant la dernière année.
M. Léger: Combien de plaintes notre ministère a
reçues?
M. Verreault: C'est-à-dire les actions qu'il a prises
contre les personnes qui ne se conforment pas au règlement?
M. Léger: Le total des poursuites prises, cela
répondra à votre question. Du 1er avril au 15 novembre 1976, il y
a eu 49 poursuites prises, et depuis le 15 novembre, depuis que nous avons pris
la responsabilité du ministère, depuis quelques jours
après jusqu'au 1er avril, il y en a eu 59. Ce qui fait un total de 108
pour l'année.
M. Verreault: Ce n'est pas beaucoup.
M. Léger: Le député dit que ce n'est pas
beaucoup. Il a raison, mais il faut dire une chose, c'est que selon la formule
actuelle que je veux changer tout s'en vient vers un entonnoir et le service
est obligé, avec le peu de personnel qu'il possède au niveau
juridique, de voir à intenter des poursuites. Il ne peut pas trouver une
réalisation rapide des projets qui sont mis de l'avant.
C'est la raison pour laquelle nous voulons mettre de l'avant
j'avais dit cela hier soir les projets de loi permettant des poursuites
par les individus, en plus du "class action ", des possibilités
où des individus pourraient eux-mêmes poursuivre, ce qui
éviterait cet engorgement aux services de l'environnement de voir que
nous soyons toujours les seuls à poursuivre.
M. Verreault: Oui, parce que ma région de Shefford et
d'ailleurs, les députés d'Iberville et de Saint-Hyacinthe et
plusieurs autres sont concernés par l'aménagement de la
rivière Yamaska. Evidemment, pour assainir et aménager cette
rivière, si des mesures plus sévères ne sont pas prises,
c'est officiel que cela ne donnera absolument rien d'aménager et
d'assainir cette rivière.
M. Léger: D'accord!
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas d'autres
interventions à l'élément 1?
M. Goldbloom: II y en a, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: J'aimerais poser des questions sur quelques cas
d'espèce, pour savoir où l'on en est rendu. D'abord, à
Beauharnois, il y a plusieurs industries importantes dont deux en particulier
qui ont causé des difficultés, la Union Carbide et la Chromium
Mining and Smelting. Dans les deux cas, il y a...
M. Léger: La première; la deuxième?
M. Goldbloom: Chromasco, Chromium Mining and Smelting. Dans les
deux cas, il y a des programmes qui ont été établis. La
mise en place des équipements se faisait selon un calendrier qui,
à cause de difficultés techniques, a été
modifié un peu en cours de route. Il y avait aussi, dans le cas de la
Union Carbide, une décision à prendre sur l'avenir du four
numéro 16. Est-ce que cette décision est prise? Est-ce que la
compagnie va continuer l'opération de ce four avec un système
d'épuration autonome ou raccorder ce four au numéro 17 qui a
déjà son système? Quel est le rendement actuel du
système sur le numéro 17? Ou est-ce que l'industrie a
décidé de fermer tout simplement le four numéro 16?
M. Léger: En ce qui concerne le four no 16, on me dit que
le système est fermé. C'est terminé de ce
côté.
En ce qui concerne Chromasco, le projet, selon le calendrier qui devait
obliger le respect de l'ordonnance, a été prolongé de
quelques mois et ce sera terminé à la fin d'avril. Quant à
Union Carbide, eux aussi vont respecter l'ordonnance et ils vont être en
mesure de la respecter au mois de juillet.
M. Goldbloom: Est-ce que cela veut dire que les deux petits fours
14 et 15 ne sont pas encore munis de leur appareil, ou est-ce que ces appareils
sont en place, mais pas encore rodés?
M. Léger: L'équipement va être en place pour
juillet.
M. Goldbloom: Parce que cela devait se faire pour la fin de 1976
est maintenant remis à juillet?
La nouvelle usine, le nouveau four de manganèse de l'autre
côté de la rue, toujours chez la Union Carbide, il y avait des
difficultés techniques quant au fonctionnement du système; est-ce
que ces problèmes sont résolus maintenant?
M. Léger: Concernant cette nouvelle usine, il semble que,
comme le député vient de le dire, l'équipement est en
place, c'est une question de rodage. Il semble qu'on a maintenant
amélioré le système d'équipement d'à peu
près 75%, et on va essayer de le faire au maximum. De toute façon
on suit cela de très près, mais on m'assure que le maximum
d'efficacité devrait être atteint dans les quelques mois qui
viennent.
M. Goldbloom: Cet équipement est en place depuis un bon
moment, depuis le début du fonc- tionnement de l'usine; c'était
l'exigence à l'époque.
J'aimerais demander au ministre quelle est son attitude quant à
l'implantation d'une usine d'eau lourde dans le secteur de Bécancour. Il
y a des articles qui s'écrivent présentement sur les dangers
possibles d'une fuite de gaz sulfurique, et les conséquences
possiblement graves. Le danger est réel quant à l'effet du gaz
sulfurique concentré sur le système respiratoire des êtres
humains et d'autres créatures, mais c'est une question de confiance dans
les mesures, les dispositifs antipollution et aussi le système d'alerte
qui pourrait être utilisé. Quelle est la situation actuelle?
Est-ce que le ministre de l'environnement a donné son approbation
à l'usine d'eau lourde?
M. Léger: De toute façon, le calendrier a
été retardé pour la mise en route de ce projet d'usine
d'eau lourde à Gentilly. On ne s'attend pas que ce soit fait avant 1982.
Pendant ce temps, l'environnement a émis des exigences très
sévères. On n'a pas encore donné d'approbation. Il y a
d'ailleurs un comité qui s'occupe de la sécurité future,
et ce comité c'est un comité fédéral-provincial; il
y a même un comité interministériel qui se penche
là-dessus de façon que toutes les précautions soient
prises. Il y a la commission de l'énergie atomique qui, aussi, doit
donner son accord sur l'aspect de la protection, tandis que l'environnement,
c'est au niveau de la protection et de l'environnement et du public. Il y a
toutes sortes de méthodes qui doivent être mises de l'avant, entre
autres, il y a l'expertise qui doit être nécessairement faite
avant. On me parle aussi du mur de soutènement qui devrait être
beaucoup plus épais pour éviter les conséquences,
peut-être, d'explosion.
Il y a aussi le problème de la dispersion des gaz qui doit
être expérimenté avant, de façon qu'il n'y ait pas
cette concentration dangereuse. Tout cela est à l'étude. Et comme
cela a été retardé en 1982, nous avons le temps, tous ceux
qui ont une préoccupation, une responsabilité de la protection du
milieu, d'émettre les approbations uniquement après que les
mesures de sécurité seront mises de l'avant.
M. Goldbloom: Mon avant-dernier sujet, M. le Président,
est particulièrement cher au coeur du ministre. Maintenant que le
député de Lafontaine est, depuis plus de quatre mois et demi, le
ministre de l'environnement, sûrem.ent que les problèmes des
carrières de l'Est de Montréal sont tous
réglés?
M. Léger: Une chose est certaine, c'est que j'ai
demandé à mon service d'évaluer d'une façon
professionnelle la situation exacte de la pollution dans la région de
l'Est de Montréal. J'attends un rapport là-dessus et une chose
est certaine, je vais m'assurer que durant la durée de mon mandat le
comté le plus pollué du Québec perde cette
réputation.
M. Goldbloom: Est-ce que cela voudra dire un changement de
député? Merveilleux!
M. Roy: Non, c'est que le député va arrêter
de fumer.
M. Goldbloom: Dernier sujet, M. le Président.
M. Léger: D'ailleurs, le projet de règlement a
déjà été présenté pour les
déchets liquides des compagnies de pétrole et a
déjà été accepté par les compagnies,
règlement dont l'ex-ministre connaît fort bien la teneur; le
projet de règlement sur la pollution atmosphérique est un autre
projet qui va toucher spécialement et particulièrement la
région de l'Est de Montréal; celui sur les carrières a
déjà été acheminé aux différents
comités d'aménagement et des priorités. Ce sont toutes des
mesures qui vont toucher directement l'Est de Montréal. J'irai voir dans
l'Ouest s'il y a moyen d'améliorer aussi la situation de la pollution de
l'Ouest de Montréal.
M. Goldbloom: Je constate que ce sont toutes des prolongations et
prolongements de l'action déjà entreprise.
M. Léger: Oui, mais elles sont mises en place,
maintenant.
M. Goldbloom: Oui, d'accord. Maintenant, le dernier sujet qui
concerne une compagnie qui a plusieurs installations au Québec. Il y en
a deux qui me préoccupent. D'abord, à Murdochville, la
Gaspé Copper a été un problème et elle l'est
sûrement encore, dans une certaine mesure. Dans quelle mesure? Quelle est
la situation à Murdochville et quel est le rendement de l'usine d'acide
sulfurique par rapport aux émissions d'anhydride sulfureux
récupérée par cette usine?
M. Léger: Celle de Murdochville, Gaspé Copper,
actuellement, récupère environ 65% des émissions
d'anhydride sulfureux et elle est capable, quand elle sera bien rodée,
d'aller jusqu'à 80%. C'est la situation qu'on peut décrire
actuellement.
M. Goldbloom: Oui, mais avec quel résultat quant aux
émissions? Les concentrations d'anhydride sulfureux, dans la ville de
Murdochville, peuvent-elles avoir un effet sur la santé humaine, sur la
végétation? Nous avons été en mesure de constater
ce deuxième effet. Quelle est la situation? Est-ce qu'il y a, avec ce
rendement de 65%, une amélioration suffisante pour dire que
déjà il y a une protection raisonnable pour la ville?
M. Léger: II semble que jusqu'à présent nous
n'ayons pas les expertises pour évaluer si cette amélioration est
suffisante ou non, mais on s'occupe particulièrement d'avoir des
renseignements là-dessus. Au départ, il faut la rendre au moins
à 80%, donc, il y a une période de rodage.
Vous pouvez être assuré d'une chose, nous allons faire en
sorte que les conséquences de ce geste s'améliorent. Je puis dire
au député que les questions qu'il me pose en commission
parlementaire, je vais certainement y donner suite.
M. Goldbloom: Très bien. Cette même compagnie est
propriétaire de la grande usine à No-randa. Le ministre en a fait
mention dans son discours d'ouverture, si ma mémoire est fidèle.
Il y a un problème similaire d'émissions importantes d'anhydride
sulfureux. Il y en a d'autres aussi, des retombées de matières
particulées et il y a aussi un problème de mercure que
j'aimerais, M. le Président, avec votre permission, mettre de
côté pour l'instant et en parler quand il sera question du dossier
du mercure.
Mais il y a là une usine qui n'est plus alimentée par sa
propre mine. La mine n'est plus exploitée comme telle à toutes
fins pratiques. Il y a donc des envois, des livraisons de minerai venant de
plusieurs clients, qui sont traités à la fonderie, à
l'usine d'affinage de Noranda. Il y a un projet pas tellement loin de Noranda,
en Ontario, de création d'une fonderie similaire et la Noranda est
inquiète quant à la rentabilité de son usine à
Noranda, même sans la présence de l'autre fonderie, de l'autre
usine d'affinage qui n'est pas encore construite.
Le problème de la rentabilité se pose donc
déjà et l'on doit ajouter à ce problème de
rentabilité, le coût de la dépollution. C'est un
problème qui se répétera, qui se répète
depuis l'existence des Services de protection de l'environnement et qui
continuera de se présenter à d'autres endroits du Québec.
La question que je voudrais poser est simple mais difficile. Jusqu'où le
ministre a-t-il l'intention d'aller, en exigeant que cette usine se
dépollue?
M. Léger: Partiellement, je peux quand même dire au
député de D'Arcy McGee, que comme il le sait fort bien, c'est
notre bête noire, actuellement c'est un problème majeur.
Actuellement il y a un comité interministériel qui étudie
le problème de l'approvisionnement futur de l'usine de Noranda Copper.
Le comité interministériel est formé de
représentants de l'Industrie et du Commerce, des Richesses naturelles et
de l'environnement.
Le problème que nous avons, c'est la politique du gouvernement de
l'Ontario qui subventionne l'industrie de l'Ontario si l'usine traite sur place
son propre minerai; ceci amène la difficulté pour la Noranda de
s'approvisionner extérieurement pour son minerai. C'est le
problème que nous avons actuellement. C'est tout ce que je peux dire
jusqu'à maintenant, je n'ai pas de solution à apporter pour le
moment. Il y a le comité qui siège là-dessus pour voir
s'il y a une possibilité d'approvisionnement futur. Au moment où
l'on vous parle, c'est un problème majeur que nous avons au
ministère et l'ancien ministre sait fort bien que c'est un
problème majeur.
M. Goldbloom: Je le sais, mais puisque le nouveau ministre s'est
fait le défenseur encore plus agressif, selon ses propres paroles, de la
protection de l'environnement, il y aura peut-être de sa part une
attitude encore plus exigeante à l'endroit de cette usine.
Si la réponse de la compagnie est qu'elle est incapable de se
permettre les dépenses impli-
quées pour la dépollution, qu'est-ce que le ministre va
faire? Est-ce qu'il va insister? Est-ce qu'il va aider la compagnie? Est-ce que
le gouvernement aidera la compagnie que le Parti québécois a
déjà décrite, si ma mémoire est fidèle,
comme la plus riche des multinationales et je ne sais quoi encore?
Jusqu'où ira le ministre avec ce problème épineux?
M. Léger: C'est sûr qu'il y a le choix d'avoir des
chômeurs en santé ou des travailleurs malades. Ce n'est pas aussi
facile que cela à trancher. Je sais que l'ancien ministre connaît
la complexité du problème.
M. Caron: Avant le 15, c'était facile pourtant. Je ne veux
pas être méchant.
M. Léger: Sur bien des choses c'était facile et on
l'a prouvé aussi sur plusieurs points, mais sur le point précis
dont on parle, je n'ai pas de solution miracle pour le moment et je pense qu'en
toute humilité, c'est un problème qui dépasse actuellement
les solutions qu'on a devant nous. On se penchera là-dessus pour voir ce
que l'on peut faire.
L'attitude agressive, si je peux dire, c'est qu'une industrie qui se
sert de chantage pour ne pas faire des dépenses voulues pour
protéger l'environnement, on sera agressif avec celle-là. Quand
il y a un problème réel et majeur, je pense qu'avant d'être
agressif il faut être capable d'évaluer les conséquences et
les possibilités tout en ayant le préjugé favorable pour
l'environnement, mais en ne voulant pas du même coup détruire
l'économie parce qu'on veut protéger l'environnement.
M. Goldbloom: Je trouve cette dernière réponse tout
à fait raisonnable, M. le Président. J'ai une dernière
question pour le ministre. Est-ce que les politiques ontariennes nous seraient
plus favorables si nous étions un pays autonome?
M. Léger: C'est certain qu'il y aurait des
répercussions sur l'ensemble du dossier Québec-Ontario qui nous
permettraient à nous aussi d'avoir des politiques permettant à
l'Ontario de repenser deux fois ses politiques qui auraient des influences sur
le Québec. Ce n'est pas avec un seul dossier mais avec un ensemble de
dossiers que l'on négocie.
Le Président (M. Boucher): Compte tenu que l'on devait
ajourner à 12 h 30 et qu'on a déjà dépassé
le temps, je permettrai simplement une intervention au député de
Beauharnois qui a demandé la parole.
M. Lavigne: Je vous remercie de cette considération, M. le
Président. Ma question s'adresserait au ministre. Le ministre est sans
doute au courant que je suis le député du comté de
Beauharnois, le plus beau comté de la province de Québec. C'est
un comté...
M. Vaugeois: Cela, c'est vrai.
M. Lavigne: ...qui nous a amené plusieurs industries
depuis plusieurs années grâce à son pouvoir
hydroélectrique. Mon comté, vous le savez, englobe une
municipalité qui s'appelle la Venise du Québec. C'est parce qu'on
est vraiment entouré d'eau. Je pense que l'environnement s'est
détérioré depuis plusieurs années. On a
cerné certains problèmes jusqu'à maintenant. Je pense que
l'ex-ministre des Affaires municipales, le député Goldbloom, est
conscient de ce problème. Il a fait état tout à l'heure de
deux compagnies entre autres, la Chromasco et la Union Carbide, qui sont dans
mon comté. On est venu à bout d'évaluer qu'il y avait
trois facteurs de pollution, à mon avis: un qui était l'air, car
énormément de fumée s'échappait des énormes
cheminées de ces manufactures, de ces industries. On est arrivé
à cerner assez bien le problème à ce niveau. Entre autres,
la Chromasco a investi tout près de $5 millions pour aménager un
système antipollution, la Union Carbide est en voie
d'amélioration et je pense qu'il y a eu des efforts tangibles dans ce
sens.
Maintenant, ce n'est pas terminé, me dit-on, et même cela
fait état d'un conflit présentement à la Stanchem qui
pollue, semble-t-il, à l'intérieur de son usine. Cela fait
précisément état de revendications de la part des
travailleurs qui y sont en lockout présentement.
Je voudrais savoir si la compagnie a raison ou si ce sont les
travailleurs. Il faudrait savoir finalement s'il y a vraiment de la pollution
à l'intérieur de cette usine, entre autres, et il faudrait savoir
aussi à quel point ces usines polluent l'eau parce que, semble-t-il, il
y a des usines qui déversent des résidus manufacturiers dans
l'eau. La preuve n'en est est pas faite, mais je voudrais sensibiliser le
ministre a cet effet, pour savoir s'il n'y aurait pas moyen de faire une
étude et découvrir qui a raison. Les compagnies disent qu'elles
ne polluent pas; par contre, des citoyens et des travailleurs de la
région disent que les compagnies polluent, et c'est une bataille
à finir, je pense, dans le comté. Tenant compte que le ministre
est bien sensibilisé à la question de l'environnement et de la
pollution, je pense qu'il serait urgent qu'on sache une fois pour toutes si ces
usines polluent l'eau ou pas. A partir du moment où on arriverait
à la conclusion qu'elles polluent, il faudrait peut-être mettre de
l'avant les mesures nécessaires pour parer à ce
problème.
Je ne sais pas si le ministre a été bien attentif à
tout ce que j'ai dit, mais je l'espère, parce que c'est dans mon
comté... Si je pouvais mieux suivre la conversation... Il écoute?
M. le ministre, vous avez été au courant quand même de ce
que j'ai dit, même si vous avez jasé un peu? Parce qu'il est quand
même assez important. En fait, je vais résumer.
M. Léger: J'ai tout saisi ce que le député a
posé. Je voulais seulement lui faire remarquer que quand un
député pose une question d'ordre technique, le ministre n'est
quand même pas le spécialiste de toutes ces choses. Il doit,
auprès de ses fonctionnaires, évaluer quelles sont les
dernières données là-dessus.
Alors, concernant le problème de la pollution de l'air, je pense
avoir répondu tantôt à ces questions touchant l'état
des dossiers de la Chromasco et de l'Union Carbide qui vont se conformer aux
réglementations et aux normes que nous avons établies, une pour
avril et une autre pour juin.
Quant à la question de la pollution à l'intérieur
de l'usine, je ne pense pas qu'on puisse dire que, d'un côté c'est
l'usine qui a raison et de l'autre ce sont les travailleurs qui ont tort ou
raison. Tout ce que je peux dire c'est que nous avons donné, au
ministère du Travail qui voulait avoir des renseignements sur
l'état de la situation de la pollution à l'intérieur de
l'usine, le rapport sur le mercure. Concernant le mercure, la compagnie,
actuellement, au moment où on se parle, respecte les normes à
l'intérieur de l'usine. Concernant les autres matières
polluantes, l'enquête n'est pas encore terminée.
M. Lavigne: Pour ce qui est de l'eau?
M. Léger: Concernant l'eau, c'est sûr qu'il y a des
compagnies qui font des déversements qui polluent l'eau actuellement,
mais on n'est pas encore rendus au point d'être capables de prendre des
mesures immédiates sur la question de la pollution de l'eau. Mais nous
avons des fonctionnaires à la direction qui s'occupent de la pollution
in- dustrielle; ils travaillent sur ce dossier et étudient les mesures
à prendre là-dessus.
M. Lavigne: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Boucher): Alors, la commission ajourne
donc ses travaux sine die.
M. Goldbloom: M. le Président, avant de faire cela, si
vous voulez déclarer adopté l'élément 1 du
programme 1, je n'ai pas d'objection à cela. Je voudrais aussi vous
faire remarquer de la façon la plus amicale possible, que c'est le
ministre qui, en citant le leader parlementaire du gouvernement, a dit que nous
siégerions jusqu'à une heure. Je n'ai pas d'objection à
l'ajournement maintenant, mais je voulais simplement vous rappeler cela.
Le Président (M. Boucher): L'élément 1 du
programme 1 est-il adopté?
M. Cordeau: Oui.
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 44)