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Etude des crédits des Services de
protection
de l'environnement
(Seize heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, messieurs!
La commission des Affaires municipales et de l'environnement se
réunit pour étudier les crédits des Services de
l'environnement. Les membres de la commission cet après-midi pour cette
séance sont: M. Baril (Arthabaska) remplace M. Alfred (Papineau); M.
Beauséjour (Iberville), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Caron (Verdun),
M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Dubois
(Huntingdon), M. Charbon-neau (Verchères) remplace M. Dussault
(Châteauguay); M. Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Léger (Lafontaine),
M. Mercier (Berthier) remplace M. Léonard (Laurentides-Labelle); M.
Marquis (Matapédia) remplace Mme Ouellette (Hull); M. Roy (Beauce-Sud),
M. Saindon (Argenteuil), M. Tardif (Crémazie), M. Vaugeois
(Trois-Rivières), M. Verreault (Shefford).
Je suggère que M. Marquis soit nommé rapporteur de la
commission.
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. M. le Ministre,
si vous avez des commentaires...
Exposé du ministre délégué
à l'environnement
M. Marcel Léger
M. Léger: M. le Président, je voudrais d'abord
souhaiter la bienvenue à tous les membres de la commission parlementaire
tant du côté ministériel que des partis d'Opposition. Je
pense que c'est une ouverture, une première occasion soit pour les
nouveaux députés ou pour les anciens députés du
parti gouvernemental qui, maintenant, vont siéger du côté
de l'Opposition, de commencer une nouvelle année dans un rôle
différent pour chacun.
Je remarquais avec un certain humour que l'ancien ministre de
l'environnement est maintenant devenu le président de la campagne de
financement du Parti libéral et que c'est exactement l'inverse qui s'est
passé de mon côté. C'était moi qui avais
été le président de la campagne de financement du parti et
qui suis maintenant rendu à la place du ministre de l'environnement.
Espérons que les deux pourront bénéficier de
l'expérience de l'autre dans chacun leur domaine.
M. le Président, ce n'est qu'une petite anecdote, parce que,
pendant sept ans, on a eu l'occasion de se rencontrer, de se taquiner chacun de
son côté. Mais je pense que j'aimerais bien qu'on discute, dans
ces crédits, de toutes les possibilités de solution que chaque
député peut nous appor- ter, et c'est avec une grande ouverture
d'esprit que nous voulons attaquer ces crédits.
En novembre dernier, M. le Président, le premier ministre m'a
fait l'honneur de me nommer ministre délégué à
l'environnement. Lorsque j'ai accepté ce poste, j'ai pris cette
responsabilité parce que j'avais déjà le douteux honneur,
comme député, d'avoir le comté qui était à
peu près le plus pollué au Québec. Deuxièmement, je
l'ai accepté aussi parce que j'avais joué, dans l'Opposition, le
rôle de critique en matière d'environnement, au cours des
dernières années.
J'étais donc très sensibilisé aux problèmes
de l'environnement au Québec, mais lorsque j'ai pris en main les
Services de protection de l'environnement, je me suis rendu compte qu'en fait,
l'état de l'environnement au Québec était encore plus
détérioré que je ne le pensais, au temps même
où je siégeais dans l'Opposition.
Je voudrais aujourd'hui profiter de l'occasion pour présenter
devant cette commission parlementaire, la façon dont je conçois
le rôle de mon ministère. Jusqu'à présent, nous
avons eu quelques mois de fonctionnement dans ces services, cela m'a permis
d'évaluer la situation, d'essayer d'apporter une orientation
première, quitte à être corrigé en cours de route.
Jusqu'à présent, les Services de protection de l'environnement
avaient eu un caractère à peu près exclusivement normatif.
Les fonctionnaires avaient agi par rapport à l'environnement
essentiellement comme des pompiers intervenant dans des cas flagrants de
pollution.
En fait, ce quasi-ministère de l'environnement se
préoccupait uniquement de pollution. Nous touchons ici une question
fondamentale en termes d'orientation politique. Faut-il s'orienter vers le
cu-ratif ou le préventif? Avant d'essayer d'y répondre,
j'aimerais brosser un tableau de la situation de l'environnement au
Québec en termes de degrés de préoccupation de la part de
la population et du gouvernement.
Comme un très grand nombre de sociétés
industrielles, le Québec s'était axé, surtout depuis 1960,
sur la croissance économique, et ce, à un rythme tel qu'il s'est
à peine rendu compte des répercussions que cela avait sur
l'environnement. De toute façon, ce n'était pas vraiment pris en
considération. De la même manière que la majorité
des gens croit que les mers ne peuvent être polluées, les
Québécois pensaient que leur pays était riche à
l'infini en cours d'eau, en forêts, en grands espaces où les
produits chimiques et les innombrables déchets pouvaient sinon
s'éliminer, du moins disparaître.
Toutefois, il est un moment où, dans quelques pays, les hommes de
science et les citoyens ont jeté un cri d'alarme et ont forcé
leur gouvernement à prendre conscience des dangers qui menaçaient
l'environnement. L'Organisation des Nations Unies organisa, à Stockholm,
différentes conférences internationales sur l'environnement. Mon
prédécesseur avait déjà participé à
cette conférence sur l'Habitat à Vancouver, et la der-
nière, une conférence sur l'eau à Mar del Plata
où j'ai d'ailleurs eu l'honneur de représenter l'Etat du
Québec. En Ontario, il existe déjà, depuis vingt ans, des
programmes d'épuration des eaux usées. C'est ainsi que 90% des
municipalités de l'Ontario traitent leurs eaux usées, alors qu'au
Québec à peine 10% le font. D'ailleurs, en Amérique du
Nord la plupart des gouvernements agissent de façon responsable par
rapport à l'environnement et ce, depuis de nombreuses années,
pendant qu'au même moment au Québec, le gouvernement manifestait
une indifférence quasi totale face à ce problème.
Les préoccupations économiques étaient tellement
importantes qu'elles ne laissaient à peu près pas de place aux
préoccupations de type écologique. Nous n'avons qu'à
penser, par exemple, aux projets d'aménagement et de
développement de la Baie James pour s'en rendre compte. Une absence de
planification a été chronique dans ce cas. Les
répercussions vis-à-vis de l'environnement ont été
à peine étudiées et encore moins prises en
considération. Nous aurons à payer les conséquences de
cette politique du laisser-faire.
D'un autre côté, le conseil consultatif de l'environnement
a été créé après de multiples pressions, et,
somme toute, a été chargé d'être à
l'écoute de la population. Il a rédigé des rapports
concernant l'impact de certains projets sur l'environnement, mettant
très sérieusement en garde le gouvernement d'alors, sur les
dangers de pollution et de perturbation de l'environnement. Malgré la
loi qui oblige le ministre délégué à
l'environnement à rendre publics les rapports du conseil consultatif de
l'environnement, ce conseil a dû mener des batailles sur certains
dossiers pour qu'ils soient rendus publics.
Le Parti québécois, quant à lui, le nouveau
gouvernement a une volonté qui se veut plus ferme de se
préoccuper de la qualité de l'environnement et, comme preuve de
ceci, j'ai été délégué pour m'occuper
exclusivement de l'environnement. Dès ma nomination, je me suis
empressé de poser des gestes concrets. Le premier fut d'assurer une
présence dans mon ministère. Cela nous donne l'idée de
l'importance que nous voulons donner à l'environnement puisque
dorénavant le ministre de l'environnement aura son cabinet à
l'intérieur des services de l'environnement.
Mon second geste a été de commander à mes
fonctionnaires une étude globale de tous les problèmes de
l'environnement au Québec, c'est-à-dire un bilan
détaillé de toutes les sources de pollution de l'eau, de l'air et
du sol. Sans attendre les résultats d'une telle étude qui est de
grande envergure, qui n'avait jamais été réalisée
au Québec jusqu'à maintenant, j'ai demandé
également à mes fonctionnaires d'accélérer les
travaux de préparation des règlements afin d'appliquer de
façon plus efficace la Loi sur la qualité de l'environnement.
Ainsi, le gouvernement a promulgué le règlement relatif aux
piscines et aux pataugeoires publiques qui visent a régir la
qualité de l'eau, l'alimentation en eaux, l'évacuation des eaux
de lavage des filtres, les installations sanitaires et l'ensemble des
conditions de salubrité et d'hygiène des pataugeoires et piscines
publiques.
Par ailleurs, le projet de règlement sur les raffineries de
pétrole, sur leurs affluents liquides a fait l'objet d'une
première publication dans la Gazette officielle à la fin de
janvier. Ce projet de règlement prévoit que les
différentes matières rejetées dans les eaux par les
raffineries de pétrole devront être réduites dans des
proportions allant jusqu'à 97%. Les raffineries de pétrole ont
élaboré des échéanciers en vertu desquels les
normes établies dans ce projet de règlement seront
respectées dès la fin de 1977. On estime que ces programmes
d'épuration leur coûteront environ $88 millions. La période
de consultation officielle de 60 jours requise par la Loi de la qualité
de l'environnement s'est terminée il y a environ deux semaines.
Après avoir étudié les représentations faites par
les parties impliquées, nous acheminerons le projet de règlement
vers le Conseil des ministres pour son adoption finale, de sorte que le nouveau
règlement devrait être promulgué d'ici deux ou trois
mois.
De plus, un nouveau projet de règlement doit paraître dans
la Gazette officielle dans quelques jours. Il s'agit cette fois d'un
règlement relatif à la gestion des déchets solides pour la
disparition des dépotoirs dont l'un des buts est de mettre fin à
l'existence de ces fameux dépotoirs à ciel ouvert. Quant au
projet de règlement sur les carrières qui ont déjà
fait l'objet d'une telle parution dans la Gazette officielle, sous l'ancienne
administration, je l'ai acheminé la semaine dernière au
comité ministériel permanent de l'aménagement du
territoire de sorte que je m'attends qu'il soit promulgué d'ici quelques
semaines.
Un autre de mes soucis majeurs, c'est de donner au public le plus
d'information possible, même si cela peut se retourner parfois contre le
ministre responsable d'une loi, de mettre les citoyens au courant d'une
situation et souvent de ne pas être capable de la régler
immédiatement, à la rapidité que le citoyen voudrait, je
pense qu'il est important qu'une population soit informée sur
l'état de l'environnement.
Aussi, j'ai rendu publics un certain nombre de documents qui dormaient
sur les tablettes, comme le rapport sur le mercure dans le Nord-Ouest
québécois. Ensuite, celui de la qualité de l'air à
Thetford-Mines et à Black Lake. J'ai déposé
également à l'Assemblée nationale, au début
d'avril, le rapport d'activité du Conseil consultatif de l'environnement
pour l'année 1975/76. J'ai déposé, également, le
rapport d'activité des services de protection de l'environnement pour la
même année, 1975/76 et j'en ai profité, par la même
occasion, pour déposer le rapport de l'année
précédente qui n'avait pas été
déposé. Je me suis penché sur quelques grands dossiers qui
portent sur des problèmes très sérieux de pollution au
Québec à l'heure actuelle. Prenons le cas du mercure.
L'étude de la situation dans le Nord-Ouest québécois nous
a fait prendre conscience de la gravité du problème que pose la
pollution par le mercure dans notre environnement.
A la lumière de cette étude, nous avons
immédiatement pris les mesures qui s'imposaient. D'ailleurs des
ordonnances avaient déjà été prises par mon
prédécesseur et j'en ai pris moi-même par la suite pour
obliger certains grands pollueurs à réduire de façon
considérable leur rejet de mercure dans l'eau et dans
l'atmosphère et à enfouir dans des contenants étanches la
totalité de leurs déchets solides. Cette étude nous a
également démontré les limites de nos connaissances par
rapport au comportement du mercure dans la nature. C'est pourquoi nous avons
commandé... j'ai été mandaté par le comité
ministériel de l'aménagement du territoire pour coordonner un
comité ministériel sur le problème du mercure.
En outre, les Services de protection de l'environnement vont
entreprendre une étude de trois ans qui coûtera $2 millions; cette
étude nous permettra de déterminer l'apport de l'activité
humaine dans la pollution par le mercure et l'apport dû à des
causes naturelles. Parce qu'il y aurait danger d'avoir à amener des
solutions immédiates complètes sans connaître
l'étendue de la cause naturelle du mercure.
Dès cette année, nous avons engagé $300 000 pour la
portion de la mise en place de cette étude en profondeur. Conscient du
fait que le mercure n'est pas la seule matière toxique présente
dans notre environnement et soucieux de gouverner de façon responsable
en tout temps, et non seulement en temps de crise et de catastrophe, nous avons
élargi la portée de cette étude de façon à
englober toutes les substances toxiques et cela, à travers tout le
territoire du Québec.
Je tiens à faire remarquer à cette commission que
certaines des mesures que nous avons mises de l'avant avaient
déjà été annoncées par le gouvernement
précédent. Cependant, malgré les déclarations
faites à ce sujet par le régime qui nous a
précédés, le régime libéral, rien de concret
n'avait encore été entrepris et nous avons pris la relève
pour les mettre à exécution.
Il y a quelques jours, nous avons rendu public le rapport
préliminaire du groupe d'étude sur le Saint-Laurent. Ce document
nous a montré de façon éloquente l'état de
détérioration des eaux du fleuve et l'ampleur de la tâche
qui nous attend pour remédier à cette situation. Dans un premier
temps, nous avons dû recourir à des mesures rigoureuses. Une
surveillance accrue sera effectuée par nos services afin d'interdire
l'accès aux plages devenues impropres à la baignade.
De plus, un personnel supplémentaire sera affecté à
l'analyse de la qualité de l'eau potable.
Dans un deuxième temps, il faudra envisager la mise sur pied d'un
programme de dépollution. Les coûts risquent d'être
"olympiques". Dans cette perspective, la population aura à faire des
choix dans l'affectation des sommes consacrées aux travaux
d'infrastructure, compte tenu des limites qui nous sont imposées par la
conjoncture actuelle et par l'héritage que nous a légué le
régime qui nous a précédés.
Pour permettre à la population de faire ses choix, il importe
qu'elle soit bien informée sur l'état de la situation et qu'elle
prenne conscience des risques actuels et futurs de la pollution, de ce qu'elle
représente pour sa santé et celle des futures
générations. Dans cet ordre d'idées, le gouvernement du
Parti québécois a une volonté politique d'agir pour faire
en sorte que les Québécois jouissent non seulement d'un niveau de
vie satisfaisant, mais aussi et surtout, d'une qualité de vie
suffisante. Ceci implique qu'il faille rompre avec le comportement
présent et en développer de nouveaux qui seront mieux
intégrés à la nature et ne constitueront pas une menace
à l'environnement.
Les citoyens, par l'entremise de leur gouvernement, sont en mesure de
choisir l'avenir qu'ils désirent. Il n'est pas nécessaire
d'épiloguer longuement sur l'état de la société que
nous atteindrons avant même l'an 2000 si nous continuons, d'abord,
à vivre au-dessus de nos moyens, ensuite à gaspiller nos
ressources et nos biens et, finalement, à rejeter sans traitement des
quantités incommensurables de déchets domestiques et de
déchets industriels dans l'eau, dans l'air et la terre.
Dès maintenant, le gouvernement québécois doit
faire un choix: ou bien il laisse continuer les agissements actuels, ou il fait
en sorte et c'est le choix que nous prendrons que se
développe chez les citoyens et chez les industriels un comportement plus
responsable vis-à-vis de l'environnement.
Au niveau des moyens, cela suppose, bien sûr, le
développement d'une technologie adéquate, le contrôle de la
pollution et le recyclage des déchets, de même que des outils
législatifs et des mécanismes administratifs efficaces. Il faut
aussi un changement de mentalité chez le citoyen. La qualité de
la vie doit devenir une valeur primordiale dans notre société. Je
dirais même que le genre de vie doit devenir aussi important, sinon plus,
que le niveau de vie. Pouvoir respirer de l'air pur, se récréer
dans des espaces verts, boire de l'eau pure, etc., doit devenir aussi important
que d'avoir une télévision en couleur ou une seconde voiture.
Je pense qu'il faut apprendre aux Québécois à
conjuguer peut-être davantage le verbe être que le verbe avoir. On
doit se mettre à penser en termes de bonheur national brut en plus de
penser en termes de produit national brut.
Par rapport à l'environnement, il faut développer des
préoccupations aussi grandes que celles que l'on a par rapport à
l'économie. Il faut établir la primauté à la vie,
la primauté à l'homme, la primauté à la
collectivité. Il faut affirmer le droit de tous et chacun à un
environnement sain dans lequel ils puissent travailler et vivre. Ceci est un
principe de base pour le ministère de l'environnement et doit faire en
sorte qu'il soit respecté par tout citoyen, toute entreprise et toute
instance gouvernementale.
Toutefois, il est important de concilier les préoccupations
écologiques avec les autres types de préoccupations, telles les
préoccupations économiques et sociales.
Le gouvernement québécois est déjà
engagé en ce sens avec les comités permanents
ministériels, et il est excellent que le ministère de
l'environnement soit impliqué dans deux de ces
comités. Le futur ministère de l'environnement est donc
impliqué dans le comité de l'aménagement du territoire et,
en même temps, dans le comité du développement social, pour
qu'il y ait une préoccupation sociale dans des prises de position
concernant l'environnement. Ceci permettra de faire en sorte que la
planification se fera de façon globale en pondérant les
différentes dimensions.
Un autre comité interministériel est déjà en
branle pour réaliser des études d'impact des futurs projets
privés ou publics. Ce comité regroupe plusieurs ministères
sous la coordination des services de protection de l'environnement. Ce sera,
pour le gouvernement québécois, un instrument de planification du
développement et d'aménagement très valable. Il permettra
de faire ce que Michel Jurdant et Vincent Gérardin appellent une
planification écologique, c'est-à-dire une planification
où les critères écologiques et même l'environnement
sont importants au même titre que les critères économiques,
sociologiques et même politiques, une planification où l'espace
n'a pas seulement une valeur économique productrice de biens
matériels, mais également une valeur biologique, artistique,
scientifique, donc productrice de biens immatériels.
M. le Président, une autre orientation fondamentale que j'entends
donner au ministère de l'environnement sera le passage progressif
cela ne peut pas se faire du jour au lendemain du curatif au
préventif. Il ne s'agit pas seulement de se battre contre la pollution.
Il faut surtout se battre pour protéger l'environnement. A l'effort
technologique de dépollution, il faut ajouter l'effort social de
prévenir la pollution.
Il faut mettre un terme au comportement antisocial des industries dont
la seule préoccupation est la recherche du plus grand profit possible.
Prenons le cas de la Noranda Mines, qui, en 1975, rejetait dans
l'atmosphère plus de 8000 tonnes de matières particulaires de
toutes sortes, et cela sans compter les rejets d'anhydride sulfureux qui,
à eux seuls, sont sept à huit fois supérieurs à
ceux de toutes les raffineries de Montréal réunies. Si c'est
là, M. le Président, le prix que nous devons payer pour le
développement économique, je me demande si nous pouvons, en tant
que peuple à la recherche d'un mieux-vivre collectif, nous permettre de
continuer à nous payer un tel luxe.
J'ai l'intention aussi, M. le Président, de faire en sorte que
les services de protection de l'environnement jouent pleinement leur
rôle, et ce de façon efficace, dans la lutte contre la pollution
et dans la protection de l'environnement, par la mise en oeuvre de mesures
visant à empêcher toute nouvelle détérioration de
l'environnement. Mais l'action du gouvernement ne pourra pas porter tous ses
fruits si les citoyens ne s'impliquent pas davantage dans la protection de leur
milieu de vie.
La protection de l'environnement doit devenir l'affaire de tout le
monde, du gouvernement, des entreprises et des citoyens. Après tout,
tout le monde a contribué à polluer l'environnement. Le citoyen,
avec ses déchets domestiques d'abord, le gouvernement, avec ses grands
projets d'aménagement comme à la baie James et ailleurs, les en-
treprises, avec le rejet de polluants chimiques, et les municipalités
avec le rejet de leurs eaux usées non traitées.
Il faut donc que tous les Québécois contribuent
personnellement à la restauration de ce qu'ils ont détruit et
à la mise en oeuvre de moyens qui permettront d'éviter toute
détérioration future de leur milieu de vie. Cela implique d'abord
un changement de comportement. Les détritus de toutes sortes qui sont
jetés par les automobilistes le long des routes ou par les
piétons dans les rues des grandes villes démontrent, de
façon claire, tout le travail qui reste à faire de ce
côté-là, dans la mentalité de citoyens, dans cette
société de consommation.
D'autre part, en tant que collectivité, nous devons effectuer un
changement radical dans notre échelle de valeurs, de manière
à subordonner le progrès et le développement à la
qualité de la vie. Par exemple, il faudrait que nos dirigeants
municipaux prennent conscience qu'il est beaucoup plus important de construire
une usine d'épuration des eaux usées ou une usine de filtration
qu'une aréna ou un stade olympique, même si cela semble, a priori,
moins prestigieux et surtout moins rentable électoralement.
Enfin, et je l'ai répété à plusieurs
reprises, il faut qu'il y ait six millions d'inspecteurs au Québec qui
aideront le gouvernement à déceler les sources de pollution et
à y apporter les correctifs qui s'imposent. A cette fin, je suis en
train d'élaborer des mécanismes qui faciliteront, je
l'espère, la participation des citoyens à la défense de
leur milieu de vie. Je me suis inspiré, pour cela, du programme des lacs
qui existe déjà au sein de mon ministère depuis quelques
années. Avec l'aide technique des Services de protection de
l'environnement, les riverains d'un lac participent eux-mêmes au
programme de dépollution de leur lac, ainsi qu'aux mesures
destinées à restaurer le plus possible son environnement naturel.
Nous tenterons de transposer l'esprit qui anime ces programmes dans les villes
qui regroupent près de 80 000 villégiateurs.
Nous voulons ramener les pollueurs et les pollués autour d'une
même table, afin qu'ils discutent de la dégradation de leur milieu
de vie et de leur milieu de travail, qu'ils puissent trouver avec l'aide
technique des Services de protection de l'environnement, comme le gouvernement
a établi l'aide juridique pour les défavorisés, au niveau
d'une défense de leurs biens ou de leurs projets au niveau de la
justice... Les services de l'environnement ont l'intention de donner une aide
technique aux citoyens pour qu'ils puissent se sentir d'égal à
égal avec le pollueur pour défendre leur milieu de vie. Donc,
avec l'aide des services techniques de l'environnement, des solutions vont
être trouvées qui satisferont toutes les parties en cause. Le
visage, par exemple, d'un quartier où la population subit les
méfaits de la pollution d'une usine qui s'y trouve; une rencontre
publique pourrait être organisée entre les citoyens de ce quartier
et les représentants de l'entreprise concernée. Les citoyens,
bénéficiant de l'aide technique de mon ministère,
pourraient ainsi discuter d'égal à égal avec les re-
présentants de la compagnie; cela, avec l'aide de notre conseil
consultatif de l'environnement qui agirait comme "audiencier" public.
D'une part, les citoyens prendraient conscience des contraintes d'ordre
technique ou financier qui, parfois, accompagnent l'élaboration d'un
programme de dépollution. D'autre part, la publicité entourant
ces réunions risquant d'être préjudiciable aux entreprises,
celles-ci seraient forcées d'ouvrir le dialogue avec les citoyens et de
trouver un terrain d'entente avec eux. Parce que, jusqu'à maintenant, on
s'est aperçu que l'amende, souvent, n'était pas suffisante pour
forcer une compagnie à respecter des normes de dépollution.
Voilà donc, brièvement, les grandes orientations que
j'entends donner à mon ministère au cours des prochaines
années. En arrivant à mon ministère, M. le
Président, j'avais, comme préoccupation première,
l'augmentation du personnel des services de protection de l'environnement. J'ai
réalisé au départ que, seulement pour réaliser les
responsabilités normales de ce que la loi et les quelques
règlements en vigueur exigeaient, on aurait besoin d'un minimum de 300
fonctionnaires supplémentaires. Et, à ce moment-là, j'ai
demandé au Conseil du trésor, ainsi qu'au comité
d'aménagement et à tous les dédales de l'organisation
gouvernementale, les possibilités d'obtenir 100 nouveaux fonctionnaires
par année, puisqu'il est absolument impossible d'assimiler, de recruter
et d'entraîner un personnel de 300 personnes qui faisaient défaut
dans notre service. J'ai demandé 100 fonctionnaires par année,
dans les trois prochaines années. Devant le problème de la
situation financière de l'Etat du Québec lorsque nous avons
hérité du dossier de ce gouvernement, nous avons
réalisé les difficultés financières que cela
comportait. Mais le gouvernement a répondu à mon appel,
concernant l'importance à donner à l'environnement, et c'est la
raison pour laquelle j'ai obtenu, pour la première année, sur une
demande de 100, 74 fonctionnaires dont 65 permanents, 9 à temps partiel
et 4 qui ne sont pas indiqués dans le tableau des crédits, que
nous avons obtenus après l'impression de ce tableau. C'est donc dire 78
fonctionnaires. Ce ne sont pas les 100 que j'ai demandés. Il m'en manque
22. Mais soyez assurés d'une chose: Je vais certainement essayer d'en
obtenir 122 l'année prochaine pour obtenir ma moyenne de 300 dans les
trois ans.
D'un autre côté, une des priorités de mon
ministère est de donner aux services de l'environnement tous les outils
et la juridiction nécessaires pour être capables de
réaliser un rôle de planificateur et non pas uniquement un
rôle de pompier. C'est la raison pour laquelle je me suis assis à
la même table avec le ministre des Richesses naturelles et le ministre
des Terres et Forêts qui, entre parenthèses, est le même
personnage, et c'est pour cela que nous avions une table à deux
sièges, et, à ce moment, nous avons discuté des
orientations de ces deux ministères ainsi que de l'orientation de
l'environnement. Nous avons conclu que la bataille qui existait depuis dix ans
entre les différents paliers de gouvernement et les différents
ministères du gouvernement sur le problème de la gestion de
l'eau...
Nous avons convenu que la gestion unique de l'eau était
essentielle et que les ministères des Terres et Forêts et des
Richesses naturelles devaient s'orienter vers le développement des
richesses naturelles et se départir des responsabilités qui vont
beaucoup plus du côté de la protection de la dimension eau ainsi
que des terres. C'est pour cela que nous avons formé un comité
interministériel des sous-ministres des trois ministères,
incluant l'environnement et les deux ministères Richesses
naturelles et Terres et Forêts pour établir les
mécanismes de transfert de ces juridictions, de façon que la
gestion des terres et de l'eau revienne aux services de l'environnement avec le
personnel qui suivra. Actuellement, ce projet devra passer bientôt devant
un comité permanent puisque les deux ministres sont d'accord et que les
fonctionnaires eux-mêmes ont préparé les documents
là-dessus. Nous allons bientôt présenter un projet, dans
tout le pipe-line de l'organisation administrative gouvernementale que l'ancien
ministre connaît fort bien, pour l'adoption de ce projet, pour rapatrier
ces juridictions.
Le troisième point majeur dans l'orientation du ministère
était d'orienter le futur ministère de l'environnement vers la
protection de la nature, donc une planification, et non pas uniquement une
méthode curative. C'est pour cela que nous avons mis sur pied
l'organisation et la mise en branle d'une quatrième direction
générale qui s'appellerait la direction générale de
la protection de la nature dans laquelle se situera le programme des lacs et
dans laquelle aussi se situera le fameux projet dont j'ai parlé depuis
quelque temps, c'est-à-dire la participation des citoyens à la
défense de leur milieu de vie, ceci ayant pour objectif de sensibiliser
spontanément, dans tous les milieux du Québec, les citoyens qui
sentent leur milieu de vie menacé soit par un pollueur industriel, soit
par un pollueur municipal ou soit par un pollueur individuel, de donner aux
citoyens la possibilité de s'organiser en un groupe de citoyens
responsables, d'obtenir une aide technique de notre ministère pour
être capables de préparer des dossiers capables de faire face aux
pollueurs. Par la suite, la rencontre par des auditions publiques
présentées par le Conseil consultatif de l'environnement qui aura
bientôt un mandat dans ce sens je vous parle des orientations
générales et, ainsi, d'obliger les deux groupes à
corriger au niveau le plus local possible, le plus régional possible,
des situations de pollution qui pourraient se régler beaucoup plus
facilement au niveau local, tout en ayant la surveillance et l'appui du niveau
gouvernemental. Finalement, la création du ministère qui aura
lieu au cours de l'année alors que nous aurons réalisé la
quatrième direction générale, le rapatriement des
juridictions et, en même temps, la création du
ministère.
M. le Président, les facteurs d'augmentation des crédits
que vous avez ici... Les crédits sont passés cette année
de quelque $17 millions qu'ils étaient l'année dernière,
et qui avaient été rajustés
à $18 millions après les crédits
supplémentaires, à $20 millions cette année. Cela provient
des facteurs suivants: Une somme additionnelle de $625 000 a été
accordée au titre de traitements de 65 nouveaux postes obtenus plus les
4 autres. Il faut cependant noter que cette somme ne représente que 60%
des traitements de ces nouveaux employés et qu'aucun budget additionnel
de fonctionnement ou de capitalisation n'a accompagné l'octroi de ces
nouveaux postes. Donc, ce seront des sommes d'argent nouvelles qui seront
amenées au cours des crédits supplémentaires.
Une somme additionnelle de $350 000 a été accordée
dans le cadre de l'extension du programme des lacs. Puisque c'est un programme
qui fonctionne à merveille chez nous, ce budget a été
augmenté pour permettre, justement, au cours de l'année, la
création d'une direction générale de la conservation de la
nature. Le troisième point, c'est que les services de protection de
l'environnement ont obtenu un montant de $300 000 afin d'entreprendre, au cours
de l'exercice 1977/78, une étude importante portant sur les causes et
l'ampleur du phénomène de l'intoxication par le mercure dont je
mentionnais tantôt les suites, au programme que nous avions mis de
l'avant. Finalement, le budget consacré à l'étude des eaux
du Saint-Laurent, projet fédéral-provincial, a été
augmenté de $150 000, une bonne partie de cet ajout devant servir
à mener à bien le projet "Un fleuve, un parc". Parce que le
projet "Un fleuve, un parc" dont l'aménagement de l'île
Sainte-Thérèse, près de mon comté, et en même
temps de l'île Charron, près des comtés de la rive-sud de
Montréal, qui est le départ et la porte d'entrée du projet
"Un fleuve, un parc", devra se réaliser dans les prochaines
années et ce projet aura une partie de responsabilité prise par
l'environnement et une autre partie, plus importante quand même, prise
par le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, qui a
une vocation d'aménagement, ainsi qu'une partie prise par le
ministère des Richesses naturelles. De toute façon, le projet "Un
fleuve, un parc" est une préoccupation des trois ministres
concernés et nous allons mettre les efforts voulus là-dessus.
En terminant, M. le Président, et avant d'arriver à
l'étude des crédits article par article, je voudrais
brièvement vous dire que les grandes orientations que je viens de donner
à mon ministère au cours des prochaines années devront se
faire la plupart cette année, d'autres l'année prochaine, mais je
suis conscient de l'immensité de la tâche qu'il reste à
accomplir et j'entends y consacrer toutes mes énergies. Je ne suis pas
un spécialiste dans le domaine biologique ou chimique, je ne suis pas un
scientiste ni un scientifique, je suis simplement un ministre qui veut mettre
une volonté de réalisation de projets en essayant de m'entourer
de personnes compétentes et de personnes capables de me donner le plus
de réponses possible aux préoccupations des gens et j'essaierai,
de mon côté, de prendre les décisions le plus rapidement
possible en ayant autour de moi le personnel compétent qui comblera les
manques qu'un ministre peut avoir en arrivant à un poste de ministre de
l'environnement. Je pense qu'il n'y a aucune école, aucune
université qui forme un ministre de l'environnement, comme c'est le cas
pour n'importe quel autre ministre. C'est une chose qui s'apprend, mais ce
qu'il faut faire, c'est, au départ, y mettre l'énergie
voulue.
Alors, M. le Président, dans ce pays que nous sommes en train de
construire, il faut redonner, je pense, ses droits à la nature en
empêchant le développement sauvage. Mon rôle n'est pas,
comme je l'ai répété souvent dans le temps où
j'étais dans l'Opposition, de m'opposer aveuglément au
progrès, mais plutôt de lutter contre le progrès aveugle.
C'est dans ce développement, en harmonie avec la nature qui les entoure,
que les Québécois formeront un peuple sain, pleinement
épanoui et fier d'habiter un pays où il fait bon vivre. Je vous
remercie, M. le Président.
M. Roy: Est-ce que le ministre pourrait nous présenter son
équipe, comme c'est l'habitude?
M. Léger: M. le Président, je vais vous
présenter mon équipe. J'ai avec moi le sous-chef, le futur
sous-ministre de l'environnement, M. Jolicoeur, qui était en place
l'année dernière aussi; j'ai avec lui M. Yvan Dubois, qui est du
côté de l'administration; Me Jean Piette, qui est le conseiller
juridique; M. Jean Roy, responsable de la direction générale du
service industriel, et M. Louis Tremblay qui est l'adjoint de M. Jolicoeur au
niveau de l'administration. J'ai ici avec moi M. Michel Gauthier et Mme
Pierrette Petit, membres de mon cabinet.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le
représentant de l'Opposition officielle veut ajouter quelque chose?
Commentaires de l'Opposition M. Victor-C.
Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, puisque nous aurons tout le
temps voulu pour examiner ensemble les crédits en détail, je
voudrais me limiter en ce moment à une très brève
intervention. Il va sans dire que chaque citoyen partage la
responsabilité de la protection de l'environnement, chaque
législateur partage, dans la mesure de ses responsabilités
à l'Assemblée nationale, l'administration de ce que peut faire un
gouvernement, un parlement pour amener une population à être plus
consciente des besoins de l'environnement, de ses besoins de protection et
d'amélioration, et à voter parce que c'est pour cela que
nous sommes ici aujourd'hui les crédits nécessaires pour
l'accomplissement des tâches.
Il me semble stérile de vouloir faire sur une base
concurrentielle une comparaison de la préoccupation de l'un et de
l'autre pour la protection de l'environnement. Tenons pour acquis que c'est une
préoccupation qui est essentiellement égale chez tout le monde.
Ce que je voudrais dire en ce moment, M. le Président, c'est que j'ai eu
l'honneur, je l'ai toujours, c'est un honneur qui ne me quittera jamais,
d'avoir été le premier à occuper le fauteuil de ministre
de l'environnement. Il
serait injuste de dire que je suis parti à zéro, il
existait des centres de décision et d'action au sein des
ministères qui constituaient la structure gouvernementale à
l'époque, notamment à l'ancien ministère de la
Santé et au ministère des Affaires municipales et
évidemment, encore aujourd'hui, d'autres ministères, dont deux
ont été mentionnés par le nouveau ministre, partagent
cette responsabilité.
Mais une chose est claire, c'est que le nouveau ministre commence
à un point plus éloigné du point zéro que celui
auquel j'ai dû commencer. Il y a eu du progrès pendant cette
période de temps, une période relativement importante, M. le
Président, parce que, quand on regarde l'histoire politique de notre
province ou de notre pays, on voit une certaine rotation, on voit des
remaniements qui ont lieu assez souvent et qui ne laissent à un ministre
donné que relativement peu de temps à la tête d'un
ministère en particulier.
J'ai eu l'honneur d'être là pendant plusieurs
années, à peu près six années pour être plus
précis, et si j'ai pu faire avancer la cause de l'environnement, ce
n'est certainement pas à cause de l'effort individuel que j'ai pu
consacrer à ce travail. Il y a des personnes, M. le Président,
dont la tradition parlementaire veut que l'on ne parle jamais si l'on doit
parler d'elles en mal. Mais il n'est jamais défendu, à mon sens,
de parler en bien d'autres personnes. Je voudrais profiter de cette
première intervention, dans les nouvelles circonstances que nous vivons,
pour rendre un témoignage aux fonctionnaires qui ont fait le travail,
qui ont fait progresser la cause de l'environnement au Québec.
C'était pour moi j'ai parlé de l'honneur que j'ai
eu très particulièrement un honneur d'avoir pu être
brièvement quand même le capitaine de cette équipe. C'est
une équipe qui est absolument exceptionnelle, je n'ai aucune
hésitation à le dire, et la contribution de tous et de chacun a
été exceptionnelle pour moi et m'a permis, comme porte-parole de
cette équipe et du gouvernement dont j'étais membre, de
manifester devant la population du Québec non seulement cette
préoccupation à laquelle j'ai fait allusion au début, mais
aussi certains éléments d'une politique précise et
certains résultats tangibles.
Puisque nous avons fait ce progrès, M. le Président, je
pense qu'il m'incombe de rendre ce témoignage et d'offrir mes hommages
à cette équipe de fonctionnaires et de souhaiter au nouveau
ministre qu'il continue le même genre de relations respectueuses dans les
deux directions.
Il a souligné le fait qu'il n'a pas, de par sa formation, des
connaissances spécialisées dans le domaine scientifique. J'en ai,
de par ma formation, quelques-unes, mais quand même limitées.
C'est parce que j'ai voulu toujours et j'espère avoir
réussi rendre à cette équipe de fonctionnaires le
témoignage de mon respect pour leur compétence professionnelle,
que j'ai toujours sentie, qu'il y avait un climat de bonne entente, de bonne
humeur, de confiance, de conviction parce qu'il en faut qu'il y a
moyen de corriger les problèmes qui existent, de faire avancer la cause
de l'environnement au Québec et d'impliquer tous les ci- toyens dans la
mesure de la responsabilité de chacun à ce travail
progressif.
C'est la seule contribution que je voudrais faire à ce
débat en ce moment, M. le Président. J'ai été
honoré par la collaboration que j'ai eue et je veux rendre hommage
à ceux qui, pendant six années, m'ont offert cette collaboration
et qui continueront de le faire à l'endroit d'un nouveau personnage qui
occupe le fauteuil. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Fabien Cordeau
M. Cordeau: M. le Président, le gouvernement a
annoncé à plusieurs reprises, depuis le 15 novembre dernier, sa
ferme intention de transformer le Service de la protection et de
l'environnement en un véritable ministère de l'environnement.
Déjà, un premier pas a été franchi par la
nomination d'un ministre délégué à l'environnement,
responsable de l'élaboration et de l'application des politiques
gouvernementales dans ce domaine et de la mise sur poied de ce nouveau
ministère dans un bref avenir.
J'ai pris note avec plaisir de l'attitude positive du ministre
relativement à l'ouverture de son gouvernement pour mieux informer la
population des dangers qui existent ou qui sont prévisibles dans le
domaine de l'environnement.
Une information libre et complète est un prérequis
essentiel à une plus grande prise de conscience des citoyens pour qu'ils
s'impliquent à tous les niveaux dans la protection de l'environnement.
C'est un pas dans la bonne direction et nous encourageons le ministre à
demeurer ferme dans cette voie.
Il s'agit à notre avis d'un changement salutaire et longuement
attendu. Une action dynamique s'impose pour combattre la pollution sous toutes
ses formes et pour protéger efficacement l'environnement.
Nous sommes heureux de constater que le gouvernement entend se doter de
structures claires et précises et qu'il projette une volonté
d'action réelle qui a trop longtemps manqué dans ce secteur
névralgique de notre économie.
Mais ce n'est pas tout de se donner des structures et de faire preuve
d'une détermination farouche de passer à l'action. Il faut, en
plus, se donner les moyens techniques et financiers qui nous permettront
d'atteindre les objectifs visés.
Or, sur ce point, je me pose de sérieuses questions. Les
crédits prévoient des améliorations oui mais
ces améliorations se limitent en grande partie à l'augmentation
des effectifs du futur ministère, une augmentation d'environ 12,4%.
Est-ce vraiment suffisant? Est-il vraiment impossible d'augmenter
davantage les crédits disponibles pour la salubrité du milieu et
particulièrement pour assurer une meilleure qualité de l'eau au
Québec?
Je n'apprends rien au ministre en disant que
le problème no 1 au Québec, aujourd'hui, dans le secteur
de l'environnement, c'est d'abord la qualité de l'eau. Et Dieu sait que
j'en sais quelque chose car, dans ma région, nous vivons à
l'heure actuelle une situation dramatique et intenable à ce niveau.
Vous n'êtes pas sans savoir que durant le dernier hiver, durant
dix jours, les citoyens ont dû se rendre à des camions-citernes
pour aller chercher leur eau avec leurs cruches. Réellement, pour une
population de tout près de 40 000 citoyens, c'est, comme je le disais
tantôt, dramatique et intenable. Bien sûr, nous avons eu la
collaboration du service de la protection de l'environnement pour essayer de
trouver le "bobo" comme on dit, mais après plusieurs journées
d'analyses, ils n'ont pu trouver d'où provenaient ces agents polluants.
Il y a bien des soupçons, mais effectivement, pour aller plus loin et
prendre des procédures, c'est encore, actuellement, un point
d'interrogation pour la population de Saint-Hyacinthe.
A la conférence des Nations Unies sur l'eau qui a eu lieu
à Mar del Plata, au début du mois de mars, le ministre a fait
plusieurs déclarations sur les intentions du gouvernement dans le
domaine de l'environnement, et particulièrement, de l'action qu'entend
suivre son futur ministère, qu'il a qualifié de ministère
de la qualité de la vie.
Si j'ai bien compris, ce futur ministère regroupera, en partie ou
en totalité, la direction générale des eaux du
ministère des Richesses naturelles pour devenir le gestionnaire unique
des ressources eaux et terres au Québec. Il s'agit d'un projet ambitieux
et qui nécessite plus d'explications. Je crois que c'est le moment le
plus approprié pour le ministre de nous informer de ses intentions dans
ce domaine. Il semble que le nouveau ministère ne se limitera pas au
seul objectif de la conservation ou de la surveillance de l'environnement. Il
ira beaucoup plus loin. Le ministre vient de nous donner certains
éclaircissements. Néanmoins, je voudrais savoir du ministre,
avant que nous abordions l'étude des programmes du service de
l'environnement, quand prévoit-il la mise sur pied de ce
ministère. Est-ce au cours de cette année? Jusqu'où
entend-il aller pour devenir unique gestionnaire des ressources eaux et terres?
Les discussions avec les ministères concernés semblent aller bon
train. Pourrait-il nous dire quels points majeurs ont suscité jusqu'ici
des problèmes? Quelles seront les nouvelles structures qui seront
créées, soit à l'intérieur de ce ministère
ou sous la responsabilité du ministre pour assurer une meilleure
surveillance des normes de protection de l'environnement inspection
accrue, création d'un tribunal spécial pour permettre une
meilleure utilisation des fonds publics versés sous formes de
subventions ou de prêts aux municipalités ou aux organismes
privés et publics intéressés?
M. le Président, le ministre a-t-il l'intention, dans sa
stratégie à long terme, de réglementer la
propriété du sol ainsi que l'ont demandé les militants du
Parti québécois? Ira-t-il aussi loin que de créer un
conseil supérieur de l'aménagement et de probation du territoire
agricole, dans sa volonté de vouloir devenir unique gestionnaire de la
ressource terre? Le ministre peut-il nous dire où en est le service de
l'environnement dans la préparation des règlements antipollution?
Sur ce mot, j'attire son attention sur la question que je lui ai posée
au feuilleton à ce sujet, et à laquelle nous attendons toujours
une réponse.
Je crois que M. le ministre se souvient de cette question qui a
déjà été posée. En somme, M. le
Président...
M. Léger: J'ai lu les anciens dossiers.
M. Cordeau: Les écrits... Je pourrais poser des questions
pendant quelques temps encore, mais je reviendrai sur chacun de ces sujets
à l'intérieur de l'étude des programmes respectifs. Pour
le moment, j'attends des éclaircissements du ministre sous forme de
remarques préliminaires. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: M. le Président, à la suite de
l'exposé que vient de nous faire le ministre et mes collègues de
l'Opposition, je me limiterai seulement à quelques brèves
remarques. Je pense que dans un premier temps, il convient de dire que je
souscris et nous souscrivons, je pense, entièrement aux objectifs et aux
principes que nous a énoncés le ministre tout à
l'heure.
Il y avait quelque chose à faire dans ce domaine au
Québec, il était urgent que cela se fasse. Il y a
déjà un travail de commencé et nous osons espérer
que le ministre responsable de la qualité de l'environnement on
veut le donner et le gouvernement a manifesté l'intention de
créer un véritable ministère de l'environnement
puisse être en mesure d'appliquer de saines politiques, des politiques
réalistes de façon à protéger notre territoire et
notre qualité de vie.
En effet, cette loi qui a été sanctionnée le 21
décembre 1972, soit il y a un peu plus de quatre ans, avait
suscité énormément de discussions avant son adoption, au
cours de son étude en deuxième lecture, tant à la
commission parlementaire, il y avait eu des mémoires
présentés, qu'au moment où elle fut sanctionnée.
J'ai justement ici une déclaration du représentant de
l'Opposition officielle, du chef de l'Opposition du Parti
québécois du temps, le docteur Camille Laurin, qui avait
déclaré ceci: On reproche au ministre d'Etat responsable de la
qualité de l'environnement de demander, dans cette loi-cadre, des
pouvoirs très étendus qui seront par la suite définis par
des règlements promulgués par le lieutenant-gouverneur en
conseil, c'est-à-dire le cabinet. "Intervenant dans ce débat
et je cite un reportage qui a été fait dans le journal Le
Devoir et le chef parlementaire péquiste, monsieur Camille
Laurin, s'est montré très réticent à signer une
sorte de chèque en blanc dans un domaine où bien des
privilèges devront être dérangés si le gouvernement
veut atteindre les objectifs qu'il s'est fixés lui-même."
Or, ceci dit, j'aimerais demander au ministre s'il a l'intention de
procédera une refonte de la loi de l'environnement dans
l'immédiat, ou s'il a l'intention de se servir de la loi actuelle et de
l'exploiter davantage, c'est-à-dire de travailler à sa mise en
application avant d'y amorcer certaines réformes. Ce qui avait
été dénoté à ce moment, c'est que la loi
était une grande loi-cadre qui comportait évidemment plusieurs
chapitres, plusieurs dispositions, et laissait au lieutenant-gouverneur en
conseil, c'est-à-dire au cabinet, le pouvoir d'établir tous les
règlements nécessaires à son application dans tous les
domaines. C'est une loi qui comporte et accorde énormément de
pouvoirs. Mais par la force des choses, compte tenu des contingences
budgétaires on en a entendu parler justement hier il y a
très peu de moyens économiques, financiers dont le gouvernement
dispose pour pouvoir apporter toutes les mesures qui devraient s'imposer et
l'aide qui devrait être apportée aux municipalités. Je
songe aux municipalités entre autres parce que le ministre a
parlé tout à l'heure de la construction d'une usine
d'épuration des eaux. Beaucoup de municipalités au Québec
n'ont pas encore de services d'égouts et d'aqueduc. Enormément de
lacs sont pollués et nécessiteraient une action énergique
de la part des autorités publiques, les autorités locales n'ont
pas les moyens d'intervenir. Il faudrait, là-dessus je suis d'accord
avec le ministre, songer à des coûts astronomiques, même des
coûts "olympiques", si on veut parvenir à corriger la situation en
se donnant un certain nombre d'années.
Ce qui m'amène à dire ceci: II y aurait lieu pour le
gouvernement d'établir un certain nombre de priorités. C'est bien
important. On a parlé de l'environnement le long des routes... Vous
aurez bientôt la période des vacances. Il y aurait une
sensibilisation, une campagne d'éducation qu'on devrait faire
auprès du public, de façon à sensibiliser davantage le
citoyen. La question de l'environnement et de la protection de l'environnement
ne doit pas être l'affaire de l'Etat uniquement. Il faut que ce soit
l'affaire de chacun des individus. Il faut que chacun et chacune des citoyens
du Québec prenne ses responsabilités dans ce domaine. C'est
pourquoi j'estime que si on consacre des sommes d'argent assez importantes pour
faire des études concernant les implications soit du mercure ou de
certaines formes de pollution qui existent dans nos cours d'eau, on devrait, en
toute priorité, consacrer certaines sommes d'argent dans des campagnes
d'information et d'éducation du public. Cette campagne
d'éducation devrait s'étendre également dans nos
écoles de façon qu'il y ait peut-être des
conférences, des cours donnés à nos étudiants du
Québec pour essayer de les sensibiliser dès maintenant à
cette motivation que chacun doit avoir pour jouer son rôle dans ce
secteur extrêmement important.
Parce que si 6 200 000 Québécois et
Québécoises décident de travailler de façon
à protéger l'environnement, il est entendu que ce sont des
dizaines et des dizaines de millions de dollars que nous allons pouvoir
économiser à partir de maintenant et au cours des années
qui vont suivre.
J'aimerais aussi aborder la question on pourra y revenir tout
à l'heure lorsqu'on abordera les détails du programme, mais je
veux quand même faire une remarque de portée
générale en me servant de l'exemple que le ministre a
annoncé tout à l'heure à savoir qu'on veut mettre un terme
aux dépotoirs à ciel ouvert. Je crois qu'il faut qu'on tienne
compte des différentes régions du Québec, qu'on tienne
compte des régions rurales par rapport aux régions urbaines. Les
problèmes ne sont pas les mêmes dans les régions rurales,
dans les régions urbaines. Il y a énormément d'endroits au
Québec, dans des régions éloignées, à faible
densité de population et dans des localités où obliger ces
municipalités de façon assez dictatoriale et assez coercitive,
à faire des investissements comporterait des fardeaux assez
considérables pour les citoyens.
Mais, étant donné qu'on ne peut pas, à mon avis,
à cause des implications budgétaires et à cause des
coûts, étendre l'application de règlements à la
grandeur du Québec, on devrait établir des territoires, des zones
où on pourrait procéder en toute priorité. Je pense que,
dans les milieux urbains, la mesure qu'a annoncée le ministre s'impose
depuis longtemps et il faut qu'il se fasse quelque chose de ce
côté. Il y aurait peut-être lieu de pouvoir concilier
l'idéal et le possible, parce que je pense que ce sera le grand
défi de l'environnement de concilier l'idéal et le possible de
façon à apporter les meilleures mesures qui s'imposent.
M. le Président, le ministre a terminé son intervention en
disant qu'il avait l'intention, à la suite des rencontres qu'il a eues
avec le ministère des Terres et Forêts et le ministère des
Richesses naturelles et leur titulaire, de faire concéder au Service de
protection du ministère de l'environnement la gestion des terres.
J'aurais des réserves à ce moment-ci. Je pourrai
évidemment y aller avec plus de détails. Si le
ministère...
M. Léger: Pas la réserve des trois
chaînes?
M. Roy: Non, ça, on pourra en reparler. C'est
peut-être au moins une réserve d'au moins une chaîne pour
commencer.
J'aurais des réserves, parce qu'à partir du moment
où le ministère de l'environnement sera impliqué dans la
gérance de quelque chose, il sera lui-même placé dans des
situations de conflit. Je pense que le ministère de l'environnement doit
demeurer un ministère de surveillance, un ministère de protection
et non pas un ministère de gérance et d'administration comme tel.
Cela m'apparaît fondamental pour poursuivre la mission et les objectifs
que le ministère s'est donnés.
En terminant, je veux quand même féliciter l'équipe
qui travaille au ministère de l'environnement pour le travail qui a
été fait jusqu'à maintenant, avec les moyens du bord et
les outils assez limités. Il y a quand même eu quelque chose de
fait, je pense qu'on peut déjà commencer à sentir dans le
Québec les effets bénéfiques de certaines mesures qui ont
été prises. Je comprends que je ne suis pas en position de dire
à ce moment-ci que
tout a été réalisé. Au contraire, il y a
énormément à faire, mais il y a des amorces qui ont
été faites et je pense qu'on peut sentir à ce moment-ci,
et les citoyens le constatent de plus en plus, que le ministère de
l'environnement n'a pas seulement sa place, mais il s'impose de toute
urgence.
Réplique de M. le ministre
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le ministre veut
exercer son droit de réplique?
M. Léger: M. le Président, je remercie les trois
représentants des partis de l'Opposition qui se sont exprimés
pour la façon positive avec laquelle ils ont apporté leurs
critiques ou leurs recommandations. Au départ, je tiens à dire
que j'ai bien aimé la présentation du député de
D'Arcy McGee, qui a reconnu jusqu'à quel point un ministre ne peut
fonctionner que s'il a autour de lui des compétences. Je crois que
c'était dans l'ordre. Je le félicite d'avoir
félicité les fonctionnaires qui l'ont appuyé au moment
où il était à ma place. J'ai remarqué aussi qu'en
prenant ce nouveau siège, j'avais avec moi des gens qui avaient une
attitude très loyale et qui étaient dévoués
à la cause qu'ils défendent.
Dans les questions qui ont été mises de l'avant, il y en a
quelques-unes auxquelles je peux répondre immédiatement. Quand
est-ce que le ministère va être créé?
On m'a demandé de donner des précisions sur l'orientation
de ce ministère. Je dirais que l'orientation future du ministère
et son rôle principal seraient surtout basés essentiellement sur
la protection de la ressource et non pas, pour répondre en même
temps à la question du député de Beauce-Sud et du
député de Saint-Hyacinthe, avec une préoccupation
d'aménagement. C'est une responsabilité qui relève d'un
autre ministre et entre l'environnement et l'aménagement, même si
cela rime, il y a une grande différence. L'aménagement est
beaucoup plus une question de territoire qu'on aménage pour des
citoyens; mais, il doit y avoir, derrière cela, une préoccupation
de protection du milieu de vie, protection de la ressource, terre, eau et air,
par opposition à des ministères qui auraient une vocation de
développement des ressources naturelles.
Je pense qu'il est important qu'il y ait, au Conseil des ministres, des
personnes qui ont une préoccupation de la protection de la nature, qui
défendent ce point de vue au Conseil des ministres, avec des
ministères qui ont une préoccupation de développer le
Québec; et le Conseil des ministres devient un peu comme l'arbitre de
ces défenses.
Quand il n'y avait qu'un seul ministre du développement
économique et qu'il' était en même temps le ministre
responsable de la protection d'une ressource, il était lui-même en
conflit d'intérêts. Ce n'est pas l'intention du service
d'environnement de devenir un ministère qui le mettrait lui-même
en conflit d'intérêts.
On serait toujours un peu l'empêcheur de tourner en rond d'un
développeur économique à tout prix et à tout risque
et c'est pour cela qu'il faut qu'il y ait une voix qui n'aura que la
préoccupation de la protection du milieu de vie.
On a aussi amené la possibilité d'augmenter les moyens
techniques et financiers. L'augmentation de 12,4% qu'on a mentionnée
tantôt, c'est sûr que c'est insuffisant. Vous devez remarquer quand
même que la plupart des ministères ont subi des baisses, que
certains ont subi certaines hausses et que le service de l'environnement a
obtenu quand même une hausse un peu supérieure à la
moyenne, qui démontre l'importance qu'on veut donner à cela.
Il faut aussi dire et je vais le dire en toute humilité
que tout ministre qui arrive en place, quelle que soit
l'expérience qu'il a eue dans l'Opposition, il est quand même un
peu démuni devant l'ampleur des dossiers à apprendre et dont il
doit prendre connaissance et très souvent, la défense de ces
projets peut se faire d'une façon un peu malhabile, au
départ.
M. Goldbloom: C'est un excellent aveu.
M. Léger: C'est la raison pour laquelle je vais m'entourer
et je me suis entouré de compétences et je pense que la
première ronde a été quand même assez lucrative
puisque nous avons obtenu, cette année, au niveau particulier d'une
priorité que le député de Saint-Hyacinthe mettait de
l'avant tantôt, l'alimentation en eau potable et de la qualité de
l'eau... Nous avons pratiquement doublé, dernièrement, le nombre
de personnes qui sont responsables de l'alimentation en eau. Il n'y avait,
depuis quatre ans, au service de l'environnement, que 38 fonctionnaires qui
s'occupaient uniquement de l'alimentation en eau et de la qualité de
l'eau et nous en avons obtenu 31 additionnels. C'est donc dire que... Ce n'est
pas suffisant, mais on a presque doublé déjà. Je peux vous
assurer que dans le prochain budget, cela va être augmenté de
beaucoup dans ce milieu.
Concernant le problème de la rivière Yamaska, où la
ville de Saint-Hyacinthe a subi des problèmes majeurs, je peux
peut-être donner un petit résumé de la situation qui n'a
pas été donné publiquement, je pense, à la suite de
ce problème qu'ont subi près de 40 000 à 50 000
citoyens.
Je dois dire qu'au départ, les services de l'environnement ont
été avisés un jeudi du problème qu'il y avait
là. Nous avons commencé l'enquête le jeudi et c'est dans la
journée de vendredi que le déversement aurait cessé. Donc,
le déversement de matières polluantes dans l'eau de la
rivière Yamaska avait cessé depuis le vendredi.
Ceci a amené une difficulté d'analyser, d'une façon
plus dense, les prélèvements que nous avions là-dedans. Ce
court laps de temps ne nous a pas permis de faire des recherches sur un nombre
suffisant de paramètres. Sans qu'il y ait eu obstruction
systématique de la part des industries visitées, il y a quand
même eu une réticence normale, bien compréhensible, qui
pousse les industries à ne pas donner toutes les informations qui
pourraient les incriminer. Bon nombre de produits chimiques d'usage courant
présentent un pro-
blème assez complexe à l'analyse, si on ne sait pas, au
départ, de quelle substance il s'agit.
Autrement dit, n'ayant pas pu prendre à temps la quantité
de matières polluantes pour évaluer quel est le poison ou quelle
est la matière toxique qu'il fallait retrouver pour trouver qui
était le coupable, il était assez difficile de pouvoir rapidement
évaluer cela, même si nous sommes allés visiter plusieurs
industries.
Il n'est pas nécessaire qu'un manufacturier nous cache beaucoup
d'informations pour qu'il soit capable de brouiller les pistes au bon
moment.
Pour bien comprendre cela, il faut savoir que tous les appareils de
laboratoire dont les chimistes disposent, aussi sophistiqués qu'ils
soient, ne peuvent analyser quantitativement une substance, si le chimiste ne
sait pas au départ quelle substance rechercher en particulier. Il peut y
avoir des centaines de substances. Si aucune indication ne lui est fournie, il
peut alors entreprendre la plus importante des séries d'analyses et
malgré tout, tomber à côté de ce qu'il cherche. On
peut donc procéder à la série d'analyses physico-chimiques
habituelles qui comportent environ une quarantaine de paramètres et
négliger par contre une substance qui peut être très
toxique, que nous n'aurions aucune raison de soupçonner, à moins
que le manufacturier nous fournisse l'information. C'était donc la
difficulté au départ, trouver réellement la cause, le
responsable de ces déversements.
Cet incident s'est donc terminé sans qu'il y ait eu aucune vie
humaine menacée. Toutefois, la population de cette ville a eu à
subir beaucoup de désagréments et des dépenses inutiles;
des pertes financières ont été subies par la
municipalité et par plusieurs industriels qui ont dû suspendre
leurs activités pendant un peu plus d'une semaine.
Des situations analogues de pollution ponctuelle des eaux, d'un cours
d'eau, risquent de se reproduire sur la rivière Yamaska, qui avait
baissé son niveau d'eau à ce moment, comme elle est susceptible
de se produire dans d'autres cours d'eau du Québec. Cet incident
à Saint-Hyacinthe nous montre comment il est difficile de cerner le ou
les coupables. Cependant, les risques de contamination seraient grandement
diminués si nous possédions des règlements sur les
déversements des eaux usées industrielles, autant dans les
réseaux municipaux que directement dans les cours d'eau et avec des
contrôles que la mise en application de ces règlements
prévoirait. C'est pour cela que, à ce moment, j'ai
réalisé l'importance d'accélérer le processus de
préparation de règlements pour les déversements
industriels dans l'eau. On m'a, à ce moment, amené le
problème qu'il y avait plusieurs types d'industries, donc plusieurs
types de polluants, et qu'il fallait, pour être capables d'avoir une
réglementation le plus juste possible, prendre le temps voulu pour le
faire. J'ai pressé le personnel de ce côté. On a
augmenté le personnel pour commencer à apporter une série
de règlements qui toucheraient tel ou tel type d'industries.
Mais il y en a plusieurs centaines d'industries tout le long de la
rivière Yamaska. C'est pour cela que ce règlement est plus
difficile.
Le deuxième point, c'est la quantité du personnel
d'inspecteurs qu'il faudrait pour, réellement, faire respecter tous les
règlements que nous mettons en oeuvre. C'est la raison pour laquelle
j'ai mis de l'avant l'idée d'avoir une équipe volante
d'inspecteurs, qui, sans avis, sans avertir l'industrie, pourrait, n'importe
quand, aller évaluer, aller prendre des prélèvements, des
échantillons et des inspections précises dans les industries,
sans qu'elles soient prévenues. Ceci serait un peu le rôle d'un
policier qui surveille les personnes qui pourraient déroger à la
loi. Cette équipe volante d'inspecteurs, c'est un projet que nous avons
de l'avant pour essayer de trouver des solutions à des problèmes
qui nous sont arrivés, comme celui-là.
Le fait que la rivière Yamaska ait été
contaminée et le fait que cela n'avait pas de conséquence
toxique, quand on a vu que la majorité des substances toxiques
était passée, nous avons redonné à la population et
aux municipalités la permission de consommer de l'eau, mais après
les avoir arrêtées au moins une semaine à dix jours de
façon que, tant que nous ne savions pas les conséquences de ces
matières toxiques, il n'y ait pas, au moins, de danger pour la
population.
Maintenant, quand on parle de surveillance accrue et par la
population... Quand je parlais de mes six millions d'inspecteurs, c'est
justement la raison pour laquelle ce tribunal spécial, ce comité
ou cette commission d'audience de l'environnement sera un outil essentiel pour
rendre absolument officielles les rencontres entre les pollueurs et les
pollués pour que la discussion autour d'une table se fasse et qu'on
redonne aux industries cette conscience sociale qui, souvent, fait
défaut ou du moins parfois est très secondaire à une
conscience de profits pécuniaires que nous voyons trop souvent dans le
système dans lequel nous vivons. Si les citoyens s'impliquent d'une
façon particulière, dans leur milieu, qu'ils rencontrent ces
pollueurs, il y aura un dialogue qui permettra de trouver des solutions partout
dans le Québec, dans tous les milieux, et cela coûtera beaucoup
moins cher à l'appareil gouvernemental puisque ces citoyens,
défendant leur propre milieu de vie amènent
bénévolement une participation au budget du service de
l'environnement.
Je pense que c'est une façon, du moins, au départ, de
sensibiliser les gens à la défense de leur milieu de vie et en
permettant aussi de diminuer la pollution dans toutes les régions du
Québec.
Maintenant, cette loi pour la création du ministère de
L'Environnement, pourra être présentée, je pense, au cours
de l'année et devrait être adoptée à la fin de
l'année, selon l'échéancier dont j'ai parlé
tantôt. Concernant les dépotoirs à ciel ouvert et la
réglementation sur la gestion des déchets, je pense qu'il faut
avoir un juste équilibre entre imposer des règlements, parce
qu'il y a un problème, et ne pas consulter la population, ou du moins,
la consulter d'une façon tellement longue qu'on ne prenne pas de
décision. Il y a un juste milieu entre un gouvernement qui veut
décider et qui veut
consulter en même temps. C'est la raison pour laquelle j'ai
envoyé, en même temps que je préparais le règlement
pour l'envoyer a la Gazette officielle, une lettre à tous les conseils
de comté du Québec, ainsi qu'à l'Union des
municipalités du Québec pour leur demander, d'une façon
privilégiée, à eux qui ont une préoccupation du
territoire rural, en particulier, d'évaluer les implications de ce
règlement des déchets sur les dépotoirs, les
déchets solides, et, dans une soixantaine de jours, de m'apporter des
mémoires. A ce moment, je leur ai promis de les rencontrer. Ils ont donc
reçu ce mémoire avant la Gazette officielle, de façon que
le conseil de comté, qui a un rôle important à jouer au
Québec, puisse donner son point de vue particulier sur ce
règlement, et, dans les soixante jours qui suivront la parution dans la
Gazette officielle de ce règlement, leurs rencontres, avec les
possibilités d'amendements qu'ils me prépareraient, ainsi que les
incidences financières que ce règlement va mettre de l'avant,
nous permettront de prendre une décision, et on la prendra assez
rapidement.
De toute façon, nous avons fait une étude des implications
financières de ce règlement. On peut dire, en gros, que cela
coûterait à peine $2 par tête pour l'implantation de ces
sites d'enfouissement sanitaire qui remplaceraient les dépotoirs. C'est
donc dire que c'est une somme absolument acceptable et abordable, et qui
permettrait aussi de développer des sites d'enfouissement sanitaire
régionaux. Aussi, nous allons avoir dans ce règlement une
facilité d'adoucissement pour les municipalités de 2000 de
population et moins, parce qu'il est sûr que cela coûte beaucoup
plus cher quand on est moins nombreux pour le payer. C'est pour cela que le
règlement tiendra compte des municipalités à faible
densité de population.
Le député de Beauce-Sud a parlé de concilier
l'idéal et le possible, je pense qu'il va falloir, au niveau de
l'environnement, qu'on fasse une distinction dans les réalisations qu'on
a à faire dans ce qui est nécessaire, ce qui est essentiel, ce
qui est important et ce qui est urgent.
Discussion générale
M. Goldbloom: M. le Président, pour modifier
légèrement un vieux dicton, "Mieux vaut apprendre tard que
jamais". Je suis heureux que le nouveau ministre ait quand même, au cours
des derniers quatre mois et demi, appris les difficultés de diriger le
travail de protection de l'environnement qu'il a systématiquement
été incapable d'apprendre pendant les six années et demie
précédentes. C'est effectivement, comme l'a dit, à juste
titre, le député de Beauce-Sud, un problème de concilier
l'idéal avec le possible. C'est la définition de la
responsabilité gouvernementale. On dit que gouverner, c'est l'art du
possible. Cela demeure l'art du possible.
J'aimerais poser au ministre des questions relatives à la
création de ce nouveau ministère.
C'est un sujet qui se discute dans l'opinion publique depuis un certain
temps et il y a beaucoup de gens qui disent: II faut absolument créer un
ministère de l'environnement, et c'est comme cela que les choses vont
aller mieux. J'ai toujours pris la position que la création d'un tel
ministère serait purement symbolique s'il n'y avait pas un accroissement
des pouvoirs et surtout l'élargissement du champ de
responsabilités.
Je suis heureux d'apprendre qu'il existe maintenant une entente entre le
ministre de l'environnement et le ministre des Richesses naturelles sur le
transfert des éléments du ministère des Richesses
naturelles, qui ont une responsabilité pour la ressource eau, vers les
Services de protection de l'environnement, éventuel ministère. Je
crois que c'est effectivement cela qu'il fallait pour le déblocage et
pour justifier la création d'un ministère, pour faire une
différence avec la situation actuelle qui n'est quand même pas
différente de celle de l'existence d'un ministère. Il y a un
chef, un sous-chef; il y a des fonctionnaires, il y a une loi. Il y a tout
l'appareil nécessaire, et que l'on appelle cela service ou
ministère, cela revient à la même chose dans les faits de
l'administration. L'appeler ministère ne lui donne pas plus de pouvoirs
s'il n'y a pas également dans la loi, dans les règlements et dans
les faits administratifs, des pouvoirs accrus.
Donc, la question que j'aimerais poser au ministre est la suivante: II a
mentionné des éléments de responsabilité qui
existent présentement au ministère des Richesses naturelles et au
ministère des Terres et Forêts. Mais il y en a d'autres et, si
l'on veut devenir gestionnaire unique de la terre, par exemple, le
ministère de l'Agriculture aurait long à dire à ce
sujet-là. Il y a des problèmes créés aux
municipalités par le programme de drainage agricole, si cher à
tout ministre de l'Agriculture depuis le début de notre existence.
Voilà des choses qui pourraient faire partie de la responsabilité
d'un éventuel ministère de l'environnement. Jusqu'où le
ministre a-t-il le désir d'aller en cumulant sous sa
responsabilité ces divers éléments de mécanismes
pour la protection de l'environnement?
Le Président (M. Boucher): Le député de
Saint-Hyacinthe a demandé la parole.
M. Cordeau: Je crois que le député de D'Arcy McGee
vient de poser une question. Je ne sais pas si le ministre veut répondre
tout de suite.
M. Goldbloom: J'attends la réponse du ministre.
M. Léger: Voici: Je suis d'accord avec le
député de D'Arcy McGee pour dire que la création d'un
ministère comme tel, s'il n'a pas plus de pouvoirs, n'amènera pas
de grands changements. C'est la raison pour laquelle nous avons voulu
récupérer des juridictions d'autres ministères. Il y a
d'autres ministères aussi qui possèdent certaines
responsabilités que nous pourrions récupérer. Il y en a au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, aussi. Il y en
a aussi au ministère de l'Agriculture, entre autres les problèmes
sur les pesticides. Pour le drainage agricole, je suis d'accord avec le
ministre aussi. C'est une préoccupation du ministère de
l'Agriculture.
Cependant, il va falloir, d'une part, que le ministère de
l'environnement n'oublie jamais que sa responsabilité, c'est la
protection d'une ressource et qu'il ne faudrait pas que nous enlevions, que
c'est absolument impensable d'enlever à un autre ministère la
portion de responsabilités d'un développement. C'est la partie
protection de la ressource à laquelle nous voulons nous limiter, mais le
fait d'avoir un ministère amènerait quand même quatre
conséquences majeures, la première étant l'augmentation du
poids au niveau de la préoccupation à l'intérieur du
cabinet.
Quand il y a un ministère de l'environnement, l'ancien ministre
sait fort bien les difficultés qui existent d'un ministère
à l'autre au niveau de la préoccupation, au niveau d'un projet
d'un ministère sur l'aspect de l'environnement.
Si tout l'aspect contrôle de la protection de l'environnement
relève d'un ministère, le ministère qui a un projet
quelconque devra, au Conseil des ministres, faire face à la
préoccupation environnementale parce qu'il y aura un ministre dont la
préoccupation et la responsabilité seront précises
là-dessus et la voix du ministère est beaucoup plus
écoutée que lorsque ce n'est qu'un service.
Au niveau des revendications ou des prises de position du gouvernement
fédéral dans le domaine de l'environnement, la réalisation
d'un ministère de l'environnement québécois a beaucoup
plus de poids au niveau des relations fédérales-provinciales
temporaires concernant les problèmes de l'environnement.
Il y a aussi le fait qu'un ministère de l'environnement aurait
beaucoup plus de poids, pour parler au nom de la population, qu'un simple
service; c'est pour cela qu'un ministre de l'environnement, responsable d'un
ministère de l'environnement, deviendrait un peu l'ombudsman du citoyen
au niveau de son environnement, et finalement, le fait que ce soit un
ministère qui agisse pour l'ensemble des réalisations ou de la
défense de préoccupations pour l'environnement, assurerait
beaucoup plus de crédibilité.
Alors, un ministère comme tel parle à voix égale,
à poids égal avec les autres ministères sur une
préoccupation première dont il est le défenseur. Il est
sûr qu'il faut ajouter à cela des responsabilités qui
viennent d'autres ministères, mais je pense que si on veut aller loin,
il faut prendre une bouchée à la fois et je pense que la
bouchée de la gestion des terres et la gestion de l'eau est
déjà assez grosse, puisque cela faisait dix ans que les
fonctionnaires se battaient chacun de leur côté pour dire: Cela
devrait être chez nous, et je pense que c'est une indication de la
volonté du gouvernement de donner du poids à la protection de
l'environnement, en amenant du côté de l'environnement la
responsabilité de la gestion de l'eau et des terres.
Le Président (M. Boucher): Passons-nous...
M. Goldbloom: Le député de Saint-Hyacinthe avait
demandé la parole.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le ministre, tout à l'heure, vous avez fait
mention qu'il y aurait un comité où pollués et polluants
pourraient se réunir à une table, mais ce comité aurait-il
des pouvoirs décisionnels concernant...?
M. Léger: II y a deux façons de donner du poids
à cette association qui, je le souhaite, peut être temporaire ou
permanente. D'abord, c'est d'être capable de faire asseoir à la
même table le pollueur. Quand c'est une industrie, si cette
dernière n'était pas obligée, publiquement, d'être
présente, elle pourrait facilement, d'un revers de la main, dire aux
citoyens: Ce n'est pas sérieux.
Il y aura alors des étapes de réalisation de cette
association de citoyens pour donner un caractère sérieux à
cette association et, le caractère sérieux étant
défini, l'aide technique lui étant donnée, la fabrication
de dossiers précis lui étant assurée on est quand
même en train de la préparer, je ne donne que des orientations
cette commission aurait des pouvoirs quasi juridiques pour obliger le
pollueur à comparaître pour avoir des recommandations
précises de sa part, sur la façon dont cette industrie s'attend
de régler un problème avec le groupe de citoyens. C'est une
première façon, je pense, de permettre d'atteindre les objectifs
qu'on veut atteindre. Un deuxième point, c'est que nous songeons
à augmenter les pouvoirs légaux, autant dans le Code civil que
dans le domaine pénal, pour que des citoyens puissent eux-mêmes
poursuivre un pollueur, ce qui n'est pas le cas actuellement. Il y a quelques
cas où on peut le faire. Il y a des règlements qui sont
là, qui peuvent être utilisés pour une poursuite par le
service de l'environnement mais il y en a très peu qui peuvent
être utilisés par un individu comme tel. Nous allons aussi mettre
de l'avant le "class action" permettant à un groupe de citoyens ou
à une personne défendant un groupe de le faire avec des lois. Ce
sont tous là des moyens que je donne comme hypothèse. Je
n'affirme pas cela comme tel aujourd'hui. Nous avons déjà
préparé une étude précise sur le projet que j'avais
mis de l'avant et là-dessus, nous avons toutes les hypothèses
possibles pour donner aux citoyens les moyens de se défendre au niveau
local, car on pense que c'est là qu'on peut régler beaucoup de
problèmes tout en ayant l'appui du gouvernement à cette
association de citoyens.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je voudrais aborder un sujet avec le ministre, puisqu'il
parle, à un moment donné d'organiser... je pense que cela va
être clos...
Le Président (M. Boucher): On doit ajourner à 18
heures. Présentement, il y a vote. Est-ce qu'on ne devrait pas ajourner
immédiatement?
M. Roy: Ajournons immédiatement, je suis d'accord, mais je
pourrai reprendre la parole dès l'ouverture de la séance.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Léger: C'est demain, à 10 heures, je pense?
Le Président (M. Boucher): Nous ajournons nos travaux
à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 17 h 54)