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(Dix heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission élue permanente des affaires municipales
entreprend l'étude des crédits budgétaires de ce
ministère pour l'année 1983-1984.
Les membres de la commission sont: MM. Beauséjour (Iberville),
Brouillet (Chauveau), Caron (Verdun), Dubois (Huntingdon), Fallu (Groulx),
Lachance (Bellechasse), Léonard (Labelle), Rochefort (Gouin), Rocheleau
(Hull), Saintonge (Laprairie), Tremblay (Chambly).
Les intervenants sont: MM. Bélanger (Mégantic-Compton),
Bisaillon (Sainte-Marie); Paradis (Brome-Missisquoi) qui remplace M. Bissonnet
(Jeanne-Mance); Middlemiss (Pontiac) qui remplace M. Doyon
(Louis-Hébert); LeBlanc (Montmagny-L'Islet), Leduc (Saint-Laurent),
Léger (Lafontaine), LeMay (Gaspé), Paré (Shefford).
Il serait dans l'ordre de désigner un rapporteur, s'il vous
plaît. M. Fallu est proposé. M. Fallu (Groulx) agira comme
rapporteur. Vous vous êtes entendus sur la procédure et sur le
temps.
M. le ministre, vous avez la parole.
Exposés préliminaires M. Jacques
Léonard
M. Léonard: M. le Président, avant de commencer
l'exposé que je voudrais faire sur les crédits, je voudrais vous
présenter les gens qui m'accompagnent ici. Ce sont de hauts
fonctionnaires du ministère et, en particulier, ceux qui ont
travaillé à confectionner le budget et à rédiger
les documents sur les crédits. Tout d'abord, mon sous-ministre, M.
Kenniff, à ma droite, les sous-ministres, M. Jean-Paul Arsenault, M.
Gagné - comme vous voyez, il travaille déjà Mme Jalbert,
qui est secrétaire du ministère, et trois directeurs
généraux, MM. Alphé Poiré, Robert Fournier et
Raymond Benoît, assistés de leurs adjoints et professionnels du
ministère, ainsi que M. Trinh, qui est responsable du budget.
M. le Président, mesdames, messieurs les députés et
membres de la commission des affaires municipales, mesdames et messieurs, il me
fait plaisir de porter à votre étude, ce matin, un budget de
fonctionnement qui, en période de resserrement économique, assure
plus, sinon autant de ressources que par les années
précédentes à l'immense réseau des 1600
municipalités du Québec.
Nous avons conçu le budget 1983-1984 dans une optique de
consolidation des acquis parce que nous considérons que la position
financière actuelle des municipalités est, en
général, susceptible de très bien étayer la relance
économique du Québec. Nous avons donc respecté
l'entité de nos versements prévus à la loi sur la nouvelle
fiscalité municipale. Nous avons aussi respecté leurs mouvements
de bonification annuelle et normale.
D'autre part, le contexte économique l'exigeant, nous avons
recherché la plus grande efficacité possible de tous les
programmes, de tous les rouages et de tout l'argent dont disposera le
ministère. En fait, mon ministère livrera plus de services et
enverra aux municipalités plus de ressources financières sous
forme de paiements de transfert ou de subventions et d'"en lieu" de taxes tout
en plafonnant son budget au même total que celui de l'an dernier. Mon
ministère réussira, pour la troisième année,
à ne pas percer le sommet des 421 000 000 $ et à combattre
l'inflation d'une façon que nous pouvons qualifier d'exemplaire. En
définitive, nous ferons, en 1983-1984, plus avec moins. À l'image
de l'an dernier, nous croyons pouvoir réussir à pousser plus
avant la vocation de service du ministère, tout en maintenant les frais
de fonctionnement à leur plus strict minimum.
Devant vous, je me considère aujourd'hui comme un administrateur,
comme un gestionnaire d'une portion des taxes payées par les
Québécois qui, cette année, ont dû faire encore des
efforts pour maintenir leur niveau de vie tout en fournissant au
bien-être de leurs concitoyens. L'argent que nous dépenserons doit
être efficace, dollar pour dollar, service pour service.
M. le Président, vous l'avez ici, sur un tableau, 393 000 000 $
de tout le budget que nous étudions, soit 93,3% comme proportion d'une
enveloppe de 421 000 000 $, proviennent des revenus de taxes payées par
les Québécois. Ces millions retournent aux municipalités
directement, sous toutes formes, à l'usage des élus municipaux
qui, avec le plus de liberté d'action possible, doivent répondre
au jour le jour de la qualité du cadre de vie municipal qu'ils offrent
à leurs contribuables.
D'ailleurs, ces mêmes contribuables se
mêlent de plus en plus des affaires municipales. Ils ont
voté en plus grande proportion que les Américains l'ont fait aux
présidentielles lors des dernières élections municipales.
Encore en fin de semaine, la fiscalité municipale est devenue sujet
d'actualité lors de l'inauguration du Palais des congrès à
Montréal. Même Ottawa semble s'intéresser à notre
monde municipal, malheureusement pas de la façon voulue par l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, pas, non plus, de la façon
historiquement utilisée au Canada. Mais visiblement, Ottawa voit le
Québec réussir un virage auquel il voudrait participer.
Nous l'avons invité à plusieurs reprises à le
faire, mais l'oreille semble sourde. Ottawa n'a versé en 1982 que 31 000
000 $ d'"en lieu" de taxes aux municipalités du Québec et,
entre-temps, Québec aura donné plus de 374 000 000 $.
Ottawa n'a pas, non plus, donné de réponse à nos
demandes d'entente bipartite pour aider au financement des équipements
municipaux. En décembre 1980 - vous vous souvenez, nous en avions
discuté autour de la même table l'an dernier - Ottawa a
décidé de raser une telle entente-cadre qu'on appelait PAEC. Il
disait ne pas devoir s'occuper du municipal selon la constitution et il ne
voyait pas, non plus, de nécessité économique de le faire
en période de récession. Aujourd'hui, Ottawa procède d'une
façon unilatérale, discrétionnaire et même
discriminatoire en offrant aux maires des sommes d'argent accompagnées
d'un autre système de comptabilité et d'une autre équipe
de contrôleurs fonctionnaires.
Québec ne fonctionne pas de cette façon. L'argent
versé aux municipalités leur est versé selon un programme
normé. Nous tenons pour acquis qu'elles y ont droit et nous ne
dispensons pas de cadeaux. C'est, à tout le moins, une question de
mentalité, si ce n'est une obligation d'administrateurs. Je souhaite que
nous ayons, au cours des travaux que nous entreprenons aujourd'hui, cette
mentalité d'administrateurs responsables.
Nous devons beaucoup de respect au monde municipal. Tous les ans, le
ministère, depuis que j'en suis le ministre titulaire, a diminué
le nombre et les exigences de ses contrôles. Mon ministère, tous
les ans, depuis que j'en suis titulaire, augmente petit à petit
l'autonomie financière des conseils municipaux et c'est un fait qu'on ne
peut contester, un fait mathématique.
C'est avec ces objectifs que nous entreprenons ces travaux ce matin. Je
veux souhaiter la bienvenue à tous ceux qui sont venus suivre ces
travaux. Nous voulons que la rationalisation des efforts du ministère
soit connue. Nous voulons que les résultats du type d'administration que
nous avons choisi sur la vie municipale soient connus.
Même si nous avons répondu déjà aux demandes
de renseignements que nous avait apportées au préalable
l'Opposition, nous avons invité avec nous des fonctionnaires du
ministère qui pourront nous éclairer sur les détails
techniques souvent nécessaires. Nous avons aussi invité des
représentants des commissions et société dont le budget
apparaît à nos crédits.
Je n'entends pas faire, à ce moment-ci des débats, autre
chose qu'un survol rapide des grands thèmes directeurs de ce budget et
des points d'intérêt majeur dont on devrait convenir très
rapidement.
Je ne pense pas qu'on puisse discourir impunément sur les
crédits du ministère des Affaires municipales sans qu'on ait une
idée juste de la santé financière de la clientèle
de ce ministère: les 1600 villes et villages du territoire. Les
résultats publiés par le rapport des élus municipaux sur
la fiscalité municipale nous avaient déjà
éclairés l'automne dernier. Ils nous avaient
révélé que l'effort fiscal global des contribuables
québécois à leurs municipalités n'avait pas
généralement suivi la courbe de l'inflation. Ils nous avaient
aussi appris que certaines habitudes des administrations municipales avaient
changé, par exemple d'investir beaucoup plus en immobilisations qu'avant
la venue de la nouvelle fiscalité.
J'ai fait dresser aussi à cet égard un tableau sur
certaines tendances évolutives du comportement financier des
municipalités depuis 1976. Les révélations y sont
indicatrices; par exemple, les dépenses d'immobilisations en 1979
étaient de 500 584 000 $; en 1980, de 522 802 000 $ et, en 1981, de 632
605 000 $. Nous n'avons pas encore compilé tous les chiffres pour 1982;
ils devraient révéler une tendance semblable, malgré la
période de resserrement que nous venons de vivre.
La dette à long terme, en parallèle, en dollars constants,
n'a pas augmenté; elle a même plutôt diminué. Elle
est passée de 3 700 000 000 $ à 5 000 000 000 $ de 1976 à
1981; donc, elle n'a pas suivi l'inflation. Pendant ce temps, les
dépenses totales, de 1976 à 1982, ont doublé, passant de 2
004 000 000 $ à 3 895 000 000 $, soit près de 4 000 000 000 $.
Les excédents des revenus sur les dépenses ont suivi une courbe,
disons, très intéressante; en 1976, même avec des paiements
d'équilibre budgétaire, des versements d'équilibre
budgétaire, les surplus étaient de 26 000 000 $ seulement, alors
qu'en 1981, ils sont passés à 180 000 000 $. En 1979, l'an 1 de
la nouvelle fiscalité, ces mises de côté ont fait un bond
et sont passées de 66 000 000 $ à 164 000 000 $.
Ce portrait ne ressemble en rien à un constat de
récession. Nos petites et moyennes entreprises québécoises
doivent envier les municipalités, c'est le moins qu'on
puisse dire avec le nombre de faillites qu'on a connues dans ce secteur.
En 1983-1984, nous voulons consolider ces tendances et renforcer les points
forts de cette nouvelle vie municipale moderne.
Voici un peu comment nous entendons procéder. D'abord, j'annonce,
aujourd'hui, notre décision de hausser, lors de l'année
financière municipale 1984, nos paiements d'"en lieu" de taxes sur les
immeubles scolaires, de niveaux primaire et secondaire, faisant passer la
valeur imposable du plancher de 40% à 50% du taux global de taxation.
Cette hausse qui n'aura pas d'impact avant janvier 1984 amènera
près de 20 000 000 $ nouveaux dans les coffres municipaux. Nous avions
pris l'engagement, dès la mise sur pied de la nouvelle fiscalité,
en 1979 ou au début de 1980, de faire en sorte, par étapes,
d'amener les immeubles des réseaux de l'éducation et des affaires
sociales à faire l'objet de compensations entières.
Je dois rappeler, cependant, un fait qu'a reconnu le comité sur
la fiscalité, composé d'élus municipaux. Je dois le citer,
M. le Président, parce que c'est agréable, quand même, de
faire ce constat: "Le gouvernement du Québec a accru de façon
importante les compensations tenant lieu de taxes qu'il paie sur ses propres
édifices administratifs, de même que sur les immeubles des
réseaux." (10 h 30)
En fait, M. le Président, les courbes, depuis 1979, sont toutes
à la hausse, autant sur les propres immeubles du gouvernement que sur
les réseaux. En 1982-1983, nous avons versé 239 129 000 $; en
1983-1984, ce montant sera porté à 264 244 500 $, une
augmentation de Il% prévisible. Sur les immeubles gouvernementaux, cela
va de 49 459 000 $ à 59 344 500 $, soit 9 800 000 $ de plus ou Il,9%
d'augmentation. Sur les immeubles des réseaux, le montant sera
porté de 179 470 000 $ à 193 900 000 $, soit 14 000 000 $ de plus
ou 10,8%, et la compensation sur les fermes et boisés sera de Il 000 000
$ en 1983-1984, soit une augmentation de 10,7%. La taxe d'affaires passera de
17 729 300 $ à 19 393 000 $, soit une augmentation de Il,2%.
Il faut noter que le manque à gagner du monde municipal
québécois à cet égard par rapport à Ottawa a
été estimé par les élus municipaux, en octobre
1982, à 28 600 000 $ et Ottawa ne verse toujours pas un seul sou
à ce chapitre. En particulier, cela a une importance considérable
sur les territoires des communautés urbaines, surtout à
Montréal. La redistribution des taxes perçues sur les
réseaux de téléphone, de gaz et
d'électricité passe de 143 794 700 $ à 158 174 000 $ en
1983-1984, soit une hausse de 10,9%.
L'ensemble des paiements du ministère aux municipalités
est en hausse de 12 000 000 $. En parallèle, il y a chez nous une
décroissance des coûts de fonctionnement; en fait, l'argent qui,
au total, sera transféré aux municipalités en 1983-1984
augmentera de quelque 12 000 000 $, de 284 000 000 $ à 296 800 000
$.
Nous avons fait un ajustement d'équité que vous avez connu
à l'automne dans le dossier de la péréquation.
C'était la première fois que nous faisions un tel ajustement qui
n'a pas fortement pénalisé les villes concernées si vous
analysez leurs récents budgets, alors que le gouvernement et les
citoyens étaient beaucoup plus touchés par la crise des deux
dernières années. Dorénavant, toutes les villes du
Québec seront sur le même pied, ce qu'il fallait faire, de toute
façon, un jour.
Malgré la disparition de l'entente du PAEC, le programme d'aide
aux équipements communautaires, qui a fait baisser forcément
notre participation, les fonds que le Québec transfère en
1983-1984 ne diminuent pas en chiffres globaux; ils augmentent plutôt de
Il%. Par exemple, le Québec prévoit quelque 30 000 000 $ en
1983-1984 sur un montant global de 50 000 000 $ dans son programme
d'initiatives municipales pour l'emploi, que nous avons désigné
par le sigle PRIME. Nous avons dû réagir très vite lorsque
nous nous sommes butés à l'incompréhension d'Ottawa au
cours des négociations sur RELAIS. Les municipalités, toutefois,
ne perdront pas un sou de ce qu'elles prévoyaient dans ces programmes.
Nous avons évité de justesse l'imposition d'un double
système de comptabilité et de contrôle et je pense que nous
avons garanti le bon sens administratif.
Même, en attendant qu'Ottawa bouge, nous avons monté,
l'automne dernier, avant qu'on arrive à s'entendre, un programme de
création d'emplois en milieu municipal, PCEMM, de 8 200 000 $, auquel
nous avons ajouté récemment 2 000 000 $ devant le succès
de la demande et, jusqu'ici, nous entendons créer quelque 2344 emplois
avec ce programme.
Nous avons aussi rationalisé nos dépenses de subventions
versées aux municipalités régionales de comté pour
les aider dans leurs travaux d'aménagement. Même si, globalement,
nous y consacrerons 500 000 $ de plus, soit de 14 300 000 $ à 14 800 000
$, certaines municipalités régionales de comté, les plus
populeuses notamment, voient, par des rajustements, cette aide plafonnée
et même diminuée alors que les plus petites voient leur aide
augmentée pour procéder à leur schéma
d'aménagement.
Les élus qui siègent à la MRC voient aussi un
plafond de quinze réunions subventionnées par notre
ministère pour des
fins d'aménagement. Nous croyons que ce nombre annuel de
réunions est suffisant pour mener la besogne à bien, après
l'expérience que nos avions connue l'an dernier. Je pense que, compte
tenu de cette expérience, la fréquence des conseils municipaux,
dans certains cas, est parfois moins grande que celle des réunions des
MRC présentement.
Je dois rappeler que ces montants représentent pour les
municipalités du Québec un ensemble de revenus qui assure de plus
en plus l'autonomie financière réclamée depuis vingt ans
et même plus par le monde municipal.
En parallèle, je suis très heureux de présenter un
budget qui est de l'ordre de 421 000 000 $ pour une troisième
année. L'an dernier, l'ensemble des paiements avait aussi
augmenté de quelque 13%. Cette année, nous réussissons le
tour de force encore. Avec le même budget total, nous augmenterons ces
sommes de Il%, ce qui signifie que les frais de fonctionnement doivent donc
être réduits et c'est ce que nous avons fait. Le traitement des
fonctionnaires ne représente que 5% du budget total, ce qui est une
réduction de plus de 1 000 000 $. Le personnel passe de 588 à 575
et la célérité de nos services de l'évaluation, des
finances ou de l'urbanisme n'en a guère souffert, selon le
témoignage même de la clientèle municipale. Et ça,
c'est tout à l'honneur de la fonction publique du ministère des
Affaires municipales.
En conclusion, M. le Président, nous offrons un soutien qui est
favorable aux municipalités du Québec. Nous travaillons avec les
élus à des programmes de formation. Nous maintenons avec cet
immense réseau des consultations continuelles et j'arrive
personnellement d'une tournée à travers le Québec qui m'a
enseigné beaucoup de choses dont on verra dans les lois qui viennent les
fruits immédiats. Nous avons le même objectif que le monde
municipal. Nous gérons le produit des taxes des Québécois;
nous voulons donc faire le plus possible pour les municipalités avec le
moins possible de handicaps. Nous avons donc augmenté
l'équité de nos mesures, la péréquation, par
exemple. Nous avons écouté certains besoins encore criants,
malgré que le budget ne devait pas prévoir de tels subsides en
1983-1984, sur le transfert minimum, notamment; cela a été
maintenu pour une deuxième année, à la baisse cependant,
mais maintenu toutefois. Nous augmentons l'autonomie locale en augmentant nos
paiements d'"en lieu" de taxes. Nous pensons, et c'est vérifiable, que
l'intérêt des citoyens et des contribuables augmente envers
l'administration de leur ville grâce à l'ensemble de ces mesures.
Nous faisons participer le monde municipal à la relance
économique du Québec, comme cela n'avait jamais été
fait auparavant. C'est sûr que nous augmentons ainsi la
nécessité de collaboration, de cohésion et de discussions
entre le ministère et les municipalités, entre le ministre et les
maires et les conseils municipaux. Nous l'avons voulu ainsi et nous croyons que
les budgets antérieurs seront bien consolidés par l'attitude que
nous avons choisie pour 1983-1984. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: Merci, M. le Président. M. le ministre,
comme c'est son habitude, tente de nous faire voir un bilan positif de
l'ensemble des actions que lui et son ministère ont posées au
cours de l'année dernière. Il nous affirme que la
démocratie municipale se porte bien. Il nous parle en abondance de
l'autonomie municipale et du respect de son gouvernement envers cette notion
d'autonomie, en se comportant comme un citoyen ordinaire, comme un bon citoyen.
Il nous parle aussi de la collaboration qui existe entre le monde municipal et
le gouvernement. Ce sont des mots très nobles et de grands principes qui
dans les faits ne se traduisent pas par des actes conformément à
la lettre des citations du ministre. Au-delà des mots, M. le ministre,
dans la réalité, qu'est-ce qu'est l'autonomie municipale dont
vous ne cessez de parler? Il nous apparaît que les interventions et les
actes posés par le gouvernement ne reflètent pas les discours
péquistes tenus sur le sujet. Le gouvernement légifère au
nom, soi-disant, d'une plus grande autonomie pour les élus municipaux,
mais, par toute cette législation, les municipalités sont
soumises à d'innombrables contrôles et interventions
étatiques qui les placent plutôt au rang de simples
exécutants. Quand les municipalités ont réussi à
passer à travers ce labyrinthe de procédures administratives, il
reste bien peu de place pour l'imagination et la créativité.
Le ministre a fait cette déclaration lors du dernier
congrès de l'Union des municipalités du Québec: "Vous
êtes devenus les artisans de la texture économique du pays, vous
l'êtes devenus dans le cadre d'une loi qui vous octroie cette
liberté de choix et d'action avec tous les autres intervenants, dans le
cadre d'une loi qui contraint le gouvernement à s'astreindre à
vos schémas d'aménagement sous peine de débats publics
où les citoyens vont devoir juger au mérite." Comment concilier
cela, M. le ministre, avec le projet de loi 12, déposé il y a
quelques semaines? C'est un exemple frappant de la situation. Ce projet, je le
rappellerai, vise à permettre au gouvernement de se soustraire à
certaines obligations créées en vertu de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme,
particulièrement celles en rapport avec les règlements de
contrôle intérimaire.
En outre, adoptant sa propre loi à son propre avantage, le
gouvernement ne fait-il pas une grande entrave à son principe
d'autonomie municipale? Bien belle façon de démontrer son respect
envers les élus municipaux! La même remarque et la même
conclusion concernant ce projet de loi s'appliquent, eu égard au fait
que le ministre a déposé le projet de loi à
l'Assemblée nationale sans toutefois avoir consulté ni même
avisé, sur la nature du projet, les principaux représentants
municipaux, soit l'Union des municipalités du Québec, l'Union des
municipalités régionales de comté et les
municipalités locales. On peut peut-être expliquer cette attitude
par le malaise que devait ressentir le ministre alors que l'ensemble des
élus municipaux fait front commun, notamment pour que les dispositions
relatives au règlement de contrôle intérimaire soient
modifiées et assouplies, afin de limiter les contraintes de nature
économique qu'elles engendrent. Mais le ministre a fait fi de ce
consensus venant de l'ensemble des élus municipaux, qui
démontrait que le contrôle intérimaire avait bien plus de
conséquences désastreuses que d'aspects positifs et il
légifère sans tenir compte de ces revendications afin de
permettre uniquement au gouvernement de ne pas être assujetti à
toute cette lourdeur administrative. Est-ce bien là un exemple de
concertation et de collaboration entre deux paliers de gouvernement?
Quant aux municipalités régionales de comté, nous
aurons plusieurs questions à poser au ministre parce qu'il nous
apparaît, aux consultations que mène l'Opposition et à la
lecture des revues de presse, que l'harmonie et le bonheur ne règnent
pas au sein des MRC. Plusieurs groupes dans la population sont
mécontents des limitations qui ont été
décrétées et qui ne respectent pas les régions
d'appartenance. De plus, tout autant que c'est le cas quant à
l'autonomie municipale, il y a discordance entre les propos tenus par les
représentants municipaux et ceux du ministre. Nous demanderons au
ministre qu'il fasse l'exercice de dresser le portrait d'une MRC, qu'il
définisse ce qu'est une MRC, car bien peu de citoyens connaissent
réellement sa nature et même certains n'en connaissent même
pas l'existence. Qu'il tente de nous projeter une vue, à moyen et
à long termes. Toutefois, je doute que le ministre puisse l'expliquer,
car il ne fait pas preuve de beaucoup de planification, tout comme le
gouvernement.
Quant à nous, dans ce projet péquiste qui illustre
très bien le grand rêve, la chimère indépendantiste
du ministre, nous dénonçons son attitude antidémocratique
dans le processus de consultation pour la formation des MRC et dans le respect
des régions d'appartenance. Nous dénonçons
également l'incohérence du ministre dans le contenu des lettres
patentes quant à la représentativité et nous
dénonçons le non-respect des engagements du ministre quant
à l'aide financière qu'il s'était, au nom de son
gouvernement, engagé à octroyer aux MRC pour certaines
dépenses déterminées inhérentes au fonctionnement
de ces MRC.
Le ministre disait, à une séance d'étude sur les
crédits de son ministère l'an dernier: "En vertu du programme, au
fur et à mesure que les MRC entrent en fonction, elles ont droit
à une subvention telle qu'on l'avait prévue et à laquelle
nous nous étions engagés dans le temps." C'était le 4 mai
1982, lors de l'étude des crédits. Et, en décembre
dernier, le ministre annonce une diminution de l'aide financière,
effectuant une coupure de l'ordre de 1 500 000 $ sans avis aux MRC comme
telles. Ceci nous apparaît inacceptable parce qu'un des arguments que le
gouvernement soutenait à l'époque du débat sur le projet
de loi no 125 pour faire accepter sa structure non désirée et non
indispensable était que les frais inhérents au fonctionnement et
à l'élaboration du schéma d'aménagement, qui
devaient être la raison d'être même et la seule fonction de
la MRC, seraient défrayés par l'État. Or, une fois de plus
le gouvernement, par l'attitude du ministre des Affaires municipales, n'a pas
respecté ses engagements.
En discourant sur les engagements non respectés, qu'il me soit
permis de parler de l'attitude du ministre des Affaires municipales quant au
programme RELAIS auquel le ministre a fait allusion il y a quelques instants.
Le 23 décembre dernier, une entente conjointe entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec était
librement signée par le ministre Axworthy et les ministres Marois et
Morin. Un mois après avoir signé l'entente, le Québec
tente déjà de se retirer et, le 22 mars dernier, le gouvernement
du Québec reniait une fois de plus sa signature en se retirant du
programme, prétextant que le gouvernement fédéréal
outrepasse sa juridiction. Le point d'achoppement se situait à
l'égard des corporations municipales. En effet, le litige gravite autour
du fait que le gouvernement du Québec refuse l'accès conjoint des
deux parties à l'entente dans le cadre du suivi des projets. Pourtant,
le dernier alinéa de l'article du projet de convention entre le
Québec et Ottawa stipulait que le suivi des projets serait
effectué conjointement par des agents du Canada et du Québec. Si
le ministre des Affaires municipales du Québec ne voulait pas que les
agents du Canada puissent faire ce suivi, pourquoi a-t-il accepté que
cette entente soit signée en décembre? À ce que l'on
sache, le ministre faisait partie du Conseil des ministres à
l'époque. Où était-il donc et pourquoi ne
s'est-il pas exprimé à ce moment-là? (10 h 45)
Nous pouvons nous interroger dans le cadre de l'entente signée
conjointement sur la question du non-respect de la juridiction du Québec
dans le domaine municipal tel qu'allégué par le ministre. Dans
l'accord conclu, il était établi que seul le ministre des
Affaires municipales pouvait approuver des projets soumis par les
municipalités. Je cite le premier alinéa de l'article 7.2, qui ne
laissait place à aucune équivoque: "Tous les projets
émanant des corporations municipales et des organismes qui
dépendent d'elles sont acheminés dès réception par
le secrétariat administratif au ministère des Affaires
municipales pour approbation." C'est donc Québec qui détenait le
pouvoir décisionnel et non Ottawa. Alors qu'il devait exister quelques
risques conflictuels, pourquoi a-t-on signé l'accord? Qui plus est, le
ministre des Affaires intergouvernementales a, lui aussi, participé
à la signature de l'entente, lui qui est le gardien de l'article 21 de
la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales. Le ministre
a affirmé que les 50 000 000 $ prévus pour les corporations
municipales, dans le cadre de ce programme de relance de l'emploi, seront
investis par le gouvernement du Québec dans le cadre du nouveau
programme PRIME, qui remplace RELAIS pour le volet municipal. Bravo! Personne
n'a rien à redire là-dessus.
Nous trouvons extrêmement regrettable, cependant, que
l'étroitesse nationaliste du ministre Léonard ait pris le dessus
sur la nécessité d'une collaboration efficace entre les deux
paliers de gouvernement. Par l'attitude négative du ministre des
Affaires municipales, le montant total de 170 000 000 $ que le gouvernement
fédéral injectait dans ce programme de relance de l'emploi sera
alors dépensé au Québec par le gouvernement
fédéral sans, toutefois, que le Québec ait un mot à
dire sur la répartition des fonds. Le Québec s'est ainsi
enlevé les moyens d'agir et s'est éliminé lui-même
des centres de décision du plus important programme de création
d'emplois qui était en vigueur à ce moment-là. Le
ministre, en privilégiant et en alimentant les guerres de drapeaux, a
affaibli le Québec une fois de plus et lui a fait perdre des droits et
des responsabilités.
Il nous semble que le ministre a dépensé beaucoup
d'énergie au cours des dernières années à susciter
et à alimenter ce type de conflit stérile. N'aurait-il pas
été préférable qu'il tente de trouver des avenues
de solutions afin que les coupures budgétaires qu'il a effectuées
et qui affectent de trop nombreux contribuables puissent être faites
à d'autres niveaux si le gouvernement était en aussi
piètre situation financière? Qu'a-t-il fait pour aider les
municipalités qui revendiquent certains privilèges concernant
l'obligation qui leur est faite de constituer un corps policier lorsque la
population atteint 5000 habitants? Quelles sont les actions du ministre
relativement à ce problème? Qu'a fait le ministre
également relativement aux sérieux problèmes
soulevés par les sentences arbitrales exorbitantes aux yeux des
municipalités et qui fixaient les salaires des policiers municipaux en
accordant des augmentations de l'ordre de 25% à 37%, en moyenne? Je
pense à Charlemagne où cela a été de l'ordre de 50%
pour la première année. Le ministre nous donne l'impression de
s'en laver les mains. Avant d'entreprendre l'étude des crédits,
nous demanderons au ministre de répondre à nos interrogations et
à celles du monde municipal.
Je désire maintenant dire quelques mots sur la fiscalité
municipale, sur ce rapport du comité conjoint tant attendu par le
ministre et qui le paralysait dans son activité à ce chapitre. Le
comité, après avoir dressé le bilan financier de la
réforme, se dit inquiet de sa viabilité à long terme. Ici
encore, on retrouve les mêmes craintes relativement aux intentions
réelles du gouvernement en matière de décentralisation,
à la mise en place des MRC, dont les fonctions éventuelles ne
sont pas encore définies, et au manque d'autonomie administrative ou de
gestion des municipalités.
Le ministre nous parle constamment de principes d'autonomie municipale,
mais il ne veut pas nous expliquer ce qu'il entend faire face aux
problèmes causés par les multiples contrôles, approbations
ou réglementations auxquels doivent se soumettre les
municipalités. Le comité affirme dans son rapport que le
processus de décentralisation administrative amorcé depuis 1980 a
légué un nombre croissant d'obligations aux municipalités
sans qu'il soit question pour celles-ci de ressources financières
additionnelles. Aussi, en conclut-il que cette cession de nouvelles
responsabilités aux municipalités locales ou régionales,
non accompagnés de ressources financières adéquates, est
non seulement contraire aux engagements du gouvernement en 1979, mais est
également susceptible de compromettre la viabilité à moyen
terme de la réforme, de même que le nouvel équilibre des
ressources et des responsabilités qui a été défini
en 1980.
D'un autre côté, il semble vouloir oublier qu'il lui
incombe encore une responsabilité de redistribution pour contrer les
disparités importantes qui subsistent tant sur le plan régional
qu'au palier municipal. En prolongeant la formule de transfert minimal,
n'accordant que des proportions de 75% et 40% des montants actuellement
prévus, le ministre fait-il totalement face à ses
responsabilités? Est-ce à ce moment qu'il décide
d'appliquer le principe d'autonomie?
Sur la question de l'évaluation foncière
et des déplacements fiscaux qui se sont opérés au
détriment des propriétaires résidentiels au cours des
dernières années, quelle attitude entend-il prendre? Devant un
problème que le comité qualifie de chronique et qui va
s'amplifiant chaque année, le ministre a-t-il des intentions
précises? Si tel est le cas, il s'est bien gardé de nous en faire
part. A-t-il seulement envisagé sérieusement la
possibilité d'imposer une formule de plafonnement des comptes de taxes,
tel qu'il lui a été recommandé? A-t-il envisagé les
autres possibilités - par exemple, des taux variables - si la
première ne lui convient pas? Combien de temps les contribuables les
plus durement touchés devront-ils attendre encore? A-t-il
considéré aussi la recommandation visant à permettre la
tarification des services municipaux qui consiste à faire payer les
utilisateurs en fonction des services consommés et de leur coût de
production? S'il ne s'agit pas là d'une panacée, peut-être
qu'au moins cela permettrait de combler certaines lacunes actuelles.
Les déplacements fiscaux ne constituent pas un problème
nouveau. Rien ne nous permet de croire qu'ils ne s'accroîtront pas au
cours des prochaines années. Depuis le temps qu'il est au fait de la
situation et qu'il a le rapport entre les mains, le ministre ne peut aucunement
justifier son retard à agir. Il est inconcevable qu'il ne nous ait
même pas fait part d'une ébauche de solution.
En conclusion, tant dans le domaine de la fiscalité que dans les
autres domaines, ce sont les grandes orientations de la politique du ministre
qui font problème, des orientations générales mal
définies, qui seront précisées on ne sait quand et qui ont
pour effet de laisser le monde municipal et les contribuables dans un
état d'incertitude inacceptable. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Verdun.
M. Lucien Caron
M. Caron: M. le Président, le ministre des Affaires
municipales nous dit que c'est Ottawa. Ottawa dit que c'est Québec.
C'est fatigant et cela se fait sur le dos des municipalités du
Québec. Je pense que plus les municipalités peuvent en avoir,
mieux c'est, dans la mesure du possible. Je me demande s'il y a lieu qu'on
puisse rencontrer ces gens-là pour savoir la vérité une
fois pour toutes. D'un bord et de l'autre, on lance des paroles. On doit avoir
le respect des deux aussi. Je me demande si le ministre n'agréerait pas
qu'on puisse les inviter pour savoir une fois pour toutes qui a tort et qui a
raison. Je pense que la population a le droit de savoir qui a tort et qui a
raison.
S'ils ne viennent pas, c'est signe qu'ils ont un tort, mais, s'ils
viennent, on pourra les questionner des deux côtés. Cela
avancerait le dossier. Pour ma part, je ne détesterais pas que ces
chicanes arrêtent une fois pour toutes parce que c'est toujours le
contribuable qui en paie la note.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, s'il n'y a pas
d'autres intervenants.
Réplique du ministre
M. Léonard: Oui. J'ai bien entendu ce que l'Opposition a
dit. Elle est fidèle à elle-même. Elle critique de toute
façon. C'est son rôle, vous allez me dire, mais on critique.
Quand on parle des innombrables contrôles que nous avons au
ministère des Affaires municipales, je voudrais seulement rappeler
l'objet de certaines lois que nous avons adoptées, dont la loi 92 qui
contenait quelque 300 articles justement pour faciliter l'administration
municipale. On a reparlé du projet de loi no 12 dont on reparlera
à l'Assemblée nationale. On m'a dit que le gouvernement
légiférait à son avantage. Je pense que, lorsqu'on regarde
le projet de loi no 12, il est intéressant aussi pour les
municipalités, parce qu'on simplifie les procédures, et c'est ce
qu'il y a là-dedans. Je l'ai dit assez souvent aussi que, lorsqu'on a
adopté la loi sur l'aménagement, on en a adopté les
principes, on a précisé son contenu le mieux possible, mais on
savait d'avance qu'il devrait y avoir périodiquement des ajustements
parce que c'est pratiquement un code que nous érigeons en termes
d'aménagement et d'urbanisme. Alors, c'est sûr qu'au départ
d'un projet de loi comme celui que nous avons voté on pouvait s'attendre
qu'il y ait des modifications à la loi. Cela s'est passé au
niveau des modalités de successions des MRC et aussi au cours de
l'automne dernier, lorsque nous avons parlé du règlement de
contrôle intérimaire qui a été assoupli. Cela a
été heureux et, finalement, cela fait partie des progrès
que nous faisons sur ce plan.
Cela me fait sourire quand on dit qu'il y a d'innombrables
contrôles et qu'on me parle tout de suite après de RELAIS. Cela me
fait beaucoup sourire. Nous avons été très clairs
là-dessus, mais peut-être qu'il y en a qui ne veulent pas
comprendre ce qu'on dit sur la question. Les fédéraux exigeaient
d'avoir une entrée directe dans les municipalités, ce qui
implique qu'il y aurait un deuxième système de contrôle
administratif. C'est ce que cela signifie. Les municipalités sont
régies par le Code municipal et par la Loi sur les cités et
villes. Si on fait intervenir une autre autorité gouvernementale
à l'intérieur des municipalités, on vient dédoubler
les
contrôles administratifs. Et vous venez de me dire, au
départ, qu'il y en avait déjà trop! Branchez-vous,
choisissez.
Il y en a des contrôles. Les municipalités sont
administrées sous le Code municipal ou la Loi sur les cités et
villes et il y en a déjà assez. On n'en mettra pas deux.
Là-dessus, branchez-vous aussi, parce que vos anciens premiers ministres
aussi étaient d'accord avec nous. M. Bourassa aussi, en 1972, avait fait
une déclaration fracassante en disant qu'Ottawa n'avait pas d'affaire
à pénétrer dans les municipalités. Johnson a dit la
même chose, ainsi que Lesage, Duplessis, Taschereau et tout le monde.
Cela a toujours été cela au gouvernement du Québec et
c'est la logique même. C'est le bon sens administratif que de dire, si
vous avez un réseau comme le réseau municipal ou comme comme
celui des commissions scolaires et celui des affaires sociales, qu'il n'y a pas
deux séries de gouvernement qui vont se mettre à émettre
deux séries de directives qui vont nécessairement se contredire
au bout du compte. Branchez-vous là-dessus!
Je suis content d'entendre cela. On dit qu'on fait des chicanes? On ne
fait pas de chicanes. Il y a eu une entente et, lorsqu'est venu le temps de
l'appliquer, on a exigé des portes d'entrée directe dans les
municipalités. Nous avons dit non. C'est non et cela restera non. Si
c'est cela que vous voulez, dites-le sur la place publique. Ayez le courage de
le dire. On n'a pas fait de chicanes pour rien. Depuis le 23 mars, il n'y a
plus de chicanes. Justement, on n'a pas les fédéraux dans les
pattes et il n'y a pas de chicanes. Cela va bien. On s'entend très bien
avec les municipalités et cela marche. Au fond, c'est peut-être
que vous voulez céder des choses sans avoir le courage de le dire. Vous
parlez à mon sujet de chimères indépendantistes,
d'étroitesse nationaliste. Je pourrais vous dire que vous êtes les
minables apôtres de notre démission nationale, moi aussi, tant
qu'à se lancer des choses.
Je dirai là-dessus que nous allons examiner les crédits
point par point, mais, en ce qui concerne les municipalités, elles sont,
j'en suis sûr, très heureuses de la position que nous avons
adoptée, parce que cela clarifie le paysage en ce qui concerne
RELAIS.
Les municipalités sont bien administrées au Québec.
Je voulais le leur dire. C'est une plume à leur chapeau et c'est une
fleur que je leur fais. Elles sont bien administrées. Elles ont,
d'abord, des élections où les citoyens contrôlent leurs
gestes. Ils font des élections. S'ils ne sont pas contents d'un maire,
d'un conseil municipal ou de conseillers, ils vont les battre. C'est un
contrôle démocratique; c'est le plus efficace, finalement. C'est
sûrement le plus efficace, et, même à court terme, c'est
efficace. Il y a, en plus, des vérificateurs professionnels qui
examinent leurs livres chaque année. Ils font leur rapport, ils engagent
leur responsabilité professionnelle là-dessus. Il y a, ensuite,
nos fonctionnaires qui vont dans les municipalités quand il s'agit de
projets précis, qui examinent les livres et qui nous remettent leurs
états financiers. Je pense que le système lui-même a fait
ses preuves au Québec et ce n'est que très rarement qu'il y a
malversation. On le sait, finalement, les citoyens finissent par le savoir,
parce que nous sommes en administration publique. Je pense qu'on n'a pas besoin
d'une deuxième série de fonctionnaires. Au contraire, cela
viendrait tout mêler. C'est pour cela que tous les gouvernements du
Québec ont toujours maintenu la même position tout le temps.
On pourra s'expliquer davantage au cours de ce débat, au cours de
l'étude de ces crédits, mais je pense que nous avons pris une
décision qui s'imposait et que, finalement, les Québécois,
dans tout cela, n'ont rien perdu, parce qu'il y avait dans l'entente 220 000
000 $ qui vont se retrouver dans les poches des Québécois, je
l'espère bien: 50 000 000 $ par PRIME payés par le Québec
et 170 000 000 $ payés par les fédéraux. Par ailleurs, le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
dispose, lui, d'un autre montant de 185 000 000 $. Donc, le Québec
dispose de 235 000 000 $ en termes de création d'emplois, contre les 170
000 000 $ fédéraux. Je pense qu'il y a un effort. Les
Québécois ne perdent pas. Au fond, c'est probablement mieux, dans
ce cas, que chacun ait repris ses billes, que les fédéraux aient
gardé leurs 170 000 000 $ pour des organismes sans but lucratif et,
nous, les 50 000 000 $ pour les municipalités. Une chose dont je suis
sûr, c'est que les 50 000 000 $ pour les municipalités ne se
gaspilleront pas et se dépenseront bien. (Il heures)
En ce qui concerne l'arbitrage, M. le Président, on dit qu'on n'a
rien fait. Nous avons créé un comité qui a
travaillé. Le ministre du Travail a déposé des amendements
au Code du travail il y a quelques semaines. D'ailleurs, ce n'est pas
passé inaperçu. Il y avait là des amendements qui
concernaient, justement, l'arbitrage. On en discutera, bien sûr. Il y a
un débat là-dessus, car c'est une loi qui est devant le
Parlement. Je pense qu'il n'y a pas lieu de faire le débat
là-dessus ici, mais il y a cela qui a été fait.
Des suites ont été données aux rencontres que nous
avons eues avec les élus municipaux régulièrement. Nous
avons été tenus au courant des plaintes de tous ceux qui avaient
à en formuler par rapport au système. Par ailleurs, je tiens
à souligner que tout le monde s'entend pour qu'on
maintienne le système d'arbitrage. Tout le monde s'entend
là-dessus. On ne veut pas introduire le régime traditionnel dans
ce système. On veut procéder par arbitrage.
L'amendement est sur la table et en discussion présentement
à l'Assemblée nationale. Il y a donc déjà quelque
chose à moins de dire que l'Assemblée nationale fait des choses
qui ne valent rien. C'est peut-être ce que vous pouvez dire, mais
celai
Un dernier point avant d'entrer dans le vif du sujet. Quand M. le maire
de Verdun dit: II faudrait qu'on entende les deux pour savoir qui dit vrai ou
qui dit faux, je dirai que, par rapport à la fiscalité
municipale, un comité qui a été formé au niveau
fédéral, justement, pour étudier le projet de loi C-4,
comité présidé par M. Isidore Pollack. Vous saviez cela,
M. le député? Cela existe, mais cela n'a rien fait. C'est un
comité qui n'a rien donné, parce que le projet de loi C-4 n'a pas
été amendé et il est resté tel qu'il était.
C'est leur responsabilité, qu'ils en discutent de leur fiscalité.
On le sait très bien, à l'heure actuelle, il y avait des articles
de journaux... D'ailleurs, on arrive très mal à estimer le manque
à gagner des municipalités là-dessus. Il a
été question de 44 500 000 $, mais, au fond, c'est beaucoup plus
que cela, parce qu'il y a la taxe d'affaires qu'Ottawa ne paie pas de toute
façon et, en plus, je ne sais pas combien d'édifices
fédéraux ne sont pas évalués purement et
simplement, on les soustrait, pour toutes sortes de raisons, du rôle
d'évaluation. C'est facile au fond, mais ce sont des dizaines et des
dizaines de millions de plus que les chiffres dont on parle présentement
qui devraient être payés par le fédéral au titre de
la taxe foncière, de l'impôt foncier aux municipalités.
Cela est un point. Au lieu de faire des cadeaux à droite et à
gauche et de distribuer des fonds de façon discriminatoire et n'importe
comment, pourquoi le fédéral ne paie-t-il pas ses taxes? C'est
une façon correcte d'administrer les affaires publiques.
Quoi qu'il en soit, je pense que nous sommes prêts à
commencer nos débats. Je dirai simplement en conclusion que, par rapport
à nos lois, puisqu'on a parlé d'aménagement, le vendredi
20 mai, la Tribune de Sherbrooke parle de l'affaire du quai de Cedarville, un
premier accroc au règlement de la MRC. Qui fait cela? Le
ministère fédéral des Travaux publics, qui fait des
travaux en contravention avec le règlement de contrôle
intérimaire de cette MRC à Magog. Selon le préfet, ce qui
n'a rien arrangé dans cette affaire, c'est l'impunité dont s'est
prévalu le gouvernement fédéral dans l'application du
règlement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Verdun.
M. Léonard: Les défenseurs du
fédéral, allez-y, vous avez la parole.
Discussion générale
M. Caron: Juste pour clarifier une chose, la question n'est pas
que je veux que cela soit doublé. Je voudrais que le ministre comprenne
que c'est le ministère des Affaires municipales qui doit administrer au
Québec. Je suis conscient de cela, puis je ne voudrais pas que cela
change, non plus. J'ai les mêmes idées que M. Bourassa et d'autres
là-dessus; je ne voudrais pas que le ministre pense le contraire.
C'est assez difficile parfois de savoir la vérité. C'est
pour cela que je demandais si on pouvait se rencontrer; peut-être que ce
serait tout à votre avantage aussi. Je ne le sais pas et c'est cela
qu'on voudrait savoir. Les montants qui sont là, qui sont donnés
à d'autres organismes, peut-être que ce serait mieux dans certains
cas. Vous-même, vous avez dit que la majorité des
municipalités du Québec sont très bien administrées
et je n'en doute pas. Je pense qu'on peut aller à 99%.
M. Léonard: Comme le gouvernement du Québec.
M. Caron: Verdun en est un exemple même. C'est cela que je
voudrais du ministre. Je ne voudrais pas que le ministre interprète mal
mes paroles. Il n'est pas question de doubler, loin de là. Je pense que
je n'ai jamais fait de déclaration sortant de l'ordinaire. Le
Québec doit administrer ses propres affaires. On est capables de les
administrer nous-mêmes aussi bien qu'eux sont capables de le faire. Je
l'ai toujours dit et je le dis encore. Mais, au moins, on aurait vraiment la
vérité si on avait une commission parlementaire.
Avant que vous me répondiez - je pense que vous n'accepterez pas,
mais cela ne fait rien, je le demande quand même -j'espère que,
s'il y a des coupures cette année, on ne le saura pas à la
dernière minute, au moment où on prépare les budgets. Le
montant de 1 600 000 $ que la municipalité et d'autres
municipalités du Québec ont perdu, au moment où les
budgets étaient prêts, je pense que cela désorganise
pas mal et que c'est assez embêtant. J'espère que, s'il y a des
changements, le ministre nous en avisera. J'espère que non. Si oui,
j'espère qu'on en sera avisés plus tôt.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: En ce qui concerne les rencontres avec le
gouvernement fédéral, je souligne - ce qui est de
notoriété publique, encore une fois - que j'ai écrit deux
fois à M. Roméo LeBlanc pour qu'on signe une entente. Mais les
ententes sont signées de
gouvernement à gouvernement, celui du Québec et celui
d'Ottawa, au fédéral. Je pense que, dans tout cela, les
municipalités, il faut bien le reconnaître, M. le
député, n'ont rien perdu. Elles n'ont rien perdu parce que les 50
000 000 $ qu'elles devaient avoir dans RELAIS, elles les ont dans PRIME et
elles traitent directement avec le ministère. Au fond, par rapport
à tout ce grabuge qui semblait se dessiner, maintenant, la situation est
très claire: les municipalités traitent avec le Québec.
Elles ont les 50 000 000 $, comme elles les auraient eus dans RELAIS. Cela va
aller beaucoup plus vite et beaucoup plus directement. Je pense que c'est
beaucoup mieux.
J'ai moi-même écrit deux fois à M. Roméo
LeBlanc. Une première fois, il m'a référé à
M. Axworthy et une autre fois, il m'a dit très clairement qu'il ne
voulait plus PAEC, parce qu'il s'agissait plutôt d'équipements
communautaires. M. Jacques-Yvan Morin, mon collègue, a écrit
à M. Herb Gray. Finalement, jeudi dernier, M. Lévesque
lui-même, le premier ministre, a écrit à M. Trudeau. Vous
lirez la lettre. Je peux vous l'apporter. Je peux vous en apporter une copie.
Je pense que cela pourrait être intéressant pour les membres de la
commission afin de voir dans quelle optique cela se situe. Je pense qu'on ne
peut pas admettre - vous l'avez dit vous-même, dans la foulée
aussi des ex-premiers ministres du Québec - qu'il y ait introduction
d'un deuxième système de juridiction vis-à-vis des
municipalités, parce que là, c'est la pagaille, le chaos
administratif! Veux, veux pas, même si on était les meilleurs
amis, c'est ce qui va se produire.
Il faut s'en tenir à cela. Il faut que le fédéral
signe une entente avec le Québec et, aux termes de cette entente, on
administrera des programmes vis-à-vis des municipalités. Nous
sommes d'accord là-dessus. Il n'y aura pas de problèmes
là-dessus. Maintenant, il faut qu'on s'en tienne à des
renseignements, en termes administratifs, qui vont être mis à la
disposition du fédéral par le Québec. Nous avons toujours
accepté cela. Les municipalités ont des documents. Elles ont des
livres comptables. Elles nous ont toujours apporté cela ici et c'est ce
qu'il fallait pour faire la vérification des projets. Nous sommes
prêts à mettre ces documents à la disposition du
fédéral, mais sur les lieux, ici. Il n'y a aucun
problème.
Remarquez que, là-dedans, ce n'est pas une question de
visibilité. Peut-être que c'en est une pour eux. Mais on est
prêt à des accommodements là-dessus. La visibilité,
on est prêt à leur en mettre des pancartes, des plaques, des
drapeaux, à mettre leur nom sur tous les tuyaux d'égout qu'il
faut, pas de problème! Allons-y! Pourquoi pas? Sur les sacs de vidanges,
n'importe où, on va mettre les noms de tous les députés
fédéraux qu'on voudra là-dessus. La liste, allons-y! Mais,
quant aux institutions et quant au système administratif, c'est non. Il
faut qu'on s'entende là-dessus, à savoir que, finalement, il y a
un gouvernement responsable des municipalités. C'est ce qui est inscrit
dans la constitution. Qu'ils respectent leur constitution. C'est la seule chose
qu'on leur demande. Qu'ils respectent simplement leur propre constitution. Que
voulez-vous de plus?
Le Président (M. Desbiens): Avant d'appeler le
programme... Oui, M. le député de Verdun.
M. Caron: Est-ce qu'il va y avoir des coupures pour les
municipalités?
M. Léonard: Non, non, les budgets sont connus.
M. Caron: Non. Cette année, on peut donc s'attendre
à ne pas avoir de désappointement en cours de route.
M. Léonard: Vous allez avoir votre
péréquation, M. le maire, même si vous avez encore de gros
surplus.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, il y a deux choses que le
ministre semble nous dire: Qu'on est les défenseurs du système
fédéral et qu'on est les défenseurs des
fédéraux. Ce n'est pas l'attitude qu'on veut prendre, en aucune
façon. Tant qu'à parler du programme RELAIS, je veux tout de
suite faire des mises au point. Ce que j'ai reproché au ministre dans
son attitude concernant le programme RELAIS, c'est que, sur un projet de 220
000 000 $, programme où le gouvernement fédéral
investissait 170 000 000 $ et où 50 000 000 $ étaient investis
par le gouvernement provincial -heureusement pour les municipalités, les
50 000 000 $ sont restés là - l'entente avait été
signée par le gouvernement, avec l'accord du Conseil des ministres -
à ce que je sache, le ministre faisait partie du Conseil des ministres -
selon les prétentions qui existaient à ce moment. L'entente avait
bien été signée par le ministre de la Main-d'Oeuvre, M.
Marois, et par le ministre des Affaires intergouvernementales, M. Jacques-Yvan
Morin.
Dans cette entente qui avait été signée et
acceptée par le Québec, il était quand même
expressément stipulé, à l'article 7.2, "que tous les
projets émanant des corporations municipales ou des organismes qui
dépendent d'elles sont acheminés, dès réception,
à leur secrétariat administratif ou au ministère des
Affaires municipales pour approbation". C'était le début des
projets
municipaux; le ministère des Affaires municipales devait
approuver des projets. Ce n'était pas le gouvernement
fédéral qui venait les approuver au départ; c'était
au niveau des corporations municipales.
Le ministre a fait grand état, dans le cadre de ce programme, de
la question du suivi conjoint, demandé. M. le ministre, ma question et
celle du monde municipal, qui, je pense, était valable à
l'époque, est la suivante: Comment se fait-il que, dans la signature
d'une entente fédérale-provinciale où, à mon point
de vue, le choix des projets et des applications du volet municipal
était quand même soumis à l'approbation première du
Québec, selon sa compétence existante, on ait accepté...
C'était inscrit dans l'article 7.2 et dans l'article 7.3, et je le
citerai textuellement: "Le suivi des projets sera effectué conjointement
par les agents du Canada et du Québec." La même phrase se retrouve
aux deux articles; au niveau des projets des conventions municipales, à
l'article 7.2, le reste étant au niveau des autres projets, des projets
de troisième ordre.
C'était donc prévu à ce moment. Si le ministre
trouvait non valable que le suivi conjoint se fasse et que le gouvernement
fédéral puisse le vérifier conjointement avec les agents
provinciaux et s'en tenir à des contrôles dans les livres,
c'était à lui de spécifier à ce moment la nature du
suivi existant et non pas un suivi conjoint par les agents du Canada et du
Québec. Cela aurait dû être spécifié et c'est
dans ce sens que je dis que cela devient une lutte stérile. Je suis
d'accord avec le ministre quant à la perte au niveau des
municipalités; on verra ce que cela va représenter au niveau du
programme PRIME. Je n'en sais rien. Nos informations, à l'Opposition,
sont assez limitées. J'en ai fait part au ministre récemment. On
obtient des informations, lorsqu'on peut en avoir, des kiosques du
ministère et parfois des municipalités. Cela prend parfois un
certain temps avant d'obtenir des documents du ministère.
Mais ce qui était, à mon sens, au détriment du
bien-être du Québec en général, c'est que sur le
programme global de 220 000 000 $ où le Québec avait son mot
à dire, on s'excluait carrément d'une part de 170 000 000 $ de ce
programme pour ne conserver que les 50 000 000 $ que le Québec y
investissait. Je ne dis pas cela pour défendre le gouvernement
fédéral sur ce point, mais je pense qu'au niveau des
interventions du ministre, au niveau des ententes que le ministre devrait
négocier avec le gouvernement fédéral... On a eu le
programme RELAIS, qui est terminé. D'autres projets de subventions sont
actuellement sur le tapis avec le gouvernement fédéral et je suis
d'accord avec le ministre qu'on doit respecter ce que le Parti libéral
à l'époque - vous avez parlé de M. Bourassa - avait
exigé. On est aussi d'accord sur ce point, excepté que, pour ce
qui est d'une entente nécessaire pour assurer le retour de fonds au
gouvernement du Québec et aux municipalités pour la
création d'emplois et l'implication dans les équipements
communautaires, je pense que le ministre doit faire preuve de
créativité pour tenter de trouver des solutions aux
problèmes, et pas simplement décrier les intentions du
fédéral à ce sujet. Mon confrère de Verdun disait
qu'au niveau des consultations qui ont pu exister entre les deux paliers de
gouvernement il serait important qu'on sache un peu ce qui se développe
en ce sens, parce qu'on ne le sait pas. Après coup, on se fait dire
qu'on est les défenseurs des fédéraux. Je ne le prends
pas, M. le ministre, en aucune façon.
M. Léonard: Je suis heureux de vous l'entendre dire.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: L'entente a été signée
entre les deux gouvernements, le Québec et Ottawa. On a parlé de
suivi conjoint, mais le suivi conjoint, c'est pour les documents, ici, sur les
lieux, à Québec. C'est, d'ailleurs, toujours ce qui a
été fait. Oui, oui. C'est toujours ce qui a été
fait. Le suivi pouvait être fait conjointement par les deux niveaux de
fonctionnaires, ici, à Québec sur les rapports mêmes des
municipalités, compte tenu de tout ce qu'on avait auparavant. Alors,
c'était un suivi. Le Québec, lui, obtenait des documents des
municipalités, puis, ensuite, les travaux de vérification, de
contrôle se faisaient conjointement par Québec et le
fédéral sur les rapports ainsi produits. Cela a toujours
été ça, toujours! (Il h 15)
Cela a été refusé par Ottawa cette fois-ci et il
était en rupture même avec la tradition de tous les autres
gouvernements du Québec. Toutes les ententes antérieures
comportaient les mêmes dispositions, même à l'époque
de Bourassa, là-dessus. Le fédéral vérifiait
auprès du Québec, ici. J'ai signé assez d'ententes pour
savoir que c'est comme ça que cela se fait; j'en ai signé pour 1
200 000 000 $ quand j'étais responsable des ententes à l'OPDQ et
j'en ai signé en particulier avec Marcel Lessard. Les ministères
apportaient les documents qui étaient vérifiés par les
fonctionnaires fédéraux et l'OPDQ, à l'intérieur
même du gouvernement. La même chose pour les municipalités:
lorsqu'il y avait des projets qui touchaient les municipalités, les
états financiers, les rapports de dépenses venaient ici et le
suivi conjoint se faisait là.
Or, on a interprété l'entente très
différemment, du côté fédéral, en
disant qu'il ne devait y avoir aucune entrave à l'entrée des
fonctionnaires dans les municipalités. Cela est un changement profond
dans l'attitude d'Ottawa, je vous dirais non seulement vis-à-vis du
Québec, mais vis-à-vis des autres provinces et c'est
intéressant de savoir ce que les autres provinces ont dit sur la
question.
L'Ontario a laissé pénétrer les fonctionnaires
fédéraux dans les municipalités, alors que je crois
comprendre qu'auparavant ce n'était pas tellement la coutume. Cette
fois, ils ont laissé faire, avec les résultats qu'ils se sont
aperçus que le fédéral voulait signer même les
sous-contrats à l'intérieur d'un projet RELAIS, qu'il voulait
tout signer, tout contrôler, même les sous-contrats, à tel
point que des hauts fonctionnaires ont traité la situation de
démentielle, c'est le mot qu'ils ont employé, et c'est sûr
que c'est ça que cela produit. Si vous êtes des administrateurs,
vous comprenez, cela ne prend pas cinq minutes, c'est ça qui se
produit.
D'autre part, au Manitoba on a fonctionné à plein avec
l'entente, le gouvernement manitobain a signé ça, bon! Il a
laissé aller les choses. Quel a été le résultat?
Des plaintes, figurez-vous, de la part des unions des municipalités du
Manitoba qui reprochaient au gouvernement manitobain son attitude et d'avoir
signé une telle entente. C'est cela qui s'est produit. Quant à la
Colombie britannique, il n'y a pratiquement pas d'ententes, pas de projets qui
touchent les municipalités; c'est juste l'entreprise privée qui a
accès à RELAIS et qui s'en prévaut. Alors, c'est comme
cela que ça se passe.
M. Saintonge: C'est dans le cadre de RELAIS, M. le ministre?
M. Léonard: Oui, dans le cadre de RELAIS et on ne peut pas
accepter ça, c'est inacceptable, cela ne peut pas se faire. Le
gouvernement du Québec n'est pas le mandataire des municipalités
dans une entente comme celle-là; c'est lui qui signe l'entente, alors
que c'était l'interprétation d'Ottawa.
Le Président (M. Desbiens): Avant d'appeler le programme
1, oui, M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: II reste qu'au niveau de l'espèce de suivi
sur le terrain, en fin de compte, il y avait la vérification; j'imagine
que le gouvernement provincial fait certaines vérifications, à ce
moment-là, sur le terrain même, auprès des
municipalités, par un agent provincial. Au niveau du suivi des projets
que le fédéral exigeait ou demandait qu'on fasse, suivant
l'interprétation, conjointement, est-ce que cela ne voulait pas dire que
l'agent fédéral qui était chargé de faire le suivi
avec l'agent provincial pouvait aviser de son intention de se rendre sur les
lieux et d'y aller non pas seul, mais avec l'agent provincial? Les ententes
précédentes étaient peut-être distinctes, avec des
motifs opérationnels différents, mais si, au niveau du
fédéral, on veut changer une espèce de suivi, il aurait pu
y avoir moyen, je pense, de constituer un comité conjoint pour faire le
suivi ou que les agents en question, du fédéral et du provincial,
soient mandatés d'une façon particulière et
spéciale pour faire non pas deux vérifications, mais une
même vérification à l'intérieur d'un comité
conjoint. Il en existait dans l'entente, des comités conjoints pour
examiner les projets.
Je peux vous dire plus, même, à la suite des
vérifications que j'ai pu faire dans certains cas auprès d'agents
du gouvernement du Québec qui étaient censés être
affectés au programme RELAIS. Les informations qu'on avait, c'est que
les retards au niveau du programme RELAIS dans les informations, les retards au
niveau de l'analyse des dossiers ne dépendaient pas des agents
fédéraux qui étaient prêts à fonctionner
alors que les projets étaient là sur les tablettes. Le
fédéral, nous disait qu'il était prêt ou, il y avait
des projets en suspens parce qu'il attendait que le provincial agisse
là-dessus et qu'il donne à ses fonctionnaires l'ordre de les
analyser et de faire leurs recommandations. Même les agents provinciaux,
M. le ministre, dans mon propre comté, m'ont dit qu'effectivement
c'était le cas, que c'était en suspens parce qu'ils
n'étaient pas prêts à agir là-dessus. Ce
n'était pas le fédéral qui était responsable, mais,
le résultat de tout cela, c'est que, malgré l'entente
signée, le défaut de s'accorder a retardé pendant combien
de temps la mise en place, pour des chômeurs québécois,
d'un système de relance de l'emploi? À ma connaissance, on est
rendu au 31 mai et, si je ne me trompe, j'ai vu un avis à savoir que le
ministère avait commencé à donner certains projets qui
étaient en marche actuellement. Mais la dernière fois où
j'ai parlé au ministre remonte à une semaine à peine et,
à ma connaissance, il n'y avait rien en place au niveau du programme
PRIME.
M. Léonard: On se reparlera de cela tout à l'heure.
Quand vous parlez des contacts sur la mise en place de PRIME, un mois
après l'expédition des formulaires, il y a déjà des
décisions de sorties, des projets qui ont commencé. On en
reparlera. C'est une autre affaire.
Sur le plan des rapports des fonctionnaires fédéraux avec
les municipalités, lorsque les fonctionnaires fédéraux
voulaient vérifier des choses, ils s'adressaient à nous et nous y
allions avec
eux. Ce que le fédéral demandait cette fois,
c'était d'y aller sans nous, directement. Cela, c'est non, et
j'espère que vous êtes d'accord là-dessus. En tout cas, si
vous ne l'êtes pas, les gens jugeront.
M. Saintonge: Le problème, M. le ministre - vous
m'excuserez une seconde -c'est que des fois on n'a pas les mêmes versions
de ce que vous dites, par rapport à ce qu'on entend. C'est cela, le
problème. Ce n'est pas la question qu'on veut défendre le
système fédéral comme vous l'avez mentionné
tantôt, et je trouve que c'est un peu farfelu, quand on pose des
questions là-dessus ou qu'on s'étonne de certaines actions du
ministre, de se faire dire: Vous êtes les défenseurs, les petits
frères de l'autre, vous suivez ce qu'on vous dit. Ce n'est pas la
question. Simplement, on n'est pas partie à rien là-dessus, on
n'est pas présents dans les discussions. On a de la correspondance, mais
qui, souvent, vous l'admettrez avec nous, est très limitée.
M. Léonard: J'avais commencé à parler, on
m'interrompt assez facilement.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Léonard: Je pense que c'est cela, le point. L'entente a
été signée entre les deux gouvernements, le suivi devait
se faire avec le gouvernement du Québec. C'est un suivi conjoint et on
s'en tenait là-dessus strictement à la ligne traditionnelle du
Québec qui, je pense, avait été mise au point au cours des
années antérieures, une dizaine d'années plus tôt.
Il n'était pas question d'en dévier, mais, quand on a
exigé qu'on en dévie, on a dit non. Le fédéral,
plutôt que de s'en tenir à la ligne antérieure
traditionnelle, a préféré se retirer. Finalement,
là-dedans, on jugera. Peut-être bien que cela ne vous paraît
pas clair, mais c'est clair. C'est comme cela que ça va se passer.
Maintenant, PRIME est destiné spécifiquement aux
municipalités et les 170 000 000 $ aux organismes sans but lucratif. Les
gens jugeront là-dessus. On a quand même une autre somme de 185
000 000 $ pour des entreprises privées et les autres organismes, de
sorte que nous mettons 235 000 000 $ dans le Québec,
présentement, contre les 170 000 000 $ du fédéral.
Le Président (M. Desbiens): J'appelle le programme 1.
M. Saintonge: Puis-je avoir une suspension, M. le
Président, pour deux ou trois minutes, s'il vous plaît?
Le Président (M. Desbiens): La commission suspend ses
travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à Il h 23)
(Reprise de la séance à Il h 30)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente des affaires municipales reprend
ses travaux pour l'étude des crédits budgétaires de ce
ministère pour 1983-1984. J'appelle le programme 1. M. le ministre.
M. Léonard: Un instant, s'il vous plaît!
Le Président (M. Desbiens): Aménagement du
territoire municipal.
Aménagement du territoire municipal
M. Léonard: Simplement quelques remarques
générales, M. le Président, là-dessus. Je pense que
nous en sommes maintenant à l'étape de l'élaboration des
schémas d'aménagement. Il y a eu des règlements de
contrôle intérimaire qui ont été adoptés et
qui sont maintenant en vigueur dans 59 municipalités régionales
de comté sur 61, plus Laval, mais disons que 61 ont adopté un
règlement de contrôle intérimaire. Je pense que cela va
très bien. À mon sens, l'esprit est excellent. Tout le monde
collabore; évidemment, les gens des MRC et les élus, les
préfets, les fonctionnaires et mes fonctionnaires, chez, moi au
ministère. Je pense que cela va bien et, en général,
très bien. Je crois que le travail est commencé et qu'on va y
arriver.
J'entendais le député de Laprairie, tout à l'heure,
dire que les MRC étaient une structure dont on pouvait se passer. Je ne
sais pas s'il était vraiment très sérieux, trois ans ou
trois ans et demi après l'adoption de la loi, de dire une telle chose.
Alors que les gouvernements antérieurs avaient fait des efforts
inouïs pour arriver à créer une structure intermunicipale
pour faire de l'aménagement, nous y sommes. Il me semble que c'est une
attitude rétrograde que de dire que c'est une structure dont on pourrait
se passer.
Je ne sais pas s'il est au courant que quelqu'un de sa formation
politique pense exactement le contraire de lui là-dessus, en particulier
un ancien candidat qui est préfet de comté et qui a
déclaré des choses. Je vais le citer. J'ai d'ailleurs, entre
guillemets, je pense, dans le texte, un certain bout: "Le préfet de la
MRC de Matawinie n'en démord pas. La loi 125 est la plus belle mesure
dont ait jamais hérité le monde municipal." Il dit ceci: "II
existe enfin une loi permettant aux citoyens d'agir directement sur des
élus et
de travailler avec eux à l'aménagement du territoire sur
lequel ils vivent. C'est sans doute la meilleure loi qui ait jamais
été votée en autant que les municipalités sont
concernées." C'est ce que M. le préfet de Matawinie a dit et ce
préfet était candidat libéral dans Joliette à la
dernière élection. C'est quelqu'un qui connaît le monde
municipal; il est aussi, en même temps, vice-président de l'Union
des municipalités régionales de comté du Québec. Il
doit savoir ce qu'il dit. Je ne sais pas si le député de
Laprairie maintient toujours son assertion que la structure des MRC est une
structure dont on pourrait se passer.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Je ne parle pas au niveau des buts, M. le ministre,
ou quant aux objectifs qui peuvent se retrouver au niveau de
l'aménagement soit qu'il est nécessaire de faire de
l'aménagement, qu'il est nécessaire qu'au niveau de certaines
régions les élus municipaux se mettent ensemble. Je suis bien
d'accord avec cela et je pense, de toute façon, que même le
critique des Affaires municipales du Parti libéral, à
l'époque, pour autant que je m'en souvienne, M. Goldbloom, était
aussi d'accord pour que de l'aménagement se fasse et qu'il y ait une
consultation au niveau municipal. Mais le problème, c'est la structure
qui sous-tend tout cela. C'est là-dessus que je mentionne qu'on pourrait
peut-être s'en passer. Il aurait pu y avoir des structures qui auraient
pu fonctionner avec peut-être moins de contrôles administratifs,
moins de coûts, d'une certaine façon, par des ententes
intermunicipales qui auraient fort bien pu être possibles, comme dans
certaines régions du Québec on a commencé à le
faire, sans implanter les MRC d'une façon globale.
M. Goldbloom, justement, suggérait des conseils intermunicipaux
d'aménagement, ce qui était différent des MRC. Ils
n'auraient peut-être pas eu besoin de toute l'implantation et de tout le
tralala qui entoure la mise sur place de ces MRC.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Mais cette proposition avait, justement,
été rejetée par le monde municipal dans le temps, alors
que la structure que nous avons apportée est une refonte et prend la
suite pratiquement des conseils de comté. Ce sont des conseil de
comté renouvelés, une structure qu'on connaissait très
bien. Je comprends que vous avez des problèmes de relations internes au
sein du parti. Il faudrait peut-être moins parler aux
fédéraux et vous informer davantage sur le terrain.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que
l'élément 1 est adopté?
M. Saintonge: Non. M. le ministre, à
l'élément 1, j'aurais besoin de détails au niveau du
fonctionnement des MRC. J'ai dit tantôt que j'aimerais poser une question
d'ordre général. On a déjà posé une question
en Chambre. Quel est votre rôle, en tant que ministre des Affaires
municipales, tel que défini par la loi au niveau des MRC?
M. Léonard: II est défini par la loi.
M. Saintonge: Par rapport à votre confrère de
l'Aménagement, où commence votre rôle dans le fond, au
niveau de l'implantation du schéma d'aménagement? Est-ce que vous
allez jusqu'au bout du schéma d'aménagement? Il y a une
contradiction avec le ministre Gendron par rapport au rôle qu'il s'est
octroyé selon la conception qu'il avait évoquée en Chambre
il y a quelques mois. J'aimerais savoir de quelle façon vous situez
votre rôle dans le cadre des MRC en contrepartie avec le ministre de
l'Aménagement.
M. Léonard: Mon rôle est défini par la loi et
c'est le ministre des Affaires municipales qui est responsable de l'ensemble de
la loi 125. Il y a un certain nombre d'articles dont l'application
relève du ministre délégué à
l'Aménagement et au Développement régional. Il s'agit des
articles Il, 16, 27, 29 et 149 à 165. Les documents sont
préparés sous la responsabilité du ministre
désigné par le gouvernement, en l'occurrence le ministre
délégué à l'Aménagement et au
Développement régional. Au fond, lorsque vous regardez le contenu
de ces articles, vous voyez qu'il s'agit des orientations des
ministères, des orientations du gouvernement par rapport au
schéma d'aménagement. Dès qu'il s'agit de la
préparation du schéma d'aménagement avec les MRC, la loi
ordinaire s'applique. Il n'y a pas de contradiction là-dessus.
M. Saintonge: Au niveau de ce programme, maintenant, au programme
1, quand on parle du transfert de 14 746 000 $, j'aimerais connaître la
répartition de ce transfert au niveau des différentes MRC.
M. Léonard: Si vous regardez dans la fiche C, sur la
droite, vous avez la ventilation de ces sommes. L'aide financière
à l'élaboration des schémas d'aménagement est de 4
092 400 $. Ensuite, l'aide financière au fonctionnement des MRC est de 8
352 000 $ et la rémunération des élus des MRC est de 2 302
000 $, ce qui fait 14 746 400 $ exactement.
M. Saintonge: C'est dans le cadre de ce programme-là que
le ministre a coupé au mois de décembre dernier un certain
montant par rapport aux engagements antérieurs que vous aviez pris avec
les MRC. De combien ont été ces coupures? Où,
précisément, dans ces trois éléments, ont-elles
porté?
M. Léonard: Le programme d'aide financière à
la préparation des schémas d'aménagement n'a pas
été affecté par les coupures. Les deux programmes qui ont
été affectés sont celui du fonctionnement des MRC et celui
de la rémunération des élus. En ce qui concerne la
rémunération des élus, il avait été
prévu qu'il y aurait vingt réunions par année. Or, aucune
MRC n'allait de façon plausible atteindre vingt réunions par
année. Nous l'avons donc financé, plutôt, sur quinze
réunions par année. Cela explique la diminution de ce programme
au niveau de la rémunération des élus. Le montant
prévu en 1983-1984 est sensiblement le même que celui qui a
été dépensé en 1982-1983. Donc, les MRC peuvent
fonctionner comme l'an dernier sans problème parce que c'est à
peu près la même rémunération qui est
prévue.
Au niveau du fonctionnement, nous avions modifié les
barèmes pour avantager les petites MRC et couper un peu sur les projets
des grosses MRC. Cela se justifie de la façon suivante: lorsque vous
avez des petites MRC, très souvent ces MRC ont un grand territoire. Si
vous faites le tour du Québec, vous allez vous apercevoir qu'il y a peu
de population dans des MRC dont les territoires sont très
étendus. Cela coûte très cher en frais de
déplacement. Donc, nous voulions améliorer leur sort. On a
amélioré le sort des petites en en enlevant un peu aux grandes
MRC. Une MRC très populeuse, supposons sur la rive sud de
Montréal, ou sur la rive nord, n'a pratiquement pas de frais de
déplacement dans ses travaux et, lorsque vous introduisez un facteur qui
est la population, cela lui fait des budgets très grands. Cela nous est
apparu un point où nous pouvions faire des compressions
budgétaires. Alors, je ne pense pas que cela ait gêné leur
fonctionnement.
De toute façon, je voudrais souligner une chose: Depuis tout le
temps que le gouvernement rationalise ses dépenses, jusqu'à un
certain point - dans d'autres ministères, on l'a fait bien avant nous -
au ministère des Affaires municipales, jusqu'à l'automne dernier,
nous avions épargné ces compressions budgétaires au monde
municipal. Il n'avait pas été touché durant les deux
années où d'autres ministères avaient été
touchés. Ici, on n'avait pas été touché; c'est
plutôt à l'interne que nous avions fait nos compressions.
C'était la première fois que cela se produisait. Je ne pense pas,
encore une fois, que cela gêne le fonctionnement des municipalités
régionales de comté.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que
l'élément 1 est adopté?
M. Saintonge: Non. M. le ministre, c'est comme si vous aviez fait
un transfert des montants alloués aux grandes MRC, c'est-à-dire
petit territoire, grande population, vers celles qui ont un plus grand
territoire et moins de population, donc, qui ont des coûts plus grands de
déplacement, etc. Il reste que vous avez une coupure de 1 500 000 $. Je
vais situer cette coupure à quel élément? Vous me parlez,
par exemple, des réunions. On dit cinq réunions de moins, mais
est-ce qu'il n'y a pas eu des coupures au niveau du fonctionnement qui ont
touché globalement le programme?
M. Léonard: C'est réparti dans les 14 746 000 $. Il
y a deux programmes à l'intérieur des 14 000 000 $. Il y en a un
qui concerne la rémunération des élus et le
deuxième, qui a été affecté, le fonctionnement des
municipalités régionales de comté. C'est à
l'intérieur des 14 000 000 $.
M. Saintonge: L'aide financière à la
préparation des schémas d'aménagement, d'après ce
que je peux comprendre, n'a pas été touchée par votre
coupure de 1 500 000 $.
M. Léonard: Cela n'a pas été
affecté.
M. Saintonge: Cela n'a pas été affecté.
Disons qu'il n'y a pas eu tellement de démarches entreprises à ce
niveau.
M. Léonard: Non, l'an passé, le budget était
minimal là-dessus.
M. Saintonge: D'accord. Votre coupure est située aux deux
autres éléments: aide financière au fonctionnement et
rémunération. Vous m'expliquez cela, au niveau de la
rémunération, principalement par le fait que vous avez
coupé le nombre de réunions de 20 à 15. En fait, ce
n'était peut-être pas nécessaire. Comme vous le
mentionniez, 20, c'était peut-être trop. Cela a occasionné
une coupure de quelle grandeur sur 1 500 000 $?
M. Léonard: Alors, rémunération des
élus, 700 000 $ et fonctionnement, 800 000 $.
M. Saintonge: 800 000 $ environ. M. Léonard:
Environ, oui.
M. Saintonge: Vous mentionniez dans votre réponse
tantôt qu'il y avait eu comme un transfert de certaines MRC à
d'autres, mais cela n'explique pas les 800 000 $ de
coupures. D'où viennent-ils?
M. Léonard: Sur l'ensemble du budget de fonctionnement, il
y a eu une réduction de 800 000 $, mais, par la même occasion, il
y a eu aussi un déplacement des fonds vers les plus petites
municipalités. (Il h 45)
M. Saintonge: En plus des 800 000 $, il y a en qui ont
été affectées. Les 800 000 $, par rapport aux
prévisions budgétaires, au niveau du fonctionnement, cela
m'apparaît important pour les MRC. Vous avez une structure en place, une
MRC qui fonctionne et le gouvernement dit, grosso modo, aux élus
muncipaux: Vous avez du financement. On va vous aider financièrement au
niveau du fonctionnement, de la rémunération et de
l'élaboration des schémas. On ne touche pas à
l'élaboration des schémas. La rémunération sera
diminuée, possiblement, c'est bien d'accord: il n'y a pas de MRC qui ont
tenu 20 réunions, 15 réunions, c'est suffisant. Est-ce que par
cette attitude, en coupant certains budgets, des MRC se trouvent, quand
même, à devoir financer leur fonctionnement, parce que, leurs
subventions étant diminuées, ce sont des quotes-parts qui s'en
vont aux municipalités. Donc, on est obligé, au niveau municipal,
de financer la structure contrairement à ce qui avait été
prévu, semble-t-il.
M. Léonard: Non, je ne pense pas. M. Saintonge: Du
moins, en partie.
M. Léonard: Non, parce que le financement que nous faisons
est au niveau de l'aménagement. Les conseils de comté, cela
existait avant et il y avait des quotes-parts au niveau municipal. Alors, pour
les objets qui concernaient l'application de certains éléments du
Code municipal, les municipalités versaient des quotes-parts. C'est une
chose.
En ce qui concerne l'aménagement, je ne pense pas que les budgets
que nous attribuons soient insuffisants de sorte que les municipalités
locales doivent contribuer au financement. Cela dépend. J'ai toujours
été bien clair là-dessus: S'il y en a qui veulent se
donner de grands schémas bien détaillés, cela
coûtera plus cher. Vous savez comme moi qu'on peut aller très loin
là-dedans. Au niveau du fonctionnement, on peut faire des tas de
choses.
M. Saintonge: On reste au niveau du fonctionnement. Les
schémas, ce serait autre chose.
M. Léonard: Au niveau du fonctionnement aussi, on a
modifié la contribution de base. Après examen, après
environ un an de fonctionnement de certaines
MRC, on a relevé la contribution de base, pour les
municipalités de 0 à 20 000 habitants, de 35 000 $ à 60
000 $. Cela donnait 35 000 $ de plus pour les petites municipalités. Par
la suite, c'était 2,50 $ par habitant au-delà de 15 000
habitants. Je reprends?
M. Saintonge: Oui.
M. Léonard: Oui. D'accord. En 1982, disons, c'était
une contribution de base de 35 000 $ plus 2,50 $ par habitant au-delà de
5000 habitants. Cela va?
M. Saintonge: Oui.
M. Léonard: En 1983, c'est devenu une contribution de base
de 60 000 $ plus 2,50 $ par habitant au-delà 15 000 habitants. On a fait
des modifications et cela améliore leur situation. En 1982, de 20 000
à 40 000 habitants, c'était une contribution de base de 72 500 $.
C'est aussi resté 72 500 $ en 1983, mais la contribution était
par habitant de 1,50 $ au-delà de 20 000 habitants et c'est devenu 1,25
$ par habitant au-delà de 20 000 habitants. Mais vous avez au
départ 72 500 $ pour 20 000 habitants.
De 40 000 à 60 000 habitants, la contribution de base est de 102
500 $ qui deviennent 97 500 $ en 1983. La contribution additionnelle
était de 1,25 $ par habitant au-delà de 40 000 habitants et c'est
0,75 $ par habitant au-delà de 40 000 habitants en 1983. C'est un
réajustement qui fait que les plus petites municipalités
régionales de comté n'ont pas été affectées
ou même ont connu un sort amélioré. Alors que les grandes
MRC - par exemple, 100 000 habitants et plus - avaient au départ 157 500
$ et 0,75 $ par habitant au-delà de 100 000 habitants, c'est devenu 128
500 $ et 0,20 $ par habitant au-delà de 100 000 habitants.
En ce qui concerne le schéma d'aménagement, disons que le
fonctionnement de la MRC n'est pas nécessairement si coûteux que
cela. C'est en fonction, évidemment, de la population. On en tient
compte, mais de façon moins progressive qu'auparavant. Je pense que les
questions se poseront plus, cependant, au niveau de l'urbanisme qui est de leur
responsabilité.
M. Saintonge: Vous mentionniez les réajustements qui ont
été faits pour la prochaine année.
M. Léonard: C'est cela, pour 1983.
M. Saintonge: Pour 1983, mais qu'est-ce qui a justifié -
ma question portait sur ce point - votre coupure de 800 000 $ au niveau du
fonctionnement? Vous m'avez expliqué que c'était de l'ordre de
700 000 $
au niveau des réunions, quand on regardait l'aide
financière pour la rémunération des élus. Mais,
à l'aide financière au fonctionnement, qu'est-ce qui a
justifié la coupure de 800 000 $ que vous avez faite en décembre?
C'est cela. Il y a eu un réajustement, vous l'avez mentionné.
Est-ce que je comprends bien, M. le ministre, que vous avez fait un
réajustement dès décembre 1982 au niveau du fonctionnement
par rapport aux dimensions des MRC et aux besoins qui pouvaient
apparaître à ce moment-là?
M. Léonard: Pour 1983.
M. Saintonge: Ce n'était pas pour 1982? Vous n'avez pas
touché à 1982.
M. Léonard: Bien non, pour 1983.
M. Saintonge: D'accord.
M. Léonard: Regardez, le budget 1982-1983, l'ancien
budget, comportait 9 095 700 $...
M. Saintonge: De fonctionnement.
M. Léonard: ...de fonctionnement. Je parle du
fonctionnement. Est-ce que cela va? C'est bon de noter ces chiffres aussi. Les
dépenses réelles ont été de 7 535 800 $; c'est
cela, les dépenses réelles, sans coupures, sans rien du tout.
Alors, au budget de cette année, nous avons 8 352 000 $. Cela nous
apparaît juste. Au fond, cela ne modifie pas leur comportement ou leur
fonctionnement. Elles n'avaient même pas dépensé 8 000 000
$ l'an passé. Elles avaient dépensé 7 500 000 $. On leur
donne 8 352 000 $, même après la directive qu'on leur a
donnée.
M. Saintonge: Excusez! Est-ce que le ministre a établi des
contrôles sur l'utilisation des fonds affectés au fonctionnement
des MRC qui seraient en place actuellement?
M. Léonard: Évidemment, le programme est
créé pour des dépenses d'aménagement, pour le
fonctionnement de l'aménagement, comme dans le cas de la
rémunération des élus. Les contrôles qui sont faits
sont a posteriori, parce que les municipalités envoient des
réclamations et nous payons sur réclamation. Le rôle des
fonctionnaires est d'examiner au meilleur de leur connaissance si les
dépenses ont vraiment été faites pour les objets du
programme, c'est-à-dire l'aménagement.
M. Saintonge: Vous mentionnez que ces contrôles sont faits
a posteriori. Est-ce que, actuellement, le ministre, par l'intermédiaire
du ministère des Affaires municipales, a donné des instructions
de vérifier dans les MRC les dépenses au niveau, par exemple, de
l'aide financière accordée au fonctionnement? Est-ce que ces
dépenses sont actuellement assujetties à une vérification
dans les différentes MRC du Québec?
M. Léonard: II y a des vérificateurs qui vont sur
les lieux, a posteriori cependant, pas a priori. Ce sont des
vérifications normales dès qu'il s'agit d'un programme
normé du ministère, ce sont des fonds publics.
M. Saintonge: Je suis d'accord. Est-ce que la vérification
comme telle est faite par les fonctionnaires du ministère des Affaires
municipales?
M. Léonard: Oui.
M. Saintonge: Uniquement! Est-ce qu'il y a d'autres
fonctionnaires qui sont mandatés à vérifier?
M. Léonard: II y a le Vérificateur
général du Québec qui peut aller partout.
M. Saintonge: Non, je demande si, à votre connaissance, la
vérification qui est faite dans les MRC...
M. Léonard: Ce sont des gens de chez nous.
M. Saintonge: Des gens de chez vous.
M. Léonard: Je n'ai pas d'indication du contraire.
M. Saintonge: Au niveau des admissions des montants au niveau du
fonctionnement, ce sont des normes explicites qui sont données aux
municipalités régionales de comté par le
ministère?
M. Léonard: Oui.
M. Saintonge: Est-ce que vous avez des normes précises qui
sont données par écrit aux MRC dans le cadre des dépenses
admissibles au niveau du fonctionnement?
M. Léonard: C'est connu.
M. Saintonge: À ce moment-là, est-ce que les
enquêtes portent sur la conformité des dépenses par rapport
à ces normes?
M. Léonard: Ce ne sont pas des enquêtes, ce sont des
vérifications.
M. Saintonge: Des vérifications. M. Léonard:
Oui, oui.
L'opération consultation
M. Saintonge: M. le ministre, j'ai une autre question sur ce
programme par rapport aux MRC au niveau de l'opération consultation.
L'opération consultation serait terminée actuellement, si je
comprends bien la situation, étant donné que les 94 MRC ont
été créées. Est-ce que le ministre peut me donner
le coût total de cette opération consultation, une espèce
de bilan? Comment cela s'est-il effectué par rapport au coût et
quelles sont les conclusions?
M. Léonard: Les coûts, on pourrait les fournir plus
tard, peut-être au cours de la journée si vous le permettez.
M. Saintonge: Je suis d'accord avec cela. Maintenant, au niveau
du bilan de l'opération consultation.
M. Léonard: Un autre vote là. M. Saintonge:
Oui, monsieur. M. Léonard: Oui, monsieur.
M. Saintonge: Ma question sera très simple. C'est
peut-être une question très générale, M. le
ministre, mais cela fait longtemps que je veux avoir des explications
claires.
M. Léonard: Je vous les ai toujours données. J'ai
toujours répondu aux questions là-dessus.
M. Saintonge: Ah oui! toujours, et des fois avec plus ou moins de
clarifications, en tout cas, pour celui qui recevait les réponses, que
ce soit moi ou quelqu'un d'autre antérieurement. Même au niveau
des municipalités, à un certain moment, il y a des questions qui
se posent. Vous admettrez qu'il y a certaines populations, quand même,
qui ne sont pas contentes des délimitations qui ont été
effectuées par rapport à leur région d'appartenance, et y
a plus qu'une ou deux municipalité au Québec aux prises avec
cela, plus que les 5% que le ministre nous a donnés ou moins de
5%...
M. Léonard: Oui.
M. Saintonge: II y a le problème à ce niveau,
concernant les régions d'appartenance. Deuxièmement, l'autre
problème vis-à-vis de cela, c'est qu'il y a toute la question de
la représentativité qui est liée à la question de
l'appartenance. Je pense que le ministre le sait fort bien, de toute
façon. Comme référence, il y a déjà une
question qui a été posée sur la MRC de Champlain
là-dessus, qui avait causé certains problèmes.
M. Léonard: Vous êtes convaincu maintenant. Vous
êtes sûrement convaincu maintenant.
M. Saintonge: Pardon?
M. Léonard: Vous avez été convaincu par mes
réponses.
M. Saintonge: Absolument pas et je pense que même les
gens... En toute honnêteté, je pense que le ministre doit
sûrement savoir intérieurement que les municipalités de la
MRC de Champlain ne sont pas convaincues de la justesse des propos du ministre
et n'ont pas été satisfaites des réponses que le ministre
a pu donner lors d'une rencontre qu'il a tenue avec le premier ministre et les
membres de la MRC de Champlain, à laquelle rencontre j'aurais bien
aimé avoir été invité pour écouter ce qui se
disait. Malheureusement, cela n'a pas été le cas.
Mais en gros, je vous demandais le coût et le bilan de
l'opération consultation, et le fonctionnement, de quelle façon
cela a pu s'exercer.
M. Léonard: Comme vous le savez, il y a eu 19
comités de consultation de 3 membres chacun: un nommé par l'Union
des municipalités du Québec, un deuxième nommé par
l'Union des conseils de comté, à l'époque, qui est devenue
l'Union des municipalités régionales de comté du
Québec, et le président nommé par le gouvernement, qui ont
siégé dans tous les territoires qui faisaient l'objet d'un
découpage. Cette opération a commencé à l'hiver
1980 et s'est poursuivie jusqu'à la fin. Je dois dire au
député qu'à ma connaissance il n'y a pas beaucoup de
municipalités qui sont allées dans des MRC où elles ne
voulaient pas aller. Pas beaucoup. J'aimerais qu'il me cite celles qu'il a en
tête parce qu'au départ il y a deux cas, deux municipalités
qui, depuis le début, s'opposaient à aller dans les MRC qu'on
leur a finalement attribuées. Il s'agit de Sainte-Luce et de
Saint-Prosper.
Vous connaissez la situation particulière de Sainte-Luce, qui est
la municipalité de paroisse, qui voulait, elle, aller à Rimouski,
alors que le village voulait aller à La Mitis. Nous leur avons dit
durant quelques mois, sinon un an, qu'elles iraient du même
côté toutes les deux parce qu'il y a quand même un principe
important, celui d'assurer la continuité du territoire. Finalement,
elles ne se sont pas entendues et nous avons décidé qu'elles
iraient vers La Mitis. C'est un cas.
Dans le cas de Saint-Prosper. Là aussi,
cela a été très long et, par ailleurs, la
municipalité régionale de comté des Etchemins demandait la
présence de Saint-Prosper au nom d'un certain nombre de raisons,
particulièrement parce qu'elle était contiguë à son
territoire, parce que, par exemple, au niveau scolaire, la polyvalente de
Saint-Prosper desservait une bonne partie du territoire des Etchemins, parce
qu'au niveau de la police, des transports, d'un certains nombre de choses, ses
relations avaient toujours été plutôt avec la
municipalité régionale de comté des Etchemins. Je ferai
remarquer, en passant, que Saint-Prosper faisait partie de l'ancien
comté municipal de Dorchester qui couvrait les Etchemins. Donc, elle
avait toujours été là. Elle réclamait d'aller avec
Saint-Georges, mais, compte tenu de tous les éléments et de la
recommandation du comité qui, à l'unanimité, nous
demandait d'inclure Saint-Prosper dans les Etchemins, Saint-Prosper est
allée dans les Etchemins. (12 heures)
Dans les autres cas, M. le député, les
municipalités, sauf erreur, avaient opté pour la MRC où
elles sont allées. Ce qui s'est produit, c'est qu'à la suite du
dépôt du projet de réforme scolaire qui affectait les
territoires ou qui risquait d'affecter les territoires il y a des
municipalités régionales de comté et des
municipalités locales qui se sont posé la question si elles
devaient continuer d'appartenir à telle MRC plutôt qu'à
telle autre. Nous avons dit qu'il s'agissait d'un projet. Nous avons dit aussi
qu'il y avait des possibilités d'entente de services entre
différentes commissions scolaires, compte tenu des territoires. Je pense
qu'à l'heure actuelle il n'y a pas lieu d'en changer.
Je pense que, compte tenu de tous les enjeux, c'est une opération
qui a très bien fonctionné. Je comprends qu'on ait discuté
à l'occasion, la consultation étant faite pour cela. Après
coup, après ces décisions, finalement, je pense que
l'opération s'est bien déroulée. En ce qui concerne la
représentativité, règle générale, les
municipalités, là aussi, se sont entendues entre elles au niveau
de chacune des municipalités régionales de comté. Les
rapports des comités de consultation ont été assez
explicites là-dessus. Il y a parfois eu de longues discussions, mais en
introduisant, par exemple, le veto suspensif, en discutant d'une, deux ou trois
voix à une municipalité plutôt qu'à une autre, on en
est finalement venu à faire des propositions. Il y a effectivement
certains cas où les gens ne se sont pas entendus, ils nous ont remis le
soin de décider. Nous avons décidé. On a dit qu'on
déciderait.
M. Saintonge: Je vais prendre un cas précis, M. le
ministre. Quand vous me dites:
On nous a remis le soin de décider, est-ce que vous
considérez, au niveau de la MRC de Champlain, dont vous connaissez
très bien le problème...
M. Léonard: Ce n'est pas un problème.
M. Saintonge: Ce n'est pas un problème. Prenons le cas de
la municipalité régionale de comté de Champlain qui
regroupe Longueuil, Saint-Lambert,
Greenfield-Park, Lemoyne, Brossard, Saint-Hubert; est-ce que c'est un
des cas où vous considérez qu'on vous a remis le choix de
décider?
M. Léonard: C'est un cas où il fallait
décider, parce que les gens ne s'entendaient pas.
M. Saintonge: C'est tout le jeu de l'opération
consultation; c'est un exemple clair. Vous avez une consultation où des
municipalités décident selon la loi 125 qui était
là. Lorsque le ministre dit que les municipalités étaient
bien heureuses d'embarquer dans le regroupement régional, j'ai des
doutes. Disons que les municipalités ont joué le jeu, ont
décidé qu'il fallait qu'elles s'intègrent dans une
structure quelconque.
M. Léonard: Non, cela s'est bien passé.
M. Saintonge: Je prends l'exemple de la MRC de Champlain.
À la suite de la consultation qui s'est faite à ce
moment-là, les municipalités ont convenu - certaines des
municipalités, quatre, suivant les informations précises que
j'ai, parce que Brossard est dans mon comté - vous prenez Brossard, vous
prenez Saint-Lambert, vous prenez
Greenfield-Park, vous prenez Lemoyne et on décide de former une
MRC avec une certaine propension au niveau de ces quatre villes. Saint-Hubert
intervient pour dire: Ne vous laissez pas seuls avec Longueuil. Longueuil est
la grosse municipalité, cela fait peur au monde sur la rive sud, c'est
un problème qui existe depuis longtemps. On est d'accord pour regrouper
les quatre municipalités avec Saint-Hubert et Longueuil à une
condition expresse, au niveau de l'accord sur la consultation, au niveau du
consensus des municipalités et des maires, c'est qu'on soit dans un
système au niveau de la représentativité qui regroupera
dix votes pour l'ensemble de la MRC. Longueuil aurait trois voix, Brossard et
Saint-Hubert deux voix et les trois autres municipalités, une voix
chacune. Un total de dix votes, c'est dans ce cadre-là.
Je comprends que le ministre va me dire que, pour la consultation
à Longueuil, cela ne faisait pas l'unanimité, même si le
maire de l'époque - qui est rendu à la
Commission municipale et avec lui vous avez sûrement des rapports
- était conscient du fait...
M. Léonard: Je parle à tous les maires du
Québec, M. le député.
M. Saintonge: D'accord, mais je peux vous dire que vous
connaissez M. Robidas. À l'époque, vous étiez en
consultation avec lui.
M. Léonard: Oui, oui. Je connais aussi M. Finet.
M. Saintonge: Oui, mais M. Robidas, à l'époque,
était d'accord avec la formule proposée par les cinq autres
municipalités. Je pense qu'au niveau de la consultation, c'est
important. Dans ce cadre-là, au niveau de la consultation après
une fort brève rencontre, le premier ministre et le ministre Marois
rencontraient le préfet éventuel de la MRC et le
sous-préfet éventuel, c'est-à-dire le maire de Brossard et
le maire de Saint-Hubert, plus le maire de Longueuil, de même que son
adversaire éventuel aux élections -c'était en septembre
1982, les élections ayant lieu en novembre - on discute du cas et on met
l'affaire en suspens. C'était depuis le mois de juin que le consensus
unanime des maires existait. Mais le ministre, à ce moment-là, a
pris la décision, n'est-il pas vrai, au niveau de la
représentativité - on acceptait que la MRC soit constituée
des six villes - de modifier le consensus qui avait été
établi par les six municipalités au niveau des maires. Enlevez-en
une, les cinq autres municipalités demeuraient d'accord avec le
même consensus. Qu'est-ce qui a pu justifier la décision du
ministre de suivre les recommandations uniquement de Longueuil au
détriment des autres villes, sans autre forme de consultation?
M. Léonard: M. le Président, il y a un bout que le
député ne cite pas, non plus; c'est une clause à la fin du
rapport de cette réunion où il y aurait eu un consensus. Il y
avait une clause de consultation par laquelle on disait qu'on voulait faire
entériner cette position par chacun des conseils municipaux. Or, quand
on est retourné à Longueuil pour faire entériner cette
position - lorsque vous dites que c'est unanime, cela n'a pas passé
à Longueuil - cela a tout remis en question. Au fond, cela indiquait
qu'il n'y avait pas de consensus. Je pense que, lorsqu'une ville qui
représente 47% des habitants de cette MRC fait en sorte qu'il n'y ait
pas de consensus, il faut quand même...
M. Saintonge: 37%, si je ne me trompe.
M. Léonard: Non. Il y a 37% du vote. À l'heure
actuelle, avec...
M. Saintonge: La population.
M. Léonard: ...quatre voix sur onze, cela donne à
peu près 37%, mais la population est de 47%.
M. Saintonge: Je vais le vérifier cet
après-midi.
M. Léonard: Oui. Que quelqu'un vérifie.
M. Saintonge: On va laisser cela comme cela. Vous me...
M. Léonard: Oui, oui.
M. Saintonge: ...dites qu'il y a une collectivité de 47%.
Dans ma mémoire, je retiens 37%. Je le vérifierai, je l'ai
à mon bureau.
M. Léonard: Non, non, quatre voix sur onze, cela donne
37%, mais la population, c'est 47%. Alors, cela me paraît important qu'il
n'y ait pas ce consensus. On a continué à discuter tout
l'été. Ce que cela signifie, c'est que, lorsque vous vous
référez sans arrêt à cette réunion du mois de
juin, on tentait de préparer un consensus, mais on s'est
aperçu que, finalement, il n'existait pas. Donc, les discussions ont
continué. Qu'on ait convenu de faire une trêve au cours de la
campagne électorale, cela s'est passé dans bien d'autres endroits
en cours de campagne électorale de faire pareille trêve. C'est
tout à fait normal. On est quand même dans un processus. C'est
après, finalement, qu'on a examiné toutes ces questions.
Justement, les gens qui étaient contre le fait que Longueuil ait trois
votes seulement ont été élus. En particulier, l'opinion du
maire de Longueuil, c'était d'avoir quatre votes pour Longueuil et cela
me paraissait légitime.
Deuxième élément, vous savez qu'à l'article
89 il y a un certain nombre de responsabilités qu'une MRC peut exercer
et, pour que la MRC exerce ces responsabilités, il peut y avoir un vote
aux deux tiers. Or, si Longueuil n'avait que trois votes, une décision
de cette importance aurait pu être prise sans l'implication de Longueuil.
Elle n'a pas la majorité des voix et elle n'a pas 50%, mais, au niveau
de l'exercice de ses responsabilités, que Longueuil doive y participer
obligatoirement, cela me paraît aller de soi. Donc, les quatre votes lui
donnent cette responsabilité. C'est un simple équilibre.
M. Saintonge: C'est un droit de veto non formel. On aurait
pu atteindre le même objectif en donnant un droit de veto à
Longueuil là-dessus, M. le ministre.
Lorsque vous parlez de la consultation, c'est un exemple que je
donne...
M. Léonard: S'il y a eu des consultations dans un cas,
cela est un élément de consultation.
M. Saintonge: Quand vous dites qu'il y a eu de la consultation,
vous dites que la consultation a continué là-dessus tout au long
de l'été et de l'automne. Le ministre peut-il...
M. Léonard: Sauf la trêve pour
l'élection.
M. Saintonge: ...m'affirmer ici, ce matin, que d'autres
discussions et réunions de consultation avec le ministère - il y
en a eu une au mois de juin 1982 - ont été tenues par le
ministère et l'ensemble des municipalités concernées pour
en arriver à un consensus quelconque après la réunion du
mois de juin où l'accord des villes était fait par les maires
présents sur une certaine représentativité? Y a-t-il eu
d'autres réunions sur la consultation? De quelle sorte de consultation
le ministre parle-t-il, entre le mois de juin et le 21 décembre?
M. Léonard: Je pense que c'est de la consultation qui se
situe dans le milieu. Je n'ai pas de rapport des réunions qui peuvent
avoir eu lieu, mais je pense bien que les gens ont continué d'en parler
au cours de l'été. C'est cela qui a abouti à une
trêve durant l'élection. Cela veut dire qu'il y en avait des
consultations. Moi, personnellement...
M. Saintonge: Mais quand vous dites: Je pense...
M. Léonard: ...avoir participé à une
rencontre? Je ne le sais pas. Il faudrait que je regarde.
M. Saintonge: Suivant les informations que j'ai, M. le ministre,
c'est un exemple précis au niveau des consultations et j'ai
retrouvé dans d'autres MRC et d'autres exemples où des
préfets, des maires de ville ont eu la même réaction,
c'est-à-dire que le ministre parle de consultation entre les gens, mais
d'une consultation qui n'est pas réelle. Quand le ministre me dit, par
exemple: Dans Champlain, 47% pour Longueuil. Soit, je vous dis que je serais
d'accord; si c'est 47%, ce sera 47%. Mais, pour les fins de ma discussion,
admettant même que ce soit 47%... C'est 47%, M. Kenniff?
M. Léonard: Les chiffres qu'on me donne sont de 132 900 de
population, 47%. Maintenant, il y a peut-être des chiffres plus
récents?
M. Saintonge: D'accord.
M. Léonard: C'est plus récent? Un instant, je vais
le vérifier.
C'est cela, ce sont les chiffres qu'on avait à l'époque.
M. le Président, au moment où on a fait la consultation -
c'était l'été dernier, il y a environ un an - les chiffres
dont nous disposions indiquaient que Longueuil avait 132 900 de population,
donc 47% de la population; Saint-Hubert: 58 000, donc 21% de la population;
Brossard: 48 000, pour 17% de la population; Saint-Lambert: 7%;
Greenfield-Park: 6%; Lemoyne: 2%, avec 6400 de population. Cela a
été modifié par le recensement du mois de juin dernier
dont les données ont été connues au début de
l'hiver.
M. Saintonge: Bon. Admettant que... M. Léonard:
C'est parce que vous... M. Saintonge: Je suis d'accord...
M. Léonard: ...parlez toujours du consensus du mois de
juin. Or, quand vous regardez le procès-verbal, il y a une clause
à la fin - je pense que c'est la clause 3b ou 4b, quelque chose comme
cela - où il est dit qu'il faudra que les maires fassent
entériner leur position par les conseils municipaux. Or, cela n'a pas
été entériné dans Longueuil. Pourquoi parlez-vous
de consensus? Les mots veulent dire quelque chose.
M. Saintonge: Les mots veulent dire quelque chose. Selon le
consensus, on demandait qu'il y ait un minimum... Dans le procès-verbal,
ce qu'on devait faire entériner par les conseils municipaux par
résolution, clairement, dans ce cas, c'était le fait que les
municipalités demandaient qu'il y ait un minimum de trois villes pour
participer à la décision. C'est ce qu'on demandait au niveau des
positions des conseils municipaux qui devaient être
entérinées.
Quant au consensus dont je parlais au niveau, M. le ministre, de la
représentativité, le maire Robidas qui représentait
Longueuil comme maire... Je suis d'accord avec vous -je vous l'ai dit
tantôt et je ne veux pas faire un jeu de mots là-dessus - qu'au
niveau du conseil municipal M. Finet, en opposition à Longueuil, qui
était majoritaire - en opposition, en plus de cela - n'était pas
d'accord avec cela et il en voulait quatre.
C'est bien technique, d'une certaine façon, le pourcentage avec
trois ou quatre voix. Mais, quand vous parlez, comme ministre, d'une
consultation qu'il y a eu entre les municipalités, qui a continué
durant l'été et qui a continué après les
élections, je vous demandais tantôt s'il y a des rencontres
précises de concertation et de consultation qui ont eu lieu entre les
municipalités. Ma vérification personnelle indique qu'il n'y en a
pas eu, M. le ministre. Il n'y en a pas eu.
M. Léonard: Ils ont continué à en parler,
puisque le dossier a évolué.
M. Saintonge: II a évolué dans un sens. Vous me
dites que Longueuil obtient 47% de population.
M. Léonard: Là, vous me parlez d'une réunion
formelle. Il n'y en a peut-être pas eu. Personne n'en a parlé
à Longueuil ...
M. Saintonge: À Longueuil?
M. Léonard: ...ou dans les villes durant
l'été, de cela? Voyons donc!
M. Saintonge: Oui, à Longueuil, mais je ne vous dis pas
qu'on le fait dans Brossard. Je vous dis simplement que les cinq autres
municipalités, dans certains cas, unanimement, les maires que j'ai
rencontrés étaient convaincus, même en septembre - j'ai
parlé à deux des maires qui étaient présents
à la réunion de septembre - que, suivant les consultations
exercées antérieurement, suivant les décisions prises,
c'était un acquis que, au niveau de la représentativité,
ledit vote demeurait, d'une part, et que Longueuil demeurerait à trois
voix. C'était acquis. Mais ce qui est arrivé, c'est que, en
décembre, les lettres patentes sont sorties, Longueuil a
été modifiée, mais sans que les consultations globales se
fassent avec les autres municipalités, c'est-à-dire
Saint-Lambert, Greenfield-Park, Lemoyne, Brossard ou Saint-Hubert. On n'a pas
revérifié ce consensus.
C'est le défaut de la consultation. Quand je vous demandais de
faire un bilan de la consultation au niveau de la province, ce que je voulais
savoir, M. le ministre, c'est dans quels cas les consensus au niveau des
municipalités ont été suivis et dans quels cas vous
êtes intervenu pour modifier ces consensus. De quelle façon cela a
fonctionné et est-ce qu'il y avait un appel possible d'une
décision du ministre dans un tel cas, après qu'un consensus,
peut-être pas unanime, mais majoritaire, eut été
accepté? Parce que, si Longueuil avait 47%, si je sais compter - je ne
suis pas comptable - il reste 53%. Ce sont les cinq autres villes, mais elles
ne sont, cependant, pas consultées et on donne quatre voix à
Longueuil au détriment de ces villes qui, unanimement, ont
décrié cette situation. (12 h 15)
Si l'opération consultation se termine -je prends l'exemple de la
MRC Champlain qu'on peut retrouver à travers toute la province - quand
le comité de consultation a entériné des recommandations
différentes de ce que les gens voulaient et que le ministre est
intervenu, de quelle façon est-il intervenu et de quelle façon
les élus municipaux ont-ils pu manifester à ce moment leur point
de vue?
M. Léonard: On en est encore à Champlain, en tout
cas, sur ce plan, je veux quand même répondre là-dessus.
Quand on dit que les conseils municipaux devaient entériner la position
de leur maire seulement dans le sens qu'il y ait au moins trois
municipalités qui participent à une décision, je dois dire
que cela me paraît tiré par les cheveux au moment où on
s'en parle, parce que, pour moi, ce n'est pas cela du tout; c'était
aussi la représentativité qu'on devait faire entériner. Je
pense qu'on pourra toujours vérifier au texte ce qui en est et on verra.
Par ailleurs, en termes d'équilibre parce que c'est aussi une question
importante au niveau de la composition des MRC - quand il y avait des
consensus, cela n'a pas fait de problème, le gouvernement les
entérinait généralement. Je ne pense pas qu'il y ait eu de
modification là-dessus. Mais, lorsqu'il n'y avait pas consensus, la
question d'équilibre intervenait aussi. Dans le cas de Longueuil, quatre
voix contre sept, quatre voix pour 47% de la population et sept voix pour 53%
de la population, un tel consensus était quand même raisonnable.
Il me semble que cela peut aller.
Je pense surtout qu'au niveau des MRC il est important qu'il y ait des
consensus qui s'établissent et, généralement, cela peut
arriver. Il faut quand même penser qu'on est au niveau intermunicipal.
À ce moment, chacun doit respecter les devoirs, les
responsabilités des autres. On sait d'avance que ce n'est pas
strictement proportionnel parce que, si cela l'avait été, cela
aurait donné, sur les onze voix, cinq à Longueuil et six aux
autres. Ce n'est pas ce qui a été fait. Cela a été
quatre et sept. C'est à peu près ce que cela aurait donné.
C'était un compromis acceptable, il me semble, compte tenu de positions
qui, après des mois, nous sont apparues inconciliables. C'est ce qui est
survenu. J'ai rencontré des maires avec le premier ministre
là-dessus. On en a discuté, mais je pense qu'il n'y a pas lieu de
changer.
M. Saintonge: Quand vous en avez discuté, c'était
avec le premier ministre, avec Longueuil ou avec les autres villes?
M. Léonard: Non, j'ai rencontré les maires avec M.
le premier ministre. Vous avez fait allusion à cette rencontre.
M. Saintonge: Mais la discussion n'a pas été
très forte, M. le ministre, d'après ce que j'ai pu avoir comme
résultat de cette consultation. Les lettres patentes avaient
été émises, on s'en tenait à cela et on ne bougeait
pas. C'était cela, la consultation ultérieure du ministre.
M. Léonard: II y a eu de la consultation trois ans avant,
M. le député. Il
ne faudrait pas nier celle-là .
M. Saintonge: Comment, il y en a eu?
M. Léonard: S'il y avait eu des consensus...
Écoutez, est-ce que vous voulez qu'on continue les consultations durant
six ans? C'est cela? Je pense que non.
M. Saintonge: Non, je m'interrogeais simplement au niveau de
l'opération consultation. L'opération de consultation se fait.
Des décisions ont été prises. Je parle de la MRC
Champlain. Je ne veux pas exclusivement m'attacher à cela. Si on se
réfère à Brome-Missisquoi, par exemple, l'information que
j'en ai, c'est qu'il y a des problèmes. Les représentants
municipaux s'en prenaient au président du comité de consultation
qui disait: Attaquez-vous au ministre, c'est lui qui prend les
décisions. C'est parce que la décision qui avait
été prise ne respectait pas, semble-t-il, le consensus
établi au niveau des dirigeants municipaux. Mais si la consultation
à cette fin existe d'une certaine façon, on doit arriver à
la respecter. On a fait de la consultation, on ne l'a pas fait pour rien. C'est
ce que les gens disent autant dans Champlain que dans Brome-Missisquoi, c'est
ce qu'on verra aussi dans Acton, dans Gatineau, dans la région de
Joliette avec Saint-Thomas, par exemple, où les gens proposent certaines
choses.
Vous avez fait allusion à La Mitis tantôt, vous faites
allusion à la Beauce, à Beauce-Sartigan-Saint-Prosper et Les
Etchemins, mais ce sont des cas où des municipalités ont
formulé au niveau de la consultation des voeux unanimes dans certains
cas. Je peux vous dire, par exemple, que la raison pour laquelle Brossard a
accepté d'aller dans telle MRC, c'était à la condition
qu'on soit dans un certain cadre. Autrement, on aurait peut-être choisi
d'aller dans un autre endroit. C'était dans le cadre d'une
opération globale, d'une consultation globale et d'un cadre global qu'on
voulait établir.
Dans ce sens-là, quand vous me parlez de consultation - on ne
peut pas consulter longtemps et tout le temps - le comité de
consultation a des rapports. Sur le rapport du comité de consultation, -
par exemple dans Brome-Missisquoi où on dit: Parlez-en donc au ministre,
c'est le ministre qui prend la décision - quelle est l'attitude du
ministre vis-à-vis de cela?
M. Léonard: La consultation a été faite
là comme ailleurs. Il y avait un comité de consultation.
Effectivement, il y a eu des tiraillements. Mais, quand vous faites le tour du
Québec et que vous citez des municipalités par-ci, par-là,
je voudrais seulement vous ramener à ma première
déclaration, tout à l'heure. J'ai dit que ces
municipalités avaient décidé... Par exemple, près
de Joliette, Saint-Thomas avait décidé d'aller là
où elle est présentement, au départ, et maintenant elle
déciderait de changer. Vous faites le tour, Saint-Hyacinthe. On ne peut
pas changer de territoire comme cela, aussi régulièrement, au
gré du changement des conseils municipaux. Non. Une consultation a eu
lieu, qui a duré deux ans et demi. Elle a produit des résultats.
Maintenant, on fonctionne, on prépare des schémas
d'aménagement là-dessus. Il n'y a pas lieu d'en changer. Si,
à la fin, avant de boucler, de terminer le schéma
d'aménagement, à un moment donné, il s'avère qu'il
y a encore des cas qui sont défendables, on pourra toujours revoir si
cela tient. Pour l'instant, on ne remettra pas le laboratoire dans le
Québec.
M. Saintonge: Vous voulez dire que vous tiendrez compte de
certaines situations éventuellement, après le schéma
d'aménagement. C'est bien cela que j'ai compris, pas avant que le
schéma d'aménagement soit en place. Est-ce exact?
M. Léonard: Au dernier moment, avant de terminer le
schéma d'aménagement.
M. Saintonge: Cela veut dire que le moratoire de quatre ans dont
vous avez parlé il y a quelques semaines tiendra.
M. Léonard: C'est à peu près cela que cela
donne, trois ou quatre ans.
M. Saintonge: Au niveau de la consultation, dans les
décisions que vous avez pu prendre pour trancher les questions qui
étaient litigieuses - il y en a eu, j'ai cité des exemples
tantôt - est-ce que personnellement ou par l'intermédiaire d'un
processus quelconque vous avez pu vérifier que la consultation qui
était censée avoir été menée - je ne dis pas
qu'elle n'a pas été menée, je dis qui était
censée avoir été menée - soit par la Commission
municipale ou de quelque autre façon - je ne dirai pas par une
enquête, mais par une vérification quelconque - au sens de la loi
125, avait bien été menée et que le résultat des
propositions des comités de consultation rendait bien compte qu'une
consultation véritable avait été faite?
M. Léonard: Je pense que c'est cela qui s'est passé
dans le Québec. Les 19 comités que nous avons institués
avec le comité de coordination, les gens qui travaillaient
là-dessous ont quand même fait un travail. Qu'il y ait eu des
problèmes, effectivement, il y a une dizaine, une douzaine de "coeurs en
balance", comme on l'a dit. Mais c'est sur 1600 municipalités ou 1500
qui sont
touchées par le découpage. Il y a eu des ententes.
Effectivement, il y a des gens qui n'étaient pas d'accord parce qu'ils
ne sont pas arrivés à s'entendre. À ce moment-là,
on a été obligé de prendre une décision.
Là-dessus, on prend une décision et on dit: Pour trois ou quatre
ans, cela ne changera pas. Pendant quatre ou cinq ans, cela ne changera
pas.
M. Saintonge: Ma question précise était: Au niveau
des décisions ou des recommandations faites par les comités de
consultation - vos 19 comités de consultation qui ont existé -
est-ce qu'il y a eu des vérifications faites sur la nature des
consultations qui ont été exercées et si c'est à la
satisfaction...
M. Léonard: Systématiquement, il y en a eu. Quand
les rapports ont été présentés par les
comités, cela signifiait quelque chose.
M. Saintonge: Mais si certaines municipalités vous disent
que la consultation qui a été faite n'est pas une
véritable consultation, qu'on les a consultées de façon
impropre, est-ce que le ministre a pu faire des vérifications dans ce
sens-là pour écouter ce que les gens avaient à dire?
M. Léonard: Je veux bien qu'on dise cela, mais je vais
aussi rappeler les gestes qu'on a posés. La Loi sur l'aménagement
a été précédée de tournées dans le
Québec, d'une vaste consultation, avant l'adoption même de la loi.
Lorsque nous avons mis sur pied des comités de consultation, nous
l'avons fait dans chacune des régions du Québec, pour les 19
comités de consultation, et on a invité tous les maires et les
conseillers municipaux. On a fait des rencontres avec les commissions
scolaires. Dans plusieurs endroits, nous avons aussi rencontré l'UPA,
nous avons rencontré la presse. On peut faire la revue de presse dans
chacune des régions du Québec. Le processus a été
suivi largement par les journaux et les médias de communication. Alors,
qu'on dise que la consultation n'a pas été faite, je pense qu'il
y a peut-être des gens qui n'y ont pas participé, mais c'est leur
responsabilité. Je pense que cela a été rare dans le
Québec qu'on a fait une consultation aussi détaillée.
Rare.
M. Saintonge: II faudrait s'entendre si on parle de consultation
ou d'information. Parce que les gens nous disent: II y a une tournée qui
a été faite. M. le ministre, à l'époque, non pas
comme politicien, mais comme citoyen désireux de m'informer, j'ai
participé, sur la rive sud, à deux ou trois occasions
différentes, à des endroits différents, à la
tournée de consultation menée par le ministère. Je vous
dirai que j'en ai conclu que ce n'était pas de la consultation;
c'était de l'information globale qu'on donnait et on donnait des
exemples et tout cela.
Ultimement, cela s'est reproduit à différents endroits et
on a fait un rapport à un moment donné. Il y a des
municipalités dans certains cas qui ont fait part de certains sentiments
précis au niveau de leur appartenance suivant des critères
déterminés par la Commission nationale d'aménagement ou
même par le ministère. On a fait le test, on y est allé. Je
vais vous donner des exemples. Vous voulez un exemple précis. Prenez la
MRC d'Acton, prenez des villes comme Saint-Valérien,
Sainte-Hélène, Saint-Liboire. Le ministre est sûrement au
courant, il a rencontré ces gens. J'ai vu des résultats de
sondages qui ont été faits auprès de la population.
Dans certains cas, quand, en jouant le jeu au niveau des directives du
ministère, des informations concernant votre belle appartenance à
la région que vous voulez, c'est 90% et plus des gens qui disent: On
veut se rattacher à telle MRC plutôt qu'à telle MRC,
qu'arrive-t-il à l'émission des lettres patentes? On ne respecte
pas les voeux que ces gens ont exprimés, qui ont joué le jeu de
la consultation formelle. Je vous parle de trois ou quatre villes
précises, Saint-Liboire, Sainte-Hélène, paroisse et
village, et Saint-Valérien où les gens, spécifiquement, au
niveau de la consultation municipale, ont fait part de leurs voeux. Leurs voeux
pieux à l'époque étaient d'être une MRC sur l'ancien
comté de Bagot, qu'on me disait. On n'a pas respecté cela, on a
pris certaines villes de Bagot et on les a mises avec Saint-Hyacinthe, mais les
autres on les a mises ensemble dans un trou. C'est Acton et, à
côté, vous aurez... Un trou, ce que je veux vous dire...
M. Léonard: Allez donc dire cela aux gens d'Acton pour
voir.
M. Saintonge: C'est ce que les gens m'ont dit, M. le
ministre.
M. Léonard: Vous avez dit "dans un trou". C'est ce que
vous venez de dire.
M. Saintonge: Non, non, écoutez ce que je veux dire. Vous
interprétez mes paroles. Prenez le sens des paroles que je dis. Un
"trou" dans le sens qu'ils sont pris aux confins - et le ministre va le
comprendre -entre Saint-Hyacinthe d'un côté, Granby, Sherbrooke et
Acton dans le milieu, beaucoup moindre que les trois autres MRC. Je pense que
c'est exactement ce que les gens que j'ai rencontrés m'ont dit, qu'ils
se sentaient ainsi. C'est la population qui a parlé ainsi. La
consultation au niveau de la population a été faite. Le ministre
a reçu, je pense à ce
moment, des requêtes des citoyens dans ce genre. Quelle a
été la réponse du ministre -c'est ce que je vous demande -
au niveau de la consultation? Le ministre me dit qu'il y a beaucoup de
consultation. C'est le mot à la mode dans les affaires municipales que
la consultation a existé. Je demande au ministre s'il a
vérifié à savoir si la consultation n'était pas
plutôt de l'information que de la consultation véritable et, quand
les municipalités faisaient part de leur volonté,
ultérieurement, avant de prendre sa décision, si le ministre a pu
faire des vérifications, à la demande des villes, afin de voir si
la consultation avait vraiment été faite, avait vraiment eu lieu
suivant les cadres établis par des règles que le ministère
mettait en marche.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Oui. La consultation justement - vous parlez
du cas d'Acton - a été faite selon les règles
établies. Si vous regardez dans le rapport du comité de
consultation là-dessus - les présidents l'ont rendu public chacun
dans sa région - toutes les municipalités qui font partie de la
MRC d'Acton avaient passé une résolution afin d'appartenir
à la MRC d'Acton. Toutes les municipalités. Lorsque vous
dites...
M. Saintonge: La MRC de Bagot, l'ancien Bagot, M. le ministre. Ce
n'était pas pareil.
Le Président (M. Desbiens): Le ministre a la parole. S'il
vous plaît!
M. Léonard: Oui. Il faudrait qu'on arrête de
m'interrompre. Je comprends qu'il s'arroge des droits.
M. Saintonge: Je m'excuse. J'ai été interrompu par
le président à mon tour.
M. Léonard: Les municipalités ont adopté des
résolutions pour faire partie de la MRC d'Acton; cela fait partie de la
consultation, et le rapport du comité de consultation en a fait
état. Il n'y a pas lieu d'en changer. Ce qui est survenu, c'est qu'il y
a des gens, à l'intérieur d'une ou deux municipalités, qui
ont contesté la décision de leur conseil municipal. Mais il a
été clair pour tout le monde et cela a été l'objet
de la tournée que j'avais faite lorsque nous avons mis sur pied les
comités de consultation de dire qu'il y aurait des résolutions
qui émaneraient de chacune des municipalités afin de participer
à telle ou telle MRC. Dans ce cas, les résolutions des
municipalités locales étaient dans le sens de créer une
MRC d'Acton et, finalement, c'est ce qui a été fait. Le
gouvernement a émis un décret qui entérinait un consensus
qui a été établi par les élus municipaux.
Si la population n'est pas d'accord avec les élus municipaux,
elle peut se manifester. Par ailleurs, j'ai eu l'occasion de rencontrer la
population. Elle a fait ses doléances, mais en réalité
c'était surtout en fonction d'un découpage scolaire qui pourrait
survenir. C'est un découpage qui n'est pas final, de toute façon,
à l'heure actuelle. Je pense que la consultation a eu lieu. Nous avons
respecté ce qui est venu du milieu dans ce cas comme dans d'autres, mais
le fait est qu'il y a une MRC d'Acton et que des gens des municipalités
ont décidé d'y adhérer; c'est cela qui s'est produit. Les
règles ont été suivies et la décision a
été prise en conformité avec le rapport du comité
de consultation là-dessus.
Le Président (M. Desbiens): II est 12 h 30. Le programme 1
est-il adopté?
M. Saintonge: Non, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Alors, la commission
élue permanente des affaires municipales ajourne ses travaux sine
die.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise de la séance à 16 h 12)
Le Président (M. Blouin): La commission élue
permanente des affaires municipales reprend ses travaux. Le mandat de cette
commission est d'étudier les crédits budgétaires pour
l'année financière 1983-1984 du ministère des Affaires
municipales. Selon l'entente entre les partis, une période de neuf
heures sera consacrée à cette étude des
crédits.
Les membres de cette commission sont: MM Beauséjour (Iberville),
Brouillet (Chauveau), Caron (Verdun), Dubois (Huntingdon), Fallu (Groulx),
Lachance (Bellechasse), Léonard (Labelle), Rochefort (Gouin), Rocheleau
(Hull), Saintonge (Laprairie), Tremblay (Chambly).
Les intervenants sont: MM Bélanger (Mégantic-Compton),
Bisaillon (Sainte-Marie), Paradis (Brome-Missisquoi), Middlemiss (Pontiac),
Doyon (Louis-Hébert), LeBlanc (Montmagny-L'Islet), Leduc
(Saint-Laurent), Léger (Lafontaine), LeMay (Gaspé), Paré
(Shefford).
Nous allons procéder en étudiant un à un les
différents programmes du ministère et en les adoptant les uns
à la suite des autres. Il a, cependant, été convenu que
nous pourrions faire preuve d'une certaine latitude dans le cas où des
députés auraient de courtes questions à poser sur des
programmes qui auraient déjà été adoptés.
Sur ce, je vais demander...
M. Léonard: Est-ce qu'on pourrait adopter le premier
programme?
Le Président (M. Blouin): Est-ce que nous sommes en mesure
d'adopter le programme 1? Non, pas encore. Très bien.
M. Saintonge: En fait, on était au programme 1.
Le Président (M. Blouin): Alors, M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: C'est cela. Merci, M. le Président. Donc, M.
le ministre, en fait, on était rendu au bilan de l'opération
consultation. Je comprends que le ministre en a pris acte. Il va nous fournir
le coût total de l'opération consultation,
éventuellement.
M. Léonard: Je peux répondre à cela tout de
suite, M. le Président. J'ai effectivement fait faire un tableau durant
l'heure du midi. Je peux déposer cela à la commission ou le
remettre à chacun des membres de cette commission.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Donc, c'est le total officiel du coût de
l'opération consultation.
M. Léonard: Oui, selon les compilations faites par mes
fonctionnaires sur les trois années qu'ont duré les
consultations.
M. Saintonge: M. le ministre, quant au bilan de la consultation
concernant le rapport des différents comités de consultation,
dans les cas où cela n'a pas été suivi, où le
ministre s'est prévalu d'un droit de veto ou des choses comme cela,
est-ce que vous avez une réponse à la question suivante: combien
de fois êtes-vous intervenu pour modifier une décision du
comité de consultation à la demande de certaines
municipalités, parce que le comité de consultation semblait
rendre une décision qui ne correspondait pas aux désirs
exprimés par les communautés locales ou par chacune des
municipalités concernées?
M. Léonard: C'est une question de nature très
générale. Il y a eu des discussions tout le long du processus de
consultation sur trois ans. Alors, quand même, les gens se sont
parlé entre eux. Les maires se sont parlé avec les comités
de consultation et les comités eux-mêmes ont circulé. Je
voudrais aussi rappeler une chose: quand vous dites que j'ai exercé un
droit de veto, etc., un instant. Vous savez que les rapports des comités
de consultation sont parvenus au comité d'orientation. Qui était
au comité d'orientation? Les présidents des deux unions. On
était deux ministres. C'était acheminé par la suite au
Conseil des ministres. Toute la structure a été rendue publique
au départ, elle a été suivie. Quant à moi, à
un moment donné, compte tenu de l'ampleur de l'opération et du
nombre de municipalités, qu'il y en ait une dizaine, comme je le disais,
le coeur en balance, qui aient subsisté ou qui soient restées en
balance - d'ailleurs, j'ai eu l'occasion d'expliquer cet avant-midi que
c'était souvent à la suite d'événements
postérieurs pour modifier leur choix initial que cela s'était
produit - il reste que cela veut dire que c'est un succès.
M. Saintonge: M. le ministre, si je fais référence,
par exemple, à Brome-Missisquoi, n'y a-t-il pas eu une demande
d'enquête pour que la Commission municipale intervienne et fasse
enquête sur le processus de consultation à la suite de plaintes
concernant l'attitude du président du comité de consultation?
Est-ce que le ministre a pu donner suite à une telle demande?
M. Léonard: Non, ce n'était pas le rôle de la
Commission municipale du Québec d'intervenir là-dedans. Le
comité de consultation a été mis en place pour faire la
consultation et toute l'opération s'est faite de la même
façon dans toutes les régions du Québec. Si on avait voulu
faire intervenir la Commission municipale du Québec, on l'aurait fait
dès le début du processus. La commission aurait été
impliquée à ce moment-là, mais tout le monde s'est entendu
là-dessus et on en a discuté avec les unions au moment de la mise
en place du processus. C'est comme cela qu'on a procédé, selon le
consensus de tout le monde.
M. Saintonge: Pour toute municipalité faisant partie d'une
MRC actuellement qui voudrait faire des représentations au ministre au
niveau de la consultation qui a été exercée, est-ce que le
ministre est ouvert à entendre ces doléances?
M. Léonard: M. le Président, je voudrais que,
compte tenu des débats qui peuvent subsister encore, le
député nous dise une chose. Par exemple, dans le cas de
Sainte-Luce et de Luceville, où Luceville est enclavée dans
Sainte-Luce, que ferait-il? Est-ce que vous créeriez une
discontinuité de territoire pour donner raison aux municipalités?
Est-ce ce que vous feriez? Dans quel sens trancheriez-vous? Pouvez-vous nier
que vous êtes obligé de trancher à ce moment-là?
M. Saintonge: Je ne nie pas que vous êtes obligé de
trancher à un moment donné.
M. Léonard: Ah bon! D'accord.
M. Saintonge: Vous me parlez du problème de Sainte-Luce et
de Luceville. Je ne connais pas le problème en particulier.
M. Léonard: Bien oui.
M. Saintonge: Actuellement, je peux vous dire que...
M. Léonard: Ah oui! Vous semblez nous reprocher des choses
là-dessus. Il faut, quand même, aller creuser ces dossiers. C'est
quoi et pourquoi?
M. Saintonge: Je suis d'accord avec vous qu'il y a certains
dossiers particuliers. Je vous fais cette demande pour les dossiers
particuliers où, justement vous dites qu'une consultation a eu lieu.
Quand des préfets de MRC ou des maires de certaines
municipalités, d'une façon globale, contactent des
députés de l'Opposition ou même expriment des positions
dans les journaux, dans des entrevues avec des journalistes ou dans des
conférences de presse, on se plaint effectivement que la consultation
qui a été menée par le ministère ou par les
organismes n'a pas donné une véritable...
M. Léonard: C'est terminé la consultation. On l'a
dit, elle est terminée.
M. Saintonge: Oui, mais le sens valable de la consultation, qui
était souhaitable à ce moment-là au niveau municipal, tel
qu'on l'avait établi, n'a pas été suivi aux yeux des
municipalités. Je vous ai donné l'exemple ce matin d'Acton dans
la MRC de Champlain. C'est un fait qu'une consultation a eu lieu et que le
ministre est allé s'informer par l'intermédiaire du
comité. Vous avez rendu une décision concernant la MRC de
Champlain, mais une décision qui ne fait quand même pas l'affaire
de cinq municipalités sur six. Je pense que c'est important. Ces
municipalités, entre autres, ont tenté d'une certaine
façon de faire entendre raison au ministre sur leurs doléances,
mais elles n'ont pas été écoutées finalement.
D'après les informations que j'ai eues, la décision a
été irrévocable au tout départ d'une réunion
qui a eu lieu pour étudier la question avec les maires des MRC. Donc,
que reste-t-il comme choix aux municipalités qui sont entrées de
bonne foi dans le processus de consultation au niveau de la création des
MRC, d'une part? Il y a tout le processus suivant - on pourra en reparler
tantôt - au niveau du contrôle intérimaire et même un
processus de consultation éventuellement qui viendra au niveau du
schéma d'aménagement.
Si les municipalités ont des doléances à exercer
actuellement au niveau de la constitution des MRC, le ministre nous dit: Pas de
problème, rien ne se fera avant que le schéma
d'aménagement soit, à tout le moins, pratiquement en place,
c'est-à-dire dans quatre ans. Mais que restera-t-il aux
municipalités dans quatre ans si on est embarqué dans le
processus et qu'on s'est figé là-dessus? C'est la question que
les municipalités se posent aujourd'hui. Parce que la question que vous
mentionnez au niveau de l'appartenance au territoire donné, quand les
municipalités sont entrées dans la phase de la consultation de la
loi 125 qui remonte à quelques années, elles ne savaient pas
exactement où elles pouvaient s'en aller. On parlait
d'aménagement, purement et simplement, de création d'un
schéma d'aménagement.
Mais quand on arrive aujourd'hui, dans les municipalités, on se
rend compte que, dans certaines régions, on nous dit: La loi 125, la
MRC, on parle d'aménagement, mais on parle aussi du domaine scolaire. On
parle des futures commissions scolaires. On parle également des CLSC
où on vient changer le sens usuel d'appartenance des gens par rapport
à aller à tel ou tel endroit pour recevoir les services de
santé requis. On parle également des loisirs; on étendra
éventuellement les MRC à ce niveau. Justement, lorsque ce
processus de consultation a été fait au début, dès
le départ, les municipalités qui avaient leur avis à
donner ne savaient pas, en fin de compte, sur quoi exactement porterait
éventuellement tout le processus de la création de la MRC et tout
ce que cela engendrerait.
Si, aujourd'hui, le ministre continue de répondre: On verra dans
quatre ans quand le schéma d'aménagement sera fait, à ce
moment-là, je pense qu'il y a une déstabilisation certaine au
niveau de ces municipalités, des élus municipaux et de la
population. Ce n'est pas en se fermant les oreilles, en n'écoutant pas
ces doléances et en disant: On attendra dans quatre ans. Ce n'est pas ce
qui réglera le problème de ces gens.
C'est dans ce sens que je demande au ministre: Pourquoi tient-il
absolument à figer tout le résultat de la consultation
précédente qui a eu lieu si, effectivement - il y a
peut-être eu consultation, on a peut-être écouté
parfois, d'une certaine façon, les gens ou on a peut-être
donné de l'information aux gens - on n'a pas consulté
véritablement les gens sur le sens de l'appartenance à une MRC,
sur ce que cela voulait dire? Aujourd'hui, les gens sont peut-être plus
aptes à venir dire exactement ce qu'ils voudraient comme MRC à
cause des nouvelles dimensions que semblent prendre les différentes MRC.
C'est ce qui est le but de la question, M. le ministre, au niveau de la
consultation.
M. Léonard: Qu'est-ce que c'est exactement la qestion?
Parce que cela fait à
peu près quatre ou cinq...
M. Saintonge: Est-ce que vous seriez prêt...
M. Léonard: Quelle est votre question?
M. Saintonge: Eu égard aux nouvelles dispositions qui vont
concerner les MRC, est-ce que le ministre est prêt à
vérifier la consultation antérieure, à écouter les
gens à brève échéance, à tout le moins,
s'ils ont des doléances particulières à faire, si la
population, majoritairement, à 90%, est derrière les conseils
municipaux, et à donner suite à leurs demandes?
Le Président (M. Blouin): M. le ministre.
M. Léonard: Lorsque nous avons pris les décisions,
lorsque, par exemple, nous avons entériné des rapports de
comités de consultation, c'est parce que nous avons
vérifié que le travail avait été fait sur les
lieux, que la consultation avait été tenue; cela me paraît
bien évident. Lorsque nous sommes arrivés au comité
d'orientation où les deux présidents siégeaient, où
mon collègue aussi de l'Aménagement siégeait, à un
moment donné, il y avait une examen approfondi des travaux du
comité de consultation qui avait été fait au niveau des
fonctionnaires et au niveau politique aussi. Nous avons pris nos
décisions avant d'acheminer la recommandation au Conseil des ministres.
Donc, il faut s'entendre là-dessus.
Là où il y avait des discussions, là où les
gens ne s'entendaient pas, cela a pris beaucoup plus de temps, parce qu'on a
laissé du temps aux gens pour continuer à se parler sur leur
territoire. Même si on nous avait dit, au moment du débat sur la
loi 125, qu'un an suffirait pour refaire le découpage des conseils de
comté, nous avons quand même mis trois ans dans la loi. Je pense
que nous avions été prudents à cette époque. Nous
avions été sages de prévoir plus de temps.
Mais, au bout de trois ans, il faut qu'on arrête de parler et de
discuter. Ou bien on s'entend ou, si on ne s'entend pas, quelqu'un doit prendre
une décision. La décision a été prise à la
lumière de tout ce qu'on savait du territoire, des rapports des
comités de consultation. Elle a été, d'abord,
examinée au niveau du comité d'orientation où
siégeaient les présidents avec les deux ministres. Elle a
été ensuite acheminée au Conseil des ministres et,
à l'occasion, on a aussi fait part qu'il y avait des différends
sur le territoire. Cela a été le cas de la municipalité
régionale de comté de Champlain. Quand on dit qu'il y a cinq
municipalités qui s'entendent et une autre qui ne s'entend pas, il faut
voir que celle qui ne s'entend pas était celle où, justement, il
y avait le litige: est-ce qu'on donnait trois ou quatre votes? Comte tenu de sa
population, compte tenu de l'implication que cela pouvait faire par rapport
à l'article 189, par exemple, on a décidé de donner quatre
votes à Longueuil. Mais il y a eu de la consultation, vous devez
l'admettre aussi, parce qu'au bout de trois ans, quand même, cela veut
dire qu'il en a coulé de l'eau sous les ponts et dans le Saint-Laurent
dans cette MRC.
M. Saintonge: II y en a eu une consultation, M. le ministre,
comme je l'ai mentionné ce matin.
M. Léonard: C'est parce que vous n'êtes pas
satisfait de la réponse. Vous voudriez qu'on donne raison à
certaines plutôt qu'à d'autres. À ce moment-là, vous
auriez pu me servir exactement le même raisonnement que vous venez de me
servir: Vous n'avez pas obtempéré aux désirs des uns par
rapport à ceux des autres. Alors, c'est toujours interchangeable et,
à un moment donné, il faut décider. C'est ce qu'on a
fait.
Le Président (M. Blouin): M. le député.
M. Saintonge: La consultation qui a pu exister quand vous parlez
de Champlain, au risque de me répéter, il me semble que la
même situation s'est reproduite à plusieurs endroits. À la
suite des consultations exercées par le comité comme tel sur
place, il y a eu des ententes au niveau des municipalités pour se
regrouper avec Longueuil d'une certaine façon. Il y a eu une
réunion des maires pour entériner cela, sujet peut-être
à ratification par les conseils municipaux. Je suis d'accord avec le
ministre, la ratification n'est peut-être pas venue dans le cas de
Longueuil, elle est peut-être venue dans le cas des autres
municipalités. Mais au niveau de la consultation, à partir du
moment où les maires se sont réunis et qu'on est arrivé
à un certain consensus majoritaire au niveau des municipalités
concernées, cinq sur six, même six sur six avec un maire, moins le
conseil municipal d'un autre, on revient à quelque chose à un
moment donné au niveau de Longueuil qui change d'optique avec un nouveau
maire. Mais ce que je reproche au ministre, même aujourd'hui, par rapport
à ce qui s'est fait avant et comme cela s'est exercé dans
d'autres municipalités de comté, semble-t-il, c'est le fait
qu'après, quand une décision doit être prise et qu'une
consultation s'est faite et qu'un consensus semble s'établir au niveau
des conseils municipaux, on ne revient pas aux conseils municipaux pour la
décision.
Si, dans le cas de Champlain, le ministre avait renvoyé à
nouveau son émissaire du ministère pour venir discuter, parce que
ce n'était pas accepté, et le soumettre aux maires, cela aurait
été d'accord, mais les maires l'ont appris en janvier, moins
d'une semaine avant la première réunion, alors que les lettres
patentes étaient émises depuis plus de deux ou trois semaines.
Les maires de Lemoyne, de Greenfield-Park, de Saint-Lambert et même de
Brossard l'ont su en janvier alors que les lettres patentes ont
été adoptées le 21 décembre; cela ne fonctionne
pas. C'est la situation. Je vous dirai même que Saint-Hubert était
dans la même situation à tel point que le
secrétaire-trésorier nommé pour la MRC par les lettres
patentes a été informé moins d'une semaine avant la tenue
de la réunion. Il n'avait même pas en main copie des lettres
patentes pour établir un ordre du jour potentiel pour la première
réunion. C'est cela, la consultation qui n'a pas eu lieu
ultérieurement et qui ne s'est pas tenue valablement au sens de ce que
les élus municipaux demandaient, par exemple, dans la MRC de
Champlain.
Le Président (M. Blouin): Merci. M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, quand on me parle de
consultations qui duraient depuis deux ans et demi - je voudrais que le
député m'écoute parce qu'il vient de parler longuement et
que je l'ai écouté très attentivement - le gouvernement a
pris sa décision à la fin du processus et on a dit que la
décision a été prise le 21 décembre 1982. Or,
l'opération durait depuis le début de l'année 1980. Cela
faisait trois ans qu'on en parlait. Qu'on dise qu'il n'y a pas eu de
consultation parce qu'en janvier on n'avait pas reçu les lettres
patentes, je crois savoir que les lettres patentes ont été
transmises dans les meilleurs délais possible. Le 21 décembre,
vous savez très bien que vous êtes en période de
semi-vacances ou je ne sais quoi, mais ils ont reçu les lettres patentes
en janvier. Le 21 décembre, c'est quatre jours avant Noël et ils
les ont reçues en janvier. Cela me paraît, compte tenu de la poste
qui, à cette époque, est particulièrement
surchargée, des délais tout à fait normaux. Je ne vois pas
de quoi on se plaint. Dans le fond, est-ce que c'est au début de janvier
ou le 4 janvier qu'ils ont reçu les lettres? Elles ont été
adoptées au Conseil des ministres le 21 décembre. Je pense qu'on
ne peut pas discuter longuement là-dessus.
Par rapport à des situations qui, comme dans ce cas, par exemple,
ne se solutionnaient pas, à un moment donné, il faut prendre une
décision. C'est cela qui était prévu dans la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme. C'est, quand même, le gouvernement
qui émet les lettres patentes. Cela a toujours été. On les
a émises le plus possible après avoir obtenu des consensus dans
le milieu, mais, lorsqu'ils n'étaient pas possibles, au bout de trois
ans, il faut quand même constater qu'il y a des divergences. Il y avait
une divergence en ce qui concerne le nombre de votes à donner à
Longueuil, trois ou quatre. (16 h 30)
Je ferai simplement remarquer au député que pendant toute
la durée des débats qui ont eu cours sur l'aménagement au
Québec, tous les projets ont achoppé; parfois, c'était
à cause du territoire, parfois, c'était à cause de la
représentativité. Il s'agit de deux points de vue qui doivent se
retrouver dans une loi. Il y a des compromis à faire là-dessus.
Je pense que le projet de loi sur l'aménagement a établi ces
compromis dans leur ensemble en permettant une discussion à
l'intérieur. On n'a pas adopté un modèle applicable
à l'ensemble du Québec, ce qui avait fait achopper les projets de
loi antérieurs. On arrive au bout d'un processus de discussion de la loi
de trois ans, d'un processus de consultation pour faire le découpage, de
trois ans et il reste une divergence qui ne semble pas vouloir se
réduire facilement: trois votes ou quatre votes à Longueuil. Le
gouvernement, après avoir examiné ce qui s'était
passé, pour ne pénaliser personne, a pris une décision qui
était sage de donner quatre votes à Longueuil. Cela amenait la
municipalité de Longueuil à participer à tout vote qui
exigeait un vote des deux tiers. Cela me paraît normal quand une ville
représente 47% de la population. On partait de deux positions
très éloignées: l'Union des conseils de comté qui
disait: C'est une municipalité, un vote; l'Union des
municipalités du Québec qui disait: Un vote représentatif
ou directement proportionnel à la population. On savait que, si tout le
monde tenait à cela dur comme fer au départ, ce serait impossible
à solutionner.
Il y a eu des compromis différents les uns des autres selon les
MRC, qu'on a reconnus lorsque tout le monde s'entendait. Dans ce cas-ci, ils ne
s'entendaient pas et nous avons pris une décision. Je pense que ce n'est
pas proportionnel à la population de Longueuil parce que normalement
elle aurait dû avoir 47% du vote - elle en a 37% -mais cela
l'amène à participer à un vote qui exige les deux tiers
lorsqu'il y a une décision importante. Je trouve que c'est là un
compromis acceptable, c'est un compromis honorable pour tout le monde. Je pense
aussi que les gens vont le reconnaître et que, maintenant que cela est
décidé, que l'esprit est là, ils vont s'entendre et
correctement. Ils sont capables de s'entendre.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Le ministre a l'air
impatient. Je ne sais pas pourquoi. Non? Il donne cette
impression-là.
M. Léonard: Vous avez des impressions, vous.
M. Rocheleau: On a chacun à vivre avec soi-même.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: C'est parce que cela m'inquiétait un
peu.
M. Léonard: Ne vous inquiétez pas.
M. Rocheleau: M. le Président, à l'intérieur
des crédits de l'aménagement du territoire, on pourrait
sûrement passer plusieurs heures sur les montants, les employés.
C'est bien évident que nous avons un sommaire sur lequel on pourrait
discuter longuement. Mon collègue, le député de Laprairie
est revenu tantôt à plusieurs reprises particulièrement sur
la loi 125, adoptée en 1979, qui avait pour principal mandat de voir
à la création éventuelle des municipalités
régionales de comté et par la suite au schéma
d'aménagement qu'elles se devaient d'adopter dans un temps
limité. Je comprends que le ministre dise qu'il y a eu consultation et
je suis d'accord avec lui quand il dit qu'il a fait de la consultation ou que
ses services, ses fonctionnaires en ont visité et ont tenté d'en
arriver à des compromis.
Sortir toutes les municipalités régionales de comté
pour lesquelles il y a des problèmes particuliers au niveau du
territoire, je pense que ce serait quand même assez long. On ne peut pas
empêcher quelqu'un qui veut se pendre de se pendre. Effectivement, dans
le cas du ministre des Affaires municipales, nous avons fait au cours des
années, en tout cas depuis 1981, plusieurs interventions pour le mettre
en garde contre ses agissements envers les municipalités. Consultations
qui finissaient dans plusieurs cas par imposition. On pourrait prendre
plusieurs régions du Québec mais je vais prendre... Est-ce que le
député a quelque chose a dire?
M. Tremblay: Oui, je voudrais dire que le ministre est encore
ministre et que tu n'es plus le critique officiel de l'Opposition.
M. Rocheleau: Inquiète-toi pas de mon sort.
Le Président (M. Blouin): M. le député, s'il
vous plaît!
M. Rocheleau: Avisez votre collègue, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député, je
souhaiterais que lorsque...
M. Tremblay: M. le Président, c'est le
député qui m'a invité à faire mes commentaires.
Le Président (M. Blouin): M. le député, s'il
vous plaîtl
M. Rocheleau: Le député de Chambly peut-il se
rendormir?
Le Président (M. Blouin): Je souhaiterais que, lorsqu'un
député a la parole, nous puissions écouter son
intervention d'un bout à l'autre. Si des membres de cette commission ont
des commentaires à apporter ou des questions supplémentaires
à la suite des interventions des députés, j'aimerais
qu'ils les fassent à la fin des interventions sans interrompre le
député au moment où il parle; sinon, nous ne pourrons pas
mener harmonieusement nos débats. Merci.
M. Tremblay: Je suis bien d'accord avec cela, M. le
Président. J'ai fait mon intervention à l'invitation du
député de Hull.
Le Président (M. Blouin): Alors, puisque vous êtes
d'accord, je cède la parole au député de Hull.
M. Rocheleau: Je vais demander au député de Chambly
de continuer de s'embaumer dans sa fumée et de nous...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: ...laisser tranquilles de ce
côté-ci.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Hull, s'il vous plaît!
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je continue
Le Président (M. Blouin): Très bien.
M. Rocheleau: M. le ministre, on pourrait prendre plusieurs coins
du Québec pour vous expliquer les problèmes que l'Opposition a pu
constater. Il est difficile, dans certains cas, de consulter le ministre des
Affaires municipales quand on a des problèmes, parce qu'on s'est fait
imposer une solution en provenance de Québec. Cette solution-là,
on ne peut pas la discuter. Mais
il y a un petit coin de pays qui nous intéresse plus
particulièrement, étant donné que nous venons d'une
région limitrophe. Je voudrais plus particulièrement en discuter
avec le ministre des Affaires municipales. Lorsqu'il nous dit qu'il y a des
consultations afin d'obtenir un consensus, ce sont tous des beaux grands mots.
C'est beau. On regarde cela dans le dictionnaire, on sort cela et on dit:
Maudit que cela a du bon sens. Mais de là à l'appliquer, c'est
une autre chose.
Quand on parle du petit pays qui nous concerne, on va parler de la
région de la Gatineau où le ministre est très friand des
limites frontalières de l'Outaouais québécois, venant du
comté de Labelle qui est à proximité. Il y a eu des
consultations...
M. Léonard: Labelle fait partie de l'Outaouais, non?
M. Rocheleau: C'est-à-dire qu'il y a deux semaines...
M. Léonard: Ah, ah, un instant.
M. Rocheleau: Un instant. Il y a deux semaines, M. le ministre,
j'étais à une assemblée du Conseil régional de
développement de l'Outaouais. On se chamaillait une nouvelle fois sur
son appartenance. Vous allez sûrement avoir un rapport, si vous ne l'avez
pas eu déjà. Je dois vous dire qu'à l'intérieur des
limites de la Société d'aménagement de l'Outaouais votre
comté n'est pas inclus. Je ne sais pas si c'est de la jalousie ou si on
n'est pas heureux de ne pas avoir été inclus, dans le temps, et
si, à cause de contraintes politiques à l'intérieur de son
propre parti dans le temps, il n'y a pas une douce revanche qui s'impose.
Nous sommes là pour le constater. À ce que je sache, le
ministre des Affaires municipales ne semble pas lui-même s'en
impressionner parce que, de toute façon, il fait à sa tête.
Ce sont vos affaires, je vous le dis, mais on ne vous avisera pas constamment,
M. le ministre, de l'appréhension qu'on peut avoir. Si vous n'avez pas
compris, vous subirez le sort que d'autres ont subi avant vous. Cela revient
toutes les X années, apparemment, chose qu'on vous souhaite, en
passant.
Mais je voudrais revenir à ce qui concerne l'Outaouais
québécois, plus particulièrement la MRC de la
vallée de la Gatineau où il y a eu un consensus global, tous les
maires étant d'accord sur la délimitation du territoire de la
vallée de la Gatineau. On l'a dépouillée, malheureusement,
d'une partie, pour greffer cette partie de territoire à
Laurentides-Labelle, que vous connaissez très bien puisque vous en
représentez une bonne partie à l'Assemblée nationale.
M. Léonard: M. le député, cela s'appelle
Labelle.
M. Rocheleau: Labelle. C'est quand même un coin des
Laurentides, n'est-ce pas? C'est pour mieux vous situer. On me dit plusieurs
choses, dans ce coin-là, depuis quelque temps.
Cela m'a un peu inquiété, l'autre jour, quand on nous a
répondu, à l'Assemblée nationale, qu'on avait pratiquement
gelé cela pour trois ou quatre ans, qu'on allait permettre aux MRC de
préparer leur schéma d'aménagement et que, après
cela, on verrait s'il y a lieu de détacher ou de rattacher certaines
parties de territoire à certaines municipalités régionales
de comté ou d'en retirer certaines autres parties.
Cela m'inquiète, M. le ministre, parce qu'une fois qu'une
municipalité régionale de comté s'est donné un
schéma d'aménagement, c'est qu'elle a tenu l'ensemble de son
territoire à l'intérieur des grands objectifs à
poursuivre. Une fois que cela est fait, il ne faudrait quand même pas
rire des préfets de comté, ni des maires des municipalités
et leur dire: Ne vous en faites pas, dans trois ou quatre ans, vous ne serez
peut-être plus là, mais on aura réparé les pots
cassés. On voudrait éviter, entre-temps, qu'il ne se gaspille des
sommes d'argent considérables.
Dans le cas de la vallée de la Gatineau, le préfet de
comté a rencontré les autorités, il a rencontré le
préfet de comté de Labelle. Il y a pratiquement eu un certain
consensus afin de remettre une partie du territoire non organisé et une
partie du Trente et un Milles que vous aviez accaparée à la MRC
de la vallée de la Gatineau. Depuis ce temps, au CRD, lors d'une
rencontre annuelle que nous avons eue il y a quelques semaines, on a fait le
tour de la question une autre fois. Il y a des recommandations qui vont venir
du CRD de l'Outaouais pour clarifier cette situation.
Je voudrais mentionner au ministre que tout le monde ne peut avoir tort.
Nous, du Parti libéral, il est bien évident qu'on ne partage pas
les mêmes options politiques, les mêmes orientations, les
mêmes objectifs. Mais ce que je comprends mal, c'est que même au
sein du Parti québécois on a fait des représentations
auprès du ministre des Affaires municipales. Même le
président de l'Association du Parti québécois de la
vallée de la Gatineau a dû démissionner parce qu'il ne
pouvait plus aller plus loin sans être impoli à l'égard du
gouvernement qu'il chérissait ou qu'il a chéri au cours des
dernières années.
J'aimerais savoir de la part du ministre s'il y a une possibilité
de réexaminer cet ensemble, parce que mon collègue de Pontiac
vous ferait sûrement valoir certains points. Que le ministre nous le dise
sans gêne, on ne le répétera pas s'il ne veut pas qu'on
le
répète. Est-ce que c'est un entêtement du ministre,
un blocage systématique, le fait que ce sont deux régions qui se
touchent et qu'il y a une revanche de quelque sorte? Que le ministre nous le
dise. À ce moment-là, on dira à ces gens: Écoutez,
il n'y a rien à faire avec ce ministre, il n'y a rien à faire
avec ce gouvernement. Il faudra attendre le prochain gouvernement qui viendra
résoudre vos problèmes, qui ont été
créés par le gouvernement précédent. Si on pouvait
leur dire cela, cela prendrait à peine quelques minutes et on
réglerait notre problème. Vous n'en entendriez plus parler, M. le
ministre, parce qu'on connaîtrait exactement votre position.
D'abord, j'aimerais que vous me répondiez là-dessus, parce
que tout le monde n'est pas d'accord avec cela. Est-ce possible qu'il n'y en
ait qu'un qui ait le pas? J'aimerais savoir si vous êtes le seul à
avoir le pas?
M. Léonard: Quelle est votre question exactement, bien
synthétisée?
M. Rocheleau: Je veux savoir si vous avez l'intention de
reconsidérer la Haute-Gatineau, entre autres, et de reconsidérer
les demandes faites par la MRC de la vallée de la Gatineau, après
l'avoir dépossédée d'une partie du territoire dont elle
était responsable antérieurement et pour laquelle il y a
appartenance. Il y a tous les critères: il y a consensus, il y a
approbation, il y a demandes répétées auprès du
ministre, du gouvernement. J'aimerais savoir si le ministre a cette intention.
Il prendra le temps qu'il voudra pour me répondre, pour autant que, au
bout du compte, ce soit clair.
M. Léonard: M. le Président, je pense que j'ai
toujours été clair là-dessus. Je me permettrai, avant, de
répondre à une question ou à une remarque qui a
été faite par rapport à la MRC de Champlain, ce matin. Si
le député de Laprairie veut m'écouter ou arrêter sa
lecture, je vais vous faire une autre lecture.
M. Rocheleau: M. le Président...
M. Léonard: On y reviendra, ne vous inquiétez
pas.
M. Rocheleau: Oui?
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Hull.
M. Léonard: Nous allons y revenir, M. le
député de Hull.
M. Rocheleau: J'ai peur que vous ne perdiez le fil.
M. Léonard: Ne vous inquiétez pas. (16 h 45)
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: C'est une façon d'éluder le
sujet.
M. Léonard: Non. Vous avez dit des choses que je vais
reprendre, car certaines affirmations que vous faites sont complètement
erronées.
Le Président (M. Blouin): M. le ministre, il est de
tradition, dans les débats qui entourent ces études de
crédits, que nous puissions discuter assez librement, revenir sur les
sujets; alors, je souhaiterais que nous puissions continuer comme cela se passe
habituellement.
M. Rocheleau: C'est parce que la mémoire est une
faculté qui oublie.
Le Président (M. Blouin): Je pense qu'on pourrait
permettre au ministre de revenir brièvement sur un sujet qui a
été évoqué antérieurement et, ensuite, lui
demander de répondre précisément à votre question.
M. le ministre.
M. Léonard: Alors, pour le bénéfice de ceux
qui liront le journal des Débats et pour le bénéfice du
député de Laprairie: Saint-Hubert, le 17 juin 1982, compte rendu
d'une rencontre convoquée par M. Lepage, etc., où étaient
présents les maires, en particulier, de toutes les villes de la MRC de
Champlain. Je vais à la page 4, dans le paragraphe intitulé
R-11-82 varia B - que vous avez sûrement lu un jour, vous y avez fait
référence ce matin - où il est dit ceci - il faut bien le
lire, il ne s'agit pas, je pense, de ce que vous avez mentionné ce
matin: "Chaque maire verra à obtenir de son conseil respectif une
résolution approuvant le mode de représentativité". Il
n'est pas dit que cela prenait trois municipalités pour prendre une
décision. Il est bien dit: Une résolution approuvant le mode de
représentativité. C'est évident. Alors, je pense que
là on ne peut pas jouer là-dessus.
M. Saintonge: M. le Président, est-ce que je peux faire
une intervention?
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le député
de Laprairie.
M. Saintonge: J'ai dit ce matin que je ne me souvenais pas si la
résolution mentionnait cette chose. Je sais que, dans la
résolution, on mentionnait un minimum de trois villes pour une
décision. On voulait avoir cela. Quand on parle d'une résolution
des conseils municipaux quant au mode de
représentativité, n'est-ce pas au mode de
représentativité dont on parlait dans une des premières
résolutions de cette assemblée, c'est-à-dire, sur les dix
voix, tant de voix à chacune des municipalités? Je pense que
c'était à cela qu'on référait quand on parlait
d'une résolution des municipalités.
M. Léonard: En réalité, dans le mode de
représentativité, à mon sens, c'est bien évident
que c'est la représentation de chacune des villes là-dedans qui
était impliquée. Si on rajoutait cela, cela devait
être...
M. Saintonge: Suivant la décision qui avait
été prise.
M. Léonard: Ce n'est pas seulement le point que vous avez
soulevé, en tout état de cause, qui devait faire l'objet d'une
approbation de chaque conseil municipal; c'est le mode de
représentativité dans son ensemble.
M. Saintonge: Oui. Ce que je vous ai affirmé, c'est que je
n'avais pas souvenance s'il y avait un point précis de la
résolution là-dessus. Il reste que cette partie de
résolution que vous mentionnez des conseils municipaux, c'est quant
à la représentativité telle qu'établie dans le
consensus du 17 juin 1982. Si Longueuil n'a pas fait suivre, M. le ministre,
une résolution approuvant trois voix sur dix à Longueuil, il
reste qu'aucune des cinq autres municipalités concernées n'a
accepté d'avoir deux voix sur onze ou une voix sur onze, non plus. Ce
que j'ai reproché au ministre, c'est de ne pas être
retourné au niveau de chacune des municipalités, soit
lui-même ou soit par l'intermédiaire de M. Dumas, qui avait
déjà rencontré les municipalités en juin 1982, si
on changeait les règles du jeu établies.
Le consensus sur lequel on se basait pour créer cette MRC de
Champlain venait d'un fait: les municipalités de la rive sud qui
s'intégraient avec Longueuil dans une MRC le faisaient à une
condition spécifique dans le cadre d'une formule de
représentativité qui les satisfaisait. Autrement, on n'aurait pas
voulu aller avec Longueuil et Longueuil restait seule avec sa population pour
créer une MRC uniquement à Longueuil et non pas avec les autres
villes alentour, à tel point que Boucherville est allée de
l'autre côté -c'est tellement évident - ou que Brossard
aurait pu aller avec Laprairie ou demander à être avec
Saint-Lambert uniquement. Le fait qu'on acceptait d'aller avec Longueuil,
c'était qu'au niveau des discussions entre les maires en présence
d'un officier du ministère un consensus s'établissait à
partir d'une donnée de base qu'on acceptait Longueuil à cette
condition spécifique. C'était cela que j'avais
mentionné.
J'ai reproché au ministre que le délai entre le 21
décembre ou le 10 janvier ou le 6 janvier, avant qu'on ait les lettres
patentes, c'était un délai de fait. Je peux vous dire que les
maires n'avaient pas été informés avant. C'est bien
malheureux que des journalistes l'aient su en décembre alors que les
maires l'ont su en janvier, quatre jours avant la réunion ou la veille
de la réunion. C'est quand même quelque chose d'un peu particulier
et qui était assez curieux. C'est ce que je voulais mentionner. Ce que
les maires reprochaient principalement au gouvernement, c'est que, après
la réunion du mois de juin, la suspension de l'affaire pendant tout
l'été pour la campagne électorale, sans autre appel ou
sans autre consultation ou concertation avec des municipalités, on
arrive, en fait, à modifier le consensus de cette réunion. Donc,
qu'est-ce que c'était, la consultation?
M. Léonard: Je dois dire que, quand on lit tout le
procès-verbal, on se rend compte que le consensus n'a pas existé,
parce que Longueuil n'est jamais revenue avec sa résolution
approuvée par son conseil. Ne parlez pas de consensus à ce
moment, parce qu'il n'y en a jamais eu. Cela me paraît assez clair. De
toute façon, je pense que le nouveau conseil municipal de Longueuil
n'était pas en accord avec une représentation de trois voix pour
Longueuil. Je pense que non.
M. Saintonge: Je comprends, M. le ministre, qu'à
l'époque de juin 1982 l'opposition majoritaire au conseil de Longueuil
avait beaucoup plus de poids au niveau du ministère des Affaires
municipales et du ministre, d'après ce que je peux comprendre, de
même que du premier ministre et du député ministre de
Marie-Victorin, que les cinq autres municipalités unanimes quant au fait
de donner tel pourcentage à Longueuil au niveau de la
représentativité. Cela m'apparaît évident
aujourd'hui.
M. Léonard: Expliquez-moi pourquoi Longueuil, c'est trois
voix, même pas le tiers des votes, alors qu'elle représente 47% de
la population.
M. Saintonge: Au point de vue de l'évaluation, M. le
ministre, il y a des problèmes. On regarde seulement au point de la
représentation de la population. Le ministre pourrait peut-être
m'expliquer s'il a des règles formelles qui régissent la
création des MRC et la représentativité éventuelle
dans d'autres MRC. A mon sens, dans tout le Québec, selon ce que j'ai vu
des MRC qui ont été constituées, il n'y a eu aucune
règle particulière qui a visé à établir
la
représentativité des municipalités. Vous n'avez
aucune règle particulière qui a établi qu'un droit de veto
devait être accordé à une municipalité plutôt
qu'à une autre, à tel point que, dans certains cas, la
municipalité la plus petite, se trouve avec un droit de veto avec celle
qui est la plus dense en population et, d'autre part, dans certains cas, avec
des écarts de population très considérables, chacune des
municipalités à simplement une voix. On pense à
Roussillon, par exemple, où Châteauguay a le même nombre de
voix, une voix, par exemple, que Saint-Philippe ou Saint-Isidore.
M. Léonard: C'est un compromis sur lequel elles se sont
entendues.
M. Saintonge: II y a un compromis.
M. Léonard: Mais quand elles ne s'entendaient pas...
M. Saintonge: Elles se sont entendues. M. Léonard:
Elles se sont entendues.
M. Saintonge: Tandis que, dans le cas de Champlain, elles ne se
sont jamais entendues. Les conditions qui faisaient en sorte qu'on accepte de
joindre Longueuil dans une MRC, fondamentalement, n'ont pas été
respectées.
Le Président (M. Blouin): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, c'est entendu, je
tenais à faire cette mise au point par rapport à Longueuil, parce
qu'on a lu le procès-verbal. Nous l'avions dans nos documents comme on
peut se le procurer, je pense bien, de la part des maires. Je pense qu'il faut
le citer au complet. C'est le document; c'est le mode de
représentativité qui était en cause là-dedans. Je
pense que les choses sont claires maintenant, il n'y a pas eu de consensus.
M. Rocheleau: Elles ne sont pas claires.
M. Saintonge: C'est clair pour le ministre aujourd'hui.
M. Rocheleau: Qu'on arrête de discuter de Longueuil,
d'accord, mais ce n'est pas clair.
Le Président (M. Blouin): Sur ces...
M. Léonard: Longueuil l'ennuie et la MRC de Champlain
l'ennuie.
Le Président (M. Blouin): ...positions... M. Rocheleau:
Non, du tout. Pour vous, c'est clair, mais, pour nous, ce n'est pas
clair.
M. Saintonge: M. le Président, je voudrais seulement dire
au ministre...
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le député
de Laprairie.
Une voix: M. le député de Chambly, vous vous
êtes fait avertir tantôt.
M. Rocheleau: J'aurais seulement une question au ministre, je
veux quand même...
M. Tremblay: C'est vous qui êtes délinquant, M. le
député de Hull.
M. Saintonge: M. le ministre, on va laisser le
député de Chambly à ses "périgrinations"; on est
habitué à cela, j'ai vu cela à la commission sur la
Baie-James.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Chambly, s'il vous plaît!
M. Saintonge: Mais ce que je veux dire, M. le ministre, c'est
que, ce matin, la réserve que j'avais faite au sujet de la
résolution, je n'avais pas dit que ce n'était pas là, mais
j'avais simplement mentionné que je n'avais pas de souvenance
précise si cette résolution comportait cet élément.
Deuxièmement, quant à savoir si c'est clair ou pas, la seule
chose est que ce n'est pas clair pour moi, en tout cas, sur le consensus. C'est
clair aux yeux du ministre, mais ce n'est pas clair pour cinq des six
municipalités de Champlain.
Le Président (M. Blouin): Très bien. M. le
minsitre.
M. Léonard: II y a eu toutes les rencontres
nécessaires à ce sujet. Je les ai rencontrés
moi-même. On en a discuté.
Une voix: C'est mon tour.
M. Léonard: M. le député de Hull veut des
remarques par rapport à ce qu'il a dit. Il a employé le mot
"dépouiller" au profit d'une autre MRC, des grands mots! Je voudrais
d'abord dire une chose: Toutes les municipalités qui voulaient
être dans la MRC de la Vallée-de-la-Gatineau sont dans la MRC de
la Vallée-de-la-Gatineau. Est-ce clair? On s'entend là-dessus?
Tous les territoires municipalisés sont dans la MRC de la
Vallée-de-la-Gatineau. C'est leur consensus. Cela me paraît
particulièrement important parce que c'est là qu'habitent les
gens. Le consensus a donc été respecté et les lettres
patentes tiennent compte du consensus. Je n'ai pas touché à cela,
pas du tout.
M. Rocheleau: Voyons donc! Voyons donc! M. le ministre le lac des
Trente et un Milles!
M. Léonard: Laissez-moi parler. Je vous ai
écouté religieusement.
M. Rocheleau: Bien oui, je sais bien, mais...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Hull.
M. Léonard: Là, on parle des TNO où il n'y
aurait pas de consensus, les territoires non organisés où presque
personne n'habite. Je voudrais reprendre les expressions que vous avez
utilisées. Vous dites que le comté de Labelle s'est
accaparé du lac des Trente et un Milles. Je pense que vous ne connaissez
pas la région, M. le député de Hull, parce que le lac des
Trente et un Milles a toujours été dans le territoire de Labelle,
toujours, depuis tout le temps. On parle du lac des Trente et un Milles...
M. Rocheleau: Les accès.
M. Léonard: Vous avez mentionné le lac des Trente
et un Milles et celui-ci a toujours été dans le territoire du
comté de Labelle. Est-ce que c'est clair?
M. Rocheleau: Je vous parle de l'accès.
M. Léonard: Non. Vous parlez de l'accès. Vous avez
parlé du lac des Trente et un Milles. Il a toujours été
dans le comté de Labelle. Dites le contraire.
M. Rocheleau: Ce n'est pas la question de pelleter de l'eau d'un
côté et de pelleter de l'eau de l'autre côté. C'est
la question, M. le ministre, de l'utilisation de ce territoire, de
l'accessibilité au lac des Trente et un Milles, des pourvoiries qui
actuellement utilisent le lac des Trente et un Milles.
M. Léonard: M. le Président, il a dit que le
comté de Labelle s'était accaparé du lac des Trente et un
Milles. Je veux qu'il dise que le territoire du lac des Trente et un Milles a
toujours été dans Labelle. Oui ou non? Répondez à
cela.
M. Rocheleau: Ce n'est pas là-dessus que je vous...
M. Léonard: Répondez à cela. C'est facile de
répondre à cela.
M. Rocheleau: ...tiens. Je vous tiens sur le fait que, lorsqu'on
développe une MRC, on développe aussi l'appartenance du milieu.
Tout le côté ouest du lac des Trente et un Milles est
utilisé en grande partie par ceux qui résident dans la
vallée de la Haute-Gatineau. Les accès au lac des Trente et un
Milles sont tous du côté ouest. Alors, il faut passer par la
vallée de la Gatineau pour aller au lac des Trente et un Milles. Vous le
savez.
M. Léonard: M. le Président, je vais reprendre ma
question et, si le député ne répond pas, je pense
qu'il faut comprendre que la réponse est oui. La question est celle-ci:
Le territoire du lac des Trente et un Milles a-t-il toujours fait partie, oui
ou non, du comté de Labelle?
M. Rocheleau: M. le ministre... M. Léonard: Oui ou
non?
M. Rocheleau: Cela fait partie du comté de Labelle.
M. Léonard: Bon, voilà. Alors ne dites plus...
M. Rocheleau: Mais l'utilisation, l'appartenance du milieu,
est-ce que vous avez pris les anciens comtés, les anciennes
délimitations de conseils de comté intégralement pour en
faire des MRC? Répondez-moi, oui ou non?
M. Léonard: On n'a pas pris les conseils de comté
pour en faire intégralement des MRC? Mais je dis ceci: Lorsque le
député affirme que le comté de Labelle s'est
accaparé du lac des Trente et un Milles, c'est faux. Le lac des Trente
et un Milles a toujours fait partie du comté de Labelle. Est-ce que
c'est clair?
M. Rocheleau: Ce n'est pas là-dessus. Je ne m'obstine pas
là-dessus.
M. Léonard: Bon, d'accord.
M. Rocheleau: Le consensus qui s'est développé,
c'est sur l'appartenance au milieu. Il y a eu des consultations et des
interventions du Conseil régional de développement de
l'Outaouais, même de l'Association du Parti québécois de la
Haute-Gatineau, qui toutes, ont démontré en blanc et en noir, pas
en gris, que l'appartenance devait inclure cette partie-là qui
était utilisée par les pourvoyeurs de la Haute-Gatineau et qui,
tout naturellement, devait continuer d'appartenir à ce
côté-là, à cause de l'utilisation.
Le Président (M. Blouin): M. le ministre.
M. Léonard: Comme le comté de Labelle fait aussi
partie de l'Outaouais, lui aussi, le comté de Labelle, a émis
des
opinions à ce sujet et a toujours réclamé la
propriété du lac des Trente et un Milles comme territoire de
faune, de chasse et de pêche. Il l'a protégé pendant tout
ce temps-là. Je pense que c'est aussi un point de vue qui se
défendait. De toute façon, nous n'avons pas touché aux
limites territoriales entre les deux. Entre Gatineau et Labelle, nous avons
conservé exactement les mêmes limites territoriales au niveau du
lac des Trente et un Milles comme au niveau du lac Gagnon. Je pense qu'il est
important d'établir cela. Quand on me parle de revanche, il faudrait
savoir de quoi on se revanche. (17 heures)
Au fond l'entente, par exemple - parce que je suppose que vous faites
allusion à la route Maniwaki-Témiscamingue, j'ai cru voir
ça dans les écrits - c'est moi-même qui l'ai signée
avec le gouvernement fédéral, c'est moi-même avec Marcel
Lessard, le 22 juin 1977. J'étais très content de la signer. On a
fait une réception au salon rouge à l'époque parce qu'on
avait signé pour 410 000 000 $ d'ententes. En ce temps-là, on
pouvait parler au gouvernement fédéral; on ne peut plus
maintenant. Voilà! Autre chose?
M. Rocheleau: Allez-vous répondre à ma
question?
Une voix: 2-0.
M. Léonard: Évidemment, il y a des gens qui ne
s'entendaient pas dans tout ça. À un moment donné, tout le
monde attaquait l'autre; par exemple, Pontiac trouve Gatineau trop
affamée; la Vallée-de-l'Or trouve Gatineau trop affamée;
on trouve Labelle trop affamée. On discute toujours de territoires non
organisés. Je vous souligne que nous sommes en pleine forêt
où il y a beaucoup de poissons, beaucoup de lacs, beaucoup d'arbres, de
sapins, d'épinettes, de pins. À ce niveau-là, on ne parle
pas du tout des municipalités organisées, habitées par les
gens, on parle de territoires dans le Québec. Soit dit en passant, tout
ça, c'est dans le Québec que ça se passe et je pense qu'il
n'y a pas de frontières, ni de barbelés, ni de lignes
électrifiées entre les limites des MRC. Autre chose? Non, parce
qu'il y a des gens passablement d'accord là dessus.
M. Rocheleau: Nommez-les.
M. Léonard: Sur les autres territoires plus au nord, en
particulier, de la route 117, je vous ferais remarquer que la très
grande partie du territoire qui était finalement dans le comté de
Labelle, pourrait-on dire, venait des comtés de Berthier, de Joliette et
de Montcalm - on est loin de Gatineau - on parle des comtés municipaux;
ça venait de Berthier, Joliette et Montcalm. Qu'est-ce que la Gatineau
vient faire là-dedans? Il y a des relations à cause des
forêts? Oui. A cause de la chasse et de la pêche? D'accord! Mais il
y en a plus encore à partir de Mont-Laurier et les approvisionnement en
bois des usines de Mont-Laurier, par exemple, viennent du nord de la route 117
majoritairement. Ils viennent de là. Le bois mou, chez nous, à
partir de Mont-Laurier descend sur la rivière et s'en va dans
l'Outaouais. Il y a des échanges, donc, de matières
premières. Le bois franc, le bois dur qui ne flotte pas, ça s'en
va à Mont-Laurier et les approvisionnements de Mont-Laurier viennent
majoritairement du nord de la 117.
Au niveau des ZEC, les relevés qu'on a faits sur la
fréquentation des ZEC, sur les membres des ZEC indiquaient nettement que
les gens venaient beaucoup plus de Montréal, ils se transportaient
beaucoup plus par la 117. En particulier, le "membership" de la ZEC Petawaga
comprenait beaucoup de gens de Montréal et beaucoup de gens de la
région de Mont-Laurier, alors que les gens de Maniwaki allaient plus
à l'ouest, dans d'autres ZEC, Bras-Coupé-Désert, etc. Dans
le cas, du partage des TNO, c'est une considération que nous avons eue
pour en décider comme nous en avons décidé ailleurs. C'est
cela. Vous serez d'accord là-dessus. Ensuite, au niveau du
découpage du territoire - on va peut-être arriver plus
précisément à votre question - nous avons pris une
décision et nous avons dit: Cette décision, c'est celle qui nous
semble la plus correcte dans les circonstances.
Maintenant, si au sujet des TNO il y a des consensus entre les maires
des municipalités régionales de comté, nous sommes
prêts à les considérer; si cela a du bon sens, on va les
considérer. Si cela a du bon sens, on dira oui. Maintenant, il n'y a pas
eu de consensus. Ils se sont rencontrés et il n'a pas eu de consensus.
La Vallée-de-l'Or trouve que Gatineau lui a pris beaucoup de terrain; en
particulier, parce que c'est le parc et la réserve qui amènent
les gens vers l'Abitibi. C'est cela qu'ils disent. Alors, on parle de
territoires non organisés. On est dans le Québec, on vit tout le
monde sur le même territoire. Je pense que c'est cela, la
décision; elle est là. Il n'y en a pas de consensus
là-dessus; quand vous dites que tout le monde s'entend sauf le ministre,
ce n'est pas vrai.
M. Rocheleau: Écoutez, M. le ministre, c'est vous qui le
dites parce que, lorsqu'on consulte les organismes du milieu, il y a un
consensus. Quand vous me parlez de la MRC de Labelle, il est évident que
le préfet de la municipalité régionale de comté de
la Vallée-de-la-Gatineau est allé les rencontrer. Ils ont pris un
vote là-dessus et cela a été 12 à 9; un peu plus,
ça basculait.
II y a peut-être d'autres interventions qui vont se faire à
la suite des nombreuses interventions du milieu. Je pense que le CRDO est quand
même un organisme qui est financé en partie par le gouvernement du
Québec pour faire des recommandations; il a fait des recommandations.
Vous avez eu des recommandations des municipalités et de la
municipalité régionale de comté de la
Vallée-de-la-Gatineau. Quand vous dites qu'il n'y a pas de consensus, il
y en a un. Il n'y en a peut-être pas du côté de Labelle
parce que la décision que vous avez prise fait en sorte qu'ils veulent
maintenir ce qui leur a été cédé dans la MRC. Je me
comprends bien. On a refait les délimitations. Si on prend la
circonscription, enfin, tout l'ouest du Trente et un Milles touche en bordure
la circonscription électorale de Gatineau. Peut-être que mon
collègue de Pontiac a des moyens différents pour tenter de se
faire comprendre. De toute façon, M. le ministre, j'ai compris que,
depuis deux ans, on a tenté de vous proposer des moyens, des
façons plus souples pour en arriver à faire des consensus. Vous
ne l'avez pas accepté ou à peu près pas. Voulez-vous avoir
un exemple?
Le Président (M. Blouin): M. le ministre.
M. Léonard: Sur les consensus, je vous ferai remarquer,
quand le député dit que c'est seulement Labelle qui ne s'entend
pas, qu'effectivement il y a aussi Pontiac qui a des revendications à
faire à l'endroit de Gatineau, cette fois-là. Vous voyez comme
cela a l'air de vases communicants, finalement.
Je dirai une chose. J'ai écrit au préfet de Gatineau
à l'époque pour lui dire que, s'il y avait des consensus qui
s'établissaient entre les maires, nous pourrions les considérer.
Maintenant, je pense que ce n'est pas le CRDO qui en décide. Ce sont les
maires des municipalités régionales de comté. Oui. Bon.
D'accord. Non, mais vous faites intervenir cela.
M. Rocheleau: Non, mais je vous dis...
M. Léonard: Je pense que le découpage du territoire
dans l'ensemble du Québec a été fait en collaboration avec
les maires du Québec et non pas avec le CRDO. Ma lettre en tient compte
quand j'ai dit: S'il y avait des consensus qui s'établissaient, sauf
qu'il ne s'est pas établi de consensus. Quand vous dites qu'il y a des
consensus de tout le monde, moi, je dis non. Vous le voyez même dans les
faits.
M. Rocheleau: Vous parlez des maires.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Hull, pourriez-vous laisser le ministre terminer sa réponse avant de
reprendre?
M. Rocheleau: Bien oui, mais, de temps à temps, à
l'occasion, M. le Président...
Le Président (M. Blouin): Non, M. le député.
Je souhaiterais que vous le laissiez terminer, comme vous-même
désirez...
M. Léonard: J'ai terminé. Il peut continuer.
M. Rocheleau: Non, mais c'est réciproque, parce que,
occasionnellement, il m'interrompt aussi.
Le Président (M. Blouin): M. le député, si
vous le permettez.Tout à l'heure, vous avez vous-même
insisté pour que le député de Chambly cesse de vous
interrompre. Je vous demanderais la même discipline à
l'égard des autres membres de la commission.
M. le député de Pontiac, vous avez la parole.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. M. le ministre,
vous avez dit tantôt que la MRC de la Vallée-de-l'Or trouvait que
la MRC de la Vallée-de-la-Gatineau voulait prendre de son territoire.
N'êtes-vous pas au courant que dans le comité de consultation, qui
comprenait Pontiac, Gatineau et Papineau, cette partie du territoire avait
été cédée après négociation à
la MRC de la Vallée-de-la-Gatineau? Même si la MRC de la
Vallée-de-l'Or avait été décrétée le
8 avril 1981 en même temps que le décret qui avait
été émis pour la MRC de Pontiac, le 1er janvier 1983, tout
le territoire, sur lequel Gatineau et Pontiac s'étaient entendues, a
été donné à la MRC de la Vallée-de-l'Or. Qui
a pris cette décision, étant donné que c'est une MRC qui
ne fait même pas partie du comité de consultation?
M. Léonard: On fait référence, dans les
remarques qu'on fait, à toutes sortes de consensus qui ont
été détaillés. Je n'appellerais pas cela des
consensus, parce qu'ils avaient besoin de vérification en cours de
route. C'est exactement comme celui de la MRC de Champlain. Quand on a
essayé de vérifier si les consensus tenaient, ils ne tenaient
pas, quand on retournait auprès des conseils municipaux. Cela s'est
produit à plusieurs endroits du Québec. C'était normal que
cela se produise. On était en période de consultation et, aussi
longtemps qu'on n'avait pas produit un rapport définitif, il y avait
donc évolution des idées et des mentalités
là-dessus. Effectivement, il y a eu des propositions, des
hypothèses de travail à certains moments qui n'ont pas tenu.
Donc, on a recommencé. C'est ce qui s'est produit à bien des
endroits.
Pour ce qui est de la réserve de La Vérendrye,
différentes revendications ont été faites par l'Abitibi et
le Témiscamingue. Ils l'ont eux-même mentionné. Au
début, on s'est attaché surtout - l'Abitibi a commencé
très tôt à faire le découpage - au découpage
du territoire municipalisé organisé. Par la suite, ils
s'étaient donné une porte pour revoir le partage des TNO. C'est
ce qui a été fait d'ailleurs en Gaspésie. Ils se sont,
d'abord, entendus quant aux municipalités organisées et, ont,
ensuite, statué sur le partage des TNO. Ce qu'on a reconnu parce qu'ils
se sont entendus dans des consensus. C'est exactement le même processus
qu'on a suivi entre l'Abitibi, le Témiscamingue et l'Outaouais.
L'Outaouais touchait aussi les Laurentides. Je vous ferai remarquer que,
à ce point des choses, les comtés de Berthier, Juliette, Montcalm
vont toucher, je pense, à l'Abitibi-Est ou à peu près.
Vous voyez qu'à un certain moment, le territoire se rejoint.
Le Président (M. Blouin): M. le ministre, sans vouloir
vous contredire, je crois qu'il s'agit du comté de Rousseau.
M. Léonard: Non, on parle des comtés municipaux.
C'est Berthier, Juliette et Montcalm, ces comtés.
M. Middlemiss: M. le Président, si c'était le cas,
lorsqu'on a formé le comité de consultation Pontiac-Gatineau,
pourquoi ne les a-t-on pas avertis en disant: Le territoire non organisé
est déjà cédé ou sera cédé à
la MRC de la Vallée-de-l'Or? Pourquoi les faire travailler? Ils ont
négocié et se sont entendus sur un partage qui appartenait
à la MRC de Pontiac. Oui, c'était entendu et je vais citer...
M. Léonard: Oui, mais attention.
M. Middlemiss: Cela faisait partie de la municipalité de
Pontiac. Ils se sont entendus avec Gatineau qu'ils iraient chercher ce
territoire. Au moment du décret, tout ce territoire a été
cédé à la MRC de la Vallée-de-l'Or qui ne faisait
même pas partie du comité de consultation et n'était pas
dans la même région administrative. Donc, quelqu'un a pris une
décision qui n'a pas été négociée où
la Vallée-de-l'Or est la seule à posséder un droit de
veto.
M. Léonard: Au moment où on a parlé des TNO
qui concernaient le territoire de la réserve de La Vérendrye, la
Vallée-de-l'Or a toujours demandé d'avoir la réserve de La
Vérendrye. Non seulement elle demandait de l'avoir de l'autre
côté du Domaine, mais elle la demandait au complet. C'est ce qui
était demandé par la Vallée-de-l'Or.
M. Middlemiss: Mais cela appartenait à la
municipalité de Pontiac. Est-ce qu'il y aurait dû y avoir des
négociations entre la municipalité de Pontiac et la
Vallée-de-l'Or? Pourquoi?
M. Léonard: Personne ne s'entendait sur ce point.
M. Middlemiss: M. le ministre, il n'y a jamais eu de discussions
parce que cela ne faisait pas partie du même comité de
consultation. Comment peut-il y avoir eu des discussions? Après le
décret, vous avez donné tout le territoire. Allez donc
négocier quand vous avez perdu votre territoire.
M. Léonard: II y a eu des discussions à ce
sujet.
M. Middlemiss: II n'y en a pas eu, M. le ministre.
M. Léonard: II y a eu des discussions. Je ne sais pas si
des rencontres formelles ont eu lieu entre les comités de consultation
là-dessus. Il y avait M. Cliche au sud, dans l'Outaouais. Il reste que
sur ces territoires, à un certain moment, nous savons que la
Vallée-de-l'Or réclamait la réserve de La
Vérendrye. On a pensé la lui attribuer parce que Pontiac n'avait
pas de relation directe avec elle. La réserve de La Vérendrye
était la voie de passage vers l'Abitibi et ils considèrent cela
comme leur territoire. Finalement, des rencontres ont eu lieu tout
récemment. Vous voyez que les consensus ne ressortent pas.
M. Middlemiss: Oui. M. le ministre, lorsque vous avez
décrété une délimitation et que vous avez transmis
cela à la Vallée-de-l'Or, qu'est-ce que Pontiac pouvait offrir
pour reprendre le territoire qui était le sien? Qu'avez-vous fait du
rapport du comité de consultation de l'Outaouais présenté
en 1982? Vous avez passé outre à ce rapport pour prendre des
décisions. Donc, je pense que les consultations n'ont été
que de la poudre aux yeux parce que vous venez de l'admettre, la
Vallée-de-l'Or voulait avoir le territoire de Pontiac. Pourquoi n'y
a-t-il pas eu de négociations entre les deux? Pourquoi est-ce une
décision au niveau ministériel qui a été prise dans
ce cas? (17 h 15)
M. Léonard: Là, M. le Président, on est au
niveau des territoires limitrophes et la route 117, en particulier,
étant la route d'accès à l'Abitibi, à mon sens,
l'Abitibi a fait des représentations à savoir que, ce territoire
étant sa route d'accès, devait lui revenir. Maintenant, le
compromis est que le territoire de Gatineau s'étend jusqu'à
l'autre côté du Domaine par rapport à certains cantons. Je
pense que sur ce plan, il y avait peut-être des justifications,
jusqu'à un
certain point, par rapport aux opérations qu'il y a au Domaine,
en particulier, mais on est loin du centre du comté de Pontiac; c'est un
vaste territoire inhabité et puis la Vallée-de-l'Or, je pense, a
fait des représentations auxquelles on s'est rendu.
M. Middlemiss: Quelles représentations? Parce ce qu'elle
ne fait pas partie...
M. Léonard: On est venu au comité d'orientation
là-dessus, comme pour les autres dossiers.
M. Middlemiss: Pouquoi, d'abord, former un comité de
consultation qui comprenait Pontiac, Gatineau; ils se sont entendus sur le
partage du territoire qui était là. Parce que cette partie que la
Vallée-de-l'Or a présentement avait été...
M. Léonard: M. le député, vous dites qu'ils
se sont entendus sur le partage. Moi, ma connaissance du dossier au moment
où on s'en parle, après quelques mois, c'est qu'à un
moment donné il y a eu, là aussi, une espèce d'entente
où la ZEC de Pontiac pourrait revenir à Pontiac et non pas
à Gatineau. Mais, par la suite, il y a eu aussi, de la part de la
Gatineau, des représentations afin d'avoir le territoire de la ZEC de
Pontiac. À ce moment, compte tenu des lignes d'accès aussi
à la ZEC de Pontiac, on a décidé que cela serait
rattaché à Gatineau. Quand vous parlez d'un consensus, c'est
justement cela: il y a eu, à un moment donné, une
hypothèse sur laquelle tout le monde semblait s'entendre et puis on a
dit: On y pensera et on vérifiera. Après vérification, le
consensus n'a pas tenu. Alors, je suis obligé d'admettre qu'il n'a pas
tenu. C'est cela qui arrive.
M. Middlemiss: Vous parlez de la ZEC de Pontiac, je vais y
revenir; c'est un autre problème, car il n'y en a pas qu'un. Il y a
plusieurs problèmes. Pour le territoire non organisé, vous avez
formé un comité de consultation sur le partage du territoire;
alors, Pontiac avait un territoire, Gatineau en avait un, et Papineau en avait
un. Il y a eu un consensus sur le territoire non organisé; cela partait
de Pontiac jusqu'à Gatineau, cela était une entente. Oui, il y a
eu un consensus sur celui-là. Où il y a pu y avoir une
différence d'opinion, c'est vrai que c'est dans la ZEC de Pontiac.
M. Léonard: D'accord, dans la ZEC de Pontiac.
D'accord!
M. Middlemiss: Je veux faire une distinction.
M. Léonard: Le consensus n'a pas tenu, non plus,
là-dessus.
M. Middlemiss: La raison pour laquelle il n'y a pas pu y avoir
d'entente pour la ZEC de Pontiac... En passant, M. le ministre, l'accès
à la ZEC de Pontiac est dans le comté de Pontiac. Lorsqu'on dit
que tous les gens viennent de Gatineau, la ville de Gatineau est dans le
comté de Chapleau.
M. Léonard: Là, on parle des districts
électoraux. Ce n'est pas la même chose.
M. Middlemiss: On nous a dit que les membres de la ZEC de Pontiac
demeuraient à Gatineau, mais, s'ils demeurent à Gatineau, c'est
dans la ville de Gatineau, dans le comté de Chapleau.
M. Léonard: Vous demeurez dans le comté de
Gatineau.
M. Middlemiss: Les gens de Hull passent par le comté de
Pontiac pour s'y rendre. Le problème, ce n'est pas celui-là;
c'est que cela a eu une répercussion parce qu'ils n'ont pas pu obtenir
ce qu'ils avaient négocié avec Pontiac, qui est allé
à la Vallée-de-l'Or. Donc, Gatineau a voulu s'accaparer de la ZEC
de Pontiac. D'accord, il y a eu mésentente, mais c'est parce que la
Vallée-de-l'Or est venue chercher un morceau de territoire qu'ils n'ont
même pas négocié avec des gens auxquels il appartenait
déjà. Il ne peut pas y avoir un consensus.
M. Léonard: II n'y a jamais eu de consensus.
M. Middlemiss: Je fais référence à la lettre
du 14 septembre 1982 et à celle du 8 juillet 1982 du comité de
consultation de l'Outaouais. Vous avez ces documents?
M. Léonard: M. le député, je ne sais pas si
nous les avons ici. Je sais qu'il y a eu de la correspondance aussi de la part
de Gatineau par rapport à la ZEC de Pontiac. Je ne sais pas si on pourra
la retrouver ici. À un moment donné, il a fallu constater qu'il
n'y avait de consensus nulle part dans tout ce territoire. Alors...
M. Middlemiss: Tentons d'établir qui a pris la
décision pour le territoire non organisé - oublions la ZEC de
Pontiac - qui est passé de Pontiac à la Vallée-de-l'Or,
sans négociation.
M. Léonard: C'est clair, cela. Toutes les décisions
concernant les territoires des MRC pour tout le Québec ont
été prises par le Conseil des ministres.
M. Middlemiss: C'est une décision politique?
M. Léonard: C'est une décision du
Conseil des ministres. Par exemple, pour le territoire des MRC dans
l'Est du Québec, c'est le Conseil des ministres qui a dit, à un
certain moment oui, sur la recommandation du comité d'orientation, sur
la recommandation du comité de consultation. La décision revient
formellement au Conseil des ministres et ce n'est un secret pour personne, car
cela a toujours été le cas.
M. Middlemiss: Oui mais...
M. Léonard: C'est même inscrit dans la
démarche et le processus du découpage des MRC pour tout le
Québec.
M. Middlemiss: En d'autres mots, pourquoi n'a-t-on pas dit
à la MRC de Pontiac au tout début: Tout ce territoire, n'attendez
pas de le négocier avec la MRC de Gatineau parce que nous, au Conseil
des ministres, on a décidé que la Vallée-de-l'Or aura ce
territoire? C'est ce qui est arrivé parce qu'il n'y a même pas eu
de consultation avec la Vallée-de-l'Or. Cette dernière n'a jamais
été consultée dans le dossier à ce sujet.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais faire
remarquer une chose au député d'abord et avant tout. Nous nous
sommes rendus au consensus des municipalités de la Gatineau. Toutes les
municipalités de Gatineau qui voulaient être dans la MRC de la la
Vallée-de-la-Gatineau y sont. Le Conseil des ministres a donc
décidé de reconnaître ce consensus.
M. Middlemiss: D'accord.
M. Léonard: Bon, cela me paraît être les
points importants dans une consultation et qu'on ne vienne pas me dire qu'il
n'y a pas de consultation.
M. Middlemiss: Sur le territoire non organisé qui faisait
partie de la municipalité, même...
M. Léonard: Dans les territoires non organisés, M.
le Président, il n'y a pas d'habitants. Qu'est-ce que vous voulez que je
vous dise?
M. Middlemiss: Oui, mais il y avait une limite territoriale qui
disait que ce territoire faisait partie de la municipalité de Pontiac.
D'accord? Le territoire, c'est-à-dire la délimitation, depuis
longtemps, c'est un comté j'en conviens.
M. Léonard: C'était tout ce qui n'avait pas
été municipalisé.
M. Middlemiss: Jusqu'à preuve du contraire...
M. Léonard: C'étaient des terres publiques.
M. Middlemiss: Oui, mais c'était rattaché à
une municipalité.
M. Léonard: De comté et non pas de
municipalité.
M. Middlemiss: Cela faisait partie du comté de Pontiac,
d'accord.
M. Léonard: C'étaient des territoires non
organisés.
M. Middlemiss: Oui, mais faisant partie d'un comté qui
s'appelait Pontiac. Donc, jusqu'à ce que vous changiez les limites, si
on l'avait dans le comté de Pontiac, ils ont dû avoir une
juridiction qui le confirmait. C'était leur territoire, cela faisait
partie de leur comté et vous avez formé des comités de
consultation basés sur des comtés existants et vous avez dit:
Tentez de vous entendre. Ils se sont entendus, même avec des territoires
non organisés, c'est certain. Mais le gouvernement a passé outre
et a décidé que ce territoire devait aller à la
Vallée-de-l'Or qui ne faisait pas partie du comité de
consultation et il n'y a jamais eu de consultation au niveau des gens, des
maires impliqués dans cette situation.
M. Léonard: La Vallée-de-l'Or, M. le
Président, est au Québec aussi. Ils ont aussi le droit de faire
des représentations par rapport à certains territoires. Cela me
paraît évident, et va de soi. La même chose pour les
territoires au nord qui sont revenus à Labelle et qui étaient des
territoires du comté de Berthier et de Maskinongé, je pense,
même. Finalement, tout le monde savait que le comté de Berthier ou
le comté de Joliette ou le comté de Montcalm ne venait jamais
là parce qu'on était rendu dans l'Abitibi et que, en fait, les
lignes de communication passaient par Mont-Laurier plutôt que par
ailleurs. Cela fait partie du découpage. On se rend compte simplement
d'une réalité géographique au Québec. On est
toujours au Québec. Le comté de Pontiac, sa population habite
presque exclusivement dans le sud du comté de Pontiac, le long de
l'Outaouais. On est rendu à parler de la réserve de La
Vérendrye, écoutez, des orignaux de la réserve La
Vérendrye, à des centaines de milles de la population.
M. Middlemiss: M. le ministre, est-ce que c'était
seulement de la poudre aux yeux d'avoir des comités de consultation pour
les comtés qui avaient un territoire organisé? Pourquoi d'abord,
avant de commencer la consultation, ne pas leur avoir dit: Ne négociez
pas ce territoire pour ensuite le céder au comté de Gatineau
parce que nous
voulons le donner à la Vallée-de-l'Or? C'est exactement ce
qui s'est produit. Pourquoi les laisser discuter?
M. Léonard: M. le Président, je pense qu'au
début, lorsque nous avons commencé la consultation, on ne savait
pas du tout où on s'en allait. On procédait à une
consultation, justement, pour savoir comment effectuer le découpage et
pour que ceux qui avaient des représentations à faire puissent
les faire.
Par ailleurs, je tiens à dire encore une chose essentielle:
l'important, dans le découpage des MRC, c'est vraiment les
municipalités là où elles vont parce que les gens y
habitent. C'est bien plus important. Quant au reste, je crois qu'il s'agit de
considérations sur l'aménagement. Que le territoire de la
réserve de La Vérendrye revienne à la
Vallée-de-l'Or qui est la porte d'entrée de l'Abitibi, cela me
paraît tout à fait normal. C'est beaucoup plus près d'eux
que de chez vous, beaucoup plus près d'eux que de la population de
Pontiac.
M. Middlemiss: M. le ministre, vous ne l'avez pas du tout. C'est
que ce territoire avait été cédé volontairement
à Gatineau. C'est là où la chicane commence. C'est la MRC
de la Vallée-de-la-Gatineau qui avait pris ce territoire en
négociation avec Pontiac. Et la troisième qui est entrée
en ligne de compte c'est la MRC de la Vallée-de-l'Or. Donc, en perdant
ce territoire, la MRC de la Vallée-de-la-Gatineau a voulu s'accaparer la
ZEC de Pontiac. Si c'est la porte d'entrée de l'Abitibi, c'est aussi la
porte de sortie de la Gatineau. Ces deux régions ont certainement des
raisons d'appartenance à ce territoire. Donc, Pontiac n'y tenait pas,
mais a fait une entente et négocié cela avec la MRC de la
Vallée-de-la-Gatineau.
M. Léonard: Mais si on parle du territoire de la ZEC de
Pontiac, si les deux comtés Gatineau et Pontiac s'entendent
là-dessus pour dire que finalement, compte tenu de voies d'accès
et des gens qui vont là, cela devrait plutôt revenir à
Pontiac, je n'ai pas d'objection à reconnaître que c'est à
Pontiac. Je n'ai pas d'objection.
M. Middlemiss: M. le ministre. M. Léonard: Ce sont des
TNO.
M. Middlemiss: La MRC de Gatineau avait fait une entente avec la
MRC de Pontiac. Après on a décidé, quant au territoire non
organisé, qu'il serait cédé par décret à la
MRC de la Vallée-de-l'Or; mais il y avait eu une entente. Certainement.
Depuis le 1er janvier 1983, vous avez ajouté du territoire à la
MRC de la Vallée-de-l'Or, qui avait eu ses lettres patentes le 8 avril
1981.
M. Léonard: Quand vous dites qu'il y a une entente, est-ce
une entente sur le territoire de la ZEC de Pontiac?
M. Middlemiss: À un moment donné, oui.
M. Léonard: À un moment donné. C'est
cela.
M. Middlemiss: Oui, mais, après cela, vous venez et vous
truquez...
M. Léonard: Les consensus n'ont pas tenu.
M. Middlemiss: ...vous changez les règles du jeu. Un
territoire qui avait été négocié, vous le
transmettez à la MRC de la Vallée-de-l'Or, donc des
échanges possibles.
M. Léonard: Non, pas le territoire. M. Middlemiss:
Mais certainement.
M. Léonard: Non. M. le député, le territoire
de la ZEC de Pontiac n'est pas allé à la
Vallée-de-l'Or.
M. Middlemiss: Non, non, non. M. Léonard: Non,
non.
M. Middlemiss: Excusez. Je vais revenir. Tout le territoire au
nord que vous pouvez appeler le parc de La Vérendrye...
M. Léonard: La réserve de La Vérendrye.
M. Middlemiss: D'accord. Au moment des négociations du
comité consultatif dont faisaient partie Papineau, Pontiac et Gatineau,
ce territoire de Pontiac a été cédé à la MRC
de la Vallée-de-la-Gatineau. C'est une entente. Oui, à ce
moment.
M. Léonard: Sauf que le comité, à ce moment,
n'avait pas tenu compte des représentations de la
Vallée-de-l'Or.
M. Middlemiss: À qui la Vallée-de-l'Or a-t-elle
fait des représentations? Elle n'en a pas fait au comité
consultatif de l'Outaouais; elle existait déjà avec ses
frontières depuis avril 1981.
M. Léonard: Je peux vérifier comment les
représentations sont parvenues. Il reste que, si je reprends les
représentations qui ont été faites, la
Vallée-de-l'Or disait à ce moment: La route 117 est la voie
d'accès de l'Abitibi et cela devrait nous revenir intégralement.
En fait, il y a eu le
compromis. Je pense qu'il faut quand même reconnaître que,
par rapport à Pontiac où la population habite exclusivement dans
le sud ou presque exclusivement dans le sud, le long de l'Outaouais, vous
êtes rendus à 300 milles de chez vous, 200 milles de chez
vous.
M. Middlemiss: M. le ministre, je vous dis que dans les
négociations...
M. Léonard: Mais oui, à un moment donné...
Qu'est-ce que vous voulez?
M. Middlemiss: ...ce n'est plus Pontiac.
M. Léonard: Vous allez chercher les arbres.
M. Middlemiss: Vous n'avez pas écouté ou vous jouez
au sourd. Je vous ai dit que ce territoire avait été
cédé par la MRC de Pontiac à la MRC de la
Vallée-de-la-Gatineau. Donc, ce territoire devenait une partie de la MRC
de la Vallée-de-la-Gatineau. C'était là l'entente
négociée.
M. Léonard: Et les représentations de la
Vallée-de-l'Or, qu'en faites-vous?
M. Middlemiss: À qui ont-elles été faites?
Peut-être auraient-elles dû être faites avant de le
décréter et de dire: Allez rencontrer Pontiac et Gatineau et
parlez-en. Ils ne faisaient même pas partie du même comité
de consultation; ils n'étaient même pas de la même
région administrative, non plus. Donc avec qui ont-ils...
M. Léonard: C'est une chose qui va de soi que la route 117
est la porte d'entrée de l'Abitibi. Vous le savez, j'espère.
M. Middlemiss: Oui, mais c'est aussi la porte de sortie de la
Gatineau. Entrée et sortie, on va prendre les deux, on va jouer au jeu
entrée et sortie. D'accord. C'était pour cela que la MRC de
Pontiac était d'accord pour céder cela à Gatineau. Cela
avait plus d'appartenance, c'était plus près et l'accès se
faisait aussi par Gatineau.
M. Léonard: Je pense que dans tout ce coin, M. le
Président, il est apparu évident qu'il n'y aurait pas de
consensus de part et d'autre. Finalement, les décisions qui ont
été prises constituent des compromis intéressants,
vivables pour tout le monde. (17 h 30)
M. Middlemiss: Non, ce n'est pas vrai. Je regrette, M. le
ministre, je ne sais pas si vous avez eu une copie de la lettre qui a
été envoyée au premier ministre en date du 4
février; celle-ci exposait., toutes les ententes qui avaient eu lieu et
les changements qui sont intervenus avec le décret du 1er janvier 1983.
Les gens ne sont pas heureux. Ils ne le sont pas. Vous n'avez pas
respecté le comité de négociation que vous aviez mis sur
pied. C'est sûrement votre droit et votre privilège...
M. Léonard: C'est votre opinion.
M. Middlemiss: ...de prendre des décisions. C'est le
ministre qui les prend, je suis d'accord. Mais qu'il ne tente pas de faire
miroiter à la population que ce sont des ententes
négociées.
M. Léonard: Le 4 février... Vous savez que j'avais
déjà écrit à la fin de décembre, le 22
décembre, à M. Harold Kelly, qui était à
l'époque préfet de la corporation municipale du comté de
Gatineau, pour lui dire que s'ils arrivaient à un consensus nous le
considérerions. À ce moment-là, la lettre qui a
été transmise allait à côté du processus qui
avait déjà été spécifié dans la
lettre du 21 décembre. Est-ce que le premier ministre a répondu?
Il me semble qu'il vous a rappelé cette affaire-là.
M. Middlemiss: Oui, il a référé à la
lettre du 17 janvier.
M. Léonard: Pourquoi, si c'est aussi clair que cela, des
consensus ne s'établissent-ils pas? Pourquoi les consensus ne
deviennent-ils pas évidents? Vous savez très bien que vous
êtes dans des territoires limitrophes les uns aux autres, aux confins de
l'Abitibi, aux confins de la Gatineau, de l'Outaouais et que, à un
moment donné, la ligne doit passer quelque part. Je vous souligne
simplement qu'il n'y a pas de barrières électrifiées entre
les limites territoriales d'une ou l'autre MRC. On est toujours dans le
territoire du Québec. À moins de dire que vous n'êtes plus
dans le Québec, que, lorsque vous êtes dans l'Outaouais, vous
n'êtes plus dans le Québec ou n'importe quoi de ce type-là,
je pense que le territoire du Québec fait un et que, quand on se
retrouve dans des limites territoriales de MRC dans une municipalité ou
l'autre, nous restons aussi fondamentalement québécois. On fait
tout un plat d'une décision qui ne concerne même pas des
territoires habités, mais des territoires non organisés.
M. Middlemiss: Est-ce que le ministre nie que ce territoire non
organisé faisait partie du comté de Pontiac?
M. Léonard: Je ne le nie pas.
M. Middlemiss: S'il faisait partie...
M. Léonard: Le comté de Pontiac était un
comté immense dont, finalement, la réalité sociopolitique
ne se retrouvait qu'au
sud, sur les rives de l'Outaouais, comme le territoire du nord du
Québec où il y a peu d'habitants à l'heure actuelle. On
pourrait le découper de bien des façons. Je pense qu'il s'agit
beaucoup plus de questions d'aménagement presque physique,
géographique que de choses liées à la population.
M. Middlemiss: Dans ce cas-là, si cela n'avait aucune
importance et aucune appartenance, pourquoi, lorsque vous avez formé le
comité de consultation, dont les comtés de Pontiac et Gatineau -
je vais oublier le comté de Papineau parce qu'ils sont tellement
éloignés et que cela ne faisait pas partie des discussions - leur
avez-vous dit de tenter de s'entendre? Ils se sont entendus sur la
répartition de ce territoire-là en particulier, que la partie au
nord irait à Gatineau.
M. Léonard: Quand vous avez fait des
représentations là-dessus, nous avons dit - et c'est l'essence de
ma lettre du 21 décembre - S'il y a des gens qui trouvent que ce que
nous avons fait ne rend pas compte de consensus déjà
établis, essayez de vous entendre. Nous avons ouvert la porte et je
crois savoir que la Vallée-de-l'Or a dit non à cela. Labelle a
aussi dit non à cela.
M. Middlemiss: Si vous voulez réellement qu'il y ait
négociation de ce territoire-là, seriez-vous prêt à
modifier les frontières et, après cela, Pontiac et Gatineau
pourront négocier? Dans le moment, ils n'ont rien à
négocier.
M. Léonard: La décision, pour le Conseil des
ministres, est prise, à l'heure actuelle. Ce que je dis dans ma lettre
du 21 décembre, c'est que, s'il y a des consensus qui se manifestent, je
suis prêt à les considérer.
M. Middlemiss: M. le ministre, vous savez fort bien...
M. Léonard: On ne laisse pas cela en suspens comme
cela.
M. Middlemiss: Vous venez de me dire qu'il y a eu des
représentations qui ont été faites par la
Vallée-de-l'Or pour avoir le territoire. Vous avez cédé
à sa demande.
M. Léonard: Avant que l'arrêté en conseil
soit émis.
M. Middlemiss: Comment voulez-vous que quelqu'un soit capable de
les convaincre de céder ce territoire-là alors que c'est leur
territoire? Revenez aux frontières originales et demandez une vraie
négociation et ce qui ressortira de cela, on pourra l'accepter.
C'est une demande qui a été faite au premier ministre.
J'imagine ce qui arriverait si le gouvernement fédéral faisait
des choses semblables; s'il vous le demandait après avoir
délimité certaines choses, que diriez-vous? On va retourner et on
négociera après. Oui, d'accord.
M. Léonard: Cela faisait trois ans que cela se discutait
dans le territoire.
M. Middlemiss: Mais il y a eu un rapport qui a été
préparé et vous avez passé outre au rapport.
M. Léonard: Bien oui, parce qu'il y a eu des
représentations à l'extérieur...
M. Middlemiss: De qui? Même pas les gens du
comité.
M. Léonard: Là...
M. Middlemiss: Oui, mais c'est cela. Quel était le mandat
du comité de consultation que vous avez créé? Est-ce que
ce n'était pas de répartir le territoire entre eux?
M. Léonard: Vous lirez l'article 167 de la loi où
on fait une consultation pour arriver à prendre des décisions sur
le découpage. Donc, des comités de consultation ont
été mis sur pied pour conseiller le ministre. Il y en a 19
comités de consultation, pas seulement un dans l'Outaouais, il y en a 18
autres. Leurs représentations ont aussi été
émises.
M. Middlemiss: Oui, mais je ne peux pas comprendre pourquoi s'il
y avait le désir qu'une partie du territoire soit greffée
à la MRC de la Vallée-de-l'Or.
M. Léonard: Il n'y avait pas de désir au
départ, M. le député. Cela s'est manifesté au cours
de la consultation et par rapport aux représentations des uns et des
autres.
M. Middlemiss: Quelle consultation? Il n'y en a pas eu entre
Pontiac et la Vallée-de-l'Or. Il n'y en a pas eu parce qu'elles ne font
pas partie du même comité de consultation.
M. Léonard: C'est drôle, on avait des
représentations.
M. Middlemiss: Non, M. le ministre. C'est pour cela que je veux
le savoir. Si, au moins, à la suite de consultations et d'ententes, on
avait dit: Cette partie du territoire s'en va à la Vallée-de-l'Or
et l'autre partie s'en va à Gatineau, je n'aurais pas un mot à
dire aujourd'hui. Mais ce n'est pas le cas. C'est donné après que
les lettres
patentes de la municipalité de la Vallée-de-l'Or eurent
été émises au mois d'avril 1981. On lui a greffé
une autre partie du territoire au mois de janvier 1983.
M. Léonard: Un instant, un instant. J'ai eu l'occasion,
tout à l'heure, d'expliquer que, par rapport aux territoires non
organisés -dans plusieurs coins du Québec, d'ailleurs, on a fait
la chose essentielle en termes de découpage qui était de
s'entendre sur les municipalités qui faisaient partie d'une ou de
l'autre MRC - on a remis la discussion sur le partage des TNO
ultérieurement après qu'on se serait entendu sur les territoires
municipalisés. C'est cela qui s'est produit aussi pour la
Vallée-de-l'Or, parce que, dans la Vallée-de-l'Or, il y a eu des
ententes sur les municipalités assez rapidement autour de Val-d'Or.
C'est une des premières MRC qui ont été
créées. À ce moment-là, ils ont laissé en
suspens la discussion sur les territoires non organisés. C'était
normal. Ils nous ont fait leurs représentations par la suite.
M. Middlemiss: Oui, mais avec qui ont-ils discuté de
cela?
M. Léonard: C'est venu au comité d'orientation. Ils
les ont transmises, je suppose, à des comités. Je ne sais pas si
on a des...
M. Middlemiss: II aurait été normal que le
comté de Pontiac ait été consulté ou ait pu
négocier.
M. Léonard: II le savait, à l'époque, que la
Vallée-de-l'Or voulait avoir le territoire de la réserve de La
Vérendrye. Cela a été dit dans les journaux et un peu
partout. Quelqu'un qui suivait les consultations le sait. Peut-être que
vous ne les suiviez pas à l'époque.
M. Middlemiss: Non, regardez ce qui paraît dans les
journaux et ainsi de suite. Je trouve cela un peu idiot que l'on dise: Tu as un
territoire, organise-toi avec, tant de municipalités pour
négocier ce que vous pouvez vous partager.
M. Léonard: II n'y avait pas de municipalité.
M. Middlemiss: Le territoire dans votre comté, vous pouvez
vous le partager. Vous jouez sur les mots "municipalité" et "territoire
non organisé" pour tenter de justifier qu'il y a eu des ententes. En
parlant d'ententes entre les municipalités, vous faites erreur dans
Pontiac. La municipalité de Pontiac a demandé d'être dans
la MRC de Pontiac. La population, à deux reprises, à plus de 92%,
a voté pour se retirer de la
CRO et se joindre à la MRC Pontiac. Donc...
M. Léonard: C'est un cas, que j'ajouterais peut-être
aux deux autres que j'ai mentionnés ce matin, où la
municipalité n'est pas là où elle le voudrait, sauf que,
dans le cas de la municipalité de Pontiac, il existe aussi la loi
constitutive de la Communauté régionale de l'Outaouais où
Pontiac était. Cette question a toujours été
laissée en suspens jusqu'à aujourd'hui où nous avons
déposé le projet de loi de la réforme de la CRO. Pontiac
reste, à la suite du consensus des municipalités de
l'été dernier, je dirais, malgré la municipalité de
Pontiac qui a toujours manifesté cela.
M. Middlemiss: Oui, mais la population?
M. Léonard: II reste que les limites territoriales des
communautés régionales sont une responsabilité du
gouvernement. C'est le gouvernement qui tranche là-dessus.
M. Middlemiss: Même contre les voeux de la population? Vous
avez dit l'an passé, M. le ministre...
M. Léonard: M. le député, vous savez
très bien que, dans une communauté régionale comme celle
de l'Outaouais, il y a des gens qui voudraient, évidemment, sortir du
territoire de la Communauté régionale de l'Outaouais, mais ce
qu'il faut considérer, ce sont les objectifs qu'on doit poursuivre au
niveau de la communauté urbaine comme de la communauté
régionale pour statuer quant au territoire. Cela, je pense que c'est le
considérant.
M. Middlemiss: Est-ce que le ministre pourrait
m'énumérer les services dont bénéficie la
municipalité de Pontiac de la CRO?
M. Léonard: La municipalité de Pontiac aura
l'occasion de faire ses représentations probablement au cours de
l'étude du projet de loi no 28 sur la CRO. Nous l'entendrons. Pour
l'instant, dans le projet de loi, elle reste dans le territoire de la
Communauté régionale de l'Outaouais.
Maintenant, pour ce qui est d'énumérer tous les services
de la CRO dont elle bénéficie, et qu'elle paye,
l'évaluation des services qu'elle obtient par rapport aux coûts
que cela représente pour les gens de Pontiac, je pense, peut être
faite.
Par ailleurs, il y a quand même des éléments qui
militent en faveur du fait qu'elle fasse partie de la même
communauté. Elle est tout près d'Ottawa, de Hull, de l'Outaouais.
Elle est tout près d'Aylmer et de Hull-Ouest. Je pense qu'elle fait
partie de la même communauté que toutes celles-là.
C'est un argument. Maintenant, est-ce qu'elle fait plus partie de la MRC
de Pontiac? Est-ce que, compte tenu de sa proximité de la
Communauté régionale de l'Outaouais, elle a à participer
aux services et à l'effort communautaire? Finalement, nous pensons
qu'elle doit participer aux efforts communautaires de la CRO.
M. Middlemiss: J'ai une question...
M. Léonard: Effectivement, cette municipalité
voulait en sortir, mais je pense que non. On dit que la réponse est non.
Je comprends qu'elle veuille en sortir, sauf qu'elle en tire aussi des
avantages.
M. Middlemiss: C'est une municipalité qui a plus
d'affinités... Si vous dites que la route 117 est l'entrée de
l'Abitibi, je vous garantis que la municipalité de Pontiac est
l'entrée de la MRC de Pontiac. Vous avez enlevé la
municipalité la plus populeuse dans la MRC de Pontiac. Vous l'avez
affaiblie énormément en le faisant même contre le voeu de
la population, parce qu'il n'y a pas d'affinités, il n'y a pas de
services.
M. Léonard: Je ne sais pas si tous vos collègues de
l'Outaouais sont d'accord avec vous quand vous dites qu'on l'a enlevée
de la MRC de Pontiac. Je pourrais seulement vous dire qu'on l'aurait
enlevée de la Communauté régionale de l'Outaouais. Est-ce
qu'on doit sortir une municipalité, par exemple,
Sainte-Anne-de-Bellevue, de la Communauté urbaine de Montréal
parce qu'elle est à la pointe, qu'elle retire finalement peu de
services, dirait-on, de la Communauté urbaine de Montréal? C'est
une discussion, M. le député, qui est sans fin, parce que, au
fond, quelqu'un a toujours dans son intérêt de baisser ses taux de
taxes. Je comprends cela et je respecte cela. Par ailleurs, si elle fait partie
d'une communauté, elle a aussi des responsabilités et elle en
tire des avantages directs ou indirects, mais elle en tire des avantages. Cela
fait partie de la vie urbaine ou semi-urbaine.
M. Middlemiss: Oisons que les municipalités qui forment la
municipalité de Pontiac ont une appartenance plus longue au conseil de
comté de Pontiac qu'ils n'en ont une à la CRO.
M. Léonard: Oui. Les conseils de comté sont
nés avant les communautés urbaines. Je suis d'accord.
M. Middlemiss: Bien. C'est une région rurale où il
n'y a aucun service. J'en ai déjà discuté avec vous.
M. Léonard: M. le Président, là-dessus, je
pense qu'il faudrait entendre ce qu'ont à dire les autres partenaires de
la Communauté régionale de l'Outaouais seulement pour voir s'ils
sont d'accord. Quand je suis allé vérifier ces choses, tout le
monde disait: Dans la municipalité de Pontiac qui a environ 5000
habitants, 4000 habitants...
M. Middlemiss: Oui.
M. Léonard: ...4000 ou 5000 habitants, il n'y a pas que
des habitants ruraux là-dedans; il y en a beaucoup qui travaillent
à Hull qui sont assez près. À ce moment-là, c'est
une municipalité aux confins, si on veut, de la Communauté
régionale de l'Outaouais. La question est de savoir s'ils en font partie
ou s'ils n'en font pas partie. Je pense qu'il y a probablement une partie de la
population de Pontiac qui est très rurale et un partie, cependant, qui
est aussi de nature urbaine. Je pense qu'il faut aussi la comparer à
d'autres municipalités semi-rurales, dirait-on, qui entourent
l'Outaouais. Quand on parle de la Communauté régionale de
l'Outaouais, on parle d'une communauté régionale et non pas d'une
communauté urbaine. Il y a quand même une différence
significative. Le mot n'est pas là pour rien. La Communauté
urbaine de Québec est une communauté urbaine et la
Communauté urbaine de Montréal, c'est urbain. La
Communauté régionale de l'Outaouais est une communauté
régionale. Il y a des municipalités urbaines et il y a des
municipalités plutôt rurales, mais qui ont des relations
très suivies avec le centre, la Communauté régionale de
l'Outaouais.
M. Middlemiss: Le ministre semble indiquer que la
municipalité de Pontiac demeurera dans la CRO ou s'en retirera si les
six autres municipalités le veulent ou sont d'accord. Elle n'a aucun
choix dans cela. (17 h 45)
M. Léonard: D'après les consultations que j'ai
menées avec les gens de la Communauté régionale de
l'Outaouais, il semblait que tout le monde souhaitait - sauf Pontiac,
évidemment - que Pontiac reste dans la Communauté
régionale de l'Outaouais. Si jamais tout le monde était d'accord
pour qu'elle s'en aille, on verra.
M. Middlemiss: M. le ministre, il y a un
précédent.
M. Léonard: Ce n'est pas la vérification que j'en
ai faite jusqu'ici, je peux vous le dire.
M. Middlemiss: Non, mais il y a eu un précédent
dans la région de l'Outaouais à la CRO. La ville de Masson s'est
retirée de la CRO, elle est dégroupée et elle n'en fait
même pas partie officiellement et le maire
assiste encore.
M. Léonard: Un instant! La ville de Masson fait partie de
la CRO.
M. Middlemiss: Excusez, avec le dégroupement de la ville
Buckingham, il y en a des parties qui se sont retirées et qui ne
siègent plus à la CRO de façon officielle.
M. Léonard: M. le député, attention. On va
préciser les choses sur ce plan. Lorsqu'il y a eu dégroupement de
la ville de Buckingham, du grand Buckingham, on n'a pas prévu la
représentation de la ville de Masson au conseil de la CRO. En fait,
Buckingham a continué à représenter ces
municipalités, mais la ville de Buckingham parlait en leur nom, mais
elles assistaient aux séances sans droit de parole. Tout le monde a fait
un consensus là-dessus.
Dans l'actuel projet de loi, les villes dégroupées, les
municipalités dégroupées auront droit de parole et droit
de vote dans le nouveau conseil. C'est ce qui explique que le nombre des
membres du conseil passe de 14 à 18, en ajoutant une voix pour Gatineau.
Donc, il y a trois autres municipalités. Je pense que cela a
été un accident de parcours si ces municipalités n'ont pas
participé aux délibérations du conseil de la
Communauté régionale de l'Outaouais et non pas parce qu'elles en
sont sorties parce qu'elles participaient aussi aux coûts. Elles ont
continué à participer au partage des coûts.
M. Middlemiss: Pour revenir à la délimitation des
territoires non organisés, la demande faite par la MRC de Pontiac
était que s'il devait y avoir une négociation qu'on retourne aux
frontières originales et qu'on ait une négociation possible avec
la Vallée-de-l'Or, Gatineau et Pontiac. Dans l'état
présent, Pontiac n'a rien à négocier. Si on veut tenter de
ravoir la ZEC de Pontiac en offrant autre chose à Gatineau, ce n'est
plus possible parce que la décision est prise et le territoire qui
aurait pu être cédé à Gatineau est maintenant
cédé à la MRC de la Vallée-de-l'Or. Si on voulait
réellement avoir une négociation et une entente, on
enlèverait ces limites parce que les gens sont assis sur leur territoire
et ils ne veulent certainement rien céder. Pontiac n'a rien à
offrir.
M. Léonard: Vous savez, M. le Président,
après avoir entendu cela sur le territoire de la ZEC de Pontiac,
Gatineau dit que les entrées sont chez elle. Le président de la
ZEC de Pontiac, d'ailleurs, était quelqu'un qui venait du comté
de Gatineau l'an dernier. Il y a des entrées qui viennent par le sud,
effectivement par des municipalités du comté de Pontiac. J'ai
l'impression que, s'ils veulent reprendre cela, on pourrait tirer cela au
sort.
M. Middlemiss: Non, je pense que vous prenez cela un peu à
la légère.
M. Léonard: Je ne prends pas cela à la
légère, mais au bout d'une heure de discussion sur le sujet,
à un moment donné...
M. Middlemiss: Oui. Toutefois, M. le ministre, la décision
de la Vallée-de-l'Or, cela a été fait sans
négociation avec le comté de Pontiac tel qu'il existait avant. Si
des revendications ont été faites, elles ont été
faites au niveau ministériel, mais jamais au niveau du comité
consultatif qui existait dans l'Outaouais.
M. Léonard: Je pense qu'au moment où le
comité de l'Outaouais faisait sa consultation à
l'été 1982, au printemps 1982, la MRC de la Vallée-de-l'Or
avait déjà émis ses prétentions quant au territoire
de La Vérendrye. Je pense que la moindre des choses, c'est qu'il y
aurait dû y avoir communication. Si elle ne l'a pas eue, nous, nous avons
su que la Vallée-de-l'Or demandait cela. Je ne sais pas par quel canal,
mais, de toute façon, au moment où on se parle, encore une fois,
de territoires non organisés toujours.
Je pense que, dans tout cela, les MRC doivent se consacrer à
l'élaboration d'un schéma d'aménagement qui touche,
d'abord, les gens, le territoire habité, le territoire organisé,
municipalisé. C'est cela qui est important. Dans le reste, ce n'est pas
habité et on demeure toujours dans le Québec.
M. Middlemiss: Si le territoire non organisé n'est pas
important pour Pontiac ou Gatineau, pourquoi devient-il important pour la
Vallée-de-l'Or?
M. Léonard: Je dis qu'il est plus important de s'attacher
à définir l'aménagement du territoire organisé.
M. Middlemiss: II est important pour la Vallée-de-l'Or,
mais pas important pour les autres. Pour justifier notre réponse, on
peut dire une chose pour autant que cela fait notre affaire.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci, M. le
député de Pontiac. Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, je n'ai pas de
problèmes d'appartenance à une MRC. J'ai simplement le
privilège d'appartenir à une CUM.
M. Léonard: II n'y a rien là.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je voudrais, concernant
l'adoption...
Le Président (M. Blouin): M. le député
de...
M. Fallu: Êtes-vous pour la loi 46 maintenant?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pardon? M. Fallu:
Êtes-vous pour la loi 46?
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est de l'histoire ancienne.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saint-Laurent, je vous signale simplement que nous devrons suspendre nos
travaux à 18 heures précises et qu'il est maintenant 17 h 51.
Les règlements de contrôle
intérimaire
M. Leduc (Saint-Laurent): Concernant l'adoption des
règlements de contrôle intérimaire, je voudrais savoir de
quelle façon cela est présenté. Est-ce que vous avez un
modèle standard? Est-ce que vous en avez désavoué? Est-ce
que vous en désavouez? Je voudrais également connaître le
délai d'acceptation de ces règlements. En fait, c'est la
modalité pour dégeler un territoire. Je pense que c'est
très important.
M. Léonard: Premièrement, il y a eu des
critères d'évaluation des règlements de contrôle
intérimaire qui ont été émis, l'automne dernier,
pour les municipalités qui se préparaient à adopter un
règlement de contrôle intérimaire. Nous avons dit, à
l'époque, que nous évaluerions les règlements de
contrôle intérimaire en fonction de ces critères. Tout le
monde, je pense, a été mis au courant. D'ailleurs, on discutait
de ces critères d'évaluation depuis un certain temps.
Deuxièmement, 61 municipalités régionales de
comté ont adopté un règlement de contrôle
intérimaire, mis à part le cas de Laval qui est particulier. Si
vous voulez, on peut le laisser de côté pour les fins de la
discussion. Je crois que cela va bien dans ce cas-là, mais c'est un cas
particulier. Vous connaissez l'île de Laval. Pour les 61 MRC, il y a eu
et il y a encore un règlement de contrôle intérimaire
présentement à l'étude et sur lequel nous devrons rendre
une décision, je pense, ces jours-ci ou peut-être la semaine
prochaine. Il y a eu un règlement de contrôle intérimaire
désavoué et 59 qui n'ont pas été
désavoués, donc qui s'appliquent au moment où on se
parle.
Les délais. Le ministre a 90 jours pour désavouer un
règlement de contrôle intérimaire. Il ne peut statuer avant
45 jours sur le règlement de contrôle intérimaire. C'est
seulement après cela qu'il peut désavouer ou dire qu'il ne
désavoue pas un règlement de contrôle intérimaire.
Ce qui a été fait généralement avant le 70e jour,
je pense. La moyenne est d'à peu près 60 jours. Nous avons pris
environ 60 jours pour désavouer ou ne pas désavouer un
règlement de contrôle intérimaire. Je rappelle qu'un seul
règlement de contrôle intérimaire a été
désavoué. Tous les autres sont maintenant en vigueur.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si on prend le cas d'une
municipalité, je pense, qui avait soumis un projet de
développement où on indiquait qu'on voulait former des lots de
3000 mètres...
M. Léonard: Oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...dans certains cas, la
municipalité disait qu'elle préférerait peut-être
avoir 2000 mètres ou 2500 mètres. Quelle était votre
attitude? Évidemment, sans les désavouer, est-ce que vous les
persuadiez de changer leur règlement pour se conformer à
certaines normes qui étaient plus acceptables par le
ministère?
M. Léonard: Lorsque des règlements de
contrôle intérimaire comportaient des clauses où les
dispositions semblaient trop larges par rapport aux critères que nous
avions émis, nous regardions les règlements de contrôle
intérimaire. Il y avait des recommandations, des analyses et des
critiques qui étaient faites et mes fonctionnaires ont communiqué
avec la municipalité régionale de comté pour leur dire que
ces règlements, au départ d'un processus d'élaboration
d'un schéma d'aménagement, étaient trop larges et qu'il
nous semblait imprudent de commencer de cette façon parce qu'il nous
semble plus facile d'émettre des règles assez strictes au
départ, quitte à les assouplir pour des cas particuliers, selon
justification par la suite, de sorte qu'on ait un aménagement qui ne
devrait pas poser de problèmes à terme.
Je m'explique. Si, à un moment donné, vous permettez la
construction sur des lots trop petits, les premiers lots qui vont se construire
n'auront pas de problèmes en ce qui concerne l'assainissement des
eaux-vannes, des eaux usées. Mais, tout le monde se construit sur des
lots trop petits, vous savez très bien que, tôt ou tard, il faudra
amener des services sur les lieux. À ce moment-là, si vous avez
des lots trop petits et, en même temps, trop grands pour donner les
services d'aqueduc et d'égout, finalement, cela va vous coûter une
fortune parce que vous êtes juste entre les deux.
Nous avons attiré l'attention des maires là-dessus et nous
leur avons dit: Mieux vaut prendre une règle générale
sévère pour contrer les effets négatifs à terme,
quitte à donner des assouplissements dans des cas
particuliers après qu'on a bien convenu des modalités pour
améliorer la situation ou modifier le paysage de sorte qu'on n'ait pas
à faire face à des conséquences regrettables.
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela a été
désavoué à quel endroit?
M. Léonard: Les Jardins de Napierville.
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela concernait quoi?
M. Léonard: Cela concernait la division du demi-hectare
dans les terres zonées agricoles. Il y avait, je pense, deux raisons.
L'une, c'était cela. Nous avons avisé les municipalités
par rapport à la division ou à la subdivision du demi-hectare.
D'abord, lorsque ces dispositions nous sont arrivées, nous avons
posé des questions pour savoir si tout le monde était bien
conscient des effets de cela à terme. Je pense qu'il est apparu que les
gens avaient dit: Oui, on permet la division sans trop penser qu'à terme
cela pourrait amener des conséquences désastreuses sur le plan de
l'environnement, si l'on veut.
Au-delà de cela, ce sur quoi nous avons attiré leur
attention, c'est que, si vous permettez la division du demi-hectare, il y a une
question d'aménagement qui se pose. L'allure de vos rangs ruraux va
être très différente selon que vous le permettez ou que
vous ne le permettez pas, c'est la première des choses. Ce n'est pas du
tout pareil, un rang en paysage rural où tous les demi-hectares sont
divisés et un qui ne l'est pas. C'est une question d'aménagement,
une question de fond. Il nous semblait prématuré pour les maires
et les conseils de MRC de prendre une décision là-dessus sans y
avoir réfléchi plus avant.
D'autre part, les problèmes d'environnement pouvaient devenir
très aigus parce que tout le monde sait que, dans un milieu où
les terres agricoles sont excellentes pour l'agriculture, très souvent,
elles sont aussi ou presque parallèlement très mauvaises pour
l'épuration des eaux. De sorte qu'on a dit aux municipalités
avant de permettre la division à tout le monde: Attendez et pensez-y.
Peut-être que, dans certains secteurs de votre territoire où la
perméabilité des sols est plus grande, vous pourrez le permettre,
alors que, dans d'autres, ce ne sera pas oppurtun de le permettre parce que
vous allez vous attirer des problèmes à moyen ou à long
terme.
La plupart des MRC ont reconnu ce facteur, cette argumentation que le
permettre tout de suite pour tout le territoire de la MRC, c'était
prématuré. Il faudrait examiner le territoire davantage. À
ce moment-là, nous l'avons demandé à toutes les MRC et
cela a été adopté pour toutes.
La même chose a été proposée au niveau des
Jardins de Napierville, mais on a refusé.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saint-Laurent, je m'excuse.
M. Leduc (Saint-Laurent): La loi 90 ne donne pas des droits
acquis là-dessus?
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saint-Laurent, nous devons maintenant mettre fin à nos travaux et
reprendre cette discussion, si vous le désirez, à 20
heures...
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour moi, c'est terminé.
Le Président (M. Blouin): ...selon la motion qui a
été adoptée à l'Assemblée nationale. Donc,
sur ce, la commission élue permanente des affaires municipales suspend
ses travaux pour revenir ce soir, à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise de la séance à 20 h 25)
Le Président: (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des affaires municipales reprend ses travaux.
Est-ce que nous avons adopté un programme jusqu'à maintenant? Pas
encore? Est-ce que vous êtes prêts à en adopter un? Est-ce
que vous êtes prêts à adopter le programme 1? Pas encore,
n'est-ce-pas? Qui veut prendre la parole?
M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: Je vais prendre la parole. Merci, M. le
Président. M. le ministre, on était rendu à parler du
problème de la superficie des terrains dans le contrôle
intérimaire, comme les 32 000 pieds carrés exigibles. En
mètres, cela correspond à combien? 3000 mètres?
M. Léonard: 3000 mètres, 4000 mètres, cela
dépend.
M. Saintonge: Je sais que le problème principal qui se
posait était au niveau du contrôle intérimaire. Ce qui pose
un problème dans certaines MRC, c'est le fait du demi-hectare avec la
loi 90. On avait commencé à en parler tantôt. Le
demi-hectare, vous avez mentionné, en fait, que vous étiez
réticent à ça pour ne pas permettre des
développements à deux sur un demi-hectare, pour ne pas y
permettre des constructions supplémentaires, si j'ai bien compris la
réponse sommaire que vous aviez donnée à ce
moment-là.
M. Léonard: Ce que j'ai dit, je crois, essentiellement,
c'est que permettre la division, le lotissement du demi-hectare au tout
début du processus d'aménagement m'apparaissait
prématuré et imprudent parce qu'on n'en avait pas vu toutes les
conséquences. Je ne dis pas qu'il n'y a pas des endroits du territoire
d'une MRC où ça pourrait être possible, d'accord, mais je
pense que les gens le permettaient "at large" sur tout le territoire de la MRC
sans voir les conséquences alors qu'avec une étude plus
approfondie, en cours d'élaboration d'un schéma
d'aménagement, on peut arriver à cerner des coins ou
peut-être ou pourrait le faire, mais pas de façon
générale. C'est bien connu que, c'est dans les bonnes terres
agricoles que le terrain est le plus difficile et le moins perméable
pour assainir les eaux. Alors, il y a des difficultés
insoupçonnées qui surgiraient et qu'on n'a pas prévues
à ce moment-ci. La plupart des gens de la MRC ont reconnu cette
affaire-là. Ils ont dit: Oui, ultérieurement, on y viendra
section par section, au lieu de le permettre "at large" d'un bout à
l'autre du territoire de la MRC. C'est donc plutôt une attitude de
prudence, au départ d'un processus d'élaboration du schéma
d'aménagement.
M. Saintonge: Une attitude de prudence, mais une attitude
d'imprudence quand vous dites recommandée par les officiers du
ministère. En fin de compte, le problème précis a
été soumis, semble-t-il, suivant mes confrères car je
n'étais pas présent, à M. Garon, le ministre de
l'Agriculture, lors des crédits. Pour les cultivateurs, en
général, lors de l'adoption de la loi 90, c'était une
concession majeure qu'on leur faisait en leur permettant une deuxième
construction sur le demi-hectare.
M. Léonard: Une construction, pas un lotissement, ce n'est
pas la même chose. La loi 90 permet une construction.
M. Saintonge: II y a un problème, actuellement. Vous
permettez une construction, mais, quand même, dans les normes
suggérées d'une façon fortement incitative, je pense, par
le ministère, on rend cette disposition impossible à
réaliser au niveau de la loi 90 avec les contrôles
intérimaires de sorte que les cultivateurs ne peuvent plus se
prévaloir sur leurs terres du privilège de construire adjacente,
à leur maison, sur une superficie d'un demi-hectare, à leur
résidence principale, une deuxième demeure, soit pour quelqu'un
de leur famille ou pour eux-mêmes, s'ils vendaient éventuellement
leur terre.
M. Léonard: Ils pourraient construire une deuxième
demeure, en se soumettant, à ce moment-là, à la
réglementation de l'environnement, mais ils ne pourraient pas diviser le
lot et s'en départir à cause du règlement de
contrôle intérimaire. Il y a une distinction entre le lotissement
et le permis de construction.
M. Saintonge: C'est-à-dire que, sur le demi-hectare, pour
construire, ils ne pourraient pas subdiviser le lot à des fins
privées, ou construire une maison pour eux-mêmes sur ce
lot-là?
M. Léonard: Ils ne peuvent pas le diviser en un lot
distinct, mais en vertu du règlement de contrôle
intérimaire, ils peuvent construire une deuxième résidence
attachée à la ferme à l'heure actuelle.
M. Saintonge: À des fins d'habitation. M.
Léonard: C'est cela.
M. Saintonge: C'est donc impossible de faire une deuxième
résidence, même sur un demi-hectare.
M. Léonard: Sur un demi-hectare, cela permet une seule
résidence, à l'heure actuelle.
M. Saintonge: Donc, on empêche la réalisation d'une
des conditions essentielles pour laquelle on avait vendu la loi 90 aux
agriculteurs.
M. Léonard: Ils ne peuvent le subdiviser à l'heure
actuelle, c'est un fait. C'est ce que cela signifie, c'est-à-dire que,
dans le règlement de contrôle intérimaire, on s'en tient
à 3000 mètres pour le demi-hectare. Dans un demi-hectare, il y a
5000 mètres carrés.
M. Saintonge: C'est une condition essentielle qui est
imposée pour l'approbation d'un règlement de contrôle
intérimaire par le ministère?
M. Léonard: Nous l'avons demandé au niveau du
premier règlement de contrôle intérimaire.
M. Saintonge: Et toute modification ultérieure devra
suivre le processus établi par la loi.
M. Léonard: Une nouvelle loi, avec la modification de la
loi 12, permet des délais raccourcis.
M. Saintonge: Maintenant, les exigences du
ministère...
M. Léonard: C'est vrai. Lorsqu'il y a des modifications,
si tout le monde s'entend, on n'est pas obligé de s'en tenir à 45
jours.
On peut l'autoriser dès le départ.
M. Saintonge: J'en souriais, M. le ministre, et...
M. Bélanger: II faut convenir qu'il n'y a pas que cela
dans la loi 12.
M. Saintonge: C'est cela.
M. Léonard: II y a cela aussi.
M. Bélanger: II y a cela aussi, oui.
M. Saintonge: C'est pour cela que j'en souriais, en faisant
allusion aux remarques de ce matin.
M. Léonard: II faudra peut-être lire correctement la
loi 12 aussi, n'est-ce-pas?
M. Saintonge: J'imagine que vous allez me donner des
leçons, sûrement privées, avec grand succès.
Maintenant, au niveau du règlement de contrôle intérimaire,
quant aux normes du genre de celles qu'on impose au niveau des 3000
mètres, par exemple, ou à toute autre exigence, actuellement
est-il exact qu'au niveau du ministère les critères sur lesquels,
on se base pour refuser, par exemple, certains règlements de
contrôle intérimaire ou des demandes de modifications que les
officiers du ministère adressent aux MRC ne sont que verbaux?
M. Léonard: À l'heure actuelle, les officiers du
ministère discutent avec les MRC, oui. Les critères sont
établis. Maintenant, ils ont été mis dans le paysage au
cours de l'automne dernier, en octobre 1982 - tout le monde était bien
au courant -et nous avons dit que nous évaluerions les règlements
de contrôle intérimaire à la lumière de ces
critères. Lorsque les règlements ont été
déposés, ils ont été examinés par les
officiers du ministère. Un certain nombre de remarques ont
été faites et de toute nature. Dans la plupart, je dirais presque
la totalité, il y avait des illégalités en termes de
présentation et des choses qu'on avait demandé de corriger aussi.
Je pense que tout le monde est de bonne foi là-dedans. Je pense que
chacun s'aide de façon à avoir les meilleurs règlements de
contrôle intérimaire. On les bonifie. C'est notre attitude
présentement.
M. Saintonge: Mais est-il exact qu'au niveau du ministère
- vous voulez bonifier des règlements de contrôle
intérimaire et des remarques vous sont faites à cette fin - les
modifications, les demandes d'intégration, à un certain moment,
de dispositions que le ministère pouvait suggérer sont des
suggestions fortement incitatives, à tel point que, si on ne les accepte
pas carrément, on mentionne qu'il y aura désaveu? Est-il vrai
aussi que les officiers du ministère ont instruction de ne pas
transmettre ces remarques ou ces exigences du ministère par
écrit, mais que cela se fait uniquement verbalement?
M. Léonard: C'est le ministre qui désavoue un
règlement et, au moment du désaveu, il le motive par
écrit. Jusque-là, il n'est pas tenu de le motiver par
écrit. De toute façon je considère que -
l'expérience a été là pour le prouver - cela a
été une excellente chose qu'on discute de part et d'autre de ces
règlements et de leur contenu. Maintenant, j'ai 90 jours pour les
désavouer; j'en ai désavoué un à ce jour,
c'est tout.
M. Saintonge: Le ministre a désavoué un
règlement. Il reste qu'au niveau de plusieurs municipalités
où les discussions ont eu lieu, on avait suggéré certaines
normes pouvant être adoptées. On n'a quand même pas
établi par règlement les critères exacts. En d'autres
mots, si, au niveau du ministère relativement au contrôle
intérimaire, il y a certains éléments qu'il est essentiel
d'inclure dans un règlement sous peine de désaveu, ne serait-il
pas préférable que le ministre propose purement et simplement aux
MRC un règlement de contrôle intérimaire type et leur dise
de suivre cela?
M. Léonard: Non.
M. Saintonge: Est-ce que vous reconnaissez la possibilité
que dans les régions on ait certaines normes particulières qui ne
soient pas nécessairement identiques à celles des autres
régions?
M. Léonard: Exactement. C'est pour cela qu'il n'y a pas de
règlement type imposé par le ministère. Par rapport aux
critères, dans certains cas, il y a eu des assouplissements dès
le départ, quand cela était bien localisé et bien
spécifié. Je pense que cela fait partie des règles de la
vie par rapport à un règlement de contrôle
intérimaire.
M. Saintonge: L'objection formelle des municipalités vous
le savez fort bien, c'est que, dans certains cas, il n'y a pas de normes. Ce
sont des normes qui sont en discussion dans les diverses MRC, avec les
citoyens. Quand on vient pour faire approuver tel règlement de
contrôle intérimaire, carrément on mentionne ultimement que
c'est cela ou rien. Si vous n'acceptez pas, c'est le désaveu, c'est le
gel qui se prolonge.
M. Léonard: Pour certains points du règlement qui
nous paraissent fondamentaux.
Quand il faut 3000 mètres pour faire l'assainissement des
eaux-vannes et que, dans un règlement de contrôle
intérimaire, on a dit 1500 mètres carrés, je pense que
cela me paraît évident. Est-ce qu'il y a suffisamment de
territoire? Est-ce qu'on ne s'embarque pas dans des problèmes sans fin
ultérieurement, quand on permet la construction dans des zones
d'inondation? Qu'a-t-on connu au Québec depuis des années
là-dessus? C'est exactement cela. On fait un règlement de
contrôle intérimaire justement pour cerner les problèmes,
pour éviter qu'on ne construise dans les zones d'inondation. Cela me
paraît fondamental. Si une MRC ne voit pas cela, on lui dit: S'il vous
plaît, écoutez, pensez-y! Ne permettez pas de construction dans
les zones d'inondation, vous allez avoir des problèmes. À ce
moment-là, bien des gens ont dit: On n'avait pas vu cela comme cela.
Vous avez raison, on le corrige. Ils l'ont corrigé.
M. Saintonge: Vous donnez un exemple que, je pense, les
municipalités peuvent accepter facilement. Le problème
particulier que je soulevais sur la question du demi-hectare, c'est un
problème qui, foncièrement, dans les Jardins de Napierville, est
majeur pour les gens de ce coin-là. Ils sont en sérieuse
discussion parce que cela apporte de graves problèmes. Il semble que
dans les Cantons de l'Est il y a des problèmes qui sont soulevés
de façon assez criante. Dans la Beauce, c'est la même chose. Il
n'y a pas nécessairement de normes préétablies au niveau
de l'environnement auxquelles on ne correspondait pas jusqu'à
maintenant. On a vendu un projet de loi à des cultivateurs, la loi 90,
en parlant de la possibilité de construire sur leur demi-hectare et,
maintenant, on rejette purement et simplement cela du revers de la main en
disant: Vous reviendrez plus tard, vous verrez à le modifier en
conséquence. Ces gens-là, ce n'est pas dans cinq ans.
M. Léonard: M. le député, je dois quand
même revenir sur une chose. Je crois que partager un demi-hectare en deux
à l'heure actuelle sur des terres agricoles, c'est - je dirais
même - dangereux pour l'avenir parce que cela équivaut à un
lotissement insuffisant pour garantir la salubrité des lieux. Quand on
le fait sur l'ensemble du territoire de la MRC, je suis convaincu qu'on n'a pas
eu le temps de faire le tour de tout le territoire de la MRC. Le faire au
début du processus, à mon sens, c'est imprudent. Qu'on le fasse
par secteurs, ultérieurement, et qu'on prévoie aussi ce qui
arrivera dans le cas où il y aura des problèmes de
salubrité, cela me paraît devoir se faire en cours de
préparation du schéma d'aménagement sans partir au
début avec telle ou telle conception. C'est ce qu'on a dit aux MRC.
C'est cela que tout le monde a accepté. Ils ont dit:
Effectivement, on n'avait pas pensé à cela. Tout le monde a dit
oui, sauf une. Encore une fois, les bonnes terres agricoles, très
souvent, ce sont celles qui sont les moins perméables à
l'épuration des eaux. Si on était à la fin du processus
d'élaboration du schéma, qu'on ait consulté et que tout le
monde soit bien conscient des conséquences de le faire, je dis que c'est
probablement beaucoup plus admissible que le premier geste qu'on fait au
départ, soit de diviser cela. Je dis: Attention, prenez donc un peu plus
de temps pour le faire. C'est tout.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que le
député de Laprairie a terminé?
M. Saintonge: Terminé.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Je vois que le
ministre a la mentalité péquiste. Si vous voulez faire cela,
venez nous voir, on vous donnera peut-être une permission. Mon cher
monsieur, la loi 90 était déjà restrictive au maximum pour
un comté comme le mien où ce n'est même pas cultivable et
là vous me dites que le cultivateur n'aura plus le droit de permettre
à son fils de se construire à côté de lui sans
hypothéquer la terre tout entière parce qu'on n'a plus le droit
de subdiviser un terrain. Vous dites que ce n'est pas pressant, que cela ne
presse pas, qu'on verra plus tard, mais il y a des jeunes qui se marient aux
mois de juin et de juillet, c'est la saison pour les mariages. Où
vont-ils se construire? Que vont-ils faire en attendant que le ministre veuille
bien regarder cela et dire: Peut-être qu'on pourra penser à cela?
Il y a des cas immédiats. La loi 90 était suffisamment
"enfargeante" pour empêcher des cas comme ceux-là. Vous arrivez
avec le schéma d'aménagement, contrôle intérimaire,
et vous renforcez cela. N'y aurait-il pas eu moyen, au moins, de dire: Le
schéma va concorder avec la loi 90? Mais, quel but visez-vous? C'est ce
que j'aimerais comprendre.
M. Léonard: Les buts? Je pense qu'on vise à
économiser les taxes des citoyens, M. le député. Lorsqu'on
est arrivé au pouvoir, vous connaissez fort bien les centaines de
millions de dollars d'engagements du gouvernement par rapport à des
municipalités qui étaient aux prises avec des réseaux
d'aqueduc et d'égout. C'étaient cela, vos responsabilités.
Cela a coûté 500 000 000 $ pour répondre à cela.
Aujourd'hui, on dit: Avant de permettre du lotissement et n'importe quelle
sorte de développement, prenez le temps d'y réfléchir et
de faire le
schéma d'aménagement. Cela me paraît la base
même de la planification du territoire, de l'aménagement. Ce n'est
pas parce qu'on veut intervenir là-dedans. Au contraire, faites donc
votre schéma d'aménagement, peut-être qu'en cours de route
il va apparaître qu'il y a des territoires là-dedans qui ont une
capacité d'épuration des eaux et qui peuvent porter une
deuxième maison. Peut-être bien que la MRC et la
municipalité seront les meilleurs juges dans les circonstances, mais
nous savons fort bien que, si on le permet à l'ensemble du territoire
agricole du Québec, il va y avoir des problèmes un de ces jours.
À ce moment-là, lorsqu'il y aura des problèmes, les
municipalités seront appelées à payer avec les
réseaux d'aqueduc, et d'égout peut-être bien, mais si vous
divisez un demi-hectare en deux terrains de 2500 mètres carrés,
vous pouvez avoir des problèmes. Je regrette, mais les règlements
de l'environnement le démontrent. Ils ne sont pas là pour rien,
ils ont été établis, justement, à cause de
problèmes de cette nature qui sont survenus.
M. Bélanger: C'est très simple, amendez la loi 90
et permettez plus qu'un demi-hectare pour vous assurer que le cultivateur ait
au moins le privilège, le droit sur la terre qu'il a achetée,
qu'il a payée, sur laquelle il a travaillé toute sa vie, de
bâtir pour son fils à côté de chez lui. Le
demi-hectare, vous ne l'avez pas pris dans le ciel. Comment l'avez-vous pris?
Cela vous est passé par la tête. Vous avez dit: On va leur
permettre un demi-hectare. Agrandissez-le à un hectare ou à trois
quarts d'hectare, mais qu'on ait au moins la chance de laisser le fils d'un
cultivateur construire sa maison sur la ferme paternelle. Votre fameux
contrôle intérimaire, vous savez qu'il a privé des milliers
et des milliers de Québécois d'une subvention
fédérale de 3000 $.
M. Léonard: Cela, c'est faux.
M. Bélanger: C'est faux parce que je suis intervenu tout
récemment et j'ai eu l'assurance que maintenant on va prolonger jusqu'au
15 juin.
M. Léonard: Ne dites pas n'importe quoi.
M. Bélanger: Je ne dis pas n'importe quoi, mon cher
monsieur. Je dis exactement ce qui est arrivé. Des milliers et des
milliers de Québécois étaient en droit d'avoir 3000 $ et,
par votre contrôle intérimaire, on n'a pas le droit
d'émettre des permis de construction. C'est arrivé, il ne faut
pas le cacher. C'est la vérité.
Tout récemment, j'ai envoyé un télégramme au
ministre responsable de la
Société canadienne d'habitation à Ottawa pour lui
faire comprendre que votre politique incohérente a fait en sorte de
priver des gens de ce droit. J'ai la certitude qu'en milieu rural il donnera
jusqu'au 15 juin, mais j'espère que les contrôles
intérimaires sont acceptés partout. Les gens de Saint-Fabien
seront contents.
M. Léonard: Ce n'est pas possible!
M. Bélanger: Ce n'est pas possible, mais c'est cela.
Envisagez-vous la possibilité d'amender la loi 90 pour permettre
cela?
M. Léonard: Ce n'est pas nécessaire.
M. Bélanger: On ne construira plus au Québec,
bon!
M. Léonard: Je crois que la municipalité
régionale de comté, en faisant son schéma
d'aménagement, va arriver à déterminer la nature des sols
parce qu'il y en a des choses là-dessus. S'il y a des sols qui sont plus
perméables que d'autres, peut-être bien qu'à ce moment elle
pourra émettre des permis et amender son règlement de
contrôle intérimaire et son schéma d'aménagement.
Donc, il y a cette possibilité. Par ailleurs, il faut toujours se
rappeler que le demi-hectare visait à réduire l'expansion d'un
usage non agricole dans un territoire agricole. Le cultivateur qui veut diviser
son demi-hectare peut toujours s'adresser à la Commission de protection
du territoire agricole pour faire agrandir une partie, pour construire et avoir
un terrain suffisant pour permettre l'épuration des eaux. Mais on est en
toujours en territoire agricole. (20 h 45)
M. Bélanger: M. le Président, qu'est-ce que cela
donne de s'adresser à la Commission de protection du territoire
agricole? Elle ne veut même pas laisser un fils se construire sur la
ferme paternelle. Ces gens ne comprennent absolument rien. Ce sont des gens qui
jugent du haut de leur tour d'ivoire. Ils ne viennent pas voir le terrain. Ils
ne tiennent pas compte de la nature du sol, d'absolument rien. On rendune décision. Si vous voulez aller en appel, vous retournez voir les
mêmes commissaires et vous dites: Voulez-vous nous dire où vous
vous êtes trompés la dernière fois? C'est un autre
non-sens. Cela ne donne rien de refaire une autre loi qui n'a pas de sens,
parce qu'on a déjà une loi qui n'a pas de sens, qui est la loi
90.
Sincèrement, je me demande où on va. Je représente
un comté rural formé de 52 municipalités. J'ai
constamment, chaque semaine, à mes bureaux, des gens qui viennent me
voir pour ces problèmes. J'ai
reçu un type qui voulait se construire en face de chez lui, parce
qu'il n'y avait pas de place sur la ferme familiale, car il y avait là
une rivière et le chemin de fer. En face, cela n'avait jamais
été cultivé. Il voulait un petit morceau de terrain de 10
000 pieds carrés. On a soumis cela à la Commission de protection
du territoire agricole. Elle a dit: Non, vous n'avez pas le droit.
M. Léonard: 10 000 pieds carrés, c'est cela? Sans
services.
M. Bélanger: Non, ce n'était pas l'Environnement.
Vous avez assez d'organismes. On va les prendre un par un.
M. Léonard: 10 000 pieds carrés sans services.
M. Bélanger: Je suis bien d'accord.
M. Léonard: Je comprends que le député de
Mégantic-Compton a le pas et qu'il n'y a personne d'autre qui a le pas,
mais, en tout cas.
M. Bélanger: Plusieurs l'ont. On le verra à la
prochaine élection, mon cher monsieur. On va faire une belle campagne
sur cela dans les comtés ruraux.
M. Léonard: Oui.
M. Bélanger: On va avoir du "fun", je pense. On aura
certainement du "fun".
M. Léonard: Moi aussi, j'ai un comté rural,
figurez-vous.
M. Bélanger: Je pense que, à un moment
donné, vous leur avez fait plaisir, c'est évident. Sur le
boulevard Maisonneuve et sur le boulevard Saint-Joseph, à
Montréal, on aime la loi 90. Les gens trouvent que c'est une bonne
affaire. Ils avaient peur de manquer de carottes. Mais, quand on vit à
la campagne, quand on vit dans le champ, quand on vit dans
Mégantic-Compton sur des rochers, quand on vit là où il
neige au mois de juin et où il commence à neiger au mois de
septembre et qu'on ne veut absolument pas permettre la construction d'une
maison -l'économie s'en ressent d'ailleurs - qu'est-ce que cela donne de
donner des subventions, de créer Corvée-habitation et d'essayer
de relancer la construction?
Premièrement, on dit aux travailleurs: Tu n'as pas le droit
d'aller travailler, si tu n'as pas deux ou trois cartes dans tes poches. Tu vas
aller en prison, si tu travailles. Ensuite, on dit: Cela prend tel terrain.
Venez nous demander la permission. Vous voulez que le peuple du Québec
soit constamment à genoux devant vous à vous dire: Est-ce que
j'ai le droit de bâtir là?
Est-ce que je pourrais faire cela? Les gens commencent à
être tannés de cela. C'est probablement ce qui sera l'enjeu de la
prochaine campagne électorale. On verra si les gens aiment ces
contrôles. J'en doute fort. Ceux qui viennent me voir, du moins, n'aiment
pas cela.
M. Léonard: M. le Président, je pense qu'en termes
de construction les performances du Québec sont favorablement
comparables à celles des autres provinces dans le contexte
économique actuel, celui que nous vivons. Même s'il y a des
règlements de contrôle intérimaire, il y a quand
même, à l'intérieur des villages, à
l'intérieur des périmètres d'habitation, beaucoup de place
où on peut faire de la construction.
Il est faux, à mon sens, de prétendre qu'on a
empêché des gens de construire parce que les règlements de
contrôle intérimaire ont été adoptés cet
hiver. Au contraire, nous avons conseillé aux MRC d'adopter leurs
résolutions au cours de l'hiver, d'adopter leurs règlements de
contrôle intérimaire au cours de l'hiver. D'ailleurs, ces
règlements de contrôle intérimaire ont été
mis en application avant le 30 avril dans la plupart des cas. Il en restait
quelques-uns seulement.
Par ailleurs, le budget fédéral - si on parle de la
subvention fédérale - annonçait que les 3000 $
étaient accessibles jusqu'au 31 mai. Ce l'est encore, d'ailleurs,
paraît-il, jusqu'au 15 juin. Donc, il y a un règlement de
contrôle intérimaire à l'heure actuelle qui n'est pas en
vigueur et la MRC nous l'a envoyé le 15 avril. C'est elle-même qui
avait décidé de procéder de cette façon. Il n'y a
pas eu de pertes de 3000 $ à cause des règlements de
contrôle intérimaire à l'heure actuelle. Je comprends qu'on
aime faire de la critique. Je comprends que monsieur pense à son
élection maintenant. Il en a déjà parlé deux ou
trois fois depuis le début de la soirée.
M. Bélanger: M. le Président, si je parle de mon
élection, c'est dans le sens que je trouve que c'est urgent qu'il arrive
quelque chose au Québec. Je trouve que cela n'a plus de bon sens de s'en
aller où on s'en va et prétendre qu'il n'y a pas eu de pertes de
3000 $, c'est également faux, parce qu'il y a des gens qui avaient
décidé de se construire et qui, finalement, ont pris un
logement.
M. Léonard: Ce n'est pas à cause des
règlements de contrôle intérimaire.
M. Bélanger: Oui, ça l'est, c'est parce qu'ils ne
pouvaient pas se construire. Il faudrait également penser à une
chose: la construction d'une maison se fait pour la vie.
Tout au moins, ceux qui la construisent le croient. On me dit: II y a de
la place au village, il y a de la place dans l'autre rang, etc. Ce n'est pas
cela. Les gens veulent se construire à un endroit qu'ils aiment,
à un endroit où il y a une source d'eau qui peut les
approvisionner, à un endroit où ils ont un point d'attache
sentimental. Vous ne tenez pas compte de cela. Vous dites: Si tu n'aimes pas
cela dans le rang, va te bâtir au village.
Ce n'est pas comme cela que ça fonctionne en campagne, M. le
ministre. Ce n'est pas comme cela que je traite mes électeurs et je ne
veux jamais les traiter comme cela. Je veux leur laisser le choix, une certaine
liberté individuelle de décider où ils veulent se
construire. Je comprends qu'il faut avoir des règlements. On ne peut pas
laisser tout le monde partout. Il y a quand même des limites. Par
exemple, avec la loi 90 on disait une chose et vous arrivez avec un
contrôle qui dit autre chose. La prochaine fois, ce sera quoi? On n'aura
plus le droit de construire du tout? C'est cela qu'on se demande. C'est
là qu'on trouve que vous faites des abus. C'est cela qu'on va
dénoncer et c'est cela que je fais.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais revenir
sur une chose. S'il y a eu des règlements de contrôle
intérimaire, cela n'a pas influé sur les 3000 $ du
fédéral. D'ailleurs, vous avez eu Corvée-habitation qui
marche très bien au Québec à l'heure actuelle. Le projet
82 était là, puis il y a eu le deuxième plan et tout cela
fonctionne. Au fond, le député veut camoufler la décision
du fédéral de retirer son aide et nous mettre cela sur le dos,
alors que c'est le fédéral qui a décidé de faire
cela. C'est exactement ce que vous avez fait.
Nous ne défendons pas aux gens d'aller se bâtir à la
campagne. Non, ce que nous disons c'est que, lorsqu'ils le font, ils doivent le
faire sur un terrain suffisamment grand pour prévoir l'épuration
des eaux. Les dommages sur l'environnement aussi, c'est permanent. Je pense que
c'est cela qu'on dit et c'est cela qui est dit aux conseils des MRC par les
règlements de contrôle intérimaire, par les schémas
d'aménagement qui vont se faire.
Je sais bien que les gens du Parti libéral, toutes les questions
d'urbanisme et d'aménagement, cela ne les a jamais chatouillés
beaucoup. Finalement, ils n'ont jamais pris leurs responsabilités dans
ce domaine, jamais. Vous avez peut-être raison là-dessus, car vous
n'avez jamais pris vos responsabilités.
M. Bélanger: Je vais juste soumettre un cas de
comté que j'ai apporté spécialement pour en discuter ici
ce soir. J'ai certains secrétaires municipaux dans mon comté -
ils sont peu nombreux, heureusement - qui sont péquistes et ils couchent
avec la loi, c'est leur livre de chevet, notre schéma
d'aménagement, etc. J'ai un monsieur qui a une propriété,
une maison dont les fondations sont totalement fissurées; à
toutes fins utiles, elle est finie. Il va au conseil municipal demander pour
lever la maison et refaire les fondations. Au même moment, il
s'aperçoit qu'il aurait avantage à reculer un peu sa maison parce
qu'il la trouve un peu près de la rue. Au conseil municipal, on lui dit:
Non, maintenant, avec la nouvelle loi, vous n'avez plus le droit de faire cela,
si vous n'avez pas telle grandeur de terrain, si vous n'avez pas une fosse
septique avec un champ d'épuration. On veut lui faire faire des tests
sur son terrain et il est installé là depuis 1979, il y a
déjà quatre ans qu'il est dans sa maison. Ce fameux
secrétaire municipal, je le mentionne parce qu'il n'y en a pas beaucoup
et lui est un bon péquiste qui a fait du bon patronage avec le ministre
des Transports dans le coin et c'est un bon gars.
M. Léonard: II ne peut se défendre. C'est facile de
faire cela ici, à l'Assemblée nationale. Allez-y!
M. Bélanger: Pardon? Oui, patronage. Quand on donne un
contrat à quelqu'un pour l'entretien des chemins d'hiver, que le sable
est déjà rendu dans la cour et que, tout à coup, on dit
que c'est une erreur car on l'a donné à un autre, j'appelle cela
du patronage ou du favoritisme. Appelez cela comme vous le voudrez, je m'en
fous.
M. Fallu: Immunité parlementaire, oui, d'accord.
M. Bélanger: On lui demande, à ce monsieur, de se
conformer au nouveau règlement. Il est pris avec sa
propriété qui est brisée. Il a eu une certaine subvention
pour rénover sa maison et il est pris avec cela parce qu'on a lu ce
fameux règlement, à l'article 119, je crois. On lui dit qu'il n'a
pas le droit de toucher à cela. C'est cela qu'il faut dénoncer et
qui n'a plus de sens. Il est dans un village de 800 habitants. Il n'est pas sur
la rue Sainte-Catherine. La population totale est de 800 personnes. Auparavant,
on venait à bout de s'entendre convenablement. Les villages du
Québec, je ne pense pas qu'ils soient tous en perdition. Il y en a des
beaux. J'en ai des beaux dans mon comté et il doit y en avoir des beaux
dans les autres comtés également et le PQ n'était pas
là avec toutes ses lois et ses règlements.
Encore une fois, on est d'accord qu'on veut contrôler
l'environnement, c'est-à-dire
qu'on veut protéger l'environnement et on ne veut pas, non plus,
bâtir des terres agricoles. Il y a une limite où on arrête
et où on commence.
M. Léonard: On a soulevé un cas particulier. Je
comprends qu'une commission parlementaire n'est pas ici pour donner des
conseils juridiques, des avis juridiques.
M. Bélanger: Je comprends très bien cela.
M. Léonard: Peut-être bien que, à
écouter simplement ce que vous avez dit, il y a un droit acquis en vertu
de l'article 256 que nous avions adopté. Encore une fois, c'est
difficile de donner des conseils juridiques. Maintenant, je vous dirai que les
500 000 000 $ qu'on a donnés, que le gouvernement a dû mettre dans
des PAIRA et dans toutes sortes de programmes pour corriger des situations
antérieures, cela n'a pas été donné pour
régler des problèmes sur la rue Sainte-Catherine à
Montréal. Cela a été donné pour régler des
problèmes en milieu rural et municipal...
M. Bélanger: On va en parler de PAIRA.
M. Léonard: ...pour les petites municipalités de
moins de 5000 habitants.
M. Bélanger: On peut en parler de PAIRA, si vous voulez en
parler. Ce n'est pas tellement avantageux, comme vous le savez.
M. Léonard: Les 500 000 000 $ n'ont pas été
donnés pour la rue Sainte-Catherine.
M. Bélanger: Je le comprends très bien, mais vous
avez eu, d'abord, une participation de 60% du fédéral et vous
dites aux municipalités que vous allez leur donner une subvention, mais
échelonnée sur dix ans. Cela ne couvre même pas les
intérêts. Il n'y a rien d'extraordinaire avec PAIRA. Ce n'est pas
avec cela qu'on va se péter les bretelles.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que nous verrons le
programme PAIRA dans un autre programme?
M. Léonard: On va le voir dans un autre, mais...
M. Bélanger: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Bon. On va
peut-être...
M. Léonard: ...je voudrais quand même relever une
chose.
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. Léonard: Quand le député dit que le
fédéral a contribué à 60% dans PAIRA, non, c'est
seulement sur certains projets, pas autre chose. Je tiens à le
rectifier. Pour PAIRA I, il n'y avait aucune contribution du
fédéral et pour le nouveau PAIRA, non plus. C'est seulement dans
le cadre du programme d'aide aux équipements communautaires, que cela
s'est passé et sur certains projets.
Le Président (M. Brouillet): On pourra peut-être y
revenir dans un autre programme où on traitera du programme PAIRA. Nous
sommes toujours au programme I.
M. Saintonge: Oui, oui. Nous sommes toujours au programme 1.
M. Léonard: II y en a qui parlent beaucoup.
Le Président (M. Brouillet): En tout, il y a huit
programmes. Je pense que vous êtes tous conscients de cela.
M. Saintonge: Oui, nous sommes conscients de cela, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Je crois qu'il y a une
période de 9 heures prévue pour l'étude des
crédits.
M. Saintonge: Neuf heures sont prévues, M. le
Président. Exactement. Nous sommes conscients de cela.
M. Léonard: Si l'Opposition est d'accord, nous pourrions
terminer à minuit, ce soir.
M. Saintonge: Probablement, on verra cela, M. le ministre.
Le Président (M. Brouillet): II est de mon devoir de vous
rappeler où nous en sommes rendus. C'est à vous de prendre vos
responsabilités. Après les neuf heures, on clôt le
débat.
M. Léonard: Alors, on finirait à minuit.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Cela
va.
M. Saintonge: Oui, oui. On est au courant de cela. M. le
ministre, une seule chose, toujours dans le cadre du programme I. En fin de
compte, le ministre nous dit que tout est beau, que tout le monde est content
et heureux. Il reste que, dans certaines parties du Québec, on a
d'autres sons de cloche de certaines MRC, de certains maires de
municipalités et même de certains urbanistes. Entre autres, M.
Langlois traite
d'une responsabilité contrôlée, en parlant des MRC
et de l'aménagement du territoire. Le ministre est sûrement au
courant de cet article du 7 avril dernier.
M. Léonard: D'une responsabilité partagée.
Cela aurait pu être dit aussi comme titre.
M. Saintonge: II semble évident, de toute façon,
que certaines normes sont quand même suggérées par les
fonctionnaires du ministère. C'est une entrave à la
responsabilité politique dans les MRC. Voici ma question, M. le
ministre. Est-ce que, dans les plans de travail qui arriveront pour le
début du schéma d'aménagement qui aura
éventuellement été approuvé, le ministère va
agir de la même façon, c'est-à-dire que ces plans de
travail seront aussi assujettis à la vision véhiculée par
le ministère? C'est aussi simple que cela comme question.
M. Léonard: Sur cette question des programmes de travail,
ce dont nous devons nous assurer, c'est que les fonds publics que nous allons
investir dans ce programme soient destinés à faire de
véritables schémas d'aménagement et que ce programme qu'on
entreprend soit mené à bonne fin par les municipalités
régionales de comté. Il me semble que cela va de soi. C'est notre
responsabilité aussi de voir à ce que ce travail se fasse. Il y a
une loi. Nous aidons les municipalités et je pense aussi que l'aide
qu'on leur fournit est la bienvenue. Au fond, les élus municipaux
parlent d'aménagement depuis déjà un certain temps. Au
départ, on en parlait en termes de découpage de MRC,
d'organisation de MRC. Cela a pris pratiquement un an aux municipalités
régionales de comté à s'organiser avant de
démarrer. Maintenant, nous passons à l'étape suivante.
Nous détaillons les schémas d'aménagement. L'aide que nous
leur fournissons est aussi en termes techniques. Ce n'est pas pour leur nuire,
c'est pour les aider.
M. Saintonge: Alors, vous allez fonctionner sur le même
principe pour le schéma d'aménagement que pour les
règlements de contrôle intérimaire, d'après ce que
je comprends. Autrement dit, vous avez défini en gros ce qu'est un bon
règlement de contrôle intérimaire. L'essentiel y a
été inclus.
M. Léonard: Non, monsieur. Non, ce n'est pas du tout ce
que nous avons dit. On peut reprendre la discussion là-dessus, si vous
voulez. Il y a eu des règlements de contrôle intérimaire
où il y avait des dispositions qui nous semblaient très
difficiles. Nous avons souligné aux MRC que les dispositions qu'elles
avaient adoptées dans un règlement de contrôle
intérimaire étaient très dures. Certaines les ont
maintenues et d'autres les ont modifiées. (21 heures)
L'attitude que nous avons là-dessus en est une de collaboration
avec les municipalités. Si on fait une opération de cette
envergure, que les municipalités travaillent tard le soir et que les
élus travaillent beaucoup, il faut que cela serve à quelque
chose, qu'on ne fasse pas seulement du travail qui, en fin de compte, ne
donnera rien parce que il n'y aura pratiquement rien dans le règlement
de contrôle intérimaire. Je pense que tout cela était dans
la perspective que le travail qui est là soit bien fait, que cela donne
des résultats et que ce soit positif en fin de compte. C'est
l'opération qu'on a enclenchée; c'est une étape
après l'autre et je suis convaincu qu'au bout du compte tout le monde
sera heureux.
M. Saintonge: C'est votre conviction, mais il reste qu'au niveau
des particularités des régions, dans certains cas, ou à
cause des normes imposées par le ministère, les gens sont
obligés de laisser de côté certaines choses sous peine de
désaveu; on a ainsi laissé de côté dans certains cas
certaines exigences ou certaines demandes au niveau de chacune des MRC.
M. Léonard: M. le Président, cela me tente de
demander au député de Laprairie comment il aurait fait cela,
lui.
M. Saintonge: C'est toujours la question qu'on nous pose. En tout
cas, on verra. Quand on sera là, ce sera autre chose.
M. Bélanger: Oui, et ce sera beaucoup plus facile.
M. Saintonge: M. le ministre, je vais rester au programme 1. Je
vais poser une question précise, cela va aller mieux. Le but de
l'exercice jusqu'à maintenant était bien simple, c'était
de voir un peu...
M. Léonard: Je vois que, lorsque cela prend ce chemin, M.
le Président, les discussions se terminent vite.
M. Saintonge: Le seul problème, c'est que je me rends
compte que le ministre a toujours des réponses comme: Tout le monde est
d'accord avec cela, tout le monde est heureux d'entendre cela. La
réalité n'est pas celle que le ministre nous donne. C'est aussi
simple que cela. Est-ce que le ministre est quand même au courant que
dans certaines régions du Québec il y a des comités?
J'apprenais la mise sur pied d'un comité de concertation au niveau des
MRC, en bas de Kamouraska, Témiscouata et de toute la Gaspésie.
Cela dénote une attitude
quelconque; il y a là un problème percutant pour que ces
14 MRC se réunissent en groupe de concertation pour tenter de discuter
avec le ministre.
Au dernier congrès de l'UMQ, M. le ministre, il y a à
peine trois semaines, il reste qu'on ne peut nier que le monde municipal
était inquiet, posait des questions relativement à toute cette
question du contrôle intérimaire qui était imposé
par le ministère sans respecter certaines particularités
régionales. Je pense que cela est ressorti clairement de l'UMQ. Le
ministre ne peut ignorer ces choses. Cela ne veut pas dire que le ciel est bleu
pour tout le monde là-dessus, loin de là. Je pense que les
municipalités veulent le respect d'une certaine autonomie, d'une
certaine particularité au niveau de leur région qu'on ne leur
donne pas actuellement.
M. Léonard: Je n'ai pas dit que le ciel était bleu
pour tout le monde. Quant à moi, que des MRC se réunissent, je
n'ai rien contre. Elles vont échanger des expériences, elles vont
peut-être même régler là des problèmes
qu'elles auraient pensé régler en venant ici. Je pense que le
monde municipal a raison de se réunir; ce sont des gens qui ont raison
de se réunir. Je ne vois pas de problèmes là. Il me
paraît tout à fait naturel, normal qu'ils le fassent. Je n'ai
jamais dit qu'il n'y avait aucun problème qui se posait. Il y a des
questions qui se posent. Parfois, il y a plus de questions que de
problèmes, c'est un fait, mais je pense que c'est une démarche.
On la fait sereinement de part et d'autre; c'est fait de façon sereine
de notre part et je suis sûr que dans l'ensemble des MRC cela se fait
aussi sereinement. J'ai aussi assisté au congrès de l'UMQ,
probablement plus longtemps que vous parce que j'ai été là
tout le temps.
M. Saintonge: Je voudrais corriger le ministre. J'ai
été là tout le temps également.
M. Léonard: Ah bon! Très bien.
M. Saintonge: Je peux vous dire que je n'ai pas vu grand
députés péquistes là, non plus. J'ai, quand
même, vu M. Fallu, je peux vous l'avouer, mais on m'a dit qu'il y avait
plus de députés libéraux que de péquistes. Ce sont
des remarques que j'ai entendues sur le plancher.
M. Léonard: Vous ne les avez pas vus.
M. Saintonge: M. le ministre, comme au niveau des comités
de consultation - on en a discuté tantôt - il y en a 19 qui ont
remis des rapports, est-ce qu'on peut demander au ministre de déposer,
de nous transmettre copie des rapports des 19 comités de consultation
mis sur pied par la loi 125? M. Léonard: Oui.
M. Saintonge: D'accord, je vous remercie beaucoup, M. le
ministre.
M. Middlemiss: Aussi, s'il y a eu des négocations entre
des comités - oui - est-ce qu'on pourrait avoir, par exemple, le rapport
- comme le ministre nous l'a dit - des consultations qu'il y aurait eu entre le
comité de consultation de la région de la Vallée-de-l'Or
et le comité de consultation de l'Outaouais?
M. Léonard: D'accord. Nous allons voir à ramasser
les rapports des comités de consultation, premièrement. Pour le
reste, on verra.
M. Middlemiss: Mais, M. le ministre, vous nous avez dit...
M. Léonard: Pour le reste, on verra, M. le
député.
M. Middlemiss: ...que c'était à la suite de
discussions, de négociations avec d'autres. Donc, on aimerait savoir
cela aussi.
M. Léonard: Je n'ai pas tous les dossiers
là-dessus. On ne transportera pas le ministère à
l'Assemblée nationale.
M. Saintonge: C'est un rapport qui concerne la
Vallée-de-l'Or. C'est à votre discrétion.
M. Middlemiss: Oui.
M. Saintonge: On va attendre, comme on peut attendre pour
ailleurs.
M. Caron: La loi en fait mention.
M. Saintonge: Dans le programme 1, élément 1...
M. Léonard: On respectera la loi, ne vous inquiétez
pas.
M. Saintonge: ...M. le ministre, on a au poste 2 - je me
réfère à la fiche C -"autres" dans les catégories
des dépenses.
M. Léonard: Élément 2?
M. Saintonge: Programme 1, élément 1.
M. Léonard: D'accord.
M. Saintonge: À la fiche C, dans les catégories de
dépenses, sous-élément 2, autres
rémunérations, on indiquait "probables"
1982-1983, 430 300 000 $... M. Léonard: 430 300 $.
M. Saintonge: 430 000 $, oui, et 320 000 $ pour les
crédits 1983-1984, avec un double astérisque. Je me rends compte
que l'année 1982-1983 "comprend les dépenses de traitement des
effectifs occasionnels engagés dans le cadre des projets
spécifiques portant sur Archipel". Est-ce que ce sont des
dépenses qui ont été faites dans le cadre d'Archipel et
pour quel montant?
M. Léonard: Ces fonds proviennent de l'Exécutif qui
a un poste central pour toutes les dépenses du projet Archipel, donc ne
sont pas inclus dans notre budget.
M. Saintonge: Est-ce que, dans le budget du
ministère...
M. Léonard: Si cela est inclus pour des crédits
probables de 430 300 $ en 1982-1983, c'est pour bien indiquer la comparaison.
Ce qui est prévu dans le CT 144077, c'est une somme de 40 000 $ pour
deux personnes-année. Si on voulait vraiment faire la comparaison,
étant donné les transferts survenus après le début
de l'année financière, on peut ajouter 40 000 $. Cela ferait donc
360 000 $. C'est pour cela qu'il y a cette explication.
M. Saintonge: Quand vous dites qu'il s'agit de transferts, au
niveau du projet Archipel, de fonds qui ne sont pas dans le budget du
ministère, est-ce que ce sont des dépenses
budgétisées dans le cadre de votre ministère?
M. Léonard: Les dépenses sont faites par le
ministère, mais les fonds nous parviennent d'un poste de
l'Exécutif.
M. Saintonge: C'est quoi?
M. Léonard: L'Exécutif. Lorsque vous examinerez les
crédits du ministère du Conseil exécutif, vous verrez au
poste Archipel ou dans un poste de dépenses Archipel qu'il y aura des
fonds. Ces fonds-là ne sont pas nécessairement tous
dépensés par l'Exécutif, mais transférés
dans d'autres ministères. En fait, le CT dont un parle ici date du 26
avril 1983, donc après le début de l'année
financière le 1er avril. C'est le CT 144077.
M. Saintonge: Est-ce qu'au niveau du projet Archipel à
quelque endroit on retrouve d'autres dépenses effectuées dans le
cadre du budget du ministère des Affaires municipales?
M. Léonard: Dans le programme 5, fiche B, vous avez aussi
une note semblable au bas de la page. Cela inclut aussi le projet
spécifique qui concerne le dossier Archipel, dans les crédits
probables de 1982-1983. Quand vous me posez la question s'il y en a ailleurs
dans le ministère, on me dit effectivement qu'il y en a au programme 5
-c'est ce que nous venons de voir. On me dit qu'en 1983-1984 il y aurait un
autre montant de 10 000 $.
M. Saintonge: Comme le "138,5". Est-ce que le "138,5"
était exclusivement pour Archipel?
M. Léonard: Qu'appelez-vous 138,5?
M. Saintonge: Eh bien, 138 500 $, catégorie 2, autres
rémunérations.
M. Léonard: Non, c'est qu'aux 138 500 $ vous devez ajouter
204 300 $.
M. Saintonge: Oui, à l'OPDQ.
M. Léonard: Alors, cela veut dire que le montant qui a
été viré était de 204 300 $ et les dépenses
réelles de 138 500 $.
M. Saintonge: Pour Archipel uniquement?
M. Léonard: Oui, uniquement.
M. Saintonge: Vous prévoyez pour 1983-1984 10 000 $
à cet élément. Si je reprends les 430 300 $ de
dépenses probables, cela a également été
affecté à Archipel. Est-ce bien cela? Dans le programme 1,
élément 1, et dans le programme 5.
M. Léonard: II y a trois projets dans les 430 000 $. Il y
a un projet spécifique sur Archipel de cinq personnes-année. Vous
avez, ensuite, le mandat du groupe de consultation qui a été
prolongé pour la mise en place des MRC et un autre projet
spécifique de la Direction générale de l'urbanisme et de
l'aménagement du territoire. Je n'ai pas ici les sommes. Il y a trois
projets dans le montant de 430 000 $.
M. Saintonge: Oui. Y aurait-il possibilité que le ministre
me confirme, même si ce n'est pas ce soir, le montant affecté
à Archipel là-dessus?
M. Léonard: En 1983-1984, si ce sont les chiffres que vous
cherchez, dans le programme 1.1, il y a 40 000 $ et, dans le programme 5.3, il
y a 10 000 $. Donc, il y a 50 000 $. Est-ce que cela va?
M. Saintonge: Dans le programme de
1983-1984. Et, en 1982-1983, sur les 430 300 $, vous ne pouvez pas me
dire lequel des trois programmes a été affecté à
Archipel.
M. Léonard: On pourrait l'avoir demain. Je ne l'ai pas
ici.
M. Saintonge: D'accord. Vous pourrez me le fournir. Est-ce que
c'est possible de savoir le montant global actuellement dépensé
au niveau du ministère des Affaires municipales dans Archipel?
M. Léonard: Pour tous les exercices depuis le
début?
M. Saintonge: Pour l'année dernière et si vous avez
l'accumulation pour Archipel depuis le début des consultations et de la
mise en place du programme.
M. Léonard: Je devrais avoir cela.
M. Saintonge: Pour autant que je me souvienne, le ministre
Bérubé avait mentionné que c'était impossible pour
lui de donner cela, qu'il fallait le demander à chacun des
ministères.
M. Léonard: On peut remonter loin en arrière. Cela
ne devrait pas poser de problèmes, sauf prendre le temps de les
chercher. Un exercice ou deux, c'est cela?
M. Saintonge: D'accord. J'attendrai les informations.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Verdun a un mot à dire.
M. Caron: M. le Président, le ministre pourrait-il nous
dire où en est rendu au ministère des Affaires municipales le
projet Archipel? À quoi prévoyez-vous vous rendre avec le montant
inscrit dans les crédits cette année? Y a-t-il moyen de parler un
peu de ce sujet? (21 h 15)
M. Léonard: On complète les consultations cette
année dans le programme 5, mais le gros des consultations est fait avec
les municipalités. Je parlais, M. le député. Il y a
quelques études techniques qui sont faites en vertu du programme 1.1 que
nous étudions à l'heure actuelle, dans lequel il y a ces 40 000
$. Pour nous, cela n'a pas été surtout des grandes études
techniques; cela a été la consultation avec les
municipalités. Cette phase a marqué le pas, à l'heure
actuelle. On attend d'autres décisions sur le plan technique. Il faudra
qu'il y ait des décisions prises ailleurs. Quant à nous, vous
voyez que la consultation est réduite à un minimum de 10 000 $.
Quand les décisions là-dessus sortiront, on recommuniquera avec
les municipalités. M. Caron: Merci. Le Président (M.
Brouillet): Merci.
M. Saintonge: M. le ministre, j'aurais une autre question en ce
qui concerne la décentralisation des pouvoirs. On a parlé d'un
comité Québec-municipalités sur la décentralisation
des pouvoirs. Est-ce quelque chose que l'on retrouve au programme 1 dans le
budget du ministère et quel montant peut être affecté
à la mise sur pied et au fonctionnement d'un tel comité?
M. Léonard: Non, il n'y a pas de montant là-dessus.
Les ressources que nous aurons seront des ressources régulières
du ministère, les gens que nous avons nommés. Les
décisions finales ne sont pas prises, non plus, là-dessus.
M. Saintonge: Ai-je bien compris que le ministre avait
parié d'un comité conjoint sur la décentralisation qui
devait examiner toute la situation?
M. Léonard: Non, pas d'un comité conjoint. Je n'ai
pas parlé de cela.
M. Saintonge: Vous disiez qu'il y aurait une conférence
avec une loi sur la décentralisation.
M. Léonard: Une table ronde... M. Saintonge: Une
table ronde.
M. Léonard: ... qu'il reste encore à
définir. Quant à nous, cela ne représente pas des fonds -
remarquez que c'est aussi une responsabilité de l'Aménagement
à l'heure actuelle - considérables qui feraient que nos budgets
ne pourraient pas les porter. Si jamais cela arrivait, on verra et on avisera
en temps et lieu. Mais, pour l'instant, ce n'est pas dans les prévisions
budgétaires, sauf de dire que notre budget courant couvrira normalement
ces dépenses.
M. Saintonge: Quel est le rôle du ministère des
Affaires municipales dans le regroupement des services qu'on veut
étendre sur les territoires des MRC? En d'autres mots, il semble
actuellement, concernant les intentions de décentralisation - j'en ai un
peu parlé cet après-midi - qu'on veuille regrouper, au niveau des
MRC en tout cas, les CRSSS, les loisirs, le transport scolaire, la question de
la réforme scolaire, la réforme électorale. Quelles sont
les intentions précises du ministre là-dessus?
M. Léonard: Vous m'avez dit tout à l'heure que vous
aviez assisté au congrès de
l'Union des municipalités du Québec. Je pense que toutes
les cartes étaient sur la table. Ce qu'on a eu à dire a aussi
été dit là. Vous partez avec toutes sortes de choses. Il
reste qu'il y aura une table ronde à l'automne pour établir des
plans de travail là-dessus - nous nous en tenons à cela -avec les
unions et les élus municipaux.
M. Saintonge: D'ici l'automne, est-ce que le ministre a des
intentions au niveau des MRC là-dessus?
M. Léonard: Je ferai remarquer au député
que, en ce qui me concerne, la décentralisation ne porte pas seulement
sur les MRC; elle porte aussi sur les municipalités locales. Cela me
paraît, d'ailleurs, plus important.
M. Saintonge: Je suis heureux de vous l'entendre dire.
M. Léonard: On a toujours dit cela. Il ne faudrait pas que
vous vous en étonniez.
M. Saintonge: Je parle toujours des municipalités
régionales de comté par rapport aux interrelations avec les
autres ministères, les Affaires sociales au niveau des CRSSS. Au niveau
des loisirs, par exemple, du transport scolaire et de la réforme
scolaire, est-ce que le ministre peut nous informer de ses intentions en
rapport avec d'autres consultations - s'il y en a - avec d'autres
ministères?
M. Léonard: Je trouve que votre question est très
imprécise pour le moment. Mes intentions par rapport à cela? J'ai
dit -d'ailleurs, aussi au congrès de l'UMQ - que la tâche
concrète, pratique, qui attendait les MRC au cours des années et
des mois qui venaient était l'élaboration du schéma
d'aménagement et que, pour le reste, on pouvait réfléchir
et discuter d'autres fonctions. À ce moment-là, la table ronde
servirait à lancer le débat là-dessus.
M. Saintonge: D'ici à la table ronde, est-ce que le
ministre...
M. Léonard: Je n'ai pas l'intention de dire que les MRC,
d'ici à la table ronde, seront responsables des CLSC. Je n'ai jamais dit
cela et je n'ai pas l'intention de dire cela.
M. Saintonge: Vous avez compris ma question. Ce n'était
pas une question si sombre. La question est bien formelle, parce qu'on
m'informe que - je lirai la documentation qui me viendra - dans certains cas,
au niveau des CLSC, on passe par un territoire des municipalités
régionales de comté et on tente de vouloir établir, sur le
territoire des MRC, les services à donner par des CLSC. On veut aussi,
au niveau du transport scolaire, impliquer les MRC dans certains cas. Vous
savez fort bien que l'établissement des commissions scolaires
basées sur le territoire des MRC crée un problème aussi.
Je pense que le ministre en est conscient. De toute façon, le ministre
est-il également conscient - et je peux lui poser la question - des
demandes de modifications des régions d'appartenance des territoires des
MRC qui découlent principalement de la réforme scolaire
envisagée où on prévoit, au niveau du ministère de
l'Éducation, que les commissions scolaires éventuelles seront
basées sur le territoire des MRC?
Voici donc ma question: Est-ce que le ministre en est conscient?
Deuxièmement, advenant le cas où, effectivement, ce sera la
situation qui prévaudra, est-ce que le ministre pourra à ce
moment faire une consultation à ce sujet et voir peut-être
à faire des modifications au niveau des territoires des MRC avant les
quatre ou cinq ans du schéma d'aménagement?
M. Léonard: En ce qui concerne les territoires, je vous
ferai remarquer qu'il s'agit vraiment de discussion sur les territoires. Que
les territoires des CLSC s'adaptent ou s'ajustent aux territoires des MRC, je
pense que la question peut se poser au niveau des Affaires sociales qui sont
responsables des CLSC, en particulier des territoires. C'est une question qui
peut se poser à leur niveau et qui n'implique pas de
responsabilité pour les MRC, je vous le ferai remarquer.
Par ailleurs, si on doit, à un moment donné,
intégrer des choses, je pense que c'est justement l'objet d'une table
ronde sur la décentralisation. C'est cela qui va être
discuté. En attendant, je pense que les MRC ont un travail à
faire en termes d'aménagement, soit de parfaire leurs règlements
de contrôle intérimaire, faire leurs schémas. Je pense que,
concrètement, c'est une tâche. Pour les autres, on enclenche des
consultations et des discussions et la table ronde va servir à cela.
M. Saintonge: Justement, c'est le problème,
l'interrogation que se posent les diverses corporations municipales dans les
MRC quant à leur appartenance. Le problème, M. le ministre, quand
cela a été fait au niveau d'une consultation pour un regroupement
par des municipalités dans une MRC donnée, on a fait la
consultation sur une certaine base en disant: C'est unifonctionnel, c'est
l'aménagement du territoire. À partir du moment où cela
commence à s'enclencher, on arrive au contrôle intérimaire.
On se rend compte que, s'ajoutant à cela, les municipalités
qui
pouvaient avoir certaines objections de principe à être
dans telle MRC ou telle autre MRC, passaient l'éponge, en disant: On va
faire un schéma d'aménagement avec nos voisins et on va
s'entendre. Notre territoire dépendra d'un certain schéma qui
sera concurrent avec les voisins, mais qui va sûrement être aussi
équivalent avec les MRC voisines. Pour l'aménagement, cela
était normal. Mais, des questions se posent à partir du moment
où on n'est plus seulement au niveau de l'aménagement, mais qu'on
tombe au niveau scolaire, au niveau des services sociaux, des services de
santé, par exemple, l'appartenance pour des soins au niveau des
CLSC...
M. Fallu: On tombe dans quoi?
M. Saintonge: M. Fallu! On arrive à vouloir implanter au
niveau des MRC des services sociaux. On veut simplement geler une MRC dans un
territoire donné, toutes les municipalités, pour en faire
dépendre les services sociaux comme les CLSC, les services de
vaccination. En d'autres mots, il faut parfois faire un rattachement à
un endroit différent de ce qu'on avait l'habitude de faire parce qu'on
va rattacher cela au niveau de la MRC, on va rattacher cela au niveau
scolaire.
Le ministre a parlé ce matin de Beauce-Sartigan, et des Etchemins
pour Saint-Prosper et Saint-Zacharie, et il a mentionné qu'il les
rattachait à des Etchemins parce qu'il y avait quand même un lien
au niveau scolaire avec des Etchemins. C'était peut-être le seul
lien qu'il y avait, mais c'était suffisant pour lui de rattacher
Saint-Prosper et Saint-Zacharie avec des Etchemins. Est-ce que le ministre est
prêt à considérer si, au niveau scolaire, dans Acton, par
exemple, ou ailleurs, si les commissions scolaires, dépendent des
territoires des MRC, cela pourra être un élément majeur
pour faire une transformation des territoires des MRC qui existent
déjà?
M. Léonard: Je pense qu'il y a beaucoup de questions
hypothétiques là-dedans. Quand nous avons lancé
l'opération consultation sur le découpage des territoires, nous
avons mentionné que, lorsqu'on faisait un schéma
d'aménagement, la localisation de l'infrastructure était
importante pour déterminer la région d'appartenance, pour
déterminer le territoire d'une MRC. On a souligné très
largement que, par exemple, le fait qu'une école soit à un
endroit ou à l'autre avait une implication par rapport à la
détermination du territoire de la MRC. Mais, là où tout
devient compliqué, c'est quand on dit: Parce que c'est son territoire,
c'est la MRC qui va être responsable des écoles. Un instantl Ce
n'est pas cela. Lorsqu'on délimite correctement un territoire, on essaie
de voir les relations entre les différents équipements qu'il y a
sur ce territoire. Il peut s'agir de toutes sortes d'équipements. On
parle d'une école et on peut parler d'un hôpital, des routes, des
industries qu'il peut y avoir, du réseau bancaire qu'il y a sur un
territoire, enfin, de tous les équipements de loisirs qu'il y a sur un
territoire qui font que les gens vivent ensemble, sans exclure la population
des autres territoires, et se voient plus souvent. Cela crée finalement
un lieu d'appartenance. C'est dans ce sens que les territoires ont
été définis. Là-dessus, j'ai toujours dit que la
localisation des équipements était un des éléments
clés pour définir le territoire. Ce sont toutes ces sortes
d'équipements qu'il faut considérer là-dedans.
M. Saintonge: On se rejoint sûrement, M. le ministre. Ce
que je ne comprends pas, c'est que dans certains cas des problèmes
d'appartenance apparaissent actuellement...
M. Léonard: Ce n'est pas toujours...
M. Saintonge: ...justement à cause de questions de cet
ordre. Si on regroupe des gens, on les regroupe dans un territoire
donné, mais certains services sont donnés dans d'autres
municipalités voisines qui font partie d'une autre MRC. De là,
l'importance pour les gens de se rattacher, justement, à leur vraie
région d'appartenance et de modifier leur territoire de MRC en
conséquence. C'est le cas d'Acton, entre autres, et des
municipalités de Saint-Valérien, de Sainte-Hélène,
etc.
M. Léonard: Oui, qui partagent en commun aussi une chose,
soit d'avoir un territoire agricole. Beaucoup, dans ce coin-là.
M. Saintonge: Saint-Hyacinthe et les territoires voisins sont
aussi agricoles, M. le ministre.
M. Léonard: II y en a aussi. Mais là, il y en a par
rapport à Acton.
M. Saintonge: II y a un territoire voisin, aussi mais il reste
que le territoire scolaire est rattaché à Saint-Hyacinthe aux
Maskoutains.
M. Léonard: Là-dessus, les municipalités
avaient elles-mêmes statué. On reprend la discussion et on va s'en
reparler. La municipalité de Saint-Valérien et les autres
alentour, Saint-Liboire, avaient décidé d'aller dans la
municipalité régionale de comté d'Acton. Nous avons
respecté ce choix et nous avons respecté le rapport du
comité de consultation. On ne peut pas décider pour tout le
monde, voyons donc! N'essayez pas de faire croire cela aux gens. Ceux qui
ont
fait la consultation, ceux qui y ont participé et les maires
aussi le savent.
M. Saintonge: Ce n'est pas la version que j'ai eue des maires ni
celle que j'ai eue de la population. Je pense que ce n'est pas la version qui,
selon ce qu'on m'avait dit, vous avait été transmise, à ce
moment-là, quand on vous a rencontré.
M. Léonard: Écoutez! Ils sont venus après
que le découpage a été pratiquement terminé, que le
comité de consultation a fait son rapport, que la municipalité a
opté pour la municipalité régionale de comté
d'Acton. Votre problème est que vous arrivez en retard.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: J'aimerais revenir pour indiquer au ministre -
non, ce ne sera pas plus de cinq minutes - que j'ai ici le rapport fait par les
membres du comité de consultation de l'Outaouais, l'Objet du
découpage des MRC de l'Outaouais et la position du comité de
consultation de l'Outaouais. On ne touchera pas la partie urbanisée
parce qu'il semblerait qu'il n'y a pas de problème. On va en venir au
découpage des territoires non organisés, à part la
municipalité de Pontiac. "En ce qui concerne les territoires non
organisés, le découpage présenté par le cabinet du
ministre ne semble pas tenir compte des recommandations proposées par le
CCO, dans son rapport de découpage provisoire. En effet, devant la
complexité du découpage de ces vastes territoires non
organisés et la difficulté d'harmoniser les demandes concurrentes
provenant des différents comtés, le CCO recommandait que l'on
procède, à la suite de la confection d'un dossier d'information
par des intervenants qualifiés, à une négociation entre
les parties concernées. "D'une part, le découpage provenant du
cabinet du ministre, contrairement à nos attentes, n'apporte aucune
information sérieuse à l'appui de ces décisions. D'autre
part, il n'est aucunement fait mention d'une possibilité de
négociation, ce qui est particulièrement étonnant dans le
contexte d'une consultation populaire."
M. Léonard: Puis, les autres comités? Le
comité des Laurentides? Le comité de l'Abitibi?
M. Middlemiss: Vous l'avez entendu? "Il n'est aucunement fait
mention d'une possibilité de négociation..." À cause des
différents autres qu'ils voulaient consulter, il n'a pas
été fait mention de négociation, "ce qui est
particulièrement étonnant dans le contexte d'une consultation
populaire".
(21 h 30)
M. Léonard: Un instant. Le seul fait qu'on dise qu'il y
avait une proposition de découpage, une proposition provisoire, c'est
donc dire que ce n'était pas une décision arrêtée,
je pense bien...
M. Middlemiss: Ils ont expliqué pourquoi.
M. Léonard: ...le 8 juillet 1982, parce que la
décision a été prise en novembre ou décembre 1982.
Donc, ils avaient tout le loisir de se parler. C'est daté du 8 juillet
1982 par rapport à une proposition provisoire, par rapport à ce
que différents comités nous avaient dit et, à ce moment,
on fait une proposition provisoire. Elle est provisoire, donc chacun
établit ses positions par rapport à cela.
M. Middlemiss: On vous le soumet et vous faites le
découpage.
M. Léonard: La décision a été prise
en décembre 1982, presque cinq mois après.
M. Middlemiss: Lorsque l'offre a été soumise, vous
avez fait un changement au Conseil des ministres, vous avez changé la
ligne. Ici, on dit que vous l'avez changée sans apporter aucune
justification et en n'ouvrant même pas la porte à une
négociation possible. Pourtant, c'est bien en français, cela
ici.
M. Léonard: M. le Président, ce n'est pas exact.
J'ai écrit à toutes ...
M. Middlemiss: "II n'est aucunement fait mention d'une
possibilité."
M. Léonard: ...les municipalités régionales
de comté ont pour leur dire - c'est exactement ma lettre à M.
Harold Kelly, préfet du comté de Gatineau - que, s'ils arrivaient
à établir des consensus, nous les considérerions, sauf
qu'il n'y en a pas eu et vous savez très bien qu'il n'y en aura pas.
M. Middlemiss: À quelle date? M. Léonard: Le
21 décembre.
M. Middlemiss: Oui. La MRC de Pontiac a été
avisée le 22 décembre dans une lettre signée par vous.
M. Léonard: II y a eu une copie...
M. Middlemiss: Le 22 décembre, disant que le décret
sera mis en vigueur le 1er janvier.
M. Léonard: Vous mêlez deux choses.
M. Middlemiss: Si vous avez écrit le 21 décembre
à M. Kelly pour lui dire qu'il y avait une négociation possible,
la journée d'après vous avisez la MRC de Pontiac que le
décret sera émis le 1er janvier. Quand auraient-ils pu faire ces
négociations dont vous parlez?
M. Léonard: M. le Président, ne compliquons pas les
choses et ne les mêlons pas, surtout!
M. Middlemiss: On ne les mêle pas du tout.
M. Léonard: Si je comprends, la lettre informant les
préfets qu'il y avait eu un décret est parvenue le 22
décembre. Il reste que ma lettre du 21 décembre était
postérieure au décret et qu'elle donnait ouverture à des
modifications sur les territoires non organisés par rapport au
décret. C'est là que je disais qu'on pouvait discuter. Je vais
lire la lettre parce que cela fait quelques fois qu'on y fait allusion.
M. Middlemiss: Si vous voulez m'excuser, on y reviendra
après. Mais, entre la date du 8 juillet 1982 et le mois de
décembre, est-ce que vous avez adressé une lettre à ces
gens, leur disant: Regardez, vous avez soumis une délimitation
provisoire pour le territoire non organisé, nous ne sommes pas d'accord
et nous vous soumettons celle-là? Est-ce qu'à partir ce ce moment
jusqu'au 21 décembre vous avez avisé les comités de
consultation qu'ils devraient négocier? C'est là que cela aurait
dû être fait, pas le 21 décembre.
M. Léonard: II me semble que quelqu'un de mon cabinet a
écrit une lettre vers le mois de juin les informant d'une proposition de
découpage provisoire. Je ne sais pas si j'ai signé cette lettre,
mais je crois qu'elle devait provenir des gens responsables du comité de
consultation. Il y a eu des discussions tout au long de l'été,
tout au long de l'automne. Nous avons arrêté une décision
vers la fin de novembre, pour autant que je sois concerné et que je me
le rappelle, et cette décision a été rendue publique.
Donc, entre cette proposition de découpage provisoire et la
décision du Conseil des ministres, il s'est écoulé
plusieurs mois. Tout le monde était au courant que c'était un
découpage provisoire: et la MRC de la Vallée-de-l'Or, et la MRC
de l'Outaouais, et le comité des Laurentides. D'ailleurs, il y a eu des
prises de position sur ce sujet. La décision a été prise
bien après. Quand on dit qu'on aurait pris une décision au mois
de juin, ce n'est pas une décision, c'est une proposition de
découpage provisoire, donc négociable, et c'est cela qui a
été discuté et négocié durant
l'été.
M. Middlemiss: Regardez, je pense bien que je lis bien, non?
M. Léonard: Quand vous mêlez...
M. Middlemiss: Je ne mêle pas. Au mois de juillet, la
lettre du comité dit: "D'une part, le découpage provenant du
cabinet du ministre, contrairement à nos attentes, n'apporte aucune
information sérieuse à l'appui de ses décisions et,
d'autre part, il n'est aucunement fait mention d'une possibilité de
négociation." C'est à ce moment qu'on aurait dû les aviser,
et non pas attendre au mois de décembre et leur dire: Regardez, vous
devriez négocier avec la MRC de la Vallée-de-l'Or ou d'autres MRC
qui voudraient avoir une partie du territoire non organisé.
M. Léonard: M. le Président, s'il y a eu une
proposition de découpage provisoire mise sur la table alors qu'il n'y
avait ni décret ni décision du Conseil des ministres, il me
semble que c'est justement une invitation à négocier. Si
quelqu'un ne comprend pas cela, je pense qu'il n'a pas compris grand-chose.
M. Middlemiss: D'abord, si c'est important de négocier,
pourquoi l'avez-vous porté à leur attention seulement au mois de
décembre? Vous avez eu, vous aussi, de juillet à décembre
pour leur faire ces suggestions. Tout d'un coup, c'était valable au mois
de décembre, mais, avant, cela ne vous est jamais venu à
l'idée que peut-être ce serait une bonne chose de leur
suggérer de négocier avec une MRC ou un comité de
consultation à l'extérieur.
M. Léonard: M. le Président, elles ont fait cela
tout l'été. M. le député devrait, au moins, avoir
la bonne foi de constater cela.
M. Middlemiss: Non. M. le Président, les
négociations ont eu lieu entre les MRC dans le comité de
consultation de l'Outaouais. À quel moment précis la MRC de la
Vallée-de-l'Or a-t-elle exprimé le voeu d'accaparer une partie du
territoire et à qui a été adressée cette demande?
Quand et à qui?
M. Léonard: Je pense que cela s'est fait sûrement au
moins au cours de l'été, probablement avant.
M. Middlemiss: On pense, mais est-ce que vous pouvez nous donner
une réponse spécifique? Quand et à qui la demande a-t-elle
été adressée? Donnez-nous cela et, après cela, on
pourra certainement dire d'accord. Faites-moi la preuve.
M. Léonard: M. le Président, je pense
que le député dit à peu près la même
chose, radote la même chose depuis longtemps.
M. Middlemiss: Comme le ministre radote dans ses réponses.
Cela se joue à deux.
M. Léonard: II y a eu des discussions, il y a eu des
consultations tout l'été, il y a eu des rencontres entre les
gens. Ils s'en sont parlé et la proposition de découpage
provisoire a été émise, justement, pour suggérer
aux gens d'en parler, d'en discuter et de négocier sur cela. La
décision du Conseil des ministres est arrivée quatre ou cinq mois
après. On pourra préciser les dates. C'est quoi cela, si ce n'est
pas de la consultation, alors qu'on invite pratiquemment, par les faits
mêmes, les gens à négocier? On pourra dire n'importe quoi.
Le député dit n'importe quoi effectivement.
M. Middlemiss: M. le Président, je m'excuse, je lis une
lettre préparée par les membres du comité de consultation
de l'Outaouais, ce ne sont donc pas mes paroles.
M. Léonard: Et les autres?
M. Middlemiss: II n'y en a pas d'autres. Je vous demande si le
ministre pourrait sortir la lettre.
M. Léonard: Les rapports des comités des
Laurentides et de l'Abitibi-Témiscamingue.
M. Middlemiss: Si le ministre ne l'a pas ici, est-ce qu'il
pourrait nous la déposer?
M. Léonard: J'ai dit tout à l'heure que je
déposerais les rapports des comités de consultation.
M. Middlemiss: Non, non, vous avez dit que vous n'étiez
pas certain lorsque j'ai posé la question concernant la MRC de la
Vallée-de-l'Or.
M. Léonard: J'ai dit...
M. Middlemiss: Vous avez dit: On n'est pas pour déposer
des documents épais comme cela, etc. C'est cela que vous avez dit.
M. Léonard: J'ai dit que je déposerais les rapports
des comités de consultation.
M. Middlemiss: Donc, M. le ministre, en d'autres mots, le
comité de consultation de l'Outaouais n'a aucune
crédibilité. Ces gens parlent en l'air et ce qu'ils disent n'a
aucune valeur.
M. Léonard: Sur ce point, peut-être qu'ils n'ont pas
eu tout ce qu'ils désiraient, mais, sur tous les autres points, ils ont
eu ce qu'ils voulaient. Sur cela, je dois vous dire que votre conclusion n'est
pas exacte parce que nous avons respecté la recommandation en ce qui
concerne les territoires municipalisés. Alors, écoutez, que
voulez-vous de plus?
M. Middlemiss: Non. Cela, je l'ai mis de côté en
commençant, M. le ministre. J'ai dit cela.
M. Léonard: Oui, mais ne tirez pas la conclusion à
ce moment que le comité de consultation de l'Outaouais n'a aucune
crédibilité, voyons donc!
M. Middlemiss: Oui, d'accord, je vais être plus
spécifique: en ce qui concerne leurs opinions sur le découpage
des territoires non organisés.
M. Léonard: II y en a eu. Il y a des territoires non
organisés qui sont là et des MRC aussi qui ont participé
à cela. Par rapport au comité de consultation du 8 juillet, il y
a aussi des représentations; je ne sais pas si elles ont
été faites oralement ou pas par la MRC de Gatineau, qui voulait
avoir le territoire de la ZEC de Pontiac.
M. Middlemiss: On ne parle pas de cela. Vous tentez...
M. Léonard: Vous me parlez de la crédibilité
du comité, je vous en parle.
M. Middlemiss: Oui, mais, spécifiquement, en ce qui
concerne le territoire qui a été donné à la MRC de
la Vallée-de-l'Or. Ne commençons pas à mélanger les
pommes avec les oranges. C'est exactement cela, une recommandation avait
été faite. Si vous vouliez avoir de la négociation, je
pense que cela aurait été assez facile de leur suggérer:
Regardez, on a changé votre ligne parce que la MRC de la
Vallée-de-l'Or est intéressée à avoir du
territoire. On vous suggère fortement de consulter ou de négocier
avec ces gens et de tenter d'arriver à une entente. À ce
moment-là, si vous aviez attendu de juillet à décembre, il
n'y aurait pas eu d'entente parce qu'ils ne pouvaient pas s'entendre, mais
ça ne leur a jamais été suggéré. Je vais
finir sur ça, M. le Président. Je n'ai pas plus de réponse
qu'avant.
M. Léonard: Écoutez, M. le Président, cela
ne leur a jamais été suggéré, voyons donc, voyons
donc! On parle du territoire et ils n'ont qu'à se parler. Encore une
fois, par écrit, on les a invités à le faire par la lettre
du 21 décembre à M. le préfet de Gatineau et la lettre du
22 décembre, si je comprends, était aussi adressée
à M. le
préfet de Pontiac.
M. Middlemiss: M. le ministre, il ne faut pas jouer au fou.
M. Léonard: Oui, arrêtez!
M. Middlemiss: Le 21 décembre, c'était Il jours
avant le 1er janvier. Après le 1er janvier, vous avez émis un
décret qui leur a enlevé tout le territoire - le décret de
la MRC de Pontiac, le 1er janvier 1983 - et l'a cédé à la
MRC de la Vallée-de-l'Or. Allez donc négocier quand vous n'avez
rien à offrir. Dans ce sens-là, onze jours avant, on vous dit: On
va vous laisser négocier après et il n'y a pas tellement
longtemps, vous avez dit qu'il y avait un moratoire pour quatre ou cinq ans
dans la délimitation des MRC. Est-ce que cela s'applique aussi pour les
MRC dans la région de l'Outaouais ou si ça s'applique ici,
ça s'applique là, mais pas là-bas?
M. Léonard: Dans les territoires municipalisés,
c'est sûr que cela s'applique.
M. Middlemiss: Je parle des territoires non organisés, M.
le ministre.
M. Léonard: Les territoires non organisés: Dans le
cas où il y a des contestations comme celle-là, dans le cas de
l'Outaouais, des confins de l'Outaouais, des Laurentides, de l'Abitibi - je
reviens à notre dernière affirmation - le Conseil des ministres
avait adopté un décret là-dessus, donc avait pris une
décision sur le territoire. Je l'ai communiquée au préfet
dans une rencontre qui doit se situer autour du 10 ou du 15 décembre -
à un moment donné, j'étais allé dans l'Outaouais,
j'avais rencontré des préfets - où on avait dit qu'il y
avait eu une décision là-dessus. Par la suite, comme il y avait
des contestations, j'ai dit: Si vous vous entendez, s'il y a des consensus et
que vous pensez qu'on peut améliorer le découpage qui a
été fait - en tous cas, il y a le texte même de la lettre
là-dessus - on consent à modifier le décret, sauf que
ça ne s'est pas matérialisé.
Je vais lire la lettre du 21 décembre à M. Harold Kelly
qui est préfet de la Corporation municipale du comté de Gatineau,
21 décembre: "M. le préfet, votre lettre du 15 décembre
concernant la délimitation des municipalités régionales de
comté dans votre région fait suite à la rencontre que je
tenais le 9 décembre dernier avec vous et les préfets des
comtés de Papineau et de Pontiac, M. Bernard Guindon et M. Gérald
Dempsey. Lors de cette rencontre, il apparaissait certain que, pour tout le
territoire constitué en municipalités, un consensus avait
été atteint entre les élus municipaux. Un seul cas me
semble devoir être examiné plus attentivement cependant, celui de
la municipalité de Pontiac et ce, dans le cadre de la réforme de
la Communauté régionale de l'Outaouais. Quant aux territoires non
organisés, nous avons dû constater qu'il n'y avait pas eu de
consensus durable et nous avons dû prendre une décision dans ce
contexte. Que les élus municipaux veuillent poursuivre leurs discussions
à ce sujet "en vue de raffiner les délimitations des territoires
des municipalités régionales de comté", comme vous le
dites dans votre lettre, me semble bénéfique à l'ensemble
de la région et j'envoie copie de la présente aux préfets
et aux conseils des comtés et des municipalités régionales
de comté adjacentes. Comme, pour le territoire municipalisé - ce
fut ainsi dans l'ensemble du Québec - la démarche revient avant
tout aux élus municipaux qui doivent chercher, autant que faire se peut,
à atteindre un consensus qui fasse sa juste part aux diverses parties
concernées et qui tienne compte de l'ensemble des éléments
servant à attribuer les territoires non organisés à l'une
et l'autre des municipalités régionales de comté, selon
les cas. C'est le sens des propos que j'ai tenus devant vous lors de cette
réunion et devant les journalistes de votre région que je
rencontrais le lendemain. Je tiens à vous redire que je suis prêt
à considérer une entente qui pourrait survenir à la suite
de négociations entre tous les élus municipaux à ce sujet.
Je souscris, enfin, à l'esprit de compréhension,
d'équité, de concertation auquel vous faites appel et qui
constitue, j'en suis convaincu, une condition essentielle à toute
solution qui soit équitable et durable. Veuillez accepter, M. le
préfet, l'expression de mes sentiments les meilleurs." (21 h 45)
Où en sont les consensus? Ils n'ont pas changé. À
l'heure actuelle, il n'y a pas eu de consensus, ni entre la
Vallée-de-l'Or et Pontiac, ni entre Labelle et Gatineau. Alors?
M. Middlemiss: À quel moment la MRC de la
Vallée-de-l'Or a-t-elle été impliquée dans les
négociations avec le comité de consultation de l'Outaouais?
À quel moment? Pouvez-vous me dire à quelle date cela a
été fait?
M. Léonard: La consultation a été faite
publiquement comme pour tout le monde.
M. Middlemiss: Donc, elle a été faite. Le
comité de consultation de la région de l'Abitibi a fait sa
consultation, son étude. Le comité de consultation de l'Outaouais
a fait la sienne aussi. À quel moment y a-t-il eu une consultation entre
les deux? Est-ce à ce moment qu'on aurait pu négocier un morceau
de terrain qui était sur un autre territoire?
M. Léonard: Face à l'absence de consensus,
lorsqu'à été émise une proposition de
découpage provisoire, ceci était une invite à s'asseoir
rapidement parce que c'était sûr que la décision devait
arriver un de ces jours et avant la fin de 1982. Il me semble que c'est
clair.
M. Middlemiss: En d'autres mots, le découpage de juillet
1982 identifiait le territoire non organisé...
M. Léonard: II y a eu des modifications, il me semble, par
rapport à la proposition provisoire. Donc...
M. Middlemiss: Est-ce que le découpage du territoire non
organisé fait par le Conseil des ministres en juillet 1982 identifiait
ce territoire?
M. Léonard: La décision du Conseil des ministres
n'a pas été prise en juillet 1982, M. le député. Je
me tue à vous le dire depuis tout à l'heure, cette
décision a été prise à la fin de novembre 1982 ou
autour de cela; je n'ai pas la date exacte, mais à la fin de novembre
1982.
M. Middlemiss: D'accord. Au mois de juillet 1982, qui a
changé la délimitation provisoire soumise par le conseil
consultatif de l'Outaouais? Qui a fait le changement?
M. Léonard: La proposition...
M. Middlemiss: Oui, il y en a eu, ne venez pas me dire cela.
Connaissez-vous le dossier? Connaissez-vous le dossier?
M. Léonard: Et vous? Vous ne semblez pas le
connaître plus que cela, non plus.
M. Middlemiss: Je le connais, oui. M. Léonard:
Oui.
M. Middlemiss: Je connais le dossier. Mais qui a fait les
changements? Vous-même, tout à l'heure, avez dit que
c'était une délimitation provisoire.
M. Léonard: M. le Président, la proposition de
découpage provisoire a été transmise...
M. Middlemiss: C'est facile de donner des opinions quand on ne
connaît rien là-dedans.
M. Léonard: ...à tous les comités de la
région, autant en Abitibi, aux gens de la Vallée-de-l'Or, je
pense, à l'époque - je ne sais pas où en était le
comité de consultation de l'Abitibi-Témiscamingue
là-dessus - qu'au comité de consultation des
Laurentides et au comité de consultation de l'Outaouais. Nous
sommes dans des territoires limitrophes, juste aux limites de tout ce monde.
Alors, c'est ce qui s'est produit. Le comité de consultation de
l'Outaouais a émis ses opinions, celui des Laurentides aussi et la
Vallée-de-l'Or a aussi fait connaître ses représentations.
Sous quelle forme? Je ne le sais pas, je n'ai pas été dans les
détails là-dessus.
M. Middlemiss: Je vais vous lire la lettre encore: "Le
comité de consultation de l'Outaouais a récemment reçu du
cabinet du ministre des Affaires municipales un découpage de MRC de
l'Outaouais en réponse au rapport de découpage provisoire
préparé par le CCO." Ce n'est pas moi qui dis cela, M. le
ministre, c'est écrit ici. Voulez-vous le voir?
M. Bélanger: Le 8 juillet 1982.
M. Middlemiss: C'est le 8 juillet 1982. Qui a changé les
limites provisoires que le comité avait soumises? Qui? Qui les a
changées si ce n'est...?
M. Léonard: Ceux qui travaillaient à ce
comité, à faire de la consultation.
M. Middlemiss: Non, non, cela venait de votre cabinet. Donc, je
pense que...
M. Léonard: Qui?
M. Middlemiss: Oui, mais qui a fait cela? Qui a fait ce
changement? À ce moment, est-ce qu'on a déterminé à
quelle MRC on était pour attribuer la partie qu'on a enlevée du
territoire non organisé?
M. Léonard: Une proposition de découpage provisoire
a été faite là. Où est-elle, la lettre?
M. Middlemiss: Cela ne concernait pas du tout l'Abitibi, c'est
à 300 milles, l'Outaouais. C'est ce que je ne pouvais pas comprendre. Je
n'ai pas plus de réponse, que veux-tu?
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, vous me permettrez de
causer un peu avec le ministre. On n'a pas l'occasion de le voir souvent en
Chambre et on n'a pas toujours l'occasion de lui poser des questions. Je vous
dis tout de suite que c'est une question hypothétique. Si, M. le
ministre, vous ne faisiez pas partie d'un gouvernement séparatiste,
est-ce que vous auriez mis le même intérêt, est-ce que vous
auriez imposé aussi rapidement les MRC au Québec? Vous
l'avez probablement dit au congrès de l'UMQ, mais je voudrais
vous l'entendre dire ici, ce soir. Cela se serait fait quand même?
M. Léonard: Vous lirez mon discours prononcé au
congrès de l'UMQ.
M. Bélanger: Vous ne voulez pas me répondre ici. Je
suis seulement un député de l'Opposition. Je ne suis pas assez
important pour avoir une réponse à ma question. Un jour,
peut-être qu'on sera de l'autre côté, vous serez de ce
côté-ci et on vous fera la même chose. J'espère que
vous ne serez pas frustré, que cela ne vous fera rien. C'est un peu ce
qu'on reproche à toute votre formation politique, de détenir le
monopole de la vérité.
M. Léonard: Je n'ai pas dit que j'avais le monopole de la
vérité.
M. Bélanger: Bien oui, vous l'avez. On fait la même
chose en Chambre. On nous répond: Vous regarderez cela. On vous
répondra en temps et lieu.
M. Léonard: M. le Président, je pense que c'est une
conclusion que tire le député en disant que j'ai le monopole de
la vérité. Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit. J'ai dit: Vous
lirez mon discours sur l'UMQ. J'ai pris position à ce moment-là.
C'est clair, je l'ai dit devant tout le monde.
M. Bélanger: Je vous pose une question précise.
Est-ce que vous auriez été...
M. Léonard: Vous m'avez dit d'abord qu'elle était
hypothétique.
M. Bélanger: Oui. M. Léonard: Alors?
M. Bélanger: Vous faites partie d'un gouvernement
séparatiste. Je vous le demande, si ce n'était pas le cas, est-ce
que vous auriez mis le même acharnement -devrais-je dire - à
imposer ces MRC au Québec? Est-ce que c'étaient vos visions pour
un futur Québec séparé? C'est cela que je voulais savoir.
Vous ne voulez pas me le dire.
M. Léonard: Moi, je me demande ce que le
député veut savoir. Je fais partie d'un gouvernement, qu'il dit
séparatiste, souverainiste, qui se bat pour aller chercher la
liberté de son pays. Je pense que, là-dessus, je n'ai pas
à répondre à ses questions hypothétiques. Je pense
que tout a été dit. La Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme a été adoptée pour régler un
problème d'aménagement au Québec qui durait depuis
longtemps, que les libéraux n'avaient pas réglé durant des
dizaines d'années. Ils n'ont jamais eu le courage de le régler.
On a adopté la Loi sur la protection du territoire agricole, la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, et on a amélioré très
significa-tivement la Loi sur l'environnement. Au fond, de quoi parlez-vous, M.
le député?
M. Bélanger: Je veux savoir si ces
MRC étaient prioritaires ou s'il n'y aurait pas eu moyen de faire
de l'aménagement sans avoir des MRC.
M. Léonard: Ah bon! Parce que vous voulez faire de
l'aménagement et prendre des décisions sur la planification du
territoire sans préciser qui va les prendre.
M. Bélanger: Qui va les prendre maintenant? Vous avez dit
aux municipalités...
M. Léonard: Les maires, M. le député. Les
maires.
M. Bélanger: Bien oui, vous avez le projet de loi no 12
qui va les soustraire. Le gouvernement provincial fera ce qu'il veut sur le
territoire du Québec.
M. Léonard: On verra cela dans le débat sur le
projet de loi no 12. Je pense que vous commencez à charrier
drôlement.
M. Bélanger: Je n'ai pas eu de réponse à ma
question. Je me demande l'urgence de la création des MRC, d'imposer
à nos municipalités... Je ne vous parle pas des
municipalités qui sont bien organisées, avec des
ingénieurs et avec un personnel cadre épouvantable. Je vous parle
de petites municipalités. Vous les avez charriées et vous le
savez. Vous leur avez imposé toutes sortes de choses trop rapidement.
Elles n'avaient pas le temps de digérer une loi qu'il en arrivait une
autre. Je vous demande si cela n'a pas été fait un peu - je
crois, je vous soupçonne - rapidement dans le but de vous
préparer un Québec - je ne l'appelle pas souverain -
séparé. C'est cela que vous voulez faire.
M. Léonard: Monsieur me soupçonne de noirs
desseins. Je vais donc lui relire un article que j'ai déjà
cité et qu'il serait bon de réciter - si je comprends - et qui
est une déclaration du préfet de la MRC de Matawinie, M.
André Asselin. Ce préfet déclare, et il n'en démord
pas, dit l'article: "La loi 125 est la plus belle mesure dont ait jamais
hérité le monde municipal."
M. Bélanger: II fournit combien à la caisse
électorale?
M. Léonard: Je cite entre guillemets:
"II existe enfin une loi permettant aux citoyens d'agir directement sur
les élus et de travailler avec eux à l'aménagement sur
lequel ils vivent. C'est sans doute la meilleure loi qui ait jamais
été votée en autant que les municipalités sont
concernées." Renseignez-vous donc, M. le député.
M. Bélanger: Vous en avez combien sur 65 MRC? Combien
étaient d'accord?
M. Léonard: Je dirai là-dessus que
finalement...
M. Fallu: II était candidat libéral à la
dernière élection.
M. Bélanger: Cela ne change rien. Vous avez des
péquistes qui sont rendus libéraux et on a des libéraux
qui sont devenus péquistes.
M. Léonard: M. le député...
M. Bélanger: On peut tomber sur la tête à
n'importe quel âge.
M. Léonard: M. le député, qui a
déjà travaillé dans la construction, devrait être au
courant des problèmes que peut entraîner le développement
anarchique.
M. Bélanger: Totalement d'accord.
M. Léonard: Peut-être même à
l'époque, parce que personne ne s'en préoccupait, en a-t-il fait
lui-même.
M. Bélanger: Je m'excuse, M. le Président.
M. Léonard: Peut-être bien. Je dis cela...
M. Bélanger: Je n'ai que des félicitations...
M. Léonard: Des félicitationsl Les
municipalités en ont peut-être payé le coût depuis et
le gouvernement par ses programmes PAIRA. Dans tout ce contexte de
l'aménagement qu'on aurait dû régler aux débuts des
années soixante, mais qu'on n'a pas eu le courage de régler,
maintenant, après 15 ans, après 20 ans finalement, on a une loi
par laquelle on va commencer à faire des choses et à planifier le
territoire. Pas à partir de Québec, comme certains le pensaient
quand vous étiez au pouvoir; pas en fusionnant les municipalités
et en en faisant disparaître des centaines...
M. Bélanger: On y pense encore.
M. Middlemiss: Baie-Comeau, Hauterive.
M. Bélanger: Ah, Baie-Comeau, Hauterive!
M. Léonard: Parce que vous réduisiez le territoire
municipal à 132 municipalités par votre projet de loi de
1972.
M. Bélanger: Projet de loi.
M. Léonard: Oui, mais c'était votre ministre des
Affaires municipales qui l'avait mis sur la table.
M. Bélanger: Oui, mais c'est un projet.
M. Middlemiss: C'est un projet.
M. Bélanger: On a écouté la population.
M. Middlemiss: On ne l'a pas mis en application, M. le
ministre.
M. Léonard: Vos conseils d'agglomération ont
été rejetés aussi par les municipalités. À
l'heure actuelle, nous sommes partis d'une institution qui existait dans le
territoire, qui était les conseils de comté qui ont
été renouvelés avec la consultation et la participation
aussi des municipalités. Cela n'a pas toujours été oui
d'un bout à l'autre. Il y a eu de fortes discussions, mais au moins
l'institution est là. On a commencé à faire des
schémas d'aménagement.
M. le député, qui a déjà fait de la
construction et qui a peut-être déjà fait aussi de
l'étalement urbain et du développement anarchique, devrait au
moins nous rendre cette fleur que la loi sur l'aménagement existe
maintenant.
M. Bélanger: M. le Président, seulement un mot pour
renseigner le ministre pour qu'il ne s'énerve pas pour rien et qu'il
dorme bien cette nuit. J'ai développé une seule ville qui
s'appelle la ville d'Île-Perrot. Le maire actuel de la ville
d'île-Perrot est M. Pierre Bleau, l'ancien secrétaire de Mme
Cuerrier, vice-présidente de l'Assemblée nationale; donc, je n'ai
pas besoin de vous faire état de son allégeance politique.
Appelez-le et il va vous dire que, si tous les développeurs
étaient comme le député de Mégantic-Compton, mon
Dieu, que ce serait plaisant de vivre au Québec!
M. Léonard: M. le Président, je suis heureux
d'entendre le député de Mégantic-Compton, parce que je
suis sûr qu'il va comprendre le bien-fondé des règlements
de contrôle intérimaire à l'heure actuelle et des
schémas d'aménagement et des plans d'urbanisme. Je suis sûr
qu'il va collaborer à plein, qu'il va aider et qu'il va expliquer aux
municipalités et à toutes les personnes qui se posent des
questions là-dessus, tout
normalement, pourquoi il est bon d'avoir une Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme. J'en suis sûr. Au lieu de critiquer
systématiquement.
M. Bélanger: On n'a jamais critiqué la loi. Je l'ai
dit tout à l'heure: On est d'accord pour un contrôle sur les
terres agricoles.
M. Léonard: Alors pourquoi...
M. Bélanger: On est d'accord également avec un
schéma d'aménagement qui s'imposait, mais il y a des
façons de le faire. Votre façon à vous de le faire, c'est
que, lorsqu'il y a une mouche sur le mur, vous prenez un canon pour la tuer. Ne
faites pas cela. On vous dit: Allons-y, réglons le problème, mais
n'outrepassons pas les mesures. C'est ce qu'on vous demande.
M. Léonard: M. le Président, le
député me soupçonne de noirs desseins, mais, en
réalité, ce qu'il ne sait pas, c'est que les conseils de
comté existaient depuis 140 ans. Ce qu'on a fait, on a mis les villes
dans les conseils de comté, on leur a dit: Regardez si votre territoire
est bien ajusté. Il y a eu toute cette consultation depuis ce temps.
Alors, les conseils de comté existaient depuis 140 ans, ce n'est pas une
structure que j'ai créée. Pas du tout. C'est une structure que
qu'on a seulement renouvelée.
Le Président (M. Brouillet): II reste encore une minute
avant l'ajournement des travaux.
Une voix: On a jusqu'à minuit.
M. Saintonge: On va continuer, M. le Président. Quant
à finir, on va faire parler le ministre longtemps.
Le Président (M. Brouillet): Avez-vous besoin de mon
consentement pour cela?
M. Léonard: Je suis consentant. Des voix: Oui, oui,
oui.
M. Bélanger: C'est vous qui avez besoin de notre
consentement.
Le Président (M. Brouillet): Vous avez besoin d'un
président, par exemple.
M. Saintonge: Est-ce que vous consentez?
Le Président (M. Brouillet): Bon, est-ce qu'avec cela,
cela va faire neuf heures? Non, pas tout à fait?
M. Saintonge: Enfin, jusqu'à minuit, il va manquer une
demi-heure. On suspend pour trois minutes, d'accord.
Le Président (M. Brouillet): Nous suspendons nos travaux
pour trois minutes.
(Suspension de la séance à 22 heures)
(Reprise de la séance à 22 h 04)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires municipales reprend ses travaux seulement
pour vous dire que nous ajournons sine die les travaux de la commission.
(Fin de la séance à 22 h 04)