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Agriculture, Immigration, Colonisation
(Dix heures sept minutes)
M. DENIERS (président du comité): Messieurs, je vous
souhaite la bienvenue à cette séance du comité de
l'Agriculture. Cette réunion est d'importance. Elle a été
uniquement convoquée afin que les différents corps et organismes
intéressés à l'adoption ou au rejet du bill 47 puissent
exprimer leurs points de vue.
Si vous me le permettez, afin que cette réunion soit constructive
et profitable, nous adopterons une méthode de travail qui pourrait
être celle-ci:
Disons que les parties intéressées auront tout le loisir
voulu pour exposer leurs points de vue. Nous siégerons ici le temps
qu'il faudra. Devant la complexité et le sérieux du
problème, je demande aux membres du comité de suivre les
règlements qui prévalent dans ce genre de
délibérations et de bien vouloir accorder leur collaboration au
président.
Les représentants qui désirent se faire entendre, devront
d'abord s'Identifier et donner leurs qualités. Sachez, messieurs, que
nous sommes ici d'abord pour vous écouter et ensuite pour discuter.
Après vos discussions, le comité présentera son rapport
à la Chambre qui, elle, décidera du sort du bill 47.
Comme dans toute situation, en face de tel événement de la
vie courante et devant telle prise de position, nous pouvons avoir affaire
à des réactions et des opinions différentes. Ainsi, devant
ce projet de loi projet qui a été demandé il
se pourrait qu'il y en ait. C'est pourquoi, ce matin, s'il n'y avait pas
unanimité devant ce projet, le comité entendra d'abord ceux qui
ont des objections à formuler.
Je voudrais, enfin, souligner ceci: Le bill 47 comporte 15 amendements
à la Loi des marchés agricoles, qui portent principalement sur la
retenue de la contribution pour l'administration d'un plan conjoint; le mode de
tenue des assemblées générales; les offices de syndicats
professionnels chargés d'exécuter un plan conjoint; la
définition du producteur concerné par un tel plan et la
possibilité d'assujettir les ventes faites directement au consommateur,
si une telle vente peut nuire sérieusement à l'application d'un
plan.
Je voudrais, messieurs, que ceux qui s'opposent au projet de loi
s'identifient d'abord. Au préalable, je crois que M. Lavoie ou M. Sorel
auraient une déclaration à faire.
M. Sorel, président de l'UCC.
M. SOREL: M. le Président, M. le Premier Ministre, M. le chef de
l'Opposition, Messieurs les ministres, Messieurs les membres du comité.
La Loi des marchés agricoles du Québec adoptée en 1956 a
subi une refonte complète en 1963 et a été l'objet
d'amendements nombreux et substantiels en 1965. A ces deux occasions, les
cultivateurs organisés ont fait valoir par l'entremise de l'UCC que
d'autres améliorations s'imposeraient à cette législation.
Cependant, ils ont accepté le point de vue des législateurs de
revenir à la charge en temps et lieu.
L'expérience vécue depuis 1965 a démontré la
nécessité absolue d'apporter d'autres amendements, dont certains
avaient été prévus par les responsables de l'UCC en 1965
et même 1963. Toutes les modifications additionnelles nécessaires
ont été préparées par les représentants des
cultivateurs organisés depuis de longs mois, et les principales ont
été soumises aux autorités gouvernementales dès le
12 février 1968. Certains de ces amendements étalent essentiels,
non seulement pour permettre le développement de plans conjoints, mais
tout simplement pour assurer le fonctionnement normal de ceux
déjà en opération.
A la suite de circonstances sur lesquelles il n'y a pas lieu de revenir
ici, les porte-parole des cultivateurs du Québec
représentés par l'UCC ont dû accepter que seules les
modifications les plus importantes et les plus urgentes à la Loi des
marchés agricoles, soient apportées avant l'ajournement de la
présente session. Us demeurent convaincus que les objectifs
recherchés par les autres amendements devront être atteints dans
un avenir très rapproché. Cependant, ils ont accepté de
s'en tenir à l'essentiel du moins pour le moment. C'est dire que tous
les amendements contenus dans le bill 47 constituent un strict minimum qui doit
être acquis complètement et sans aucun délai.
Une autre étape aurait été aussi franchie en vue
d'une mise en marché ordonnée des produits agricoles dans le
Québec et même sur le plan national. La direction de l'UCC accepte
cette étape et, conséquemment, endosse pleinement les objectifs
poursuivis par le bill 47. Elle tient cependant à rappeler que la Loi
des marchés agricoles n'étant pas essentiellement une
législation du syndicalisme agricole, elle verra, en collaboration avec
les autorités responsables, à compléter son projet
spécial de loi ébauché il y a deux ans, en vue de la
véritable reconnaissance du syndicalisme agricole. Parallèlement,
elle continuera son travail et ses efforts afin que la Loi des marchés
agricoles
du Québec réponde réellement aux besoins de la
classe agricole et obtienne le plus complètement possible les fins pour
lesquelles elle est établie. Je vous remercie, Messieurs.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie, M. Sorel. Maintenant, messieurs,
passons à l'opposition au projet du bill. Je voudrais que chaque
association ou individu s'identifie et qu'on me donne le nom du porte-parole de
l'association concernée. Votre nom, s'il vous plaît.
M. ROY: Léonard Roy, vice-président exécutif du
Conseil de l'alimentation du Québec. Nous avons pour tout le secteur une
seule représentation à faire qui vous sera introduite par le
président du Conseil de l'alimentation du Québec, M. Robert
Cantin, et je présenterai ensuite l'essentiel des recommandations de
notre groupement.
M. LE PRESIDENT: Le porte-parole de votre association sera M. Robert
Cantin.
M. ROY: Robert Cantin. Oui.
M. Cantin vous énumérera des organismes spécifiques
que nous représentons, ici, ce matin, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
Deuxièmement, est-ce qu'il y a d'autres groupes? La
Coopérative agricole, secteur de la coopérative agricole...
UNE VOIX: M. Jules Saint-Germain.
M. LE PRESIDENT: M. Saint-Germain. Qui sera le porte-parole? Est-ce que
ce sera M. Saint-Germain?
En arrière, est-ce qu'il yenad'autres?
M. MARTIN: M. Isidore Martin, président de la
Société corporative agricole de Granby.
M. LE PRESIDENT: Suivant. Monsieur, en arrière, oui. Ne vous
gênez pas. Est-ce qu'il y a des individus, des personnes qui veulent
parler? Oui, monsieur.
M. BEAUCHESNE: Pierre Beauchesne. J'aimerais émettre quelques
opinions.
M. LE PRESIDENT: Quelle crémerie, monsieur?
M. BEAUCHESNE: Crémerie Ayotte, de Saint-Aimé,
comté de Richelieu.
M. LE PRESIDENT: C'est complet. Dans ce cas-là, le
représentant du Conseil de l'alimentation, M. Robert Cantin, je vous
laisse approcher du micro.
M. CANTIN: M. le Président, MM. les Ministres, MM. les membres du
comité parlementaire sur l'agriculture, messieurs.
Le Conseil de l'alimentation du Québec désire soumettre
aux membres du comité parlementaire de l'Agriculture du Québec le
point de vue et les recommandations de l'industrie de la transformation et de
la distribution des aliments que suggèrent la présentation et
l'étude du bill numéro 47.
Le Conseil de l'alimentation est une corporation publique du
Québec qui fonctionne régulièrement depuis 1964,
principalement, et qui représente effectivement les secteurs des
salaisons, de la charcuterie, de l'industrie laitière, de la
conserverie, des meuneries et minoteries, des manufacturiers de divers produits
alimentaires en conserve congelés, des épiciers en gros, des
grossistes en fruits et légumes, des détaillants en alimentation,
des jardi-niers-maraîchers du Québec. Notre conseil est une
fédération des plus importantes associations d'affaires à
caractère provincial, couvrant les secteurs industriels et commerciaux
d'alimentation du Québec, qui, par délégation
démocratique et conformément aux lois, est le porte-parole
officiel du plus important complexe économique du Québec.
Il y a donc, M. le Président, une seule représentation
pour l'ensemble de l'industrie. Nous avons, tout de même, avec nous, le
président de l'Association des manufacturiers des produits alimentaires
du Québec, M. Laurent Lie-clerc, le président de l'Association
professionnelle des meuniers du Québec, M. André Breton; le
président du Conseil de l'industrie laitière du Québec, M.
Marcel Desrosiers; le représentant du Conseil des salaisons, section du
Québec, M. Roland Soucy; le président de l'Association des
industriels laitiers du Québec, M. Jean Granger; le président de
l'Association des courtiers en produits alimentaires du Québec, M.
Jacques Saint-Arnault; le président de l'Association des jardiniers du
Québec, M. Paul Boudrias et votre serviteur de l'Association des
grossistes en fruits et légumes du Québec, président du
Conseil de l'alimentation du Québec, qui pourront participer aux
délibérations de votre comité dans le secteur de leur
compétence, suivant votre bon désir, M. le Président.
Nous remercions le gouvernement du Québec
de permettre à l'industrie et au commerce d'alimentation...
M. LE PRESIDENT: Pardon, monsieur, à ce moment-ci vous parlez au
nom de ces gens-là sur les principes?
M. CANTIN: Oui, monsieur.
M. LE PRESIDENT: C'est bien.
M. CANTIN: Nous remercions le gouvernement du Québec de permettre
à l'industrie et au commerce de l'alimentation de se faire entendre.
Notre exposé sera bref. Je demande au Vice-Président
exécutif du Conseil de l'alimentation du Québec, M.
Léonard Roy de faire lecture de notre présentation.
M. ROY: Comme le Conseil de l'alimentation l'a souligné à
plusieurs reprises déjà, il est regrettable que lorsqu'il s'agit
d'amender une loi importante comme la Loi des marchés agricoles du
Québec, il ne soit pas possible aux parties intéressées,
conjointement avec les représentants de l'administration
gouvernementale, d'étudier plusieurs mois à l'avance les
changements projetés, au lieu d'être mis devant un texte de loi
quelques jours seulement avant son adoption.
Dès le 29 février 1968, le Conseil de l'alimentation du
Québec a informé le gouvernement que, s'il consentait à
amender de nouveau la Loi des marchés agricoles, pour la
troisième fois en cinq ans, notre industrie demandait respectueusement
que cette loi soit revisée au complet, en vue d'en faire un
véritable instrument d'expansion de nos marchés agricoles. Nous
avons fait remarquer alors que la Loi des marchés agricoles du
Québec constitue un élément de base à l'orientation
non seulement de l'agriculture mais de tous les secteurs industriels et
commerciaux paraagricoles qui sont les débouchés naturels de nos
productions agricoles alimentaires.
Depuis plus de deux ans, nos organismes d'affaires, par des
mémoires soumis aux autorités compétentes et des
études destinées à sensibiliser l'opinion publique, ont
cherché à faire comprendre que la véritable mise en
marché des denrées alimentaires agricoles dépasse le
niveau des revendications syndicalistes. Ce qui importe le plus
présentement, c'est d'élargir les débouchés de
marché qui seuls peuvent assurer un accroissement véritable de
revenus pour les cultivateurs.
Devant le fait brutal d'un marché de la consommation alimentaire
au Québec où notre agri- culture est en train de devenir partie
négligeable, et devant le comportement erratique de la plupart de nos
productions agricoles en face de la demande domestique et extérieure, le
Conseil de l'industrie laitière, le Conseil de l'alimentation du
Québec ont demandé à l'Etat que la mise en marché
des produits agricoles soit planifiée par des organismes qui
prévoient la collaboration étroite des producteurs, des acheteurs
- ici nous comprenons corporations privées et coopératives - et
des autres agents qui sont véritablement en mesure d'influencer nos
marchés d'aliments au bénéfice de l'agriculture et de
l'industrie du Québec. Nous demandons de faire l'expérience, dans
notre important secteur, des formules de la société de
participation qui sera notre régime économico-social de
demain.
Remarquons que cette suggestion traduit ce qui se fait
déjà dans plusieurs pays progressifs et dans les provinces de
l'Ouest du Canada.
Elle vient aussi de faire l'objet d'une des principales recommandations
de la Commission royale d'enquête sur l'agriculture au Québec. On
ne saurait donc reprocher à nos chefs d'entreprise d'avoir
négligé de sensibiliser la population à la situation
précaire de notre marché pour nos produits agricoles.
Le 12 juin 1968, à une assemblée générale
des représentants des associations provinciales, membres du Conseil de
l'alimentation, les secteurs industriels et commerciaux ont
décidé d'adopter l'attitude suivante devant tout projet
d'amendement à la Loi des marchés agricoles du Québec
Encore une fois, M. le Président, nous avons été
amenés à utiliser cette procédure parce qu'il avait
été absolument impossible à nos organismes de rencontrer
les autorités compétentes pour expliciter l'attitude de
l'industrie en cette matière. Voici les recommandations de l'industrie
à ce sujet.
A) Les hommes d'affaires de tous nos secteurs industriels et commerciaux
paraagricoles demandent instamment aux autorités gouvernementales de
Québec de profiter de la dernière requête en amendements,
présentée par l'UCC, pour confier à un comité
ministériel ad hoc, ou à tout autre organisme d'étude et
de recherche la tâche de reviser entièrement, d'ici la fin de
l'année, la Loi des marchés agricoles du Québec pour en
faire, cette fois, un véritable outil d'expansion et de consolidation de
nos marchés domestiques et extérieurs, pour nos denrées
agricoles alimentaires, et ce, après avoir entendu les parties
intéressées.
B) Que le comité de revision tienne compte et tire avantage des
recommandations de la Commission royale d'enquête sur l'agriculture du
Québec, dont bon nombre de constatations et de
recommandations ont précisément trait à des
amendements de la Loi des marchés agricoles. Entre-temps, les
recommandations de cette commission d'enquête devraient être
vulgarisées par les soins du gouvernement auprès de toutes les
classes de notre société, pour qu'elles comprennent mieux
l'ampleur des problèmes que pose la mise en marché de nos
produits agricoles et pour qu'elles se préparent à faire les
frais des réformes qu'il faudra apporter.
C) Que le gouvernement du Québec profite de cette revision de la
Loi des marchés agricoles pour décider et préciser le
degré de participation du ministère de l'Industrie et du Commerce
du Québec dans la mise en marché et la commercialisation en
général de nos denrées alimentaires agricoles; que le
gouvernement du Québec voie à faire le partage des juridictions
qui s'imposent au niveau administratif du ministère de l'Agriculture, de
celui de l'Industrie et du Commerce et des diverses régies ou
commissions impliquées.
D) Enfin, que le comité de revision, les autorités
gouvernementales impliquées et les parties intéressées
à cette revision se renseignent sur les formules de stimulation, de mise
en marché, de vente, d'exportation de divers pays sérieusement
engagés dans le développement de leur marché de produits
agricoles alimentaires. Qu'on porte une attention spéciale au
fonctionnement et aux réalisations de la corporation mixte Forma de
France, pour ce qui est de la recherche de produits nouveaux, de la
présentation nouvelle de produits déjà existants et pour
la commercialisation des produits alimentaires à l'étranger.
Nous comprenons très bien, M. le Président, qu'il nous
soit difficile de rattacher ces propositions formelles à un des
amendements actuellement soumis à votre comité parlementaire.
Nous vous savons gré de l'indulgence que vous avez de nous entendre sur
des considérations qui peuvent vous sembler assez
éloignées de la nature des amendements à
l'étude.
En fait, la presque totalité desdits amendements est
dictée par les exigences du syndicalisme agricole pour ce qui est de
l'assujettissement des coopératives aux plans conjoints de mise en
marché et pour ce qui est du prélèvement
généralisé universel des cotisations syndicales.
Tout de même, ces amendements purement syndicalistes prennent
place dans une loi intitulée « Loi des marchés agricoles du
Québec. » II y a déjà deux fois en 1963 et en
1965 - que des amendements de même nature exclusivement syndicaliste ont
déjà été proposés à la même loi
en prétextant, chaque fois, tout com- me on le fait aujourd'hui, que ces
accroissements de pouvoirs de revendication étaient indispensables pour
faire une mise en marché profitable des produits agricoles. Si l'UCC
revient aujourd'hui avec les mêmes arguments en invoquant une situation
encore pire dans la mise en marché des produits agricoles, c'est donc
qu'en 1963 et en 1965, on n'a pas amendé les chapitres et les articles
qui auraient dû toucher dans cette loi. On a visé la mauvaise
cible et on s'apprête à recommencer aujourd'hui.
C'est pourquoi nous croyons que nous sommes justifiés, devant ce
bill 47, de réclamer des amendements qui nous permettront vraiment de
stimuler la vente de nos produits, d'agrandir nos marchés et même
de nous orienter résolument vers un régime de mise en
marché qui permette au Québec d'entrer de plain-pied dans le
domaine de l'exportation de nos aliments domestiques.
A) Pour ce qui est des amendements proposés d'abord, l'industrie
demande que, comme conséquence de la portée de l'article 4 du
bill, le législateur tienne compte des recommandations formelles de la
Commission royale d'enquête sur l'agriculture, à ce sujet, et
impose un contrôle sur l'utilisation des fonds de plusieurs millions de
dollars ainsi mis à la disposition des offices et syndicats de
producteurs.
A ceux qui pourraient croire que nous intervenons dans un domaine qui ne
nous regarde pas, puisqu'il s'agit de disposer de l'argent des cultivateurs,
nous tenons tout de suite à rappeler que ces prélèvements
de toute nature sur les paies des cultivateurs
prélèvements administratifs de plans conjoints ou cotisations
syndicales - ont un impact important au moment des négociations entre
producteurs et acheteurs lorsqu'il est question du retour moyen assuré
par l'enveloppe de paie des producteurs, lorsqu'il est question de la part
respective du producteur et de l'acheteur dans le dollar du consommateur
consacré à l'achat des aliments, etc.
C'est pourquoi il est important de pouvoir, en tout temps, indiquer la
part du revenu du cultivateur qui s'en va ainsi au mécanisme de
défense professionnelle. A plus forte raison, ne pouvons-nous accepter
que l'on cherche à camoufler l'application de la formule Rand au
prélèvement de la cotisation syndicale en faveur de l'UCC en
l'identifiant au prélèvement administratif ordinaire des plans
conjoints.
La Commission royale d'enquête sur l'agriculture n'a pas
hésité à souligner comment, par suite de la
nécessité où se trouve l'UCC de renforcer sa puissance
financière au service du syndicalisme agricole et de
l'opportunité
qu'elle a d'obtenir automatiquement par le truchement des plans
conjoints ce qu'elle percevait difficilement pour les souscriptions volontaires
au fonds de défense professionnelle, comment, disons-nous, l'UCC en est
venue à réclamer la formule Rand en sa faveur. « Il
s'ensuit, constate la Commission d'enquête, que les agriculteurs qui ne
sont pas membres de l'Union catholique des cultivateurs contribuent
indirectement à son financement par le truchement du
prélevé, puisque tous les producteurs d'un produit donné
doivent faire partie du plan conjoint une fois celui-ci voté et
approuvé par la Régie des marchés agricoles du
Québec ».
Il s'agit donc d'appeler les choses par leur nom sans dissimulation. Il
est bien dans l'intention des acheteurs, à l'avenir, de comptabiliser
séparément ces divers prélèvements et indiquer aux
cultivateurs la partie de leurs revenus qui est affectée au soutien du
régime syndicaliste agricole, d'exiger, lors des négociations,
que les prix de base soient corrigés pour tenir compte de ces divers
prélèvements et de leurs bénéficiaires.
Au sujet de cette tentative d'identifier les cotisations syndicales aux
prélèvements administratifs normaux des plans conjoints, nous
tenons à rappeler aux membres du comité parlementaire que
plusieurs jugements de la cour Supreme du Canada ont déjà
défini ce qu'on doit entendre par le prélèvement
administratif d'un plan conjoint, par opposition à tous autres genres de
prélèvements identifiables purement et simplement à une
taxe. Ces jugements n'ont pas manqué de souligner que de tels pouvoirs
de taxation sont réservés aux élus du peuple et non pas
aux corps publics, quelle que soit leur importance.
Cette tentative de dissimuler l'application de la formule Rand aux
cotisations syndicales va, probablement, donner lieu de nouveau à des
contestations légales qui nous feront perdre un temps précieux
que nous aurions pu consacrer à faire une mise en marché
intelligente de nos produits agricoles alimentaires.
En conséquence, nous recommandons fortement que le
législateur précise dans la loi ce que l'on doit entendre par
prélèvement administratif du plan conjoint, en définissant
exactement l'objet de l'affectation des fonds et la nature des dépenses
permises pour l'administration du plan conjoint.
Pour maintenir cette identification de la fin et de l'utilisation de ces
fonds, il est indispensable que le législateur, s'inspirant des
règles qui sont imposées dans la gestion des fonds publics, rende
obligatoires aux offices et aux syndicats de producteurs, ainsi qu'à
leur union aux fédérations a) le dépôt à la
Régie des marchés agricoles au début de l'exercice
financier d'un budget d'administration; b) l'utilisation d'une
comptabilité standard sous la surveillance de comptables
agréés publics; c) la publication, à la fin de l'exercice,
d'un bilan de leurs opérations financières.
Que l'on transpose dans la loi, par un amendement approprié, les
recommandations de la Commission royale d'enquête sur l'agriculture qui
se lisent comme suit: « Que les offices de producteurs et les syndicats
de producteurs soient requis de tenir une comptabilité uniforme et
suffisamment détaillée et que leurs livres soient
vérifiés par des comptables professionnels publics. « Que
les administrateurs des plans conjoints renseignent exactement leurs membres
sur les frais d'organisation du plan conjoint et sur les dépenses des
négociations ».
Si ces cotisations syndicales et autres reçoivent l'extension
obligatoire recherchée, nous insistons pour qu'elles soient uniformes
pour un produit agricole donné dans un territoire
délimité, pour qu'elles soient perçues par tous les
acheteurs, quelle que soit la nature des entreprises, pour que la
modalité de calcul et de perception desdits prélèvements
soit uniforme dans tous les genres d'entreprises. Cette question
d'uniformisation est de capitale importance, étant donné qu'elle
a une influence directe sur les conditions du marché où tous les
concurrents doivent être soumis aux mêmes règles du jeu.
L'absence de cette égalité entraînera sûrement de
sérieuses contestations.
B) Pour ce qui est maintenant de la disposition par la Régie des
marchés agricoles du Québec en faveur des offices et des
syndicats de producteurs, des renseignements à caractère
confidentiel que sont forcées de lui remettre les entreprises
industrielles et commerciales d'acheteurs au moyen de nombreux rapports
obligatoires, le Conseil de l'alimentation du Québec continue de
s'opposer formellement aux amendements discriminatoires envers nos entreprises
qui ont été apportés à la loi en 1965 (l'article 3
de la Loi 13-14 Elisabeth II, ch. 44) et, à plus forte raison, le
conseil trouve dangereux et inacceptable l'amendement proposé par
l'article 2 du bill 47.
C)Nous reconnaissons volontiers que la Régie des marchés
agricoles du Québec a un rôle important et utile à jouer
dans la mise en marché des produits agricoles du Québec, surtout
si elle a enfin à appliquer une loi qui débouche
vraiment sur le développement de nos marchés agricoles.
Par contre, le mélange, dans la même loi, d'une vingtaine
d'articles qui ont trait au syndicalisme agricole ont, à toutes fins
pratiques, fait de cette régie un tribunal d'arbitrage de conflits
syndicaux et un corps paraju-diciaire qui détient beaucoup trop de
pouvoirs discrétionnaires qui devraient être laissés
à la Législature et aux tribunaux.
Ainsi déplorons-nous que le bill 47 accroisse encore les pouvoirs
de la Régie des marchés agricoles aux articles 1, 2, 7, 11, 12 et
15 du projet de loi, en lui imposant une tâche que la Législature
aurait dû assumer elle-même en matière d'imposition du
statut d'acheteur aux coopératives et de la gratification de la formule
Rand pour les cotisations syndicales de l'UCC.
D) Pour ce qui est des recommandations de portée
générale du Conseil de l'alimentation du Québec, nous
demandons que soit ajouté au projet de loi no 47 un nouvel article qui
stipule comme suit: « Conformément aux recommandations de la
Commission royale d'enquête sur l'agriculture du Québec,
l'ensemble des amendements proposés à la Loi des marchés
agricoles du Québec, tout comme chacun des articles de ladite loi, sont
sujets à une revision générale par un comité
spécial du gouvernement formé à cette fin, en vue d'une
refonte de la Loi des marchés agricoles du Québec et de la Loi
pour la promotion du syndicalisme agricole du Québec, à
être présentée au cours de la prochaine session de la
Législature. »
La Commission royale d'enquête sur l'agriculture du Québec,
qui a travaillé sous l'autorité de deux gouvernements
différents, recommande formellement des amendements d'ordre majeur
à la Loi des marchés agricoles du Québec. Il serait
incompréhensible qu'on ignore ces recommandations alors même que
les circonstances forcent le législateur à amender cette
même loi. 1. Si le renflouement des finances des syndicats, unions ou
fédérations de producteurs agricoles rend tellement urgente la
passation du présent projet de loi, l'industrie de l'alimentation du
Québec demande qu'au moins le bill 47 soit l'occasion fournie au
gouvernement de manifester clairement son intention de donner suite aux
recommandations suivantes de la Commission royale d'enquête sur
l'agriculture. « Que la loi des marchés agricoles soit
amendée de façon à prévoir la création, par
arrêté ministériel, comme formule alternative au plan
conjoint, de régies particulières (ou commissions de vente)
groupant des représentants, des producteurs ainsi que des agents de
transforma- tion ainsi que de mise en marché d'un produit donné
avec tous les pouvoirs que confèrent actuellement les plans conjoints
dans toutes les phases de la mise en marché telle que définie au
paragraphe J, de l'article 1, de la Loi des marchés agricoles du
Québec. « Que la loi des marchés agricoles soit
modifiée de façon que les pouvoirs conférés par la
loi au plan conjoint s'arrêtent à la première phase de la
commercialisation, à savoir la mise en marché du produit brut.
« Que les représentants des coopératives agricoles de
l'entreprise privée et du syndicalisme agricole soient consultés
lors de la formation des plans conjoints dans les produits qui les
intéressent. » 2. Comme la Commission royale d'enquête sur
l'agriculture encourage fortement le regroupement des plans conjoints locaux
dans des plans conjoints de portée provinciale dans chaque produit
agricole, nous demandons que, lorsqu'un plan conjoint provincial est
voté et sanctionné par la Régie des marchés
agricole, tous les plans conjoints locaux régissant le même
produit agricole soient dissous automatiquement, à moins qu'ils puissent
justifier leur existence pour des raisons économiques
particulières dans les six mois qui suivent la sanction du plan conjoint
provincial. 3. Toujours dans le sens des recommandations de la Commission
royale d'enquête sur l'agriculture, une place importante doit être
faite dans la Loi des marchés agricoles aux responsabilités que
doivent assumer les cultivateurs quant à la qualité des produits
qui font l'objet de la mise en marché par les plans conjoints. 4. Le
Conseil de l'alimentation du Québec est prêt à collaborer
et à soumettre au comité de revision recommandé de la Loi
des marchés les suggestions d'amendements et de modifications
susceptibles d'assurer des cadres administratifs et légaux qui
facilitent la stratégie de la commercialisation de nos produits
alimentaires, la recherche de nouveaux produits ou de nouvelles
présentations, une coordination féconde de nos grands
réseaux de distribution et l'organisation de la vente à
l'extérieur du Québec.
A ce sujet, nous ne saurions trop insister, M. le Président, sur
la futilité d'escomter des résultats pratiques et valables de nos
plans conjoints provinciaux si notre travail de mise en marché des
produits agricoles ne se fait pas au plan national et au plan international.
Notre agriculture, comme notre industrie, pour survivre, doivent s'adapter aux
réalités des échanges interprovinciaux et internationaux.
Dans plusieurs domaines, le Québec n'est pas une province com-
me les autres. Mais, en économique, nous ne devons pas pousser
l'originalité au point de risquer la chance unique que nous avons
présentement, nous du Québec, de nous hausser au rang de
producteurs et d'industriels modernes, efficaces, compétitifs, capables
de progresser à l'heure du Kennedy Round et du Marché commun
européen.
Les commissions de vente, recommandées par la Commission royale
d'enquête sur l'agriculture, nous faciliteraient sûrement les
négociations avec les autres provinces en matière de mise en
marché. 5. Enfin, comme nous n'avons cessé de le réclamer
depuis cinq ans, nous voulons que la Loi des marchés agricoles du
Québec soit purgée de toutes ses provisions relatives au
syndicalisme agricole. Ainsi, plus de la moitié des articles de cette
loi pourraient être transférés dans la Loi pour la
promotion du syndicalisme agricole. La nouvelle Loi des marchés
agricoles pourrait faire place, sans danger de confusion, à
l'élaboration juridique des structures et du mécanisme
administratif nécessaire à l'exercice de cette fonction
économique importante de la mise en marché de nos produits
agricoles alimentaires par tous ceux qui peuvent y apporter une contribution
valable.
Nous pourrions, avec avantage, suivre l'exemple des Etats-Unis qui
tentent l'expérience d'une législation sur le syndicalisme
agricole au moyen d'une loi qui s'appelle « The National Agricultural
Bargaining Act of 1968 ».
Il n'est venu à l'idée de personne, à Washington,
d'utiliser «The National Marketing Act » pour promouvoir le
syndicalisme agricole.
La production, les efforts d'amélioration de la qualité de
nos produits, la négociation d'un prix de vente des produits agricoles
ne riment à rien, sont une perte de temps et d'argent, si les
marchés ne sont pas organisés, si nous ne faisons par le travail
d'équipe qui s'impose pour accroître nos débouchés,
si nous ne sommes pas agressifs, systématiquement, en vue de prendre
place par la qualité et les prix sur un marché hautement
compétitif.
Nous continuerons de tourner en rond si les dirigeants de notre classe
agricole et l'autorité gouvernementale refusent de voir et d'accepter
que l'expansion des débouchés des produits agricoles et, par voie
de conséquence, la consolidation de notre agriculture dépendent
des industriels, des agens manufacturiers, des commerçants qui mettent
en marché annuellement pour plus de $2,250,000,000 d'aliments pour
nourrir les Québécois, et qui le font en se passant de
l'agriculture du Québec pour l'achat de 70% de leurs matières
premières. S'il est un secteur où une politique de participation
au service de notre société de consommation devrait être
instaurée, c'est bien celui-là.
La raison fondamentale, appuyée sur le fait brutal que notre
agriculture ne fournit plus en 1966 date des dernières
statistiques que 2.2% de la production totale des biens et services du
Québec devrait nous interdire d'identifier la mise en marché des
produits agricoles à la promotion du syndicalisme agricole. Devant la
déception que nous causent des amendements du bill 47, en regard de la
très faible productivité du secteur agricole du Québec,
nous croyons que le public consommateur, tout comme nos milieux d'affaires,
sont en droit de demander à l'UCC de cesser de créer de la
confusion en tentant de consolider financièrement son organisation
syndicale sous le fallacieux prétexte de la promotion d'une meilleure
mise en marché des produits agricoles. Que l'UCC réclame une
législation pour promouvoir le syndicalisme agricole, c'est son droit.
Mais qu'elle cesse d'identifier ce genre d'activités à
l'amélioration de la Loi des marchés agricoles du
Québec.
Il faut que l'on cesse d'encourager cette confusion qui porte gravement
atteinte à l'une des forces économiques vitales du Québec.
En effet, étant greffée à la mise en valeur des ressources
naturelles du Québec, la mise en marché ordonnée et
progressive de nos denrées agricoles alimentaires devient un
élément d'importance capitale pour la maîtrise de notre
économie et de notre force nationale.
Pour toutes ces raisons, la Loi des marchés agricoles du
Québec doit être revisée en son entier et le bill 47
fournit l'occasion d'une décision officielle à ce sujet.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Roy. Pourrais-je savoir quel est le nombre de
personnes que vous représentez par le Conseil d'alimentation?
M. ROY: Le Conseil d'alimentation est une fédération, une
structure qui groupe des associations à caractère provincial,
avec charte provinciale. Nous en avons onze sur quatorze qui existent dans la
province de Québec. Ces associations le président les a
nommées au début représentent, en fait, tous ceux
qui achètent comme matière première des produits agricoles
pour les transformer en aliments, soit pour notre marché touristique,
soit aussi pour l'exportation. C'est ce secteur industriel et commercial, M. le
Président, qui fait une mise en marché, comme nous l'avons dit,
de plus de $2 milliards par année.
M. LE PRESIDENT: II est assez difficile, probablement, de dire combien
de membres sont affiliés à votre association.
M. ROY: Bien, vous avez les statistiques officielles du ministère
de l'Industrie et du Commerce, qui déclarent qu'il y a trois mille et
quelques cents entreprises, de manufactures d'aliments ou de distribution
d'aliments dans la province de Québec.
M. LE PRESIDENT: C'est suffisant, merci.
Maintenant, nous avions établi que nous passerions... Dans votre
secteur, M. Roy, est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. ROY: Les autres sont ici pour répondre aux questions, s'il y
en avait, dans le secteur particulier.
M. LE PRESIDENT: Bon, secteur coopératif agricole, M.
Saint-Germain. M. Saint-Germain, est-ce qu'il y aurait moyen de vous rendre en
arrière, pour que vous puissiez utiliser le micro? Si vous avez un
mémoire, voulez-vous être assez bon de le déposer et de le
faire distribuer?
M. Saint-Germain, vous êtes président, voulez-vous donner
vos titres, s'il vous plaît?
Vice-président...
M. SAINT-GERMAIN: Vice-président de la Coopérative
fédérée du Québec, directeur du Conseil de la
coopération du Québec.
M. LE PRESIDENT: Vous représentez combien de membres?
M. SAINT-GERMAIN: Le secteur coopératif agricole, une
cinquantaine de mille membres.
M. LESAGE: Parlez plus fort
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, MM. les Ministres, M. le Chef
de l'Opposition, MM. les Députés, messieurs.
Considérant que la Coopérative
fédérée, agissant alors à titre de
fédération des coopératives agricoles
québécoises, des représentants de diverses
coopératives directement intéressées par la Loi des
marchés agricoles et des représentants de la
Société des producteurs de sucre d'érable du
Québec, se sont réunis hier pour prendre connaissance du bill
47;
Considérant que la coopération agricole met en
marché cinquante-trois pour cent de la production
québécoise totale du lait de fabrication et que le bill 47 nous
apparaît viser particulière- ment les agriculteurs
sociétaires des coopératives laitières;
Considérant que l'article 2 de la Loi des marchés
agricoles décrète solennellement ce qui suit: « 2. La
présente loi ne doit pas être interprétée comme
tendant à concurrencer l'organisation coopérative de la
production et de la mise en marché des produits agricoles, mais elle
doit l'être comme ayant pour objet de mettre à la disposition des
producteurs et des consommateurs un moyen supplétif de mise en
marché ordonnée et juste des produits agricoles. « Elle
doit être appliquée à la lumière de ce principe et
de manière à ne pas gêner l'action du coopératisme
dans les régions et les secteurs de production et de vente où il
répond ou est en mesure de répondre efficacement aux besoins, et
de manière à profiter autant que possible du concours des
coopératives pour l'établissement et l'administration des plans
conjoints dans les secteurs de production et les régions où il
est désirable d'en établir. »
Considérant que la coopération agricole offre à
l'agriculteur québécois un instrument d'action professionnelle
collective qui lui permet de posséder et de s'assurer le contrôle
d'entreprises valables de commercialisation de ses produits, aptes à
permettre à des milliers d'entre eux de s'appliquer à
améliorer la qualité commerciale de leurs produits, à
accroître l'efficacité des mécanismes de commercialisation,
à rechercher de nouveaux débouchés, à
bénéficier au maximum de la capacité de payer des
marchés ou de toutes politiques laitières mises en vigueur par
les gouvernements, tout cela sans avoir à payer inutilement un
prélevé annuel considérable pour tout simplement doubler
des services qu'ils se donnent déjà et dont ils défraient
déjà le coût; Considérant que le syndicalisme
agricole n'a pas cru devoir diffuser largement au sein de la classe agricole et
expliquer clairement aux agriculteurs et aux coopérateurs agricoles la
nature et la portée exacte des revendications qui ont abouti au bill
47;
Considérant qu'en matière de prélèvement de
la cotisation que désire imposer la Fédération des
producteurs de lait industriel et l'UCC, les autorités des
coopératives ont appliqué les décisions prises par leurs
sociétaires réunis en assemblée
générale; respectant ainsi la volonté librement
exprimée par des agriculteurs concernés;
Nous déclarons ce qui suit:
Nous déplorons d'abord fortement que le
Parlement, agissant sous l'effet de la peur, prenne par surprise ceux
qui feraient les frais de cette législation en les privant du temps
né-
cessaire pour se familiariser avec les implications réelles du
bill 47. Nous soumettons respectueusement que cette façon d'administrer
le bien commun ne laisse aucun autre choix aux opposants d'une
législation que celui de recourir également à des
méthodes aptes à engendrer le même état d'esprit
chez les législateurs.
Dans les conditions actuelles de fixation artificielle par l'Etat des
prix du lait, de la crème, des produits laitiers et des subsides aux
producteurs qui complètent ces prix, la grande majorité des
producteurs sociétaires des coopératives se rendent compte que le
paiement du prélevé que leurs coopératives seraient
obligées de faire, en vertu du bill 47, constituerait pour eux une
taxation inutile de leurs revenus déjà insuffisants, d'où
l'attitude adoptée par les assemblées générales de
presque toutes les coopératives laitières importantes.
Cette législation a des implications sur un plan conjoint qui a
déjà été soumis au référendum. On
modifie en fait la portée du plan conjoint, sans permettre aux
Intéressés de se prononcer sur les nouvelles implications par
voie de référendum. Au nom du droit démocratique de
l'agriculteur au référendum, bafoué par le
législateur lui-même, nous protestons énergiquement.
L'article 2 de la Loi des marchés agricoles, cité plus
haut, en regard de l'ensemble des dispositions actuelles de cette loi et des
amendements contenus dans le bill 47, devient une fumisterie. Que le
législateur sache bien que nous ne sommes pas dupes.
Dans l'éventualité de l'adoption précipitée
du bill 47 dans sa tenur actuelle, nous sommes convaincus que le
problème que veut résoudre cette législation ne sera pas
résolu pour autant.
Il demeurera entier. On n'aura contribué qu'à envenimer
une situation déjà extrêmement difficile et à
provoquer des réactions incontrôlables.
Nous demandons au gouvernement de différer sa décision et
nous proposons la formation d'un comité groupant des personnes
compétentes, non engagées dans la politique, les services
gouvernementaux, le syndicalisme, le coopératisme, l'industrie non
coopérative, posant froidement et objectivement toutes les
données des problèmes que l'on veut résoudre, afin
d'élaborer des solutions qui collent aux réalités
économiques ainsi qu'aux intérêts pratiques et réels
des agriculteurs coopérateurs et des agriculteurs non
coopérateurs.
Et nous vous remercions, messieurs.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Saint-Ger- main. Le premier ministre
suppléant et le chef de l'Opposition doivent se rendre en Chambre pour
l'ouverture de la séance. Ils reviendront dans quelques instants.
M. LESAGE: Quelques instants...
M. LE PRESIDENT: Cela dépendra naturellement de l'instant qu'on
prendra pour questionner. Alors, si vous voulez les excuser. M. Saint-Germain,
pourriez-vous nous indiquer le titre que vous portez, vous êtes
vice-président?
M. SAINT-GERMAIN: Oui.
M. LE PRESIDENT: M. Saint-Germain est vice-président de la
Coopérative fédérée du Québec et directeur
du Conseil de la coopération du Québec. Il est également
cultivateur.
S'il vous plaît, messieurs, nous avions noté tantôt
que M. Pierre Beauchesne, de la crémerie Ayotte de Saint-Aimé,
comté de Richelieu... Excusez, j'avais quelqu'un de la
coopérative de Granby, M. Isidore Martin. M. Martin est président
de la coopérative de Granby, ce sont vos titres, M. Martin?
M. MARTIN: Cultivateur aussi.
M. LE PRESIDENT: Cultivateur pratiquant? Félicitations.
M. MARTIN: M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: Un instant, est-ce qu'on peut avoir un peu de silence
afin que nous comprenions les propos des opinants? M. Martin.
M. MARTIN: M. le Président, MM. les Ministres, MM. les membres du
comité, messieurs. J'ai seulement quelques mots à ajouter
à ceux de M. Saint-Germain. Je n'ai pas de texte, parce que vous savez
tous que la coopérative agricole de Granby est une filiale de la
Fédérée de Québec qui nous représente, les
coopérateurs.
Seulement, comme représentant de la coopérative de Granby,
qui groupe 8,000 membres et qui fait un chiffre d'affaires de $60 millions et
qui reçoit un milliard de livres de lait, nos sociétaires nous
ont demandé de venir ici aujourd'hui pour les représenter. Nos
sociétaires s'opposent aux amendements contenus dans le bill 47, parce
qu'ils ne trouvent pas que cela leur rendra service. Nos sociétaires
trouvent que les $0.03 1/2 que le plan conjoint veut imposer, cela ne sera
d'aucune utilité. Ils trouvent que, dans le moment, le cultivateur n'a
pas assez d'argent pour contribuer parce qu'ils disent: Nous à
Granby, à notre coopérative, nous avons tout ce qu'il nous
faut pour mettre nos produits sur le marché et nous avons tout ce qu'il
nous faut pour avoir une bonne qualité de lait. Nous avons
travaillé là-dessus depuis trente ans, et, aujourd'hui, on peut
dire que notre coopérative, quant à la qualité du lait,
n'est pas la dernière. Donc, pour toutes ces raisons, les
coopérateurs de la coopérative de Granby ne sentent pas le besoin
d'avoir les amendements du plan conjoint.
On nous a reproché, tout dernièrement, de ne pas avoir
fait un référendum chez nos membres. Nous ne sommes pas, les
coopérateurs de la région, trop en faveur, je vous le dis bien
franchement, de faire des marches sur Québec. Seulement, quand nous
avons constaté cette pression au Parlement pour amender et qui ne nous
donnait pas justice en bloc, nous avons, lundi soir, fait une assemblée
d'animateurs à Granby et, mardi matin, nous avons fait signer une
requête. Et la requête a prouvé que les sociétaires
de la région de Granby, à 100%, étaient contre les
amendements et mardi nous avons fait signer une requête aussi, dans
Arthabaska, et cela s'est avéré la même chose. Et à
Notre-Dame, nous ne faisons que commencer parce que nous n'avions pas le temps
d'aller plus loin. Et si vous voulez une preuve, voici 3,100 signatures d'une
partie des membres de la coopérative de Granby.
Si vous voulez vérifier, vous allez voir que ce sont des
signatures. La direction de la Coopérative de Granby a trouvé que
c'était très satisfaisant d'avoir un résultat semblable.
Donc c'est pour cette raison que nous sommes ici aujourd'hui, pour s'y
opposer.
Je vous remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on pourrait avoir seulement l'en-tête
de la requête?
M. GOSSELIN: Pourriez-vous la lire, s'il vous plaît?
M. BOUSQUET: Le texte de la requête.
M. MARTIN: Je vous ferai remarquer, M. le Président, qu'il y a
sept pages. Voici seulement l'en-tête: « Requête à
l'honorable C. Vincent, ministre de l'Agriculture et de la Colonisation.
Nous, soussignés,, sociétaires de la Coopérative
agricole de Granby et pour la plupart membres de l'UCC, après avoir
été dûment et correctement informés par nos
animateurs qui, I l'occasion de leur réunion annuelle
d'été groupant 550 d'entre eux représentant 8,000 membres
de notre société, ont pu-prendre connaissance des textes
officiels des modifications demandées à la Loi des marchés
agricoles par l'Union catholique des cultivateurs et la
Fédération des producteurs de lait industriel, souscrivons I ce
qui suit:
Nous savions qu'au nombre des demandes devant être
exprimées à l'Etat au cours de l'« Opération
déblocage » lancée par l'UCC, une demande concernait
l'amendement de la Loi des marchés agricoles. Cependant, nous ignorions
la nature et la portée exacte des modifications demandées par
l'UCC et la Fédération des producteurs de lait industriel. A
l'occasion des multiples délégations d'agriculteurs se rendant
à Québec depuis quelques jours, nous constatons que la demande
concernant l'amendement à la Loi des marchés occupe le premier
rang dans les préoccupations des dirigeants de ces deux groupements et
passe avant bien d'autres problèmes réels et graves de notre
agriculture.
De bonne foi, plusieurs d'entre nous se sont joints à ces
délégations en croyant participer à des rencontres aptes
à nous informer nous-mêmes aussi bien qu'à renseigner les
législateurs sur nos principaux problèmes relevant de la
juridiction du Québec, et en particulier, sur la nature exacte des
modifications proposées pour la Loi des marchés agricoles.
Après avoir participé à ces rencontres nous
n'étions guère plus informés qu'auparavant sur les
intentions réelles des dirigeants de l'UCC et de la
Fédération des producteurs de lait industriel vis-à-vis de
l'amendement de la législation précitée. Il nous aura
fallu attendre la réunion de nos animateurs pour connaître la
portée exacte des textes officiels des amendements
réclamés et pouvoir en mesurer toutes les implications.
Aujourd'hui, correctement informés des implications que ces
mesures législatives peuvent, si adoptées par l'Etat, comporter
vis-à-vis de notre action coopérative, exprimons notre
stupéfaction de constater que plusieurs des modifications
demandées à la Loi des marchés agricoles constituent des
moyens détournés d'employer une autorité
déléguée par l'Etat, celui-ci devant agir par la peur sous
la pression organisée de masses d'agriculteurs aussi mal informés
que nous l'étions, pour accroître les pouvoirs déjà
exorbitants que ladite législation confère au syndicalisme
agricole à l'égard des coopératives, allant jusqu'au droit
de s'ingérer dans les relations intervenant entre les sociétaires
et leurs sociétés coopératives, celles-ci étant
à bon droit et à juste titre des organismes de caractère
professionnel agricole.
En présence d'une telle situation, nous nous croyons
justifiés de poser les questions suivantes:
a) Pourquoi l'UCC et la Fédération des producteurs de lait
industriel n'ont-elles pas diffusé largement parmi la classe agricole
les textes officiels des modifications réclamées à la Loi
des marchés agricoles, telle diffusion comportant aussi des explications
sur les raisons et la signification exacte de ces demandes? b) Pourquoi de
nouvelles modifications, présentées selon les journaux le ou vers
le 24 mai, sont-elles encore inconnues des sociétaires des
coopératives agricoles et des cultivateurs en général?
C) Pourquoi devient-il subitement si impérieux pour le
syndicalisme agricole d'agir précipitamment et en masse auprès de
l'Etat en tenant un si grand nombre d'agriculteurs intéressés
dans l'ignorance et, par voie de conséquence, dans la confusion sur les
raisons d'être fondamentales de ces démarches et la portée
exacte des demandes exprimées à l'Etat?
En considération d'une telle incompréhensible attitude de
la part de l'UCC et de la Fédération des producteurs de lait
industriel, organismes qui se réclament de la plus pure
démocratie professionnelle et qui affirment régulièrement
que tous les gestes sont entièrement dictés par la masse des
agriculteurs qu'ils déclarent représenter, en regard de la nature
et de la portée des modifications à la Loi des marchés
agricoles exigées de l'Etat, nous, soussignés, cultivateurs
professionnels, et sociétaires de la Coopérative Agricole de
Granby,
DECLARONS qu'à notre avis,
A) La Commission canadienne du lait dispose de tous les pouvoirs
l'autorisant et lui permettant de jouer, à l'échelle nationale,
le rôle d'un véritable office de marché de produits
laitiers ou d'un plan conjoint national en matière de
réglementation de la production et de la mise en marché du lait,
de la crème et de leurs produits, de compensation pour l'écart
existant entre les prix du marché national et les prix à
l'exportation, de contingentement de la production, de détermination des
prix, et qu'en fait, l'action prise par cette commission vaut aux producteurs
canadiens sinon des prix satisfaisants du moins des prix maintenus
artificiellement à un niveau bien supérieur au niveau normal d'un
marché libre.
B) Notre société coopérative nous permet de tirer
plein bénéfice de la politique laitière nationale sans que
nous soyons obligés, enplus, de payer indéfiniment une cotisation
annuelle considérable qui, pour nous, viendrait inutilement s'ajouter
aux frais de transformation et de mise en marché de nos produits.
C) Nous croyons en la nécessité d'améliorer la
qualité du lait et de la crème. Mais nous croyons aussi que les
législations et règlements fédéraux et provinciaux
applicables dans ce domaine répondent aux besoins. Nous savons
également que notre société coopérative accorde
totalement sa collaboration aux autorités gouvernementales
concernées. De plus, notre société est consciente de ce
problème depuis plusieurs années et s'est constamment
employée à nous aider à améliorer la qualité
de nos produits; cela sans que nous ayons à payer une contribution
spéciale à cette fin.
D) Nous avons confiance dans la probité personnelle et la
compétence professionnelle de nos employés préposés
à la détermination de la qualité et de la richesse de nos
produits et nous ne voyons aucune nécessité de contribuer
annuellement et de façon indéfinie pour payer d'autres
employés, ayant les mêmes qualifications professionnelles que les
nôtres, pour exercer une quelconque surveillance sur
l'honnêteté et la compétence d'employés que nous
payons déjà nous-mêmes. Notre attitude sur ce point est
d'autant plus facile à comprendre que la Fédération des
producteurs de lait industriel a recruté une partie de son personnel
technique au sein des coopératives laitières, dont la
nôtre, et nous ne croyons pas que ce personnel soit devenu subitement
plus honnête et plus compétent parce qu'il a permuté au
service du syndicalisme agricole.
E) Nous croyons à l'impossibilité de réaliser
l'offre unique de produits laitiers québécois, objectif
fondamental du plan conjoint, lorsqu'on sait que le plan conjoint ne peut
s'emparer que des seuls produits laitiers finis des coopératives,
laissant aux entreprises laitières non coopératives la plus
complète liberté d'action à ce niveau. La
coopération laitière, sans recourir à une force coercitive
quelconque, a déjà en grande partie réalisé l'offre
unique des produits laitiers manufacturés par les coopératives et
peut ainsi, sans l'apport d'un concours extérieur onéreux pour
nous, obtenir le maximum de la capacité de payer des marchés
domestiques et extérieurs accessibles.
F) Par ailleurs, nous reconnaissons le droit à la
négociation collective aux producteurs vendant leurs produits à
des entreprises non coopératives et le devoir pour les
coopératives laitières de ne poser aucun geste propre à
détériorer le prix convenu lors d'une telle
négociation.
Nous soumettons que la Fédération québécoise
des coopératives agricoles, soit la Coopérative
fédérée du Québec, agissant sur le plan
institutionnel pour et au nom des coopératives laitières qui lui
sont affiliées, en tenant compte aussi du rôle de plus en plus
considérable qu'el-
le joue dans la mise en marché des produits laitiers finis de ses
coopératives sociétaires celles-ci transformant environ
53% de tout le lait industriel produit dans le Québec soit
officiellement informée par les organismes concernés des
modifications réclamées à la Loi des marchés
agricoles par l'UCC et la Fédération des producteurs de lait
industriel afin qu'elle puisse, comme c'est la coutume dans notre propre
société, informer correctement les producteurs sociétaires
des coopératives laitières.
Nous désapprouvons d'avance toutes modifications à la Loi
des marchés agricoles qui seraient de nature à limiter ou nuire
aux activités des coopératives destinées à mieux
servir leurs membres, l'agriculture et l'industrie laitière en
particulier.
Nous affirmons de nouveau que les coopéra-teurs ne s'opposent
nullement au syndicalisme mais, qu'au contraire, ils y voient un instrument
valable, capable de rendre des services nécessaires. Mais nous soutenons
qu'en aucun moment, il doit tendre à concurrencer l'organisation
coopérative de la production et de la mise en marché des produits
agricoles, particulièrement à s'interposer entre une
coopérative et ses sociétaires, des agriculteurs qui ont choisi
librement de se donner une organisation économique qui soit leur
propriété commune, placée sous leur autorité et
leur contrôle. De plus, nous affirmons qu'il appartient aux
sociétaires, non aux dirigeants ou employés du syndicalisme, de
juger les actes de leurs mandataires.
Nous déplorons cette tendance des responsables du syndicalisme de
vouloir transformer la Loi des marchés agricoles en un instrument de
consolidation et de promotion du syndicalisme agricole. La Loi des
marchés agricoles débouchant sur l'interprofession, ses objectifs
et implications dépassent l'action syndicale proprement dite.
Nous protestons contre cette insistance de l'UCC à gonfler ses
mérites, d'une part en prétendant qu'elle est le seul
porte-parole des cultivateurs et le défenseur unique de l'agriculture et
de ceux qui s'y adonnent et, d'autre part, en présentant faussement le
syndicalisme comme une panacée universelle et, naturellement, comme la
seule forme d'action collective capable de résoudre toutes les
difficultés de l'agriculture.
Nous affirmons que le plan conjoint du lait industriel a
été voté par un groupe de cultivateurs à peine
majoritaire, soit 57% des producteurs intéressés, souvent mal
informés, contribuant pour un pourcentage encore plus faible de la
production du lait du Québec, et en consé- quence, il est douteux
aujourd'hui que ce plan soit désiré, dans sa conception actuelle,
par la majorité des producteurs de lait industriel.
Nous considérons exagérée et injuste la forte
contribution exigée pour l'administration du plan une telle
contribution pouvant totaliser la somme astronomique d'un million et demi de
dollars par année pour défrayer le coût d'une
protection déjà fournie par l'Etat et, dans le cas des
coopérateurs, pour juxtaposer des services déjà
organisés et payés par eux-mêmes.
Nous demandons aux autorités compétentes
d'accélérer les efforts pour consolider l'agriculture,
améliorer la structure actuelle de nos exploitations agricoles et aider
les cultivateurs à améliorer leurs revenus, sans pour cela tenir
l'Etat responsable de l'impossibilité pour un certain nombre
d'exploitants agricoles dont la ferme est trop petite, improductive, ou de trop
faible rentabilité, de pouvoir en tirer un revenu suffisant.
Pour toutes ces raisons, M. le Ministre, nous espérons que notre
demande sera reçue avec sollicitude et que des mesures seront prises
pour que les coopérateurs soient informés de modifications
demandées à la Loi des marchés agricoles et qu'il leur
soit possible d'exprimer, par la voie de leur fédération, leurs
opinions et suggestions avant que toute modification quelconque soit
apportée à cette législation.
Et nous avons signé.
M. LE PRESIDENT: Merci M. Martin. Pour un monsieur qui n'avait pas de
texte, vous en aviez un très bon en réserve!
Maintenant M. Pierre Beauchesne, de la crémerie Ayotte de
Saint-Aimé, comté de Richelieu.
M. BEAUCHESNE: M. le Président, MM. les Ministres et
Députés. Je n'ai pas de texte moi non plus, j'espère que
je n'en trouverai pas un autre.
Je voudrais avant tout spécifier que j'ai donné mes titres
tout à l'heure de représentant d'une crémerie. Mais il
faut s'entendre: je suis en vacances depuis hier matin et je viens ici tout
simplement à la demande d'un groupe de cultivateurs, qui
représentent à peu près 1,500 cultivateurs de notre
région, qui m'ont demandé d'être leur modeste porte-parole
ce matin. Cela n'engage absolument en rien la crémerie à laquelle
je suis employé ni aucune crémerie à capital privé,
bien que plusieurs endossent certainement nos remarques.
Comme vous le dites, mon travail me met en contact continuel avec de
nombreux cultivateurs.
Nous desservons la région de Saint-Hyacinthe, les comtés
de Saint-Hyacinthe, de Richelieu, les environs, et, sur la rive nord, la
région de Berthier et de Trois-Rivières.
J'ai l'avantage d'être en contact avec le cultivateur chez lui,
sur sa ferme, alors qu'il fait son train matin et soir. Ce qui me permet de
constater que, pour le moment... Je n'ai pas de texte, j'aurais mieux fait d'en
avoir un...
M. LE PRESIDENT: Soyez bien à l'aise.
M. BEAUCHESNE: ... ce qui me permet d'émettre une opinion qui
reflète ici la pensée des producteurs de la région. Et
ici, je voudrais spécifier que je n'ai aucun but politique, aucun but
personnel. Je crois tout simplement que c'est un devoir de me faire le
porte-parole de plusieurs cultivateurs, des 800 producteurs dont nous avons le
lait chez nous. Et à ce sujet, après enquêtes,
assemblées comme je vous dis, nous sommes en contact continuel
avec le cultivateur je suis en mesure de prouver que sur ces 800
cultivateurs ma parole est en jeu et je suis de bonne foi il y en
a plus de 600 ou de 650, et ça ajouté aux membres de Granby, aux
membres d'autres compagnies, qui sont absolument contre le plan conjoint, pour
une raison toute simple, ils posent tous la même question: Qu'est-ce que
le plan conjoint viendra faire dans les problèmes laitiers actuels? Et
nous attendons une réponse, nous aussi, comme ils attendent la leur. Et
encore dernièrement, à Saint-Hyacinthe, il y a deux mois et demi,
à la suite d'une assemblée assez orageuse, quelque 300
cultivateurs ont de nouveau demandé une réponse. Une
réponse raisonnable, sensée et fondée sur des faits et non
sur des sornettes.
Maintenant soyez assurés que, si cette loi là
j'aimerais parler très sérieusement est adoptée, je
crois, et je suis certain qu'un nombre je dirais des milliers de
cultivateurs et de producteurs livreront une lutte très chaude et
à ceux qui, actuellement, selon eux, jouent à cache-cache ou
imitent l'autruche, en ignorant leurs voix. Parce qu'il faut admettre, comme M.
Martin l'a dit tout à l'heure, en pays démocratique, on vit pour
la démocratie, et on doit se plier aux exigences de la masse. Or, je
crois qu'il est facile de prouver que la masse, actuellement, est
opposée au plan conjoint, parce que il me semble
préférable et souhaitable devant la situation actuelle
d'arrêter de créer des remous entre l'usine et le producteur, mais
d'élaborer plutôt entre eux un climat de confiance afin de
faciliter et de couronner nos efforts.
Merci bien.
M. LE PRESIDENT: Merci, monsieur.
D'autres personnes veulent-elles se faire entendre? Aucune
difficulté. Oui monsieur? M. Paul Boudrlas.
M. BOUDRIAS: Paul Boudrias, président de l'Association des
jardiniers-maraîchers de la région de Montréal.
M. LE PRESIDENT: M. Boudrias.
M. BOUDRIAS: Nous faisons partie du groupe représenté par
M. Roy. Je ne dirai que quelques mots. Nous ne sommes pas nombreux dans notre
association. Nous sommes 450, mais nous représentons 85% de la
production des fruits et légumes frais au Québec. Ce qui
équivaut à un montant de 15 à 16 millions de dollars.
Présentement, nous sommes satisfaits des
jardiniers-maraîchers depuis deux ans. Nous avons adopté avec nos
distributeurs la formule du dialogue pur et simple. Et, il y a eu une
amélioration à 100%. Nous obtenons des prix raisonnables et les
chaînes de magasins, les grossistes, les courtiers, tous les gens qui
sont concernés dans la distribution de nos produits, chaque fois qu'il y
a quelque chose, prêtent l'oreille à nos revendications et font
tout leur possible maintenant, afin que la distribution des fruits et
légumes du Québec ait la première place. Bien entendu,
lorsque nous n'avons pas la qualité, que nous n'obtenons pas la
quantité, les importations sont nécessaires et le consommateur
doit être entièrement protégé. Il y a toujours place
à l'amélioration.
Nous demandons au gouvernement d'établir un contrôle sur
les importations de fruits et légumes au Québec, qui
représentent, comme vous le voyez sur les feuilles que nous venons de
vous passer à la table principale, une trentaine de millions par
année. Ces montants pourraient être réduits de
moitié, ce qui nous aiderait à les changer au
bénéfice du Québec, au bénéfice de tous, si
l'on envisageait la construction d'entrepôts frigorifiques dans les
secteurs où les légumes peuvent être produits
avantageusement et où le climat est très propice.
Nous avons le principal. Nous avons de très bonnes terres et un
climat parfait aux environs de Montréal. Les plans conjoints qui ont
été essayés pour la production des céleris et des
tomates ont été un fiasco complet ici. Si vous regardez ces
chiffres, vous voyez qu'on importe des tomates en boîte, vous voyez qu'on
importe pour $1,700,000 de plants de tomates qui pourraient être produits
ici au Québec. Vous voyez qu'on importe des fraises, vous voyez qu'on
importe des fraises congelées.
En Ontario, il existe des plans conjoints dans différents
secteurs de fruits et légumes et ceux qui y sont soumis obtiennent
beaucoup moins d'argent présentement pour leurs produits. Un exemple
frappant: la production des oignons en 1967 qui a rapporté à nos
amis de l'Ontario un retour de $1.75 le sac. Or, ici, au Québec, notre
moyenne est de $2.25 le sac. Ça, c'est le résultat des plans
conjoints dans les fruits et légumes. Actuellement, on prend le vote
à Toronto pour savoir si le plan conjoint va s'appliquer chez les
producteurs d'oignons et vous pouvez être assurés, qu'il
n'existera pas cette année.
Au Québec, les campagnes ont créé les villes que
nous avons. Lorsqu'on importait, c'était seulement pour compenser ce
qu'il nous était impossible de produire. Et, ici, nous avons un
marché immense. Mais nous sommes d'avis que les plans conjoints ne sont
pas la réponse à nos problèmes et n'amélioreront
pas notre sort. Travaillons plutôt pour augmenter la consommation locale,
premièrement, et consommons ensuite des produits du Québec. Nous
n'en serons que mieux! Merci, messieurs.
M. LE PRESIDENT: Merci M. Boudrias. Je crois que M. Octave Grenier,
gérant de la coopérative de Lac-Mégantic voudrait dire un
mot. Voulez-vous prendre le micro, s'il vous plait?
M. GRENIER: M. le Président, MM. les Députés, mes
chers cultivateurs. D'abord, je vais m'indentifier d'une façon claire:
Octave Grenier, cultivateur, membre de l'UCC, gérant de la
coopérative de Lac-Mégantic.
A titre de cultivateur, je suis heureux d'accepter l'invitation,
l'occasion que vous me donnez d'émettre mon opinion dans une
assemblée que je considère comme très importante. A
l'heure actuelle, je crois que tous les cultivateurs de la province de
Québec doivent déplorer la confusion qui existe dans la classe
agricole de la province de Québec. Vous savez, mes chers amis, nous
sommes tous des cultivateurs qui viennent présenter des
représentations. Ces représentations sont en partie justifiables,
mais elles n'ont jamais été présentées d'une
façon, je dirais, assez claire, assez honnête dans le but de
demander à nos gouvernements de leur donner la chance de rendre un
verdict réellement avantageux pour la classe agricole.
Vous savez, à titre de cultivateurs et de membres de l'UCC, nous
avons par le passé, à maintes reprises, écouté
notre association professionnelle, l'UCC, qui nous a demandé -et il y a
eu autant de mots d'ordre de donnés concernant le fonds de
défense professionnelle que de pressions qui ont été
faites aveuglément sur nos gouvernements, autant fédéral
que provinciaux. C'était malheureux, mais étant donné que
c'était demandé par l'UCC, tous les cultivateurs marchaient
aveuglément. Mais nous en arriverons à un grave problème
qui sera très difficile à résoudre. A l'heure actuelle,
malheureusement, il faut constater qu'il va exister une grave division dans la
classe agricole. J'ai déjà dit dans les assemblées de la
coopérative de Lac-Mégantic qu'il existerait une division.
Aujourd'hui, nous avons une grave division. On a même nos
directeurs qui envoient à l'heure actuelle leur lait chez un de nos
compétiteurs parce qu'on ne peut pas s'entendre.
Aujourd'hui, je profite de l'occasion pour accuser un peu l'UCC de semer
de la confusion dans les situations qui nous préoccupent.
Si vous me le permettez, vous, les membres du Parlement, si vous voulez
me donner la chance, je vais vous mentionner une petite erreur que l'UCC fait
à l'heure actuelle. Evidemment, je suis membre de l'UCC, remarquez bien.
Prenons le cas du gouvernement provincial qui touche directement les
agriculteurs de la province de Québec. Lorsque l'UCC répond
à l'heure actuelle que le gouvernement de la province de Québec
ne fait rien pour améliorer la classe agricole, l'UCC oublie de dire, de
renseigner ses cultivateurs au sujet de l'entente qui a existé au niveau
des trois ministères de l'Agriculture de Québec, de l'Ontario et
d'Ottawa, qu'il existait une mésentente sur la frontière de
Québec et de l'Ontario.
Mes amis, l'UCC ne devrait pas faire ça. On devrait plutôt
renseigner nos cultivateurs et prendre des solutions meilleures et trouver des
débouchés additionnels.
Vous savez, on demande à nos cultivateurs, à l'heure
actuelle, ce que le plan conjoint va faire dans ça. La seule
réponse qu'ils nous font, c'est qu'on va négocier. On leur
demande avec qui ils vont négocier. Mes amis, on négocie un prix
avec un acheteur. A l'heure actuelle, l'UCC veut nous faire négocier des
prix avec les gars de la Commission canadienne du lait d'Ottawa qui consentent
à donner $120 millions par année dans le but d'aider la classe
agricole et on nous demande, au gouvernement fédéral, de
négocier des prix.
Le gouvernement fédéral donne aux cultivateurs $120
millions pour rien. Si nous négocions des prix avec eux, et qu'on en
vient à des exigences beaucoup trop grandes, le danger est que le
gouvernement fédéral se retire et qu'il dise aux agriculteurs:
Mais arrangez-vous donc comme vous voulez! Moi, je pense qu'à l'heure
actuelle il faudrait essayer de faire comprendre à nos producteurs de
trou-
ver des débouchés additionnels, de produire des produits
de plus de qualité dans le but d'encourager toujours le consommateur
à utiliser le plus de produits possible.
Nous voulons négocier des prix avec la Commission canadienne du
lait qui a de 125 millions à 150 millions et qui va avoir 250 millions
de livres sur les bras cet automne si elle ne trouve pas à vendre sur le
marché international. Et on oublie de dire à nos cultivateurs
que, pour avoir de meilleurs débouchés que nous avons, il
faudrait absolument que la classe agricole accepte d'utiliser des produits
laitiers au lieu de consommer de la margarine.
Nous demandons aux citoyens urbains de manger notre beurre, mais nous,
nous n'en voulons pas parce qu'il est trop cher. Et cette situation existera
aussi longtemps que l'UCC, que les cultivateurs ne se stabiliseront pas dans le
but de faire une demande précise et non pas de semer la confusion.
Remarquez bien que l'an dernier, à la Coopérative de
Lac-Mégantic, nous avons essayé de coopérer avec le plan
conjoint. Nous avons fait une assemblée générale, nous
avons payé au plan conjoint pendant deux mois. Quand nous nous sommes
rendu compte que l'association ne marchait pas, nous nous sommes retirés
dans le but que tous les cultivateurs avancent d'un front commun dans la
province et non seulement une ou deux organisations ou 50% des organisations.
Nous voulions 100%.
Nous nous sommes retirés de ça. Aujourd'hui, nos
directeurs expédient tout notre lait à Lac-Mégantic.
Alors, on voit venir une véritable confusion. Des troubles vont
survenir, et, de ce fait l'UCC va peut-être diminuer de 50% en 1968.
C'est une chose que nous devons envisager. Mes chers amis, je ne serai pas trop
long, je n'avais pas préparé de texte, ne m'at-tendant pas de
prendre la parole, mais je demanderais aux législateurs, avant d'adopter
aveuglément une loi, de considérer que la loi passée
antérieurement avait été malheureusement adoptée de
cette manière...
M. LE PRESIDENT: Messieurs, s'il vous plaît, pas de
manifestation!
M. GRENIER: ... et personne n'avait émis de protestations, parce
que nous avions alors confiance en notre organisation professionnelle pour nous
diriger correctement. Nous marchions tous aveuglément, comme des petits
moutons. C'est venu de l'UCC, disons-le, et vous, dans ce temps-là
je ne blâme pas le gouvernement d'avoir accepté la loi
vous n'avez pas eu de contreproposition. Cela tra- duisait l'intention
de tous les cultivateurs de la province de Québec. Mais aujourd'hui,
avant d'adopter quelque modification que ce soit, je crois que ce serait une
sage décision de l'étudier bien attentivement. Et je vous
remercie beaucoup de la chance que vous m'avez donnée de dire quelques
mots. Merci.
M. LE PRESIDENT: M. Jean-Paul Lasnier, de Sainte-Brigitte,
cultivateur.
M. LASNIER: M. le Président, M. le Ministre, MM. les
Députés, MM. des coopératives et de l'UCC, mes bons amis
les cultivateurs. Je vais être très bref. Je dois cependant vous
dire pour commencer que j'ai un peu honte de la situation actuelle et de celle
qui prévaut depuis quelques années. Je vous dirai, au
départ, que je suis membre de l'UCC depuis 1940. Depuis la même
date, je fais partie des coopératives et il me semble que c'est le
devoir de tous les cultivateurs de la province de se servir de leurs
associations pour se défendre et non pour se combattre les uns les
autres. Je répète ici les paroles d'un ancien professeur. M.
Jean-Marie Couet, un homme que j'admire beaucoup, qui me disait encore
tantôt que ces deux organismes devraient être les deux jambes d'un
corps qui travaille au progrès de l'agriculture. Mais la scène
qui s'est déroulée ici ce matin me prouve le contraire.
J'espère, messieurs les législateurs, que vous aurez la
sagesse d'inclure dans votre bill la possibilité de laisser vivre ces
deux organismes de manière à rendre le plus grand service
possible à la classe agricole et je souhaite à ces deux
organismes qu'ils aient des possibilités de se rencontrer. Je ne
comprends pas que des gens si compétents et ayant tant servi la classe
agricole puissent aujourd'hui avoir tant d'animosité. Je ne le comprends
pas. Je souhaite en tout cas que se soit passager. L'orateur qui m'a
précédé a souhaité que les membres de l'UCC
diminuent de 50%, moi, je souhaite qu'ils augmentent dans la même
proportion et je voudrais par exemple que le travail soit dans la
coopération et dans le bon sens. Par contre je serai un peu moins
délicat vis-à-vis de l'Association des distributeurs des produits
agricoles. Je me demande quelle est leur place et leur intention ici en venant
s'opposer à une législation qui est en droit de donner des
services à la classe agricole.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, s'il vous plaît, voulez-vous cesser de
manifester. Je comprends qu'il y ait des bons et des moins bons. Mais y
aurait-il possibilité que tout se
passe dans l'ordre? Parce que ça va finir par devenir une
assemblée contradictoire. Nous laissons les gens s'exprimer, mais gardez
donc vos sentiments pour vous.
M. LASNIER: Voici, M. le Président, les distributeurs nous ont
donné des chiffres véridiques en nous disant qu'aujourd'hui
seulement 30% de nos produits passent par leur intermédiaire. Avec de la
bonne volonté, s'ils en ont comme ils l'ont déclaré,
qu'ils travaillent pour que dans un avenir assez rapproché, 100% de la
production consommée au Québec soit produite au Québec. Je
vous remercie beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Lasnier. Le ministre veut parler... M. Paul
Guillemet-te qui est dans le corridor voudrait dire un mot. Nous allons
chercher les gens dans le corridor parce que nous n'avons plus de place dans la
salle, nous nous en excusons.
Je voudrais dire un mot. Ce sont MM. Paul Guillemette et M. Parizeau de
la Coopérative de Granby et après cela, ce sera le ministre.
Je vous demanderais, messieurs, de limiter vos propos et de condenser un
peu, afin qu'on puisse faire entendre le plus de monde possible!
M. GUILLEMETTE: Pour commencer, je vais m'adresser dans l'ordre
où je voudrais que les gens s'adressent, où l'UCC se serait
adressée. Je salue premièrement les cultivateurs de la place,
ensuite le président de l'Assemblée, le chef ministériel,
le chef de l'Opposition.
La première chose que cette formule-là amène chez
les cultivateurs, la formule présentée par l'UCC, est la pire
chose, c'est la division entre les cultivateurs, c'est-à-dire que cela
va former une guerre interne entre nous, la pire des guerres qui puisse exister
n'importe où, dans tous les pays.
La raison pourquoi nous ne sommes pas allés à la marche
sur Québec, c'est que ce n'était pas la place pour discuter nos
affaires. La première chose, c'est que le plan conjoint,
c'est-à-dire l'UCC, et la manière dont ses amendements sont faits
vont diminuer la valeur de la coopérative, ni plus ni moins, la mettre
à terre complètement, quand c'est l'inverse qui devrait
être fait. En fait, ce devrait être le plan conjoint et la
coopérative qui se fusionnent plutôt que le syndicat et la
coopérative.
Si je dis cette chose-là, c'est qu'il n'y a pas un syndicat qui
peut négocier avantageusement un marché sans avoir le pouvoir de
retenir le produit. La seule façon de retenir le pro- duit, c'est la
coopérative et le moyen que la coopérative lui donne.
M. Lesage n'est pas ici, mais je me souviens qu'il était assis de
ce côté-là de la salle quand le bill 13 a été
présenté. Il s'est penché cinq ou six fois vers les
autres, et il a dit: Pourquoi ne pas former un plan conjoint au sein de la
coopérative? Eh bien, c'est à cela que je voudrais que tout le
monde en vienne.
Avec le bill de l'UCC, ils veulent diviser, ils veulent éloigner
la coopérative du plan conjoint et laisser marcher chacun pour soi, je
veux dire chacun de son côté, comme cela se produit.
A présent, l'UCC, comme je l'ai dit au début marche
à l'envers sur toute la ligne. Premièrement, depuis quinze ans,
il n'y a aucune animation paroissiale dans les syndicats de l'UCC, il ne se
fait qu'une réunion par année, et à ces réunions,
elle vient chercher nos $10. Il arrive aussi que la hiérarchie de l'UCC
est tournée à l'envers. Ce n'est pas la marche des cultivateurs
qui conduit, ce sont j'allais dire les employés ce sont
plutôt les inspirations des employés payés qui dominent, ce
ne sont pas les intérêts des cultivateurs. Vous en avez ici une
preuve, vous avez pu la voir quand on est entré ce matin
tous les employés payés de l'UCC sont entrés avant leurs
patrons. Leurs patrons étaient en arrière qui attendaient qu'il y
ait de la place et regardez-les: Ils sont tous assis et nous, nous sommes tous
debout en arrière.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. GUILLEMETTE: En conclusion de tout ce que j'ai dit j'ai pris
des notes et je m'excuse de les donner en vrac je demanderais aux
autorités, disons à la Législature provinciale, de
remettre le bill pour demander à 1'UCC de commencer sur le plancher,
d'informer d'abord les cultivateurs de ce qu'ils veulent faire, le pourquoi de
ce qu'ils veulent faire, et après cela venir ici.
Encore là, vous avez la preuve qu'ils marchent à l'envers,
ils sont venus à la Législature avant qu'on en sache un seul mot.
Moi-même, ça fait 20 ans que je m'occupe des affaires des
cultivateurs, c'est la deuxième fois que je viens ici. Pourtant je n'ai
eu connaissance de cela, monsieur, qu'il y a à peu près trois
semaines.
A un moment donné, ils nous ont invités la veille
de la marche sur Québec à Marieville pour discuter de ces
affaires-là. J'en avais discuté toute la journée avec un
comité d'animation de la coopérative. A la fin de la jour-
née, on ne comprenait presque rien à l'exception, je
pense, de l'article 2, où il est dit que la coopérative soit
exclue complètement de cela. Comme cela faisait une heure qu'on
discutait de cela, et les principaux points qui étaient vraiment contre
l'UCC étant sortis, j'ai demandé qu'on arrête la
discussion. Pour finir, je demanderais à la Législature de
renvoyer le bill, que l'UCC prenne une leçon, qu'elle commence par nous
présenter ce qu'elle veut présenter, avant de venir ici.
Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, monsieur.
M. GUILLEMETTE: A présent, vous ne m'avez pas demandé qui
je représentais, mais je représente la classe agricole ou
plutôt les intérêts de la classe agricole.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture veut dire un mot,
s'il vous plaît.
M. VINCENT: M. le Président, messieurs les membres du
comité, messieurs. Je voudrais simplement faire quelques observations
avant que le débat qui s'est engagé se continue, afin de
restituer, autant qu'il se peut, le débat dans le contexte actuel.
Je dois vous avouer, dès le début, qu'il est
pénible, d'abord comme cultivateur, d'assister à un procès
public d'institutions qui nous appartiennent, tant dans le domaine
coopératif que dans le domaine du syndicalisme agricole.
M. le Président, avant que la discussion se continue, je voudrais
informer tous les membres du comité, ainsi que tous ceux qui sont
présents, qui auront à adresser la parole ou qui l'ont
déjà adressée, que le moment choisi pour faire des
revendications à l'intérieur de cadres établis, soit de
l'UCC, des coopératives, ce moment choisi devrait l'être aux
assemblées générales de chacun de ces syndicats, de ces
organismes. Et je voudrais qu'aujourd'hui on en tire une leçon. Lorsque
nous avons des réunions dans nos régions c'est ce que j'ai
répété à plusieurs reprises au Patro Roc-Ama-dour
qu'on cesse de dire, comme ceux qui parlent le plus fort, et quand on
sort de la réunion, qu'on n'était pas d'accord avec ce qui s'est
dit. Et lorsque nous voulons obtenir quelque chose, il faut faire front commun.
Aujourd'hui, ce n'est pas le temps de faire le procès. Ce que nous
étudions, ce que nous regardons, ce sont des lois, des
législations. Ce que nous demandons, ce sont des législations, ou
que le législateur permette aux coopératives, aux plans
conjoints, à l'UCC d'avoir des outils et, par la suite, quand le
législateur permet à ces orga- nismes d'avoir des outils, que les
producteurs soient libres d'exercer ces pouvoirs qu'on peut leur donner, comme
bon leur semble.
La loi actuelle de la mise en marché n'oblige pas les producteurs
à donner ou à s'imposer un prélevé. Elle permet aux
producteurs de toutes les catégories, s'ils le désirent,
lorsqu'il y aura vote parmi ces producteurs et que le vote sera pris, sera
enregistré pour plus de 50% des producteurs, et lorsque les deux tiers
des votants auront voté en faveur, elle leur permet, par la suite, de
s'imposer des quotas, de s'imposer un prélevé, qu'eux-mêmes
décideront, et non pas le gouvernement, ou le législateur. Si
vous avez des producteurs qui ne sont pas d'accord, après avoir
exercé leur droit de vote de façon démocratique, ils
peuvent en aucun temps, dans toutes les circonstances, qu'il y ait 3,000,
5,000, 10,000 signatures, aller devant l'assemblée
générale, porter l'opposition et demander que le
prélevé soit moins élevé, qu'il n'y ait pas de
prélevé du tout, qu'il soit plus élevé ou
même demander de casser le plan conjoint. Ce n'est pas le
législateur qui décidera si un plan conjoint devra être
voté, si la majorité, tel que le veut la loi, ne l'exige pas.
Mais la loi donne aux producteurs un outil pour le faire lorsqu'ils sont
consentants, en vertu de la majorité.
Donc, les lois actuelles sont des outils que nous donnons à
l'UCC, des outils que nous donnons aux coopératives et des outils que
nous donnons au plan conjoint, mais nous n'imposons, dans cette
législation, aucune mesure les obligeant ou les forçant à
faire telle chose ou telle chose, lorsqu'ils ne le veulent pas. Mais lorsqu'ils
le désirent ou lorsqu'ils veulent faire telle ou telle chose, ils ont la
permission de le faire, et lorsque l'assemblée générale en
a décidé ainsi, ce sont les producteurs qui sont libres, par la
suite, de changer, d'améliorer, d'amplifier ou de casser les
décisions qu'ils ont prises.
Maintenant, la loi actuelle des marchés agricoles existe depuis
1956. Des amendement y ont été apportés en 1963, en 1965
et, nous y apportons aujourd'hui des amendements par le bill 47. Ce bill
comporte 15 amendements à la loi des marchés agricoles, qui
portent principalement sur le prélevé et la contribution pour
l'administration d'un plan conjoint, le mode de tenue des assemblées
générales des offices et syndicats professionnels chargés
d'exécuter des plans conjoints, la définition du producteur
visé par un tel plan et la possibilité d'assujettir les ventes
faites directement au consommateur, si une telle vente peut nuire
sérieusement à l'application d'un plan.
Cette loi, telle qu'elle existe aujourd'hui,
ou telle qu'elle sera amendée, si le comité donne son
approbation, aura de l'effet, si un groupe de producteurs
intéressés vote un plan conjoint. On a fait allusion, tout
à l'heure, et au cours des discussions et au cours des dernières
semaines, au plan conjoint du lait industriel de la province. On a parlé
des $0.03 1/2, on a parlé du prélevé. On a dit que la
grande majorité des cultivateurs était contre le plan conjoint.
Bien, messieurs, il s'est pris un vote dans la province, et nous, ce que nous
avons devant nous, c'est le résultat de ce vote. Comme il se prend un
vote pour élire des députés, pour élire un
gouvernement, ce vote est bon jusqu'au prochain vote. Les producteurs
intéressés qui ont été appelés à
voter au cours du référendum qui a été
dépouillé le 17 octobre 1966, étaient au nombre de 51,791
à travers la province. Les producteurs qui se sont prévalus de
leur droit de vote, étaient au nombre de 32,702. Les producteurs de lait
qui ont voté, représentaient 63.1% des producteurs qui avaient
reçu des bulletins.
De ces 32,702 producteurs, 29,567 ont voté en faveur du plan
conjoint, c'est-à-dire 90.4%. Et 2,866 producteurs ont voté
contre le plan conjoint du lait industriel. Il y a eu 269 bulletins
annulés. Quand les producteurs ont reçu leur bulletin de vote,
ils ont reçu aussi copie du plan conjoint des producteurs de lait
industriel du Québec, tel qu'il a paru dans la Gazette officielle du
Québec en date du 29 octobre 1966. Après le vote, qui a paru dans
la Gazette officielle du Québec, chacun des producteurs avait
reçu cette copie de règlement de plan conjoint. Donc, en votant,
ils savaient ou, du moins, après avoir lu la copie de la
réglementation, ils savaient qu'ils pouvaient, qu'ils devraient, si le
plan conjoint était voté, payer jusqu'à concurrence de
$0.03 1/2 les cent livres de lait. C'est inscrit là, en toutes lettres.
Maintenant, la loi oblige les producteurs à laisser prendre un
prélevé sur leur paie, ils l'ont décidé par vote,
par la majorité des producteurs. Mais si les producteurs ou la
majorité des producteurs avaient décidé autrement, la loi
ne leur faisait aucune obligation de payer un prélevé de $0.03,
$0.02 ou $0.01. Et si, au cours des assemblées suivantes, des plans
conjoints, des assemblées générales, des producteurs, des
délégués décident de changer la procédure,
ils en ont le droit. C'est leur droit
Je voulais simplement faire une observation visant à ne pas faire
aujourd'hui le procès de l'UCC. Nous avons tous des défauts. En
Chambre, on se fait continuellement des procès. Vous savez que c'est
facile, quand on regarde l'Opposition en face et que pour elle c'est facile
lorsqu'elle nous regarde. Sans parti pris là...
M. CHOQUETTE: Là, vous êtes dans le meilleur parti
politique.
M. VINCENT: ... c'est aussi facile pour l'un que pour l'autre. Je ne
pense pas que ce serait aujourd'hui le temps mon ami Cho-quette
de faire le procès des partis politiques. Vous diriez que ce n'est pas
tellement intéressant. Bien pour nous non plus, ce n'est pas tellement
intéressant d'entendre le procès des coopératives et de
l'UCC.
Donc, je voulais simplement faire une mise au point avant que le
débat ne se continue. Ce n'est pas le temps de faire le procès de
l'UCC, des coopératives. Chacun des producteurs, chacun des cultivateurs
peut faire ça à ses assemblées générales.
Mais qu'ils parlent à ces endroits. Qu'ils disent leur façon de
penser. Qu'ils disent aussi ce qu'ils pensent être bon pour l'avenir du
mouvement.
Mais aujourd'hui, ce que nous regardons ce sont les outils que le
législateur peut vous donner. Lorsque les producteurs à la
majorité voudront utiliser ces outils, vous en êtes les
responsables.
Donc, nous continuons la discussion.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le Ministre. M. Parizeau a demandé la
parole. Il est de la Coopérative de Granby. Voulez-vous donner vos
titres, s'il vous plaît?
M. PARIZEAU: Philippe Parizeau, directeur de la division de l'industrie
laitière de la Coopérative fédérée et
directeur général de la Coopérative de Granby, un des
employés aussi. Je pourrais d'ailleurs être producteur demain au
même titre que les quelque 20,000 des 52,000 producteurs qui ont
voté en achetant une vache.
Je ne veux pas, maintenant, après le ministre, reprendre ce qu'il
vient d'affirmer. Mais je voudrais tout de même, avant l'exposé
purement économique que je voulais faire, rappeler les circonstances et
l'esprit dans lequel le vote a été pris. Nous avons ici encore
des témoins d'ententes qui ont été conclues à la
Régie des marchés agricoles entre les représentants et
l'exécutif de la Coopérative fédérée,
l'exécutif de l'UCC, en présence des membres de la régie
et en présence du ministre et du sous-ministre. Au moment du vote, il
était conçu et reconnu par les coopé-
ratives que le plan conjoint n'atteindrait et ne toucherait en rien les
coopératives. C'est dans cet esprit que cela a été
voté.
Je voudrais plutôt discuter dans le même sens que le
ministre tout à l'heure, dans un sens constructif, dans un sens de
scrutation, des amendements du bill que l'on veut apporter aujourd'hui et je
suis surpris que l'on n'ait fait, en aucune circonstance, l'étude
économique.
On sait que si tous les cultivateurs de la province de Québec
paient $0.03 1/2, mathématiquement, par simple multiplication, cela va
représenter $1,500,000. Est-ce qu'on s'est posé la question sur
ce qu'on allait faire avec les $1,500,000? On devrait plutôt se poser la
question: Qu'est-ce qu'on peut faire avec les $1,500,000? On parle avec des
mots ronflants de mise en marché ordonné, etc., et le plan
conjoint prétend qu'il va faire dans la province de Québec la
mise en marché des produits laitiers.
La province de Québec produit tous les surplus de fromage, de
beurre, de lait en poudre qui existent au Canada. Cela coûte actuellement
à la Commission nationale du lait un total de $220 millions pour
supporter, pour financer, pour entreposer, pour subventionner à
l'exportation les produits agricoles qui viennent de la province de
Québec.
Enlevons la province de Québec de la « carte » si
l'on veut être séparatiste, le reste du pays va produire
exactement le volume de produits laitiers dont il a besoin.
J'admets qu'on vend des produits dans d'autres provinces et que d'autres
provinces en vendent ici. Mais au total, nous produisons l'équivalent
des surplus. Qu'est-ce que nous pouvons faire avec les $1,500,000? Faire la
mise en marché? La commission nationale fixe le prix des produits
laitiers. La poudre $0.20, 1e beurre $0.63, $0.64, selon la qualité, le
fromage $0.46 1/2, $0.47 selon la qualité. Qui peut vendre plus? La
commission nationale achète les surplus. Il y a des surplus. Il y a 187
millions de livres de poudre dans les entrepôts. Qui entrepose les
produits? La commission nationale. Et, dans le bill, on dit: Fixation des prix,
entreposage, transport, négociations avec les acheteurs, etc. Il
faudrait tout de même être plus sérieux que ça.
Qu'est-ce qui reste de possibilité en fait, au plan conjoint?
Certainement pas la mise en marché des produits finis, puisque
même le gouvernement fédéral sait que, même au prix
de soutien le producteur n'a pas assez d'argent, et qu'il vient subventionner
par $1.30 par 100 livres le lait du producteur. Est-ce que le plan conjoint
peut faire ça? Cela pren- drait exactement $0.60 par 100 livres de lait
pour chacun des producteurs de la province de Québec pour faire
l'équivalent de ce que fait la commission nationale. On parle des $0.03
1/2. Si on prenait $0.60, ce serait la faillite générale de tous
les producteurs de la province.
Messieurs, le ministre vient de nous dire: On vous donne un outil. Un
menuisier qui a dix marteaux de bonne qualité, est-ce qu'il en a besoin
d'un autre? La coopérative fait exactement ce que la commission
nationale ne fait pas. La commission nationale part du moment où le
produit est terminé, fini. Distinguons entre la matière brute, la
transformation, etc. Elle l'achète, en fixe le prix, détermine le
prix que le producteur va recevoir et le ministre Greene ne se gêne pas
pour dire qu'avec ça, on devrait payer tant au producteur. On n'est
même pas capable de rencontrer ce prix. La coopérative, que
fait-elle? Elle prend la matière brute. Elle la transforme,
l'empaquette, l'entrepose, la livre à la vente, au gouvernement, sur les
marchés d'exportation, sur les marchés domestiques, partout
où il y a un marché. Marché fictif ou marché
réel.
Qu'est-ce qui reste à faire au plan conjoint? Négocier le
prix de la matière première, et c'est exactement ce que la
commission d'enquête royale dit: Que les plans conjoints devraient
négocier le prix de la matière première. Est-ce que
ça coûte $1.5 million pour négocier la matière
première? Dépenser de l'argent, c'est facile. On va le
dépenser, le $1.5 million. En Ontario, on en dépense exactement
le double ou plus, parce que le prélevé est de 6.5 en Ontario.
Qu'est-ce qu'on fait avec ça? Rien de mieux que ce qu'on fait dans la
province de Québec. Qu'est-ce qu'on va faire avec le $1.5 million? On
n'a jamais pu en avoir la réponse. On n'a jamais pu avoir un budget de
dépenses, malgré que les coopératives posent depuis deux
ans la question: Qu'allez-vous faire avec l'argent? Prouvez-nous que vous allez
faire quelque chose d'utile, et on ne refusera pas de participer au moins en
partie, si vous êtes capables de nous remplacer et de faire ce qu'on
fait: recevoir du lait, le transformer, l'empaqueter, le vendre, en
compétition avec n'Importe qui.
Dans notre coopérative, on en vend pour $63 millions. On vend 17
millions de livres de lait en poudre instantané sur un marché de
37 millions. Est-ce que le plan conjoint fait ça? On vend du lait
évaporé. Et cette année, nous vendons 48 millions de
livres de poudre, 33' millions de livres de beurre. Cela, c'est de la mise en
marché. On va simplement négocier le prix. On va négocier
le prix avec une coopérative? Comment peut-on négocier avec un
producteur,
parce que la coopérative est un outil qui appartient à un
bagage de producteurs, comme une moissonneuse qui appartient à dix
fermes et moissonne les dix fermes. Qu'est-ce qu'on peut faire de mieux? La
coopérative reçoit le lait en consignation. Nous sommes des
employés. Notre travail, à chaque année, on peut le
vérifier. Nous avons des budgets, des bilans mensuels, des bilans
annuels. Notre travail consiste à quoi? A recevoir ce lait, le
transformer et le mettre en marché de la façon la plus
économique, la plus rentable possible. Qu'est-ce que le plan conjoint va
nous apporter? C'est un dixième ou un onzième marteau, et que
nous donne-ra-t-il? Il va coûter exactement $350,000 par année
à la coopérative de Granby. Il va donner quoi?
Dans une coopérative le cultivateur fixe son prix. S'il l'a
fixé trop bas, il n'y a pas de problème. Il se partage le trop
perçu à la fin de l'année. Qu'est-ce que le plan conjoint
peut lui donner de plus? Un trop perçu de trop perçu? On va
prendre le surplus. Il ne reste rien quand on se partage le
bénéfice entre nous. Les membres de la coopérative se
partagent le bénéfice. La coopérative de Granby a
distribué $16 millions à ses membres en trop perçu depuis
1956. La coopérative de Granby, comme toutes les autres
coopératives dans la province de Québec, a actuellement besoin de
$10 millions, pour comme le recommande encore la commission royale
d'enquête, consolider son entreprise. Actuellement, les
coopératives régionales installées dans la région
du Bas Saint-Laurent, la Matapédia bientôt, l'Abitlbi et ailleurs,
ont besoin d'environ $7 millions ou doivent $7 millions.
Est-ce qu'on peut demander aux membres de ces coopératives de
payer trois sous et demi et en plus de payer des choses qu'ils doivent, qui
sont des outils dont ils ont besoin? Il faut tout de même qu'ils paient
d'abord leurs dettes. Et si on prend le montant d'environ $800,000 qui doit
être payé par les coopératives, sur une période de
dix ans, est-ce que ça ne représente pas le remboursement de la
dette qu'elles ont et des besoins nécessaires de l'expansion pour
l'avenir? Est-ce qu'on peut demander aux mêmes cultivateurs de payer deux
fois et une fois pour rien? C'est cette économique qui ne semble pas
avoir été discutée en Chambre.
Est-ce qu'on s'est réellement demandé ce qu'on ferait avec
le million et demi? Qu'est-ce qu'on peut faire avec $1.5 million? Qu'on nous
donne un service qu'on peut rendre à une coopérative, qu'on
l'éprouve économiquement, et les coopérateurs, qui sont
des gars de bon sens, puisqu'ils possèdent 53% de l'entreprise
laitière du pays, qu'ils possèdent une entreprise comme la
coopérative de Granby qui est la plus importante au pays, je ne pense
pas qu'ils refusent si on leur dit que pour trois sous et demi, on va leur
remettre cinq sous. Mais qu'est-ce qu'on peut donner de plus à une
coopérative qui se divise les profits à la fin de
l'année?
S'il n'y en a pas, comment peut-elle payer davantage? S'il n'y en a pas
dans l'entreprise privée l'enquête prouve que l'entreprise
privée fait en moyenne moins de 1% de bénéfice que
s'attend-on d'obtenir avec une négociation?
L'enquête fédérale... la commission nationale a fait
une enquête en Ontario, pour terminer avec une moyenne de 1.01% de
bénéfice sur les ventes, dans les entreprises de l'Ontario, qui
ont l'avantage d'avoir leurs volumes de lait à leurs portes, une
concentration très forte des producteurs, qui ne sont pas des
producteurs comme dans bien des régions, ici, à une, deux ou
trois vaches, mais des producteurs qui ont atteint l'efficacité
désirable.
Qu'est-ce que cela peut nous donner? C'est la question de $1,500,000.
Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Parizeau. Maintenant, je crois que les
opposants se sont fait entendre. L'UCC serait-elle disposée à
faire entendre son point de vue en contre-partie.
M. SOREL: Tout d'abord, il est peut-être heureux que des gens
aient démontré qu'ils diffèrent d'opinion avec les
autres.
Cependant, je crois que nous sommes à côté de notre
sujet. On remet en cause les bills passés qui existent depuis 1956,
amendés depuis. Mais, on n'a pas beaucoup discuté des amendements
qu'il faudrait prévoir maintenant.
Maintenant, je ne m'attendais pas à venir à une
assemblée contradictoire. Ce à quoi je m'attendais, par exemple,
c'était de nous faire un peu « piquer ». D'ailleurs, c'est
peut-être pour expier mes péchés. Je crois que ceux qui
jugent, ceux qui se sont déjà prononcés, sont en fin de
compte en faveur du plan conjoint. Ils sont pour cela. Il n'y en a pas contre.
Mais, à un moment donné, lorsqu'il faut se prononcer, ce n'est
pas bon. Avant même qu'ils aient mis un cent dedans. Alors, lorsqu'on ne
paie pas, on ne peut pas s'attendre à des résultats. Tout le
monde sait cela.
Alors, le procès de l'UCC est une bonne chose. Mais, nous
manquons peut-être notre occasion. Le procès de l'UCC se fait,
dans chaque région, par des congrès dans six-sept endroits dans
la province. Chaque année, tous les cultivateurs sont convoqués
pour exprimer leur point de vue et les gens qui insinuent que les mem-
bres de l'UCC, les cultivateurs, ne conduisent rien, qu'ils sont
menés par leurs employés, sans que cela soit dit trop
radicalement, mais en le laissant voir, pourraient je pense, regarder chez eux
dans leurs propres groupements. L'UCC pourrait peut-être leur servir de
modèle en matière de démocratie. Nos cultivateurs sont
élus démocratiquement, ils sont soumis à
l'élection, tous les ans et moi comme les autres par
bulletin secret, s'il vous plaît, selon le choix des
délégués qui sont nommés par les
régions.
Dans les régions, c'est la même chose, les cultivateurs ont
désigné les gens qu'ils veulent avoir là. Ils les gardent
aussi longtemps qu'ils veulent les conserver. Lorsqu'ils n'en veulent plus, ce
n'est pas difficile, ils n'ont qu'à écrire sur leur bulletin.
C'est secret, chacun a son bulletin, il l'écrit et il change.
Mais, que nous ayons quelques mécontants, c'est normal, cela ne
me scandalise pas du tout Ce que nous voulons par le bill les gens nous
disent qu'ils sont pour les plans conjoints, mais, au fond, ils sont contre,
parce qu'ils ne feront rien ce que nous voulons avec les amendements au
bill, c'est d'obtenir des pouvoirs de dire quelque chose dans la fixation du
prix de nos produits, dans leur distribution, et ainsi de suite. Nous voulons
avoir quelque chose à dire.
En ce sens qu'aujourd'hui, au lieu de raisonner en disant: Mon produit
me coûte tant, je suis obligé de le vendre tant, le prix est
là, on agit dans le sens contraire. Le cultivateur, lui, vend... Au prix
du beurre, moi, je te paie ton lait, tant... Il sait que le prix du porc est
baissé, alors, il part d'en haut. Les gens qui disent cela: II est
baissé, ce sont eux qui l'ont baissé.
Us fixent le prix et après ça, ils disent: Ecoute, il est
baissé! Pour les légumes, c'est la même chose, on fixe le
prix. Un matin on décide qu'on va payer tant pour les fruits et
légumes. On le décide et ensuite on dit: Ecoute, les fraises,
c'est bien dommage, ce matin, elles sont baissées de $11. Alors, c'est
fait à l'envers. On veut que ce soit à l'endroit. On est
peut-être à l'envers des autres, ceux qui disent que nous sommes
à l'envers. Là, nous y sommes à l'envers, parce que le
prix se fait d'après le prix du commerce. Alors je suis bien
édifié de voir que les gens vont tous sauver notre affaire, vont
tous régler notre problème. On n'a pas besoin de
négociation.
En ce qui regarde le prix des produits laitiers, le gouvernement
fédéral supporte les produits laitiers. C'est donc dire qu'on a
plus rien à faire. Fiez-vous et on va vous payer un prix raisonnable. On
va vous payer un bon prix. Alors, qu'est-ce qui va arriver du prix des produits
qu'on est capable de vendre? Ils vont prendre leur marge de transformation et
tout ça et ils vont dire: II va rester tant. La marge, c'est eux qui
vont la fixer. Alors il faudrait avoir une loi pour être capable de dire
quelque chose des producteurs, des prix, des conditions de livraison même
la localité, de toutes ces choses-là. Nous voulons avoir une loi
qui travaille dans ce sens-là et je crois que c'est légitime,
pour tous et non pas pour un seul.
Maintenant, quand on organise une production, ceux qui prétendent
qu'on va laisser des groupes à l'extérieur, eh bien, on va dire:
Ceux-là, pour telle raison, on va les laisser à
l'extérieur. Quelqu'un pense-t-il ici que, dans une usine on peut
organiser les ouvriers, et que par exemple, ceux qui travaillent seulement de 4
heures du matin à 8 heures du soir, on peut les laisser en dehors du
syndicat? Pense-t-on que le syndicat va être d'accord? Ou qu'on dise:
Ecoutez, il y en a une demi-douzaine d'Italiens qui ne parlent pas la
même langue que nous. On a rayé ces gars-là du syndicat
à cause de ceci et de cela, on va les laisser en dehors? Moi, je suis
convaincu et les cultivateurs sont convaincus qu'on va être capable de
mettre de l'ordre dans un produit, quand on couvrira tout le produit. Vous ne
pouvez pas laisser des classes de produits à l'extérieur. On a
parlé de modifier le marché du lait, le marché de
n'importe quelle production, marché du porc, marché des oeufs.
Avec le marché il y a des quotas, il y a la réglementation, il y
a toutes ces choses-là, et si on ne couvre pas toute la production, on
manque son coup royalement, parce que la partie qui est en dehors n'est pas
contrôlée, n'est pas soumise au plan conjoint, n'est pas soumise
à l'alimentation, n'est pas soumise aux quotas, et c'est ça le
désordre parfait qu'on crée. Alors il faut une loi de mise en
marché ordonnée. Quand les cultivateurs décident de
couvrir une production, comme l'a si bien dit M. le ministre, qu'ils soient
libres, qu'ils votent, qu'on leur envoie un bulletin de vote ou qu'on leur
envoie le plan lui-même. Alors tous les cultivateurs voteront en
connaissance de cause. S'ils n'en veulent pas, eh bien, ils voteront contre. Il
n'y aura pas de plan conjoint.
Quand on vote à 90% pour, n'oubliez pas que 100% des cultivateurs
ont reçu un bulletin de vote, s'ils n'ont pas tous voté, c'est
leur affaire. Us ont reçu un bulletin de vote, mais, ils ne l'ont pas
envoyé, ils n'ont pas voté, ils n'ont pas fait la croix. Les
enveloppes étaient prêtes, adressées. Il s'agissait
seulement de les renvoyer à la régie des marchés. Ce
vote-là est contrôlé par la régie des marchés
et non par les producteurs. Quand nous ne voudrons pas d'un plan conjoint dans
un domaine donné, c'est à nous, de voter contre.
Quand les producteurs ont voté à 90% en fa-
veur, il y a à peine 2% contre, à ce moment-là on
dit que le plan conjoint doit marcher. Nous avons à discuter du plan
conjoint, et ce que tous les agriculteurs de la province de Québec
veulent, c'est ça, c'est d'être capables collectivement, de
négocier toutes les conditions de leurs produits et, quand ils rentrent
dans un produit, de les avoir sur tous leurs produits. Toute la production doit
être contrôlée avec un plan conjoint. Et je vous
remercie.
M. BERTRAND: M. Sorel, si vous permettez, vous venez de dire que les
gens sont libres et peuvent voter et donner leur opinion et vous avez
laissé entendre qu'il y avait des cas où cela avait
été fait.
Est-ce qu'il y en a eu, au cours de l'automne dernier, des plans
conjoints et des référendums qui ont été tenus
à ce sujet? Vous avez parlé de la proportion d'un vote. Est-ce
que les chiffres que j'ai ici par exemple, à l'occasion d'un plan
conjoint du lait industriel du Québec seraient fondés? Voici le
résultat du référendum dépouillé le 17
octobre 1966; producteurs intéressés qui ont été
appelés à voter au cours du référendum, 51,791;
producteurs qui se sont prévalus de leur droit de vote, 32,702, soit une
proportion de 63.1%; producteurs favorables au plan conjoint, 29,567, soit une
proportion de 90.4% de ceux qui ont voté; producteurs contre le plan
conjoint, 2,866; bulletins annulés, 269. Et dans ce plan conjoint qui a
été d'ailleurs publié dans l'extrait de la Gazette
officielle de Québec, en date du 29 octobre 1966, il y avait justement
ce prélevé, à la page 8, à la section 14: mode de
financement de 3% les cent livres de lait livré à une fabrique
par les producteurs qui sont membres.
Alors, quand vous avez parlé de cela, est-ce que c'était
un des exemples que vous vouliez donner où le jeu de la liberté
existe pour les producteurs de décider par une majorité,
où les producteurs sont libres, est-ce un exemple que vous vouliez
donner?
M. SOREL: Sûrement, c'est un exemple. Chaque producteur a
reçu, chez lui, ce qu'il y a dans la Gazette officielle. Nous n'avons
pas eu besoin de nous abonner à la Gazette officielle.
Il l'a reçue chez lui avec un bulletin de vote. C'était
oui ou non. Acceptez-vous le plan ou non? Si vous l'acceptez, ça
coûtera $0.03 1/2. Et ils ont votés à 90%. Chaque
producteur a su cela. Alors, ceux qui ont voté, ils ont voté
à 90% pour et 63% des gens ont voté, ayant reçu et le plan
conjoint et le bulletin.
M. BERTRAND: Vous dites à ce moment- là, qu'ils ont
reçu le plan conjoint. L'information de celui qui est appelé
à voter est adéquate, complète et celui qui est
appelé à voter sait ce sur quoi il est appelé à
voter, il vote en toute connaissance de cause d'après vous?
M. SOREL: Absolument. Ce n'est pas le seul cas. Si on prend les plans de
bois, on a une soixantaine de plans qui ont été votés de
cette manière-là. Et tout cela, sous le contrôle de la
Régie des marchés agricoles du Québec. La régie
envoie les bulletins, reçoit les bulletins, compte les bulletins, c'est
fait, là. Ce n'est pas fait par l'UCC, c'est fait sous le contrôle
de la Régie des marchés agricoles du Québec.
M. BERTRAND: Est-ce que, par exemple, tout ça, c'est
envoyé aux membres des coopératives qui sont des producteurs?
M. SOREL: Absolument, c'est envoyé à tous les producteurs
de lait industriel, les membres des coopératives.
M. BERTRAND: Est-ce que les producteurs, membres des
coopératives, reçoivent la même documentation qui a
été envoyée à tous les producteurs de lait, par
exemple?
M. SOREL: Absolument. Toute la même documentation à tous
les producteurs.
M. BERTRAND: Et tous peuvent voter? M. SOREL: Tous peuvent voter.
M. BERTRAND: Alors, dans le cas précis des membres d'une
coopérative qui sont des producteurs, disons des cultivateurs
producteurs de lait, ils peuvent exprimer une opinion favorable ou
défavorable?
M. SOREL: Absolument, ils sont parfaitement libres.
M. LE PRESIDENT: Monsieur, si vous voulez prendre le micro, s'il vous
plaît. Si vous voulez vous présenter.
M. SAINT-GERMAIN: Si vous me le permettez, M. le Président,
j'aurais quelques mots à ajouter à la suite de la question de
l'honorable ministre. Lorsque le plan conjoint a été voté,
le texte ne touchait pas les coopératives à ce moment-là,
nous étions exclus, il n'était pas question de
prélever.
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous
plaît. Nous allons laisser donner l'opinion de monsieur et
après ça vous répondrez.
M. BERTRAND: Chaque peut exprimer son opinion. Le président
permet à tout le monde de s'exprimer.
M. LE PRESIDENT: M. Saint-Germain a la parole.
M. SAINT-GERMAIN: Je répète ce que j'ai dit: les
coopératives, à ce moment-là, n'étaient pas
touchées par le plan conjoint, il n'était pas question de
prélever des cotisations. On devait travailler dans le champ de la
coopération sans être dérangé par les questions de
syndicat.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que c'était indiqué sur le
bulletin?
M. SAINT-GERMAIN: Non, c'est dans la loi, dans le texte.
Deuxièmement, je sais que, pour ma part, j'ai fait partie d'un
comité que l'on appelait de bonne entente avec l'UCC pour tenter de
dissiper un peu les malaises qu'il y avait de part et d'autre. Il avait
été convenu entre nous qu'on ne touchait pas à la
coopération au début. J'ai entendu maintes fois au moment du vote
que, vu que les coopératives n'étaient pas concernées, il
s'agissait de donner un coup de main à ceux qui n'étaient pas
organisés en coopération. Nous n'avions aucune objection, au
contraire, nous étions très heureux que des cultivateurs se
groupent en syndicat pour faire des ententes commerciales avec les industriels
privés. Mais, en coopération, nous n'avons jamais accepté
le principe parce qu'à titre de membre d'une coopérative, je suis
propriétaire d'une entreprise qui fabrique, qui transforme, qui fait la
mise en marché de mes produits, ce qui me donne en plus le produit de la
transformation.
C'est tout ce que je voulais dire.
M. LE PRESIDENT: La réponse de l'autre côté,
là-bas.
M. NORMANDEAU: Paul Normandeau, avocat, représentant l'UCC.
M. LE PRESIDENT: Bien, M. Normandeau.
M. NORMANDEAU: M. le Président, messieurs les membres du
comité, le but de cette réunion est de discuter des amendements
qui sont proposés dans le bill 47, amendements à la Loi des
marchés agricoles.
Je ne pense pas qu'il y ait personne de réuni ici pour faire des
procès de personnes, d'organismes ou d'intention. Nous ne sommes pas
réunis ici pour faire le procès du syndicalisme agricole ou du
mouvement coopératif. Nous ne nous sommes pas non plus réunis
pour faire le procès d'un organisme dont on a parlé souvent
depuis ce matin et qui s'appelle le plan conjoint des producteurs du lait
industriel. Ce procès, il y a un endroit où il peut se tenir, et
ce n'est pas ici au comité de l'Agriculture, c'est à la
Régie des marchés agricoles.
Maintenant, je voudrais quand même dire deux mots sur le plan
conjoint des producteurs de lait industriel et rectifier une situation qui
semble nébuleuse depuis ce matin.
C'est ce qui m'amène maintenant à parler du procès
d'intention. On a dit qu'il y avait une dissension entre l'UCC et le mouvement
coopératif. Je crois que c'est entièrement faux. Ce n'est
même pas compris dans le projet d'amendements présenté par
le gouvernement. Il n'y a rien qui tend à démontrer une lutte ou
des frictions entre ces deux groupes-là.
D'abord, le plan conjoint du lait industriel, il a été
voté, comme on l'a mentionné, par 90% des producteurs. Il y a un
mode de financement prévu dans le plan conjoint, je l'ai ici, ce sont
les $0.03 1/2. Ce plan conjoint lie, et c'est indiqué en toutes lettres:
Tout producteur qui met en marché le produit visé est un
producteur intéressé et, à compter de sa publication dans
la Gazette officielle, tous les producteurs intéressés sont
liés par le plan conjoint ». Il n'y a rien dans le plan conjoint
qui exclut les membres de la coopérative.
Tout le monde est donc lié par ce plan conjoint. Tout le monde
est tenu de payer la contribution de $0.03 1/2.
Dans son texte actuel, la Loi des marchés agricoles
prévoit que la Régie des marchés agricoles peut, à
un moment donné, décréter par règlement que
l'acheteur d'un produit agricole est obligé de retenir cette
contribution et d'en faire remise à l'office chargé de
l'exécution du plan.
Et c'est ça qui nous amène aux amendements
présentés, qu'on doit discuter. Le projet d'amendement ne vise
qu'une chose. Cela ne vise à dépouiller quiconque d'aucun droit
ni à créer aucune obligation à personne, des obligations
additionnelles j'entends.
Les producteurs de lait industriel, si on veut donner un exemple
on peut parler en général, mais on prendra un exemple puisque
c'est celui-
là qu'on a étudié depuis ce matin les
producteurs de lait industriel sont tenus de payer un prélevé de
trois sous et demi. S'ils envoient leur lait à une fabrique
laitière qui est une entreprise privée, cette entreprise devra
retenir le prélevé de trois sous et demi. Si maintenant c'est un
producteur, le producteur qui envoie son lait à une coopérative,
il est tenu à la même obligation de payer lui-même, de faire
remise lui-même du trois sous et demi.
Donc, le projet d'amendement qui est déposé,
c'est-à-dire les amendements à la Loi des marchés, le bill
47, ne visent donc pas à créer une obligation additionnelle
à personne. Cela ne vise qu'une chose: aider au bon fonctionnement d'un
plan conjoint. Les producteurs membres d'une coopérative sont
déjà liés, sont déjà tenus de verser
eux-mêmes ces trois sous et demi. Le projet d'amendement consiste
seulement à demander à la coopérative de collaborer avec
l'UCC qui administre dans ces cas-là le plan conjoint et de retenir
elle-même ces trois sous et demi et d'en faire remise à
l'office.
Personne n'aura d'obligation additionnelle par cette loi. C'est
simplement pour corriger une situation, pour aider au bon fonctionnement d'un
plan conjoint. Merci.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage.
M. LESAGE: M. Normandeau, vous avez fait précéder vos
remarques d'une affirmation qui m'a un peu surpris. Vous avez
déclaré qu'il n'y avait ni friction ni dissension entre le
mouvement coopératif et l'UCC. Je vous avoue que j'ai été
fort surpris de cette déclaration après avoir entendu les
déclarations contradictoires des dirigeants de l'UCC d'une part et du
mouvement coopératif de l'autre. Maintenant vous avez donné
certaines explications quant au plan conjoint dans le domaine du lait
industriel. Vous avez entendu comme moi M. Saint-Germain, le
vice-président de la Coopérative fédérée,
qui vous a précédé au micro et qui a déclaré
que, lorsque les membres des coopératives ont voté, ils
étaient convaincus qu'en vertu de la loi, ils n'étaient pas, eux,
affectés par le vote qu'ils donnaient et qu'en conséquence le
résultat du vote n'indiquerait pas le consensus que sembleraient nous
démontrer les chiffres donnés. Vous êtes avocat. Etes-vous
du même avis que M. Saint-Germain?
M. NORMANDEAU: Je regrette, M. le chef de l'Opposition, d'avoir à
répéter que tous les producteurs qui ont voté on ne
reprendra pas les chiffres, ils ont été mentionnés
à deux reprises le plan conjoint du lait industriel, avaient tous
reçu une copie de ce plan. Dans le plan conjoint, il est clairement
indiqué, à l'article 5 que je vous ai mentionné, que tous
les producteurs étaient liés. Tous les producteurs, cela comprend
tous les membres, même ceux qui font partie de la coopérative.
M. LESAGE: Très bien, M. Normandeau, mais ça ne
répond pas à mon sens à ce que M. Saint-Germain a
déclaré et à ce que j'ai entendu dire par des
coopérateurs qui sont assis en arrière de moi, qui ont
voté: oui, en faveur, et qui disent qu'ils avaient été
informés qu'ils n'étaient pas personnellement affectés par
leur vote affirmatif, mais qu'ils donnaient ce vote pour aider des gens qui
n'étaient pas des membres des coopératives.
M. NORMANDEAU: C'est la même chose que quelqu'un qui va vous
dire...
M. LESAGE: Je vous dis ce qu'on me dit.
M. NORMANDEAU: Je vous réponds à ce que vous me dites. Je
dis simplement que c'est la même chose que, lorsque vous signez un
contrat et qu'après avoir signé le contrat, vous dites que ce
n'est pas ça. Tout le monde en a eu une copie. C'est indiqué
clairement. Ce n'était pas marqué dans le plan conjoint que le
producteur membre d'une coopérative n'était pas lié par le
plan conjoint. Ce n'est pas marqué dedans.
Si vous me demandez ce que j'ai à répondre, je ne peux pas
rien vous répondre, je ne le sais pas. Ce n'est pas marqué dans
le plan conjoint. Le texte est là, le texte sur lequel les gens ont
été appelés à voter. Je ne veux pas faire de
procès d'intentions à personne. Mais, je dis que le texte sur
lequel les gens ont été appelés à voter, en lisant
ce texte-là, ils savaient que le lendemain matin, si le plan
était mis en vigueur, ils étaient liés au même titre
que tout le monde.
M. LESAGE: Bien, les gens qui sont à mes côtés et
que Je rencontre pour la première fois m'affirment exactement le
contraire de ce que vous venez de me dire, et ce sont des gens qui sont
directement affectés.
M. NORMANDEAU: Je ne veux pas dire, M. Lesage, que ces gens-là ne
sont pas de bonne foi; moi-même, je ne les connais pas. Je vous dis que
je ne veux pas faire de procès d'intention, je veux simplement dire que
les gens, quand ils votent, ils se sont prononcés sur un écrit.
Ce n'est pas moi qui l'ai écrit le plan conjoint, il est indiqué
en toutes lettres. Or, c'est la même chose que lorsque quelqu'un signe un
contrat, bien il signe les conditions du contrat qui sont imprimées sur
la feuille.
M. BERTRAND: M. Normandeau...
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice.
M. BERTRAND: ... lors d'un vote à l'occasion d'un plan conjoint
comme celui qui a été voté dans le mois d'octobre 1966,
quand on dit: Producteurs intéressés qui ont été
appelés à voter je reviens avec cet exemple au
cours du référendum, 51,791, c'est l'ensemble des
producteurs...
M. NORMANDEAU: C'est exact.
M. BERTRAND: ... producteurs qui appartiennent à un syndicat ou
qui sont à l'intérieur d'une coopérative ou membres d'une
coopérative. Cela, c'est le chiffre global. Et un plan conjoint est
soumis au vote, pour être approuvé, à la majorité
absolue.
M. NORMANDEAU: C'est ça.
M. BERTRAND: Cela veut dire la moitié...
M. NORMANDEAU: C'est-à-dire qu'au moins 50% des producteurs
doivent voter et, de ces 50%, au moins les deux tiers doivent se prononcer en
faveur.
M. BERTRAND: Or, d'après l'exemple que nous avions ici, les
producteurs qui ont voté en faveur du plan conjoint, où il yavait
51,791 producteurs, 29,567 avaient voté pour. C'est donc au-delà
de la moitié de la majorité et parmi tous ceux qui ont
voté, sur ces 32,702, 29,000 ont voté pour, sur ce
chiffre-là. C'est le pourcentage, 90.4% avaient voté en
faveur.
Alors, le résultat du vote, dans ce plan conjoint,
démontre, d'une certaine manière, qu'au moins la majorité
absolue a voté en faveur du plan conjoint.
M. LE PRESIDENT: M. Pelletier...
M. NORMANDEAU: Je voudrais juste faire une petite remarque. Quand on
parle de producteurs intéressés, le qualificatif de membre de
l'UCC ou de membre d'une coopérative, cela n'intervient nullement. Le
producteur intéressé, c'est un gars qui produit, peu importent
ses tendances où son coeur se balance.
M. LE PRESIDENT: Monsieur voudrait dire un mot là, en
réponse à Me Normandeau. Votre nom, s'il vous plaît.
M. CARON: Roger Caron, président de SCA d'Abitibi-Ouest. M. le
Ministre, M. le Président, messieurs les membres du comité,
messieurs, cela me fait plaisir d'avoir l'avantage de pouvoir vous donner un
peu mes impressions et, en même temps, répondre un peu aux paroles
dites par monsieur l'avocat.
Pour faire un peu de clarté, j'aimerais à m'exprimer
clairement, honnêtement, et dire cela le mieux possible afin d'être
le mieux compris. J'espère le faire avec avantage. Quand le vote a
été demandé, la loi, parce qu'elle avait été
faite par des messieurs comme celui qui m'a précédé, ce
plan conjoint avait été établi par des hommes de loi. Mais
cette loi-là a été expliquée par des dirigeants
d'associations, des types pas instruits comme moi, qui n'étaient pas
capables de l'expliquer réellement. L'on peut dire que 90% des types
comme moi, des cultivateurs, ne l'ont pas comprise. Pour le
prélevé, c'était compréhensible cela, $0.3 1/2 les
cent livres, tout le monde a compris cela. Mais ce qu'ils n'ont pas compris,
c'est le carcan qui, dans l'avenir, allait peser sur nos associations
coopératives.
C'est ça qu'on n'a pas compris ou qu'on a mis du temps à
comprendre. Mais quant au prélevé, je pense qu'on nous disait
qu'en ayant un plan conjoint, cela nous donnerait des avantages pour faire
monter le produit. Et il n'y a pas un cultivateur qui est contre que le produit
augmente. Je pense que ça peut peut-être éclaircir un peu
ce qui a été dit et je vous remercie de votre bonne attention.
Merci beaucoup.
M. LESAGE: Quand vous avez voté, vous, M. Caron, qu'est-ce qui
vous a amené à voter oui?
M. CARON: Je pensais, premièrement, que vu que c'étaient
deux institutions qui dépendaient des cultivateurs, comme moi, je paie
dans l'UCC, je paie le fonds de dépense, je paie tout ce qu'il y a
à payer et, dans ma coopérative, parce que je suis encore avec
les mêmes cultivateurs, il pouvait y avoir de la coopération entre
les deux. A part cela, on peut dire que les meilleurs membres de l'UCC, ceux
qui paient leur contribution sans se faire tirer l'oreille, bien souvent, ce
sont encore des membres des coopératives. Alors, vu que c'étaient
deux organisations de cultivateurs, je pensais qu'il pouvait y avoir de la
coopération entre les deux et, si c'étaient seulement des
cultivateurs, je pense que cela aurait existé aussi. Mais ce sont les
pauvres dirigeants qui, à un moment donné se trouvent
débordés. Je m'excuse, j'ai peur de
m'éloigner du sujet, c'est difficile et, en tout cas, si je
m'éloigne du sujet, veuillez me reprendre et j'essaierai de me conformer
aux demandes du président.
Il arrive une chose, c'est que bien souvent nos dirigeants
d'associations, qui ont fait un gros travail dans le passé, ils en font
encore, et je les félicite du travail qu'ils ont fait, mais seulement il
arrive à un moment donné qu'ils n'ont pas le temps d'aller
consulter les membres. Ils n'en ont pas le temps, ça presse trop, et
alors les membres ne sont pas consultés. Quand il y a une
assemblée seulement une fois par année, comme d'autres ont dit,
c'est ça qui arrive. Et j'ai déjà vu deux avocats essayer
d'interpréter la Loi des marchés agricoles, un
l'interprétait d'une façon, l'autre de l'autre» Je pense
que, pour pouvoir vraiment savoir ce que la loi disait, il aurait fallu qu'ils
aillent en procès! Là, le juge aurait eu à
déterminer ce que la loi veut dire. Mais nous ne sommes pas encore
allés en procès. Il ne faudrait pas y aller non plus. Je ne
voudrais pas que personne aille en procès à cause de cela. Mais
j'ai vu d'autres avocats, par exemple, qui avaient des petites choses bien
simples, c'était simple comme bonjour. Un enfant de douze ans aurait pu
le comprendre» Moi, je le comprenais, mais eux ne le comprenaient
pas.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie pour les avocats! Messieurs, nous
allons ajourner à 2 h. 30 et la parole sera à M. Allain.
Reprise de la séance à 14 h 49
M. DEMERS (président): Messieurs, nous revenons au bill 47.
Lorsque nous nous sommes quittés avant l'ajournement, nous nous
étions entendus pour que M. Allain, de l'UCC, ait la parole. M.
Allain.
M. ALLAIN: M. le Président, MM. les Ministres, M. le chef de
l'Opposition, messieurs. Je n'ai pas l'intention de reprendre ici tous les
aspects du débat de ce matin, mais simplement de signaler aux membres de
l'UCC quelques faits, je pense, qui méritent d'être retenus et qui
concernent le processus qui a été suivi pour la mise en place du
plan conjoint du lait. Non pas que nous pensions que le débat devrait
continuellement porter sur la question du lait, mais puisqu'on y a fait
allusion, je pense qu'il vaut la peine qu'on rappelle quelques phases de la
mise en place de ce plan conjoint.
Je voudrais rappeler ceci qu'au cours de l'été de 1966,
les producteurs et membres des coopératives ont reproché à
l'UCC de ne pas être incluse dans la perspective du plan conjoint et dans
la future fédération de producteurs. Ceux-ci ont pris les moyens
pour qu'à la fondation de la fédération des producteurs de
lait de la province, ils soient dans ce groupe, I l'intérieur de la
fédération, membres à part entière.
Donc, ces choses-là, qui ont été connues et sues de
tout le monde, démontraient déjà au cours de
l'été de 1966 que les membres coopé-rateurs producteurs de
lait étaient à l'intérieur de l'organisme qui envisageait
l'administration d'un futur plan conjoint. Et, comme preuve, nous n'avons
qu'à regarder la composition du conseil d'administration où l'on
retrouve des membres des coopératives et on retrouve au conseil
d'administration, comme président, un président de
coopérative. Donc, c'est dire et c'est prouver en même temps que
la coopérative et la coopération étaient dans le
décor au départ. Ensuite, quand cette fédération a
été fondée, elle a entrepris de préparer une
requête pour obtenir un vote sur un plan conjoint qu'elle entendait
administrer. Cette requête, elle l'a préparée et elle l'a
présentée à la Régie des marchés agricoles.
La Régie des marchés agricoles, quand elle l'a reçue, elle
a, après un certain délai, appelé à une audition
les différentes parties, et par parties, j'entends ici, la
Coopérative fédérée de Québec, l'UCC et
également la Fédération des producteurs de lait.
Ce que je veux rappeler ici à mes amis de la coopération,
ce sont les choses qui se sont dites à ce moment-là, les
déclarations qui ont été faites, déclarations qui
étaient écrites. C'est
qu'au cours de cette auditionne 29 juin,l a Coopérative
fédérée, dans une déclaration qu'elle faisait
à la Régie des marchés agricoles, disait ceci: « Les
agriculteurs qui ont cru devoir s'employer à améliorer leur
situation économique en acceptant une responsabilité directe dans
la transformation et la commercialisation de leur lait ou de leur crème
par le recours de la formule coopérative, sont d'accord avec les
objectifs poursuivis par la fédération entendez ici la
Fédération des producteurs de lait et comprennent et
partagent aussi les motifs responsables de la présentation de la
présente requête. « Enfin, ils croient qu'un plan conjoint
peut apporter une contribution valable et nous sommes ici pour collaborer.
»
Dans le même document, la Fédérée, toutefois,
inscrivait certaines réserves et demandait d'avoir plus d'explications
sur certains termes contenus dans le texte de plan conjoint. Ce à quoi
il faut croire que la régie s'est rendue, puisque, dans les jours ou les
semaines qui ont suivi, le Régie des marchés agricoles a
jugé bon de modifier la requête telle qu'elle était
présentée et on retrouve à l'article 12 la modification
que la régie a apportée. Et cette modification tend à
répondre à certaines inquiétudes qu'avait la
coopération.
A l'article 12, il est dit ceci: « Toute décision de la
fédération ou de son agent relative aux produits laitiers
appartenant aux producteurs soumis au présent plan conjoint doit,
préalable ment à sa mise en vigueur, être
présentée au bureau d'administration de l'Association des
producteurs concernés au moyen d'un avis donné par lettre
recommandée.»
Je ne lirai pas tout le document. Je sais que le temps, ici, est
précieux, mais vous l'avez dans le plan conjoint tel qu'amendé
par la Régie des marchés agricoles.
Donc, à ce moment-là, les producteurs de la province de
Québec ont été appelés à se prononcer sur un
texte amendé, amendé parce que la coopération est
intervenue. Si la coopération est intervenue, c'est qu'elle avait des
choses à faire connaître. Alors, je ne peux pas accepter
aujourd'hui que nos amis de la coopération disent que toutes ces choses
se sont faites en dehors de leur connaissance et je ne leur reconnais pas le
droit de plaider ignorance aujourd'hui. Tout cela s'est fait au grand jour et
en leur présence.
Dans les temps qui ont suivi et les temps relatifs au vote, à ce
moment-là, comme auparavant, l'UCC a continué le même
travail, c'est-à-dire un travail d'information. Et elle l'a fait
objectivement, aussi objectivement qu'elle peut le faire depuis. En aucun temps
il n'y a eu d'attaques contre la coopération. Le travail s'est
continué.
Le vote s'est pris selon les critères et les normes connus,
défendus ou appliqués par la Régie des marchés sans
qu'il n'y ait aucune prise de position qui aille catégoriquement
à l'encontre de l'objectif poursuivi. Et cela s'est fait aux yeux de
tous les participants, de tous les producteurs, de toutes les organisations
mêlées au sort des agriculteurs.
Alors, je dis ceci pour relever ce qui a été laissé
sous-entendu ce matin, que la coopération avait été mise
devant des faits accomplis. Or, je ne pense pas que ce soit vrai.
Je voudrais rappeler ici que, dans le travail qu'on poursuit, notre
mandat à nous est bien clair. Nous n'avons pas reçu le mandat de
nos membres d'attaquer la coopération, de lui porter atteinte ou de
viser à sa disparition. C'est tout au contraire un mandat visant
à non seulement faire en sorte que la coopération continue
d'exister mais qu'elle puisse se développer normalement. Et notre
travail relativement à la Loi des marchés agricoles est
appuyé sur un mandat qui commence dans les régions et qui est
passé par les congrès régionaux, ce mandat est
revisé au plan provincial où tous les membres peuvent à
nouveau s'exprimer sur la question. Notre mandat est donc provincial.
Et il faut dire que cette année, au niveau national, dans le cas
du congrès de la Fédération canadienne de l'agriculture
àVictoria, cette question de la mise en marché ordonnée
des produits agricoles, par l'intermédiaire des plans conjoints, a
été reprise, et, à l'unanimité, à
l'assemblée générale où la
Fédérée est représentée tout comme nous, il
a été convenu que les organismes professionnels des agriculteurs
s'appliqueraient dans leur province respective à mettre en place des
plans conjoints. Et tout ceci, parce qu'il y a un consensus, à l'heure
actuelle, chez les producteurs agricoles, qu'ils soient du Québec ou
d'ailleurs, consensus qui veut qu'on prenne tous les moyens nécessaires
pour faire en sorte que la situation économique qui est la nôtre
soit modifiée. Pour la modifier, les producteurs et les agriculteurs
sont d'accord qu'il faut mettre en place des plans conjoints au niveau des
provinces et également avoir des organismes nationaux correspondants en
vertu de la juridiction fédérale.
Nous sommes donc en présence, quant à nous, d'un travail
très objectif à faire. Et, en aucun temps, nous n'avons
attaqué la corporation. Nous n'entendons pas le faire. Ce n'est pas dans
nos moeurs et encore moins dans notre philosophie. Alors, ça, je pense
que c'est important que ceux qui discutent maintenant sur le bill 47
connaissent bien notre attitude vis-à-vis de lacorpora-tion et sachent
bien qu'on n'a rien ménagé du côté de
l'information.
Là, je pense qu'il est très naturel pour nous de dire que
relativement au bill 47, nous, ce que nous attendons, c'est qu'il soit
discuté objectivement ici, parce que notre mandat nous entendons bien le
conduire à bonne fin et, naturellement, s'il y avait ici des
difficultés trop grandes, nous n'avons pas d'autres choix que d'aller
nous expliquer dans le champ. Et le champ actuellement, je vous ai dit sur quoi
il était enligné tant au niveau des régions de la province
que du pays tout entier. Nous avons le sentiment de faire un travail
très objectif qui ne porte pas atteinte à la coopération.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Allain. J'ai ici, une personne qui voudrait
dire un mot, M. Pigeon. Si vous voulez passer au micro et vous identifier, s'il
vous plaît
M. PIGEON: M. le Président, M. le Ministre, messieurs les membres
du comité, messieurs. Roland Pigeon, Verchères, cultivateur,
producteur de lait, président de la Coopérative des producteurs
de lait de Montréal et directeur de la Coopérative
fédérée. Je ne viendrai ici vous faire le procès de
personne. Tout simplement, puisque nous sommes ici pour discuter du bill 47 qui
est présentement devant la Législature, je m'en tiendrai
strictement au fait que nos membres de la coopérative des producteurs de
Montréal s'objectent à ces amendements, et je regrette de ne pas
partager l'opinion que nous a donnée le ministre ce matin quand il nous
disait que, dans le bill et dans toute la Loi des marchés agricoles, on
ne voulait forcer personne. Mais quand on voit l'explication de l'article 12
qui permet à la régie d'obliger toute association de producteurs,
alors si cela les oblige, ça forcé un peu. C'est pour cette
raison, je crois, que nos membres s'y objectent, et la Coopérative des
producteurs de lait de Montréal s'objecte à ce qu'on adopte des
amendements à la Loi des marchés agricoles tels que
proposés dans le bill 47. Je vous ai dit que nous n'étions ici
pour faire le procès de personne. Je regrette que tout ce qu'on adit cet
avant-midi, comme l'a dit monsieur le ministre, ne règlera rien.
On réglera cela dans le champ, chez nous, en essayant de se
rencontrer, de s'expliquer et surtout de se comprendre.
Je pense qu'il y a eu beaucoup d'incompréhension dans ce qui
s'est passé quand on a fait voter le projet de plan conjoint des
producteurs de lait industriel de la province. Les gens n'étaient pas
tellement renseignés. Il y a beaucoup de coopérateurs qui ont
voté, comme l'a dit ce matin M. Caron, parce qu'ils voulaient aider
l'association professionnelle, tout sim- plement, et croyant ne pas y
être impliqués eux-mêmes.
Les gens ont compris cela de cette façon. Peut-être
faudrait-il régler cela en toute connaissance de cause. Je pense que nos
gens seraient beaucoup mieux placés, aujourd'hui, pour revoter de
nouveau ce plan conjoint. Nos gens sauraient ce qu'ils font et ils voteraient
suivant leur opinion. Quand ils ont voté, ils ne savaient pas tout
à fait ce qu'ils faisaient. On voulait tout simplement supporter
l'association professionnelle et on ne savait pas tout à fait ce
à quoi on s'engageait.
Je pense que cela serait peut-être le meilleur moyen; cela
éclaircirait beaucoup une situation qui est très
embrouillée. Nos gens ne se comprennent pas beaucoup, je le regrette.
Nos membres de coopératives se sont disciplinés, se sont
donné des organismes pour avoir de meilleurs prix. Vous avez entendu, ce
matin, la voix de la Coopérative de Granby, et je pense bien qu'il n'y a
personne qui va hésiter à dire que c'est l'entreprise
transformant du lait industriel qui paie les plus hauts prix pour du lait
industriel en Amérique du Nord. Mais, je pense que ces gens-là
ont fait quelque chose. Pourquoi irait-on les surtaxer en les embarquant dans
d'autres choses. Tous ces gens qui se sont donné des
coopératives, des instruments pour transformer le produit davantage,
aller le porter plus loin, plus près de la table du consommateur, pour
pouvoir en tirer des avantages plus grands, je ne vois pas pourquoi on les
forcerait, aujourd'hui, on les taxerait pour cela. Je ne peux pas oublier ce
qui se passe dans la province voisine, où nos gens d'Ontario, qui
produisent du lait naturel, sont rendus à payer $0.08 3/4 par cent
livres de lait et $0.06 1/2 pour des producteurs de lait industriel. Pour nos
gens qui produisent 500,000 livres de lait, ce qu'on essaie de viser pour avoir
une ferme rentable, c'est une taxe de $400 ou $450 par année, qui les
attend en plus de ce qu'ils ont sur le dos.
Cela n'est pas seulement pour un an, c'est tout le temps que le type
sera producteur. Il faut penser à cela. Nos membres de
coopérative, y mettent une part, que ce soit $300, que ce soit $500, et
cela leur appartient toujours et quand ils disparaissent on la retire.
Ce n'est pas tout à fait ce qui arrive dans l'autre cas. C'est
une taxe qu'on est obligé de payer à chaque année et si
l'année prochaine, c'est passé, ce sera $0.05, l'année
suivante cela sera $0.06, on sait jamais où on s'arrêtera. Cela
peut aller loin, mais en tout cas, je sais ce qui se passe dans la province
voisine où il y a des gens, qui ne sont pas tellement satisfaits de
cela
et c'est vers cela que nous allons aussi.
Je pense que c'est une taxe que l'on met sur le dos de nos gars, et je
crois bien que nos membres de coopérative n'en veulent pas parce qu'ils
ne se croyaient pas engagés quand ils ont voté.
Je voulais tout simplement apporter cette objection-là. Je vous
remercie de m'avoir écouté et j'espère qu'on apportera un
peu de lumière pour qu'on s'entende. Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Merci monsieur. J'ai une demande qui est entrée
antérieurement à l'autre, M. Tremblay. Est-ce qu'il y a un
monsieur Tremblay ici? Veuillez prendre le micro, M. Tremblay.
M. TREMBLAY: M. le Président, MM. les Ministres, MM. les
Députés, MM. les membres du comité, mes amis.
M. LE PRESIDENT: Votre nom, s'il vous plaît.
M. TREMBLAY: Maurice Tremblay, vice-président de la
Coopérative des producteurs de lait de Montréal et membre de
l'Office des producteurs de lait nature des marchés de
Montréal.
Je me permets d'ajouter, tout simplement, à la suite des
remarques de mon président, M. Pigeon, qu'en ce qui concerne la
Coopérative des producteurs de lait du marché de Montréal,
l'opposition, actuellement, est très forte aux amendements
proposés par l'UCC à la Loi des marchés agricoles, et
aussi au bill 47, aux amendements que contient le projet de loi,
intitulé bill 47. La raison fondamentale de cela, c'est que sur le
marché de Montréal, une coopérative qui existe depuis
1920, après avoir défendu les intérêts des
producteurs de Montréal, jusqu'en 1958, a décidé à
ce moment-là de compléter, si vous voulez, son organisation, en
ajoutant à toutes ses prérogatives, comme coopérative,
celle du plan conjoint qu'offrait la Loi des marchés agricoles.
Alors, c'est la Coopérative des producteurs de lait de
Montréal qui a fait voter un plan conjoint en 1958, lequel a
été voté à 83% des producteurs, non pas de ceux qui
ont voté, mais de l'ensemble des producteurs.
Quatre-vingt-trois pour cent des producteurs de lait ont voté en
faveur de ce plan conjoint dont la coopérative devait être
l'exécutrice. Malheureusement, la régie ou l'office des
marchés du temps n'a pas cru devoir recevoir cette requête telle
que formulée et telle que votée par les producteurs. Elle a
forcé la création d'un office de producteurs et, à ce
moment-là, il s'est trouvé deux organisations sur le
marché de Montréal pour représenter les mêmes
producteurs, une coopérative et un office. Et l'expérience nous a
démontré depuis 10 ans, depuis que nous fonctionnons avec ce
système, que le prix net moyen pour l'ensemble de la production des
producteurs de lait de Montréal, proportionnellement au prix payé
pour le lait embouteillé, est moindre en 1968 qu'il ne l'était
avant l'application du plan conjoint.
Si on prend et j'ai des statistiques là-dessus - par
exemple, la période 1960/61 c'est-à-dire une période
où les sentences arbitrales impliquaient la vente de classes de lait
autres que la classe 1 aux laiteries du marché de Montréal, par
conséquent, pendant cette période, alors que tous les surplus
étaient dirigés par la Coopérative des producteurs de lait
de Montréal, le prix moyen pour la production de chacun des producteurs,
par comparaison et par rapport au prix de la classe 1, qui était de
$4.89 dans ce temps-là, le prix pour l'ensemble de la production se
situait, dis-je autour de $4.30, c'est-à-dire laissant un écart
d'environ 60 cents entre le prix de la classe un et le prix que la régie
fixe pour l'embouteillage et le prix moyen payé au producteur pour
l'ensemble de sa production. Et avec le système de classes de lait que
le plan conjoint a réussi à négocier je dirais non
seulement avec l'assentiment de la Régie des marchés agricoles,
mais avec aussi l'imposition, par exemple, de certaines sentences arbitrales,
nous avions en 1967 un prix de $6 les cent livres de lait pour le lait de
classe 1 et un prix moyen de $5.12 du marché payé au producteur
pour l'ensemble de sa production. Donc, une marge de 88 cents. Alors, si on
appelle ça améliorer le sort du producteur en ce qui concerne sa
production, moi, je ne suis pas d'accord et les producteurs ne
considèrent pas que c'est vrai. Et depuis 10 ans, depuis que les
producteurs de lait du marché de Montréal se sont fait imposer,
pour ainsi dire, un deuxième organisme pour gérer le plan
conjoint alors que, eux, ils avaient demandé que ce soit la
coopérative qui soit l'exécutrice du plan conjoint, depuis ce
temps-là dis-je, les producteurs de lait n'ont cessé de chercher
à fusionner les deux organismes, à unifier les deux organismes.
Il y en a ici plusieurs qui savent que cette pression de la part des
producteurs a amené la démission, à un moment
donné, de certains des membres de l'office des producteurs et la
suspension du plan conjoint. Et depuis ce temps-là, profitant de cette
circonstance, l'UCC et les tenants du syndicalisme ont mis sur pied une
troisième organisation qui s'appelle le Syndicat des producteurs de lait
de
Montréal. Alors actuellement, au niveau de la coopérative,
on dit, on pense et on sait que nous représentons la majorité des
producteurs de lait de Montréal. Ce que l'on peut dire, les preuves
qu'on peut apporter à ce moment, c'est qu'il y a 95% des producteurs qui
ont souscrit ou payé une part de $300 dans la coopérative au
cours des six derniers mois seulement. Les producteurs du marché de
Montréal ont versé en argent, ont payé à la
coopérative, en capital social, je ne dis pas souscrit, mais
payé, au cours des 10 derniers mois, une somme de $180,000.
Alors, en dépit du contexte actuel, si ce n'est pas
représentatif je ne sais vraiment pas ce qui est
représentatif.
On s'oppose donc, et c'est la conclusion que j'apporte à cet
exposé, aux amendements qu'apporte actuellement et que contient le bill
47 parce qu'on veut faire des coopératives des acheteurs, et je doute
fort qu'on puisse éventuellement considérer un acheteur comme un
exécuteur de plan conjoint de producteurs.
Or, c'est le voeu de la grande majorité des producteurs de lait
de Montréal qu'un jour, la Coopérative des producteurs de lait de
Montréal soit l'exécutrice de leur plan conjoint, tel qu'ils
l'ont voté en 1958.
Alors, je m'oppose formellement, au nom de tous les producteurs de lait
de Montréal, membres de la coopérative, et je pense ici
représenter la très grande majorité des producteurs en
exprimant cette opposition. Merci messieurs.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie, M. Tremblay.
Me François Lévesque.
M. LEVESQUE: M. le Président, c'est une question technique qui
m'a amené ce matin à donner mon nom pour demander la parole.
J'aurais voulu poser une question à M. le ministre Bertrand, qui s'est
adressé ce matin à M. Sorel pour lui demander de parler des
mécanismes d'application, de ratification, d'adoption des plans
conjoints. Alors, on a demandé si le vote était libre et
volontaire. Evidemment, si je me reporte à ce qu'on disait ce matin,
quant aux gens qui étaient assis et, à leur
bénéfice, je voudrais quand même dire que, assis ou debout,
dans mon cas, si je manque mon coup, que ce soit sur le plan juridique ou
autre, j'en paie ma chemise. Je voudrais également ajouter que nous
sommes en séance d'information en ce moment, qu'il y a tout lieu de se
réjouir de constater que le tout agricole au Québec est
réuni ici aujourd'hui et que, si on a parlé de procès
d'intention, si on voulait dire que nous étions en train de faire un
procès, pour ou contre le bill qui sera soumis en troisième
lecture à l'Assemblée législative, eh bien, je me
flatterais d'être avocat parce qu'à ce moment-là, organiser
un procès de ce genre-là, ce serait quand même enivrant. Et
ma question...
M. LE PRESIDENT: Pardon, M. Lévesque, avant de continuer, nous
venons de savoir que vous êtes avocat, qui représentez-vous
ici?
M. LEVESQUE: L'Association professionnelle des meuniers du
Québec.
M. LE PRESIDENT: C'est bien. Merci.
M. LEVESQUE : Voici donc ma question sur le plan technique des plans
conjoints. Ce que je voulais discuter avec M. Bertrand, c'est de l'adoption
définitive de ces plans conjoints. On a parlé ce matin du plan
conjoint des produits laitiers adopté en 1966, et j'aurais voulu attirer
l'attention de M. Bertrand, peut-être de M. Sorel également, sur
les mécanismes qui amènent les producteurs à adopter ou
à refuser un plan conjoint.
En 1967, au mois de septembre, plus exactement, les producteurs, je ne
sais pas leur nombre, possédant au moins une poule, qui ont
été amenés à discuter du plan conjoint de la
volaille, ont été, au moins à deux reprises,
reportés en ce qui concerne les dates limites d'inscription
définitive en vue du vote pour ce plan conjoint. Et, lorsque le vote a
commencé à être inscrit et étant donné que le
vote se faisait très lent, il s'est produit que des listes
additionnelles d'inscription ont été apportées et soumises
à la régie. La régie qui, à cette
époque-là, travaillait en étroite collaboration avec un
organisme qui commençait à s'Intéresser au plan conjoint,
l'Association professionnelle des meuniers, a offert sa collaboration. La
fédération, l'UCC et d'autres avaient fourni des listes de noms
et voici que le président de la régie et ses collaborateurs ont
émis l'opinion qu'il fallait scruter davantage les inscriptions qui
apparaissaient déjà et qui étaient à la disposition
du grand public. On s'est rendu compte, à un moment donné, qu'il
fallait intervenir et ajouter à cette liste. Et voici ce qui s'est
produit.
A ce moment-là, peut-être que M. Bertrand et M. Sorel
auraient pu enparler, on s'est rendu compte que, sur la liste des noms qui
étaient soumis, il y avait plus de noms à soustraire que de noms
à ajouter. Et, malheureusement, parmi des gens à soustraire, il y
en avait déjà qui s'étaient prévalus de leur droit
de vote et, effectivement, avaient envoyé à la régie, leur
bulletin de vote.
Nous avons également pu constater depuis le début des
inscriptions jusqu'à la toute fin, c'est-à-dire les deux fois que
nous avons reporté ou différé les dates d'inscription,
qu'il y avait même des personnes inscrites qui étaient des
producteurs de l'Ontario.
De plus, et c'est une question d'information qui nous permet, je le
pense, de faire peut-être l'unité puisqu'on parle en ce moment,
nous sommes les premiers à déplorer qu'il y ait divergence de
vues quoique ce soit peut-être un enrichissement au niveau des membres de
l'UCC.
Mais il demeure que les personnes qui étaient inscrites comme
producteurs, pour le plan conjoint de la volaille, se sont rendus compte,
à un moment donné, que ce plan conjoint englobait
également les producteurs d'oeufs et les producteurs de poules
également. Par conséquent, les gens se sont malheureusement
réveillés trop tard.
Je voudrais également déplorer le fait que nous en soyons
tout de même à un point où le bill 47 en est rendu à
être discuté. Nous apprécions le fait que le bill soit
discuté mais, dans le contexte parlementaire du Québec, il
demeure qu'après une deuxième lecture, il ne faut pas se leurrer,
on sait quand même où on en est rendu.
On s'est demandé, ce matin, ce que venait faire l'industrie
agricole au cours de cette assemblée. Je pense bien que l'Association
professionnelle des meuniers, tout comme l'UCC et les autres industries
agricoles qui s'intéressent vraiment à l'agriculture au
Québec, est venue se renseigner.
C'est le message que j'avais à livrer.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Levesque. Maintenant, nous entendrons,
à la demande de ce dernier, M. Xavier Fortin.
M. FORTIN: Xavier Fortin, cultivateur, Saguenay-Lac-Saint-Jean, membre
de trois coopératives agricoles dans ma région. Je suis
vice-président de l'une, qui groupe 1,700 membres et qui fait un chiffre
d'affaires de $15 millions par année.
Nous retrouvons aussi dans notre région 70% de la transformation
et de la mise en marché des produits laitiers faite par la
coopération. Nous avons été une région qui a
réclamé de l'UCC de couvrir par le plan conjoint les membres
co-opérateurs comme les autres, non pas parce que nous n'avions pas foi
en la coopération, mais parce que nous avions compris que nous avions
besoin d'un autre outil pour régler le problème agricole. Nous
l'avions prouvé. Je l'ai prouvé moi-même par ma mise de
capital social sous- crite à mes diverses coopératives au montant
de $2,400, et les cultivateurs de ma région ont eux-mêmes
au-delà de $1 million de capital souscrit à leurs
coopératives. Donc, ils ont confiance aux coopératives. Ils ont
foi en elles. Us ont bien l'impression et, moi aussi, j'ai la conviction que
les coopératives sont encore très utiles et qu'elles le seront
encore davantage dans l'avenir pour les cultivateurs. Mais nous avions besoin
d'un outil que nous n'avions pas et que la coopération ne peut pas nous
donner et ce sont les plans conjoints.
C'est pourquoi les coopérateurs de notre région, membres
de l'UCC coopérateurs, ont réclamé de leur association
professionnelle, la Confédération de l'UCC, de couvrir ces
derniers par un plan conjoint. Les cultivateurs de notre région ont
voté avec une majorité très confortable pour le plan
conjoint du lait industriel. Ils paient en totalité leurs
prélevés. Us ont foi que c'est un outil de plus au service de la
classe agricole et que, par la coopération, les cultivateurs sauront
bien faire jouer à tous ces organismes le rôle qu'ils auront
à jouer dans l'avenir sans détruire personne de ceux qui sont en
place, parce que nous en avons tous besoin. Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Fortin. Maintenant, M. Paul-Henri Lavoie, de
l'UCC, a manifesté le désir de se faire entendre.
Avant que M. Lavoie ne parle, je demande à tous ceux qui veulent
intervenir dans le débat de bien vouloir me donner leur nom. Il n'y a
aucune gêne, c'est très facile. Comme vous voyez, c'est une
veillée de famille en plein après-midi.
M. LAVOIE: M. le Président, Paul-Henri Lavoie, employé de
l'UCC, je me garderais bien de vouloir réduire le moindrement cette
discussion, mais vous me permettrez sans doute d'essayer de revenir un peu au
sujet qui nous a tous amenés ici aujourd'hui. Je pense que tous
ensemble, si nous voulons aboutir à quelque chose je n'ai pas
d'objection à passer quelques jours ici je pense que les
législateurs, tout comme les représentants des cultivateurs qui
sont ici, sont venus pour un résultat quelconque. Pour certains, c'est
pour un résultat certain, mais enfin c'est pour un résultat de
toute façon.
Evidemment, c'est extrêmement intéressant de voir les
réalisations des entreprises, des entreprises coopératives
particulièrement. Mais pourquoi faut-il répéter pour la
Xième fois que rien dans la loi actuelle et rien dans les amendements ne
vient nuire à cette action et à ce
développement. Enfin qu'on en fasse au moins la preuve et, sur
des cas précis, en prenant la loi. Evidemment c'est excellent que les
coopératives offrent de meilleurs prix à l'heure actuelle. On ne
met pas ça en cause, c'est tant mieux. Mais, à ce
moment-là, si on accepte le jeu de la démocratie, parce qu'on
aeuune série d'exposés qui en somme auraient dû s'adresser
aux cultivateurs avant qu'ils ne votent un plan conjoint et dire que le plan
conjoint n'allait pas faire leur affaire, qu'ils allaient avoir un moins bon
prix. Et à ce moment-là, c'est le jeu de la majorité qui
joue.
Des exposés de ce genre, pour vous, ce pouvait être
intéressant. Mais ce devrait être fait dans le champ
également. Même si, à l'heure actuelle, certains plans
conjoints nuisent aux cultivateurs, il y a des moyens, si on croit à la
démocratie, on en parle beaucoup et on dit que notre affaire est
démocratique, mais qu'on la fasse valoir. N'importe quand, la loi le
permet, si les plans conjoints ne sont pas dans l'intérêt du
cultivateur, on peut même les faire abolir et surtout empêcher
qu'un plan soit voté. Autrement, tout en se déclarant en faveur
du principe des plans conjoints, en pratique, on les rejette ou c'est tout
comme, on voudrait faire trancher le cas par les législateurs.
Je vais prendre le cas du lait industriel. Les trois cents et demi, on
dit: c'est trop pour nous. A ce moment-là, ce n'est pas le
législateur qui décide, ce sont les producteurs. Qu'on aille le
dire au producteur et, en" vertu de la loi de la majorité encore une
fois, si on y croit, ils vont décider, dire que c'est trop et le
rejeter. Moi, c'est une chose que j'ai de la difficulté à
comprendre. A moins qu'on dise au gouvernement de régler tout ce
problème et, au lieu de trois cents et demi, on va dire cinq ou deux
cents. Mais disons que ce n'est pas comme ça que c'est conçu dans
le Québec.
On a mentionné, même, que c'était imposé,
dans le cas de Montréal. Quand on sait que 2,000 producteurs, au cours
des mois de février et mars, ont adhéré librement, en
payant une cotisation à un syndicat, et ensuite, on dit que la
majorité ne pense pas ça. Mais Comment voulez-vous établir
la majorité? Quand des gens sortent de l'argent de leur poche et signent
une adhésion, est-ce que cela ne vaut pas presque autant que le gars qui
dit que la majorité ne pense pas ça? Il faut des moyens de
sonder. Vous le savez, vous, messieurs les élus. Il y en a qui vont
dire: Vous ne représentez pas, mais vous avez eu des votes et c'est ce
qui compte. Aussi longtemps qu'on ne trouvera pas un autre système,
celui-là restera valable.
Or, vous avez 2,000 producteurs sur 2,900 à Montréal qui
ont signé l'adhésion, et on dit que ç'a été
imposé. Qu'est-ce qui n'est pas imposé dans notre régime
si cette adhésion libre est imposée? M. le Président,
évidemment que l'opposition peut venir. Il y en a qui ne se gênent
pas d'ailleurs. J'ai été heureux d'entendre le
représentant des meuniers. Il fait bien de s'exprimer. Il va
jusqu'à présenter son association comme représentant les
cultivateurs. Je n'ai pas d'objection. On croit à la liberté
syndicale. Je n'ai pas d'objection. Qu'il fasse la preuve qu'il groupe 58,000
cultivateurs qui adhèrent librement à un organisme, et demain
matin il remplacera l'UCC. Ce n'est pas plus grave que ça. On ne demande
pas au gouvernement que l'UCC soit le seul organisme syndical dans le
Québec. C'est la liberté syndicale.
M. le Président, sans empêcher les interventions, pour
préciser les critiques qui peuvent être fondées, à
moins qu'on veuille remettre en cause encore une fois la loi de 1956
amendée en 1963 et en 1965, àce moment-là, il
m'apparaît que ceux qui, sans s'en rendre compte, la remettent en cause,
auraient dû se présenter au préalable et qu'on vienne au
comité ce matin en disant qu'on ne venait pas discuter le bill 47, mais
l'annulation de la loi de 1956. A ce moment-là, on aurait
peut-être agi autrement.
Il y a un groupe de gens, ici, qui sont venus pour discuter du bill 47
qui a une quinzaine de clauses. Enfin, ce n'est pas même une suggestion,
j'en suis même rendu à me demander que, si c'était pris
clause par clause, si cela ne permettrait pas de préciser et de
clarifier bien des affaires et d'avancer un peu. C'est un peu
prétentieux de faire une proposition comme cela, mais je la fais quand
même.
M. LE PRESIDENT! Je vous remercie de votre suggestion elle n'est
pas méchante ici, nous avons convoqué des gens qui peuvent
s'exprimer librement et on veut, avant de toucher à la loi clause par
clause, que les gens puissent s'être satisfaits d'avoir fait valoir leur
point de vue.
Et pour faire suite à M. Lavoie, un M. Dinelle nous a
demandé la parole.
M. DINELLE: M. Jean-Paul Dinelle, cultivateur pratiquant,
président de la Coopérative Papineau, directeur de la
Coopérative fédérée et président du
comité de l'industrie laitière coopératif.
M. le Président, M. le Ministre, M. le chef de l'Opposition, MM.
les membres du comité. Je voudrais, dans les quelques minutes qui vont
suivre, essayer de donner un peu plus d'éclaircissements sur la
confusion qu'il y a en campagne chez les cultivateurs.
J'ai assisté à la première rencontre entre
l'exécutif de la Coopérative fédérée et
l'exécutif de l'UCC, à la Régie des marchés, sous
la présidence du ministre de l'Agriculture du temps, à laquelle
étaient présents aussi les sous-ministres et les
régisseurs de la régie. A cette réunion de février
1966, une entente avait été prise au préalable entre le
mouvement coopératif et le mouvement de l'UCC. A la suite de cette
rencontre, il avait été bien entendu que le mouvement
coopératif ne serait nullement affecté et serait
complètement hors du plan conjoint qu'il mettrait en
opération.
Donc, en ce moment, le comité de l'industrie laitière, qui
groupe toutes les coopératives laitières régionales de la
province, a tenu une réunion et a informé ces coopératives
dans ce sens. Et à ce moment-là, les coopératives ont
informé leurs membres dans ce sens et au mois d'avril 1966, même
au début des premières formations de fédération de
l'UCC, celle-ci a même dit dans ses propres assemblées, qu'elle
refusait que les cultivateurs membres des coopératives soient exclus du
plan conjoint.
Et c'est à ce moment que la confusion a commencé chez les
cultivateurs en campagne et lorsque, en avril 1966, ils ont entré, ils
ont englobé les membres de coopératives dans leur loi de
fondation de la fédération, le cultivateur n'a pas
été informé de façon satisfaisante et c'est de
cette façon qu'est venue, réellement, une grande confusion
lorsque le vote a été pris. Je dois dire aussi que j'ai pu
constater dans ma région que des cultivateurs, qui avaient envoyé
leur lait l'année précédente à deux usines
différentes, avaient reçu deux bulletins de vote. Même que
des cultivateurs décédés étaient encore sur la
liste de deux votes. Ces gens ont tous reçu des bulletins de vote.
Probablement que ce sont des erreurs techniques, des erreurs de machine.
Nous avons pu constater cela dans le champ et quelques cultivateurs
très honnêtes nous ont dit qu'ils avaient jeté un bulletin
de vote, d'autres ont dit qu'ils avaient voté les deux fois.
Donc, je crois qu'à ce moment-ci c'est la raison pour laquelle au
mouvement coopératif, que je représente, nous nous opposons
à l'ancien vote qui avait été pris sur ce plan conjoint et
nous demandons que ce qui a été demandé ce matin dans le
message de la Coopérative fédérée,
présenté par la Coopérative fédérée,
soit ainsi admis à la lumière d'un comité
complètement neutre et peut-être aussi rappelé par un
nouveau vote. Donc, je crois que ces remarques éclaireront les gens qui
seront obligés d'en décider en nous espérons que cela sera
à l'avantage de tous les cultivateurs de la province. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci M. Dinelle. M. Léopold Harvey.
M. HARVEY: M. le Président M. Léopold Harvey,
président de la Fédération de producteurs de lait
industriel, cultivateur d'abord, producteur de lait industriel, administrateur
de trois coopératives, d'abord coopératives locales,
vice-président de la Coopérative laitière Saguenay-Lac
Saint-Jean, groupant environ 1,200 membres, et administrateur d'une autre
coopérative régionale groupant 1,800 membres.
M. le Président, je ne veux pas non plus revenir sur toutes les
discussions qui ont été faites depuis ce matin, je voudrais tout
simplement demander ici à l'assemblée de s'en tenir à ce
pourquoi nous sommes ici aujourd'hui.
Je pense que c'est une chose reconnue, par le vote qui a eu lieu, que le
plan conjoint qui est actuellement en place a été voulu par les
producteurs de lait, tant producteurs membres de coopératives que
non-membres, et je crois que nous devons, et nous le réclamons avec
justice et droit, je pense, avoir les amendements auxquels nous avons droit
pour faire fonctionner nos plans conjoints.
Malheureusement, je ne reviendrai pas pour relever tous les
avancés qui ont été dits depuis ce matin, qui à mon
sens ne sont pas tous justes. Je ne m'attarderai pas là-dessus. Une
chose me surprend énormément, c'est quand on prétend
être d'aussi bons défenseurs du producteur de lait et qu'on vient
dire que les producteurs ont voté des choses et qu'ils ne savaient pas
ce qu'ils votaient. Je pense que le devoir de ceux qui se disent
défenseurs des producteurs, était de les informer s'ils
pensaient, d'après eux, qu'ils ne l'étaient pas.
Il y a certaines questions qui se sont posées aussi: Qu'est-ce
qu'on va faire avec l'argent? Je pense qu'on ne doit pas s'inquiéter.
Même si on n'a qu'à négocier avec ces montants provenant du
prélevé, il y a bien autre chose à faire. Même s'il
n'y a que les régions pauvres qui paient le prélevé
actuellement, déjà, dans chacune des régions où il
y a un syndicat des producteurs de lait industriel, il y a un technicien qui
travaille pour le bien des cultivateurs, qui travaille sur des programmes de
qualité et qui travaille en somme pour aider les producteurs.
Alors, messieurs, je pense qu'on n'a pas à trop s'attarder sur
ces questions, et nous devons travailler aux amendements que nous
réclamons.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Harvey. M. Clément
Létourneau.
M. LETOURNEAU: Mon nom est Clément Létourneau,
président de la fédération de Saint-Hyacinthe. M. le
Président, MM. les Députés, messieurs. C'est une mise au
point que je voudrais faire relativement à ce qui a été
dit tantôt au sujet du marché de Montréal, de même
que ce qui a été dit relativement à l'information selon
laquelle l'UCC n'aurait pas suffisamment informé les producteurs de lait
industriel. Dans la région chez nous, à Saint-Hyacinthe, nous
avons tenu, avant que le plan conjoint soit voté, des assemblées
générales partout dans nos régions pour informer nos
producteurs du plan conjoint. Nous avons pris le temps de le lire avec eux,
d'étudier avec eux, et tous les cultivateurs de la région de
Saint-Hyacinthe ont été invités, ont été
appelés à venir étudier le plan conjoint tel que
proposé. Un très grand nombre également est venu.
Les gens de la coopération qui disent que nous n'avons pas
donné suffisamment d'information, bien eux, ils étaient dans nos
salles justement pour combattre ce que nous avancions. Alors, à mon
point de vue, nos producteurs ont tous été informés
d'abord du côté du syndicat et du côté de la
coopération. Ces gens-là étaient dans nos salles pour
combattre nos idées à ce moment-là.
Je veux ajouter pour ce qui est du marché de Montréal
actuellement, on a dit tantôt que les producteurs du marché de
Montréal s'objectaient à la passation du bill 47, cela, c'est
l'idée de quelques producteurs, de quelques
délégués de la coopération. Nous avons voté,
comme producteurs du marché de Montréal, nous nous sommes
donné un syndicat qui comprend exactement 1,966 producteurs qui ont
donné leur adhésion au syndicat des producteurs de lait sur le
marché de Montréal. Ce qui veut dire qu'actuellement nous
groupons la très grande majorité des producteurs qui ont
donné librement leur adhésion au syndicat. Et tout l'hiver,
lorsque nous avons fait nos assemblées générales, ces
gens-là étaient chez nous dans nos assemblées pour
combattre nos idées. Alors pourquoi laisser entendre à nos
ministres et à nos députés que nos gens n'ont pas
été suffisamment informés? Alors ce que nous avons fait,
nous l'avons fait de bonne foi. Notre coopérative du marché de
Montréal, nous tenons à ce qu'elle demeure, nous savons d'avance
que cette coopérative est là pour nous rendre service, nous
voyons son rôle. Mais cependant nous ne pensons pas que cette
coopérative puisse se substituer au plan conjoint. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Létourneau. M. Joachim
Bérubé.
M. BERUBE: Joachim Bérubé, de la fédération
de Rimouski et vice-président de l'Office des producteurs de lait. C'est
un peu, M. le Président, MM. les ministres, regrettable de voir certains
groupes de cultivateurs qui se disputent sur le même problème. Un
groupe est de la gauche, l'autre groupe est de la droite. C'est vraiment une
risée de voir les discussions qui se font. Le seul problème qui
se pose, c'est un prix national que les producteurs veulent avoir parce que,
dans les régions défavorisées, il s'est voté un
plan conjoint, à la majorité, pour avoir l'efficacité d'un
prix national pour toutes les organisations. La coopérative est à
sa place et administrée par des cultivateurs qui sont pour la
coopérative. Vous tournez le papier, et les mêmes cultivateurs qui
sont dans les plans conjoints, sont encore pour, et, lorsque vient le temps de
payer les $0.03 1/2, là, par exemple, ils sont contre. C'est ce dont,
aujourd'hui, se défendent la majorité des cultivateurs. Ce sont
les $0.03 1/2 qu'ils ont sur le coeur de payer pour avoir un prix national pour
le lait, et, c'est ce qu'ils ne veulent pas accepter dans l'amendement du bill
47.
Pour autant que le plan conjoint a été voté et il a
été voté librement dans nos régions, on demanderait
que le bill soit amendé au point que les trois organismes ne fassent
qu'un. Ils n'ont pas d'affaire à se diviser et il n'y a pas de
contradiction entre les trois, l'UCC, les coopératives et l'Office des
producteurs de lait. On marche à point pour avoir un prix uniforme, et
pour avoir le plus possible pour les régions
défavorisées.
Si la région de Granby a un prix qui peut mener son entreprise
à un taux qui soit rentable, je la remercie bien, parce qu'il y a
longtemps qu'elle y travaille, mais le cultivateur qui n'a pas ce prix, il est
appelé à venir manger à la grosse coopérative, s'il
a voté. Je vous remercie, messieurs.
M. LE PRESIDENT: Merci, monsieur. Il nous reste M. Louis-Philippe
Rioux.
M. RIOUX: M. le Président, MM. les Ministres, MM. les
Députés, MM. les membres de l'UCC et les représentants des
coopératives, je désire parler comme membre de la
coopérative laitière du Bas-Saint-Laurent. Je sais que ce matin,
des représentants des coopératives ont parlé au nom des
mouvements coopératifs du Québec. Mais je crois, comme membre de
la Coopérative du Bas-Saint-Laurent, qu'il y aurait certains
éclaircissements à donner. Cette coopérative, je dois dire
quelle a collaboré à 100% du moins à l'application du plan
conjoint.
Voici d'abord de quelle façon elle a procédé. Lors
d'une assemblée générale qui groupait tous les membres de
cette coopérative, dont 2,400 patrons et au-delà de 600 membres
coopérateurs-producteurs, il a été décidé
qu'un règlement serait passé à l'effet que les
cultivateurs qui désiraient payer leur prélevé devaient
signer une formule autorisant la coopérative à retenir ce
prélevé. Ce prélevé a été retenu dans
la proportion, je dirais, des neuf dixièmes, parce que, en ce qui
concerne les producteurs qui ne sont pas membres de cette coopérative,
tous automatiquement se voyaient retenir leur prélevé, et les
membres de la coopérative en question, soit à peu près 540
sur 600, le président, M. Gonzague Roy, qui est ici, pourra
rectifier si je me trompe ont signé tout simplement pour que le
prélevé soit retenu.
Cependant, on a semblé vouloir dire, ce matin, que ce
prélevé, ces $0.03 1/2, ne servaient actuellement à rien
et que les plans conjoints de mise en marché du lait, loin d'aider
à la cause de la coopération, semblaient lui nuire. En ce qui
concerne le Bas-Saint-Laurent, je dois vous dire, comme membre de la
coopérative du Bas-Saint-Laurent, qu'une action de collaboration
très intense a été menée pour faire suite à
l'imposition de ce prélevé de $0.03 1/2, Trois inspecteurs
laitiers ont été engagés par le Syndicat des producteurs
de lait du Bas-Saint-Laurent. Vous savez que la Coopérative
laitière du Bas-Saint-Laurent a perdu une somme de près de
$80,000, et ces chiffres sont exacts, officiels, parce que, tout simplement, la
qualité du lait laissait à désirer.
Je souligne le beau travail accompli par les inspecteurs laitiers, pas
seulement ceux engagés par le syndicat mais ceux aussi qui sont
engagés par la coopérative, travail complété par
une merveilleuse équipe. Nous avons réussi, grâce aux
$0.031/2 prélevés, à aider efficacement à relever
ce niveau de qualité, et d'un commun accord, les dirigeants de la
coopérative du Bas-Saint-Laurent et les dirigeants du syndicalisme
agricole vont de pair pour que cette qualité augmente. C'est un des bons
effets du plan conjoint de la mise en marché et je pense que le plan
conjoint de la mise en marché, loin de détruire l'action
coopérative, vient la compléter, la favoriser. Je pense que c'est
un outil essentiel au développement de nos coopératives dans
toute la province, et c'est pourquoi je souscris aux amendements à la
loi des marchés. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Merci, monsieur. Nous avons maintenant M. Paul
Tardif.
M. TARDIF: M. le Président, MM. les Ministres, MM. les
Députés, messieurs les cultivateurs, il me fait réellement
plaisir, au nom de la classe agricole et comme vice-président de la
Fédération de Québec-Est, vice-président de la
Fédération provinciale du lait naturel et président du
Syndicat des producteurs de lait sur le marché du Québec, de
prendre la défense de nos cultivateurs.
Réellement, je suis surpris de voir autant de monde
s'intéresser aujourd'hui à la classe agricole. Je crois
qu'à partir d'aujourd'hui les cultivateurs ont fini d'avoir de la
misère, parce que toutes les classes de la société sont
intéressées à relever le niveau de vie des cultivateurs,
chose qui ne s'est pas produite souvent dans le passé parce que nous
avons été obligés de nous défendre seuls. Mais,
à partir d'aujourd'hui, nous ne serons pas seuls. Nous avons des classes
intéressées à défendre la classe agricole. Par
conséquent, si on se reporte au bill 47 en faveur duquel je suis
à 100%, on disait, dans la matinée, qu'on chargeait $0.031/2 de
prélevé sans savoir pourquoi. Mais, nous du Québec, avons
un marché de lait naturel dont je suis le président, et j'en suis
fier, il est organisé selon le plan conjoint depuis 1958. En 1958 nous
vendions en pourcentage à peu près je ne vous dirai pas
les chiffres précis parce que je fais ça de mémoire
58% du lait de première classe. Dix ans après, en 1968, on se
retrouve avec 97% ou 98%. Il y a donc une place pour nos $0.03 1/2 qu'on fait
travailler au profit des cultivateurs en améliorant la qualité.
Sur le marché de Québec, nous avons quatre hommes à temps
plein qui travaillent à l'amélioration de la qualité du
lait. C'est payé par nos $0.03 1/2. J'en suis un. Cela me coûte $1
par jour parce que je suis un producteur de lait, cela me coûte $1 par
jour pour mon syndicat et je trouve que cela n'est pas cher.
On disait tout à l'heure que c'était pour coûter
$300, $400, $500 à quelqu'un et que ça ne rapporterait rien. Bien
mol, cela me coûte $1 par jour et je trouve que ce n'est pas cher pour
s'occuper de notre affaire.
La preuve, c'est que, depuis 1968, nous avons pris en main la
pesée, le tranport et l'échantillonnage du lait et nous faisons
la paie directement aux cultivateurs. C'est une chose qui ne s'est jamais
produite dans la province de Québec, que le cultivateur puisse dire
à l'acheteur: Voici la facture. Tu me dois tant. Je pense qu'il n'y a
que le marché de Québec qui soit organisé de cette
manière. Je voudrais que tous les autres marchés de la province
puissent en faire autant. Je crois qu'il y a là amélioration pour
l'agriculture, mais il ne faut pas décrier la coopérative
et la coopérative ne doit pas décrier les gens de l'UCC.
Ce n'est pas de cette manière que nous allons atteindre notre but, parce
que, réellement, depuis le matin, à entendre parler les gens de
coopération, je m'aperçois qu'on a des hommes réellement
compétents dans l'UCC, plus que je pensais, parce qu'on en parle
beaucoup. Pour ma part, je suis beaucoup plus confiant cet après-midi
que je ne l'étais au début de la matinée envers ces
hommes-là. Je crois qu'à l'avenir nous devrons faire bloc
d'idées. La coopération, nous en avons besoin. Je suis un
coopérateur. Je suis maintenant membre de coopératives. J'ai un
montant assez imposant d'investi dans les coopératives.
Alors, je crois qu'à l'avenir on devrait faire bloc, faire front
commun. C'est un complément à la coopération que nous
voulons, que le bill 47 tel que présenté, nous le voulons, nous
insistons et nous l'aurons. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Tardif. Maintenant, j'ai deux messieurs qui
m'ont fait signe à l'arrière. D'abord, celui de droite qui a des
verres, si vous voulez venir au micro. Votre nom, s'il vous plaît.
M. PEDNAULT: Paul Pednault, de la région du Saguenay. Comme les
autres qui m'ont précédé, 1e fais partie de la
coopérative régionale et paroissiale. C'est certain que je suis,
moi, à 100% pour la coopération parce que, comme beaucoup de
gens, j'y ai vécu depuis longtemps. J'ai grandi là-dedans et
peut-être que ma paroisse a fait une erreur en me nommant
président de sa coopérative. De toute façon, je voudrais
apporter quelques nuances. Tout en étant à 100% pour la
coopérative, je pense, et je pense que je ne suis pas le seul à
penser ça, que la coopération, c'est né d'un besoin. Donc,
c'est une chose qu'on met sur pied en fonction d'un besoin. Cela devient un
service qu'on met sur pied. Et cela devient un outil. Un outil, je pense, que
ce doit être au service de ceux qui le mettent sur pied. Alors,
nécessairement, je ne crois pas que ça doive nous orienter.
C'estplu-tôt nous qui devons l'orienter. Parce que, vous savez, la
corporation, en général, tout le monde peut en faire partie. Mais
il arrive que, pour se faire défendre sur le plan professionnel, je
pense qu'à l'heure actuelle, il n'y a qu'un organisme professionnel au
Québec et c'est l'UCC. Et l'UCC, pour pouvoir défendre plus
adéquatement le cultivateur, a décidé de mettre sur pied
les plans conjoints et c'est pourquoi elle demande des amendements.
Alors, c'est bien sûr que, tout en étant à 100% pour
la corporation, je ne peux pas être moins pour ça, parce que ce
sont deux outils qui, pour moi, sont aussi indispensables l'un que l'autre,,
Evidemment, aujourd'hui, il se dit toutes sortes de choses. Je pense que, vous
le savez, préparer une réunion, c'est facile. On peut faire dire
toutes sortes de choses. Tout le monde peut faire dire des choses contre l'UCC.
Tout ceux qui sont autour de la table le pourraient. Peut-être que j'en
vois qui ne le pourraient pas, M. Gauthier. Mais je pense que tout le monde
pourrait apporter des objections contre l'UCC. Mais je pense que c'est la seule
solution évidemment, ce n'est pas un reproche, disons que c'est
pour badiner mais je pense que nous sommes confiants. Vous êtes
membres de la commission, mais il y a aussi des législateurs. S'il
fallait que vous passiez une loi seulement quand il y a 100%, ce ne serait pas
drôle. Vous n'en passeriez pas beaucoup. Je pense que c'est une affaire
d'habitants. Et les habitants ont parlé une fois. Vous l'avez
mentionné deux fois dans la matinée, ils se sont prononcés
à 90%. C'est nous qui nous sommes prononcés. Même s'ils
semblent aujourd'hui divisés, ils le sont beaucoup moins qu'il n'y
paraît. Nous allons aussi à d'autres assemblées. Dans le
fond, les cultivateurs ne cherchent tous qu'une chose, un peu de
sécurité. Même si je suis à 100% pour la
corporation, et si elle n'existait pas, il faudrait la mettre sur pied, il
reste quand même que ces coopératives ont 25 ou 30 ans et que
l'agriculture ne s'est même pas maintenue. Ce n'est pas leur faute, c'est
que la coopération n'avait pas les outils qui nous auraient permis de
pouvoir avancer. Cela semble compliqué aujourd'hui et c'est difficile
à concilier, mais moi, autant je suis pour un, autant je suis pour
l'autre. Et je ne vois pas comment des gens qui exploiteraient cette situation
parce qu'au fond, il n'y a pas beaucoup de gens dans la province qui
l'exploitent et c'est malheureux. Alors, je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Pednault. Un autre monsieur dans la salle, en
arrière du haut-parleur, m'a fait signe tantôt. Si vous voulez
passer au micro.
M. PELLETIER: Roger Pelletier, président de la Coopérative
de la Côte-Sud, cultivateur. Mon premier rôle est d'abord
d'être cultivateur. Laissez-moi vous dire que je suis membre de l'UCC
depuis que j'ai de la monnaie en poche pour payer ma contribution,
c'est-à-dire depuis 25 ans.
Je suis membre de ma coopérative depuis 18 ans et je suis, dans
l'une comme dans l'autre,
membre actif, et je veux le bien des deux, parce que cela défend
le même cultivateur.
Je regrette, aujourd'hui, qu'on ait l'air un peu de se faire opposition.
Mais, il est sûr qu'au début, il y a eu un malentendu, et cela, je
tiens à le souligner à titre de cultivateur, parce que j'ai pris
part à la votation. J'ai travaillé pour faire passer le plan
conjoint. On a même retenu mes services dans ma fédération,
à titre de cultivateur, pour faire des assemblées de paroisses,
pour expliquer aux cultivateurs ce qu'était le plan conjoint, ce que
cela devait faire.
On nous avait dit que cela devait compléter l'action
coopérative. Et, dans l'esprit de nos gens, cela devait venir
compléter l'action coopérative et, dans la mesure où le
mouvement coopératif devait se développer, dans la même
mesure le plan conjoint devait se retirer.
Les cultivateurs de notre région, les membres de notre
coopérative, ne sont pas d'avis de payer deux fois pour le même
outil. C'est un outil qui complète l'autre, j'en conviens. Je ne suis
pas ici aujourd'hui pour faire des discours, Je voudrais, à ce
moment-ci, je pense, pour couper cela au plus court, à titre de
cultivateur, tout simplement et je crois traduire l'idée de
beaucoup de gens dans ma région -qu'un comité soit formé.
Je demande cela au ministre de l'Agriculture qui a autorité dans ce
domaine-là. Puisqu'il représente les cultivateurs au conseil des
ministres, il doit repré-la sueur de leur front et qui vous donnent tous
à manger à vous, ici. Ce sont les habitants, cela. l'UCC
provinciale. Ce sont nos employés qui sont là. Cela fait assez
longtemps qu'on donne des coups de poing à la figure des habitants.
C'est nous qui les payons. Nos employés, les représentants du
mouvement coopératif et les cultivateurs, les présidents de
coopérative, leurs délégués formeraient un
supercomité qui représenterait et les intérêts du
mouvement coopératif et les intérêts du syndicalisme. En
fait ce sont les mêmes cultivateurs dans le champ, qui travaillent, qui
gagnent leur pain à la sueur de leur front et qui vous donnent tous
à manger à vous, ici. Ce sont les hatitants, cela.
Je pense qu'ils méritent d'être considérés
dans cette affaire, et je demanderais que le plan conjoint actuel sur lequel
tout le monde s'acharne, soit étudié. Je n'ai pas d'objection aux
plans conjoints, il nous en faut, actuellement, dans la province de
Québec. Mais toute la journée, cela a tourné vers le plan
conjoint de lait industriel et les amendements projetés sont
spécialement faits pour obvier au blocage blocage, disons-le,
c'est un mot populaire au blocage de ce plan conjoint. On veut
débloquer ce plan conjoint-là. Alors, je pense qu'avant tout il
faudrait prendre contact avec les intéressés, ceux du mouvement
coopératif. Hs n'ont jamais été consultés. Quand on
les a consultés, on leur a dit que cela ne les toucherait pas. Et je
siège au comité provincial de l'industrie laitière,
où on nous a dit que cela ne nous toucherait pas. C'est aussi ce que
l'on a dit aux habitants dans le champ, et c'est comme cela qu'on a fait voter
nos gars, nos coopérateurs.
Au départ, on l'a dit tantôt, on l'a dit en pleine
assemblée: On ne peut pas nommer de directeurs membres de
coopérative parce qu'on ne sait pas actuellement où se brancher.
Ce n'était pas défini. A la fin, on a changé notre fusil
d'épaule et on les a amenés. Que les coopérateurs dans la
salle, individuellement, aient dit: Nous, nous voulons faire partie du plan
conjoint, à ce moment-là, ils ne représentaient pas leur
coopérative. Assez souvent, c'était un membre de la
coopérative qui n'était pas actif du tout. Assez souvent,
c'était un membre de la coopérative qui n'avait pas fait affaires
avec sa coopérative depuis dix ans. Alors, il était plus ou moins
coopératif. Je pense qu'il faut tenir compte de tout cela.
On a envoyé un bulletin de vote à nos habitants. Je suis
bien d'accord. On leur a envoyé le projet de plan conjoint, je suis
encore d'accord. Mais, dans la plupart des cas, comme nous les cultivateurs,
nous gagnons notre vie à la sueur de notre front, et que notre ouvrage
est manuel, quand la poste rurale passe on met le courrier sur la tablette de
l'horloge ou sur une autre tablette, et, cela a traîné un bout de
temps. C'est ce qui s'est produit chez nous. Un jour, le directeur du syndicat
local ou le directeur de la fédération est arrivé chez le
type: Tu n'as pas voté, toi? J'ai oublié cela! As-tu encore ton
bulletin de vote? Oui, cela doit être sur la tablette de l'horloge!
Alors, il a regardé cela, il n'a pas pris le temps de lire les choses,
il a écouté l'explication que monsieur le directeur lui a
donnée, de bonne foi, avec les informations qu'il avait
déjà car j'en ai donné des informations, personnellement.
Je croyais sincèrement que cela devait venir compléter le
mouvement coopératif, que cela ne devait pas venir l'encadrer, parce que
dans le mouvement coopératif, je pense qu'on en a une fameuse de mise en
marché, actuellement.
On veut avoir une meilleure compétition actuellement on
parle de compétition et de l'obtention d'un superprix. Je me
demande où on va faire nos représentations quand le
fédéral, actuellement, avec la Commission canadienne du lait,
nous donne $1.31 de subsides, fixe les prix de la poudre et tous les prix
du
beurre et de tous les produits laitiers. Je me demande où l'on va
négocier. Je pense que c'est le rôle de notre organisation
syndicale d'aller défendre les habitants pour avoir une subvention qui
uniformise un peu les prix dans la province. Alors, je vous remercie, je ne
veux pas retenir votre attention plus longtemps. Je demanderais que ce soit
étudié avant que le conseil des ministres ou que
l'Assemblée législative décide d'une loi qui, je pense, va
sceller le sort des coopératives dans la province de Québec,
actuellement. Je pense que les cultivateurs, si nous sommes 55,000 ou 58,000
dans l'UCC,nous sommes à peu près l'équivalent dans les
coopératives, et ce sont les mêmes cultivateurs, dans 98% des cas,
qui sont dans l'un et dans l'autre. Ce sont des gens qui ont fait un effort
considérable, qui ont mis actuellement du capital, de leur temps, de
leurs sueurs, qui ont formé ça de peine et de misère, dans
90% des cas, ce sont nos membres de l'UCC, ce sont nos présidents de
l'UCC qui ont travaillé, maison par maison, pour organiser des
coopératives. Et là, on nous dit; Ce n'est plus la mode. Je pense
que les coopératives vont toujours rester à la mode. Et il s'agit
qu'elles évoluent avec le temps. Comme un gouvernement dans un pays
reste toujours à la mode. C'est toujours un gouvernement, mais il
évolue avec le temps. Alors les coopératives, c'est la même
chose, il s'agit qu'elles évoluent. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, monsieur. Il y a un monsieur en arrière,
s'il veut s'approcher du micro.
Votre nom s'il vous plaît?
M. BELANGER: M. Raymond Bélanger, Saint-Roch-des-Aulnaies,
producteur de lait industriel et vice-président de la
Fédération provinciale des producteurs de lait.
Pour une information plutôt brève, étant
donné que je représente le syndicat des producteurs de lait pour
la même région que celui qui vient de me céder le micro,
pour l'information de la salle, des ministres, des députés, du
président, de toute l'assistance et même des administrateurs des
coopératives, je dois vous informer que, lors de la mise en marche du
plan conjoint, sur le boulevard Laurier à Québec, lorsqu'il avait
été décidé entre nous quand je dis entre
nous, je parle de tous les producteurs membres ou non M. Roger
Pelletier, président de la coopérative, côte sud, a
été le premier à me pousser, en disant: Bélanger,
les membres des coopératives, comme tous les autres, il faut être
dans le groupe, il faut travailler ensemble. Alors, à ce
moment-là, il était 100% avec nous et il voulait que le plan
conjoint soit voté. C'est tout ce que j'ai à dire, je vous en
remercie.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y en a d'autres dans la salle. Il n'en
vient pas en arrière. Est-ce que, parmi les membres du comité,
ceux qui font partie du comité parlementaire de l'agriculture, auraient
des questions à poser aux membres de l'UCC ou aux membres des
coopératives, avant que nous commencions l'étude, article par
article?
On pourrait aller à 5 heures.
M. VINCENT: Maintenant, M. le Président, comme le premier
ministre intérimaire, M. Bertrand, et le chef de l'Opposition, M.
Lesage, ont exprimé le désir d'être ici présents
lorsque nous commencerions l'étude du bill, article par article, et
qu'ils sont présentement àl'Assem-blée législative
pour un projet de loi assez important, maintenant que nous avons entendu tous
les participants ici à la réunion, nous devrions demander
l'ajournement du comité de l'agriculture jusqu'à 5 heures pour
permettre justement au chef de l'Opposition et au premier ministre de terminer
en haut et venir ici. Est-ce que le comité...
M. LE PRESIDENT: Je dois faire remarquer aux gens qui sont dans la salle
qu'à l'Assemblée législative actuellement on siège.
Il y a la loi de Sidbec qui est en discussion et c'est une question assez
sérieuse.
UNE VOIX: C'est suspendu.
M. LE PRESIDENT: C'est suspendu pour quelques minutes. Nous allons avoir
des informations précises.
M. CROISETIERE: Peut-être qu'ils s'en viennent en bas.
M. LE PRESIDENT: Nous allons prendre une vingtaine de minutes...
M. VINCENT: D'accord. Suspendons la séance pour vingt
minutes.
M. LE PRESIDENT: ... en attendant d'avoir des informations. Vous pouvez
prendre un peu l'air et vous dégourdir. Revenons ici à 4 h
30.
Reprise de la séance a 16 h 51
M. LE PRESIDENT: Messieurs, nous nous excusons du retard. C'est que,
comme je l'ai dit tantôt, à la Chambre, la loi de Sidbec est en
cours, et M. Lesage est retenu là avec certains membres de l'Opposition
et des membres du gouvernement. Il devrait être ici dans quelques
instants, avant que nous commencions à étudier le bill 47,
article par article. S'il y en a qui ont quelques remarques
générales à faire, nous sommes prêts à les
entendre. Ce n'est pas pour trouver une échappatoire, nous allons
étudier article par article tantôt, et nous allons prendre les
positions qu'il faut prendre devant ce bill. M. Courcy aurait peut-être
une question à poser. Voulez-vous, M. Courcy, poser votre question
devant le micro? C'est le député d'Abitibi-Ouest.
M. COURCY s Le mouvement coopératif transigeait 53% des produits
laitiers dans la province de Québec. Maintenant quel est le pourcentage
actuellement, sur ces 53%, où la retenue de $0.03 1/2 les cent livres
est faite? Si j'ai bien compris tout à l'heure, j'ai rencontré
des coopératives où on ne retient pas les $0.03 1/2 pendant que
d'autres coopératives les retiennent. Est-ce qu'il y a une proportion
que nous pourrions avoir? En posant la question, les autres pourront faire la
même recherche. Est-ce que, dans l'entreprise privée actuellement,
il y en a qui les retiennent et d'autres qui ne les retiennent pas?
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a quelqu'un dans la salle qui peut
répondre à la question? Prenez le temps qu'il vous faut,
monsieur. Seriez-vous assez bon, monsieur, de vous identifier?
M. MERCIER: Jean Mercier, de la Fédération des producteurs
de lait industriel. Il y a 60% des coopératives qui retiennent et
envoient le prélevé à la fédération. Cela ne
représente pas cependant 60% des producteurs mais 60% des
coopératives.
M. LE PRESIDENT: Quel est le montant qu'elles vous envoient par cent
livres de lait? M. Courcy a posé cette question.
M. MERCIER: $0.03 1/2.
M. COURCY: Et dans l'entreprise privée?
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on a un pourcentage dans l'entreprise
privée?
M. MERCIER: Je pense que le pourcentage est sensiblement plus faible.
Environ, si vous voulez, 40% à 45%.
M. BOUSQUET: Le pourcentage des coopérateurs?
M. MERCIER: Non, parce que vous avez une coopérative comme celle
de Granby, par exemple, qui comprend beaucoup plus de monde que, par exemple,
dans le Bas-Saint-Laurent ou en Abitibi.
M. LE PRESIDENT: M. Parizeau aurait une réponse à ajouter
pour compléter ou infirmer.
M. PARIZEAU: Si je prends une expression anglaise, je pourrais dire que
je « challenge » l'affirmation à l'effet que 60% des
coopératives on devrait peut-être parler des
coopé-rateurs retiennent ou paient les $0.03 1/2. Si vous prenez
les coopératives qui s'étendent dans les Cantons-de-l'Est, dans
la région de Granby, qui ramassent 1 milliard de livres de lait avec
8,000 fournisseurs, celle de Saint-Germain, toutes les coopératives
importantes de la rive nord ou de la rive sud, jusque dans la région du
Saguenay... J'admets que celle du Saguenay ait la retenue, j'admets que, dans
le Bas-Saint-Laurent, on fait la retenue, mais il faut remarquer que, dans la
coopérative du Bas-Saint-Laurent, 28% sont membres. C'est une entreprise
qui vient d'être bâtie, et 72% ne sont pas membres. On va à
la côte sud, le président vous a justement expliqué tout
à l'heure comment le vote a été pris. Il vous a dit
lui-même qu'il regrettait et il demandait pardon d'avoir fait voter, de
la façon dont il l'a fait. On collecte aussi, mais là aussi la
majorité des fournisseurs ne sont pas membres.
Alors, lorsqu'on dit 60% des coopératives, je me méfie du
chiffre. Mais je peux vous dire que la majorité des membres
coopérateurs ne paient pas, refusent de payer.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que quelqu'un d'autre a des questions? Oui
monsieur.
M. MERCIER: Jean Mercier, si vous me permettez, j'aurais une remarque
à ajouter à ce qu'a dit M. Parizeau. S'il prend la chose sur ce
ton, il faut aussi considérer que nombre de coopératives,
malgré que la grande majorité des coopérateurs voulussent
payer le prélevé et l'obtenir à la coopérative, ils
ont rencontré des gérants ou des présidents qui se sont
absolument refusés à collaborer avec le plan con-
joint. Si on se met à interpréter des données, par
exemple, on peut aller assez loin là-dedans. Nous ne pouvons pas prendre
le pourcentage de coopératives pour dire: Ce sont des gens qui
étaient prêts à payer leurs prélevés. Ce sont
les coopératives qui ont collaboré. Certaines, de plein
gré. D'autres, un peu malgré elles.
M. BOUSQUET: Les coopératives qui paient, celles qui
reçoivent, est-ce qu'elles reçoivent toujours $0.03 1/2 ou si
elles trouvent que le prélevé est parfois moins
élevé que le premier?
M. MERCIER: Non, toujours $0.03 1/2. M. BOUSQUET: Oui, je veux dire
$0.03 1/2.
M. LE PRESIDENT: Cela répond aux questions du
député d'Abitibi-Ouest. M. le Ministre.
M. BERTRAND: M. le Président, s'il n'y a pas d'autres questions
qui peuvent être posées, j'aurais, au nom du gouvernement,
à faire à ce stade-ci une déclaration, après
laquelle déclaration, le ministre de l'Agriculture dira ce qu'il entend
faire après que l'étude de ce bill aura été
complétée et son adoption passée par le comité
d'abord et par la Chambre ensuite.
Le 2 juillet 1969, mardi, le premier ministre de la province, en
Chambre, à l'occasion de la deuxième lecture de ce projet de loi,
avant qu'il ne soit obligé de se rendre à l'hôpital
où le retient la maladie, pour un repos obligatoire que lui imposent et
la maladie et ses médecins, le premier ministre, au nom du gouvernement,
a déclaré ceci, et je le retrouve à la page 3262 du
journal des Débats de mardi 2 juillet 1968: « M. le
Président, le ministre de l'Agriculture nous apporte cette loi...
le bill qui est à l'heure actuelle soumis à l'examen de ce
comité ... après l'avoir longuement mûrie,
après l'avoir discutée à profusion avec ses conseillers,
après en avoir soumis le texte au cabinet, après avoir
plaidé dans certains cas contre certaines objections apportées
par certains collègues. « Il apporte ce projet de loi en toute
connaissance de cause, et le cabinet le présente en prenant ses
responsabilités. » Il ajoutait: « II est très
conscient du fait que tout le monde ne sera pas satisfait de cette position de
principe.
Il est très conscient du fait que certaines coopératives
ne seront pas heureuses et qu'elles vont protester. »
M. le Président, je n'ai pas l'intention de rappeler des propos
que nous avons entendus. Pour ma part, je fais partie de la Législature
de Québec depuis 20 ans, et à toutes et chacune des
séances des comités, des principes semblables se sont
affrontés et, après chacune des séances, il y avait d'un
côté, en particulier dans le secteur agricole, à l'occasion
de l'étude de ces lois agricoles, des gens qui étaient contents
et d'autres mécontents. En politique comme ailleurs il est difficile de
plaire à tout le monde et à son père.
Toutefois, sans refaire l'historique, ce n'est pas le temps, nous sommes
des législateurs, nous devons prendre nos responsabilités.
L'occasion a de nouveau été fournie parce que le bill a
été référé au comité et, depuis ce
matin, tous ceux qui avaient des opinions à exprimer ont pu le faire, et
je vous en remercie, parce que vous avez reconnu à tous et à
chacun le droit de présenter un mémoire, le droit d'exprimer une
opinion, le droit d'exprimer un point de vue qui est totalement
différent de celui qu'on retrouve comme principe du bill. Disons que
c'est comme partout, il y a eu depuis longtemps un dialogue, il y a eu ce matin
également expression d'opinions, mais tout cela doit aboutir à
une décision.
Or, M. le Président, la démocratie le veut ainsi, c'est
qu'à la suite des dialogues, à la suite d'expressions d'opinions,
il y a des prises de positions qui doivent être définitives
à un moment donné, et cette prise de position n'est pas prise au
moment où je parle, elle l'a été le mardi 2 juillet. C'est
pourquoi je vous recommande, comme vous venez d'en exprimer le désir,
que nous commencions l'étude de ce projet de loi article par article,
mais, auparavant, étant donné qu'on a soulevé beaucoup de
problèmes, je crois qu'il est à propos que celui-là en qui
nous, du côté du gouvernement, nous avons confiance comme ministre
de l'Agriculture, ajoute aux propos que je viens de prononcer au nom du
gouvernement de cette province.
M. LE PRESIDENT: L'honorable Clément Vincent, ministre de
l'Agriculture.
M. VINCENT: M. le Président, chers collègues, messieurs,
nous avons, ce matin et cet après-midi, entendu de part et d'autre des
observations, des recommandations, des commentaires sur non pas seulement le
bill 47 qui amende la Loi des marchés agricoles, mais sur tout le
processus de la mise en marché et des plans conjoints. Je remercie tous
ceux-là, tant du secteur syndicaliste que du secteur coopératif
ou de l'entreprise privée, qui ont bien voulu nous faire ces
observations. Ces
observations serviront sûrement au cours des mois & venir,
à la suite de l'annonce que j'aurai à faire tout à
l'heure, pour la formation d'un comité spécial. Mais entre-temps,
le bill 47 que nous allons adopter article par article, je tiens à le
répéter, permet ou met entre les mains des producteurs un outil
indispensable pour que ceux-ci se forment en plan conjoint s'ils le
désirent. Ils en sont les seuls maîtres. S'ils le désirent,
c'est un outil qu'ils ont entre les mains. Ce n'est pas le gouvernement, ce
n'est pas le ministère de l'Agriculture et de la Colonisation qui oblige
un groupe de producteurs à s'associer, à se voter un plan
conjoint, mais le gouvernement, par cette législation, permet aux
producteurs, s'ils obtiennent la majorité, de former un plan conjoint,
de se donner des règlements, de s'Imposer des quotas, des
prélevés.
Ces producteurs sont toujours les maîtres en assemblée
générale, sont toujours les maîtres comme groupes de
producteurs de questionner sur le plan conjoint, de demander son abolition, sa
suspension, sa modification. Mais cette loi permet, et pour tous ceux qui
liront la loi, qui l'étudieront, il y a là toutes les
dispositions nécessaires pour permettre aux producteurs de faire ce
qu'ils veulent. Mais nous voulons que cet outil soit entre les mains des
producteurs. Chacun des producteurs pourra faire valoir ses droits, ses
revendications dans les assemblées générales.
Et encore une fois, je reviens là-dessus, il faudrait
qu'aujourd'hui, nous puissions repartir d'ici avec cette opinion qu'à
l'avenir, comme dans le passé, mais plus encore à l'avenir, dans
les assemblées générales, chacun exprime son point de vue
comme il l'entend, et lorsqu'une décision est prise par la
majorité des producteurs, jusqu'à la prochaine assemblée
générale, cette majorité des producteurs lie les autres
producteurs, c'est le rôle de la démocratie.
Maintenant, mes chers amis, messieurs les membres du comité, nous
avons entendu des commentaires. On nous dit que la Loi de la mise en
marché ne devrait pas contenir un code du syndicalisme agricole. Nous
avons reçu des représentations de la part de l'UCC, demandant un
code du syndicalisme agricole complètement distinct de la Loi de la mise
ne marché. Nous avons des représentations d'autres associations
qui demandent exactement la même chose. C'est la raison pour laquelle,
tenant compte des recommandations de la commission royale d'enquête,
tenant compte aussi de toutes les observations, nous allons, le plus tôt
possible, former un comité spécial qui aura, après
l'adoption du bill 47, comme principale tâche de faire des
recommandations au gouvernement pour en arriver à une loi de mise en
marché et à un véritable code du syndicalisme agricole.
J'ai transmis un texte tout à l'heure, je voudrais simplement prendre le
temps de corriger, s'il y a lieu, certaines choses que j'ai dictées. Je
voudrais, immédiatement, M. le Président, si vous me le
permettez, prendre une minute ou deux, pour relire ce texte et faire l'annonce
officielle tout de suite.
M. LE PRESIDENT: On vous permet.
M. VINCENT: M. le Président après avoir entendu les
représentations des divers groupes, qui ont bien voulu se faire
représenter devant le comité de l'agriculture et de la
colonisation, après le dépôt du rapport de la commission
royale d'enquête, après les demandes répétées
des syndicats agricoles, je dois vous dire qu'il a été
décidé de constituer un comité spécial du
gouvernement pour analyser les différents problèmes que pose la
Loi des marchés agricoles du Québec cela n'a pas
été dactylographié et certains problèmes
particulièrement sérieux en ce qui concerne le syndicalisme
agricole.
Ce sera du ressort de ce comité gouvernemental d'examiner
à fond, en particulier, la question du syndicalisme agricole et les
problèmes de la mise en marché des produits agricoles. Le
comité recevra les représentations qui ont été
faites jusqu'à présent et qui seront faites par les
différents groupes intéressés.
Je m'excuse, M. le Président, si la secrétaire qui a pris
la dictée au crayon n'avait pas une aussi bonne écriture que la
mienne.
M. BERTRAND: M. le Président, est-ce que nous pouvons commencer
à moins que notre collègue...
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest a quelque chose
à dire.
M. COURCY: Un mot, M. le Président. Nous avons suivi de
près tous les événements qui ont
précédé la réunion du comité de
l'agriculture de cet après-midi.
L'expérience de 1963 avait rendu énormément de
services aux législateurs et c'est pourquoi, comme l'a mentionné
le premier ministre par intérim, M. Bertrand, en date du 2 juillet, nous
aurions aimé, avant la deuxième lecture du bill 47, que le
comité soit convoqué afin d'entendre les parties
intéressées. Toutefois, la deuxième lecture a eu lieu
quand même et nous en sommes maintenant rendus à la
troisième
lecture qui viendra tout à l'heure.
Je suis heureux d'apprendre la formation d'un comité qu'on dit
gouvernemental pour étudier une future législation dans la Loi
des marchés agricoles où tout le monde cette fois serait entendu.
Mais j'ai entendu tout à l'heure une suggestion qui m'a un peu
frappé. C'est celle de former un comité de bonne entente. Ce
comité serait composé de représentants de nos deux plus
puissants organismes qui représentent la classe agricole, l'Union
catholique des cultivateurs qui représente le syndicalisme et le
mouvement coopératif, ceux-ci déléguant à ce
comité de bonne entente des membres, des officiers supérieurs.
Or, dans la discussion, nous avons cru, à un moment donné,
comprendre que c'est sur le dos de l'ensemble des cultivateurs de la province
que nous agissions dans le domaine syndicaliste ou dans le domaine de la
coopération, et que nous y avions plutôt une certaine division. Ce
comité formé des représentants du mouvement syndicaliste
et du mouvement coopératif pourrait, si le gouvernement y
déléguait un conciliateur, un homme complètement
indépendant, entendre ces représentants des cultivateurs, eux
seuls, non sur la place publique, non face aux journaux, afin de pouvoir,
à un moment donné, avoir l'unité de pensée au sein
de la classe agricole et même au sein des dirigeants.
Alors j'exprime le voeu que le gouvernement actuel forme ce
comité, ou au moins étudie la situation d'une façon
sérieuse, afin de faire l'unité dans le groupement
coopératif et dans le groupement syndical. Je suis assuré d'une
chose, M. le Président, c'est qu'entre les hommes de bonne
volonté que vous connaissez dans les deux groupements, il y a moyen,
j'en suis assuré, de venir à une entente pour que, demain, la
classe agricole en profite davantage.
M. BERTRAND: M. le Président, je remercie M. Courcy de ses
propos. Il abonde dans le sens exprimé par le ministre, pour la forma-
tion d'un comité gouvernemental. En premier lieu, quant à la
formation d'un comité de bonne entente, il appartient, je crois,
à ceux qui sont les responsables de tous les groupements, de
réaliser l'importance de l'union. Unis, les cultivateurs
réussiront. Divisés, malheureusement, il en est dans ce domaine
comme partout ailleurs, vous faillirez. J'abonde donc dans le sens de ces
remarques. Mais c'est à vous qu'il appartient de le former, ce
comité de bonne entente.
Quant aux liens ou à la compréhension du gouvernement, M.
Courcy a suggéré qu'il y ait quelqu'un du gouvernement qui soit
présent. Formez votre comité, étudiez la cause de vos
divisions, suggérez-nous de meilleures formules pour régler les
problèmes et vous trouverez toujours l'oreille attentive du ministre de
l'Agriculture qui se fait au sein du cabinet le porte-parole de vos
représentations.
Agissez, nous vous épaulerons, et que ce projet de loi,
malgré certains propos plutôt sombres qui laissent entendre que ce
serait un outil de scission, puisse-t-il, grâce à la
compréhension réciproque, devenir un outil d'union, de
coopération et de succès.
M. le Président, il nous faut malheureusement ajourner les
travaux car nous avons un vote en haut. Nous reviendrons continuer
l'étude du bill, article par article, dès que les travaux de la
Chambre le permettront, cela veut dire que nous devons ajourner pour une
vingtaine de minutes.
M. LE PRESIDENT: A moins qu'on prenne encore cinq minutes ici.
M. BERTRAND: Bien, je doute que l'on puisse rester encore ici, parce
qu'on nous attend pour le vote. Alors, nous nous excusons, nous reviendrons
dans une quinzaine de minutes.
M. LE PRESIDENT: Excusez-nous.
Reprise de la séance à 17 h 40
M. LE PRESIDENT: Article 1 du bill 47. Est-ce qu'on a des remarques?
M. LESAGE: Un instant.
M. VINCENT: Il faudrait quand même donner une explication sur
chacun des articles et aussi donner des exemples, cela pourrait éclairer
les membres du comité. Il s'agit de faire cela le plus brièvement
possible. La loi actuelle définit le mot « producteur »
à l'article 1-f) par opposition aux autres personnes qui sont
engagées dans la mise en marché, soit les acheteurs, les
camionneurs et autres. L'amendement étend cette définition, et la
régie peut conférer le statut de producteur à toute
personne qui participe à la production des produits agricoles. Le but de
l'amendement est de régler le problème de l'intégration.
Certaines personnes sont en fait de véritables cultivateurs, mais elles
ne sont pas propriétaires du produit. Vous avez des exemples comme
l'éleveur de poulets, qui n'est pas toujours le propriétaire du
poulet, qui peut, dans certains cas, appartenir aux fournisseurs de
moulées. Il gagne pourtant sa vie comme éleveur. Il doit
bénéficier de la loi. En définitive, c'est ça que
l'article 1 permet.
M. LESAGE: Alors, l'exemple, c'est quoi, M. Vincent?
M. VINCENT: Vous prenez par exemple l'éleveur de poulet. Il n'est
pas toujours propriétaire des animaux qu'il a. Il peut, dans certains
cas, appartenir à des fournisseurs de moulées. Il peut, en vertu
de cet amendement-là, bénéficier de la loi et être
défini comme producteur, comme éleveur.
M. LE PRESIDENT: Adopté? Est-ce que vous avez des objections?
Voulez-vous vous identifier au micro, s'il vous plaît?
M. GUILLEMETTE: Paul Gulllemette, cultivateur de Marieville.
Bientôt, le cultivateur ne sera plus propriétaire de sa terre, et
les compagnies vont en tirer profit. On devrait s'efforcer, dans l'esprit de la
loi, I fermer la profession. Actuellement vous encouragez n'importe quelle
compagnie à nommer un gars qui va représenter les cultivateurs.
Le cultivateur, dans une ferme, devrait avoir les avantages d'un cultivateur.
C'est le statut du cultivateur qu'il faudrait refaire. Mais, un gars qui ne vit
pas de la ferme ne devrait pas être capable de profiter des avantages
d'un plan conjoint. Là, vous ouvrez la porte à tout le monde. On
va rentrer dans notre milieu tant qu'on voudra. On va nommer un tel, un
prête-nom...
La première chose, je le répète, c'est de
travailler à fermer la profession. Le bill est contraire I cela.
M. LE PRESIDENT: Adopté. M. BERTRAND: Adopté. M. LESAGE:
Adopté.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, M. le Président, ce n'est pas notre
intention d'apporter une opposition à chaque article du bill qui est
présenté. Nous vous avons laissé entendre ce matin que
nous nous opposions à l'adoption du bill 47. Actuellement il semble bien
que vous êtes en voie de procéder à son adoption.
Nous vous remercions de nous avoir entendus. Mais, en signe de
protestation, malheureusement, nous n'avons pas autre chose à faire que
de nous retirer.
Nous vous remercions.
M. BERTRAND: M. le Président, toute personne a parfaitement le
droit d'exprimer son opinion et nous avons dit tantôt quelle était
notre position, le député d'Abitibi et moi avons vu au moins que,
lorsqu'il y a certaines suggestions, nous les écoutons tous deux. J'ai
voulu l'appuyer lorsqu'il a suggéré la formation d'un
comité de bonne entente. Nous maintenons exactement la même
attitude. Je tiens à déclarer que chacun peut exprimer son
opinion. Mais, lorsque l'on mentionne, comme on l'a fait ce matin, que le
Parlement agit sous l'effet de la peur, je diffère d'opinion. Nous
agissons en prenant, ce que nous croyons être, nos
responsabilités. On peut accepter notre point de vue ou le rejeter.
Mais, vous êtes toujours les bienvenus à ce comité et vous
pouvez y rester.
M. LESAGE: M. le Président, je voudrais demander à M.
Saint-Germain et à ses compagnons de la Fédérée de
bien vouloir demeurer avec nous.
Comme vient de le dire le ministre de la Justice, le premier ministre
intérimaire, nous sommes dans le processus démocratique. Le
gouvernement a proposé ce projet de loi qui ne donnait suite qu'à
une petite partie des demandes de l'UCC. Le mouvement coopératif, dans
son ensemble, s'est opposé au principe du bill. Le mouvement
coopératif avait demandé que
l'étude du bill en deuxième lecture soit reportée
à plus tard, en attendant que les intéressés aient
l'occasion de se faire entendre sur les principes. Pour ces deux raisons
l'Opposition officielle a voté contre le principe du bill en
deuxième lecture. J'ai donné en Chambre ces raisons. La
majorité, puisque nous vivons dans un pays démocratique, l'a
emporté. Le principe du bill a été approuvé par la
Chambre. Et ici nous sommes au stade du comité qui est la
procédure normale de la Chambre. Il est de notre devoir à nous de
rester ici, pour étudier, paragraphe par paragraphe, chacun des articles
du bill, de faire valoir à chacun des articles des objections que nous
pouvons avoir à apporter, de tenter de l'améliorer si nous
croyons pouvoir l'améliorer. C'est notre devoir. Je ne vous fais pas un
devoir de rester M. Saint-Germain, mais il me semble que les connaissances que
vous avez dans le domaine de la mise en marché, dans le domaine des
plans conjoints peuvent être extrêmement utiles aux
législateurs dans l'étude en comité,,
Et lorsque vous êtes allé au micro tout à l'heure,
je voulais justement vous demander votre opinion sur l'article 1 afin que vous
puissiez éclairer notre lanterne à nous, les législateurs,
parce que c'est votre vie. L'application pratique de ce que nous
étudions, vous la vivez. Alors, je pense que votre présence ici
est essentielle, et je vous demanderais de reviser votre décision pour
nous aider des deux côtés de la table à faire le meilleur
bill possible, quelle qu'ait été la décision de la
majorité.
M. LE PRESIDENT: L'article 1 est-il adopté? M. Saint-Germain va
dire quelques mots.
M. SAINT-GERMAIN: Pour faire suite aux paroles de M. Lesage, bien
humblement, je dois vous dire qu'actuellement je ne suis pas disposé
à participer aux discussions parce que j'ai l'impression que les
intérêts des coopé-rateurs sont brimés et que ceci
ne nous donne rien de parler au point où nous en sommes rendus. Alors,
je n'interviendrai pas pour retarder les débats de la Chambre. C'est
possible que je reste pour vous montrer ma bonne volonté, d'accord; mais
je m'abstiendrai de participer. Dans les circonstances, mettez-vous à
notre place, de la façon dont nous croyons être traités, je
pense que plusieurs réagiraient de la même façon. Beaucoup
d'habitants auraient pris la porte bien avant moi. Je m'excuse d'être
aussi franc, mais je vous dis sincèrement ce que je pense. Et si,
à l'avenir, je peux être utile, je serai fort bien disposé
mais, pour le moment, vous m'excuserez, cela ne marche pas.
M. LE PRESIDENT: Nous excusons M. Saint-Germain et nous respectons sa
décision. M. Boudrias.
M. BOUDRIAS: M. le Président, M. Bertrand, M. Lesage, dans les
circonstances, il me semble que ce serait une bonne chose de remettre à
plus tard l'adoption du bill 47 et, comme il a été
suggéré, de former un comité de bonne entente. Nous
aimerions vous demander si l'Association des jardiniers marafchers et le
Conseil de l'alimentation, dont les officiels des deux côtés de la
table n'ont pas fait mention de la journée, auraient l'avantage de
siéger sur ce comité de bonne entente. Je vous remercie.
M. ROY: M. le Président, Léonard Roy,
vice-président exécutif du Conseil de l'alimentation du
Québec. Dans le but d'aider, il a été question tout
à l'heure, venant de l'honorable ministre de l'Agriculture, M. Vincent,
de la formation d'un comité pour reviser la loi. Il a été
question subséquemment, à la suggestion de M. Courcy, de la
formation d'un comité de bonne entente. Tout le monde semblait
d'emblée favoriser ça. Nous sommes pris actuellement à
procéder suivant les articles de la loi. Ne trouveriez-vous pas qu'on
aurait peut-être plus de chance de rallier tout le monde? J'ai le mandat
de vous dire que le Conseil de l'alimentation du Québec a dit ce matin
qu'on reconnaissait que déjà le gouvernement s'était
engagé, puisque le principe du bill avait été reconnu. Il
n'est pas question pour nous de protester de quelque manière que ce soit
Nous allons demeurer ici pour collaborer jusqu'à la fin. Mais est-ce que
vous permettriez qu'on intervertisse, seulement pour ce point, l'ordre de
présentation des articles.
Nous croyons, nous, que l'on devrait accepter d'emblée, de mettre
comme 17e article au bill 47, la recommandation formelle que nous avons faite
ce matin et que l'honorable ministre de l'Agriculture a repris d'une certaine
manière. Je ne veux pas encore une fois, intervertir les rôles,
mais nous étions très heureux et très encouragés,
très confiants, tout à l'heure, lorsque M. Vincent a fait sa
déclaration.
Alors, ce matin nous avons recommandé et je cite au texte:
« Conformément aux recommandations de la Commission royale
d'enquête sur l'agriculture du Québec, l'ensemble des amendements
proposés à la Loi des marchés agricoles
du Québec, tout comme chacun des articles de ladite loi, seront
sujets à une revision générale par un comité
spécial du gouvernement, formé à cette fin, en vue d'une
refonte de la Loi des marchés agricoles du Québec et de la Loi
pour la promotion du syndicalisme agricole du Québec, à
être présentée au cours de la prochaine session de la
Législature ».
M. le Président, MM. les membres du comité, nous vous
soumettons, respectueusement, que si l'on acceptait de faire de cette
proposition l'article 17 du bill 47, nous atteindrions probablement le but que
tout le monde cherche, ici, c'est-à-dire d'avoir l'assurance, non pas
que nous mettions en doute l'honnêteté, la franchise, et le
dévouement de quelque membre de la Législature que ce soit, mais
simplement, compte tenu de la tension, de part et d'autre, qui s'est
manifestée aujourd'hui, de la part des gens directement
intéressés, et de nous aussi, qui sommes intéressés
quoiqu'on en ait dit. Aujourd'hui, nous proposons, encore une fois, une
recommandation qui, tout en évitant de donner dans une nouvelle
commission royale d'enquête qui pourrait prendre des années
à accoucher d'une solution pratique, donnerait au moins, par contre,
l'assurance aux parties intéressées, que nous nous acheminons
sérieusement vers une refonte de la Loi des marchés agricoles et
de la Loi du syndicalisme agricole.
M. le Président, je m'excuse. Je sais que je ne suis pas dans
l'ordre en demandant, en suggérant un amendement qui, normalement,
devrait venir à la fin. Mais, étant donné les prises de
position actuelles; nous tentons un effort pour essayer de rallier les
parties.
M. BERTRAND: M. Roy, j'ai écouté avec beaucoup d'attention
vos propos, marqués au coin d'un désir de coopération. Je
vous ai écouté ce matin, également, lorsque vous avez
donné lecture de ce mémoire que j'ai devant moi, et dans l'examen
d'un bill comme celui-ci, la suggestion que vous faites d'ajouter un article
correspond à un désir manifesté, celui d'une revision
générale de la loi, etc. Le ministre de l'Agriculture, vous
l'avez vous-même noté, a fait au nom du gouvernement, une
déclaration engageant ses collègues et le gouvernement, à
l'effet qu'un comité, dans le sens de celui que vous indiquez, sera
établi incessamment pour examiner le problème ou les
problèmes que vous avez soulevés et qu'il a lui-même
indiqués tantôt. Cette prise de position, elle estpublique. Elle
vaut, prenez-en la parole de quelqu'un qui, avec d'autres collègues, est
ici depuis longtemps au comité. Elle vaut beaucoup plus qu'un article de
cette nature, qui pourrait être inséré dans le bill. Je
vous demande, à la suite de la déclaration faite par le ministre,
de tenir pour acquis, premièrement, qu'un tel comité sera
constitué; deuxièmement, l'objet de l'étude de ce
comité sera exactement le problème que vous avez soulevé
et qu'il a détaillé tantôt; et, troisièmement, que
la formation de ce comité sera faite incessamment.
Je vous remercie donc de nouveau de cette coopération, de
l'ouverture d'esprit que vous manifestez et de la compréhension que vous
avez du problème du législateur.
Comme le chef de l'Opposition l'exprimait tantôt, nous sommes ici
par le processus démocratique, et c'est notre devoir à nous,
comme législateurs, comme des législateurs doivent le faire, de
prendre nos responsabilités et de rester et d'adopter les articles de la
loi quand c'est le consensus des membres du comité. Je vous remercie
mais je crois que la déclaration du ministre était suffisamment
claire et complète à l'effet qu'un comité spécial
du gouvernement sera formé au plus tôt en vue d'une refonte de la
Loi des marchés agricoles et d'une loi pour le syndicalisme agricole au
Québec et que ce comité entendrait les personnes
intéressées et qu'il ferait rapport au gouvernement pour action
future.
M. ROY: Merci, M. le Premier Ministre suppléant, nous prenons
acte de votre déclaration et vous pouvez compter sur notre plus
entière collaboration.
M. BERTRAND: Merci, M. Roy. M. LE PRESIDENT: Article deux.
M. VINCENT: M. le Président, dans l'article deux, je crois que
les notes explicatives de la page opposée donnent la raison pour
laquelle cet article a été inséré dans le bill 47.
Je pourrais peut-être ajouter un exemple. Si un office peut avoir droit
de poursuivre un acheteur pour lui réclamer le montant du
prélevé mais que l'office ignore quel est le montant dû par
cet acheteur, étant donné qu'il est basé sur le volume des
ventes, la régie pourrait, dans un cas pareil, transmettre à
l'office le montant des ventes qu'un producteur a faites à un acheteur
en particulier pour permettre à l'office de poursuivre en justice. Il
s'agira de faire la preuve devant la régie et la régie, utilisant
sa discrétion, pourrait transmettre, preuve à l'appui, ces
chiffres à l'office.
M. LE PRESIDENT: Oui, M. Roy.
M. ROY: Est-ce que vous permettez, deux ou trois fols, je vais avoir
à intervenir sur des articles en particulier au nom des
industries...
M. BERTRAND: D'accord.
M. ROY: M. le Président et messieurs les membres, sur cet
article, il y a trois ans, nous nous sommes opposés en principe, et
c'est quelque chose qui est compréhensible d'ailleurs, à ce qu'un
organisme d'Etat, qui recueille forcément tous les secrets
d'administration, en des entreprises qui sont sujettes à la régie
des marchés agricoles, à ce que cette régie-là ait
la discrétion de disposer de ces renseignements de n'importe quelle
façon. Nous voulons coopérer, il faut d'ailleurs coopérer,
c'est normal dans notre régime, mais nous voudrions qu'on conserve
toutes les garanties possibles du caractère confidentiel des
renseignements qui parviennent à la Régie des marchés
agricoles.
Alors, nous comprenons très bien le sens de l'amendement qu'on
apporte mais, si on peut le faire pour la fin très légitime que
M. le ministre Vincent souligne, est-ce que la Régie ne pourrait pas le
faire aussi pour certaines autres fins apparentées à cela, et qui
pourraient, encore une fois, nous exposer à ce que nos secrets entre
concurrents en affaires on a des secrets puissent comme
ça, prendre le chemin? Alors, c'est pour cela qu'en principe nous sommes
contre tout élargissement de la faculté qu'aurait la Régie
des marchés agricoles de disposer de nos renseignements suivant son
gré.
M. VINCENT: Voici, M. Roy, c'est que la régie devra quand
même utiliser ce pouvoir de façon bien discrète, car, comme
on l'affirmait en 1963, quand on a revisé la Loi des marchés
agricoles, il faut quand même faire confiance aux membres de la
régie et ceux-ci auront à travailler avec les producteurs, les
acheteurs, les offices de producteurs. Je suis certain qu'avant de prendre une
telle décision, ils devront peser le pour et le contre et rendre une
décision lorsque ceci ne nuira d'aucune façon aux
intérêts des producteurs et aux intérêts des
acheteurs, mais en étant toujours très discrets.
M. ROY: Mais vous ne trouvez pas que nous mettons une
responsabilité écrasante sur les épaules de ces gens
compétents et honnêtes, d'ailleurs, de la Régie des
marchés, quand, à cause du contexte actuel, la Régie des
marchés, au lieu de faire la fonction qui, normalement, devrait
être la sienne, de travailler à l'expansion des marchés sur
les aspects économiques, est devenue par la force des choses un tribunal
d'arbitrage, un organisme parajudiciaire qui a à juger des conflits
entre les producteurs et les acheteurs. Cet organisme étant cela, voici
qu'il peut laisser transpirer des renseignements venant d'une des parties
devant le tribunal, à la connaissance de l'autre partie. C'est cet
aspect-là.
Vous savez, si la Régie des marchés était un
organisme absolument économique qui travaille à la promotion des
marchés, à développer nos débouchés, ce
problème-là ne se poserait pas. Mais c'est que la Régie
des marchés, actuellement, est un arbitre permanent entre les
producteurs et les acheteurs, parce que c'est seulement le syndicalisme
agricole qui joue dans la loi des marchés pour le moment. Alors, c'est
pour ça qu'on s'oppose et qu'on craint énormément de ce
côté-là.
M. VINCENT: Voici, M. Roy, c'est qu'en vertu de la loi actuelle, avant
les amendements, l'office des producteurs avait droit de recours.
Mais pour obtenir ces renseignements, il devait s'adresser à une
cour de justice et la cour de justice donnait la permission à la
régie de donner ces renseignements. C'est pour éviter cette
étape. Mais il faudra quand même dresser un dossier devant la
régie, se faire entendre et, par la suite, la régie
décidera si on doit donner tels renseignements pourvu que ces
renseignements ne viennent pas en conflit avec d'autres faits qui pourraient
nuire au commerce normal, au travail de l'office des producteurs.
M. BERTRAND: Vous avez quand même là, M. Roy, un des
problèmes sur lesquels vous mettez le doigt et je pense que les gens de
l'UCC pourraient convenir également que c'est un des problèmes
qui peuvent certainement faire l'objet d'études par ce comité
spécial. Vous en avez là un de ces problèmes. Vous en avez
notés ce matin. Vous en avez un également.
M. ROY: Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté.
M. BERTRAND: C'est suspendu jusqu'à sept heures et demie.
M. LE PRESIDENT: Nous suspendons la séance jusqu'à sept
heures et demie ce soir.
Reprise de la séance à 19 h 36
M. LE PRESIDENT: ... Messieurs, à l'ordre, s'il vous plaît!
L'article 3 du bill 47.
M. VINCENT: M. le Président, à l'article 3, je crois que,
si nous lisons les notes explicatives, elles disent clairement en quoi consiste
exactement l'amendement. La régie, selon l'amendement, pourra fixer une
date pour laquelle une personne doit remplir les conditions requises pour
être considérée comme producteur. Au cours de la
période d'organisation d'un référendum, il peut y avoir
des producteurs qui laissent ou d'autres qui le deviennent et, avant que le
référendum ne soit demandé, la régie fixe une date
et prend le nombre de producteurs. C'est ce nombre de producteurs qui est
éligible pour le vote du référendum.
M. LESAGE: Est-ce que le ministre réalise que le président
de l'UCC est parti lui aussi? Il arrive? Je pensais qu'il était parti
avec M. Saint-Germain.
M. BERTRAND: M. Sorel, le chef de l'Opposition' se demandait si vous
étiez parti avec M. Saint-Germain. Etes-vous allé établir
les bases du comité de bonne entente?
M. LESAGE: On a pensé qu'ils étaient partis ensemble pour
concilier.
M. SOREL: On est allé prendre des forces pour résister aux
coups de pied.
M.BERTRAND: Alors, article 3, M. le Président. Adopté?
Article 4.
M. LE PRESIDENT: Article 4. Trois est adopté.
M. VINCENT: Quant à moi, en lisant les notes explicatives, s'il y
a des questions additionnelles à poser.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous pouvez faire un bref commentaire, M. le
Ministre?
M. VINCENT: Eh bien voici, les membres du comité peuvent-ils lire
les notes explicatives? S'il y a d'autres questions à poser, je pourrai
donner des exemples.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on a des questions à poser? M.
Roy.
M. ROY: M. le Président, messieurs les membres du comité,
c'est l'autre endroit où le Conseil de l'alimentation du Québec a
cru nécessaire de faire une recommandation spécifique. Encore une
fois, il ne s'agit pas pour nous d'intervenir dans les affaires des
cultivateurs. Seulement, nous croyons que si vous donnez la faculté
à un organisme professionnel de ramasser automatiquement beaucoup
d'argent, tout comme on fait quand il s'agit de disposer des deniers publics
sous un certain angle, cela devient des deniers publics nous
croyons qu'on devrait avoir, comme pendant à cet article, un
mécanisme de contrôle. Alors, il ne s'agit pas de demander quelque
chose d'odieux. Il s'agit tout simplement, comme on le fait pour d'autres lois,
de prévoir ce que nous avons proposé ce matin à la page
six de notre mémoire, lorsqu'on a dit: « Pour maintenir cette
identification de la fin et de l'utilisation de ces fonds, il est indispensable
que le législateur, s'inspirant des règles qui sont
imposées dans la gestion des fonds publics, rende obligatoires aux
offices et aux syndicats de producteurs ainsi qu'à leur union ou
fédération trois choses: A) le dépôt à la
Régie des marchés agricoles, au début de l'exercice
financier, d'un budget d'administration, B) l'utilisation d'une
comptabilité standard sous la surveillance de comptables
agréés publics, C) la publication à la fin de l'exercice
d'un bilan de leurs opérations financières. » En faisant
cela, nous sommes à l'aise, parce que...
M. LE PRESIDENT: La commission.
M. ROY: ... la commission royale d'enquête le recommande, non
seulement pour les organismes de producteurs même du côté
des acheteurs. Chaque fois que l'on pose un geste collectif ou que l'on veut
former un groupe, il faudra à l'avenir avoir une comptabilité
standard et rendre compte des sommes que nous ramassons.
M. LE PRESIDENT: M. Sorel, le président de l'UCC.
M. SOREL: J'aime bien cette préoccupation qu'a l'industrie
transformatrice de disposer de l'argent qui n'est pas le sien, mais sur une
déduction de $0.03 1/2 les cent livres sur le lait du cultivateur. Donc,
cela provient du cultivateur.
Ensuite, cet argent va au syndicat et, à chaque année, il
est obligé de fournir un rapport financier et ce sont ces producteurs
qui élisent ce syndicat. On demande même de le leur fournir par
écrit. S'ils lisent la loi comme il le faut, on demande même qu'on
envoie un état de toute
la situation financière à la Régie des
marchés.
Alors, la Régie des marchés va recevoir tout cela. Les
producteurs ont délégué des gens pour administrer leur
argent et non pas l'argent de l'industrie transformatrice. C'est leur argent.
Les $0.03 1/2 ne sont pas retenus à l'industrie transformatrice, ils
sont retenus sur la paie du producteur. Alors je crois que l'on a toutes les
sécurités de ce côté-là.
Je ne comprends pas cette crainte que les cultivateurs ne puissent pas
administrer eux-mêmes leurs affaires, leur syndicat de lait, et ne
puissent pas administrer eux-mêmes leurs affaires par les gens qu'ils ont
élus à chaque année et qu'on oblige à rendre des
comptes. Pour la vérification, M. Roy pourra peut-être
vérifier, premièrement, si ce n'est pas fait comme il a dit.
C'est vérifié déjà, peut-être à votre
satisfaction, vous pourriez venir faire un tour et regarder comment nos
livres... Ce n'est pas passé par la mère supérieure
ça, c'est vérifié, M. Roy, aussi bien que les
vôtres, et on ne va pas voir si les vôtres sont
vérifiés.
M. ROY: M. le Président, je ne voudrais pas entamer un
débat.
M. LE PRESIDENT: Non, il ne le faut pas!
M. ROY: Non, non, la précision que nous voulons apporter... Si
nous voulons être logiques avec nous-mêmes, nous avons
demandé, ce matin, pour des considérations économiques, on
a dit: Quand vient le temps pour nous de négocier des prix, il faut
qu'à ce moment-là, on soit sûr que le retour... Quand on
s'attable pour négocier des prix, il est question du retour moyen, de
l'enveloppe de paie du cultivateur. On veut qu'à ce moment-là, on
distingue bien, sur le retour qui va en entier au cultivateur, et la partie qui
est allée pour les organismes de défense professionnelle. Pour
négocier, il faut négocier sur des faits.
Alors, si on demande cela, il faut, si nous voulons être logiques,
avoir une comptabilité qui nous permet de garder séparé ce
qui va dans l'enveloppe de paie directement au cultivateur pour son revenu et
ce qui s'en va à l'organisme professionnel pour la défense des
cultivateurs.
M. LE PRESIDENT: Adopté? Est-ce qu'on a des remarques à
faire sur l'article numéro 5? Aucun, adopté.
M. BERTRAND: Six.
M. LE PRESIDENT: L'article 6, remarques? Adopté.
L'article 7, remarques? Aucune? Adopté. L'article 8? Aucune
remarque? Adopté. Un instant, il faut tourner la page.
L'article 9? Est-ce qu'on a des remarques?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. L'article 10?
M. MAILLOUX: Vous allez vite un peu!
M. LE PRESIDENT: Aucune remarque, adopté.
L'article 11? Adopté.
L'article 12? Aucune remarque, adopté.
L'article 13? Adopté.
L'article 14? Adopté.
Article 15? Adopté.
Pas d'objection pour 16? Adopté.
M. BERTRAND: M. le Président, à la fin de l'examen de ce
projet de loi, je me permettrai de remercier d'abord ceux qui ont cru de leur
devoir de venir se faire entendre aujourd'hui.
Il y en a qui sont mécontents, c'est normal, mais il est toujours
bon, n'importe où, de pratiquer ce vieil adage anglais « Never
quit till the last ball is pitched ». Il y en a qui étaient
mécontents et qui sont restés. Je les félicite. Tous sont
compris. Et d'ailleurs, l'attitude du chef de l'Opposition, de mon
collègue d'Abitibi, ancien ministre de l'Agriculture, les
réserves qu'ils ont faites, l'étude à laquelle ils ont
procédé avec nous démontre à propos de ce projet de
loi comme on le disait tantôt, suivant le processus
démocratique que l'on a voulu, de part et d'autre, placer
au-delà des considérations de parti politique, ce que nous avons
cru être le bien de la classe agricole.
Des amendements qui étalent suggérés par l'UCC, le
gouvernement les a entérinés, le gouvernement les a
acceptés. Il en a fait une question de principe et, depuis la
deuxième lecture, il a maintenu son point de vue. Je suis heureux de
cette séance, je suis heureux qu'un outil ait été fourni
non pas à l'UCC, mais à la classe agricole. Puisse cet outil
être un élément non pas de division, mais d'union et que
cette union se manifeste par une compréhension plus grande que les
parties devront tenter de réaliser autour de ce projet de loi!
Quant I l'avenir, du côté du gouvernement, le ministre a
exprimé cet après-midi le point de vue du ministère de
l'Agriculture et du gouvernement. Je sais que tous trouveront toujours chez lui
un grand esprit de compréhension.
M. le Président, je vous remercie de la manière dont vous
avez dirigé ces délibérations.
Merci à tous les collègues et bonne chance aux
agriculteurs du Québec.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, M. Sorel a la parole.
M. SOREL: M. le Président, M. le Premier Ministre
suppléant, M. le chef de l'Opposition, messieurs les membres du
comité. J'ai un agréable devoir à remplir ici
autrement je manquerais très gravement celui de remercier les
membres du comité qui ont travaillé sur ces amendements, qui ont
procédé cet après-midi, qui ont donné à tout
le monde la chance de se faire entendre. Je remercie ceux qui ont
manifesté leur opinion, même des opinions opposées aux
nôtres peut-être. Je les remercie de leur bonne collaboration, et
là je fais une mention spéciale au ministre de l'Agriculture et
de ses hauts fonctionnaires. Vous comprenez que ces amendements-là, on
les a rédigés, nous, mais dans notre langage profane. Alors on a
essayé d'exprimer ce qu'on voulait avoir et en discutant, nous avons
réussi à nous faire comprendre et d'autres personnes ont mis
ça sous une forme législative. Je les félicite et je les
remercie pour le temps qu'ils ont passé sur cela. Je sais
qu'après les longues heures de discussion pour présenter ce qu'on
voulait avoir, essayer de réaliser ça, cela a été
assez pénible.
Cela a exigé des heures supplémentaires, peut-être
au ministre lui-même. Alors je vous remercie beaucoup pour la
collaboration que nous avons reçue parce que nous avons discuté
avec les hauts fonctionnaires du ministère de l'Agriculture pour faire
comprendre notre point de vue.
Alors, il me reste, au nom des cultivateurs de la province de
Québec, à remercier maintenant le président du
comité, qui nous a donné toute la latitude pour nous faire
entendre M. le Président, vous avez le grand mérite d'avoir
été si loyal et si honnête envers les parties.
Je remercie également l'Opposition. Nous avons reconnu votre
collaboration pendant la discussion, par vos questions et votre bonne
compréhension. Alors, messieurs, nous allons maintenant essayer de
travailler très loyalement même avec ceux qui ne partagent pas
notre opinion, et nous allons essayer de faire le moins de fracas possible pour
ne pas créer de nouveaux problèmes. Nous sommes prêts
à collaborer et ce que nous voulons, ce que l'UCC veut et ce que je
veux, c'est le bien des cultivateurs. Alors s'ils veulent, nous avons une main
tendue de manière à réussir à rendre le plus de
services possible à la classe agricole. Merci beaucoup, messieurs.
M. LE PRESIDENT: M. Roy.
M. ROY: M. le Président, au nom du président, des
administrateurs du Conseil de l'alimentation du Québec et des officiers
de toutes les associations qui font partie de notre organisme, nous vous
remercions sincèrement ainsi que les membres de votre comité. Nos
remerciements ne sont peut-être pas pour la même raison,
inspirés par les mêmes motifs que ceux de l'UCC, mais nous tenons
tout de même, à souligner que ce sont plus que des remerciements
protocolaires, nous avons conscience que nous commençons un peu à
nous faire une place dans la mise en marché des produits agricoles du
Québec.
C'est peut-être un peu risqué d'avancer une chose comme
ça, mais il vaut la peine de le dire, nous avons souvent
déploré dans le passé qu'on s'imagine avoir vendu nos
produits agricoles du Québec, quand on a réglé un prix
à payer aux cultivateurs. Alors, c'est bien malheureux, mais c'est
seulement là que ça commence, la mise en marché.
Alors, nous allons continuer à sensibiliser l'opinion publique
et, par ricochet, nous l'espérons, les gouvernants, à l'effet que
nous avons notre place dans la mise en marché et qu'il est Indispensable
de collaborer avec ceux qui font les marchés au Québec.
Alors nous vous remercions, M. le Président. Nous remercions les
membres du comité et, comme M. Sorel l'a fait, nous aussi, nous sommes
très heureux et très fiers de dire que nous avons l'impression
d'avoir beaucoup de compréhension de la part du ministre de
l'Agriculture du Québec. Nous en sommes très heureux et, encore
une fois, vous pouvez compter sur notre plus entière collaboration.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le ministre de l'Agriculture a un mot
à dire? Non. Si vous me le permettez, à titre de
président, je veux vous remercier tous et chacun de votre collaboration.
Le comité de l'Agriculture a siégé dans une séance,
je crois, qui aurait pu être très orageuse. Tout s'est
passé normalement. Je remercie tous et chacun. Et je me permets de vous
inviter, lorsque le comité aura été formé, afin que
nous puissions avancer dans la mise en marché et que le syndicalisme
agricole trouve exactement la voie vers laquelle il doit tendre.
Bonsoir et merci.
(19 h 54)