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(Onze heures quarante-deux minutes)
Le Président (M. Marquis): La commission de
l'aménagement et des équipements est réunie afin de
procéder à une consultation particulière sur le projet de
loi 190, Loi concernant les villes de Rouyn et de Noranda.
Je demanderais au secrétaire de la commission de faire
état des présences et des remplacements s'il y a lieu.
Le Secrétaire: Merci, M. le Président. Les membres
présents sont: Mme Bacon (Chomedey), MM. Le Blanc (Montmagny-L'Islet),
Marquis (Matapédia), Rocheleau (Hull), Saintonge (Laprairie), Tremblay
(Chambly), Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamin-gue), Marcoux (Rimouski) et
deux intervenants en vertu de l'article 132 des règles de
procédure, MM. Gendron (Abitibi-Ouest) et Bissonnet (Jeanne-Mance).
Le Président (M. Marquis): Merci. Voici quelques
précisions avant de commencer nos travaux. L'ordre dans lequel nous
entendrons les différents intervenants est le suivant: la ville de
Rouyn; ensuite, cet après-midi, la ville de Noranda ainsi que la Chambre
de commerce du Rouyn-Noranda régional. Ce soir la Commission scolaire de
Rouyn-Noranda, Je Comité pour là défense des droits
démocratiques des citoyens de Noranda et enfin le Comité pour la
défense des intérêts de Rouyn-Noranda.
Dans le cas des villes de Rouyn et de Noranda, la durée de leur
présentation sera de 30 minutes. Celle-ci sera suivie d'échanges
entre les membres de la commission et les représentants qui seront
à la table à ce moment-là.
Une deuxième précision. Il y a ici la présence de
Radio-Nord. Selon notre tradition parlementaire, il est permis de prendre des
extraits télévisés mais sans son. Je demanderais donc aux
représentants de Radio-Nord de se conformer, s'il vous plaît,
à cette tradition parlementaire.
Là-dessus, j'invite immédiatement...
M. Saintonge: M. le Président.
Le Président (M. Marquis): Oui, M. le député
de Laprairie.
M. Saintonge: Une question technique. Vous avez mentionné
que la présentation de chacune des deux municipalités serait de
30 minutes. On avait convenu que deux heures étaient allouées aux
municipalités et qu'il devait y avoir une certaine souplesse: Si une
municipalité a besoin de cinq ou dix minutes supplémentaires pour
sa présentation, on l'accordera. Il est entendu qu'elles ne prendront
pas deux heures pour leur présentation, mais si cela prend 40 ou 42
minutes, il n'y aura pas d'objection formelle.
Le Président (M. Marquis): Très bien, M. le
député, cela fait également partie de nos traditions
parlementaires et ce sera accepté.
Là-dessus, j'inviterais les représentants de la ville de
Rouyn avec, à leur tête, le maire, M. Jacques Bibeau, à se
présenter s'il vous plaît!
M. Rocheleau: M. le Président.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Je m'aperçois qu'on a des intervenants
jusqu'à 23 heures ce soir. Est-ce qu'il y aurait possibilité,
après 23 heures, s'il nous reste un peu de temps, de permettre aux deux
municipalités, Rouyn et Noranda, si elles veulent apporter certains
éclaircissements à la suite des énoncés qui se
feront au cours de la journée par les différents intervenants, de
leur permettre cinq ou dix minutes chacune pour soulever, confirmer ou infirmer
certains points si elles jugent opportun de le faire.
Le Président (M. Marquis): M. le député,
ceci avait déjà été discuté avec le critique
officiel de l'Opposition et c'est une procédure qui pourrait être
acceptée. Je soulignerai aussi que nous sommes en retard sur l'horaire
puisque nous devions commencer à 11 heures et il est 11 h 45 environ; ce
qui veut dire que l'horaire tel que préparé pourrait être
changé en cours de route pour donner un temps raisonnable à
chacun des groupes d'intervenants.
Là-dessus, j'inviterais M. le maire à présenter les
gens qui l'accompagnent et à livrer le message de sa ville à la
commission. M. Bibeau.
Ville de Rouyn
M. Bibeau (Jacques): Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Marquis): Vous pouvez rester assis, s'il
vous plaît, à cause de problèmes techniques, de micro.
M. Bibeau: Je voudrais vous présenter à mon
extrême droite, M. Denis Charron qui est le trésorier de la ville
de Rouyn; M. Daniel Samson, qui est notre greffier; M. Yvon Lafond, qui est
notre personne-ressource, secrétaire et économiste au
cégep de Rouyn-Noranda.
Le Président (M. Marquis): Merci beaucoup. M. le
maire.
M. Bibeau: Bonjour tout le monde. Je vais essayer de commencer en
vous faisant un historique de Rouyn-Noranda. Je vais vous parler de la
formation des deux villes au début des années vingt. Ensuite, je
suivrai avec des statistiques et je vais essayer de parler également du
développement, de ce qui s'est fait depuis les années
soixante-dix à l'intérieur de nos deux villes.
Noranda a été créée pour les besoins de
Mines Noranda. Rouyn s'est créée en raison du
développement de Mines Noranda, et de la région. Partageant le
même territoire, les deux villes ont connu un développement
différent. Noranda a été planifiée et
organisée pour la mise en valeur de Mines Noranda, qui a
équipé sa ville en fonction de ses propres besoins. Rouyn s'est
développée grâce à son territoire environnant, son
rythme de croissance a suivi le développement de sa région et ce
de façon plus ou moins organisée du moins à ses
débuts.
Lorsque l'industrie minière, moteur traditionnel de
l'économie de Rouyn-Noranda a commencé à montrer des
signes d'essoufflement - fermeture de la mine Quemont, Wasamac, la mine Horne -
la ville de Rouyn, avec l'aide de Noranda, a tenté une diversification
de son économie. C'est dans le secteur des services que s'est
effectué ce changement.
Ainsi, de 1961 à 1981, le nombre d'emplois du secteur tertiaire a
augmenté de 79 %, alors que le secteur primaire perdait 49 % de ses
emplois et le secteur secondaire, 38 %. Le nombre total d'emplois, pour sa
part, a augmenté de 23 %.
Avec l'augmentation du nombre d'unités familiales, Rouyn a
dû, en l'espace de quinze ans, ouvrir, au coût de 6 500 000 $, 19
000 kilomètres de nouvelles rues pour accueillir 2540 logements
répartis en 1427 maisons, soit cinq fois plus qu'à Noranda.
Noranda n'a pas eu à ouvrir de nouveaux quartiers, ce qui lui
permet de ne pas investir trop d'argent dans un secteur non rentable pour une
municipalité, soit le secteur résidentiel. Par contre Rouyn, afin
de soutenir l'effort de diversification économique entrepris au cours
des années soixante, investissait afin d'accueillir et retenir les
nouveaux emplois s'établissant à Rouyn-Noranda. Noranda, en
permettant la construction de cinq fois moins de maisons, obtenait plus
d'évaluation imposable et donc plus de taxes. De plus, près des
deux tiers des investissements faits à Noranda l'ont été
par un seul investisseur, soit Mines Noranda.
Rouyn ne jalouse pas Noranda à cause de la présence de
Mines Noranda. Rouyn s'étonne seulement que l'ensemble de la
communauté de Rouyn-Noranda ne participe pas, par la présence
foncière de Mines Noranda, alors que c'est l'ensemble de la
communauté qui vit dans le milieu et qui se partage le char de ce
géant. Entre parenthèses, la pollution, oui, on la partage.
Or, quand on parle de développement, je dois vous dire que depuis
les années soixante-dix, à Rouyn, il s'est donné
au-delà de 11 985 permis de construction, pour un total
d'évaluation imposable de 139 000 000 $, par rapport à 2495
permis à Noranda pour un montant imposable de 182 000 000 $, dont 120
000 000 $, directement, ont été des constructions sur le terrain
de Mines Noranda, là où on n'a pas d'infrastructures ni de
services à donner, on n'a même pas de déneigement à
faire. Or, c'est un peu l'historique du développement de
Rouyn-Noranda.
Entre 1970 et 1984, Rouyn a perdu 4, 4 % de sa population officielle,
alors que Noranda en a perdu 21, 8 %. Durant cette période, la
population temporaire et saisonnière de Rouyn a augmenté à
la suite de l'ouverture de l'UQAT, des cours professionnels au niveau
secondaire et au dynamisme du collège de
l'Abitibi-Témiscamingue.
Lors d'une émission télévisée qui a eu lieu
lundi passé, te maire de Noranda disait qu'il n'existe pas
d'animosité entre les deux villes, qu'il n'y a pas de problème,
qu'il y a juste de bonnes ententes. Il a également mentionné,
à ce moment-là, qu'il y a une entente qui existe concernant une
usine de filtration d'eau qui dessert les deux villes. Je dois vous dire qu'il
est vrai qu'il existe une entente. Cette entente a été faite par
le gouvernement Lesage, par un décret en 1964, dans lequel décret
il est dit à la ville de Noranda: Donnez à boire à ceux
qui ont soif. Ce sont des ententes municipales qui existent chez nous.
Je pourrais vous parler du dossier du boulevard Québec, du
dossier de la 10e Rue, où il y a eu des ententes avec une commission
scolaire. Mais, j'ai bien l'impression que la commission scolaire va faire des
représentations dans ce sens. Le maire de Noranda citait
également, à cette émission de télévision,
que Rouyn a délaissé la corporation industrielle en 1983. J'ai
avec
moi une copie de la résolution 83149, datée du 13 juin
1983, de la ville de Noranda, qui se lit comme suit - je vous donne le
préambule: "Ayant demandé la parole, M. le conseiller Gaston
Rheault - ici présent dans la salle - mentionne avoir assisté
à une réunion conjointe des représentants de la
Corporation du développement de Rouyn-Noranda, des membres du conseil de
ville de Rouyn et des membres du conseil de ville de Noranda, la semaine
dernière, alors que ladite corporation a remis un mémoire
daté de juin 1983 concernant les parcs industriels de Rouyn-Noranda.
"Dans les circonstances, M. Rheault a remarqué que l'on n'avait pas
tellement une bonne opinion des parcs industriels existants, que la corporation
demandait une cogestion des parcs industriels existants et que la corporation
avait même l'intention d'instaurer elle-même un troisième
parc industriel, dont il s'est avéré impossible de
connaître les noms des propriétaires du terrain - ce qui est faux,
cela avait été mentionné à cette réunion -
dans la municipalité de McWatters, qui devait, normalement, percevoir
les taxes pour être générées par des constructions
éventuelles dans ledit futur site. "M. Rheault est d'avis que la ville
de Noranda devrait discontinuer son association avec ladite corporation de
développement et cesser ses contributions à la fin de la
présente année. Après étude et discussion, M.
Rheault se dit prêt à formuler une proposition en ce sens. "Il est
proposé par le conseiller Rheault, appuyé par le conseiller
Vachon et résolu à l'unanimité, que la ville de Noranda se
retire de l'entente en vigueur avec la Corporation de développement
industriel et commercial du Rouyn-Noranda régional à la date
effective du 31 décembre 1983. "
J'ai cru bon de citer cette résolution, étant donné
que publiquement, cette semaine, à la télévision - et on
manquait de temps -on disait qu'il existe de bonnes ententes. Parce qu'un
journaliste questionnait sur la corporation industrielle, la ville de Rouyn a
été accusée de s'être sauvée du dossier, ce
qui est totalement faux.
Également, j'ai apporté des extraits de l'étude de
fusion des villes-soeurs de Rouyn et de Noranda préparée en 1980
par la firme Bélanger, Chabot et Associés. J'ai photocopié
la conclusion que je vais vous remettre. Je ne vous remets pas le document
parce que, vous voyez, il est très épais. Cette firme avait
été désignée en 1980, par une résolution de
conseil des deux villes, d'un accord commun, à savoir qu'on investissait
50 000 $ dans une étude par une firme spécialisée dans les
fusions de villes. Cette étude a été payée par les
villes de Rouyn et de Noranda. J'ai les conclusions ici que M. Samson vous a
remises. Il y a également une première étude qui a
été faite en 1972 par la même firme, étude qui avait
été commandée à cette époque par la ville de
Noranda uniquement et payée par la ville de Noranda dont j'ai
également photocopié les conclusions que nous vous remettons
immédiatement.
Je voudrais maintenant aborder un sujet qui semble vouloir toucher
passablement les non-fusionnistes ou, possiblement aussi, les gens qui ont des
divergences d'opinions dans le milieu. On parle énormément de
démocratie. On nous dit que, s'il n'y a pas référendum
dans une fusion, ce n'est pas démocratique; il y a eu un
référendum en 1981; c'était de la démocratie. Moi,
je voudrais relater un fait. On a procédé pour amener un dossier
au gouvernement et demander qu'on nous fusionne. On a fait faire un sondage par
la firme ORD-TEL inc. de Trois-Rivières, sondage scientifique, firme qui
a été reconnue antérieurement par les partis politiques,
qui a travaillé pour le Parti conservateur lors de la dernière
élection fédérale, qui a produit des sondages pour le
premier ministre Mulroney. Nous, on dit qu'un sondage, c'est très
démocratique. Aujourd'hui, tous les partis politiques s'en servent.
D'ailleurs, on a vu dans le journal de samedi qu'un sondage déclarait:
quatre députés du parti de M. Bourassa élus à forte
majorité. Les sondages sont assez précis qu'on a vu les
résultats le soir et c'est exactement ce qui s'est passé. Je ne
pense pas qu'on puisse contester les sondages qui sont beaucoup plus
démocratiques, à mon sens, qu'un référendum. Un
référendum tenu dans une ville où - je cite - on revient
aux années de Duplessis, les années 1942-1943, où la femme
n'avait pas le droit de vote, où le jeune ne pouvait pas voter et
où uniquement les propriétaires avaient le droit de vote... Lors
du dernier référendum qui a eu lieu en 1981 à Noranda,
seuls les locataires et les propriétaires votaient. Je me demande si une
femme c'est juste bon pour aller travailler, ramener de l'argent à la
maison et ne s'occuper de rien: Ne prends pas part aux décisions, cela
ne te regarde pas. Si c'est cela, un référendum, si c'est cela,
la démocratie, c'est de la démocratie avec un petit d. J'aimerais
qu'on n'utilise plus l'expression "démocratique".
Pour le moment, c'est tout. Je peux répondre à n'importe
quelle question. J'aurai probablement, durant la journée, une couple de
documents à vous remettre.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le maire. La parole
est au ministre des Affaires municipales.
M. Marcoux: J'aurais peut-être une question
particulière avant les questions plus générales. Lorsque
vous parlez du référendum qui a eu lieu en 1980, si je comprends
bien, ce n'est pas un référendum où l'ensemble des
électeurs de 18 ans et plus avaient le droit de vote.
C'était un référendum où les propriétaires
seulement avaient le droit de vote?
M. Bibeau: C'est cela. Et, quand on parle d'un sondage qui a
été effectué fin mars 1985...
M. Marcoux: Non, je parle du référendum de
1980.
M. Bibeau: Oui, mais pour répondre à votre
question, seuls les propriétaires et locataires votaient. D'accord? Vous
allez entendre au cours de la journée Mme Turgeon, qui est ici pour
représenter la démocratie, dans son cas c'est son mari qui n'a
pas voté parce qu'elle était propriétaire de la maison.
C'est pas mal démocratique. Moi, je trouve cela bien
démocratique. Au dernier sondage de 1985, 75 % des jeunes de 18 à
30 ans se sont prononcés pour une fusion. Je pense bien que les jeunes
ont leur place dans la vie. C'est l'Année internationale de la jeunesse.
On met beaucoup d'emphase là-dessus. Au dernier sondage de 1985, 69 %
des femmes se sont prononcées pour la fusion, dont 80 % des femmes de 31
à 45 ans. Ce sont des femmes qui participent, qui développent
avec tout le monde qui travaille; 80 % des ces femmes disent oui dans un
sondage. (12 heures)
M. Marcoux: D'accord, M. le maire. C'est une question
particulière pour éclairer ce que vous avez dit concernant le
référendum. J'aimerais qu'on commence nos travaux en entendant
les mémoires sur Rouyn - on a encore une heure trois quart avec votre
ville - à partir d'une question très générale au
point de départ.
Je voudrais, pour informer l'ensemble des membres de la commission qui
auront à faire un choix dans les jours ou les semaines à venir,
soit d'approuver ou non le projet de loi déposé par le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, vous poser la
question suivante: Quelles sont les conséquences d'une non-fusion?
Quelles sont les conséquences d'une fusion? Maintenant, à vous,
je vais poser la question, peut-être la préciser: Quels sont les
désavantages de la non-fusion, puisque vous êtes pour la fusion,
et quels sont les avantages de la fusion? Ma question est
délibérément large et porte sur l'aspect fiscal, l'aspect
de l'aménagement, l'aspect de l'urbanisme, l'aspect du
développement de votre communauté, etc., Je voudrais que vous
preniez le temps de nous dire de façon assez large les
désavantages que vous voyez à la situation actuelle sous
différents aspects et, par contre, les avantages que vous verriez
à la nouvelle situation sous différents aspects.
M. Bibeau: Voici les désavantages d'une non-fusion pour le
territoire de Rouyn-Noranda. À ce moment-ci, pour éclairer les
gens qui n'ont jamais visité notre ville, on a amené des photos
aériennes et des cartes de la ville. Vous allez voir à même
ces cartes que le développement se fait strictement à Rouyn. On a
parlé tantôt de 1970 à 1984. Vous allez voir
également là-dessus qu'il y a un centre commercial qui est
situé sur le territoire de Rouyn, que M. Rocheleau a visité, et
trois dizièmes de la superficie du magasin Peoples, qui fait partie du
centre commercial, sont dans Noranda.
On a réussi à faire une entente avec la police parce
qu'à ce niveau, je pense que les deux conseils de ville se mêlent
de leurs affaires et n'interviennent pour ce qui est de la police. On a fait
une entente dans le sens que la ville de Rouyn va protéger la
bâtisse s'il y a des vols à l'intérieur et que la ville de
Noranda s'occupe du stationnement. Tout le monde est heureux. Cela revient des
Affaires municipales et ils nous disent qu'il faut passer ça par
résolution. On a envoyé cela aux Affaires municipales. Cela fait
un an qu'il est bâti et on n'en a pas d'entente... As-tu ta carte? Montre
cela aux membres.
M. Samson (Daniel): Avec la permission du président.
N'ayant pas de tableau, nous avons donc préféré essayer de
vous montrer le mieux possible quel est...
Le Président (M. Marquis); Je m'excuse, il y a un
problème d'enregistrement. Si vous voulez parler en même temps que
vous montrez la carte aux membres de la commission, veuillez prendre en main un
des micros.
M. Samson: Ce que vous voyez présentement, c'est la
photographie aérienne, datant de 1980, de l'agglomération de
Rouyn-Noranda. Comme vous remarquez, pour ceux qui connaissent un peu la photo
aérienne, Rouyn-Noranda a été bâtie sur un site
minier. Donc, si on est dans un site minier, on est dans un site rocheux.
Alors, le développement a été fait en conséquence
du site naturel, comme dans le cas de toutes les autres
municipalités.
Cela va être un peu dur pour moi de vous pointer les choses. Je
vais simplement vous indiquer les grands traits du territoire. Vous avez ici le
lac Noranda. Vous avez ici le lac Osisko qui est divisé en trois bassins
qui sont partagés entre les deux municipalités. Il y a le lac
Rouyn. Vous trouvez ici l'ensemble du territoire développé avec
les nouveaux quartiers résidentiels qui ont été construits
depuis 1971.
À ce moment-ci, je pense que vous avez constaté que si
vous n'êtes jamais venus à Rouyn-Noranda, vous ne savez pas
où est Rouyn et vous ne savez pas où est
Noranda là-dessus. Nous allons simplement vous placer les
frontières. Cela va peut-être être difficile étant
donné qu'on s'attendait à avoir un tableau et qu'on ne l'a pas.
Vous voyez le trait en bleu, cela indique le territoire municipal de la ville
de Rouyn et, en haut, la ville de Noranda, bien entendu.
Comme vous remarquez, la frontière a été
tracée de façon très spéciale en ce sens
qu'à un endroit elle emprunte une route nationale, la route 117.
D'un côté de la rue on roule à 80
kilomètres-heure, c'est-à-dire à Noranda, et du
côté sud, à Rouyn, on roule à 70
kilomètres-heure. Voilà pour l'intégration. Après
cela on s'en va jusqu'aux voies ferrées de l'Ontario Northland.
M. Marcoux: C'est là une image ou la
réalité?
M. Samson: C'est la vérité. M. Marcoux:
Pourquoi?
M. Samson: En tant qu'automobiliste... J'ignore les raisons
fondamentales de cela mais...
M. Bibeau: Cela n'a pas été fait volontairement. On
s'est rendu compte à un moment donné qu'un avait
légiféré ainsi: 70 kilomètres d'un
côté et, de l'autre, 80 kilomètres. Quand tu as un accident
sur le boulevard... C'est entretenu par le gouvernement, soit le
ministère des Transports.
M. Marcoux: Ce sont les limites gouvernementales de vitesse qui
s'appliquent, ce ne sont pas les limites municipales?
M. Bibeau: Non, c'est dans les municipalités, ce sont les
limites municipales.
M. Gendron: À l'intérieur des limites municipales
c'est la municipalité qui..
Une voix: C'est tout simplement un fait cocasse, M. le
ministre.
Une voix:... la police provinciale ou la Sûreté du
Québec quand il y a une contravention à plus de 70
kilomètres d'un côté et à plus de 80
kilomètres de l'autre?
M. Samson: II faudrait peut-être le demander à la
Sûreté du Québec à ce moment. Il y a une chose
spéciale encore sur ce boulevard: c'est que théoriquement, selon
les lois qui gouvernent les villes de Rouyn et de Noranda, la route a
été élargie, à un moment donné, dans les
années cinquante. Ce qui fait qu'il y a trois travées de la rue
-c'est une rue à quatre travées - qui sont dans Rouyn et que la
quatrième travée est dans Noranda.
M. Vaillancourt: Est-ce sur la même route?
M. Samson: Oui, exactement. C'est sur la route qui se dirige vers
l'Ontario et vers le Témiscamingue.
Une voix: C'est quelle route?
M. Samson: La route 117. En passant, le lac Noranda, comme je
l'ai dit tantôt, pour ceux qui ont cru que le lac Noranda permettrait de
situer Noranda, est situé à Rouyn. Après cela nous suivons
les voies ferrées de l'Ontario Northland et on remonte ici au nord sur
la frontière, avec une coche qui a été faîte il y a
une trentaine d'années pour permettre l'installation du palais de
justice. Après cela, on redescend, on passe tout le temps dans les rues
ici.
M. Marcoux: Pour que le palais de justice soit dans Rouyn
plutôt que dans Noranda.
M. Samson: C'est cela.
M. Marcoux: Cela a été fait par un projet de loi
privé, à ce moment.
M. Samson: Je crois que c'était par la charte
privée. C'était dans les années cinquante. Après
cela nous nous en allons, la frontière passe directement à
proximité de la fontaine lumineuse qui marque un peu les deux villes et
on s'en va dans le lac, tout le long. Le lac est séparé en deux.
Le lac, dans sa partie sud, est en voie de dépollution. La partie nord
est occupée présentement par des bassins de stabilisation ou des
bassins de sédimentation appartenant soit à la ville de Noranda,
soit à Mines Noranda.
M. Vaillancourt: Parlez-vous du lac Osisko?
M. Samson: Exactement. Comme vous remarquez, une fois qu'on a
tracé la frontière, on sait où est Rouyn, on sait
où est Noranda, mais, sans voir cette frontière, le milieu de
Rouyn-Noranda est un milieu intégré. D'ailleurs, cette
intégration physique correspond maintenant à l'intégration
sociale qu'il y a entre les deux populations de Rouyn-Noranda. On ne devrait
pas dire les deux populations, on devrait dire la population de Rouyn-Noranda,
car s'il y a deux administrations il n'y a qu'une population. Est-ce que vous
avez des questions à partir de la carte?
M. Marcoux: Je reviendrai à ma question de tantôt.
Évidemment, la première partie, l'illustration
géographique est très importante et je reviens à ma
question sur les désavantages comme les avantages sur
différents aspects.
M. Samson: Les désavantages et les avantages on peu les
aborder et M. le maire les complétera. Dans un milieu urbain comme cela,
où la population est habituée de vivre dans son milieu à
elle, à un moment donné les autorités municiaples ont
quand même un mot très important à dire au niveau de
l'aménagement du territoire. Le désavantage qu'on a
présentement, c'est que les deux municipalités essaient de faire
pour le mieux, mais peut-être pas avec les mêmes moyens et
peut-être pas avec les mêmes priorités, ce qui aboutit
à des situations conflictuelles. D'ailleurs, vous allez entendre un
intervenant cet après-midi venir vous parler de ces
intérêts divergents ou des ordres de priorité
différents des deux municipalités. Alors qu'on est pris dans le
nord, à 400 milles de Montréal, dans un milieu qui essaie de
survivre économiquement le mieux possible et de se développer, il
faut déjà partir avec une contrainte, la contrainte qu'on a deux
autorités municipales qui ont deux pouvoirs d'interprétation
divergents ou différents concernant les implantations
d'équipements, que ce soit les parcs industriels, que ce soit les
centres commerciaux, etc. Il y a une difficulté inhérente, au
départ, que les autres municipalités n'ont pas. C'est dur pour
nous d'assurer le rôle de leadership de métropole régionale
à partir de deux entités différentes au niveau
administratif alors qu'on sait bien qu'il n'y a qu'un seul avenir pour
l'Abitibi-Témiscamingue et pour Rouyn-Noranda, qu'on a les mêmes
problèmes et qu'on a les mêmes espoirs dans l'avenir.
Cela termine un peu cet exposé géographique. S'il y a
d'autres questions... Je voudrais quand même avarit de terminer vous
indiquer les secteurs résidentiels et les secteurs commerciaux. Cela a
une importance pour ce qui est du secteur résidentiel dans le sens que
je pourrais bien vous dire que les 1400 maisons qu'on a bâties depuis 15
ans sont réparties sur notre territoire un peu partout, mais notre
centre commercial, le centre commercial de Rouyn-Noranda est situé ici,
et il y a un deuxième centre commercial de peut-être moins
d'ampleur qui est situé à Noranda. Entre les deux, ce qui les
sépare, c'est une mince zone résidentielle è Noranda ainsi
que la présence de plusieurs édifices gouvernementaux tels
qu'hôpitaux, usine de filtration, centres administratifs, écoles
polyvalentes, etc. La vie commerciale de Rouyn-Noranda se fait en son
centre.
M. Marcoux: Si je comprends bien, s'il y avait fusion ce serait
le nouveau centre-ville.
M. Samson: À mon sens, c'est déjà le
centre-ville et cela va rester le centre-ville parce que la population de
Rouyn-Noranda, lorsqu'elle a à faire son commerce... Je vais retourner
à ma place, si vous le permettez. Je disais donc que la population de
Rouyn-Noranda ne se soucie guère des limites territoriales qui peuvent
exister entre les deux niveaux d'administration municipale. À 26 000
habitants, dans un milieu de vie qui est quand même empreint d'une
même pensée ou des mêmes préoccupations, les gens de
Noranda lorsqu'ils s'en viennent au centre commercial a Rouyn ou les gens de
Rouyn lorsqu'ils vont au centre commercial à Noranda ne pensent pas dans
leur tête: Je m'en vais à Noranda magasiner. Ils s'en vont au
centre commercial.
Les problèmes qui existent au niveau des autorités, si on
veut, s'il existe des problèmes, ce n'est pas vécu par la
population, à part une minorité. On est de Rouyn-Noranda. Si vous
rencontrez quelqu'un à Montréal et que vous lui demandez:
D'où viens-tu? Il ne dira pas: Je viens de Noranda. Il ne dira pas: Je
viens de Rouyn. Il va dire: Je viens de Rouyn-Noranda.
M. Marcoux: Maintenant, je vais vous poser une question
difficile, je pense. Vous dites que pour la population cela ne fait pas de
distinction, cela ne fait pas de différence, que pour elle c'est une
seule et même ville. Comment se fait-il que lors des dernières
élections municipales, à Noranda, le thème fondamental de
cette élection a été la fusion ou la non-fusion et qu'une
majorité de conseillers municipaux ainsi que le maire ont
été élus sur la base de la non-fusion? Vous me dites que
pour les citoyens, c'est un tout, c'est la même chose. Si pour les
citoyens c'est un tout, c'est la même chose, pourquoi, en 1982, lors de
la dernière élection municipale, c'est ceux qui ont
favorisé la non-fusion qui ont été vainqueurs?
M. Bibeau: M. le ministre, le problème d'une
élection, on le connaît tous. Cela me fait penser - parce que j'ai
fait du syndicalisme pendant huit ans - à une assemblée où
on avait toujours 80 membres payants, 7 ou 8 criards et les autres on ne les
voyait pas, ils étaient contents. Dans une élection, ceux qui ne
sont pas contents vont voter. Je peux vous relater un fait qui a passé
à l'histoire à Rouyn-Noranda où, dans les années,
soixante-dix-huit je pense, la commission scolaire, avec un déficit de 2
500 000 $, avait surtaxé de 0, 75 $ les 100 $ la population pour aller
chercher -elle avait deux ans - de quoi renflouer ses coffres de 2 500 000 $.
Ça c'était au mois de mars.
Vous auriez dû voir les pressions sur le conseil de ville pour
faire des pressions sur la commission scolaire, les assemblées dans
toutes les écoles. La population était "crinquée" à
mort: Laissez faire qu'au mois
de juin les commissaires vont prendre une maudite "ride"! Savez-vous ce
qui est arrivé? Il n'y en a pas un qui a débarqué et il y
a 9 % de la population qui a voté. C'est toujours comme cela, les gens
positifs... C'est dommage parce qu'au dernier référendum, les
gars qui ont travaillé avec acharnement pour le
référendum, ils y croyaient tellement qu'ils sont partis jouer au
golf le dimanche matin en Floride, ils étaient 9 ou 10. Ils ont
oublié de penser que ceux qui étaient mécontents se
présenteraient mais pour ceux qui sont contents ce n'est pas important.
C'est cela qu'il y a eu dans le résultat de l'élection de
Noranda. (12 h 15)
Maintenant, il ne faut pas se leurrer. Il y a bien des façons de
faire des élections aussi. Quand tu parles à une population
située près de la mine en partant de la sixième
jusqu'à la onzième, en majorité, des Anglais ou des
groupes ethniques que tu peux acheter avec une petite bière pour les
faire voter, ils ne savent pas sur quoi ils votent. Ils votent pour l'homme qui
les représente et le gars est fort et il tire.
Parle-leur de fusion, parle-leur de la dette de la ville de Noranda ou
de Rouyn, ils ne le savent pas.
M. Marcoux: Je vais revenir, mais je ne veux pas, s'il y a
d'autres membres... Je voudrais revenir à ma question de base sur
la...
Le Président (M. Marquis): M. le ministre, vous devrez
revenir...
M. Marcoux: D'accord, parfait.
Le Président (M. Marquis): Du côté de
l'Opposition, c'est...
M. Bissonnet:... véritablement l'étude du dossier.
Vous savez qu'il y eu a des élections, il y a les groupes ethniques et
tout cela... Je pense qu'on devrait parler de la situation de la fusion et des
deux villes sans entrer dans les détails techniques de votation et de
groupes de ceci et de cela.
Le Président (M. Marquis): Selon la règle de
l'alternance, la parole est maintenant à un député de
l'Opposition. M. le député de Laprairie, et je rappelle que c'est
normalement dix minutes par intervenant.
M. Saintonge: M. le Président, sans couper la parole au
ministre, la question posée était fondamentale et j'aimerais
avoir la présentation du maire de Rouyn. Quels sont les objectifs
principaux visés par la fusion? Quels sont les avantages et les
désavantages qu'il voit à ce que la fusion soit
réalisée ou non réalisée. Je pense que c'est un des
points importants de la réponse que vous avez commencé à
donner au ministre des Affaires municipales.
M. Bibeau: On s'est éloigné du sujet, mais je
voulais quand même faire une présentation sur carte
géographique pour qu'on se situe. Maintenant que c'est fait, je vais
répondre à votre question.
M, Saintonge: D'accord, mais tout en répondant à ma
question, dans un premier temps, vu que cela va peut-être éclairer
le débat... Un des points importants qui ont été
soulevés, c'était les questions d'aménagement. Je pense
que vous êtes actuellement incluse, comme municipalité, dans une
MRC, dans laquelle se trouve également la ville de Noranda. Vous
êtes actuellement en train de préparer un schéma
d'aménagement. Vous devez travailler, j'imagine, à ce moment, les
deux municipalités, ainsi que d'autres municipalités comprises
dans la même MRC, à l'établissement d'un schéma
d'aménagement.
Les problèmes majeurs que vous sembliez souligner au point de vue
de l'aménagement ne deviennent-ils pas limités par le fait que
vous êtes en train de préparer un schéma
d'aménagement qui clarifiera le développement futur de la
région et des deux municipalités en ce sens?
M. Bibeau: Quant au problème du schéma
d'aménagement de la MRC, je dois dire que les deux villes, Rouyn et
Noranda, n'y participent pas beaucoup, étant donné qu'on fait
notre propre aménagement depuis des années. Le but de la fusion
pour la ville de Rouyn, c'est de développer Rouyn comme capitale
régionale, étant donné qu'on l'est. On vient d'obtenir,
par une décision du gouvernement, la région
Hydro-Québec-Baie-James qui sera fusionnée avec la région
8. À Rouyn-Noranda, Hydro-Québec a déjà un bureau
régional.
Ces gens arrivent et ont besoin de maisons. On n'a plus de terrain
à Rouyn pour faire des maisons. Il nous reste des caps de roche ou, dans
le langage utilisé chez nous, des "swompes". On est obligé de
vendre le fond de terrain, pour amener les services, 18 000 $ ou 20 000 $,
alors qu'à Noranda, il y a du beau terrain, mais cela n'a jamais
été dans leur politique de développer. Le gérant de
la ville me l'a dit assez souvent: Continuez à ouvrir des rues et donner
des services, cela coûte les yeux de la tête; nous, on n'est pas
intéressés à cela.
Nous, on se dit: Eux ne sont pas intéressés et pour nous,
c'est très difficile de faire du développement. On dit quoi aux
gens qui veulent s'installer dans la capitale régionale? Va-t-en dans le
Nord, va-t-en à Amos, va-t-en à la Lasarre? Qu'est-ce qu'on
fait? À partir de là, on dit: Cela n'a pas de bon sens; on
est sur le même territoire. On va avoir un pouvoir de décision et
on va développer le territoire qu'on occupe qui est le territoire de
Rouyn-Noranda. On veut également travailler dans le même sens. Il
faut aller chercher de l'industrie. Il ne faut pas dépendre de Mines
Noranda, comme c'est arrivé dans certaines régions où,
parce que la mine ferme, tout le monde est au chômage.
On est content de Mines Noranda, mais ce n'est pas éternel. Le
cuivre vaut à peu près 0, 60 $ la livre et il descend à 0,
40 $. Mines Noranda n'a plus d'affinerie de cuivre. C'est fini. Ils ne
fonctionnent pas à perte, eux.
Quand vous parlez d'environnement, c'est un autre dossier auquel on a
dû travailler. Parce qu'on était encore deux villes, cela a pris
plus d'un an à signer une entente avec le ministère de
l'Environnement, parce qu'il y avait deux systèmes. Il y a un
système à Noranda où, pour l'assainissement, il n'y a pas
de problème, c'est fait. Ils procèdent avec des digues. Dans le
lac Osisko entre les deux villes, ils ont une digue, ils jettent ça
là-dedans, c'est reconnu par l'Environnement, c'est un droit acquis. Ils
se conforment aux exigences de l'Environnement, ils traitent leurs eaux
usées pour 50 000 $, 75 000 $ par année.
La ville de Rouyn, de l'autre côté de la rue, dit: Vous
allez faire votre assainissement, on va vous aider, on va vous donner 16 000
000 $, et ça va en coûter 18 000 000 $. On va les payer, les 2 000
000 $, mais vous allez construire une usine de traitement des eaux. Une usine,
ça coûte annuellement - ça vient du ministère de
l'Environnement, vous pouvez le vérifier -750 000 $ pour fonctionner. On
a dit: Non, on va aller dans le lac avec Noranda. Pour le surplus des
dépenses que ça va occasionner, si vous êtes prêts
à payer une usine de 7 000 000 $, vous paierez pour agrandir la digue et
on paiera le traitement des eaux selon les deux bassins de population.
M. Gendron - je ne parle pas du ministre, je parle du fonctionnaire -
est allé à Noranda, et ça a été un non
catégorique. Il revient chez nous en disant: Vous ne pouvez pas, Noranda
ne veut pas. Ils décident quoi, eux? À qui appartient le lac?
Finalement, on est revenu à Québec, on a discuté avec M.
Ouellet, à l'Environnement, et on a réussi à signer une
entente dans laquelle l'usine n'est pas incluse. Cela a passé au Conseil
du trésor, cela ne finit plus. C'est ça être deux villes,
c'est ça le problème de deux villes.
Je peux vous parler du développement, je vous en ai parlé
tantôt. II y a un écart d'à peu près 15 % ou 16 %
pour les taxes entre les deux villes. Cela n'est pas énorme. Cela ne me
fait rien de payer 150 $ de plus pour rester à Rouyn, et si j'ai
à les payer pour les dix prochaines années dans une ville
fusionnée, je vais les payer, je n'ai pas de problème avec
ça, sauf que si on ne fusionne pas demain matin, si Mines Noranda ne
participe pas au développement de nos deux villes et continue de
participer dans une seule ville, le fossé va devenir tellement grand que
personne ne voudra s'installer à Rouyn. De l'autre côté,
ils ne développent pas. Que va-t-on faire avec ces gens? On est une
capitale régionale, on se bat dans le milieu, comme Chicoutimi se bat au
Lac-Saint-Jean, comme Jonquière se bat dans son secteur. Nous, c'est
Rouyn-Noranda, et il faut la tenir debout, notre région. On a la
pôle et on veut la garder.
M. Saintonge: Je vais laisser la parole à mon
confrère de Hull, M. le Président.
M. Rocheleau: Une courte question, M. le Président,
concernant l'aménagement et le développement régional. On
a parlé tantôt de la municipalité régionale de
comté de Rouyn-Noranda. En vertu de la loi 125 adoptée en 1979,
les MRC ont à adopter très prochainement un schéma
d'aménagement qui doit tenir compte des grandes orientations de la MRC,
des grandes orientations des infrastructures, du développement
régional et de son ensemble.
Vous avez mentionné tantôt, M. le maire ou M. le greffier,
au sujet des avantages d'une ville unifiée, le fait qu'elle ait un
conseil qui verrait à planifier, selon les priorités, l'ensemble
du développement de la municipalité. Si on tient compte de la loi
125, en vertu de laquelle on doit produire un schéma
d'aménagement qui doit offrir toutes les caractéristiques du
développement, est-ce qu'à ce moment-là la loi 125 ne
protège pas autant Rouyn que Noranda et que les autres
municipalités environnantes qui font partie de cette même MRC?
J'aimerais vous entendre là-dessus.
Remarquez que nous sommes ici pour essayer d'avoir le plus d'information
possible afin de nous éclairer pour émettre les commentaires
qu'on pourrait émettre en fin de journée. Mais il y a certaines
questions ou certaines réponses que le maire nous a données qui
semblent comporter certaines contradictions. J'aimerais qu'on puisse nous
éclairer là-dessus.
M. Samson: Je ne crois pas que M. le maire ait soulevé des
contradictions. Lorsqu'on parlait d'aménagement et qu'on parle de
développement, ce sont deux choses qui sont proches l'une de l'autre.
Cependant, en matière d'aménagement, il est vrai que la ville de
Rouyn,. comme la ville de Noranda, participe, au sein de la MRC de Rouyn-
Noranda, à l'amélioration de son cadre physique, sa
sous-région, si on veut, ou sa région d'appartenance. À ce
niveau, les membres du conseil municipal de la ville de Rouyn font partie de
divers comités de la MRC, comme les autres municipalités de la
MRC font partie de comités qui travaillent à trouver des
solutions au point de vue environnemental, au point de vue de la voirie d'hiver
- je pense que le député de Rouyn-Noranda est au courant de
ça - au point de vue de tous les problèmes qui relèvent
des diverses municipalités de notre MRC.
Qu'on parle d'économie en matière d'aménagement
forestier ou en matière de protection de l'environnement au niveau des
parcs de résidus miniers, la MRC de Rouyn-Noranda, je crois, a une
qualité qui... Je ne veux pas la comparer aux autres MRC du
Québec, je ne les connais pas. Je sais que, dans notre région,
à cause de circonstances particulières ou régionales, le
besoin d'aménagement, même s'il faisait peur au début,
parce que la loi 125 a été sortie, même si cela faisait
peur aux municipalités -on va perdre nos pouvoirs et tout le kit - il
reste que les municipalités se sont rendu compte qu'avec les
découpages administratifs des territoires municipaux, on doit aller plus
loin que cela et trouver des solutions globales à nos problèmes.
Il n'y a pas que Rouyn-Noranda qui a des problèmes, les
municipalités autour de Rouyn-Noranda connaissent aussi divers
problèmes qui sont apparentés. C'est en matière
d'aménagement.
De plus, au sujet des aménagements, si on veut aller au niveau
intra-urbain, il y a des problèmes auxquels la municipalité
régionale de comté, lorsqu'elle produira son schéma,
n'osera pas s'attaquer. Elle n'ira pas dire: La 10e Rue ou le boulevard
Québec doit être prolongé à l'intérieur de la
ville de Rouyn. Elle va rester dans des concepts généraux et
normaux, à savoir que, s'il y a un centre culturel dans la MRC de
Rouyn-Noranda, il va être installé à Rouyn ou à
Noranda. Elle va éviter la prolifération des parcs industriels et
de diverses nuisances qui peuvent exister à l'heure actuelle sur le
territoire. Elle va dire que tel secteur sera réservé à
une activité particulière, que ce soit en agriculture, en
foresterie ou en matière de récréation. Mais je ne crois
pas que la MRC aille jusqu'à dire: La 10e Rue ou le boulevard
Québec devra être prolongé. Elle va laisser cela aux soins
des municipalités.
C'est là que le problème se pose en matière de
développement. Il faut que l'aménagement soit intelligent, mais
il faut qu'il serve aussi. Et pour servir, il sert un but de
développement. Que ce soit un développement économique, ou
un développement social, ou un développement du milieu de vie
dans lequel tu vis, l'aménagement, c'est à la base de cela. On ne
fait pas d'aménagement pour s'amuser avec de l'aménagement, on
fait de l'aménagement pour obtenir quelque chose au bout de cela. A
cela, la ville de Rouyn dit: La facilité pour la communauté de
Rouyn-Noranda, c'est d'avoir une autorité municipale qui est capable
d'assurer son leadership et qui est capable d'assurer des services aptes
à satisfaire ses citoyens.
Pour ce qui est des services il n'y en a pas de problème. Il y a
deux autorités à l'heure actuelle. Nos citoyens ont des services
adéquats, sauf que, s'il y avait une seule autorité municipale,
il y aurait des pertes de temps qui seraient évitées, il y aurait
des économies d'échelle qui, à moyen terme, je ne dis pas
è court terme, pourraient profiter à nos citoyens. Mais, surtout,
je le dis et je pense que c'est le point principal, la fusion permettrait
à Rouyn-Noranda d'assurer le leadership dans sa région, et, en
tant que métropole régionale, on doit faire cela. C'est un devoir
pour nos citoyens, pour assurer leur avenir et c'est aussi un devoir pour
l'Abitibi-Témiscamingue.
Dans nos régions, on doit se donner tous les moyens possibles
d'acquérir les meilleures chances potentielles de succès. Si on
ne fait rien après la fusion, c'est sûr qu'on n'aura rien, sauf
que, si on a la' fusion, on va peut-être avoir pas mal plus de chance
pour réussir ce qu'il nous faut avoir pour nos gens dans notre milieu et
aussi pour notre région pour connaître un succès
économique puis un développement.
Ce sont des traits généraux que je trace là. Je
pense que M. le maire pourra ajouter si ce n'est pas suffisamment clair.
M. Rocheleau: Peut-être que j'ai terminé pour le
moment. J'ai d'autres questions qui viendront éventuellement.
Peut-être que mon collègue en a sur le même sujet.
Une voix: En équilibre avec la première
période accordée au ministre, oui.
M. Saintonge: Vous avez parlé de leadership au niveau
régional. Le leadership a été assumé par l'ensemble
des deux municipalités. Est-ce que Rouyn n'exerce pas
présentement un leadership par rapport à ses objectifs?
D'après ce que j'ai pu voir des coupures de journaux et de textes qu'on
nous a fait parvenir, on semble dire qu'il y a quand même deux options
différentes dans les municipalités, deux tendances distinctes.
À ce moment-là, est-ce que Rouyn ne peut pas exercer le
leadership que vous voulez faire exercer au niveau régional? Est-ce que
Rouyn ne peut pas s'en prévaloir puis tenter de l'exercer à
l'intérieur même de ses limites actuelles?
M. Bibeau: Ce qui se produit, c'est vrai que tu as deux lignes de
pensée. Tu as deux villes. Tu as une ville qui s'est "garrochée"
énormément dans le développement avant la loi 57 qui ne
nous a pas "maganés", sauf que, étant une ville à
caractère commercial, eh bien! le retour de la taxe de vente
bénéficiait à Rouyn et nous aidait à se
développer, et cela allait bien. Aujourd'hui, la loi 57 qui favorise
Noranda par les investissements de Mines Noranda fait que c'est beaucoup plus
difficile d'en arriver à un développement normal et d'assumer
notre développement, notre capitale régionale ou notre
rôle, seuls, comme ville de Rouyn. (12 h 30)
Noranda, c'est une ville fermée depuis le début. Dans les
années vingt, quand cela a ouvert, si vous vouliez rester à
Noranda, vous ne pouviez pas. La mine décidait qui entrait sur son
territoire et qui s'en allait de l'autre côté de la rue. Vous
aviez...
M. Saintonge: Je ne voudrais pas vous interrompre mais ce que
j'aimerais, c'est...
M. Bibeau: J'essaie de vous expliquer la mentalité de la
ville de Noranda.
M. Saintonge: Oui.
M. Bibeau: Je vais vous lire quatre lignes, dans un livre...
M. Saintonge: Pour qu'on se comprenne, seulement un chose,
j'aimerais...
M. Bibeau: Vous allez comprendre. Écoutez, c'est
écrit ici: "Enfin, c'est en 1928 que le dépôt de minerai le
plus important fut mis à jour. " Écoutez bien cela: "Avant
l'obtention de ces résultats, la compagnie Noranda avait
décidé l'établissement d'une ville pour loger ses cadres,
ses techniciens et ses ouvriers. La mise en valeur d'une mine souterraine
exigeant une main-d'oeuvre relativement nombreuse, elle obtient du gouvernement
du Québec l'autorisation d'établir une municipalité sur
les terrains de la compagnie, à l'ouest du lac Osisko. Incorporée
en 1926, la ville était dotée d'un statut spécial et
administrée directement par la compagnie jusqu'en 1949. James Murdock,
président de la mine, fut aussi le premier maire et dirigeait le conseil
municipal depuis Toronto. " Le gérant de la ville était le
gérant de la municipalité. 1949, pour nous, ce n'est pas loin. De
1949 jusqu'aux années soixante, c'était le maire Hébert.
Il a continué dans le même sens, c'est-à-dire garder une
ville fermée. De là, les cadres qui sont en place actuellement et
qui ont travaillé dans ce sens sont toujours restés des gens
extrêmement raisonnables. C'est vrai que cela va bien chez eux. C'est une
ville fermée.
Or, le leadership d'une capitale régionale ne doit pas se faire
strictement par l'ouverture d'esprit de la ville de Rouyn; on a besoin de la
ville d'à côté, si on veut progresser.
Le Président (M. Marquis): M. le député
d'Abitibi-Ouest et ministre de l'Éducation.
M. Gendron: Oui, M. le Président, je pense que ce que les
parlementaires ont apprécié, c'est d'essayer d'évaluer si
le contexte de 1985 fait que les villes de Rouyn et de Noranda
présenteraient plus d'avantages à travailler conjointement, au
sein d'une même administration, ou si on peut maintenir deux
administrations séparées, comme on a eu l'occasion de le voir
tantôt sur une carte. 11 me semble que c'était assez
évident qu'on avait énorment de difficulté à
visualiser les frontières réelles entre la ville de Rouyn et
celle de Noranda, tout simplement, pour faire la preuve, en fin de compte,
qu'il n'y a pas de frontière dans le vécu quotidien des citoyens
et des citoyennes, quel que soit leur niveau d'activité et
d'appartenance.
Je terminerai par une première question. Ce qui m'apparaît
important, je vous le dis, M. le Président, et aux autres parlementaires
de même qu'à tous ceux qui sont intéressés par cette
question, c'est que je pense qu'il faut évaluer si oui ou non, en 1985,
les conditions objectives qui ont prévalu pour créer la
municipalité de Noranda en 1926 sont encore présentes. Il me
semble que, de toute évidence, dans ce dossier - c'est là-dessus
que je voudrais peut-être avoir un commentaire additionnel des
porte-parole de la ville de Rouyn -lorsqu'un gouvernement, quel qu'il soit, a
la responsabilité de donner suite par voie réglementaire à
la création d'une ville, il y a des conditions qui s'y prêtent. Il
ne me semble pas qu'aujourd'hui les considérations soient les
mêmes pour maintenir une situation qui, possiblement, n'aurait pas
existé si, dans le temps, il n'y avait pas eu cette volonté de
reconnaître un statut de ville, ce qu'on appelait les villes
minières, dans un contexte tel que mentionné par la ville de
Rouyn, très fermé où, immanquablement, s'il y avait un
développement à être assumé, compte tenu des liens
très étroits qui existaient dans le vécu quotidien, il
serait assumé plus par une ville que l'autre. Cela a été
le cas de la ville de Rouyn qui a du assumer à peu près tout le
développement survenu au cours des dernières années, en
sachant que, au niveau municipal - je pense que c'est une vieille notion connue
- le développement résidentiel n'est pas tellement
rémunérateur ou payant pour une ville parce que cela coûte
cher développer des villes avec les coûts
d'infrastructures de services. Mais lorsqu'on veut jouer un rôle
important dans une région comme capitale régionale, on se doit
d'être équipé pour recevoir le développement. Alors,
ma première question, M. le maire, ' est la suivante. Est-ce que vous
pensez qu'actuellement, le fait qu'il y ait deux administrations pour des
raisons qui ont existé dans le temps mais qui n'existent plus, en tout
cas, selon votre mémoire, est-ce que cela ne cause pas préjudice
plus à une ville qu'à l'autre, pour toutes sortes de raisons,
d'absorber du développement pour lequel vous n'avez pas le choix de ne
pas donner suite si, effectivement, la ville de Rouyn veut se
développer? Et, dans le même commentaire que j'aimerais que vous
me fassiez, est-il exact que, depuis plusieurs années, les citoyens de
Noranda se trouvent à bénéficier de services
collectivement offerts, mais uniquement payés par la ville de Rouyn
actuellement?
M. Bibeau: M, le ministre, je pense que je peux répondre
facilement à votre question, mais celui le plus apte à
répondre à cette question, parce qu'il transige
régulièrement avec la ville de Noranda, étant
trésorier et assistant-gérant, c'est M. Charron.
Une voix: Alors, M. Charron.
M. Charron (Denis): Il est bien entendu que, dans la
problématique que vous soulevez, il est clair que les citoyens de Rouyn
ont à absorber une part plus grande des dépenses ou une part plus
importante du développement, et leur effort doit être beaucoup
plus grand. On le souligne d'ailleurs dans le document qui vous est
présenté à la page... Avec l'aide des graphiques, c'est
aux pages 32, 33 et 34, où on démontre les indices de la richesse
foncière comparée per capita et où on démontre
aussi les indices comparés de la répartition des biens
imposables, etc. Vous allez vous rendre compte que l'on a pris l'ensemble des
données dans le document publié par votre ministère, M. le
ministre. Cela démontre clairement que la répartition des biens
imposables est beaucoup plus grande per capita à Noranda qu'elle ne
l'est à Rouyn et que l'effort per capita des citoyens est beaucoup plus
grande à Rouyn qu'à Noranda, ce qui amène une distorsion
ou le problème suivant. C'est que les gens de Rouyn sont moins bien
nantis et payent plus et, comme M. le maire le disait, ils assument en
même temps une plus grande part du développement social et
économique de notre région. Donc, le plus pauvre paie un peu plus
pour vivre et participe de plus en plus à son développement.
Le deuxième détail concernant les services qui sont
payés d'une part par la ville de Rouyn et qui servent à
l'ensemble de la région ou de Rouyn-Noranda sont dans le domaine... On
n'a qu'à parler, entre autres, un peu du Théâtre du Cuivre
quoique Noranda va vous dire qu'il y a son école de musique. Cependant,
ce qu'on sent, c'est que l'ensemble du développement ou l'ensemble des
nouveautés se fait souvent sentir par la partie de Rouyn qui projette en
avant et qui est plus à l'avant-garde pour donner des services nouveaux
à sa communauté et en restreindre le plus possible les
coûts.
L'autre détail que vous allez retrouver à
l'intérieur du même document, c'est qu'il en coûte par
habitant une somme moindre à Rouyn qu'à Noranda,
c'est-à-dire que administrer la ville, le ratio
dépenses/population démontre qu'il en coûte plus cher par
habitant pour administer la municipalité de Noranda qu'il en coûte
pour administrer la ville de Rouyn. On pense et on estime que cette
différence provient du fait que Noranda dispose d'avantages particuliers
en matière de taxation qui lui permettent de taxer moins ses citoyens.
Par contre, cela lui donne la possibilité de s'administrer à un
coût plus cher que celui de Rouyn. Si, selon les données qu'on
vous donne, la ville de Noranda, en 1984, reflète un surplus
budgétaire de 370 000 $, s'il eût fallu qu'elle administre la
ville de Noranda au même taux que la ville de Rouyn, elle aurait fait un
déficit d'opération. C'est cela qui fait la distorsion
principale. C'est qu'eux bénéficient d'avantages ou d'un champ
d'imposition qu'offrent les compensations et qu'offre surtout Noranda Mines, ce
qui fait en sorte que, bénéficiant de ces revenus, cela leur
permet d'avoir un taux de taxation beaucoup plus bas et de se payer des
services qui sont plus coûteux. C'est sensiblement le fond de ma
réponse.
M. Gendron: D'accord.
M. Samson: Avec votre permission, j'apporterais un
complément de réponse à la question de M. le ministre.
Vous disiez: Est-ce qu'il y a encore tellement de différences qui
justifient deux administrations municipales? Je ne parlerai pas au point de vue
financier, je ne suis pas financier. Je parlerai simplement en tant que
greffier et géographe de déformation, comme le diraient certains.
Les villes de Rouyn-Noranda, s'il est vrai que, par le contexte historique, ce
qu'on a dit tantôt et que je ne répéterai pas parce que
vous l'avez bien saisi, en fait, il y avait deux administrations. Il y avait
d'autres contextes particuliers qui faisaient qu'il y avait un Noranda et un
Rouyn, comme en ce qui touche l'emploi, on l'a dit tantôt. Maintenant, M.
le maire vous a donné les chiffres pour la répartition des
emplois selon les secteurs d'activité. En 1940, vous seriez venus
à Rouyn, vous auriez constaté que c'était une ville qui
était formée de
bûcherons, de mineurs, de prospecteurs et de gens
généralement reliés aux secteurs primaire et secondaire
pour ce qui est de l'usine de transformation des métaux de Mines
Noranda.
Au cours des dernières années, Mines Noranda a
rationalisé, si on veut, ses activités. Il y a eu des pertes
d'emplois. C'est là que Rouyn et Noranda se sont attelés
ensemble, les deux conseils du temps - je parle des années soixante et
soixante-dix - pour aller chercher une nouvelle vocation à
Rouyn-Noranda. Ils sont allés chercher des fonctionnaires, des services,
des commerçants pour assurer le rôle de leadership dans notre
région. Avant cela, tu avais des mineurs à Noranda, des
commerçants à Rouyn. Il n'y en a plus, maintenant. Les
commerçants sont rendus à Rouyn et à Noranda, les mineurs
sont rendus à Rouyn et à Noranda. La répartition s'est
faite. Ce n'est pas parce que tu restes à Noranda que tu es mineur ou
que tu es plus fortuné. Cela n'est plus vrai. Cela ne marche plus comme
cela. C'est rendu un "melting pot" normal comme il doit exister dans n'importe
quelle autre municipalité.
À l'origine, il y avait les différences ethniques ou les
origines ethniques différentes des citoyens de Rouyn et de Noranda. Vous
l'avez d'ailleurs dans le cahier qu'on vous a présenté, dans le
mémoire. Ces différences, pour des raisons que j'ignore, se sont
estompées avec les années, c'est-à-dire que Rouyn qui,
traditionnellement, était formée de francophones a, aujourd'hui,
une population anglophone, et Noranda, qui était traditionnellement
anglophone, a maintenant une population largement francophone. Les
différences ethniques ne sont plus là entre les deux
municipalités. On n'a plus besoin d'une ville pour les Anglais, d'une
ville pour les Français. On a juste besoin d'une ville.
Une autre chose, je ne parlerai pas de finance, mais je vais quand
même dire une chose. C'est qu'il y avait un avantage certain à
être à Noranda, d'ailleurs le rapport sur la fusion de 1973,
commandé par la ville de Noranda, le disait clairement. Vous avez les
documents qui vous ont été remis tantôt. Il y a eu des
contributions à la ville de Noranda qui ont été faites par
un contribuable qui était Noranda Mines. Loin de jalouser ce qui a
été la contribution de Noranda Mines, il reste une chose: C'est
que Rouyn n'avait pas ces contributions, alors que Noranda les avait. Il y
avait avantage à avoir deux villes, une qui avait des contributions et
l'autre qui n'en avait pas. Noranda Mines est rendue un citoyen normal, elle
paie ses taxes. Sauf erreur, je ne crois pas que Noranda Mines fasse des
cadeaux aujourd'hui, il n'y a plus de contributions.
Donc, on a deux villes prises avec deux conseils, qui affrontent les
mêmes problèmes de développement économique. Est-ce
qu'il y a une place pour deux villes là-dedans? Ma réponse est
non.
M. Gendron: M. le Président, une deuxième question
rapide parce que, dix minutes, cela passe vite. Dans une étude de
fusion, dans un document préparé en 1980 par la firme
Bélanger, Chabot & Associés, on affirmait que les besoins de
concertation et de coordination avec l'autre ville sont tellement intenses et
fréquents que les élus, autant que les fonctionnaires des deux
villes, ont maintes fois exprimé leur frustration de n'administrer
qu'une fraction de ville. Ma question sera bien précise et je pense que
cela pourrait appeler une réponse très concrète pour
visualiser. M. le maire, vous avez régulièrement l'occasion de
tenir des réunions du conseil de ville de Rouyn-Noranda. Tout le monde
sait que, lorsqu'on tient une réunion d'un conseil de ville, il y a
certains points à l'ordre du jour, peu importe les séances,
au-delà des points techniques, le procès-verbal, les retours et
ainsi de suite, juste pour visualiser, d'une façon très
concrète, règle générale, quel est le nombre de
points qui appellent toujours des échanges, des vérifications et
une complémentarité avec l'autre administration, compte tenu du
caractère qui fait que ces deux villes sont complètement l'une
sur l'autre, sans nuance, siamoises, jumelles et tout ce que vous voulez. Bien
concrètement, s'il y a dix articles à l'ordre du jour, y a-t-il
80 % de ces articles qui appellent toujours une complémentarité,
à la suite d'une décision que l'une prend par rapport à
l'autre parce que vous savez que vous êtes mutuellement concernés
et affectés? (12 h 45)
M. Bibeau: Je dirais que, dans 50 % des cas, oui. Il n'y a pas
une association locale, un club social ou quoi que ce soit, que ce soit la
Société du cancer qui ne se présente à une ville et
à l'autre ville, et, dans une des deux villes, n'importe laquelle, on
joue le même jeu: Comment ils t'ont donné de l'autre bord et
comment on va te donner. Tu sais. Ce qui est le plus drôle dans tout
cela, cela prend deux minutes, je vous raconte un petit fait: On a un
problème à Rouyn. Dans le lac - on a saisi l'Environnement du
problème - on a des chironomidés, c'est une petite bibitte qui se
dégage du lac au mois de juin, cela dure quinze jours, trois semaines.
Mais cela empeste les quartiers. Il se forme un comité de citoyens et,
nous autres, la ville de Rouyn, on dit: On va injecter 5000 $ et on fait une
étude pour savoir d'où cela provient, comment on peut
éliminer cela. Et, on décide d'aller voir de l'autre bord. Ils
sont arrivés de l'autre bord et ils se sont fait dire: Les bibittes ne
sont pas à Noranda, elles sont à Rouyn. Il y a des bibittes
partout.
Avant que ce comité puisse se mettre en branle et avoir un fonds
de roulement de 10 000 $, cela a pris deux interventions au conseil de ville de
Noranda. Il a fallu qu'ils montent en masse, je veux dire en masse, la masse.
On est toujours poigné comme ça. Toujours. Des exemples comme
ça, je pourrais vous en citer, écoutez, je pourrais passer une
heure et demie là-dessus.
M. Gendron: Vous êtes conscient que c'est une cause de
ralentissement très important. Vos décisions des
activités...
M. Bibeau: C'est évident. Quand on a négocié
avec l'entreprise privée pour la construction d'un centre commercial, il
y avait cinq parties là-dedans: Rouyn, Noranda, commission scolaire,
l'ONR et le gouvernement du Québec dont je me souviens. Dans le temps le
ministre Marcoux était venu signer une entente concernant le palais de
justice. Cela a retardé l'échéancier des travaux de deux
ans peut-être. Même si cela a été vite dans le cas
où il y avait cinq parties, il reste qu'encore là ce n'est pas
fini. Il y a des ententes qui ont été signées sur des rues
qui auraient dû être faites qui n'auraient pas été
faites. Il y a un boulevard Québec que le gouvernement du Québec
a payé, 4 500 000 $ et pour lequel la ville de Rouyn a participé
pour 2 225 000 $, cela veut dire 50-50. On l'a fait et notre réseau
routier dépend de ça et c'est "jammé" aux lignes de
Rouyn-Noranda parce qu'eux autres ont décidé que ce
n'était pas le temps de le faire. Mais ils ont été
subventionnés à 75 % et leur portion à eux autres c'est
250 000 $, mais ils ne bougent pas. On est toujours poigné comme
ça.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Vous parliez tantôt des problèmes
administratifs. Je pense qu'on peut toujours dire quand même que, dans
des villes voisines qui se touchent d'assez près, il y a toujours
certains problèmes administratifs à régler. Je ne demeure
pas à Rouyn-Noranda, je demeure sur la rive sud de Montréal, mais
les municipalités, chez nous aussi, d'un côté de la rue,
c'est une ville, de l'autre bord, c'est une autre ville. Il y a toujours des
problèmes de cet ordre. En ce qui concerne les citoyens, cependant, vous
semblez dire qu'ils sont plutôt d'appartenance à Rouyn-Noranda
comme si c'était une seule municipalité. J'ai cru retenir cela de
vos propos tantôt.
Le ministre des Affaires municipales vous avait posé une
question. Comment expliquer, finalement, si vraiment ce que vous dites est
réel le fait qu'aux élections municipales qui ont eu lieu en
1982, la majorité des élus, c'est-à-dire le maire et trois
des conseillers sur quatre de Noranda ont été des gens qui
s'étaient carrément affichés comme étant contre la
fusion et que cette élection prenait ni plus ni moins, d'après ce
que j'ai pu comprendre dans les journaux, l'allure d'un
référendum pour l'annexion éventuelle des deux villes ou
pas, ou la fusion des deux villes ou pas.
M. Bibeau: Je ne pense pas, M. le député, qu'une
élection puisse refléter l'allure d'un référendum.
Le plus bel exemple, il y a eu un gros référendum en 1980 et vous
l'avez battu. Le même gouvernement se fait élire un an
après. C'est-à-dire vous l'avez gagné et un an
après le gouvernement se fait élire. C'est quoi une
élection référendaire? Cela n'existe pas à mon
sens.
M. Saintonge: Non, mais ce que j'ai voulu dire, c'est que,
d'après les coupures de journaux que j'ai vues ici, il semblait clair
qu'il y avait deux partis aux élections municipales: un pour la fusion,
un contre la fusion. Si vraiment les citoyens de Noranda ont une appartenance
à l'ensemble des deux municipalités, comment expliquer le
résultat de l'élection? C'est cela que j'aimerais savoir. Comment
peut-on arriver à la conclusion que ces gens ont quand même
manifesté, même si le pourcentage n'est pas énorme, il
reste qu'un pourcentage important des votants, soit plus de 50 %, ont dit: On
vote contre la fusion. Les marges de victoire aux différents postes ne
sont pas considérables, je suis d'accord avec vous, mais ce qu'il est
important de noter, même si vous avez mentionné tantôt que
vous n'aimiez pas entendre parler du mot démocratie, il reste que vous
avez, comme élus municipaux, et c'est la même chose à
Noranda, ces gens ont reçu un mandat de la population pour administrer
une ville dans un sens donné. Ces gens sont clairement identifiés
comme des gens qui voulaient conserver l'administration de Noranda en une ville
qu'on appelle seulement Noranda et ne pas étendre cela. Ils ont
reçu un mandat de la population. Que le nombre de votants soit dans une
proportion moindre qu'on pourrait le souhaiter, c'est-à-dire que,
idéalement, lors d'un vote, on souhaiterait que 100 % des gens aillent
voter pour avoir le pouls complet de la population, mais il reste que c'est le
jeu de notre démocratie. On ne peut pas attacher quelqu'un pour qu'il
vienne voter. On ne met pas un fusil dans le dos de quelqu'un pour l'amener
voter. La personne est libre d'exercer son droit et notre démocratie
veut que ceux qui s'expriment soient ceux qui régissent l'ensemble de la
politique qui les concerne. Ceux qui ne veulent pas voter, demain matin, qu'ils
ne viennent pas dire qu'ils n'ont pas voté. C'est aussi simple que
cela.
Donc, la majorité des gens, démocratiquement, ont
élu un conseil municipal qui prônait non pas la fusion des villes,
mais le statu quo. Comment expliquez-vous cela par rapport à
l'affirmation que vous faites que les gens se retrouvent, à Rouyn et
à Noranda, en une seule municipalité, une seule entité,
une appartenance qui est majoritairement pour l' agglomération de
Rouyn-Noranda?
M. Bibeau: D'abord, suivant l'activité d'une
élection, d'un parti ou de l'autre, la participation à une
élection de 40 %, 45 % ou 50 % d'une population ne révèle
pas ce que veut la population. Je l'ai dit tantôt, je me
répète et c'est comme cela: quand quelqu'un est content, il ne se
dérange pas, et, quand quelqu'un n'est pas content, il se
dérange. Je vais vous poser une question: Au référendum de
1980 qui a été battu par 52 voix, cela veut dire que 26 personnes
décident de voter pour le oui, on arrive à égalité
et il n'y a pas 50 % de participants sur le territoire qui vont voter. Or, tout
cela veut dire que, pour 2000 personnes qui ont dit non à un
référendum, il en reste 26 000 qui souffrent d'une non-fusion.
Même nous qui sommes à côté, on a un mot à
dire là-dedans: Mêlez-vous pas de cela, restez à Rouyn. Il
faut s'acheter un terrain à Noranda-Nord pour avoir le droit de parole.
Voyons donc! Ce sont tous des gens avec qui on travaille. On se côtoie
tous les jours et on travaille dans le même milieu: 75 % des mineurs de
Mines Noranda restent à Rouyn.
M. Saintonge: Si vous tenez pour acquis que le résultat de
l'élection n'est pas valable pour vous dans ce cas, ne serait-il pas
souhaitable, pour régler ce problème, si, effectivement, au
niveau des administrations municipales, on a deux pôles opposés,
comme vous le mentionnez... En ce qui a trait à l'ensemble des citoyens,
on semble favoriser un regroupement régional. Est-ce qu'il ne serait pas
important, à ce moment, pour l'ensemble de la population, de
régler le problème, de dire: Soit, regardons les choses en face.
Décidons de faire une étude en profondeur afin de
démontrer à nos gens quels sont les avantages de la fusion, les
désavantages, quelles sont les implications que la fusion pourra amener
pour ce qui est du développement économique, social et culturel,
et élaborons un plan, un programme d'intégration sur ce qui va
arriver dans un tel cas. Si la population pouvait analyser de telles
données, elle pourrait se prononcer d'une façon
éclairée. Est-ce que cela ne vous apparaîtrait pas
souhaitable, dans un tel cas, d'informer la population par une telle
étude? À ce moment, je pense qu'on pourrait dire à la
population: Voilà la situation, les avantages, les désavantages,
les implications, les coûts. C'est quoi votre idée? Est-ce que,
dans une telle circonstance, vous ne pensez pas qu'une consultation, dans un
tel cadre, permettrait, démocratiquement, de voir le désir et de
prendre le pouls fondamental de la population à cet égard?
M. Bibeau: Dans ce que vous dites, d'abord, il y a une partie de
ce travail qui a été fait. Je vous ai donné tantôt
un résumé, mais je peux vous le laisser; j'essaierai d'en trouver
une autre copie. Il y a une étude qui a été payée
par les deux villes; 50 000 $ pour dire c'est quoi une ville. Cela n'a pas
été fait par des gens locaux, cela a été fait par
la firme Bélanger et Chabot, de Drummondville. Alors, il n'y a pas
intérêt à dire: Ces gens sont nés à Rouyn.
Ces gens sont allés à Noranda, ils ont questionné tout le
monde, les fonctionnaires municipaux, les élus municipaux et la
population. La réponse est dedans. Cette étude a
été payée par les deux villes. À ce moment, si
l'autre ville consent à faire faire une étude, c'est qu'elle
aussi désire voir ce que cela donnerait. Les conclusions sont positives,
mais elle refuse de les appliquer. Quand vous me parlez d'informer les gens, je
veux le faire, je n'ai pas de problème et je n'ai pas de cachette. Je
veux informer les gens qui veulent être informés. Cela fait deux
mois qu'on parle de fusion à Rouyn-Noranda. Je vous l'ai dit et je le
répète: On n'a pas de question sur la fusion. La ville de Noranda
a fait publier pendant quatre ou cinq semaines une page complète dans le
journal local pour démontrer que Rouyn était mal
administrée parce qu'on nous appelle les gaspilleux. C'est facile de
dire cela quand tu as de l'argent plein les poches et que la mine te
subventionne. On sait s'administrer. Cela nous coûte moins cher, 100 $ de
moins par tête pour administrer un budget local, mais les gens ne veulent
pas d'information. Ils ne nous posent pas de questions. Tout ce qu'on se fait
dire dans la rue, c'est: Comment cela va, votre dossier de la fusion? Ah! cela
avance. Un citoyen, un seul, m'a dit: Je ne suis pas d'accord avec la fusion
pour payer les dettes de la ville de Rouyn. J'ai dit: Qui t'a dit que tu
paierais les dettes de la ville de Rouyn? Je lui ai donné de
l'information. Les taxes de secteur, cela existe; les taxes de bassin, cela
existe. Vous-même, M. Saintonge, vous me l'avez dit.
M. Saintonge: Mais est-ce que cela ne vous convainc pas,
justement, qu'il y a peut-être un manque d'information des citoyens? Ceux
qui vous parlent, qui vous demandent comment va la fusion, est-ce que ce sont
des gens de Rouyn ou de Noranda? Deuxièmement, celui qui vous dit: On ne
paiera pas les dépenses de Rouyn - c'est quelqu'un de Noranda, j'imagine
- est-ce que vous ne considérez pas que ce citoyen... Il y a
peut-être d'autres citoyens qui manquent
d'information pour se prononcer en connaissance de cause sur le
sujet.
M. Bibeau: Je suis d'accord avec vous, mais chaque fois qu'on
rencontre un citoyen... M. Rocheleau, Hull, ce n'est pas tellement grand. Je
suis certain que vous connaissez l'ensemble de la population, mais vous
n'êtes pas nécessairement capable de savoir si c'est un gars de
Gatineau ou de Hull. Je ne suis pas capable de dire si le gars est de Rouyn ou
de Noranda, chaque fois que je vois un citoyen. On se voit, on vit ensemble, on
joue au hockey, au golf, on fait du sport ensemble, on a des tables de travail
ensemble. Vous faites le tour des clubs sociaux et ce n'est pas possible
d'identifier si ce sont des citoyens de Rouyn ou de Noranda. Pour la
population, on vit dans une ville qui est Rouyn-Noranda. La différence
entre les deux villes existe strictement au niveau des deux conseils de ville
ou des deux administrations municipales. Cette semaine, on a donné de
l'information. On est allé faire une heure d'information à la
télévision. Cela a été annoncé. Tout le
monde s'attendait à un gros débat et à une chicane entre
les deux villes, mais il n'y en a pas eu. Cela a été une belle
émission qui a obtenu une grosse cote d'écoute. Il n'y a pas eu
de question. Les gens sont tannés d'entendre parler de fusion. Cela dure
depuis 1961. Cela a refait surface en 1972, en 1974, en 1977, en 1980, en 1984
et cette année. Pour nous, on est rendu assez loin, il faut
régler. Investir encore de l'argent, faire des études, faire des
sondages pour arriver toujours à la même solution... Les gens nous
disent: Oui, il faut fusionner. Je parle de la masse. C'est certain que tu ne
peux pas rencontrer 28 000 personnes et que les 28 000 soient satisfaites. Il
va y en avoir 15 % ou 20 % au début et, graduellement, les gens vont
s'habituer, les gens vont s'aimer, parce qu'on vit ensemble sur le même
territoire. J'ai moi-même demeuré à Noranda et j'ai
aimé cela. Par la force des choses, j'ai voulu m'acheter une maison et
elle était à Rouyn, je suis allé à Rouyn. Je n'ai
pas de problème avec cela. Personne n'en a.
M. Saintonge: Mais vous avez un choix à faire, quand vous
décidez d'habiter une ville ou une autre. J'imagine qu'un citoyen qui
décide d'aller vivre à Rouyn ou à Noranda doit en regarder
les implications.
M. Bibeau: Si je me sers de votre raisonnement, vous allez
m'expliquer pourquoi les gens - c'est vrai qu'ils ont le choix depuis deux ans
- s'installent tous à Rouyn? Ils ont le choix et cela coûte plus
cher, à ce qu'on nous dit. Les gens de Noranda vont vous le dire
tantôt: Cela coûte pas mal plus cher. C'est drôle, ils
s'implantent tous à Rouyn.
M. Saintonge: Je ne peux pas vous le dire, je ne le sais pas,
vous me l'apprenez.
M. Bibeau: Moi, je vous le dis. M. Saintonge: Bon.
M. Bibeau: Venez sur les lieux - M. Rocheleau est venu - je vais
vous faire faire le tour de la ville, je vais vous montrer où se fait le
développement, où est la qualité de vie, où les
gens aiment rester et où sont les services.
M. Saintonge: À ce moment-là, il y aurait un
avantage marqué pour que les gens de Noranda viennent rejoindre ceux de
Rouyn. Il faudrait peut-être leur faire valoir les avantages qu'ils y
trouveraient, quelle propension future il y aurait au niveau du
développement économique, social et culturel dans la
région.
M. Bibeau: Je me répète, les gens nous le disent:
la seule place où on ne s'entend pas sur une fusion, c'est au niveau
politique, au niveau administratif des deux villes. Je ne me cherche pas "une
job" de maire dans une ville de 28 000 habitants. Je vais m'en aller, s'il le
faut. Si c'est moi qui bloque fa fusion - ce n'est pas le cas - je m'en irai.
Ce que je veux, c'est une ville forte. On est une capitale régionale, on
est en compétition avec la région. On a 32 ministères
représentés chez nous. On se doit de leur donner des services et
cela va se faire avec une municipalité et non deux.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le maire. Comme on
suspend à 13 heures et qu'on reprend à 15 heures, j'ai une
proposition à faire. Ce matin, nous avons commencé les travaux
trois quarts d'heure en retard. Par souci d'équité pour les deux
villes, à 15 heures, il resterait entre 15 et 20 minutes à la
ville de Rouyn pour que les deux villes aient le même temps d'audience.
Est-ce que cela agrée aux deux groupes parlementaires?
M. Saintonge: Combien de groupes avons-nous à entendre
aujourd'hui, M. le Président?
Le Président {M. Marquis): Six.
M. Saintonge: Six. Combien de temps doit-on reprendre? 45
minutes?
Le Président (M. Marquis): On aurait 45 minutes à
reprendre, oui. Une autre solution...
M. Marcoux: Il vaut mieux se garder
plus de temps entre 23 heures et minuit pour les questionner à
nouveau pendant une demi-heure chacun.
M. Saintonge: On continuerait pendant quinze minutes le temps
d'audition des municipalités?
M. Marcoux: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Marquis): C'est cela.
M. Tremblay: M. le Président, j'ai une autre suggestion
à faire à la commission.
M. Saintonge: On verra.
M. Tremblay: Je n'ai pas l'impression qu'il y a encore des
membres de la commission qui veulent poser des questions. Oui, il y en a? Ah!
je m'excuse, d'accord.
Le Président (M. Marquis): Nous finaliserons l'entente
pendant la suspension. Là-dessus, la commission suspend ses travaux
jusqu'à 15 heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise à 15 h 6)
Le Président (M. Marquis): La commission parlementaire de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux afin de
poursuivre la consultation particulière sur le projet de loi 190, Loi
concernant les villes de Rouyn et de Noranda.
Comme il avait été question lors de la suspension de ce
midi que la ville de Rouyn aurait entre 15 et 20 minutes pour compléter
les informations qu'elle a à nous donner et que le temps est
également réparti entre les deux groupes parlementaires,
là-dessus la parole est au député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue pour les premiers dix à douze
minutes.
M. Baril (Rouyn-Naranda-Témiscamingue): Je voudrais
souligner que, dans une première partie, le maire a répondu au
ministre des Affaires municipales en énumérant les
désavantages en ce qui concerne le dossier de la fusion. Dans un premier
temps, parce que je reviendrai avec une question additionnelle, je voudrais
demander au maire de nous énumérer quatre ou cinq bonnes raisons
pour lesquelles on doit fusionner les villes de Rouyn et Noranda par le projet
de loi 190 qu'on a sur la table actuellement.
M. Bibeau: À mon sens, les avantages d'une fusion
serviraient à éviter les erreurs coûteuses de planification
pour le développement urbain de Rouyn-Noranda.
Cela assurerait également la cohésion et
l'émergence d'un leadership local, régional, fort et agressif.
À moyen terme, réaliser des économies d'échelle par
une meilleure intégration des équipements et des ressources
humaines et ainsi fournir des services adéquats pour l'ensemble des
citoyens de Rouyn-Noranda; assurer de meilleures chances de succès pour
l'avenir de Rouyn-Noranda.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Ma deuxième
n'a pas été explicitée dans votre allocution de ce matin.
Vous me permettrez, M. le Président, parce que je suis moi-même un
résident de Noranda, vous comprendrez que l'une des grandes
inquiétudes très légitimes d'ailleurs des citoyens et des
citoyennes de Noranda est assurément en ce qui concerne la charge
fiscale comme contribuables à Noranda et, pour reprendre une expression:
si on fussionne, est-ce qu'on va le payer par une hausse très
considérable de taxes qui pourrait survenir à la suite d'une
fusion? Le contribuable de Noranda devra-t-il payer pour le
développement ou les dettes antérieures de Rouyn, par exemple?
Dans un premier temps - ma question a deux volets - je voudrais savoir si le
maire a pour objectif de fusionner les villes pour faire payer ses dettes
antérieures? Bon, répondez et je reviendrai ensuite avec
l'autre.
M. Bibeau: Depuis une heure et demie, le débat porte sur
l'avantage de la fusion, on parle de développement, on parle
d'économie et de se renforcer dans le domaine industriel. On n'a jamais
abordé les taxes parce que nous disons localement - et c'est le mandat
du conseil de ville de Rouyn - que dans un projet de fusion, on ne peut pas
garantir à qui que ce soit que les taxes seront augmentées dans
une ville ou dans une autre. Sachant que le ministère des Affaires
municipales a des mécanismes pour une fusion, on est garant qu'on devra,
nous, par des taxes de secteur, par exemple, nous rendre responsables de notre
dossier d'assainissement des eaux qui n'est pas complété par
rapport à l'autre ville qui, elle, l'a fait. Il existe également,
au niveau des fusions, des taxes de bassin où on peut prendre comme
exemple le boulevard Québec qui dessert les deux villes. Il devrait
être payé par les deux villes. Je dis dans ce sens-là: non,
la ville de Rouyn ne veut pas faire payer ses taxes par les citoyens de
Noranda. La ville de Rouyn veut se servir des mécanismes en place, de la
Commission municipale pour faire de bons budgets et avoir une bonne fusion afin
que les gens n'aient pas à se dire dans cinq ou dix ans: Oui, je paie
pour toi ou je ne paie pas pour toi. En tout cas! Ce n'est pas le but du
conseil ou de la ville de Rouyn de faire payer ses taxes par les citoyens de
Noranda.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): En terminant - ce
sera ma dernière question, M. le maire: est-ce que vous trouvez que le
projet de loi, tel qu'il est présenté actuellement, est
convenable dans la perspective des objectifs qu'on recherche et qu'on a
essayé de dégager ce matin dans le cadre d'une ville
fusionnée?
M. Bibeau: Le projet de loi, tel qu'il est déposé,
me semble convenable. Je ne dis pas non plus qu'il n'y a pas de place pour un
peu d'amélioration pour enlever certaines craintes et
l'inquiétude qui pourrait exister de la part de l'autre ville. Je ne dis
pas qu'on est fermé à cela, mais dans l'ensemble, je le trouve
correct.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: J'aurais certaines questions à poser,
d'autant plus, M. le Président, que je me suis permis de visiter les
deux municipalités de Rouyn et Noranda ainsi que les groupes de gens
d'affaires à Mines Noranda et autres. J'ai donné une
conférence de presse à ce moment-là aussi. Mon
collègue qui devait être présent a malheureusement
été sur la voie d'évitement parce que son avion a
décollé avant lui.
M. Marcoux: La rumeur avait circulé, mais ce
n'était pas cela.
M, Rocheleau: Ah! On a peut-être pu prétendre cela, mais de
toute façon, M. le Président, je ne voudrais pas brûler mon
temps. Nous avions dit très clairement là-bas à
Rouyn-Noranda que nous, de notre formation politique, souhaitions au
Québec des regroupements, des fusions de municipalités afin de
réduire d'une façon quand même assez intéressante le
nombre de municipalités au Québec qui est incomparable avec
l'Ontario qui, avec une population supérieure, a probablement la
moitié moins de municipalités qu'on n'en a au Québec. J'ai
expliqué cela autant aux villes de Rouyn que de Noranda. Par contre, M.
le Président, j'ai trouvé - mes autres collègues aussi -
qu'il manque plusieurs éléments dans le projet de loi. Si on
tient compte, entre autres, de la loi existante adoptée en 1971 - la loi
276 sur les regroupements - si on prend la loi 98 adoptée en 1974 ou
1975 sur le Saguenay ou l'Outaouais, où la loi décrétait
des unités de regroupement, il y a toutes sortes de modalités qui
sont à l'intérieur de ces lois et où on respectait
intégralement la volonté du citoyen, c'est-à-dire le
respect de la démocratie par la consultation des citoyens. Si je
comprends bien - et je souhaiterais que le ministre puisse nous éclairer
là-dessus tantôt aussi - le gouvernement pourrait sûrement
mettre à la disposition des villes de Rouyn et de Noranda certains hauts
fonctionnaires ou certains cadres de la Commission municipale dans le but de
favoriser une expertise. Nous allons sûrement ce soir - et mon
collègue aussi - émettre des commentaires là-dessus, mais
ce qu'il m'intéressait de connaître davantage du maire de Rouyn,
étant donné qu'on termine dans quelques minutes avec la ville de
Rouyn, si tout cela semble intéressant, s'il y a déjà eu
des référendums à Noranda, s'il y a eu une élection
qui portait plutôt sur la fusion en 1982, si les gens se sont
prononcés majoritairement, mais avec une faible majorité contre
la fusion, si la ville de Rouyn, dans une expertise qu'elle a faite
dernièrement, un sondage, a démontré d'une façon
très favorable que les gens, tant du côté de Rouyn que du
côté de Noranda avec un pourcentage un peu inférieur,
souhaitaient cette fusion, dans le plus grand respect de la démocratie,
j'aimerais savoir si le maire de Rouyn accepterait ou considérerait le
fait que les villes, à leur convenance, à la convenance aussi et
avec l'aide de la Commission municipale, arrivent à un certain protocole
ou établissent un certain protocole qui pourrait être
présenté aux populations, tant de Rouyn et Noranda, est-ce que la
maire, à ce moment-là, accepterait d'aller à une
consultation populaire dans sa ville à lui? Sûrement que le maire
de Noranda pourrait répondre lui-même aussi tantôt, en ce
qui concerne la ville de Noranda. Mais, est-ce que le maire accepte le fait que
dans un monde où la démocratie doit primer, que même des
fois où cela paraît embêtant de consulter cette
démocratie ou de la mettre en jeu, que c'est cela qui nous permet de
vivre à l'intérieur des lois que nous avons, dans le respect des
populations qui nous ont élus, tant à l'Assemblée
nationale que dans nos municipalités du Québec? J'aimerais savoir
si le maire, de son côté, accepterait le fait qu'on puisse avoir
des recommandations de consulter les citoyens?
M. Bibeau: M. Rocheleau, votre question est claire et
précise. Ma réponse est non et je vous donne les
explications.
Premièrement, je pense que depuis 1970, il s'est peut-être
dépensé à l'intérieur des deux villes 50 000 $ pour
une étude, deux référendums, je dirais 100 000 $ et plus
pour toujours arriver avec les mêmes conclusions. Ce que je n'aime pas
d'une consultation populaire, dans un premier temps - et je dis qu'on n'en a
pas besoin - dans un premier temps, c'est que les jeunes ne votent pas et que
les femmes ne votent pas. Or, au départ, je pense qu'on brime la
liberté des citoyens et je dis également: Ce n'est pas
démocratique que de ne pas demander aux femmes qui sont sur le
marché du travail au même titre que nous de se prononcer sur le
développement futur d'une
ville.
Deuxièmement, je vous dis que la consultation, on en a obtenu une
à la fin de mars. C'est un sondage que vous, les partis politiques,
acceptez de travailler avec. C'est un sondage qui a été fait
auprès des femmes, des hommes et des jeunes. Le sondage est
disséqué en trois parties, donne l'opinion des femmes, des jeunes
et des hommes.
M. Rocheleau: M. le Président, je veux simplement faire
remarquer au maire de Rouyn que ce n'est pas le sondage qui s'est tenu
dernièrement qui a amené M. Bourassa et nos trois autres
collègues à l'Assemblée nationale. C'est une
élection où la démocratie s'est exercée et
où la population qui voulait bien aller voter a exercé son droit.
C'est cela, la démocratie. On ne peut pas dire: II y a tant de femmes
qui vont voter, il y a tant d'hommes, il y a tant de jeunes. On ne peut pas
dire qu'à la commission scolaire, tout le monde est sur la liste
électorale, tout le monde qui est habilité à voter peut y
aller. C'est ceux qui veulent bien y aller. C'est simplement dans ce
sens-là...
M. Bibeau: Oui, mais...
M. Rocheleau:... c'est qu'on ne voudrait pas commencer à
passer des lois par sondages.
M. Bibeau: Oui mais, M. Rocheleau, dans un
référendum - il y en a eu un, il y a trois ans...
M. Saintonge: Monsieur, peut-être un éclaircissement
là-dessus, aux fins des discussions. Je vous dirai qu'en vertu de la Loi
favorisant le regroupement des municipalités, R-19 de nos statuts, aux
fins de la présente loi, les personnes intéressées sont
celles qui, à la date de l'adoption du règlement visé
à l'article 5 de la loi, le règlement demandant la fusion, ou
s'il n'y a pas de requêtes conjointes à la date de l'ordonnance
visée à l'article 12, sont propriétaires ou locataires
d'un immeuble situé dans une municipalité visée par le
projet de fusion ou sont domiciliées dans celles-ci. Donc, les gens, les
personnes intéressées à se prononcer, ce n'est pas la
qualité de propriétaire uniquement ou de locataire uniquement,
mais également le domicilié. Toute personne domiciliée est
donc apte à donner son point de vue. On dit également: "Dans le
cas des personnes physiques, elles doivent également être majeures
et de citoyenneté canadienne. " Ce sont les rencontres usuelles qu'on a.
À toutes fins utiles, le recensement, l'espèce, si vous voulez,
de référendum qu'on demande si vous acceptez de le tenir - je ne
sais pas si cela peut changer la réponse que vous allez nous donner - il
ne s'adresse pas seulement aux propriétaires, en excluant les femmes,
les enfants, ou n'importe qui, les étudiants, si vous voulez, ceux qui
ne sont pas propriétaires d'édifices ou locataires
réellement, mais on parle de domiciliés. Donc, c'est ouvert, "at
large", à tout le monde dans un référendum - ce n'est pas
sur le plan des élections non plus. Tous les gens de 18 ans et plus qui
demeurent, qui sont domiciliés dans la municipalité auront le
droit de se prononcer sur l'avenir collectif de la municipalité.
Juste un point, il y a peut-être un coût. Vous avez
parlé d'économie d'échelles qu'il serait possible de
réaliser tantôt, mais je pense que si on parle d'un certain
coût pour un référendum, si vous calculez que les gens vont
se prononcer sur un avenir collectif, ont à se prononcer pas pour un an
ou pour deux ans, c'est pour tout le temps, est-ce qu'un coût qui serait
de cet ordre, quand même ce serait de 100 000 $ ou 200 000 $, ce n'est
pas un coût que les citoyens peuvent se payer pour exercer leurs droits
fondamentaux?
Le Président (M. Marquis): Une brève
réponse, M. le maire.
M. Bibeau: Oui, une brève réponse. Je n'ai pas les
habitudes des lois comme vous les avez, M. Saintonge, sauf que je vous dis
qu'en 1981, au sondage, les femmes n'ont pas voté. Les jeunes n'ont pas
voté. Si cela avait été le cas, on ne serait pas ici, cet
après-midi, à essayer de discuter quelque chose qui aurait
dû être fait dix ans plus vite. Ma position reste non. Cela ne
donne rien une consultation; on n'entend pas parler de fusion chez nous; c'est
parce que les gens sont matures et sont mûrs. Les gens la veulent et on
veut la faire le plus vite possible. On veut la faire sans encore être
obligés d'engager des sommes d'argent, ce qui ne nous semble pas
nécessaire.
Le Président (M. Marquis): Je pense qu'on aura l'occasion
de vous revoir en fin de soirée. Je veux remercier la
délégation de la ville de Rouyn pour leurs témoignages et
j'invite la délégation...
M. Saintonge: Est-ce je pourrais me permettre une question avant
de quitter et cela va peut-être éclairer le débat pour plus
tard. On parle parfois de l'aide technique du ministère. C'est venu
tantôt; mon confrère, le député de Hull, l'a
mentionné. Est-ce que la ville de Rouyn s'est adressée au
ministère des Affaires municipales pour demander des renseignements sur
la question des fusions ou des possibilités d'aide technique que le
ministère pouvait vous apporter dans le cheminement de votre
dossier?
M. Bibeau: Effectivement, M. Saintonge, j'ai un document ici que
j'ai obtenu ce matin - c'est vrai, je n'ai pas eu le temps de le lire -
où on parle de fusion et on parle de référendums et ainsi
de suite.
M. Saintonge: Oui, mais avant ce matin, vous n'aviez pas fait de
démarche dans ce sens?
M. Bibeau: Personnellement, non. M. Saintonge: Ou la ville
de Rouyn?
M. Bibeau: Non, parce que je maintenais que la Loi sur les
référendums couvrait celui qu'il y a eu en 1981 - cela fait quand
même seulement trois ans - et je maintiens toujours ma position qu'un
référendum n'est pas nécessaire.
M. Saintonge: Une autre question très courte. Est-ce que
vous avez fait des démarches officielles auprès de la ville de
Noranda au courant de la dernière année, en vue de faire une
approche pour réaliser la fusion ou tenter de voir les
possibilités?
M. Bibeau: Non, on n'en a pas fait, suivant les
déclarations qui se font via les journaux où on nous dit qu'on ne
négociera pas avec la ville de Rouyn.
M. Saintonge: Vous parlez des déclarations des journaux,
à la suite du dépôt du projet de loi ou lors du
dépôt, mais avant cela, il n'y a pas eu de rencontre?
M. Bibeau: Oui, il y en a eu.
M. Saintonge: Non, mais une démarche officielle de la part
de la ville de Rouyn vers celle de Noranda?
M. Bibeau: Une démarche officielle, il y en a. Il y a un
dossier qui traîne en longueur depuis deux ans sur le réseau
routier qui bloque l'ensemble du réseau routier des deux villes. On n'a
jamais réussi à le débloquer.
M. Saintonge: Non, pour la fusion; je parle pour la fusion.
M. Bibeau: Pas pour la fusion, mais si tu ne t'entends pas sur
une route, tu ne peux pas t'entendre sur une fusion.
M. Saintonge: Mais non!
Le Président (M. Marquis): Merci beaucoup.
M. Bibeau: On a fait une chose, M. Saintonge. Le rapport qu'on
vous a fait parvenir, aux députés, on l'a également
expédié à la ville de Noranda, en premier lieu, pour les
mettre au courant de nos intentions.
Le Président (M. Marquis): Merci beaucoup pour la
troisième fois. J'invite maintenant la délégation de la
ville de Noranda à se présenter.
J'invite le maire de la ville de Noranda, M. Eugène
Bédard, à s'adresser à la commission, après avoir
présenté les gens qui l'accompagnent, s'il vous plaît!
Ville de Noranda
M. Bédard (Eugène): Merci, M. le Président.
Je désire vous présenter M. Jacques Fiset, gérant de la
ville de Noranda, M. Laurent Guertin, procureur de la ville de Noranda.
M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la commission
parlementaire, il me fait plaisir de vous adresser la parole pour
défendre les intérêts de la ville de Noranda, à
titre de maire de cette ville depuis deux ans et six mois. Je vous remercie de
m'en donner l'occasion.
Au tout début, je dois vous informer que nous n'avons pas eu tout
le temps nécessaire pour nous préparer adéquatement. Tel
n'a pas été le cas pour l'autre ville car elle mijotait son
ambition territoriale depuis déjà longtemps. Elle a eu tout le
temps pour se préparer à une vaste offensive avec la
bénédiction du député en place.
Nous voici donc devant la commission parlementaire sans vouloir
réellement y assister car nous réalisons qu'on veut nous
dépouiller de nos biens, de notre pouvoir de nous gérer
nous-mêmes, de nos libertés et de nos droits d'association les
plus fondamentaux, dans une démocratie dans laquelle je crois avoir le
droit de défendre mes concitoyens et leurs biens, puisque j'ai
été élu avec une majorité de conseillers.
J'aimerais commenter le mémoire présenté par la
ville de Rouyn qui a pour but de vous convaincre que vous devez
littéralement liquider Noranda qui existe depuis 60 ans, par une fusion
non désirée par la majorité de nos citoyens.
La ville de Rouyn table sur le point "capitale régionale" pour
mener à bonne fin ses ambitions de fusionnement. Il ne faut pas oublier
que les grands projets ont toujours établi leurs industries à des
endroits choisis par l'entreprise libre elle-même, hormis que les
gouvernements en question, pour des raisons purement politiques, les forcent
à s'établir ailleurs. Ce n'est pas une agglomération de 17
000 ou de 26 000 de population qui changera ces décisions. Tel fut le
cas de l'usine d'hydrogène qui devait être implantée
à Noranda mais qui fut enlevée de notre région pour des
raisons purement politiques, ce qui fut néfaste pour tous.
Qu'il y ait fusion ou non entre les deux villes, nous aurions perdu
l'usine d'hydrogène comme nous avons perdu l'usine de zinc qui a
été établie à Valleyfield, encore pour des
considérations purement politiques.
Il est vrai que la mine de Noranda est le moteur principal pour
générer des emplois. Est-ce que nous devons être
pénalisés parce que nous possédons une industrie de cette
ampleur? Il faut noter cependant que la ville de Noranda ne
bénéficie pas beaucoup de ces emplois car moins de 28 % sont
détenus par les citoyens de Noranda, alors que le reste, soit 72 %, est
distribué parmi des gens demeurant à Rouyn et dans les
environs.
Noranda est une ville aux finances saines parce qu'elle a toujours
vécu selon ses moyens. Ici, je veux rendre hommage à mes
prédécesseurs, maires et conseillers, ainsi qu'à M. Juneau
qui est présent ici, pour la sagesse qu'ils ont déployée
dans l'administration de nos finances municipales. Nous n'avons jamais voulu
être parmi les plus gros, les plus grands, les plus forts et les plus en
vue. Pourquoi serions-nous pénalisés aujourd'hui pour avoir
été prudents et clairvoyants?
À première vue, il peut sembler que Noranda et Rouyn
forment ou pourraient former une seule et même ville. C'est l'opinion que
peut avoir un étranger à première vue, mais non le
citoyen. Il y a toujours eu beaucoup de différence entre la
manière de procéder des deux conseils municipaux et cela, depuis
la fondation des deux villes. Je crois que Rouyn devrait être heureuse de
coexister dans l'entourage de Noranda sans vouloir la dévorer comme cela
semble être son intention bien arrêtée.
La mine Noranda a été le promoteur d'une ville qui a
toujours su garder son allure futuriste, au point que la majorité de
ceux qui sont ici présents et qui préconisent la fusion ont bel
et bien leur résidence à Noranda. La ville de Noranda a grandi en
respectant ses obligations alors que Rouyn a souvent agi comme un enfant
prodigue et récalcitrant. La mine Noranda a laissé à sa
ville un héritage, contrairement aux Gamble, Bagshaw, McQuaig, ou
d'autres de Rouyn qui ont fait fortune dans la vente de terrains mais qui ne se
sont pas gênés pour laisser la ville de Rouyn avec des dettes au
lieu de faire comme la mine Noranda qui a laissé à notre ville
des infrastructures encore très modernes comparables à bien des
municipalités ayant une population supérieure à la
nôtre. (15 h 30)
II faut cependant admettre que les rapports entre les citoyens de Rouyn
et ceux de Noranda sont demeurés cordiaux. Pour sa part, le conseil de
Noranda a toujours été très respectueux des droits de la
ville de Rouyn. Il est malheureux que l'inverse ne soit pas vrai, puisque la
ville de Rouyn persiste à demander à l'Assemblée nationale
de lui donner la ville de Noranda en cadeau pour pallier cette
déficience. Le gouvernement ne devrait pas céder à cette
demande, par souci de laisser vivre ceux qui ont eu la sagesse de prendre soin
d'eux.
Les arguments basés sur la loi 57 invoqués par Rouyn ne
devraient pas être pris en considération. Les "en-lieu" de taxes
reçus par Rouyn, en appliquant le per capita provincial, placent cette
dernière au quarantième rang sur les 180 municipalités de
5000 habitants et plus qui reçoivent des "en-lieu" de taxes. Rouyn se
plaint le ventre plein. Si Rouyn est punie par cette loi, que doivent penser
les 140 autres municipalités qui sont loin derrière elle et qui
reçoivent beaucoup moins?
Noranda reçoit 101, 01 $ par habitant, et cela est dû
à un tout autre facteur que celui que Rouyn essaie de vous faire croire.
La richesse de Noranda est due au fait que la population a baissé de
façon dramatique de 11 500 qu'elle était à 8600 qu'elle
est aujourd'hui en 1985. Les bâtisses gouvernementales sont
demeurées et ne peuvent pas être déménagées,
à moins que le gouvernement décide d'en bâtir d'autres dans
la ville de Rouyn pour fermer celles de Noranda. Si nous étions encore
11 500 de population, notre per capita serait de 79 $ et celui de Rouyn serait
ce qu'il est actuellement, soit 82 $, selon les statistiques émises par
le gouvernement du Québec pour la présente année. La seule
raison pour laquelle notre per capita est élevé est uniquement et
seulement le déplacement de notre population. Cette baisse de population
est due au fait que Mines Noranda ne produit plus à 100 %, vu le manque
de demandes pour le cuivre de même que son faible prix la livre. Il faut
donc conclure que Rouyn retire proportionnellement autant d'argent que Noranda.
Ceux qui plongent dans l'opulence doivent ordinairement en payer la note.
À la page 27 du mémoire que la ville de Rouyn a
présenté en avril de la présente année, on lit que
l'équilibre budgétaire entre Noranda et Rouyn est
définitivement rompu. Quelle tristesse! Qui administre Rouyn?
Certainement pas Noranda. Peut-on blâmer le conseil actuel de Noranda et
ceux qui l'ont précédé d'avoir été
prévoyants et bons gestionnaires? Peut-on dire que Rouyn ne peut plus
siphonner l'argent des zones périphériques à cause de la
loi 57? Si oui, on pourrait facilement prétendre que Rouyn n'a pas de
suffisance si elle ne peut s'empêcher d'exploiter ceux qui
l'entourent.
C'est bien cela que la ville de Rouyn nous dit dans son mémoire,
c'est-à-dire que la ville ne peut plus continuer à vivre si on
refuse de lui sacrifier Noranda. Si cette fusion est obligatoirement
décrétée, qui nous dit que la nouvelle ville de
Rouyn-Noranda
ne sera pas, dans cinq, dix ou quinze ans, rendue au même point
que ne l'est actuellement Rouyn? Qu'on laisse Noranda et Rouyn continuer
à exister comme elles le font présentement et vous verrez que la
ville de Noranda continuera d'être florissante. Quant à la ville
de Rouyn, après s'être serrée un peu la ceinture
temporairement, elle pourra reprendre la place qu'elle mérite et qui lui
revient.
À plusieurs reprises depuis le début de ce débat,
il a été mentionné que la population des deux villes, et
même celle de l'extérieur, selon les sondages qui ont
été faits tant par la Chambre de commerce que par ORD-TEL inc.,
serait en faveur de la fusion. Je ne veux pas entrer dans un débat sur
l'efficacité de ces sondages, mais vu qu'à deux reprises au cours
des quatre dernières années, la population de Noranda s'est
prononcée majoritairement contre la fusion, je vous demande de prendre
les dipositions nécessaires et de poser un geste démocratique en
ordonnant qu'un référendum soit tenu dans les limites de Noranda.
Je m'engage personnellement, de même que les trois autres conseillers qui
sont contre la fusion, à me conformer au vote populaire et
démocratique qui sera donné à ce moment-là. S'il
faut en croire les protagonistes de la fusion, tout le monde est en faveur de
cette dernière. Si tel était le cas, M. le Président, et
les membres de cette commission parlementaire, vous ne devriez pas craindre de
procéder de cette façon. En ' agissant ainsi, la justice serait
rendue.
En terminant, j'ose espérer qu'un geste d'équité
sera posé envers la population de Noranda en lui accordant le droit de
s'exprimer sur le projet de loi qui nous a été soumis
aujourd'hui. Nous ' ne vous demandons pas d'appliquer une loi spéciale
en notre faveur. Nous vous demandons tout simplement de prendre le temps
nécessaire et tous les moyens mis à la disposition des
municipalités afin de favoriser un regroupement volontaire, si telle est
la volonté du peuple. Encore mieux, M. le ministre, cela ferait suite
à notre exposé que vous nous fassiez le cadeau du bon père
de famille mentionné dans l'Évangile en retirant tout simplement
le projet de loi de l'ordre du jour de l'Assemblée nationale, afin de
laisser aux bonnes gens de Noranda le plaisir et l'agrément de continuer
à gérer et è administrer leurs propres affaires, comme ils
l'ont si bien fait depuis leur existence, soit depuis 1926.
S'il arrivait que les gens de Noranda aient changé d'idée
sur la fusion depuis le référendum de 1981 et que les
élections municipales de 1982 à Noranda, ils sauront bien
s'exprimer lors de la prochaine élection municipale en 1986 en
élisant des candidats "pro-fusionnistes" au conseil de ville, car il n'y
a aucun doute que la fusion sera encore l'enjeu principal de la prochaine
campagne électorale à Noranda. Je ne vois franchement pas
d'urgence à procéder immédiatement dans une pareille
bousculade.
M. le Président, messieurs les membres de la commission, merci
beaucoup de m'avoir permis de me faire le porte-parole de mes concitoyens de
Noranda. Avec votre permission j'aimerais que M. Fiset continue
l'exposé.
Le Président (M. Marquis): M. Fiset.
M. Fiset (Jacques): M. le Président, messieurs de la
commission, d'abord je dois vous dire que cela fait 26 ans que je travaille au
niveau municipal dont les six premières années pour la ville de
Rouyn et les 20 dernières années à la ville de Noranda.
Sur les 20 dernières années, cela fait 15 ans que j'en suis le
directeur général.
Ma présence aujourd'hui est surtout pour l'aspect pratique et
financier d'une fusion ou d'une non-fusion. Je laisse aux élus tous les
autres côtés hypothétiques.
En ce qui concerne le mémoire que l'on vient de vous remettre, la
deuxième section porte sur des commentaires sur le mémoire
présenté par la ville de Rouyn en avril 1985. Pour ne pas perdre
de temps, je vais vous laisser le lire vous-même et je vais 'sauter
à la troisième partie de notre présentation où on
parle de taxation.
On a figuré, à Noranda, avec les taux de taxes
utilisés par la ville voisine et en nombre équivalent, ce que
cela coûterait à notre population en 1985. Je peux vous dire que
la taxe foncière comme telle sur les taux normalisés è
Noranda est de 0, 22 $ inférieure à Rouyn, donc de 14, 8 %, que
la taxe d'affaires est inférieure de 0, 86 $, soit 45, 3 %, que la taxe
d'eau est inférieure à Noranda dans l'ordre de grandeur de 38, 9
%, que la taxe de vidanges, il n'y en a pas à Noranda, elle est incluse
dans la taxe foncière alors qu'elle est de 40 $ par logis à
Rouyn, que la taxe de déneigement est aussi incluse dans la taxe
foncière à Noranda, alors qu'à Rouyn il y a des taux
différents selon les secteurs, mais en se basant sur le plus bas taux,
0, 16 $, parce qu'il y a 0, 30 $ et 0, 40 $ les 100 $ d'évaluation pour
le déneigement. Nous voyons qu'en taxes foncières, taxes
d'affaires, taxes d'eau, taxes de vidanges et taxes de déneigement, les
deux dernières proportionnellement à l'évaluation
foncière uniformisée, le total qu'on aurait été
chercher dans la poche de nos citoyens au même taux que Rouyn serait de 1
270 940 $ de plus que ce qu'on a été chercher
réellement.
En ce qui concerne la fiscalité municipale, on a entendu parler
à quelques reprises ce matin de la fameuse loi 57. Tout le monde parle
de compensations payées par le gouvernement sur les édifices
non
imposables anciennement et sur lesquels, depuis 1980, le gouvernement
paie en partie des compensations. On oublie toujours de mentionner que dans la
même loi, le gouvernement, en 1960, a aussi limité la taxation
scolaire à 0, 25 $ les 100 $, laissant aux municipalités un champ
d'impôt foncier assez important. Surtout lorsqu'on sait que dans notre
région les taux étaient entre 2 $ et 4 $ les 100 $, lorsque cela
a descendu à 0, 23 $ on avait de la place.
Mais comme la moyenne provinciale dans le temps était de 1 $, on
s'est quand même basé seulement sur 21 $ pour dire que Rouyn en
1980 retirait 1 400 000 $ de taxe de vente qui aurait été
augmentée peut-être à 2 200 000 $ si cela n'avait pas
été perdu à cause de l'inflation. Par contre, les
compensations payées par le gouvernement en 1984 sont tirées de
l'analyse budgétaire des finances municipales de 1984 des
municipalités de la province. Rouyn a reçu 1 400 000 $ et si on
additionnait 1 $ de remplacement de taxe scolaire, sur 337 000 000 $
d'évaluation uniformisée, elle aurait pu aller chercher 3 370 000
$, plus 1 400 000 $ ce qui fait 4 700 000 $, moins la perte de 2 200 000 $. Ils
ont quand même un champ libre de 2 500 000 $ avant d'augmenter la
taxation à Rouyn.
En ce qui concerne Noranda, on a perdu 700 000 $ de taxe de vente qui
ont été remplacés par 868 000 $ de compensations en 1984.
Si on se base aussi sur le même dollar scolaire qui pouvait
représenter un peu plus de 2 000 000 $, notre évaluation
uniformisée étant de 218 000 000 $, ce qui fait que Rouyn gagne 2
500 000 $ avec la loi 57 en 1984 et Noranda gagne à peu près 2
000 000 $. Donc, on est loin d'être pénalisé. Lorsque le
maire disait que Rouyn était 40e, je peux vous dire qu'on est 22e, mais
il y a quand même 140 municipalités au Québec qui sont en
arrière de Rouyn. Si Rouyn est pénalisée, que dire des
autres.
On n'est pas d'accord. On pense que la loi était bonne. Plus que
cela, le gouvernement dans le temps, lorsqu'il pensait que des
municipalités pouvaient être pénalisées, accordait
ce qu'on appelait un transfert minimum pour les aider à s'ajuster sur
une période de trois ans et qui a été prolongé
à quatre ou cinq ans par la suite. Dans toute notre région, deux
seules villes n'ont pas eu le transfert minimum; c'est Rouyn et Noranda. Toutes
les autres l'ont eu. À partir de cela, je crois que c'était la
preuve que la loi 57 était bonne.
Il y a un autre principe là-dedans. Lorsqu'on parle de moyenne de
revenus per capita, la ville qui en retire le plus, c'est la ville de
Québec, soit 289 $ par habitant, et c'est normal, c'est le siège
du gouvernement alors que le minimum est de 10 $ et c'est le canton Granby.
Toutes les autres sont situées entre ces deux extrêmes.
Il est évident qu'ils vont mentionner que l'hôpital est
à Noranda et qu'une capitale régionale sans hôpital, cela
ne se peut pas. Je peux vous répondre à cela qu'il y a beaucoup
de villes beaucoup plus grosses que Rouyn-Noranda qui n'ont pas
d'hôpital, qui n'ont pas de cégep, qui n'ont pas
d'université. Dans notre coin, on a tout cela. Prenez des villes de
l'île de Montréal, beaucoup plus grosses que la nôtre, elles
n'ont pas toutes des hôpitaux, des cégeps et des
universités non plus. Je ne sais pas comment le gouvernement s'arrange
pour balancer les choses.
Il a été dit aussi - je me souviens, lors de l'application
de la loi 57, on avait eu la visite de M. Tardif, ministre des Affaires
municipales du temps - que le gouvernement voulait être
considéré comme citoyen a part entière. Donc, les 80 % des
hôpitaux, des cégeps et des universités et les 40 % des
écoles primaires et secondaires, en dedans de cinq ans, devaient devenir
à 100 %. Il y a le secondaire et le primaire qui sont passés de
40 % à 50 % cette année; pour les autres, c'est gelé. Si
réellement il y a des municipalités en difficulté, si le
gouvernement réalise les promesses d'il y a cinq ans, cela
règlerait peut-être une partie des problèmes.
Les représentants de la ville de Rouyn ont soulevé ce
matin la question de l'assainissement des eaux. Au début des
années soixante, la Régie des eaux du temps demandait aux
municipalités de préparer des plans et devis et, si possible,
d'aller de l'avant avec des projets de traitement. Noranda, en 1964, s'est
conformée aux directives de la Régie des eaux du temps, a
procédé aux plans et devis et à la construction de son
usine de traitement. Cela a été réalisé durant les
années 1964, 1965, 1966 et financé en 1967. C'est donc dire que
pour le vieux Noranda, le traitement des égouts va être
complètement payé en 1987. Pour ce qui est du secteur nord de
Noranda, qui était un secteur problème dans le temps, le
traitement des égouts s'est fait dans les années 1974, 1975,
1976. Donc, on a la moitié de payé présentement, le reste
le sera d'ici dix ans. Donc, Noranda, du côté environnemental, ne
pollue aucun cours d'eau. On n'envoie pas d'égouts ailleurs; on les
traite tous. Ce matin, on montrait un grand plan avec le boulevard Rideau qui
sépare les deux villes. Pour vous dire exactement où c'est, c'est
la route qui mène vers l'Ontario. D'un côté, c'est chez
nous et de l'autre côté, c'est Rouyn. Qui dessert en aqueduc et
égouts ce secteur dans Rouyn? C'est Noranda qui fournit les services
d'aqueduc et d'égouts. On les pompe et on les traite à même
nos traitements actuels. Qui retire les taxes? C'est Rouyn. Lorsqu'on parle,
à un moment donné, d'évaluation: Hydro-Québec
vient de construire un centre régional d'une valeur de 15 000 000
$ qui est certainement porté au rôle pour autour de 10 000 000 $.
Qui fournit les services à cet édifice? C'est Noranda. On n'est
pas des vilains voisins. (15 h 45)
Je vais sauter en dehors du mémoire et je vais prendre mes notes.
On parlait, ce matin, de Mines Noranda. Cela a l'air d'une grosse bête
noire. Mines Noranda est établie depuis 1926. Au début, Mines
Noranda vendait des terrains comme tout propriétaire minier. Dans le
temps, il y avait les droits de surface et les droits miniers. Ce que Noranda
inc. a fait dans le temps, c'est de retourner à la municipalité
une partie du prix de vente des lots, qui a servi nécessairement
à défrayer une bonne partie des infrastructures de base: aqueduc,
égout et voirie. À tel point, que le ministère des Mines
du temps a inclus dans sa loi que les propriétaires miniers devaient
verser 50 % des prix de vente de lots à un fonds municipal de la ville
concernée; il y a eu un amendement dans les années soixante-dix
afin de porter cela à 70 %. Chaque fois un propriétaire minier,
qui avait des droits de surface, devait verser au fonds municipal de Noranda,
ou de Rouyn, ou d'une autre ville 70 % du prix de vente. C'est comme cela qu'on
s'est quand même payé des services à bon compte.
Noranda Inc., malgré ce qu'ils en disaient, n'a jamais
contrôlé la ville de Noranda. Noranda inc. est un bon citoyen;
elle paie bien ses taxes. Elle a rempli son rôle économique, son
rôle social en versant des contributions à partir de la vente de
terrains. Si cela ne s'est pas fait ailleurs, ce n'est quand même pas la
faute de Noranda.
Lorsqu'on a dit ce matin que Noranda a eu quelque 100 000 000 $ de
permis de construction à Mines Noranda au cours des dernières
années, un permis de construction de 30 000 000 $ pour bâtir une
usine d'oxygène, cela ne donne pas 30 000 000 $ au rôle
d'évaluation. Depuis 1972, la loi 50, qui enlevait aux
municipalités le pouvoir de taxer l'équipement, la ville de
Noranda a perdu beaucoup. On s'est réajusté et on ne s'est pas
plaint, on n'a pas dit un mot. En 1973, ils bâtissent un réacteur,
28 000 000 $, il y a pas tellement longtemps, une usine d'oxygène, 30
000 000 $ ou 35 000 000 $, cela nous rapporte au rôle une valeur
d'à peine de 1 000 000 $; le reste, c'est de l'équipement, cela
n'est pas porté au rôle. Il y a des bases d'équipement; la
structure, une cabane de tôle, peut être portée au
rôle, le reste n'y est pas. Quand on parle de 100 000 000 $ dans nos
rapports de permis de construction émis au cours de telle et telle
année, cela ne veut pas dire qu'on a 100 000 000 $ au rôle.
Présentement, le total de Noranda, incluant Mines Noranda est de
218 000 000 $ et cela inclut aussi les édifices gouvernementaux qui sont
assez considérables. Je peux vous dire entre autres, en parlant de
Noranda, que rebâtir la Smelter, aujourd'hui, cela coûterait 600
000 000 $ et la valeur au rôle est de 38 000 000 $. Ils viennent de
construire un moulin à papier à Amos, il y a quelques
années, deux, trois, quatre ans, l'évaluation dans le rôle
d'Amos pour cedit moulin est aussi de 38 000 000 $. Il faudrait peut-être
penser à fusionner avec Amos-Est ou Amos-Ouest, je ne me souviens
pas.
On a parlé souvent, sans aller au fond de l'histoire, du
boulevard Québec, 10e Rue, ce matin. Je suis convaincu que des
interlocuteurs qui vont venir après vont probablement en parler. Je vais
juste en dire deux mots. La construction du centre commercial à Noranda
s'est faite en partie sur le terrain qui est la propriété de la
commission scolaire. Il y a eu des ententes, dans le temps; il y a eu des
contrats de négociés. Il y a eu aussi une entente de
signée. Le projet est arrivé à Noranda en décembre
1979. Ce n'était pas le conseil actuel qui était là,
c'était le conseil précédent. La résolution disait
que le conseil de Noranda était d'accord avec le projet, à
l'exception de la fermeture de l'avenue du Palais. Le point crucial, c'est la
fermeture de l'avenue du Palais.
En 1983, il y a eu la signature de différents contrats:
commission scolaire au centre commercial, ville au centre commercial,
commission scolaire à la ville pour des parties de rues; en dehors de
ces" trois contrats, il y a eu une entente prévoyant la fermeture
possible de l'avenue du Palais si le boulevard Québec était
prolongé. Si réellement cela avait été sûr,
dans le temps, qu'il n'y avait plus de discussion, que, c'était
coulé dans le béton, on n'aurait pas signé une entente, on
aurait signé un quatrième contrat. S'il y a eu une entente, c'est
que c'était possible de discuter dans les cinq ans à venir. Ce
qui a mêlé un peu les cartes, c'est que le boulevard Québec
est arrivé plus vite que prévu. Présentement, le boulevard
Québec se termine à nos limites. Il en reste environ 1200
à 1500 pieds à construire pour qu'il soit complet.
Par contre, on n'est pas en retard. Le protocole d'entente avec le
ministère des Transports prévoit la construction en 1985. Il est
évident qu'on n'a pas prévu le bâtir cette année,
puisqu'on ne peut pas réaliser l'entente avec la commission scolaire. Je
peux dire que là-dedans aussi, c'est complètement dans Noranda,
mais il y a des interventions du conseil de Rouyn, autant sur les ententes
qu'on pourrait faire avec le centre commercial ou avec la commission scolaire.
S'il n'y avait pas eu ces interventions, peut-être qu'on se serait
entendu, je ne le sais pas.
Lorsqu'ils parlent de l'étude de 1980 de la firme Bélanger
et Chabot, ils vous ont donné, ce matin, copie des recommandations et
conclusions. Ils auraient peut-être dû vous donner la brique, parce
que, dans l'étude, ils faisaient des pronostics. Les pronostics
disaient, entre autres, qu'en 198G, la taxe de Noranda était de 0, 12 $
inférieure à Rouyn, mais qu'en 1983, les pronostics
prévoyaient que la taxe de Noranda serait plus élevée que
celle de Rouyn.
La réalité de 1985, c'est qu'il y a 0, 58 $ de
différence. C'est plus bas à Noranda. Si les pronostics ne se
sont pas réalisés, les conclusions ne doivent pas être trop
valables. Si on se réfère à l'étude de 1972, cette
étude ne recommandait pas la fusion. On a aussi parlé d'une
entente avec la police concernant le centre commercial. Le centre commercial
est un édifice bâti à cheval sur les limites. Il y a eu une
entente par résolution des deux conseils sur le fait que la police de
Rouyn s'occuperait de l'intérieur du centre commercial - les vols
à l'étalage et toutes ces bebelles - alors que la police de
Noranda s'occuperait du stationnement pour les accrochages ou n'importe
quoi.
Cette entente, qui a été quand même conclue par les
deux conseils, a été refusée par le ministère,
parce qu'elle avait été faite par résolution au lieu
d'être faite par règlement. C'est une erreur des deux conseils.
L'entente existait, mais elle n'est pas légale parce qu'elle n'est pas
basée sur la loi du ministère.
On parlait de schéma d'aménagement MRC, la loi 125.
Lorsque la MRC a parlé de schéma d'aménagement, les villes
de Rouyn et de Noranda n'ont pas tellement été impliquées
parce que chacune des deux villes avait des plans directeurs en place depuis
longtemps. Il ne s'agissait pas pour la MRC de virer cela tout à
l'envers. Il est évident qu'on a été touché dans
nos limites avec ce qui nous entoure, les petites municipalités qui nous
entourent; la MRC doit en tenir compte. Mais entre Rouyn-Noranda par rapport
à la MRC, il n'y avait aucun problème.
On a parlé aussi ce matin de constructions résidentielles.
Rouyn a fait beaucoup de constructions résidentielles depuis quelques
années; Noranda moins, c'est évident. Jusqu'en 1974-1975, Noranda
n'avait aucun lot à bâtir desservi ou desservable par les services
publics. En 1969, le problème du secteur nord de Noranda avait
été soumis au ministère des Affaires municipales et
celui-ci nous demandait que les fonctionnaires du ministère regardent le
problème ou ce qui était amené par le secteur nord, un
règlement pour défendre la construction, sans cela, il ne
regarderait pas notre problème.
Le conseil a effectivement adopté le règlement 169 en
1969. En 1974, 1975 et 1976, on a eu de l'aide du ministère des Affaires
municipales pour régler le problème de Noranda-Nord. Les services
publics sont installés partout, ce sont toutes des terres
"patentées" qui appartiennent à des individus et celui qui veut
faire un développement, on est d'accord, pour autant qu'il se conforme
à des conditions municipales, entre autres, le paiement partiel des
infrastructures.
La loi nous dit que lorsque 75 % ou plus des services sont payés
par les bénéficiaires, les seuls qui peuvent s'inscrire pour
demander un référendum, ce sont les propriétaires
concernés. Donc, on a toujours demandé entre 75 % et 80 % des
infrastructures et on arrivait, disons, à 80 $ une année; Rouyn
demandait 60 $. On arrivait à 90 $; Rouyn demandait 75 $ ou 80 $. Les
entrepreneurs nous disaient: C'est plus cher à Noranda qu'à
Rouyn. On n'a jamais fait de compétition sur le développement
résidentiel. On s'est dit: On a une norme; ceux qui la respectent
viennent chez nous; ceux qui ne veulent pas la respecter, allez ailleurs.
C'est un peu le sens aussi de notre règlement 2 de 1926 qui est
encore en vigueur aujourd'hui. Ceux qui voulaient bâtir à Noranda
en 1926 devaient suivre la réglementation municipale. S'ils ne voulaient
pas, ils allaient en périphérie.
En terminant, j'aimerais vous citer un fait, cela n'a peut-être
pas été mentionné, mais j'en ai entendu parler. Si on
était une ville fusionnée, on serait plus fort pour aller
chercher des subventions au niveau gouvernemental. Il y a à peine dix
jours -pas vendredi passé, le vendredi d'avant - le ministre des
Affaires municipales, le ministre Marcoux, nous avisait qu'on était
admis au programme ReviCentres pour 500 000 $ et que la ville de Rouyn
était admise pour 750 000 $. En tant que ville fusionnée, suivant
le programme, on aurait eu 750 000 $. Comme on est divisé, on a 1 250
000 $. La division a été rentable cette fois. Merci.
M. Guertin (Laurent): Si vous permettez, je voudrais faire un
bref exposé -je constate qu'il ne me reste plus beaucoup de temps - sur
le projet de loi 190. Nous savons que le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue a déposé devant
l'Assemblée nationale le projet de loi 190 qui s'intitule Loi concernant
les villes de Rouyn et de Noranda. Le projet de loi aurait pu s'instituler Loi
regroupant les villes de Rouyn et Noranda puisque, en vertu de l'article 1 du
projet de loi, les villes de Rouyn et Noranda seraient fusionnées
à compter du 1er janvier 1986.
Une première lecture de ce projet de loi nous permet de constater
l'absence complète de préambule ou de notes
explicatives. Il aurait été sûrement
intéressant de connaître les motifs réels qui ont
poussé le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue
à déposer un tel projet de loi.
Nous considérons qu'un tel projet de loi constitue une demande de
loi d'exception de la part du député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Il n'est pas dans les usages de
l'Assemblée nationale d'adopter à son bon vouloir des lois
imposant la fusion des municipalités sous sa juridiction. Afin de
réglementer la fusion des municipalités sous sa juridiction, le
législateur a, dans sa sagesse, adopté une loi-cadre qui
s'intitule "Loi favorisant le regroupement des municipalités". En
adoptant une telle loi, le législateur a non seulement prévu les
règles de la fusion des municipalités, mais il a également
octroyé aux citoyens des municipalités certains droits
inaliénables.
Ainsi, au premier paragraphe de l'article 9 de ladite loi, on peut lire:
"Toute personne intéressée qui s'oppose au principe ou aux
modalités de la requête conjointe peut, dans les trente jours qui
suivent l'avis prévu à l'article 6, faire connaître les
motifs de son opposition. " On peut voir qu'en vertu de cette loi, le citoyen
qui s'oppose au principe même de la fusion s'est vu reconnaître le
droit de faire valoir par écrit à la Commission municipale du
Québec les motifs de son opposition.
Nous vous faisons observer respectueusement que par cette disposition le
législateur a voulu s'assurer que la fusion des municipalités ne
serait pas effectuée contre le gré des citoyens. Le
législateur désirait sans aucun doute s'assurer que la fusion des
municipalités était faite dans le respect de la démocratie
et qu'elle ne serait pas simplement la volonté de quelques élus.
Si nous examinons le projet de loi 190 tel qu'il fut déposé, nous
sommes à même de constater qu'on refuse aux citoyens de Noranda et
même aux citoyens de Rouyn le droit de s'opposer au principe de la
fusion.
Lorsque des élus municipaux présentent une requête
conjointe, les citoyens de ces municipalités peuvent s'opposer au
principe de la fusion, mais en vertu de ce projet de loi, on nie à ces
mêmes citoyens le même droit. Pourquoi nier ces droits aux citoyens
de Noranda et de Rouyn? Ne font-ils pas partie de l'ensemble du territoire
québécois? Nous avons vu que le premier paragraphe de l'article 9
permet aux citoyens qui s'opposent au principe de la fusion de s'opposer, mais
il permet également à ceux qui s'opposent aux modalités de
la fusion de s'opposer.
La lecture du projet de loi nous permet de constater qu'aucune
modalité n'est prévue. Une fois le projet de loi adopté,
les municipalités auront l'obligation de négocier un protocole
d'entente et, à défaut de tel protocole d'entente, les
modalités de la fusion des villes de Rouyn et de Noranda seront
imposées aux municipalités et aux citoyens. Il est évident
qu'actuellement, il est impossible pour les citoyens de Rouyn et les citoyens
de Noranda de s'opposer aux modalités de la fusion. Elles sont
actuellement inconnues et elles seront inconnues jusqu'au mois d'octobre
1985.
Même si les élus des villes de Rouyn et de Noranda en
arrivaient à un protocole d'entente, tant les citoyens de Rouyn que les
citoyens de Noranda n'auront aucune possibilité de faire valoir les
motifs d'opposition. Pourtant, si les élus des villes de Rouyn et de
Noranda avaient convenu d'un protocole d'entente avant le dépôt du
projet de loi, les citoyens auraient pu faire valoir leurs motifs d'opposition
quant aux modalités de la fusion.
Le projet de loi, s'il était adopté par l'Assemblée
nationale, imposerait à ces mêmes élus de conclure un
protocole d'entente sans qu'aucun citoyen ne puisse s'opposer aux
modalités. Est-ce qu'on est convaincu qu'un tel protocole d'entente sera
à ce point parfait qu'aucun citoyen de Noranda et même de Rouyn
n'aura de motif pour s'opposer aux modalités de la fusion? Afin de
respecter le principe souverain de la démocratie, n'y aurait-il pas lieu
d'accorder aux citoyens de Noranda le droit de pouvoir s'opposer aux
modalités de la fusion?
Le deuxième paragraphe de l'article 9 de la Loi favorisant le
regroupement des municipalités énonce le principe suivant: Si une
opposition lui est parvenue suivant le premier alinéa, ou si le ministre
le requiert, la commission doit tenir une enquête publique aux fins
d'entendre les intéressés. En vertu de cette disposition, la
Commission municipale a l'obligation de tenir une enquête publique
dès l'instant où elle reçoit une opposition de la part du
citoyen. Lors de cette enquête publique, les citoyens
intéressés ont alors le droit de se faire entendre et de faire
connaître publiquement les motifs pour lesquels ils s'opposent à
la fusion. (16 heures)
Lors de cette audition, il faut remarquer que la Commission municipale
entend non seulement ceux qui sont contre la fusion, mais également ceux
qui sont pour la fusion. En fait, la Commission municipale a l'obligation
d'agir démocratiquement. Si le projet de loi est adopté tel que
présenté par le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, les citoyens de Noranda, tant ceux qui
seraient pour la fusion que ceux qui sont contre la fusion, se verront
privés du droit que leur accorde la Loi favorisant le regroupement des
municipalités.
La question: Pourquoi veut-on priver les citoyens de Noranda de ce
droit? Si nous continuons la lecture de l'article 9 de la Loi favorisant le
regroupement des municipalités, on peut constater que la commission
peut
recommander au ministre la consultation des personnes
intéressées de toute municipalité visée par la
requête conjointe.
Le projet de loi, s'il était adopté tel que
présenté, ne prévoit pas la consultation de la population
de Noranda. Cette loi privé les citoyens de Noranda du droit à
cette consultation. Pourtant, c'est la population de Noranda qui aura à
vivre avec les conséquences de cette fusion. Pourquoi prive-t-on les
citoyens de Noranda des droits que la Loi favorisant le regroupement des
municipalités accorde aux autres citoyens du Québec?
Le 30 septembre 1983, il y a eu la Charte québécoise des
droits et libertés de la personne qui entrait en vigueur. Dans un
document que plusieurs Québécois ont reçu à cette
occasion, le ministre de la Justice de l'époque, qui est encore membre
du présent gouvernement, écrivait: Parce que cette charte aura
préséance sur toutes les autres lois de juridiction
québécoise, elle constitue l'assise des droits et libertés
reconnus à tous les citoyens et citoyennes du Québec.
M. le ministre des Affaires municipales et messieurs les
députés de l'Assemblée nationale, les citoyens de Noranda
sont encore des Québécois et, à ce titre, ils ont droit
comme tous les autres citoyens du Québec à ce que
l'Assemblée nationale respecte cette Charte des droits et
libertés de la personne.
L'article 54 de cette même charte, qui fut mis en vigueur par le
présent gouvernement, stipule que la charte lie la couronne. Les
citoyens de Noranda sont en droit d'exiger que le présent gouvernement
respecte la Charte québécoise des droits et libertés de la
personne. L'article 24 de cette même charte déclare: "Nul ne peut
être privé de sa liberté ou de ses droits, sauf pour les
motifs prévus par la loi et suivant la procédure prescrite. " Tel
que nous l'avons souligné, le projet de loi 190, s'il était
adopté tel que présenté, privera les citoyens de Noranda
du droit de faire valoir leur motif d'opposition aux principes de la fusion,
aux modalités de la fusion, du droit d'être entendus et du droit
d'être consultés avant la fusion des villes de Rouyn-Noranda.
M. le ministre des Affaires municipales, allez-vous expliquer aux
citoyens de Noranda, avant l'adoption du projet de loi, pourquoi vous les
privez des droits que la Loi favorisant le regroupement des
municipalités accorde à l'ensemble des citoyens du
Québec?
M. le ministre des Affaires municipales, si vous expliquez aux citoyens
de Noranda pourquoi vous les privez de ces droits, êtes-vous prêt
à écouter les citoyens de Noranda? La même Charte
québécoise des droits et libertés de la personne
énonce dans son préambule - et je passe un petit bout:
"Considérant que le respect de la dignité de l'être humain
et la reconnaissance des droits et libertés dont il est titulaire
constituent le fondement de la justice et de la paix", nous n'avons
certainement pas l'obligation de vous rappeler que la loi
d'interprétation stipule à l'article 40 que le préambule
d'une loi en fait partie et sert à en expliquer l'objet et la
portée.
Lorsqu'il s'agit de fusion, le gouvernement du Québec a pris la
peine d'édicter la Loi favorisant le regroupement des
municipalités et d'accorder des droits aux citoyens. Comment pouvez-vous
expliquer aux citoyens de Noranda que ce même gouvernement du
Québec, celui qui reconnaît que le respect de la dignité de
l'être humain et la reconnaissance des droits et libertés dont il
est le titulaire constituent le fondement de la justice et de la paix
s'apprête à ne pas respecter les droits dont les citoyens de
Noranda sont titulaires? Il ne faut pas oublier, M. le ministre des Affaires
municipales, que la fusion des villes de Rouyn-Noranda n'est pas nouvelle
à Noranda.
Vous pourrez lire dans le présent document la situation qui
existait lorsque le référendum a été
déclaré à Noranda pour le 3 mai 1981. À ce
moment-là, le conseil de ville était divisé sur la
question et, afin de respecter le principe de la démocratie, on a
décrété un référendum. À cette
occasion, la bataille de la fusion a vu s'opposer deux groupes: un groupe qui
était en faveur de la fusion, le groupe du oui, et le groupe qui
était contre la fusion, le groupe du non. Le Dr Achille Juneau, que vous
entendrez probablement au cours de l'après-midi, déclarait
à M. Maurice Descôteaux, journaliste à la Frontière:
"Les gens ont tranché de façon démocratique, mais la
question ressurgira lors des prochaines élections municipales alors que
l'ensemble des citoyens aura droit de vote et non seulement les locataires et
les propriétaires. La prophétie s'est avérée
exacte, puisque, lors des élections de novembre 1982, la question fut
non seulement soulevée, mais elle s'avéra le principal
thème de la campagne.
Lors de ces élections, les citoyens de Noranda eurent l'occasion
de voir deux groupes distincts briguer les postes de maire et de conseiller.
À cette occasion, l'ex-maire de Noranda et ex-président du
comité du oui, le Dr Achille Juneau, faisait équipe avec M.
Lafrenière, que vous entendrez également, probablement cet
après-midi ou ce soir, avec MM. Gauthier, Théberge et Cotnoir.
Cette équipe s'était prononcée pour la fusion et vous
verrez dans le document que l'on vous a remis quelle a été la
position de chacun des membres lors du dévoilement des résultats
de l'élection.
Nous suggérons respectueusement que la lecture de ces
résultats nous permet de constater que l'équipe s'opposant
à la fusion
a réussi à faire élire quatre de ses membres tandis
que l'autre équipe n'a réussi à faire élire qu'un
seul conseiller. Le résultat à la mairie doit être
considéré comme significatif, puisque M. Eugène
Bédard en était à sa première présence en
politique municipale et qu'avant cette élection, il était
relativement inconnu.
Considérant le temps à notre disposition, je voudrais vous
entretenir quelques instants sur l'intervention de la Chambre de commerce du
Rouyn-Noranda régional. D'après les renseignements que nous
avons, on vous fait rapport que cet organisme est pour la fusion des villes de
Rouyn-Noranda. Nous considérons que la chambre de commerce devrait
expliquer à cette commission parlementaire que la position prise par cet
organisme n'est pas la seule décision du conseil d'administration.
À la suite à une entrevue que le président de l'organisme,
M. Pierre Maheux, accordait à l'hebdomadaire La Frontière, le
journaliste Ghislain Loiselle écrivait et je cite: "Prônant ainsi
l'apolitisme, M. Maheux a, par ailleurs, clairement laissé savoir que la
chambre respectera la volonté de ses membres, ceci en toute
démocratie. S'il advient que ceux-ci ne veulent pas que leur organisme
se prononce sur la chose, nous ne dirons alors pas un mot. " Un peu plus loin
dans le même article, le journaliste rapportait les paroles de M. Maheux
en ces termes: "C'est du côté des citoyens qu'il y avait
opposition majoritaire au projet en 1980-1981. "
Or, avec la nouvelle consultation de la firme ORD-TEL, je suis convaincu
que c'est majoritairement partout. Nous aimerions savoir des
représentants de la chambre de commerce si tous les membres de la
chambre, ceux de Rouyn, ceux de Noranda, Evain, McWatters et d'ailleurs furent
consultés et, advenant une réponse négative, pourquoi
n'a-t-on pas consulté tous les membres et sur quelle base a-t-on choisi
les membres à consulter? Nous voulons également féliciter
la chambre de commerce de son désir manifeste de respecter le principe
de la démocratie et de respecter la volonté de ses membres.
Messieurs les représentants de la chambre de commerce, vous qui
désirez respecter la volonté de vos membres, vous qui avez
sûrement pris connaissance du projet de loi 190, vous qui avez
sûrement constaté qu'il n'y a aucune disposition prévoyant
la consultation des citoyens de Noranda, est-ce que vous pouvez expliquer aux
citoyens de Noranda pourquoi vous êtes en faveur de l'adoption du projet
de loi imposant la fusion?
Messieurs les représentants de la chambre de commerce, vous qui,
en toute démocratie, désirez respecter la volonté de vos
membres, pouvez-vous expliquer à la population de Noranda pourquoi vous
ne respectez pas la volonté des citoyens de
Noranda exprimée lors des référendums de 1981 et
1982? Ne croyez-vous pas que, lorsqu'il s'agit de démocratiser, il ne
peut y avoir deux poids, deux mesures? Si la chambre de commerce est convaincue
que la population de Noranda est en faveur de la fusion des villes de Rouyn et
de Noranda, ne croyez-vous pas que les citoyens de Noranda doivent être
consultés au même titre que vous avez consulté vos membres
répartis à travers la région? Est-ce que les
démocraties doivent bénéficier aux seuls membres de la
chambre de commerce ou si la population de Noranda doit également
bénéficier de cette démocratie?
J'ai d'autres questions à poser à la chambre de commerce,
mais, considérant le temps qui avance, je crois qu'on est mieux de faire
face à vos questions.
Le Président (M. Marquis): On vous remercie beaucoup. M.
le ministre des Affaires municipales.
M. Marcoux: Une information et deux questions. Une information
sur laquelle je serai très bref puisque le directeur
général de Noranda a dit des choses que j'aurais aimé dire
si j'avais pu revenir sur le mémoire de Rouyn concernant la
fiscalité municipale.
Dans le mémoire de Rouyn, on laisse entendre que la
réforme de fiscalité, è la loi 57, aurait
défavorisé Rouyn alors que je me suis fait sortir les
données et, sur la base des données que j'ai pour cette
réforme, la réforme procurait un gain net en termes de transfert
avec le champ de l'impôt foncier de 811 000 $ pour Rouyn et un gain net
de 372 000 $ pour Noranda. Cela signifie que la réforme de la
fiscalité municipale née de la loi 57 ne défavorisait pas
au palier fiscal Rouyn ou Noranda. C'est une information pour confirmer ce qui
vient d'être dit par Noranda.
Deux questions. Une première très générale,
encore là, je pense, pour engager le dialogue avec Noranda. Vous savez,
la décision que la commission, les parlementaires vont avoir à
prendre, cela va être de mesurer la balance des inconvénients et
la balance des avantages. Je pense qu'il n'y a pas d'absolu dans cela, dans le
sens que si les deux villes restaient indépendantes, cela ne serait pas
la catastrophe du siècle. Par contre, si elles fusionnaient, cela ne
serait probablement pas la catastrophe non plus. Ce qu'il va falloir mesurer et
sur quoi il nous faut porter un jugement comme parlementaires, c'est: Est-il
préférable que ces deux villes deviennent une ville ou est-il
préférable, compte tenu des différents avantages et
inconvénients, qu'elles demeurent séparées?
Votre point de vue, c'est que les deux villes doivent demeurer
séparées. Ma question
se résume à ceci: M. le maire, quels sont les
désavantages d'une fusion, pour Noranda, puisque Rouyn nous a en a fait
valoir les avantages?
Ma deuxième question touche au sentiment d'appartenance des
citoyens de Rouyn-Noranda, C'est très symtomatique. Une des
sous-ministres qui travaille avec moi, lorsqu'on en est arrivé pour lui
demander: Vous allez examiner un projet de loi, au point de vue légal,
sur la fusion de Rouyn et Noranda, a dit: Quoi, ce n'est pas une seule ville
cela? Elle apprenait que ce n'était pas une seule ville et pourtant,
cette personne est sous-ministre au ministère. Vu par le citoyen de
l'extérieur de la région, Rouyn-Noranda c'est une ville. Ma
question est la suivante: Au sujet du sentiment d'appartenance, en ce qui a
trait aux clubs sociaux comme les clubs Lions, Richelieu, Rotary, etc., est-ce
qu'il y en a un à Rouyn et un à Noranda ou, pour ce qui est de
l'ensemble, comme la chambre de commerce, ce qu'on appelle les corps
intermédiaires en général, corps intermédiaires et
clubs sociaux, quelle est la structure de ces goupes dans Rouyn-Noranda? Ma
question, je la pose dans la perspective d'essayer de déterminer le
sentiment d'appartenance. Quel est-il? Comment est-il vécu?
M. Bédard (Eugène): Merci, monsieur. Le premier
point, c'est certainement sur le plan financier. On pourra entrer dans bien des
détails pour dire de quelle façon on serait
défavorisé, mais M. Fiset, je pense, a fait un bon exposé,
tout à l'heure, de toute cette chose.
Pour ce qui touche à l'appartenance, c'est certain que les gens
qui vivent à Noranda aiment Noranda et ceux qui restent à Rouyn
aiment Rouyn. Cela, c'est une autre chose et ce droit d'appartenance est
indéniable. Cela appartient à la personne elle-même quand
elle choisit la ville dans laquelle elle veut vivre.
Au sujet des clubs sociaux, à mon avis, il y en a quelques-uns
qui ont plus d'une section ou plus d'une loge, si je puis dire ainsi. Cela ne
va pas nécessairement aider les citoyens. Ce sont des gens qui se
calculent assez nombreux dans un groupe pour en former un autre. Cela serait
mon opinion des clubs sociaux.
M. Marcoux: Est-ce que vous ne pourriez pas expliquer un peu, par
exemple? Pour ce qui est de la chambre de commerce, il y a une chambre de
commerce pour les deux villes, est-ce cela?
M. Bédard (Eugène): II y a une chambre de commerce
régionale, oui.
M. Marcoux: Il y a un conseil de développement
économique pour les deux: un conseil de développement
économique régional, un commissariat industriel...
M. Bédard (Eugène): II y en a une vraie, il n'y en
a pas deux. Rouyn s'en est patenté une autre dernièrement, vous
savez. Il y en a une qu'on supporte nous-mêmes aujourd'hui et que Rouyn
refuse de supporter et, pourtant, c'est la première en existence. Alors,
on continue de la supporter parce que nous croyons qu'elle oeuvre
régionalement et on lui concède ce droit. Si d'autres gens
veulent la rencontrer pour faire une étude de leurs projets, ils sont
libres, à même l'organisme qu'on a mis en place, comme le
gouvernement en met en place, pour servir les citoyens.
M. Marcoux: Je reviens sur cette question parce que je n'ai pas
très bien compris votre mémoire. Est-ce qu'il a
déjà existé un conseil de développement
économique ou une corporation de développement économique
pour Rouyn-Noranda? Si j'ai compris votre mémoire, vous donniez,
à un moment donné, 40 000 $. Vous avez continué, vous avez
même ajouté 10 000 $ à un moment donné, alors que
Rouyn a cessé de contribuer. En ce qui concerne le développement
économique, y a-t-il un, deux ou trois groupes? C'est quoi?
M. Bédard (Eugène): C'est seulement une association
qu'il y avait dès le début, qui a été formée
et qui a changé de nom, mais à laquelle les deux villes
contribuaient suivant des montants, un per capita ou des demandes de cet
organisme. C'est qu'à un moment donné il y a eu un peu
d'animosité, si je peux dire, de la part des gens de la ville de Rouyn
qui disaient que tout allait à Noranda, mais c'était faux. Ce
n'est pas vrai que tout allait à Noranda. Il n'est rien venu à
Noranda depuis plusieurs années et à Rouyn, peut-être un
peu, mais je ne le sais pas dans le moment. Tout de même, on a
contribué pendant quelques années à 50-50. La petite ville
payait une grosse part et la grosse ville payait une petite part, mais on ne
s'est jamais plaint de cela jusqu'au moment où la chicane a pris dans
l'optique de la ville de Rouyn. On a dit: Très bien, on ne va pas faire
de chicane avec elle; on se retire, mais on continue à subventionner et
c'est cela qu'on a fait. L'année suivante, on a donné 42 000 $;
la ville de Rouyn en a donné 20 000 $. L'année suivante, on n'a
donné que 25 000 $, parce que nous étions seuls et n'avions pas
la même force; la ville de Rouyn n'a rien donné et elle a
décidé de fermer sa propre corporation pour oeuvrer au niveau
local seulement et non au niveau régional. (16 h 15)
M. Marcoux: Pour ce qui est des clubs, est-ce qu'il y a un
Richelieu, un Rotary?
Comment est-ce que cela fonctionne?
M, Guertin: II y a un club Richelieu, un club Rotary, les
Chevaliers de Colomb, il y a deux conseils, un à Rouyn et un à
Noranda; les Lions, il y en a un à Rouyn et un à Noranda.
M. Bédard (Eugène): Ce sont des choses qui vont
selon la quantité des...
M. Guertin: II y a aussi un Kiwanis.
M. Bédard (Eugène):... membres qu'on peut
récupérer dans ces clubs.
M. Marcoux: D'accord.
Le Président (M. Marquis): Oui, pour une question.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Ma question
s'adresse à M. Bédard. On se souviendra, M. le Président,
que Mines Noranda et la ville de Noranda ont signé un protocole
d'entente qui donnait, pour 1 $, des équipements de loisir, tels un
terrain de golf, un centre récréatif, un curling. On parle ici
d'équipements sportifs. Mines Noranda Ltée contribuerait pour
sept ans, en décroissant, à ces équipements. Ce que je
voudrais vous demander, à M. Bédard, pourriez-vous nous dire si
Mines Noranda Ltée a toujours une participation décroissante
à Noranda, dans le fonctionnement des équipements de loisir que
je viens d'énumérer?
M. Bédard (Eugène): M. le député, je
vais laisser M. Fiset répondre à cette question; je connais la
réponse, mais j'aimerais mieux qu'il vous la donne.
M- Fiset: C'est arrivé en 1978, lorsque Mines Noranda a
transféré le centre récréatif et le club de golf
à la municipalité. À l'intérieur de l'entente, on
achetait un déficit pour 1 $. Le centre récréatif de
Noranda, ce n'est pas une aréna, c'est un centre qui comporte des
équipements sportifs très lourds, beaucoup plus que le
nécessaire pour notre population, même pour la population
régionale. Mines Noranda disant n'être plus le plus gros employeur
- parce que c'est le gouvernement qui est rendu chez nous le plus gros
employeur - disait: Ce n'est pas normal qu'on assume seul le déficit.
Pour nous le transférer, c'est évident qu'on lui a
demandé, au lieu qu'on s'embarque dans un déficit assez
élevé d'une année à l'autre, de payer une
contribution décroissante sur dix ans. Cela doit finir en 1987 ou 1988.
Cela a débuté à 300 000 $ par année, en
décroissant de 5 % par année, pour se terminer à 150 000
$. C'est évident qu'il est de notre intention, à la fin de
l'entente, de retourner à Mines Noranda: Le montant de 150 000 $,
continuez à le décroître encore pendant dix ans, à 5
% par année.
Le club de golf, du temps de Mines Noranda, faisait des déficits
assez importants. Lorsque la municipalité l'a obtenu, elle a tout
simplement transféré l'opération à
l'exécutif des membres du club de golf. Les portes ont été
ouvertes beaucoup plus grandes. Présentement, le club de golf fait des
profits, annuellement. Les profits demeurent au club de golf pour
l'amélioration du terrain, de l'édifice. Il a acheté des
"karts" électriques qu'il a payés. Autrement dit, ce sont les
membres qui bénéficient des surplus et tout va bien.
Le centre récréatif, il est évident
qu'exploité par Noranda, on y a mis des contraintes. Les
déficits, malgré les augmentations de coûts, on les a
maintenus à peu près au niveau où ils étaient en
1978. Là, ils commencent à augmenter parce que des contraintes,
on n'a pas pu en imposer.
Le Président (M. Marquis): Merci. M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, vous avez parlé, M.
le maire, d'une baisse de population, à un moment donné. Vous
attribuiez cela, si mon souvenir est exact, au fait que Mines Noranda a
diminué son personnel, le nombre de ses employés. Mais les gens
qui habitaient Noranda, est-ce que ce sont des gens qui ont quitté la
région, à ce moment-là, qui ont quitté Noranda
purement et simplement?
M. Bédard (Eugène): M. Fiset va continuer.
M. Fiset: La vraie raison de la diminution de population, c'est,
comme partout ailleurs en province, la dénatalité. Les gens qui
sont partis ont été remplacés dans les logis par d'autres,
mais il y a beaucoup moins d'enfants qu'il y en avait. Je pense qu'on retrouve
cela partout. La seule chose qu'on a de la difficulté à admettre,
autant lorsqu'on regarde le recensement de Rouyn que celui de Noranda, c'est
que cela continue à descendre, alors que de la construction, il s'en
fait partout. Au dernier recensement, il y avait une tendance à la
baisse. Au lieu de faire un nouveau recensement toutes les années, on
prend la tendance de cette période. Le prochain recensement va
certainement montrer des augmentations de population, autant à Rouyn
qu'à Noranda. Cela ne se peut pas qu'il se soit bâti 3000 logis ou
à peu près, depuis cinq ans, et qu'il y ait moins de monde. H n'y
a pas de logis! Lorsqu'on parle de logements, vacants à Rouyn-Noranda,
dans la région, c'est moins de 1 %, alors qu'une
ville comme Amos a 20 % de logis vacants. Chez nous, des logements
libres, il n'y en a pas. La population diminue, c'est difficile è
comprendre!
M. Saintonge: Votre développement domiciliaire, cela vous
donne combien, annuellement?
M. Fiset: Quant au développement domiciliaire, c'est
évident, on était bloqué, anciennement, parce qu'on avait
un secteur très éloigné qui ne pouvait pas se bâtir,
il n'y avait pas de services publics. Depuis, ce secteur est desservi, le
développement peut se faire, mais il y a quand même les
"développeurs" déjà établis à Rouyn qui
payaient meilleur marché le pied de façade pour des services; ils
ont continué. Il va peut-être y avoir un revirement parce qu'on a
entendu dire, aujourd'hui, que la ville de Rouyn ne fait plus de services. Elle
demande aux "développeurs" de les faire eux-mêmes et de les
transférer à la ville, à la fin des travaux. À ce
moment-là, le prix sera beaucoup plus élevé qu'à
Noranda vu que nous faisons en gérance les travaux d'infrastructure. Je
peux vous dire que, cette année, on a certainement 70 ou 75 lots
prêts à bâtir en maisons unifamillales ou bifamiliales et je
crois qu'elles vont toutes être bâties. Il y a aussi 24 logis qui
vont être bâtis dans le vieux Noranda. On a fini par trouver trois
terrains vacants qui s'y prêtent. Cela veut dire qu'on devrait avoir
entre 90 et 100 nouveaux logis à Noranda, cette année, à
part un HLM de 30 logis qui sera bâti aussi cette année.
M. Rocheleau: M. le Président, j'aurais quelques
questions. Entre ' autres, je voudrais revenir au référendum tenu
en 1981, où il y a eu une différence d'environ 51 voix. Par la
suite, étant donné que la majorité avait opté pour
la non-fusion, on avait laissé cela de côté jusgu'à
l'élection, qui s'est tenue sur la fusion. À ce moment-là,
les deux candidats, le maire du temps, le Dr Juneau, et vous-même vous
étiez présentés. J'examine la différence des voix,
M. Bédard: 1744 et M. Juneau: 1720. Il y avait une différence de
24 votes entre les deux, ce qui vous a permis, M. Bédard, de diriger les
destinées de votre municipalité. On doit dire qu'il y a une
population relativement importante qui souhaitait cette fusion. C'est presque
nez à nez, dans la course. H y a aussi une partie de la population qui
souhaite la fusion et une autre partie qui ne souhaite pas
nécessairement la fusion.
L'argument que nous tentons de soutenir de notre côté,
c'est toujours l'aspect démocratique, à l'intérieur des
lois et des règlements qui existent au Québec. Quand on oublie de
respecter la démocratie, il arrive peut-être ce qui est
arrivé lundi dernier, c'est que, quand il y a des élections
complémentaires, on a pris l'habitude de les gagner, comme on prendra
sûrement la bonne habitude de gagner la générale dans
quelques semaines...
Une voix: Ah! Ah! Ah!
M. Rocheleau: Pour revenir au sujet, à l'intérieur
de votre mémoire, je crois comprendre que si le ministre acceptait - je
ne vois pas pourquoi il n'accepterait pas... J'aimerais peut-être vous
dire pourquoi. Lors du dépôt du document par la commission
Robidas, le ministre des Affaires municipales du temps était venu
annoncer un référendum.
Une voix: Où cela?
M. Rocheleau: À Hull, à Gatineau et Aylmer. Je me
suis permis de sortir, pour le bénéfice du ministre, qui devait
tenir ce référendum entre le mois d'avril et le mois de juin
1985... On ne l'a pas eu encore, remarquez, parce que le ministre a
décidé...
M. Marcoux: Oswald a dit qu'an aurait dû imposer la fusion
plutôt que de faire un référendum.
M. Rocheleau: Je vais vous en parler tout à l'heure. Il
n'est pas là, Oswald. It a perdu...
M. Marcoux: Il n'est pas là mais cela ne veut pas dire
qu'il n'a pas raison. Si voulez qu'on reparte sur cela... Non, mais on peut
avoir chacun nos photos, M. le Président.
M. Rocheleau: Voyez-vous, M. le Président, ce qui est
arrivé à Oswald Parent, c'est qu'il s'est fait battre en 1976
à cause d'affaires comme celle-là et moi, je suis encore
là.
M. Marcoux: Ce n'est pas à cause de cela, je pense.
M. Rocheleau: En 1975, il y a eu une fusion dans la
région, chez nous, rappelons-nous en.
M. Marcoux: Oui, vraiment? J'ai eu à travailler sur
cela.
Une voix: Godfatherî
M. Rocheleau: Je voudrais simplement badiner, M. le
Président...
M. Marcoux: Je peux vous assurer que, dans ce cas, s'il y a une
fusion, la frontière va être délimitée
clairement.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamin-
gue): À l'ordre de la...
M. Marcoux: Ha! Ha! Ha!
M, Rocheleau: M. le Président, je sais pertinemment que le
ministre en prend bonne note et qu'il est sûrement assis sur la
démocratie, actuellement - pour ne pas dire à côté.
Il va se retrouver tantôt...
Je pense qu'une fusion pourrait se faire, tenant compte des villes de
Rouyn et de Noranda. Si, au Québec, il y avait certaines villes qui
pourraient connaître une fusion, Rouyn et Noranda seraient sûrement
de ces villes où on pourrait peut-être voir une fusion se faire.
Dans votre optique, M. le maire, si on tient compte de votre mémoire et
si le gouvernement acceptait de confier à la Commission municipale, un
mandat clair, net et précis, pas nécessairement agir comme on
l'avait fait à Baie-Comeau-Hauterive... La Commission municipale s'y
était vu confier un mandat, mais le gouvernement n'en avait pas tenu
compte. Le ministre du temps, M. Léonard, on sait qu'il est parti... Il
est peut-être parti un peu à cause de cela. Dans votre cas, si la
Commission municipale acceptait un mandat et faisait une expertise de la
municipalité de Rouyn, de celle de Noranda et permettait à vos
deux municipalités d'établir un espèce de protocole
d'entente que vous pourriez soumettre à vos populations respectives,
soit les gens de Rouyn, leur soumettre la proposition suite à un
règlement que Rouyn passerait, et dans votre cas, vous passeriez un
règlement, un protocole à établir avec Rouyn et vous le
soumettriez à votre population pour qu'elle décide si elle est
d'accord à ce mariage, à ce moment-là, j'ai cru
'comprendre que si c'était le voeu de la population, vous accepteriez
volontiers de faire cette fusion qui semble être souhaitée par un
groupe et pas nécessairement souhaitée par l'autre. J'aimerais
vous entendre là-dessus parce que, vous savez, il y a toujours l'aspect
politique et l'intérêt personnel, peut-être, d'un conseil
municipal qui dit: Moi, je tiens à mes convictions et je
représente uniquement la partie des gens qui sont contre. Il y a aussi
les gens qui sont pour quelque chose.
Je me pose la question à savoir... J'aimerais connaître
l'objectivité que vous pourriez démontrer si nous venions
à bout de convaincre le gouvernement que cela prend un
référendum, qu'il faut que la population soit consultée et
qu'il faut que ce soit la population qui décide de son sort et pas
nécessairement les élus parce que nous avons été
élus par cette population-là aussi. On a des mandats très
restreints à l'intérieur de ce qui nous est permis de faire. Je
pense que là, on va plus loin. J'aimerais avoir vos commentaires
là-dessus.
M. Bédard (Eugène): M, Rocheleau, certainement que
si le ministère proposait quelque chose qui était
équitable pour les gens de Noranda, comme on dit, vous avez dit tout
à l'heure, une étude, en plus un référendum pour la
ville de Noranda comme telle pour savoir si elle veut, oui ou non, nous ne nous
sentirions plus liés par le mandat qu'on a eu parce que là, il
faut bien que je revienne à cette chose. C'est que le mandat qui nous a
été donné en novembre 1982 était de bien
gérer la ville et pas de fusion. Alors, on ne peut pas arriver
aujourd'hui et dire: Très bien, 60 % de la population qui avez
voté pour nous, on ne vous écoutera pas. Alors,
démocratiquement, on doit absolument respecter l'opinion des gens qui
nous ont élus. Mais si le ministère décidait que ce que
vous dites serait fait de cette façon, on n'a rien contre cela. On ne
bloquerait rien. On dirait: Tout est arrivé dans la perfection et le
public a changé d'idée. On respecte son opinion.
M. Rocheleau: Je remarque, M. le Président, et je
considère cela quand même assez important, M. le ministre, et
j'aimerais que vous le notiez aussi. C'est qu'habituellement, quand on
prévoit des fusions entre municipalités, c'est que le
gouvernement y met aussi un certain montant pour permettre ou éviter des
inéquités possibles. On ne retrouve pas à
l'intérieur du projet de loi des prévisions budgétaires
qui seraient des compensations pour des inéquités possibles. Je
ne l'ai pas trouvé comme telle d'une façon très
très spécifique,
M. Marcoux: C'est le programme, ce serait... Trente secondes.
C'est le programme d'aide... Selon la loi du regroupement, c'est le même
programme qui s'appliquerait. Les villes ont déjà
été informées du montant que cela pourrait signifier.
M. Rocheleau: Mais, maintenant, à
l'intérieur...
M. Marcoux: C'est tant par habitant et décroissant sur
cinq ans.
M. Rocheleau: Maintenant, à l'intérieur de cela, M.
le Président, c'est que, tenant compte du fait que la Commission
municipale où vous avez des experts-conseils compétents dans la
matière qui pourraient faire cette expertise, tenir compte des
règlements d'emprunts dans chacune des municipalités, des taxes
payées dans l'une et dans l'autre, tenant compte des services
reçus, c'est, à ce moment-là, je pense, M. le
Président, que le gouvernement pourrait tenir compte de
l'équité ou donner une certaine équité entre les
deux. (16 h 30)
J'aimerais connaître l'opinion du maire là-dessus, à
savoir que s'il se prêtait volontiers à tout cet exercice qui
pourrait permettre de consulter la population, après l'avoir
informée, parce que c'est bien beau de demander à la population
si elle veut fusionner ou non, si elle ne sait pas dans quoi elle s'embarque
exactement... Si la Commission municipale, avec l'aide des deux villes, Rouyn
et Noranda, faisait cet exercice et soumettait à la population
l'ensemble du protocole qui pourrait être accepté, s'il y avait,
bien entendu, la bonne volonté des deux villes de donner toute
l'expertise à la Commission municipale, de l'aider même à
faire son travail pour que la population puisse être équitablement
informée et, ensuite, consultée...
M. Bédard (Eugène): Certainement. Vous savez, on ne
dit pas le contraire juste pour contrarier. Dans le moment, ce serait louable,
de la part du ministère, s'il nous demandait cette chose et ce serait,
d'après nous, plus démocratique que la façon dont la chose
se présente aujourd'hui dans ce projet, dans lequel Noranda est
privée de tous ses droits de se défendre. Alors, si le
ministère nous propose cette chose, comme il a été entendu
ici tout à l'heure, on est prêt à collaborer. On n'est pas
contre cette chose.
Le Président (M. Marquis): Non, je suis obligé
d'aller de l'autre côté. Selon le principe d'alternance, c'est au
tour dû député d'Abitibi-Ouest, en vous prévenant
que nous allons essayer de diviser le temps qui reste d'ici 17 heures environ;
donc, de douze à quinze minutes du côté du gouvernement et
de douze à quinze minutes de l'autre côté.
M. Gendron: M. le Président, j'ai une couple de questions
à poser au maire de Noranda. Je ne pense pas - c'est une
considération avant la question - qu'on puisse tenir compte de certains
jugements qui sont portés dans votre mémoire, comme il y en a qui
ont été portés dans le mémoire de Rouyn, et je fais
référence concrètement à la situation suivante:
à plusieurs reprises dans le mémoire de la ville de Noranda, on
dit: Pour nous, c'est simple, on a toujours vécu selon nos moyens. On
est bien administré, on a géré convenablement, on n'a pas
joué à l'enfant prodigue, on n'a pas dilapidé les fonds,
et ainsi de suite. Je voudrais vous indiquer que sur cette base on peut
discuter tout l'après-midi et, suivant quel chiffre on met en
comparaison avec l'autre, on a un résultat différent, mais je ne
crois pas que cela puisse faire avancer du tout le fond de la question, si
jamais le développement d'une ville agglomérée vous
intéresse, parce que, sur la base du per capita, en termes de
dépenses, pour une ville qui a bien géré, qui n'a jamais
joué à l'enfant prodigue et qui a tout fait les choses
convenablement, j'aimerais bien savoir, si je prenais cette voie, comme vous
l'expliquez, comment il se fait que vous avez un per capita plus
élevé pour ce qui est des dépenses.
Cela ne change rien au-delà des explications que vous me
donneriez. On serait toujours sur la base de chiffres qui, d'après moi,
doivent être mis en relation, dans la perspective où on donne du
temps aux deux villes pour regarder, lors d'un protocole d'entente, comment on
doit faire la conciliation et qu'on respecte ce que j'appelle le passé
de la gestion, autant de Noranda que de Rouyn.
Ma question bien précise est la suivante, et on a toujours
tourné autour du pot: N'est-il pas vrai que vous pourriez avoir cette
prétention à Noranda que, effectivement, vous avez toujours
vécu selon vos moyens et que la situation financière est plus
saine à Noranda parce que, fondamentalement, la ville de Noranda a
bénéficié d'immobilisations importantes pour lesquelles
elle n'a pas eu à contribuer un sou, sauf le dollar d'acquisition? Je
pense que c'est exact de poser la question comme cela puisque tantôt vous
m'avez parlé des déficits de fonctionnement. Je sais bien que le
centre récréatif est autre. chose qu'une patinoire, pour y avoir
arbitré moi-même et l'avoir piétiné ou foulé
de mes pieds à plusieurs reprises. C'est autre chose qu'une patinoire.
Mais vous êtes conscients qu'une ville de la taille de Noranda aurait
dû, si Mines Noranda ne vous avait pas donné le centre
récréatif, construire une aréna ou une patinoire, comme
vous voudrez. Vous êtes conscients de cela. En ce qui concerne les
immobilisations, cela ne vous a rien coûté, sauf la piastre
d'acquisition. C'est la même chose pour une série
d'équipements et on pourrait prendre énormément de temps
pour le faire: le Théâtre du Cuivre, dont vos citoyens
bénéficient sans payer un sou d'immobilisation.
Ma question: Admettez-vous, M. le maire de Noranda, qu'il s'agit
là d'une situation qui, à ma connaissance, est un peu
inéquitable par rapport à des citoyens de votre communauté
norandienne qui bénéficient d'immobilisations qui ne sont pas sur
leur territoire, pour lesquelles ils n'auront jamais, si on ne fait pas un
effort pour changer la situation - c'est cela que le projet de loi propose,
dans des modèles qu'on veut vous laisser discuter - et pour traduire une
situation inéquitable qui va perdurer dans le temps... Est-ce que vous
n'êtes pas conscients que c'est quelque chose que, à un moment
donné, un gouvernement a la responsabilité d'engager? Je termine
là-dessus pour vous laisser répondre. Vous dites à
plusieurs reprises: Ils n'ont jamais fait bon ménage, laissez-nous cela,
on va regarder
cela, il y a moyen de s'arranger. Cela fait 20 ans qu'on vous laisse
cela. Cela fait 20 ans que Noranda sait très bien que la situation
actuelle l'avantage pour les motifs que je viens d'évoquer.
Là-dessus, vous parlez très clairement. Je pourrais citer une
multitude d'exemples où, effectivement, c'est parce que vous êtes
avantagés par une situation pour laquelle vous n'y êtes pour rien,
pas parce que vous êtes de bons administrateurs et uniquement pour cela,
mais parce que vous avez bénéficié d'immobilisations pour
lesquelles vous n'avez assumé aucun coût.
Croyez-vous - c'est ma question - que c'est une situation qu'on peut
laisser perdurer et où il n'y a pas de problème? On laisse cela
comme cela, on va continuer à profiter de quelques choses pour
lesquelles, normalement... Ce n'est pas parce que vous êtes élus
que c'est comme cela, c'est parce qu'il y a eu une situation antérieure
qu'on a expliquée. Quel est votre point de vue bien personnel
là-dessus?
M. Bédard (Eugène): Je ne vous répondrai
pas, je vais demander à M. Fiset de vous répondre, ceci pour une
raison: Parce que moi, depuis deux ans et demi, je n'ai pas eu de cadeau de qui
que ce soit. Si vous voulez répondre à cela, M. Fiset...
M. Marcoux: Voulez-vous dire que le directeur
général en a eu, dans le passé?
M. Bédard (Eugène): Je ne le sais pas. M. Fiset:
J'appelle cela...
M. Bédard (Eugène): Les autres maires,
peut-être!
M. Fiset:... des cadeaux de Grec, M. le ministre.
Une voix:... à l'époque...
M. Gendron: Quand il vous passe le micro, le cadeau de Grec, ou
bien si c'est...
M. Fiset: Non. Quand vous parlez du centre
récréatif, j'appelle cela un cadeau de Grec, parce qu'il est
évident que la municipalité de Noranda n'aurait pas construit un
édifice de cette ampleur. Je peux vous dire que, lorsqu'on l'a eu... Il
y a quand même six allées de curling dans le centre; en 1978, on
était la seule ville au Québec, avec une autre, qui avait six
allées de curling; d'habitude, il y en a quatre. On est pris avec cela
et il est déficitaire. Il y a des gymnases, des ateliers de toutes
sortes. On n'aurait jamais construit cela.
Si la ville de Noranda n'avait pas eu d'aréna, elle en aurait
construit une. Quand? Pas en 1978, on l'aurait construite probablement en 1950.
Dans le temps, le centre récréatif a coûté 1 000 000
$. II aurait coûté quoi? Peut-être 200 000 $ ou 300 000 $,
dans ce temps-là. Cela aurait été la dette, il serait
payé aujourd'hui. On serait pris avec un déficit beaucoup moins
grand parce qu'il y aurait beaucoup moins de choses dedans. Quand vous dites
qu'on a été avantagé par le centre, je ne le crois pas.
Acquérir un déficit, est-ce un avantage? Non. Le déficit
est gros à cause de l'ampleur de l'édifice et des services qu'il
y a dedans.
Vous nous soulignez, de temps en temps, le Théâtre du
Cuivre. Ceci a été une décision de la ville de Rouyn en
1967. Cela a été construit lors du centenaire avec des
subventions des gouvernements supérieurs. Maintenant, je me souviens,
dans le temps, que le maire Leclerc de la ville de Rouyn était venu voir
le maire Hébert de la ville de Noranda, en 1964. J'étais à
la ville de Rouyn dans le temps, parce qu'il y avait tant par tête de
pipe pour les subventions. Le maire Hébert a répondu: On ne
bâtit rien, on fait un feu d'artifice, point. Rouyn s'est servie des deux
populations pour aller chercher de plus grosses subventions. Mais, cela a
été son choix et non pas le choix de Noranda.
Par contre, lorsque vous parlez du Théâtre du Cuivre, on
pourrait vous parler de piscine. Noranda n'est pas propriétaire de
piscine, mais on en fait fonctionner deux: celle de l'hôpital et celle de
la polyvalente La Source. C'est utilisé par qui? Statistiquement
parlant, 30 % par Noranda, 65 % par Rouyn, 5 % par la balance de la
région. On est en train de montrer à nager à tout le monde
de la région; il y en a au moins 1000 par année qui apprennent.
Cela fait dix ans et, encore, on refuse des inscriptions, on ne peut même
pas fournir avec deux piscines.
Lorsque vous parlez d'autres services, on peut vous dire que, dans le
budget de Noranda, on a complètement... Le fonctionnement de l'usine de
filtration sert aux deux villes, depuis peu à Granada et, tout à
l'heure, cela va servir à Lac-Dufault - quatre villes - mais dans nos
dépenses, on a la totalité des dépenses. Au
ministère, si on nous disait: Cela coûte tant de 100 000 $ pour
faire fonctionner l'usine, par contre, il y en a une partie de payée par
Rouyn, une partie par Granada, une partie par Lac-Dufault nos dépenses
diminuent et notre per capita, à ce moment-là, diminuerait aussi.
Lorsqu'on sort des chiffres, on peut leur faire dire ce qu'on veut. Il n'y a
peut-être qu'une façon de les analyser comme il faut, c'est
peut-être là que la Commission municipale pourrait vous donner des
chiffres exacts en ce qui concerne chacune des populations. Là, les
populations s'emboîtent l'une dans l'autre, à un moment
donné, selon
les services. Les gens de Rouyn pourraient vous répondre que,
dans leurs dépenses, ils ont l'aéroport. Il ne leur coûte
par 0, 05 $, mais cela augmente drôlement les dépenses, parce
qu'il est subventionné complètement par le
fédéral.
Une étude de base pour connaître les chiffres, cela n'a
jamais été fait.
M. Gendron: Je continue, il me reste quelques minutes.
La Présidente (Mme Bacon): Jusqu'à 16 - h 50.
M. Gendron: Je voudrais dire certaines choses. Je suis assez
familier autnnt avec la ville de Noranda qu'avec la ville de Rouyn pour au
moins affirmer que ce que vous venez de dire, M. le gérant municipal,
n'est pas exact. Les coûts de l'aéroport sont assumés
à 100 % par le fédéral.
M. Fiset: Cela ne lui coûte rien.
M. Gendron: Mais là n'est pas ma question. Vous m'avez
répondu beaucoup plus la même réponse que celle qui avait
été donnée à mon collègue de Rouyn-Noranda.
Vous avez dit: On a hérité davantage des déficits de
fonctionnement et vous avez raison. Ce n'est pas de cela que j'ai parlé.
J'ai parlé des coûts d'immobilisation pour lesquels vous n'avez
pas eu à contribuer et je sais quelle est la différence avec des
déficits de fonctionnement pour un équipement sportif ou
collectif où, règle générale, c'est comme cela
partout. Sur cette base, vous êtes exactement dans la même
situation que les autres villes. Règle générale, les
arénas qui font de l'argent, cela ne court pas les rues. C'est rare que
les arénas fassent de l'argent, même si elles sont grosses ou si
elles ont d'autres équipements de plus que l'aréna. Ma question
portait vraiment sur les coûts d'immobilisation. Je pense que vous
conviendrez avec moi que la réponse est que la ville de Noranda n'a pas
eu à contribuer pour certains coûts d'immobilisation
importants.
À la page 7 de votre mémoire, et on revoit cela ailleurs,
vous dites: Qu'on nous laisse donc tranquilles, dans le fond. Noranda va
continuer d'être florissante. Je vous cite le texte: "On va être
florissant et on va se développer. " Ma deuxième question est la
suivante: Comment arrivez-vous à faire une allégation comme
celle-là quand on sait qu'à Noranda la population est en
décroissance constante? Vous mentionniez vous-même tantôt
qu'au niveau du développement domiciliaire et résidentiel tout le
monde est obligé de constater que le développement est dans une
proportion d'à peu près 1-5 entre Rouyn et Noranda. Je
m'arrête là et je dis:
Comment allez-vous m'expliquer qu'en vous laissant comme vous
êtes, vous allez être florissants, au sens de votre affirmation,
puisque votre population chute et que le développement se fait ailleurs?
Est-ce à dire que le sens que vous donnez à florissants est
justement que vous êtes parfaitement conscients de la situation qui a
toujours avantagé Noranda, ceci à cause des
éléments externes à la gestion de Noranda et que c'est
dans ce sens que vous dites: Laissez-nous comme on est, vous allez voir qu'on
va continuer à être florissants? Est-ce qu'à ce
moment-là ce n'est pas justement parce que vous admettez que la
situation de l'autre siamois qui est Rouyn n'étant pas dans le
même contexte pour beaucoup de facteurs, c'est-à-dire
obligé de prendre le développement collectif qu'on est
obligé de prendre plutôt que de l'envoyer à Noranda-Nord
parce que c'est à deux milles et demi à trois milles du centre de
Rouyn-Noranda... C'est sûr qu'en laissant la ville de Noranda telle
quelle, avec les avantages qu'elle a eus... Je ne dis pas, mon collègue,
le ministre des Affaires municipales, que la fiscalité les a
désavantagés, je dis simplement qu'à partir du moment
où la base même de la fiscalité est un retour de taxes sur
les édifices, sur les immeubles, et ainsi de suite, par
définition, si votre population décroît et que vous avez un
retour d'argent qui grandit... Vous vous plaignez dans le mémoire en
disant qu'on vous avait promis de se rendre à 100 % et qu'on ne va pas
assez vite, là-dessus, vous avez raison complètement. C'est
exact. Justement, si on va plus vite, qu'est-ce qui va arriver? Plus on va
aller vite, plus on va payer nos 100 % sur les immobilisations et que votre
population va décroître, est-ce qu'on ne continuera pas à
avantager grandement la situation de Noranda?
M. Fiset: Vous avez une grande question et bien des affirmations!
Présumer tout cela, quand vous parlez de décroissement de
population, cela s'applique aux deux villes. Malgré les milliers de
logis, 2000 et plus, construits à Rouyn, la population diminue aussi. Ce
n'est quand même pas la construction de logis qui fait augmenter la
population. Par contre, il n'y a pas non plus de vacances de logements, on vous
l'a dit tout à l'heure. Cela veut dire qu'il y a beaucoup moins de
personnes par foyer. Quand vous parlez d'actifs, les actifs de Noranda, ce ne
sont pas seulement des cadeaux qu'on a eus. Noranda n'a jamais
arrêté de faire des travaux. On n'en faisait pas à coups de
millions. On vous disait tout à l'heure, lorsqu'on a parlé de
l'épuration des eaux, on l'a fait en 1964-1965 au coût du temps.
Faire les mêmes travaux aujourd'hui coûterait cinq, six ou sept
fois plus cher. Mais, ils ont été faits. Ils ont
été financés à
des taux d'intérêt de cinq et trois huitièmes pour
cent, cinq et cinq huitièmes pour cent et cinq et sept huitièmes
pour cent, alors qu'il était un temps où on finançait
à 17 %. Aujourd'hui le coût de l'argent est autour de douze et
demi et treize pour cent. Il est évident que les décisions du
conseil du temps font qu'on est dans une situation privilégiée.
Cela est dû aux décisions prises à ce moment-là.
L'année passée ou l'année d'avant, il y avait des
journalistes qui disaient: Cela bouge à Rouyn, cela ne bouge pas
à Noranda. Rouyn est en train de construire un tunnel. Le nôtre
est bâti depuis 1973. On n'est pas pour en bâtir un deuxième
juste pour bouger. Rouyn bâtissait le boulevard Québec; le
boulevard Saguenay est bâti depuis 1974 ou 1975. Vous dites qu'à
Noranda-Nord, on est loin du centre-ville, je peux vous dire que, de
Noranda-Nord au centre-ville, cela prend deux minutes et demie à trois
minutes. Il y a un "highway". Vous passez par là souvent. (16 h
45)
M. Gendron: Je le fais deux fois par semaine.
M. Fiset: Lorsque vous partez de Rouyn-Sud pour aller au
centre-ville, avec la circulation régulière et tout le "kit",
vous en avez pour pas mal plus longtemps que cela. À Noranda-Nord, ce
n'est pas la distance. Je vous disais tout à l'heure que, jusqu'à
1976, c'était impossible, il n'y avait pas de services. Depuis 1976,
c'était disponible, mais on demandait plus cher le pied qu'à
Rouyn et les "développeurs" sont allés à Rouyn.
Présentement, les disponibilités sont là. On a sur
nos plans d'aménagement un minimum de 1500 beaux lots à
développer et, si on n'est pas trop difficile, on peut aller à
2000 ou 2500, mais il faut avoir une demande pour cela. La demande va venir, je
pense, dans les années qui viennent.
Le maire de Rouyn, ce matin, m'a fait dire une chose. Il s'est
référé au gérant de Noranda disant que je lui avais
dit qu'on n'en faisait pas parce que ce n'était pas rentable. Ce n'est
pas cela que je lui avais dit. Je lui avais dit: Vous cherchez à l'avoir
chez vous. Il y a une étude de la ville de Québec; M. Jean-Paul
Bourret, adjoint au gérant de la ville de Québec, me disait qu'il
avait fait une étude. On était convaincu que c'était vrai,
mais la ville de Québec est allée plus loin que nous. Les taxes
que cela rapporte dans le développement résidentiel ne paient pas
la valeur des services. À ce moment-là, on dit, et on n'est pas
différent de la majorité des villes du Québec: Vous allez
payer les infrastructures, si vous voulez vous développer.
Il est évident que les municipalités qui n'exigent pas les
infrastructures ou qui demandent meilleur marché s'endettent et, en plus
de cela, elles ont les services à donner. Au moins, si elles n'ont pas
le service de la dette, cela peut être un peu plus équitable.
Vous parlez souvent de Mines Noranda et dites qu'on est avantagé.
C'est évident, mais combien d'industries ailleurs dans la province sont
avantagées aussi? Montréal vient de prendre Pointe-aux-Trembles,
mais, entre les deux, il y a Montréal-Est. Pourquoi ne pas le prendre? H
y a 4000 de population avec une infrastructure industrielle
épouvantable. Elle est drôlement avantagée. Pourquoi ne
l'a-t-elle pas fusionnée? Parce que c'est Montréal-Est. La ville
de Saint-Laurent, qui est la ville la plus industrialisée au
Québec, pourquoi n'est-elle pas fusionnée avec Montréal?
On pourrait donner bien des situations.
On a une situation qui ressemble à d'autres. Il est
évident que Mines Noranda nous a avantagés comme la papeterie qui
vient d'être construite va avantager Amos. Pourquoi? Parce qu'elle est
là. Comme le maire le mentionnait dans sa présentation, les
édifices provinciaux qui paient des compensations sont à
Noranda.
M. Gendron: Une dernière question pour finir. Ce n'est pas
une question, c'est un commentaire.
La Présidente (Mme Bacon): Votre enveloppe de temps est
pour l'ensemble de la députation.
M. Gendron: Oui, dans la même enveloppe. Un dernier
commentaire sur les " chiffres que j'avais. Vous avez dit que la
décroissance de la population, c'est à cause de la
dénatalité et que c'est le même problème à
Rouyn. Pas en chiffres, en tout cas, parce qu'à Rouyn c'est 4, 4 % de
chute de population et chez vous, c'est 21, 8 %. Cela commence à faire
une différence. Mon collègue a deux autres questions.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Oui, j'ai deux
petites questions et une plus grosse que l'autre. À l'exception, M. le
maire, de l'avantage fiscal, on en conviendra, et c'est pour cela qu'il y a une
résistance aussi marquée des citoyens de Noranda à la
fusion, est-ce qu'il y aurait d'autres avantages pour la ville de Noranda
à demeurer isolée et non fusionnée?
M. Bédard (Eugène): Quand vous ditez
"isolée", c'est un gros mot. On n'est pas isolé. Vous restez
là, d'ailleurs, et vous le savez. Je pourrais peut-être vous
relancer la balle en vous demandant pourquoi vous restez à Noranda
plutôt qu'à Rouyn. Moi, j'aime Noranda. Vous aimez Noranda?
Peut-être que non. Alors, c'est un choix de la population. Quand on parle
des avantages de choix, c'est
que si quelqu'un est satisfait des services à Noranda, il va
venir à Noranda. S'il accepte les critères qu'on impose, il va
accepter Noranda. S'il ne veut pas, il va s'en aller à Rouyn et on ne
pourra pas le retenir. C'est un choix. Il faut laisser les gens libres de
décider. Pour moi, cela n'entre pas du tout dans l'affaire de la fusion
parce que j'ai pour mon dire que c'est le choix de celui qui veut venir
à Noranda.
Quand on parle de décroissance de la population, il y a en a une,
mais si on faisait un recensement, ce serait peut-être différent
depuis quelques années. Cela a arrêté de
décroître parce qu'il y avait beaucoup de choses qui se faisaient,
et j'aimerais que M. Gendron en prenne bonne note. Quand Mines Noranda
exploitait sous terre, il y avait beaucoup de personnes qui y travaillaient.
À un moment donné, on a fermé sous terre et on a eu une
période de temps dur qui s'est reflétée aussi bien sur
Rouyn que sur Noranda avant qu'on ouvre la mine Chadbourne. On n'emploie pas
tellement de personnes à Chadbourne et on veut rouvrir sous terre
à Noranda avec peut-être 50 à 80 hommes pour le moment.
Toute la région bénéficie de Noranda, ce n'est pas
seulement Noranda tout court qui en bénéficie.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témicamingue): Pour les fins du
Journal des débats, combien y a-t-il de conseillers pour et contre le
projet de loi 190 qui est déposé actuellement. C'est pour les
fins du Journal des débats.
M. Bédard (Eugène): Actuellement, nous savons qu'on
est quatre élus, et que trois conseillers élus sont contr'e la
fusion, contre le projet de loi et moi aussi. L'autre, je ne le mentionne pas,
je ne connais pas sa décision.
M. Saintonge: Quatre conseillers seulement dans la
municipalité. C'est important à noter...
M. Bédard (Eugène): À Noranda, il y a quatre
conseillers.
M. Saintonge: Pour le Journal des débats, c'est important
à noter, M. le ministre, parce qu'il dit: Trois contre. C'est qu'il y a
uniquement quatre conseillers.
M. Gendron: Non, non, je ne veux pas faire... Je sais qu'il y a
juste quatre conseillers à Noranda.
Une voix: Il y a quatre conseillers à Noranda. Il y en a
trois qui sont contre la fusion et il y en a un qui est pour la fusion et le
maire est contre la fusion.
M. Gendron: Parfait.
La Présidente (Mme Bacon): Maintenant que le Journal des
débats est renseigné, M. le député, je cède
la parole au député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, Mme la Présidente. Tantôt le
ministre des Affaires municipales a fait une affirmation qui m'a plutôt
surpris. Il a dit, je ne le cite pas mot à mot, que nous sommes ici pour
décider, à titre de commission parlementaire, si cela est
préférable pour Rouyn et Noranda de fusionner ou si c'est
préférable de ne pas fusionner. Il a continué à
dire que cela ne serait pas un gros désastre si cela arrivait ni un
désastre majeur, si cela n'arrivait pas. Je suis surpris de cette
attitude du ministre parce que je ne croyais pas que c'était le
rôle d'une commission parlementaire, à ce stade-ci, de prendre de
telles décisions pour les citoyens de Rouyn-Noranda. Il y a une
loi...
M. Marcoux: Posez vos questions. J'ai fait une intervention en
commençant ma question. Je pense qu'on a des invités qui
attendent des questions et des commentaires de notre part.
M. Ciaccia: Le ministre veut-il me donner la chance de finir mon
commentaire et de poser une question aux invités. Ne vous
inquiétez pas, je ne vous poserai pas de question à vous.
M. Marcoux: Non, c'est parce qu'on s'en vient... Vous faites un
commentaire sur mon commentaire, je vais faire un autre commentaire sur votre
commentaire...
M. Ciaccia: Vous ferez ce que vous voudrez.
M. Marcoux:... et là, on fait perdre le temps de nos
invités.
M. Ciaccia: Vous ferez ce que vous voudrez. C'est la
démocratie. Si vous voulez intervenir après et parler, vous
pouvez le faire.
Je vais me répéter j'ai été
étonné, un peu surpris par l'affirmation du ministre que c'est
à nous de décider si c'est préférable ou non. Il y
a la Loi favorisant le regroupement des municipalités et le ministre a
des pouvoirs sur cette loi. C'est lui qui a la discrétion et peut
déclencher un certain processus. Si ce processus avait été
déclenché, peut-être n'y aurait-il pas eu d'entente. C'est
possible car, de la façon qu'on semble avoir les informations, il y a du
pour et du contre. Mais si le processus avait été
déclenché parce que, à ce moment-là, il n'y aurait
pas eu d'entente, peut-être,
à ce moment-là, aurait-on pu être appelé,
comme commission parlementaire, comme gouvernement, à dire aux membres
de l'Assemblée nationale: Il semble y avoir des différences
d'opinions, qu'allons-nous faire?
Premièrement, je trouve, j'ai l'impression que c'est un peu
prématuré de procéder par ce que j'appelle un projet de
loi public privé, un projet de loi public qui a été
présenté par un député et non pas par un ministre.
Ce n'est pas le ministre des Affaires municipales qui le présente.
Peut-être reconnait-il un peu que, sans vouloir le dire, c'était
effectivement un peu prématuré de procéder de cette
façon. Ce que je trouve malheureux, c'est qu'il semble avoir des
données, peut-être pour justifier éventuellement que les
gens s'entendent. Je déplore qu'on semble procéder d'une
façon qui, au lieu de créer l'harmonie entre les citoyens de deux
villes, qui sont l'une à côté de l'autre, peut semer la
dissension et promouvoir la confrontation plutôt que de favoriser
à des décisions harmonieuses entre les citoyens.
Il y a une question que je voudrais poser aux intervenants. Il s'agit
aussi d'une autre information que le ministre a donnée à mon
collègue le député de Hull, qui avait soulevé la
question: Est-ce qu'il y avait eu des compensations? Est-ce qu'il y a eu un
projet d'entente ou des discussions pour compenser les citoyens de Rouyn ou de
Noranda s'ils étaient lésés ou s'ils perdaient certains
avantages fiscaux ou autres? Le ministre a dit: Non, ce n'est pas
nécessaire d'avoir une telle entente; c'est prévu dans la loi, la
loi qu'il n'applique pas. Dans la Loi favorisant le regroupement des
municipalités, apparemment, il est prévu qu'il va y avoir
certaines compensations. Ma question est la suivante: Est-ce que les
compensations qui sont prévues dans la Loi favorisant le regroupement
des municipalités sont telles qu'elles vont vraiment compenser les
pertes réelles que les citoyens contribuables de Noranda vont subir s'il
y a une fusion forcée sans aucune entente? Est-ce que ces montants, dans
la loi, sont suffisants pour compenser les pertes?
M. Fiset: C'est évident que non. On disait, dans le
mémoire, que si Noranda était taxée au même niveau
que Rouyn, c'est 1 250 000 $ par année, présentement. Ce qu'on
peut dire, c'est que s'il devait y avoir compensation pour limiter les
augmentations de taxe à ce qui devrait être naturel, les
compensations du gouvernement devraient être très
élevées. Présentement, la dette de Noranda est d'environ 6
000 000 $, à la fin de 1984, celle de Rouyn, d'environ 15 000 000 $.
À la fin de 1985, on va être encore dans les 6 000 000 $. Rouyn,
je crois, ne sera pas loin des 20 000 000 $. Si on regarde les projets - on ne
les connaît pas tous - d'ici deux ou trois ans, ce sera autour de 25 000
000 $, possiblement. Nous, on va être encore dans les 6 000 000 $. Le
service de la dette nous prenant un septième - c'est à peu
près ce que cela nous coûte -vous pouvez voir que la
différence serait très grande.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a eu des pourparlers sur les
compensations entre Noranda et le gouvernement?
M. Fiset: Pas à ma connaissance.
M. Ciaccia: Dans une autre fusion, par exemple, dans l'affaire
Hauterive-Baie-Comeau, le gouvernement avait offert, parce qu'il y avait une
différence de 700 000 $, je crois, qui était plus que les
montants prévus dans la Loi favorisant le regroupement des
municipalités... Je crois qu'à la suite de certaines
représentations, les 700 000 $ avaient augmenté à 1 000
000 $. Vous me dites qu'il n'y a pas eu de discussion avec le gouvernement pour
recevoir une compensation si la fusion se produit et que vous perdez certains
avantages fiscaux.
M. Fiset: Nous avons appris le dépôt du projet de
loi par les médias d'information.
M. Saintonge: M. le maire, j'ai demandé ce matin à
la ville de Rouyn s'il y avait eu des contacts officiels pour parler de la
possibilité de fusion. En avez-vous eu récemment,
antérieurement, depuis votre mandat, depuis deux ans et demi?
M. Bédard (Eugène): Non. On a entendu bien des
choses s'y opposant, mais on n'a jamais été approchés. Les
médias d'information clament beaucoup mais ce ne sont pas des rencontres
officielles entre la ville de Noranda et celle de Rouyn.
M. Saintonge: Est-ce que les citoyens de Noranda vous ont dit,
par exemple, qu'ils étaient intéressés à la fusion?
Est-ce que c'est venu sur le tapis au conseil municipal ou au cours de
discussions que vous pouvez avoir parfois avec des citoyens à
l'hôtel de ville?
M. Bédard (Eugène): La majorité des citoyens
qu'on rencontre est contre.
M. Saintonge: Oui?
M. Bédard (Eugène): Il y en a qui sont pour, c'est
entendu.
M. Saintonge: Je sais qu'il y a des citoyens de Noranda, par
exemple, qui sont pour la fusion, pour en avoir rencontré.
Certains sont même ici, dans la salle. Est-ce que ces gens n'ont
jamais fait de démarche
officielle auprès de la ville, par exemple, pour tenter de faire
en sorte qu'une étude soit faite sur le sujet?
M. Bédard (Eugène): Non, pas depuis notre
élection en 1982.
M. Saintonge: Vous savez qu'au ministère des Affaires
municipales, au service de l'organisation municipale, il y a certaines
possiblités, dans les cas de fusion. Je reviens là-dessus un peu
parce que mon confrère de Hull en a parlé tantôt. En ce qui
concerne les regroupements, à la suite de la Loi favorisant le
regroupement des municipalités, il y a des dispositions où le
ministère accorde une aide gouvernementale et, particulièrement,
ce qu'on appelle une aide technique. Je ne sais pas si vous êtes au
courant qu'on en parle au ministère; c'est dans les politiques du
ministère. On dit que les municipalités qui désirent se
regrouper ou, tout simplement - c'est cela qui est important - analyser la
question du regroupement peuvent adopter des résolutions pour demander
l'aide technique du ministère. Le service d'organisation du
ministère assiste les municipalités en question pour faire les
analyses nécessaires à leur prise de décision. (17
heures)
Cela comporte, à ce moment-là, différents points,
j'imagine, surtout la question des implications financières et fiscales.
Là-dessus, ce qu'il est important de noter, c'est que, dans la
documentation du ministère des Affaires municipales, on dit: "II
convient de mentionner que cette aide technique du ministère n'est pas
conditionnelle à la réalisation du regroupement. Une analyse
complète du regroupement peut être effectuée avec
l'assistance du ministère sans pour autant que les représentants
des municipalités concernées ne s'engagent à le
réaliser. " En d'autres mots, il me semble qu'il pourrait y avoir
ouverture a de l'aide technique que le ministère pourrait vous fournir
dans l'analyse des implications financières, particulièrement,
pour démontrer quel serait le coût de la fusion pour les citoyens
de Noranda et pour ceux de Rouyn et quels pourraient être les avantages
fiscaux. On parle souvent de coûts qui pourraient être
considérés comme des désanvantages; mais peut-être
des avantages fiscaux pourraient-ils ressortir de telle analyse.
Ma question rejoint ce que mon confrère de Hull a
mentionné: Seriez-vous disposés, à la ville de Noranda,
dans le cadre actuel, considérant qu'on nous dit que cela fait 20 ans
que le dossier est en suspens... Vous avez été élus avec
un mandat de non-fusion. Vous vous étiez clairement alignés
là-dessus. Dans un référendum antérieur, vous avez
eu gain de cause, même si c'est avec un pourcentage qui n'est pas
fortement majoritaire. À mon point de vue, le pourcentage majoritaire
est là. Je pense que vous tenez la ligne de conduite que vous aviez
annoncée quand vous vous êtes fait élire. Maintenant,
considérant les pressions de la population, le fait qu'une partie
importante de la population de Noranda a pu démontrer qu'elle pouvait
être pour la fusion, seriez-vous prêts, comme municipalité,
à faire en sorte que l'aide technique du ministère puisse
être accordée à Rouyn et à Noranda, à vous
asseoir avec Rouyn, par exemple, pour analyser quelles implications cela
pourrait avoir? Rien qu'à titre d'indication, je pense que cela pourrait
être important. On parle des désavantages de la fusion. Il y a un
service de la dette chez vous, il y en a un à Rouyn. Mais, dans bien des
cas, ce qui doit être payé par les citoyens de Rouyn ne sera pas
nécessairement absorbé par les citoyens de Noranda. Les
coûts d'aqueduc et d'égout, certains coûts de services de
dépollution des eaux, ce qui est acquis chez vous, les gens les ont
payés dans leur bassin. Dans Rouyn, ils paieront dans leur bassin. Ce
sont des coûts qu'on peut lancer et on ne sait pas exactement où
cela s'en va.
Mais, avec une analyse formelle où on démontrera quels
sont ces coûts, on va démontrer également quels seront les
avantages pour les deux municipalités, s'il y en a, de faire une fusion.
À ce moment-là, on est dans une situation beaucoup plus claire
où les gens qui ont à se prononcer lors d'une élection ou
lors d'une consultation sont réellement bien informés; ils
peuvent prendre une décision en connaissance de cause. Donc, seriez-vous
prêts à vous soumettre, d'une certaine façon, à ce
processus de consultation et d'implication au niveau de l'aide technique du
ministère?
M. Bédard (Eugène): Vous avez fait un grand
exposé; alors, je suis obligé de répondre par tranches.
Tout de même, c'est vrai qu'on a un mandat, de la part des citoyens, de
ne pas parler de fusion, premièrement. Deuxièmement, quand vous
dites que les citoyens de Noranda seraient favorables à une fusion, je
vous dis: Dans le moment, non, ils ne sont pas favorables.
M. Saintonge: Je n'ai pas dit l'ensemble; j'ai dit certains
citoyens.
M. Bédard (Eugène): Certains citoyens, c'est un peu
mieux. J'avais compris la majorité des citoyens. En troisième
lieu, c'est que la loi, telle qu'elle est déposée, a
été déposée en Chambre le 14; le secrétaire
du député est venu me la porter vers 15 h 45. C'est une
photocopie. Alors, je ne sais pas si elle est complète ou si elle ne
l'est pas; elle n'a que trois pages. Il y a onze articles, M. Bibeau dit qu'il
y en a
quinze. Je suis un peu surpris, je n'en vois que onze. Mais, de toute
façon, c'est que cette chose nous arrive comme un cheveu sur la soupe et
elle nous empêche de profiter de la bonté, je dirais, du
ministère des Affaires municipales de nous permettre qu'il y ait une
étude de faite. On n'a qu'un projet de loi. À cet instant, il est
malaisé de dire: On va voir ce qu'on peut faire. C'est un
dépôt de projet de loi et on n'a pas eu la chance au
départ, ni un an, ni deux ans auparavant, de connaître la
possibilité de ces choses-là.
La loi nous privé, jusqu'à un certain point, de la
possibilité de nous défendre, dans les articles qu'il y a
là. Je ne suis pas un juriste, mais je crois qu'on ne peut pas beaucoup
se défendre contre cette chose. C'est une imposition. Que voulez-vous
négocier dans une imposition? Dans le moment, je ne peux pas vous dire
oui ou non. Mais je pourrais vous dire, par exemple, que si le
ministère...
M. Saintonge: Ma question se situe hors du cadre du projet de
loi. C'est cela, d'accord?
M. Bédard (Eugène): C'est cela. Hors du cadre du
projet de loi, nous avons toujours cru que le ministère des Affaires
municipales aurait dû nous demander: Aimeriez-vous participer à
une étude conjointe pour connaître les possibilités de
faire une fusion? On n'est certainement pas contre cela. Mais ce n'est pas cela
qu'on nous offre. On nous offre d'être morts et enterrés le 1er
janvier 1986. Cela commence comme cela. Alors, on ne parle plus!
M. Saintonge: Une 'dernière question. Est-ce qu'il y avait
une urgence récente qui s'est manifestée dans le décor
pour qu'on arrive, le 14 mai 1985, à moins de six semaines de la fin de
la session, même cinq semaines avant la fin de la session, avec un tel
projet de loi? Cela m'étonne. Je vous demande - vous êtes dans le
milieu - s'il y avait une urgence manifeste pour faire cela avant la fin du
moins de juin, dans un aussi court laps de temps.
M. Bédard (Eugène): Nous disons qu'il n'y a pas
d'urgence. La seule urgence provient de la ville de Rouyn qui fait pression
auprès du ministère. Jamais nous n'avons demandé quoi que
ce soit au ministère. On arrive devant un fait accompli, et bingo!
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le maire.
M. Bédard (Eugène): Merci, monsieur. M. Saintonge:
M. le Président, je comprends cependant que les municipalités
vont pouvoir revenir en fin de soirée.
Le Président (M. Marquis): Exactement. C'est pour cela que
je mets fin à cette partie de l'audition. J'invite maintenant la Chambre
de commerce du Rouyn-Noranda régional, représentée par Mme
Julie Bouchard, directrice générale, et M. Pierre Maheux,
président, à se présenter pour nous livrer son
message.
M. le président, si vous voulez présenter les gens qui
vous accompagnent et nous livrer le contenu de votre mémoire et vos
commentaires.
Chambre de commerce du Rouyn-Noranda
régional
M. Maheux (Pierre): Très bien, M. le Président, MM.
les membres de la commission. Je me présente, Pierre Maheux,
président de la Chambre de commerce du Rouyn-Noranda régional. Je
vous présente également, à ma gauche, le directeur
général de la Chambre de commerce du Rouyn-Noranda
régional, Mme Julie Bouchard, qui, à ce titre, travaille de
façon quotidienne aux dossiers de la chambre, et cela depuis 1979.
À ma droite, qui fait également partie du comité de
rédaction du mémoire «et qui semble avoir été
oublié dans la liste, je me permets de vous présenter Me Guy
Bourassa, avocat et membre du conseil d'administration élu de la Chambre
de commerce du Rouyn-Noranda régional.
Dans un premier temps, si vous me le permettez, M. le Président,
je vais immédiatement laisser la parole à Me Bourassa qui va vous
faire part du contenu du mémoire que nous venons de déposer. Par
la suite, nous serons, bien sûr, tous les trois aptes à
répondre, autant que possible, aux questions de la commission, à
émettre certains commentaires et à répondre à
certaines questions que Me Guertin, entre autres, a bien voulu nous adresser
tantôt. Là-dessus, je laisse la parole à Me Bourassa.
Le Président (M. Marquis): Me Bourassa.
M. Bourassa (Guy): M. le Président, MM. les membres de la
commission, dans un premier temps nous désisons faire une brève
introduction de façon à établir clairement que la Chambre
de commerce du Rouyn-Noranda régional est un interlocuteur valable
devant la présente commission. À cet effet, nous vous remercions
de l'occasion que vous nous donnez de faire entendre la position de nos
membres, les gens d'affaires de la Chambre de commerce du Rouyn-Noranda
régional.
Le 21 janvier 1927, la Chambre de commerce du Rouyn-Noranda
régional voyait le jour sous la dénomination sociale de la
Chambre de commerce de Rouyn. Aujourd'hui, 58 ans plus tard, la Chambre
de commerce du Rouyn-Noranda régional travaille au développement
ainsi qu'à la promotion économique et sociale des gens d'affaires
du territoire de la municipalité régionale du comté de
Rouyn-Noranda.
La chambre compte près de 500 membres, ce qui, sur un nombre
recensé de 1445 gens d'affaires, incluant les professionnels et les
artisans, les dépanneurs, la place parmi les chambres de commerce les
plus représentatives au Québec.
À cet effet, elle s'est méritée, à l'automne
1984, le prix Arthur P. Earle décerné annuellement par la Chambre
de commerce du Québec à la chambre qui a maintenu, au cours des
trois années précédentes, un taux constant de croissance
au niveau du recrutement et de la rétention de ses membres.
Maintenant, M. le Président, quelle est la position des gens
d'affaires que nous représentons? Elle est claire, elle est tout de
même assez précise. Nous sommes pour l'adoption du projet de loi
190 le plus tôt possible, c'est-à-dire avant l'ajournement de la
présente session.
À ce stade-ci, il est peut-être important de
répondre à la question de Me Guertin, procureur de la
municipalité de Noranda, à savoir si ce sont les dirigeants, les
administrateurs, quelques personnes qui voudraient se servir de l'influence et
de la bonne réputation de la chambre qui ' tentent de faire passer un
message. Je le rassure, ainsi que tous les autres qui pourraient avoir un doute
quelconque, ce n'est pas le cas.
Au cours du mois de mai 1985 - c'est tout de même assez
récent - la Chambre de commerce du Rouyn-Noranda régional a
préparé et envoyé aux 1445 places d'affaires dont on
parlait tout à l'heure - les recensés qui ne sont pas tous des
membres - du territoire de la municipalité régionale de
comté, un sondage dont une copie est reproduite à l'annexe I. Je
vous invite à la consulter.
C'est donc dire que tous les gens d'affaires, membres ainsi que
non-membres de la Chambre de commerce du Rouyn-Noranda régional, ont eu
la possibilité de se prononcer sur l'objet du projet de loi 190. Il est
important, cependant, de noter, pour qu'il n'y ait pas d'ambivalence, qu'une
enveloppe-réponse préadressée à l'endroit de la
chambre était incluse avec l'envoi, le sondage, mais que les frais de
port n'étaient pas assumés par la chambre. Nous croyons bien
sincèrement que, si les frais de port avaient été
acquittés par la chambre, la réponse aurait été
encore plus grande. Ce n'est pas grave. Elle a déjà
été très grande, la réponse.
En ce qui concerne le sondage réalisé par et pour la
chambre et qui établit clairement la position de la chambre, nous tenons
à préciser que c'est la firme Logicon (Rouyn) Inc., de Rouyn,
spécialisée dans le traitement informatique des données,
qui a traité les réponses reçues. Les résultats du
sondage, ainsi que la méthodologie employée sont reproduits
à l'annexe II.
C'est très intéressant d'aller jeter un coup d'oeil
à l'annexe II, surtout quand on pense à la question de M. Guertin
qui disait: Est-ce que vous avez eu un mandat de vos membres quant à
l'implication dans ce dossier? On n'a pas seulement eu un mandat pour
s'impliquer, on a eu la réponse. La réponse était claire,
elle était majoritairement pour la fusion, donc pour l'adoption du
projet de loi 190. Il y avait une question dans ce sondage, et je vous
réfère à l'annexe I, qui demandait: Êtes-vous pour
que votre chambre de commerce s'implique dans le débat?La réponse
est très claire. Vous voyez, à la cinquième colonne du
rapport de sondage qui vous a été donné, à l'annexe
II, que parmi les propriétaires de résidences, membres de la
Chambre de commerce du Rouyn-Noranda régional, à la
dernière ligne en bas, il y a 144 personnes qui ont répondu sur
160 personnes qui sont membres de la Chambre de commerce du Rouyn-Noranda
régional, donc 90 % des membres se sont prononcés pour
l'implication de la chambre. En toute déférence pour l'opinion
contraire, M. le Président, je crois que cela établit clairement
le pourquoi de la présence de la chambre de commerce ici aujourd'hui.
(17 h 15)
II est intéressant aussi d'analyser ce sondage. On peut voir
qu'il y a eu 231 réponses. 231 réponses sur 1445 envois, comme on
le mentionnait tout à l'heure, alors que les frais de poste
n'étaient pas assumés par la chambre, c'est, selon les gens qui
oeuvrent dans le milieu des sondages régulièrement, une
très bonne réponse. Même que cela ne se voit pratiquement
jamais.
II est encore plus intéressant de constater que, sur les 231
réponses traitées, il y en a 160 qui proviennent de membres de la
chambre de commerce. C'est dire qu'il n'y a pas seulement les gens de la
chambre de commerce, mais tous les gens d'affaires en général de
la région qui se sentent intéressés et qui demandent
à la chambre de faire valoir la position des gens d'affaires de la
municipalité régionale de comté de Rouyn-Noranda.
Il est important aussi de faire remarquer que, sur les 231
réponses, 179 ont apporté des commentaires. Répondre
à un sondage, c'est une chose, surtout pour des gens d'affaires qui sont
très occupés, qui ont des problèmes de temps et
d'effectifs. Ils doivent travailler de nombreuses heures et s'arrêter
pour répondre à un sondage, c'est une chose. Mais ils ont pris
davantage de
leur temps, jugeant à propos, M. le Président, d'ajouter
des commentaires, qui parfois - vous le verrez à la lecture de l'annexe
III - sont tout de même assez longs et réfléchis.
À titre d'exemple, nous avons cru bon de reproduire douze des
commentaires qui représentent environ l'ensemble des commentaires des
179 personnes. Vous les retrouverez aux pages 4 et 5. Ce qui revient le plus
souvent, c'est que cela coûterait moins cher d'administration et qu'en
marchant ensemble on en aurait plus. La majorité du temps, les gens
entendent par là qu'ils vont avoir plus de subventions. Il y a cela. On
dit aussi: "Une fusion des deux villes serait un stimulant économique
pour les PME, étant donné la réalisation possible de
mégaprojets et/ou l'augmentation de l'investissement dans notre ville.
"
J'aimerais encore attirer l'attention de cette commission sur le fait
que cela n'est pas des propos, des affirmations que des membres ou des
dirigeants de la chambre de commerce ont écrits sur du papier. C'est
pour cela qu'on vous a reproduit treize résultats du sondage, tout de
même faciles à lire. C'est textuellement écrit
là-dessus. On les a reproduits pour que cela soit plus facile à
lire et pour montrer aussi que les gens ont pris la peine de les écrire.
Ce n'est pas quelques têtes qui ont pensé à cela et qui ont
tenté vainement de se faire entendre.
L'une qui est intéressante, c'est: "Dommage que ce soit rendu
à un tel point que nous devons faire appel au gouvernement provincial et
rendre le débat si politisé. " Cette personne était
très consciente que c'est malheureux qu'on ne puisse pas faire cela
à l'amiable en présentant une requête pour regrouper les
deux municipalités.
Ce qu'on recherche le plus souvent dans les commentaires et ce qu'on
retrouve c'est qu'il faut que l'agglomération de Rouyn et de Noranda
devienne le pôle d'attraction. La chambre de commerce a toujours
présenté l'agglomération de Rouyn-Noranda et les
territoires environnants comme étant la capitale nationale du cuivre, la
capitale de la région. C'est important, selon les gens d'affaires, que
les deux municipalités soient regroupées. Qu'on arrête de
prendre le mot fusion dans un sens péjoratif. Tout le monde pense
à de la violence, à la prise par la force d'un autre. Qu'on
arrête de penser à la fusion et qu'on dise "regroupement". Je
crois que beaucoup de gens s'en porteraient mieux.
Il y en a ici une qui est intéressante: "Plus le dossier
traîne inutilement, plus nous perdons des revenus (subventions) et autres
possibilités. " On entend, par autres possibilités, des
possibilités d'affaires parce que des commerces ou des gens d'affaires
veulent venir s'établir dans les parcs industriels et ils ont de
sérieux problèmes avec la compétition, la rivalité,
dirais-je, entre les deux villes pour s'accaparer de nouvelles industries.
Certains prétendront, c'est leur droit, qu'on peut faire dire ce
qu'on veut à un sondage. Il y a des gens qui sont payés pour dire
des choses comme celle-là. II y a une chose que ces gens ne pourront
jamais faire, c'est contredire les commentaires qu'on retrouve sur les 179
feuilles de réponse à ce sondage.
Il est bon de rappeler que la grande majorité des
propriétaires d'entreprises, qu'ils soient membres ou non de la Chambre
de commerce du Rouyn-Noranda régional, est pour l'adoption du projet de
loi 190 parce qu'avoir à traiter avec deux villes soeurs, comme on les
appelle, freine le développement commercial et industriel de leur
agglomération.
Il y aurait de trop nombreuses anecdotes à raconter pour
illustrer les propos que nous tenons. Cependant, vous nous permettrez, M. le
Président, de vous relater l'histoire de nos trois - n'oubliez pas que
la population est de 26 000 habitants dans notre agglomération - parcs
industriels, et ce n'est pas une erreur de frappe.
En 1974, Rouyn et Noranda ont décidé de se doter d'un
service commun de promotion industrielle et commerciale en créant la
Commission industrielle de Rouyn-Noranda. Cet organisme avait, entre autres,
comme mandat "urgent" - ce n'est pas de l'invention, on tient cela d'un
document préparé par la Commission industrielle de Rouyn-Noranda
- d'intégrer les trois parcs industriels déjà existants
à l'époque. Déjà existants, il faut le dire vite.
Effectivement, sur le territoire, il y avait quelques industries. Il y avait
trois endroits qui étaient connus comme étant des "parcs
industriels". Donc, son mandat était de les intégrer dans une
structure homogène pour permettre leur aménagement, selon des
normes et des réglementations uniformes ou communes, dans le but
d'éviter la compétition entre les villes et de pouvoir profiter
des subventions gouvernementales. Un but louable, me direz-vous, M. le
ministre, et vous auriez raison.
Malheureusement, ce qui devait arriver arriva, et c'est la triste
histoire de beaucoup de dossiers. Pendant quatre ans, les deux villes soeurs -
les siamoises, comme le disait le député d'Abitibi-Ouest - se
sont chamaillées pour obtenir la subvention de 1 000 000 $
réservée à l'aménagement d'un parc industriel pour
l'agglomération. Pendant quatre ans, M. le Président, il y a eu
des chamailles, mais il y a une chose qui ne s'est pas faite, par exemple,
c'est l'aménagement d'un parc industriel. Pour les gens d'affaires que
nous représentons, il y a une chose qui est certaine: c'est qu'on ne
peut pas se permettre d'attendre quatre ans
alors que les élus municipaux se chamaillent pour savoir laquelle
des deux va avoir le 1 000 000 $ et laquelle des deux va pouvoir taxer les
nouvelles industries qui vont venir s'établir dans le parc industriel.
C'est pour cela, M. le Président, que plusieurs entreprises, lasses
d'attendre un terrain où s'établir, lasses de voir des chicanes
de clocher et un mur de refus, ont décidé d'aller s'installer
à Vald'Or, à La Sarre ou dans d'autres parcs industriels de la
région. C'est malheureux, mais c'est la triste
réalité.
Il est certain aussi que le Rouyn-Noranda régional,
l'agglomération qu'on tente aujourd'hui de regrouper, n'a pas perdu que
des investisseurs. Il a aussi perdu - c'est encore plus important parce que
personne, ici, ne va pouvoir le quantifier - de la crédibilité
auprès des investisseurs qui viennent d'autres régions, de la
région et même, parfois, d'outre-frontières. Les agents
économiques des autres villes déclarent souvent, à la
blague sans doute, j'espère: Continuez à vous chicaner,
Rouyn-Noranda, nous, pendant ce temps-là, on développe. Je suis
bien content de voir qu'il y en a qui sont capables de se développer. Ce
serait très intéressant qu'on puisse en faire autant ou avec
autant de facilité qu'eux.
Maintenant, M. le Président, je ne voudrais pas que des gens
extérieurs à la chambre de commerce croient que cela s'est
produit du jour au lendemain, que la chambre de commerce est pour la fusion,
pas pour la fusion, mais, comme je le disais, pour un regroupement des deux
municipalités formant l'agglomération de Rouyn-Noranda. Pas du
tout, M. le Président. Déjà, en 1951, les gens d'affaires
de Rouyn et de Noranda avaient compris que, pour un meilleur
développement économique et social, il fallait regrouper les
forces. Deux têtes valent mieux qu'une, cela s'appliquait dans ce
temps-là, cela s'applique encore aujourd'hui.
Ainsi, en 1951, la Chambre de commerce de Rouyn fusionnait avec la
Chambre de commerce senior. En 1927, on l'a vu tout à l'heure, cela a
été créé comme étant la Chambre de commerce
de Rouyn. La Chambre de commerce senior, c'était, en fait, un
regroupement de marchands de Noranda. Ces deux organismes en ont profité
pour se fusionner, pour se regrouper et pour changer leur dénomination
sociale en Chambre de commerce de Rouyn-Noranda. Quant à être
là, ils en ont profité pour adopter la nouvelle devise de la
Chambre de commerce de Rouyn-Noranda unifiée "E duabus una", de deux, on
ne fait qu'un. Vous excuserez, à ce stade-ci, mon accent latin.
Certaines personnes plus âgées que moi ou ayant eu la chance de
suivre des cours de latin seront peut-être choquées. Quoi qu'il en
soit!
Tout cela pour illustrer que c'est un signe précurseur à
la logique implacable des hommes d'affaires de cette époque, qui,
croyez-m'en, n'ont absolument rien à envier à ceux de notre temps
en fait de jugement. Déjà, en 1951, les gens de la Chambre de
commerce de Rouyn et ceux de la Chambre de commerce senior, qui étaient
des marchands de Noranda, ont cru bon d'unir leurs forces pour avoir un
meilleur auditoire, une meilleure présentation. C'est tout à fait
logique, c'est la même chose qu'aujourd'hui.
Selon nous, c'est une autre preuve visible de l'esprit d'unification de
l'agglomération - pas de la chambre, de l'agglomération - et de
recherche d'un meilleur développement économique et social.
D'ailleurs, la Chambre de commerce de Rouyn-Noranda est devenue, en janvier
1983, la Chambre de commerce du Rouyn-Noranda régional et elle a
décidé d'étendre son action au territoire dévolu
à la MRC de Rouyn-Noranda.
En conclusion, j'aimerais pouvoir dire que, malheureusement,
déjà beaucoup de temps s'est écoulé depuis la
première idée de regroupement de nos deux villes. Nous l'avons
entendu, d'ailleurs, au cours des deux interventions précédentes.
Beaucoup de temps, dis-je, mais surtout beaucoup d'énergie, beaucoup
d'argent, ce principal outil de développement. Cet argent, nous l'avons
perdu tant par le refus ou l'inadmissibilité à certaines
subventions que par les opportunités d'affaires perdues pour notre
région. Je crois que les quatre années de chicane et de
chamaillage enfantin que l'agglomération a connues de 1974 à 1978
pour l'aménagement de son parc industriel sont un bel exemple
d'opportunités d'affaires perdues pour l'agglomération; autant le
développement social et économique envolé vers d'autres
cieux.
Certains affirment ou affirmeront que le fait d'avoir ou non deux
entités ne nuit aucunement au développement économique et
social de l'agglomération. Permettez-nous de vous livrer quelques
récents faits particuliers qui démontrent le contraire.
L'honorable maire Bédard a fait allusion, tout à l'heure, au
projet d'une usine d'hydrogène à Noranda, disant que
c'était une question politique. De toute façon, on ne l'aurait
pas eue. Je ne savais pas que le maire Bédard était un devin.
Chose certaine, il n'y a personne à la chambre qui est devin. On ne peut
pas dire qu'on ne l'aurait pas eue parce qu'on ne peut pas le savoir car on n'a
pas fait faire d'étude. Pourquoi est-ce qu'on n'a pas fait faire
d'étude? Parce que la ville de Noranda n'a pas voulu payer pour une
subvention pour faire faire l'étude. Si cette étude avait
été faite et que, malheureusement, on n'avait pas eu l'usine
d'hydrogène, on aurait pu dire: Oui, c'était politique. Mais
qu'on ne vienne pas charrier en disant que c'est politique
quand on n'a même pas pris la peine d'investir des sommes pour
savoir si on pouvait accepter une usine d'hydrogène à Noranda de
façon à accueillir les nouveaux emplois et à
développer le secteur économique. Il ne faut pas être dupe,
M. le Président.
Un parc industriel commun pour un développement industriel mieux
planifié, cela date de 1983. Il y a eu les trois de 1974. En 1983, il y
a eu une idée qui est sortie comme cela - c'est peut-être
réaliste; à notre avis, oui - par la Corporation de
développement industriel et commercial de Rouyn-Noranda. Cette
présentation de projet d'un parc industriel unifié, cela a
été le début de la fin de cette même Corporation de
développement industriel et commercial du Rouyn-Noranda régional.
D'ailleurs, M. le maire Bibeau a fait la lecture ce matin d'une
résolution adoptée le 13 juin 1983 par le conseil municipal de
Noranda. Pour fins de référence, elle est reproduite à
l'annexe IV de notre mémoire. (17 h 30)
Aujourd'hui, après un an de tiraillements de part et d'autre
entre les deux conseils municipaux, on retrouve deux organismes de
développement pour le Rouyn-Noranda régional. Pas pire, pas pire!
Deux organismes de développement industriel et commercial dans une
agglomération de 26 000 personnes. On parlait tantôt de bien
administrer, on parlait tantôt de chiffres, on disait qu'il fallait faire
des économies d'échelle. Je pense qu'on n'a pas grand-chose
à envier aux autres agglomérations de la province à ce
niveau-là!
Quelle est l'image de l'agglomération du Rouyn-Noranda
régional? La chambre de commerce, depuis plusieurs années,
travaille à donner l'image d'une capitale nationale du cuivre. Ce n'est
pas une mince tâche de donner une image de capitale nationale - pas
provinciale - du cuivre! Comme je le disais tout à l'heure, un projet
pour doter le Rouyn-Noranda régional d'une image, d'une
crédibilité, de quelque chose d'attrayant pour l'investisseur
potentiel, c'était en 1983-1984 qu'on parlait de cela. Mais le refus des
deux villes d'appuyer moralement ce projet a failli faire échouer une
demande de subvention fédérale d'environ 150 000 $. Excusez-moi,
le refus d'une des deux villes qui était Noranda. On me corrige et je
vous en remercie. Présentement, ce projet de doter
l'agglomération de l'image de la capitale nationale du cuivre est en
phase terminale. Les équipements obtenus par le biais de ce projet - je
le mentionnais tout è l'heure, 150 000 $ d'équipements, - sont
installés dans la ville de Rouyn et les municipalités
d'Arntfield, Lac-Dufault et McWatters, rien à Noranda. Pourtant, le
principal commanditaire, ayant un intérêt bien particulier
à voir réaliser ce projet, est installé dans cette
ville.
M. le Président, il est maintenant temps d'arriver avec les
recommandations de la Chambre de commerce du Rouyn-Noranda régional sur
le projet de loi 190 concernant les villes de Rouyn et de Noranda.
Nos recommandations et notre position sont les suivantes:
Que le projet de loi 190 concernant les villes de Rouyn et de Noranda
soit adopté avant la fin de la présente session.
Que soit incluse à l'intérieur de ce projet de loi 190 la
façon dont les dettes actuelles de chacune des villes seront
assumées.
Que le projet de loi 190 assure une juste représentativité
des deux populations concernées au sein du conseil de la ville de
Rouyn-Noranda.
Finalement, de deux ne feront qu'un, c'est à réaliser
immédiatement pour le bien-être économique et social du
Rouyn-Noranda régional.
M. le Président, qu'il me soit permis, à titre de
représentant de la chambre de commerce, de faire le commentaire suivant.
Le projet de loi 190 - j'écoutais les intervenants avant nous - pour un,
c'est de la violence, pour l'autre, c'est une nécessité.
Donnez-nous la chance de nous faire entendre. Et on joue à la vierge
violentée de part et d'autre! Le projet de loi 190, en ce qui concerne
la Chambre de commerce du Rouyn-Noranda régional, dans sa forme
actuelle, ne se veut qu'un léger coup de pouce aux deux administrations
municipales en place pour leur permettre de se regrouper de la façon
qu'elles voudront. En effet, qu'on regarde la projet de loi 37 qui a
été sanctionné le 23 juin 1982, concernant les villes de
Baie-Comeau et de Hauterive. Je suis certain que l'administration municipale de
Noranda a déjà jeté un coup d'oeil sur ce projet de loi
qui est maintenant adopté et a été à même de
constater l'épaisseur volumineuse de ce texte où on règle
à peu près tout. On parlait de démocratie, on parlait
tantôt de violence faite à nos droits les plus
élémentaires. Si on est violentés, je me demande ce qui
s'est passé à Baie-Comeau et à Hauterive! Cela, c'est un
projet de loi violent, celui de Baie-Comeau et de Hauterive, mais pas le projet
de loi 190.
Dans le projet de loi 190, on vous dit: Écoutez, les gars, vous
n'êtes pas capables de présenter une requête commune parce
que et parce que... Je crois que le maire Bédard a, tout de même,
été assez clair dans ses réponses pour la simple et bonne
raison qu'il a eu un mandat qu'il juge clair et il a raison. Il juge clair de
ne pas fusionner pendant son règne, jusqu'en 1986. C'est la seule
raison, qu'il a invoquée, du moins, qui l'empêche de discuter avec
la ville de Rouyn pour présenter à ses élus un projet de
règlement pour adoption, afin de permettre à
la ville ou à la municipalité de Noranda de
présenter conjointement avec la ville de Rouyn un projet de
requête pour se regrouper en vertu de la Loi favorisant le regroupement
des municipalités.
Finalement, on essaie - je n'ose même pas utiliser trop fortement
ce mot - on force un peu la main, on donne un léger coup de pouce
à deux parties qui, depuis 20 ans, ont manqué de très peu
le bateau pour se fusionner. On l'a vu tout à l'heure; la carte est tout
de même assez explicite. Ne mettez pas les limites dessus, elles ne sont
pas dessus. Trouvez Rouyn et Noranda là-dedans! Je vous défie de
venir vous promener dans les places d'affaires de Rouyn et de Noranda,
n'importe qui, et de faire la différence entre un commerce et l'autre.
C'est pratiquement impossible. On parlait du sentiment d'appartenance tout
à l'heure. Il est assez grand, le sentiment d'appartenance, M. le
Président, à l'agglomération de Rouyn-Noranda, pas
à l'une ou à l'autre.
Sur ce, nous allons terminer notre présentation et nous sommes
prêts à répondre aux différentes questions des
parlementaires.
Le Président (M. Marquis): Merci, Me Bourassa. Il reste
environ 22 minutes; une dizaine de minutes du côté gouvernemental.
M. le député de Rouyn-Noranda-Témiscaminque.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Térhiscamingue): M. le
Président, je remercie la chambre de commerce de son
intérêt pour ce dossier très important pour l'avenir de la
communauté de Rouyn-Noranda. Ma première question, je l'adresse
à n'importe quel des intervenants puisque c'est un point qui a
été soulevé avec beaucoup d'intérêt, beaucoup
d'émotions aussi et qui est tout è fait légitime,
d'ailleurs. En ce qui concerne le référendum, je voudrais
demander à la chambre de commerce ce qu'elle pense de l'hypothèse
ou des idées qui ont été évoquées ce matin
et qui circulent actuellement, bien sûr, chez nous, soit la question d'un
référendum, d'abord, et d'une fusion par la suite.
M. Maheux: M. Baril, comme Me Bourassa l'a souligné, si on
tient avec un tantinet d'agressivité à ce que Rouyn-Noranda garde
la proue dans le développement régional de la région, cela
tient au fait que cela nous a été reconnu depuis toujours
à Rouyn-Noranda et on ne tient pas à le perdre, sachant
qu'ailleurs cela bouge beaucoup plus parce qu'il y a déjà eu des
unifications. On en voit le résultat maintenant et on n'a qu'à
aller voir des parcs industriels situés à d'autres endroits dans
la région.
En ce qui a trait au référendum, ce qui nous
inquiète beaucoup - et vous serez à même de nous le
confirmer, M. le député -c'est que depuis que le projet de loi
est déposé - et cela ne date pas d'hier qu'on parle de fusion; il
est déposé depuis le mois de mai, cela fait presque un mois -
sauf erreur, vous-même à votre bureau, à ce que j'ai su,
vous n'auriez reçu qu'un appel concernant la fusion. Nous, à la
chambre de commerce, à ce que je sache - et je me réfère
à notre directeur général - on n'a pas eu d'appels
particuliers sur ce débat, alors que normalement, dans le cadre d'autres
municipalités où cela s'est déroulé au
Québec, ce serait un débat public terrible. Les villes, à
ce que je sache, n'ont pas eu de commentaires à la tonne sur la fusion
ou la non-fusion.
Nous disons que, s'il y avait référendum, à la
lumière des sondages, à la lumière des élections -
et il y en a quand même un grand nombre qui sont pour - ne servirait
qu'à envenimer une situation. On identifie à Rouyn-Noranda une
population, pas deux populations. On identifie une population et deux conseils
d'administration municipaux qui ne sont pas capables de régler... Et
là, je fais une large parenthèse en disant que la chambre n'est
pas là pour tirer des roches à un conseil de ville ou à
l'autre. Nous disons que les deux conseils de ville en place ont sainement
administré leur ville, Noranda et Rouyn, dans les deux cas. Les chiffres
apportés par la ville de Noranda, par la présentation de M.
Bédard et, surtout, par celle de M. Fiset qui est depuis nombre
d'années à la municipalité de Noranda, confirment ce que
nous savons déjà, c'est que Noranda gère très bien
sa ville et on ne peut pas lui reprocher cela.
Mais, comme il a été démontré
également, la ville de Noranda a, heureusement pour ses citoyens, su
bénéficier d'implantations mises là par une compagnie qui
s'appelle Noranda inc. Tant mieux pour elle, sauf qu'il me semble, à ce
que je sache du maire de Noranda, M. Bédard, que, lorsqu'il était
à Hydro-Québec, il a tout le temps été soucieux de
l'équité envers tous les employés. Je pense qu'il a
été actif à ce niveau-là. Lorsqu'on prend toute
l'agglomération de Rouyn-Noranda, qu'on parle d'équité et
de justice là également et qu'on tient, je dirais,
artificiellement deux structures administratives sans aucune
équité existante entre ces deux entités pour les citoyens
de chacune des municipalités, là, je dis: C'est dangereux.
C'est dans ce sens-là qu'au niveau du référendum il
n'est même pas question encore de référendum et il est
déjà apparu cette semaine, dans le journal La Frontière,
une première présentation de ce que seraient des discussions
à couteaux tirés qui voleraient assez bas, merci, alors
qu'actuellement on n'en entend même pas
parler. Cela séparerait des familles, cela séparerait des
amis comme cela s'est fait dans bien des cas parce que là discussion se
ferait, par exemple, comme M. Fiset l'a démontré. Je ne nie pas
les chiffres de M. Fiset. De toute façon, je ne suis pas administrateur
municipal. Je ne peux pas dire s'il a tort ou s'il a raison, mais je pense que
ses chiffres sont fondés. Ce qu'on dit, ce n'est pas que cela ne va rien
coûter, ce n'est pas que cela va coûter moins cher, ce n'est pas
que cela va coûter plus cher; c'est que la fusion, l'unification de ces
deux entités municipales va faire réaliser à une
population unique qu'il y a une frontière entre les deux. Lorsqu'elle
lit le journal du même nom ou les autres médias et lorsqu'elle
écoute les nouvelles et qu'elle entend parler de cela, elle se dit:
C'est vrai, il y a deux conseils municipaux, j'oubliais cela. Ma soeur est
l'autre bord de la rue, elle est à Noranda. Mon père est de mon
bord à Rouyn, ma soeur, ma belle-soeur est là. On vit tous en
famille, c'est la même ville, c'est la même entité. On jase
avec les gens des autres villes de la région et c'est Rouyn-Noranda.
C'est vrai, vous autres, vous êtes en guerre. Mon Dieu! C'est vrai, vous
n'êtes pas sortis de là encore. C'est-y de valeur! Il me semble
que cela se serait développé encore plus si vous aviez
fusionné depuis longtemps. C'est le danger du référendum,
de lancer cette guerre ouverte et de réveiller les gens.
Je ne parle pas de l'information parce que l'information est là.
Le projet de loi privé est déposé et les gens ne
réagissent même pas. Pourquoi? Parce qu'à 90 % ou 95 % au
niveau des gens d'affaires, notre sondage le prouve, les gens sont
tannés. Faites-la, la fusion. Elle est due, elle est "surdue".
Dans un commentaire tantôt, M. Saintonge posait la question:
Est-ce qu'il y avait une question d'urgence quand le projet de loi a
été déposé? Urgence? Je dirais, sauf votre respect,
M. Saintonge, que le mot n'est plus à être utilisé. Depuis
1951 qu'on parle de fusion, depuis 1970, quand M. Camille Samson était
président de la chambre et qu'il est allé déposer devant
les conseils de ville des éléments et des propositions de la part
des gens d'affaires, disant: La fusion devrait être souhaitée;
depuis 1978, quand la chambre de commerce a organisé au collège
de l'Abitibi-Témiscamingue un colloque où tous les intervenants
de tous les niveaux, autant des deux municipalités, se sont
réunis et sont sortis avec un mandat clair et net qu'il fallait faire
des démarches et faire en sorte que la fusion se fasse à
Rouyn-Noranda, cela pressait déjà, à ce moment-là.
C'était une urgence.
Bien, en 1985, on est en retard. Il y a des choses qui nous ont
échappé parce que la fusion ne s'est pas faite dans le
passé. Tant mieux pour les résidents et citoyens de Norandal
Encore une fois, je tiens à le préciser, il n'est pas question de
tirer des roches aux entités administratives qui sont là, sauf
qu'au niveau structural il y en a une de trop, une de trop dans le nombre, ni
Noranda, ni Rouyn. Qu'elles se parlent et qu'on forme une entité
administrative. La réponse a été longue, mais il y a des
points que... (17 h 45)
Si vous me le permettez, M. le Président, Me Guertin qui
représente la ville de Noranda m'a personnellement adressé des
questions, à titre de président de la chambre de commerce,
auxquelles j'aimerais répondre. Il y en avait plusieurs que je n'ai pas
pu prendre en note, sauf que j'ai retenu une notion de démocratie.
Le conseil d'administration de la Chambre de commerce du Rouyn-Noranda
régional, en 1985, a été élu de façon
démocratique et majoritaire. J'ai reçu, en tant que
président, un large mandat, ce qui n'est pas le cas de certains. Le
conseil d'administration a eu un mandat très majoritaire. Dès que
le dossier a refait surface cet hiver, on a été invité,
comme organisme, parce que dans le passé, on a été
très actif, en 1980, en 1981 et en 1982, sauf qu'au sein de la chambre
de commerce et de ses comités il n'y avait même pas de
comité de fusion depuis 1982. On a été sollicités
pour donner notre avis et pour dire si on doit s'impliquer. J'en avais le
mandat et le conseil d'administration en majorité voulait qu'on
s'implique immédiatement et qu'on dise oui à la fusion. J'ai dit
non aux membres du conseil d'administration.
Par exemple, M. Bédard a été élu par 24 voix
de majorité. C'est la démocratie, il a tout son mandat. Le fait
de dire qu'il a eu un mandat... Je ne veux pas le dire de façon
pédante, mais j'ai eu un mandat majoritaire et cela ne m'a pas
empêché de me poser une question depuis que le temps
évolue, que les années passent et que la mentalité change,
dans Rouyn-Noranda, surtout dans Noranda parce que ces gens ont
été quand même choyés. Tant mieux pour eux, je le
répète. Au niveau des gens des entreprises, également, les
mentalités ont changé.
En 1979, on a déposé le résultat d'un sondage fait
par l'Université du Québec qui disait majoritairement oui
à la fusion, dont 59 % à Noranda. Eh bien, quand on a fait un
sondage qui sort à 80 %, à 85 % et à 90 % pour, je me dis:
Il y a évolution. Quand cela a été le temps de s'impliquer
ou non, pour la chambre de commerce, je me suis dit: Cela a peut-être eu
le temps de changer. On se revire de bord. Oui, on est démocratiques, M.
Guertin, et oui, on va consulter nos membres. On envoie des questionnaires
à nos 1445 gens d'affaires et on nous répond avec 179
commentaires écrits
de leur propre main, nous disant: Oui, il faut la fusion; cela aurait
dû être fait depuis longtemps.
Là-dessus, je laisse finir les questions. J'aurai peut-être
d'autres éléments à ajouter, également.
Le Président (M. Marquis): Il faudrait qu'elles soient
très courtes.
M. Gendron: Oui, très courtes, une minute.
M. Maheux: Excusez-moi, M. le Président, j'espère
qu'on a une heure complète. Je ne sais pas à quelle heure...
M. Gendron: Il faut arrêter à 18 heures.
Le Président (M. Marquis): Vous avez jusqu'à 18
heures.
M. Gendron: Est-ce que c'est prévu qu'ils reviennent
après le souper?
Le Président (M. Marquis): Non.
M. Gendron: Ce sera très rapide. Je vais dire deux mots
sur la crédibilité de la chambre de commerce. Je pense qu'elle ne
fait aucun doute, compte tenu de ce que vous êtes, etc. La question que
je voudrais poser, c'est requis et c'est utile, cela ne fait aucun doute, votre
mémoire le démontre très bien. Mais pour ce qui est de la
teneur du projet de loi, est-ce que, à votre avis, effectivement, c'est
un projet de loi qui n'est pas contraignant et qui contribuerait davantage,
dans sa forme actuelle, à permettre que les deux parties
elles-mêmes définissent non pas le charabia que le
député de Mont-Royal mentionnait tantôt, mais toute la
question de la détermination des taxes de secteur? Cela existe et on
laisse la chance aux deux villes de s'asseoir ensemble et de définir
elles-mêmes comment chacune sera respectée dans ses
particularités pour, effectivement, tenir compte d'une situation
réelle. C'est probablement parce que vous avez bien lu le projet de loi
que vous dites: Il n'est pas d'une forme agressante qui fait que c'est
l'État québécois qui déciderait à la place
des deux villes de prendre leurs responsabilités. Est-ce que c'est bien
dans ce sens que vous avez vu le projet de loi?
M. Maheux: Exactement. Je vais laisser Me Bourassa
développer l'idée.
M. Bourassa: Pourquoi retrouve-t-on dans nos recommandations le
fait d'inclure dans le projet de loi de quelle façon les dettes
actuelles des deux municipalités ou de la ville et de la
municipalité seraient assumées? C'est que, dans les autres
commentaires que nous avons eus - nous en avons reproduit treize en annexe,
mais il y a quand même les autres - revenait de façon assez
fréquente la mention suivante: On est pour la fusion, mais on aimerait
avoir plus d'informations sur les taxes. Qui va payer les taxes de Rouyn? Qui
va payer les taxes de Noranda? C'est pour cela que, après lecture et
étude du projet de loi 190, lequel, on le répète, n'est
absolument pas contraignant... Comme je le disais, c'est le coup de pouce qui
manque depuis 20 ans, c'est l'allume, le bouttefeu qui nous manquait pour
commencer l'expansion régionale. Il manque cela pour que les gens ne
puissent pas dire: S'ils ne s'entendent pas, qu'est-ce que le ministre va faire
avec les dettes? Là, tout le monde va dire: On se fait avoir encore, on
va payer les dettes de Rouyn, bla-bla-bla. Du memérage de même,
cela nuit à une prise de décision concertée. Si on
incluait tout de suite, dans le projet de loi 190, un article ou deux, au
maximum, qui disent: Les dettes de la ville, à telle date, vont
être assumées par ce secteur et les dettes de l'autre secteur...
après cela, on marchera au prorata, ce serait une protection de plus,
peut-être une assurance nécessaire pour le commun des
citoyens.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. Bourassa. M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: J'ai une question. Vous mentionnez que, dans le
projet de loi, il n'y a rien. Dans le projet de loi, tout ce qu'on dit aux
villes c'est: À telle date, bingo, vous êtes ensemble. Si vous ne
vous entendez pas, si vous ne respectez pas ce qu'il y a dans la Loi favorisant
le regroupement des municipalités, il y a un processus à
suivre... Le processus qu'il y a à suivre, c'est fort simple: on prend
le projet de loi et on se réfère aux articles de la Loi
favorisant le regroupement des municipalités qui dit simplement ce que
contient une requête conjointe. C'est cela que vous faites, bingo! On
dit: Si cela ne marche pas, si on ne s'entend pas sur les chiffres qu'on vous
donne pour ce qui est de l'entente sur la répartition des dettes des
villes, le ministre va décider parce que vous avez tant de temps pour le
faire, et bonjour. On parle de démocratie...
M. Marcoux: On peut s'inspirer d'un avis judicieux de la
Commission municipale.
M. Saintonge: D'accord, on peut s'en inspirer, mais le
problème est le suivant: c'est qu'il y a une disposition de la loi qui
dit qu'on peut faire une requête conjointe. Cette requête conjointe
ne s'est pas faite. On peut dire pourquoi. Peut-être que Noranda l'a
refusée, je peux être d'accord avec vous, monsieur. Mais il y a
une chose
que j'ai soulignée ce matin. En aucun temps, Rouyn n'a
demandé à Noranda de le faire d'une façon formelle par une
résolution. Cela fait 20 ans que cela traîne. C'est urgent depuis
longtemps. Cela aurait dû se faire il y a quatre ans. Pour autant que je
sache, le député actuel est là depuis quatre ans. C'est
drôle qu'il ait pensé, au mois de mai 1985, qu'il fallait faire la
fusion, bingo, avant le mois de juin. C'est cela que je trouve curieux. Quelle
urgence! Ma question d'urgence est seulement là. D'accord?
Deuxièmement, il y a des possibilités que les
citoyens se prononcent. Vous nous parlez d'un sondage de la chambre de
commerce. Je suis bien d'accord, vous avez 179 réponses.
M. Bourassa: Non, 231...
M. Saintonge: Oui, 231 réponses, je m'excuse.
M. Bourassa:... dont 179 sont des membres.
M. Saintonge: Proviennent de la chambre. Il reste cependant que,
vis-à-vis des chiffres que je peux prendre, si je regarde les
propriétaires de résidences de Noranda, il y en a 55 qui ont
répondu, plus 7 qui sont indécis, ce qui fait 62...
M. Bourassa: Oui.
M. Saintonge:... personnes de Noranda qui sont
intéressées. D'autre part, dans le sondage qui a eu lieu en 1982,
il y avait quand même 2245 votants. Vous en avez exactement 55 plus 7,
62, en comparaison avec les hommes d'affairés,
M. Bourassa: Vous comparez des pommes et des tomates.
M. Saintonge: Non, je ne compare pas des pommes et des tomates,
je compare des gens qui...
M. Mafieux: Vous comparez des citoyens qui avaient le droit de
vote...
M. Saintonge: C'est cela.
M. Maheux:... avec un groupe de gens d'affaires qui ne pouvaient
pas être 2000 hommes d'affaires résidant à Noranda, il n'y
en a pas autant.
M. Saintonge: Bon, d'accord. Vous allez admettre avec moi
qu'à la chambre de commerce vous vous prononcez en faveur du
développement économique et pour que la ville soit ensemble. On
est d'accord avec cela, je ne suis pas contre les fusions.
M. Maheux: Oui.
M. Saintonge: La seule question que je veux vous poser: Vos
membres peuvent-ils se prononcer? Vous accordez une importance à vos
membres au point de vue du développement économique
éventuel de la région. Là-dessus, je vous mentionne
simplement qu'il y en a 62 de Noranda.
M. Maheux: Mme Bouchard?
M. Saintonge: Est-ce que vous ne pensez pas que les citoyens de
Noranda ont le droit de se prononcer en connaissance de cause, tel que la Loi
favorisant le regroupement des municipalités le permet? Dans le projet
de loi actuel, à l'article 6, on tient pour acquis, dans
l'immédiat, le contenu de la requête conjointe,
c'est-à-dire quelles sont les modalités d'entente qui peuvent
exister. Entendez-vous là-dessus rapidement. Simplement au point de vue
de la démocratie - cela revient un peu à la question que Me
Guertin vous posait - quels éléments donne-t-on aux citoyens de
Noranda pour qu'ils s'expriment là-dessus? Quelle reconnaissance a-t-on
d'un conseil municipal dûment élu, peu importe la majorité,
avec un mandat clair d'antifusion?
M. Maheux: Je n'aimerais pas répéter toute
l'argumentation concernant le référendum et le genre de guerres
qu'on n'aimerait pas retrouver à Rouyn-Noranda. Il y a même eu des
rebondissements à l'Assemblée nationale concernant d'autres
villes.
Par ailleurs, quand on parle de représentativité, on ne
peut pas demander à une chambre de commerce de sonder la population
lorsque ses membres... Une ville, ce sont ses citoyens, nous autres, ce sont
les membres. Sur cela, je sais que Mme Bouchard a un complément.
Mme Bouchard (Julie): J'étais à la chambre de
commerce lorsqu'il y a eu le référendum à Noranda. Le
conseil municipal de Noranda était divisé sur la question et le
maire est resté sur la clôture, il n'a pas voulu se prononcer. On
a décidé de faire un référendum et, je le dis tout
de suite, le maire de Noranda avait mis en garde dans le temps le
président de la chambre de commerce, M. Thibault et il l'avait fait
publiquement. Il avait dit à la chambre de commerce de ne pas se
mêler de cela parce que c'était l'affaire des citoyens de Noranda
et que la chambre représentait les gens d'affaires. Il mettait en garde
les gens d'interpréter certaines allégations, de dire certaines
choses qui étaient fausses. Il a dit: Au cours du débat, je
rétablirai la vérité.
Alors, il l'a fait pour la chambre en la mettant en garde et, ensuite,
vous avez vu
la brique que la ville de Rouyn a présentée, qui est
très volumineuse. Noranda l'a fait traduire en anglais et les
non-fusionnistes sont partis en peur avec cela. Ils ont dit toutes sortes de
choses. Vous prenez les chiffres et vous leur faites dire ce que vous voulez.
Les gens, quand il est question de pain et de beurre, de piastres, aujourd'hui,
ne pensent pas que leurs jeunes peuvent en gagner 100 $ demain. Donc, pour les
gens, "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras". C'est une des raisons.
Je reviens au maire, lorsqu'il a dit: Je vais rétablir la
vérité. J'ai retrouvé cela dans un procès-verbal de
la cité de Noranda. Il y a des citoyens qui ont dit: M. le maire, il y a
des mensonges qui sont dits par les non-fusionnistes et vous aviez
affirmé que vous étiez pour rétablir la
vérité. Pourquoi ne le faites-vous pas, M. le maire?
M. Saintonge: Le maire actuel?
Mme Bouchard: Non, M. le maire Bradley. M. Bradley a dit:
Écoutez...
M. Saintonge: D'accord, mais écoutez, on s'étend.
On est sur le référendum de 1981. On peut interpréter le
référendum comme si... Mais ma question portait principalement -
je comprends qu'on peut prendre des chiffres - sur le droit à la
consultation de la population.
Mme Bouchard: Oui.
M. Saintonge: Tantôt, on parlait de prise de
décision concertée, mais, à mon sens, quand il y a
concertation, les gens se parlent. Les gens savent sur quoi ils vont voter. Ils
savent ce qu'ils' vont accepter. Si, au moment du référendum
antérieur, la connaissance des gens n'était pas" complète
pour valablement décider pour ou contre la fusion...
Mme Bouchard: C'est à cela que je vous réponds.
M. Saintonge:... si les informations n'avaient pas
été données...
Mme Bouchard: L'information avait été
donnée, elle était dans la brique et le maire du temps a dit: On
l'a fait publier, elle est un peu partout, elle traîne. Les gens ont
seulement à en prendre connaissance et je n'ai pas le temps de
réfuter les allégations. Alors, je me dis: Si on se fie sur les
gens de Noranda qui sont non-fusionnistes pour dire la vérité aux
gens, si on se fie sur ceux qui sont pour la fusion, parce qu'il y en a
plusieurs ici qui sont pour la fusion, qui étaient là dans le
temps et qui ont été... Je dois le dire, c'est un reproche que la
chambre a fait parce qu'on avait demandé à la chambre de se
retirer du débat. On a trouvé que les gens qui étaient
pour la fusion avaient été très doux. Ils ne relevaient
aucun mensonge parce qu'ils disaient: Les gens vont comprendre que cela n'est
pas vrai. Peut-être ont-ils trop présumé que les citoyens
comprendraient.
M. Saintonge: D'accord, mais si vous aviez...
M. Maheux: C'est une guerre d'information, à un moment
donné, et je ne voudrais pas embarquer dans un paquet de détails,
mais il s'est passé des choses, comme aller voir des personnes
âgées dans un HLM à Noranda et leur dire: S'il y a une
fusion, vous sortez d'ici et ce sont les gens de Rouyn qui s'en viennent. C'est
ce genre de choses dans lesquelles on ne veut pas entrer. Mais, quand on parle
d'information et d'informer les gens, c'est le danger qu'il va y avoir, parce
qu'il va y avoir toutes sortes d'informations véhiculées.
Là, on dépose un projet de loi et il n'y a même pas une
réplique...
M. Rocheleau: En démocratie, il faut que vous acceptiez
cela.
M. Maheux:... ou un point d'interrogation de la part de la
population, y compris de celle de Noranda, auprès de notre
député pour dire: Cela n'a pas de bon sens, cette fusion ne
devrait jamais avoir lieu. Il y a même pas un appel
téléphonique pour cela.
M. Saintonge: Avec ce que vous me dites, la seule interrogation
qui me reste -le temps achève - c'est: Quel est le danger - vous me
dites qu'on n'est pas pour tomber dans une guerre encore une fois -
vis-à-vis de ce que vous me dites? Il n'y en a pas de danger, d'autant
plus que vous reprochez le fait que les informations données aux
citoyens antérieurement étaient incomplètes. La Loi
favorisant le regroupement des municipalités prévoit qu'une
étude conjointe est faite avec l'aide du ministère des Affaires
municipales et, avec cette aide technique, on peut faire monter un dossier
conjointement par les représentants des deux villes qui, finalement, va
démontrer noir sur blanc quels sont les avantages, quel est le
coût, ce que c'est. Ce n'est pas chaque ville qui va en faire une. C'est
une étude conjointe qui va se faire avec l'aide technique du
ministère. Quand c'est arrivé là, je me dis: Quel est le
danger pour la population si vos prétentions sont exactes? Je ne les
mets en doute d'aucune façon. Si c'est exact, dans ce cas, très
rapidement, les gens vont l'accepter et il n'y aura peut-être même
pas de référendum.
M. Maheux: Honnêtement, M. Saintonge,
je vous pose la question en même temps que j'y réponds. Si,
comme votre confrère, M. Rocheleau, vous étiez venu à
Rouyn-Noranda, je crois qu'il y a certaines questions que vous n'oseriez
même pas poser parce que c'est l'évidence même.
M. Saintonge: J'ai déjà visité
Rouyn-Noranda, pour votre information, au cours des quatre dernières
années, à quelques occasions. J'y suis déjà
allé. Vous m'avez dit que je n'y étais pas allé.
M. Maheux: Dernièrement. Je serais curieux de savoir ce
que vous en pensez, mais des sondages, des études, des briques
épaisses, des 50 000 $, il y en a eu de mis et vous voulez qu'on en
mette encore. Nous disons: Non, il y en a eu assez. Les gens attendent
après cela, ils sont tannés, ils nous disent: Faites-la, on en a
assez entendu parler. Nous pensons que la fusion doit se faire dans ce sens.
Également, une personne est venue dernièrement à
Rouyn-Noranda, qui n'est pas de Rouyn-Noranda, qui est motivologue de
profession et qui, au cours de la soirée, a passé un message qui
est, je pense, très à propos. Il y a eu des situations à
Rouyn et à Noranda qui ont fait que les villes, de part et d'autre, pas
juste d'un côté... Je trouve un peu malheureux que la ville de
Noranda soit un peu agressive à l'endroit de la chambre, car on ne l'est
pas du tout. Que disait ce motivologue? Je cherchais mon idée. C'est
malheureux, les propos qui auraient été dits dans certaines
situations, mais je pense qu'il est plus important, comme disait ce
motivologue, de regarder dans le pare-brise avant, quand tu t'en vas en auto,
que de regarder dans le petit rétroviseur pour voir ce qu'il y a en
arrière. C'est pour cela que le pare-brise est grand et que le
rétroviseur est petit, pour que tu regardes plus en avant et que tu en
laisses en arrière un peu. C'est comme cela qu'on va faire une capitale
nationale du cuivre et une métropole régionale. Merci.
Le Président (M. Marquis): Sur ce, merci beaucoup, M.
Maheux. La commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
(Reprise à 20 h 10)
Le Président (M. Marquis): La commission parlementaire de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux afin de
poursuivre la consultation particulière sur le projet de loi 190, Loi
concernant les villes de Rouyn et de Noranda. Nous avons, comme groupe
invité, la commission scolaire de Rouyn-Noranda,
représentée par M. Jacques Lafrenière, son
président, et M. Normand
Dionne, directeur général intérimaire. Nous avons
une heure, jusqu'à 21 h 10. La parole est à vous.
M. Marcoux: M. le Président...
Le Président (M. Marquis): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux:... seulement dix secondes pour m'excuser
auprès de nos invités si, vers 20 h 25, je dois quitter. Je vais
revenir environ vingt minutes plus tard. J'ai un discours à prononcer
à l'Assemblée nationale sur le projet de loi 44, sur
l'harmonisation de la loi 90, Loi sur la protection du territoire agricole,
avec la loi 125 sur l'aménagement du territoire. Je serai absent quinze
minutes, je m'en excuse.
Le Président (M. Marquis): Très bien, M. le
ministre. Je donne la parole au président, M. Jacques
Lafrenière.
Commission scolaire de Rouyn-Noranda
M. Lafrenière (Jacques): M. le Président, MM. les
ministres, Mme la députée, MM. les députés,
mesdames et messieurs, je me présente: je suis président de la
commission scolaire de Rouyn-Noranda et j'habite à Noranda. Je peux vous
dire que le directeur général habite à Rouyn. Ce sont des
détails, mais on se chicane rarement.
M. Marcoux: C'est le seul lieu où il y a une entente entre
les deux?
M. Lafrenière (Jacques): On se chicane rarement.
M. Marcoux: Rarement! Citez-nous un cas.
M. Lafrenière (Jacques): Après, à
l'extérieur des micros. J'aimerais souligner que la commission scolaire
de Rouyn-Noranda, lors de sa dernière assemblée
régulière, a décidé par vote unanime... C'est une
chose très rare de nos jours qu'une commission scolaire, par vote
unanime, décide d'appuyer un projet de loi du gouvernement. Pour les
derniers projets de loi, on ne peut pas dire que c'était unanime.
Lorsque celui-ci a été présenté, il n'y a eu aucune
discussion. Je pense que les commissaires étaient prêts et
attendaient ce projet de loi depuis longtemps. Je suis très heureux que
le projet de loi soit présenté.
M. Saintonge: Cela a pris quatre ans à comprendre
cela.
M. Lafrenière (Jacques): La commission scolaire de
Rouyn-Noranda et la question de
la fusion. On peut se demander en quoi le projet d'unification de
l'administration des villes de Rouyn et de Noranda intéresse notre
commission scolaire. Notre organisme joue d'abord un rôle
éducatif, alors que les administrations municipales rendent aux
contribuables des services d'un ordre différent. De nombreux exemples
montrent, cependant, qu'une commission scolaire peut difficilement travailler
de façon adéquate sans collaboration régulière avec
les corps municipaux de son territoire.
Par ailleurs, notre organisme joue un râle d'unification qui est
loin d'être négligeable: la commission scolaire de Rouyn-Noranda
intègre depuis 1975 les ordres d'enseignement préscolaire,
primaire et secondaire. De plus, elle intègre dans une même
unité administrative l'organisation d'un vaste territoire dont le coeur
est le pôle urbain de Rouyn-Noranda et dont les limites correspondent de
très près à celles de la municipalité
régionale de comté, la MRC, soit un rayon de près de 50
kilomètres.
Cette unification des niveaux d'enseignement sur un territoire
unifié au plan scolaire amène notre commission scolaire à
poursuivre l'objectif de services éducatifs et paraéducatifs
comparables et équitables sur les différents points de son
territoire. C'est en regard, notamment, de ces objectifs que le projet
d'unification de Rouyn-Noranda nous intéresse au plus haut point et
à plusieurs points de vue. N'est-il pas étonnant que ce qui c'est
souhaitable, réalisable et réalisé au plan scolaire,
c'est-à-dire l'unification administrative des services sur un vaste
territoire, ne soit pas déjà réalisé au plan
municipal sur une échelle beaucoup plus réduite,
c'est-à-dire l'unification administrative de deux entités aussi
naturellement rapprochées que les villes de Rouyn et de Noranda?
Un organisme comme le nôtre peut-il aisément poursuivre
l'objectif d'égalité et d'équité dans les services
à rendre à sa population scolaire tout en ayant à
transiger constamment avec deux unités municipales sur la partie
centrale de son territoire?
Précisons, par ailleurs, qu'il ne s'agit pas pour nous de porter
des jugements sur les choix politiques des villes, sur les ordres de
priorités de leurs services ou sur la qualité de leurs
décisions administratives. La question posée est plutôt
celle-ci: Comment une commission scolaire intégrée et
unifiée est-elle amenée à transiger et à travailler
avec des partenaires municipaux dans le contexte actuel de Rouyn-Noranda?
Les municipalités de Rouyn et de Noranda sont loin d'être
les seules avec lesquelles notre commission scolaire doit entretenir des liens
de collaboration. Notre territoire est formé de plus d'une douzaine de
localités comprenant chacune son propre corps municipal. La
réalité démographique, ainsi que notre organisation
scolaire font, cependant, de Rouyn-Noranda le centre et le coeur de nos
opérations. Ainsi, 60 % de nos élèves du
préscolaire et du primaire sont concentrés dans le
périmètre de Rouyn-Noranda, ce qui reflète le poids
démographique de cette agglomération à l'intérieur
de notre territoire scolaire et de la MRC de Rouyn-Noranda.
Par ailleurs, les écoles de Rouyn-Noranda accueillent la
presque-totalité, soit 98 %, des élèves du secondaire de
tout notre territoire, par l'effet de l'organisation scolaire que commande la
dispersion des populations périphériques à celle de
Rouyn-Noranda. Au total, les écoles de Rouyn-Noranda accueillent 77 %
des élèves de notre commission scolaire. Vous avez, en page 5, un
tableau qui vous montre le préscolaire et le primaire; Rouyn-Noranda
reçoit 60 % des élèves et le secondaire est presque
à 100 % à Rouyn-Noranda.
Il en résulte deux catégories bien distinctes de liens
entre notre commission scolaire et les corps municipaux du territoire. En
milieu rural, la commission scolaire et les municipalités
s'échangent réciproquement sans problèmes des services de
bon aloi: utilisation de locaux, utilisation des cours d'écoles à
des fins récréatives, etc. En milieu urbain, les - interventions
nécessaires seront à la fois plus nombreuses et plus
complexes.
En milieu urbain, essentiellement constitué par Rouyn-Noranda,
trois types de dossiers entraînent des interactions nécessaires et
constantes entre la commission scolaire et les municipalités. Les
premiers de ces dossiers touchent des services que la commission scolaire doit
chercher à rendre à sa clientèle et pour lesquels elle a
besoin du concours des municipalités. Par ailleurs, la commission
scolaire est elle-même un intervenant important dans le milieu. Elle
dispose de son propre champ de taxation, ainsi que d'espaces et d'immeubles
répartis sur le territoire des deux municipalités. Cette
réalité amène, elle aussi, la nécessité de
la collaboration entre la commission scolaire et les municipalités dans
des dossiers d'ordre plus purement administratif. Finalement, certains projets
de développement feront appel à la collaboration des
municipalités, de la commission scolaire et d'autres agents
socio-économiques du milieu.
Dans le cas de Rouyn-Noranda, tous ces types de dossiers ont droit
à une dose supplémentaire de complexité. D'abord, dans
chaque cas, du plus simple au plus complexe, la commission scolaire se voit
dans l'obligation de discuter, de négocier constamment avec deux
municipalités pour tenter d'assurer des services comparables et
équitables à une population sur son territoire scolaire urbain.
Cette complexité s'accroît
du fait, d'ailleurs, bien normal, que chaque municipalité a sa
façon propre de définir ses priorités et d'aborder
administrativement un dossier simple ou complexe.
Je demanderais au directeur général de poursuivre pour me
donner la chance de faire la conclusion.
Le Président (M. Marquis): M. Dionne.
M. Dionne (Normand): Cette complexité que M.
Lafrenière vient de citer, nous voulons vous la démontrer par le
biais des services à la clientèle. Nous tenons à vous
rappeler que notre intention n'est pas de discuter du bien-fondé des
décisions ou des orientations que les deux municipalités prennent
dans les dossiers auxquels nous collaborons. On veut vraiment faire un constat
de la situation et vous montrer de quel ordre il s'agit.
Nous allons voir les relations entre la commission scolaire et les
municipalités en regard des services à la clientèle. Les
domaines du sport scolaire, des loisirs extra-scolaires, de la
sécurité des élèves et des campagnes de
prévention représentent quelques-uns des terrains où le
dédoublement des structures municipales rend difficile une action
cohérente de la commission scolaire sur son territoire. Nous allons
examiner cinq exemples qui tendent à vous le démontrer. D'abord,
une des deux villes accepte avec prudence de partager avec la commission
scolaire les montants qui lui sont maintenant transférés par le
Haut-Commissariat à la jeunesse pour ce qui est du parascolaire, tandis
que l'autre ville refuse toute participation subventionnée aux sports
scolaires. Deuxième exemple: l'utilisation des équipements
municipaux et scolaires pour fins communautaires et de sport scolaire exige une
double négociation et les besoins de la commission scolaire
reçoivent des accueils très différents de chacune des deux
villes. Le manque d'unification dans la planification et la gestion de ces
équipements collectifs entraîne nécessairement deux
façons différentes de percevoir et de combler les besoins de nos
élèves.
Autre exemple du même type: chacune des deux villes participe
à des degrés très variables à notre programme
d'utilisation conjointe des cours d'écoles pour fins
récréatives. Sur l'un des deux territoires, la participation de
la ville est systématique et il en résulte un degré
d'équipement élevé et semblable pour chacune des
écoles. Sur l'autre territoire, la participation municipale est
sélective et il s'ensuit des disparités inévitables. Les
deux villes se distinguent également par leur degré variable
d'implication des corps policiers dans nos programmes de prévention du
crime et de la délinquance. Une ville croyait, entre autres, à
l'utilité de policiers-éducateurs spécialisés;
l'autre, non. Même divergence en matière de sécurité
des élèves dans les rues. Sur un territoire municipal, on assume
volontiers la responsabilité des brigadiers scolaires adultes. En face,
on remplit à contrecoeur cette responsabilité.
Inutile de poursuivre l'énumération des questions de ce
genre qui devraient être simples à résoudre et devenir tout
à fait routinières. En raison du dédoublement constant des
paliers administratifs municipaux, en raison aussi des priorités
différentes mises de l'avant par les municipalités et des
changements parfois inattendus des priorités de l'une ou l'autre ville,
ces questions simples exigent de notre part des discussions longues et ardues.
De plus, ce long processus conduit souvent à des résultats
mitigés et incohérents qui en indisposent plusieurs quand ils ne
laissent pas tout le monde insatisfait.
Nous vous donnions des exemples relativement aux services à la
clientèle. On voudrait maintenant passer aux dossiers administratifs. Si
des questions normalement routinières prennent souvent une envergure
démesurée, on peut craindre pour le sort réservé
aux dossiers administratifs plus lourds. Outre leur degré de
complexité plus élevé, plusieurs de nos dossiers plus
strictement administratifs s'inscrivent, dans la lignée des positions
municipales divergentes qui ont pour effet de mobiliser de façon
excessive les énergies de la commission scolaire ou même de
stériliser des collaborations potentielles.
Deux exemples récents relatifs à la taxation illustrent
chacun de ces états de choses. Premier cas. En 1979, une nouvelle
lecture de la Loi sur la fiscalité municipale fait découvrir que
les villes perçoivent par erreur depuis plusieurs années
auprès de la commission scolaire des montants spécifiques pour
consommation d'eau. Après étude du dossier, une entente de
remboursement est conclue avec l'une des deux villes du territoire de
Rouyn-Noranda, trois mois après la réclamation de la commission
scolaire. Dans l'autre cas, le règlement se fera presque deux ans
après la réclamation de la commission scolaire à la suite
de multiples discussions et à la suite de l'engagement de
procédures judiciaires. Deuxième cas. En 1979 également,
la nouvelle Loi sur la fiscalité municipale incite les organismes
scolaires à confier aux municipalités la perception de leurs
taxes foncières. Des démarches sont donc entreprises en ce sens
auprès des administrations des villes. L'une d'elles collabore à
l'étude de faisabilité et propose des modalités
concrètes de réalisation. L'autre administration municipale
adopte au départ une attitude négative et elle accouche d'un
refus catégorique deux ans plus tard. L'intérêt et la
rentabilité du projet reposant sur la collaboration de la
commission scolaire avec chacune des municipalités, l'idée
est reléguée aux oubliettes depuis ce temps.
Les dossiers de développement collectifs sont un troisième
type de dossiers qui exigent une collaboration et qui posent problème
dans le contexte de la problématique qu'on vous expose. D'autres
dossiers exigent l'action concertée de la commission scolaire et des
administrations municipales en collaboration avec d'autres agents
socio-économiques du milieu. L'aboutissement ou le non-aboutissement des
dossiers affecte en pareil cas des segments plus ou moins importants de la
population scolaire ou non scolaire.
Notre exemple type en ce domaine concerne l'érection toute
récente d'un complexe commercial sur un territoire dont la
propriété est morcelée entre la ville de Rouyn, la ville
de Noranda et la commission scolaire à proximité d'une
école secondaire polyvalente. Une fois déterminé le
périmètre requis pour le projet de développement,
plusieurs questions doivent être résolues conjointement. Où
situer les voies d'accès, de sortie et de contournement du complexe
commercial et de l'école en respectant les besoins légitimes de
chacun? Qui devrait céder quelle partie de terrain et à qui pour
assurer la réalisation de ce développement tout en
l'intégrant aux deux plans d'urbanisme, aux deux plans de circulation et
sans compromettre les intérêts de l'école avoisinante?
Après quatre ans d'études et de pourparlers, toutes les
ententes sont conclues et le complexe se construit tel que prévu.
Cependant, voilà que l'une des villes décide de ne plus respecter
lesdites ententes allant même jusqu'à remettre en question la
réalisation d'une voie de circulation dont le tracé
s'étend en ligne continue sur les deux villes. Le nouveau centre
commercial est maintenant ouvert et fait de bonnes affaires pendant que la cour
de l'école avoisinante demeure à moitié
réaménagée, que le futur nouveau boulevard s'arrête
net à la limite d'une des deux villes, au milieu de ce que devrait
être l'ancienne cour de l'école en question.
À qui ou à quoi attribuer un charivari pareil? À la
ville de Rouyn? À la ville de Noranda? Ou simplement au fait que, sur un
territoire aussi naturellement commun que celui de Rouyn-Noranda, le
développement ne pourra jamais être rationnel et harmonieux si on
ne le confie pas à une seule et même unité politique et
administrative. M. Lafrenière.
M. Lafrenière (Jacques): Conclusion. Comme nous l'avons
souligné précédemment, il ne nous appartient pas de porter
des jugements sur les choix politiques et administratifs des
municipalités. Nous devons, cependant, constater que toute
administration porte ses objectifs et ses priorités, et il nous
apparaît de plus en plus anachronique que deux corps municipaux soient
appelés à gérer un territoire aussi naturellement
unifiable que celui de Rouyn-Noranda.
Dans le cas de la commission scolaire de Rouyn-Noranda, nous constatons
année après année et jour après jour que la
duplication des structures municipales engendre des dédoublements de
travail et des pertes importantes d'énergie, qu'elle rend difficile ou
impossible l'uniformisation des services à rendre aux clientèles
scolaires et qu'elle encourage une utilisation moins rationnelle de l'ensemble
de nos ressources et de nos équipements.
On conviendra aussi qu'il ne nous appartient pas de proposer les
modalités concrètes devant mener à une unification
très souhaitable des municipalités de Rouyn et de Noranda.
Nous soumettons toutefois à votre réflexion la question
suivante: notre commission scolaire couvre les territoires de plus d'une
dizaine de localités. Ces localités ont des tailles très
variables et elle sont souvent séparées par des distances
importantes. En dépit de ces facteurs adverses, ces localités
réussissent depuis au-delà de dix ans à se donner une
structure administrative intégrée et unifiée en
matière scolaire. Par contraste, comment est-il justifiable et
explicable que, sur un territoire aussi homogène que celui de
Rouyn-Noranda, la gestion des services et du développement urbain
continue d'être confiée à des entités distinctes et
séparées?
Le Président (M. Marquis): Merci, M. Lafrenière. M.
le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, je voudrais remercier la
commission scolaire d'être venue donner son point de vue. Je pense qu'en
ce qui me concerne le mémoire est très clair par lui-même.
Je voudrais peut-être, avant de finir par une question, mentionner que
dans l'administration publique québécoise on a souvent
affirmé, en ce qui me concerne avec passablement d'exactitude, que
souvent les administrations scolaires et les administrations municipales
étaient appelées fréquemment à travailler en
étroite collaboration pour toutes sortes de raisons, de protocoles
d'ententes de services. Mais ce que j'ai surtout observé, c'est qu'il
est arrivé souvent que des préfets étaient commissaires
d'écoles et, inversement, que des commissaires d'écoles
étaient également des conseillers municipaux. Donc, cela signifie
que ce sont des gens qui ont l'habitude de l'administration publique soit au
niveau scolaire, soit au niveau municipal. Dans ce sens, il m'apparaît
qu'une appréciation d'un mode de gestion pour la chose publique,
lorsqu'elle nous est communiquée par des gens qui ont cette
expérience, il faut en tenir compte et être sensible à
cette argumentation. (20 h 30)
Je voudrais vous poser la question suivante. Après avoir
illustré par des exemples des cas précis sur lesquels je pense
qu'il n'y a pas lieu de revenir, vous concluez d'une façon on ne peut
plus affirmative qu'en ce qui vous concerne, pour un territoire aussi
naturellement homogène, aussi naturellement commun - vous avez
répété à plusieurs reprises ces appellations - le
développement ne pourra jamais être rationnel et harmonieux si on
ne le confie pas à une seule et même unité politique et
administrative. Ma question est la suivante: Quand vous affirmez avec autant de
détermination ce que je viens de dire, qui est de vous, est-ce que cette
affirmation est pour le domaine scolaire ou si c'est une affirmation d'ordre
général?
Le Président (M. Marquis): M. Lafreniè-re.
M. Lafrenière (Jacques): M. le ministre, on le vit en
milieu scolaire. Je pense qu'il y a une unification et une intégration
des commissions scolaires qui s'est faite au début des années
soixante-dix et le moment a été très difficile à
passer. Je crois que cela a été un moment qui était - je
ne l'ai pas vécu, mais j'étais quand même dans le milieu -
très difficile. Maintenant, je peux vous dire que l'administration,
comme la vie à l'intérieur de la commission scolaire, depuis ce
temps est saine et, on pourrait dire, très vivable et très
normale pour l'administration d'un territoire.
M. Gendron: Ma deuxième question: Est-ce que vous croyez
que les jeunes qui fréquentent vos institutions scolaires - tout autant
les jeunes d'aujourd'hui que ceux qui les fréquenteront demain -
auraient une meilleure garantie d'offre de services globaux à l'ensemble
de votre clientèle dans un territoire fusionné que dans un
territoire non fusionné?
M. Lafrenière (Jacques): C'est une question sur laquelle
le directeur général aura probablement un mot à dire. Une
chose que je peux vous dire, M. le ministre: Présentement, il existe une
barrière psychologique sur cette ligne ou ce tracé où se
situent les deux municipalités. Au niveau primaire, il serait hasardeux
de déplacer un élève, disons, du deuxième
degré primaire d'une municipalité a l'autre. Pour
l'administration et pour l'affectation des élèves, cela cause
certains problèmes, et je suis persuadé que M. Dionne, qui
était directeur des services éducatifs, peut vous donner
plusieurs exemples.
Le Président (M. Marquis): M. Dionne.
M. Dionne: Comme vous le dites, je crois qu'effectivement pour
les jeunes d'aujourd'hui et de demain l'unification permettrait de meilleurs
services, en tout cas les permettrait de façon plus
équilibrée et plus équitable. La ville est étendue
et de la façon dont elle s'est développée, qu'on soit d'un
côté ou de l'autre, il y a des endroits où les
écoles sont situées là où il y a moins de
population et il y en a d'autres où il y a beaucoup de population et
moins d'enfants; finalement, cela finit par faire tout un complexe. Je pense
qu'à partir du moment où on veut fournir des services qui se
tiennent et qu'on ne disperse pas, mais qu'on les répartit sur des
entités aussi rapprochées que cela à la satisfaction des
parents, il faut le faire de cette façon.
M. Gendron: Juste une précision. Ce que je pose comme
question, ce n'est pas tellement sur la façon dont les services seraient
dispensés. Je crois que cela ne fait aucun doute que dans la
façon dont ils sont dispensés ce serait différent; on peut
convenir de cela quelle que soit la thèse qu'on défend. La
question que je pose: Est-ce que vous avez la prétention que la
qualité des services n'est pas la même dans une perspective
où on a affaire à deux villes qui se marchent toujours sur les
pieds, ou à l'inverse dans une ville fusionnée?Particulièrement dans la perspective où je suis au courant
qu'il y a certains services parascolaires - vous savez ce que cela veut dire
"parascolaires", en dehors des heures d'écoles - qui sont difficilement
offrables parce qu'effectivement on est toujours devant l'alternative qu'une
commission scolaire peut être ouverte à cela alors qu'une autre
peut être complètement fermée, voici la question que je
pose: Est-ce que oui, au niveau de la qualité et de la quantité
des services éducatifs à être offerts aux
élèves d'aujourd'hui et de demain, nous pouvons porter le
jugement qu'on aurait de meilleures garanties que les services soient d'une
plus grande qualité et en plus grande quantité dans une ville
unifiée plutôt que dans la situation que nous vivons actuellement
sur le plan scolaire?
M. Dionne: M. le ministre, au niveau de la qualité
j'hésiterais è vous dire que ce serait une meilleure
qualité. Je pense que les services qui sont rendus actuellement par les
municipalités sont bien rendus. Où le problème arrive,
c'est au niveau de la diversité des services et de la quantité
effectivement. La deuxième partie de votre assertion, d'après
moi, est très juste. On devient limité par le fait qu'on
fonctionne séparément; alors, le niveau des ressources en fait de
services serait différent.
M. Gendron: Je vous remercie, je n'ai pas d'autres questions.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Une petite
question, mais...
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue):... l'importante,
puisqu'elle fait partie de la liste des dossiers qui ont poussé le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, dans une certaine
mesure, à parrainer le projet de loi 190. Je voudrais parler de
l'épineuse question de la négociation en ce qui concerne
l'établissement du HLM à Noranda, avec les pourparlers qu'il y a
eu avec la commission scolaire pour les terrains. Pouvez-vous m'expliquer, pour
le bénéfice de la commission, pourquoi il y a mésentente
actuellement avec la ville de Noranda? Je ne sais pas si M. Lafrenière
est au courant.
M. Lafrenière (Jacques): Je peux faire une partie. Le
problème, disons, des négociations en ce qui concerne le projet
de HLM, il a été réglé. Mais il reste toujours le
problème du boulevard Québec: tu veux régler un
problème, mais tu te frappes toujours au boulevard Québec. La
commission scolaire a cédé une école à la
municipalité de Noranda, un terrain sur une école près du
lac. Franchement, je pense que la commission scolaire a été
honnête, et le bureau régional du ministère de
l'Éducation a aussi autorisé la cession d'un terrain pour la
municipalité. Je pense que le projet est en voie de réalisation.
Je pense qu'il y a moyen de s'entendre sur ces dossiers, mais il reste certains
dossiers où c'est plus difficile. Le HLM devrait voir le jour
prochainement.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Quand même,
cela traîne depuis quand?
M. Lafrenière (Jacques): Depuis une couple
d'années.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): C'est un trente
logements.
M. Lafrenière (Jacques): Oui.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Je vous
remercie.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Merci, M. le Président. M. le
président de la commission scolaire, j'ai remarqué, dans le
courant de votre mémoire, que vous faisiez allusion au fait que, dans
une ville, c'est une chose, dans une autre ville c'est autre chose. Vous ne
mentionnez jamais les deux municipalités. Loin de vous l'idée de
remettre en question la responsabilité de chacune des villes dans son
administration. Est-ce qu'avec moi vous pouvez, quand même, admettre que,
dans ces cas-là, ce sont des décisions administratives qui sont
dépendantes, finalement, de discussions avec chacune des
administrations? Que les municipalités soient voisines ou pas, cela ne
change rien. Si vous avez douze municipalités avec qui négocier,
est-ce que les négociations ne sont pas plus serrées avec
certaines administrations municipales et moins serrées avec
d'autres?
M. Lafrenière (Jacques): La seule chose que je peux vous
dire, c'est que toute discussion qui entraîne une décision des
deux municipalités - c'est pareil à n'importe quel niveau, dans
n'importe quel ministère ou dans n'importe quelle industrie - si elle a
besoin d'un accord des deux municipalités, c'est déjà un
problème.
M. Saintonge: C'est sûr que dans le fond je vais comprendre
votre opinion.
M. Lafrenière (Jacques): C'est pire qu'un problème
entre deux municipalités qu'on pourrait dire locales. Disons qu'il y a
une compétition peut-être normale ou peut-être aussi - je ne
veux pas utiliser des mots qui dépasseraient ce que je veux dire - de
l'entêtement qui n'existe pas ailleurs.
M. Saintonge: C'est sûr que cela arrive dans le cas de
municipalités voisines. Évidemment que Rouyn et Noranda sont
très, très voisines; je le comprends par les plans qu'on a vus et
pour être allé également sur les lieux à
différentes occasions, même si j'ai manqué la visite
guidée d'il y a trois semaines, un mois. J'y suis quand même
allé à quelques occasions durant les quatre dernières
années. Il reste que ce que vous alléguez comme problème,
je vous avoue honnêtement qu'on l'aurait chez nous, si la commission
scolaire avait, par exemple, au niveau régional à faire des
ententes avec trois, quatre ou cinq municipalités voisines. C'est
évident que, dans certains cas, on n'a pas les mêmes services,
peut-être pas du point de vue de la qualité, mais du point de vue
de la diversité et de la quantité, du point de vue de certaines
ententes sur d'autres points de vue qui, finalement, cela se répercute
sur des décisions courantes que vous avez à prendre ou dans votre
administration de tous les jours.
C'est évident que, dans deux municipalités, si vous avez
une administration, c'est bien plus simple que si vous en avez deux. Vous avez
une discussion à faire; vous avez la même décision qui est
rendue pour un territoire plus grand. Je comprends que c'est plus facile et je
pense
que n'importe qui va comprendre et acheter cela.
M. Lafrenière (Jacques): Disons qu'on ne voulait pas vous
donner les noms des municipalités. On ne voulait pas ajouter les noms
des municipalités à chaque dossier. Je pense que ce
n'était pas le but de la commission scolaire, non plus, de venir ici
porter des jugements sur les décisions de chacune des
municipalités. On n'est pas venu ici pour cela; on est venu ici pour
vous dire tout simplement que le projet de loi était, à notre
avis, une bonne chose pour la collectivité.
M. Dionne: J'aimerais ajouter quelque chose à ce que vous
demandez, M. Saintonge. On spécifiait dans le mémoire qu'il y
avait deux catégories de liens avec les municipalités et je pense
qu'on a deux vécus vraiment différents. On vous parlait d'une
douzaine de municipalités sur notre territoire. Pour une dizaine de ces
douze municipalités, on a des liens de services assez faciles à
établir. Et comme les territoires sont restreints, pour le niveau des
services on finit aussi par s'entendre assez bien.
Où arrive le problème, c'est que le territoire de
Rouyn-Noranda n'est pas un territoire si vaste, un peu comme vous le dites. On
vous parle tout le temps d'une entité. Les gens se côtoient; on
est I'un sur l'autre, comme on le disait. À partir du moment où
on doit négocier deux fois les mêmes affaires pour un territoire
grand comme il est, c'est cela qui nous fait dire qu'on fait d'abord face
à deux administrations qui ont des ordres de priorités
différents. Là, on parle d'une rue à côté de
l'autre.
Je comprends que vous me dites que, pour des villes avoisinantes, c'est
le problème qui risque d'arriver; mais vous admettrez qu'avec la
grandeur du territoire dont il est question on travaille beaucoup pour arriver
à un niveau de services, alors qu'on pourrait simplifier cela pas mal
plus.
M. Saintonge: Je comprends très bien ce que vous me dites.
Je n'ai aucun doute là-dessus, mais je me demande si le genre de
problème que vous soulevez justifie une fusion. À ce compte, je
vais vous donner un exemple. Sur la rive sud de Montréal, pas loin de
chez nous, je vous dirais demain matin: II serait grand temps que
Saint-Lambert, Lemoyne, Greenfield-Park et Brassard soient ensemble. Ce serait
bien plus facile pour négocier les ententes avec les commissions
scolaires. On a vu récemment que dans des dossiers ce serait plus facile
pour d'autre chose. Je suis bien d'accord que ce serait évidemment plus
facile. Cela se touche, un coin de rue. Vous changez de bord de rue et vous
êtes dans Greenfield-Park; de l'autre bord, vous êtes dans Lemoyne;
de l'autre côté, vous êtes à Saint-Lambert; vous
revenez. C'est pareil dans toutes les municipalités.
C'est évident que, pour les commissions scolaires, je comprends
que cela peut poser certains problèmes; cela va de soi. Mais il y a
peut-être des problèmes particuliers dans certains cas où
vous devez négocier avec les deux villes sur des points communs. Vous
parlez d'un boulevard, c'est sûr. Vous parlez de services, par exemple,
de diversité et de quantité de services. Je pense qu'à ce
moment, sur le plan scolaire, c'est quand même une possibilité
donnée a chaque administration municipale de faire des ententes avec des
commissions scolaires suivant leur gré, suivant aussi, j'imagine, les
facilités dont la municipalité dispose pour donner d'autres
services à ses citoyens.
Cela peut être très différent à ce moment.
Dans certains cas, les municipalités vont collaborer davantage avec des
citoyens, parce que c'est un besoin que la population dans ce coin va
décider. À l'intérieur d'une même ville, pour vivre
l'exemple que j'ai chez moi, je peux vous dire que la collaboration entre la
ville et la commission scolaire, par rapport aux écoles, par rapport aux
terrains dont les écoles peuvent donner la disposition aux
municipalités, est beaucoup plus grande dans certains secteurs que dans
d'autres à cause du développement des services de loisirs avec
les années; aussi la ville a pu offrir davantage de services dans
certains secteurs à cause de terrains qu'elle avait en sa possession
à cette époque et dans d'autres coins, non. Donc, pour une partie
de la municipalité, la ville va se servir d'équipement scolaire
pour donner des services et, dans d'autres, elle n'en a pas besoin.
Je comprends fort bien que dans votre cas, entre Rouyn et Noranda, cela
peut amener une diversité et une quantité de services forts
différents. Je pense que cela va de soi, mais de là à dire
qu'à cause de cela on arriverait au point de mentionner que la ville
unifiée deviendrait nécessaire, c'est cela la question que je me
pose. (20 h 45)
M. Dionne: J'aimerais, quand même, nuancer quelque chose
dans notre propos. Ce qu'on dit, dans le fond, dans notre mémoire, c'est
que, dans un contexte de fusion ou de villes fusionnées, il est
évident pour nous -et c'est le portrait qu'on tentait de vous
transmettre - que c'est plus facile d'administrer un territoire étendu
comme il l'est avec une seule municipalité, d'une part; d'autre part,
les services seront plus facilement rendus de façon équitable. Je
ne pense pas qu'on dise dans notre mémoire que la commission scolaire de
Rouyn-Noranda pense qu'il faut la fusion parce que c'est
plus facile pour elle de travailler sur son territoire. Il ne faut pas
nous faire dire ce qu'on ne veut pas dire, parce que ce n'est vraiment pas
ça qu'on veut dire non plus.
Mais je pense que, dans un contexte de fusion, l'administration scolaire
de ce territoire serait grandement facilitée, d'une part, et les
services à rendre aux élèves seraient peut-être plus
facilement dispensés, d'autre part. Ce n'était vraiment que
ça.
M. Saintonge: D'accord. J'aurais une question pour M. le
président. Vous êtes un commissaire élu. Étant
président de la commission scolaire, vous avez reçu un mandat de
la population pour remplir une certaine tâche. À ce
moment-là, je pense que vous êtes redevable à la
population, finalement, de la qualité d'administration que vous donnez,
et vous êtes responsable de l'administration que vous donnez
vis-à-vis des citoyens qui vous ont élu. Il y a l'administration
locale scolaire ou municipale. Croyez-vous, d'une certaine façon, que
l'administration municipale a le même engagement vis-à-vis des
gens qui l'ont élue? Pensez-vous, à ce moment-là, que les
citoyens gérés par une administration municipale devraient
être aptes à se prononcer sur le genre d'administration à
laquelle on veut leur offrir la possibilité de s'intégrer?
M. Lafrenière (Jacques): Je peux vous répondre
peut-être à titre personnel. Sur les modalités, je pense
que la population a eu l'occasion de se prononcer à plusieurs reprises,
plusieurs études ont été faites. Cela reste des
modalités; on ne veut pas, non plus, proposer des modalités. On
veut que ce soient les personnes impliquées directement dans le milieu
municipal, le niveau politique provincial, qui s'occupent des modalités.
On est d'accord sur le principe, mais les modalités sont laissées
aux gens qui ont le dossier en main.
M. Saintonge: Ne pensez-vous pas que pour les citoyens qui
doivent être gérés d'une certaine façon, des droits
existent qui leur donnent le pouvoir de se prononcer en intervenant dans le
dossier de façon spécifique? La loi leur permettrait un choix,
par exemple dans le cas du regroupement municipal, la Loi favorisant le
regroupement des municipalités, et aussi Loi sur les cités et
villes. Puisqu'on leur donne par des lois la possibilité d'intervenir
dans le dossier, ne doivent-ils pas avoir le droit d'utiliser les
mécanismes que le législateur a cru bon de mettre dans les
lois?
M. Lafrenière (Jacques): Pour vous répondre, M. le
député, on n'a pas de conseiller juridique à notre table,
mais je pense que ce projet de loi, sans le connaître d'une page à
l'autre, comporte un processus d'implantation ou de préparation de
protocole. D'après moi, le projet de loi comme tel a prévu des
modalités.
M. Saintonge: II n'y a aucune consultation prévue au
niveau des citoyens. Par exemple, je vous ferai remarquer que, dans la Loi
favorisant le regroupement des municipalités, il y a une
possibilité pour les citoyens de manifester leur accord ou pas au niveau
de la requête conjointe présentée par les
municipalités quant aux modalités de la fusion. Ils peuvent
être d'accord ou pas avec la fusion comme telle, mais également
quant aux modalités, ce qui est important.
Le projet actuel se réfère à la Loi favorisant le
regroupement des municipalités simplement en mentionnant l'article qui
parle de la requête conjointe et du contenu au plan, par exemple, de
l'organisation municipale. Cependant, on laisse de côté tout ce
qui concerne la question de la consultation des citoyens ou, du moins, la
possibilité pour les citoyens de venir donner leur opinion sur la fusion
comme telle et sur les modalités de la fusion.
M. Lafrenière (Jacques): Comme réponse, à la
commission parlementaire, je ne vois pas tellement de gens qui sont contre.
M. Saintonge: Ce n'est pas une question d'être pour ou
contre; c'est la question que, par des lois, vous êtes un élu,
dans le fond, au niveau local, puis il y a deux pouvoirs que l'on
considère au niveau public localement: la commission scolaire et la
municipalité, deux pouvoirs qui généralement veulent
être gardés jalousement par les gens du milieu. Dans ce
cas-là, dans les lois, on prévoit certains mécanismes par
lesquels les citoyens peuvent se prononcer sur les pouvoirs confiés
à des administrations locales.
Puisque vous êtes un élu et que vous représentez un
des deux pouvoirs locaux qui nous gouvernent dans notre province, la question
qui se pose est simplement: Vu que, dans les lois, on prévoit des
possibilités pour les citoyens de se prononcer dans un cas
précis, si, par exemple, on arrive dans le cas qui nous occupe, à
mettre carrément de côté une disposition permettant aux
citoyens de se pronconcer et de donner leur accord ou pas soit à la
fusion, soit à une modalité, ne pensez-vous pas que c'est
essentiel au maintien du principe démocratique qui nous gouverne au
point de vue de l'administration locale de préserver un tel pouvoir?
M. Lafrenière (Jacques): Au nom de la commission scolaire,
je ne peux pas vous répondre, mais, en mon nom personnel, je peux
cependant vous dire qu'il n'y a pas besoin de référendum, parce
que la
population... Personnellement, je crois que le projet de loi est
même en retard. Je l'aurais vu il y a 20 ans.
M. Saintonge: Vous pourriez peut-être en parler à
votre député et lui dire qu'il aurait dû l'apporter il y a
quatre ans.
M. Lafrenière (Jacques): Il n'était pas là
il y a 20 ans.
M. Saintonge: Il y a quatre ans, il était là,
cependant.
M. Lafrenière (Jacques): Mais je pense qu'il y a quand
même eu un processus de fait depuis ce temps-là.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, je ne voudrais pas relater
la courte expérience que j'ai eue dans le domaine municipal comme ici
à l'Assemblée nationale au cours des quelques dernières
années, mais je trouve quand même qu'un fait est surprenant.
Remarquez que nous l'affirmons et le confirmons de nouveau: Pour nous, la
question d'une fusion entre Rouyn et Noranda, nous n'y faisons pas objection.
Je pense qu'on est vis-à-vis d'une réalité, mais d'une
réalité sur laquelle la population concernée doit
être consultée et se prononcer. Mais cela me fait drôle de
vous entendre, M. le président et M. le directeur général,
parce qu'en 1983 je me souviens que le gouvernement, par les lois 70, 105 et
111, vous imposait des choses que vous n'aimiez pas dans le temps et pour
lesquelles on a entendu les commissions scolaires, la fédération
et moult intervenants venir contester le gouvernement. Ce n'était
sûrement pas la faute du ministre actuel de l'Éducation parce que,
dans le temps, ce n'est pas lui qui était là.
La loi 40 qui a touché de très près les commissions
scolaires et le monde de l'éducation en général a
été remplacée, à la suite des débats qu'on a
eus à l'Assemblée nationale, à la suite des interventions
du milieu et à la suite de toutes les consultations qu'on a eues, par le
projet de loi 3 qui, finalement, semble satisfaire plus, au moins, que ce qu'on
a eu précédemment. Ce que je trouve un peu cocasse aujourd'hui,
c'est que vous autres, qui avez quand même été un peu
perturbés au cours des dernières années, acceptiez
aujourd'hui qu'un projet de loi vienne imposer à une population une
volonté qui n'est pas exprimée par cette population, mais qu'il
est plutôt laissé au gouvernement de sanctionner. Je trouve cela
un peu curieux.
Remarquez que j'apprécie votre mémoire et la
présentation que vous en faites. Vous êtes des gens du milieu, des
gens impliqués, et des gens qui, de par votre commission scolaire, avez
à négocier avec l'une ou l'autre des municipalités. Je
vous avoue que, dans certaines régions, une commission scolaire a
à négocier avec plusieurs municipalités; ce n'est
peut-être pas le cas chez vous.
Mais on revient toujours à l'aspect fondamental de la
démocratie. On est en 1985, on a fait un bout de chemin. Le fait de
consulter les gens qui nous ont élus, vous, les édiles
municipaux, nous autres, à l'Assemblée nationale, de les
consulter sur un sujet aussi fondamental, si on ne veut pas le faire,
j'interprète cela un peu comme ne pas faire confiance à la
population qui nous a élus. J'aimerais vous entendre là-dessus,
parce que vous venez de ce coin-là et, que je dise n'importe quoi, je ne
suis pas là, je ne suis pas de Rouyn, je ne suis pas de Noranda. La
seule chose, c'est que tous les coins du Québec nous intéressent
à part égale, à part entière. On voudrait que les
deux municipalités puissent trouver un terrain d'entente. On est tous
d'accord et on parle depuis déjà trois heures d'un sujet sur
lequel, pour le fond, tout le monde est d'accord. Mais c'est sur la forme, sur
les modalités et tout cela qu'on ne s'entend pas. Vous autres, les
commissions scolaires qui, au cours des dernières années, avez
été bottées au derrière par le gouvernement,
j'aimerais cela...
M. Gendron: Hé! Hé!
M. Rocheleau: M. le ministre, si vous aviez été ici
tantôt, vous auriez pu entendre, mais vous n'étiez pas ici, alors
vous avez manqué cela. J'aimerais cela vous entendre là-dessus:
Aujourd'hui, voulez-vous que vos confrères subissent le sort que vous
avez vécu au cours des dernières années?
M. Lafrenière (Jacques): M. Rocheleau, je puis vous dire
que j'en suis à ma troisième commission parlementaire, ta
première sur la loi 40, la deuxième sur la négociation
dans les secteurs public et parapublic et celle-ci. Je pense que c'est celle-ci
que j'aime le mieux, parce que c'est un projet de loi qui est attendu par la
majorité des citoyens de Rouyn-Noranda et des environs. C'est sûr
que, pour vous donner les modalités, la meilleure façon de faire
cette fusion, ce n'est pas mot qui vais vous le dire, je ne suis pas
mandaté pour cela et ce n'est pas mon affaire non plus. Je ne peux pas
vous donner le mécanisme ou suggérer des mécanismes, je ne
suis pas mandaté pour cela.
M. Rocheleau: Mais, M. le président, je ne suis pas
d'accord avec vous quand vous dites que vous n'avez pas d'affaire ici. Je pense
que, si vous êtes ici, c'est parce que
vous sentez que vous y avez affaire un peu. Vous dites que vous
êtes convaincu que la majorité de la population serait d'accord
avec le principe de la fusion, avec le projet de loi. Si je vous posais la
question: c'est quoi l'article 3 du projet de loi, j'aimerais vous entendre me
le citer. Mais je ne vous poserai pas cette question.
M. Lafrenière (Jacques): Merci.
M. Rocheleau: Mais si vous êtes aussi convaincu que vous le
dites que la population souhaite cette fusion... Je pense que je partage votre
opinion là-dessus, à part de cela; si j'étais
résident de Rouyn ou de Noranda, je pense que je souhaiterais
peut-être cette fusion. Mais, si j'étais résident, si
j'étais propriétaire, locataire ou simplement un jeune adulte
impliqué dans mon milieu, j'aimerais cela qu'on me dise: Qu'est-ce que
tu en penses? Est-ce que tu es pour ou est-ce que tu es contre après
avoir reçu toute l'information pertinente au sujet? Tout le monde semble
être convaincu qu'il n'y a pas de problème, que les gens sont pour
la fusion. Mais pourquoi avez-vous peur de consulter les gens, dans votre cas,
qui vous ont élus, qui ont élu le côté
ministériel et qui ont élu le côté de l'Opposition,
qui ont élu les maires et les conseillers des villes de Noranda et de
Rouyn? Pourquoi avez-vous peur de les consulter?
M. Lafrenière (Jacques): Je n'ai pas peur.
M. Rocheleau: Est-ce que vous pensez que ces gens, ces citoyens,
sont tous des gens habillés en culotte courte? Est-ce que ce sont des
gens qui n'ont pas la maturité, qui n'ont pas la compréhension,
qui n'ont pas l'intelligence, qui n'ont pas les capacités, qui n'ont pas
le jugement de pouvoir dire: Oui, le protocole convenu entre les villes de
Rouyn et Noranda, examiné, amélioré, avec l'aide de la
Commission municipale du Québec, avec l'aide du ministre et de son
équipe, avec l'information propagée... Vous savez que le
gouvernement actuel est capable de faire de l'information, est capable de
retenir la télévision, la radio et tout cela.
M. Gendron: Il pose sa question; cela va prendre dix minutes.
M. Rocheleau: Avec tout cela, M. le Président, est-ce que
vous ne croyez pas que la population, en toute décence, devrait
être consultée pour qu'elle décide du sort de ces deux
villes jumelles? C'est simplement cela qui me tracasse. (21 heures)
Remarquez que, sur le fond, on n'a pas la moindre objection, on n'est
pas contre, eux ne sont pas pour, ce n'est pas sur cela qu'on se tiraille.
Nous, on se tiraille sur le fait qu'on se dit: Si on a été assez
chanceux pour être choisis par nos populations respectives pour les
représenter et argumenter à l'Assemblée nationale, dans
les conseils municipaux ou à la commission scolaire, c'est parce que la
population nous a fait confiance. Aujourd'hui, les élus ne semblent plus
faire confiance à la population qui les a mis là. C'est cela qui
me chicote et c'est sur cela que j'aimerais vous entendre en tant que
président d'une commission scolaire, surtout que vous avez eu des
expériences, et on pourrait s'en reparler après, si vous
voulez.
M. Lafrenière (Jacques): C'est sûr que des
expériences j'en ai eu et probablement que je vais en avoir encore.
Être consulté, personnellement, je n'ai pas peur de cela, mais si
les élus municipaux, avec le ministère des Affaires municipales,
décident de consulter, ils iront consulter. Ce n'est pas à moi de
décider de cela ou de vous le proposer; c'est à eux de le
décider. Personnellement, être consulté, cela ne me
dérange pas du tout. Vous me demandez mon avis, je vais donner mon avis.
Je veux dire que ce n'est pas à moi de décider s'il y aura un
référendum, à quelle place et quand. Ce sera aux
élus municipaux et au ministère de le décider,
d'après moi.
M. Rocheleau: M. le Président, cela clôt les
questions que j'avais. C'est nous qui allons décider effectivement.
Décider? Décider pour la population? Mais c'est nous qui allons
prendre une certaine décision à savoir si la population doit
être consultée ou pas.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le
député. Merci aux représentants de la commission scolaire
de Rouyn-Noranda.
J'invite à se présenter devant nous le Comité pour
la défense des droits démocratiques des citoyens de Noranda,
représenté par M. Albert Sinclair et Mme Cécile Turgeon.
La parole est à M. Sinclair, j'imagine. Nous vous écoutons.
Comité pour la dépense des
droits démocratiques des
citoyens de Noranda
M. Sinclair (Albert): Merci, M. le Président. Il me fait
plaisir d'être présent ici ce soir pour vous présenter la
position de notre comité. Tout d'abord, je me présente
moi-même. Je me nomme Albert Sinclair et je demeure à Noranda,
bien sûr. À ma droite, vous voyez Mme Cécile Turgeon,
secrétaire du comité qui demeure également à
Noranda.
Maintenant, si vous me le permettez, je
céderai la parole à Mme Turgeon, qui fera la
première partie de l'exposé et, par la suite, je reviendrai avec
un complément.
Mme Turgeon (Cécile): Merci, M. Sinclair.
Le Président (M. Marquis): Mme Turgeon.
Mme Turgeon: M. le Président, M. le ministre, Mme la
députée, MM. les députés, avant de commencer mon
exposé, j'aimerais faire un commentaire. Étant donné que
notre comité passe au cinquième rang dans la journée,
c'est bien sûr que vous allez entendre des choses que vous avez entendues
aujourd'hui. Tant mieux! Peut-être que vous allez les comprendre
davantage et, de toute façon, cela reflète l'opinion des citoyens
ordinaires de la ville de Noranda.
Je suis très touchée de la délicatesse du maire de
Rouyn, M. Bibeau, face aux femmes. J'ai cependant constaté qu'il a
oublié de saluer Mme la députée. J'ai aussi trouvé
qu'il s'éloignait un peu de la loi 190, lorsqu'il mentionne que c'est
moi qui ai voté au référendum en 1981. Dans un premier
temps, je lui dirai que c'est faux, que c'est mon mari. Dans un deuxième
temps, pour ce qui est de savoir si je suis ou non propriétaire de la
résidence, je lui laisse le soin d'aller le vérifier au bureau
d'enregistrement. J'ai trouvé l'argument très peu significatif,
pour ne pas dire insignifiant, d'autant plus que je me demande, M. le
Président, jusqu'à quel point ses autres déclarations sont
vraies, si je m'appuie sur cette affirmation gratuite.
Je tiens, d'abord, à vous remercier d'avoir accepté de
nous recevoir en commission parlementaire. J'espère que les propos que
nous tiendrons devant vous seront reçus favorablement. Si je suis ici ce
soir, vous m'en voyez la première surprise et (a première
impressionnée. Vous qui avez l'habitude de ces procédures ne
réalisez peut-être pas jusqu'à quel point il peut
être difficile pour un simple citoyen de venir défendre son point
de vue devant vous.
Si je n'étais pas persuadée de la justesse de la cause que
je défends et si ce n'était de la profondeur de mes convictions,
vous pouvez être assurés que je ne serais pas ici ce soir. Parmi
ces convictions profondes, le respect de la démocratie figure au plus
haut point. Dans sa formulation actuelle, la loi 190 ne répond pas
à cette exigence. Il me semble qu'elle devrait le faire et c'est
pourquoi il me semblerait important d'y incorporer un mécanisme de
consultation populaire qui permettrait aux citoyens de la ville de Noranda de
se prononcer sur l'opportunité ou non de faire la fusion.
De plus, le projet de loi 190, à mon avis, devrait exiger qu'une
majorité de citoyens de Noranda se soit exprimée en faveur de la
fusion avant qu'on procède à celle-ci. Autrement, ce serait
procéder de manière dictatoriale et cela, je ne peux pas
l'accepter. De nombreux citoyens à qui j'ai eu l'occasion de parler au
cours des dernières semaines ne peuvent pas l'accepter, eux non plus. M.
le Président, nous vivons en démocratie et dans une
démocratie les gens ont le droit de se prononcer sur le type de
société dans laquelle ils désirent vivre.
Il me semble que ce soit là une vérité et une
exigence élémentaires. Or, dans sa rédaction actuelle, la
loi nie ce droit aux citoyens que je représente* Bien plus, elle
constitue une insulte à notre endroit puisque, si vous adoptez la loi
dans sa formulation actuelle, vous dites aux citoyens de Noranda et à
ceux de toute la province que, lorsqu'ils prennent des décisions qui
vont à l'encontre des voeux du gouvernement, celui-ci n'a qu'à se
tourner de bord et, en vertu des pouvoirs que lui reconnaît la
constitution, il n'a qu'à agir à sa guise.
Je ne peux pas être d'accord avec une telle conception de la
démocratie. H y a une différence entre la légalité
et l'illégitimité. Si le projet de loi 190 est légal, il
est néanmoins illégitime et insultant parce qu'il ne tient pas
compte de deux consultations populaires, un référendum et une
élection, qui ont eu lieu à Noranda en 1981 et 1982,
consultations qui se sont toutes deux soldées par un "non" à la
fusion. Or, faire fi de ces deux consultations constituerait un mépris
à la démocratie.
Plusieurs autres raisons militent en faveur d'un
référendum. Un référendum obligerait les tenants de
la fusion, ainsi que leurs adversaires à mettre leurs cartes sur table
une fois pour toute et le choix des citoyens n'en serait que plus
éclairé.
Dans sa rédaction actuelle, la loi 190 donne un avantage indu aux
tenants de la fusion et au conseil de ville de Rouyn, puisqu'elle les assure
qu'il y aura une fusion, peu importent les résultats des
négociations. Or, comment peut-on les inciter à être
magnanimes dans de telles circonstances puisqu'ils sont d'ores et
déjà assurés d'obtenir ce qu'ils veulent, soit la
fusion?
Comment peut-on assurer les gens de Noranda qu'ils ne constitueront pas
le dindon de la farce dans cette pseudo-négociation? Comment voulez-vous
m'empêcher de croire qu'un tel processus n'a qu'un seul but, soit celui
de hausser nos taxes sans que notre sort soit amélioré de quelque
façon que ce soit?
Si une épée de Damoclès telle que le
référendum n'est pas suspendue au-dessus de nos têtes, de
la tête des négociateurs, comment voulez-vous les inciter à
négocier une fusion à des conditions avantageuses pour les
citoyens de Noranda? L'absence de
mécanisme référendaire risque aussi d'amener le
gouvernement du Québec à ne pas faire tout ce qui est possible
pour favoriser la fusion, à le dispenser, par exemple, de mettre des
sommes d'argent qui feraient en sorte que la fusion nous coûterait moins
cher. À ce chapitre, ce seraient et les gens de Rouyn et les gens de
Noranda qui seraient défavorisés et qui feraient les frais de la
fusion.
Par ailleurs, s'il y avait un référendum, le gouvernement,
qui me semble plus que favorable à la fusion, verrait à rendre le
projet le plus acceptable possible. Actuellement, les dés sont
pipés de façon telle que le gouvernement peut se dispenser de
faire quelque effort que ce soit pour amener les citoyens de notre ville
à accepter son choix et sa décision.
L'absence de référendum risquerait d'entraîner de
graves perturbations sociales. Les Québécois - moi la
première - ont toujours respecté les choix démocratiques
de leurs concitoyens, même lorsque ces choix ne correspondaient pas
à leur choix personnel. Comment, par ailleurs, voulez-vous qu'ils aient
du respect pour leur Assemblée nationale et leur gouvernement si ceux-ci
bafouent leur choix et piétinent leur droit?
Jusqu'à aujourd'hui le sens démocratique de nos
institutions n'a pas été tellement respecté dans le
processus d'adoption de la loi 190. Tout s'est fait en cachette, loin des
citoyens, par des négociations en catimini entre le conseil de ville de
Rouyn et notre député. De plus, le journal local La
Frontière a mis tout son poids derrière la fusion et parfois de
façon qui ne l'honore pas. Je remarque qu'il y a ici le
représentant du journal La Frontière et je vous donne un exemple
à l'appui. Il y a deux semaines, je suis allée porter un article
à faire publier. J'avais vérifié auprès du bureau
quelles étaient les heures. Je suis arrivée à temps.
Lorsque je lui ai présenté l'article, après dix minutes de
réflexion et après l'avoir analysé en tous sens, il m'a
dit que les gens ne comprendraient pas peut-être les articles de loi qui
y étaient inclus. N'est-ce pas sous-estimer la population de
Rouyn-Noranda? Un peu plus tard, après avoir insisté, il m'a dit:
Il est trop tard. J'ai dit: Non, il n'est pas trop tard, monsieur, regardez
l'heure. Un peu plus tard, il a dit: Il est trop long. J'ai dit: Coupe-le. Il
m'a promis qu'il mettrait la première partie, mais il ne l'a pas mise.
C'est pourquoi je ne voudrais pas que ma présence è la commission
constitue un cautionnement à un simulacre de démocratie.
Vous seuls, les membres de la commission parlementaire et de
l'Assemblée nationale, pouvez éviter que la fusion de Rouyn et de
Noranda ne constitue une parodie de la démocratie. Tout ce que vous avez
à faire, c'est inscrire un référendum à Noranda
dans la loi 190, ce qui marquera votre respect de nos institutions et de nos
concitoyens. Je suis convaincue que le conseil municipal de Noranda est bien
d'accord sur cela et que cela ferait son affaire qu'on règle cela une
fois pour toutes.
En terminant sur ce sujet, M. le Président, j'aimerais vous dire
que je ne peux pas comprendre l'attitude des tenants de la fusion qui disent
être assurés d'une acceptation de leur point de vue par 70 % de la
population et qui, du même souffle, disent ne pas vouloir de
référendum sur la fusion parce qu'ils ont peur - et cela s'est vu
toute la journée, on a peur, on n'en veut pas - que les gens ne
comprennent pas. Ce manque de confiance dans le bon sens de la population ne
constitue pas seulement un mépris à son endroit, mais il ouvre
également la porte à toutes sortes d'abus de la part des
gouvernements et nous conduit éventuellement à la dictature.
Il faut toujours se méfier du choix éclairé des
élites. D'ailleurs, la plupart des gens qui paradent devant vous
aujourd'hui s'opposeraient à la procédure qu'ils
préconisent présentement s'ils n'étaient pas en faveur de
la fusion. De plus, en toute autre circonstance, ils n'accepteraient pas qu'une
décision avec laquelle ils ne seraient pas d'accord se prenne en passant
par-dessus leur tête. Je vous invite donc, M. le Président,
à vous méfier de pseudo-élites dont le sens de la mission
fait oublier les principes démocratiques qui régissent
habituellement notre société. Si favorable puissiez-vous
être à la fusion, M. le Président, vous ne pouvez pas vous
associer à une démarche aussi antidémocratique. Pas plus
qu'on ne peut forcer deux personnes à se marier, pas plus on ne peut
forcer deux villes à se fusionner. Le peuple a le droit de dire son mot
et je réclame le respect de ce droit.
Dans un deuxième temps, M. le Président, j'aimerais vous
faire part des motifs qui nous incitent, moi et ceux que je représente,
à nous opposer à la fusion.
La Présidente (Mme Bacon): M. Sinclair, vous avez quelque
chose à ajouter.
Mme Turgeon: Allez-y, M. Sinclair.
M. Sinclair: Certainement, Mme la Présidente. Je pense que
l'introduction se passe de commentaire. Autant le dire d'emblée, nous
sommes contre la fusion forcée de nos villes. Depuis plusieurs
années, d'ailleurs, à tout moment, nous voyons surgir des
ténors pour clamer bien haut les vertus de la fusion de Rouyn avec
Noranda ou plutôt de Noranda avec Rouyn. Certains l'ont fait d'une voix
stridente et avec des mots cinglants; d'autres ont opté pour le calme et
la pondération, réclamant toujours la même chose:
l'assimilation de Noranda par Rouyn,
pas la fusion. (21 h 15)
Entre-temps, une consultation populaire, dont vous avez
été entretenus 'maintes fois au cours de la journée, fut
tenue à Noranda le 3 mai 1981 et les gens ont majoritairement dit non.
Les ténors se sont tus pour quelque temps, le temps de reprendre leur
souffle, puis ils ont annoncé qu'ils ne se tenaient pas pour battus.
Rendez-vous fut pris par eux à la prochaine élection municipale;
là, disait-on, on fixerait une fois pour toutes l'affaire de ce
référendum au résultat marginal.
Or, auxdites élections, le 6 novembre 1982, se souvient-on
seulement de ce qui s'est passé? Un ex-maire de Noranda s'est
présenté, le Dr Achille Juneau, un homme dynamique, très
populaire. Il avait derrière lui un triple mandat réussi à
la mairie. Une saine administration lui était reconnue et les personnes
qui composaient son équipe étaient des gens connus et
respectés. La fusion était à la base de leur programme
à tous. Leurs opposants, gens tout aussi respectables et connus,
étaient dirigés par un citoyen qui n'avait pas vécu
l'expérience de la mairie et n'avait jamais été non plus
en évidence dans les débats publics, je veux dire, M. le maire
Eugène Bédard.
Les gens de Noranda, une fois de plus par leur vote exprimé
à cette élection on ne peut plus référendaire, ont
redit non à la fusion. J'entendais ce matin M. Bibeau qui disait qu'un
vote exprimé à 40 % ou à 50 %, cela ne l'impressionnait
pas tellement. Or, le vote à Noranda à ce moment-ci s'est
exprimé dans une proportion de 69, 25 %, ce qui n'est quand même
pas si mal pour une élection municipale. La différence entre le
pour et le contre fut de 12, 83 %, ce qui encore là n'est pas si mal
pour une élection référendaire.
Sans risque d'erreur, il nous est permis d'affirmer que la population de
Noranda n'a pas élu ou battu des personnes, c'est faux. Elle a choisi
entre deux options politiques clairement étalées par les
équipes qui s'affrontaient. Que les tenants de l'option fusion ne se
soient pas tenus pour battus, c'est de bonne guerre. En milieu
démocratique, la ténacité est fort louable et même
son excès, l'entêtement, est fort louangé pour peu qu'il
soit exercé avec tact et discernement, dans le respect des règles
les plus élémentaires de la démocratie.
Vers le même temps survinrent des élections municipales
à Rouyn alors que trois candidats s'affrontaient à la mairie: M.
Gilles Ricard, très connu comme homme d'affaires dans le secteur et
également comme échevin, M. Gaston Joly et également M.
Jacques Bibeau qui avait fait ses premières armes comme échevin.
Dans son programme, M. Bibeau proposait aux citoyens de Rouyn d'administrer la
ville sainement. Je cite à peu près textuellement ses paroles:
"De laisser la paix aux gens de Noranda avec cette affaire de fusion ou
d'annexion". À la surprise générale, M. Bibeau a
été élu, déjouant ainsi toutes les
prévisions du temps. Par cette élection, les gens de Rouyn
venaient de donner mandat à leurs élus de mettre bas les pattes
une fois pour toutes avec cette rengaine de fusion.
Les fonctionnaires municipaux n'auront pas mis beaucoup de temps
à contaminer leur nouveau maire. Moins d'un mois plus tard, M. Bibeau
reniait son engagement électoral et claquait la porte à une
assemblée du sommet économique régional alléguant
que, sans la fusion des deux villes, Rouyn ne saurait être
administrée. Volte-face surprise à l'un des principaux arguments
qui l'avaient pourtant fait élire. C'est bizarre, n'est-ce-pas?
Voilà, semble-t-il, que nos ténors, jusqu'ici respectueux
des lois, décident de prendre un raccourci, passant la balle au
législateur. Celui-là même que la population a élu
pour protéger ses institutions, on le prie d'intervenir pour en
démolir une ou deux. Ce gouvernement qui, depuis bientôt neuf
années de pouvoir, a toujours parlé avec vigueur de respect
mutuel entre deux peuples fondateurs, voilà qu'il a un blanc de
mémoire.
Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, on en parlait
avant. Là, on l'oublie; on ne s'en souvient plus. Je sais que certains
rigoleront de m'entendre parler de la population de Noranda comme d'un peuple.
Un peuple, bien oui. Un peuple et un peuple fondateur, minoritaire, face
à ses voisins, mais un peuple fondateur quand même. Car, qu'est-ce
donc qu'un peuple, sinon un nombre de personnes se regroupant autour de valeurs
communes, à l'intérieur de structures normales et légales,
qui ont leurs propres aspirations et sont prêtes à en assumer les
obligations, qui se gouvernent par des institutions politiques
démocratiques, bien acquises et maintenues? Nous sommes donc un peuple;
cela, on ne peut pas en douter; un petit peuple qui réclame le respect
de ses voisins et de ses partenaires. Ce petit peuple est d'autant plus surpris
d'avoir à le réclamer qu'il croyait ne jamais avoir à le
défendre.
Noranda, dit-on, empêcherait sa ville voisine, Rouyn, de se
développer, de s'épanouir, quoi. D'abord, comprenons-nous bien au
sujet du terme "fusion" qui a toujours été employé. Dans
mon vocabulaire à moi, le mot "fusionner" signifie s'unir, s'associer.
Tous les dictionnaires que j'ai consultés sont d'accord avec moi, le
Larousse, le Petit Robert, le Quillet. Mais la souris qui, au passage, est
griffée et bouffée par le chat, me direz-vous qu'elle a
été fusionnée au chat, qu'elle s'y est associée?
N'êtes-vous pas plutôt d'avis qu'elle a
constitué un maillon d'une chaîne alimentaire là
où prévaut la loi du plus fort? Somme toute, c'est en plein cela.
Mais j'aimerais que quelqu'un m'énumère les avantages
retirés par la souris de cette fusion forcée. Vous savez ce qui
en sortira de cette fusion, une fois la digestion faite?
Nul n'a jamais vraiment parlé de fusion. On employait ce terme
parce que moins brutal que le véritable but recherché.
L'assimilation de Noranda par Rouyn, voilà le projet. Mais la
vérité, il faudra bien l'étaler honnêtement un jour
ou l'autre. Le peuple de Noranda a choisi de ne pas se laisser assimiler par
son voisin. C'est un peu normal, non? C'est clair aussi. Celui de Rouyn a
également dit, sans se gêner, à ses élus municipaux
de leur foutre la paix. Cela aussi, c'est clair.
Mais si, un jour, les élus décidaient de s'asseoir
à une même table et de négocier une entente ou même
un éventail d'ententes susceptibles d'être fonctionnelles dans le
respect de l'identité et des droits de chacun des deux peuples
fondateurs, alors les choses pourraient être différentes. La
population de Noranda, par l'élection de ses conseillers municipaux et
de ses maires, a choisi le conservatisme pour son urbanisation. Au fil de ses
administrations successives, elle a opté pour un développement
peu spectaculaire, mais aussi moins coûteux.
Celle de Rouyn, par les mêmes mécanismes, a voulu un
développement plus rapide, moins contrôlé. Il s'agit
là de deux orientations valables, mais diamétralement
opposées. C'est ainsi que dans Rouyn sont apparus des îlots de
maisons formant presque des villages au sein de la ville. Certains hommes
politiques du temps, parlant au nom du législateur, ont même
créé un terme pour condamner et même stigmatiser ce type de
développement domicilaire. Ils ont appelé cela le
"développement sauvage". Le terme n'est pas de moi. Le terme vient des
gens du temps.
Il est bien évident que cet écartèlement impose un
lourd fardeau financier quand vient le temps de fournir des services auxquels
s'attendent ces gens qui se refusent à devenir des citoyens de seconde
zone. Nous n'avons qu'à penser aux coûts des infrastructures - les
rues et les ruelles, l'aqueduc, les égouts qui sont appelés, dans
l'immédiat, à ne desservir qu'un nombre restreint de clients -
pour imaginer les investissements faramineux qu'impose la fourniture de
services en de telles circonstances, services dont les coûts de revient
ne se normaliseront qu'à moyen ou même à long terme, au
gré des gouvernements élus aux paliers supérieurs et selon
les fluctuations de l'économie régionale.
Mais si lourd que puisse être le fardeau financier ainsi
représenté, ce fut l'aboutissement d'un choix
délibéré fait par l'administration municipale de la ville
de Rouyn. Les résidents savent donc qu'un jour ou l'autre il leur faudra
en payer la facture.
Noranda constitue une petite ville qui, à travers les temps, a
conservé un petit air vieillot, comme, d'ailleurs, des dizaines d'autres
au Québec et des centaines d'un océan à l'autre. Un
certain cachet de calme et de sérénité est nettement
perceptible dans ses quartiers résidentiels ou d'affaires, pour peu
qu'on se donne la peine de la visiter, évidemment. Entre autres, Noranda
a conservé ses arbres, sa verdure naturelle; Rouyn a
préféré le béton, c'est son affaire. Ce sont,
là aussi, deux choix dont l'un n'est pas forcément meilleur que
l'autre, mais qui démontrent que chez nous deux peuples ont choisi de
nuancer leur mode d'évolution respectif, et ça, il faut le
respecter. Le peuple de Noranda a par deux fois dit non à l'assimilation
et celui de Rouyn a à son tour élu à la mairie quelqu'un
qui promettait de respecter cette décision.
Nous appuyant sur ces prémisses, nous posons carrément la
question à nos politiciens de l'Assemblée nationale et à
ceux qui les conseillent: Quel genre de démocratie prétendez-vous
exercer en passant outre à des volontés populaires aussi
clairement exprimées à trois reprises par les deux peuples
fondateurs concernés? Après le fiasco de Hauterive et de
Baie-Comeau où l'entêtement des politiciens les a menés
jusqu'à l'abus de pouvoir et même à la répression
bien évidente, voilà maintenant qu'on se prépare à
liquider haut et court une ville, Noranda, la seule qui soit internationalement
reconnue au titre de capitale mondiale du cuivre.
Il n'est peut-être pas encore trop tard pour se mettre à
penser, mais ça urge de commencer à le faire. La population de
Noranda, dans sa majorité, ne voit pas la nécessité de
rouvrir ce dossier pour le moment. Quant à nous, simples contribuables
de Noranda, nous ne sommes pas intéressés à savoir si les
élites, les hommes d'affaires, les professionnels ou les autres veulent
la fusion. Ce que nous voulons préserver, ce sont les droits
démocratiques de tous nos concitoyens, de tous, l'attachement à
leurs institutions, à leurs biens, à leur environnement. Car si
nous acceptons de désarmais gouverner par sondages, je vous inviterais,
messieurs du gouvernement, à être logiques avec vous-mêmes
et à vous saborder sans délai pour faire place à
l'équipe Bourassa, car selon les sondages vous n'existez
déjà plus.
Il semble, d'ailleurs, que la démocratie en prenne pour son rhume
ces temps-ci, puisque l'un des intervenants qui m'ont
précédé cet après-midi disait qu'il ne croyait pas
au besoin d'un référendum parce que les gens n'en parlaient pas,
alors que son
collègue, par la suite, répondait qu'il serait dangereux
de réveiller des gens. Nous, je regrette, nous voulons les
réveiller, les gens. Nous croyons que les gens ne sont pas vraiment
endormis et qu'il faut, "s'ils le sont, les réveiller. Nous croyons que,
pour que soit respectée la démocratie, l'initiative du
regroupement des deux villes devra obligatoirement être laissée
à Noranda. Celle-ci y perdrait des acquis et, par surcroît, se
retrouverait minoritaire au sein d'une nouvelle municipalité que vous
auriez créée.
À tout le moins, si dans une démonstration de force
à la fois burlesque et tragique, nous devions une fois de plus subir
l'atmosphère traumatisante d'une autre campagne
référendaire, cette dernière ne nous serait acceptable
qu'avec les restrictions suivantes. Premièrement, les gens de Noranda,
après amples informations démontrant tous Jes aspects de la
fusion, tant négatifs que positifs, seraient appelés à se
prononcer par scrutin sur le sujet. Advenant le rejet par Noranda, cette
décision est respectée une fois pour toutes. Deuxièmement,
dans le cas d'une réponse favorable des gens de Noranda, il devrait se
tenir une consultation similaire auprès de la population de Rouyn,
après informations identiques et préalables. Si les gens de Rouyn
disent non, qu'on en reste là une fois pour toutes aussi.
Troisèmement, si les deux parties en cause ont dit majoritairement oui,
alors et alors seulement, que le gouvernement mette en place le support
technique, les mécanismes pour favoriser la négociation de
l'entente qui devrait survenir à l'amiable et mener à une
éventuelle fusion, laquelle pourra, par la suite, être
entérinée par une loi appropriée et adoptée
à l'Assemblée nationale. Voilà, messieurs, la
véritable démocratie. (21 h 30)
Pour terminer par un exemple bien concret, qu'on se souvienne que,
lorsqu'on a voulu fusionner Pointe-aux-Trembles à Montréal, on
n'a pas tenu la consultation sur le territoire de l'île de
Montréal et, pourtant, c'était une île. L'initiative est
venue des gens de la petite municipalité de Pointe-aux-Trembles et le
référendum s'y est tenu aussi. Je ne vois pas pourquoi on s'est
mis à tâter à droite et à gauche à travers
tout l'Abitibi-Témiscamingue auprès de personnes qui ne sont en
rien concernées, alors que seuls les contribuables de Noranda risquent
leurs biens et leurs institutions. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bacon): Merci, M. Sinclair. M. le
ministre.
M. Marcoux: M. Sinclair et Mme Turgeon, je veux vous remercier
d'être venus rencontrer les membres de la commission pour
présenter le point de vue des citoyens de Noranda. Je n'ai pas
l'intention de revenir sur les différents arguments que vous avez
évoqués. Comme l'a dit Mme Turgeon, les différents points
de vue que vous avez soulignés avaient été
évoqués pour l'essentiel par le conseil de Noranda. Comme vous
représentez le Comité pour la défense des droits
démocratiques des citoyens de Noranda, je voudrais savoir depuis quand
votre groupe comme groupe de citoyens existe, quelles ont été vos
principales activités depuis quelques semaines ou quelques mois, votre
"membership", comment vous fonctionnez et tout cela. J'aimerais savoir
l'historique de votre comité.
Mme Turgeon: M. le ministre, je vais vous répondre. On
semble encore douter de nos talents et de nos capacités. On nous
sous-estime peut-être. Je n'ai pas d'inconvénient à vous
répondre.
M. Marcoux: Je m'excuse. Je n'ai pas fait de procès
d'intention de votre discours, je ne voudrais pas que vous fassiez de
procès d'intention de mes questions. Ma question était
très claire. Vous venez ici. Vous représentez vos concitoyens. Je
n'ai pas fait de procès d'intention de votre intervention. Je vous
demande depuis combien de temps vous existez. Je pense que c'est une question
normale. On est des élus ici. Vous venez vous présenter et je ne
vous connais pas personnellement, ni les autres membres de votre comité.
Je vous demande simplement depuis combien d'années ou de mois ou de
semaines votre comité existe. Avez-vous eu des rencontres depuis
quelques semaines ou quelques mois? Quel est votre genre de membres et tout
cela? Je ne pense pas que ce soit des questions qui soient impertinentes.
Mme Turgeon: Je peux retirer mon commentaire, M. le ministre,
votre question est correcte. Cependant, je vous dirai que je suis une candidate
défaite à la dernière élection
référendaire. De toute façon, j'ai toujours
été antifusionniste et, dès l'annonce du projet de loi,
lorsque les médias ont commencé à en parler, j'ai
été abordée de tous bords et de tous côtés.
Si, on a dit que la chambre de commerce n'a jamais eu d'appel concernant la
fusion, moi j'en ai eu à être débordée.
Aussitôt, on a commencé les premières rencontres, on a
ébauché des plans de rencontres et des stratégies. En fin
de compte, on a regardé ce qui se passait et on s'est organisé
pour se défendre. Cela date de l'annonce du projet de loi.
M, Marcoux: En somme, depuis quelques semaines. Est-ce qu'un
semblable comité existait, par exemple, lorsqu'il y a eu des
débats en 1981 lors du référendum...
Mme Turgeon: Oui.
M. Marcoux:... sur la fusion et lors de l'élection comme
telle? Dans les dernières semaines, vous dites que des citoyens vous ont
demandé d'intervenir. Actuellement, votre groupe est composé de
combien de citoyens? Avez-vous tenu des rencontres, soit des assemblées
publiques ou des assemblées semi-privées ou tout cela? J'aimerais
avoir la description des activités que vous avez tenues puisque vous
présentez un mémoire au nom de citoyens de Noranda. J'aimerais
savoir ce qu'il en est.
M. Sinclair: M. le ministre, je répondrai à cela
que notre comité existe comme tel depuis que le référendum
concernant la fusion à Noranda s'est tenu. Le président du
comité d'alors était M. Raymond Landry qui est
décédé depuis d'un accident d'automobile survenu,
d'ailleurs, à Montréal. À la suite de la tenue du
référendum, c'est évident que les activités se sont
un peu amorties jusqu'aux élections pour reprendre de plus belle avec un
autre président qui n'était pas moi d'ailleurs, mais M. Sylvio
Grenier.
Après l'élection référendaire, encore
là, il y a eu, évidemment, un peu relâche, mais jamais
abandon total. Lorsque nous avons appris que le projet de loi 190 serait
présenté devant l'Assemblée nationale, des
assemblées de cuisine se sont tenues à droite et à gauche
et, finalement, le comité a restimulé ses troupes pour reprendre
le travail, et voici ce qui arrive. Donc, notre existence, si on la situe dans
le temps, elle remonte à 1981 lors du référendum avec,
bien sûr, des hauts et des bas. Nous avons repris nos activités
depuis trois semaines environ. Quant au nombre des membres, disons qu'au
dernier recensement nous en avions environ 75, mais cela n'est qu'un
début. Le gros des troupes est resté en arrière et
continue le recrutement, ce qui fait que j'espère que nous avons
déjà actuellement au-delà de 200 membres et, si nous ne
l'avons pas, dès notre retour, nous le dépasserons et largement,
très rapidement.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Simplement, Mme - vous m'excuserez d'oublier votre
nom - Turgeon, vous avez mentionné que vous avez eu des appels de gens
manifestant quoi? Manifestant leur mécontentement au niveau...
Mme Turgeon: Manifestant le désir que je m'implique pour
lutter contre la fusion. On m'a dit: Tu t'es présentée, es-tu
encore prête à nous défendre? J'ai dit oui. On m'a dit:
Fais quelque chose, organisons-nous. J'ai donné suite à tous ces
appels téléphoniques.
M. Saintonge: Vous parlez d'appels téléphoniques,
vous en avez eu plusieurs?
Mme Turgeon: Ah oui! Ah oui! Dès que je me
déplaçais en ville, j'étais abordée dans ce sens.
Je dirais même qu'il y a plus de personnes qui sont contre aujourd'hui
qu'il n'y en avait lors de l'élection de 1982. Ce sont des personnes qui
étaient pour et, avec le temps, elles ont compris que c'était
mieux d'être contre.
M. Saintonge: Mais quand vous dites que les gens sont contre,
est-ce que vous pensez que, dans ce sens-là, peut-être que les
gens sont contre parce qu'ils ne sont peut-être pas suffisamment
informés? Pensez-vous qu'il serait important d'informer les gens une
fois pour toutes sur la fusion, sur ce qu'on entend exactement par fusion, sur
le pour et le contre, les implications financières que les citoyens
auront à subir par une fusion? Est-ce que vous pensez que cela pourrait,
à tout le moins, calmer ces gens et faire en sorte qu'ils puissent,
finalement, se décider en toute connaissance de cause, oui ou non, pour
une fusion ou, au moins, modifier peut-être leur approche
vis-à-vis de la fusion, si on pouvait leur donner des
éléments de discussion, des éléments de
référence avant de se prononcer?
Mme Turgeon: D'abord, je vous dis que je représente le
comité des citoyens; non pas la chambre de commerce, le groupe des
hommes d'affaires, mais le citoyen ordinaire. On est encore, après cinq
ans, à se demander si on a un seul avantage, nous, les simples citoyens
de la ville de Noranda, à avoir la fusion. On a eu de l'information,
mais toujours dans le même sens. Qu'est-ce que cela nous donne, comme
simples citoyens, une fusion? On ne le voit pas encore. Je m'attendais, lors du
débat télévisé, pas à de la chicane, mais
à de l'information valable pour un citoyen normal. Ce matin, j'ai encore
été déçue des arguments de la ville de Rouyn parce
que je n'ai encore vu aucun avantage pour un citoyen ordinaire. Là
où il y a des avantages... Quand on dit qu'il y a une majorité,
pas une majorité, mais un bon nombre de citoyens de Noranda qui sont
pour la fusion, je vous dirai, M. le député, que ces citoyens de
Noranda qui sont pour la fusion dorment à Noranda, mais ont leur
commerce à Rouyn. C'est pour cela qu'on entendait dire au cours de la
journée: Cela ne leur fait rien de payer 150 $ ou 200 $ de taxes de plus
pour leur maison s'ils en épargnent 5000 $ sur leur commerce qui est
à Rouyn. Alors, c'est l'information qu'on possède et on ne voit
pas d'autres avantages tant et aussi longtemps qu'on ne m'apportera pas un
avantage pour le citoyen ordinaire. Vous savez qu'il y a 300 membres, des
commerçants dans la chambre de commerce à Rouyn,
d'après ce que vous avez entendu dire, il y a combien de population?
Cela veut dire que tous les autres n'ont pas trop d'intérêt.
Prouvez-moi qu'il y' en a. C'est encore le temps, la commission n'est pas
finie.
M. Saintonge: Donc, vous attendez qu'on...
Mme Turgeon: J'attends encore que ce soit valable pour le citoyen
ordinaire. La majorité, ce sont des citoyens ordinaires. Je vous ai
parlé de l'élite, mais méfiez-vous-en.
M. Saintonge: Est-ce que vous savez, comme citoyenne de Noranda,
quelles implications financières cela pourrait vous amener? Est-ce que
vous avez la moindre idée de ce qu'une fusion pourrait vous amener comme
implications financières?
Mme Turgeon: Au départ, d'après les
déclarations qu'on a entendues, à Rouyn, depuis 50 ans qu'ils
3ont pour et qu'ils sont jaloux de l'autre ville, ils disent: On va aller
chercher l'argent des riches. Cela s'est dit en plein débat
télévisé à CKRN-TV lundi soir, monsieur. C'est
assez inquiétant, n'est-ce pas? Je ne me calcule pas riche, Dieu merci,
mais c'est un peu excitant pour ceux qui ont de l'argent. Il est sûr
qu'on va remonter nos taxes.
M. Saintonge: Comme implications financières, à ce
moment-là...
Mme Turgeon: Bien cela serait ça.
M. Saintonge:... je dois comprendre que vous ne savez pas ce qui
pourrait vous attendre à la suite d'une fusion.
Mme Turgeon: Que nos taxes montent. C'est ce que le citoyen
ordinaire pense. D'après les déclarations qui se font, cela
laisse croire que c'est ça.
M. Sinclair: D'ailleurs, M. le député, il n'y a pas
seulement la question des taxes; il y a également la question
d'appartenance. Comme je l'ai dit tout à l'heure dans mon exposé,
deux peuples se sont retrouvés chacun dans une ville différente.
On l'a dit ce matin à ma place, l'un était plutôt à
tendance anglophone et l'autre à tendance francophone, ce qui a
laissé, évidemment, des traces dans la culture et dans les
bâtiments. Vous visiterez la ville de Noranda dans ses quartiers
résidentiels et ceux de Rouyn, vous allez voir toute une
différence. Les vieilles rues de Noranda ont un petit air anglo-saxon
dû à leurs premiers habitants. C'est un peu tout cela qui fait que
nous, de Noranda, nous avons un sentiment d'appartenance. Ce n'est pas
seulement une question de piastres et de cents, ce n'est pas une piastre ou 10
000 000 000 $ qui vont faire que nous désirons garder notre
identité. C'est une question d'appartenance; nos viscères sont
là et que vraiment on ne voit pas pourquoi on se les laisserait
arracher.
M. Saintonge: Une dernière question. Est-ce que vous
pouvez considérer que, comme citoyen de Noranda, si demain matin vous
faisiez partie d'une ville unifiée, Rouyn-Noranda, qui aurait des
avantages économiques au point de vue du rayonnement régional,
cela pourrait vous apporter un avantage par rapport à la situation
actuelle?
M. Sinclair: Moi, monsieur, je n'en vois pas. J'ai
écouté, justement, le programme qui a eu lieu à Radio-Nord
la semaine dernière, un programme d'une heure qui a été
télévisé. On n'en a pas donné. Ce matin, ici
même, quatre d'entre vous ont questionné le maire de Rouyn pour
savoir les avantages et les désavantages de la fusion et de la
non-fusion. Sur ma liste, j'en ai épais pas mal, mais, finalement, on a
nommé un désavantage et aucun avantage. Alors, après toute
la filée de gens qui ont défilé ici, vous voudriez que je
vienne vous dire que j'y vois un avantage! Moi, le citoyen ordinaire qui ne
suis pas un professionnel d'une profession libérale, qui ne suis pas un
homme d'affaires, qui me contente de payer mes taxes et de vivre dans ma
maison, dans mon quartier, des avantages, non, je n'en vois pas.
M. Saintonge: Vous n'avez pas le sentiment de venir de
Rouyn-Noranda, vous?
M. Sinclair: Voici, M. le député, j'ai vécu
à Rouyn, j'ai vécu à Noranda et, lorsque j'ai mis les
pieds à Noranda, je me suis dit: C'est pour toujours maintenant. J'ai
vécu alternativement dans les deux endroits et je me déplace
assez souvent. On a parlé à grand renfort de publicité de
ce qu'on appelle un succès, la fusion, il y a, quoi, 10, 12, 15 ans, de
quelque 22 ou 26 municipalités qui ont fusionné à la ville
de Laval.
M. Saintonge: Jean-Noël.
M. Sinclair: On a dit, à ce moment-là, que
c'était un succès parce que ville de Laval était partie
à évoluer. Qui a évolué à ville de Laval?
Prenez toutes les petites municipalités, sauf ville de Laval,
nommez-m'en une qui a vraiment évolué? Il y a eu une
réunion de 22 ou 26 municipalités pour en faire évoluer
une, celle qui, déjà, évoluait d'avance par son essor
naturel. Est-ce que ce serait la même chose pour Rouyn et Noranda? La
question n'a jamais eu de réponse. Quant à moi, je vous le
répète, j'ai
vécu à Rouyn, j'ai vécu à Noranda, je suis
retourné à Rouyn et je suis de retour à Noranda, et j'y
reste.
Mme Turgeon: J'aimerais ajouter, Mme la Présidente, un
petit commentaire. M. le ministre, je ne sais pas si j'ai mal entendu, mais il
me semble qu'au cours de la journée vous avez beaucoup insisté,
d'ailleurs d'autres aussi, pour connaître les avantages et les
désavantages de la fusion. J'ai aussi cru comprendre, si je ne me trompe
pas - on n'entend pas toujours bien à l'arrière - que vos seules
préoccupations faisaient fi de l'aspect démocratique. Le
référendum de 1981, vous passez cela vite, l'élection de
1982, vous passez cela vite. Un autre référendum? On en veut tout
simplement. Est-ce que j'ai bien compris, M. le ministre?
Quant à nous, représentants des citoyens, c'est l'inverse.
C'est drôle, n'est-ce pas? Nous accepterions un projet de loi qui
respecterait d'abord les décisions des citoyens et, ensuite, nous
discuterions des avantages. Est-ce que c'est cela? Ai-je mal
interprété? (21 h 45)
La Présidente (Mme Bacon): Si vous voulez, la parole
était au...
Mme Turgeon: Je m'excuse.
La Présidente (Mme Bacon): On va laisser au ministre le
temps de penser à sa réponse. La parole est au
député de Hull pour les cinq prochaines minutes. On reviendra aux
ministériels.
M. Rocheleau: Mme la Présidente, je vais tenter de faire
cela rapidement. On peut parler pour et on peut parler contre. Je peux me
permettre de parler pour ou de parler contre, parce qu'il y a des avantages et
des désavantages d'un côté comme de l'autre. Vous demandiez
tantôt certains avantages possibles d'une fusion. Remarquez que, de ce
côté-ci de la table, on a toujours parlé de l'aspect
démocratique, de permettre au citoyen, qui est le maître chez lui,
de décider de son sort. Ce n'est pas au gouvernement de décider.
C'est au citoyen. Le gouvernement peut paver le chemin, comme le
député a pavé plusieurs chemins dans sa région,
mais c'est le citoyen qui se sert de ces chemins.
Mme Turgeon, je voudrais vous faire valoir certains des avantages que
peut apporter une fusion au point de vue des économies d'échelle,
au point de vue du dédoublement des services: chef de pompiers, chef de
police, urbaniste, gérant, greffier. Nommez-les toutes, les
tâches. Quand deux municipalités se côtoient, elles ont des
ressemblances, des affinités; elles ont aussi une appartenance distincte
dans leurs tripes, on sent cela un peu, on le ressent un peu partout. Des
municipalités, c'est comme de petits pays. On regarde Israël, le
Liban et ça se tire dessus à coeur de jour; on n'est pas rendu
là encore, nous autres. On se parle avec des gros mots, mais on se
respecte. On peut aussi prendre en considération l'ensemble des
employés que forme l'une ou l'autre des municipalités, les
conventions collectives où on fait de la surenchère sur le dos de
l'un et sur le dos de l'autre. Quand on prend tout cela ensemble, à
court terme, c'est peut-être un peu plus dispendieux à cause des
rajustements. À moyen terme, cela devient peut-être un avantage
et, à long terme, pour nos enfants et nos petits-enfants, cela devient
peut-être réellement bénéfique. C'est dans cette
optique que nous le traitons.
Mais on dit toujours que ce sont les gens qui doivent décider. On
ne peut pas marier deux personnes - du sexe féminin et du sexe masculin,
j'espère - contre leur volonté, sans leur acceptation. On ne peut
pas permettre aux deux pères de famille de conclure une entente pour
leur enfant, mais on peut quand même tenter de favoriser, d'harmoniser le
dialogue pour que cela puisse se faire. C'est cela qu'on veut tenter de faire,
nous autres.
Il y a une question qui me préoccupe. Vous avez été
candidate et vous étiez contre la fusion. M. Sinclair, je pense, a pris
la relève et est devenu président du comité. Je voudrais
poser la même question que j'ai posée au maire Bédard ce
matin: Est-ce que vous êtes contre, à toutes fins utiles, contre,
contre, contre? Si nous vous offrions une formule qui vous permettrait
d'évaluer les avantages et aussi les désavantages - parce qu'il y
a toujours deux côtés à une médaille; je pense que
l'honnêteté nous oblige à montrer les deux
côtés - s'il y a plus d'avantages, est-ce que le fait d'avoir
été déjà contre vous permettrait d'être pour
éventuellement et peut-être même de vous promener dans votre
secteur et de dire qu'après avoir examiné les protocoles
d'entente qui ont été conclus ou qui pourraient être
conclus, après avoir examiné la répartition des
coûts de chacune des municipalités, maintenant, on se sent plus
favorables à une fusion, à une unité de pensée
commune entre les deux municipalités, ou si vous me diriez que,
même si on vous offrait le gros lot avec, vous seriez contre quand
même? J'aimerais vous entendre un peu là-dessus.
Mme Turgeon: Cela me fait bien plaisir de répondre
à votre question, M. le député. Je suis prête en
tout temps à ce que vous m'énonciez des avantages, je suis souple
là-dessus. Dès que j'en aurais au moins un qui dirait que c'est
avantageux d'avoir la fusion, je suis prête à convaincre tout mon
monde. Je suis sûre que, même tous ceux qui sont
du "non", si je leur fais comprendre que c'est avantageux, vont me
croire. On me fait confiance, on me croirait et, en tout temps, je changerais
d'idée. II n'y a que les fous qui ne changent pas d'idée. Je
n'hésiterais pas un seul instant à me présenter dans une
direction différente si j'y voyais des avantages. Des avantages,
montrez-les-moi. Je ne suis pas aveugle.
M. Rocheleau: Monsieur... Madame plutôt, le
président n'est pas revenu. Ah oui, il est revenu, mais il est en
vacances. Mme la Présidente, vous me permettriez une dernière
question?
La Présidente (Mme Bacon): Très courte et une
réponse très courte.
M. Rocheleau: Très courte. Mme Turgeon, si nous pouvions
convaincre le gouvernement, dans une sagesse passagère, de comprendre
que les citoyens doivent être consultés... Je repose
peut-être ma question à M. Sinclair avec qui j'ai peut-être
une petite divergence d'opinions sur le processus. Tantôt, vous parliez
de consulter les gens, de leur demander s'ils sont pour la fusion et, par la
suite, d'avoir une équipe de spécialistes pour établir un
protocole. Ce qu'on recommande, c'est de faire un examen des coûts dans
chacune des municipalités, d'examiner les avantages et les
désavantages, de demander à la Commission municipale d'agir un
peu comme arbitre et de transmettre l'information à la population avec
l'aide des fonds publics du gouvernement. Par la suite, cette information
transmise, consultez les gens pour savoir s'ils sont pour ou contre. Et
là, ce sont les gens qui décideront.
Si c'était le voeu que vous partagez, j'aimerais, Mme Turgeon,
passer quelques heures avec vous et parler très objectivement des
avantages et aussi des désavantages. Je trouverais plus d'avantages que
de désavantages.
M. Sinclair: M. le député, pour répondre
à votre question qui m'était adressée, je vous
réplique que nous avons toujours été, nous sommes et nous
serons toujours prêts à parler avec toute personne qui nous
parlera intelligemment d'association, d'union avec Rouyn, dans un contexte,
toutefois, qui devrait obligatoirement respecter certaines
réalités comme l'identité des personnes et certaines
institutions. Il y a quelques années, en 1972, en 1976, je ne me le
rappelle pas -on en a fait état ce matin - des études ont
été faites - et même on leur a fait dire une chose qui
n'était pas vraie. D'ailleurs, on a dit que les deux étaient pour
la fusion, c'est faux. L'une disait qu'il n'y avait pas d'avantages et l'autre
disait qu'il y avait des avantages, mais... Ceux qui disaient qu'il y avait des
avantages posaient des gestes concrets déjà, M. le
député. Ils enlevaient la caserne de pompiers de Noranda et la
situaient à Rouyn. Comme à Rouyn, elle devenait trop petite, je
pense qu'ils allaient la mener quelque part sur le chemin de Granada où
est situé maintenant le parc où on répare la machinerie.
Qu'est-ce que vous pensez que cela va faire, un camion de pompier qui va venir
de 30 milles des lieux du feu? Est-ce efficace à votre goût? C'est
cela qu'on nous proposait, c'est le genre d'association qu'on nous proposait.
On nous disait: C'est bon et on prenait le poste de pompiers pour l'envoyer
à Rouyn. On prenait le garage municipal, on le vidait et on disait: Ce
sera seulement de l'entreposage de machinerie. Enfin, c'était le vide
absolu à Noranda et l'archiplein à Rouyn. Si c'est cela, une
fusion, on n'en veut pas. On est prêt à s'unir, à
s'associer avec un document qui va véritablement respecter nos valeurs,
nos identités, mais certainement pas à donner tous nos biens et
certainement pas avec un rouleau compresseur comme l'article 1 qui dit, pour
reprendre le terme du maire Bédard ce matin: Couche-toi ou je
t'écrase.
La Présidente (Mme Bacon): Il reste une enveloppe de dix
minutes pour l'équipe ministérielle. M. le ministre de
l'Éducation.
M. Gendron: Très rapidement, je devais passer, mais
certaines affirmations sont tellement grosses qu'on ne peut pas les laisser
passer. Je pense que c'est M. Sinclair qui disait qu'à Laval cela avait
eu lieu. Vous avez droit à votre opinion, mais il faut au moins accepter
qu'il y en a d'autres. Vous prétendiez qu'à Laval la fusion
n'avait pas donné de résultats positifs. Au moins, ce n'est pas
le point de vue qu'exprimait récemment quelqu'un qui l'a vécu,
pas quelqu'un qui n'avait rien à faire là, en disant: "Tant au
niveau de la planification du territoire, du développement
économique que du fonctionnement administratif de la ville -c'est ce que
prétendait M. Lavoie, qui en a été l'initiateur, un
collègue de nos amis d'en face, comme parti politique; - je vais au
moins citer cette opinion - cela a été un grand acquis que Laval
se fusionne. " Je pourrais citer d'autres chiffres, mais je ne vais pas plus
loin; je voulais juste faire contrepoids à votre opinion que je trouvais
un peu gratuite.
Deuxièmement, madame disait tantôt: Qu'on m'en nomme, des
avantages et je vais regarder cela. Je ne sais pas où vous étiez,
j'ai cru vous voir ici toute la journée. Oubliez la ville de Rouyn pour
quelques minutes, il me semble que les autres organismes ont été
on ne peut plus clairs. Vous avez le droit de ne pas partager leur point de
vue, ce n'est pas ce que je dis. Je ne vous demande pas de partager leur
point
de vue, mais venir nous dire à 22 heures, en fin de
soirée, que vous n'en avez pas entendu, là il y a un
problème. Cela signifie très clairement qu'il y a des choses que
vous voulez entendre et des choses que vous ne voulez pas entendre.
J'en cite deux dans le mémoire de la chambre de commerce, et
ça ne peut pas être plus clair. Est-ce que vous croyez, comme
contribuable tout court, madame, pas comme contribuable de la ville de Noranda,
mais comme citoyenne du Québec - vous payez des taxes et des
impôts - que, s'il y avait eu une seule ville, on aurait eu l'aberration
qu'on a connue avec trois parcs industriels qui ont coûté pas mal
cher en fonds publics inutilement? S'il y avait eu une ville fusionnée,
il y aurait eu un parc industriel. Je sais ce que ça coûte, les
infrastructures d'un parc industriel et je peux vous dire que, quand on est
rendu à une situation comme celle-là, si ce n'est pas un avantage
réel dans un contexte d'une ville fusionnée, ça
représente moins de coûts.
Un second, très rapidement parce que je ne veux pas
dépasser mon temps. On indiquait, par exemple - c'est toujours la
chambre de commerce - des témoignages de personnes. Vous avez droit
à votre point de vue, mais environ 160 personnes sur 215 ont pris la
peine de dire: Voici une liste des avantages. Je ne sais pas si vous avez eu
l'occasion de les lire, je ne sais pas si vous étiez ici, je croyais que
vous étiez ici cet après-midi. On a cité à peu
près une dizaine d'avantages. Je ne dis pas qu'il n'y a pas
d'inconvénients, madame, mais je voulais juste vous reprendre, au moins,
parce que ça ne m'apparaît pas honnête de faire accroire
à une commission parlementaire qu'il n'y a pas de gens qui sont venus
exprimer ici qu'il y avait des avantages.
Ma question, et je termine là: Comment pouvez-vous affirmer que
les gens sont contre alors que personne actuellement, pas plus à Rouyn
qu'à Noranda, n'a eu l'occasion de prendre connaissance du protocole
d'entente entre les deux villes qui, lui, établirait clairement comment,
pour le citoyen, se partagerait la situation financière des deux villes?
Comme personne n'a pu apprécier cela, il me semble que c'est très
présomptueux de dire d'avance: Écoutez, nous, on est contre. Le
projet de loi, si vous en avez pris connaissance, offre toutes les
possibilités aux deux villes de soumettre à leurs citoyens ce que
ça donnerait comme portrait réel. Là, vous pourriez vous
retrouver, comme citoyenne, et dire: Sur la base de ce portrait, j'y gagne ou
j'y perds. Mais il n'y a aucune place dans le projet de loi qui empêche
que chacune des villes puisse communiquer à tous ses citoyens le contenu
même du protocole qui est la base de la situation financière du
vécu postérieur à une fusion, comme ça s'est
passé ailleurs. Moi, je l'ai vécu à La Sarre. Quand on a
regardé le protocole, on a dit: C'est bon ou ce n'est pas bon. Mais on
ne peut pas présumer.
M. Sinclair: M. le ministre, il y a trois volets dans votre
intervention et j'aimerais répondre aux trois, si vous le permettez.
Avez-vous remarqué que, lorsqu'on parle des villes fusionnées,
normalement, on se réfère toujours soit au promoteur de la fusion
ou au maire en place? On va rarement interroger les gens des
municipalités qui sont disparues. Ce serait intéressant d'avoir
leur point de vue, pour la ville de Laval ou ailleurs. Quand on parle de la
fusion de Val-d'Or, est-ce qu'on est allé interroger le maire de
Bourlamaque, de la ville de Lemoyne, de Jacola? Est-ce qu'on a interrogé
le maire de la municipalité de canton de La Sarre? On les entend souvent
à la radio et à la télévision. On voit le maire de
La Sarre, point. (22 heures)
La deuxième chose est que vous parlez de trois parcs industriels.
Avez-vous l'impression, M. le ministre, que c'est la seule solution pour
éviter le dédoublement de services que de jumeler absolument et
obligatoirement des villes et faire disparaître l'identité et la
personnalité de deux villes? Est-ce obligatoire pour donner des services
publics? Je connais la CTCUQ qui donne des services publics et qui
réunit une foule de municipalités dont chacune garde son
identité. Je connais la CTCUM et la CTRSM. Alors, il y a une multitude
de moyens qui ne sont pas obligatoirement la fusion et qui répondent aux
mêmes objectifs.
La Présidente (Mme Bacon): M. le ministre.
M. Marcoux: Je vais enchaîner directement sur les propos de
M. Sinclair. Je disais en blague cet après-midi à mon
collègue d'Abitibi-Ouest: Si on adopte ce projet de loi, tu vas venir
tout de suite avec un autre projet de loi pour fusionner Amos et Amos-Est. Il a
dit: Ah, c'est complètement différent; Amos et Amos-Est ont 17
ententes intermunicipales; les deux conseils municipaux se parlent
continuellement et s'entendent continuellement; il n'y a jamais de chicane,
tout va bien; 17 ententes intermunicipales entre deux municipalités.
J'ai pris connaissance depuis quelques semaines de l'histoire de Rouyn
et de Noranda. Je dois dire que ce que j'ai entendu, ce sont 17 histoires de
mésententes intermunicipales peut-être pour une ou deux ententes
intermunicipales, en plus de parler du lien entre les deux, puisque vous avez
parlé - c'étaient vos derniers propos - de la possibilité
d'ententes intermunicipales. J'ai eu des exemples des deux côtés
de mésententes
intermunicipales sur toutes sortes de sujets depuis des
années.
Je veux revenir sur une chose, mais je vais être très bref,
puisque c'est la bonne foi des membres de la commission parlementaire qui a
été mise en cause et la mienne en particulier par Mme Turgeon,
à savoir que les questions qui ont été soulevées
par les parlementaires, par mot en particulier ou par mes collègues,
durant cette journée faisaient fi très rapidement de la
population, du consensus démocratique ou de la consultation. Sauf
erreur, j'ai été le premier è soulever ces questions ce
matin au maire de Rouyn directement. Le maire de Rouyn aurait pu m'accuser
plutôt d'impertinence et dire: Modérez vos transports, M. le
ministre, et posez des questions plus agréables à entendre.
Alors, je pense que tous les membres de la commission aujourd'hui - je ne parle
pas juste pour moi - ont essayé d'être le plus objectifs possible
et de ne pas avoir de préjugé pour une hypothèse
plutôt que pour l'autre. Quant à la consultation
démocratique ou à la démocratie, là aussi c'est une
notion relative. On peut concevoir que la démocratie ne peut se faire
que par un processus référendaire. La Suisse vit cela, par
exemple; chaque semaine, il y a des référendums en Suisse; c'est
une façon de fonctionner. Il n'y a pas d'absolu dans cela. Ce sont les
citoyens par des référendums qui décident de façon
régulière ce qui se passe ou pas. Dans d'autres
sociétés, le référendum est utilisé
très rarement.
On peut poser la question démocratique: Est-ce que ce serait
démocratique que l'Assemblée nationale décide d'adopter le
projet de loi qui nous est présenté avec ou sans
référendum? Je pense que dans cela il n'y a pas d'absolu. Il y
à des circonstances où les membres d'une Assemblée
nationale peuvent ou doivent décider même sans consensus
majoritaire d'adopter une telle décision. Comme je l'ai indiqué
ce matin, il s'agit de mesurer la balance les inconvénients et de voir
si quelque chose est utile et nécessaire ou simplement souhaitable. Il
faut évaluer, dans le cas de la fusion qui nous est proposée, si
c'est nécessaire, utile ou simplement souhaitable. C'est sur le
bien-fondé. Deuxièmement, sur le processus, est-ce qu'il est
souhaitable, préférable ou possible d'y arriver par un processus
de référendum, de consultation populaire, ou faut-il y arriver
par une loi qui impose la fusion des municipalités en prévoyant
certaines étapes de transition?
Je ne répondrai pas. De toute façon, on fera le bilan plus
tard. Je peux vous dire que je pense que, comme mes collègues, le souci
que nous avions aujourd'hui, c'était d'abord d'écouter les
intervenants. Comme nous n'avons pas fait de procès d'intention à
ceux que nous avons écoutés, nous devons avoir le même
respect réciproque de la part de ceux qui viennent nous présenter
leur mémoire.
La Présidente (Mme Bacon): Alors, Mme Turgeon et M.
Sinclair, nous vous remercions. Nous invitons maintenant le Comité pour
la défense des intérêts de Rouyn-Noranda.
Comité pour la défense des
intérêts de Rouyn-Noranda
Le Président (M. Marquis): J'invite le porte-parole du
Comité pour la défense des intérêts de
Rouyn-Noranda, M. Juneau, à nous présenter les gens qui
l'accompagnent.
M. Juneau (Achille): M. le Président, M, le
député, Mme la députée, mesdemoiselles, messieurs,
j'aimerais, tout d'abord, vous présenter ceux qui sont ici à la
table, représentant le comité. À ma droite
immédiate, M. Eddy Courchesne, homme d'affaires de Rouyn,
président de SODEQ, ex-président de la Commission industrielle et
commerciale de Rouyn-Noranda; à ma gauche, M. Noël Théberge,
homme d'affaires de Rouyn-Noranda, conseiller à la ville de Noranda;
à l'extrême droite, M. Yves-Patrick Beaulieu, de Rouyn-Noranda,
représentant action-travail et jeunesse. Moi-même, Achille Juneau,
médecin à Rouyn-Noranda ' depuis 1957, ex-maire de Noranda de
1967 à 1978.
M. le Président, MM. les membres de la commission
représentant le parti au pouvoir et l'Opposition, le sujet actuellement
débattu en commission parlementaire est la résultante du
voisinage de deux communautés identiques socialement, mais dont l'une a
profité honnêtement des largesses d'une compagnie multinationale
bien connue. Pendant le même temps, l'autre ville jumelle plus populeuse
que l'autre devait, à force de gymnastique, essayer d'offrir des
services de même qualité sans trop taxer ses citoyens.
Les résidents des deux villes étaient bien
diférenciés depuis plusieurs années. Mais depuis 15 ou 20
ans, un rapprochement graduel des citoyens se faisait sentir.
Depuis 1982, comme citoyens on assiste à un recul très
visible, à un sentiment d'isolement, à une inquiétude
croissante è la suite d'actions politiques municipales à tout le
moins surprenantes. Rouyn-Noranda, pour nous, ne forme qu'une seule
communauté sociale et économique avec les mêmes besoins.
Sur le plan régional et provincial, l'agglomération
apparaît comme une seule et même entité, sauf lorsque la
concertation entre les deux administrations municipales fait défaut.
Chaque citoyen de l'agglomération, qu'il soit favorable ou non au
regroupement, est préoccupé de l'avenir de sa
propriété et de son milieu de vie. Il souhaite le progrès,
il accepte le changement.
J'aimerais ici, M. le Président, faire
appel à un élément qui a été
éliminé et non accepté lors du référendum de
1981 à Noranda, et je veux nommer les jeunes. En effet, comment peut-on
accepter de planifier un projet de ville d'avenir sans consulter la jeunesse
qui sera la composante principale de cette future agglomération? M.
Yves-Patrick Beaulieu, jeune homme de Rouyn-Noranda, aimerait s'exprimer devant
la commission pour exposer le point de vue des jeunes au sujet de l'avenir de
Rouyn-Noranda. Après son exposé, M. le Président, je
terminerai avec la conclusion du mémoire.
Le Président (M. Marquis): Alors, M. Beaulieu.
M. Beaulieu (Yves-Patrick): Merci, M. le Président. Lors
du symposium de Rouyn sur les jeunes et l'emploi, en février dernier,
nous, les jeunes, avions placé la fusion au tout premier rang de nos
recommandations. En ce qui concerne la tenue d'un référendum,
nous nous opposons à une telle consultation puisque sous sa forme
actuelle nous en sommes exclus, ce que nous ne pouvons accepter puisque la
possibilité de nous exprimer ne nous est pas donnée.
Présentement, nous craignons une stagnation de la croissance
économique si des actions positives ne sont pas appliquées dans
les plus brefs délais. Une solution concrète au
développement économique, social, culturel et
démographique s'avère être la fusion de nos deux
municipalités, ce qui signifierait une alliance, une conciliation de
deux forces concentrant leur énergie vers un même but.
En fait, nous croyons que cette dernière augmenterait les chances
de la jeunesse en chômage d'avoir une sécurité d'avenir
plus grande que la réalité actuelle, de même qu'une
meilleure assurance en termes de qualité de vie. Car nous avons
conscience que c'est de notre avenir qu'il s'agit.
Nous voulons donc nous intégrer à la scène publique
pour avoir ainsi le droit de bâtir avec nos aînés ce qui
demain sera nôtre. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. Beaulieu.
M. Juneau: En conclusion, M. le Président, au nom des
citoyens que nous représentons, les membres du comité appuient le
projet de loi 190 tel que déposé à l'Assemblée
nationale le 13 ou le 14 mai 1985. Merci.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. Juneau.
M. Juneau: J'attendais, à moins qu'il veuille poser la
question. M. Saintonge a posé une question sur le
référendum. Il y a eu des réponses. M. le ministre a
posé une question un peu sur le même sujet sur la baisse
démographique de Noranda. J'ai entendu des réponses, je pense
qu'il y a peut-être des éléments additionnels qu'on
pourrait vous donner si vous êtes d'accord.
Le Président (M. Marquis): Allez-y.
M. Juneau: Sur la démographie, quand j'ai
été élu en 1967, il y avait 11 404 citoyens à
Noranda. Il y a des raisons pour lesquelles la population a diminué.
D'abord, je sais que la dénatalité n'est pas qu'à
Rouyn-Noranda ou qu'à Noranda, c'est faux. En 1957, il y a eu 1444
accouchements à Rouyn-Noranda et c'est environ 700 maintenant. En plus,
on est un centre régional de natalité.
Ce qu'on n'a pas dit et qui est important, c'est qu'à Noranda, il
y avait une ethnie anglophone importante qui baisse graduellement. Les gens
vont mourir en anglais. Lorsqu'ils sont à la retraite, ils s'en vont
à London, à Barry, à Niagara et ils quittent Noranda.
Deuxième chose, le nombre de personnes demeurant dans les
habitations ou dans les maisons était de 32 il y a quelques
années, c'est rendu à 2, 4 habitants par maison. Comme, à
Noranda, il ne se fait pas de construction ou très peu, ayant moins de
gens en moyenne, la population baisse graduellement. De plus, il y a l'exode
des anglophones à leur retraite. Je pense que ce sont des
éléments très importants qui expliquent cela.
Du côté référendaire, j'ai été
maire pendant onze ans, j'ai défendu Noranda et je comprends très
bien les citoyens de Noranda. Ce sont des gens fiers et orgueilleux de leur
ville comme les Américains le sont de leur président, de leur
drapeau et de leur pays. Les gens de Noranda se disent: Nous avons eu
l'honneur, nous avons eu la chance d'être ici et d'avoir une grosse
compagnie qui nous a largement aidés. Nous en sommes fiers, nous voulons
demeurer ici, on ne veut pas que d'autres partagent ce que nous avons
reçu.
Les gens de Noranda étant très fiers, je me suis
informé après le référendum à un psychiatre.
Je lui ai demandé: Qu'est-ce qui se passe? Il m'a dit: La même
chose qui s'est passée le 20 mai 1980 au Québec. Je partage
l'opinion de M. Sinclair sur certaines choses. Le sentiment d'appartenance
à un pays, à une province, à une municipalité,
c'est très fort. Les gens de Noranda ne veulent pas partager leur
bien-être. Leur demander d'évoluer vers un changement, ils ne sont
pas prêts et ils n'étaient pas prêts.
Pourquoi revient-on quelques années après avec cela? Il
s'est passé plusieurs choses depuis ce temps. Ce qui nous frappe
comme citoyens, c'est que les gens ne parlent pas de fusion, absolument
pas. Lorsqu'il y a des joutes de hockey entre les Citadelles et les As de
Noranda, s'ils vont en finale, on parle beaucoup de hockey. Là, il est
question d'une finale entre Rouyn et Noranda sur la fusion, on n'en parle pas.
Les gens nous en parlent très peu. J'ai l'impression que la
mentalité a évolué. Les gens ne veulent plus entendre
parler de fusion. Ils en ont entendu parler, et c'est vrai, en 1968, 1970,
1972, 1980, 1981, 1982 et 1985. Les gens se disent: Cela va finir par une
fusion, qu'ils la fassent donc, la fusion. C'est exactement ce que les gens
nous disent: Cela va finir par cela. (22 h 15)
On nous traite de n'importe quoi, de pseudo-élite, d'anciens
ténors maintenant barytons, pour ne pas parler des basses que l'on
entend en arrière. Nous croyons honnêtement que, lorsque nous
avons présenté à la population le dossier de fusion, nous
avons été très conscients que c'était un argument
de taille à présenter à ces gens. Je vous le dis encore,
les gens de Noranda aiment Noranda et s'identifient à Noranda et ils ne
sont pas prêts au changement. Nous sommes contents d'avoir eu les
résultats que nous avons eus. Nous étions très
près. Nous avons perdu par 51 le référendum et nous avons
perdu l'élection par 24. Actuellement, nous sommes sûrs qu'il y a
eu un changement qui s'est fait. Il a été confirmé par un
sondage dernièrement. 977 personnes consultées, avec des
pourcentages que vous avez entendus toute la journée, donnent une
réponse dans ce sens. C'est mon impression sur les deux sujets dont je
parlais antérieurement: le référendum, pourquoi et la
dénatalité. '
Le Président (M. Marquis): M. le ministre.
M. Marcoux: J'ai deux questions. Une première petite
série et une question plus importante. D'abord, vous dites que vous
êtes représentant du Comité pour la défense des
intérêts de Rouyn-Noranda. J'aimerais savoir depuis quand existe
votre comité. Qui regroupe-t-il? Quelles sont les activités que
vous avez eues dans les récentes semaines ou dans les récents
mois? En somme, j'aimerais connaître la substance de votre comité
qui représente les intérêts des citoyens de Rouyn-Noranda.
Puisque vous dites représenter les intérêts des citoyens de
Rouyn-Noranda, est-ce que votre membership est davantage composé de gens
de Rouyn ou de Noranda ou des deux? Je voudrais avoir un peu la substance de
votre comité. Je reviendrai avec mon autre question par la suite.
M. Juneau: Tout à fait d'accord. Je vais demander à
M. Théberge, qui a effectivement les noms et les dates, s'il peut
répondre à cette question, si vous êtes d'accord.
M. Théberge (Noël): Il y a eu formation du
comité le 13 d'avril 1985. J'ai les noms ici de l'exécutif qui
comprend douze membres, soit sept de Noranda et cinq de Rouyn. J'ai les noms
aussi des autres membres qui sont d'accord avec ce comité. Il y a eu
plusieurs réunions. Ce comité s'est déplacé pour
venir rencontrer l'aile libérale, ici, à Québec et aussi
certains ministres, ici, à Québec. Nous tenons des
réunions le vendredi au déjeuner. Je peux vous dire que nous
avons eu une réunion vendredi, nous avons eu une réunion samedi
et nous avons eu une réunion l'autre dimanche aussi. Nous avons eu
plusieurs réunions. Je crois que nous sommes quand même
représentatifs des citoyens des deux villes contrairement à
l'autre comité de M. Sinclair et de Mme Turgeon, car de prime abord, on
dirait qu'il a été formé dans une chambre à
coucher. Nous, ce n'est pas le cas. Je crois qu'on représente quand
même...
M. Saintonge: Vous avez combien de membres
présentement?
M. Théberge: Je peux les compter. On a douze membres
à l'exécutif. Il y en a vingt plus douze, cela fait trente-deux
qui ont été consultés sur cela.
M. Marcoux: Comme parlementaire, je. n'apprécie pas la
dernière remarque concernant l'autre comité. Je pense qu'il y a
moyen de mettre en valeur votre comité sans dévaloriser l'autre.
Je crois que cela serait agréable que vous la retiriez.
Ma question s'adresse à l'ex-maire de Noranda. Vous avez
été maire pendant onze ans.
M. Juneau: Oui.
M. Marcoux: Comment quelqu'un qui a été maire
durant onze ans, de Noranda en plus, peut-il accepter de favoriser un projet de
loi qui imposerait une fusion sans que cette fusion soit faite par
référendum ou à la suite d'une consultation populaire?
Cela dit, je pose ma question en toute objectivité. Je ne vous dis pas
quelle est mon opinion sur le projet de loi comme tel. Je voudrais comprendre
le cheminement que vous avez vécu parce que vous avez été
maire. C'est impressionnant, comme parlementaire, de rencontrer quelqu'un qui a
été maire de Noranda durant onze ans. Donc, c'était la
ville riche, la ville heureuse, la ville qui avait les services, la ville qui
disposait de l'industrie, etc. Vous avez été maire onze ans, vos
concitoyens à ce moment devaient
être contre la fusion parce qu'elle ne s'est pas faite, ou le
problème ne se posait pas. Depuis ce temps, il semble jusqu'à
1982 qu'une majorité d'entre eux était contre. Or, aujourd'hui,
vous êtes leader d'un comité qui favorise la fusion et qui
accepterait que le projet de loi tel que proposé soit adopté. Je
veux comprendre.
M. Juneau: Je pense qu'il y a eu quand même, comme je le
disais dans le mémoire, un rapprochement qui se faisait.
Antérieurement, si on parle de Rouyn-Noranda, c'est vrai,
c'étaient deux villes très différenciées avec deux
administrations totalement différentes. Cela a été dit ce
matin. À partir des années 1968, 1970, depuis 15 ou 20 ans, on
semblait se rapprocher graduellement et les deux administrations discutaient.
On sentait que des ententes s'étaient négociées, six ou
sept ententes, puis cela semblait aller graduellement vers, peut-être, un
jour, une possibilité de...
Il y a deux éléments, entre autres, qui m'ont fait prendre
une décision après l'avoir mûrie beaucoup. On en a
parlé à quelques reprises. Tout d'abord, il y a le parc
industriel. Cela a été un jour noir dans ma vie de maire à
Noranda. Je me souviens au Motel Alpin, un avant-midi, les fonctionnaires du
ministère étaient là. Deux administrations municipales
demandaient un parc industriel et on vantait les avantages pour Noranda d'en
avoir un et pour Rouyn d'avoir la même chose d'en avoir chacune un.
Elles avaient une subvention de 1 000 000 $ à se partager,
à peu près 600 000 $, 400 000 $ d'un bord ou de l'autre. Je me
souviens, je pense que c'est un M. Larouche du ministère qui, lorsque
cela été fini, est venu me voir et m'a dit: Jamais plus, jamais
plus je ne reviendrai ici, jamais plus lorsqu'il sera question de
départager des décisions municipales, c'est inacceptable, ce
n'est pas vrai. Je n'ai pas dit un mot. Je me suis dit: Il a peut-être
raison, je vais y penser. Et, plus j'y pensais, plus je me disais: C'est vrai
qu'il a raison. C'est un territoire unique, c'est vrai. À Rouyn-Noranda,
il n'y en a pas de démarcation.
Je vais vous donner un fait légal, c'est peut-être
drôle. Il y a un cas incroyable de jurisprudence à Rouyn-Noranda.
Une femme qui a eu un accident un jour, la jambe gauche à Rouyn, la
jambe droite à Noranda, l'entre deux je ne le sais pas, mais cela a
été jugé. C'était un cas de jurisprudence où
les deux municipalités étaient impliquées. J'étais
là comme maire. Un accident entre les deux villes, une jambe sur un
bord, une jambe sur l'autre. C'est aussi vrai que cela.
M. Marcoux: Le comble de l'humour a été atteint cet
après-midi quand on a dit que, sur la voie à quatre
travées, il y en a trois dans une ville et une dans l'autre.
M. Juneau: C'est vrai, c'est vrai.
M. Marcoux: Les trois travées d'un côté
peuvent aller à 80 kilomètres-heure et, de l'autre
côté, à 70 kilomètres-heure. Cela fait un peu
curieux, quand même!
M. Juneau: C'est effectivement vrai. Il y a un autre
élément qui m'a déçu, c'est que les gouvernements
antérieurs ont donné des subventions généreuses
à Noranda, entre autres, à Noranda-Nord. Quand on parle de
fusion, on dit: On a peur de se faire vider notre richesse à Noranda,
vider notre petit trésor pour Rouyn. C'est faux. À Noranda, on a
le plus bel exemple, Noranda-Nord était un secteur de la ville qui
n'avait pas de services. Qu'est-ce qu'on a fait? On les a apportés
là, ils sont rendus. Mais ils y ont participé. Ils ont
payé 22 $ le pied linéaire pour avoir leurs infrastructures. On a
eu des subventions de 1 190 000 $ de M. Goldbloom. Le gouvernement a
payé par la suite le chemin pour se rendre là et tout le reste.
On a demandé à l'ancien secteur de Noranda, qui s'était
payé ses propres services, de payer l'aqueduc pour se rendre au
début du parc industriel, c'est pour tout le monde; le reste,
passé le parc industriel qui va à Noranda-Nord, les gens de
Noranda-Nord le paieront. C'est ça, une taxe de secteur; on l'a à
Noranda, nous, on l'a fait. On parle de fusion, on apeure les gens, on monte
des Bonhommes sept Heures, on leur dit n'importe quoi. On en a entendu
quelques-unes tantôt; ça, ce n'est rien comparé à ce
qu'on a entendu durant le référendum et on n'a même pas
répondu parce qu'on disait: Cela ne se peut pas!
Je suis médecin depuis 28 ans à Rouyn-Noranda et c'est
vrai, à un moment donné, j'ai été très
longtemps, jusqu'en 1981, médecin des vieux. J'avais le Foyer Pie XII,
j'avais les vieilles soeurs, j'avais du vieux monde. Maintenant, c'est moi qui
suis vieux, mais en tout cas... Il y a eu un HLM à Noranda,
j'étais maire quand le HLM a été accepté. Il y a eu
une campagne référendaire. On est censé être
reçus au HLM un jeudi avant le référendum. On m'appelle
à l'hôpital à 10 heures en disant: Docteur, ne venez pas au
HLM, c'est dangereux. Alors, on n'y est pas allés.
C'est vrai, ce qu'on a dit et plus que cela. On a dit aux vieux - ils
sont une trentaine, pas grand-chose - S'il y a référendum et que
Juneau et sa "gang" gagnent, c'est la ville de Rouyn qui va mener. Ils vous
sortent d'ici, ils vous remplacent par des gens de Rouyn et ils augmentent
votre loyer. Si j'avais été vieux à 75 ans, j'aurais
automatiquemet voté à deux mains contre Juneau et contre sa
"gang". C'est exactement ce qu'ils ont fait. On leur a dit n'importe
quoi. On s'est dit: Cela ne vaut même pas la peine de répondre; en
1981, les gens sont plus éveillés. De l'information, ils en ont
eu en masse. C'est pour cela que, quant à aller vers une autre
consultation, je me pose de sérieuses questions.
Je vous disais pourquoi j'ai changé. L'étude de 1972
disait effectivement: Pour Noranda, statu quo. L'étude de 1980, cela a
changé, c'est vrai que cela avait changé. Ils ont dit: Si les
facilités sportives sont transmises à la ville, les tennis, la
piscine, le centre récréatif et le golf, cela va faire
changement. Si la Baie James se développe, il y aura des changements,
pensez-y donc sérieusement è une fusion. C'est cela qu'ils
disaient. C'est cela qui est arrivé. Les mêmes auteurs de
l'étude, huit ans après, disent: C'est le temps de se fusionner.
J'ai voulu être conséquent avec moi-même, j'ai
défendu le dossier en 1972 et j'ai respecté les mêmes
auteurs qui ont continué le dossier en 1980. Je me dis: C'est vrai,
j'embarque. C'est ce que j'ai fait.
M. Marcoux: M. Juneau, docteur, ex-maire, etc., si les
parlementaires décidaient d'être d'accord avec la fusion, mais
à une condition, qu'il y ait un référendum dans chacune
des municipalités, je ne sais pas si vous êtes un peu "gambler",
mais si vous aviez un pari à prendre sur le vote des gens de Noranda
dans le cas d'un référendum qui se déroulerait vers le 15
septembre, quelque chose du genre, dans quel sens pensez-vous que les gens de
Noranda voteraient? Est-ce qu'ils voteraient en majorité pour la
fusion?
M. Juneau: Honnêtement, oui.
M. Marcoux: Même si on leur disait que leurs taxes vont
augmenter?
M. Juneau: Je ne dis pas que je suis pour un
référendum. Vous me dites; Hypothétiquement, s'il y
avait... Mon impression, c'est que si l'information venait de gens neutres, non
partisans, d'une commission parlementaire ou de gens du ministère, si ce
n'est pas engagé par un groupe pour et l'autre contre, je dis encore,
hypothétiquement... Je ne suis pas d'accord pour le
référendum parce que je me dis qu'il y a eu une évolution
et que les gens sont mûrs pour cela. Ils n'en parlent pas et ils sont
prêts à cela. On sent cela parmi les gens. On vit là depuis
des années et c'est cela qui s'en vient. Si les gens étaient
contre, ils en parleraient. Si les gens étaient pour, ils en
parleraient, la même chose. Ils n'en parlent pas; donc, ils se disent:
Cela s'en vient, c'est aussi bien de laisser aller cela et cela va finir
là.
Les gens de Noranda - je les connais - se disent: Il faut au moins qu'on
soit protégés. C'est ce que les gens veulent, être
protégés, dans ce qu'ils ont comme acquis. Il s'est passé
beaucoup de choses dans 4000 jours d'une vie pendant onze ans. J'ai vécu
beaucoup de choses à Noranda, en tant que maire pendant onze ans. C'est
pour cela que je pense que je les connais, les gens de Noranda,
honnêtement. Je les comprends quand ils disent que, pour eux c'est
traumatisant, c'est douloureux d'aller vers une fusion. Si on leur garantit que
les services vont être de qualité, que le taux des taxes va
être normal dans la municipalité, ils sont assez intelligents pour
comprendre. Je suis certain de cela.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. Juneau. M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: M. Juneau, si on vous demandait à
brûle-pourpoint, quelles sont les implications financières pour
les citoyens de Noranda d'une fusion éventuelle avec Rouyn, auriez-vous
une réponse à cela?
M. Juneau: Je pense que, s'il y avait actuellement une fusion
entre Rouyn et Noranda, sachant la répartition normale qui doit se
faire, les dettes que Rouyn a, qu'elle les paie et nous, on paiera les
nôtres. Ce qui est à venir pourra être payé par
l'agglomération. S'il y avait fusion, le taux de taxes - parce que des
services, on en a plusieurs à Noranda - devrait être plus bas
à Noranda qu'à Rouyn dans une ville fusionnée.
M. Saintonge: Par quartier,
M. Juneau: Parce qu'il y aurait à Rouyn des taxes de
secteurs, des taxes de bassins que Noranda n'a pas, que la mine Noranda a
aidé à payer.
M. Saintonge: D'accord. Vous dites devrait être,
normalement. Il n'y a pas de donnée qui puisse nous permettre de dire
aujourd'hui que c'est cela. (22 h 30)
M. Juneau: Là, on peut s'obstiner. Dans le dossier sorti
en 1980, on additionnait les deux budgets des villes actuelles. On faisait un
budget d'une future ville planifiée et on arrivait à une
économie d'échelle de 1 000 000 $. Ce sont les messieurs qui ont
fait cela, qui ont fait le même dossier huit ans auparavant.
M. Saintonge: Sauf qu'il semble que d'après les
informations...
M. Juneau: C'est ce que je vous dis. C'est ce qui était
dans cela.
M. Saintonge: Les informations que l'on a cependant, c'est qu'on
disait qu'à Noranda
on paierait, trois ans après, plus cher de taxes et, finalement,
il est apparu que ce n'était pas tout à fait exact.
M. Juneau: Il est arrivé la loi 57 qui a
possiblement...
M. Saintonge: C'était après. C'était quand
même en 1981, la loi 57 c'était en 1979.
M. Juneau: Oui, mais semble-t-il...
M. Saintonge: Peut-être que les effets à long terme
étaient moins connus. Mais ce que je veux dire quand même et vous
allez être d'accord là-dessus. Vous n'êtes peut-être
pas en faveur d'un référendum. Vous n'êtes peut-être
pas contre, mais vous ne vous êtes peut-être pas fait à
l'idée. Ce que je veux dire, c'est qu'en vertu d'une loi, vous avez
été maire d'une ville. Quelqu'un qui est élu a un mandat
vis-à-vis de ses citoyens.
M. Juneau: Oui.
M. Saintonge: Il tient son mandat de ses citoyens. Si, dans une
municipalité, on modifie l'espèce de milieu dans lequel on va
vivre et on modifie les limites territoriales, il est peut-être important
que les citoyens, qui ont accepté l'administation antérieure et
le genre de vie qu'ils connaissaient antérieurement jusqu'au jour X,
puissent se prononcer là-dessus en toute connaissance de cause.
Vous savez qu'en ce qui concerne la Loi favorisant le regroupement des
municipalités il y a des dispositions de prévues. Ce n'est pas
nécessairement un référendum. La loi prévoit, par
exemple, qu'il y ait une étude conjointe qui puisse être faite.
L'étude conjointe va être faite et, à ce moment-là,
la Commission municipale devra tenir une enquête publique sur
l'opportunité de la fusion et sur ce que devraient être les
conditions de la fusion. C'est donc dire qu'à cette
enquête-là toute personne intéressée peut venir. Au
sens de la loi, on l'a mentionné tantôt, les personnes
intéressées telles que définies, c'est finalement le
propriétaire, ou le locataire, ou simplement le citoyen domicilié
dans la municipalité, qui sont majeurs et citoyens canadiens. C'est
cela, les personnes intéressées. Donc, c'est "at large", c'est
tout le monde, jeunes comme vieux de n'importe quel âge, cela n'a pas
d'importance, citoyens canadiens et domiciliés dans la
municipalité.
Pour ces gens, l'important, c'est qu'ils puissent se prononcer en venant
devant la commission et faire connaître leurs opinions. Vous savez que la
Commission municipale va recommander au ministre, à ce moment-là,
de tenir ou pas un référendum dans les municipalités.
Donc, le référendum n'est pas nécessairement obligatoire.
Si, vis-à-vis de la situation faite après l'étude qui a
été menée conjointement, avec les conclusions d'une
fusion, et les gens peuvent véritablement voir les avantages et les
désavantages, s'il y en a, et aussi les implications financières,
ils vont venir dire ce qu'ils ont à dire. C'est cela qui est important
et que nous voulons, de ce côté-ci, faire ressortir. À
notre point de vue - je ne sais pas si vous êtes de notre avis, et c'est
ce que je veux savoir - ne croyez-vous pas que des citoyens vivant sur un
territoire dont on va modifier l'étendue et les rapports de force qui
vont exister entre deux communautés distinctes - même s'il y a des
rapprochements qui se font, dans les faits, juridiquement parlant ce sont deux
communautés distinctes - devraient avoir la possibilité de se
prononcer véritablement sur les enjeux?
M. Juneau: Je veux bien comprendre. Je vous avais posé la
question cet après-midi et je la repose: Est-ce conditionnel à ce
qu'il y ait eu auparavant une requête en fusion, la question
référendaire ou la consultation?
M. Saintonge: D'après ma compréhension de la loi,
ce n'est pas nécessairement le cas qu'il y ait eu une requête. Cet
après-midi, j'ai dit qu'au niveau du ministère des Affaires
municipales l'aide gouvernementale, l'aide technique peut être
apportée. Il est clairement établi dans les politiques
gouvernementales par le service de l'organisation municipale que les
municipalités qui désirent se regrouper ou tout simplement
analyser la question du regroupement peuvent adopter des résolutions
pour demander l'aide technique du ministère. Sur réception de ces
résolutions, le service de l'organisation municipale assiste les
municipalités dans la préparation des différentes analyses
nécessaires à la prise de décision. On parle des
possibilités d'analyse des implications financières et fiscales,
du découpage en quartiers, de la préparation d'une requête
conjointe, s'il y a lieu, de réunions d'information auprès de la
population, de discussions entre conseils municipaux.
C'est clairement établi dans cette politique du ministère
qui vient de la Loi favorisant le regroupement des municipalités. On
dit: Il convient de mentionner que cette aide technique du ministère
n'est pas conditionnelle à la réalisation du regroupement. Une
analyse complète du regroupement peut être effectuée avec
l'assistance du ministère sans pour autant que les représentants
des municipalités concernées ne s'engagent à le
réaliser. Donc, c'est une possibilité d'analyse avec l'aide du
ministère pour arriver, si on veut, à des études qui
peuvent être sommaires. Et, s'il y
a lieu, je pense qu'on peut prolonger les études, aller plus
loin. Mais, dans la Loi favorisant le regroupement des municipalités,
c'est clairement établi, à certains articles, on parle
carrément d'étude conjointe. Le coût de cette étude
est réparti entre les municipalités. Le ministre peut même
rendre une ordonnance aux fins, justement, qu'un étude conjointe soit
établie et même fixer un délai pour le choix de la personne
qui sera chargée de l'étude conjointe. Si ce choix n'est pas fait
dans le délai imparti que le ministre a fixé, à ce
moment-là, le ministre choisit lui-même la personne qui
procédera à l'étude conjointe aux frais des
municipalités.
Donc, vous voyez finalement ce que la loi prévoit en ce qui a
trait au regroupement des municipalités. Ce n'est pas une étude
de Noranda, d'un côté, et de Rouyn, de l'autre bord, et que
chacune arrive avec des conclusions qui peuvent être
diamétralement opposées. C'est une étude conjointe qui,
avec les deux municipalités, devrait faire voir carrément quelles
sont véritablement les implications pour les deux municipalités,
quels sont les avantages qu'on peut faire valoir à la population, quels
sont les avantages pour le futur, tant dans le domaine économique,
social, culturel que sportif. Dans un tel cas, c'est, je pense, ce que la loi
prévoit et c'est ce qui permettrait, à mon point de vue, dans le
cadre présent, aux citoyens de se prononcer en connaissance de cause,
soit de venir devant la Commission municipale, lors d'une enquête
publique, témoigner de leur volonté de s'opposer à la
fusion ou, tout au moins, à certaines conditions de la fusion.
Éventuellement, en ce qui a trait au rapport de la Commission
municipale, elle pourrait faire recommander au ministre d'ordonner ou pas la
tenue d'une consultation populaire là-dessus ou d'un
référendum.
Autre chose importante, vous avez un représentant des groupes de
jeunes, principalement, qui disait qu'ils étaient contre une
consultation populaire puisqu'ils étaient exclus. Il est clairement
établi, au sens de la loi, que, comme personne intéressée,
si vous avez 18 ans, êtes citoyen canadien et domicilié dans la
municipalité, vous êtes une personne intéressée et
vous êtes consulté. Vous avez votre mot à dire, soit lors
de l'enquête de la Commission municipale, soit, éventuellement,
lors de la consultation populaire.
M. Juneau: Juste pour répondre. Tout d'abord, cela prend
une résolution des conseils de ville, première chose.
Deuxièmement, cet après-midi, vous avez posé une question
et je pense qu'on ne savait pas la réponse. Vous avez demandé:
Est-ce que, antérieurement, il y a déjà eu une
requête en fusion qui a été demandée?
Effectivement, je pense - c'est ce qui a été fait
après l'étude de 1980, au début de 1981 - la ville de
Rouyn a envoyé aux journaux une copie de sa résolution qui
demandait une fusion avec Noranda. La ville de Rouyn a envoyé à
la ville de Noranda une copie de cette résolution. Elle n'a jamais eu de
réponse à cette résolution. Il me semblait que...
J'étais au courant, mais on a appelé ce soir, et c'est
effectivement vrai, c'est cela qui est arrivé.
M. Saintonge: Ma question portait sur le cadre actuel.
M. Juneau: Oui, oui.
M. Saintonge: J'imagine qu'on peut parler des 20 dernières
années, mais vous savez que, depuis la dernière élection
à Noranda en 1982, on est rendu en 1985 et il y a de l'eau qui a
coulé sous les ponts. À ce moment-là, on arrive avec un
projet de loi publie au nom d'un député et non pas au nom du
ministre responsable des Affaires municipales. Vous savez que, pour le
règlement du dossier, normalement, avec le regroupement des
municipalités, quand un décret est donné, c'est le
ministre qui le décide. C'est le gouvernement qui va le décider
par la voie du ministre des Affaires municipales. Dans le cas présent,
le ministre des Affaires municipales est un peu en dehors du dossier, quoiqu'il
soit présent ici ce soir pour écouter.
Ce qui est curieux dans ce phénomène et ce qui
m'apparaît fort curieux de mon côté, c'est le fait que,
depuis les dernières élections et depuis que le dossier est
tombé, si on peut dire, d'une certaine façon, presque en
désuétude, parce qu'on n'a pas poussé l'affaire
après 1981-1982, on est rendu en 1985 et, tout à coup, un projet
de loi public, au nom d'un député, arrive et dit: C'est une
fusion, mais on se réfère à la Loi favorisant le
regroupement des municipalités concernant simplement le contenu de la
requête, c'est-à-dire les conditions de la fusion. Mais on
élimine tout le reste du projet de loi qui fait en sorte que le citoyen
peut se prononcer, peut demander à la Commission municipale de faire une
enquête publique et venir faire valoir son opinion lors de
l'enquête publique et, parfois, poser des questions sur les conditions de
la fusion. Le citoyen qui est informé va acheter facilement cela, peut
l'acheter parfois. On a déjà vu des cas, même ici en
commission parlementaire, sur un projet de loi non pas public, mais
privé, où deux municipalités se sont
présentées, une voulant justement fusionner l'autre. On a dit:
Parlez-vous, bon sens! Faites une étude. Parlez-vous. Elles se parlaient
avant, mais elles ne se parlaient peut-être pas d'une façon
très réciproque avec un langage que chacune pouvait
comprendre. Mais regardez les implications, ce qui va vous concerner, ce
qui va arriver ultérieurement, quels seraient les avantages pour vous
là-dedans. S'il y a des désavantages aussi, analysez les choses.
Les gens sont repartis; je peux vous dire, c'était en décembre
1982. Ils sont revenus ici, je pense, au mois de juin et la fusion a
été prononcée. Le président ici pourrait vous en
dire un mot. C'était dans son comté. Ces gens ont compris,
après une analyse de la situation, qu'il y avait avantage pour eux
à fusionner et, quand ils sont revenus, mon cher ami, cela a pris
exactement cinq minutes, le projet de loi était passé, les
ententes avaient été signées sans problème.
M. Juneau: Je pense que vous savez qu'on ne peut pas, comme
groupe de citoyens, demander des sondages n'importe quand. Effectivement, la
question de Rouyn-Noranda était très silencieuse depuis X
années. On respectait effectivement ce qui s'était
passé.
Il a y eu un sondage. Je pense que je vous comprends. Vous n'acceptez
pas, dans cette salle, le mot sondage, excepté que, si vous prenez le
pouvoir prochainement, vous allez vous fier comme tous les gouvernements
à des sondages. Cela oriente souvent vos actions. Vous ne pouvez pas
légalement et je vous comprends... Mais nous, comme citoyens, à
Rouyn-Noranda, on a eu effectivement un sondage, fortement positif, et c'est
cela qui a donné une résurrection à ce projet.
M. Saintonge: Sauf que le sondage ORD-TEL dont vous parlez...
M. Juneau: Oui, oui.
M. Saintonge:... par rapport aux informations que j'ai pu avoir
concernant l'échantillonnage, la façon dont cela a
été fait, les implications que les gens pouvaient
connaître, c'est fort différent. J'imagine que, si les gens
avaient été bien informés des situations existantes... Ce
n'est pas tellement engageant si on téléphone: Êtes-vous
pour la fusion ou pas? Bien oui, je suis pour. Combien cela coûte-t-il?
Je ne sais pas. Cela va dépendre combien cela coûte.
Dans le sondage de la chambre de commerce, je ne veux pas mettre en
doute...
M. Juneau: Oui, oui.
M. Saintonge:... ce que la chambre de commerce nous a dit
aujourd'hui, mais je peux dire que j'avais rencontré les gens de la
chambre de commerce lors d'une rencontre avec les parlementaires, la rencontre
annuelle, et la directrice générale de la chambre était
venue avec le président. On m'avait dit qu'il y avait un sondage en
cours et j'ai dit: J'aimerais avoir le résultat du sondage. On a fait
plus que m'envoyer le résultat, on m'a envoyé des photocopies des
feuilles au complet, etc. Je l'ai bien apprécié et j'ai
regardé cela. J'ai regardé tantôt le contenu de cela avant
de redescendre ici ce soir. C'est sûr qu'il y a eu des commentaires, pas
dans toutes les feuilles. Je ne me souviens pas du total, mais 179 feuilles
reçues avaient des commentaires. Dans plusieurs des cas, il y avait des
commentaires. Mais, dans certains cas, ce qui était intéressant,
c'est qu'il y avait des notations: À quel prix et comment cela va-t-il
se faire? On peut être pour une fusion, on peut dire: On est d'accord
avec le principe, mais, cependant, avant de donner un accord complet, il faut
véritablement voir ce qu'il en est pour le citoyen qui est
impliqué.
D'autant plus que, dans le sondage de la chambre de commerce - comme
j'ai mentionné tantôt, ce n'est pas pour le mettre en doute non
plus - j'ai regardé combien de gens de Noranda avaient répondu.
Les gens qui sont en dehors de Noranda, s'ils sont à Rouyn peuvent
répondre oui et ils pourraient peut-être répondre non,
s'ils étaient des résidents de Noranda. Pour les gens qui sont
à l'extérieur de Rouyn-Noranda, c'est déjà un
sondage qui est moins indicatif dans le sens que cela ne coûte rien
à ces gens-là. Si, demain matin, on me demande: Etes-vous pour ou
contre le fait que, je ne sais pas, Québec se fusionne avec la ville de
Vanier, je peux bien dire oui, je ne demeure pas à Québec, si je
suis un citoyen ordinaire. Mais vous comprenez l'implication que je veux
mentionner dans ce sens-là. C'est que, en ce qui a trait à la
loi, en ce qui à trait è la représentation, le citoyen qui
est, quand même, dans une administration locale responsable un peu de son
choix de vie, responsable du choix des administrateurs qu'il va
déléguer pour administrer sa ville, a un droit de parole, un
droit de consultation qu'on doit respecter dans ce sens-là.
Êtes-vous d'accord avec le principe, à tout le moins, que
le citoyen, avant qu'on modifie fondamentalement son milieu de vie, avant qu'on
modifie toute son organisation administrative de façon importante et qui
devrait être perpétuelle, puisse avoir un minimum de
possibilité d'analyser la situation et de se prononcer effectivement si,
en ce qui a trait aux conditions de la fusion, en ce qui a trait aux
modalités d'application de la fusion éventuellement de la
nouvelle ville, il a des recommandations ou des remarques à faire qui
pourraient faire évoluer le dossier? (22 h 45)
Je pense que le citoyen, normalement, peut le faire en toute
démocratie, puisque nos lois le prévoient. Ce qu'il est important
de comprendre, c'est qu'on a des lois, la Loi
favorisant le regroupement des muncipalités et, je vais aller
plus loin que cela, la Loi sur les cités et villes, qui prévoient
des façons de procéder à une annexion d'un territoire
complet avec une requête etc., mais le citoyen peut être
consulté.
Vous avez parlé d'une résolution d'un conseil municipal.
Je ne veux pa9 m'attarder trop longtemps, mais il y a simplement un dernier
point sur cela que je peux vous donner. Dans la Loi sur les cités et
villes, il est prévu à certains articles qu'une
municipalité peut adopter un règlement pour demander l'annexion
d'un territoire voisin contigu en tout ou en partie. Si je comprends le texte
de loi, c'est l'ensemble d'une municipalité qui, par un
règlement, veut aller chercher le territoire d'une municipalité
voisine. Vous savez que dans un tel cas, cependant, le citoyen peut se
prononcer. Si la municipalité dont on veut annexer le territoire
n'accepte pas le règlement de son voisin, le citoyen peut demander
è la Commission municipale d'intervenir pour se prononcer sur cela.
Donc, à ce moment, la loi prévoit une disposition qui est
très extravagante d'une certaine façon puisque c'est une
municipalité voisine qui vient tenter d'englober chez elle la
municipalité contiguë. Mais le citoyen a toujours le droit de se
prononcer. C'est ce que la Loi sur les cités et villes accorde au
citoyen, c'est ce que la Loi favorisant le regroupement des
municipalités accorde au citoyen. Ce sont les lois usuelles, les lois
régulières, les lois de droit commun qui s'appliquent dans notre
cadre juridique normal.
Dans le cas présent, le problème, c'est que par une loi
spéciale, une loi particulière on élimine cette partie des
lois usuelles, d'une part. Deuxièmement, c'est un projet de loi qui a
été préparé et présenté sans la
consultation d'une partie importante qui est prise dans la fusion des deux
villes. Cela m'apparaît, au point de vue de la démocratie,
important d'assurer aux citoyens le droit de se prononcer. Est-ce que vous
êtes d'accord avec cela?
M. Juneau: Je comprends tout cela et je vous dis que,
d'après moi, c'est une démarche additionnelle qui va coûter
de l'argent et qui va aussi réveiller ce qu'on a vécu comme
élément déchirant dans une population qui vit intimement
ensemble. Cela vit à Rouyn dans le jour, ça couche à
Noranda le soir. C'est fait de même depuis des années, puis les
mentalités ont évolué. Ce que vous me dites, ça
peut se faire, c'est certain que ça peut se faire
démocratiquement, mais, d'après moi, ce serait superflu de
réveiller ce sentiment de déchirement. C'est ce qui arriverait.
C'est ce que nous avons connu.
M. Saintonge: Vous admettez qu'il y a un sentiment de
déchirement qui existe à ce moment. Cela peut causer des
problèmes.
M. Juneau: Lorsque l'on déterre cette question
d'appartenance - et je les comprends, les citoyens de Noranda, je comprends
très bien ce qu'ils ressentent -c'est difficile de les faire
évoluer vers. C'était tout près. Il y a, d'après
moi, une évolution qui continue à se faire depuis ce temps, c'est
cela qu'on vous dit et que le sondage est venu confirmer.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M.
Baril
(Rouyn-Noranda-Témis-
camingue): M. le Président, je voudrais adresser ma
question à un vieux confrère de mon père qui vient du
Témiscamingue, notamment de Lorrainville, et moi, je viens, de
Saint-Eugène. II faut dire qu'il y a beaucoup de gens du
Témiscamingue qui ont quitté le Témiscamingue pour
bâtir Rouyn et Noranda. M. Courchesne est président actuellement
de la SODEQ-Abitibi-Témiscamingue et est un homme d'affaires qui joue un
rôle extrêmement important dans la vie économique de Rouyn
et de Noranda. Je voudrais lui parler des impératifs économiques.
Je voudrais demander à M. Courchesne, vu la situation actuelle,
c'est-à-dire deux villes, quelles sortes d'obstacles la non-fusion
cause-t-elle à l'économie ou à l'avenir économique
de Rouyn-Noranda?
M. Courchesne (Eddy): M. Baril, je suis l'ami de votre
père, mais il ne faudrait tout de même pas dire que j'ai le
même âge.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Non. D'accord.
M. Courchesne: M. le Président, mesdames, messieurs les
membres de la commission, du gouvernement et de l'Opposition,
l'Abitibi-Témiscamingue, grand territoire, population de 145 000 environ
et Rouyn-Noranda, MRC, 42 000 habitants, 17 municipalités où
tenter de donner de l'économie par un agent économique et ensuite
avec des outils de travail qui ne s'avèrent pas toujours à la
hauteur de la situation étant donné que la situation est
difficile.
À Rouyn-Noranda il y a 26 000 habitants. Il y a deux litiges
très importants: d'une part, une population homogène avec deux
administrations et le plus haut taux de chômage de la province de
Québec. Il m'apparaît qu'aujourd'hui on a peut-être
manqué le bateau pour vous faire comprendre le but de notre visite, le
but extrême de notre visite. Afin de conserver ce qu'on appelle cette
démocratie, il va falloir se
donner quelques leaders en économie; sinon, le nombre grandissant
de bénéficiaires de l'aide sociale et toute autre aide à
la charge des gouvernements va grandir. Nous sommes 45 000 sur 145 000 environ
qui sommes au travail, les autres reçoivent déjà une
prestation quelconque. En plus, vous avez à faire face à toutes
sortes de contraintes chaque fois que vous avez à prendre une
décision dans une agglomération de 42 000 de population, dans un
petit secteur qui est Rouyn-Noranda, Abitibi-Témiscamingue, partie de
Rouyn-Noranda, MRC, ce qui fait l'affaire du gouvernement qui, à
plusieurs occasions a pu nous dire: Tentez de faire l'unanimité et vous
reviendrez nous voir.
C'est ce que nous tentons de faire ce soir, l'unanimité à
Rouyn-Noranda, pour tenter de revenir vous voir, de nous donner une voie
d'échappement et de bâtir une économie afin de rehausser
notre qualité de vie et d'envisager l'avenir pour le remettre à
des plus jeunes que nous dans quelques années, s'ils veulent bien
revenir.
M. le Président, l'économie de Rouyn-Noranda a toujours
été la même; elle a toujours été difficile et
nous n'avons jamais réussi à instaurer l'industrie secondaire. Ce
n'est pas depuis quelques années que nous travaillons. En 1970, moi et
le Dr Juneau, nous avions entrepris un programme avec l'opération
Nord-Ouest, il n'y avait pas de centre consultatif à cet
effet-là. On s'est fait user et, finalement, on a dit qu'on allait
agrandir l'usine de Montréal-Est.
Je fais de la gestion de la façon suivante: 40 heures par semaine
dans les compagnies que j'administre et 40 heures bénévolement
pour la SODEQ. C'est ma journée de travail de 8 heures à minuit
presque tous les jours et je défie quiconque de dire autre chose que
ça. J'ai une excellente santé, j'aime le coin de terre, la
région où je vis, j'aime lui donner une certaine économie
et je tente de faire la part des choses avec les moyens que j'ai et le coeur
que je mets à l'ouvrage.
On est ici depuis le matin et on parle d'autre chose que de
l'économie. Ne pensez-vous pa3 que, si on veut assurer la
démocratie, il va falloir se donner une économie, il va falloir
s'unir d'une façon ou de l'autre pour arriver à subsister et
à créer un avenir pour les enfants? Je suis certain que vous
êtes conscients de ce chômage-là. Je suis certain que,
même si les gens de l'Opposition parlent plus de liberté d'agir
que d'économie, c'est parce qu'ils ne sont pas les administrateurs du
gouvernement à l'heure où nous nous parlons. S'ils étaient
les administrateurs du gouvernement, ils feraient comme vous l'avez fait,
probablement: ils instaureraient des programmes, auxquels très
probablement nous ne pourrions pas accéder dans les circonstances
actuelles, parce qu'il y aura toujours trop de contraintes et les délais
sont toujours longs.
Vous avez créé une SODEQ sans nous demander exactement si
cette loi allait nous convenir. Vous nous l'avez imposée. Cela
s'avère un outil qui n'est pas valable, qui n'a pas enrayé les
délais et qui n'a pas diminué les coûts pour installer un
nouveau promoteur. On les aide, on les installe, on investit du capital de
risque, on les aide en gestion, on les aide à faire un pro forma, un
mouvement de caisse, un coût de revient, mais ils ne réussissent
pas.
Notre population n'est pas encore ce que l'on appelle une population
unie. Ces 42 000 de population dans l'Abitibi-Témiscamingue devraient
donner le pas à toute la région. C'est ce que nous devrions avoir
et cela devrait être la plaque tournante de ce grand territoire qui
pourrait se peupler. Ce qui a déclenché, en outre, cette
démarche pour tenter d'avoir une fusion, de s'unir, c'est le fait que
présentement nous avons travaillé pour ramasser l'administration
d'Hydro-Québec. Nous avons investi l'argent pour monter le dossier. Il
faut loger ces gens-là d'ici deux ans: 190 familles. Rouyn seule a un
programme de développement domiciliaire. Les gens de Noranda ne font pas
de projets d'avenir. Ils nous parlent du passé. Ils n'ont pas à
faire de projets d'avenir. Ils ont seulement à faire un voyage à
Toronto pour aller chercher le manque à gagner pour se garder 200 000 $
ou 300 000 $ de surplus dans leur administration.
Cela aurait pu être corrigé au cours des années. Ce
qui a été donné, l'établissement sportif qui
s'appelle le Centre récréatif de Noranda et le curling, aurait pu
être donné à la population de Rouyn-Noranda. Cela aurait
corrigé la situation un peu. Tous les gens de Rouyn-Noranda en auraient
bénéficié étant donné que la réussite
de Mines Noranda repose un peu sur les 68 % des gens de Rouyn qui ont
travaillé dans les galeries de Mines Noranda. Mais les Mines Noranda
l'ont donné à Noranda.
Les Mines Noranda n'ont rien à faire là. Je n'ai pas de
plainte à adresser au nom des Mines Noranda, mais j'ai une plainte
à adresser à une communauté, la communauté de
Rouyn-Noranda, qui est représentée ici ce soir pour tenter de
vous faire comprendre qu'il est urgent... À quelques reprises, je trouve
que M. Saintonge avait la réponse, l'explication et l'orientation trop
faciles pour nous dire ce que l'on devrait faire alors qu'on a tenté de
vous énumérer toute la journée tout ce qui a
été fait depuis 20 ans, qu'on vous a dit que cela n'a pas
réussi. On tente aujourd'hui, de se structurer pour pouvoir donner 190
logements aux gens d'Hydro-Québec d'ici deux ans et Rouyn seule n'a pas
les moyens de le faire; il va falloir le faire avec un protocole d'entente avec
Noranda ou une fusion ou une union
quelconque.
On vous demande: Aidez-nous donc à vous aider dans la province de
Québec. Nous voulons nous donner une force unie et une entité
plus valable qui aidera tout le Témiscamingue afin de bâtir une
qualité meilleure, une économie d'avenir et réussir
à ramener nos jeunes dans le coin. Ce sont les commentaires que je
voulais vous adresser. Je vous remercie de votre attention.
Le Président (M. Marquis): Brièvement, M. le
député.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témis-
camingue): Je remercie M. Courchesne. Je dois vous dire que
peut-être je ne serais jamais allé aussi loin comme parrain du
projet de loi 190 si je n'avais pas eu l'appui de leaders comme M. Courchesne
et d'autres gens dans le milieu de Rouyn-Noranda. Je pense que ce qu'il a
évoqué est extrêmement important et extrêmement
déterminant pour l'avenir de Rouyn-Noranda. M. Courchesne, je suis
à 100 % d'accord avec ce que vous avez dit, mais, pour le bien de la
commission, je vais revenir à une chose, la question du
référendum. Je voudrais avoir vos commentaires comme homme
d'affaires et comme leader économique sur ce qui a été
discuté à peu près toute la journée, la question du
référendum.
Le Président (M. Marquis): M.
Courchesne.
(23 heures)
M. Courchesne: Avons-nous le moyen de faire un
référendum? Avons-nous le moyen de nous amuser encore une autre
année? Êtes-vous prêts à le subventionner, le
référendum? C'est le la Question. Je parle de chiffres et
d'économie pour que ces bonnes gens puissent jouir de leur
démocratie. Cela en prend, mais est-ce que vous êtes prêts
à le payer, ce référendum? Nous, nous n'avons pas plus le
moyen de payer des référendums que de faire autre chose. Je ne
suis pas pour le référendum; je suis pour que chacun prenne ses
responsabilités. Nous sommes ici pour que tous et chacun de vous preniez
vos reponsabilités avec nous. Montrons l'image et démarrons avec
une quelconque information afin que les gens voient l'orientation. Il n'est pas
donné à tous les gens de voir l'image d'un pro forma sur un plan
d'avenir à moyen ou à long terme. Présentement, ils sont
éblouis par le court terme d'une situation enviable à Noranda,
mais pour combien de temps? Je prétends qu'elle est à court terme
si on ne commence pas à faire des projets à moyen et à
long termes.
Nous n'avons pas l'argent, nous n'avons pas le temps. Nous avons
peut-être trop attendu, mais nous n'avons pas le temps de recommencer une
situation référendaire pour nous réveiller après un
an ou après un an et demi. Ce que je demanderais au gouvernement, c'est
de prendre action, de donner de l'information et de prendre ses
responsabilités. Je demanderais aussi à l'Opposition de
l'appuyer. Ce n'est pas un dossier politique, ce n'est pas un dossier où
on peut faire de la politique, il est trop brûlant. Ce dossier est
économique. Ma réponse est: Non, nous n'avons pas le temps de
subir un référendum.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Parfait.
M. Rocheleau: M. le Président, j'aimerais
émettre...
Le Président (M. Marquis): Le temps est passé. Si
vous en prenez, ce sera pris sur le temps des deux villes. Je n'ai pas
d'objection, mais ce sera cela.
M. Rocheleau: C'est simplement parce que je n'ai pas eu
l'occasion de poser des questions au groupe de citoyens du Comité pour
la défense des intérêts de Rouyn-Noranda, plus
particulièrement en ce qui concerne la fusion. Je voulais apporter
certains correctifs à ce que M. Courchesne a mentionné, soit que
l'Opposition était peut-être moins préoccupée par
l'aspect économique. Je vous dirai tout le contraire, M. Courchesne. Le
Parti libéral est très préoccupé par l'aspect
économique, mais le Parti libéral est aussi un parti qui
prône la liberté et la liberté se retrouve à
l'intérieur de la démocratie où les gens doivent
s'impliquer, où les gens doivent décider. Je vous avoue bien
sincèrement que la responsabilité première d'un
gouvernement n'est pas de faire des choix pour les gens, mais bien de procurer
un environnement propice à ce que les gens puissent eux-mêmes
faire leurs choix. C'est ça un gouvernement, c'est écouter les
gens, c'est aller s'informer, c'est tenir compte de leurs préoccupations
et c'est demander aux gens de nous donner des indications.
Vous nous avez donné des indications très importantes.
Vous représentez une partie de cette population et nous en tenons
compte, mais, pour nous, il faut utiliser les mécanismes qui existent
dans des lois qui sont déjà en place. Si on les avait
essayés M. Courchesne, si on avait essayé la loi 276 qui est
là depuis 1971 et qu'on avait failli, on pourrait penser à
examiner une loi comme la loi 98 qui a été adoptée en 1975
par le Parti libéral du Québec sous l'égide du ministre M.
Goldbloom dans le temps et qui recommandait des unités de regroupement
dans l'Outaouais et dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean. On sait que, dans
l'Outaouais, il y a eu des regroupements qui ont concerné 32
municipalités pour en créer 8. Par la suite, le gouvernement du
Parti québécois a
dégroupé des municipalités qui avaient
été regroupées par le Parti libéral en 1975. On
sait, entre autres, que Jonquière, Arvida, et Kénogami ont
été regroupées en 1975. On sait que le maire de
Jonquière, du temps, Francis Dufour, qui était contre la fusion
etc., aujourd'hui est maire de cette nouvelle grande ville. Mais allez lui
demander demain matin s'il veut se regrouper avec La Baie et Chicoutimi? Il
n'est pas prêt tout de suite.
Je pense qu'il faut que le temps arrange les choses. Nous vous offrons
toute notre coopération et notre collaboration, et aussi les initiatives
et le dynamisme du Parti libéral. Où d'autres ont failli on va
réussir. C'est une garantie d'avenir qu'on peut vous offrir, mais on va
réussir avec une population qui va s'impliquer. Si certains ont
peut-être failli à la tâche parce que vous dites que vous
avez essayé... Je vous entends parler et cela me rappelle, M. le
Président, que les gens de Hauterive qui étaient venus nous
parler tenaient le même langage, avaient absolument le même
vocabulaire, les mêmes préoccupations. Or, le gouvernement a
adopté un projet de loi qui a bouleversé et qui bouleverse encore
aujourd'hui la population.
Pour m'en assurer, j'ai appelé hier certaines personnes pour voir
comment cela se rétablissait. Je vous avoue que je n'aimerais pas
aujourd'hui être maire de Baie-Comeau. Je n'aimerais pas cela qu'une
police soit obligée de me suivre pour me protéger constamment et
je ne voudrais pas que cela vous arrive, non plus. On a peut-être un
certain âge, on est peut-être capable de passer à travers
cela, mais je ne souhaite pas cela pour nos plus jeunes, de connaître
cette perturbation sociale. Si on peut trouver un moyen différent de se'
parler, on est prêts à l'essayer, nous. C'est le message, M. le
Président que je veux simplement transmettre parce que nous sommes
très préoccupés. Personnellement, je me suis rendu sur
place et je partage une grande partie de vos opinions et de vos
préoccupations. Je veux qu'on trouve un moyen. On n'est pas à
bout de forces, M. Courchesne, on n'est pas à bout de forces.
M. Courchesne: M. Rocheleau, juste une petite correction. Je
n'aime pas que vous fassiez un parallèle entre notre situation et celle
de Hauterive, pas plus que j'aime M. Sinclair qui fait un parallèle avec
Laval. Ce n'est pas notre situation et vous le savez bien.
M. Rocheleau: M. Courchesne, quand on parle de démocratie,
elle commence où, elle arrête où?
M. Courchesne: Tout dépend de l'économie.
M. Rocheleau: Quand il y a des mécanismes, des lois et des
moyens de consultation afin de faire participer ceux qui nous ont élus,
je pense qu'il faut respecter cela. En tout cas, je suis encore prêt
à l'essayer.
Le Président (M. Marquis): Là-dessus, je veux
remercier les représentants du Comité pour la défense des
intérêts de Rouyn-Noranda pour leur intervention. En ce qui
concerne maintenant le temps qui reste d'ici à minuit, je fais une
suggestion aux deux groupes parlementaires à titre de président,
c'est que nous allons réserver les dix dernières minutes, de 23 h
50 à 24 heures, aux deux porte-parole, soit le ministre des Affaires
municipales et le critique officiel de l'Opposition; à partir de
maintenant jusqu'à 23 h 50, nous allons inviter à tour de
rôle et dans le sens inverse de ce matin les deux villes avec un temps
égal. Nous allons donc inviter à ce moment-là, si les deux
porte-parole sont d'accord, les représentants de la ville de Noranda
pour la moitié du temps et ensuite les représentants de la ville
de Rouyn pour l'autre moitié du temps, jusqu'à 23 h 50.
M. Saintonge: Qu'est-ce qui guide votre choix de faire un ordre
inverse? Finalement, c'est une demande de la ville de Rouyn qu'on entend. Je ne
sais pas si...
Le Président (M. Marquis): C'est simplement le principe de
l'alternance; étant donné qu'on a entendu un groupe avant l'autre
ce matin, on inverserait. Je n'ai pas d'autre préoccupation que
celle-là. Est-ce que ça va? Donc, j'inviterais les
représentants de la ville de Noranda à se présenter. Il
est 23 h 10; cela ferait vingt minutes pour les gens de Noranda et vingt
minutes pour les gens de Rouyn par la suite.
M. Saintonge: Vingt minutes ou moins, chacun prendra le temps qui
lui convient.
Le Président (M. Marquis): Oui, vingt minutes ou moins,
mais vingt minutes étant un maximum. À ce moment-là, cela
veut dire que, tant de la part des parlementaires que de la part des
représentants des villes, on vous demandera peut-être d'être
plus concis dans les questions et dans les réponses et vous aurez le
temps d'aborder plus de sujets.
Maintenant, comme les représentants de la ville sont nos
invités, je ne sais pas, peut-être que M. le ministre pourrait
commencer, à moins que les gens...
M. Marcoux: Je proposerais d'abord de demander au maire ou aux
personnes qui l'accompagnent s'ils ont des informations supplémentaires
ou des commentaires à nous
donner sur des propos qu'ils ont entendus de la part de
différents intervenants ou à la suite de questions qui ont
été posées par les parlementaires ou des commentaires qui
ont été faits par les parlementaires avant d'engager le
dialogue.
Le Président (M. Marquis): Alors, M. le maire.
Ville de Noranda
M. Bédard (Eugène): Merci, M. le ministre. Il y a
eu tellement de choses qui ont été dites ici aujourd'hui qui sont
fausses que j'aimerais que M. Fiset fasse un "wrap-up", si je puis dire, dans
un sens, parce que je crois que de la façon dont on a parlé dans
certains dossiers on n'a pas dit la vérité. Il y a des choses qui
auraient dû être dites, mais seulement je vais me passer d'en
parler par pur respect pour la commission parlementaire.
Le Président (M. Marquis): M. Fiset.
M. Fiset: M. le Président, Mme la députée et
MM. les députés, au tout début, il y a une chose que j'ai
oubliée ce matin. Beaucoup de gens parlent d'économies
d'échelle. Beaucoup de gens ont parlé de beaucoup de choses, mais
jamais ils n'ont apporté de faits concrets. Les économies
d'échelle, cela m'a frappé parce que je pense qu'il n'y a pas un
intervenant qui n'en a pas parlé; même les gens de la commission
l'ont soulevé à un moment donné.
Ici, j'ai un document qui a été préparé par
l'Institut Hudson du Canada pour l'Union des municipalités du
Québec. Cela n'a pas été fait pour la ville de Noranda.
C'est tout récent, c'est daté d'avril 1985. Dans le
résumé - j'aimerais vous lire seulement quelques lignes lorsqu'on
parle, entre autres, de fusion - au chapitre VI, il est question de production
de biens et de services par les municipalités. La consolidation et le
regroupement des structures municipales, de même que l'efficacité
des services municipaux sont deux préoccupations auxquelles
l'étude de l'Institut Hudson apporte un éclairage important. Nous
pouvons supposer que la consolidation entraîne une augmentation des
effectifs bureaucratiques et des postes administratifs, ce qui accroît
les coûts des services.
Toujours est-il que personne n'est arrivé à
démontrer que la consolidation ou le regroupement entraîne une
réduction des coûts per capita des services municipaux. Personne,
non plus, n'est parvenu à prouver que de la taille d'une ville pouvait
dépendre l'efficacité d'un gouvernement municipal et le niveau de
satisfaction des citoyens. Pourquoi donc bâtir tout un édifice
institutionnel sur la base d'hypothèses d'économies
d'échelle si difficilement vérifiables? Personne ne peut prouver
que réellement il y a des économies d'échelle; au
contraire, l'Institut Hudson semble arriver à une conclusion
différente.
Quand je suis arrivé ici ce matin, j'avais des idées bien
arrêtées. Je me rends compte ce soir que j'étais naïf
après avoir entendu beaucoup d'interventions que je ne croyais pas
possibles. Il y a des gens qui ont certainement parlé en pensant
être renseignés; je me rends compte qu'il y en a qui ne
l'étaient pas du tout, en commençant par la Chambre de commerce
du Rouyn-Noranda régional. Ils ont parlé de compétition
pour le parc industriel; ils ont parlé d'une subvention de 1 000 000 $.
Je l'ai vécu, le dossier. M. Juneau, mon ancien patron pendant onze ans,
en a parlé aussi. Ce qu'il a dit est vrai, mais il n'a pas tout dit. Je
l'ai peut-êre encore vécu plus que lui. Notre parc industriel est
mitoyen avec les installations de Mines Noranda. On peut dire que c'est un
agrandissement du parc industriel créé par Noranda inc. (23 h
15)
Lorsque la municipalité de Noranda a voulu créer un parc
industriel, c'était à même les infrastructures
créées par ce que l'on appelait dans le temps la mine Quemont qui
a fermé ses portes. On avait obtenu du ministère la promesse
d'une subvention de 1 000 000 $. À un moment donné, la ville de
Rouyn s'est impliquée, parce qu'elle avait obtenu dans les années
antérieures l'ancien territoire occupé par une mine qui avait
fermé aussi et qui était la Stadacona.
À ce moment-là, le ministère a dit: On va
décréter une étude par des professionnels sur les deux
sites potentiels. En même temps, on a fait l'étude d'un
troisième site qui était un site privé, le terrain de
l'Ontario Northern Railway, dans les limites de Rouyn.
L'étude des spécialistes démontrait que le parc de
Noranda avait des possibilités d'infrastructure très
adéquates, que le parc privé de l'ONR, l'Ontario Northern
Railway, était aussi un site très bon, que le site de Stadacona,
c'était seulement des montagnes de roche et des marécages. Les
recommandations étaient de développer le site ONR et le site
Noranda. Mais là, il y avait une décision à prendre pour
l'OPDQ, le MIC, le MIR. Je me souviens du mois d'avril 1973, disons, où,
un jour, au motel Alpin, les chirugiens sont arrivés avec leur
décision. Je me souviens d'un fonctionnaire qui disait que
l'accouchement avait été difficile, mais qu'ils avaient
réussi à mettre au monde deux bébés en
santé. Ce qu'ils ont fait, c'était simple. Ils ont dit: 60 % de
population à Rouyn, 40 % à Noranda, donc 600 000 $ et 400 000 $.
Cela n'a rien réglé. Je peux dire que, cette journée, je
leur ai démontré même que les 400 000 $ à Noranda
étaient
pour des services non fonctionnels. Par exemple, une station de pompage
pompait des égouts dans un "man-hole", et il n'avait pas de sortie. Cela
n'allait nulle part. Il y avait toutes sortes de choses de ce genre-là.
Mais la décision a été dans ce sens. Lorsque la chambre de
commerce parle de compétition, la première ville qui a eu
l'idée du parc industriel, c'était Noranda. S'il y a eu
compétition - je dis bien s'il y a eu compétition - elle n'est
pas venue de Noranda.
On a parlé de tourisme aussi pour dire que Noranda ne faisait
rien. Je ne remonterai pas bien loin; seulement un exemple de l'année
dernière. Il y a un centre de ski, Kanasuta, qui est dans les limites de
la municipalité d'Arntfield. Il est déficitaire. Le gouvernement
l'a subventionné comme organisation sans but lucratif pour
l'acquérir, etc., mais après deux ou trois ans, cela ne marche
plus. Pour essayer de le sauver, on est venu voir les villes pour avoir des
subventions. Les municipalités ne subventionnent jamais le passé.
On peut subventionner l'avenir. On ne paie pas les vieilles dettes. Rouyn a
adopté une résolution disant qu'on était prêt
à donner 2 $ per capita si toutes les municipalités de la MRC
subventionnaient la démarche. Lorsque vous allez à la MRC, vous
savez que les petites municipalités ne sont pas
intéressées à subventionner quoi que ce soit. La position
de Noranda a été tout simplement de dire: On subventionne 2 $ per
capita, si le projet fonctionne. Rouyn est revenue avec la même
résolution après et, de fait, cela a fonctionné.
C'était une affaire touristique et sportive en même temps.
La chambre de commerce a dit aussi que le projet de loi 190, je ne suis
pas sûr si j'ai bien compris, elle l'a dit deux fois... La
première fois, j'ai compris que c'était un petit coup de poing
et, la deuxième fois, un petit coup de pouce. Je peux dire que l'article
1, c'est un knock-out en partant.
J'aimerais faire un peu d'histoire aussi parce que je vous disais que,
ce soir, je me rends compte que j'étais naïf ce matin. C'est que,
pour amener un dossier de fusion devant une commission parlementaire, je pense
qu'il faut soulever des problèmes. Si on ne soulève pas de
problèmes, on ne serait pas ici. Je crois que c'est M. Marcoux qui
disait: À Amos-Est, et à Amos, il y a dix-sept ententes, cela va
bien; donc cela ne sert à rien de parler de fusion là-bas. Chez
nous, parce qu'il n'y a pas d'entente, il peut en être question.
Si on fait un peu d'histoire, on peut dire que - là, je remonte
à avant mon temps à Noranda, mais, quand même - le palais
de justice devait être bâti où il est présentement.
11 était dans le territoire de Noranda. Au point de vue politique, il a
fallu que Noranda cède une partie de son territoire à Rouyn pour
que le palais de justice soit bâti sur cet emplacement mais dans Rouyn.
C'était de la politique. À quel niveau? Provincial? Je ne sais
pas qui dans le temps.
En ce qui concerne un secteur qui est compris entre l'ouest de la ruelle
Mercier et le sud des limites de Noranda jusqu'à la rue Gamble et le
chemin de fer, c'est un territoire qui, naturellement, s'égouttait vers
Rouyn, au point de vue égouttement naturel. En 1944, le territoire a
été cédé à la ville de Rouyn, qu'il est
facile pour elle de desservir, avec ce qu'ils ont là aujourd'hui: une
partie du centre commercial, l'école Saint-Joseph, des édifices
à logements sur la rue Gamble et des édifices industriels sur la
rue Fortin près du chemin de fer.
Il a été question de services sur le boulevard Rideau, la
fameuse route dont M. le ministre parlait tout à l'heure, dont trois
voies sont à 60 kilomètres et une à 70 kilomètres.
Que je sache, les quatre sont à 70 ou 80 kilomètres, parce que
c'est Rouyn qui y fait la surveillance policière. Vous me l'avez appris,
je ne savais pas qu'il y avait une voie différente des autres.
M. Marcoux: C'est ce qu'on m'a dit aujourd'hui.
M. Fiset: C'est peut-être vrai. Je n'avais pas
vérifié cela. Au point de vue des services du côté
ouest du boulevard Rideau -Noranda est du côté est, bâti
à pleine limite - je me souviens, il y a quelques années, que les
différents ministères, Voirie, Travaux publics et autres,
Colonisation, je crois, étaient dépourvus de services. Ils
avaient leur propre système de traitement qui fonctionnait mal.
Lorsqu'il ne fonctionnait pas, ils allaient dans le lac Noranda, un lac qui
sert quand même à des fins de natation. Ils nous ont
demandé de leur fournir des services. On a dit oui. Lorsque les
industries ou les commerces ont été bêtis sur le boulevard
Rideau, qui a fourni les services? Noranda. La ville de Noranda a dit à
la ville de Rouyn, à un moment donné: Si vous n'êtes pas
capable de desservir le territoire, cédez-le nous, comme nous l'avons
fait il y a 30 ou 40 ans. Rouyn a dit non. On l'a quand même desservi. On
a aussi desservi la dernière implantation, qui rapporte certainement 10
000 000 $ en évaluation au rôle de Rouyn, c'est le bureau
régional d'Hydro-Québec. On dessert aussi un développement
domiciliaire qui s'appelle Le Village. On ne fournit pas seulement l'aqueduc,
mais on a aussi les égouts et on les traite. On a encore dit oui.
Il a été question d'entente au point de vue du service
d'incendie et elle existe. Aujourd'hui, je me demande si elle est
légale, parce qu'on faisait souvent, dans le passé, des ententes
tout simplement par
résolution. L'entraide au point de vue du service d'incendie
existe et fonctionne très bien. Lorsque la ville de Granada a
demandé de l'eau l'année dernière, on a dit oui.
Lac-Dufault nous demande de l'eau. Elle doit conclure sous peu des ententes
avec le ministère des Affaires municipales et le ministère de
l'Environnement pour se doter de services publics. Noranda a dit oui. La
municipalité d'Évain, il y a quinze jours ou trois semaines, a
été avisée par les avocats du ministère de
l'Environnement qu'elle devrait, dans quinze jours, fermer son dépotoir
parce qu'il n'est pas convenable. Évain a demandé: Est-ce qu'on
peut aller chez vous? On a dît oui. On dit toujours oui.
Quelqu'un a parlé de bebites aujourd'hui, des chironomides. Les
chironomides polluent les abords du lac Osisko depuis quelques années.
L'année dernière, un représentant du comité de
citoyens - je pense que c'est un médecin, un M. Dionne - était
venu au conseil demander de l'argent pour une étude. La ville de Noranda
a dit oui. Cette année, il est revenu pour nous demander
d'étendre des pesticides le long du lac. Noranda a dit: Est-ce que le
ministère de l'Environnement est d'accord? Une fois que le
ministère de l'Environnement a donné son accord, on a dit oui.
Cela se fait présentement. Mais il y a une chose, l'étude
démontrait que, pour régler le problème, cela devait
coûter 9000 $. Quand M. Dionne est venu au conseil il y a environ un
mois, il nous a dit qu'il y avait une erreur. Il manquait un zéro. C'est
90 000 $. On n'a pas encore eu la demande de payer une partie des 90 000 $,
mais, jusqu'à présent, on a dit oui.
La commission scolaire a parlé d'un genre de dossier où il
y a certains problèmes. M. Dionne, en particulier, parlait des
subventions du MLCP, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, qu'une ville a acceptées et que l'autre a refusées.
Noranda a accepté. Concernant l'utilisation des locaux, une ville a
accepté: Noranda. Le parc-école, on vient de renouveler
l'entente, cela faisait quatre ans, Noranda a accepté. En ce qui
concerne les brigadiers, les deux marchent. On a dit qu'il y en a un qui le
fait à contrecoeur et que l'autre le fait facilement. Noranda le fait
facilement.
Lorsqu'on parle de dossiers administratifs, après l'application
de la loi 57, les villes ont continué à faire payer l'eau.
À un moment donné, on s'est rendu compte qu'on n'en avait plus le
droit. Qui a remboursé la commission scolaire rapidement parce que la
loi disait qu'on n'avait pas le droit? C'est Noranda. On n'est pas allé
en cour.
Lorsqu'on a parlé de perception de taxes, là, c'est Rouyn
qui a accepté. La loi dit que la commission scolaire peut exiger que la
municipalité perçoive les taxes scolaires, mais la
municipalité a le droit de lui faire payer ce qu'il en coûte.
Lorsqu'on leur a dit le prix, ils ont refusé. On était
peut-être trop haut; je ne le sais pas. En tout cas, cela a fini
là. Je sais que la ville de Rouyn perçoit les taxes
scolaires.
Lorsqu'on a parlé du dossier du centre commercial avec la
commission scolaire - on en a parlé cet après-midi - je pense
qu'on vous a expliqué qu'il y avait trois contrats qui avaient
été signés et une entente. S'il y a une entente de
signée, c'est parce que le contrat n'était pas prêt.
L'entente permet des négociations au cours des cinq ans qui suivent. On
est à l'intérieur de ces cinq années, cela a
été signé en 1983. Il me reste trois minutes?
Le ministre Gendron n'est pas ici. On parle souvent de fusion. Il n'a
pas été beaucoup question, aujourd'hui, des fusions à
Val-d'Or et à La Sarre. Mais nous en avons entendu parler il n'y a pas
tellement longtemps, à la télévision, où on a
interviewé les maires d'Amos, de La Sarre, de Rouyn et de Noranda. On
peut dire que, pour une ville fusionnée qui s'appelle Val-d'Or, 34, 4 %
de ses revenus vont au service de la dette en 1984; pour La 5arre, c'est 33, 9
%; pour Rouyn, c'est 19, 9 %; et pour Noranda, c'est 15, 3 %. On sait que le
service de la dette n'apporte pas grand-chose dans les opérations
courantes.
Il y en a un autre qui mentionnait, c'est M. Courchesne, qu'ils ne
veulent pas se payer le coût d'un référendum. Le coût
d'un référendum, il y en a d'autres qui en ont parlé aussi
aujourd'hui. Je ne sais pas si les gens savent ce que coûte un
référendum. J'ai le coût de 1981. Quand on parle d'un
budget à Noranda de 6 000 000 $, à Rouyn de 10 000 000 $ ou 11
000 000 $, celui de Noranda, en 1981, a coûté 11 573, 06 $,
consulter la population pour 11 000 $, cela fait un peu plus d'une piastre par
tête de pipe. Alors que, présentement, la ville subventionne pour
au moins 350 000 $ par année toutes sortes d'organismes, en ville, on
pourrait peut-être cotiser nos citoyens d'une piastre chacun pour
connaître leur opinion. C'est ce qu'a coûté le
référendum en 1981.
C'est à peu près tout. Vous voyez, ce matin, j'avais une
idée; ce soir, je me rends compte que j'étais naïf. Pour
amener un dossier ici, il faut créer des problèmes. S'il n'y
avait pas de problèmes, on ne serait pas ici. Ce n'est pas Noranda qui a
créé les problèmes. Merci.
Le Président (M. Marquis): Merci beaucoup. Je pense que,
compte tenu de l'heure, on ne passera pas à une période de
questions. Je vous remercie.
M. Marcoux: Je voudrais remercier, au nom de mes
collègues, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, ainsi que le député
d'Abitibi-Ouest, la ville de Noranda d'avoir participé à
nos délibérations et d'avoir pris le temps de préparer un
mémoire. Même si vous avez eu peu de temps, je pense que c'est un
document très substantiel dont on a pris connaissance ce matin. La
façon dont vous avez participé au débat a sûrement
enrichi la nature de nos travaux et nous permettra d'accroître notre
réflexion sur le projet de loi. Je vous remercie.
Une voix: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Marquis); Merci beaucoup. (23 h 30)
M. Saintonge: Au nom de l'Opposition officielle et
également au nom de mes collègues de l'Opposition, je voudrais
remercier les gens de Noranda qui ont participé aux travaux. Je ne
répéterai pas ce que le ministre a dit, je pense que cela vaut
aussi pour nous et on vous remercie grandement de votre apport à cette
commission. Cela pourra sûrement augmenter notre réflexion sur
l'étude de ces sujets et on va vous souhaiter un bon retour.
Le Président (M. Marquis): J'invite maintenant les
représentants de la ville de Rouyn à venir faire part de leurs
réactions è la fin de cette journée. M. le maire.
Ville de Rouyn
M. Bibeau: M. le Président, madame, Mme Turgeon
mentionnait tantôt que seuls les fous ne changent pas d'idée. Je
suis obligé d'avouer une chose et cela me fait plaisir; quand je me
trompe, je suis capable de m'excuser. J'ai dit, ce matin, que le mari de Mme
Turgeon n'avait pas voté au référendum, parce que la
maison était à son nom. Je me suis tout simplement servi d'un
exemple pour démontrer ce que je défendais comme argument. C'est
que, dans un référendum où seuls les locataires et les
propriétaires avaient voté, je trouvais cela injuste. Or, cet
exemple, Mme Turgeon, je ne l'ai pas apporté méchamment, mais
tout simplement pour donner un exemple. Si cela vous a froissée, je m'en
excuse. Les erreurs existent, Mme Turgeon. Tout le temps de votre allocution,
vous avez regardé Mme la Présidente et vous avez toujours dit
"Mme le Président". Or, on a le droit de se tromper parce que,
tantôt, c'était madame.
Je dois également des excuses - Mme Turgeon l'a mentionné
et c'est vrai - à Mme Bacon que j'ai totalement ignorée, ce
matin, tout simplement parce que j'étais extrêmement nerveux. Je
n'ai pas l'habitude des commissions parlementaires et j'avais également
à ouvrir une commission parlementaire. J'aurais donné ma place
à n'importe qui.
La Présidente (Mme Bacon): II n'y a pas de femme
échevin, M. le maire?
M. Bibeau: Oui, j'en ai une et je peux vous dire qu'elle est une
des meilleures.
M. Marcoux: Assez pour être maire?
M. Bibeau: Possiblement, oui, elle a le potentiel. Si elle veut y
aller, possiblement que je vais l'épauler, si on a à faire face
è trop de commissions parlementaires.
Je connais M. Jacques Fiset comme un loyal directeur
général de ville; je dirai peut-être que dans l'entourage
ou dans notre région, il est le plus fort gérant municipal qui
existe en matière de chiffres, je le lui concède. On ne peut pas
tous être bons ou être aussi forts chacun dans notre domaine. M.
Fiset est extrêmement fort en chiffres et il est capable, devant une
commission parlementaire, et personne ne peut dire que M. Fiset n'a pas raison,
de faire dire ce qu'on veut faire dire aux chiffres.
Je pourrais donner comme preuve que, ce matin, lorsqu'il mentionnait
qu'il existe des ententes entre Rouyn et Noranda, il a cité comme
exemple - et il l'a rapporté tantôt - le boulevard Rideau. C'est
vrai qu'il existe des ententes en vertu desquelles Noranda traverse la rue et
fournit de l'eau à Rouyn, qu'on paie 2 $ les 1000 gallons, mais que
Noranda nous vend à 4 $ les 1000 gallons, parce qu'elle
récupère les eaux usées. Cela, il ne le mentionne pas. Il
dit qu'il y a des ententes. Il y a des ententes payantes. H fait "sa job".
Je pourrais également parler des ententes concernant le terrain
du centre commercial où M. Fiset mentionnait les eaux usées. Ce
que M. Fiset a oublié de mentionner dans l'entente du centre commercial,
c'est que la ville de Rouyn - et on a réglé le problème
à même la construction du boulevard Québec - depuis des
années ramasse les eaux usées de la ville de Noranda. Ce n'est
pas la faute de M. Fiset, c'est la faute tout simplement du terrain qui descend
vers l'est de la ville.
Or, quand on a fait la construction du boulevard Québec, on a
été obligé, pour les infrastructures, de doubler nos
investissements pour grossir nos tuyaux parce qu'on récupère
l'eau de M. Fiset. C'est une autre entente qu'il a oubliée
peut-être, mais ce n'est pas méchamment.
Sur l'entente avec la commission scolaire, à la suite de la loi
57, M. Fiset mentionnait qu'il y a eu des factures d'eau, que la ville de
Noranda a agréablement payées à l'intérieur d'un
délai de trois mois; et la ville de Rouyn a pris deux ans après
des poursuites judiciaires. C'est vrai. Je ne le nie pas. À ce
moment-là, j'étais conseiller municipal. Dans un conseil de ville
qui se respecte - M. Rocheleau utilise toujours le
mot "démocratie" - quand on est trois contre quatre pour
régler une entente et que la partie quatre dit non, on ne règle
pas.
Or, à une élection où, je me suis
présenté à la mairie, je me suis fait élire le
dimanche. Je peux vous assurer que le lundi midi, j'étais assis avec les
gens du cégep, le lundi après-midi avec les gens du foyer Pie-XII
et, le lundi soir, à 17 heures, avec les gens de la commission scolaire,
tout ceci pour régler une facture de 100 000 $ d'eau payée en
trop que personne n'avait vue. À ce moment-là, cela m'amenait,
à ma première séance de conseil, à dire aux gars:
On n'a pas d'argent, on doit s'entendre avec les corps existants à
l'intérieur d'une ville si on veut une saine administration. On a
adopté un règlement d'emprunt et on l'a payée. Pour
Noranda, c'était facile, c'était une facture de 7000 $ ou 8000 $;
un tel montant, cela se paie bien.
Tantôt, M. Bédard a mentionné - M. Fiset en a
reparlé - Est-ce qu'on a questionné les gens de Val-d'Or
concernant la fusion Val-d'Or--Bour!amaque? Est-ce qu'on a questionné le
maire de Bourlamaque concernant la fusion? Je peux vous dire, ayant à
faire un travail régional, que je vis deux jours par semaine à
Val-d'Or. C'est possiblement parce que, depuis dix ans, je voyage à
Val-d'Or que je suis devenu aussi fusionniste. Ce matin, j'ai donné
quatre exemples des avantages de la fusion. Tantôt, M. Sinclair a
mentionné qu'on n'en a pas donné; en tout cas, je m'engage
à lui donner une photocopie du document après la réunion,
s'il veut l'avoir. Â Val-d'Or, grâce à une ville
fusionnée, une ville avec au-delà de 22 000 habitants, on s'est
créé une force de développement extraordinaire. Les
parlementaires ont entendu parler de Val-d'Or depuis dix ou onze mois; cela
s'est accéléré quand l'Opposition a pris le dossier. Je ne
fais pas de politique avec cela, mais quand Forex a fermé à
Val-d'Or, ceci a nui à toute l'économie de la région,
Val-d'Or a survécu tout l'hiver quand son principal employeur a
été fermé; quand la mine Lamaque a fermé avec ses
400 emplois, Val-d'Or a survécu. Ces villes fusionnées, elles ont
développé un parc industriel créateur de 2500 emplois. Il
va falloir parler de cela tantôt.
On a demandé si on avait questionné les gens de La Sarre.
M. Fiset a mentionné que, lundi, il y a eu une émission sur la
fusion où ont été invités le maire Lesyk d'Arnos et
le maire Ébacher d'Amos-Est. Dieu sait que la situation à Amos
n'est pas ce qu'elle est à Rouyn-Noranda, parce que, forcément,
à Amos, il y a des ententes. À Amos-Est, il n'y a pas de
réseau d'aqueduc, pas de réseau d'égout, pas de service de
police, pas de service de pompier et pas de service de loisir. Les ententes ont
commencé en 1981, quand le maire du temps, qui était
M. Saint-Laurent, a avisé son propre chef de police de la ville
d'Amos: Tu demeures à Amos-Est, tu restes à Amos-Est, tu n'as
plus le droit de rentrer dans notre aréna tant et aussi longtemps que
ton conseil de ville n'acceptera pas de prendre des ententes pour diviser des
charges fiscales qui étaient entièrement payées par les
citoyens d'Amos. Quand on veut comparer Amos et Rouyn ou Noranda, cela ne se
ressemble pas du tout. Noranda a ses services, Rouyn aussi.
Quand on parle d'ententes en ce qui concerne le service de police, on a
de bonnes ententes. Je vous ai toujours dit que M. Fiset interprète les
ententes qui sont payantes. Il y a deux ans, il y a eu un vol de camion postal.
Cela est la farce du jour! Ce camion postal transporte 500 000 $ appartenant
à la caisse pop. Deux erreurs dans cela. Premièrement, pourquoi
500 000 $ dans un camion postal? Le monsieur qui conduit le camion arrête
au bureau de l'assurance-chômage, qui est à 50 ou 60 pieds des
limites des deux villes. L'agresseur monte dans le camion et, avec un couteau,
il dit au chauffeur: Traverse la rue, va-t'en dans le stationnement de
l'hôpital, qui est à Noranda. Le vol a eu lieu à Noranda.
Voici l'interprétation de la police. On s'est battu là-dessus, il
y en a qui s'en souviennent. Pour faire une razzia à l'intérieur
de la ville - cette razzia a eu lieu dans Noranda, elle aurait aussi bien pu
être à Rouyn, c'est qu'il y avait des doutes dans un secteur
donné de la ville de Noranda - la police provinciale refuse toujours
d'enquêter si les enquêteurs municipaux n'accompagnent pas la
Sûreté du Québec. Résultat de cette
enquête-là et on n'a jamais attrapé les voleurs: 18 000 $
de surtemps en trois semaines à la ville de Rouyn. On a de bonnes
ententes dans les corps policiers!
M. Fiset a mentionné qu'il y avait un centre de ski et que les
villes ne subventionnaient jamais une dette du passé. C'est vrai. C'est
vrai que les représentants du centre de ski du mont Kanasuta sont venus
voir la ville de Rouyn. On exigeait, oui, une participation de toutes les
municipalités de la MRC, parce qu'à la ville de Rouyn dit qu'on
donne assez de services comme c'est là. On subventionne le
Théâtre du cuivre, coût de l'opération: 135 000 $ par
année. Il y a beaucoup plus de gens de Noranda qui y vont que de Rouyn,
je peux vous l'affirmer. On subventionne un paquet de choses comme cela.
Finalement, ils sont allés à Noranda et Noranda leur a fait un
chèque. Bien contents, ils sont revenus nous voir et il y a quelques
petites municipalités de la MRC qui ont injecté 100 $, 200 $,
selon leurs moyens. C'est vrai qu'on s'est fait tirer l'oreille, mais
finalement on a payé.
Seulement, M. Fiset oublie de mentionner que, pendant 12 ou 15 ans,
la
ville de Rouyn a subventionné le kiosque touristique à
elle seule, la ville de Noranda ayant toujours refusé d'investir dans le
tourisme sauf depuis qu'on a été forcé par la chambre de
commerce et la corporation industrielle du temps de former une commission
touristique. On a été obligé de se servir des
hôteliers parce que les hôteliers, sauf un, sont è Noranda.
Ces gens, par leur influence, enfin, ont décidé les gens de
Noranda à investir dans une commission touristique.
Des exemples j'en ai, j'en ai sorti comme Noranda l'a fait et c'est
normal. On pourrait s'obstiner toute la nuit. Eux autres, ils ont leurs
chiffres; nous, on a nos chiffres. Ils interprètent leurs chiffres, nous
autres, on prend notre firme de comptables et ils débâtissent cela
et interprètent cela d'une autre façon. C'est le jeu des
comptables, c'est le jeu des chiffres.
J'aimerais terminer là-dessus parce que je ne veux pas faire des
comparaisons toute la nuit, je sens que tout le monde est fatigué, je
sens que moi-même j'ai besoin d'une "moses" de bonne douche parce qu'il
fait pas mal chaud dans votre bâtisse. Il me reste huit minutes, je suis
prêt à répondre aux questions des parlementaires si
questions il y a.
Le Président (M. Marquis): Est-ce qu'il y a des
questions?
M. Marcoux: Non, personnellement, je n'ai pas de question
à poser au maire pour le moment.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Je n'ai pas de question, M. le Président.
Simplement, je remercie aussi les gens de Rouyn de leur présence, de
nous avoir éclairés à travers les mémoires qu'ils
nous ont présentés et les données qu'ils nous avaient
transmises également antérieurement à cette
journée. Je veux simplement faire valoir que, du point de vue de
l'Opposition, on a tenté de vous écouter avec la plus grande
ouverture d'esprit possible pour comprendre davantage votre problème et
pouvoir finalement arriver à trouver une solution. Loin de moi
l'idée, même si on l'a dit tantôt, de proposer des solutions
faciles. J'ai simplement référé aux lois actuelles qui
s'appliquaient dans ce sens-là. C'est la seule chose que je veux dire
sans vouloir, non plus, prendre du temps sur les commentaires finals. Je vous
remercie donc à nouveau de votre séjour ici, des informations que
vous nous avez transmises et je vous souhaite également un bon voyage de
retour.
Le Président (M. Marquis): Alors, merci beaucoup.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Un petit
commentaire, M. le Président.
Le Président (M, Marquis): Je peux vous permettre cela M.
le député.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Je pense que c'est
important de signaler une chose en deux phrases. Je dois vous dire qu'on m'a
beaucoup accusé de vouloir faire de la politique avec un projet de loi
de fusion. Il y en a que cela fait 25 ans qu'ils essaient de faire de la
politique avec cela et on ne l'a pas encore réglé. Je dois vous
dire que ce n'est pas un dossier facile. Je dois vous dire que, quand j'ai fait
ma première entrevue dans le journal La Frontière concernant le
projet de loi, les partielles étaient déjà
annoncées. Alors, le calcul était rapide à faire. Cela ne
prend pas la tête à Papineau pour savoir que le Parti
québécois perd quasiment toujours les partielles et qu'on
était pour se retrouver avec une voix de majorité en Chambre. (23
h 45)
Je trouvais que c'était tellement important, que c'était
tellement nécessaire pour l'avenir de notre communauté, et j'ai
dit: Bon, je vais prendre une chance et je pense qu'effectivement comme l'a dit
Jean-Noël Lavoie, il avait 32 ans quand il a fait la fusion à ville
de Laval. C'est peut-être à cause de sa jeunesse qu'il a eu la
force justement de la faire. Si j'avais été plus vieux,
peut-être que je n'aurais pas eu le "guts" de le faire.
De toute façon, je dois remercier la ville de Rouyn parce
qu'effectivement c'est elle en premier qui a demandé une requête
en fusion. Je dois remercier l'ensemble des intervenants parce que j'ai
trouvé cette journée très enrichissante pour les
débats. Je le disais tantôt aux journalistes: On a, en fin de
compte, franchi une première étape, ce qui ne s'est pas fait
pendant 25 ans, on a réussi à s'asseoir à une même
table et à discuter des véritables arguments de fond. C'est cela
qui a primé aujourd'hui et c'est ce que j'ai trouvé
intéressant.
Alors, j'espère qu'effectivement cette commission a
été enrichissante pour l'ensemble des intervenants de la
commission parlementaire. Je veux remercier, encore une fois, l'ensemble des
intervenants pour la qualité de leur mémoire aujourd'hui.
Merci.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le
député.
Une voix: M. le Président, madame, mes hommages.
Le Président (M. Marquis): Merci beaucoup.
Nous passons maintenant comme dernière étape de la
journée aux conclusions, si on peut appeler cela ainsi, du ministre, et
ensuite à celles de M. le député de Laprairie, critique
officiel de l'Opposition à cette commission. M. le ministre.
Conclusions M. Alain Marcoux
M. Marcoux: M. le Président, j'aimerais d'abord remercier
l'ensemble des groupes qui ont accepté de venir faire part de leur
mémoire à la commission parlementaire de l'aménagement et
des équipements. Je veux spécialement souligner le climat
généralement très positif dans lequel s'est
déroulé le travail de cette commission et en particulier
souligner le travail de mes collègues comme des membres de l'Opposition.
Je crois que la nature des questions et des commentaires qui ont
été faits a indiqué que nous souhaitions aborder ce
dossier dans la perspective la moins partisane possible.
Quant à l'avenir, parce que je pense que si vous avez pris le
temps de venir nous faire part de vos opinions et de vos revendications, c'est
que vous attendez des réponses de notre part, vous comprendrez
facilement qu'il serait présomptueux pour moi, ce soir, de vous indiquer
d'emblée quelle sera mon attitude comme ministre des Affaires
municipales face au projet de loi qui a été déposé.
J'ai certainement besoin de quelques jours pour réfléchir
à l'ensemble des remarques qui ont été faites et pour
tenir des consultations avec mes collègues de la commission, en
particulier, évidemment, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue et le ministre régional et '
député d'Abitibi-Ouest, le ministre de l'Éducation, avant
de déterminer de façon définitive et claire quelle
pourrait être mon attitude face à ce projet de loi.
Je disais très récemment indépendamment de la
personne à qui j'en faisais part - que je suis toujours estomaqué
que, dès qu'il est question de territoire, ce soient des questions aussi
sensibles qui suscitent autant d'émotivité et autant d'affection,
autant de sentiment. Je suis étonné de voir des dossiers de
petites parcelles de territoire non organisé sur lesquelles il n'y a
aucun résident et où les municipalités se chicanent durant
des années pour savoir à quelle municipalité elles vont
appartenir ou avec qui elles vont être fusionnées.
On a été témoins récemment au Québec,
avec tout le découpage des municipalités régionales de
comté, de semblables discussions, que ce soit pour les territoires
municipalisés ou pour les territoires non municipalisés.
Lorsqu'on parle d'annexion territoriale ou de fusion surtout de ville
organisée comme les deux vôtres, le niveau de charges affectives
est encore plus élevé puisqu'il y a un historique derrière
chacune de ces municipalités, de ces villes. Il y a des personnes qui
ont investi du temps, de l'énergie, de l'argent, du
bénévolat et qui y ont construit leur vie, qui souvent ont
développé un sentiment d'appartenance, qu'on le veuille ou non,
très particulier.
Je peux vous dire que la façon dont je vais l'aborder, c'est avec
une attitude la moins dogmatique possible. Je pense qu'en ce qui concerne la
démocratie en général, comme la démocratie
municipale en particulier, il n'y a pas une seule façon d'être
démocrate, il n'y a pas une seule façon de respecter l'opinion de
la population. Il arrive que l'Assemblée nationale doive trancher des
débats difficiles entre des populations. On doit rêver, on doit
travailler à construire une société idéale
où ces problèmes de fusion, de regroupement, pourraient se
solutionner d'eux-mêmes par la participation des citoyens, par des
échanges de vues entre les conseils municipaux. Mais, il faut
prévoir le type de situation où des accords sont impossibles,
où des désaccords persistent de façon permanente et
peuvent entraver le développement social, le développement en
aménagement, le développement économique de deux
communautés voisines. À ce moment-là, comme responsables
de l'intérêt public, les membres de l'Assemblée nationale
doivent prendre des décisions difficiles à accepter pour l'une ou
l'autre des parties.
Je peux vous dire qu'en ce qui me concerne je vais d'abord penser
è l'avenir en essayant de me faire une opinion définitive,
à et penser d'abord aux faits. Pour le passé - vous nous en avez
parlé abondamment et à bon droit - il faut peut-être mettre
une équivalence dans le sens que chacun peut avoir son opinion sur la
qualité de l'administration de chacune des deux municipalités,
chacun peut avoir son opinion sur: pourquoi Rouyn a telles difficultés
et Noranda a tels succès? Dans quelles mesures cela dépend-il de
l'installation d'une grande entreprise industrielle dans une
municipalité plutôt que dans l'autre? Il y a tous ces facteurs
qu'il faut pondérer pour le passé.
Mais le problème dont nous aurons à débattre ici,
dans cette commission parlementaire, c'est fondamentalement ce qui est
préférable pour l'avenir, sans condamner ni se prononcer sur le
passé. Si, lorsque le territoire municipal a été
créé, lorsque le gouvernement du Québec, il y a 60 ans, a
donné un permis de "claim" à Noranda, il avait
déterminé que le territoire municipalisable était trois
fois plus grand que la zone délimitée, cela serait une seule
ville, cela ne serait pas deux villes. On ne peut pas refaire l'histoire comme
cela. Mais il va falloir, jusqu'à un certain point, mettre entre
parenthèses le passé pour dire: Pour l'avenir, en termes
d'aménagement du territoire, en termes de développement
économique, en termes de services à la population, en termes
d'effort fiscal équitable entre deux populations, quelle est la
meilleure structure municipale? Une fois l'opinion faite, quelle est la
meilleure façon d'y arriver?
Je sais que ceux qui viennent d'entendre mes propos seront certainement
insatisfaits puisqu'ils n'auront pas de réponse à leur
interrogation fondamentale: Quelle est l'attitude du gouvernement face au
projet de loi déposé? Mais je pense que vous devez respecter que
nous aussi, nous avons droit à des délais de réflexion
face à d'aussi importants débats. Délais de
réflexion et de consultation parce que - ce sera ma dernière
phrase - il n'est pas impossible que j'aie besoin de communiquer avec certains
d'entre vous à nouveau pour essayer de vérifier certaines de mes
opinions et voir s'il y a moyen d'arriver ensemble à trouver une
solution qui ne sera peut-être pas acceptée par tout le monde,
mais l'objectif - j'ai déjà utilisé l'expression ailleurs
- sera une solution qui, sans faire l'unanimité, sera respectable et
équitable. Je pense qu'à partir de ce moment-là une
solution qui peut être respectée et perçue comme
équitable, même si elle ne fait pas l'unanimité, peut
être acceptée par nos concitoyens. Je vous remercie.
Le Président (M. Marquis): Merci M. le ministre. M. le
député de Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Je serai fort bref.
Je veux simplement remercier tous les intervenants qui sont venus devant cette
commission nous faire part de leurs représentations afin de nous
éclairer. Les décisions en ce qui concerne le projet de loi sont
du ressort du ministre, Comme Opposition, de notre côté, comme
parlementaires, nous avons, évidemment, un certain droit de parole pour
ce qui est des lois qui sont présentées ici. Nous avons à
faire valoir certaines opinions, certains principes que nous trouvons
fondamentaux à défendre et à mettre de l'avant. Dans le
cadre de ce débat, nous sommes venus avec une ouverture d'esprit - je
l'ai dit tantôt -pour écouter les gens, mais aussi sans
arrière-pensée, tout en disant que ce n'était pas une
question d'être pour ou contre la fusion; ce n'était pas une
question de vouloir en faire un débat politique parce que le
député qui le présente est du côté
ministériel ou quoi que ce soit à la veille d'élections.
Ce n'est aucunement notre façon d'aborder le problème.
D'ailleurs, je l'ai mentionné à certains d'entre vous en
discussion privée.
Je pense qu'une chose est importante, à notre point de vue, c'est
que, dans le dossier, nous avons mentionné que nos lois actuelles
prévoient une certaine façon d'agir, tant la Loi sur les
cités et villes pour ce qui s'applique aux municipalités que la
Loi favorisant le regroupement des municipalités. Nous sommes ici dans
une situation qui sort un peu et même beaucoup de ces lois, puisque nous
avons, en fin de compte, à considérer un projet de loi public,
une loi particulière. J'ai retenu - peut-être que c'est une
déformation professionnelle, étant avocat - que fort souvent la
loi suit l'évolution dans la société. Rarement une loi va
précéder les idées ou l'évolution d'une
société. Dans le cas qui nous occupe, une telle loi serait-elle
salutaire? Dans le cadre actuel, pour le milieu dans lequel vous vivez, je ne
sais pas jusqu'à quel point on peut dire que tout le cheminement a
été accompli pour qu'une telle loi puisse s'imposer. Cela fait
peut-être 30 ans qu'on en parle. Il y a peut-être des gens qui ne
sont pas convaincus.
Là-dessus, on a parlé de démocratie -c'est un grand
mot - mais c'est peut-être le respect de l'individu qui est important,
respect de l'individu qui est régi par des lois auxquelles il doit se
soumettre. Quand les lois auxquelles il doit se soumettre prévoient
déjà des mécanismes, je pense que c'est important de s'y
soumettre. Ces mécanismes, qui sont prévus dans ces lois qui
s'appliquent à tout le monde, peuvent sûrement faire en sorte que,
dans des situations données, cela puisse régler le
problème. À tout le moins, qu'on suive ces mécanismes
jusqu'à leur aboutissement. Si on est bloqué dans une situation
impossible, et qui apparaît, par exemple, au législateur, au
gouvernement qu'il serait essentiel de modifier la loi actuelle par une loi
spéciale pour régler un cas qui ne peut pas entrer dans le moule
régulier, à ce moment-là, dans un tel cadre, la loi
spéciale qui arrive est nécessaire à cause de
l'évolution du problème dans la société ou dans le
milieu de vie auquel elle s'applique.
Une chose est essentielle si on parle du respect de l'individu - j'en ai
parlé tantôt -c'est que, même si le législateur
adoptait une loi du genre de celle qui ' est devant nous, le projet de loi 190,
il reste que, demain matin, ce sont les gens de Rouyn et de Noranda qui auront
à vivre ensemble, qui auront à faire en sorte d'avoir des
rapports qui pourront continuer à être cordiaux et assurer, ce
qu'on vise, le développement économique, social et culturel du
milieu.
Dans ce sens-là, face à tout ce qu'on a connu, en tout
cas, par les représentations que vous nous avez faites, de notre
côté, l'Opposition, nous avons toujours cru jusqu'à
présent que le cadre des lois actuelles pouvait permettre de
régler votre situation. C'est dans ce sens-là qu'on vous a dit
qu'on
n'était pas nécessairement contre une fusion, mais on a
peut-être insisté beaucoup pour qu'on se reporte aux lois
existantes, mais pour un motif fort particulier. C'est que les lois existantes
permettent, justement, une consultation du citoyen; pas simplement une
consultation au sens d'un référendum, mais que le citoyen puisse
venir donner son opinion. Dans ce sens, c'est cela qui est le respect de
l'affirmation individuelle, le respect de l'individu, de celui, finalement, qui
doit se soumettre aux lois.
On ne doit pas modifier les lois telles qu'elles existent si elles
peuvent résoudre un problème pour simplement arriver à une
solution plus rapide, à mon point de vue. Si ces lois ont
été adoptées par le législateur, c'est que le
législateur avait sûrement foi à ce moment à ce que
le texte de loi contenait pour régir notre société. Nous
allons nous garder, nous aussi, un temps de réflexion. Nous attendrons
éventuellement le pas suivant qui devra être fait par le
gouvernement. Nous espérons que ce sera pour le mieux pour l'ensemble
des citoyens et de Rouyn et de Noranda.
Je vous remercie.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le
député. À mon tour, je voudrais remercier la
vice-présidente de la commission, Mme la députée de
Chomedey, le secrétaire de la commission, le personnel qui est au
service de cette commission, ainsi que des parlementaires des deux
côtés de la table. Je veux ajouter également des
remerciements à tous les intervenants qui nous provenaient aujourd'hui
de la belle région de l'Abitibi-Témiscamingue.
Puisque M. le député de Laprairie a mentionné que
j'avais eu l'occasion, à titre de député, de vivre une
expérience semblable, les interventions d'aujourd'hui m'ont
rappelé toutes sortes de souvenirs puisque j'ai parrainé, moi
aussi, un projet de loi privé qui visait la fusion de deux
municipalités, la ville de Mont-Joli et la paroisse de
Saint-Jean-Baptiste. Effectivement, on a vécu une journée
d'audiences comme celle d'aujourd'hui; je l'ai vécue non pas è
titre de président, mais comme membre de la commission parlementaire
à ce moment. Cela n'a pas été facile et cela a
été même plus difficile dans l'ensemble qu'aujourd'hui.
C'est un dossier qui m'a empêché de dormir ou qui m'a fait passer
quelques nuits blanches; aujourd'hui, il est réglé et l'harmonie
est revenue dans cette région. C'est ce que je vous souhaite chez vous.
Soyez assurés que je comprends les positions et je comprends un peu ce
que peuvent ressentir tous les intervenants qui se sont fait entendre
aujourd'hui.
Je vous souhaite, moi aussi, un bon retour chez vous et une
agréable nuit à
Québec, si vous la passez ici. Sur ce, la commission est
ajournée sine die.
(Pin de la séance à 0 h 3)