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(Dix heures trois minutes)
Le Président (M. Marquis): La commission permanente de
l'aménagement et des équipements est réunie afin de
procéder à une interpellation. Je demanderais au
secrétaire de faire l'appel des membres ainsi que de faire état
des remplacements pour la séance de ce matin.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. MM. Assad
(Papineau), Vallières (Richmond), en remplacement de Mme Bacon
(Chomedey), MM. Marquis (Matapédia), Lachance (Belle-chasse), en
remplacement de M. Lavigne (Beauharnois), Beaumier (Nicolet), en remplacement
de M. Le Blanc (Montmagny-L'Islet), Perron (Duplessis), Le May (Gaspé),
ministre délégué au Développement et à la
Voirie des régions et Mme Bélanger (Mégantic-Compton), en
remplacement de M. Ciaccia (Mont-Royal).
Le Président (M. Marquis): La commission est réunie
ce matin afin de procéder à l'interpellation du
député de Richmond au ministre délégué au
Développement et à la Voirie des régions sur le sujet
suivant: "La politique du gouvernement en matière de voirie. "
Je vous explique brièvement la façon de procéder.
Le député qui fait l'interpellation a dix minutes pour nous
expliquer le sujet; le ministre a un droit de réplique de dix minutes.
Par la suite, il y a alternance entre un député de l'Opposition,
l'interpellant ou un autre député, qui a cinq minutes; le
ministre a cinq minutes pour répondre à chaque intervention d'un
député de l'Opposition et, si un député
ministériel intervient, il le fait après le ministre et la parole
retourne ensuite à un député de l'Opposition.
Je reprends: député de l'Opposition; ministre;
député ministériel; député de l'Opposition;
ministre; député ministériel et ainsi de suite. Pour
terminer les 20 dernières minutes, le ministre a dix minutes pour
conclure et l'interpellant, le député de Richmond, a dix minutes
pour mettre fin à la séance, qui se terminera à midi
exactement.
M. le député de Richmond.
Exposé du sujet
M. Yvon Vallières
M. Vallières: Merci, M. le Président. Je voudrais
évidemment souhaiter la bienvenue à M. le ministre, aux
principales personnes qui l'accompagnent, de même qu'à mes
collègues de Mégantic-Compton et Papineau qui m'assisteront au
cours de cette interpellation.
L'Opposition libérale a décidé d'interpeller
aujourd'hui le ministre délégué au Développement et
à la Voirie des régions pour diverses raisons. Nous avons, a
maintes reprises et à l'occasion de plusieurs débats,
dénoncé l'inaction du gouvernement péquiste dans le
domaine de la voirie. Cette inaction, nous l'avons démontré
antérieurement, a conduit à la détérioration rapide
du réseau routier.
Je vais immédiatement indiquer que nous voulons ce débat
le plus positif possible. Ce qui ne signifie pour autant que nous allons donner
l'absolution au gouvernement actuel, qui porte la lourde responsabilité
d'avoir hypothéqué notre patrimoine routier. Je veux d'ailleurs
profiter de cette occasion pour faire part au ministre actuel de ma
satisfaction de sa déclaration du 27 mars dernier en cette Chambre, lors
d'un débat du mercredi, où je déplorais l'état du
réseau routier en milieu rural. Je veux ici citer le ministre, qui
parlait, à ce moment, du député de Richmond: "Il a
cependant touché un problème qui est vrai. Si nos routes sont
portées à se détériorer, si nos constructions de
routes sont moins nombreuses, c'est parce qu'on n'a pas assez d'argent. Je suis
pleinement d'accord mais, dans un projet de société comme le
nôtre, on doit faire des choix".
Nous sommes donc d'accord sur au moins une chose. S'il y a moins de
construction de routes, c'est parce qu'il n'y a pas assez d'agent au budget. Le
ministre a d'ailleurs reconnu, dans le même débat, que son
gouvernement avait été obligé de diminuer le budget global
de voirie et qu'ainsi son gouvernement avait peut-être perdu le
contrôle de son réseau routier. Le ministre nous informait, par la
même occasion, qu'en 1975-1976, alors que le Parti
québécois a pris le pouvoir, on consacrait 28 % du budget
à la conservation et à l'entretien du réseau routier.
Aujourd'hui, nous dit-il encore, c'est plus de 50 %, et le ministre se demande
pourquoi il faut maintenant consacrer une pareille proportion du budget pour
l'entretien. Poser la question, c'est y répondre.
Un simple exemple vous permettra de
comprendre. Prenez le cas du propriétaire d'une maison qui
consacre chaque année une partie de son budget à améliorer
sa propriété; après sept, huit ou dix ans, il ne devra
guère dépenser davantage, toutes proportions gardées, que
durant les premières années pour entretenir sa
propriété. Si, au contraire, il n'investit pas de façon
régulière chaque année, il laisse détériorer
sa propriété pendant huit ou dix ans. S'il désire remettre
sa propriété à l'ordre, il devra, après dix ans de
négligence, consacrer un budget considérable pour y arriver.
C'est la même chose dans le domaine de la voirie, et c'est le
ministre lui-même qui nous le prouve par ses propos; après avoir
permis que le réseau se détériore, il doit maintenant
employer plus d'argent pour remettre son réseau à l'ordre et cet
argent ne peut être utilisé à la construction et à
l'amélioration de nos routes. Soyons bien clairs, je ne veux pas dire
qu'il s'agit de construction de routes nouvelles, nécessairement. Dans
l'immense majorité des cas où nous manquons d'argent - pour
employer le langage du ministre - c'est pour reconstruire ou améliorer
à même le budget de construction des routes principales,
régionales ou municipales qui sont déjà existantes. Alors,
il m'apparaît bien clair que, si nous devons maintenant affecter 52 % du
budget global de la voirie à l'entretien, c'est la preuve de votre
négligence dans ce secteur d'activité depuis 1976. Et même
là, si le chiffre de 437 000 000 $ que vous avancez pour le budget
d'entretien peut paraître considérable en dollars constants de
1976, cette somme n'est que de 229 035 410 $ par rapport à un budget de
229 484 600 $ en 1976-1977. Donc, toutes proportions gardées, nous
fonctionnons avec le même budget d'entretien qu'en 1976 au moment
où nous nous parlons.
Le ministre doit maintenant admettre qu'il devrait mettre en branle un
vaste plan de rattrapage pour reprendre le temps perdu. Le ministre nous a
déclaré, de même que son patron immédiat, le
ministre des Transports, qu'il pouvait maintenant faire plus de travaux avec
moins d'argent. Le ministre nous a fait part des économies
réalisées en diminuant la largeur des lignes blanches, il a
même essayé d'en diminuer l'épaisseur de 0, 4
millimètre à 0, 3 millimètre pour revenir à
l'épaisseur originale, parce qu'elles s'usaient trop vite. Mais, si nous
faisons exception des lignes blanches, quel est votre plan d'intervention
précis pour sauver le réseau?
Vous connaissez le rapport publié en septembre 1984 pour le
compte de l'Association canadienne de la construction, qui dit: "À
quelque 13, 5 % de sa totalité, le réseau routier
québécois ne répond pas aux normes de qualité de
surface tel qu'imposé par le ministère des Transports de cette
province. Les routes impliquées ont une chaussée inégale
et sont remplies d'ornières. Elles ont donc besoin d'être
repavées ou renforcées. Les automobilistes du Québec
gaspillent tous les ans une somme totale supérieure à 241 000 000
$ en coût d'exploitation de leur véhicule et ce, dû à
une chaussée rude ou hors d'état. Ce chiffre représente
une moyenne de 71 $ dépensée par chacun des 3 370 000 chauffeurs
détenteurs d'un permis que compte la province de Québec. " Alors,
quelle est votre réponse? Quel est votre plan d'action pour corriger la
situation décrite par Trip/Canada? C'est le but de notre discussion
d'aujourd'hui. Quelles sont les solutions précises que vous mettrez de
l'avant, compte tenu de l'enveloppe budgétaire dont vous disposez?
Je vous rappelle également que la même agence
indépendante note dans son rapport que la part du budget du
ministère des Transports a considérablement diminué par
rapport au budget total de la province. Je l'ai d'ailleurs signalé
à plusieurs reprises et je regrette à ce chapitre que le ministre
actuel accepte cette situation, alléguant qu'il y a des priorités
plus importantes, qu'il s'agit de faire des choix de société et
qu'à ce titre il accepte que la voirie soit un secteur
considéré comme étant secondaire. Votre gouvernement
oublie que la priorité no 1 devrait consister dans la création
d'emplois et que, si vous y mettiez le budget et la planification
nécessaires, ce sont des milliers d'emplois qui seraient
créés à la suite des investissements sur les routes.
D'ailleurs Trip/Canada mentionne qu'un programme annuel de 93 000 000 $
entraînerait quelque 2360 emplois parmi les travailleurs de la
construction et des industries connexes de fabrication et de fourniture
d'équipements et de matériaux de construction. Auriez-vous
oublié cette dimension de l'impact économique des investissements
dans le secteur routier?
Est-il nécessaire de rappeler au ministre qu'un groupe de
députés péquistes a déjà
suggéré au gouvernement la réfection massive du
réseau routier rural, ce qui aurait entraîné, selon leur
estimation, la création de 20 000 emplois saisonniers pour une
période de deux ans. Il ne faudrait pas nous reprocher de ce
côté-ci de la Chambre de vous demander de mettre en place un plan
de rattrapage.
Je demande donc au ministre: Qu'avez-vous à nous offrir? Quel est
votre plan d'action? Dans le domaine de la construction, vous comptez
intervenir sur combien de kilomètres de routes et pour des
dépenses de que! ordre dans chaque catégorie de routes?Dans le domaine de l'entretien, que ferez-vous de différent de ce
qui se passait les années passées et qui permettrait
d'améliorer sensiblement la situation de dégradation
constante du réseau routier? Quelle est votre approche en termes
de développement planifié des régions par le biais d'un
réseau routier convenable et répondant aux exigences du
développement des régions? Êtes-vous conscient de
l'importance économique d'un bon réseau routier pour assurer le
développement des régions? (10 h 15)
Le réseau routier québécois, comme vous le savez,
sous votre responsabilité, comporte plus de 58 000 kilomètres de
routes. Alors, quel est votre plan d'action pour chacune des catégories
de routes, qu'il s'agisse des autoroutes, des routes principales, des routes
régionales ou des chemins municipaux?
M. le Président, on m'indique que mon temps serait
terminé?
Le Président (M. Marquis): Effectivement, et vous aurez
l'occasion de poser d'autres questions par la suite. M. le ministre
délégué au Développement et à la Voirie des
régions.
Réponse du ministre M. Henri Le May
M. Le May: M. le Président, il me fait plaisir de
m'être rendu ici ce matin pour répondre aux inquiétudes du
Parti libéral, du parti de l'Opposition - je tiens à remercier
les collègues qui m'accompagnent de ce côté-ci de la
Chambre - afin d'apporter des précisions à certaines questions
que pourraient se poser les différents députés de
l'Opposition ce matin ici présents.
M. le Président, le député de Richmond nous disait
qu'il y a une détérioration rapide de notre réseau routier
et je pense que, de ce côté, je ne peux que lui dire: Oui, c'est
vrai. C'est vrai et nous l'avons constaté. Je pense que c'est pour ces
raisons que le gouvernement actuel, le ministère que je dirige
actuellement a décidé de mettre beaucoup plus d'investissements,
beaucoup plus d'argent dans la conservation de notre réseau que dans de
nouvelles initiatives.
Il avait également raison, je crois, quand il disait que c'est un
peu comme une maison quand on la laisse è l'abandon pendant
peut-être une dizaine d'années. Il est entendu que les
investissements doivent se faire majeurs après, pour réparer les
négligences du passé. C'est ainsi que je constatais, M. le
Président, qu'en 1974-1975 on a investi seulement 171 000 000 $ sur tout
le réseau québécois pour la conservation; en 1975-1976, on
a investi 215 000 000 $, c'est-à-dire exactement 50 % de ce qu'on
investit aujourd'hui.
Alors, si déjà à ce moment on avait prévu ce
qui nous arrive aujourd'hui et ce qui était facilement
prévisible, peut-être qu'on aurait mis un petit peu plus d'argent
sur la conservation de notre réseau et un petit moins sur la
construction de réseaux autoroutiers. On mettait, dans ces
années-là, beaucoup plus d'argent dans la construction
d'autoroutes sur lesquelles il aurait fallu parfois se poser des questions
quant à leur utilité, mais on les faisait quand même. Je
comprends le député de Richmond, qui, à ce
moment-là d'ailleurs, était député, de
s'inquiéter de la conservation de notre réseau municipal.
M. le Président, M. le député de Richmond me
demandait quel était exactement le programme que nous avions concernant
l'amélioration de notre réseau actuel. La population du
Québec est consciente, je pense, que nous investissons dans le domaine
routier plus de 800 000 000 $ cette année. Nous sommes également
conscients que, pour répondre aux besoins constants du transport
routier, pour répondre aussi au développement régional,
comme le signalait le député de Richmond, il nous faudrait encore
plusieurs dizaines de millions de plus. Cependant, comme je le disais dans un
discours ici à l'Assemblée nationale, nous avons un choix de
société à faire, nous avons des choix à faire en ce
qui regarde l'investissement des différentes sommes. Nous ne pouvons,
pour des' raisons purement sociales, soit augmenter les impôts des
Québécois qui, déjà, sont élevés -
vous le savez - soit emprunter sur les marchés mondiaux des sommes qui
devraient être remboursées par nos enfants ou les enfants de nos
enfants pendant des générations; alors nous devons faire des
choix.
Continuerons-nous à laisser à nos enfants le choix d'aller
dans des écoles où il n'en coûte rien? Allons-nous enlever
l'assurance automobile, qui coûte quand même des dizaines et des
dizaines de millions chaque année à tous les
Québécois? Allons-nous réformer notre réseau des
affaires sociales en rationalisant ou en fermant certaines institutions pour
épargner là des millions? Il y a eu des discussions longues et
laborieuses au Conseil des ministres et nous en sommes arrivés à
ce qu'on a présentement, qu'il est peut-être mieux de construire
moins de nouveaux réseaux routiers et peut-être de mettre plus
d'argent sur l'entretien de ce qu'on a déjà, plutôt que
d'enlever des services dans les écoles, dans les hôpitaux, de
couper encore dans les investissements que nous faisons pour l'environnement.
Seulement l'assainissement des eaux cette année va nous coûter
au-delà de 1 000 000 000 $. Nous avions des choix à faire, nous
les avons faits, mais, pour autant, nous n'avons pas l'intention de
négliger le réseau routier qui nous appartient et qui a
été construit au Québec depuis des
générations et des générations.
C'est pourquoi, pour ce qui est de nouvelles initiatives, on se limite
de plus en plus. On aimerait évidemment construire des autoroutes et des
routes partout au Québec mais, comme gouvernement élu, nous avons
à conduire et à prendre des décisions. Ce sont ces
décisions que nous avons prises d'investir encore cette année 832
000 000 $ dans notre réseau routier, ce qui nous semble insuffisant,
mais je suis convaincu qu'en mettant davantage l'accent sur la conservation
plutôt que sur les nouvelles initiatives le peuple
québécois ne pourra qu'être satisfait du choix que nous
avons fait.
M. le Président, plusieurs questions ont été
posées par le député de Richmond et il me sera absolument
impossible dans ces dix minutes d'y répondre complètement, mais
nous aurons certainement au cours de ces deux heures l'occasion de revenir sur
plusieurs de ses questions.
Si on regarde le total des trois programmes que vous connaissez bien, le
ministère des Transports prévoit dépenser 840 000 000 $ et
plus par rapport à 870 000 000 $ l'an dernier: 3, 3 % de diminution.
Malgré tout, si on regarde le rapport de Trip/Canada dont faisait
état tout à l'heure le député de Richmond, on lits
"L'évolution de la qualité du réseau routier. Des
données provenant de l'inventaire qualitatif du réseau routier
nous permettent de conclure que la qualité générale en
termes de rebondissement et profilométrie des routes régionales
et principales a augmenté depuis dix ans. Par contre, la qualité
des autoroutes est demeurée identique au cours de la même
période. Ce qui veut dire que non seulement nous investissons dans des
routes dont la qualité a augmenté -toujours, selon Trip/Canada -
mais qu'en plus on s'est occupé du réseau autoroutier afin qu'il
ne se détériore pas plus que cela n'a été le cas au
cours des années antérieures.
Tout à l'heure, M. le Président... Je pense qu'il me
reste... C'est terminé? Excusez-moi. D'accord, on reviendra sur ces
différentes questions que vous m'avez posées, M. le
député, concernant ce que nous avons l'intention de faire quant
au rattrapage dans l'amélioration de notre réseau routier. Nous
avons un plan de restructuration. Cela nous fera plaisir de vous en indiquer
quelques points.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: M. le Président, la parole serait
maintenant au député de Papineau.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Papineau.
Argumentation M. Mark Assad
M. Assad: Merci, M. le Président. M. le ministre a
mentionné qu'il était ici pour répondre aux questions de
l'Opposition libérale concernant ses inquiétudes à propos
du réseau routier. Je peux vous assurer, M. le ministre, si je peux vous
lancer une invitation pour venir dans la circonscription de Papineau, que vous
allez voir que nous ne sommes pas seuls à être inquiets du
réseau routier dans notre région. On trouve, en
général, que le réseau routier est dans un état
assez lamentable.
Je voudrais vous poser une question. Vous avez dit qu'au cours des
années 1974-1975 le gouvernement avait dépensé quelque 250
000 000 $ pour l'entretien du réseau routier. Je voudrais vous faire
remarquer que j'étais ici à l'époque et qu'on satisfaisait
au moins aux besoins de l'époque. Le budget que vous avez dans le moment
ne satisfait pas aux besoins essentiels. Je peux vous donner un exemple dans le
comté de Papineau. Depuis un an, on avait établi des
priorités pour l'entretien du réseau routier qui se chiffraient
autour de 2 000 000 $. Il y a six semaines, j'ai reçu la nouvelle de mon
divisionnaire qu'une somme de 1 500 000 $ a été soustraite de ce
budget de 2 000 000 $. C'était strictement l'essentiel dont on avait
besoin pour garder notre réseau routier dans un état
acceptable.
Deuxièmement, vous avez fait allusion au fait qu'il y avait de la
construction d'autoroutes. C'est vrai qu'on a investi dans ce domaine et, avec
raison. Vous avez dit qu'il y avait peut-être eu des constructions
d'autoroutes sur lesquelles on pouvait s'interroger. Je vous pose la question:
Est-ce que, dans votre esprit, on doit remettre en question l'autoroute 50?
Cela fait 25 ans que tous les organismes de notre région, des
comtés de l'Outaouais demandent un accès à la capitale
nationale, Ottawa. Cette route traverse le côté
québécois jusqu'à Montréal. On trouve que c'est
absolument nécessaire pour notre développement industriel et
touristique. Donc, je serais très intéressé à avoir
votre opinion sur l'autoroute 50.
Je voudrais attirer votre attention, M. le ministre, sur les autres
aspects de la région, c'est-à-dire le comté de Papineau.
La route 321 qui va de Papineauville à Chénéville et de
Chénéville à Lac-Simon, c'est une voie d'accès
importante pour la région de la Petite Nation. En effet, les touristes
en provenance de l'Ontario qui arrivent par la route 148 doivent emprunter la
route 321 pour se rendre à leur chalet. La région du Lac-Simon
compte au-delà de 3500 chalets pendant la belle saison
d'été. C'est l'industrie majeure et la principale ressource de
tout le secteur de Lac-Simon-Chénéville.
Par ailleurs la route qui va de Chénéville à
Duhamel est dans un état lamentable et dangereux en plusieurs endroits
et cela a été signalé à plusieurs reprises. Si ce
secteur de Chénéville-Duhamel pouvait bénéficier
d'un bon système routier acceptable, on pourrait facilement tripler le
nombre de personnes qui voudraient venir se construire un chalet dans la
région. L'obstacle majeur qui entrave notre développement
touristique, M. le ministre, est encore et toujours notre système de
routes secondaires qui a connu très peu d'investissements depuis dix
ans. (10 h 30)
La Chambre de commerce régionale, la MRC de Papineau ont, maintes
et maintes fois, fait une demande auprès du ministère des
Transports afin de faire une évaluation complète de notre
réseau routier. Je vous invite, M. le ministre, ou les officiers du
ministère, à venir dans le comté de Papineau pour
constater ce que j'avance.
Je voudrais signaler aussi la route 323 qui va de Montebello à
Lac-des-Plages. On a là encore des chemins de terre pour nos touristes
qui se rendent à leur chalet. Je voudrais surtout souligner que la route
qui va d'un endroit qui s'appelle Namur jusqu'à Lac-des-Plages est
très dangereuse, en hiver surtout. Si je compare avec le comté au
nord, le comté de Labelle, on voit que le ministère des
Transports a versé des montants assez considérables pour
entretenir les chemins en hiver. C'est un aspect que je veux que vous regardiez
en priorité. Durant l'hiver, dans ce bout de chemin, c'est très
dangereux et, à plusieurs reprises, les municipalités ont fait
des demandes auprès du ministère des Transports. Je reviendrai
avec d'autres aspects un peu plus tard.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre.
M. Henri Le May
M. Le May: Oui, M. le Président. C'est tout un catalogue
d'épicerie que le député de Papineau nous a donné
ce matin. Il parlait de l'autoroute 50. Il me fait plaisir de lui rappeler que
cette année on a investi quand même 5 145 000 $ dans l'autoroute
50 que l'on termine jusqu'à Masson. Je me suis également
engagé à aller livrer à la population de la région
des échéanciers concernant ces différentes autoroutes que
l'on construit chez vous, cependant peut-être pas directement dans votre
comté. Cela me fera plaisir, M. le député, de me rendre
chez vous, comme vous me l'avez signalé, pour constater l'état de
vos routes. Cependant, il y a quand même des choix qu'il nous faut faire.
Quand on regarde actuellement la route 132 qui traverse, en grande partie, le
Québec où nous devons investir des sommes importantes parce que
cette route fait partie intégrante du développement
régional, alors que vous venez me parler de la priorité de vos
routes pour se rendre à des chalets, je dois vous dire que cela
m'inquiète un peu.
Quand nous investirons des sommes importantes dans des routes qui se
rendent à des chalets, cela se fera sans doute alors que M. Bourassa
empruntera de l'argent, comme il l'a déjà dit, pour construire
des routes. Tant que le Parti québécois sera au pouvoir, nous
allons construire des routes qui serviront toute une population et non pas les
20 % ou 25 % de la population qui ont le moyen de se payer des chalets.
Pour ce qui est de votre route de Montebello, très belle
région que je connais d'ailleurs, on commence cette année des
travaux en investissant à peu près 100 000 $ sur la route 323.
Nous avons l'intention, dans les années à venir, d'augmenter ces
déboursés dans cette route. Là-dessus, M. le
Président, ce serait peut-être bon de laisser à mes
collègues l'occasion de s'exprimer également.
Le Président (M, Marquis): M. le député de
Nicolet.
M. Yves Beaumier
M. Beaumier: Merci, M. le Président, c'est un peu le
hasard des choses, mais les deux députés qui viennent
d'intervenir du côté de l'Opposition, les députés de
Richmond et de Papineau, étaient effectivement députés
dans la période de 1973 à 1976. Ce que je déplore, tout
comme-eux, c'est qu'ils aient eu si peu d'influence sur leur propre
gouvernement, sur l'orientation des budgets relativement aux routes. Je
l'explique de la façon suivante. Tantôt, le député
de Richmond parlait de conservation, qu'il y avait eu négligence. J'ai
fait sortir, à partir des crédits budgétaires, ce qui
s'est fait et les orientations qui ont été établies
à ce moment. En 1973-1974, où les députés de
Richmond et de Papineau étaient au pouvoir, savez-vous ce qui s'est fait
quant à la conservation? C'est 10, 8 % du budget qui ont
été affecté à la conservation en termes de
chaussée et structure.
Ils venaient d'arriver, je me suis dit que peut-être
l'année suivante ils corrigeraient des choses. L'année suivante,
c'est 11, 5 % des budgets routiers qui étaient affectés à
la conservation. Savez-vous combien, en 1985-1986, on met sur la conservation?
46 % du budget sont affectés en termes de chaussée et structure
de conservation, ce sont 335 000 000 $ par rapport à 46 000 000 $, 59
000 000 $ ou 90 000 000 $, selon qu'on parle de 1973-1974, 1974-1975 ou
1975-1976. Voici ce que je poserais comme question. Pourquoi le
député de Richmond et le député de
Papineau ont-ils laissé faire ces choses? Pourquoi avez-vous
participé et avez-vous été complices du fait qu'il n'y
avait pas de budget ou pratiquement pas de budget en ce qui touche à la
conservation? C'est cela que nous sommes obligés de rattraper
actuellement et cela gruge les budgets de construction. Donc, il n'y avait
à peu près pas de budget pour la conservation et il y en avait
pour la construction.
En ce qui a trait à la construction, quelle était votre
orientation? Le député de Richmond et le député de
Papineau, c'étaient essentiellement les autoroutes et les grands
travaux. Vous savez qu'actuellement, en 1985-1986, 40 % des budgets sont
affectés aux routes régionales et locales, ce qui est votre
préoccupation et la mienne. 60 % pour de grands travaux, les routes
principales et les autoroutes. En 1974-1975, le député de
Richmond et le député de Papineau étaient au pouvoir.
Pourquoi n'avez-vous pas influencé le gouvernement de M. Bourassa? On
avait à ce moment 80 % des budgets routiers qui étaient
affectés à des autoroutes et des grands travaux et seulement 20 %
pour des routes locales et pour des routes régionales. Pourquoi
avez-vous été si faibles, si peu influents? Vous allez me dire
que cela, c'est le passé. D'accord, on va parler du futur.
Le 11 mars 1985, M. Bourassa - qui est chef du Parti libéral et
prétend être encore au gouvernement - est venu dans le
comté de Nicolet. Le matin, il a rencontré quelques dizaines de
militants libéraux à Pierreville. C'étaient des gens
corrects. Ils auraient dit à M. Bourassa - cela est dans le Nouvelliste
du 12 mars - notre préoccupation et notre priorité, ce sont les
routes locales, municipales et intermunicipales. M. Bourassa n'a pas dit un
mot. Dans l'après-midi, il était à Bécancour. Il a
déclaré à peu près ceci: Il demeure cependant que
la question des autoroutes a toujours été une question
prioritaire pour notre parti, nous avons dans le passé massivement
investi dans la construction des autoroutes et nous allons le faire dans
l'avenir. Cela veut dire que le même homme, le même jour et dans le
même comté n'a pas écouté ses propres militants
libéraux qui lui demandaient de faire de la voirie rurale, de la voirie
municipale et de la voirie intermunicipale et il a plutôt
écouté ces grands constructeurs en leur disant: Nous ferons
effectivement à l'avenir, et cela sera encore notre priorité, des
autoroutes. Voici la question que je poserais: Pourquoi le député
de Richmond et le député de Papineau, au moment où ils
étaient au pouvoir, n'ont-ils pas pu réussir à influencer
leur chef qui était M. Bourassa? Merci.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le
député.
La parole est maintenant à Mme la députée de
Mégantic-Compton.
Mme Madeleine Bélanger
Mme Bélanger: Merci, M. le Président. Je veux
joindre ma voix à celle de mes collègues pour dénoncer
encore une fois la négligence dont a fait preuve l'actuel gouvernement
dans le domaine de la voirie rurale. En tant que députée d'un
comté aussi vaste que celui de Mégantic-Compton, plusieurs
contribuables, municipalités et groupes voués au
développement économique m'adressent leurs récriminations
sur l'état du réseau routier. Comme résidente du
comté, je suis à même de constater qu'ils ont raison, le
réseau routier se détériore continuellement. Je constate
aussi qu'en plus des inconvénients sur nos déplacements le
mauvais état du réseau constitue un frein au développement
économique de la région et, dans certains cas, il nuit à
des industries existantes.
Je profiterai de l'occasion qui m'est offerte pour attirer l'attention
du ministre sur des cas concrets. Avant de le faire, je rappellerai au ministre
d'autres données très concrètes elles aussi. Dans les
trois districts desquels relève le comté de
Mégantic-Compton, le budget d'entretien a diminué de 15 %
à 16 % entre la présentation du budget préliminaire et
l'adoption du budget définitif. De plus, le budget total dans Cookshire
est passé de 1 700 000 $ à 900 000 $ pour de nouvelles
constructions. Dans Sherbrooke, les sommes prévues sont passées
de 3 000 000 $ à 1 000 000 $. La part attribuable à
Mégantic-Compton est passée de 495 000 $ à 200 000 $.
Je demanderais au ministre de justifier ces coupures. Je lui demanderais
aussi s'il est conscient de leur impact négatif sur une région
largement tributaire de son réseau routier. Je lui demanderais aussi, au
nom de quel principe, des sommes jugées, il y a à peine quelque
temps, nécessaires ne semblent plus justifiées aujourd'hui. Comme
par exemple, avec des budgets amputés de la sorte, pourra-t-il donner
suite aux demandes de la MRC de Coaticook qui vous a déjà
avisé qu'elle avait l'intention de remuer ciel et terre pour que son
réseau routier soit adéquat? Comment pourriez-vous, entre autres,
procéder aux travaux sur le chemin reliant Coaticook à
East-Hereford? Pourquoi, si vous n'avez pas l'intention d'agir, les
représentants du gouvernement du Québec ont-ils appuyé la
priorité donnée par la MRC Coaticook au réseau routier
lors du dernier sommet socio-économique de l'Estrie?
Comment pourrez-vous aussi donner suite aux revendications de la MRC du
Granit concernant les chemins
Marston/Piopolis, Piopolis/Val-Racine qui n'ont pas encore de sortie
asphaltée pour se
rendre dans les grands centres?
J'aurais bien d'autres questions à poser au ministre, d'autres
cas à lui soumettre, je le ferai tout à l'heure. Pour l'instant,
je lui demande de justifier ces coupures et de répondre aux
appréhensions des MRC. Je lui demande de nous dire, aujourd'hui, s'il a
l'intention de tenir vraiment compte des demandes formulées par les
élus locaux.
Le Président (M. Marquis): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Henri Le May
M. Le May: M. le Président, je suis très heureux de
voir qu'il n'y a pas plus de députés de l'Opposition, parce que
chacun arrive avec sa liste d'épicerie et cela serait une étude
cas par cas plutôt qu'une étude globale du réseau routier
québécois. Pour ce qui est de la MRC de Coaticook, je l'ai
reçue à mon bureau, avec beaucoup de plaisir d'ailleurs.
Actuellement, nous sommes à faire une étude que nous
aurons très bientôt en main pour voir la nécessité
de relier la MRC de Coaticook à l'autoroute 55. C'était bien
là la demande. Nous sommes loin dans ce réseau routier d'avoir
l'approbation des municipalités qui ainsi verront une autoroute les
contourner. Je comprends également cesdites municipalités qui
sont inquiètes de voir les automobilistes leur passer sous le nez sans
arrêter chez elles. Actuellement, l'étude est en cours, nous
l'aurons en main très bientôt et nous pourrons ainsi rencontrer
à nouveau la MRC de Coaticook pour lui faire part de notre
décision définitive.
Mme la députée nous parlait de coupures et nous demandait
de les justifier. Je dois aviser cette Chambre, M. le Président, que les
coupures ne sont pas toujours voulues. Dans plusieurs cas, certains projets
sont tout simplement retirés de la programmation pour des questions
purement d'ordre technique. Je pourrais vous en citer peut-être
quelques-unes. (10 h 45)
Si on regarde la région 01, vous avez une route Sainte-Odile
à Rimouski qui ne pourra être faite cette année, question
d'ordre technique; Sayabec dans la région Matapédia; dans la
région 03, on a Sainte-Agnès, dans Charlevoix; on a
Rivière-au-Tonnerre, dans Duplessis; on a Saint-Ubald, dans Portneuf;
dans la région 04 - c'est curieux, c'est presque entièrement des
comtés occupés par des députés du Parti
québécois - on a Saint-Maurice, dans le comté de
Champlain, CPTA, expropriation non terminée; également, dans le
comté de Champlain, nous avons le rang Sainte-Marie et le chemin de
Batiscan, pour les mêmes raisons.
Nous avons, dans Laviolette, deux projets qui ne se réaliseront
pas non plus pour la route 155 et, également, le rang nord de la
rivière des Envies. Dans le comté de Nicolet, chemin
Côte-Saint-Pierre, 500 000 $, qui ne pourra pas être fait non plus
cette année, à cause des études faites par la CPTA qui ne
sont pas terminées. Dans le comté de Richmond, nous avons
l'ancienne route 5 à Kingsey-Falls, que nous voulions commencer cette
année et investir 400 000 $ et nous ne pouvons le faire, question
d'expropriation et de la CPTA, également.
Nous avons, dans Maskinongé, Sainte-Anne-de-Yamachiche, le chemin
des Petites terres qui ne pourra pas être fait non plus, même si
l'investissement était mineur, 50 000 $, question d'expropriation. Nous
avons, dans le comté de Nicolet, Saint-Guillaume et Saint-Bonaventure,
au sixième rang sud, retardé, à cause d'expropriation et
de la CPTA, également.
Nous en avons encore plusieurs ici. C'est inutile, je pense bien, de les
énumérer tous. Mais je pense que la liste suffit pour faire
comprendre que, parfois, nous avons des travaux que nous aimerions
entreprendre, mais nous ne le pouvons malheureusement pas à cause du
ministère de l'Environnement, à cause d'études d'impact,
è cause de l'expropriation, ou il y a manque de collaboration des gens
du milieu ou encore, parfois, des municipalités. Parfois,
également, la Commission de protection du territoire agricole fait
attendre sa décision.
Pour toutes ces raisons d'ordre purement technique, nous avons un total
de 6 600 000 $ qui ne pourra être affecté à ces
différentes routes, cette année.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le ministre. La
parole est maintenant à M. le député de Duplessis.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, M. le Président. Je pensais
réellement que, ce matin, à la suite de l'interpellation des
membres du Parti libéral, nous allions parler de conservation, mais je
me rends compte, comme le disait le ministre délégué au
Développement et à la Voirie dès régions, que c'est
plutôt une liste d'épicerie qu'ils nous ont
présentée.
Je comprends très bien que le député de Richmond,
le député de Papineau et la députée de
Mégantic-Compton jouent le jeu de l'Opposition, ce qui est parfaitement
normal dans notre système démocratique, et jouent en même
temps le jeu du chef du Parti libéral lui-même qui, en passant,
n'est toujours pas présent, ici, à l'Assemblée nationale,
malgré qu'il l'a été de 1970 à 1976.
M. le Président, ce qui me frappe dans ce que disent les
libéraux - cela, dans toute
la province de Québec - c'est l'incohérence du discours.
Si on est en Abitibi-Témiscamingue, on va parler de baisse
d'impôts. Si on est en Gaspésie, on va parler d'augmentation des
dépenses. Si on est sur la Côte-Nord, on va parler de diminuer le
déficit. Selon l'endroit où se trouvent le chef ou les
libéraux, on change le discours.
Je pourrais parler, ce matin, du trou de 500 000 000 $ qu'on a
découvert en 1978, qui nous a été laissé par les
libéraux au sein du ministère de l'Éducation du
Québec. Je pourrais faire la même chose ce matin en parlant du
trou de 300 000 000 $ dans le réseau des affaires sociales,
trouvé aussi en 1978. Je vais m'en tenir au fait que, durant les
dernières années, le gouvernement du Parti
québécois a surtout investi dans plusieurs régions du
Québec. Le Parti libéral, de 1970 à 1976, avait pris des
décisions pour mettre l'accent sur les autoroutes au lieu de mettre
l'accent sur des routes régionales importantes pour nos régions
et, en particulier, sur la Côte-Nord.
Si vous permettez, M. le Président, je vais relever deux dossiers
spécifiques de la Côte-Nord. En premier lieu, je voudrais vous
parler de la route 389. Vous allez comprendre très exactement quelle est
la différence entre le Parti libéral de 1970 à 1976 et le
Parti québécois de 1977 à 1985. Lorsque j'ai
été élu le 15 novembre 1976, je pensais que la route 389,
la route Manic-Gagnon, était beaucoup plus avancée. Faisant suite
à des vérifications, j'ai constaté que, sur 190
kilomètres de route, il y en avait encore 175 à construire.
Cependant, ce dossier a fait couler beaucoup d'encre. Je voudrais vous
rappeler, par exemple, qu'aux partielles de 1972, lorsque M, Donald Gallienne
s'est présenté pour le Parti libéral et qu'il a
été élu, il a fait une déclaration dans la ville de
Gagnon en disant ceci: "Dès l'hiver prochain, vous voyagerez sur la
route Manic-Gagnon. " Je me demande comment un gouvernement ou un
député pouvait faire une telle déclaration lorsqu'il
restait 175 kilomètres de route à construire. D'ailleurs, c'est
pour cela qu'on ne l'a pas cru et c'est pour cela que les gens de la ville de
Gagnon ont voté carrément contre le Parti libéral.
À titre d'exemple, en 1970, aucun investissement sur la route 389; en
1971, aucun investissement; en 1972, aux élections partielles, 270 000
$; en 1973, aux élections générales, 452 000 $; en 1974, 0
$; en 1975, 0 $; en 1976, comme par hasard, aux élections
générales, 630 000 $. Tout cela pour un total de 1 332 300 $ sur
une période de six ans.
Sur la question de la route 389, je termine en vous disant que, de 1977
à 1985, le gouvernement actuel a investi au ba3 mot 28 300 000 $ pour un
total de 149 kilomètres, il reste 14 200 000 $ à dépenser
pour les 26 kilomètres qui restent.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le
député. La parole est maintenant à M. le
député de Richmond.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: Merci, M. le Président. D'abord,
à la suite de l'intervention du député de Nicolet, c'est
avec plaisir que j'aurai maintenant l'occasion d'indiquer que le Parti
québécois s'opposait dans la région de l'Estrie à
la construction des autoroutes 10 et 51, de même qu'à la liaison
Sherbrooke-Drummondville de l'autoroute 51, routes qui ont d'ailleurs
été construites grâce à une entente auxiliaire qui
comportait une forte participation du gouvernement fédéral de
même qu'une participation du gouvernement du Québec.
Je voudrais, M. le Président, revenir -j'ai terminé
tantôt en vous indiquant que le ministère des Transports avait
beaucoup de routes à entretenir - à un rapport interne au
ministère qui indique d'ailleurs que plus du tiers du réseau
nécessite des travaux coûteux de réhabilitation structurale
afin de rétablir la capacité portante et la qualité de
surface de roulement. Vous nous dites que vous mettrez dorénavant
l'accent sur ia conservation du réseau. Nous voulons, savoir comment
vous y arriverez avec moins d'argent, c'est la question que nous vous posons,
et selon quel plan d'action, pour chacune des catégories de routes que
je vous ai déjà mentionnées. Ne croyez-vous pas que le
problème est suffisamment grave pour que votre gouvernement passe de
l'improvisation à la planification? Quelle action avez-vous
décidé d'entreprendre, malgré vos coupures
budgétaires, sur les autoroutes existantes, les axes
interrégionaux qui constituent l'épine dorsale du réseau
routier québécois, les routes régionales et les routes
locales? . L'état lamentable du dossier de la voirie rurale commande de
votre part une action beaucoup plus énergique que l'attitude que vous
manifestez présentement. Le laisser-aller qui a
caractérisé votre gouvernement dans la gestion de ce dossier doit
faire place à une plus grande volonté pour la résolution
des nombreux problèmes qui accablent toutes les régions du
Québec.
Le faible budget que vous consacrez au réseau routier
québécois doit être augmenté, mais comment? Il a
déjà été question d'aller chercher d'autres
crédits au Comité des priorités de votre gouvernement.
D'autres priorités s'offrent à vous, mais, par vos
démarches auprès du Comité des priorités, M. le
ministre, vous croyiez pouvoir obtenir des sommes substantielles. Où en
est cet engagement que vous avez pris devant l'Association des constructeurs de
routes du Québec? Aussi, il serait très important que vous
procédiez à un examen complet des sommes encore disponibles qui
proviennent
des ententes auxiliaires Canada-Québec en cours de
réalisation, sommes qui pourraient peut-être être
allouées au développement des régions par le biais de la
voirie.
De plus, en ce qui concerne les nouvelles ententes qui seront
signées entre le gouvernement du Québec et le gouvernement du
Canada, vous devrez parvenir à la conclusion d'accords qui pourront
apporter des déblocages majeurs dans le dossier de la voirie pour les
régions. Par ailleurs, nous sommes convaincus que votre inaction dans ce
dossier a déjà pénalisé lourdement des
régions du Québec qui comptent beaucoup sur un réseau
routier adéquat pour développer leur économie.
M. le Président, j'aurais à ce moment-ci quelques
questions à poser au ministre concernant les expériences pilotes
qui se tiennent dans quatre municipalités régionales de
comté au Québec. En premier lieu, je voudrais lui demander si les
expériences étaient les mêmes dans les quatre MRC, quelle
était l'étendue de leur mandat et quel budget a été
affecté à ces expériences. Je lui demanderai aussi quelles
activités devaient être considérées. S'agissait-il
d'activités d'entretien exclusivement ou s'agissait-il aussi
d'activités de construction? Quelles catégories de route
étaient è l'étude?
Le ministre peut-il reconnaître qu'en ce qui concerne la MRC de
Bécancour l'appréciation globale qui a été faite du
réseau routier est que 27 % des routes locales sont dans un état
médiocre ou mauvais? Toujours dans la même MRC, l'étude
démontrerait que de nombreux problèmes de communication existent
entre les différents intervenants des paliers municipal et provincial.
Le ministre peut-il nous confirmer si la même étude conclut que le
mauvais état du réseau routier reflète un manque de
planification généralisé causé par l'insuffisance
et l'instabilité des sources de financement? Cela ressemble passablement
à ce que je vous disais lors de l'ouverture du débat:
insuffisance du budget et mauvaise planification.
Le ministre peut-il nous indiquer s'il continue de croire comme ses
prédécesseurs qu'une partie du réseau routier devrait
être transférée sous la responsabilité des MRC et,
si oui, quelles activités en particulier? De plus, le ministre devrait
être en mesure de nous informer du mode de financement qu'il proposera
pour ces activités de voirie qui seraient transmises aux MRC. Comment
s'assurera-t-il que l'autonomie des municipalités locales sera
respectée et comment sera établi le processus de
détermination des priorités d'intervention?
M. le Président, je demande donc au ministre de nous faire part
de ses intentions et de son approche dans ce dossier. Je voudrais que le
ministre ne puisse se lancer dans l'aventure sans prendre toutes les
précautions nécessaires et s'assure que sa politique
réponde aux besoins et aux exigences des municipalités locales et
qu'en aucune façon, s'il y avait transfert de responsabilités, il
n'y ait de coûts additionnels imposés aux
municipalités.
Le Président (M. Marquis): Alors, M. le ministre,
même si les questions sont très longues, vous avez quand
même cinq minutes. (11 heures)
M. Henri Le May
M. Le May: M. le Président, c'est ce que je constate. Cela
prendrait peut-être une heure pour répondre à ces
questions, alors qu'il ne nous est alloué que cinq minutes. Je vais
attirer l'attention du député de Richmond sur sa dernière
question, c'est-à-dire la décentralisation de certains travaux de
voirie vers les MRC. Il a raison, nous avons déjà envisagé
la possibilité de faire des transferts aux différentes MRC.
Cependant, avant de le faire, il nous est absolument impossible de donner aux
municipalités certains pouvoirs que le ministère des Transports
possède avant qu'une étude sérieuse soit faite. Nous avons
visé quatre MRC en particulier: Roussillon, Bécancour,
Matapédia et Matawini. Un seul rapport de faisabilité nous est
parvenu, dont j'ai pris connaissance, il y a environ trois semaines, au
ministère, il s'agit du rapport de faisabilité de la MRC de
Matapédia. Il y a plusieurs avenues. Si je me souviens bien, il y avait
trois avenues possibles concernant cette MRC à propos des transferts de
fonds pour administrer une partie de son budget d'amélioration et de
construction d'un réseau routier. Cependant, cela ne se fera
sûrement pas en un jour, parce qu'il y a certaines négociations
qui restent à faire entre les différentes MRC - si je prends pour
exemple celle de Matapédia - qui ne nous proposent pas
nécessairement d'utiliser la machinerie qui est déjà sur
le terrain... Donc, qu'est-ce que nous en faisons? Est-ce que la MRC de
Matapédia serait prête à utiliser le personnel qui se
trouve déjà en région, le personnel qui se trouve
actuellement syndiqué? Est-ce que la MRC accepterait le transfert de
tous ces effectifs ou si elle préférerait engager son monde et,
alors, qu'est-ce qu'on fait de nos employés qui se trouvent ainsi sans
travail?
Également, il nous suffit de regarder en quoi consiste la
préparation de la construction d'un réseau routier. Vous
constaterez avec mai qu'il y a des étapes qui sont importantes,
confiées à des spécialistes, soit de l'Environnement, soit
de la CPTA, soit à des bureaux d'ingénieurs. Est-ce que le
ministère va autoriser une MRC à utiliser ses propres bureaux
d'ingénieurs pour mettre en application la
construction de son réseau routier? Ainsi, si c'est le cas,
qu'est-ce que nous faisons de tous nos ingénieurs qui sont en
région et qui travaillent à la préparation de toutes ces
routes? Vous comprendrez, M. le Président, que ce sont autant de
négociations qui peuvent prendre du temps. De plus, à partir du
moment où nous désirons vivre une expérience pilote comme
celle-là, elle ne pourrait se faire sur une seule année, mais il
faudrait que cela s'étende sur quatre ou cinq ans. À la suite des
départs, des transferts, est-ce que les MRC, au bout de deux ou trois
ans, sachant que les maires sont comme les gouvernements et qu'ils changent de
temps à autre... Il nous est difficile de prévoir la
réaction de ces MRC après trois ans. Il nous faut toujours garder
en tête la possibilité d'un recul possible. À partir du
moment où une MRC nous dit: Oui, c'était beau il y a deux ans
mais, aujourd'hui, nous ne pouvons plus le faire, qu'est-ce que nous faisons?
Est-ce que nous sommes capables de réintégrer à
l'intérieur de nos rangs tout le personnel qui s'y trouvait pour
remettre toute la machine de la voirie en marche?
Pour ce qui est de la planification... Est-ce que j'ai terminé,
M. le Président? Bon, je reviendrai tout à l'heure pour parler de
la planification. C'est très frustrant, ces cinq minutes.
Le Président (M. Marquis): La parole est à M. le
député de Bellechasse.
M. Claude Lachance
M. Lachance: Merci, M. le Président. J'ai entendu les
différents députés de l'Opposition nous parler de la
détérioration du réseau routier québécois.
J'ai entendu Mme la députée de Mégantic-Compton nous dire
que le gouvernement est négligent quant à la voirie rurale. Je
voudrais lui indiquer qu'étant dans un comté où le nombre
de kilomètres de routes publiques est très élevé je
me considère bien placé pour porter un jugement sur la situation
actuelle. Dans le comté que je représente, il y a 1665
kilomètres de routes publiques dont la moitié, soit 830
kilomètres, sont pavées. C'est donc dire qu'il y a du travail
pour de nombreuses années encore.
Je pense que dans tout cela on doit quand même avoir un jugement
objectif, c'est-à-dire être capable de considérer que la
situation présente n'est pas venue de façon spontanée. En
fait, les disponibilités financières sont le gros
problème. On ne peut pas à la fois manger le gâteau et le
conserver. Vous savez bien cela, vous qui administrez votre budget personnel.
Je l'ai vécu aussi pour avoir administré un budget dans une
municipalité. C'est facile de demander, mais où prendre l'argent?
C'est là une autre question; c'est là la vraie question.
Quand on arrive à parler d'éducation, il faudrait avoir
plus de ressources. Quant aux affaires sociales dans les hôpitaux, plus
de ressources. Pour les routes, plus de ressources. Où prendre l'argent?
Il y a un ordre de priorités à respecter. Je suis aussi de ceux
qui pensent qu'on devrait avoir plus d'argent mais, si on pose la question aux
contribuables à savoir s'ils sont prêts à payer plus de
taxes et d'impôts pour avoir des routes meilleures, je ne suis pas
certain que la réponse sera positive.
J'ai connu la période où des travaux de voirie, des
travaux majeurs, ne se faisaient è peu près que pendant
l'année des élections. Heureusement, depuis les dernières
années, on peut dire que chaque année des travaux importants de
voirie se réalisent graduellement. Je me souviens, pour avoir
vécu cette situation, du temps où les travaux de voirie
étaient aussi décidés malheureusement par le patroneux
libéral dans son rang. C'est là que cela se faisait, avant les
priorités énumérées par les municipalités.
Je peux attester, pour travailler en étroite collaboration avec les
municipalités, que les priorités qu'on m'identifie sont celles
qu'on retient pour l'exécution des travaux.
Je peux même vous citer un exemple où on a posé de
l'asphalte en 1976 au cours de la campagne électorale, la nuit, avec des
lumières artificielles. Cela se passait dans un rang à Honfleur
dans le comté de Bellechasse. C'est le genre de situation que je n'ai
pas vu depuis ce temps-là.
Il y a évidemment du rattrapage à faire. Le
problème, c'est qu'on a des routes qui n'ont à peu près
jamais été reconstruites, elles devraient être
reconstruites; en même temps, on a des routes qui ont été
reconstruites il y a longtemps, 30, 35, 40 ou 45 ans qui doivent être
refaites. C'est ce qu'on a essayé de faire au cours des dernières
années. Je pense à des routes comme la 277, la 279 et la 281 dans
la circonscription que je représente où on a dû
reconstruire de très longs tronçons afin de permettre une
circulation normale.
Cependant, M. le Président, je voudrais qu'on se rende compte que
le gouvernement actuel est loin d'être inéquitable dans la
répartition des budgets. J'ai regardé les états financiers
du gouvernement, les comptes publics, un document officiel, et j'ai
constaté... Je vais donner des exemples de comtés des
députés qui sont en face. Juste un cas: programme
d'amélioration au réseau routier municipal pour les années
1982-1983. Dans le comté de Papineau, en 1982-1983, 141 584 $;
Mégantic-Compton, 144 799 $; Gaspé, le comté du ministre,
toujours en 1982-1983, 123 704 $. En 1983-1984, où le budget
était un peu plus élevé: Papineau 475 999 $;
Mégantic-Compton, 732 294 $; Gaspé, le comté d'un
député ministériel,
438 928 $ et Richmond, pourquoi pas? 482 990 $.
Voilà des exemples, pour vous montrer jusqu'à quel point
il existe une équité même si on est conscient qu'il serait
intéressant d'avoir davantage d'argent.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Richmond.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: M. le Président, j'ai eu l'occasion,
à quelques reprises, d'adresser une demande au ministre
délégué au Développement et à la Voirie des
régions afin qu'il me fasse parvenir quelques documents que j'attends
toujours. Puisqu'on parle d'équité, le député de
Bellechasse en parlait, on peut en parler. Il se souviendra que, l'automne
dernier, son prédécesseur avait soumis à chaque
député un programme préliminaire dans lequel on retrouvait
plusieurs projets routiers qui étaient susceptibles de se
réaliser en 1985. Nous savons maintenant que le ministre a dû
couper de 11 000 000 $ dans ses projets et qu'il a, par conséquent,
annulé certains projets dans différents comtés. Il en a
mentionné tout à l'heure.
Nous savons également que les chefs de district ont reçu
des documents indiquant, pour chaque comté, des projets retenus. J'ai
donc demandé au ministre de me faire parvenir, pour chacun des
comtés, la liste définitive qu'il a approuvée pour 1985,
afin de pouvoir jeter un regard sur l'ampleur des coupures qui affectent les
différents comtés.
Afin de vous démontrer la pertinence de ma demande, je vous
citerai l'exemple de quelques comtés. Dans Richmond, sur un budget
préliminaire de 2 335 000 $, le budget approuvé serait de 1 035
000 $, soit une coupure de plus de 55 %. J'ai, d'ailleurs, déjà
saisi le ministre de ce que je considère être une injustice
flagrante à l'endroit des électeurs que je représente. Le
ministre pourra-t-il m'expliquer comment il a pu autoriser que soit
abandonnée la reconstruction du rang 12 dans la municipalité de
Sainte-Séraphine? Ce projet était la priorité no 1 dans la
région de Trois-Rivières. Est-ce là le nouveau genre de
planification que veut nous offrir le ministre? J'espère que non. J'ose
lui faire confiance pour réparer pareille injustice. Si ce
n'était fait, nous devrons conclure que le ministre est d'abord
guidé par le favoritisme politique pour attribuer ses budgets.
J'ai également demandé au ministre de revoir sa
décision d'annuler le projet de la route de l'Église reliant la
municipalité de Saint-Claude à la route 249 vers Asbestos. Il a
également coupé le rang centre dans la municipalité de
Notre-Dame-de-Lourdes-de-Ham qui était attendu avec impatience par la
population de ce secteur. Même chose pour le rang 9 dans
Sainte-Clothilde-de-Horton et Saint-Lucien. Je pourrais ainsi continuer pour
arriver à une coupure totale de plus de 55 %, soit 1 300 000 $ dans mon
comté.
Voici la question que je pose au ministre: Comment avez-vous
planifié une pareille opération? Est-ce là la façon
dont vous allez procéder pour l'ensemble des comtés? Je
désire le savoir ainsi que plusieurs autres personnes
intéressées comme les maires, les conseillers municipaux, les
électeurs pénalisés.
Afin de corriger la situation anarchique qu'a créée le
ministre, je lui ai fait quelques suggestions de réaménagement du
budget affecté à mon comté. Pas de réponse depuis.
Je lui ai, entre autres, demandé un transfert de budget afin
d'intervenir dans le rang 5 dans Saint-Jacques-de-Horton, le rang 4 dans
Tingwick, le chemin Saint-Lucien dans Sainte-Séraphine, la route Poisson
dans Sainte-Élisabeth, le chemin Neuvième rang dans
Kingsey-Falls.
Je veux également indiquer au ministre que, même s'il
décidait de donner suite en tout ou en partie à mes demandes, je
continuerais d'exiger le programme préliminaire de 1984 et le programme
défini pour chaque comté, afin d'être bien
éclairé sur la procédure suivie par le ministre. C'est la
seule façon de permettre une comparaison intelligente. Je lui
réitère ma demande. Je veux vous fournir la chance
d'éliminer tout doute de favoritisme à l'endroit des
comtés représentés par des ministériels. Nous
pourrons ainsi établir très clairement où le ministre a
coupé les 11 000 000 $ dans le programme présenté par son
prédécesseur.
Dans le comté de Brome-Missisquoi, l'on retrouve des coupures de
l'ordre de 1 380 000 $. Dans le district de voirie de Brome-Missisquoi, par
exemple, coupure de 690 000 $. On a même coupé la route Kempt de
Sainte-Sabine et le chemin de la grande ligne Bonsecours. Dans le district de
Waterloo, toujours dans le comté de Brome-Missisquoi, on a coupé
quelque 475 000 $ et cela a inclus le chemin de la grande ligne de Bonsecours
tant réclamé par la population de ce secteur. Toujours dans
Brome-Missisquoi, dans le district de voirie d'Iberville, une coupure de 47 %.
On a coupé 215 000 $, soit la route Kempt. Le député de
Brome-Missisquoi m'a demandé d'effectuer cette demande auprès du
ministre afin qu'il rétablisse, à tout le moins un peu,
l'équilibre.
Franchement, si on regarde l'ordre des coupures qui ont
été faites, on mentionnait tantôt dans Papineau
au-delà de 1 000 000 $; dans Richmond, au-delà de 1 000 000 $;
dans Brome-Missisquoi, au-delà de 1 000 000 $; dans
Mégantic-Compton, au-delà de 2 000 000 $; il faut croire que
les
11 000 000 $ de coupures, le ministre les récupère
très rapidement dans les comtés de l'Opposition.
Vous comprendrez notre inquiétude. Nous vous demandons de bien
vouloir déposer les documents que je vous ai demandés afin
d'éliminer tout doute sur la façon dont vous procédez pour
récupérer ces 11 000 000 $.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre. (11 h
15)
M. Henri Le May
M. Le May: M. le Président, je vous remercie. La
première inquiétude du député de Richmond porte sur
le dépôt de certains documents qu'il avait demandés en
commission parlementaire. Je relis ici pour la compréhension de ceux qui
assistent à cette rencontre et pour celle des
téléspectateurs la question du député de Richmond
qui avait été posée ici, en Chambre, dernièrement.
Il disait ceci: "Alors, je poserai ma question à quelques volets au
ministre délégué au Développement et à la
Voirie des régions. Lors de l'étude des crédits de son
ministère, le ministre nous a informés d'une coupure de 11 000
000 $ en 1985 dans le budget de construction de routes par rapport au programme
préliminaire présenté l'automne dernier par son
prédécesseur, l'actuel député de Labelle. Le
ministre sait que nous devons, à cette période de l'année,
répondre aux élus municipaux sur les projets qui ont
été retenus et sur ceux qui ne l'ont pas été.
Est-ce que le ministre peut nous indiquer si les différents districts de
voirie ont été informés des projets qui ont
été retenus et quand les députés le seront-ils? Par
la même occasion, le ministre est-il prêt à déposer
la liste des projets du programme préliminaire et la liste des projets
définitifs pour 1985, pour chaque comté, afin qu'on puisse de
façon précise examiner la formule qu'il a utilisée pour
couper les 11 000 000 $?"
M. le Président, d'abord, il est bien entendu que les districts
sont avertis de nos projets, ce sont eux qui sont souvent les principaux
initiateurs. Si nos chefs de district n'étaient pas informés, ce
serait absolument illogique.
Pour ce qui est du dépôt du programme préliminaire
il s'agit d'un document de travail qui est déposé devant chaque
député et qui doit, pour des raisons parfois politiques, donner
la priorité à certaines constructions ou à certaines
améliorations. Cependant, quand on arrive au ministère des
Transports, il ne nous est pas toujours facile de respecter cet ordre, comme je
l'ai dit tout à l'heure, puisque parfois nous avons des
empêchements purement techniques de réaliser ces travaux.
Pour ce qui est des réponses attendues par le
député de Richmond et par le député de
Brome-Missisquoi, je leur ai promis des réponses et ils les auront dans
les plus brefs délais. Actuellement, nous avons confié vos
demandes au responsable de ces différents travaux au ministère
pour une révision possible de ces projets. Quand vous m'avez remis ces
demandes, je les ai apportées avec moi au ministère et je puis
vous assurer que nous allons faire tout ce qui est possible pour corriger la
situation ou, du moins, pour l'améliorer.
Cependant, dans le cas du député de Richmond, je tiens
à préciser qu'à la suite d'une demande du ministre des
Transports et d'une rencontre avec les députés, on avait
demandé que chacun des députés apporte les corrections
qu'il souhaiterait voir apporter à la programmation du ministère,
ainsi qu'à l'ordre de priorités des projets avant le 15 janvier
1985. M. le député, votre document nous est parvenu en avril
1985, alors que déjà la programmation est presque
entièrement arrêtée. Vous comprendrez la plus grande
difficulté pour nous d'ajuster nos priorités à la
vôtre.
Pour ce qui est du dépôt de la liste des projets
définitifs pour 1985 - et là je cite vos paroles lors de la
période des questions - il n'y aura pas de dépôt de liste
de projets définitifs pour la bonne raison qu'au ministère des
Transports il n'y a pas de projets définitifs, je l'ai dit tout à
l'heure, pour toutes sortes de raisons d'ordre technique, parfois d'ordre
financier et parfois tout simplement d'ordre politique, parce qu'on
s'aperçoit que la ville ou le village n'est pas prêt à
recevoir des investissements majeurs dans le domaine des routes. Nous ne
pouvons donc nous permettre de vous déposer un projet qui ne se veut pas
définitif et qui ne pourra jamais être définitif. Parfois,
nous avons la bonne volonté de construire certaines routes, mais nous ne
pouvons pas le faire pour toutes sortes de raisons que je vous ai
énumérées tout à l'heure. Il n'y aura donc pas de
dépôt de ces projets définitifs, mais chacun des
députés et chacun des districts reçoit cette programmation
qui semble être définitive, mais nous ne pouvons rien y
garantir.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le ministre.
M. le député de Duplessis.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais terminer ce
que j'avais amorcé tout à l'heure concernant la route 389.
À titre d'information, ce qui se passe actuellement dans ce dossier
très important pour les villes nordiques, c'est le fait qu'il y a des
négocations fédérales-provinciales qui sont
entreprises depuis un certain nombre de mois. Or, il est possible que,
dans les prochaines semaines, on signe une entente dans le cadre des mines qui
pourrait permettre des investissements globaux cette année et l'an
prochain de l'ordre de 14 200 000 $, ce qui ferait en sorte que les 26
kilomètres qui restent à faire seraient construits et
terminés durant les deux prochaines années.
Si vous le permettez, M. le Président, je voudrais revenir sur un
sujet bien précis, encore une fois. Cela porte sur le programme
d'amélioration du réseau routier municipal. Comme le
député de Saguenay n'est pas ici ce matin, je présume que
ses collègues libéraux vont lui transmettre les informations,
puisque ce dernier passe son temps à crier à tort et à
travers que ie gouvernement du Parti québécois ne fait rien dans
le comté de Saguenay.
M. le Président, ce matin, le Parti libéral semble nous
accuser de favoritisme, de non-équité; il semble accuser le
gouvernement de réduire les dépenses gouvernementales dans les
comtés libéraux par rapport aux comtés péquistes.
Si vous le permettez, je voudrais faire une rétrospective et rapporter
des exemples qui se sont passés au cours de 1970 à 1977. Qu'on se
rappelle qu'en 1970 le Parti libéral du Québec a
été élu. Qu'on se rappelle qu'en même temps, dans le
comté de Duplessis, il y avait un député libéral
ainsi que dans le comté de Charlevoix. Cependant, dans le comté
de Saguenay, c'était M. Lessard qui était député du
Parti québécois, de 1970 à 1976.
Les chiffres que j'ai en main sont drôlement intéressants.
Je vais vous donner un exemple de favoritisme et un exemple de
non-équité, non pas de la part du gouvernement du Parti
québécois, mais de la part du gouvernement du Parti
libéral du temps. En 1972-1973, dans le cadre du programme
d'amélioration du réseau routier municipal, sur un budget total
de 16 000 000 $ pour l'ensemble du Québec, 331 211 $ dans le
comté de Charlevoix et 15 000 $ dans le comté de Saguenay. En
1973-1974, 11 500 000 $ au total pour l'ensemble du Québec, dont 655 640
$ dans Charlevoix et 195 823 $ dans Saguenay. En 1974-1975, 864 752 $ dans
Charlevoix et 422 956 $ dans Saguenay. Tenez-vous bien, M. le Président!
En 1975-1976, 911 041 $ dans Charlevoix et 60 000 $ dans Saguenay. En
1976-1977, 786 775 $ dans Charlevoix et 180 0o0 $ dans Saguenay, tout cela pour
un budget total pour l'ensemble du Québec, pour cette année
financière, de 21 600 000 $. Je voudrais poser la question aux
libéraux, à savoir si c'est cela l'équité, si c'est
cela la justice et si ce n'est pas cela le favoritisme.
Le Président (M. Marquis): Merci bien,
M. le député. La parole est maintenant à M. le
député de Papineau.
M. Mark Assad
M. Assad: Merci, M. le Président. Je voudrais m'adresser
à M. le ministre. Tout à l'heure, il a fait allusion au fait que
la conservation des routes était beaucoup plus importante que la
construction des routes pour les touristes, etc. Je voudrais juste dire
à M. le ministre que l'équation est très simple: la
construction de chalets égale la venue de touristes, et ce qui
représente du développement économique et une
stabilité dans notre région.
Ce n'est pas l'idée qu'on vous demande de faire des
dépenses énormes dans le domaine de la construction de routes; on
vous demande strictement d'améliorer le système routier qu'on a
dans le moment, car il est inadéquat. Le développement
économique, pour nous, passe par le tourisme et, si notre réseau
routier n'est pas acceptable, on ne pourra jamais espérer parce que le
sort de notre coin, c'est le développement touristique et cela veut dire
que ça prend un réseau routier.
Tout à l'heure, le député de Nicolet a donné
des chiffres ou, plutôt, des pourcentages. Quand je regarde les budgets
pour l'entretien, aujourd'hui, et qu'on tient compte de l'inflation et du
reste, les pourcentages du budget utilisés pour l'entretien dans les
années 1974 et 1975 n'étaient pas différents
d'aujourd'hui, dans le fond, sauf que le réseau routier, à
l'époque, était peut-être dans un meilleur état
qu'il ne l'est aujourd'hui.
Tout à l'heure, le député de Duplessis a dit que
c'était le jeu de l'Opposition. Je voudrais faire remarquer au
député que c'est plutôt l'enjeu de l'avenir
économique dans notre région et c'est absolument essentiel qu'on
ait une part raisonnable du budget quand on considère qu'on a
au-delà de 1500 kilomètres de routes à entretenir.
M. le ministre a mentionné tout à l'heure qu'on est
arrivé avec une liste d'épicerie. Dans le fond, les choses que
j'ai mentionnées, il y a 45 minutes, ce n'était pas une liste
d'épicerie, M. le ministre, mais strictement de l'argent pour
l'entretien et l'amélioration à des endroits dangereux de notre
réseau routier.
Je voudrais vous faire remarquer, M. le ministre, que dès votre
visite dans le comté... On espère que ce ne sera pas une
répétition de ce qu'on a eu en 1980. Si vous me le permettez, dix
jours avant l'élection de 1980, un de vos prédécesseurs
est arrivé dans le comté de Papineau pour annoncer la
continuation de l'autoroute 50, c'est-à-dire, de Masson vers la
région de Mirabel et Montréal. Il avait une maquette de six pieds
sur dix pieds et l'annonce qu'il a faite était
très convaincante à l'époque, qu'il y aurait
continuation de l'autoroute 50. Mais, depuis ce jour, il n'y a pas un dollar
qui a été dépensé. En d'autres mots - il faut le
dire -c'était dix jours- avant l'annonce de l'élection. Donc,
quand vous allez venir dans le comté, n'oubliez pas qu'on a vécu
une expérience d'annonce de projets.
Je voudrais, avant de terminer, que, dès votre visite dans la
région, vous consultiez le conseil municipal de Thurso. Je crois que
vous allez trouver ses arguments très intéressants. Cela fait
deux ans qu'il attend de faire des travaux d'égout et d'aqueduc. Mais
c'est le ministère des Transports qui a demandé au conseil
municipal de retarder son projet parce qu'il était pour reconstruire la
route sur une distance de 0, 5 kilomètre. Évidemment,
c'était dans le programme de 1985 et 1986 et, malheureusement, cela a
été coupé. Je crois que le conseil municipal de Thurso
serait très intéressé à avoir de la visite. Ces
gens ont quelque chose à expliquer et je trouve que ce qu'ils vous
demandent est très justifié.
Le Président (M. Marquis): Merci. M. le ministre.
M. Henri Le May
M. Le May: M. le Président, je suis un peu surpris de
l'intervention du début du député, concernant le tourisme.
Quand il a posé sa question, il y a 45 minutes, comme il le disait, il
ne s'agissait pas de tourisme. On peut toujours qualifier de touriste quelqu'un
qui part de chez lui et qui fait 20 ou 30 kilomètres pour s'en aller
à son chalet. Mais il parlait bien de chalets, de circulation pour se
rendre à des chalets. Il ne s'agit pas du tourisme tel qu'on l'entend
habituellement dans son sens général.
Il n'a pas, je pense, à faire de discours nous disant que le
tourisme fait intégralement partie du développement
économique d'une région. Venant moi-même d'une
région touristique, M. le Président, je dois vous avouer que,
pour moi également, c'est important, le développement routier
régional et interrégional, si on veut développer
économiquement une région et, en particulier, développer
le tourisme d'une région. Là-dessus, je suis bien d'accord avec
le député; cependant, il faudrait quand même faire une
distinction entre le tourisme local et le tourisme interrégional. (11 h
30)
Tout à l'heure, M. le Président, le député
de Richmond me parlait de l'aménagement des coupures. Il est vrai qu'il
y a eu des coupures et il est vrai que nous avons prévu des coupures
finales de l'ordre de 11 000 000 $ dans les nouvelles constructions. Mais je
dois vous avouer que nous en avons prévu pour tout près de 15 000
000 $. Pourquoi? Il s'agit tout simplement de se garder une marge de manoeuvre
de quelques millions: de 11 000 000 $ à 15 000 000 $, cela fait 4 000
000 $. C'est justement dans le but de réaménager certains travaux
que nous n'avions peut-être pas l'intention de faire, mais dont les
dossiers débloquent plus rapidement et nous pouvons ainsi pallier
à un manque dans certaines régions. Ces 4 000 000 $ seront
aménagés, ils seront dépensés. Je puis vous assurer
que, lorsqu'on attribue ces sommes d'argent supplémentaires, nous ne les
réattribuons pas sous le chapeau du favoritisme, mais bien de la
nécessité régionale et locale de tout le Québec.
Nous avons, quand même, des critères qui sont importants avant
d'attribuer de l'argent pour la construction de nouvelles routes, nous avons
l'ampleur des besoins à satisfaire, soit l'état actuel du
réseau, soit son rythme de dégradation. On sait que, dans
certaines régions, la route se dégrade beaucoup plus rapidement
que dans d'autres. On sait que M. le député de Papineau est
chanceux de rester dans une région où le réseau routier se
dégrade quand même beaucoup moins vite que, par exemple, sur la
Côte-Nord à cause du gel plus tardif, etc.
Il y a également les tendances. Quand on parle de tendances
passées, c'est-à-dire la continuation de certaines initiatives
qui ont été entreprises, peu importe par quel gouvernement, on se
rend compte qu'au niveau des routes interrégionales il nous
apparaît d'une nécessité pour le développement
régional que différents pôles de développement
soient réunis par ces routes de façon à favoriser ce
développement économique dont on parlait tout à l'heure.
Alors, nous avions tout près de 110 000 000 $ d'attribués pour de
nouvelles initiatives. Nous avons été obligés de diminuer
notre enveloppe de 11 000 000 $, nous l'avons fait de 15 000 000 $ et je vous
ai expliqué pourquoi, c'est pour nous garder une marge de manoeuvre pour
nous permettre de réaliser des projets qui nous tiennent à coeur
et que nous n'avons pas pu prévoir à la programmation de
1985-1986. Alors, c'est dans ce cadre-là que je vous disais tout
à l'heure qu'il y a des réaménagements qui vont venir;
j'espère que vous aurez - j'en suis convaincu - l'occasion de pouvoir en
profiter sur le plan régional parce que c'est ainsi qu'on redistribue
ces sommes-là. On regarde beaucoup moins le côté de la
circonscription électorale que le côté du
développement régional quand on attribue de pareils montants.
Le Président (M. Marquis): La parole est maintenant
à M. le député de Bellechasse.
M. Claude Lachance
M. Lachance: M. le Président, je voudrais revenir sur les
propos des députés de l'Opposition qui voudraient,
évidemment, qu'il y ait plus d'argent de consacré aux travaux de
voirie et de conservation comme à ceux de construction. Il est facile de
demander, mais j'aimerais savoir de leur part à quelle place on pourrait
prendre l'argent. Là-dessus, les gens de l'Opposition sont
étrangement silencieux lorsqu'on leur demande où prendre l'argent
pour le faire. Je suis quand même content de voir que, même s'ils
n'ont pas répondu à cette question fondamentale, ils n'ont pas
tombé dans le panneau qu'utilise de ce temps-ci M. Bourassa, leur chef.
Je vais vous citer deux exemples de cela, je pensais que le troisième
viendrait ce matin, mais il n'est pas venu. Suivez bien le raisonnement ou, du
moins, l'illustration.
Le 27 avril, quelques jours après la présentation du
budget, il y avait une manchette dans le journal Le Soleil: M. Bourassa
abolirait la taxe sur les assurances. Alors, on dit: Tiens, c'est
intéressant, il a décidé de l'abolir s'il prend le
pouvoir. À quelle place va-t-il aller chercher l'argent? Alors, on
trouve la réponse dans le Devoir du samedi 27 avril sous la signature de
Mme Marie-Agnès Thellier, laquelle était présente lorsque
M. Bourassa a donné cette information: "M. Bourassa compte notamment
réduire le budget de Radio-Québec. " Ah, c'est
intéressant. Deuxièmement, il compte "diminuer les
dépenses de publicité". Peut-être qu'il y a des sommes
d'argent qu'on pourrait récupérer. C'est intéressant.
Or, la taxe sur les assurances, c'est 400 000 000 $ environ qu'on pense
que cela va rapporter au gouvernement du Québec. Qu'est-ce qu'il y a
dans le budget de Radio-Québec au total? 61 000 000 $? Et dans le budget
de publicité gouvernementale? 16 000 000 $. On fait l'addition, on est
rendu à 77 000 000 $. Il n'y a plus de Radio-Québec et il n'y a
plus de publicité gouvernementale. 11 n'y a plus de Passe-Partout, non
plus. Bon. Il y a une différence: 400 000 000 $ moins 77 000 000 $, si
je ne me trompe pas, cela fait 323 000 000 $. Il ne nous dit pas à
quelle place il va aller les chercher. En tout cas, passe toujours.
Ceci se passait la semaine dernière. J'ai ici une coupure du
journal La Presse, Montréal, le mercredi 15 mai 1985: "Bourassa: moins
à Radio-Québec et davantage aux salles d'urgence. " Alors, je
cite: "Le chef libéral du Québec, Robert Bourassa, veut sabrer
dans le budget de Radio-Québec et dans d'autres dépenses inutiles
ou exagérées comme les placards publicitaires afin de financer le
réseau hospitalier et, notamment, les salles d'urgence. " Il avait
déjà dit qu'il prendrait cet argent-là pour enlever la
taxe sur les assurances, puis là il réutilise encore le
même budget de Radio-Québec et les dépenses
gouvernementales pour injecter de l'argent dans les salles d'urgence. Eh bien,
voyons doncl
Ceux qui nous écoutent doivent bien se rendre compte que c'est de
la fantaisie, de la foutaise et que ce n'est pas sérieux. Alors,
j'aimerais que les gens de l'Opposition - et je répète mon
interrogation - nous indiquent où aller chercher l'argent. Vous allez
comprendre que, si c'était si facile d'aller chercher les sommes
additionnelles, on le ferait. On n'aime pas mécontenter la population
pour le plaisir de la mécontenter. Ce n'est pas possible de faire
davantage et on doit toujours fonctionner à l'intérieur d'un
certain périmètre, à l'intérieur de ce que l'on
pourrait appeler une tarte ou un gâteau. Je formule de nouveau la
question: Où aller chercher l'argent pour mettre davantage d'argent dans
les routes? J'aimerais bien cela, moi aussi, compte tenu des besoins immenses
qu'il y a dans un comté comme le mien, mais il faut aussi être
réaliste et se demander où on peut prendre l'argent pour le
faire.
Le Président (M. Marquis): Alors, je crois qu'il y a un
problème d'éclairage.
Nous allons suspendre la séance quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 39)
(Reprise à 11 h 50)
Le Président (M. Marquis): Après ce léger
contretemps, nous sommes rendus au droit de réplique, de dix minutes
chacun. La parole est d'abord à M. le ministre et, ensuite, à M.
le député de Richmond. M. le ministre.
Conclusions M. Henri Le May
M. Le May: M. le Président, je voudrais terminer ces
travaux en faisant état de différentes interventions du ministre
des Transports dans la méthode appliquée pour la conservation de
notre réseau routier. M. le député de Richmond a inclus
tout à l'heure cette demande dans l'une de ses interventions. C'est avec
plaisir que je vais lui faire part de différentes décisions qui
sont prises et, surtout, des critères qui nous permettent de faire,
comme je l'ai déjà dit, plus avec moins en augmentant la
productivité, en essayant d'aller au plus urgent, au plus pressé.
C'est ainsi qu'à l'intérieur du ministère des Transports
j'ai demandé qu'on fasse une étude exhaustive,
basée sur une dizaine d'années, pour apporter vraiment une
amélioration qui soit visible, importante à notre réseau
routier.
Dans sa recherche d'optimisation des coûts d'entretien, le
ministère a adopté des stratégies d'intervention dans le
programme de réhabilitation des chaussées pavées. Ces
stratégies sont fondées sur six modes d'intervention. Selon
l'état de dégradation, chacune des interventions tient compte du
type de route, de son importance et de son degré de
dégradation.
D'abord, il y a le scellement des fissures qui consiste à
colmater les fissures principales qui apparaissent sur la route afin
d'empêcher l'infiltration de l'eau dans ses fondations. Vous savez
qu'à partir du moment où apparaît une fissure l'eau peut
s'infiltrer immédiatement et, lors du gel et du dégel, nous
assistons à un mouvement de haut en bas, ou de bas en haut, de la part
de ce qu'on appelle l'asphalte. Evidemment, parfois, au printemps, il y a des
vagues sur certaines de nos routes. C'est grâce au colmatage de ces
fissures que nous réussissons à entretenir et à conserver
davantage notre réseau routier.
Un deuxième mode d'intervention, c'est le
rapiéçage, qui consiste à appliquer sur une surface
réduite de l'enrobé bitumineux afin de corriger les
déformations locales de la chaussée et ainsi améliorer la
sécurité de l'utilisation. Ce mode d'intervention nous
coûte 400 $ le kilomètre.
Troisièmement, nous avons le traitement de surface: application
d'une mince couche de pierre rendue solidaire de la chaussée existante
par son enrobage dans un liant bitumineux. On l'utilise surtout pour des
chemins à faible circulation comme imperméabilisant et pour
améliorer la qualité du roulement. Nous retrouvons ce
rapiéçage mécanisé surtout dans des régions
où la circulation est faible et aussi dans des régions où
nous n'avons pas de circulation lourde.
D'autres inconvénients à ce type de
rapiéçage: entre autres, la chaleur. Ce rapiéçage
doit être posé quand il fait assez chaud. Il arrive que, dans les
régions au nord du Québec, nous ne pouvons utiliser ce genre de
rapiéçage parce que la chaleur doit faire partie du travail de
cette correction de la chaussée.
La couche d'usure: l'application d'une couche uniforme d'enrobé
bitumineux afin d'améliorer les caractéristiques de roulement et
de sécurité et de retarder le phénomène de
dégradation qui s'intensifie lorsque le niveau de qualité est
atteint. Ces couches d'usure nous coûtent 38 000 $ le kilomètre,
ce qui est quand même encore moins cher que ce qu'on emploie
habituellement pour le réasphaltage.
Enfin, le renforcement: donner à la chaussée la
capacité portante requise en appliquant une couche plus ou moins
épaisse de matériaux suivie d'une couche d'usure. Le renforcement
nous coûte 60 000 $ le kilomètre.
Pour ce qui est de la reconstruction, à la sixième
rubrique, dans le cadre du programme de construction, lorsque la fondation de
la route est détériorée à tel point qu'il faille la
rebâtir ou lorsque sa vocation change, on la reconstruit tout en
améliorant ses caractéristiques profilométriques et sa
qualité portante. Ces reconstructions selon la largeur de la route,
selon l'endroit où elles sont situées, nous coûtent de 250
000 $ à 400 000 $ le kilomètre.
Ces différentes interventions de rapiéçage, de
traitement de surface, de couche d'usure, de renforcement, de construction et
de scellement de fissures nous permettent de conserver plus longtemps notre
réseau routier et ce, à des coûts beaucoup moindres.
M. le député de Richmond disait qu'il attendait du
ministère un plan de récupération des 11 000 000 $ de
coupures. Je pense qu'ici il nous est facile de constater que nous allons
économiser plusieurs millions en utilisant ces différents
traitements. Tout à l'heure, M. le député également
faisait état de différentes coupures et, même, il employait
le mot "favoritisme". Apparemment, au ministère, on se
préoccupait de couper davantage dans des comtés occupés
par des députés libéraux que dans des comtés
occupés par des députés péquistes.
Je lui donnais un bref aperçu de la liste des coupures que nous
avons dû faire cette année, des coupures qui sont dues à
des motifs d'ordre purement technique. Si nous faisions le tour de ces
différents comtés où nous avons dû, par la force des
choses, enlever certains projets ou reporter certains projets à des
années ultérieures, il nous suffisait de faire une addition
rapide pour nous apercevoir qu'il y a eu des coupures, dans les comtés
péquistes, de l'ordre de 4 030 000 $ et, dans les comtés
libéraux, de l'ordre de 2 570 000 $. Je ne pense pas qu'on soit bien
placé, dans l'Opposition, pour nous parler de favoritisme.
Au ministère des Transports, nous avons des districts, nous avons
des régions, mais nous ne travaillons pas selon les comtés. Nous
travaillons surtout par rapport aux besoins régionaux qui nous sont
transmis par nos directeurs de district, auxquels nous devont répondre
le plus adéquatement possible. Malheureusement, et je l'ai
déjà dit, il est bien entendu qu'avec 50 000 000 $ ou 100 000 000
$ de plus à mon budget, je pourrais faire beaucoup plus, je pourrais
faire davantage, mais en tant que société nous devons
également faire des choix. Le peuple québécois nous a
reportés au pouvoir non pas
parce qu'on dilapidait les sommes d'argent du contribuable, mais parce
que nous nous efforçons de les administrer du mieux que nous
pouvons.
J'ai déjà parlé de choix de différentes
coupures dans différents ministères, mais il y a aussi autre
chose, et il y a d'autres choix que nous pouvons faire. A la suite de la
lecture du discours sur le budget, nous aurions pu assister à un
endettement supérieur de la population du Québec,
c'est-à-dire porter la dette du Québec de 3 100 000 000 $
à peut-être 4 000 000 000 $ ou 5 000 000 000 $, mais en tant que
société québécoise je ne crois pas que nous ayons
droit de laisser à des gouvernements ultérieurs et à des
générations ultérieures une dette sur les épaules
qui serait absolument inacceptable pour cette population de l'an 2000.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre, votre temps est
écoulé. Je vous remercie.
M. le député de Richmond.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: Merci, M. le Président. D'abord,
puisque le ministre nous dit que les comtés libéraux ne seraient
pas défavorisés par rapport aux comtés
ministériels, je me demande pourquoi il aurait tant de crainte à
déposer la liste des projets qui ont été autorisés.
Je veux l'informer qu'avant lui cela existait et qu'il y avait des listes de
projets déposées annuellement et qu'on pouvait se fier sur leur
réalisation en cours d'année. Je rappelle également au
ministre qu'il n'a pas répondu à ma question concernant les
montants additionnels, et substantiels avait-il dit, qu'il devait aller
chercher auprès du Comité des priorités du gouvernement du
Québec afin d'ajouter à son budget pour permettre des
interventions additionnelles pour l'amélioration du réseau
routier.
Je voudrais commencer ma réplique en citant les propos du patron
du ministre délégué au Développement et à la
Voirie des régions, le ministre des Transports, qui nous disait ceci le
3 avril dernier en cette Chambre: "Mais le député de Richmond,
puisque c'est sa motion, se rend-il compte que, cette année, en
dépensant 407 000 000 $ pour construire des routes, nous demandons en
réalité à chaque famille québécoise,
à chaque ménage, de verser 200 $? Sait-il qu'il demande à
chacun de ses commettants, à chaque famille, 200 $ pour la construction?
Sait-il également qu'en consacrant 437 000 000 $ à l'entretien il
demande 200 $ supplémentaires aux mêmes familles pour entretenir
les routes? On est rendu à 400 $ par famille. "
M. le Président, le ministre des
Transports a oublié de calculer certaines charges additionnelles
exigées des utilisateurs de nos routes. C'est, d'ailleurs, parce qu'il
s'agit de fonds publics importants que les libéraux exigent une
véritable politique dans le domaine de la voirie, un véritable
plan d'action, tant pour l'entretien que pour la construction des diverses
catégories de routes. Il faut penser aux autoroutes, aux routes
principales, aux routes régionales et à tout le réseau des
rangs en campagne.
Je veux vous citer un exemple absolument inadmissible donné par
le ministre lui-même lors du sommet socio-économique tenu en
Estrie. Vous verrez jusqu'à quel point l'improvisation peut parfois
guider un ministre qui n'a pas de plan d'action et qui fonctionne à
l'aveuglette. Je vous le cite donc, cela se passe le 31 janvier 1985: "Et pour
ce qui est du dernier, la dernière partie de ce projet,
c'est-à-dire les 4 kilomètres de la route 249 entre Asbestos et
Saint-Georges-de-Windsor, les 7, 6 kilomètres de la route 255 entre
Asbestos et Wottonville, ainsi que la section de 6, 2 kilomètres du
chemin des 11e et 12e rangs compris entre Saint-Camille et Ham-Sud, c'est dans
la programmation actuelle, c'est-à-dire la programmation quinquennale.
On marche toujours par plan de cinq ans dans la programmation; donc, cela veut
dire qu'avant 1990 les travaux devraient débuter mais je ne peux pas
vous donner de date exacte quand même vous me tordriez les bras. Je ne
peux pas parce qu'on est après faire des études et on ne sait
pas. On fait des études d'impact actuellement; ensuite, il va y avoir
l'expropriation. On ne sait jamais combien de temps cela peut durer, ces
choses-là. Si je vous dis 1988 ou 1987 ou 1989, puis ce n'est pas vrai,
après cela, vous allez m'en vouloir, mais je veux vous dire que dans la
période du plan quinquennal les travaux vont débuter. "
Ce qu'il faut admirer, c'est la précision du ministre: travaux
effectués avant 1990. Je ne conseille pas au ministre d'aller raconter
cela aux représentants des conseils municipaux et à la population
qui revendiquent ces routes depuis fort longtemps. Le ministre ajoute
même: "On est après faire des études et on ne sait pas.
Ensuite, il va y avoir de l'expropriation. " Mais, M. le ministre, ne
saviez-vous pas que les corridors des routes 249 et 255 sont
complètement libérés entre Wotton et Asbestos et entre
Saint-Georges et Asbestos. Concernant les 11e et 12e rangs de Saint-Camille et
Ham-Sud, vous devez savoir qu'une partie de cette route attend que vous
décidiez d'y apporter une couche d'asphalte.
Vous avez là un bel exemple d'improvisation politique qui
démontre le manque de sérieux du gouvernement actuel qui refuse
de reconnaître l'importance du rôle joué par le
réseau routier dans la vie
sociale et économique des collectivités locales.
Je vous mentionnais tout à l'heure que le ministre des Transports
s'est presque excusé des 400 $ imposés à chaque famille
québécoise pour l'entretien et la construction du réseau
routier. La ministre a très certainement volontairement
négligé de nous informer, par la même occasion, de toute la
ribambelle de taxes plus hypocrites les unes que les autres qui accablent les
usagers de nos routes. Aurait-il oublié la populaire taxe sur les
carburants qui, à elle seule, rapportera plus d'un milliard de dollars,
en 1985, au gouvernement du Québec, sans compter qu'en plus du prix
exagéré payé à la pompe chaque consommateur doit
encore payer cette taxe dans les produits qu'il achète parce que, dans
le prix d'achat, le coût du transport est inclus.
Donc, payez, chers propriétaires de véhicules automobiles,
mais, surtout, ne vous attendez pas à rouler carrosse sur des routes
convenables, cela n'est pas une priorité du gouvernement
péquiste.
Le ministre des Transports, le patron du ministre
délégué au Développement et à la Voirie des
régions, aurait-il aussi oublié de mentionner que son
gouvernement perçoit des droits et des permis de toutes sortes pour
près de 300 000 000 $ chez des propriétaires de véhicules,
qu'il s'agisse d'un permis de conduire, de l'immatriculation et de combien
d'autres exigences qu'invente tous les jours ce gouvernement que je
n'hésite pas à qualifier du meilleur patenteux de
règlements coûteux pour les contribuables et les entreprises
québécoises? Le secteur des transports n'y échappe pas.
Payez, automobilistes du Québec, mais contentez-vous d'un réseau
routier dans un état lamentable.
Le même ministre des Transports a aussi oublié de vous dire
que vous devez payer la taxe temporaire de 9 % sur les véhicules que
vous achetez, de même que sur les pièces d'équipement. Mais
ce n'est pas grave, les Québécois sont capables d'en prendre et
ils vont accepter d'être taxés sans exiger que des services
adéquats leur soient fournis.
Entre autres, en campagne, dans les sous-régions, il faut s'armer
de patience parce que ce qui est important pour le vrai patron de la voirie, le
ministre des Transports, c'est le transport en commun; c'est le monde des
villes. Gens des régions, laissez le citadin ministre des Transports
s'occuper de vous. Payez la note, mais ne lui demandez rien parce que,
là, il vous dira que vous voulez retourner à la politique des
bouts de chemin.
Que le gouvernement du Québec refuse d'augmenter le budget de la
voirie au moment où il accroît les taxes de toutes sortes nous
apparaît inacceptable. Le ministre des Transports et le ministre
délégué au Développement et à la Voirie des
régions ne sont pas sans savoir l'impact de leur dernière
bassesse: la taxe sur les assurances pour toutes les personnes qui doivent
assurer leur véhicule. Selon Statistique-Canada, c'est le secteur des
transports qui représente le plus haut coût d'assurance pour un
ménage, soit environ 361 $ par année, en moyenne. Un beau cadeau
que cette taxe de 9 % sur les assurances pour les jeunes en particulier qui
paient déjà des primes plus élevées. En plus de
payer cette taxe, nous la paierons une deuxième fois dans les produits
que nous achèterons, car les transporteurs tiendront compte de cette
nouvelle taxe dans leur tarification. Donc, payez, Québécois,
mais, surtout, taisez-vous et n'osez surtout pas demander des routes
convenables à notre bon gouvernement.
La voirie, c'est secondaire, nous dit ce gouvernement. Quebecair est
plus important. On y engloutit environ 70 000 000 $. C'est si différent
quand il s'agit d'obtenir de l'argent pour améliorer une route de
campagne. Le gouvernement est toujours cassé comme un clou. Mais combien
il lui est facile et agréable de voir la vie en rose quand il s'agit de
subventionner Mme Diane Dufresne pour 400 000 $ pour un superspectacle de la
fête nationale. Pas d'argent pour les routes, mais quand il s'agit de
faire de la publicité pour le gouvernement la
générosité est hors limites. Quand il faut vanter le
gouvernement, l'argent est disponible.
J'ai examiné la progression des crédits du
ministère des Communications ou, devrais-je dire, du ministère de
la propagande gouvernementale. Ce budget, qui était de l'ordre de 60 000
000 $ en 1976-1977, a augmenté année après année
pour atteindre le cap des 212 000 000 $ cette année. J'imagine qu'il est
impensable de couper là-dedans; c'est réservé pour vendre
les mérites des plans de relance sans conséquence du gouvernement
actuel, pour refaire le maquillage du gouvernement, pour faire croire à
la population qu'il se fait des choses et créer l'impression que le
gouvernement agit.
Quel triste spectacle, alors que des ministères à vocation
économique, comme la Voirie, auraient tant besoin de deniers
additionnels! Le nouveau ministre a sorti sa cassette et, aux questions que
nous nous posons au nom des contribuables québécois, il nous
répond: II s'agit de faire un choix de priorités, un choix de
société. Mais, justement, faites-vous les bons choix? Pourquoi,
par exemple, avoir englouti autant d'argent pour acheter des mines d'amiante
sans pour autant créer un seul emploi? C'est près de 400 000 000
$ qui ont été liquidés pour acheter ce que M. Parizeau
qualifie