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(Dix-neuf heures trente-neuf minutes)
Le Président (M. Marquis): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission parlementaire de l'aménagement et des
équipements reprend ses travaux afin de poursuivre l'étude des
crédits budgétaires du ministère des Transports pour
l'année 1985-1986.
La parole est au député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je crois qu'on avait
adopté les programmes 1 et 2 à la dernière
séance.
Le Président (M. Marquis): Exactement.
M. Ciaccia: Je crois que les programmes 3, 4 et 5 ont
déjà été adoptés.
Le Président (M. Marquis): Exactement. M. Ciaccia: Le
programme 6...
Le Président (M. Marquis): Le programme 6, oui.
M. Ciaccia:... adopté.
Le Président (M. Marquis): Alors, le programme 6,
transport scolaire, éléments 1 et 2, adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Transports maritime et aérien
Le Président (M. Marquis): Adopté. Le programme
7?
M. Ciaccia: Le programme 7, M. le Président, le
transport...
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Mont-Royal.
Demande de déréglementation du transport
maritime
M. Ciaccia: Merci. Transports maritime et aérien. L'hiver
dernier, M. le ministre, l'Association des opérateurs de navires du
Saint-Laurent présentait un mémoire à la Direction du
transport maritime et fluvial du ministère, demandant qu'il n'y ait pas
de déréglementation pure et simple du transport maritime de
juridiction provinciale. Les principaux motifs invoqués étaient
la concentration probable des périodes de la demande des services et la
concentration probable des offres de services sur des axes restreints.
L'association estime aussi que l'absence de nouveaux horizons pour les
transporteurs actuels et un marché de plus en plus restreint devraient
empêcher une déréglementation sauvage. Un changement dans
les règles du jeu accentuerait les problèmes de manque de
liquidité, d'immobilisation des unités d'opération et de
baisse dans les investissements vitaux pour le maintien de l'état de
navigabilité des navires. L'association ne s'oppose pas à des
modifications réglementaires, mais elle craint que l'abrogation pure et
simple de l'ordonnance 3-N n'entraîne une invasion des eaux
québécoises par des navires et forces d'outre-frontières,
qui sonnerait le glas de la flotte qui se partage un marché restreint et
guère rémunérateur.
Est-ce que le ministre peut nous dire où le dossier en est rendu?
Est-ce que le ministre a l'intention de déréglementer
l'industrie?
Le Président (M. Marquis): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je voulais m'assurer
auprès de M. Ouellet, sous-ministre adjoint au ministère, de
l'état de ce dossier précisément.
À la suite de la parution de l'ordonnance 3-N, il a
été décidé, au ministère, de procéder
à une forme de consultation auprès des transporteurs et on leur a
demandé de nous faire leurs représentations par écrit, en
quelque sorte, de nous soumettre des mémoires.
Or, nous avons reçu, je pense, une dizaine de documents et nous
sommes à procéder à l'analyse de ces
représentations. Je dois dire au député qu'il n'y a aucune
décision qui a été prise, que rien n'est changé
pour le moment et que les points de vue, en tout cas, exprimés par la
dizaine de mémoires reçus sont très partagés. C'est
presque autant en faveur d'un assouplissement de la réglementation que
d'un maintien.
Ce que je puis dire au député, à cet égard,
c'est que, premièrement, il n'y a pas de décision de prise et,
deuxièmement, si nous avions l'impression d'être suffisamment
informés des vues du milieu pour en venir à
une décision dans un sens ou dans l'autre, il nous semble qu'il
faudrait la prendre conjointement avec le milieu. Donc, pour l'instant, c'est
le statu quo à cet égard.
M. Ciaccia: Vous avez mentionné, M. le ministre, que les
mémoires demandaient un assouplissement de la réglementation. Je
crois que personne dans le milieu, à ma connaissance,
généralement, n'est contre un assouplissement. Ce qu'ils
craignent, c'est une déréglementation totale et les
représentations, à ma connaissance, qui vous ont
été faites - je serais surpris, peut-être que vous avez
fait d'autres représentations -sont pour qu'il n'y ait pas une
déréglementation totale. Est-ce que le ministre pourrait nous
donner un peu son idée sur cet aspect? Autrement dit, le milieu n'est
pas contre un assouplissement, mais il voudrait des engagements afin qu'il n'y
ait pas une déréglementation totale.
M. Tardif: M. le Président, je vais essayer de me
répéter et de couvrir... Quand je parle du milieu à qui
nous avons demandé des avis, des mémoires, le milieu, pour nous,
cela comprend les expéditeurs, les récepteurs à l'autre
bout, si vous voulez, et les transporteurs.
Or, il est bien évident que, selon qu'on ait les
représentations des transporteurs, celles-ci vont plutôt
être différentes de celles des expéditeurs qui, eux, sont
plutôt favorables à une libéralisation totale du
côté des expéditeurs et des usagers comme tels, alors que
chez les transporteurs le point de vue est différent.
Ce que je dis au député, c'est que nous n'avons pas
l'intention de procéder, dans l'immédiat, à une
révision de la réglementation dans le domaine tant et aussi
longtemps qu'on n'aura pas terminé cette espèce de consultation,
pris le poulx du milieu, mais alors, là, de tout le milieu et non pas
uniquement d'une des parties. Évidemment, nous le ferons très
certainement lorsqu'on se sera fait une idée de la nature des
amendements à apporter. Il faut revoir le milieu. Ce n'est pas quelque
chose que tu peux faire sans les usagers et sans les transporteurs. C'est ce
que je dis au député pour l'instant.
M. Ciaccia: Il est évident, M, le ministre, que les
expéditeurs ont un point de vue différent de celui des
transporteurs. C'est la même chose dans l'industrie du camionnage.
L'association des camionneurs demande un peu plus de réglementation.
Mais, même dans ce secteur, les expéditeurs n'exigent pas une
déréglementation totale. Ils savent qu'il faut avoir un minimum
de réglementation dans le contexte actuel et je présume que - je
n'ai pas vu les mémoires que vous avez reçus - dans ce cas-ci les
expéditeurs, possiblement, doivent prendre raisonnablement la même
position d'assouplissement peut-être, demandent un plus grand
assouplissement que les transporteurs. Est-ce que le ministre pourrait nous
dire dans quel délai sa position pourrait être
arrêtée définitivement?
M. Tardif: On m'informe que c'est un processus qui va au moins
nécessiter quelques mois, M. le Président, d'autant plus que nous
devons voir les incidences non seulement intérieures, mais j'allais dire
internationales. À l'heure actuelle, lorsqu'il se fait du cabotage
"intérieur", entre guillemets, c'est réglementé, cela
prend un permis. Dès qu'on sort du Québec, cela ne l'est plus.
Donc, les incidences débordent les frontières du Québec et
on doit consulter dans ce domaine. Alors, il n'y aura pas de hâte
là-dedans.
La traverse Matane-Godbout
M. Ciaccia: Juste une autre question sur ce programme. Avez-vous
l'intention de maintenir le service des traversiers entre Matane et
Godbout?
M. Tardif: Je m'excuse, pardon?
M. Ciaccia: Avez-vous l'intention de maintenir le service des
traversiers Matane-Godbout? Parce que, quand j'étais dans...
M. Tardif: Oui.
M. Ciaccia:... la région, il était question que,
possiblement, le gouvernement remette en question la continuation de ce service
de traversiers. Alors, est-ce...
M. Tardif: Il n'en est pas question. C'est maintenu, M. le
Président, même s'il a dû servir d'auberge flottante pendant
2 à 3 jours à la même place cet hiver. Mais ce sont des
circonstances exceptionnelles, à cause des glaces.
M. Ciaccia: Alors, la population de la région peut
être assurée que le service va être continué et que
ce n'est pas l'intention du gouvernement de...
M. Tardif: Absolument pas. M. Ciaccia:...
l'éliminer. M. Tardif: C'est cela.
M. Ciaccia: Alors, le programme 7. Attendez, non, le programme
6.
Le Président (M. Marquis): Alors, vous n'avez pas d'autres
questions sur le programme 6?
M. Ciaccia: Sur l'élément 1.
Le Président (M. Marquis): L'élément 1,
d'accord.
M. Ciaccia: On peut aller à l'élément 2.
Le Président (M. Marquis): J'aurais une question, si vous
me le permettez, M. le ministre, vu que le député de Mont-Royal a
parlé des traversiez Matane-Godbout. Lors du dernier budget du ministre
des Finances, il y a eu d'heureuses nouvelles pour des habitants, des
insulaires de certaines îles...
M. Tardif: L'île aux Coudres, l'île aux Grues.
Le Président (M. Marquis):... du Québec. Qu'est-ce
que vous avez l'intention de faire en ce qui concerne les gens qui traversent
de la Côte-Sud vers la Côte-Nord pour gagner leur vie pendant une
bonne partie de l'année? Il y a gratuité totale et pour les gens
qui voyagent régulièrement et pour les touristes en ce qui
concerne le transport vers certaines îles du Saint-Laurent. Qu'est-ce que
vous avez l'intention de faire en ce qui concerne les gens de la
CÔte-Sud, par exemple, qui vont gagner leur vie sur la Côte-Nord et
ceci, pendant plusieurs mois de l'année?
M. Tardif: M. le Président, un des problèmes que
nous avons c'est évidemment celui où la traverse est
considérée comme véritablement un remplacement de la
route, où vraiment tu n'as pas le choix et où, finalement, les
distances à parcourir sont considérables. Il est bien
évident qu'à partir du moment où le service de traverse,
par exemple Matane-Godbout, serait rendu gratuit, à ce moment-là,
on peut penser qu'il y aura une affluence beaucoup plus considérable
pour ce type de service.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre...
M. Tardif: Nous nous sommes engagés dans une
opération dont certains effets se sont fait sentir dans le dernier
budget. D'un autre côté, il faut qu'on modernise la flotte de
traversiers. Présentement, nous en avons deux en construction et nous
sommes en train de faire radouber le Radisson. Donc, il y a des coûts
considérables à ce réaménagement et c'est une
préoccupation que nous avons présentement.
Ce que j'ai demandé è la STQ, Société des
traversiers du Québec, c'est de me présenter une grille
d'utilisation de la traverse Matane-Godbout, notamment, et de voir dans quelle
mesure, en dehors de certaines périodes de pointe, il serait possible
d'avoir des taux et des tarifs préférentiels pour des groupes,
par exemple, en dehors des périodes de pointe comme telles puisque,
quand le bateau roule, enfin vogue, peu importe qu'il y ait 50 ou 200 passagers
dedans... Donc, j'ai demandé qu'on nous trouve des formules qui
permettraient un accès maximal comme tel.
 l'heure actuelle, je voudrais juste dire à cette
commission que le coût total des traversiers est de l'ordre de 25 000 000
$ - je ne me souviens plus de mémoire - pour des revenus de 7 000 000 $;
donc, cela émarge à mon budget d'à peu près 18 000
000 $.
C'est quoi ça?
Une voix: Revenus et dépenses.
M. Tardif: C'est ça, 24 000 000 $ en 1985-1986. Je
m'excuse, c'est 16 000 000 $ et 8 000 000 $. Revenus: 8 000 000 $, 24 000 000 $
de dépenses, donc l'écart à combler entre les deux est de
16 000 000 $. J'ai dit 7 000 000 $ et 25 000 000 $, je m'excuse.
Je ne sais pas si cela répond à votre question, M. le
Président.
Le Président (M. Marquis): Juste une précision, M,
le ministre. Mon intervention n'a pas pour but de rendre gratuite la
traversée Matane-Godbout ou l'inverse pour tous les usagers, mais
d'essayer d'étudier une possibilité pour les gens qui partent de
la Côte-Sud, du comté de Matapédia, de Rimouski, de Matane
et des environs. Ce sont des gens qui vont gagner leur vie à tous les
jours, régulièrement, qui travaillent pour certaines compagnies
forestières ou autres sur la Côte-Nord et, pour eux, c'est
vraiment un prolongement de la route. S'ils ne prennent pas le traversier, il
faut qu'ils fassent le tour par Québec ou par un autre traversier. Cela
ne vise pas l'ensemble de la clientèle du traversier, y compris les
touristes, cela ne vise que les gens qui sont obligés de prendre le
traversier pour aller gagner leur vie sur la Côte-Nord.
M. Ciaccia: Je voudrais enchaîner, M. le
Président.
Le Président (M. Marquis): Oui, M. le
député.
M. Ciaccia: Les gens de la région mentionnaient qu'avant
que le gouvernement prenne le contrôle de ce traversier le service
était plus fréquent. Il y avait un meilleur service aux
utilisateurs, pour ceux qui devaient l'utiliser pour aller à leur
travail tandis que, maintenant, aux heures auxquelles se donne le service, la
cédule et la façon dont se donne le service principalement, on ne
répond pas vraiment aux besoins de ces
personnes-là. Je crois que le député de
Matapédia soulève un bon point.
M. Tardif: Quand le député de Mont-Royal dit
qu'avant, lorsque cela appartenait au secteur privé... Il m'est
difficile d'en parler puisque cela a été acquis par le
gouvernement libéral, en 1974. Je ne sais pas ce qui avait amené
le gouvernement du temps à acquérir cela si l'entreprise
privée donnait un aussi bon service que le député
mentionne à aussi bon compte.
M. Ciaccia: Je vous répète seulement ce que les
gens de la région disent. Je suis assez objectif et je vous dis ce dont
ils se plaignent.
M. Tardif: Mais je ne sais pas plus que le député
de Mont-Royal ce qui amena le gouvernement du temps à acquérir
cela. Peut-être qu'il avait de très bonnes raisons, je ne les mets
pas en cause. Je dis que cela m'apparaît remonter loin, de dire: dans le
bon vieux temps cela coûtait moins cher, etc.
M. Ciaccia: On ne remonte pas aux années trente, quarante,
cinquante, soixante et soixante-dix. On va essayer de se limiter, parce qu'on
n'a pas beaucoup de temps ce soir. Plutôt que de faire un débat
sur ce qui s'est passé il y a 20 ans on va essayer de...
M. Tardif: C'est le député qui a dit, "quand cela
appartenait è l'entreprise privée", ce n'est pas moil
M. Ciaccia: Je comprends et je vous ai expliqué pourquoi.
Je vous fais part seulement des représentations des gens du milieu et je
vous demande ce qui en est? J'appuie les revendications, les
représentations qui ont été faites par le
député de Matapédia, parce que les gens m'ont dit la
même chose quand je suis allé en région. On voudrait savoir
ce que le ministre peut répondre à ces gens.
M. Tardif: Oui, je dis que j'ai demandé au conseil
d'administration de la Société des traversiers du Québec
de me préparer un système de laissez-passer ou de passe qui
pourrait permettre, hors période de pointe... On pourrait
peut-être envisager, d'introduire des facilités pour la personne
accompagnant une personne handicapée pour pouvoir voyager. Pour les
groupes on introduit des tarifs... une équipe de hockey de la
Côte-Nord qui va jouer au hockey de l'autre côté, 25 petits
gars, on a établi des tarifs. Qu'on continue dans cette lancée,
c'est tout ce que je peux dire. Et aussi possiblement qu'on voie à faire
quelque chose du côté des travailleurs usagers réguliers.
Sauf que le travailleur qui va travailler de l'autre côté, il ne
voyage pas soir et matin. Généralement il part le dimanche ou le
lundi et il revient le vendredi, c'est deux voyages par semaine ou un
aller-retour dans la semaine.
M. Ciaccia: C'est cela.
M. Tardif: Je suis prêt à regarder cela.
Le Président (M. Marquis): C'est très bien. Le
programme 7. 2, l'élément 2, transport aérien. M. le
député de Mont-Royal.
Les services offerts par Quebecair
M. Ciaccia: Le transport aérien. À plusieurs
reprises nous avons porté à l'attention du ministre les
représentations qui ont été faites par des contribuables
des régions éloignées sur la qualité des services
offerts par Quebecair.
D'ailleurs le ministre déposait un tableau des modifications
à la desserte aérienne Mont-Joli-Bonaventure, à la
dernière séance de cette commission, pour justifier les
changements dénoncés è quelques reprises par le
député de Bonaventure. Dans le cas de la desserte de Bonaventure
les principales récriminations sont les suivantes! Il y a une diminution
de la capacité des avions; il y a une faible fréquence des vols
en semaine: deux par jour lundi et vendredi et un par jour mardi, mercredi et
jeudi; il y a absence de vol en fin de semaine; les gens se plaignent que les
tarifs sont élevés, c'est 346 $ pour Bonaventure-Montréal
comparativement à 264 $ Charlo-Montréal -Charlo au
Nouveau-Brunswick - par Eastern Provincial. Le Conseil de développement
économique de la baie des Chaleurs a considéré la
situation assez sérieuse pour élaborer un dossier
étoffé puisqu'elle va â l'encontre d'une véritable
politique de stimulation de l'économie régionale. On peut lire
dans ce dossier que l'achalandage a chuté considérablement en
1984 par rapport à 1983 le nombre de passagers étant passé
de 3585 à 2823 pour un écart de 21. 3 %. Ces données,
confirmées par le bureau des statistiques de Quebecair à
Montréal, correspondent à peu près à ce qui nous a
été fourni par le ministre. On constate que c'est en 1984 que le
HS-748 a été remplacé, d'abord par un Beechcraft, et puis
par un Navajo. (20 heures)
Premièrement, je voudrais demander au ministre, parce que je me
souviens qu'il avait essayé de justifier la nouvelle desserte et le
changement d'appareils par certains chiffres du tableau qu'il nous avait fourni
à la dernière séance - s'il se rend compte que la
diminution de la qualité et la fiabilité des services sont
liées directement à la
diminution de l'achalandage.
Quand on dit que les passagers ont diminué de 21 %, il n'y a pas
21 % de moins de personnes qui restent dans cette région. La population
n'a pas diminué de 21 %. Les besoins n'ont pas diminué, mais
l'achalandage a diminué de 21 %. Le ministre ne se rend-il pas compte
que c'est la qualité et la fiabilité des services qui sont
liées à cette diminution de l'achalandage?
M. Tardif: M. le Président, avant de laisser la parole
à M. Michel Langlois qui est vice-président au marketing à
Quebecair, j'aimerais dire une chose au député, la
fiabilité et la qualité, c'est deux choses. La fiabilité
implique que les avions partent.
M. Tremblay: Et arrivent aussi.
M. Tardif: Et qu'ils arrivent. La performance...
M. Ciaccia: La fiabilité non seulement qu'ils partent...
Le député de Chambly fait des farces, mais ne vous occupez pas de
lui, M. le ministre, il est toujours de même; il ne change pas.
M. Tardif: Mais, la fiabilité...
M. Ciaccia: La fiabilité, c'est non seulement que les
avions partent, mais que la personne qui se rend va avoir une place à
bord de l'avion. Cela, c'est la fiabilité aussi.
M. Tardif:... c'est d'abord, encore une fois, que les avions
partent. M. le Président, le taux des envols est voisin de 89, 8 %.
Deuxièmement, en ce qui concerne la qualité des services, si le
député de Mont-Royal -les porte-parole de l'Opposition ont
posé aussi de nombreuses questions sur Quebecair et sur sa
rentabilité - est en train de me dire que nous aurions dû
maintenir là un avion HF-748 de 40 sièges, alors que la demande
avait un coefficient de remplissage de 9 %, j'aurais dit: Là, il aurait
été en droit de poser le type de question sur la sorte de
management, de direction qu'il y avait à Quebecair. Or, M. le
Président, même avec le Navajo de cinq ou six places, le
coefficient de remplissage est de 71%.
M. Ciaccia: Le ministre pourrait-il nous expliquer - je ne
prétends pas vous dire ou dire à Quebecair comment on devrait
gérer cette société. Je ne serai pas aussi
spécifique de dire que ce doit être un 737 -pourquoi on a
remplacé le Beechcraft 99 -vous avez dit que le 748 avait un coefficient
de 9% - de dix à quatorze places par un Navajo de cinq à six
places en août 1984, malgré le fait qu'il y avait un achalandage
-je prends les chiffres du ministre - de 83 % pour les avions de quatorze
passagers?
Quand vous avez changé et que vous avez mis un Navajo avec une
capacité moindre, l'achalandage est passé de 83 % à 71 %,
comment expliquez-vous cela?
M. Tardif: C'est ce que je vais demander, d'une part, au
directeur du marketing, M. Langlois. Quant au type d'équipement
utilisé, nous avons également M. Henley qui est ici et qui
responsable de cela. Peut-être que M. Langlois peut parler de la partie
achalandage.
Le Président (M. Marquis): M. Langlois.
M. Langlois (Michel): M. le Président, effectivement, il y
a une diminution d'achalandage, comme vous avez décrit tout à
l'heure, de 6994 passagers entrant et sortant en 1980 à 2695, pour
être plus spécifique, en 1984. La diminution de l'achalandage
s'est amorcée d'une façon draconienne en 1982. De 1981 à
1982, nous sommes passés de douze à sept passagers par jour, en
moyenne, sur cette route.
Le Beech 99 qui était en opération à
l'époque faisait partie intégrante de la flotte de Quebecair. Le
coût d'exploitation du Beech 99 sur cette route était de 467 000 $
par année, alors que l'exploitation d'un Piper Navajo est de 236 000 $
et répond parfaitement aux besoins du marché qui est de cinq
passagers entrant et sortant, en moyenne par jour, sur cette route. C'est donc
une économie substantielle répondant au besoin du marché
dans cette région.
M. Ciaccia: Est-ce que j'ai les chiffres exacts? Le Beechcraft
avait dix à quatorze places, l'achalandage était de 83 % pour les
avions de quatorze passagers... Quand vous avez changé le Beechcraft
pour le Navajo, l'achalandage est passé de 83 % à 71 %?
M. Tardif: Oui, M. le Président, si le
député se réfère au tableau, avec le Beechcraft, il
y avait un vol par jour du lundi au vendredi, tandis qu'avec le Navajo, on est
passé à deux vols par jour les lundi et vendredi, et un par jour,
à peu près, les mardi, mercredi et jeudi. Donc, la
fréquence des vols a été augmentée au moins sur
deux jours.
M. Ciaccia: Oui, mais vous avez eu une diminution de
l'achalandage quand même.
M. Tardif: Ce que le député dit, c'est qu'il y
avait un avion à quatorze places. Je vous dis: Oui, mais il y a deux
vols par jour, les deux journées les plus achalandées, le lundi
et le vendredi.
M. Ciaccia: Vos deux vols par jour, maintenant, équivalent
à un vol par jour avant.
M. Tardif: D'accord, mais ça peut être
drôlement plus accommodant si les deux vols par jour sont à des
heures qui conviennent à une partie de la clientèle.
M. Ciaccia: Cela dépend aussi du genre d'équipement
que vous avez. Quand le ministre dit que nous, de l'Opposition, posons des
questions quant à la rentabilité de Quebecair - on a posé
des questions sur la rentabilité de Quebecair - et qu'on ne serait pas
d'accord qu'il y ait un meilleur équipement pour ces régions, je
voudrais expliquer au ministre qu'il y a deux aspects de Quebecair auxquels
nous sommes intéressés: premièrement, c'est vrai, il y a
la rentabilité de la société en général et
la compétitivité entre deux transporteurs aériens
régionaux au Québec, mais il y a l'aspect du service dans les
régions.
Vous avez l'aspect des services...
M. Tremblay: C'est nouveau, ça.
M. Ciaccia: La joute Nordiques-Philadelphie, vous n'êtes
pas intéressés d'aller la voir? C'est très
intéressant! Vous devriez y aller au lieu de nous interrompre et
d'essayer de faire des farces sur des sujets très sérieux. On n'a
pas beaucoup de temps. Gardez vos farces pour 21 h 30, vous nous les direz
toutes à ce moment-là. D'accord?
Le service dans les régions est très important et on ne
voudrait pas voir sacrifier le service pour l'aspect rentabilité parce
que là, vous faites déjà face à une situation
contre-productive. Par exemple, sur la Côte-Nord, vous donnez un service
et vous le subventionnez parce que donner un service dans ces endroits, c'est
impossible qu'il soit rentable, mais le service doit être donné
quand même. Ce principe, est-ce que vous l'appliquez à la
Gaspésie? Le principe de subvention à la Côte-Nord, est-ce
que vous l'appliquez à la Gaspésie pour s'assurer qu'il y a un
service adéquat?
M. Tardif: M. le Président, je vais encore une fois
demander à M. Langlois de faire part du travail du côté de
la rationalisation. Je dis encore une fois au député de
Mont-Royal qu'un vol par jour avec un Beechcraft de quatorze sièges,
donc un aller-retour le matin, donne moins de service à la population,
relativement parlant, que deux vols par jour avec le Navajo, même s'il a
seulement six sièges, un aller-retour le matin et un aller-retour le
soir. Autrement, si le député avait eu à utiliser le vol
pour aller là-bas, il aurait dû coucher sur place faute de pouvoir
revenir.
M. Ciaccia: Je suis d'accord que deux vols, c'est mieux qu'un
vol, mais comment expliquez-vous que malgré cela, le nombre de passagers
en 1984 par rapport à 1983 a connu une baisse de 21 %? Il y a quelque
chose qui ne va pas, malgré que vous fassiez cela. Soit que les gens
craignent - il y a des gens qui n'aiment pas voyager dans des avions trop
petits - il doit y avoir certainement quelque chose qui décourage les
usagers d'utiliser ce service pour qu'il y ait une baisse de 21 %.
Entre parenthèses, j'ai trouvé intéressante la
baisse de l'achalandage dans cette région en 1982; cela coïncide
avec la fermeture des chantiers de la Baie James.
M. Tardif: C'est l'un des facteurs.
M. Ciaccia: Le chantier a baissé, alors cela a
affecté non seulement les travailleurs, mais une foule d'autres
activités; peut-être qu'avec la phase II de la Baie James, cela va
apporter un autre achalandage à Quebecair et cela pourrait les aider
aussi en plus de donner...
M. Tremblay: On pourrait faire...
M. Ciaccia: C'était seulement une parenthèse.
Comment expliquer que de 1983 à 1984, vous changez d'équipement
pour donner un meilleur service et que l'achalandage baisse? Je suis
persusadé que le besoin de voyager à Montréal et
Québec n'a pas baissé.
M. Tardif: Non, mais le nombre de vols a baissé en maudit,
par exemple, entre Montréal et Québec, par rapport à ce
qu'il était en 1976.
M. Ciaccia: Non, mais je parle de ces
régions-là.
M. Tardif: Le député a dit qu'entre Montréal
et Québec, cela n'a pas baissé.
M. Ciaccia: Ah! Excusez, c'est Gaspésie-Québec,
Gaspésie-Montréal.
M. Tardif: Je lui fais part, puisque c'est lui qui a
mentionné Montréal-Québec, que la fréquence des
vols entre ces deux villes n'est plus ce qu'elle était il y a à
peine cinq ou six ans. En tant qu'usager régulier, je pense...
M. Ciaccia: C'était un lapsus, je voulais parler de la
Gaspésie, des régions, à Montréal ou à
Québec.
M. Tardif: Je vais laisser les administrateurs de Quebecair, M.
Langlois et M. Henley, répondre à cette question-là.
Le Président (M. Marquis): M. Langlois. M. Langlois:
M. le Président. Si on
place les choses dans leur perspective, nous passons d'une moyenne de
sept à cinq passagers par jour, donc on parle d'une diminution de deux
passagers par jour en moyenne. Si on place cela en perspective, c'est quand
même une diminution relativement minime. Mais si nous parlons de la
rationalisation de la Gaspésie, l'une des premières
activités que nous avons faite à la fin de 1983 en regardant le
réseau de Quebeeair a été d'essayer d'offrir à
toutes les régions une possibilité d'aller-retour, soir et matin.
Quant à la rationalisation de la Gaspésie, nous avons
réussi à relier l'axe Gaspé-îles-de-la-Madeleine,
qui est une exploitation beaucoup plus rationnelle, deux fois par jour, et nous
sommes maintenant à trois fois par jour puisque nous avons des
croissances de l'ordre de 60 % sur cet axe depuis la fin 1983. Nous sommes donc
à trois fréquences: Mont-Joli, Gaspé,
îles-de-la-Madeleine en correspondance avec le service de Mont-Joli
relié à Québec et à Montréal. C'est le
même exercice qui a été fait, par exemple, pour
Sept-îles. Entre Montréal et Québec, une activité
qui a été faite à ce moment-là a été
d'offrir un éventail de vols, sept vols par jour, ce qui permet d'offrir
un service à différentes heures de la journée, de
tôt le matin à tard le soir.
Donc, il y a eu une amélioration du service. Cela, par la
rationalisation entre autres de notre réseau à turbo
propulsé qui perdait à l'époque 3 500 000 $. Alors il
fallait trouver des solutions pour aménager et redéployer ces
appareils d'une façon beaucoup plus rentable; ce qui a été
fait avec succès d'ailleurs. La part de marché de Quebecair par
rapport à APA sur l'axe Gaspé-îles-de-la-Madeleine, et
particulièrement le marché des îles-de-la-Madeleine a
démontré des résultats assez intéressants.
Il fallait donc relier Bonaventure à Mont-Joli pour pouvoir faire
la correspondance et trouver l'appareil adéquat. Quebecair s'est
départi à l'époque de Beech 99 puisqu'un des
problèmes de Quebecair était
l'hétérogénéité de sa flotte. Il s'agissait
de réduire les inventaires, les frais d'entretien, les frais de pilotage
et de réduire le nombre d'appareils au strict minimum. Donc, le choix de
flotte qui a été fait à ce moment-là - mon
collègue de l'exploitation peut éventuellement en parler -a
été de maintenir les 748 jusqu'à ce que nous puissions
obtenir les pistes nous permettant d'exploiter et de desservir des
marchés comme les îles-de-la-Madeleine, éventuellement
Gaspé et la Basse-Côte-Nord avec des réactés. Mais
pour l'instant, les taux de remplissage que nous avons avec les 748 à
trois vols par jour sont extrêmement rentables. Nous avons réduit
la perte des turbos propulsés au strict minimum. Nous sommes d'ailleurs
très près du seuil de rentabilité avec l'exploitation de
ce réseau particulier.
Pour répondre à votre question, il fallait relier
Bonaventure. Cela a été fait en collaboration avec une entreprise
de Bonaventure, Aéro-Bonaventure, lui permettant de prendre de
l'expansion. La stratégie de Quebecair a été de ne pas
s'attaquer à tous les marchés, mais de s'attaquer à des
marchés principaux et à donner l'accès à de plus
petits transporteurs, en fonctionnant avec des appareils de gabarit plus petit,
répondant davantage aux besoins de ces marchés. Si,
éventuellement, ces marchés ont des croissances importantes, nous
pourrons réévaluer leur desserte. (20 h 15)
M, Ciaccia: Il y a petit et petit. Je croîs qu'une des
clauses que vous avez mises dans l'un des contrats parce que l'avion
était un peu petit, c'est que vous avez exigé que le
sous-contractant mette à la disposition de Quebecair un Piper Navajo. Je
cite, des présentations qui ont été faites par le Conseil
de développement économique de la baie des Chaleurs, une clause
du contrat entre Quebecair et Aéro-Bonaventure qui prévoit que:
"Le sous-contractant met à la disposition de Quebecair un Piper Navajo
et ce dernier s'engage à garantir un aller-retour par jour à
Mont-Joli. Dans l'éventualité où (a demande serait plus
forte, Aéro-Bonaventure a un deuxième appareil d'une
capacité similaire en disponibilité. "
Les plaintes qui sont faites, c'est que Quebecair ne se prévaut
pas de cette clause pour noliser un second appareil. Les gens arrivent, ils
sont sur une liste d'attente, ils n'ont pas de place pour 5 ou 6 passagers du
Navajo et plutôt que d'appeler un autre Navajo, ils sont forcés
soit de prendre l'automobile pour aller à Bonaventure ou de prendre
d'autres moyens. Est-ce qu'on peut savoir pourquoi la société ne
se prévaut pas de cette clause malgré le fait qu'assez
fréquemment les gens ne réussissent pas à obtenir une
place sur le vol et malgré qu'il y ait souvent des listes d'attente?
M. Tardif: Je demanderais à M. Henley,
vice-président à l'exploitation, de nous faire part des choix qui
ont été faits?
Le Président (M. Marquis): M. Henley.
M. Henley (Fernand): M. le Président, concernant le trafic
de la Baie James, on va répondre précisément à la
question. Quant au trafic de Bonaventure, si je peux me permettre de
compléter sa réponse, j'ai eu l'occasion de faire l'étude
de Régionair et le trafic de Gaspésie dans les années
passées pour le compte de Quebecair, comme consultant. Le trafic de
Bonaventure a baissé durant les dernières années, en 1978,
1979, 1980, 1981, 1982, 1983 et 1984 proportion-
nellement à peu près à l'emploi au chantier de la
Baie James. À mesure que le complexe de la Baie James a baissé,
le trafic de Bonaventure a baissé très fortement. Autrefois,
Quebecair avait des 748. Elle a installé des 748 sur le réseau,
parce que c'était présumément rentable. Je pense
qu'à un certain moment, il y avait un trafic presque suffisant pour
accommoder les 748. Par la suite, quand on est arrivé-là, on a
continué l'étude du trafic, on s'est aperçu que les 748
étaient beaucoup trop coûteux pour voler sur cette route. On a
temporairement essayé des Beech 99, mais ils étaient
également, pour ce qu'ils pouvaient transporter, beaucoup trop
dispendieux et beaucoup trop gros.
La fréquence de service est demeurée à peu
près la même au cours des années. La seule chose qui a
changé, c'est la grosseur de l'appareil; mais si le trafic était
demeuré le même vous auriez transporté effectivement plus
de passagers, les Navajos seraient pleins. La seule chose que je peux vous dire
à l'heure actuelle et qu'on va regarder, c'est que s'il n'y a pas de
Navajos additionnels ou d'appareils additionnels, alors il y a une liste
d'attente, c'est quelque chose qu'il nous faut regarder. Le trafic a
réellement baissé.
M. Ciaccia: M. Henley, voici la question que je me pose.
Qu'est-ce qui arrive en premier, la baisse du trafic ou la réduction de
service? Une réduction de service va baisser le trafic. Quand vous me
dites que l'achalandage a baissé quand la Baie James est
arrêtée, je suis entièrement d'accord avec vous. Mais la
Baie James a arrêté vers 1982. En 1983, il y a eu une baisse et il
n'y avait pas de Baie James. En 1984, il y a eu une baisse par rapport à
1983 et, curieusement, cela coïncide avec le changement
d'équipements. Alors, je me pose une question. Je ne suis pas un
spécialiste dans les transports maritimes, mais je vois cela et
j'entends les plaintes des personnes qui utilisent ce service en disant: Le
service est inadéquat; les avions sont trop petits; on ne peut pas avoir
de place. Est-ce que pour réduire le déficit de Quebecair, qui
est un objectif très louable, vous êtes allés à tel
point que vous avez réduit le service qui a amené une
réduction de l'achalandé? Les chiffres semblent me dire cela.
M. Tardif: M. le Président, avant de laisser la parole
à M. Henley. Quebecair est en affaires. Il est bien évident que
si la demande est là, les équipements requis vont être
là. Lorsqu'on regarde les chiffres sur le tableau que j'ai remis au
député, par exemple, où on montre que l'achalandage est
passé de 1981 à 1982 de 3100 à 1800, 1700, 1300 et quand,
il est passé, notamment, de 3100 à 1800, nous avions le
même équipement. Donc, il a la réponse à sa question
qui est: La baisse de l'achalandage a précédé la baisse du
type d'équipement utilisé.
M. Ciaccia: Juste pour cette période, mais après
cela, il y a eu une autre baisse. Mais, est-ce que, d'abord, la baisse
d'achalandage est due au fait que les gens peuvent se rendre à Charlo et
payer beaucoup moins cher, et au lieu de prendre Quebecair, ils vont prendre
Eastern Provincial; au lieu de payer 346 $, ils vont payer 264 $... C'est une
différence assez substantielle. Est-ce que c'est cela la cause de la
baisse d'achalandage qui va encore vous apporter... Heureusement, je ne pense
pas que vous allez éventuellement avoir des "two seaters"; l'avion le
plus petit que vous puissiez utiliser, c'est bien la Navajo. Je ne pense pas
que vous puissiez avoir un avion plus petit que cela et vous appeler une ligne
aérienne.
M. Tardif: M. Henley.
M. Herdey: M. le Président, concernant le type d'appareil,
pour ma part, je suis fermement convaincu que ce n'est pas le type d'appareil,
parce que si c'était le type d'appareil, on aurait continué avec
des 748 pendant toute la première partie de 1983. Le trafic était
d'environ quatre ou cinq passagers durant l'hiver par segment, par vol. C'est
impossible de faire fonctionner un 748. Même un Beech 99 était
trop gros, trop considérable pour ce trafic. À part cela,
l'aéroport de Bonaventure est un aéroport provincial. Mais,
l'aéroport est muni d'un radiophare, non pas d'un ILS-Instrument Lining
System - ce qui empêche les jets d'aller là aussi.
M. Ciaccia: Je ne suggère pas qu'il y ait des jets. Vous
avez échangé le 748 pour un Beechcraft et, ensuite, pour un
Navajo?
M. Henley: Peut-être qu'on a essayé, à un
moment donné...
M. Ciaccia: Peut-être qu'en gardant le Beechcraft, parce
que je remarque que la baisse d'achalandage est reliée aussi aux
mêmes dates où vous avez échangé un Beechcraft pour
un Navajo.
M. Henley: On avait pensé à un moment donné,
M. le Président, de combiner Gaspé, Bonaventure et les
îles-de-la-Madeleine pour utiliser un 748, mais cela s'est
révélé totalement inacceptable; ce n'était pas
économique.
M. Ciaccia: Mais, je ne parle pas du 748; je parle du Beechcraft
qui a de dix à quatorze passagers et vous avez baissé
à...
J'avais posé une question sur ceux qui sont sur la liste
d'attente. Est-ce que quelqu'un pourrait me répondre si c'est
effectivement le cas? Je sais que - mon collègue, le
député de Bonaventure, n'a pas pu être ici ce soir,
malheureusement; mais je lui ai parlé aujourd'hui - cela lui est
arrivé quand il est allé à Mont-Joli. Il était sur
une liste d'attente et on a demandé - parce que les gens étaient
au courant de cette clause - un autre avion et cela a été
refusé. L'avion n'a pas été envoyé pour qu'ils
continuent le trajet et les voyageurs ont été obligés de
continuer en automobile.
M. Tardif: M. Langlois, étant donné
qu'effectivement, si des gens ont des réservations en surnombre, par
rapport à la capacité, il m'apparaît très normal que
la clause prévue au contrat soit utilisée. Maintenant, s'il
s'agit de personnes qui se présentent sans réservation et qui se
font inscrire, sur place, sur la liste d'attente, c'est une... On va demander
à M, Langlois ce qui en est.
M. Ciaccia; Ce n'est pas une question. Le député de
Bonaventure m'a assuré qu'à moins qu'il y ait une
réservation de quinze jours d'avance, c'est quasiment impossible de se
rendre à Bonaventure. Savez-vous que quinze jours, c'est un peu long.
Même ceux qui s'en vont à Miami prennent des décisions un
peu plus vite que cela. Cela cause des ennuis et, en plus de cela, ils ne
peuvent même pas vérifier les listes d'attente, parce qu'on les
détruit. On a demandé pour fins de vérification combien de
gens étaient sur la liste d'attente et on n'a pas ' voulu leur fournir
le renseignement. L'impression qu'on donne, c'est qu'on ne veut pas appliquer
cette partie du contrat et on ne garde même pas la documentation pour
pouvoir faire une vérification pour voir s'il y avait deux, trois,
quatre ou cinq personnes sur la liste d'attente, ce qui aurait certainement
justifié un autre avion.
M. Langlois: M. le Président, pour ce qui est de conserver
les listes d'attente, c'est une pratique chez tous les transporteurs
aériens de ne pas garder les manifestes des passagers et même les
listes d'attente au-delà de 48 ou 72 heures, je crois, après le
départ. C'est une pratique courante chez tous les transporteurs.
Maintenant, si, effectivement, il y a réservation à l'avance, on
doit se prévaloir de la clause et ce n'est pas quinze jours à
l'avance, puisque ces vérifications et ces mises en service d'appareils
sont faites d'une façon permanente au centre de contrôle dans la
mesure où il y a des passagers pour décoller. S'il y a eu
anomalie dans un cas précis, nous serions intéressés
à le connaître et à corriger la situation.
M. Ciaccia: Le ministre mentionnait qu'il y a une question de
rentabiliser Quebecair et les réponses des représentants de
Quebecair semblent aller toutes dans ce sens que les raisons pour lesquelles
ils font ces coupures, qu'ils réduisent le genre d'équipement,
c'est parce qu'ils veulent rentabiliser ces lignes de Quebecair. Maintenant, le
ministre nous a confirmé qu'il y a des subventions qui sont
données par le gouvernement à Quebecair pour le transport
aérien sur la Basse-Côte-Nord et la Moyenne-Côte-Nord parce
qu'il serait absolument impossible que Quebecair ait des lignes rentables pour
ces endroits. Le ministre fait-il la même chose pour la Gaspésie?
Y a-t-il des subventions pour le trafic de la Gaspésie, pour le service
que Quebecair donne en Gaspésie?
M. Tardif: Il n'y a pas de subvention spécifique
au-delà de l'aide générale apportée à
Quebecair, M. le Président, pour une simple raison, c'est que la
situation en Gaspésie n'est pas la même que sur la
Côte-Nord. Sur la Moyenne-Côte-Nord et la Basse-Côte-Nord, il
n'y a pas de route pour sortir de là, alors qu'en Gaspésie, il y
a la route.
M. Ciaccia; Un instant, là...
M. Tardif: Non, non, mais je veux dire...
M. Ciaccia: Oui, il y a la route, mais les distances sont aussi
éloignées. Ce n'est pas une réponse, je ne le crois
pas.
M. Tardif: Non, mais c'est le critère. Je ne vous dis pas
qu'il ne devrait peut-être pas y avoir d'autres critères,
mais..
M. Ciaccia: Vous dites: S'il n'y a pas assez de service en
Gaspésie, que les gens prennent l'automobile pour aller à
Québec et à Montréal.
M. Tardif: Non, M. le Président... M. Ciaccia:
Bien, il y a des routes.
M. Tardif:... je dis que je souhaite qu'il y ait un achalandage
suffisant pour justifier des avions encore plus gros et les remplir à
capacité, je ne demande pas mieux, M. le Président. Ce que je
dis, c'est qu'il m'apparaît absolument ridicule de maintenir là un
HS-748 au coût d'exploitation de 1 000 000 $ par année alors
qu'Aéro-Bonaventure offre le service pour 236 000 $ la plupart du temps.
Ce que je dis au député de Mont-Royal, c'est que s'il y avait eu
des cas de gens sur des listes d'attente ayant dûment des
réservations et que la clause en question n'avait pas été
invoquée, nous allons nous pencher là-dessus. Je ne
demanderais
pas mieux, M. le Président, que ce petit transporteur de
troisième niveau qui, en quelque sorte, rabat le trafic sur la ligne de
Quebecair, vienne l'alimenter au maximum. (20 h 30)
M. Ciaccia: Je sais qu'on ne peut pas déposer de document
à une commission parlementaire, mais je pourrais vous donner ici une
foule de représentations qui sont faites entre autres par la corporation
municipale du Canton de Restigouche, l'Association coopérative
forestière de Saint-Elzéar, la Chambre de commerce de Saint-Omer,
les employés de Consolidated-Bathurst, la corporation municipale de
L'Ascension-de-Matapédia. Une foule de lettres qui nous sont
envoyées se plaignant du service donné par Quebecair.
Dans les circonstances, le ministre ne croit-il pas qu'il ne peut pas se
limiter à dire: Il faut rendre Quebecair rentable? Il y a des exceptions
à faire et peut-être qu'en prenant les mesures nécessaires,
cela va augmenter les revenus de Quebecair. Si vous êtes capable et que
vous jugez nécessaire de donner des subventions pour la
Basse-Côte-Nord et la Moyenne-Côte-Nord, les distances sont aussi
longues et il y a autant de besoins et même plus de besoins, parce que
vous avez la concurrence de Charlo avec un meilleur prix.
Vous rendez Quebecair encore moins rentable, vous ne donnez pas le
service à ces gens. Il me semble que le ministre devrait trouver une
autre formule pour la Gaspésie, pour s'assurer que ces gens vont avoir
le service nécessaire, et si cela prend des subventions pour ces
endroits, peut-être que le ministre va trouver que les subventions sont
le meilleur moyen et que cela va augmenter les revenus de Quebecair.
M. Tardif: M. le Président, si les gens conduisent
jusqu'à Charlo pour prendre l'avion, ils peuvent conduire jusqu'à
Bonaventure. À cet endroit et jusqu'à Gaspé, on a trois
vols par jour en termes de distance.
M. Ciaccia: Le prix! Il y a une différence de 80 $. C'est
264 $ et l'autre, c'est 346 $. Charlo, c'est 264 $. C'est pour cela qu'ils
conduisent pour aller y prendre l'avion. Ils économisent 80 $.
M. Tremblay: Ils en ont le droit.
M. Ciaccia: Tu es donc brillant, c'est tellement brillant que
franchement tu m'étonnes.
M. Tardif: M. le Président, je dis au député
de Mont-Royal que je vais m'enquérir des réservations qui
pourraient être faites en surnombre...
M. Ciaccia: Pour le Journal des débats, je ne parlais pas
au ministre, je parlais au député de Chambly.
M. Tardif: Je disais au député de Mont-Royal que
nous allons nous enquérir quant aux réservations en surnombre qui
auraient pu être faites. Je souhaite donner satisfaction à tous
les organismes qui ont fait ces représentations écrites que nos
dossiers pourraient révéler, si tant est que nous en ayons des
réservations pour chacun de ces cas. Ce qui m'intéresse, ce sont
des réservations et non pas des lettres. On peut faire des
représentations, mais...
M. Ciaccia: Quand on voit... Ce n'est pas une ou deux
personnes...
M. Tardif: On va le regarder, M. le Président.
M. Ciaccia:... ce n'est pas concerté. C'est un vrai
problème, parce que quand tous ces organismes, tous ces individus se
plaignent, je ne suis pas certain que Quebecair doive recevoir les mêmes
représentations. Il doit y avoir quelque chose qui ne va pas. Je demande
au ministre que son ministère se penche là-dessus parce que je
comprends que si on dit à Quebecair qu'il faut qu'elle rende cela
rentable, les objectifs vont être un peu différents de ce qu'un
ministère devrait faire. Je demanderais au ministre de se pencher sur ce
problème et de voir s'il peut trouver d'autres formules pour aider cette
région et aider les usagers qui veulent l'utiliser.
M. Tardif: Je vais m'enquérir, M. le Président.
M. Ciaccia: Le ministre nous a dit qu'il voulait favoriser le
transport de marchandises. Il nous a donné l'exemple...
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Chambly.
M. Ciaccia:... de Sept-îles, où vous aviez fait un
spécial, que Quebecair avait changé ses horaires pour favoriser
le transport de marchandises pour Boston. Vous avez parlé du poisson
frais qui pouvait être envoyé de Sept-îles à Boston
parce que cela favorisait l'industrie. Est-ce que le ministre peut nous dire
s'il y a des projets similaires pour d'autres régions? Si oui, est-ce
que l'on considère Bonaventure comme un point de départ ou s'il y
a quelque autre endroit où le ministre se propose d'amorcer ce
programme?
M. Tardif: M. le Président, Quebecair avait
préparé un plan de transport combiné: personnes,
marchandises, fret, cargo, à partir
de trois têtes de pont, si vous voulez, l'une d'elles étant
sur la Côte-Nord, l'autre aux îles-de-la-Madeleine et l'autre en
Gaspésie. Le problème, cependant, M. le Président, c'est
que, pour ce type de transport, l'équipement utilisé, c'est des
737 Combi. Or, les 737 Combi ne peuvent pas se poser facilement dans ces trois
endroits mentionnés. C'est possible à Sept-îles. Aux
îles-de-la-Madeleine, il y a des problèmes de piste et je vais
laisser les spécialistes dire ce dont nous avons besoin comme piste pour
atterrir avec un 737. Il semble qu'on parle de 6200 pieds. Je donne cela de
mémoire. C'est non seulement la piste, mais ce sont les instruments
d'aide à la navigation qui doivent être examinés. En ce qui
concerne la Gaspésie, le point, quant à nous, qui semblerait le
plus adéquat pour ce type de service, ce n'est ni Gaspé ni
Bonaventure, mais bien un point quelque part intermédiaire entre les
deux, autour de Pabos.
Là-dessus, je vais laisser encore une fois les
spécialistes nous dire le meilleur point d'atterrissage pour un avion de
type 737, au-delà des considérations purement d'approvisionnement
en marchandise ou en poisson. Quelles sont les raisons qui peuvent faire
justement que ces emplacements choisis peuvent être différents de
ce qui existe présentement? Je ne sais pas si c'est M. Langlois...
M. Henley: La première partie de cette question concerne
la longueur des pistes pour accommoder les types d'appareils. Dans le
déploiement de la flotte, la réorganisation de la flotte de
Quebecair, au début de 1983, nous avions étudié toutes les
possibilités, y compris, comme je le mentionnais tantôt,
l'utilisation d'un jet justement à Bonaventure. Cela a été
une partie de l'étude. C'est pour vous dire qu'on avait
considéré à peu près toutes les options.
Maintenant, le 737 transporte une charge d'environ 57 passagers, plus 11
000 livres de cargo à chaque vol. Pour fonctionner avec cette
quantité de cargo et de passagers, il faut une piste d'environ 6200
pieds, un minimum de 6000 pieds. La piste de Bonaventure a 6000 pieds sur 150
de large, mais les aides à la navigation à cet aéroport...
Il est desservi par un radio phare seulement, ce qui présente des
problèmes aux approches. La conclusion de notre étude dans ce
coin, Bonaventure, c'est qu'on ne pouvait pas accommoder assez de passagers et
qu'il n'y avait pas assez de cargo pour employer un jet et les aides à
la navigation ne permettaient pas l'utilisation régulière de ce
genre d'appareil à cet aéroport.
Quant aux Iles-de-la-Madeleine, la piste est de 4500 pieds, elle est
trop courte. La même chose pour les pistes de ta Moyenne et de la
Basse-Côte-Nord, les longueurs étant de 4500 pieds. À
Gaspé, la piste est de 4000 pieds de longueur avec une
dénivellation de 2, 4 % en pente, ce qui empêche
complètement l'utilisation d'un jet à cet endroit.
M. Ciaccia: Est-ce que j'ai bien compris, M. le ministre, que
l'endroit que vous envisagez serait Pabos?
M. Tardif: Pas nécessairement, mais il semble que le seul
endroit ou qu'un des principaux endroits où les problèmes de
topographie soient moins considérables, celui à considérer
pourrait être celui-là. Mais, présentement, ce dossier a
été évoqué avec mon homologue fédéral
des Transports et souhaitons que, quoi qu'il advienne, puisque, même si
l'aéroport de Bonaventure nous appartient et que toute la question de
l'aide et des instruments de navigation est de compétence
fédérale, nous souhaitons qu'il y ait une piste
d'aménagée pour accommoder les 737 quelque part en
Gaspésie de façon convenable.
M. Ciaccia: La question qui me vient à l'idée est:
Pourquoi considérez-vous Pabos quand je crois - si je comprends bien -
que la piste n'est pas vraiment aménagée pour le genre de trafic
envisagé, qui serait nécessaire, tandis qu'à Bonaventure,
je ne sais pas si M. Henley a mentionné qu'il y avait 6000 pieds et
qu'il a besoin de 6200.
Vous semblez avoir quelque chose de presque complet à
Bonaventure. Pourquoi même considérer Pabos là où
les conditions ne sont même pas près de ce...
M. Tardif: Je l'ai dit au député de Mont-Royal, on
est ouvert, moyennant qu'il y en ait un qui desserve la Gaspésie.
M. Ciaccia: Je voudrais que vous soyez ouvert aux choses
rationnelles aussi. Ce serait plus logique de dire: On a quelque chose à
Bonaventure plutôt que d'être ouvert "at large". La meilleure
façon de ne rien faire, c'est d'être ouvert "at large". Vous
regardez Pabos, il faudra que les investissements soient très
considérables, vous n'avez pas de piste, ce n'est pas
aménagé. Pourquoi considérer cela? Vous avez quelque chose
à Bonaventure. Il me semble que vous pourriez faire de meilleures
représentations à votre homologue fédéral ou aux
autres membres de l'industrie en leur disant: On a 6000 pieds, il nous faut
6200, allons-y! Là, c'est raisonnable, mais quand vous entrez dans
toutes sortes de situations qui nécessiteraient des investissements
considérables...
M. Tardif: Le problème essentiel à ce
moment-là, c'est que la piste de Bonaventure est pas mat loin des
centres les plus populeux de la Gaspésie comme Chandler et
Gaspé; Pabos offre un certain avantage d'être quelque part
à un point intermédiaire entre Gaspé et Bonaventure. Je
vous l'ai dit...
M. Ciaccia: Je veux vous avertir, M. le ministre, vous avez une
Gaspésienne ici. Faites très attention quand vous faites des
affirmations sur la Gaspésie parce que Mme Arbour est très...
M. Tardif: Je ne crois pas avoir commis d'hérésie
en disant que Pabos, par rapport aux centres les plus populeux de la
Gaspésie, était plus près de ces centres que
Bonaventure.
M. Henley: M. le Président, je suis Gaspésien, je
suis natif de la Gaspésie, j'ai fait mes études à
Gaspé et je peux vous dire que partir de Gaspé pour aller
à Chandler, c'est 60 minutes d'auto au minimum, et partir de Chandler
pour aller à Bonaventure, c'est un minimum d'à peu près
une heure vingt minutes d'automobile. Donc, partir de Gaspé pour aller
à Bonaventure, c'est environ deux heures d'automobile.
M. Ciaccia: D'accord. Mais pour Pabos quels seraient la distance
et le parcours en automobile?
M. Henley: Ce qui a été dit dans les études
qui ont été faites... D'abord, la piste de Gaspé ne peut
pas se qualifier à cause des montagnes autour pour l'installation d'un
système téléguidé de navigation ILS. II a
été dit - le fédéral l'a dit - on construira une
piste quelque part entre Chandler et Gaspé, soit Pabos ou Douglastown,
enfin, quelque part. On en est là présentement. On n'a pas
d'autres...
M. Ciaccia: M. le ministre, j'ai parlé de Mont-Joli,
Bonaventure. Plusieurs intervenants, plusieurs usagers ont porté des
plaintes à notre attention et, j'en suis certain, à l'attention
de Quebecair. Il y a aussi la région de l'Abitibi. Dernièrement,
les organismes de développement économique se sont plaints eux
aussi de la diminution des services. Nous avons des plaintes de l'Abitibi, de
la Gaspésie. Je pense que la Côte-Nord aussi semble avoir certains
problèmes; la Chambre de commerce de Sept-îles, entre autres.
Qu'allez-vous faire pour répondre aux besoins et aux
représentations que ces personnes font au gouvernement?
M. Tardif: La première chose que je viens de
suggérer au vice-président et au président, c'est de
mettre une boîte de plaintes dans les avions. Deuxièmement...
M. Ciaccia: Il y aura un "overload", vous ne pourrez pas
partir.
M. Tardif:... si vous êtes satisfaits, dites-le à
vos amis et, si vous n'êtes pas satisfaits, dites-le-nous. Pour ce qui
est de l'achalandage en Abitibi, je vais demander au vice-président au
marketing de vous faire part de ce qu'il a à dire à ce
sujet-là. (20 h 45)
M. Langlois: Il n'y a pas eu de diminution de services. Nous
continuons de fonctionner selon la même fréquence sur l'Abitibi.
Il y avait eu un changement d'heure de départ qui a été
corrigé, d'ailleurs, le vendredi soir sur Rouyn et Val-d'Or, au
départ de Québec. Ceci a été corrigé et,
présentement, nous opérons à l'heure normale,
c'est-à-dire la même heure tous les jours de la semaine.
Pour ce qui est de Sept-îles, le changement horaire a amené
une croissance du trafic assez intéressante. Depuis que nous avons
placé le vol à 6 h 20 le matin, nous avons une croissance du
trafic de 18 % et la principale raison est que Sept-îles est maintenant
reliée à des correspondances qui n'étaient pas accessibles
et, après consultation avec les agents de voyages de la région de
Sept-îles, ces gens sont extrêmement heureux et satisfaits.
D'ailleurs, l'achalandage le démontre d'une façon assez claire.
Les taux de remplissage sur le vol de 6 h 20 le matin sont passés de 20
% à près de 40 % à la suite de ce changement horaire.
C'est donc une très grande amélioration qui relie Sept-îles
maintenant -qui ne l'était pas - à Boston, Toronto, Calgary,
Chicago, Detroit, Fort Lauderdale, Hartford, Kansas City, Miami, Ottawa,
Philadelphie, Edmonton, Vancouver et Winnipeg, en plus d'offrir une
capacité de transport de marchandises, ce qui fait le bonheur d'ailleurs
des producteurs de pêche de cette région qui sont
présentement à faire des ententes avec des distributeurs de
poisson, non seulement à Québec et Montréal, mais
également à Boston. Nous sommes maintenant en discussion avec ces
producteurs de pêche pour faire de l'exportation de poisson au Japon.
C'est un peu le même phénomène qui s'est produit au
niveau de la Gaspésie puisque votre préoccupation d'un cargo tout
à l'heure est temporairement solutionnée jusqu'à ce que
nous ayons une solution permanente avec la piste allongée. Nous avons
mis en service une troisième fréquence de 748, mais à
configuration mixte, c'est-à-dire que nous opérons à 32
passagers plus une capacité de cargo au départ des
îles-de-la-Madeleine, au départ également de Gaspé,
pour faire correspondance à la troisième fréquence que
nous avons ajoutée sur Mont-Joli et Baie-Comeau et relier Mont-Joli,
Baie-Comeau et la Gaspésie non seulement au marché de l'Ouest du
Canada, mais également aux États-Unis, puisque le vol de
l'après-midi fait correspondance avec le vol
de Boston.
Donc, tout le bassin de la Gaspésie a maintenant une
possibilité d'exportation -avec la capacité de cargo qui a
été ajoutée au départ des
îles-de-la-Madeleine, au départ de Gaspé et au
départ de Mont-Joli -possibilité d'exportation sur les
marchés internationaux par Boston, qui est la banque principale
d'exportation de poisson en Amérique du Nord, alors que Sept-îles
a maintenant cette possibilité le matin, en correspondance avec le vol
du matin sur Boston, donnant deux sources d'approvisionnement sur les vols vers
Boston en plus d'approvisionner les marchés locaux, ce qui était
difficile puisque, comme vous le savez, la consommation des produits de ta
pêche dans les restaurants et au niveau des principaux détaillants
ici provient des États-Unis. Le poisson vient du Maine. Maintenant, on a
une possibilité physique d'acheminer ce poisson vers Montréal,
Québec et le reste du Québec.
M. Tardif:... des commandes de homard.
M. Langlois: C'est une amélioration qui...
M. Tremblay: Les crevettes de Matane.
M. Langlois:... permet finalement une possibilité
d'exportation qui n'existait pas.
M. Ciaccia: Je comprends ce que M. Langlois...
M. Langlois: C'est cela.
M. Ciaccia:... dit en ce qui concerne les exportations et c'est
un objectif, je crois, qui est assez louable et nécessaire pour exporter
les marchandises du Québec vers ces différents marchés.
Mais je voudrais dire au ministre qu'il ne faut pas qu'il oublie, en parlant du
seuil de rentabilité, la mission de Quebecair, à savoir desservir
les régions éloignées. Même si vous pouvez dire aux
gens de Bonaventure: On va exporter le poisson frais de Sept-îles
à Boston, s'ils ne sont pas capables d'avoir un avion pour aller de
Bonaventure à Québec, cela ne répondra pas très
bien à leurs besoins à eux. Je ne veux pas minimiser l'importance
de l'exportation et avoir des vols pour s'assurer que ces marchandises aillent
dans les milieux où elles vont maintenant pour le bénéfice
de notre industrie, mais il ne faut pas le faire au détriment... Je
pense qu'on peut arriver aux deux objectifs, mais il ne faut pas oublier les
besoins des usagers et desservir les régions éloignées, et
spécialement Bonaventure. Je pense que les plaintes sont hors de la
normale. C'est vrai qu'il y a beaucoup de gens qui vont se plaindre parfois que
le service n'est pas ce qu'ils voudraient.
Je pense que le nombre, le genre et la qualité des plaintes qu'on
reçoit du comté de Bonaventure démontrent clairement qu'il
y a certainement quelque chose que le gouvernement peut faire pour
remédier à la situation. Je ne parle pas nécessairement de
Quebecair parce qu'elle va prendre ses directives du gouvernement. Si vous
dites à Quebecair: Il faut que votre ligne Bonaventure-Québec,
Bonaventure-Montréal, soit rentable, peut-être qu'elle va le
faire, je ne sais pas. Il va falloir que vous donniez des directives tout en
prenant la rentabilité en considération. Il faut qu'il y ait un
service pour l'usager et il faut qu'on prenne en considération
qu'à Charlo il peut l'avoir pour 146 $.
M. Tardif: Bien, M. le Président.
M. Ciaccia: Avec le poisson, si vous utilisez les mêmes
programmes d'exportation de poisson de la Gaspésie, vous allez pouvoir
augmenter la rentabilité et donner un meilleur service aux usagers. Le
ministre dit oui. Pour le Journal des débats, je veux indiquer que le
ministre est d'accord avec mes propos.
M. Tardif: C'est notre objectif, M. le Président, et j'ai
bien noté les remarques du député de Mont-Royal qui dit:
La rentabilité, c'est une chose, mais le service à la population,
c'en est une autre. Je souhaite tout simplement qu'il s'en souvienne.
M. Ciaccia: Ajoutez: dans les régions
éloignées.
M. Tardif: Dans les régions éloignées, pour
le Journal des débats.
M. Tremblay: Le ministre est d'accord avec la vertu, comme
vous.
M. Ciaccia: Où avez-vous soupé ce soir?
M. Tremblay: À la même place que vous. Vous n'avez
pas d'objection que je dise que le ministre est d'accord avec la vertu, comme
vous-même d'ailleurs.
M. Ciaccia: Cela dépend de la définition de la
vertu.
M. Tremblay: La vertu, c'est le profit en même temps que le
service, non?
Le Président (M. Marquis): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le programme 7?
M. Ciaccia: Oui, il y en aurait une autre, M. le
Président.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Mont-Royal.
Une offre de Nordair
M. Ciaccia: Si je ne soulevais pas cette question, je
surprendrais grandement le ministre. Il ne croirait pas que c'est le
député de Mont-Royal qui est ici, à la table de la
séance de cette commission parlementaire.
Nordair, Quebecair. Quand j'ai posé une question au ministre
à l'Assemblée nationale, il a fait référence
à une offre: Nordair avait fait une offre à l'automne. Est-ce que
le ministre pourrait nous donner des détails ou des informations sur
l'offre à laquelle il faisait référence et sur l'offre que
Nordair aurait pu tenter de négocier avec le gouvernement?
M. Tardif: M. le Président, d'abord, vous avez
remarqué que les interlocuteurs, à la table, ont
été changés. Ce ne sont pas des représentants de
Quebecair, mais bien le président du conseil d'administration de la
Société québécoise des transports qui est
là, ce qui, je pense, aurait dû s'appliquer également
à tous les commentaires qu'on a entendus de la part de Nordair puisque
la transaction ne s'est pas faite entre Quebecair et Nordair, mais impliquait
deux actionnaires qui sont lnnocan et la Société
québécoise des transports. De sorte que le véritable
acquéreur, si vous voulez, c'est la Société
québécoise des transports.
Quant à l'offre qui a été faite par Nordair, je
vais laisser le président du conseil d'administration faire état
des pourparlers qui ont eu lieu. Ce que je veux dire ici pour l'instant, et de
façon très globale, au député de Mont-Royal, c'est
que, en vertu de l'offre qui a été faite... Je laisserai le
président faire état des détails parce que ce n'est pas
mol qui ai transigé dans ce dossier d'autant plus que je n'étais
pas au ministère, à ce moment, mais le président y
était. Cela avait, à toutes fins utiles, pour effet de rendre le
gouvernement propriétaire de 20 % des actions de la nouvelle
société qui naîtrait du regroupement Quebecair-Nordair.
D'ailleurs, à une émission de télévision - au Point
- qu'il m'a été donné d'entendre, le P. -D. G. de Nordair
disait: Oui, c'est vrai qu'on était prêt à concéder
20 % des actions. Aujourd'hui, je me demande à quoi rime tout ce ramdam,
quand on en a acquis 22 %. Est-ce qu'il fait tout ce train-train pour 2 % des
actions?
M. Ciaccia: Oh, oh, oh, un instant! Je ne veux pas vous
interrompre, mais il y a une différence entre 20 % d'une compagnie
fusionnée et 22 % de Nordair.
M. Tardif: Ah, il y a une grosse différence.
M. Ciaccia: Je pense bien que le ministre...
M. Tardif: Surtout, M. le Président...
M. Ciaccia: Ce n'est pas la même chose.
M. Tardif:... qu'on nous offrait à peu près 20 %
des actions d'une compagnie fusionnée à un modique coût de
24 000 000 $, alors que j'ai encore 100 % de Quebecair et 22 % de Nordair pour
5 000 000 $.
Ceci dit, je laisse au président de la Société
québécoise des transports le soin de faire état de cette
offre.
Le Président (M. Marquis): Alors, M. Guy, je pense.
M. Guy (Jean): C'est cela.
M. Tardif: M. Jean Guy, président de la
Société québécoise des transports.
M. Guy: M. le Président, je suis entré en fonctions
le 20 novembre par décret; je suis président par intérim
de la Société québécoise des transports. À
mon arrivée, on a reçu, dans les jours qui ont suivi, de la
compagnie lnnocan une lettre, c'est-à-dire le 29 novembre. Je vais vous
lire juste le début de la lettre, cela va donner une plus grande
compréhension de ce qui s'est passé. On écrit à mon
vice-président et directeur général, M. Gareau: "Cher
Maurice, "Suite à nos discussions - ce sont les discussions qui ont eu
lieu avec mon prédécesseur et M. Gareau au cours de
l'été et de l'automne, jusqu'au 20 novembre environ...
M. Ciaccia: Votre prédécesseur était
monsieur... ?
M. Guy: C'était M. Leblond. M. Ciaccia:
Leblond.
M. Guy: "Suite à nos discussions, la présente
lettre a pour but d'établir les conditions générales
auxquelles nous serions préparés à considérer une
fusion avec Quebecair. "
Cette lettre a trois pages, onze paragraphes. J'ai soumis la lettre
à mon conseil d'administration. Même si, personnellement, je la
trouvais défavorable, j'ai reçu le mandat, on m'a demandé
d'aller rencontrer les gens d'Innocan afin de clarifier ce qu'ils jugeaient
être les conditions générales pour une fusion.
J'ai communiqué avec le président. J'ai rencontré
M. Kauser, président. Il était accompagné de son
vice-président, M. Matte. La première réunion a eu lieu
aux environs du 7 décembre; c'était un jeudi. On a passé
environ une heure ensemble et on n'a fait que se présenter. J'ai dit ce
que je connaissais de l'aviation. Ils ont fait de même de leur
côté. Il a été convenu de se rencontrer à
nouveau le lundi suivant; je crois que c'était le 10 décembre.
C'est M. Kauser, le président, qui m'a demandé de rencontrer son
vice-président.
Alors, à cette deuxième réunion, je me suis assis
et j'ai commencé la réunion en lui demandant: Qu'est-ce que vous
voulez réellement dire par vos paragraphes? Il ne faut pas oublier que
je dois rendre compte a mon conseil d'administration avant de dire si, oui ou
non, on accepte ces conditions. La première condition, c'était
une fusion de Quebecair avec une nouvelle société commerciale
qu'il nommait, à ces fins-là, Sonov. Donc, ce n'était pas
exactement une fusion avec Nordair. La deuxième condition, la valeur
attribuée à Quebecair serait de 22 000 000 $, soit
l'équivalent de la valeur comptable de Quebecair à la date de
clôture. J'ai dit: Vous acceptez de me donner la valeur aux livres de
Quebecair dans cette fusion; je suis prêt à reconnaître de
vous donner la valeur du prix que vous avez payé vos actions de Nordair.
Là, je vais vous épargner tout cela, mais il y a plusieurs
paragraphes après qui disent comment on me paie les 22 000 000 $. Pour
les 22 000 000 $, on me donnait l'équivalent de 20 % des actions
ordinaires, des actions privilégiées A et des actions
privilégiées B, actions que j'ai fait évaluer par une
firme de courtage, qui m'a dit que la valeur actualisée des actions, au
moment où je les recevrais, était d'environ 11 200 000 $. Donc,
vous voyez, je perdais quelque 11 000 000 $, pas tout à fait.
M. Tardif: Mais ce n'est pas tout. Continuez, M. le
président.
M. Ciaccia: Excusez. Les 22 000 000 $ équivalaient
è une valeur de 11 000 000 $...
M. Guy: De 11 200 000 $.
M. Ciaccia: Pas seulement les actions....
M. Guy: J'ai le chiffre exact ici.
M. Ciaccia: Pas seulement les actions
privilégiées.
M. Guy: Non, non. Tout ce que je recevais.
M. Ciaccia: Le tout.
M. Guy: Alors, j'ai posé la question suivante: Pourquoi
est-ce que, si j'accepte le prix de la valeur marchande et que vous acceptez de
me donner ma valeur aux livres, ne me payez-vous pas avec le même genre
d'actions? On m'a répondu: Tu vas avoir trop d'actions, tu vas avoir
presque le contrôle. Excusez, je dis toujours "je", c'est la
Société québécoise des transports. J'ai tout
simplement dit: C'est très facile, on ne vous demande pas de
contrôle. Si vous le voulez, on va le faire sur la base que vous le
dites, je vais avoir trop d'actions, je vais me retourner et je vais dire:
Combien voulez-vous d'actions que je viens de payer sur la base de 22 000 000 $
et dites-moi quand vous voulez que j'arrête et je vais arrêter? Si
cela est 20 %, cela va être 20 %. Je vais tout soumettre à mon
conseil d'administration. On m'a répondu que non. (21 heures)
Le troisième paragraphe, c'est: "À la date de
clôture, Quebecair aura un surplus de fonds de roulement de 2 500 000 $.
" Cela voulait dire que j'étais obligé de demander l'autorisation
d'avancer un montant de 6 700 000 $ de nouveaux fonds dans Quebecair.
Le quatrième paragraphe dit: "Dans le cadre du programme de
réduction de la dette à long terme requis pour en arriver
à un ratio de 60-40, la Société québécoise
des transports achèterait directement ou indirectement de Sonov - la
nouvelle compagnie - lors de la clôture, un ou des avions ayant une
valeur commerciale de 13 000 000 $. Ces appareils seraient alors loués
à Sonov par la SQT à un loyer nominal - et dans notre jargon cela
veut dire 1 $ par année - en vertu d'un contrat de location-exploitation
pour la durée de la vie utile des appareils. "
Alors, là il fallait que je sorte...
M. Tardif: M. le Président, si je comprends bien, on nous
offrait à peu près 11 000 000 $ pour une valeur aux livres de 22
000 000 $; on nous demandait d'augmenter le fonds de roulement de 2 500 000 $;
on nous demandait d'acheter un avion de Nordair au coût de 13 000 000 $
et de le relouer pour un 1 $. C'est à peu près cela, M. le
Président? Et ce n'est pas tout, je pense?
M. Guy: Non. Cette opération coûtait 13 000 000 $
plus, si vous calculez la durée utile d'un avion d'environ de treize
à quinze ans, à peu près à 10 % ou 12 %, et cela
fait à peu près ce que j'ai calculé, grosso modo, 1 600
000 $ par année et les chiffres se montent à environ 28 000 000
$, et on n'est encore qu'au quatrième paragraphe. Je vous épargne
les autres paragraphes, parce que ce sont que des explications du genre
d'actions que je devais recevoir. Excusez...
M. Tardif:... M, le Président.
M. Guy: Le dernier paragraphe disait ceci: "En présumant
qu'une entente de principe puisse être conclue relativement à ce
qui précède, la SQT conviendrait de permettre à Innocan et
à ses mandataires l'accès aux bureaux, registres et installations
de Quebecair en vue de se satisfaire quant aux avantages opérationnels
de la fusion proposée. Après avoir complété cette
étude, Innocan déciderait s'il y a lieu de procéder ou non
à la conclusion d'une entente définitive de fusion entre Sonov et
Quebecair. "
M. Tardif: Si je comprends bien, M. le Président, on nous
offrait de céder Quebecair plus quelque chose comme à peu
près 24 000 000 $ pour acquérir 20 % d'une future
société regroupant les deux sociétés Quebecair et
Nordair. C'est à peu près cela, M. le Président?
M. Guy: C'est exact, s'ils décidaient qu'ils voulaient
continuer après.
M. Ciaccia: Est-ce que cette offre... M. Tardif: Pardon?
M. Ciaccia: Est-ce que l'offre que vous aviez discutée
quand vous êtes entré en fonction avait été
déjà négociée ou discutée avec votre
prédécesseur?
M. Guy: On me disait que c'étaient des choses qui avaient
été discutées. Je peux continuer parce qu'il y a un petit
historique à cela. Le lendemain de cette rencontre - on m'avait dit
d'ailleurs qu'ils devaient se recontrer - on m'a téléphoné
pour me dire qu'en raison du fait que cela dérangeait les
employés de Nordair et leur moral de toujours voir qu'il y avait des
négociations, on avait jugé bon de mettre fin aux
négociations et que, si on jugeait bon de vendre la
société, ils seraient peut-être intéressés.
Là, j'avoue que je n'ai pas pris cela tellement au sérieux, et
c'est peut-être une erreur que j'ai faite. J'ai demandé s'ils
étaient prêts à me vendre. Ils m'ont dit: Jamais! J'ai
réuni mon conseil d'administration par la suite et j'ai répondu
à une lettre à la suite de cela. Je ne vous lirai pas toute ma
lettre - je peux la lire, si vous voulez, mais cela finit en tout cas que je
leur dis:... "sachez toutefois que nous demeurons ouverts à d'autres
pourparlers si Innocan décidait de modifier ses plans sur le sujet". Je
n'avais posé aucune nouvelle condition. Je n'avais demandé que
des renseignements. On a laissé sous-entendre par la suite que j'avais
refusé et posé de nouvelles conditions, parce qu'à la
suite de ma réponse, j'ai reçu une lettre de 19 paragraphes. Je
vais vous épargner cela, parce que réellement... Je peux vous la
lire, toute si vous le voulez, mais c'est ici.
M. Tardif: Je pense que ce n'est pas pertinent, M. le
Président, à moins que vous ne jugiez que ce soit
nécessaire.
M. Guy: Dans cette lettre, on me dit un petit peu ce que vous
disiez avant. On me dit qu'il y avait eu des pourparlers. D'abord, on dit que
j'ai posé des nouvelles conditions, ce qui est faux. Je nie cela dans
une lettre suivante. On me dit... Écoutez, c'est difficile de
résumer une lettre de 19 paragraphes. Je peux vous en donner
communication, si vous voulez, cela me fait plaisir. Voulez-vous que je vous la
donne?
M. Tardif: Le fait est que les pourparlers ont cessé et,
nous, on s'est montré toujours disposé, en tout cas, à
continuer les pourparlers. En gros - cela, c'est bien important ici - ce qui
était proposé, n'est-ce pas, c'était d'acquérir
Quebecair, de demander au gouvernement, en quelque sorte, l'équivalent
de 24 000 000 $ pour avoir 20 % des actions d'une future société.
Je dis au député de Mont-Royal: Si jamais j'avais accepté
cela, j'aurais compris qu'on me tombe dessus à bras raccourcis, de
dilapider les fonds publics. Cela aurait été cela, M. le
Président, que de céder Quebecair de cette façon, de
s'impliquer et de sortir 24 000 000 $ littéralement.
Or, la situation, c'est quoi? La situation, c'est que nous avons 100 %
de Quebecair et, pour 5 000 000 $, nous avons 22 % de Nordair et on est
toujours disposé à s'asseoir à la table avec Innocan, pas
avec Nordair, avec Innocan. La société québécoise
et Innocan, je pense, doivent le faire, d'autant plus que... J'ai lu certains
propos, en tout cas, de M. Douville et il en vient à la même
conclusion que nous, qu'il serait préférable qu'il n'y ait pas
deux transporteurs régionaux à Québec. Je pense que tout
le monde est d'accord là-dessus.
M. Ciaccia: Avant d'en venir à cet aspect, est-ce qu'il y
avait eu des négociations par votre prédécesseur, par le
prédécesseur de M. Guy?
M. Guy: Oui, monsieur.
M. Ciaccia: Est-ce que le conseil d'administration était
au courant soit des négociations, soit des termes qui étaient en
discussion, qui avaient été offerts par Nordair?
M. Guy: Au conseil de la Société
québécoise des transports, nécessairement, le
président, c'était M. Leblond. Il nous tenait informé des
dossiers qu'il y avait. Sur le
dossier Nordair, on a su, une première fois, je crois - c'est
peut-être un mois ou deux mois avant que je devienne président -
quels étaient un petit peu leurs pourparlers. Par la suite, il nous en a
parlé, je pense, lors du dernier meeting auquel il était.
M. Ciaccia: Quand vous dites qu'il vous avait mis au courant un
petit peu en détail, est-ce que M. Leblond avait mis au courant le
conseil d'administration de la Société québécoise
des transports des détails de ces négociations?
M. Guy: M. Leblond a déjà fait des documents pour
le conseil, un document comme lui voyait la transaction. J'ai lu ce document
avant d'y aller. Cela nous disait que cela devait s'appeler Quebecair, qu'on
devait avoir des droits de veto, qu'on devait avoir des conventions
d'actionnaires. J'ai parlé de cela aux gens d'Innocan. Ils ont dit:
Quebecair, c'est fini, cela ne marchera plus. Ils m'ont dit également:
Nous n'allons protéger aucun employé sauf les employés
syndiqués. J'ai tous les détails ici. Je disais qu'on n'exigeait
pas de contrôle, qu'il n'y aurait aucun veto, il n'y aurait absolument
rien.
M. Ciaccia: Mais les conditions que vous avez portées
à notre attention, les 22 000 000 $...
M. Guy: Oui, c'est la lettre.
M. Ciaccia: Est-ce que ces conditions avaient été
portées à l'attention du conseil d'administration par M.
Leblond?
M. Guy: Non, pas telles quelles, parce qu'elles sont
arrivées après le départ de M. Leblond, ces
conditions.
M. Ciaccia: Alors, à ce moment, pendant que M. Leblond
était le, il n'y avait pas eu de discussion entre la
Société québécoise des transports et Nordair sur
les détails d'une fusion possible, sur les termes?
M. Guy: Je crois qu'il y a eu deux rencontres. Je vous donne cela
de mémoire pour avoir parlé à M. Leblond avant qu'il
parte. Je crois qu'il y a eu deux rencontres avec M. Leblond au cours de
l'été. M. Gareau est ici, il pourrait vous dire combien il y en a
eu entre septembre et la journée qu'on a passée au conseil
d'administration. Le conseil d'administration, lorsqu'on lui a soumis quelque
chose, c'était pour essayer la question de principe. La lettre que je
vous ai lue, nous l'avons reçue par la suite. Personne ne savait cela.
Je n'ai jamais entendu parler, en tout cas, depuis que je suis là, ni de
M. Leblond, ni de personne.
M. Tardif: M. le Président, les rencontres qui ont pu
avoir lieu entre M. Leblond, à l'époque, et les
représentants de Nordair, je pense, effectivement, qu'il y en a eu. Il a
pu y avoir des rencontres avant, mais la première pièce par
écrit au dossier, c'est celle dont M. le président a lu des
extraits.
M. Ciaccia: Est-ce que vous me dites que la première
occasion que le conseil d'administration a eue, de connaître les
pourparlers ou les conditions qui viennent d'être mentionnés,
c'est à la fin de novembre, après le départ de M.
Leblond?
M. Guy: Je vais vous le dire exactement de mémoire.
À la fin ou au milieu d'octobre nous avons eu un conseil
d'administration. On nous a mis un peu au courant de ce qui se passait; quand
je dis au courant, on nous a dit ce qui se passait, ce qu'ils disaient, ce
qu'ils discutaient...
M. Ciaccia: Dans la discussion, le 20 %, 22 000 000 $, tout cela
c'était dedans?
M. Guy: Oui, ils parlaient de cela, ils disaient... Je vais vous
donner des exemples. Il est question que la Société industrielle
Desjardins demeure, elle aurait 17 %, nous aurions 20 %, cela ferait 37 %
à deux. 11 est question de telle chose, ils ne veulent pas telle
affaire. Le conseil avait dit: Allez voir, nous, on n'est pas satisfaits de
cela.
M. Ciaccia: À ce moment-là, est-ce qu'il
était question du prix de 22 000 000 $, 13 000 000 $?
M. Guy: Je veux dire que peut-être entre eux cela s'est
discuté mais, quant à nous, il n'y avait pas de prix de fait, pas
au conseil d'administration. Les 22 000 000 $ qu'ils étaient prêts
à payer, moi, je l'ai su en tout cas lors de la lettre et j'ai
assisté à tous les conseils d'administration. Au dernier conseil
d'administration, M. Leblond était présent. Là, il y avait
déjà... C'est difficile à dire parce qu'à ce
moment-là, vous savez on n'avait pas un document spécial sur la
transaction. On a eu ce qu'il nous avait montré et le conseil n'a pas
jugé bon à ce moment-là de faire une recommandation au
ministre des Transports.
M. Ciaccia: Quand vous dites: À ce moment-là...
M. Guy: À la dernière assemblée où M.
Leblond était présent. On trouvait que ce qui avait
été discuté à ce jour, ce qu'on en savait,
n'était pas suffisant pour qu'on recommande d'accepter une telle
transaction. À cela, j'étais présent et ç'a
été passé devant moi.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a eu une autre offre de Nordair
après celle que vous venez de porter à notre attention?
M. Guy: Par la suite?
M. Ciaccia: À la suite de celle-là? Est-ce que
Nordair a offert d'acheter Quebecair?
M. Guy: Les seuls pourparlers d'achat, c'est lorsqu'il m'a dit
qu'il n'était pas intéressé à continuer les
négociations. On avait parlé de cela, vous savez, officieusement
la veille tous les deux. Quand il m'a parlé de cela, j'ai dit: Bien,
écoute, on a parlé de vente, est-ce que tu pourrais être
intéressé à acheter? Il m'a dit: On pourrait être
intéressé à acheter, j'en ai parlé à mes
associés. Je lui ai dit: Est-ce que tu serais intéressé
à vendre? Il m'a juste répondu comme cela: Jamais! Il ne m'a pas
parlé de ses associés ou non. Ça, c'était M.
Masse.
M. Tardif: Si vous me permettez, ici, il y a une correction
importante. L'interlocuteur au dossier, ce n'était pas Nordair, c'est
Innocan, et la lettre vient d'Innocan. Il n'y a jamais eu d'offre de Nordair,
mais une offre d'Innocan. M. Gareau, vice-président de la
Société québécoise des Transports, était
évidemment là à l'époque où M. Leblond
était là, et il vient d'attirer mon attention sur ce
fait-là. L'offre était d'Innocan et non pas de Nordair.
M- Ciaccia: L'offre avait été faite par Innocan
avant que M. Guy devienne...
M. Guy: Non...
M. Ciaccia: Cette offre-là n'avait pas été
faite à M. Leblond?
Une voix: Non, non, sûrement pas, cela date du mois de
décembre.
M. Guy: D'ailleurs, dans la deuxième lettre qu'on m'a
écrite, ils disent qu'ils avaient tous discuté cela et ça
ne concorde pas avec sa première lettre. D'ailleurs quand je leur ai
envoyé ma dernière lettre leur disant que j'étais encore
ouvert à des négociations, je leur ai relevé ces
inexactitudes et ils n'ont jamais répondu à ma lettre.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: J'ai regardé cela à la
télévision, M. le Président. Je ne connais pas tellement
bien le dossier des transports, mais ils sont furieux à Innocan. Ils
sont furieux à un point tel que j'aimerais être capable de mettre
mes concurrents dans un tel état. Qu'est-ce qui les met dans cet
état-là?
M. Guy: C'est difficile pour moi de répondre et de dire:
Je m'accuse. Quand vous dites qu'ils sont furieux, vous parlez de qui?
M. Tremblay: J'ai vu cela à la TV, Innocan et tout
cela...
M. Ciaccia: Je viens de vous dire Nordair.
M. Tardif: Comment? C'est Innocan qui a fait l'offre et c'est
Nordair qui manifeste comme vous le mentionnez? C'est ça qui est un peu
paradoxal.
M. Tremblay: L'autre soir, à la télévision,
à l'émission Au Point, vous étiez avec qui? C'était
le président de Nordair?
M. Guy: M. Douville, le président de Nordair. Les
réactions...
M. Tremblay: Ah bon! C'est lui que j'ai vu deux fois à la
télévision, le président de Nordair. Il est furieux.
M. Guy: Oui.
M. Tremblay: J'espère qu'il ne vous rencontre pas au coin
de la rue à la noirceur.
M. Guy: Je l'ai rencontré à la clarté.
M. Tremblay: Pardon!
M. Guy: Je l'ai rencontré à la clarté.
M. Tremblay: Est-ce vrai? Mais qu'est-ce qui le met en furie? (21
h 15)
M. Guy: Écoutez! C'est une opinion très personnelle
que je vais vous donner. Quant à moi, je calcule que la première
erreur qui a été faite dans leur dossier à eux, c'est
qu'ils n'ont pas étendu leur offre d'achat aux minoritaires de Nordair.
En ne faisant pas cela, ils n'ont pas respecté, si vous voulez, ce qui
se fait toujours dans l'entreprise privée: lorsque vous prenez un
contrôle, vous êtes même obligé d'avoir une exemption
à la Commission des valeurs mobilières si vous ne faites pas
cela. Vous faites toujours une offre aux minoritaires une fois que vous avez
acheté vos majoritaires au même prix. Alors, ils n'ont pas fait
cela. À la suite de cela, je n'avais pas d'autorité à ce
moment-là pour acheter. Il me fallait une autorisation du ministre des
Transports pour pouvoir faire quelque chose. Mais je suis resté en
communication avec les gens de la Société d'investissement
Desjardins et on se voyait
quelquefois au Conseil de Quebecair... J'ai écouté
jusqu'à ce que M. Bernier me dise: Êtes-vous
intéressés à acheter? J'ai dit: Peut-être. Cela n'a
pas été une négociation. À un moment donné,
deux semaines avant, je crois que c'est M. Gauthier qui m'a appelé pour
me dire: Écoutez, on va recevoir des offres pour la vente de nos actions
de Nordair. Notre conseil d'administration a décidé de vendre nos
actions de Nordair. Vous avez jusqu'à jeudi soir 17 heures.
M. Tardif: M. le Président, si vous me permettez, le
député de Chambly demande: qu'est-ce qui peut mettre un
concurrent dans un tel état? Je voudrais faire remarquer que Quebecair
et Nordair ne sont pas des concurrents, sauf sur une ligne qui est
Montréal-Toronto. Ce 3ont des complémentaires. Sauf sur cette
ligne-là, ils ne se font pas en concurrence. Cela aussi est une autre
donnée qu'il faut bien considérer. Cela explique... Je
m'excuse.
M. Tremblay: Qu'est-ce qui les dérange alors?
M. Tardif: Sauf sur la ligne Montréal-Toronto. Je
m'excuse.
M. Ciaccia: M. le Président, excusez. D'abord, quand vous
dites qu'il n'y a pas de place pour deux transporteurs aériens
régionaux au Québec, que voulez-vous dire par cela? Vous avez
fait cette déclaration et vous aviez indiqué que c'était
l'intention du gouvernement de...
M. Tardif: Il est bien évident qu'à partir du
moment où...
M. Ciaccia: S'ils ne sont pas des concurrents, vous parlez de
qui?
M. Tardif: Ils sont complémentaires, ces
services-là. Il est bien évident qu'à partir du moment
où vous avez, dans toute compagnie de cette nature, des frais fixes
considérables en termes de billetterie et autres, si vous devez amortir
ces coûts sur un chiffre d'affaires de 100 000 000 $, 200 000 000 $, cela
fait une drôle de différence parce que le service de billetterie
pourrait notamment accommoder facilement la clientèle de l'un et de
l'autre. Il y a donc des économies d'échelle à
rationaliser. C'est dans ce sens-là, M. le Président.
D'accord?
M. Ciaccia: Alors à quoi voulez-vous arriver maintenant
que vous avez acquis 22 %...
M. Tardif: À ce que de part et d'autre, semble-t-il, les
deux en conviennent - aussi bien M. Douville, lorsqu'on oublie les excès
-ils en viennent à la même conclusion. Il a dit lui-même
qu'il est vrai qu'il est préférable qu'il n'y ait qu'un seul
transporteur de niveau régional au Québec. Donc, à ce
moment-là, ce qu'on dit, c'est qu'on s'entend sur l'objectif.
Maintenant, il s'agit de savoir à quelles conditions. Si lui dit:
Ce transporteur régional qui va rester, c'est Nordair. Nous disons: "No
way!" Il n'en est pas question. Mais on ne va pas jusqu'à dire
l'inverse, qu'on veut que ce seul transporteur soit Quebecair; on ne va pas
jusqu'à dire cela. Mais lui dit: II n'y en aura qu'un seul et ce sera
nous autres. On pense que cela devrait être le résultat d'un
mariage disons de raison, d'affaires. Ce que je dis, c'est que je souhaite que
ce dossier soit traité sur une base d'affaires le plus tôt
possible, et non pas sur une base politique. Si ces gens-là veulent
faire de la politique, ils ont des occasions: il y a des élections
partielles qui se tiennent présentement et il y aura des
élections générales tantôt. Qu'ils lâchent
leur job et qu'ils se présentent. S'ils veulent parler affaires, on va
parler affaires, M. le Président.
Contrairement à ce que les journaux ont laissé entendre,
je n'ai jamais pressé un instant le ministre fédéral de
prendre une décision rapide. Je suis tellement confiant que nous avons
un très bon dossier que je comprends que le ministre des Transports
veuille prendre tout son temps pour l'étudier et cela m'apparaît
tout à fait normal.
M. Ciaccia: Quand le ministre dit: Parlons d'affaires, il semble
oublier que quand un gouvernement décide de prendre une action, il est
tout à fait dans une position assez différente de celle d'une
société privée. Les moyens disponibles à un
gouvernement ne sont pas du tout les mêmes que ceux d'une
société privée. Vous ne traitez pas d'égal à
égal. Je veux juste faire une affirmation...
M. Tardif: M. le Président...
M. Ciaccia:... je ne veux pas ouvrir le débat
là-dessus. Ce n'est pas d'égal à égal, parce que
les pressions qu'un gouvernement, s'il veut les faire, je n'ai pas dit que vous
l'avez fait ou que vous allez le faire, les pressions que vous pouvez faire
comme gouvernement, une société privée ne peut pas les
faire. La question qu'on peut se poser, c'est: est-ce le rôle d'un
gouvernement d'agir de cette façon. Mais en dehors de cet aspect,
avez-vous l'intention de privatiser Quebecair? Vous aviez fait une
déclaration à un moment donné voulant que vous vouliez
procéder par vente d'actions et que vous étiez pour commencer par
offrir des actions à vos employés. Est-ce que vous avez
l'intention de le faire? Est-ce que cela va être une solution
alternative? Si M. Douville
est capable de convaincre - je présume qu'il parle en ce moment
pour l'actionnaire majoritaire, peut-être qu'il parle seulement pour
Nordair; peut-être qu'il parle pour Innocan - si ses propos
s'avèrent corrects en ce sens qu'aussi longtemps que le gouvernement va
être actionnaire minoritaire, il n'y aura pas de discussion ni de fusion,
est-ce que vous avez un autre plan pour privatiser Quebecair?
M. Tardif: D'abord, M. le Président, lorsque j'entends
aujourd'hui, encore une fois, le P. -D. G. de Nordair, alors que c'est Innocan
qui devrait être l'interlocuteur et intervenir et brandir la
privatisation, comme il le fait, il faut souligner qu'au moment de
l'acquisition de Nordair par Innocan, plus de 59 % de ses capitaux provenaient
d'organismes gouvernementaux et paragouver-nementaux, dont 24, 7 % de
Corporation de développement du Canada. Le député de
Mont-Royal le sait sans doute.
M. Ciaccia: Oui, mais ils s'en sont départis; c'est pour
cela que...
M. Tardif: Deuxièmement, je pense que le
député de Mont-Royal va être au moins d'accord sur le fait
que céder Quebecair dans les conditions qu'on nous offrait aurait
été criminel. Je pense qu'il est d'accord avec cela.
M. Ciaccia: Je suis d'accord que cela n'aurait pas
été un...
M. Tardif: Un bon "deal".
M. Ciaccia:... bon "deal" pour le gouvernement.
M. Tardif: Deuxièmement, est-ce qu'il est d'accord que le
prix payé par la société québécoise de 5 100
000 $ doit être un bon prix, puisque Innocan l'offre demain matin, si on
veut?
M. Ciaccia:... il n'y a pas de question... Ils ont fait la
même offre.
M. Tardif: Oui, mais est-ce qu'il est d'accord...
M. Ciaccia: Innocan a fait la même offre que vous.
M. Tardif: Après.
M. Ciaccia: Mais, il y avait 1 $ de différence.
M. Tardif: Après. Mais, est-ce que le député
de Mont-Royal est d'accord...
M. Ciaccia: Pour 1 $!
M. Tardif:... que c'est un bon prix et que, demain matin, on
pourrait les vendre au même prix?
M. Ciaccia: Je pense que Innocan veut les acheter à ce
prix-là.
M. Tardif: Il m'a posé une question, et j'essaie de lui
dire que c'est un bon prix.
M. Ciaccia: Ce n'est pas cela, la question.
M. Tardif: Il me demande ce que je veux faire. Alors, je lui dit:
Premièrement...
M. Ciaccia: Je n'ai jamais questionné l'aspect
monétaire; je n'ai jamais dit que 5 100 000 $ était trop cher
pour ses actions. Évidemment, ce ne l'est pas; Innocan est prêt
à payer le même prix.
M. Tardif: Donc, quand il me dit: Qu'est-ce que vous allez faire
si... Je dis: Présentement, c'est un bon placement et, compte tenu des
prévisions budgétaires de Nordair pour l'année en cours,
qui prévoit un profit de 3 200 000 $, comme rendement sur mon capital
investi de 5 100 000 $, cela me fait un revenu de 13 700 000 $; je peux donc
rester assis dessus pendant un bout de temps, si tant est que les parties
n'étaient pas pressées.
Deuxièmement, M. le Président, ce que j'ai demandé
à la Société québécoise des transports,
c'est effectivement de voir dans quelle mesure il serait possible de
procéder à une émission d'actions auprès des
employés de Quebecair, des actions de Quebecair, évidemment, dans
un premier temps. Mais remarquez qu'il y en a déjà 7, 9 % chez
Nordair, à ses employés. Que le même avantage soit offert
à nos gens, cela m'apparaît tout à fait normal.
Deuxième opération, M, le Président,
idéalement, une fois la fusion réalisée, ce serait la
vente d'actions au public, admissibles autant que possible au REA. Mais cela
suppose que l'on arrête l'espèce d'acharnement, qu'on s'assoie et
qu'on parle affaires. Je n'ai pas mis d'acharnement; je n'ai
répliqué à rien de ce qui a été dit; je n'ai
même pas fait état des offres qui ont été faites. On
le fait ce soir pour le bénéfice de la commission par le
président.
Je n'en ai pas fait état jusqu'à temps que le
président, le P. -D. G. de Nordair lui-même, à une
émission publique, dise: On a fait une offre et on était
prêt à céder 20 %. Il a en quelque sorte,
déballé un peu les conditions, en fait, pas toutes, celles qui
offraient seulement les 20 %.
Ce que je dis, M. le Président, c'est que la
Société québécoise et que l'actionnaire majoritaire
Innocan s'assoient ensemble et discutent de conditions qui
pourraient être mutuellement acceptables et qu'ils me fassent
rapport. C'est tout ce que je peux dire; ce n'est pas moi qui vais aller
négocier, comme tel, mais qu'ils aillent et qu'ils
s'entendent.
M. Tremblay: Présentement, Quebecair, plus 22 % de
Nordair, ça représente quel pourcentage de l'aviation
régionale québécoise? C'est-à-dire que ma
question...
M. Tardif: Il y a deux transporteurs régionaux qui sont
Quebecair et Nordair. Les autres c'est de troisième niveau qu'on
appelle, Propair, Québec Aviation, etc.
M. Tremblay: Autrement dit, si ces deux-là devaient
fusionner, l'actif de la Société québécoise des
transports par rapport à l'actif global des deux entreprises, ce serait
quoi?
M. Tardif: La valeur aux livres de Quebecair a été
évaluée par Nordair à 22 000 000 $. Mettons qu'on ne
conteste pas ce chiffre-là. Celle de Nordair est de 24 000 000 $
actuellement. On parle donc...
M. Tremblay: Combien?
M. Guy: Depuis qu'on a fait la fusion...
M. Tardif: Donc, on parle de valeur aux livres combinée de
46 000 000 $. On parle d'actifs dans les deux cas de combien, M. le
Président?
M. Guy: Additionné, cela doit faire au-dessus de 200 000
000 $ d'actifs.,
M. Tardif: 200 000 000 $ d'actifs de part et d'autre, à
peu près 900 employés chez Quebecair, 1200 chez Nordair; un
chiffre d'affaires prévu, fusionné, d'à peu près
300 000 000 $. Plus que cela, quand même. Quebecair prévoit 180
000 000 $ cette année et Nordair prévoit 200 000 000 $ à
peu près. Je m'excuse, 132 000 000 $ chez Quebecair et 200 000 000 $
chez Nordair; prévisions pour 1985. Je donne cela de mémoire.
M. Tremblay: Quebecair, c'est à peu près 80 % de
Nordair, si je comprends bien.
M. Guy: Pas dans les actifs.
M. Tremblay: Non?
M. Tardif: Non, non, non.
M, Tremblay: Les actifs nets, c'est quoi?
M. Guy: Les actifs de Quebecair, c'est à peu près
105 000 000 $ ou 110 000 000 $.
M. Tardif: C'est cela.
M. Tremblay: Oui.
M. Guy: Les actifs de Nordair sont à...
M. Tardif: 125 000 000 $ ou 130 000 000 $.
M. Guy: La totalité des actifs de Nordair, c'est 110 000
000 $.
M. Tardif: Les actifs de Nordair: 110 000 000 $; Quebecair,
à peu près 105 000 000 $.
M. Tremblay: C'est pas mal pareil. M. Tardif: Mais
oui!
M. Tremblay: Comme les 22 % sont là-dedans, cela veut dire
que les actifs de la Société québécoise des
transports, compte tenu des 22 %, sont de quelque 60 % des deux compagnies.
M. Tardif: Si l'on veut.
M. Guy: En fait, les actifs de Quebecair consolidés, c'est
119 000 000 $.
M. Tremblay: C'est plus élevé que ceux de
Nordair.
M. Guy: Oui.
M. Tremblay: Ce sont les actifs nets?
M. Guy: C'est du côté de l'actif dans votre bilan,
ce sont tous les actifs de la compagnie. Vous voulez savoir l'avoir des
actionnaires?
M. Tremblay: Oui.
M. Guy: L'avoir des actionnaires de Nordair, c'est, au moment
où on se parle, 24 000 000 $.
M. Tardif: Quebecair, 22 000 000 $. M. Guy: C'est 21 949
000 $...
M. Tremblay: 21 940 000 $, pour Quebecair?
M. Tardif: 22 000 000 $, Nordair.
M. Guy: Quebecair, c'est 19 000 000 $.
M. Tremblay: D'accord. Merci.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Duplessis.
M. Ciaccia: Le ministre lui-même l'a avoué, on
comprend la nécessité, le désir ou l'intérêt
de la population des régions concernées d'avoir une fusion des
deux compagnies. Je pense que les chiffres que vous avez montrés
démontrent que ce serait une compagnie assez importante, qui aurait son
siège social au Québec...
M. Tardif: Oui.
M. Ciaccia:... qui aurait un nombre d'employés et un
chiffre d'affaires assez imposants. La seule chose sur laquelle on n'est pas
tout à fait d'accord, c'est le moyen que vous prenez pour y arriver.
M. Perron: C'est légal.
M. Ciaccia: J'espère que le gouvernement ne fait pas
quelque chose d'illégal!
M. Perron: C'est parfaitement normal aussi.
M. Ciaccia: Il y a une différence entre la
légalité...
M. Perron: C'est fait ouvertement.
M. Ciaccia: M. le Président, je crois qu'on avait une
entente pour terminer à 21 h 30. Je dois aviser le ministre que le vol
de Quebecair de 22 h 15 est assez ponctuel. Je voudrais m'assurer d'être
à temps à l'aéroport pour...
M. Tardif: M. le Président, est-ce qu'il a sa
réservation?
M. Ciaccia: J'ai ma réservation
régulièrement le jeudi soir.
M. Tremblay: Si cela peut vous permettre de vous envoyer en
voyage, on va ajourner nos travaux certain.
M. Perron: M. le Président, est-ce que le
député de Mont-Royal me permettrait une courte question au
ministre se rapportant à une question qu'il a lui-même
soulevée tout à l'heure? (21 h 30)
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le ministre, vous avez parlé tout
dernièrement des procédures qui doivent être entreprises
pour faire en sorte qu'une partie du capital-actions de Quebecair passe dans
les mains des employés et des employées. Si je comprends bien,
cela touche toute la gamme des employés de Quebecair, peu importe le
milieu dans lequel ils travaillent. Est-ce que vous pourriez nous dire les
procédures globales que vous allez entreprendre là-dessus, d'une
part, et d'autre part, quand vous irez vers cette procédure pour la
vente d'actions aux employés de Quebecair?
M. Tardif: Alors, premier élément, M. le
Président, c'est que la demande m'est d'abord parvenue de l'association
des pilotes de Quebecair. Quant è moi, cependant, il n'y a aucune raison
pour laquelle cela doive se limiter à une catégorie
d'employés. Quant à la date, maintenant, je laisserais le
président de la Société québécoise des
transports à qui j'ai demandé de procéder le plus
rapidement possible de nous dire ce que cela représente, le plus
rapidement possible, dans ce domaine.
M. Guy: Dans un premier temps, on peut faire l'équivalent
de ce que Nordair a fait, vendre les actions aux employés dans la
compagnie qui contrôle Quebecair pour empêcher qu'on soit pris avec
beaucoup d'actionnaires au même moment. Par la suite, lors d'une fusion,
ils vont tous devenir propriétaires des actions de Quebecair. Mais, le
temps ce serait... On tente de finaliser quelque chose comme cela, disons. Ce
que le sous-ministre m'a demandé, c'est le plus vite possible. Disons
que je n'aime pas dire quelque chose tant que je ne l'ai pas, mais vers la fin
de juin, peut-être, quelque chose du genre.
M. Perron: D'accord. Si je comprends bien, M. le ministre, par le
biais de votre président, ce qui est en train de se faire, c'est en fait
de préparer tout le nécessaire pour transmettre aux
employés de Quebecair toutes les informations nécessaires pour,
par la suite, leur permettre de procéder s'ils le désirent. Il
n'y a rien qui sera forcé dans tout cela,
M. Tardif: Non, non, non. Libre et volontaire.
M. Perron: Parfait. Merci.
Le Président (M. Marquis): Alors, est-ce que le programme
7, Transports maritime et aérien, éléments 1 et 2, est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté. Des voix: Adopté.
Le Président (M. Marquis): Est-ce que le programme 8,
Transport aérien gouvernemental, élément 1, 2 et 3, est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté. Des voix: Adopté.
Le Président (M. Marquis): Est-ce que l'ensemble des
crédits du ministère des Transports, programmes 1 à
8, sont adoptés?
M. Ciaccia: Adopté.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Marquis): Adopté.
M. Ciaccia: Je voudrais remercier les membres de la
Société québécoise des transports et de Quebecair
qui ont voulu répondre à nos questions. Merci beaucoup!
M. Tardif: Moi aussi, M. le Président, je voudrais
remercier les membres de cette commission, d'abord, vous-même, M. le
Président, ainsi que le sous-ministre, l'équipe du
ministère, les gens de la Société
québécoise, la société des traversiers, Quebecair
et tout. Je comprends maintenant pourquoi le député de Mont-Royal
a demandé que les gens de Quebecair soient ici ce soir. Il voulait
s'assurer que l'avion soit là et parte à l'heure. Merci.
Le Président (M. Marquis): La commission ajourne ses
travaux à demain matin 10 heures, au même endroit.
(Fin de la séance à 21 h 34)