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(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Marquis): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux afin de
poursuivre l'étude des crédits budgétaires du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche pour
l'année 1985-1986.
M. le secrétaire, pourriez-vous faire état des
présences et des substitutions?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Côté (Charlesbourg); M. Parent (Sauvé) en remplacement de
M. Fortin (Marguerite-Bourgeoys); M. Gravel (Limoilou), Mme Juneau (Johnson),
M. Marquis (Matapédia), Payne (Vachon), et M. Tremblay (Chambly).
Le Président (M. Marquis): Merci beaucoup. La parole est
au député de Charlesbourg.
M. Côté: M. le Président, les murs ont des
oreilles.
Le Président (M. Marquis): Ah oui!
M. Côté: Hier, le ministre, attendant son chauffeur
et jasant avec un de ses proches, disait tout simplement: Ils se pensent fins
en pariant du mont Tremblant.
M. Brassard: Moi, j'ai dit cela!
M. Côté: Ils se pensent fins. Ils pensent qu'ils
vont faire une deuxième Baie James avec le dossier du mont Tremblant.
Attention, M. le ministre! Même avec nos proches, il faut faire
attention.
Une voix: Ce n'est pas le ministre qui a dit cela.
M. Côté: Juste pour vous dire que le message s'est
rendu. Ce n'est pas passible!
M. Brassard: Cela s'est peut-être dit, mais ce n'est pas le
ministre qui a dit cela.
Loisir, Chasse et Pêche
M. Côté: Ah bon, d'accord! Le ministre me confirme
que cela s'est dit. Juste à regarder en faisant le tour, on en voit qui
sont tout rouges; on peut s'apercevoir de qui l'a dit.
J'aimerais parler ce matin d'un programme qui préoccupe
passablement de monde, le dossier de la gestion de la faune dans son
ensemble.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: M. le Président, j'ai une autre question, je
m'excuse. J'ai une intervention à faire sur le programme 3, avant de
passer à la faune.
Le Président (M. Marquis): Est-ce que vous avez
l'intention de revenir sur les programmes qui précèdent?
M. Côté: Pas ce matin. J'avais dit au ministre,
d'ailleurs, que jeudi matin on conservait cela pour la gestion de la faune.
M. Tremblay: Ce ne sera pas long.
Le Président (M. Marquis): C'est une question?
M. Tremblay: Oui.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Chambly.
Parc du Mont-Saint-Bruno
M. Tremblay: M. le Président, c'est encore au sujet du
parc du Mont-Saint-Bruno. Comme vous le savez, il y a une large partie de la
montagne qui pourrait éventuellement être utilisée pour
agrandir le parc, qui n'est pas un grand parc et qui pourrait devenir un plus
grand parc, ce qui aurait pour effet de donner plus d'espace aux gens, donc,
d'avoir une moins grande concentration de visiteurs. Cette partie, c'est un
champ de tir présentement qui appartient au gouvernement
fédéral, soit au ministère de la Défense nationale.
Dans le passé, j'ai fait des représentations auprès du
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche pour que l'on tente de
récupérer cette partie qui appartient au gouvernement
fédéral et pour que les militaires aillent tirer leurs obus
ailleurs. On sait qu'il y a une faune abondante dans le parc du
Mont-Saint-Bruno et le champ de tir n'aide pas les animaux à
se sentir en sécurité. C'est la même chose pour les
citoyens. Il y a des villes très près de cette montagne, dont
Sainte-Julie, Saint-Bruno et Saint-Basile. Les enfants ont tendance à
aller jouer là. Pour toutes ces raisons, il serait avantageux que le
ministère tente, maintenant qu'il semble y avoir une ouverture du
côté fédéral, de récupérer cette
partie. Est-ce votre intention de rouvrir le dossier avec le gouvernement
fédéral afin qu'on puisse agrandir le parc?
M. Brassard: Comme vous le signaliez, M. le député,
et avec raison d'ailleurs, ce champ de tir ne fait pas partie du territoire
appelé éventuellement à devenir un parc. On me signale
qu'il y a déjà eu des démarches qui ont été
faites auprès de la Défense nationale afin que ce genre
d'opération cesse, mais sans succès puisque cela continue.
Je veux bien examiner cela pour voir s'il n'y aurait pas de nouvelles
démarches qui pourraient être entreprises à ce titre.
Est-ce que, d'autre part, il est souhaitable d'intégrer ce territoire
qui ne nous appartient pas - évidemment, il appartient au gouvernement
fédéral - dans le territoire du parc? Tout ce que je peux vous
dire, c'est que je veux bien regarder cela.
M. Tremblay: Pour votre information, il y a deux parties. Il y a
une partie qui est sur la montagne, qui est boisée et à toutes
fins utiles de la même qualité que le parc existant. Il y a une
autre partie qui pourrait tourner à l'agriculture, une fois qu'on aura
récolté les nombreux obus qui traînent dans le champ. Il y
a une très grande partie, à peu près l'équivalent
de la grandeur du parc actuel, qui pourrait être très facilement
intégrée puisque c'est la même montagne et qu'il y a
seulement une clôture qui limite les deux espaces.
M. Brassard: Le problème, M. le député, je
vous le signale de nouveau, c'est une propriété
fédérale.
M. Tremblay: Oui, mais comme il y a, quand même, une
ouverture du côté du fédéral, il y a moyen de se
parler maintenant, au moins.
M. Brassard: C'est pour cela que je vous dis que je suis bien
consentant à examiner de nouveau la possibilité de faire des
démarches. Il faut bien être conscient du fait que, s'il y a de
nouveau un refus de la part du fédéral, nous sommes sans
moyens.
M. Tremblay: Pour ma part, M. le ministre...
M. Brassard: Vous êtes bien conscient de cela.
M. Tremblay:... j'ai l'intention de vous aider là-dedans
en sensibilisant mon...
M. Brassard: Votre collègue fédéral.
M. Tremblay:... collègue fédéral, mon
pendant du fédéral dans le comté de Chambly.
M. Brassard: Très bien, merci.
Le Président (M. Marquis): Merci beaucoup, M. le
député. Alors, M. le député de Charlesbourg, nous
passons au secteur faune.
Gestion des ressources fauniques
M. Côté: M. le Président, j'aimerais
peut-être situer pour le ministre les secteurs d'intervention auxquels
j'aimerais qu'on consacre un peu de temps ce matin: ZEC, saumon, agents de
conservation, habitats fauniques.
En 1977 - le député du Lac-Saint-Jean était ici, de
même que vous, M. le Président - dans cette opération
déclubage qui, je pense, è l'époque était
souhaitée très largement par une forte majorité de la
population, vous avez mis en application les zones d'exploitation
contrôlée et les zones d'aménagement et de conservation. Je
pense qu'après toutes ces années il est important de tenter de
dresser un bilan de cette expérience qui a été
critiquée par certains, louangée par d'autres, et de tenter de
voir effectivement où cela a bien été et où cela a
mal été.
J'ai eu la chance de consulter une étude qui a été
faite par la bibliothèque de l'Assemblée nationale. Je l'ai
consultée parce que je l'avais demandée. Il s'agit d'un document
synthèse sur les zones d'exploitation contrôlée,
tiré de toute une série de documents que j'avais demandés
à l'époque. À l'intérieur de ce document, qui,
finalement, a été fait avec les moyens du bord, la
bibliothèque ayant accès à certains documents du
ministère, on retrouve à la page 3 un poste opération.
J'aimerais en citer quelques passages au ministre pour peut-être entamer
la discussion par la suite. On parle de financement. Comme on veut parier de
toute la période, on parle de la période de 1978 à 1980,
qui a, évidemment, des conséquences sur le futur. Il est dit: "Ce
mode de financement ne parvint pas, cependant, à satisfaire les
exigences de fonctionnement de la plupart des ZEC. La disparité de
celles-ci au niveau de la superficie, de la longueur et de la qualité du
réseau routier, du nombre de voies de pénétration, du
potention faunique et de la fréquentation entraînaient des
coûts d'opération forts différents d'une ZEC à
l'autre. "La formule de tarification, telle que
fixée par le gouvernement, permettait à certaines
associations de financer pleinement leurs dépenses, tandis que d'autres
ont dû être assistées substantiellement. pour
équlibrer leur budget. De plus, durant les années 1978-1980, les
revenus autonomes des associations se sont accrus globalement de 38 %, tandis
que leurs dépenses d'opération ont augmenté de 53 %. Il en
est résulté une augmentation du degré de dépendance
des associations. "
Plus loin dans le document, à la page 9, on parle d'un certain
bilan de la réforme et on y trouve des choses positives et des choses
négatives, bien sûr. Au chapitre du bilan, page 9 et pages
subséquentes, on retrouve certaines constatations, "L'implication des
usagers è la gestion de la faune, un des objectifs de la réforme,
ferait également problème. Bien qu'en chiffres absolus le bilan
soit loin d'être mauvais, plus de 700 membres dans les conseils
d'administration des associations et environ 10 000 jours-hommes de
bénévoles consacrés à l'opération, la
participation des nouveaux utilisateurs se révèle
minoritaire.
Dans une ZEC de 1500 membres, il n'est pas rare de rencontrer seulement
50 membres à l'élection du conseil d'administration, la plupart
étant d'anciens membres de clubs privés. "En outre, les
gestionnaires des territoires sous contrôle font état d'une
variété de problèmes auxquels ils doivent faire face et
qui remontent au tout début de l'implantation des ZEC:
difficultés d'ordre financier, pénurie d'inventaire faunique,
manque de pouvoirs pour contrôler les utilisateurs et le braconnage en
particulier, manque de consultation de la part des responsables
régionaux du MLCP. "
Plus loin, on retrouve ceci: "La politique actuelle du MLCP se dirige
vers l'autogestion et l'autofinancement des ZEC. Mais, déjà,
cette nouvelle orientation suscite des critiques des uns et des autres. "
Je n'ai pas besoin de vous rappeler, parce que j'imagine que votre
service de presse vous en fait état, certains propos de M. André
Bellemare, un ami du ministère et qui a surveillé
l'opération depuis déjà de nombreuses années, mais
je voudrais vous faire part de ce qu'écrivait M. André Croteau
dans la revue spécialisée Québec chasse et pêche du
3 décembre 1981. "Quatre ans après l'opération
accessibilité", souligne-t-il, le gouvernement du Québec vient de
réaliser qu'il s'est payé une politique dont il n'avait pas les
moyens. Selon lui, le citoyen n'est nullement intéressé à
s'impliquer dans la gestion de la faune et l'on aboutira, en fin de compte, au
contrôle des ZEC par des ex-membres de clubs privés qui pourront
désormais fixer un tarif illimité pour la carte de membre. " Bien
sûr, il faut la replacer dans le contexte du moment où elle a
été faite, et il y a eu évolution depuis ce
temps-là.
Lorsqu'on parlait de bilan, l'équipe de recherche de la
bibliothèque a quand même interrogé des gens du
ministère. On note au rapport: "Au MLCP, les responsables
consultés affirment que le pari est difficile, mais que le bilan est
loin d'être négatif". J'ai sursauté un peu quand j'ai vu
ceci. C'est une citation de ce que les gens du ministère ont
répondu. Cela m'étonnait un petit peu de voir cela, à la
page 11: "La nationalisation de la faune". C'est une citation, ça. Il y
a quelqu'un chez vous qui a nationalisé la faune. "La nationalisation de
la faune s'est appuyée sur l'exploitation d'un capital nouveau en
matière de gestion faunique: l'intelligence, la sagesse et le civisme
des utilisateurs. Le pari est difficile, car il fait appel à un sens de
la collectivité dont nous n'avons pas toujours fait preuve. Nous avons
eu des problèmes de rodage, c'est évident. " C'est quelqu'un du
ministère qui disait cela.
Bilan des ZEC
Ma première question, j'aimerais savoir de vous quel bilan vous
faites au niveau du ministère de l'opération de 1977 concernant
les zones d'exploitation contrôlée et quelles sont vos intentions
ou vos projets d'avenir à la suite d'un bilan qui a dû être
fait au ministère. Il y aurait peut-être une sous-question: Est-ce
que vous êtes d'accord avec le fonctionnaire qui aurait dit qu'on a
nationalisé la faune en 1977? (10 h 30)
M. Brassard: M. le Président, le député de
Charlesbourg évoquait tout à l'heure ma participation au
comité de députés qui avait été mis sur pied
il y avait des fonctionnaires aussi qui étaient associés à
l'opération; je me souviens, entre autres, de M. Moisan - pour suivre la
mise en branle et la mise en place de l'opération gestion faune. C'est
ce qu'on a appelé l'opération gestion faune, mais c'est ce qu'on
a aussi appelé l'opération déclubage. Aujourd'hui, on peut
dire qu'on a, par cette opération, libéré en quelque sorte
et rendu accessibles plus de 40 000 kilomètres carrés de
territoire et plus de 600 kilomètres de rivière's à
saumon.
Les objectifs qu'on poursuivait - je pense qu'il n'est pas inutile de
les rappeler -c'était qu'on voulait rendre la ressource faunique
accessible aux citoyens et aussi, c'est un deuxième objectif, impliquer
les citoyens dans la gestion des ressources fauniques. Quelques années
plus tard, quand on jette un coup d'oeil sur l'opération et sur le
réseau des 60 zones d'exploitation contrôlée, 60 ZEC-faune
et 6 ou 7 ZEC-saumon - c'est évidemment mon point de vue, c'est aussi le
point de vue du ministère - j'affirme que le bilan est positif dans
le
sens que nous avons, je pense, atteint les objectifs qu'on poursuivait
à l'origine, c'est-à-dire la participation des citoyens à
la gestion et une plus large accessibilité des citoyens à la
ressource.
Par exemple, en matière d'implication des citoyens, ce n'est pas
négligeable de signaler qu'il y a plus de 600 personnes qui jouent le
rôle d'auxiliaires de la conservation de la faune dans le réseau
des ZEC, sans compter les centaines de personnes qui participent à
l'administration et è la gestion des ZEC.
Il est évident - c'est l'occasion de le souligner et de le
signaler puisque c'est la semaine du bénévolat - qu'on pourrait
souhaiter une plus large participation des citoyens à la gestion de leur
ZEC, comme on pourrait souhaiter une plus large participation des citoyens dans
la gestion du loisir municipal ou leur implication dans les
fédérations de loisir et les fédérations sportives.
Le bénévolat, c'est une richesse tellement importante qu'on peut
toujours souhaiter qu'il soit accru.
Dans le cas des ZEC, c'est un peu la même chose, on pourrait
souhaiter que le bénévolat soit accru, mais je pense qu'il y a
déjà là, en ce qui concerne le premier objectif,
l'implication des citoyens, un effort remarquable et admirable qui est fait -
c'est l'occasion de leur rendre hommage cette semaine-ci - en matière de
bénévolat, d'actions, d'efforts bénévoles, pour
participer à l'administration et à la gestion des ZEC, aussi bien
comme administrateurs que comme agents auxiliaires de conservation de la
faune.
Quand on regarde le nombre de membres - on est autour de 50 000 membres,
en gros, dans les zones d'exploitation contrôlée - encore
là, c'est une indication que l'objectif d'accessibilité a
été largement atteint. C'est uniquement le nombre de membres,
cela. Le nombre de personnes, de citoyens qui fréquentent les ZEC est,
évidemment, plus élevé. On estime à 150 000, le
nombre de Québécois et de Québécoises et aussi
d'étrangers qui fréquentent et qui exercent un certain nombre
d'activités, soit de chasse ou de pêche, sur le territoire des
ZEC.
Par conséquent, ce que je peux dire, c'est que les deux objectifs
qu'on poursuivait au départ, celui de l'implication des citoyens et
celui de l'accessibilité des citoyens à la ressource faunique,
sont largement atteints. Il y a toujours place, j'en conviens, à
amélioration dans l'atteinte de ces deux objectifs. Il n'y a rien de
parfait en ce bas monde, c'est bien évident, mais la conclusion
après quelques années d'opération, c'est que oui, les
objectifs que l'on poursuivait au départ ont été largement
atteints.
Cela se traduit par une augmentation de jours-pêche et de
jours-chasse de façon constante depuis le début. Par exemple,
pour 1984-1985 le nombre de jours-pêche et de jours-chasse
s'élève à plus de 800 000. C'est considérable.
Encore là, c'est une indication précise et concrète que le
deuxième objectif poursuivi, soit l'accessibilité, est largement
atteint.
Pour ce qui est de la performance financière, quand on met en
place de nouvelles institutions, c'est normal qu'il y ait des
difficultés et qu'il faille procéder à des
réajustements en cours de route. Maintenant, ce que l'on peut dire,
c'est que la situation et la performance financières des ZEC sont bonnes
dans l'ensemble, de façon générale. Il y a
peut-être, sur les 60, quelques ZEC qui éprouvent des
problèmes, mais quand on regarde dans l'ensemble on peut constater que
les revenus générés par les 60 ZEC en 1984 se chiffraient
à près de 6 000 000 $, ce qui est énorme.
Les revenus autonomes ont augmenté de façon importante.
Par exemple, sur les 6 000 000 $, pour 1984, il y en a 5 000 000 $ qui sont des
revenus autonomes. Il y a des subventions du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche pour 700 000 $ et il y a des projets
spéciaux pour 300 000 $ qui proviennent généralement de
projets du gouvernement fédéral. Quand on examine le bilan
financier de chacune des ZEC, on constate que c'est plus de 85 % des
associations qui, en 1984, ont eu un surplus accumulé. Il y a treize ZEC
qui se retrouvent avec des déficits. Il faut donc apporter les nuances
qui s'imposent.
La conclusion générale, c'est que sur le plan financier
cela va relativement bien. Leur performance est bonne, mais il est
évident que c'est inégal. Il y a des ZEC qui fonctionnent
admirablement bien, mais il y en a, sur 60, treize qui ont des déficits;
sur les treize, cinq ont un déficit insignifiant. Il y en a trois sur
les treize qui ont vraiment un déficit important; trois sur 60 qui se
retrouvent avec un déficit qu'on peut qualifier d'important. Je pense
que la conclusion générale, c'est que sur le plan financier les
zones d'exploitation contrôlée performent assez bien.
Pour ce qui est des tarifs, le tarif forfaitaire maximum moyen se situe
autour de 90 $. Cela veut dire que celui qui paye ce tarif a toutes les
possibilités; il peut exercer toutes les activités pendant toutes
les saisons de chasse et de pêche. Quand on tient compte des
activités qu'il peut faire dans une ZEC pour ce tarif-là, je
pense que le principe de l'accessibilité est maintenu.
Donc, en gros - je pourrais entrer dans plus de détails, si le
député le souhaite pour répondre à la question
qu'il me posait au départ, je suis, quant à moi, satisfait du
bilan que je considère comme positif par rapport aux objectifs et par
rapport aussi au fonctionnement des ZEC en matière
budgétaire.
M. Côté: On pourrait peut-être reprendre
certains éléments. Donc, le principe qui présidait
était finalement l'accessibilité à tous. Certaines
statistiques tendent à prouver qu'il y a eu effectivement de ce
côté-là un certain succès. J'aimerais, d'abord,
qu'on prenne le "membership", parce que le ministre a évoqué
lui-même qu'il y avait 48 000 membres l'an dernier, à quelques
centaines près, en plus ou en moins. Dans les statistiques qui ont
été relevées par la petite étude que j'ai fait
faire, en 1981: 88 604 membres, à moins que je n'aie de fausses
informations; en 1982, 48 463 membres; en 1983, 45 293 membres par rapport - et
là, je voudrais bien préciser au ministre que je ne suis pas venu
ici pour défendre les clubs privés, il n'en est pas question non
plus, je pense que c'est assez clair dans mon propre livre, il n'est pas
question de faire un retour en arrière - au "membership" des clubs
privés au moment où vous avez fait le déclubage. Il sera
important de comparer les chiffres tantôt. Si mes informations sont
bonnes, on me donnait 24 000 membres de clubs privés.
M. Brassard: II faudrait peut-être le vérifier, M.
le Président, mais, sous toutes réserves, cela tournait autour de
50 000, !e nombre de membres des clubs privés. Je vous dis cela sous
toutes réserves, on n'a pas les chiffres ici en main. On pourra
vérifier. Mais par rapport à la baisse du "membership"
constatée au début de l'opération gestion faune et
jusqu'à maintenant, il faut quand même tenir compte de
l'élément suivant qui est important. C'est qu'au départ de
l'opération - je ne sais pas si vous vous le rappelez - pour avoir
accès à One ZEC, la carte de membre était obligatoire, il
fallait devenir membre. Alors, il est évident que, à ce moment,
même ceux qui n'accédaient aux ZEC que pour deux ou trois jours de
pêche pendant la saison devaient obligatoirement devenir membres, ce qui
n'est plus le cas maintenant. Donc, on est passé du caractère
obligatoire à un caractère facultatif pour ce qui est de la carte
de membre. Il est bien évident que cela change les données. Le
pêcheur qui ne va pêcher dans l'une ou l'autre des ZEC que deux ou
trois fois pendant une saison, je pense qu'il fait le calcul vite et il n'a pas
le goût ou la tendance à devenir membre, il paie le tarif
quotidien pour aller pêcher. Donc, pour analyser l'évolution du
"membership", il faut tenir compte de ce fait-là, de ce changement
important qui a eu lieu en ce qui concerne la carte de membre.
M. Côté: C'est, donc, l'une des raisons de la chute.
De 88 000 membres - dans l'engouement des premières années, il se
produit un phénomène qui est normal, quand tout le monde se
"garroche", mais après il y a peut-être un certain
désenchantement pour certaines personnes qui décident de ne pas
renouveler leur carte - il y a donc retour à un "membership" de 48 000
qui est environ le même nombre dont on se parle aujourd'hui. Si j'ai
bonne souvenance, au début de l'opération, ce n'était pas
une carte universelle.
M. Brassard: Oui, on pouvait avoir accès à toutes
les ZEC en devenant membre d'une ZEC.
M, Côté: D'accord, c'est cela. C'est par la suite
que c'est devenu une carte de membre par ZEC. Normalement, au départ, la
carte de membre était universelle; elle vous donnait accès
à tous les territoires. Donc, la baisse est encore plus substantielle
compte tenu du fait que, maintenant, il vous faut une carte de membre pour
aller dans certaines ZEC et il y a plusieurs membres qui ont des cartes de
plusieurs ZEC. Est-ce qu'il y a une étude de ce "membership" qui a
été faite? (10 h 45)
M. Brassard: Pas de façon aussi raffinée. On n'a
pas fait ce décompte pour savoir combien d'utilisateurs de la faune
détiennent plus d'une carte de membre. Mais, en règle
générale, l'immense majorité ne détient qu'une
seule carte de membre. Ce n'est pas nécessaire d'être membre d'une
autre ZEC pour pouvoir y aller.
M. Côté: Non. Il y a un droit d'utilisation
quotidien.
M. Brassard: C'est cela.
M. Côté: Cela veut dire que, finalement, c'est quand
même tout près de 50 % de diminution, 45 % de diminution du
"membership". En termes de revenus pour les associations, c'est
considérable.
M, Brassard: Et une augmentation constante, année
après année, de la fréquentation.
M. Côté: Là-dessus - c'est la deuxième
question que je voulais aborder avec le ministre, parce que vous nous avez dit
qu'il y avait approximativement 800 000...
M. Brassard: Jours-chasse et jours-pêche.
M. Côté:... jours-chasse-pêche. Est-ce que ce
sont des jours-chasse-pêche ou si c'est...
M. Brassard: Les deux.
M. Côté: C'est parce qu'il faut, quand même,
faire attention. Qui dit accessibilité peut vouloir dire
accessibilité non seulement pour la pêche, non seulement pour la
chasse, mais aussi pour de la photographie, pour de l'observation, pour des
visites. Est-ce que, dans votre esprit, fréquentation pour des photos,
visites...
M. Brassard: Ce n'est pas comptabilisé dans le chiffre que
je vous ai donné. Les 800 000, c'est seulement chasse et
pêche.
M. Côté: Chasse et pêche...
M. Brassard: Les autres formes, si l'on veut, d'utilisation de la
faune ou du territoire ne sont pas comptabilisées. Le photographe qui va
prendre des photos de canards ou de perdrix, son activité n'est pas
comptabilisée.
M. Côté: Donc, en 1981, fréquentation, 763
385 jours; en 1982, 678 195; en 1983, 676 920; et en 1984 - ce sont les
chiffres de 1984 que vous nous avez donnés tantôt -800 000, soit
124 000 jours-fréquentation additionnels. Quelle est l'explication du
ministère?
M. Brassard: Une pointe a été atteinte au
début de l'opération, le "boom"; une baisse a suivi, pendant
quelques années, ce boom ou cette pointe. Depuis 1981-1982, on peut
parler non seulement de stabilisation, mais d'une augmentation chaque
année. En 1983, il y a eu une hausse de fréquentation de 7, 5 %;
en 1984, une nouvelle hausse de 6, 8 %. Si on parle de pression de pêche
et de chasse dans les ZEC en nombre de jours par kilomètre carré,
cela situe la pression à 18, 9 jours par kilomètre carré
sur l'ensemble des territoires concernés.
M. Côté: D'accord. Est-ce qu'il existe au
ministère un rapport de prises par ZEC?
M. Brassard: Les prises?
M. Côté: Les prises, oui, par ZEC; les prises tant
de poisson que de faune à poil. Y a-t-il de la faune pas de poil?
M. Brassard: Oui, on dispose de ces données.
M. Côté: Est-ce qu'on pourrait en obtenir copie?
M. Brassard: Oui, certainement.
M. Côté: Parce que, de toute façon, je pense
que le ministre va comprendre facilement. J'imagine que ce sont des analyses
qui sont faites au ministère, compte tenu de la pression de pêche,
de la pression de chasse, le rendement va nous dire s'il y a de bonnes chances
que le territoire soit surexploité ou non.
M. Brassard: Il n'y a pas de raison que ce ne soit pas
public.
M. Côté: Cela veut dire en quantité et en
volume?
M. Brassard: Oui.
M. Côté: Est-ce depuis le début de
l'opération?
M. Brassard: Depuis le début. Les premières
années, c'est sous réserve, mais les dernières
années, oui sûrement.
M. Côté: Depuis la mise en place du système.
Donc, on comprend cela. On a parlé de "membership", mais si je comprends
la conclusion, le nombre de membres des ZEC aujourd'hui est à peu
près le même qu'il y avait dans les clubs privés.
M. Brassard: Sous réserve en ce qui concerne le nombre de
membres de clubs privés. On m'a indiqué tantôt 50 000, mais
j'indique bien "sous réserve". Il faudra vraiment vérifier, si
c'est possible, si on a ces données concernant les clubs
privés.
M. Côté: J'imagine qu'au début de
l'opération il y avait une analyse de faite parce qu'il y avait toutes
sortes de beaux cancans autour des clubs privés. Je vous l'ai dit
tantôt: II n'est pas question de revenir aux clubs privés, il
n'est pas question de cautionner les clubs privés, non plus. Il y a eu
beaucoup de charriage sur la provenance des membres de clubs privés. On
avait toujours l'impression que c'étaient les Américains qui
étaient membres de clubs privés. Il y a des études au
ministère là-dessus qui témoignent grandement qu'il y
avait 4 % ou 5 % des membres de clubs privés qui provenaient de
l'extérieur du Canada.
M. Brassard: Moi qui viens d'une région où la
chasse et la pêche sont des activités que je qualifierais de
communes, je peux vous dire que cela n'est du tout exact. Cela dépendait
probablement des territoires. Il y avait certains clubs privés,
évidemment, qui étaient ce qu'on pourrait appeler des clubs
sélects où il y avait vraiment une clientèle aisée.
Mais moi qui ai déjà été membre de plusieurs clubs
privés, je peux vous dire que, dans des régions comme la
nôtre, comme la Mauricie, comme dans bien des régions,
c'était ce qu'on pourrait appeler le monde ordinaire qui était
membre des clubs privés. D'ailleurs, ce n'était pas tellement la
raison du déclubage. On n'a pas déclubé parce les
membres étaient des étrangers ou des Américains, ce
n'est pas pour cela qu'on a déclubé. C'est vraiment, comme je le
mentionnais tantôt, pour accroître, étendre
l'accessibilité de la ressource. Parce que, dans un club privé,
même si tous les membres... Je peux le dire sans honte, j'ai
déjà été membre de plusieurs clubs privés,
successivement.
M. Côté: C'est là que vous avez
constaté que vous aviez des privilèges.
M. Brassard: Oui, bien sûr. Le privilège,
c'était que seuls les membres avaient accès à un
territoire et aux ressources de ce territoire. C'est cela qu'on a voulu
supprimer en déclubant, tout en reconnaissant qu'il y avait, quand
même, certains avantages qu'on a essayé de maintenir dans les ZEC.
Les inconvénients l'emportaient, mais il y avait quand même
l'avantage dans un club privé d'impliquer les membres. Les membres se
sentaient impliqués. Il y avait une sorte de sentiment d'appartenance en
quelque sorte sur le territoire qui leur était alloué. C'est ce
qu'on a voulu essayer, sous une autre forme, de maintenir et qui se traduit par
l'implication des membres dans les ZEC à l'administration, à la
gestion, à l'aménagement et à la protection de la faune
sur le territoire qui leur est octroyé.
M. Côté: J'ai retrouvé ma petite étude
faite dans la région du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie que
j'avais conservée dans mes dossiers - il est toujours utile de les
conserver - du temps où j'étais député dans ce
coin.
M. Brassard: Avez-vous déjà été
membre d'un club privé, M. le député de Charlesbourg?
M. Côté: Jamais, parce qu'on ne se limitait pas
à un petit lac, on allait sur le fleuve.
M. Brassard: Ah bon!
M. Côté: À ce moment, il y avait dans tout le
territoire...
M. Brassard: Quand vous parlez de petits lacs, vous ne parlez pas
du Lac-Saint-Jean, je suppose?
M. Côté: Non. C'est considéré comme un
petit réservoir du 5aint-Laurent. Avec 1597 membres pour la
région du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, dans les clubs
privés, il y en avait 4 % provenant du Canada, 5, 4 % provenant des
États-Unis, 71 % provenant de la région et 19, 3 % provenant de
la province dans son ensemble. J'ai l'impression que cette tendance pouvait se
répéter ailleurs, quoique peut-être plus
élevée dans des régions comme Québec où
l'accessibilité pour les gens de l'extérieur était plus
facile. Il y avait, bien sûr, des clubs très sélects comme
le Triton qui était très bien connu et qui n'était
accessible qu'à ceux qui avaient les moyens d'y aller par avion. Ce
n'était certainement pas le cas du ministre, ni mon cas à
moi.
M. Brassard: Non.
M. Côté: M. le ministre, vous avez soulevé un
point fort important dans les solutions d'avenir, mais avant d'arriver
là, j'ai une question. Il y a une affirmation dans l'étude faite
par la Bibliothèque d'un fonctionnaire du ministère.
C'était parrainé par le ministère. C'est pour cela que les
statistiques nous révéleront si, effectivement, c'est le cas.
Voici ce que les agents de recherche écrivaient dans le document.
"Enfin, on soutient que l'hécatombe appréhendée au niveau
de la conservation de la faune et de l'écologie ne s'est pas
réalisée. " Si c'est le cas, je crois que c'est dans le bilan
positif. "Les orignaux, par exemple, à qui certains tenaient beaucoup
n'ont pas souffert de la situation. En 1977, 1430 orignaux étaient
abattus sur les territoires des clubs privés comparativement à
1446 en 1978 sur ces territoires transformés en ZEC. La
fréquentation de ces territoires pour fins de chasse avait pourtant
augmenté de 59 %. " C'est tiré de statistiques du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche,
Moi-même, j'ai fréquenté une ZEC dans le domaine de la
chasse, dans un territoire très bien connu de votre chef de cabinet, la
ZEC Menokeosawin. J'y suis allé il y a quelques années et suis
revenu sans aucune prise. Cela ne dépend pas du chasseur; c'est parce
qu'on n'en a pas vu.
M. Brassard: C'est votre conclusion cela!
M. Côté: M. le ministre, vous allez vous rendre
compte que c'est comme en politique, il s'agit de voir la cible. C'est vrai
dans les deux sens. Un orignal, pour l'abattre - il faut te voir. Dans le cas
de la ZEC Menokeosawin pour prendre cet exemple, cela ne veut pas dire que cela
se répète ailleurs, c'est pour cela que les statistiques vont
nous révéler certains résultats - les
prélèvements dans les années antérieures - en
faisant abstraction de l'an dernier - étaient de 28 orignaux, 30, 32;
alors que l'an dernier, c'était de 14. Cela soulève une question.
C'est la moitié de prises. Est-ce que cela veut dire qu'à ce
moment il y a eu surexploitation? On peut se poser la question. Peut-être
que non. Peut-être que les orignaux ont décidé d'aller voir
ailleurs connaissant la redoutable capacité de
chasseurs de ceux qui fréquentaient le territoire. C'est
peut-être une indication qu'il y a eu surutilisation. Les statistiques
nous le diront dans la mesure où on les aura.
M. Brassard: D'abord, comme remarque préliminaire, je
dirais qu'effectivement les hécatombes que certains prévoyaient
ne se sont pas produites. Je me souviens des assemblées publiques qu'on
avait tenues à l'époque qui avaient été très
houleuses et tumultueuses avec le ministre Duhaime. Évidemment, les
membres de clubs privés évoquaient un braconnage intensif, la
disparition d'espèces, ce qui ne s'est pas produit, comme cela
était prévisible. Je mentionnais tantôt - sans le moindre
remords - que j'ai déjà été membre de clubs
privés. Je savais, par conséquent, pertinemment que ce n'est pas
parce qu'on est membre d'un club privé qu'on a automatiquement un
certificat de protecteur absolu de la faune-Dans les clubs privés, il y
avait des gens qui étaient soucieux de conserver la faune, de la
protéger, comme il y a des gens qui sont soucieux de protéger et
de conserver la faune dans les ZEC. Dans les clubs privés, il y avait
des personnes qui n'avaient pas beaucoup de préoccupations en
matière de conservation. Dans les ZEC, il y a aussi des gens qui n'ont
pas tellement de préoccupations de conservation de la faune. Ce que je
veux dire, c'est que changer une institution ou substituer une institution
à une autre pour atteindre un certain nombre d'objectifs que je
rappelle: implication des citoyens et accessibilité, ne signifie pas
qu'on change les personnes et les mentalités en même temps et
automatiquement. Des lacs, il s'en est vidé à l'époque des
clubs privés, je peux vous le garantir, et probablement qu'il s'en est
également vidé à l'époque des ZEC.
(11 heures)
M. Côté: Soyez aussi affirmatif.
M. Brassard: C'est simplement pour dire que là on se situe
dans le domaine des mentalités, des comportements et cela prend plus de
temps à se modifier. Pour répondre à votre question plus
précise et à l'évocation que vous faites de la ZEC que
vous fréquentez, il peut arriver que certaines ZEC sur les soixante ou
certaines parties de ZEC subissent des pressions de chasse - la grosse chasse
comme on dit, la chasse à l'orignal -qu'on pourrait qualifier de trop
fortes. La Fédération des gestionnaires de ZEC, qui a eu son
congrès tout récemment, est évidemment très
préoccupée par ce problème particulier. Nous aussi, au
service de la faune du ministère, on est préoccupé et on
cherche, de concert avec la Fédération des gestionnaires de ZEC,
à trouver des moyens - dans ces cas précis, ce n'est pas partout,
ce n'est pas dans toutes les ZEC, ce n'est même pas parfois, quand cela
existe dans une ZEC, dans toutes les parties, sur tout le territoire d'une ZEC
- des mesures qui, tout en préservant le principe de
l'accessibilité, pourraient avoir pour effet de réduire la
pression de chasse à l'orignal.
M. Côté: Est-ce que le ministre veut reprendre cela
- j'ai eu un petit moment d'inattention - surtout la conclusion?
M. Brassard: Au récent congrès de la
Fédération des gestionnaires de ZEC, il y a eu certaines
résolutions dans ce sens qu'on pourrait relever. On n'est pas certain
que ce soient les bons moyens, mais on est conscient de la situation. On
cherche, de concert avec la Fédération des gestionnaires de ZEC,
à trouver des moyens ou des mesures qui pourraient avoir pour effet,
dans ces cas-là - on reconnaît que cela existe -de réduire
la pression de chasse à l'orignal.
M. Côté: On verra dans les solutions d'avenir.
Évidemment, on va y arriver tantôt après avoir fait le
bilan.
M. Brassard: Je vous dis tout de suite qu'on n'a pas encore
identifié les mesures. Les ZEC, évidemment, font des
propositions, émettent des hypothèses de solution. C'est à
partir de cela qu'on discute pour voir s'il y a moyen de trouver des mesures
appropriées.
M. Côté: Dans notre tentative, M. le ministre, de
voir comment s'est soldée l'opération jusqu'à maintenant -
on a parlé de bilan de chasse lorsque tout le projet a été
annoncé, on avait annoncé sur trois ans un programme
d'ensemencement de grande envergure. D'ailleurs, les chiffres le
démontrent très bien. En 1978, on avait semé 771 868
truites pour 10 474, 69 kilogrammes. En 1979, 413 070 truites pour 6413, 16
kilogrammes. En 1980, 106 950 truites pour 6365, 41 kilogrammes. En 1981, 51
314 truites pour 731, 58 kilogrammes. En 1982 - une remontée - 179 145
et la donnée quant au poids est éliminée.
Je sais que le ministre peut me répondre qu'il y a deux
principes. J'ai entendu les biologistes du ministère - je ne veux pas
avoir la réponse des biologistes -nous dire que, dans le cas où
les lacs sont complètement détruits, c'est là qu'il faut
intervenir et, dans d'autres lacs... Ce n'est pas une réponse de
ministre, ça. Je veux avoir une réponse de ministre. Au
début de l'opération ZEC - il faut quand même l'admettre
malgré ce que le ministre a pu dire tantôt - lorsque vous avez
pris les clubs privés, s'il y avait tellement de pression de la part de
la population - et, effectivement, il y en avait - de gens qui voulaient avoir
accès au territoire, la logique sous-tend qu'il y avait un patrimoine
faunique assez
exceptionnel et assez abondant. Je n'ai pas vu bien du monde se
"garrocher" pour aller pêcher dans un lac où on sait qu'il n'y a
pas de truites. Je n'ai pas vu bien du monde se "garrocher" dans le bois pour
aller chasser où on sait qu'il n'y a pas de chevreuils ou
d'orignaux.
Donc, la situation, à ce moment-là, était
très intéressante du point de vue de la faune et vous avez
même, au ministère, senti l'obligation de déclencher une
opération d'ensemencement d'envergure - ceci le démontre: 771
000, 413 000, pour tomber, en 1980, à 106 000 - pour augmenter le
potentiel faunique à ce moment-lai Je n'ai pas les chiffres de 1983,
parce que je n'ai pas pu les avoir; il y a des limites à avoir des
renseignements. Je n'ai pas les chiffres de 1984, non plus, mais j'aimerais les
avoir pour savoir s'il y a une continuité dans le retour des choses et,
si oui, pourquoi, sinon, pourquoi.
M. Brassard: Quand on avait lancé l'opération
gestion faune, il avait été entendu qu'on appliquait un programme
d'ensemencement sur le territoire des ZEC pour trois ans et on a ajouté
un an. Donc, cela s'est fait sur quatre ans. C'est un des volets de
l'opération gestion faune, Actuellement, c'est de la
responsabilité des ZEC, l'ensemencement. On pourrait essayer d'obtenir
les chiffres pour 1983-1984. En 1983-1984, c'est devenu une des
responsabilités des ZEC et elles financent les ensemencements qu'elles
souhaitent faire, qu'elles veulent faire sur leur territoire, à
même leurs revenus autonomes.
M. Côté: Mais, si on est capable d'avoir pour
les...
M. Brassard: Autrement dit, il n'y a plus de programme du
ministère portant sur l'ensemencement dans les ZEC.
M. Côté: D'ailleurs, on a vu cela depuis la crise
économique: le gouvernement a pris certaines responsabilités et
il les a transférées à bien du monde dans le secteur pour
être capable d'avoir quelque petite marge de manoeuvre sur le plan du
budget; c'est vrai dans ce cas-là aussi. Mais les ZEC sont
obligées de vous déposer des plans d'aménagement de choses
qu'elles vont faire et j'imagine qu'au ministère vous vérifiez
si, effectivement, c'est fait. Alors, vous êtes capable de nous dire,
aujourd'hui, combien il s'est pris de truites - il faut faire attention -
combien il s'est déclaré de prises de truites, parce qu'il y a
une distinction très nette entre les deux.
Quant à la récolte d'orignaux, cela, c'est plus difficile
de les cacher dans les coffres d'auto. C'est pas mal plus difficile, mais
j'imagine aussi que, comme données, il est très important, pour
être capable de suivre si le travail se fait dans chacune des ZEC, que
vous ayez ce que chacun a pu ensemencer. Il s'agirait de l'additionner pour les
60 ZEC et cela nous donnerait le total qui a été
ensemencé.
M. Brassard: Oui, cela peut se faire, oui, c'est sûr.
M. Côté: Vous allez nous envoyer cela?
M. Brassard: On pourra le faire. Maintenant que les ZEC sont
regroupées dans une fédération qui fonctionne et avec qui
on a des relations régulières suivies, je pense qu'on peut
s'arranger pour obtenir ces informations.
M. Côté: On s'en reparlera tantôt, à la
conclusion du dossier sur les ZEC. Il y a une certaine déclaration assez
retentissante du président des ZEC sur le financement, on s'en reparlera
tantôt. Qu'est-ce qui motivait, en 1977 - parce qu'il devait y avoir des
raisons à cela - un effort aussi considérable quant à
l'ensemencement?
M. Brassard: Comme on mettait en place une nouvelle institution
et comme, aussi, à l'occasion des assemblées et des rencontres
avec les anciens clubs privés, on exprimait des craintes quant à
l'avenir de la ressource, surtout la truite, on a convenu comme soutien, au
départ, pour le démarrage de l'opération, pendant une
certaine période, un certain nombre d'années, de leur accorder
une aide en matière d'ensemencement.
M. Côté: Considérant qu'il y avait 88 000
membres au départ, est-ce qu'il y avait obligation de faire de
l'ensemencement d'une manière considérable? Parce que ce n'est
pas une petite opération qu'il y a eu là; c'est une très
grosse opération. Le "membership" -on se l'est dit tantôt - est
baissé à 48 000. Par contre, la fréquentation de chasse et
pêche, elle, a augmenté, passant à 800 000 jours l'an
dernier comparativement, la première année, à quelque 600
000, si je me souviens bien, ou 650 000 jours-fréquentation. Donc, la
pression de pêche, normalement, est plus grande, mais l'effort
d'ensemencement est diminué d'autant. Alors, il y a une obligation pour
le ministère de surveiller ce qui se passe dans le territoire et cela
peut amener des problèmes majeurs éventuellement, d'après
moi.
M. Brassard: C'est bien évident, mais vous souhaitiez
tantôt ne pas avoir l'opinion des biologistes; je pense qu'on ne peut
guère s'en passer quand il s'agit d'évaluer les potentiels et les
exigences en matière d'ensemencement. En tout cas, si on veut avoir une
juste appréciation de la pression de
pêche, j'ai le net sentiment - je vous le dis tout de suite, je ne
suis pas un spécialiste -qu'il va falloir au moins avoir devant soi un
certain nombre d'avis de spécialistes, en particulier de
biologistes.
M. Côté: Je n'ai pas dit au ministre que je ne
voulais pas avoir l'avis des biologistes.
M. Brassard: D'accord.
M. Côté: J'ai dit que je ne voulais pas avoir les
deux réponses que les biologistes donnent régulièrement
quand ils sont interrogés là-dessus. Je n'ai pas dit que je ne
voulais pas avoir d'avis; les biologistes sont nécessaires; ils ont leur
"job" à faire et le ministre a le sien aussi.
M. Brassard: Mais pour revenir à ce que vous disiez au
début: Pourquoi ce programme d'ensemencement? je me souviens très
bien, pour y avoir participé, que les membres des clubs privés
disaient: Nous, au moins, on fait des efforts d'ensemencement. Qu'est-ce qui va
arriver avec cette opération? Tous les efforts que l'on fait pour
ensemencer nos lacs vont tomber à l'eau, c'est le cas de le dire. H y
avait cette inquiétude-là et c'est pour l'apaiser que l'on a
introduit comme élément ou comme volet de l'opération ce
programme temporaire d'ensemencement pour dire: On reconnaît les efforts
faits par les clubs privés en matière d'ensemencement; on va vous
aider dans les premières années à poursuivre cet effort.
Maintenant, on pense que les ZEC sont capables, compte tenu de leur situation
financière, d'assumer à même leurs revenus autonomes cette
responsabilité.
M. Côté: Donc, dans le rapport que vous nous
fournirez, on aura les efforts faits sur le plan financier par chacune des ZEC
quant à l'ensemencement.
M. Brassard: On peut obtenir cela. M. Côté:
D'accord.
M. Brassard: Je vous signale une chose qui est quand même
importante à noter. Un autre des moyens pour faire en sorte que la
pression de pêche ne soit pas néfaste à la ressource, c'est
de fermer un lac lorsque le niveau de prélèvement a
été atteint. C'est ce qui se fait souvent maintenant. En
1984-1985, on me signale qu'il y a 525 lacs qui ont été
fermés comme cela au moment où on a atteint le niveau de
prélèvement.
M. Côté: Sur combien de lacs dans les ZEC?
M. Brassard: Ah, mon Dieu, des dizaines de milliers de lacs!
M. Côté: Dans l'étude que nous a transmise la
bibliothèque de l'Assemblée nationale, à la page 12...
C'est une note que j'avais oubliée, c'est pour cela que c'est important
de se rafraîchir les idées de temps à autre.
M. Brassard: Vous me demandez souvent des documents, M. le
député; est-ce qu'on pourrait avoir aussi cette étude?
M. Côté: Absolument, il n'y a aucun
problème.
M. Brassard: Merci.
M. Côté: Cela me fait plaisir, d'ailleurs, de
collaborer avec le ministre. On cite également au ministère un
sondage, pour justifier toute l'opération, réalisé
dès la première année de fonctionnement des ZEC, en
décembre 1978, qui indique un taux de satisfaction très
élevé des usagers, de plus de 70 % - il y a des situations
inverses, il y a des 70 % d'insatisfaction; là, c'est 70 % de
satisfaction - quant aux zones d'exploitation contrôlée. On sait
que votre gouvernement aime les sondages; il en fait assez
régulièrement. Peut-être que vous pourriez demander au
ministre des Communications de vous en faire un. Compte tenu du fait que cela
fait, quand même, huit ans que l'expérience est en cours et qu'il
serait peut-être utile de savoir ce que pensent les utilisateurs des ZEC
de certains réaménagements nécessaires quant à
l'accessibilité et, finalement, quant à la qualité du
produit offert, est-il de votre intention de mener une étude dans ce
sens-là après huit ans? On sait que, dans le cas de la Loi sur
les parcs, cela n'a pris que cinq ans pour la remettre en cause; on en est
maintenant à huit ans au niveau des ZEC; est-ce qu'il est de votre
intention de faire un sondage comme celui-là? (11 h 15)
M. Brassard: M. le Président, lorsque j'ai
participé au congrès de la Fédération des
gestionnaires de ZEC, je leur avais indiqué dans mon allocution que
notre intention au ministère, après huit ans, comme vous le
dites, était de faire un bilan le plus complet possible de
l'opération gestion faune. Cela nous apparaît important. Ce bilan
devrait se faire dans les prochains mois. On pourrait prévoir un sondage
pour connaître le taux de satisfaction des utilisateurs et des membres
des ZEC. Cela pourrait nous apporter un éclairage
intéressant.
M. Côté: D'accord. Alors, on peut presque conclure
qu'il y en aura un, finalement.
M. Brassard: Je pense que, si on veut faire un bon bilan, en plus
d'examiner toute la gestion financière des ZEC, enfin, tout ce qui peut
se vérifier à partir de statistiques, ce serait même
souhaitable qu'on puisse connaître, par un sondage scientifique,
l'état d'esprit et l'opinion des utilisateurs des ZEC.
M. Côté: D'accord. Je voudrais aborder la question
du financement. On en a parlé un peu en cours de route. Le ministre a
dit: La situation financière des ZEC est bonne. Trois ZEC sur 60 sont
dans une situation difficile sur le plan financier, une dizaine d'autres ont un
déficit de fonctionnement moindre, mais quand même acceptable.
Cela veut dire que 47 ZEC sont dans une situation excédentaire au point
de vue du budget.
Je voudrais remettre au ministre mon tableau. Je me suis monté un
tableau pour être capable de voir ce qui se passe dans le domaine des
ZEC, très crûment - étant donné que les ZEC, c'est
votre bébé - durant les périodes financières de
1978-1979 à 1984-1985. À partir de mon document de recherche -
dont j'expédierai la totalité au ministre, s'il veut m'envoyer
son chauffeur -et à partir de sources du ministère, on s'est
monté un tableau. On fait abstraction de ce que les ZEC ont fait, mais,
comme les ZEC sont une créature du gouvernement et sont sous la
responsabilité du gouvernement, j'ai fait un tableau quant à la
participation gouvernementale au financement des ZEC. C'est là-dessus
que je voudrais qu'on discute, si c'est possible. En tenant compte, en
1978-1979, de 44 ZEC, en immobilisations, vous aviez fourni à
l'époque 614 000 $, pour une moyenne par ZEC de presque 14 000 $, alors
qu'au fonctionnement vous aviez fourni 270 000 $, pour une moyenne d'à
peu près 20 000 $. Cela veut dire un grand total, pour les deux
combinés - fonctionnement et immobilisations - de 33 755 $ par ZEC.
Lorsqu'on arrive - je ne veux pas passer toutes les années - à la
dernière, 1984-1985, pour 65 ZEC que j'ai dénombrées dans
le cahier des crédits que nous a transmis le ministre, il y a 649 000 $
d'investis dans immobilisations, mais i! n'y a pas un sou dans fonctionnement,
à moins que je n'aie eu des données partielles.
Ce qu'il faut constater, c'est qu'en ce qui concerne les
immobilisations, là où le ministère devrait, je pense, se
concentrer uniquement... Les utilisateurs doivent payer pour l'utilisation de
la ressource, c'est clair; si c'est accessible, il faut quand même qu'on
paie ce que cela coûte pour l'utiliser. Ce n'est pas à l'ensemble
de la collectivité québécoise de payer pour le gars qui
veut aller à la pêche ou à la chasse.
M, Brassard: On va s'accorder là-dessus. M. Côté:
À partir des immobilisations, on se rend compte que, d'un budget de
presque 14 000 $, en argent de 1978-1979, que vous avez investis dans chacune
des ZEC, on arrive à un investissement, en 1984-1985, sur le plan
immobilier, de 10 000 $ par ZEC. Cela ne fait pas beaucoup de chemins, cela ne
fait pas beaucoup de campings et cela ne fait pas beaucoup de toilettes et de
tout ce que vous voulez. Il y a donc, je pense, une décroissance, sans
tenir compte de l'inflation qui est quand même là. L'inflation,
dans ce cas, frôle les 50 % sur le nombre d'années, ce qui veut
dire que c'est quand même très peu, sur ce plan, pour une
créature que le gouvernement a mise au monde.
Je m'étais étonné, en fréquentant la ZEC
Menokeosawin, de voir qu'il y avait un pont qui devait être construit et
que, grâce à l'habileté du président de la ZEC qui
était allé chercher des "beams" d'acier d'une compagnie dans le
comté de Portneuf, le pont avait été fait par des projets
Canada au travail. Cela avait piqué ma curiosité. J'ai dit:
Qu'est-ce qui se passe? Il a dit: On n'a pas d'argent du ministère, cela
nous rend la tâche très difficile. Au chapitre des
immobilisations, on se débrouille comme on peut.
J'ai écrit au ministre fédéral de l'époque,
M. John Roberts, lui soumettant la liste des ZEC, pour me faire sortir tous les
projets Canada au travail qui ont été assignés aux ZEC. Ce
dont je me rends compte, c'est que, durant l'année 1982-1983, douze ZEC
ont eu des projets pour 562 000 $, ce qui veut dire 46 854 $ par ZEC, en
moyenne, alors que le Québec leur donnait 12 780 $ à la fois pour
le fonctionnement et les immobilisations. En 1983-1984, 23 ZEC ont eu des
budgets de 1 350 000 $, pour une moyenne de 58 000 $ par ZEC, alors que le
gouvernement, dont c'est la créature, donnait tout près de 13 000
$ par ZEC. Cela m'a étonné grandement et je me suis dit: Est-ce
que c'est le gouvernement fédéral... Là, le ministre va me
répondre: On paie des impôts au fédéral, c'est bien
normal qu'il revienne de l'argent. J'en conviens avec lui. Mais, par la suite,
je n'ai pas pu obtenir d'autres statistiques quant à ce que le
gouvernement fédéral a pu verser.
Si, demain matin, comme on peut appréhender des coupures au
fédéral, il décidait de couper ces projets, on se
retrouverait, dans les ZEC, dans une situation financière davantage
précaire que les chiffres ne le démontrent aujourd'hui. L'analyse
qu'a faite le ministre de la situation financière des ZEC au moment
où l'on se parle, montrant que 47 ZEC sont au-dessus du 0, 13 en
dessous, dont 3 dans des situations très difficiles, n'est pas le
constat de la réalité. Lorsque les ZEC ont pris des territoires
de clubs privés, il y avait une
qualité de chemins de pénétration supérieure
à ce qu'on connaît aujourd'hui, parce que le système n'a
été qu'à peu près entretenu. Encore là, il
s'agit d'y aller et de fréquenter le territoire pour s'apercevoir qu'il
y a une dégradation des chemins, et règle générale,
de la qualité de l'infrastructure qui était en place à
l'époque.
La situation financière d'aujourd'hui telle que décrite
dans le document du ministre, si on prend les chiffres tels qu'ils sont, c'est
clair que le ministre a raison de me dire que 47 ZEC sont au-dessus du 0 et que
13 autres sont dans le rouge. La situation est tout autre. Et le ministre,
éventuellement, dans son analyse, sera à même de constater
qu'il y a un effort additionnel, supplémentaire et considérable
à faire quant à l'amélioration de plusieurs
équipements de base dans les ZEC.
M. Brassard: D'abord, quelques remarques sur vos chiffres ou vos
données. On me signale qu'effectivement, en 1984-1985, c'est 760 000 $
plutôt que 649 000 $ qui ont été consacrés aux
ZEC.
M. Côté: M. le ministre, quand vous me dites cela,
j'ai l'impression que vous vous mentez à vous-même.
M. Brassard: Non, non, mais c'est parce qu'il y a un dernier
rapport qu'on a eu...
M. Côté: Oui.
M. Brassard:... qui se chiffre, actuellement, à 723 725
$...
M. Côté: On ne se chicanera pas...
M. Brassard:... et il s'en est rajouté par la suite.
M. Côté:... longtemps, mais dans les documents que
vous nous avez transmis...
M. Brassard: Oui, oui, d'accord. Cela, c'est en date du 12 avril.
C'est récent.
M. Côté: Alors, il y a une différence de?
M. Brassard: On est, en date du 12 avril, à 723 000 $
plutôt que 649 000 $.
M. Côté: De toute façon, 723 000 $,
divisé par 65...
M. Brassard: 11 s'est rajouté 84 000 $.
M. Côté: Ajouter 84 000 $ pour 65 ZEC...
M. Brassard: Oui, oui, d'accord.
M. Côté:... cela va vous faire...
M. Brassard: C'est simplement pour qu'on se comprenne bien sur
les chiffres.
Autre chose, c'est vrai qu'il y a plus de subventions pour le
fonctionnement. Là, on est d'accord, en tout cas, sur la façon
dont on doit envisager les relations gouvernement-ZEC. S'il y a des subventions
qui doivent se donner, c'est au chapitre des immobilisations et non pas au
chapitre du fonctionnement. Là-dessus, on est sur la même longueur
d'onde.
Il faut ajouter quand même, pour ce qui est des ZEC-saumon, qu'il
y a eu un montant de 217 000 $ qui a été accordé en
subventions pour le plan de protection. Alors, en termes de subventions
à l'ensemble des ZEC - c'est spécifiquement pour les ZEC-saumon -
il y a 217 000 $ dont il faut tenir compte dans les calculs.
Cela dit, les ZEC ont effectivement recours - quant à nous, on
n'a pas d'objection à cela - à des programmes
fédéraux de création d'emplois. Il n'y a pas de raison,
quant à nous, qu'on leur interdise d'utiliser cette voie. Elles l'ont
fait dans le passé; j'imagine qu'elles vont probablement le faire
encore. À partir du moment où on paie toujours des impôts
au gouvernement fédéral, je ne vois pas pourquoi les zones
d'exploitation contrôlée ne pourraient pas recourir à ces
programmes fédéraux. Elles peuvent aussi avoir recours aux
programmes québécois, en plus de ces subventions-là. Je
pense aux programmes du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, en particulier -le programme des travaux
communautaires ou des choses comme cela; elles peuvent recourir
également à ces programmes.
M. Côté: Je comprends le ministre. Seulement...
M. Brassard: Mais si vous voulez dire, M. le
député, qu'en matière d'immobilisations le budget est
insuffisant, il est évident qu'on pourrait le hausser à 1 000 000
$ et cela ferait sans doute mieux l'affaire des ZEC. Jusqu'à maintenant
- et on a quand même des relations très régulières
avec la Fédération des gestionnaires de ZEC qui ont des griefs,
qui ont des attentes - ce que je peux vous signaler, c'est qu'en matière
d'aide à l'immobilisation, ce n'est pas à ce chapitre-là
que se situent leurs griefs majeurs.
M. Côté: Je comprends cela et je comprends le
ministre. Pour les solutions qui se dégageront dans l'avenir à la
suite de l'analyse que le ministère en fera, cela va. Mais je veux
rester sur l'analyse financière. J'avais prévenu le ministre
tantôt, je voyais venir sa réponse: Bien sûr, comme on
paie
des impôts au gouvernement fédéral, j'avais pris la
peine de le dire...
M. Brassard: Bien oui, pourquoi pas?
M. Côté:... qu'il y ait un juste retour des
impôts, tout le monde convient de cela. Ce que je veux que le ministre
tire des chiffres qui sont là, c'est que, sur deux années
financières, les ZEC ont été obligées d'aller
chercher 2 000 000 $ au gouvernement fédéral pour être
capables de combler des besoins qui existaient au niveau des ZEC, qui ne
pouvaient, en aucun cas, être comblés par l'immobilisation fournie
par le ministère, ni par les sources de revenus des ZEC. Ces 2 000 000 $
ont servi à l'entretien des routes, à la construction de ponts,
à la construction de chalets et c'est là une de vos
responsabilités.
On se parlait tantôt d'immobilisations et de fonctionnement. Je
vous ai dit: Vous avez entièrement raison d'en arriver à dire sur
le fonctionnement: C'est votre totale responsabilité et les utilisateurs
des services devront payer le prix pour y aller. Cela est clair. Je marche avec
vous là-dedans 100 milles à l'heure. Mais vous avez, comme
gouvernement, la responsabilité d'avoir mis au monde les ZEC; il en
découle des responsabilités financières. Je vous ai dit
tantôt: À l'analyse exhaustive que vous ferez des ZEC, vous allez
constater que l'infrastructure routière, entre autres, devient de plus
en plus déficiente à l'usure parce qu'elles n'ont pas les sommes
nécessaires. Le fait d'aller chercher 1 900 000 $ ou presque 2 000 000 $
au gouvernement fédéral témoigne d'obligations et de
besoins des ZEC. Je pense que vous avez une responsabilité, non pas de
vous limiter à 723 000 $ par année pour 60 ZEC.
Vous savez comme moi, M. le ministre, 10 000 $ aujourd'hui, même
pour un individu, ce n'est pas beaucoup; c'est en bas du seuil de la
pauvreté pour un ménage, 10 000 $. Imaginez-vous une ZEC qui
reçoit 10 000 $ en immobilisations! Il est très surprenant que
les gens ne disent pas aujourd'hui que vous êtes en train de rire d'eux.
C'est, d'ailleurs, ce qui a fait dire au président des ZEC, au
congrès, qu'il faudrait peut-être peinturer les orignaux en rose
pour avoir des subventions substantielles du gouvernement.
M. Brassard: M. le Président, je voudrais signaler au
député de Charlesbourg qu'il y a aussi un élément
dont il faut tenir compte dans l'analyse: c'est que la grande majorité
des ZEC a des surplus accumulés. Certaines ont même des surplus
intéressants. Vous avez les données. (11 h 30)
M. Côté: J'ai les données, mais combien y
a-t-il...
M. Brassard: Bon.
M. Côté:... quand on me parle d'un surplus de 1000
$, là, on pourra s'en reparler.
M. Brassard: Oui, mais seulement 13 ZEC sur 67 sont en
déficit. Je l'ai mentionné tantôt, seulement trois ont
vraiment un déficit substantiel; seulement 3 sur 67.
M. Côté: C'est le bilan de quelle année?
M. Brassard: De 1984. Il faut quand même en tenir compte,
d'une part. D'autre part, sur les routes, c'est très variable. On ne
peut pas faire une remarque ou une conclusion générale que
l'état du réseau routier dans les ZEC n'est pas bon, ce n'est pas
vrai; c'est vraiment manquer de nuance; il est variable. Cela dépend
beaucoup de chacune des ZEC et cela dépend, évidemment, de
l'évolution des opérations forestières dans les
territoires des ZEC. Tout le monde sait que - je n'apprends rien à
personne - le réseau routier dans les ZEC, c'est le réseau des
entreprises forestières. C'est le même, c'est la même chose.
À ma connaissance, les ZEC ne construisent pas de routes; elles
utilisent le réseau actuel des entreprises forestières. Il est
évident que lorsque, dans une section de ZEC, d'un territoire de ZEC,
l'entreprise forestière -que ce soit Domtar, CIP ou Price -
décide, parce que c'est fini, d'interrompre ses opérations
forestières, elle n'entretient plus ce bout de route là, ce
tronçon-là. Cela est clair. Il est clair, à ce
moment-là, que ce tronçon de route là a tendance à
se détériorer. On ne procède pas au même type
d'entretien à ce moment-là que le faisait l'entreprise
forestière. Dans toutes les parties de territoire des ZEC où les
entreprises forestières continuent de fonctionner, le réseau
routier n'est pas en plus mauvais état qu'il ne l'était à
l'époque des clubs privés.
M. Côté: En tout cas, j'ai hâte de voir
l'analyse exhaustive que vous ferez éventuellement.
M. Brassard: Je les connais, les ZEC, moi aussi, je le
fréquente. Je prends l'exemple de ma région: c'est clair que, si
vous allez sur la ZEC La Lièvre, la route d'accès principale est
moins bonne; elle est en moins bon état que la route d'accès
principale de la ZEC des Passes, par exemple. Cela se comprend facilement; dans
la ZEC La Lièvre, il n'y a plus d'opération forestière
dans le territoire. Alors, c'est la ZEC elle-même qui assume l'entretien.
Mais dans la ZEC des Passes où Price, Domtar,
Consol ont encore des opérations forestières, c'est une
très belle route.
M. Côté: Ah! Voilà!
M. Brassard: C'est très variable; c'est ce que je vous
dis.
M. Côté: C'est variable dans la mesure où une
entreprise privée l'entretient.
M. Brassard: Bien! Je viens de vous le dire!
M. Côté: Mais ce n'est pas parce que le
ministère investit dans son bébé, voyons!
M. Brassard: Bien, je n'ai jamais dit le contraire. En
voilà une histoire!
M. Côté: Non, non, mais ayez au moins la...
M. Brassard: Pendant que vous parliez à votre
attaché politique, c'est exactement ce que je vous ai dit.
M. Côté: De toute façon, je dois dire au
ministre que la constatation qu'il fait comme ministre est troublante. C'est
que le système routier des ZEC...
M. Brassard: C'était la même chose du temps des
clubs privés!
M. Côté: Un instant! Laissez-moi finir! M.
Brassard: Voyons donc!
M. Côté: Le système routier des ZEC est
intéressant dans la mesure où il est entretenu par l'entreprise
privée. Lorsqu'il est sous la responsabilité des ZEC, le
système est plus mauvais parce que vous ne les supportez pas
financièrement. C'est cela, la vraie raison.
M. Brassard: Bien, voyons donc!
M. Côté: Ils sont corrects dans la mesure où
ils sont supportés par l'entreprise privée.
M. Brassard: L'entretien fait partie du fonctionnement; il ne
fait pas partie des immobilisations.
M. Côté: Ah oui! C'est facile d'envoyer le
bébé aux autres quand vous n'avez pas d'argent et que vous
n'êtes pas capable de vous justifier au Conseil du trésor. Pour
l'année de fonctionnement...
M. Brassard: Soyez donc sérieux!
M. Côté:... 1984, sur 60 ZEC, combien ont un
déficit? Dites-moi cela.
M. Brassard: II y en a treize qui ont un déficit.
M. Côté: Pour l'année 1984?
M. Brassard: Treize ZEC, en 1984.
M. Côté: Non, non, pas un bilan accumulé;
pour l'année 1984.
M. Brassard: C'est ce que je vous dis. Le déficit
accumulé: treize ZEC ont un déficit accumulé.
M. Côté: Accumulé, mais pour le
fonctionnement de l'année 1984?
M. Brassard: C'est cela, c'est treize. Déficit
estimé: treize ZEC. Il y en a deux dans la région 01, deux dans
la région 03 et quatre dans la région 04; deux dans la
région 06 et deux dans la région 09. Les plus grosses sont la ZEC
Lavigne avec 161 000 $ de déficit, Gros Brochet avec 62 000 $,
Forestville avec 14 000 $, Labrieville avec 17 000 $. Ah oui! Ce sont les
déficits accumulés.
M. Côté: Mais pour l'année...
M. Brassard: Les déficits de l'année 1984?
M. Côté: Oui.
M. Brassard: Je peux vérifier.
M. Côté: Oui. Il y en a 28 plus 4, donc 32.
Voilà la différence! L'an dernier a été une
mauvaise année parce que cela commence à faire des années
qu'on utilise le système. Je comprends le ministre de vouloir jouer avec
les chiffres; cela paraît bien de dire qu'il y en a 13 sur 60. Je
comprendst si j'étais à sa place, probablement que je ferais la
même chose. Mais la vérité a quand même...
M. Brassard: J'ai bien mentionné "de déficit
accumulé".
M. Côté: Non, mais je vous ai posé la
question pour l'année de fonctionnement 1984. Là, on va arriver
avec 28 plus 4, cela fait 32 dans mon livre.
M. Brassard: 31.
M. Côté: 32. Cela veut dire qu'il y a 32 ZEC qui,
l'an passé, ont un déficit, un surplus négatif pour l'an
passé, et qui ont mangé des profits du surplus accumulé
des années précédentes. C'est cela, la
vérité et c'est le constat qu'il y a une
détérioration.
Cela s'explique peut-être par le fait que le gouvernement
fédéral y est allé avec moins d'argent ou pas d'argent du
tout pour cette année-là.
M. Brassard: II faut regarder aussi, par exemple, chacun des
déficits. Il y a des déficits de 1500 $ et de 2000 $.
M. Côté: De la manière que vous calculez les
surplus accumulés de 1000 $, de 1500 $ et de 1700 $; c'est la même
logique. Alors, M. le Président, j'aimerais, comme mon collègue
d'Orford brûle d'envie de parler au ministre d'un ou deux petits
dossiers, qu'on conclue sur les ZEC en disant que j'attends avec beaucoup
d'attention les orientations ou le coup de barre que le ministre donnera dans
les ZEC. Effectivement, il y a beaucoup de travailleurs qui...
M. Brassard: On va d'abord faire le bilan.
M. Côté: Faire le bilan qui va déboucher, par
la suite, sur des propositions, j'imagine. Il y a effectivement beaucoup de
gens de bonne volonté qui actuellement sont dans le milieu et
travaillent dans les ZEC, consacrent des heures considérales à
l'amélioration du sort de tout le monde et du territoire qui est
maintenant sous leur responsabilité.
Le ministre a, tout à l'heure, effleuré une partie de la
solution quant à l'avenir des ZEC au Québec. Le ministre a dit -
je pense que c'est comme cela que vous l'avez dit, pour bien le resituer - que
ce qui a fait la force de certains clubs privés, c'était le
sentiment d'appartenance. Le ministre l'a effleuré tantôt comme
une des solutions ou des hypothèses de solutions à envisager pour
l'avenir. Je vous invite grandement, sans revenir au passé et à
l'époque des clubs privés, à explorer davantage cette
possibilité de solution. C'est par cela qu'on aura davantage de
bénévolat dans les ZEC pour être capable de combler tes
trous qu'on a actuellement.
Le Président (M. Marquis): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: Avant de discuter un peu des dossiers qui
regardent la région de l'Estrie, principalement dans le comté
d'Orford, j'aimerais demander au ministre en ce qui concerne l'ensemencement
qui se fait dans les ZEC, s'il provient des piscicultures privées ou
publiques.
M. Brassard: Des piscicultures privées.
M. Vaillancourt: Privées. Alors, cela veut dire que ce qui
est produit dans les piscicultures publiques du gouvernement sert à des
ensemencements qui sont faits dans des lacs et des cours d'eau de
différentes régions.
M. Brassard: Ce qui provient des piscicultures publiques, M. le
député, est utilisé sur et dans les territoires qui sont
du ressort, de la responsabilité immédiate du ministère,
les réserves fauniques, par exemple et les rivières à
saumon.
M. Vaillancourt: Et ce qui est produit dans les piscicultures qui
appartiennent au gouvernement...
M. Brassard: Privées...
M. Vaillancourt:... où est-ce ensemencé?
M. Brassard: C'est cela que je vous indique. Les piscicultures
publiques appartiennent à l'État. Ce qui provient de ces
piscicultures est ensemencé dans les territoires sous la
responsabilité du ministère, c'est-à-dire les
réserves fauniques.
M. Vaillancourt: Est-ce que cela peut être ensemencé
dans un lac comme le lac Memphrémagog, le lac Massawippi.
M. Brassard: Non.
M. Vaillancourt:... le lac Saint-Jean?
M. Brassard: Non. Dans les territoires comme la réserve
faunique des Laurentides, la réserve Chibougamau ou Chamouchouane -elle
a changé de nom maintenant - dans des territoires qui ont le statut de
réserve faunique.
M, Vaillancourt: Mais les truites qui sont élevées
dans la pisciculture du lac Lyster, près de Coaticook, qui sont
produites là, où sont-elles ensemencées? Il y en a
certainement qui sont ensemencées dans des petits lacs ici et là
dans la province.
M. Brassard: C'est cela. La pisciculture de Baldwin appartient au
gouvernement, comme vous le savez, et c'est la même réponse. Ce
qui est produit dans cette pisciculture est utilisé dans les territoires
qui sont de notre responsabilité.
M. Vaillancourt: Je vois que le ministre n'a pas l'information
tout à fait à mon goût. Est-ce qu'il pourrait me donner les
statistiques de la production? Est-ce qu'il pourrait me déposer les
documents en question?
M. Brassard: Pour la pisciculture de Baldwin?
M. Vaillancourt: Le nombre de truites
produit dans toutes les catégories à la pisciculture de
Baldwin...
M. Brassard: Oui.
M. Vaillancourt:... et dans d'autres piscicultures aussi, si
c'est possible, et où elles sont ensemencées, je veux dire le
nombre de truites qui sont ensemencées dans différents endroits.
Ce sont des informations que vous avez.
M. Brassard: Vous comprendrez que je ne peux pas vous donner cela
immédiatement.
M. Vaillancourt: J'admets que vous ne pouvez pas nous donner
cette information.
M. Brassard: C'est bien évident que je ne sais pas cela
par coeur, mais je prends avis de votre question et je pense qu'on devrait
avoir ces données disponibles. Je prends avis de votre question et on
pourra vous les faire parvenir.
M. Vaillancourt: D'accord. Maintenant, en ce qui concerne la
pisciculture du lac Lyster, à Baldwin-Mills, je sais qu'il y a eu
beaucoup de transformations depuis une couple d'années. Est-ce que le
ministre pourrait me dire si les travaux sont finis ou bien s'il y a encore
d'autres choses?
M. Brassard: Des travaux d'immobilisations?
M. Vaillancourt: Au point de vue des immobilisations. Il y a eu
de nouveaux étangs de changés.
M. Brassard: On pourra vérifier pour avoir plus de
précisions en réponse à votre question, mais,
effectivement, il y a encore des choses à faire. Ce n'est pas
terminé.
M. Vaillancourt: II y a eu l'installation d'une clôture
à la station horticole du lac Lyster. Cela, c'est terminé, mais
en ce qui concerne les immobilisations au point de vue des étangs et des
bâtisses?
M. Brassard: Oui, la réponse, pour le moment, est
imprécise, mais on me dit qu'il y a encore des choses à
faire.
Une voix: Les poteaux sont plantés, il reste la
broche.
M. Brassard: On va vérifier exactement ce qui reste
à faire pour compléter l'ensemble des travaux.
M. Vaillancourt: Est-ce qu'il serait possible d'avoir, dans le
budget qu'on étudie en ce moment, la liste des investissements qui vont
se faire au cours de l'année 1985? M. Brassard: Dans les
piscicultures?
M. Vaillancourt: Dans la pisciculture du lac Lyster.
M. Brassard: Dans celle-là précisément?
M. Vaillancourt: Oui, c'est celle-là, plus
précisément, qui m'intéresse.
M. Brassard: D'accord.
M. Vaillancourt: Maintenant, M. le Président, en ce qui
concerne les investissements qui se font au Parc du Mont-Orford, il y a eu une
entente auxiliaire qui s'est faite entre le gouvernement fédéral
et le gouvernement du Québec. Est-ce que vous avez la liste des projets
qui vont provenir de cette entente auxiliaire concernant l'aménagement
de toute la région de Magog et Orford?
M. Brassard: Vous savez que l'entente auxiliaire qui a
été conclue il y a quelques semaines, quelques mois même,
avec le gouvernement fédéral concernant le développement
touristique, d'abord ne porte que sur 100 000 000 $. Cela peut paraître
gros à première vue, mais ce n'est pas...
M. Vaillancourt: C'est une entente globale.
M. Brassard: C'est l'entente globale sur le développement
touristique qui est de 100 000 000 $ sur cinq ans. Alors, quand vous pensez que
cela doit couvrir l'ensemble du territoire québécois, ce n'est
pas une somme faramineuse, d'autant plus que, sur ce montant, il y a 50 000 000
$ qui sont déjà très clairement affectés, dont 35
000 000 $ pour poursuivre l'application de la politique du ski alpin. Dans ce
cas, pour tout le projet Magog-Orford, il y a certaines subventions qui
pourraient provenir de ce volet du ski alpin afin d'améliorer les
équipements du domaine skiable de ce territoire. Cela, c'est une
possibilité. Ils peuvent avoir recours à ce volet. Il y a 15 000
000 $, également, qui sont pour la mise en marché ou le marketing
et la publicité. Il reste 50 000 000 $ pour ce qu'on appelle les projets
moteurs. Pour le moment, nous n'avons pas de projets précis qui nous
sont parvenus de votre région concernant ce territoire en particulier
mais ils pourraient être admissibles à l'entente. (11 h 45)
M. Vaillancourt: Ils sont certainement admissibles. Pour
préciser un peu plus ma question au ministre, il y a eu une subvention
qui a été accordée pour améliorer les
remonte-pentes et les canons à neige au parc du Mont-Orford, de l'ordre
de
3 500 000 $.
M. Brassard: Oui.
M. Vaillancourt: C'est une subvention qui a été
accordée à 100 % par le gouvernement provincial, si je me
souviens bien.
M. Brassard: Oui.
M. Vaillancourt: Cela a été accordé
avant...
M. Brassard: Avant l'entente.
M. Vaillancourt:... l'entente auxiliaire qui a été
signée par la suite. Est-ce que, dans cette entente, il va y avoir des
montants additionnels qui vont être accordés au parc du
Mont-Orford pour l'aménagement des pistes de ski?
M. Brassard: Encore là, si...
M. Vaillancourt: Vous n'avez pas encore ces
précisions.
M. Brassard: Cela va dépendre des projets qu'on nous
soumettra. Effectivement, d'ailleurs à l'occasion du sommet de l'Estrie,
j'avais mentionné que, si la station du Mont-Orford soumettait de
nouveaux projets de développement pour les pentes, les remontées
mécaniques et l'aménagement de neige artificielle dans ce qu'on
appelle le domaine skiable, il est évident, à ce
moment-là, que ces nouveaux projets pourraient être pris en
considération dans le cadre de l'entente sur le développement
touristique et plus particulièrement le volet ski alpin. Il est
évident qu'on ne peut pas forger", concevoir ou préparer
nous-mêmes le projet.
Comme cela a été le cas dans la première phase, ils
ont préparé leur projet, ils nous l'ont présenté,
on l'a examiné, on l'a jugé conforme aux normes et aux
critères de la politique du ski alpin et on les a subventionnés.
S'ils veulent aller plus loin, s'ils ont d'autres phases de
développement, qu'ils nous soumettent leur projet. On va faire comme on
a fait pour la première phase. On va l'examiner, on va l'évaluer
en fonction de notre politique du ski alpin et cette fois, comme il y a une
entente, il pourrait être subventionné dans le cadre de l'entente,
ce qui n'a pas été le cas la première fois.
M. Vaillancourt: Dans le rapport qui a été soumis
pour la première phase par les promoteurs, je pense que ce qui est en
marche dans le moment, c'est beaucoup plus que cela, dans ce rapport.
M. Brassard: II y a d'autres phases.
M. Vaillancourt: Il y a d'autres phases dans ce rapport.
M. Brassard: Dans leur plan directeur? Il y a d'autres
phases.
M. Vaillancourt: Il y a plusieurs phases. J'aimerais savoir
où en est rendu cette affaire. Est-ce que la première phase doit
se terminer avant d'entamer la deuxième phase?
M. Brassard: Est-ce qu'on est prêt à entamer une
deuxième phase? C'est cela, la question, au fond. Pour le moment, nous
n'avons pas reçu de projet au ministère dans le cadre de cette
deuxième phase ou des autres phases ultérieures. On n'a pas
reçu de projet. Est-ce que les promoteurs ont l'intention d'en soumettre
un cette année ou est-ce qu'ils préfèrent attendre une
autre année pour pouvoir consolider davantage leurs équipements
et leur situation financière? Évidemment, c'est à eux de
choisir. Les informations qu'on a, c'est qu'ils pourraient peut-être
s'engager dans la deuxième voie, c'est-à-dire attendre un an
avant d'amorcer de nouveaux projets. De toute façon, nous ne voulons pas
les bousculer non plus. L'entente porte sur cinq ans, s'ils veulent attendre un
an avant de présenter le nouveau projet, ils sont parfaitement libres de
le faire. C'est à eux de faire leur choix.
M. Vaillancourt: Si je comprends bien la réponse du
ministre, le ministère est disposé à collaborer advenant
que les promoteurs soumettent une deuxième phase.
M. Brassard: Absolument.
M. Vaillancourt: En ce qui concerne le Mont-Orford, j'aimerais
savoir où en est rendu le développement du secteur Fraser.
M. Brassard: Je fais un peu la même réponse que j'ai
faite à propos des immobilisations dans le réseau des parcs et
des réserves.
M. Vaillancourt: Là, c'est le ministère qui est le
maître d'oeuvre.
M. Brassard: Oui, c'est le ministère directement,
effectivement. Vous n'étiez pas là, je ne vous en fais pas grief,
mais je fais un peu la même réponse que j'ai faite au
député de Charlesbourg et au député de Chambly
relativement aux immobilisations dans les parcs et réserves. Je suis en
train d'examiner actuellement les propositions émanant de la Direction
générale des parcs quant aux immobilisations à faire dans
le réseau des parcs et dans le réseau des réserves. Je
n'ai pas actuellement pris de décision finale quant à la
ventilation des budgets qui nous sont réservés à cette
fin.
Donc, cela comprend aussi les investissements dont vous parlez. Je sais
qu'effectivement la Direction générale des parcs nous propose
d'aller de l'avant dans l'aménagement du secteur du lac Fraser. Je n'ai
pas d'hostilité particulière à cela, mais, au moment
où on se parle, je n'ai pas de décision de prise
là-dessus.
M. Vaillancourt: L'an dernier, il y a eu un budget, et
l'aménagement du secteur Fraser est amorcé depuis une couple
d'années. Cette année, il doit y avoir encore une autre phase qui
va se continuer pour le compléter. Il y a un terrain de camping, il y a
une plage et tout cela. À cette plage-là, y aura-t-il aussi des
embarcations comme il y en a aux autres plages dans le secteur?
M. Brassard: C'est au fonctionnement, cela pourrait être
donné en concession. Mais, comme c'est commencé...
Évidemment, je vous dis que je n'ai pas pris de décision quant
aux immobilisations, mais ce que je peux vous dire à propos de ce
secteur du Mont-Orford, comme c'est déjà commencé, il y a
déjà eu des phases de réalisées, il y a de bonnes
chances qu'on décide de ne pas interrompre la réalisation du
projet et de poursuivre cette année. Mais je ne peux pas vous en dire
plus pour le moment.
M. Vaillancourt: En tout cas, je vais vous poser une question sur
un autre domaine. Le ministre pourrait-il nous dire quelle est sa politique
quels sont ses programmes concernant les subventions pour la construction
d'arénas? Y a-t-il une politique au ministère qui accorde des
subventions de 100 000 $, 150 000 $ ou 200 000 $, comme il y en a
déjà eu dans le passé?
M. Brassard: Normalement, on pourrait dire: Oui, il y en a une,
parce que cela peut entrer dans le programme d'aide au développement
d'équipements de loisirs qu'on appelle PADEL, mais en
réalité, dans le PADEL, depuis quelques années, comme les
budgets ne sont pas suffisants, les gros projets de ce genre-là, on ne
les a généralement pas retenus. On a plutôt accepté
les projets moins importants de 75 000 $ à 85 000 $ en baissant parce
que, si on acceptait un trop grand nombre de projets aussi coûteux et de
cette dimension-là, on se retrouverait avec un très petit nombre
de projets acceptés. Il arrive cependant qu'en association avec le Fonds
de développement régional, dans certains cas précis, on
accepte de subventionner des équipements de cette nature, mais ce n'est
pas fréquent.
M. Vaillancourt: Y a-t-il eu des subventions d'accordées
depuis...
M. Brassard:... quelques années? M.
Vaillancourt:... quelques années?
M. Brassard: II y en a eu quelques-unes. Elles ne sont pas
nombreuses.
M. Vaillancourt: Comme l'an dernier, y en a-t-il eu?
M. Brassard: L'an dernier, y en a-t-il eu pour des arénas?
Je ne pense pas.
M. Vaillancourt: II n'y en a pas eu.
Une autre question, c'est ma dernière. En ce qui concerne la
fête nationale, votre politique est-elle différente de celle des
années passées?
M. Brassard: Le budget demeure le même. J'ai
déjà signé le protocole depuis un bon moment et c'est le
Mouvement national des Québécois qui en assume la coordination
dans tout le Québec. Le programme demeure le même en ce qui
concerne les fêtes locales ou de nature régionale.
M. Vaillancourt: Les organisations qui veulent
célébrer...
M. Brassard:... présenter des projets...
M. Vaillancourt:... présenter des projets...
M. Brassard: Elles pourraient le faire...
M. Vaillancourt:... doivent-elles s'adresser au ministère
ou à... ?
M. Brassard: À la Direction régionale du
ministère.
M. Vaillancourt: À la Direction générale du
ministère.
M. Brassard: Oui.
M, Côté: Les mêmes règles que
dans...
M. Brassard: Exactement.
M. Vaillancourt: Y a-t-il des formules spéciales pour
cela?
M. Brassard: Oui.
M. Vaillancourt: Habituellement, les députés
recevaient une pochette avec le programme, plus les formules; cela va-t-il
être fait encore cette année?
M. Brassard: Pour les formules, sûrement pas, parce que la
date d'échéance est passée. C'était le 15 avril
pour la réception des projets.
M. Vaillancourt: Ce qui veut dire qu'actuellement il n'est pas
possible de faire d'autres demandes...
M. Brassard:... de nouveaux projets? Non.
M. Vaillancourt:... de nouveaux projets?
M. Brassard: La date d'échéance est
passée.
M. Vaillancourt: C'était le 15 avril.
M. Brassard: Oui.
M. Vaillancourt: Merci.
Le Président (M. Marquis): Merci. M. le
député de Charlesbourg.
M. Côté: M. le Président, on a vu là
l'expérience du député d'Orford, réélu
depuis 1956...
M. Brassard:... qui s'intéresse à ses
dossiers...
M. Côté:... à ses dossiers de comté. M.
Vaillancourt: Depuis 1960. M. Côté: 1960, excusez-moi.
M. Vaillancourt: Cela fait seulement 25 ans.
M. Côté: Cela fait seulement 25 ans. Une voix:
Pas 29.
M. Brassard: C'est le deuxième, je pense, après M.
Gérard D. Levesque.
M. Côté: M. Blank. Il a été élu
en même temps que M. Blank, ils fêteront en juin prochain leur 25e
anniversaire au Parlement.
M. Vaillancourt: M. Gérard D. Levesque...
M. Côté: M. Levesque, cela fait plus longtemps.
M. Vaillancourt: C'est en 1956, et, de l'élection de 1960,
il reste M. Harry Blank et moi.
M. Côté: M. le Président, loin de moi
l'idée, par ces propos, de vouloir ouvrir une porte qui
m'enlèverait du temps qui me reste pour parler d'autre chose. M. le
Président, j'aimerais aborder...
M. Vaillancourt: Ce que je regrette, c'est que cela prendrait
plus du temps que j'ai à ma disposition, parce que j'ai encore bien
d'autres questions à poser, mais, étant donné que mon
collègue a de nombreuses questions, je vais lui laisser la chance de le
faire.
M. Brassard: C'est dommage, car je me préparais à
lui demander le secret d'une pareille longévité politique.
M. Vaillancourt: Être à l'écoute de la
population.
M. Brassard: Ah! Parfait!
La protection du saumon
M. Côté: M. le Président, j'aimerais aborder
un dossier qui vous est certainement personnellement très cher parce que
j'ai eu l'occasion depuis les quelques années que je suis ici au
Parlement de vous entendre vous aussi parler de l'importance du saumon pour
tous les Gaspésiens, les gens de la Cote-Nord. On se rappellera que,
l'an dernier, votre prédécesseur, le député de
Joliette, avait annoncé 1 000 000 $ additionnels pour le saumon de
l'Atlantique, qui se répartissaient à peu près comme suit:
200 000 $ pour la protection accrue, 300 000 $ pour les campagnes de
publicité, 285 000 $ pour les projets des pêcheries commerciales
et 200 000 $ devant être affectés au rachat des permis. Grosso
modo, c'était la ventilation du 1 000 000 $ affecté à
cette opération qui était considérée comme
extrêmement importante dans le but de mettre un temps d'arrêt
à une saignée, finalement, dans Je domaine du saumon, qui mettait
en péril, à ce moment-là, la survie de cette espèce
qui est de première importance pour la Gaspésie, entre autres,
sur le plan économique.
J'ai eu la chance de recevoir un mémo daté du 3 avril
dernier, un autre cri d'alarme qui venait du Bas-Saint-Laurent et la
Gaspésie. Là, ce n'était pas un libéral qui
écrivait. Vous aurez compris que c'était M. Éric Harvey
qui écrivait au ministère en date du 3 avril avec certains
éléments dans la préparation du budget et qui, à
l'élément 7 de la page 6, parlait de protection du saumon.
J'aimerais qu'on fasse le tour de son constat de la situation. "En 1984-1985 -
nous dit M. Harvey -le ministère, en collaboration avec les organismes
concernés par la sauvegarde du saumon, adoptait une série de
mesures susceptibles de favoriser la reconstitution de cette ressource. L'une
de ces mesures consistait spécifiquement à l'amélioration
de l'effort de protection. L'enveloppe budgétaire affectée
à ce chapitre en 1985-1986 constitue un net recul. " Ce n'est pas un
libéral qui le dit, là. C'est le constat...
M. Brassard: Adopté en...
M. Côté: Ici, on parle d'une lettre qui a
été adressée au ministère en date du 3 avril 1985
et qui parle du budget qui est sur la table. Je reprends: "L'enveloppe
budgétaire affectée à ce chapitre en 1985-1986 constitue
un net recul. En effet, le budget alloué nous oblige à concentrer
nos efforts de protection en début de saison à certaines
rivières de l'extrémité est de la péninsule
gaspésienne et de la Baie des Chaleurs. Pour les autres rivières,
soit la Ouelle, la Métis, la Matane, la Cap-Chat, la Sainte-Anne et la
Madeleine, l'effort de protection devra être diminué de 45 jours
pour ne débuter qu'à la mi-juillet. "Cette approche, en plus de
ne pas répondre aux demandes des groupes associés à la
gestion de ces rivières qui réclament des efforts accrus de
protection, nécessitera des engagements fractionnés (agents
occasionnels), ce qui pourrait réduire d'autant l'efficacité du
personnel concerné. "
Il y a une suite logique à sa missive, à cet appel au
secours pour la région qu'on a voté dans plusieurs domaines
aussi. (12 heures)
À l'élément 8, modalités d'assignation des
agents de conservation de la faune, il dit: "À chaque année, les
agents de conservation de la faune de la région doivent effectuer
environ 2000 jours de travail en assignation, principalement pour assurer la
protection du saumon ou pour effectuer des opérations spéciales.
Depuis l'adoption du décret régissant les conditions de travail
des agents de conservation de la faune - un décret, donc, c'est
imposé par le gouvernement, c'est votre choix - ces derniers doivent
bénéficier pour chaque jour de travail d'une assignation de
quatre heures de temps supplémentaire et d'un montant de 14 $ pour les
frais de repas. Le budget 1985-1986 alloué à la région ne
tient pas compte de cette nouvelle obligation. Si cette demande n'est pas
comblée, le temps supplémentaire des agents concernés par
cette question devra bien être remboursé en temps plutôt
qu'en argent, ce qui aura pour effet de réduire du tiers la
période d'emploi des occasionnels qui travaillent en assignation.
Plusieurs d'entre eux verront ainsi leur emploi prendre fin au cours du mois de
septembre, soit à un moment où le saumon est le plus
vulnérable dans les rivières. Cette demande constitue une
priorité pour la direction régionale au même titre que les
budgets pour défrayer les frais de repas. "
Je continuerai avec le paragraphe 9 qui est très court, mais
combien révélateur. "Achat d'équipement
opérationnel pour le service de conservation". Il dit, dans sa lettre:
"L'absence d'équipement adéquat dans les véhicules et les
postes de conservation de la faune rend plus difficile le travail des agents de
conservation. " Et c'est une lettre qui a été
expédiée au ministère et datée du 3 avril 1985.
C'est un constat qui vient d'une personne qui a la responsabilité
de la plupart des rivières à saumon du Québec et qui a
vécu l'opération l'année dernière, une
opération qui était souhaitée par le milieu et par tous
ceux qui ont è défendre la cause du saumon. Le gouvernement a cru
bon, l'an dernier, d'affecter 1 000 000 $ à cette opération. Si
mes informations sont bonnes, cette année, il n'y a pas de million de
dollars. J'aimerais que le ministre nous dise à ce moment-ci
l'état de la situation au moment où on se parle.
M. Brassard: M. le Président, je voudrais tout d'abord
signaler qu'en ce qui concerne le saumon l'ensemble des mesures qui ont
été prises l'an dernier pour reconstituer les stocks et augmenter
le nombre de géniteurs qui remontaient les rivières, en
particulier celles de la Gaspésie, ont donné les effets
recherchés. Il est cependant évident qu'il faut les poursuivre et
qu'il faut qu'une opération semblable se déroule sur la
durée du cycle de reproduction du saumon, donc cinq ou six ans, avant
d'en faire un bilan et de bien vérifier si les objectifs ont
été atteints. Nous allons donc poursuivre nos efforts dans cette
direction cette année, avec quelques modifications qui font partie du
plan de pêche que je vais bientôt faire adopter par le Conseil des
ministres, pour la première année, en vertu de la Loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune mais, en général,
il s'agit des mesures similaires, des mêmes restrictions, en particulier
concernant la pêche commerciale.
Ceci étant dit, il faut quand même bien comprendre comment
on procède pour en arriver à établir les budgets de
fonctionnement des directions régionales. Dans un premier temps, on leur
indique l'enveloppe qu'ils pourraient utiliser et on leur demande ensuite de
réagir face à cela et d'indiquer la façon -
première ébauche, en quelque sorte - dont ils entendent ventiler
cette enveloppe. C'est ce que le directeur régional de la région
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie a fait à partir d'une
hypothèse, d'une enveloppe globale. Il a exprimé un certain
nombre de réactions - vous en avez cité quelques-unes - face
à ce qu'on lui propose comme enveloppe pour sa région. Il est
bien évident que le budget définitif pour les opérations
régionales va être établi en tenant compte de ces
réactions, en tenant compte de ces avis qui nous parviennent des
directions régionales. Ce n'est pas uniquement la Direction
régionale du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, mais toutes les
régions, tous les directeurs régionaux de toutes les
administrations régionales du ministère font
la même chose. Ils expriment à la direction des
opérations régionales leurs avis et leurs réactions face
à une proposition d'enveloppe globale et on tient compte ensuite de ces
avis pour établir, de façon définitive, l'enveloppe
à laquelle ils ont droit.
Par conséquent, on est en phase de mise au point des budgets des
opérations régionales et il n'y a pas à se scandaliser
qu'un directeur régional exprime certaines opinions sur une proposition
préliminaire en tenant compte, en particulier dans le cas du
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, d'une ressource importante qu'on trouve
là plus qu'ailleurs qui est la ressource saumon.
Il est vrai que, l'an passé, il y a eu un budget de 1 000 000 $
pour accompagner en quelque sorte la batterie de mesures restrictives qu'on
imposait aux utilisateurs du saumon. Il n'est pas question non plus, cette
année, de passer de 1 000 000 $ à zéro, mais il se peut
fort bien que le budget soit moins élevé; en ce qui concerne la
publicité, par exemple, il n'y aura pas de budget spécial. Cela
va être ramené au niveau régulier en matière de
publicité. On va continuer, cependant, le programme de rachat des
permis.
M. Côté: II y en a combien qui ont été
rachetés l'an passé?
M. Brassard: L'an passé, pour 1984-1985, il y a neuf
pêcheurs - protocole signé - à qui on a racheté les
équipements, pour 100 000 $ à peu près. On prévoit
à peu près le même budget pour ce programme de rachat non
pas des permis - ce n'est pas exact de parler de permis - mais des
équipements de pêche.
On prévoit aussi un budget similaire à celui de l'an
passé pour ce qui est du programme de conservation ou de restauration de
la ressource. L'an passé, on a fait cela en concertation avec les
pêcheurs commerciaux. Compte tenu du fait qu'on interdisait la
pêche commerciale dans toute la péninsule et sur une bonne partie
de la Côte-Nord, on avait consenti un programme de l'ordre de 300 000 $
pour procéder à financer certains projets de restauration. Cela
s'est fait l'an passé; cela a donné lieu à des
résultats intéressants. Je pense qu'on devrait poursuivre cette
année, par exemple, les projets de capture de géniteurs et le
prélèvement des oeufs, l'ensemencement aussi dans certains
tronçons de rivières. On veut impliquer, cependant, cette
année, le comité de conservation mis sur pied par la
Fédération du saumon de l'Atlantique. Elle a eu son
congrès récemment à Lac-Delage. Je sais que le
député de Charlesbourg y a assisté et moi de même,
pas au même moment par exemple. Ils ont mis sur pied un comité de
conservation et, dans notre programme de restauration et de conservation du
saumon, on veut aussi les impliquer, tout en maintenant l'implication des
pêcheurs commerciaux.
Pour ce qui est de la protection comme telle, on revient à un
niveau régulier également. Il n'y aura pas de budget
spécial pour ce qui est de la protection. Cependant, on compte bien de
nouveau, cette année, avoir recours, par voie d'entente, è la
collaboration des agents de protection du ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation. Je vois sourire le
député de Charlesbourg. J'en ai discuté...
M. Côté: Je ne devrais pas rire, je devrais
pleurer.
M. Brassard:... avec mon collègue de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation et il n'y a pas de raison que cette
année encore les agents de protection du MAPAQ ne puissent agir et
intervenir en matière de protection de la ressource saumon,
particulièrement en mer, évidemment.
M. Côté: Ils sont où de ce
temps-là?
M. Brassard: Dans l'ensemble, par conséquent, s'il est
vrai que les ressources financières peuvent connaître une certaine
diminution, ce n'est pas dans les secteurs où il est important de
maintenir des ressources. Par exemple, pour ce qui est du rachat des
équipements et surtout le programme visant à financer des projets
de restauration, c'est évidemment maintenu. Je ne pense pas que le fait
de supprimer un budget spécial de publicité soit perçu
comme mettant en péril la ressource.
M. Côté: Si je comprends le ministre, il n'y a pas
d'argent spécial comme l'an passé. L'opération du million
de l'an dernier, qui a porté des fruits, comme vous le dites, et
qui...
M. Brassard: II y en a.
M. Côté: Laissez-moi finir. La partie qui est
éliminée, c'est la publicité. Ce n'est pas moi qui va vous
en faire grief. Quant à l'autre, on devrait peut-être
l'accroître. Ce que je ne comprends pas, ce que j'ai de la
difficulté à comprendre, et la réponse du ministre, je la
trouve laborieuse et je comprends que ce soit laborieux comme
réponse...
M. Brassard: Cela, c'est une question de point de vue.
M. Côté: C'est une question d'interprétation,
c'est sûr. J'ai droit à la mienne comme vous avez droit à
la vôtre. Je tire des conclusions des propos que vous
me tenez. Vous avez un fonctionnaire qui a la responsabilité du
territoire où il y a le plus de rivières à saumon dans le
Québec qui, lui, fait un constat à partir des budgets que vous
avez expédiés et des différentes opérations "-qui
ont été menées avant même que le budget soit
déposé à l'Assemblée nationale.
Ce budget a été déposé à
l'Assemblée nationale; on en est maintenant à l'étude de
crédits. On doit savoir où ils vont être utilisés et
de quelle manière, surtout lorsqu'on a fait l'opération... Je ne
dis pas, si on était dans un programme flambant neuf qui n'a pas
été fait encore, mais on a l'expérience de l'an dernier
qui, selon votre avis, a rapporté des dividendes et qu'il faut
poursuivre sur une période de quatre ou cinq ans, selon le cycle du
saumon. L'élément qui est indispensable, qui est capital, c'est
la protection de la ressource.
Vous avez un gars qui vit dans le milieu, qui a à subir
l'opération du ministère sur le plan des agents de conservation
et qui vous dit dans un document - qui n'est pas écrit par un
libéral - que cela n'a aucune espèce de bon sens, ce que vous
faites. Vous mettez en péril... D'ailleurs, il a des termes assez
sévères. "L'enveloppe budgétaire affectée à
ce chapitre en 1985-1986 constitue un net recul. Cette approche, en plus de ne
pas répondre aux demandes des groupes associés à la
gestion des rivières, qui réclament des efforts accrus de
protection, nécessitera des engagements fractionnés, ce qui
pourrait réduire d'autant l'efficacité. " On ferme les
rivières à saumon, quant à la protection, sur un certain
nombre de rivières - sur six rivières - pendant 45 jours. En
plus, dû à un décret que vous avez imposé aux agents
de conservation, au mois de septembre il n'y a plus personne, au moment
où c'est le plus important. Un instant! Quel est le budget qui va
être affecté, par rapport au million de l'an passé? 500 000
$? 400 000 $? Il va provenir d'où?
M. Brassard: Je n'ai pas encore approuvé le budget des
opérations régionales. Quand vous parlez des agents de
conservation, vous parlez du budget des opérations
régionales.
M. Côté: Vous les payez comment depuis le 1er avril?
(12 h 15)
M. Brassard: Les agents de conservation de la faune sont
payés et on a eu du Conseil du trésor des ajouts pour que les
conventions collectives des agents de conservation soient respectées.
Ceci dit...
M. Côté: Est-ce que cela veut dire que dans ce
cas...
M. Brassard: Je vais essayer d'être plus clair encore. Je
vous dis et je vous répète que ce que vous venez de lire
là comme extrait, ce sont des réactions d'un directeur
régional. Je ne sais pas si vous avez les réactions des douze ou
quatorze directeurs régionaux, mais enfin... Ce que je vous dis, c'est
que je n'ai pas encore approuvé, comme ministre, les budgets
d'exploitation régionale des diverses régions. Ce n'est pas fait
encore. Je ne les ai pas encore approuvés. Je vais tenir compte des
réactions, des avis et des remarques des directeurs régionaux
dans la détermination des budgets d'exploitation régionale. Dans
le cas plus spécifique du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, où
se concentrent la grande majorité des rivières à saumon,
compte tenu de l'importance de protéger et de conserver cette ressource
fragile, par ailleurs, je vais donc, par conséquent, tenir compte des
avis qui nous viennent de la Direction régionale du
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie avant de déterminer le budget
d'exploitation de cette région.
M. Côté: Si je comprends, en propos clairs de la
part du ministre, cela veut dire qu'après analyse il y aura des sommes
additionnelles affectées pour le saumon, en réponse à la
demande de M. Harvey.
M. Brassard: Je vous dis qu'on verra. Si c'est cette
voie-là qu'il faut emprunter, on l'empruntera, mais on verra ce qu'il
convient de faire pour s'assurer que l'objectif est atteint,
c'est-à-dire que le saumon est bien protégé et que les
mesures qu'on impose, relativement à cette ressource atteignent les
objectifs qu'on souhaite. Est-ce en augmentant le budget? Si c'est le cas, on
verra. Mais je ne peux pas vous dire maintenant si c'est cette voie qu'on va
emprunter nécessairement. Ce n'est pas toujours en augmentant les
budgets qu'on atteint des objectifs. Cependant, ce qui est déjà
assuré, c'est que le budget prévu pour l'an dernier en
matière de conservation et de restauration, cela est assuré.
M. Côté: De combien est-il?
M. Brassard: II est autour de 300 000 $ comme l'an dernier, de
même que le budget d'environ 100 000 $ pour suivre le programme de rachat
des équipements.
M. Côté: Le seul endroit où on ne le sait
pas, c'est pour ce qui est de la protection.
M. Brassard: En matière de protection, je souhaite et
j'espère obtenir la collaboration des agents de protection du MAPAQ et
on tiendra compte également des remarques provenant de la région
concernée pour faire en sorte que le budget
d'exploitation régionale assure une protection efficace de la
ressource.
M. Côté: À quel moment le ministre sera-t-il
fixé? J'imagine que vous faites l'analyse. Vous allez avoir un moment
dans quinze jours, dans trois semaines, dans un mois?
M. Brassard: Étant donné qu'il faut quand
même ne pas trop faire traîner les choses dans ce
domaine-là, il serait anormal que non seulement cette région mais
les diverses régions ne connaissent pas leur budget pendant encore trop
longtemps. D'ici quinze jours, trois semaines au maximum, les régions
devraient connaître le budget final qui leur est alloué.
M. Côté: Seulement un petit cas très concret.
Je recevais une lettre de l'Association de chasse et pêche de Forestville
inc. en date du 4 avril. Je voudrais lire seulement une partie de la lettre qui
m'a été expédiée: "M. le député, nous
vous écrivons aujourd'hui pour vous sensibiliser à un état
de fait que nous aurons à subir si aucun intervenant du milieu ne nous
donne son appui dans ce dossier. "Nous avons présenté au mois de
novembre un projet Canada au travail pour lequel nous avons obtenu 165 000 $.
Ce projet consiste en l'aménagement de 36 embarquements de camping ainsi
qu'en l'installation et l'opération d'une barrière de comptage du
saumon. Nous avons eu préalablement une entente avec le MLCP nous
garantissant la barrière de comptage. Elle est maintenant
terminée et son coût de fabrication se chiffre à 20 000 $.
"La supervision technique et biologique est la responsabilité du bureau
-régional du MLCP de Forestville. Toutefois, à la suite de
coupures budgétaires, le projet est maintenant remis en question par un
manque d'effectifs: coupure de trois postes occasionnels. "Ce projet avait pour
but d'évaluer le potentiel réel de cette rivière à
saumon de façon à approfondir nos connaissances biologiques de
cette espèce et, également, de connaître si l'accroissement
de la pression et de la récolte de pêche sportive risque de nuire
au renouvellement du stock de saumon de cette rivière. "Notre
association compte quelque 786 membres en 1984 et génère des
revenus directs dans notre région de plus de 200 000 $. Le projet Laval,
tel qu'accepté, prévoit l'embauche de 23 personnes cet
été, en plus de 10 personnes habituellement affectées au
fonctionnement de notre entreprise. Nous sommes assurés que vous
connaissez aussi bien que nous la situation du chômage dans notre
région", etc. Finalement, c'est un cri d'alarme. C'est signé
Christian
Turcotte, gérant de la ZEC de Forestville et de la ZEC de la
rivière Laval. Qu'est-ce qui arrive dans un cas comme
celui-là?
M. Brassard: On a demandé dans ce cas-là à
l'association qui gère cette rivière, la rivière Laval, de
nous faire d'autres propositions en tenant compte des contraintes que vous
évoquez. On attend ces propositions pour voir ce qu'il convient de faire
dans ce cas.
M. Côté: D'accord. On reviendra sur le saumon. Je
suis heureux que le ministre ait déjà eu une rencontre avec le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Soit dit
en passant, les 80 agents sous sa responsabilité sont au quai et
à pied depuis déjà huit mois, dans l'espérance que
cela se règle très bientôt.
Agents de conservation de la faune
J'aimerais, à ce moment-ci, M. le Président, aborder les
agents de conservation. On se rappellera qu'en décembre 1983 nous avons
adopté à l'Assemblée nationale le projet de loi 9 qui a
été sanctionné en décembre 1983. Ce qu'on a pu
constater, c'est qu'on augmentait la charge des agents de conservation par
certains travaux additionnels sur le plan de l'environnement ou de la
surveillance, tout au moins. C'était contenu dans la loi, c'était
la volonté, finalement, du ministre à l'époque pour donner
un peu plus de cran à la loi et à l'application de la loi.
Lors de la commission parlementaire, lorsqu'on a étudié
article par article, nous avions demandé au ministre, à la suite
de la charge additionnelle des agents, quand viendrait l'ajout d'agents puisque
le nombre avait plutôt tendance à diminuer. Le ministre nous avait
répondu, le 1er décembre 1983, et on retrouve cela au Journal des
débats à la page B-9666 et je cite: "On est sur le point
d'accepter une centaine d'agents qui subiront un recyclage d'environ trois mois
et qui viendront grossir les rangs des agents que nous avons
présentement, à savoir ceux des Travaux publics, en particulier,
qui passeront chez nous. Les CT sont en train d'être
rédigés et j'attends prochainement la signature officielle pour
qu'ils passent chez nous. " Les mois passent et pas d'agents d'ajoutés.
Lors de l'étude des crédits du 13 avril 1984, je repose des
questions sur ce sujet au ministre. À ce moment-là, le ministre
ne parle plus de 100, mais de 75 agents de conservation et le retard est
imputé au fait qu'il fallait des sommes pour la formation de base, pour
les uniformes, pour les frais de déménagement, pour les
équiper. Donc, l'exigence du MLCP ne se limitait pas à obtenir
à la fois le nombre d'agents avec poste et budget, mais une
somme pour les équiper, pour les habiller et pour les recycler.
On retrouve cette affirmation du 13 avril 1984 à la page 290.
À ce moment-là, le ministre nous avait mentionné
qu'il tenait à cette marge additionnelle et que les coûts
nécessaires représentaient 1 300 000 $. Plus tard, il nous disait
qu'il entendait aller au Conseil du trésor et que la décision
avait été prise le 3 avril, s'il se souvenait bien, après
avoir fouillé dans ses dossiers. "Normalement, le CT devrait être
préparé la semaine prochaine et on va le présenter au
Conseil du trésor. " Il disait cela le 13 avril. Les mois
s'écoulent et toujours pas d'agents de conservation additionnels. On ne
parle plus de 75 mais de 37. Selon un article du 28 octobre 1984, dont j'ai pu
prendre connaissance, avec 37 agents, l'ex-ministre du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche, M. Chevrette, considérait que la facture concernant
les frais de fonctionnement et de nouvel équipement
s'élèverait à 632 200 $. À ce montant, il y avait
aussi l'acquisition de 13 camions, 26 motocyclettes, 26 motoneiges, un budget
de formation de 77 000 $ et 92 500 $ pour les uniformes.
Dans ce même article, on indique qu'il reste à la SIQ
encore 80 agents de Montréal et de Québec à replacer.
Finalement, c'est un dossier qui, depuis un an, a subi les foudres des coupures
budgétaires du Conseil du trésor, de la hache à peu
près dans tout ce qu'il y a de programmes au ministère. Dans la
mesure du possible, j'aimerais savoir du ministre, aujourd'hui, où on en
est rendu. Est-ce que cela va être 37 agents? Est-ce qu'on va finir par
accoucher?
M. Brassard: Effectivement, mon prédécesseur a fait
ce qu'il vous avait dit qu'il ferait. Il a présenté une demande
au Conseil du trésor concernant 37 agents de la paix du ministère
des Travaux publics et de l'Approvisionnement en demandant l'autorisation de
transfert avec postes et crédits. Les chiffres que vous citiez sont
également exacts, cela totalise 632 200 $ parce qu'on inclut les
dépenses de fonctionnement et les dépenses de capital. Cela a
été présenté au Conseil du trésor, comme je
le disais, par mon prédécesseur, et la réponse a
été négative. La décision du Conseil du
trésor a été de ne pas accepter cette demande de transfert
des 37 agents de la paix du ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement, qui n'existe plus maintenant, au ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche de sorte que, en ce qui concerne les
agents de conservation de la faune, on se retrouve, par conséquent, pour
cette année, avec un nombre de 415 permanents et 169 occasionnels pour
l'année 1985-86, qui sont répartis, évidemment, dans les
diverses régions du Québec. C'est sensiblement le même
nombre que l'an passé.
Donc, réponse négative du Conseil du trésor
concernant la demande de transfert.
M. Côté: Qu'est-ce que le Conseil du trésor
évoque comme raison de son refus?
M. Brassard: Au CT, il n'y a pas de raison. "Demande
refusée", tout simplement.
M. Côté: Mais les arguments, j'imagine que, lorsque
vous vous présentez au Conseil du trésor, vous amenez des
arguments!
M. Brassard: En fait, ce sont les arguments qu'on retrouve
souvent au Conseil du trésor. D'une part, la première raison
était les dépenses reliées au fonctionnement et au
capital, l'autre raison était évidemment qu'il aurait fallu
remplacer ces 37 agents également, s'ils avaient été
transférés, pour le gardiennage des immeubles.
M. Côté: Si je me souviens, au moment où on
en avait discuté avec votre prédécesseur, l'argent pour
les salaires était accepté par le Conseil du trésor.
C'était le budget de fonctionnement qui était refusé.
M. Brassard: Mais on m'indique que ce qui était convenu,
c'était que la Société immobilière du
Québec, elle, était prête à assumer la moitié
des salaires de ces agents, l'autre moitié étant assumée
par le ministère; sur la question strictement salariale, on me signale
que c'était cette entente-là. (12 h 30)
M. Côté: D'après ce que je comprends,
peut-être qu'au Conseil du trésor il n'y a pas beaucoup de
pêcheurs. Vous auriez peut-être à faire du marketing de ce
côté, en inviter quelques-uns à la pêche. Au lac des
Neiges, probablement qu'ils y vont, mais amenez-les donc pêcher le saumon
une fois de temps en temps, cela va peut-être les sensibiliser à
la ressource. Ils vont peut-être poigner la piqûre et être
plus sensibles aux arguments et savoir de quoi ils parlent quand ils refusent
des agents de conservation de la faune. Je comprends de toute façon...
Ce que je constate, c'est qu'au ministère il y a eu des efforts
répétés de la part des ministres qui se sont
succédé pour tenter de raisonner le Conseil du trésor
à l'importance d'avoir des agents de conservation additionnels pour
pouvoir remplir la fonction. Si on demande 100, 75, 37 agents de conservation
additionnels, j'imagine que c'est parce que vous avez évalué que
vous en aviez besoin.
M. Brassard: Effectivement, le ministère a fait plusieurs
tentatives pour obtenir des postes additionnels d'agents de conservation de la
faune, trois ou quatre fois.
M. Côté: 100, 75, 37. S'ils ont accepté 37 au
sujet des montants d'argent, ils vont peut-être accepter 17 avec tout.
Quand est-ce que vous y retournez?
M. Brassard: Là, je vais évaluer cela. Je n'ai pas
le goût d'y retourner pour avoir un refus.
M- Côté: Un autre refus? M. Brassard:
Oui.
M. Côté: Vous y allez avec enthousiasme! Vous
êtes bien compris.
M. Brassard: Non, ce n'est pas cela, c'est-à-dire que, si
j'y vais, je vais y aller avec de fortes chances de réussir. Je vais
évaluer mes chances avant.
M. Côté: Oui. Comme cela, ce n'est pas bien loin de
ce que je prétendais au départ. Sur le plan de la volonté
gouvernementale, quand il s'agit du ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche, quand je disais l'appareil gouvernemental... Il y a des
ministres au Conseil du trésor, il y a un ministre qui est responsable,
on pourrait peut-être le prendre à Drummondville et l'envoyer se
"déconstiper" un peu en allant pêcher le saumon. Il serait
peut-être bien plus sensible aux demandes que vous faites et il
comprendrait les problèmes que vous avez à vivre et qui, par
conséquent, sont vécus par ceux qui ont à assumer la
responsabilité dans chacune des régions. S'ils sont capables de
vous passer des commandes comme ils vous en ont passé dans le cas de la
SEPAQ, j'imagine qu'ils doivent être capables de comprendre d'autres
besoins aussi de la part du ministère.
C'est un petit document qui doit vous dire quelque chose. Je voudrais
rassurer le ministre; quand j'ai de l'information, ce n'est pas de toutes les
régions. Vous aurez facilement compris que mes racines me permettent
d'avoir certains petits documents.
M. Brassard: J'ai constaté cela, oui.
M. Côté: J'aimerais bien les avoir de toutes les
régions. J'aurais une vision probablement beaucoup plus globale.
M. Brassard: Moins tronquée, sans doute.
M. Côté: Est-ce que la région de la
Gaspésie est tronquée?
M. Brassard: Bien non, votre vision.
M. Côté: Ma vision.
M. Brassard: Votre vision serait plus globale, vous venez de le
dire.
M. Côté: On pourrait se parler... Non, non, j'ai au
moins l'honnêteté de l'admettre, mais je me base sur certains cris
d'alarme qui viennent de la région et qui nous sensibilisent à
certains problèmes.
Je me suis dit: À un moment donné, il a circulé un
peu partout au Québec que des agents de conservation il y en avait, mais
ils n'étaient pas capables de faire de patrouille, ils étaient
obligés d'y aller à pied. Lorsque je suis allé faire un
tour dans le comté du député qui est notre
président, on m'a dit -je ne sais pas si c'est vrai, mais, si jamais
c'est vrai, je demanderais au ministre de me confirmer cela - qu'il y a 23
agents de conservation à Causapscal, et on m'a même dit, à
un certain moment, qu'il y avait deux véhicules pour 23 agents de
conservation, pas le nombre qui figure là, mais des véhicules en
état de fonctionnement. Semble-t-il que la Régie de l'assurance
automobile - il n'y a pas seulement avec le MAPAQ que vous avez des
problèmes - va faire un tour de temps à autre pour voir votre
flotte et cela lui arrive d'en mettre sur des blocs comme ils font avec les
"minounes" de certaines personnes qui sont dans le champ. Ils n'ont pas les
moyens de se payer autre chose. Est-ce que le ministère est rendu au
point où il fait se promener ses agents de conservation à bord de
"minounes" dans le champ? Selon mes informations, la flotte du ministère
serait à peu près de 700 véhicules et ta viabilité
- cela m'étonne beaucoup - d'une voiture bien utilisée d'un agent
de conservation qui a assez d'argent pour y mettre de l'essence pour être
capable de se promener sur le territoire - ce qui n'a pas nécessairement
été le cas au cours des dernières années - pourrait
être de cinq ans. Cela veut dire que vous devriez normalement remplacer
20 % de la flotte annuellement pour qu'au bout des cinq ans l'exercice
recommence. Si mes informations sont exactes, on est loin de cela, ou on a
été loin de cela au cours des dernières années. De
telle sorte qu'on s'est retrouvé avec 200, 250 "minounes" sur le stock.
Il y avait des problèmes. À cet effet, est-ce que le ministre
pourrait nous donner, au cours des quatre dernières années, le
pourcentage de renouvellement de la flotte du ministère?
M. Brassard: M. le Président, pour les quatre
dernières années, on peut le faire. Je vais essayer de trouver
les renseignements. Je les ai pour les deux dernières années,
l'an passé et cette année. L'an passé, en 1984-1985, on
avait consacré 1 300 000 $ pour l'achat de véhicules, soit une
centaine. Cette année, on fait le constat aussi qu'il faut accentuer le
renouvellement de la flotte.
M. Côté: Quel était le pourcentage de
la flotte avec 1 300 000 $?
M. Brassard: Une centaine de voitures. M. Côté:
Cela veut dire 14 %?
M. Brassard: Oui. 10 %, 12 %, 144 % à peu près.
M. Côté: C'est une bonne année?
M. Brassard: C'est semblable aux années
précédentes. On peut vérifier pour les années
précédentes.
M. Côté: Je préfère que le ministre
vérifie.
M. Brassard: Pour les années 1983-1984 et 1982-1983, on va
vérifier. Pour cette année, on fait le constat qu'il faut
accentuer le renouvellement de la flotte de véhicules, donc augmenter
les budgets pour acheter plus de véhicules que les années
passées. Cette année on prévoit un budget de l'ordre de
tout près de 3 000 000 $, ce qui nous permettrait d'acheter 245
véhicules - c'est une augmentation importante par rapport à l'an
passé, c'est 145 véhicules de plus - de façon à
répondre à des besoins que l'on retrouve dans à peu
près toutes les régions du Québec.
M. Côté: La flotte totale du ministère est de
combien? J'ai été sensibilisé au problème des
agents de conservation.
M. Brassard: Autour de 800 véhicules.
M. Côté: 800 véhicules. Cela veut dire que le
principal...
M. Brassard: Utilisateur.
M. Côté: Ce sont des agents de conservation, bien
sûr. Les achats dont vous parlez visent principalement à
éliminer les carences qu'il y a en ce qui concerne les agents de
conservation. Ils proviennent de quel budget?
M. Brassard: C'est le budget d'immobilisation.
M. Côté: On immobilise dans la flotte.
M. Brassard: On a 1 300 000 $ - du même ordre que l'an
passé - qui proviennent du budget d'immobilisation et, justement, pour
accentuer l'effort requis pour renouveler plus rapidement la flotte, on a -
pour employer l'expression de M. Paré - grappillé un peu partout
dans les budgets du ministère pour trouver 1 600 000 $ à ajouter
au budget d'achat de véhicules.
M. Côté: Cela va faire des sparages tantôt,
pour reprendre l'expression d'un de vos collègues de
l'Assemblée.
M. Brassard: On atteint l'objectif en tout cas. On renouvelle
plus rapidement le stock de véhicules. Il y en a 245 qui vont être
achetés au lieu de 100 comme l'an passé.
M. Côté: 245, c'est un effort considérable,
mais il faut bien convenir que vous avez 1 300 000 $ et que vous grappillez
ailleurs. Cela veut dire qu'il faut serrer la ceinture ailleurs, qui est
déjà rendue au dernier trou. L'argent qui manque en ce qui
concerne la rivière Laval, le million de dollars qui manque au chapitre
des rivières à saumon, cela vient de quelque part. Si ça
diminue comme cela, il doit y avoir plusieurs maigres chez vous. C'est pas mal
en deçà du seuil de la pauvreté et on continue encore de
tirer sur la ceinture. Tantôt vous allez avoir de la misère
à vous promener dans le secteur, dans le milieu.
M. Brassard: Administrer, c'est toujours faire des choix de
priorités.
M. Côté: Oui, on voit cela au Conseil du
trésor. Je vous comprends de ne pas prendre nécessairement la
défense du Conseil du trésor avec tous les ennuis qu'il vous
cause comme ministre. Donc, le ministre nous fera parvenir le taux de
renouvellement de la flotte avec le nombre des véhicules
renouvelés au cours des quatre ou cinq dernières années?
Merci.
M. le Président, à ce moment-ci, j'aimerais, compte tenu
de l'heure, aborder... Il va falloir finir par adopter votre budget si vous
voulez être capable de donner des réponses à vos directeurs
régionaux qui...
M. Brassard: Et acheter les véhicules...
M. Côté:... oui, et acheter les véhicules...
attendent avec impatience la réponse à leurs questions.
J'aimerais, à ce moment-ci, M. le Président, aborder les habitats
fauniques.
Les habitats fauniques
On se rappellera que votre prédécessseur, parce qu'il
avait jasé beaucoup, votre prédécesseur... Ce n'est pas
tout à fait votre cas, vous êtes passablement plus prudent. Je ne
sais pas si cette prudence est marquée par l'expérience de votre
prédécesseur ou votre jeune expérience au
ministère...
M. Brassard: C'est un trait de caractère.
M. Côté: C'est un trait de caractère. Je n'ai
pas toujours vu cela en Chambre. Sur des dossiers que vous connaissiez, vous
étiez pas mal plus volubile en Chambre. De toute façon, on verra
à l'usure si...
M. Brassard:... des sujets.
M. Côté: C'est cela. Oui, d'ailleurs...
M. Brassard: La volubilité...
M. Côté: Le ministre avait d'ailleurs pris
soin...
M. Brassard:... dépend des sujets.
M. Côté:... de dire dans son entrevue au Devoir que
ce n'était pas un secteur qu'il connaissait nécessairement, mais
qu'il démontrait quand même beaucoup de bonne volonté. On
verra à l'usure, dans six mois, dans deux ou trois mois.
Alors, votre prédécesseur nous promettait, lors de
l'étude des crédits du 13 avril 1984, et je cite: "À
l'automne, j'ai l'intention de faire connaître les différentes
normes au sujet des habitats fauniques. " Il était d'ailleurs
conférencier invité au congrès de la FAPEL quelques jours
plus tard, la fin de semaine des 28 et 29 avril 1984. Il avait
été dans le même sens: "Le Québec - disait-il -
pourrait se doter, d'ici à la fin de l'année, d'une loi
destinée à protéger les espèces animales et
végétales menacées par l'activité et le
développement sous toutes ses formes. "
M. Chevrette ajoutait à ce moment-là que les amendements
apportés au projet de loi... On s'en souviendra, j'étais de ce
côté-ci de la table, il était de l'autre côté
et il était arrivé avec 54 amendements dont un -je veux le
rappeler au ministre parce qu'il n'était pas là à
l'époque - qui a primé au niveau du plan de pêche parce que
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation voulait
s'approprier cette prérogative dans un autre projet de loi. C'est ici
qu'on avait réglé cela par un amendement apporté par le
ministre et soutenu par l'Opposition dans le but de contrecarrer les plans du
député de Lévis. Le ministre avait admis à ce
moment-là que la loi et les amendements apportés à la loi
n'étaient pas suffisants.
Il nous disait aussi, en date du 16 juillet 1984, qu'un cadre
législatif et réglementaire sur la conservation des habitats
fauniques essentiels circulait au ministère, semble-t-il. On a vu cela
à un moment donné dans les documents, c'était
marqué "projet". On peut y lire que "les activités visées
par la présente proposition d'un cadre législatif et
réglementaire doivent être prioritairement des activités
n'étant pas déjà assujetties à des dispositions
législatives réglementaires de nature environnementale.
Toutefois, la présente proposition vise également certaines
activités déjà assujetties à des dispositions
législatives réglementaires de nature environnementale où
la conservation des habitats fauniques n'est pas prise en considération
de façon suffisante. " C'était à la page 2.
Autrement dit, on admet explicitement l'insuffisance de la loi actuelle
pour protéger nos habitats. Pourtant, rien n'a été
présenté à l'automne et cela, malgré le fait que la
proposition entre vos mains date de juillet et qu'on parlait d'une commission
parlementaire pour l'automne. Dans votre esprit à vous, quand
entendez-vous déposer le projet de loi sur les habitats fauniques? Avant
l'ajournement de la session? Dans une semaine? Dans deux semaines? Je parle
toujours d'ajournement. Le 15 mai ou le 21 juin?
M. Brassard: M. le Président, effectivement, mon
prédécesseur avait pris l'engagement de compléter en
quelque sorte l'arsenal des outils, des instruments de conservation de la faune
et de compléter cet arsenal par une politique sur la conservation des
habitats fauniques.
M. Côté: Peut-on continuer jusqu'à 17 heures?
(12 h 45)
M. Brassard: Quand je suis arrivé au ministère, en
décembre, j'ai pris connaissance de certains documents portant sur la
politique de la faune et aussi un projet de politique sur les habitats
fauniques. Je pense que le député de Charlesbourg en a
cité quelques extraits. J'ai mentionné hier, d'ailleurs, à
l'occasion de la motion portant sur la conservation de la faune, mon intention
ferme de rendre publique une proposition de politique de conservation des
habitats fauniques qui devrait être l'objet d'une consultation à
l'occasion d'un colloque national sur la faune.
M. Côté: Cela veut dire que la loi serait
déposée à l'automne?
M. Brassard: Oui. 5i on veut voir un peu la séquence que
j'envisage, je pourrais être prêt à rendre public un projet
de politique sur les habitats fauniques au cours du mois de mai et ce projet de
politique sur les habitats fauniques serait, dans un premier temps, l'objet
d'une consultation des organismes intéressés de près ou de
loin à la conservation de la faune dans un colloque national sur la
faune qui pourrait, lui, avoir lieu au mois de juin. À partir des
résultats de ce colloque et des consensus qui, j'imagine, s'en
dégageraient, on pourrait préparer un projet de loi, des
dispositions législatives qui pourraient être
déposées à l'automne et qui pourraient aussi - je
pense
que c'est envisageable dans la séquence -faire l'objet, une fois
que la politique aura pris la forme d'un projet de loi, d'une consultation par
une commission parlementaire à l'automne, avant l'enclenchement du
processus législatif.
Donc, au cours du mois de mai, je devrais rendre public un projet, une
proposition de politique concernant les habitats fauniques et annoncer du
même coup la tenue d'un colloque national sur la faune au cours duquel la
réflexion porterait - je ne dirais pas exclusivement, mais pour une
large part - sur ces propositions de politique. Je recueillerais ainsi les
réactions, les opinions, les points de vue des différents
organismes au Québec qui s'intéressent à la conservation
et è la protection des habitats fauniques et, à partir de cette
consultation, à ce niveau-là, on pourrait préparer un
projet de loi qui serait déposé à l'automne.
M. Côté: De toute façon, c'est un processus
qui évolue. Je voudrais peut-être qu'on se parle un peu de la
fondation pour la conservation de la faune, un autre dossier
hérité de votre prédécesseur. À
l'intérieur de la loi 9, en décembre 1983, il était dit...
Les articles touchant la fondation furent proclamés en juin. Lors de
l'étude des crédits en avril 1984, votre
prédécesseur nous mentionnait, concernant ia fondation: "Je me
cherche présentement un président -en parlant de la nomination -
avant juin si possible. " On se rend compte que, dans certains autres domaines,
comme on l'a vu à l'Assemblée nationale hier dans le cas de
Marine, il y en a que vous trouvez plus facilement pour certaines nominations.
Finalement, tout cela avait été très "publicisé";
dans les communiqués de presse remis, distribués, on faisait
état de 1 000 000 $ de disponibilité pour la fondation, que ce
serait pour bientôt, bientôt, bientôt, bientôt...
Finalement, on se rend compte aujourd'hui que votre gouvernement n'a pas eu
besoin de verser le million, c'est probablement le million qui est allé
au saumonl
M. Brassard: Ce n'est jamais écrit dessus comme cela, le
million!
M. Côté: Ce n'est pas écrit comme cela? C'est
peut-être ce même million qui est allé là.
Aujourd'hui, on se retrouve encore sans président, avec probablement
l'intention très ferme d'en nommer un dans les prochaines semaines.
Qu'est-ce qui arrive au niveau de la fondation? Il y avait un conseil
d'administration de sept membres. Est-ce que cela sera plus rapide que dans le
cas de la SEPAQ?
M. Brassard: Dans le cas de la SEPAQ, il y a peut-être eu
des retards, mais c'est quand même en route. Dans le cas de la fondation,
encore une fois, je l'ai indiqué hier - parce que le
député de Charlesbourg avait évoqué ce sujet en
Chambre, hier, pendant son intervention sur la Semaine de la conservation de la
faune - en réplique, que j'ai l'intention très ferme de mettre
sur pied la fondation. J'admets avec lui de nouveau, sans faire de reproches
à qui que ce soit, qu'il y a eu des retards dans la mise sur pied de cet
autre outil important prévu dans la Loi sur la conservation de la faune
en matière de protection des habitats fauniques. J'ai l'intention,
à ce sujet, avant l'ajournement de l'été, d'annoncer la
composition du conseil d'administration de la fondation et de prévoir
les ressources qui pourraient être mises à sa disposition.
M. Côté: M. le ministre, lorsque vous parlez d'un
outil important, j'en conviens, c'est comme un chasseur qui va à la
chasse et qui a une 30-06, c'est un outil très important, mais s'il
passe un orignal ou un chevreuil et qu'il ne s'en sert pas... C'est un outil
qui est effectivement très important, mais, quand on ne s'en sert pas,
on ne peut pas mesurer tous les bienfaits qu'il peut nous rapporter. Dans le
cas de la fondation, je prends note - d'ailleurs, c'est inscrit au Journal des
débats - que d'ici à juin le conseil d'administration sera en
poste.
On a souvent parlé au cours des discussions, quand on parle de
conservation de la faune surtout - la difficulté financière, je
pense que la preuve est faite au niveau du Conseil du trésor - de la
difficulté de faire le contrepoids de votre collègue de
Lévis. Dans différents domaines, les pattes et les griffes d'ours
laissent des traces à peu près partout.
Dans le cas de la baie Lavallière, je n'ai pas à reprendre
toute la ribambelle des lettres, des contre-lettres, des réunions avec
le ministère de l'Environnement, mais il y a une seule lettre que j'ai
ici, datée du 17 octobre 1984, signée par votre
prédécesseur, qui témoigne admirablement bien des rapports
de forces à l'intérieur. Je voudrais citer trois paragraphes de
cette lettre et vous demander, par la suite, qu'est-ce que vous entendez faire
dans de telles situations.
M. le député de Joliette, alors ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, écrivait à son collègue, le
député de Lévis, ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Je cite in extenso les trois paragraphes:
"Pour notre bonne compréhension mutuelle et celle de tout le monde, il
m'apparaît important de rappeler que l'aménagement de la baie
Lavallière visait à une amélioration des habitats
fauniques propices à la sauvagine et au rat musqué et a fait
suite à sept années d'efforts et de concertation entre nos deux
ministères, les producteurs agricoles locaux
et Canards illimités. Cet aménagement a
entraîné un investissement ' de plus de 700 000 $ par mon
ministère et Canards illimités. "Le litige, avec nos
fonctionnaires, vient du fait qu'il nous faudra ramener le niveau d'eau
à son état original pour vous permettre de réaliser votre
deuxième projet de drainage. Ceci aura pour effet de retarder encore une
fois la réalisation de ce projet d'aménagement faunique et aura
même des répercussions sur la population des rats musqués,
puisqu'il est facile de prévoir des mortalités massives de cette
espèce à cause de l'impossibilité, pour eux, de
reconstituer leurs cabanes ailleurs pour la prochaine saison hivernale. Plus
concrètement, il s'agit d'une perte d'environ 3000 rats musqués
représentant, pour nos trappeurs locaux, une perte d'environ 20 000 $.
"
C'est ce paragraphe particulier qui fait mal: "Malgré ce que je
viens de vous dire et même si je ne comprends pas encore très bien
la justification de vos travaux, j'accepte, dans un effort additionnel de
concertation et de collaboration avec votre ministère, de ramener le
niveau d'eau à son état original pour que vous puissiez
réaliser vos travaux de drainage et les compléter sans faute
avant le 30 décembre 1984, selon les devis proposés et convenus.
"
C'est celui qui s'est battu à l'intérieur du
ministère contre le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation qui, à ce moment, abdique devant une telle situation
après avoir fait un constat des dommages à la faune
qu'occasionnerait le projet parrainé par le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation.
Est-ce que vous endossez aussi la prise de position de votre
prédécesseur et qu'est-ce que vous entendez faire dans des cas
comme ceux-là?
M. Brassard: Effectivement, M. le Président, les digues
ont été levées et le ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation a amorcé des travaux de
drainage, comme on le sait, au mois de décembre, qui sont en bonne
partie réalisés. Par la suite, il y a eu un litige avec le
ministère de l'Environnement. Ce dernier estimait que ces travaux
devaient être soumis à la procédure d'évaluation et
d'examen des impacts, donc à une étude d'impact. Finalement, les
travaux ont été interrompus..
Ce que je reconnais, c'est l'importance des travaux d'aménagement
qui ont été faits conjointement par le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche et Canards illimités. Vous
avez cité les chiffres importants de l'investissement tout è
l'heure et, quand ces aménagements vont être en opération
et utilisables, c'est évident que cela va avoir des effets
bénéfiques sur la faune et, en particulier, sur la sauvagine
parce qu'on va ajouter plus de 900 hectares de terrains marécageux qui
vont être évidemment propices à la production de la
sauvagine. Cela va avoir des effets bénéfiques sur la population
des rats musqués également.
L'intention, l'objectif premier de ces travaux concernait la
sauvagine.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre, concluez.
M. Brassard: Je conclus en disant que, pour le moment, je n'ai
pas encore pris de décision quant è la mise en eau de la baie
Lavallière.
M. Côté: Vous n'avez pas parlé des
caribous.
M. Brassard: C'est regrettable parce que j'aurais eu des choses
intéressantes à dire.
M. Côté: On va se reprendre, soyez-en sûr!
Le Président (M. Marquis): Cela va? Il reste une
procédure...
M. Côté: Cela va. M. le Président, on en
aurait eu encore pour cinq à dix heures additionnelles, mais le ministre
a beaucoup de décisions à prendre quant à l'arbitrage,
dans ses budgets, alors on va lui laisser ces cinq heures pour donner des
réponses aux gens, dans les régions, qui attendent.
Adoption des crédits
Le Président (M. Marquis): Merci. Il reste une
procédure avant que nous nous quittions, c'est l'adoption des
crédits, programme par programme. Est-ce que le programme 1, Soutien aux
municipalités et aux organismes de loisir, éléments 1
à 3, est adopté?
M. Côté: Malgré les diminutions, oui, M. le
Président.
Le Président (M. Marquis): Adopté. Est-ce que le
programme 2, Promotion du loisir socio-culturel, éléments 1
è 4, est adopté?
M. Côté: Malgré les diminutions, M. le
Président, adopté.
Le Président (M. Marquis): Adopté. Est-ce que le
programme 3, Plein air, parcs et réserves, éléments 1
à 4, est adopté?
M. Côté: Malgré les diminutions
substantielles, adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marquis): Adopté. Est-ce que le
programme 4, Promotion de l'activité physique et du sport,
éléments 1 et 2, est adopté?
M. Côté: Avec une augmentation de 2, 7 %, M. le
Président, adopté.
Le Président (M. Marquis): Adopté.
M. Beauséjour: Vous avez dit adopté? C'est parce
qu'il dit que ce n'est qu'une augmentation de 2, 7 %. Ce n'est pas assez.
Est-ce que c'est cela qu'il veut dire?
Le Président (M. Marquis): La discussion est close
là-dessus.
M. Côté: C'est pour vos garderies...
Le Président (M. Marquis): Est-ce que le programme 5,
Gestion interne et soutien, éléments 1 à 3, est
adopté?
M. Côté: Avec 21 % d'augmentation, M. le
Président, adopté.
Le Président (M. Marquis): Adopté. Est-ce que le
programme 6, Régie de la sécurité dans les sports, est
adopté?
M. Côté: Adopté.
Le Président (M. Marquis): Est-ce que le programme 7,
gestion des ressources fauniques, éléments 1 à 3, est
adopté?
M. Côté: Adopté.
M. Beauséjour: M. le Président, cela
m'inquiète, le député de Charlesbourg n'a pas passé
d'autres remarques sur les deux derniers points.
Le Président (M. Marquis): Messieurs les
députés, à l'ordre! Est-ce que l'ensemble des
crédits du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, pour l'année financière 1985-1986, est
adopté?
M. Côté: Adopté.
Le Président (M. Marquis): Adopté.
M. Côté: M. le Président.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: J'aimerais, à ce moment-ci de nos
travaux, remercier tous les fonctionnaires qui ont bien voulu se prêter
à l'exercice, de même que le ministre. Ce n'est pas toujours
facile de passer dix heures à répondre à des questions de
l'Opposition, non pas parce que les questions sont nécessairement
brillantes - je vois rire le député de Chambly - mais parce que
l'Opposition a à faire un travail. Aussi, le rôle du ministre
n'est pas facile. Il s'est défendu avec les moyens qu'il avait. Au
départ, j'avais affirmé que le ministère se mourait.
Après avoir fait le tour non pas de l'ensemble des dossiers, mais de
certains dossiers, je pense que plusieurs secteurs sont en sérieuses
difficultés dans le ministère. Cela n'est pas dû - et je le
dis très honnêtement - à la volonté du ministre ou
des gens qui le soutiennent au ministère, mais à un blocage
presque systématique du Conseil du trésor concernant le
ministère- De ce fait, je pense que le ministre va avoir besoin de
soutien dans l'avenir quant à débloquer, au niveau de la
volonté gouvernementale, des volontés vraiment manifestes dans
les crédits à être adoptés pour le
ministère.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre.
M. Brassard: Très très simplement quelques mots de
remerciements moi aussi, d'abord à votre endroit, pour avoir si
patiemment dirigé les travaux de cette commission, de même qu'aux
membres de la commission parce que c'est un exercice qu'il convient de faire
à chaque année. Cela nous permet de faire des mises au point,
mais aussi d'examiner plus en profondeur un certain nombre de dossiers, un
certain nombre de sujets pour le bénéfice de toute la population
et des membres de la commission. Je voudrais remercier tous les membres de la
commission y compris, évidemment, le député de
Charlesbourg qui est le porte-parole de l'Opposition en cette matière.
De même, comme le député de Charlesbourg l'a fait, je dois
remercier tous les fonctionnaires, cadres, sous-ministres, directeurs
généraux, qui ont bien voulu participer à cet exercice et
me prêter main-forte dans bien des cas. Merci.
Le Président (M. Marquis): Merci. 5ur ce, les travaux de
la commission parlementaire de l'aménagement et des équipements
sont suspendus jusqu'à la prochaine séance.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise à 15 h 30)
La Présidente (Mme Bacon): La commission parlementaire de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux et nous
entamons l'adoption des crédits du ministère des Affaires
municipales.
M. le ministre, avez-vous une déclaration d'ouverture à
faire?
Affaires municipales M. Marcoux: Bien sûr!
La Présidente (Mme Bacon): La parole est à vous, M.
le ministre.
Déclarations d'ouverture M. Alain
Marcoux
M. Marcoux: Mme la Présidente, MM. les
députés, au début des travaux de cette commission,
j'aimerais vous présenter les principales orientations du
ministère pour l'année qui vient, pour les derniers mois de
l'année 1984-1985 ainsi que les principales orientations
budgétaires du ministère des Affaires municipales pour
l'année 1985-1986.
Je viens de vous faire distribuer, en plus de la documentation que vous
avez reçue pour les travaux préparatoires à cette
commission, une pochette dans laquelle vous retrouverez les orientations
générales du ministère pour l'année 1984-1985 et
l'année 1985-1986 ainsi qu'un discours que je faisais aux fonctionnaires
du ministère des Affaires municipales au mois d'août dernier pour
leur présenter ces priorités d'action qui ont, entre autres,
orienté les crédits budgétaires que nous allons
analyser.
Préalablement, comme il est d'usage et que j'allais l'oublier, je
voudrais vous présenter les personnes qui m'accompagnent. D'abord, je
vais vous présenter M. Trinh qui est à la Direction de
l'administration financière; M. Sylvain, de l'administration
financière également; M, Mario Saint-Germain qui est
secrétaire du ministère; M. Lafond, vice-président de la
Commission municipale. Les autres personnes qui m'accompagnent sont M. Lucien
Métras de la Direction des relations avec les municipalités,
ainsi que les personnes de mon cabinet: mon chef de cabinet, M. Berthier
Landry; M. Yvon Boudreau, Mme Danielle Lepage, attachés de presse; M.
Jean Fournier, attaché politique; M. Réjean Béland,
attaché politique; M. François Boisclair et M. Michel Auclair,
également attachés politiques.
Alors, l'an dernier, lorsque je suis devenu ministre des Affaires
municipales, j'ai entrepris des rencontres de consultation auprès de
l'Union des municipalités du Québec, de l'Union des
municipalités régionales de comté, des
députés ministériels d'une dizaine de MRC du
Québec; tout cela, au fil de mes rencontres dans différentes
régions du Québec. Parallèlement à ce travail de
consultation, j'ai demandé au sous-ministre de consulter les
fonctionnaires du ministère, chacune des directions
générales, sur ce que pourraient être les priorités
du ministère pour l'année et demie ou les deux années
à venir. En fait, mon discours d'introduction à ces groupes que
je rencontrais était très bref, cela prenait deux ou trois
minutes, je posais à chacun la question suivante: Si vous étiez
ministre des Affaires municipales, quelles seraient vos priorités pour
l'année ou l'année et demie qui vient? Et j'ai retenu cinq
messages du monde municipal à cette occasion, le premier étant:
Écoutez-nous, le deuxième étant: Faites-nous confiance, le
troisième étant de faire en sorte de consolider les grandes
réformes entreprises en 1978, 1979 et 1980 plutôt que
d'entreprendre de nouvelles réformes. Un quatrième message
était que le ministère devait devenir davantage un
ministère de services, de soutien aux municipalités, qu'un
ministère de contrôle, et un cinquième message était
que le ministère des Affaires municipales devait assumer davantage un
rôle de coordination interministérielle pour s'assurer de la
cohérence de l'action gouvernementale dans la mesure où cette
action gouvernementale touche les municipalités, le monde municipal, les
citoyens qui vivent dans les municipalités. C'est à partir des
suggestions qui m'ont été faites à cette occasion que j'ai
élaboré des orientations générales pour le
ministère des Affaires municipales, ainsi que précisé des
moyens d'action pour atteindre chacune de ces orientations
générales. Pour vous guider -parce que j'ai l'intention de
résumer ces orientation générales et ces moyens d'action -
dans la pochette que je viens de vous livrer, vous trouverez un tableau
synoptique qui décrit l'ensemble de ces orientations que je veux
reprendre et ces moyens d'action.
La première orientation retenue est de consolider les
réformes plutôt que d'entreprendre de nouvelles réformes:
la réforme de la démocratie municipale, celle de
l'aménagement du territoire et celle de la fiscalité
municipale.
Les moyens d'action pour consolider la réforme de- la
démocratie municipale. Le premier que nous avons retenu, c'est
l'élaboration d'une politique de perfectionnement des élus
municipaux. À ce titre, nous avons élaboré au
ministère une politique de formation, de perfectionnement des
élus municipaux. Nous sommes d'ailleurs arrivés à conclure
une entente, l'UMRCQ et le ministère des Affaires municipales, pour que
se déroulent au cours du printemps, au cours des mois d'avril, mai et
juin cette année, des sessions de formation et de perfectionnement des
élus municipaux. Nous nous sommes entendus avec l'Union des
municipalités régionales de comté sur le contenu de cette
formation, sur la façon dont les sessions seraient faites, sur le
déroulement, etc. Nous avons également convenu avec l'Union des
municipalités du Québec qu'en janvier et février 1986, en
janvier et février prochains, se dérouleront également des
séances de formation et d'information des élus touchés
par le Code des cités et villes. Nous élaborerons en
commun le contenu, le déroulement et la démarche de ces sessions
de formation.
Dans une perspective de changer l'orientation du ministère, d'en
faire un ministère de soutien et de services aux municipalités,
davantage qu'un ministère de contrôle, l'important - je pense que
c'est la première façon de manifester ce soutien -c'est de faire
en sorte que cela devienne une vocation habituelle, permanente, du
ministère des Affaires municipales d'assurer, en particulier, le
perfectionnement des élus municipaux et une formation de cesdits
élus lorsqu'il y a de nouvelles lois, de nouveaux règlements qui
concernent le monde municipal.
Un deuxième moyen de consolider la réforme de la
démocratie municipale, c'est de réviser le régime de
retraite des élus. Vous savez qu'il y a une demande à cet
égard, particulièrement de l'Union des municipalités du
Québec. Nous travaillons actuellement, intensivement, à une
révision du régime de retraite des élus municipaux et nous
comptons compléter ce travail dans l'année qui vient.
Quant à la consolidation de la réforme sur
l'aménagement du territoire, en septembre dernier ou en juillet dernier,
lorsque nous avons tracé ce programme, notre premier moyen d'action
était d'établir avec le SAD, le Secrétariat à
l'aménagement et à la décentralisation, et le
comité interministériel de coordination un mécanisme plus
efficace de préparation des documents à transmettre aux
municipalités régionales de comté, dans le cadre de
l'élaboration de leur schéma d'aménagement. Disons que,
maintenant, je pourrais dire que cette coordination est beaucoup plus facile,
puisque, depuis décembre dernier, depuis le dernier remaniement
ministériel, je suis devenu responsable, d'une part, du
Secrétariat è l'aménagement et à la
décentralisation, ce qui comprend le COMPA, le Comité
ministériel permanent de l'aménagement, le groupe sur la
décentralisation et le groupe sur l'aménagement du territoire qui
doit préparer des avis du gouvernement en fonction des articles 11 et 16
de la loi 125.
Or, depuis le 1er avril dernier, toute la direction de
l'aménagement ou le groupe d'aménagement qui travaillait au
Secrétariat à l'aménagement et à la
décentralisation fait partie intégrante du ministère des
Affaires municipales et constitue une nouvelle direction générale
dudit ministère, la Direction générale des orientations en
aménagement. Alors, cette coordination est maintenant assurée,
j'espère, de façon plus efficace.
Dans cette volonté de consolider les réformes en
aménagement du territoire, en août et septembre derniers, je
prévoyais devoir donner suite aux recommandations d'étude de la
commission Robidas, la commission d'étude sur la région de
l'Outaouais. Vous savez que plusieurs suites ont été
données au rapport de cette commission. Je considère que, pour
l'essentiel, ce travail est accompli.
Également, nous voulions - c'étaient des intentions, mais
vous voyez qu'il y a déjà plusieurs éléments de
réalisés, je les préciserai au fur et à mesure -
former une MRC avec Mirabel. C'est fait depuis le 1er janvier 1985. Nous avons
adopté une loi, dans le cadre de l'omnibus gouvernemental à cet
effet, en décembre dernier. Et nous avons créé, quant
à la situation au nord du 49e parallèle jusqu'au 55e
parallèle, un comité consultatif pour nous indiquer s'il fallait
former une ou deux MRC au nord du 49e parallèle ou y faire une
administration régionale d'un statut spécial. Nous avons
créé un comité consultatif qui est chargé de nous
faire des recommandations sur la meilleure façon d'assurer
l'aménagement du territoire au nord du 49e parallèle, en
respectant toutes les contraintes spécifiques à ce territoire.
Normalement, ce rapport est attendu d'ici le début de
l'été.
Nous avions l'intention de procéder à des amendements
législatifs pour améliorer la loi 125 sur l'aménagement du
territoire. C'est en ce sens-là que, dans l'omnibus de décembre
dernier, j'ai fait adopter un amendement à l'article 256. 1 de la loi
125, pour donner des droits acquis à ceux qui auraient, avant
l'entrée en vigueur du règlement de contrôle
intérimaire, loti des lots, mais dont les lots ne correspondraient pas
aux normes du règlement de contrôle intérimaire; pour que
ces personnes ne perdent pas le droit d'usage des lots qu'elles auraient
acquis. Nous avons fait une dérogation pour faire en sorte que les lots
acquis entre la mise en oeuvre de la loi 125 et les règlements de
contrôle intérimaire puissent être bâtis, même
s'ils ne respectent pas toutes les normes des règlements de
contrôle intérimaire.
Également cette perspective de consolidation des réformes
sur l'aménagement du territoire, nous avons révisé les
contrôles exercés par le ministère des Affaires municipales
sur les règlements de contrôle intérimaire. Vous avez
sûrement entendu la critique indiquant que, une fois que les
règlements de contrôle intérimaire étaient en
vigueur, le ministère des Affaires municipales acceptait très peu
souvent des modifications ou des amendements à ces règlements de
contrôle intérimaire, dans les municipalités
régionales de comté.
L'automne dernier, j'ai annoncé, au congrès de l'UMRCQ,
des changements de politique du ministère des Affaires municipales
à cet égard, dans le sens suivant. Depuis
novembre dernier, lorsque des amendements aux règlements de
contrôle intérimaire nous sont proposés, nous indiquons de
façon générale à la municipalité
régionale de comté notre opinion, à savoir que les
amendements proposés sont excellents ou posent certains points
d'interrogation ou que des aspects légaux ou d'autres aspects devraient
être examinés de façon plus avancée par la
municipalité régionale de comté, ce qui fait qu'il y a des
désaveux de moins en moins fréquents aux amendements de
règlements de contrôle intérimaire proposés par les
municipalités régionales de comté. Ce pouvoir de
désaveu demeure toujours, j'ai toujours l'intention de l'utiliser et je
l'utilise à l'occasion, sur des questions d'intérêt public
et d'intérêt majeur. Je pense, par exemple, à une
municipalité régionale de comté qui veut amender son
règlement de contrôle intérimaire pour faire bâtir ou
lotir en zone inondable. C'est une politique gouvernementale prioritaire que
d'empêcher la construction en zone inondable. Évidemment, dans un
tel type de cas, je continue d'exercer le pouvoir de désaveu.
De façon générale, comme les règlements de
contrôle intérimaire sont en vigueur dans les 94 ou 95
municipalités régionales de comté et qu'elles sont
familières avec ce processsus, il nous est apparu qu'il fallait
fonctionner bien plus dans une perspective de soutien aux municipalités
régionales de comté que de contrôler chacun des gestes
qu'elles pouvaient poser dans le menu détail.
Quant à la consolidation de l'aménagement du territoire,
un autre moyen d'action que nous voulons élaborer - il n'est pas encore
fait, celui-ci - c'est un programme d'information sur la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme auprès de l'ensemble des élus
municipaux. En effet, nous craignons qu'un écart grandisse entre les
maires et mairesses qui participent au conseil de la MRC et le reste des
élus municipaux, des conseillers et des conseillères. Il nous
apparaît qu'il faut développer des moyens d'information que nous
mettrions à la disposition des municipalités régionales de
comté pour qu'elles impliquent davantage, soit sous forme d'information,
d'animation ou de participation, les conseils municipaux à
l'élaboration même du schéma d'aménagement pour que
les conseils municipaux ne se réveillent pas trop tard ou n'aient pas de
mauvaises surprises quand ils constateront où en est rendue
l'élaboration du schéma d'aménagement par les
municipalités régionales de comté.
Voilà les cinq ou six moyens d'action précis auxquels nous
avons travaillé et auxquels nous continuerons de travailler pour
consolider la réforme concernant l'aménagement du territoire.
Maintenant, concernant la fiscalité municipale, la table
Québec-municipalités a mis sur pied un comité technique
pour voir quelles suites pouvaient être données au rapport de 1982
concernant la réforme de la fiscalité municipale. Vous vous
souvenez que la réforme de la fiscalité municipale a
été faite en 1979. En 1982, il y a eu un comité conjoint
de l'UMQ, de l'UMRCQ et du ministère des Affaires municipales pour faire
l'évaluation de cette réforme et il y a eu une trentaine de
recommandations qui ont été faites par ce comité
conjoint.
Déjà, une quinzaine de recommandations ont eu des suites
concrètes, mais nous avons mis un comité technique de la table
Québec-municipalités sur pied pour voir dans quelle mesure on
pourrait donner d'autres suites aux recommandations qui étaient faites.
Ce comité technique est à l'oeuvre actuellement.
Dans la consolidation de la réforme de la fiscalité
municipale, nous avons décidé de faire une révision des
contrôles exercés par le ministère des Affaires municipales
et la Commission municipale du Québec sur la gestion des finances
municipales. C'est essentiellement la loi 2 que l'Assemblée nationale a
adoptée en décembre 1984 qui réduit de 13 000 à
4000 le nombre d'approbations administratives nécessaires, dans le
domaine financier, pour les municipalités, à chaque année,
et qui supprime une quarantaine de sortes d'approbations que les
municipalités devaient obtenir du ministère ou de la Commission
municipale auparavant. Cette loi 2 a été vraiment saluée
par le monde municipal comme étant la marque d'un esprit de confiance et
d'écoute à leur endroit et aussi la marque qui signifiait que les
municipalités ont toute l'expertise, maintenant, en
général, pour poser un paquet de gestes dans le domaine financier
qui n'ont pas à être contrôlés par le
ministère des Affaires municipales ou la Commission municipale du
Québec. Or, cet élément est complètement
réalisé pour le moment. Il y a eu 50 séances d'information
entre la mi-janvier et la mi-février dans tout le Québec sur la
loi 2, auxquelles ont participé 3700 élus et fonctionnaires,
environ 2000 élus et 1700 fonctionnaires du monde municipal. C'est dire
que cette loi a été très bien accueillie. (15 h 45)
Dans la consolidation de la fiscalité municipale, il y a des
modifications qui sont actuellement à l'étude concernant les
fermes et boisés et concernant l'article 65. Les fermes et
boisés, vous savez qu'il y a une compensation qui est donnée par
le ministère de l'Agriculture aux agriculteurs, si le taux de taxation
dépasse les 2 $ des 100 $ d'évaluation et, également,
cette compensation est équivalente en zone agricole à 70 % de
leur taxe foncière.
D'autre part, le ministère des Affaires
municipales donne une compensation aux municipalités parce qu'il
y a un maximum d'évaluation à l'hectare qui est de 375 $
l'hectare. Or, il y a des compensations qui sont données pour le manque
à gagner au niveau municipal. On constate que le nombre de fermes au
Québec, et vous allez voir que c'est absurde, a augmenté depuis
trois ans de 52 000 à 82 000, ce qui n'a aucun rapport, aucune commune
mesure avec la réalité. C'est que plusieurs... On a
découvert, évidemment, que cela pouvait être une excellente
source de subventions indirectes. Alors, nous réfléchissons
actuellement avec les élus municipaux pour trouver une solution à
ce problème pour s'assurer d'une plus grande équité parce
que, s'il y a quelques millions de dollars qui vont à des
municipalités qui, autrement, n'y auraient pas droit, c'est de l'argent
qui ne va pas à l'ensemble des municipalités.
Quant à l'article 65. 1, c'est l'article qui concerne
l'évaluation des immeubles industriels et sur lesquels il y a eu
plusieurs contestations devant le bureau d'évaluation foncière.
Or, cet article demanderait à être précisé pour
qu'il ne porte pas à confusion. Actuellement, nous faisons des travaux
pour voir comment l'article 65. 1 de la loi sur les finances municipales
pourrait être amendé, pour clarifier cet article et éviter
en somme que se multiplient les contestations devant le bureau de
l'évaluation foncière, ce qui est une source
d'insécurité pour les municipalités qui ne savent pas
quels seront leurs revenus véritables s'il y a trop de contestations,
pour des montants très élevés souvent, devant le bureau de
l'évaluation foncière.
Également, nous avons l'intention de préparer des guides
et des manuels pour l'application, l'élaboration des budgets pour tout
ce qui a trait à la fiscalité municipale, pour aider les
conseillers, les maires, pour aider les fonctionnaires municipaux à
mieux administrer leur municipalité. Nous voulons leur fournir, dans une
perspective de soutien, de service, des guides et manuels pour l'application
des lois qui ont trait à la fiscalité municipale.
Nous voulons également fournir une assistance technique
spécifique à des municipalités qui pourraient avoir des
problèmes particuliers dans le domaine de leurs finances municipales.
Nous sommes en train de nous doter de moyens de détection
spécifiques à cet égard pour pouvoir travailler
particulièrement avec des municipalités qui ont des
problèmes à un certain moment concernant leurs finances
municipales.
Nous voulons également poursuivre ou améliorer le
perfectionnement des élus et des gestionnaires en ce qui a trait
à la fiscalité municipale, particulièrement è
travers les sessions que nous organisons pour les élus et les
fonctionnaires, dont j'ai parlé tantôt.
Maintenant, si on regarde la deuxième orientation
générale du ministère des Affaires municipales, elle
constitue un rapprochement entre le ministère des Affaires municipales
et le milieu municipal, d'une part, et les citoyens, d'autre part, l'appareil
gouvernemental, également. Dans notre volonté de nous rapprocher
comme ministère du milieu municipal, nous avions retenu comme
priorité l'idée de négocier la signature de nouvelles
ententes fédérales-provinciales. Nous y sommes arrivés, en
ce sens que les municipalités peuvent bénéficier
maintenant des programmes Canada au travail. Elles peuvent
bénéficier du programme Défi 85 et d'à peu
près la plupart des programmes du ministère de l'Emploi et de
l'Immigration du Canada.
Également, nous avons voulu prendre des moyens pour assurer le
respect du concordat que nous avons signé l'été
passé, en juin dernier, entre l'Union des municipalités du
Québec, l'UMRCQ et le gouvernement pour faire en sorte que le rôle
et la juridiction du Québec sur les municipalités soient
entièrement respectés au Québec et, deuxièmement,
que cela assure une saine gestion municipale.
Nous avons établi comme priorité la poursuite des travaux
de la table Québec-municipalités qui est devenue un groupe
très important dans la vie du ministère des Affaires municipales
et du monde municipal puisque, maintenant, la plupart, sinon tous les projets
de loi, les projets de politique, les projets de réglementation qui
concernent, le monde municipal sont discutés à la table
Québec-municipalités avant d'être déposés au
Conseil des ministres ou en comité ministériel et qu'à
cette table Québec-municipalités nous discutons de l'ensemble de3
politiques, des projets de loi, des projets de règlement qui touchent le
monde municipal et nous les discutons avant qu'ils soient rendus publics, pour
la plupart.
C'est ainsi qu'au moins sept ou huit ministres sont venus à la
table Québec-municipalités depuis le mois de mai dernier pour
discuter de leurs différentes politiques ou projets de loi. Par exemple,
le projet de loi qui a été rendu public hier par le ministre des
Affaires culturelles sur les biens culturels, c'est un projet de loi que nous
avons discuté à la table Québec-municipalités au
mois d'octobre dernier, avant même qu'il soit présenté au
Comité ministériel du développement culturel ou au Conseil
des ministres et plusieurs ajustements ont pu être faits à ce
projet de loi qui satisfont le monde municipal.
Le ministre de l'Environnement est venu à trois reprises à
la table Québec-municipalités pour discuter d'abord de la Loi sur
la qualité de l'environnement que nous avons amendée en juin
dernier, pour discuter
du programme de l'assainissement des eaux et, récemment, pour
discuter du programme Berges neuves et de la loi sur la mise en valeur du
milieu aquatique.
Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
est venu nous rencontrer durant trois heures pour discuter de la loi sur le
zonage agricole, de la protection du zonage agricole.
Le ministre de l'Habitation est venu discuter de la loi 3 avec la table
Québec-municipalités et plusieurs amendements ont
été faits au projet de loi 3, lesquels ont satisfait le monde
municipal, plusieurs amendements qui avaient été demandés
par le monde municipal.
Les ministres de l'Habitation, l'ancien comme le nouveau, M. Tardif
comme M. Rochefort, sont tous deux venus à la table
Québec-municipalités pour aborder le projet de loi sur les normes
dans le secteur du bâtiment, l'inspection pour l'application de ces
normes, projet de loi que le gouvernement entend déposer bientôt
et les hypothèses de ce projet de loi ont été
discutées à la table Québec-municipalités à
au moins deux ou trois reprises.
Le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche est venu
rencontrer la table Québec-municipalités pour lui proposer son
plan de consultation sur l'ensemble de l'évolution du loisir municipal
au Québec.
Ce sont quelques exemples qui illustrent que la table
Québec-municipalités, composée de représentants de
l'exécutif de l'UMQ et de l'exécutif de l'UMRCQ, est devenue un
organisme très important pour le gouvernement comme pour le
ministère des Affaires municipales et qu'elle permet d'atteindre
l'objectif que j'indiquais tantôt, celui d'une véritable
coordination interministérielle dans l'action du gouvernement
auprès du monde municipal.
Dans cette volonté de rapprochement avec le milieu municipal, un
autre moyen d'action que nous voulons développer, c'est de favoriser le
développement d'activités de prévention plutôt que
l'application de mesures correctives face au monde municipal, en somme, dans
certains secteurs de l'activité municipale. Il n'est pas
nécessaire d'aider toutes les municipalités. Il peut être
utile d'aider un certain nombre de municipalités qui ont des
problèmes particuliers.
Nous voulons développer, également, un programme
d'enseignement pour les pompiers et nous agissons déjà dans ce
secteur pour la formation d'instructeurs, d'officiers pompiers, mais nous
voulons franchir une nouvelle étape au cours de cette année et
aboutir à l'élaboration, la mise en oeuvre d'un programme
d'enseignement pour les pompiers.
Également, pour se rapprocher du milieu municipal, nous voulons
réexaminer complètement le mandat et les moyens d'action des
bureaux régionaux du ministère des Affaires municipales; c'est
une priorité d'action de cette annnée, la régionalisation
plus grande et mieux articulée du ministère des Affaires
municipales.
Quant à la région de Montréal comme telle, j'ai
déjà indiqué publiquement que je ne souhaitais pas
être le ministre des Affaires municipales simplement des
municipalités rurales du Québec ou du reste du Québec,
sauf Montréal ou la communauté urbaine, ou de la rive sud ou de
Laval. D'ici quelques semaines, nous aurons en place, à Montréal,
une équipe de professionnels spécialisés dans les dossiers
qui concerneront la région de Montréal pour faire en sorte que le
ministère des Affaires municipales joue pleinement son rôle de
coordination interministérielle sur les grands dossiers qui concernent
l'avenir de Montréal, de la communauté urbaine, puisque ce sont
deux ou trois millions de personnes qui sont affectées par ces
décisions. Il est important que le ministère des Affaires
municipales ait la présence la plus compétente et la plus active
possible par rapport à ces dossiers.
Également, nous voulons mettre en place une politique
d'information auprès des municipalités et faire un plan annuel de
communication approuvé par le ministre. Dans notre volonté de
rapprocher le ministère des citoyens en général, nous
sommes à revoir notre plan ministériel d'humanisation des
relations avec le citoyen. Un premier plan avait déjà
été fait il y a deux ans, lors de la création du
ministère des Relations avec les citoyens. Nous sommes en train de
revoir ce plan pour voir ce qui a été réalisé, ce
qui reste à compléter, pour faire en sorte que le
ministère des Affaires municipales ait les meilleures relations avec
l'ensemble de ses clientèles, évidemment les conseillers
municipaux, les conseils municipaux, mais aussi les citoyens; et,
deuxièmement, nous voulons prendre les meilleurs moyens possible pour la
mise en oeuvre de la loi 65 en ce qui concerne le ministère des Affaires
municipales.
Quant à notre volonté de rapprochement du ministère
des Affaires municipales avec l'appareil gouvernemental en
général, pour bien jouer le rôle dont je parlais
tantôt, de coordination interministérielle, l'ensemble du
ministère a déjà pris des moyens pour assurer une
meilleure présence du ministère, de ses sous-ministres,
auprès des gestionnaires des autres ministères, en particulier
l'Environnement et l'Agriculture. Mais je vous ai donné tantôt des
exemples qui illustrent que c'est auprès de l'ensemble des
ministères et nous sommes en train de revoir le rôle de la
direction de la recherche et de la programmation, des politiques, notamment
dans le soutien de divers dossiers spécifiques qui nous
paraissaient plus importants, en particulier des dossiers
interministériels.
Maintenant, quant au développement de nouvelles activités
qui répondaient à la demande du milieu municipal, le premier
point qui nous a été présenté comme devant
être un objectif à poursuivre, c'est de favoriser la concertation
des municipalités à l'égard d'une politique de
regroupement des achats. Dans le projet de loi omnibus que je déposerai
dans quelques semaines à l'Assemblée nationale, il y aura des
amendements législatifs au Code des cités et villes et au Code
municipal pour permettre le regroupement des achats dans le monde municipal, ce
qui était demandé depuis longtemps. Également, dans le
développement des nouvelles activités, nous voulions - et c'est
fait maintenant, c'est public depuis hier - élaborer un programme d'aide
financière s'adressant aux municipalités et visant
l'établissement de services de garde.
Hier, j'ai eu le plaisir d'annoncer trois mesures à ce titre. La
première mesure était que les municipalités, à
partir de maintenant, pourront appliquer à l'ensemble des programmes de
l'Office des services de garde... L'ensemble des programmes de l'office de
garde est maintenant disponible, depuis hier, à l'ensemble des
municipalités du Québec. C'est-à-dire qu'une
municipalité qui veut développer une garderie et qui veut
l'exploiter elle-même pourra bénéficier des subventions
d'aménagement. Les parents qui enverront leurs enfants là
pourront bénéficier des subventions aux parents, et la
municipalité pourra bénéficier des 4 $ par jour comme pour
une autre municipalité. Une municipalité qui voudra louer un
local à un organisme sans but lucratif ou à une
coopérative - à une garderie sans but lucratif ou à une
coopérative constituée en garderie - une municipalité
pourra louer, vendre ou prêter des locaux à une garderie en ce
sens. Cette garderie pourra bénéficier des programmes de l'Office
des services de garde, ce qui n'était pas possible dans le
passé.
Deuxième politique que j'ai annoncée hier, le
ministère des Affaires municipales a mis en place un programme
temporaire pour un an de 700 000 $, pour permettre à une trentaine de
garderies qui devront être relocalisées obligatoirement d'ici la
fin d'octobre prochain, parce qu'elles ne répondent pas au
règlement qui a été publié sur la qualité
des locaux à laquelle doit correspondre une garderie... Il y a une
trentaine de garderies qui devront absolument déménager. Pour
faciliter la relocalisation de ces garderies et pour faire en sorte que les
municipalités soient intéressées à leur offrir des
locaux, soit à construire des locaux ou à les rénover,
nous avons mis en place un programme de subventions pour un an qui permettra
à ces garderies d'être localisées en milieu municipal.
La troisième mesure que j'ai annoncée hier, c'est que le
Code municipal et le Code des cités et villes seront amendés dans
l'omnibus gouvernemental et dans l'omnibus municipal pour permettre aux
municipalités de louer, de vendre ou de donner des locaux à des
garderies, ce qui ne leur était pas possible dans le passé. (16
heures)
Ce sont les trois politiques très concrètes qui ont
été rendues publiques hier et qui feront que le milieu municipal
pourra s'intéresser au développement des garderies dans l'avenir,
concrètement, comme d'ailleurs il était suggéré
dans le document rendu public, cette semaine, par l'Institut Hudson, dans la
préparation du congrès de l'UMQ, lequel suggérait que le
secteur des garderies pouvait être un secteur où les
municipalités devraient ou pourraient, dans l'avenir, exercer un
rôle, puisqu'il correspond à un besoin communautaire qui est
proche des citoyens.
Dans les nouvelles activités à développer par le
ministère cette année, il y a la poursuite du programme
ReviCentre. Déjà, 64 municipalités pour 39 000 000 $ ont
été admises à ce programme de 57 000 000 $. Alors, c'est
un programme qui va très bien.
En août ou septembre dernier, je projetais de reconduire le PAIRA
1983; alors, il y a maintenant un programme PAIRA 1985, qui remplace le
programme de 1983; il est rendu public et il est fonctionnel, maintenant. Il
permet de donner des services d'aqueduc, ou d'égout, ou
d'approvisionnement en eau à des municipalités de 7000 habitants
et moins, avec une possibilité de subvention.
Également, nous avions l'intention de développer un
programme d'aide financière pour l'aménagement
d'équipements communautaires. Mais, jusqu'à maintenant en tout
cas, les disponibilités budgétaires ne nous ont pas permis
d'élaborer un tel programme.
La quatrième priorité du ministère a trait à
la simplification législative et administrative. Dans cette perspective,
nous faisons partie d'un comité ad hoc du ministère de la Justice
pour revoir l'organisation et le fonctionnement des cours municipales. Il est
bien beau que les municipalités puissent avoir beaucoup de pouvoirs
réglementaires - elles en ont beaucoup - mais, si elles n'ont pas les
moyens de faire respecter cedit règlement, cela devient à peu
près inutile. Alors, il faut revoir l'organisation et le fonctionnement
des cours municipales pour qu'elles puissent répondre
véritablement aux besoins du monde municipal.
Également, nous avons entrepris une révision - ce n'est
pas une réforme, contrairement à ce qui est écrit
là - des lois
municipales, qui se fera sur quatre ou cinq ans. La première
partie de cette réforme: je compte déposer, d'ici quelques
semaines, le projet de toi sur le nouveau régime électoral et sur
les référendums dans le monde municipal. Il y a
déjà un document sur l'organisation territoriale municipale, que
j'ai soumis à la table Québec-municipalités, que nous
examinerons bientôt. Normalement, au cours de l'automne, nous aurons un
document de travail sur l'administration municipale pour réviser
l'ensemble des lois municipales et ainsi de suite. Or, la révision des
lois municipales constitue une priorité très importante du
ministère des Affaires municipales. Elle a eu l'accord du Conseil des
ministres, de la table Québec-municipalités. Nous nous sommes
entendus sur neuf principes directeurs. Au cours des travaux de cette
commission, il me fera plaisir d'en parler s'il y a des questions. Mais c'est
véritablement une activité centrale du ministère,
actuellement.
Le ministère, également, est en train d'implanter un plan
directeur de ses systèmes informatiques. De plus, nous voulons
réduire nos interventions systématiques dans l'ensemble des
municipalités au profit d'interventions plus localisées,
répondant aux besoins spécifiques de certaines
municipalités.
Quant à la dernière orientation générale,
elle concerne le renforcement de notre capacité de gestion; elle
concerne surtout l'action interne du ministère pour lui permettre
d'atteindre ses autres objectifs.
Avant, je voudrais ajouter, pour entrer directement, maintenant, dans
les crédits budgétaires... Je voulais vous présenter quand
même l'orientation générale du ministère, puisque,
dans ses priorités d'action, plusieurs avaient des incidences
budgétaires. J'en arrive maintenant à la question des
crédits budgétaires. Je voudrais vous faire passer un texte, qui
n'est pas très long, mais qui, je pense, va répondre, par avance,
à plusieurs de vos questions. Je souhaiterais qu'on le regarde ensemble.
Concernant les crédits budgétaires, je vais lire le texte, parce
qu'il est très synthétique, et je crois qu'il répondra
à plusieurs des questions que vous pouvez vous poser: Les crédits
budgétaires du ministère des Affaires municipales
s'élèvent, en 1985-1986, à 685 400 000 $, soit une
augmentation de 229 400 000 $ par rapport à 456 000 000 $, en 1984-1985,
incluant le budget supplémentaire. Étant donné qu'un
montant de 284 200 000 $, alloué au niveau du programme 9,
Exécution des obligations des ministères et organismes envers la
5oeiété immobilière du Québec, comme ce programme
est compris dans l'enveloppe budgétaire 1985-1986, les crédits
réservés aux programmes et activités existants du
ministère accusent en réalité une diminution de 54 800 000
$, comparativement à ceux de 1984-1985, soit une diminution d'environ 12
%.
Mais, à l'intérieur de ces 54 000 000 $, il faut enlever
40 000 000 $ - je pense qu'on pourrait lire tout de suite, ensemble, la note au
bas de la page 2 - de taxes sur les immeubles gouvernementaux qui
étaient dans notre budget autrefois et qui sont transférés
dans le programme 9 du budget de la Société immobilière,
en somme. La note au bas de la page 2 dit ceci: II convient de noter que les
crédits alloués aux compensations tenant lieu de taxes
foncières sur les immeubles appartenant à la
Société immobilière du Québec ne paraissent plus au
budget 1985-1986 du ministère des Affaires municipales. La
Société immobilière du Québec mettra
désormais des sommes déposées au bureau de
dépôt et de consignation afin de permettre le versement des
compensations de taxes foncières sur ses propres immeubles. Ce qui
explique une diminution de crédits du programme en question, soit le
programme 3, de 60 000 000 $ en 1984-1985; il passe à 16 800 000 $. Ce
qui fait que la diminution réelle des crédits du ministère
des Affaires municipales, si on enlève ce jeu de comptabilité, en
est une de 20 000 000 $.
Il conviendrait de noter que ce nouveau programme et ses deux
éléments, c'est-à-dire le programme 9 et ses
éléments 1 et 2, ne servent que comme structures d'accueil
temporaires en 1985-1986 afin de permettre aux divers ministères et
organismes d'acquitter directement leurs loyers à la
5ociété immobilière du Québec.
La répartition des crédits selon leurs
supercatégories de dépenses est représentée au
tableau suivant, celui que vous avez à côté. Vous avez la
comparaison sans le programme 9 et avec le programme 9. Vous pouvez voir les
variations. On constate donc que les pourcentages des diverses
super-catégories de dépenses représentent 54 %, 42, 3 % et
3 %, respectivement, pour les crédits de transfert, de fonctionnement et
autres dépenses ou de fonctionnement pour le personnel.
Lorsqu'on regarde les crédits du ministère, en transfert
vers les municipalités, il y a 93 %. Il nous reste 5, 6 % pour le
fonctionnement du personnel et autres éléments. Ce qui demeure
marginal.
Ces proportions diffèrent grandement de celles que l'on
retrouvait habituellement lors des exercices antérieurs. Par contre, ces
pourcentages se rapprochent sensiblement, si on ne tient pas compte des
crédits du programme 9. Les crédits de transfert, principalement
les subventions aux corporations municipales, comptent pour 54 % des
crédits totaux, soit 372 800 000 $ ou 92, 9 % si on exclut le programme
9. Ceci constitue une diminution d'environ 53 400 000 $ par rapport aux
crédits de
transfert de l'exercice 1984-1985, budget original et budget
supplémentaire. Cette baisse s'avérera encore plus importante si
l'on ajoute aux crédits 1984-1985 les sommes transférées
du fonds de suppléance: programme ReviCentre, 10 000 000 $, et divers
projets de l'Office de planification et de développement du
Québec pour 900 000 $. Elle s'élèvera à 64 300 000
$ ou environ 17 %. Mais, comme je le disais, sur ces 64 000 000 $, il faut
enlever 44 000 000 $ qui sont transférés au programme 9, mais qui
étaient intégrés au programme 9 autrefois. Ce qui fait
donc une différence d'environ 20 000 000 $.
Les programmes reliés à la réforme de la
fiscalité municipale: fonds de péréquation, compensations
tenant lieu de taxes foncières sur les immeubles du gouvernement,
à l'exception de ceux de la Société immobilière du
Québec et des réseaux de l'éducation et des affaires
sociales, ainsi que les compensations ayant un effet de plafonnement sur les
fermes et les boisés, accaparent encore la majeure partie des
crédits de transfert, soit 262 900 000 $. Certains programmes, telles
les formules de transfert minimum et les compensations pour taxes d'affaires
des PME, n'existent plus en 1985-1986. Les programmes de transfert minimum et
de compensations de taxes d'affaires sur les PME n'existent plus en 1985-1986.
Quant au programme de compensation tenant lieu de taxes foncières sur
les immeubles du gouvernement, les crédits réservés
diminuent considérablement, passant de 60 000 000 $ à 16 800 000
$. Les taxes foncières sur les édifices appartenant à la
Société immobilière du Québec seront
dorénavant compensées à même des fonds
déposés par cet organisme au bureau de dépôt et de
consignation.
En ce qui a trait à la réforme de l'urbanisme, les trois
programmes d'aide financière de fonctionnement des MRC à la
rémunération des élus, à l'élaboration de
schémas d'aménagement totalisent 16 300 000 $. Il conviendrait de
noter que, depuis 1982-1983, les crédits alloués à ces
programmes se situent autour de 14 000 000 $ à 15 000 000 $ par
année.
Parmi les autres programmes de transfert, il conviendrait de signaler la
disparition du programme d'aide à l'immobilisation des rôles
d'évaluation foncière, le programme PAIRE, à l'exception
de deux cas particuliers, Gaspé et Portneuf, ainsi que l'inclusion des
programmes reliés à la création d'emplois, les programmes
de revitalisation des centres-villes qui sont ajoutés pour 19 000 000 $
en 1985-1986, pour des engagements totaux de 57 000 000 $ sur trois ans. Il y
aussi le programme de revitalisation du centre-ville et des artères
commerciales de Montréal et Québec pour 2 600 000 $ en 1985-1986,
pour des engagements totaux de 23 000 000 $, et du programme PAIRA 85, 1 500
000 $ en 1985-1986, pour des engagements globaux de 35 000 000 $.
Vous voyez qu'il y a trois nouveaux programmes, en somme, ReviCentre, le
programme ReviCentre pour Montréal et le programme de subventions aux
artères commerciales de Montréal, et de Québec pour 2 600
000 $ cette année, sur 23 000 000 $ globalement d'engagements, et le
programme PAIRA 85 pour 1 500 000 $ d'engagements cette année sur 35 000
000 $.
Représentant plus de 22 600 000 $, soit 3, 3 % du budget total ou
5, 6 % des crédits excluant ceux du programme 9, les crédits
alloués au traitement des effectifs réguliers et occasionnels se
sont accrus de 2, 1 % par rapport à ceux de l'exercice 1984-1985. Cette
augmentation est occasionnée par les taux d'accroissement prévus
par les conventions collectives et les vieillissements du système et est
atténuée par une réduction nette de 10
personnes-année dans le total des effectifs autorisés. Le nombre
de personnes du personnel régulier autorisé en 1985-1986 est de
556 postes. Ce nombre baisse régulièrement d'une année
à l'autre, conformément à la politique gouvernementale de
réduction des effectifs, 613, 588, 575, 567 et 556 postes respectivement
pour les années de 1981 à 1985.
Enfin, le nombre d'occasionnels en 1985-1986 s'élève
à 65 personnes-année dont 22 dans le cadre des différents
projets spécifiques, ceux-ci étant ReviCentre, travaux
communautaires et ces programmes que j'ai indiqués.
L'addition du programme 9, ci-haut mentionné, 284 000 000 $,
porte les crédits du fonctionnement et autres dépenses à
289 800 000 $, soit 42, 3 % du budget total 1985-1986. Si on exclut les
crédits du programme 9, ce pourcentage deviendra 1, 4 % ou 5 600 000 $.
Du dernier montant, environ 500 000 $ sert à payer des taxes de service
dont la base de calcul est autre que celle de la valeur foncière de
l'immeuble. Les crédits de fonctionnement et autres dépenses
décroissent de près de 2 000 000 $, passant de 7 600 000 $ en
1984-1985 à 5 600 000 $ en 1985-1986. La totalité de cette
diminution est attribuable au fait que les taxes de service sur les immeubles
de la Société immobilière du Québec seront
défrayées à même les fonds déposés par
cette dernière au bureau de dépôt et de consignation.
Enfin, des crédits de 200 000 $ servant aux dépenses de
capital ont augmenté par rapport à ceux de l'exercice 1984-1985.
L'accroissement est dû à la reprise en charge par le
ministère des dépenses à encourir pour l'achat des
ameublements.
Information détaillée, crédits de transfert.
Augmentation de l'ordre de 8, 4 %
des crédits alloués aux trois programmes d'aide
financière aux MRC pour le fonctionnement, la rémunération
des élus et l'élaboration des schémas
d'aménagement, soit de 15 064 000 $ à 16 332 000 $, surtout au
volet des schémas d'aménagement. Dans les crédits de
transfert également, inclusion des crédits 1985-1986 du programme
de revitalisation des centres-villes pour 19 000 000 $, L'enveloppe globale des
engagements autorisés à ce programme est de 57 000 000 $.
Introduction en 1985-1986 du programme de revitalisation du centre-ville
et des artères commerciales de Montréal et de Québec, 2
584 000 $. Les engagements autorisés sont limités à 23 000
000 $, soit 18 000 000 $ pour Montréal et 5 000 000 $ pour
Québec.
Fin de plusieurs programmes de subventions. Le programme de transfert
minimum est terminé. Il n'y a pas d'argent de prévu là. Le
programme d'iniatives municipales pour l'emploi, PRIME, c'est terminé.
Compensation pour les taxes d'affaires des PME à l'exception d'un
montant de 100 $ pour les ajustements des calculs des années
antérieures, c'est terminé. Également, il y a une
subvention à la ville de Montréal pour les travaux
d'aménagement de la Plaza Saint-Hubert pour 2 200 000 $. Il s'agit ici
du solde d'une subvention totale de 4 000 000 $. Dans les crédits de
transfert, il y a également l'implantation du programme d'aide
financière eux municipalités pour la relocalisation des
garderies, 700 000 $. Les crédits nécessaires seraient
éventuellement virés du fonds de suppléance du
ministère des Finances. Accroissement de 10 % des crédits du
fonds de péréquation? de 13 000 000 $ qu'il était en
1984-1985, il passe à 14 300 000 $ en 1985-1986. Il y a la fin du
programme d'aide à l'implantation des rôles d'évaluation,
PAIRE, à l'exception de deux cas spéciaux, Gaspé et
Portneuf, pour un montant de 197 000 $. (16 h 15)
Dans les programmes de transfert, également, il y a une
diminution considérable des crédits réservés aux
compensations tenant lieu de taxes foncières sur les immeubles du
gouvernement. De 60 040 000 $ en 1984, ils passent à 16 781 000 $ en
1985-1986. La Société immobilière du Québec mettra
désormais à la disposition du ministère des sommes
déposées au bureau de dépôt et de consignation afin
de verser des compensations sur les immeubles dont elle est
propriétaire. Jusqu'à présent, les crédita du
ministère servent également à couvrir les besoins.
Il y a une baisse des crédits nécessaires au paiement des
compensations tenant lieu de taxes foncières sur les immeubles des
réseaux de l'éducation et des affaires sociales qui passent de
222 000 000 $ en 1984-1985 à 217 722 000 $; c'est qu'il y avait eu une
surbudgétisation l'an dernier et, comme il y a eu des crédits
périmés, on les a ramenés aux montants prévisibles
qu'on avait à dépenser. La baisse, en somme, ne sera pas une
baisse réelle de transfert aux municipalités pour payer les taxes
au réseau scolaire et au réseau des affaires sociales, c'est
simplement une baisse de crédits. C'est parce qu'il y a eu des
crédits périmés.
Augmentation des compensations sur les fermes et boisés de 11 600
000 $ en 1984. On prévoit qu'elles vont passer è 14 000 000 $ en
1985-1986. Il conviendrait de noter que les dépenses probables en
1984-1985 de ce programme s'élèveraient à 19 900 000 $ au
lieu des 11 600 000 $ qui avaient été prévues.
Dans les crédits de transfert, également, il y a une
hausse sensible de l'enveloppe budgétaire des subventions aux
associations du personnel et d'élus municipaux qui passe de 417 000 $
à 511 000 $. Certaines subventions non récurrentes pour les
événements spécifiques expliquent les besoins
additionnels: le congrès, par exemple, de l'American Planning
Association et d'autres événements semblables.
Baisse des crédits du programme d'aide financière au
regroupement municipal, qui passent de 1 085 000 $ en 1984-1985 à 662
000 $. Il est à noter que la subvention de 388 000 $ prévue en
1985-1986 pour la fusion de Baie-Comeau-Hauterive a été
versée par anticipation à même des crédits de
l'exercice 1984-1985.
Il y a une augmentation sensible de 16, 4 % des crédits
alloués aux divers programmes d'aide financière aux corporations
municipales en milieu nordique qui passent de 9 049 000 $ à 10 533 000
$.
Il y a une réduction des crédits réservés
aux différents programmes d'aide à l'implantation des
réseaux d'aqueduc et d'égout qui passent de 54 283 000 $ à
51 627 000 $. Les besoins du programme d'aqueduc et d'égout
antérieurs à 1976 diminuent de 30 000 000 $ à 26 000 000
$. Par contre, l'introduction du nouveau programme PA1RA 85, pour lequel des
engagements globaux autorisés sont limités à 35 000 000 $,
accroît les besoins, en 1985-1986, de 1 500 000 $. C'est le nouveau
programme PAIRA 85.
Il y a une légère hausse des subventions au fonctionnement
et aux immobilisations de la Société d'aménagement de
l'Outaouais, lesquelles passent de 5 487 000 $ à 5 627 000 $ et c'est la
dernière année du paiement de subventions en vertu du programme
PAISI pour 12 000 $ cette année.
Quant aux crédits du fonctionnement du personnel, il y a une
augmentation des crédits réservés au traitement des
effectifs
réguliers et occasionnels du ministère qui passent de 22
167 000 $ à 22 632 000 $. Les taux d'accroissement des conventions
collectives et du vieillissement du système en sont les principales
raisons. H convient de noter que le personnel régulier du
ministère est réduit de dix postes.
Deux projets spécifiques n'apparaissent pas au livre des
crédits et ont été autorisés entre-temps. Un projet
spécifique au Bureau de révision de l'évaluation
foncière afin de consolider de façon temporaire ses
opérations, tant à Montréal qu'à Québec; 14
personnes-année et 343 000 $ additionnels qui ne sont pas au livre des
crédits ont été autorisés au cours du mois de mars
par le Conseil du trésor pour permettre au BREF de garder le personnel
temporaire qui était à son emploi dans le cadre d'un projet
spécifique.
Également, un autre projet spécifique pour la gestion des
projets dans le cadre des programmes fédéraux de création
d'emplois; 6 personnes-année pour 173 000 $ additionnels. Les
crédits nécessaires à ces deux projets proviendront des
virements d'autres éléments de programmes.
Le transfert prochain du groupe de coordination et de synthèse du
secrétariat à l'aménagement, le SAD, dont je parlais
tantôt, au ministère des Affaires municipales, engendrera des
besoins additionnels de crédits de l'ordre de 964 000 $, dont 389 000 $
en crédits de fonctionnement de personnel. C'est l'équivalent de
huit postes réguliers et de seize personnes-année en occasionnels
qui sont transférés du Conseil exécutif au
ministère des Affaires municipales. Ceci n'est pas encore dans le livre
des crédits parce que cela a été décidé
autour du 1er avril.
Quant aux crédits de fonctionnement autres, ils ont
été majorés de façon importante par l'addition de
284 000 $ servant principalement de provision pour l'exécution des
obligations du ministère et des organismes envers la
Société immobilière du Québec: location d'espaces
et travaux d'aménagement - également, les crédits
réservés au paiement de taxes de services, dont la base de calcul
est autre que celle de la valeur foncière, sont réduits de 2 825
000 $ en 1984-1985 à 514 000 $ en 1985-1986, soit 2 311 000 $ de moins.
La Société immobilière du Québec mettra à la
disposition du ministère des sommes déposées au bureau de
dépôt et de consignation pour permettre de défrayer ses
taxes de services sur les immeubles lui appartenant. Quant à la
modification à la structure des programmes, il y a disparition de
l'élément 2 du programme 1, à la suite du projet de loi
84, sanctionnée le 20 juin 1984, abolissant la Commission nationale de
l'aménagement. Il conviendrait de noter que cet élément 2
sera de nouveau recréé pour servir de structure d'accueil au
transfert du groupe de coordination et de synthèse du secrétariat
à l'aménagement dont je parlais tantôt et qui constitue la
nouvelle Direction générale des orientations gouvernementales en
aménagement au ministère des Affaires municipales.
Également dans les modifications à la structure des
programmes, il y a la création du programme 9 et de ses
éléments 1 et 2 pour servir de structure d'accueil temporaire aux
crédits nécessaires au paiement des loyers mis à la
disposition des ministères et organismes par la Société
immobilière et des travaux en aménagement effectués par
cette dernière.
Voilà, Mme la Présidente, l'introduction que je voulais
livrer aux membres de cette commission.
La Présidente (Mme Bacon): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: Est-ce que je pourrais avoir une suspension de
quelques minutes?
La Présidente (Mme Bacon): C'est bien. La commission
suspend ses travaux pour quelques minutes. Elle les reprendra
bientôt.
(Suspension de la séance à 16 h 22)
(Reprise à 16 h 28)
La Présidente (Mme Bacon): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous reprenons nos travaux. M. le député de
Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: Merci, Mme la Présidente. Au départ,
je voudrais saluer les fonctionnaires du ministère qui sont
présents pour cette étude annuelle des crédits, laquelle
s'avère un peu exhaustive, je dirais presque indigeste, après
avoir reçu les chiffres que le ministre vient de nous donner en
succession rapide. Je vous dirai...
M. Marcoux: Avec les six pouces de documentation qu'on vous a
envoyés, on n'a rien à cacher.
M. Saintonge: Ah non! Je considère cela... Mais les
documents nous arrivent précipitamment dans les mains, dans ce
cadre-là.
Au départ, on remarque que les crédits du ministère
ont diminué d'un certain pourcentage. On avait fait certains calculs.
Cela ne semble pas concorder exactement avec les chiffres que le ministre nous
a donnés; évidemment, cela dépend dans quel sens on prend
les calculs, j'imagine. Il y a un point, au départ, que je voudrais
soulever, c'est la nécessité ou l'utilité de
présenter les
crédits de la Société immobilière du
Québec à l'intérieur de ceux du ministère des
Affaires municipales. Il me serait apparu, peut-être... Je comprends que
c'est le même ministre qui en est responsable.
M. Marcoux: C'est la seule raison.
M. Saintonge: Bon! Mais si c'est cela...
M. Marcoux: II n'y a pas grand mystère, c'est parce que
c'est pour une année. En tout cas, au ministère des Finances et
à la Société immobilière du Québec, on
trouvait cela plus simple que ce soit un élément de programme
ajouté au ministère des Affaires municipales, vu que c'est
seulement pour une année parce que la Société
immobilière du Québec établit, pour cette année,
son programme de facturation. À partir de l'an prochain, cela va
être versé dans chacun des budgets des ministères.
Alors, c'était temporaire, pour un an. Il s'agissait de savoir
à quelle place le "ploguer". Comme je suis le ministre de la tutelle,
bien...
M. Saintonge: Donc, cela répond à mon
interrogation, dans ce sens-là.
Maintenant, ce qui m'a particulièrement touché, d'une
certaine façon, à l'examen des chiffres globaux des
crédits, c'est qu'on avait une certaine diminution des crédits,
surtout pour les services aux municipalités, par exemple. On a vu que,
au chapitre de l'aide financière pour la construction de réseaux
d'aqueduc et d'égout, cela diminue; au programme
sécurité-incendie, cela diminue également; il en est de
même pour l'aide et la surveillance - dans le programme 2
-administratives et financières, où cela diminue quand même
de 45, 5 %, en pourcentage, par rapport aux chiffres de l'an dernier.
Ce sont surtout - ce que je peux constater à ce moment-ci - des
montants qui, finalement, sont pour des services qu'on peut considérer
comme relevant des municipalités. Il y a, au programme de
l'évaluation foncière, une diminution de 4, 9 %, mais je pense
que c'est la question de l'aide à la confection des rôles qui fait
en sorte que cela diminue.
M. Marcoux: Qui est terminée. Je peux peut-être, vu
que ce sont des choses très précises... Rapidement, en ce qui
concerne les aqueducs et les égouts, il y a une raison bien simple.
C'est que, par exemple, le programme LIQUIDATION qu'on avait établi en
1976-1977 et les engagements qui avaient été pris avant 1976, les
paiements étalés sur dix ans, prennent fin, à un moment
donné. Alors, c'est simplement la fin de ces programmes. Je peux vous
donner, par exemple - ce n'est pas très long... Le programme d'aide
à l'implantation des réseaux d'aqueduc, le programme PAIRA de
1977. Ses crédits passent de 20 567 000 $ à 19 243 000 $. Le
programme antérieur d'aqueduc et d'égout - c'est antérieur
à 1976 - passe de 30 300 000 $ à 26 110 000 $. Alors, il y a 4
000 000 $ de baisse, qui vient de paiements qui cessent aux
municipalités, parce que notre engagement sur dix ans est
épuisé. C'est ce qui explique, principalement, cette baisse au
chapitre des aqueducs et des égouts. Ce sont les engagements qui se
terminent.
M. Saintonge: D'accord. J'imagine...
M. Marcoux: Pour l'incendie, vous avez la réponse. Le
programme PAISI a été aboli en 1979 avec la réforme de la
fiscalité, mais cela a pris cinq ans avant que les paiements
finissent.
Il y a le dernier élément que vous avez
soulevé...
Une voix: PAIRE.
M. Marcoux: C'est le programme PAIRE, mais il y en avait un autre
avant.
M. Saintonge: C'était au sujet du programme 2, finalement,
mais je pense qu'on pourra y revenir. Il y avait quand même une
diminution de 45, 5 %, en chiffres absolus, si on considère que pour
l'aide et la surveillance administratives et financières, en 1984-1985,
c'était 42 839 700 $ et que nous passons pour la prochaine année,
à 23 327 700 $.
M. Marcoux: Au lieu de quoi?
M. Saintonge: Cela est passé de 43 000 000 $ à 23
000 000 $.
M. Marcoux: D'accord. Tout ceci est la fin du programme PRIME,
qui était temporaire, la fin du programme fonds de transfert minimum,
ainsi que la taxe d'affaires. Ce sont ces trois éléments. Ce qui
explique la baisse de 45 000 000 $ à 22 000 000 $, c'est la fin du
programme PRIME, du programme fonds de transfert minimum et du programme sur la
taxe d'affaires. Ce sont ces trois programmes.
M. Saintonge: Son, d'accord. Finalement, Mme la
Présidente, disons que c'est une déclaration d'ouverture qui est
un peu morcelée, compte tenu des réponses que j'ai obtenues. Je
pourrais dire une chose, finalement, c'est que, cette année, au niveau
des crédits... Je relisais les notes de l'an passé, je regardais
le discours qu'on a déjà pu tenir comme déclaration
d'ouverture, alors qu'on sortait d'une année qui avait été
assez fracassante pour le monde municipal, je
dirais même assez pénible, dans certains cas, avec tous les
projets de loi qui avaient été mis en place. Le ministre
mentionnait, et il l'a d'ailleurs répété aujourd'hui, pour
cette année, le rôle qu'il voulait jouer, le sens dans lequel il
voulait orienter son action. Il voulait peut-être tenter d'amener, si on
veut, un temps de réflexion, un temps d'ajustement. Le ministre a aussi
voulu jouer davantage un rôle de soutien auprès des
municipalités et faire les ajustements nécessaires dans les
politiques gouvernementales.
À ce sujet, je devrai dire que j'ai préparé, aux
fins des crédits, dans les différents programmes, certaines
questions qui pourront démontrer, finalement, qu'il reste des
problèmes importants à résoudre, des problèmes sur
lesquels je vais poser mes questions au ministre, tout en constatant que le
monde municipal a eu une année, comme je l'ai dit tantôt, moins
fracassante, mais...
M. Marcoux: Dites cela positivement. Think positive.
M. Saintonge: Oui, je mentionne positivement que c'est une
année moins fracassante. Je dois dire que le ministre a pu mettre sur
pied, notamment en ce qui concerne les unions municipales, la table de
concertation Québec-municipalités qui a été
appréciée des municipalités. Pour l'Opposition, parfois,
c'était un peu plus difficile en ce sens que nous ne faisions pas partie
de ces tables de concertation, même pas en tant qu'observateurs. Ceci
fait que l'on rencontre souvent des lignes de pensée, lors de
l'étude de certains projets de loi, où le ministre nous dit: Cela
a été discuté avec les unions municipales à la
table Québec-municipalités. Les gens sont d'accord. Ce ne sont
peut-être pas toujours les positions que l'on retrouve
réellement.
Je comprends que le ministre donne de l'information concernant les
municipalités dans certains cas. Je ferai simplement
référence, par exemple, à la loi 6, de récente
mémoire pour laquelle le ministre de l'Environnement a été
présent à la table Québec-municipalité. Je ne pense
pas que, même si on a expliqué qu'il y avait un accroissement de
pouvoirs pour les municipalités, pouvoirs qui étaient simplement
un potentiel exercé par les municipalités, on avait toute
l'information qu'on aurait pu souhaiter pour dire, finalement, que les
municipalités avaient vraiment les informations nécessaires pour
voir où on s'en allait avec le projet de loi 6, où on s'en allait
avec le programme Berges neuves. C'est dans ce sens-là. Il y a des
informations qui étaient données à la table
Québec-municipalités, d'après ce que j'ai reçu
comme renseignement, mais pas dans les détails, de sorte que, dans
certains cas, les unions ne peuvent pas dire qu'elles ont accepté, dans
l'ensemble, les propositions gouvernementales sur la législation. Mais,
à tout le moins, il faut reconnaître que les unions sont
informées, généralement, à la table
Québec-municipalités, de l'ensemble des projets de loi qui s'en
viennent.
Je dirai aussi, Mme la Présidente, que, dans le cadre des
discussions que nous aurons sur chacun des programmes, avant de commencer, il y
a certains points particuliers que je soulignerai. J'ai dit tantôt que,
par rapport à ce dont on discutait l'an passé, il y a plusieurs
points qui n'ont pas été réglés. Je pense, par
exemple, aux problèmes soulevés par les MRC pour ce qui est des
pouvoirs des MRC, de la question d'appartenance, des pouvoirs qui se greffent
à cela, la question du zonage agricole. Le ministre a fait certaines
déclarations, je vais tenter d'avoir des précisions
là-dessus. Il y a aussi la question de la commission Robidas, le rapport
sur la situation dans l'Outaouais. Le ministre nous a dit qu'il a pu
réaliser certaines recommandations de la commission Robidas, mais il y a
certaines recommandations qui ont été faites sur lesquelles on
voudrait obtenir des précisions quant à la possibilité
d'un échéancier pour les réaliser. Il y a toute la
question de la décentralisation, également, des pouvoirs au
niveau local et au niveau régional, qui est en suspens. Je
soulèverai certains cas d'autres programmes concernant les
municipalités, plus particulièrement Notre-Dame-du-Lac, à
laquelle on faisait allusion tantôt en discussion, avant le début
de la commission. Il y a la ville de Gagnon, la ville de Saint-Césaire
qui vont revenir sur le tapis, Péribonka qui va me permettre de poser
des questions au ministre sur certains problèmes, sur certaines
politiques d'appoint, sur une façon de procéder au
ministère dans la surveillance de l'administration financière des
municipalités. Il y a des questions de fusion qui sont également
dans le portrait, dans certains cas, et j'aimerais obtenir certaines
précisions du ministre.
Mais un point important des crédits qui sera discuté
probablement demain matin - je veux le mentionner immédiatement, ici au
départ - concerne le programme 3 et la Loi sur l'évaluation
foncière. Le ministre a fait brièvement allusion tantôt
principalement à la question de l'article 65. 1. C'est un sujet que je
vais sûrement toucher de nouveau demain pour tenter d'avoir des
précisions là-dessus puisque dans le milieu, non seulement
municipal, mais dans le milieu industriel, c'est un problème qui
intéresse grandement les gens, et des questions se posent par rapport
à l'attitude du ministère et du gouvernement sur la question de
l'article 65. 1. C'est une question non négligeable, vu les impacts
économiques importants que cela peut avoir sur les régions du
Québec.
Maintenant, il y aura aussi, concernant le Bureau de révision de
l'évaluation foncière, certaines questions qui seront
posées, que nous avions discutées, que nous avions portées
à l'attention du ministre Pan dernier. II y a des situations qui ne sont
pas corrigées, nous attirerons donc l'attention du ministre sur certains
points. On espère avoir des réponses ou, à tout le moins,
l'engagement à tenter de régler les situations
là-dedans.
Finalement, M. le Président, il y a un point qui pourrait
être discuté, je pense, au programme 4. C'est toute la question de
la publicité. On se rend compte que l'augmentation du budget de
publicité du ministère a subi un saut énorme. C'est
près de 100 % d'augmentation dans certains programmes. Nous aurons des
questions pertinentes. Nous attendons des réponses du ministre aux
questions que nous poserons dans ce sens.
M. Marcoux: Vous aurez toutes les réponses. Je suis
prêt à tout cela.
M. Saintonge: Je ne doute pas que le ministre aura toutes les
réponses voulues.
M. Marcoux: J'ai des documents à vous
présenter.
M. Saintonge: Bon.
M. Marcoux: Vous allez voir, vous serez d'accord.
M. Saintonge: D'accord. Donc, c'est à peu près...
Je vais être d'accord? Je ne suis pas tout à fait sûr de
cela.
M. Marcoux: Ah! Vous allez être d'accord. Vous allez
être d'accord. "
M. Tremblay: Je pense, M. le ministre, que vos souhaits ne seront
pas...
M. Saintonge: Vous prendrez la parole tantôt, M. le
député de Chambly. Je vais vous la céder avec...
M. Marcoux: C'est ce qu'il disait. Il voulait dire la même
chose que vous: Attendez!
M. Saintonge: Donc, Mme la Présidente, c'étaient
quelques remarques préliminaires que j'avais à faire. Je
m'attarderai plutôt à poser des questions spécifiques sur
certains dossiers au cours de l'étude des crédits qui se
répartiront finalement en trois périodes: aujourd'hui, demain et
mercredi prochain, en gardant du temps évidemment pour la question de la
Société immobilière du Québec. De notre
côté, le ministre pourra avoir un autre vis-à-vis que moi
pour cet élément des crédits du ministère des
Affaires municipales.
La Présidente (Mme Bacon): Qui veut faire des remarques?
Non? Comptent-ils sur le député de Laprairie?
Aménagement du territoire municipal
M, Saintonge: Mme la Présidente, disons que, au tout
début, sur le programme 1, Aménagement du territoire municipal,
j'aurais certaines informations à demander. Je comprends que pour ce
programme l'augmentation importante des crédits, qui est de 44, 4 %,
provient principalement des transferts pour la revitalisation des
centres-villes.
Puisque le programme 1 a trait à l'aménagement du
territoire, j'aurais quand même certaines questions à poser au
ministre sur l'approche globale au niveau des municipalités
régionales de comté. Concernant le monde municipal, il y a eu une
citation d'un texte de M. Corbeil, dans les journaux, qui parlait d'un certain
appétit des MRC. On sait que, d'une certaine façon, quand les MRC
ont été créées leur principal rôle
était l'aménagement. Actuellement, on se rend compte
qu'évidemment l'aménagement n'est pas terminé, mais on se
dirige finalement vers un échéancier assez bref. On peut dire que
d'ici à deux ans, les schémas d'aménagement devront
être déposés. Je ne pense pas me tromper si je donne comme
date 1986, d'ici à la fin de 1986, donc dans deux ans; dans certains cas
peut-être un peu plus à cause des dates où les MRC ont
été créées.
Il reste quand même qu'au niveau des MRC il y a des structures qui
sont créées, du personnel qui est mis en place, des gens qui sont
engagés, donc, pour travailler, etc. Les MRC exercent aussi de nouveaux
pouvoirs d'une certaine façon. On semble vouloir confier aux MRC
certains pouvoirs qui originalement semblent déborder de
l'aménagement. Je me souviens fort bien qu'à une époque
quand même pas trop lointaine, si je remonte peut-être à
deux ans, fin de 1982, début de 1983, on mentionnait une table de
concertation Québec-municipalités sur la question de la
décentralisation des pouvoirs vers les municipalités. On pouvait
finalement en arriver è une déconcentration peut-être parce
qu'au niveau régional on décentralisait les pouvoirs non pas
simplement uniquement vers les municipalités, mais aussi, dans certains
cas, vers les régions. (16 h 45)
On n'a jamais su exactement la position du ministère
là-dessus, mais il semble apparent que, dans certaines circonstances, on
va retrouver des interventions ponctuelles. Pour le taxi, par exemple, on donne
des pouvoirs aux MRC. Dans certains autres cas,
comme la voirie tertiaire et les expériences pilotes qui sont
amenées pour tenter de pousser vers les MRC certains pouvoirs, à
mon point de vue, c'est la question de mise en place, finalement, d'une
situation de fait, du côté des MRC, d'étendre graduellement
ou de tenter d'étendre un peu les pouvoirs des MRC. Je voudrais savoir
la position du ministre sur cela. Finalement, j'ai cru comprendre de certaines
déclarations du ministre qu'on voulait peut-être en demeurer
à l'aménagement au chapitre des MRC actuellement. Est-ce que je
me trompe ou si les vues du gouvernement ont pu changer de ce côté
ou veut-on continuer d'une façon délicate de tenter de pousser
vers les MRC certains pouvoirs qui vont faire en sorte que la structure va
finalement grossir pour en arriver à une situation de fait où on
met vraiment en place quelque chose qui va pratiquement être
immuable?
M. Marcoux: Sur l'avenir des MRC, sur l'avenir de la
décentralisation et de la régionalisation, l'attitude du
gouvernement est très claire. Elle a été
décidée à Fort-Prével l'an dernier lors du Conseil
spécial des ministres. Le gouvernement avait à choisir parmi une
vingtaine ou une trentaine de priorités proposées par des
ministères, priorités d'action pour l'année et demie qui
venait à ce moment ou les deux années qui venaient. Toute la
question de la décentralisation, de la régionalisation, de
l'avenir des MRC, le Conseil des ministres a décidé que ce
n'était pas une priorité du gouvernement dans les mois qui
allaient venir ou l'année et demie qui allait venir, pour de multiples
raisons, mais je dirais que la plus simple à exprimer est que les
municipalités régionales de comté ont une tâche
essentielle à faire actuellement, qui est la préparation des
schémas d'aménagement. Les municipalités régionales
de comté, c'est encore une structure jeune, fragile et je pense que le
plus mauvais service à rendre aux municipalités régionales
de comté et à ceux qui croient à l'avenir des
municipalités régionales de comté, ce serait de brouiller
les cartes actuellement en introduisant un autre débat dans le
décor sur l'avenir des MRC et des nouveaux pouvoirs qui pourraient leur
être confiés, etc.
Dans ce sens, je l'ai déclaré à plusieurs reprises
depuis septembre dernier, il n'est pas question pour le gouvernement de
s'engager immédiatement dans un débat sur l'avenir des
municipalités régionales de comté et sur l'avenir de la
décentralisation et de la régionalisation au Québec. Ce
sont deux concepts bien différents. Dans la décentralisation, on
parle des pouvoirs qui pourraient être transférés du
gouvernement du Québec vers les municipalités régionales
de comté ou vers les municipalités locales. La
régionalisation, cela peut être les services administratifs du
gouvernement. Dans cette perspective, il a été
décidé que ce n'était pas une priorité pour le
moment. Je crois que la meilleure façon de s'assurer que le débat
se déroule bien quand il aura lieu et quand il y aura une demande
municipale à cet égard, c'est que la préparation des
schémas d'aménagement, des premiers schémas
d'aménagement soit pour l'essentiel complétée. C'est la
deuxième raison, et c'est peut-être une explicitation de la
première, il y a, vous le savez, des appréhensions chez les
municipalités rurales ou locales face à l'avenir des MRC.
Certaines municipalités locales craignent que les municipalités
régionales de comté deviennent trop puissantes, remplacent les
municipalités locales, qu'elles en jouent le rôle ou en prennent
les pouvoirs.
D'autre part, vous avez des cités et villes qui se sont
embarquées dans les MRC de bonne foi en acceptant d'avoir un seul vote
sur 12, ou 20 ou 30 votes à la table, parce qu'il y avait un nouveau
pouvoir qui était donné à une MRC, c'était sur
l'aménagement. On disait: Dans une perspective d'aménagement, on
accepte d'avoir un vote comme n'importe quelle autre des municipalités,
pour que ce soit décidé à peu près par tout le
monde sur un pied d'égalité ou presque. C'est mon attitude comme
ministre des Affaires municipales actuellement et c'est l'attitude du
gouvernement. Je dois dire que j'ai pris le loisir de lire le document qui
vient d'être rendu public par l'Institut Hudson à l'occasion de la
préparation du congrès de l'UMQ, dont le thème est
"Nouvelles réalités, nouveaux défis" et que je partage
entièrement la perspective tracée dans ce document, à
savoir qu'avant de se poser la question portant sur quels pouvoirs on peut
décentraliser ou pas et quelles structures sont les mieux placées
pour concrétiser ces pouvoirs, la première question a se poser,
c'est: Quels sont les services aux citoyens qu'il faudrait améliorer ou
donner et que nous ne donnons pas actuellement? Et quelle est la meilleure
structure, dans l'avenir, pour donner ces services aux citoyens? Est-ce la
municipalité locale? Est-ce une communauté régionale?
Est-ce une municipalité régionale de comté refaite ou
reformulée avec plus de pouvoirs? Est-ce le gouvernement du
Québec lui-même? Est-ce par la voie d'ententes intermunicipales,
ce qui est possible depuis 1979?
En somme, il se dégage très nettement de ce rapport que la
réponse ne peut pas être unique et univoque. Il ne peut pas y
avoir une seule structure pour répondre aux besoins de nos concitoyens
au niveau local. Il faudra probablement plutôt aller dans la voie de
chercher quelle est la meilleure structure, selon le type de pouvoirs que nous
voulions décentraliser ou le type de services que nous
voulons donner à nos concitoyens, pour répondre à
ces besoins. Je pense que c'est l'attitude avec laquelle il faudra entreprendre
ce débat, ce dialogue.
II m'apparaît que, jusqu'à maintenant, il y a eu beaucoup
trop de dogmatisme dans la façon d'aborder cette question. La
décentralisation, ce n'est pas une religion. La régionalisation,
ce n'est pas une religion. Les MRC, les communautés régionales,
pas plus que les municipalités locales, ne sont pas des religions ou des
structures figées dans le ciment. Je pense qu'il va falloir le voir de
façon très pragmatique. Quels sont les services à donner
à nos concitoyens? Quels sont les services que nous donnons
actuellement? Et y a-t-iî moyen de les améliorer en changeant la
structure par laquelle on les donnait? Y a-t-il des nouveaux services à
donner à nos concitoyens? Y a-t-il de nouvelles structures qu'il faut
mettre en place ou si les structures existantes doivent être
transformées pour les satisfaire?
C'est un large débat, c'est un grand débat. Le
gouvernement pense que le moment n'est pas choisi pour le lancer. Il ne semble
pas y avoir de demandes municipales pressantes à cet égard et je
crois bien que ce ne sera certainement pas avant plusieurs mois, sinon
peut-être une année ou deux, que ce débat pourra s'engager
véritablement. La pire façon de l'engager, ce serait de le faire
à partir de pétitions de principe qui sacraliseraient certains
concepts ou certaines structures existantes. En ce sens, je pense que le
document "La municipalité de l'an 2001" par l'Institut Hudson trace une
prospective et une perspective absolument pertinentes et qui correspondent
à mes préjugés à l'égard de la façon
dont ce débat pourrait être lancé un jour, en temps et
lieu.
M. Saintonge: Je n'ai pas eu la chance, Mme la Présidente,
de lire le document en question. J'en aurai sûrement une copie; je
l'attendais pour aujourd'hui. J'y ferai bien attention; je le lirai
sûrement. J'ai hâte de voir son contenu.
M. Marcoux: Vous m'écouterez ce soir, je vais vous faire
un bon résumé de cela.
M. Saintonge: Bon. Le ministre avait besoin d'idées pour
son discours. Heureusement qu'il a pu recevoir ce beau document.
Quand même, fondamentalement, au niveau de la structure de la MRC,
ce qui reste en place, ce qui reste pendant pour les municipalités, au
chapitre des officiers municipaux et des élus municipaux
également, il semble clair que le palier MRC, qui est un palier
régional, ne se limitera pas à l'aménagement. En tout cas,
il semble se dégager, pour ce qui est du monde municipal, une
espèce de constatation et pratiquement, en regardant venir les choses,
c'est bien cela. Je vous ai parlé tantôt du taxi, de la voirie
tertiaire. Il y a eu, par exemple, dans les ententes intermunicipales, la
possibilité de gestion dans la loi 45, si mon souvenir est exact. On a
amené cela tranquillement à pousser, avec les MRC, la gestion des
ententes intermunicipales.
Sur la question de la qualité de l'eau et des tests de l'eau, on
ne semblait pas vouloir les diriger vers les MRC. Ce sont des interrogations
dans le secteur municipal et cela semble plutôt démontrer que le
gouvernement a tendance à vouloir envoyer des choses vers le secteur
régional, alors qu'on voudrait s'en tenir à une question
d'aménagement. Dans ce sens, ce sont des engagements que je voudrais
tenter de faire confirmer par le ministre, finalement. Pour la MRC,
actuellement, on s'en va vers un aménagement du territoire. On
complète le but premier pour lequel la MRC a été
créée.
Dans un deuxième temps, si éventuellement on en arrive
à une décentralisation de pouvoirs et à une
régionalisation de pouvoirs et à tenter de confier, dans certains
cas, des pouvoirs qui étaient d'essence locale, de les envoyer du
côté de la MRC, cela vient dans le temps, mais cela ne se fait
quand même pas tout seul. Il y a - comment pourrais-je dire? - des
espèces d'intentions gouvernementales qui se manifestent, en tout cas,
et qui nous apparaissent sensiblement en ce sens. Mais un problème
arrive là-dedans. Peut-être qu'éventuellement, au niveau de
ces structures, si on complète l'aménagement, cela peut
être utile que la MRC ait certaines vocations et certains pouvoirs qui
pourraient être exercés de façon régionale par
entente entre les municipalités qui sont parties de la MRC ou de la
municipalité régionale en question. Le gros problème,
c'est qu'au départ - je pense que c'est ce qui occupe le monde municipal
et cela va revenir dans des questions plus lointaines - si on mentionnait que
la MRC était uniquement pour une question d'aménagement et qu'on
a poussé les municipalités à se regrouper dans une telle
structure pour justement favoriser l'implantation d'un plan
d'aménagement et organiser le territoire, aujourd'hui, devant la
situation qui s'en vient, il y a certaines municipalités qui pourraient
peut-être demander un changement de MRC. C'est déjà
commencé, c'est une situation qu'on constate depuis quelques
années. Il y a plusieurs municipalités qui sont aux prises avec
des problèmes de cet ordre. On a la MRC d'Acton. On y reviendra
tantôt. J'ai une question là-dessus. Cela a pris du temps avant
que...
M. Marcoux: Vous m'avez posé une question. Je vous ai dit:
Dans des délais raisonnables. Cela a été le lendemain.
M. Saintonge: Oui, c'est cela. Le
ministre était tout à fait ignorant de la situation. J'ai
bien compris cela. Sa réponse était un peu piégée.
Il ne nous a pas donné une réponse complète et
éclairée. Je suis convaincu que le ministre savait fort bien la
réponse, quand il m'a répondu et m'a dit: Bientôt. Il ne
voulait pas l'annoncer à ce moment-là, en réponse à
une question que je lui ai posée, c'était bien clair. Mais quand
vous m'avez dit le lendemain, quel était le problème de la MRC
d'Acton, ce que je veux souligner, ce n'était pas une question d'une
journée, cela faisait longtemps que c'était dans le paysage. Or,
vous avez plusieurs autres MRC qui sont dans le même cas. Il y a des
municipalités à l'intérieur de certaines MRC qui
voudraient carrément, vis-à-vis de la poussée
éventuelle de la régionalisation qu'on veut amener, se
réaligner et peut-être changer de région d'appartenance,
parce que cela semble relever du choix qu'elles ont peut-être fait
à cette époque ou même de la décision du ministre
à l'époque de les intégrer dans une MRC. C'était
fait dans une optique quelconque, mais qui est différente d'aujourd'hui.
Le ministre n'est pas sans savoir, par exemple, qu'au point de vue du service
social, à propos des bureaux de Travail Québec, et de toute la
question de l'aide sociale aussi qui est reliée à l'emploi dans
ces bureaux, de la question des services donnés au point de vue de la
santé, par exemple, dans les CLSC, on répartit de plus en plus le
territoire en vertu des paramètres fixés par les MRC. Si cela
avait été su au départ, il est évident que, dans
plusieurs cas, cela aurait changé tout le portrait de l'association de
municipalités pour faire le choix d'aller dans tel ou tel sens ou
d'aller dans une MRC, de créer une MRC avec certains de leurs voisins.
C'est dans ce sens-là que je veux dire qu'en regard des pouvoirs
éventuels confiés aux MRC et quant à l'implantation de
certaines structures dans la structure même de la MRC, il y a des
aménagements qui n'étaient pas prévus au départ et
qui - on s'en rend compte - sont de plus en plus amenés dans le
décor. Dans ces cas-là, est-ce que le ministre à tout le
moins reconnaît ces choses, d'une part et, deuxièmement, est-ce
qu'il aura assez d'ouverture d'esprit pour écouter ces
municipalités qui, justement, s'interrogent sur leur appartenance
actuelle à une MRC, et voudraient manifester une volonté de
changement? Est-ce que le ministre sera ouvert pour écouter ces
municipalités ou mettre à leur disposition un mécanisme
quelconque? Il y en a un qui est prévu dans la loi, mais il n'est pas
efficace, parce que, finalement, même s'il y a des requêtes qui
sont demandées pour changer de MRC, elles sont ignorées. Est-ce
que le ministre a l'intention de pousser davantage dans ce sens-là? (17
heures)
M. Marcoux: Je voudrais aborder plusieurs aspects que j'avais
peut-être oublié d'aborder à ma première
réponse où vous posiez davantage la question globalement. Vous
avez, par exemple, parlé de la voirie tertiaire. Il y a là aussi
certaines expériences, et vous auriez pu ajouter des contrats de
développement que nous voulons éventuellement signer avec
certaines municipalités régionales de comté.
Ce que j'ai dit aux représentants du monde municipal à cet
égard, c'est que, comme dans une première étape, de 1977
à 1979, avant que la Loi sur l'aménagement soit en vigueur, nous
avons fait certaines expériences dans certains conseils de comté,
celui de la Matapédia, des Îles-de-la-Madeleine, de Labelle,
concernant l'aménagement du territoire qui nous ont donné de la
matière à réflexion pour préparer une meilleure loi
125 qui corresponde véritablement aux besoins du monde municipal.
Ce que j'ai dit particulièrement aux représentants de
l'Union des municipalités du Québec, c'est qu'il ne faut pas
s'énerver parce que le gouvernement subventionne la mise en oeuvre de
certaines expériences reliées à des contrats de
développement qui seront liés au schéma
d'aménagement ou à ce qu'on peut voir venir comme schéma
d'aménagement, ou même des expériences de voirie tertiaire.
Ce sont des matières qui nous permettront, quand nous serons rendus
à ce débat, sur l'avenir des MRC ou sur l'avenir de la
décentralisation, de réfléchir à partir de ces
expériences pour trouver les meilleures formules pour servir nos
concitoyens. Je ne sache pas que l'ensemble du monde municipal éprouve
des inquiétudes actuellement du fait que, dans trois ou quatre MRC, on
ait demandé aux municipalités régionales de comté,
avec le ministère des Transports, d'élaborer une catégorie
de chemins locaux, de chemins intermunicipaux, de chemins de nature
régionale ou de nature nationale, de catégoriser les
différents types de routes ou de chemins, pour voir qui pourrait
gérer, construire ou entretenir ces chemins. Est-ce que ce serait mieux
que ce soit la municipalité régionale de comté, la
municipalité ou le gouvernement lui-même? On en est simplement aux
premières étapes de réflexion et d'analyse dans ce
domaine. Actuellement, il n'y a même pas d'engagement du gouvernement par
rapport à des municipalités régionales de comté
pour même leur confier l'expérience de faire la gestion, la
construction et l'entretien des chemins. Ce sont simplement des étapes
préliminaires pour nous amener à une meilleure réflexion
et à une meilleure analyse.
Dans le cas du taxi, que je sache, il n'y avait pas eu d'opposition
à ce qu'on donne un pouvoir habilitant aux municipalités.
M. Saintonge: Il y en avait eu une et
unanimement là-dessus, je dois vous reprendre...
M. Marcoux: Où elles sont virulentes?
M, Saintonge: H y avait eu opposition et de l'UMQ et de l'UMRCQ à
ce qu'on donne des pouvoirs aux MRC. On voulait conserver ces pouvoirs aux
municipalités comme telles. Malgré la représentation
unanime des deux unions, dans leur mémoire, cela a été
refusé.
M. Marcoux: Il faudrait voir si elles l'utilisent maintenant, si
elles n'étaient pas d'accord, peut-être qu'elles ne l'utilisent
pas. En tout cas je me souviens que, dans le monde municipal, il y a eu une
grande appréhension, à un moment donné; on craignait que
tous les ministères donnent de nouveaux pouvoirs aux
municipalités régionales de comté relativement au
rôle qu'elles ont à exercer. Vous ajoutiez l'exemple de la
qualité de l'eau. Que je sache, on n'a donné aucun nouveau
pouvoir en ce qui concerne la qualité de l'eau, aux municipalités
régionales de comté, en tout cas à ma connaissance. La
réglementation sur le contrôle de la qualité de l'eau est
appliquée par les municipalités. Le transfert s'est fait, comme
responsabilité, directement du ministère de l'Environnement
à chacune des municipalités.
C'est bien sûr que par rapport à l'idée de tout ce
qu'on pourrait vouloir envoyer dans les municipalités régionales
de comté, il ne faut pas être dogmatique dans le sens inverse
aussi et penser que les municipalités régionales de comté
vont nécessairement disparaître ou devraient disparaître et
qu'elles n'ont aucun avenir. Vous ne pouvez pas demander à des gens de
travailler ensemble durant cinq ans sur un schéma d'aménagement
et qu'ils ne voient pas un lien entre le schéma d'aménagement, ni
ne comprennent comment l'aménagement peut tracer la voie au
développement. Il est un peu logique que les élus, après
avoir travaillé sur un schéma d'aménagement ou en
travaillant sur un schéma d'aménagement, y voient des liens avec
le développement, en somme, qu'ils voient un lien entre la forme et le
contenu. On n'en est pas là comme transfert des responsabilités
aux municipalités régionales de comté, soit de la part du
gouvernement ou de la part des municipalités locales.
Ce que je souhaite qu'il se passe dans l'année ou l'année
et demie qui vient, c'est que des gens commencent à
réfléchir et à s'exprimer sur le sujet, à tracer
des hypothèses, c'est-à-dire étudier les points de vue des
intellectuels, des professeurs d'université, des chercheurs dans
différentes institutions publiques ou parapubliques, même des
fonctionnaires qui pourraient avoir des idées sur le sujet. Je n'ai pas
d'objection que le monde municipal, comme l'UMQ le fait en fin de semaine et
comme l'UMRCQ l'a fait l'automne passé, dans le milieu social et
politique québécois se pose des questions sur l'avenir de la
décentralisation, sur l'avenir de la municipalité locale,
l'avenir de la municipalité régionale de comté, l'avenir
des communautés urbaines, l'avenir des relations entre les villes et les
banlieues, etc. Cela me paraît tout à fait normal.
Je pense qu'à ce titre, peut-être que le seul groupe qui ne
réfléchit pas à la question actuellement ou qui ne nous en
a pas fait part publiquement ou à travers des engagements, c'est le
Parti libéral du Québec qui évacue complètement ce
sujet dans son projet de programme électoral ou le projet de programme
qu'il avait transmis pour réflexion à ses membres. Disons que je
mets cela entre parenthèses parce que je ne veux pas bousiller le climat
positif de cette commission.
Je pense que, dans l'année et demie qui vient ou dans les deux
ans qui viennent, il n'y aura pas d'objection, au contraire, à ce qu'il
y ait des réflexions qui se fassent et que ces réflexions soient
publiques.
Pour en revenir au point central, qui était le point de
départ de votre discussion, est-ce que le gouvernement est
embarqué dans ce processus actuellement? Je dis non. Est-ce qu'il veut
s'embarquer immédiatement? Je dis non. C'est absolument clair parce
qu'on considère que les MRC doivent arriver au bout de leur premier
mandat, pour lequel elles ont été constituées. Lorsqu'il y
aura une demande du monde municipal ou d'autres organismes dans notre
société qui voient un mode de vie en société
démocratique ou une répartition des pouvoirs différente
dans notre société entre le gouvernement central, les
gouvernements locaux, les communautés urbaines et les
municipalités régionales de comté, lorsqu'il y aura une
demande à cet égard, je sais la façon dont cela devra se
faire.
Cela devra se faire exactement comme on a fait les réformes de la
démocratie municipale, de la fiscalité municipale et de
l'aménagement du territoire. C'est-à-dire que, lorsqu'il y aura
une demande du milieu à cet égard, il devrait y avoir un document
gouvernemental, qui pourrait être établi conjointement même,
comme pour la fiscalité municipale, avec les unions municipales, qui
devrait être rendu public et qui devrait donner lieu quelques mois plus
tard à une espèce de conférence
Québec-municipalités à laquelle d'autres intervenants du
milieu québécois pourraient être invités et qui
pourrait tracer, je dirais, la conception du type de société dans
laquelle on veut vivre dans les cinq, dix ou quinze prochaines années
par rapport à la réponse aux services que les citoyens attendent
des gouverne-
ments.
Quand je parle d'aboutir à une conférence
Québec-municipalités, par rapport au dossier de la
décentralisation ou à l'avenir des MRC, il m'apparaît qu'on
ne pourra pas trouver toutes les réponses d'un seul coup et les
appliquer de façon immédiate ensemble. Cela se pose bien
différemment, je pense, de la question de l'aménagement du
territoire et de la fiscalité municipale à cet égard.
Pour la fiscalité municipale, on voulait faire une réforme
et elle devait être en vigueur une journée, c'est-à-dire le
1er janvier 1980, pour les grands éléments, quitte à
améliorer et à arrondir les coins par la suite, en poursuivant
les études à la table Québec-municipalités et en
ajustant certains aspects de la réforme de la fiscalité
municipale.
Pour l'aménagement des territoires, c'était un pouvoir.
À un moment donné, il est entré en vigueur è la fin
de l'année 1979 ou au début de l'année 1980. Mais,
lorsqu'on parle de la décentralisation en général ou de
l'avenir des MRC en général, je pense qu'il faut d'abord
s'entendre sur des principes entre le monde municipal et le gouvernement, sur
une démarche, sur la façon dont on va traiter chacun des dossiers
qui pourraient venir dans trois ans, quatre ans, cinq ans et qui pourraient
impliquer une décentralisation. Mais je ne pense pas qu'une
conférence Québec-municipalités ou un vaste débat
public sur ces sujets pourrait se clore du jour au lendemain à la suite
d'un an, un an et demi ou deux ans de discussions. Je pense que cette
démarche devrait plutôt tracer comment, à l'avenir, on
pourrait traiter chacune des hypothèses ou chacun des transferts de
pouvoir, éventuellement, ce qui m'apparaît différent aussi.
La démarche devrait être analogue mais elle ne pourrait pas
être identique, je pense, à la démarche qu'il y a eu dans
les trois dossiers précédents, qui ont amené trois grandes
réformes dans le monde municipal.
Cela m'apparaît encore particulièrement vrai après
avoir lu le document dont je parlais tantôt, "La municipalité de
l'an 2001", où on indique, je pense à bon droit, qu'il n'y a
probablement pas de structure unique pour répondre aux besoins de
régionalisation et de décentralisation.
Des fois, cela pourrait être une entente intermunicipale, des
fois, cela pourrait être la MRC, d'autres fois la municipalité
locale, d'autres fois la communauté urbaine, d'autres fois le statu quo,
c'est-à-dire le gouvernement du Québec ou la municipalité
telle qu'elle est actuellement; je crois qu'il faudra être imaginatif au
niveau des structures pour répondre aux besoins identifiés par
nos citoyens.
Le fait que je pars plutôt avec l'idée qu'il ne pourrait
pas y avoir une seule structure fixée dans le temps pour répondre
aux différents besoins identifiés et aux différents
besoins des pouvoirs locaux, je pense que cela m'amène à dire
à ce moment-là qu'il ne pourrait pas y avoir une réforme
dans le temps qui se passe du jour au lendemain.
Je crois qu'une des choses qui m'a amené à cette
conclusion, c'est la réflexion qu'ont faite certaines
municipalités régionales de comté sur la voirie tertiaire,
où on voit que s'il fallait transférer, par exemple, à une
municipalité régionale de comté la construction des
chemins municipaux ou des routes ou des rangs qui relient deux villages etc.,
cela ne pourrait pas se faire du jour au lendemain, à date fixe. Il
faudrait que cela soit échelonné dans le temps probablement sur
deux ou trois ans. Je ne parle que d'un petit pouvoir, construire des routes et
la voirie tertiaire.
Si on parle maintenant d'autres pouvoirs qui sont actuellement à
d'autres ordres de gouvernement et qu'on veut les transférer au monde
municipal, cela peut être beaucoup plus complexe, peut-être
beaucoup plus échelonné dans le temps.
Dans ce sens-là, ce que je voudrais dire au député
de Laprairie, c'est qu'il m'apparaît que ce débat sera beaucoup
plus complexe que les débats qu'on a eus sur trois sujets précis:
la démocratie municipale, l'aménagement et la fiscalité
municipale. En particulier pour l'aménagement et la fiscalité
municipale, qui pouvaient entrer en vigueur à telle date pour l'ensemble
du monde municipal du Québec, il ne m'apparaît pas. que,
même si on décidait juste de décentraliser deux pouvoirs,
il n'est pas certain qu'on pourrait les décentraliser à la
même date, au même moment, de la même façon et dans la
même structure.
À ce moment-là c'est un autre type de démarche
qu'il faut enclencher.
M. Saintonge: Je me rends compte que le ministre nous dit quand
même qu'une réflexion sera à venir et que rien ne se fera
sans qu'il ne consulte les autorités...
M. Marcoux: Je dois ajouter que c'est sûr qu'il y aura une
réflexion à venir. Une chose est certaine, c'est que
l'après-schéma d'aménagement va se poser. Au fait que les
MRC travaillent ensemble durant cinq ans, élaborent un premier
schéma d'aménagement, je sais bien que des fonctions demeureront
aux MRC. Même s'il n'y avait pas de nouveaux pouvoirs, la fonction va
demeurer par exemple de s'assurer de la conformité des plans d'urbanisme
et de réglementation des municipalités au schéma
d'aménagement.
M. Saintonge: Les modifications...
M. Marcoux: Les modifications en cours
de route du schéma d'aménagement; la révision
à tous les cinq ans du schéma d'aménagement. La fonction
aménagement elle-même ne prend pas fin avec le premier
schéma d'aménagement et les MRC, c'est certain, vont demeurer.
Elles ne disparaîtront pas après l'adoption du premier
schéma, elles vont demeurer et elles continueront à avoir ce
rôle-là par rapport à la notion, aux pouvoirs
d'aménagement.
La question qui se pose est celle-ci: Dans ce sens-là, les MRC
ont un avenir assuré, un avenir garanti. Est-ce qu'elles ont un avenir
à d'autres titres? Sur cela, la page est blanche. C'est le temps que des
gens écrivent, pensent, réfléchissent, nous fassent part
de leur opinion.
M. Saintonge: Je lisais un article de journal qui date du 17
avril. C'est récent. Le maire Corbeil disait, lors de la
présentation de l'étude à laquelle vous faites allusion,
"que la réflexion s'impose également sur le rôle des
municipalités régionales de comté dont la vocation devait
avant tout répondre aux objectifs d'aménagement du territoire. "
On cite toujours le maire Corbeil: "On semble considérer les MRC comme
un fourre-tout, une solution à tous les problèmes. " C'est cela
qu'on veut éviter. Dans ce sens-là je comprends de ce que le
ministre nous dit aujourd'hui qu'à ce moment-là, au niveau du
rôle de la MRC, c'est évident, et, dans certains cas, je pense que
les MRC sont quand même plus avancées que d'autres; il y a des
schémas d'aménagement, des propositions qui sont
déjà rendues au ministère, si mes informations sont
bonnes. Donc, un plan d'aménagement pour commencer les activités
avant deux ans. (17 h 15)
Dans le courant de l'année prochaine, il n'est peut-être
pas impossible que, dans certaines MRC, des schémas d'aménagement
soient adoptés, etc., et cela peut amener des modifications
ultérieures ou d'application du schéma comme tel. C'est dans ce
sens que cette vocation de la MRC ne s'effacera pas. Mais, même
là-dessus, dans cette vocation de la MRC qui va continuer, est-ce que le
ministre peut nous dire, par exemple, qui va assumer les coûts de la
continuité de la MRC? Est-ce que le ministère continuera à
financer les MRC si le schéma d'aménagement est terminé?
Est-ce que, au niveau des subventions de fonctionnement, cela va continuer,
cela va demeurer? C'est une interrogation qui se pose dans le milieu municipal,
puisque votre prédécesseur avait mentionné, il y a de cela
un an et demi, qu'il faudrait peut-être penser au jour où le
gouvernement arrêterait de financer les MRC, alors que la structure a
été mise en place et en assurant aux municipalités que le
gouvernement financerait cette structure. C'est une interrogation qui se pose
au niveau des municipalités, concernant les coûts
éventuels.
L'autre interrogation, au niveau des pouvoirs éventuels qui
pourraient être décentralisés ou même passer
carrément du pouvoir local au pouvoir régional, il y a des
possibilités qu'on semble entrevoir au niveau des municipalités
et on souligne le fait dans les rencontres avec le monde municipal. Je suis
convaincu que te ministre doit se faire parler de cela dans certaines
circonstances. Est-ce qu'on va donner la priorité aux MRC dans un tel
rôle? Je pense que la réponse que le ministre nom donne
aujourd'hui est quand même satisfaisante à ce niveau: qu'avant
d'arriver à quoi que ce soit, il s'engage à consulter le monde
municipal, à connaître le voeu des gens les premiers
concernés qui sont vraiment le pouvoir municipal, et ne pas arriver dans
des situations de fait où, dans certains cas, par exemple, sous
prétexte de donner un peu plus d'autonomie aux municipalités, on
parlait du règlement de contrôle intérimaire. On se
souvient de ce qui est arrivé à cette époque.
C'était tellement réglementé, tellement régi par le
ministère que les municipalités n'avaient pas le choix. Elles
devaient entrer là-dedans et disons que l'autonomie municipale
n'était pas très forte à ce niveau, parce que le
gouvernement décidait en disant: C'est cela, notre ligne de conduite, on
s'en va là, point à la ligne.
Dans ce sens, les normes et la réglementation applicables par le
ministère faisaient en sorte que l'autonomie municipale en prenait pour
son rhume. C'était faux de dire que les municipalités avaient le
pouvoir de prendre certaines décisions et d'y aller selon leur
décision au point de vue de l'application locale. Dans l'application
locale, ce que je veux plutôt noter dans ce sens, c'est selon la
coloration qui est propre à chaque milieu dans certains cas. Cela a
été, d'une certaine façon, mis de côté dans
le cadre de certaines directives que le ministère a données lors
de l'application du règlement de contrôle intérimaire. Mais
ce sont des choses que, je pense, le monde municipal veut éviter; il
veut vraiment se considérer comme un partenaire du gouvernement. C'est
le premier point que je voulais soulever. Je ne sais pas si le ministre veut
faire part de sa réaction.
M. Marcoux: Oui, j'ai deux réactions. La
déclaration du président de l'UMQ, je dois vous dire que je la
partage entièrement. Les MRC ne sont pas la solution fourre-tout
à tous les problèmes de gestion de la vie locale.
M. Saintonge: Oui, mais il allait plus loin. C'est simplement
parce que... Je ne veux pas dire que...
M. Marcoux: Oui, oui.
M. Saintonge: Si on lit le texte, il dit: On semble
considérer les MRC comme un fourre-tout, une solution à tous les
problèmes. C'est donc dire...
M. Marcoux: Est-ce que je peux vous dire que ce n'est pas mon
opinion?
M. Saintonge:... qu'il y a quelque chose qui se passe, une
appréhension qui est véritable.
M. Marcoux: Et je suis convaincu que ce n'est pas l'opinion de la
majorité du monde municipal. Par contre, je dois dire que je suis
entièrement d'accord aussi avec les autres déclarations dans ce
même article du président de l'UMQ qui auront, je pense, comme
effet de décrisper - on a parlé de décrispation il y a
quelques mois par rapport à d'autres niveaux de gouvernement - par
rapport à la discussion sur le sujet. Si j'ai bien compris la
déclaration du président de l'UMQ, en choisissant de faire son
congrès sur "Nouvelles réalités, nouveaux défis, la
municipalité de l'an 2001", l'Union des municipalités du
Québec - et c'est peut-être ce qui se passera en fin de semaine
-souhaiterait pouvoir, éventuellement, lancer le débat ou
participer au débat sur l'avenir des MRC et l'avenir de l'ensemble de la
question du pouvoir municipal alors que ce qui avait été
décidé en 1979 était que, pour le moment, pour les
années à venir, les années prévisibles, il
n'était pas question d'envisager comme pouvoirs
régionalisés au niveau municipal d'autres pouvoirs que celui de
l'aménagement. En ce sens, je pense qu'il faut saluer de façon
très positive l'orientation qui semble être proposée au
congrès de l'UMQ, en tout cas, la déclaration faite par le
président de l'UMQ sur le sens qu'il donne ou qu'il veut voir donner au
congrès qui se déroulera dans quelques heures.
Quant au règlement de contrôle intérimaire, il y a
deux niveaux de réactions du monde municipal. Le monde municipal a eu
des réactions négatives sur le fait que le ministère des
Affaires municipales imposait des normes très strictes pour
l'élaboration de ces règlements de contrôle
intérimaire, normes qui lui étaient suggérées, pour
la plupart, par les autres ministères du gouvernement. Ce qu'on peut
aussi savoir, c'est que les élus municipaux étaient très
contents d'avoir ces normes parce que cela leur permettait de répondre
à leurs concitoyens: Voici, vous êtes tous traités de la
même façon et il y a une équité. Tant que le
schéma d'aménagement ne sera pas élaboré, au moins
il n'y a pas de grands mouvements sur l'aménagement du territoire et de
grandes irrationalités qui vont pouvoir se passer.
La Présidente (Mme Bacon): M. le ministre.
M. Marcoux: Deux phrases, Mme la Présidente. Pourquoi
ai-je pensé qu'il était temps, l'automne dernier, d'avoir une
nouvelle attitude face au règlement de contrôle
intérimaire? C'est qu'il y en avait 94 des 95 qui étaient en
vigueur. Cela faisait déjà un an, un an et demi, deux ans, trois
ans que les municipalités régionales de comté vivaient
avec ces règlements de contrôle intérimaire, les
connaissaient bien, en voyaient les avantages, et je considérais
qu'à ce moment elles étaient capables, elles avaient l'expertise,
les professionnels qui permettaient d'apporter des amendements qui permettent
de répondre à des besoins locaux, de régler des
problèmes locaux avec le jugement des élus de la
municipalité régionale de comté.
Je crois que quand j'ai pris cette décision, je n'ai pas voulu du
tout renier les gestes qui avaient été posés par mon
prédécesseur à l'égard de la mise en oeuvre des
règlements de contrôle intérimaire. Entre le discours
officiel de plusieurs élus municipaux et ce qu'ils nous disaient
concrètement sur l'utilité de ce règlement de
contrôle intérimaire, je pense qu'on peut trouver un juste
équilibre.
M. Saintonge: Les coûts. Mais les coûts. Ma question
sur les coûts. Vous avez une réaction à cela?
M. Marcoux: J'aurais été malheureux d'oublier la
question. Je puis vous assurer que je n'ai pas réfléchi à
la question encore.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Kamouraska-Témiscouata.
La taxation à Notre-Dame-du-Lac
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Merci, Mme la
Présidente. M. le ministre, je voudrais vous ramener faire un petit tour
près du beau lac Témiscouata et vous parler un peu de la
municipalité de...
M. Marcoux: De Cabano?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Non.
M. Marcoux: II y aurait eu un beau ReviCentre
d'annoncé.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Même
s'il y a des municipalités qui sont près du lac
Témiscouata et c'est très attrayant et très accueillant,
il y a une municipalité, entre autres, qui a de graves problèmes
au
point de vue de la taxation de ses contribuables, c'est la
municipalité de Notre-Dame-du-Lac. On sait que depuis quelques jours, on
pourrait dire quelques semaines, beaucoup de journaux, le Soleil, Le Journal de
Québec, rapportent des demi-vérités. Je pense que vous
connaissez très bien... Je voudrais vous remercier quand même
aussi de la part des gens pour l'aide que vous leur apportez. Les contribuables
de cette municipalité sont pris avec des taux de taxation
extrêmement élevés.
Dans certains paragraphes du journal Le Soleil d'aujourd'hui, on dit que
le PAIRA était, en 1980, à ses débuts. Je pense que ce
programme existe depuis 1974.
M. Marcoux: Depuis 1977. C'est nous qui l'avons
implanté.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Le PAIRA?
M. Marcoux: Février 1977.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Bon. Et que... Il était mal rodé, mais je pense que...
M. Marcoux: Parce que avant, c'était le
discrétionnaire qui s'appliquait totalement dans la décision
concernant les subventions aux programmes d'aqueduc et d'égout. J'ai vu
une municipalité dans mon comté à qui on a offert 110 % du
coût du projet réalisé et terminé depuis un an et
demi. Elle s'est vu offrir en subvention 110 % du coût du projet
réalisé.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
M. le ministre, je ne sais pas si vous avez l'intention de rectifier
certains dires, parce qu'on laisse croire aux contribuables de
Notre-Dame-du-Lac que tout cela c'est de la faute du gouvernement. Je sais bien
qu'il y a des gens peut-être là-dessous qui essaient de faire de
la petite politique, mais je les ai invités éventuellement, lors
d'une prochaine campagne électorale, à faire de la politique sur
la vraie tribune. Exemple qu'il y a certaines faussetés. On dit
qu'à la suite de votre rencontre, les contribuables de
Notre-Dame-du-Lac, le lendemain, la commission municipale mettait la ville en
tutelle. Cela fait déjà deux ans qu'elle est en tutelle.
M. Marcoux: À leur demande.
M, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
À sa demande d'ailleurs. Troisièmement, on dit aussi que
peu importent les organisateurs, qu'ils soient péquistes ou
libéraux - on est dans une démocratie, une personne a le droit de
faire de la politique - le premier maire aurait été
remercié de ses services et que le deuxième, soi-disant un
organisateur péquiste, aurait été hospitalisé au
lendemain de votre rencontre. Je sais de bonne source que le maire avait un
rendez-vous depuis déjà un mois pour se faire opérer pour
la prostate, alors ce n'est pas dû à cela. J'aimerais, M. le
ministre, après toutes les allusions dans les journaux, que le ministre
des Affaires municipales... Je suis sûr que si personne ne parle, que si
personne ne réplique à cela -c'est peut-être donner de
l'importance au dossier - les contribuables de Notre-Dame-du-Lac vont dire: Le
gouvernement a tort, il ne se défend pas.
Ce que j'aimerais, M. le ministre, c'est que vous répondiez aux
arguments qui sont invoqués soit dans les journaux, les coupures de
presse, pour nous faire un peu la lumière là-dessus. Pour
s'endetter comme cela aussi... Il y a la Commission municipale qui doit
vérifier certains emprunts dans les municipalités et voir
à ce qu'une municipalité ne dépasse pas les normes sur la
capacité d'emprunt. Je voudrais un peu votre réaction
là-dessus très brièvement.
M. Saintonge: Ce n'était pas une question de santé,
mais ce n'était pas loin.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Non, je ne suis pas...
M. Marcoux: Voulez-vous compléter la question avant que je
réponde?
M. Saintonge: Je vais vous écouter attentivement. On a
parlé de fausseté à un moment donné concernant la
tutelle. La tutelle a été décrétée en 1982
et je vais dire au ministre que j'ai posé des questions à votre
prédécesseur là-dessus en Chambre. On en avait
discuté, on en avait parlé. Les réponses n'ont pas
été satisfaisantes parce qu'il n'y avait rien. Ce qui
m'étonne - le député de Kamouraska-Témiscouata
demande des explications - grandement, c'est le silence du député
depuis ce temps. Je vais attendre les réponses et j'aurai d'autres
questions.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Je pourrais toujours répondre à celle qui m'est
posée à moi. Je pense que je n'ai pas été trop
silencieux. Depuis que les contribuables et le groupement, le mouvement a
été formé en décembre 1984, j'ai eu des contacts
avec ces gens presque toutes les semaines.
M. Saintonge: Avant cela.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Avant cela, j'ai aidé les personnes qui étaient
responsables de la municipalité à obtenir les subventions. J'ai
travaillé avec le maire qui a été remercié de ses
services. J'ai travaillé avec le maire qui est présente-
ment en place. Je pense que je n'ai pas été muet plus que
d'autres municipalités.
M. Marcoux: Je vais aborder la question de la façon
suivante. Ce dossier qui m'a été présenté en
janvier dernier, je l'ai abordé sur la base des principes suivants.
Premièrement, les municipalités au Québec sont des
institutions politiques autonomes. Le principe de l'autonomie des
municipalités, ce premier principe, est très cher aux
municipalités, très cher au ministre des Affaires municipales et
au ministère des Affaires municipales et nous le respectons dans toute
la mesure du possible.
Deuxième principe. Il y a, en plus de l'autonomie politique des
municipalités, l'autonomie financière des municipalités du
Québec. Elles sont reliées d'ailleurs, il n'y a pas de
véritable autonomie politique s'il n'y a pas d'autonomie
financière. C'est d'ailleurs pour cela qu'on a fait la réforme de
la fiscalité. C'est parce qu'on constatait que sur une période de
six ou sept ans, la part des subventions dans le budget des
municipalités au Québec était en train de
s'accroître considérablement. Je crois qu'au début des
années soixante-dix, c'était 70 % à 71 % des budgets des
municipalités qui étaient faits à partir de revenus
autonomes et en 1977, quand on a commencé à parler de la
réforme de la fiscalité, c'était baissé à 67
%. Si cela avait continué, peut-être qu'à la fin des
années quatre-vingt cela a été seulement 60 % du budget
des municipalités qui auraient été des revenus
autonomes.
On a fait la réforme de la fiscalité pour augmenter la
part des revenus autonomes. Maintenant, c'est 94 % ou 95 % du revenu des
municipalités qui est constitué de revenus autonomes. Donc, un
changement majeur. Autonomie politique des municipalités. Autonomie
financière. (17 h 30)
Un troisième principe: lorsque j'ai examiné l'ensemble des
suggestions qui m'ont été faites par le conseil municipal de
Notre-Dame-du-Lac comme solution à ses problèmes financiers
graves, je l'ai examiné dans la perspective suivante
d'équité par rapport à l'ensemble des autres
municipalités du Québec, où les citoyens doivent assumer
totalement les décisions prises par leurs conseils municipaux,
décisions qu'ils ont ratifiées implicitement par un
règlement d'emprunt avec ou sans référendum et qui font
partie, en somme, des décisions locales. Mais j'ai voulu examiner avec
la plus grande bonne foi possible l'ensemble des propositions et suggestions
qui m'ont été faites par les élus de la
municipalité ainsi que par le comité des citoyens. J'ai
examiné le tout dans la perspective suivante: en 1983, le taux de
taxation de la municipalité de Notre-Dame-du-Lac était de 3, 75 $
des 100 $ d'évaluation, avec un rôle évalué à
ce moment-là à environ 75 % de sa valeur, à comparer
à d'autres rôles. En 1984, le taux est encore à 3, 75 $ les
100 $ d'évaluation.
Ce qui est arrivé au 1er janvier 1985, c'est que le tuteur a
indiqué au conseil qu'il prévoyait augmenter les taxes de 3, 75 $
à 3, 95 $ et que, s'il n'y avait pas de changement dans les revenus de
la municipalité, il prévoyait qu'en 1986, il faudrait augmenter
la taxe foncière à environ 4, 75 $ les 100 $ d'évaluation.
Là, évidemment, les citoyens ont dit: Passer de 3, 75 $ à
3, 95 $, c'est trop, et passer à 4, 75 $ l'an prochain ou dans deux ans,
c'est encore plus que trop. Ils ont soumis diverses hypothèses pour
diminuer le poids de la fiscalité à Notre-Dame-du-Lac. Parmi
l'ensemble des suggestions qui ont été faites, plusieurs ont
été retenues, l'une provenant des concitoyens et qui a fait que,
dans le cadre du programme PAIRA, qui a été fait en 1980 dans
leur cas, mais qui fonctionnait depuis 1977 - ce n'était pas une
expérience nouvelle à Notre-Dame-du-Lac -pour l'ensemble des
municipalités en bas de 3000 habitants au Québec... Cela a
été augmenté à 5000 habitants en 1979, et le
programme d'assainissement des eaux aussi fonctionnait durant ces
années.
Ce pourquoi je suis allé devant le Conseil du trésor,
c'est pour faire en sorte qu'on considère l'ensemble des frais incidents
occasionnés par la construction du réseau d'aqueduc et
d'égout, parce que ces frais incidents, qui comprennent les frais de
services professionnels et les frais d'intérêt, dépassaient
les 25 % au maximum admissible selon les critères du programme PAIRA,
c'est-à-dire que, pour l'ensemble des municipalités qui ont
bénéficié du programme PAIRA depuis 1977, dans l'ensemble
des dépenses pour construire un réseau d'aqueduc et
d'égout, on admet 25 % des dépenses au titre de frais des
services professionnels et au titre de frais des emprunts temporaires, des
coûts d'intérêt pour les emprunts temporaires pendant que le
réseau se construit. Or, à Notre-Dame-du-Lac, ces frais de
services professionnels et les frais d'emprunts temporaires ont
coûté 47 % de la valeur du projet. C'est vous dire qu'il y a eu
certaines choses qui font que cela a coûté cher. Ce que j'ai
demandé au Trésor et ce que j'ai obtenu comme dérogation,
c'est qu'au lieu de s'arrêter à 25 % des frais incidents on a
admis l'ensemble des frais incidents, soit 47 % des frais incidents pour la
construction de l'aqueduc et de l'égoût. J'ai pu aussi annoncer
une subvention supplémentaire étalée sur dix ans de 869
000 $ ou environ 860 000 $ sur dix ans, c'est-à-dire 86 000 $ par
année. Pour la première année, on verse deux montants la
même année: l'un avant le 31 mars, et qu'on a versé avant
le 31 mars 1985, et l'autre d'ici le 31 décembre 1985. En somme, on en
verse deux durant la même année financière des
municipalités, mais dans deux années financières du
gouvernement du Québec, ce qui fait que cela a un effet très
important. Si on n'avait pas fait cela, la municipalité aurait
été obligée de refinancer 50 % du paiement sur les
échéances de capital, c'est-à-dire que, sur les
règlements d'emprunt que fait une municipalité, elle doit
rembourser à chaque année 50 % de l'échéance de
capital. Si on n'avait pas versé cette double subvention, il y a 50 % de
l'échéance de capital de la municipalité qui aurait
dû être refinancée. C'est ce qu'on appelle pelleter la neige
en avant, c'est-à-dire qu'au lieu de payer l'échéance de
capital, on le refinance, ce qui fait que l'on grossit son problème pour
l'avenir plutôt que de le diminuer. En versant deux montants de
subvention dès la première année financière de la
municipalité, cela permet d'effacer complètement ce
refinancement. Deuxièmement, cela permet de maintenir les taxes cette
année à 3, 75 $ comme elles l'ont été en 1984 et
comme elles l'ont été en 1983, et cela permet, sur la base des
autres suggestions qui ont été faites par la Commission
municipale de compressions de dépenses supplémentaires, de faire
en sorte que, pour les cinq prochaines années, la municipalité
peut maintenir à 3, 75 $ les 100 $ d'évaluation son taux de
taxation global, ce qui correspond à une diminution de la taxe
réelle des citoyens puisque, dans le budget de dépenses, on a
prévu des indexations aux dépenses, mais on n'a pas indexé
du tout la taxe. En somme, on maintient la taxe à 3, 75 $ dans le budget
pro forma sur six ans, mais, dans le budget pro forma, on a prévu des
indexations pour les salaires, pour les autres dépenses, et ces 3, 75 $
- il faut être bien réaliste -correspondent, en fait, si le
rôle était à 100% de sa valeur, à 2, 80 $ environ,
ce qui est plus élevé que la moyenne du Québec qui est de
2, 28 $, mais ce qui est en réalité plus petit que ce qu'il
paraît en disant 3, 75 $.
Or, je considérais que, parmi l'ensemble des propositions qui
m'ont été faites, c'étaient des compressions de
dépenses, d'une part, et, d'autre part, de tenir compte de l'ensemble
des frais incidents dans le cadre du programme PAIRA; c'était le maximum
qui pouvait être fait en respectant l'autonomie politique de la
municipalité, l'autonomie financière et une certaine règle
d'équité par rapport aux autres municipalités du
Québec.
Il faut ajouter ceci: c'est que, pour l'aspect de l'épuration des
eaux, cette municipalité a été subventionnée
à 90 % du coût de l'épuration des eaux, même si, en
moyenne, à ce moment-là, les municipalités étaient
subventionnées à 80 %. Pourquoi a-t-elle été
subventionnée à 90 %? Parce que le ministère de
l'Environnement, lui aussi, dans sa volonté d'aider cette
municipalité, avait accepté, il y a déjà un an ou
deux ans ou trois ans, de tenir compte de l'ensemble des frais incidents et non
seulement de 25 % de frais incidents admissibles comme dans les autres dossiers
d'assainissement des eaux. On peut dire que, tant en ce qui concerne l'aqueduc
et l'égout qu'en ce qui concerne l'assainissement des eaux, il y a eu
dans les deux cas un effort financier supplémentaire appréciable,
quand on parle de 869 000 $ pour l'aspect de l'aqueduc et de l'égout. Je
n'ai pas en mémoire le montant supplémentaire que cela
représente pour l'assainissement des eaux, 900 000 $ également,
un effort supplémentaire financier appréciable pour aider les
citoyens de cette municipalité.
Évidemment, une chose qu'il faut regarder, dans l'ensemble de
l'administration de cette municipalité depuis plusieurs années,
c'est qu'il y a des décisions qui ont été prises par les
citoyens et par le conseil municipal qui, je pense, objectivement, constituent
des erreurs d'investissements. Je vais vous en donner un exemple qui n'est pas
marginal. L'hôtel de ville de cette municipalité de 2300 habitants
est un hôtel de ville qui a coûté 1 000 000 $, alors que,
dans toutes les municipalités - ce que je connais de mon comté
comme d'ailleurs -l'hôtel de ville et le centre communautaire qui y est
joint - d'habitude, c'est une grande salle, le centre communautaire, avec une
partie pour la bibliothèque municipale, une partie pour les bureaux de
la municipalité et la salle du conseil - ce que j'ai, dans mon
comté comme ailleurs, ce sont des centres communautaires et hôtels
de ville qui coûtent 200 000 $, 250 000 $ ou 275 000 $. Dans le cas de
Notre-Dame-du-Lac, on a construit un hôtel de ville de 1 000 000 $ au
lieu de 200 000 $, ce qui aurait été la normale au moment
où cela a été construit. On a une aréna, pour une
population de 2300 habitants, on s'est doté d'une aréna. On sait
ce que coûte une aréna. On a dû l'améliorer et
investir quelques centaines de milliers de dollars supplémentaires pour
cette aréna dans les dernières années.
Ce qu'il faut ajouter dans ceci - et je touche la question de la
Commission municipale du Québec - c'est que j'ai regardé
personnellement l'ensemble des faits - je ne dirai pas l'ensemble des
accusations -l'ensemble des allégations soit du conseil municipal ou du
comité des citoyens à l'égard de la Commission municipale
à laquelle on a reproché de ne pas avoir accompli son travail
dans l'ensemble, durant toutes ces années, par rapport à
l'évaluation financière de la municipalité de
Notre-Dame-du-Lac, et je dois dire que je n'ai rien trouvé qui pouvait
justifier un seul des reproches faits à la Commission municipale du
Québec. Ce qui s'est passé, je vais vous en donner un exemple
précis. La Commission
municipale, en décembre 1982, si ma mémoire est bonne - je
n'ai pas les dates avec moi - ou en 1979, en décembre 1979, a
refusé d'autoriser la municipalité à construire des
infrastructures industrielles. Compte tenu des montants de subvention
accordés à ce moment-là, cela aurait augmenté trop
fortement son taux d'endettement. Il s'est passé huit mois et la
municipalité a fait des démarches avec le député
auprès du ministère de l'Industrie et du Commerce, du
ministère de l'Environnement, etc., et ils ont obtenu des subventions
supplémentaires du ministère de l'Industrie et du Commerce, ce
qui fait qu'au bout de huit mois, au mois d'août suivant, la Commission
municipale du Québec a accepté de ratifier le règlement
d'emprunt fait par la municipalité autorisant à l'infrastructure
industrielle des investissements supplémentaires.
Selon les données, les preuves et les chiffres de la Commission
municipale, elle était parfaitement justifiée de le faire, parce
que cela ne mettait pas en danger la situation financière de la
municipalité. Ce qui s'est passé, c'est que, lorsque la
Commission municipale approuvait des règlements d'emprunt de la
municipalité, la municipalité ne les utilisait pas pour les fins
pour lesquelles ils avaient été approuvés. Si la
Commission municipale approuvait un règlement d'emprunt pour payer le
réseau d'aqueduc et d'égout, la municipalité, au lieu de
faire le paiement des emprunts temporaires à la banque et d'acheter des
obligations, parce que le règlement d'emprunt permet de payer les
règlements d'emprunt temporaires et d'acheter des obligations, achetait
des obligations, ne payait pas son règlement d'emprunt temporaire et se
servait de règlements d'emprunt temporaires pour faire d'autres travaux
non autorisés par personne et dont personne n'avait entendu parler. Cela
est arrivé à plusieurs reprises et cela a été
noté dans quatre rapports financiers annuels fait par le
vérificateur de la municipalité.
En 1982, 1983, 1984, le vérificateur de la municipalité,
qui était engagé par la municipalité, a noté aux
états financiers que la municipalité s'était servie,
durant chacune de ces années, des règlements d'emprunt
autorisés par la Commission municipale pour faire des investissements
non autorisés afin de payer des dépenses qui n'étaient pas
incluses aux règlements d'emprunt. En somme, elle faisait ratifier ses
règlements d'emprunt par la Commission municipale, qui les approuvait
sur la foi des chiffres qu'elle avait, ce qui n'endettait pas de façon
démesurée la municipalité, et la municipalité
achetait ses obligations, ne remboursait pas ses emprunts temporaires et, avec
ses emprunts temporaires, faisait d'autres dépenses dans l'aréna,
pour payer l'hôtel de ville ou d'autres dépenses de la
municipalité.
C'est ce qui a amené la détérioration
financière de la municipalité de Notre-Dame-du-Lac. La Commission
municipale ne pouvait pas, non plus que le ministère des Affaires
municipales, en être informée, aucunement. Nous avons appris tout
ceci lorsque la municipalité a demandé à être mise
en tutelle. Là, le tuteur nommé par la Commission municipale a
fait le tour des données, des chiffres, des rapports, des états
financiers de la municipalité et a constaté que plusieurs
règlements d'emprunt n'avaient pas été utilisés
pour les fins définies aux règlements d'emprunt et que le taux
d'endettement réel de la municipalité était beaucoup plus
considérable è ce moment-là que personne ne pouvait le
savoir, sauf les élus municipaux qui, eux, dépensaient de
l'argent en dérogation des règlements d'emprunt approuvés
par les citoyens et approuvés par le conseil municipal.
Évidemment, cela amène la situation que l'on vit
aujourd'hui. Les citoyens de Notre-Dame-du-Lac trouvent cette situation
difficile et je reconnais que c'est une situation difficile. Mais c'est une
situation qu'ils peuvent, je pense, vivre dans le sens suivant, et je vais en
donner un exemple concret. L'an dernier, avec un taux de taxation de 3, 75 $,
l'ensemble des citoyens de Notre-Dame-du-Lac ont payé leurs taxes
municipales, et même plus vite qu'en 1983. Je dis et je peux affirmer,
sur la preuve de 1983, avec un taux de taxation de 3, 75 $, et de 1984, avec un
taux de taxation de 3, 75 $, qu'en continuant de maintenir ce taux de taxation,
la municipalité aura des budgets équilibrés, d'une part,
et, d'autre part, que les citoyens ont prouvé, en 1983 et 1984, qu'ils
pouvaient assumer ces frais. (17 h 45)
Les 3, 75 $, je le répète, cela équivaut à
2, 80 $, si on prend un rôle à 100 % de sa valeur, d'autant plus
que les citoyens en plus grande difficulté financière peuvent
bénéficier du crédit d'impôt foncier comme tous les
autres citoyens et bénéficier au maximum de 0 % à 40
%.
Je voudrais ajouter une seule remarque avant d'écouter les
questions du député de Laprairie et possiblement avoir le temps
d'y répondre. Lorsque je suis allé rencontrer les citoyens de
Notre-Dame-du-Lac, je considère avoir été accueilli
très correctement. Je pense que la majorité des citoyens de
Notre-Dame-du-Lac sont fort conscients que, dans l'ensemble des dossiers de
l'infrastructure industrielle, de la construction de leur hôtel de ville,
dans le cadre du programme PAEC, de l'aqueduc et de l'égout, dans le cas
de l'épuration des eaux, la contribution financière du
gouvernement a été maximale et que, eux aussi, comme citoyens
ayant un conseil municipal autonome, doivent assumer une part des
décisions qui ont été prises en leur nom et qu'ils ont
ratifiées.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
M. le ministre, juste pour terminer, dans le dossier de
Notre-Dame-du-Lac, dans le domaine de l'aide financière, vous y
êtes allés au maximum. Et je sais que, pour une bonne part, le
ministère de l'Environnement a fait un peu la même chose. On est
venu payer des frais incidents et tout cela. J'en ai parlé au ministre
aujourd'hui même et il me disait que l'on avait été au
maximum et qu'il n'était pas question de rouvrir le dossier de
l'assainissement des eaux.
Mais, pour votre information, M. le ministre, le monsieur de qui on
parle là-dedans - je vais le respecter, je ne dirai pas son nom -
était membre du conseil municipal dans le temps où ces travaux se
sont faits et je pense qu'il aurait alors été temps, pour ce
monsieur, de monter la population et de demander à celle-ci de s'opposer
à certains règlements d'emprunt. Quand on laisse faire tout cela
au moment où on est membre de ce même conseil municipal, c'est
que, cinq ans après ou quatre ans après, on monte un bateau.
C'est le même monsieur qui était membre du conseil municipal.
Merci.
M. Saintonge: Merci. Une question, M. le ministre, une chose. Je
n'ai pas suivi le dossier, je n'était pas présent, mais ce dont
je me souviens, en 1982, j'ai une requête qui a été
signifiée ici au gouvernement du Québec par le comité des
citoyens de Notre-Dame-du-Lac. Il y avait un officier du ministère qui
était là en 1982 - je m'en souviens fort pertinemment bien
aujourd'hui -le maire qui était en place, on ne fera pas de cachette, il
y a eu une poursuite contre lui. Il y a un jugement de rendu en Cour
supérieure, cela a été en appel...
M. Marcoux: C'est un autre sujet.
M. Saintonge:... il peut même gagner sa cause. On n'a pas
à se prononcer là-dessus. C'est sub judice, je suis avocat, je
sais comment cela fonctionne, mais je peux simplement vous dire une chose
là-dessus, la décision n'est pas rendue. Je me souviens fort
pertinemment qu'en 1982 j'ai rencontré le maire de Notre-Dame-du-Lac
à l'époque. J'ai parlé au président du
comité des citoyens. J'ai eu des appels de certains citoyens de
Notre-Dame-du-Lac qui requéraient, entre autres choses, une rencontre
avec le ministre des Affaires municipales de l'époque, une rencontre
avec le ministre de l'Environnement de l'époque, une rencontre
également avec les officiers du ministère, puisqu'il y avait
même des officiers... On parle de règlements d'emprunt, de
règlements d'emprunt qui ont peut-être été
déviés de leur chose, mais, suivant les informations que j'ai, il
reste quand même qu'il y avait un responsable du ministère qui
était allé sur place. Il y avait eu des règlements que
l'on avait tenté d'amener, qui ont été en suspens au
ministère, qu'on voulait faire adopter. Le maire est venu à
Québec à plusieurs reprises, il est allé faire le pied de
grue au ministère des Affaires municipales, et on ne l'a pas
reçu, dans certaines circonstances, pour avoir de l'information
là-dessus et étudier comment régler ce problème.
À tel point que la seule façon que la municipalité, devant
la collaboration énorme reçue des ministères de
l'Environnement et des Affaires municipales - et c'est une chose qui ne
s'était jamais vue au Québec - la municipalité, dis-je, a
présenté une demande de mise en tutelle elle-même en Cour
supérieure. Une rencontre avait été prévue au
bureau du ministre, mais a été refusée, été
annulée à la dernière minute.
On a demandé en Chambre, au mois de novembre 1982, si le ministre
des Affaires municipales était prêt au minimum à rencontrer
ces gens qui manifestaient quand même une certaine bonne foi à
l'époque pour tenter de résoudre leur problème. On a beau
dire qu'il y a peut-être des choses qui se sont faites et qui
n'étaient pas correctes, mais il reste que, dans le domaine des
augmentations d'emprunt, tout le problème a surgi, d'après ce que
j'ai pu comprendre, principalement du fait que, dans le domaine de
l'assainissement des eaux, programme auquel la municipalité devait
adhérer si on voulait faire une nouvelle construction, c'était
une exigence du ministère de l'Environnement, cela a entraîne des
coûts qui ont été augmentés fortement à cause
des coûts incidents d'augmentation des intérêts.
Là-dessus, cette semaine - je ne sais pas si le ministre peut me
donner l'information - il semble que, quand on dit que l'élément
majeur de la dette est la construction d'une usine d'épuration
exigée par le ministère de l'Environnement, usine dont vous nous
avez assuré qu'elle coûterait 318 $ par unité de logement
et qui coûte aujourd'hui 727, 20 $; c'est un élément majeur
qui a fait en sorte que cela a augmenté. À l'époque,
l'information que j'avais, c'est que les gens de Notre-Dame-du-Lac devaient,
pour ce qui est du financement à court terme de certains emprunts, se
financer à des coûts d'intérêt qui ont monté
à 22 %, 23 %, dans certains cas. Il est évident que, à ce
moment-là, c'était 700 $ d'intérêt par jour qui
étaient exigés, semble-t-il, et un règlement d'emprunt
devait être fait dans le but de régler ce problème.
Je ne sais pas quelle a été la réaction du
ministère. Est-ce que vraiment le ministère, à cette
époque, a répondu aux citoyens de Notre-Dame-du-Lac? Je ne le
penserais pas. Ma crainte porte là-dessus. Est-ce que le ministre peut
me dire si, effectivement, en 1982, ou dans les années
ultérieures à 1982, jusqu'à ce que cela nous
pète dans le front aujourd'hui, le ministère a fait en
sorte de donner une réponse aux gens de Notre-Dame-du-Lac? Pour la
disposition -avant que vous me répondiez - concernant le coût du
système d'épuration des eaux, ce que cela coûterait, je
vous réfère à une lettre du 10 décembre 1980, du
ministre des Affaires municipales de l'époque, M. Jacques
Léonard, en page 2, au sixième paragraphe de la page.
Il y dit: "Pour votre information, je vous mentionne que les
résultats de l'étude financière" - ce n'est pas de ta
ville, c'est du gouvernement - "révèlent qu'il en coûtera
en moyenne 318 $ annuellement à chaque usager pour le service de la
dette du présent projet et les frais annuels d'entretien et
d'opération occasionnés par ce dernier. " C'était le
ministre qui le disait, le 10 décembre 1980. Aujourd'hui - petite
surprise! - cela coûte 727, 20 $. Il y a eu un gros problème
là-dessus. Qu'est-ce qui est arrivé? Comment a-t-on
répondu? Pourquoi n'a-t-on pas répondu - ma question est
précise - en 1982 aux interrogations des gens? Pourquoi ne les a-t-on
pas reçus? Qu'est-il advenu, en fin de compte, du surveillant du
ministère des Affaires municipales? Qu'est-ce qu'il a dit, en 1982,
quand il est allé à la ville? Il avait devant lui des
propositions de règlement d'emprunt pour corriger la situation, pour
qu'en arrive à pouvoir payer certaines dettes. On dit qu'il y a des
dettes qu'il a fallu payer à même d'autres règlements. Il
fallait qu'elles se paient à la banque, ces dettes-là, à
un moment donné. Devant ces règlements, dont le règlement
0682, de 980 000 $, préparé sous la surveillance et selon les
conseils d'un représentant du ministère, en poste d'observation
à Notre-Dame-du-Lac, à savoir M. Routhier, qu'a-t-il fait, ce M.
Routhier, quelle a été sa recommandation? Qu'est-ce que le
ministre a fait de cela? Quelles dispositions a-t-il prises avec les citoyens
et avec le comité des citoyens de l'époque qui s'informaient au
ministère pour savoir comment sortir du pétrin?
M. Marcoux: Le ministère, à ce moment-là, a
fait totalement son travail. Quand le ministère, en 1982, est intervenu,
c'était au moment où il fallait faire des règlements de
consolidation de la dette parce que la municipalité ne pouvait plus
à la fois payer les emprunts d'obligations qu'elle avait faits sur le
marché à long terme et qui avaient été dûment
autorisés et, d'autre part, payer ses règlements d'emprunts
temporaires qu'elle n'avait pas remboursés en faisant ses achats
d'obligations à long terme. Quand le ministère est intervenu et
qu'il a fallu faire la somme de tout cela, ce qu'il s'est mis à faire,
c'est de faire le total et dire: II faut faire des règlements d'emprunt
pour la consolidation de la dette. Pour être bien clair, M. le
député de Laprairie, quand on parle des taux élevés
d'intérêt, à ce moment-là, toutes les
municipalités du Québec qui ont alors été admises
au programme PAIRA et ont construit leur réseau en 1980, 1981, 1982 et
1983, ont fait face aux mêmes augmentations des taux
d'intérêt, sauf que la différence est que, quand elles
allaient sur le marché des obligations à long terme pour payer la
construction, elles rachetaient leurs emprunts à court terme, elles
payaient et elles ne continuaient pas à payer ces règlements
d'emprunt à court terme pour faire d'autres travaux, car ces
règlements d'emprunt à court terme étaient à 20 %,
21 %, 22 %, 23 %, 24 %, alors que les obligations qu'elles payaient sur le
marché à long terme étaient à 17 %, 18 % ou 16, 5
%. Quand on dénonce le ministère - je l'ai indiqué aux
citoyens de Notre-Dame-du-Lac et je pense que cela a été compris
- il ne faut quand même pas revenir au temps des Grecs, où on tue
le messager quand la nouvelle ne fait pas notre affaire.
M. Saintonge: Non, non!
M. Marcoux: C'est parce que vous avez nommé M. Routhier.
Quand je suis allé à Notre-Dame-du-Lac, on m'a dit que j'avais
fait injure à la population en invitant le tueur, M. Routhier, à
m'accompagner. J'en profite pour clarifier la chose ici, parce que cela a
été répété aussi dans les journaux; il ne
faut pas tuer le messager parce que le message qu'il apporte ne fait pas notre
affaire. Le message apporté par M. Routhier, à ce moment, quand
il est allé examiner les données financières de la
municipalité, ce qu'il a constaté, c'est que la
municipalité en avait jusque-là d'endettements.
M. Saintonge: C'était connu en 1982, cela, M. le
ministre.
M. Marcoux: C'est cela. La municipalité a fait une demande
de tutelle qui a été entendue, et comme la Commission municipale
ne peut pas décréter de tutelle unilatéralement et que la
Cour supérieure doit en décider pour être inscrit au
rôle, cela a pris entre six ou huit mois avant que la Cour
supérieure autorise la Commission municipale à
décréter la tutelle, mais les informations de base, c'est
à la fin de 1982 qu'on les a eues. Mais, à la fin de 1982, tout
était construit. Les règlements d'emprunt par lesquels cela
devait être fait avaient été autorisés sur la base
des données financières fournies à la Commission
municipale et au ministère et ce qu'on a constaté là,
c'est que les règlements d'emprunts temporaires n'étaient pas
payés.
Alors, il a fallu faire des règlements de consolidation de dette
et le tuteur est intervenu pour le faire. Ce que je dois
ajouter, pour vous donner une idée de l'administration municipale
à cette époque... Pour une municipalité de 2300 habitants,
combien pensez-vous qu'il y a de fonctionnaires municipaux habituellement?
D'habitude, il y a trois ou quatre fonctionnaires municipaux: le gérant,
un ou une secrétaire, un inspecteur municipal et c'est à peu
près cela pour une municipalité de 2300 habitants. Là, il
y avait onze employés permanents, onze occasionnels équivalant
à sept employés à temps plein à peu
près.
M. Saintonge: Mais pourquoi?
M. Marcoux: Pour une municipalité de 2300 habitants, et
cela, ce n'est pas le tuteur, mais, quand on invoque le tuteur, M.
Routhier...
M. Saintonge: M. le ministre, on peut en parler longtemps, mais
ma question importante, c'était pourquoi, en 1982, le ministère
n'a-t-il pas pris cela en main et n'a-t-il pas tenté de régler le
problème?
M. Marcoux: C'est ce qu'on a fait. Il y a eu une demande de
tutelle, elle a été acceptée et on l'a fait.
M. Saintonge: Oui, mais la demande de tutelle a été
faite par la ville...
M. Marcoux: Bien oui.
M. Saintonge:... à l'époque, parce que la ville
n'avait pas de réponse du ministère.
M. Marcoux: Bien oui.
M. Saintonge: Elle n'avait pas de réponse. Il y avait des
rendez-vous fixés et...
M. Marcoux: C'est la procédure légale. Le motif
pour lequel mon prédécesseur n'a pas accepté la rencontre,
à ce moment, avec le conseil municipal, je ne le sais pas. Il faudrait
que je le vérifie.
M. Saintonge: D'accord. Une autre question dans ce cas.
Actuellement...
M. Marcoux: C'est parce que vous mettez en cause... Il y a un
bout, à un moment donné. Des gens ont pris des
responsabilités de 1977-1978 à 1982-1983 et l'image publique
qu'ils projettent à travers leurs discours, c'est que cela serait la
faute d'un fonctionnaire du ministère des Affaires municipales ou de la
Commission municipale s'il y avait des problèmes là. Mais quand
on a quinze à seize employés pour une municipalité de 2300
habitants, qu'on construit un hôtel de ville de 1 000 000 $ au lieu de
200 000 $, que, par rapport au réseau d'aqueduc et d'égout, la
gestion qui en a été faite au moment de la construction, de la
surveillance des travaux, a fait qu'il y a eu une augmentation importante des
coûts, mais que, par contre, les subventions étaient
ajustées en conséquence, je ne peux pas dire, parce que cela
serait faux - si c'était vrai, je n'aurais aucune hésitation
à le dire - que les fonctionnaires du ministère des Affaires
municipales n'ont pas fait leur travail ou que la Commission municipale ne l'a
pas fait.
M. Saintonge: Loin de moi l'idée de dire que M. Routhier
n'a pas fait son travail à l'époque. Je vous dis quand même
que, dans une requête qui était publique, adressée au
gouvernement, on mentionnait que M. Routhier était présent, qu'il
vérifiait les livres de la municipalité...
M. Marcoux: C'est cela.
M. Saintonge:... et qu'on voulait rencontrer les gens, les
citoyens, le maire et l'administration municipale. Le maire et les conseillers
voulaient rencontrer le ministre, avoir une explication avec le ministre de
l'Environnement. Il n'y avait pas de rencontre. C'est cela que je vous
mentionne. À cette époque, peut-être qu'il y aurait eu la
possibilité de régler cela, mais cela ne s'est pas fait. Je le
déplore, finalement.
M. Marcoux: Non, en 1982, je peux vous dire, M. le
député, qu'il n'y avait plus possibilité de le
régler en ce sens; c'est que toutes les dépenses d'aqueduc et
d'égout étaient faites.
M. Saintonge: Bien oui.
M. Marcoux: Toutes les dépenses des règlements
d'emprunts temporaires non remboursés pour l'hôtel de ville, pour
l'aréna ou d'autres dépenses étaient faites
également. Ce qui est arrivé à ce moment, c'est que la
Cour supérieure a accepté la tutelle et des mesures de correction
ont été apportées pour ce qui pouvait être
apporté, c'est-à-dire qu'on a fait des règlements de
consolidation de dette, parce qu'en faisant un tel règlement, on allait
sur le marché des obligations à long terme à 17 % au lieu
de 23 % et 24 %.
La Présidente (Mme Bacon): II est 18 heures. Les travaux
de cette commission sont suspendus jusqu'à 19 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 19 h 12)
Développement et Voirie des
régions
La Présidente (Mme Bacon): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménage-
ment et des équipements se réunit, ce soir, pour
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Transports, les programmes 3, 4 et 5, et de l'organisme relevant du ministre
délégué au Développement et à la Voirie des
régions. Nous avons des remplaçants, ce soir, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, Mme la vice-présidente. M.
Vallières (Richmond) en remplacement de M. Assad (Papineau) et M.
Lachance (Bellechasse) en remplacement de M. Lavigne (Beauharnois).
La Présidente (Mme Bacon): M. le ministre.
M. Le May: Merci, Mme la Présidente. J'aimerais, avant de
commencer, vous présenter les personnes qui m'entourent. D'abord, vous
avez mon collègue, le député de Duplessis, adjoint
parlementaire; à ma droite, vous avez M. Pierre Michaud, qui est
sous-ministre aux Transports; à ma gauche, M, Jacques Gagnon,
président-directeur général de l'OPDQ. J'aimerais
également vous présenter les autres membres de mon cabinet: M.
Jean Soucy, attaché de presse; M. Lionel Robert, directeur de cabinet;
M. Jean Martin-Côté, attaché politique; M. Jean Demers,
également attaché politique. Je pense qu'Isabelle doit se cacher,
Isabelle Fecteau, attachée politique également.
Je demanderais peut-être aux deux sous-ministres de bien vouloir
présenter les personnes qui les accompagnent. M. Michaud.
M. Michaud (Pierre): D'accord. M. Jacques Ferland, sous-ministre
adjoint aux opérations; M. Marc Carrier, sous-ministre à
l'administration; M. Yvan Demers, sous-ministre au génie; M. Jacques
Ménard, directeur de la programmation; M. Jean-Guy Tremblay, directeur
de l'entretien; M. Jacquelin Chiricota, directeur du budget; M. Euclide Harel,
de la Direction de l'expropriation; M. Maurice Boucher, de la Direction de la
programmation, ainsi que, en dernière rangée, M. Jean-Luc Simard
et M. Larrivée, des tracés et projets, M. Beauregard, de
l'approvisionnement et des contrats.
M. Gagnon (Jacques): En ce qui a trait à l'OPDQ,
étant donné que l'heure prévue était 20 heures, la
planification n'a pas marché!
La Présidente (Mme Bacon): Avez-vous des
déclarations à faire, M. le ministre?
Remarques préliminaires
M. Henri Le May M. Le May: Oui, s'il vous plaît. Mme la
Présidente. Le 20 décembre 1984, je prenais la relève du
ministre délégué à l'Aménagement et au
Développement régional en tant que ministre
délégué au Développement et à la Voirie des
régions. À ce titre, on me confiait, entre autres, le mandat
"d'élaborer des mesures de nature à promouvoir le
développement des régions en harmonie avec leur dynamisme propre,
de coordonner et de mettre en oeuvre les actions régionales du
gouvernement. " J'ai d'ailleurs la responsabilité de l'Office de
planification et de développement du Québec, ainsi que du Fonds
de développement régional. J'ai, de plus, comme
responsabilité, sous la direction de mon collègue le ministre des
Transports, les programmes relatifs à la voirie, soit la construction du
réseau routier, programme 3, la conservation du réseau routier,
programme 4, et enfin l'aide au réseau municipal, programme 5,
élément 4.
Je reviendrai sur ce volet de mon mandat de façon plus
élaborée un peu plus tard au cours de mon exposé.
J'aimerais d'abord vous parler du développement des régions.
À la suite de la présentation du rapport de consultation
sur le "Choix des régions" par mon prédécesseur, le
ministre délégué à l'Aménagement et au
Développement régional, M. Gendron, le Conseil des ministres, en
date du 28 novembre 1984, prenait les décisions suivantes: 1) approuver
en principe la confection d'une nouvelle carte des régions
administratives; 2) approuver en principe les mesures proposées
relativement à la concertation, soit: la généralisation de
la tenue des sommets régionaux à la base de nouvelles
délimitations régionales; la reconnaissance des comités de
suivi des sommets comme uniques tables permanentes de concertation
régionale et l'intégration progressive des conseils
régionaux de développement communément appelés CRD
- à ces comités de suivi; enfin, la tenue de conférences
annuelles régionales avec les comités de suivi des sommets; 3)
approuver en principe la poursuite des expériences de contrats de
développement avec des municipalités régionales de
comté et la mise en place de sociétés de
développement économique.
En cours d'exercice 1984-1985, je puis vous dire dès maintenant
que la plupart des mesures faisant l'objet de la décision du Conseil des
ministres sont déjà en voie de réalisation. Nous avons
procédé, par exemple, à toutes les opérations
nécessaires à la confection d'une nouvelle carte des
régions administratives et des implications financières qui en
résultent pour les ministères concernés. Une consultation
a été menée auprès de ces ministères et
j'ai
entrepris, pour ma part, une tournée d'information auprès
des divers préfets de municipalités régionales de
comté afin de compléter l'opération. Un mémoire
sera présenté incessamment au Conseil des ministres à ce
sujet,
Par ailleurs, nous sommes en voie de généraliser la tenue
des sommets régionaux sur la base de nouvelles délimitations
régionales et l'OPDQ, de concert avec les instances régionales,
procède a l'intégration progressive des conseils régionaux
de développement aux comités de suivi des sommets pour les
régions de la Mauricie-Bois-Francs, du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de
l'Estrie. Enfin, nous nous proposons de présenter bientôt un
mémoire au Conseil des ministres sur les perspectives de financement
d'un certain nombre de contrats de développement avec les
municipalités régionales de comté.
L'Office de planification et de développement du Québec a
également été actif en regard de plusieurs secteurs
d'intervention en matière de développement régional, et
j'aimerais en dire quelques mots.
Le Fonds de développement régional a été
créé en 1975 afin de doter le gouvernement du Québec d'un
outil financier spécifiquement consacré au développement
régional. Dans cette perspective, au cours de l'exercice financier
1984-1985, une somme de 29 300 000 $ avait été prévue au
Fonds de développement régional pour la mise en oeuvre de projets
régionaux. Toutefois, un montant additionel de 5 000 000 $ fut
ajouté au cours de l'exercice; c'est donc plus de 34 300 000 $ qui ont
été consacrés pour financer les projets qui tiennent
compte des besoins de la population dans les différentes régions
du Québec. Plus de 250 projets ont été ainsi
financés.
Au cours de l'exercice 1985-1986, le Fonds de développement
régional disposera d'une enveloppe de 23 500 000 $ pour continuer
à encourager et soutenir des initiatives issues du milieu et qui ne
peuvent souvent être financées dans le cadre de programmes
réguliers des divers ministères. Parmi ces initiatives, signalons
les projets pilotes des contrats de développement avec les MRC et la
mise en oeuvre des projets issus des sommets régionaux de
Montréal, Québec, Mauricie-Bois-Francs, Saguenay-Lac-Saint-Jean
et Estrie.
Avec l'expérience de PECEC, un programme sous la
responsabilité de la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et administré par l'OPDQ, le
gouvernement considère qu'il est essentiel de continuer à
promouvoir la création d'emplois par des programmes souples qui
s'adaptent facilement aux réalités régionales.
À ce sujet, j'aimerais brièvement vous souligner que
l'expérience vécue a démontré que le PECEC
s'adaptait particulièrement bien aux besoins des régions et qu'il
est maintenant un instrument essentiel pour soutenir les initiatives
régionales. Pour 1985-1986, un budget initial de 25 000 000 $ a
été accordé au PECEC. Le plan d'affaires triennal pour ce
programme 1985-1986 s'élève dont maintenant à 48 000 000
$.
En ce qui concerne l'aide à la consultation, en plus de la
subvention de base aux CRD qui a atteint, en 1984-1985, une somme de plus de 2
000 000 $, une formule originale, le Fonds d'initiative à la
concertation, a permis à l'office de verser un montant de près de
500 000 $ aux CRD en 1984-1985. Une somme de près de 500 000 $ a par
ailleurs été recueillie dans le milieu par les CRD,
entièrement responsables de l'administration de ce fonds.
Enfin, l'OPDQ a négocié, au cours des derniers mois, le
cadre de renouvellement d'un projet d'entente avec les CRDAQ. Celui-ci est
présentement soumis au Conseil du trésor pour examen et
approbation.
Les sommets régionaux. Le gouvernement a toujours
privilégié la concertation, spécialement pour la mise sur
pied des sommets régionaux et sectoriels. Aussi, ta naissance de ce
phénomène dans les milieux régionaux ne surprend pas. Je
veux souligner ici le travail d'appui de l'OPDQ à la préparation
et au suivi des sommets régionaux de la Mauricie-Bois-Francs, du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et également à la préparation de
celui de l'Estrie.
Enfin, en ce qui concerne la Côte-Nord, il faut souligner le
travail de l'OPDQ dans le cadre de la mission interministérielle de la
Basse-Côte-Nord et également dans le suivi de la commission
parlementaire sur l'avenir de Schefferville. Dans ce dernier cas, l'OPDQ s'est
chargé de mettre sur pied un groupe de travail visant à
identifier et è maintenir les services essentiels, à favoriser
les projets de développement économique potentiels et à
définir des orientations sur le Nord du Québec. À cette
fin, le groupe de travail a réalisé son denier mandat, celui de
faire toute recommandation en matière de politiques et de
stratégie de développement du milieu nordique. Voilà pour
le volet développement des régions.
La voirie. Je vais maintenant revenir au deuxième volet de mon
mandat, la voirie des régions. Comme je le soulignais au début de
mon exposé, je suis responsable des programmes relatifs à la
voirie, soit la construction du réseau routier, programme 3, la
conservation du réseau routier, programme 4, et, enfin, l'aide au
réseau municipal, programme 5, élément 4.
Il est de plus en plus artificiel de distinguer les budgets du
réseau routier entre construction, conservation et aide au réseau
routier municipal. Il est vrai qu'une partie de plus en plus grande du budget
de construction est consacrée à la réhabilitation
et à l'amélioration du réseau et, à ce
titre, c'est de la conservation.
Au total de ces trois programmes, le ministère des Transports
prévoit dépenser 841 200 000 $ en 1985-1986, par rapport à
870 000 000 $ l'an dernier, soit une baisse de 28 800 000 $, donc 3, 3 %. Nous
espérons que cette diminution du budget sera plus que compensée
par des mesures de hausses de productivité, dans ce secteur.
Pour 1985-1986, le budget du programme 3 se situe à 392 900 000
$. Par rapport à 1984-1985, il s'agit d'une diminution de 15 000 000 $,
soit 3, 7 %. Cette diminution s'applique, entre autres, par la baisse des
crédits affectés à la construction d'autoroutes. Alors
qu'en 1982-1983 155 000 000 $ étaient consacrés au
développement du réseau autoroutier, cette enveloppe est
ramenée à 106 200 000 $, en 1985-1986, soit une diminution
d'environ 48 800 000 $ depuis trois ans. Il faut ici comprendre que, les
principaux axes étant déjà en place, l'intervention
ministérielle à ce chapitre se limitera à
l'achèvement des projets déjà entrepris et en diverses
actions ponctuelles afin d'adapter les équipements à
l'évolution des besoins de déplacements.
Parmi les principaux projets autoroutiers qui seront
réalisés, mentionnons la modification de l'échangeur
à l'intersection des autoroutes 40 et 73 à Québec; le
prolongement de l'autoroute 573 -Henri-IV - à Val-Bélair;
l'autoroute 73 entre Sainte-Marie et Saint-Joseph-de-Beauce; l'autoroute 20 en
contournement nord de Sherbrooke; le boulevard Ville-Marie et le
réaménagement de l'autoroute 20 entre les boulevards Saint-Jean
et Des Sources, à Montréal; l'aménagement
d'échangeurs sur l'autoroute 440, à Laval et, finalement, le
prolongement de l'autoroute 50, de Hull vers Masson.
D'autre part, les besoins de réhabilitation et de reconstruction
du réseau interrégional vont continuer d'être une
préoccupation majeure pour le ministère des Transports et quelque
128 000 000 $ y seront investis cette année. Ainsi, un effort soutenu
sera consacré à la réfection d'axes importants telle la
route 132 en Gaspésie, particulièrement vulnérable dans le
secteur des quais où d'importants travaux de protection de la route
contre les marées seront réalisés.
Une attention toute particulière sera également
accordée à la route 117 entre Montréal et l'Abitibi,
compte tenu de l'importance de cette route pour la région
éloignée. D'autres interventions majeures seront également
réalisées sur les routes 116 dans la région des
Bois-Francs, 138, de Québec vers l'est, et 155-157 dans la Mauricie. Ces
travaux visent, pour l'ensemble de ces routes, à l'adoucissement des
pentes abruptes, à la correction de courbes dangereuses et à
l'amélioration de la surface de roulement, offrant ainsi des liens plus
efficaces, sécuritaires et confortables permettant de mieux deservir les
régions dites périphériques.
Sur le réseau des routes régionales et locales, compte
tenu des besoins croissants de réhabilitation, le ministère
poursuit des efforts en vue d'améliorer la qualité de service et
d'assurer un niveau de sécurité adéquat. Ainsi,
près de 159 000 000 $ seront consacrés à ce type
d'intervention au cours de l'exercice 1985-1986, soit un déboursé
équivalent à celui prévu au programme régulier du
ministère l'an dernier. Même si le budget total est en
décroissance, non seulement en termes réels, mais en chiffres
absolus, cela n'implique pas nécessairement une diminution du même
ordre dans les dépenses directes de construction.
Ainsi, si on considère les dépenses affectées
à l'acquisition des terrains depuis 1976-1977, celles-ci sont
passées de 95 000 000 $ à seulement 17 000 000 $ en 1985-1986.
Ceci représente autant de ressources financières nouvelles qui
sont consacrées à l'exécution de travaux routiers
proprement dits.
Il en est de même pour d'autres dépenses indirectes comme
les honoraires professionnels pour les plans et la surveillance, qui ont
sensiblement diminué au cours de la même période. Il n'en
demeure pas moins que ce budget traduit la primauté accordée
à l'amélioration, la protection et la réhabilitation du
réseau existant plutôt qu'à l'expansion de nouvelles
infrastructures routières. Notre orientation peut s'expliquer comme
suit: au cours des décennies soixante et soixante-dix, un effort
substantiel fut consenti au développement du réseau autoroutier.
Le Québec, à l'instar de ses voisins (Ontario, États-Unis,
etc. ) devait se doter d'infrastructures routières adéquates,
compte tenu du nombre croissant d'usagers et davantage compatibles avec les
objectifs de développement social et économique du temps.
Par ailleurs, l'importance des crédits alloués en
nouvelles constructions entre 1960 et 1980 a entraîné un retard
à combler les besoins d'amélioration et de réfection du
réseau existant. Un rattrapage s'imposait en ce domaine de sorte que
l'effort consenti à ce type d'activité s'est progressivement
substitué à celui autrefois consacré au
développement et à l'expansion du réseau routier. C'est
d'ailleurs à partir de 1982-1983 que le budget de conservation a
dépassé celui de construction.
Ces quelques remarques au sujet de nos interventions dans le programme
de construction vous ont, j'espère, donné un éclairage sur
notre politique. À la fin de mon exposé, nous pourrions, si vous
le désirez, revenir sur des questions plus
précises relatives à certains projets de construction.
Pour 1985-1986, le budget du programme 4 se situe à 429 400 000
$, pour une baisse de 7 900 000 $. La plus grande partie de cette diminution
s'explique par un transfert de 5 200 000 $ à la Société
immobilière du Québec pour défrayer les frais d'entretien
et d'exploitation de nos immeubles. La diminution réelle est donc assez
marginale. Rappelons, d'ailleurs, que le budget de conservation est en hausse
constante depuis 1974-1975, passant de 171 200 000 $ à 429 000 000 $
pour l'année 1985-1986.
Le réseau routier entretenu par le ministère des
Transports du Québec totalise 60 000 kilomètres de route dont
environ 65 % sont recouvertes d'enrobé bitumineux. L'ensemble de ce
réseau routier inclut les autoroutes, les routes principales,
régionales et les chemins municipaux. (19 h 30)
La stabilité relative de l'enveloppe budgétaire par
rapport à l'an dernier sera compensée par des mesures
d'amélioration de l'efficience. De plus, il est important de noter que
le ministère continuera son effort dans le domaine de la
réhabilitation des chaussées, de l'entretien d'hiver, des
structures et de la signalisation. Les normes de marquage des chaussées
seront accrues pour répondre à un besoin de
sécurité de l'usager et la méthode systématique
d'inspection des structures sera resserrée afin d'améliorer la
planification des travaux d'entretien et de structure. Dans le domaine de la
conservation des chaussées, les travaux de couches d'usure, de
traitement de surface et de réparation des chaussées en
béton de ciment seront maintenus au niveau des années
antérieures. Il en est de même dans le domaine de l'entretien
d'hiver où la proportion des routes entretenues et subventionnées
par le ministère demeurera sensiblement la même. Pour maintenir
ses efforts dans ces domaines prioritaires, le ministère devra
procéder à certains réaménagements dans d'autres
secteurs d'activités de conservation.
Pour faire suite è ce que je disais au niveau du programme de
construction, en plus des crédits affectés à la
conservation des chaussées, il est essentiel d'ajouter l'apport que
constituent les budgets affectés à la construction du
réseau routier.
Environ 80 % de ces budgets de construction sert à la
réfection et à la réhabilitation des routes existantes,
alors que 20 % de cette enveloppe sont utilisés à la construction
d'autoroutes ou de voies de contournement. Les effets de cette politique sont
déjà perceptibles. Ainsi, il ressort, selon les relevés
effectués par le ministère des Transports, que le coefficient de
roulement observé sur Ie8 routes régionales et principales s'est
amélioré depuis les dix dernières années, alors
qu'il s'est légèrement stabilisé dans le cas des
autoroutes. Ce résultat démontre clairement que le ralentissement
de la construction de nouvelles autoroutes devrait permettre graduellement
d'assurer la restauration du réseau routier.
Avec un budget de 18 900 000 $, l'élément 4 du programme 5
subit une baisse de 5 900 000 $ par rapport à l'an dernier. Rappelons
toutefois que le budget de 24 800 000 $ en 1984-1985 était
constitué d'un budget initial de 9 800 000 $ et d'un budget
supplémentaire de 15 000 000 $ accordé en mai dernier lors du
discours sur le budget.
Cet élément de programme du ministère des
Transports n'est pas le plus important, mais il est sûrement le plus
connu de tous les députés. C'est d'ailleurs un excellent
complément à l'action du ministère dans le cas de travaux
mineurs sous la juridiction de municipalités de 10 000 habitants et
moins. Cette norme s'applique cependant seulement aux projets sur les chemins
municipaux. Pour ce qui est de l'aide à la construction de pistes
cyclables et à l'entretien des ponts, il n'y a pas de limites
d'admissibilité.
Pour 1985-1986, la distribution du budget entre chemins municipaux,
pistes cyclables et entretien de ponts vous a été transmise. Pour
ce qui est des enveloppes par municipalités, elle n'est pas disponible
présentement puiqu'elle est fonction de parachèvements de
l'exercice 1984-1985.
Vues dans leur ensemble, les activités du ministère des
Transports sur le réseau routier sont sous contrôle et très
bien encadrées. Il est évident que l'importance relative de ce
budget par rapport au budget total du Québec ne peut que diminuer
à mesure que de nouveaux programmes sont instaurés. Cela
n'implique pas que le ministère ne joue pas pleinement son rôle.
Au contraire, et la période de compression budgétaire a permis
dans ce secteur, comme ailleurs, de remettre en cause nos politiques et notre
stratégie de façon à faire plus avec moins de ressources
financières. Par ces programmes, le ministère des Transports
demeure un des plus importants au point de vue économique.
En conclusion, je voudrais remercier tout le personnel des
différents organismes dont j'ai la responsabilité,
c'est-à-dire l'Office de planification et de développement du
Québec, de même que le ministère des Transports (voirie
régionale) pour la bonne volonté et l'esprit d'initiative dont
ils ont fait preuve au cours de l'année qui vient de se terminer.
Leur collaboration m'a été fort utile et je suis certain
que nous pourrons continuer à travailler ensemble de manière
efficace et
productrice.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bacon): Merci, M. le ministre. M. le
député de Richmond, voua avez une déclaration?
M. Yvon Vallières
M. Vallières: Oui, Mme la Présidente, je vous
remercie. Étant donné le peu de temps dont nous disposons pour
étudier les crédits alloués è la voirie
régionale, je n'ai pas l'intention de faire de nouveau état des
baisses de budgets enregistrées dans ce domaine depuis 1976. De toute
façon, l'énergie qu'ont déployée le ministre
délégué à la Voirie régionale et le ministre
des Transports pour justifier leur politique en Chambre au cours des
dernières semaines constitue à mes yeux un aveu pur et
simple.
J'aimerais plutôt revenir sur deux points qui ont
particulièrement attiré mon attention au moment où nous
avons tenu le débat à l'Assemblée nationale sur la
diminution des budgets tant à la conservation qu'à la
construction: 1) le peu d'importance qu'accordent et le ministre des Transports
et le ministre délégué à la Voirie régionale
au développement et à l'entretien du réseau comme outil de
développement économique à l'intérieur du domaine
des transports; 2) le fait que les députés ministériels
établissent un lien direct entre la voirie et ce qu'ils appellent la
politique de bouts de chemin et le patronage.
Selon eux, le fait de s'occuper des routes constituerait un retour en
arrière, un retour à la politique des années cinquante. Il
est tout à fait inacceptable et inquiétant pour les gens des
régions d'entendre le ministre délégué à la
Voirie tenter de justifier les baisses de budget par des raisons aussi vides de
sens. Le ministre aurait-il oublié que son rôle est, justement, de
faire avancer le dossier? S'il refuse de le faire, comment peut-il justifier
son titre? A-t-il l'intention de laisser le ministre des Transports, sous la
direction duquel il est placé, continuer à accorder une place
secondaire à la voirie des régions parce qu'elle n'entre pas dans
son plan de développement des transports au Québec? Le ministre
doit nous dire ce qu'il entend faire et il doit aller plus loin que de faire
des déclarations d'intention. Il doit démontrer une
volonté politique et la preuve de cette volonté reste à
faire.
Quand le ministre nous parle de politique de bouts de chemin, je lui
répondrai qu'il est rétrograde et qu'il ne peut que se
ridiculiser en voulant justifier la diminution du budget de voirie avec de
pareils fantasmes. Le ministre doit savoir que la planification
régionale visant à établir les priorités
régionales date de bien avant lui, d'avant même son gouvernement.
Cette façon de procéder aura, d'ailleurs, permis d'éviter
le favoritisme politique, à condition, bien sûr, que le ministre
en poste y croie et respecte les règles du jeu.
Vous me permettrez de m'interroger sur la question du favoritisme, Mme
la Présidente. J'irais jusqu'à dire que, s'il y a eu favoritisme,
cela date bien de ce gouvernement. Est-il nécessaire de vous citer un
article du journal Le Droit du 5 mars 1985 où on peut lire: "Sous la
gouverne de M. Jacques Léonard, le ministère des Transports a
accordé, en 1984, à la circonscription électorale de
Labelle plus de la moitié de ce que les cinq autres circonscriptions de
l'Outaouais réunies ont reçu aux fins d'entretien et
d'amélioration de leur réseau routier. "
Je demande donc au ministre de déposer les programmes
préliminaires qui ont été remis aux députés
par son prédécesseur, le député de Labelle, pour
l'année financière 1985-1986. Je lui demande également de
déposer les programmes définitifs qui ont été
autorisés auprès des bureaux de district dans tes
différentes régions et ce, pour chacun des comtés
concernés pour 1985-1986. À la lumière de ces documents,
nous pourrons porter un jugement sur le genre d'administration que le ministre
désire implanter au sein de son ministère. Nous pourrons, entre
autres, vérifier quel est le mandat très précis du
ministre et vérifier également s'il n'a pas l'intention de
court-circuiter tout le processus qui a permis d'établir des
priorités en se permettant de couper allègrement et de
façon discrétionnaire dans le programme préliminaire qui
avait été annoncé par son prédécesseur pour
la présente année financière. Je rappelle au ministre
qu'il commettrait ainsi une grossière erreur et se moquerait, notamment,
de toutes les consultations qui ont été menées
auprès des élus municipaux, entre autres, pour établir ces
priorités.
Le gouvernement actuel fait, à mon avis, preuve
d'irresponsabilité quand il prétend que la préoccupation
du Parti libéral de s'assurer d'un système routier
régional adéquat et sécuritaire signifie une politique de
bouts de chemin. Nous croyons de notre devoir d'exiger davantage parce que la
population le réclame partout dans les régions. D'ailleurs,
comment pouvez-vous vous permettre de critiquer nos demandes d'augmentation de
budget alors que vous-même, en tant que ministre, déclariez
récemment qu'au-delà de votre budget vous alliez tenter d'obtenir
du Comité des priorités une somme additionnelle, que vous avez
qualifiée de substantielle? N'est-ce pas là reconnaître le
bien-fondé des exigences de l'Opposition libérale afin d'accorder
une plus grande priorité à la voirie des régions?
Il serait intéressant de voir le ministre aller expliquer son
attitude aux contribuables du Québec dans les régions,
contribuables que vous ne cessez d'écraser par toutes sortes de taxes
plus hypocrites les unes que les autres, alors que vous leur offrez en retour
une diminution de services à tous les niveaux. Il faut se poser des
questions sur ce que serait devenue la supposée transparence du Parti
québécois. En quoi s'est-il transformé au cours des
années? Comment pouvez-vous vous scandaliser de la préoccupation
constante du Parti libéral pour la voirie quand, en campagne
électorale, les ténors du gouvernement ont promis en 1981, dans
leur comté, dans leur région, des dizaines de routes et
même d'autoroutes dont, pour plusieurs, on attend encore la
réalisation en 1985?
Il serait trop long d'énumérer ici toutes les promesses
faites, mais je tiens à vous rappeler la déclaration du premier
ministre dans le comté de Rousseau, en 1981. Il disait qu'il avait
failli arriver démantibulé à cause de l'état des
routes et que, malgré les coupures, le budget permettrait
néanmoins de s'occuper des routes locales et régionales.
Également, d'autres ministres très prestigieux ont
été très généreux en paroles pour la voirie
en 1981. Une revue de presse de l'époque - vous pouvez le
vérifier démontre, par exemple, que l'ancien ministre des
Finances, M. Jacques Parizeau, promettait de présenter une longue liste
de demandes au ministre des Transports. Les ministres des Affaires sociales,
des Finances, des Affaires municipales, des Forêts, entre autres, ont
participé à cette course au championnat pour le comté
doté du meilleur réseau routier.
Je demande donc au ministre de prendre ses responsabilités
plutôt que d'essayer de justifier l'inaction du gouvernement dans le
dossier qu'il a le devoir de défendre. Je lui demande aussi, ainsi
qu'aux autres membres du gouvernement, de cesser de se retrancher
derrière des prétextes souvent trop folichons, de faire preuve de
sérieux et d'essayer d'envisager des solutions réalistes et
efficaces pour éviter que ne continue la dégradation du
réseau routier. Votre gouvernement porte la lourde responsabilité
d'avoir compromis notre patrimoine routier. II faudra maintenant y mettre les
bouchées doubles et c'est là le sens de nos
représentations.
La Présidente (Mme Bacon): Est-ce que vous avez une
réplique, M. le ministre?
M. Le May: Mme la Présidente, pardon?
La Présidente (Mme Bacon): Est-ce que vous voulez
répliquer tout de suite?
M. Le May: Oui, s'il vous plaît. Bien, je ne le sais
pas.
La Présidente (Mme Bacon): Vous pouvez le faire.
M, Le May: Comment voulez-vous fonctionner?
La Présidente (Mme Bacon): Vous pouvez le faire, vous
pouvez répliquer tout de suite.
M. Lachance: Bellechasse.
La Présidente (Mme Bacon):... Belle-chasse a
demandé... Est-ce au niveau des déclarations?
M, Lachance: Non, non, après.
La Présidente (Mme Bacon): Des questions? Ah bon!
M. Lachance: Après le droit de parole du
député de Richmond, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Bacon): D'accord.
M. Vallières: Mme la Présidente, je voudrais
vérifier la répartition du temps. L'Opposition,
généralement, dispose de 50 % de l'enveloppe. Est-ce bien la
façon dont on va fonctionner?
La Présidente (Mme Bacon): Vingt minutes par
programme.
M. Vallières: Est-ce que le ministre serait d'accord pour
qu'on - parce que, assurément, on n'a pas toute la période qui
serait requise pour étudier tous les éléments, les uns
après les autres - discute les éléments de façon
générale et que, par la suite, nous les adoptions en bloc?
M. Le May: Mme la Présidente, je suis ici invité
à la commission et je me soumets à vos règles.
La Présidente (Mme Bacon): Normalement, je pense que c'est
comme cela que nous pouvons procéder. Alors, si cela vous agrée,
il n'y a pas de problème.
M. Lachance: Vous faites bien cela, M. le ministre!
M. Vallières: J'ai, évidemment, plusieurs questions
à poser au ministre. Je pourrais peut-être commencer avec
celle-ci, ce qui permettra au ministre de préciser au fur et à
mesure. Dans des...
La Présidente (Mme Bacon): Un instant. M.
Vallières: Oui.
La Présidente (Mme Bacon): Le ministre avait
demandé une courte réplique.
M. Le May: Oui. Ensuite, on pourrait passer aux questions.
M. Vallières: Aux questions. La Présidente (Mme
Bacon): D'accord. M. Henri Le May (réplique)
M. Le May: Bon! J'ai retenu plusieurs points de votre
exposé, M. le député de Richmond. Je ne crois pas que
j'aie jamais dit que j'étais d'accord avec une baisse de budget dans le
domaine de la conservation ou dans le domaine de la construction. Si le
ministre des Finances, demain, m'annonçait un montant de 50 000 000 $ de
surplus, soyez convaincu que je ne le refuserais pas et que j'en serais fort
heureux. (19 h 45)
Ce que j'ai dit, c'est que la politique générale du
gouvernement est d'administrer le plus sainement possible les fonds publics.
Ainsi, on est obligés actuellement de couper dans tous les
ministères des sommes importantes, peu importe le ministère
auquel on s'adresse, pour ne pas augmenter la dette des Québécois
et, par ce fait, nous sommes obligés de subir, au ministère des
Transports, une baisse de plusieurs millions de dollars, dont vous êtes
au courant. Alors, afin que le réseau routier existant ne souffre pas,
c'est pour cette raison que nous avons alloué un plus gros pourcentage
à la conservation plutôt qu'aux nouvelles constructions.
Je sais que la politique du Parti libéral est toute
différente. Je lisais justement ceci dans le Nouvelliste du 12 mars.
Alors que M. Bourassa était de passage à Nicolet, il disait:
"D'une part, les autoroutes fonctionnelles sont un atout majeur pour attirer de
nouveaux investisseurs et, d'autre part, les autoroutes convenables profitent
aux usagers des régions. Une fois élu, je vous assure que notre
gouvernement n'hésitera pas à emprunter pour le
développement routier. " Ce n'est certainement pas notre politique de
faire des emprunts énormes pour reconstruire encore des autoroutes. On
considère qu'on en a suffisamment et je pense que, dans mon
exposé, j'ai été clair. J'ai bien dit qu'on avait moins de
construction d'autoroutes, ce qui nous permettait de mettre un plus gros
pourcentage sur la conservation de nos routes.
D'autre part, j'ai dit que je m'étais défendu
auprès du ministre des Finances afin d'obtenir des crédits
supplémentaires, ce que j'ai fait. Je pense qu'il serait peut-être
bon d'attendre ce que le ministre des Finances va décider concernant une
possibilité d'ajout à certains programmes du ministère.
Mais, en tout cas, soyez assuré qu'autant pour vous que pour nous je me
suis débattu auprès du ministre des Finances. Je ne connais pas
les résultats de la bataille que j'ai livrée, mais
j'espère qu'elle ne sera pas futile.
Vous nous parlez souvent, M. le député, de politique de
bouts de chemin. Je ne pense pas avoir employé cette expression, de
bouts de chemin, et avec un budget de 822 000 000 $, il est possible de faire
plus que des bouts de chemin. C'est bien l'intention qu'on a, de faire plus de
bouts de chemin.
Ministère des Transports
Construction et conservation du réseau
routier
Liste des projets préliminaires
Vous avez demandé, M. le député, qu'on vous
dépose les programmes des différents travaux. C'est avec plaisir
que nous les déposerons d'ici une semaine et demie, au plus. Vous
recevrez tous ces travaux.
M. Vallières: Le ministre a bien compris l'objet de ma
demande. C'est que son prédécesseur avait déposé un
programme préliminaire qu'il avait soumis aux députés pour
consultation, l'automne dernier! Je lui demande de déposer et ce
programme préliminaire et le programme définitif auquel il
donnera son assentiment, j'imagine, si ce n'est pas déjà
fait.
M. Le May: Chaque député recevra le programme qui
se réalisera dans son comté.
M. Vallières: Le ministre a mal compris l'objet de ma
demande. Afin d'éviter que certains soupçons ne puissent planer
sur la façon dont vous distribuez vos crédits, je vous demandais
de déposer la liste des budgets préliminaires de tous les
comtés - je pense bien que ce sont des données qui sont quand
même publiques - par comté pour que l'Opposition puisse en prendre
connaissance et les scruter, un peu comme cela a été fait par
l'OPDQ, si ma mémoire est fidèle, au niveau du fonds de
développement régional où, par comté, on a
indiqué les projets qui ont été adoptés par
l'OPDQ.
M. Le May: Mais, je pense que, concernant les projets
préliminaires, la programmation préliminaire, chaque
député a reçu sa propre programmation.
M. Vallières: Ce que je veux que le ministre
comprenne...
M. Le May: Vous voudriez un dépôt global, quoi?
M. Vallières: Je veux avoir le tableau
global de la situation.
M. Le May: Est-ce que vous me permettez, Mme la
Présidente, de prêter ma voix à mon sous-ministre...
La Présidente (Mme Bacon): Oui, vous pouvez le faire, M.
le ministre.
M. Le May:... qui, peut-être, pourrait apporter des
éclaircissements à la demande du député de
Richmond?
La Présidente (Mme Bacon): Vous pouvez le faire.
M. Michaud: Dans le processus de planification et de
programmation, pour déterminer les projeta du ministère, chaque
année, il y a un cahier régional qui est envoyé aux
députés et qui montre les projets pouvant être
réalisés, compte tenu des contraintes de terrain et aussi
financières. À partir de cette liste, des projets sont
sélectionnés et une liste préliminaire a été
envoyée, comme le disait M. Valiières, à chacun des
députés, pour sa circonscription électorale, comme
étant des projets pouvant être réalisés, avec les
difficultés qui peuvent être rencontrées au chapitre de
l'expropriation et de l'utilité publique.
À la suite de cela, le ministre, comme il le disait,
déposera la liste finale, compte tenu des budgets, à chacun des
députés, d'ici une semaine, une semaine et demie.
M. Vallières: Est-ce que je comprends bien votre
intervention? Je voudrais que le ministre réponde là-dessus parce
que c'est sa responsabilité. M. Michaud, vous êtes sous-ministre,
vous n'avez pas de décisions politiques à prendre, j'imagine,
mais M. Le May en a à prendre comme ministre. La demande que je lui
fais, c'est de déposer - à moins qu'on ne me dise clairement
qu'on refuse de le faire - la liste des projets préliminaires pour
chacun des comtés du Québec, qui a été
déposée l'automne dernier par le ministre, son
prédécesseur, de même que la liste du programme
définitif qui a été remise dans les bureaux de district,
pour l'ensemble des comtés du Québec. Je répète ma
demande auprès du ministre. Elle est très claire. S'il
refuse, on va se gouverner en conséquence.
M. Le May: Tous ces programmes ont été
déposés déjà.
M. Vallières: Les programmes préliminaires ont
été déposés auprès de chacun des
députés, comme le disait M. Michaud.
M. Le May: C'est cela, tout le monde les a reçus.
M. Valiières: Est-ce que le ministre a objection à
ce que nous en prenions connaissance dans leur ensemble?
M. Le May: Mon Dieu! C'était public, tout le monde a
reçu sa programmation.
M. Valiières: Donc, vous n'avez pas d'objection à
nous la remettre.
M. Le May: Je ne sais pas si, habituellement, cela se fait.
M. Valiières: Je n'ai pas l'intention de faire le tour des
122 députés du Québec pour obtenir leur programme
préliminaire. Vous les avez en main.
M. Le May: Je ne sais pas du tout si, habituellement, c'est un
dépôt qui se fait. Comme le dit le sous-ministre, tous les
députés reçoivent leur programmation, mais cela ne s'est
jamais fait de façon globale.
M. Valiières: Je ne vois pas la crainte que vous auriez
à innover à l'intérieur du ministère. J'ai
posé une question importante au ministre tantôt, qui est le
respect de l'ordre des priorités qui a été établi.
Vous comprendrez que, de ce côté-ci de la Chambre, nous voulions
vérifier certaines choses à l'intérieur des
décisions qui sont prises dans un ministère comme celui de la
Voirie qui est important. Je pense que le ministre doit agir avec transparence
dans le dossier et accepter de déposer les documents que je lui demande,
ce qui nous permettrait de porter un jugement de valeur sur l'administration
qu'il veut instaurer au sein de son ministère.
M, Le May: M. le député, je prends bonne note de
votre demande et nous verrons s'il y a lieu de le faire.
M. Vallières: Je voudrais que le ministre prenne
très bonne note de la demande parce que, s'il décidait de ne pas
te faire, il serait peut-être exposé à certaines critiques
dont on voudrait le priver, finalement. N'étant pas, malheureusement,
suffisamment informés, à un moment donné, on devra
peut-être lui poser des questions qu'il ne considérera pas
toujours comme étant nécessairement très aimables.
Je veux revenir sur ce point bien particulier, M. le Président.
Probablement que le ministre sait comment cela fonctionne parce qu'il
était déjà dans une région où il se faisait
des travaux de voirie. Je vous donne un exemple qui justifie, d'ailleurs,
l'objet de ma demande. Prenons un programme donné des gros cahiers
où on fait l'élaboration des priorités dans les
régions; elles sont établies en étroite consultation avec
les municipalités à l'intérieur des
comtés par tous les députés. Est-ce que ce serait
normal qu'un projet qui est priorisé no 1 ou 2, par exemple, ne soit pas
considéré et que, de façon discrétionnaire, le
ministre, quand il accepte - il faut, à un moment donné, qu'il
tranche certaines questions, faute de budget - décide de choisir la
priorité no 14 ou la priorité no 15, alors que cette
élaboration a été faite, j'imagine - M. Michaud pourrait
en témoigner - à l'aide des critères les plus objectifs
possible? C'est comme cela qu'on fonctionne pour se justifier auprès des
municipalités et, des fois, dire: Attendez un an, attendez deux ans et
votre projet va se réaliser, mais il n'est pas dans l'ordre,
présentement, des priorités régionales du
ministère.
Je vois mal, si on n'est pas en mesure, à un moment donné,
d'expliquer aux municipalités que l'ordre des priorités est
respecté, comment on pourra les convaincre de notre sérieux dans
cette démarche qui se fait à longueur d'année et à
laquelle on a habitué les élus municipaux.
M. Le May: M. le député, vous comprendez avec moi,
étant donné que vous êtes également un
député de région - cela m'est arrivé aussi - qu'il
y a deux analyses qui se font pour établir les priorités.
D'abord, il y a nos divisionnaires ou nos chefs de district, qui sont là
et qui voient le réseau se détériorer ou certains endroits
d'une route qui sont dangereux, qui font une analyse administrative pour la
conservation du réseau ou encore pour le départ de nouvelles
initiatives.
De votre côté - comme de mon côté -vous faites
une analyse purement politique, en tout cas, souvent plus politique
qu'administrative; alors, il est normal que les priorités
déterminées par les députés ne soient pas
nécessairement les mêmes que celles pointées par le
ministère.
Je pense que de ce côté le ministère est assez
souple. Habituellement, les ministres, quand ils rencontrent le
député, sont assez souples et ils s'efforcent le plus possible de
satisfaire les demandes des députés, mais vous comprendrez que,
dans certains cas, administrativement parlant, si telle route a besoin de
réfection avant une autre, alors on fait celle-là avant une
autre. C'est une question de sécurité, une question
d'environnement.
Je vais vous donner un exemple typique. Je vais prendre un exemple dans
mon comté, si vous voulez bien, parce que je le connais davantage. Cela
fait plusieurs années que le secteur où je demeure doit
être reconstruit. On nous a présenté les premiers plans en
1975 et, normalement, la construction aurait commencé l'an passé.
Il nous arrive la tempête du 7 décembre qui démolit tout te
secteur des quais. Cela nous coûte 2 500 000 $ le kilomètre
à reconstruire; alors, c'est pourquoi je n'ai pas de route chez nous.
Par contre, il faut en construire ailleurs dans le comté et cela, il
faut le comprendre. C'est une nécessité environnementale. Dans
des cas comme cela, peu importe ce que le député choisit comme
priorité, je pense que c'est évident qu'il faut y aller
administrativement.
M. Valiières: Là-dessus, je rejoins le ministre. Il
y a des cas d'exception.
M. Le May: Oui.
M. Valiières: Mais vous remarquerez que d'habitude les
députés sont très bien synchronisés avec le
ministère des Transports et que de façon générale
leurs priorités correspondent à celles qui sont établies
par les bureaux de district et les bureaux régionaux. Sur cet ordre de
priorités, tout le monde s'est mis d'accord, dont le ministère
des Transports. Tenez pour acquis qu'il n'y a pas de différend entre le
ministère des Transports et le point de vue du député dans
le comté, qu'ils reconnaissent que c'est la priorité
numéro 1 au niveau régional, au niveau du comté. Ce dont
je veux m'assurer, c'est que, par voie discrétionnaire, à un
moment donné, il n'y aura pas des transferts qui vont se faire et que
l'ordre des priorités soit respecté. Est-ce que j'ai l'assurance
du ministre que l'ordre des priorités qui est établi par le
ministère et qui correspond également à celui
établi par le député sera respecté?
M. Le May: Je suis pleinement d'accord avec vous et j'endosse ce
que vous dites à la condition qu'il n'y ait pas de barrière
administrative. Je parle d'études d'impact, je parle d'expropriations
qui prennent parfois un an, je parle de la CPTA dans le cas des zones
agricoles, je parle d'un paquet de facteurs qui peuvent arriver et qui font
qu'on est obligé de retarder d'un ou deux ans une route. On en profite,
è ce moment, pour en construire une autre. Alors, la priorité se
trouve changée.
M. Valiières: D'accord.
M. Le May: Mais, pour des raisons purement administratives.
M. Valiières: D'accord, mais ce dont je vous parle...
M. Le May: Mais, quand le ministère et le
député sont d'accord sur certaines priorités, dans les cas
que j'ai vécus chez nous, je n'ai jamais eu à me plaindre des
changements de priorités sans être averti et sans exiger des
raisons. Je n'ai jamais entendu de plainte, non plus, d'autres
députés qui m'ont dit: On a changé mes priorités
ou
on n'a pas tenu compte de mes priorités et je n'ai jamais
été consulté ni averti. (20 heures)
M. Vallières: D'accord. Le ministre comprendra que ce qui
est inscrit dans la programmation, à l'automne de chaque année -
on accepte que ce soit programmé pour l'année suivante - ce sont
des projets où il n'y a pas de problème technique qui se
présente et où on est assuré qu'on pourra dépenser
les montants d'argent. Ce dont je veux m'assurer... C'est pour cela que je lui
demande de déposer les budgets qu'il va adopter, qu'il a
décidé d'envoyer dans les districts, pour chacun des
comtés. Cela va nous permettre, entre autres, de vérifier si
l'ordre des priorités est respecté. Par exemple, dans mon
comté, s'il y a une priorité qui est établie 1 dans la
région par les officiers de son ministère, eh bien! que la
priorité 10, qui serait à l'intérieur d'un autre
comté, ne vienne pas supplanter celle-là. Ce n'est pas
méchamment que je veux le faire, c'est que je pense qu'il est de mon
devoir, en tant que représentant des électeurs de mon
comté, de faire en sorte que, si certaines règles du jeu sont
fixées, elles soient suivies. Je vous demande de véritablement
considérer cette possibilité de nous faire parvenir les documents
que je vous ai demandés tantôt, ce qui permettrait de travailler
avec le maximum de transparence. Je pense que ce serait
préférable pour tout le monde.
M. Le May: M. le député, lorsque vous parlez de
règles du jeu - là, je suis d'accord avec vous - je pourrais vous
citer quelques cas, cette année, qui sont arrivés à mes
oreilles, où les priorités n'ont pas été
respectées parce que le député en question n'a pas
respecté les délais. Quand le ministre a demandé, avant
les fêtes, de faire parvenir les priorités, les travaux de la
programmation préliminaire et qu'une lettre nous arrive au mois de
février ou mars, c'est bien sûr que déjà tout le
processus est enclenché, qu'on ne peut à peu près pas
revenir en arrière. Vous conviendrez de cela avec moi. Règles du
jeu pour règles du jeu, très souvent, cela joue des deux
côtés. Mais, en général, vous avez raison quand vous
dites que, normalement, les sommes d'argent peuvent être
dépensées dans cette programmation.
M. Vallières: J'aurais une question assez rapide à
poser au ministre. Par rapport à la programmation préliminaire,
qui avait été présentée à l'automne par
votre prédécesseur, est-ce que vous pouvez m'indiquer, si on
considère cette programmation qui a été adoptée
pour 1985-1986, quel est l'ordre des coupures budgétaires qu'on y
retrouve? Qu'est-ce qui avait été programmé, de
façon totale, dans la programmation préliminaire de l'automne
dernier? Qu'est-ce qui est programmé cette année, quels sont les
projets adoptés qui vont pouvoir se réaliser?
M. Le May: M. le député, M. le sous-ministre
était là lors du dépôt de ces travaux
préliminaires. Si vous permettez, il pourrait peut-être donner des
détails plus précis.
M. Michaud: Une coupure de 10 000 000 $ à 11 000 000
$.
M. Vallières: De 10 000 000 $ à 11 000 000 $ au
total, sur l'ensemble des projets.
M. Michaud: C'est cela.
M. Vallières: Là-dessus, est-ce que le ministre
peut m'indiquer la façon dont il a ou dont il va procéder pour
compenser ce manque à gagner de 10 000 000 $ à 11 000 000 $? Il
faut qu'il coupe dans certains projets. Alors, quelle est la règle que
vous allez établir pour sabrer dans certains projets?
M. Le May: Je dois vous avouer que la première
réunion que j'ai eue avec les officiers du ministère,
c'était pour couper. Ce n'était pas très encourageant et
on a passé presque une journée entière en réunion
pour essayer de trouver, au ministère des Transports... Quand je dis
Transports, cela comprend tout, autant le transport en commun, le transport
scolaire, les traversiers, le réseau aérien, etc. On a
essayé de couper là où cela faisait le moins mal, bien
sûr. Alors, je pense que c'était de bonne guerre.
Pour ce qui est du pourcentage des coupures exactes, je pense que M.
Michaud serait peut-être capable de vous donner plus de chiffres
précis.
M. Michaud: À la question de M. Vallières, qui
était le pourcentage en nouvelles initiatives qui avaient
été coupées, comme j'ai répondu tout à
l'heure, c'est de 11 000 000 $.
M. Vallières: J'aimerais savoir du ministre - probablement
qu'il a la ventilation de ces 11 000 000 $ - quelle partie de ces coupures on
retrouve à l'intérieur des comtés ministériels et
à l'intérieur des comtés de l'Opposition, globalement.
M. Lachance:...
M. Vallières: J'espère que le député
de Bellechasse n'est pas sérieux en disant que c'est 100 % dans les
comtés d'Opposition. Ce qui me paraît, en termes de justice,
très
discutable.
M. Lachance: C'est un souhait, M. le député de
Richmond.
M. Le May: J'ai ici le tableau par région. Nous avons
d'abord commencé par couper les projets que nous étions
sûrs de ne pas pouvoir réaliser. Si, par exemple, l'étude
d'impact n'était pas terminée, ou encore si la CPTA n'avait pas
encore donné ses réponses, etc., nous étions sûrs
que nous ne pourrions réaliser ceux-là. Nous les avons
rayés immédiatement.
Je les ai par région. On avait... Oui, expliquez-les donc.
M. Michaud: En fait, dans les 12 régions administratives
du ministère, il est évident que, pour la région 06-3
à Montréal, où il n'y a qu'un comté, soit
Vaudreuil-Soulanges, il n'y a pas d'impact autant que dans les autres
régions. Pour les 10 régions où il y a beaucoup de voirie
régionale, il y a eu des coupures d'environ 1 000 000 $ à 1 500
000 $ par région.
M. Vallières: Cela me permet de préciser ma
question, puisque, à l'intérieur de chaque région, on
retrouve des districts et que chaque district sert des circonscriptions
électorales. C'était l'objet de ma question. Il est très
facile de faire le bilan de cela. En s'adressant à chaque chef de
district, on peut très facilement établir l'importance des
coupures qui ont été faites à l'intérieur des
comtés représentés par l'Opposition et par les
députés ministériels. Je vais poser ma question au
ministre è savoir s'il serait d'accord pour... Je ne lui demande pas
cela pour ce soir. Il pourrait très bien me le faire parvenir dans les
jours qui suivront.
M. Le May: D'abord, je ne sais pas si nous avons ces chiffres au
ministère. Mais je connais une difficulté. Certains comtés
touchent 3 districts différents. Cela demande une compilation assez
exhaustive, je pense.
M. Vallières: Alors vous voyez l'importance de ma question
originale où je demandais que les programmes préliminaires qui
ont été déposés à l'automne et ceux qui ont
été adoptés soient déposés globalement pour
l'ensemble des comtés. Cela nous éviterait de faire cet exercice.
Je pourrais le faire moi-même, chez moi, avec plaisir, mais à la
condition que vous déposiez la première liste dont je vous
parlais.
M. Le May: II faudrait que vous ayez la carte à la fois
des districts et des comtés.
M. Vallières: Ne vous inquiétez pas pour cela. On
peut facilement sortir les données dont on a besoin. Mais j'aurai
d'abord besoin de la donnée préliminaire dont je vous ai fait
part dans mon discours d'ouverture. Est-ce que le ministre m'indique qu'il me
transmettra ses données? Est-ce que je les aurai ou je ne les aurai
pas?
M. Le May: Sur la programmation préliminaire? Je vous ai
répondu là-dessus. Je vous ai dit que j'avais pris bonne...
M. Vallières: Non, c'est au sujet de mon autre question.
J'avais compris que vous preniez la programmation préliminaire en
délibéré. La question que je pose maintenant concerne
chacune des circonscriptions électorales, l'importance des coupures qui
ont été faites par rapport au programme préliminaire qui a
été présenté l'automne dernier.
M. Le May: Je prends cette question également en
délibéré, M. le député. Je vais voir si ce
n'est pas un travail trop long.
Budget d'entretien des routes
M. Vallières: J'ai une autre question de précision
au sujet... J'aurais bien des questions, malheureusement le temps file
très rapidement. Je passe d'un programme à l'autre. Il y a une
partie de l'entretien des chemins d'hiver qui a été remise aux
municipalités moyennant un critère qui veut que le
ministère subventionne à 100 % seulement une sortie de village ou
quelque chose de ce genre. Est-ce que vous pourriez m'indiquer les
économies que cela a pu représenter pour le ministère des
Transports, ou que cela représentera parce que je sais qu'il y en a qui
s'appliqueront au cours des deux prochaines années? Cette nouvelle
politique représente des économies de quelle importance?
M. Lachance: Mme la Présidente, en attendant la
réponse, est-ce que vous pourriez m'indiquer combien de temps il reste
au député de Richmond?
La Présidente (Mme Bacon): II reste encore quelques
minutes. Il resterait encore 10 minutes.
M. Lachance: Merci.
La Présidente (Mme Bacon): Nous surveillons, M. le
député de Bellechasse. Nous surveillons.
Le May: On me dit ici que cette économie serait de 1200 $
le kilomètre.
M. Vallières: Et pour combien de kilomètres est-ce?
J'aimerais savoir quelle
est...
Le May: Je n'ai pas le côté global. C'est possible
de l'avoir, mais on ne l'a pas ici.
M. Vallières: Est-ce que vous pourriez prendre cette
question en délibéré aussi et me donner la réponse
un peu plus tard? Car il est intéressant pour nous, dans les
comtés, face aux questions qui nous sont posées par les
élus municipaux, entre autres, de savoir quelle est cette charge
additionnelle qui incombe maintenant aux municipalités à la suite
de cette politique du ministère des Transports.
J'aimerais que le ministre nous indique... On me signale que dans
plusieurs districts de voirie il y a des coupures présentement au niveau
du budget d'entretien. Est-ce que, en termes de pourcentage, vous pourriez me
faire la liste des districts et le pourcentage dès coupures du budget
d'entretien par rapport au budget 1984-1985?
La Présidente (Mme Bacon): M. le sous-ministre.
M. Michaud: Il y a très peu de différence au budget
d'entretien. Il n'y a pas d'augmentation, j'en conviens, mais le budget est
sensiblement le même et le même partage a été fait,
à très peu de choses près. En fait, le budget d'entretien
est réparti en fonction de la longueur du réseau et certaines
activités ont pu être diminuées en fonction de garder les
activités essentielles à la route, alors que peut-être
certaines activités connexes ont été diminuées pour
garder... Maintenant, je crois que l'inflation est assez minime actuellement au
niveau des contrats qu'on donne, même à l'entretien. On constate
sur les contrats de grattage entre autres que les coûts sont même
diminués dans certains cas, dans les récentes soumissions qu'on
vient d'ouvrir.
M. Vallières: Si certains chefs de district disaient
à des maires de municipalité que leur budget d'entretien cette
année a subi des coupures de 14 %, 15 %, 18 % ou 20 %, on pourrait dire
aux maires que le chef de district ne leur donne pas les bons chiffres?
M. Michaud: Il peut parler d'une certaine activité.
M. Vallières: C'étaient des coupures dans certaines
activités particulières, mais pas dans l'enveloppe globale comme
telle par rapport à l'an passé. Je pense que c'est une
distinction qu'il est important de faire.
Je voudrais revenir au personnel politique, au personnel du cabinet du
ministre. Le cahier explicatif des crédits du ministère des
Transports inclut la liste du personnel du cabinet du ministre
délégué au Développement et à la Voirie des
régions. On y constate que treize personnes font partie de ce cabinet,
pour un budget de plus de 400 000 $. Pour sa part, le cabinet du ministre des
Transports compte huit membres avec un budget inférieur de près
de 150 000 $. Est-ce que le ministre peut m'expliquer cet écart qui le
sépare de son collègue.
Le May: C'est assez simple comme réponse. J'ai
été nommé le 20 décembre. À ce
moment-là, j'avais, exactement comme un député élu
en plein coeur d'année, droit à la masse salariale globale
à dépenser avant le 1er avril. C'est ce qui peut expliquer
l'écart. Cependant, la masse globale autorisée est de 500 000 $,
494 000 $. Je pense que c'est la même chose pour un député
qui a été élu lors d'une partielle, par exemple. Je voyais
l'envoi sans adresse du député de Saint-Jacques, qui était
entouré de son équipe de cinq: j'ai été fort
surpris de voir qu'il faisait partie de la catégorie 1. Moi, je faisais
partie de la catégorie 4 et j'avais droit à deux personnes comme
député. Lui, il était entouré de cinq personnes.
Alors, cela m'a inquiété et c'est là que je me suis
aperçu qu'il y avait droit. C'est la même politique qui s'applique
aux députés ou aux ministres pour la masse salariale. (20 h
15)
M. Vallières: Je veux indiquer au ministre que ce n'est
pas nécessairement facile de comparer, les salaires ne sont
peut-être pas les mêmes.
M. Le May: Je comprends, mais je veux dire...
M. Vallières: Ce que je veux bien comprendre dans votre
réponse, est-ce que cela signifie qu'il y aura des ajustements au niveau
de votre personnel politique en cours d'année ou s'il y aura diminution
au fur et à mesure?
M. Le May: Ah oui!
M. Vallières: II y aura diminution au fur et à
mesure.
M. Le May: Oui.
M. Vallières: Vous avez finalement profité d'une
date de nomination qui vous donne une masse salariale additionnelle.
M. Le May: C'est cela. M. Vallières: D'accord.
M. Le May: Exactement comme n'importe quel député
élu en élection
partielle en plein coeur d'année.
M. Vallières: Est-ce qu'on peut convenir que cela pourrait
rejoindre sensiblement ce que dépense actuellement le ministre des
Transports en termes de personnel politique? Est-ce que le budget global qu'on
retrouvera normalement affecté à votre personnel politique
devrait être du même ordre que celui du ministre du Transports?
M. Le May: Cela dépend des besoins, mais j'ai l'impression
que cela pourrait éventuellement se ressembler parce que tous les
ministres ont un directeur de cabinet, tous les ministres ont un attaché
de presse, tous les ministres ont des attachés politiques. Je pense que
cela peut éventuellement se ressembler pour l'année qui va
venir.
Fonctions du ministre délégué
à la Voirie des régions
M. Vallières: Cela me va. J'ai une question au ministre
sur sa responsabilité parce que le décret concernant sa
nomination indique qu'il exerce les fonctions de ministre des Transports sous
la direction de ce dernier. J'aimerais que vous m'expliquiez ce que cela
implique. Est-ce que cela veut dire que, par exemple, c'est vous qui allez
défendre les engagements financiers? Pour les budgets, je me rends
compte que c'est vous qui le faites. Mais est-ce que vous avez des approbations
à aller chercher auprès du ministre des Transports, puisque vous
êtes sous sa direction?
M. Le May: Voici comment on a procédé. Quand le
premier ministre m'a donné la responsabilité du
Développement et de la Voirie des régions, ce n'était pas
tellement défini parce que le mot "régions" n'était pas
défini comme tel. Si le mot "régions" égale régions
administratives tel qu'on les connaît, à ce moment j'étais
nommé ministre de toutes les régions. Dans son esprit, je pense
bien qu'il voulait dire les régions périphériques. Alors,
nous nous sommes assis, le ministre des Transports et moi-même, et on a
discuté du partage des responsabilités. Je ne trouvais pas,
à l'intérieur du décret, que me revenait, par exemple, la
responsabilité des autoroutes.
Par contre, M. Tardif me laissait tout l'entretien. Si on regarde cela,
l'entretien des autoroutes me revenait, la construction de celles-ci... Alors
c'était un méli-mélo administratif. On ne voulait pas
créer deux ministères à l'intérieur du
ministère des Transports. M. Tardif a tout simplement dit: Je pense
qu'il serait normal que tout le système routier au Québec soit
sous votre responsabilité mais, étant donné que je suis
ministre responsable de la région de Montréal, j'aimerais garder
les dossiers de la région de Montréal. C'est ce qui est
arrivé. J'ai donc accepté la responsabilité de tout le
Québec pour ce qui est du système routier, et M. Tardif a
gardé son autorité sur tout le reste, c'est-à-dire les
traversiers, le transport en commun, le transport des écoliers, le
transport des handicapés, les commissions de transport - j'en oublie
-Quebecair, relations fédérales-provinciales; c'est lui qui a
gardé tout cela. Il m'a laissé ce qu'on appelle vraiment la
voirie régionale.
M. Vallières: D'accord. Est-ce que vous avez des
autorisations à aller chercher auprès du ministre pour les
politiques administratives au sein de votre ministère ou les engagements
financiers, des choses comme cela?
M. Le May: C'est-à-dire qu'on se rencontre
régulièrement et je lui fais part des décisions que j'ai
prises qui impliquent le ministère au niveau budgétaire.
Étant donné qu'on a nos cabinets sur le même étage
et qu'on est voisin, nécessairement on est porté à se
parler très souvent, et par le fait même l'entente est très
harmonieuse.
M. Vallières: II me semble que le décret qui vous
nomme m'apparaît mal défini, compte tenu de ce que vous Venez de
me dire. Car cela porte vraiment à confusion: on parle de voirie
régionale et je me suis rendu compte, de par votre fonctionnement, que
cela englobait beaucoup plus que cela. Je me demande si, finalement,
légalement, on n'aurait pas avantage à modifier le
règlement comme tel pour définir votre mandat de façon
plus précise.
M, Le May: Ce qui arrive, c'est qu'on est en train de
préparer une délégation de pouvoir et de signature que M,
Tardif va présenter au Conseil des ministres afin de définir ce
qui semble nébuleux pour vous et pour moi.
M. Vallières: Donc, c'était une bonne question.
M. Le May: Oui, mais ce n'est pas nébuleux. Actuellement,
les zones grises qu'on a rencontrées, le ministre des Transports et
moi-même, on les a éclaircies. Je peux vous donner un exemple, les
pistes cyclables. On a dit: Mon Dieu! c'est quoi les pistes cyclables? Alors,
M. Tardif a dit: On a va faire la même chose que pour la voirie. Les
pistes cyclables de la région de Montréal, c'est moi, et le
restant des pistes cyclables, c'est vous. On élimine les zones grises le
plus possible et on s'entend très bien.
M. Vallières: Mme la Présidente, vous m'indiquez
que mon temps est épuisé. En
terminant, je veux demander au ministre de bien réfléchir
aux questions que je lui ai posées et, dans la mesure du possible, de
faire en sorte de me transmettre les documents dont je lui ai fait la
demande.
M. Le May: Très bien, M. le député.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: Avant d'aborder deux questions spécifiques,
parce que c'est un sujet extrêmement intéressant, je fais
référence à mon expérience, tout comme celle du
ministre actuel, qui est presque un frère quant aux expériences
que nous avons eues en commun, à savoir qu'au moment où il est
devenu député il était maire de sa municipalité, il
était préfet de comté. À ce moment, on ne peut pas
en région oublier le fait que le ministère des Transports ou la
voirie est un élément extrêmement important.
Cela me faisait sourire un peu lorsque j'entendais, tantôt, le
député de Richmond parler de politique de bout de chemin ou
même il a lancé le mot "favoritisme". Cela me fait sourire parce
que je me souviens -je fais référence à ce que j'ai,
encore une fois, connu un certain 4 ou 5 novembre 1976 - d'une photographie que
j'avais vue dans un hebdomadaire régional, chez nous, où on
voyait ce qu'on appelle, dans un langage que tout le monde va comprendre, "le
patroneux du coin", avec le ministre des Transports de l'époque, M.
Mailloux - homme gentil, par ailleurs - sur une route nouvellement construite.
C'était à la coupure du ruban. Je n'ai pas vu cela souvent, moi,
couper des rubans pour des routes secondaires, mais cela se faisait à
cette époque. Cette route, c'est la route 279 entre
Notre-Dame-Auxiliatrice-de-Buckland et Saint-Damien, Comme par hasard, quelques
années après, on constate que la route est en train de
s'effondrer, elle est toute brisée, massacrée, il va falloir la
refaire. Quand je passe là je ne peux m'empêcher de penser
à la photographie que j'avais vue et de me rappeller ce personnage qui
était à côté du ministre des Transports de
l'époque. Ce personnage, je viens de le voir réapparaître
dans le décor dernièrement. Cela me fait sourire quand il parle
de favoritisme en ce qui concerne le Parti québécois parce que ce
personnage - pour ne pas le nommer, M. Morissette, le parrain, est apparu dans
le décor dernièrement, puisque mon adversaire libéral a
été choisi le 24 mars dernier. Alors, le parrain est
réapparu dans le décor. Il est propriétaire de
casse-pierres et il s'ennuie d'une certaine époque, j'imagine, où
cela pouvait être intéressant d'avoir des contrats sans
soumission. En tout cas! Il a continué de survivre pendant huit ans et
demi sous le gouvernement du Parti québécois mais, quand il
travaille maintenant, c'est parce qu'il arrive à être le plus bas
soumissionnaire. Toujours est-il, quand je passe sur cette route, je me
souviens - des fois on peut avoir des idées - que c'est bien connu que
certains propriétaires de machineries lourdes devaient ristourner tant
l'heure au Parti libéral pour travailler avec des bulldozers ou des
pelles mécaniques. Je me demande si ce n'est pas la raison pour laquelle
la route est en si piteux état après avoir été
construite en 1976. On peut se poser des questions. Cela me fait sourire quand
le député de Richmond fait allusion à des pratiques que,
lui, peut avoir connues par exemple, cependant, lorsque... Je le mets au
défi, le député de Richmond, de me nommer un entrepreneur
propriétaire de machineries lourdes qui va dire qu'il a
été obligé de souscrire à la caisse
électorale du Parti québécois, je le mets au défi!
Lui qui a été député à l'époque du
régime Bourassa, je sais très bien, et il ne nous le dira pas,
qu'il doit en avoir connu des gens qui étaient obligés de passer
à la caisse avec les listes. On m'a raconté aussi qu'en 1976,
lorsque le député de Saguenay est devenu ministre des Transports,
il s'est fait demander sa liste de notaires. Il est resté surpris, le
député de Saguenay; c'est quoi cela, une liste de notaires? Eh
bien, il y avait des listes de notaires, parce que le ministère des
Transports, lorsqu'il faisait l'acquisition de terrains par expropriation ou
autrement... Je mets au défi le député de Richmond de
trouver aujourd'hui une pratique semblable à celle qui existait avant
1976. En tout cas, j'espère que, dans l'éventualité
où ceux qui pensent à remplacer l'actuel gouvernement prendraient
le pouvoir, on ne reviendrait pas à ces pratiques douteuses qu'on a
connues, dans ce temps-là, qu'on pouvait appeler certainement à
juste titre du patronage. Cela dit, M. le ministre, c'est un commentaire, une
entrée en matière.
Expériences pilotes avec les MRC
Il y a deux points que j'aimerais vous souligner. J'aimerais avoir
peut-être un aperçu... Je crois qu'il y a des expériences
pilotes avec le ministère des Transports et des MRC concernant la voirie
tertiaire. C'est un domaine qui m'intéresse beaucoup, parce que j'ai 34
municipalités dans mon comté et deux MRC.
Précisément, hier soir, je rencontrais les maires des MRC de
Bellechasse et, évidemment, ils m'ont parlé de voirie. Us m'ont
parlé de voirie parce qu'à cette période-ci de
l'année il y a des problèmes d'entretien. C'est une espèce
de no man's land qu'il y a entre la période de dégel... Les
municipalités se demandent: Est-ce qu'on l'a? Est-ce qu'on ne l'a pas?
Est-ce que c'est le ministère? Finalement, on se rendait compte que les
municipalités qui
possèdent l'équipement pour l'entretien des chemins
d'hiver étaient dans une situation plus favorable quand elles
possèdent leurs propres équipements que les municipalités
qui ont recours à des entrepreneurs privés. Cela pour dire que,
finalement, les maires se rendaient compte entre eux que c'était
peut-être la solution qu'on devait regarder a moyen et à long
terme de façon qu'on en ait plus pour notre argent.
J'aimerais savoir si l'expérience concernant les études
qui sont faites avec des MRC semble concluante, semble intéressante.
J'aimerais savoir aussi s'il n'y aurait pas lieu d'envisager d'aller un peu
plus loin peut-être, aller jusqu'à transférer les budgets
à des MRC qui accepteraient de jouer le jeu quant à l'entretien
d'été, complètement, question de niveleuse, de chargement,
et d'aller pas mal loin pour voir ce que cela peut donner sur le terrain si,
évidemment, il y a possibilité de s'entendre. Voilà le
premier élément en ce qui concerne les expériences
pilotes. J'aurais un autre point à aborder ensuite.
M. Le May: Actuellement, il y a quatre expériences
pilotes: à Matawini, à Matapédia, à
Bécancour et à Roussillon. Selon ces quatres expériences
pilotes, les MRC n'ont pas le pouvoir de dépenser de l'argent pour les
routes. Il n'y a pas de budget de transféré non plus pour elles.
L'expérience a consisté à leur demander une étude
afin de savoir comment elles verraient l'application de la programmation de la
voirie tertiaire.
Justement, demain matin, à 9 h 30, j'ai une rencontre avec M.
Michaud concernant la MRC de Matapédia pour étudier ce qu'il nous
présente comme document de travail. À la suite de cela, il y aura
lieu de penser s'il faut ou non décentraliser certains budgets. Vous
comprendrez qu'on ne pourra rien faire sans l'accord du ministère des
Affaires municipales, qui est le grand patron des MRC. Alors si jamais les
Affaires municipales sont d'accord pour certaines expériences, si on
s'aperçoit que le travail qu'on nous présente est un travail
sérieux, que l'argent qu'on pourra leur décentraliser sera
dépensé de façon adéquate, je pense qu'on pourrait
être réceptif à une expérience comme
celle-là. Mais il n'y a pas de décision définitive de
prise.
M. Lachance: Si je comprends bien, on en est encore au stade des
études théoriques.
M. Le May: Pour certaines MRC, les études sont
terminées, elles nous les présentent actuellement. Demain matin,
on se réunit pour Matapédia et nous allons voir comment on peut
continuer l'expérience en la concrétisant.
M. Lachance: Alors, j'espère que cela va être
intéressant, que ce sera concluant à suivre parce que, quant
à moi, les maires de mes deux MRC m'ont indiqué très
clairement qu'ils seraient intéressés à aller beaucoup
plus loin que ce qui se passe présentement dans une participation pour
l'administration même de l'entretien sur leur territoire. (20 h 30)
Je constate aussi un petit problème qui existe au
ministère des Transports - c'est peut-être un
phénomène humain - quant aux disparités d'un district
ô l'autre, souvent à cause de la personnalité du chef de
district et de ses adjoints. Les gens se promènent beaucoup et ils
peuvent avoir connaissance de ce qui se passe - je pense à la
période de dégel, en particulier. Dans un des deux districts de
mon comté, le chef de district a décidé de faire preuve
d'une certaine souplesse et, dans l'autre, la souplesse est plutôt du
durcissement ou, en tout cas, c'est assez rigoureux.
C'est un peu agaçant de voir qu'il y a une façon de
procéder qui diffère d'une autre, parfois, sur un territoire
quand même assez restreint.
M. Le May: Oui. D'abord, vous faites allusion à la fameuse
période que, chez nous, on appelle la période entre le
dégel et les occasionnels. C'est une période creuse, une
période morte durant laquelle le ministère des Transports s'amuse
à mettre des petits poteaux rouges un peu tout le long de la route. On
connaît bien cela en Gaspésie.
Mais vous savez que le ministère des Transports est le
ministère à peu près le plus décentralisé.
Chaque chef de district peut utiliser son argent en personnes humaines, en
ayant plus d'employés et en faisant moins d'entretien, ou en ayant moins
d'employés et en faisant plus d'entretien. Il peut allouer ses budgets
lui-même. C'est peut-être la différence qu'il y a entre les
deux exemples que vous me donnez. L'un commence plus de bonne heure, par
contre, il va certainement avoir moins d'employés, il va y avoir quelque
chose quelque part que l'autre n'aura pas.
Alors, c'est une allocation de budget. La seule chose...
M. Lachance: Finalement, c'est un ordre de priorités qui
peut...
M. Le May:... varier d'une personne à une autre et, comme
vous le disiez, selon la personnalité de chacun. Mais le chef de
district doit faire rapport, bien sûr, au bureau régional du
ministère. Mais il n'en demeure pas moins que les chefs de district sont
très autonomes dans l'administration de leur budget.
M. Lachance: Ce qui, en principe, est
une excellente chose, mais qui, parfois, sur le terrain, peut poser des
problèmes aussi.
M. Le May: Rendre du monde jaloux, j'en suis conscient.
M. Lachance: M. le ministre, l'autre point que je voudrais
aborder avec vous, c'est la politique des 6000 $ le kilomètre, politique
qui, sauf erreur, remonte à 1980. Je crois personnellement que cela a
été une bonne chose d'avoir instauré cet
élément, parce que cela permet aux municipalités de faire
leur bout de chemin, de faire leur part avant d'exiger du ministère des
Transports qu'il fasse des réfections de routes.
Concernant cette politique des 6000 $ le kilomètre, à
l'usage, on s'est rendu compte qu'il y avait des problèmes qui
survenaient. Les problèmes ne sont pas infranchissables, sans doute,
mais ils sont de deux ordres. Premièrement, cette politique, comme je
vous le disais, date de cinq ans, de 1980, et n'a jamais été
indexée. C'est toujours 6000 $ le kilomètre depuis cinq ans. On
sait que ce montant de 6000 $ est pour compenser les municipalités pour
les contrats et, parfois, pour les déplacements de clôtures ou des
choses comme cela, ou encore pour redistribuer aux propriétaires
concernés une certaine forme de compensation pour le terrain qui a
été pris.
Premièrement, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'envisager, dans
un avenir que je souhaite le plus rapproché possible, une certaine
amélioration ou bonification de ces 6000 $ le kilomètre, sans
peut-être tomber dans des excès de gros prix? Deuxièmement,
l'autre problème qu'on rencontre, c'est qu'il y a parfois des
irréductibles. Il va y avoir un gars dans le rang qui va décider,
pour des raisons, parfois, qui ne sont pas du tout en relation avec le bien
commun, que ce n'est pas intéressant pour lui que le chemin soit
élargi. Ce ne sont pas nécessairement les plus pauvres qui font
les obstacles.
Moi, j'ai vécu le cas d'une route dans ma municipalité -
je ne l'ai pas trouvé trop drôle - qui reliait une autre
municipalité à un rang assez passant. Les gens demandaient la
route depuis 25 ou 30 ans. Quand on arrive pour la faire, il y avait des gens
qui n'étaient pas trop d'accord pour la faire. En tout cas, cela a pris
du temps. Cela a fini par aboutir, mais cela a été long.
Là, à ce moment, le problème avec lequel se trouve
confronté la municipalité, c'est de dire: Il nous reste seulement
à aller en expropriation. Alors, la question, serait: Est-ce qu'il est
possible pour le ministère d'apporter une aide?
On sait que vous avez un service ou une direction d'expropriation. Vous
avez une expertise dans ce domaine, alors que la plupart des
municipalités n'en ont pas. Est-ce qu'il est possible que le
ministère des
Transports apporte son concours, ne serait-ce qu'au point de vue des
ressources humaines, pour aider la municipalité, dans des cas
difficiles, à régler des problèmes litigieux comme
quelqu'un qui ne veut pas céder de terrain?
M. Le May: Je pense que cette aide est disponible au
ministère, mais c'est arrivé très rarement que la demande
a été faite. Il ne faut pas oublier non plus que chaque
municipalité est libre d'y adhérer ou non, à cette
politique. On tient également à ce que la municipalité
soit vraiment le centre de ce genre de développement routier pour sa
municipalité.
Pour ce qui est des hausses possibles, j'ai une note devant moi et je
vais me contenter de vous en lire deux lignes: Le ministère des
Transports étudie l'opportunité de modifier à la hausse la
norme des 6000 $ le kilomètre et le résultat de cette analyse
devrait être disponible prochainement. Alors, comme vous le voyez,
déjà, les officiers du ministère se sont penchés
sur cela et j'espère que, très prochainement, ils vont me
soumettre un rapport complet et, alors, on pourra prendre une
décision.
M. Lachance: C'est intéressant, M. le ministre. Une
dernière remarque avant de revenir à quelqu'un d'autre. Cela
concerne la politique sur le pavage du ministère des Transports. On
parle toujours de routes secondaires, je ne parle pas des autoroutes et des
routes où il y a un achalandage de 1000 véhicules par jour.
J'aimerais avoir des précisions sur la souplesse qui peut exister au
ministère concernant l'opportunité de paver des routes qui
parfois, il faut le reconnaître, ne sont pas très passantes, mais
qui peuvent rendre énormément service lorsqu'elles sont
pavées.
Je sais qu'à un moment donné une norme avait
été lancée - je ne sais pas dans quelle mesure elle est
encore en vigueur -qui consistait à dire qu'on ne pavait pas ou à
peu près pas des routes où il y avait un achalandage
inférieur à 400 véhicules par jour. Alors, j'aimerais
savoir, M. le ministre, si le ministère s'est ajusté selon les
cas, selon les situations ou si cette norme-là est assez rigoureuse. Ce
sera tout, Mme la Présidente.
M. Le May: D'abord, actuellement on n'a pas changé les
normes ni même étudié la façon de changer les normes
de 400 véhicules-jour. Cela existe toujours. On a pris le
problème de l'autre côté. C'est qu'on est à faire
des expériences de nouveaux revêtements plus économiques
qui nous permettront d'en faire plus avec moins. Alors, actuellement, ces
expériences-là, on me dit qu'on en fait un peu partout, en
particulier dans la région de Drummondville,
de ce genre de revêtement - ce n'est pas un pavage, c'est un
revêtement - qui est satisfaisant pour ces routes où il y a moins
de 400 véhicules par jour.
M. Lachance: Merci, M. le ministre.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Richmond.
Redécoupage des districts
M. Vallières: J'ai sûrement une question qui
pourrait intéresser le député de Gaspé parce que
cela concerne directement sa région. Je ne sais pas si ce sont des
rumeurs - enfin, le ministre pourra nous le confirmer - mais on dit qu'il y
aurait création d'une nouvelle région de voirie en
Gaspésie, plus précisément à Gaspé. Le
ministre en est-il informé et, si tel était le cas, comment
explique-t-il cette décision?
M. Le May: C'est beaucoup plus qu'un découpage de district
ou de voirie, c'est un découpage de région, qu'on a certainement
annoncé en région. On a consulté tous les maires et les
préfets et, à la suite de cela, on a demandé à
chacun des ministères de nous donner les implications en termes de
ressources humaines et en termes d'argent, quelles sont les implications de
chacun de ces ministères à la suite de la création de ces
nouvelles régions. Aussi, on a demandé aux ministères de
s'ajuster à ces nouvelles régions. Alors, il est normal... Le
ministère des Transports est peut-être une exception, il n'est pas
divisé en régions, mais bien en districts. Alors, il faudra que
le ministère des Transports ajuste ses districts à ce nouveau
découpage régional. C'est pourquoi il va y avoir un nouveau
redécoupage au ministère des Transports, ce qui est absolument
logique, je pense, à partir du moment où on admet, comme je le
disais dans mon exposé, le redécoupage de la carte du
Québec en régions administratives.
M. Vallières: Actuellement, la région physique est
située où? À Rimouski?
M. Le May: La région? Elle s'étend... M,
Vallières: Le bureau régional?
M. Le May: Oui, le bureau régional est à
Rimouski.
M. Vallières: Dans la nouvelle délimitation que
vous voulez vous donner, le bureau régional se situera à quel
endroit?
M. Le May: Il n'y a pas de décision définitive de
prise. Mon ministère m'a soumis plusieurs solutions. Je suis à
étudier cela, je suis en consultation et il n'y a pas eu de prise de
position définitive.
M. Vallières: Mais l'assignation de ce lieu en particulier
ne conférera pas nécessairement à ce lieu le titre de
capitale régionale?
M. Le May: Non.
M. Vallières: Vous ne seriez pas d'accord avec cela?
M. Le May: Non. Vous venez d'une grande région et je pense
que vous comprenez; je n'ai pas besoin d'expliciter longtemps.
Aide à l'amélioration du réseau
municipal
M. Vallières: Peut-être quelques questions rapides
au programme 5, élément 4, sur l'amélioration du
réseau routier municipal entretenu par les municipalités. On note
une diminution des crédits de l'ordre de 24 % par rapport à l'an
passé, les crédits passant de 24 900 000 $ à 18 900 000 $.
Est-ce que le ministre peut nous expliquer cette diminution et, par la
même occasion, nous dire s'il a fait des démarches auprès
du ministre des Finances pour qu'à l'intérieur du budget qui sera
présenté incessamment - on parle du 23 avril - apparaissent des
crédits nouveaux afin de venir en aide aux diverses municipalités
du Québec qui en font la demande et qui en ont grand besoin?
M. Le May: À la suite de dépressions, pardon de
pressions de plusieurs députés, j'ai rencontré le ministre
des Finances à deux reprises - je ne me souviens pas de la date exacte -
le lendemain de notre Conseil des ministres spécial à Lac-Delage
et une seconde fois hier après-midi, pour discuter de ce budget qui
avait été rétréci pour l'année qui s'en
vient. Bien sûr, je ne peux pas ici vous dévoiler le contenu de
ces conversations, mais j'ai beaucoup insisté sur ce
volet-là.
M. Vallières: On remarque, au même
élément, des crédits périmés de l'ordre de 1
000 000 %. Est-ce qu'on retrouve cela de façon annuelle, des
crédits périmés de 1 000 000 $ en subventions aux
municipalités qui ne sont pas utilisés?
M. Le May: On me dit que c'est, tout simplement, des
municipalités qui n'ont pu réaliser les travaux qu'elles
s'étaient engagées à faire. Je m'excuse si je prends
encore un exemple dans ma région, mais il y a un seul entrepreneur en
pavage, alors, quand il travaille à Carleton, il est assez loin de
Mont-Louis, il est à 400 milles; des fois, il y a des travaux qui ne
peuvent pas
se faire, ils ne peuvent pas entrer dans l'échéancier
prévu. Alors, c'est pour cela qu'il y a des crédits,
périmés de 1 000 000 $. C'est dommage parce que je suis contre
les crédits périmés.
M. Vallières: D'autant plus que c'est un budget, comme
vous le savez, qui est en très forte demande. Beaucoup de
municipalités nous présentent des projets. Je pose la question au
ministre. J'espère que le ministre est en mesure de nous indiquer la
façon dont il a l'intention de distribuer cette enveloppe
budgétaire par comté. Je ne voudrais pas reprendre tout le
débat que j'ai déjà eu avec son prédécesseur
sur le sujet, sauf que j'ose espérer qu'il ne suivra pas
nécessairement ses traces dans cet élément
budgétaire en particulier et qu'il fera preuve de la plus grande
équité possible à l'endroit de tous les
députés, en se souvenant toujours que les électeurs du
Québec sont tous des électeurs au même titre, qu'ils soient
dans les comtés de l'Opposition ou dans les comtés
ministériels. (20 h 45)
M. Le May: Cette année, nous allons innover en enclenchant
beaucoup plus tôt, bien avant les années antérieures ces
travaux et mettre à la disposition des régions et des
municipalités ces montants de façon qu'il y ait justement moins
de crédits périmés qu'on n'en a. Pour ce qui est de
l'équité, je suis sûr que - n'en doutez pas un instant -
nous serons très équitables.
M. Vallières: S'il arrivait que vous ne le soyez pas, nous
ferions en sorte que vous en soyez informés.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
Redécoupage des districts (suite)
M. Le Blanc: Il y a quelques instants, Mme la Présidente,
on évoquait un éventuel redécoupage des districts. Dans
cette opération, est-ce qu'on tiendra compte également du
découpage des municipalités régionales de comté? On
a fait une expérience de projets pilotes avec les municipalités
régionales de comté. Dans la même ligne de pensée
que mon collègue de Bellechasse, je viens, moi aussi, du monde municipal
et j'ai, de plus, participé et même présidé à
la mise en place des municipalités régionales de comté sur
la Côte-du-Sud et une partie du Bas-Saint-Laurent. Je suis en contact
assez étroit avec les maires et je suis en mesure de vous dire que les
maires, contrairement à une certaine attitude qui s'était
manifestée lors de la mise en place des municipalités
régionales de comté alors que plusieurs, sinon la
majorité, craignaient de nouveaux pouvoirs en plus du pouvoir
d'aménagement, prenant conscience de la possibilité d'assumer de
nouveaux pouvoirs, dont des pouvoirs dans le domaine de la voirie municipale et
de la voirie régionale. Dans cette optique, le redécoupage des
districts, à mon avis, devrait tenir compte des délimitations, du
découpage des municipalités régionales de comté.
Est-ce que ce sera considéré?
M. Le May: M. le député, je suis content que vous
posiez la question puisque cela me permet de vous parler de la restructuration
dans le domaine du découpage au Québec.
Vous savez que, dans un avenir plus ou moins rapproché, nous
aurons quinze régions administratives au Québec. Avant de faire
ces quinze régions, nous nous sommes engagés à
créer, par la loi 125, les MRC. Alors, c'est un nouveau découpage
aussi. On parlait de sentiment d'appartenance à ce moment; vous devez
vous en souvenir, on en a parlé beaucoup et souvent.
À la suite de la création des MRC, on a fait le
redécoupage régional en respectant la délimitation des MRC
en créant les nouvelles régions. Comme je le disais tantôt
au député de Richmond, ce nouveau découpage
régional doit être respecté par les ministères, par
tous les ministères qui sont appelés à travailler en
région ou à être déconcentrés en
région. Il est évident que, dans certaines régions, nous
ne pourrons créer de nouvelles régions pour la bonne raison qu'il
y a actuellement sur la table du ministre des Affaires municipales des demandes
de redécoupage de MRC. On en a l'exemple au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Même si on voulait faire une région, on ne peut pas parce que la
MRC a demandé un redécoupage.
Alors, comme vous le voyez, on tient à respecter la
création des MRC et on tient à ce que les ministères qui
seront appelés à travailler dans ces nouvelles régions
soient des entités et qu'on ne crée pas des demi-régions.
D'ailleurs, si vous regardez la nouvelle carte du Québec, vous verrez,
dans l'est, la région 1-A et la région 1-B; cela ressemble
à des demi-régions, mais soyez assuré que ces petites
lettres vont disparaître.
La Présidente (Mme Bacon): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Vallières: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Richmond.
Réduction de certains délais
M. Vallières: Ma question au ministre va certainement lui
faire plaisir puisqu'elle
porte sur ce que lui-même a qualifié, lors du Sommet
socio-économique en Estrie, de "chinoiseries administratives". Cela
concerne l'organigramme de toutes les étapes qui doivent être
franchies avant qu'un projet de construction de route puisse se
réaliser, à partir du moment où ta décision est
prise jusqu'au moment où commence. Comme lui, je partage certaines
inquiétudes vis-à-vis des délais vraiment
extraordinairement longs, à partir du moment où une
décision administrative et politique se prend de procéder
à la reconstruction d'une route. On doit attendre, dans certains cas,
jusqu'à sept ou huit ans. On m'indique que là où cela
accrocherait le plus, ce serait à l'étape de la CPTA et de
l'Environnement. Est-ce que c'est véritablement là qu'on retrouve
la source de nos problèmes ou si c'est partout à
l'intérieur de l'organigramme? Celui que j'ai ici comporte 21
étapes, avec un paquet de sous-étapes dans chacune des 21
étapes. Est-ce qu'il n'y a pas un peu d'exagération et que
l'administration s'administre elle-même à un moment donné?
Est-ce que c'est nécessaire que toutes ces étapes soient
franchies? Est-ce qu'il y a moyen on en vienne à la simplification de
tout ce processus?
M. Le May: Je serais très heureux de vous dire: Oui,
certainement que c'est possible de faire disparaître des étapes.
Vous avez nommé l'Environnement. Il est vrai dans certains secteurs que
le ministère de l'Environnement est très exigeant. Vous avez
nommé la CPTA, c'est vrai. Cependant, je dois vous annoncer - ce n'est
peut-être pas à moi de le faire, mais en tout cas - que le
ministre titulaire de la CPTA se présentera bientôt à
l'Assemblée nationale avec une réforme de la loi 90.
Espérons que cela facilitera les choses. Vous avez oublié aussi
l'expropriation qui doit compter un an, un an et demi, dans certains cas. Ce
sont des délais inévitables.
Pour ce qui est des plans et devis faits en régie, faits au
ministère, il n'y a pas qu'un seul projet au Québec, vous le
comprendrez bien; alors, cela prendrait peut-être une armée
d'ingénieurs, d'architectes ou d'arpenteurs pour arriver à livrer
la marchandise dans un délai que vous et moi aimerions avoir, par
exemple. C'est pour toutes ces raisons que cela peut être long.
Est-ce que, dans certains cas, il y a des étapes qui pourraient
être sautées? Je pense que oui. Si on regarde la CPTA, si on
regarde l'expropriation, il n'y en a pas toujours; pour l'environnement, ce
n'est pas toujours nécessaire, non plus. Dans certains cas, on emploie
la tactique d'urgence, alors on n'a pas besoin de passer par l'Environnement.
On en a un exemple: la route des quais, en Gaspésie, qui a
été brisée par une tempête. C'était un cas
urgent, on n'a pas eu besoin de passer par l'Environnement. Alors, c'est autant
de délais de moins, qui nous font accélérer. C'est entendu
qu'il nous faudrait une armée d'architectes, d'arpenteurs ou de
géomètres pour arriver à répondre, dans des
délais très courts, aux commandes qui nous sont faites.
M. Vallières: Est-ce qu'il y a eu des discussions entre le
ministère des Transports et le ministère de l'Environnement pour
voir s'il n'y avait pas une possibilité d'accélérer le
processus en cours de route?
M. Le May: Je pense que je dois laisser répondre, M. le
sous-ministre, qui a une longue expérience dans ce domaine.
M. Michaud: Dans certains projets, on peut écourter le
nombre d'années que vous avez énoncé, sept années.
Cela peut tomber à trois ans, disons, si tout va bien dans tout le
processus. Si tout le monde est d'accord que la route soit faite et accepte
l'expropriation, s'il n'y a pas d'audiences publiques au niveau de
l'Environnement, si le problème agricole n'est pas aussi difficile, si
la CTPA, en fait, ne demande pas trop de rétrécissement de la
route, ainsi de suite, et que tout le monde est d'accord, je pense qu'il peut y
avoir des délais raccourcis.
Au ministère de l'Environnement aussi, les normes ont
été réduites dans quelques endroits, surtout pour la
voirie régionale. Il reste toujours que, lorsqu'il y a des cours d'eau,
je pense que c'est là qu'est le problème; quand on s'en va le
long d'une route comme la 155 ou dans la Haute-Mauricie, les délais sont
plus longs.
M. Vallières: Est-ce que le ministère de
l'Environnement contribue aux délais? Parce que ça
pénalise souvent des régions qui attendent pour la construction
de routes. Est-ce que cet exercice en vaut le coup? Est-ce que, selon votre
expérience - je pose la question à M. Michaud plus qu'au ministre
- ce travail qui est fait par le ministère de l'Environnement est
efficace au point qu'on puisse dire que son action, sa prudence vient faire en
sorte qu'on protège véritablement davantage l'environnement? Je
pense qu'il faut se demander s'il n'y a pas trop d'énergie de
développée là-dedans pour ce que cela représente
comme sauvetage qu'on peut faire. À partir du moment où, par
exemple, on décide de reconstruire une route sur son tracé actuel
et qu'on veut la construire avec des normes quand même minimales de
sécurité, qu'il y ait des cours d'eau ou qu'il n'y en ait pas, on
ne peut faire la route dans les airs; il faut la faire là où elle
est et avec un minimum d'emprise. Donc, est-ce qu'il n'est pas
exagéré, dans certains cas, même si ce sont des routes
principales, si on suit le tracé
actuel, de voir des délais de sept à huit ans
s'écouler avant d'avoir l'approbation du ministère de
l'Environnement, d'assister à un paquet de délais et
d'échanges entre les deux ministères qui sont interminables et
qui, à la longue, viennent à bout de la patience, souvent, des
officiers du ministère des Transports qui, eux, à ce que je
sache, ont un caractère beaucoup plus expéditif que certains
autres ministères?
M. Michaud: Les relations avec le ministère de
l'Environnement ont peut-être été assez ardues à
certaines périodes, mais cela s'est réglé puisque les
études qui ont été demandées pour les projets, il y
a quelques années, ont été produites. Maintenant, on leur
fait la preuve que le type d'étude, des fois, qui est demandé a
été produit lors d'autres projets et que le territoire semble
similaire. Donc, on peut prendre certains raccourcis pour atteindre le
même but.
Maintenant, c'est évident que, comme je vous le disais, le gros
problème qu'on a, ce sont les cours d'eau. Quand la route les longe, il
faut y mettre un peu plus d'études. Il y en a aussi sur l'acoustique.
Ces études modernes sur le plan du bruit, de la pollution par le bruit,
cela nous est demandé encore largement par l'Environnement.
M. Le May: Pour compléter, peut-être, la
réponse de M. Michaud, il faudrait faire du cas par cas. En ce qui a
trait à certains que nous avons, on se demande pourquoi aller à
l'Environnement. Par contre, d'autres projets - on en est conscient -
nécessitent l'intervention de l'Environnement. Alors, il faudrait
presque faire du cas par cas.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: Rapidement, Mme la Présidente. Tantôt,
j'entendais le député de Richmond parler d'équité
en ce qui cercerne le traitement qui sera accordé aux comtés de
l'Opposition et aux comtés ministériels pour le programme
d'amélioration du réseau routier municipal.
J'ai entendu, déjà, une histoire semble-t-il que c'est une
histoire vraie - qui se passait en 1976.
La Présidente (Mme Bacon): Avez-vous des questions, M. le
député de Bellechasse, ou si c'est une histoire que vous
racontez?
M. Lachance: Oui, cela va venir. Je vais poser la question, mais
elle va être très courte.
La Présidente (Mme Bacon): Vous êtes sûr que
c'est une question?
M. Lachance: Oui.
La Présidente (Mme Bacon): D'accord.
M. Lachance: Voici l'histoire. Ce sont deux comtés
voisins: un comté qui s'appelle Saguenay, en 1976, toujours et le
comté voisin est un peu plus à l'ouest, c'est Charlevoix.
Toujours, d'après les gens qui m'ont raconté l'histoire, il
semblerait que le Saguenay était le seul comté du Parti
québécois qui pouvait avoir recours au programme
d'amélioration du réseau routier municipal, parce que, dans ce
temps-là, il y avait sept députés et les autres
étaient en ville. Donc, ils n'avaient pas droit à ce programme.
Résultat: 60 000 $ de subvention accordés dans ce comté.
Dans le comté de Charlevoix, comme par hasard, résultat: 1 000
000 $. Si je sais compter, cela fait 6 %, Mme la Présidente. Alors, je
demanderais au ministre s'il peut s'engager à être plus
équitable que cela dans l'attribution des budgets aux
députés de l'Opposition, cette année.
M. Le May: Oui, je me suis engagé, tantôt, devant le
député de Richmond, à faire tout mon possible et
même davantage pour que tous les députés ruraux soient
traités de façon équitable et j'espère qu'on ne
pourra pas, dans un avenir proche ou lointain, me faire le même reproche
que vous venez de faire à l'équipe de 1976.
Adoption des crédits
La Présidente (Mme Bacon): Comme nous avons fini les
histoires et que nous avons fini la période de question, nous sommes
maintenant prêts à adopter les crédits budgétaires
du ministère des Transports. Programme 3, Construction du réseau
routier, éléments 1, 2, 3 et 4. Est-ce adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bacon): Programme 4. Conservation du
réseau routier, éléments 1, 2 et 3, adopté?
M. Vallières: Adopté.
La Présidente (Mme Bacon): Programme 5, Gestion interne et
soutien, éléments 1, 2, 3 et 4, adopté?
Des voix: Adopté.
M. Vallières: Mme la Présidente, c'est toujours
dans Transports, ce que vous venez de nous donner?
La Présidente (Mme Bacon): Toujours dans Transports.
M. Vallières: Oui, adopté.
Office de planification et de développement du
Québec
La Présidente (Mme Bacon): Nous allons maintenant à
l'organisme relevant du ministre délégué au
Développement et à la Voirie des régions. Programme 1,
Office de planification et de développement du Québec,
éléments 1 et 2?
M, Vallières: Adopté.
La Présidente (Mme Bacon): Programme 2, Coordination du
développement économique et régional et interventions de
développment régional, éléments 1 et 2?
M. Vallières: Adopté.
La Présidente (Mme Bacon): Alors, les crédits
budgétaires du ministère des Transports, programmes 3, 4 et 5, et
de l'organisme relevant du ministre délégué au
Développement et à la Voirie des régions sont
adoptés.
M. Vallières: Adopté.
La Présidente (Mme Bacon): La séance est
ajournée au vendredi 19 avril, 10 heures.
(Fin de la séance à 21 h 1)