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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Marquis): La commission parlementaire de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux afin de
poursuivre l'étude des crédits budgétaires du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche pour
l'année 1985-1986. M. le secrétaire, pourriez-vous faire
état des présences et des remplacements, s'il vous
plaît?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Beauséjour (Iberville); M. Côté (Charlesbourg); M. Gravel
(Limoilou); Mme Juneau (Johnson); M. Marquis (Matapédia); M. Perron
(Duplessis); et M. Parent (Sauvé) en remplacement de M. Saintonge
(Laprairie).
Le Président (M. Marquis): Merci beaucoup. La parole est
à M. le député de Charlesbourg.
Soutien aux municipalités et aux organismes de
loisir
M. Côté: Peut-être pour permettre au ministre
de s'organiser un peu, compte tenu du fait qu'il y a certains fonctionnaires
que, j'imagine, il voudrait avoir en sa compagnie pour répondre à
certaines questions... On a déjà convenu ensemble que, en fin
d'après-midi, on pourrait parler de fédérations et de la
Régie de la sécurité dans les sports. Ce matin, on parlera
évidemment de CRL, comme je le lui avais dit hier, et du programme 3,
les parcs, un élément très important du budget. Demain,
sans nécessairement que ce soit le reste, on parlera de la
conservation.
M. le Président, on l'a vu hier dans les engagements qu'avait
pris le prédécesseur du ministre, dans les crédits qu'on
avait étudiés à pareille date l'an dernier, en avril, en
ce qui concerne les CRL, le ministre nous disait: D'ici une couple de semaines
- alors, c'était bientôt - c'est un problème qui sera
réglé.
Se sont enclenchées alors toute une série de rencontres
des représentants des CRL avec le ministre ou des représentants
du ministre, dont une première le 14 novembre 1984. On remettait au
ministre d'alors un document intitulé "Rencontre entre des
représentants de la Centrale de l'enseignement du Québec, de la
Fédération du personnel des établissements de loisir et du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche", un premier
document qui, j'imagine, a été porté à la
connaissance du ministre, tout au moins du sous-ministre.
Deuxième rencontre, le 8 mars 1984. Dossier d'analyse remis
à l'honorable ministre Guy Chevrette, reponsable du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche à l'occasion de la rencontre
du 8 mars 1984 entre ce dernier et les représentants de la Centrale de
l'enseignement du Québec accompagnés des représentants de
la Fédération du personnel des établissements de loisir.
Document assez volumineux, merci, qui fait partie du dossier. 28 mars. Ce ne
sont pas les documents qui manquent dans ce cas-là. Document remis aux
représentants du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche dans le cadre d'une rencontre portant sur la situation des
employés d'organismes nationaux et régionaux de loisir. Ce
document faisait suite à la rencontre qu'ils avaient eue
préalablement avec le ministre, à laquelle on signalait au
ministre, de manière verbale, des situations de faits dans certains CRL
et certains faits assez troublants. Ce que le ministre avait dit alors - vous
me corrigerez si j'erre - c'est: Vous avez quand même un constat
très sévère et dur et, si vous avez des preuves,
amenez-les sur la table. C'est ce que dans le dossier du 28 mars les gens ont
tenté de faire.
Comme on l'a dit si bien hier, le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche étant un ministère pour des ministres
en montée ou des ministres en sortie, on s'est retrouvé avec un
ministre qui était en montée, le député de
Joliette, qui n'a fait qu'une saucette au MLCP; deux ans pour imprégner
sa marque. Dans le cas du ministre actuel, cela va lui prendre plus que cela
pour qu'il imprègne sa marque. Deux ans dans le cas du ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui, par la suite, est allé
aux Affaires sociales; donc, en montée politique. Il y a eu un
changement en décembre et les gens ont senti l'obligation de rencontrer
le nouveau ministre pour le sensibiliser à la situation, rencontre qui a
eu lieu le 22 janvier 1985, et on a refait le tour du dossier qui est à
l'intérieur, ici, contenu dans quelques pages.
Le 2 avril, la fédération expédiait au ministre un
télégramme lui demandant certaines choses, compte tenu des
budgets précaires et compte tenu de la situation
qu'elle vit. Le ministre répondait le 3 avril dans un
télex, et je ne veux citer qu'un seul paragraphe, qui est le
quatrième paragraphe. Le ministre disait: Pour ces raisons, vous
comprendrez, M. le président, que le ministère ne peut pas
intervenir dans le fonctionnement des nombreux organismes qui oeuvrent au
Québec en dehors du cadre établi avec ces derniers et encore
davantage de convenir en lieu et place de leur instance décisionnelle
des règles qui devraient régir leur gestion et plus
spécifiquement des conditions de travail de leurs employés.
Voilà, le ministre s'en lave les mains et dit: Ce n'est pas de mon
ressort, ce sont des organismes soi-disant autonomes et je ne m'en mêle
pas.
Le but de l'exercice ce matin est de poser un certain nombre de
questions au ministre pour avoir autant que possible certains
éclaircissements quant à l'utilisation des fonds de l'État
ou des sommes d'argent transférées dans tous ces cas. Ma
première question a trait au programme 1. Compte tenu du fait que vous
avez, selon mes informations, un budget de 8 500 000 $, approximativement,
j'aimerais savoir ce matin comment ces sommes sont réparties, à
combien d'organismes et quelle est la nature de chacun de ces organismes.
M. Brassard: Les CRL?
M. Côté: C'est cela. L'ensemble du programme Soutien
aux municipalités et aux organismes de loisir, d'abord, et on va en
arriver aux CRL.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre.
M. Brassard: Oui, que je trouve l'endroit dans la paperasse
énorme. Dans le cadre de ce programme, en ce qui a trait aux transferts,
aux organismes, il y a d'abord le soutien aux activités de loisir
municipal, soit un montant de 5 500 000 $. Il s'agit des subventions qui sont
accordées aux municipalités en fonction d'un certain indice,
l'indice de richesse, et aussi en fonction de la population des
municipalités. C'est au programme 1, mais il s'agit de transferts
seulement. Ce n'est pas le budget global. Les questions portaient sur les
transferts. Alors le programme de soutien aux activités de loisir
municipal est à 5 500 000 $ cette année. Il y a un programme de
soutien aux projets innovateurs en loisir qui n'est pas très
considérable et qui a le même budget que l'an dernier: 139 000 $.
Il y a également un programme de soutien à la recherche
universitaire en loisir. Cela aussi n'est pas un budget considérable, ni
un programme considérable, c'est 100 000 $ comme l'an dernier.
Il y a les centres communautaires de loisir: 1 406 000 $ sont
prévus pour des subventions aux centres communautaires de loisir. Ce qui
fait 7 146 000 $ par rapport à 8 000 000 $ l'an dernier pour ce qui est
des transferts dans le programme 1, le programme de soutien aux
activités de loisir.
M. Côté: Concernant les budgets des CRL...
Soutien aux organismes régionaux et de
regroupement de loisir
M. Brassard: Oui. Les CRL, cette année, en termes de
budget autorisé, auront droit globalement, incluant les CRL et la CORLQ
- Conférence des organismes régionaux de loisir à un
budget de 3 495 200 $, ce qui représente une augmentation d'environ 85
000 $ par rapport à l'an dernier puisque, l'an dernier, ce budget
était de 3 410 000 $. Les CRL ont connu, comme tous les autres secteurs
du loisir, des compressions il y a quelques années, des coupures comme
on les appelle. Cela s'est fait surtout de 1981-1982 à 1982-1983 et de
1982-1983 à 1983-1984. L'an dernier, le budget s'est stabilisé
à 3 410 000 $. Cette année, on l'augmente d'environ 2, 5 %
à 3 495 200 $. La répartition ou la ventilation s'établit
de la façon suivante: il y a 111 640 $ qui vont directement à la
CORLQ, à l'organisme de regroupement, pour son fonctionnement. Il reste
donc 3 383 266 $ à répartir entre les CRL.
M. Côté: Cela va. Donc, c'est une augmentation
approximative de 2, 5 %.
M. Brassard: Environ 2, 5 %.
M. Côté: 2, 5 % d'augmentation. Dans cela,
évidemment, on ne tient pas compte de l'inflation. Au cours des cinq
dernières années, partons de 1980 à aller jusqu'à
aujourd'hui, sans tenir compte de l'année en cours évidemment,
voici les données statistiques: en 1980, l'inflation était de 10,
4 %; en 1981, de 12, 3 %; en 1982, 11, 6 %; en 1983, 5, 6 % et, en 1984, 4, 2
%, ce qui fait 40% d'inflation. Quel était le budget dévolu
à ces organismes en 1980?
M. Brassard: En 1980 - j'ai ici 1981 et 1982 - c'était
environ la même chose; en 1981-1982, il était de 3 827 300 $. Il
est descendu à 3 410 000 $ en 1983-1984, c'était le plus bas. En
1985-1986, une légère augmentation - comme je l'ai
mentionné tantôt - à 3 495 000 $.
M. Côté: Ce dont il faut quand même convenir,
c'est que, compte tenu de l'inflation, à peu près avec les
mêmes montants d'argent, aujourd'hui, les CRL ont
40 % de moins d'argent pour être capables de travailler. Il faut
quand même tenir compte de l'inflation. C'est un constat qu'on se doit de
faire à ce moment-ci. Il y a donc 40 % de moins parce que l'inflation...
Les budgets sont à peu près, en termes d'argent d'aujourd'hui et
en termes d'argent de 1980-1981 ou 1981-1982, au même point. L'inflation
soustraite, on se retrouve avec un budget de 40 % de moins pour faire des
choses. Est-ce que cela vous semble une conclusion réaliste?
M. Brassard: La conclusion que je fais, c'est que, effectivement,
les CRL, comme les autres organismes de loisir, ont subi des compressions comme
tous les autres secteurs du gouvernement, donc, par conséquent, ils ont
été obligés de fonctionner avec moins de ressources.
M. Côté: D'accord. Concernant le RONLQ, le budget de
cette année par rapport au budget de 1981-1982?
M. Brassard: Le budget du RONLQ, quant à lui, était
de 3 670 000 $ l'année dernière, il sera à 4 030 000 $
cette année. Il y a une augmentation pour ce qui est du RONLQ. Le RONLQ
lui-même, cela ne comprend pas les fédérations. Il a une
augmentation qui s'explique, substantiellement, par la hause du coût du
loyer qui fait suite à ce qui va se produire bientôt, le
déménagement de tout le RONLQ et des fédérations au
Stade olympique.
M. Côté: Donc, ce budget, par rapport à celui
de 1981-1982?
M. Brassard: Il augmente d'environ 400 000 $.
M. Côté: Finalement, il y a une augmentation dans ce
cas par rapport aux CRL qui est très évidente. Une meilleure
situation pour le RONLQ que pour les CRL sur la période 1981-1982
à 1985-1986.
M. Brassard: Une augmentation - je tiens à le
préciser - qui s'explique par la relocalisation de tous les bureaux qui
passent du 1415 Jarry au Stade olympique. Le numéro va être 4545,
quelque chose du genre. On leur avait assuré, au moment où la
décision de déménager et de se relocaliser avait
été prise, que les augmentations de loyer engendrées par
cette relocalisation seraient assumées, on en tiendrait compte dans les
budgets.
M. Côté: Si mon information est bonne, le coût
du déménagement, c'est 131 000 $, qui normalement devrait
apparaître au budget. Quand au coût comparatif du loyer payé
où ils sont actuellement à Jarry et du coût payé
lorsqu'ils auront emménagé, quel est-il?
M. Brassard: II y a 250 000 $ qui s'ajoutent, qui est une
augmentation du coût du loyer, donc qui sont récurrents, autour de
250 000 $.
M. Côté: L'augmentation du budget est de 400 000 $,
si j'ai bien compris.
M. Brassard: Il y a 150 000 $, dans les 400 000 $, qui sont non
récurrents. C'est le coût du déménagement. Ils
déménagent une fois, j'espère qu'ils n'auront pas à
déménager l'an prochain.
M. Côté: D'accord. Quant aux Jeux du Québec
régionaux, si mes informations sont bonnes, le budget serait
approximativement de 650 000 $. (10 h 30)
M. Brassard: 650 000 $, ce qui signifie environ 523 000 $ pour
les CRL et le reste pour les quatre districts de la région de
Montréal où il n'y a pas de CRL qui s'occupent
spécifiquement de l'organisation des jeux.
M. Côté: Si mes informations sont bonnes - je n'ai
pas de raison d'en douter -c'est 650 000 $ aujourd'hui, vous le confirmez, et
pour 1981-1982 tout près de 1 000 000 $. Qu'est-ce qui explique la
différence entre 1 000 000 $ pour l'année 1981-1982, sans tenir
compte de 40 % d'inflation, et ce qu'on retrouve, 650 000 $, aujourd'hui?
M. Brassard: L'explication principale vient du fait qu'à
l'époque les CRL étaient obligés d'organiser deux finales
régionales par exercice financier. Une finale des jeux
d'été et une finale des jeux d'hiver. Depuis l'an dernier, et en
grande partie à leur demande, les CRL sont maintenant tenus d'organiser
une seule finale régionale, soit celle qui conduit à la finale
nationale.
M. Côté: D'accord. On y reviendra de toute
façon.
M. Brassard: Par exemple, cet hiver, au cours de l'exercice
financier 1984-1985, ils étaient tenus d'organiser une finale
régionale qui conduisait à une finale nationale, celle des Jeux
d'hiver de Dolbeau. Au cours de l'exercice financier 1985-1986, ils vont
être tenus d'organiser une finale régionale, celle qui conduit aux
jeux d'été qui va se dérouler, chez vous, M. le
député.
M. Côté: Dans le magnifique comté de
Charlesbourg.
M. Brassard: C'est cela.
M. Côtés On s'en reparlera ultérieurement. Il y a
des coûts de rattachés à cela. Concernant les bureaux
régionaux de loisir du ministère, si mes informations sont
bonnes, il y a quand même quelques sous dans cela. Je ne sais pas si vous
pouvez l'obtenir, les bureaux régionaux de loisir? Je veux prendre
quatre éléments - le ministre va me voir venir - pour être
capable d'analyser tantôt quelle est la logique et quels sont les
critères qui sous-tendent la préparation des budgets dans le cas
de quatre organismes précis. Pourquoi certains se retrouvent-ils avec
des augmentations alors que d'autres se retrouvent avec des coupures drastiques
de budget?
M. Brassard: Vous parlez des bureaux du ministère, si je
comprends bien?
M. Côté: Oui.
M. Brassard: L'information que vous souhaitez avoir concernant
les bureaux, c'est?
M. Côté: Qu'est-ce que cela coûte?
M. Brassard: D'accord. L'an passé, l'ensemble de ce qu'on
appelle les opérations régionales, cela a exigé des
budgets de 75 826 000 $, pour l'année 1984-1985. Cette année,
l'enveloppe budgétaire 1985-1986 pour les régions est de 69 988
000 $. Cela s'explique en résumé par plusieurs activités
qui étaient autrefois gérées directement par les
directions régionales et qui vont être -on en a parlé un
peu hier - transférées à la Société des
établissements de plein air. Comme exemple, je pense au camping. Prenons
la région 02 qui gérait le camping de Kénogami. À
partir de cette année, c'est la Société des
établissements de plein air qui va gérer le camping de
Kénogami. L'explication de la réduction budgétaire, la
principale c'est ça, c'est le transfert d'activités à la
SEPAQ.
M. Côté: D'accord. Ce sont donc quand même des
sommes considérables. On regarde dans le cas des CRL, du RONLQ, c'est
tout près de 8 000 000 $ ou peut-être un peu davantage qui sont
consacrés à ces organismes-là. Évidemment, vous
devez avoir au ministère des critères quant à
l'attribution des sommes à ces organismes? Quel est le contrôle
administratif que vous avez vis-è-vis de ces organismes?
M. Brassard: Les CRL et le RONLQ?
M. Côté: Prenons ces deux là comme
exemple.
M. Brassard: En fait, il y a des contrôles administratifs
qui leur sont imposés. Ils doivent faire un rapport annuel sur
l'utilisation de la subvention. Il est évident que ces rapports sont
analysés et vérifiés par les services appropriés du
ministère. Cela peut avoir des effets s'il y a une utilisation non
conforme au programme ou à la politique. Cela peut avoir des effets sur
les subventions, le financement futur.
M. Côté: Donc, vous donnez de l'argent et vous
demandez un rapport. À l'analyse de ces rapports, il y a des
décisions qui sont prises en fonction de ce qui vient, du budget qui
vient. Il peut y avoir des répercussions sur le budget qui sera
alloué l'année suivante. C'est ça?
M. Brassard: Il y a des exigences. Dès le départ,
comme vous le savez, il y a une politique de financement en particulier en ce
qui concerne le RONLQ et les fédérations, le monde du loisir. On
a tenté d'en établir une dans le cas des CRL, elle ne s'est pas
appliquée longtemps. Pour le reste, il y a une politique de financement
et de reconnaissance et les organismes doivent s'y conformer. Dans la lettre
d'intention, il y a un certain nombre d'exigences qui doivent être
remplies par les organismes.
M. Côté: Est-ce que ce sont des documents publics
auxquels on a accès et qu'on pourrait avoir éventuellement?
M. Brassard: Oui.
M. Côté: Donc, il y a des critères. Le
ministère a quand même une vision ou une possibilité
d'intervenir par les subventions après analyse. Ce n'est donc pas une
pleine autonomie que ces organismes-là ont.
M. Brassard: Ce n'est pas une autonomie absolue, c'est bien
évident - je vous vois venir très bien avec vos gros sabots - ce
n'est pas une autonomie absolue dans le sens qu'une partie de leur financement,
pas le financement global mais une partie vient de l'État, des fonds
publics. Il est normal qu'à la subvention se rattachent certaines
exigences et certaines conditions portant sur la mission de ces
organismes...
M. Côté: Parfait.
M. Brassard:... les projets. D'ailleurs, dans le cadre de la
politique de financement et de reconnaissance, il y a un volet qui porte en
particulier sur les mandats, sur les projets. Ces projets et ces mandats
doivent s'établir en fonction de certaines priorités qui sont
établies à chaque année par le ministère.
M. Côté: Est-ce que je me tromperais
en avançant que le ministère a autant d'ascendant ou de
droits de regard sur les opérations des CRL et du RONLQ que le
ministère des Affaires sociales dans le cas des centres hospitaliers et
des CLSC?
M. Brassard: Ce n'est pas du tout les mêmes relations et
les mêmes rapports. Un centre hospitalier, cela fait partie d'un
réseau public qui est financé entièrement par
l'État. Ce n'est pas du tout semblable à un CRL, qui est un
organisme autonome, "volontaire", dont une partie du financement vient de
l'État, mais pas totalement et qui jouit d'une autonomie plus grande
qu'un établissement du réseau des affaires sociales et qui est
bien plus un partenaire qu'un établissement subordonné.
M. Côté: Dans le cas des CRL, parce que c'est un
dossier qui dure depuis déjà longtemps - on se l'est dit
tantôt; depuis un bon moment, il y a une problème - il ne semble
pas y avoir une très bonne compréhension du ministère.
Quel est le rôle des CRL aux yeux du ministère?
M. Brassard: En gros, ils ont un rôle de soutien aux
municipalités comme mandat global. Ils peuvent aussi avoir un certain
souci ou une certaine préoccupation en matière de concertation
intermunicipale ou régionale. Ils jouent un rôle important pour ce
qui concerne les Jeux du Québec, un soutien administratif aux Jeux du
Québec, comme on le sait. Mais le mandat principal des CRL, c'est
vraiment de soutenir les municipalités pour les aider à assumer
pleinement leur rôle de maître d'oeuvre en loisirs, en vertu du
livre blanc.
M. Côté: Si je me souviens bien, en 1982 ou 1983,
après un an ou deux d'activités des CRL, le ministère a
demandé une étude sur le rendement ou l'appréciation des
CRL, une étude qui, d'après mes informations, aurait quand
même été faite par une entreprise complètement
indépendante, pas par le ministère, mais une entreprise
complètement indépendante qui révélerait que le
taux de satisfaction était pas mal différent de celui du
gouvernement, actuellement. Le taux de satisfaction était de l'ordre de
95 % à 97 % du travail fait par les CRL. Est-ce que cette étude
est publique? Est-ce qu'elle peut être rendue publique? Depuis ce temps,
qu'est-ce qui fait qu'il semble y avoir une détérioration des
relations, des coupures de budget évaluées à peu
près 40 % depuis quatre ans?
M. Brassard: Effectivement, il y a eu cette étude au
début, qui était surtout reliée à l'application -
parce que cela commençait du progamme national de soutien aux
activités de loisir municipal. On voulait évaluer le taux de
satisfaction des municipalités à l'égard du CRL comme
appui ou soutien dans l'application de ce nouveau programme, de cette nouvelle
politique. Le taux de satisfaction, me dit-on, était assez
élevé. (10 h 45)
Moi, ce que je peux vous dire quant aux relations que vous
prétendez détériorées, les relations avec le
ministère, s'il y a eu quelque détérioration que ce soit -
je ne suis pas prêt a utiliser ce terme, mais, enfin -c'est surtout
à cause de la question budgétaire, c'est bien évident.
C'est clair que les CRL, comme le RONLQ, comme les fédérations
sportives, comme les fédérations de loisir, réclament
toujours davantage de ressources et qu'on ne peut pas répondre
totalement à leurs attentes. Pour ce qui est des CRL, cela explique
l'état des relations actuelles. Je dois dire que cela vient
peut-être aussi du fait que les CRL estiment, à tort, à mon
avis, qu'ils sont traités de façon inéquitable par rapport
aux autres secteurs du loisir, mais je pense que ce n'est pas exact. Si l'on
examine l'évolution des budgets dans les différents secteurs du
loisir, que ce soit les fédérations sportives, les
fédérations du loisir, le RONLQ, les CRL, les associations
régionales pour personnes handicapées, le ministère a
toujours pris soin, quand il s'agissait de leur imposer des compressions
budgétaires, de le faire je dirais avec équité.
M. Côté: Je suis heureux d'entendre le ministre dire
que, sur le plan des relations humaines entre le ministère et les CRL,
cela ne s'est pas détérioré. Le seul élément
c'est le budget. C'est beaucoup, c'est même très important,
lorsqu'on considère que le budget a diminué de 40 % au cours des
quatre dernières années; cela a des implications majeures compte
tenu du fait que pendant ce temps-là des mandats additionnels ont
été confiés aux CRL. Donc, comme dans certains autres cas
- on le verra ultérieurement - on donne des mandats additionnels et le
budget est coupé de 40 %. Effectivement, le ministre convient que, dans
ce cas-là comme dans d'autres cas, ce n'est pas spécifique aux
CRL, des coupures, il y en a ailleurs aussi, mais elles sont plus drastiques
dans le cas des CRL.
Mon petit exercice me permet de dire qu'au cours des cinq
dernières années, sans tenir compte de l'inflation, le budget des
CRL a diminué de 5 % plus les 40 % d'inflation et le budget du RONLQ a
augmenté, quant à lui, de 15 %. Dans ce cas-là aussi, il
faut tenir compte de l'inflation. Il y a quand même une distinction
très nette entre les deux qui n'est pas uniquement attribuable au
coût du loyer qui est augmenté.
M. Brassard: Sauf qu'il y a un CRL de moins qu'il faut
retrancher, celui de Montréal n'existe plus.
M. Côté: On verra. On arrive à d'autres cas
aussi où il y a des problèmes majeurs. Là où je
veux en arriver, c'est que, confiant des mandats additionnels aux CRL, ayant
des coupures budgétaires qui amènent inévitablement des
coupures de personnel -pour entrer dans les budgets, forcément, il faut
arriver avec des coupures - n'avez-vous pas l'impression que, si vous pouviez
faire une analyse aujourd'hui de l'état de la situation sur la
qualité du travail dispensé, vous pourriez peut-être avoir
un version différente de ce que vous aviez il y a quelques
années, compte tenu du fait que le personnel, parce que c'est là
que cela a coupé, a diminué ou a quant à lui dû
subir une baisse? On m'indique que c'est 35 % du personnel qui a disparu et le
personnel en place a dû subir une baisse tout à fait
exceptionnelle dans ses conditions de travail. Est-ce que c'est là le
problème fondamental dont il faut se parler aujourd'hui pour tenter de
le régler? Je ne vous ai même pas parlé des
représentants des handicapés, un par région, des fois
installés dans leur sous-sol avec un répondeur automatique, sans
secrétaire, sans photocopieur, sans aucune espèce de service de
soutien. On a finalement, au bout de la ligne, par ces coupures,
détérioré la qualité du travail et de
l'environnement de ceux qui ont à faire le travail.
M. Brassard: Je ne suis pas prêt à dire cela. Si
j'examine la façon dont les CRL remplissent les mandats qui leur sont
confiés, je dois dire qu'ils le font à notre satisfaction et
à la satisfaction - vous l'avez souligné tantôt - du milieu
concerné, en particulier du milieu municipal. Par conséquent, on
doit conclure qu'ils réussissent malgré la diminution de
ressources à accomplir correctement leurs tâches et à
remplir les mandats qui leur sont confiés.
M. Côté: Je comprends le...
M. Brassard: Ceci étant dît, je dois dire que sur la
question budgétaire des CRL... Vous dites qu'ils ont eu des mandats
nouveaux; oui, mais ils ont eu aussi des mandats en moins. Je parlais
tantôt des Jeux du Québec. Ils ont moins d'obligations maintenant
qu'ils en avaient il y a quelques années, en ce qui concerne les Jeux du
Québec. Alors, il y a eu des réductions de mandats,
également.
En ce qui concerne le budget, j'ai rencontré plusieurs fois les
CRL; c'est bien évident qu'ils avaient des demandes plus
considérables. Au cours de la dernière rencontre, je leur ai
expliqué que, compte tenu du contexte budgétaire et des exigences
venant du Conseil du trésor qu'on a dû respecter - comme tous les
autres ministères du gouvernement, d'ailleurs - on s'est quand
même efforcé et on a réussi, cette année, non
seulement à stabiliser les budgets, mais à leur accorder une
modeste - je suis bien prêt à la qualifier de modeste augmentation
de l'ordre de 2, 5 % pour ce qui est des CRL.
À la suite de longues discussions avec les CRL, le
ministère avait finalement mis au point une politique de reconnaissance
et une politique de financement; cette dernière s'est appliquée
un an seulement, soit pour l'exercice 1984-1985. Au cours de la dernière
rencontre, ils m'ont dit: Écoutez, on ne veut pas que les effets
négatifs de l'application de la politique de financement nous soient
imposés. L'un des principaux effets de l'application de la politique de
financement, c'était que le budget de certains CRL augmentait et que
celui de certains autres CRL diminuait. Ils ont fait un consensus, ils ont dit:
On ne veut pas que les effets négatifs de l'application de la politique
de financement nous soient imposés. On ne veut pas, autrement dit, qu'il
y ait de diminution de budget de certains CRL, même si, en contrepartie,
il y a une augmentation de budget de certains autres, on ne veut pas de cette
situation. Par conséquent, au fond, ils m'ont dit: On ne veut plus que
la politique de financement s'applique. On veut même revenir au statu
quo, avant l'application de la politique; que les CRL, qui ont vu leur budget
diminué de 3 %, l'an passé, à la' suite de l'application
de la politique, retrouvent ce financement cette année. Pour ce qui
reste des 85 000 $, que cela nous soit redistribué en fonction de
certains critères, la population, le nombre de municipalités.
Là-dessus, j'ai dit: Très bien. J'ai dit: Si c'est ce que vous
voulez... Au fond, je leur ai dit: Vous voulez que la politique de financement
cesse de s'appliquer, même si les fonctionnaires et vous avez
travaillé pendant longtemps, pendant même des années pour
en arriver à élaborer cette politique; si vous souhaitez mettre
fin à son application, très bien, c'est ce que l'on va faire. Les
85 000 $ seront répartis comme vous le voulez, c'est-à-dire
à peu près la moitié pour permettre aux CRL qui ont connu
une diminution de budget l'an passé de récupérer cet
argent; le reste, la moitié à peu près, en gros, sera
redistribué en fonction des critères dont je parlais
tantôt.
M. Côté: Je comprends les arbitrages, que certains
organismes vont en demander davantage. De toute façon, c'est exactement
le même jeu que le ministre a à faire avec le Conseil du
trésor lorsqu'il se présente devant lui. On a vu hier ce que,
cela donnait, dans certains cas, qu'il y a des
arbitrages à faire et que, forcément, il y a des secteurs
qui doivent perdre.
Le fait que ce budget ait diminué de 40 % occasionne des
services, je pense, normalement de moindre qualité dans le secteur. La
seule étude qu'on a, c'est celle de 1982 ou 1983, avant même
toutes les compressions ou en cours de compression. Si on en faisait une autre
aujourd'hui, peut-être que le résultat serait différent
quant à l'évaluation. Prenons un exemple; le CRL de la rive sud
de Montréal, qui avait à son emploi six personnes, est
passé à trois personnes. Il n'y a pas grand monde qui va me faire
croire qu'on puisse passer de six à trois personnes et que la
qualité des services ne soit pas affectée; sinon, vous êtes
en train de me dire qu'il y en avait au moins trois qui ne foutaient rien. Dans
le cas précis du CRL de la rive sud de Montréal, ce qui est
encore plus troublant... D'ailleurs, j'ai cherché une déclaration
que le premier ministre avait faite et je ne l'ai pas retrouvée - cela
se trouve dans le comté du premier ministre - c'est lorsqu'il avait
appris que le coût du loyer était de 30 330 $... Cela commence
à faire cher en ciboulette pour loger trois personnes! Lorsqu'on dit que
vous avez droit de regard, est-ce que vous avez droit de regard sur des
situations comme celle-là: de six à trois personnes, dans un
local qui coûte annuellement 30 000 $?
M. Brassard: Que! est le taux de satisfaction à
l'égard des CRL? Est-ce qu'il s'est détérioré par
rapport à ce qu'on a connu en 1981-1982? Pour le moment, je dois vous
dire que je n'ai pas de données pour répondre à une
question comme celle-là. Ce que je peux vous dire, cependant, c'est que
dans le cadre de la Conférence nationale du loisir - cela fait partie,
d'ailleurs, des différents sondages que vous avez demandés pour
l'étude des crédits - nous avons demandé un sondage sur
l'organisation et le développement du loisir auprès des
organismes régionaux de loisir. Il y en a un également qui
concerne les organismes locaux et je pense que ce rapport est à venir,
on ne l'a pas encore. Il devrait être disponible bientôt et il
devrait servir, évidemment, à la conférence sectorielle
sur les instances régionales. On devrait avoir l'instrument requis pour
connaître le taux de satisfaction des municipalités, entre autres,
et des organismes locaux de loisir à l'égard des CRL.
Je pense qu'il est demeuré très élevé. Il
est vrai qu'il y a certains problèmes particuliers dans certains CRL,
comme celui de la rive sud dont vous parliez tantôt. Je dois dire
d'ailleurs que l'efficacité et la productivité des CRL sont
inégales d'une région à l'autre. Il y a des CRL qui sont
plus efficaces et plus productifs que d'autres.
Je ne veux pas vanter le mien, mais celui du Saguenay-Lac-Saint-Jean a
une bonne réputation, une bonne cote.
M. Côté: C'est dans tous les domaines, au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, les gens sont bons.
M. Brassard: Celui de la région de Québec,
également, est bien coté. C'est inégal. Je pense que c'est
normal aussi.
M. Côté: On me dit aussi que...
M. Brassard: Dans l'Est du Québec? Oui, très bons
CRL.
M. Côté: J'imagine que ce sera pris en
sérieuse considération quant au budget à venir. D'autres
questions...
M. Brassard: On connaîtra bientôt, je pense - il n'y
a pas de raison que ce sondage demeure secret; on ne l'a pas fait pour qu'il
demeure confidentiel - le véritable taux de satisfaction à
l'égard des CRL, à partir de ce sondage. Il y a des questions
précises, dans le sondage, qui portent là-dessus.
M. Côté: D'accord. Est-ce que le principe de
l'action gouvernementale, pour ce qui est des CRL, est le même que dans
le cas du RONLQ? Est-ce que la philosophie du ministre en ce qui concerne ces
organismes est la même quant à l'intervention, aux plans de
développement qui doivent être soumis, aux budgets, etc. ? Est-ce
que ces deux organismes sont traités sur le même pied? (11
heures)
M. Brassard: Oui, les exigences qu'on leur impose sont
substantiellement les mêmes.
M. Côté: Je voudrais dire au ministre que j'ai
été quand même passablement étonné en prenant
connaissance du décret 150-85 publié le 23 janvier mais paru le
13 février 1985 dans la Gazette officielle, concernant le Regroupement
des organismes nationaux de loisirs du Québec, à qui on accorde
une subvention additionnelle. Il y a toute une série d'attendus pour en
arriver à une subvention additionnelle de 149 200 $. Comment cela se
justifie-t-il? Combien de fois faites-vous cela dans un cas comme
celui-là? Si c'est le cas pour le RONLQ, est-ce que cela ne pourrait pas
être le cas pour les CRL?
M. Brassard: Oui, sauf que cela s'explique. Je sais que les CRL
vous ont sûrement parlé de cela, mais je vais vous signaler que
les CRL ont obtenu le même budget en 1983-1984 et en 1984-1985,
c'est-à-dire 3 410 000 $. Le Cl dont vous parlez
avait pour but de ramener au même niveau qu'en 1983-1984 le budget
de 1984-1985 du RONLQ. En 1983-1984, le budget du RONLQ était de 3 679
000 $. Avec ce CT spécial, il est redevenu à 3 679 000 $. Par
rapport aux CRL, il n'y a pas inéquité puisque les CRL avaient en
1984-1985 le même budget qu'en 1983-1984; avec ce CT spécial, le
budget du RONLQ de 1984-1985 était ramené au même niveau
qu'en 1983-1984. La thèse -je sais que cela circule dans certains
milieux - des CRL et de la CORLQ est à savoir qu'ils invoquent ce CT
spécial pour dire: Voyez le RONLQ est traité différemment
sur le plan budgétaire. Quand on compare les budgets, ce n'est pas le
cas puisque cela a eu simplement pour effet de ramener au même niveau
qu'en 1983-1984 les budgets 1984-1985, c'est-à-dire à 3 679 000
$. C'était le même traitement qui était accordé aux
CRL et à la CORLQ.
M. Côté: Qu'est-ce qui fait qu'au moment où
le budget a été déposé on n'ait pas vu cela?
Qu'est-ce qui fait que, par la suite, on ait été obligé
d'intervenir par un CT spécial, que durant toute la planification et
avec tout le monde que vous avez on n'ait pas vu cela et que ce n'était
pas la volonté du ministère, dès ce moment, de
créer une parité? Vous en parlez de la parité et, tout
à coup, au mois de janvier, on dit: Bon, parfaitl C'est le temps
d'arriver avec la parité. Est-ce parce qu'il y a plus d'influence au
niveau du ministère ou vis-à-vis de certaines personnes ou
pas?
M. Brassard: Pardon? Je n'ai pas compris la dernière
question.
M. Côté: Est-ce que c'est compte tenu de l'influence
qu'on a auprès du ministère ou des entrées qu'on a
auprès du ministère? C'est assez rare... Est-ce que cela vous
arrive souvent de passer comme cela par cette méthode pour arriver avec
des crédits additionnels?
M. Brassard: Oui.
M. Côté: Très souvent?
M. Brassard: Bien...
M. Côté: Dans le cas de ces
organismes-là?
M. Brassard: Je l'ai fait pour la Fédération des
motoneigistes dès mon arrivée au ministère.
M. Côté: J'aurais pu me faire prendre...
M. Brassard: Mme la députée de Johnson est
parfaitement au courant d'ailleurs; elle a été très
satisfaite de cela.
J'ai augmenté à 400 000 $ le budget consacré
à la Fédération des motoneigistes.
M. Côté: Et dans d'autres cas?
M. Brassard: Ce sont des choses qui peuvent se faire.
M. Côté: Y a-t-il d'autres cas?
M. Brassard: Ce sont des choses qui arrivent. Concernant les CRL,
par exemple, je suis encore actuellement en réflexion, non par rapport
è leur budget de fonctionnement, mais plutôt par rapport aux Jeux
du Québec. Je regarde les choses actuellement, je
réfléchis sur cette question relativement au budget qui leur est
accordé pour l'organisation et la tenue des Jeux du Québec. Je
n'ai pas encore pris de décision. Si je prenais une décision
d'augmenter le budget consacré aux Jeux du Québec, on aurait un
autre exemple. Ce sont des choses qui peuvent se produire.
M. Côté: Vous cheminez dans le dossier.
M. Brassard: Sur la question des jeux. Sur la question du budget
de fonctionnement, je demeure ferme, ils ont une augmentation de 2, 5 % et
répartie comme ils le veulent, comme ils l'ont voulue et c'est sûr
que cela ne changera pas.
M. Côté: Deux derniers aspects parce qu'il y a quand
même autre chose dans le ministère aussi. Vous avez
rencontré des représentants des CRL qui vous ont fait part,
à la suite d'une première rencontre avec votre
prédécesseur, d'un dossier dans lequel il y a des faits et des
affirmations fort importants. Est-ce que dans votre ministère, dans
votre réflexion - j'espère qu'elle ne porte pas uniquement sur
des sommes additionnelles ou la vocation des jeux - vous allez confier à
quelqu'un la responsabilité d'analyser cette situation et de mettre au
travail du monde dans le but d'unifier tout cela et d'augmenter, autant que
possible, la qualité du service offert à la population tout en
donnant aux gens qui oeuvrent à l'intérieur des CRL, les
employés, des conditions normales de travail?
On ne s'est pas parlé des handicapés, vous ne m'en avez
pas parlé tantôt. Les handicapés qui travaillent en
région - vous le savez fort bien, cela vous a été dit -
dans certains cas, sont installés dans des maisons. Dans certains cas,
ils ont des répondeurs automatiques parce qu'ils n'ont pas de personnel
de soutien, pas de secrétaire, pas de photocopieur. C'est une situation
qui est quand même dramatique. J'imagine que, si on a reconnu l'existence
de ces travailleurs è l'intérieur du ministère, il faut
aussi les
soutenir, ce qui ne se fait pas actuellement.
À l'intérieur du document qui vous a été
soumis, et dont j'ai copie, il y a des choses qui sont analysées
très froidement. Le but de ma question - j'imagine que dans le
passé vous l'avez suivi, comme ministère - est-ce qu'aujourd'hui,
ou demain, on peut s'attendre à des rencontres plus serrées avec
les représentants des CRL pour faire cheminer tous les points de
friction, ce que Mme Marois aurait pu appeler les irritants? Il faut
éliminer le plus possible d'irritants de façon que les CRL
donnent une qualité additionnelle de services quoique, compte tenu de
l'état des budgets, la qualité des services semble très
appréciable. Dans ce sens, il faut que le ministère se mette
à table pour que les CRL puissent se sentir des partenaires du
ministère tous aussi importants, c'est le ministre qui l'a dit
tantôt... Il circule que le RONLQ est mieux traité que les CRL. Si
cette opinion circule dans le milieu, c'est peut-être basé sur
certains faits de coupures budgétaires qui sont plus drastiques dans le
cas des CRL que dans le cas du RONLQ.
M. Brassard: Je continue de maintenir que ce n'est pas le cas,
que c'est une thèse qui n'a pas de fondement et ne se prouve pas par des
données chiffrées. Les CRL ne sont pas traités de
façon inéquitable, c'est ce que je continue d'affirmer.
Quant aux relations avec eux, elles ont toujours été
régulières, fréquentes entre le ministère et les
CRL ou la CORLQ. On leur confie plusieurs mandats. Il est évident que le
ministère est intéressé à ce que ces mandats soient
respectés. Je ne vois pas ce qu'on pourrait apporter de plus aux
relations actuelles, qui connaissent peut-être quelques soubresauts mais
qui n'ont jamais été interrompues. Elles se sont toujours
poursuivies et elles vont se poursuivre avec les CRL aussi bien qu'avec les
fédérations et aussi bien qu'avec le RONLQ. Vous savez
très bien que dans la perspective de la politique du loisir au
Québec ces organismes sont considérés - à juste
titre d'ailleurs -comme des partenaires dans le monde du loisir et dans le
monde du sport. Je pense que le terme implique à ce moment que si on les
considère comme des partenaires cela doit signifier qu'on a avec eux des
relations régulières, fréquentes et je dirais même
quasiment organiques.
M. Côté: Une dernière question, M. le
Président. Si mes informations sont bonnes, il y aurait une trentaine de
syndicats ou de sections syndicales qui négocient
séparément des conventions collectives dans ces cas. Une demande
vous a été faite par l'entremise des représentants afin
d'avoir une seule négociation pour que la qualité des conditions
de travail des employés, des excellents employés du
Saguenay-Lac-Saint-Jean soit comparable...
M. Brassard: Ils ne sont pas syndiqués.
M. Côté:... puisse être comparable -même
s'ils ne le sont pas, de toute façon ils font le même travail -
à celle de la région de Québec ou à celle de la
rive sud de Montréal ou d'ailleurs. Chez vous est-ce qu'il y a une
ouverture d'esprit à ce sujet? Êtes-vous ouvert à cela?
M. Brassard: Je les ai rencontrés, c'est vrai, à
plusieurs reprises è ce sujet, y compris les CRL. On en a discuté
avec eux et j'en ai également discuté avec le RONLQ et avec les
représentants syndicaux. J'ai même rencontré, avant la
période des fêtes, M. Charbonneau, puisqu'un des syndicats que
l'on retrouve dans plusieurs de ces organismes est affilié - comme vous
le savez - à la CEQ. Il y en a d'autres qui sont affiliés
à la CSN également. Ma position, comme celle du ministère,
a toujours été la même. Cela a été de dire:
Écoutez, vous me demandez si je suis favorable à une table
centrale et à des négociations centralisées dans le monde
du loisir, ou évidemment, en contrepartie, si je suis favorable à
une négociation décentralisée, organisme par organisme. Ma
réponse, je la répète, c'est ce que je leur ai toujours
dit, c'est: Je ne suis ni favorable, ni hostile à une table centrale. Si
vous autres du monde du loisir, la CORLQ, le RONLQ, souhaitez établir
une table centrale et discuter de façon centralisée, je n'ai pas
à vous en empêcher et je n'ai pas non plus à poser des
gestes pour que cette chose ne se fasse pas. Si c'est ce que vous voulez, vous
êtes parfaitement libres de le faire. Par contre, si vous ne voulez pas
de table centrale et si vous voulez continuer de négocier organisme par
organisme, chaque CRL négociant avec son syndicat, je ne peux pas vous
en empêcher non plus. (11 h 15)
Je sais bien qu'on peut dire: Vous subventionnez ces organismes dans une
large mesure et, par conséquent, vous pouvez avoir un droit de regard
sur la façon dont ils gèrent quotidiennement leur activité
et leur budget. Moi, je dis: Non, la gestion quotidienne n'est pas de notre
ressort. Ce dont nous avons à nous préoccuper, c'est qu'on leur
confie des missions, des mandats. Ils ont des objectifs à atteindre, des
objectifs qu'on a établis en commun, c'est cela qui nous
intéresse comme ministère. Est-ce qu'ils sont capables
d'atteindre, est-ce qu'ils ont réussi à atteindre les objectifs?
Est-ce qu'ils ont réussi à accomplir leur mandat, à
accomplir la mission, la vocation qui leur était octroyée? Je ne
pense pas que je doive, comme ministre, imposer aux
organismes, qui ont quand même chacun des conseils
d'administration, qui jouissent d'une relative autonomie - qui n'est pas
absolue, j'en conviens - qui sont des organismes volontaires constitués
de comités locaux, d'organisations du milieu, une façon de
négocier. En même temps, je n'ai pas non plus, je pense, comme
ministre, à leur indiquer des préférences en
matière de négocation. Cela explique le télégramme
dont vous avez cité un extrait tantôt. Au fond, voici ce que je
leur dis: La façon dont les conventions collectives, là où
il y a des syndicats, doivent se négocier c'est votre
responsabilité. Si vous voulez une table centrale, moi, je vous dis tout
de suite que je ne grimperai pas dans les rideaux, que je ne ferai pas
d'interventions pour empêcher que la table centrale se crée. Si
vous n'en voulez pas, je ne ferai pas non plus d'interventions pour vous
obliger à vous asseoir à une table centrale.
M. Côté: C'est ça, il faut que cela vienne du
milieu.
M. Brassard: C'est ça.
M. Côté: En conclusion sur ce dossier, à
moins de me tromper, le ministre admet volontiers qu'il y a eu des coupures
dans les budgets, qui peuvent être de l'ordre de 40 % ou à peu
près, au cours des cinq dernières années. Là
où cela diffère dans l'analyse c'est que le ministre a tendance
à croire que ces coupures n'ont pas affecté la qualité des
services dispensés aux municipalités ni la qualité des
conditions de travail des travailleurs. Est-ce que j'ai raison de dire
cela?
M. Brassard: C'est-à-dire que la conclusion est qu'il y a
effectivement une diminution des ressources. Elle est de tel ordre...
M. Côté: 35 %.
M. Brassard: Il faut tenir compte qu'il y a un CRL en moins,
c'est quand même important. Un CRL en moins cela veut dire en moyenne
quelque 200 000 $, peut-être plus. Cela affecte quand même la
masse, l'enveloppe globale. Il y a moins de ressources, je le reconnais, comme
c'est le cas d'ailleurs dans bien des secteurs de l'appareil gouvernemental et
des secteurs public et parapublic. Pourquoi? Je pense que dans le monde du
loisir on doit aussi faire des efforts pour rationaliser nos actions et faire
en sorte qu'on remplisse les mêmes mandats et qu'on rende les mêmes
services avec la même qualité, mais cependant avec des ressources
moindres. J'ai hâte de voir le résultat du sondage qui est en
cours et qui devrait être connu bientôt, mais l'impression que j'ai
c'est qu'effectivement, même s'ils ont connu une diminution de
ressources, les CRL, pour ce qui concerne en tout cas les CRL, accomplissent
correctement et même dans certains cas remarquablement leur mission.
Le Président (M. Le Blanc): M. le député
d'Iberville m'a demandé la parole.
M. Beauséjour: Sur le même sujet, M. le
Président, il y a une remarque générale que j'aimerais
faire. J'ai comme l'impression que l'Opposition, quand elle travaille à
l'Assemblée nationale, a une calculatrice qui ne doit pas être
électronique. Je ne peux pas voir, ce doit être une calculatrice
qui est défectueuse ou qui est influencée par les rayons du
soleil. Ici, on voit l'extérieur, probablement que ce sont des rayons
qui sont différents de l'Assemblée nationale, où c'est
fermé. Ce que je remarque d'une façon générale, ce
qu'on a saisi dans les discussions d'aujourd'hui, les discussions dans les
commissions parlementaires, c'est que l'Opposition nous dit souvent que si,
à tel endroit il y a des coupures dans le budget, cela risque de
diminuer les services - tantôt on a parlé des services aux
municipalités -et que cela diminue la qualité des conditions de
travail des travailleurs, toutes ces choses-là. Cela, c'est une
façon de calculer financièrement et même, des fois, quand
il y a des crédits périmés, l'Opposition se pose des
questions. C'est effrayant, qu'est-ce qui se passe là? On sait, d'une
façon générale, que ce qui coûte le plus cher,
ordinairement, dans à peu près tous les domaines, c'est souvent
les salaires.
Par contre, on pourra remarquer - les gens, d'ailleurs, pourront
vérifier avec ce qui se passera à l'Assemblée nationale -
que la calculatrice a tout changé. Ce ne sont les plus les mêmes
chiffres, puisque ce qu'on entendra, c'est au sujet du déficit, à
savoir que le déficit est beaucoup trop gros, et à peu
près tous les mots du dictionnaire pour le signaler sortiront. Ce qui
veut dire que la calculatrice a quelque chose de défectueux, dans le
sens qu'on veut avoir plus de services dans tous les ministères, des
meilleures conditions pour tout le monde et, quand on arrive avec le budget
global à l'Assemblée nationale, là, on ne veut plus de
déficit. Soit que la calculatrice est défectueuse ou, M. le
Président, ceux qui promettent une administration de ce style, chez les
libéraux, j'ai l'impression que c'est leur administration qui serait
défectueuse.
Soutien aux équipements de loisir
Je reviens d'une façon concrète sur le premier sujet, le
programme PADEL. Je voudrais que le ministre me dise où cela en est
rendu sur le plan national, les
équipements de loisir. Je sais qu'il y a eu une espèce de
sondage; on a envoyé des lettres aux municipalités pour savoir ce
qu'elles avaient comme équipements. Eventuellement, je sais qu'à
un moment donné au ministère il était prévu - je ne
me souviens pas en quelle année - d'avoir un plan national
d'équipements de loisir. Où en est-on rendu dans ces
démarches?
M. Brassard: D'abord, pour ce qui est des équipements de
loisir en milieu municipal, aussi bien qu'en milieu scolaire et dans les
entreprises privées, ce n'est pas récent. Cela fait une douzaine
d'années qu'on essaie de mettre à jour, de maintenir à
jour un inventaire des équipements de loisir dans tous les secteurs, pas
uniquement dans le domaine municipal. Il y a beaucoup d'équipements de
loisir, vous le savez, qui appartiennent aux commissions scolaires et il y en a
aussi beaucoup qui appartiennent au secteur privé.
Ce qui est en train de se faire présentement - cela explique
l'évocation que vous faites d'une lettre aux municipalités -c'est
la mise è jour de l'inventaire des équipements. Je pense que
c'est important de savoir exactement quelle est la situation en matière
d'équipements de loisir au Québec, leur localisation, le type
d'équipements, qui possède ces équipements, qui
gère ces équipements. On a déjà, il y a plus de dix
ans, dressé un inventaire semblable; donc, on dispose, à ce
moment, d'un outil important qui nous permet d'avoir une vision de la situation
générale au Québec en matière d'équipements
de loisir. Alors, ce n'est pas nouveau. Ce qui explique les lettres aux
municipalités, c'est la mise à jour qu'on est en train de
faire.
Pour ce qui est du plan national d'équipements, effectivement,
c'est un des éléments du livre blanc qui n'a pas encore
été appliqué. C'est un des rares éléments,
d'ailleurs, du livre blanc sur le loisir de 1978 qui n'a pas encore
été appliqué, le plan national d'équipements. Quand
on parle d'équipements, on parle des équipements lourds et
intermédiaires: les arénas, les gymnases, etc. Il est
évident qu'il n'est pas encore en vigueur. Il y a un certain travail, je
dirais, de défrichage qui s'est fait à ce sujet-là,
à savoir quelle forme, quelle orientation cela pourrait prendre, quels
critères on pourrait retrouver dans un plan semblable. Mais il est
évident qu'il ne s'appliquera pas, ne sera pas en vigueur en 1985-1986.
Il n'y a rien de prévu dans les budgets à cette fin. Ce qui est
prévu, cependant, c'est d'essayer de poursuivre la réflexion et
les consultations pour essayer d'en arriver à la fin de l'exercice
peut-être à avoir un projet de programme d'équipements, de
plan national d'équipements qu'on pourrait ultérieurement
appliquer dans d'autres exercices financiers.
Quand je parle de consultation, effectivement, j'ai déjà
rencontré dès le début de l'année, c'est même
è la fin de l'année 1984, en décembre, le monde municipal
dans le cadre de la conférence Québec-municipalités.
J'étais accompagné du ministre des Affaires municipales et je
leur ai soumis un certain nombre de textes portant sur un possible plan
national d'équipements de loisir. Je leur ai demandé de
m'exprimer à ce sujet-là leur réaction, leur position,
leurs recommandations, comment ils verraient un tel plan national
d'équipements, à quelles attentes on devrait répondre,
comment cela pourrait s'appliquer et quelle serait la participation des
municipalités au financement d'un tel plan. En fait, j'ai demandé
au monde municipal: Comment voyez-vous un plan national d'équipements?
C'est cette consultation que j'ai enclenchée avec le monde municipal. Il
est évident que je vais la poursuivre aussi à l'occasion de la
conférence sectorielle portant sur les instances locales et les
instances municipales en matière de loisirs. Il y a une
conférence sectorielle dans le cadre de la Conférence nationale
du loisir qui est prévue à cette fin. Là, une partie de la
réflexion à l'occasion de cette conférence sectorielle
pourrait porter sur ce plan national d'équipements de façon
à pouvoir dégager le plus de consensus possible sur ce sujet.
M. Beauséjour: Cette conférence est prévue
pour cette année?
M. Brassard: Pour l'automne prochain. Il y aura des
conférences sectorielles dès ce printemps-ci, en particulier
celle sur le développement sportif de base.
M. Beauséjour: Ce qui veut dire que pour ce qui est du
plan national...
M. Brassard: Je pense que là il faut être bien
clair. Je vais être bien franc avec vous, il ne faut pas compter sur un
quelconque plan national d'équipements...
M. Beauséjour: À brève
échéance.
M. Brassard:... qui s'appliquerait cette année. En
1985-1986, c'est PADEL qui se poursuit et, comme vous le savez, compte tenu des
budgets qui sont alloués à ce programme, on a tendance à
ne pas toujours tenir compte des projets qui sont trop coûteux: les
projets d'aréna, de gymnase, sinon à ce moment-là cela
réduirait considérablement le nombre des projets acceptés
dans le cadre de PADEL. Alors, la règle depuis quelques années
c'est qu'on juge et qu'on accepte les projets qui sont de 85 000 $ et
moins.
Pour ce qui est des gros équipements lourds, c'est vrai qu'il n'y
a pas de programme, mais il est arrivé aussi à l'occasion et de
façon ponctuelle que mon ministère, de concert souventefois avec
le Fonds de développement régional, ait financé en partie
certains équipements lourds, comme des arénas, des gros centres
communautaires, mais ce n'était pas dans le cadre d'un plan national
d'équipements. Celui-ci ne verra sans doute pas le jour et ne sera
sûrement pas appliqué au cours de l'exercice financier 1985-1986,
mais des consultations se poursuivent avec évidemment l'intention d'en
arriver peut-être l'an prochain avec un programme semblable. La
consultation est importante à ce sujet-là. Il faut vraiment
savoir quelle est l'attente des municipalités et quelle participation
elles sont aussi prêtes à assumer.
M. Beauséjour: Merci. M. le Président, c'est une
question et le député de Charlesbourg a aussi posé des
questions et passé des commentaires concernant l'élément
1. Est-ce que cela veut dire qu'on est mieux d'attendre un autre
élément? (11 h 30)
M. Côté: Non, non, on le fait globalement et si vous
avez une question...
Gestion interne et soutien
Aide à la jeunesse et projets
spéciaux
M. Beauséjour: C'est au programme 5. J'ai l'impression que
c'est là. Je regarde l'élément 3: Aide à la
jeunesse et projets spéciaux. Si c'est exact, en ce qui concerne les
Jeunes volontaires, on a donné la responsabilité, maintenant, au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Est-ce qu'on
pourrait avoir une idée des projets? Je ne sais pas si, les Jeunes
volontaires, c'est dans les projets spéciaux ou à l'aide à
la jeunesse, il faudrait peut-être le préciser. Les projets,
est-ce que cela est allé chercher, en totalité, les 2 739 000
$?
M. Brassard: D'accord.
M. Beauséjour: C'est cela. Est-ce qu'il y a eu beaucoup de
projets? Qu'est-ce qu'il y a eu là-dedans? Une espèce de
résumé... Qu'est-ce qui s'est passé à ce
chapitre?
M. Brassard: Le programme des Jeunes volontaires, effectivement,
a été transféré au ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche, l'an dernier. Il a très bien
fonctionné. D'ailleurs, j'en ai parlé un peu dans mon
introduction, hier. Il y a plus de 7000 jeunes, en 1984-1985, qui ont
participé à 1325 projets, effectivement.
M. Beauséjour: Combien?
M. Brassard: 1325 projets. Il y a 7136 jeunes exactement qui ont
participé, l'an dernier, à des projets de Jeunes volontaires. Ce
sont des projets qui pouvaient varier entre deux mois et dix ou douze mois.
Donc, cela fonctionne très bien. La raison du succès, je pense
qu'elle est assez simple. C'est qu'il y a, sur le territoire du Québec,
81 comités locaux formés de bénévoles qui suscitent
des projets, qui les examinent et qui en recommandent l'acceptation au
ministère. Comme vous le savez, c'est un programme, non pas de
création d'emplois -il ne faut pas confondre - mais un programme de
formation. Les jeunes conçoivent eux-mêmes leurs projets et ils
les gèrent eux-mêmes. Ils ont évidemment de l'aide, un
certain soutien de la part d'organismes locaux et aussi de l'agent de formation
qu'on embauche dans les commissions scolaires, sur le territoire, mais il y a
vraiment une autonomie très forte qui est accordée aux jeunes qui
conçoivent, bâtissent et gèrent eux-mêmes le projet,
ce qui fait, évidemment, que cela a un effet important sur la formation
et sur l'acquisition d'apprentissage chez tes jeunes.
Il est évident que l'intention du gouvernement est de poursuivre
dans cette voie. Le programme réussit, il obtient un large succès
partout sur le territoire du Québec, les jeunes sont
intéressés à un programme semblable et on va même
essayer de l'élargir. Notre intention est de passer, dans les mois qui
viennent, de 81 comités -locaux à 110, d'augmenter le nombre des
comités locaux parce que c'est évidemment la raison principale du
succès d'un tel programme.
Cette année, pour le moment en tout cas, on dispose d'un budget
semblable à celui de l'an passé, c'est-à-dire 13 500 000
$. Il faut donner une petite explication importante, je pense. Ce qui
apparaît au budget du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, c'est le budget de fonctionnement du programme, donc
l'équipe de fonctionnaires requis pour gérer le programme et le
financement des comités locaux et du comité directeur central,
qui est de 2 639 000 $. Le reste du budget se retrouve au ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Quand le projet est
accepté par nous, via les comités locaux, on en assure le suivi,
mais le financement, une fois qu'il est accepté, vient du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Par exemple, l'augmentation, les 150 $ qui sont accordés à chaque
jeune participant...
M. Beauséjour: Combien?
M. Brassard: 150 $ par mois. S'il reçoit
de l'assurance-chômage, cela s'ajoute à son
assurance-chômage. S'il reçoit de l'aide sociale, cela s'ajoute
à son aide sociale. Il y a également 100 $ par mois, par
participant, pour le projet lui-même. S'ils ont un local è louer
ou des matériaux et des équipements à acheter, c'est 100 $
par jeune participant par mois. Cela vient du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Alors cela explique
que nous n'avons dans notre budget au programme 5 que 2 739 000 $. C'est
vraiment le budget de fonctionnement du programme. Le budget de financement du
programme ou des projets, cela vient du ministère de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu.
M. Beauséjour: M. le Président, à ce
moment-là de quelle façon les 81 comités locaux, et vous
dites qu'ils devraient s'en former d'autres, se forment et est-ce qu'il y a un
nombre prévu par région ou si c'est plus
décentralisé?
M. Brassard: C'est assez décentralisé. Il y a
peut-être des exceptions mais, règle générale, un
comité local correspond à un centre Travail-Québec. Donc,
cela peut vouloir dire que cela couvre le territoire à peu près
d'une MRC. Cela coïncide avec le territoire d'une MRC.
Généralement, il est très étroitement
associé au bureau de Travail-Québec. Il faudrait
évidemment vérifier région par région, mais,
très souvent, là où il y a un bureau de
Travail-Québec, il y a un comité local de Jeunes volontaires
composé de bénévoles, des gens du milieu qui y ont une
certaine crédibilité. Il y a aussi des jeunes qui siègent
au comité et qui ont pour tâche de faire connaître le
programme, de susciter des projets, mais aussi de les examiner et d'en
recommander l'acceptation.
Alors, chez vous on peut vérifier. Votre région c'est?
M. Beauséjour: La région 06.
M. Brassard: Alors, pour la région 06, il y en a un
à Beloeil-Saint-Hubert, Granby, Châteauguay, Longueuil, Sorel,
Saint-Jean, Valleyfield et Vaudreuil. Alors, je remarque qu'il n'y en a pas
à Iberville.
M. Beauséjour: Non, mais il faudrait que je donne toute
l'explication du comté d'Iberville où souvent il y a des
services, entre autres, une partie du comté à Saint-Jean, une
autre partie du comté...
M. Brassard: Vous avez une situation particulière
aussi.
M. Beauséjour:... on trouve des services à Granby.
Une autre partie à Saint-Hyacinthe, une autre partie à
Cowansville, Bedford, cela dépend.
M. Brassard: Mais ce n'est pas une obligation que cela coincide
avec les bureaux de Travail-Québec.
M. Beauséjour: C'est que j'ai, M. le Président, un
comté où tous les services sont autour. C'est assez
spécial.
M. Brassard: Les services sont en périphérie.
M. Beauséjour: C'est cela. M. le Président,
j'aimerais savoir quel est le genre ou le style de projets qui reviennent le
plus souvent? En gros, je voudrais savoir si cela touche, entre autres, des
projets seulement avec des jeunes. Est-ce que cela déborde sur des
personnes plus âgées?'
M. Brassard: Cela ne touche que les jeunes, mais cela peut
être utile à des organismes locaux, cependant. Par exemple, dans
une maison de jeunes, il y a des jeunes qui peuvent concevoir un projet dans le
cadre du programme Jeunes volontaires à l'intérieur de cette
maison de la jeunesse pour offrir un certain nombre de services ou faire de
l'animation. C'est possible. C'est même très fréquent. La
plupart du temps, les projets de Jeunes volontaires sont conçus et
gérés par les jeunes, mais ils sont utiles à des
organismes locaux, généralement sans but lucratif, ou à
des municipalités ou à des fabriques.
Il y a beaucoup de projets qui se situent dans le domaine qu'on pourrait
qualifier de communautaire ou le domaine social, l'aide aux personnes
âgées, des choses du genre. Il y a beaucoup de projets qui sont
dans ce secteur-là. Il y a beaucoup de projets qui se situent
évidemment - cela aussi, c'est compréhensible - dans le secteur
des loisirs: animation de loisirs et des choses du genre.
Il y a aussi quelques projets qui aboutissent à la
création d'une véritable petite entreprise. Cela aussi est
intéressant. Il y a d'ailleurs un volet dans le programme, cette
année, qui va encourager la création d'une petite entreprise.
Souvent, des jeunes ont une idée qui peut, à la fin du projet,
donner naissance à une petite entreprise. Ils créent donc leurs
propres emplois dans le cadre du programme Jeunes volontaires. Je donne un
exemple. J'en ai visité une récemment à Montréal.
C'est un groupe de jeunes dans le cadre du programme Jeunes volontaires qui ont
conçu et mis sur pied une fabrique de cerfs-volants. Ils fabriquent des
cerfs-volants. Évidemment, cela va très bien. Ils ont acquis une
connaissance approfondie de ce qu'est le cerf-volant et comment on le fabrique.
J'ai visité leur atelier, ce sont de très beaux cerfs-volants; il
ne s'en fabrique pas beaucoup au Québec, alors, évidemment, ils
ont l'intention de lancer, après la fin de
leur projet, une véritable entreprise où il y aurait un
atelier et où on fabriquerait des cerfs-volants, et ils essaieraient
d'écouler leur production dans différents réseaux dans
tout le Québec.
Un autre exemple - celle-là, je ne l'ai pas visitée, mais
cela me vient à l'esprit -un groupe de jeunes a mis sur pied une
garderie d'animaux domestiques. Beaucoup de gens ont des animaux domestiques,
des chiens ou des chats. Lorsqu'ils partent en voyage ou en vacances, souvent
ils ne savent pas comment faire garder leurs animaux; ils n'ont pas de voisins
ni de parents qui s'en chargent. Il y a une demande, aussi drôle que cela
puisse paraître, dans ce domaine-là. Ils ont créé
une garderie d'animaux et cela fonctionne très bien. Alors les gens qui
partent en vacances ou en voyage amènent leurs animaux, leurs chiens et
leurs chats, à cette garderie et les jeunes gardent les animaux pendant
la durée de leur absence. Cela fonctionne très bien. Il y a de
bonnes chances que cela demeure après la fin du projet Jeunes
volontaires.
M. Beauséjour: Le ministre pourrait-il me dire combien de
projets débouchent soit sur un service, soit une industrie ou des choses
comme cela et fonctionnent sur une base permanente?
M. Brassard: C'est peu.
M. Beauséjour: En général, c'est
plutôt temporaire. Expérience,..
M. Brassard: Ce sont de 10 % à 12 % environ des projets
qui peuvent déboucher sur du permanent. Dans l'ensemble, 85 % et plus se
situent dans le secteur des services, soit communautaires soit de loisirs.
M. Beauséjour: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Charlesbourg.
Plein air, parcs et réserves
M. Côté: M. le Président, j'aimerais, avec
votre permission, aborder maintenant le programme ou du moins traiter un peu du
programme 3, Plein air, parcs et réserves.
Dans un premier temps, j'aimerais faire un petit tour d'horizon, compte
tenu de l'importance de ce budget, environ 33 % ou 35 % du budget, selon les
années, compte tenu qu'on est dans l'incertitude quant à savoir
s'il y aura des élections générales ou des
élections partielles et que la loi 13 pourrait demeurer en plan,
étant donné que la 2e lecture n'est pas encore faite. Il faut se
rappeler qu'il y a quand même des changements dans la loi 13 par rapport
à la loi 9. Il faudra se souvenir que le député de
Saint-Maurice, qui était ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche à l'époque, avait souligné l'effort de
démocratisation de la démarche, un effort de consultation, et
c'est ce qui avait amené la loi 19 plutôt que des décisions
par un simple arrêté ministériel. Il avait souligné,
d'ailleurs à juste titre, que c'était un projet qui était
sur les tablettes de son prédécesseur, M. Claude Simard. Ce qu'il
nous disait aussi: "Ce projet est le premier jalon pour bâtir au
Québec un véritable réseau de parcs. Nous avons connu des
situations où, entre autres -disait-il - Hydro-Québec, les
entrepreneurs, le gouvernement, le ministère des Travaux publics, le
ministère des Terres et Forêts, des exploitations minières
pouvaient à peu près sans frein, sans aucune
réglementation sérieuse, devrais-je dire, procéder
à des travaux d'exploitation ou de prospection sur les territoires du
Québec. " Evidemment ou pourrait facilement faire
référence à Aiguebelle et à tout le contentieux qui
s'en dégage. (11 h 45)
Lors de la troisième lecture, il insistait pour souligner ceci:
"Le mécanisme de consultation, qui n'existe nulle part dans aucune loi,
même pas dans la Loi sur les réserves écologiques
votée par le gouvernement libéral précédent, est
une innovation qui rend bien tangible et bien concret ce désir de
consultation et de transparence dont on parle tant depuis quelques mois au
Québec. "
En prenant connaissance d'un certain nombre de documents du
ministère, on en arrive à connaître véritablement
les pensées. Dans un dépliant explicatif du ministère sur
la loi 19, ce qu'on y trouve - et c'est bon de conserver les choses - c'est que
la Loi sur les parcs est associée à une volonté ferme de
conservation. "Les parcs de conservation - est-il écrit dans le
dépliant -visent à protéger au profit des
générations actuelles et futures certains territoires
représentatifs des régions naturelles du Québec ou des
sites à caractère exceptionnel. "
Évidemment, on vante les principes des auditions et on dit: "Ces
audiences seront garantes des désirs et des besoins de la population.
Elles empêcheront que des décisions se prennent dans le secret,
évitant ainsi que les citoyens ne se retrouvent impuissants devant les
faits accomplis. " C'était un petit dépliant fait par le
ministère et qui découlait de la loi 19. Très bien.
Un autre petit dépliant du ministère, c'est celui des
parcs québécois, plus récent d'ailleurs - je ne peux pas
trouver la date, mais il est sûrement plus récent - et qui
traitait d'une véritable politique des parcs québécois. La
question qui se posait à ce moment, elle est très bonne, je l'ai
trouvée
après notre commission malheureusement, mais suffisamment
à temps pour être capable de s'en parler à nouveau et de
s'en reparler éventuellement dans la mesure où il y aura une
deuxième lecture.
C'est intéressant de lire, en gros titre, "Où est la
différence?" Il était écrit: "Y a-t-il une
différence entre un parc de conservation et un parc de
récréation? S'il n'y en avait pas, la Loi sur les parcs n'aurait
prévu qu'un type de parc et non deux. L'un se distingue de l'autre
surtout en raison des motifs invoqués pour le créer. Quand on
créera un parc de conservation, ce sera parce qu'on aura voulu
protéger un élément représentatif d'une
région naturelle ou un site exceptionnel. Quand on créera un parc
de récréation, ce sera pour satisfaire un besoin de plein air. Au
surplus, dans un parc de conservation, on écartera les
aménagements lourds, tels, par exemple, les pistes de ski alpin, les
remontées mécaniques, les terrains de golf, bref, les
équipements qui entraînent un impact important sur les milieux
naturels. "Mais, pour le ministère, les Québécoises et les
Québécois devront être plus que de simples consommateurs de
leurs parcs. Ils devraient en être propriétaires et en
conséquence s'associer aux décisions relatives à leur
création, à leur délimitation, à leur
aménagement ainsi qu'à leur exploitation. " Je ne vous le fais
pas dire dans le cas du Mont-Saint-Bruno, c'est très évident que
c'était vertueux d'impliquer la population dans toutes ces phases...
M. Tremblay: Elle est très impliquée dans le cas du
Mont-Saint-Bruno.
M. Côté: Un instantl Si on veut me laisser la
parole, M. le Président, je sais que le député de Chambly
aura le loisir d'intervenir s'il le veut, ce n'est pas moi qui vais
l'empêcher.
Le Président (M. Marquis): M. le député, il
ne s'agit que de lever la main, de faire mention au président qu'on veut
prendre la parole et je vous donnerai la parole après l'intervention du
député qui l'a actuellement.
M. Côté: Il faut croire qu'à l'usure
l'interprétation que le ministère faisait de la loi a subi
certains changements. Lors de la création du parc de l'île
Bonaventure, votre prédécesseur, le député de
Joliette, déclarait que les audiences publiques n'étaient pas une
élection. Heureusement! Elles ne sont pas un suffrage au terme duquel
l'opinion majoritaire sort gagnante et, par conséquent, est
automatiquement appliquée.
Vous êtes des spécialistes de la publicité dans
laquelle vous avez écrit, publié et diffusé des choses
qui, normalement, devaient refléter vos options et votre idée
fondamentale. Voilà que le ministre vient nous parler en disant: On
consulte, mais ils n'ont pas nécessairement la vérité.
Souvenez-vous que, tout à l'heure, dans un dépliant, on disait
que les décisions ne se prendront pas en catimini mais ouvertement. Tout
cela pour se rappeler le dossier historique du Mont-Saint-Bruno et c'est pour
cela que je disais au député de Chambly, tantôt: Vous aurez
certainement le temps en abordant le dossier de Saint-Bruno et vous serez
certainement un de ceux qui auront à intervenir, avec tout ce que cela
comporte comme démarches. Il y a un travail du Dr Victor Goldbloom en
1974, sur le plan historique, qui a entamé des procédures suivies
de plusieurs péripéties et de certaines prises de position du
milieu. Plusieurs études sont garantes de ce souci de conservation d'un
tel site dans le cas du Mont-Saint-Bruno: "L'état de la destinée
du milieu" -pour ne citer que deux exemples - en juin 1974, de M. André
Poliquin, écologiste, et une étude floristique et phytoso...
phyto-socioiogique - excusez-moi, je m'étais pratiqué pourtant -
du Mont-Saint-Bruno, en août 1980, de Mme Louise Gratton,
écologiste. C'est dur effectivement. Les raisons qu'on retrouve dans ces
documents sont les suivantes: le Mont-Saint-Bruno représente un site
unique, l'un des plus sauvages et des plus naturels de la région de
Montréal; deuxièmement, avec le mont Saint-Hilaire, il est un
accident topographique extrêmement intéressant du point de vue
géologique. Il possède également une faune et une flore
riche et variée.
Pour toutes ces raisons, les conservationnistes déplorent la
lenteur de la réaction gouvernementale. Lors de l'adoption de la Loi sur
les parcs en 1977, la loi 19 -qui n'a pris effet qu'en décembre 1982 -
on avait promis des audiences. Le ministère s'y est
présenté avec l'intention avouée - et on le sait
maintenant - de faire du parc du Mont-Saint-Bruno un parc de
récréation. Il se heurta, cependant, à une levée de
boucliers en faveur de la conservation. Sur 119 mémoires
présentés, 104 exigent la conservation, 5 demandent la
récréation et 10 n'ont pas d'opinion précise. Les
audiences publiques peuvent bien ne pas être des élections, mais
rares sont les suffrages où la majorité est si
écrasante.
Malgré tout, le ministère ne recule pas, jusqu'au
député péquiste de Chambly. C'est pour cela que,
tantôt, devant son appréhension quant au débat, je lui
disais: Je vais vous fournir l'occasion d'intervenir. Il ne savait plus
à un certain moment donné sur quel pied danser. Je le cite: "Bien
que l'on doive être conscients, à l'analyse des mémoires,
qu'une très grande majorité de ceux qui les ont
déposés désirent que le maximum soit fait afin de
préserver la
montagne et que, pour ce faire, plusieurs groupes ont cru
nécessaire de ne pas inclure le centre de ski alpin dans les limites du
parc afin de lui accorder l'étiquette de la conservation, je persiste
à croire - vous allez voir je vais vous citer en entier - que,
n'eût été d'une certaine forme de manipulation de la part
du Comité de protection du Mont-Saint-Bruno et du Parti libéral,
un très grand nombre aurait souhaité que l'on protège
aussi les équipements. " Et il poursuivait: "Je propose donc qu'un parc
de conservation soit créé immédiatement, excluant pour le
moment la piste de ski alpin, étant conforme aux équipements
lourds décrits dans le dépliant et, dans un deuxième
temps, que la loi soit amendée afin qu'un seul type de parc national
québécois soit reconnu et que les audiences publiques portent
dorénavant uniquement sur le plan de zonage et le plan
d'aménagement. " C'était dans la lettre du 6 janvier 1983. Il
faut croire que l'harmonie -du moins en ce temps - régnait au PQ et que
la voix du député de Chambly portait plus fort que celle des 104
mémoires, car, lors de l'étude des crédits de 1984, votre
prédécesseur, M. le député de Juliette, nous
disait, et avec combien de force et de détermination: "Pour ce qui est
de Saint-Bruno, les gens me demandent de créer un parc de conservation
là où c'est un parc carrément de récréation.
Je ne peux aller vers le voeu de la population sans amender la loi. " De toute
façon, les mêmes affirmations étaient
répétées dans le Devoir du 27 octobre 1983.
Les paroles de ministre ne se trahissent certainement pas de successeur
à successeur, car nous retrouvons, au feuilleton de l'Assemblée
nationale, la Loi sur les parcs, le projet de loi 13. Ce projet de loi
présente les caractéristiques suivantes. En premier lieu,
l'abolition des catégories de parcs pour faire une seule appellation,
soit l'appellation "national". On sait jusqu'à quel point le ministre y
tient avec son nationalisme. On se parlera des différences
tantôt.
Deuxièmement, les audiences publiques n'auront lieu que lors de
la création d'un parc et porteront sur les limites et les objectifs
suggérés pour le parc. Troisièmement, lors de
modifications apportées aux parcs, la tenue d'audiences est à la
discrétion du ministre et ne porte que sur les limites modifiées
et non sur les objectifs.
Il faut bien comprendre que les objectifs donnés à un
parc, c'est l'essence même du parc. Le nouveau projet de loi
représente donc un net recul, quant à nous, sur la loi actuelle.
C'est d'ailleurs ce qu'ont fait valoir les intervenants à la
consultation particulière en commission sur le projet de loi 13. Sur
neuf organismes, huit ont clairement énoncé leur désaccord
avec le projet de loi et sept ont carrément demandé son retrait,
considérant le recul évident sur les garanties qu'offrait la loi
actuelle.
Ces organismes ont signalé surtout que l'abolition de la
classification n'offre aucune garantie car il n'y a pas de définition de
parc national. Tel que l'entend l'UICN, un parc national doit avoir une
importance sur le plan international et être un parc de conservation. Je
pense que la démonstration a été extrêmement claire.
Deuxièmement, la loi n'apporte que des confusions par rapport à
la loi actuelle, n'ayant aucune précision sur la vocation des parcs. Il
n'y a aucune assurance de la protection des sites importants. À ce
niveau-là, M. le ministre, je pense que vous avez pu, depuis ce temps,
prendre connaissance davantage du dossier en vue de la préparation de la
deuxième lecture du projet de loi 13, et j'ose espérer que, dans
les débats qui viendront ultérieurement en deuxième
lecture et article par article, on puisse avoir une discussion beaucoup plus
claire à ce sujet. C'est la situation actuelle dans laquelle on se
trouve. Il y a quand même des gens qui, de l'extérieur ou de
l'intérieur du ministère, ont des opinions sur le sujet et sur,
finalement, la manière dont sont traités les parcs, tant sur le
plan de l'immobilisation que sur le plan de l'exploitation.
Le ministère - on s'en souviendra - a proposé en 1982 un
cadre d'intervention ministérielle. En 1979, les intentions du
gouvernement étaient les suivantes: On verra! On les présente en
1982 comme des réalisations. C'était l'élaboration et
l'adoption d'une politique québécoise des parcs. À ce
moment-là - j'ai le document du 2 décembre 1982 entre les mains -
il est très clair qu'on y fait référence. On voyait:
"élaboration et adoption d'une politique québécoise des
parcs; préparation d'un plan de développement des parcs urbains;
consolidation des programmes", etc. Je suis convaincu que le ministre ou les
gens qui le conseillent aujourd'hui devant cette commission se souviendront de
cette proposition-cadre. Le ministère propose aussi un plan de
développement ministériel en 1984, "Les loisirs de plein air,
proposition d'un plan de développement", janvier 1984. Ce qu'on dit
à la page 1: "En liaison avec une politique de développement des
parcs nationaux, des parcs régionaux et des parcs urbains, il devient
important d'établir un plan de développement ministériel.
" C'était donc le prélude à certaines démarches
qu'on pourrait y faire. Donc, en 1982, on nous parle des intentions de 1979
comme étant réalisées et on se rend compte, en 1984, qu'on
en est encore à la même phase.
M. le Président, comme cette politique ne semblait pas exister
pendant toutes ces années, il y a certaines questions qu'on devra se
poser. Comment le ministère planifiait-il et orientait-il ses budgets et
ses décisions?
Est-ce que c'est cette absence de politique, d'organisation qui fait que
l'on retrouve de telles affirmations dans des documents du ministère?
À titre d'exemple, à la page 3, on peut y lire: "Le même et
principal offreur de développement de plein air, à savoir le
gouvernement du Québec et, plus précisément, le MLCP, se
fait parfois concurrence à lui-même. " C'est un constat. (12
heures)
On peut élire aussi, en page 6: "On constate actuellement que
l'offre de plein air est multiple et non articulée. Chacun des
réseaux publics: parcs, réserves, ZEC, centres et bases de plein
air, de même que les organismes privés à but lucratif -
sont aux prises avec des chevauchements et des surenchères
vis-à-vis de la clientèle. "
Comment expliquer, s'il existe un minimum de coordination au
ministère, que le Québec se classe derrière sept provinces
quant au pourcentage de son territoire protégé par des parcs? De
plus, nos investissements en ce domaine sont plus faibles que huit autres
provinces. Il s'agit de revoir le communiqué qu'a émis l'UICN, du
15 mars 1985, et qui n'a, jusqu'à présent, été
contesté par personne.
Ce bulletin que le ministre a eu l'occasion de voir, lui aussi, au cours
des auditions et qu'il est important de se rappeler, dont la paternité
revient à M. Greg Sheely, directeur de la conservation à la
Fédération canadienne de la faune, nous dit que le Québec
se classe au neuvième rang en matière de conservation,
considérant que le premier rang ne représente même pas
l'excellence. En matière d'importance relative accordée aux
programmes pour les parcs provinciaux, le Québec obtient la note F, soit
la plus médiocre, avec un pourcentage de 0, 22 de la superficie des
parcs dans la province, avec 2, 35 $ de dépenses par personne pour les
parcs, alors qu'en Alberta on y dépense 33, 18 $.
Le bilan peut être encore plus négatif, si on va à
l'intérieur du ministère. Dans une conférence sur les
parcs, M. Larue - j'avais eu l'occasion de provoquer des sautes d'humeur de
votre prédécesseur l'an dernier; c'était mémorable
- le 12 mars 1984, disait qu'il y avait une réduction alarmante des
territoires protégés depuis 1977. Il disait: Avant 1977, quatre
parcs pour une superficie de 14 200 kilomètres carrés. Les sept
parcs du réseau, au moment où îl a écrit son
article, totalisaient 3400 kilomètres carrés, donc une diminution
de 75 % du territoire. Il nous a dit aussi que, pour les trois quarts de la
population, les parcs sont inaccessibles; en moyenne, il faut trois ou quatre
heures d'auto des grandes agglomérations, ce qui écarte les
séjours d'une journée. D'autant plus que les réseaux
routiers sont inadéquats et complètement déserts.
Même du côté des sous-ministres ou du
MLCP, ce n'est pas la parfaite cohérence avec les directions
générales et régionales. Dans une missive du 21 août
1984, on note: Le taux de subventions prévu de 40 % et 60 % - parce
qu'on parlait d'un cadre de référence - est insuffisant et
devrait être haussé à 80 % et 90 %. Donc, subventions
insuffisantes pour favoriser l'Implication des municipalités et, on le
verra tantôt, cela faisait suite à des engagements que vous aviez
pris en 1981.
M. Guy Lemieux disait: Depuis 1976, un nouvel élan semble
s'amorcer, mais concrètement on n'a pas encore beaucoup de vrais parcs
à montrer. Il nous disait aussi que le MLCP cède toujours aux
ministères à vocation économique, en termes d'utilisation
du territoire, avec tous les problèmes que cela comporte. On a
noté, hier, le cas du député de Lévis. Il dit, de
même, que les planificateurs de parcs ne connaissent pas leur affaire,
n'ont pas fait d'analyses des clientèles, de leurs besoins, qu'ils ne
font des plans que pour leurs caprices personnels. Une grosse affirmation.
M. Daniel Saintonge dit qu'il serait important de vendre nos parcs avant
d'en développer de nouveaux, de clarifier la situation avant de se
lancer dans d'autres parcs, entreprises périlleuses. Dans ce sens, le
ministre nous en annonçait d'autres hier.
Pour revenir à l'engagement du 3 avril 1981 - le ministre s'en
souviendra très certainement - dix jours avant la
réélection du Parti québécois pour un
deuxième mandat, voici ce qui était écrit: Dans un second
mandat, un gouvernement du Parti québécois s'engage à
privilégier l'établissement d'espaces verts par parcs de
quartiers, grands parcs urbains et, particulièrement le long du fleuve,
à proximité des principaux centres urbains, plages, terrains de
camping et autres équipements de loisir, par l'acquisition et
l'aménagement d'emplacements qui pourront être mis, le cas
échéant, à la disposition des municipalités.
Il m'arrive, à l'occasion, d'avoir la main heureuse. Votre
prédécesseur a pu le constater, l'an dernier, à
l'étude des crédits. J'ai réussi à mettre la main
sur un document qui a été soumis au Conseil des ministres.
Pardon!
M. Perron: Quand vous faites le tour du H ou du J, le soir,
à minuit.
M. Côté: Oh non! Je faisais cela, en 1973 - 1976,
comme vous, pour aller chercher des subventions pour mon comté.
D'ailleurs, on est obligé d'aller les voir, les ministres, pour en
avoir.
Donc, c'est un plan de développement du réseau des parcs
québécois qui consistait principalement... Et j'ai
été abasourdi de voir qu'une proposition comme celle-là
ait pu se rendre jusqu'au Conseil des ministres. Alors
donc, on accouchait finalement d'un plan de développement des
parcs québécois. "Dans un premier temps, la réalisation
d'un réseau de parcs nationaux est évaluée à 109
000 000 $ - pouvait-on lire dans le mémoire - sur trois ans et exige des
crédits additionnels de 40 000 000 $ dont 12 000 000 $ en 1984-1985.
"Deuxièmement, le projet de création d'un réseau
intermédiaire métropolitain et d'implantation de parcs urbains,
dans la région de Montréal, est évalué à 424
000 000 $ sur dix ans. "Troisièmement, la mise en place des parcs
urbains régionaux, dans l'archipel, représente 200 000 000 $. La
participation du Québec serait d'environ 130 000 000 $ sur dix ans et
celle des municipalités, de 25 % à 30 %. La participation du
Québec serait donc de 180 000 000 $, si les municipalités
défraient 57 % du coût et si le fédéral n'y
participe pas. "
Donc, un projet campé, sur papier, présenté au
Conseil des ministres, qui totalise la fabuleuse somme de 800 000 000 $, sur
une période de dix ans. Effectivement, le ministère a fait son
lit et est passé par différentes épreuves de
différents comités, dans le but d'aller chercher des sommes au
ministère. C'est donc le 3 avril 1984 que cela a été
déposé.
On a donc une vision au moins de ce que le ministère
prétendait développer au Québec, comme réseau de
parcs. Cette politique de 1979 a été
réitérée en 1982 et en 1984 et campée dans un
document présenté à différents comités
ministériels. Je pense que vous aviez, à ce moment-là,
fait votre lit. On a vu ce que cela a donné comme poids vis-à-vis
du gouvernement. N'eût été d'un certain plan de relance, je
pense que les sommes auraient été assez maigres.
De toute façon, le plan est là. On a retenu certains
éléments de ce plan qui ne correspondent pas tout à fait
à ce qui a été déposé aux différents
comités et au Conseil des ministres. On se retrouve avec un certain
budget d'immobilisation qui a été déposé et que
l'on peut considérer, en décembre 1983 - mémoire au
Conseil des ministres à nouveau.,. On se rend compte que le
ministère, le gouvernement, approuve le plan de développement du
réseau de parcs nationaux québécois "tel que
présenté à la séance du 30 novembre dernier" - en
parlant de 1983 - "en accordant notamment pour 1984-1985 un montant de 10 000
000 $ pour des fins d'immobilisation et de 2 000 000 $ au chapitre des
crédits de fonctionnement", alors qu'on investit dans un parc comme
Saint-Bruno, pour l'année 1982-1983, au moment où le parc n'est
même pas classé, comme budget d'immobilisation, 4 286 000 $, soit
un des plus élevés lorsqu'on regarde la ventilation de ce que le
ministre a déposé, l'an dernier, comme immobilisation dans les
parcs, dans tout le Québec. Un des montants les plus
élevés, pour l'année 1982-1983, de tous les parcs, le plus
proche étant celui du Mont-Sainte-Anne avec 1 000 000 $. Il est donc, M.
le ministre, aujourd'hui, temps de faire un constat. On l'a dit hier, en ce qui
concerne les parcs, vous avez - vous avez récidivé hier -
décidé d'implanter au Québec un nombre X de parcs,
d'investir dans l'immobilisation sans que les budgets de fonctionnement
subissent des hausses pour être capables d'administrer ces parcs et
réserves dans tout le Québec. Il s'agit de parler, un peu partout
au Québec, aux responsables en région pour savoir dans quel
état est leur moral, sans cesse se voir confié d'autres
responsabilités, d'autres équipements, sans pour autant
être capables de les faire fonctionner convenablement.
C'est un appel du coeur qui vient de ces différentes personnes,
qui veulent assurément que le ministre soit pleinement conscient. Qu'il
veuille investir 5 000 000 $ dans Pointe-Taillon, dans un nouveau parc au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, c'est probablement très bien; c'est
probablement justifié, au point de vue de la région, d'avoir un
parc de conservation comme celui-là. Mais, avant d'aller plus loin,
écoutez le cri que vous lancent vos administrateurs dans les
régions, qui vous disent: Arrêtez de développer et
d'immobiliser; arrêtez, cela presse parce que cela va péter.
Normalement, cela devrait déjà être pété.
Arrêtez d'immobiliser et prenez un temps d'arrêt pour que l'on
puisse, avoir des sommes d'argent du gouvernement afin de faire fonctionner les
équipements gouvernementaux.
Vos gens, au ministère, ont presque honte, en région, de
la situation qui leur est réservée. Ceux qui fréquentent
ces parcs, ce sont des Québécois, des Québécoises
et des gens de l'extérieur et on n'offre pas, actuellement, la
qualité des services. Lorsque je constate au budget - ce sera ma
question - pour les parcs et réserves, à Implantation et
amélioration d'équipements", à l'élément 3,
des crédits de 13 303 600 $... On a vu neiger un peu. Combien, dans les
13 303 600 $, y a-t-il de ce qu'on peut appeler d'engagements juridiques?
Combien de cet argent servira à la SEPAQ?
Le Président (M. Marquis): M. le ministre. (12 h 15)
M. Brassard: Je prends note de la question finale, mais on me
permettra quelques petites remarques relativement aux parcs. D'abord,
l'intention du gouvernement, vous l'avez souligné, depuis 1977, depuis
l'adoption de Loi sur les parcs, est précise et également sans la
moindre équivoque. Il s'agit de créer au Québec -
j'utilise
l'expression que vous avez utilisée - un véritable
réseau de parcs nationaux. Il faut bien se dire - je pense que c'est
important de le souligner - qu'avant 1977, avant l'adoption de la Loi sur les
parcs, au moment où on parlait de la mise sur pied d'un véritable
réseau de parcs nationaux... Qu'est-ce que cela signifie? Cela signifie
qu'avant 1977 il n'y avait pas de véritable réseau de parcs,
selon la définition qu'a évoquée le député
de Charlesbourg et celle de l'Union internationale pour la conservation de la
nature, c'est-à-dire des morceaux de territoire protégé
où l'exploitation des ressources est interdite: exploitation
forestière, chasse, exploitation minière. Le passage d'un
gazoduc, d'un oléoduc, tout cela est interdit. Cela n'existait pas avant
1977; avant 1977, les parcs, au sens de cette définition, il n'y en
avait pas au Québec. Ce qu'il y avait, c'est... On appelait cela des
parcs, remarquez bien. On utilisait le terme "parc", mais ce n'étaient
pas de véritables parcs, c'étaient des réserves fauniques
comme la réserve faunique des Laurentides. On parle encore du parc,
remarquez bien, je demeure au Saguenay-Lac-Saint-Jean et on continue de parler
du parc des Laurentides. On traversait le parc; on disait: Il a beaucoup
neigé dans le parc. Mais ce n'est pas un vrai parc, c'est une
réserve faunique et, évidemment, dans une réserve
faunique, l'exploitation des ressources est possible. Il y a des coupes
forestières, il y en a encore présentement.
Par conséquent - c'est important de le souligner - on peut bien
faire des reproches au gouvernement du Parti québécois de ne pas
aller assez vite dans la mise en place d'un réseau de parcs, de ne pas
investir assez, de ne pas prévoir suffisamment d'immobilisations, mais
il faut reconnaître une chose, c'est le gouvernement du Parti
québécois qui a amorcé la mise en place d'un réseau
de véritables parcs, au sens où on l'entend sur le plan
international. C'est le gouvernement du Parti québécois qui a
amorcé cela. Avant 1977, par conséquent, et pendant tout le temps
où ces messieurs ont été au pouvoir, ils n'en ont pas
créé de parcs. Ils peuvent bien nous faire des reproches
maintenant, mais ils n'ont pas créé un seul parc véritable
au sens où on l'entend. Il est important de souligner cela. On peut bien
accepter toutes sortes de reproches ou de blâmes, à savoir qu'on
ne va pas assez vite, qu'on n'en crée pas suffisamment, qu'on
n'immobilise pas suffisamment dans le réseau des parcs existants, mais
il faut reconnaître que c'est le gouvernement du Parti
québécois qui a commencé à mettre en place un
réseau de véritables parcs nationaux au Québec où
toute exploitation de ressources est interdite. Il est important de souligner
cela. Quand le député de Charlesbourg dit: On est passé de
tant d'hectares ou d'acres de territoire ou... M. Côté:... de
kilomètres.
M. Brassard: Pardon?... de kilomètres carrés de
territoire et qu'on a diminué pour être rendu à - je ne
sais pas - 4000 kilomètres carrés en parcs, je regrette de lui
dire que ce n'est pas un raisonnement correct parce que, quand il parle de
territoire sous forme de parcs avant 1977, ce n'étaient pas de
véritables parcs, c'étaient des réserves fauniques. On ne
peut comparer des pommes à des oranges. On ne peut pas comparer le
territoire de réserves fauniques au territoire de véritables
parcs tel qu'il existe présentement. Au fond, ce qu'il faudrait dire
c'est que, de 1977 à maintenant, on est passé de 0
kilomètre carré à 4000 ou 4500 kilomètres
carrés de parcs; c'est cela qui est arrivé. Ce n'est pas de 50
000 kilomètres carrés à 4000; c'est de 0 à 4000 en
véritables parcs, en véritables territoires sous forme de
véritables parcs. C'est ce qu'il est important de souligner. On met dans
le paquet les réserves fauniques. Ce n'est pas tout à fait
correct comme raisonnement. On mélange la laitue et les carottes ou les
pommes et les oranges. Enfin, c'est cela.
Ceci dit, M. le Président, en termes d'immobilisations, il est
bien évident que tout le monde peut conclure qu'on n'a pas investi assez
d'argent dans les parcs. Il faut quand même reconnaître que, de
1977 jusqu'à 1984, il s'est investi, seulement dans le réseau des
parcs au Québec, 68 237 000 $ en immobilisations. Cela comprend aussi
des acquisitions. En immobilisations et en acquisitions, il s'est investi en
1977 dans le réseau des véritables parcs - je ne parle pas des
réserves, elles sont dans une autre colonne - 68 000 000 $. On peut bien
dire que ce n'est pas suffisant, mais je dois dire aussi que ce n'est pas
négligeable non plus. Cela aurait pu être 100 000 000 $. On
pourrait souhaiter que ce soit 100 000 000 $, mais 68 000 000 $ ce n'est quand
même pas rien, depuis 1977, depuis qu'existe un véritable
réseau de parcs nationaux au Québec. Dans le cas des
réserves, c'est 17 000 000 $. Dans le cas des équipements hors
parcs, c'est 42 000 000 $. Il y a eu des subventions, également, en
particulier pour les parcs régionaux, toujours pour la même
période, de 28 000 000 $, ce qui fait qu'au total, si on compte aussi ce
qui s'est fait sur l'île d'Anticosti, au total, de 1977 à 1984, en
matière d'investissements dans les espaces verts, dans les
réserves fauniques, dans les parcs, les véritables parcs
nationaux, il s'est investi 187 000 000 $ depuis 1977.
C'est évident qu'on pourrait souhaiter que cela ait
été 200 000 000 $ ou 250 000 000 $, mais il faut aussi
reconnaître qu'il y a là un effort considérable en
termes d'investissement, d'immobilisation, d'acquisition dans l'ensemble des
différents types d'espaces verts ou de territoires
protégés au Québec.
Pour ce qui est des engagements juridiques proprement dits - je reviens
à la question finale du député de Charlesbourg -dans les
13 000 000 $, il y a des contrats signés et il faut les respecter, ce
sont 5 407 000 $, ce qui laisse de crédit disponible pour de nouvelles
immobilisations, 7 886 000 $,
M. Côté: Dans le cas de la SEPAQ, l'avez-vous?
M. Brassard: Cela exclut la SEPAQ. On a enlevé la
subvention d'équilibre de 2 400 000 $ puisque le budget global
d'immobilisation se situerait à 15 700 000 $. On a soustrait la
subvention d'équilibre budgétaire à la SEPAQ.
M. Côté: Des 7 000 000 $, c'est ce que j'ai
compris.
M. Brassard: Des 7 807 000 $.
M. Côté: Des 7 850 000 $, combien d'argent sera
investi dans les parcs, dans les réserves et hors parc?
M. Brassard: Là-dessus, il y a des hypothèses. Je
dois vous dire qu'au moment où on se parle - j'ai commencé
à regarder cela - il y a certaines décisions qui ont
été prises, d'enclencher le processus d'investissement ou
d'immobilisation dans certains parcs et certaines réserves, mais ce
n'est pas complété pour le moment. Je n'ai pas terminé
l'examen des propositions. Les fonctionnaires du service des parcs et
réserves m'ont transmis un certain nombre d'hypothèses ou de
propositions en ce qui concerne les investissements à faire soit dans
les parcs, soit dans les réserves. Je dois admettre, M. le
Président, qu'au moment où on se parle, c'est-à-dire
mercredi 17 avril, tout n'est pas ficelé à ce niveau. Je n'ai pas
décidé de façon définitive de l'usage et de la
ventilation complète des 7 896 000 $ en nouvelles immobilisations.
M. Côté: Cela veut donc dire qu'on a 8 000 000 $ en
immobilisations cette année par rapport... Tantôt, vous m'avez
lancé des chiffres, 68 000 000 $, 48 000 00l $, 187 000 000 $ sur...
M. Brassard: Par rapport à 1984-1985, c'était... En
attendant qu'on cherche les chiffres, je voudrais aussi parler du
fonctionnement parce que le député de Charlesbourg a
évoqué, de façon dramatique, une situation qu'il juge
inqualifiable en matière de gestion et de fonctionnement dans le
réseau des parcs. En matière de fontionnement, pour ce qui est
des parcs, en 1984-1985, il y avait de prévus 10 687 000 $ et, en
1985-1986, il y a de prévus 10 980 000 $. Il y a une
légère augmentation, il n'y a pas de diminution. Donc, je ne
pense pas qu'on puisse parler, dans des circonstances semblables, de
détérioration dramatique de la qualité des services dans
le réseau des parcs du Québec. L'an dernier, au livre des
crédits, c'était 15 000 000 $ de prévus; en 1985-1986, 15
703 000 $, à peu près la même chose, sont prévus au
livre des crédits. Comme vous le savez, l'an passé, à
l'occasion du budget de juin 1984, il s'est ajouté, dans le cadre du
plan de relance, 10 000 000 $ supplémentaires pour les parcs nationaux,
les réserves et les parcs régionaux. Si la commission est
intéressée, j'ai ici la répartition ou la ventilation de
ces 10 000 000 $ supplémentaires qui avaient été
accordés.
M. Côté: Quant à l'argent neuf pour
être capable d'immobiliser cette année vous avez - arrondissons
les chiffres 8 000 000 $.
M. Brassard: 8 000 000 $ qui ne sont pas reliés à
des engagements, qu'on peut affecter à d'autres choses.
M. Côté: C'est la marge de manoeuvre que vous avez
cette année pour immobiliser.
M. Brassard: C'est cela.
M. Côté: Ce n'est pas moi qui vous en ferai un
reproche. Je vais tenter d'être logique avec moi-même en vous
disant...
M. Tremblay: Cela va être dur.
M. Côté: Je ne voudrais pas que le
député de Chambly pense qu'en me regardant il regarde dans un
miroir!
M. Tremblay: Ce serait très décevant.
M. Côté: Certainement, vous vous verriez. À
partir de ce moment, vous avez 8 000 000 $ d'argent neuf pour faire certaines
immobilisations.
M. Brassard: Permettez-moi, M. le député. Cela
correspond en gros - on pourrait sortir les chiffres - à peu
près, à ce qu'on avait l'an passé, compte tenu que, chaque
année, il y a toujours des engagements juridiques; une certaine somme du
montant total est affectée pour des travaux qui ont commencé
l'année précédente et qu'il faut terminer. C'est à
peu près similaire à l'an passé. La différence, ce
sont
les 10 000 000 $ qui ont été ajoutés dans le cadre
du budget.
M. Côté: Sur le plan du fonctionnement, le ministre
nous dit: L'an dernier, 10 780 000 $; cette année, 19 980 000 $. Si je
suis la logique du ministre depuis le début - on fait des
crédits, on se parle, on s'est parlé sur d'autres dossiers -
quand on a pris le budget des CRL, ce matin, le ministre nous a dit: Oui, mais
il ne faut pas oublier qu'il y a un CRL de moins. J'ai pris bonne note de cela.
Lorsque vous me parlez du fonctionnement des parcs, 10 780 000 $, 10 980 000 $,
vous avez créé - et vous nous l'avez dit dans votre
déclaration d'ouverture - l'an passé cinq parcs et vous en
créez deux cette année. Cela veut dire que vous avez maintenant
sept nouveaux parcs, compte tenu du budget que vous avez. Cela veut dire que
vous avez beaucoup moins d'argent, compte tenu de l'inflation, pour
gérer et pour administrer les parcs. Je vous disais au début que
des cris d'alarme viennent de toutes les régions du Québec, quant
aux équipements. Je vous dirai principalement qu'en Gaspésie,
où j'ai des racines et où les contacts sont ainsi plus faciles,
il y a des cris d'alarme qui se lancent partout, et cette démonstration
fait en sorte que cela donne raison è ces gens.
M. Brassard: M. le Président, c'est vrai qu'il s'est
ajouté de nouveaux parcs cette année, mais cela ne signifie pas
que, dans ces nouveaux parcs, il n'y avait rien qui se passait avant leur
création. Il y avait déjà des équipements avant
leur création, qu'on faisait fonctionner; il y avait, donc
déjà, des budgets de fonctionnement pour ces territoires avant
qu'ils soient créés et qu'ils aient le statut de parcs. Sauf un,
Aiguebelle qui est devenu parc; et, là, il faut ajouter 212 000 $ pour
son fonctionnement. Mais dans le cas du parc des îles-de-Boucherville,
même l'an passé il y avait 624 000 $ prévus pour son
fonctionnement. Dans le cas de Miguasha, par exemple, qui vient d'être
créé, il y a de prévu cette année 197 000 $ pour le
fonctionnement. Il y avait l'an passé -même s'il vient
d'être créé - 164 000 $ pour le fonctionnement. Il y avait
des activités qui avaient lieu sur ce territoire et, par
conséquent, aussi, donc, des budgets de fonctionnement pour gérer
ces activités. La différence, c'est qu'en devenant parc, la
protection est accrue puisque, la Loi sur les parcs s'appliquant, il n'y a pas
d'exploitation de ressources. Même pour Pointe-Taillon qui n'existe pas
encore comme parc chez nous, il a un budget de fonctionnement
déjà depuis plusieurs années parce qu'il y a des
équipements qui ont été mis en place, des investissements
qui ont été faits sur ce territoire-là, et qu'on fait
fonctionner.
(12 h 30)
M. Côté: Est-ce que le ministre pourrait
déposer les budgets? Je ne sais pas, il n'y a pas de dépôt
en commission, mais il pourrait peut-être nous distribuer les budgets de
fonctionnement au cours des cinq dernières années.
M. Brassard: Oui, c'est possible, peut-être demain, par
exemple.
M. Côté: D'accord, merci. Pas de problème,
comme on se revoit demain. Dans votre plan quinquennal des parcs, si mes
informations sont exactes, on se retrouve avec 8 000 000 $ d'immobilisations.
Est-ce que vous n'aviez pas prévu un budget de l'ordre de 19 000 000 $
ou 20 000 000 $ pour le plan quinquennal?
M. Brassard: On l'avait demandé, oui. Il y avait une
demande au Trésor et au Comité des priorités d'augmenter
de façon plus substantielle le budget d'investissements ou
d'immobilisations dans les parcs. C'était de cet ordre, soit 19 000 000
$. Ce n'était pas seulement pour les parcs, ces 19 000 000 $; cela
portait aussi sur les parcs régionaux qu'on a commencé à
subventionner l'an passé et, aussi, sur les réserves fauniques.
19 500 000 $ pour les parcs nationaux, excusez! Pour les réserves
fauniques, c'était 2 000 000 $ et les parcs régionaux,
c'était 2 000 000 $, ce qui faisait un total de 23 900 000 $.
C'était notre demande.
M. Côté: D'accord, on y reviendra cet
après-midi. À ce moment-ci, avec votre permission, M. le
Président et celle du ministre, j'aimerais aborder la question du
dossier de la station du Mont-Tremblant.
Le Président (M. Marquis): Un instantl Est-ce que vous
quittez le programme des parcs à ce moment-là?
M. Côté: Non, ce sont les parcs.
Le Président (M. Marquis): Il faudrait garder du temps
pour le député de Chambly que vous avez invité à
intervenir.
M. Côté: Je ne l'ai pas invité. Je n'ai
invité personne.
M. Tremblay: Vous avez annoncé mon intervention.
M. Brassard: M. le Président, est-ce que l'ancien
député de Matane veut imiter le nouveau député de
Matane avec ses tableaux?
Parc du Mont-Tremblant
M. Côté: Je dois vous dire que, moi, je
n'ai pas le moyen d'avoir des couleurs. Je vais remettre au ministre une
copie du document sur lequel je veux me baser. C'est un document qui est fort
volumineux avec 16 annexes. Je dois dire au ministre que c'est une recherche
qui est en place depuis, déjà, tout près d'un an et qui a
nécessité beaucoup de travail. Je sais qu'à un certain
moment aussi au ministère, on a travaillé passablement fort.
C'est un document d'une trentaine, d'une quarantaine de pages, qui, à la
fin, pose certaines questions et c'est à ces questions que je voudrais
arriver, sachant fort bien qu'il y a de fortes chances que je n'apprenne pas
grand-chose, dans les trente-cinq premières pages, au ministre ou
à ses fonctionnaires. Si oui, j'en suis fort heureux et cela l'aidera
certainement à prendre des décisions; sinon, à la
lumière de toutes ses connaissances du dossier, j'aimerais aborder
à la page 36 un certain nombre de questions concernant le
Mont-Tremblant.
La première question que je voudrais lui poser est la
deuxième qui se retrouve à la page 36, et c'est une question fort
simple. Pourquoi le gouvernement a-t-il refusé l'offre d'achat de
Campeau au moment où les Caisses d'entraide économique sont
disparues? Pourquoi le ministère a-t-il refusé l'offre de Campeau
qui était une offre ferme de 5 000 000 $ d'une compagnie qui avait des
actions en Bourse, d'une compagnie qui avait une fiabilité
financière, d'une compagnie qui avait une expertise et une
expérience dans le domaine de l'immobilier et dans le domaine de
l'administration? Pourquoi, finalement, le ministère a-t-il
rejeté l'offre de Campeau?
M. Brassard: Quand le député fait mention de
l'offre de Campeau, il fait référence à l'époque de
1982, au moment où la Fédération des caisses d'entraide
cherchait à liquider ses actifs. Il faut, M. le Président, bien
se rappeler le contexte de l'époque. On se souvient des
difficultés de la Fédération des caisses d'entraide
économique; j'en sais quelque chose. Son siège social se situe
chez nous. Et, à la suite de ces difficultés bien connues, trois
administrateurs avaient été nommés pour liquider les
actifs de la fédération. Dans les actifs de la
fédération, il y avait la station Mont-Tremblant, mais il y avait
aussi le complexe Jacques-Gagnon, chez nous, et il y avait le complexe
Jacques-Cartier, ici, à Québec. Enfin, il y avait un certain
nombre d'actifs.
Le ministère, évidemment, a été avisé
de l'intention des administrateurs désignés de se départir
de la station Mont-Tremblant. Ils ont procédé de la façon
suivante. Sur invitation, deux groupes se sont présentés et ont
fait des offres d'achat au liquidateur de la fédération. Il y
avait le groupe Maheux et le groupe Gestion Promodev. Je dis ici que, pour ce
qui est du ministère, aucune des propositions ne lui convenait. Je pense
que c'est important de le souligner. C'est important de souligner que, pour le
ministère, aucune des propositions ne lui convenait vraiment.
Mais nous n'avions pas de pouvoirs d'intervention pour obliger les
administrateurs ou les liquidateurs à adopter notre vision. Oui, en
vertu de la loi qui avait été adoptée concernant la
Fédération des caisses d'entraide et la liquidation de ses
actifs, je regrette, les administrateurs nommés avaient plein pouvoir
pour liquider les actifs de la fédération. On pourra se
référer à la loi qui avait été
adoptée à l'Assemblée nationale à ce moment, mais,
malgré l'avis contraire du ministère, les administrateurs
désignés ont décidé de vendre au groupe Gestion
Promodev, c'est-à-dire, à M. Lapointe.
M. Côté: Avez-vous fini?
M. Brassard: Oui, si cela porte là-dessus.
M. Côté: Vous nous avez dit qu'il y avait deux
propositions.
M. Brassard: Sur invitation.
M. Côté: II y en avait une troisième, qui
était celle de Campeau, qui a été retirée en avril
1982. La raison du retrait de la proposition de Campeau - vous me le
confirmerez ou l'infirmerez - était que Campeau Corporation voulait
obtenir un bail de 50 ans, alors que l'offre du ministère était
un bail de 25 ans.
M. Brassard: La proposition de Campeau n'a jamais
été faite officiellement au ministère. Elle a
été faite aux gestionnaires et, effectivement, cependant, dans la
proposition faite aux gestionnaires, aux administrateurs de la
fédération, il y avait une clause de bail de 50 ans.
M. Côté: Et, à l'époque, le
ministère parlait de 25 ans au lieu de 50 ans, si on se comprend
bien.
M. Brassard: L'ancien bail était de 25 ans et l'intention
du ministère, c'était de reconduire un bail d'une même
durée.
M. Côté: Donc, je continue de maintenir qu'il y
avait une proposition qui était effectivement celle de Campeau qui
était là, avec une structure financière, une
capacité financière, une expérience dans le
développement et dans la gestion des affaires, qui correspondaient
très bien à ce qu'on pouvait offrir comme sécurité
d'avenir pour toute la région desservie par le Mont-Tremblant.
Le ministre nous disait tantôt: On n'avait pas le pouvoir
d'intervenir, mais la
montagne appartient...
M. Brassard: Elle est du domaine public.
M. Côté: Elle est du domaine public et appartient au
ministère.
M. Brassard: En partie, sauf la fameuse "pointe de tarte".
M. Côté: C'est cela qui est très bien
représentée sur le tableau à l'arrière. Tout le
problème issu de ce dossier - et on va continuer dans nos questions avec
votre permission - vient du fait que des équipements de remontées
du côté sud de la montagne sont situés sur le terrain qui
est la propriété du Mont Tremblant Lodge et qu'à partir du
moment où cette compagnie, qui est maintenant administrée par
Promodev, cesse ses activités, c'est l'ensemble de la région qui
a à en subir les conséquences puisqu'il n'y a plus de
remontées. Donc, je maintiens que Campeau avait une offre fort
sérieuse et fort valable et que la raison pour laquelle Campeau a
retiré son offre en avril 1982 était la durée du bail,
compte tenu de sa volonté de construire au-delà de 3000
condominiums dans le développement futur du mont Tremblant, ce qui
aurait assuré une très grande visibilité et un très
grand attrait pour cette région et pour tout le Québec.
M. Brassard: M. le Président, c'est important de souligner
que, pour ce qui est de l'offre de Campeau, le ministère n'a jamais eu
à porter un jugement, ni à faire une évaluation de cette
offre parce qu'elle ne lui a jamais été transmise de façon
officielle, contrairement aux deux offres dont je parlais tantôt qui,
elles, ont été analysées par le ministère. Je
signalais, et je le signale de nouveau, que le ministère n'était
pas très satisfait de ces deux offres et la décision des
administrateurs s'est faite malgré l'avis contraire du ministère.
Mais nous n'avions pas de pouvoir juridique pour obliger les liquidateurs des
actifs de la fédération à tenir compte de notre vision des
choses et à prendre une décision en conformité avec notre
avis.
M. Côté: Est-ce que le ministre est en train de nous
dire que personne du ministère n'a parlé à Campeau? Aucun
fonctionnaire du ministère n'a parlé à Campeau?
M. Brassard: Ce que je dis, c'est que de façon officielle
il n'y a jamais eu de demande de la part de Campeau pour que le
ministère, par l'entremise de la fédération, analyse le
projet et donne à la fédération un avis sur ce projet. De
façon officielle, on n'a jamais eu à se prononcer sur l'offre de
Campeau.
M. Côté: Pour bien se comprendre, il y a eu des
contacts de membres de la fédération avec des gens du
ministère concernant l'offre de Campeau et la durée du bail. Le
gouvernement ayant maintenu sa décision d'offrir un bail de 25 ans,
Campeau, jugeant qu'il y avait un certain risque, aurait retiré son
offre en avril 1982. (12 h 45)
M, Brassard: On n'a jamais eu à se prononcer sur la
demande de Campeau concernant le bail de 50 ans. Je demanderais peut-être
à M. Nadeau de préciser une chose à ce sujet.
M. Nadeau (Adrien): La Fédération des caisses
d'entraide avait, bien sûr, conservé différents contacts
avec les milieux financiers intéressés à l'acquisition du
mont Tremblant et elle recevait, de temps à autre, différentes
propositions de groupes financiers qui, éventuellement, voulaient
s'impliquer dans la gestion de ce complexe. La corporation Campeau avait eu,
avec les administrateurs de la Fédération des caisses d'entraide,
différents contacts permettant à celle-ci de présenter une
offre d'achat, laquelle a été adressée aux administrateurs
et non pas directement au ministère.
La fédération a transmis cette offre à titre
d'information au ministère, après avoir considéré
son contenu et avoir constaté, par rapport à certains
éléments, entre autres, la durée, qu'elle ne correspondait
pas aux modalités du bail conclues entre le ministère et la
fédération. À cette époque, dans le bail, il
était prévu que sa durée était, effectivement, de
25 ans. Mais en tant que tel, comme M. le ministre l'a mentionné tout
à l'heure, le ministère n'a jamais eu à porter un jugement
de fond sur la proposition Campeau, pour autant que je le sache.
M. Côté: Tantôt, si j'ai bien compris le
ministre, il nous disait que le ministère n'avait pas d'implication
juridique.
M. Brassard: C'est-à-dire qu'en vertu de la loi - il
faudra vérifier - on ne pouvait pas, juridiquement parlant, imposer une
décision, un choix, aux administrateurs désignés pour
liquider les actifs de la fédération. Même si on trouvait
les deux propositions insatisfaisantes, on ne pouvait pas obliger les
administrateurs à écarter ces deux propositions et à
essayer de trouver...
M. Côté: D'accord.
M. Brassard: On ne pouvait pas le faire, juridiquement
parlant.
M. Côté: Je veux juste référer le
ministre à un mémoire que vous retrouverez dans le document que
je vous ai fourni, au complet. Mémoire au Conseil des ministres,
soumis par M. Guy Chevrette, ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. Objet: application de la décision du Conseil des ministres
du 7 juillet 1982 concernant la Station touristique du Mont-Tremblant, soumis
le 30-11-82. 1° problématique, a) historique: suite à
l'étude d'un mémoire soumis conjointement par le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche et le ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme, le Conseil des ministres autorisait, par sa
décision 82-220 du 7 juillet 1982, les ministres signataires à
négocier et conclure une entente sur la cession du bail et du protocole
d'entente avec une ou des sociétés intéressées
à l'acquisition de la Station touristique du Mont-Tremblant Inc.,
propriété de la Fédération des caisses d'entraide
économique depuis août 1979.
M. Brassard: Oui. M. Côté: Oui.
M. Brassard: Une fois que les administrateurs de la
fédération avaient fait leur choix, avaient accepté de
vendre à tel groupe, la montagne, comme vous l'avez souligné
tantôt, faisant partie du domaine public, là, le ministère
négociait avec ce groupe choisi par les administrateurs de la
fédération un bail pour l'utilisation de la montagne. En d'autres
termes, les administrateurs de la fédération choisissent,
malgré notre avis, le groupe Gestion Promodev. À partir du moment
où ils ont choisi de lui vendre, on a amorcé des discussions
concernant le bail pour la location et l'utilisation de la montagne.
M. Côté: Vous aviez donc, à ce
moment-là, la possibilité de refuser ou d'accepter.
M. Brassard: Effectivement.
M. Côté: Vous avez donc décidé
d'accepter et d'entreprendre des négociations avec Promodev, d'ouvrir le
bail pour 50 ans au lieu de 25. Et le délai dans la négociation
est arrivé, après un mois ou un mois et quelques jours et,
à ce moment-là, vous avez conclu une entente, avec Promodev, d'un
bail d'une durée de 50 ans, exactement la clause sur laquelle Campeau
accrochait. Mettez-vous dans la position où la demande de Campeau aurait
été acceptée au départ, d'une possibilité de
50 ans comme bail, la situation et la sécurité financière
qu'offrait Campeau par rapport à Promodev était tout autre.
M. Brassard: Effectivement, une fois le groupe choisi, le
ministère a négocié et cela a duré plusieurs mois,
de septembre 1982 à décembre 1982. Il a négocié
avec Gestion Promodev pour convenir des conditions du bail. Il y a eu un
protocole d'entente qui a été signé en décembre
1982, qui spécifiait les nouvelles modalités qui devaient
être intégrées au bail. C'est exact que la durée du
bail a été modifiée pour passer à 50 ans. Il faut
dire que, en contrepartie, on a imposé des obligations d'investissement
assez considérables au promoteur: l'obligation d'investir dans
l'hébergement 16 000 000 $ jusqu'en 1987 et, dans le domaine skiable, 5
000 000 $; il y avait également l'obligation de présenter un plan
directeur de développement au plus tard en septembre 1983. Le bail a
été conclu et signé uniquement en mars 1984.
Évidemment, il y a eu bien des péripéties qui se
sont produites après, comme vous le savez, dont le rappel de la marge de
crédit par la Banque Commerciale du Canada et la reprise de possession
des actifs par la Banque Commerciale du Canada. Devant cette situation, le
ministère avait comme objectif de faire fonctionner les
équipements pour l'hiver 1984-1985 et cela explique la conclusion d'une
convention avec la Banque Commerciale du Canada pour que, à tout le
moins, on assure les opérations pour l'hiver 1984-1985, ce qui a
été fait effectivement. On peut dire même que la station de
ski du Mont-Tremblant a connu une excellente saison 1984-1985.
M. Côté: Le 30 novembre 1982, le ministre du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche d'alors, dans un mémoire soumis au
Conseil des ministres que vous retrouverez à l'annexe, recommandait le
rejet des deux propositions de Maheux et de Promodev.
M. Brassard: Oui, je l'ai dit tantôt. J'ai dit que
c'était malgré l'avis contraire du ministère.
M. Côté: Donc, il y avait des raisons pour
lesquelles le ministère refusait ou recommandait le rejet des deux
offres. Quelles étaient les raisons invoquées pour le rejet de
ces deux offres?
M. Brassard: Pour simplifier les choses, M. le Président,
je permettrais à M. Nadeau d'indiquer les raisons, à
l'époque, qui justifiaient et fondaient l'avis du ministère.
Le Président (M. Marquis): M. Nadeau.
M. Nadeau: Les raisons qui ont incité le ministère
à proposer une recommandation négative quant à la
conclusion de la transaction avec l'un des groupes étaient les
suivantes: 1. Les propositions faites par chacun des groupes étaient -
comme bien d'autres qui avaient été proposées à la
fédération - non conformes aux dispositions du bail. Puisqu'il
n'avait pas été impliqué dans des discussions avec ces
groupes et
n'avait pas eu à répondre à une demande expresse de
la fédération ou des administrateurs sur cette question, le
ministère ne croyait pas opportun de recommander une transaction avec
l'un ou l'autre des groupes.
Le deuxième élément qui incitait le
ministère è ne pas recommander la transaction avec l'un ou
l'autre des groupes était lié aux engagements d'investissement
que chacune des propositions contenait quant à la bonification ou
à l'amélioration des équipements du mont Tremblant. Les
propositions qui avaient été reçues des deux groupes
étaient assez conservatrices et ne permettaient pas au ministère
d'envisager de façon très claire quelles étaient les
démarches ou mesures qu'ils voulaient mettre de l'avant pour
améliorer l'équipement. En gros, ce sont les deux raisons.
M. Côté: Je pense que c'est une très juste
évaluation de la situation et des raisons qu'on a pu trouver, nous
aussi. Est-ce que dans le mois qui a suivi, le mois de décembre 1982, le
ministère a analysé la capacité financière de ceux
qui ont fait les deux offres?
M. Brassard: Effectivement, le ministère avait
demandé à la SDI, en particulier, de procéder à une
expertise et à une analyse financière des deux groupes. C'est la
SDI, à notre demande, qui a fait cette analyse.
M. Côté: Qu'est-ce que le rapport disait?
M. Brassard: En gros, cela disait que pour ce qui est du groupe
Maheux, il payait moins rapidement, mais qu'il offrait toutes les garanties
financières requises; même chose pour Lapointe et Gestion
Promodev.
M. Côté: II y a des surprises. Je ne m'attendais pas
du tout à cette réponse de la part du ministre. Je vais vous
l'avouer très honnêtement. Je ne m'attendais pas du tout qu'on me
dise que Promodev avait la capacité financière. Comment expliquer
que Promodev a été obligée d'emprunter 10 800 000 $
à la Banque Commerciale du Canada pour pouvoir acheter cet
équipement?
M. Brassard: La grande différence entre les deux, c'est
que Gestion Promodev s'engageait, dans sa proposition, à payer
immédiatement 4 800 000 $ à la fédération. Pour ce
faire, elle a eu recours à des emprunts, mais la SDI jugeait qu'elle
avait la capacité financière de supporter ou d'assumer de pareils
engagements.
M. Côté: Est-ce que cette étude
financière est disponible?
M. Brassard: On peut bien essayer de trouver cet avis.
Le Président (M. Marquis): Là-dessus, la commission
suspend ses travaux à cet après-midi, après les affaires
courantes.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 16 h 28)
Le Président (M, Marquis): À l'ordre! La commission
parlementaire de l'aménagement et des équipements reprend ses
travaux afin de poursuivre l'étude des crédits budgétaires
du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche pour
l'année 1985-1986. La parole est au député de
Charlesbourg.
M. Côté: M. le Président, je me rends compte
que le ministre est allé chercher son petit tableau, lui aussi. Il y a
davantage de couleurs sur le sien que sur le mien. Cela dépend
probablement des moyens. Est-ce qu'on doit comprendre que cela fait partie du
programme gestion et soutien?
Une voix: Le vert de l'espérance!
M. Côté: C'est cela, le vert de l'espérance.
Je vais peut-être prendre encore quelques instants pour compléter
le dossier que nous avions abordé ce matin. Forcément, le
ministre s'attendait qu'on poursuive, avec la présentation de son
tableau. On a terminé en disant que le ministère ou la SDI avait
fait une analyse financière des différentes propositions, soit
celles de Promodev et des frères Maheux, qui se sont
avérées positives pour le ministère, semble-t-il, selon le
rapport qui leur a été soumis, puisqu'on a quand même
signé le protocole d'entente.
Dans le protocole d'entente signé par les caisses d'entraide en
1979, il y avait certaines obligations: celle de construire un complexe
hôtelier de 200 chambres pouvant accueillir 300 personnes, de même
qu'un complexe sportif de 16 000 000 $. Or, dans le protocole d'entente
signé avec Promodev au début de 1983, l'hôtel est disparu
et le complexe sportif de 16 000 000 $ de même. Quelles sont les raisons
qui font que les exigences du protocole d'entente sont différentes dans
le cas des caisses d'entraide économique et dans le cas de Promodev?
M. Brassard: Pardon?
M. Côté: Qu'est-ce qui fait que les exigences du
protocole d'entente signé avec Promodev sont différentes de
celles signées avec les caisses d'entraide économique en
1979?
M. Brassard: En particulier, en ce qui a trait aux
investissements au pied de le montagne, effectivement, comme vous le
mentionniez, avec la Fédération des caisses d'entraide, il a
été question d'un complexe sportif et d'un centre des
congrès d'une capacité d'environ 300 personnes. Les discussions
qui ont eu lieu avec le ministère du Tourisme à l'époque
nous ont amenés à conclure qu'il était plus urgent
d'effectuer ces investissements dans l'hébergement de façon
à permettre un séjour sur place des clientèles parce qu'il
est apparu, et c'était connu de tous, que l'accueil en
hébergement à la station du Mont-Tremblant était
carrément déficitaire, aussi bien en qualité qu'en
quantité. Donc, parce que c'était plus urgent d'investir dans
l'hébergement, cela explique les changements que vous
évoquez.
M. Côté: Qu'est-ce qui fait qu'en 1979 vous signez
un protocole d'entente avec les caisses d'entraide avec les exigences dont on
vient de se parler, un complexe hôtelier pouvant accueillir 300
personnes, 16 000 000 $ pour un complexe sportif, qu'à aucun moment
à cette période-là vous n'avez apporté ou
demandé des modifications aux caisses d'entraide économique et
que, comme par hasard, en signant avec Promodev, tout à coup vous en
êtes venus à la conclusion qu'on devait laisser de
côté le complexe sportif, l'hôtel pour aller cautionner des
appart-hôtels?
M. Brassard: L'objectif, c'était, évidemment,
d'investir dans l'hébergement, mais en même temps
l'acquéreur ou le promoteur souhaitait retrouver plus rapidement ses
mises de fonds et les appart-hôtels constituaient un moyen qui lui
permettait d'atteindre cet objectif.
M. Côté: On a vu ce matin que l'offre du groupe
Campeau qui voulait avoir un bail de 50 ans, sur le plan de la
crédibilité financière, était quand même
très importante et, en plus, proposait la construction de 3000
condominiums. C'était quand même une proposition fort
intéressante. La seule clause où cela achoppait, c'était
sur la durée du bail, soit 50 ans, alors que vous proposiez 25 ans.
On se retrouve ensuite avec la compagnie Promodev qui, initialement,
fait une proposition de 25 ans et qui, en cours de route, la fait modifier pour
50 ans avec moins de sécurité financière que Campeau n'en
offrait. En plus, quant à la vocation initiale demandée aux
caisses d'entraide, un centre sportif de 16 000 000 $ plus un hôtel, vous
nous dites, aujourd'hui, qu'à l'époque ce qui a
présidé au changement des demandes était qu'il fallait
construire des appartements du type appart-hôtel pour être capable
d'accueillir davantage de citoyens.
Est-ce que vous ne croyez pas à ce moment-ci que la solution
Campeau de l'époque, avec tout ce que cela représente par rapport
à d'autres, était la solution à envisager par rapport
à ce que vous avez sur la table actuellement, compte tenu du fait que ce
qui achoppait était le bail de 50 ans?
M. Brassard: Peut-être avez-vous raison, mais je vous dis
et je répète que le gouvernement comme tel, pas plus que le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, n'a eu à
se prononcer sur l'offre d'achat de Campeau et à porter un jugement,
à en faire une analyse et une évaluation. Cette offre a
été faite directement au propriétaire, soit la
Fédération des caisses d'entraide, et cette dernière a
refusé cette offre. Pourquoi? Parce que, peut-être la
considérait-elle comme non appropriée pour elle. Elle 8vait sans
doute ses raisons. Mais, nous n'avons pas eu à nous prononcer comme tel
sur cette offre. Vous me dites: Est-ce que vous ne pensez pas que cette offre
aurait été la meilleure? Je dis: Peut-être. Je ne peux pas
vous dire oui, je ne peux pas vous dire non. On n'a pas eu à faire une
analyse exhaustive, complète de cette offre comme gouvernement ou comme
ministère.
M, Côté: Dans l'analyse de la situation, au moment
où vous avez, le 30 novembre 1982, refusé à la fois
l'offre de Promodev et celle de Maheux, est-ce que quelqu'un au
ministère s'est penché sur la possibilité de rencontrer le
groupe Campeau pour voir s'il était intéressé, compte tenu
du fait que votre intention, dans les jours qui ont suivi, de modifier le bail
de 25 à 50 ans réglait le seul problème qui restait sur la
table, compte tenu de l'offre de Campeau? C'est la question que je pose au
ministre qui n'était pas là à l'époque. Je sais que
je le place dans un contexte assez difficile, mais je pense que le ministre
assume la responsabilité de ses prédécesseurs dans ce
dossier.
M. Brassard: C'est exact. Je vous répète que les
administrateurs qui étaient chargés de liquider les actifs ont
fait des invitations. 11 y a deux groupes qui ont fait des soumissions. Ils en
ont choisi un. Nous, on a examiné ces offres et je vous
répète ce que je vous ai dit ce matin: Le ministère n'a
pas donné un avis favorable sur aucune des deux propositions.
Malgré cela, les liquidateurs de la fédération ont
décidé de choisir le groupe Promodev. La principale raison, c'est
que Promodev leur permettait d'obtenir presque 5 000 000 $ "cash". Quand on
connaît les difficultés financières de la
fédération à l'époque, on comprend un peu pourquoi
elle a accepté ce groupe. Il y avait 5 000 000 $ qui rentraient
immédiatement dans la caisse.
On a consulté pour savoir si on avait des moyens juridiques.
C'est un peu ce que je vous disais ce matin: Est-ce que le ministère a
des moyens juridiques pour contrecarrer cette décision prise par les
administrateurs délégués? L'avis juridique qu'on nous
donnait était: Si vous ne souhaitez pas que ce soit le groupe Promodev
qui acquière la station du Mont-Tremblant, le seul moyen que vous avez,
c'est de résilier le bail. Résilier le bail, cela voulait dire -
il faut bien se comprendre -compte tenu de la pointe de tarte qui était
propriété privée, qu'on mettait une clôture au pied
de la pente sur le domaine public et qu'on remboursait en plus aussi 8 000 000
$. Parce qu'on résiliait le bail de notre propre initiative, il fallait
aussi, pour la durée du bail qui restait à courir, rembourser 8
000 000 $ à la Fédération des caisses d'entraide.
L'avis juridique qu'on nous a donné aussi bien au
ministère qu'au ministère de la Justice, cela a été
de nous dire: II y a une chose. Si vous ne voulez pas le groupe Promodev, vous
ne pouvez pas en imposer un autre aux administrateurs en vertu de la loi. Ils
ont le plein pouvoir de décision. S'ils choisissent le groupe Promodev,
ou alors vous vous assoyez avec le groupe Promodev, vous rediscutez du bail et
essayez d'obtenir le plus d'avantages possible par la renégociation du
bail ou alors vous résiliez le bail. Si vous résiliez le bail,
les conclusions, c'est qu'il n'y a plus de ski sur la pente au mont Tremblant.
Il faut être bien conscient de cela. Il n'y a plus de ski au mont
Tremblant compte tenu de la configuration du territoire en question. Il n'y a
plus de ski et, en plus, il faut que vous remboursiez 8 000 000 $ parce que
vous résiliez le bail.
C'est là la situation, M. le Président, et il faut en
être bien conscient. Il faut être bien conscient aussi de la
position dans laquelle on se trouvait. Je pense que, dans les circonstances, le
choix qu'on a fait était le meilleur. C'était de dire: II faut
quand même s'efforcer d'assurer le fonctionnement du mont Tremblant
compte tenu de l'importance touristique dans la région de cet
équipement. Par conséquent, malgré les avis qu'on avait
donnés sur les groupes en question, le ministère s'est assis avec
le groupe Promodev et on a rediscuté du bail, on a
renégocié le bail en question.
M. Côté: Si le ministère n'avait pas consenti
à prendre le bail de 25 à 50 ans, que serait-il
arrivé?
M. Brassard: C'était une des exigences du groupe Promodev.
Mais en contrepartie on a, nous aussi, imposé certaines exigences en
matière d'investissements.
M. Côté: Parfait. Continuons dans l'évolution
du dossier. Mettons de côté pour le moment toute cette
période. J'aurais peut-être une dernière question. En
allant dans le milieu pour consulter et rencontrer des individus, il y a une
déclaration que le ministre de l'Industrie et du Commerce aurait faite
à l'époque qui n'aurait certainement pas aidé au dossier
ou qui aurait clarifié la situation assez nette vis-à-vis de
l'offre de Campeau. Semble-t-il que ce qui circulait dans les officines de ceux
qui avaient è décider compte tenu que, le 7 juillet 1982, deux
personnes, deux ministres au moins étaient au dossier, plus le ministre
des Transports de l'époque, qui était député de la
circonscription, c'est qu'on ne laisserait pas Campeau, le "chum" de Trudeau,
aller planter le drapeau du Canada sur le mont Tremblant.
M. Brassard: Je vous avoue bien franchement que j'ignore les
motivations du député du comté de l'époque qui est
encore député de ce comté, M. Léonard.
M. Côté: C'est le député de
Lotbinière qui avait dit cela.
M. Brassard: Le député de Lotbinière, M.
Biron. J'avoue ignorer complètement ces déclarations.
M. Côté: Je m'organiserai pour aller poser la
question au principal intéressé aux crédits du
ministère de l'Industrie et du Commerce. Je donnerai la réponse
au ministre si jamais je réussis à avoir une réponse, si
je suis plus chanceux là-bas qu'ici.
M. Brassard: Ce serait une bonne question.
M. Côté: Vous avez donc choisi Promodev. Vous avez
signé, quinze mois plus tard, un bail. Quinze mois plus tard. Qu'est-ce
qui explique le délai?
M. Brassard: Je vous corrige. On n'a pas choisi Promodev. Les
administrateurs des caisses d'entraide ont choisi Promodev et, compte tenu de
ce que j'ai dit tantôt, on s'est assis à une table avec Promodev
et on a négocié le bail.
M. Côté: De par le fait que vous avez accepté
de prolonger de 25 à 50 ans le bail, vous avez officiellement choisi
Promodev parce que Promodev ne serait probablement plus là aujourd'hui
si cela avait été un bail de 25 ans. Mais il y a un délai.
De toute façon, la question demeure. Que le ministre maintienne sa
version ou que je maintienne la mienne, il reste qu'il s'est
écoulé quinze mois avant la signature du bail. Qu'est-ce qui a
occasionné un délai de cette nature?
(16 h 45)
M. Brassard: Les délais entre décembre 1982 et la
signature du bail en mars 1984 sont justifiés par deux
éléments. D'abord, la période de négociation qui a
été nécessaire pour bonifier le bail. Lui de son
côté, comme vous le savez, exigeait une durée plus longue.
Nous, on avait aussi des exigences en matière d'investissements et
d'immobilisations. Cela a pris un certain temps avant qu'on s'ajuste. Il y a eu
aussi toute la période nécessaire aux professionnels,
c'est-à-dire aux notaires pour rédiger une nouvelle version du
bail en incluant toutes les clauses convenues entre les parties lors de
l'entente de décembre 1982.
M. Côté: Je ne sais pas si je dois rendre publique
la réponse du ministre. Les notaires, est-ce que ce sont des notaires
privés?
M. Brassard: J'aime autant laisser M. Nadeau vous
répondre. Allez-y, M. Nadeau.
M. Nadeau: Compte tenu qu'il y avait des avocats qui
étaient impliqués, bien sûr, dans la rédaction du
bail, cela a pris neuf mois de vérification, de propositions et de
contre-propositions, de calculs afférents parce que certaines des
clauses ont des conséquences d'ordre monétaire. Je fais
référence, notamment, à la clause qui est relative au
calcul du coût résiduel qui a des implications assez complexes
à comprendre. C'est ce qui explique, entre autres, le délai et
une fois que chacune des parties s'était entendue sur une partie de
paragraphe sur laquelle on avait un accord, il fallait que le notaire la
transcrive de la façon la plus correcte possible. Donc, c'est un
délai qui est vraiment...
M. Brassard: Ce furent des négociations aussi ardues,
aussi laborieuses que dans les secteurs public et parapublic.
M. Côté: M. le Président, on me fait
remarquer que, dans le bail qu'on a réussi à obtenir en allant
faire des visites là-bas et en payant certaines choses - je ne le dirai
pas malicieusement, le ministre va me comprendre - c'étaient des
notaires du ministère et cela paraît que, dans certains cas, ce
sont des avocats qui ont fait des affaires. Il manquait certains montants et il
manquait des choses dans le bail déposé. On va les trouver. Je
les donnerai au ministre tantôt.
Parfait, on s'entend donc et on signe un bail avec Promodev quinze mois
plus tard. Dans ce bail, il est clairement établi que, le 8 septembre
1984, il y a dépôt d'un projet parce qu'on a accepté
l'offre de Promodev. On a dit à nos conditions qui étaient
implicites, à condition que de l'argent provenant de l'exploitation de
la montagne soit réinvesti dans la montagne.
On s'est retrouvé en juin 1982 avec une fermeture et on devait,
normalement, faire des travaux parce que c'était la raison.
Expliquez-moi quels travaux ont été faits pendant cette
période. Actuellement, ou en date du 8 septembre 1984 tel que
stipulé dans le bail, est-ce que le projet a été
déposé au ministère?
M. Brassard: Effectivement, il y a un plan de
développement qui a été déposé au
ministère conformément à l'article 4 du bail. Il a fait
l'objet d'un examen au ministère...
M. Côté: Déposé quand?
M. Brassard: C'est en janvier. Une première rencontre en
janvier 1983 avec l'intéressé qui a déposé un plan
préliminaire dans lequel étaient prévues certaines
activités et des investissements qu'il devait faire au cours de
l'année.
M. Côté: Je ne comprends pas là. On ne se
comprend pas. Déposer un plan, un projet avant même de signer le
bail. C'est un peu vite. Dans le bail, il y a un projet pas de
développement à court terme, pas pour un an.
M. Brassard: Un plan de développement.
M. Côté: Un plan de développement. Est-ce que
ce plan de développement a été déposé le ou
avant le 8 septembre 1984?
M. Brassard: II y a eu un premier projet qui a été
déposé au début de 1983, qui a été
analysé par le ministère et qui a été jugé
insatisfaisant, incomplet. On a retourné le promoteur faire ses devoirs
en quelque sorte, parce qu'il était obligé de le faire en vertu
du bail. Par la suite, les difficultés financières
éprouvées par le promoteur, comme on le sait, l'ont
empêché de respecter les échéances du
ministère, puisque c'est en juin 1984 qu'il a commencé à
avoir de sérieuses difficultés financières. La banque a
repris possession des actifs au mois d'août. Le bail prévoyait un
dépôt en septembre. Les difficultés financières
vécues par Gestion Promodev l'ont empêchée effectivement de
respecter les échéances du ministère.
Par la suite, le ministère, ayant comme objectif que la saison
1984-1985 ne soit pas compromise, comme vous le savez, a conclu une convention
avec la banque qui avait repris les actifs et a suspendu les clauses concernant
les investissements et aussi le plan de développement.
Maintenant que le bail est de nouveau en vigueur, vu que M. Lapointe a
trouvé une
banque qui lui a prêté l'argent et qu'il s'est
libéré de ses dettes à l'égard de la Banque
Commerciale, les clauses concernant le plan de développement sont de
nouveau en vigueur et surtout les clauses concernant les investissements et les
immobilisations.
M. Côté: Avant d'en arriver là, pour revenir
à l'analyse financière, à la capacité
financière du groupe Promodev, on en a parlé ce matin, il y a eu
un emprunt de 10 800 000 $ à la Banque Commerciale qui visait à
payer les 4 800 000 $ et, semble-t-il, certaines dettes qu'il avait à
l'époque. Une question nous est venue à l'esprit: Pourquoi le
gouvernement a-t-il permis au groupe Promodev de donner en garantie
collatérale pour les jardins de l'Archipel la Station touristique du
Mont-Tremblant Inc. ? Qu'est-ce qui fait que le ministère s'est
laissé passer un sapin comme celui-là?
M. Brassard: La question relative à la garantie
collatérale qui est octroyée par la Station touristique du
Mont-Tremblant sur les investissements effectués par M. Lapointe aux
jardins de l'Archipel pourrait être clarifiée en tenant compte des
éléments suivants. Premièrement, la garantie
collatérale en question est de l'ordre du troisième niveau.
Deuxièmement, cette garantie s'est effectuée en raison des
engagements de la Station touristique du Mont-Tremblant pour le projet des
appart-hôtels qui sont situés sur une partie du territoire en
propre de la Station touristique du Mont-Tremblant. Cette garantie
collatérale - cela a été souligné aussi, je pense -
n'affecte aucune des dispositions du bail.
M. Côté: Le ministre dit que la garantie
collatérale était en fonction des appart-hâtels. Je
m'excuse, mais ce n'est pas cela.
M. Brassard: C'est l'information qu'on a. Si vous en avez
d'autres, M. le député... Nous, c'est l'information qu'on a.
M. Côté: Si c'est en garantie des
appart-hâtels, pourquoi y a-t-il un emprunt de 6 000 000 $ à
Laurent Gagnon.
M. Brassard: Des emprunts de... ?
M. Côté: 6 000 000 $ à Laurent Gagnon.
M. Brassard: Plutôt que de répéter ce que M.
Nadeau vient de me dire et qui m'apparaît très clair d'ailleurs,
je demanderais à M. Nadeau de ventiler les investissements de M.
Lapointe et leur provenance dans le cas des appart-hôteîs.
M. Nadeau: L'information que le ministère a obtenue sur le
projet des appart-hôtels et l'implication d'une garantie
collatérale concernant ce projet est que: 1. Le projet global, je pense,
tourne autour de 8 000 000 $ en termes d'investissement au niveau de la
construction des édifices en question. Le promoteur immobilier, M.
Gagnon, aurait avancé des sommes à ce projet de l'ordre d'environ
6 000 000 $. Enfin, il y a là des questions d'intérêt et
des choses comme cela. L'exploitant de la station du Mont-Tremblant inc. serait
impliqué pour environ 2 000 000 $ à 2 500 000 $. L'une des
conditions pour la mise en oeuvre du projet aurait été que la
station du Mont-Tremblant assume un ensemble de coûts d'infrastructure,
tels ceux pour faire les aqueducs et égouts et ainsi de suite, ce qui
lui aurait demandé une sortie de fonds supplémentaire de l'ordre
de 750 000 $ à 1 200 000 $ ou quelque chose comme cela. C'est sur cette
opération, finalement, que vient se greffer la garantie
collatérale que M. Lapointe a convenu avec la société
bancaire compte tenu qu'en même temps il refaisait une structure de son
financement via la société bancaire qui est impliquée
auprès des jardins de l'Archipel. Donc, c'est la même
société prêteuse, si vous voulez, qui a été
impliquée et au niveau des jardins de l'Archipel et au niveau de ce
projet de condominiums. C'est à cette occasion-là qu'a
été réorganisé, si vous voulez, le financement de
M. Lapointe.
M. Côté: Mais le financement inclut, comme je l'ai
dit tantôt, les jardins de l'Archipel.
M. Nadeau: Cela peut être inclus, mais je ne suis pas en
mesure de vous le dire. Quant à nous, l'information que nous avons
obtenue au niveau du ministère, c'est qu'à l'occasion de ce
projet-là il y a eu une réorganisation des...
M. Côté: Je pense qu'on s'est bien compris. D'abord,
j'ai bien compris votre explication. Pour nous, cela les inclut, compte tenu
des recherches qu'on a faites.
En juin 1984, vous l'avez dit tantôt, des problèmes
financiers et la fermeture de la station. Dans le bail, à l'article 3,
nature et limites du bail, que vous retrouvez à la page 4: "À
compter de la date du commencement du présent bail et par la suite
durant toute sa durée, la compagnie devra exercer et exploiter les
commerces et entreprises et toutes leurs installations pour lesquelles elle a
obtenu l'assentiment du gouvernement de façon continue, active et
diligente sur tout le territoire loué. Durant le terme du présent
bail, la compagnie n'aura pas le droit d'abandonner ou d'évacuer en
totalité ou en partie le territoire. " S'il y
a quelque chose qui est clair, c'est cela. En aucun temps, le bail ne
donnait l'autorisation de fermer et, effectivement, en juin 1984, cela a
été fermé. J'ai moi-même fait le tour au mois
d'août. Je suis allé voir moi-même les appart-hôtels;
je suis allé voir le tout et je l'ai vu de mes yeux. Tout était
fermé. La raison invoquée: à l'époque où il
y avait des travaux, il n'y avait pas l'ombre d'un homme qui travaillait sur le
terrain. C'est la raison qui a été invoquée, mettant ainsi
en danger la saison touristique. Comme vous l'avez dit tantôt, vous avez
été obligés d'intervenir in extremis, pour protéger
la saison de ski en confiant cette responsabilité à la
banque...
M. Brassard:... qui avait repris possession des actifs.
M. Côté:... qui avait repris possession des actifs,
oui, oui, pour être capable de sauver la saison hivernale et de faire
entrer de l'argent. Pourquoi alors n'avez-vous pas utilisé ce qui vous
était permis dans le bail et donné à Promodev un avis de
60 jours pour résiliation de bail? (17 heures)
M. Brassard: En vertu du bail qui liait le ministère au
promoteur en question, l'engagement pour le fonctionnement qui était
pris par la station du Mont-Tremblant était limité au secteur qui
faisait l'objet du bail en question, c'est-à-dire le domaine skiable. Le
ministère, au cours de l'été 1984, après juin, a
fait à plusieurs reprises des vérifications sur le site. On n'est
pas en saison. Il n'y a pas de ski. Alors, comment vérifier que les
activités peuvent se faire? On a vérifié sur le site et on
a constaté que les équipements de remontées
mécaniques, entre autres, étaient opérationnels et que les
services de réservation pour l'hiver qui suivait, même
réduits, existaient également et fonctionnaient.
M. Côté: Ils ont coupé les
téléphones!
M. Brassard: En vertu des dispositions du bail,
l'exploitant...
M. Côté: Ce qu'il est menteur!
M. Brassard:... répondait, par conséquent, à
ces engagements, selon les conditions minimales du bail.
M. Côté: Est-ce que, dans les conditions minimales
d'exploitation, un téléphone peut être inclus? Avez-vous
essayé d'appeler pendant cette période-là? Il n'y avait
pas de téléphone.
M. Brassard: Évidemment, il y a des relations qui ont
été établies entre le ministère et la station du
Mont-Tremblant.
M. Côté: M. le ministre, toute cette région
dépend de cette montagne au point de vue du ski. Lorsqu'on me dit qu'il
y avait un minimum de services, il s'agissait de voir l'émoi des gens
là-bas en termes de réservation et toutes les
répercussions qu'il y a eu dans les États d'où proviennent
les gens qui viennent faire du ski, soit dans le Middle West, dans le
Nord-Ouest et dans le Nord-Est des États-Unis. En tout cas, ce que j'ai
vécu là-bas, c'était sur le terrain avec des gens du
milieu qui avaient des petites stations satellites qui vivaient de la montagne.
Quand on me dit cela, je suis un peu étonné. Cette montagne et
tout le développement de cette région sont la
responsabilité du ministère. C'est l'élément moteur
par excellence du Québec en termes de ski. Et on vient me dire que cette
situation était presque normale, d'après ce que je comprends!
M. Brassard: Non, ce n'est pas ce que je dis. Je dis que les
conditions minimales étaient respectées. Mais ce que je vous dis
aussi en plus, c'est que, si nous avions expédié l'avis de 60
jours dont vous parliez tantôt, une fois les 60 jours
écoulés, le ministère se doit d'agir et de résilier
le bail. En vertu des dispositions qui y sont contenues relativement au
versement des coûts résiduels dans ce cas-là, il devait
aussi verser des - sommes évaluées selon une méthode qui
est également incluse dans le bail. On a fait un calcul à savoir,
si on utilisait cette procédure, combien le ministère aurait
à payer. La somme à verser en vertu de ces dispositions et selon
ce que nous avons évalué variait de 3 900 000 $ et 4 500 000 $.
Cela ne nous aurait pas automatiquement ou nécessairement assuré
l'exploitation du domaine skiable parce qu'il aurait aussi fallu, si on avait
voulu assurer nous-mêmes directement l'exploitation du domaine skiable,
comme vous le savez, acquérir la fameuse pointe de tarte. C'est
là que se retrouvent les remontées mécaniques. Cela
comprend 18 000 000 de pieds carrés qu'on évalue de 1 $ à
3 $ le pied carré, selon la nature du terrain. Cela fait un joli
montant. Si on ne s'était pas entendus, il aurait fallu recourir
à une procédure d'expropriation. Vous savez combien de temps cela
peut durer. Ainsi, cette procédure compromettait presque
inévitablement les activités pour la saison qui venait.
Entre-temps, de toute façon, il est arrivé la reprise de
possession des actifs par la banque. C'est la banque qui s'est
substituée en quelque sorte à Gestion Promodev. Comme notre
objectif était d'assurer les activités pour la saison d'hiver qui
venait, on a conclu avec la banque une convention pour en assurer le
fonctionnement.
M. Côté: Au cours de cette année, quelles ont
été les sommes investies dans le développement de la
montagne en immobilisations?
M. Brassard: Pour la période pendant laquelle la banque a
assuré la gestion des activités?
M. Côté: Oui,
M. Brassard: D'abord, c'est inclus dans la convention. Il y a un
article de la convention qui indique que les clauses portant sur les
investissements du bail sont suspendues. La banque n'était pas tenue de
respecter, pour la durée de la convention, les clauses portant sur les
immobilisations et les investissements. Il y a eu sans doute des
dépenses, mais des dépenses...
M. Côté: Mineures.
M. Brassard:... d'entretien.
M. Côté: Le ministre ne croit-il pas -est-ce dans sa
politique - que celui qui exploite la montagne, qui en tire des
bénéfices, a l'obligation de réinvestir dans la
qualité et dans le développement de la montagne? Oui?
M. Brassard: C'était prévu dans le bail,
d'ailleurs.
M. Côté: C'est prévu dans le bail? M.
Brassard: Oui.
M. Côté: Cela a été suspendu pour
sauver la saison?
M. Brassard: Oui.
M. Côté: Aujourd'hui, si on en croit les journaux -
mais il n'y a rien sur le plan public qui le certifie - le groupe Promodev a
refinancé sa dette; 20 000 000 $ ont été
refinancés. Cela veut dire que la montagne est garante des 20 000 000 $
qui sont dus.
M. Brassard: Plus les actifs en propre de la
société.
M. Côté: Assurément. Cela veut dire une dette
de 20 000 000 $. Selon les savantes analyses que vous avez faites, compte tenu
des perspectives d'avenir, compte tenu des taux d'intérêt, on peut
présumer que le groupe Promodev aura à payer annuellement 2 500
000 $ en intérêt. Qu'est-ce que vous avez ou qu'est-ce que vous
allez exiger du groupe Promodev comme investissement sur la montagne?
M. Brassard: Au moment où on se parle, comme je le
mentionnais tantôt, les clauses du bail concernant les investissements
sont de nouveau en vigueur et nous allons, évidemment, surveiller de
très près le groupe en question. M. Lapointe devra respecter les
clauses du bail concernant les investissements et les immobilisations à
venir.
M. Côté: De manière aussi ferme que vous avez
fait respecter la clause dont je vous parlais tantôt dans l'exercice du
bail, de façon que le ministère soit encore pris
éventuellement dans un cul-de-sac où il n'aura pas le choix,
supposément, de ce qui lui est arrivé.
Je pense que vous avez une responsabilité de premier ordre face
à la station et il faut nécessairement envisager des prises de
décision de la part du gouvernement. Des erreurs historiques ont
été commises dans le dossier de la montagne et H me paraît
tout à fait inadmissible pour l'économie de la région que
ce qui est à la base de l'utilisation de la montagne, soit les
remontées, soit en territoire ou en terrain privé. Peu importe
celui ou celle qui a commis l'erreur dans le passé, c'est un constat
aujourd'hui et la région est prise en otage. C'est aussi clair que cela:
la région est prise en otage de la situation financière actuelle
du groupe Promodev ou de celui qui sera là éventuellement.
Est-ce que le ministère n'a pas une responsabilité
vis-à-vis de l'accès è toutes les remontées de la
montagne? Vous nous avez dit tantôt que, pour résilier te bail, il
y avait un coût de X millions de dollars, 3 000 000 $, et l'expropriation
au coût de 18 000 000 $ ou 20 000 000 $, d'après les chiffres que
vous nous avez donnés. Est-ce que le ministère, à ce
chapitre, n'a pas une responsabilité vis-à-vis de toute la vie
économique de la région? Ne faudrait-il pas envisager de crever
l'abcès de façon que, si un complexe hôtelier crève
pour toutes sortes de raisons, l'ensemble des hôtels satellites de la
région qui dépendent de la montagne ne crève pas?
M. Brassard: Là-dessus, ce que je peux vous dire, c'est
que nous sommes parfaitement conscients de la situation telle que
décrite par le député de Charlesbourg. Notre objectif,
compte tenu de l'importance de cette montagne et de ses équipements dans
la région en termes de retombées économiques et
touristiques, c'est d'en assurer l'accès et des activités
régulières qui ne risquent pas d'être perturbées
à tout moment.
Le problème majeur qui se pose, c'est cette fameuse pointe de
propriété privée où se retrouve une partie des
équipements essentiels au fonctionnement et par où il faut passer
aussi pour avoir accès à la montagne. Il est évident que
l'idéal serait
que cette partie de propriété privée
réintègre le domaine public. Cela est bien évident. Une
fois qu'on a dit cela, il faut se demander aussi comment on y arrive. Je
signalais tantôt les coûts et les évaluations assez
faramineuses d'une expropriation, par exemple. Pour le moment il y a un bail
avec des clauses précises portant sur les investissements. On a bien
l'intention de les faire respecter. Si le promoteur nous approche et nous
indique une intention de rouvrir des discussions ou des négociations sur
un certain nombre de clauses qu'il trouve difficiles, je pense qu'on pourra
profiter de cette circonstance pour indiquer, de notre côté, un
certain nombre d'objectifs et d'intentions très précis quant au
fonctionnement et aux activités du mont Tremblant.
M. Côté: Est-ce qu'il serait possible au ministre de
nous transmettre, dans la mesure où il en a une copie, la proposition,
l'offre d'achat du groupe Campeau...
M. Brassard: Je peux essayer de l'avoir.
M. Côté:... de même que la décision du
gouvernement 82-220 du 7 juillet 1982 définissant le cadre de
négociation du bail et du protocole d'entente signé avec Promodev
vers le 31 mars 1983, relatif à la location de la montagne?
Une dernière question sur le sujet qui a quand même pris
passablement de notre temps, mais, compte tenu de l'importance pour le
Québec et pour toute la région, de cette station de ski et de son
développement futur, je pense qu'il fallait y passer le temps qu'on y a
passé. Concernant le développement de la région- vous
l'avez en annexe - un groupe a été formé au niveau de la
région, qui vise le développement de tout ce territoire. Quelle
est son importance aux yeux du gouvernement ou du ministère? Quel
rôle le gouvernement entend-il faire jouer à ce regroupement de
gens de l'entreprise privée?
M. Brassard: Les gens de mon ministère les ont
rencontrés à maintes reprises. Pour le moment, je dois dire que
les relations ne sont pas au beau fixe entre M. Lapointe et les gens du milieu.
Dans les circonstances où nous sommes aussi, nous sommes devant un bail
qui est en vigueur et qu'on se doit de respecter, quant à nous. Il nous
apparaît difficile pour le moment de prévoir un rôle
précis que pourraient jouer les gens du milieu. On n'exclut pas la
possibilité qu'ils jouent un rôle actif, mais je pense qu'on devra
voir, dans les semaines qui viennent, comment évoluent les choses avec
M. Lapointe concernant le bail pour envisager possiblement un certain nombre
d'hypothèses où ces hommes d'affaires du milieu pourraient jouer
un rôle. (17 h 15)
M. Côté: En terminant, j'avais dit au ministre
tantôt que je lui redonnerais quelques petites lacunes du bail. Vous avez
dit que cela a pris neuf mois à des avocats. Ai-je bien compris?
À la page 5, Plan directeur de développement, article 4, on peut
lire, à la fin du paragraphe: "... pour les dix années". On ne
sait pas de quoi ni à partir de quand. C'est le néant. À
la page 16, article 12, Routes et chemins, il est dit: "... du gouvernement et
de la compagnie pour toute réclamation pour blessures corporelles,
décès ou dommages matériels ou événements
encourus sur ladite route ou causés par celle-ci pour une somme d'au
moins - cela ne coûtera pas cher, il y a un blanc - dans le cas des
blessures... "
M. Brassard: À quelle page? M. Côté:
À l'article 16. M. Brassard: Article 16.
M. Côté: C'est-à-dire à la page 16, au
deuxième paragraphe de l'article 12, Routes et chemins, vous allez voir
un beau blanc, comme nous, j'imagine, à moins que vous ne l'ayez
ajouté après. Mais il y a un espace blanc. C'est juste à
titre d'information.
M. Brassard: Oui, effectivement, j'ai un espace blanc aussi, mais
c'est une copie. Il faudrait vérifier l'original.
M. Côté: Cela va, M. le Président. Mon
collègue de Sauvé prendra la relève jusqu'à 18
heures, compte tenu que j'ai un souper de financement dans mon comté et
qu'il faut peiner pour ramasser de l'argent. Je sais que le ministre a
déjà vu cela. Probablement que c'est plus facile dans le cas d'un
ministre que dans celui d'un simple député.
M. Brassard: Non, non.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Chambly avait demandé la parole avant de quitter le domaine des
programmes 1, 2, 3. M. le député de Chambly, vous avez la parole.
Ensuite, ce sera au tour du député de Sauvé.
M. Tremblay: Oui, cela fait déjà un bout de temps
que le député de Charlesbourg a fait sa déclaration
d'ouverture. Je ne lui en fais pas reproche. Je ne fais que constater.
Je veux simplement répondre à ses remarques sur la Loi sur
les parcs et plus particulièrement sur le Mont-Saint-Bruno. D'abord, sur
la Loi sur les parcs, je suis en parfait accord avec lui pour dire que le
projet de loi 19 qui a été déposé à
l'Assemblée nationale est un net recul par rapport à la
loi actuelle. Je pense que cela a été compris par tous lors des
audiences publiques tenues au sujet du projet de loi 19. Non pas les audiences
publiques, mais la consultation particulière sur le projet de loi 19,
sur le projet de loi 13, oui, je m'excuse. Cela fait trop longtemps que le
député a parlé. Il était en train de m'endormir,
j'ai l'impression.
Une voix: On va s'endormir avant vous.
M. Tremblay: Il est évident que ce qui est
désiré non seulement par le milieu, mais par moi aussi à
la suite de l'analyse qu'on a faite durant quelques années de ce dossier
-c'est essentiel - c'est que cette loi soit modifiée pour permettre que
des sites qui mériteraient d'être protégés par une
loi des parcs le soient pleinement, cela même s'il y a déjà
des équipements lourds sur leur territoire. On pense, par exemple, au
mont Orford, ou, plus particulièrement, au parc que je connais le mieux,
le parc du Mont-Saint-Bruno, où il y a un centre de ski. Ces centres de
ski, ou même le camping d'Orford ne devraient pas empêcher que
d'autres sites aux alentours ne soient protégés par quelque chose
qui serait équivalent et même supérieur à la
protection que donnait l'ancienne loi sur la conservation.
Un autre point qui me paraît important - c'est peut-être la
préoccupation principale de tous les intervenants que j'ai eu l'occasion
d'entendre lorsqu'ils discutent de la Loi sur les parcs - c'est que même
avec la loi actuelle, ce n'était pas évident que le
ministère était astreint aux mêmes obligations en ce qui
concerne la protection du milieu que tous les autres intervenants. Il est loin
d'être évident, par exemple, que le ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche doive faire les mêmes preuves qu'il ne
perturbera pas le milieu que, par exemple, le ministère des Transports
quand il fait une route ou tout autre intervenant lorsqu'il fait des travaux
dans un milieu. La création d'un parc implique en général
sa construction d'équipements propres à recevoir le public.
Le troisième point qui m'apparaît important aussi, c'est de
s'assurer non seulement que les changements qui pourraient être
apportés è l'avenir répondent à l'obligation faite
au ministère d'assurer la protection du milieu, mais, en plus de cela,
que la population soit au courant de ces modifications avant même que les
plans soient terminés ou finals. C'est dans ce sens, je pense, que les
intervenants de la commission, il y a quelques semaines, exprimaient tous leur
opinion. À mon avis, c'est de là que part cette crainte qui a
été manifestée chez nous par le milieu face à la
Loi sur les parcs actuelle.
Parc du Mont-Saint-Bruno
Puisque l'exercice que nous faisons aujourd'hui implique que nous avons
à poser une question à la fin d'un exposé, je m'enquerrai
auprès du ministre afin de connaître quels sont les projets du
ministère relativement aux immobilisations ou aux nouveaux
équipements au parc du Mont-Saint-Bruno.
M. Brassard: M. le Président, M. le député,
je ne voudrais pas vous décevoir, mais je suis obligé de
répéter un peu ce que j'ai dit ce matin au député
de Charlesbourg. En ce qui a trait aux immobilisations dans les parcs et
réserves, j'ai à peine commencé à examiner un
certain nombre de propositions que les fonctionnaires du service des parcs
m'ont faites quant aux investissements et aux immobilisations. Je n'ai pas
arrêté complètement mon choix sur les investissements dans
le réseau des parcs et dans le réseau des réserves. Alors,
je ne pourrais pas vous dire combien au Mont-Saint-Bruno, combien à
Jacques-Cartier. J'ai commencé à examiner tout cela. Il y a,
évidemment, un certain nombre de propositions que le ministère
m'a acheminées. Je n'ai pas fait de choix. Je n'ai pas pris de
décision sauf pour quelques cas bien évidents, tellement
évidents. Mais, pour l'ensemble, ce n'est pas arrêté.
M. Tremblay: Est-ce qu'il y a des travaux qui sont prévus
pour cette année?
M. Brassard: Dans l'ensemble, si je demande au service des parcs
de me faire des propositions de travaux dans le réseau des parcs et dans
le réseau des réserves, ils sont capables de m'en faire pour des
montants atteignant à peu près les 70 000 000 $. Ils n'ont aucun
problème à fournir des propositions pour les investissements et
les immobilisations. Le problème, c'est qu'avec le budget dont on a
parlé ce matin il faut faire des choix. Ce sont ces choix que je n'ai
pas encore faits.
M. Tremblay: M. le Président, je voudrais informer
immédiatement le ministre qu'à Saint-Bruno on ne veut pas
d'autres équipements.
M. Brassard: Cela me fait plaisir d'entendre cela.
Le Président (M. Marquis): Merci. M. le
député de Sauvé.
M. Brassard: Il n'y a pas d'autres députés qui me
font part d'une bonne nouvelle comme celle-là?
M. Tremblay: C'est souvent ce qui est
surprenant. C'est plus facile d'obtenir des équipements quand on
ne les veut pas que quand on les veut.
M. Brassard: Je prends bonne note. Je vais me rappeler vos propos
qui sont, d'ailleurs, enregistrés au Journal des débats,
M. Tremblay: Ah oui! Je ne crains rien.
Le Président (M. Marquis): Je vais donner la parole au
député de Sauvé.
M. Parent: Je vous remercie. Je vais rassurer le ministre. Je
n'ai pas un dossier sur le Mont-Tremblant devant moi. Aussi, vous demandiez
tout à l'heure s'il y avait d'autres députés qui ne
demandaient rien. Ce matin, je vous écoutais parler des CRL et vous
disiez qu'à Montréal il y en avait un. Il n'y en a pas,
justement.
M. Brassard: Je disais qu'il n'y en avait pas.
M. Parent: Je ne sais pas si le ministre sait que je suis un de
ceux qui l'ont fait disparaître parce qu'il coûtait trop cher.
M. Brassard: Il y a beaucoup d'économies dans cette
commission. C'est intéressant!
M. Parent: M. le ministre, avant de commencer, je voudrais vous
informer de la façon dont j'aimerais procéder, si vous êtes
d'accord. Je voudrais d'abord interroger le ministre sur la Régie de la
sécurité dans les sports, puis sur les grandes orientations de
son ministère face au domaine du sport et du loisir et, si on a le
temps, aborder peut-être le cas des organismes nationaux.
M. Brassard: Très bien.
M. Parent: Au début, je voudrais d'abord féliciter
le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche pour le
travail qu'il a fait dans le domaine de la promotion du loisir. Je suis un de
ceux qui ont connu la Direction du loisir au ministère de
l'Éducation, le haut-commissariat, l'ancienne formule du
ministère et le ministère actuel. Je peux vous dire qu'au
Québec on a évolué dans le domaine du loisir depuis qu'on
a une structure provinciale qui épaule les bénévoles et
qui épaule les municipalités et les commissions scolaires qui ont
pris leurs responsabilités dans le domaine du loisir. Ce n'est pas
grâce à vous, M. le ministre, ce n'est pas grâce à
moi; c'est grâce à tous les travailleurs du loisir de la province,
à ceux qui vous ont épaulé, à ceux qui sont chez
vous. Je veux les féliciter et remercier les éducateurs
physiques, les animateurs de sports et les travailleurs en loisirs de l'ardeur
qu'ils ont toujours démontrée à l'intérieur de leur
profession.
M. le ministre, je vous mets en garde au début et je vous dis que
vous avez une très grande responsabilité. Vous avez la
responsabilité d'un des dossiers et d'un des ministères les plus
importants, même si ce n'est pas un ministère à
caractère économique qui rapporte beaucoup d'argent. Vous avez la
responsabilité de faire en sorte que les citoyens vivent une
qualité de vie qui doit tendre vers l'excellence. C'est votre
ministère qui doit faire en sorte que des citoyens du Québec,
dans leurs périodes libres, dans leurs périodes de loisirs, aient
les moyens de se dépasser et de s'enrichir sur le plan intellectuel, sur
le plan moral. J'ai vécu ma vie dans ce domaine et je suis heureux que
mon parti m'ait donné l'occasion de vous rencontrer pour vous parler de
votre ministère.
Naturellement, le temps est court, il nous reste à peine une
demi-heure. J'écoutais mon collègue de Charlesbourg, hier, vous
parler du budget du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche et il nous démontrait qu'en dollars constants cela n'a
pratiquement pas bougé. Par contre, je dois vous dire qu'il s'est quand
même fait des choses. Il y a peut-être eu une opération de
rationalisation qui a été très salutaire et qui n'a
peut-être pas privé tant de monde tant que ça. Il a
été un temps où on s'est payé la traite pas mal
fort dans le domaine du loisir au Québec. Il était
peut-être temps de faire le point. Cela ne voulait peut-être pas
dire d'arrêter d'une façon aussi draconienne ou de laisser
entendre que l'on continuait quand, en réalité, en fonction du
phénomène de l'inflation, on n'avançait pas tellement sur
le plan budgétaire.
Il est certain qu'on va toujours en demander plus dans le monde du
loisir. Il n'y a pas un ministre qui ne veut pas, non plus, avoir un gros
budget pour en donner davantage. Ce que je trouve déplorable, M. le
ministre, dans vos prévisions budgétaires, c'est lorsqu'on voit
que dans l'ensemble de votre budget pour votre ministère, vous
êtes à peu près au point mort, au point où vous
étiez il y a à peu près dix ans, encore une fois si on
prend l'exemple du dollar constant ou du dollar actualisé. (17 h 30)
Régie de la sécurité dans les
sports
Pour ce qui est de la Régie de la sécurité dans les
sports, cette régie a été créée,
premièrement, dans le but surtout de régulariser ou de
contrôler les sports de combat. C'est la raison pour laquelle la
Régie de la sécurité dans les sports a commencé
à prendre son envol. Ici, je ne mets pas en cause les officiers de la
régie, ni les fonctionnaires qui y travaillent. Peut-
être qu'ils n'ont pas eu les moyens nécessaires pour mener
à bonne fin leur mandat. Par contre, cette régie, qui existe
déjà depuis quelques années, de par ce que j'en entends
dire, de par ce que j'en ai vu, n'a pas répondu et ne répond pas
encore aux aspirations que l'on avait mises en elle. Cette Régie de la
sécurité dans les sports a été contestée par
votre prédécesseur, M. Chevrette.
Je vois que dans les prévisions budgétaires, actuellement,
au lieu d'être au point mort, on investit dans cet organisme, qui est
plus que controversé, plus d'argent qu'ailleurs. Au programme 6 de votre
ministère qui traite de la Régie de la sécurité
dans les sports, on voit les crédits augmenter de 15, 2 % pour
1985-1986, passant de 2 279 300 $ à 2 626 600 $. Ce que je trouve
curieux, c'est que c'est en ce qui concerne les fournitures, à la
catégorie 7, qu'on retrouve la plus forte augmentation, soit 373 %.
J'aimerais que tout à l'heure, M. le ministre, vous me fournissiez des
éclaircissements sur une telle augmentation au budget de la Régie
de la sécurité dans les sports. Â la catégorie 4,
Services, là, on augmente de 82, 8 %, passant de 285 500 $ à 521
900 $. Voilà une autre question à laquelle on aimerait avoir une
réponse.
J'aimerais, M. le ministre, que vous nous disiez si vous croyez que la
Régie de la sécurité dans les sports a encore sa raison
d'être dans sa forme actuelle ou si on n'en est pas rendu au moment
où on pourrait remettre aux fédérations sportives la
responsabilité d'établir leurs propres normes de
sécurité dans les sports qu'elles régissent. On investit
de l'argent dans les fédérations sportives. On les subventionne.
On leur reconnaît un certain sérieux. On leur reconnaît une
expertise dans leurs sports. Par contre, lorsqu'arrive le moment de la
sécurité, on dit: Vous n'êtes plus compétentes. Vous
ne connaissez pas cela. Vous avez trop de parti pris. Cela prend une
sécurité pour faire la "job".
Je me demande s'il ne serait pas plus économique de doter
financièrement les fédérations ou de leur donner une
expertise, un personnel d'experts pour leur donner la chance de se policer
elles-mêmes en ce qui regarde la sécurité dans les sports.
Je me demande s'il ne serait pas temps que le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche entre en contact avec le Centre de recherche
industrielle du Québec, avec l'Institut national de la recherche
scientifique du Québec, avec le laboratoire expérimentai de
l'Université de Sherbrooke en matière de sport et de loisir pour
tâcher d'aider et de documenter les fédérations en ce qui
concerne la sécurité des équipements sportifs, autant des
équipements utilisés que des équipements qui servent de
vêtements à ceux qui pratiquent les sports.
C'était, dans un premier temps, mes premières
interrogations, M. le Président. J'y reviendrai dans un deuxième
temps tout à l'heure. J'aimerais que le ministre me renseigne.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre.
M. Brassard: M. le Président, concernant plus
spécifiquement la Régie de la sécurité dans les
sports qui a été mise sur pied à la suite d'une loi qui a
été adoptée en 1979, il a fallu un certain temps, il faut
dire, avant qu'elle ne devienne véritablement opérationnelle. Mon
opinion, mon point de vue et ma décision aussi sont que, maintenant
qu'elle est opérationnelle, elle constitue, à mon sens, un bon
outil, un bon instrument pour régir, surveiller et améliorer
aussi la sécurité dans la pratique des différents sports
au Québec, aussi bien le sport amateur que le sport professionnel. Elle
a accompli pas mal de besogne. Il serait un peu long de faire le bilan de ses
réalisations, mais je pense qu'elle a bien rempli son mandat. Elle a
bien joué son rôle, en particulier auprès des
fédérations avec lesquelles elle entretient des relations
régulières, comme elle doit le faire, d'ailleurs, en vertu de son
mandat. Elle a un rôle précis en matière de sport amateur
comme elle a aussi un rôle précis en matière de sport
professionnel. En matière de sport amateur, elle se doit, comme vous
l'avez mentionné d'ailleurs, de fonctionner en concertation avec les
fédérations.
La mission de la régie est de faire en sorte que l'ensemble des
fédérations sportives au Québec se dote d'un
règlement de sécurité pour la pratique de leurs
disciplines sportives. C'est cela l'objectif, c'est cela sa mission, son
mandat. Elle accomplit fort bien ce mandat. La régie travaille en
collaboration avec la fédération. La fédération
prépare un projet de règlement de sécurité pour sa
discipline, évidemment avec l'expertise et les conseils techniques de la
régie. Ce projet de règlement de sécurité est
ensuite adopté par la régie. Puis, à partir de ce
moment-là, il entre en vigueur et s'applique. Il y a actuellement,, au
moment où on se parle, 22 fédérations qui disposent
désormais de leur règlement de sécurité. Elles ont
un règlement de sécurité qui a été
conçu, élaboré et rédigé pour leurs
disciplines sportives de concert avec la régie, avec son aide et son
soutien technique, et la régie l'a adopté. Il est en vigueur dans
22 fédérations. On pourrait donner la liste. Il y en a une
vingtaine d'autres - cela fait donc 42 - qui sont actuellement à
l'étude à la Régie de la sécurité dans les
sports. Par conséquent, pour ce qui est du sport amateur, le travail se
fait. Il n'est pas terminé mais il se fait, et il est
passablement avancé avec les fédérations. Je suis
d'accord avec vous pour dire que les fédérations ont un
rôle à jouer. Mais je ne suis pas prêt à confier le
rôle exclusif de la surveillance de la sécurité aux
fédérations. Elles ont un rôle actif à jouer, mais
la régie doit coordonner et superviser l'application des
règlements de sécurité. C'est pour le sport amateur.
Pour ce qui est du sport professionnel, c'est une autre affaire.
Là aussi, on est sérieusement avancé. Dans le sport
professionnel, il y a surtout - c'est là que c'est le plus urgent - les
sports de combat: la boxe, la lutte professionnelle, le karaté, le
kick-boxing.
M. Parents Remarquez bien que de ce côté-là,
M. le ministre, je dois dire: Heureusement que la régie est
là...
M. Brassard: Je vous remercie. M. Parent:...
M. Brassard: Cela va devenir encore mieux à partir du
moment où le Québec se dotera d'un règlement sur les
sports de combat. Il est passablement avancé, c'est-à-dire que la
régie a fait son travail à ce sujet. Cela lui a pris beaucoup de
temps parce que c'est compliqué et complexe. Elle a conçu un
projet de règlement sur les sports de combat. Ce projet de
règlement a paru en prépublication dans la Gazette officielle. On
a demandé aux organismes et aux personnes intéressés, qui
avaient des avis à nous donner là-dessus, de le faire. Cela a
été fait. Cette étape a été franchie. Depuis
décembre, cela a été fait. Il y a un certain nombre de
groupes qui ont donné des avis, qui ont proposé des amendements
ou des modifications au projet de règlement.
Là, on est rendu à l'étape où je dois
présenter ce projet de règlement modifié, en y apportant
certains amendements, au Conseil des ministres pour approbation.
J'espère le faire d'ici à l'ajournement d'été.
À partir du moment où ce règlement est adopté par
le Conseil des ministres et entre en vigueur, vous savez que la situation est
modifiée substantiellement en ce qui concerne les sports de combat au
Québec.
Quelle est la situation actuelle? C'est qu'il n'y a que deux villes
où il y a une réglementation sur les sports de combat,
c'est-à-dire les villes où il y a une commission
athlétique.
M. Parent: II y en a une à Verdun.
M. Brassard: II n'y a pas de commission athlétique
à Verdun, M. le député.
M. Parent: N'y en a-t-il pas une qui a été
créée il y a deux semaines?
M. Brassard: Non, il y a une commission athlétique
à Montréal et une autre à Québec. La plus active
est, évidemment, celle de Montréal. Cela veut dire qu'en dehors
des territoires de ces villes soumises à une commission
athlétique il peut se produire à peu près n'importe quoi
en matière de sports de combat.
M. Parent: Si vous me le permettez, M. le Président...
M. Brassard: Oui.
M. Parent:... je ne mets pas en doute la nécessité
d'un organisme qui régisse les sports de combat au Québec. Au
contraire, j'ai été le gars le plus heureux quand le
vice-président de la régie a émis un "mémo" il y a
trois semaines concernant un hypothétique combat entre Frazier et
Cléroux. J'étais assez heureux de voir cela! C'était
peut-être le plus beau geste que j'ai vu poser. C'est un geste audacieux
de la part de la régie et je l'en félicite.
J'aimerais que vous me disiez pourquoi vous ne faites pas confiance aux
fédérations sportives pour superviser tout cela, après
qu'auront été établis les critères de
sécurité à l'intérieur des sports régis par
elles. Pourquoi ne leur faites-vous pas confiance? Vous leur faites confiance
partout, sauf dans l'application -des règlements de
sécurité.
M. Brassard: Je pense qu'il n'est pas tout à fait exact de
dire qu'on ne fait pas confiance aux fédérations. Je pense qu'on
leur fait confiance puisqu'on les a étroitement associées
à la rédaction des règlements de sécurité.
Je pense qu'il est normal, tout en leur donnant une certaine marge de manoeuvre
dans l'application du règlement de sécurité qu'elles se
sont donné, qui a été adopté et ratifié par
la régie, que la régie continue de suivre, de coordonner les
actions et les interventions des fédérations en matière de
sécurité dans les sports. Sans faire preuve de méfiance
à leur égard, il peut arriver que, ma foi, certaines
fédérations soient portées à négliger
peut-être l'aspect de la sécurité ou qu'il y ait certains
moments où elles sont moins préoccupées par cet aspect. Il
est normal qu'il y ait cet organisme, qui s'appelle la Régie de la
sécurité dans les sports, dont la préoccupation constante,
exclusive est la sécurité dans la pratique des sports. Je pense
que c'est normal que la régie continue de cheminer avec les
fédérations pour que cette préoccupation soit, dans
chacune des fédérations, aussi constante que possible.
Par conséquent, donc, je pense qu'en matière de sports de
combat on devrait aboutir à une situation pas mal plus acceptable
bientôt. Je suis bien content de voir qu'on est parfaitement d'accord et
qu'on
est sur la même longueur d'onde à ce sujet. M. Parent:
Au moins sur cela.
M. Brassard: Au moins sur cela, voilà! Pour ce qui est des
budgets - je pense que c'est relié directement à ce que je viens
de dire - la hausse des budgets de la régie s'explique en grande partie
par cela. Comme on a prévu que la régie allait bientôt
avoir à appliquer le règlement sur les sports de combat dans tout
le Québec, cette fois-ci, et qu'elle va se substituer, par
conséquent, aux commissions athlétiques existantes, qui vont
cesser d'exister, il y a un certain nombre de prévisions
budgétaires qui sont nécessaires pour s'assurer qu'elle va jouer
son rôle pleinement en cette matière. Comme elle aura très
bientôt un nouveau mandat, une nouvelle mission, qui sera d'appliquer ce
règlement sur les sports de combat dans tout le Québec,
évidemment, cela nécessite des fonds supplémentaires. (17
h 45)
M. Parent: Pour les fournitures.
M. Brassard: En gros, dans les prévisions
budgétaires, il y a 275 000 $ qui sont prévus pour l'application
du règlement sur les sports de combat. Il y a 72 000 $ pour l'indexation
des traitements.
M. Parent: Pour l'indexation...
M. Brassard: Dans l'écart qui existe entre l'an
passé et cette année...
M. Parent: Oui.
M. Brassard:... il y a 275 000 $ qui s'expliquent parce qu'on
prévoit ce budget pour l'application du règlement sur les sports
de combat.
M. Parent: Cela implique quoi? Est-ce que le président
pourrait nous dire ce que cela implique? Cela ferait une augmentation de 373%,
d'après les chiffres que j'ai ici.
M. Brassard: Si vous le voulez, je pourrais peut-être
céder la parole à M. Néron là-dessus afin qu'il
puisse bien expliquer cet écart, cette prévision
budgétaire spécifique pour ce règlement, ce que cela va
entraîner pour la régie comme responsabilités dans tout le
Québec.
M. Parent: Si vous voulez garder votre réponse, M.
Néron, j'y reviendrai.
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Normalement, c'est le ministre
qui aurait la parole et il voudrait faire compléter sa réponse
par M. Néron.
M. Parent: On n'a pas beaucoup de temps et il y a beaucoup de
choses. Allez-y donc, M. Néron, ça va.
M. Brassard: En étant très bref. M. Néron,
soyez donc bref.
M. Parent: C'est un homme bref, un homme de combat.
M. Néron (Gilles): Très rapidement, M. le
député, les 275 000 $ prévus sont couverts par les tarifs
qui seront payés par les promoteurs pour l'obtention d'un permis.
Étant donné que la régie n'a pas légalement le
pouvoir de percevoir ces sommes d'argent qui seront perçues par le
gouvernement, le Conseil du trésor a bien voulu créer un fonds
spécial où verser ces 275 000 $ qui serviront pour la
rémunération des officiels, le coût des gants de boxe,
utilisés par les kick-boxeurs et le tarif payé aux
médecins, par exemple. Finalement, ces sommes sont couvertes de l'autre
côté par le coût de l'émission du permis, mais c'est
un fonds spécial temporaire qui est versé à la
régie.
M. Parent: Je comprends que ce sont des dépenses
recouvrables.
M. Néron: Oui.
M. Parent: À 100 %?
M. Brassard: Oui, mais elles ne vont pas à la
régie, elles vont au fonds consolidé. Comme ce sont les
émissions de permis elles vont...
M. Parent: Étant donné que je suis aussi un ancien
fonctionnaire, je comprends que l'argent qui rentre on ne l'a pas.
M. Brassard: C'est cela.
M. Parent: Autre chose, M. le ministre. Votre
prédécesseur, le ministre qui avait la responsabilité du
dossier avant vous, en novembre, lorsqu'il parlait de la Régie de la
sécurité dans les sports, disait: Après cinq ans, le
rapport que devra me remettre M. Néron m'aidera à prendre une
décision quant à la continuité de la régie dans sa
forme actuelle. Est-ce que le ministre pourrait me dire si ce rapport a
été remis et si vous avez une opinion?
M. Brassard: Effectivement, j'ai eu un rapport portant sur le
bilan des activités de la régie depuis sa fondation. J'ai
déjà, d'ailleurs, clairement indiqué - cela fait
déjà un bon bout de temps - que je considérais que la
régie jouait bien son rôle et remplissait bien les mandats qui lui
étaient confiés en vertu de la loi, d'une part, et que, par
conséquent, ce n'était pas mon
intention de poser un geste qui aurait pour effet qu'elle cesse
d'exister. Donc, la décision est de maintenir la régie...
M. Parent: Dans sa forme actuelle?
M. Brassard:... dans sa forme actuelle et dans le lieu où
elle est présentement.
M. Parent: Vous voulez dire que même si plus de la
moitié des activités des sports de combat se passent dans les
régions de Montréal et de Québec, vous allez quand
même continuer à laisser ces gens-là exilés de leur
milieu de travail dans la ville de Trois-Rivières, à mi-chemin,
et qu'ils vont passer leur temps à se promener entre Montréal et
Québec? C'est ce que vous voulez dire?
M. Brassard: Ce que je veux dire, M. le député,
c'est que, d'abord, la régie va continuer d'exister et d'exercer les
fonctions qui lui sont attribuées, d'une part, et que, d'autre part,
elle va continuer de le faire en ayant son siège social à
Trois-Rivières. J'ai déjà mentionné qu'on pouvait
peut-être remettre en question ou contester la décision qui avait
été prise à l'époque d'installer la régie et
son personnel à Trois-Rivières. Maintenant que cette
décision est prise, je n'ai pas du tout l'intention de la modifier ou de
la changer. On peut toujours invoquer toutes sortes de raisons pour justifier
le déplacement d'un siège social. Je connais cela parce que chez
nous il y a le siège social de la Fédération des caisses
d'entraide. On peut toujours trouver toutes sortes d'excellentes raisons pour
justifier le déménagement d'un siège social de n'importe
quel organisme que ce soit, dans n'importe quel domaine que ce soit, là
où il est dans une région, vers Montréal. Il est
évident que, si on s'en tenait exclusivement à des arguments de
nature économique, par exemple, on déménagerait beaucoup
de choses, beaucoup d'institutions et beaucoup d'organismes des régions
vers Montréal. Moi, je suis un régional. Je viens d'une
région et ce n'est certainement pas moi qui vais prendre une
décision pour priver une région d'un organisme qui s'y est
installé.
M. Parent: Remarquez bien, M. le ministre, que si j'avais
à choisir mon milieu de travail, je ne dédaignerais pas, moi non
plus, travailler dans la plus belle ville de la Mauricie, dans une petite ville
à caractère beaucoup plus humain que, peut-être, la ville
de Montréal, où j'ai vécu toute ma vie. Cela, je le
comprends. Mais je parle d'efficacité. Ne pensez-vous pas qu'on
épargnerait beaucoup de temps, beaucoup d'argent, beaucoup
d'énergie si les gens vivaient sur leur lieu de travail? Ils ne vivent
pas sur leur lieu de travail. Cela me fait penser à votre gouvernement
qui pensait faire passer le métro de Montréal-Nord en banlieue de
la ville de Montréal-Nord où les gens ne demeuraient pas,
où il n'y avait personne. En tout cas, j'inviterais le ministre à
y repenser. Je pense que c'est une question d'efficacité. Il s'agit de
trancher, de donner aux gens des outils efficaces de travail. Les outils
efficaces de travail dans le monde de la Régie de la
sécurité dans les sports, les clientèles et les lieux de
travail sont beaucoup plus nombreux dans la région de Montréal
qu'ils ne peuvent l'être dans la région de Trois-Rivières.
Malgré que je comprenne que cela doit être bien agréable de
travailler à Trois-Rivières. Encore si la régie
était une industrie avec des retombées économiques, on le
comprendrait facilement. Vous êtes combien à la régie, M.
le Président?
M. Brassard: On est 45.
M. Parent: Vous êtes 45. Ce n'est pas cela qui fait vivre
un restaurant.
M. Brassard: Je vous assure que, pour une ville comme
Trois-Rivières, Chicoutimi ou Jonquière, une institution qui
compte un personnel de 45 personnes, c'est très important.
M. Parent: Je voudrais savoir, sur les 45, combien il y en a qui
vivent réellement à Trois-Rivières.
M. Brassard: On peut le savoir.
M. Parent: Je ne veux pas aller aussi loin que cela. Je n'ai pas
le dossier du Mont-Tremblant.
M. Brassard: M. le président de la régie me signale
que la plupart des membres du personnel de la régie habitent à
Trois-Rivières.
M. Parent: Je pense que vous ne m'avez pas répondu. Je
n'ai pas terminé. À la catégorie no 4, services, vous avez
une augmentation de 82, 8 %.
M. Brassard: En fait, comme l'expliquait tout à l'heure le
président de la régie, le gros des dépenses additionnelles
qui vont provenir de l'application du règlement sur les sports de combat
est sous forme de services. C'est la régie qui va, par exemple,
rémunérer les officiels dans un combat de boxe. L'explication
principale vient du fait qu'en appliquant le règlement sur les sports de
combat, ce sont surtout des dépenses de services.
M. Parent: M. le Président, avant de donner la chance
à mon collègue de Deux-
Montagnes, une dernière question. Est-ce que vous pourriez nous
remettre le rapport du président de la Régie de la
sécurité dans les sports?
M. Brassard: C'est là un rapport interne, pour usage
interne. Je vais prendre avis de votre question, M. le
député.
M. Brassard: Maintenant, votre prédécesseur nous
avait dit: Après lecture du rapport je verrai si on doit garder la
régie dans sa forme actuelle - je m'excuse, M. le président de la
régie, je vais poser une question peut-être brutale, mais ce n'est
pas vous que je vise, c'est le président - et à ce moment je
prendrai ma décision concernant l'avenir du président qui doit
renouveler son contrat au mois de juin.
Je ne vous demande pas de réponse, M. le ministre. Je vous
demande d'y penser sérieusement. Vous allez avoir une décision
à prendre. J'ai terminé.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Je veux
remercier notre collègue de Sauvé d'avoir fait en sorte que je
puisse poser une question au ministre, qui est venu dernièrement en
visite dans la circonscription de Deux-Montagnes. Il a en particulier
visité le parc Paul-Sauvé et une base de plein air qui se trouve
dans ce parc, le PAPAO.
Comme le ministre le sait, ce parc a fait l'objet d'une audience
publique tenue par son prédécesseur. Je ne suis pas très
certain combien cela fait de temps. Cela fait deux ans et quelques mois sauf
erreur. Je crois que c'était en décembre 1982.
M. Brassard: Cela fait un bout de temps, en tout cas.
M. de Bellefeuille: En tout cas, cela fait un peu plus de deux
ans. C'était en vue de déclarer ce parc "parc" au sens de la loi.
Cela n'a pas été fait depuis. Je crois savoir qu'il y a certains
droits de chasse qui appartiennent à un club privé qui font
obstacle. J'aimerais que le ministre nous explique comment ces droits de chasse
font obstacle et qu'il nous dise si cet obstacle est surmontable et s'il ne
pourrait pas, par exemple, déclarer le parc "parc" en faisant
abstraction du territoire touché par ces droits de chasse, afin de
donner suite aux avis qui ont été recueillis au moment de
l'audience publique.
M. Brassard: D'abord, c'est vrai que j'ai rendu visite au parc.
J'ai trouvé des aménagements assez extraordinaires.
Effectivement, ce qui pourrait éventuellement devenir un parc - cela n'a
pas encore le statut de parc, comme vous le mentionnez - comporte en gros deux
sections, deux secteurs. Il y a un secteur carrément
récréatif, avec la plage et les pistes cyclables, le camping. Il
y a l'autre secteur vers l'est qui nécessite une conservation beaucoup
plus exclusive. C'est dans ce secteur, et on m'a expliqué très
rapidement que cela originait de fort loin, que cela pouvait même dater
du régime seigneurial, que...
M. de Bellefeuille: C'est Louis XIV ou Louis XV ou quelqu'un
comme cela. Ce sont des droits accordés par Louis XV.
M. Brassard: On remonte fort loin. À l'époque du
régime seigneurial et du régime français, il y avait des
droits de chasse et de pêche aussi, mais surtout de chasse dans le cas
qui nous intéresse, qui avaient été octroyés aux
Sulpiciens qui étaient les seigneurs du lieu et qu'ils ont
conservés jusqu'à nos jours. Ils les ont cédés, il
n'y a pas tellement longtemps, je pense, à un groupe, une sorte de club
privé de chasse sélect, me dit-on, qui se livre à des
activités de chasse dans cet endroit qui est très productif, en
particulier en ce qui concerne la sauvagine. Il y a même aussi des
hérons, une héronnière et, comme on le sait, les
héronnières on doit les protéger avec beaucoup
d'attention.
Une voix: Des hérons bleus?
Une voix: Il n'y en a pas de rouges.
M. Beauséjour: Les petits? Il y en a de petits gris
là.
Le Président (M. Marquis): Il vous reste une minute.
M. Brassard: Il me reste une minute pour dire que dans ce cas ce
qu'il faut faire, je pense, c'est carrément soit racheter de gré
à gré ces droits de chasse, parce qu'on ne peut pas permettre la
chasse dans un parc, c'est bien évident - d'ailleurs, c'est interdit
formellement par la loi - soit carrément, si ce n'est pas possible cette
fois-là, procéder à l'expropriation des droits. On
rachète dans certains cas des propriétés comme telles,
mais aussi des droits. Je vous signale, par exemple, en terminant, M. le
Président, qu'on vient de racheter des droits miniers et aussi des
concessions forestières dans des territoires qui sont appelés
à devenir des parcs. On pourrait aussi exproprier, si c'est
nécessaire, ces droits de chasse de façon que tous les obstacles
soient levés pour qu'on érige en véritable parc, cette
fois-ci, ce territoire magnifique.
Le Président (M. Marquis): Merci. Nous
continuerons demain. La commission ajourne ses travaux à demain
matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 2)