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(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Marquis): La commission parlementaire de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi 6, Loi
modifiant diverses dispositions législatives pour favoriser la mise en
valeur du milieu aquatique, et de procéder à des consultations
particulières. Avant de demander à nos invités de prendre
la parole, je demanderais à M. le secrétaire de faire l'appel des
membres de la commission.
Le Secrétaire: M. le Président, les membres
présents sont: Mme Bacon (Chomedey); M. Desbiens (Dubuc); M. Payne
(Vachon) en remplacement de M. Gagnon (Champlain); MM. Le Blanc
(Montmagny-L'Islet), Marquis (Matapédia), Saintonge (Laprairie) et
Marcoux (Rimouski). À noter la présence de M. Ouellette, ministre
de l'Environnement, qui interviendra en vertu de l'article 129.
Consultation particulière (suite)
Le Président (M. Marquis): Comme ils ont
déjà pris place, j'inviterais les représentants de la
corporation À court d'eau à nous livrer leurs observations sous
forme de mémoire au autrement, et auparavant peut-être à
vous présenter, M. Michaud, probablement, et les gens qui vous
accompagnent.
À court d'eau
M. Bélanger (Jean-Luc): Mon nom est
Jean-Luc Bélanger, directeur d'À court d'eau. J'aimerais
vous présenter Jean Chevrette, directeur de projet en permanence, et
Gilbert Parent, un employé permanent chez nous. J'aimerais par la
présente excuser l'absence de M. Louis-Paul Allard qui est parti pour
Paris, ce matin. C'est pour voir ce qu'il peut faire avec la Seine,
probablement.
Si vous le permettez, pour commencer, j'aimerais vous donner l'origine
du mouvement À court d'eau qui a vu le jour après une
série d'événements qui avaient menacé la
santé publique au premier trimestre de 1984. Un nouvel avis
d'ébullition de l'eau avait été signalé aux
résidents du sud du bassin à la suite du déversement
excessif de purin de porc dans les cours d'eau. L'alarme était
déclenchée.
Des résidents très préoccupés par le
problème se sont alors regroupés pour former une corporation sans
but lucratif avec mission de [régler le problème le plus
promptement possible.
Le but de la corporation. Le bassin de la rivière L'Assomption
est le plus pollué au Québec. À court d'eau existe dans le
but de promouvoir là dépollution et la protection des cours d'eau
qui le sillonnent. L'objectif principal est de conscientiser la population
à ce problème, tant sur les plans industriel, municipal
qu'agricole, pour chaque région à l'intérieur du
bassin.
À l'heure actuelle, des constructions d'usines d'épuration
d'eaux usées s'effectuent sur tout le territoire. À court d'eau
veille aussi à ce que ces projets se révèlent
fonctionnels, adéquats et sécurisants pour la population
desservie par ces usines. La tenue à jour d'un bilan de leur
évolution pour chaque secteur d'activité justifie la poursuite de
notre but.
C'est dans les 51 municipalités, qui couvrent tout le bassin de
L'Assomption, que l'organisme s'implante. La raison de sa présence dans
le milieu est de regrouper le plus grand nombre possible de membres pour
acquérir le poids politique qui, seul, fera bouger les décideurs
et les élus. Ce sont les seuls en mesure d'adopter des règlements
et des lois qui protègent nos eaux de la pollution.
Pour en venir à notre mémoire directement, nous croyons
que le ministère des Affaires municipales donne des pouvoirs
exagérés et inopportuns aux municipalités pour les raisons
suivantes. Depuis plusieurs années, les différents organismes de
protection dé la faune et des rivières et autres organismes
environnementaux, tel À court d'eau dénoncent le fait que les
municipalités font toutes sortes de travaux de déboisement des
rives, de remplissage, d'artificialisation, de modification au lit des
rivières soit par le dragage ou le creusage et le redressement et ce, en
prétextant le faire pour améliorer la qualité de la vie au
détriment de la qualité aquatique. Améliorer la
qualité du milieu aquatique ne peut se faire sans que des règles
de base soient établies décrivant très clairement les
travaux qui améliorent effectivement et prohibant tous travaux ayant un
effet négatif à court, moyen et long termes.
Actuellement, il y a des travaux mis de
l'avant pour reboiser certaines rives qui avaient été
déboisées il y a quelques années par un programme de
création d'emplois dans le but d'améliorer le milieu. Puisque ces
déboisements avaient été faits avec inconscience, on doit
aujourd'hui repayer pour réparer les erreurs. Creuser un cours d'eau
afin d'y enlever les plantes aquatiques qui servent de filtre naturel et qui
font partie d'habitats d'organismes constituant la chaîne alimentaire
est, selon nous, néfaste à la dépollution des
rivières. Trop souvent, hélas, pour les décideurs locaux
que sont les municipalités, l'enlèvement de tels matériaux
constitue une nette amélioration du milieu.
Nous en avons des exemples tout le long des rives et des rivières
du bassin de L'Assomption, où de tels travaux s'effectuent
régulièrement avec l'accord des municipalités. Certains
travaux dérogent même au règlement de contrôle
intérimaire des MRC établi à la suite de la loi 125. Mais
les élus locaux ferment les yeux sur ces dispositions et ne font pas
appliquer les dispositions de leur propre règlement, par manque de
connaissances environnementales.
Aujourd'hui, l'insouciance des municipalités est également
démontrée et ce, à l'encontre des directives du
ministère de l'Environnement, par des déversements de neiges
usées dans les cours d'eau au lieu d'utiliser des méthodes
d'élimination qui sont privilégiées par le
ministère de l'Environnement dans ses lignes directrices pour
l'élimination des neiges usées.
Dans notre région, les municipalités ne devraient
même plus avoir à gérer ou à administrer quelque
question concernant l'Environnement pour arriver à remettre un
équilibre environnemental.
À court d'eau dit: L'amélioration de la qualité du
milieu aquatique ne peut se faire par des municipalités livrées
à elles-mêmes et le ministre de l'Environnement et celui du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche doivent de toute urgence
légiférer, plutôt que normaliser, afin d'établir des
règles de base.
Les municipalités n'ont nullement besoin du projet de loi 6 afin
de créer des accès aux plans d'eau. Elles n'ont qu'à faire
une demande en bonne et due forme au ministère concerné et, si le
projet s'avère acceptable, il peut être autorisé et
même subventionné dans le cadre de programmes existants. Ceci
donne au moins un contrôle sur le genre d'équipement
d'accessibilité, ainsi que sur la façon d'exécuter les
travaux à des ministères qui fonctionnent beaucoup plus avec des
normes qu'avec des règlements.
Le mouvement À court d'eau est totalement en désaccord,
dans la situation actuelle, avec le projet de loi 6 puisque le ministre des
Affaires municipales donne prématurément des pouvoirs aux
municipalités qui n'ont pas les outils de base, ni l'expertise, ni
parfois les moyens de se payer l'expertise et risquent, dans l'application de
cette loi, de causer des dommages irréversibles et très
sérieux aux cours d'eau en modifiant les rives ou le lit des
rivières.
À court d'eau serait en accord avec un autre projet de loi
définissant clairement les travaux à faire et à prohiber,
qui serait appuyé par des principes environnementaux et des
règlements basés sur des principes scientifiques. Mais ce projet
de loi se devrait d'être parrainé par le ministère de
l'Environnement et son collègue du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Voilà notre position.
Le Président (M. Marquis): Merci. Je passe la parole au
ministre de l'Environnement, d'abord.
M. Ouellette: Merci, M. le Président. Je veux d'abord
remercier les représentants d'À court d'eau qui nous font valoir
clairement leur position. J'aimerais pouvoir répondre à certains
points, en rappelant la situation qui prévaut dans la vallée de
L'Assomption. S'il y a une vallée qui a retenu l'attention du
ministère de l'Environnement depuis quelques années, c'est bien
celle-là, et pour cause, puisqu'on y retrouve un niveau de pollution
tristement remarquable qui est dû, là comme ailleurs, à des
facteurs qu'on retrouve un peu partout, mais principalement à
l'exploitation agricole et plus particulièrement à
l'élevage concentré du porc.
J'aimerais rappeler que, dans cette région-là, nous avons
procédé à un blitz, il y a peu de temps, pour
vérifier la situation de la pratique de l'élevage du porc afin de
faire le point et d'intervenir avec les meilleures mesures possible pour
réduire le niveau d'azote qu'on retrouve dans la rivière
L'Assomption, ce qui pénalise non seulement les citoyens dans leur
ensemble, mais aussi, en particulier, les municipalités qui s'y
alimentent en eau potable. A la suite de ce blitz, évidemment, des avis
de correction ont été adressés aux producteurs pris en
défaut et nous avons affecté des fonctionnaires à temps
plein à ce dossier pour nous assurer que, dans les plus brefs
délais, on corrige la situation. On a même affecté quelques
millions de dollars pour la mise en place d'une usine régionale de
transformation du purin, parce que nous y voyions une issue
intéressante, mais nous reconnaissons que cela ne peut se faire en
quelques années. Il est même question de quatre, cinq ans avant de
pouvoir vérifier l'efficacité de cette mesure. C'est pourquoi on
a entrepris, avec le ministère de l'Agriculture, des discussions afin
d'assurer le transport hors bassin des surplus de purin qu'on retrouve dans la
rivière L'Assomption, dans le bassin de cette rivière.
Ce matin, ce que nous annonçons, ce
que nous discutons ici, c'est le programme Berges neuves. Dans notre
esprit, ce programme se veut un complément à toutes ces mesures
parce qu'il y a aussi, bien sûr, le programme d'assainissement des eaux
qui vise la correction des déversements industriels et municipaux. Nous
sommes persuadés qu'une des sources importantes de pollution de la
rivière en question, c'est la pollution diffuse qui est due
essentiellement au déboisement qui a été pratiqué
pour des fins agricoles ou récréatives. Le programme Berges
neuves se veut, justement, un complément, en ce sens qu'il est
prêt à fournir aux municipalités ou à tout promoteur
qui s'entendrait avec une municipalité les deux tiers de l'argent
nécessaire pour corriger cette situation de déboisement.
Le programme ne vise pas du tout à artificialiser nos rives, au
contraire. Il ne favorise pas non plus les empiétements. Il interdit les
dragages; il interdit les travaux en milieu humide qui ne sont pas jugés
nécessaires ou indispensables à la
régénération de nos cours d'eau. Alors, ce n'est pas un
programme qui va aller favoriser la détérioration des rives, bien
au contraire.
Donc, on offre aux municipalités l'occasion de financer aux deux
tiers, par exemple, la régénération de nos rives, qui ont
été dénudées dans le passé, et même
leur reboisement; la consolidation à certains endroits de ces rives,
qui, è cause du drainage agricole et du déboisement, ont connu
des glissements de terrain qui viennent accentuer, après chaque pluie,
la situation désastreuse des eaux de ce bassin et de toutes les
rivières du Québec.
Dans votre mémoire, à un certain paragraphe - la page
n'est pas numérotée -vous dites: "Depuis plusieurs années,
les différents organismes de protection de la faune et des
rivières et autres organismes environnementaux, tel À court d'eau
dénoncent le fait que les municipalités font toutes sortes de
travaux de déboisement des rives, de remplissage, d'artificialisation,
de modification au lit des rivières, etc. " Je pense qu'on peut
élargir cette affirmation, en disant qu'il n'y a quand même pas
que les municipalités qui font ça. Il y a aussi les
propriétaires privés.
Il faut donc amener, par des intérêts pécuniaires,
chacun de ces intervenants a corriger son action du passé et le
programme Berges neuves, à notre avis, est tout à fait
conçu à cette fin. On compte beaucoup, d'ailleurs, sur la
participation des mouvements un peu partout, au Québec, mais, en
particulier, dans la région de L'Assomption, pour que ces travaux de
régénération et de reboisement se fassent le plus vite
possible pour enrayer une cause importante de la pollution qui est
l'érosion, qui se transforme en pollution diffuse transportant -
tantôt les surplus de purin épandu en excès ou, encore, tes
produits chimiques d'utilisation agricole qui sont, à notre avis,
beaucoup trop importants par rapport à ce que les sols peuvent
absorber.
Donc, je pense que nous sommes exactement sur la même longueur
d'onde, sauf que nous ne faisons pas tout à fait la même analyse.
Il ne faut pas voir dans Berges neuves une tentative de favoriser la
détérioration des rives, bien au contraire. Chaque projet devra
être soumis au ministère de l'Environnement par le maître
d'oeuvre, en l'occurrence les municipalités, et le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, conjointement avec le
ministère de l'Environnement, devra étudier chacun des projets et
les approuver»
Nous fournirons également des guides techniques très
précis - un peu le pendant, si vous voulez, du Code national du
bâtiment pour ce qui regarde la construction domiciliaire ou autre - qui
vont baliser le contenu des projets. Si jamais des projets contiennent des
choses qui ne sont pas conformes à ces guides, ils seront tout
simplement rejetés à l'un des deux paliers, soit à la
direction régionale du ministère de l'Environnement, soit au
comité conjoint MLCP-MENVIQ à Québec. Il y aura une
surveillance étroite qui sera effectuée pour nous assurer que ce
qui aura été autorisé et financé aux deux tiers par
l'État sera fait conformément au projet accepté en
région et à Québec.
J'espère que ces informations vous rassurent. Il n'est pas
question de favoriser, notamment, le dragage. Nous ne sommes pas
intéressés à aller "pigrasser", si vous me permettez
l'expression, dans Le lit des rivières. Nous voulons, au contraire, nous
assurer que tes rives seront améliorées et ramenées le
plus près possible de ce qu'elles étaient il y a un siècle
ou un siècle et demi, c'est-à-dire à leur état
naturel, tout en favorisant aussi des consolidations là où il y a
eu des détériorations majeures glissements de terrain ou autres -
de façon à protéger véritablement l'eau qu'on
retrouve dans nos cours d'eau.
C'était là l'ensemble de mes remarques. Je vous
remercie.
Le Président (M. Marquis): Est-ce qu'il y a des
commentaires?
M. Bélanger (Jean-Luc): Beaucoup de commentaires!
Malheureusement, quand vous parlez de guides ou de directives, ça n'a
pas force de loi. On est en face, aujourd'hui, d'une loi qui donne des pouvoirs
aux municipalités et vous dites qu'évidemment, avec une
participation aux deux tiers dans des développements, ça va
être restrictif. Or, la municipalité qui décidera de ne
pas
demander de subventions ou quoi que ce soit pour faire un
aménagement quelconque de sa rive, parce qu'elle a les moyens de le
faire elle-même, ne serait pas forcée de suivre vos guides ou vos
directives. Ils n'ont pas force de loi. Elles auront, par la loi, le pouvoir de
le faire.
Chez nous, ça nous dérange, parce qu'on a vu des rues
entières se bâtir sur le lit de la rivière. On a vu des
déversements et des remplissages sauvages, des remplissages qui
détériorent définitivement la qualité du milieu,
tolérés par les municipalités. Il y a eu l'île aux
Trésors; il y a eu un autre cas à Repentigny. Il y a une rue
complète à Repentigny qui est sur le lit de la rivière.
Cela nous inquiète beaucoup, parce que vos directives n'ont pas force de
loi. (10 h 30)
On arrive avec une loi qu'on considère comme
prématurée. Si les directives devaient obligatoirement être
suivies par la loi, on dirait d'accord. Mais ce n'est pas le cas actuellement.
C'est là notre inquiétude quant à la loi.
Berges neuves, c'est certain que c'est un projet qui est louable. On ne
peut faire autrement qu'être d'accord avec n'importe quoi qui va
améliorer notre qualité de vie ou l'eau. Là encore, on a
une remarque. Dans le cas de Berges neuves, on va surtout parler d'une
amélioration qui est visuelle, alors que l'eau, au centre, sera encore
polluée. Un pneu sur le bord de la rivière ne change rien
à la qualité de l'eau; il est agaçant pour la vue. On voit
des projets comme ONET; c'est très louable, mais cela ne changera
absolument pas la qualité de l'eau au centre qui est encore
polluée par l'agriculteur, par l'industriel ou par les
municipalités.
Dans ce sens, nos inquiétudes sont là. La loi devrait
peut-être suivre une directive qui serait obligatoire ou une technique
qui serait obligatoire. C'est surtout là notre point, M. Ouellette.
M. Ouellette: Étant donné que les remarques visent
le monde municipal, j'aimerais peut-être que mon collègue des
Affaires municipales puisse attacher tous les fils concernant les lois, les
règlements, la législation en général et les
permissions d'intervenir dans ce milieu.
M. Marcoux: Ce que je voudrais indiquer aux représentants
d'À court d'eau, c'est qu'il y a plusieurs moyens pour faire
évoluer une société et lui faire prendre conscience de
l'importance d'un objectif qu'on peut se fixer. On peut intervenir par la loi,
on peut intervenir par des réglementations, on peut intervenir par des
programmes d'information et de publicité sensibilisant des secteurs de
la population. On peut intervenir aussi par des programmes de subventions qui
ont toujours un effet incitatif important.
Le problème pour le gouvernement, chaque fois qu'il veut
intervenir dans un secteur pour favoriser des objectifs comme les vôtres,
que nous partageons entièrement, c'est de choisir les moyens qui soient
les plus adéquats. Je pense, en l'occurrence, qu'il n'y a pas un seul
moyen dont on doive se servir, c'est-à-dire, par exemple, le moyen
législatif, le moyen réglementaire, quoique le gouvernement
n'hésite pas à prendre ce moyen. J'y reviendrai tantôt. Des
moyens réglementaires et législatifs existent actuellement.
Vous dites que vous êtes un groupe récent. Cela fait
à peine un an et demi ou deux ans, si j'ai bien compris, que vous
existez et c'est à la suite de problèmes majeurs qu'il y a eu
dans votre région. Je peux vous assurer qu'on a eu l'occasion
d'être sensibilisés, au Conseil des ministres...
M. Bélanger (Jean-Luc): Nous l'espérons.
M. Marcoux:... à plusieurs reprises, aux problèmes
du bassin de votre secteur de la rivière L'Assomption, etc. Vous avez
bien raison de dire, dans votre mémoire, que le problème touche
plusieurs secteurs: agricole, industriel et municipal, en partie.
En ce qui concerne l'aspect municipal, je crois bien que le programme
d'assainissement des eaux reste quand même le moyen essentiel pour
arriver à l'objectif que vous poursuivez. Même si on peut
être insatisfait du rythme de réalisation des cinq ou six
dernières années du programme d'assainissement des eaux, je crois
qu'il y a eu un virage important qui a été pris depuis un an, un
an et demi - je pense que tout le monde en est conscient - qui fait que cette
année, ce sera sans précédent, les montants qui seront
investis par le gouvernement comme par les municipalités pour arriver
à cet assainissement des eaux, et cela va se poursuivre dans les
prochaines années.
Votre mémoire, en somme, ne fait pas une preuve, mais un
plaidoyer de non-confiance face au monde municipal dans la protection de
l'environnement. C'est paradoxal parce que, hier, nous recevions un autre
groupe, le groupe FAPEL que vous connaissez sûrement, qui avait un
mémoire assez paradoxal et nous disait: Depuis dix ans qu'on travaille
à la protection des lacs et des rives, avant que le règlement de
contrôle intérimaire soit adopté, on avait réussi
à convaincre 400 municipalités au Québec, cas par cas,
à appliquer des règles strictes de protection des rives, des
berges, de dépollution des lacs, etc. Par ailleurs, il s'opposait
à ce qu'on donne plus de pouvoirs aux municipalités pour
intervenir, comme le propose le projet de loi, sur l'amélioration du
milieu aquatique.
C'est un peu le même type d'approche ou de démarche que je
retrouve dans votre mémoire. Je pense que l'on peut avoir une attitude
plus optimiste. Vous dites: On a des exemples. C'est vrai que, par des
programmes de création d'emplois, on a pu détruire
l'environnement, mais je pense que le programme que nous proposons aujourd'hui,
Berges neuves, pour lequel nous faisons des amendements législatifs en
vue de favoriser sa mise en oeuvre, est précisément l'inverse
d'un programme à courte vue, non encadré et non
évalué. Vous savez, les municipalités
préfèrent faire des travaux subventionnés que des travaux
non subventionnés, d'autant plus que ce sera aux deux tiers. Alors, le
nombre de municipalités qui choisiront de faire des travaux de
façon autonome et non subventionnée, cela ne m'inquiète
pas trop pour les trois prochaines années puisqu'on accorde 170 000 000
$ en subventions pour la réalisation de travaux dans le cadre de Berges
neuves.
Or, pour qu'un projet soit accepté, à l'inverse,
probablement, de Canada au travail ou d'autres programmes comme
Chantier-Québec, etc., qui ne devaient pas obtenir l'autorisation du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et du
ministère de l'Environnement, chacun des projets que les
municipalités voudront proposer devra recevoir l'assentiment, dans une
première étape, de la municipalité régionale de
comté. Cela, je vais y revenir plus en détail tantôt. Il
devra recevoir l'assentiment du ministère de l'Environnement et du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui sont
chargés de faire respecter la Loi sur la qualité de
l'environnement et les lois générales, du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Ceci, je pense, assure dans ce
cas-là que les travaux qui seront autorisés ou les projets qui
seront présentés correspondront nécessairement aux
objectifs de la protection de la qualité de l'environnement. C'est bien
connu, les objectifs de l'Environnement, ce n'est pas le déboisement, au
contraire, c'est le reboisement; ce n'est pas le dragage, au contraire, c'est
de le limiter au maximum dans les cas d'absolue nécessité pour
des raisons économiques ou d'autres types de motifs. Ce n'est pas non
plus l'artificialisation des rives ou des modifications au lit des
rivières; ce sont des objectifs tout à fait inverses, moyennant
certaines exceptions nécessaires à l'occasion, que poursuivent le
ministère de l'Environnement et le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche.
En ce sens-là, je pense que, si nous poursuivons le même
objectif, à partir de votre propre mémoire, je pourrais tirer la
conclusion inverse et dire: Au lieu que ce soit à travers toutes sortes
d'interventions au hasard des municipalités, à travers toutes
sortes de programmes de création d'emplois où l'objectif est
simplement la création d'emplois, enfin, voilà un programme qui,
au lieu d'être administré par la Commission de l'emploi et de
l'immigration du Canada ou par le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu du Québec qui a des programmes de
création d'emplois - il y en a eu, à l'occasion - sera
administré dans une perspective environnementaliste, dans une
perspective de protection de la qualité de nos berges et de nos
rives.
Le facteur financier étant capital dans ce genre de choses, du
fait qu'il y ait un programme de subventions et que ce ne soit pas juste un
programme qui définit des normes et des critères, mais qu'il y
ait un incitatif financier, je pense que vous auriez pu tirer la conclusion
directement opposée à celle que vous avez tirée et dire:
Enfin, un programme sera administré par le bon ministère, avec
les bannes équipes de compétence et d'expertise: voilà un
projet qui correspond à des règles de protection de
l'environnement.
Quant à l'évolution de nos lois et de nos
règlements - j'ai eu l'occasion de le dire hier, mais vous
n'étiez pas là, c'était un autre groupe qui était
représenté - dans la fabrication des règlements de
contrôle intérimaire des municipalités, le ministère
des Affaires municipales a pris à son compte les directives et les
normes informelles appliquées par le ministère de
l'Environnement, les a transmises aux municipalités régionales de
comté et a dit: Vous n'avez pas le choix; il faut que vous introduisiez
dans votre règlement de contrôle intérimaire ces normes
pour que nous approuvions votre règlement de contrôle
intérimaire, sinon, le ministre des Affaires municipales va
désavouer votre règlement de contrôle
intérimaire.
Je vais vous donner des exemples: les municipalités qui voulaient
permettre du développement dans des zones inondables de 0 à 20
ans, leur règlement de contrôle intérimaire était
automatiquement désavoué par entente entre le ministère
des Affaires municipales et le ministère de l'Environnement. Un autre
exemple de normes que nous avons imposées dans les règlements de
contrôle intérimaire, c'est de protéger sur une marge de
dix mètres ou de quinze mètres les berges ou les rives,
respectant les droits acquis. Mais, pour l'avenir, les nouveaux
développements devront respecter ces normes.
Quant aux droits acquis, on le sait, on l'a indiqué hier, un
comité interministériel, composé du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, du ministère de
l'Environnement, du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation et du ministère de l'Énergie et des Ressources,
travaille actuellement - je peux vous assurer que c'est très
intensivement, encore la semaine passée
et cette semaine - à essayer d'élaborer des moyens
concertés pour faire en sorte que l'on puisse respecter les objectifs
agricoles, les objectifs de transformation forestière, etc., mais en ne
détruisant pas le lit des rivières et le milieu aquatique.
Évidemment, je ne peux pas vous dire qu'aujourd'hui on a la
solution idéale, que la solution concertée est trouvée
è tout cela. Mais je ne crois pas qu'il faille nous empêcher
d'agir immédiatement, puisqu'il y a beaucoup de municipalités au
Québec qui sont prêtes à procéder pour revaloriser
leurs berges et leurs rives. Dans ces municipalités, de plus en plus,
l'expertise professionnelle est augmentée. Dans les MRC, maintenant,
vous avez de jeunes aménagistes. Quand je vais dans les MRC, je suis
heureux de constater qu'en somme la moyenne d'âge du personnel est
peut-être de 28, 30, 32 ou 35 ans, des gens qui ont été
formés dans des disciplines nouvelles, inconnues dans le passé,
qui ont une conscience très forte de ces préoccupations.
Je pense qu'il y a quand même un contexte qui est en train
d'évoluer, qui permet de mettre en place ce programme et de donner ces
nouveaux pouvoirs aux municipalités sans crainte pour vous. À
l'inverse, là, comme organisme populaire sans but lucratif, vous avez un
rôle important de conscientisation. Hier, je l'indiquais à la
FAPEL et je pense qu'il est bon de vous le répéter: Ce n'est pas
parce qu'il y a de nouveaux intervenants dans l'environnement et que le
ministère de l'Environnement prend de plus en plus d'espace dans cette
protection de l'environnement, au fur et à mesure que la Loi sur la.
qualité de l'environnement est appliquée pour les
dépotoirs, pour la dépollution industrielle, pour les pluies
acides, etc., ce n'est pas parce que le ministère de l'Environnement
joue un rôle de plus en plus grand que les organismes comme le
vôtre doivent cesser leur rôle d'éducation populaire, de
formation. Ce n'est pas parce que les règlements du gouvernement s'en
viennent de plus en plus sévères dans plusieurs domaines, comme
le règlement de dix à quinze mètres sur le bord des cours
d'eau, que votre rôle doit cesser ou doit être diminué, au
contraire.
Dans ce sens-là, même si je pars des mêmes
préoccupations que vous, je crois que le programme Berges neuves, qui a
été annoncé et mis en oeuvre, pour lequel nous voulons
donner de nouveaux pouvoirs aux municipalités afin d'en permettre la
réalisation, n'est pas un programme qui va contribuer à
détruire notre environnement au Québec, mais ce sera
nécessairement un programme qui va peut-être réparer, comme
vous l'avez indiqué, des erreurs qui ont été faites dans
le passé. Je ne nie pas qu'il ait pu y avoir des erreurs faites par le
monde municipal, puisque c'est l'ensemble de notre société face
à l'environnement qui est dans l'erreur depuis 20 ans. On se corrige de
plus en plus depuis cinq, six ou sept ans. La prise de conscience a
commencé depuis 1972 avec la Loi sur la qualité de
l'environnement, ce qui a été un pas important, mais cela se
concrétise de plus en plus. Prenons juste les médias, les pages
consacrées à l'environnement et à la protection de
l'environnement, dans les années soixante à soixante-dix à
comparer avec les années 1972 à 1985, c'est le jour et la nuit.
Ce n'était pas une préoccupation avant. Maintenant, cela l'est.
Or, dans ce sens-là, je pense que ce programme peut permettre
d'atteindre les objectifs que vous poursuivez.
Je veux donner un dernier exemple. C'est M. le président de la
commission qui me le donnait, un exemple dans son comté, à savoir
que dans la rivière Matapédia on a sorti 400 pneus des fosses
à saumon. Vous avez dit tantôt qu'enlever un pneu sur le bord
d'une rive, c'est une protection de l'environnement, mais c'est visuel plus
qu'autre chose. C'est pour cela qu'on a fait disparaître les
cimetières d'autos, en passant, parce que c'était visuel et
désagréable. Mais enlever 400 pneus dans la rivière
Matapédia dans les fosses à saumon, ce n'est pas visuel, c'est
vraiment de la protection. Ce genre de travail 'va être facilité
par le programme Berges neuves. Cela va être permis et, en ce
sens-là, je pense que cela permet de rejoindre vos objectifs. (10 h
45)
M. Bélanger (Jean-Luc): J'ai un point à relever
dans ce que vous dites. En fait, vous semblez faire une confiance énorme
aux municipalités. Vous faites la loi en disant: Les
municipalités sont capables de se prendre en main. Je m'excuse, mais,
chez nous, on n'a pas l'évidence de cela; loin de là, en fait, on
a trop de cas où les municipalités ont abusé de
l'environnement. Ce sont des développeurs qui n'ont aucune conscience de
l'environnement. Le fait que nous soyons là pour sensibiliser n'a pas
force de loi. Quand vous leur donnez, en plus, des pouvoirs ouverts, comme le
projet de loi 6 semble le faire, vous savez, les subventions partent, se
dépensent et la loi reste. Si la municipalité a les moyens de le
faire elle-même, comme cela peut être le cas à Repentigny,
je m'excuse, mais on ne peut pas faire confiance à une loi en disant de
bonne foi: Ces gens sont conscients de l'environnement. Ils ne l'ont pas
démontré à ce jour et encore récemment.
Vous parlez de règles du ministère de l'Environnement.
Évidemment, on dit que le ministère de l'Environnement, c'est un
pas de géant vers un milieu qui est bien amélioré. On a
beaucoup de bien à dire de l'Environnement. Mais, il y a. aussi des
exemples qu'on pourrait, peut-être, traiter
d'accidents. On va parler, par exemple, de l'île aux
Trésors où s'est fait un remplissage dans une zone d'inondation
avec la bénédiction du ministère de l'Environnement.
Peut-être qu'à ce moment-là les normes ne sont pas
suffisamment écrites ou énoncées pour bien dire: II ne
devrait pas, dans telles circonstances, se faire de remplissage. Il y a une
faille, là. Il y a quelque chose qui n'a pas marché, dans ce
cas-là. C'est un cas évident où il n'aurait jamais
dû y avoir remplissage. Mais, le ministère de l'Environnement l'a
béni.
Une voix: Cela s'est passé récemment?
M. Bélanger (Jean-Luc): C'est l'an dernier ou il y a deux
ans. C'est l'an dernier. C'est un exemple qui est trop frappant, à nos
yeux.
M. Marcoux: C'était un développement immobilier ou
quoi?
M. Bélanger (Jean-Luc): Ah, oui! Immobilier au bout et
avec la bénédiction du ministère de l'Environnement. Or,
les normes ne sont peut-être pas suffisamment écrites. Les
techniques ne sont peut-être pas suffisamment décrites. Les
besoins ne sont peut-être pas suffisamment énoncés pour
dire: On fait comme cela. Or, si même le ministère de
l'Environnement peut se tromper, pensez à ce qu'une municipalité
qui n'a aucune conscience environnementale peut faire. C'est dans ce sens que
le projet de loi 6 nous agace. C'est vraiment là qu'on est... On dit: II
ne faut pas. Si j'employais les termes de M. Allard, il dit: C'est plutôt
le temps de les mettre en tutelle. Mais cela, c'est fort. C'est vraiment une
inquiétude qui est réelle chez nous parce qu'on a des exemples
à tous les jours de ce qui se passe. Il y a encore des écriteaux
qui demandent du remplissage sur le bord du fleuve. Il y a encore toutes sortes
de remplissages qui se font, sauvages, sans demande de permis ou sans
considération pour l'environnement. On sait que l'Environnement ne peut
pas être partout. Mais le projet de loi, dans le sens qu'il a
actuellement, nous inquiète beaucoup parce qu'il fait trop confiance
à la conscience municipale et, dans ce sens-là, on ne peut pas le
suivre.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Merci, M. le Président. À court
d'eau, vous avez mentionné tantôt que vous existiez depuis combien
de temps?
M. Bélanger (Jean-Luc): Début 1984.
M. Saintonge: Début 1984. Ceci veut dire que les
constatations que vous avez pu émettre dans votre mémoire et ce
que vous nous rapportez, c'est dans le cadre de vos activités, de vos
préoccupations depuis 1984, donc, un ah à un an et demi, au
maximum.
M. Bélanger (Jean-Luc): Oui.
M. Saintonge: D'accord. Il y a une chose que je retiens de ce que
vous mentionnez. Vous dites que les municipalités, par exemple, ont
peut-être un manque de conscience au niveau de l'environnement. Je dirais
que ce n'est peut-être pas un manque de conscience dans le sens que, dans
certaines circonstances, va être davantage intéressé
à favoriser un développement qu'à s'occuper de protection
de l'environnement parce que la préoccupation première de la
municipalité va plutôt vers un agrandissement de son domaine
municipal, de son champ de taxation, à ce moment-là.
Mais également, je retiens ceci et peut-être que vous
pourriez nous donner des précisions là-dessus. Vous mentionnez
que vous touchez, dans le cadre de vos opérations sur le territoire que
vous couvrez, 51 municipalités. La question que je me pose, à
l'heure actuelle, est la suivante au niveau non seulement de la conscience,
mais de l'expertise des municipalités. Vous en avez parlé dans
votre mémoire, tantôt; mais, sur l'ensemble de votre territoire,
ces 51 municipalités, quelle est l'expertise municipale dans le domaine
environnemental? Le ministre nous dit, par exemple, qu'au niveau des MRC, on
engage de plus en plus de personnes qui sont plus jeunes, plus formées
aux disciplines modernes. À ce moment-là, j'imagine, qu'on parle
d'aménagistes, on parle d'urbanistes qui vont travailler. Est-ce que, au
niveau des municipalités régionales de comté ou même
des municipalités qui sont touchées, si on veut, par les travaux
exécutés sur les rivières, vous pouvez constater que
l'expertise municipale est grande et forte ou si vous sentez, depuis que vous
vous en occupez, depuis deux ans, qu'il y a un changement dans ce
sens-là, d'une part?
Ma deuxième question aussi rejoint cette première
préoccupation, finalement, au niveau de l'expertise des
municipalités. C'est sur la question des normes. Je suis d'accord avec
le ministre quand il mentionne que ceux qui voudront participer au programme
Berges neuves devront se soumettre à certaines normes techniques que le
ministre va énoncer, mais ce que nous avions dénoncé,
nous, comme Opposition, au mois de décembre lorsque le projet de loi 6 a
été déposé, c'était, entre autres choses, le
fait que le projet de loi 6 donnait des pouvoirs aux municipalités en
vue d'un programme éventuel que le ministère de l'Environnement
pouvait amener. On ne connaissait pas le programme. Le ministre ne pouvait pas
nous
donner, lors de l'étude en Chambre, des précisions sur le
programme Berges neuves. Le tout devait être connu ultérieurement.
Nous avons connu certaines dispositions de Berges neuves, des montants
d'argent, de quelle façon les municipalités peuvent y
adhérer. Si elles y adhèrent, le gouvernement va financer aux
deux tiers et les municipalités à un tiers, mais, comme vous
l'avez mentionné tantôt, il y a des possibilités que les
municipalités puissent décider, sans demander de subvention, de
bénéficier des pouvoirs accrus qui leur seront accordés.
Au niveau des normes comme telles, à ce moment-là, on
déplore justement le fait qu'on ne connaît pas, même
aujourd'hui, finalement, les normes auxquelles les gens devront se soumettre.
Le ministre dit: On les sortira bientôt.
Une voix: Elles sont ici.
M. Saintonge: Oui, mais elles ne sont pas connues, M. le
ministre. Vous les avez, mais c'est quand même quelque chose qu'on n'a
jamais regardé. C'est quelque chose que les organismes
intéressés à l'environnement n'ont jamais eu en main, mais
j'imagine qu'actuellement au niveau des normes dans les MRC... Le ministre des
Affaires municipales soutenait tantôt qu'au niveau du contrôle
intérimaire, on a dit: Votre règlement des municipalités
sera désavoué si vous n'intégrez pas tel ou tel
élément que le ministère de l'Environnement juge utile et
tout cela. C'est fin, cela, mais je me souviens fort bien du débat
à ce moment-là où les gens, justement du monde municipal,
les urbanistes concernés reprochaient au ministère d'imposer des
normes purement et simplement sans consultation, sans en discuter ou sans dire
justement: Ce sont des normes internes du ministère. Ce sont des normes
qui ne sont pas publiques, qui n'ont pas été discutées.
Les gens au niveau des MRC, à ce moment-là, au niveau des
municipalités, lors de consultations avec leurs citoyens, pour
l'arrivée du règlement de contrôle intérimaire, pour
la mise en place du processus sur le schéma d'aménagement,
auraient voulu pouvoir en discuter clairement et dire: Les normes qu'on veut
imposer, c'est cela: A, B, C, D. Si dans ces normes on a quelque chose à
dire, quelque chose qu'on veut changer, quelque chose qu'on veut modifier parce
que cela nous semble apparent que ce serait davantage au bénéfice
de tout le monde que les normes aillent plutôt dans telle direction, ce
sera impossible de le faire. Les normes seront fixées par le
ministère.
S'il y avait cependant un règlement-cadre et que ces normes
faisaient partie d'une question réglementaire, avant que ce
règlement soit en vigueur, les organismes intéressés
à l'environnement, comme le vôtre, À court d'eau, comme
FAPEL hier ou comme la Fédération québécoise de la
faune, pourraient quand même en discuter, donner leur point de vue et
tenter d'inciter à certains changements aux normes, s'il y a lieu, d'une
part et, deuxièmement, au niveau réglementaire, peut-être
faire en sorte que vous ayez des possibilités d'intervention qui
seraient contraignantes pour les gens qui ne suivraient pas ces normes.
Actuellement, vous n'en avez pas.
En d'autres mots, si je reprends la question des normes - et je veux
connaître votre opinion là-dessus - seriez-vous d'accord pour que
les normes ni plus ni moins soient connues, soient insérées dans
un règlement? Je pense que c'est le sens de votre mémoire. Je
voudrais des précisions là-dessus d'un certain côté.
Deuxièmement, au niveau des municipalités, par rapport à
ce que vous connaissez actuellement depuis quelque temps, l'expertise du monde
municipal dans ce domaine, est-ce que vous considérez que cela va en
augmentant, que c'est suffisant ou si, au niveau municipal, à ce
moment-là, on devra faire des efforts énormes pour tenter
d'arriver à se munir de personnel compétent pour que, justement,
les normes soient bien suivies, soient bien appliquées et qu'on ait les
moyens au niveau des municipalités, par ce personnel compétent,
de suivre l'évolution des faits et de prévenir toute incursion
qui irait contre, finalement, ce qu'on veut implanter?
M. Bélanger (Jean-Luc): Quand on parle de ces
choses-là, évidemment, c'est plus-facile pour nous de parler de
ce qui se passe dans notre cour. Notre MRC, à ma connaissance, n'a pas
encore d'employé apte à juger d'un impact sur l'environnement. Il
n'y a aucune municipalité qui en a. Les inspecteurs municipaux laissent
se produire des déversements, laissent se produire des remplissages,
laissent exister des pancartes demandant de la terre sur le bord du cours d'eau
sans même s'occuper de règlements ou autres. Chez nous, c'est ce
qui se passe.
On parlait d'optimisme tantôt. Je peux vous parler en
qualité d'optimiste. J'étais gouverneur du district du centre du
Québec l'an dernier pour les Optimistes. Mais quand on est face à
une situation comme ça, je suis obligé de devenir
réaliste. On est en face de gens qui n'ont pas de conscience
environnementale. Quand vous parlez des normes, en fait, dans nos milieux les
municipalités n'ont pas les ressources humaines pour aller chercher ce
qu'il faut dans ça. On ne voit pas encore d'amélioration nulle
part et plus on s'éloigne du milieu urbain, pire c'est. Quand on va dans
nos petites paroisses en campagne l'inspecteur municipal l'est souvent à
temps partiel, il n'a souvent pas un emploi à temps plein et n'a aucune
espèce de compétence -
c'est une nomination politique plus qu'autre chose - pour juger de ces
choses-là. On rêve de voir des normes qui puissent être
appliquées. C'est un désir ardent. Si on voyait ces
normes-là, si on disait! Ça devient un règlement, la loi 6
prendrait un tout autre sens, un tout autre aspect à ce
moment-là. Il faudrait que les gens soient forcés par la loi de
suivre ce règlement-là, mais dans le moment on n'a pas d'indice
de ça. La loi ne le dit pas, ne stipule pas qu'il faut faire selon le
règlement.
Le programme Berges neuves, oui, c'est très louable et plus on en
entend parler plus on dit: Enfin, un programme sérieux sur
l'aménagement des berges! Mais c'est encore là sujet à des
subventions. Là encore, la loi 6 ne dit pas: Tu vas appliquer le
programme Berges neuves selon les normes qu'on va te dire. Elle ne dit pas
ça. La loi est trop large. J'ai peut-être mal vu.
M. Marcoux: Vous avez raison en disant que la loi 6 ne le dit
pas. Elle fait en sorte que les autres lois qui existent, la loi 125 sur
l'aménagement du territoire qui a imposé un règlement de
contrôle intérimaire, la Loi sur la qualité de
l'environnement, les lois du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche soient respectées. Les lois et les pouvoirs
réglementaires qui existent déjà ou les directives
internes du ministère de l'Environnement sur l'approbation des projets
sont toujours là. La loi 6 ne dit pas: Faites fi de toute autre loi,
maintenant vous pouvez faire tout ce que vous voulez sur des terrains
propriétés de tiers ou sur des terrains dont vous êtes
propriétaire pourvu que ce soit de l'aménagement de berges.
M. Bélanger (Jean-Luc): Mais ça n'est pas
réglementé.
M. Saintonge: Actuellement le ministre nous dit: La loi 125 a
amené certaines dispositions au niveau du règlement de
contrôle intérimaire.
M. Bélanger (Jean-Luc): Oui.
M. Saintonge: Si j'ai bien entendu votre mémoire, si je
comprends bien la situation, vous dénoncez le fait que, malgré la
Loi sur la qualité de l'environnement qui existe actuellement,
malgré les dispositions intégrées au niveau du
règlement de contrôle intérimaire dans les MRC qui doivent
être appliquées dans les municipalités, ce n'est pas suivi.
Cela veut dire qu'on y déroge, qu'on n'a pas les moyens, au niveau des
municipalités, justement d'arriver à prendre des dispositions
nécessaires pour forcer les contrevenants à se conformer à
ça. Au niveau municipal, dans certains cas certaines
municipalités ne s'y conforment même pas, d'après ce que je
comprends et ce que j'ai compris hier de la question de déversement de
neige, par exemple, dans les cours d'eau; ça s'est fait à
Chambly, on tente d'arrêter ça. Ce sont les municipalités
qui le font. Donc, à ce moment-là, pourquoi? Même s'il y
avait des normes du ministère, si les règlements ne sont pas
suivis, comment peut-on penser que, éventuellement, des normes sur des
créations de programmes où on fournit de l'argent seront suivies?
C'est ça mon problème.
Cependant, si on avait un règlement précis qui donnait des
pouvoirs contraignants à des organismes comme le vôtre ou à
d'autres personnes qui, voyant la situation, pourraient prendre des mesures
pour faire arrêter la situation, peut-être que ce serait
préférable. Je ne sais pas si vous pouvez réagir à
ça.
M. Bélanger (Jean-Luc): Oui. Ce que vous dites, c'est un
fait qu'on vit régulièrement. La neige, en fait, ce n'est pas
réglementé. Il y a une directive du ministère de
l'Environnement qui dit qu'on ne doit pas déverser de neige. Le long de
notre bassin, nous autres, il n'y a pas de municipalité qui
déplace de la neige sans la jeter dans la rivière, directement ou
indirectement. C'est la preuve évidente que ce n'est pas suivi,
ça. Enfin!
M. Saintonge: La pollution des eaux. On a ça, on ne sait
pas si ça va contribuer à l'augmentation de pollution des eaux,
c'est évident. Vous avez fait allusion tantôt à des
questions de visualité. Le ministre nous mentionnait tantôt je ne
sais pas combien de pneus qui ont été tirés dans telle
rivière au saumon, etc. Je suis bien d'accord, mais je pense qu'on n'a
pas besoin du programme Berges neuves pour qu'une municipalité
décide de nettoyer les rives, d'enlever des choses comme ça, des
pneus, des canettes ou quoi que ce soit qui est sur le bord de l'eau. Je ne
penserais pas qu'on ait besoin d'un pouvoir spécifique au niveau
municipal pour permettre cette chose-là. À mon point de vue les
lois actuelles n'empêchent pas les municipalités de faire une
espèce de corvée et de dire: On nettoie les berges, on
enlève les choses étrangères au milieu - non pas les
arbres - qui sont dans l'eau et qui peuvent avoir une incidence sur les
habitats fauniques. (11 heures)
Vous vous occupez de dépollution le long de L'Assomption. Comme
vous touchez 51 municipalités, il y a probablement d'autres cours d'eau
que celui de L'Assomption dont vous vous occupez également. Quant
à la pollution, il y en a sur trois plans, je pense. Au point de vue
agricole, on dit qu'il n'y a rien de réglé. D'après ce que
je peux comprendre, il y a un projet pilote qui est en fonctionnement,
mais cela va prendre trois ans avant que l'on ait des résultats.
En attendant, le purin continue d'être déversé dans les
rivières, cela ne change rien.
Pour ce qui est des eaux usées municipales, cela s'en vient
tranquillement, mais je ne pense pas que ce soit demain la veille que des eaux
municipales propres seront déversées dans L'Assomption ou dans
quelque autre rivière. Les données qu'on a au Québec,
malgré les beaux chiffres qu'on nous a sortis hier, démontrent
qu'à peine 13% des eaux sont dépolluées. On est loin
d'avoir des cours d'eau entièrement dépollués.
Il y a toute la pollution industrielle; il faut arriver aussi à
conscientiser les gens et permettre aux industries de s'acclimater à ce
régime dans un délai donné.
En ce qui concerne la dépollution de la rivière
L'Assomption actuellement, est-ce avancé? On peut entrevoir quel
délai? Dans le secteur qui vous concerne L'Assomption, les
rivières ou les lacs qui pourraient vous toucher, est-ce que, à
votre point de vue, la dépollution de ces eaux est prévisible
dans un court délai ou si ce sera long? C'est ce que je voudrais savoir
et l'utilité de cela. Cela rejoint un point: c'est beau de faire des
aménagements, c'est beau de faire bénéficier la population
d'une piste cyclable sur le bord d'une rivière, d'aménager une
entrée sur le bord de l'eau et éventuellement une plage, mais,
bon sang, si l'eau est polluée et qu'on la dépollue dans quinze
ans, ce sont des installations avant le temps! Je pense que c'est le point de
vue qu'il faut regarder. Je voudrais avoir vos réactions
là-dessus par rapport à ce que vous connaissez dans votre milieu,
sur votre territoire.
M. Bélanger (Jean-Luc): Ce qu'on voit, parlant de
dépollution des eaux municipales, c'est encourageant. Il y a quelques
années, c'était impensable chez nous. On voit que nos
municipalités ont presque toutes signé l'accord. Cela, c'est
encourageant, mais on n'est pas à la veille d'avoir de l'eau propre
encore. Sauf qu'il faut reconnaître que te programme est là, qu'il
est vraiment incitatif et presque obligatoire. Il va y avoir un décret
tantôt et la municipalité qui ne signe pas aujourd'hui, qu'est-ce
que cela va lui coûter tantôt? C'est presque obligatoire. Dans ce
sens, si on compare cela avec ce qu'on veut faire avec Berges neuves, Berges
neuves, c'est plus incitatif qu'obligatoire. Elle n'est pas obligée. Si
elle décide d'aménager ses rives, cela ira, mais si elle
décide de ne rien faire, elle ne touchera à rien. Mais la
dépollution de l'eau, elle sera forcée à plus ou moins
long terme de la faire.
M. Saintonge: Vous remarquerez que pour Berges neuves, de toute
façon, il faut que la municipalité soit inscrite à
l'assainissement des eaux. N'est-ce pas l'une des conditions?
M. Marcoux: Les seules municipalités exclues sont les
municipalités inscrites à la programmation d'assainissement des
eaux, mais qui ont refusé de signer l'entente. Mais toutes les
municipalités du Québec sont admissibles au programme Berges
neuves.
M. Ouellette: II y en a très peu.
M. Bélanger (Jean-Luc): Dans ce sens, quand on regarde
l'eau des municipalités, on voit la lumière au bout du tunnel.
Cela s'en vient; en fait, dans trois, quatre, cinq ans. Et même si cela
prenait dix ans, au moins, cela se fait. Pour nous, c'est un grand pas, un pas
de géant.
Quand on regarde le secteur agricole, c'est pas mal décevant,
c'est pas mal plus inquiétant. On travaille beaucoup actuellement avec
le ministère de l'Environnement 9ur l'aspect agricole et on ne voit pas,
actuellement, la journée où on aura des choses vraiment positives
à dire comme: II y a un pas positif de fait. Les blitz ont servi, oui,
à empêcher les déversements sauvages, l'usine pilote est
bonne pour environ 10 000 porcs quand on en a 500 000. On ne voit pas le jour
où vraiment, dans le secteur agricole, il y aura des choses très
positives dans notre coin. Il n'y a rien de concret encore. C'est plus
inquiétant pour nous que n'importe quoi.
Du côté industriel, des ententes se font. Cela s'en vient,
on voit la lumière au bout du tunnel alors que le secteur agricole
demeure encore notre plus grande inquiétude. Même si on fait des
aménagements de rives actuellement, il n'y a pas grand monde qui va se
baigner dans la rivière L'Assomption avant que le problème
agricole soit réglé. Même si on a empêché les
déversements sauvages, notre taux de pollution demeure le même. On
a empêché les "peaks", mais le taux de pollution demeure le
même et il est beaucoup trop élevé; c'est absolument
impensable de vouloir se baigner là-dedans.
Nous avons trouvé curieux que l'UPA et le ministère de
l'Environnement soient d'accord sur le coût du déménagement
des excédents de purin. Tous les deux disent entre 8 000 000 $ et 10 000
000 $ par année, seulement pour l'excédent. Quand l'UPA nous dit
que c'est ce que cela coûterait par année pour le
déménager, on sait qu'on ne le déménage pas, qu'il
reste chez nous et qu'il aboutit dans la rivière, qu'on le veuille ou
pas. Même s'il y a de l'épandage excessif, le drainage va l'amener
directement dans la rivière. On n'est pas protégé de cela
du tout, du tout, du tout. Tant que cela ne sera pas fait, l'eau ne sera jamais
bonne dans le bassin de la rivière L'Assomption.
M. Saintonge: Comme question de priorités...
M. Bélanger (Jean-Luc): Oui.
M. Saintonge:... pensez-vous que le gouvernement devrait
davantage favoriser une dépollution aux trois niveaux municipal,
agricole et industriel avant de penser à faire des aménagements
pour dire aux citoyens: Vous allez avoir une plage demain matin, vous allez
avoir la piste cyclable sur le bord de l'eau, c'est beau, regardez, la nature
est là? C'est cela ma question. Le programme Berges neuves, ses
objectifs sont valables, sont bons. C'est évident. Mais je pense que
c'est avant le temps, parce que les préoccupations du gouvernement, les
priorités du gouvernement devraient plutôt être justement le
contrôle de ces trois éléments de pollution qui sont
majeurs actuellement. Éventuellement, quand on aura mis en place ces
structures d'une façon positive dans un laps de temps relativement
court, on pourra aménager des structures. Est-ce là votre opinion
en ce sens?
M. Bélanger (Jean-Luc): Remarquez bien qu'on n'est pas
contre l'idée d'un programme Berges neuves pour que l'aménagement
des rives se fasse. C'est très valable, c'est très louable, mais
si on a une belle plage et que l'eau est polluée, cela ne nous avancera
pas davantage. C'est évident que notre objectif est d'avoir de l'eau
potable dans la rivière et de pouvoir y pêcher encore. En fait, il
y a déjà eu du saumon dans cette rivière. On n'a plus de
truite, il y a peut-être de la barbotte occasionnellement. Il ne faudrait
pas essayer de la manger.
C'est évident que, si l'eau est dépolluée les
projets du programme Berges neuves vont être essentiels pour nous, mais,
pour le moment, notre préoccupation première est certainement la
dépollution. On ne voit pas comment vous aidez la dépollution en
donnant des pouvoirs aux municipalités qui pourraient en abuser. J'y
reviens encore, en fait.
Le Président (M. Marquis): Mme la députée de
Chomedey et vice-présidente de la commission.
Mme Bacon: J'aurais seulement quelques questions, mais je ne
voudrais pas prendre le temps de nos invités, M. le Président. On
a parlé beaucoup de règlements-cadres, de normes, de guides et
tout cela. Je déplore que les municipalités n'aient pas
reçu, en même temps que les dépliants les informant du
programme Berges neuves, les guides qui auraient donné davantage
d'informations aux municipalités.
Cela dit, la réglementation n'est pas connue par rapport au
projet de loi 6 en ce moment. Il nous manque certains détails sur cette
réglementation. Est-ce que cela peut influencer la marge de manoeuvre
qui serait donnée aux municipalités par rapport au programme?
Aussi, au niveau du financement, est-ce que tout ce processus
d'évaluation de projet pourra aussi être influencé par la
réglementation? On sait qu'il ne faudrait quand même pas voir
gonfler les factures et automatiquement augmenter les coûts de ces
différents projets.
En même temps, au niveau des jeunes qui participeront à ce
projet, est-ce que, encore une fois, la réglementation va influencer
l'encadrement qu'on devra donner aux jeunes? Est-ce qu'on leur donnera des
partenaires qui vont être suffisamment capables de les encadrer pour que
les gens qui vont faire ces travaux ne soient pas ni plus ni moins que des
éboueurs? Est-ce qu'on va garder cette préoccupation
environnementale dans un encadrement? Est-ce que la réglementation va
influencer ces choses?
M. Marcoux: Ce que je peux indiquer dans cela - je pense que cela
peut en partie répondre à la préoccupation de nos
invités -c'est que, dans le programme qui a été rendu
public déjà, le type de travaux qui seront subventionnés
est décrit. Le type de travaux subventionnés, ce ne sont pas des
travaux qui détériorent l'environnement. On dit des travaux de
réhabilitation, des travaux de reboisement, etc. On décrit la
nature des travaux qui seront acceptables dans le cadre du programme. Si la
nature des travaux était du dragage, du déboisement et toutes
sortes d'interventions semblables, je comprendrais davantage. Je suis conscient
que la préoccupation de Mme la députée est louable et il
est important que les municipalités aient le plus rapidement possible le
guide des critères qui vont permettre d'accepter des programmes plus
tôt. Déjà, dans l'information que les municipalités
ont reçue la description des travaux admissibles aux subventions indique
bien le sens dans lequel on veut que ces aménagements soient faits, qui
n'est pas une perspective de destruction des aménagements.
Vous me permettrez, à l'occasion de cette réponse à
Mme la députée, d'ajouter un élément. Je comprends
et je partage votre point de vue quand vous dites que l'essentiel, c'est
d'assainir les eaux, l'essentiel, c'est de dépolluer les usines, c'est
d'empêcher le purin de porc de se répandre dans les
rivières; voilà l'essentiel. Je pense que voilà
l'essentiel auquel s'est attaqué le ministère de l'Environnement
depuis quelques années.
À un moment donné, il y a une question de juste proportion
des choses. On va investir 4 700 000 000 $, par exemple, dans l'assainissement
des eaux sur une dizaine d'années. Est-il anormal pour un gou-
vernement d'investir environ 170 000 000 $ en subventions pour
aménager le bord des rives et inciter les Québécois
à reconquérir, à se réapproprier, cette richesse?
On est l'un des pays où les étendues d'eau sont les plus
nombreuses au monde, les plus accessibles à la population. Notre voirie
forestière est immense; notre voirie publique est importante. Est-il
normal, en termes de proportion, de consacrer 170 000 000 $ de subventions pour
favoriser cet aménagement de nos rives, alors qu'on consacre, seulement
pour l'assainissement des eaux, 4 700 000 000 $? Je pourrais continuer dans les
autres secteurs également. En ce sens, il y a une juste proportion des
choses.
Je comprends la préoccupation du député de
Laprairie qui dit: Les priorités du gouvernement, où sont-elles?
Je pense que les priorités du gouvernement en environnement sont claires
depuis cinq ans. Ce sont les pluies acides. Je vais m'empêcher de faire
une remarque puisque nos débats se déroulent très bien. Ce
sont les pluies acides, c'est très clair. C'est l'assainissement - Oui,
je ne serai pas acide - des eaux; cela a été la
dépollution industrielle. Vous le savez, depuis cinq ou six ans,
à cause du programme de modernisation, on a voulu économiser de
l'énergie dans les usines de pâtes et papiers, mais en même
temps dépolluer. Je pourrais multiplier les exemples. Les
priorités du gouvernement, en termes d'environnement, ont
été vraiment dans le sens que vous dites et, également,
dans le domaine agricole, mais on pense qu'il faut joindre l'agréable
à l'utile.
Le Président (M. Marquis): Merci. Il ne reste que quelques
minutes. Alors, nos invités...
M. Bélanger (Jean-Luc): Vous parlez de travaux
subventionnés. Je reviens, évidemment, à ce que je disais
tantôt: La Loi 6 ne prévoit pas si un travail est
subventionné ou pas. Il ne faut pas oublier qu'une municipalité
peut quand même faire des travaux sans subvention. Quand vous mentionnez
un projet acceptable pour les subventions, je me demande quelle est la
description d'un projet acceptable. Personne ne l'a eue encore. En
résumé... Oui, cela va venir. Peut-être que cela aurait
dû venir avant la loi 6. La loi 6 est plus large que le projet de Berges
neuves et c'est là qu'on est inquiet.
Le Président (M. Marquis): Juste une petite remarque.
M. Bélanger (Jean-Luc): Oui.
Le Président (M. Marquis): Ces documents seront rendus
publics avant l'adoption de la loi 6.
M. Bélanger (Jean-Luc): Mais est-ce que la loi 6 les
rendra obligatoires? Voilà!
Le Président (M. Marquis): Berges neuves va les rendre
obligatoires.
M. Bélanger (Jean-Luc): Oui. Avec Berges neuves, on parle
toujours de projets subventionnés; on ne parle pas de cas où la
municipalité va décider économiquement de bâtir une
rue sur le bord de l'eau, en fait, selon des normes plus ou moins suivies.
Le Président (M. Marquis): Le temps est
écoulé. Je remercie beaucoup les invités de la corporation
À court d'eau pour leur témoignage devant la commission
parlementaire. Merci.
M. Bélanger (Jean-Luc): Merci bien de nous avoir
accordé ce temps. Au revoir et merci.
Le Président (M. Marquis): J'inviterais maintenant les
représentants de l'Association des biologistes du Québec à
se présenter pour faire connaître leurs commentaires à la
commission parlementaire.
M. Saintonge: M. le Président, brièvement, une
réaction à ce qui s'est dit tantôt. Quand on a parlé
des priorités, le ministre a dit: Je comprends les préoccupations
du député de Laprairie. Il parle des pluies acides, il dit qu'il
y a 4 700 000 000 $. J'ai le communiqué du 24 janvier 1985, du
ministère de l'Environnement, où on dit: Après six ans de
fonctionnement, le programme d'assainissement des eaux atteint son rythme de
croisière. En effet, le total prévu du coût du programme
est de 4 700 000 000 $. Les conventions déjà signées avec
les municipalités s'élèvent à 3 500 000 000 $,
permettant à plus de 260 municipalités de réaliser des
travaux d'assainissement. À la fin de l'année 1984, près
de 1 100 000 000 $ d'investissements avaient déjà
été réalisés. C'est 1 100 000 000 $. Mais
là-dessus, il y en a environ 800 000 000 $ - c'est plus que les deux
tiers - seulement dans la région de Montréal, je pense.
M. Marcoux: C'est l'essentiel.
M. Saintonge: C'est l'essentiel, je comprends, c'est l'Archipel.
Mais quand on parle de l'ensemble des municipalités du Québec, ce
que j'ai voulu noter au niveau des priorités gouvernementales, c'est:
Si, sur un programme de 4 700 000 000 $ de travaux un peu partout, mais au
niveau de l'ensemble des municipalités du Québec, c'est
à peine 400 000 000 $ de travaux qui sont réalisés,
ce n'est pas beaucoup.
M. Ouellette: Comment 400 000 000 $? Il y a 1 200 000 000 $ de
dépensés; il y a 3 625 000 000 $ d'engagés...
M. Saintonge: De signés, oui, mais les travaux ne sont pas
réalisés, M. le ministre.
M. Ouellette: Je regrette, mais si le Parti libéral
è l'époque de Bourassa avait fait sa "job", ces travaux-la
seraient terminés.
M. Saintonge: Écoutez donc!
M. Ouellette: Nous avons à les réaliser et ce sont
des travaux qui s'étalent sur quatre ou cinq ans.
Mme Bacon: Bien, voyons donc! C'était commencé
à ce moment-là!
M. Saintonge: Les travaux qui ont été
réalisés...
Le Président (M. Marquis): À l'ordre! À
l'ordre!
Mme Bacon: C'était commencé bien avant cela.
Le Président (M. Marquis): Messieurs les membres de la
commission...
M. Ouellette: De grâce! Les autres provinces canadiennes
l'ont fait, n'est-ce pas!
Mme Bacon: C'était commencé avant 1976.
M. Ouellette: Et vous autres, vous ne l'avez pas fait. (11 h
15)
Mme Bacon: Cela a commencé avant 1976, voyons!
M. Saintonge: C'est facile. Une voix: En 1960. Mme Bacon:
Avant 1976.
Le Président (M. Marquis): Je vous demande votre
collaboration des deux côtés afin que les travaux de la commission
se poursuivent correctement.
Mme Bacon: Retenez-les, M. le Président.
Le Président (M. Marquis): Vous aurez l'occasion, d'un
côté comme de l'autre, de vider ces discussions, d'avoir ces
discussions à d'autres moments probablement.
M. Saintonge: Prenez bonne note, M. le Président, que
j'avais la parole, que le ministre de l'Environnement m'a coupé la
parole pour faire de la basse politique là-dessus.
M. Ouellette: Ce n'est pas de la basse politique, M. le
Président.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre, à
l'ordre!
M. Ouellette: C'est loin d'être de la basse politique.
Le Président (M. Marquis): Je veux souhaiter, au nom des
membres de la commission, la bienvenue au représentant et à la
représentante de l'Association des biologistes du Québec.
J'imagine que c'est Mme Huguette Varin, présidente. Voulez-vous nous
présenter celui qui vous accompagne et nous livrer votre mémoire
ou vos commentaires sur le sujet qui nous occupe actuellement.
Association des biologistes du Québec
Mme Varin (Huguette): D'accord, monsieur. Je suis
accompagné de M. Robert Hamelin, qui est vice-président de
l'Association des biologistes du Québec.
L'Association des biologistes du Québec a pris connaissance du
projet de loi 6 et du programme qui en découle, Berges neuves, et doit
donner son accord sur le principe de base formulé dans le projet de loi
6, soit l'amélioration des rives comme complément essentiel
à l'assainissement des eaux.
En effet, pour nous, la rive est un milieu de vie qui fait la transition
entre le milieu aquatique et le milieu terrestre. C'est grâce à
l'aspect naturel de la rive qu'on peut espérer éviter
l'érosion exagérée du sol et l'accumulation de
sédiments dans l'eau. Les plantes, les arbustes et les arbres, par leurs
racines, ont un effet stabilisateur sur cette rive. C'est aussi au moyen d'une
rive bien protégée et naturelle que l'on donne à la faune
aquatique un habitat et' un lieu de reproduction adéquats. Le maintien
d'une température de l'eau stable et assez fraîche est important,
on le sait, pour les frayères.
La "végétalisation" des rives est aussi de première
importance en freinant l'apport d'éléments indésirables du
milieu terrestre vers l'eau. La végétation retient
l'écoulement vers l'eau de produits néfastes tels que les
herbicides, les pesticides et autres. C'est pour le principe.
Quant aux modalités d'application de la loi, nous sommes heureux
de voir que le ministère étudie en détail chacun des
dossiers qui lui sont présentés par les
municipalité, mais nous avons des questions à poser. Nous
souhaiterions connaître davantage la composition des organismes
ministériels qui feront les études et quel genre de suivi ils
feront, quel sera le poids de leurs arguments et la force qu'ils pourront y
mettre.
Nous allons maintenant détailler davantage notre position.
M. Hamelin (Robert): Mesdames, messieurs, comme beaucoup d'autres
organismes, l'Association des biologistes souhaite une très forte
participation des municipalités dans le cadre de ce programme; elle est
non seulement souhaitable, elle doit être encouragée. Ce principe
de base doit être, je pense, la préoccupation de tous et
nécessite, de ce fait, le besoin de structurer la participation au
programme et de l'optimiser de façon que les investissements qui seront
faits donnent les résultats les plus positifs possible.
Dans cette optique, l'Association des biologistes du Québec
considère que le volet aménagement est nettement prioritaire face
au volet nettoyage. D'une part, il est plus durable et, évidemment, il
procure aux usagers un bien meilleur bénéfice
coûts-investissements.
Cet aménagement, évidemment, doit aussi tenir compte de
certains concepts que nous avons abordés précédemment.
Ainsi, il faut reconnaître que diverses sections des cours d'eau ont un
visage différent. Les potentiels que l'on retrouve à
différents tronçons diffèrent les uns des autres. Il est
essentiel que les projets qui seront préparés par les
municipalités tiennent compte de ces potentiels qui caractérisent
chacun des tronçons. Il est également important que le jugement
qui sera porté sur les projets présentés par les
municipalités tienne compte de cette mise en valeur des potentiels qui
se retrouvent dans les sections des cours d'eau sous la juridiction des
municipalités.
Un corollaire à cet énoncé invite les organismes
ministériels à mettre à la disposition desdites
municipalités les informations actuellement disponibles sur les
potentiels connus des cours d'eau qui feront l'objet du programme.
Cet aspect mène à des considérations
extrêmement importantes et, pour ne citer qu'un exemple, mentionnons le
contrôle de l'érosion. Plusieurs municipalités pourraient
éventuellement s'intéresser à cet aspect du programme et
nous considérons qu'il est prioritaire que les projets visent tout
d'abord les zones d'érosion artificielle des cours d'eau et non pas les
zones d'érosion naturelle.
Sans être un spécialiste en hydrologie, il faut bien
comprendre qu'un cours d'eau, dans un bassin versant, à chaque
année transporte une partie de matériel solide. Si de
façon utopique on envisageait un contrôle total de
l'érosion sur l'ensemble du bassin versant, il est très clair que
les eaux, pour dissiper leur énergie, pourraient créer des
problèmes d'érosion dans les sections en aval, réduisant
jusqu'à un certain point les aménagements qu'on aurait faits dans
les sections en aval et pire elles pourraient même entreprendre
l'érosion du fond du cours d'eau.
Il faut garder une vue globale sur l'ensemble des projets qui seront
présentés. S'assurer non pas que chaque municipalité aura
son quai d'accès, sa table de pique-nique, son sentier, mais faire en
sorte que les projets soient harmonieusement distribués le long du cours
d'eau en fonction des potentiels de chacun des tronçons. Et ceci est un
concept prioritaire pour nous.
Un autre point concerne le respect des règlements et des
études d'impact.
Mme Varin: De ce côté, cela nous semble important de
bien définir quels types de projets seront soumis aux règlements
d'études d'impact. Je pense que ce n'est pas clair actuellement dans le
projet de loi. Nous aimerions avoir plus de détails à ce
sujet.
Quels seront les projets qui seront soumis au règlement, est-ce
qu'il y aura des auditions publiques. Est-ce que ce sera tout le processus qui
sera vraiment mis en application dans ce cas ou si on fera des mesures
d'exception comme on en fait dans certains cas actuellement pour des projets
agricoles, entre autres?
M. Hamelin: Un autre aspect important à considérer
est, évidemment, l'utilisation de ces aménagements. Si la
réalisation du projet peut entraîner certaines
répercussions environnementales, il est évident que l'utilisation
qui en sera faîte peut, elle aussi, entraîner certaines
détériorations du milieu.
De ce fait, nous considérons que certains types
d'aménagement proposés ou admissibles dans le programme tels, par
exemple, les sentiers, les kiosques, les parcs ne devraient pas se situer dans
la zone de quinze mètres de largeur des cours d'eau, mais à
l'extérieur de cette zone.
On sait pertinemment qu'une utilisation intensive d'un sentier peut, en
elle-même, entraîner une dégradation. Il est évident
que le programme vise une participation du public; elle est souhaitable et il
faut faire en sorte que les aménagements que l'on développe ne
soient pas eux-mêmes, par leur utilisation, cause de
dégradation.
Bien sûr, ai l'on fait des sentiers, des kiosques, des parcs et
des zones de villégiature, il est important d'avoir des accès aux
plans d'eau. Par contre, il ne faudrait pas que la majorité de ces
aménagements se situe à l'intérieur de la zone de quinze
mètres prévue par le
programme.
Évidemment, l'utilisation entraîne également une
détérioration normale ou usuelle des aménagements. Il
importe, è notre avis, que le programme s'assure que, dans tous les cas
où il y a aménagement, les municipalités, qui sont des
maîtres d'oeuvre, s'engagent à exercer un entretien adéquat
de ces aménagements, à assurer le nettoyage aussi de ces
aménagements.
C'est principalement à ce niveau que nous voyons l'utilité
du volet nettoyage contenu dans le programme actuel. Plutôt que de le
faire dans une phase ou dans une étape préliminaire, il serait
souhaitable, è notre point de vue, de le faire dans un esprit de
continuité aux aménagements.
Un dernier point concerne l'aspect du financement. 11 est évident
que l'élaboration d'un projet par une municipalité qui
désire mettre en valeur les potentiels qui existent sur le
tronçon de rivière où elle a juridiction implique la
collaboration de personnes spécialisées dans différents
domaines: la biologie, l'hydrologie, l'ingénierie, etc. Cet aspect de
l'élaboration est extrêmement important si on ne veut pas
congestionner tout le processus de décision des projets. Dans ce
contexte, on apprécierait énormément que cet aspect du
financement ou de l'élaboration du projet lui-même soit admissible
au programme de subvention.
Un deuxième point. Il faut comprendre que sur un cours d'eau
certains éléments sont présents de façon
ponctuelle. Par exemple, si on parle d'une chute, il est clair qu'elle est
à un endroit, qu'elle est à l'intérieur des limites d'une
municipalité et qu'on ne peut pas la déplacer. Nous
considérons qu'il serait regrettable, à cause des
modalités de financement actuellement prévues, qu'un projet de
mise en valeur d'un site extrêmement intéressant ne puisse pas
être réalisé parce que le projet nécessiterait des
investissements supérieurs à 150 000 $, par exemple, et qu'une
municipalité pour différentes raisons techniques ne puisse
assumer un projet de cette envergure. Nous considérons que la
participation financière doit aussi tenir compte de l'unicité, de
l'originalité et des besoins d'aménagement de sites particuliers
qui présentent un intérêt extrêmement important dans
le cadre d'un bassin versant, par exemple. De ce point de vue, on aimerait que
ce ne soit pas seulement des critères financiers qui soient à
l'origine des modalités de financement et de participation des
municipalités et du gouvernement.
Mme Varin: Je voudrais terminer notre intervention en soulignant
deux points. Le premier, c'est que nous étions un peu malheureux que les
guides qui doivent servir de base ne soient pas prêts à temps pour
la commission et nous souhaiterions offrir le service des experts de notre
association pour la révision de ces guides.
Dans un autre ordre d'idées, sur l'ensemble du projet, il est
important pour nous de sentir qu'il y a bien une direction, une orientation
commune à l'ensemble des projets. Pour cela nous nous impliquerons
davantage pour voir que le suivi environnemental soit vraiment fait dans une
direction qui, pour nous, est celle de l'assainissement des eaux. Merci.
Le Président (M. Marquis): Merci beaucoup. M. le ministre
de l'Environnement.
M. Ouellette: Merci, M. le Président. Je remercie Mme la
présidente de l'Association des biologistes du Québec pour
l'intervention qu'elle a faite au nom de son association. C'est une certaine
bouffée d'air frais d'entendre les propos qui ont été
tenus ici ce matin. Cependant, il y avait dans ces propos des questions fort
pertinentes auxquelles je voudrais donner des réponses
immédiatement. Par exemple, on me posait des questions à savoir
qui allait finalement approuver les projets qui seront soumis au
ministère de l'Environnement en provenance des maîtres d'oeuvre,
c'est-à-dire les municipalités. Il y a deux comités. Il y
a un grand comité d'harmonisation puisqu'on veut que le programme soit
appliqué de façon cohérente et qu'il ne vienne pas se
heurter à des exigences d'autres ministères. On aura donc un
grand comité gouvernemental qui regroupera des gens du ministère
de l'Environnement, du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, du groupe responsable de l'application du projet parc Archipel
parce qu'il y a risque d'interférences à ce niveau, le
secrétariat du comité qu'on appelle le COMPADR (le Comité
ministériel permanent de l'aménagement et du développement
régional) des représentants du ministère de la
Main-d'Oeuvre, qui lui est responsable en partie du programme Berges neuves
puisqu'il touche le volet nettoyage, et du ministère des Affaires
municipales puisque la loi 6 habilite les municipalités à
entreprendre de tels travaux. Il y a aussi un autre comité auquel seront
soumis les demandes et qui regroupe les gens spécialisés du
ministère de l'Environnement et du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche et, à l'occasion, du groupe responsable du
programme parc Archipel pour les raisons que j'évoquais tout à
l'heure. (11 h 30)
La deuxième question portait sur les études d'impact. La
loi continue d'exister, elle n'est pas du tout touchée par le programme
Berges neuves. Tous les travaux qui sont soumis à l'application du
règlement sur les études d'impact vont l'être dans le cadre
du programme Berges neuves également. Comme c'est une question
d'ampleur de travaux, aussitôt qu'un projet prend une ampleur qui
le rend cligne d'être traité dans cette réglementation, il
le sera au même titre que tous les autres travaux qui s'effectuent
à travers le Québec.
On signalait également qu'on regretterait que certains travaux
dont les coûts sont élevés ne puissent pas être admis
au programme Berges neuves. Il n'y a aucune limite de coûts qui a
été fixée dans le programme. Ce que nous avons dit: C'est
une politique qui s'applique notamment dans le cadre du programme PAIRA.
Lorsque la contribution gouvernementale est inférieure à 100 000
$, la contribution sera versée comptant, ce qui veut dire 150 000 $
puisque cela couvre les deux tiers, mais on peut arriver avec des projets de 1
000 000 $, 2 000 000 $, 3 000 000 $. Il n'y a pas de limite prévue dans
le programme, et la contribution sera fixée aux deux tiers, à
l'intérieur des éléments qui sont admissibles au programme
évidemment.
Je prends à titre d'exemple le projet mis de l'avant dans la
région de Sherbrooke, qui totalise autour de 2 000 000 $ les montants
à être impliqués. Alors, nous nous sommes dits heureux de
ce projet-là et nous n'avons émis aucun commentaire sur la
limitation des coûts puisqu'il s'agit d'un programme d'envergure qui
couvre plusieurs kilomètres de rives. Nous ajusterons nos subventions
selon l'admissibilité des éléments de ce programme. Je
pense que cela touche l'essentiel des questions qui ont été
soulevées.
Je voudrais ajouter également que ce programme est un
élément du programme d'assainissement des eaux. On a beaucoup
parlé du programme d'assainissement qui touchait les volets agricoles,
industriels et municipaux, c'est bien sûr, mais nous avons toujours
soutenu que même si nous réglions chacun de ces trois volets, nos
cours d'eau n'en demeureraient pas moins menacés. Vous y faisiez
allusion tout à l'heure en parlant d'ombrage sur les rivières, de
la nécessité de garder l'eau à un certain niveau, de
chaleur, etc. Alors, le reboisement va exactement dans ce sens-là, la
regénération des rives également, et le tout bien
sûr dans le but d'enrayer une des causes de pollution les plus
sournoises, c'est-à-dire les pollutions diffuses qui sont liées
directement à l'érosion, qui découlent du
déboisement excessif qu'on a fait en bordure de nos cours d'eau.
Je pense qu'il y a là une cohérence totale qui sera
maintenue par, entre autres, le grand comité gouvernemental dont je
parlais tout à l'heure, qui fera appel à la compétence des
gens qu'on retrouve dans chacun des ministères que j'ai
mentionnés tout à l'heure et, soit dit en passant, aussi bien au
MLCP qu'au ministère de l'Environnement, les biologistes qui sont
à notre service seront omniprésents à ces deux
comités pour s'assurer que les actions conduites à
l'intérieur du programme Berges neuves iront dans le sens de la
revalorisation de nos cours d'eau. Je vous remercie.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Le ministre a répondu à certaines de
vos questions. Est-ce que dans les réponses du ministre, vous êtes
satisfaits entre autres de votre interrogation sur la nécessité
d'assurer une direction et une orientation communes à l'ensemble des
projets? Est-ce que les propos du ministre vous rassurent où si cela
vous laisse toujours une interrogation maximale?
Mme Varin: Disons que le fait qu'il y ait un comité
d'harmonisation, comme M. le ministre nous a parlé, cela nous donne
quand même un point qui nous rassure. Il reste, je pense, que de
l'extérieur, il faudrait avoir des gens qui puissent voir ce qui se
passe aussi à l'intérieur de ces comités et voir si
l'harmonisation correspond vraiment bien aux sentiments de la population. Il y
aurait peut-être lieu à ce moment-là d'ajouter, comme on
ajoute fréquemment dans tous les organismes, un accord extérieur
ou un poste pour qu'un membre de l'extérieur, disons, participe à
l'harmonisation. Je pense que cela serait souhaitable. Nous avons
déjà proposé d'aider au niveau de la révision des
guides. On pourrait sûrement vous donner une bonne aide pour
vérifier si l'assainissement des eaux est bien respecté, à
l'intérieur de tout programme.
Il reste qu'il y a des points qui sont quand même peu clairs. On
le comprend, à l'intérieur d'un projet de loi on ne peut pas
définir chacun des points, mais des mots comme le mot
"esthétique", par exemple, on sait comment ils font appel à la
subjectivité. Cela peut être relativement inquiétant, si on
ne voit pas de quelle façon c'est traité.
M. Saintonge: Dans le cours des discussions que nous avons eues
depuis hier, dans cette commission, vous avez assisté à
l'exposé de l'organisme À court d'eau qui vous a
précédé.
Mme Varin: Malheureusement, non. On est arrivé un petit
peu en retard.
M. Saintonge: D'accord, je m'excuse. Disons, qu'un des points
majeurs qui ont été discutés, que les organismes d'hier
nous ont mentionnés, À court d'eau ce matin, reprenait cette
question. On parle de guides techniques que le ministère va mettre
à la disposition des gens. Autrement dit, ceux qui voudront
présenter un projet devront se conformer à certaines directives.
Maintenant, les organismes qui vous ont précédé ont
tous
souhaité qu'il y ait une loi-cadre qui délimite
l'application du projet de loi, c'est-à-dire qu'on donne dans une
loi-cadre les paramètres d'intervention qu'on fixe, finalement, au
niveau des habitats, des interventions sur les rives, que ce soit un
règlement qui fixe les interventions éventuelles, un
règlement, finalement, qui a des normes techniques.
Le ministre répond qu'on n'a pas besoin de règlements
cadres; les normes techniques vont, ni plus ni moins, servir de
règlements-cadres là-dessus. Maintenant, la question est la
suivante: Croyez-vous, de votre côté, qu'il serait
préférable qu'un règlement-cadre puisse contrôler
l'application de ce programme, de telle sorte que les dispositions d'un tel
règlement pourraient justement être discutées par les
organismes du milieu, pour tenter... Vous parlez de réviser les normes,
mais si c'était une question réglementaire fixe, d'application
constante partout, et si on a à modifier certaines normes, il faudrait
modifier les règlements comme tels, à la connaissance de tous; on
ne serait pas confronté, dans certains cas, à assouplir des
normes ou à tenter de les adoucir, pour certains projets,
éventuellement, pour favoriser l'implantation du projet, si cela
nécessitait des normes moins grandes.
Donc, si pour vous, un règlement cadre serait plus souhaitable
que des normes techniques qui ne sont pas connues actuellement, qui pourront
être révisées à la suite d'interventions... si vous
regardez les normes techniques, vous pourrez faire des recommandations au
ministre, mais il n'y a pas de garantie que ces recommandations seraient
suivies, pas plus que celles d'autres organismes qui pourraient être
intéressés à faire en sorte que les normes soient
différentes.
Mme Varin: C'est bien entendu qu'il ne s'agit pas de faire un
recul, d'aucune façon. Donc, je pense qu'il est important que toutes les
lois actuelles, que tout ce qui a pu avancer dans le domaine de
l'environnement, actuellement, soit respecté.
On a déjà des études qui ont été
faites sur les habitats fauniques. On s'attend bientôt à avoir une
commission parlementaire sur le sujet. On a un plan directeur dans le cas du
projet Archipel. Il s'agit vraiment que tous les intervenants sur les rives
aient leur mot à dire.
C'est évident qu'il faut que tout soit bien clair, parce que,
autant on laisse d'incertitude, autant on risque d'avoir ensuite des
problèmes d'application. Est-ce qu'un règlement peut être
bien clair, dans ce domaine-là? Je pense qu'il faut clarifier le projet
de loi comme tel. Il n'est pas très explicite. Je ne sais pas si on aura
toutes les réponses par le règlement. Je souhaite quand
même qu'il y ait déjà des réponses qui soient
données, parce que les questions qu'on a posées tantôt
méritent qu'on y réponde de façon claire et, disons, qu'on
ne puisse pas en déroger.
Dans ce sens-là, la formule, que ce soit celle d'un
règlement ou autre, est importante.
M. Saintonge: Vous, est-ce que vous favorisez, à ce
moment-là, un règlement-cadre? Je vais vous donner un exemple
plus précis. Vous avez parlé de toute la question, pourrait-on
dire, d'encadrement forestier au niveau des cours d'eau. Vous savez que le
Conseil consultatif de l'environnement a quand même fait une
recommandation au ministre il y a près de deux ans, maintenant, de la
nécessité de l'implantation d'une politique globale d'encadrement
forestier des lacs et des cours d'eau. Au ministère, actuellement, on
n'a pas réagi à cela, on n'a pas de politique de
règlement-cadre là-dessus qui est en vigueur. On nous dit: II n'y
a pas de problème, on va arriver, les normes techniques vont couvrir
cela. Il m'apparaîtrait essentiel, d'après ce que j'ai pu
comprendre du Conseil consultatif de l'environnement, qu'on établisse,
finalement, au niveau de l'encadrement forestier, une politique claire,
précise, avec un règlement d'application et on n'arrivera pas
à des interventions ponctuelles un peu partout sur un programme possible
dans une municipalité et dans l'autre municipalité, non. Je
pense, à mon point de vue, qu'il y a une espèce de
continuité à assurer ce que vous avez mentionné
tantôt.
Je comprends mal vis-à-vis du programme actuel... Ce que vous
nous avez dit, cela m'éclaire au moins sur un point. Quand on parle de
direction, d'orientation commune de l'ensemble des projets, vous savez que le
projet de loi 6 donne certains pouvoirs aux municipalités; ce sont des
pouvoirs qu'on appelle habilitants. On ne sait pas, finalement, il n'y a aucune
obligation pour une municipalité quelconque d'appliquer ce programme. Il
est sûr que sur un bassin donné ou sur un cours d'eau
donné, les municipalités qui seront prêtes à y
adhérer iront, mais ce n'est peut-être pas dans le bon ordre, dans
la bonne priorité d'intervention que cela va survenir parce que, suivant
les priorités des municipalités, des disponibilités
financières des municipalités, on ne pourra pas voir, on ne
pourra pas contrôler globalement l'intervention sur les milieux.
Mme Varin: Ce que je disais tantôt, c'est qu'effectivement
je pense qu'un règlement est souhaitable, mais qu'on ne pourra pas tout
décrire dans un règlement. C'était l'essence de mon
intervention.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre de
l'Environnement.
M. Ouellette: M. le Président, je voudrais préciser
une chose à nos intervenants. Lorsque est venu le temps
d'élaborer les guides qui font partie intégrante du programme
Berges neuves et en vertu desquels on analysera chacun des projets,
évidemment, on ne pouvait pas élaborer ces guides sur la place
publique. Il fallait bien s'adresser à des personnes compétentes,
en nombre restreint, pour s'assurer que le travail avancerait suffisamment
rapidement pour être disponible au moment de la mise en application du
programme Berges neuves et de l'adoption du projet de loi 6.
On a fait appel è 17 personnes bien choisies un peu partout
à travers le Québec pour concevoir ces guides et les
améliorer. De ces 17 personnes qu'on a mises à contribution, il y
a 6 ingénieurs, aussi bien des ingénieurs civils que des
ingénieurs sanitaires ou des ingénieurs en hydraulique, puisqu'on
est dans le milieu hydrique. On a fait appel également à 8
biologistes parce que nous étions bien conscients que nous devions faire
appel à leur compétence, compte tenu de la nature des travaux qui
vont être soulevés ou encouragés par la venue du programme
Berges neuves.
Ces programmes, ces guides sont maintenant pratiquement terminés.
Ils vont être rendus publics et il y aura un laps de temps prévu
pour permettre à ceux qui en auront pris connaissance de faire valoir
certains points de vue, ce qui pourrait nous amener à les corriger
davantage ou à les baliser davantage si jamais on y découvrait
des éléments qui prêtent à confusion ou qui laissent
place à des travaux peu souhaitables.
Donc, là-dessus, on est bien attaché. On regrette, bien
sûr, du côté de l'Opposition qu'on n'ait pas rendu publics
ces documents avant aujourd'hui. Il fallait quand même prendre le temps
de les réaliser et c'est pourquoi ils seront disponibles à peu
près en même temps que l'adoption du projet de loi 6 ou quelques
jours auparavant de façon que tout le monde puisse participer ou, en
tout cas, réagir et nous inciter à modifier des choses si elles
ne leur paraissent pas acceptables.
Un autre point qui concerne des travaux qui pourraient être
réalisés par les municipalités habilitées par la
loi 6 à les faire et qui choisiraient de ne pas effectuer ces travaux
dans le cadre de Berges neuves. On sait que s'ils passent par Berges neuves ces
travaux, il n'y a pas trop de problèmes. On a les comités
compétents, on a les analystes en région, cela va être
très bien balisé et je pense qu'on jouit d'une marge de
sécurité tout à fait nouvelle dans ce domaine puisque,
dans le passé, bien des gens pouvaient faire bien des choses.
Vous allez me faire perdre le fil, M. le député de
Laprairie, mais je vais y revenir rapidement quand même.
M. Saintonge: Â court d'eau a mentionné tantôt
que dans sa région il a constaté que cela n'existait pas. C'est
pour cela que cela m'étonne.
M. Ouellette: Qu'est-ce qui n'existe pas?
M. Saintonge: Vous dites que dans les différentes
régions on a des expertises, des gens aptes à réaliser
cela, je pense.
Une voix: Les bureaux régionaux. (11 h 45)
M. Ouellette: On a les bureaux régionaux du
ministère de l'Environnement. Je pense que ce sont des gens
compétents, non? Ce que je veux dire, c'est que pour les travaux qui
pourraient être réalisés en dehors de Berges neuves,
après les trois ans, par exemple, il existe toujours, dans la Loi sur la
qualité de l'environnement, les articles 20 et 22 qui obligent les
promoteurs à soumettre leurs projets au ministère de
l'Environnement pour fins d'approbation. Si dans ces projets on retrouve des
travaux d'une envergure telle, eh bien, la Loi sur la qualité de
l'environnement s'applique avec son règlement sur les études
d'impact et les audiences publiques, si on le demande. Donc, ce n'est pas une
porte ouverte qu'on donne aux municipalités. On ne les habilite pas
à réaliser des travaux en dehors des lois existantes. Au
contraire, la loi demeure et le programme Berges neuves n'y fait aucune
exception. Donc, je pense que tout est attaché.
Quant au cadre général, les gens qui connaissent le milieu
gouvernemental savent très bien qu'il faut harmoniser les
intérêts des différents intervenants, qu'ils soient
gouvernementaux ou privés, et c'est précisément ce
à quoi nous travaillons dans un comité interministériel
qui utilise notamment le document dont on parlait tout à l'heure,
à savoir, par exemple, l'encadrement forestier qui nous a
été soumis par le CCE, à notre demande, d'ailleurs, il y a
près de deux ans maintenant. Ce comité interministériel
est justement à concevoir cette politique globale qui assure la
cohérence des actions privées et gouvernementales, et le tout
sera disponible au printemps de façon que tout coïncide. Merci, M.
le Président.
M. Hamelin: Pour l'Association des biologistes du Québec,
il y a deux points distincts qu'il faut nettement différencier et qui
ont un intérêt majeur. Le premier concerne évidemment la
réalisation technique même du projet et je pense
qu'actuellement
les guides qui sont en préparation et qui seront rendus publics
au cours des prochaines semaines, je présume, s'attardent principalement
à cet aspect des projets. Donc, de voir à ce que dans les
modalités d'exécution on prenne soin de réaliser des
projets suivant une bonne éthique professionnelle qui respecte
l'environnement. C'est un point et il est évident que l'Association des
biologistes va porter un intérêt à ces guides et, si elle
peut apporter un appui et des commentaires positifs dans ce cadre-là,
elle le fera.
C'est un volet. Il y en a un deuxième qui est également
extrêmement important, c'est de voir à ce que l'ensemble des
projets qui seront réalisés sur un bassin versant, parce qu'un
cours d'eau cela origine de ses tributaires jusqu'à son point aval, il
faut que la mosaïque qui sera perçue, une fois l'ensemble des
travaux réalisés, soit harmonieuse, qu'il n'y ait pas
exagération de certains types d'aménagement et, dans ce
contexte-là, on comprend que le comité d'harmonisation aura ce
rôle.
Actuellement, on ne connaît pas tellement les modalités de
fonctionnement, on ne connaît pas les critères de décision
de ce comité et on doit faire confiance au ministère dans la
façon dont il va gérer cet aspect du programme qui est
très Important. Toutefois, on est conscient que, s'il y a des
améliorations à apporter au travail de ce comité, cela
doit être fait, non pas une fois que les travaux seront très
avancés, mais dès le début de la réalisation du
programme. Sans qu'on n'ait actuellement identifié de moyens
précis pour assurer cette garantie, il serait bon que le comité
puisse avoir une visibilité au niveau des décisions qu'il prend
et des critères qu'il va utiliser, avant même que le programme
n'aille de l'avant. Également, sur ce volet du projet ou de la
mécanique de réalisation du projet, l'association va essayer de
garder un oeil très ouvert et de faire des commentaires positifs pour
l'améliorer.
Comme il s'agit quand même d'aménagements légers -
on parle d'aménagements légers dans l'ensemble des projets -
jusqu'à maintenant, on se demande si une loi-cadre est vraiment
essentielle, mais elle n'est peut-être pas écartée si on
voit que la conduite ou la façon de mener les choses exige un fil
conducteur plus précis.
M. Ouellette: M. le Président, je pense que je peux
répondre ou, enfin, que je peux rassurer temporairement, jusqu'à
ce qu'il en prenne connaissance lui-même, l'intervenant. Un chapitre
important des guides dont on parle s'appelle Le processus général
de planification, dans lequel on va tenir compte de la problématique de
l'eau, des objectifs du programme Berges neuves, de la clientèle
possible, de l'approche environnementale de ce programme-là en tenant
compte de l'importance d'une rive boisée, de la protection des rives,
des règles du programme, du processus décisionnel, etc. Alors, on
a tout prévu - j'espère, en tout cas - et c'est l'examen que vous
en ferez qui vous en convaincra, je l'espère également, sinon on
pourra toujours l'amender dans le bon sens. Tous ces éléments
auxquels vous faites référence ont été
encerclés, si vous me permettez l'expression, par les personnes à
qui on a confié le soin de rédiger ce guide.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Juste un point. À propos des guides, le
ministre nous a mentionné qu'il y avait des professionnels de
l'environnement, des ingénieurs, des biologistes, mais, vous, en tant
qu'Association des biologistes du Québec, n'avez pas été
consultés dans l'élaboration de ces guides. J'ai bien compris de
vos interventions qu'il y a peut-être des membres, des biologistes qui
ont été consultés, mais, en tant qu'association, vous
n'avez pas pris part, vous n'avez d'aucune façon été mise
en contact ou on n'a pas sollicité quelqu'un de chez vous pour
participer à l'élaboration de ces beaux guides.
Mme Varin: Non, nous le regrettons d'ailleurs parce que nous
représentons 500 biologistes et plus. Disons que, plutôt que de
consulter huit individus, vous avez plus de chance d'avoir une
représentation de plus de biologistes.
M. Saintonge: Oui. Je peux déplorer un peu cette chose
aussi.
M. Marcoux: On a déjà besoin de faire beaucoup de
concertation au gouvernement pour concilier les biologistes du MLCP avec ceux
du ministère de l'Environnement. Si vous nous demandez, dans la phase
préalable, en plus de concilier cela avec les biologistes de tout le
Québec, on risque d'avoir des problèmes. On va faire cela en deux
étapes...
M. Saintonge: Oui. C'est parce que...
M. Marcoux:... comme le dit le ministre de l'Environnement.
Mme Varin:... dans notre association, c'est pour cela qu'une
association existe, je pense, pour faire un consensus à l'avance.
M. Marcoux: Parce qu'il y a des sectes dans cela.
M. Ouellette: Je peux ajouter un
élément, c'est que les regrets de madame ne peuvent
être que temporaires. Il fallait, bien sûr, comme je l'ai dit tout
à l'heure, pondre un premier document et, ensuite, le soumettre à
la consultation.
M. Marcoux: C'est pour accroître votre désir.
M. Ouellette: L'Association des biologistes du Québec sera
sûrement consultée d'ici à la rédaction finale de ce
règlement. Alors, les regrets feront place à un grand
sourire.
Le Président (M. Marquis): Alors, Mme la
présidente...
M. Saintonge: J'aurais juste une question.
Le Président (M. Marquis): Oui.
M. Saintonge: Vous avez parlé de la
nécessité, je pense, au moment de l'élaboration des
projets... Tantôt, on disait que vous souhaitiez une direction, une
orientation commune des projets. Vous avez parlé également de la
nécessité que certaines personnes spécialisées dans
divers domaines puissent être, je pense, non seulement à
l'origine, non seulement pour la continuité des projets... Vous avez
parlé tantôt du suivi des projets. Ces personnes, qui seraient
spécialisées dans divers domaines, il serait nécessaire
qu'elles soient présentes pour l'élaboration de tel projet, ou la
mise en place, ou la projection de ces projets dans les municipalités,
tout comme du suivi, finalement.
Mme Varin: Je souhaiterais vraiment que notre association ainsi
que d'autres associations qui sont fortement impliquées dans la question
fassent partie du comité d'harmonisation.
M. Saintonge: Mais le comité d'harmonisation dont le
ministre nous parle, je pense que c'est lui qui a contribué à la
mise en place des guides, qui va analyser les projets qui seront soumis aussi.
Je ne pense pas que ce comité d'harmonisation, dont le ministre a
parlé, de ce que j'ai compris -peut-être qu'on me corrigera - mais
ce n'est pas un comité qui va susciter des projets ou qui va amener des
municipalités, par exemple, voisines, sur un même lac ou sur une
même rivière, à faire en sorte que les projets soient
conséquents.
Mme Varin: Comme je l'avais compris, disons que c'était au
sujet de la révision des projets. Je m'exprime peut-être mal en
parlant du comité d'harmonisation, mais, au comité de
révision des projets, je pense qu'il serait important d'avoir des
organismes de l'extérieur du gouvernement qui puissent faire le
suivi.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre de
l'Environnement.
M. Hamelin: Mais au niveau de l'élaboration des
projets...
M. Ouellette: C'est cela.
M. Hamelin:... en prenant pour acquis que la participation sera
importante - et elle est souhaitable dans ce sens-là - il faut
absolument que les projets qui seront présentés pour
révision aient déjà un contenu suffisamment bien
élaboré, qui tienne compte des potentiels qui sont à
développer dans les sections de rivières ou de cours d'eau. Dans
ce contexte, il y a nécessité que des professionnels de
différentes sphères de l'environnement participent à
l'élaboration des projets. Cet aspect va éviter que le
comité de révision ait à faire face à des projets
qui ne sont pas suffisamment bien structurés ou qui ne répondent
pas aux priorités du programme. La participation de ces professionnels
devrait être, jusqu'à un certain point, financée ou
"finançable" à l'intérieur du programme. Actuellement, on
ne voit pas cet élément à l'intérieur.
M. Ouellette: Alors...
M. Saintonge: Là-dessus, si on se comprend, la question
que je me pose, c'est que ce matin, on avait l'organisme. À court d'eau
qui a justement soulevé le fait que dans les municipalités on
manque de ressources, on manque de compétence. On a parlé
d'absence de conscience des municipalités. J'avais dit que ce
n'était peut-être pas nécessairement une absence de
conscience au niveau des municipalités, mais, à tout le moins,
peut-être pas une préoccupation première et
immédiate pour les municipalités. Si j'entends ce que vous
mentionnez à ce niveau, je ne sais pas comment on va arriver à
harmoniser tout cela. Le programme Berges neuves, qui permet aux
municipalités, qui donne des pouvoirs à certaines
municipalités qui voudront bien s'en prévaloir de participer au
programme, il n'y a rien qui nous assure que cela va être fait d'une
façon harmonieuse pour l'ensemble des bassins d'eau du Québec ou
dans certaines régions particulières, je pense. Cela reste le
choix des municipalités de s'y intégrer ou pas. Il reste à
elles de décider si, oui ou non, leur priorité est là,
mais, en même temps, je m'interroge. Je ne sais pas si l'association a
une opinion. Tout ce programme me semble une incitation...
Une voix: À la violence.
M. Saintonge:... finalement, pas à la violence, mais une
incitation, une autre prime à l'incitation dans l'assainissement des
eaux. Je m'explique dans ce sens. Le ministère, depuis la fin de 1983, a
donné la possibilité aux municipalités d'avoir une
certaine réduction. Le ministère finance à plus grand
coût l'assainissement des eaux jusqu'à 90% au lieu de 80%, en
moyenne, antérieurement à cela. Cette prime à
l'accélération se termine en mars 1986, dans un an. Maintenant,
on arrive avec un autre projet où, justement, on dit aux
municipalités: Vous avez trois ans, on est prêt à investir
au niveau du Québec 170 000 000 $ environ. Cela fait un projet de
l'ordre de 250 000 000 $, si on calcule que les municipalités vont
mettre un tiers, mais cela veut dire qu'on incite les gens à faire
quelque chose, à agir vite dans les milieux. Ce ne sont peut-être
pas les projets les plus souhaitables qu'on va susciter, ce sont les plus
vites, ceux qui sont les plus vîtes à venir et à dire: On
s'embarque, on va là, ou ceux qui, dans le cadre de l'assainissement des
eaux, ont peut-être un peu plus d'avance sur d'autres. It ne faut pas
pénaliser ces gens, je suis d'accord, mais on vient accentuer une prime
à l'accélération actuellement, à mon point de vue,
dans ce sens en poussant cela, d'une part.
Deuxièmement, un élément qui est extrêmement
important et que vous avez souligné dans votre mémoire, c'est le
fait que les municipalités n'ont peut-être pas toutes les
mêmes capacités financières. Dans certains cas, des
municipalités qui pourraient trouver intéressant de participer
à Berges neuves n'auront peut-être pas l'argent a investir
là-dedans, soit un tiers des montants, pour venir y participer et aussi
pour l'analyse des projets. Cela n'est pas couvert par le financement, je ne le
pense pas, comme vous, actuellement. Je ne le sais pas.
Si on analyse un projet - le ministre me dit: Oh! Oh! Oh! - si on
analyse un projet, il n'y a pas de garantie pour une municipalité qui
commence à faire l'analyse d'un projet, souhaitable ou pas, dans son
milieu. Cela ne se fait pas sur le bord de la table. Ce n'est pas le maire, ni
le trésorier dans une petite municipalité, avec deux ou trois
bonshommes, qui vont décider: Qu'est-ce qu'on ferait bien chez nous?
Est-ce que ce serait bon d'avoir un quai, d'avoir une place pour les
pêcheurs, d'avoir une plage là, d'avoir une descente de bateau
là, où on s'en va, de contrôler la régularisation
des eaux, comment, en faisant tel ou tel aménagement à tel
endroit? Cela ne se fera pas sur un coin de table. Si on veut que ce soit
quelque chose de positif, cela va demander, à mon point de vue,
justement, que des personnes spécialisées s'intéressent
à cela, viennent regarder ce qui serait possible chez nous et à
quel coût. Quand elles vont réaliser quel coût cela va leur
demander d'investir, elles vont peut-être dire: On n'embarque pas tout de
suite. Il va falloir qu'elles mettent de l'argent pour arriver à cela
parce qu'elles n'ont pas le personnel compétent actuellement, dans bien
des endroits, pour décider.
Donc, il y a un coût minimum au départ pour s'assurer d'une
bonne expertise, pour arriver à s'intégrer à Berges
neuves. Ce n'est pas couvert. Je ne vois pas comment c'est couvert et les
municipalités n'ont pas ces capacités. Donc, on vient charger les
municipalités d'un fardeau, encore une fois., quant à
l'élaboration de ces projets, à moins qu'on dise bien facilement:
Pas de problèmes, amenez les projets, on va les regarder et on ira.
À ce moment-là, ce n'est pas dans une harmonisation globale de la
situation pour faire en sorte qu'on ait vraiment conscience de progresser d'une
façon prioritaire dans l'assainissement des eaux, dans tous les
domaines.
Mme Varin: On a déjà parlé de ce point quand
on a parlé de financement en souhaitant qu'une part de la subvention
couvre les études préliminaires, pour que ces études
soient bien faites et cohérentes avec le plan directeur du
ministère et du programme, en général. (12 heures)
Le Président (M. Marquis): M. le ministre de
l'Environnement.
M, Ouellette: Oui. Je voudrais reprendre l'ensemble de la
problématique qui a été soulevée par le
député de Laprairie. Premièrement, il s'inquiète
que des travaux qui puissent être réalisés dans une
municipalité soient contradictoires avec ceux qui seraient
réalisés en amont ou en aval. Tout à l'heure, j'ai
parlé du processus général de planification pour s'assurer
de la cohérence des travaux sur les différents territoires qui
s'échelonnent à l'intérieur d'un bassin. La direction
régionale du ministère de l'Environnement va avoir à
étudier les données ou tous les projets sur un même cours
d'eau, sur son territoire. Lorsque la rivière en question, par exemple,
touche à deux ou trois directions régionales, elles devront se
concerter pour couvrir le bassin versant. Première chose.
Deuxièmement, on s'inquiète de la capacité
financière qu'auraient les municipalités de s'adresser à
des gens compétents, que ce soient des biologistes ou des
ingénieurs hydriques ou sanitaires, ou encore à des gens qui
s'occupent d'aménagement paysager. Je dois vous dire que le programme
Berges neuves assure que de tels frais sont couverts aux deux tiers au
même titre que les travaux. Donc, le gouvernement assume deux tiers des
coûts reliés à la nécessité de s'adresser
à des gens
compétents.
Troisièmement, pour ce qui est de susciter des projets en
région, c'est bien sûr que ce n'est pas le comité
d'harmonisation nationale, si vous me permettez l'expression, qui va faire
cela. Par contre, nous avons dégagé une première tranche
de 100 000 $ dans le budget du programme Berges neuves pour subventionner les
groupes environnementaux qui sont soucieux de voir se réaliser des
travaux. Donc, on peut les subventionner jusqu'à un montant
n'excédant pas 1500 $ qu'ils pourront utiliser, soit pour
préparer eux-mêmes des avant-projets ou encore pour
intéresser les municipalités à le faire dans le cadre du
programme Berges neuves.
Le Président (M. Marquis): Le temps étant
écoulé, je voudrais remercier Mme Varin et M. Hamelin, de
l'Association des biologistes du Québec, pour leur témoignage
devant la commission.
J'inviterais le ou les représentants de l'Union des
municipalités du Québec à prendre la relève pour
nous présenter leur point de vue. M. Corbeil, président de
l'Union des municipalités du Québec, la parole est à
vous.
Union des municipalités du
Québec
M. Corbeil (Jean): M. le Président, M. le ministre, MM.
les députés, je m'excuse. Il y a M. Jean Bélanger,
recherchiste de l'union, qui va me rejoindre dans quelques minutes.
Mesdames et messieurs, je remercie les membres de la commission de
l'aménagement et des équipements de l'invitation à
participer aux travaux sur le projet de loi 6, Loi modifiant diverses
dispositions législatives pour favoriser la mise en valeur du milieu
aquatique. Rappelons d'abord que l'UMQ est le porte-parole de plus de 300
municipalités et municipalités régionales de comté
regroupant plus de 80% de la population québécoise et
gérant près de 85% de l'ensemble des budgets municipaux. Avant de
procéder à l'analyse du projet de loi 6, j'aimerais rappeler les
interventions et les positions adoptées antérieurement par
l'union sur l'ensemble du dossier touchant l'assainissement des eaux. En effet,
comme le projet de loi 6 est en quelque sorte un second volet du programme
d'assainissement, il m'apparaît utile de relier ces deux dossiers.
Dès 1980, l'UMQ s'est penchée attentivement sur cet
important dossier dont l'envergure a suscité une réaction de
prudence en raison de ses implications économiques, technologiques et
écologiques. Ainsi, lors d'une rencontre avec les ministres des
Finances, de l'Environnement et des Affaires municipales en décembre
1980, l'UMQ a soulevé deux aspects critiques relatifs au programme
québécois d'assainissement des eaux, à savoir la structure
de gestion et le financement. Au niveau de la structure de gestion, nous
déplorions que les municipalités aient été absentes
du processus décisionnel et que leur rôle était celui de
mise en oeuvre plutôt que de maître d'oeuvre. Face à cette
lacune, l'UMQ avait suggéré un nouveau partage des
responsabilités où le gouvernement aurait maintenu sa
compétence sur l'établissement des normes et sur la
détermination de l'adéquation des moyens retenus, alors que les
municipalités auraient eu la responsabilité d'établir les
moyens pour atteindre les normes gouvernementales et procéder à
la réalisation des travaux.
Quant au financement, l'UMQ a soulevé l'importance des
coûts reliés aux opérations des futures usines
d'épuration. L'expérience acquise des usines de filtration de
l'eau indiquait que les dépenses reliées à l'exploitation
de telles usines excédaient celles reliées aux immobilisations
sur une période de dix ans.
 la suite de ces premiers commentaires, l'UMQ a
procédé, en 1982, à une analyse du programme
d'assainissement des eaux au plan technologique et ce, en mettant en
parallèle les programmes québécois et américain.
Cette analyse a mis en lumière les risques technologiques
inhérents à un tel programme, soit l'adéquation des
équipements, l'efficacité des usines de traitement et les
retombées technologiques.
Au niveau de l'adéquation des équipements, l'arbitrage
entre les dépenses d'immobilisation et d'opération justifie,
à notre avis, la position voulant que les municipalités puissent
influencer le choix de la solution de traitement.
Quant au rendement des installations, le mémoire de l'union
soulignait que toute conception d'un programme d'assainissement axée sur
la construction et négligeant la question de l'efficacité de
l'exploitation compromettait le rendement futur des usines.
Enfin, en ce qui a trait aux retombées technologiques, l'UMQ
affirmait l'importance de prendre en considération les barrières
à l'offre et à la diffusion d'innovations technologiques en cette
matière. Le mémoire de 1982 s'attardait également sur la
faible attention portée aux déversements industriels et sur
l'absence de solution à la disposition des boues d'usines
d'épuration.
Enfin, en mai dernier, l'UMQ rendait public un mémoire sur le
cadre de gestion du programme. Rappelons que ce mémoire devait conduire
l'union à tenir un colloque sur l'ensemble du programme
d'assainissement.
Parmi l'ensemble des commentaires exprimés dans le
mémoire, j'aimerais en
relever deux. D'une part, on constate que le choix de la solution de
traitement des eaux demeure une prérogative du ministère de
l'Environnement. D'autre part, en comparant les coûts d'immobilisation et
d'opération sur une période de 20 ans on constate que la part
financière des municipalités à ce programme sera au moins
égale, sinon supérieure à celle du gouvernement.
Soulignons que le colloque de l'UMQ a également permis de
préciser l'importance de mettre en marché le programme
d'assainissement, notamment, pour une meilleure information et une meilleure
sensibilisation des citoyens.
En somme, les différentes études de l'UMQ mettent en
lumière trois préoccupations principales pour le monde municipal:
la part du financement absorbée par les municipalités, leur
rôle décisionnel et la sensibilisation des citoyens.
Face à cette position du monde municipal, l'évaluation du
projet de loi 6 et son application par le programme Berges neuves sont, dans
l'ensemble, positives. Deux facteurs motivent cette appréciation du
programme. D'une part, le programme Berges neuves reconnaît la
primauté des municipalités sur le choix et la réalisation
des travaux de nettoyage et d'amélioration des rives. Pour ma part,
cette conception du programme correspond au principe d'autonomie
municipale.
D'autre part, le programme Berges neuves comporte un volet marketing
indispensable à la réussite du projet d'assainissement des eaux.
En effet, les contribuables seront à même de retrouver de nouveaux
usages aux rives des cours d'eau. Or, cet aspect est crucial car les citoyens
exigeront des bénéfices tangibles.
En effet, contrairement à l'eau potable où les citoyens
voient quotidiennement les retombées directes des sommes investies,
l'épuration des eaux usées demeure abstraite. D'ailleurs,
quelques élus municipaux vivent actuellement cette situation et
éprouvent des difficultés à convaincre les contribuables
de l'importance d'assainir les eaux pour le mieux-être collectif, tout en
les informant d'une hausse du compte de taxes municipales de l'ordre de 10%
pour ce nouveau service.
Par ailleurs, l'enveloppe budgétaire consacrée aux
communications par le programme Berges neuves mérite d'être
soulignée. Depuis plusieurs mois, l'UMQ suggère de greffer au
programme d'assainissement un volet communications. Il est en effet pour le
moins surprenant qu'un programme d'investissement de 4 700 000 000 $ fasse
abstraction de tout programme de communications. Pourtant, un des
problèmes majeurs auxquels les élus municipaux sont
confrontés en assainissement demeure la faible information et la faible
sensibilisation des contribuables à ce vaste projet. Par
conséquent, le premier pas vers un programme de communications est
louable, mais doit être étendu à tout le programme
québécois d'assainissement des eaux.
En conclusion, le projet de mise en valeur du milieu aquatique est
intéressant en ce qu'il permet aux citoyens de prendre davantage
conscience du programme québécois d'assainissement des eaux et de
son impact futur sur le milieu aquatique.
Le Président (M. Marquis): Merci beaucoup, M. le
président de l'Union des municipalités du Québec. Je passe
maintenant la parole au ministre des Affaires municipales.
M. Marcoux: Je remercie le président de l'UMQ et l'Union
des municipalités du Québec en général d'avoir
accepté notre invitation à venir présenter leur point de
vue à la fois sur le projet de loi 6, sur la mise en valeur du milieu
aquatique, et sur le programme Berges neuves. Je constate que, de façon
générale, vous accueillez positivement le programme à la
fois sous l'aspect financier et sous l'aspect des objectifs fondamentaux qu'il
poursuit. C'est la première fois que c'est fait depuis hier, mais vous
établissez un lien intéressant entre la motivation du citoyen
à souscrire à ce programme et le fait que ce programme va
peut-être faciliter la compréhension de l'utilité du
programme d'assainissement des eaux lui-même.
Je crois que c'est une idée qui n'avait pas été
mentionnée jusqu'à maintenant, depuis deux jours, à cette
commission parlementaire mais qui, d'une certaine façon, reprend quelque
chose que vous avez dit beaucoup mieux que nous. Nous disions, depuis le mois
de décembre, qu'il était normal pour un gouvernement qui investit
avec les municipalités environ 4 700 000 000 $, sur une période
de dix ans, dans l'assainissement d'investir 170 000 000 $ dans
l'accessibilité à ce milieu aquatique. Ce n'est pas tout de
dépolluer, il faut rendre les sites accessibles aux citoyens, à
la population, et organiser des retrouvailles avec le milieu aquatique, l'eau,
les berges.
Vous indiquez que ce programme Berges neuves peut aider, dans une
certaine mesure, à démontrer à nos concitoyens
l'intérêt du programme d'assainissement des eaux lui-même.
De la façon dont vous l'avez dit, cela implique, contrairement à
ce que certains auraient souhaité, qu'on finisse le programme
d'assainissement des eaux au complet et que dans trois, quatre ou cinq ans on
établisse un programme d'accessibilité au milieu aquatique. Votre
commentaire indique plutôt que la démarche conjointe est davantage
complémentaire. Dans ce sens, vous ajoutez
un élément intéressant au dialogue que la
commission parlementaire devra poursuivre au moment de l'étude article
par article.
J'aurais une question un peu difficile à vous poser.
M. Corbeil: Ce sont toujours les réponses qui sont
difficiles.
Une voix: Parfois, les questions aussi.
M. Marcoux: Différents groupes sont venus nous rencontrer
depuis hier et ont dit qu'on ne pouvait pas faire confiance au monde municipal
quant à la protection de l'environnement, puisque le monde municipal a
été l'un des pollueurs importants de la nature au Québec,
des eaux en particulier. Le monde municipal, souvent, est peut-être plus
intéressé à faire du développement "sauvage", entre
guillemets, entre autres dans les zones inondables, ou à agrandir le
terrain sur le bord d'une rivière ou d'un lac afin d'y loger quelques
maisons de plus pour rentabiliser davantage le système d'aqueduc,
d'égout, etc.
L'image peut-être pas globale, mais partielle qui s'est
dégagée de nos travaux depuis hier, auxquels vous n'avez pu
assister - plusieurs témoignages l'ont indiqué - c'est que,
globalement, on ne peut pas faire confiance au monde municipal parce qu'il n'a
pas de spécialistes en environnement, en biologie, etc., dans son
milieu. Cette préoccupation de la protection de l'environnement, c'est
à peu près le dernier de ses soucis. Comme ils n'ont pas
d'expertise, petite municipalité par petite municipalité, ou
même grande municipalité par grande municipalité, ce n'est
pas la préoccupation des élus.
On dit que ce n'est surtout pas le moment de confier de nouveaux
pouvoirs aux municipalités, de leur permettre de faire des travaux sur
des terrains sur lesquels elles n'avaient pas le droit d'en faire auparavant,
surtout du fait qu'il n'y ait pas de règlement disant: Voici les travaux
que vous pouvez faire avec une liste très précise, avec tel
cadre, telle norme très précise. Il n'y a pas de loi, de
règlement-cadre ou de règlement particulier. Est-ce qu'on devrait
tout suspendre parce que le monde municipal n'est pas prêt à
assumer une telle responsabilité et ne peut obtenir la confiance de ceux
qui, dans notre société, soit les groupes de citoyens, des
organisations, des associations, se préoccupent de la protection de
l'environnement? Je voudrais entendre vos commentaires sur cela. (12 h 15)
M. Corbeil: Je vous remercie, M. le ministre. Je pense que, quand
on énonce des choses semblables, on fait abstraction ou on
prétend ignorer des choses que tout le monde admet, soit que
l'administration municipale est le gouvernement le plus proche du citoyen et
que les élus municipaux étant issus du milieu reflètent
nécessairement les préoccupations des populations qu'ils
représentent. Il n'y a pas un élu municipal au Québec qui
puisse longtemps ignorer les attentes et les préoccupations de son
milieu et rester en place. Alors, s'il y a une absence de préoccupation
environnementale au niveau des élus municipaux, si elle existe vraiment,
c'est peut-être parce qu'elle existe dans l'ensemble de la population.
À ce moment, on ne peut en tenir plus les élus municipaux que
d'autres responsables puisqu'ils ne font que traduire, dans la
réalité de tous les jours, les désirs et les attentes de
la population.
C'est précisément ce qui nous amène à dire
qu'il est très important de sensibiliser la population en
général au problème de l'épuration des eaux, parce
qu'on ressent bien dans nos municipalités que les gens ne sont pas
prêts à assumer les coûts qui vont leur être
imputés dans un avenir prochain, les coûts de fonctionnement des
usines d'épuration. On dit que, si nous n'arrivons pas assez vite
à sensibiliser les gens à l'importance de l'épuration, on
pourrait se retrouver dans quelques années avec du monde qui
déciderait localement de refuser de payer la note qui va découler
de l'opération des usines. Si cette pratique se répandait, on
pourrait se retrouver avec des belles usines bien construites et tout cela,
mais qui cesseraient de fonctionner parce que des groupes de citoyens se
réuniraient et diraient: Nous, un moyen qui est à notre
disposition pour réduire le fardeau fiscal local, c'est d'arrêter
de faire fonctionner des usines d'épuration.
On a mentionné tantôt dans le mémoire que, selon nos
estimations, ce sont des augmentations de budget d'opération municipal
de 10% dont on parle au moment où une usine commence è
fonctionner. Le citoyen peut bien dire, parce qu'il n'en voit pas la
nécessité... On dit qu'en ce qui concerne l'eau, quand on ouvre
le robinet et qu'on veut prendre un verre d'eau, si l'eau n'est pas propre, on
est sensibilisé tout de suite. Je vis dans la région de
Montréal et les berges de la rivière des Prairies et la
rivière elle-même ont été polluées de
façon extraordinaire au cours des années. Je n'ai pas souvent
trouvé, sauf des groupes restreints de gens sensibilisés à
l'environnement et à l'écologie, de groupes de citoyens qui sont
partis en démarche pour dire qu'il faut dépenser des millions de
dollars et augmenter les budgets des villes et de la communauté pour
dépolluer la rivière des Prairies.
Il a fallu qu'il y ait un programme gouvernemental et que la
communauté s'engage là-dedans. Actuellement, ce n'est pas
tellement évident dans le compte de
taxes des gens qu'il y a une partie impartante de leur compte qui est
consacrée à l'épuration, parce que le programme de
construction est assumé en très grande majorité par le
gouvernement et que la portion de la CUM est répartie sur une longue
période de temps dans un règlement d'emprunt.
Tantôt, il va y avoir des coûts de fonctionnement
importants. On parle de 50 000 000 $, 60 000 000 $, 70 000 000 $ par
année. Cela va commencer à paraître dans le compte de
taxes. Si les gens ne sont pas sensibilisés à cela, il pourrait
arriver qu'on se mette à dire que c'est trop cher et qu'on arrête
de faire cela. C'est pour cela qu'on dit qu'on n'est finalement que le reflet
des gens qu'on représente. Si les gens manifestent l'idée de ne
pas s'occuper de l'environnement, c'est évident que les élus
municipaux ne s'en occuperont pas. Mais, à partir du moment où il
y a des programmes et des possibilités de faire quelque chose, je pense
qu'on peut faire confiance à la maturité et au jugement des gens
qui ont été élus par leur population pour s'occuper de
différents domaines. Je pense que les réalisations municipales
dans différents domaines sont assez éloquentes. Quand on n'a pas
sur place de l'expertise, on va chercher l'expertise où elle est et je
continue à maintenir et à croire dans le credo que les choses se
font toujours le mieux lorsque le centre de décision est le plus
rapproché de l'utilisateur.
Le Président (M. Marquis): M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: Merci. Bienvenue aux gens de l'UMQ. On n'avait pas
eu le temps de vous souhaiter la bienvenue avant votre intervention. Vous
êtes effectivement un des premiers groupes - le ministre l'a
souligné -depuis hier qui a des notes très positives à
l'égard du projet. Je pense que je le comprends. C'est au point de vue
marketing. J'aurais une première question à vous poser concernant
la question du financement. Je lisais dans votre revue mensuelle de
l'actualité municipale au Québec, URBA, que pour les projets
jusqu'à 150 000 $ finalement, le gouvernement paiera à la fin des
travaux les deux tiers du montant ou jusqu'à concurrence de 150 000 $
sur l'ensemble du projet. Donc, le gouvernement aura environ 100 000 $ à
débourser et la municipalité environ 50 000 $. Pour les projets
en haut de cela, les paiements du gouvernement seraient effectués, selon
les échéanciers de remboursement, à des emprunts à
long terme. Finalement, est-ce que vous ne considérez pas que les
municipalités, dans des projets de grande envergure, viennent d'une
certaine façon immobiliser leur capacité financière durant
un certain. moment sur ce projet-là... Autrement dit, les sommes
empruntées là-dessus seront... Par exemple, un projet de l'ordre
de 200 000 $ ou de 500 000 $, la municipalité devrait faire un
règlement d'emprunt de 500 000 $ et financer le projet. Le gouvernement
paierait è échéance les montants d'argent. Les
municipalités devront supporter pendant un certain temps, au niveau de
leur capacité financière d'emprunter, les travaux que le
gouvernement paiera éventuellement. Êtes-vous d'accord avec cette
façon de faire le financement de tel projet ou si ce n'est pas un peu
à l'encontre de certaines... C'est-à-dire que cette façon
de procéder serait à l'encontre de la position que le monde
municipal avait prise à un certain moment donné justement en
dénonçant le fait qu'on devait assumer le fardeau financier,
pendant un certain temps, des investissements d'argent, dans le sens que c'est
votre capacité financière qui est grevé le temps de ces
emprunts.
M. Corbeil: Cela peut représenter dans le cas de certaines
municipalités qui approcheraient leur limite de capacité
d'emprunt, mais à ma connaissance, ce ne sont que de très rares
municipalités qui se retrouvent dans cette situation actuellement.
À ma connaissance, l'état financier de l'ensemble des
municipalités est en très bonne condition et les capacités
d'emprunt sont très larges. Maintenant, que la municipalité soit
obligée d'emprunter le montant total et, autant qu'elle a la garantie du
gouvernement de remboursement d'un pourcentage quelconque de ce
règlement d'emprunt, je pense que cela n'est pas dommageable à la
municipalité ni à l'ensemble des municipalités, parce
qu'on ne joue pas sur le même marché des emprunts. Le gouvernement
emprunte sur certains marchés, les municipalités, lorsqu'elles
empruntent, le font sur un marché différent et, è ma
connaissance, la capacité d'absorption de ce marché des
obligations municipales est amplement suffisant et n'a pas, au cours des
dernières années, présenté de problème
particulier.
M. Ouellette: Je peux toujours poser ma question. J'ai
remarqué, M. le président, que vous aviez répondu avec une
très grande facilité à une question supposément
difficile. C'est tout en votre honneur d'ailleurs. Je vais essayer de vous en
poser une plus facile, puisqu'elle a fait l'objet d'interventions de plusieurs
groupes depuis le début de la commission. La plupart des groupes ont
souligné l'aspect trop rapide de l'arrivée de ce programme.
Plusieurs auraient souhaité que le programme Berges neuves ne soit
admissible ou accepté par le gouvernement que lorsque le programme
d'assainissement des eaux aura terminé la
construction des usines d'épuration. Autrement dit, ils nous
reprochent d'arriver avec un programme prématuré par rapport
à l'assainissement des eaux. J'aimerais entendre votre opinion en tant
que président de l'Union des municipalités sur ce
point-là.
M. Corbeil: Comme on dit dans notre mémoire, nous sommes
d'avis que c'est une phase de marketing qui nous intéresse. Dans le sens
que je disais tantôt, pour nous, c'est fondamental que les gens
commencent - il est grandement temps - à être sensibilisés
à la nécessité de procéder à
l'épuration. Je pourrais citer un exemple; les exemples manquent souvent
d'applicabilité, mais je pense qu'on pourrait mettre en parallèle
une personne qui, à un moment donné, s'achète une maison
un peu délabrée ou pas mal délabrée dans un coin un
peu perdu. Elle peut bien décider qu'elle va mettre tout son argent
à la rénovation intérieure de l'immeuble avant de
consacrer des sommes quelconques à l'amélioration de
l'extérieur ou du chemin d'accès à cette
propriété. Il y a des chances qu'à ce moment-là les
gens de la famille soient moins intéressés à aller
à la maison en question parce qu'ils ne trouvent pas l'endroit
très agréable. Je pense que, pendant qu'on fait les
rénovations intérieures, que l'on met de l'argent
supplémentaire pour rendre éventuellement l'intérieur le
plus accueillant possible, il est aussi utile que l'on tonde le gazon et qu'on
peigne un peu les volets extérieurs afin de démontrer l'accueil
de cette maison. Les gens vont peut-être être plus
intéressés, à ce moment-là, à se rendre
à la maison. Je pense que ce sont deux opérations qui se marient
bien ensemble, c'est-à-dire que, pendant qu'on construit les usines et
que, tantôt, cela va apporter des coûts importants, pour que les
gens acceptent de les assumer, il faut qu'ils commencent à pouvoir se
rendre au bord de la rivière et qu'ils disent: C'est vrai, c'est beau
sur le bord de la rivière. C'est un endroit agréable. Il faut
aussi que l'eau qui coule dans cette rivière éventuellement
puisse nous permettre d'en profiter.
M. Ouellette: Est-ce que, à votre connaissance, les
municipalités majoritairement voient dans l'aménagement des
rives, la régénération, le reboisement, également
un élément épurateur additionnel contre, par exemple, la
pollution diffuse transportée allègrement par
l'érosion?
M. Corbeil: Je ne pourrais pas vous répondre de
façon très précise là-dessus, parce que ce n'est
pas une question qu'on a abordée, mais je serais tenté de dire
que plus les rives seront améliorées, plus les gens trouveront
cela intéressant de se rendre sur le bord des berges et plus,
éventuellement, les gens seront prêts à en assumer les
coûts de fonctionnement.
M. Ouellette: Une dernière question, qui est plutôt
une remarque, qui répond un peu à la question du
député de Laprairie de tout à l'heure quant au
financement. Je pense qu'il est bon de rappeler qu'une municipalité qui
veut s'impliquer dans le programme Berges neuves et qui a un tiers des
coûts à assumer peut le faire selon les façons
traditionnelles, c'est-à-dire, si le montant lui est accessible au
niveau budgétaire, payer sa part au comptant ou encore procéder
par la voie traditionnelle des emprunts à long terme. Nous avons
ajouté à ce programme un élément intéressant
pour certaines municipalités qui entreverraient, par exemple, des
travaux de grande envergure, c'est-à-dire qu'elles peuvent s'adresser,
comme dans le cadre du programme d'assainissement des eaux, à la
Société québécoise d'assainissement des eaux pour
faire assurer leur propre financement.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Chambly.
M, Tremblay: Une courte question. Hier, les intervenants qui se
sont présentés devant la commission ont à peu près
tous dit qu'ils étaient en accord avec les normes que le ministre...
Lorsqu'ils les ont connues, ils semblaient en tout cas être
rassurés par les normes que le ministre déposera afin de
réaliser ces travaux, mais ils s'inquiétaient que des
municipalités ne se prévalent pas des subventions et que,
dès lors, elles n'aient pas à répondre à ces
normes. Dans votre esprit, croyez-vous qu'il y aura des municipalités
qui feront des aménagements et le nettoyage des berges qui ne se
prévaudront pas des subventions des deux tiers pour faire ces
travaux?
M. Corbeil: C'est toujours possible, mais, traditionnellement, en
bons administrateurs des fonds publics, les municipalités,
habituellement, cherchent à profiter de tous les programmes de
subventions qui leur sont disponibles, puisque, s'il y a de l'argent
disponible, cela évacue cette somme pour faire autre chose. C'est bien
évident que, dans n'importe quelle entreprise où il y a un
partenaire qui est prêt à absorber les deux tiers, il ne devrait
pas normalement y avoir beaucoup de municipalités qui ne se
prévaudraient pas du programme pour faire des travaux. Quand il est
possible de les faire financer par quelqu'un d'autre que par le contribuable,
électoralement parlant, c'est toujours très bon. (12 h 30)
Le Président (M. Marquis): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: Je voudrais faire tout simplement un commentaire qui
va illustrer ce que le président de l'UMQ vient de dire.
L'été dernier, dans ma tournée de comté, je suis
allé à Lac-des-Aigles, une municipalité de mon
comté qui, en 1977, a investi dans le programme PAIRA à peu
près 1 500 000 $ pour l'aqueduc, l'égout et une usine
d'épuration. Il fallait que ces gens la montent sur une côte parce
qu'ils étaient sur le bord du lac. C'est un petit village sur le bord du
lac. Il fallait qu'ils montent tout cela sur une côte avec des pompes,
etc., ce qui coûtait assez cher. Ce n'est pas moi du tout qui ai
abordé le sujet, mais ce sont les citoyens qui m'ont dit: Notre lac,
déjà, il commence à se dépolluer.
Déjà, l'eau commence à être plus belle.
Déjà, il commence à y avoir moins de toutes sortes
d'herbes, d'algues, etc. Ce sont eux-mêmes qui me le signalaient et cela
fait à peine cinq ans que le projet est réalisé.
Déjà, au bout de cinq ans, les citoyens me le signalaient
eux-mêmes. Ce n'est pas moi du tout qui parlais de cela. C'est parce
qu'on s'était donné rendez-vous à la plage municipale qui
est sur le bord du lac et ce sont eux qui disaient qu'il y a quelques
années personne n'allait là. Personne n'était
intéressé à y aller, parce qu'ils ne pouvaient pas y avoir
accès et ils faisaient le lien eux-mêmes entre l'investissement
qu'ils avaient fait il y a six ans, qui a été très
coûteux pour eux, 355 $ par client par année, en 1977. Dans un
village où il y a seulement une usine, une petite scierie, c'est
considérable. Ils disaient: Maintenant, notre lac, on commence à
en profiter à nouveau au niveau de la pêche aussi, etc., tout
cela, alors qu'avant, les eaux usées s'en allaient dans le lac. C'est
seulement un exemple qui illustre ce que vous disiez, le lien que les citoyens
font rapidement entre la qualité de l'eau qui peut s'améliorer et
son accessibilité et l'investissement qu'ils ont consenti et
l'idée de faire, peut-être, les deux plus
complémentairement que successivement, en fait, peut justifier en termes
de communications et de convictions les citoyens vis-à-vis de l'autre
gros investissement qui est beaucoup plus considérable.
Je voudrais vous remercier d'avoir participé... Non? Vous avez
d'autres questions? D'accord.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Oui. Le député de Chambly a fait
allusion aux normes techniques que le ministère va soumettre et il a dit
que les gens étaient d'accord avec les normes. Je n'ai pas saisi cela
tout à fait exactement comme cela. Au sujet du fonctionnement du
programme, les intervenants jusqu'à maintenant qui ont été
la Fédération québécoise de la faune, la
fédération comme telle de même que les sections rive sud,
montérégienne et rive nord, de même que la FAPEL et ce
matin aussi, il y a À court d'eau qui est intervenu. Ils ont
parlé de la nécessité pour le gouvernement, avant de
mettre en place un tel programme que le projet de loi 6 va permettre
d'implanter, c'est-à-dire Berges neuves, d'avoir peut-être un
règlement-cadre d'intervention, qui, au ministère, on
démontre, on vise, finalement, une politique d'encadrement global pour
par exemple, la protection des rives et la protection des habitats fauniques.
On pourrait même mentionner, dans certains cas, l'aménagement
forestier. Cette réglementation, actuellement, n'existe pas, mais le
ministre nous dit: Ne vous en faites pas, cela va se retrouver dans les normes
techniques qui ont été élaborées par un
comité spécial. On devra suivre cette réglementation, ces
normes. Vis-à-vis de la problématique de cela, je pense que les
gens qui, dans les milieux municipaux... C'est dans les municipalités,
finalement... Ce qu'on a reproché aux municipalités, c'est
l'espèce d'absence de conscience. C'est que ces groupes-là
soulignaient le fait que les municipalités ne sont peut-être pas
équipées en personnel, actuellement. C'est peut-être moins
vrai pour les grosses municipalités, mais surtout pour les plus petites
municipalités. Je sais que l'union représente davantage de
municipalités de plus grande importance, mais le fait demeure que la
plupart des municipalités n'ont peut-être pas le personnel
compétent au niveau de l'environnement, au niveau de l'expertise pour
faire en sorte d'appliquer certaines normes, de faire le suivi de l'application
de certaines normes. Malgré les règlements de contrôle
intérimaire qui existent, il y a des interventions sur le milieu qui
sont néfastes, qui se produisent et on reproche. aux
municipalités, justement, de ne pas intervenir rapidement pour corriger
cela, pour empêcher cela et parfois même, il faut le dire,
l'absence de conscience des municipalités a été
dénoncée par le fait que les municipalités
elles-mêmes ont contrevenu à certaines dispositions mêmes du
contrôle intérimaire en déversant de la neige, par exemple,
des choses comme cela.
Donc, la nécessité d'un règlement-cadre a
été soulignée pour permettre justement, globalement, de
fixer des paramètres d'intervention, d'une part, clairs pour tout le
monde et, deuxièmement, pour mettre des dents parfois si on veut, d'une
certaine façon, à la loi ou aux règlements pour faire en
sorte qu'on puisse sanctionner les interventions qui seraient contre
l'environnement sur les milieux aquatiques principalement.
Je ne sais pas la position de l'union là-
dessus. Est-ce que vous trouvez qu'il y aurait nécessité,
pour le gouvernement, d'établir clairement, par voie
réglementaire, quelles sont les normes qui devront être suivies et
non pas arriver avec des normes techniques qui seront fixées par le
ministre mais qui n'ont pas de pouvoirs précis, de contraintes
précises. Avec un règlement, il y a des sanctions qui peuvent
s'ensuivre. La norme, ça reste administratif tandis qu'un
règlement, c'est clair, c'est là avec sanctions et poursuites
possibles, etc.
Est-ce que vous croyez qu'il serait utile dans ce domaine-là que
toute la question de fixer des paramètres d'intervention devrait se
faire par voie de règlements-cadres?
M. Corbeil: Je sais qu'il y s une tendance répandue chez
beaucoup de gens de croire que c'est par la réglementation que l'on
règle tous les problèmes sauf qu'on s'aperçoit,
après quelques années, bien souvent, que la réglementation
débouche sur la surréglementation et finalement cause plus de
problèmes.
Je suis plus tenté, dans toute matière, de faire confiance
à l'intelligence, la maturité et le jugement des gens. C'est vrai
que dans beaucoup de municipalités ils n'ont pas sur place toute
l'expertise pour faire tout mais vous irez dans le plus reculé des
villages du Québec qui a décidé un jour de se doter d'un
réseau d'égout et d'aqueduc, ils ont trouvé quelque part
l'expertise nécessaire pour s'arranger pour que l'eau arrive dans le
robinet de façon normale. Ils ont construit des rues, des routes, ainsi
de suite. Quand les gens constatent qu'ils ne sont pas équipés en
expertise pour faire quelque chose mais veulent le faire, ils trouvent, et
ça existe dans le paysage du Québec, des experts qui sont
capables de dire aux gens: Ne faites pas ça comme ça, ça
n'a pas de bon sens, faites ça plutôt comme ça, cela a du
bon sens. Cela s'applique dans la vie quotidienne de tout le monde. On n'est
personne des experts dans tout mais avant de faire quelque chose à un
moment donné on va chercher où se trouve l'expertise qui nous dit
qu'il faut réparer une auto de telle façon, et ainsi de
suite.
Je pense qu'il faut une espèce de cadre pour faire un programme
comme celui-là mais je pense que, si on veut s'assurer que le programme
aura du succès, il ne faut pas l'encarcaner d'une façon telle
qu'à chaque fois qu'il faut acheter une chantepleure ou une partie
quelconque d'équipement il faille référer à une
bible qui nous dira que ça doit être de telle façon et que
ça doit être installé à trois pieds du mur à
gauche ou à droite, etc. Là, on tombe dans des applications
tellement compliquées que les gens disent: Ça ne vaut pas la
peine de s'embarquer là-dedans. Finalement, on ne fait pas confiance au
jugement des gens.
D'abord il y aura toujours des erreurs; qu'il y ait de la
réglementation ou non, chaque fois qu'on fait faire des choses par des
humains il faut assumer que des erreurs vont se produire à certains
endroits. Il s'agira, au moment où elles se produiront, de les
corriger.
Je voyais cette semaine par exemple des articles dans les médias
qui parlaient de l'énormité, des erreurs monumentales que
Longueuil s'apprête à faire avec un projet. Selon les informations
fragmentaires que j'en ai jusqu'à maintenant, il y a de la consultation
auprès de la population locale et celle-ci, dans son ensemble, semble,
en tout cas selon les informations que j'ai, favorable au projet de la ville de
Longueuil. C'est bien sûr que dans un projet comme ça il y a des
pour et des contre et il y a des inconvénients. Dans tout ce qu'on fait
dans la vie il y a des avantages et des inconvénients et il s'agit de
faire la balance des inconvénients. La journée où, il y a
plusieurs années, le Québec a décidé de
s'électrifier, il est forcément apparu, dans le paysage, des
pylones d'Hydro-Québec. Il fallait décider, à ce moment,
ou bien on installe des pylones pour transporter l'électricité ou
on continue de s'éclairer à la chandelle. L'existence des
pylones, cela amène forcément des dommages à
l'environnement. Visuellement parlant, ce n'est pas tellement
intéressant, mais ou bien on décide de s'électrifier ou on
décide de ne pas s'électrifier ou bien donc on met tous les fils
dans le sol. Là aussi il y a d'autres inconvénients parce que
cela coûte plus cher, et il y a des inconvénients au niveau des
risques d'électrocution, ainsi de suite.
Quand on fait un projet, il n'y a rien de parfait sur cette terre et on
ne vit pas au paradis. Chaque fois qu'on fait un geste, il y a des avantages et
des inconvénients. Il s'agit de les comparer ces avantages et ces
inconvénients et de voir si l'aménagement d'une berge, à
un moment donné, cela a plus d'inconvénients que d'avantages.
C'est certain qu'il n'y a pas de situation où il n'y aura aucun
inconvénient et que des avantages. Il y a toujours une partie
d'avantages et une partie d'inconvénients. La sagesse dit qu'il faut
faire le décompte des deux et voir si les avantages l'emportent et selon
quel pourcentage il y a plus d'avantages que d'inconvénients.
Après cela on décide et on assume les conséquences.
M. Saintonge: Je suis d'accord avec vous, c'est évident.
Le projet de Longueuil a été discuté en partie, ici, on a
eu certaines réactions de groupements qui étaient plutôt
défavorables pour des raisons fort précises. Il reste qu'il y
aura toujours la balance des inconvénients à regarder. Je suis
d'accord avec vous. Mais, au niveau de la réglementation, il reste que
la question de
l'environnement c'est un milieu fort particulier. Jusqu'à
maintenant, je pense, l'assainissement des eaux est nécessaire parce
qu'il y a des abus qui ont été créés dans le
milieu. Il y a des choses dont on n'a peut-être pas pu se rendre
compte.
Tantôt, quand on parlait de l'absence de conscience des
municipalités, c'est évident que cela ne veut pas
nécessairement dire que c'est le conseil municipal, comme entité,
qui s'en va jeter des choses dans la rivière ou qui va faire des travaux
qui sont néfastes au niveau de la rivière. Ce sont les citoyens,
finalement, qui font des choses. Peut-être que les municipalités,
dans certains cas, n'ont pas réagi. C'est ce que certains organismes
pouvaient reprocher aux municipalités, de ne pas avoir réagi
à certaines actions, soit d'entrepreneurs, soit de citoyens et parfois
cela s'est avéré, même, que ce soient des actions des
municipalités, comme je l'ai mentionné.
L'environnement reste quand même, comme tel, quelque chose de pas
facile, quelque chose qui est extrêmement spécialisé. Quand
on touche au milieu aquatique pour aménager les rives, les gens de la
faune vont dire: Les poissons sont là, il y a tout le milieu, etc. Il
faut faire attention. On parle dans cette loi, par exemple, de la
régularisation des niveaux d'eau, en plus de l'aménagement des
rives. Ce sont des choses qui apportent des impacts sur le milieu. L'importance
qui était soulignée, c'est de minimiser les impacts
négatifs au niveau des interventions qu'on peut faire sur le milieu
aquatique.
C'est beau de faire la dépollution des eaux - je suis d'accord
avec ce que le ministre a dit tantôt - la dépollution des eaux,
cela devient essentiel. C'est essentiel pour redonner le milieu aux gens, c'est
évident. Mais, dans ce cadre, est-ce qu'il faut demander à
chacune des municipalités, quand les municipalités devront
analyser quel genre de projets on veut amener dans le programme Berges
neuves... Les municipalités devront se munir d'une certaine expertise
pour examiner cela. Cela va prendre des personnes spécialisées
dans divers dossiers.
On avait, tantôt, l'Association des biologistes du Québec
qui était présente et ils disaient: Évidemment, même
pour soumettre un projet... Je leur ai posé la question et ils
semblaient dire que, évidemment, il faudrait que ce soit examiné
par les municipalités avec des personnes compétentes et il y
aurait un suivi à être exercé qui va supposer qu'au niveau
du ministère il y a des officiers qui vont suivre cela. Le suivi va se
faire dans les municipalités parce que les municipalités
demeurent les maîtres d'oeuvre. Il faudra que les municipalités
assurent le suivi de ces projets, qu'elles s'assurent que la réalisation
des projets se fasse suivant les normes prescrites par le gouvernement, les
normes techniques, etc.
 ce moment, pour les municipalités, à mon point de
vue, si on veut réaliser carrément le projet de façon
valable, cela va supposer des coûts supplémentaires ou que les
municipalités se munissent, finalement, de personnels qualifiés
pour prendre les bonnes décisions, établir les bonnes
priorités, arriver au niveau des programmes, les mettre en application
et en faire le suivi. Même, éventuellement, au niveau des
structures, on a parlé de l'entretien, on a parlé du nettoyage et
je pourrais même dire le renouvellement, éventuellement, de ces
structures, parce que cela ne sera pas éternel non plus. Les structures
qui vont être mises en place, au bout d'un certain temps il faudra les
remplacer. Cela peut durer dix ans, quinze ans, je ne le sais pas. Cela va
supposer des coûts. (12 h 45)
Dans ce sens et vu la complexité de la question de
l'environnement, vu la nécessité d'avoir un personnel
compétent, comme le ministère de l'Environnement a quand
même des études qu'il a faites au niveau du ministère pour
mettre en place certains programmes, certains projets, il m'apparaîtrait
peut-être essentiel, mais pas dans une surréglementation, qu'on
fixe les paramètres d'intervention par des règlements-cadres. On
parle du reboisement. Le Conseil consultatif de l'environnement a dit depuis
plus de deux ans la nécessité d'une politique-cadre au niveau de
l'aménagement forestier des rives, des lacs et des cours d'eau. Je ne
pense pas que ce soit aux municipalités de commencer à aller
faire une expertise là-dessus et dire oui, c'est vrai et on s'en va dans
tel ou tel domaine.
Il me semble que cela serait préférable qu'au niveau du
ministère on démontre une volonté claire dans ce domaine
de faire une politique-cadre au niveau de l'encadrement forestier, au niveau de
l'aménagement des rives, au niveau de la protection des habitats
fauniques, ce qui n'a pas été fait jusqu'à maintenant.
Dans la position qu'on voulait adopter c'est que, finalement, est-ce que dans
le cadre présent, avec la loi 6, on ne met pas la charrue avant les
boeufs? Cela n'est pas nécessaire de fixer au niveau
réglementaire vraiment, vu que c'est un domaine particulier, à
haute expertise, de quelle façon on va procéder d'une
première part. C'était là la question au niveau de
l'application d'un règlement-cadre qui semblait être
souhaité par l'ensemble des gens des divers milieux.
Ultérieurement cela permettra aux municipalités de savoir
dans quels domaines elles fonctionnent. Actuellement on ouvre un programme, il
y a des normes techniques que personne ne connaît, pas plus les
municipalités que les différents intervenants.
Si on arrive à un moment donné avec un projet quelconque
et que chacune des municipalités, tous les intervenants se posent des
questions et arrivent à discuter du cas et à amener cela en
audiences publiques ou etc., on ne sera pas plus avancé à mon
point de vue.
C'est pour cela qu'au niveau des priorités gouvernementales je
comprends que l'assainissement ce soit important. On doit éventuellement
amener les gens sur le bord de l'eau mais pourquoi ne pas fixer, avant
d'arriver avec un projet de cet ordre, les critères d'opération
par une réglementation spécifique et valable? On a eu le
problème... Pour répondre à la question, cela peut
être un élément. Je me souviens fort bien du
règlement de contrôle intérimaire, quand les
municipalités se sont trouvées à arriver au gouvernement
à un moment donné avec certaines données. On voulait faire
des interventions mais on a dit: Non, il y a des normes à respecter.
C'étaient les normes internes du gouvernement.
Les municipalités se sont senties offusquées. Elles ont
dit: On n'est pas partie au jeu. Ils nous disent de consulter notre monde, de
demander ce qu'ils veulent au point de vue de l'environnement, qu'est-ce qu'on
va imposer, etc., mais quand on arrive à présenter nos projets on
dit: Non. Dans tel cas c'est cela ou c'est le refus. On ne reconnaît pas
votre règlement de contrôle intérimaire, on le
désavoue purement et simplement. On imposait aux municipalités
certaines normes mais un des points fondamentaux, on disait, si le gouvernement
veut imposer des normes, qu'il le dise clairement, qu'il en fasse un
règlement de base pour qu'on sache qu'on aura à suivre cela,
qu'on le discute et qu'il l'applique mais qu'on ne demande pas par des normes
administratives de venir contrôler l'agir dans les municipalités
au niveau, par exemple, du règlement de contrôle
intérimaire.
Dans le cas présent c'est un peu la même chose. Il y a des
normes qui vont apparaître, qui vont être là, qui sont
fixées par le ministère de l'Environnement dans le cadre
d'opération du programme Berges neuves et qui n'ont peut-être pas
été discutées. Le ministre dit: Ah! Je vais être
attentif. S'il y a des gens qui ont des commentaires à me faire, ils le
diront et on modifiera peut-être les normes. Mais il n'y a pas de
garantie à cela.
Je peux vous dire que je me souviens que dans le contrôle
intérimaire ce n'était pas on va peut-être y penser.
C'était cela ou rien. J'ai connu des MRC qui sont venues ici et,
même dans mon coin, il n'était pas question de discussions.
C'était: Signe ou meurs. Si ce n'est pas cela, tu es bloqué et
gelé pendant un an. Les gars n'ont pas le choix. Ils ont dit: C'est
correct, on le met dedans et on roule.
Est-ce qu'actuellement il n'y aurait pas nécessité,
même dans le cadre de l'assainissement des eaux, pour les interventions
sur les rives, l'encadrement forestier, l'habitat faunique, que le gouvernement
dise carrément: Notre position est celle-là? On se situe dans
tel, tel, tel cadre et après cela on marchera mais les
municipalités auront au moins profité, je pense, de l'expertise
positive que le ministère aura mise à la disposition des
municipalités. Actuellement, cela va venir mais de façon
indirecte et vous n'aurez pas le choix de suivre ou de ne pas suivre ces normes
pour la réalisation des projets ou même pour être
accepté aux projets. Cela n'est pas une surréglementation. Je ne
suis pas partisan d'une surréglementation mais je pense que le
rôle de leader qui doit exister au niveau de l'environnement par le
ministère n'est pas assumé. C'est ce que les organismes ont
reproché principalement. En tout cas c'est l'interprétation que
je donne des mémoires qu'on a entendus jusqu'à maintenant et de
certaines interventions qu'on a pu avoir ici. Là-dessus, j'aimerais
avoir votre réaction.
M. Corbeil: Au risque de me répéter, je
considère que les associations qui ont un but bien précis se
forment habituellement avec des objectifs bien déterminés. Il est
normal qu'elles défendent leur point de vue et c'est par le biais de ces
associations, je pense, que la population en général s'est
sensibilisée depuis quelques années au problème de
l'environnement. On peut tous, tant que nous sommes, se frapper la poitrine
parce que, pendant une bonne partie de notre vie jusqu'à maintenant, on
a été peu sensibilisés au problème de
l'environnement. Ce n'est que depuis quelques années, autant au niveau
municipal, provincial que fédéral, que sont apparues dans le
discours politique des notions de qualité de vie et ainsi de suite.
Avant cela, on ne pariait jamais de cela. Mais, maintenant, c'est devenu
courant, dans le discours politique de tous les gens qui occupent des postes au
palier provincial, fédéral ou municipal, de parler de
qualité de vie. On est donc plus sensibilisé à tous ces
problèmes environnementaux. C'est le fruit du travail des associations
diverses qui ont sensibilisé la population. Elles doivent continuer
à le faire. À certains moments, évidemment, comme
n'importe quel groupe qui est voué à un intérêt
particulier, elles exagèrent les conséquences et les
possibilités. Après cela, la raison finit par prévaloir et
on finit par trouver des solutions.
Comme vous le dites, les rivières, les berges, les lacs touchent
à l'ensemble de l'environnement. Il ne peut pas être possible
à quelqu'un, à quelque part, de poser des gestes qui vont nuire
à son voisin. Il devrait sûrement y avoir quelque part un
mécanisme qui ferait en sorte que quelqu'un ne peut pas
faire délibérément des actes qui vont être
dommageables à l'environnement immédiat, à son
environnement à lui ou l'environnement des voisins. Comment peut-on
arriver à cela? je n'ai malheureusement pas les compétences pour
déterminer cette façon de procéder, mais il y a une chose
que nous avons toujours proclamée au niveau des municipalités,
c'est qu'à partir du moment où on fait de la
réglementation on débouche très rapidement sur de la
surréglementation et la concentration des décisions, finalement,
au niveau des fonctionnaires qui, souvent, n'ont pas les mêmes
orientations et les mêmes préoccupations que les gens qui ont
à prendre les décisions au niveau local.
La réponse est: Oui, il faut un certain encadrement. Quelle forme
cela doit-il prendre? Je n'ai malheureusement pas étudié beaucoup
cette question-là dans le cadre de cette loi jusqu'à
maintenant.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre de
l'Environnement, très brièvement.
M. Ouellette: Oui, M. le Président, en terminant. D'abord,
je voudrais remercier l'UMQ de sa présence et de son témoignage
fort éloquent et rappeler que, lorsque nous avons conçu ce
programme-là au ministère de l'Environnement et que nous l'avons
fait adopter par le gouvernement pour en faire une politique gouvernementale,
nous étions conscients de répondre à des demandes fort
importantes sur le territoire, mais nous avions quand même prévu
une centaine de projets qui pouvaient être l'objet de demandes dans le
cadre de ce programme-là. Je dois vous dire qu'après à
peine un mois et demi depuis que le programme a été rendu public
nous avons déjà reçu 323 demandes de groupes qui
s'adressent à nous pour obtenir une aide financière pour la
préparation de plans. On a reçu également 325 demandes
d'information de la part des municipalités. C'est donc dire que nos
prétentions qu'un tel programme répondrait aux demandes du public
sont plus que concrétisées; elles sont même
débordées. Cela nous montre l'ampleur du problème
relié à la dégradation de nos rives et
l'intérêt que suscite ce programme.
Un dernier point. Je voudrais citer un extrait du cadre de gestion qui a
fait l'objet d'un décret gouvernemental et qui concerne notamment
l'accès qu'auront les municipalités aux gens
spécialisés pour la préparation de leurs dossiers, donc de
leurs demandes dans le cadre de Berges neuves. Il est dit ici dans le cadre de
gestion: "Les frais contingents admissibles ne peuvent excéder 25% du
coût prévu. " Ce qui veut dire que, sur un projet de 1 000 000 $,
on acceptera jusqu'à 250 000 $ comme devant être
subventionnés dans le cadre du programme, et cela touche les frais de
services professionnels versés en honoraires, les frais de
relevés, les frais de financement temporaire et les frais de gestion
reliée au financement des travaux auprès de la
société pour celles qui y feront appel.
On rappelle également, dans ce même article du cadre de
gestion, que 3% du coût total du projet pourront être
utilisés pour des fins de publicité, d'information du public, et
je pense que c'est exactement ce à quoi vous adressiez une partie
importante de vos louanges à l'endroit de ce programme,
c'est-à-dire qu'enfin les municipalités puissent faire de la
promotion auprès de la population qui, par ricochet, et même
très directement verra là les effets heureux du programme
d'assainissement des eaux.
En terminant, je vous remercie, M. le président. Vos propos ne
sont pas tombés dans l'oreille d'un sourd, croyez-moi.
Le Président (M. Marquis): Pour le dernier mot, M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: J'aurais eu une question supplémentaire
à poser. Je ne sais pas si j'en ai le temps. Cela va prendre quelques
minutes, ce sera bref. Je comprends que le programme Berges neuves, avec les
possibilités d'intervention aux rives, c'est un complément
à l'assainissement des eaux. La principale question que je me pose,
c'est qu'au niveau du taux de réalisation des travaux en assainissement
des eaux actuellement et du potentiel éventuel de réalisation de
ces travaux, dans combien de temps, dans combien d'années... Il y a pour
1 100 000 000 $ de travaux de réalisés actuellement, comme on le
mentionnait. Sur 1 100 000 000 $, au moins les deux tiers sont
réalisés dans la région de Montréal principalement.
Lorsqu'on sort en dehors, au niveau de la dépollution des eaux, on ne
peut pas parler d'un gros succès, les travaux ne sont pas tellement
avancés. Est-ce que, d'arriver avec le programme Berges neuves -le
gouvernement mettra 170 000 000 $ là-dessus, plus 250 000 000 $ en y
incluant l'argent des municipalités - ce n'est pas aller un peu vite,
c'est-à-dire faire ces travaux au niveau des rives, pour l'accès
aux rives, etc. ? La priorité ne pourrait-elle pas être davantage
au niveau des travaux d'épuration des eaux? Pour le cheminement des
travaux actuellement pour l'épuration des eaux, on sait que, l'an
dernier, le travaux réalisés, c'était pour un peu plus de
200 000 000 $, si les chiffres sont exacts.
M. Ouellette: Près de 300 000 000 $.
M. Saintonge: En tout cas, les chiffres sont tellement
aléatoires qu'on ne le sait pas. En tout cas, le dernier chiffre que
j'avais en décembre était un peu plus de 180 000 000 $,
près de 200 000 000 $. On
espérait que, pour l'année en cours, on se rendrait
à 200 000 000 $. On me dit que c'est rendu à 300 000 000 $. Cela
va vite.
M. Ouellette: Non, près de...
M. Saintonge: Près de... En tout cas, je ne sais pas
combien c'est près de... On aura les données
éventuellement. Même si c'était 300 000 000 $, il reste
qu'avec les protocoles d'entente il y a 4 700 000 000 $ de travaux à
réaliser. Il y en en a 1 100 000 000 $. Il en reste 3 600 000 000 $. Si
on continue comme cela avec 300 000 000 $ par année, cela va prendre
douze ans.
M. Ouellette: Eh! eh! eh! 500 000 000 $, l'an prochain. Là
il ne faut pas être démagogue. Quand même!
M. Saintonge: Je ne veux pas être démagogue, mais
j'ai pris les informations sérieusement. Le ministre me dit qu'il y a eu
500 000 000 $, l'année passée.
Une voix: L'an prochain.
M. Saintonge: L'an prochain. Cette année, on voulait y
aller sur une base de 400 000 000 $, d'après ce qu'on m'a dit. Il dit
qu'on a réalisé des travaux pour près de 300 000 000 $. Je
vais acheter 250 000 000 $. Il reste que, dans la progression actuelle, on n'a
pas la capacité d'absorption. Il y a aussi danger de s'en aller dans une
opération rapide d'accélération des travaux. 500 000 000 $
de travaux par année, cela va peut-être se faire, parce que les
coûts vont augmenter. Le danger, c'est qu'on arrive avec un boom
"olympique" aussi dans l'assainissement des eaux, si on veut le faire trop
vite. On peut calculer que cela va prendre un certain nombre d'années
avant d'en arriver à réaliser tout cela. L'impact actuel majeur
au niveau du gouvernement, n'est-ce pas justement d'aller plus vers
l'assainissement des eaux, en plus d'aider des municipalités qui,
financièrement, ne peuvent peut-être pas adhérer au
programme? Il y en a certaines qui n'ont pas pu adhérer au programme,
parce qu'elles n'ont pas la capacité financière d'y aller. Il
faut, un jour ou l'autre, intégrer ces gens au programme aussi. Si
quelqu'un veut faire de l'aménagement de rives chez lui pour accoster
les bateaux, donner des possibilités aux gens de faire de la planche
à voile ou quoi que ce soit, si son voisin en amont de la rivière
ne l'a pas fait, cela ne donnera pas grand-chose, c'est de l'argent un peu
perdu dans le sens qu'il ne pourra pas être utilisé au maximum,
parce qu'on n'en sera pas arrivé au point que l'assainissement soit
complètement réalisé. Je ne veux pas dire qu'il faut
attendre que l'assainissement soit tout fait pour faire l'aménagement
des rives, loin de là. Ce n'est pas cela que je veux dire. Mais ce
programme me paraît en tout cas...
M. Ouellette:... prématuré.
M. Saintonge:... prématuré d'une certaine
façon, premièrement. Deuxièmement, c'est une prime
à l'accélération des travaux qu'on renouvelle, parce que
les municipalités qui pourront s'en servir davantage et qui ont le plus
d'intérêt à y aller rapidement et à faire cela, ce
sont celles qui sont les plus avancées dans l'assainissement des eaux.
Dans certains cas, si on a une base de travaux à réaliser, qui ne
peut pas aller à 500 000 000 $ par année mais peut-être
à 300 000 000 $, ce n'est pas partout que ce sera assaini demain matin.
Ceux qui ne le seront pas, ils mettent de l'argent dans des structures qui
pourront être utilisées dans cinq ans; c'est peut-être
prématuré, mais c'est la question que je me pose. Je ne sais pas
si vous avez réfléchi à cela et si vous avez un
commentaire là-dessus. (13 heures)
M. Ouellette: Est-ce que je pourrais me permettre un petit
commentaire, avant que vous nous donniez votre réponse? Le programme
Berges neuves va s'étaler sur les années 1985-1986, 1986-1987 et
1987-1988, donc trois ans. Au début de la dernière année
d'application du programme Berges neuves, au moins 75% des eaux usées au
Québec vont être épurées. Le jour où la
Communauté urbaine de Montréal va mettre, en marche son usine de
traitement, il va y avoir une joyeuse accélération dans le
pourcentage des eaux traitées au Québec. Ce n'est qu'un exemple.
Quand la Communauté urbaine de Québec, l'île de Laval et la
rive sud de Montréal vont mettre en marche leurs installations - cela va
se faire à un rythme assez accéléré - la question -
qui est soulevée par le député de Laprairie ne tiendra
plus.
M. Saintonge: Mais 75% des travaux, 3 600 000 000 $ qu'il reste
à réaliser dans trois ans, si vous le faites à 500 000 000
$ par année, cela ne vous donnera pas 75% de 3 600 000 000 $. Il y a
quelque chose qui ne marche pas.
M. Ouellette: C'est 75% des eaux usées qui seront
traitées, je n'ai pas dit 75% des travaux, parce que...
M, Saintonge: C'est là qu'est le problème,
justement.
M, Ouellette: Bien, il n'y a pas de problème.
M. Saintonge: II y a un problème
sérieux.
M. Ouellette: II y a un émiettement de population au
Québec et nous avons concentré nos efforts sur les regroupements
de population, les communautés urbaines, en particulier celle de
Montréal. C'est plus facile de dépenser 1 500 000 000 $ à
Montréal que de dépenser...
M. Saintonge: Bien oui.
M. Ouellette:... 1 500 000 000 $ en province.
M. Saintonge: Vous faites un programme pour Montréal, mais
il reste que vous pariez des eaux usées. Vous avez toute la question de
la pollution agricole; le purin, ce n'est pas réglé.
D'après les informations que j'ai, ce ne sera pas demain non plus que
cela va être réglé.
M. Ouellette: On parle de trois concentrations...
M. Saintonge: Bien oui!
Le Président (M. Marquis): À l'ordre!
M. Ouellette:... il y a la rivière
Chaudière....
M. Saintonge: Je vais demander la...
Le Président (M. Marquis): La conclusion, M. le
président, le plus rapidement possible, parce que le temps est
écoulé.
M. Saintonge: La réponse.
M. Corbeil: Alors, je voudrais insister, auprès des
députés qui posent des questions, sur la question la plus
importante pour la réussite éventuelle du programme
d'assainissement des eaux, et cela nous inquiète. La raison primordiale
qui nous amène à croire qu'il est important de nous impliquer en
tant que municipalités dans le programme Berges neuves, c'est que c'est
un programme...
M. Saintonge: Marketing.
M. Corbeil:... qui, d'après nous, est un outil
important...
M. Saintonge: Marketing.
M. Corbeil:... de sensibilisation des gens à
l'utilité de l'assainissement. Parce qu'on pense que le programme de
construction, les milliards de dollars qui sont investis, quelle que soit la
période à l'intérieur de laquelle ce programme va
être totalement réalisé, les conséquences
éventuelles pourraient être très néfastes si on ne
s'occupe pas immédiatement de sensibiliser les gens. Encore une fois je
me répète, pour les contribuables municipaux, la partie la plus
importante et la plus dramatique vient au moment où on commence à
payer les coûts de fonctionnement. Notre grande crainte, c'est que les
gens n'acceptent pas, éventuellement, de payer la facture du
fonctionnement s'ils ne sont pas totalement sensibilisés à
l'utilité de cette chose. Pour \e faire, il faut au moins qu'ils
commencent à constater que les abords des lacs et des rivières
sont intéressants, que l'eau est vraiment polluée. Je vous le dis
encore une fois, je vis dans la région de Montréal, je
n'étais pas sensibilisé au degré de pollution de la
rivière des Prairies jusqu'à ce que mes fonctions
m'amènent à travailler à la commission
d'aménagement. On m'a cité, à ce moment-là, des
chiffres, à savoir que le degré de pollution de la rivière
des Prairies vis-à-vis de Montréal-Nord était 25 fois plus
élevé qu'à l'embouchure où il y a la rencontre avec
le lac des Deux Montagnes. C'est simplement à ce moment-là, quand
on a les deux pieds dedans, qu'on commence à réaliser
l'utilité de cela. C'est pour cela qu'on insiste tant pour qu'il y ait
de l'argent d'impliqué dans la sensibilisation. On pense que ce
programme, en plus de sensibiliser juste par l'image, va sensibiliser par la
réalisation les gens à la beauté éventuelle des
berges et des rives des lacs et des rivières.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le président.
Les travaux de la commission sont suspendus jusqu'après les affaires
courantes, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 5)
(Reprise à 15 h 20)
Le Président (M. Marquis): La commission parlementaire de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi 6, Loi
modifiant diverses dispositions législatives pour favoriser la mise en
valeur du milieu aquatique, et de procéder à des consultations
particulières. Le premier organisme que nous accueillons cet
après-midi est l'Association québécoise des techniques de
l'eau. Je demanderais à son président, M. Jean-Jacques Duval, de
nous présenter les gens qui l'accompagnent et de nous livrer le contenu
de son mémoire et ses observations. M. Duval.
Association québécoise des techniques de
l'eau
M. Duval (Jean-Jacques): Je vous remercie de nous avoir
invités. Je suis accompagné de M. Denis Lapointe qui est
président ex officio de l'association.
C'est donc à titre de président d'une association qui se
préoccupe de la protection de la ressource "eau" au Québec depuis
plus de 23 ans que j'ai le plaisir de vous déposer le présent
mémoire. Je désire ainsi vous sensibiliser à la
nécessité de l'épuration de nos eaux usées ainsi
qu'à l'amélioration et à la mise en valeur de notre milieu
aquatique. Je vous invite donc à prendre connaissance du texte ci-joint
dans lequel vous sont présentés l'historique, les objectifs de
notre association et des remarques relatives aux retards que connaît la
province de Québec dans l'épuration des eaux usées. De
plus, ce document démontre la nécessité de protéger
notre milieu aquatique par des moyens spécifiques, tels que nettoyer et
réaménager les lits de nos lacs et rivières ainsi que
leurs rives qui présentent un état de détérioration
très avancé.
Je terminerai en remerciant le gouvernement du Québec de nous
avoir permis de nous prononcer sur ce dossier de mise en valeur de notre milieu
aquatique et nous osons espérer que le législateur saura prendre
des décisions judicieuses et favorables à l'amélioration
de notre environnement et de notre qualité de vie.
L'AQTE: son rôle et ses objectifs. Fondée en 1962,
l'Association québécoise des techniques de l'eau regroupe plus de
1500 membres qui oeuvrent dans les domaines de la lutte contre la pollution de
l'eau, du traitement des eaux usées et potables ainsi que de la
distribution de l'eau de consommation.
Les membres de l'AQTE proviennent des secteurs publics, municipaux,
privés et scolaires à titre d'ingénieurs,
d'opérateurs d'usine de traitement et d'assainissement des eaux, de
responsables de l'entretien des réseaux, d'étudiants, de
professeurs, de fournisseurs d'équipement pour l'industrie de
l'assainissement des eaux au Québec, etc. En plus de promouvoir les
développements technologiques reliés à
l'amélioration de la qualité de l'eau, l'AQTE s'est
également engagée très activement à sensibiliser le
public aux problèmes de la pollution et de la protection de notre
environnement relié plus spécifiquement à la ressource
"eau".
Tout au cours de son existence, l'AQTE s'est toujours voulue le
défenseur de toute législation et de tout programme ayant trait
à la sauvegarde de cette ressource au Québec et, de ce fait, de
nombreux experts membres de l'association ont fréquemment analysé
les détails de tout projet afin qu'il réponde adéquatement
aux objectifs visés.
L'Association québécoise des techniques de l'eau s'est
toujours voulue chef de file dans la bataille pour la protection de la
ressource "eau" en s'impliquant tant au niveau technique que social. Pour ce
faire, l'AQTE publie chaque année de nombreuses revues et fiches de
vulgarisation à l'intention du public, organise des campagnes d'action
telles celle reliée à l'économie de l'eau potable. De
plus, elle tient de nombreux colloques, symposiums et expositions à la
grandeur du Québec afin d'inciter les professionnels de l'eau et le
grand public à prendre conscience de la nécessité
d'économiser cette ressource et de la protéger à tout
prix.
À la fin des années soixante-dix, l'Association
québécoise des techniques de l'eau démontrait que la
province de Québec accusait un retard imposant en matière
d'épuration de ses eaux usées. De nombreuses statistiques
appuyaient d'ailleurs une telle affirmation. Un relevé effectué
en 1980 classait le Québec bon dernier parmi les dix provinces
canadiennes. En effet, avec un taux d'eaux usées municipales
épurées de moins de 10%, elle était très loin
derrière l'Ontario où le traitement atteignait 75%. Chez nos
voisins du Sud, pendant ce temps, les Américains traitaient 65% de leurs
eaux usées. L'AQTE a donc fait valoir cet état de fait en
déclarant que le Québec accusait un retard de plus de vingt ans
dans le domaine de l'épuration de ses eaux usées. Il importait
donc que le gouvernement québécois s'engage très
activement dans une opération de sauvegarde sans
précédent.
Bien que lancé dès 1978, le programme d'assainissement des
eaux du Québec a connu un démarrage lent et ce n'est qu'en 1983
que l'ensemble des municipalités québécoises s'est
engagé activement à la dépollution: mise en chantier de
travaux d'assainissement des eaux incluant des usines d'épuration pour
traiter les eaux usées avant leur rejet.
Plus de 88% de l'eau potable consommée au Québec provient
des lacs et rivières, donc de l'eau de surface. Devant cette situation,
l'AQTE a cru nécessaire d'intervenir pour réclamer
l'assainissement des eaux usées, tant municipales qu'industrielles et
agricoles. C'est par un programme d'assainissement adéquat que l'on
pourra protéger l'eau de consommation et, par la même occasion,
notre propre santé.
L'AQTE a donc joué un rôle moteur dans la justification du
programme d'assainissement des eaux du Québec. Elle réclame
d'ailleurs un rythme de croisière atteignant des dépenses
annuelles de l'ordre de 500 000 000 $ et ultimement de 600 000 000 $.
L'eau n'est pas inépuisable, ni gratuite. Ainsi, l'AQTE,
partisane de la dépollution, insiste sur le fait que ce programme
génère en même temps un développement
technologique approprié. On pourra favoriser un savoir-faire
québécois en matière de traitement des eaux et assurer la
mise sur pied d'une industrie de l'eau typiquement québécoise,
tant au niveau de la conception que de la fabrication des produits et
équipements.
Consciente de cette grande priorité de s'attaquer à
l'épuration des rejets d'eaux usées municipales, industrielles et
agricoles, l'AQTE considère tout aussi important de s'attaquer à
la protection du milieu aquatique. Le gouvernement doit donc s'attaquer
à ce deuxième volet dès maintenant.
Par le passé, des planificateurs ont pris soin d'aménager
le territoire, mais ont malheureusement oublié de considérer le
milieu aquatique. Ainsi, de nombreux ouvrages furent construits sans tenir
compte de la sauvegarde des lacs et rivières. Autoroutes,
aménagements portuaires, drainage agricole, travaux de
régularisation des cours d'eau, coupes à blanc,
aménagement de quais, etc., représentent autant de travaux
effectués sur les rives des cours d'eau au Québec. Ceux-ci ont
provoqué, dans la quasi-totalité des cas, une
détérioration avancée des lits et des berges de nos lacs
et rivières. À titre d'exemple, l'érosion des sols
constitue, après le rejet des eaux usées, l'élément
majeur de pollution des eaux de surface que seuls les aménagements
riverains permettront de contrer.
L'AQTE considère de première importance l'interception de
tout rejet direct d'eaux usées dans les cours d'eau et la conduite de
ces eaux usées municipales et industrielles vers des stations
d'épuration. De tels travaux doivent donc être effectués en
priorité, éliminant ainsi les sources de pollution les plus
importantes.
L'assainissement de nos lacs et rivières ne pourra s'effectuer et
être assuré que par un engagement immédiat dans la
protection de notre milieu aquatique. De ce fait, le cadre législatif
québécois doit nécessairement permettre d'effectuer des
travaux de réparation et de réaménagement des rives et ce,
sans égard aux propriétaires desdites rives, soit publiques ou
privées.
Le retard constaté dans l'assainissement des eaux au
Québec touche tout aussi bien les mesures de protection de notre milieu
aquatique. Ces deux aspects étant intimement liés, seule une
réalisation simultanée de correctifs pourra garantir une
récupération des usages: alimentation en eau potable, baignade,
canotage, pêche et tout autre loisir nautique. (15 h 30)
En conclusion, l'Association québécoise des techniques de
l'eau croit qu'il est nécessaire et urgent de procéder à
la remise en état du milieu aquatique et considère vital de
s'engager dans des travaux de nettoyage, de régénération,
de reboisement, de consolidation des sols, etc. Ces interventions
amélioreront notre environnement et contribueront plus
particulièrement à sauvegarder les cours d'eau du
Québec.
L'actuel programme d'assainissement des eaux doit donc être
appuyé d'actions de nettoyage et de régénération
des rives. C'est à ces seules conditions que nous aurons l'assurance de
pouvoir récupérer lacs et cours d'eau et ainsi de retrouver la
propreté et la limpidité des lieux qui avaient marqué
notre jeunesse.
L'AQTE est en accord avec le projet de loi 6 ayant pour objet de
favoriser la mise en valeur du milieu aquatique. Elle est confiante que le
monde municipal saura mener à bien les projets de
réaménagement tout en respectant l'écologie du milieu
aquatique. Je vous remercie.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le
président.
M. le ministre de l'Environnement.
M. Ouellette: Je pense que je ne peux que me réjouir du
contenu du mémoire qui nous est livré aujourd'hui par le
président de l'AQTE et dire ma satisfaction à voir le contenu, en
ce sens qu'il reflète clairement la compétence et
l'expérience de cette association québécoise
d'assainissement des eaux et fait ressortir de façon éclatante le
fait que tous les membres de cette association ne prononcent pas que des mots
lorsqu'ils parlent d'assainissement, mais se réfèrent
plutôt à l'expérience personnelle qu'ils ont
développée à suivre notamment le cheminement qu'a suivi le
ministère de l'Environnement pour en venir à redonner à
nos cours d'eau au Québec la qualité qu'on souhaite y retrouver
dans les plus brefs délais.
Tout au long du texte, on sent bien la connaissance de ce dossier de la
part des gens de l'AQTE et également un appui. À titre d'exemple,
ce matin, l'Union des municipalités du Québec, par la voix de son
président, faisait ressortir un aspect intéressant du programme
Berges neuves qui est celui de la publicité qu'on doit accorder au
programme d'assainissement des eaux si on veut sensibiliser nos concitoyens qui
seront appelés, on le sait, malgré la
générosité des subventions, à contribuer
financièrement.
Aujourd'hui, l'AQTE met l'accent sur un autre volet très
important du programme Berges neuves qui en est un d'épuration. On sait
très bien que le programme d'assainissement des eaux vise à la
fois l'épuration des eaux usées municipales, industrielles et des
eaux qui se baladent sur le territoire agricole et qui sont polluées
par
l'activité agricole comme telle. On sent bien, dans les propos de
l'AQTE, qu'elle a perçu le programme Berges neuves comme étant un
moyen de contrer le phénomène d'érosion qui engendre
nécessairement une pollution diffuse qui est elle-même responsable
d'une bonne partie de la détérioration de nos cours d'eau,
Les gens de l'AQTE qui travaillent dans le milieu savent très
bien que des rives sans verdure, que des rives labourées, ou des rives
déboisées aident à transporter des déchets
d'occupation courante du territoire vers nos cours d'eau, déchets qui
viennent s'ajouter à ceux produits par le monde municipal ou par
l'activité humaine en général, de même que par
l'activité industrielle comme telle. On voit ressortir clairement leur
vision très nette du volet épuration qui est associé
à l'intention du gouvernement dans la mise en place de ce programme
Berges neuves.
En fait, j'aimerais peut-être terminer par une question, quoiqu'on
y trouve déjà la réponse, mais j'aimerais entendre le
président de l'AQTE développer davantage un volet qui a
été mis en doute par certains intervenants auprès de cette
commission depuis hier après-midi, à savoir si ce programme ne
serait pas prématuré, compte tenu du degré d'avancement du
programme d'assainissement des eaux usées municipales, industrielles et
agricoles dans l'état où il se retrouve actuellement,
c'est-à-dire qu'après six ans, dont certaines années du
début faisaient foi de piétinement, maintenant nous sommes
certains que même si on stoppait complètement le programme, 77%
des eaux usées municipales seraient épurées d'ici deux ou
trois ans. Les gens mettaient en doute l'opportunité de lancer ce
programme vu le peu d'avancement, selon eux, du programme d'assainissement des
eaux. J'aimerais entendre le président sur ce volet, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Marquis): M. Duval.
M. Duval: Le programme nous semble d'autant plus à propos
que, dans notre esprit, en fait, il est complémentaire au programme
d'assainissement. Il est non seulement complémentaire, mais c'est la
partie visible de l'assainissement. D'ailleurs, je fais référence
à une étude de CROP qui a été faite auprès
de 1500 individus, il y a un mois et demi environ, dans le cas de Eau propre,
où il était dit que 72% de la population se disait pas
suffisamment informée. Il y a de l'information qui circule. Il n'y en a
peut-être pas assez.
On pense qu'un programme de réhabilitation des berges, c'est
très visible et cela conscientise les gens précisément aux
améliorations de l'environnement. Cela va certainement avoir un effet
bénéfique sur le programme d'épuration des eaux
lui-même. Quand on installe des conduites souterraines et qu'on pose des
stations de pompage, il n'y a pas tellement de visibilité et c'est un
peu intangible pour les gens. C'est principalement sur cet aspect.
Peut-être que mon ami Denis aurait un complément d'information
à apporter.
M. Lapointe (Denis): Je peux peut-être me permettre aussi
un commentaire supplémentaire à ce niveau. Au cours des
dernières années et même dès l'époque du
lancement du programme d'assainissement, c'était sans doute un des
reproches qu'on avait faits au programme d'assainissement, celui d'être
absent précisément de l'aménagement des cours d'eau, du
réaménagement des cours d'eau relié au programme
d'assainissement comme tel. Ces reproches se sont accentués au cours des
années.
De fait, le programme Berges neuves vient précisément
complementer ce que doit être le programme d'assainissement. Il vient, en
fait, concrétiser l'action d'assainissement. Il vient permettre, de
fait, d'atteindre cet objectif de récupération des lacs et des
rivières. C'était cela qui était l'objectif initial du
programme d'assainissement. C'était aussi l'objectif initial de
l'Association québécoise des techniques de l'eau, celui de
récupérer les cours d'eau comme tels et, sans action directe sur
les berges, Jes cours d'eau, il n'était pas question
éventuellement de les récupérer. Le programme qui est
soumis dans le cadre du projet de loi 6, le programme qui répond au
projet de loi 6 qui est le programme Berges neuves, vient donc
concrétiser l'action ou la démarche d'assainissement.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Tout en vous saluant, on a semblé, à
un moment donné, mettre en doute notre attitude du côté de
l'Opposition vis-à-vis de la dépollution des eaux. Ce n'est pas
le cas. Voici la question qu'on se pose au sujet du programme mis de l'avant,
comme le ministre l'a souligné, par le projet de loi 6, le programme
Berges neuves. On se demande si ces interventions ne seraient pas
prématurées. J'aimerais que vous puissiez répondre
à la question que le ministre vous a posée tantôt. D'une
certaine façon, je ne pense pas que j'aie entendu la réponse.
Vous mentionnez qu'en 1980 il y avait 10% des eaux au Québec qui
étaient dépolluées. Est-ce que vous avez des
données sur le pourcentage des eaux au Québec qui sont
dépolluées en date d'aujourd'hui et êtes-vous d'accord avec
l'affirmation du ministre voulant que d'ici deux ou trois ans - c'est ce que
j'ai entendu tantôt - les eaux au Québec seront
dépolluées à 75%?
M. Duval: Actuellement, il est certain,
comme on le disait tantôt dans le mémoire, que le programme
est parti tranquillement et on le déplorait jusqu'à un certain
point. Il y a peut-être actuellement environ 15% ou 20% des eaux qui sont
traitées. On sait qu'il y a une semaine il y avait 256
municipalités qui avaient souscrit au programme, ce qui
représentait environ 75% de la population du Québec. Donc, d'ici
deux ou trois ans, le programme sera très avancé et on peut
s'attendre qu'il y ait effectivement environ 75% des eaux domestiques qui
soient dépolluées.
M. Saintonge: Vous estimez...
M. Lapointe: Est-ce que je peux compléter?
M. Saintonge: Oui.
M. Lapointe: La question des pourcentages, c'est relatif.
Jean-Jacques Duval vient de parler d'un nombre de municipalités qui sont
déjà impliquées au niveau du programme d'assainissement.
Il y a quand même, au niveau de ces municipalités
impliquées, une série de travaux qui ont déjà
été amorcés au moins dans 150 municipalités. La
première partie des travaux qui ont été faits et qui sont,
à toutes fins utiles, complétés dans beaucoup de
municipalités -quand je parle de beaucoup, je parle de plus de 100
municipalités - ce sont les travaux d'interception. Cela veut dire que
ce sont les correctifs qui ont été apportés pour
récupérer les eaux sanitaires; c'est la
récupération des eaux sanitaires à partir des rejets sur
les berges et tout.
On a construit des intercepteurs et ils vont être mis en marche
dans un an ou deux ans au moment où les usines d'épuration, dans
ces centaines de municipalités, vont être en opération. Si
on attend de mettre les usines en marche, à quoi auront servi tous les
travaux d'interception qu'on aura faits? À quoi aura servi toute cette
part d'interventions immédiates qu'on a faites et tous les
investissements qu'on a faits?
Je pense que tout le travail de récupération et de
dépollution des berges doit se faire parallèlement au travail
d'interception et à d'implantation d'usines si on veut
véritablement récupérer, à brève
échéance, les cours d'eau. C'est sans doute le point majeur. Je
pense que cela apporte un certain éclaircissement à votre
question de tantôt.
M. Saintonge: C'est parce que, ce matin, j'ai pris des chiffres
qui ont été donnés par le ministre de l'Environnement. Sur
un programme de 4 700 000 000 $, il y a 1 100 000 000 $ de travaux
réalisés à la fin de l'année 1984. Dans mon livre,
il en reste 3 600 000 000 $ à réaliser. Je comprends que les
municipalités se sont incrites au programme. Je comprends que plusieurs
municipalités ont signé des conventions pour
éventuellement assainir les eaux. D'après les informations que
j'ai des gens du milieu de l'ingénierie, on me dit que, l'an dernier,
pour l'année qui se termine, il y avait environ 200 000 000 $ de
travaux. Le ministre a dit presque 300 000 000 $; en tout cas, c'était
entre 200 000 000 $ et 300 000 000 $. J'ai dit: Je vais acheter 250 000 000
$.
Actuellement, au niveau des travaux de génie, il y a des
possibilités d'intervention de 600 000 000 $ ultimement ou des
dépenses annuelles de l'ordre de 500 000 000 $. Il semblerait,
d'après ce que j'ai comme information, que des dépenses de cet
ordre, c'est complètement hors de proportion avec la
réalité par rapport à ce qu'on est capable d'assumer
actuellement avec les expertises que nous avons, avec les gens qui peuvent
travailler.
On parle plutôt en termes réalistes de dépenses de
l'ordre de 300 000 000 $ par année, peut-être de 400 000 000 $
dans un objectif maximum. Sans quoi, même à ce niveau, on
mentionne que les dépenses qui seront encourues vont subir une
montée en flèche, style olympique - ce sont des paroles qu'on m'a
rapportées même cette semaine -dans le sens que, puisque notre
expertise est limitée, que nos possibilités d'intervention au
point de vue de notre capacité d'exécution sont quand même
limitées, c'est difficile d'arriver avec des travaux de 600 000 000 $ ou
de 500 000 000 $ par année.
Même à ce moment, si on arrivait avec des travaux de
l'ordre de 500 000 000 $ par année pendant les trois prochaines
années, cela nous en ferait pour 1 500 000 000 $ à ajouter aux 1
100 000 000 $ actuellement exécutés. On se situe donc avec des
travaux de l'ordre de 2 500 000 000 $, 2 600 000 000 $ sur la capacité
globale du programme d'assainissement des eaux de 4 700 000 000 $. Dans mon
livre, c'est loin des 77% de travaux réalisés que le ministre
nous dit qu'il y aura dans trois ans.
On est pour la dépollution des eaux, on est conscient que ce ne
sera pas quand les usines seront en opération et que les citoyens
verront que l'eau est propre qu'on va aménager les rives. Il y a des
interventions qui peuvent être propices. À telle enseigne que,
même au niveau du Conseil consultatif de l'environnement, on disait au
ministre il y a deux ans, en 1983, qu'au niveau de l'encadrement forestier des
lacs et des cours d'eau il était temps qu'on agisse, qu'on ait une
politique en cette matière le plus tôt possible appliquée
à tout le Québec. Cela veut dire que c'est une
complémentarité, à mon point de vue, à
l'assainissement des eaux.
Le programme actuellement qui est
proposé par Berges neuves, alors qu'on n'est pas rendu finalement
aux 77% d'eaux assainies - je ne pense qu'on soit rendu le -dans certains
éléments, je suis d'accord avec vous, peut être possible.
Au point de vue de la réalisation, ce pourrait même être
souhaitable. L'encadrement forestier, on n'attendra pas que les eaux soient
dépolluées pour le faire. Le problème, c'est que,
peut-être, cet encadrement forestier, qu'on devrait commencer à
mettre en opération, devrait être mis en place par une politique
globale, uniforme pour l'ensemble des cours d'eau du Québec au lieu de
laisser aux municipalités, suivant leurs propres intérêts,
suivant leur capacité, leur intérêt d'agir, la
décision à tel moment donné d'embarquer dans ce programme.
C'est une prime d'incitation qu'on donne et, dans certains cas, les
municipalités ne sont peut-être pas prêtes à y aller.
Elles vont commencer par dépolluer leurs eaux, commencer à
avancer dans ce domaine pour éventuellement, au moment où on sera
sur le point de récupérer nos berges avec de l'eau propre, faire
des travaux qui feront que des structures seront mises en place, qu'on pourra
utiliser valablement pour les citoyens. (15 h 45)
Actuellement, je me dis que, dans plusieurs cas, les
municipalités, dans le cadre des travaux actuels, se rendent compte que
ça va leur prendre 12 à 15 ans avant que leurs eaux soient
dépolluées, dans leur secteur. Ce matin À court d'eau
était là. À L'Assomption, ce n'est pas dans trois ans
qu'on va se baigner, c'est impossible. Il y a toute la dépollution des
eaux domestiques, mais la dépollution agricole, ce n'est même pas
commencé dans la rivière L'Assomption. On ne sait pas quand
ça va arriver. On me dit qu'il y a un programme qui est en place
à l'Environnement, un programme d'essai et, dans trois ans, on en verra
les résultats. Cela va prendre trois ans avant qu'on sache ce qui
arrive. Qu'est-ce qu'on fait pendant ce temps-là?
Ailleurs, on attend quoi? On n'a pas de dépollution agricole. La
dépollution industrielle, non plus, ce n'est pas tellement
avancé, d'après ce que je peux comprendre. À certains
endroits, cela avance, mais les travaux ne sont quand même pas
réalisés. Il y a certains autres travaux qui sont en train
d'être faits. On parle d'usines d'épuration qui sont construites.
À Montréal, il y en a, mais les eaux ne sont pas traitées,
cependant. Il y a tout un enclenchement. C'est évident que cela serait
ridicule, aujourd'hui, que les citoyens payent le fonctionnement d'une usine
d'épuration pour lancer de l'eau propre dans le fleuve à
Pointe-aux-Trembles sur un côté, alors que, l'autre bord, elle
n'est même pas dépolluée et tout cela va encore se
mêler ensemble. On ne peut pas payer pour rien. Il faut qu'en haut cela
soit dépollué avant qu'on en envoie de la propre. C'est sur tout
l'aménagement du programme que je m'interroge. Je ne sais pas quelles
réactions vous pouvez avoir à cela.
Mon intervention est peut-être longue, mais si je regarde les
intervenants qu'on a entendus jusqu'à maintenant, l'Union des
municipalités du Québec était d'accord pour une question
de marketing, c'est ce que j'ai retenu au niveau de l'UMQ. Les gens, je pense,
sont de plus en plus conscients d'une dépollution, mais au niveau du
marketing, pour l'UMQ, les citoyens, voyant que l'accès aux rives est
là, qu'on peut arriver aux rives, qu'on peut avoir une utilité
éventuelle de l'assainissement des eaux, vont avaler la facture plus
facilement. C'est ça, la position de l'UMQ.
Je vous dirai là-dessus qu'à mon point de vue, au niveau
municipal, actuellement, c'est une campagne de publicité monstrueuse.
Vous vous promenez n'importe où, vous arrivez dans n'importe quelle
municipalité au Québec... Je peux vous donner l'exemple de chez
nous; je suis sur la rive sud de Montréal, si je rentre à
Brossard par n'importe quelle route, la 132 direction est ou ouest, si je
rentre par l'autoroute des Cantons de l'Est, si je rentre par le boulevard
Taschereau, soit en venant de Laprairie ou de Longueuil, cela n'a pas
d'importance, j'ai une pancarte et je vais m'assommer dedans. C'est de la
pollution visuelle. Pourquoi? Parce qu'on dit: L'assainissement des eaux, un
programme de tant de millions, subventionné jusqu'à 90% par le
gouvernement du Québec. On n'a. jamais dit au monde, cependant, jamais
jusqu'à maintenant on n'a fait comprendre aux citoyens du Québec
que le coût de la dépollution - c'est bien beau de mettre des
structures - qui va être considérable, ils auront à le
payer.
C'est dans ce sens-là que l'UMQ vient parler du marketing. Le
marketing, c'est important pour faire avaler la facture au monde municipal,
après quelque temps, quand l'usine va être en opération.
À mon point de vue, c'est peut-être bien beau de le
présenter comme ça, mais quelle est la situation de fait
actuellement, considérant le pourcentage d'eau dépolluée
au Québec, considérant que certaines municipalités ont
aussi des difficultés à entrer dans le programme même pour
la mise en place des structures de dépollution, la mise en place de
collecteurs, la mise en place d'usines d'épuration? II y a des
municipalités qui ont reçu du ministère des Affaires
municipales une belle lettre leur disant: Vous voulez embarquer dans le
programme de dépollution des eaux, c'est bien beau, mais vous n'avez pas
la capacité financière de vous le payer. Qu'est-ce que le
gouvernement va faire dans ce cas? Va-t-il laisser ces municipalités de
côté? Je ne penserais pas. C'est là que je
dis que l'intervention du ministère devrait justement être
organisée au niveau de la dépollution des eaux et de
l'assainissement.
S'il y a une aide supplémentaire à apporter aux
municipalités, qu'on l'apporte à celles qui en ont besoin pour
entrer dans le programme de dépollution. Qu'on fasse la
dépollution à un certain degré plus haut. Si on a besoin
de faire des protections supplémentaires au niveau des rives, au niveau
de l'érosion, au niveau de l'encadrement forestier, je pense qu'une
politique provinciale serait beaucoup plus appropriée, avec un
règlement-cadre d'opération, que de laisser, par un pouvoir
habilitant, les municipalités, suivant leur désir, libres
d'entrer ou pas là-dedans. Il n'y a pas d'obligation d'y entrer. Cela
peut être un beau souhait, mais jusqu'à maintenant ce n'est pas
certain que les municipalités vont embarquer. Ce ne sont peut-être
pas celles qui en auraient le plus besoin pour protéger leur milieu qui
vont embarquer. Ce sont celles qui ont la capacité financière de
participer au tiers ou qui verront la nécessité d'y
participer.
M. Lapointe: II y a plusieurs volets dans votre intervention.
J'ai essayé d'en noter quelques-uns. Je vais intervenir sur
quelques-uns. Sans doute que Jean-Jacques va intervenir sur les autres. Le
premier élément, le premier commentaire qui me vient
spontanément, c'est de vous dire de cesser de regarder les pancartes et
de regarder ce qu'il y a sur les berges des lacs, sur les berges des
rivières et sur les berges du fleuve, de regarder le paquet de carcasses
qu'on peut retrouver sur ces berges, le paquet de déchets que les
municipalités et les citoyens ont jetés, ont
déposés là. Ce n'est pas par inadvertance, c'est par
manque de souci ou manque de civisme, d'une certaine façon, manque de
connaissance que l'eau est une ressource, manque de conscience, d'une certaine
façon.
Alors, je pense que c'est là qu'est le problème. C'est
déjà un élément majeur et c'est à cela qu'on
doit toucher, peut-être. La pollution visuelle est, bien souvent, aussi
importante que la pollution de l'eau. Dans le contexte, ces
éléments visuels doivent aussi faire partie de l'opération
d'assainissement comme telle. C'est un premier élément,
ça.
Vous avez parlé tantôt du manque de ressources. Je pense
qu'on n'a pas les mêmes statistiques au niveau du manque de ressources
professionnelles pour réaliser les ouvrages d'assainissement. En 1980,
l'Association québécoise des techniques de l'eau a produit une
étude qui traitait des impacts économiques du programme
d'assainissement et des besoins professionnels pour réaliser le
programme d'assainissement. Il a été démontré, en
1980, que, pour réaliser 500 000 000 $ de travaux par année,
ça prenait 1000 ingénieurs en assainissement. En 1984, si on fait
le recensement de ce qu'il y a comme disponibilité en génie de
l'environnement, en génie du traitement, il y a au-delà de 1200
personnes qui sont des spécialistes en traitement, au Québec.
M. Saintonge: Est-ce que vous parlez d'ingénieurs,
à ce moment-là?
M. Lapointe: D'ingénieurs en traitement, parce que, pour
le programme d'assainissement des eaux, ce ne sont pas seulement des
ingénieurs en traitement, ce sont aussi des ingénieurs en
mécanique, ce sont aussi des ingénieurs en structure, en
électricité. En fait, c'est une multitude d'ingénieurs,
une série de spécialistes qui interviennent d'une façon
globale, qui interviennent ensemble pour réaliser un programme
d'assainissement comme tel.
Qu'il manque des ressources, j'en doute. Si je regarde, même
aujourd'hui, on parle de croissance des coûts au niveau du programme
d'assainissement. Je vois encore que dans des municipalités il y a 23
entrepreneurs qui viennent soumissionner pour des projets de 1 000 000 $, 2 000
000 $, 3 000 000 $. C'est de façon courante, actuellement, si on fait le
tour de toutes les municipalités qui ont à présenter des
demandes de soumissions pour réaliser des parties de travaux. S'il
manque du monde pour réaliser ça, je ne le sais pas, ce n'est pas
ici. Parmi les gens de l'industrie de l'eau, qui sont membres de l'association
chez nous, il y en a qui ont des personnes dans leur bureau à ne rien
faire. Il y a des entrepreneurs qui ont des disponibilités et qui sont
prêts à réaliser des travaux.
Alors, comme je vous l'ai dit tantôt, il ne manque pas de
personnel pour réaliser pour 500 000 000 $ de travaux par année.
Je pense que c'est mal percevoir le marché que de dire qu'il manque des
gens et qu'on va devoir recourir à des ressources ailleurs ou qu'on va
devoir éventuellement aller acheter du matériel ailleurs ou des
choses comme ça.
Le programme d'assainissement des eaux, jusqu'à maintenant, ce
qu'il a fait, c'est qu'il a impliqué l'industrie
québécoise fondamentalement dans l'assainissement. J'avoue que,
dès le départ, il y a eu des lenteurs et c'est vrai, c'est ce qui
a peut-être manqué au programme d'assainissement, c'est ce qui a
fait perdre le pas, à un certain moment, au niveau du programme
d'assainissement. Mais, avec l'accélération qu'on a connue depuis
au moins deux ans, ce que cela a fait, c'est impliquer davantage les gens de
l'industrie de l'eau, les intéresser davantage à investir de
sorte qu'on produise du matériel chez nous et qu'on réalise un
programme chez nous, à notre façon. En
conclusion de cette partie d'intervention, je crois que le personnel,
les ressources dont on dispose actuellement sont en mesure de réaliser
beaucoup plus que ce qui est en train de se faire là.
Un dernier petit bout d'intervention et je passerai la parole à
Jean-Jacques. On a parlé de récupération des lacs et des
rivières. Je pense que, quand vous avez mentionné que cela peut
prendre cinq ans, dix ans à récupérer des usages, c'est
vrai que cela va prendre, à certains moments, cinq ans et dix ans
à récupérer certains usages. Plus que cela, il y a
certaines rivières dont - c'est mon opinion personnelle - la
rivière L'Assomption, qui ne seront pas récupérables pour
la baignade. Il y a des rivières au Québec qui vont avoir des
fonctions particulières. On pourra les utiliser à certaines fins
nautiques et è certaines fins de loisirs qui n'iront pas, si on peut
dire, jusqu'à la baignade. Il faut le concevoir et on va devoir vivre
avec ce problème. On a industrialisé des zones et des secteurs
riverains et, on est prêt à vivre avec avec les fonctions qu'on a
données à certaines rivières et à certaines
régions. Cela ne nous empêche pas de devoir faire certaines
interventions au niveau des berges qui longent les rivières. Cela ne
nous empêche pas de faire des interventions de dépollution dans
chacune des rivières.
Ce sont les éléments que j'avais à mentionner. Je
pense que Jean-Jacques peut continuer.
M. Duval: En fait, moi, c'est plutôt en conclusion. Nous,
en tant qu'association, depuis plus de 20 ans, on souhaite le programme
d'assainissement, on lance le signal d'alarme de la dépollution, on dit
que c'est nécessaire d'y participer et que c'est urgent. Donc, ce qu'on
veut, ce sont des actions. On peut bien toujours idéaliser toutes les
choses, mais ce qu'on voit actuellement, c'est qu'on est engagé dans le
programme d'assainissement et on est très heureux que cela fonctionne.
Ce n'est pas assez rapide à notre goût, c'est entendu, mais on
espère que cela va s'accélérer. Le programme Berges neuves
visé par le projet de loi 6 est la récupération des usages
et c'est une action positive qui s'inscrit encore dans le programme global de
la dépollution. Alors, sur ce plan-là, cela nous satisfait. En
dernier Heu, évidemment, comme on l'a déjà
mentionné, il y a la nécessité d'informer le public.
Vous disiez tantôt que les gens auraient à payer la facture
de la dépollution, mais, justement, par les études
récentes, il est prouvé que les gens ont un intérêt.
Avec toute cette publicité, peut-être qu'on ne les a pas rejoints
suffisamment et qu'ils ne sont pas encore assez conscientisés par le
problème de la pollution, mais il y a une percée importante qui a
été faite. Peut-être que, si on arrive à rejoindre
les gens complètement... J'ai personnellement assisté à
certaines présentations de protocoles d'entente à des
municipalités et, lorsque les gens prenaient conscience de la situation
réelle des eaux dans le Québec et plus localement, autour de leur
municipalité, je vous dis qu'il n'y avait pas d'opposition. Les gens
posaient des questions, mais y adhéraient complètement.
M. Saintonge: Oui.
M. Duval: Cette dimension-là, je pense qu'elle est
importante aussi.
M. Lapointe: J'ai un petit élément
complémentaire. C'est que vous avez parlé tantôt du
coût de la dépollution. Je pense qu'à notre association
jamais on n'a dit que cela ne coûterait pas quelque chose, la
dépollution. La contrepartie du coût de la dépollution,
c'est le coût de la pollution. Cela coûte quoi, actuellement, la
pollution? Cela coûte quoi en traitement d'eau potable dans chacune des
municipalités? L'opération eau potable au niveau du
Québec, c'est un "business" de 100 000 000 $ par année. Alors,
c'est 100 000 000 $ qu'on investit en produits chimiques de toutes sortes pour
traiter de l'eau qui en principe n'aurait pas à recevoir de traitement.
Ce sont des superusines avec, dans certains cas - on va prendre le cas de la
rivière L'Assomption -sept phases de traitement auxquelles on veut
ajouter cinq autres phases de traitement parce que les premières phases
de traitement sont en train de polluer encore plus l'eau et d'amener des
contaminants supplémentaires. Alors, c'est cela le coût de la
dépollution.
Finalement, l'intervention qu'on a à faire, c'est une
intervention d'action rapide. On doit intervenir maintenant. On est en retard
à ce niveau-là et je pense que ce que vient faire te projet de
loi 6 et, en fait, ce que vient faire le programme Berges neuves, il vient
d'une certaine façon accélérer la
récupération éventuelle de ces lacs et de ces
rivières-là. Si on doit attendre deux ans après le
délai de cinq ans qu'on s'est donné pour récupérer
une rivière, par exemple, c'est beaucoup trop long encore. Je pense
qu'on doit le faire maintenant.
M. Saintonge: D'accord. Sur les objectifs comme tels, on est
pleinement d'accord. Si je sais, par exemple, qu'au Québec il y a des
possibilités de faire de 500 000 000 $ à 600 000 000 $ par
année de travaux, il n'y a personne qui sera contre cela, mais ce que je
veux vous dire, c'est que les renseignements que j'ai pris, auprès
d'ingénieurs et auprès de firmes, me disent que c'est aberrant:
à 500 000 000 $ par année, cela ne marche pas et cela ne peut
pas se faire. Vous me dites le contraire. Peut-être que les gens
que j'ai consultés se sont trompés; j'irai en consulter d'autres
et j'irai vous voir. Mais mon autre question, quand même...
Une voix: Changez de jardin.
M. Saintonge: Laissez faire. On prend les informations qu'on peut
avoir, mais j'aimerais bien savoir si dans ce cadre-là on peut le faire
à ce rythme-là. Malgré la croissance depuis l'automne
1983, la prime à l'accélération qui a été
donnée pour les travaux depuis l'automne 1983, comment cela se fait-il
qu'en 1985, pour l'année courante, on en ait fait à peine pour
300 000 000 $? Je ne comprends pas cela. (16 heures)
M. Ouellette: Je vous expliquerai cela, monsieur.
M. Saintonge: C'est cela. Mon autre question, cependant: Pour
rester en ligne avec ce qu'on a vu dans les autres mémoires, vous
mentionnez la nécessité d'intervenir. Vous êtes d'accord
avec cela. Vous terminez même votre mémoire en disant que vous
êtes confiants "que le monde municipal saura mener à bien les
projets de réaménagement, tout en respectant l'écologie du
milieu aquatique". Vous êtes confiants, c'est un voeu pieux, je pense,
d'après ce que j'ai pu voir ce matin. Je vais vous dire pourquoi. C'est
la deuxième journée que nous entendons des gens et cela a
été une constante dans les interventions de ceux qui sont venus:
au niveau municipal, dans les diverses municipalités du Québec,
chez la population, il y a un manque de conscience vis-à-vis de
l'assainissement des eaux et de la protection de la ressource en eau. On
déplore les interventions incongrues de tout côté; on
déplore que les municipalités, dans certains cas, les MRC, les
ministères concernés, soit celui de l'Environnement, celui du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche et celui de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, n'interviennent pas d'une façon
plus positive, plus rapide pour bloquer des interventions dans le milieu
hydrique. On se plaint de cela. Ce sont des constatations qui ont
été faites.
À court d'eau, cela fait un an et demi à peine qu'ils
existent. Ils ont donné une liste énorme de situations qu'ils ont
relevées et qui ne sont pas corrigées. Là, ils disent: Si
vous mettez un plan comme celui-là en opération, un programme de
tel ordre, il nous apparaîtrait essentiel, au minimum, qu'il y ait un
règlement-cadre qui chapeaute tout cela et non pas des normes techniques
que le ministère va laisser, que les municipalités peuvent
décider d'intégrer ou pas dans le programme, etc. Si une
municipalité n'adhère pas au programme, il a beau y avoir des
normes techniques, des règlements qui existent au niveau de
l'Environnement, au niveau des municipalités par le biais des MRC, mais
ce n'est pas respecté. C'est ce qu'on se fait dire par la
Fédération québécoise de la faune, par FAPEL, par A
court d'eau. C'est ce que l'on peut lire dans certaines déclarations,
des interventions sur le milieu qui sont négatives. C'est dans ce
sens-là que je vous mentionnais tantôt - ce sont des domaines que
vous n'avez peut-être pas touchés dans ce que je vous posais comme
question tantôt - au niveau de la mise en place, est-ce qu'il n'y aurait
pas lieu, comme solution, qu'on ait plutôt un règlement-cadre
d'intervention par le ministère et, au lieu de favoriser une
intervention ponctuelle par les municipalités qui viendront
adhérer au programme, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu qu'on coordonne
davantage, si on veut, les interventions sur le milieu, au niveau d'un tel
programme, en y allant par priorités d'intervention?
M. Duval: Je pense que nous ne sommes pas contre un
règlement-cadre, loin de là. Seulement, on sait très bien
qu'actuellement les municipalités n'ont pas les outils pour intervenir
au niveau de l'aménagement de leurs berges et de leurs cours d'eau,
surtout qu'on sait qu'il y a des articles qui font référence
à la Loi sur les cités et villes et d'autres au Code civil.
À un moment donné, les municipalités qui sont
régies par la Loi sur les cités et villes sont dans une mauvaise
position, ce qui n'est pas le cas nécessairement pour les
municipalités régies par le Code municipal; c'est beaucoup plus
simple.
Je crois qu'il y a des municipalités qui font face à des
problèmes réels et locaux, qui vont être très
heureuses d'être en mesure d'agir dans ce cadre-là. Elles vont
pouvoir poser des actions. Maintenant, elles devront quand même se
conformer à leur règlement d'urbanisme, quand elles en ont un; si
elles n'en ont pas, elles devront se conformer au règlement
intérimaire de la MRC et, éventuellement, aussi, au
règlement d'aménagement du ministère de l'Environnement.
Donc, elles ne pourront pas faire ce qu'elles veulent, elles vont devoir quand
même suivre un cheminement normal et installer des infrastructures
conformes.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre de
l'Environnement.
M. Ouellette: Merci, M. le Président. Je voudrais corriger
ou apporter des précisions sur des propos qui ont été
tenus par mon vis-à-vis de l'Opposition. Il a affirmé tout
à l'heure que c'était une constante et que tous les groupes qui
sont passés - à part, bien sûr, l'Union des
municipalités - étaient contre le projet
Berges neuves. Ce n'est pas du tout ce que j'ai compris.
M. Saintonge: Je n'ai pas dit contre.
M. Ouellette: C'est ce que vous avez dit.
M. Saintonge: J'ai dit contre l'implantation actuelle. Je vais
être bien clair, dans l'Opposition, on est même d'accord avec cela.
Je pense qu'il n'y a aucun des groupements qu'on a entendus qui a dit qu'il
était contre le programme Berges neuves comme tel, dans le sens qu'ils
n'étaient pas contre un programme pour permettre la
"réaccessibilité" aux rives, pour permettre de travailler
à améliorer le milieu aquatique au Québec. Je pense que
personne n'est contre cela, il n'y a personne qui est contre la vertu, c'est
évident. Ce serait ridicule. Dans le cadre actuel des choses, par la
conscientisation qu'on a de plus en plus de la protection de l'environnement,
je pense qu'il n'y a personne qui est contre cela.
M. Ouellette: J'aime vous l'entrendre dire.
M. Saintonge: L'Opposition n'est pas contre cela, non plus. Le 5
décembre, prenez le discours que j'ai fait en Chambre, je n'ai jamais
dit que j'étais contre cette chose; j'étais contre la
façon dont on l'amènerait. C'est contre cela que j'étais.
Je pense que c'est cela, un peu en gros, ce que je retiens des gens qui sont
venus ici, qu'ils souhaiteraient plus un règlement-cadre, une
intervention structurée.
Cet après-midi, à la période des questions, on
parlait d'interventions de l'ordre de 200 000 000 $ et le ministre des Affaires
sociales a dit: On n'a pas 200 000 000 $ à "garrocher" n'importe
où, n'importe comment. Il faut planifier tout cela.
C'est un programme dans lequel on va mettre 170 000 000 $; plus l'argent
des municipalités, cela va faire un investissement de l'ordre de 250 000
000 $ au niveau de l'assainissement des eaux. Je pense que c'est de l'argent
dans le cadre actuel des choses par rapport aux priorités du
gouvernement. Je ne dis pas qu'on devrait enlever de l'argent à
l'assainissement des eaux, ce n'est pas cela que je veux dire. Mais l'argent
qu'on doit mettre dans l'assainissement des eaux, si on veut mettre 170 000 000
$ du gouvernement du Québec, plus 80 000 000 $ des citoyens du
Québec, c'est encore de l'argent public. L'argent des
municipalités, c'est le public qui fournit cela. Si on veut mettre 250
000 000 $ dans ce programme, je pense qu'on devrait coordonner les
interventions. L'Association des biologistes du Québec, ce matin, a dit
qu'elle était en faveur, mais elle a quand même dit qu'elle
voulait quelque chose de structuré, des interventions ponctuelles dans
une espèce de bassin donné, pas simplement par des
municipalités qui décident d'adhérer ou pas. C'est
cela.
M. Ouellette: Je vais répondre en partie à votre
question, qui est une réponse, dans le fond. D'abord, par exemple, tous
ceux qui sont rattachés de près ou de loin à la
fédération de la faune ont dit qu'ils étaient d'accord
avec ce programme, mais qu'ils souhaitaient voir adopter le plus rapidement
possible une loi qui protégerait les habitats fauniques. Donc, à
nous de faire la part des choses et de voir si le programme Berges neuves
menace les habitats fauniques. Si je me reporte aux propos de la FAPEL, la
FAPEL était également favorable au programme; elle
s'inquiétait de l'absence d'une loi-cadre et, notamment, vous l'avez
répété tout à l'heure, d'une politique
d'encadrement forestier. C'est bien sûr que la politique d'encadrement
forestier, on est en train de la préparer - on a d'ailleurs une
rencontre encore ce soir là-dessus - mais on a le droit, je pense, de
présumer ce que peut être une telle politique. Cela va être
de sauvegarder les encadrements forestiers naturels au moment, par exemple,
où Énergie et Ressources fait l'exploitation de sa forêt ou
de reboiser là où il y a eu déboisement excessif à
des fins agricoles, domiciliaires ou autres.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre, afin de bien
utiliser le temps qui reste, il reste quatre minutes pour l'organisme et M. le
président veut intervenir.
M. Ouellette: Juste en terminant, parce que je regrette de ne pas
pouvoir élaborer davantage, mais le député disait tout
à l'heure que le monde municipal n'était pas conscient du niveau
de pollution au Québec. Seigneur! il y a 294 municipalités qui
ont signé des protocoles d'entente avec le gouvernement. Elles ne l'ont
pas fait à l'insu de leurs citoyens, elles l'ont fait avec la
collaboration de leurs citoyens. Vous l'avez dit, je n'ai pas
rêvé.
M. Saintonge: J'ai cité des paroles qu'on a
prononcées ce matin. Le monde municipal ne semblait pas conscient de
cela, en parlant des interventions de ce matin.
M. Ouellette: Au moment où vous hochiez la tête en
guise d'acquiescement, c'est cela?
M. Saintonge: Non, non.
M. Ouellette: Et vous mettiez en doute aussi la capacité
qu'ont les firmes d'ingénieurs et autres de réaliser le programme
de 500 000 000 $, Je vous rappellerai qu'en 1975 il y avait au Québec la
construction de la Baie James, l'extension du métro de Montréal,
la construction du chantier olympique, la construction de Mirabel, tout cela,
dans une période de grand développement économique,
puisqu'on était en période de grande inflation, et tout allait
bon train. Si le monde de l'ingénierie au Québec a pu
répondre à toutes ces commandes en même temps, qui se
chiffrent par plusieurs 500 000 000 $, en passant, je ne vois pas pourquoi ce
même univers, aujourd'hui, ne pourrait pas répondre à des
commandes de l'ordre de 500 000 000 $ qui, de toute façon, sont
l'objectif qu'on s'est fixé pour l'an prochain.
Dernier point: vous mentionniez qu'il y avait beaucoup de pancartes
autour des municipalités, mais que les gens ne savaient pas qu'il y
aurait des coût d'opération qui seraient transmis aux citoyens
puisque le programme ne paie que 90% et que les coûts d'opération
sont laissés aux citoyens. Ce serait mettre en doute très
sérieusement le sens des responsabilités des élus
municipaux qui ne prennent tout de même pas leurs décisions dans
le sous-sol de l'hôtel de ville, mais qui informent leur population. S'il
y a eu 294 signatures de protocoles d'entente, c'est donc dire que ces gens
sont à la fois conscients du degré de pollution et informent
adéquatement leur population des retombées de la signature d'un
tel protocole d'entente.
Le Président (M. Marquis): M. Duval.
M. Duval: J'aimerais seulement apporter une nuance au niveau de
la loi-cadre que vous proposiez. Évidemment, depuis le début du
programme d'assainissement, on a vécu plusieurs ajustements et il ne
faudrait pas qu'une loi-cadre détermine un cadre tellement rigide qu'on
ne puisse pas y apporter les ajustements nécessaires. Un programme
d'assainissement, cela se vit un peu au jour le jour. On fait des
prévisions, mais il se produit toujours des événements, il
y a toujours un réaménagement à faire au sein de la
structure en fonction de la progression du programme ou des
éléments nouveaux qui apparaissent. Dans ce cadre, c'est la
flexibilité, en fait, qu'il faut protéger.
Le Président (M. Marquis): Messieurs les
représentants de l'Association québécoise des techniques
de l'eau, je veux vous remercier de votre présence et de votre
témoignage, au nom de tous les membres de la commission.
J'inviterais maintenant les représentants de la
Société pour vaincre la pollution à se présenter
pour leur témoignage.
Société pour vaincre la
pollution
M. Green (Daniel): J'aimerais tout d'abord m'excuser
auprès de la commission d'avoir utilisé votre porte. Je ne le
savais pas. Je vais vous dire bien franchement que c'est la première
fois que je témoigne devant une commission parlementaire; alors, je ne
connais pas les subtilités du protocole. Excusez-moi.
M. Saintonge: Vous êtes tout excusé et on vous
souhaite la bienvenue.
M. Green: J'aimerais, premièrement, dire à la
commission que je n'ai pas pu, faute de temps - on est en pleine
préparation de la venue du président américain sur le
dossier des pluies acides -mettre par écrit nos commentaires, d'une
part. D'autre part, on n'a pas, comme telle, une position qu'on pourrait
qualifier de ferme, mais ce sont simplement des commentaires dont on aimerait
faire bénéficier un peu la commission.
Premièrement, la 5ociété pour vaincre la pollution
a été un peu prise de court par ce projet de loi et aussi par le
programme Berges neuves. On comprend que le programme se situe dans la
stratégie du programme d'assainissement établi par le
comité Saint-Laurent en vue, finalement, de redonner les usages. On
assainit l'eau et, après, on essaie de redonner l'usage à la
ressource eau en démocratisant, en rendant plus accessible, en rendant
plus agréable le littoral autour de nos cours d'eau assainis.
On a regardé le projet de loi 6. Comme tel, le projet de loi 6
est un projet de loi purement administratif. Ce n'est pas cela qui est l'objet
des discussions. Il faudrait plutôt regarder le corps qui va faire que le
projet de loi 6 va être véritablement un outil; c'est le programme
Berges neuves comme tel. Ce n'est pas tout à fait une commission sur le
projet de loi 6. C'est plutôt, je pense, une commission sur un programme.
Ce qui est très intéressant, c'est la première fois qu'on
peut discuter en commission parlementaire d'un programme du ministère de
l'Environnement, qui n'est pas un projet de loi, ni un projet de
règlement.
Si on regarde simplement les échéanciers, j'ai des
commentaires très généraux. Pour un programme aussi
important que la démocratisation et la réhabilitation
écologique de nos berges, je crois que donner une date limite de 60
jours aux groupes de citoyens pour présenter un plan et de là
demander au gouvernement du Québec, demander aux municipalités de
présenter un programme dans, peut-être, une trentaine de jours et
demander au ministère de l'Environnement d'évaluer ces programmes
dans 30 autres jours pour permettre le début des travaux à
l'automne 1985, c'est vraiment
trop court, d'une part. (16 h 15)
D'autre part, on voit, que voulez-vous, qu'on ne peut pas faire
autrement qu'identifier ce programme à des fins un peu partisanes,
à des fins un peu électorales tant du point de vue provincial que
du point de vue municipal, car, si je ne m'abuse, je crois qu'il va y avoir
beaucoup de municipalités qui vont être en période
d'élection à l'automne 1985 et je ne voudrais pas qu'un programme
aussi important que celui-ci soit galvaudé dans une scène, dans
une mascarade électorale. Trop souvent, je crois que les grands projets
environnementaux ont eu des fins autres qu'écologiques, des fins de
partisanerie politique, et je trouve cela dommage.
En ce qui concerne les municipalités, avoir la maîtrise
d'oeuvre, je crois que c'est un peu dangereux. Je ne pense pas qu'actuellement
les municipalités du Québec ont l'expertise maison pour faire ce
type d'aménagement. Elles vont devoir aller voir des consultants. On a
eu des problèmes, notamment, au programme d'assainissement des eaux avec
la Société nationale d'assainissement des eaux - je pense que
l'AQTE, d'ailleurs, a été mise au courant un peu - où,
finalement, les consultants offraient à des municipalités des
choses qui ne répondaient pas tout à fait à leurs besoins.
C'est même pour cette raison qu'on a créé la
Société nationale d'assainissement des eaux, pour, justement,
éviter les abus, éviter d'avoir des méga usines,
clés en main, qui ne répondaient pas comme telles au besoin de la
municipalité. On a peur maintenant que la même chose arrive.
M. Ouellette: II n'y a aucun projet clés en main.
M. Green: Non, mais cela a été discuté. Je
sais que les promoteurs, les consultants voulaient avoir des projets
clés en main et c'était un peu pour cela qu'on a vu l'apparition
de la SNA. J'ai peur que cela puisse arriver, que la même situation se
présente où des consultants, des aménagistes vont
présenter de véritables méga projets d'aménagement
qui, très souvent, ne vont pas répondre aux besoins des citoyens
et qui vont finalement dépasser les objectifs modestes, si on veut, de
la réhabilitation écologique de nos berges.
Dans le projet Berges neuves, on parle du dragage exclu. La
5ociété pour vaincre la pollution a fait une intervention
publique, récemment. Nous avons publié une carte... Oupsï
J'ai fait un déversement. Appelons Urgence-Environnement. C'est de l'eau
de Québec.
Vous avez tous entendu parler de notre carte. Je me demande comment le
journal de la commission va rapporter cela. Le témoin tient sa carte
ouverte. Cela va être écrit verbatim. Donc, voici la carte du
fleuve. Vous voyez les zones rouges dans le fleuve. Alors, ces 2ones rouges
représentent des zones de sédiments contaminés. Lors de la
consultation qu'on a eue avec le ministre Brassard, le ministre du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche, on a fait remarquer au ministre, lors des
auditions, des consultations sur le projet Archipel, qu'on est tous d'accord
pour rendre accessibles nos cours d'eau pourvu que la qualité du cours
d'eau qui est maintenant rendu accessible soit vraiment utilisable.
Alors, pour continuer dans la lignée du programme
d'assainissement qui veut nous redonner l'usage de nos cours d'eau, ce n'est
pas en aménageant une rive qu'on peut dire aux pêcheurs: Vous
pouvez pêcher des poissons, pêcher de la rive en toute
sécurité. Comme je l'ai dit au ministre Brassard, il serait
dangereux pour la santé publique d'ouvrir des zones à la
pêche sportive quand ces zones ont des poissons tellement
contaminés que la consommation des poissons pourrait è long terme
affecter la santé des pêcheurs québécois. Je crois
qu'au niveau du programme Berges neuves il faudrait faire très attention
afin d'identifier les zones très contaminées et de presque les
exclure du programme Berges neuves jusqu'à ce qu'il y ait une
réhabilitation toxicologique totale de ces zones contaminées.
Michel Lamontagne, qui est juste là à côté,
travaillait au comité Saint-Laurent. Il est au courant de l'étude
de M. Sérodes qui a proposé un plan d'intervention au sud du lac
Saint-Louis. Il est venu au local à la suite de notre envoi, en 1978, je
pense, à tous les députés du Québec de poissons du
lac Saint-Louis contaminés au mercure. Michel est venu avec André
Cayer rencontrer la SVP pour nous présenter finalement le plan de
réhabilitation du lac Saint-Louis. Ce plan dort encore sur les
tablettes. Les études faites par l'Université du Québec
démontrent très clairement que les sédiments sont
tellement contaminés dans le lac Saint-Louis qu'il serait difficile pour
les municipalités, par exemple, de Maple Grove, de Châteauguay ou
de Beauharnois de présenter un programme Berges neuves afin de rendre
accessible le sud du lac Saint-Louis à la population. Je crois que ce
serait dangereux parce que les pêcheurs sportifs qui pourraient s'y
aventurer mangeraient les poissons de leur prise. Cela pourrait être
dangereux, à moins que le gouvernement du Québec ne veuille
mettre une affiche interdisant la consommation de poisson au sud du lac
Saint-Louis.
Il faudrait faire attention. Le ministère de l'Environnement a
fait plein d'études dans le réseau de surveillance des substances
toxiques dans le milieu aquatique. On identifie, par exemple, le regroupement
des
contaminants dans l'eau des rivières Richelieu, Yamaska,
Saint-François, Rivière-du-Nord, Outaouais, la région, par
exemple, autour du lac Aylmer, du lac Saint-François, la rivière
Bécancour. Dans toutes ces rivières, il y a une forte
contamination par les rejets industriels. Actuellement, le programme
d'assainissement ne répond pas à ces types de rejets; et
même si les rejets cessaient demain, il faudrait faire de la
réhabilitation écologique en faisant un dragage - on parle d'un
dragage thérapeutique - des sédiments contaminés pour
redonner l'usage de ces zones. Malheureusement, le programme Berges neuves n'en
parle pas. On va dire: Le programme Berges neuves parle des berges. Non. Dans
tout ce que j'ai lu, on parle aussi du lit de la rivière. Il faut
décontaminer plusieurs lits de rivières au Québec et cela,
tant au point de vue de la récréation qu'au point de vue de la
santé publique, parce que les mêmes études sur les
déchets organiques dans les eaux des rivières du Québec
disent que, dans plusieurs cas, l'eau potable est contaminée par des
substances dangereuses. Ce sont des recommandations qu'on mentionne dans les
rapports publiés par le ministère.
Autre chose: je pense que la SVP ne peut pas passer cela sous silence.
Nous avons pris une position partielle sur Berges neuves lors de notre appui
aux campeurs du lac Osisko, les membres du RAJ qui ont fait le campement sur le
lac Osisko devant la cheminée de la division Horne de Mines Noranda, et
on a parlé finalement du volet travail communautaire du programme Berges
neuves. La SVP croit qu'un projet aussi important que la démocratisation
et le réaménagement de nos berges ne doit pas être fait,
finalement, par des assistés sociaux à 2, 50 $ l'heure. Je crois
que peut-être que le ministère de l'Éducation pourrait
être convaincu d'offrir un certificat ou même une technique de
réaménagement, de terrassement, d'intervention sur notre
littoral. Je pense qu'on improvise un peu en offrant à une population de
jeunes démunis... Laissez-moi vous dire: J'ai moins de 30 ans et si je
n'avais pas la chance de travailler à la Société pour
vaincre la pollution, je ne sais pas comment je pourrais vivre avec la pitance
qu'offre le gouvernement à un jeune de mon âge. Je connais mes
besoins. Donc, je crois qu'il faudrait faire attention. Si le gouvernement est
sérieux, à long terme, je crois qu'il faudrait peut-être
retarder le programme comme tel pour permettre une formation des intervenants
dans le milieu afin qu'ils sachent un peu ce qu'ils font. La maîtrise
d'oeuvre aux municipalités est une chose; les vérifications du
ministère de l'Environnement, c'est une autre chose. Mais ceux qui vont
faire les travaux sur le terrain vont devoir être du monde
compétent pour éviter les abus. Je vais même aller plus
loin en disant: Pour éviter les accidents. Je sais que dans le programme
ONET on a une hantise des noyades et des accidents. On sait que, dans plusieurs
de ces zones, les techniciens du service de la faune, qui font des
aménagements, des ensemencements, doivent être piqués
contre la typhoïde, le choléra parfois et le tétanos pour
ainsi éviter les infections dans nos rivières si
contaminées au Québec. Est-ce que les départements de
santé communautaire vont offrir un programme d'inoculation contre la
typhoïde à tous les jeunes qui vont jouer sur nos rives et nos
rivières contaminées? Ce sont de petits problèmes comme
cela qu'on voit.
Actuellement, la Société pour vaincre la pollution n'est
pas convaincue que le programme d'assainissement des eaux est assez
avancé pour permettre un investissement de 170 000 000 $. Pour que cela
en vaille la peine, je crois qu'il faudrait prendre notre temps. Le projet est
un bon projet, mais je crois qu'on va un peu trop vite. Si
l'échéancier prévoit que les travaux vont commencer en
septembre 1985, je crois que c'est trop tôt car nous n'aurons pas le
temps d'évaluer chaque projet.
D'autre part, des expériences similaires ont été
faites aux États-Unis; on parle de "basin commissions". Peut-être
que cela aussi devrait être étudié par le gouvernement
avant de mettre quoi que ce soit en application. Le programme d'assainissement
fonctionnait par bassin; pourquoi le programme Berges neuves ne pourrait-il
pas, lui aussi, fonctionner avec l'unité hydrographique du bassin,
même s'il fallait créer des commissions de bassin? Nous avons
aussi les MRC qui devraient avoir leur mot à dire dans
l'intégration des différents types d'aménagement.
Dans le projet, on parle de génie hydraulique, de seuil et de
barrage. J'ai un exemple. Le barrage, je pense, s'appelle Mathieu-D'Amours sur
la rivière Matane. Ce barrage a essuyé des critiques continuelles
des pêcheurs sportifs de la région à cause de son impact
sur la remontée du saumon. Cela a demandé des investissements
pour corriger cette situation en déplaçant des bancs de sable ici
et là et, évidemment, en faisant une échelle pour le
saumon. Encore aujourd'hui, beaucoup de pêcheurs locaux disent que le
barrage Mathieu-D'Amours nuit à la montaison du saumon dans la
rivière Matane. Nous avons vu la municipalité de Matane tenter de
faire un aménagement, mais c'était un aménagement que je
considère très artificiel, malheureusement. Je pense que cet
aménagement, en fin de compte, a peut-être nui à la
rivière Matane.
Finalement, dans le Devoir d'aujourd'hui, nous avons une annonce sur le
programme Berges neuves. C'est dommage
que Tony LeSauteur ne soit pas ici, parce que, si Tony LeSauteur avait
vu l'artificialisation de cette rive... Nous avons une rive avec de l'herbe,
aucun arbre. On voit que le couvert forestier est reculé très
loin et on voit un exemple de ce que ne devrait pas être le programme
Berges neuves. M. le ministre, il faudrait peut-être que vous parliez
à vos artistes pour que vos artistes soient au moins au courant du
programme et de l'éducation qu'a faite le programme des lacs pour
justement éviter une représentation picturale non
écologique de ce que, on espère, pourra être à long
terme le programme Berges neuves. Je ne sais pas à quel page, mais c'est
dans le Devoir d'aujourd'hui.
En terminant, la SVP aimerait réitérer que ce dont nous
avons besoin au Québec, c'est effectivement d'une loi. Là, je
parle d'une loi... Très souvent, on parle de loi, de règlement,
de législation. C'est un peu galvaudé, mais je pense qu'on a
effectivement besoin d'une loi qu'on pourrait appeler la loi de la protection
du littoral. La FAPEL l'a demandée, le Conseil québécois
de l'environnement a écrit, je pense, un de ses avis sur la protection
du littoral. Je pense que c'est important. (16 h 30)
Aussi, je crois que le Québec est devenu, d'après ce que
j'ai entendu du moins du programme des lacs, de l'équipe de Tony
LeSauteur, une expertise peut-être nord-américaine, sinon mondiale
sur "comment prendre un lac malade et le rendre en santé". Je crois
qu'on a actuellement au ministère de l'Environnement, une expertise pour
évaluer au mérite chacun des projets présentés. Il
faut se donner le temps pour le faire cependant, il ne faut pas improviser. Il
ne faut surtout pas accélérer le programme Berges neuves pour des
fins électorales parce que ce ne sera pas un service à rendre aux
Québécois, à la ressource eau du Québec et
même au programme d'assainissement des eaux.
Je crois que j'ai tout dit ce que j'avais à dire. Je serais
prêt à répondre à vos questions. Merci.
La Présidente (Mme Bacon): Merci, M. Green. M. le ministre
de l'Environnement.
M. Ouellette: Merci, Mme la Présidente. M. Green, je vais
essayer de répondre à certaines de vos objections ou aux points
d'interrogation que vous avez soulevés.
D'abord vous parlez d'un délai de 60 jours pour soumettre des
dossiers et de 30 jours pour les analyser. Je vous rappelle que le programme
Berges neuves porte sur trois ans. Si nous avons fixé un premier
délai de 60 jours c'est pour accepter un certain nombre de projets
dès cette année, et en particulier dans le volet nettoyage qui
requiert passablement moins d'études puisqu'il serait assez difficile de
planifier dans le détail le nettoyage d'une rive d'une rivière.
Donc, le programme s'étale sur trois ans, ce qui laissera amplement de
temps à quelconque groupe qui ne serait pas prêt. Et là, je
vous fais remarquer qu'il y en a plusieurs qui sont prêts depuis
plusieurs années, qui attendaient la venue de ce programme-là. Je
pense par exemple au Comité CHARMES de Sherbrooke qui travaille
assidûment sur un projet depuis une dizaine d'années. Inutile de
vous dire que ces gens sont déjà prêts. Donc, ce premier
délai de 60 jours vise à accepter un certain nombre de projets
qui seront analysés et qui pourront être réalisés en
partie dès la première année.
Votre deuxième remarque sur les fins électorales, je
comprends que chaque fois qu'un gouvernement fait quelque chose on peut
toujours prétendre qu'il fait ça pour les prochaines
élections, mais si on élargit le moindrement ce raisonnement il
ne faudrait plus rien faire entre les élections parce qu'on va se faire
taxer d'être en période électorale perpétuelle, ce
qui ne serait pas très bien, j'en conviens.
Quant au monde municipal il est en élection un peu partout dans
ta province à chaque année alors ce serait difficile, il faudrait
toujours reporter d'un an ou s'organiser pour qu'un programme gouvernemental
qui couvre l'ensemble des municipalités soit interdit dans la
municipalité X sous prétexte qu'au mois de novembre suivant il y
aura des élections municipales. Je ne retiens pas comme très
très sérieuse cette remarque-là; en tout cas ce n'est pas
ce qui m'a personnellement habité. Au contraire j'y ai vu là un
volet complémentaire au programme d'assainissement des eaux et j'ai
tenu, dans les plus brefs délais, à le mettre en place de
façon à ce qu'il puisse être appliqué le plus
rapidement possible pour coïncider, autant que possible, avec la fin du
programme d'assainissement des eaux.
Évidemment il y a toutes sortes d'objections ou
d'inquiétudes qui ont été soulevées par
différents intervenants, mais vous nous dites: Je ne suis pas convaincu
que les municipalités ont nécessairement l'expertise. Avec vous
je suis d'accord. C'est bien évident que les 1550 municipalités
du Québec n'ont pas à leur service des biologistes, des
ingénieurs sanitaires, des ingénieurs hydrauliques, ça va
de soi. Mais elles peuvent toujours d'adresser à des firmes de
consultants, et le Québec n'en manque pas. C'est spécifiquement
prévu au programme Berges neuves, puisqu'il y a une partie de 25% qui
est justement consacrée à ce genre d'intervention auprès
des consultants et cette partie-là est
subventionnée aux deux tiers. C'est donc pour permettre aux
municipalités de s'adresser à la compétence dont nous
disposons au Québec.
Vous semblez hésiter, à savoir est-ce que les consultants
sont suffisamment nombreux pour répondre à la demande? Je ne suis
pas inquiet du tout. À la quantité d'ingénieurs que nous
avons au Québec, il y en a plus de 24 000 qui oeuvrent dans tous les
secteurs, nul doute qu'on va trouver des firmes compétentes et
spécialisées, capables de répondre aux commandes, d'autant
plus que chacun des dossiers sera supervisé d'abord par la Direction
générale du ministère de l'Environnement. Vous souligniez
tout à l'heure la compétence qu'on retrouve au ministère,
notamment à la Direction des lacs et des cours d'eau. Donc, une
première supervision se fera là et une deuxième se fera au
central, avec des représentants non seulement de l'Environnement mais
aussi du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, et le
tout sera chapeauté par le comité de supervision qui, lui,
regroupera des gens du ministère de l'Agriculture, notamment, puisqu'ils
peuvent être impliqués, d'Énergie et Ressources et de
d'autres ministères qui peuvent être concernés par ce
programme-là.
J'ai retenu une chose qui, au premier abord, m'a fait un peu sursauter,
mais en y pensant de plus près je pense que ce n'est pas si bête.
Vous disiez: Nos cours d'eau sont contaminés par des déversements
de produits chimiques qui se sont effectués au cours des 20, 30 ou 40
dernières années, dépendant des bassins, et il ne sera pas
possible de réhabiliter ces cours d'eau à moins d'y effectuer des
dragages que vous avez qualifiés de thérapeutiques.
Je me demande - et je pense que je connais la réponse - si vous
ne souhaitez pas qu'à un moment donné on ajoute comme volet
additionnel au programme Berges neuves, peut-être pas tout de suite selon
vos dires puisque la dépollution n'est pas terminée, qu'on ajoute
en troisième année, par exemple, un volet qui pourrait s'appeler
dragage thérapeutique. Je vous rappelle cependant qu'il y a plusieurs
écoles de pensée là-dessus. Plusieurs prétendent
que c'est plus dangereux qu'autre chose que d'aller draguer. J'aimerais avoir
votre réaction là-dessus.
En ce qui a trait au volet nettoyage et à la
référence que vous avez faite aux jeunes de RAJ et du lac Osisko,
j'ai eu l'occasion d'abord de rencontrer ces jeunes il y a peut-être un
mois et de leur faire connaître ma position sur leur plainte qui,
à toutes fins utiles, est double. La première: Ils regrettent que
ce volet communautaire ne leur permette pas d'atteindre le niveau de
parité par rapport aux jeunes bénéficiaires de l'aide
sociale de 30 ans et plus. Leur deuxième regret c'est que finalement le
salaire qui leur serait versé dans le cadre du programme Berges neuves
n'atteigne pas le seuil du salaire minimum.
Je leur ai fait savoir à ce moment que j'avais contacté ma
collègue, Mme Marois, pour faire en sorte de corriger le programme
Berges neuves et peut-être l'autre volet du programme de Mme Marois qui
s'applique à l'ensemble des travaux communautaires, pour faire en sorte
qu'on puisse atteindre les deux objectifs poursuivis par RAJ. Ce qui voudrait
dire, par exemple, une diminution des heures de travail requises et une
augmentation du montant mensuel qui leur est versé pour leur permettre
d'atteindre la parité.
Tout ceci est encore en discussion avec Mme Marois. J'abonde dans ce
sens et j'espère bien qu'on puisse en venir rapidement à une
entente avec le ministère de Mme Marois pour qu'on puisse
réaliser ces deux voeux qui, quant à moi, sont fondés.
Vous souhaitiez également que le programme Berges neuves
s'applique par bassins. Nous avons prévu cela sans pour autant penser
créer rapidement des comités de bassin. Nous avons fait en sorte
que les projets soient soumis préalablement aux directions
régionales du ministère de l'Environnement. Il se trouve
cependant que certains cours d'eau débordent le territoire d'une
région. Nous avons convenu à ce moment de mettre en commun les
ressources de plusieurs régions qui touchent le même bassin de
façon à assurer une cohérence des propositions qui nous
seront faites dans plusieurs municipalités, dans le même bassin
mais à l'extérieur d'une région par rapport à
l'autre. Il y aura donc une concordance faite entre les différentes
directions régionales pour qu'un premier choix se fasse dans l'esprit du
respect de ces bassins.
Une dernière remarque c'est celle des barrages qui vous
inquiètent. Vous parliez d'un barrage presque amoureux sur la
rivière Matane. Je vous rappelle simplement que les barrages dont on
parle dans le programme Berges neuves ne sont pas des barrages importants. On
ne veut surtout pas remplacer Hydro-Québec. Il s'agit tout simplement de
mini-barrages de régularisation des eaux qui, dans certains cas, sont
appropriés - là encore les écoles de pensée
divergent, j'en conviens - et qui visent essentiellement à
protéger certains tronçons de rivières contre les
périodes d'étiage, donc en maintenant un minimum d'eau pour
assurer la survie de la faune aquatique et de la flore également, tout
en évitant les mauvaises odeurs qui peuvent se dégager durant ces
périodes de basses eaux.
Là-dessus il n'est pas question d'accepter des projets
d'envergure. LG 1 est exclu de cela, je vous l'assure. Il s'agit plutôt
de barrages seuils et modestes.
M. Green: Et des ouvrages comme, par exemple, celui à
Savage Mills sur la rivière Yamaska, qui est devenu maintenant le parc
Yamaska.
M. Ouellette: Trop gros, me dit-on. Cela ne peut être
acceptable dans le programme Berges neuves.
M. Green: D'accord.
M. Ouellette: Voilà. Merci.
Une voix: C'est quoi le coût?
La Présidente (Mme Bacon): Voulez-vous répondre,
s'il vous plaît ?
M. Green: Oui, je peux répondre.
La Présidente (Mme Bacon): M. Green, allez-y.
M. Green: D'accord. Si je comprends bien il y a 40 000 000 $ qui
doivent être dépensés dans l'année fiscale
gouvernementale 1985-1986, n'est-ce pas?
M. Ouellette: Autour de, oui.
M. Green: Qui doivent être dépensés.
M. Ouellette: C'est un objectif.
M. Green: C'est un objectif. Donc si je comprends bien, pour
simplement avoir un peu plus de précision sur
l'échéancier, les groupes présentent leur projet. Ils ont
1500 $ ou moins. Cela leur permet de présenter leur projet à la
municipalité. Cela n'empêche pas non plus que les
municipalités elles-mêmes présentent un projet directement
au gouvernement. Alors la direction régionale fait un peu le
ménage dans les projets, on présente les projets pour une
vérification environnementale, on dit: Cela va et on s'engage avec les
coûts; le ministère dit: On paie ceci, tel pourcentage etc., vous
empruntez le reste, on s'entend sur les modalités.
Je ne vois pas comment on peut entreprendre les travaux. Et
présentement, on parle des travaux sur l'environnement riverain, sur le
littoral, avant l'automne. Car ce sont les périodes de glace, donc on ne
peut pas faire cela. Je ne vois pas, entre le 1er avril 1985 et le 31 mars
1986, comment vous allez dépenser 40 000 000 $, dans le programme Berges
neuves en faisant attention.
M. Ouellette: Puis-je répondre tout de suite? Nous tenons
pour acquis qu'un certain nombre de projets sont déjà
prêts. Je donnais comme exemple celui du comité CHARMES de
Sherbrooke qui à lui seul commande des travaux de 2 000 000 $
étalés sur trois ans. L'ensemble des travaux va coûter
autour 2 000 000 $...
M. Saintonge: II y a un engagement d'un paquet de millions du
ministère.
M. Ouellette: Non, ne mêlez pas les pommes avec les
carottes, comme dirait votre collègue de l'Assemblée nationale.
On parle d'un projet global de 2 000 000 $ ou à peu près, avec
une participation financière du programme Berges neuves pour les deux
tiers. Certains éléments de ce projet ne sont pas admissibles au
programme Berges neuves et devront être financés ailleurs. Mais le
tout, il me semble que c'est autour de 2 000 000 $.
Je sais qu'il y a d'autres projets de cette nature, notamment dans la
région de Montréal, à ville d'Anjou. Je sais que la ville
de Granby aussi a quelque chose de prêt. Donc, nous avons supposé
qu'un certain nombre de ces projets étaient déjà
prêts et nous avons dégagé une marge de 40 000 000 $ pour
répondre au plus grand nombre d'entre eux. S'il n'y en a pas pour 40 000
000 $, on en fera pour 30 000 000 $ ou pour 20 000 000 $, peu importe, mais il
n'est pas question d'accepter des projets qui ne seraient pas vraiment bien
préparés.
M. Green: Est-ce qu'on pourrait savoir de votre part quel est
l'échéancier de nouveaux projets? Quel est
l'échéancier que le gouvernement se donne pour autoriser le
début des travaux d'une proposition d'aménagement?
M. Ouellette: Je comprends mal.
M. Green: Le programme a débuté officiellement, on
avait jusqu'au 4 mars.
M. Ouellette: Cela va être très variable. Cela va
dépendre de l'état d'avancement du dossier. Il n'est pas exclu
que certains projets puissent être scindés de façon
à accepter certains volets et à retarder d'autres volets sous
prétexte qu'ils ne sont pas prêts à nos yeux ou
inacceptables par rapport à nos critères. Cela va être
très très variable.
M. Green: M. le ministre, notre souci se situe dans les 40 000
000 $ et l'empressement de les dépenser dans des projets qui n'auraient
pas eu le temps d'être évalués pleinement par votre
ministère. Finalement, ce qui me fait un peu peur dans le programme,
spécialement dans la première année de l'opération,
c'est l'accélération des demandes et des programmes. J'ai peur
qu'il y ait de l'abus dans un programme trop rapide, de l'abus qui va
être difficilement
réparable. On a déjà vu des erreurs.
M. Ouellette: Les gens qui vont étudier chacun des
dossiers et qui vont recommander leur approbation ou leur refus sont parmi les
gens les plus compétents à la fois au ministère de
l'Environnement et au ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. C'est donc dire qu'on va s'en remettre à leur
compétence, à leur conscience professionnelle et à leur
expérience dans le domaine.
C'est bien sûr qu'il va y avoir des pressions qui vont s'exercer
pour que des dossiers soient acceptés rapidement, pour qu'on puisse
commencer. Je m'en remets à la conscience professionnelle de mes
fonctionnaires compétents pour porter les jugements appropriés et
n'autoriser que les choses environnementalement acceptables et conformes
à nos critères d'ailleurs.
M. Green: On a vu dans certains cas, par exemple, dans
l'expérience au niveau des études d'impact, que votre service
d'analyses et d'études d'impact émet un avis de conformité
affirmant que l'étude d'impact est conforme aux directives. Très
souvent, il y a eu des abus là-dedans qui ont souvent été
soulignées au BAPE. On a un peu peur que, peut-être, la même
situation se produise. C'est la raison pour laquelle, peut-être, dans
certains projets proposés par des municipalités ce serait bon de
les inscrire dans la procédure d'étude d'impact. (16 h 45)
M. Ouellette: Je suis un peu étonné de vous
entendre dire que très souvent il y a eu des abus de la part du
ministère dans son empressement à accepter comme conformes les
études d'impact. À ma connaissance, il n'y en a pas eu bien des
douzaines. Par contre, il y a eu aussi l'inverse.
C'est sûr que lorsque le ministère de l'Environnement
émet une directive auprès d'un promoteur pour qu'il
réalise une étude d'impact, il se peut que tous les volets
subtils ne soient pas nécessairement prévus au moment de
l'émission de l'avis. Il arrive fréquemment qu'une fois que
l'étude d'impact est déposée, en l'étudiant
à fond, on s'aperçoive que certains volets ont été
oubliés, ou n'ont pas été jugés importants, alors
qu'ils le deviennent à la lecture de l'étude d'impact. C'est
alors qu'on s'empresse d'émettre des avis additionnels ou de poser des
questions additionnelles aux promoteurs pour avoir le maximum de
réponses afin que les gens qui auront à se présenter en
audience publique puissent obtenir ces réponses de la part du promoteur.
À ma connaissance, le ministère de l'Environnement a toujours
été très sévère sur les directives
premières, mais il est arrivé à l'occasion qu'on ait eu
à poser des questions additionnelles parce que les sujets étaient
fort complexes. Je pense, par exemple, à la tordeuse de bourgeons de
l'épinette: plus les discussions avançaient, plus on fouillait,
plus on s'apercevait que c'était complexe et qu'on faisait appel
à des données très détaillées. C'est
pourquoi on a pris l'habitude dans ce dossier de multiplier les questions. Si
on avait attendu d'avoir la dernière des dernières
réponses, probablement qu'il n'y aurait jamais eu d'audience
là-dessus.
M. Green: M. le ministre, vous avez dit dans le programme que
seules les municipalités qui ont signé une entente et qui
s'engagent dans l'assainissement de leurs eaux vont pouvoir
bénéficier du programme Berges neuves.
M. Ouellette: Non, ce n'est pas exactement cela. Toutes les
municipalités qui ont des rives et qui n'ont pas refusé...
M. Green: Qui n'ont pas refusé.
M. Ouellette:... qui n'ont pas refusé de participer au
programme d'assainissement des eaux.
M. Green: Vous ne pensez pas que peut-être ce serait
intéressant d'utiliser le programme Berges neuves un peu comme
l'appât, c'est-à-dire qu'on vous offre de l'eau propre mais on
vous offre aussi des berges propres; de l'utiliser finalement comme un levier
un peu plus agressif. C'est-à-dire que dans les municipalités,
par exemple, qui ont des égouts collecteurs, qui. ouvrent sur des usines
d'épuration inexistantes, peut-être qu'une condition pourrait
être que nous gardions, nous tablions votre projet et le jour où
votre usine d'épuration va être en marche, tes crédits vont
être débloqués pour vous permettre d'aménager vos
rives. Pensez-vous que cela pourrait être un moyen?
M. Ouellette: Nous y avons songé à cette formule
mais on a découvert, rapidement d'ailleurs que nous risquerions
d'être discriminatoire à l'endroit de certaines
municipalités compte tenu du fait que le programme d'assainissement des
eaux s'est d'abord implanté dans un bassin précis, celui de la
rivière Yamaska et que par la suite on a procédé d'amont
vers l'aval. Il se trouve que des municipalités importantes en aval
viennent à peine d'être inscrites à la programmation du
Trésor et auraient des travaux importants à réaliser. Si
elles ne sont pas rendues plus loin dans leurs travaux préliminaires,
c'est qu'elles n'ont pas été retenues immédiatement
à la programmation du Trésor. Donc, il y aurait eu risque de
conflits...
M. Green: Non, mais M. le ministre, ce n'est pas illogique. Une
municipalité qui ne peut pas garantir une eau propre près de
ses
rives ne devrait peut-être pas avoir accès au programme
Berges neuves. Pourquoi rendre accessibles ou rendre attrayantes des rives
près d'une eau qui est trop dangereuse pour être
utilisée?
M. Ouellette: Vous savez, votre idée je la retiens, sauf
que je ne suis pas convaincu que ça va se présenter à bien
des exemplaires parce que par exemple, toutes les grandes villes au
Québec sont déjà inscrites à la programmation.
Elles sont rendues à une phase ou à une autre du programme
d'assainissement des eaux. Cette situation pourrait se retrouver uniquement en
aval des cours d'eau, donc en bordure du Saint-Laurent et être de
très petite taille. Cela reste à être évalué
cas par cas, remarquez bien. Je serais surpris qu'il se présente bien
des cas de cette nature.
M. Green: Une dernière petite remarque. Vous parlez des
frais d'opération que le gouvernement va débourser: il y a des
frais d'opération, dans les communiqués que j'ai lus. Qu'est-ce
que vous entendez par "frais d'opération des aménagements"?
M. Ouellette: II n'y a pas de frais d'opération, à
proprement parler, parce que les équipements qui peuvent être
construits à l'intérieur du programme Berges neuves sont des
équipements fixes et cela peut être des moyens de stabilisation de
rives qui ne génèrent pas de coûts d'opération. Ce
peut être des barrages seuils et en très petites quantités
ou, encore, je ne sais pas, de la regénération de rives ou du
reboisement. Tout ça ne nécessite pas nécessairement des
coûts d'entretien qui se répercutent éternellement. Il n'y
a pas de coûts d'opération.
Nous, ce que nous visons à subventionner, c'est tout le volet
ingénierie ou appel à des intervenants compétents et aussi
les coûts d'administration reliés a la mise en place des
équipements prévus au programme. Mais il n'y a pas de coûts
d'opération, comme on peut parler de coûts d'opération sur
une usine d'assainissement des eaux, par exemple.
M. Green: Mais, justement, je veux en venir à ça.
Un des problèmes que l'Union des municipalités a
identifiés dans le programme d'assainissement, c'est les frais
d'opération de ces usines une fois qu'elles seront construites. Je sais
que l'Ordre des ingénieurs du Québec a même demandé,
lors de la commission Pearse, la commission sur l'eau au Canada, que le
fédéral adopte un programme de subventions aux
municipalités pour les frais d'opération de leurs usines
d'épuration. On sait que, par contre, sans usines d'épuration et
sans un budget pour les faire opérer, tout le programme d'assainissement
des eaux tombe à l'eau. Donc, la question, évidemment, qu'on se
pose, M. le ministre - c'est une question honnête, ce n'est pas une
question tendancieuse - c'est que, si on prenait l'argent, les budgets, les 170
000 000 $ de Berges neuves et si on les allouait directement aux frais
d'opération d'usines d'assainissement, peut-être n'aurions-nous
pas accès à nos rives, mais, au moins, l'eau serait propre pour
le jour où on aurait les budgets pour les aménager. Qu'est-ce que
vous pensez de ça?
M. Ouellette: À, ma connaissance, les neuf autres
provinces du Canada ont profité d'un programme fédéral
d'assainissement des eaux mis en place au début des années
soixante et elles se sont montrées beaucoup moins
généreuses quant aux subventions d'implantation du système
d'épuration. En Ontario, par exemple, elles n'ont pas, pour employer une
expression très québécoise, fafiné longtemps. Ils
ont décidé, eux, de procéder par une société
d'État à réaliser les travaux sans même consulter
les municipalités et leur envoyer la facture avec une diminution de la
note de 33, 3%. À ma connaissance, jamais les autres provinces ne sont
venues appuyer les coûts d'opération de ces usines, sous le
prétexte que c'était vraiment responsabilité locale.
Quant à l'idée d'en faire autant au Québec, moi,
personnellement, je n'ai jamais appuyé cette idée, si ce n'est de
faire profiter des municipalités des surplus d'électricité
que nous avons et qui représentent une partie importante des coûts
d'opération, donc, d'en faire profiter aux municipalités, par des
rabais, des tarifs abaissés de 25%, comparables à ceux qu'on
offre à l'industrie de grande consommation et même de leur faire
profiter des tarifs dit Pechiney, c'est-à-dire 37, 5% en croissant
jusqu'à 75% d'ici 1991. C'est là un sérieux coup de pouce
qui, je pense, a donné satisfaction, en partie, à la demande
municipale. Mais il n'a jamais été question, pour nous, de
subventionner les coûts d'opération. Les municipalités sont
jugées aptes à assumer ces coûts et elles en sont les
premières bénéficiaires, de même que les
citoyens.
Alors, l'idée de transférer Berges neuves dans ce volet
n'aurait une importance que durant quelques années à peine, et
nos rives s'en trouveraient pertubées pour longtemps.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Merci, Mme la Présidente. Il y a un
élément que vous avez soulevé, M. Green, qui était
quand même nouveau par rapport à ce qu'on a entendu en
commission depuis les deux dernières journées. C'est la
deuxième journée de commission. C'est la question de la
qualité de la main-d'oeuvre, d'une part, et la question des dangers au
niveau du nettoyage des cours d'eau dus à la toxicité du milieu.
Est-ce que vous voulez détailler là-dessus? Au niveau de la
main-d'oeuvre, est-ce que vous rejoignez l'idée que ça prendrait
une main-d'oeuvre plus spécialisée que...
M. Green: Oui, disons que, si on regarde, par exemple, le travail
fait par le programme des lacs, on a remarqué que pour redonner vie
à un lac ça prend une intervention multidisciplinaire.
Évidemment, l'appui des citoyens habitant autour du lac est
nécessaire. Mais, par contre, au niveau technique, au niveau
scientifique, ça ne peut pas s'improviser. Alors, quand on a
présenté notre proposition sur le RAJ, on a dit que la
réhabilitation écologique du Québec peut et doit se faire
de façon systématique et non seulement dans le cadre d'une
Année internationale de la jeunesse, d'une part, mais aussi on demandait
que soit créée finalement une nouvelle expertise au
Québec, dont on a la pratique dans le programme de lacs mais qui
pourrait vraiment s'élargir pour former une main-d'oeuvre de jeunes dans
ce cas-ci, d'aménageurs ou de réaménageurs de rives
dégradées. Cela ne s'improvise pas. Il faut savoir les essences,
la nature des sols et il faut avoir des données sur l'érosion et
sur l'hydrologie du milieu. Je vois très mal comment des jeunes
assistés sociaux, actuellement, vont être capables de faire cela.
Évidemment, il est facile d'enlever un pneu d'une rive, mais de
là à savoir quelle essence planter en fonction de la
réalité du climat et du sol de la sous-région
québécoise, c'est quelque chose d'autre. Alors, il faudrait faire
attention.
C'est pourquoi peut-être le ministre de l'Environnement pourrait
en parler à son homologue du ministère de l'Éducation pour
voir si on ne pourrait pas offrir un niveau certificat, c'est-à-dire une
formation d'un an où il y aurait des cours auxquels les jeunes
pourraient assister tout en étant payés, comme cela se fait
actuellement, des cours de langue par exemple, pour avoir cette
formation-là et pour être capable d'être des intervenants
avisés dans la réhabilitation écologique de notre
littoral.
M. Saintonge: Je fais un peu un parallèle avec
l'intervention de la Fédération québécoise de la
faune, qui mentionnait justement: C'est beau d'enlever un pneu, mais on ne peut
pas enlever n'importe quelle branche d'arbre de n'importe quelle façon
dans un cours d'eau sans risquer de perturber le milieu écologique.
M. Green: On dit: Le chemin de l'enfer est pavé de bonnes
intentions. Le problème est qu'on a peur que cela arrive. On a
déjà vu des programmes. Même la SVP a parrainé un
programme d'été pour les étudiants sur la rivière
Quinchien, près de Valleyfield, où on s'est aperçu que les
étudiants marchaient littéralement dans les frayères de
brochets. En passant, c'étaient des étudiants en biologie, mais
ils étaient mal encadrés et ils ne savaient pas ce qu'ils
faisaient. Cela peut apporter des problèmes. Donc, notre proposition est
d'avoir une main-d'oeuvre qualifiée pour intervenir dans le
réaménagement du littoral québécois, oui.
Concernant les dangers toxiques, on la même offert notre carte aux
jeunes du RAJ pour qu'ils fassent attention. Là évidemment on
parle de la contamination toxique. Notre carte ne couvre pas la contamination
bactériologique. J'espère que des jeunes qui vont aller sur nos
cours d'eau feront attention. Il y a beaucoup de véliplanchistes,
actuellement, qui font de la planche à voile sur le lac Saint-Louis et
qui ont des infections urinaires et du canal auditif, à la suite des
contaminations bactériologiques de l'eau. Alors, il faut faire
attention. Donc, il faudrait avoir un personnel qui intervienne sur les rives
et qui soit au moins au courant des maladies, au même titre que les
techniciens des usines d'épuration des eaux et au même titre que
les techniciens de la faune du ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche qui se promènent dans l'eau pour faire des inventaires
doivent être protégés parce qu'il y a un danger. Je ne dis
pas que ce danger fait qu'on ne doit pas intervenir, mais il faut être au
courant du danger avant d'intervenir. C'est par l'encadrement et du monde qui
connaît cela, parce qu'il peut y avoir des problèmes.
M. Saintonge: Ce matin, l'Association des biologistes du
Québec a parlé de la nécessité d'une direction ou
d'une orientation commune à l'ensemble des projets. J'aimerais avoir
votre réaction à ce niveau-là. Avec le programme Berges
neuves, on donne l'accès aux municipalités, suivant le
désir de chacune d'y adhérer, sans obligation, mais suivant aussi
leur désir d'y adhérer. Si elles considèrent à un
moment donné que c'est une priorité pour elles d'y adhérer
ou si elles sont dans une condition favorable pour adhérer au programme,
cela va. C'est laissé au désir des municipalités. Est-ce
que, dans cette situation, vous pensez qu'on peut favorablement... Au niveau de
l'orientation commune de l'ensemble des projets, est-ce que cela correspond
à la réalité des choses?(17 heures)
M. Green: Non, je pense que je l'ai dit, dans le même
principe que le programme d'assainissement des eaux a été
réalisé par bassins, je pense que le programme Berges neuves
devrait aussi être réalisé par bassins. On ne peut pas
faire l'un sans l'autre. Le
ministère dit que le programme Berges neuves est le second volet
du programme d'assainissement. Si je comprends bien votre question, il faut,
effectivement, avoir une approche qui tienne compte de l'unité
écologique ou l'unité géographique du cours d'eau, qui
est, finalement, le bassin hydrographique. Sans cela, je vois mal comment,
pratiquement, le programme Berges neuves peut être réalisé.
Si, par exemple, une municipalité en amont refuse de participer au
programme d'assainissement et à celui de Berges neuves, comment est-ce
qu'une municipalité en aval peut garantir une eau de qualité qui
va rendre souhaitable un aménagement de ses rives? Alors, sans une
approche intégrée par bassins, je vois mal comment, pratiquement,
le programme va être capable de fonctionner.
M. Saintonge: Je sais que vous êtes fortement
intéressé par toute cette question. Est-ce que vous avez
certaines données précises quant au pourcentage de nos eaux qui
sont actuellement dépolluées au Québec?
M. Green: D'accord. D'après les informations et les
inventaires que j'ai eus du ministère de l'Environnement, je ne pense
pas qu'il y ait, actuellement au Québec, une usine qu'on peut dire
complètement dépolluée. Je pense que, s'il y en avait une,
le ministère aurait coupé le ruban il y a fort longtemps. Je ne
pense pas qu'il y en ait une, actuellement, qu'on puisse dire qui est
dépolluée, qui maintenant ne l'est plus. Alors, je crois que
toutes les rivières...
M. Saintonge: Est-ce que vous parlez de rivières?
M. Green: Vous parlez de quoi, vous?
M. Saintonge: Je demandais: Au niveau de la dépollution
des eaux...
M. Green: Oui.
M. Saintonge:... au Québec comme tel...
M. Green: Des eaux, oui.
M. Saintonge: Oui. Est-ce que vous avez des données? C'est
une interrogation qu'on posait tantôt...
M. Green: Oui, oui.
M. Saintonge:... à l'AQTE, entre autres. On disait que, en
1980, il y avait environ 10%, si mon souvenir est bon, des eaux qui
étaient traitées ou dépolluées au
Québec.
M. Green: Ah boni
M. 5aintonge: Qu'on avait un sérieux rattrapage à
faire de ce... M. Green: Oui, oui.
M. Saintonge:... côté-là. Cela était
en 1980.
M. Green: Oui.
M. Saintonge: Je me demandais si, aujourd'hui, dans l'état
actuel des choses, à votre connaissance...
M. Green: Oui.
M. Saintonge:... au niveau de la dépollution des
eaux...
M. Green: Oui, d'accord.
M. Saintonge:... à quel degré en sommes-nous
rendus...
M. Green: D'accord.
M. Saintonge:... et dans quel degré prévisible on
peut penser...
M. Green: Oui, oui.
M. Saintonge:... que les eaux au Québec seraient assainies
à un pourcentage intéressant?
M. Green: Les dernières informations que j'ai vues, c'est
lors des travaux de la commission Pearse, qui, je pense, fixe à 11, 4% -
je n'ai pas le chiffre avec moi... 11 me semble que c'était quelque 11%
d'eaux usées traitées au Québec. Donc, finalement, le
chiffre est de 90% d'eaux non traitées au Québec; c'est ce qui
reste. Ce sont les données les plus récentes. Cela a
été pris dans les données de Statistique Canada,
lesquelles j'ai vues dans les travaux de la commission Pearse.
M. Saintonge: Vous parlez d'eaux usées municipales. Au
point de vue industriel, est-ce que vous avez des statistiques?
M. Green: D'accord. Au point de vue industriel, actuellement, les
informations que j'ai... Je pense que c'était un rapport d'un M.
Trétreault qui datait de 1982, qui disait -je ne l'ai pas avec moi...
Mais c'était le programme d'assainissement des eaux, il parlait de
quelque 3400 usines inventoriées au Québec, lesquelles rejettent
leurs eaux dans un cours d'eau récepteur; je ne parle pas des usines qui
rejettent leurs eaux dans un système d'égout municipal, mais
directement dans un cours d'eau récepteur. Malheureusement, je n'ai pas
la référence avec moi. On avait un chiffre, je pense que
c'était un tiers qui avait signé une entente,
un tiers où les rejets étaient considérés
comme acceptables et puis un tiers qui avait déjà commencé
un programme actif de dépollution de leurs affluents industriels. Je
crois que ces chiffres de M. Tétreault tenaient compte du programme de
modernisation des pâtes et papiers qui est un programme de financement de
l'État à la dépollution industrielle, même si j'ai
des grandes discussions avec les fonctionnaires du fédéral
à savoir si, pour le programme de dépollution des pâtes et
papiers, c'est le pollueur qui a payé. Le gouvernement a dit: Oui. Moi,
je dis: Non. Je crois que c'est l'État, aussi, qui a payé une
grosse partie de la dépollution industrielle et ce ne sont pas les
compagnies papetières. D'une façon ou d'une autre...
M. Ouellette: C'est 20%, la contribution de l'État.
M. Green: Oui, mais, 20%, je doute de ce chiffre parce que,
suivant les fonctionnaires à qui on parle, il y a des fonctionnaires qui
nous disent que l'investissement des compagnies a été très
minime dans la partie dépollution des usines des pâtes et papiers
au Canada. Il y a eu une réussite, il y a eu une dépollution,
mais la question c'est: Qui a payé pour? Est-ce que c'est le
contribuable ou est-ce que c'est l'industrie? Évidemment, je pense qu'on
va voir cela...
Le Président (M. Marquis): Trente secondes parce
que...
M. Saintonge: L'avez-vous?
M. Ouellette: Les politiciens ont tendance à
exagérer leurs efforts. Alors, si les politiciens disent 20%, je serais
surpris que ce soit au-dessus de cela.
M. Saintonge: Vous enlèverez cela sur le temps du ministre
tantôt.
Le Président (M. Marquis): De toute façon, il faut
mettre fin...
M. Saintonge: M. le Président, mon droit de parole est
amputé un petit peu, mais j'aurais une dernière question
peut-être. On a touché à la pollution des eaux usées
au point de vue municipal, on a touché à la pollution
industrielle. Est-ce que vous avez des données au niveau de la pollution
agricole?
M, Green: On a eu accès à peu d'informations sur la
pollution agricole générale. 11 y a un très bon document
qui vient d'être publié sur l'utilisation des pesticides dans les
différents bassins au Québec, une étude conjointe
Environnement-
Québec et Environnement Canada, qui démontre la
quantité incroyable d'insecticide qu'on utilise au Québec,
particulièrement de phytocide.
Le problème, au niveau agricole...
Le Président (M. Marquis): M. Green, je vous prierais, en
15 secondes...
M. Green: En 15 secondes. Le problème de la pollution
agricole, vu que ce ne sont pas des sources fixes de pollution et de
contamination mais des sources étendues, la seule façon de le
résoudre c'est d'éviter l'ajout du polluant, fertilisant,
pesticide, purin, sur les sols pour éviter l'apport à nos
rivières et à nos lacs.
Le Président (M. Marquis): Merci beaucoup, M. Green,
représentant la Société pour vaincre la pollution, pour
votre témoignage devant cette commission parlementaire.
M. Saintonge: Je vous remercie, M. Green.
M. Green: Merci.
UMRCQ
Le Président (M. Marquis): J'inviterais maintenant les
représentants de l'Union des municipalités régionales de
comté du Québec à prendre place, s'il vous
plaît!
M. Roger Nicolet, nouveau président de l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec,
bienvenue à la commission. Nous vous écoutons.
M. Nicolet (Roger): Mesdames et messieurs, bonjour. J'aimerais
tout d'abord vous distribuer des copies du mémoire. Je pense que ces
dames vont se charger de vous les remettre.
À titre d'introduction, j'aimerais peut-être simplement
souligner que la tenue d'une commission parlementaire est évidemment une
étape importante dans l'adoption d'un projet de loi. Pour ce qui est du
projet de loi 6 modifiant diverses dispositions législatives pour
favoriser la mise en valeur du milieu aquatique, la consultation que permet la
présente commission parlementaire est particulièrement
significative.
En effet, bien que bref, ce projet de loi met en question un principe
fondamental de cohérence législative. Nous vous savons gré
de bien vouloir nous entendre à ce sujet. Nos commentaires sont
résumés dans un sommaire auquel se limitera notre
présentation verbale. Le présent mémoire qui vous est
également remis reprend l'historique du projet de loi et les
représentations de notre union y afférentes, ainsi qu'une
discussion plus fouillée de notre
argumentation.
À l'occasion des premières discussions sur la loi 125,
différentes interprétations ont été
formulées et différentes explications avancées pour tenter
de situer les visées du législateur quant à
l'évolution projetée des structures municipales au Québec.
L'observateur appliqué, comme nous en sommes un, essaie de
dégager une ligne de pensée d'une série de
décisions apparemment contradictoires concernant une même
problématique et s'efforce de comprendre l'orientation que le
Québec tente de se donner quant à son futur encadrement
gouvernemental, municipal et régional. Le projet de loi 6 implique des
prises de position à ce sujet qui ne cadrent malheureusement pas avec
les directions qui, depuis quelques années maintenant, semblaient
fixées. Nous ne reviendrons pas sur les objectifs visés par ce
texte législatif avec lesquels nous ne pouvons qu'être d'accord.
Ce sont les moyens ou plutôt les mécanismes administratifs
proposés qui nous semblent aberrants parce que contraires à la
logique même qui sous-tendait nombre de gestes posés par le
gouvernement depuis cinq ans au moins.
Quelles que soient les autres dimensions que l'on ait voulu donner
à la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, il ne peut y avoir de
malentendu quant à la constitution d'une autorité
régionale, la MRC, investie du pouvoir et de la responsabilité
d'aménager le territoire. La volonté du gouvernement à ce
sujet a du reste été confirmée par la
réglementation adoptée par le ministère des Affaires
municipales ou, devrions-nous plutôt préciser, par le biais du
pouvoir, de désaveu du ministre généreusement brandi,
voire utilisé pour imposer aux MRC du Québec une certaine vision
traduite par des normes précises sur divers aspects de la protection de
l'environnement et du contrôle de la construction. Parmi celles-ci - et
non les moindres - figurent, bien sûr, les dispositions concernant la
protection des berges, des lacs et des cours d'eau qui sont maintenant, bon
gré, mal gré, partie intégrante de tous les
règlements de contrôle intérimaire des MRC du
Québec. Et voici qu'on nous propose un projet de texte législatif
en vertu duquel les MRC n'auraient même pas le droit de coordonner la
mise en valeur du milieu aquatique et plus précisément de cette
même bande de dix et quinze mètres dont la nature est
essentiellement intermunicipale, voire régionale, et dans laquelle on a
obligé à défendre toute intervention.
Permettez que l'on insiste également sur le caractère
régional des problèmes que le programme annoncé par le
ministre de l'Environnement se propose de résoudre. Je pense que
là-dessus on pourrait faire une parenthèse et relever simplement
les propos de l'intervenant précédent qui a mis l'accent sur ce
côté intermunicipal, voire régional, des problèmes
à résoudre. Comment concevoir une mise en valeur du milieu
aquatique comme une série d'interventions ponctuelles,
c'est-à-dire locales? N'est-il pas évident que, dans la grande
majorité des cas, toute amélioration implique une action
intermunicipale? Le projet de loi le reconnaît du reste puisqu'il
prévoit des interventions des communautés urbaines ou
régionales. En quoi les MRC sont-elles différentes? Mais il y a
plus. Pour une grande majorité de municipalités régies par
le Code municipal, les MRC ont, pour une première fois, permis
l'accès à une fonction publique et de haute compétence
professionnelle dans des domaines variés. En toute justice, comment
concevoir que les petites municipalités du Québec, remises
à leurs propres ressources financières et techniques, pourraient
aspirer à leur quote-part des bénéfices escomptés
du programme proposé par le ministre de l'Environnement? Ces mêmes
municipalités, par le versement d'une partie des frais
d'opération de la MRC, contribuent déjà au maintien du
personnel de soutien requis pour assurer la direction de projets techniquement
complexes. La logique administrative la plus élémentaire ne
dicte-t-elle pas, donc, que l'on permette aux MRC d'agir comme coordonnateurs
ou gérants de programmes d'amélioration du milieu aquatique de
concert ou pour le compte des municipalités locales
concernées?
L'UMRCQ réitère donc devant cette commission parlementaire
sa demande formelle d'amender le projet de loi 6 modifiant diverses
dispositions législatives pour favoriser la mise en valeur du milieu
aquatique aux fins de donner également aux municipalités
régionales de comté le pouvoir non seulement de présenter
une demande de subvention en vertu du programme Berges neuves, pour et au nom
de ses municipalités membres ou de certaines d'entre elles, mais
également - et surtout - de mettre en oeuvre de tels projets
d'aménagement conformément à la volonté de la
majorité de ses municipalités constituantes,
bénéficiares, compte tenu évidemment du schéma
d'aménagement arrêté en ce sens. (17 h 15)
De l'avis de l'UMRCQ, donc, non seulement pour les MRC, mais
également pour les municipalités locales, il y a lieu
d'étendre aux MRC du Québec les compétences
législatives requises pour la mise en oeuvre des programmes
visés.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le président.
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Marcoux: M. le Président, M. Nicolet, je vous remercie
d'avoir accepté de participer aux travaux de cette commission
concernant l'étude du projet de loi sur l'amélioration du
milieu aquatique.
Vous posez, évidemment, une question fondamentale fort
importante. Il y a un prétexte ou un événement qui vous
permet de la poser: le rôle des MRC comme maître d'oeuvre de
travaux, entre autres, d'assainissement des eaux.
Je vais rapidement vous indiquer la logique que le gouvernement a
retenue qui, j'en suis convaincu, ne vous convaincra probablement pas, mais qui
nous apparaît quand même logique. Ce programme Berges neuves a
été conçu comme un prolongement du programme
d'assainissement des eaux. Or, le programme d'assainissement des eaux
reconnaît comme maître d'oeuvre la municipalité. Dans la
mesure où l'amélioration des berges, l'amélioration de
l'accessibilité au milieu aquatique est conçue comme un
prolongement du programme d'assainissement des eaux, il nous apparaissait que
les mêmes maîtres d'oeuvre devaient être conservés,
les mêmes intervenants. Ce qui ne diminue en rien le rôle des MRC
et je crois que vous le minimisez quelque peu.
La municipalité régionale de comté étant
responsable du règlement de contrôle intérimaire peut
très bien profiter de ce pouvoir pour coordonner et concerter l'action
des différentes municipalités dans les différents projets
qu'elles pourront présenter au programme Berges neuves. Il est fort
possible qu'à l'occasion de la présentation des projets au
programme Berges neuves cela nécessite des amendements au
règlement de contrôle intérimaire. Or, c'est à la
MRC que revient le rôle d'amender ce règlement de contrôle
intérimaire ou de le maintenir. Dans ce sens-là le rôle de
concertation, pour faire en sorte que les différents projets
présentés par les municipalités soient cohérents,
soient logiques, peut très bien être exercé par la MRC.
Ce que le gouvernement a refusé comme choix - nous en avons
discuté clairement, nous en avons discuté aussi à la table
Québec-municipalités - c'est d'ajouter un intervenant
supplémentaire possible pour la réalisation des travaux. Nous
croyons que, pour la réalisation des travaux, ce doit être le
même maître d'oeuvre que dans le cadre du programme
d'assainissement des eaux, c'est-à-dire la municipalité pour
l'essentiel du territoire qui vous touche et, vous avez raison de le noter,
pour les communautés urbaines elles-mêmes en bonne partie.
Je comprends votre démarche - et je la respecte - qui est de
profiter de chacune des occasions données à l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec et des
municipalités locales pour inciter le gouvernement à se poser des
questions sur l'avenir du rôle des MRC. Sur ceci, je devrai rappeler tout
simplement la décision du
Conseil des ministres de Fort Prével, en septembre dernier, qui a
décidé que ce n'était pas une priorité pour le
moment, en tout cas dans les mois qui viennent, pour le gouvernement de
rediscuter du rôle à venir des MRC. Je suis bien conscient
qu'après l'adoption des schémas d'aménagement, d'ici
à la fin 1986, et la réalisation des plans d'urbanisme et des
règlements de zonage des municipalités dans les deux
années qui vont suivre, se poseront au gouvernement, ainsi qu'au monde
municipal, la question de l'avenir des MRC, des différents rôles
qu'elles pourront jouer ainsi que toute la question de la
décentralisation.
Il ne nous apparaissait pas opportun à ce moment-ci de lancer ce
vaste débat par l'intermédiaire d'une question
particulière mais importante, la question particulière portant
sur ce nouveau programme très important, puisqu'il implique des fonds
publics importants et une définition des rôles du monde municipal
par rapport aux municipalités régionales de comté au
ministère de l'Environnement et au ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche.
En ce sens, disons que je regrette de vous décevoir et de vous
dire que votre demande ne peut être accueillie par le gouvernement. Je
dirais qu'elle est versée aux dossiers qui s'accumulent des
différents secteurs d'activité dans lesquels les MRC aimeraient
s'engager comme maître d'oeuvre ou responsable de certains secteurs
d'activité, soit sociale, soit économique, soit administrative,
soit culturelle.
Mais nous ne croyons pas que le moment soit venu de lancer ce
débat pour, je dirais, deux raisons, peut-être davantage. La
première est que les municipalités régionales de
comté constituent encore une institution fragile, qui a reçu de
façon très précise un nouveau mandat, celui de faire un
schéma d'aménagement. Vous savez, autant les municipalités
rurales que les municipalités de ville se sont embarquées de
bonne foi dans la mise en oeuvre des MRC, mais à la condition expresse
et ratifiée par le gouvernement qu'il n'y aurait pas de nouveaux
pouvoirs donnés aux MRC tant qu'il n'y aurait pas eu un vaste
débat public au Québec, comprenant l'ensemble du gouvernement et
l'ensemble du monde municipal, sur ce que pourraient être les nouveaux
pouvoirs, les nouvelles responsabilités confiées aux MRC.
Sur ce point, je dois être d'accord avec certains
représentants du monde municipal qui croient qu'au lieu de poser la
question morceau par morceau il faudrait plutôt la poser globalement,
à un moment donné, quitte à ce que les choix que nous
retenions soient des morceaux de décentralisation
éventuellement.
Je voudrais terminer en disant ceci. Pour autant, les MRC ne sont pas
sans
pouvoir jouer un rôle important dans la mise en oeuvre de ce
programme. Peut-être ont-elles à jouer le rôle essentiel, le
rôle de coordination, le rôle de concertation, le rôle
qu'elles ont précisément dans la loi sur l'aménagement de
concerter le milieu et de concerter le gouvernement, d'une part, et
d'être le coeur de cette concertation. Je crois que vous avez une belle
occasion de confirmer davantage ce rôle par la mise en oeuvre de ce
programme, dans la mesure où ce programme implique nécessairement
une évaluation ou des ajustements au règlement de contrôle
intérimaire.
Voilà quelques commentaires que je voulais faire à la
suite de votre demande, puisque votre mémoire porte principalement sur
cette question. J'ajouterai deux ou trois questions. La première est
relative au sujet suivant: Quelques mémoires - parce que nous n'avons
pas entendu beaucoup de mémoires -ont souligné qu'il ne fallait
pas faire confiance au monde municipal, quant à la protection de
l'environnement, et qu'en plus des pollueurs industriels, des pollueurs
agricoles, un des grands pollueurs au Québec était le monde
municipal. On a dit que ce n'était surtout pas le monde municipal qui
avait intérêt ou qui avait donné l'exemple de la protection
de l'environnement dans notre société, qu'il avait plutôt
agi comme un développeur souhaitant développer dans les zones
inondables, souhaitant élargir le terre-plein sur le bord des rives pour
développer quelques maisons supplémentaires ou élargir un
parc, etc.
De toute façon, ce qui s'est dégagé de quelques
mémoires qui ont été présentés ici, c'est
une absence de confiance vis-à-vis du monde municipal quant à sa
volonté et à sa capacité de protéger
l'environnement à moins - c'était là la demande -
d'adopter une nouvelle loi ou un règlement-cadre sur la protection des
berges et des rives. À ce moment, le monde municipal aura simplement
à appliquer cette réglementation. J'aimerais avoir vos
commentaires sur ces critiques que nous avons retrouvées dans quelques
mémoires qui nous ont été présentés.
Pour mon deuxième point, j'aurais dû le noter, je l'ai
oublié. J'y reviendrai. De toute façon, c'est peut-être
mieux pour la commission d'avoir les commentaires immédiatement
après cette première remarque.
Le Président (M. Marquis): M. Nicolet.
M. Nicolet: M. le Président. M. le ministre, j'aimerais
peut-être commencer par le coeur de votre argumentation et revenir un
petit peu sur votre ouverture, quant au grand débat qui nous attend sur
l'avenir du Québec régional, toute la problématique de la
décentralisation qui, je peux vous l'assurer, est une
préoccupation majeure du monde municipal. En d'autres termes,
l'après 1986, fin 1986, fin des schémas d'aménagement,
c'est demain.
Parallèlement à toute l'opération MRC, le
gouvernement poursuit avec beaucoup d'énergie toute l'organisation des
sommets en région administrative. Le gouvernement met en place des
comités de suivi. Nous assistons, par ordre en conseil, par
défaut d'une vision globale, à la mise en place d'une structure
régionale du gouvernement du Québec. Nous, en tant que
représentants du monde municipal, nous devons dire: S'il vous
plaît, halte! Faisons le point. Vers quoi nous dirigeons-nous? Je pense
que ceci est au coeur de nos préoccupations et, s'il y a débat,
que le débat ait lieu bientôt et que le débat recoupe tous
les aspects de la question. Nous serons là, comptez sur nous. Je pense
que notre collaboration vous est acquise. Par contre, j'ose espérer que
notre intervention au niveau de ce projet de loi vise peut-être plus que
simplement une intervention, une brique dans un grand débat comme vous
l'indiquiez, mais également reprend ce que j'ai appelé une
question de cohérence administrative.
Nous avons finalement une autorité constituée par un texte
de loi, la loi 125, qui s'est vu confier certaines compétences.
Techniquement, nous pouvons nous trouver dans des situations de conflit
où la MRC, en vertu de visions ou de politiques qui lui sont propres, va
se trouver en conflit avec des municipalités locales qui vont vouloir
aménager des projets spécifiques sur des cours d'eau
donnés qui traversent leur-territoire. Donc, potentiel de conflits de
juridiction qui peuvent être nuisibles quant aux objectifs poursuivis par
le programme.
Dans un deuxième temps - ceci recoupe le premier point de votre
argumentation -quand on parle de dépollution ou d'assainissement des
eaux, on parle d'un phénomène essentiellement local parce que la
génération des eaux usées, c'est un
phénomène du domaine bâti qui est essentiellement un
phénomène municipal local. Quand on parle de cours d'eau, on
parle d'un état ou d'un phénomène naturel qui est à
une autre échelle. Je pense que de comparer les deux ou d'associer les
deux dans une même démarche est une erreur de logique.
Finalement, pour revenir à votre question quant au rôle des
municipalités, je regrette si un certain nombre d'intervenants...
Une voix: L'assainissement des eaux, c'est municipal, mais les
cours d'eau, c'est régional.
M. Nicolet: Merci, je regrette si j'ai manqué de
clarté. Finalement, pour répondre à votre question, il est
bien sûr que peut-
être que le monde municipal, au cours des années, avait
acquis une mauvaise image quant au rôle de pollueur de certaines de nos
installations et à l'attitude de certaines administrations municipales
face aux promoteurs. Je pense que c'est un anachronisme historique plutôt
qu'une réalité d'aujourd'hui.
Depuis quelques années, nos municipalités à travers
le Québec, par le biais d'abord des efforts du ministère de
l'Environnement, ensuite par la loi sur l'aménagement, ont quand
même pris conscience de toute la problématique de la protection de
l'environnement. Je pense qu'aujourd'hui, si les différents organismes
auxquels vous faites allusion faisaient un inventaire à jour du
comportement municipal, l'image qui se dégagerait serait
fondamentalement différente. Là-dessus aussi, je ne veux pas
revenir sur les mérites de la loi 125, mais on ne peut pas ignorer que
la confection des schémas a sensibilisé le monde municipal
à toute une série de dimensions qui peut-être avaient peine
à se faire entendre autour des tables des conseils locaux. Si vous
faites, je puis vous en assurer, le tour du Québec aujourd'hui, vous
verrez que le monde municipal, par le biais de son schéma
d'aménagement, est conscient et se préoccupe de la protection de
l'environnement. (17 h 30)
Personnellement, je ne vois pas la nécessité d'une
nouvelle loi et je trouve qu'en se basant sur les réglementations en
vigueur actuellement le travail nécessaire peut être accompli dans
ce domaine.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre.
M. Marcoux: Deux autres questions: Est-ce que, globalement, vous
êtes d'accord -vous en souhaiteriez plus; ça m'apparaît
évident - quand même avec le projet de loi qui veut donner un
certain nombre de nouveaux pouvoirs aux municipalités du Québec,
entre autres, le pouvoir de faire des travaux sur les terrains qui sont la
propriété de tiers et le pouvoir de financer une partie de ces
travaux par la Société québécoise d'assainissement
des eaux?
Je voudrais ajouter un deuxième point. Vous avez souligné,
je pense à bon droit - je l'avais même souligné ce matin -
la compétence des jeunes équipes maintenant constituées
dans les MRC, compétence qui est étendue aux domaines de
l'aménagement, de l'environnement et de la protection de la
qualité de la vie. Je pense que les jeunes équipes dont les MRC
se sont dotées sont fort conscientes de ces problèmes et des
solutions à envisager. Est-ce que vous ne pourriez pas, dans votre
perspective, développer ce qu'on pourrait appeler la notion de MRC pool
de services, dans le sens suivant. 25% des budgets consacrés à
Berges neuves peuvent être alloués aux frais contingents, qu'on
appelle, qui comprennent le financement d'intérêts, le financement
temporaire, les emprunts et aussi le financement des études ou des
services professionnels nécessaires pour élaborer les projets
dans le cadre de Berges neuves ou les réaliser. Est-ce que les MRC ne
pourraient pas offrir leurs services aux municipalités
intéressées et qui n'ont pas le personnel, pour la plupart,
surtout dans les municipalités que vous desservez, les
municipalités rurales, pour élaborer ces projets. Ces
municipalités, plutôt que de s'adresser à des firmes
professionnelles indépendantes, ne pourraient-elles pas s'adresser
à la MRC et lui offrir un contrat de services qui serait financé
dans le cadre du programme, comme on va financer d'autres firmes
professionnelles qui seront engagées par les municipalités pour
élaborer ces projets? Ceci vous permettrait, à ce
moment-là...
Évidemment, vous allez procéder par la base,
procéder par incitation. Mais, comme ce ne sont pas toutes les
municipalités qui sont touchées par un projet de revalorisation
des berges ou des rives, peut-être que la MRC pourrait offrir ce service
à ses membres et engager les professionnels en conséquence. Les
municipalités, étant subventionnées pour ce type de
travaux, paieraient ainsi les professionnels que la MRC engagerait, ce qui
assurerait l'esprit de coordination ou de concertation dont je parlais
tantôt.
Évidemment, la loi ne l'oblige pas, mais je pense qu'elle vous
offre un champ d'action qui est possible, qui ne vous est pas interdit et qui,
je pense, pourrait être bienvenu chez les municipalités
locales.
M. Nicolet: M. le ministre, pour ce qui est de votre
première question, à savoir, la position du monde municipal
vis-à-vis de l'élargissement des pouvoirs conférés
aux communautés locales, bien sûr que nous approuvons ces
dispositions. Je pense que, là-dessus, à la table
Québec-municipalités, nous l'avions déjà dit et
nous le répétons ici aujourd'hui. Nous appuyons cette dimension
du projet de loi.
La deuxième problématique que vous soulevez, je pense
qu'elle est très réelle et c'est une possibilité que nous
avons, du reste, déjà... Pour ne parler que d'une
expérience vécue pas plus tard qu'hier à la MRC de
Memphrémagog, nos aménagistes rencontraient des groupes de
municipalités en vue de développer avec elles des dossiers
à présenter dans le cadre du projet Berges neuves. Donc, c'est
quelque chose qui coule de source et qui se fait de façon très
harmonieuse.
Du reste, les délégations régionales du
ministère de l'Environnement ont déjà commencé
à sensibiliser les aménagistes des MRC aux potentiels du
programme, aux disponibilités et aux mécanismes administratifs
à suivre pour mettre en oeuvre des réalisations concrètes.
Là-dessus, il n'y a aucun doute que vous trouverez au niveau des MRC le
soutien technique requis par les municipalités là où la
demande leur en sera faite.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: J'aurais une question à vous poser, avant
d'entrer dans certains éléments. Disons que je pourrais
même clarifier une position officiellement, comme critique de
l'Opposition en matière d'affaires municipales, je pense que c'est le
temps. Je pense qu'on a injustement accusé l'Opposition de bloquer le
pouvoir d'intervention des MRC dans le projet de loi 6. Je pense que le
ministère a fait son lit et que le ministre des Affaires municipales
nous a expliqué sa position à laquelle nous avons
agréé évidemment, mais le fait de bloquer tout pouvoir
d'intervention des MRC à l'intérieur du projet de loi 6 ne vient
pas de l'Opposition. On a à prendre chacun ses responsabilités.
Cela ne concernait pas directement des choses qui sont venues à mes
oreilles relevant de l'UMRCQ sous la présidence actuelle, mais
antérieurement, il y a quelque temps déjà, nous avons eu
des échos de déclarations de l'ancien président à
cet effet. Je pense que c'est important pour moi de le clarifier
immédiatement avant de vous poser des questions.
Ma première question porte sur le programme actuel. C'est clair
que le projet de loi 6 est pour permettre des interventions dans le cadre du
programme Berges neuves, mais c'est un programme complémentaire à
l'assainissement des eaux. Je voudrais avoir vos commentaires ou les remarques
que vous pouvez nous donner au niveau du déroulement du programme
d'assainissement des eaux. Est-ce que vous considérez que le
déroulement actuel du programme d'assainissement des eaux est
avancé d'une façon importante au niveau des municipalités
que votre union peut représenter?
Une voix: Je vous remercie de la clarification que vous avez
apportée quant à l'attitude de l'Opposition face au
phénomène de la création des MRC. Effectivement...
M, Saintonge: Non, je m'excuse, ce n'est pas la création des MRC.
Mon intervention avait pour but... Clairement dans le milieu, il a
circulé une déclaration de l'ancien président de l'UMRCQ
que l'Opposition avait carrément bloqué la possibilité que
les MRC soient incluses comme maître d'oeuvre dans les travaux à
exécuter en vertu du projet de loi 6. Cela n'a pas été le
cas. Le projet de loi a été présenté dans cet
esprit. Il est évident qu'au niveau des pouvoirs d'intervention des MRC
actuelles, telles qu'elles existent au niveau de l'aménagement et
certains autres pouvoirs que la loi leur confère, c'est la loi qui
détermine ces pouvoirs. Mais au niveau des MRC, la représentation
que vous nous faites dans ce projet de loi, vous souhaiteriez au même
titre que les communautés urbaines, le comité régional et
les MRC puissent intervenir comme maître d'oeuvre de travaux
exécutés sur l'aménagement des rives. Mais la disposition
à savoir que les MRC ne sont pas incluses ne vient pas de l'Opposition.
Le projet de loi a été clairement établi par le
gouvernement; ce n'est pas l'Opposition qui a produit ce projet de loi. Ce
n'est pas l'Opposition qui s'est opposée fondamentalement à ce
qu'on inclue les MRC au même titre que les communautés urbaines et
les communautés régionales. C'est ce que j'ai voulu clarifier,
mais il y a carrément eu des déclarations émanant de votre
union en ce sens-là que l'Opposition avait été ni plus ni
moins, non seulement hostile, mais qu'on avait bloqué cette
chose-là qui n'était même pas venue sur le tapis,
finalement.
Je comprends vos représentations et je vous dirai
qu'ultérieurement j'aurai d'autres questions au niveau des interventions
ponctuelles des municipalités par rapport à ce qui pourrait se
faire régionalement. Mais avant d'en arriver là, puisque ce
programme-là découle de l'assainissement des eaux, est
complémentaire à l'assainissement des eaux, je voulais savoir de
votre part, au niveau du programme global d'assainissement des eaux, quelle est
votre perception actuelle dans sa réalisation. Est-ce que
l'assainissement des eaux est fortement avancé, ou s'il répond
aux demandes du monde municipal actuellement?
M. Nicolet: Ma remarque et mes remerciements s'adressaient
principalement sous forme de question. J'espérais pouvoir solliciter un
endossement plus large des structures que nous représentons. Mais cela
dit, pour ce qui est du programme d'assainissement des eaux, j'aimerais d'abord
revenir sur la prémisse à votre question, à savoir que
c'est un complément du programme d'assainissement des eaux, nous ne le
percevons pas comme tel. Pour nous, c'est un programme distinct qui s'adresse
à une problématique bien réelle qui est
l'accessibilité aux plans d'eau. Je représente une région
où la problématique est très réelle. Nous avons des
populations qui demandent à avoir accès à certains plans
d'eau et qui ne peuvent le faire pour toute une série de raisons. Ce
programme pour
nous, en tout cas, le volet développement, va permettre de
créer des plages communautaires, des accès pour la population
à des plans d'eau qui étaient inccessibles auparavant. Tout cela
comme introduction à la question spécifique que vous avez
posée sur le programme d'assainissement.
Au niveau des municipalités rurales, essentiellement, le
programme fonctionne bien dans la mesure où l'information est connue,
reçue et comprise par les administrations municipales locales. Je pense
que là, il y a probablement encore du travail à faire pour
pleinement informer les élus municipaux du potentiel et des besoins.
Là aussi, on reviendra peut-être sur le schéma
d'aménagement, mais ce dernier a fait beaucoup pour faire percevoir
à certaines communautés leurs besoins au niveau de
l'assainissement des eaux et pour leur permettre de formuler des solutions
à leur problématique.
M. Saintonge: À ce moment-là, vous
considérez surtout que Berges neuves, si je comprends bien, vous l'avez
mentionné, ce n'est pas une complémentarité à
l'assainissement des eaux. Mais si ce n'est pas le cas, est-ce que vous ne
considérez pas... Je pense qu'au niveau de la réalisation des
travaux d'assainissement des eaux jusqu'à maintenant, nous n'en sommes
pas rendus à un haut degré de réalisation au niveau des
municipalités, surtout dans les municipalités rurales. Est-ce que
l'emphase ne devrait pas être portée principalement, actuellement,
sur le programme d'assainissement des eaux plus que sur un programme
d'accessibilité aux rives, en parlant, par exemple, de plages ou
d'implantation d'infrastructures dans ce sens-là?
M. Nicolet: J'aimerais penser et j'ose espérer qu'on
pourra mener les deux en parallèle et que, au besoin, les programmes
d'assainissement pourront être prolongés pour permettre à
plus de municipalités rurales d'en bénéficier.
Actuellement, comme je vous le dis et j'en suis convaincu, c'est une question
d'information, de sensibilisation, d'éducation finalement des
communautés. Pourquoi y a-t-il problème? Quelle est la nature du
problème? Quelles sont les solutions à envisager?
M. Saintonge: À titre d'exemple précis, ce que je
voudrais connoter, il y a certaines municipalités du monde rural qui
auraient peut-être voulu participer au programme d'assainissement des
eaux, mais elles n'ont pas pu, parce qu'on leur dit que leur capacité
financière ne leur permet pas d'engager lea fonds nécessaires
dans la phase d'assainissement des eaux, de dépollution de leurs eaux.
Je pense que, dans une circonstance comme cela, on devra arriver à
trouver une solution, c'est-à-dire que la municipalité devra
faire un choix dans ses dépenses. Si on arrive à prendre
l'accès au programme d'assainissement des eaux, il faudra qu'elle coupe
dans d'autres dépenses d'un autre ordre pour, finalement, avoir la
possibilité de s'intégrer dans ledit programme, puisque sa
capacité financière est limitée. C'était le sens de
ma question précédente, è savoir si vous ne
considérez pas que, dans un premier temps, au niveau des
municipalités locales, il ne serait pas plus important de pousser
davantage et de tenter d'arriver à un niveau de réalisation
important de dépollution avant de passer à la phase
d'aménagement des rives.
M. Nicolet: La problématique financière des petites
municipalités est probablement différente de celle de certaines
cités et villes. Parce que, finalement, le problème politique qui
se pose à un conseil local est le suivant. Vous avez un village qui
n'occupe qu'un faible pourcentage de la superficie du territoire municipal.
Donc, vous avez un conseil municipal qui doit, pour fins d'assainissement d'un
problème local, en l'occurrence le village, prendre une décision
difficile, à savoir s'il va faire porter le fardeau fiscal sur les
contribuables du village ou s'il va répartir la charge sur l'ensemble
des contribuables de la municipalité. C'est ce qui souvent est difficile
à justifier, étant donné qu'eux n'en
bénéficient pas directement. Donc, là où est la
contrainte, elle n'est pas au niveau des capacités financières de
l'ensemble de la municipalité, elle se situe plutôt au niveau du
problème politique local, à savoir par qui faire porter le
fardeau. Et dans le cas où c'est par les gens qu'on veut desservir,
c'est finalement l'ampleur du fardeau pour quelques villages dans un hameau,
dans une communauté, un centre habité. (17 h 45)
M. Saintonge: L'élément sur lequel je voudrais
revenir, maintenant, c'est la possibilité d'intervention des MRC. Je
note, dans votre mémoire, que vous semblez vous élever, un peu,
contre la réalité des choses en disant que si on permet des
interventions ponctuelles d'une municipalité, ce n'est pas tellement
valable puisqu'on devrait plutôt considérer cela au niveau
régional. Au niveau régional, pour vous, évidemment, on
arrive au point de vue de la MRC dans le cas qui vous occupe,
représentant l'Union des municipalités régionales de
comté, mais vous êtes quand même représentant aussi
de municipalités locales. Dans ce sens, quand vous parliez de potentiel,
de conflit de juridiction, on peut arriver un peu à la même chose.
Je vous dirai, pour avoir eu certaines références à
certaines consultations, parfois, au niveau de municipalités locales
régies par le Code
municipal, si certaines, comme vous semblez le dire, comme l'union
semble vouloir le proposer, que la MRC s'occupe, à ce moment, au niveau
régional de cette question, par exemple, de Berges neuves ou des
possibilités d'intervention que la loi 6 peut donner, je vous dirai que
dans d'autres cas, les réactions que nous avons eues de
municipalités locales à l'intérieur de MRC membres de
votre union nous disent le contraire, que les MRC ne touchent pas à
cela, qu'on ne veut rien savoir de cela...
Même au niveau, je pense, des municipalités locales, le
débat n'est pas fermé. Je pense qu'il y a une espèce de
conflit de juridiction, aussi, qui peut s'effectuer dans ce sens. Je suis
d'accord avec vous, cependant, et l'intervenant précédent, M.
Green de SVP l'a soulevé. Même à cela, je pourrais vous
dire que l'Association des biologistes du Québec a fait même une
intervention qui peut aller dans ce sens, on mentionnait que c'était
nécessaire d'avoir une direction ou une orientation commune à
l'ensemble des projets.
Je pense que c'est une question de réalisme. Je suis d'accord
avec vous qu'à un moment donné on ne peut pas arriver et laisser
à chaque municipalité le choix d'aménager quelque chose,
de faire des travaux qui pourront influer sur, par exemple, la
régularisation des eaux ou, dans certains cas, faire un
aménagement à un endroit pour une plage. Â
côté, on en fait une aussi; on n'en fait pas en haut, il n'y a pas
d'assainissement. Les berges ne sont pas boisées à un endroit,
cela fait plus d'érosion, cela cause des problèmes à ceux
qui sont en bas de cela.
Évidemment, je pense que cela prend une direction commune. Vous
mentionnez qu'au niveau de la MRC vous pourriez avoir la possibilité de
l'appliquer. Je pense que c'est toute la question des bassins. À mon
point de vue, actuellement, au sujet des pouvoirs accordés à ce
niveau, la conception que j'en ai ou que je vois, c'est que quand on parle d'un
bassin, cela peut s'étendre plus qu'à une MRC. On peut arriver
sur un cours d'eau, dans un certain secteur et finalement c'est plus qu'une
seule MRC qui sera concernée par l'aménagement non seulement de
structures, mais également d'interventions sur le milieu. Cela pourra
concerner une, deux ou même trois MRC et, à ce moment, c'est ce
qu'on pourrait appeler un grand bassin régional.
Je pense que l'intervention gouvernementale devrait se faire dans ce
sens. Je ne sais pas si on se rejoint, mais ma question première est:
Est-ce que, dans la façon dont le programme Berges neuves est mis en
place, vous considérez que cela va donner une ouverture à des
interventions que vous avez mentionnées ponctuelles, mais qui
pourraient, finalement, être au détriment de ce qu'on veut sauver
au niveau de la dépollution des eaux et de la mise en valeur de notre
milieu aquatique en laissant, si on veut, l'intervention trop au niveau local,
trop à chacune des municipalités de vouloir s'intégrer ou
pas dans un tel programme?
M. Nicolet: En préambule, permettez-moi simplement de
soulever qu'il est bien possible que nous ayons le même problème
que tout élu qui représente un certain électorat. Il est
bien possible que parmi nos membres, il y en ait qui ne soient pas toujours
d'accord avec toutes les positions que nous défendons. Mais je puis vous
assurer que de façon générale, nous parlons dans ce
dossier non seulement au nom des MRC, mais également au nom d'une grande
majorité de municipalités locales qui, dans le quotidien, ont
quand même appris à vivre avec le mécanisme MRC. Nous
n'exigeons, du reste, pas du tout l'exclusivité. En fait, tout ce que
nous demandons, c'est le pouvoir d'intervenir là où la
volonté, en ce sens, se manifeste. On n'a pas demandé une
exclusivité de juridiction dans ce programme. C'est loin de nous cette
prétention.
Pour ce qui est de la coordination, vous avez entièrement raison
de souligner qu'il y a des cas où, effectivement, il faudra avoir une
vision plus large que celle de la MRC en tant que telle. À cela, tout ce
que je peux vous dire, c'est que le seul mécanisme qui existe en loi de
concertation entre deux communautés régionales, c'est la loi 125
qui l'a créé par le biais des échanges d'information et de
concertation entre deux MRC voisines. Je pense qu'il s'agira de bâtir
à partir de mécanismes qu'on a mis en place pour des
problèmes d'aménagement plus généraux et d'essayer
de les adapter pour les fins de ce programme.
M. Saintonge: Dernière question. Tantôt, on parlait
du niveau de dépollution des eaux au Québec, M. Green a
mentionné un taux de réalisation d'environ 11% actuellement.
Une voix: Virgule 2.
M. Saintonge: De 11, 2%. Le ministre tient cela... Est-ce que
vous considérez, avec un tel taux de dépollution des eaux si
minime pour l'ensemble du Québec, que ce projet vient un peu tôt,
dans le sens que vous parlez surtout d'aménagement qui semble
intéresser l'union, l'aménagement de rives au niveau
d'infrastructure ou de structure d'accès de même que de plages.
Est-ce que vous ne considérez pas qu'avec un pourcentage d'eaux
dépolluées aussi faible, on ne devrait pas plutôt porter
l'action davantage surtout dans les municipalités hors des grands
centres, puisque les travaux réalisés actuellement sont surtout
condensés Montréal-Québec? Est-ce qu'il ne serait pas
davantage important, au moment présent, de porter
fondamentalement une intervention gouvernementale sur la dépollution
comme telle?
M. Nicolet: Évidemment, je me dois d'appuyer votre souci
de poursuivre avec diligence le programme d'assainissement des eaux. Je pense
que cela... Mais, je ne sais pas s'il y a une relation directe de
causalité entre une accélération du programme
d'assainissement, d'une part, et la création du programme dont on
discute aujourd'hui. J'ai l'impression, d'après ce que j'en connais, et
je n'ai pas la prétention d'être au courant de toutes les
situations au Québec, que la problématique principale en est une
de gestion d'un programme plus que des problèmes de disponibilité
financière. S'il y a des retards, il faudrait peut-être s'adresser
à toute une série de raisons qui expliquent les retards dont vous
faites mention.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre de
l'Environnement, quelques...
M. Ouellette: Très brièvement, M. le
Président, je voudrais remercier le président de l'UMRCQ pour sa
contribution à cette commission. Je n'ai pas à poser de questions
additionnelles puisqu'elles ont toutes été posées et les
réponses que j'ai entendues me satisfont. Je vous remercie, M. le
président, de votre contribution.
M. Nicolet: Merci, M. le ministre. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Marquis): Merci aux gens de la
commission, merci aux représentants de l'UMRCQ.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 54)
(Reprise à 20 h 11)
Le Président (M. Marquis): M. le ministre. La commission
parlementaire de l'aménagement et des équipements reprend ses
travaux afin d'entendre les deux derniers groupes, d'après les
informations, ils ont choisi d'intervenir conjointement. Il s'agit du
Comité d'assainissement du bassin de la rivière
Saint-François avec comme porte-parole, M. Allaire, et du Comité
d'hygiène et d'aménagement de la rivière Magog,
représenté par son président, M. Roger Gingues. Je
demanderais donc à nos intervenants, aux porte-parole de se
présenter et de présenter également les gens qui Ies
accompagnent, puis de nous livrer le message qu'ils ont l'intention de livrer
à la commission.
Comité d'assainissement du bassin de la
rivière Saint-François et Comité
d'hygiène
et d'aménagement de la rivière
Magog
M. Allaire (André): Je suis André Allaire,
président du Comité d'assainissement du bassin de la
rivière Saint-François. À ma gauche, M. François
Bélanger, ingénieur, secrétaire exécutif du
comité. Je suis obligé aussi de nommer le vice-président
du comité d'assainissement, le même M. Gingues, qui est sur notre
comité. Là, je passe un individu pour arriver à M. Robert
Dubé qui est le gérant secrétaire du Comité
d'assainissement du bassin de la rivière Saint-François.
M. Gingues (Roger): Alors, M. le Président, mon nom est
Roger Gingues, président du comité CHARMES de Sherbrooke.
À mon extrême droite, si vous le permettez, le directeur
général du comité CHARMES de Sherbrooke, de même que
M. Robert Saucier, ph. d, secrétaire trésorier, professeur en
maîtrise en environnement à l'Université de Sherbrooke.
M. te Président...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Gingues: Est-ce que j'ai fait une grimace?
Une voix:... son mémoire...
Le Président (M. Marquis): Vous pouvez y aller.
M. Gingues: D'accord. M. le Président, MM. les ministres,
MM. les députés, Messieurs, Mesdames, le Comité
d'hygiène et d'aménagement des rivières Magog et
Saint-François, CHARMES, est une corporation à but non lucratif,
ad hoc au conseil municipal de 5herbrooke dont le mandat est de veiller
à la protection des rives des rivières Magog et
Saint-François et de travailler à la promotion et au
développement de cet environnement de façon qu'il soit le plus
utilisable possible par les citoyens de Sherbrooke.
Les orientations préconisées par le comité CHARMES
sont, à toutes fins utiles, endossées par le conseil municipal.
C'est dans ce cadre que CHARMES peut, au besoin, veiller à ce que les
différentes interventions des services municipaux ou de tout autre
opérant en matière d'aménagement soient conformes aux
principes élaborés dans les études et analyses sur
l'environnement de la rivière.
Formé en 1975, ce comité para-municipal se compose d'une
vingtaine de personnes ressources bénévoles provenant du milieu
sherbrookois, à savoir, le conseil municipal de Sherbrooke, la
fonction
municipale de Sherbrooke, la fonction publique gouvernementale (soit de
représentants du ministère de l'Environnement de Sherbrooke, du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche). Les
organisations sociales sont représentées par l'Association
québécoise des techniques de l'eau, la Chambre de commerce de
Sherbrooke, la Corporation du centre-ville de Sherbrooke, le club Optimiste de
Sherbrooke et l'Association des chasseurs et pêcheurs de Sherbrooke, au
secteur de l'éducation, sont représentés
l'Université de Sherbrooke, le cégep de Sherbrooke, la Commission
scolaire régionale de l'Estrie ainsi que la Commission scolaire
catholique de Sherbrooke; enfin il y a des citoyens intéressés au
nombre de quatre.
Le présent mémoire consiste essentiellement à
démontrer que les interventions d'un comité de citoyens
préoccupés par l'amélioration de l'environnement aquatique
auront permis de développer une atmosphère positive favorisant
l'aménagement des berges et la préservation du milieu.
Objectif du comité CHARMES. D'abord créé pour
étudier le problème de la qualité de l'eau des plages de
la rivière Magog et de faire des recommandations réalistes afin
d'optimaliser l'utilisation de la rivière par la population de
Sherbrooke et des environs, les objectifs du CHARMES se modifièrent au
cours de la décennie et s'adaptèrent aux besoins de la
population. En 1985, les objectifs du comité consistent à voir
à la planification et à la promotion d'aménagements
compatibles avec l'utilisation et la protection des rivières Magog et
Saint-François; travailler à favoriser des conditions permettant
l'usage des rivières Magog et Saint-François; être un
organisme consultatif en matière d'aménagement et
d'hygiène; assurer un rôle de surveillance des rivières
Magog et Saint-François.
Les principales réalisations du CHARMES. Afin d'atteindre ses
objectifs et redonner à la population de Sherbrooke et des environs
l'usage de ces étendues d'eau, le CHARMES a obtenu une entente entre la
ville de Sherbrooke et le gouvernement du Québec sur l'épuration
des eaux usées rejetées dans la rivière;
élaboré un projet de règlement municipal visant à
protéger intégralement la végétation des berges sur
une bande de dix mètres, lequel règlement sera adopté
prochainement; effectué des études sur la qualité de l'eau
des rivières Magog et Saint-François à l'intérieur
des limites de la ville de Sherbrooke; réalisé des études
d'impact sur le potentiel d'aménagement des rives en milieu urbain.
De ces études découlent des propositions
d'aménagement en vue d'accroître l'accessibilité à
la rivière et de créer des sites propices à la
détente et à la récréation. Le CHARMES a aussi
ensemencé la rivière Magog de plus de 40 000 truites arc-en-ciel
en quatre ans avec la collaboration du ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche. Ce programme d'ensemencement aura suscité un vif
intérêt parmi la population puisque, en réalité,
personne n'osait rêver pêcher un jour de la truite en plein
centre-ville et la population de Sherbrooke - je pense que c'est 85 000
personnes - peut s'en glorifier. Afin d'encourager la pratique de la
pêche et inciter l'enregistrement des prises, nous avons mis sur pied le
concours des CHARMmants pêcheurs.
Nous avons organisé des journées de reboisement et de
regénération tant avec les riverains de la rivière Magog
qu'avec les élèves des écoles primaires à
l'intérieur de journées vertes ayant pour thème "Je
construis mon environnement"; aménagé un centre
d'interprétation de la nature dans un boisé situé sur le
bord de l'eau. Une équipe de naturalistes a animé diverses
activités éducatives, soit des visites guidées pour tout
groupe de personnes intéressées, des sorties éducatives
avec des élèves des écoles de ta commission scolaire
catholique de Sherbrooke, une activité théâtrale en
environnement adaptée aux jeunes de six à douze ans et je dirais
même, de 12 è 75 ans, parce que je pense que M. le ministre
Ouellette a été témoin de ha pièce de
théâtre haute en couleur intitulée "Aristide et Cacane
bossée à la rivière Magog"; donné des causeries sur
l'environnement; effectué trois opérations de nettoyage des
berges et récolté quelque 250. tonnes de détritus, soit
des pneus, matelas, réfrigérateurs, carcasses d'automobile et le
reste.
Nous avons pris position sur les déversements accidentels d'huile
en invitant poliment les propriétaires d'établissements
susceptibles de connaître d'éventuels accidents écologiques
à procéder à une vérification de leur
système de drainage et de chauffage; parrainé un sondage
d'opinion dans le but de permettre aux citoyens de manifester leurs attentes
face aux usages du cours d'eau à récupérer; réagi
vigoureusement devant des travaux nécessitant un déboisement
irrationnel en bordure de l'eau; regroupé autour d'une même table
des représentants d'associations de riverains du bassin de la
rivière Magog afin de concerter nos efforts en matière de
protection de la rivière.
De toutes ces réalisations du CHARMES, celle qui mérite
une présentation détaillée devant cette commission
parlementaire et qui revêt une importance primordiale pour le CHARMES est
sans contredit le projet d'aménagement des rivières Magog et
Saint-François. Plus particulièrement, nous présentons
succinctement la problématique des objectifs
et la nature du projet.
Mentionnons que ce projet est le fruit de quatre années
d'étude et de recherche sous la supervision du Dr Robert. Saucier,
membre bénévole du Comité CHARMES et spécialiste en
matière environnementale. Ces études tiennent compte des
critères fondamentaux assurant le maintien de l'équilibre
écologique du milieu.
Problématique: La ville de Sherbrooke se distingue par la
présence de deux cours d'eau importants qui sillonnent son territoire,
les rivières Magog et Saint-François, dont leur point de
confluence se retrouve dans le centre-ville.
Historiquement ces cours d'eau ont contribué au
développement économique de la ville. Ils ont longtemps
représenté un attrait particulier et une valeur touristique aux
yeux des résidents. Cependant, au cours des ans, la pollution
occasionnée par les rejets d'eaux usées domestiques et
industrielles a provoqué un désintéressement chez la
population. La qualité de l'eau ne favorisant plus les activités
nautiques, les citoyens recherchèrent des endroits, à
l'extérieur de la ville, plus propices à ce genre
d'activité. D'ailleurs, un rapport de l'Office de planification et de
développement du Québec publié en 1977 présentait
des perspectives plutôt sombres d'utilisation de la ressource eau. En
effet, on y mentionne que "si les tendances se poursuivent, les sites
utilisables pour fins de récréation de plein air reliée
à l'eau se retrouveront de plus en plus loin du lieu de résidence
de la masse des utilisateurs qui habitent le Québec de base. À
l'heure actuelle, la situation est telle que les distances à parcourir
rendent déjà prohibitive, en temps et en argent, la pratique des
sports aquatiques par une forte portion des Québécois. "
De plus, le développement désordonné
résultant d'un manque de planification a entraîné la
dégradation du milieu. On se retrouve aujourd'hui avec des rives dans un
état d'abandon et où on dénote une pénurie
d'accès publics et un manque important de sites pour encourager la
pratique d'activités de détente et de plein air.
La décennie des années soixante-dix soulève une
prise de conscience collective face à cette problématique. Les
autorités, jumelées aux efforts des groupes de citoyens,
décidèrent donc d'entreprendre des travaux d'envergure afin de
remédier au problème qui apparaissait le plus urgent, savoir
freiner la pollution des eaux.
Plus tard, des études faites par le Comité CHARMES, soit
en 1981 et 1983 portant sur les données limnologiques comparatives de la
rivière Magog démontrent qu'en regard de certains
paramètres, la qualité de l'eau de la rivière Magog sur le
territoire de la ville s'est sensiblement améliorée. Cette
amélioration résulte, en majeure partie, des travaux
réalisés dans le cadre du programme d'assainissement des eaux du
Québec.
Cette amélioration de la qualité de l'eau a
engendré d'heureux résultats: la population manifeste une
volonté concrète de retour è la rivière.
Mentionnons à titre d'exemple le succès que connaît la
fête du lac des Nations, l'ensemencement de truites et les tournois de
pêche organisés depuis trois ans, la reprise des activités
nautiques telles la voile, la baignade, le canotage ainsi qu'un attrait
prononcé vers l'interprétation de la nature au bord de l'eau. Le
boisé Blanchard situé en bordure de la rivière et
exploité è titre expérimental a attiré plus de 3000
visiteurs en deux ans.
Disons que c'est la première année depuis dix ans, M. le
Président, que les plages publiques de Sherbrooke ont été
ouvertes à la population. Antérieurement nous avons dû
fermer nos plages è cause du taux de conformes trop élevé.
C'est une preuve réellement tangible qu'il y a eu des
améliorations qualitatives de l'eau de nos rivières Magog et
Saint-François.
Ce besoin exprès de retour à la rivière n'est pas
sans engendrer à son tour l'épineux problème de
l'accessibilité publique et de l'aménagement de sites
appropriés.
Il s'avère donc impérieux d'aménager les rives de
nos rivières afin de permettre à la population locale et
même régionale d'avoir de plus en plus accès aux plans
d'eau.
Les objectifs. Les objectifs poursuivis par ce projet
d'aménagement de nos rivières se traduisent ainsi: redonner aux
citoyens l'usage des rivières Magog et Saint-François en
aménageant des sites propices à la détente et à la
récréation de plein air reliée à l'eau;
aménager des. accès publics aux plans d'eau; développer et
accroître l'attrait touristique des rivières; corriger et
prévenir toute dégradation du milieu.
Dans la réalisation de ces objectifs, il importe de garder
à vue que l'utilisation rationnelle des rives pour développer le
potentiel récréatif et touristique doit se concrétiser
dans un souci de prévention du milieu.
La nature du projet: Préserver le caractère naturel de nos
ressources riveraines et utiliser le potentiel récréatif et
touristique de nos rivières nécessite une série
d'interventions basées sur des études du milieu
récepteur.
Le présent projet préconise l'aménagement des rives
et de la rivière Magog située dans les limites de Sherbrooke,
selon une démarche s'inspirant de la logique suivante.
Je demanderais à Robert de visualiser avec moi certains
écrits afin de vous montrer que le travail qui a débuté il
y a à peine quatre ans arrive à se concrétiser.
C'est probablement avec des efforts aussi valables et aussi concrets que
ceux que vous allez voir devant vous que vous constaterez que la population est
prête è accepter le défi de la dépollution de ces
cours d'eau et de la garde d'un patrimoine naturel dans un milieu urbain.
Voici. Est-ce que tu pourrais détailler, Robert?
M. Dubé (Robert): Est-ce que tout le monde voit bien de
loin les indications? Il faudrait tasser le micro.
Je vais vous présenter le projet d'aménagement des berges
de la rivière Magog du comité CHARMES. Je vous inviterais, tout
au long de l'exposé, si vous avez des questions, à intervenir de
façon à créer un dynamisme dans la présentation.
J'inviterais aussi M. Gingues à vous situer sur la première phase
du projet que vous retrouvez également dans votre mémoire.
Une voix: Est-ce que vous pourriez approcher le micro parce
que... Le tourner vers vous.
Une voix: Ah! Le tourner.
Une voix: Merci.
M. Dubé: D'abord, ici vous avez une représentation
graphique de la rivière Magog dans la ville de Sherbrooke. Elle est
située entre le barrage, c'est-à-dire qu'ici ce sont les limites
de la ville de Rock-Forest. Vous avez probablement entendu parler des
événements de Rock-Forest.
Une voix: J'ai entendu parler du motel "La Rafale".
M. Dubé: C'est comme cela qu'ils l'appellent depuis ce
temps.
M. Gingues: Je dois dire, pour vous situer, qu'il y a le... aussi
très près de là.
M. Dubé: Le barrage que nous appelons le barrage
Paré, et le confluent avec la rivière Saint-François,
c'est-à-dire que la rivière Magog se jette dans la rivière
Saint-François et ce point de confluence se situe dans le centre-ville
de la ville de Sherbrooke.
Nous avons divisé le projet en trois phases. La première
phase que je vais vous expliquer à l'instant consiste notamment en
l'adoption d'un règlement municipal pour la protection des berges.
Également, comme M. Gingues l'a mentionné dans le mémoire,
la poursuite du programme d'assainissement des eaux en vue d'améliorer
la qualité de l'eau, pour le comité CHARMES c'est fondamental.
C'est ce qui nous permet de vous présenter aujourd'hui un projet de
cette envergure.
Également, avant de pouvoir aménager des infrastructures
ou des aménagements reliés aux berges et aux rives de la
rivière Magog, on doit acquérir certains terrains. La phase
d'acquisition de terrains s'échelonnerait au cours des années
1985 à 1987 et prévoit des coûts d'acquisition d'un montant
global de 1 021 700, $.
La phase II du projet consiste notamment en l'aménagement de la
rivière Magog. Ce qu'on entend par la rivière Magog - c'est pour
cela que j'ai apporté la carte ici - c'est le secteur de la
rivière qui est compris entre le barrage Paré et juste avant
d'entrer dans les gorges de la rivière Magog. C'est qu'à
Sherbrooke ce qui caractérise le centre-ville c'est le fait que la
rivière coule dans des gorges. Alors on a divisé le secteur en
deux, soit l'aménagement des gorges, qui va constituer la phase III du
projet, et l'aménagement du secteur dit rivière à
proprement parler. Ce qu'on appelle ici un réservoir qui a
été créé pour des fins hydroélectriques
c'est le lac des Nations. Tout à l'heure on a mentionné que
depuis trois ans nous organisons à Sherbrooke la fête du lac des
Nations.
La phase II, - je vais revenir sur chacun des aménagements. Le
coût global est évalué à environ 650 000 $ de
travaux d'aménagement comme tels. Comme premier ouvrage ce que l'on
préconise c'est l'aménagement des terrains d'entreposage
d'Hydro-Sherbrooke qui sont situés juste au bord de l'eau, remise des
transformateurs hydroélectriques, mais on s'est assuré qu'il n'y
avait pas de BPC à l'intérieur. Également, des tentes
Hercules que vous voyez ici représentées: Ce sont des
dômes; ce qu'on appelle des tentes Hercules ce sont des dômes
métalliques qui servent actuellement à la
récupération de vieux papiers.
Quand on se promène sur le pont Jacques-Cartier et qu'on voit la
rivière Magog située juste à côté de ces deux
terrains et qu'on remarque une cour où il y a de vieux rebuts et des
transformateurs hydroélectriques, pour nous, en 1985, quand on sait que
la qualité de l'eau de la rivière Magog, notamment à cet
endroit, est particulièrement intéressante, on se dit que cela
n'a plus sa raison d'être.
Ce qu'on préconise par contre comme solution de rechance c'est
l'aménagement d'un ilôt de verdure, lequel ilôt de verdure
permettrait l'accessibilité publique au plan d'eau d'une part. D'autre
part on profiterait de cet aménagement pour aménager un arboretum
en milieu urbain, c'est-à-dire permettre à la population qui va
se promener dans ces sentiers d'observer ou d'identifier les arbres qui sont
plantés dans une ville, de même que la première banque de
végétation de dix mètres, c'est-à-dire la banque de
protection des rives, On identifierait certaines plantes et les gens pourraient
être
à même de constater pourquoi effectivement on fait de la
regénération d'une berge pour freiner l'érosion et pour
stabiliser les sols. (20 h 30)
Vous avez la même illustration, vous avez cela dans les documents
verts que je vous ai remis aussi. C'est un peu un aperçu, une
perspective de ce qu'aurait l'air un aménagement semblable. Je vous
signale que ces aménagements ont été illustrés par
une étudiante en architecture dans le cadre d'un programme
Été Canada. C'est un peu comme cela que le comité CHARMES
a réussi, au cours des quatre dernières années, à
étudier le potentiel faunique et fleuristique des berges pour en arriver
à des propositions d'aménagement qui sont aujourd'hui
illustrées via - comme je vous l'ai mentionné - une
étudiante dans le domaine de l'architecture.
Vous avez encore l'autre carton qui représente le même
secteur d'aménagement mais d'une vue différente cette fois-ci.
Toujours dans le même secteur, ce que vous avez de
représenté ici c'est une vue d'ensemble. Ce qu'on devrait voir
idéalement, en se promenant sur l'eau, c'est une berge qui est
complètement aménagée, c'est-à-dire qui est
complètement regénérée et reboisée, avec
cependant des accès publics, des descentes à l'eau, des
accessibilités publiques pour les piétons pour aller au bord de
l'eau. Idéalement, c'est ce qu'on devrait voir en se promenant sur la
rivière et c'est ce qu'on a tenté de représenter par
l'illustration ici.
Comme autre proposition d'aménagement, on préconise des
sentiers d'interprétation de la nature dans le boisé Blanchard,
ce que nous appelons le boisé Blanchard pour la ville de Sherbrooke qui
est situé en l'occurrence ici par rapport à l'ensemble de la
rivière. Ce qu'on préconise c'est l'aménagement de 4, 8
kilomètres de sentiers. La particularité de ce secteur - je vais
y revenir un petit peu plus loin - vous avez ici l'état actuel du
sentier, c'est-à-dire, une entrée qui est bien
aménagée. Ce qu'on préconise comme aménagement
notamment à l'entrée c'est un kiosque d'accueil pour les gens
avec des identifications ou des panneaux de signalisation sur ce qu'ils vont
observer dans le milieu forêt. On aménage aussi l'entrée de
façon à ne pas trop dépayser le citadin qui va s'aventurer
un peu plus loin dans le boisé et le boisé Blanchard.
Ici, on a représenté un abri en cas de pluie. Une centaine
de mètres plus loin, c'est le départ dans les sentiers de nature.
À ce moment-ci, le sentier donne accès à une forêt
qui prévoit différents stades d'aménagement, de
regénération, à un stade de forêt mure.
La grande particularité c'est qu'on peut expliquer par des
visites guidées tout l'écosystème aquatique. C'est que les
sentiers étant riverains, cela nous permet d'offrir, avec le service de
naturalistes, des visites pour expliquer ce qu'est un écosystème
aquatique. À cet effet, on a eu depuis 1982, 3000 visiteurs qui ont
bénéficié de visites guidées, et les sentiers ne
sont pas tout à fait aménagés à l'heure où
l'on se parle.
Comme autre aménagement proposé, ici on est rendu au
niveau du barrage Paré, si l'on veut, à l'entrée de la
rivière Magog dans la ville de Sherbrooke, là où il y a un
très bon taux d'oxigénation et où la qualité de
l'eau est très bonne. À titre d'exemple, juste pour parler un
petit peu de notions biologiques, lorsqu'on mesure les conformes fécaux,
200 c'est la norme sécuritaire pour la baignade, 200 coliformes
fécaux par cent millilitres d'eau. À l'entrée de la ville
ici, on en dosait 20; alors c'est vraiment sécuritaire pour la baignade,
j'entends, pas pour l'eau potable. Au niveau du lac des Nations, on en
dénombrait 2500 en 1981, alors on s'est dit que c'est vraiment en
circulant dans la rivière Magog qu'il y avait une charge de coliformes
fécaux qui provenaient notamment des eaux usées domestiques. Les
travaux d'assainissement ont permis d'améliorer les coliformes
fécaux dans la ville de Sherbrooke et je laisserais M. Saucier nous
expliquer un petit peu combien il y en a au niveau du lac des Nations.
M. Saucier (Robert): Vous référez à une
étude qui a été reprise. Nous avons fait une étude
immunologique en 1981 comme vous le disiez. On a repris les mêmes
paramètres deux ans plus tard pour noter justement les correctifs au
niveau de l'assainissement des eaux. Nous avons noté une très
forte amélioration, de telle façon que même au niveau de la
baignade maintenant, on est arrivé avec un nombre permissible et les
plages ont été réouvertes. Déjà, en deux
ans, c'est une très très forte amélioration. La cote
trophique d'ailleurs du lac des Nations s'est complètement
améliorée également. C'est très encourageant.
M. Dubé: Ce qu'on préconise dans le secteur du parc
Fortier c'est l'aménagement d'un camping municipal. À Sherbrooke,
il n'y en a pas de camping municipal et on a par contre des touristes qui
aimeraient pouvoir camper, ne serait-ce que quelques journées ou une fin
de semaine dans la ville de Sherbrooke, mais malheureusement on est
obligé de les envoyer à l'extérieur de la ville.
Sur le bord de la rivière on profiterait de ce site pour
aménager un camping d'une quarantaine d'espaces, de places pour tentes,
tentes-roulottes mais qui seraient non permanent, c'est-à-dire non
saisonnier, un camping temporaire avec des débarcadères à
bateaux, des quais pour location de pédalos et encore une fois
accès à la pêche.
M. Saucier: Pas des quais en béton.
M. Dubé: Au niveau du barrage Paré, vous avez ici
l'illustration du barrage. M. Gingues a mentionné qu'on a
ensemencé 40 000 truites arc-en-ciel dans la rivière Magog depuis
1979 et on s'apprête à en déposer 10 000 pour
l'année 1985. Étant donné qu'il y a beaucoup
d'oxygène au niveau du barrage, évidemment, la truite a tendance
à se ramasser au pied du barrage et, également, les
pêcheurs suivent.
Actuellement, la centrale hydroélectrique Frontenac qui exploite
le barrage a des turbines, des clôtures et les jeunes, eux, ça ne
les achale pas. Ils emjambent tout ça et ils vont pêcher, parce
que le meilleur endroit de pêche - c'est un truc que je vous donne, si
vous venez à Sherbrooke - c'est au pied des chutes ici.
M. Gingues: Proche de chez vous.
M. Dubé: II ne faut pas en parler! Ce qu'on
préconise comme aménagement, au lieu d'interdire strictement la
pêche à cet endroit ou, encore, d'arrêter le programme
d'ensemencement, parce qu'il y a vraiment un danger pour la
sécurité publique, c'est l'aménagement d'une plateforme
sécuritaire pour la pêche, qui donnerait accès au pied du
barrage. Selon les plans que nous avons obtenus, c'est réalisable de
penser à un aménagement de cette nature-là.
Au niveau de la phase III ou, plus particulièrement, le secteur
des gorges de la rivière Magog, ce que l'on préconise, ce sont
des aménagements totalisant 500 000 $ d'investissement. Vous allez vous
rendre compte que dans ce secteur-ci des gorges on développe davantage
l'attrait récréo-touristique ou le potentiel des gorges de la
rivière Magog. Voici ce qu'on préconise comme aménagement
dans le premier secteur des gorges. Comme il y a trois centrales
hydroélectriques le long des gorges, on les a divisées en trois
secteurs, soit les secteurs situés entre chacun de ces barrages.
Dans le premier secteur, on aménage un escalier qui donnerait
accès à un quai flottant, duquel quai partirait une espèce
de bateau genre Zodiac ou des gros bateaux en caoutchouc dans lequel
prendraient place une quinzaine de personnes. Là, on les lance dans le
courant. Cela leur permet d'observer toute l'approche géomorphologique
des gorges et les gens reviennent par une remontée mécanique au
point de départ. Également, on aménage une passerelle
communicante entre les deux rives pour passer par-dessus le courant. Un petit
peu plus loin, ce qui n'est pas représenté ici sur
l'illustration, on a un sentier d'exploration, en période
d'étiage ou, si vous voulez, durant l'été, lorsqu'il y a
moins d'eau, pour se promener sur le bord des rives. C'est l'aménagement
qu'on préconise dans le premier secteur des gorges. Je vous ferais
remarquer que la randonnée sur l'eau, comme telle, c'est un truc qui est
utilisé, actuellement, dans les États de New York et du Maine et
qui connaît un succès impressionnant.
Le deuxième secteur. On aménage, ici, un
café-terrasse qui serait attenant à la centrale
hydroélectrique Frontenac. Actuellement, cette centrale
hydroélectrique produit de l'électricité, mais c'est tout
automatisé. Alors, ce qu'on ferait de la centrale, étant
donné que le monument est quand même historique - il
représente tout le développement ou le patrimoine sherbrookois
sur le plan du développement socio-économique - on
aménagerait un musée sur l'hydroélectricité. On
éclaire les chutes; on fait une autre passerelle communicante à
même le barrage et, ici, ce qu'on aménage, c'est un pont
suspendu.
Je ne sais pas si vous l'avez déjà remarqué, mais
dans les centrales de ce type-là - c'est ce qu'on ma expliqué; un
ingénieur m'a déjà expliqué ça - le mur de
béton qui est situé ici, qui est existant, actuellement, c'est ce
qui empêche le courant, lorsqu'il y a trop d'eau, de revenir par ici pour
aller dans les turbines pour la production hydroélectrique. Alors, ce
mur de béton est là pour prévenir le refoulement des eaux
dans les turbines. Il est existant et ce qu'on préconise, nous, c'est
l'aménagement d'un pont suspendu qui couperait et qui permettrait
d'observer, encore une fois, l'approche géomorphologique des gorges et,
également, en dessous, le courant. Vous allez avoir une meilleure vue
sur l'autre illustration.
Ici, c'est une superposition. C'est le même secteur
d'aménagement, sauf qu'ici on voit un promontoire d'observation qui
serait aménagé. Du promontoire, mettez-vous sur le promontoire et
c'est ce que vous observez. En étant situé sur le barrage
à cet endroit, c'est ce que vous observez. Alors, l'artiste s'est
placé à deux endroits différents pour illustrer la
perspective d'aménagement que ça pourrait donner.
Alors, vous voyez le pont suspendu, ici, qui permettrait d'observer
toute la strate géomorphologique des gorges avec, évidemment, les
explications inhérentes avec un tel type d'aménagement.
Le dernier secteur des gorges qui va rejoindre la Saint-François
où il y a le confluent avec la Saint-François, selon des experts
en canot et kayak, il y a possibilité d'aménager un circuit de
compétition. C'est-à-dire qu'on placerait des bâtons
suspendus au dessus de l'eau et les compétiteurs prendraient le
départ d'un quai et se livreraient à la compétition en
travaillant à travers les pôles suspendus. Ce qu'on
aménagerait, c'est une remontée pour permettre aux
compétiteurs de revenir prendre place sur le quai de départ.
Cette passerelle, pour revenir au point de départ,
serait aménagée à même un tuyau, qu'on
appelle, dans le vrai terme, une conduite d'amenée. C'est-à-dire
que la centrale hydroélectrique, ici, va chercher son eau au barrage et
l'amène au niveau de la turbine. Alors, c'est déjà
existant, cette conduite d'amenée. On fait simplement ajouter pardessus
un pont ou une passerelle.
Alors, c'e3t un projet qui se divise en trois phases. Vous avez la phase
I qui concerne l'acquisition des terrains évalués à 1 021
700 $, la phase II concernant l'aménagement de la rivière pour
les années 1985 et 1986, on parle de 650 000 $, et la phase III,
l'aménagement des gorges pour 1986 et 1987, on parle de 500 000 $.
Encore une fois, c'est un coût global d'évaluation, pour un projet
total de 2 171 700 $. Je vous remercie de votre attention.
Le Président (M. Marquis): Je vous remercie beaucoup.
M. Gingues: Alors, le secteur touristique connaîtra
sûrement, par la présentation que vient de vous faire Robert, un
essor considérable en valorisant une rivière où ses berges
seront avantageusement aménagées. L'attrait touristique
développé par la zone Magog-Orford, jumelé au potentiel
qu'offre la rivière Magog de servir de voie navigable reliant cette zone
et la ville de Sherbrooke, contribuera à faire de cet axe une attraction
touristique d'envergure.
Le comité CHARMES a proposé des aménagements pour
le tronçon de la rivière Saint-François situé dans
les limites de Sherbrooke. Ces aménagements feront l'objet de
discussions dès la mise en opération de l'usine
d'épuration de Sherbrooke prévue pour 1988.
Le secteur du loisir aquatique bénéficiera de
l'aménagement des rives en multipliant les activités de plein air
reliées à l'eau. Le développement du centre-ville et
l'aménagement des gorges de la rivière Magog présentent
une complémentarité remarquable. Ainsi, la SIDAC, la Corporation
du centre-ville et la Place Andrew-Paton trouveront avantage à mettre en
valeur et à exploiter ce patrimoine naturel au bénéfice de
l'ensemble de la communauté économique de ce quartier.
Par ailleurs, l'incidence du projet se reflétera au niveau de la
création d'emplois permanents puisque la rivière Magog deviendra
la colonne vertébrale du développement socio-économique de
Sherbrooke. Mentionnons en terminant que la ville de Sherbrooke a donné
son approbation pour ce projet et consent à y investir 760 000 $,
échelonnés sur trois ans.
En conclusion, la ville de Sherbrooke possède un attrait fort
particulier par la présence de ces deux rivières. Vouloir faire
de Sherbrooke une ville différente et aussi attrayante, c'est
précisément mettre en valeur ses caractéristiques, en
l'occurrence, ses cours d'eau et la nature qui les entoure.
L'expérience fort éloquente du comité CHARMES
à naviguer au sein de l'appareil municipal témoigne de la
possibilité de créer un climat favorable au développement
harmonieux de nos ressources riveraines. Il s'avère donc possible,
à notre point de vue, de procéder à l'aménagement
des berges de nos rivières sans pour autant altérer
irrévocablement le milieu naturel. Par son implication et sa
persévérance, le comité CHARMES aura contribué
à établir une volonté politique positive en regard de la
récupération des usages de nos cours d'eau. La philosophie de nos
services municipaux est basée sur les valeurs véhiculées
par le comité CHARMES à l'effet d'être soucieux de notre
patrimoine écologique.
La réalisation des objectifs du comité CHARMES
dépend toujours des besoins de la population. En plus de continuer
à développer une approche critique face à la
détérioration du milieu, le comité CHARMES veut continuer
son travail en fonction des plans d'aménagement publiés avec la
participation de la population et des organismes sensibilisés aux
problèmes de l'environnement. À cet égard, le projet de
loi 6 permettrait à la ville de Sherbrooke de mettre en oeuvre le plan
d'aménagement proposé par le comité CHARMES.
Permettez-moi, entre parenthèses, de dire ceci: À la suite
de l'intervention de M. Saucier, en 1981, nous avons passé aux
études limnologiques de la rivière, à savoir la
qualité de la rivière Magog. C'est là que nous avons
réalisé que Sherbrooke était le plus grand polluant de son
bassin. Avec les interventions des gouvernements et les subventions de part et
d'autre, nous avons pu l'améliorer pour arriver, en 1983, avec 20 points
qualitatifs à la hausse. C'est attribuable au raccordement illicite que
nous avons pu corriger cela, par une réglementation municipale au point
de vue des raccordements. C'est en sensibilisant la population pour en arriver
à des protocoles d'entente et, un jour, à une usine
d'épuration que la population se devait d'accepter. C'est, je pense, en
bâtissant des usines d'épuration et en récupérant
les berges entre les usines de récupération, dans le but
d'éviter l'érosion de surface qui peut y arriver de part et
d'autre, c'est de cette façon que nous avons pu sensibiliser la
population et l'amener, en accord avec les gouvernements provincial et
municipal, à des objectifs et des patrimoines protégés.
Merci.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. Gingues. M. le
ministre de l'Environnement.
M. Ouellette: Est-ce que vous passez à
Saint-François en même temps?
Le Président (M. Marquis): Ah! je m'excusel Allons-y avec
le représentant de l'autre groupe. M. Allaire, la parole est à
vous. (20 h 45)
M. Allaire: Merci. M. le Président, M. le ministre, MM.
les députés et membres de la commission parlementaire, vous allez
voir que le tout s'intègre et est une continuité.
Le Comité d'assainissement du bassin de la rivière
Saint-François est issu en 1970, voici donc quinze ans, de l'initiative
de la Chambre de commerce du comté de Drummond. Au départ, le
comité ne regroupait que quelques membres inquiets de la
détérioration de leur tronçon de rivière et ils
étaient désireux d'amorcer une action en vue de l'assainissement.
Dès le départ, le comité avait un intérêt de
bassin complet. Déjà, un représentant universitaire
était présent. De même, avec une certaine lenteur, en 1976,
la ville de Sherbrooke adhérait déjà au comité.
Cet organisme à but non lucratif, ce comité de la
Saint-François regroupe des représentants de l'industrie, du
monde agricole, des municipalités, du secteur de l'éducation, des
chambres de commerce et des organismes préoccupés par
l'amélioration de l'environnement aquatique. Au total, 26 membres
bénévoles forment le Comité d'assainissement du bassin de
la rivière Saint-François. Permettez-moi de détailler
quant à son exécutif. Nous retrouvons, comme secrétaire,
M. François Bélanger; comme trésorier, M. Planzer, qui est
directeur de la Dominion Textile of Canada; comme représentant du groupe
scientifique, M. Raymond Desrochers, professeur à l'Université de
Sherbrooke; comme représentant du monde municipal, M. Brousseau, maire
d'East-Angus; comme représentants des principales municipalités,
M. Bruno Smith, échevin de Drummondville et M. Gingues, échevin
de Sherbrooke -c'était mon obligation de tout à l'heure - du
point de vue des chambres de commerce, de Drummondville, M. Robert Savoie.
Les objectifs. Â l'heure actuelle, la rivière
Saint-François représente un état avancé de
détérioration. C'est pourquoi le Comité d'assainissement
du bassin de la rivière Saint-François veille à promouvoir
l'assainissement des eaux de son bassin, afin que les activités
récréatives et sportives, comme la baignade et la pêche,
soient de nouveau accessibles à un grand nombre de personnes.
À cette fin, le comité oriente ses actions en vue
d'informer et de sensibiliser les secteurs municipal, industriel et agricole,
secteurs cibles identifiés comme agents pollueurs, sur la fiche
médicale peu reluisante de la rivière Saint-François, mais
surtout sur l'urgence d'activer sa guérison.
À cet objectif fondamental se greffent des objectifs plus
spécifiques qui se résument à - je lis - susciter et
favoriser les démarches pour faire progresser la cause de
l'assainissement; promouvoir la préservation du milieu naturel;
surveiller et signaler la dégradation de l'eau; réagir
positivement dans les cas de déversement de contaminants qui mettent en
péril notre équilibre écologique; assurer le suivi de
l'assainissement et surveiller les retarda susceptibles et surtout, au dernier
point, favoriser la prise en charge du milieu par les organismes du milieu afin
de mettre en oeuvre des plans d'aménagement. C'est un plan d'action
fondamental du comité, ne pas faire les choses mais les faire faire par
les impliqués, ceux qui connaissent les défauts à
corriger.
Le Comité d'assainissement du bassin de la rivière
Saint-François concentre ses énergies à préserver
la rivière contre toute agression. Il axe ses interventions en vue de:
susciter la participation et la concertation des différents agents
pollueurs à partager et à faire partager ses objectifs; agir en
tant qu'interlocuteur valable vis-à-vis des citoyens pour qu'ils fassent
des démarches auprès des autorités municipales et
gouvernementales; sensibiliser la population aux problèmes qu'engendre
la pollution; dresser, è l'intention des usagers des cours d'eau,
l'inventaire des usages de récréation et des ressources
biologiques à protéger à l'échelle du bassin;
organiser auprès des groupes et des associations des sessions
d'information, des conférences et des colloques pour promouvoir
l'assainissement et l'aménagement des berges; conjuguer ses efforts avec
ceux d'autres intervenants, municipalités, industries, producteurs
agricoles, gouvernements, associations de riverains, experts techniques,
etc.
J'ai oublié un autre directeur, tout à l'heure, M. Jacques
Viens, qui est vice-président du comité; il est aussi
président de l'UPA de Sherbrooke.
Des réalisations, oui, rapportons-en quelques unes: un colloque
d'information auprès des maires des municipalités du
Haut-Saint-François sur le programme d'assainissement des eaux du
Québec; une rencontre avec le Conseil consultatif de l'environnement; un
colloque avec le monde agricole et l'assainissement des eaux, en collaboration
avec l'Union des producteurs agricoles de Sherbrooke; l'opération
assainissement dans le cadre d'un développement communautaire du Canada;
l'étude des tronçons de la rivière Saint-François
et la préparation de cartes synthèses du bassin; la participation
à l'Événement de l'environnement en Estrie; une
étude sur les utilisations actuelles de la
rivière Saint-François de East-Angus à son
embouchure sur le fleuve Saint-Laurent; le suivi sur le PAEQ dans les secteurs
municipal, agricole et industriel; un colloque avec le monde industriel et
l'assainissement des eaux, en collaboration avec la Maison régionale de
l'industrie; l'organisation d'un concours d'affiches dans les écoles
secondaires de tout le bassin de la rivière Saint-François;
l'organisation d'une session d'information auprès des maires des
municipalités de la phase III, si vous vous souvenez bien dans le temps,
du programme d'assainissement des eaux du Québec; la visite d'usines
d'épuration avec les maires des municipalités régionales
du comté de Sherbrooke; l'organisation d'une journée d'animation
sur l'assainissement, la préservation et l'aménagement du milieu
aquatique avec les organismes du bassin préoccupés par ce
problème; la publication d'un bulletin d'information Eau-Secours
distribué dans l'ensemble du bassin à raison de 7000 exemplaires,
ce bassin de la rivière Saint-François dont on vous parle,
Cette rivière draine les eaux d'un bassin très
développé. En fait, la superficie totale du bassin couvre plus de
10 000 kilomètres carrés. Son parcours, depuis sa source, le lac
Saint-François, à son embouchure, le fleuve Saint-Laurent, est
parsemé de nombreux lacs et rivières. La superficie totale en eau
des lacs et des cours d'eau équivaut à 371 kilomètres
carrés. En pourcentage, c'est 3, 7% de la superficie du bassin. Les lacs
couvrent quelque 330 kilomètres carrés, soit 3, 2%. Le territoire
québécois en renferme 130, tandis qu'on en dénombre 61 en
territoire américain, autre tronçon inclus dans le bassin de la
Saint-François.
Le bassin compte treize tributaires en rivières et les plus
importantes sont la Magog, la Massawippi, la Watopéka. Quelques notions
de rappel: une population totale de 271 000. Ce bassin regroupe 140
municipalités incluses dans 13 MRC et touchant principalement à
la région administrative 5, mais aussi à la Mauricie, en bonne
partie, et à un petit secteur de la région administrative de
Québec. Le territoire compte 2 universités. Au niveau des
industries, il y en a 646; on ne peut pas passer par-dessus ce secteur. Au
niveau des producteurs agricoles, 3187. Les usagers, je les nomme et je les
quantifie: associations de riverains, 39; clubs de chasse et de pêche,
47; bases de plein air et camping, 59; clubs nautiques et marinas, 18.
Interventions réalisées avec le programme d'assainissement
des eaux du Québec. Le secteur industriel en région
administrative de l'Estrie, bassin de la rivière Saint-François:
des 646 usines répertoriées, 172 furent retenues pour
étude par le ministère de l'Environnement; 17 des 172 ont
réalisé ou réaliseront prochainement des travaux
d'assainissement totalisant 1 500 000 $; 3 usines de pâtes et papiers ont
signé avec le ministère de l'Environnement une entente dans le
cadre du programme d'assainissement, soit la Kruger à Bromptonville,
Scott Paper à Lennoxville et Papiers Cascades à East-Angus.
Les investissements passés et futurs totaliseront 4 000 000 $
pour l'assainissement et un peu plus de 28 000 000 $ pour la modernisation.
Tout ceci, évidemment, sans compter la Domtar, celle de Windsor, qui,
elle, y va pour 1 000 000 000 $ et quelques millions dont le problème
est sur la table actuellement. Rappelons que, dans ce domaine, nous avons
déjà eu au sein de notre conseil d'administration M. Pelletier
qui, dans le temps, était directeur de la Domtar à
East-Angus.
Secteur municipal. Le secteur municipal est la clé de notre
comité. C'est le point sur lequel le comité s'est acquis une
solidité durant les années soixante-dix, avec lequel nous ne
pouvons faire autrement que d'avancer. Il y a donc 131 municipalités,
dont 60 sont impliquées dans le programme. 33 municipalités sur
ces 60 ont signé un protocole d'entente, dont les plus importantes sont
Coaticook, Disraeli, Fleurimont, Lennoxville, Ascot, Sherbrooke, Magog, Windsor
et Richmond. Le total des investissements des 33 municipalités est de
135 000 000 $.
Secteur agricole. Dans le secteur administratif de l'Estrie en amont de
Sherbrooke, dans les données de 1984, sur 2230 producteurs, 1625 ont
fait l'objet d'une visite. Un certain nombre d'entre eux, 43,
présentaient des problèmes graves, 102 des problèmes
moyens et 426 des problèmes légers. Soulignons qu'en même
temps que le ministère faisait ces relevés le comité
d'assainissement était présent et favorisait grandement, tel
qu'on nous l'a rapporté, la présence et l'activité active
rendues ainsi par les producteurs agricoles, sachant que le comité
était présent aussi dans ces relevés.
Les lendemains de l'assainissement des eaux. À la lumière
de la première partie du mémoire, il apparaît
évident que les efforts pour assainir les eaux polluées des lacs
et des rivières du bassin de la rivière Saint-François
semblent bien amorcés. L'on s'accorde pour dire que l'assainissement des
eaux du bassin de la rivière Saint-François n'est plus un
objectif à atteindre, mais un projet en voie de réalisation et
que, vers 1990, tous les travaux d'assainissement des eaux seront
terminés.
L'impact de ces travaux sur le milieu sera de rendre nos lacs et nos
rivières plus attrayants, d'où la volonté populaire de
retour aux plans d'eau. Ainsi, l'objectif de récupérer les usages
véhiculés par le
programme d'assainissement des eaux doit comprendre un volet
d'aménagement des berges. De toute évidence, il faut dès
à présent envisager des travaux réalisés et
reliés à l'accessibilité publique à ces plans
d'eau, des espaces propices à la détente et à la pratique
d'activités nautiques, favoriser le développement du potentiel
touristique de cette belle région.
Par ailleurs, l'on se doit d'accomplir ces travaux d'aménagement
des berges en tenant compte du milieu récepteur. Pour ce faire, des
travaux de nettoyage devront être continués ou amorcés,
selon le cas. Il s'agit du nettoyage des berges favorisant le maintien de
l'équilibre écologique de cet écosystème. D'autres
travaux de préservation du milieu devront remédier au
problème d'érosion des berges. Par exemple, la
régénération et le reboisement paraissent indispensables
au succès d'une entreprise de récupération des usages.
Comment développer une attitude positive ralliant
aménagement des berges et préservation du milieu à
l'échelle du bassin de la rivière Saint-François?
Réponse; Concept de concertation, entre autres. Deux exemples
illustreront pratiquement ce concept: d'abord, celui du comité
d'assainissement ayant conduit à l'adoption d'une résolution
unanime des organismes du bassin préoccupés par
l'amélioration de l'environnement aquatique et, ensuite, celui d'une
association de riverains, l'Association pour la préservation du lac
Magog, et le programme Berges neuves.
Premièrement, l'expérience du comité
d'assainissement; voyons comment cela s'est déroulé. Au cours de
l'année 1983, le comité a entrepris une tournée des
associations de riverains, des clubs de chasse et de pêche, des
municipalités et de toutes les MRC. On voyait qu'il y en avait sept dans
le secteur du bassin de la rivière Saint-François.
Convoqués à venir échanger des propos avec les membres du
comité sur la problématique environnementale inhérente
à leur secteur, une conclusion unanime s'est dégagée de
ces sept rencontres, à savoir, la volonté de tenir une rencontre
générale de tous les groupes et organismes du bassin
préoccupés par l'amélioration de l'environnement
aquatique.
Le 18 août 1984, un an plus tard, le comité donnait suite
à cette demande et organisait une journée d'animation sur
l'assainissement, la protection et l'aménagement du milieu aquatique.
Cette rencontre eut lieu à Val-du-Lac, aux abords du lac Magog. Quelque
200 représentants d'organismes, de municipalités, d'industries et
de MRC ont participé à cette journée. (21 heures)
Lors de cette journée, les participants convenaient de lancer une
opération environnementale à l'échelle du bassin. Cette
opération s'inspire d'un organisme renommé en Estrie pour la
qualité de ses interventions. Je viens de nommer le CHARMES. Il
s'agissait plus particulièrement de transposer l'expertise du CHARMES
à tous les groupes et organismes de l'ensemble du bassin de la
rivière Saint-François et d'y aller d'un nettoyage des berges des
lacs et rivières; reboiser les zones provoquant de l'érosion;
régénérer les berges; élaborer des plans
d'aménagement; promouvoir l'assainissement; orchestrer une vaste
campagne d'information et de sensibilisation auprès de la
population.
Puis, le 27 février dernier, le comité d'assainissement
lançait l'opération environnementale telle
qu'élaborée. Réunis en assemblée
générale, les représentants de 18 organismes, de 16
municipalités et de 3 MRC adoptaient une résolution unanime
favorisant l'élaboration d'un plan d'intervention afin de
présenter aux 140 municipalités du bassin des propositions
d'aménagement, de nettoyage et de reboisement des berges. Il est
à noter que le texte de la résolution n'exclut pas de
l'opération environnementale les organismes qui étaient absents
à la rencontre et qui se disaient intéressés.
Je vous demanderais de vous reporter à la première grande
page qui suit dans le texte. Quelle est cette résolution du 27
février? J'en fais la lecture, elle a ses points concrets.
"Considérant qu'il existe dans le bassin de la rivière
Saint-François des organismes dynamiques préoccupés par
l'amélioration de la qualité de l'environnement des lacs et des
rivières; "Considérant que, depuis de nombreuses années,
les organismes du bassin travaillent à promouvoir une atmosphère
favorable à l'assainissement des eaux et a la récupération
des usages; * "Considérant que les participants de la journée
d'animation sur l'assainissement des eaux du 18 août se sont
ralliés unanimement à l'idée d'intervenir rapidement et
efficacement; "Considérant que l'axe de développement du secteur
de l'environnement, tel que retenu par la région de l'Estrie au sommet
socio-économique de janvier dernier, implique l'élaboration d'un
plan global d'intervention pour l'aménagement des lacs et des
rivières; "Considérant la volonté des organismes du
milieu, des municipalités et des MRC è se concerter afin
d'élaborer ensemble des plans d'aménagement des lacs et des
rivières du bassin; "II est proposé, secondé et
résolu à l'unanimité: "Que les organismes présents,
sans restriction pour les organismes absents et intéressés,
adhèrent a l'opération environnementale du Comité
d'assainissement du bassin de la rivière Saint-François en ce
que des propositions d'aménagement des berges soient
élaborées pour l'ensemble du bassin de la rivière
Saint-François et présentées auprès du gouvernement
provincial et des municipalités comme faisant partie d'un plan global
d'intervention. "
La résolution se terminait ainsi, par un souci
d'efficacité: "Que le ministre de l'Environnement traite chaque demande
de subvention présentée dans le cadre du programme Berges neuves
par un organisme du bassin de la rivière Saint-François de
façon autonome, mais considère que cette résolution soit
annexée à chacune des demandes pour faire valoir l'unité
des organismes et la volonté de ceux-ci à élaborer un plan
global d'intervention dans le bassin, " sans doute désireux que cette
intervention soit la plus marquée possible dans ce bassin.
La deuxième expérience, si l'on revient à la page
11, c'est celle de l'Association pour la préservation du lac Magog.
L'Association pour la préservation du lac Magog est un organisme
à but non lucratif oeuvrant à l'amélioration de
l'environnement aquatique depuis 1973. Elle regroupe 300 membres situés
aux abords de ce lac. Le lac Magog est bordé de quatre
municipalités, à savoir: Deauville, Rock-Forest,
Sainte-Catherine-de-Hatley et canton de Magog.
Le dynamisme de cette association, à la suite de l'annonce du
programme Berges neuves, aura permis à celle-ci d'obtenir de la part de
ces quatre municipalités le mandat d'élaborer des propositions
d'aménagement dans le cadre de ce programme Berges neuves - Vous avez
les résolutions des municipalités qui ont été
remises à l'association du lac Magog - et de travailler conjointement
avec ces municipalités.
Cette situation démontrant le dynamisme et le positivisme des
intervenants dénote la volonté d'établir des relations
étroites entre municipalités et organismes.
Conclusion. Pour le Comité d'assainissement du bassin de la
rivière Saint-François, la concertation entre les organismes
préoccupés par l'amélioration de l'environnement aquatique
et les municipalités du bassin de la rivière nous apparaît
possible dans le contexte de l'aménagement et du nettoyage des berges.
Favoriser cette concertation positive des intervenants de l'aménagement
est un rôle dont le comité s'acquitte depuis de nombreuses
années et il considère être en mesure de
persévérer dans cette direction.
Le projet de loi 6 modifiant diverses dispositions législatives
pour favoriser la mise en valeur du milieu aquatique doit permettre aux
municipalités d'assumer leurs responsabilités - et nous avons
confiance en elles - à l'égard de l'environnement aquatique, tout
en s'adjoignant les services des organismes du milieu dans l'élaboration
des plans d'aména- gement et la mise en oeuvre des travaux.
Le Président (M. Marquis): Merci beaucoup, M. Allaire.
Merci également au groupe qui vous a précédés. Je
n'ai pas l'habitude d'intervenir beaucoup, mais, avant de donner la parole au
ministre de l'Environnement, je voudrais personnellement remercier les gens du
Comité d'hygiène et d'aménagement de la rivière
Magog qui m'ont rappelé de délicieux souvenirs parce que j'ai eu
l'occasion de vivre six années à Sherbrooke. Je me rappelais
aussi les senteurs de la rivière Saint-François et d'autres
inconvénients dus à la mauvaise qualité de l'environnement
qui se dégradait. De constater aujourd'hui, 20 ans plus tard, 25 ans
plus tard dans un autre cas, qu'il y a des gens qui se préoccupent
depuis plusieurs années de rendre à Sherbrooke la qualité
de vie qu'il y avait autrefois, je pense que cela mérite beaucoup de
félicitations, à titre personnel encore une fois. M. le ministre
de l'Environnement.
M. Ouellette: Merci, M. le Président, Dr Allaire, M.
Gingues, M. Dubé, M. Saucier et M. Bélanger. A chacune de mes
visites dans l'Estrie et ce, dès la première fois où j'ai
eu l'occasion de vous visiter comme ministre de l'Environnement, j'ai
été frappé par le souci environnemental qui habite
l'esprit d'à peu près chacun des citoyens de votre région.
C'est extrêmement frappant et cela tranche nettement - je ne cache pas
mes mots - sur ce qu'on retrouve dans la plupart des autres régions du
Québec, non pas qu'ailleurs au Québec on ne se soucie pas de
l'environnement mais, chez vous, c'est évident, c'est flagrant. On ne
peut faire autrement que s'interroger sur les causes de cet esprit
environnemental.
Au fur et à mesure que j'avais l'occasion d'aller vous voir - et
j'y suis allé assez souvent - c'est à votre rencontre que j'ai
compris que des choses s'étaient passées chez vous qu'on n'a
malheureusement pas trouvées avec une telle importance ailleurs. C'est
chez vous, par exemple, qu'on a compris en premier qu'on n'épurait pas
un cours d'eau à la miette ou à la pièce, mais qu'on
devait embrasser l'ensemble du système hydrique, c'est-à-dire le
bassin complet. C'est chez vous qu'on a retrouvé le premier
comité capable de regrouper tous les intervenants dans un bassin. C'est
chez vous, bien sûr, qu'on a développé ce souci très
poussé de l'environnement. Cela rejoint un peu les propos du
président tout à l'heure. J'ai aussi habité Sherbrooke
à peu près à la même époque et j'y avais
remarqué un état de détérioration qui
commençait à avancer il y a 25 ans, mais qui, depuis quelques
années, a commencé à changer grâce à votre
travail formidable.
En fait, je n'ai qu'un regret après avoir
pris connaissance à nouveau - parce que ce n'était pas la
première fois - de l'exposé que M. Dubé nous a fait avec
brio. On voyait qu'il n'en était pas à ses premières
armes, de toute façon. Je n'ai qu'un regret, c'est qu'on ne vous ait pas
invité à faire cette démonstration dès hier matin
parce que je suis convaincu que cela aurait changé le ton du
débat ou des témoignages qui ont été
présentés ici, en particulier au cours de la journée
d'hier.
On a entendu des gens de bonne foi -je ne veux pas contester leur bonne
foi -soulever des interrogations qui, pour moi, étaient levées
depuis longtemps, surtout depuis le jour où j'ai pris connaissance du
projet CHARMES, de même que du niveau de conscientisation de vos
concitoyens. Ceux qui prétendent que les municipalités n'ont pas
toujours la compétence, mais qui savent que le programme Berges neuves
est de nature à les aider financièrement à s'adresser aux
gens compétents changeraient carrément d'idée après
avoir entendu votre exposé. Ils auraient vu là un souci non pas
de quelques individus, mais de toute une population désireuse de prendre
en main elle-même le virage écologique d'un bassin qui, chez vous
comme ailleurs, commençait à connaître un niveau de
détérioration remarqué.
Évidemment, je ne peux quand même pas reprendre la
commission et réinviter chacun des groupes pour se faire entendre, mais
je répète que je suis persuadé que la plupart d'entre eux
auraient changé leur fusil d'épaule et auraient levé un
certain nombre d'interrogations qu'ils avaient le droit d'avoir, mais qu'ils
n'auraient plus à la suite de l'exemple éloquent que vous leur
auriez donné comme vous venez de lé faire pour nous.
J'ai déjà eu l'occasion de dire que j'ai travaillé
personnellement è la conception du programme Berges neuves. Je ne l'ai
pas fait seul parce que je n'ai pas toutes les compétences
nécessaires, mais j'y ai mis beaucoup de moi-même parce que
j'avais pris connaissance notamment, un peu partout à travers le
Québec, de projets qui étaient mis en plan par plusieurs groupes,
mais c'est quand j'ai pris connaissance du projet CHARMES que j'ai eu le son de
cloche final. C'est justement en étudiant votre projet que j'ai compris
que loin d'être prématuré le projet Berges neuves, dans
votre cas, s'est fait attendre.
Il y aura au moins un volet intéressant à cette attente.
D'abord, cela illustre bien sûr votre patience, mais cela montre aussi
que vous aurez pris ce temps qui, pour certains, est peut-être apparu
comme étant perdu, mais vous l'aurez pris pour raffiner davantage votre
projet et arriver pile, comme le veut l'expression populaire, avec
l'entrée en vigueur du programme Berges neuves.
Dans le cas de CHARMES, c'est la ville de Sherbrooke qui en profitera.
Ce sont ses 85 000 citoyens qui pourront retourner au bord des rivières
5aint-François et Magog et se rendre compte que l'assainissement des
eaux ne peut avoir toute son importance que dans la mesure où les
rivières assainies sont maintenant accessibles en toute
sécurité et dans la beauté presque rurale qu'on peut
donner à ces cours d'eau, même s'ils se retrouvent dans un milieu
hautement urbain.
Je vous remercie, je vous félicite et je vous engage à
continuer votre travail. Si jamais vous parvenez à réaliser votre
plan, votre programme avant la fin du programme Berges neuves, je vous invite
à faire tache d'huile, même si c'est une expression peu
environnementale, mais à déteindre, si vous voulez, dans les
bassins voisins du vôtre pour que non seulement l'Estrie profite au
maximum de ces 170 000 000 $ que nous mettons à votre disposition, mais
pour faire en sorte qu'un très grand nombre de régions au
Québec retrouvent la qualité que vous voulez donner à la
vôtre. Je vous remercie.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Laprairie, est-ce que vous avez une intervention?
M. Saintonge: Oui, M. le Président. Tout d'abord, il me
fait plaisir de saluer les gens des deux comités en question, le
Comité d'assainissement du bassin de la rivière
Saint-François et le Comité d'hygiène et
d'aménagement de la rivière Magog. J'ai été
fortement impressionné par votre présentation. J'ai pu constater
que cela fait une dizaine d'années que vous fonctionnez; est-ce bien
cela, monsieur?
Une voix: Quinze ans.
M. Saintonge: Quinze ans. Pour arriver à un tel
degré de présentation et de travaux, vous avez pu regrouper des
experts de divers milieux dans tous les domaines. J'ai entendu
énumérer, au cours de votre exposé, des compétences
diverses qui oeuvraient à vos activités. C'est assez
impressionnant.
Je pense également, si je ne veux pas reprendre les paroles du
ministre, que c'est la fin des deux journées d'audition de certains
groupes intéressés... Je vous avouerai qu'au contraire du
ministre, j'aurais peut-être souhaité que vous soyez là au
début, mais, d'un autre côté, je suis content de vous avoir
à la fin et je vais vous expliquer pourquoi. Nous avons entendu des
groupes, entre autres, la Fédération québécoise de
la faune, région sud et également région nord en plus de
la fédération principale, le groupe FAPEL, le groupe Â
Court d'eau, l'Association des biologistes du Québec, les
représentants de l'UMQ et de l'UMRCQ, SVP, la Société
pour
vaincre la pollution, l'Association québécoise des
techniques de l'eau. Diverses représentations ont été
faites. Divers points ont été soulevés au cours des
exposés et, également, au cours des questions qui ont suivi tant
du côté ministériel que du côté de
l'Opposition.
Je vous avouerai qu'il y a une chose qui me frappe, c'est que,
finalement, toute la situation que vous avez pu développer, les quinze
années de travaux que vous avez effectués confirment
pratiquement, à mon point de vue, le fait que le programme Berges neuves
est presque trop vite pour tout le monde sauf pour vous. Je vais vous expliquer
pourquoi. Vous hochez la tête. Je suis convaincu d'une chose, c'est que
si, demain matin, les gens de votre groupement décidaient de
déménager sur le bord de L'Assomption, cela taperait des mains
dans ce coin, mes amis, quelque chose de rare! (21 h 15)
Une voix: Ils ont dit qu'ils étaient prêts.
M. Saintonge: Ils vous ont dit qu'ils étaient prêts.
L'approche que vous avez démontrée, c'est une approche,
justement, de bassin. Cet après-midi, le groupement
Société pour vaincre la pollution, par l'intermédiaire de
M. Green mentionnait justement la nécessité d'arriver à
travailler dans un regroupement au niveau de bassins des rivières qui
ont à dépolluer et qui ont éventuellement à
s'aménager. Nous avons également pu entendre des
représentations semblables de l'Association des biologistes du
Québec qui textuellement, finalement, mentionnait l'importance
d'apporter une direction et une orientation commune à l'ensemble des
projets. Ce que vous avez réalisé, c'est exactement cela, mais
dans le cadre de l'opération on veut fonctionner avec la loi 6 pour
donner certains pouvoirs aux municipalités; ce que nous reprochons un
peu au projet, dans le cadre actuel des choses, ce n'est pas parce que
l'Opposition a une pensée mesquine. On mentionnait au ministre,
finalement, au niveau des critiques du projet de loi 6, au mois de
décembre, qu'an aurait aimé connaître les programmes qu'il
voulait amener, dans quel cadre cela se situait, quel montant d'argent il avait
intégré. On regardait également au niveau de la
dépollution des eaux à quel point on en est rendu au
Québec dans diverses régions. Dans certains cas, cet
après-midi, on nous a dit que les eaux dépolluées au
Québec sont environ de 11% en proportion, 11, 2%, c'est un 2% important;
c'est peut-être chez vous. Je me rends compte d'une chose, cependant,
c'est que votre approche pour arriver finalement à l'aménagement
des berges cela a été important de récupérer vos
berges parce que vos eaux sont dépolluées et la baignade est
restaurée dans la rivière
Saint-François à Sherbrooke. M. Gingues: À Magog.
M. Saintonge: À Magog, excusez-moi.
M. Gingues: La Saint-François, on fait de la raquette
encore dessus.
M. Saintonge: Oui, c'est cela. À la rivière Magog.
Je connais moins la région, c'est pour cela. Mais la
nécessité d'appliquer Berges neuves chez vous est
évidente. On est prêt à entrer, justement, dans des
installations qui suivent un processus normal. Je ne vous dis pas qu'il faut
attendre que tout soit complètement dépollué pour le
faire, mais il faut quand même être assez avancé dans ce
sens. C'est un travail de longue haleine qui a été
préparé et de là on rejoint un peu ce que divers
intervenants nous ont donné: la conscience collective au niveau des
citoyens, au niveau des municipalités, au niveau des organismes, vous
l'avez chez vous, vous l'avez réalisée.
On parlait des MRC cet après-midi qui voulaient justement des
interventions au niveau du projet Berges neuves. Sans même avoir lu votre
présentation j'avais mentionné que, dans le cas de certains
bassins, ce n'est pas une MRC qu'on va regrouper mais des fois deux, des fois
trois et, dans votre cas, c'est bien ce que vous avez dit, c'est le cas. C'est
essentiel dans ces niveaux, pour arriver à un suivi et à un
investissement progressif et intelligent des sommes qu'on a à investir
parce qu'on n'en a pas des tonnes. On dit que le gouvernement n'a pas d'argent
à donner, nulle part, à en laisser tomber. Mais, dans le cadre
où on est prêt, dans un contexte donné, à faire des
investissements progressifs, c'est tout è fait merveilleux et vous
êtes rendus à ce point. Peut-être que le projet de loi 6
vise le bassin des rivières Saint-François et Magog. Je ne le
sais pas, c'est peut-être cela. C'est de cela que j'ai quasiment le
goût de me rendre compte aujourd'hui. On n'est pas contre le projet de
loi 6 comme tel, on s'est opposés en décembre au projet de loi 6
parce qu'à notre point de vue c'était trop vite. Le gouvernement
avait à établir ses priorités, c'était un manque de
priorités pour l'ensemble du Québec.
Après avoir assisté à votre présentation, je
suis convaincu que notre position est la bonne parce que, s'il faut arriver
dans les différents bassins à travers le Québec et
permettre à une municipalité d'embarquer et à sa voisine
ou à l'autre plus haut sur le bassin de faire certains travaux qui ne
sont pas agencés ensemble, on va en arriver à quelle situation?
À mon point de vue on va perdre de l'argent, on va perdre une
capacité d'intervention positive sur le milieu. Dans ce sens, je suis
très heureux de
votre présentation. Je crois que cela confirme qu'il y a des
possibilités de réaliser les interventions au niveau d'un bassin
d'une rivière mais une intervention continue. En plus, cette
intervention prend du temps, prend un certain temps. On voulait connaître
l'urgence de la loi 6, plusieurs organismes ont souligné cela, hier et
ce matin: C'était quoi l'urgence de la loi 6? C'est évident que
les organismes qui ne connaissaient pas l'état du dossier chez vous
pouvaient se demander ce qu'était l'urgence. Si on parle chez vous de
l'urgence de la situation, je comprends qu'elle est là et qu'elle est
présente et les citoyens voudront récupérer leurs eaux
parce que rendus chez vous... Vous parlez d'assainissement des eaux, je ne me
trompe pas en disant que l'assainissement des eaux est réalisé
à Sherbrooke. Les eaux sont traitées, l'usine est en
opération en bonne partie, à ce moment-là. Est-ce que
l'usine est en opération chez vous?
M. Bélanger (François): Disons qu'au niveau du
bassin de la rivière Magog on emploie l'expression souvent que nous
sommes rendus à l'année zéro de la
régénération, c'est-à-dire que, dans le bassin de
la rivière Magog, les stations d'épuration vont être en
opération en 1985. On peut parler de 90% et plus d'assainissement des
eaux dans ce tronçon de bassin qui est un sous-bassin de la
rivière Saint-François.
Maintenant, au niveau de Sherbrooke, les études sont en cours
actuellement et c'est dans quelques années que la station
d'épuration sera en opération. Dans le bassin de la
rivière Magog dans les limites de la ville de Sherbrooke, dans la
section de Sherbrooke, tout a été fait de telle sorte que ce
secteur est dépollué actuellement.
M. Saintonge: Donc, l'accès aux rives est important parce
que l'eau est...
M. Bélanger (François); C'est ça, parce que
tous les aménagements qui vous ont été
présentés ici sont dans ce tronçon-là.
M. Saintonge: En d'autres mots, est-ce que je me trompe en disant
qu'afin de réaliser des travaux d'accès aux rives et de redonner
les berges aux citoyens ou de faire des aménagements du type que vous
avez réalisés, une des conditions premières est justement
la dépollution des eaux?
M. Bélanger (François): Les deux peuvent se faire
en parallèle. Actuellement, le plan d'assainissement fonctionne à
un rythme rapide. Donc, dans un an, deux ans, dans le bassin de la
rivière Saint-François, on aura épuré une bonne
partie des eaux. Déjà, on peut penser à faire des
aménagements et à les mettre en oeuvre de telle sorte que...
M. Saintonge: À brève échéance...
M. Bélanger (François):... en parallèle on
puisse réaliser et l'assainissement et l'aménagement,
M. Saintonge: De sorte qu'à brève
échéance, à ce moment-là...
M. Bélanger (François): À brève
échéance, on puisse utiliser...
M. Saintonge:... vous allez pouvoir utiliser les
aménagements que vous allez mettre en place à l'aide d'un
programme comme Berges neuves.
M. Bélanger (François): C'est ça.
M. Allaire: Permettez-moi d'intervenir!
M. Saintonge: Oui, monsieur!
M. Allaire: Voici, c'est à propos de votre "trop vite".
C'est évident qu'on est des bâtisseurs, qu'on a bâti, mais
la route est faite, il s'agit de l'emprunter. Les autres qui vont faire comme
nous, j'espère qu'ils n'iront pas aussi tranquillement que nous.
M. Saintonge: Vous avez été des pionniers, vous
avez défriché.
M. Allaire: On est prêt, on cherchait. Si vous nous voyez
adhérer à un programme Berges neuves alors que, dans notre
idée primitive, on ne savait même pas... 5i on y. adhère,
c'est - excusez, c'est toujours ma laryngite; il fallait que je l'aie
aujourd'hui -toujours à la suite du programme d'assainissement; c'est
logique.
M. Saintonge: C'est la complémentarité, finalement,
de l'assainissement.
M. Allaire: Alors, le programme d'assainissement se poursuit et
le programme Berges neuves va sur trois ans. Nous autres, on a commencé
un peu avant. On a ce plan d'aménagement; dans le bassin
Saint-François, on le publicise à la grandeur. Dans un autre
bassin, j'ai l'impression qu'en commençant cette année on fait sa
publicité l'an prochain et dans trois ans on aurait été
lent, nous, mais eux auraient été vite. C'est ma perspective
actuelle, c'est une poussée possible. Est-ce que tous et chacun y
arriveront, si bien qu'en l'an 1990 on sera tous au même point? Je ne
suis pas prophète mais c'est le temps qu'on aille un peu plus vite.
M. Saintonge: Dr Allaire, pensez-vous qu'au niveau de la
réalisation de ce que vous avez fait jusqu'à maintenant,
même au niveau de la dépollution, mais en arrivant
aussi au niveau des travaux de redonner les rives aux citoyens et les
aménagements qui entourent tout cela, pensez-vous qu'une telle chose
aurait pu être possible si chacune des municipalités avait agi de
son propre chef sans consulter les voisins?
M. Allaire: II y a une belle conscientisation, si on peut appeler
cela ainsi, au niveau des municipalités avec un regard du
ministère. Je croîs que oui, les municipalités, je crois
que oui. Il y a des municipalités où on voit leur plan, j'y
ferais attention, mais il y en a d'autres. À celles-là, je crois
qu'il faudrait un regard judicieux, mais il y en a d'autres qui
spontanément sont juste au bon point écologique.
M. Saintonge: Mais ce que je veux vous dire, c'est sur l'ensemble
d'un bassin, par exemple; je pense que votre expertise, votre
expérience, aussi, démontre qu'il y a une nécessité
de consultation et de concertation au niveau du bassin, afin de réaliser
des programmes qui s'impliquent, qui entrent l'un dans l'autre et on obtient un
certain roulement, finalement, pour arriver à une efficacité
maximale.
M. Allaire: II y a de l'a priori et de l'a posteriori. A priori,
c'est certain que c'est mieux, tout le bassin. Heureusement, c'est la
façon dont nous y arrivons. Mais, a posteriori, si chaque endroit du
bassin fait bien ce qu'il a à faire, c'est fait quand même.
M. Saintonge: Oui. Au niveau des aménagements, il reste
quand même que vous devez travailler en fonction d'un but commun pour
favoriser des installations qui vont se complémentariser l'une
l'autre.
M. Allaire: Le plus possible, sans en faire nécessairement
un "must", parce que, si on attend toujours l'autre, on va attendre longtemps.
Je peux vous dire qu'à l'intérieur du bassin, il y a un sentiment
de fierté qui se propage. À l'intérieur de tous les
bassins, il y en a un latent, qui attend d'être propagé.
M. Saintonge: M. Gingues, vous aviez...
M. Gingues: J'aimerais passer la parole au Dr Saucier. Si vous
permettez, je parlerai après les autres. Moi, je suis plus vieux que les
autres.
M. Saintonge: Cela me tentait de vous demander si vous avez
atteint l'âge vénérable de 75 ans du ministre de
l'Environnement!
M. Ouellette: Quand je siège en commission avec lui, j'ai
75 ans, soyez-en sûrs! Je ne rajeunis pas.
M. Gingues: Je me sens jeune!
M. Saucier: M. le Président, c'est pour éclaircir
peut-être un peu votre question, à savoir si les travaux
d'assainissement et d'aménagement peuvent se faire concurremment ou bien
si l'un doit précéder l'autre. Au niveau de l'aménagement,
au niveau biologique des écosystèmes, c'est évident que
des systèmes qui s'aggravent, avec le temps, plus on attend, plus c'est
difficile.
Si, par exemple, vous prenez une berge que vous laissez dégrader,
en attendant que l'eau s'assainisse, c'est évident que c'est un temps
qui est perdu. Cela m'apparaît aussi assez évident que, si on a la
chance de faire les deux en même temps, c'est l'idéal, parce que
c'est complémentaire.
Dans un autre ordre d'idées, c'est peut-être pour
compléter un peu ce que le Dr Allaire disait, c'est que le fait qu'une
municipalité, que deux municipalités commencent à faire
quelque chose, cela a un effet d'entraînement énorme sur les
autres municipalités. Ce serait une erreur de dire: Attendons que toutes
les autres municipalités se groupent ensemble. Favorisons plutôt
certaines municipalités qui vont entraîner très rapidement
avec des projets... 11 faut penser que, nous, cela n'a pas été...
La première année, tout le monde s'est lancé et on a tous
fait une concertation. On récolte, cette année, mais c'est quand
même un travail de longue haleine. Mais, actuellement, notre travail sert
de sensibilisation à d'autres municipalités. Je croîs que,
actuellement, on n'est pas au même stade où nous étions, il
y a une quinzaine d'années, c'est bien sûr.
M. Saintonge: II y a une orientation commune qui s'est
dégagée, à partir de certaines interventions
premières. C'est ça?
M. Saucier: C'est ça.
Le Président (M. Marquis): M. Gingues.
M. Gingues: J'ai quelques mots à dire. Je m'en viens ici,
moi, sans aucun égard à la partisanerie, quelle qu'elle soit,
même si, souvent, on m'identifie avec vérité.
M. Ouellette: On vous pardonne.
M. Gingues: II reste que, pour moi, quand vient le temps de
parler de l'assainissement, l'environnement, c'est un bien collectif qui
appartient à tous les contribuables. Étant donné que
l'assainissement a débuté avec un gouvernement et continue avec
l'autre, moi, je suis au niveau municipal, je suis dans la
matière neutre, près de la population, autant que
possible, plus près de vous autres, parce que je vis dans la population,
alors que vous êtes dans les institutions parlementaires. Puis, cela, il
faut tout de même que chacun se mette à son niveau.
Je m'en viens ici avec une certitude, une volonté d'homme
responsable qui existe sûrement autour de la table, parce que, à
mon niveau politique, je dois dire que le premier commandement d'un
crédo d'homme politique municipal, pour moi, c'est la qualité de
vie, d'abord. Alors, je me suis plongé dedans, devant les contestations
et face à M. le président et d'autres qui viennent de Sherbrooke
pour avoir réalisé que même les institutions de haut savoir
existaient à Sherbrooke et qu'il y avait une unité ferme et un
bien collectif, de part et d'autre. (21 h 30)
Nous sommes choyés, à Sherbrooke, d'avoir une institution
de haut savoir qui collabore énormément avec nous. Cela fait
partie du milieu de notre population et on en bénéficie
aujourd'hui, probablement, avec des idées passablement avant-gardistes,
parce que, tout à l'heure, M. le ministre nous a quasiment dit que
Berges neuves avait été pondu par le comité CHARMES; je
m'en réjouis. Il reste que, tout de même, tout le monde doit
savoir qu'on fonctionne comme des pèlerins qui se rendent à
Saint-Anne-de-Beaupré pour quémander de l'argent, des subventions
ou des miracles quelconques. Mais il reste que nous l'avons fait parce qu'il y
avait une volonté populaire publique derrière nous. II a fallu
donner des exemples réellement marquants.
Prenez le bassin de la rivière Magog, par exemple, où la
ville de Sherbrooke est propriétaire de 80% du territoire, il fallait
donner l'exemple parce que M. Dubé, tout à l'heure, a
parlé des transformateurs le long des berges et des poteaux de
lumière. Écoutez, on est tous des pollueurs, les gouvernements
comme la population, et on cherche un moyen, aujourd'hui, d'essayer de
récupérer ce qui a été pollué pendant cent
ans dans une période très courte.
Je vais dire ceci. Je suis convaincu quant à la
dépollution, et, étant donné qu'au conseil municipal on
est près de la population et que la contestation vient à nos
pieds, au lieu de contester avec les contestataires, je pense qu'il fallait
comprendre les contestataires et arriver avec des instruments pour embarquer
tout le monde dans le bain. Quand on me parle de l'assainissement et de Berges
neuves et que vous dites: À Sherbrooke, c'est prêt, ailleurs, ce
n'est pas prêt, je ne suis pas tout è fait d'accord avec
l'intervention. A l'intérieur de Berges neuves, si on prend l'ensemble
de la loi 125 au point de vue de la protection des berges partout en province,
là où on donne une protection de 15 mètres environ de
reboisement ou autre, nous à Sherbrooke, dans notre
réglementation municipale, pour être réaliste, on a dit 10
mètres à l'intérieur de Sherbrooke. Je pense que cette
réglementation municipale, au point de vue de la protection des berges,
va devenir un projet pilote dans toute la province, j'en suis réellement
convaincu. On a eu le dynamisme, avec le comité, les intervenants et la
population, de la faire accepter d'une façon même unanime.
Si la MRC se prépare pour protéger au moins 15
mètres le long des berges, à la suite du schéma
d'aménagement, vous savez tous que les municipalités ont un
échéancier assez précis dans le but de bâtir un plan
directeur qui doit respecter les bases élémentaires de la loi 125
concernant la protection des berges de 15 mètres.
Je pense que les municipalités n'ont pas à coeur d'avoir
des murs du béton et de voir des passages de part et d'autre. Je pense
qu'ils sont tous de bonne volonté et veulent des cours d'eau,
réellement des cours d'eau. Sherbrooke, on aimerait la rendre
réellement naturelle, mais il faut réaliser aussi qu'on est dans
un milieu urbain; alors, on l'aménage en vertu de cela et, ailleurs, ce
sera beaucoup plus naturel.
Je me dis qu'on est rendu à un point où je pense que si on
veut aller de l'avant au point de vue de l'assainissement - je l'ai
mentionné tout à l'heure - il ne sert à rien de
bâtir des usines à Sherbrooke, avec l'argent de 1981, de 55 000
000 $ et, entre ça, avoir des dépotoirs ouverts. Je ne peux pas
accepter ça et la population ne peut pas l'accepter non plus.
Je me dis: Qu'on donne l'initiative aux villes pour un suivi
réellement clair et, avec les personnes-ressources du ministère
de l'Environnement, des comités qui peuvent s'impliquer de part et
d'autre, je pense qu'on va arriver à un point où, quand nos
usines d'épuration seront construites, la récupération des
berges sera faite, tout le monde sera heureux, tout le monde sera convaincu et
fier de payer la note.
Le Président (M. Marquis): Alors, pour respecter
l'alternance, M. le ministre de l'Environnement, et ensuite j'ai reconnu M. le
député d'Orford. M. le ministre.
M. Ouellette: Je vous remercie, M. le Président. Juste
quelques petites questions rapides, la première à M.
Bélanger, en espérant qu'il ait la réponse, mais je ne
suis pas certain; je le souhaite. Vous avez parlé tout à l'heure
de 90% de dépollution des eaux usées municipales dans le secteur
du bassin de la rivière Magog. Est-ce que vous avez la donnée,
à peu près, aujourd'hui, de ce qui est dépollué
dans l'ensemble du vaste bassin de la rivière Saint-François? Je
vais vous poser ma question différemment: Est-ce
supérieur ou inférieur à 11%? Une voix:
Virgule, 2. M. Ouellette: Virgule, 2. Excusez.
M. Saintonge: La Saint-François, ce n'est pas tout le
Québec.
M. Bélanger (François): C'est environ, aujourd'hui,
peut-être 10% ou 15%. Des stations d'épuration en
opération... On sait que cet été plusieurs
municipalités vont voir leur station d'épuration être
réalisée. Donc, déjà à la fin de 1985, on
aura un pourcentage de beaucoup supérieur. Dès que Sherbrooke
sera en opération, Drummondville est déjà en marche, la
majeure partie des autres municipalités procèdent plus rapidement
parce qu'il est peut-être plus aisé de réaliser les plans
et devis. Donc, on peut s'attendre que, d'ici à quelques années,
l'ensemble du bassin soit épuré.
M. Ouellette: Alors, cela ressemble sensiblement à ce qui
prévaut dans les principaux bassins et les principales rivières
du Québec, c'est-à-dire qu'en amont ou bien c'est terminé
ou c'est en voie de l'être, à mi-chemin on est à un stade
qui frôle les appels d'offres et en aval on est encore aux études
préparatoires. C'est à peu près ce que l'on retrouve dans
les grands bassins du Québec. Donc, si le programme Berges neuves n'est
pas prématuré chez vous, on retrouve de nombreux autres endroits
au Québec où il n'est pas plus prématuré que
cela.
Ma deuxième question je l'adresserais à M. Saucier: Vous
qui êtes un spécialiste en matière environnementale,
voyez-vous dans le programme Berges neuves un élément additionnel
d'épuration, si on parle de régénération et de
reboisement, en particulier en milieu rural? Je sais bien qu'en milieu urbain
c'est un peu différent, mais voyez-vous là un geste
épurateur additionnel?
M. Saucier: Nous, les spécialistes, si vous voulez, comme
vous nous avez nommés, M. le ministre, considérons cela
primordial. On irait même plus loin, on pourrait assainir l'eau en
plaçant des usines, c'est-à-dire en empêchant les eaux
usées d'y aller, mais, si les berges n'étaient pas
aménagées, avec le lessivage et l'érosion ce serait de
l'argent gaspillé, si vous voulez. D'un côté on assainit,
on empêche les eaux usées, mais par contre on permet
l'entrée. Je ne me souviens pas des chiffres, mais un boisé a un
pouvoir intensif énorme; c'est ce pouvoir tampon qui retient tout ce qui
est autour. Si on a une urbanisation assez importante, cet
écran-là ou ce reboisement ou ce réaménagement est
d'autant plus essentiel.
Cela nous apparaît fondamental. Pour nous, Berges neuves c'est un
mot qui complémente une idée que nous avions depuis très
longtemps.
M. Ouellette: Alors, j'ai presque envie de vous demander quelle
devra être la phase suivant Berges neuves, si on veut
véritablement boucler la ceinture. Je vois M. Gingues qui fait des
gestes désespérés...
M. Gingues: C'est parce que le comité
bénévole n'a pas d'argent, M. le ministre, et on aurait besoin
d'argent pour fonctionner et être le chien de garde de l'assainissement
après qu'il sera fait.
M. Ouellette: C'est noté.
Le Président (M. Marquis): Alors, M. le
député de Orford.
M. Vaillancourt: Merci, M. le Président. Je n'ai pas
l'intention de prendre position sur le mémoire présenté
par les deux comités, mais tout simplement je tiens à
féliciter le Comité d'assainissement du bassin de la
rivière Saint-François et le Comité d'hygiène et
d'aménagement de la rivière Magog.
En ce qui me concerne j'ai trouvé votre mémoire
très bien préparé et très bien
présenté et j'ai appris par votre mémoire que vou3 alliez
faire compétition aux gorges de Coaticook, étant donné que
vous allez en aménager dans la ville de Sherbrooke. Pourriez-vous me
dire quand vous vous attendez que l'aménagement des rivières
Magog et Saint-François va débuter?
M. Gingues: J'aimerais avoir un sac de couchage et attendre de
voir le projet de loi 6 se concrétiser, parce que aussitôt
fait...
M. Vaillancourt: Est-ce que c'est le projet de loi 6 qui va vous
permettre de commencer?
M. Gingues: Exactement.
M. Ouellette: Je suis convaincu que vous avez suffisamment
persuadé le Parti libéral que vous n'aurez même pas le
temps de vous endormir, on va adopter cela demain matin.
M. Gingues:... endormir en politique, M. le ministre, vous savez
cela!
M. Saintonge: II y avait une démarche essentielle, je
pense, qui avait été réalisée au niveau de cette
loi. C'était d'entendre les différents groupes
intéressés par l'environnement et souvent des groupes
bénévoles. Vous avouerez que les gens qu'on a entendus depuis
deux jours ce ne sont pas des gens qui sont payés, mais qui sont
venus
ici de façon bénévole: la Fédération
québécoise de la faune, la SVP, l'Association des biologistes du
Québec. Ils travaillent peut-être à temps plein ces
gens-là mais, quand même, plusieurs personnes venues ici
étaient des gens bénévoles. À Court d'eau. Il y a
des permanents mais il y a beaucoup de gens bénévoles qui
travaillent dans ce domaine comme vous sur une conscientisation
collective...
M. Ouellette: Il y a un vote.
M. Saintonge: Oui, il y a un vote. Ils nous ont permis de
réaliser - et vous le mentionnez - que c'est possible de le faire mais
que ce n'est pas non plus en attendant les actions du gouvernement que les gens
vont réussir, au niveau de l'environnement, à se donner une
meilleure qualité de vie.
M. Gingues: Si vous me le permettez, je dirai qu'il y a
peut-être trois ou quatre ans Sherbrooke pouvait se vanter d'être
la seule municipalité à se voter un budget opérationnel
pour un comité se voulant consultatif au point de vue environnement et
assainissement. Mais, à partir de samedi passé, je me suis
aperçu qu'on n'était pas la seule quand j'ai vu Jonquière,
Longueuil, enfin partout autour, j'ai été épaté de
voir jusqu'à quel niveau la motivation existait dans la province.
Le Président (M. Marquis): Oui, M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: Je n'ai pas tout à fait fini.
Une voix: Vous pouvez poser des questions tant que vous
voulez.
M. Vaillancourt: On m'a enlevé un petit peu ce que je
voulais demander. Vous me dites que vous attendez le projet de loi 6 pour
commencer l'aménagement de la rivière Magog et de la
rivière Saint-François. Sans le projet de loi 6, est-ce qu'il
serait possible quand même de procéder à
l'aménagement de ces...
M. Gingues: C'est à peu près impossible, M.
Vaillancourt.
M. Vaillancourt: C'est à peu près impossible. Il
est vrai que, dans la région de l'Estrie, nous sommes passablement
avancés à dépolluer nos cours d'eau. Comme dans le
comté d'Orford que je représente, sur 21 municipalités, je
crois que nous en avons environ une quinzaine qui ont un système d'usine
d'épuration. Je pense que, si tout va bien, d'ici au moins 5 ou 6 ans le
comté sera fait au complet.
Pour ma part, je tiens à vous remercier...
M. Gingues: II y a une chose, vous savez, M. Vaillancourt, c'est
une grande vérité que vous venez de dire là. Il reste
aussi qu'au point de vue d'épuration et d'assainissement on a
enterré l'égoïsme et on a foncé chacun de son
côté. Le plus bel exemple qui a été donné,
c'est celui de la municipalité de Magog, une des plus importantes de
votre comté, quand ils ont accepté l'usine d'épuration de
Magog. Si la population de Magog avait été égoïste,
elle aurait dit: On va attendre que Newport le fasse. Nous autres, à
Sherbrooke, on aurait dit: On va attendre que Coaticook et les autres le
fassent. On a emboîté le pas et, par le fait même, on a
motivé l'ensemble de notre bassin par des interventions positives et en
enlevant tout égoïsme possible parce que travailler pour le bien
commun, pour moi, et trouver le but réel pour un bien collectif, je
pense qu'il faut aller au-delà de toutes les pensées et aller de
l'avant. C'est de cette façon que cela s'est fait dans notre
région.
M. Vaillancourt: Dans la région de l'Estrie, la
population, les municipalités ont très bien emboîté
le pas car, depuis 1970, plusieurs municipalités ont compris qu'il
était temps de dépolluer nos cours d'eau et cela a très
bien marché depuis ce temps-là. C'est pour cela que nous sommes
passablement avancés à la dépollution de la rivière
Saint-François. Alors, on n'a plus de temps à notre disposition.
Pour ma part, je vous remercie et vous m'avez réellement
impressionné avec la présentation de vos mémoires.
M. Gingues:... convaincu, je vais être content.
Le Président (M. Marquis): M. Bélanger. Oui.
M. Bélanger (François):... que le projet des gorges
de Coaticook est en compétition avec celui du comité CHARMES. Je
ne pense pas qu'il y ait compétition entre les deux projets. Dans le
même bassin, ce sont des projets complémentaires et je sais
très bien que le projet des gorges de Coaticook attend le projet Berges
neuves pour se réaliser.
Le Président (M. Marquis): Merci beaucoup aux
représentants du Comité d'assainissement du bassin de la
rivière Saint-François et aux représentants du
Comité d'hygiène et d'aménagement de la rivière
Magog. Vous nous avez beaucoup aidés. Vous avez beaucoup
éclairé les membres de la commission. Cela va aider, j'imagine,
pour le projet de loi 6.
Sur ce, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 44)