Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Marquis): À l'ordre,
messieurs!
La commission permanente de l'aménagement et des
équipements se réunit afin de poursuivre l'étude
détaillée du projet de loi 6, Loi modifiant diverses dispositions
législatives pour favoriser la mise en valeur du milieu aquatique, et de
procéder â des consultations particulières, ce que nous
allons faire dès ce matin. Je demanderais au secrétaire de la
commission, après que j'aurai indiqué l'ordre dans lequel les
organismes seront appelés à se faire entendre, de faire l'appel
des membres de la commission.
Nous allons entendre les gens, ce matin, dans l'ordre suivant. D'abord,
la Fédération québécoise de la faune; en
deuxième lieu, la Fédération québécoise de
la faune (région 6 sud); en troisième lieu, la
Fédération québécoise de la faune (région 6
nord); en quatrième lieu, la Fédération des associations
pour la protection de l'environnement des lacs et enfin, s'il se
présente, l'organisme STOP. M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Les membres
présents sont: M. Assad (Papineau); Mme Bacon (Chomedey); M. Pratt
(Marie-Victorin) en remplacement de M. Ciaccia (Mont-Royal); M. Desbiens
(Dubuc); M. Ouellette (Beauce-Nord) en remplacement de Mme Juneau (Johnson), et
c'est un remplacement pour la durée du mandat; M. Lafrenière
(Ungava); M. Marquis (Matapédia); M. O'Gallagher (Robert Baldwin); M.
Saintonge (Laprairie); M. Tremblay (Chambly); M. Marcoux (Rimouski); M. Dauphin
(Marquette) en remplacement de M. Vaillancourt (Orford).
Remarques préliminaires
Le Président (M. Marquis): Merci. S'il y a lieu, nous
allons maintenant donner la parole, pour quelques minutes, au ministre et au
critique officiel de l'Opposition à la commission. Pendant ce temps,
j'inviterais peut-être les gens de la Fédération
québécoise de la faune à prendre place pour l'audition de
leur mémoire. M. le ministre.
M. Alain Marcoux M. Marcoux: M. le Président, je voudrais
d'abord souhaiter la bienvenue à tous les groupes qui ont accepté
l'invitation de la commission parlementaire de venir nous faire part de leurs
commentaires sur le projet de loi sur la mise en valeur du milieu aquatique et
aussi, je n'en doute pas, sur le programme qui a été lancé
par le ministère de l'Environnement parallèlement à
l'élaboration de ce projet de loi. Je serai très bref dans mes
mots d'introduction.
Voici comment la question se pose pour le gouvernement.
Déjà, il y a quelques années, le gouvernement a
lancé un vaste programme d'assainissement des eaux du Québec, qui
devrait impliquer des investissements publics d'environ 4 700 000 000 $ sur une
dizaine d'années. Le gouvernement considère que, s'il est normal,
logique et nécessaire de consacrer autant d'argent à
l'assainissement de nos cours d'eau, il serait normal d'autre part de consacrer
quelques dizaines de millions de dollars pour l'aménagement des rives,
des berges, du bord des lacs, du bord du fleuve pour les rendre accessibles
à la population. Si on assainit les eaux, c'est bien sûr pour
consommer de l'eau propre, de l'eau de bonne qualité, mais c'est aussi
pour que nos concitoyens redécouvrent le plaisir de
bénéficier de cette richesse que nous avons: de l'eau d'une
qualité potable, nos berges, nos lacs, nos rivières, le
fleuve.
Le ministère de l'Environnement, déjà depuis
quelques mois, depuis les mois d'août ou septembre dernier, a
travaillé à l'élaboration d'un programme de subventions,
permettant de réaliser des travaux pour améliorer
l'accessibilité au milieu aquatique. Dans cette volonté
d'améliorer l'accessibilité au milieu aquatique, nous avons cru
nécessaire de confier de nouveaux pouvoirs au monde municipal pour
réaliser ces travaux. Et c'est le sens du projet de loi, qui est
très bref, une douzaine d'articles, qui veut donner de nouveaux pouvoirs
aux municipalités du Québec pour permettre de réaliser ces
travaux d'aménagement des berges et d'accessibilité au milieu
aquatique. C'est ce qui réunit cette commission parlementaire.
Lorsque nous avons commencé l'étude article par article,
après l'adoption en deuxième lecture de ce projet de loi,
l'Opposition ainsi que FAPEL ont souhaité pouvoir se faire entendre en
commission parlementaire, ce que la commission a accepté, et c'est ce
qui nous réunit
aujourd'hui et demain pour entendre des mémoires de groupes
intéressés à l'amélioration du milieu aquatique et
à l'aménagement des berges et des rives.
Le type de pouvoir que nous voulons donner aux municipalités,
c'est le pouvoir de faire des investissements sur des terrains publics dont ils
sont propriétaires, mais également, à travers le programme
de subventions, le pouvoir de faire des travaux sur des terrains
propriétés de tiers, à certaines conditions. Ce projet de
loi prévoit également que la Société
québécoise d'assainissement des eaux, qui réalise dans une
bonne part des travaux d'assainissement des eaux au nom des
municipalités, puisse réaliser les travaux que des
municipalités voudraient voir faire effectuer. Le sens du projet de loi
est aussi de permettre à la Société
québécoise d'assainissement des eaux de réaliser ces
travaux et de le faire sur le service de dettes, comme elle le fait pour le
programme d'assainissement des eaux.
Voilà l'essentiel de l'intention de ce projet de loi, qui
s'inscrit dans la démarche de faciliter la mise en oeuvre du programme
Berges neuves lancé par le ministère de l'Environnement, il y a
quelques semaines. Nous sommes là pour entendre vos commentaires, vos
critiques, vos suggestions relativement au projet de loi. Je ne doute pas que
vos commentaires puissent aussi toucher le programme Berges neuves
élaboré par le ministère de l'Environnement. Nous
essaierons de tenir compte au maximum des représentations que vous
pourrez nous faire dans cette perspective.
Juste un mot supplémentaire pour excuser mon absence cet
avant-midi à la commission. Le ministre de l'Environnement sera
là pour entendre vos mémoires avec mes collègues, au nom
du gouvernement. Je serai présent ici cet après-midi et toute la
journée de demain. Je dois participer au Conseil des ministres ce matin,
mais j'ai des gens qui seront là pour noter vos commentaires et vos
critiques, et nous essaierons d'en tenir compte au maximum. Je vous
remercie.
Le Président (M. Marquis): Merci. M. le
député de Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: Avant de dire quelques mots. Simplement, le
député de Marguerite-Bourgeois est arrivé, mais il n'est
pas inscrit comme membre de la commission. Je pense qu'il y aurait deux
façons de procéder, au sens de notre règlement. Le
député de Marguerite-Bourgeois, s'il le veut, pourrait prendre la
parole sur certaines interventions sans voter, je pense, suivant l'article
129.
Le Président (M. Marquis): Oui.
M. Saintonge: Pour peut-être faciliter les débats,
je demanderais à ce moment-ci d'indiquer comme membre le
député de Marguerite-Bourgeoys en lieu et place du
député de Charlesbourg. Si le député de
Charlesbourg vient à la commission - il a été retenu
à l'extérieur ce matin - il pourra faire des interventions, sans
être membre de la commission, sur des points d'intérêt
public. Est-ce que cela convient aux membres de la commission?
M. Marcoux: Pas de problème.
M. Saintonge: D'accord. M. le Président, dans ma remarque
d'ouverture je voudrais...
M. Marcoux: D'abord, dans le comté de
Marguerite-Bourgeoys, on sait qu'il y a plusieurs lacs, plusieurs
rivières et plusieurs cours d'eau.
M. Saintonge: Une grande rivière, un grand fleuve, M. le
Président, qui se situe jusqu'aux confins...
M. Marcoux: Qui entoure, c'est cela?
M. Saintonge: Qui entoure et, si le ministre...
M. Marcoux: C'est l'archipel, quoi?
M. Saintonge: Les rapides de Lachine sont très importants,
je pense, dans cette région. Je voudrais, au nom de l'Opposition,.
souhaiter la bienvenue à tous nos invités que nous allons
sûrement écouter avec attention. Je mentionnerai que, lors des
discussions sur le projet de loi, ce qu'on appelait antérieurement la
deuxième lecture, et l'adoption de principe qui s'est finalement fait le
5 décembre, l'Opposition avait manifesté son désaccord au
projet de loi. Je n'ai pas l'intention de reprendre tout le débat, mais
un des points fondamentaux sur lesquels nous nous appuyons pour être
contre le projet de loi, outre le fait qu'on mettait en question les
priorités du gouvernement dans ses interventions au niveau de
l'assainissement des eaux, c'est que l'Opposition avait demandé que
certains groupes intéressés par la qualité de l'eau et par
la qualité de notre milieu de vie soient entendus en commission
parlementaire pour donner leurs commentaires sur le projet de loi 6 en
question.
Il y avait entre autres le groupe FAPEL, qui avait envoyé un
télégramme au ministre de l'Environnement ainsi qu'à tous
les députés de l'Assemblée nationale et qui avait
sollicité d'être entendu par la commission. On sait que le
gouvernement avait refusé d'entendre ces organismes-là avant
l'adoption de principe du projet de loi;
ce à quoi nous avons dû nous soumettre, évidemment.
Lors du renvoi du projet de loi 6 en commission parlementaire, pour
l'étude article par article, c'était le 11 décembre,
l'Opposition avait commencé les discussions en commission parlementaire
en faisant une motion préliminaire pour demander à nouveau que
FAPEL soit entendue, suivant sa propre demandée Nous avions
également l'intention de demander au gouvernement que la
possibilité d'être entendu soit étendue à
différents groupes du milieu qui pourraient avoir des choses
intéressantes à dire au gouvernement et principalement au
ministre de l'Environnement.
Je suis très heureux de constater ce matin la présence du
ministre de l'Environnement, qui pourra sûrement tirer profit des propos
qui seront tenus par nos invités.
Je voudrais également donner un autre point de vue ici concernant
le projet de loi 6. Le ministre y a fait allusion tantôt. Le projet de
loi 6 a surtout pour objet de faire en sorte de mettre en application le
programme Berges neuves instauré par le ministre de l'Environnement. Je
rappellerai ici qu'en décembre, lors du dépôt du projet de
loi 6, de même que lors de l'étude du projet de loi 6 en Chambre,
et également le 11 décembre lorsque nous devions l'étudier
en commission parlementaire, tout le programme Berges neuves n'avait pas
été dévoilé. Le contenu du programme n'avait pas
été dévoilé à ce moment-là et nous
avions mentionné, entre autres, que nous devions donner ni plus ni moins
un chèque en blanc dans ce dossier avec les nouveaux pouvoirs
accordés aux municipalités. C'était simplement dire:
D'accord, on donne cela, mais le ministère de l'Environnement
amènera éventuellement un programme, mettra certaines conditions
pour que les gens puissent se prévaloir d'un tel programme; il y aura
des normes techniques qui en détermineront l'application, etc.
Aujourd'hui, nous sommes d'une certaine façon un peu plus
avancés, et nous pourrons peut-être discuter davantage des effets
éventuels du projet de loi 6, puisque nous connaissons maintenant en
bonne partie le programme Berges neuves. J'imagine que nos invités, qui
ont sûrement pris connaissance du programme Berges neuves, pourront nous
donner leurs commentaires là-dessus. Quant à nous,
ultérieurement, au niveau des discussions en commission parlementaire,
lorsque nous étudierons la loi en détail, nous aurons des
remarques préliminaires à faire sur de tels programmes et nous
aurons des questions à poser également au ministre des Affaires
municipales et au ministre de l'Environnement, s'il est toujours présent
avec nous. Je réserverai mes remarques préliminaires et mes
questions et commentaires pour l'étude article par article afin de
permettre que le véritable mandat confié à la commission
pour les deux prochaines journées soit réalisé,
c'est-à-dire entendre les organismes intéressés à
nous donner leur point de vue sur un tel projet de loi. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le
député de Laprairie. Avant de donner la parole à nos
premiers invités, je voudrais rappeler les règles de
fonctionnement de la commission lorsqu'il s'agit d'entendre des organismes.
Chaque organisme à partir de maintenant dispose d'une heure au total,
dont 20 minutes pour présenter son exposé. Évidemment, si
vous dépassez les 20 minutes, il en reste moins pour les échanges
avec les membres de la commission. Le reste du temps sera consacré aux
échanges avec la commission et ce temps est réparti de
façon égale entre le parti ministériel et le parti de
l'Opposition, sous réserve de l'alternance et de dix minutes à la
fois. Ce sont les règles de fonctionnement habituelles.
J'inviterais donc...
M. Saintonge: Je pense quand même que,
généralement, dans de telles circonstances, il y a une certaine
souplesse par rapport aux règles que vous avez énoncées.
Il faut garantir le droit de parole de chacune des formations politiques, mais
si, par exemple, on déborde un peu le temps, selon le côté
d'où viennent les questions, on peut assumer que, globalement, en gros,
on a confié à la commission une heure pour chacun des
mémoires à être entendus et les questions qui pourraient
suivre. Est-ce bien cela?
Le Président (M. Marquis): Oui. Je n'arrêtrai pas
une intervention au milieu d'une phrase, soyez assuré de cela.
M. Saintonge: Merci.
Consultation particulière
Le Président (M. Marquis): Je vais être très
correct de ce côté-là.
Notre premier organisme: la Fédération
québécoise de la faune, représentée par M.
Léo-Paul Quintal, président de la commission d'étude et de
recherche de la fédération. Je lui demanderais de
présenter aussi la personne qui l'accompagne.
Fédération québécoise de
la faune
M. Quintal (Léo-Paul): M. le Président, je suis
accompagné de M. René Plouffe qui est membre de la commission
d'étude et de recherche.
Tout d'abord, M. le Président, étant certain que je venais
ici exposer les grandes lignes de notre position et que je n'avais pas
besoin de présenter un mémoire, nous n'avons donc pas de
mémoire à vous remettre ce matin. D'autre part, nous nous sommes
aperçus hier après-midi, en recevant la documentation pertinente
venant des bureaux de la FQF, que le protocole voulait que nous vous remettions
un mémoire. Enfin, sachez que nous pouvons vous exposer les grandes
lignes de notre position; ensuite, comme vous l'avez dit, nous pourrons
répondre à vos questions. Dans les jours qui vont suivre, si la
commission le désire, nous pourrons vous acheminer notre position par
écrit.
Le Président (M. Marquis): Je peux vous rassurer tout de
suite. Ce n'est pas une obligation stricte d'avoir un mémoire. Vous y
allez selon votre bon plaisir et selon la façon que vous avez choisie de
nous présenter votre opinion. Il y aura échange avec les membres
de la commission quand vous aurez terminé votre intervention.
M. Quintal: Merci beaucoup. Dans ce dossier-ci, René et
moi avons été mandatés par l'exécutif de la
Fédération québécoise de la faune, qui
représente 260 associations de chasseurs et pêcheurs.
La position de la Fédération québécoise de
la faune concernant le projet de loi 6 est la suivante: À notre avis et
après mûre réflexion, il nous semble
prématuré de donner plus de pouvoirs aux municipalités
afin d'aménager les rives et le lit des cours d'eau sans avoir, au
préalable, défini les règles de base par un
règlement-cadre rédigé par le ministère de
l'Environnement. Ce règlement pourrait expliquer le genre de travaux
faisables sans causer préjudice à l'environnement et à la
faune tout en protégeant l'intégrité des cours d'eau.
Dans le cas de petits tributaires, entre autres, nous émettons
des craintes quant à leur sauvegarde. Nous croyons qu'ils ont un
rôle très important dans le maintien de la vie. Ce sont souvent
les petits tributaires qui jouent un rôle d'oxygénation de l'eau
et c'est habituellement des milieux de frai très propices pour la
reproduction. Nous croyons que les creuser, les détourner, les remblayer
ou les modifier pourrait avoir des effets néfastes sur la faune.
Dans le contexte actuel, nous sommes donc contre ce projet de toi. Nous
sommes persuadés que ce projet de loi va entraîner la perte et la
dégradation de l'habitat faunique. En ce qui nous concerne, nous
désirons obtenir une véritable loi qui protégera nos
habitats fauniques, pour que la faune dispose d'habitats et de territoires
d'une grande qualité. En fait j'aimerais que vous compreniez très
bien que nous sommes d'accord pour que les municipalités aient plus de
pouvoirs en ce qui concerne l'environnement et la faune, en ce qui concerne
certains travaux qui pourraient être faits, mais tant et aussi longtemps
qu'il n'y aura pas une véritable loi qui protège les habitats
fauniques, nous émettons énormément de réticence
à un tel projet de loi.
À notre avis, pour vous montrer aussi que nous avons quand
même réfléchi à ce que pourrait contenir ce projet
de loi qui protégerait les habitats fauniques, nous vous
énonçons quelques-uns des éléments que pourrait
contenir ce projet de loi. Tout d'abord, la protection intégrale du lit
d'un cours d'eau, des marécages et des plaines d'inondation. S'il y
avait une intervention qui était faite de la part de n'importe quel
contrevenant, nous croyons que celui-ci devrait être obligé de
remettre les lieux dans leur état original; que toute intervention en
milieu hydrique soit soumise obligatoirement à une étude
d'impact, incluant tous les ministères ou organismes gouvernementaux;
que tout promoteur modifiant ces milieux devrait y contribuer de façon
équivalente afin de compenser pour l'étendue des pertes de ces
milieux humides; qu'une bande de protection des rives soit assurée pour
tous les cours d'eau; que l'usage, la distribution, la vente des pesticides,
insecticides, herbicides soit sévèrement
réglementée; que toute nouvelle industrie prévoie un
système de traitement visant à éliminer les polluants
terrestes, aquatiques et atmosphériques; que tous les travaux propres
à empêcher ou à diminuer la circulation d'eau dans ces
milieux humides soient interdits pour empêcher le vieillissement
accéléré du marais par sédimentation; que tout
déversement d'eau usée, matières chimiques et objets
physiques soit interdit; que toutes les érablières
argentées ou toute association végétale de ce type en
bordure du fleuve Saint-Laurent ou des marais soient protégées de
façon intégrale; qu'on évite de modifier le reste du
littoral à moins que ce ne soit pour des aménagements servant
à accroître ou à améliorer la faune ou la flore
typique du milieu; qu'un programme d'éducation soit mis sur pied pour
sensibiliser les citoyens à la valeur biologique et écologique de
ces milieux humides.
Pour vous illustrer les raisons de ces quelques revendications
très fragmentaires, nous aimerions vous citer quelques exemples parmi
tant d'autres où nous avons constaté la faiblesse de nos lois et
le manque de surveillance de la part des organismes municipaux. Ces exemples
démontrent également jusqu'à quel point certains
ministères tiennent compte des habitats fauniques, des habitats
naturels.
Tout d'abord, je me permets de vous citer un dossier que la
Fédération québécoise de la faune a défendu,
concernant le remblaiement d'une frayère dans la rivière
Godefroye: il s'agit du rapport Parent-
Désilets. La zone était une plaine d'inondation qui fut
perturbée par des travaux non autorisés. Cette zone était
giboyeuse et la construction y était interdite par une entente
provinciale-fédérale ainsi que par un règlement de
contrôle intérimaire qui dit à la municipalité de
respecter le caractère naturel des rives - règlement qui
s'applique aux zones d'inondation - et par conséquent de les
protéger. Les promoteurs, sans se soucier de l'environnement et de la
faune, ont remblayé la plaine de débordement dans le but de
construire 15 condominiums. Ces condominiums représentaient 40
logements. Â toutes fins utiles, ce terrain ne peut recevoir qu'une
douzaine de bungalows à cause du fait que les terrains sont dans une
zone agricole. Donc 30 000 pieds carrés, cela faisait en tout une
douzaine de bungalows. On voulait y mettre 40 logements. (10 h 30)
La FQF provinciale et régionale étant intervenue à
temps, on a évité que ces condominiums fussent construits.
Voilà un exemple de dégâts que la faune du Saint-Laurent a
subis. Il n'est pas question, au niveau des exemples que je vais vous donner,
de vous citer des exemples qui n'auraient pas une certaine forme
d'actualité. Il n'est pas question, pour nous, de prendre des exemples
d'il y a quatre ou cinq ans. Je vais me limiter à des exemples de ce que
nous avons défendu depuis quelques mois. Dans ce cas précis, la
FQF s'était demandé comment il se faisait que des milliers de
camions - le promoteur nous avait dit 1500 camions, approximativement - aient
déversé leurs débris dans une zone inondée, dans
une plaine d'inondation. Tous ces camions sont passés sous les yeux
aveugles des ministères des Transports - on s'est posé des
questions; comment se faisait-il que les débris venaient de l'autoroute
en direction de Bécancour? -et de l'Environnement. La FQF a
demandé la restauration de la plaine. Le seul gain que nous avons
obtenu, c'est qu'aucune maison n'y sera construite. Il n'y aura aucun
réaménagement qui sera fait dans la plaine. Nous nous
interrogeons encore sur ce jugement du Bureau des audiences publiques. Nous ne
comprenons pas qu'un ministère voué à l'environnement pose
un tel geste. On aurait pu croire au moins qu'il y aurait eu un petit peu de
restauration. Nous sommes persuadés que la zone pouvait être
restaurée - et là, quand je vous dis que nous en sommes
persuadés, c'est à l'aide des contacts qu'on a eus avec les
biologistes du MLCP, section de Trois-Rivières - pour retrouver son
potentiel et sa véritable vocation.
Un autre exemple que nous voulons vous citer est le cas de la baie
Lavallière. Il n'est pas question pour nous d'entrer dans les
détails des travaux de creusage illégaux faits par le
ministère de l'Agriculture, d'après le ministère de
l'Environnement, qui va accélérer l'implantation de
l'espèce arbustive. Nous avons tout simplement réalisé,
lors de la mi-janvier, lors d'une visite sur les lieux mêmes du site,
qu'il s'effectuait en bordure des rives de la rivière Pot au Beurre une
coupe de bois sauvage illégale qui semble échapper aux
inspecteurs municipaux de l'environnement de la MRC de cette région.
Nous croyons que les MRC doivent absolument faire respecter le caractère
naturel des rives et des cours d'eau. Dans ce cas précis, on a
constaté que les dommages étaient vraiment évidents.
D'ailleurs, s'il y a des membres de la commission qui désirent avoir la
preuve de cela, je me ferai un plaisir d'envoyer des photographies que j'ai
prises sur les lieux mêmes.
Un autre exemple d'un communiqué, d'une position qu'on a prise,
c'est relativement au projet Berges neuves. Je vous cite la position de la
fédération concernant ce projet de 40 000 000 $ pour cette
année, qui devait améliorer les rives et les cours d'eau. Donc,
la commission d'étude et de recherche de la fédération
tient à vous signaler que, trop souvent hélas, un
réaménagement des rives, pour les non-avertis, signifie un
déboisement excessif, un émondage et un taillage des. arbres et
arbustes. Excusez peut-être un petit peu ma comparaison, mais je pense
que, quand on marche avec une image, cela va toujours mieux. Ce qu'on veut dire
par là, et je vous cite un exemple bien précis: la commission
d'étude de la fédération est contre le taillage des
arbres. Faire des beaux champignons le long de la route avec les
épinettes et les sapins, c'est peut-être très beau, mais
c'est peut-être plus important que les branches qui sont à la base
restent là pour la faune du milieu. C'est un peu cela qu'on veut
dire.
Il ne faudrait pas oublier que ces arbres et arbustes font partie de
l'encadrement naturel des lacs et cours d'eau et contribuent à maintenir
l'équilibre écologique tout en étant le meilleur moyen de
contrer l'érosion. Sur cela, le ministère de l'Environnement a
des directives. Est toujours préférable une
revégétation plutôt que de mettre des murs de
soutènement ou des enrochements coûteux. C'est pourquoi nous
croyons que les promoteurs de tels projets devraient être
sensibilisés au fait qu'il faut conserver le maximum des rives dans leur
état naturel et qu'une "artificialisation" des rives à l'aide de
pelouses, de pierres, de bois, de pneus, de ciment ou autres matériaux
transforme les rives en de véritables canaux. D'un autre
côté, dans le cadre de ce programme, il y a un volet nettoyage.
Nous tenons à dire au ministère de l'Environnement que ce
nettoyage devrait se limiter aux vidanges et non aux débris naturels,
comme, entre autres, à titre
d'exemple, les feuilles mortes. Cela nous semble des
éléments quand même assez essentiels à la faune.
En ce qui concerne les souches, les branches des arbres et les arbustes
qui sont dans les cours d'eau, il est inutile de vous démontrer leur
importance en tant que refuge pour certaines espèces de poissons.
D'autre part, nous osons croire que les branches, les souches et les arbustes
qui nuisent à l'écoulement des eaux seront enlevés sans
l'utilisation de machinerie lourde, de scies mécaniques ou de
débrousailleuses qui n'ont jamais eu d'effets bénéfiques
pour la faune.
En fait, nous craignons pour l'intégrité des cours d'eau,
s'il n'y a pas de règlement-cadre qui établit clairement les
normes de base à respecter. Nous ne sommes pas contre ce programme, mais
nous craignons énormément pour l'intégrité des
cours d'eau. Vous savez très bien, et je n'ai pas besoin de vous en
faire la démonstration, que nos cours d'eau, dans les années
antérieures, ont été énormément
massacrés, détruits. Si on pense, entre autres, aux plaines
d'inondation, aux marécages, on dit 60%, pour l'estuaire du
Saint-Laurent, du littoral qui a été aménagé.
D'où l'importance d'essayer de conserver dans son
intégralité ce qui reste.
Il n'est pas question non plus pour nous de faire la
démonstration de l'importance économique de l'industrie faunique.
Nous croyons qu'elle a sa place et qu'elle est très importante.
Voici un autre exemple que je tiens à vous citer. Comme je vous
l'ai dit au début, j'ai tenu à prendre des exemples de dossiers
que nous avons défendus et j'en, ai pris un peu partout dans la province
où la fédération s'est impliquée, il s'agit du
petit marais de Saint-Gédéon. Le petit marais de
5aint-Gédéon est un marais d'une importance relativement grande
pour la faune et les habitats ripariens du Lac-Saint-Jean. Le petit marais de
Saint-Gédéon, pour vous le situer, est aux alentours de
Métabetchouan, quelques kilomètres d'Alma, si ma mémoire
est bonne. C'est un marais, je ne pourrais pas vous donner le chiffre exact,
d'une superficie d'environ 80 à 90 hectares. Pour le Lac-Saint-Jean,
c'est un marais d'une très grande importance.
Ce site a été très agressé. Nous avons
constaté encore une fois que les lois de l'environnement manquent de
dents à un tel point que le MLCP a demandé qu'une partie du site
soit zonée refuge faunique. Évidemment, la
Fédération québécoise de la faune a appuyé
cette demande du MLCP régional et l'a félicité.
Le MLCP a également demandé qu'une vaste campagne de
sensibilisation se fasse pour que les citoyens arrêtent d'agresser le
marais par des déversements d'insecticides, pesticides, herbicides,
d'eaux usées d'égouts, par une circulation d'embarcations
à moteur dans les eaux du marais, des tout-terrain, du remblayage, du
creusage, etc. Je vous passe tous les agressions que le marais a pu avoir par
le passé.
Nous nous sommes demandé dans ce cas ce que faisaient nos lois
pour protéger le marais. Nous nous sommes demandé
également, parce que, semble-t-il, ce n'est plus vrai à partir de
maintenant, quelles conséquences pourrait avoir, par exemple, le
déversement des eaux d'égouts de la municipalité de
Saint-Gédéon. 5emble-t-il, au moment où on s'était
impliqué dans ce dossier, que la municipalité de
Saint-Gédéon avait peut-être le droit de déverser
ses eaux d'égouts dans le marais. Semble-t-il que ce n'est plus le cas,
que la municipalité de Saint-Gédéon, par le programme
d'assainissement des eaux, va posséder un système
d'épuration des eaux convenable. Au départ, elle devait envoyer
ses eaux usées dans le marais, mais nous nous sommes interrogés
énormément sur ce qui pourrait se produire au niveau de la
percolation dans le marais.
Un autre exemple sur lequel je tiens à vous dire quelques mots,
c'est la question des forêts. C'est par expérience personnelle que
je vais vous détailler un peu ce point. Je pense que ce qui se passe au
niveau de la forêt est loin d'être édifiant. J'ai
constaté à maintes reprises, étant un chasseur et un
pêcheur, que très souvent les gens qui font les coupes
forestières ne sont pas nécessairement des avertis de la
conservation et de la protection de la faune. Très souvent, ils vont
entrer avec de la machinerie lourde dans les petits tributaires, dans les
petits cours d'eau, ils vont même les remplir, ils vont même les
déboiser complètement quand on sait très bien que,
semble-t-il, il y a des lois qui protègent tout cela. Il faut avoir
été quelquefois en forêt pour s'apercevoir que c'est
réel ce que je dis là. Je dois vous assurer que j'ai vu des
choses au niveau de la destruction d'habitats fauniques en forêt qui sont
très récentes, de l'été dernier, qui m'ont fait
réfléchir énormément et qui sont peut-être un
des facteurs pour lesquels je suis actuellement président de la
commission d'étude et de recherche de la fédération parce
que je sens qu'il y a un travail immense d'éducation à faire dans
ce sens.
Je ne peux pas m'empêcher ce matin de vous parler un peu de la
rivière L'Assomption, c'est un dossier que la commission d'étude
et de recherche a très à coeur. Donc, dans ce cas, je ne vous
entretiendrai pas très longtemps. Je voulais tout simplement vous
signaler qu'on se pose encore des questions sur la valeur de nos lois. Dans ce
cas, il semble coûter moins cher à un fermier d'aller
déverser carrément dans la rivière son purin que de
l'étendre.
Nous nous posons de sérieuses questions. Il y a également
tout le problème des insecticides, des pesticides, des herbicides qui
créent une pollution très grande des eaux de la rivière
L'Assomption.
Nous comprenons très mal que, dans le contexte actuel, vous
donniez en plus le droit aux municipalités de patauger dans les rives et
le lit de la rivière L'Assomption, qui est une rivière
extrêmement agressée. Nous trouvons qu'elle a subi suffisamment
d'agressions. Nous nous demandons pourquoi on ne légifère pas en
matière d'insecticides, pesticides, rejets toxiques, etc. Nous vous
demandons d'amender les lois existantes pour permettre au ministère de
l'Environnement, dans ce cas, de freiner l'agriculture. Évidemment, cela
s'applique aussi dans d'autres cas.
Enfin, de tels projets devraient s'inspirer beaucoup plus des buts
principaux de la stratégie mondiale de la conservation qui a
été adoptée par le gouvernement du Canada. Si ma
mémoire est bonne, je crois que cela a fait l'objet d'une entente
fédérale-provinciale ou d'une commission
fédérale-provinciale en 1982.
Nous nous permettons ici de vous citer les trois buts principaux de
cette stratégie mondiale de conservation. Premièrement, de
maintenir les écosystèmes dont dépendent la faune et les
êtres humains, de préserver la diversité
génétique de la faune et de faire en sorte que la jouissance et
l'utilisation des espèces fauniques soient durables. À partir de
ces principes, nous pouvons concevoir un plan de gestion qui va rétablir
l'équilibre pour permettre à la faune et à son industrie
de disposer d'habitats et de territoires de qualité dont elle a
besoin.
Nous croyons que de tels projets de loi devraient faire également
l'objet d'une vaste campagne de consultation avant d'être mis en branle.
Nous croyons également que, dans le cadre d'une plus grande
accessibilité à tous concernant l'utilisation de notre ressource,
notre gouvernement devrait éduquer et sensibiliser les citoyens
relativement à la perte et à la dégradation de l'habitat
indispensable à la faune. Ceci ferait en sorte que les citoyens
deviendraient responsables de la qualité du milieu de vie dans lequel
ils vont puiser leur ressourcement.
Je vous remercie beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Marquis): Merci. M. le ministre de
l'Environnement.
M. Ouellette: Merci, M. le Président. Je dois dire a
priori que je suis d'accord avec la quasi-totalité des propos que vient
de nous tenir le représentant de la Fédération
québécoise de la faune. Je dis bien la quasi-totalité
parce qu'il y a quand même quelques points qui me sont apparus excessifs
ou hors cadre. Je parle tout de suite, par exemple, de ce qui est contenu dans
le rapport Parent-Désilets sur ce qui s'est fait comme travaux
d'empiétement dans des terres humides. J'ai trouvé que M. Quintal
était allé vite aux conclusions, compte tenu de l'état de
l'avancement de ce dossier.
Je rappellerai que le BAPE a émis un rapport dans lequel d'abord
il recommande de ne pas autoriser la construction des édifices en
question. Deuxièmement, contrairement à ce que vous affirmiez, M.
Quintal, le BAPE recommande un certain nombre de mesures de mitigation pour
corriger les erreurs qui ont été faites à l'insu de nos
lois. Alors, la décision n'est pas prise, évidemment, je suis
à prendre connaissance de ce rapport et j'aurai à faire des
recommandations en m'inspirant du rapport du BAPE. Je voudrais vous rassurer
sur le fait que j'aurai à prendre une décision notamment en ce
qui concerne la réhabilitation complète de ce terrain et les
inconvénients que cela peut créer de même que les
adoucissements aux dégâts qui ont été
créés sur place pour faire en sorte qu'ils soient
minimisés dans les plus brefs délais. Donc, on ne peut pas aussi
rapidement conclure, puisque cette décision n'a pas encore
été prise de ma part, mais elle le sera bientôt.
En ce qui a trait à la baie Lavallière, le problème
qui est soulevé est réel et il est dû essentiellement
à une erreur technique qui s'est produite, il y a plusieurs
années, au moment où des travaux ont été
engagés dans ce secteur. Aussitôt que le ministère de
l'Environnement a pris connaissance des travaux de dragage, notamment, qui
n'avaient pas fait partie du décret gouvernemental de l'époque,
aussitôt qu'on en a pris connaissance, nous y avons mis fin, nous avons
demandé que les travaux soient arrêtés. L'étude
d'impact reste à être faite pour en venir à autoriser ou
à refuser définitivement ces travaux de dragage.
Globalement, j'ai aussi l'impression que vous donnez au programme Berges
neuves une importance qu'il n'a pas à certains égards. Le
programme Berges neuves, pour la réalisation duquel on a besoin de, la
loi 6 pour permettre aux municipalités d'intervenir sur les terrains de
tiers, notamment, n'est pas un programme qui vise à agresser les rives
d'aucune façon. Au contraire, il vise à corriger des erreurs du
passé, d'une part, soit en faisant de la
régénération là où elle a été
détruite ou encore du reboisement là où des coupes
excessives ont été faites pour des fins agricoles ou autres -
généralement agricoles - et aussi l'aménagement de
façon que le public puisse avoir accès à ces rives tout en
les protégeant et en les rendant intéressantes et
sécuritaires. Dans vos propos, il y a des choses tout à fait
vraies
qui ont été mentionnées, mais qui ne sont pas en
rapport direct avec le programme Berges neuves, loin de là. (10 h
45)
Ce sont là mes commentaires. Peut-être qu'au cours de
discussions on pourra revenir sur des points plus précis sur le
programme comme tel, mais j'aimerais rappeler cependant que chacun des projets
qui sera proposé au ministère de l'Environnement dans le cadre de
Berges neuves fera l'objet d'études de la part du ministère de
l'Environnement et du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche pour s'assurer que les travaux proposés ne vont pas à
rencontre du développement ou du maintien de la faune, bien au
contraire. Le MLCP va être omniprésent au moment de l'étude
de chacun des cas et ceux-ci ne seront autorisés que dans la mesure
où la faune sera adéquatement protégée.
Il n'est pas question, par exemple, d'accepter des détournements
de cours d'eau tributaires qui feraient en sorte, comme vous l'avez dit tout
à l'heure, que la faune s'en trouverait perturbée et même
annihilée dans certains cas. Au contraire, ce programme vise à
faire des corrections à des erreurs passées, naturelles ou
artificielles, c'est bien sûr, parce que le phénomène de
déboisement, notamment, a favorisé l'érosion et
l'érosion a favorisé, entre autres choses, la pollution diffuse;
c'est pourquoi on retrouve dans certains cas des produits chimiques agricoles
dans nos cours d'eau. Un des moyens les plus efficaces de contrer cela, c'est,
bien sûr, comme vous le mentionniez tout à l'heure, de
réglementer l'utilisation de ces produits chimiques, mais aussi de
corriger les rives de façon que l'érosion ne transforme pas ces
cours d'eau de façon négative par la pollution diffuse.
Voilà l'essentiel de mes remarques, mais, comme je le dis, on
pourra toujours les reprendre point par point tout à l'heure, dans le
temps qui nous reste. Merci.
M. Quintal: Tout d'abord, je m'excuse énormément
concernant le rapport Parent-Désilets. J'ai oublié de vous
mentionner que mes réflexions là-dessus faisaient suite à
un communiqué que j'ai vu hier aux nouvelles régionales à
Trois-Rivières. Je tiens à vous préciser qu'en ce qui me
concerne j'attends encore le rapport du Bureau des audiences publiques sur
l'environnement et soyez assurés que la commission d'étude et de
recherche en fera une étude approfondie. Soyez assurés que, s'il
y a possibilité de faire une demande au ministère de
l'Environnement pour que le site soit restauré, je suis sûr que la
fédération régionale va sûrement acheminer cette
demande à vos bureaux. Elle est très intéressée par
la restauration du site étant donné les agressions que le
Saint-Laurent a subies à ces endroits-là. Pensons au mur de
ciment qu'il y a à Champlain, le quai de Trois-Rivières, ce qui
est arrivé au niveau du quai de Bécancour. Dans ce
coin-là, c'est une région très agressée. La faune a
besoin de toutes ces possibilités. Aussi, à l'embouchure de la
rivière, il y avait des pêcheurs commerciaux qui ont quand
même perdu étant donné que ta frayère est
très endommagée.
Je prends en considération vos remarques. C'est un peu ma faute,
j'aurais dû vous préciser que c'était à la suite
d'un communiqué de journaliste è la télévision
hier, à CKTM-TV.
M. Ouellette: On me signale, M. le Président, que le
rapport du BAPE vous a été acheminé la semaine
dernière. Il est sans doute en cours. Vu qu'il n'y a pas de
grève, vous allez le recevoir bientôt.
M. Quintal: Je vous remercie beaucoup. Soyez assurés qu'on
va l'étudier à fond. La question de la baie Lavallière,
j'ai été heureux de vous entendre dire que le ministère de
l'Agriculture va avoir à fournir une étude d'impact sur le
restant des travaux, que les travaux sont arrêtés. Moi, je
considère que c'est quelque chose. Dans mon esprit, ce n'est pas un
gain, c'est juste rétablir les choses à leur juste valeur. La
baie Lavallière, c'est important pour la faune dans cette région.
Le printemps s'en vient, on sait jusqu'à quel point le site est
important pour les oiseaux migrateurs et comme frayère et il est
très important qu'il y ait une remise en eaux qui se fasse du site pour
essayer de minimiser au maximum les dégâts. Je suis très
heureux d'entendre cela et soyez assurés que la fédération
va participer activement à l'étude d'impact qui va être
fournie, va l'approfondir.
Dans le cas de Berges neuves, je dois vous dire qu'on ne peut pas
être contre la vertu, c'est bien officiel. La fédération ne
peut pas être contre la vertu, mais il nous a semblé que, pour
arriver à la vertu, on passait par le vice. Je suis content de vous
entendre dire toutes ces choses-là. Les réflexions qui ont
conduit la commission d'étude et de recherche à vous souligner ce
point, c'est que, dans certains cas, on s'est aperçu que ce qu'on
laissera aux générations, ce seront des enrochements
coûteux et des murs de soutènement. Je suis heureux de vous
entendre dire qu'il va y avoir une revégétation, un reboisement.
On va sûrement utiliser certaines normes.
On aimerait quand même que ces normes soient écrites et ne
soient pas uniquement des directives, parce qu'on émet
énormément de doute au niveau de la valeur juridique d'une
directive. Dans notre cas, on aimerait que ce soit signalé dans de
véritables projets de loi, dans de véritables
règlements-cadres. En gros, c'est peut-être pour
éclairer un petit peu ce que vous m'avez dit. Je vous remercie.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Merci, M. le Président, ma question touche
un peu ce que vous venez de mentionner. Vous parlez de la
nécessité de règlements-cadres, puisqu'il y a des
directives, actuellement, du ministère de l'Environnement. On parle de
guides techniques, dans le cas de Berges neuves. Vous avez mentionné
tantôt que les lois de l'environnement manquaient de dents.
Ce qui me surprend, dans les différents dossiers que vous avez
énoncés et ceux dont j'ai pu prendre connaissance aussi, surtout
par des coupures de journaux ou même certains avis du Conseil consultatif
de l'environnement, c'est comment il se fait que de telles interventions
dégradantes dans le milieu puissent se faire malgré les lois.
Je vous dirai que c'est une question que je veux vous poser franchement.
Le ministre nous dit, actuellement - je me souviens de son discours de
deuxième lecture pas de problèmes, nos lois de l'environnement
sont là; on les fait respecter. Si on prend un cas précis - en
parlant de généralités, c'est peut-être plus
difficile - vous parlez de la question du projet de remblayage de la plaine
inondable de la rivière Godefroy. Vous avez constaté des travaux,
à un moment donné. Mais, ce qui m'a surpris, c'est que les
travaux se faisaient... J'imagine que, quand on fait du remblayage de cet
ordre, ça doit être assez facilement apparent.
Quand vous dénotez une situation comme ça et que votre
fédération s'en rend compte, vous faites quoi? Vous faites une
plainte au ministère de l'Environnement? Vous faites une plainte
auprès des municipalités? Vous faites une plainte auprès
des MRC? Cela fonctionne comment? Le délai, à ce
moment-là, quant à l'arrêt des travaux en question ou la
correction, s'il y a lieu, ou l'enquête de l'Environnement, c'est quoi,
d'une part? De quelle façon, à votre connaissance, quand les gens
font des interventions dégradantes sur les milieux comme ça,
malgré les lois de l'environnement qui sont censées
protéger ça, le ministère applique-t-il sa loi? Quelles
sont les sanctions qu'on va prendre contre ces individus, s'il en existe?
M. Quintal: Vous me posez beaucoup de questions! Je vais
commencer par la dernière, parce que les sanctions, moi, je dois vous
avouer honnêtement que j'aurais aimé que les promoteurs Parent et
Désilets soient obligés, au moins, de faire des ensemencements
dans la rivière. Ce n'est pas dans la loi. Ce n'est pas possible. Ils
ont détruit une frayer, il me semble qu'il devrait y avoir des mesures
qui feraient en sorte qu'ils soient obligés de remettre des poissons
là, quelque part. Cela, je vous le signale ici, dans mon texte.
Au niveau des sanctions, dans le cas de la Godefroy, il ne semble pas y
en avoir. Peut-être que M. le ministre de l'Environnement pourrait, bien
mieux que moi, répondre à cette question.
En ce qui concerne ce qui se passe au niveau de la procédure,
évidemment, on fait une plainte. Dans le cas de la Godefroy, cela a
été quelque chose de très long. Si ma mémoire est
bonne, c'est M. Louis Perron, de l'aménagement des lacs et cours d'eau,
qui a émis un télégramme au promoteur Désilets, je
crois, pour faire arrêter complètement les travaux de remblayage.
Mais la plainte a été émise après que le promoteur
avait déversé dans la plaine d'inondation environ 1500 camions de
débris de toutes sortes. Essayez de vous figurer des souches, des
arbres, de l'asphalte, du ciment, tout ça, donc, toutes des choses qui
ne valaient rien.
La valeur de la plaine d'inondation a été reconnue, c'est
un endroit où, entre autres, pour les écologistes, il pousse du
phalaris, qui est un milieu propice à la frayère du brochet.
C'est également un milieu reconnu de la sauvagine. Il y avait une
frénaie de 20 ans qui a été complètement
coupée dans le milieu, parce que là, on parle de 1500 camions.
Mais, il y avait quand même une frénaie. La frénaie, ce
sont les arbres qui sont typique d'une plaine d'inondation qu'on doit
protéger. C'est un endroit privilégié. René
pourrait peut-être me corriger. Au niveau du branchu, qui est un canard
en voie de disparition, il y en a très peu. Donc, d'où
l'importance de protéger cela.
En ce qui concerne les mammifères et d'autres espèces,
c'est peut-être plus négligeable, mais, dans ce cas-là,
cela s'est passé un peu comme cela. Ensuite, le ministère de
l'Environnement a demandé aux promoteurs de produire une étude
d'impact. II y a eu un certain nombre de jours qui se sont passés entre
le moment où l'étude d'impact a été
déposée et, en ce qui nous concerne, on a demandé d'aller
en audience publique là-dessus, parce qu'on considérait que
l'étude d'impact ne se souciait pas du tout de l'environnement et de la
faune.
M, Saintonge: La période de temps où des
déversements se sont faits, il y a plus de 1500 voyages qui ont
été déversés. Cela s'est fait sur quelle
période de temps?
M. Quintal: Te souviens-tu René? Je pense que c'est un
an.
M. Plouffe (René): Cela a pris environ un an.
M. Quintal: Pour le déversement et le remblÈiement.
L'arrêt des travaux s'est effectué... Cela a pris un an. Je ne
pourrais pas vous dire, c'est probablement à la suite d'une plainte de
citoyens qui habitent la rue Godefroy. Je ne veux pas avancer des noms ici; je
pourrais peut-être vérifier et vous communiquer cela.
À la suite de notre demande d'audience publique, le
ministère de l'Environnement nous a accordé une audience publique
et vous connaissez toute la suite.
Je ne sais pas si j'ai répondu à toutes vos questions;
vous en aviez beaucoup.
M. Saintonge: Oui. Finalement, mes principales questions
étaient à l'exemple de ce problème précis, de
savoir quand votre fédération constate des infractions ou des
interventions dégradantes sur le milieu qui devraient être
soumises à un règlement ou à une norme applicable. C'est
ce qu'on mentionne. Et d'après ce que je comprends de vos propos et
malgré certaines lois qui existent actuellement, certains
règlements que le ministère de l'Environnement doit appliquer
à ce moment-ci, les gens font fi des lois ni plus ni moins et font des
interventions. Vous devez à ce moment-là intervenir pour tenter
d'arrêter ces interventions dégradantes, mais vous le faites
à quel endroit au départ quand vous constatez cela? Est-ce au
ministère de l'Environnement directement ou aux municipalités?
À quel endroit vous adressez-vous pour tenter d'arrêter de telles
interventions et quelles sont les conséquences de votre propre
intervention, à ce moment-là? Le délai que cela prend pour
qu'on arrête de tels travaux, le délai que cela va prendre pour
apporter des corrections, s'il y en a ou, s'il n'y a pas de correction,
qu'est-ce qu'on fait vis-à-vis de ces situations?
M. Quintal: Je suis content que vous me posiez cette question.
Les délais, je ne les connais pas, mais, en ce qui nous concerne,
habituellement, quand on s'aperçoit qu'un site est agressé, on
fait nos revendications soit au ministre de l'Environnement ou au ministre du
MLCP. Habituellement, la façon que j'ai découverte pour avoir la
meilleure réponse, c'est par lettre ouverte, parce que très
souvent je réalise que je reçois beaucoup d'accusés de
réception et très peu de réponses. En tout cas, la lettre
ouverte occasionne habituellement une réponse assez rapide. C'est une
chose. Mais le plus important, ce n'est pas de vous dire cela, mais de vous
dire qu'actuellement la commission d'étude et de recherche est
très vigilante concernant les sites qui sont agressés.
Aussitôt que quelque chose nous apparaît être négatif
ou néfaste pour l'environnement ou la faune, on se dépêche
tout de suite de le dénoncer ou de le signaler au ministère de
l'Environnement ou au MLCP. Habituellement, on devrait le faire normalement aux
inspecteurs municipaux des MRC ou aux coordon-nateurs de l'environnement des
MRC? Normalement, cela devrait être la meilleure filière.
Pour vous signaler l'importance qu'on accorde à cela
actuellement, depuis un an, la Fédération
québécoise de la faune est en train de mettre sur pied, et il y a
beaucoup d'associations qui le mettent sur pied, ce qu'on appelle une
patrouille des habitats. La patrouille des habitats a pour but d'essayer de
trouver la valeur écologique des marais, des marécages, des
plaines d'inondation, etc., et ensuite, après avoir trouvé cette
valeur écologique, d'essayer de sensibiliser les gens du milieu à
cette valeur écologique. Ensuite, dans ces patrouilles des habitats, on
essaie de dire aux gens - parce que le mot "patrouille" avait peut-être
l'air un peu trop militaire, on a appelé cela "les anges gardiens" -
lorsqu'il y a un site agressé, comme c'est le cas pour la rivière
Pot au Beurre où l'on coupe les arbres sur les rives, de le
dénoncer. C'est ce que la commission d'étude essaie de faire,
essaie de mettre sur pied. On a une association, entre autres - je ne sais pas
si le ministre de l'Environnement a pris connaissance de ce dossier - dans la
région de Batiscan, qui a fait l'inventaire de tous les marais qu'il y
avait dans la région, pour essayer d'en trouver la valeur
écologique et de faire des représentations auprès des MRC
au niveau des schémas d'aménagement afin que ceux-ci soient
protégés. (11 heures)
Actuellement, la Fédération québécoise de la
faune investit énormément pour essayer de sauvegarder
l'intégrité et le potentiel des sites, des marécages, des
marais, des plaines d'inondation, des cours d'eau qui restent dans la province
de Québec, qui ne sont pas trop dégradés et d'essayer de
protéger ceux qui sont intégraux.
Je ne sais pas si j'ai répondu à votre question.
René, peut-être?
M. Plouffe: En ce qui concerne le dossier de la Godefroy, vous
vouliez savoir le temps qui s'est écoulé et où on a fait
nos premières revendications.
M. Saintonge: C'est à titre d'exemple, je pense. On dit,
par exemple, dans le projet... Je veux juste situer le cadre de ma
question...
M. Plouffe: En ce qui concerne la Godefroy, on avait affaire avec
la ville de Bécancour. C'est drôle à dire, on y a fait
les premières revendications. On a appris -aux audiences
publiques seulement, parce qu'on n'avait pas accès à ces dossiers
- que la ville de Bécancour avait donné un dossier en blanc au
promoteur pour faire la construction qu'il y avait là, sous
prétexte qu'il n'y avait pas de loi qui les empêchait de faire
cela. C'est une chose qu'on a appris aux audiences. C'est après la
loi...
Une voix: En quelle année est-ce arrivé?
M. Quintal: En 1979-1980...
M. Plouffe: Cela a commencé en 1979.
M. Quintal: Donc, la Loi sur la qualité de l'environnement
a été mise en application en 1972.
M. Ouellette: Mais la réglementation sur les études
d'impact n'était pas encore en vigueur.
M. Plouffe: Non.
M. Ouellette: C'est cela.
M. Plouffe: C'est cela. Il s'est écoulé environ un
an...
M. Ouellette: Oui.
M. Plouffe: À partir du début des travaux qu'on a
faits jusqu'au moment où le promoteur a reçu une lettre pour
arrêter les travaux, il s'est écoulé environ un an. Dans
cette année, il a réussi à remblayer la frayère
à 80%. Le cheminement de tout cela, le temps que cela a pris pour
arrêter ces travaux, ceux-ci étaient finis.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre, ce serait de
nouveau à votre tour, si vous voulez continuer. Vous avez pris une
minute ou deux sur le temps de M. Saintonge.
M. Ouellette: Il est ressorti beaucoup de choses
intéressantes des propos des représentants de la
Fédération québécoise de la faune. D'abord, ils ont
mis le doigt sur certaines lacunes de la loi, surtout à l'époque
où se sont faits les travaux Parent-Désilets. Comme je
l'indiquais il y a quelques secondes, à cette époque, la
réglementation sur les études d'impact n'existait pas, elle
n'était pas en vigueur. Cela a été corrigé depuis
ce moment-là, de telle sorte que, aujourd'hui, lorsqu'une chose de cette
nature est sur le point de se produire, le promoteur doit présenter son
projet. Il est susceptible de se voir imposer une étude d'impact, suivie
d'audiences publiques tenues par le Bureau des audiences publiques, si demande
est faite ou si le ministre décide unilatéralement de les
convoquer lui-même.
Un autre point qui pourrait peut-être rassurer nos interlocuteurs,
c'est celui-ci. Évidemment, ils nous disent qu'il n'y a pas de politique
globale d'aménagement des rives. Je dois les rassurer en leur disant que
nous sommes, actuellement, à mettre le point final sur une telle
politique, en essayant d'incorporer tous les intervenants possibles et tous les
responsables de la protection des berges, des rives et des cours d'eau en
général. À l'occasion, le gouvernement se fait promoteur
par certains ministères, que ce soit celui de l'Énergie et des
Ressources, par exemple, dans la gestion de la forêt, que ce soit celui
des Transports lorsqu'il élabore son réseau routier, que ce soit
celui de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, lorsqu'il
développe du territoire agricole, que ce soit d'autres ministères
à l'occasion, peut-être moins fréquemment, mais il y en a
d'autres.
Il y a aussi, bien sûr, des promoteurs privés et, pour
protéger tout cela, il y a plusieurs types de gardiens. Il y a le MLCP,
qui se préoccupe de la faune, cela va de soi; il y a l'Environnement,
qui doit protéger tout cela au niveau de l'environnement comme tel; mais
il y a aussi les municipalités locales et les municipalités
régionales de comté. Là, il faut convenir que tout cela a
été mis en place il y a à peine quelques années;
tout cela est en train de se roder.
Donc, dans notre stratégie de conservation du milieu riverain, on
doit incorporer tous ces gens, que ce soit le gouvernement par ses
différents ministères, ou les MRC par leur schéma. Nous en
sommes rendus au stade de la consultation interministérielle qui va
déboucher sur un document gouvernemental qui va être
appliqué selon les besoins. Cela va trouver le jour très
prochainement et je pense que cela va répondre à
l'inquiétude que vous souleviez.
Si on revient, maintenant, au programme Berges neuves comme tel,
évidemment, c'est un programme qui inclut des subventions, c'est donc
dire que chaque promoteur devra nécessairement soumettre son projet au
ministère de l'Environnement et au ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche avant de recevoir une approbation.
Ces projets vont être analysés à la lumière,
non pas du règlement puisqu'il n'est pas encore prêt, mais
à la lumière de guides qu'on vient d'élaborer et qui
seront rendus publics incessamment. Je les ai ici en main; vous en avez un qui
s'appelle "Processus général de planification", vous en avez un
autre qui s'appelle "Le guide technique pour le nettoyage"; donc, c'est le
volet nettoyage de Berges neuves dans lequel on précisera ce que vous
disiez tout à l'heure. Il n'est pas
question d'enlever la végétation, il n'est pas question
d'enlever les feuilles mortes ni même les troncs d'arbres, mais
uniquement les déchets: pneus, carcasses d'automobile, etc. Il n'est pas
question, pour nous, de perturber l'environnement, au contraire. Un autre: "Le
guide technique pour la revégétalisation", c'est-à-dire
qu'on ne permettra pas de planter n'importe quoi n'importe où, au
contraire, ce sera bien défini dans le guide ce qu'il faut mettre en
place pour assurer la protection des rives et des cours d'eau. Finalement, un
guide d'aménagement du milieu riverain et hydrique de façon que
chacun des travaux autorisés soit conforme à la conservation de
ces milieux. Ces documents vont être regroupés en deux documents
et ils seront offerts à tous les promoteurs qui devront en prendre
connaissance et proposer des travaux qui seront conformes au contenu de ces
guides très détaillés qui ont été
conçus par l'entreprise privée spécialisée, de
façon que tous les travaux soient vraiment positifs et qu'aucun d'entre
eux n'ait d'aspect négatif. 11 y a peut-être un dernier point que
je voudrais souligner. Vous l'avez mis en évidence et je m'en
réjouis. On parle de travaux qui peuvent être faits parfois
â l'insu du ministère de l'Environnement. Évidemment,
compte tenu de l'émiettement de la population au Québec à
travers 1550 municipalités, sur un territoire extrêmement vaste,
ce serait un peu rêver en couleur que de prétendre que le
ministère aura, un jour, suffisamment d'inspecteurs dans tout le
territoire pour s'assurer que rien de négatif ne se fasse. Pour combler
cette lacune qui existera toujours, quant à moi, les groupes soucieux de
la protection de l'environnement, de la faune, de la forêt, etc., font un
travail magnifique. Vous avez donné un certain nombre d'exemples
d'interventions que votre groupe a faites en avertissant les ministères
intéressés, ce qui leur a permis de prendre connaissance des
travaux, dans bien des cas, illégaux qui se faisaient et d'intervenir
pour les faire arrêter ou encore les faire corriger. Alors, on s'en remet
beaucoup à tous ces groupes soucieux de la protection de l'environnement
pour avoir les avis en temps et lieu pour nous permettre d'intervenir avant
qu'il soit trop tard. Je vous en remercie.
Le Président (M. Marquis): M. Quintal.
M. Quintal: Une première question. Est-ce que les
promoteurs doivent juste prendre connaissance de vos documents ou s'ils doivent
avoir l'obligation de les respecter?
M. Ouellette: Oui, c'est-à-dire que ce sont des guides;
donc, ils doivent s'inspirer de cela pour concevoir leurs projets. Ils doivent
savoir à l'avance que, si leurs projets ne sont pas respectueux du
contenu de ces guides, ils vont être refusés par le comité
Environnement-MLCP, au moment d'obtenir des subventions et l'autorisation de
les effectuer.
M. Quintal: Si j'étais promoteur, j'imagine que je
pourrais avoir ces guides à n'importe quel bureau du ministère de
l'Environnement.
M. Ouellette: Oui, et ils vont être aussi acheminés
à chacune des municipalités, parce que, dans le processus, c'est
la municipalité qui fait la demande au ministère de
l'Environnement pour avoir droit aux subventions de ce programme.
M. Quintal: On a parlé du remblayage de la rivière
Godefroy, qui est actuel, mais qui est assez vieux en termes d'action. En vous
écoutant, il m'est apparu certaines images de ce qui se passe
actuellement à Longueuil. J'étais très fier, hier, quand
j'ai reçu le communiqué du ministère de l'Environnement
disant qu'il y aurait des audiences publiques sur le cas du remblaiement, de ce
qui se passe à Longueuil. C'est quand même un remblayage qui est
19 fois plus important que celui qui a eu lieu le long de la. plaine
d'inondation. Il s'est quand même produit des choses à Longueuil.
Actuellement, je ne suis pas capable d'évaluer le nombre de camions de
débris versés. Ceci est seulement pour faire le contrepoids
à ce que vous avez dit. Je suis quand même fier que le
ministère de l'Environnement ait passé aux actes dans ce
cas-là. Soyez assurés qu'on sera sûrement présents
aux audiences publiques.
J'aimerais peut-être ajouter une autre chose pour répondre
au député de Laprairie. Entre autres, dans le cas de la baie
Lavallière, pour se défendre, on a pensé, à un
moment donné, utiliser, à la commission d'étude et de
recherche, le biais de la Loi sur la qualité de l'environnement. On se
disait: Cela n'a pas d'allure, les travaux continuent, la faune est en train
d'être détruite. Il y a au moins une trentaine d'hectares de
marais qui étaient saccagés par des creusages illégaux et
inutiles, semble-t-il, à cause des études hydrologiques qui
étaient contestables. On a pensé intervenir par la voie d'une
injonction, mais, évidemment, avant d'avoir trouvé de
requérant et avec tout ce qui s'est passé, nous ne sommes pas
intervenus. C'était une autre possibilité qui restait, mais c'est
une possibilité très onéreuse, évidemment. La
fédération aimerait bien mieux, dans ces circonstances, profiter
d'un ministère, le ministère de l'Environnement, qui est
voué à la protection de l'environnement, bien plus que de
dépenser la maigre somme d'argent qu'elle a et de dépenser
l'énergie des bénévoles à essayer de se battre
contre un autre ministère qui est
beaucoup plus important que notre fédération. En gros,
c'est ce que j'avais à signaler.
M. Ouellette: Je suis heureux que vous souleviez le cas de
Longueuil parce qu'il met en évidence deux époques. Une
première époque où il n'existait pas de Loi sur la
qualité de l'environnement, où il n'existait pas de
règlement sur la procédure d'évaluation des impacts et
c'est l'époque, assez triste à mon avis, où n'importe qui
pouvait faire n'importe quoi, n'importe quand et même n'importe comment.
Je ne porte pas de jugement sur ce qui a été fait en termes de
construction de routes à Longueuil, mais, à cette époque,
effectivement, on a réalisé des empiétements dans le
Saint-Laurent, sans avoir à demander la permission à personne.
Quelques années plus tard, voilà qu'un projet, qui a quelques
points de similitude avec celui dont je parlais, nous est soumis. Nos lois sont
bien en place: qualité d'environnement, études d'impact, de telle
sorte que le promoteur doit soumettre son projet. La procédure permet au
public en général de se faire entendre pour porter un jugement
sur la nature des travaux qui sont proposés et faire valoir les points
négatifs que chacun des groupes pourra soulever à l'occasion des
audiences publiques. Je n'ai pas à porter aujourd'hui de jugement sur le
projet de la ville de Longueuil puisqu'il est - par similitude, si vous voulez
- presque sub judice, en ce sens que les audiences ont été
déclenchées. Ce sera là l'occasion qu'auront les groupes
et les citoyens soucieux de la protection de l'environnement de faire valoir
leur point de vue.
Je suis heureux de voir que votre fédération a l'intention
d'aller à ces audiences et de faire valoir son point de vue. Je souhaite
que tous les groupes soucieux de la protection de l'environnement en fassent
autant, de façon que le BAPE puisse me transmettre votre
éclairage et que je puisse en tenir compte au moment où une
décision ou une recommandantion, en tout cas, sera acheminée au
Conseil des ministres.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Laprairie, pour terminer.
M. Saintonge: II reste à peu près huit minutes?
D'accord. Je reviens à mes questions. On s'en va vers de beaux voeux
pieux, je ne sais pas. J'écoute et cela a l'air beau. On dit au
ministre: On est conscient de cela, on est d'accord. Le ministre fait son
passible, ou le ministère veut faire son possible. Ce sont presque des
fleurs, comme on dit, que vous vous envoypz parfois, au niveau des
interventions. Ce qui m'inquiète, en regardant le projet de loi 6...
Tantôt, vous preniez l'exemple de ce qui se passait dans la
rivière Godefroy. Il y a des travaux qui sont faits, il y a des normes
qui existent actuellement - on me dit qu'il y a des normes - on contrevient aux
normes et il n'y a pas de poursuite. D'après ce que je peux comprendre,
il n'y a pas de poursuite. Ceux qui ont contrevenu aux normes s'en vont chez
eux, ils se lavent les mains et cela va. Cela a contribué à
dégrader le milieu. Il n'y a pas de remise en état du milieu,
d'une part. On se dit: Dans ce cas-là, la municipalité a
pratiquement donné carte blanche aux promoteurs. Pourquoi? Parce qu'elle
dit qu'elle n'a pas de pouvoir d'intervention. Il n'y a rien qu'elle puisse
faire. On nous dit: L'environnement a des points qui peuvent être
soulevés; des fois, c'est le MLCP; dans d'autres cas, c'est
l'Agriculture. Cela dépend d'un paquet de monde. II n'y a rien qui,
conjointement, fait en sorte qu'on a une intervention positive et
ordonnée dans le milieu. C'est comme cela que je le vois. Puis, on
arrive avec la loi 6. 5i je reprends les propos du début, vous m'avez
dit tantôt qu'il n'y avait pas de règlement-cadre, cela en prenait
un, cela prenait certaines sanctions, cela prenait des dents dans des lois pour
empêcher cela. Le ministre nous dit: Pas de problème, on a quatre
beaux guides techniques. On n'a pas su ce qui va arriver. Je comprends qu'une
personne va postuler sur un projet. 5i elle postule sur un projet et qu'il y a
une subvention en ce qui a trait aux travaux, on vous l'accorde. Mais comment
vont se réaliser les travaux? (11 h 15)
On se retrouve dans une situation où il va y avoir des choses
à respecter par les guides techniques, mais elles n'ont pas plus
été respectées avec une loi antérieurement, avec
des règlements d'application. Comment peut-on penser, comment va-t-on
faire en sorte que les travaux effectués dans le cadre de Berges neuves
respectent les normes des guides techniques ou les normes de la loi actuelle?
On s'en va loin, si je regarde simplement les exemples de travaux que le
ministre des Affaires municipales mentionnait qui pouvaient être
subventionnés, qui pourront découler de l'application de la loi
6. Je le cite au Journal des débats du 5 décembre, à la
page 1344: "Ces travaux pourront consister dans le nettoyage des rives, en
l'aménagement de terrains situés en bordure des cours d'eau, en
travaux de rétention des eaux, dans des ouvrages de
régularisation du niveau de l'eau, de construction de voies
d'accès aux lacs et aux cours d'eau, en aménagement de plages, en
construction d'aires de repos et des équipements de base servant aux
fins de récréation, en reboisement... " Donc, c'est un paquet
d'inverventions qui sont possibles.
Si je comprends bien vos propos jusqu'à maintenant, au niveau du
ministère de l'Environnement, qui devrait coordonner un
minimum de ces travaux, ponctuellement, dans une ville ou même sur
un bassin quelconque... Même si une municipalité pouvait avoir des
possibilités d'intervenir sur ses rives, chez elle, j'imagine que ses
interventions - peut-être pouvez-vous m'expliquer cela - vont
sûrement avoir des effets sur ses voisins. J'imagine que, dans le cours
d'eau en question, cela ne se limitera pas juste à son impact autour de
chez elle. Sur un lac, il peut y avoir plusieurs municipalités autour.
Sur une rivière, il y a des gens en bas de cela, qui ont fait des
travaux de rétention d'eau, qui ont fait des travaux même dans le
lit de la rivière et, dans une certaine disposition au niveau des lois,
on peut dire que cela peut aller même jusqu'à quinze mètres
de travaux sur les rives, sur le littoral de la rivière.
À ce moment, comment peut-on penser, d'après
l'expérience que vous avez vécue dans les différents
dossiers dont vous vous êtes occupés, si les municipalités
finissent par avoir les pouvoirs que la loi 6 va leur accorder, qu'elles
pourront faire en sorte d'appliquer ces normes, faire en sorte que les travaux
soient respectés, de faire en sorte que, si on constate que, dans les
travaux qui seront exécutés, si votre organisme se rend compte
que, dans un certain coin, c'est dégradant, ce n'est pas dans le cadre
de l'application des guides techniques du ministère, est-ce qu'on peut
penser, valablement, que les municipalités pourront intervenir,
arrêter cela ou corriger cela, ou si cela vous satisfait, de la
façon qu'on annonce les projets de loi, et que tout cela va être
protégé?
M. Quintal: Non, si on était satisfait du projet de loi 6,
on ne serait pas ici, c'est officiel. C'est sûr qu'on se pose de
sérieuses questions. On se demande si les municipalités ont des
personnes compétentes pour faire respecter l'environnement. Si on se
pose de sérieuses questions là-dessus, le passé nous a
prouvé qu'on pouvait avoir des doutes. Si on demande un
règlement-cadre, c'est parce qu'on veut que les règles du jeu
soient très bien définies et que les choses faisables, les
règles de base soient établies pour que les tributaires ou les
rivières ne deviennent pas des canaux tout simplement où il n'y
aura plus de vie, parce qu'on va tout avoir détruit. Il ne s'agit pas de
tout répéter mon énoncé. Je trouve que vous avez
dit des choses très vraies, des choses que nous... C'est sûr et
certain que, si on avait été persuadés que le projet de
loi 6 améliorait la qualité de l'environnement et de la faune, on
ne serait pas ici ce matin, c'est officiel.
Je ne sais pas, René, peut-être que tu as des choses
à rajouter.
M. Saintonge: À la suite de votre intervention et
même des discussions que vous avez eues avec le ministre, en d'autres
mots, vous n'êtes pas plus convaincus que la protection va être
accordée.
M. Quintal: Soyez assuré, M. le député de
Laprairie, que la Fédération québécoise de la faune
va sûrement envoyer des communiqués à ses associations
régionales pour que des patrouilles des habitats soient mises sur pied
au plus vite afin d'essayer d'éviter que des abus - qu'il y a eus trop
souvent dans le passé et sur lesquels on a fermé trop souvent les
yeux - ne se reproduisent. La faune a été extrêmement
endommagée. Surtout la vallée du Saint-Laurent a
été très endommagée, nous en sommes très
conscients à la Fédération québécoise de la
faune. Si on veut léguer quelque chose à nos enfants et aux
générations futures, il va falloir y penser très
sérieusement.
M. Saintonge: Une autre question, notre temps achève. On
sait que le conseil consultatif avait proposé une politique
d'encadrement forestier des lacs et des cours d'eau du Québec, cela
touche une partie du problème qui nous occupe. Je ne sais pas si votre
association est intervenue, mais disons que, dans ce que j'ai vu de cela, on
dit finalement que le conseil consultatif, à la suite des questions qui
étaient vivement discutées dans le milieu relativement à
l'encadrement forestier des lacs et des cours d'eau, a présenté
un avis sur cela, a tenu des audiences, j'imagine. On a donné un avis
quelconque. Le conseil consultatif, finalement, dit-on, aborde la question de
l'encadrement forestier à partir de la problématique de l'eau.
Quel type d'encadrement forestier convient-il d'établir pour assurer la
sauvegarde de la ressource "eau" et cela en tenant compte des
différentes vocations du territoire? C'est un peu le mandat de la
commission. On en est arrivé finalement au fait qu'en avril 1983 on
proposait une politique d'encadrement des lacs et des cours d'eau, sauf qu'il
n'y a rien qui a suivi, je pense, il n'y a pas de politique globale
d'encadrement des lacs et des cours d'eau qui a suivi. Je remarque que, dans
les travaux possibles, au niveau par exemple de Berges neuves, on parle
justement de reboisement. Si je comprends votre intervention, je veux me faire
confirmer qu'au niveau du reboisement, entre autres, vous doutez que les
municipalités aient la compétence pour appliquer certaines
normes. À votre avis, cela reviendrait carrément au
ministère de l'Environnement d'appliquer des normes dans ce sens et de
définir des politiques globales qui devraient être suivies par
tout le monde; c'est bien cela. La même chose pourrait s'appliquer au
niveau des interventions sur les lits des rivières.
M. Quintal: Oui.
M. Saintonge: La même chose, disons, quand on parlait dans
ce cadre d'une planification de développement; on parlait d'une
politique de bassins, si l'on veut, c'est-à-dire l'ensemble du milieu
aquatique concerné; si c'est un lac, c'est l'ensemble du lac qui va
être concerné. Un programme donné devra suivre des normes
applicables à l'ensemble du lac. D'accord. Ce qui veut dire qu'à
l'intérieur du projet de loi 6, à l'intérieur des travaux
qu'on veut accorder aux municipalités est-ce que ce n'est pas possible,
d'après vous, de faire en sorte d'en arriver à un encadrement
valable de tous ces travaux? Est-ce bien cela?
M. Quintal: Actuellement, on donne des pouvoirs aux
municipalités et on ne les définit pas; dans le projet de loi, on
ne définit rien. On donne un mandat en blanc. Il m'apparaît
clairement que, si le mandat est en blanc, c'est sûr que les
municipalités vont avoir le droit de faire n'importe quoi. Donc, elles
vont avoir le droit de les creuser, de les remblayer, de les modifier. Nous,
c'est sur cela qu'est basée toute notre argumentation, et on est
entièrement d'accord avec vous. On a comme l'impression qu'il n'y a
aucun règlement-cadre et aucune règle de base actuellement qui
oblige les municipalités à respecter des choses. Ces
règlements-cadres, vous avez entièrement raison en ce qui nous
concerne, cela revient au ministère de l'Environnement de les
édicter.
En ce qui concerne le conseil consultatif, je vous ai perdu un peu. Il
m'est apparu une chose dans ce que j'ai pu lire, en ce qui concerne certaines
choses que le conseil consultatif a écrites, à un moment
donné. Je ne sais pas si on se rejoint. J'ai cru, à un moment
donné, me rendre compte que, à plusieurs endroits, le conseil
consultatif signale que les ministères, au lieu d'essayer d'appliquer la
philosophie de la Loi sur la qualité de l'environnement, vont chercher
l'exception pour passer à côté. Je ne sais pas si on se
rejoint, mais j'ai senti cela à plusieurs reprises.
Le Président (M. Marquis): Merci beaucoup. Votre temps est
écoulé.
M. Quintal: Je remercie beaucoup les membres de la commission
parlementaire de nous avoir entendus.
Le Président (M. Marquis): Merci aux représentants
de la Fédération québécoise de la faune.
J'inviterais, pour faire suite, les représentants de la
Fédération québécoise de la faune, toujours, mais
de la région 6 sud de Montréal.
Fédération québécoise de
la faune, région 6 sud
M. Bourbeau (Jean-Jacques): M. le Président, j'aurais de
la documentation à faire distribuer.
Le Président (M. Marquis): Votre organisme est bien
représenté par M. Jean-Jacques Bourbeau, président de la
régionale FQF de Montréal.
M. Bourbeau (Jean-Jacques):
Montréal-Montérégie. Pour le terme 6 sud, cela
représente la division administrative, mais on s'est donné un nom
pour localiser l'endroit où nous opérons et cela comprend la
partie sud de la ville de Montréal et la partie sud du fleuve
Saint-Laurent de Sorel à Valleyfield.
Le Président (M. Marquis): Voulez-vous nous
présenter la personne qui vous accompagne?
M. Bourbeau (Jean-Jacques): M. Léon Marchessault qui est
membre du comité de conservation de notre régionale. C'est un
ancien président qui est aussi directeur de notre régionale.
Le Président (M. Marquis): M. Bourbeau, la parole est
à vous.
M. Bourbeau (Jean-Jacques): Bonjour, mesdames, messieurs. C'est
à titre de président de la FQF
Montréal-Montérégie que je m'adresse à la
commission. M. Léon Marchessault, qui m'accompagne, est membre de notre
comité de conservation. Il a bien voulu remplacer le président de
ce comité, M. Jean-Marc Ribière.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je voudrais vous rappeler que la
FQF Montréal-Montérégie regroupe plus de 15 000 chasseurs
et pêcheurs. Notre territoire s'étend le long des rives du
Saint-Laurent, de Valleyfield à 5orel, et englobe la vallée du
Richelieu ainsi que la vallée de la Yamaska. Tout en veillant aux
intérêts de ses membres, la FQF
Montréal-Montérégie accorde une grande priorité
à la protection des habitats fauniques.
Je suis heureux de pouvoir présenter le mémoire de la FQF
Montréal-Montérégie concernant le projet de loi 6 sur la
mise en valeur du milieu aquatique. Ce projet de loi vise à donner aux
municipalités tous les pouvoirs requis pour faire des
aménagements sur le lit et les rives des lacs et cours d'eau.
Tout en soulignant que les chasseurs et pêcheurs encouragent
depuis fort longtemps toutes les initiatives visant à rendre nos lacs et
cours d'eau plus accessibles, la FQF Montréal-Montérégie
ajoute sa voix à celle
des autres organismes de conservation préoccupés par le
problème de la protection des habitats fauniques pour éviter
qu'à partir d'un objectif louable le projet de loi 6 n'ouvre une porte
qui mène à la dégradation des rives et du littoral de nos
plans d'eau.
Permettez que j'emprunte d'un texte du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, récemment publié dans la revue
Sentier, Chasse et Pêche. On y lit que "les milieux riverains, ce sont
d'abord et avant tout des habitats fauniques". Dans un autre document du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche intitulé
"Politique sur la conservation des habitats fauniques au Québec" et
publié en 1984, on ajoute "À cause des caractéristiques
qui en font un milieu de première importance pour la faune, à
cause de sa fragilité et du caractère quasi
irrémédiable des altérations qu'il subit, le milieu
riverain doit jouir d'une attention toute particulière. " Il est donc
essentiel que les aménagements prévus dans le cadre du projet
Berges neuves du ministère de l'Environnement et du projet de parc
national de l'Archipel, du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, ne se fassent pas au détriment des habitats fauniques.
Le FQF Montréal-Montérégie estime donc qu'il serait
pour le moins imprudent d'accorder de nouveaux pouvoirs aux
municipalités avant que ne soient adoptés une loi et des
règlements précis sur la protection des habitats fauniques. Pour
s'en convaincre, on n'a qu'à lire la description de la situation
actuelle dans le document du MLCP sur la conservation des habitats fauniques.
Le groupe de travail, chargé de la rédaction de ce document,
n'hésite pas à affirmer que "la nécessité d'agir
est d'autant plus pressante que les diverses lois et les règlements
actuellement en vigueur au Québec ne suffisent plus à assurer une
protection adéquate à la faune". Or, la loi et les
règlements, qui devaient répondre à nos
préoccupations et qui ont fait l'objet d'un engagement formel de la part
du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, se font
toujours attendre. (11 h 30)
En 1982, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche publiait un avant-projet de sa Loi sur la conservation de la faune.
Les groupements des citoyens furent appelés à donner leur opinion
aux membres de la commission parlementaire du loisir, de la chasse et de la
pêche. L'avant-projet de loi prévoyait accorder au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche un pouvoir de
réglementation "pour assurer la protection, permettre ou prohiber toute
modification de l'habitat de la faune et en fixer les conditions ou normes.
"
Nous ne serions pas ici aujourd'hui si la Loi sur la protection des
habitats fauniques avait été adoptée avec ses
règlements. Je me permets d'ajouter que nous sommes très
déçus. Nous étions en droit de nous attendre que le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche émette de
sérieuses réserves quant à l'opportunité de
présenter le projet de loi 6 avant que la Loi sur la protection des
habitats fauniques ne soit adoptée.
J'ouvre une parenthèse pour souligner que les guides
d'aménagement que le ministère de l'Environnement s'est
engagé à publier pour les municipalités qui s'inscriront
à Berges neuves n'auront guère plus de valeur que le "Guide
d'aménagement forestier" du ministère de l'Énergie et des
Ressources. C'est le genre de document qu'on distribue à ceux qui
s'informent des politiques du ministère, mais que les compagnies
forestières ne sont pas tenues de respecter. On ne peut remplacer une
Loi sur la protection des habitats fauniques (et des règlements) par une
série de voeux pieux.
Les chasseurs et pêcheurs fréquentent assidûment les
rives des lacs et cours d'eau où ils sont régulièrement
confrontés à des aménagements dégradants. Ils sont
donc en mesure d'affirmer que la plupart des municipalités ne se sentent
pas concernées par la conservation des habitats fauniques. Ce sont nos
associations qui doivent exercer des pressions auprès des
municipalités pour éviter que certains aménagements ne
détruisent les habitats, ou pour exiger qu'elles adoptent des
règlements visant à les protéger. Cette situation justifie
pleinement nos inquiétudes au sujet du projet de loi 6.
Les membres de la FQF Montréal-Montérégie sont
d'autant plus inquiets qu'ils ont présentement sous les yeux le cas de
la ville de Longueuii. Cette municipalité se propose de remblayer le lit
du fleuve Saint-Laurent sur une longueur d'environ trois kilomètres,
pour la construction de l'intercepteur régional d'eaux usées,
à même une subvention du ministère de l'Environnement.
Des travaux d'excavation sont présentement en cours pour la
section ouest de l'intercepteur et la ville de Longueuii en profite pour
empiéter graduellement sur le lit du fleuve. Ni le ministère de
l'Environnement, ni le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche ne sont intervenus pour faire cesser ce remblayage.
Devant ces faits, nous comprenons mai l'empressement du gouvernement du
Québec à faire adopter le projet de loi 6, au risque de causer
des torts irrémédiables à nos habitats riverains.
(Présentation d'une photographie prise à Longueuii le 23
février 1985).
Lors du début des travaux d'excavation à Longueuii, une
partie s'est faite non pas dans les trois kilomètres mentionnés
dans notre exposé, parce que ce n'est pas encore ouvert; ils attendent
des nouvelles. L'autre section se fait dans de l'ancien remblayage.
II y en a eu de jeté dans le fleuve. La photo que vous avez
là...
Malheureusement, dans mon amateurisme de photographe et avec les moyens
qu'on a... C'est ce que vous auriez en ayant inverti le négatif. C'est
la vue que vous avez de Longueuil dans l'ancien remblayage et dans le nouveau
remblayage, quand vous êtes à l'île
Saint-Hélène à l'ombre. On parle d'aménager les
trois kilomètres, en partant de l'échangeur Roland-Therrien
à aller jusqu'au pont-tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine. Mais c'est
depuis 1971 que la fédération est aux aguets des remplissages de
la ville de Longueuil. Si vous prenez le volume no 1 de Québec Chasse et
Pêche, vous allez voir que, dans les pages de la
fédération, on parle déjà de ça.
En 1971, la Fédération québécoise de la
faune, par l'entremise du club de tir chasse et pêche de Longueuil, a
fourni un montant au projet Un fleuve, un parc, pour faire cesser
momentanément les remblayages de la ville de Longueuil dans ce
secteur.
Malheureusement, nos moyens ne nous permettent pas de faire plusieurs
photos 8 sur 10; je les fais chez nous bénévolement. C'est ce qui
est sur la berge du Saint-Laurent, vis-à-vis du remblaiement qui a
été commencé le vendredi 22, mais... Ce qui est ici, on ne
l'a pas mis dans le fleuve, on attend que la MRC amende sa loi, tel que
stipulé dans l'étude d'impact commandée par la ville de
Longueuil. Cela, c'est de l'ancien remblayage où on creuse actuellement,
en face de la résidence de l'ancien maire de Longueuil, près de
la passerelle, et on s'en va vers l'ouest, vers le pont Jacques-Cartier.
La ville de Longueuil nous a dit, lors d'une réunion publique,
que ce qui est bon serait pris pour remblayer dans le fleuve ou remblayer
où on creuse, mais, pour ce qui est du reste, on a des doutes, on sait
où cela va aller: des tuyaux, des pneus, des anciens tuyaux de traverse
et ainsi de suite.
Nous avons pris nos renseignements pour arriver à préparer
notre mémoire, premièrement, dans la Charte mondiale de la nature
des Nations Unies qui a été adoptée en 1982. Le Canada
était un des pays en faveur parmi les 111 qui étaient pour; il y
avait un contre, les États-Unis, et 18 abstentions. Nous prenons notre
documentation dans le volume no 1 de Québec Chasse et Pêche et
nous avons aussi de la publicité payée par le gouvernement que la
ville de Longueuil distribue par l'assainissement des eaux où l'on
mentionne, lors du Salon québécois des techniques de l'eau, le
choix d'une vie de qualité, mais à quel prix, au détriment
de certains autres choix.
La ville de Longueuil veut faire du remblaiement dans le fleuve pour
regagner ses rives. Elle prétend qu'antérieurement, lors de la
construction de la route 132, elle s'est fait voler ses rives du fleuve, mais
là elle va venir nous voler du territoire québécois en
empiétant sur 20 mètres de large et les dommages que cela va
causer. On nous dit qu'il y a une option terrestre de prévue dans
l'étude d'impact commandée par la ville de Longueuil, mais on
nous dit qu'on ne peut pas passer sur le boulevard Marie-Victorin au lieu de
passer dans le fleuve; cela dérangerait les instruments de
précision de la compagnie d'avionnerie qui est là. Le
métro de Montréal s'est construit et personne n'a
arrêté de travailler à cause du dynamitage. Alors, il y en
a des options et nous, de la Fédération québécoise
de la faune, c'est ce qui nous inquiète. S'il n'y a pas une loi de la
protection des habitats fauniques, la ville de Longueuil va passer son tuyau,
va remblayer dans le fleuve et va continuer à remblayer vis-à-vis
du parc Marie-Victorin.
Nous avons dans nos dossiers le projet futur qui a été
préparé, il y a très longtemps, et la ville de Longueuil
va s'y rendre. Si vous prenez la carte des profondeurs d'eau maritime et que
vous allez dans la région de Longueuil, vous allez voir qu'une
révision de la carte en 1978 indique à plusieurs endroits qu'on
n'a pas été plus loin et qu'on n'a pas défini le contour
de la carte parce que, dans le secteur de Longueuil, on y voit à
plusieurs endroits "en remplissage" et "en remblaiement". C'était en
1978 et les cartographes qui ont travaillé là-dessus se sont
sûrement informés à la ville de Longueuil de ce qu'elle
avait l'intention de faire.
Nous avons ici: Interception des eaux usées (la berge), où
il va y avoir d'injectés 45 000 000 $ entre le pont Jacques-Cartier et
le pont-tunnel Louis-Hippolyte Lafontaine. Admettons que c'est de l'autre
moitié du trajet dont on s'inquiète - ce sont les trois
kilomètres entre Roland-Therrien - qui fait partie de ces 45 000 000 $.
On en a, des guides techniques sur l'environnement, mais la ville de Longueuil
va passer son tuyau dans le fleuve et va continuer à remblayer; tant
qu'on sera là, on va guetter.
On a aussi la documentation qui nous vient du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche. D'ici peu, plusieurs familles
devront quitter cet endroit: un marécage. On y lit: Les marécages
sont d'abord et avant tout des habitats fauniques. Si les municipalités
n'ont pas de loi-cadre, ne sont pas restreintes, avec un guide technique,
est-ce qu'on peut porter des accusations? Est-ce qu'on peut forcer par la loi
à faire quelque chose? On peut retirer des subventions, mais est-ce
qu'on peut forcer par la loi?
Il y a un autre article aussi publié dans la revue Québec
Chasse et Pêche: Les milieux riverains sont d'abord et avant tout des
habitats fauniques. Cela vient encore de la même source. Notre
inquiétude aussi, aux
dires des représentants de la ville de Longueuil, est que la
partie qu'elle veut prendre dans le fleuve sera la partie finale de
l'empiétement dans le fleuve. On nous a même avancé que, si
elle fait l'empiétement dans le fleuve, Archipel ne touchera plus
à cette section-là du fleuve. On veut redorer la rive et
l'aménager pour qu'elle ait de la gueule et qu'elle soit
présentable pour ceux qui passent en bateau, mais on n'a jamais rien
fait pour aménager et donner de la gueule - une belle photographie -
pour ceux qui sont à l'île Sainte-Hélène dans les
parties qu'on a inondées et remblayées.
Dans l'étude d'impact de la ville de Longueuil, on dit qu'on va
prendre simplement 10% des frayères le long du cours d'eau du
Saint-Laurent, mais on ne parle pas des 80% qu'on a prises depuis X
années. On parle seulement de 2% des herbiers qu'on va détruire,
mais c'est déjà trop. Si on protège notre patrimoine,
cette partie de littoral de notre province fait partie d'un patrimoine
sacré. Si c'est sacré pour la ville de Longueuil de faire passer
des vélos dans le fleuve, moi, je préfère me promener en
pédalo.
Je vais vous répéter une farce de l'ex-maire de Longueuil
qui a dit: On n'aurait plus de problèmes; pourquoi ne nous laissez-vous
pas passer le fleuve dans les tuyaux et on va se rendre jusqu'à
l'île Sainte-Hélène? Cela s'en vient, mais, si vous
remarquez, sur la carte hydrographique, ils ont arrêté dans la
limite des 10 mètres des hautes eaux quand il s'est agi de toucher la
voie maritime du Saint-Laurent. Ils ne se rendront pas là parce qu'il y
a une loi fédérale qui empêche cela.
Si on regarde dans le volume ISBN2-550-10918-X, Le loisir,
synthèse des études et propositions, archipel de Montréal,
on y lit à la page 74, paragraphe 4. 4. 1: Le débat
récréation-conservation est à la fois un vrai et un faux
problème. Le véritable ennemi de la conservation, c'est d'abord
le développement anarchique, le remblayage, les égouts à
ciel ouvert, les usines aux affluents non traités et les abattages
d'arbres. Ces gestes d'aménagement menacent et font disparaître la
faune et la flore beaucoup plus sûrement que les pique-niqueurs, les
cyclistes et les skieurs de randonnée; on semble parfois l'oublier.
Pour finir mon intervention, si j'ai encore quelques minutes... Hier
matin, avant de quitter mon domicile, j'étais très heureux de
recevoir une belle boîte du ministère de l'Éducation,
m'étant inscrit à un cours par correspondance, parce que je n'ai
pas encore fini d'apprendre et j'espère que cette commission va
m'éclairer aussi. Je me suis inscrit au cours par correspondance
Hébergement Québec et je me suis aperçu, durant l'heure
que j'ai pu feuilleter ces documents qui sont très intéressants,
très instructifs - et je vais commencer, dès lundi, à m'y
mettre assidument - que le dicton "Fais ce que je te dis, mais ne fais pas ce
que je te fais", c'est vrai. Je l'ai chez nous. Si vous voulez le feuilleter,
il est à votre disposition pour 37, 50 $, montant que j'ai souscrit et
cela vaut plus que cela. Si vous voulez vous instruire, c'est le cours 3015 des
cours par correspondance, messieurs.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre.
M. Ouellette: Merci, M. le Président. L'essentiel de
l'intervention que je viens d'entendre porte, à mon avis - je peux me
tromper, mais je vais essayer de comprendre au fur et à mesure - sur
quelque chose de présumé. Ce que vous nous dites, M. Bourbeau,
à toutes fins utiles, c'est que la ville de Longueuil va passer un tuyau
sur du territoire d'empiétement sur le Saint-Laurent. Je voudrais vous
rassurer là-dessus. J'en ai parlé tout à l'heure en
disant; 11 y a eu deux époques à Longueuil, une première
époque où on a décidé de passer la route 132 sans
consulter personne. Cela s'est fait. Il y a eu des empiétements et
personne n'a eu l'occasion d'intervenir.
Aujourd'hui, on se retrouve avec un nouveau projet qui est celui de la
ville de Longueuil, qui est relié, bien sûr, à
l'assainissement des eaux, qui a fait l'objet d'un protocole d'entente avec le
ministère de l'Environnement. D'abord, je voudrais vous dire que le
protocole d'entente entre la ville de Longueuil et le ministère de
l'Environnement ne prévoit pas devoir passer le tuyau dans le
Saint-Laurent. Le protocole qu'on a signé prévoit que le tuyau
passera, notamment, sur le boulevard Marie-Victorin, à la hauteur des
trois kilomètres qui vous inquiètent, mais on n'a quand
même pas le pouvoir d'interdire à une municipalité ou
à un promoteur de concevoir un projet. Cela, c'est sa pleine
liberté sauf qu'il y a des lois, maintenant, qui existent, dont celle
sur la qualité de l'environnement et le règlement qui en
découle sur les études d'impact. Ce promoteur, qui a conçu
ce projet, doit soumettre son projet dans le cadre de la loi et du
règlement; ce qu'il a fait. On lui a demandé une étude
d'impact, on a émis des directives. L'étude d'impact a
été produite, elle a été rendue publique et j'ai
demandé moi-même - je n'ai pas attendu que quelqu'un le demande -
des audiences publiques pour que l'étude de ce projet se fasse
publiquement. Ce n'est qu'après que le Bureau des audiences m'aura remis
un rapport que la décision de l'autoriser ou non sera prise. (11 h
45)
Voilà un domaine où le gouvernement a le pouvoir, en vertu
de la Loi sur, 1a qualité de l'environnement, de dire non au projet.
Ce n'est pas ici qu'on va tenir ces audiences publiques; elles vont se
tenir à Longueuil. Vous me dites que vous allez y participer, cela me
rassure parce que c'est l'occasion rêvée, pour tous ceux qui
s'opposent, de faire valoir leur point de vue auprès d'un bureau
indépendant qui s'appelle le Bureau des audiences publiques sur
l'environnement. Donc, ne présumez pas que le projet de Longueuil va
être accepté, il sera étudié à la suite du
rapport que le BAPE me soumettra.
Pour vous rassurer également, les travaux d'excavation qui se
font présentement ne se font pas en milieu hydrique. Ils se font en
milieu terrestre et ce dont je viens de parler ne s'applique pas là. Le
premier projet de la ville de Longueuil qui a fait l'objet d'une entente avec
l'Environnement prévoit que le tuyau en question, sur les trois
kilomètres et demi, doive passer sur le boulevard Marie-Victorin,
même si cela perturbe l'industrie ou les résidents qui s'y
trouvent. Le projet qui a fait l'objet d'une entente, donc, n'est pas en milieu
hydrique. Voilà un exemple où on a la loi et les dents qu'il faut
pour interdire un tel projet, s'il se révèle inacceptable, aussi
bien pour la protection de la faune que pour la protection de l'environnement
en général. Je pense que c'est là l'essentiel.
Quant à la politique à laquelle vous faites allusion, je
l'ai dit tout à l'heure, nous nous sommes inspirés grandement du
rapport du CCE et de la politique de l'encadrement forestier. Ces documents
sont entre les mains du comité interministériel et la politique
générale qui va en découler va s'inspirer très
largement de ces études qu'on avait commandées nous-mêmes
au CCE pour établir une politique générale de laquelle
découleront, éventuellement et le plus rapidement possible, je
l'espère, des règlements qui permettront de respecter la
politique qui est en train d'être discutée entre les
différents ministères. Je pense que, là-dessus, il y a de
quoi être rassuré.
En ce qui a trait - je me trouve à répondre à vos
prédécesseurs un peu - aux travaux prévus dans le
programme Berges neuves, c'est exactement la même chose. Pour une fois,
ces travaux ne se feront pas à l'insu du ministère de
l'Environnement ni du MLCP, puisqu'ils devront être soumis au
ministère de l'Environnement par les municipalités et ils devront
être conformes également au guide dont j'ai parlé tout
à l'heure et qu'on pourra vous remettre, je pense, aujourd'hui
même, de telle sorte que ces travaux vont être
sévèrement contrôlés. Ce sont les directions
régionales du ministère de l'Environnement qui doivent faire une
première évaluation de chacun des projets avant de les soumettre
au comité interministériel qui pourra les approuver ou les
modifier ou les refuser, selon qu'ils sont conformes ou non à nos
guides. C'est donc un pas très sérieux vers l'avant, puisque ces
guides sont beaucoup plus détaillés que n'importe quelle loi ou
n'importe quel règlement qui pourrait découler des travaux du
comité interministériel actuellement en cours au gouvernement. Je
ne vois pas de risque puisque nos spécialistes, aussi bien de
l'Environnement que du MLCP, vont devoir se prononcer cas par cas, accepter les
choses acceptables, refuser les choses inacceptables ou les faire modifier de
façon qu'elles deviennent positives.
Personnellement, je suis tout à fait rassuré et je vois
là un geste complémentaire à l'assainissement des eaux
puisque nous voulons, une fois les eaux assainies, qu'on puisse y avoir
accès et les protéger par un autre volet qui n'est pas
l'assainissement comme tel, mais la remise en valeur des rives qui sont - vous
en êtes conscients - jusqu'à un certain point, responsables de la
détérioration des eaux au Québec. Il n'y a pas que
l'industrie, il n'y a pas que l'agriculture, il n'y a pas que le monde
municipal qui ont pollué les rivières; il y a tout le
phénomène de l'érosion qui se traduit en pollution diffuse
et nous voulons, par le montant de 170 000 000 $ qu'on va investir au cours des
trois prochaines années, apporter un correctif additionnel à la
situation qui a entraîné la dégradation de nos cours
d'eau.
Quant aux équipements d'accessibilité, ce sont des mesures
de sécurité qui devront être appliquées, toujours
conformément à nos guides, de façon qu'on ne retrouve pas,
par exemple, de constructions de quais inutiles et que, si jamais on devait en
autoriser sous forme de gabion ou autres formules du genre, ce soit
limité aux cas strictement nécessaires. On n'a pas du tout
l'intention d'aider à la prolifération de ce genre de
construction que nous rejetons dans nos guides, de toute façon, mais que
nous pourrons peut-être devoir accepter dans certains cas parce que c'est
la seule solution pour éviter, par exemple, les glissements de terrain
et autres choses du genre.
Ce n'est pas un programme d'envahissement du milieu hydrique et de
destruction de la faune. Au contraire, c'est un programme de restauration et de
consolidation des rives, de reboisement et de revégétation pour
leur redonner leur caractère naturel initial. C'est là qu'est
notre intention. Les guides font foi de tous ces éléments, de
toute notre pensée environnementale dans le programme.
Le Président (M. Marquis): M. Bourbeau.
M. Bourbeau (Jean-Jacques): Si vous me permettez, M. le ministre,
si nous avons pris Longueuil, c'est parce que c'est un point qui me touche
parce que cela fait déjà 20 ans
que je patauge dans cet endroit et que je l'ai à coeur. Mais
là, cette partie, je ne l'ai pas à coeur, c'est-à-dire
qu'elle m'écoeure. D'accord? Je pourrais vous citer un autre dossier
où notre régionale travaille actuellement, c'est le
déversement des neiges usées à Chambly, où on fait
de l'érosion des deux parcs qui ont été construits avec
des subventions gouvernementales, près du barrage, en haut de la ville
de Chambly, près du pont qui va à Richelieu. Il y a un beau parc,
on met de la neige là l'hiver et on la jette dans les rapides; en bas,
en face de l'hôtel de ville, il y a un petit parc et on fait la
même chose. Le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche paie pour de l'ensemencement dans les rapides de Chambly, où
on y prend de la très belle truite, mais la ville de Chambly la sale
dans un bout et dans l'autre. Je demeure à l'île de Carignan.
Qu'est-ce qui passe chez nous? C'est de l'eau salée. Quand je veux de
l'eau salée, je vais à la mer, mais j'aime pêcher dans le
bassin. C'est là que j'ai décidé de faire ma vie, de finir
mes jours. Alors, ce sont deux petits exemples qu'on peut vous donner.
S'il y avait une loi pour la protection des habitats fauniques, il y
aurait deux lois avec lesquelles on pourrait les pincer, parce que nous ne
pouvons pas combattre le gouvernement ou la ville par des moyens judiciaires.
Alors, on prend les moyens qu'on a. On est entendu en commission et on
écrit aux journaux. Léon a quelque chose à ajouter, si
vous le permettez.
M. Marchessault (Léon): Cela s'adresse à M. le
ministre. Vous avez mentionné, dans le cas de Longueuil, ou toute autre
ville du genre, qu'il y aura des réunions. À la suite des
réunions qui seront tenues, vous aurez une décision à
prendre. On va prendre le cas de Longueuil parce que, pour nous, c'est un cas
patent qui va peut-être faire état de tout l'ensemble du
Québec par la suite. Si la population de Longueuil se prononce
favorablement à la décision de la ville de vouloir passer
l'intercepteur dans la partie du fleuve, quelle sera votre décision?
M. Ouellette: Je ne peux pas présumer. Il faudra...
M. Marchessault: C'est cela qui nous inquiète, M. le
ministre.
M. Ouellette: Non, mais je vais vous dire... Les audiences vont
permettre d'analyser le projet; ce dernier comprend des travaux et des
études d'impact en rapport avec chacun de ces travaux. Si les travaux
s'avèrent n'être que positifs, on ne peut quand même pas
adapter une loi générale disant: Désormais, en
Amérique du Nord ou au Québec, toute forme d'empiétement
est interdite, parce qu'il arrivera toujours des circonstances où ce
sera préférable d'en faire que de ne pas en faire, par exemple,
pour réparer des dégâts plutôt que de les laisser se
perpétuer dans le temps.
Je ne peux pas présumer. Je n'ai pas pris connaissance de
l'étude d'impact dans le détail. Les audiences sont justement
là pour critiquer, point par point, chacun des éléments du
projet de ta ville de Longueuil. Tout à l'heure, on mentionnait 2% des
herbières qui sont menacées. Je ne sais pas, mais, si dans le
projet de la ville de Longueuil, on met l'argent suffisant pour recréer
davantage d'herbiers, ce sera à vous d'analyser et de faire valoir votre
opinion, à savoir qu'on est mieux de garder les 2% qui sont
menacés que d'en recréer dix à côté, qui
seraient peut-être vus comme des apports artificiels. Ce sont les
audiences qui vont décider de tout cela, et le BAPE est justement
là pour tenir compte des points de vue de chacun, de faire la
pondération et de me faire un rapport dont je m'inspire pour faire une
recommandation au Conseil des ministres. Ce n'est pas moi qui décide,
c'est le Conseil des ministres et c'est prévu comme cela dans la
loi.
Alors, ce sera à nous tous de faire l'évaluation du
positif et du négatif et de prendre une décision en fonction du
bien commun et du bien environnemental, cela va de soi. C'est un
mécanisme qui n'existait pas, malheureusement, il y a dix ans.
M. Marchessault: Tout de même, M. le ministre, ce n'est pas
encore dans une loi.
M. Ouellette: Bien oui, c'est dans la loi!
M. Marchessault: C'est pour cela que, dans le projet de loi
présenté par le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche en 1982, dont j'ai ici quelques extraits, ou on disait: "vivre avec
la faune en protégeant les habitats fauniques, dont le milieu riverain".
On mentionne ici: Qu'entend-on par milieu riverain? C'est le milieu de
transition entre le milieu strictement aquatique et les milieux terrestres. Il
est composé surtout par les zones humides qui recouvrent environ 14% du
territoire québécois. Sa limite inférieure s'étend
jusqu'à une profondeur de deux mètres sous le niveau des basses
eaux moyennes et comprend donc une partie aquatique et une partie terrestre.
Ensuite, on dit: Quelle est l'importance de la faune en milieu riverain? La
faune de ce milieu est la plus variée, la plus abondante et la source la
plus importante de revenu parmi les activités reliées à
l'utilisation de la faune. Enfin, on dit: L'utilisation de la faune de ce
milieu entraîne des dépenses de plus de 400 000 000 $.
Immédiatement après, on dit:
Quelles sont les principales causes humaines de
détérioration du milieu riverain? On dit: le remblayage. Le
principal effet négatif du remblayage, c'est qu'il détruit sans
retour les caractéristiques du milieu riverain et engendre la
disparition de toute la faune associée à ce site.
C'est ce qui devait aller dans la loi que M. Guy Chevrette nous avait
présentée et on a cru en lui. On a voulu continuer. Après,
il nous faisait des recommandations et disait: Activité pour une
assciation: détecter dans son milieu des projets qui mettent en cause la
protection des berges. Aujourd'hui, notre association, à
Saint-Hyacinthe, a un comité de conservation. La régionale 6 sud
a un comité de conservation et on doit venir ici, aujourd'hui, M. le
ministre, pour vous demander: De grâce, incluez cela dans votre projet de
loi 6! Parce qu'à la suite de consultations, malgré toute votre
bonne volonté, chacune des municipalités aura raison de dire: Je
devrais empiéter un peu dans le cours d'eau. Ce n'est pas pour 2% ou 3%.
On a un exemple à Saint-Hyacinthe. Cela a été construit
dans le passé, il y a quelques années, mais, aujourd'hui, on est
en discussion sur des projets de réaménagement du cours d'eau
parce qu'on a remblayé les rives de la rivière Yamaska pour faire
passer le tuyau d'eaux usées pour la future usine d'épuration.
Présentement, on est devant un projet de tronçon
d'amélioration qui va coûter environ 250 000 $. C'est un exemple.
Si on laisse aller ou si, par une décision... De la manière dont
la ville de Longueuil fonctionne présentement, elle a installé un
projet d'aménagement à la réunion des techniques de l'eau.
Donc, ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on se prépare, cela doit faire deux
ou trois ans. Tout est là, le schéma d'aménagement est
préparé. Elle va trouver des raisons, elle va même aller,
semble-t-il, devant la population de Longueuil pour avoir son opinion. S'il y
avait une loi bien définie pour la protection des habitats fauniques, il
n'y aurait personne qui pourrait y contrevenir. Tandis que là, chacune
des associations... Et c'est là notre crainte, M. le ministre. C'est
pour cela qu'on demande que ce soit inclus dans le projet de loi 6.
M. Ouellette: Ce n'est pas dans le projet de loi 6 qu'on va
inclure cela, c'est dans la politique globale de conservation des milieux
riverains. C'est précisément cela qui est en discussion au
comité interministériel, pour en venir à établir la
politique globale de laquelle découleront des règlements. Et le
document dont vous venez de faire une certaine citation, assez abondante,
d'ailleurs, est justement à la table des discussions
interministérielles pour en venir è établir cette
politique.
Alors, tout cela va se faire au printemps, cela va faire l'objet
à nouveau de consultations publiques et, ensuite, on va adopter la loi
que vous souhaitez toujours voir adopter et que mon collègue, M.
Chevrette, annonçait il y a quelque temps. Donc, M. Chevrette n'a pas
menti, loin de là. Nos fonctionnaires sont tous à l'oeuvre
actuellement et, dès le printemps, on va déposer ce projet de
politique globale et on va le soumettre à l'opinion publique pour y
apporter les corrections nécessaires, mais ce n'est pas dans un projet
de loi spécifique, comme le projet de loi 6, qu'on va faire cela.
Entre-temps, nous allons permettre aux municipalités de
préparer des projets à partir des guides et ce qu'on retrouve
dans les guides sont les grandes lignes de ce qu'on va retrouver dans la
politique globale. Tout cela est cohérent. Il n'y a aucun risque dans
l'application de Berges neuves, compte tenu des mesures de contrôle qu'on
va mettre tout au long du processus, que ce soit incohérent en bout de
piste. On va exactement dans la pensée que vous exprimez et je l'appuie
votre pensée puisque c'est aussi la mienne: il est urgent qu'on puisse
contrôler tout ce qui se fait dans le milieu hydrique parce qu'il s'est
fait trop de "gâcheries", devrais-je dire, dans le passé.
Je vous ferai remarquer aussi que votre association ou quelques membres
de votre coin de votre association se sont adressés au programme Berges
neuves pour obtenir de l'aide financière pour permettre de créer
ou de réaménager des zones de frayères, par exemple. Donc,
c'est très positif, et le programme Berges neuves va nous permettre de
vous aider à investir aux deux tiers les sommes nécessaires pour
atteindre vos buts, qui sont des buts très positifs et des buts
d'amélioration.
Donc, il faut distinguer le projet Longueuil dans tout cela. Le projet
Longueuil, ce n'est qu'un projet comme les autres qui est soumis à la
loi, et la loi nous donne le pouvoir de dire catégoriquement non si les
audiences publiques nous indiquent qu'il faut dire non. (12 heures)
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, vous m'excuserez, on a des
invités, mais j'ai une question à poser au ministre. Le ministre
a répondu et cela me fait me poser des questions, probablement les
mêmes que vous. Vous pourrez en juger et dire après si c'est le
cas.
Le ministre nous dit qu'il y a une loi-cadre qui va s'en venir au
printemps, qu'il va faire des consultations. Ce que je comprends de tout cela,
c'est qu'on met la charrue avant les boeufs tout simplement, dans le sens que,
si on fait une loi-cadre et qu'on veut en arriver à la protection
des
habitats fauniques et à une politique, par exemple, d'encadrement
forestier pour les lacs et les cours d'eau, à tout niveau d'intervention
sur les rives, on va toucher à tout cela en même temps. Le
ministre nous dit: On va faire cela au printemps, on va vous consulter sur cela
et on verra l'expertise des gens comme la Fédération
québécoise de la faune, que ce soit la fédération
comme telle, la région sud ou la région nord, ou FAPEL, qui est
dans le domaine depuis plus de 20 ans, d'après ce que comprends des
consultations que j'ai faites dans le milieu et de ce que j'ai pu lire.
Le ministre vient nous dire: C'est bien beau tout cela, ces gens ont
travaillé. Il reconnaît même qu'en principe ce sont ces
associations sans but lucratif qui contribuent à protéger
l'environnement. Ce sont peut-être les gens au Québec, plus que le
ministère de l'Environnement même, d'après ce que je peux
comprendre, qui sont les gardiens de la qualité de vie autour de nos
lacs, de nos rivières et de notre fleuve. Vis-à-vis de tout cela,
le ministre vient dire: Cela fait longtemps, il faut que tout le monde
s'asseoie à la même table, ni plus ni moins, c'est-à-dire
que les différents ministères - il y a le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui est dans cela, il y a le
ministère de l'Environnement, il y a le ministère des Affaires
municipales qui va être impliqué indirectement, il y a le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation...
J'ai pu comprendre ce matin que, dans certains cas, le ministère de
l'Agriculture est à la table, est inscrit sur cela. Je vous dirai qu'il
y a peut-être d'autres associations qui viendront et qui
démontreront qu'il n'y a peut-être pas de communication
souhaitable entre l'Agriculture et l'Environnement. Ce sont des choses que je
me suis fait dire et je suis convaincu que cela va ressortir ici à un
moment donné.
Ce qui m'intéresse et ma grande question est: Comment le ministre
peut-il sérieusement nous dire qu'il respecte ces gens, qu'il respecte
l'agir des gens qui veulent protéger la qualité de vie et qu'en
même temps il nous dise qu'il va mettre des normes techniques? Les
municipalités le font à travers des normes techniques. M. le
ministre, est-ce que les personnes qui ont travaillé à la
protection des rives, à la protection des rivières et des lacs
pourront intervenir sur les normes techniques que vous imposez? Par exemple,
ces gens, au niveau des possibilités d'intervention dans une
municipalité par un groupe donné qui demande à une
municipalité une intervention sur un milieu et vient détruire des
habitats fauniques d'une certaine façon, parce qu'on dit que des travaux
pourraient avoir lieu dans le lit de la rivière... Quand on va
construire un quai, on va toucher au lit du cours d'eau ou du lac, on va avoir
une intervention qui peut aller jusqu'à quinze mètres dans le lac
ou dans la rivière, carrément sur les rives, si j'ai bien compris
les documents du ministère que j'ai lus. Cela va perturber le milieu. Si
des gens s'occupent depuis des années de la protection du milieu
faunique, de l'aménagement des rives et de la question de l'encadrement
forestier des lacs et des rivières, comment ces gens peuvent-ils
intervenir au niveau des normes techniques que vous imposez aux
municipalités ou aux groupes qui, à travers les
municipalités, vont demander la réalisation de projets? Comment
ces gens peuvent-ils s'assurer que, dans certains cas, des façons d'agir
fondamentales au niveau de leur expertise ou de leur expérience
antérieure vont être respectées par les
municipalités? D'aucune façon: vos normes sont faites, sont
établies.
Vous dites: Ce n'est pas grave, cela va être dans la loi
éventuelle. Si, éventuellement, dans la loi, on se rend compte
dans certains cas que des interventions qui pourraient être
allouées et permises en vertu du programme Berges neuves, en vertu des
normes techniques que le ministère va mettre en place, si on se rend
compte donc, que cela serait dégradant ou que cela irait contre des
principes d'environnement que ces gens défendent, ils n'auront aucune
façon de bloquer tout cela, ils n'auront aucune façon de dire
leur façon de penser et ils n'ont aucune façon de s'assurer que
le ministère de l'Environnement et le ministre de l'Environnement vont
les écouter et vont réagir à leur propos. J'aimerais que
vous me donniez une réponse à cela.
M. Ouellette: La question est longue. J'ai eu une certaine
difficulté à trouver le fil conducteur de votre question. Vous
semblez mettre en doute notre bonne foi en ce qui a trait aux groupes qui sont
soucieux de la protection de l'environnement, et vous semblez dire: Pourquoi ne
pas attendre que toutes les lois soient adoptées, que tous les
règlements soient adoptés également avant de faire quoi
que ce soit? Je vous rappellerai, si vous faisiez allusion tout à
l'heure au groupe de la fédération, la FAPEL que la FAPEL
travaille dans le paysage depuis de nombreuses années et qu'elle
travaille à partir de guides qu'elle s'est elle-même bâtis
en collaboration avec une direction du ministère de l'Environnement.
C'est donc dire qu'il y a des choses qui existent puisqu'il y a des gens qui
travaillent à partir de ces guides-là. Les guides qu'on va rendre
publics aujourd'hui ont été bâtis de toutes pièces
à partir de ce que le ministère de l'Environnement a
déjà, de ce qu'utilise la FAPEL, par exemple, pour effectuer ses
travaux depuis une vingtaine d'années et vont
être rendus publics pour fins de modifications, s'il y a lieu.
Nous sommes au mois de mars et les travaux prévus dans le cadre du
programme Berges - neuves ne peuvent guère commencer avant le mois de
juin, ce qui laisse un délai important pour recevoir les commentaires de
tous les gens intéressés par ces guides et pour qu'on les modifie
à la satisfaction de la protection de l'environnement et de la faune.
Donc, il n'y a rien là, les guides sont ici, ils ne sont pas
imprimés en version finale. Ils vont être remis aux groupes
intéressés. Si des modifications devaient être
apportées, nous en tiendrons compte, bien sûr, et nous le ferons
à la lumière des commentaires qui nous parviendront des groupes.
Je ne sais pas si cela répond à votre question.
M. Saintonge: Cela répond en partie à ma question,
mais il n'y a pas de garantie là-dessus.
M. Ouellette: Bien, ma parole...
M. Saintonge: Je vous dis simplement... Vous avez votre droit de
parole, mais je vous dis que c'est mettre la charrue avant les boeufs. C'est
ça que je veux dire, dans le sens que vous garantissez que toutes les
lois... Je ne vous demande pas toutes les lois, vous parlez d'un encadrement,
d'une loi...
M. Ouellette: Est-ce que la FAPEL...
M. Saintonge:... d'encadrement qui devrait même être
appelée au printemps, ou quoi que ce soit que vous mentionnez qui va
être déposé. Dans le cadre d'un projet de loi, c'est
étudié. Vous avez des gens qui viennent donner leur point de vue,
vous avez une réglementation qui peut s'appliquer. Les gens peuvent
réagir à la réglementation. Actuellement, vous me dites:
On va émettre des guides techniques. Ce que je ne comprends pas, c'est
que les guides techniques vont arriver quand? Ce n'est pas public, ça va
être public peut-être la semaine prochaine ou dans deux semaines.
On est rendu au mois de mars, on va être rendu au moins d'avril. Les
travaux vont commencer à se faire. Vous parlez du mois de mai; c'est
deux mois, ça. En deux mois, les gens devront réagir, vous
inciter à modifier des guides techniques sur certains points pour que
cela soit en accord avec des normes. C'est ça qu'il y a.
Ce sur quoi je m'interroge, c'est qu'on a dit tantôt que, sur
certains points où il y a des politiques actuellement, il y a des lois
et des règlements de l'Environnement qui doivent être
appliqués. Ces règlements ne sont pas appliqués, on a des
cas. On nous dit qu'à Longueuil... On a parlé tantôt des
trois kilomètres entre Roland-Therrien et le pont- tunnel. Je pense que
ce que M. Bourbeau disait tantôt, le remblayage dont il se plaignait, ce
n'était pas ce qu'il y avait lieu sur cette partie, c'était avant
cela. Ce n'était pas sur la partie des trois kilomètres
éventuels. Il parlait de remblayage avant cela. Donc, c'est en
contravention des normes actuelles du ministère, je pense.
On parle de déversement à Chambly, de neige, par exemple,
dans le fleuve. Mon problème, c'est que, vis-à-vis des
interventions de ce genre, il n'y a rien qui permet aux associations de faire
en sorte que cela cesse. Comment est-ce qu'on fait pour arrêter cela?
Comment est-ce qu'on fait pour bloquer cela...
M. Ouellette: Je regrette...
M. Saintonge:... au niveau des interventions du ministère?
Donc, la réglementation actuelle, la loi, a des normes. On dit que cela
manque de dents. On vous demande, au niveau des associations, autant la
Fédération québécoise de la faune de la rive sud
que la fédération comme telle, de faire en sorte qu'une loi cadre
vienne assurer la protection des habitats fauniques ou d'autres domaines au
niveau des interventions qui sont possibles par des gens dans le milieu. Vous
nous dites: Les normes techniques vont régler, vont protéger
cela. Je n'y crois pas nécessairement.
M. Ouellette: Mais pourquoi?
M. Saintonge: De quelle façon allez-vous faire en sorte
que vos normes techniques soient appliquées, soient respectées?
Vous avez la réglementation actuelle et ce n'est pas
respecté.
M. Ouellette: Ce que vous êtes en train de dire,
finalement, si je voulais charrier le moindrement, dans le sens où vous
le faites, c'est que tout ce qui a été fait dans le passé
par la FAPEL a été fait de façon toute croche parce qu'il
n'y avait pas de loi, qu'il n'y avait pas de règlement. Au contraire, la
FAPEL s'est bâtie, avec l'aide du ministère de l'Environnement,
des guides techniques et elle les a scrupuleusement respectés, ces
guides techniques. Aujourd'hui, on peut profiter de son expérience pour
bâtir des guides techniques encore plus poussés et mettre en place
une loi générale qui tiendra compte de chacun des
éléments qui ont été utilisés par ceux qui
ont fait des travaux positifs dans le passé. Je ne vois pas où
est votre inquiétude à ce niveau-là.
Maintenant, vous me parlez de neige usée. Vous dites: II n'y a
pas de loi, il n'y a pas de règlement. C'est vrai. Il ne faut pas
prétendre qu'en cinq ans on pouvait tout régler, tout faire le
travail qui n'a pas été fait entre 1960, par exemple, ou
même 1940,
et 1976; il fallait faire du rattrapage et nous sommes en train de
l'effectuer ce rattrapage. Il y a des pas qui ont été faits dans
différentes directions, par différents ministères.
Aujourd'hui, nous sommes à l'étape où il faut coordonner
le travail qui a été fait ici et là pour se doter d'une
politique globale qui tiendra compte de chacun des éléments. Nous
aurons l'avantage de profiter des expériences passées pour en
faire une cueillette sélective, si vous me permettez l'expression, et
les regrouper dans un tout cohérent qui impliquera l'obligation,
désormais, pour tous les intervenants, qu'ils soient municipal,
gouvernemental ou privé, que chacun de ces groupes ait à
respecter des normes acceptées de tous.
Moi, je vous dis que, d'un côté, on est en train de
compléter, au comité interministériel, cette politique
globale, mais ça n'interdit pas de faire des travaux de correction ou
d'amélioration. Planter un arbre, il n'y a pas de mystère
là-dedans. Il suffit de planter le bon arbre et de la bonne
manière. Il n'est pas nécessaire d'avoir une loi pour le faire,
ça se fait depuis des décennies. La FAPEL, entre autres, le fait
et, à ma connaissance, le fait très bien, parce que son action
repose sur l'expérience et sur la consultation des groupes ou des
entreprises spécialisées dans le domaine. C'est justement
à cette entreprise que nous nous sommes adressés, pour faire
élaborer des guides détaillés qui sont tout à fait
cohérents avec les guides qu'ont suivis les différents
intervenants dans le passé et dont l'expérience a
été heureuse.
Le Président (M. Marquis): Nous avons toujours nos
invités qui sont là. M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: Je demanderais à M. Bourbeau s'il peut nous
dire sa réaction, si vous êtes satisfait des normes techniques que
le ministère pourra émettre éventuellement, qu'on ne
connaît pas actuellement, qui vont arriver un jour. On ne sait pas sur
quoi cela va être basé.
M. Bourbeau (Jean-Jacques): Les guides techniques, par le
passé, cela nous a prouvé que ça valait ce que ça
valait. Cela dépend de la pince qu'il y a en arrière. Mais si
c'est couvert par une loi, si vous avez, par exemple, un règlement
municipal qui est renforcé par une loi, cela va encore mieux. Si vous
avez un guide technique qui n'a pas de pénalité et qui
n'arrête rien, c'est qu'on le fait comme ça. Si on ne respecte pas
ça, il est fait, c'est fait.
Si on dit qu'il n'a pas de dents, la MRC de Champlain, dans le rapport
d'étude d'impact de la ville de Longueuil, interdit toute modification
en milieu riverain à moins de dix mètres des hautes eaux. Mais
dans le rapport d'impact de la ville de Longueuil commandé à
MENVIQ, c'est mentionné là-dedans que, sur ce point, ils ne se
prononcent pas. La ville de Longueuil est en train de faire amender, a fait une
demande à la MRC de Champlain d'amender la loi ou la
réglementation de la MRC de Champlain pour lui permettre de faire une
chose. Alors, quand ils présentent leurs projets, qu'il y a de la
publicité et des imprimés... Si c'est faux, d'après ce que
le ministre nous dit, qu'il n'y a pas eu d'entente et que ça va passer
dans le fleuve entre Roland-Therrien, pourquoi de la publicité? Alors,
l'assainissement des eaux sur la rive sud, ce n'est pas la ville de Longueuil,
je ne pense pas, qui paie ça.
M. Ouellette: Ce n'est pas le gouvernement non plus.
M. Bourbeau (Jean-Jacques): L'assainissement des eaux, c'est qui?
En tout cas, il y a quelqu'un qui paie pour ça et on dit que ça
va passer là, que cela va passer en berge. Si on prend Chambly, on a une
copie de la réglementation de la MRC de Richelieu qui défend de
déverser de la neige. On a reçu un accusé de
réception de votre bureau, mais on n'a pas encore eu de réponse
depuis le 15 janvier. Vous dites qu'il y a un protocole d'entente signé
avec Environnement Québec. Dans le protocole, c'est mentionné
qu'actuellement, jusqu'à preuve du contraire, ça va passer sur
Marie-Victorin. Est-ce qu'il est possible, légalement, de se procurer
une copie de ce protocole d'entente?
M. OueUette: Sans doute, oui, c'est disponible pour tout le
public.
M. Bourbeau (Jean-Jacques): Vous avez notre adresse, j'aimerais
qu'on nous en envoie.
Maintenant, ce qu'on veut, nous autres, M. le ministre ou messieurs,
c'est quelque chose qui se tienne. Si on a une loi, tout le monde y est
astreint. On est astreint à cette loi, sans que ce soient des
enchaînements. Il y a toujours des modifications qui peuvent être
apportées, il y a des réglementations. Mais, comme on s'en va
là, il y a des lois existantes actuellement et Longueuil remblaie. Il y
a d'autres villes qui le font. On pourrait se promener à la longueur de
la province. Cela se fait continuellement, du remblaiement et de la destruction
systématique. On appelle ça du grignotage pouce par pouce. Mais
il y a des impacts là-dessus.
Quand Longueuil va avoir fini de rogner dans le fleuve, l'eau va
refouler en haut. L'argent dépensé pour le projet Archipel de la
rade de La Prairie, vous allez être obligés de remonter le mur de
soutènement qu'il y
aura là, parce que l'eau va avoir monté. S'il y a un
barrage hydroélectrique qui se bâtit dans les rapides de Lachine,
il n'y aura plus de rapides. Je suis venu au monde è côté
de ça. L'eau va refouler et elle va entrer sur la rue Saint-Joseph,
è Lachine. On va faire des murs de ciment partout. C'est là que
ça nous inquiète.
Quand est-ce que ça va arrêter, cet
empiétement-là? Il faut toujours aller dans le fleuve. Il y a du
terrain qui se perd dans la province de Québec. Il y en a du terrain,
mais on veut aller jouer dans l'eau. Si on veut tous aller jouer dans l'eau, la
ville de Longueuil va faire quelque chose de grandiose. Les six tuyaux qui
déversent leurs déchets usés - en tout cas, les
égouts dans le fleuve - il n'y en aura plus en 1992. Mais, dans le
rapport d'impact, on dit aussi que le tuyau qui va partir de la route 132 et
qui va aller passer dans le lit du fleuve pour rejoindre l'île Charron,
il est aussi mentionné que cette terre-là est tellement
polluée qu'on ne pourra pas l'utiliser ailleurs. Mais le pourcentage de
pollution causée par le remblayage, dans le passé, de la ville de
Longueuil jusqu'à récemment, vous allez voir que les mêmes
produits chimiques qui sont dans le remblayage, parce que le remblayage qu'il y
a là vient d'une partie de l'ancien remblayage, se retrouvent dans le
lit du fleuve; il y a ces mêmes produits chimiques, cette même
pollution que la ville de Longueuil a toujours faite. (12 h 15)
Je vous le répète encore. Ce n'est pas au projet
d'ensemble de la ville de Longueuil qu'on en veut, mais à une partie.
C'est ce qu'elle va chercher dans le fleuve. Si on peut qualifier cette action
quand on a à coeur notre patrimoine c'est un vol qu'elle fait dans le
fleuve. Elle vole la province et les citoyens de la province.
M. Ouellette: Je pense qu'il faut corriger des choses. Je reviens
encore à la charge pour vous dire que vous présumez et vous avez
même affirmé - si j'avais le texte, je vous le lirais - que la
ville de Longueuil remblaie. La ville de Longueuil ne remblaie pas, elle
présente un projet de remblayage. Vous dites: On a besoin d'une loi pour
contrôler cela, mais la loi, nous l'avons; c'est la Loi sur la
qualité de l'environnement. Nous avons un règlement
spécifique qui découle de cette loi et qui s'appelle le
règlement sur les études d'impact. Nous l'avons. C'est
très exactement et cette loi et ce règlement que nous appliquons
présentement en disant à Longueuil: Avant de vous autoriser ou de
refuser vos remblayages, vous allez vous soumettre à la loi qui exige
une étude d'impact qui pourra faire l'objet d'audiences publiques. J'ai
moi-même décrété ces audiences publiques pour
permettre aux gens de venir se prononcer sur le projet de la ville de
Longueuil, en analyser le contenu, faire également l'analyse des
retombées positives et négatives et le Bureau des audiences
publiques va devoir me faire rapport sur à la fois l'étude
d'impact, les mesures de mitigation et la position des citoyens individuels ou
en groupes qui se prononceront lors de ces audiences.
Donc, il ne faut pas prendre avis que nécessairement cela va
être autorisé; cela peut aussi être refusé et nous
avons la loi et les dents qu'il faut pour le refuser, s'il faut le refuser.
Donc, de ce côté-là, il est bien attaché, il n'y a
aucun problème. Ensuite, je pense que vous confondez - je ne voudrais
pas entrer dans le contenu, ce n'est pas tout à fait de mes affaires -
entre du dragage et du remblaiement; ce n'est pas la même chose. C'est
sûr que, si vous me parlez d'une conduite qui va devoir partir de la
terre ferme, mais atterrir, si vous me permettez l'expression, sur l'île
Charron, il y aura vraisemblablement du dragage. Mais cela, l'étude
d'impact doit en tenir compte et doit nous faire connaître toutes les
données positives et négatives de ces travaux et les mesures de
mitigation.
Sachez qu'il n'y a rien d'acquis pour la ville de Longueuil. Quant
à la publicité dont vous parlez, ce n'est pas le ministère
de l'Environnement ni son volet assainissement des eaux qui en est l'auteur;
j'imagine que ce doit être la régie intermunicipale qui regroupe
les sept municipalités qui font le projet ou la ville de Longueuil
elle-même, puisque cela touche uniquement, je pense, le volet des trois
kilomètres et demi, et c'est la responsabilité de la ville de
Longueuil.
M. Bourbeau (Jean-Jacques): Cela touche le programme d'ensemble,
M. le ministre. Il y a une brochure qui a été distribuée
la semaine dernière au Salon québécois des
techniques...
M. Ouellette: C'est ni le gouvernement ni l'Environnement. C'est
la ville de Longueuil
M. Bourbeau (Jean-Jacques):... de l'eau et on voit... En tout
cas, M. le. ministre, si vous le permettez, je voudrais clarifier une
situation. On est inquiet sur deux points: la partie des trois
kilomètres qui va probablement être faite et l'autre partie. Vous
avez une photo du remblayage qui a été prise le 22 février
1985, cela, c'est concret. Il y a quelqu'un qui est menteur là-dedans,
ceux qui vous ont dit que la ville de Longueuil ne faisait pas de remblayage ou
moi qui ai été prendre la photo sur les lieux. Il y en a un des
deux qui est menteur, ou il y en a un des deux qui s'est trompé de
place.
M. Ouellette: Je ne veux pas mettre en doute...
M. Bourbeau (Jean-Jacques): S'ils ont regardé sur la terre
ferme, il y avait cela prêt à être jeté dans le
fleuve, juste sur le bord, à environ 50 pieds, et il y a la partie que
vous avez là qui a été jetée dans le fleuve le
vendredi 22 février 1985. Mais la partie qui est entre le pont-tunnel
Louis-Hippolyte-Lafontaine et Roland-Therrien, il n'y a rien de fait encore,
juste des sondages, et c'est cette partie-là qui nous inquiète.
Les deux endroits nous inquiètent: le vieux remblayage qui continue et
le nouveau qui va se faire.
M. Ouellette: Sur le remblayage, je ne veux pas mettre votre
parole en doute, d'autant plus que vous avez une photo éloquente, mais
la photo ne me dit pas si le sol déplacé l'a été en
milieu hydrique. Nos inspecteurs vont aller sur les lieux pour vérifier
cela. Je dois vous avouer que nous n'avons reçu aucune plainte à
ce sujet jusqu'à maintenant. Vous êtes les premiers à m'en
parler. On va faire examiner les lieux pour voir s'il y a eu remblayage en
milieu hydrique, évidemment.
M. Bourbeau (Jean-Jacques): Dans votre ministère, est-ce
qu'il y a une réglementation qui défend le remblayage à
moins de dix mètres des hautes eaux?
M. Ouellette: Les dix mètres des hautes eaux, je ne
saurais vous le dire.
M. Bourbeau (Jean-Jacques): C'est dans la MRC de Champlain. Il y
a une réglementation à la MRC de Champlain. La MRC de Champlain a
certainement une réglementation car, dans l'étude d'impact, il
est mentionné qu'elle va la faire modifier pour que Longueuil puisse le
faire légalement.
M. Ouellette: II y a le règlement de contrôle
intérimaire de la ville de Longueuil qui peut s'opposer à cela.
On va le vérifier.
Une voix: La MRC de Champlain.
M. Ouellette: La MRC de Champlain plutôt, qui va pouvoir
vérifier cela. On va aller le vérifier pour voir s'ils sont
allés en contradiction avec les propres règlements de la MRC et
on posera les gestes qui s'imposent s'il y a eu une violation de ce
règlement.
M. Bourbeau (Jean-Jacques): Parce que le remblaiement, dans ce
secteur, n'a jamais cessé. Quand on se sert de Trizec, qu'on a un
dépôt de neige usée et, en même temps, qu'on oublie
quelques camions encombrants qu'il faudrait aller mener ailleurs, on pousse la
neige dans le fleuve et avec elle, on pousse des tonnes de terre. Si les
travaux de Longueuil avaient commencé l'automne passé, on aurait
de belles surprises au printemps. On aurait toutes sortes de choses.
Notre intervention, M. le ministre, c'est pour vous demander - la
commission - de vous pencher sur une loi de la protection de la faune, une loi
qui va encadrer cela. Vous pouvez avoir la loi sur l'environnement qui peut
être très bonne, mais on veut, nous, une loi sur la protection des
habitats fauniques. Si votre loi ou vos guides techniques protègent le
littoral, qu'on inclue le remblayage parce qu'il y en a. À part cela, ce
qui est curieux, je vais vous relater un petit fait. En 1974, au Holiday Inn de
Longueuil, le maire de Longueuil du temps, M. Robidas, vantait l'essor que sa
ville prenait, cela s'étendait, Longueuil a grossi et ce n'est pas fini.
Il nous a dit, au congrès, en vantant sa ville: Prenez ici, on
s'étend; avant, on pêchait et on chassait ici. Bien, on se le
rappelle. Ils n'ont jamais arrêté de voler du territoire dans le
fleuve. Ils n'ont jamais arrêté de grignoter et d'empiéter.
C'est commode le métro à Longueuil, je n'ai pas besoin de
traverser à Montréal avec ma camionnette, mais le métro
est bâti dans le fleuve. Le port de mer, c'est bâti dans le fleuve.
Je le sais, j'ai déjà fait du "clink" à Longueuil, dans
l'armée. Le camp militaire, dans ce temps, était à place
Longueuil et c'était le bord de l'eau. C'est cela qu'on veut
arrêter, c'est cela qu'on veut empêcher. Dans le bout de Longueuil,
dans la partie où. Longueuil va faire ses travaux, il y a 28
espèces de poissons et une vingtaine d'espèces d'oiseaux, des
sauvagines qui vont là. Si on enlève cette place... Si vous
remarquez, dans le volume I, numéro 1 de Québec Chasse et
Pêche, vous allez voir qu'en 1972 ou 1973, dans une photographie qui a
été prise dans ce temps, il y avait beaucoup de goélands
à l'île Verte, mais ils n'y vont plus maintenant. Ils ne mangent
plus dans ce coin, c'est pollué. Ils vont manger sur les terrains chez
McDonald. Ils vont manger les frites qu'il y a là.
C'est peut-être un exemple comique, mais c'est la façon
dont on le voit. Il n'y a plus de goélands qui mangent dans le fleuve,
dans ce bout. Il n'y a plus de goélands qui suivent les bateaux; c'est
pollué. Comme on dit toujours, dans le bassin de Chambly, je vais
là, je ne sais pas nager, je ne mets jamais de veste de sauvetage. Quand
je vais là, je ne me noierai pas, je vais m'empoisonner.
M. Saintonge: M. Bourbeau, j'aurais un point à vous
demander. Dans votre mémoire, vous mentionnez que le groupe de travail -
il s'agit de la rédaction d'un document du MLCP sur la conservation des
habitats
fauniques, c'est à la page 4 de votre mémoire -
n'hésite pas à affirmer - et c'est la citation - que la
nécessité d'agir est d'autant plus pressante que les diverses
lois et les règlements actuellement en vigueur au Québec ne
suffisent plus à assurer une protection adéquate à la
faune. Donc, on constate cela. C'est une constation que vous dégagez,
d'après ce que vous nous avez mentionné. Le ministre nous dit
qu'avec la loi 6 on va donner la possibilité aux municipalités de
participer à certains travaux, d'être les maîtres d'oeuvre
de certains travaux. Est-ce que les normes techniques que le ministre promet de
mettre de l'avant au niveau de la réalisation de ces travaux vous
satisferaient au lieu d'une loi ou d'un règlement? Est-ce que les normes
techniques, pour vous, cela va être satisfaisant?
M. Bourbeau (Jean-Jacques): Les guides techniques ne nous ont
rien donné dans le passé. Il y a toujours eu des gars - des
fignoleurs - qui ont passé à travers cela et qui ont fait ce
qu'ils ont voulu dans la majorité des cas. Il n'y a que les peureux qui
ont obéi à cela, mais une loi, c'est tout le monde qui doit s'y
soumettre, c'est tous les citoyens qui doivent s'y soumettre. S'il y a un guide
technique pour une municipalité, cela ne veut pas dire qu'un citoyen qui
a un terrain en bordure ne va pas se mettre à vidanger; il va donner
quelques piastres au maire et va lui payer un "party". Quand c'est une loi,
dans ce cas, les deux sont en faute: celui qui accepte les pots-de-vin et celui
qui les donne, c'est cela.
M. Saintonge: J'ai une autre question. Est-ce que, à votre
connaissance, les municipalités, actuellement, au niveau du respect des
normes de l'environnement, au niveau de la protection de la faune, si l'on
veut, ont certains pourvoira coercitifs qu'elles peuvent exercer au niveau des
lois actuelles: l'environnement, loisir, chassse et pêche, le domaine
municipal ou autres?
M. Bourbeau (Jean-Jacques): II y a beaucoup de villes qui ont
adopté des réglementations ou des lois dans ce sens; des
règlements, parce qu'une municipalité ne peut pas adopter une
loi, il n'y a que le gouvernement qui le peut. Elles ont des
réglementations et elles y voient. La ville de Saint-Hyacinthe a
adopté une loi-cadre.
Une voix: On a été obligé d'y voir par en
arrière.
M. Bourbeau (Jean-Jacques): Oui, par en arrière. La ville
de Saint-Hyacinthe a adopté un projet de réglementation
municipale relatif aux rives et littorals des lacs et cours d'eau; elle a
adopté cela.
M. Marchessault: Elle a adopté cela, mais on est souvent
obligé d'être encore les gardiens pour lui rappeler qu'elle a
adopté cela. Mardi dernier, j'assistais à la première
réunion du programme préliminaire d'aménagement des MRC
des Mascoutains et seule la ville de Saint-Hyacinthe avait adopté cela.
Donc, toutes les autres petites municipalités... Je remercie M. le
ministre de nous mentionner que c'est bien heureux qu'on l'aide à
être les anges gardiens, mais on ne peut pas être partout.
Où il y a des associations, c'est dans les villes moyennement
populeuses, mais, dans les campagnes ou ailleurs, les petites
municipalités... Je vais prendre encore ma région. Il y a 21 ou
26 municipalités dans la MRC des Mascoutains. Donc, il y a une
organisation de chasse et de pêche qui est à Saint-Hyacinthe et,
pour toutes les autres, il n'y a rien pour les surveiller. Je veux
arrêter là. Si, dans votre projet de loi, c'était
écrit, comme c'était défini en 1982, que le principal
effet négatif du remblayage, c'est qu'il détruit sans retour,
s'il est dit dans la loi qu'il n'y a pas de remblayage dans les terrains
humides ou dans le milieu riverain, personne ne pourra jouer là-dedans.
C'est cela que vous ne mettez pas dans la loi. Vous mettez beaucoup de choses
et, comme nous sommes très peu connaissants dans ce domaine, on dit:
Cela semble satisfaisant. C'est après qu'on va se rendre compte que
d'autres personnes diront: Cela veut dire ce que ça veut dire. Dans la
loi, si on dit qu'on ne fait pas de remblayage dans le milieu riverain, c'est
tout le monde qui le respecte, du simple citoyen à l'industrie. C'est
cela qui était prévu avant.
M. Ouellette: Si vous me permettez, je voudrais répondre.
Vous avez l'air de dire que rien ne se fait. Premièrement, si des
municipalités ont adopté le règlement dont vous parlez,
c'est à la demande du ministère de l'Environnement. On est bien
conscient qu'on doit, nous aussi, décentraliser au moins la
préoccupation environnementale puisqu'on ne pourra jamais
contrôler cela d'un seul immeuble, à travers le Québec. On
met les MRC à contribution et on leur a demandé d'adopter cette
réglementation, justement, pour que ce soit respecté dans le
milieu.
Deuxièmement, un règlement qui dirait: Désormais,
toute forme de remblayage est interdite sur le territoire du Québec, ce
serait un joyeux carcan qui ferait en sorte qu'on ne pourrait à peu
près plus rien faire, même dans des circonstances où il est
souhaitable, par exemple, d'apporter des corrections aux actions passées
qui ont été négatives. On ne peut pas avoir un
règlement ou une loi qui serait aussi catégorique que cela. Il
faut laisser la place à l'évaluation cas par cas, tout en se
gardant une poignée très ferme. Nous avons déjà
cette poignée
qui nous permet d'interdire des travaux d'une certaine envergure et
même de petite envergure en termes de remblayage; nous l'avons
déjà.
D'ailleurs, vous demandez d'avoir accès au programme Berges
neuves pour faire des travaux en milieu hydrique que vous jugez positifs et qui
vont améliorer la condition de la faune. Le programme vient vous dire:
Oui, on va marcher dans votre sens. Ce sont quand même des travaux en
milieu hydrique qui sont valables et, si la loi disait: Non, c'est interdit, on
n'aurait aucun moyen de vous autoriser à faire cela et on perdrait
l'occasion d'améliorer la situation. Il y aurait peut-être un
dernier point...
Le Président (M. Marquis): Le temps est fini, M. le
ministre.
M. Bourbeau (Jean-Jacques): Trente secondes...
Le Président (M. Marquis): Trente secondes, pour conclure.
(12 h 3Q)
M. Bourbeau (Jean-Jacques): Messieurs de la commission, nous
sommes d'autant plus inquiets, dans les deux régionales 6 sud et 6 nord,
que, dans notre territoire, nous avons 50% des terres inondables et 60% des
utilisateurs de la faune. Nous n'avons pas que des joueurs de pétanque
ou des cyclistes, nous avons toutes sortes de gens. Merci.
M. Marchessault: Merci.
Le Président (M. Marquis): Merci, MM. Bourbeau et
Marchessault.
J'inviterais immédiatement, du sud vers le nord, la
Fédération québécoise de la faune, région 6
nord, à se présenter, s'il vous plaît! Compte tenu de
l'horaire, il va y avoir une partie de votre exposé, peut-être un
début d'échange d'opinions avant l'heure du dîner, mais
vous devrez revenir en après-midi, après la période des
questions de l'Assemblée nationale, si la chose vous est possible.
Je pense que c'est M. Filiatreault qui est le président. Si vous
voulez présenter les gens qui vous accompagnent, s'il vous
plaît!
Fédération québécoise de
la faune, région 6 nord
M. Filiatreault (André): Je suis accompagné,
à ma gauche, du vice-président de la régionale 6 nord, M.
Roger Provost, qui est aussi président de l'Association plein air
Saint-Michel de Saint-Michel-des-Saints; à ma droite, M. Michel
Lapointe, qui est trésorier de la régionale; il demeure à
Laprairie; moi-même, André Filiatreault, je suis président
de la régionale, vice-secrétaire-trésorier à
l'Association plein air
Saint-Michel.
Bonjour, messieurs, mesdames. M. le Président de la commission,
MM, les membres, MM. les députés du gouvernement et de
l'Opposition, nous, de la régionale 6 nord
Montréal-Laurentides-Lanaudière de la Fédération
québécoise de la faune, sommes très heureux de pouvoir,
aujourd'hui, émettre nos commentaires sur le projet de loi 6, Loi
modifiant diverses dispositions législatives pour favoriser la mise en
valeur du milieu aquatique. Nous remercions la commission de
l'aménagement et des équipements d'avoir bien voulu nous
recevoir.
La régionale 6 nord Montréal-Laurentides-Lanaudière
est une des dix régionales appartenant à la
Fédération québécoise de la faune qui regroupe les
associations dont le secteur est le nord de Montréal, Laval, les
Laurentides, de Brownsburg à L'Annonciation, le secteur de
Lanaudière, les municipalités de Saint-Michel-des-Saints,
Saint-Gabriel-de-Brandon à Repentigny. À l'intérieur de ce
territoire, nous regroupons 40 associations de chasse et pêche, pour un
total d'environ 35 000 membres.
Les objectifs de la régionale 6 nord et de la
Fédération québécoise de la faune sont voués
â la protection de la nature, de la faune terrestre, aquatique et
ailée et de leurs habitats en particulier, ainsi qu'à
l'utilisation rationnelle de la nature et de la faune.
Lorsque nous avons pris connaissance du projet de loi 6 par l'entremise
des articles des chroniqueurs de chasse et de pêche, aussi par les
articles provenant de la Fédération des associations pour la
protection de l'environnement des lacs, nous avons été un peu
surpris de l'ampleur des pouvoirs délégués aux
municipalités du Québec sur la mise en valeur du milieu
aquatique.
L'article 555. 1 dit: "Toute corporation locale peut, dans le but
d'améliorer la qualité du milieu aquatique et de favoriser
l'accès à ce milieu, faire, modifier ou abroger des
règlements pour ordonner des travaux d'aménagement du lit,
incluant les rives, et des terrains en bordure des rives des lacs et des cours
d'eau municipaux ou autres situés sur son territoire et des travaux de
régularisation de leur niveau. " Ce n'est pas que nous soyons contre le
fait de déléguer aux municipalités des pouvoirs de
réglementation, des pouvoirs d'aménagement et de restauration en
milieu aquatique, mais à quel prix pour les habitats fauniques.
Mais cette délégation aux municipalités nous fait
extrêmement peur, car le milieu aquatique est un écosystème
en lui-même très fragile et toute manipulation, obstruction,
modification, rajout peut en modifier grandement ses composantes et donner
souvent un effet contraire à ce qu'on recherchait. De plus, qui va nous
dire que
c'est vraiment pour améliorer la qualité du milieu
aquatique? Qui va en être les juges? Ou ne serait-ce pas plutôt
pour justifier des projets ou des emplois?
M. le ministre Alain Marcoux disait, lors des débats du 5
décembre 1984, à la page 1344 du Journal des débats:
"Québécois et Québécoises n'acceptent plus que leur
milieu naturel soit pollué, altéré et
détérioré. " Un peu plus loin, il disait: "II faut
comprendre, M. le Président, que les rives d'un cours d'eau constituent
une composante à part entière de ce cours d'eau. Une
rivière, c'est bien plus qu'un canal qui charrie de l'eau, c'est un
milieu de vie à la fois complexe et intégré. Les rives et
les berges de cette rivière font partie de son environnement propre et
la qualité de l'une est liée à celle de l'autre. "
Alors que M. le ministre Alain Marcoux admet qu'il y a une
complexité à l'aménagement des rives, des berges des
rivières, des lacs et des ruisseaux tributaires municipaux ou des terres
humides, il est prêt à remettre aux municipalités, qui ne
possèdent pas l'expertise nécessaire à tous ces travaux,
la gérance et l'ordre de priorité que se fixera, à
l'intérieur de ce programme, les municipalités, sans en avoir au
préalable fixé les règles de procédure et
d'aménagement.
Sur l'ensemble des munipalités du Québec, combien
possèdent l'expertise biologique et faunique? Les promoteurs qui se
serviront du principe de la qualité et de l'accessibilité au
milieu aquatique, qui les en empêchera? Que deviendront nos centaines de
lacs et rivières qui sont visés par les promoteurs?
Alors que l'éducation faite, par les nombreuses associations de
chasse et de pêche ainsi que de plein air aux utilisateurs de
l'environnement, commence à porter fruit, il nous faut maintenant aller
un peu plus loin et les sensibiliser à la protection des habitats
fauniques, c'est-à-dire qu'il faut dépasser un peu le cadre de
l'environnement et aller sur des points beaucoup plus spécifiques. Quand
on parle d'habitats fauniques, c'est devenu une spécialisation à
l'intérieur de la Loi sur l'environnement. Mais de quelle façon
pourrons-nous le faire alors qu'on devra se battre contre chaque
municipalité et chaque projet d'empiétement des rives, des
berges, des lits des lacs, des ruisseaux et des rivières pour le
principe de la qualité et de l'accessibilité du milieu aquatique;
alors qu'on détruira systématiquement les habitats fauniques et
qu'on modifiera le milieu aquatique pour l'adapter à l'environnement que
désire l'être humain?
Donc, nettoyer les rives avant d'avoir fini la dépollution des
cours d'eau, c'est un peu comme mettre la charrue à côté
des boeufs pour exécuter le travail. Car nombre d'aménagements ne
seront rentables qu'après la dépollution totale des cours d'eau
qui ne sera pas réalisée avant plusieurs années. Donc,
aménager maintenant pour laisser moisir plus tard.
Nous sommes d'accord lorsqu'on parle de nettoyer les rives, d'ensemencer
des arbres aux endroits requis, de réaliser en bordure des structures de
loisirs selon certains critères établis d'avance tels qu'une
loi-cadre ou règlement-cadre de procédure sur les habitats
fauniques pour rendre accessibles le milieu aquatique et les plans d'eau aux
citoyens. Mais lorsqu'on parle d'aménager le lit, incluant les berges,
les rives, nous nous opposons fortement à ce bout de loi tel
qu'exprimé dans le texte du projet de loi 6.
Même si les ministres de l'Environnement et du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche nous confirment que les municipalités
devront respecter les lois sur l'environnement et autres lois qui sont
déjà existantes, nous sommes sceptiques. Car l'automne dernier,
à la baie Lavallière près de Sorel, sur un terrain qui
appartenait au ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
acheté au coût de 100 000 $ et plus, qui avait été
aménagé par Canard Canada illimitée au coût de 500
000 $ et plus, dont une partie avait été suventionnée,
même si l'environnement était protégé par des lois,
à la suite d'une ancienne entente, le ministère de l'Agriculture
a effectué des travaux de dragage à l'intérieur de cette
baie. Le ministère de l'Agriculture a fait effectuer des travaux
d'excavation à même la baie. Donc, le ministre a fait
arrêter les travaux, mais à quelque 300 pieds d'un barrage
établi par Canard Canada. Ce qui nous avait coûté
près du million provenant des contribuables québécois.
Cela nous fait réfléchir pour l'avenir de tout autre habitat
faunique au Québec.
Pour nous, la Loi sur la qualité et la protection de
l'environnement est une loi générale sur la qualité de
l'environnement. Cette loi protège l'environnement de façon
visuelle sur la qualité, sur l'espace, sur la qualité de l'air,
sur le bruit, sur la gestion des déchets et un peu sur tout ce qui peut
être de qualité pour l'être humain. Mais pour nous de la
Fédération québécoise de la faune, régionale
6 nord, les chasseurs et les pêcheurs, cette loi oublie encore certains
points importants. Donc, pour que puisse être à jour plusieurs
autres lois, il faudrait une loi-cadre sur la protection des habitats
fauniques, loi qui serait de beaucoup plus spécifique que la Loi sur la
qualité de l'environnement.
Cette loi sur la protection des habitats fauniques pourrait être
incluse dans la Loi sur la qualité de l'environnement. Cette loi aurait
aussi pour résultat de diminuer en partie la structure d'audiences
publiques et
d'étude d'impact. Je dis bien "en partie" car des règles
très bien définies et très spécifiques sur
l'environnement et sur la protection des habitats seraient à suivre,
mais il y a toujours des points à soulever.
Cette loi-cadre pourrait servir, justement, à des projets comme
le projet de loi 6 et à des programmes comme Berges neuves, car la
protection des habitats fauniques est primordiale et serait assurée pour
l'application de toutes les autres lois, ce qui créerait des balises
à observer avant d'effectuer des projets de promotion ou des travaux
dans les habitats fauniques ou en milieu aquatique. Sinon, nous serons
obligés, dans dix ou vingt ans, de faire ce que l'on fait actuellement
avec la dépollution des eaux. On a pollué et, aujourd'hui, il
faut payer le gros prix pour dépolluer. La même chose est à
se reproduire avec les habitats fauniques que nous détruisons
actuellement. Il faudra les reconstruire dans dix à vingt ans et
à quel prix. C'est à nous d'y penser maintenant.
Je ne peux que vous citer actuellement le projet de Longueuil où
le ministère de l'Environnement du Québec, selon certaines
études qui ont du reste donné le feu vert à Longueuil pour
une partie du projet qui permettra sur près de trois kilomètres
de modifier la berge actuelle du fleuve Saint-Laurent en effectuant un remblai
sur un égoût collecteur vers l'île Charron où sera
située l'usine d'épuration.
À la suite de cette étude, le ministère de
l'Environnement évaluait à 2% le risque que la faune soit
directement affectée. De plus, je cite le maire de Longueuil qui disait:
"C'est très peu si l'on considère que l'aménagement des
berges constituera une nette amélioration de la qualité de la vie
des Longueuilois. " Ceci est au détriment des habitats fauniques. Si on
pouvait additionner, dans cette partie du fleuve tous les 1%, 2%, 5% qui ont
attaqué la faune à cet endroit depuis dix ans, que nous
restera-t-il demain? À quoi sert de donner la qualité
d'accessibilité et la qualité de vie si nous détruisons et
que nous ne pouvons donner aux citoyens la pêche qu'ils demandent?
De plus, M. le Président de la commission, messieurs les
ministres, messieurs les députés, ce projet de loi vise à
aider les municipalités à planifier les aménagements en
loisirs de toutes sortes, même au détriment des habitats et de la
faune, tels qu'aménagement de marinas, places, accès aux
rivières, alors que, déjà, plusieurs sont
abandonnés.
Aménager des pistes le long des cours d'eau alors que le
gouvernement a déjà, dans le passé, subventionné
à grands frais d'autres types de loisirs qui ont atteint des pointes
d'utilisation et qui sont retombés par la suite dans une utilisation
presque marginale! On ne doit pas fournir à outrance certains
aménagements en sachant très bien que dans cinq ans ils seront
abandonnés au détriment d'une nouvelle activité. Citons en
exemple les pistes de motoneige qui ont été subventionnées
il y a quelques années à grands frais; aujourd'hui, c'est rendu
une marginalité. C'est à réfléchir.
Nous, de la régionale 6 nord, avons constaté, après
avoir vérifié les bilans d'exploitation émis par le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche que
l'activité de pêche a connu au Québec un accroissement
constant au cours des dernières années et qui ira en
s'accroissant avec la dépollution ce qui regroupe environ 1 300 000
adeptes de la pêche. L'accès aux plans d'eau est très
important et même primordial dans certains secteurs et ne doit pas pour
cela nous pénaliser en effectuant des travaux d'aménagement des
rives et des lits des plans d'eau en détruisant des habitats
fauniques.
L'accès aux plans d'eau ne doit pas être fait sur le dos
des chasseurs et des pêcheurs mais plutôt en consultation avec eux,
car la pêche est une industrie importante au Québec qui
génère des fonds de plus de 500 000 000 $ en revenus indirects au
gouvernement.
Dans le projet de loi 6, on parle de la possibilité pour les
municipalités de la régularisation du niveau des cours d'eau sur
leur territoire. Ces travaux vont-ils dépendre d'un ministère,
d'une régie? Répondront-ils à un ensemble
d'aménagements structurés? Toutes sortes de questions nous
viennent à l'esprit. Le contrôle des eaux est un problème
d'envergure que certaines municipalités ne pourront jamais régler
seules. Pourquoi alors leur en donner le pouvoir? Il n'y a qu'à penser
à la rivière des Outaouais et à ses tributaires qui ont
plus de 300 barrages de toutes dimensions et on ne parvient pas encore à
effectuer le contrôle des niveaux d'eau acceptables. Presque chaque
année, le lac des Deux Montagnes en subit les inondations
printanières ainsi que les rivières des Mille îles et des
Prairies. (12 h 45)
Donc, pour tenter de corriger ces situations, les municipalités
verront à endiguer les secteurs d'inondation et feront disparaître
en grande partie les plaines d'inondation et certains marécages qui se
formaient à la suite de ces inondations. Vous avez l'ensemble des
ruisseaux tributaires des rivières de la plaine du Saint-Laurent,
nommément les rivières Saint-François, Châteauguay,
L'Assomption, qui sont continuellement dragués pour l'irrigation des
terrains agricoles. Un fort pourcentage de la pollution agricole provient de
ces mêmes ruisseaux et terrains qui sont tous irrigués. En plus,
le fait de draguer tous ces ruisseaux tributaires, cela détruit tout un
ensemble de faune, de poissons fourrages qui devraient
être la nourriture des rivières.
De plus, les berges des rivières ou ruisseaux tributaires
subiront le même sort pour la régularisation des niveaux,
c'est-à-dire la canalisation, par la modification de leur lit ou de
leurs berges.
Ces plaines d'inondation qu'on a tendance, en cette décennie, a
faire disparaître systématiquement, depuis quelques années,
ce que l'on pourrait qualifier de désastre écologique pour les
pêcheurs et chasseurs, ce sera multiplié par dix avec ce projet de
loi.
Pour ce qui est de la régularisation des niveaux d'eau, nous
croyons que de remettre cette délégation de pouvoirs aux
municipalités sans émettre une loi-cadre sur la protection des
habitats fauniques ou règlement-cadre qui fasse état de normes
précises concernant les aménagements des rives et du littoral des
lacs et cours d'eau, tant par les individus que les organismes responsables de
l'aménagement d'accès publics, et qui interdise la construction
domiciliaire dans les limites d'une plaine d'inondation épisodique,
c'est-à-dire une véritable loi-cadre sur la protection des
habitats fauniques, sera le début d'un long désastre, d'une
destruction calculée, provoquée des derniers habitats fauniques
qu'il nous reste dans les endroits hautement urbanisés. Et tout ceci
pour façonner l'environnement aux besoins de l'être humain, au
détriment de la nature et de la faune.
Considérant que le milieu aquatique est un
écosystème très fragile; considérant que le fait
d'effectuer tout genre de travaux dans le lit, le littoral, sur les rives des
rivières, des lacs et des ruisseaux est un type de pollution;
considérant que des aménagements pour l'accessibilité et
la qualité du milieu aquatique ne doit en aucun temps détruire un
habitat faunique; considérant que le fait de régulariser les
niveaux d'eau d'un lac, d'une rivière et d'un ruisseau est une atteinte
directe à l'habitat faunique en milieu aquatique; considérant que
le projet de loi 6 ne spécifie pas à quelle loi devront se plier
les municipalités (loi-cadre ou règlement-cadre);
considérant que présentement seules certaines normes sont
accessibles aux promoteurs de travaux en milieu aquatique; considérant
que des normes ou directives ne sont pas une loi-cadre ou un
règlement-cadre sur la protection des habitats fauniques;
considérant que toute atteinte au milieu aquatique et aux habitats
fauniques ne peut être défendue que par voie d'injonction selon la
Loi sur la qualité de l'environnement, lorsqu'on constate des faits;
considérant que cette façon de défendre les habitats
fauniques n'est pas à la portée de tous et chacun et est complexe
pour le citoyen ordinaire; considérant que de défendre un dossier
écologique devant le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement
est très onéreux et que les associations ne possèdent pas
l'expertise nécessaire pour une bonne contrepartie des dossiers
présentés, nous vous demandons, M. le Président de la
commission, MM. les ministre, MM. les députés, dans un premier
temps, de surseoir au projet de loi 6, de discuter avec les ministères
de l'Environnement et du Loisir, de la Chasse et de la Pêche pour que
soit rédigée une véritable loi-cadre sur la protection des
habitats fauniques. Dans un deuxième temps, par la suite, favoriser les
municipalités à développer l'accessibilité aux
plans d'eau et la qualité du milieu aquatique à partir de cette
loi-cadre. Merci beaucoup.
Le Président (M. Marquis): Merci beaucoup, M.
Filiatreault. M. le ministre.
M. Ouellette: Je ne reprendrai pas toute la problématique
de ce mémoire parce que plusieurs réponses ont été
données aux intervenants précédents. Je voudrais juste
rappeler, par exemple, qu'il est demandé, dans ce mémoire, qui
sera juge des travaux à être acceptés ou refusés ou
modifiés. La réponse a été donnée
clairement. Il y a un comité qui va étudier chacune des
propositions qui vont être faites et ce comité regroupe notamment
les gens du ministère de l'Environnement et ceux du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche. On va retrouver à cette table
justement les gens compétents qui pourront analyser cas par cas chacun
des dossiers pour leur attribuer leur accord ou leur refus.
Vous dites aussi quelque part que vous allez avoir à vous battre
contre les municipalités. Je vous rappelle que les municipalités
vont devoir suivre le cheminement prévu au programme Berges neuves
notamment, à savoir faire adopter leur projet et se le voir modifier
s'il est inacceptable dans certains de ses volets.
Une autre remarque qui m'a frappé, c'est doit-on remettre aux
municipalités la responsabilité du contrôle des eaux? Ce
n'est pas tout à fait cela qu'on dit. On parle de barrages-seuils qui
devront être construits, si jamais ils sont autorisés, dans le
respect de la Loi sur la qualité de l'environnement, dans le respect de
la Loi sur le régime des eaux. En somme, toute la législation
existe dans ce domaine et, si un projet prend une certaine envergure, il est
alors soumis au règlement sur les études d'impact de telle sorte
que tous les fils sont attachés et le tout est toujours sous la
gouverne, sous la poignée serrée du programme Berges neuves qui,
lui, voit au financement des deux tiers de ces travaux. Donc, au lieu de
laisser aller les choses comme elles vont malheureusement depuis très
longtemps, c'est-à-dire que des promoteurs fassent n'importe quoi, au
contraire, chacun des projets adoptés ou
acceptés dans le cadre du programme le sera avec une supervision
serrée, à la fois, du ministère de l'Environnement et du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Ce sont
là les points les plus importants.
Je veux peut-être revenir juste une seconde sur Longueuil. Vous
avez tendance à confondre entre un promoteur qui présente un
projet et le ministère de l'Environnement qui, lui, va avoir à
analyser ce projet. Ce n'est pas tout à fait la même chose. Ce
n'est pas le ministère de l'Environnement qui dit à Longueuil:
Placez votre tuyau en bordure du Saint-Laurent et faites un empiétement
pour améliorer vos rives. C'est Longueuil qui dit cela et Longueuil,
à titre de promoteur, doit se soumettre à la loi et devra suivre
la procédure prévue à la loi, une procédure qui a
fait ses preuves dans le passé, d'ailleurs.
J'aurais peut-être juste une petite remarque à propos de la
baie Lavallière. À plusieurs reprises, vous dites: II faut
à tout prix une loi, il faut une loi et une loi c'est une garantie
suprême et étanche. Remarquez que dans le cas de la baie
Lavallière les travaux qui se sont faits là, à notre
connaissance, se sont faits dans l'illégalité,
c'est-à-dire qu'il y avait une loi les interdisant et pourtant ils ont
été effectués; c'est notre point de vue actuellement.
Donc, la loi n'est pas un mur de protection parfaitement étanche. Il
arrive que des gens aillent contre la loi. C'est pourquoi nous, on s'est servi
de la loi pour faire stopper les travaux parce qu'à notre point de vue
ils étaient dans l'illégalité et, toujours à notre
point de vue, si ces travaux doivent être repris, ils devront
l'être après le dépôt d'une étude d'impact et
audiences publiques, si demandé. La loi ce n'est quand même pas le
parapluie parfaitement imperméable, il faut demeurer vigilants et c'est
ce que je demandais à vos prédécesseurs à cette
table ce matin. Nous avons besoin de votre collaboration pour nous avertir
aussitôt que des choses qui se passent vous paraissent non conformes
à la loi et aux règlements qui existent et bientôt à
la loi générale qui sera déposée pour fin de
discussions publiques. Je vous remercie.
M. Filiatreault: Je veux ajouter quelque chose, M. le ministre.
Des grandes municipalités, quand elles font des projets, c'est toujours
d'envergure, on finit par les connaître et elles doivent passer chez
vous, etc. Où il y a un danger beaucoup plus important, c'est les
municipalités qui sont très loin des grands centres. Elles ne
font jamais des grands projets, c'est toujours très petit. Cela peut
être un barrage, un bout de canalisation, c'est toujours quelque chose de
très petit et elles ne prennent pas le temps de vous consulter, ou elles
disent: Ce n'est même pas important de demander une subvention. Des fois
ce sont celles-là qui font le plus de tort possible à la faune
parce qu'elles sont dans un milieu très sensible. Si on prend tout le
nord, dans ces municipalités, en règle générale, ce
sont tous des bénévoles, il n'y a pas de maire à temps
plein, il y a peut-être juste un inspecteur municipal et parfois il est
parent avec le maire. Cela n'arrive pas souvent mais il y en a quelques-uns.
Quand il y a des petits projets, c'est là que ces municipalités
s'attaquent à la faune et qu'elles font beaucoup plus mal que
peut-être des grands centres où cela a déjà
été fait. Pour rehausser le niveau d'un lac pour contenter un ou
deux messieurs sur un lac, là on peut détruire une belle
frayère à truite et détruire pratiquement le lac. Les
municipalités sont un peu comme des citoyens aussi, il y en a qui
passent à côté des choses, elles ne connaissent pas toutes
les branches et elles vont s'essayer. Moi, j'en n'ai pas peur des grands
centres parce qu'il y a tellement de monde dans les grands centres qui sont
avertis et qui travaillent de concert à défendre. C'est
plutôt dans les petites municipalités éloignées. Je
demeure dans un centre éloigné où la faune a son
importance parce que c'est la richesse locale, c'est ce qui amène le
tourisme, c'est ce qui amène tout le monde à vivre, à part
la forêt. Donc, c'est important de sauvegarder la moindre petite
affaire.
Quand vient le temps de faire une intervention, d'empêcher
quelqu'un de faire quelque chose, c'est très lourd. Tu vas voir
l'inspecteur municipal, il est parent avec le maire, ou sa "job" dépend
du maire, en tout cas. Il faut que tu passes par la MRC qui est située
à presque 100 milles de là. Si on prend Saint-Michel-des-Saints,
on est obligé d'aller à Joliette. Le bonhomme a beaucoup plus de
problèmes avec les municipalités environnantes de Joliette; avec
la rivière L'Assomption, il est pris dans la pollution par-dessus la
tête. Donc, ce qui arrive, c'est que tu es obligé de te battre,
c'est dans ce sens-là que je parlais de se battre. Ce n'est pas sur des
grosses affaires que cela va être dur, c'est sur des petites et souvent
c'est là qu'on va devoir intervenir.
M. Ouellette: Je vous fais juste remarquer que Berges neuves va
avoir ce grand mérite d'obliger même les promoteurs de petits
projets à nous les soumettre s'ils veulent avoir accès au
financement. Cela va nous permettre de contrôler dans le détail
tous les projets dignes d'être subventionnés dans Berges neuves.
À ce moment-là, les directions régionales du
ministère vont devoir jeter un premier regard et ensuite une
étude plus approfondie sera faite par la table de concertation incluant
MLCP et
Environnement. Donc, c'est une sauvegarde additionnelle à ce
niveau. Je vous remercie.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Vous dites, comme vous l'avez fait
précédemment il y a quelques minutes, que dans les petites
municipalités il y a des travaux qui se font, et ce sont des exemples
que vous avez vécus, que vous avez pu constater par vous-même. Vos
possibilités d'intervention, c'est quoi actuellement avec la Loi sur la
qualité de l'environnement telle qu'elle existe et les normes qui
s'appliquent en vertu de la loi?
M. Filiatreault: C'est qu'il y a toujours la possibilité
de voir, comme je le disais, l'inspecteur municipal qui devrait être le
premier palier mais dans une petite municipalité quand tout est de
concert, que tout le monde est pratiquement parent, il y a des fois, quand
même on parle à ce gars-là, il va dire: On s'en occupe. Tu
repasses trois jours plus tard et les travaux sont encore à se faire ou
sont finis.
M. Saintonge: Est-ce que ces travaux sont exécutés
par la municipalité ou par des entreprises privées?
M. Filiatreault: Parfois, cela peut être fait par un
entrepreneur, d'autres fois par la municipalité. J'ai déjà
vu le maire avec son bulldozer prendre du gravier dans un ruisseau. Quand
même j'aurais été lui dire qu'il n'a pas le droit de faire
cela, il le faisait.
M. Saintonge: À votre connaissance, il n'y a pas de
règlement municipal qui s'applique actuellement, il n'y a pas de
contraintes que les municipalités peuvent imposer à quelqu'un qui
fait des. travaux de ce genre?
M. Filiatreault: Si vous allez dans des petites
municipalités de campagne, ils n'iront pas s'encadrer dans un paquet de
règlements. Déjà, ils trouvent qu'il y en a beaucoup trop.
Quand ils sont obligés de répondre aux différents paliers
de gouvernement, ils trouvent cela excessivement lourd, alors ils n'iront pas
s'encadrer à moins qu'ils aient un avocat ou quelqu'un qui prenne charge
de la municipalité, qui est évolué et qui va vouloir
s'encadrer dans des règlements. Au niveau des petites
municipalités, ce n'est pas le cas, c'est surtout un entrepreneur ou
quelqu'un de la place qui a un peu d'argent, qui est le maire ou qui
contrôle déjà en partie les activités du village.
C'est assez dur de revenir contre lui.
M. Saintonge: Vous parlez d'une loi-cadre ou d'un
règlement-cadre. Ce qui veut dire, à mon point de vue, la
nécessité que la municipalité soit soumise à
quelque chose de précis, à des contraintes ou qu'elle ait la
possibilité de mettre les gens en demeure de cesser des travaux ou de
les poursuivre si on exécute des travaux qui seraient contre, si on
veut, l'habitat faunique ou qui seraient dégradants pour le milieu
environnemental. C'est bien cela, c'est le but que vous voulez viser avec un
règlement-cadre. Cela veut dire qu'actuellement l'expérience que
vous avez d'interventions dans certaines municipalités sur des cours
d'eau, pas nécessairement par des municipalités mais par d'autres
organismes ou par des entrepreneurs, les municipalités n'ont pas en main
la possibilité d'arrêter cela. Est-ce bien cela?
M. Filiatreault: Ils l'ont peut-être la possiblité
mais, dans le système des gens, ils ne le feront pas parce que la
personne qui a la responsabilité est indirectement liée, soit que
c'est son travail qui va en dépendre, c'est son beau-frère ou
l'autre qui est le maire, un entrepreneur. J'ai vu en Gaspésie, dans une
rivière à saumon, prendre du gravier à même la
rivière. C'était du beau gravier, le gars ramassait cela. Le gars
qui prend un voyage, tu le vois une fois, mais, la deuxième fois, on
n'est pas là. Ce n'est pas tout le monde qui va le voir, il va
peut-être en prendre 25 avant que cela se sache. Tu peux peut-être
l'arrêter, faire une plainte, le gars ne le fera pas pendant un mois,
deux mois, il va le refaire après parce que c'est une
accessibilité qui ne lui coûte rien. Il n'est pas obligé de
prendre un permis. Ce sont toutes des petites choses de même qui,
parfois, détruisent plus que des gros projets. (13 heures)
C'est sûr que, même une loi-cadre, ça va être
dur de la faire appliquer, parce que, si on regarde seulement la vitesse sur la
route, il n'y a jamais personne qui la respecte, à moins qu'ils voient
un char de police. Mais, déjà, s'il y en a une petite, ça
donne toujours des interventions, mais, aussi, ce sont les modes
d'intervention. Quand on dit: II faut faire une injonction sur certains
travaux, qu'on voit qu'ils sont déjà pas mal
évolués, c'est à peu près la seule façon que
tu as d'arrêter, mais ce n'est pas n'importe qui qui va se lancer dans
une injonction.
Cela va devenir encore restreint à un certain groupe. Cela peut
être soit des fédérations ou des associations. Mais,
souvent, avant qu'ils aient pris connaissance du sujet, qu'ils aient
vérifié s'il y avait des permis, qu'ils aient tout
vérifié, il se passe un laps de temps. Des fois, tous les travaux
ont eu le temps d'être finis et tu t'aperçois qu'il n'y avait pas
eu de permis.
Aujourd'hui, c'est tellement complexe d'essayer de trouver quelque
chose, dans la société, que, souvent, quelqu'un profite de
ça pour faire des méchants coups.
M. Saintonge: Dans d'autres mots, è votre connaissance, si
vous vérifiez s'il y a un permis, ce n'est pas nécessairement un
permis municipal; c'est un permis qui pourrait être émis par
l'Environnement ou qui correspondrait è des normes de
l'Environnement.
M. Filiatreault: II faudrait qu'ils répondent, parce qu'il
y a des municipalités qui ne répondront à aucune norme,
parce que, eux, ils sont tellement loin et que pour les normes, comme on dit,
on peut toujours s'arranger entre voisins. Mais il y a souvent des arrangements
qui coûtent cher à la faune et à la nature.
J'écoutais quelqu'un, tout à l'heure, qui disait: On peut
reconstruire des frayères ou des marécages. Nous autres, on en a
discuté et on ne croit pas beaucoup à ça. Dans la faune,
on peut réensemencer du poisson. Cela prend des années et des
années. Cela ne se fait pas dans un an. Si on avait pris le Cap
Tourmente et construit des maisons, je ne crois pas - quand même on
aurait aménagé un terrain à côté - que les
oies y seraient allées, parce que ce sont elles qui choisissent
l'emplacement; un peu comme une frayère, c'est le poisson qui la
choisit.
On ne fera jamais une place et leur dire: Venez, voilà votre
nouvel habitat. On vous a mis de beaux appartements, vous n'avez qu'à y
aller. Ils n'iront pas, parce que c'est eux qui choisissent. Ils ne vont pas
n'importe où, les poissons. Ils ont des frayères qui sont
là depuis des millénaires; ça s'est toujours
perpétué dans la race. Donc, je pense, essayer de se mettre dans
l'optique et faire accroire au monde qu'on peut recréer... On peut
peut-être en recréer une petite partie avec des années de
travail, mais le refaire pour que ce soit rentable, je crois que ça va
nous coûter aussi cher que la dépoltution. Des fois, c'est
peut-être mieux d'y penser avant.
Le Président (M. Marquis): Comme il est 13 heures, je vais
suspendre les travaux de la commission jusqu'après la période des
affaires courantes. Pour votre information, cela se situerait un peu
passé 16 heures, cet après-midi.
M. Tremblay: M. le Président, si nous avons terminé
avec ce groupe, s'il n'y a pas d'autres intervenants, peut-être qu'on
pourrait les libérer.
M. Saintonge: S'il y a des questions à poser
ultérieurement, au retour, tantôt, il nous reste un peu de
temps.
Le Président (M. Marquis): II reste 25 minutes.
(Suspension de la séance à 13 h 4)
(Reprise à 16 h 22)
Le Président (M. Marquis): La commission parlementaire de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux. Avant de
redonner la parole au député de Laprairie - il reste 25 minutes
à l'organisme qui était avec nous avant l'ajournement de ce matin
- je voudrais apporter une correction qui est la suivante: le ministre de
l'Environnement ne peut être membre de la commission. Il peut donc
continuer d'intervenir selon l'article 129 de nos règlements.
Contrairement è ce que nous avons fait ce matin, il ne peut être
membre de la commission. En conséquence, la députée de
Johnson redevient membre et n'est pas remplacée pour les besoins de la
séance d'aujourd'hui. M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Dans votre
mémoire, ce matin, quand vous avez fait vos commentaires sur le projet
de loi 6, il y a une chose qui a retenu mon attention. Vous avez
mentionné, entre autres, qu'avant d'en arriver à un programme
pour donner l'accès aux rives, si on veut, avec le genre de travaux que
Berges neuves permettrait de faire aux municipalités, il faut que l'eau
soit assainie, je pense. Est-ce que c'est un problème majeur que vous
avez pu constater dans les régions d'intervention de votre groupement,
c'est-à-dire à la Fédération
québécoise de la faune, région nord, relativement au
problème de l'assainissement des eaux?
M. Filiatreault: C'est sûr qu'il y a certains
aménagements que Berges neuves peut faire. S'ils se placent sur la
rivière L'Assomption pour installer des endroits pour se baigner ou
s'ils mettent un autre genre d'activité pour amener la pêche, que
ce soit des débarcadères, etc., je crois que, si on part du
village de L'Assomption en allant vers le fleuve, quand bien même on
ferait n'importe quel type d'aménagement pour les dix prochaines
années, il n'y aura même pas une personne qui va se
présenter là. Il y a beaucoup de choses que peut faire Berges
neuves, mais cela va être relié à la dépollution
complète, à 100% presque, des rivières. On peut constater
que, sur certaines rivières, il y a un commencement de
dépollution, mais, parfois, elle ne se fait pas dans le bon sens. C'est
qu'on dépollue à l'embouchure alors qu'il faudrait commencer
à dépolluer à la tête des rivières. Bien
souvent, à la tête des rivières, il n'y a que des petits
villages, que des petites unités. Avant que les villages puissent se
faire des systèmes de dépollution et avoir accès aux
systèmes de dépollution, cela va prendre encore plusieurs
années.
Si on regarde un peu le nord de
Montréal, comme par exemple Saint-Michel-des-Saints, avant qu'on
ait une usine d'épuration cela va peut-être prendre encore quatre
ou cinq ans. D'ailleurs, il n'y a même pas encore de démarches de
faites avec le gouvernement. C'est quelque chose qui ne se fera pas cette
année, ni l'année prochaine, ni dans l'autre année. Donc,
on va continuer à polluer leur réservoir d'eau, la rivière
Matawin et la rivière Saint-Maurice. Même si Trois-Rivières
dépolluait à 100%, il va toujours arriver quelque chose d'en
haut.
M. Saintonge: Mais, dans ce cas-là, vous parlez de
dépollution? est-ce la dépollution des eaux usées au
niveau des municipalités? Est-ce que vous avez pu constater
également des phénomènes de pollution industrielle ou de
pollution agricole majeurs dans la région qui vous concerne?
M. Filiatreault: Dans la région au nord de
Montréal, il y en a plusieurs. Il y a le fleuve qui est
déjà pollué à l'extrême; il y a la
rivière Outaouais qui a une très grande section de
polluée. Malgré qu'il y ait deux provinces qui touchent la
rivière Outaouais, elle est polluée presque en entier, à
partir de la source à aller jusqu'à la fin. Par exemple, il y a
des usines dans l'Abitibi qui jettent leur eau - M. le ministre semble surpris
- dans le Témiscaminque; à partir du lac Témiscamingue,
c'est pollué. Donc, cela se fait de la source de la rivière
à son embouchure. Si on prend des réservoirs comme le
réservoir Taureau où on fait encore de la drave, qui est encore
un réservoir de tête pour certaines rivières, il y en a
encore de la pollution pour des années et tant qu'on ne corrigera pas
cela, hé bien!... Qu'on veuille corriger cela, si on établit des
programmes, que ce soit Berges neuves... Il y a de très belles
activités dans Berges neuves. Restaurer une bonne partie des rives des
rivières, c'est beau. Les restaurer, aller jusque-là, je suis
d'accord, mais, quand on dit: On va se remettre à creuser dans les
rivières, on va repolluer la rivière. On pourrait dire: On va
l'aménager, mais on va la polluer avant de la réaménager.
Déjà, on les a polluées à l'extrême. Il y a
peut-être des nuances à faire, et c'est là que l'on dit que
c'est important qu'il y ait une loi-cadre, pour dire que ce n'est pas n'importe
qui qui creuse n'importe où, n'importe quand.
M. Saintonge: Quand vous parlez de creusage, vous faites allusion
à quoi avec Berges neuves?
M. Filiatreault: Quand on dit d'aller jusque dans le lit d'une
rivière, d'après moi, ce n'est pas seulement pour prendre une
petite pelle, c'est d'arriver avec de la machinerie lourde. Règle
générale, quand on dit d'aménager des rives ou creuser des
canaux, on ne fera certainement pas cela avec des petites choses. Quand on
parle de régularisation des eaux, cela peut toujours être autre
chose que régulariser des rivières, mais cela peut être de
régulariser le niveau d'un lac. Par exemple, si une municipalité
veut avoir une qualité d'accessibilité à un lac, vous
allez dire: On va aménager un barrage pour maintenir le niveau
égal. Donc, sans faire exprès, des fois, on va détruire
quelque chose. Ce sont toutes des choses comme celles-là. Avant de le
faire, il va falloir qu'il y ait des intervenants. Comme les personnes qui vont
avoir à choisir les projets de Berges neuves, il va falloir que ce soit
des personnes qualifiées, autant au niveau de la faune que de
l'aménagement du territoire. H ne s'agit pas de dire: On fait cela
à...
M. Saintonge: À votre point de vue, si un
règlement-cadre était adopté par le ministère de
l'Environnement, tel que vous le souhaitez, est-ce que cela ferait en sorte
que, dans un tel règlement-cadre, il y aurait nécessité
d'y intégrer, si on veut, des questions de priorité au niveau de
l'intervention sur les rives et les cours d'eau?
M. Filiatreault: C'est certain qu'il va falloir fixer des
priorités parce que, si on veut dépolluer une berge et que la
rivière est encore polluée à l'extrême, je me
demande ce que cela donnerait. Il va falloir se donner des priorités et
que les municipalités marchent avec ces priorités, parce qu'une
priorité d'une municipalité peut être complètement
différente de celle de la municipalité à
côté. Cela dépend des loisirs ou des infrastructures
qu'elles ont en place ou de ce qu'elles veulent se donner par la suite.
M. Saintonge: À votre point de vue, au niveau des
interventions des municipalités, est-ce que je peux comprendre que vous
souhaitez que ce soit coordonné non pas par une seule
municipalité, mais par le ministère, dans le cadre du
règlement-cadre? Est-ce cela que vous souhaitez?
M. Filiatreault: Soit le ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche ou le ministère de l'Environnement. Il va falloir
en venir à un règlement cadre parce qu'à force de faire
disparaître des habitats fauniques, parce qu'on le fait, qu'on le veuille
ou pas... Lorsqu'on parle de qualité de l'environnement pour
l'être humain, on agit toujours sur le milieu. On étend nos
villes; on étend nos structures, par exemple, dans le fleuve, pour
pouvoir aider les bateaux; on les étend. On n'a pas le choix, il faut
que cela se fasse. Qu'on construise des routes, qu'on fasse des
lignes de transmission; on le fait, mais, règle
générale, on fait toujours cela au coeur de la nature et des fois
dans des sites qui sont très précaires, mais qui aussi sont
rentables pour la faune. Par exemple, juste aux environs de Montréal, on
regarde les rapides au barrage Saint-Vincent-de-Paul où, à
l'heure actuelle, on travaille. On a une belle frayère de dorés
en plein milieu de Montréal où on peut sortir du doré
pratiquement de sept à huit livres. Il y a une frayère
d'esturgeons au pied du barrage, où il peut y avoir un esturgeon de 80
livres. Dans les rapides de Lachine, on a de la truite arc-en-ciel: le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche les a
ensemencés depuis plusieurs années. Il commence è y avoir
une frayère. Il y a de la truite brune d'ensemencée pratiquement
à tous les ans. On a un potentiel récréatif autour de
Montréal, ce n'est pas possible è penser. 11 y des espèces
de poissons qu'on ne retrouve pas ailleurs dans la province. Il y a du
maskinongé. Si on regarde le lac Saint-Louis, il y a une association
qui, à tous les ans, donne des prix. Ce sont des poissons de 50 livres
et plus des fois qui sont pris et ce sont des premiers prix à tous les
ans. Ce sont des lacs, comme le lac Saint-Louis, où il y a une plaine de
débordement, une plaine d'inondation et cela permet au maskinongé
de se régénérer facilement. La journée où on
va stabiliser les berges, on va peut-être diminuer l'espèce.
Par contre, il y a d'autres espèces qui vont peut-être
prendre le dessus parce qu'en stabilisant cela va replacer leur frayère
en meilleure condition. Mais, à chaque fois qu'on joue dans le milieu,
on en pénalise une pour en avoir une autre. Parfois, on est
obligé de le faire. Qu'est-ce qu'on veut? Le modernisme et la vie nous
obligent à faire des choses, mais il faudrait que ce soit fait dans un
cadre très précis et non pas laisser aux promoteurs... En tout
cas, je regarde juste le Bureau des audiences publiques. Quand il y a quelque
chose présenté au Bureau des audiences publiques, c'est
présenté par des experts pour prouver que leur projet est bon et
que l'étude d'impact n'est pas si pire, mais nous, en tant qu'organisme
ou association, on n'a jamais les recours de la partie adverse. Ils ont fait
une étude d'impact avec des biologistes, des ingénieurs, tout ce
qu'ils veulent. Ils ont pris le temps de le faire et ils ont de l'argent. Nous,
on arrive en arrière pour dire: Vous êtes en plein dans une
frayère, mais c'est tout ce qu'on est capable de dire, ou alerter
l'opinion publique. Parfois, c'est dur de réveiller l'opinion publique.
On la réveille beaucoup trop tard.
Dans dix ans, si on a à reconstruire la faune, si on a
reconstruire ce qu'on a perdu dans les habitats fauniques, cela va être
beaucoup plus dur que de dépolluer, parce que, pour habituer les
espèces de gibiers è s'implanter de nouveau où on les a
enlevées, cela ne se fera pas aussi vite que la dépollution et
cela va coûter aussi cher si ce n'est pas plus.
M. Saintonge: Est-ce qu'à votre point de vue, quand on
parle... Le ministre nous mentionnait ce matin qu'il y aura des guides
techniques qui vont répondre aux normes et aux critères
environnementaux qui existent actuellement, qui vont respecter les normes et
les critères environnementaux. Je pense que c'est un bien grand mot.
J'essaie de voir, dans la réalité, si ces normes et ces
critères sont satisfaisants, actuellement, ou s'il faudrait les
préciser. Est-ce que vous êtes satisfaits des normes et des
critères qui existent généralement, actuellement, pour
faire en sorte qu'on puisse assurer la protection de la faune comme vous le
désirez, ou s'il n'y aurait pas lieu de préciser davantage ces
normes ou de donner des priorités dans le respect de certaines normes ou
de certains critères?
M. Filiatreault: Des normes ou des directives, c'est toujours
fait à la suite d'études, à la suite de ce qui se passe
sur le terrain et cela évolue tout le temps. Je pense qu'établir
des normes, c'est normal, mais il faut quand même mettre un plan de base
et dire: II va falloir qu'on parte de là et qu'on commence. Des normes,
il devrait y en avoir même en plus d'une loi, parce que des normes, cela
va évoluer continuellement avec chaque étude, à chaque
année, à chaque fois qu'il y a quelque chose de nouveau qui
arrive. Après un nouveau type d'études, il va y avoir de
nouvelles normes, de nouvelles applications, mais, si on n'a pas un plan de
base, les normes valent quoi? Des normes, ce n'est pas une loi ou ce n'est pas
un règlement. Si je dis à un entrepreneur: Tu auras à
respecter telles normes, on dit bien: Tu auras. On accepte ton projet parce que
cela, c'est d'accord. Le gars le fait et il le fait en passant un petit peu
à côté des normes. On va faire quoi? C'est fait. Va-t-on le
détruire? Si le gars a mis des millions là-dedans, on va dire: On
va encore le tolérer un petit peu.
Je lisais un petit article qui a paru dans le Devoir, de Louis-Gilles
Francoeur, où il parle du Bureau des audiences publiques et il dit que
le Bureau des audiences publiques a semoncé publiquement le
ministère de l'Environnement pour avoir accordé des autorisations
de conformité à des études d'impact
incomplètes.
Cela fait que, quand il commence à y avoir une petite largesse ou
une petite ouverture, c'est un peu comme ouvrir la porte. Elle va
peut-être s'ouvrir tranquillement, cela peut prendre des années,
mais c'est un commencement. C'est pour
cela que cela nous fait peur un peu de dire que les municipalités
vont peut-être suivre les règlements, mais s'il faut, à
chaque fois, aller en audience publique, je pense que c'est alourdir toute la
machine pour rien, alors que si, au départ, on partait avec des normes,
un critère, parce qu'on ne peut pas les mettre tous, mais avoir des
critères de base pour partir et dire: Un habitat faunique, c'est cela;
la protection de l'environnement, c'est cela... Parce que je vois quand
même une différence entre les deux. L'environnement, je place
toujours cela en vertu de l'être humain. C'est qu'on veut se chercher une
qualité de vie sur la terre et on tente de ne pas trop briser ce qu'il y
a dans la nature, mais on peut détruire les habitats fauniques tout en
se donnant une qualité de vie. On ne protège pas
nécessairement les habitats fauniques pour avoir une qualité de
vie. Si on veut faire une belle berge le long du fleuve, on fait un remblai, on
met un trottoir, visuellement, cela va être très beau. Cela va
donner une accessibilité de qualité A-1, mais on peut avoir
beaucoup détruit.
C'est d'arriver à faire un lien entre les deux pour que cela se
produise le moins souvent possible. C'est une chose qui est pratiquement
impossible, mais il faudrait en arriver à cela.
M. Saintonge: Dans le fond, seriez-vous d'accord, par exemple, si
on fait une intervention qui peut détruire en partie le milieu faunique
en question, pour dire qu'il faut évaluer, au niveau des impacts, les
avantages et les inconvénients et voir s'il y a des possibilités.
Si cela devient obligatoire de faire du remblayage, il faut regarder les
conséquences et regarder également si oui ou ou non il y a une
possibilité de remédier, dans la plus grande mesure possible, aux
inconvénients qu'on fait subir au milieu.
À ce moment, il y aurait des possibilités d'intervention
parfois qui pourraient être dictées par la qualité de vie
des gens, pour améliorer certains points, pour donner une plus grande
qualité de vie au niveau de l'accessibilité à un lac ou
à une rivière. Même si on fait une intervention au point de
vue du milieu faunique ou des habitats fauniques, c'est de tenter de minimiser
l'impact là-dessus.
Autrement dit, ma question est peut-être ambiguë: Est-ce que
vous êtes contre toute intervention? Par exemple, le remblayage, est-ce
à proscrire complètement ou si, dans certains cas, il pourrait
exister des situations où le remblayage pourrait être souhaitable,
même si...
M. Filiatreault: Ce serait peut-être un critère de
base de dire qu'au départ c'est défendu. C'est sûr qu'il y
a des exceptions. On étudiera les exceptions, mais, au départ,
cela devrait être défendu. Parce que, quand un cours d'eau est
là... D'abord, de l'eau, on n'en a pas a jeter par les fenêtres et
la seule qui nous reste est tellement polluée, que ce soit par les
pluies ou par l'industrie ou autre chose.
Dans les années cinquante, on disait: La nature, c'est vaste,
elle peut tout prendre. Personne ne s'en est occupé à ce moment.
Parce que si, dans ce temps, on s'en était occupé, aujourd'hui,
on ne serait pas obligé de se battre pour dépolluer et cela ne
coûterait peut-être pas le même prix.
Dans les habitats fauniques, c'est la même affaire. C'est
qu'aujourd'hui on est prêt à dire: Pour économiser
peut-être 1 000 000 $, on va passer là, mais, dans dix ans, on
aura peut-être à reconstruire des habitats fauniques au coût
de 1 000 000 $. Parce qu'on ne construira jamais un habitat faunique dans un
an, et cela ne se fera jamais dans deux ans. Ce sont toujours des
périodes échelonnées sur dix ans et plus parce qu'il faut
que les poissons prennent le temps de s'adapter ou la faune ou la nature; ce
n'est pa3 comme construire une maison.
Donc, c'est peut-être mieux d'y penser tout de suite et de dire:
Des fois, cela peut nous coûter 1 000 000 $ de plus, mais, dans dix ans,
ce ne sera peut-être plus 1 000 000 $ que cela va nous coûter, ce
sera peut-être 10 000 000 $. C'est un peu comme la dépollution; il
y a dix ans, combien cela nous aurrait coûté? Les salaires
étaient plus bas, tout était plus bas, mais, aujourd'hui, elle
nous coûte excessivement cher et, à cause de cela, on est
obligé de se priver de beaucoup d'autres choses.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre de
l'Environnement.
M. Ouellette: Merci, M. le Président. Je voudrais revenir
au début de l'intervention du député de Laprairie qui
m'est apparue comme essayant de faire dire à nos intervenants qu'il
serait préférable d'attendre la fin de l'application du programme
d'assainissement des eaux avant de penser à toucher aux rives.
Au gouvernement, on aurait pu, en 1978, lorsque est venu le temps
d'annoncer le programme d'assainissement des eaux, tenir le raisonnement
suivant - cela rejoindrait à peu près l'opinion exprimée
par le député de Laprairie - est-ce qu'on va faire
l'assainissement urbain après avoir fait l'assainissement agricole? Et
on ne fera l'assainissement agricole que lorsqu'on aura fait l'assainissement
industriel, et on ne fera l'assainissement industriel qu'après avoir
livré le combat final aux pluies acides, et on ne livrera le combat
final aux pluies acides que lorsque les Américains auront
décidé de faire la tâche chez eux. On aurait pu tout mettre
cela en escalier, l'un se fera si l'autre est
fait et l'autre se fera si l'autre est fait, etc., de telle sorte qu'on
se serait ramassé en l'an 2025 avant de commencer. Au contraire, on a
pris la décision, au gouvernement, en 1978, de mener
simultanément les trois combats, c'est-à-dire urbain, agricole et
industriel, dans le cadre du programme d'assainissement des eaux.
Il se trouve que ce programme existe déjà depuis six ans
et qu'on a investi des sommes d'argent, c'est-à-dire qu'on a rendu
disponibles des sommes d'argent pour un montant égal à 77% des
sommes devant être affectées à ce programme, de telle sorte
que, si le programme cessait d'exister aujourd'hui et qu'on se limitait
à terminer les travaux qui sont à différentes phases,
déjà 77% des eaux usées municipales au Québec
seraient traitées au moment où on se parle, ce qui nous rapproche
sensiblement de l'Ontario. Mais, à partir de cela, est-ce qu'on va
attendre que tout cela soit terminé avant de s'attaquer à une
autre source de pollution qu'est, par exemple le phénomène
d'érosion?
Vous êtes tous conscients que nos cours d'eau sont en partie
pollués par le fait que... J'ai dit argent engagé, non pas
dépensé, il y a une nuance; c'est tout enclenché,
chère madame. Est-ce qu'on va attendre que tout cela soit terminé
pour régler un quatrième phénomène, celui de
l'érosion, qui est dû au développement agricole il y a un
siècle et plus, à l'exploitation forestière, à
l'urbanisation. Tout cela a fait en sorte que nos cours d'eau sont devenus
très vulnérables parce qu'à la première pluie ou
à la fonte des neiges, tous les produits chimiques utilisés en
agriculture se retrouvent dans les cours d'eau, la terre se retrouve dans les
cours d'eau aussi à cause en bonne partie du drainage agricole, etc.
Alors, on est bien conscients, nous à l'Environnement, que, si l'on veut
mener une lutte globale à toutes les causes de la pollution de nos cours
d'eau, on doit attaquer tous les points en même temps.
Donc, le programme d'assainissement, il y en a déjà six
dixièmes de faits, on est à 77% des sommes engagées; il y
a une quantité assez importante des municipalités qui y ont
déjà adhéré et il y a encore un nombre plus grand
de municipalités qui ont été retenues au Conseil du
trésor pour fins d'application du programme d'assainissement des
eaux.
Dans les travaux de Berges neuves, qui se veulent le volet
complémentaire au programme d'assainissement des eaux, il y a tout un
volet qui s'appelle le nettoyage. Est-il nécessaire d'attendre que
toutes les usines d'épuration des 900 projets prévus au
Québec soient en marche pour ramasser les pneus, et vous me permettrez
la vieille expression, les "springbeds", les boîtiers de
télévision et toutes les saloperies qu'on retrouve sur nos rives?
Vous allez me dire: Sûrement, ce n'est pas nécessaire d'attendre
que l'assainissement soit terminé.
Il y a un autre volet qui s'appelle régénération
des rives. Nos rives ont été déboisées et on les a
laissées aller, de telle sorte que les plantes même modestes sont
disparues à bien des endroits. Est-ce qu'il est nécessaire
d'attendre que l'eau soit devenue du H2O pour replanter ces
arbustes? Ce que fait, par exemple, la FAPEL depuis une vingtaine
d'années, de toute façon. Est-il nécessaire d'attendre
aussi qu'on ait tout terminé avant de planter des arbres? Des arbres,
quant à moi, cela prend quelques années à pousser. Je
pense que, si on en plantait dès le mois de juin prochain, en 1988 ou en
1989, à la fin de l'assainissement des eaux, ces arbres auront pris
quelques années de croissance et viendront compléter le travail
ou la lutte qu'on aura livrée à l'urbain, à l'agricole et
à l'industriel.
Donc, ce raisonnement, je ne le prends pas parce qu'il risque de nous
conduire dans des temps immémoriaux et on risque, à ce moment,
que le gouvernement se fasse reprocher d'avoir attendu trop tard pour appliquer
une mesure essentielle, si on veut garder véritablement nos cours d'eau,
une fois qu'ils auront été nettoyés de la pollution
industrielle, agricole et municipale.
Ce matin, on discutait aussi de grandes lois, de projets de loi globaux
ou de règlements qui doivent être appliqués.
Évidemment, la Fédération québécoise de la
faune insistait beaucoup sur la protection des habitats fauniques. On rappelait
que M; Chevrette s'était engagé à ce que des discussions
publiques aient lieu, à ce que ses fonctionnaires préparent la
législation et on semblait mettre en doute ces affirmations. Je dois
vous dire que j'ai vérifié tout à l'heure avec le nouveau
ministre du MLCP, M. Brassard, qui me disait que tout est prêt, que les
fonctionnaires ont travaillé en collaboration avec ceux de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, de l'Énergie et
des Ressources et de l'Environnement, que des consultations publiques auront
lieu, dès ce printemps, et qu'une loi sera vraisemblablement
déposée en Chambre dans les plus brefs délais qui suivront
cette consultation, pour doter le Québec d'une véritable loi sur
la protection des habitats fauniques. C'est un des éléments qu'on
retrouve à la table de concertation interministérielle qui visent
essentiellement à cerner l'ensemble du problème et à nous
donner, comme législateur, aussi bien au niveau du Québec qu'au
niveau des MRC, toute la réglementation nécessaire à la
sauvegarde non seulement des habitats fauniques, mais des rives, des bandes
forestières, puisque l'on triendra compte nécessairement de la
politique d'encadrement forestier. Et c'est à ce moment-là qu'on
sera
prêt à tout mettre en marche. Je vous ferais remarquer que
le programme Berges neuves va è peu près coïncider avec ce
moment précis où toutes nos ficelles seront attachées et
où nous pourrons dire qu'enfin nous avons la législation et la
réglementation nécessaires pour protéger tout cela en
même temps. (16 h 45)
M. Filiatreault: Je peux vous assurer, M. le ministre, que, si on
voit le dépôt du projet de loi sur la protection des habitats
fauniques, on va être très heureux. Cela va servir aussi comme
cadre à tous les travaux qui vont s'effectuer par la suite, on va
être très heureux et c'est ce qu'on attend depuis longtemps.
M. Ouellette: J'ai oublié, M. le Président, un
élément important. Le programme Berges neuves s'inscrit en faux
contre tous les travaux de dragage. Quand on parle de travaux en milieu
hydrique, il ne s'agit pas de travaux de dragage, il n'est pas
considéré du tout dans le programme Berges neuves. Par contre, il
peut y avoir évidemment d'autres types de travaux comme ramasser des
vieux pneus. Je sais qu'à un endroit sur la rivière
Chaudière on a trouvé 4000 pneus d'automobiles. Je pense qu'on
n'aurait pas besoin d'une étude d'impact très
élaborée pour savoir si on devrait les retirer ou non de la
rivière. Cela a été fait. Le programme Berges neuves
permettra de tels travaux, mais il n'est pas question de permettre des dragages
qui, de toute façon, doivent faire l'objet d'études d'impact.
Le Président (M. Marquis): Comme président, je veux
permettre la libre expression et, avec la volubilité de mes
collègues des deux côtés, ce n'est pas toujours facile. Le
temps achève, mais j'avais une demande du député de
Charlesbourg et du député de Laprairie. Pour autant que cela ne
dégénère pas en débat des deux côtés,
je vous permettrais de prendre la parole.
M. Côté: Je comprends, M. le Président, que
vous vous adressez à moi au moment ou je m'apprête à
prendre la parole, vous avez peur d'un débat. Cela va être la
semaine prochaine. Vous allez pouvoir constater encore une fois que cela va
être vrai.
Je suis heureux de constater que, dans le mémoire qui a
été soumis, principalement à la page 9, on
s'inquiète des habitats fauniques. J'ai frais à la mémoire
le mois de décembre 1983, au moment où on a étudié
article par article le projet de loi 9 qui amendait la Loi sur la conservation
de la faune. Dans un effort additionnel, le ministre est arrivé,
à ce moment-là - le député de Joliette, à
l'époque - avec 54 amendements au projet de loi, principalement sur les
habitats fauniques, sans consultation au préalable avec l'Opposition.
Nous avions accepté à l'époque, considérant que
c'était un pas en avant dans la protection des habitats fauniques. On
avait accepté loyalement en se disant: C'est un essai et il vaut mieux
avoir cela que ne rien avoir.
Cela n'a pas pris de temps pour que l'ex-ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche - vous avez sans doute frais à la
mémoire ces discussions puisque vous y étiez, M. le
Président - dès avril 1984, devant la FAPEL, dise que
c'était nettement insuffisant et qu'il fallait en arriver à des
modifications.
On peut bien entendre des intentions, mais, à ce niveau, ce n'est
pas d'aujourd'hui qu'il y a des intentions. J'ai eu la chance de mettre la main
sur une lettre, parce que, lorsque les gens du milieu veulent parler, ils
parlent de la protection des habitats fauniques. C'est parce que c'est un
débat qui a cours à l'intérieur du ministère et on
connaît tout le débat qu'ont eu le ministre de l'Environnement et
le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui tentaient de faire
le poids avec le ministre de l'Agriculture. Cela a été des
combats presque perdus d'avance dans les marais de Kamouraska, dans la baie
Lavallière, à Pointe-aux-Outardes.
J'ai encore frais à la mémoire une lettre que j'ai eue
entre les mains, signée du ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche de l'époque, et qui disait à peu près ceci. Si
j'avais eu le temps d'aller dans mes dossiers, je pourrais même la porter
à votre connaissance. Il constatait, dans la lettre concernant la baie
Lavallière - parce que cela avait dû tirailler entre vous autres,
vous avez dû vous parler un petit peu dans le casque - il constatait,
première chose, qu'il y aurait au moins 3000 morts ou disparitions de
rats musqués et d'autres statistiques que j'oublie. Le ministre disait
à peu près ceci: Je ne comprends pas, mais, dans un ultime effort
de consensus, j'accepte. Encore une fois, c'est la faune qui payait pour, parce
qu'on avait des faiblards pour défendre la faune.
Aujourd'hui, lorsque vous dites dans votre mémoire: II faut que
quelqu'un prenne la défense et la protection des habitats fauniques,
c'est par une loi. Bien sûr que le député de Beauce-Nord
tantôt s'est fait le porte-parole de ses collègues après un
appel téléphonique.
Effectivement, il y a un projet de loi préliminaire qui circule
dans les officines du gouvernement, mais c'est au mois de janvier qu'il est
allé au ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et
les discussions sur le plan interne du ministère ne vont pas très
loin. Aujourd'hui, au printemps, vous nous dites, pour rassurer tout le monde:
Peut-être à l'automne, mais on sait ce qui va arriver
d'ici ce temps-là. Moi, je pense que vous êtes des gens du
milieu - si le député de Chambly peut écouter -
très impliqués dans la conservation de la faune. J'ai
manqué les discussions de ce matin. Vous êtes impliqués
dans le milieu de la faune, je pense que, sur le plan de la protection des
habitats fauniques, vous avez, depuis fort longtemps, exigé une loi pour
la protection des habitats fauniques.
M. Ouellette: Les demandes ont commencé sous le
gouvernement Bourassa.
M. Côté: Cela fait huit ans que vous êtes
là et vous n'avez rien fait. Tu as passé le bâton à
d'autres; Il y en a d'autres qui vont s'en occuper. À ce
niveau-là, M. Filiatreault, la nécessité pour vous, est-ce
que c'est dès ce printemps ou si on reporte cela è l'automne?
Bien sûr, on va repartir en consultation, alors que la
fédération, l'association des biologistes et tout le monde s'est
exprimé là-dessus. Dans mon esprit à moi, c'est le temps
qu'on passe à une pièce législative en Chambre,
très rapidement, pour la protection des habitats fauniques, parce que
des consultations, on en a déjà eu. Est-ce que ce sont des
consultations que vous voulez ou est-ce que c'est un projet de loi sur
lequel...
M. Filiatreault: Le projet sur les habitats fauniques aurait
dû être fait il y a deux ou trois ans et, même,
peut-être avant ça. Quand on a commencé à parler de
dépollution, ça aurait dû être global. Cela veut
dire: On s'en vient de front. Comme disait M. Ouellette: On ne pouvait pas
faire des escaliers et il ne fallait pas en faire, non plus. Là-dessus,
il avait raison. Mais il fallait être global partout et foncer
partout.
Là, il y a peut-être une petite lacune, parce qu'il y a eu
des choix ou des priorités qui ont été faites. Ce n'est
pas nous qui avons fait les choix, ni les priorités.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, on a des invités
à entendre. La seule remarque que je veux donner, c'est qu'on va en
arriver à étudier, article par article, le projet de loi. Je suis
très content que le ministre de l'Environnement soit présent pour
l'audition de nos invités. Mais, j'aurais des questions à poser
au ministre. J'en ai posé en Chambre lors du débat sur l'adoption
de principe du projet de loi et je n'ai pas eu de réponse. J'aurais bien
aimé avoir des réponses et je ne veux pas le faire pour prendre
le temps de nos intervenants. Mais, qu'il y ait juste un exemple et, la
réponse, je ne la veux pas tout de suite.
On parle d'un programme d'assai- nissement des eaux de l'ordre de 4 700
000 000 $. On a dit tantôt que c'était 77% de conventions
signées. On a fait des allusions à 3 700 000 000 $ de conventions
signées. Il faut payer 77% des travaux qui pourraient être
réalisés. Si on continue le cheminement, on arriverait à
77% de l'assainissement des eaux qui serait réalisé.
Ma question va être: Dans combien de temps, ça?
Actuellement, les données que vous nous avez transmises, que j'ai
retrouvées dans vos coupures de presse au niveau de Berges neuves nous
disent qu'il y a 1 100 000 000 $ de travaux réalisés. Mais quand
je regarde aussi toute la projection de ça, les travaux qui ont
été réalisés, c'est combien? Cela s'adresse
où et est-ce que c'est vraiment de la dépollution? On arrivera,
en tout cas, à le clarifier.
M. Ouellette: On peut vous donner les réponses.
M. Saintonge: D'accord, les réponses, on les aura,
j'espère, simplement, au niveau de l'étude article par article;
avant de les adopter article par article, on pourra s'interroger, au lieu de
prendre le temps de nos invités qui doivent nous donner leur
mémoire et qui ont des temps limités d'intervention. Je souhaite
votre présence, à ce moment-là, pour qu'on ait des
réponses aux questions posées et j'en aurai à vous
poser.
M. Ouellette: Je peux vous donner une réponse rapide. Il y
a un an, votre porte-parole en matière d'environnement demandait au
gouvernement un moratoire sur le programme d'assainissement des eaux.
Alors...
Le Président (M. Marquis): Merci beaucoup aux
représentants de la Fédération québécoise de
la faune, région 6 nord, pour leur présence et les avis qu'ils
ont apportés à la commission.
M. Filiatreault: On remercie la commission.
Le Président (M. Marquis): J'inviterais maintenant les
représentants de la Fédération des associations pour la
protection de l'environnement des lacs à se présenter, s'il vous
plaît! Selon ma liste, il y aurait M. Benoît Roy,
vice-président, et Mme Louise Lepage, bénévole. Je laisse
la parole au porte-parole de votre groupe.
FAPEL
M. Roy (Benoît): M. le Président, j'ai ici copie du
mémoire présenté par FAPEL.
Mme Lepage (Louise): Avant de se
lancer dans le mémoire, j'aimerais, faute d'éducation
probablement, connaître un petit peu ce que, M. le Président, vous
avez dit tout à l'heure, concernant M. Quellette qui ne faisait pas
partie de la commission. Il peut quand même répondre à nos
questions?
Le Président (M. Marquis): Absolument.
Mme Lepage: D'accord, merci. Nous n'avons pas l'intention
d'étudier le projet de loi article par article. On a déjà
donné à M. Ouellette toute l'opinion que FAPEL avait, mais on
veut quand même réitérer notre opinion devant la
commission. On remercie le gouvernement d'avoir accepté de nous recevoir
et de nous entendre. Je pense que c'était une nécessité et
nous sommes très heureux de pouvoir être ici cet
après-midi.
Alors, comme M. le président le dit, mon nom est Louise Lepage,
responsable du dossier des rives et du littoral, et M. Benoît Roy,
vice-président de FAPEL, m'accompagne.
Si vous me le permettez, j'aimerais prendre quelques minutes pour vous
donner un petit historique pour ceux qui ne sont pas au courant de ce qu'est
FAPEL et pour vous parler spécifiquement du dossier des rives.
Depuis sa fondation, FAPEL consacre une grande partie de ses
énergies à la protection des rives et du littoral de nos plans
d'eau. C'est d'ailleurs pour répondre aux inquiétudes de nos
associations qu'a été institué en 1975, au sein du
programme des lacs du ministère de l'Environnement, un programme de
protection des rives ainsi qu'un programme de
régénération. Ces deux programmes conçus par M.
Tony LeSauteur ont été développés avec
l'étroite collaboration de nos associations. Ils fonctionnent en faisant
appel au bénévolat et aux convictions des citoyens pour redonner
à nos rives leur caractère naturel et aux lacs et aux cours d'eau
leur équilibre écologique. FAPEL célèbre cette
année un double anniversaire: le dixième anniversaire de sa
fondation ainsi que le dixième anniversaire du programme de
régénération des rives.
Avec l'appui et la compétence des spécialistes du
programme des lacs et grâce au travail de nos 650 associations,
pionnières dans ce domaine, des centaines de milliers de citoyens ont
radicalement transformé leur attitude face aux aménagements
riverains. Les aménagements artificiels aujourd'hui ont
été remplacés par des aménagements naturels. Ce
matin, M. le ministre Ouellette vantait l'expertise de FAPEL. Cependant, ce
vaste mouvement qui a donné naissance au seul véritable programme
de protection et de renaturalisation des rives du Québec n'a jamais
reçu l'appui du ministère de l'Environnement. Le premier geste de
M. Ouellette, à la suite de sa nomination au ministère de
l'Environnement, a été de rogner dans les budgets et dans les
effectifs du programme des lacs. Le ministre de l'Environnement n'accorde
toujours pas aux bénévoles de nos associations et au programme de
régénération des rives, qui a fait ses preuves durant dix
années, l'importance qu'ils méritent.
En plus d'avoir contribué à la mise sur pied des
programmes de protection et de régénération des rives et
d'avoir consacré beaucoup d'énergie à sensibiliser le
gouvernement du Québec, les municipalités et les citoyens aux
aménagements naturels, FAPEL et ses associations ont fait adopter un
règlement pour la protection des rives et du littoral dans un grand
nombre de municipalités. Soutenu par les spécialistes du
programme des lacs, le mouvement a fait boule de neige de sorte qu'aujourd'hui
on trouve dans les règlements de contrôle intérimaire de la
plupart des municipalités régionales de comté un certain
nombre de dispositions visant à protéger les rives et le littoral
des lacs et des cours d'eau. Ce règlement-là, ce n'est pas le
ministère de l'Environnement qui l'a fait adopter aux MRC, ce sont les
associations qui ont fait adopter dans plus de 400 municipalités, avec
des inspecteurs municipaux, un projet de réglementation municipale
relatif aux rives et au littoral des lacs et des cours d'eau. Quand les MRC ont
conduit des auditions publiques ou des consultations publiques à travers
tout le Québec pour savoir ce que les villégiateurs voulaient, on
leur a dit cela et, si elles l'ont mis dans le règlement de la MRC,
c'est grâce aux règlements qui avaient déjà
été votés dans plus de 400 municipalités par les
associations.
Il y a ces règlements-ci et plusieurs règlements dans
plusieurs autres municipalités. Ce ne sont pas toutes les
municipalités qui l'ont accepté, mais un bon nombre l'ont
accepté. Parce que ces règlements sont incomplets, nous nous
attendions que le ministre de l'Environnement adopte à brève
échéance un règlement-cadre qui viendrait compléter
et uniformiser les règlements des municipalités, tant pour les
aménagements privés - ce qui est très important - que pour
les aménagements prévus pour faciliter l'accès du grand
public aux plans d'eau. Ce règlement devait être mis en vigueur
par les municipalités, comme c'est le cas présentement pour le
règlement concernant les installations septiques adopté en 1981,
à la suite des pressions exercées par FAPEL et ses associations.
{17 heures)
Vous me permettrez ici d'ouvrir une parenthèse. De 1975 à
1981, FAPEL et ses associations ont mené une bataille acharnée
pour faire adopter un règlement-cadre sur les installations septiques.
M. Léger qui était le ministre de l'Environnement a
l'époque a finalement accepté, en 1981, de faire
adopter ce règlement. Mais, avant ce règlement, qu'est-il
arrivé? Il y a des associations qui ont fait adopter un même
projet de règlement par toutes les municipalités qui
étaient intéressées à conserver l'écologie
de leurs lacs. Ce sont les associations, avec l'aide du programme des lacs, de
l'assainissement des eaux, qui avaient fait la même chose, le programme
de réglementation des installations septiques, et on l'a fait accepter,
encore une fois, à au-delà de 400 municipalités, juste sur
le bon vouloir des associations. Non seulement les municipalités ont
adopté ce règlement, mais elles ont même engagé des
inspecteurs municipaux à l'environnement, même avant que le
gouvernement du Québec se décide à adopter la
réglementation.
Enfin, en 1981, on l'a eue, la réglementation, et cela a
passé comme du beurre dans la poêle. Il n'y a eu aucun
problème et, aujourd'hui, ce règlement marche très bien,
mais les municipalités qui ne voulaient pas, avant 1981, s'y conformer
sont maintenant obligées de s'y conformer.
Maintenant, nous revenons au projet de loi 6. Vous pouvez donc
comprendre, avec toute l'expérience qu'on a depuis dix ans, nos
inquiétudes face au projet de loi 6 qui vise à modifier le Code
municipal de façon qu'il accorde à toute corporation locale le
pouvoir de "faire, modifier ou abroger des règlements pour ordonner des
travaux d'aménagement du lit, incluant les rives, et des terrains en
bordure des rives des lacs et des cours d'eau municipaux ou autres
situés sur son territoire et des travaux de régularisation de
leur niveau", dans le but très louable - on est tout à fait pour
le but - d'améliorer la qualité du milieu aquatique et de
favoriser l'accès à ce milieu.
Nous ne sommes pas contre la mise en valeur du milieu aquatique. C'est
précisément ce que FAPEL fait depuis nombre d'années et on
a consacré le gros de nos énergies à cette cause. Mais,
nous tenons à rappeler que cette mise en valeur peut prendre
différentes formes selon que l'on favorise les aménagements
naturels ou les aménagements artificiels. Les pistes cyclables, par
exemple, situées trop près de la ligne du rivage peuvent
détruire des terres humides ou contribuer, par le déboisement
nécessaire à la piste cyclable, à détruire
l'équilibre écologique d'une rive. FAPEL ne s'oppose pas non plus
à ce qu'on accorde aux municipalités tous les pouvoirs qui leur
permettent de faire des aménagements en bordure et sur le lit des lacs
et des cours d'eau, mais nous sommes opposés catégoriquement
à ce que l'on accorde ces pouvoirs avant que le ministère de
l'Environnement ait pris ses responsabilités et ait adopté un
règlement-cadre pour contrôler les formes d'aménagement,
exactement comme il l'a fait pour les installations septiques.
Pour calmer les inquiétudes de FAPEL, le ministre de
l'Environnement a répondu à ses lettres et il annonce la
publication de guides techniques qu'il entend distribuer aux
municipalités pour leur donner un chemin à suivre dans le choix
des aménagements. Ces guides n'ont pas force de loi. Ils ne peuvent pas
non plus remplacer un règlement. FAPEL estime que les guides du
ministère de l'Environnement n'ont guère plus de chance
d'être respectés que les guides d'aménagement forestier du
ministère de l'Énergie et des Ressources dont la publication n'a
pas encore réussi à enrayer le fléau des coupes
forestières sauvages près de nos lacs. On en connaît
quelque chose.
Le ministre de l'Environnement aura de la difficulté à
nous convaincre qu'il a l'étoffe nécessaire pour faire respecter
de vagues recommandations alors que le même ministre ne réussit
pas à respecter la Loi sur la qualité de l'environnement en ce
qui concerne la pollution industrielle, la pollution agricole et les plaines
d'inondation du lac Saint-Pierre.
Dans une lettre qu'il adressait à notre présidente, Mme
Hélène Louise Élie, le 7 décembre dernier, M.
Ouellette affimait, pour calmer de nouveau nos inquiétudes: Toutes les
lois et tous les règlements actuellement en vigueur et qui touchent
spécifiquement les types de travaux ou d'opération
proposés - l'aménagement des rives - devront être
respectés. Plus particulièrement, M. Ouellette rappelait que la
Loi sur la qualité de l'environnement allait s'appliquer avec des
règlements qui s'y rapportent.
Or, aucun des règlements adoptés à ce jour, en
vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement, ne concerne la
protection des rives et du littoral des lacs et des cours d'eau. Qu'on appelle
cela de n'importe quelle couleur, H n'y en a pas. C'est
précisément ce que FAPEL réclame à grands cris
depuis plusieurs années. Tout ce que M. Ouellette nous offre pour nous
inviter à lui faire confiance et à accorder notre appui au projet
de loi 6, c'est quelques fascicules de voeux pieux et des règlements qui
n'existent pas.
Je regrette de ramener le problème de Longueuil, mais c'est
tellement à notre esprit. Cela a été discuté, mais
nous aimerions quand même le mentionner ici. Nous profitons de l'occasion
qui nous est offerte aujourd'hui pour rappeler que la ville de Longueuil - on
comprend bien que c'est la ville de Longueuil - qui projette d'effectuer un
monstrueux remblayage sur le lit du fleuve Saint-Laurent - elle projette,
d'accord avec vous, M. le ministre - profite ainsi d'une subvention du
ministère de l'Environnement accordée dans le cadre de
l'assainissement des eaux. Ce n'est pas sûr qu'elle va l'avoir, mais, si
cela arrive, c'est
l'assainissement des eaux. La ville de Longueuil tente
présentement de rallier l'opinion publique autour de ce projet en le
présentant comme un projet de mise en valeur du milieu aquatique. Le
projet de loi 6 risque d'ouvrir un porte encore plus grande à tous les
promoteurs désireux de modifier à leur façon les rives et
le littoral des lacs et cours d'eau.
FAPEL estime que le remblayage est une pratique à proscrire
complètement. La seule façon d'assurer la protection des rives et
du littoral contre ce fléau est l'adoption d'un règlement-cadre
qui l'interdise.
Avant que le ministère des Affaires municipales accorde de
nouveaux pouvoirs aux municipalités, le ministère de
l'Environnement doit prendre ses responsabilités et présenter un
règlement-cadre qui fasse état de normes précises
concernant les aménagements des rives et du littoral des lacs et cours
d'eau, tant par les individus que par les organismes responsables de
l'aménagement d'accès publics. Adopter le projet 6 à ce
moment-ci, avant l'adoption d'un règlement-cadre, c'est vraiment mettre
la charrue devant les boeufs.
Il y a beaucoup de choses qui ont été dites. J'aurais
trois questions à poser à M. Ouellette. Je ne sais si vous
préférez qu'on les pose maintenant ou si vous
préférez que je réponde à vos questions avant.
La Présidente (Mme Bacon): Vous pouvez peut-être y
aller tout de suite, Mme Lepage, et les ministres pourront répondre
à tour de rôle.
Mme Lepage: Pour effacer Longueuil une fois pour toutes, M.
Ouellette, je suis allée à une ligne ouverte à deux
reprises, au programme de Jean Pagé, et on m'a dit des choses qui m'ont
absolument renversée. Je voudrais, avant de vraiment dire à nos
associations que c'est un fait, avoir votre opinion là-dessus. Est-ce
que c'est vrai que la ville de Longueuil ne pourrait pas profiter des montants
d'argent du parc national de l'Archipel ou du projet de l'Archipel si l'usine
d'épuration n'est pas située sur l'île Charron ou si
l'égout collecteur n'est pas passé dans le fleuve?
M. Ouellette: Réponse: complètement faux. C'est
bref et clair.
La Présidente (Mme Bacon): Vous pourriez peut-être
continuer et poser vos trois questions et les ministres pourront
intervenir.
Mme Lepage: D'accord. C'est une question. À la ligne
ouverte, il y a des biologistes de l'environnement qui ont appelé, qui
ne se sont pas nommés - c'est pour cela que ça vaut ce que
ça vaut, je vous dis simplement ce qu'on m'a dit - et qui ont dit que
oui, les biologistes du ministère de l'Environnement avaient
approuvé l'installation du tuyau sous un remblai. Les biologistes du
ministère de l'Environnement auraient approuvé ce remblai pour
couvrir le tuyau en question.
M. Ouellette: La même réponse: complètement
faux.
La Présidente (Mme Bacon): Est-ce que vous avez
terminé vos questions?
Mme Lepage: Pour Longueuil, c'est terminé.
La Présidente (Mme Bacon): Peut-être...
M. Saintonge: Seulement une précision, vous dites que les
biologistes auraient à approuver, est-ce que c'est cela que vous voulez
dire?
Mme Lepage: Approuvé.
M. Saintonge: Ils auraient approuvé cela.
Mme Lepage: Oui, ils auraient approuvé le remblai pour
justement couvrir le tuyau d'eau dans le fleuve. Comme je vous dis,
c'était une ligne ouverte. On me questionnait sur le problème des
rives et je leur ai dit que je poserais la question au ministre. Comme cela
prend tellement de temps à se parler par courrier ou à
étudier le dossier et qu'on n'a jamais de réponse, j'ai
pensé que je profiterais de l'occasion pour le demander à M.
Ouellette directement.
M. Ouellette: Je pense avoir été clair sur ces deux
questions. Il n'est pas nécessaire que les travaux, tel que prévu
dans le projet de Longueuil, se réalisent ou enfin que
l'émissaire soit enterré sur les rives pour que la ville de
Longueuil puisse faire appel au budget du programme Archipel. Archipel vise
à aménager des rives qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas de tuyau
conducteur des eaux usées.
Mme Lepage: Est-ce que Archipel vise à améliorer
des rives, qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas de remblai pour Longueuil?
M. Ouellette: Archipel vise à améliorer les rives,
point. Il y a des rives à Longueuil. Qu'on fasse des travaux ou qu'on
n'en fasse pas, il y a déjà des rives qui, d'ailleurs, ont
été perturbées au moment de la construction de la route
132.
Mme Lepage: Lorsque M. Brassard nous a invités pour nous
expliquer ce qu'il voulait faire avec le parc national de l'Archipel - on
a eu une belle soirée et cela a continué avec plusieurs
organismes après - il nous a dit que cela faisait partie du projet du
parc national.
M. Ouellette: II faut faire attention, Le projet du parc national
de l'Archipel s'applique, si ma mémoire est bonne, à 200
kilomètres de rive dans l'archipel de Montréal. Selon les
informations que j'ai, les trois ou six kilomètres de rive de la ville
de Longueuil seraient inscrits dans le programme du parc Archipel. Qu'il y ait
des travaux d'assainissement des eaux ou qu'il n'y en ait pas, cela ne change
rien.
Mme Lepage: Je ne parle pas de l'assainissement des eaux, je
parle du remblai.
M. Ouellette: À Longueuil, le problème se pose de
la façon suivante. La ville de Longueuil, sachant qu'elle devrait
enfouir un tuyau qui conduit les eaux usées vers l'île Charron,
s'est dit: On va profiter de ces travaux pour reconquérir les berges
qu'on s'est fait voler - ce sont ses mots - au moment de la construction de la
route 132 et on va en profiter pour élargir les berges pour les rendre
accessibles aux citoyens de Longueuil. Donc, elle profite de cette occasion que
constitue la mise en place de ce tuyau pour mousser son projet de
réfection des rives, mais elle pourrait très bien le faire -
peut-être que cela lui coûterait plus cher - sans que
l'assainissement des eaux soit impliqué. Ce que je dis, c'est que, bien
sûr, ces rives sont susceptibles d'être traitées dans le
cadre du programme du parc Archipel, complètement en dehors de
l'assainissement des eaux.
Mme Lepage: Les rives actuelles. Là, on parle d'une autre
rive; on parle d'un remblai.
M. Ouellette: Oui, mais, enfin, la ville peut toujours avoir un
projet de remblaiement, qu'il y ait assainissement ou non. Ce n'est pas nous
qui décidons, c'est la ville qui se fait promotrice. Cela n'a rien
à voir avec nous.
Mme Lepage: Concernant Longueuil, encore une fois, vous avez
demandé -j'imagine que c'est vous qui l'avez dit - au BAPE d'avoir des
audiences publiques concernant le projet de Longueuil.
M. Ouellette: Exactement.
Mme Lepage: Vous demandez aux gens qui viennent vous recontrer
ici d'y être présents.
M. Ouellette: Autant que possible.
Mme Lepage: Je peux vous dire qu'on refuse automatiquement -
écoutez une minute, s'il vous plaîtî - d'assister à
des audiences publiques pour un remblai. Un remblai devrait être
défendu, quel qu'il soit. Vous dépensez l'argent des
Québécois pour leur demander s'ils sont d'accord avec une chose
qui ne devrait pas exister. Cela n'a pas d'allure, M. Ouellette. On ne remblaie
pas! Le pauvre villégiateur - cela fait vingt ans que FAPEL travaille -
jette deux, trois chaudières de sable dans son tac. Ne craignez pas, on
se fait tomber dessus et on n'a pas le droit de le faire, mais des villes ont
le droit! Ce n'est pas parce que les gens ont toujours fait cela au niveau du
Saint-Laurent qu'il faut continuer à le faire. Les remblais, quels
qu'ils soient, sont mauvais pour l'écologie et pour la survie des cours
d'eau autant que pour la survie des lacs. Si le ministère de
l'Environnement ne peut pas prendre cette position, je pense qu'on est aussi
bien de changer et d'essayer de former un ministère de la
conservation.
Pour la Loi sur la qualité de l'environnement, on était
là quand elle a été faite. On a présenté un
mémoire, on a été bien déçus que la loi,
à ce moment-là, ne couvre pas du tout la protection de la nature.
Peut-être que, s'il y avait eu un volet sur la protection de la nature,
il y a cinq ou six ans, on ne se retrouverait pas dans le dilemme où on
est aujourd'hui. De toute façon, il n'y en avait pas, mais la Loi sur la
qualité de l'environnement vous a quand même donné, M. le
ministre, des pouvoirs de réglementer. C'est parfait et on est bien
contents de cela. Vous avez réglementé sur la pollution
industrielle et je ne veux pas discuter si les règlements sont
appliqués ou non. Ce n'est pas de cela que je veux discuter
aujourd'hui.
Vous avez fait des règlements sur la pollution industrielle, il y
en a eu un sur les installations septiques, il y en a eu un sur la production
animale, il y en a eu un sur votre bébé chéri,
l'assainissement des eaux, il y en a eu un sur les canettes, il va y en avoir
sur les fumeurs, sur toutes sortes de choses. Pourquoi pas sur les rives?
Pouquoi pas un règlement-cadre sur les rives? Vous avez le pouvoir de le
faire. C'est votre responsabilité. On n'a rien contre le projet de loi
6. On trouve qu'il vient trop vite. Il donne des pouvoirs aux
municipalités de faire ce qu'elles veulent avant que vous, vous ayez
dit: Cela va être fait comme ça. Vos guides, on ne peut pas s'y
fier. On l'a vue, on l'a vécue, l'expérience. Si c'est si beau,
les habitats fauniques - vous nous disiez tout à l'heure que l'on va
avoir une loi sur les habitats fauniques - pourquoi est-ce qu'on est si
pressé d'adopter le projet de loi 6? Pourquoi est-ce si urgent? Cela ne
vous empêche pas d'assainir les eaux. Est-ce que c'est pour le projet
Archipel, pour nous le
faire avaler plus facilement, pour nous donner des parcs, pour qu'on
puisse dire: La population n'a rien à dire, on lui a donné des
parcs? Parce que, comme c'est là, les municipalités ne peuvent
pas faire ce qu'elles veulent, parce qu'il y en a trop qui ont adopté
des règlements pour la protection de leurs rives, grâce à
FAPEL et à votre direction de l'aménagement des lacs et des cours
d'eau. Pourquoi? Quelle est l'urgence? C'est cela qu'on ne peut pas comprendre.
(17 h 15)
Le projet de loi 6 est là. Il était là le 6
décembre et il était urgent, urgent. Il est encore urgent, vite
il faut l'adopter. Mais on ne fait pas un gâteau sans avoir les
ingrédients; vous ne les avez pas, les ingrédients. Parce que
votre loi 6, elle devrait exister, M. le ministre, on est bien d'accord avec
vous que cela leur prend des pouvoirs. Mais cela prend des normes
environnementales. Les raisons pour lesquelles on est si alarmé? C'est
qu'on regarde le lac Saint-Pierre, Longueuil, les îles de Boucherville,
Kamouraska, l'égout collecteur de la CUM, les sites toxiques, et j'en
passe. Vous voulez qu'on ait confiance à un guide? Merci.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre.
M. Ouellette: Merci, M. le Président. J'ai presque envie
de répondre à Mme Lepage, quand elle nous dit: Pourquoi faut-il
adopter ce projet de loi, aujourd'hui? C'est peut-être parce qu'on n'a
pas envie de se faire dire dans six ans qu'on aurait dû l'adopter il y a
six ans.
Mme Lepage: Mais elle vient après la
sécurité des habitats fauniques....
M. Ouellette: Non.
Mme Lepage:... après la sécurité des rives.
Oui, M. le ministre.
M. Ouellette: Ce que j'ai dit, Mme Lepage, c'est fort simple. Au
printemps, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
qui est responsable de la section de la faune, qui a préparé un
projet de règlement, va le soumettre à la consultation publique
et il va s'occuper de ce volet qui relève de sa juridiciton.
Le ministère de l'Environnement travaille, actuellement, avec le
MLCP, avec le ministère de l'Agriculture, avec le ministère de
l'Énergie et des Ressources et avec lui-même, bien sûr, pour
faire en sorte qu'on obtienne une politique cohérente. Cette politique
cohérente ne sera pas nécessairement un projet de loi unique qui
va traiter à la fois de la faune, de la gestion de la forêt, de la
gestion du milieu agricole, de la protection du milieu hydrique ou de la
protection des rives. On risque fort de se retrouver avec des lois dans chacun
des ministères où se retrouve la juridiction. Mais ce à
quoi nous travaillons, actuellement, c'est une concertation pour assurer une
cohérence, tout en respectant la juridiction de chacun des
ministères.
On m'a parlé de la faune, ce matin; j'ai dit que M. Brassard
ferait la consultation sur le volet de la faune. Quant au reste, nous sommes
à la table de concertation interministérielle pour faire surgir
les autres éléments de cette politique globale. Tout cela va
être terminé ce printemps, à peu près en même
temps où le programme Berges neuves commencera à s'appliquer.
Mais vous reconnaîtrez avec moi qu'on est 30, 40, 50 ans en
arrière, que des dégâts ont été commis. Si on
attend que tout soit réparé avant de passer à l'action, on
va se faire dire, dans 20 ans: Que c'est donc dommage que, en 1985, le
gouvernement ne s'en soit pas occupé; tout comme on se fait dire: Qu'il
est donc regrettable que le gouvernement Lesage n'ait pas mis en application le
programme d'assainissement des eaux. Cela se tient. Oui, je veux bien croire
qu'il aurait été souhaitable que, en 1960, on ait
procédé à l'assainissement des eaux; mais, à la
décharge de ces gouvernements, je dis qu'ils avaient d'autres
problèmes, d'autres priorités et qu'ils les ont
réglés au cours des 20 années qui ont suivi. Alors, on
prend les choses telles qu'elles se présentent à nous.
Nous disons qu'il n'est pas nécessaire, à ce stade-ci,
compte tenu de ce qu'on retrouve dans Berges neuves, d'attendre que toute la
législation nous soit tombée du ciel pour commencer è
nettoyer des rives. D'ailleurs, cela m'étonne un peu, puisque FAPEL
s'est donné une réputation très enviable sur le plan
québécois, parce que, depuis au moins dix ans, elle effectue des
travaux sur les berges. Elle fait du reboisement, de la
régénération, de la consolidation là où
c'est nécessaire, tout cela sans loi, alors qu'on se retrouve, dans
certains cas, avec la situation exactement inverse, comme à Longueuil,
où il existe une loi que vous nous réclamez. Mais elle est
là, la loi. Il y a un règlement, également, qui
découle de cette loi, qui s'appelle le règlement sur les
études d'impact. Vous nous dites: Cela n'a pas de bon sens, il nous faut
une loi, mais nous l'avons la loi. À ce moment, vous nous dites: Cela
n'a pas de bon sens que le ministère de l'Environnement daigne
même s'arrêter et permettre que quelqu'un ose penser à
quelque chose comme un remblaiement, parce que, pour vous -vous l'avez
affirmé clairement - le remblaiement ne se peut nulle part et en aucun
temps.
Si vous, vous avez décidé que
désormais, au Québec, il n'y aurait plus jamais de
remblaiement pour quelque raison que ce soit, libre à vous de penser
à cela, mais moi, je ne pense pas comme cela et je suis certain que
personne autour de la table ici ne pense comme cela. Il peut toujours arriver
des circonstances où il faille remblayer et où ce soit bon de le
faire, si, bien sûr, en le faisant, on prévoit des mesures de
mitigation pour annuler les effets négatifs du remblaiement et
peut-être augmenter la qualité de la rive.
Il y a des gens à Longueuil qui pensent, figurez-vous, qu'on
n'aurait pas dû faire la route 132 il y a 20 ans et que, ce faisant, on a
volé les rives et que les rives ne sont pas dans un bon état,
qu'elles sont laides et qu'elles sont inaccessibles aux gens là-bas. Ils
souhaiteraient que la municipalité profite des travaux d'assainissement
pour y déverser le roc qu'elle aura sorti d'un tunnel, m'a-t-on dit, et
ce faisant, pour améliorer la qualité des rives tout en
permettant aux citoyens d'y avoir accès.
Ce n'est pas votre point de vue, je le respecte, mais leur point de vue
aussi, je me dois de le respecter. C'est pourquoi la Loi sur la qualité
de l'environnement dit: Études d'impact et audiences publiques. À
ce moment, les gens pourront faire valoir leur point de vue. Je regrette que
FAPEL ne profite pas de cette occasion, parce que c'est presque une
première, où on pourra peut-être faire école
là-dessus et faire en sorte que désormais il soit très
difficile de faire des empiétements. La loi le prévoit, elle est
là, servons-nous-en, ne la boudons pas. Parce que, si on boude nos lois,
cela ne sert à rien d'en faire.
Mme Lepage: M. Ouellette, ce qu'on vous demande, c'est pourquoi
vous adoptez des règlements dans différents domaines et que vous
vous opposez à adopter un règlement pour la protection des rives.
On n'est pas contre le projet de loi 6. Peut-être que c'est à M.
Marcoux que je devrais poser la question. Pourquoi l'urgence du projet de loi
6? Si vous êtes capable d'accepter que les berges du Québec ne
soient pas protégées par une loi-cadre... C'est bien sûr
qu'il y a des gens comme nous qui sont en train de donner leur vie à ce
genre de choses, mais ça ne peut pas être fait partout. Cela ne
peut pas être fait dans tous les lacs au Québec. Cela peut
être fait partout où on est, mais ce n'est pas toujours la
même chose.
On a parlé des municipalités, ce ne sont pas toutes les
municipalités qui nous écoutent. Ne vous imaginez pas qu'on est
Dieudonné pour elles. Vous le savez qu'on a des problèmes avec
les municipalités et on ne demande pas mieux qu'elles aient des
pouvoirs. Ce qu'on ne comprend pas, c'est pourquoi vous vous opposez à
avoir un règlement-cadre protégeant les rives surtout et avant
tout, parce que le projet de loi 6 est là avant que ce règlement
arrive.
M. Ouellette: Mme Lepage, je ne m'oppose pas à ce qu'un
tel règlement soit adopté, mais comprenez donc avec moi que cela
ne peut pas être le résultat d'une action unilatérale d'un
seul ministère lorsqu'il y a plusieurs ministères
d'impliqués, lorsqu'il y a le monde municipal d'impliqué et
lorsque les citoyens... Ce que je veux, c'est un règlement qui soit
cohérent avec la protection de la faune, cohérent avec la
pratique agricole, cohérent avec la gestion de la forêt et les
coupes, entre autres. Je veux avoir quelque chose qui fasse
véritablement le chapeau et qu'on n'en parle plus, mais qu'on ait entre
les mains autant de pièces de législation cohérentes qu'il
le faut pour s'assurer qu'une fois pour toutes le milieu aussi bien des rives
que le milieu hydrique soient éternellement protégés si
possible.
Je vous répète qu'on ne pourra pas mettre dans une telle
pièce de législation une affirmation aussi catégorique que
celle que vous avez faite, à savoir que désormais les remblais,
ce n'est pas possible. Il va falloir laisser des portes...
Mme Lepage: J'imagine qu'à une occasion spéciale,
à un cas donné, cela pourrait être étudié.
Mais là, ce n'est pas cela qu'on fait. On donne les pouvoirs aux
municipalités de faire ce qu'elles veulent, sans norme. C'est cela qu'on
fait. Si vous vous promenez sur les lacs des Laurentides et des Cantons de
l'Est, on sait ce que peuvent faire des municipalités. Installer une
marina sur le bord d'un lac, c'est payant, cela aide et les
municipalités sont toutes pauvres, vous le savez. S'il n'y a pas des
normes pour dire comment installer cette marina, qu'est-ce que vous pensez
qu'elles vont faire? Elles t'ont fait avec les coupes de bois. Le
ministère de l'Énergie et des Ressources continue à couper
tout près de nos lacs. Il n'est pas supposé le faire. Avez-vous
lu le guide d'aménagement du ministère de l'Énergie et des
Ressources? Lisez-le, c'est une beauté. Avez-vous lu le document du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche sur le projet
national d'archipel de M. Brassard? C'est fantastique. On ne permettra pas les
remblais, on ne touchera pas aux plaines d'inondation, on ne fera pas ci, on ne
fera pas ça. On se retourne et, le lendemain, vous voyez ce qu'on nous
propose pour Longueuil.
Je ne vous dis pas que des remblais, c'est un jamais catégorique;
cela devrait toujours être défendu et proscrit à vie
à moins de cas spéciaux, et ce sont ces cas que vous
étudierez un à un; ce ne sont pas des cas comme Longueuil ou les
rapides de
Lachine, ces cas où vous dites: On les prendra un par un. Vous
avez fait des règlements à l'intérieur de la loi, vous
avez bien fait ces règlements et on ne peut pas comprendre pourquoi les
rives ne peuvent pas être considérées aussi importantes que
des canettes ou n'importe quel autre règlement que vous avez fait.
M. Ouellette: J'aime votre "à moins que", il me rassure un
peu. Je voudrais aussi relever une autre affirmation qui m'a quelque peu
frappé. Vous dites, à un moment donné - je ne sais pas,
les pages ne sont pas numérotées - qu'à toutes fins utiles
la première chose que j'ai faite en arrivant au ministère de
l'Environnement, cela a été de couper le programme des berges -
le programme que vous utilisez dans votre travail - de 200 000 $. Je vais vous
dire une chose. C'est vrai qu'on a coupé de 200 000 $ votre programme,
c'est vrai que cela avait été fait l'année d'avant par M.
Léger, et tout cela dans un contexte de restrictions budgétaires
et de coupures de dépenses gouvernementales. Il était normal que,
malheureusement, vous passiez par là vous aussi. Mais, aujourd'hui c'est
peut-être regrettable, mais on ne pouvait pas faire autrement - on
dégage un montant de 170 000 000 $ étalé sur trois ans
qu'on met à la disposition de tous les citoyens du Québec pour
réaliser des travaux qui vont exactement dans le sens de ceux qui ont
toujours été faits par FAPEL; c'est 170 000 000 $ et cela
commence à être de l'argent et c'est pas mal mieux que 200 000 $.
Il n'y a rien qui empêche toutes les associations de lacs de venir puiser
dans le programme Berges neuves et de combler très largement les 200 000
$ dont vous avez été les victimes au niveau des coupures. Je
comprends mal. C'est bien beau 200 000 $, mais venez chercher notre programme
Berges neuves, vous allez pouvoir en faire du reboisement, de la
régénération, de la consolidation de rives là
où il le faut, etc.
Il y a un autre problème que vous ne soulevez pas. Il arrive
souvent que vos associations de lacs connaissent des problèmes de fosses
septiques. C'est facile de déceler les problèmes, c'est facile de
faire l'étude et de dire que c'est le réseau de fosses septiques
qui ne fonctionne pas. Mais le terrain étant de telle nature, il n'est
pas possible de faire des champs d'épuration dans tel lac ou tel tour de
lac ne pourra trouver son état normal que si on y implante un
réseau d'égout; le PAIRA, malheureusement, ne tient pas compte ou
tient compte de trop de densité, etc. Cela fait longtemps que je
travaille auprès de mes collègues - à l'époque
où j'étais député, je le faisais - pour obtenir que
le PAIRA soit modifié un jour pour permettre de régler les
problèmes environnementaux autour de ces lacs. J'en ai parlé
à mon collègue et il pourra peut-être vous en dire plus
long. Nous allons dans ce sens, dans le sens que vous ayez accès
à de grands programmes pour réaliser des choses qui vont dans le
sens de vos aspirations. Dans Berges neuves, il y a une foule de choses qui
peuvent vous intéresser, j'en suis sûr, mais venez les chercher
ces montants, c'est pour vous.
Mme Lepage: Est-ce qu'on peut revenir au programme Berges neuves?
J'aimerais laisser M. Roy vous en parler.
M. Roy: M. Ouellette, j'ai vécu la transition et le
changement de ministres à l'Environnement, j'étais à FAPEL
quand cela s'est fait. Je vous ai vu arriver avec une hache, c'est pour cela
qu'on parle de rogner dans les budgets du programme des lacs. Encore cette
année, vous venez couper - non pas un gros montant - 35 000 $ au
programme des lacs. Vous donnez 170 000 000 $; on le fait gratuitement et
bénévolement; nos arbres, quand on les plante, c'est Clin Clin
qui les plante sur son terrain, cela ne coûte pas un sou, il le fait
gratuitement et, quand il le plante lui-même chez lui, on n'y touche plus
après. Mais, si c'est n'importe qui qui plante n'importe quoi n'importe
où, cela va être à couper après et cela va à
être à retoucher. On le fait bénévolement,
gratuitement. Prenez ces montants et donnez-les ailleurs au programme. Ne les
donnez pas à des citoyens qui vont les couper deux jours après ou
qui vont passer dessus. Il faut sensibiliser les gens et il ne faut pas le
faire en payant. On le fait depuis dix ans, on en plante chez nous 12 000 par
année, depuis quatre ans. Je plains le chrétien qui va passer
dessus. Où allez-vous prendre vos plants? Qu'est-ce que vous allez
planter? On a un programme et vous avez, dans votre ministère, un
programme d'études de renaturalisation: à tel lac, c'est telle
chose qu'on plante. Aidez donc votre programme à nous aider, nous. Ce
serait bien plus clair; au lieu de couper (à, donnez-leur les pouvoirs,
l'argent, les moyens de nous aider, mais ne payez pas l'association, on est
bénévole, on est prêt à le faire. (17 h 30)
M. Ouellette: On met à votre disposition, et cela
s'applique aux associations qui font partie de votre fédération,
170 000 000 $ pour faire les travaux qui sont énumérés
dans le cadre du programme. Ce qui veut dire que vous pourrez avoir
accès à ces sommes d'argent.
Quant aux 35 000 $ de coupure à laquelle vous faites allusion,
c'est une fausse coupure puisque les études hydrauliques vont être
faites désormais par le ministère de l'Environnement qui a le
personnel compétent. Au lieu de donner des contrats à
l'extérieur, étant donné qu'on a le personnel, on
va faire effectuer ces études-là; ce qui n'affectera en rien
votre budget puisque vous n'aurez pas à payer à
l'extérieur ce qu'on peut faire à l'interne. Il y a une totale
concordance. Je vous le répète, nous avons de l'argent comme il
n'y en a jamais eu dans ce volet et vous devriez, je pense, vous mettre au
travail, le plus vite possible. On va vous remettre les guides. Vous pourrez
les comparer à ce que vous faites, à ceux que vous suivez
actuellement. S'il y a des lacunes, vous nous le dites, on les corrige, on
s'entend et on met tout le monde à l'action en même temps, pas
uniquement les associations de lacs, mais tous les résidents en bordure
de cours d'eau au Québec. Je pense que l'Environnement va marquer un pas
rapide, très important et dans la bonne direction.
M. Roy: Où je ne comprends pas...
M. Saintonge: Une question sur le débat, M. le ministre.
Quand on parle de guides techniques qui vont s'appliquer au niveau des
programmes, je comprends qu'une municipalité pourra s'entendre avec une
association quelconque. Les intéressés contactent la
municipalité, ils veulent faire tel genre de travaux. On s'adresse au
ministère, on dit: Vous nous financez les deux tiers des travaux, la
municipalité en finance le tiers, mais à condition que vous
respectiez nos guides.
Ma question supplémentaire est la suivante. On a un pouvoir
habilitant qu'on va donner par la loi 6 aux municipalités. C'est ce qui
m'inquiète beaucoup. Je veux dire que le projet de
règlement-cadre serait important, parce que la municipalité qui
décide de ne pas entrer dans le programme Berges neuves, qui
décide de ne pas demander au ministère de l'Environnement les
deux tiers de subvention qui peuvent lui être alloués
là-dessus, à quoi est-elle soumise actuellement, si vraiment,
comme FAPEL le mentionne, il n'y a pas de règlement sur la question de
la protection des rives? Vous donnez un pouvoir habilitant aux
municipalités de faire tel genre de travaux; à ce moment, une
municipalité pourrait, dans le cadre de règlements d'application,
donner la capacité de faire des interventions à quelqu'un sur son
littoral, sur les berges où une municipalité est située,
mais sans entrer dans le cadre, tout n'étant pas soumis à des
normes techniques. À quoi vont-elles être soumises? C'est
ça ma question.
Une voix: À la loi.
M. Saintonge: II n'y a pas de règlement. Je vais
être soumis è la loi sur l'environnement, mais s'il n'y a pas de
règlement comme tel pour obliger à respecter telle ou telle
norme. C'est ça la question que je me pose, fondamentalement. Elles ne
seront donc soumises à rien. Vous n'avez pas mentionné... Disons,
ce que FAPEL a dit là-dessus, qu'il n'y a aucun règlement
adopté à ce jour, en vertu de la Loi sur la qualité de
l'environnement, en ce qui concerne la protection des rives et du littoral des
lacs et des cours d'eau. Est-ce qu'il en existe? Il me semble qu'il n'en existe
pas. S'il en existe, de quelle façon sont-ils appliqués?
M. Ouellette: C'est au niveau municipal, je vais laisser à
M. Marcoux le soin de vous répondre.
M. Saintonge: Je m'excuse! On parle d'environnement, on ne parle
pas du ministère des Affaires municipales. On parle d'une loi....
M. Ouellette: La loi 6, c'est une loi des Affaires municipales,
à moins que je ne sois complètement dans l'erreur.
M. Saintonge: Je vous parle actuellement au niveau de
l'environnement. Est-ce qu'il existe une loi...
M. Marcoux: Je vais répondre à la question
de...
M. Saintonge:... un règlement au niveau de l'environnement
là-dessus?
M. Ouellette: M. Marcoux va vous donner la réponse.
Une voix: II est embêté.
M. Ouellette: Je ne suis pas embêté du tout, j'ai le
texte sous les yeux.
M. Marcoux: Je ne suis pas embêté du tout, ni le
ministre de l'Environnement, sauf qu'il y a une chose qui existe; c'est qu'il y
a une très grande concertation entre le ministère des Affaires
municipales et le ministère de l'Environnement depuis plusieurs
années et spécialement depuis la mise en oeuvre de la loi sur
l'aménagement, la loi 125.
Vous savez qu'il y a eu une opération. La première
opération a été de mettre en oeuvre des règlements
de contrôle intérimaire. Ce qu'on a demandé à toutes
les municipalités régionales de comté, c'est
d'intégrer à ces règlements de contrôle
intérimaire, sans quoi ils étaient désavoués, les
règlements de l'Environnement, par exemple, sur la grandeur des terrains
pour lotir, que ce soit pour installer des fosses septiques ou pour le puits
artésien, etc., tenant compte des terrains plus grands, si
c'était sur le bord des lacs, des cours d'eau,
que si c'était dans un village, etc. On a obligé les
municipalités régionales de comté à intégrer
dans les règlements de contrôle intérimaire ces normes qui
n'étaient pas nécessairement réglementaires, à ce
moment-là, au ministère de l'Environnement. Une de ces
normes-là, qui contredit l'affirmation que vous avez faite tantôt
selon laquelle le ministère des Affaires municipales ou de
l'Environnement n'avait porté aucune exigence aux municipalités,
c'est la bande de dix ou de quinze mètres en bordure des cours d'eau et
des lacs qui a été introduite obligatoirement dans tous les
règlements de contrôle intérimaire des municipalités
régionales de comté, sans quoi leurs projets de règlement
étaient désavoués.
Alors, c'est faux de dire, comme vous l'avez indiqué tantôt
lors de la présentation de votre mémoire, qu'il n'existe pas de
réglementation au niveau municipal protégeant les berges et les
rives. Il y en a une qui est intégrée aux règlements de
contrôle intérimaire. Les municipalités qui
présenteront, dans le cadre du programme Berges neuves, des projets
d'aménagement des cours d'eau, des rives, etc., devront respecter les
règlements de contrôle intérimaire. Compte tenu de la
nature des projets, elles pourront proposer des modifications à ces
règlements de contrôle intérimaire qui devront être
ratifiées par le ministre des Affaires municipales à la suite de
la consultation qui est faite auprès du ministère de
l'Environnement. Il est complètement faux de dire, sous forme de
question - comme l'a indiqué le député de Laprairie -
alors que c'était sous forme d'affirmation en ce qui vous concerne, Mme
Lepage, qu'il n'y a pas de norme gouvernementale qui s'applique pour la
protection des rives et des berges. Â ceci s'ajoutera le guide
d'interventions qui sera donné à chacune des municipalités
du Québec et aux municipalités régionales de comté,
comme la Communauté urbaine de Québec et celle de
Montréal, lors de l'élaboration de leurs projets pour tenir
compte de mesures supplémentaires qui sont indiquées pour
l'approbation, pour concevoir leurs projets. Les projets, un à un,
devront recevoir l'approbation du ministère de l'Environnement qui verra
si ce guide d'application est respecté. Quant au règlement de
contrôle intérimaire, il sera respecté obligatoirement.
Quant à la question municipale, il y a une autre chose que je
voudrais corriger qui est fausse. Vous avez dit que les municipalités du
Québec étaient pauvres. Les municipalités du Québec
sont en excellente santé financière. Je vais vous donner quatre
chiffres qui l'indiquent. Leur taux d'endettement a diminué de 26% dans
les quatre dernières années. Il est passé de 5, 75 $ des
100 $ d'évaluation à 4, 50 $ des 100 $, une baisse de 26% du taux
d'endettement des municipalités. Un deuxième chiffre. Les surplus
accumulés des municipalités sont passés de 150 000 000 $
à 389 000 000 $ dans les trois dernières années. Une autre
indication. La part consacrée au service de la dette par les
municipalités est restée, malgré les taux
d'intérêt de 22% et 25% des dernières années,
à 23% et à 25% dans le budget des municipalités. Ce qui
signifie que les municipalités sont en excellente santé
financière; les municipalités du Québec ne sont pas
pauvres. C'est pourquoi le gouvernement ne s'est pas gêné pour
faire appel à elles dans le cadre du plan de relance de
l'économie du Québec adopté à Compton, soit pour
l'assainissement des eaux, en apportant une contribution supplémentaire
de la part du gouvernement du Québec de 80% à 90% des travaux
faits jusqu'au 31 mars 1986, et également en leur demandant de
s'impliquer dans un autre programme qui a d'autres objectifs, le programme de
revitalisation des centres-villes.
Une autre chose que je voudrais noter dans votre mémoire, c'est
un paradoxe. Vous dites: Durant dix ans, on a travaillé sans pouvoir
réglementaire, simplement par le pouvoir de conviction et on a convaincu
environ 400 municipalités du Québec de mettre dans les
règlements municipaux, dans les règlements de lotissement, de
construction, etc., des règlements protégeant les berges et les
rives. Par ailleurs, à écouter toute votre argumentation, c'est
un témoignage de non-confiance face aux municipalités du
Québec. Je ne vois pas comment, dans le même discours, on peut
dire: Nous avons travaillé bénévolement - ce que tout le
monde reconnaît et applaudit -durant une dizaine d'années à
convaincre municipalité par municipalité de protéger les
berges du Québec, de rendre les eaux accessibles en protégeant
l'environnement et en protégeant la faune, etc., et dire: On a convaincu
400 municipalités de le faire. Alors qu'aujourd'hui le gouvernement du
Québec veut que les municipalités s'impliquent davantage, il a,
à travers la Loi sur l'aménagement, à travers les
règlements ou les directives de l'environnement que nous avons
obligé les municipalités à' intégrer au
règlement de contrôle intérimaire et toutes les autres lois
qui existent, soit de l'Environnement ou soit du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche... Ces règlements qui s'appliquent au monde municipal, les
projets élaborés dans le cadre de la mise en valeur du milieu
aquatique devront respecter l'ensemble de ces règlements et l'ensemble
des lois. Les projets qui seront acceptés par le ministère de
l'Environnement seront assujettis et vont obliger à respecter ces lois
qui existent déjà. Il y a un ensemble, il y a un contexte qui
fait qu'entre la confiance face au succès que vous avez eu durant
plusieurs années de convaincre les municipalités de
respecter les berges et, d'autre part, la crainte que vous avez, plus que la
crainte, parce que, si je reprenais vos propos, c'est plus que de la crainte,
c'est de la méfiance qui, je crois, n'est pas justifiée face
à l'ensemble des municipalités du Québec... Je comprends
qu'il y a une discordance entre les succès que vous avez obtenus et les
résultats. Ce que je ne voudrais pas y voir - là je voudrais
entendre commenter - ce que je ne voudrais pas y voir, mais ce que j'y sens,
c'est que, malgré le fait que vous souhaitiez une réglementation
plus forte, un règlement-cadre, une loi, etc., dans le fond, ce qui
s'est passé depuis quelques années, c'est qu'on a dit: Ce n'est
peut-être pas suffisant le bénévolat, ce n'est
peut-être pas suffisant la conviction, on va y ajouter des lois et des
règlements. C'est fait en grande partie, il faut le reconnaître.
Cela fait partie des règlements de contrôle intérimaire qui
s'appliquent dans les municipalités régionales de comté.
Je ne comprends pas du tout votre attitude de confiance aux
municipalités, d'une part, et, d'autre part, d'extrême
défiance face aux municipalités.
Je peux vous dire, en tant que ministre des Affaires municipales - je
suis convaincu de parler au nom du gouvernement - qu'on est suffisamment en
contact avec le monde municipal depuis des années pour voir que,
même face à la protection de la qualité de la vie, face
à la qualité de l'environnement, les esprits ont aussi
évolué. Il n'y a pas seulement dans les organismes qui, depuis
des années, s'occupent de protection de l'environnement que les esprits
ont évolué. Il n'est pas dit que ce soit toujours par
réglementation et par des pouvoirs législatifs qu'on peut
atteindre des objectifs.
L'argumentation que vous développez suppose que c'est seulement
par des arguments législatifs ou des arguments réglementaires
qu'on peut arriver à ces fins de protection de l'environnement ou de
conscientisation du milieu municipal et des groupes de citoyens à la
protection de l'environnement. Nous, ce qu'on dit, et je pense que c'est plus
réaliste, c'est qu'il n'y a pas un seul moyen, il n'y a pas un seul
truc, il n'y a pas une seule façon d'en arriver à protéger
l'environnement. Cela prend des lois, cela prend des règlements. Mais il
y a des choses qui ne seront jamais faites par règlement ou par loi et
qui vont être faites par incitation. Tant mieux si on n'est pas
obligé de tout réglementer, parce que là aussi il y a un
paradoxe. C'est que tout le monde au Québec dit qu'il y a trop de
règlements, il y a trop de réglementations, que le gouvernement
sorte de ci, abolisse tel règlement, etc. Chaque groupe vient nous voir
en disant: Je veux ma loi, je veux mes règlements et je veux tant
d'inspecteurs pour les appliquer. En même temps, on veut qu'il y ait
moins d'inspecteurs partout. Nous, on n'a pas de doctrine idéologique,
on ne voit pas cela comme une religion. On pense qu'il y a à la fois des
moyens législatifs, des moyens réglementaires, mais il y a aussi
des moyens éducatifs et des moyens de persuasion. C'est l'action du
ministère de l'Environnement telle que je la vois depuis huit ans.
À partir du moment où il y a eu un ministère de
l'Environnement, on n'a pas dit: Les groupes bénévoles, on va
renier leur rôle. Au contraire, je me souviens très bien du
prédécesseur de M. Ouellette qui disait qu'il devait y avoir 6
000 000 de protecteurs de l'environnement au Québec.
On n'a pas essayé de diminuer le rôle de FAPEL ou le
rôle d'autres groupes de conseils régionaux de l'environnement
comme il en est né dans ma région et dans d'autres
régions. On n'a pas essayé de diminuer le rôle et
l'importance des groupes bénévoles, des comités de
citoyens ou des comités populaires qui s'occupent de la protection de
l'environnement, mais on a dit: On va prendre notre responsabilité, pour
une part, qui est l'aspect de la législation et l'aspect
réglementaire. Là s'ajoute un moyen financier fort incitatif qui
va véritablement permettre de commencer à régler le
problème de la qualité de la vie, de la qualité de
l'environnement des berges. Je pense qu'en ce sens-là l'attitude du
gouvernement est plus polyvalente, elle est plus complexe, je l'admets, mais la
réalité est complexe dans cela. Je ne pense pas qu'il y ait un
seul moyen pour régler tous ces problèmes.
Mme Lepage: M. Marcoux, je suis bien d'accord avec tout ce que
vous avez dit. C'est vrai qu'il y a un règlement au niveau des
règlements intérimaires, sauf qu'aujourd'hui dans la
municipalité...
M. Marcoux:... tantôt.
Mme Lepage: Non, non, ce que je veux dire, c'est...
M. Marcoux:... parce que le document que vous avez montré,
c'est un document...
Mme Lepage:... peut-être à l'intérieur, mais
dans la municipalité du petit lac Nominingue où je suis, la
municipalité de comté, ils ne font rien avec eux. C'est ma
municipalité qui mène et, tant que cela va être ma
municipalité qui mène, la municipalité régionale
n'a rien è dire. Il faut qu'elle lui demande la permission avant. Je
vous le dis dans les faits. Il y avait des gens qui coupaient des arbres sur
des îles de Sorel - je m'occupe aussi des îles de Sorel -on a
regardé et c'est vrai qu'ils n'avaient
pas le droit de les couper. On est allé voir et la
municipatîté régionale a dit: On ne se mêle pas de
cela maintenant. Gela commence. C'est vrai que ça commence, c'est vrai
que ce n'est pas tout mis en application, mais ce qu'on dit, c'est que, autant
on a pu avoir de succès avec des municipalités, autant les
règlements se changent. (17 h 45)
Regardez ce qui est arrivé avec tout le dossier des embarcations
motorisées; je ne veux pas l'expliquer en détail. La minute que
ça a été dit en cour que ce n'était pas nos
affaires, le provincial, tous les règlements sur les embarcations
motorisées, même si c'était une diminution de vitesse dans
les 200 premiers pieds, sont tombés à l'eau. Us auraient pu les
garder, parce qu'on n'empêchait pas les embarcations motorisées;
on leur demandait de diminuer la vitesse.
Ce règlement, selon ce que vous dites, qui est allé...
Nous autres, on a l'impression qu'on a quelque chose à faire avec, parce
qu'on est allé à tellement de réunions des programmes;
quand ils ont voulu savoir de quoi il s'agissait dans toutes les
régions, tout le monde était bien d'accord. C'est vrai qu'ils
l'ont mis dedans, sauf que ce n'est pas une loi; comprenez-vous? Ce n'est pas
applicable aujourd'hui. On se demande - aussi vrai que votre loi 6 est
là, on n'a pas encore la réponse - pourquoi l'urgence. Pourquoi
est-ce qu'on est obligé de voter cette loi avant de s'assurer que les
berges sont protégées? Elles ne sont pas
protégées.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Laprairie, ce serait votre tour, si vous avez une intervention.
M. Saintonge: Mme Lepage, ce qui m'a frappé, c'est quand
vous dites que le ministre ne réussit pas à faire respecter la
Loi sur la qualité de l'environnement, en ce qui concerne la pollution
industrielle, la pollution agricole et les plaines d'inondation du lac
Saint-Pierre.
Est-ce à dire que, dans la Loi sur la qualité de
l'environnement comme telle, è ce niveau-là, il n'y a pas de
possibilité pour le ministre de mettre en application des poursuites ou
quoi que ce soit? Il y en a, des possibilités.
Mme Lepage: II y a des possibilités dans certains
domaines, pour les déchets toxiques, par les lois qu'on a votées,
mais il n'y en a pas pour la protection des rives. S'il y en avait eu une pour
le lac Saint-Pierre, je ne suis pas sûre que M. Garon aurait
écouté. Mais là, je ne veux pas ouvrir le débat
entre M. Garon et les autres ministres; d'accord? Mais, pour le lac
Saint-Pierre, si on avait eu une loi sur les plaines d'inondation... On nous
dit: Cela n'a pas d'allure; on n'est pas pour enlever ça. Cela
coûterait trop d'argent; il ne faudrait pas enlever ça aux
agriculteurs. Mais, tout le domaine des plaines inondables, on n'est pas pour y
aller cas par cas et dire: D'accord, celui-là, on va le
régler.
Ce n'est pas compliqué. Vous allez me dire: Tu demandes encore
une toi. Mais il reste quand même que, dans des domaines, il faut une
loi. Il faut s'empêcher de construire dans la plaine d'inondation si on
veut conserver nos fleuves, nos rivières et nos lacs. L'environnement,
ça me fait un petit peu penser à la santé; c'est un choix.
Cela coûterait bien moins cher, laisser mourir le monde, ne pas avoir
d'hôpitaux, ne pas avoir de docteurs et ne pas assumer tout ce que
l'assurance-maladie paie. Mais, on le fait parce qu'on a fait le choix d'avoir
du monde en santé. L'environnement, en exagérant un peu, c'est
peut-être un petit peu comme ça. C'est qu'on n'a pas fait le choix
de l'environnement, C'est vrai que ça coûte de l'argent, mais
est-ce qu'on va faire le choix ou si on le fera pas?
Cela a l'air qu'on ne le fait pas et on en revient toujours à la
même chose. Les rives du Québec ne sont pas
protégées au jour qu'on vous parle et on vous dit: Si vous avez
l'intention de les protéger, bravo! On est avec vous autres; on va vous
aider à le faire, mais ne votez pas la loi 6 avant de l'avoir fait.
M. Saintonge: Autrement dit, je dois comprendre que ce que vous
voulez, c'est que le ministère de l'Environnement coordonne les
interventions par une loi-cadre. Est-ce que c'est ça?
Mme Lepage: On veut une loi-cadre pour la protection des rives,
comme il y a une loi pour les installations septiques. Cela a passé
comme du beurre dans la poêle. Demandez à toutes vos
municipalités. Elles l'ont appliquée et il n'y a pas de
problème. Je ne vous dis pas qu'il y a des inspecteurs qui ne font pas
leur job. Je ne vous dis pas qu'il n'y en a pas qui se font acheter, pour
continuer à construire leur puisard. Il y en a toujours qui vont passer
sur les lumières rouges.
Mais, comme je vous dis, les plus grandes sources de pollution de l'eau
du Québec - je ne veux pas toucher au domaine industriel; vous allez en
entendre parler demain et il est bien plus "rough" que moi -au niveau des lacs,
si vous voulez, c'est le déboisement de la rive et la mauvaise
installation septique. On est presque arrivé à régler le
problème des installations septiques, parce qu'il y a finalement eu une
loi-cadre. On vous demande de faire la même chose pour les rives. Ce
n'est pas si malin.
M. Saintonge: À ce moment-là, vous seriez d'accord
avec l'avis qui avait été émis par le Conseil consultatif
de l'environnement sur la nécessité qu'une politique
d'encadrement forestier soit mise sur pied par le ministère de
l'Environnement et appliquée par le ministère de l'Environnement
à l'intérieur d'une loi-cadre?
Mme Lepage: C'est parce qu'à ce moment-là je peux
vous dire, vous pouvez voir... Je faisais partie de ce conseil consultatif. Il
le faut absolument, mais je ne veux pas prendre tous les problèmes
à la fois. On peut bien vous parler des coupes de bois; on peut bien
vous parler des déversements de fosses septiques, parce qu'il n'y a pas
de sites d'enfouissement sanitaire. Les gars vident la fosse septique et ils
vont jeter ça dans la rivière à minuit, le soir. Tu as
ça partout au Québec.
Mais, on va commencer par les avoir, les terrains d'enfouissement
sanitaire; au moins, le fait qu'il y a une loi, ça empêche... Tu
sais que c'est une lumière rouge; si tu es pris, tu vas être
"poigné", "tough luck". Si tu n'es pas pris, tant mieux. Mais, au moins,
ça empêche les trois quarts du monde de passer sur les
lumières rouges.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: Mme Lepage, j'aurais deux commentaires. Vous avez
réaffirmé indirectement qu'il n'y avait pas de
réglementation ou que, s'il y en avait une, elle n'était pas
respectée. J'ai encore reçu quelqu'un à mon bureau de
comté, lundi, qui me disait: À Saint-Simon, dans le comté
de Rimouski, lors des tempêtes qu'il y a eu l'automne passé, il y
a un quai en bois qui a été démoli sur le bord de la
plage. C'est un endroit de villégiature et, quand la personne a voulu
reconstruire ceci, elle ne pensait pas avoir à demander un permis, alors
elle a commencé. Au lieu de le construire en bois, elle a
décidé de le faire en ciment. Tout de suite, l'inspecteur de la
MRC des Basques, de Trois-Pistoles, est arrivé pour arrêter les
travaux et cela a pris de longues discussions. Finalement, ils ont reconnu son
droit acquis et que la reconstruction n'allait pas plus loin que le quai allait
auparavant. Donc, ils ont accepté la reconstruction. Je peux vous dire
que c'est partout comme cela au Québec. Les municipalités
régionales de comté font respecter les règlements de
contrôle intérimaire qu'elles adoptent et vous dites que cela ne
s'applique pas. Vous avez même dit que ce n'est pas obligatoire dans les
municipalités. C'est complètement faux. Les règlements de
contrôle intérimaire s'appliquent obligatoirement dans chacune des
municipalités.
Tantôt, vous avez identifié comme étant la
réglementation de FAPEL le projet de réglementation municipal
relatif aux rives et au littoral des lacs et des cours d'eau, qui est bien
identifié comme étant un document du ministère de
l'Environnement et qui a été repris. Sur 94 MRC, 70 MRC ont
repris textuellement ce projet de règlement. Quand aux 24 autres, elles
l'ont repris en l'adaptant à leur milieu et on a reconnu qu'elles
atteignaient par d'autres moyens les mêmes objectifs qui étaient
dans ce projet de règlement.
Quand vous dites qu'il n'y a pas de normes, qu'il n'y a pas de
règlements pour protéger les berges et les rives, c'est faux.
Quand vous dites que cela ne s'applique pas, c'est faux. Comme
député d'un comté, j'en ai encore un exemple. Dans mon
bureau de comté, lundi dernier, une petite paroisse...
Mme Lepage: Félicitations à cette MRC parce qu'elle
a fait sa "job".
M. Marcoux: Vous avez dit: Les règlements de
contrôle intérimaire ne s'appliquent pas dans les
municipalités; c'est faux.
Mme Lepage: Pas qu'ils ne s'appliquent pas; ils devraient.
M. Marcoux: Vous dites: Les municipalités
régionales de comté n'ont pas de règlement pour
protéger les berges et les rives. C'est faux. Il y en a 70 qui l'ont
pris tel quel; les 24 autres en ont pris des éléments ou l'ont
adapté à leur milieu, mais elles atteignent par d'autres moyens
les mêmes objectifs. La première chose, il faut s'entendre sur les
faits. Quand on dit qu'il n'y a pas de réglementation dans ce secteur,
c'est faux. On va ajouter à cela un guide d'application pour trouver les
meilleures formules. Les 10 ou les 15 mètres, ils sont dans les
règlements de contrôle intérimaire. Je pense qu'il faut
d'abord s'entendre sur les faits. Quand vous dites... Attendez.
Mon deuxième commentaire, c'est pour dire que je suis d'accord
avec vous quand vous avez dit: On ne peut pas régler tous les
problèmes en même temps. Vous avez dit cela tantôt. Je ne
peux pas être autrement que d'accord avec vous. Ce que vous souhaitez,
c'est qu'on règle tous les problèmes en même temps, le
problème agricole par rapport aux rives.
Cela fait 100 ans qu'on déboise jusqu'aux cours d'eau. Est-ce
qu'on va demander aux agriculteurs, du jour au lendemain, de planter 45 pieds,
15 mètres de boisés le long de vos cours d'eau? Non. Il faut
regarder cela un peu plus. Il faut regarder ce qui se passe aux
États-Unis, il faut regarder ce qui se passe en Ontario pour trouver des
formules qui, à la fois, permettent l'agriculture et protègent
le
déversement des eaux, etc., sur le bord des cours d'eau.
Lorsqu'on regarde le niveau forestier, là aussi on ne peut pas
régler tous les problèmes en même temps parce qu'il y a des
garanties d'approvisionnement qui sont données par le ministère
de l'Énergie et des Ressources et il y a certaines façons
traditionnelles d'effectuer des coupes de bois. H y a des aménagements
et il y a des améliorations à faire, on le reconnaît, mais
tout cela ne peut pas être réglé en même temps.
Ce que le gouvernement a décidé de faire, c'est de ne pas
attendre que tout cela soit réglé pour agir et permettre aux
municipalités d'améliorer le bord des rives et le bord des
berges. C'est le choix qu'on a fait. C'est sûr qu'on peut attendre
toujours des politiques globales, des études globales et des
règlements globaux, certes. On a déjà été
habitué a cela un bout de temps dans certaines sociétés ou
dans certains milieux et au Québec aussi. Ce qu'on a
décidé de faire plutôt, c'est qu'au fur et à mesure
qu'on est prêt à agir dans tel domaine, dans tel secteur, que ce
soit au niveau industriel, que ce soit au niveau des pluies acides, que ce soit
au niveau des sites d'enfouissement sanitaire, et vous pourriez tout aussi bien
que moi énumérer la liste des règlements... Je ne pense
pas qu'il y ait grand monde au Québec qui se plaigne d'une absence de
réglementation et ce, spécialement dans le secteur de
l'environnement. Mais, avant d'édicter de nouveaux règlements, il
faut ajuster nos flûtes avec les objectifs agricoles, les objectifs
forestiers et les objectifs de protection des rives. Ceci peut être fait
encore mieux dans l'avenir, mais ce n'est pas parce qu'il y a des
améliorations à faire que le point de départ de la
discussion doit être de nier le fait qu'il y en a des règlements
actuellement et qu'il y en a des lois qui protègent les berges et les
cours d'eau.
Mme Lepage: Est-ce que je peux poser une question à M.
Ouellette?
Le Président (M. Marquis): Oui, madame.
Mme Lepage: Vous m'avez dit qu'il y aurait des audiences
publiques sur Longueuil et que vous étiez pour étudier la
situation; si cela existe, la question n'est même pas à
étudier.
M. Oueilette: Chère madame...
Mme Lepage: Le remblai de Longueuil, si cela existe, n'a pas le
droit d'être là. Qu'on parle le même langage. Ou est-ce que,
pour les villes, c'est différent des pauvres municipalités
rurales?
M. Ouellette: Mme Lepage, si la ville de Longueuil, qui a
bâti de toutes pièces son projet d'élargissement des rives
pour y aménager un accès au public, tout en enfouissant son tuyau
de conduite des eaux usées vers l'île Charron, si la ville de
Longueuil veut réaliser son projet, elle devra d'abord toucher le
règlement de contrôle intérimaire de sa MRC;
deuxièmement, répondre à toutes les exigences de la Loi
sur la qualité de l'environnement et le règlement sur les
études d'impact. La loi est là et elle ne dit pas a priori: Moi,
le gouvernement, je suis beau, je suis fin, je suis omniscient, je sais tout et
je décrète unilatéralement et sans retour possible que
votre projet est fou. Il n'y a pas un gouvernement qui va faire cela, sauf
peut-être en Union soviétique, et encore. Alors, la loi dit: Si
vous avez un projet - vous avez toujours le droit d'en avoir un - vous devrez
le soumettre dans le cadre de la loi et de la réglementation et cette
loi dit: Ce sont des études d'impact et ce sont des audiences publiques.
Vous ne pouvez pas nous en demander plus.
Mme Lepage: D'accord, je comprends cela, c'est avant que cela
arrive. Si cela existe, le remblai n'est pas permis à Longueuil.
M. Ouellette: À moins que... Mme Lepage: À
moins que quoi?
M. Ouellette: À moins qu'elle n'obtienne de la MRC une
modification à son règlement.
Mme Lepage: Ah! Là les...
M. Ouellette: Parce que les lois et les règlements ne sont
jamais dans le béton éternel.
Mme Lepage: Et les berges sont protégées avec la
loi 61 Alors, on a tout compris.
M. Ouellette: Ce n'est pas cela du tout. Madame, il existe une
interdiction réglementaire auprès du projet de Longueuil, mais il
n'existe pas de règlement qui émanerait du ciel interdisant
à quiconque d'essayer de faire modifier les lois et les
règlements existants. Sinon, chaque fois qu'un gouvernement adopterait
une loi, le dossier serait clos, on n'en parlerait plus jamais et il n'y aurait
plus moyen d'évoluer dans notre société.
Mme Lepage: Je comprends, mais là nous parlons strictement
des remblais.
M. Ouellette: Si je vous dis que les remblais proposés par
Longueuil dans la
réglementation de la MRC sont illégaux, allez-vous me
croire?
Mme Lepage: Si c'est cela, pourquoi payez-vous pour des audiences
publiques?
M. Ouellette: Longueuil n'a pas le droit de faire ces travaux,
compte tenu de la réglementation existante. C'est pourquoi elle doit se
soumettre à des audiences publiques pour obtenir un accord ou un
refus.
Mme Lepage: Oui, mais si ce n'est pas permis, M. Ouellette,
pourquoi dépense-t-on de l'argent aux audiences publiques?
M. Ouellette: Parce que la loi permet d'étudier des
demandes, des projets...
Mme Lepage: Même quand c'est défendu?
M. Ouellette: Bien sûr.
Mme Lepage: Quand une loi défend, vous pouvez
demander...
M. Ouellette: La loi ne défend pas d'avoir des projets,
elle défend de les réaliser sans...
Mme Lepage: Et vous me dites que les berges sont
protégées au Québec?
M. Ouellette: Et comment voulez-vous les protéger
autrement que par un règlement?
Mme Lepage: Par une loi-cadre. Quand vous aurez des cas de
remblai spéciaux, vous les étudierez un par un, mais ils seront
spéciaux, ce sera du "cas-par-cas".
M. Ouellette: Que va dire votre loi-cadre? Pas de
remblaiement?
Mme Lepage: Comme les installations septiques: pas de
remblaiement...
M. Ouellette: Pas de remblaiement. Mme Lepage: Pas de
remblayage.
M. Ouellette: Donc, il n'y en aura plus. C'est fini.
Mme Lepage: Je suis bien d'accord que, lorsqu'on a fait ces
installations septiques, quand M. Léger a décidé:
D'accord, on va y aller pour les installations septiques en milieu rural,
c'était aussi urbain, mais cela ne touchait pas les industries... Cela
ne touchait pas n'importe quel gros pollueur ou quoi que ce soit. On
était bien d'accord qu'on aurait voulu que les industries soient
touchées directement, mais on va dire: On va prendre cette
partie-là et cela sera peut-être un autre service. C'est la
même chose avec l'aménagement des lacs et cours d'eau. Quand on a
une plainte sur un chalet ou une maison sur le bord de l'eau, c'est la
municipalité qui s'en occupe. Si elle a son règlement, cela va
bien et, si elle remplit les prescriptions de son règlement, il n'y a
personne d'autre; si c'est un camp de vacances ou un hôtel, la
municipalité va essayer de faire respecter son règlement, mais
elle va avoir bien de la misère. Elle va à l'Environnement et
là l'Environnement entre et il n'y a pas de problème. Ce que je
vous dis, c'est que les remblais sont à proscrire. Si vous arrivez au
port de Montréal ou vous arrivez à... Comme à l'Expo, je
ne me serais pas battue, même si j'avais été là. Je
me serais battue contre un remblai de l'Expo, mais, que voulez-vous, il faut
savoir avec quoi on se bat. Je me bats avec des gens qui, je le sens, vont
être capables de changer leur attitude envers leur environnement. Je ne
peux pas me battre contre le maire Drapeau et contre vous autres. Vous avez
décidé de mettre votre maudit mât olympique; que cela
coûte n'importe quoi, vous allez le mettre pareil, que je sois là
ou pas.
Ce que je vous dis, c'est qu'il faut changer l'attitude du monde si 6n
veut vraiment protéger l'environnement; pour ce faire, il faut de la
participation et on l'a. Ce que je vous dis, que vous me disiez n'importe quoi,
peut-être que oui, c'est dans le règlement intérimaire,
mais puisque... Je ne comprends pas; si c'est défendu au Québec
de faire un remblai, pourquoi est-ce que vous faites des audiences publiques et
que vous continuez à payer M. Beauchamp, qui court après nous
pour qu'on soit aux audiences publiques?
M. Ouellette: Je souhaite, Mme Lepage, que FAPEL soit aux
audiences publiques.
Mme Lepage: Pas pour des choses défendues, voyons
donc!
M. Ouellette: Vous avez suivi le dossier de la tordeuse du
bourgeon de l'épinette...
Mme Lepage: Oui, mais un peu...
M. Ouellette:... qui a fait l'objet de deux audiences
publiques.
Mme Lepage: Mais je l'ai moins suivi.
M. Ouellette: Avant que j'arrive là ou au moment où
je suis arrivé ministre, le MER, depuis au moins douze ans, arrosait
avec des produits chimiques. Il n'a demandé la permission à
personne. Il n'avait pas de compte à rendre à personne non plus,
il arrosait.
À un moment donné est arrivé le règlement
sur les études d'impact et on a soumis ce genre de projet, parce que
c'est un projet. On a obtenu du MER qu'il raffine un peu sa façon
d'agir. En deuxième année, ils sont venus à nouveau, ils
ont invoqué la catastrophe appréhendée, ils ont donc
échappé à la loi. On a réussi quand même
à les contraindre encore davantage. À la dernière audience
- là, la castastrophe appréhendée ne tenait plus - on les
a obligés tout simplement à réduire à 700 000
hectares la superficie arrosable, on les a obligés à passer
à 100% d'utilisation de produits biologiques pour abandonner
complètement le chimique d'ici deux ans. Mais c'est cela, les audiences
publiques. C'est de permettre au promoteur de venir nous exposer son objectif
et c'est à nous de dire: Un instant, cela a du bon sens, cela n'en a
pas, vous allez donc devoir modifier votre projet pour le rendre acceptable,
environnementalement parlant.
Alors, s'il suffisait d'avoir un règlement qui interdise les
remblayages, ce serait vite réglé. Mais on risquerait de
paralyser notre société pour longtemps.
Le Président (M. Marquis): II reste les remerciements. M.
le ministre des Affaires muncipales.
M. Marcoux: Je voudrais remercier les représentants de
FAPEL d'être venus nous présenter leur point de vue et leur
mémoire et simplement ajouter la phrase suivante, sous forme
d'interrogation: Je ne comprends pas que, après avoir eu autant de
succès par la méthode de la conviction et de la persuasion de nos
concitoyens face à la protection des lacs, des rives, etc., vous ne
soyez pas d'accord pour faire la même démarche auprès des
citoyens de Longueuil et de la rive sud. Les audiences publiques, c'est le lieu
tout désigné pour faire ce débat public et convaincre les
concitoyens de votre point de vue. Évidemment, là il y aura un
arbitrage, il y aura des élus qui prendront des décisions et qui
feront des recommandations. Mais je ne vois pas, encore là, la
cohérence de votre action, à savoir que, durant des
années, vous avez fait un travail éducatif que vous continuez et
que, dans le cadre, par exemple, du dossier de Longueuil en particulier,
dès le point de départ, vous dites: Non, on n'y va pas, on se
refuse à continuer ce travail.
Mme Lepage: Non, on refuse d'accepter que le ministre de
l'Environnement n'empêche pas les remblais, c'est aussi simple que cela.
Parce que, pour nous, c'est un péché. Quand il y a un
péché là, je ne suis pas intéressée à
aller voir ce qu'ils vont dire.
Une voix: II y a le péché véniel et le
péché mortel.
Mme Lepage: Le remblai, c'est un gros péché mortel
et peut-être qu'un jour... Vous avez vu ce qui arrive au Saint-Laurent!
Continuez comme cela et cela va continuer, vous n'aurez plus de
Saint-Laurenti
Le Président (M. Marquis): Le dernier mot, M. le
député de Laprairie.
M, Saintonge: M. le Président, c'est simplement pour
remercier FAPEL et aussi la Fédération québécoise
de la faune, régions nord et sud, de nous avoir fait part de leurs
commentaires sur le projet de loi 6, pour tenter de nous éclairer dans
les décisions qui seront à prendre au niveau
législatif.
Le Président (M. Marquis): Sur ce, merci beaucoup aux
représentants de FAPEL. La commission ajourne ses travaux à
demain matin, dix heures.
(Fin de la séance à 18 h 5)