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(Dix heures quarante-trois minutes)
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, s'il vous
plaît. Messieurs, je déclare donc la séance de la
commission de l'aménagement et des équipements ouverte, qui a
pour mandat de faire l'étude détaillée du projet de loi
88, soit la Loi sur la société des établissements de plein
air du Québec.
M. le secrétaire, est-ce que vous pourriez faire
l'énumération des membres présents?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Gravel
(Lirnoilou) remplace M. Beauséjour (Iberville); M. Côté
(Charlesbourg), M. Fallu (Groulx), M. Gagnon (Champlain), M. Le Blanc
(Montmagny-L'Islet), M. Tremblay (Chambly) et M. Brassard (Lae-Saint-Jean).
Le Président (M. Dauphin): Merci. Avant d'aborder
l'article 1, est-ce que le ministre et le porte-parole de l'Opposition auraient
des remarques préliminaires à faire?
Remarques préliminaires
M. Brassard: Non, pas particulièrement. Je pense, M. le
Président, que mon prédécessseur au ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, le député de Joliette,
a très clairement indiqué, dans son discours en deuxième
lecture, les objectifs poursuivis par le gouvernement en créant cette
société. Je ne pense pas qu'il y ait lieu d'en parler longuement
ici. Simplement, j'aimerais mentionner qu'on connaît l'objectif, qui est
de transférer un certain nombre d'équipements de nature
commerciale à une société d'État pour, d'une part,
rendre plus souple la gestion de ces équipements et, d'autre part,
à moyen terme, les rentabiliser.
Alors, on entrera davantage dans les détails à l'occasion
de l'étude article par article. Pour le moment, je me limiterai à
ce bref commentaire.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député de Charlesbourg.
M. Côté: M. le Président, je suis heureux de
me retrouver en commission parlementaire avec le ministre. Je pense que c'est
la première défense d'un projet de loi du ministre en commission
parlementaire au niveau de l'étude article par article. Possiblement
que, si on siège au mois de mars, on aura l'occasion de faire
l'étude d'un projet de loi complet qui sera parrainé par le
ministre, que ce soit la Loi sur les parcs ou peut-être pour
concrétiser un document qu'il a sur son bureau concernant la Loi sur
l'habitation faunique réclamée depuis fort longtemps par le
milieu.
J'ai regardé très rapidement et je ne me souviens pas si
le député de Lac-Saint-Jean et actuel ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, qui était, au moment où on a fait le
discours de deuxième lecture, whip du parti à l'époque et
qui, par la suite, est devenu ministre est intervenu sur le principe en
deuxième lecture. Je n'ai pas retrouvé son nom. Je sais qu'il a
voté avec la majorité ministérielle en faveur du projet de
loi et que, de ce fait, il partage les points de vue exprimés par son
collègue de Joliette, mais j'aimerais quand même l'entendre
davantage sur le bien-fondé de ce projet de loi avant d'aborder
l'étude article par article.
Qu'est-ce qui fait que vous êtes pour la création de cette
société d'État? Bien sûr, il y a le critère,
supposément, de rentabilité. C'est encore une rentabilité
relative, une rentabilité qu'on vise sur le plan administratif, sur le
plan de l'utilisation des équipements et cela ne tient pas compte, bien
sûr, des immobilisations faites dans ces endroits au cours des ans.
Je ne sais pas si le ministre aurait davantage à nous dire que
les quelques propos qu'il a tenus au départ, mais j'aimerais l'entendre,
compte tenu du fait que lui-même ne s'est pas exprimé au cours du
débat de deuxième lecture.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Brassard: M. le Président, c'est vrai que je ne suis
pas intervenu à l'occasion de la deuxième lecture. Comme cela
arrive souvent, le député de Charlesbourg comprendra qu'un whip
est fort occupé.
M. Côté: Ce n'est pas un reproche.
M. Brassard: Parfois, j'ai l'occasion de m'exprimer en Chambre
sur des projets de loi, mais là je n'en ai pas eu l'occasion. Je peux,
très brièvement, donner mon point de vue puisque je n'ai pas eu
cette occasion lors de la deuxième lecture en Chambre.
On sait que, au cours des années, le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche a mis en
place ou a acquis un certain nombre d'équipements de nature commerciale,
en particulier des terrains de camping - il y en a un dans ma région du
côté du tac Kénogami, par exemple - des centres de ski
comme le mont Sainte-Anne, des lieux d'hébergement, Fort Prével
en particulier. Ces équipements étaient administrés par le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et on s'est vite
rendu compte - et on s'en rend compte encore actuellement - qu'un
ministère ce n'est pas l'encadrement requis pour gérer des
équipements qui font des transactions de nature commerciale. Cela n'a
pas la souplesse pour cela parce que ce n'est pas fait pour cela.
Un ministère est soumis à la Loi sur l'administration
financière. Les dépenses doivent être approuvées par
le Conseil du trésor. Il y a des procédures qu'on connaît,
qui sont fort longues et qui ne conviennent pas à des équipements
de nature commerciale. Donc, le ministère avait le choix, soit de se
départir de ces équipements - je signale qu'il l'a fait dans
certains cas; il y a un certain nombre d'équipements qui ont
été cédés soit à des corporations sans but
lucratif, soit à des municipalités - ou soit de créer un
instrument plus souple, plus adéquat, plus fonctionnel pour
gérer, administrer ces équipements qui, je le
répète, sont des équipements qui servent sur le plan
commercial, qui font des transactions commerciales.
Comme on avait choisi, pour différentes raisons, de ne pas
céder ces équipements, de ne pas s'en départir, on s'est
rendu compte que le meilleur instrument dans les circonstances pour
administrer, gérer et utiliser ces équipements et aussi, je
l'espère, les rentabiliser et les développer, c'était la
création d'une société d'État à fonds
social, c'est-à-dire une société à capital-actions,
dont le seul et unique actionnaire serait le gouvernement. À ce moment,
on avait un outil qui n'était pas soumis aux règles
administratives d'un ministère et qui, par conséquent, pouvait
bénéficier d'un cadre plus conforme à la nature des
activités en cause. C'est pour cette raison qu'on a
privilégié et je suis pleinement d'accord -même si ce n'est
pas moi qui ai initié le projet - avec le choix qu'on a fait. C'est pour
cela qu'on a privilégié la formule de la société
d'État pour gérer ces équipements. Évidemment, il y
a toujours l'argument qui dit: Bon! Encore une société
d'État, encore une autre qui s'ajoute aux autres. Oui, c'est vrai, c'est
encore une société d'État, mais je vous signale que c'est
une société d'État qui ne créera pas de nouvelles
activités. C'est une société d'État qui va
gérer et administrer des équipements qui existent
déjà et qui sont déjà propriétés
publiques, qui font déjà partie du domaine public. C'est un peu
différent. L'objectif, c'est d'avoir un instrument plus souple et plus
conforme à la nature des activités en cause.
Le deuxième objectif, qui n'est pas négligeable non plus,
c'est de tenter et de s'efforcer de rentabiliser l'utilisation de ces
équipements. On sait - c'est bien connu -que l'exploitation de la
plupart des équipements, sauf quelques-uns, dont le mont Sainte-Anne,
est déficitaire. On est convaincu, avec des efforts et avec une
société comme celle-là, qu'il y a lieu d'espérer
que ces équipements atteignent, dans des délais relativement
brefs - ce n'est pas une question de mois, bien sûr, mais de deux ou
trois ans au maximum - un niveau de rentabilité souhaité. Ce sera
plus facile parce que les gestionnaires disposeront d'une plus grande marge de
manoeuvre et seront -j'en suis convaincu - plus motivés et moins
paralysés aussi par les règles habituelles qu'on retrouve dans un
ministère. C'est pour ces raisons que le gouvernement a accepté
la proposition que lui a faite le député de Juliette, mon
prédécesseur, de créer à cette fin une
société d'État, de lui transférer ensuite les
équipements qu'on connaît et de lui donner le mandat ou la mission
de gérer ces équipements, mais aussi de faire les efforts
nécessaires pour - rentabiliser l'utilisation de ces
équipements.
En conclusion, très brièvement, je suis pleinement
d'accord avec la voie choisie par mon prédécesseur et
approuvée par le gouvernement, par le Conseil des ministres de
créer cet instrument pour gérer les équipements de nature
commerciale qu'on connaît.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: M. le Président, je pense que le
gouvernement a fait des choix et c'est légitime qu'il en fasse et qu'il
les propose à l'Assemblée nationale et, par le fait même,
à l'ensemble de la population. Est-ce que le ministre pourrait nous dire
- c'est un projet caressé depuis fort longtemps, si je ne m'abuse - si
le premier mémoire soumis au Conseil des ministres ou
préparé dans l'intention de le soumettre au Conseil des
ministres, l'a été par l'ex-député de Saguenay qui
était ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche dans le
temps, ce qui remonterait à 1981? Qu'est-ce qui fait que la
volonté du ministère, qui était déjà
clairement exprimée à cette époque et qui n'était
pas différente - on l'appelait le projet Soquetour à
l'époque et, maintenant, c'est la SEPAQ; c'est une des grandes
différences en termes d'appellation - qu'est-ce qui fait que le
cheminement ait été aussi long?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Brassard: M. le Président, j'arrive et vous comprendrez
que je ne suis pas parfaitement et complètement au courant du
cheminement qu'a connu ce projet de loi, cette proposition. Oui, je savais que
l'idée avait commencé à se former à l'époque
où M. Lucien Lessard assumait le rôle de ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Cela a cheminé lentement, je le constate.
Il faut dire aussi que le Conseil des ministres, le gouvernement est tenu,
parfois, d'établir des priorités, donc de privilégier un
certain nombre de projets de loi plutôt que d'autres.
Comment se fait-il que celui-là a pris tant de temps à
suivre tout le processus qu'on connaît? Je vous avoue, M. le
député de Charlesbourg, que je ne saurais m'aventurer à
donner des précisions sur les pérégrinations du projet de
loi, le cheminement du projet de loi. Mais il reste un fait, c'est qu'à
la fin du processus, il y avait un accord unanime de la part du Conseil des
ministres et au sein du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche pour privilégier. Il faut dire aussi qu'il a fallu examiner
un certain nombre de possibilités. Ce n'est pas tout de suite qu'on
s'est fixé sur la société d'État comme formule. On
a examiné, au ministère, d'autres possibilités et,
finalement, c'est celle-là qui a été jugée la mieux
adaptée dans les circonstances.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Côté: Le ministre nous a dit tout à
l'heure que le ministère s'était effectivement
délesté de certains équipements à vocation
commerciale, au fil des ans, en les repassant, par des protocoles d'entente,
aux municipalités principalement. Le gouvernement a choisi de prendre la
voie d'une société d'État. Qu'est-ce qui fait que le
gouvernement n'a pas retenu... Parce que j'imagine qu'on a envisagé la
possibilité de transférer plusieurs de ces équipements
à l'entreprise privée, carrément et simplement. Prenons
l'exemple du mont Sainte-Anne par rapport au mont Tremblant. Bien sûr que
la situation actuelle au mont Tremblant est tout à fait
particulière, compte tenu de la situation de Promodev avec la banque.
Mais le gouvernement pourrait être propriétaire de la montagne,
des équipements en montagne ainsi que des remonte-pentes, contrairement
à ce qui se passe dans le cas du mont Tremblant et confier le reste
à l'entreprise privée.
Qu'est-ce qui fait qu'il n'y en a pas plus qui sont retournés
à l'entreprise privée? Parce que, finalement, en fin de compte,
si j'ai bonne souvenance, le ministre et député de Joliette,
votre prédécesseur, nous avait dit - je pense qu'il avait
été assez prudent -: Au mieux, au bout des trois prochaines
années, le déficit de la société d'Etat serait de
l'ordre de 300 000 $. On espère toujours ne pas avoir de déficit
et arriver avec un profit, bien sûr, je pense que ce seront les
tentatives de la société. Mais, d'après les informations,
ce serait, au mieux, 300 000 $. Donc, encore un déficit pour les trois
prochaines années, moins substantiel qu'actuellement, mais quand
même de l'ordre de 300 000 $. Qu'est-ce qui fait qu'on n'a pas, purement
et simplement... Quelles sont les raisons qui font qu'on a rejeté
l'hypothèse de l'entreprise privée?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre. (11 heures)
M. Brassard: Oui, à cause, en particulier, de la vocation
des équipements et aussi des investissements considérables que
l'État y avait faits.
La plupart des équipements qu'on a gardés et qu'on va
transférer à la société sont des équipements
a vocation qu'on pourrait dire nationale par opposition à des
équipements à vocation purement locale ou, à la rigueur,
régionale qu'il convenait de maintenir dans le domaine public.
L'autre raison importante, c'est que le gouvernement a investi dans ces
équipements des sommes considérables. On pourrait le
préciser dans chacun des cas. Cela se chiffre par des millions de
dollars. On n'a qu'à penser au mont Saint-Anne dont vous parliez
tantôt.
M. Tremblay: Toutes ces choses ont été dites. On
est encore en train de perdre notre temps ici, ce matin.
M. Côté: Veux-tu le perdre encore plus longtemps? Ce
ne sera pas long.
M. Tremblay: C'est une menace?
M. Côté: Non, mais des commentaires comme
ceux-là ne sont pas de nature à faire que les débats
soient courts et objectifs. Je veux bien qu'on se comprenne. Cela a
été dit.
Le Président (M. Dauphin): Messieurs, à l'ordre!
Vous venez d'interrompre justement le ministre en plein milieu de son
intervention.
M. Brassard: Des investissements massifs ont été
faits par le gouvernement. On constate - tout le monde est convaincu de cela -
qu'il aurait été impossible de récupérer une bonne
partie de ces mises de fonds parce que le secteur privé n'aurait pas
été capable d'acquérir à un prix normal ces
équipements pour les faire fonctionner. Dans les circonstances,
on a jugé bon de garder ces équipements dans le domaine public et
de les confier à une société d'État.
M. Côté: C'est donc l'incapacité pour
l'entreprise privée de payer ce que cela vaut - non pas
nécessairement ce que cela vaut, mais au moins les investissements qu'a
faits le gouvernement dans ces équipements, par exemple, ceux du mont
Saint-Anne qui doivent friser actuellement les 50 000 000 $ ou tout près
- qui fait que le gouvernement a décidé de le maintenir dans une
société d'État. Je pense que cela s'explique assez
aisément dans le cas du mont Saint-Anne. Cela peut s'expliquer aussi
dans le cas du jardin zoologique de Charlesbourg. Je comprends que les
interventions du ministre aillent dans ce sens, lorsqu'il parle
d'équipements nationaux, dans le cas du mont Sainte-Anne et dans le cas
du jardin zoologique de Charlesbourg, mais je les comprends moins, cependant,
lorsqu'on parle du parc des Voltigeurs, du camping de la baie de Percé.
Je pense que c'est un peu moins national par rapport au reste.
M. Brassard: C'est important de maintenir quand même des
équipements publics dans le secteur du camping de façon à
s'assurer que, dans ce domaine, l'offre soit de qualité. Je pense
à chez nous, à ma région que je connais un peu mieux, le
terrain de camping de Kénogami qui a quand même coûté
des sommes importantes, mais qui, comme tous les terrains de camping
gouvernementaux - vous le savez très bien -offre des services de grande
qualité. C'est un peu la caractéristique de tous les terrains de
camping appartenant à l'État. C'est qu'on y retrouve là
des services impeccables. Cela m'apparaît important que, dans ma
région, par exemple, le terrain de camping Kénogami demeure
propriété publique parce qu'il contribue et il incite en quelque
sorte les propriétaires privés de terrains de camping à
améliorer la qualité de leurs services.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que vous avez
terminé? Avant d'appeler l'article 1, M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Le Blanc: Oui, M. le Président. J'aurais quelques
considérations et surtout quelques interrogations par rapport à
l'objectif même de la loi. Éventuellement, il y eu chez moi aussi
certains terrains de camping qui ont été
rétrocédés à l'entreprise privée,
particulièrement dans la ville de Montmagny. Dans
l'éventualité où cette société aurait
été instituée à ce moment-là, j'imagine
qu'elle aurait pu acquérir le terrain de camping et qu'il aurait pu y
avoir rétrocession.
Dans un deuxième temps - je ne veux pas revenir en arrière
sur ce qui a été fait -je suis plutôt
intéressé à savoir ce que cette société
pourra faire dans l'avenir. J'ai à l'esprit, par exemple, en consultant
les notes explicatives, que la société pourra se substituer au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche ou à tout
autre ministère ou organisme, je pense en particulier au
ministère du Tourisme, pour acquérir des équipements et
des territoires. Je pense en particulier à l'archipel situé en
face de la ville de Montmagny, que les gens des îles désignent
comme l'archipel de l'île aux Grues et que les gens de Montmagny
désignent comme l'archipel de Montmagny. 11 y a des difficultés
de dénomination dans ce coin-là. Je fais référence
aux îles de cet archipel qui sont à vendre. Si on fait une
certaine analogie avec les îles Mingan, est-ce que cette
société pourrait acquérir ces îles qui sont
actuellement à vendre d'ailleurs pour développer justement le
potentiel touristique extraordinaire qui existe dans ce coin-là? Je
voudrais savoir, au niveau du principe seulement si ce serait dans les
attributions de la société d'acquérir ces îles ou
une partie de ces îles qui sont actuellement en vente.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Brassard: C'est une possibilité. C'est sûr que,
pour le moment, il y a un certain nombre d'équipements bien
identifiés qu'on tranfère à la société. Ce
n'est pas interdit que cela puisse s'accroître. La société
et le gouvernement pourront lui transférer d'autres équipements,
d'une part, et, d'autre part, la société pourra elle-même
acquérir d'autres équipements avec, cependant, l'autorisation du
gouvernement. On parlait de la possibilité qui pourrait être
intéressante d'acquérir un archipel en face de Montmagny pour
l'aménager et y implanter des équipements. Ce n'est pas exclu. Le
projet de loi n'exclut pas cette possibilité-là, sauf que le plan
de développement de la société devra être
approuvé par le gouvernement et, par conséquent donc, toute
acquisition d'un nouvel équipement par la société devra
être approuvée par le gouvernement.
M. Le Blanc: Ce que je veux dire par là, c'est que ce
serait la première société qui serait l'intervenant no 1
pour faire l'acquisition de... 5i cela était acquis par le gouvernement,
ce serait... Parce qu'il y a une vocation récréative et
touristique évidente. Ce serait l'intervenant prioritaire.
M. Brassard: Oui. Elle pourra aussi - la loi le lui permet -
s'associer avec le secteur privé.
M. Le Blanc: Oui, d'accord.
M. Brassard: Ce n'est pas non plus interdit.
Le Président (M. Dauphin): Y a-t-il d'autres questions
préliminaires?
M. Côté: Le député de Montmagny a
ouvert une porte qui est intéressante et on pourra en rediscuter
lorsqu'on abordera l'article 18. Dans l'esprit du ministre, si j'ai bien saisi
le député de Joliette au moment où il a fait son
intervention, est-ce que, dans les trois prochaines années, la
société d'État devra se concentrer sur les
équipements dont il était fait mention dans la loi?
C'était le principal mandat pour les prochaines années. Dois-je
comprendre de l'intervention du ministre qu'il y aurait possibilité, au
cours de ces trois années, que la société puisse à
la fois acquérir et aussi vendre des équipements? Dans ces
articles, cela me paraissait clair, on en discutera quand on y arrivera.
À l'article 18. 4, on parle de vendre et d'aliéner alors que dans
d'autres, comme à l'article 24. 1, on parle aussi d'acquérir.
Dans l'esprit du ministre, le mandat qui va être confié à
la société d'État est-il d'abord celui de prendre en
charge - parce que cela s'étale dans le temps - les équipements
dont on fait mention dans la loi et de les gérer? C'est là le
mandat de la société pour les trois prochaines années.
M. Brassard: II est exact de dire que le mandat principal sera
dans les prochaines années de gérer et de rentabiliser, dans
toute la mesure du possible, la dizaine d'équipements qu'on
connaît.
Je ne voudrais pas non plus, par mes propos, indiquer que c'est
absolument exclu qu'en cours de route, s'il y avait un projet vraiment
intéressant qui surgissait - le député de
Montmagny-L'Islet vient de donner un exemple - il faille être trop
absolutiste dans le mandat et dire: Non, le mandat de trois ans qu'on lui a
donné, c'est simplement de gérer ces équipements et on ne
peut plus rien faire d'autre. Je pense qu'il faut quand même être
un peu plus souple. Si, en cours de route, il y a un projet intéressant
qui surgit, je ne vois pas pourquoi la société ne pourrait pas
l'envisager sérieusement.
M. Côté: Est-ce que, dans ces conditions, la
société peut agir d'elle-même ou s'il lui faudra
l'autorisation du ministre?
M. Brassard: II lui faudra l'autorisation du gouvernement, un
décret du gouvernement.
Le Président (M. Dauphin): D'autres questions?
Motion proposant d'entendre le
Syndicat des fonctionnaires
provinciaux du Québec
M. Côté: Je voudrais assurer le député
de Chambly qui s'inquiétait tantôt probablement que c'est un lundi
matin très tôt - que mon but n'est pas de retarder indûment
l'adoption du projet de loi, quoique nous soyons en désaccord, et on l'a
manifesté au cours de la deuxième lecture. Compte tenu des propos
du député de Drummond qui s'était fait très
rassurant au moment où il est intervenu en deuxième lecture sur
le projet de loi et compte tenu de ce qu'on a lu dans les journaux depuis deux
ou trois semaines concernant le projet de loi 88, je pense qu'il serait
peut-être de mise d'entendre le Syndicat des fonctionnaires provinciaux
du Québec sur la situation en cours, quitte à limiter son temps
d'intervention, non pas dans le sens de limiter son droit de parole, mais c'est
pour bien démontrer que ce n'est pas une mesure dilatoire dans le but de
prendre beaucoup de temps afin que le projet ne soit pas adopté, ce
n'est pas le but du tout, mais je pense qu'il serait opportun, compte tenu de
la publicité qui a été faite un peu partout, d'entendre,
ne fût-ce qu'une heure, le Syndicat des fonctionnaires provincaux, quitte
à lui laisser vingt minutes au départ pour présenter sa
position.
On en a déjà discuté lors de la deuxième
lecture, mais j'aimerais qu'on le fasse, dans la mesure du possible, avant
l'adoption de l'article 1, puisque, s'il y avait. des points importants qui
étaient soulevés avant l'étude article par article, ce
serait intéressant. C'est dans ce sens que je désirerais proposer
la motion suivante: "Que la commission parlementaire étudiant le projet
de loi 88, Loi sur la Société des établissements de plein
air du Québec, accepte d'entendre le Syndicat des fonctionnaires
provinciaux du Québec, en vertu des articles 237 et 163 des
Règles de procédure. "Que les auditions de ce syndicat aient lieu
avant l'étude détaillée article par article du projet de
loi 88, pendant un maximum d'une heure - la limiter dès maintenant.
Durant cette heure, le partage du temps se ferait comme suit: vingt minutes
pour entendre le groupe, et le partage égal du reste du temps entre le
parti ministériel et le parti de l'Opposition.
Le Président (M. Dauphin): Y a-t-il des interventions sur
cette motion?
M. Tremblay: J'imagine que vous la déclarez recevable, M.
le Président, puisqu'elle l'est.
Le Président (M. Dauphin): Oui.
M. Tremblay: J'aimerais simplement poser quelques questions au
député de Charlesbourg. D'abord, est-ce que ce serait le seul
organisme? Est-ce qu'il y en aurait d'autres après qui viendraient, une
fois qu'on aurait accepté cela? Je voudrais vous demander aussi si c'est
votre intention, immédiatement après, si on acquiesce à
cette demande, après avoir entendu l'organisme, de passer à
l'étude de l'article 1. C'est ma deuxième question.
Troisième question: Les gens du syndicat sont-ils disponibles
immédiatement? (11 h 15)
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: Pour répondre à la
première question, cela sera très clair, vous allez voir que ce
sera plus rapide qu'en Chambre en termes de réponse. II n'y a que le
Syndicat des fonctionnaires impliqué dans ce qu'on parle. Effectivement,
dans mon esprit, il n'y aurait que le Syndicat des fonctionnaires qui pourrait
être appelé dans la mesure où vous n'avez pas, de votre
côté, d'autres personnes à faire entendre. C'est la
première réponse.
La deuxième: est-ce qu'on entamera, à ce moment-là,
l'étude du projet de loi article par article? Il n'y a pas de mesures
prévues chez nous pour faire durer le plaisir à
satiété quoiqu'il y aurait de la matière. De toute
façon, le gouvernement vivra avec ses choix. Effectivement, à
partir de ce moment-là, on pourrait entamer l'étude article par
article du projet de loi, après quelques autres questions. Comme je l'ai
dit tantôt - et vous allez le voir, même si les questions peuvent
vous chatouiller à l'occasion - il n'est pas question d'étendre
sur une période de deux semaines l'analyse du projet de loi article par
article. D'ailleurs, comme vous voyez, j'ai dit à mes collègues
de ma formation politique membres de la commission que je n'avais pas besoin de
support pour remplir les 20 minutes pour employer le temps.
M. Tremblay: Je l'avais noté.
M. Côté: Vous l'aviez noté? Vous l'aviez
observé pour le moins. Quant à la troisième question qui
était...
M. Tremblay: Leur disponibilité immédiate.
M. Côté: C'est une autre question que je ne suis
même pas posée, je ne les ai même pas appelés. Comme
vous voyez... Compte tenu des efforts publicitaires qui ont été
faits par le syndicat dans tous les journaux du Québec, il
m'apparaît sage et respectueux des employés que d'entendre le
Syndicat des fonctionnaires. C'est pour cela que j'ai inscrit dans la motion:
lors de la prochaine séance; il s'agira de les contacter à ce
moment-là.
Le Président (M. Dauphin): Y a-t-il d'autres
interventions? M. le ministre.
M. Brassard: Oui. Vous avez inscrit dans la motion: lors de la
prochaine séance.
M. Côté: Non, c'est-à-dire avant
l'étude article par article. Pour tout vous dire, M. le ministre, il y
avait un certain nombre de questions d'ordre général qu'on peut
discuter avant l'étude article par article. Elles vont faciliter, comme
c'est le cas à certaines occasions, l'étude article par
article.
M. Brassard: M. le Président, sur la motion, je dois
d'abord dire au préalable que mon prédécesseur a
déjà rencontré les représentants du Syndicat des
fonctionnaires, en l'occurrence son président, M. Harguindeguy. Il y a
eu d'ailleurs - j'en ai pris connaissance - un échange
épistolaire entre les deux sur certains points qui inquiétaient
le syndicat. On pourra d'ailleurs en reparler à l'occasion. Cela a
donné lieu à des précisions et à des clarifications
de la part du ministre, ce qu'il a d'ailleurs commencé à faire
dans son discours de deuxième lecture. J'ai moi-même
rencontré ce matin, M. Harguindeguy et on autre représentant du
syndicat pour entendre leurs doléances à ce sujet-là.
Compte tenu des réponses que le député de Charlesbourg a
données aux questions fort pertinentes de mon collègue de
Chambly, je n'aurais pas d'objection à adopter cette motion pour qu'on
le demande au Syndicat des fonctionnaires dans un délai précis,
c'est-à-dire d'une heure - je pense que ce serait suffisant - et qu'on
invite ces gens à venir nous rencontrer le plus tôt possible. On
pourait rentrer en contact avec eux et leur demander de venir. Ils pourraient
le faire assez rapidement. Les articles qui intéressent grandement le
syndicat sont bien identifiés. On pourrait peut-être commencer
l'étude article par article en les attendant, quitte à suspendre
lorsqu'on pensera qu'un article peut les concerner soit directement ou
indirectement, pour attendre leur témoignage.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
de Charlesbourg et ensuite, M. le député de Groulx.
M. Côté: Ce n'est pas pour en faire un débat
très long. Comme je le disais au ministre tout à l'heure, ce
n'est pas cela qui va faire que cela va retarder... On envisage que si on
pouvait siéger cet après-midi, on pourrait les entendre en
après-midi. S'ils ne sont pas disponibles...
Je pense qu'en soirée on se rencontre au sujet du budget. Je ne
sais pas si le
ministre a été informé qu'on devait siéger
cet après-midi et ce soir, aussi, en commission et suspendre pour le
budget. À ce moment, je n'ai pas d'objection à ce qu'on les
entende cet après-midi et que, d'ici 13 heures, on puisse libérer
un certain nombre de questions d'ordre général qui vont faciliter
le travail de l'adoption article par article.
J'aimerais quand même avoir une autre précision de la part
du ministre parce que, dans sa réplique en deuxième lecture, le
député de Juliette et ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche d'alors, nous avait clairement indiqué qu'il entendait
inscrire dans la loi les garanties protégeant les employés tant
permanents, saisonniers, ou occasionnels. Jusqu'à ce moment-ci, c'est
sûr qu'on n'a pas commencé à étudier le projet de
loi article par article, mais est-ce qu'il est de l'intention du ministre
d'apporter des amendements, ce qu'on peut appeler des papillons, à son
projet de loi?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Brassard: Probablement que le député de
Charlesbourg fait allusion à l'article 45 qui concerne les
employés qui font partie des unités qui sont
transférées. À ce sujet, on connaît
l'inquiétude exprimée par le Syndicat des fonctionnaires surtout
concernant les employés occasionnels. Je pense que, concernant les
employés permanents, ils vont accepter d'être
transférés. Il n'y a pas de problème qui se pose à
ce sujet parce qu'ils vont jouir de toutes les garanties possibles
prévues dans les conventions collectives et aussi dans les lois.
Le problème se posait pour les employés occasionnels qui
sont quand même nombreux dans le cas qui nous intéresse parce que
les activités de la plupart de ces équipements sont de nature
saisonnière. Il y a beaucoup de saisonniers, donc, d'occasionnels. Ce
qui inquiétait le syndicat, c'était que la liste de rappel ne
s'applique pas et que les conditions de travail prévues aux conventions
collectives concernant les employés occasionnels soient mises en cause
et ne s'appliquent pas.
Je peux vous dire, à ce sujet, qu'il ne sera pas
nécessaire d'amender l'article 45 parce que les avis juridiques qu'on a
obtenus sont clairs, nets et sans équivoque possible. Les
employés occasionnels demeurent couverts entièrement et
totalement par les conventions collectives en vigueur jusqu'à leur
échéance, bien sûr, idem le 31 décembre 1985. Par
conséquent, la liste de rappel, entre autres choses, s'applique et va
être maintenue et respectée par la société à
l'occasion du transfert. Les avis juridiques qu'on a c'est que ce n'est pas
nécessaire d'amender la loi, d'amender l'article 45 tel que
libellé; les occasionnels sont couverts. J'en discutais, d'ailleurs, ce
matin, avec le président du syndicat, M. Harguindeguy, qui reconnaissait
ce fait.
Le Président (M. Dauphin): Qu'est-ce qui...
M. Côté: Sur le même point...
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que c'est sur la motion,
M. le député?
M. Brassard: Sur la motion, si on veut inviter le syndicat, il
faudrait peut-être...
M. Côté: D'accord, je reviendrai
là-dessus.
Le Président (M. Dauphin): Sur la motion, M. le
député de Groulx.
M. Fallu: C'est effectivement le moment pour faire de telles
motions. Toutefois, le règlement prévoit que la commission doit,
avant d'aborder l'article 1, prévoir des consultations
particulières pour les inscrire à un moment ou l'autre de ses
travaux. Je trouve que le libellé de la motion est peut-être un
peu serré en ce sens très précis que, outre l'article 45,
à moins que le syndicat veuille s'exprimer sur la notion même de
"Société d'État" - je pose la question en même temps
au député de Charlesbourg - on pourrait laisser la motion plus
ouverte, à savoir, dans des termes plus généraux en
disant, par exemple: Avant l'étude de l'article 45, nous entendrons le
Syndicat de la fonction publique plutôt qu'avant l'article 1, ce qui
permettrait, peut-être, d'accélérer des travaux et de
négocier, entre-temps, ce moment précis où le syndicat
pourrait être présent parmi nous.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: M. le Président, je n'ai absolument
aucune objection à ce que cela intervienne à un autre moment.
C'était simplement pour le principe de dire que, avant d'aborder
l'étude article par article, on les a entendus. Incidemment, s'il y a
des choses qui sont touchées par les articles, de toute façon, ce
n'est pas plus grave que cela. Si on a le temps de commencer l'étude
article par article, on le fera avant même de les entendre. Si je
m'aperçois qu'il y a un article qui est en cause, on le suspendra pour
l'adopter ultérieurement. Je n'ai pas d'objection majeure à ce
niveau-là. On pourrait adopter la motion.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
de Chambly.
M. Tremblay: Est-ce qu'on pourrait suspendre l'adoption de la
motion jusqu'au moment où on sera assuré que M. Harguindeguy peut
être ici cet après-midi à 15 heures?
M. Côté: Ou son représentant. M. Tremblay:
Ou son représentant.
M. Côté: Avant l'article 1, on avait... On pourrait
peut-être la rendre plus souple comme l'a suggéré...
Le Président (M. Dauphin): Avant l'étude
détaillée article par article.
M. Côté: Au cours de l'étude article par
article. Si on changeait comme cela, on n'a pas besoin de...
M. Tremblay: Tout en s'assurant qu'ils peuvent être
disponibles.
M. Côté: Si ce n'est pas lui, j'imagine que ce n'est
pas le seul homme du syndicat qui doit connaître le dossier.
M. Brassard: II enverra une délégation.
Le Président (M. Dauphin): La motion sera amendée
comme suit: au lieu de "avant l'étude détaillée", ce sera
"au cours de l'étude détaillée article par article". Y
a-t-il d'autres interventions sur la motion?
M. Tremblay: Je persiste à demander qu'on suspende
l'adoption jusqu'au moment où...
Une voix: Jusqu'à ce qu'on ait eu l'information.
M. Tremblay:... on sera assuré qu'ils peuvent venir dans
les prochains jours.
M. Côté: C'est le secrétaire de la commission
qui va faire les démarches. D'accord.
M. Tremblay: Seulement faire motion pour l'adoption de cette
formule. Il n'y a pas de problème à part cela.
Le Président (M. Dauphin): L'adoption de la motion est
suspendue jusqu'à ce que le secrétaire ait des nouvelles. Y
a-t-il d'autres questions préliminaires?
M. Côté: M. le Président, sur le sujet que
j'avais commencé à aborder avec le ministre à savoir s'il
y avait des amendements à la loi, je dois comprendre de son intervention
qu'il n'y a aucun amendement qui...
M. Brassard: Sur ce sujet-là.
M. Côté: Ou sur d'autres, y en a-t-il?
M. Brassard: Pas pour le moment; il n'y en a pas de
prévu.
M. Côté: Le ministre a des doutes parce qu'il dit:
Pas sur ce sujet. Donc...
M. Brassard: On parlait au sujet des occasionnels en
particulier.
M. Côté: Non, d'accord. C'est sur ce sujet que je
vous questionnais. C'est vous qui m'ouvrez l'autre porte. Réglons
d'abord le premier sujet. On parlera de l'autre après.
M. Brassard: Sur le sujet des occasionnels, même si,
effectivement, quand on relit le discours de M. Chevrette en Chambre, il
s'était engagé à proposer un amendement... Je vois que
vous l'avez sous les yeux, M. le député de Charlesbourg, mais,
par après, on a demandé des avis juridiques sur la question.
À ce sujet-là, il n'y a même pas d'ambiguïté
possible; c'est très clair, l'article 45 couvre les occasionnels. Par
conséquent, ils vont continuer, même après le transfert,
d'être soumis à la liste de rappel et aux conditions de travail
prévues aux conventions collectives.
M. Côté: Ce qu'on voit ici, c'est: Du
côté de l'Opposition - c'était nous autres -on n'a pas
semblé croire en ma parole et j'annonce tout de suite que j'inclurai
dans le projet de loi, à l'étude article par article, un
amendement qui viendra officialiser l'engagement que j'ai pris formellement en
Chambre. Le ministre me dit qu'après vérification avec l'avis
juridique... Le ministre accepterait-il de déposer les avis
juridiques?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Brassard: Non, M. le Président. Il n'est pas de
tradition de déposer les avis juridiques surtout en matière de
relations du travail.
M. Côté: Si c'était si clair que cela....
M. Tremblay: Voulez-vous dire en Chambre?
M. Côté: Non, ici en commission.
M. Tremblay: On ne dépose pas en commission.
M. Côté: De toute façon, fournir les avis...
On ne commencera pas à tatillonner
sur les... Ce n'est pas le but. Il faut bien se comprendre, le but n'est
pas de fourrer le ministre, le but, c'est de ne pas fourrer les
employés. C'est aussi clair que cela, non?
M. Tremblay: On est d'accord avec cela.
M. Côté: Bon, j'imagine que vous êtes d'accord
avec cela. L'objectif, ce n'est pas de partir en campagne. Si l'avis juridique
est si clair que cela, il me semble que cela ne devrait pas faire d'objection
majeure à ce que l'avis juridique soit, si non déposé, au
moins distribué aux membres de la commission.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Brassard: Je suis disposé à vous en faire
prendre connaissance, mais je ne voudrais pas que cela devienne un
dépôt.
M. Côté: Bon, en tout cas. Le député
de Chambly qui participe plus souvent que moi à des commissions
parlementaires...
M. Brassard: Je ne voudrais pas que cela devienne un
dépôt parce que je ne voudrais pas que cela devienne un document
public. Ce n'est pas coutumier que les avis juridiques dans les dossiers comme
celui-là soient déposés. Je peux vous en faire prendre
connaissance à vous et aux membres...
M. Côté: Dans le sens de distribuer ou... ?
M. Brassard: Dans le sens de faire prendre connaissance. (11 h
30)
M. Côté: II y a un sens différent entre
distribuer et faire prendre connaissance.
M. Brassard: Oui, il y a un sens différent.
M. Côté: Est-ce que le ministre m'en laissera une
copie, sans la déposer?
M. Brassard: Je vous en ferai prendre connaissance.
M. Côté: D'accord.
Le Président (M. Dauphin): D'autres questions
préliminaires?
M. Côté: De toute façon, on se reverra, M. le
ministre, à l'article 45. C'est là qu'on en discutera, soyez
sûr qu'on n'y manquera pas. L'intérêt, à ce
moment-ci, de poser ces questions est de savoir où on s'en va.
Deuxième partie. Tantôt, le ministre a ouvert la porte,
quand je lui ai posé la question, sur la possibilité qu'il y ait
des amendements additionnels au projet de loi, ce qui est courant dans nos
lois. Le ministre de l'Éducation n'a déposé que 200
amendements sur un total de 600 articles, il n'y a pas tellement longtemps, sur
un projet de loi qui a été étudié,
réétudié, qui a fait le tour de toute la province. Alors,
même si le projet de loi créant la SEPAQ est à
l'étude au ministère depuis 1981 et peut-être avant,
j'imagine qu'il peut peut-être, au cours du temps, y avoir eu certaines
coquilles qui se sont glissées. Je ne suis pas mal Intentionné
quand je le dis. Est-ce que le ministre a l'intention - j'imagine qu'il est
prêt, il a laissé de côté le projet de loi 13 et
certaines autres affaires pour se préparer pour l'adoption de son projet
de loi 88... Est-ce qu'il y aura, oui ou non, d'autres amendements ou des
papillons qui seront déposés sur la table?
M. Brassard: Au moment où l'on se parle...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Brassard:... c'est non. Mais je ne peux pas vous dire qu'il
n'y en aura pas du tout. Peut-être qu'à l'occasion de
l'étude d'un article, l'intervention du député de
Charlesbourg ou d'autres de mes collègues sera tellement
éclairante qu'on va juger bon d'amender un article. Vous savez
très bien que, au processus d'étude article par article, il
serait prétentieux de ma part de dire qu'il n'y aura pas
d'amendement.
M. Côté: Non, je comprends le ministre.
M. Brassard: Actuellement, je vous dis qu'il n'y en a pas.
M. Côté: Je comprends le ministre de prendre toutes
les précautions et de dire: II peut y avoir, autour de la table, des
gens qui vont amener la lumière au ministre, ce qui, effectivement,
amènerait certains amendements au projet de loi. Dans ces conditions,
ils seraient proposés par les députés de Groulx, de
Montmagny, de Limoilou, de Chambly ou de Charlesbourg. Cela va concerner le
ministre si l'amendement est déposé.
Mais, est-ce que le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, député de Lac-Saint-Jean - pas l'éclairage
que pourrait lui apporter le vécu des membres à la commission
autour de la table ou encore le député de Marquette, qui a eu une
connaissance suffisante du milieu avec les Indiens de Caughnawaga dans le
domaine de la chasse et de la pêche et qui pourra
certainement apporter ses idées... Je comprends qu'aujourd'hui il
n'y en a pas, demain il n'y en aura pas non plus, mercredi non plus.
M. Brassard: Je vous dis que, pour le moment, je n'ai pas
d'amendement.
M. Côté: Comme cela, vous êtes satisfait du
texte actuel de votre projet de loi?
M. Brassard: Oui.
M. Côté: D'accord. Alors...
M. Brassard: M. le Président, je le répète,
possiblement qu'en cours de route... C'est fait pour cela, d'ailleurs, une
commission parlementaire; c'est possible que, en cours de route, on
réussisse à me convaincre que tel ou tel article pourrait
être soit amendé, soit modifié. Cela est évidemment
fort possible. Actuellement, au moment où l'on se parle, je n'ai pas,
pour ' employer le jargon habituel, de papillon.
M. Côté: Alors, pas de papillon ni dans l'esprit ni
dans le ventre du ministre. J'imagine que, pour arriver à déposer
le projet de loi et avoir la certitude que, éventuellement, le
gouvernement fait un bon coup, dans ce cas-ci - parce qu'il y a d'autres
sociétés d'État qui ont été
créées où cela n'a pas été le Klondike; on
se rappellera que des actions d'Asbestos achetées à 65 $ sont
passées à 5 $ - il a fait ou a fait faire - quand je parle du
ministre, je parle aussi de son prédécesseur, bien sûr -
des études. Il y a un groupe spécial qui a été
formé, qui a siégé pendant six ou sept semaines au 690
Grande-Allée, une groupe d'une bonne dizaine de personnes, qui a
travaillé, semble-t-il, d'arrache-pied. Le travail a été
un peu écourté à la fin dû au manque de temps. Il y
a eu des études assez intéressantes qui ont été
faites à ce niveau et qui ont dû être déposées
au ministre.
Est-ce que le ministre est prêt à... On est toujours pris
avec le dépôt qui n'est pas possible, mais le ministre peut
distribuer ces études qui prouvent que, finalement, on va arriver avec
une rentabilité parce qu'au bout de la ligne, l'objectif fondamental de
ce projet de loi est d'en arriver à ce que le gouvernement ne supporte
plus par son budget ces déficits.
M. Brassard: M. le Président, effectivement, le
ministère via un groupe de travail - je vois que le député
de Charlesbourg est bien informé - a mis au point, pour chacun des
équipements concernés, ce qu'on pourrait appeler un plan d'action
ou un plan de rentabilisation qui comporte pour chacun d'entre eux un certain
nombre d'actions à entreprendre, à faire, lorsque la
société sera en place et qui visent toutes à
dégager une rentabilité des équipements. Cela est exact et
je le confirme.
Est-ce que ces plans d'action seront rendus publics ou
déposés? Continuons d'utiliser l'expression? Ma réponse
là-dessus est très claire, c'est non, pour une raison très
simple, c'est que, ce qu'on est en train de créer là est une
société de nature commerciale qui aura des transactions à
faire. C'est donc une entreprise d'État, bien sûr, une entreprise
publique, mais une entreprise et, comme toute entreprise, elle devra mettre au
point une stratégie commerciale, une stratégie de marketing. Elle
devra aussi s'inscrire dans un contexte de concurrence, dans un contexte de
compétition avec d'autres entreprises du secteur privé. Il n'est
pas, là non plus, coutumier - ce n'est pas parce que c'est une
entreprise publique qu'on devra déroger à cette règle - et
non plus souhaitable que l'on révèle, que l'on rende publiques
les actions visant à rentabiliser les équipements. Ce serait,
à ce moment-là... II n'y a pas une entreprise privée qui
ferait cela; sinon, elle livrerait à ces concurrents toute sa
stratégie. C'est vraiment impensable et cela ne se fait pas. Cela ne se
fait pas dans le secteur privé, je ne vois pas pourquoi cela se ferait
quand il s'agit d'une entreprise publique, ce qui est le cas
présentement.
Oui, je confirme qu'il y a des études en ce sens et ces
études seront ensuite, lorsque la société sera mise en
place, transmises à celle-ci. Elle pourra choisir, à ce
moment-là, identifier les actions qu'elle compte réaliser. Elle
pourra aussi, possiblement, en laisser de côté. Elle agira comme
une entreprise doit agir et elle va utiliser, en quelque sorte, ce travail
préalable qui a été fait. Je pense que cela ne serait pas
souhaitable et cela n'est pas, non plus, coutumier dans le milieu des affaires
de rendre publiques des études semblables.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: Je suis sensible à certains
arguments du ministre là-dessus, quant à l'avenir. C'est une
stratégie que la future société d'État pourra
développer et finalement, elle est en concurrence avec l'entreprise
privée dans certains cas. Je comprends qu'il y ait certaines
réserves là-dessus, d'autant plus que la société
d'État, par rapport au gouvernement, paiera des taxes foncières
alors que le gouvernement n'en paie pas. En tout cas, on doit en tenir compte
dans les bilans.
Mais, quand même, pour être capable
de prendre une décision éclairée à ce niveau
sur le transfert des équipements et, éventuellement, être
capable de juger parce que c'est cela l'objectif, on confie maintenant la
responsabilité à une société d'État. Elle
partira donc du point et si, dans trois ans - cela pourra peut-être vous
rendre service si jamais vous êtes dans l'opposition à ce moment -
vous avez à faire le bilan de la société d'État, ou
dans deux ans, vous savez de quel point elle est partie, vous pourrez savoir
où elle est rendue dans trois ans et, par conséquent, être
à même de savoir si, effectivement, l'objectif, qui était
au départ de rentabiliser, est atteint.
Dans ce sens, je me dis: Parfait pour l'avenir et les projections, c'est
correct, je suis prêt à faire confiance à certaines
parties, quitte à ce qu'on analyse ultérieurement. Mais, pour la
situation au moment où on se parle, à savoir qu'est-ce que le
gouvernement a investi... Tantôt, un des arguments du ministre
était dans le sens qu'on ne pouvait pas transférer à
l'entreprise privée, compte tenu de l'importance des immobilisations que
le gouvernement a faites dans certains cas, au mont Sainte-Anne et autres, et
qu'il n'y avait pas d'entreprise privée qui était capable de
payer l'immobilisation. À partir de cela, est-ce qu'on pourrait savoir
aujourd'hui, au moment où on se parle, où on s'en va adopter
article par article le projet de loi, quelle est la situation des
investissements et des coûts d'administration de chacun des
établissements visés par le projet de loi?
Le Président (M. Dauphin): Maintenant, juste avant que
vous procédiez à la réponse à la question du
député de Charlesbourg, pour en revenir à la motion du
député de Charlesbourg, le secrétaire m'informe que le
Syndicat des fonctionnaires provinciaux est prêt à venir devant la
commission après les affaires courantes, vers 16 heures. Est-ce qu'on
pourrait procéder tout de suite à l'adoption de la motion qui a
été amendée? Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Côté: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): La motion est
adoptée.
M. Côté: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. M. le ministre.
M. Brassard: À ce sujet, M. le Président, si le
député de Charlesbourg comprend mon argumentation relativement au
plan d'action ou à la stratégie de rentabilisation qui ne sont
pas divulgables...
M. Côté: C'est au sujet de...
M. Brassard: D'accord. Vous prenez acte.
M. Côté: Ouï.
M. Brassard: Pour ce qui est des investissements publics qui ont
été faits dans chacun des équipements qui seront
transférés, je pense que oui, c'est possible de rendre ces choses
publiques, parce que ce sont des fonds publics qui ont été
investis. Alors, je pense qu'on pourra vous fournir cet état de fait des
investissements qui ont été effectués dans chacun des
équipements concernés.
M. Côté: Quand est-ce que cela sera fait?
M. Brassard: Cela devrait être fait rapidement. Je pense
qu'on a les informations à ce sujet. On s'en occupe.
M. Côté: Parfait. J'ai quelques autres petites
questions sur les notes explicatives et par la suite on pourra amorcer
l'étude article par article. Dans le quatrième paragraphe des
notes explicatives: "Le projet de loi prévoit le transfert, en faveur de
la société, moyennant considération et autres conditions
déterminées par le gouvernement, de certains biens, meubles et
immeubles, faisant partie du domaine public à vocation
récréative ou touristique. "
La question que j'aimerais poser au ministre à ce moment-ci, je
pense l'avoir posée en deuxième lecture c'est: Combien de
nouveaux équipements récréatifs de plein air ont-ils
été mis sur pied depuis... Si c'était possible, j'imagine
que c'est comptabilisé depuis 1976, sinon depuis que c'est disponible ou
qu'il y a une comptabilité faite à ce niveau; j'imagine que c'est
possible. Récemment, j'ai vu une étude qui a été
faîte sur les parcs. J'ai pris connaissance d'un texte qu'a
communiqué M. Larue - si le nom est bon - qui est responsable du parc du
Mont-Tremblant, à la séance qui s'était tenue au Manoir
Montmorency sur la situation des parcs. (11 h 45)
Ce texte, je vous le cite de mémoire, en arrondissant les
chiffres. En 1976, il y avait 14 000 kilomètres carrés de
territoire sous parcs et avec la création des parcs annoncés:
Aiguebelle, Miguasha, île Bonaventure, même le mont Saint-Bruno est
dans cela, on se retrouve aujourd'hui à 4 000 kilomètres
carrés. Il me semble qu'au moment où l'on crée une
société à vocation récréative ou touristique
et qu'on voit passer la superficie de plein air, de parcs, de 14 000
kilomètres carrés à 4 000 kilomètres carrés,
c'est inquiétant. Dans le texte de M. Larue - on se rendait compte que
c'est un gars de terrain, un gars qui connaissait le milieu - cela
l'inquiétait énormément du fait
qu'on a fait passer des parties qu'on a éliminées comme
parc sous réserve et que dans plusieurs cas - il citait celui du parc
Les Grands Jardins, ici dans la région de Québec - que
c'étaient des coupes absolument épouvantables de forêts,
compte tenu de l'empiétement du ministère de l'Énergie et
des Ressources qui allait à son gré dans tout cela et
éliminait une partie de la forêt. Il donnait des droits de coupe
qui pour le moins étaient dangereux quant à la survie de la faune
et, finalement, aussi à l'équilibre de la nature
nécessaire à toute notre faune.
Je me dis qu'on crée une société comme
celle-là. On se retrouve de 14 000 kilomètres carrés
à 4 000 kilomètres carrés. C'est quand même
passablement inquiétant. C'est une diminution de l'ordre de 75% des
espaces verts de parcs. J'aimerais entendre le ministre là-dessus.
M. Brassard: Même si cela ne concerne pas directement le
projet de loi, je veux bien répondre. C'est exact qu'il y a eu une
diminution substantielle en termes de superficie, mais il faut tenir compte du
fait suivant qui est quand même capital: on a, par la Loi sur les parcs
qui a été adoptée en 1977, substantiellement
modifié la vocation des parcs. Autrefois, sur le territoire des parcs,
il pouvait y avoir des exploitations forestières, des exploitations
minières et cela se rapprochait beaucoup, en quelque sorte, de ce qu'on
appelle maintenant des réserves fauniques. Je pense au parc des
Laurentides, en particulier, qu'on connaît bien chez nous et qui a une
superficie assez considérable. Ce parc, au fond, c'était une
réserve faunique. On y faisait chantier, on y tenait des exploitations
forestières et ce n'était pas véritablement un parc au
sens où on l'entend selon le concept de parc connu en Amérique du
Nord. Le concept de parc qui est retenu en Amérique du Nord
prévoit qu'il est interdit d'y faire des activités
économiques, en particulier, faire de la coupe, de la prospection et de
l'exploitation minière; même la chasse est interdite. La loi de
1977, la nouvelle loi, justement, introduit et fait en sorte que les parcs vont
maintenant être aménagés en fonction de ce concept,
c'est-à-dire que toute opération de nature économique est
exclue, est interdite sur le territoire d'un parc. Partant de là, il est
évident à ce moment qu'il convenait de réduire les
superficies pour ne pas que la mise en place du réseau de parcs en
vienne à nuire au développement économique. Les parcs qui
sont maintenant créés en vertu de la nouvelle loi sont de
véritables parcs au sens où on l'entend en Amérique du
Nord. On n'a qu'à penser à un des premiers parcs
créés en Amérique du Nord, le parc de Yellowstone aux
États-Unis, le parc de Jasper, à Banff, dans l'Ouest du Canada
qui correspondent aux mêmes concepts. À ce moment, ce sont de
véritables parcs qui ont été créés comme
celui des Grands Jardins, c'est-à-dire qu'il ne peut se faire
d'exploitation économique ou industrielle sur le territoire de ces
parcs. Ce sont vraiment des parcs où la nature est
préservée.
Je pense que c'est important de le souligner, d'autre part, et cela
explique en particulier qu'on ait réduit la superficie des parcs. Mais,
il faut aussi tenir compte en même temps de la superficie de
réserves fauniques. Il y en a aussi qui couvrent une grande superficie,
mais, pour les réserves fauniques, les mêmes règles que
celles des parcs ne s'appliquent pas.
Deuxièmement, le réseau des parcs n'est pas terminé
non plus, il est en voie de se constituer. Je devrais - si tout fonctionne bien
- tenir de nouvelles audiences publiques au printemps pour intégrer de
nouveaux parcs dans le réseau de parcs. Tel que prévu dans la
nouvelle loi de 77, le réseau de parcs est en voie de se constituer,
cela veut donc dire que ce ne sont pas les 4000 kilomètres ou à
peu près que vous mentionnez, ce n'est pas une superficie figée,
cela va évoluer et cela va augmenter au fur et à mesure que le
réseau va se mettre en place.
M. Côté: M. le ministre, je vous ferai remarquer que
les 4000 kilomètres sont très largement arrondis. Actuellement,
ce sont 3200 kilomètres...
M. Brassard: II y en aura d'autres.
M. Côté:... et dans les prochains sept ou huit parcs
qui viendraient, la superficie, à ce moment, de 832 kilomètres
carrés était ajoutée pour faire à peu près
les 4000 kilomètres. De toute façon, c'est un débat qui
viendra en son temps, lorsque le projet de loi reviendra devant la Chambre.
M. Brassard: M. le député, c'est important
d'intégrer dans l'analyse et dans l'argumentation le type de parcs qu'on
met en place depuis 1977 par rapport au type de parcs qui existait avant. C'est
différent.
M. Côté: II y a un projet de loi devant la Chambre
qui, éventuellement, veut à nouveau changer la Loi sur les parcs.
On verra et, de toute façon, on aura l'occasion de faire le
débat.
M. Brassard: Oui, c'est cela.
M. Côté: Dans les notes explicatives, il y avait
aussi effectivement à un certain moment, "prévoit le transfert";
on y reviendra. Je pense qu'en acceptant de discuter avec le Syndicat des
fonctionnaires pendant une heure on pourra en parler et l'étudier aussi
article par article. J'aimerais
savoir du ministre... Parce qu'à un certain moment tl est dit:
"... de donner à la société des directives... ". De quel
oeil le ministre voit-il ce but qui est dans les notes explicatives qu'on
reverra au niveau de l'étude article par article? Est-ce que c'est pour
diriger îa société d'État sans être là,
ou st c'est pour intervenir au moment où la société
d'État ferait des faux pas? Quelle interprétation le ministre
entend-il donner à... ou quelle orientation entend-il donner à ce
pouvoir que lui confère la loi?
M. Brassard: Disons d'abord, M. le Président, qu'il s'agit
là d'un pouvoir ou d'un article qu'on retrouve dans toutes les lois
créant des sociétés d'État et c'est normal
d'ailleurs, le gouvernement étant le seul et unique actionnaire de la
société d'État, que le ministre responsable ait ce qu'on
appelle un pouvoir de directive. Un pouvoir de directive qui ne porte pas -
comme l'indique d'ailleurs fort bien la note explicative - sur la gestion
quotidienne des équipements. À ce compte, ne créons pas de
société d'État si on veut que, par le pouvoir de
directive, le ministre intervienne quotidiennement dans la gestion. Mais, cela
indique très bien que ce pouvoir de directive porte sur les objectifs et
l'orientation. Je pense qu'il est tout à fait normal que le ministre et
le gouvernement aussi, par le fait même - c'est ce qui se produit
d'ailleurs dans tous les cas de société d'État - puissent,
quant aux orientations de fond, émettre des directives à la
société. C'est un pouvoir que l'on retrouve dans toutes les lois
créant les sociétés d'État. Il m'apparaît
normal qu'il s'y trouve, étant donné justement que c'est une
société d'État. Il est tout à fait normal que l'on
retrouve au moins un certain nombre de dispositions qui permettent au
gouvernement d'indiquer ses choix d'orientation. C'est dans ce sens que cet
article est là. C'est ce que l'on retrouve dans toutes les lois
constituant les sociétés d'État. Il est normal que cela se
retrouve aussi dans la loi créant la Société des
établissements de plein air du Québec.
Comment ce pouvoir-là sera-t-il utilisé par le ministre?
C'est un peu prématuré pour le moment d'en parler. Ce serait un
peu bizarre, avant même que la société voit le jour et que
son conseil d'administration soit constitué, que le ministre ait
déjà rédigé des directives pour la
société. II est évident que c'est un pouvoir qui pourra
à l'occasion être utilisé par le ministre.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: M. le Président, en tout cas, des
sociétés d'État, vous le savez, cela fait peur à
bien du monde, principalement à l'Opposition, bien sûr, parce que
le gouvernement actuel y est allé assez rondement avec les
sociétés d'État. On sait que l'on transfère de par
le projet de loi quelque quatorze ou seize établissements sur une
période de trois ans à la société d'État.
Quelle serait la réaction du ministre, ayant transféré la
réserve faunique de l'île d'Anticosti, si, au bout d'une ou deux
années, la société d'État décidait de vendre
à l'entreprise privée? Est-ce possible? Est-ce que dans la loi il
y a des prescriptions en ce sens que la société d'État
peut vendre?
M. Brassard: Oui, la société d'État peut
vendre comme toute société de nature commerciale. De plus, je
vous signale que, pour ce qui est de l'île d'Anticosti, ce sont les
équipements qui sont situés dans la réserve faunique qui
seront transférés et non pas la réserve elle-même.
C'est bien important. C'est indiqué d'ailleurs dans l'annexe qu'il
s'agit des équipements. Quand il s'agit des terrains, c'est
indiqué également. Alors, ce n'est pas la réserve qui est
cédée. Elle demeure avec le statut qu'on lut connaît.
Oui, la société aura le pouvoir de vendre et
d'acquérir comme toute société commerciale. Maintenant,
est-ce que le gouvernement pourra avoir son mot à dire?Je
pense que oui. Il y a diverses possibilités, à commencer par le
pouvoir de directive dont on parlait tantôt. Il pourrait fort bien
arriver - c'est une hypothèse - que le ministre par son pouvoir de
directive, en termes d'orientation de la société, indique
à la société que dans les trois ans qui viennent, elle ne
pourra pas se départir sans l'autorisation du gouvernement des
équipements qu'on lui transfère. Cela pourra être le cas,
par exemple.
Il y a le plan de développement qui devra être
approuvé par le gouvernement. Alors, ce sera peut-être un autre
moyen également de voir à ce que les orientations de la
société soient approuvées et ratifiées par le
gouvernement. (12 heures)
M. Côté: Le ministre est fort conscient qu'à
l'Assemblée nationale, même si on a élargi le mandat de nos
commissions, où les commissions peuvent décider d'entendre une
société d'État par année ou ont l'obligation
d'entendre une société d'État par année ou un
organisme public par année, on est quand même limité dans
l'action à ce niveau-là. On pourrait se retrouver pendant tout un
mandat de quatre ans, sans avoir eu l'occasion ou l'opportunité
d'entendre la société d'État et les pouvoirs de
directives, à ce moment-là...
La seule intervention au niveau de la société
d'État, devient celle du ministère et le seul chien de garde
à ce niveau devient le ministre.
M. Brassard: Je ne sais pas. Il va
falloir vérifier. Je pense que les directives, si ma
mémoire est bonne - ma mémoire était bonne - doivent
être déposées à l'Assemblée nationale. Par
conséquent, ça devient un document public et l'Opposition peut,
à ce moment-là, en prendre connaissance.
M. Côté: D'accord. On va reprendre tout ça,
M. le ministre. Vous avez parfaitement raison. Les directives visent les
objectifs, d'accord? À partir du moment où les directives sont
déposées, la société d'État, elle, agit.
À ce moment-là, la société désire
transférer ou vendre un équipement. On a pris l'exemple de la
réserve de l'île d'Anticosti tantôt. Que la
société d'État décide, par exemple, de prendre les
camps de Vauréal et de les vendre à l'entreprise privée ou
à un pourvoyeur, je pense que, là-dessus, le ministre a
raison.
D'ailleurs, c'est déjà une partie de la politique du
ministère, actuellement, que de confier la gestion de l'île
d'Anticosti à des pourvoyeurs. S'il devait en être autrement au
niveau du mont Sainte-Anne, qui est quand même un équipement
majeur l'équipement majeur en termes de ski dans la région de
Québec, quel serait le pouvoir du ministre? On s'est dit tantôt:
On ne le vend pas à l'entreprise privée, parce que l'entreprise
privée ne peut pas payer ce que le gouvernement investit. C'est
clair.
Probablement que l'entreprise privée, si elle avait eu à
investir pour être rendue où on est rendu... Je le dis très
librement, parce que le mont Sainte-Anne n'a pas débuté sous le
gouvernement du Parti québécois, il a débuté sous
le gouvernement du Parti libéral et le Parti libéral a fait ses
erreurs dans le dossier, comme d'autres les ont faites aussi. Il y a eu des
mauvais choix de faits aussi à ce moment-là. Mais on ne peut pas
faire absorber par l'entreprise privée le coût, parce que
l'entreprise privée aurait certainement réussi à faire
mieux avec moins sur le plan des équipements qu'il y a là.
Mais si, demain matin, la société d'État
décide de vendre, selon l'article 18. 4, le mont Sainte-Anne et que
ça va à l'encontre de la vocation sociale que voudrait donner le
ministre à son ministère, quelles sont vos
possibilités?
M. Brassard: Pouvez-vous terminer votre question, M. le
député, s'il vous plaît?
M. Côté: Sur le plan
récréo-touristique et sur le plan social, le mont Sainte-Anne,
pour la région de Québec, c'est très important. Alors, je
me dis...
M. Brassard: Si la société décidé de
le vendre...
M. Côté: Oui, à l'entreprise
privée.
M. Brassard:... quelles sont les possibilités pour le
gouvernement d'empêcher cela?
M. Côté: Si, dans l'esprit du gouvernement,
ça va à l'encontre de sa...
M. Brassard: À l'article 28, c'est vrai que "La
société ne peut, sans l'autorisation du gouvernement: 5°
disposer d'un immeuble autrement que par vente à l'enchère ou par
soumissions publiques". Cela veut donc dire qu'en vertu de l'article 28, la
société pourrait, si elle procède par soumissions
publiques, vendre le mont Sainte-Anne, sans l'autorisation du gouvernement.
M. Côté: Je pense qu'elle ne peut... M. Brassard:
C'est cela.
M. Côté: D'accord, j'avais compris
"peut".
M. Brassard: Elle ne peut. Normalement, d'après l'article
28, elle n'a pas besoin de l'autorisation du gouvernement pour vendre par
soumissions publiques; d'accord? Alors, si elle voulait vendre par soumissions
publiques le mont Sainte-Anne, en vertu de l'article 28, elle pourrait le
faire.
Mais il faut dire aussi qu'il y a d'autres articles qui permettent ou
qui permettraient au gouvernement d'empêcher, si c'est son intention -
autrement dit, si le gouvernement ne veut pas - que le mont Sainte-Anne - je
prends toujours votre exemple - soit cédé à l'entreprise
privée. Il y aurait quand même moyen d'empêcher cela,
d'abord, par l'article 22.
L'article 22 indique et stipule que: "La société devient
propriétaire, à compter de la date et selon les conditions
déterminées par le gouvernement... ". Cela veut dire qu'au moment
où on transfère les équipements, le gouvernement peut,
selon l'article 22, indiquer les conditions du transfert. Parmi les conditions
du transfert, il peut y avoir une interdiction de vendre l'équipement,
de se départir de l'équipement. Cela peut être une des
conditions du transfert.
M. Côté: Est-ce qu'il est de l'intention du
gouvernement de poser certaines conditions?
M. Brassard: L'intention du gouvernement, c'est de faire en sorte
de transférer ces équipements pour en arriver possiblement
à les rentabiliser. Si l'intention du gouvernement, c'était de
s'en départir et de les céder au secteur privé, on
n'aurait pas besoin - vous en conviendrez - de créer
une société d'État et on s'en départirait
par tous les moyens légaux possibles. Si on crée une
société, c'est évidemment parce qu'on tient à ce
que ces équipements demeurent dans le domaine public et, possiblement,
atteignent le seuil de la rentabilité.
Toutefois, il m'apparaît fort possible, et peut-être
même souhaitable, que lors du transfert des biens meubles et immeubles
énumérés à l'annexe 1, on indique dans des
conditions déterminées par le gouvernement un certain nombre de
conditions qui font en sorte qu'on s'assure que ces équipements
demeurent dans le domaine public et demeurent propriété de la
société, tout ou une partie des équipements. Je donne
toujours l'exemple du mont Sainte-Anne, que vous avez utilisé. C'est un
outil, un pouvoir qu'a le gouvernement d'empêcher la liquidation de
certains biens qu'on transfère à des sociétés.
M. Tremblay: M. le Président, je note que nous sommes en
train d'étudier, à toutes fins utiles, le projet de loi article
par article. II me semble que ce serait plus efficace qu'on commence
immédiatement et que ces questions viennent au moment où les
articles seront amenés sur le tapis, parce que, de toute façon,
on va y revenir éventuellement, on va recommencer avec les mêmes
questions. Là, il y a dédoublement. J'imagine que, pour
l'efficacité de la commission, ce serait avantageux de procéder
autrement.
M. Côté: M. le Président, concernant
l'intervention du député de Chambly, je dois à nouveau le
calmer. Je veux le rassurer. Si jamais il trouvait, durant l'étude
article par article, que des répétitions viennent - c'est fort
possible - il n'aurait qu'à nous le signaler et nous dire qu'on en a
discuté ce matin. On va très bien s'entendre, il n'y a pas de
problème. Rassurez-vous, ce n'est pas dans le but de tuer le temps. Il y
a un certain nombre de questions qui doivent être posées, on va
continuer de les poser, et quand on sera prêts, on va aborder les
articles un par un.
M. Tremblay: Je suis assuré de la bonne foi du
député de Charlesbourg, il nous l'a exprimée ce matin et
je le tiens pour acquis, mais mon propos visait uniquement à faire en
sorte qu'il y ait le moins de temps possible dépensé inutilement.
Ma suggestion est d'ailleurs dans l'esprit des travaux de l'Assemblée
nationale. Normalement, en commission parlementaire, on étudie le projet
de loi article par article; c'est là le mandat qui nous vient de la
Chambre, et procéder autrement m'apparaît toujours très
dangereux puisque ça fait en sorte de ne pas respecter les traditions.
Les traditions sont souvent là pour nous épargner du temps.
M. Côté: Avec votre permission, M. le
Président, je dirai au député de Chambly que je
préfère dépenser un peu plus de temps à la
commission et m'assurer qu'au niveau de la société d'État,
on ne dépense pas de l'argent inutilement. Je ne veux prêter de
mauvaises intentions à personne à ce niveau, et c'est ce que
visent les questions de l'Opposition pour le moment. La tradition que je
connais au niveau des commissions parlementaires fait en sorte qu'il y a un
large débat avant même l'étude de l'article 1. Je pense
qu'il n'y a pas eu d'abus, on a commencé à 10 h 40, il est 12 h
10 et, dans la mesure où il y aura abus, je vous prierai de le signaler.
L'Opposition fera comme elle l'a fait lors de l'étude des
crédits, au printemps dernier, avec le ministre, on fera en sorte de
rajuster notre ~ tir.
Le Président (M. Dauphin): Sur la question de
règlement, évidemment, il est d'usage de permettre des remarques
préliminaires des deux côtés. Il est vrai que les remarques
sont sous forme interrogative, mais les questions posées sont, je pense,
pertinentes et ne vont pas pour...
M. Tremblay: Je ne mets pas, ça en doute, M. le
Président. Elles sont effectivement pertinentes et à ce point-ci,
je ne porte pas de jugement sur les motifs des questions, mais je faisais tout
simplement une suggestion qui pourrait devenir éventuellement un appel
au règlement, mais qui, à ce point-ci, n'est qu'une
suggestion.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, M. le
député.
M. Côté: M. le Président, le ministre nous
est revenu ayant été absent deux ou trois minutes. Est-ce que,
dans l'esprit du ministre, la société sera soustraite en tout
temps à la Loi sur l'administration publique?
M. Brassard: Si la société...
M. Côté: Si la société sera soumise
aux obligations de ta Loi sur l'administration publique concernant les achats,
les contrats, les concessions.
M. Brassard: Mais non; c'est pour cela, d'ailleurs, qu'on
crée une société d'État, pour la soustraire
à la Loi sur l'administration financière et aux procédures
qui sont fort laborieuses, qui découlent de cette loi et qui ne sont pas
adéquates pour des transactions commerciales.
M. Côté: Je me souviens, lors de la réplique
de deuxième lecture de l'ex-ministre, qu'il avait été
assez coloré dans ses exemples. Il avait même parlé
d'un
gallon de peinture. Est-ce que, dans ces conditions... Je pense que
c'est effectivement pousser un peu toute la procédure, 75 exemplaires du
gouvernement pour acheter un gallon de peinture, je pense que c'est forcer la
note un peu, mais de là à complètement ouvrir les valves
et dire: Allons-y, Bozo, il n'y a pas de problème, on est à
même la cagnotte, il y a quand même des normes à ce
niveau-là. Est-ce que cela va être comblé par les
directives?
M. Brassard: Non, par des règlements. Le projet de loi
prévoit cela je ne sais pas où, à quel article - on verra
cela en cours de route - mais c'est par règlement que l'on va imposer
à la société un certain nombre de règles normales
à suivre. Je pense, par exemple, aux contrats. Il est évident que
ce n'est pas parce qu'on la soustrait à la Loi sur l'administration
financière qu'il faut revenir au règne de l'arbitraire. Ce n'est
pas ce que cela veut dire. Il y aura un règlement qui est prévu
par le projet de loi et c'est l'article 28, paragraphe 2: "La
société ne peut, sans l'autorisation du gouvernement, conclure un
contrat pour une durée ou pour un montant supérieurs à
ceux déterminés par le gouvernement; ". C'est le gouvernement qui
va... C'est la même chose pour un emprunt: elle ne peut contracter un
emprunt... Boni "Déterminés par le gouvernement", cela veut dire
déterminés par règlement de façon que, sur le plan
administratif, la rigueur soit de mise également, même si...
M. Côté: On verra cela tantôt... M.
Brassard: D'accord.
M. Côté:... quand on commencera l'étude
article par article. Quelques brèves questions avant d'aborder l'article
1 pour la plus grande satisfaction, j'imagine, du député de
Chambly. J'imagine que le ministre a eu de fréquents contacts avec le
groupe de travail et des rapports, aussi, au niveau des équipements
transférés. Est-ce que, dans les rapports qu'il a entre les mains
ou dans les discussions qu'il a eues avec des responsables de ce groupe ou
peut-être d'éventuels membres de la société, la
fermeture d'équipements a été envisagée, de
certains de ces équipements?
M. Brassard: La fermeture avant même le transfert?
M. Côté: Ou peu de temps après le
transfert.
M. Brassard: Je ne dispose d'aucune information qui va dans le
sens que vous indiquez. Alors, ma réponse est: À ma connaissance,
c'est non.
(12 h 15)
M. Côté: Et à votre connaissance, est-ce que,
parmi certains conseils que vous pourriez donner au moment où la
société d'État sera formée, il y aura celui
d'être saisi de toute fermeture éventuelle d'équipement
avant même que cela se fasse? C'est difficile de repartir quand c'est
fermé. Dans les équipements qui sont en annexe, je dois
comprendre qu'à la connaissance du ministre - je prends ce qu'il me dit
- aucun ne serait appelé à fermer.
M. Brassard: Non, pas à ma connaissance, certainement pas.
La réponse à cela est non; sans cela, à quoi servirait de
transférer ces équipements. Si l'intention du gouvernement ou du
ministre était que tel équipement de la liste en annexe devait
fermer, je ne vois pas pourquoi on le mettrait en annexe. Ce serait tromper
tout le monde.
M. Côté: Prenons l'Auberge de Fort Prével. Il
peut être envisageable que la société d'État
éventuellement dise: Parfait, c'est un équipement qui nous est
transféré, on sait qu'à Fort Prével il y a une
auberge, il y a un hôtel, il y a une piscine, il y a un terrain de golf.
Est-il envisagé que certaines parties pourraient être
données en concession - l'hôtel, l'auberge, le golf, la piscine -
pour administration et que la société d'État en tire un
certain rendement, mais fixe?
M. Brassard: Ce n'est pas impassible. C'est, d'ailleurs, possible
actuellement, on pourrait donner des équipements en concession. Ce n'est
pas exclu totalement. Le projet de loi permet, d'ailleurs, à la
société de céder des activités en concession.
M. Côté: Mais par opposition, le gouvernement, lui,
comme l'a dit le ministre il y a un instant, peut le faire dans le cadre
actuel.
M. Brassard: Le golf, me dit-on. Le golf est en concession.
M. Côté: D'accord. Alors, si le gouvernement peut le
faire, dans la majorité de ces établissements, il ne l'a pas
fait. Qu'est-ce qui fait que le gouvernement ne l'a pas fait et que cela
deviendrait plus rentable si la société d'État le faisait?
Est-ce que cela voudrait dire que la qualité des services ou le fait de
mettre en concurrence certains sous-traitants, comme je l'ai dit en
deuxième lecture, que ce soit au niveau du gardiennage, des vidanges ou
de certaines choses de cette nature, ferait en sorte que le coût de
fonctionnement baisserait? N'est-ce pas un peu le risque, que la qualité
des services diminue par rapport à ce qu'on a actuellement?
M. Brassard: J'ai dit que la société dispose du
pouvoir, en vertu du projet de loi, de céder certaines activités
en concession au secteur privé. Est-ce qu'elle va utiliser ce pouvoir?
C'est une autre question. Il est peut-être un peu tôt, il faudrait
peut-être attendre qu'elle soit créée avant de
répondre à cette question. Mais une chose est certaine, la
société aura intérêt, quel que soit le mode de
gestion qu'elle utilisera, soit direct, soit par voie de concession, non pas
à ce que la qualité des services diminue, mais à ce que la
qualité des services augmente, s'accroisse. Si elle veut se
rentabiliser, il faut non seulement qu'elle influe sur la demande, que la
demande augmente, mais il faut aussi que la qualité de l'offre soit
à tout le moins maintenue. Je ne vois pas pourquoi elle aurait
intérêt, compte tenu de son mandat et de sa vocation, à
prendre des décisions ou à entreprendre des actions qui auraient
un effet allant dans le sens d'une diminution de la qualité des services
offerts. Cela paraîtrait aberrant.
M. Côté: M. le ministre, si la société
d'État veut se rentabiliser, compte tenu qu'elle a affaire au public qui
paie pour avoir accès à ses services, elle devra
nécessairement offrir une qualité de services au moins
égale à certains autres sites concurrentiels. Donc, si on veut
une qualité de services aussi intéressante et compétitive
et qu'on veut, par le fait même, rentabiliser ses équipements, il
va falloir qu'il y ait un rendement accrû quelque part ou que cela coupe
quelque part. Si ce n'est pas sur les services de gardiennage, de vidanges ou
d'autres choses, il n'en reste pas beaucoup. Il reste la main-d'oeuvre. De par
ce qu'on a su, dit par son prédécesseur et
répété par le ministre ce matin, la sécurité
des employés à temps plein, des employé saisonniers et des
employés occasionnels est maintenue. Est-ce que cette
sécurité est maintenue aux mêmes conditions actuelles,
prévues dans la convention collective, et qu'en sera-t-il au 1er janvier
1986 quant au taux de rémunération, quant aux avantages que
retirent ces employés actuellement? Est-ce que cela va être
l'issue possible tantôt pour être capable de faire des profits?
M. Brassard: Vous avez raison de le répéter. C'est
maintenu. Les conditions des employés permanents et occasionnels seront
celles prévues aux conventions collectives. Ces conventions collectives
sont échues le 31 décembre 1985. Cela veut dire quoi? Qu'est-ce
qui se passe après? Il se passe la même chose qui se passe dans le
secteur public ou dans le secteur parapublic, soit l'éducation ou le
réseau des affaires sociales. Une fois que les conventions sont
échues, d'abord, les conditions sont maintenues tant et aussi longtemps
qu'il n'y a pas une nouvelle convention qui remplace celles-ci. C'est le jeu de
la négociation. Les travailleurs de cette société,
j'imagine, vont sans doute choisir de demeurer syndiqués. Je
m'étonnerais du contraire. Ils vont être constitués,
cependant, en syndicat autonome, qui sera affilié à quelle
centrale? Je l'ignore. Est-ce qu'ils vont choisir de demeurer avec le Syndicat
des fonctionnaires? Possiblement, c'est là qu'ils sont
présentement. Est-ce qu'ils vont choisir de s'affilier à une
autre centrale? Ce sera leur choix. Ce sera le choix des travailleurs. Une
chose est sûre, je n'ai pas l'impression qu'ils vont renoncer à la
syndicalisation. Ils vont sans aucun doute demeurer syndiqués. À
partir de ce moment, c'est le jeu des négociations.
Ce n'est pas uniquement pour eux que les conditions de travail
deviennent négociables. Cela devient négociable pour tous ceux,
ailleurs dans les secteurs public et parapublic, dont les conventions sont
échues. C'est la même chose pour tout le monde. Ils devront,
évidemment, entreprendre une négociation avec la
société. On peut difficilement prédire quels seront les
résultats de ces négociations. Je n'ai pas l'impression que les
conditions de travail vont se détériorer. Quand on regarde
l'ensemble des sociétés d'État au Québec, on ne
peut pas dire que les conditions des travailleurs les sociétés
d'État, même s'ils ne sont pas régis par la Loi sur la
fonction publique, sont mauvaises. Je ne pense pas qu'on puisse affirmer cela.
On n'a qu'à regarder Hydro-Québec, par exemple, où ils-ont
des conventions collectives fort enviables.
Ils vont jouer le jeu de la négociation. Le résultat, je
ne pense pas que cela va se traduire par une détérioration grave
des conditions de travail. Cela peut se traduire, par exemple, c'est fort
possible et même probable, par une adaptation des conditions de travail
à la nature et à la vocation de la société
d'État. C'est une chose possible.
M. Côté: Une dernière question, je pense du
moins, avant d'aborder l'article 1. Ayant fait le tour du dossier, il n'est pas
souhaitable pour la société d'État de diminuer la
qualité des services parce que sa clientèle pourrait diminuer
tout autant, pas question, non plus, de diminuer, du moins sensiblement, soyons
prudents, le taux de rémunération et les avantages sociaux des
employés qui auront à négocier selon les règles du
marché en 1986 leurs nouvelles conventions collectives. Il reste une
possibilité et le ministre m'a ouvert la porte en parlant
d'Hydro-Québec: effectivement le taux de rémunération et
les avantages des employés de la société d'État
Hydro-Québec n'ont pas diminué, mais le compte
d'électricité du citoyen a augmenté, avec des
taux de 17%, de 11% et de 14%, mais moins substantiels cette
année.
M. Brassard: Pas cette année, l'avez-vous noté?
M. Côté: C'est une année d'élections.
Mais il reste une possibilité au niveau de la société
d'État, c'est d'augmenter les tarifs. C'est là, finalement, la
possibilité qui reste. Ce n'est pas que je sois contre l'augmentation
des tarifs, mais il s'agira de voir ce que cela donne actuellement par rapport
à ce que cela donnera éventuellement, surtout qu'il y a des
charges additionnelles qui seront maintenant aux frais de la
société d'État et qui ne le sont pas actuellement, comme
les taxes foncières et certains droits gouvernementaux qui ne sont pas
payés actuellement, mais qui le seraient éventuellement par une
société d'État. Le ministre a-t-il eu dans ses
études et ses analyses des projections quant à l'augmentation des
tarifs?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M, Brassard: Oui, la tarification est un moyen qui pourrait
être utilisé pour augmenter les revenus. Mais il faut convenir
d'une chose aussi, c'est que, comme la société va quand
même se situer dans un contexte de concurrence, dans un contexte de
compétition avec l'entreprise privée, sa marge de manoeuve quant
à la tarification est quand même réduite. Elle ne pourra
pas augmenter, prenons cette hypothèse, exagérément les
tarifs sans tenir compte des tarifs des concurrents. Sa marge de manoeuvre est
donc réduite à ce sujet, mais il reste un fait - et je le
reconnais - c'est qu'elle pourra jouer sur la tarification, mais dans un
contexte de concurrence toujours; il faut avoir cela à l'esprit.
Ce qu'il est important de noter aussi, M. le Président, c'est que
la rentabilisation pourra être atteinte aussi par une augmentation
substantielle de la fréquentation. Cela est important, c'est même
l'élément clé de la rentabilisation. Les
équipements qu'on a présentement, en bonne partie en tout cas,
sont - je pense qu'on peut le dire - sous-utilisés. Quand on
considère les investissements et les équipements en place, il y a
une très nette sous-utilisation de plusieurs de ces équipements.
Donc, il y a, pour la société, une opération majeure qui
consiste à augmenter de façon substantielle, entre autres par un
meilleur marketing auprès de la population, la fréquentation,
c'est-à-dire la demande. C'est la voie principale pour arriver à
rentabiliser ces équipements-là. Je veux bien admettre que la
tarification n'est pas un instrument à négliger, c'est une
possibilité, mais le moyen principal d'atteindre la rentabilisation,
c'est de jouer, d'agir sur la fréquentation de façon à
augmenter la fréquentation des équipements.
M. Côté: Pour conclure, pour faire la boucle sur ce
point qu'on abordé tout à l'heure des possibilités, des
capacités ou des intentions de la société d'État
d'arriver à des résultats positifs, je viens juste de relire ce
que nous disait le député de Joliette en deuxième lecture.
Je pourrais peut-être le rappeler au ministre pour savoir s'il peut aller
aussi loin; probablement qu'il va me dire oui. Tant mieux! Cela en fera deux
dans le même bateau. (12 h 30)
Je le cite à la page 819 du Journal des débats du 15
novembre 1984: "J'ai rendu publiques les projections 1984-1985 sur la
performance financière de ces établissements, dans le cadre de la
gestion actuelle du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. C'est ainsi que le ministère prévoit, pour
l'année en cours, qu'en soustrayant les revenus bruts, qui se chiffrent
à 10 767 000 $, des dépenses directes de 12 737 000 $, l'ensemble
de ces équipements générerait un déficit
d'opération de 1 970 000 $. Je suis convancu, disait-il, qu'au cours des
trois prochaines années la Société des
établissements de plein air du Québec, avec les moyens dont nous
vous proposons de la doter aujourd'hui, pourra réduire substantiellement
ce déficit - que j'avais toujours à l'esprit, d'ailleurs - qui
constitue en quelque sorte, à même les impôts des
Québécois, une subvention aux pêcheurs, aux chasseurs, aux
skieurs et à d'autres usagers de nos établissements et
même, si possible, de transformer ce déficit en un profit qui
permettra d'engendrer du développement. "
Est-ce que le ministre peut, lui qui est en possession de toutes les
analyses du comité et de ses propres analyses, nous dire ce qu'il est
raisonnable de penser? Est-ce qu'au bout de trois ans on va avoir un
déficit de 300 000 $, comme il est supposément
évoqué au niveau du comité, ou s'il sera de 1 000 000 $ ou
s'il sera, tout simplement, disparu?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Brassard: Les chiffres que vous évoquez sont exacts,
actuellement. Donc, on peut parler d'un déficit d'exploitation, disons,
en chiffres ronds, de 2 000 000 $. Je pense que, oui, il est raisonnable de
penser que, dans les trois prochaines années, si la
société applique une stratégie visant, d'une part,
à augmenter la fréquentation des équipements et, d'autre
part ce n'est pas, non plus, négligeable à améliorer la
productivité, elle
peut arriver ou, en tout cas, s'approcher -c'est un peu ce que disait
mon prédécesseur - du seuil de rentabilité; sinon
l'atteindre, du moins s'en approcher. Quand on parle d'un déficit de 300
000 $, je pense qu'on peut dire qu'on s'approche du seuil de
rentabilité.
M. Côté: Vous contestez mon chiffre de 300 000
$?
M. Brassard: Non, je prends cela comme hypothèse. Vous
soulevez l'hypothèse d'un déficit de 300 000 $; je dis que, dans
ce cas, on s'approcherait du seuil de rentabilité. Ce serait
l'hypothèse la moins bonne. Je pense, raisonnablement, que, si la
société se montre dynamique, fonctionne bien et applique une
bonne stratégie, on pourrait atteindre, d'ici trois ans, le seuil de
rentabilité.
M. Côté: Je prends bonne note des propos du ministre
qui sont consignés au Journal des débats, tout en lui disant que
j'ai observé la réaction de ses collaborateurs lorsqu'on a
parlé de 300 000 $.
M. Brassard: Cela ne peut pas être inscrit au Journal des
débats, les réactions. Non.
M. Côté: Non, je veux dire que la réaction me
paraissait positive et le ministre dit: 300 000 $, si j'ai bien compris, serait
l'hypothèse la moins bonne.
M. Brassard: C'est sûr que l'hypothèse la meilleure,
dans mon cas, serait d'arriver à rentabiliser les équipements.
Mais je dis que, dans l'hypothèse où on arriverait, au bout de
trois ans, avec un déficit de 300 000 $, ma foi, cela signifierait qu'on
se serait rapproché du seuil de rentabilité parce qu'on aurait
passé d'un déficit d'exploitation de l'ordre de 2 000 000 $
à 300 000 $; ce serait déjà un progrès
considérable. Je vous dis qu'on ne devrait pas avoir cela comme
objectif, de rester dans le rouge, si vous me permettez l'expression. On
devrait avoir comme objectif de dépasser le seuil de
rentabilité.
M. Côté: D'aller dans le bleu?
M. Brassard: D'aller dans le bleui Voilà!
M. Côté: C'est cela. Je pense que le ministre va se
sentir à l'aise en parlant d'aller dans le bleu, surtout ce temps-ci.
C'est pour cela que, tantôt, quand le député de Montmagny
évoquait l'hypothèse de l'île aux Oies ou l'île aux
Grues...
M. Brassard: Cela dépend où on la situait pour le
nom.
M. Côté: Oui... je trouvais cela intéressant
parce que, maintenant, avec votre grande collaboration, votre grande ouverture
d'esprit avec le gouvernement fédéral, possiblement qu'il y aura
une entente entre les deux gouvernements si jamais le gouvernement
fédéral décidait de faire avec l'île aux Grues ce
qu'il a fait avec Mingan. La collaboration étant acquise
maintenant...
M. Brassard: Bien sûr, bien sûr.
M. Côté:... et étant quotidienne comme
l'idée de l'indépendance, j'imagine que vous n'auriez pas de
difficulté à vous entendre.
Comme vous le voyez, M. le député de Chambly, après
deux heures, on est maintenant prêts à aborder l'étude du
projet de loi article par article. Cela se compare très avantageusement
à d'autres projets de loi qui ont été
étudiés dans le passé et dont, après plusieurs
jours de délibérations, on n'avait même pas abordé
l'article 1.
Étude détaillée
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a d'autres
remarques préliminaires? J'appelle donc l'article 1 du projet de loi.
Des interventions sur l'article 1?
Constitution et composition de la
société
M. Brassard: C'est simplement qu'une compagnie à fonds
social, cela signifie une société à capital-actions. C'est
ce qui distingue, d'ailleurs, la société d'État des
régies en particulier, par exemple, ou des commissions. C'est vraiment
une société d'État à capital-actions, donc
créée pour faire des opérations commerciales.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: M. le Président, je voudrais
signaler au ministre, à ce moment-ci, puisqu'on n'est plus dans des
généralités, mais qu'on aborde le projet de loi article
par article, que, par l'article 1, on constitue une nouvelle
société d'État. Il ne sera certainement pas surpris,
compte tenu de mon discours de deuxième lecture, d'entendre dire
très clairement - je veux que ce soit bien compris - que, dans la mesure
où, éventuellement, en 1985, il y aurait des élections
générales et où le Parti libéral prendrait le
pouvoir, ce serait certainement une des premières sociétés
d'État à disparaître. Je veux bien qu'on se comprenne
là-dessus, je veux le dire au ministre dès ce moment-ci.
Quant à nous, on s'est battu contre en deuxième lecture.
Ce n'est pas un projet de loi sur lequel on va se battre à mort lors de
l'étude article par article, mais je veux
quand même que les choses soient très claires au moment
où l'on aborde la discussion article par article. Le ministre ne sera
pas surpris au moment de l'adoption des articles: ne souscrivant pas au
principe en deuxième lecture, évidemment on se devra de voter
contre tous les articles, même s'il y a discussion pour tenter de limiter
le plus possible, quant à nous, ce qu'on pense être des
dégâts avant de pouvoir prendre l'administration et la gouverne de
l'État.
Effectivement, l'article 1 étant discuté et ayant dit au
ministre ce que j'avais à lui dire, on pourrait passer au suivant.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
Une voix: Adopté. M. Côté: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Sur division. J'appelle
l'article 2. Est-ce qu'il est adopté?
Une voix: Adopté. M. Côté: Un instant.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: M. le Président, je comprends le
député de Groulx de vouloir le tirer à Montréal et
c'est fort légitime; je pense que c'est pour cela qu'il a
été élu et je ne fais aucun grief devant une attitude
comme celle-là. Mais, connaissant l'immense pouvoir qu'ont les ministres
provenant de la région de Montréal à l'intérieur du
Conseil des ministres, c'est tout à l'honneur de celui qui a
défendu ce projet de loi que d'avoir réussi à convaincre
le gouvernement d'implanter dans la région de Québec le
siège social d'une société d'État.
Comme j'en discutais vendredi, il y a à peine dix jours, si je ne
m'abuse, avec le ministre, concernant une autre société
d'État qui est implantée en région aussi, à
Trois-Rivières, la Régie de la sécurité dans les
sports, et qu'il y a bien des choses qui sont suspendues actuellement, je veux
rendre hommage, finalement, au ministère d'avoir gagné pour
décentraliser - je pense que c'est une bonne chose de le faire - ces
équipements. J'imagine... Il a dû y avoir un débat
très dur...
M. Brassard: De fond.
M. Côté:... de fond, quoique le ministre n'ait pas
participé, j'imagine. C'est au Conseil des ministres que cela s'est
arbitré. Le ministre n'était pas là à
l'époque.
M. Brassard: J'ai essayé de l'installer à
Alma et cela n'a pas fonctionné.
M. Côté: Vous n'avez pas grand chance avec les
sièges sociaux...
M. Brassard: Cela n'a pas marché.
M. Côté:... à Alma, il y a des
problèmes!
On a vécu une autre crise au cours de l'été et
c'est le ministre de l'Énergie et des Ressources qui a dû trancher
le débat...
M. Brassard: SOQUIP.
M. Côté:... sur la possibilité, pour les
dirigeants de la société d'État, de
déménager le siège social à Montréal. Est-ce
que, dans ce cas-ci, la société d'État ou le conseil
d'administration pourrait prendre la décision de déménager
ailleurs?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Brassard: Je pense que l'article, tel qu'il est
libellé, est sensiblement le même que pour la
Société québécoise d'exploration minière.
C'est SOQUEM ou SOQUIP? SOQUIP.
M. Côté: C'est textuel: Elle peut le "transporter
dans un autre endroit au Québec". Cela veut dire que le conseil
d'administration pourrait décider: On satisfait les parlementaires, on
règle cela dans la loi. On dit: C'est parfait, le siège social va
être établi dans la Communauté urbaine de Québec.
Mais une fois cela adopté et la loi en vigueur n'importe quand, le
conseil d'administration pourrait décider d'aller jouer ailleurs que
dans la région qui était désignée. Mais la
justification de cela se ferait à qui? Comment? Quelles sont les raisons
qui pourraient faire en sorte que la société d'État
décide d'aller ailleurs?
Là, cela se comprend, la pièce maîtresse, le gros
morceau de la société d'État est sur le territoire de la
Communauté urbaine de Québec, c'est le mont 5ainte-Anne ou
à l'extérieur; à Saint-Ferréol, ce n'est pas
tellement plus loin. À partir de cela, si on vend le mont Sainte-Anne
à l'entreprise privée, la grosse pièce est partie et on
peut s'en aller ailleurs. J'imagine que le député de Limoilou va
se faire un ardent défenseur de ce maintien dans la région de
Québec.
M. Brassard: M. le Président, je considère un
changement de siège social, une décision semblable prise par le
conseil d'administration, comme pouvant être empêchée via le
pouvoir de directive du ministre. C'est un peu, d'ailleurs, ce qui s'est
produit dans le cas de SOQUEM. C'est
le ministre lui-même qui a mis un terme à toute tentative
de déménagement. Il est peut-être important d'avoir cette
formulation pour ne pas avoir besoin de revenir devant l'Assemblée
nationale.
Vous parliez tantôt du mont Sainte-Anne; je vous signale que le
mont Saint-Anne n'est pas dans le territoire de la Communauté urbaine de
Québec. Si, par hypothèse, la société pouvait
envisager, d'installer son siège social là-bas, à ce
moment, elle pourrait prendre cette décision et le ministre pourrait
aussi ne pas l'en empêcher. C'est une possibilité.
M. Côté: Dans un cas comme celui-là, c'est,
quand même, mineur, par rapport à la grande région de
Québec, que ce ne soit pas sur le territoire immédiat de la
Communauté urbaine, mais au pied du mont Sainte-Anne qu'on trouve
l'équipement majeur de la société d'État. Je pense
que tout le monde va dire, demain matin: Oui, je pense que cela a bien du bon
sens. Cela va peut-être obliger quelques fonctionnaires à voyager
davantage, mais, à Montréal et en banlieue, on voyage beaucoup
pour aller au travail. Alors, ce n'est pas majeur.
M. Brassard: II reste le pouvoir de directive du ministre. Comme
on l'a vu dans le cas de SOQUEM, cela devient un problème de nature
politique. C'était évident dans le cas de SOQUEM. Tous les
intervenants se sont carrément soulevés et là le
problème est devenu politique. Le ministre, via le pouvoir de directive
qu'il a, peut intervenir à ce moment.
M. Côté: La justification de SOQUEM était que
les équipements ou ses...
M. Brassard: Activités.
M. Côté:... activités étaient bien
plus près de Montréal qu'ils ne l'étaient de
Québec. C'était cela qui justifiait. Cela veut dire que la
même situation pourrait se retrouver demain matin. Le ministère a
une décision majeure à prendre quant à l'avenir du mont
Tremblant qui peut devenir le centre de ski de tout l'Est du Canada compte tenu
des possibilités qu'il y a là. Le gouvernement décide de
confier à SEPAQ le soin de dire: Parfait, Promodev, on en a assez. On
n'a pas voulu donner cela, dans le temps, à Campeau parce qu'on avait
peur de planter le drapeau du Canada sur la montagne. Cela va être
différent aujourd'hui. On a décidé de confier cela, pour 5
000 000 $, à Promodev. Promodev, comme on le sait, a actuellement
l'hôtel en bas, une partie du terrain, même le terrain sur lequel
sont installés des remonte-pentes, ce qui fait que, n'importe quand, si
elle décide de mettre la clé dans la boîte ou si la banque
met la clé dans la boîte, il n'y a plus personne qui peut faire du
ski sur la montagne. (12 h 45)
Vous décidez demain matin: On en a assez. La solution, c'est
l'expropriation -parce que c'est la solution, mais on s'en reparlera
éventuellement - pure et simple des endroits où sont les
remontées mécaniques afin d'avoir accès à la
montagne si au moins on n'a pas accès, en bas, à
l'hôtellerie. Ainsi, tous les petits hôtels tout autour qui
dépendent de la montagne auraient avantage à ce que la montagne
soit libérée. Donc, accès en tout temps à la
montagne, ce qui n'existe pas présentement. Ce n'est qu'une circonstance
aujourd'hui que la montagne soit ouverte, une circonstance monétaire
parce que la banque va retirer des piastres et des cents en l'ouvrant cet
hiver. Ce sera une autre paire de manches au mois d'avril ou mai, quand il n'y
aura plus de neige sur la montagne. À partir de cela, on se reportera
dans le même problème.
Donc, vous décidez de transférer demain matin à
SEPAQ - même si ce n'est pas dans le projet de loi, on peut arriver avec
un petit assez rapidement - le mont Tremblant ou on le fait exproprier et on
donne à la société d'État le mont Tremblant. Votre
équilibre des ressources ou des équipements sous la
responsabilité de la société d'État vient de
changer. Quand tu considères, sur le plan géographique, où
est situé le mont Tremblant, à proximité du Middlewest
américain et de toutes les ressources des États-Unis, qui peuvent
venir faire du ski, par rapport au mont Saint-Anne cela va être un cheval
un lapin. Avec les possibilités de développement qu'a le mont
Tremblant, on pourrait s'en parler longtemps. À partir de cela, vous
dites: Les intérêts étant dans le nord de Montréal,
est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de déménager le siège
social à Montréal? Cela pourrait se justifier. Est-ce qu'on peut
aller dans une situation comme celle-là?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Brassard: Ce que je vous dis, M. le député de
Charlesbourg, c'est que, dans un cas comme cela, un déménagement
de siège social, il y a des justifications économiques, mais il y
a aussi, parce que c'est une société d'État, des
justifications politiques, vous en conviendrez. Qu'est-ce qui fait que SOQUEM
est restée à Québec? Elle avait peut-être des
arguments économiques extraordinaires, mais elle est restée
à Québec. Pourquoi? Parce que c'était aussi un
problème politique et les facteurs politiques l'ont emporté. Le
ministre a dit: Cela reste à Québec. C'est un peu le même
cas avec SEPAQ. Si le problème se pose à un moment
donné, il va devenir aussi - vous le savez fort bien - politique.
Le ministre devra tenir compte du facteur politique au sens large. Je ne parle
pas de politique partisane.
M. Côté: Ce que le ministre me dit, c'est que la
soupape de sécurité, c'est la pression politique.
M. Brassard: Dans un cas comme celui-là, cela
m'apparaît un facteur, sinon déterminant, du moins fort
important.
M. Côté: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
M. Côté: Abstention, M. le Président. M.
Brassard: Je comprends.
Le Président (M. Dauphin): J'appelle l'article 3 du projet
de loi.
M. Brassard: M. le Président, un simple mot, en passant,
pour dire que, la société étant un mandataire du
gouvernement, il est important de mentionner que les biens de la
société qui sont transférés demeurent dans le
domaine public. Ils demeurent propriété publique. Je dis cela un
peu, M. le Président, pour contrecarrer certains propos voulant que le
ministère se prépare à liquider, à se
débarrasser d'un certain nombre d'équipements. Il ne s'agit pas
de liquidation du tout puisque les biens en question demeurent (formellement
dans le domaine public, demeurent propriété publique.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: J'ai quelques petites informations qui me
viennent, mais elles ne sont pas suffisamment claires par rapport au conflit
des terres domaniales. Je préférerais suspendre l'adoption de
l'article 3 avec l'accord du ministre, quitte à aller chercher des
informations sur l'heure du repas pour que, cet après-midi au retour, on
puisse en reparler.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'article 3 est
suspendu. J'appelle l'article 4.
M. Brassard: C'est la composition du conseil d'administration, M.
le Président. Il y a un président-directeur général
qui, lui, est nommé pour cinq ans, et six membres constituant un conseil
d'administration dont le mandat est cependant de trois ans. Pourquoi cinq ans?
Il nous apparaît important que, pour le P. -D. G., le mandat soit d'au
moins cinq ans. C'est un peu la règle actuellement puisqu'il est
permanent.
Le Président (M. Dauphin): Y-a-t-il des interventions sur
l'article 4?
M. Côté: Le prédécesseur du
député de Lac-Saint-Jean à la gouverne du ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche - je pense que l'expression n'est
pas trop forte -pétait le feu au moment où je suis intervenu en
deuxième lecture, assez durement merci, sur la composition du conseil
d'administration et sur le parallèle qui avait été fait
avec la SIQ, avec le taux de rémunération de la SIQ, avec
l'enveloppe budgétaire affectée à cette fin dans le
mémoire soumis au Conseil des ministres, laquelle était
d'au-delà de 500 000 $.
Il est 12 h 50 et c'est une discussion, quand même, majeure que je
voudrais entreprendre avec le ministre aujourd'hui. Ce que j'avais tiré
comme conclusion, je pense que la lecture le démontre très bien:
"Les affaires de la société sont administrées par un
conseil d'administration composé de sept membres répartis comme
suit: un et deux. " Quand j'ai vu cela, j'ai tiré comme conclusion que
c'était sept membres permanents. Le texte est là. J'ai
tiré comme conclusion que c'était sept membres permanents et j'en
ai fait l'analyse en fonction de sept membres permanents et des coûts
inhérents à sept membres permanents. Il n'y a rien
là-dedans qui dit que ce ne sont pas des membres permanents; il n'y a
rien qui dit qu'il y en a qui viennent à la séance. Par la suite,
le ministre, dans une discussion privée que j'ai eue avec lui, a admis:
C'est large. C'est autour de cela que la discussion s'était
déroulée.
Le ministre pétait le feu, peut-être avec raison, parce
que, dans son esprit à lui, c'était clair qu'il y avait le
président à plein temps et que les autres membres étaient,
si on peut me passer l'expression, à ticket. Est-ce que c'est le cas
actuellement? Peut-être qu'on pourrait en profiter pour éclaircir
ce dossier.
Une voix: C'est le cas.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Brassard: L'article prévoit la constitution d'un
conseil d'administration. Cela m'apparaît très clair: être
membre d'un conseil d'administration, cela ne signifie aucunement que tu es
à temps plein pour la société dont tu es membre. Cela me
semble aller de soi qu'il s'agit de personnes qui ne sont pas en même
temps employés de la
société. Elles sont membres du conseil d'administration,
mais ne sont pas des employés de la société. Donc, il sont
rémunérés. Ce sont leurs frais de déplacements qui
sont assumés; également, il y a ce qu'on appelle un jeton de
présence, qui sera sans doute équivalent à ce qu'on
retrouve dans les autres sociétés d'État du
Québec.
Comme les réunions du conseil d'administration, j'imagine,
devraient se tenir à peu près une fois par mois, tout au plus, on
n'a qu'à calculer le nombre. Il y aura de 12 à 15 réunions
du conseil d'administration par année. Il y aurait une certaine
allocation pour leur présence aux séances du conseil
d'administration. Mais, à part cela, il n'est évidemment pas
question... sauf pour le président-directeur général, le
P. -D. G., qui, lui, est en même temps permanent, non pas parce qu'il est
président de la société mais surtout parce qu'il est
directeur général; c'est ce qui lui donne son statut de
permanent. Sauf pour lui; les autres, évidemment, c'est... Il ne s'agit
pas du tout d'employés de la société.
M. Côté: Par un libellé comme
celui-là, est-ce que le conseil d'administration pourrait décider
que trois des sept, cinq des sept, ou sept des sept pourraient devenir membres
permanents?
M. Brassard: M. le Président, si on regarde comment
fonctionnent toutes les autres sociétés d'État - le
député de Charlesbourg signalait tantôt qu'il y en a pas
mal - il arrive que les membres du conseil d'administration ne sont pas -
à moins que la loi ne stipule le contraire - et ne peuvent pas
être des employés de la société. Donc, cela va
être la même chose pour la Société des
établissements de plein air. Les membres du conseil d'administration
devront être choisis en dehors du personnel de la
société.
M. le Président, on me signale justement que par un autre
article, l'article 10, on prend soin dans la loi de stipuler que le
président de la société sera en même temps le
directeur général et qu'il va exercer évidemment ses
fonctions à temps plein. Cela veut donc dire que, si l'on prend soin de
l'indiquer dans le cas du P. -D. G., c'est parce que c'est uniquement dans son
cas qu'il est à temps plein. Pour les autres membres du conseil
d'administration ce sera comme dans toutes les autres sociétés
d'État, ils seront choisis en dehors du personnel.
M. Côté: Tout ce monde est choisi par le
gouvernement?
M. Brassard: Oui.
M. Côté: Est-ce que le ministre a une bonne
idée de qui va être l'élu et des six mousquetaires qui vont
seconder l'élu?
M. Brassard: Non, pas pour le moment. Au moment où on se
parle...
M. Côté: Le ministre me dit cela
sérieusement.
M. Brassard: II y a bien des candidats possibles, mais il n'y a
pas de choix de fait actuellement. Pour le moment je suis dans la phase de
réception des candidatures. Si vous en avez, M. le député
de Charlesbourg, vous me les soumettrez, je vais les examiner avec plaisir.
M. Côté: M. le ministre, j'aurais l'air tout
à fait piégé si je soumettais des candidatures à
une société d'État qu'on va devoir faire disparaître
aussitôt les élections passées, au mois d'avril. Alors,
vous conviendrez qu'il faut être logique dans la vie. Lorsque le ministre
parle de candidatures... Est-ce que le député de Chambly veut
prendre la parole?
M. Tremblay: Non, je voulais simplement...
M. Côté: Comme vous aviez peur qu'on fasse perdre le
temps, alors, je m'adresse au ministre; je voudrais bien qu'il saisisse,
oui.
M. Brassard: M. le Président, je voulais juste dire que
j'invite le député de Charlesbourg à un peu plus de
prudence et-de sagesse quant au prochain gouvernement issu du prochain
scrutin.
M. Côté: De toute façon, je fais preuve de la
même sagesse vis-à-vis du prochain gouvernement que le
gouvernement manifeste face à l'article 1 de son programme. De ce
côté, que des revirements... Nous, on est
fédéralistes, les vrais entre les deux.
M. Tremblay: Avez-vous un article 1?
M. Côté: On a un article 1. Oh oui! les droits et
libertés de la personne, il n'y a pas de problème. D'ailleurs, je
dois vous dire que certains d'entre vous ont milité à
l'époque dans le Parti libéral. Vous avez choisi une autre voie
et c'est là la démocratie, c'est là la liberté de
chacun des individus, ce qui semble assez difficile au niveau des orthodoxes
chez vous.
M. Brassard: Ils s'expriment très librement.
M. Côté: Pardon!
M. Brassard: Ils s'expriment très librement, les
orthodoxes, chez nous. Ils sont
invités à toutes les assemblées
générales.
M. Côté: Jusqu'au 19 janvier.
M. Brassard: Ils donnent leur point de vue. Ils n'ont pas de
problème.
M. Côté: On se rend compte qu'il n'y en a pas
beaucoup, d'ailleurs.
M. le ministre, vous avez dit que vous aviez un certain nombre de
candidatures. Est-ce que ce sont principalement des candidatures qui viennent
de l'intérieur ou si ce sont des candidatures qui viennent de
l'extérieur?
M. Brassard: De partout, M. le Président.
M. Côté: Quant au ministre, il va avoir quand
même un mot très important à dire au niveau du choix. Ce
sera sa recommandation à lui au niveau du Conseil des ministres. II
faudrait que cela intervienne après la prochaine élection. Vous
serez disponible, à ce moment-là.
Est-ce que, dans ce cas-là, M. le ministre, vous avez...
M. Brassard: Je peux démissionner, il y en a beaucoup qui
le font.
M. Côté: Vous allez avoir plusieurs candidats dans
votre équipe s'il y en a qui démissionnent. M. le ministre,
est-ce que vous avez une préférence?
M. Brassard: Non, mon choix n'est pas fixé, M. le
Président.
M. Côté: Comment ce choix va-t-il se faire? On y
reviendra. De toute façon, le ministre va avoir le temps d'y
réfléchir sur le coup de midi. Il semble un peu
embêté, a moins que son choix ne soit déjà fait.
M. Brassard: Non, je ne suis pas embêté. Mon choix
n'étant pas fixé, M. le Président, je pense qu'il est
prématuré de commencer à citer des noms et des
candidats.
Le Président (M. Dauphin): Alors, les travaux de la
commission de l'aménagement et des équipements sont suspendus
jusqu'à cet après-midi, après les affaires courantes.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise à 16 h 29)
Le Président (M. Dauphin): Alors, messieurs, s'il vous
plaît! Je déclare donc la séance de la commission de
l'aménagement et des équipements ouverte. Elle a pour mandat
d'étudier le projet de loi 88, Loi sur la Société des
établissements de plein air du Québec.
M. Tremblay: M. le Président, avant de reprendre les
travaux de la commission, j'aurais une proposition privilégiée
à faire, qui a trait à la commission de l'aménagement et
des équipements.
Le Président (M. Dauphin): D'accord.
M. Tremblay: Je vous la lis immédiatement.
Le Président (M. Dauphin): Juste avant" que vous fassiez
votre proposition, M. le député de Chambly, c'est qu'on a
également comme mandat d'étudier deux projets de loi
d'intérêt privé, soit les lois 200 et 255. M. le
député de Chambly, nous écoutons votre proposition.
Motion proposant de faire
étudier les projets de loi 200 et 255
par une sous-commission
M. Tremblay: Dans un esprit créateur, cet
après-midi, je voudrais proposer que, conformément à
l'article 146 des Règles de procédure, la commission de
l'aménagement et des équipements fasse exécuter le mandat
qu'elle a reçu de l'Assemblée nationale d'étudier les
projets de loi d'intérêt privé 200 et 255, en
conformité avec l'article 259 de nos règles, par une
sous-commission formée de trois membres, soit M. Marcoux,
député de Rimouski, M. Saintonge, député de
Laprairie et M. Fallu, député de Groulx. Je propose
également que cette sous-commission soit présidée par M.
Fallu, député de Groulx et que M. Donald Chouinard en soit le
secrétaire. Il est entendu, par ailleurs, que le proposeur de chaque
projet de loi est membre de cette sous-commission pour la durée de
l'étude du projet de loi qui le concerne.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, est-ce que...
M. Tremblay: Et je vous la remets par écrit, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Chambly. Est-ce que la proposition...
M. Saintonge: M. le Président, j'ai un commentaire
important, s'il vous plaît.
Le Président (M. Dauphin): Oui, mais c'est sur la
proposition?
M. Saintonge: Oui.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Je vous dirai que l'esprit créateur du
député de Chambly m'étonne. C'est vraiment formidable.
Mais, avant de donner notre accord sur cette motion, je voudrais m'assurer,
puisque...
M. Tremblay: M. le Président, j'ai un esprit
créateur, parce que j'ai fait quelque chose avec rien.
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, messieurs!
À l'ordre!
M. Saintonge: Puisque l'article 148 mentionne que les
règles relatives aux commissions s'appliquent aux sous-commissions, je
voudrais m'assurer que... Dans notre article 129, il est également fait
mention que "Le député qui n'est pas membre d'une commission
peut, avec la permission de cette dernière, participer à ses
délibérations, mais ne peut y voter ni y présenter de
motion. " Je voudrais simplement qu'on ait l'accord de la commission afin que
les députés qui ne sont pas membres de la commission puissent
être présents à cette sous-commission et intervenir
à toute fin qu'ils jugeront utile.
M. Laplante: D'accord. Je ne vois pas de problème.
M. Tremblay: C'est une très bonne...
Le Président (M. Dauphin): C'est stipulé dans le
règlement, M. le député.
M. Saintonge: Disons qu'il faut quand même, de ce
côté, avoir la permission de la commission ou de la
sous-commission, mais je veux m'assurer que, effectivement, nous aurons cette
permission et que les députés qui ne seront pas membres pourront
intervenir, suivant leur désir.
M. Tremblay: Vous connaissez très bien le
règlement.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. M. le
député de Groulx.
M. Fallu: M. le Président, je crois bien que les
règlements de la commission, de l'Assemblée nationale,
s'appliquent mutatis mutandis à une sous-commission formée par la
commission, d'une part. D'autre part, je voudrais formellement m'engager ici,
au nom de la partie ministérielle, et dire que l'article 129 aura pleine
application pour tous les intéressés aux deux projets de loi pour
qu'ils puissent, en sous-commission, pour des questions et participer aux
délibérations.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, M. le
député. Est-ce que la proposition du député de
Chambly est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté, Messieurs et
madame, vous pouvez disposer.
M. Saintonge: Je comprendrai, M. le Président, pour des
questions d'ordre pratique, que les travaux de la sous-commission à la
salle 91 débuteront après les travaux qui sont actuellement en
cours à la commission de l'éducation.
Le Président (M, Dauphin): Alors, messieurs, on reprend.
Nous étions rendus, ce matin, à l'article 4, mais je crois
qu'avant de continuer l'étude article par article, l'étude
détaillée du projet de loi 88, avec le consentement des membres
de la commission, il y aurait peut-être lieu d'agréer à la
motion du député de Charlesbourg qui est d'entendre le Syndicat
des fonctionnaires provinciaux du Québec dont le temps avait
été réparti de la façon suivante: 20 minutes pour
le syndicat pour faire valoir son point de vue, 20 minutes pour l'Opposition et
les autres 20 minutes pour le parti ministériel pour pouvoir poser des
questions ou échanger. Alors, messieurs du syndicat, vous êtes
invités à l'avant; si vous voulez bien vous identifier, s'il vous
plaît.
Audition du Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec
M. Harguindeguy (Jean-Louis): Bonjour messieurs, mesdames. Nous
vous remercions de cette invitation, quoiqu'on peut peut-être
déjà se douter des résultats si on vit des
expériences. M'accompagnent aujourd'hui: à ma gauche, le
secrétaire général, Normand Duguay, et à ma droite,
le premier vice-président, Pierre Chassé; également
m'accompagnent, mais dans la salle, le trésorier général,
Marcel Ledoux, ainsi que deux vice-présidents, MM. Marcel Lemieux et
Clément Daigle, les autres étant occupés. Les 20 minutes
qu'on nous a accordées seraient peut-être même superflues.
On vous a transmis à chacun d'entre vous au mois de novembre dernier un
mémoire d'une dizaine de pages qui comportait l'essentiel de nos
revendications. Les points qui nous semblaient importants, même si on ne
met pas en question la création de la Société des
établissements de plein air du Québec, ce sont peut-être la
forme et le statut de cette société, et particulièrement
celui des employés, qui nous préoccupent. Nous avons de forts
doutes quant au résultat que la création d'une telle
société pourra avoir pour les employés que l'on
représente. Au point de départ je tiens à vous indiquer
que notre
intérêt n'est pas celui en tant que syndicat; ce n'est pas
la question de perte éventuelle de membres qui nous préoccupe,
loin de là. Vous nous en donnez suffisamment avec les occasionnels qui
sont embauchés au gouvernement; alors, cela compense pour ceux que l'on
peut perdre. C'est beaucoup plus pour les conditions que ces employés
pourront avoir après le 31 décembre 1985 puisque, même si
la loi prévoit que les employés vont demeurer assujettis aux
conditions de travail qui sont les nôtres aujourd'hui jusqu'au 31
décembre, date d'expiration de la convention collective actuelle du
décret qui a été imposé en 1982, il n'en demeure
pas moins que ces employés vont devoir se former en syndicat et
éventuellement négocier, s'ils le peuvent, leurs conditions de
travail à compter de janvier 1986.
Nous avons revendiqué dans le mémoire que les
employés pourraient fort bien être assujettis à la Loi sur
la fonction publique, donc demeurer des fonctionnaires et des ouvriers, se voir
rémunérés et se voir appliquer les conditions de travail
qui seraient celles des fonctionnaires et des ouvriers, quitte à
permettre à la société d'avoir plus de latitude qu'un
ministère ou un organisme peut en avoir à l'heure actuelle. On se
réfère à des exemples actuellement vécus et
où cela fonctionne raisonnablement bien: la Régie de l'assurance
automobile du Québec, la RAMQ, la CSST, ont quand même une
certaine autonomie au niveau de leur budget, ne sont pas redevables à la
Loi sur l'administration financière et pour s'administrer, peuvent
compter sur les services des fonctionnaires et des ouvriers qui sont assujettis
à nos conventions collectives.
C'est essentiellement ce que l'on revendique pour les employés de
la SEPAQ puisqu'on ne met pas en doute le principe lui-même. Comme pour
la Société immobilière du Québec, comme pour
d'autres organismes, on n'a pas contesté la création d'une telle
société, mais on estime qu'avec toute la largesse accordée
depuis la nouvelle Loi sur la fonction publique, l'imputabilité,
supposément, des sous-ministres, des divers gestionnaires, on estime
qu'il aurait été possible que la société puisse
s'administrer et être rentable sans éliminer de la fonction
publique ces employés. Cela a comme conséquence, en fait, de ne
plus les assujettir et si le gouvernement, de par son projet de loi,
prétend que cette société pourra être rentable en
étant assujettie à notre convention jusqu'au 31 décembre
1985, on conçoit mal que la société ne puisse plus
l'être par la suite à compter du 1er janvier 1986. C'est pour cela
que l'on vous revendiquait que les employés demeurent assujettis au
gouvernement, qu'ils soient prêtés à la
société et que la société puisse administrer sans
avoir à faire ratifier ses décisions par le Conseil du
trésor, comme c'est le cas à l'heure actuelle. Notre crainte est
que, finalement, dans quelques années ce soient les employés qui
payent pour cette réforme, en ce sens que, si on veut rentabiliser, ce
n'est sûrement pas sur l'acquisition ou l'immobilisation, puisque la
construction des sites ou des équipements va être effectuée
comme elle l'est à l'heure actuelle, j'imagine, sur la base de
soumissions publiques. Donc, les économies sont assez minimes à
ce chapitre, sauf que, si on veut rentabiliser, cela sera nécessairement
sur l'administration, sur l'entretien et la réparation, ce qui veut
dire, donc, sur les employés, soit que leur nombre va être
réduit mais, encore là, il y a des limites à une
réduction de l'effectif, ou que leurs conditions soient purement et
simplement celles des employés qui oeuvrent dans le même
secteur.
On s'interroge également sur le bien-fondé de laisser
libre cours à une telle société si on regarde quand
même ce qui arrive dans l'entreprise similaire au Québec. Le
gouvernement vient de financer près de 2 000 000 $ au mont Sutton pour
lui permettre d'avoir certains équipements. Je pense que vous êtes
également intervenu au niveau du mont Tremblant où il y avait une
dette assez importante. On sait fort bien que, dans certains secteurs de la
province, si le gouvernement n'injecte pas certaines sommes pour l'entretien ou
la réparation ou même l'amélioration des
équipements, il n'y a absolument rien qui va se faire. Donc, on doute
fort que, finalement, cette société-là puisse
réinvestir à l'intérieur du réseau des profits
qu'elle pourrait réaliser.
Il n'y a pas de doute, quant à nous, qu'il y a peut-être
deux institutions qui sont rentables, deux ou trois au maximum. Entre autres,
le mont Sainte-Anne a sûrement l'équipement qui est rentable
à l'heure actuelle, parce que je pense que le gouvernement a
suffisamment investi, au-dessus de 10 000 000 $ l'année dernière,
pour avoir de la neige artificielle. Donc, c'est quand même un
investissement qu'une telle société, si elle avait
été autonome, aurait pu difficilement se payer.
C'est tout ça qu'on vous indique dans notre mémoire, parce
que c'est à compter de 1986, quant à nous, que les
employés vont peut-être subir les contrecoups de la
décision que vous vous apprêtez de prendre d'ici la fin de
semaine. Les garanties se limitent... D'abord, elles ne tiennent pas compte de
l'évolution qui pourra éventuellement arriver dans la fonction
publique, tant au niveau de la classification que du reste. Mais, je pense que,
dans le mémoire, on vous l'a suffisamment expliqué.
Je pense que c'est difficile de vous en dire plus. Si on n'est pas
arrivé à vous
convaincre sur la base de ce document, je conçois mal qu'on
puisse le faire aujourd'hui, dans l'espace d'une heure.
Il y a aussi un groupe particulier qu'il ne faut pas oublier. C'est
quand même une main-d'oeuvre assez importante dans cet
équipement-là, c'est-à-dire, cette catégorie
d'équipement, ce sont les employés occasionnels avec droit de
rappel. Puisqu'on touche un secteur qui est à caractère cyclique,
étant donné qu'on fonctionne selon les saisons, il y a donc
également des employés qui ont un statut particulier et qui n'ont
pas, à l'heure actuelle, leur permanence.
On peut sûrement nous dire: Bien, on applique et on a donné
les garanties qu'accorde actuellement le décret ou la convention
collective. C'est vrai, sauf qu'il faut quand même admettre que la
convention collective n'a pas été négociée dans un
contexte de cessions d'entreprises qui comportaient une telle catégorie
d'employés. À l'époque, jusqu'à présent du
moins, les seuls groupes qui avaient été touchés par
d'éventuelles cessions - exemple: Loto-Québec, il y a quelques
années - étaient des organismes dans lesquels oeuvraient
uniquement et essentiellement des employés permanents.
Donc, les conventions collectives ont été ajustées
en conséquence, sauf qu'on tombe dans un secteur où la plus
grande partie de la main-d'oeuvre, actuellement -j'imagine que ça va
être le cas aussi dans l'avenir - va être essentiellement
saisonnière.
Dans les terrains de camping, il n'y a pas de travail à longueur
d'année pour du monde. Les terrains de golf, c'est pareil, l'auberge de
Fort Prével et ainsi de suite. Il y a donc des travaux de nature
cyclique et le projet de loi ne donne pas de garantie si,
éventuellement, la société ne donnait pas les
résultats escomptés et que, finalement, le gouvernement
décidait de réintégrer dans la Fonction publique les
divers équipements. Quelles seraient les garanties que ces
personnes-là, qui n'ont actuellement pas la sécurité
d'emploi, pourraient également être
réintégrées ou conserveraient leur droit de rappel, tel
qu'il est prévu actuellement par les diverses listes de rappel?
Ce sont peut-être des choses, quand même, qu'il faut
envisager. Vous allez peut-être nous dire: C'est difficilement
envisageable qu'on dise d'avance que ce sera une faillite, mais il faut se
rappeler qu'en 1975, le gouvernement du Québec a acheté le mont
Sainte-Anne d'une municipalité qui avait quand même mis au monde
le mont Sainte-Anne. Si le gouvernement l'a acheté, à
l'époque, c'est parce que la municipalité n'arrivait pas à
suffire.
Si on regarde ce qui est arrivé un peu partout, pour les centres
qui sont concernés, si on regarde Anticosti, même l'île
d'Anticosti, qui a également été acquise de la
Consolidated Bathurst, il y a à peu près une dizaine
d'années, également, il n'en demeure pas moins que le
gouvernement a décidé dernièrement, déjà, de
confier à l'entreprise privée certaines activités. Je
pense que vous avez quand même eu des réactions négatives
de la part des utilisateurs.
Donc, on s'interroge réellement sur la nécessité
d'une telle création. Le cas échéant, si vous créez
cette société - c'est votre droit le plus strict - on ne voudrait
pas que les employés soient finalement considérés comme du
"cheap labor" dans quelques années et que ce soient seulement les
conditions minimales de travail qui s'appliquent, parce que si on regarde le
réseau, vous prenez Fort Prével, c'est le réseau
hôtelier, on sait fort bien qu'il n'y a pas tellement de syndicats dans
le secteur. C'est donc généralement le salaire minimum qui
s'applique.
Si vous allez dans les centres de ski, les conventions collectives sont
également limitées dans ces terrains-là. Les terrains de
golf, c'est pareil. Les terrains de camping, c'est aussi un secteur où
il n'y a pas tellement de syndicats. Généralement, ce sont des
entreprises familiales ou, en fait, s'il y a une certaine envergure, aVec un
certain nombre d'employés. (16 h 45)
Mais, essentiellement, ça va être difficile d'organiser,
dans ce réseau-là ou dans ce secteur-là, des
négociations qui vont valoir la peine, à moins, comme je l'ai dit
ce matin au ministre, de vous souhaiter qu'une certaine centrale syndicale, la
CSN, pour ne pas la nommer, s'embarque dans l'organisation. Peut-être que
vous aurez des résultats qui feraient regretter au gouvernement d'avoir
créé une société immobilière
indépendante.
C'est essentiellement ce qu'on peut vous dire. Je ne sais
réellement pas quoi vous dire de plus que ce qu'on a déjà
dit depuis plus de deux ans sur cette matière, quand on a pris
connaissance des premières orientations du gouvernement. On n'a pas
autre chose que ça. Je suis bien prêt à répondre
à toutes vos questions si le texte qu'on vous a soumis au mois de
novembre n'est pas suffisamment clair.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député de Charlesbourg.
M. Côté: M. le Président, mes premiers mots
seront pour remercier M. Harguindeguy et ses collaborateurs d'avoir
accepté une invitation aussi rapide faite en matinée, au
début de l'étude article par article. Il m1
apparaissait essentiel qu'on vous interroge parce que je pense que ni moi, avec
ma propagande libérale, ni le ministre avec sa
propagande péquiste, ne pouvons donner, malgré la bonne
volonté, une opinion très claire de ce qui se passe dans le
champ. Plutôt, elle doit venir de chez vous, pour savoir exactement la
réaction de ceux qui seront visés par la société
d'État éventuellement; ils auront des choix très
difficiles à faire. Il faut aussi voir, dans le champ, ce que ça
donne comme possibilité.
Bien sûr, j'ai pris connaissance, moi aussi, du mémoire que
vous nous avez soumis au cours du mois de novembre, avant l'adoption du
principe en deuxième lecture. Ce qui m'a quand même
étonné tout au cours des discussions, c'est que, lorsque j'avais
soulevé, lors de la deuxième lecture, les possibilités ou
l'inquiétude des travailleurs occasionnels quant au rappel, j'avais
été plus ou moins pris au sérieux.
Je voudrais peut-être vous lire d'abord ce que M. Chevrette, lui,
nous disait, dans sa réplique lors de l'adoption du principe. Lorsqu'on
avait dit que la loi n'était pas suffisante pour garantir les droits des
travailleurs, il nous répondait à ce moment-là: Du
côté de l'Opposition, on n'a pas semblé croire en ma parole
et j'annonce tout de suite que j'inclurai dans le projet de loi, à
l'étude article par article, un amendement qui viendra officialiser
l'engagement que j'ai pris formellement en Chambre, à savoir, le
maintien de la priorité d'appel et du droit au travail des occasionnels
qui travaillent actuellement.
Là, j'ai dit: Bon, parfait, il est sûr que la loi le
couvre, il va quand même, par mesure de sécurité, ajouter
un amendement dans la loi. Ce matin, le ministre nous dit qu'après
vérification avec le contentieux, les conseillers juridiques de son
ministère lui disent que la loi couvre sans aucune espèce de
difficulté ces gens avec leur priorité de rappel. Là, je
me suis dit: Peut-être que nous, on n'est pas dans le champ et on ne sait
pas comment ça se passe, mais il y en a un qui est allé dans le
champ, l'auteur de ce rapt d'équipement du ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche, le président du Conseil du
trésor, M. Clair.
M. Clair nous dit qu'il est allé rencontrer les travailleurs du
parc des Voltigeurs et il ne semble pas y avoir trop de problèmes. H
nous dit ceci, c'est au Journal des débats, à la page 886 du 20
novembre 1984: "Le projet de loi est très clair, très
précis à cet effet - en faisant mention de ce dont on parle - et
je n'ai pas l'intention d'élaborer longuement là-dessus. Il est
écrit dans le projet de loi qu'on va respecter les droits et
privilèges. Je pense que les employés permanents seront
très correctement traités. Même les syndiqués que
j'ai rencontrés dans mon coin, chez nous, le reconnaissaient. " Il dit:
Il n'y a pas de problème.
Vous, vous avez certainement fait le tour pour rencontrer des
travailleurs, pas nécessairement pour conserver des adhérents au
syndicat, mais pour protéger les droits des travailleurs, est-ce que
vous pouvez nous faire un parallèle avec ce qui est arrivé au
niveau de la SIQ, si parallèle on peut dresser? La SIQ est en
fonctionnement depuis déjà un certain temps, on peut voir les
effets par rapport à ce qui s'en vient éventuellement.
Le Président (M. Dauphin): M.
Harguindeguy.
M. Harguindeguy: Je peux vous dire que si vous accordiez aux
employés de la SIQ, actuellement, un nouveau choix, plusieurs
préféreraient rester au gouvernement, parce qu'ils ont
commencé à être un peu désabusés de la
nouvelle Société immobilière du Québec, sauf que la
situation de la SIQ est quelque peu différente de celle du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, à l'heure actuelle. Â la SIQ, il n'y
avait pas d'employés qui bénéficiaient d'un droit de
rappel comme employés occasionnels. Il n'y avait que des employés
permanents ou des employés occasionnels, mais embauchés pour des
projets spécifiques ou des surcroîts temporaires de travail. Donc,
il n'y avait de liste de rappel, comme telle, qui existait.
À la SEPAQ, dorénavant, le problème est
différent. Une grande majorité des employés
concernés ont des fonctions de nature cyclique. C'est vrai que, d'ici le
31 décembre 1985, comme le projet de loi maintient l'application de
notre convention collective et que notre convention prévoit un droit de
rappel, nécessairement la nouvelle société va être
considérée comme un nouvel employeur pour l'application du droit
de rappel qui est prévu à l'article 20. Mais notre interrogation,
c'est d'abord à compter de janvier 1986, parce qu'il ne faut pas oublier
que l'objet de la loi, c'est de rentabiliser les divers équipements. Et
là, on peut s'interroger d'abord sur cette rentabilisation parce que,
quand on considère que le gouvernement injecte des fonds dans tous les
secteurs récréatifs au Québec, parce qu'ils ne peuvent pas
suffire à leurs besoins, au point de départ c'est assez
difficile, à moins de réduire et c'est de là que notre
crainte vient. On va réduire, donc, ou on va rentabiliser l'entreprise.
Cela va être soit par la mise à pied d'employés ou en
réduisant les effectifs de façon plus importante que celle qu'on
connaît au gouvernement et cela va être aussi de réduire les
conditions de travail, sauf que notre crainte, c'est aussi que, si les listes
de rappel tombent... Dans le décret, il faut dire que, si un
employé n'est pas rappelé pour une période de trois ans,
son droit de rappel cesse immédiatement.
Donc, il peut arriver qu'une entreprise
dise: Je veux me débarrasser de certains secteurs et tels
travaux, cette année, je ne les ferai pas faire. Je les ferai faire
ailleurs. Finalement, notre personne qui avait un droit actuel ne pourra pas
être rappelée. Si éventuellement, aussi, le gouvernement
constatait dans un an, deux ans ou trois ans que, finalement, les objectifs
visés n'étaient pas atteints, donc, de réintégrer
cela dans la fonction publique, il n'y a rien qui garantit que les droits de
rappel de ces gens-là qui vont cesser le 31 décembre 1985
légalement au gouvernement vont également exister pour un
éventuel retour. Actuellement, tout ce qui a été fait
jusqu'à présent dans les autres sociétés... Quand
on a créé des musées nationaux, il n'y avait pas non plus
d'employés occasionnels ou d'employés cycliques. C'étaient
essentiellement des employés permanents. Dans ce cas-là, c'est
différent et il faut aussi noter que vous avez formé des groupes
de travail dans des équipements qui sont quand même assez
limités dans leur région même géographique. Quand
vous allez à Coteau-Landing, à Kénogami, à Amqui,
il n'y a pas grand monde là. Donc, quelles vont être les
possibilités, au niveau économique, de ces organismes qui vont
être indépendants? On peut déjà s'interroger quand
on connaît les services qu'ils peuvent avoir en étant même
dans une organisation provinciale. C'est là une partie de nos craintes.
Le projet de loi protège - c'est sûr - de façon
adéquate jusqu'au 31 décembre 1985, mais il ne protège pas
pour les années subséquentes et c'est ce qui nous fait dire qu'on
comprend mal que le gouvernement accepte aujourd'hui de dire. La convention
collective va s'appliquer jusqu'au 31 décembre 1985, alors qu'on veut
rentabiliser et il semblerait que notre convention collective soit un
écueil à cette rentabilisation et qu'on accepte quand même
de la maintenir jusqu'en 1985 parce qu'on n'applique pas intégralement
les dispositions du Code du travail qui prévoient que, lorsqu'un nouvel
employeur fait l'acquisition d'une entreprise, il devient, en fait, assujetti
aux mêmes conditions que le propriétaire précédent.
S'il y a une convention collective et un syndicat, il se doit de les respecter
selon la volonté des membres, à moins que les membres changent,
alors qu'au gouvernement, ici, vous décidez déjà que notre
représentativité ou notre représentation dans cette
nouvelle SEPAQ se limite au 31 décembre 1985. Cela oblige donc les
groupes qui sont là à s'organiser, à faire l'objet de
maraudage, à négocier une convention collective. On peut se
retrouver avec, peut-être, dix conventions collectives
différentes, une par équipement, éventuellement. Si les
difficultés qu"'escompte" le ministère actuellement pour la SEPAQ
pour l'assujettir à nous autres, c'est au niveau des conditions de
travail, je voudrais vous dire que des conditions, cela s'ajuste en fonction
des besoins, autant des besoins de l'employeur que des employés. Donc,
s'il y avait des ajustements nécessaires, cela peut se faire, même
avec la convention collective qu'on a à l'heure actuelle. On a des
ententes particulières qui concernent des groupes d'employés,
même à l'intérieur du gouvernement.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: Je comprends de votre intervention qu'au
niveau des permanents -et ce n'est quand même pas le lot des personnes
qui sont touchées par le projet de loi 88, si je ne m'abuse - c'est une
soixantaine de personnes qui sont touchées, des permanents...
M. Harguindeguy: Non. Il y en a plus que cela. Il y en a une
soixantaine ici au mont Sainte-Anne, mais globalement, cela doit être 200
et quelque, à peu près, si je ne m'abuse. En tout cas, je n'ai
pas vérifié, mais j'ai la liste.
M. Côté: En tout cas, d'après les
informations, c'était surtout au niveau des saisonniers, des
occasionnels que le nombre était assez impressionnant.
M. Harguindeguy: Je n'ai pas les chiffres exacts, mais je peux
les vérifier. On les a. Je ne les ai pas apportés, par
exemple.
M. Côté: D'accord. Je comprends que ces
gens-là ont quand même une sécurité, qu'ils auront
à faire un choix et que, si on avait à comparer avec la SIQ,
c'est à ce niveau-là qu'il faudrait les comparer, mais que vos
préoccupations en tant que syndicat représentant ces gens, c'est
principalement sur les conditions de travail - cela, je pense que
c'était clairement établi dans le mémoire - dès
janvier 1986.
M. Harguindeguy: Si vous me le permettez, j'aurais un point
important. Les garanties que le projet de loi accorde même aux
employés permanents sont des garanties en fonction de la situation
actuelle. Quand on parle même du classement garanti des employés,
c'est leur classement aujourd'hui, ce n'est pas le classement qu'ils vont avoir
dans un, deux ou trois ans. S'il y a des changements qui interviennent au
niveau du gouvernement, quelles seront les possibilités de tenir compte
des ajustements qui auront été apportés, on ne le sait
pas. On vit d'espoir.
M. Côté: II y a un petit paragraphe à la page
3 de votre mémoire qui est quand
même passablement intéressant. J'aimerais qu'on le lise: Si
le gouvernement prétend toujours - cela s'adressait principalement au
ministre qui en a certainement pris connaissance, mais se faire
rafraîchir les idées, c'est toujours bon - que la
rentabilité et l'efficacité ne peuvent être obtenues par
son organisme assujetti à la Loi sur la fonction publique, compte tenu
des contraintes qu'elle impose et de nos conditions de travail, ceci
équivaudrait donc à dire que l'ensemble des ministères et
organismes du gouvernement du Québec ne devrait pas être assujetti
à une telle loi et que nous devrions donc négocier nos conditions
de travail selon les dispositions du Code du travail.
Je pense que, comme état de fait, comme affirmation, c'est
très inquiétant pour les autres fonctionnaires qui restent. Dans
cette histoire, on semble dégager que c'est peut-être au niveau de
la productivité. J'ai encore entendu ce matin qu'avec une
société d'État il y aurait une meilleure
productivité. Qui dit productivité dit effectivement demander du
travail additionnel aux personnes et cela m'inquiète un peu de ce
côté. Est-ce à cela que vous faisiez allusion
principalement?
M. Harguindeguy: Oui, en tout cas. ». Essentiellement, si,
pour être fonctionnel, rentable et efficace il ne faut pas être
assujetti à la Loi sur la fonction publique, cela veut dire que tous
ceux qui restent ne le sont pas et c'est quand même le lot, le nombre. On
parle souvent aussi de productivité, depuis longtemps, de cela, on
pourrait également s'en reparler, mais cela prendrait plus qu'une heure
en commission parlementaire parce qu'on pourrait éventuellement faire...
D'ailleurs, on l'a souhaité devant le comité spécifique
qui avait été formé pour voir l'application de la loi. On
pourrait s'en parler, mais on n'est pas dedans. Là aussi, on peut
s'interroger. Quand vous avez pratiquement près de 30% des effectifs qui
sont des employés occasionnels, non pas que ceux-ci ne travaillent pas,
mais avec ce que cela implique comme coût de formation et de mesures qui
sont nécessaires et de coûts administratifs, c'est quand
même le lot. Vous avez pratiquement 10 000 personnes à notre
niveau, bon an mal an, qui sont occasionnels. La productivité, on peut
s'en parler si le gouvernement ou les ministères ont réellement
cela à coeur. On a intérêt là-dessus; d'ailleurs, on
va le voir, une étude a été effectuée depuis plus
d'un an.
Je pense aussi au niveau de certaines prétentions selon
lesquelles les employés permanents... Tantôt, vous faisiez
référence que le ministre Clair avait donné à
l'Assemblée nationale un son de cloche de la part des employés
qui se disaient satisfaits.
Je pense que ce n'est pas tout à fait le cas, À la
rencontre des employés à Drummondville, M. Chassé
était présent et il pourrait peut-être vous en parler et
dire que ce n'est pas nécessairement ce qui a été transmis
au ministre, au contraire. Je ne sais pas où, à quelle rencontre
M. Clair fait allusion.
Je pense également aux permanents que M. Chevrette a
rencontrés au cours du mois d'août. Je n'ai pas l'impression non
plus... Vous savez, c'est sûr que devant un ministre ce n'est pas tout le
monde qui peut se permettre de parler. Si le ministre a cru comprendre que ne
disant rien cela signifiait le consentement des gens, en appliquant ce qu'on
dit souvent "qui ne dit mot consent", ce n'est pas tout à fait le cas
parce que notre son de cloche à nous est totalement différent
quand on rencontre le monde.
D'ailleurs, je peux vous dire que, même au parc du mont
Sainte-Anne, il y a de fortes chances que l'ensemble des employés
permanents refusent de transférer à la société,
à la SEPAQ, et ce, même s'ils sont dans des catégories bien
particulières d'employés.
M. Côté: Votre évaluation du nombre
d'employés qui accepteraient d'aller à la SEPAQ, au moment
où on se parle est laquelle?
M. Harguindeguy: Parmi les employés occasionnels, ils
n'ont pas le choix.
M. Côté: D'accord.
M. Harguindeguy: Ils sont forcés de suivre. Ils n'auront
même pas le choix non plus, on ne leur enverra pas de lettre leur disant:
Vous êtes transféré, vous avez sept mois pour refuser. Dans
les employés permanents qu'on a rencontrés, je dirais que mis
à part peut-être un ou deux employés, ceux qui travaillent
de façon pratiquement individuelle ou en duo, dans les divers centres,
sur divers équipements à travers la province, eux aussi, n'ont
peut-être pas d'autre choix. Si vous allez à Amqui, il n'y a pas
tellement d'ouverture pour avoir d'autres emplois. À Kénogami,
dans ce com, ils n'ont pas tellement le choix de suivre ou pas. Sauf dans les
centres comme Québec, ici, Drummondville, ce peut être
différent comme réponse mais, à l'heure actuelle, si je
regarde les pétitions qui ont été signées par les
employés concernés, près de 90% des gens refusent
actuellement. (17 heures)
M. Côté: C'est toute l'expertise du milieu. Ma
première question, tout à l'heure, était celle-ci: Le
ministre nous disait qu'avec les avis juridiques du ministère, il y
avait toutes les garanties suffisantes à l'intérieur du projet de
loi pour protéger les occasionnels, est-ce que vous êtes de
cet
avis?
M. Harguindeguy: On les protège jusqu'au 31
décembre 1985 uniquement. Le 1er janvier 1986, il n'y a pas de
protection. Tout va dépendre de ce qui va être
négocié. D'ailleurs, il faut voir aussi si la
société et le gouvernement vont vouloir négocier. Vous
avez quand même un article aussi qui, à mon sens, si le
gouvernement était prêt à négocier, n'a pas sa
raison d'être. On avait dit aussi dans le projet de loi 88, dans le
deuxième alinéa de l'article 14: "Les normes et barèmes de
rémunération ainsi que les autres conditions de travail du
secrétaire et des autres employés de la société
sont établis par résolution du conseil d'administration et soumis
à l'approbation du gouvernement. " À mon sens, quand on tombe
dans une entreprise commerciale, quand les individus décident de se
former en société et de fonder une entreprise, je ne pense pas
qu'ils aient l'obligation d'avoir cela comme règlement. Le Code du
travail y pourvoit déjà. S'il y a une association syndicale,
nécessairement, on va négocier les conditions de travail. Quelle
est la nécessité de déterminer que la
société va faire des règlements et déterminer le
barème et la rémunération si effectivement il y a des
possibilités de négocier? Nécessairement, tout conseil
d'administration, même que si ce n'était pas là dans la
loi, s'il n'y avait pas de syndicat, déciderait de la
rémunération, des conditions qu'elle offre. Mais, de là
à l'inscrire dans la loi, on s'interroge réellement sur le
bien-fondé. On peut se retrouver tantôt avec d'autres
problèmes comme à Marine Industries, je ne sais pas. Le
gouvernement a aussi son mot à dire.
M. Côté: J'aurais une dernière question, pour
le moment, en tout cas selon le temps d'utilisation que les ministériels
feront. À la page 4 qui fait suite à votre article 14 et
principalement dans le dernier paragraphe -pas de la page 14 - après
avoir parlé de la RAAQ, de la RAMQ, de la CSST, vous dites: Dans ces
organismes, même si les employés sont assujettis à la Loi
sur la fonction publique et conséquemment à nos dispositions
constituant une convention collective, l'organisme lui-même n'est pas
assujetti à la Loi sur l'administration financière et conserve
donc ainsi toute son autonomie quant aux prises de décisions et à
l'établissement de son budget d'opération. Je pense que le
message est très clair au gouvernement. Ce que vous lui dites, c'est:
Faites dans le cas de la SEPAQ exactement ce que vous avez fait dans le cas des
quatre autres. Demain matin, je pense que tout le monde va être heureux,
y compris tous les employés dans tout le Québec.
M. Harguindeguy: Oui. Si, éven- tuellement, ce sont nos
conditions de travail qui dérangent parce que les clauses sont
peut-être trop générales, je dirais que les clauses peuvent
être ajustées selon les besoins de l'organisation et selon les
besoins des employés. C'est une question de cédule de travail. Je
peux vous citer comme exemple le ministère des Transports pour
l'entretien d'hiver, on a des cédules particulières qu'on
négocie à tous les ans pour trouver un mécanisme qui fasse
en sorte que nos gens puissent continuer à travailler à un
coût moindre que celui que prévoirait ou coûterait, en fait,
l'application intégrale du décret. Ce sont des situations sur
lesquelles on est prêt à discuter. Les autres organismes, la RAMQ,
la RAAQ, la Régie des rentes et la CSST sont quand même des
organismes qui fonctionnent, je pense. Donc, on comprend mal qu'on se doive
d'exclure ces gens de l'application de la loi.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche.
M. Brassard: Je voudrais d'abord moi aussi, à mon tour,
remercier M. Harguindeguy et ses collègues d'avoir accepté aussi
rapidement l'invitation de la commission. Sur les occasionnels, je pense que
les inquiétudes et les doléances du syndicat étaient
parfaitement légitimes parce qu'on sait que depuis un certain nombre
d'années, pas seulement dans ce cas, mais ailleurs aussi, dans plusieurs
ministères - je pense entre autres au ministère des Transports -
on a mis en place une procédure qui est celle de la liste de rappel qui
m'apparaît pas mal plus équitable que ce qui existait auparavant
où c'était carrément le règne de l'arbitraire. Je
pense que c'est important de le noter. Il y a eu un net progrès
relativement aux occasionnels. C'est sans doute le résultat des efforts,
en grande partie, du syndicat. Un net progrès dans le sens que ces
derniers sont maintenant mieux protégés. On adopte à leur
égard un comportement beaucoup plus équitable, beaucoup plus
juste. D'ailleurs, je suis bien content de voir que vous confirmez ce que j'ai
dit ce matin, c'est-à-dire que les conventions collectives actuellement
en vigueur s'appliquent jusqu'au 31 décembre 1985, y compris pour les
occasionnels.
Là où vous m'exprimez de l'inquiétude, c'est
après le 31 décembre 1985. Quand les conventions vont venir
à échéance, je constate, quant à moi, que la
situation des travailleurs de la société ne sera pas tellement
différente de la situation de l'ensemble des travailleurs de la fonction
publique, c'est-à-dire que les conventions sont échues et il faut
reprendre les négociations avec la partie patronale. Cela peut
évidemment entraîner des modifications
aux conditions de travail, la plupart du temps dans le sens d'une
amélioration. Il y a aussi ce que vous appelez cette espèce
d'incertitude qui existe non pas uniquement pour les travailleurs de la SEPAQ,
elle existe pour tout le monde, c'est-à-dire pour tous ceux dont les
conventions collectives viennent à échéance, aussi bien
ceux de la fonction publique que des secteurs parapublics, comme
l'éducation et les affaires sociales. Je ne sais pas si je vous
comprends bien, mais il me semble qu'il n'y a pas là une situation
particulière. C'est une situation qu'on retrouve partout, pour tous les
travailleurs qui sont régis par des conventions collectives.
L'échéance de ces conventions fait en sorte qu'une discussion et
une négociation s'amorcent; cela peut concerner l'ensemble des
conditions de travail prévues dans les conventions collections. En quoi
la situation des travailleurs de SEPAQ est-elle différente des autres
travailleurs des secteurs public et parapubiic? M. Harguindeguy:
D'abord, c'est que, généralement dans les entreprises qui sont
assujetties au Code du travail, quand il y a une vente, il y a des
transmissions de droits. L'organisation syndicale demeure en place et la
convention collective aussi. Alors que, dans la situation présente, vous
forcez quand même les gens à se réorganiser, d'abord avec
les difficultés que cela représente parce que vous prenez un
groupe qui est habitué à oeuvrer à l'intérieur d'un
gros syndicat avec une structure provinciale. De quelle façon
devront-ils s'organiser? Il faut quand même admettre que le gros de vos
effectifs sera à la SEPAQ près du mont Sainte-Anne. Vous allez
avoir un groupe plus important à Fort Prével parce que c'est la
restauration pour la période estivale. Vous allez avoir le parc des
Voltigeurs, mais après cela, c'est quand même plus limité.
Donc, l'organisation a déjà une difficulté, alors
qu'actuellement, ils sont habitués et défendus par un syndicat de
nature provinciale. Il y a cela; il n'y a pas d'obligation non plus comme
telle. La SEPAQ n'a comme obligation d'appliquer les dispositions de la
convention collective que jusqu'au 31 décembre 1985. Pour le 1er janvier
1986, contrairement à l'entreprise privée dont les droits sont
transférés en vertu de l'article 45 du code, c'est quand
même une obligation tant que l'accréditation existe, alors que,
dans ce cas-ci, vous forcez les gens à se syndiquer à nouveau
avec tout ce que cela peut représenter. Vous pouvez avoir un gars
intéressé à être - je ne sais pas - avec la FTQ, un
autre avec la CSN, un autre avec le SFPQ et ainsi de suite. Donc, devant quoi
allez-vous vous retrouver? Devant la rentabilisation de l'entreprise que vous
voulez obtenir. Je ne suis pas sûr que vous allez la réaliser de
cette façon-là.
C'est pour cela qu'on prétend, nous, que les gens auraient quand
même pu rester des fonctionnaires et des ouvriers, quitte à ce que
leurs conditions soient particulières. Il n'y a rien qui
empêche... Déjà on signe deux conventions collectives:
l'une pour les fonctionnaires, l'autre pour les ouvriers. On a
déjà une dizaine de lettres d'ententes particulières dans
chacune des conventions. Il n'y a rien qui empêcherait qu'on ait une
onzième pour prévoir les conditions de travail des
employés de la SEPAQ pour des situations bien particulières. Cet
effort de rentabilisation à ce niveau, si on avait établi que
c'était là le problème majeur, n'a pas été
effectué. On n'a pas fait de tentative à ce niveau-là,
pour voir s'il y avait lieu d'ajuster les conditions de travail pour les gens
qui travaillent au mont Sainte-Anne et pour ceux qui travaillent à Fort
Prével et ceux qui travaillent ici ou ailleurs, si c'est cela. Si les
conditions de travail sont les mêmes, ce que vous semblez laisser croire,
il n'y a donc pas d'économie qui sera réalisée là.
Si ce sont les mêmes, ce seront les mêmes coûts qu'il y a
actuellement. Si l'on parle de rentabiliser et d'être plus efficaces
parce qu'on va augmenter la productivité, c'est également le
souhait exprimé pour tous les ministères et organismes, donc,
là aussi, il n'y a pas raison de les exclure. Nous cherchons
réellement le vrai motif. On peut douter que le fait de les exclure de
l'application de la loi, ce soit justement un motif pour leur appliquer des
conditions que j'appellerais minimales, qui sont celles qui prévalent
dans les mêmes secteurs d'activité.
Quand on va comparer la SEPAQ, le mont Saint-Anne avec le mont Orford,
le mont 5utton et le mont Tremblant, nécessairement on va dire: Vous
êtes trop payés à l'heure actuelle. Votre
rémunération globale est trop élevée, donc, on va
réduire. Qu'est-ce que vous ferez? Déjà à l'heure
actuelle vous comparez l'ensemble du secteur public avec le privé et
vous estimez qu'on est trop rémunéré. Imaginez-vous
tantôt quand on va parcelliser les groupes et qu'on va les comparer avec
le terrain de camping du coin qui est une entreprise familiale privée
où il n'y a pratiquement pas de conditionsl et le terrain de golf avec
les autres terrains de golf qu'il y a, nécessairement ils vont avoir les
mêmes conditions de travail donc, des réductions dans ces
conditions.
C'est la seule place où on voit qu'il peut y avoir des
réductions quelconques. Ce n'est pas dans l'immobilisation, dans le
coût: quand vous allez vouloir construire un hôtel, vous allez
vouloir contruire un club de golf, cela va être le même prix que
vous allez payer, il n'y a pas d'économie de réalisée
là. C'est nécessairement sur l'administration, l'entretien et la
réparation. Il n'y a pas d'autres secteurs où on pourra
économiser.
M. Brassard: M, le Président, non seulement je ne suis pas
certain, mais je suis certain qu'il n'y a pas seulement ce secteur. Vous pensez
que la seule façon de rentabiliser ces équipements, c'est en
modifiant à la baisse, si je comprends bien, les conditions de travail
des employés. Je demeure persuadé, convaincu, qu'il y a d'autres
moyens de rentabiliser ces équipements, en particulier - on en parlait
ce matin à l'occasion d'échanges avec le député de
Charlesbourg - la politique des prix, la tarification, mais également
aussi, surtout, le principal moyen de rentabilisation, c'est d'élever le
niveau de fréquentation de ces équipements qui sont actuellement
carrément, dans beaucoup de cas, sous-utilisés. Cela, c'est un
moyen qui pourrait être mis en oeuvre et utilisé pour
rentabiliser.
Je conteste votre vision des choses dans le sens de dire que la seule
façon de rentabiliser ces équipements, ce serait de modifier
à la baisse les conditions de travail. Je ne le crois pas.
M. Harguindeguy: En fait, si vous me permettez d'expliquer pour
quelle raison, c'est que le marketing auquel vous faites
référence pour augmenter la participation ou l'utilisation des
équipements, peut être effectué à l'heure actuelle
aussi. Il n'y a rien qui empêche le gouvernement de faire une campagne de
publicité pour amener les gens de l'extérieur du Québec
è venir faire du ski, du camping, aller jouer au golf à Fort
Prével ou au mont Sainte-Anne. Je pense qu'il y a des budgets de
publicité qui sont assez importants et on s'interroge même sur les
motifs, cela pourrait en être un.
Actuellement, vous dites: On s'est donné des forces, on s'est
donné des équipements récréatifs aussi. Cela
pourrait être la même chose. On se sera donné quelque chose,
on pourra utiliser l'argent là. Donc, si c'est seulement le marketing
qui manque, je pense qu'il y a des gens spécialisés pour cela,
mais il n'y a pas nécessité d'exclure les gens de l'application
de la loi pour arriver à cela. Qu'est-ce qui empêche un
ministère d'avoir un budget particulier pour de la publicité pour
amener le monde à venir au Québec? D'ailleurs, je pense que le
gouvernement a décidé de créer un ministère du
Tourisme pour cela aussi. Donc, ce sont des actions qui pourraient être
conjointes sans nécessairement les exclure. Nous, on s'interroge parce
que ce n'est pas le fait qu'ils soient assujettis à la Loi sur la
fonction publique qui vous empêche de faire de la publicité
à l'extérieur du Québec, je ne pense pas que ce soit un
empêchement. Je n'ai rien vu dans la loi qui empêche cela. (17 h
15)
M. Brassard: J'aurais une dernière question à vous
poser, M. Harguindeguy. Vous disiez tantôt que, après la
création et la mise sur pied de la société, relativement
surtout aux occasionnels, à partir du 1er janvier 1986, les conditions
deviennent incertaines et à ce moment, si le ministère
décide de réintégrer certains équipements, les
occasionnels vont se retrouver sans protection et sans garantie de retour. Ne
pensez-vous pas que l'une des premières choses, je suppose, en tout cas,
qu'un syndicat, è partir de janvier 1986, va négocier et tenter
de maintenir à propos des occasionnels, cela va être le maintien
de la liste de rappel? Comme on est tenu de respecter les conventions
collectives en vigueur, s'il y a une réintégration, ce qui
m'apparaît peu probable, le ministère sera tenu de respecter ce
qui aura été négocié, soit, en particulier à
propos des occasionnels, la procédure de rappel.
M. Harguindeguy: En principe, je devrais dire oui, sauf qu'une
négociation, cela se fait à deux. Quand vous avez la partie
patronale qui s'y refuse... Je pourrais vous donner l'exemple du gouvernement
qui lui-même refuse à l'heure actuelle la création de
listes de rappel dans les pépinières. Parlez-en à votre
collègue, M. Bérubé, dans la région de Rimouski, la
pépinière de Sainte-Luce, pour voir les difficultés qu'il
a avec certains employés pour lesquels on revendique depuis près
de quatre ans l'établissement d'une liste de rappel, ce qu'on appelle
les piqueuses et les repiqueuses. Parlez-lui en et il va vous dire c'est quoi
le problème qu'on a. Le ministère refuse, donc on ne peut
l'imposer non plus. L'employeur ne veut pas avoir là de liste de rappel
parce que cela lui permet d'embaucher qui il veut.
On pourrait donc se retrouver, à compter de janvier 1986, avec la
même situation au niveau de la SEPAQ. Que la société nous
dise, à compter de janvier 1986: Je suis bien prête à
rappeler ceux que je veux sur la liste mais des listes, il n'y en aura pas chez
nous, qu'est-ce qu'on va faire pour l'imposer? On va faire la grève pour
avoir une liste de rappel et, en vertu de l'article 14, vous allez nous imposer
les conditions à savoir qu'il n'y a pas de liste de rappel. C'est quoi
actuellement? Il y en a, c'est vrai, sauf que cette garantie d'avoir une liste
de rappel à compter de janvier 1986, moi je ne peux pas la donner aux
membres chez nous parce qu'à l'époque quel va être le
résultat, quel va être le mandat accordé par le
gouvernement au niveau de la SEPAQ sur des listes? Je ne les connais pas. Dans
certaines régions, cela peut être avantageux de ne pas avoir de
liste de rappel. On en a déjà des difficultés à
certaines places, si vous voulez qu'on vous fasse aussi... On est en train de
préparer l'histoire des employés occasionnels au
gouvernement, vous verrez que, parfois, ce n'est pas toujours rose. On
pourait vous en sortir plusieurs, des belles.
M. Brassard: J'aurais une toute dernière question, M. le
Président. Ce midi, le député de Charlesbourg, s'exprimant
sans doute au nom de son parti, a déclaré péremptoirement,
je dirais, qu'advenant que le Parti libéral reprenne le pouvoir à
l'occasion d'une prochaine élection l'une des premières
sociétés d'État qui seraient liquidées c'est la
Société des établissements de plein air du Québec.
Est-ce que vous considérez la privatisation pure et simple de ces
activités et équipements comme souhaitable pour les travailleurs
concernés?
M. Tremblay: Mais là, les travailleurs vont être
à leur retraite dans ce temps-là.
M. Harguindeguy: Nous, on n'a pas fait l'étude
jusqu'à ce point-là. On veut les conserver avec nous, on veut les
garder dans le giron de la fonction publique. Concernant la privation, si je
regarde les résultats... D'ailleurs, ce qu'on vous dit dans notre
mémoire, si on regarde ce qui se fait dans d'autres secteurs, on vous
dit à la page 2: Le gouvernement ne met-il donc pas ainsi en
péril l'existence de centres qui, par l'appui financier du gouvernement,
assurent une présence des équipements récréatifs
dans des régions touristiques qui ne pourraient autrement survivre?
À mon sens, cet énoncé va autant valoir avec le prochain
gouvernement, si c'est un gouvernement libéral qui veut privatiser des
sociétés comme la SEPAQ. On va sûrement se battre aussi
à ce niveau-là pour conserver, si on les a encore, les membres.
À mon sens, il y a encore des domaines dans lesquels le gouvernement se
doit d'investir, autrement il n'y a aucune entreprise privée qui va le
faire.
Si vous voulez permettre à des gens qui vivent en région
d'avoir les mêmes services et les mêmes équipements que ceux
qui vivent dans les grands centres qui sont favorisés, vous n'avez
d'autre choix que d'investir; autrement, le coût sera trop important pour
ces gens-là.
M, Brassard: Je vous remercie.
M. Harguindeguy: D'ailleurs, ce sont des choses politiques sur
lesquelles on préfère s'abstenir. On vous laisse cela.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: Étant donné que le
ministre...
M. Tremblay: Non, mais je vais vous laisser poser une question
même si vous avez pris vos vingt minutes.
Le Président (M. Dauphin): Le député de
Charlesbourg a pris six minutes quarante-cinq et le ministre a pris six minutes
quarante.
Une voix: On est presque à égalité. M.
Côté: Laissez-nous faire.
M. Tremblay: Sur la question de règlement. Comment
expliquez-vous s'ils ont pris juste douze minutes, que cela fait trois quarts
d'heures qu'on est réunis?
Le Président (M. Dauphin): C'est que les invités
ont parlé aussi.
M. Tremblay: Le temps des questions qui sont posées aux
invités va dans le temps du ministre et dans le temps du
député?
M. Brassard: De toute façon on a une heure.
M. Côté: On va vous laisser le temps, M. le
député de Chambly. On ne prendra pas de votre temps, sauf que le
ministre a ouvert un débat. Les questions politiques, on va les
trancher. Je me suis assis dans mon fauteuil ce matin et, comme vous l'avez si
bien dit, j'ai péremptoirement déclaré que la
société d'État SEPAQ serait une des premières
abolies. Je le répète et très clairement, sauf que je n'ai
pas dit au ministre ce matin que tout de go tout le secteur retournerait
à l'entreprise privée.
M. le ministre, vous êtes bien jeune dans votre ministère,
vous allez apprendre que très bientôt le ministère a une
responsabilité sociale qui doit servir les gens au Québec aussi.
Disperser des équipements au niveau du ministère parmi le
Québec et privatiser ou transférer une société
d'État, ce sont deux choses complètement différentes, mais
le ministère a une responsabilité et on est capable de prendre
les nôtres. La question est la suivante. Le ministre a
déclaré tantôt: Ah! mais, vous savez, à
l'époque c'était - on va les employer les mots, on va voir qu'on
n'a pas peur - la politique qui réglait le sort des occasionnels.
Maintenant, sous notre gouverne, avec notre grande transparence, on est
arrivé avec un système de rappel d'occasionnels...
M. Brassard: En négociation avec le syndicat, le syndicat
est responsable en grande partie.
M. Côté: D'ailleurs, vous auriez avantage à
négocier avec le Syndicat des fonctionnaires, vous pourriez trouver un
terrain d'entente pour sauver des
fonctionnaires qui risquent de disparaître.
Le ministre a dit: Oui, mais on compare au ministère des
Transports, où les occasionnels ont un pouvoir de rappel. Je pense qu'il
y a une distinction très nette entre ceux qui aujourd'hui sont des
occasionnels qui peuvent être rappelés par le ministère des
Transports et ceux qui éventuellement deviendront des occasionnels d'une
société d'État. J'aimerais entendre M. Harguindeguy sur
cela. Tout le pouvoir, comme vous l'avez si bien exprimé ce matin, est
un pouvoir politique. Ce qui a fait que le siège social de SOQUEM est
demeuré dans la région de Québec, comme on nous l'a
rappelé ce matin, c'était la pression politique. Est-ce que des
occasionnels répartis dans tous les coins du Québec, demain
matin, plus représentés par un seul syndicat mais par des
syndicats de boutique parmi tout le Québec, vont avoir le pouvoir - non,
non ce ne sont pas des hypothèses, il faut aller voir dans le champ -
politique de dire au gouvernement, comme c'est le cas des occasionnels du
ministère des Transports: Vous passez à côté de la
liste de rappel? Mon impression, c'est je pense que non, mais j'aimerais
laisser la parole à quelqu'un qui le vit quotidiennement dans le
champ.
M. Harguindeguy: À l'heure actuelle, avec le gouvernement
nous avons établi des critères qui font en sorte que lorsqu'on
les applique et qu'on établit des listes de rappel, si les gens
correspondent à ces critères... Dès le moment où on
va changer de critères selon la volonté de l'entreprise, de la
société, cela peut être difficile. D'ailleurs, c'est notre
crainte que finalement, après janvier 1986, il n'y ait pas de liste de
rappel étant donné que c'est la grande quantité
d'employés... Je prétends encore que si l'on veut réduire
les coûts et augmenter la rentabilité, à notre sens, cela
ne peut se faire que sur le dos des employés, donc, en ne leur accordant
pas des droits qu'ils ont à l'heure actuelle. C'est notre pressentiment,
on espère se tromper mais on cloute qu'on se trompe à ce niveau.
Ce sont des secteurs trop facilement comparables avec le secteur privé
et, si on connaît la politique du gouvernement depuis quand même
quelques conventions collectives, c'est de nous comparer avec d'autres en tant
que fonctionnaires. Donc, quand on va limiter la comparaison à un
réseau qui est réellement comparable et immédiat, on
n'aura pas d'autre choix que de dire qu'on est trop
rémunérés, ou que nos conditions sont trop fortes. Le
droit de rappel peut être aussi une chose qui va sauter parce qu'il
n'existe pas dans bien d'autres places. Dans les clubs de golf, des listes de
rappel il n'y en a pas beaucoup.
M. Côté: Je vais laisser la parole au
député de Chambly.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: J'ai quelques courtes questions, vous allez voir que
vous allez pouvoir revenir, M. le député de Charlesbourg.
M. le président du syndicat, est-ce que vous trouvez cela normal
que des fonctionnaires louent des canots, que ce soit leur tâche? Est-ce
le job d'un gouvernement de louer des canots, d'entretenir des pistes de ski,
de faire des fonctions comme cela? Est-ce que vous trouvez normal que ce soit
des fonctionnaires qui fassent cela?
M. Harguindeguy: Dans le projet de loi actuel, si j'ai bien
compris, la location des canots pour la pêche quotidienne n'est pas
prévue dans cela. Ils ne sont pas censés partir là,
à moins que cela soit prévu par l'article 22 du projet de loi.
Entretenir des pistes de ski, c'est sûr que si on a un centre de ski
comme le mont Sainte-Anne je pense que c'est dans leurs fonctions. Pourquoi
est-ce qu'ils n'entretiendraient pas des pentes de ski quand ils entretiennent
des routes et qu'ils font la coupe du gazon l'été sur les routes?
Quelle différence y a-t-il entre le faire sur les pentes de ski et le
faire sur l'autoroute? Je ne vois pas la différence comme telle, sauf
que cela permet quand même d'assurer au moins... Si vous n'aviez pas eu
le gouvernement au niveau du mont Sainte-Anne, croyez-vous que vous auriez les
équipements que vous avez à l'heure actuelle, que vous auriez les
possibilités d'avoir des championnats mondiaux? Sûrement pas. Il
n'y a pas une entreprise privée qui aurait investi là, donc c'est
l'ensemble des Québécois qui investit. Je pense que c'est de mise
que ce soit des fonctionnaires qui le fassent.
M. Tremblay: S'il y avait une méthode plus efficace de
gérer ces équipements, à ce moment-là est-ce que
vous ne croyez pas que cela mériterait au moins d'être
exploré comme possibilité?
M. Harguindeguy: On est disponibles pour en discuter si vous
voulez. Il y a des moyens plus économiques et plus efficaces. Au
ministère des Transports on a accepté de faire fi de nos droits
prévus dans le décret pour prévoir des horaires de travail
qui tiennnent compte des besoins des ministères, mais qui nous
permettent au moins d'assurer à nos membres de continuer à
travailler, parce que là aussi on avait des problèmes
d'occasionnels qui avaient été mis à pied parce que le
gouvernement donnait cela à contrat à l'entreprise privée.
On a pu démontrer qu'on pouvait faire le même
travail à un coût identique mais à une
qualité sûrement plus grande que l'entreprise privée.
Lorsque vous traversez le Québec, vous devez constater des places
où cela change. Quand l'entretien sera fait par le gouvernement, vous
allez voir la différence. Vous avez plus de risque d'accident sur les
routes entretenues par le secteur privé.
M. Tremblay: Si je comprends bien, vous croyez que cette
société d'État ne permettra pas au gouvernement de donner
la qualité des services qui se donnent présentement, tout en
étant plus efficace et en permettant une meilleure rentabilisation des
équipements?
M. Harguindeguy: Non. Le gouvernement peut sûrement
rentabiliser et peut sûrement être plus efficace qu'il l'est
à l'heure actuelle, sauf que notre prétention est que cela va se
faire sur le dos des employés. Si vous aviez intérêt ou
à coeur d'être rentables et efficaces, vous pourriez, à
notre sens, le faire même à l'heure actuelle, avec des
fonctionnaires et des ouvriers. Je dis que ce n'est pas à cause de la
Loi sur la fonction publique que vous ne pourriez pas être rentables. Par
exemple, la Loi sur la fonction publique, l'imputabilité, vous avez
voté cela à l'Assemblée nationale. Vous avez donné
à tous les sous-ministres un droit de gérance et un pouvoir de
gestion pour que cela fonctionne. Vous avez même ouvert la porte pour les
concours pour favoriser la promotion des gens qui sont déjà en
place et que l'entreprise ou l'administration estime essentiels à sa
bonne marche. Ce sont des choses possibles à l'heure actuelle, donc il
me semble qu'il y a des latitudes qui permettent aux gestionnaires d'avoir
cette rentabilité. Si la convention actuelle est un carcan au niveau,
particulièrement, des horaires de travail, parce que, pour le reste,
essentiellement ce sont les mêmes conditions qui seront applicables, la
même rémunération, les mêmes avantages sociaux... La
seule différence qui peut exister à ce moment-là avec une
convention collective signée avec l'entreprise privée, c'est
peut-être au niveau des horaires de travail. On est disposés
à en discuter, s'il le faut, pour s'ajuster aux besoins.
M. Tremblay: Pensez-vous que la nouvelle entreprise d'État
va avoir de la difficulté à recruter du personnel volontaire
à même la fonction publique?
M. Harguindeguy: Pour partir? Parmi les employés
permanents, j'ai l'impression que oui, parce que les garanties actuelles ne
sont pas suffisantes. Quant aux occasionnels, ils n'auront pas d'autre choix
que de partir, au moins de travailler jusqu'au 31 décembre 1985,
après on y verra.
M. Tremblay: S'il y avait dès le départ
suffisamment de fonctionnaires désireux d'aller travailler là,
est-ce que cela vous convaincrait du bien-fondé de cette loi?
M. Harguindeguy: Cela dépend de quelle façon vous
allez arriver à les convaincre de partir. Si je me fie aux promesses
faites aux employés de la SIQ, aujourd'hui il y en a quelques-uns qui le
regrettent. Vous savez, quand vous partez d'un régime qui vous assure
d'une certaine équité au niveau des concours,.. Par exemple, au
gouvernement vous avez un droit d'appel quand un concours ne fonctionne pas.
À la Société immobilière du Québec, qui
n'est plus assujettie, il y a des membres qui se sont fait dire que la
société ne voulait pas les avoir pour la promotion. Donc, ils
sont pris au poste qu'ils ont à l'heure actuelle pour le reste de leurs
jours, alors qu'au gouvernement ils avaient au moins la possibilité de
faire valoir leur point de vue et leurs qualités qu'à la SIQ ils
n'ont pas, parce que le droit de recours à la suite d'un contrat de
promotion n'existe pas dans le secteur privé, à moins que la
convention collective le prévoie, mais j'en doute.
M. Tremblay: Est-ce que ces deux lois, autant celle de la SIQ que
celle-là, ne prévoient pas la possibilité pour ces
fonctionnaires de revenir à leur poste dans la fonction publique?
M. Harguindeguy: Pas de revenir volontairement. Par voie de
mutation, oui, mais, quand il n'y a pas de poste vacant de disponible au
gouvernement, quand vont-ils revenir? On vit avec une politique de
réduction d'effectifs de l'ordre de 1% à tous les six mois.
Alors, comment voulez-vous revenir à la fonction publique quand il n'y a
pas d'emploi vacant? Encore faut-il que vous ayez le classement voulu pour
cela. Votre garantie actuelle, si je réussis, je suis agent de bureau,
même si dans cinq ans ou dans dix ans je veux revenir, et je suis rendu
technicien à la SEPAQ ou à la SIQ, ma seule garantie de revenir
au gouvernement c'est comme agent de bureau. Elle n'est plus selon ma
carrière là-bas. Donc, déjà là, vous allez
dire: C'est un choix que la personne a fait. Oui, dans l'immédiat, mais
dans dix ans que va-t-il arriver? (17 h 30)
M. Tremblay: Cela est une question philosophique.
M. Harguindeguy: Ah oui, mais...
M. Tremblay: Cela dépend du type de personne qu'on est. 11
y en a qui préfèrent prendre des risques un peu dans la vie et
bouger et il y en a d'autres qui aiment mieux être assis là
à attendre que tout soit
prévu pour eux.
M. Harguindeguy: Sauf que nous, ce ne sont pas avec des
philosophes qu'on travaille, c'est avec nos membres!
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: M. le Président, peut-être une
dernière question, quant à moi, avant de conclure, compte tenu du
temps. Dans cette démarche de création d'une
société d'État, qui est latente au ministère depuis
1981, quelle sorte de contact le ministère a eu avec vous dans cette
démarche qui amène l'adoption du projet de loi aujourd'hui? Parce
qu'on a eu votre mémoire et on a pu prendre connaissance dans les
journaux d'encarts payés par le syndicat pour défendre les droits
des occasionnels. Je voyais dans le Soleil du samedi 1er décembre un
article de Ghyslaine Rheault qui reprenait l'ensemble des points qui
étaient dans la documentation. Est-ce qu'il y a eu véritablement
de la part du gouvernement des efforts, du ministère, pour tenter de se
comprendre et de, finalement, protéger davantage les travailleurs qui
sont affectés?
M. Harguindeguy: La première rencontre a eu lieu au mois
d'avril 1984, quand il y a eu une annonce officielle, je pense, à
l'Assemblée nationale.
M. Côté: C'était à l'étude de
crédits.
M. Harguindeguy: Oui, aux crédits. Par la suite, à
la fin d'avril, j'ai rencontré le ministre, M. Chevrette, à
l'époque, accompagné du sous-ministre adjoint, responsable, je
pense, de l'équipement. Depuis ce temps-là, il y a eu
échange de correspondance, on m'a fait répondre que
c'était identifique au projet de loi 18. Ce matin, j'ai rencontré
le ministre. Ce sont les seules interventions ou les seules rencontres qu'il y
a eu à ce sujet.
M. Côté: Est-ce que le ministre... M.
Harguindeguy: M. Brassard.
M, Côté: Est-ce que M. Brassard vous a paru plus
ouvert que son prédécesseur ou aussi fermé?
M. Harguindeguy: II m'a démontré qu'il avait appris
sa leçon de la part du ministre Chevrette, il avait exactement les
mêmes arguments! II est vrai que, lorsque vous êtes avec le
même sous-ministre, vous ne pouvez pas changer bien bien!
M. Côté: Êtes-vous après nous dire que
c'est le sous-ministre lui-même qui...
M. Harguindeguy: En tout cas, je ne parlerai pas.
M. Côté: D'accord. Je pense que c'est pas mal la
fin, compte tenu du temps. Je dois vous remercier de vous être
prêté à notre petit interrogatoire. Ce qu'il y avait dans
les journaux et votre attitude comme syndicat, je pense que, finalement... Dans
tout le cours de l'histoire du Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec, cela a toujours été une attitude responsable dans
les négociations. L'ouverture que vous faites au ministre est
très sérieuse, à savoir que s'il y a des
négociations particulières qui sont nécessaires pour
maintenir le statut des employés, la sécurité de
ceux-ci... Le ministre me dit: Dans la loi, ils sont protégés, le
droit de rappel est protégé, finalement à peu près
tout est protégé. Alors pourquoi pas, à ce
moment-là, continuer? Et la preuve n'a pas été faite ici,
même de la part du ministre, que la rentabilisation des
équipements serait au détriment des employés, au
détriment du service à la clientèle, mais le ministre nous
a dit: La rentabilisation va venir par l'augmentation de la
fréquentation des équipements. Donc si, à ce
niveau-là, c'est par la fréquentation des équipements, par
l'achalandage, on peut présumer que le niveau de revenus et des
avantages des employés sera le même. Pourquoi, à ce
moment-là, M. le ministre, ne pas avoir d'ouverture d'esprit de bien
traiter ces fonctionnaires qui, sur le plan de la répartition des
effectifs dans tout le Québec, n'ont pas la même force que ceux de
la CSST regroupés dans les grands centres, la RAAQ, la RAMQ? Finalement,
je pense que l'ouverture du ministre devrait être encore plus grande,
qu'on négocie avec le syndicat, on a encore le temps, de façon
que dans la loi les droits de ces gens soient protégés de la
même manière que ceux de la CSST, de la RAAQ et de la RAMQ.
Je pense qu'on rendrait service à tout le monde, et au
ministère, parce que cela garantirait la qualité du personnel qui
est en place et la connaissance des équipements à utiliser au
niveau du mont Sainte-Anne. J'imagine que si le ministre met... J'ai vu dans
l'article que la proclamation, la mise en branle de cette société
d'État deviendrait en vigueur par une décision du gouvernement.
Cela veut dire ultérieurement. Ce sera probablement après la
saison de ski, j'imagine, au moment ou les revenus du mont Sainte-Anne seront
plus bas qu'ils ne sont en hiver.
Je trouve que, de par votre témoignage, vous avez
manifesté publiquement, à cette commission, une ouverture peu
commune au niveau du syndicalisme et j'invite, en conclusion, tout en vous
remerciant, le ministre... Non, non, je ne veux pas... Le député
de Chambly fait
le signe du violon, alors, on va laisser cela au philosophe. Dans ce
cas-ci, je pense que l'ouverture est là. Elle est publique et je pense
que le ministre doit saisir cette occasion. Il en va, je pense, de la
qualité des services offerts à la population. Si ce qu'il nous a
dit depuis le matin concernant la certaine rentabilité qu'on nous assure
au niveau de la société et qui serait assurée par la
fréquentation et non sur le dos du travailleur et de la qualité
des services, je pense que le ministre n'aura pas d'objection,
éventuellement, à ce qu'on propose un amendement à son
projet de loi pour que les employés de la SEPAQ soient
considérés sur le même pied que la CSST, la RAMQ.
Peut-être que l'Opposition pourrait alors changer d'idée quant
à son vote sur le projet de loi.
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. le ministre.
M. Brassard: Merci, M. Harguindeguy.
M. Harguindeguy: Merci. Ne vous gênez pas pour d'autres
circonstances.
Le Président (M. Dauphin): Nous vous remercions d'avoir
obtempéré sur-le-champ à la demande de la commission.
Et nous revenons actuellement à l'article 4 du projet de loi.
Reprise de l'étude
détaillée
M. Côté: M. le Président, on va effacer nos
papiers.
M. le ministre, on peut passer assez rapidement, vu ce qu'on a entendu,
si le ministre est prêt à conférer au employés de la
SEPAQ le même statut que ceux de la CSST.
Constitution et composition de la
société (suite)
M. Brassard: Non, parce que la comparaison n'est pas exacte et
n'est pas bonne. Quand on compare la Régie de l'assurance-maladie, par
exemple, à la SEPAQ, ce n'est pas une comparaison acceptable parce qu'il
s'agit d'une régie, dans un cas, qui accomplit des activités qui
ne sont pas de nature commerciale, des transactions commerciales, tandis que la
SEPAQ est une société d'État à capital-actions avec
une vocation commerciale.
Si on voulait faire des comparaisons correctes, on devrait les faire
avec SOQUIP et SOQUEM, Hydro-Québec, on devrait comparer les
sociétés d'État à capital-actions avec des
sociétés d'État à capital-actions et non pas avec
des régies ou des commissions, par exemple, comme la Commission de la
santé et de la sécurité du travail. C'est la comparaison
qui n'est pas correcte. Pour toutes les sociétés d'État,
c'est la règle. La Loi sur la fonction publique ne s'applique pas aux
employés de toutes les sociétés d'Etat. Il n'y a pas de
raison que, dans le cas de la SEPAQ, ce ne soit pas la même chose.
M. Côté: D'accord, on est à l'article 4, M.
le ministre. On y reviendra. On a amplement le temps.
On avait donc abordé la discussion, ce matin, au niveau de
l'article 4 concernant le conseil d'administration composé d'un
permanent et de six personnes avec frais de déplacement et ticket, ce
qu'on appelle communément un ticket. Est-ce que - je me souviens, j'ai
retracé ce que j'avais dit en deuxième lecture, M. le
Président, et ce qui avait fait sursauter le ministre... Si j'ai fait
des erreurs, je suis prêt à rétablir les faits. Mais, je
faisais une comparaison avec la SIQ. Évidemment, le ministre a
sursauté parce qu'au niveau de la SIQ c'était à peu
près le même libellé et c'était des gens, au conseil
d'administration, qui étaient là en permanence.
Si je ne m'abuse, dans le mémoire soumis au Conseil des
ministres, du 20 mars 1984, à l'annexe 3 - si j'ai bonne souvenance - il
y avait un budget et il y était fait mention de 555 000 $ de frais de
fonctionnement du siège social, dont 223 000 $ en ameublement et capital
et toutes sortes de choses comme celles-là. Là, j'avais fait un
calcul très rapide pour le comparer à la SIQ, et on arrivait avec
des taux de salaire assez impressionnants, mercil Là, le ministre saute
en l'air et dit: Vous n'avez rien compris parce que, dit-il, ce sont des "gens
à ticket", il y en a un seul qui est payé. Qu'en est-il
exactement du budget?
J'ai des documents que j'ai soumis au ministre au mois d'avril lors de
l'étude des crédits et au niveau de Soquetour le Conseil du
trésor parlait de 1 800 000 $ de fonds de démarrage; 1 800 000 $
étaient dans les notes du Conseil du trésor du mois de janvier
1984, et c'était transmis au ministère, confirmé par le
ministre d'alors, et 1 800 000 $ apparaissent dans les crédits du
ministère, cette année, comme fonds de démarrage de la
société à être éventuellement
constituée.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Côté: C'est ça, le ministre a la bonne
feuille, c'est de celle-là que je parlais.
M. Brassard: Si on comprend bien, ça concerne les
dépenses du siège social. On prévoit effectivement une
rétribution des membres du conseil d'administration, traitements et
avantages sociaux, pour 550 000 $. Cela comprend les traitements et les
avantages sociaux de tout le personnel
qu'on retrouve au siège social; on me dit que c'est à peu
près une vingtaine de personnes, incluant le P. -D. G., le directeur
général. Quand on dit rétribution des membres du conseil
d'administration, ça veut dire les allocations prévues pour leur
présence aux séances du conseil.
Ce n'est pas exact de dire qu'on doit présumer que les membres du
conseil d'administration reçoivent traitement et avantages sociaux, ce
n'est pas la réalité. C'est l'ensemble du personnel du
siège social qui est impliqué.
M. Côté: Est-ce que le ministre pourrait nous donner
la ventilation de l'utilisation du 1 800 000 $?
M. Brassard: Pour le fonds de démarrage?
M. Côté: Dans les grandes lignes que vous avez.
Parce qu'à un moment donné, au niveau du siège social,
vous arrivez avec 818 000 $, si ma mémoire est bonne.
M. Brassard: Fonctionnement, 223 000 $, ameublement, 40 000 $,
soit 819 000 $.
M. Côté: Cela veut dire qu'il reste tout près
de 1 000 000 $ qui, lui, sera utilisé à quoi? Je ne vous demande
pas le gallon de peinture ou la tenture qui sera installée dans le
nouveau siège social, ni les livres de philosophie pour le
député de Chambly.
M. Tremblay: 1 000 000 $, ça vaut certainement la peine de
vérifier..
M. Brassard: On vient d'en retrouver 818 000 $. Les avantages
sociaux consentis aux employés, on estime cela à 512 000 $, c'est
15, 9% de la masse salariale des employés de tout le réseau, et
les équipements, non seulement du siège social. On estime
à 400 000 $, aussi, les dépenses en taxes foncières, en
particulier, et assurances diverses, responsabilité, feu, vol, et les
différentes taxes qu'on retrouve au niveau des municipalités.
M. Tremblay: Cela magane le 1 000 000 $.
M. Brassard: Cela fait 912 000 $, ça commence à
fairel
M. Côté: Qu'est-ce qui fait que 512 000 $
apparaissent à ce moment-ci pour les avantages sociaux des autres
employés?
M. Brassard: Cela existe présentement. On m'informe
qu'actuellement les avantages sociaux sont assumés par le gouvernement
lui-même. Avec le transfert des activités et du personnel, il faut
prévoir que la société devra assumer ces avantages sociaux
équivalents à quelque 15% des salaires.
M. Côté: Effectivement, je pense que, concernant les
512 000 $, le ministre me donne la réponse qu'il faut. Le ministre nous
a dit qu'il y avait 400 000 $ de taxes? (17 h 45)
M. Brassard: Pas seulement en taxes, en assurances aussi.
M. Côté: Comment cela se partage-t-il?
M. Brassard: Je n'ai pas de ventilation ici. Cela comprend les
assurances pour responsabilité civile, feu et vol et les diverses taxes
municipales, scolaires et d'affaires également.
M. Côté: Pour l'ensemble des équipements qui
vous seront transférés?
M. Brassard: Pour l'ensemble des équipements.
M. Côté: Dans le mémoire du 20 mars, il est
marqué entre parenthèses: "En lieu" de taxes foncières ou
autres, 59 000 $; le reste serait-il pour des assurances?
M. Brassard: 59 000 $.
M. Côté: Oui, c'est cela, à la page 14. Le
ministre ne l'a pas?
M. Brassard: Prenons avis, s'il vous plaît.
M. Côté: D'accord. Il est quand même bon de
savoir la ventilation de cette somme. Sur la nomination des personnes, ce matin
on s'était laissé là-dessus, le ministre nous a dit: Les
candidatures entrent, je le comprends, "in and out", j'imagine. Le ministre
nous a dit: Mon choix n'est pas fait. Évidemment, si les candidatures
entrent, même s'il l'était... Non, je ne joue pas
là-dedans.
M. Brassard: Ils veulent "scraper" la société,
alors ils ne suggéreront pas de noms.
M. Côté: D'accord, merci. Dans le cas des six autres
personnes, de quel milieu devraient-elles provenir? Le ministre a-t-il des
idées è ce niveau? Veut-il avoir l'expertise de gens de
l'hôtellerie, du ski, du camping, des employés du ministère
ou des gens de l'extérieur?
M. Brassard: M. le Président, je n'ai pas eu le temps de
me pencher sur le problème de la composition du conseil
d'administration, ni d'ailleurs sur les candidatures. Effectivement le
conseil
d'administration devrait être constitué de personnes qui
ont des compétences reconnues, évidemment, sur le plan de
l'administration, mais également, si cela est possible, des
compétences dans les divers secteurs d'activité qui seront
couverts par la société. Cela m'apparaît sage et
souhaitable.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Côté: C'est-à-dire que normalement le
conseil d'administration devrait comprendre quelqu'un qui vient du milieu de
l'hôtellerie. On se comprend bien?
M. Brassard: Est-ce que tous les secteurs actuellement couverts
par la société devraient être représentés au
conseil d'administration? Ce n'est pas ce que je veux dire. Je veux dire que,
dans la mesure du possible, il me semble qu'on devrait essayer d'avoir des
personnes qui ont des compétences et une expertise dans la plupart des
domaines couverts par la société.
M. Côté: Parmi les six personnes, le ministre
pense-t-il inclure un travailleur?
M. Brassard: Pour le moment, je n'ai pas eu cette
pensée.
M. Côté: En la suggérant au ministre,
serait-il favorable à ce qu'il y ait un représentant des
travailleurs au conseil d'administration de la SEPAQ?
M. Brassard: Cela m'apparaît une suggestion qui
mérite d'être examinée sérieusement.
M. Côté: II me semble que le ministre, issu d'un
gouvernement social-démocrate, qui, dans certains domaines, a
été d'avant-garde -j'ose même le dire - dans ce
domaine...
Une voix: Notez-les!
M. Côté: N'apparaîtrait-il pas normal que le
ministre me dise tout de go - je suis un peu étonné de la
réponse du ministre: Oui, effectivement, il pourrait y avoir quelqu'un
mandaté par les employés mêmes pour les représenter
pendant une période de trois ans au conseil d'administration.
M. Brassard: Je vous dis que c'est une idée
intéressante qui mérite d'être examinée. Je prends
acte de la suggestion heureuse et positive du député de
Charlesbourg à ce sujet.
M. Côté: Vous prenez acte positivement de la
suggestion que...
M. Brassard: Non, je prends acte de la suggestion positive du
député de Charlesbourg, à ce sujet-là.
M. Côté: D'accord. Le ministre n'est pas très
loquace.
M. Brassard: Non, parce que, pour le conseil d'administration, je
vous dis et je vous répète que je n'ai pas à la fois
examiné les candidatures et adopté ce qu'on pourrait appeler les
critères de choix ou de sélection.
M- Côté: Je ne veux pas être méchant
vis-à-vis du ministre, mais est-ce que le ministre ne croirait pas
normal, après qu'on a adopté le principe, au moment où on
arrive en commission parlementaire pour étudier article par article
l'application des principes qu'on a adoptés, qu'à certains
égards il devrait déjà avoir pris position sur des enjeux
comme ceux-là? Là, vous confiez la responsabilité à
sept personnes, à moins que les six autres soient des pions et que ce
soit le P. -D. G. qui mène le bal, ce qui va probablement arriver, et
que les autres viennent estampiller, une fois de temps en temps, des
décisions qui auront été prises.
Mais, cela m'étonne un peu, et je comprends en partie, parce que
le ministre arrive... Semble-t-il qu'il a concentré ses efforts, depuis
un certain temps, principalement sur la loi. Cela m'étonne que vous ne
soyez pas prêt à ce moment-ci à me dire: Oui,
effectivement, les six personnes qui seront au conseil d'administration devront
représenter tel objectif, tel objectif, tel objectif et nous dire,
dès à présent, qu'un employé... Il me semble que
c'est important. Il y en 700 qui sont touchés par cette
société d'État. C'est le cas dans bien des entreprises. Le
ministre le vit quotidiennement chez lui au niveau du CSS, du CR5SS et toutes
les bebelles qui finissent en "S". Il y a des conseils d'administration dans
les centres hospitaliers où il y a des représentants des
bénéficiaires et il y a aussi des représentants des
employés à ces conseils d'administration.
Le député de Limoilou, normalement, devrait être
d'accord avec ça, lui qui y a oeuvré pendant de nombreuses
années et qui s'apprête à retourner travailler dans son
milieu. Il me semble que c'est extrêmement important pour les
travailleurs. Ne trouvez-vous pas, après avoir refusé de leur
donner les mêmes conditions que la CSST, la RAAQ et la RAMQ, que ce
serait une sécurité pour les employés que d'être
représentés par l'un des leurs, un sur sept? Un sur sept, ce
n'est pas majeur, mais ce serait quand même un signe de la part du
ministre vis-à-vis de ces travailleurs qui attendent un signe, et il y a
une certaine ouverture d'esprit qui peut se matérialiser.
M. Brassard: Je manifeste mon
ouverture d'esprit en vous disant qu'il s'agit là d'une
idée intéressante que j'examinerai à son mérite et,
pour le moment, je m'en tiens à cette déclaration.
M. Côté: Est-ce que, dans votre
échéancier de travail, vous vous êtes fixé un temps
pour prendre ces décisions?
M. Brassard: Oui, si cela se fait, aussitôt la loi
adoptée, cette semaine, l'une des premières choses,
évidemment, qu'il conviendra d'examiner, ce sera la composition du
conseil d'administration. C'est la première chose que je devrais faire,
dès le début de janvier, bien sûr.
M. Côté: Réfléchir à cela dans
le temps des fêtes?
M. Brassard: Ah oui. La période des fêtes est une
période de réjouissances, mais aussi une période de
réflexion.
M. Côté: De rencontres, de candidatures
intéressantes.
M. Brassard: Bien, pourquoi pas?
M. Côté: Moi, je n'aurais même pas d'objection
à ce que le ministre nomme quelqu'un du Saguenay-Lac-Saint-Jean ou du
Camping de Kénogami pour représenter les employés. Ce
n'est pas là qu'est... Je pense que le ministre devrait garder cela pour
ses réflexions de la période des fêtes. C'est très
sérieux.
M. Brassard: Ma réflexion va porter sur votre proposition
d'un membre représentant les travailleurs de la société,
va porter là-dessus aussi, de façon à pouvoir prendre des
décisions et faire des choix dès le début de
l'année 1986.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 4?
M. Côté:... des travailleurs, le
député de Limoilou.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Côté: Adopté sur division.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
J'appelle maintenant l'article 5.
M. Côté: C'est un peu drôle. "Au moins cinq
des membres du conseil d'administration doivent être domiciliés au
Québec. " Là, c'est le bout du bouquet. Les autres vont venir
d'où? De l'étranger, de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick, des
États-Unis?
M. Brassard: Je vous signale, M. le Président, qu'il y a
un article semblable que l'on retrouve dans la loi sur la société
immobilière où on dit que c'est six au moins sur neuf qui devront
être domiciliés au Québec. Cinq sur six, pourquoi laisser
une possibilité? C'est parce qu'effectivement...
M. Tremblay:... nommer des anciens députés
libéraux, vous autres, du fédéral?
M. Côté: Après avoir divulgué les
rapports d'impôts et vous être fait battre, cela serait
peut-être possible.
M. Brassard: Ceci étant dit, M. le Président...
M. Tremblay: On nomme toujours des libéraux
là-dessus, nous autres.
M. Brassard:... cet article ne doit pas présumer qu'il y
aura nécessairement un des six membres qui viendra de
l'extérieur, mais on a voulu se réserver cette possibilité
de pouvoir, si cela se produisait, nommer des personnes
spécialisées. Tout à l'heure, le député de
Charlesbourg parlait de personnes membres du conseil d'administration qui
devraient avoir des compétences ou une expertise particulière
dans un ou l'autre des secteurs couverts. On veut se laisser la
possibilité, peut-être, de nommer des personnes
véritablement spécialisées dans les secteurs ou champs
d'intervention de la société qui pourraient être
domiciliées hors-Québec. C'est pourquoi on laisse cette"
possibilité d'un siège sur six, mais cela ne signifie aucunement
que...
M. Côté: Un sur six, c'est cinq sur sept. Le conseil
d'administration, c'est sept personnes.
M. Brassard: Oui. Le P. -D. G., c'est...
M. Côté: II peut faire partie des cinq, le P. -D. G.
Cela voudrait dire qu'il pourrait y en avoir deux qui viennent de
l'extérieur.
M. Brassard: Oui, au moins cinq sur sept. Exactement. C'est cela.
Cela comprend le président.
M. Côté: Quelle est la raison fondamentale? Lorsque
votre ministère a décidé de faire des investissements pour
des canons à neige dans le ski au mont Sainte-Anne, vous aviez besoin
d'expertise. Vous êtes allés en chercher à
l'extérieur. Vous avez payé un contractuel avec un très
bon contrat et il s'est fait un plaisir de venir travailler pour implanter au
mont Sainte-Anne un équipement majeur. Qu'est-ce qui fait que, dans un
conseil d'administration d'une société d'État du
Québec, on déciderait
d'aller à l'extérieur? Parce que, dans la SIQ, c'est sept
sur neuf? Je m'excuse, mais, si la SIQ a décidé d'agir de telle
manière, je ne suis pas convaincu que... Dans le domaine du loisir, de
la chasse et de la pêche, on n'est pas fermé à l'ouverture
et aux choses qui se passent à l'extérieur, mais ils vont se
fendre le derrière pour venir offrir leurs services et qu'on les paie.
Cela veut dire que n'importe quel temps... Je ne comprends pas que deux membres
sur sept, obligatoirement, viennent de l'extérieur du Québec. Je
ne comprends pas.
M. Brassard: Non, non. Pas obligatoirement et, attention...
M. Côté: Pas obligatoirement, mais possiblement.
M. Brassard: C'est une simple possibilité. Ce n'est pas du
tout obligatoire.
M. Côté: Si c'est une simple possibilité,
pourquoi la met-on dedans?
M. Brassard: Les sept membres peuvent être
domiciliés au Québec...
M. Côté: D'accord.
M. Brassard: On laisse une ouverture, une possibilité.
S'il y avait une personne extrêmement compétente, dont l'expertise
serait reconnue, qui ne serait pas domiciliée au Québec, mais qui
serait disposée à venir prêter main-forte à la
société en acceptant un siège au conseil d'administration,
on veut que cette possibilité soit réalisable. C'est la raison de
l'article.
M. Côté: L'expertise de cette personne dont vous
faites état, qu'est-ce qui fait que l'on ne pourrait pas l'obtenir quand
même?
M. Brassard: On pourrait l'engager comme professionnelle. On dit:
Si une personne de cette compétence et spécialisée
acceptait de siéger au conseil d'administration, c'est une
possibilité qu'on veut laisser, de façon à pouvoir le
faire.
M. Côté: Cela est la seule raison?
M. Brassard: Oui, c'est la seule raison.
M. Côté: Et le ministre croit cela suffisant pour
l'indiquer dans le projet de loi ou...
M. Brassard: Ce que je vous dis, M. le député de
Charlesbourg, c'est que, fort probablement, les sept membres du conseil
d'administration de la SEPAQ vont être domiciliés au
Québec. C'est probablement ce qui va arriver. Mais, qui sait?
Peut-être que cela ne sera pas lors de la composition du premier conseil
d'administration, mais peut-être que, dans quelque temps, il y aura une
personne dont la compétence est reconnue, mais qui aura le
désavantage, si vous voulez, d'habiter au Vermont ou au
Nouveau-Brunswick ou en Ontario et qui pourrait apporter son expertise, son
expérience et sa compétence au bénéfice de la
société en siégeant au conseil d'administration. On veut
que ce soit une possibilité qui puisse exister dans la loi, tout
simplement.
M. Côté: Je ne comprends vraiment pas, sauf que,
dans les propos du ministre, il me dit presque - j'aimerais l'entendre
davantage - que les sept premiers seraient du Québec.
M. Brassard: Je vous dis que quand j'aurai à faire une
sélection des membres...
M. Tremblay: Du conseil d'administration.
M. Brassard: ... du conseil d'administration... Ce que je veux
dire, c'est que, si on trouve toutes les personnes compétentes au
Québec pour constituer le conseil d'administration, je vous dis qu'il
n'y a pas de raisons qu'on aille à l'extérieur du Québec
pour ce faire.
Le Président (M. Dauphin): Alors, messieurs, la commission
de l'aménagement et des équipements suspend ses travaux
jusqu'à 21 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 21 h 30)
Le Président (M. Dauphin): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux relativement
au mandat qui lui a été décerné par
l'Assemblée nationale, qui est de faire l'étude du projet de loi
88 article par article. Nous sommes rendus à l'article 5 et je crois
que, si ma mémoire est fidèle, c'est au ministre de
répondre au député de Charlesbourg qui avait posé
une question.
M. Côté: On va s'entendre. Si le ministre veut
répondre déjà aux questions que j'ai posées, je
suis prêt à l'entendre.
M. Brassard: Sur l'article 5, j'avais dit tout ce que j'avais
à dire.
M. Côté:... au cours du souper, non?
M. Brassard: Non, cela a été prévu. Je
répète que, dans mon esprit, j'ai nettement l'impression, sinon
la certitude, qu'on va se
retrouver avec sept membres domiciliés au Québec, au
conseil d'administration, mats ce n'est pas mauvais de laisser une ouverture.
Si on tombe sur une perle rare qui, malheureusement, n'est pas
domiciliée au Québec et qui est intéressée à
nous prêter son expérience et sa compétence pour
siéger au conseil d'administration, ma foi, on aura cette
possibilité.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: M. le Président, je pense qu'on
avait abordé autre chose aussi. Le ministre devait s'enquérir de
certaines informations. Je ne sais pas s'il a pu le faire. On pourrait
peut-être régler cela immédiatement, les taxes de...
M. Brassard: D'abord, pour ce qui est des 59 000 $ dont parlait
le député, il s'agit des taxes foncières qui sont
rattachées exclusivement au mont Sainte-Anne. C'était uniquement
pour le mont Sainte-Anne. Les 400 000 $ pour les taxes et les assurances, on
demandait une ventilation, je pense. Les taxes municipales et scolaires
comptent pour 218 000 $; assurances, taxes d'affaires et taxes sur le capital,
182 000 $. Cela totalise 400 000 $, pour les taxes et les assurances.
M. Côté: Cela fait la ventilation du montant qu'on
avait...
M. Brassard: Les 400 000 $. On avait déjà
parlé des 550 000 $ pour les traitements et avantages sociaux pour le
personnel du siège social lui-même. Cela fait la...
M. Côté: D'accord. L'article 5, M. le
Président...
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Côté: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Sur division. J'appelle
maintenant l'article 6.
M. Brassard: C'est un article qu'on retrouve dans beaucoup de
lois concernant les sociétés d'État. Cela permet au
gouvernement de nommer le président du conseil parmi les membres du
conseil d'administration. La présidence du conseil peut-être
assumée par une personne différente du président de la
société ou du P. -D. G., mais cela peut être la même
personne aussi. Cela peut être le P. -D. G. qui est nommé
président du conseil d'administration.
M. Côté: Dans l'esprit du ministre, au moment
où on se parle, est-ce que le président du conseil sera le
même que le directeur général?
M. Brassard: J'avoue que je ne saurais répondre, pour le
moment, à cette question.
M. Côté: Vous vous gardez beaucoup de
réflexion pour le temps des fêtes? Êtes-vous sûr que
vous allez le passer à Alma ou... ?
M. Brassard: Oui, à Alma. On peut réfléchir
très bien à Alma.
M. Côté: Ah! Certainement. C'est un coin très
intéressant. Je pense que des salaires viennent ultérieurement au
niveau du...
M. Brassard: Du P. -D. G. ?
M. Côté:... P. -D. G., oui. Ce que le ministre me
dit, c'est que le président et le directeur général
pourraient être deux personnes?
M. Brassard: Oui, président du conseil, comme cela se
passe dans beaucoup d'entreprises ou de sociétés. Il y a le
président de la compagnie ou de la société qui est parfois
directeur général aussi en même temps et il arrive que ce
soit une autre personne qui préside le conseil d'administration, qui
soit président du conseil d'administration. C'est une
possibilité...
M. Côté: Air Canada? M. Brassard:
Voilà.
M. Côté: Cela permet d'en nommer plus.
M. Brassard: C'est cela.
M. Côté: Alors, cela veut dire qu'il y en aurait
huit à nommer au lieu de sept?
M, Brassard: Non.
M. Côté: II y en a seulement sept?
M. Brassard: On reste à sept, bien sûr.
M. Côté: Et le directeur général
viendrait d'où?
M. Brassard: Le directeur général et le
président de la société ne font qu'une seule et même
personne.
M. Côté: Non, vous avez dit tantôt qu'il y a
une possibilité que le président soit une personne
différente du directeur général.
M. Brassard: Le président du conseil.
M. Côté: Le président du conseil, oui.
M. Brassard: Le président du conseil peut être un
des membres du conseil d'administration, mais le président de la
société et le directeur général, c'est la
même personne.
M. Côté: Est-ce que cela veut dire que le
président du conseil...
M. Brassard: Ce qu'on appelle, dans le jargon...
M. Côté:... a un taux de salaire différent,
un ticket beaucoup plus élevé? II a des responsabilités,
là.
M. Brassard: II a la fonction, surtout, de présider les
réunions, de voir au fonctionnement des réunions. Il peut assumer
d'autres fonctions et, à ce moment, cela peut entraîner des
allocations supplémentaires.
M. Côté: Vos réflexions ne sont pas
terminées là-dessus.
M. Brassard: On verra.
M. Côté: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
J'appelle l'article 7.
M. Brassard: C'est la nomination d'un vice-président comme
cela se fait dans toute bonne firme ou société, privée
autant que publique.
M. Côté: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
J'appelle l'article 8.
M. Brassard: Cela aussi, on retrouve cela dans beaucoup de lois
créant des sociétés. Après la fin d'un mandat, tant
que le remplaçant n'a pas été nommé, c'est le
membre du conseil d'administration dont le mandat est expiré qui
continue jusqu'au remplacement.
M. Côté: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): L'article 8 adopté sur
division. J'appelle l'article 9.
M. Côté: Le quorum.
M. Brassard: Le quorum est constitué de la
majorité, donc quatre sur sept. On retrouve la même formulation
que dans la Loi sur la Société immobilière du
Québec, entre autres.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 9?
M. Côté: Je constate, M. le Président, que le
quorum du conseil d'administration de la nouvelle société est
beaucoup plus élevé que celui de l'Assemblée.
M. Brassard: Ah oui!
M. Côté: Vous êtes beaucoup plus exigeant
envers la SEPAQ qu'on ne l'est à l'égard des membres de
l'Assemblée nationale. C'est une règle que, j'imagine...
M. Brassard: C'est une règle qu'on retrouve dans la
plupart des conseils d'administration aussi bien dans le secteur privé
que public. C'est la majorité des membres qui constitue le quorum.
M. Côté: Article 10, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 9 est
adopté? Sur division. J'appelle l'article 10.
M, Brassard: C'est cet article qui fait d'office du président de
la société, comme je le disais tantôt, le directeur
général. Donc, il exerce ses fonctions à temps plein,
c'est vraiment un permanent. Quant à sa rémunération,
c'est ce dont parlait tantôt le député de Charlesbourg, et
les autres conditions de travail, elles sont établies par un contrat et
ce contrat doit être ratifié par le gouvernement. Pour
comparaison, le même article se retrouve avec les mêmes effets dans
la Loi sur la Société immobilière du Québec.
M. Côté: Est-ce que, si c'est le même article
avec les mêmes effets, c'est le même salaire?
M. Brassard: Ce n'est pas évident. M.
Côté: Qui va déterminer cela?
M. Brassard: II va y avoir une négociation à partir
du moment où il y a un P. -D. G. qui a été choisi,
désigné et, après entente sur un contrat d'engagement...
Ce contrat devra cependant être soumis pour ratification au Conseil des
ministres.
M. Côté: Est-ce que le ministre a été
sensibilisé au traitement du président-directeur
général de la SIQ?On pourrait peut être l'informer qu'il
touche un salaire supérieur au sien comme ministre, soit 89 000 $. Vous
n'êtes pas jaloux un peu.
M. Brassard: Combien?M. Côté: 89
000 $.
M. Brassard: C'est un bon traitement, je l'admets volontiers.
M. Côté: Est-ce que le ministre va donner un aussi
bon traitement à son futur président-directeur
général de la SEPAQ?
M. Brassard: Quant au niveau, je ne saurais le dire, mais il est
évident que le P. -D. G. de la SEPAQ aura un traitement qui sera
conforme aux fonctions qu'il aura à remplir.
M, Côté: Est-ce que 89 000 $ c'est un traitement
conforme à sa fonction?
M. Brassard: Dans le cas de la société
immobilière, je ne le sais pas. Je ne connais pas le président de
la SIQ et, dans le cas de la SEPAQ, je ne connais pas non plus le
président.
M. Côté: Vous ne connaissez pas le président
mais vous connaissez les fonctions.
M. Brassard: On pourrait passer en revue les traitements et les
conditions de travail d'à peu près tous les présidents des
sociétés d'État, il y en a plusieurs. Il est bien
évident et j'ai l'impression que - il y a peut-être une
fourchette-là - le traitement du P. -D. G. de la Société
des établissements de plein air devra sans doute se situer à
l'intérieur d'une certaine fourchette où se retrouvent la plupart
des autres présidents des sociétés d'Etat.
M. Côté: Dans l'esprit du ministre, la fourchette a
quatre pointes dont la plus extrême serait 89 000 $. L'autre, ce serait
quoi celle d'en bas pour que l'on sache où est-ce qu'on s'en va?
M. Brassard: 89 000 $ c'est le traitement du président de
la SIQ, c'est le plus élevé.
M. Côté: J'ose espérer parce que cela va
devenir indécent tantôt.
M. Brassard: Ce n'est pas sûr, parce qu'il y en a bien des
sociétés d'État, il faudrait en faire la revue. J'ai
l'intention de faire la revue des traitements des présidents des
sociétés d'État.
M. Côté: Pour tenir compte de l'importance de
chacun. Au moment où le ministre rendra publique la nomination, est-ce
qu'on sera à même de savoir quel sera ce traitement?
M. Brassard: Est-ce que c'est de mise de révéler
les traitements des présidents de sociétés
d'État?
M. Côté: Dans ce cas-ci, je n'ai pas pris cela sous
le scanner dans les conversations du ministre Marcoux et du président de
la SIQ, c'était des documents publics.
M. Brassard: On me signale d'ailleurs, M. le député
de Charlesbourg, que cela apparaît dans la Gazette officielle, qui est
sans doute votre lecture de chevet.
M. Côté: Vous trouvez? Merci, M. le ministre.
M. Brassard: Donc, cela apparaît dans la Gazette
officielle, par conséquent c'est public.
M. Côté: Je le prends comme un compliment, M. le
ministre. La Gazette officielle étant mon livre de chevet, c'est que je
m'informe.
M. Brassard: Très bien.
M. Côté: On verra dans la Gazette officielle du mois
de février.
M. Brassard: Oui, probablement autour de cette
période-là.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
M. Côté: Adopté sur division.
Le Président (M. Dauphin): J'appelle l'article 11.
M, Côté: M. Le Président, cela me tenterait à
ce moment-ci de vous faire un amendement mais j'aimerais au moins savoir votre
taux de réceptivité à un amendement qui viserait, dans le
deuxième paragraphe, à remplacer le mot "revenus" pas
"profits".
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que vous en faites un
amendement formel, M. le député?
M. Côté: Le ministre va prendre connaissance
du...
M. Brassard: Est-ce que c'est recevable, M. le Président?
(21 h 45)
M. Côté: "Le gouvernement fixe, suivant le cas, le
traitement, les allocations, les indemnités et les autres conditions de
travail du président du conseil - c'est une autre personne que notre P.
-D. G., donc il y aura un traitement additionne! pour ce deuxième
élu de votre coeur et de votre raison - et les autres membres du conseil
d'administration. Tous les membres du conseil d'administration sont
payés sur les revenus
de la société". "Revenus nets" de la
société, ce serait peut-être moins fort que "profits"; ce
serait plus acceptable?
M. Brassard: M. le Président, je pense que c'est normal
que ce soit sur les revenus de la société, que cette
dernière soit déficitaire ou rentable. Je ne pense pas qu'on
doive lier les allocations aux membres du conseil au fait qu'il y ait ou non
des profits ou qu'il y ait ou non rentabilité. Ce n'est pas
acceptable.
M. Côté: II me semble que le ministre ne devrait pas
avoir de réticence à inclure dans le projet de loi ce que je lui
propose, compte tenu du fait que l'optimisme des discussions de ce matin nous
dirige allègrement vers une rentabilité certaine.
M. Brassard: C'est sûr qu'on se dirigera vers une
rentabilité certaine mais il est aussi connu - et on l'admet volontiers
de notre côté - que cette rentabilité ne sera pas atteinte
immédiatement, qu'elle va...
M. Côté: En 1986?
M. Brassard:... sur une période de trois ans, donc une
sorte de plan triennal, on pourrait atteindre le seuil de la
rentabilité. Alors, entre-temps...
M. Côté:... à partir de 1986, au moment
où des fonctionnaires vont être disparus.
M. Brassard: C'est vous qui le dites, M. le député.
Donc, on ne peut pas lier la rémunération des membres du conseil
d'administration à la rentabilité de l'entreprise, de la
société.
M. Côté: Sur division, M. le Président. Je
prends note que le ministre n'a pas voulu inclure la nation de profit et de
revenu net.
Le Président (M. Dauphin): L'article 11 est adopté
sur division. J'appelle l'article 12.
M. Brassard: Cet article traite de tout conflit
d'intérêts que les membres du conseil d'administration pourraient
avoir avec la société. Cela précise comment ils doivent se
comporter en pareil cas. Il y a une déclaration écrite qui doit
être transmise. Cela indique aussi les conséquences d'avoir un
intérêt dans une entreprise qui les met en conflit avec la
société.
M. Côté: J'ai une petite note ici, le ministre me
dira si je comprends bien, cela m'inquiète un peu. Dans le cas d'un
membre du conseil d'administration, excepté le président, on lui
demande de ne pas prendre part à la décision de la
société qui touche de près ou de loin son entreprise.
M. Brassard: Cela devient compliqué, si elle est...
M. Côté: En plus de devoir déclarer par
écrit... Cela veut dire que si, moi, je suis propriétaire d'une
entreprise spécialisée dans les remonte-pentes et que le mont
Sainte-Anne, qui deviendra sous la responsabilité de la SEPAQ, a
à transiger avec la compagnie, je suis membre du conseil
d'administration au titre de... Non, vous ne pouvez pas être
représentant des employés parce que vous n'avez pas encore
décidé. Mais pour être un expert dans le domaine du ski et
siéger au conseil d'administration, cela veut dire que l'entreprise
pourrait faire des affaires quand même. Cela existe-t-il dans d'autres
lois? J'aimerais être rassuré sur cela.
M. Brassard: On retrouve le même texte, en tout cas, dans
la Loi sur la 510 et je pense aussi que l'on retrouve ce texte-là dans
un certain nombre de lois créant des sociétés
d'État. C'est un article pas mal standard.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Brassard: On me remet ici la Loi sur la Société
québécoise d'exploration minière, la SOQUEM, où
l'on retrouve à peu près mot à mot un article semblable et
on retrouve aussi, c'est sûr, le même article dans la Loi sur la
Société immobilière du Québec. Alors, c'est un peu
un article standard qui revient dans des lois semblables.
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): L'article 12 est adopté
sur division. J'appelle l'article 13.
M. Brassard: Cela m'apparaît très clair, M. le
Président. Il s'agit de donner le pouvoir à la
société de créer ce que l'on appelle un comité
exécutif restreint composé actuellement d'un président,
d'un vice-président et d'un secrétaire qui ont è
gérer les affaires courantes et qui font en sorte que le conseil
d'administration est appelé moins souvent à se réunir.
C'est un outil que, maintenant, toute entreprise le moindrement importante se
donne.
Le Président (M. Dauphin): Y a-t-il d'autres interventions
sur l'article 13?
M. Côté: Est-ce la même chose dans le cas de
SOQUIP?
M. Brassard: Je vais vérifier. Dans le cas de la SIQ,
oui.
M- Côté: Oui, mais I'importance de la SIQ par rapport
à la SEPAQ, ce sont deux mondes complètements différents.
Déjà, sept personnes au conseil d'administration, ce n'est pas
énorme...
M. Brassard: Non, c'est vrai.
M. Côté: Qu'on veuille former un comité
exécutif en plus...
M. Brassard: C'est un pouvoir: "peut", ce n'est pas
obligatoire.
M. Côté: Oui, mais à partir du moment
où on peut...
M. Brassard: Le règlement, je vous signale, doit
être approuvé par le gouvernement en vertu de l'article 15 que
l'on verra tantôt.
M. Côté: Vous allez vivre avec votre loi. Sur
division.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
J'appelle l'article 14.
M. Brassard: M. le Président, c'est un peu l'article qui
avait été... En fait, c'est l'article dont M. Harguindeguy a fait
mention cet après-midi en disant: Les normes et barèmes de
rémunération, etc., ainsi que les autres conditions de travail
des autres employés de la société sont établis par
résolution du conseil d'administration et soumis à l'approbation
du gouvernement. C'est un pouvoir que l'on retrouve, là aussi, dans
beaucoup de lois portant sur les sociétés d'État mais il
faut mentionner que ce pouvoir-là est en quelque sorte subordonné
au Code du travail et aux articles concernant les négociations de
conventions collectives. Jusqu'au 31 décembre 1985, il n'y a pas de
problème, le syndicat actuel continue de représenter les
employés de la SEPAQ, les conventions continuent de s'appliquer jusqu'au
31 décembre, date d'échéance. A partir de là, si
les employés ont décidé de demeurer syndiqués - ce
qui est fort probable - de quelle façon vont-ils se syndiquer?
Là, il y avait plusieurs hypothèses, comme vous le savez, qui
avaient été évoquées par le président du
syndicat, ou une accréditation par équipement, ou une seule
accréditation pour l'ensemble de la société. Qui va
représenter les travailleurs? Est-ce que ce sera le Syndicat des
fonctionnaires comme maintenant ou la CSN? On semblait nous souhaiter que ce
soit la CSN cet après-midi.
S'il y a un syndicat, cela veut dire, à ce moment-là, que
les rémunérations et les conditions de travail sont
déterminées par voie de négociations et de conventions
collectives. C'est cela que ça veut dire. S'il n'y avait pas de
syndicat, donc pas de négociations et pas de conventions collectives,
à ce moment-là, c'est cet article-là qui s'applique. Mais
j'ai bien l'impression que les conditions de travail et de
rémunération vont être établies par voie de
négociations et incluses dans une convention collective.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 14?
M. Côté: Ce ne sera pas long, M. le
Président.
M. Brassard: Je vous signale, en passant, que l'article en
question pourra s'appliquer aux employés-cadres, c'est-à-dire les
employés de la société qui ne font pas partie d'une
unité d'accréditation.
M- Côté: D'accord. M. le Président, si je ne
proposais pas un amendement à ce stade-ci, à l'article 14, compte
tenu de l'éloquent témoignage qu'on a entendu à 16 h 30,
cet après-midi, du président du Syndicat des fonctionnaires
provinciaux du Québec, et qui était contenu dans le
mémoire aussi, qui parlait du statut des employés de la RAAQ, de
la RAMQ et de la CSST, je pense que je manquerais à mon devoir de
député et, en ce sens, j'aimerais vous proposer l'amendement
suivant: Que l'article 14 du projet de loi 88 soit modifié en
remplaçant le deuxième alinéa par le suivant: "Que les
employés soient nommés et rémunérés
conformément à la Loi sur la-fonction publique. "
Le Président (M. Dauphin): Je considère
l'amendement recevable.
M. Fallu: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
de Groulx.
M. Fallu: Sur la recevabilité, s'il vous plaît, vous
le permettez.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le
député.
M. Fallu: L'article 14, s'il était amendé de la
façon dont il est actuellement proposé, viendrait attaquer, je
dirais, le coeur même de la loi qui prévoit que, par le projet de
loi 88, un ensemble d'employés de la fonction publique, un ensemble
d'activités du gouvernement passent à une société
d'État et que cette société, contrairement à un
certain nombre de régies, de commissions, etc., qui elles sont
régies par la fonction publique, cette société, dis-je, ne
sera pas régie par la Loi sur la fonction publique. C'est ce que nous
avons voté en deuxième lecture.
Un tel amendement viendrait changer en profondeur le principe même
du projet de loi qui a été adopté par l'Assemblée
nationale il y a quelques jours, et déferait, en somme, ce que
l'Assemblée nationale a fait, c'est-à-dire une
société d'État qui aurait sa propre autonomie de gestion,
notamment d'embauche du personnel. (22 heures)
Je pense qu'un tel amendement, à sa face même, n'est pas
recevable car il contredit le fondement même du principe qui a
été adopté à l'Assemblée nationale. Je
comprends fort bien le député de Charlesbourg dans sa
démarche, puisqu'il s'oppose au principe même de la loi, de
proposer, comme ça, notamment aux endroits clés de la loi, des
projets d'amendement qui vont précisément dans le sens inverse de
ce qui a été accepté à l'Assemblée
nationale.
C'est ainsi que je verrais fort bien qu'à certains autres
endroits ils présentent des motions qui fassent, par exemple, que cette
société n'en soit plus une, que ça devienne une
commission, que ça devienne une régie, que ça devienne
tout autre chose que ce projet de loi entend faire.
Donc, il nous semble, M. le Président, que ce n'est pas à
la forme même de la rédaction de la proposition que je m'attaque,
loin de loin, je pense que sa rédaction est recevable, mais c'est dans
son esprit qu'elle est irrecevable car elle fait la dénégation du
principe qui a été accepté par l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
de Charlesbourg.
M. Côté: Vous avez à trancher ce dilemme
absolument épouvantable, M. le Président, mais, en lisant les
notes explicatives qui sont contenues dans le projet de loi, je n'arrive pas
à la même conclusion que le député de Groulx.
À la page 2 des notes explicatives, on dit: Le projet de loi contient en
outre des dispositions relatives à la protection des droits des
fonctionnaires permanents qui accepteront de devenir des employés de la
société. " Je pense que je ne déroge pas du tout, en
proposant cet amendement, aux objectifs de la loi. Cela ne vise qu'à
rassurer et qu'à compléter, au niveau de la loi, des dispositions
qui vont protéger les droits des fonctionnaires permanents en les
assujettissant à la Loi sur la fonction publique. Cela va?
M. Brassard: Est-ce que vous jugez l'amendement recevable, M. le
Président?
Le Président (M. Dauphin): C'est-à-dire qu'à
ce stade-ci le seul point contradictoire que je vois - j'en parlais avec le
secrétaire tantôt - c'est que l'alinéa 1 de l'article 14
parle de nomination: "Le secrétaire et les autres employés de la
société sont nommés de la manière prévue et
selon le plan d'effectifs établi par règlement. " Et, dans
l'amendement du député de Charlesbourg, on parle de nomination,
mais selon la Loi sur la fonction publique. Alors, je crois que l'amendement,
de la façon qu'il est rédigé, est...
M. Côté: Cela doit comprendre non seulement le
deuxième alinéa, mais aussi le premier, pour qu'il n'y ait pas
deux alinéas 1.
Le Président (M. Dauphin): On l'a reformulé?
M. Côté: On a essayé, M. le Président.
Vous savez, on n'est pas avocat, on n'a pas ces talents, mais on a le
contentieux à notre disposition. Le député de Groulx se
débrouille assez bien, même s'il n'est pas avocat.
Tenant compte des sages conseils de notre secrétaire de
commission qui nous dit qu'en vertu de l'article 187 du règlement,
étant donné que je peux retirer, et que ce n'est pas
débattable, la proposition d'amendement qui est sur la table que vous
avez jugée pas très conforme, on va la retirer pour ne pas
mêler nos gens dans les écritures et nous non plus. On va y
revenir. Si on peut suspendre l'article 14, on va y revenir.
Le Président (M. Dauphin): La première proposition
d'amendement est retirée selon l'article 187. Désirez-vous
suspendre l'article 14 et y revenir plus tard? J'appelle maintenant l'article
15, l'article 14 étant suspendu.
M. Brassard: II s'agit des règlements concernant la
régie interne et les pouvoirs de la société, M. le
Président, qui doivent être approuvés par le gouvernement,
à la date de leur approbation par le gouvernement. Cela comprend, par
exemple, les règlements de régie interne prévoyant les
séances du conseil d'administration: convocation, ordre du jour, les
fonctions et les pouvoirs du conseil d'administration, les fonctions et
pouvoirs du secrétaire, les règlements de régie interne
que toute bonne société qui se respecte se doit de se donner
dès le début de ses activités.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
J'appelle l'article 16.
M. Côté: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
J'appelle l'article 17.
M. Côté: Sur division, toujours.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
J'appelle l'article 18.
Objets et pouvoirs de la société
M. Brassard: M. le Président, ce sont les pouvoirs
généraux de la société. En plus des pouvoirs
prévus par cet article, la société, il faut
peut-être le mentionner, jouit également des pouvoirs
généraux et des pouvoirs additionnels prévus dans la Loi
sur les compagnies puisque cela en est une au sens de la loi.
M. Côté: Le ministre ne trouve-t-il pas que c'est
très large comme pouvoirs? Dans toutes les discussions, on a convenu
que, finalement, pour le moment, c'était un plan de trois ans pour
rentabiliser les quatorze équipements qu'on transfère dont douze
sont déficitaires. Mais quand on arrive à 2° "De concevoir,
de construire, d'administrer, d'exploiter et de développer, seule ou
avec d'autres, tout autre équipement, immeuble ou territoire à
vocation récréative ou touristique"... Ils vont avoir le "trait"
assez large tantôt, pour parler en bon terrien, et la porte est
très grande ouverte. Le ministre ne trouve-t-il pas que c'est d'aller un
peu trop loin?
M. Brassard: Je pense qu'il faut regarder cet article à la
lumière d'autres articles du projet de loi. En particulier, je vous
réfère à l'article 28 où il est dit: "La
société ne peut, sans l'autorisation du gouvernement, contracter
un emprunt, conclure un contrat, accepter un don ou un legs, acquérir ou
détenir des actions" etc. Je vous fais grâce du reste. II y a
là un pouvoir accordé au gouvernement sur les actions majeures de
la société. Il y a également l'article 22 qui stipule que
"la société devient propriétaire, à compter de la
date et selon les conditions déterminées par le gouvernement, des
biens meubles et immeubles", ect. Par conséquent, le gouvernement peut
donc énoncer un certain nombre de conditions au moment du transfert.
Il y a également l'article 30, c'est le pouvoir de directive du
ministre. Il y a aussi l'article 36 qui est important, je vous le signale en
passant, au regard de ce que vient de citer le député de
Charlesbourg, c'est-à-dire le deuxième alinéa de l'article
18. "La société doit faire approuver par le gouvernement son plan
de développement. " Cela concerne directement le point 2: "De concevoir,
de construire, d'administrer, d'exploiter, de développer, seule ou avec
d'autres, tout autre équipement, immeuble ou territoire à
vocation récréative ou touristique. " Cela ne peut faire partie
que d'un plan de développement qui doit être, en vertu de
l'article 36, approuvé par le gouvernement.
M. Côté: Si c'est si clair que ça, est-ce que
le ministre accepterait que l'alinéa 2° de l'article 18 puisse se
lire: Premièrement, la société a pour objet d'administrer,
d'exploiter et de développer, seule ou avec d'autres, les
équipements, les immeubles ou le territoire à vocation
récréative ou touristique qui lui sont transférés
en vertu de la présente loi. Deuxièmement, de concevoir, de
construire... Est-ce que le ministre accepterait: À la demande expresse
du gouvernement, la société peut concevoir, construire,
administrer? Je pense que c'est une précaution qui peut être fort
utile.
Le ministre m'a cité des articles: 36, 28 qui fonctionnent mais
22 ça s'adresse aux équipements que vous transférez.
M. Brassard: D'accord mais l'article 36 concerne directement ce
deuxième alinéa. Je pense, M. le Président, qu'il convient
de laisser à la société la liberté et la
possibilité d'élaborer un plan de développement. Je pense
que c'est à elle de mettre au point, d'élaborer un plan de
développement. Cependant, ce plan de développement, comme cela a
été indiqué à l'article 36, doit être
approuvé par le gouvernement. Si le gouvernement juge que certains
éléments du plan de développement ne sont pas acceptables
ou sont trop exorbitants sinon farfelus, le gouvernement peut refuser son
approbation et renvoyer le tout avec des commentaires à la
société.
M, Côté: Je pense que le ministre est bien
intentionné et je ne mets pas ça en doute une minute. Le ministre
qui a créé la Société Radio-Québec, le
ministre de l'époque qui a créé la société
REXFOR étaient aussi très bien intentionnés, pour ne
prendre que ces deux seuls cas-là, mais Radio-Québec, sans
même avoir fait adopter sa programmation alors qu'elle a une mission
éducative, se dirige vers de la publicité; REXFOR a soumis des
plans de développement au gouvernement, depuis trois ans à ce
qu'on m'informe, qui n'ont pas encore été adoptés. Il me
semble que la pratique de certaines sociétés devrait rendre le
ministre beaucoup plus prudent à ce niveau-là. Cette
créature-là, la responsabilité ultime, c'est le
gouvernement qui l'a. S'il manque de l'argent à quelque part comme
mandataire du gouvernement, c'est le gouvernement qui va aller puiser à
même les revenus du gouvernement, à même le fonds
consolidé pour combler les trous que cette société va
faire en cours de route. Il me semble qui si on insérait ici, non pas
dans le cas de transfert d'équipement déjà prévu
-les quatorze sont prévus - mais dans le cas d'initiatives, il me semble
que le
gouvernement devrait regarder cela de près...
M. Brassard: Dans un projet de loi, il faut à tout le
moins éviter d'être redondant, c'est-à-dire de se
répéter. Je suis d'accord avec les préoccupations du
député de Charlesbourg, je suis pleinement d'accord avec ses
préoccupations et son inquiétude. Je pense qu'il est normal, en
ce qui concerne le développement, les immobilisations importantes, que
le gouvernement ait le pouvoir d'approuver ou de désapprouver. Et il l'a
effectivement. C'est ce que je voudrais bien essayer de lui faire comprendre.
Il l'a. Non seulement le plan de développement doit-il être
approuvé, mais également le budget de fonctionnement et le budget
d'immobilisation.
Prenons un exemple bien précis. La société, dans
son plan de développement, prévoit pour telle année des
investissements et des immobilisations pour le mont Saint-Anne - disons le mont
Sainte-Anne - de tant de millions. Ce budget d'immobilisation doit être
soumis au gouvernement et approuvé par celui-ci. Si le gouvernement juge
qu'il n'a pas les moyens de financer l'immobilisation prévue et
proposée par la société, il refuse l'approbation. Il
renvoît le tout à la société et dit: Cet
élément, enlevez-le; le gouvernement n'est pas disposé,
n'a pas les ressources pour y donner suite.
Je pense que l'inquiétude du député est
légitime, elle est justifiable. Je suis d'accord avec sa
préoccupation, mais je pense que, dans la loi, plus loin, il y a des
dispositions qui permettent au gouvernement d'avoir - on peut parler de
contrôle - le contrôle à la fois sur le
développement, sur les immobilisations et même sur le budget de
fonctionnement.
M, Côté: À moins que mes informations ne
soient pas bonnes - et je n'ai pas lieu de le croire - ce sont exactement les
mêmes dispositions qu'il y a dans la loi de REXFOR. REXFOR a soumis un
plan de développement, me dit-on, en 1979; il a été
refusé par le gouvernement et ils n'ont pas eu de nouvelles depuis ce
temps.
REXFOR fonctionne quand même; cela n'a pas empêché
REXFOR d'aller ouvrir une deuxième usine de papier à Matane, cela
n'a pas empêché REXFOR d'aller sur la Côte-Nord, cela n'a
pas empêché REXFOR d'aller faire des coupes dans la forêt de
Kamouraska-Témiscouata. Ce sont les mêmes dispositions.
M. Brassard: Je ne connais pas le cas de REXFOR en particulier
mais, dans les cas que vous citez, est-ce que REXFOR n'a pas été
tenue d'obtenir pour chacun des cas l'autorisation gouvernementale?
M. Côté: C'est ce que je propose au ministre. Si
c'est le cas, mettons-le là; si c'est è la pièce,
incluons-le. Le "trait" va être passablement moins large et on ne risque
pas de se ramasser avec des bebelles. Je suis convaincu que le ministre est de
bonne foi lorsqu'il nous dit cela; c'est lui, au bout de la ligne, qui aura
à répondre de l'administration de la société. Je
n'ai pas l'impression qu'on sera capable de la rencontrer chaque année.
Ce n'est pas parce que ce sera de la mauvaise volonté de la part de ceux
qui dirigeront la société, mais les commissions ne peuvent
recevoir dans la pratique qu'un seul organisme annuellement.
Une voix: En théorie.
M. Côté: Oui, mais on n'en recevra pas toutes les
semaines, j'en ai bien l'impression. Il y en a plusieurs qui vont passer
outre.
M. Brassard: II y a quand même aussi la période
prévue de l'étude des crédits annuels où l'occasion
est fournie d'en parler.
M. Côté: M. le ministre, on ne se dorera pas la
pilule avec cela, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, l'année passée, a utilisé six heures pour
étudier ses crédits alors que cela aurait pris 60 heures afin de
pouvoir passer à travers tous les dossiers. C'est clair... Le ministre
aura à vivre avec. Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
J'appelle l'article 19.
M. Côté: L'Assemblée nationale deviendra un
lieu de dépôt.
Une voix: Eh oui!
M. Brassard: Comme c'est le cas...
M. Côté: Dans les autres sociétés
d'État...
M. Brassard: Non.
M. Côté:... et justement celles-ci se plaignent de
cette situation.
M. Brassard: Non, je veux dire les dépôts à
l'Assemblée nationale, vous le savez comme moi, il y en a à la
tonne, alors cela en fera un de plus.
M. Côté: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Sur division. J'appelle
l'article 20.
Constitution du fonds social
M. Brassard: C'est l'article concernant
le fonds social autorisé, M. le Président, qui a
été fixé à 75 000 000 $ et chaque action a la
valeur nominale de 100 $, ce qui fait 750 000.
M. Côté: Un chiffre de 75 000 000 $, c'est quand
même beaucoup.
M. Brassard: Oui.
M. Côté: Est-ce que le gouvernement exigera d'avoir
un plan? Parce qu'en créant la loi et en mettant la
société en marche ils peuvent déjà avoir
accès à 75 000 000 $, d'après ce que je comprends.
M. Brassard: Pas directement comme cela. C'est le capital
autorisé. Cela ne veut pas dire que le gouvernement va mettre 75 000 000
$ tout de suite dans la société. Ce qui va arriver, c'est que le
transfert des actifs ou des équipements dont on parle, cela va
être évalué. On va en faire une évaluation selon
probablement la valeur marchande, en se basant aussi sur l'évaluation
municipale. On arrivera, à ce moment-là - je ne le sais pas -
autour de 25 000 000 $ à 30 000 000 $, pour la valeur des actifs. Cela
prendra la forme d'un capital-actions.
Maintenant, par la suite, lorsque la société soumettra son
plan de développement, si cela exige de nouvelles mises de fonds,
à ce moment-là, cela laisse une marge de manoeuvre suffisante
pour qu'on n'ait pas besoin d'amender la loi; 75 000 000 $, cela laisse
suffisamment une marge de manoeuvre pour que le gouvernement puisse avancer de
nouveaux fonds, si cela devient ' nécessaire, afin de réaliser un
certain nombre d'investissements ou d'immobilisations. Si on le met trop bas,
donc on est obligé de revenir constamment pour amender la loi.
M. Côté: Est-ce que ces 75 000 000 $ ont un rapport
avec ce que nous a distribué le ministre au début de notre
période de travail, une valeur aux livres de 64 000 000 $? Aucun
rapport?
M. Brassard: Non, cela n'a pas de rapport. On a jugé que
le niveau de 75 000 000 $ était suffisant pour donner la marge de
manoeuvre requise au fonctionnement de la société.
M. Côté: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Sur division. L'article 20 est
adopté sur division. J'appelle l'article 21.
M. Brassard: C'est ce qu'on retrouve dans les lois de toutes les
sociétés d'État aussi, M. le Président.
M. Côté: C'est du domaine public?
M. Brassard: C'est du domaine public et c'est au ministre des
Finances qu'on les attribue.
M. Côté: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Sur division. J'appelle
maintenant l'article 22.
Transfert des biens meubles et immeubles
M. Côté: Transfert. C'est le transfert de tous les
équipements dont on parle depuis déjà un bon moment.
M. Brassard: C'est cela. Qui sont en annexe I et...
M. Côté: C'est cela.
M. Brassard:... dont on retrouve la valeur au livre dans
le...
M. Côté: Le document que vous avez
distribué.
M. Brassard:... document que j'ai distribué.
M. Côté: J'imagine que vous avez une étude
cas par cas sur la situation financière et les coûts de
fonctionnement, au moment où on se parle, de chacun de ces
équipements et les revenus. Pour en arriver à 1 900 000 $ de
déficit, je suppose que vous êtes capable de dire: Dans tel cas,
voici les revenus générés, voici les dépenses et un
déficit de fonctionnement de 100 000 $, 200 000 $, par
équipement.
M. Brassard: Oui. On me signale que lors de la conférence
de presse de mon prédécesseur, en juin dernier, cela avait
été rendu public, l'état financier des différents
équipements en question.
M. Côté: Parfait. Les savantes recherches,
études et prospectives que votre comité du 690
Grande-Allée...
M. Brassard: C'est une autre affaire.
M. Côté:... a faites pendant une période de
six semaines, si mes renseignements sont exacts, cela a dû donner des
résultats.
M. Brassard: Oui, bien sûr. On en a parlé ce matin,
M. le député.
M. Côté: On en a parlé parce que je savais
qu'à l'article 22 on ferait du cas-par-cas.
M. Brassard: Oui.
M. Côté: On est rendu là.
M. Brassard: On en a parlé ce matin et je vous ai
signalé le fait suivant: effectivement, il y a des projets, pour chacun
des équipements, de plans d'action visant à assurer la
rentabilité de ces équipements. Il est évident qu'il n'est
pas dans notre intention, compte tenu de la nature de ces documents, de les
rendre publics, parce que cela vise trop directement la stratégie
commerciale qu'aura à préparer la société une fois
qu'elle sera en fonctionnement. Je ne pense pas qu'il soit régulier ni
souhaitable, en quelque sorte, de dire aux concurrents de la
société: Voici ce qu'on entend faire, voici les actions qu'on
entend prendre pour rentabiliser nos équipements. Je pense que c'est
reconnu par tout le monde que dans le monde des affaires, dans le domaine
commercial, les stratégies de rentabilisation demeurent
confidentielles.
M. Côté: Le but de la société
d'État n'est pas de concurrencer l'entreprise privée, on se
comprend bien là-dessus. Je pense qu'on s'est bien compris. Le but de la
société d'État est de rentabiliser des équipements
qui vont être transférés à la société
d'État. (22 h 30)
M. Brassard: Dans un secteur où il y a des entreprises
privées qui exercent la même activité.
M. Côté: Le but premier de la société
d'État, n'est pas d'aller concurrencer l'entreprise privée.
Depuis le matin, le ministre nous parle de stratégie de redressement de
situations financières et dit qu'il n'est pas d'intérêt
qu'on sache où on va. Je m'excuse, dans des équipements qui vont
être transférés, dans des articles de journaux,
effectivement, on nous dit que le parc des Voltigeurs génère des
revenus de 282 000 $ alors que les dépenses directes dépassent le
demi-million.
M. Brassard: Cela, c'est connu.
M. Côté: On donne une certaine nomenclature de ces
choses. Ce que j'aimerais, je l'ai dit au ministre ce matin... Aujourd'hui, le
ministre nous dit, sous la foi des informations qu'il a: Effectivement, on
essaie, dans la mesure du possible, d'arriver avec du "break-even" ou des
profits, si c'est possible, ou un léger déficit. On veut savoir
de quel point on part. Vous nous dites: On part de 1 900 000 $♦
Éventuellement, quand on se reverra dans l'analyse, il faut être
capable de partir d'un point X et, si Sa situation est publique au mois de
juin, vous aurez juste à la distribuer au niveau de la commission. Ce
n'est pas bien bien compliqué, dans chacun des cas, avec
fréquentation de ces équipements parce qu'on s'est parlé
de fréquentation, c'est ce qui va faire que demain matin ou dans un an
ou deux ans on va être rentable. Des statistiques de
fréquentation, juste à titre d'exemple, dans le cas des campings,
parce que c'est le premier... On parle du mont Sainte-Anne, on le sait,
oublions les immobilisations, jamais de la vie le gouvernement ne reprendra son
argent dans les immobilisations.
Ce qu'on vise, c'est que les opérations du mont Sainte-Anne
deviennent rentables, et elles le sont depuis l'an dernier grâce aux
canons à neige, grâce aussi à un hiver exceptionnel au
point de vue de la neige. Les canons à neige n'ont pas fonctionné
comme ils auraient dû, ils ont fonctionné un peu plus tard et
c'est la condition de neige naturelle qui a fait qu'on a connu, en bonne
partie, un bon hiver.
Au niveau du camping, lorsqu'on parle des campings, à moins que
mes données soient fausses, on n'est pas en progression de
fréquentation de camping au Québec. On est en régression
de fréquentation. De 38%, semble-t-il, d'occupation, on est passé
à 33% d'occupation des campings publics autres que ceux - je me suis
renseigné, M. le ministre, je vous attendais - qui sont sous la
responsabilité de la fédération et qui eux ont du camping
presque annuel où, pour avoir un taux de rentabilité pour un
camping, vous devez avoir 60% d'occupation en permanence. Des gens de
Montréal qui vont aller à Sainte-Madeleine là où il
y a du brouillard de temps en temps, où tu t'installes avec ta roulotte
pour six, sept mois, cela c'est payant. Jamais de la vie le gouvernement ne
peut, actuellement, concurrencer cela ni la société
d'État. Expliquez-moi comment ils vont faire, demain matin, pour
être capables d'aller chercher un niveau d'occupation semblable.
Eux, ils chargent 350 $ par année. Vous avez tenté
l'expérience au parc des Voltigeurs l'année dernière, le
ministère, 540 $. Est-ce que la société d'État va
demander moins de 540 $, 350 $? Expliquez-moi comment on va arriver concernant
les campings - à part que de vous débarrasser de quelques-uns
dans le comté de Vaudreuil-Soulanges - à réussir à
rentabiliser les campings alors que votre fréquentation est à la
baisse et qu'on se dirige vers autre chose en termes de mode de camping. Tu ne
te promènes plus avec ta grosse roulotte et ta grosse tente, tu te
promènes avec ta petite tente dans ton petit "pack sack" en
arrière pour en coucher deux ou trois et bonjour la visite, alors que
l'utilisation des équipements dans le milieu est moindre. Expliquez-moi
comment on va réussir à rentabiliser cela?
M. Brassard: M. le Président, je suis
M. Côté: D'accord. Quelle est la proportion des
salaires par rapport à l'immobilisation, par rapport au fonctionnement
et au reste dans les campings. (22 h 45)
M. Brassard: Cela tourne autour de 60% à 65% pour ce qui
est des rémunérations. Le reste va au fonctionnement proprement
dit.
M. Côté: Une dernière question concernant les
campings. Cela va probablement répondre à une question que se
pose probablement votre chef de cabinet aussi. Le gouvernement a aussi des
campings dans ses parcs et réserves. Si je ne m'abuse, c'est une
quarantaine.
M. Brassard: Une cinquantaine.
M. Côté: Je ne suis pas à jour. Est-ce qu'il
est de l'intention du ministre de transférer éventuellement ces
campings à la société?
M. Brassard: Je vous dirais, dans l'immédiat et dans le
moyen terme, non.
M. Côté: D'accord pour le camping. Passons à
l'auberge de Fort Prével dans le domaine de l'hôtellerie.
Comment fait-on pour rentabiliser te golf, la piscine et l'hôtel
de Fort Prével?
M. Brassard: M. le Président, je dois dire que je trouve
habile le député de Charlesbourg qui, par ses questions, en
apparence anodines, prend d'autres détours pour que l'on mette sur la
table les plans d'action et les stratégies de rentabilisation qui ont
été mis au point et qui seront encore sûrement
raffinés une fois que la société sera en place aussi bien
pour Fort Prével que pour les campings. Tout ce que je peux dire c'est
qu'il y a des efforts de faits et qu'il y a déjà un certain
nombre de propositions qui seront acheminées à la
société au moment où elle fonctionnera pour réduire
l'écart que l'on voit, pour 1984-1985, entre 807 000 $ de
dépenses et de 502 000 $ de revenus et, si possible, le supprimer.
Actuellement, je dois signaler que le golf est en concession pour
l'année. Il a été loué à un
concessionnaire.
M. Côté: Pour la première année? M.
Brassard: Pour cette année. M. Côté: Cela fait deux
ans? M. Brassard: Cela fait deux ans.
M. Côté: Le ministre pourrait-il être aussi
explicite dans le cas de l'auberge de
Fort Prével qu'il l'a été dans le cas des campings?
La transparence était là et, que je sache, je n'ai pas tordu un
bras du ministre pour qu'il me réponde concernant les campings. Les
solutions sont-elles plus claires et plus limpides quant aux campings que cela
l'est dans le cas de Fort Prével? Si le ministre a eu l'occasion de
faire le tour de la Gaspésie, pour bien situer l'auberge de Fort
Prével, il n'y a pas bien de danger de compétition
immédiate avec Douglastown, Barachois et Saint-Georges-de-Malbaie. Il
n'y a pas d'autre chose. Alors, c'est le "spot" du coin, qui a
déjà une très bonne réputation compte tenu de sa
table. J'ai déjà d'ailleurs travaillé au Gîte du
mont Albert pendant trois étés et on rendait visite à
l'auberge de Fort Prével. Alors, vous voyez comme l'auberge de Fort
Prével. Alors, vous voyez combien l'auberge de Fort Prével me
tient à coeur, je suis même allé jouer dans les petits
campements qu'il y avait pas loin du golf, pour se prémunir des attaques
des méchants Anglais, à l'époque. J'imagine qu'ils vont
s'en servir pour se prémunir des attaques du ministre. C'est l'industrie
du coin. On la transfère à la société
d'État.
Est-ce que c'est par une diminution du personnel qu'on va régler
le problème de rentabilité de Fort Prével? Est-ce que dans
le cas de la salle à manger, par exemple, de l'auberge, ça
pourrait aller à la concession comme le golf ou si la
société va continuer de l'exploiter avec les employés?
Est-ce que la société peut donner les motels en concession ou si
la société d'État va installer des
téléviseurs là-dedans pour que ça soif moins plate
quand on y va?
M. Brassard: Tout ça demeure possible. La loi permet
à la société de donner en concession. Cela demeure
possible. Mais il reste un fait, cependant. Je prends note de ce que vous dites
sur Fort Prével et que c'est un établissement d'excellente
qualité, la table en particulier. Il me semble que la
société n'a pas intérêt à réduire la
qualité de ces services qui sont offerts. Au contraire, il faudra
qu'elle maintienne ce niveau de qualité si elle veut se rentabiliser et,
là, je sais bien que le syndicat craint toujours que, quand on parle de
rentabilisation, ça se traduise par une diminution de personnel.
Moi, je ne pense pas. Je pense qu'on peut rentabiliser un
établissement par d'autres moyens, en augmentant le taux de
fréquentation de l'établissement.
M. Côté: À quelle période?
Passé la Fête du travail et avant la période de la
Saint-Jean-Baptiste? Comment est-ce qu'on fait ça?
M. Brassard: Voilà des réflexions que la
société devra faire.
prêt à déposer ou à faire distribuer les
projections 1984-1985 quant aux revenus et aux dépenses des
équipements concernés. Quant aux taux d'utilisation en
particulier des campings, je prends avis et on pourra peut-être les
trouver et les faire connaître aux membres de la commission.
C'est là le défi de la société, son
rôle et sa fonction, sa mission pour trouver les moyens de rentabiliser
à la fois les campings et les équipements. Elle devra imaginer et
concevoir des moyens d'action en ce sens-là. Le groupe de travail auquel
vous avez fait allusion en a identifié un certain nombre; pour chacun
des équipements, il a préparé un projet de plan d'action.
Cela ne veut pas dire que la société va l'assumer
entièrement et réaliser chacune des propositions des actions
indiquées, c'est là le défi que la société
aura à relever. Moi, j'ai confiance qu'elle réussira à
relever ce défi-là, aussi bien pour les campings que les autres
équipements. Au moment où l'on se parle, je pense que c'est une
question de confiance. Si les modes de vie et les mentalités changent en
matière de camping, ce sera à la société de s'y
adapter et d'offrir des services qui tiennent compte des changements de
mentalité des citoyens en matière de plein air.
M. Côté: Est-ce que le ministre à des
statistiques sur les pourcentages de fréquentation et d'occupation des
campings?
M. Brassard: C'est ce que j'ai dit tantôt, M. le
député. Je prends avis et je vous ferai parvenir les taux de
fréquentation et d'occupation des campings.
M. Côté: II y a combien d'emplacements de camping
disponibles au Québec actuellement.
M. Brassard: M. le Président, on m'indique qu'il y a au
Québec autour de 68 000 emplacements de camping qui se
répartissent sur 718 terrains de camping. Les deux tiers de ces terrains
sont occupés de façon saisonnière. Pour ce qui est des
campings gouvernementaux, il y en a dix, comme on le sait, qui sont
concernés par le projet de loi, cela veut dire autour de 2100
emplacements. Je signale aussi que le taux d'occupation, pour ce qui est de ces
campings-là, est en moyenne de 34%, mais c'est variable. Pour ce qui est
des variations, on pourra vous en informer.
M. Côté: À 33%, ce n'est pas si mal. Pour les
années antérieures, quel était le taux d'occupation?
M. Brassard: L'année dernière, par exemple?
M. Côté: Oui.
M. Brassard: Effectivement le taux d'occupation a, depuis 1980,
connu une certaine baisse. Il est passé autour de 38% en 1980-1981
à 34% cette année, donc, une baisse pour les équipements
concernés. Il est évident que l'objectif de la
société, en assumant ces équipements, ce sera d'augmenter
de façon substantielle le taux d'occupation et de fréquentation.
De mettre au point, par conséquent, un plan d'action qui aura cet
effet.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Côté: Quel était le budget de
fonctionnement des dix campings?
M. Brassard: C'est, en termes de dépenses directes pour
1984-1985, 1 681 000 $ de dépenses directes, pour 775 000 $ de revenus
bruts.
M. Côté: Cela veut dire 1 000 000 $ de
déficit.
M. Brassard: 906 000 $.
M. Côté: Quelles sont les prévisions, dans le
domaine du camping, en termes de résorption du déficit? C'est 50%
du déficit des équipements dont on parle.
M. Brassard: Actuellement au Québec, quand on tient compte
du taux d'occupation saisonnier, c'est ce qui augmente le taux dans l'ensemble
des terrains de camping du Québec - il se situe autour de 50% ou 55%.
L'objectif de la société ce serait d'atteindre ce niveau
général qui est actuellement atteint par tout l'ensemble des
terrains de camping.
M. Côté: Un des moyens pour rentabiliser cela va
être l'occupation comme dans d'autres campings privés saisonniers;
à Sainte-Madeleine, il y a une grosse annonce sur l'autoroute. Dans le
cas de Kénogami, vous n'avez pas besoin de cela parce que c'est un des
campings les plus rentables. Il doit y avoir des choses rares à voir
là. Dans le cas de la baie de Percé...
M. Brassard: II y a de gros progrès à faire dans le
cas de Kénogami. Dans ce cas, M. le député, il est
peut-être à signaler que c'est vrai qu'il y a un écart
énorme entre les dépenses directes, 327 000 $ et les revenus, 75
000 $ mais il faut tenir compte du fait que l'atelier régional qui
fabrique tous les panneaux de signalisation se trouve à Kénogami
et est inclus dans les dépenses.
II faudra distinguer cela.
M. Côté:... les inviter de pêcher à la
morue à ce temps-là...
M. Brassard: Oui, mais, pour aller manger, ça se fait en
toute saison.
M. Côté: Cela fait loin un peu. Pour aller manger,
c'est en toute saison, évidemment...
M. Brassard: D'après ce que vous me dites...
M. Côté:... mais c'est quand même loin un peu.
C'est quand même très loin pour aller manger une morue, de
Québec et d'ailleurs. Il faut qu'il y ait du monde pour les inviter
à manger. Mais il n'y a rien de plus concret que ça au niveau de
votre comité de stratégie?
M. Brassard: Ah oui, il y a des...
M. Côté: Ah, c'est la compétition? mais vous
ne voulez pas le dire.
M. Brassard: Non. Je reviens à ce que je disais au tout
début. Ce travail qui a été fait, au moment où la
société sera créé et entrera en opération,
sera remis. La société, à partir de là, appliquera
l'ensemble de ses actions ou une partie.
M. Côté: D'après vos savantes études,
est-ce que l'auberge de Fort Prével ou tout ce dont la
société va hériter nécessite des investissements
majeurs de rénovation?
M. Brassard: Est-ce que vous croyez que l'auberge a besoin
d'être rénovée d'une façon substantielle?
M. Côté: Ce n'est pas moi qui a à croire.
Moi, je n'ai pas de pouvoirs. Le seul pouvoir que j'ai, je m'en sers. C'est de
questionner le ministre.
M. Brassard: Ce sera à la société d'examiner
si, dans l'immédiat, il y a lieu de prévoir dans son budget
d'immobilisation des montants pour...
M. Côté: Au moment où on se parle, le
ministre n'est pas informé par le groupe de travail qu'il a
lui-même formé qu'il y a des investissements nécessaires
à l'auberge de Fort Prével?
M. Brassard: Non, je n'en suis pas informé.
M. Côté: On va finir par vous croire, vous savez. On
est obligé de prendre votre parole, encore une fois, comme la commission
est l'extension de la Chambre. Comme le ministre n'est pas très loquace,
on s'en reparlera éventuellement.
Les terrains et les équipements du manoir Montmorency. Est-ce que
le ministre, pas en raison de son âge, mais par ses
responsabilités ministérielles, a eu l'occasion d'aller visiter
le manoir Montmorency l'automne et l'hiver, à ce moment-ci?
M. Brassard: Oui, ça, je peux vous le dire. J'y suis
allé vendredi dernier.
M. Côté: Ah bon.
M. Brassard: Parce que les employés du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche y tenaient leur party des
fêtes. J'y suis allé vendredi dernier, il n'y a pas longtemps.
M. Côté: II n'y a pas seulement les employés
du ministère...
M. Brassard: Cela a sûrement contribué à
rentabiliser l'équipement.
M. Côté: Définitivement, il n'y a pas
seulement les employés du ministère qui vont y faire leur party
des fêtes, mais cela a été l'endroit par excellence,
l'hiver dernier, d'un colloque sur les parcs qui a été tout
à fait exceptionnel, retentissant aussi quant au contenu et quant
à l'analyse très positive de la situation des parcs au
Québec. Mais je parlais d'hiver et je parlais - et de besoin très
urgent - du manoir Montmorency.
M. Brassard: En termes d'immobilisations?
M. Côté: Oui. Est-ce qu'à ce niveau, il y a
des prévisions, si vous êtes un peu plus loquace?
M. Brassard: Même réponse, M. le
Président.
M. Côté: Vous n'avez pas trouvé que du
côté nord du manoir Montmorency, il faisait froid un peu,
puisqu'il n'est pas isolé?
M. Brassard: J'ai trouvé que c'était froid. Mais je
fais la réponse que notre société, aussitôt qu'elle
sera opérationnelle, va devoir présenter un budget
d'immobilisations. Elle devra identifier ce qu'il est urgent de faire pour ces
équipements. Si les premières immobilisations de la
société, il est urgent de les faire, soit à Fort
Prével, soit au manoir Montmorency, ce sera à elle de l'indiquer
dans son budget d'immobilisation que le gouvernement examinera et devra
approuver.
M. Côté: Quel est le déficit d'exploitation
du manoir Montmorency?
M. Brassard: 511 000 $; des dépenses
de 1 369 QOO $ et des revenus bruts de 858 000 $.
M. Côté: Vous ne transmettez pas?
M. Brassard: On me signale que c'est la première
année qu'on l'ouvre à longueur d'année, le manoir
Montmorency, c'est une première expérience.
En termes de revenus - c'est peut-être intéressant de le
signaler à la commission -ce que je disais tantôt, ce sont les
projections pour 1984-1985, et en termes de projection, on avait inscrit, aux
revenus, 858 000 $. Comme c'est la première année qu'on
fonctionne toute l'année, on a été un peu pessimiste en
termes de projection. En termes de revenus, ça dépasse maintenant
les 1 000 000 $. Donc, c'est plus que ce qu'on avait projeté.
M. Côté: Ce qui veut dire que le déficit sera
moins élevé que ce qui était appréhendé?
M. Brassard: Le déficit devrait être moins
élevé que prévu.
M. Côté: Je reviens parce que, selon mes
informations, le manoir Montmorency a besoin d'une certaine immobilisation pour
être capable de fonctionner l'hiver convenablement. Je suis convaincu que
le ministre des Affaires culturelles, député de Montmorency, sera
très heureux d'apprendre que vous allez investir bientôt de
l'argent pour le manoir Montmorency, et non pour le spectacle de Diane
Dufresne.
M. Brassard: II y a, me dit-on, un projet d'immobilisation
prévu pour la refenestration du manoir pour l'année en cours.
Donc, ça pourrait commencer au printemps.
M. Côté: On n'était pas loin de ce que je
pensais, on va finir par lui arracher au moins les fenêtres, ce n'est pas
si mal.
Passons à l'île d'Anticosti. Si j'ai bien compris, dans ce
cas, ça pourrait concerner éventuellement les équipements
appartenant au ministère et qui pourraient être des campements,
par exemple de Vauréal ou de certains endroits comme ceux-là que
la société d'État déciderait de passer à
quelqu'un d'autre. Actuellement, est-il question que la société
d'État administre certains équipements qui servent soit pour les
chasseurs de chevreuil ou les pêcheurs de saumon? Quelle est votre
idée en les transférant?
M. Brassard: Les équipements sur la réserve
faunique?
M. Côté: Oui. Que confiez-vous exactement à
la société d'État en ce qui concerne l'île
d'Anticosti?
M. Brassard: Ce qui sera transféré à la
société dans l'île d'Anticosti, ce sont les
équipements que possède le ministère sur la réserve
faunique. La réserve elle-même n'est pas transférée;
ce sont les équipements qui le seront et ils seront gérés
et administrés par la société. Hors réserve, il y a
déjà des pourvoyeurs qui vont continuer de fonctionner; il est
même question d'en augmenter le nombre.
M. Côté: Si je comprends bien, cela pourrait vouloir
dire que tous les équipements qui sont sur Jupiter, qui servent à
la pêche au saumon et aussi à la chasse au chevreuil; cela
pourrait vouloir dire que les campements au niveau de Vauréal qui ne
sont pas dans une pourvoirie, à Chaloupe et compagnie, tous ces
équipements qui, aujourd'hui, sont administrés par le
ministère, vont passer sous la responsabilité de la
société et celle-ci va dorénavant s'occuper des chasseurs
et des pêcheurs pour tenter d'en tirer un profit. Dans ce cas, les
citoyens de l'île d'Anticosti vont-ils avoir priorité
d'embauche?
M. Brassard: Déjà actuellement, M. le
Président, ce sont des citoyens de l'île d'Anticosti qui
travaillent, soit des permanents et des occasionnels. On verra tantôt
dans certains articles de la loi que les employés sont également
protégés et vont continuer d'être employés par la
société.
M. Côté: II y a quand même du mouvement
à l'île d'Anticosti. On a créé la
municipalité maintenant et on a transféré les
propriétés qui appartenaient à l'État aux
résidents de l'île.
M. Brassard: Excusez-moi, M. le député.
M. Côté: Ce que je comprends, c'est qu'il y aura
éventuellement d'autres territoires donnés en pourvoirie.
M. Brassard: C'est une possibilité, oui.
M. Côté: Le ministre peut-il nous dire combien de
nouvelles pourvoiries pourraient être installées sur
l'île?
M. Brassard: II y a une possibilité de deux
actuellement.
M. Côté: Deux additionnelles. M. Brassard:
Oui.
M. Côté: Est-ce que c'est principalement sur la
côte est de l'île?
M. Brassard: L'une à l'est et l'autre au...
M. Côté:... sud. M. Brassard: Oui.
M. Côté: Cela fait combien d'équipements que
récupérerait la société? Combien de campements?
M. Brassard: Sur l'île d'Anticosti? Une dizaine, M. le
Président.
M. Côté: D'accord. On verra ce que cela donnera. La
société d'État pourrait-elle éventuellement
s'occuper du transport des chasseurs ou des pêcheurs?
M. Brassard: De l'extérieur vers l'île?
M. Côté: Pour entrer et pour sortir. M. Brassard:
Ce serait possible.
M. Côté: Le ministre pourrait-il me donner
l'augmentation des coûts de la chasse et de la pêche au
saumon...
M. Brassard: Sur l'île?
M. Côté:... sur l'île depuis un certain nombre
d'années? Prenons, par exemple, le saumon, dans le cas de Jupiter et
dans le cas du chevreuil à Vauréal. Est-ce que Vauréal est
un endroit où c'étaient hébergement et nourriture compris,
de même que...
M. Brassard: M. le Président, c'est
régulièrement inscrit dans le cahier sur les activités et
les services offerts. On pourra relever le tout, prendre avis et
l'indiquer.
M. Côté: Je suis bien heureux que le ministre, tout
de go comme cela, me réfère aux volumineux documents
publiés par le ministère au fil des ans.
M. Brassard: On peut le faire pour les tarifs pour l'île
d'Anticosti.
M. Côté: Vous avez plus de monde qui travaille pour
vous, M. le ministre...
M. Brassard: C'est cela.
M. Côté:... je vous remercie, vous êtes bien
aimablel
Les équipements du domaine dans la réserve faunique de La
Vérendrye - cela fait sourire l'un de vos adjoints - qu'est-ce qui
arrive à ce sujet? Je dois vous dire que vous pouvez me perdre dans la
brousse assez rapidement. Je m'y connais peu...
Une voix: Vous n'y êtes jamais allé? M.
Côté: Non, je n'y suis jamais allé.
M. Brassard: C'est le prochain voyage, j'imagine?
M. Côté: Ah! Qu'est-ce qu'on transfère?
M. Brassard: Les équipements en question, M. le
Président, qui se situent à mi-chemin, c'est une station-service,
une cafétéria et quelques chalets. Cela ressemble un peu, si vous
voulez, à l'Étape dans la réserve des Laurentides.
M. Côté: C'est la naissance de
Pétro-Québec. C'est tout ce qu'il y a de
transféré?
M. Brassard: Oui.
M. Côté: Quel est le but de ce transfert?
M. Brassard: Vous voyez que les dépenses sont de l'ordre
d'un million de dollars; il y a des revenus de 663 000 $, c'est la projection
1984-1985. C'est le même objectif que pour tous les autres...
M. Côté: De rentabilisation.
M. Brassard:... équipements, essayer...
M. Côté: Quant à l'île d'Anticosti, ce
serait peut-être intéressant, on ne s'en est pas parlé
tantôt, mais cela...
M. Brassard: Au sujet de l'île d'Anticosti, il y a un
écart en termes de projections toujours - cela reste à
réviser -de 809 000 $, c'est 2 652 000 $ de dépenses directes
pour 1 843 000 $ de prévision de revenus bruts.
M. Côté: D'accord. Les revenus ne sont que,
finalement, le...
M. Brassard: Des projections.
M. Côté:... fruit de la pêche au saumon et de
la chasse au chevreuil. Quel est la part de l'un par rapport à
l'autre?
M. Brassard: À peu près 85% proviennent de la
chasse et 15% de la pêche; donc, c'est surtout la chasse qui est la
source de revenus principale.
M. Côté: Ce qui veut dire que si l'on veut
rentabiliser les activités à l'île d'Anticosti, il faudra
nécessairement augmenter les prix.
M. Brassard: C'est une possibilité, mais il y a aussi la
fréquentation; 15% provenant
de la pêche au saumon, il y a peut-être un effort à
faire de ce côté-là.
M. Côté: Oui, mais il ne faut pas rêver en
couleur au sujet de l'île d'Anticosti, pour la pêche au saumon. Tu
te retrouves dans des périodes où le saumon...
M. Brassard: II y a sûrement la chasse au chevreuil qui
peut être...
M. Côté: Oui. Quel est le taux d'occupation pour la
chasse au chevreuil?
M. Brassard: II y en a un qui dit 100%, l'autre 98%; je fais la
moyenne, 99%.
M. Côté: Ce n'est pas avec la fréquentation
qu'on va régler le problème du déficit de l'île
d'Anticosti.
M. Brassard: Ce qu'il est important de noter aussi, c'est qu'il y
a sur la réserve faunique autour de 1000 km carrés non
exploités. Il y a là un potentiel intéressant à
mettre en exploitation.
M. Côté: Le ministre a peut-être pu prendre
connaissance, comme moi, des rapports des chasseurs cette année qui
n'étaient pas très positifs et qui parlaient d'un taux de capture
de chevreuil moins élevé que par les années
antérieures. On en est arrivé à 1, 5 chevreuil par
chasseur, si ma mémoire est fidèle, selon l'habileté de
chacun des chasseurs ou de ses facultés. J'ai vu des articles dans les
journaux où c'était un peu moins intéressant que par les
années passées.
Tout cela m'amène à une question. On entend toutes sortes
de chiffres. On entend parler de 60 000 chevreuils sur l'île d'Anticosti,
70 000 chevreuils sur l'île. Est-ce qu'au ministère il y a des
inventaires plus précis dans le cas des caribous, par exemple?
M. Brassard: Je suppose. M. Côté:
Combien?
M. Brassard: On m'indique que la population des chevreuils sur
l'île d'Anticosti tourne autour de 75 000, selon les estimations faites.
On pense même que c'est plus élevé que cela. Il n'y a pas
surexploitation du chevreuil sur l'île d'Anticosti, c'est plutôt
l'inverse qui est vrai, il n'y a pas assez de chasseurs. Il y a donc un
développement à faire pour ramener la population à un
niveau plus acceptable. Il peut y avoir eu une légère diminution
des prises, des captures l'an passé; il y a eu plus de pertes aussi. Une
augmentation du taux de perte ou de décès des chevreuils, si vous
voulez, pendant l'hiver, a été constatée, l'hiver ayant
été particulièrement dur. Mais il n'est pas exact de dire
que le nombre de chasseurs a atteint son niveau maximum; bien au contraire, il
pourrait, selon les évaluations qu'on en a faites, doubler sans mettre
en danger l'espèce.
M. Côté: II atteint le niveau maximum compte tenu
des facilités d'accueil qu'il y a actuellement, ce qui veut dire...
M. Brassard: C'est pour cela qu'il faut développer...
M. Côté:... que ce n'est peut-être pas
nécessairement la chasse au chevreuil à la belle étoile
qui va faire que demain matin vous allez en avoir davantage. À titre de
conseil... Moi, je vais à la chasse au chevreuil une fois tous les
quatre ans. J'économise mes sous pendant quatre ans pour y aller une
bonne fois, mais pas dans la tente, pour y aller avec quelque chose de correct.
Il me semble - c'est un petit conseil que je donne au ministre en tant que
chasseur - qu'il y a une clientèle qui provient de l'extérieur
comme de l'intérieur du Québec et qui est prête à
payer davantage que cela en coûte aujourd'hui.
M. Brassard: Avec des services.
M. Côté: Avec de bons services. Il y a toute une
clientèle américaine qui est prête à revenir
annuellement mais qui demande la certitude que, lorsqu'ils partent en septembre
1984, ils ont une date de confirmée pour septembre 1985. À ce
moment-là, il y aurait peut-être possibilité que la
société puisse charger des prix plus élevés. Cela
se paie, des droits et ainsi, vous pourriez rentabiliser l'île
d'Anticosti.
M. Brassard: C'est une recommandation excellente, d'autant plus
que la demande... Il n'y a pas de problème du côté de la
demande. Elle est très forte. Alors, il s'agirait d'entreprendre les
actions nécessaires pour l'augmenter. Il y a peut-être des
immobilisations qui vont devoir être faites. C'est bien
évident.
M. Côté: Mais quand vous parlez de la
possibilité de développer le territoire de...
M. Brassard: II y a peut-être 1000 kilomètres
carrés qui ne sont pas...
M. Côté:... 1000 kilomètres carrés qui
ne sont pas développés...
M. Brassard:... qui ont un potentiel non exploité...
M. Côté: II se développerait comment? Est-ce
que, dans l'esprit de ceux qui ont travaillé au dossier, c'est
principalement par
de la chasse de campeur ou si ce sont d'autres exploitations, d'autres
campements qui pourraient être construits pour héberger les gens?
Toutes les solutions sont possibles.
M. Brassard: C'est possible.
M. Côté: II s'agira de les étudier.
M. Brassard: II est possible de mettre en place d'autres
équipements, d'autres camps pour davantage de chasseurs parce que comme
je le disais, la demande est là. Il n'y a pas de problème de
demande. Il suffit de mettre en place des infrastructures d'accueil.
M. Côté: Est-ce que vous avez fait
l'évaluation de ce que vous coûte le chevreuil par rapport
à ce qu'il vous rapporte et la même chose vis-à-vis du
saumon? Parce que j'imagine que s'il y a un taux de fréquentation de...
Si ce sont 15% des revenus qui proviennent du saumon, possiblement que
l'infrastructure coûte davantage, plus cher, parce qu'il doit y avoir des
frais fixes, j'imagine, au niveau de l'exploitation qui font en sorte que le
déficit provient peut-être davantage de la pêche au saumon
que de la chasse au chevreuil. Est-ce qu'on pourrait même aller
jusqu'à dire que le chevreuil, lui, amène des profits, alors que
le saumon cause des pertes? Quelqu'un qui n'a pas de panache...
M. Brassard: Pour ce qui est de la chasse au chevreuil, on se
rapproche beaucoup de l'autofinancement. Pour ce qui est de la pêche au
saumon, par exemple, on en est pas mal loin.
M. Côté: J'imagine. Parce que si le déficit
d'exploitation de l'île d'Anticosti est de 800 000 $ et que le chevreuil
fait presque ses frais, cela veut dire que le déficit provient presque
en totalité de l'exploitation de la pêche au saumon. Qu'est-ce
qu'on peut faire, au niveau de l'exploitation de la pêche au saumon, pour
attirer davantage de gens à venir prendre du saumon de taille
très moyenne, peut-être même en bas de la moyenne et de
risquer d'arriver dans des rivières où il n'y a pas de saumon ou
de monter dans le lac Sainte-Marie ou d'être pris dans les Becs-Scie.
C'est le problème. On s'est retrouvé, un groupe de chasseurs,
à pêcher en plein milieu... de pêcheurs - je le sais, on va
m'accuser d'être un braconnier - à pêcher le saumon dans une
rivière où il n'y avait plus d'eau. Le saumon était dans
la mer et il ne pouvait pas monter et les deux ou trois saumons qu'on a pris
avaient le ventre trop rouge, pas parce qu'ils étaient libéraux,
mais parce qu'ils avaient eu de la difficulté à monter. Mais il
fallait le voir pour comprendre qu'il y a des problèmes majeurs et que
la pêche au saumon à l'île d'Anticosti, compte tenu des
coûts, je pense que c'est un pensez-y bien. Qu'est-ce qu'on peut faire?
Quels sont vos projets? Avez-vous étudié des
hypothèses?
M. Brassard: Non.
M. Côté: Alors, il faut comprendre que la
rentabilité de l'île d'Anticosti n'est pas pour demain.
M. Brassard: Ah! ce n'est pas sûr. Ce n'est pas cela qu'il
faut comprendre. Encore, au niveau de la chasse, il y a bien des choses
à faire.
M. Côté: Qu'on n'appelle pas, M. le
Président, des quatorze équipements, je pense, qui sont
transférés ou qui seront éventuellement
transférés à la société d'État...
mais je cherchais un document qui a été soumis au Conseil des
ministres ou qui n'a peut-être pas été soumis, mais qui
faisait partie de feu le projet Soquetour et à l'intérieur de
cela, il y avait d'autres équipements qui devaient,
éventuellement, faire partie des transferts. Les transferts vont
s'échelonner dans le temps - je suis tout mêlé avec mes
documents - est-ce que je dois comprendre que demain matin - j'en ai trop,
effectivement et vous n'êtes pas au bout de vos peines - est-ce que,
à partir du moment où le projet de loi est adopté, la
proclamation est faite, le conseil d'administration est en poste, vous
transférez d'abord le Mont-Sainte-Anne? Vous pouvez-avoir le choix de
transférer les quatorze...
M. Brassard: On a le choix de transférer le tout.
M. Côté: Le tout.
M. Brassard: Tout ce qui est dans l'annexe I.
M. Côté: Je n'ai pas vu dans cette liste et vous
comprendrez que cela m'intéresse grandement...
Une voix: Le zoo.
M. Côté:... il était question...
certainement... il était question qu'en 1987 -Dieu nous en garde, vous
ne serez plus là -que le jardin zoologique de Charlesbourg soit
transféré à la société d'État.
M. Brassard: Pouquoi le zoo n'est-il pas transféré
à la société d'État?
M. Côté: Est-ce qu'il est toujours dans l'intention
du gouvernement de le transférer en 1987 à la
société d'État?
M. Brassard: Ce n'est pas dans l'intention du gouvernement
actuel.
M. Côté: Ni pour 1986 et 1987? Les intentions
immédiates sont dans le projet de loi.
M. Brassard: Pour le moment, c'est la liste de l'annexe I.
M. Côté: Ce n'est pas cela que je veux que le
ministre me réponde. Il y a eu des études au niveau de Soquetour
à l'époque où le jardin zoologique de Charlesbourg
était inclus dans la liste des équipements qui devaient,
éventuellement - à l'époque, on parlait de 1987 -
être transférés à la société
d'État. Je comprends aujourd'hui, et dans le projet de loi, on a
quatorze équipements qui sont très bien identifiés et ce
que je veux savoir du ministre, c'est si son ministère, dans son
opération de délaissement de ses responsabilités au niveau
de certains équipements, envisage en 1985, en 1986, en 1987, en 1988 de
transférer le jardin zoologique?
M. Brassard: Cela demeure possible, mais pour le moment, ce n'est
pas envisagé. Cela ne faisait pas partie des équipements qu'on a
analysés et pour lesquels on a tenté de mettre au point des plans
de rentabilisation. Cela demeure toujours possible. Le troisième
alinéa de l'article 22 rend cela possible.
M. Côté: Est-ce qu'il y a une étude de faite
au ministère ou qui va être entreprise éventuellement
concernant le transfert d'autres équipements? Le ministre a beau me dire
que le troisième alinéa de l'article 22 peut faire en sorte que,
demain matin, il décide qu'il est harcelé par le
député de Charlesbourg, au niveau de la Chambre, que le
député de Louis-Hébert décide de river le clou du
député de Lac-Saint-Jean, ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche, concernant l'Aquarium, et il dit: Vous allez finir par me
sacrer la paix, l'Aquarium de Québec et le Jardin zoologique de
Québec, à Charlesbourg, dorénavant, on tranfère
cela à la société d'état.
Je pense que ce sont probablement des études plus exhaustives et
des réactions moins spontanées qui vont faire qu'on va
tranférer demain matin des équipements de cette nature. Ce n'est
pas d'aujourd'hui que le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche tente de passer à d'autres le Jardin zoologique de
Québec. Il a essayé de le passer à la ville de
Charlesbourg moyennant une subvention annuelle et décroissante, sur une
période de cinq ans, jusqu'à ce que la ville puisse faire ses
frais, que le jardin puisse faire ses frais. Il y a du monde à
l'intérieur du ministère qui pense à cela et, de ce
côté là, je veux être rassuré. Le Jardin
zoologique de Québec, à Charlesbourg, comme l'Aquarium de
Québec sont des équipements où le gouvernement investit.
Dans le cas de l'Aquarium, cette année, c'est tout près de 700
000 $. Le ministère a été passablement plus chiche au
niveau du Jardin zoologique de Québec, avec, au départ, 25 000 $
qui sont passés subitement à 100 000 $ au niveau de
l'étude des crédits, au mois d'avril et, finalement, hop! sont
sortis du sac 100 000 $ qui ont permis d'immobiliser 200 000 $ pour le Jardin
zoologique. On est encore loin du compte parce que le déficit
d'exploitation du Jardin zoologique de Québec est de 1 500 000 $.
Malgré la bonne volonté des gens du milieu, il y a des
projets qui sont sur la tablette au ministère. A titre d'exemple, le
grand prix Rothmans dont personne ne veut, dans la région de
Québec, parce que cela va faire mourir des arbres, semble-t-il. Le
Jardin zoologique de Québec, sous la gouverne de M. Philippe Demers que
vous connaissez très bien, j'imagine, a expédié au
ministère, au cours de l'hiver dernier, un projet pour tenir le prix
Rothmans et cela nécessiterait des investissements de 75 000 $ au Jardin
zoologique de Québec. La réponse a été non, mais ce
serait un moyen d'amener une fréquentation puisque c'est par la
fréquentation qu'on va finir par rentabiliser les équipements. Il
faut susciter une plus grande fréquentation du Jardin zoologique de
Québec. Comme vous voyez, je m'inquiète du Jardin zoologique de
Québec et j'aimerais savoir précisément quelles sont les
intentions du ministre concernant cet établissement, si,
éventuellement, il ne le transfère pas.
M. Brassard: Les études qui ont été faites
concernent la liste des équipements dont on parle. Il n'y en a pas, pour
le moment, sur aussi bien le zoo que l'Aquarium. Cela ne signifie pas qu'il n'y
en aura pas par la suite. Avec le déficit dont vous venez de parler,
cela m'apparaîtrait même fort utile et fort souhaitable qu'on se
penche sur le sujet pour essayer de voir s'il n'y a pas moyen de le
réduire à tout le moins. Pour le moment, il n'est pas question de
transférer ni le zoo ni l'Aquarium.
M. Côté: II me semblait ne pas avoir
rêvé, M. le ministre, et, effectivement, je n'avais pas
rêvé, au niveau du tranfert des équipements, d'après
ce que le ministre me dit. Je dois avouer très simplement que c'est
tiré du mémoire qui avait été préparé
pour le Conseil des ministres ainsi que des annexes, dans le cas de Soquetour.
Ce n'est pas dans le cas de SEPAQ. C'est à l'annexe 6 où on
prévoyait, en 1984-1985 - parce que je me suis demandé à
un moment donné si je n'avais pas rêvé - le transfert du
Mont-Sainte-Anne: ski, camping et golf; alors qu'en
1985-1986, ce sont les campings d'Amqui, de Côte-Sainte-Catherine,
de Kénogami, de Stoneham, des Voltigeurs, de la baie de Percé, de
Côteau-Landing, de Fort-Témiscamingue, de Pointe-des-Cascades et
de la réserve faunique de l'île d'Anticosti, alors que pour
1985-1986... Cela va. (23 h 30)
Pour 1986-1987, c'était le manoir Montmorency, l'auberge Fort
Prével, le gîte Duberger et, là, cela commence à
être plus grave, la Passe, l'Étape, le Relais, le Domaine et les
Portes de l'Enfer, tout le "kit". Qu'est-ce qui sous-tend cela? On constate
d'abord qu'il y a des équipements qui ne sont pas
transférés par rapport au projet initial et qu'est-ce qui fait
que des cas comme le gîte Duberger, l'Étape, le Relais, le Domaine
et les Portes de l'Enfer... C'est parce qu'ils sont dans le parc ou dans la
réserve qu'ils ont été éliminés du projet
initial et que, finalement, il semble probable - si je tire des conclusions des
propos du ministre - que la totalité des quatorze sera
transférée d'un bloc contrairement à ce qui avait
été prévu au niveau de Soquetour.
M. Brassard: Oui, c'est fort probable et même plus que
probable que le transfert de tous les équipements se fasse d'un seul
coup plutôt que de les échelonner sur un certain nombre
d'années. Quant à la liste presque exhaustive de tous les
équipements qui auraient pu être possiblement
transférés à la société, comme on peut le
voir maintenant, il y a eu une sélection qui s'est faite par la suite.
On a décidé, par exemple, de laisser tomber tout ce qu'il y a
dans la réserve faunique des Laurentides, et c'est à partir du
résultat de diverses études qu'on a restreint le nombre des
équipements.
M. Côté: Qu'est-ce qu'elles vous disaient, ces
études? Que, dans le cas des autres, c'était rentable?
M. Brassard: Non. C'était plutôt que les
équipements en question étaient ceux qui, possiblement, pouvaient
se rentabiliser.
M. Côté: Donc, si je comprends, ceux qui peuvent se
rentabiliser restent au gouvernement et les canards boiteux, à la
société d'État.
M. Brassard: Ce n'est pas exact. La liste des équipements
retenus comprend ceux dont on souhaite la rentabilité et dont on
espère la rentabilité qui vont être
transférés à la société et ceux aussi qui
étaient parmi les plus gros, je dirais, de tout le réseau.
M. Côté: Parce qu'il y a deux traitements
différents en termes de réserves. L'île d'Anticosti au
point de vue de l'exploitation de la pêche et de la chasse, tu
transfères à la société d'État. Que je
sache, ce dont on a fait mention tantôt, le Relais, Jacques-Cartier et
compagnie, ce n'est pas petit non plus comme fréquentation. C'est tout
près d'un bassin de population pas mal plus considérable que...
Quels sont les revenus de ceux que vous avez laissé tomber
là?
M. Brassard: Pour ce qui est des revenus des
établissements de la réserve faunique des Laurentides, on ne les
a pas sous la main pour le moment. Cela pourrait se trouver assez facilement.
Vous avez tout ça en main, M. le député.
M. Côté: Attendez un petit peu, M. le ministre, je
vais vérifier si j'ai les bons chiffres. J'ai tellement de documents, M.
le ministre, que je n'ai pas le temps de prendre connaissance de tous les
documents que j'ai de votre ministère. Le ministre m'a
éclairé. Ses documents sont bien préparés. Non
seulement il n'y a pas de déficit, mais, si je regarde tout ça,
les 350 000 $ de déficit dont il faisait allusion tantôt dans le
domaine du parc de La Vérendrye - je ne l'avais pas situé; vous
voyez que je n'y suis jamais allé - sont là.
Dans le cas du gîte Duberger, l'Étape, le Relais, c'est
à peu près 150 000 $, presque 200 000 $ de profits avec les
Portes de l'Enfer. Cela me permet de conclure que le ministère garde
ceux qui sont rentables et qu'il passe à la société
d'État ceux qui ne sont pas rentables. J'aurais dû voir ça
avant, je m'en excuse, M. le ministre. C'est clair, net et précis. Cela
veut dire que, pour être capable de rentabiliser les autres
équipements, il faudra que ça coupe quelque part. C'est aussi
simple que ça. Quant à la fréquentation additionnelle du
chevreuil de l'île, on s'en reparlera. Cela va nécessiter des
immobilisations. Vos documents sont bien faits et vous aviez effectivement
raison de dire que ça donne la réponse tout seul et que vous
gardez ceux qui sont rentables. Ce n'est pas moi qui vais en faire grief au
ministre dans le cas des réserves fauniques, vous pouvez en être
sûr. La seule explication du fait que c'est une réserve faunique
que vous auriez pu garder m'aurait suffi et satisfait, mais ce n'est pas moi
qui ai à administrer le ministère, c'est le ministre.
Vous allez me répondre comme vous le faites depuis le
début: Tout est possible, il s'agira des circonstances et des analyses.
Quelle est la prochaine étape de transfert d'équipements à
la société d'État? Dans votre esprit, avant de
transférer de nouveaux équipements à la
société d'État, est-ce que vous allez attendre qu'elle ait
fait ses preuves dans la résorption du déficit de près de
2 000 000 $ de ces équipements?
M. Brassard: Je pense qu'elle a une
bonne besogne à faire avec ce qu'on va lui transférer dans
les mois qui viennent. Elle a de nombreux défis à relever. Il ne
m'apparaîtrait pas opportun ou pertinent, dans l'immédiat et
à moyen terme, d'ajouter à cette liste-là des
équipements nouveaux. Je pense qu'elle a, effectivement, comme vous le
dites, des preuves è faire. Elle a suffisamment de travail à
accomplir avec les équipements qu'on va lui transférer. Dans mon
esprit il n'y a pas lieu, à court et à moyen terme, d'allonger
cette liste.
M. Côté: À court et à moyen terme,
dans l'esprit du ministre, c'est combien de temps?
M. Brassard: Deux ou trois ans.
M. Côté: Deux ou trois ans. On en prend bonne note
et, M. le Président, je serais disposé à adopter, sur
division, l'article 22.
Le Président (M. Dauphin): L'article 22 est adopté,
sur division.
M. Côté: Si je ne m'abuse, vous avez un message
extrêmement important à livrer à la commission.
M. Brassard: Ah oui!
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
de Groulx.
M. Fallu: Au moment où vous allez appeler l'article 23,
puis-je, avec la permission des membres de la commission, vous demander que
nous faisions état des travaux de la sous-commission avant qu'il ne soit
trop tard?
M. Côté: Et "trop tard", c'est quelle heure?
M. Fallu: C'est que je dois indiquer au député de
Charlesbourg qu'éventuellement, nous pourrions avoir un débat ne
dépassant pas une heure sur l'acceptation du rapport.
M. Côté: Cela m'intéresse!
M. Fallu: Vous voyez à quelle heure je le présente
aussi! Alors, je vous demanderais de rappeler, pour le bénéfice
des membres de la commission, le règlement qui nous régit dans
tel cas, puisque c'est une primeur.
Rapport de la sous-commission sur l'étude des
projets de loi 200 et 255
Le Président (M. Dauphin): D'accord, M. le
député. Il s'agit de procédure nouvelle ou de droit
nouveau. Je suspends le mandat relativement à l'étude, article
par article, du projet de loi 88 pour entreprendre l'autre mandat qui a
été décerné à une sous-commission de la
commission de l'aménagement et des équipements pour faire
l'étude des projets de loi privés dont les numéros ont
été énumérés tantôt.
Selon l'article 147 des règles de procédure, la
sous-commission doit faire rapport à la commission qui l'a
constituée. Je lis le deuxième alinéa de l'article 147:
"Dans le cas d'un mandat confié par l'Assemblée, le rapport de la
sous-commission fait l'objet d'un débat restreint d'au plus une heure,
au cours duquel des amendements peuvent être proposés. La
commission ne vote que sur les amendements et elle fait ensuite rapport
à l'Assemblée. "
M. Fallu: Donc, M. le Président, je fais rapport que la
sous-commission a étudié, selon le mandat qui lui avait
été confié par la commission, les deux projets de loi
d'intérêt privé, le 200, Loi concernant la ville de
Montréal, qui a été adopté avec amendements, et le
255, Loi modifiant la charte de la ville de Laval, qui a également
été adopté par la sous-commission avec amendements.
À ma connaissance, il n'est resté, de la part des membres
de la sous-commission, aucun projet d'amendement dont nous n'ayons
disposé. Toutefois, nous devons constater qu'il est loisible aux membres
de la commission de proposer des amendements à ces projets de loi.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, M. le
député. Est-ce qu'il y a des membres qui voudraient intervenir
dans le cadre de ce débat restreint?
M. Côté: Non, M. le Président.
M. Fallu: Je propose donc à la commission d'adopter le
rapport de la sous-commission formée pour étudier ces deux
projets de loi privés.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, M. le
député. La commission prend donc acte du rapport de la
sous-commission et en recommande le dépôt à
l'Assemblée nationale.
M. Fallu: Merci, M. le Président.
Reprise de l'étude du projet de loi 88
Transfert des biens meubles et immeubles
(suite)
Le Président (M. Dauphin): Nous retournons à notre
premier mandat qui est de faire l'étude, article par article, du projet
de loi 88. J'appelle donc l'article 23?
M. Brassard: C'est un article, M. le Président, qui permet
au gouvernement de fixer la valeur des biens transférés à
la société.
M. Côté: "Le gouvernement détermine par
décret la valeur des biens meubles et immeubles ainsi
transférés. " Alors si le ministre souhaite avoir son projet de
loi pour la fin de semaine, réfléchir dans le temps des
fêtes pour savoir qui fera partie du conseil d'administration,
élus au temple de la renommée, et, par la suite,
transférer les équipements à la société,
j'imagine qu'il a déjà dans ses bagages le décret sur la
valeur des biens meubles et immeubles ainsi transférés. Est-ce
que la valeur au livre au 31 mars 1984 des équipements
transférés serait la valeur qui pourrait apparaître dans le
décret?
M. Brassard: Non, M. le Président. En fait, il y a trois
méthodes possibles qui peuvent être envisagées pour
déterminer la valeur des biens qui prend la forme ensuite de
capital-actions de l'unique actionnaire. Il y a d'abord la valeur aux livres
dont vient de parler le député. Si vous regardez la feuille ou le
document que je vous ai distribué, cela tourne autour de 65 000 000 $.
Cela nous apparaît trop élevé parce que cela ne tient pas
compte de la dépréciation; et la valeur au livre, nous
semble-t-il, gonflerait inutilement la somme qui serait consentie en actions au
gouvernement. Si on adopte la méthode de la valeur au livre, cela veut
dire à peu près 65 000 000 $. Comme le fonds social est
fixé à 75 000 000 $, cela ne laisse plus une grande marge de
manoeuvre pour injecter de nouveaux fonds dans le développement, dans
les immobilisations. L'autre méthode, c'est la valeur nominale qui est
maintenant fixée, comme on le sait, à 300 $ plutôt que 1 $,
comme c'était le cas dans le passé, et la valeur nominale, cela
ne nous apparaît pas non plus la bonne méthode, parce que cela
n'indiquerait pas l'importance des actifs qui sont
transférés.
Par conséquent, la méthode qui sera retenue, c'est la
méthode de la valeur marchande. C'est peut-être un peu plus
difficile à évaluer. C'est celle qui correspondrait au prix que
paierait aujourd'hui un acheteur éventuel compte tenu du marché.
Comment la déterminer? L'un des moyens, c'est de partir, parce que la
plupart de ces équipements font partie du rôle d'évaluation
de différentes municipalités... On pourrait, à partir du
rôle d'évaluation, déterminer la valeur marchande des
équipements en question et cela pourrait être cette
méthode-là... Ce sera cette méthode-là qui sera
retenue pour déterminer la valeur des biens meubles et immeubles.
À quel niveau cela se situerait? Cela pourrait se situer entre 20 000
000 $ et 30 000 000 $ comme valeur. Donc, le gouvernement, en
transférant ces équipements, se verrait attribuer des actions, un
capital-actions pour une valeur équivalente.
M. Côté: Dans la liste que vous nous avez soumise
avec la valeur au livre, il y a, à titre d'exemple, la réserve
faunique de l'île d'Anticosti dont l'évaluation municipale est de
454 000 $. On se retrouve tantôt avec deux étoiles. C'est une
estimation au niveau du domaine: 500 000 $. Les trois étoiles, cela
comprend certains équipements hors camping, dans le cas de la baie de
Percé. Quand on arrive au cas du Mont-Sainte-Anne et qu'on parle de 40
212 000 $, est-ce la totalité des sommes Investies par le gouvernement
dans le Mont-Sainte-Anne jusqu'à maintenant depuis les tous
débuts.
M. Brassard: C'est cela.
M. Côté: Cela veut dire que dans un cas comme
celui-là, le gouvernement accepterait de laisser tomber une bonne partie
de ses immobilisations au profit de la société. C'est cela, parce
que si vous concluez que c'est entre 20 000 000$ et 30 000 000 $ pour une
évaluation de 65 000 000 $, c'est ce que cela veut dire.
M. Brassard: C'est comme je le disais tantôt. Ces 40 000
000 $ sont une valeur au livre. Ce n'est pas la valeur
dépréciée.
M. Côté: Vous nous avez dit tantôt...
M. Brassard: II faut tenir compte de cela.
M. Côté: Bien, une valeur
dépréciée... Pour des équipements qu'on vient
d'installer à coups de 13 000 000 $ sur la montagne...
M. Brassard: C'est sûr.
M. Côté:... il ne doit pas y avoir une très
grosse dépréciation.
M. Brassard: Oui, mais il y en a des plus anciens.
M. Côté: Vous avez dit tantôt qu'on payait des
taxes de 59 000 $ pour le Mont-Sainte-Anne; quelle est l'évaluation
municipale du Mont-Sainte-Anne?
M. Brassard: On va vous dire cela dans la minute. Avant les
investissements pour la fabrication de la neige artificielle, c'était
évalué à 3 200 000 $, évaluation municipale. Cela,
c'est avant les investissements qui ont été faits l'an dernier;
alors, ce devra être modifié en conséquence.
M. Côté: D'accord. Dans la mécanique de tout
cela, disons qu'un gouvernement s'entend pour transférer par
décret, c'est tout, et que la valeur est de 30 000 000 $. La loi nous
dit que c'est le ministre des Finances qui prend à même le fonds
consolidé du Québec 75 000 000 $, si je ne fais pas erreur, et
les transfère à la société d'État.
Là, vous dites que par décret c'est 30 000 000 $. Est-ce 30 000
000 $ d'actions? Si j'ai bien compris tantôt, c'est fait par des
actions.
M. Brassard: Cela prend la forme d'un capital-actions.
M. Côté: Du capital-actions, point.
M. Brassard: Oui, actions qui sont détenues par le seul
actionnaire qu'est le gouvernement. Prenons votre hypothèse que c'est 30
000 000 $. Selon la méthode d'évaluation de la valeur marchande,
c'est 30 000 000 $; cela veut dire qu'on attribue 30 000 000 $ de
capital-actions au gouvernement et, de façon plus particulière,
au ministre des Finances qui est l'intermédiaire du gouvernement dans ce
cas.
M. Côté: D'accord. La société
d'État devenue propriétaire des équipements pourra
à n'importe quel temps hypothéquer les immeubles et les
biens.
M. Brassard: Elle pourra contracter des emprunts, mais avec
l'autorisation du gouvernement.
M. Côté: Cela va presque aller de soi comme cela a
été le cas de la SIQ, où on a appris en cours de route,
après, que la SIQ pouvait aller emprunter sur les édifices qui
lui appartenaient parce que le gouvernement les lui avait
transférés. C'est un moyen détourné pour le
gouvernement d'aller chercher du financement. C'est ce que cela veut dire;
c'était assez astucieux et vous avez perdu celui qui a pensé
à cela.
M. Brassard: C'est un mode de financement qui n'est pas à
mettre de côté.
M. Côté: Le gouvernement, alors que sa marge de
manoeuvre était assez serrée, a passé le "puck" à
ses sociétés d'État. Je pense que c'est loin d'être
mauvais. C'est une astuce, et vous ne pourrez plus bénéficier des
sages conseils de M. Parizeau, un orthodoxe qui vous a quittés
récemment et, semble-t-il, pour un certain temps.
Il reste le dernier alinéa. Le montant de cette reconnaissance de
dette est payable dans les 180 jours de la date de transfert. J'imagine que
c'est un détail technique ou à peu près.
M. Brassard: C'est cela, c'est purement technique.
Le Président (M. Dauphin): L'article 23 est adopté
sur division. J'appelle l'article 25 tout en vous mentionnant qu'il ne nous
reste que cinq minutes.
Une voix: L'article 24 n'est pas encore fait.
Le Président (M. Dauphin): L'article 24, excusez-moi.
M. Côté: Est-ce que le ministre a des commentaires
à nous apporter concernant l'article 24?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Brassard: C'est un poste budgétaire qui apparaît
comme dette actuellement. Prenons un exemple. Supposons que c'est 25 000 000 $,
la valeur des actifs, cela veut dire qu'au bilan du gouvernement, s'il y a
transfert, la dette nette se trouve réduite d'autant, soit de 25 000 000
$. Par contre, il y a une augmentation au chapitre des placements puisque le
gouvernement se trouve à détenir 25 000 000 $ sous forme de
capital-actions. C'est une opération budgétaire au niveau du
bilan du gouvernement, compte tenu de la valeur des actifs. La dette nette est
réduite, mais le bilan total demeure le même. Il n'est pas
changé.
M. Côté: Adopté sur division, M. le
Président. On fait des progrès. On va y arriver.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
J'appelle l'article 25.
M. Côté: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
M. Côté: Si le ministre en convenait, avant
d'entreprendre le chapitre, on pourrait peut-être... comme il reste deux
minutes.
M. Brassard: Le chapitre du financement.
M. Côté: Oui.
M. Brassard: Oui, d'accord.
M. Côté: On pourrait considérer qu'il est
minuit, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. La commission de
l'aménagement et des équipements ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 23 h 58)