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(Onze heures quarante-huit minutes)
Le Président (M. Fallu): Â Tordre, s'il vous
plaît!La commission permanente de l'aménagement et des
équipements reprend ses travaux pour exécuter l'un des mandats
que l'Assemblée nationale lui a confiés, l'analyse
détaillée du projet de loi 2, Loi modifiant diverses dispositions
législatives concernant les finances municipales.
M. le secrétaire, si vous voulez nous présenter les
membres de la commission qui sont, ce matin comme toujours, à temps et
abondants.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Bacon
(Chomedey), M. Beauséjour (Iberville), M. Fallu (Groulx), M. Le Blanc
(Montmagny-L'Islet), M. Rocheleau (Hull), M. Saintonge (Laprairie), M. Tremblay
(Chambly), M. Vallancourt (Orford), M. Marcoux (Rimouski) et, en remplacement,
M. O'Gallagher (Robert Baldwin) par M. Caron (Verdun).
Code municipal (suite)
Le Président (M. Fallu): Nous étions rendus
à l'article 58.
M. Marcoux: Cet article, nous en avions discuté, mais nous
ne l'avions pas encore adopté, je crois.
Le Président (M. Fallu): Pas encore adopté,
très juste.
M. Marcoux: Est-ce que nous pourrions adopter l'article 58?
M. Saintonge: Dans le fond, on avait conclu, hier, en disant que
les possibilités qui existaient dans la loi pour les contribuables de
signifier leur opposition au règlement n'existe plus proprio motu. C'est
tout simplement le ministre qui pourra demander, avant d'approuver le
règlement, de le soumettre à la consultation. En fait, ma
question au ministre est simplement: Qu'est-ce qui justifie qu'on enlève
un pouvoir aux contribuables, finalement, pour proposer un tel
règlement?
M. Marcoux: Pas qu'on l'enlève! Avant, il n'y avait pas
de...
M. Saintonge: C'était automatique. Autrement dit, si on
regarde l'ancien article 608, auparavant, un propriétaire
concerné pouvait s'opposer à l'approbation du règlement
par le ministre des Affaires municipales avec la Commission municipale en
transmettant son opposition écrite. C'était automatique. À
ce moment-là, la Commission municipale enquêtait sur le
bien-fondé du règlement, et si elle avait reçu des
oppositions, elle devait donner aux opposants l'occasion de se faire entendre.
C'est une procédure qu'on met complètement de côté.
C'est-à-dire que le contribuable qui voudrait s'opposer pourrait
prévenir probablement le ministère des Affaires municipales, et
le ministre, selon les représentations qu'il recevrait, pourrait dire:
Avant d'adopter le règlement, je vais demander une consultation
publique. Il n'y a pas d'obligation.
Auparavant, il y avait obligation formelle pour la Commission
municipale, si elle avait reçu des oppositions, de tenir une
enquête et d'entendre les gens, ce qui n'existe plus. Je comprends que
c'est une régie intermunicipale.
M. Marcoux: Lors de l'étude du projet de loi 4, nous
l'avons amendé pour faire en sorte que le ministre puisse demander
à la Commission municipale des avis ou des interventions sur tout sujet
qui concerne la vie municipale et sur lequel le ministre a à rendre des
décisions. Cette possibilité est là. Si on l'a mis dans la
loi générale du ministère, c'est justement pour le donner
en tout état de cause. S'il y avait des oppositions, le ministre devrait
en tenir compte et il pourrait faire appel à la Commission municipale
pour entendre les parties ou faire en sorte que le règlement
lui-même soit soumis aux propriétaires électeurs.
M. Saintonge: Sauf que vous admettrez que cela devient
discrétionnaire pour le ministre alors qu'auparavant le processus
était enclenché par une opposition des contribuables et la
Commission municipale devait, au minimum, entendre les opposants.
Ma question, finalement, c'est... Et par exemple, je pourrais vous
demander...
M. Marcoux: Supposons que, à la face même,
l'opposition est sérieuse, utile ou partagée jusqu'à un
certain point, à ce moment-là, cela permet de faire intervenir la
Commission municipale. Cela ne se ferait
pas que la Commission municipale, ou le ministre, soit obligé
d'intervenir pour obliger que le règlement soit approuvé par
l'ensemble des électeurs propriétaires lorsque l'opposition
apparaît très partielle ou futile. Je veux dire que si peu de
personnes s'y opposent ou si les motifs invoqués par ces personnes
apparaissent ne pas être suffisamment importants, la possibilité
demeurera, elle n'est pas automatique. Vous avez raison de dire qu'elle n'est
pas automatique. Mais il y a un jugement à apporter sur l'importance de
l'opposition qui peut être manifestée, un peu comme lorsque, dans
une municipalité, cela prend un certain nombre de signatures pour qu'un
règlement d'emprunt aille au référendum. On peut juger
que, dans le cas des règlements d'emprunt des régies
intermunicipales, cela prend un certain nombre peut-être pas de
signatures, mais s'il y a différents groupes de pression qui
représentent plus de gens, une certaine quantité de la
population, à ce moment-là, le ministre pourra soit directement
décréter que le règlement d'emprunt doit être soumis
à l'approbation des électeurs propriétaires ou demander
à la Commission municipale d'entendre les parties et de lui fournir un
avis. Évidemment, cela découle de la décision que la
Commission municipale n'est plus partie au processus.
M. Saintonge: Mon confrère me fait remarquer que dans la
loi 45, l'an dernier -ce n'était pas sous votre gouverne, mais sous
celle de votre prédécesseur - on avait fait en sorte, dans
certains cas, d'enlever la possibilité au niveau des soumissions
publiques, entre autres choses, qui étaient dispensées selon des
procédures acceptées par le ministère des Affaires
municipales et dans d'autres cas, le ministère de l'Environnement,
principalement sur la question de l'assainissement des eaux, ni plus ni moins,
c'est qu'on enlevait une possibilité au niveau local, en tout cas,
d'intervenir dans ce dossier. C'est le ministère qui fixait
carrément les règles du jeu. Dans ce cas-ci, il reste que
l'enquête - je reviens à cela -que le ministre peut ordonner
existait quand même auparavant, mais c'est d'après un rapport de
la Commission municipale. Il y a un principe selon lequel on dit souvent que
justice doit être rendue, mais à tout le moins, il faut
apparaître que justice a été rendue. C'était un peu
ce que l'ancien article 608 permettait dans le sens que les personnes,
même si elles n'avaient pas raison, pouvaient à tout le moins
venir soulever, au niveau de la Commission municipale, leurs points de vue et
donner leur opposition au règlement en question. La Commission
municipale faisait le rapport au ministre et le ministre décidait si oui
ou non il y avait une consultation publique nécessaire au niveau de ce
règlement. Dans le cas présent, on ne l'a pas. Ma question
actuellement, considérant qu'on enlève cette possibilité
aux opposants - et c'est plus qu'une ville, dans le fond, cela va regarder
plusieurs municipalités, cela pourrait regarder plusieurs
municipalités - avant d'abolir cette procédure, le ministre
peut-il nous dire s'il a fait des vérifications, à savoir
justement, dans des cas comme ça, si le processus de l'article 608
s'appliquait, si cela s'est appliqué souvent et dans quel cas?
M. Marcoux: Je ne peux pas répondre à votre
question. On va le vérifier. Je proposerais de le suspendre parce que je
pense que la question... Au lieu de répondre à la question
après avoir adopté l'article...
Une voix: Oui.
M. Beauséjour:... des informations. Est-ce qu'on retrouve
un article similaire dans la Loi sur les cités et villes?
M. Marcoux: C'est comme...
M. Beauséjour: Je parle de l'article 608.
Le Président (M. Fallu): En ce qui a trait aux
régies?
M. Marcoux: Oui, oui. C'est la même application qu'à
l'article 19.
M. Beauséjour: Et vous l'avez modifié
tantôt?
M. Marcoux: Oui. C'était la procédure d'emprunt
concernant les régies.
Le Président (M. Fallu): L'article 19 a été
adopté à l'unanimité.
M. Beauséjour: C'est parce qu'il y a une question qui est
posée. Je reste perplexe quant à l'utilité de le modifier
comme tel. Je n'étais probablement pas à la commission pour ce
qui est de la Loi sur les cités et villes, mais je me dis qu'il est bon
quand même de garder certaines garanties de telle façon qu'au
niveau municipal, parfois, ce ne sont pas tous des gens qui sont là en
permanence.
M. Marcoux: Non, mais il y a une garantie. La question du
député de Laprairie est celle-ci: pourquoi ne rendez-vous pas
obligatoire l'avis de la Commission municipale ou l'enquête ou l'audition
de la Commission municipale? Comme la Commission municipale n'aura plus
à intervenir dans l'ensemble des règlements d'emprunt, on l'a
aussi supprimé là. Mais on a modifié la loi 4, la nouvelle
loi sur le ministère qu'on a étudiée article par article,
il y a quelques
heures, en ajoutant un article indiquant que "le ministre peut, en toute
occasion, demander à la Commission municipale de donner un avis sur les
projets d'ordonnance, d'approbation de règlements d'emprunt, etc. ", sur
l'ensemble de ces pouvoirs qui sont donnés au ministre. À ce
moment-là, les citoyens peuvent réagir.
La question que touchait le député de Laprairie est plus
vaste en ce sens que, l'an dernier, l'Assemblée nationale adoptait un
texte de loi qui dit que pour tous les projets d'assainissement des eaux,
lorsque la municipalité décide de confier à la
Société québécoise d'assainissement des eaux la
réalisation des travaux et que la Société
québécoise d'assainissement des eaux réalise des emprunts
au nom de la municipalité, comme la municipalité ne
réalise pas le règlement d'emprunt, ces emprunts-là ne
sont pas soumis à l'approbation des propriétaires
électeurs. Or, dans le cas de régie intermunicipale, c'est
souvent ce qui arrive.
Une voix: II y a eu un cas, cette année.
M. Marcoux: Oui. Il y a eu un cas, cette année. Si on
prend le rapport 1983-1984 - donc, qui est très récent - il y a
eu un cas de requête en proposition d'approbation d'un règlement
d'emprunt d'une régie intermunicipale: "La commission a fait
enquête à propos du règlement d'emprunt 83, 3 de la
régie intermunicipale des eaux du bassin de Laprairie et a
recommandé l'approbation de ce règlement". C'était dans le
rapport 1983-1984 de la Commission municipale du Québec.
Alors, il pourrait arriver qu'il y ait encore un cas dans l'avenir
où le ministre demande l'avis de la commission.
M. Beauséjour: Oui, mais juste pour permettre de
poursuivre, je vais terminer. À ce moment-là, si on transporte
des pouvoirs au ministre, au niveau des citoyens d'une municipalité,
est-ce qu'il n'y aurait pas lieu alors de prévoir un certain temps, au
moins que cela leur soit signalé dans la loi qu'ils ont un certain temps
pour faire valoir leur point de vue au ministre ou à la commission?
M. Marcoux: Bien, le temps.,.
Le Président (M. Fallu): Est-ce qu'elle n'a pas notamment
un avis de motion à faire? (12 heures)
M. Marcoux: Oui, elle doit adopter... Les règles des
régies ressemblent beaucoup aux règles des municipalités
elles-mêmes. Souvent, le type d'investissement qui est fait par les
régies, c'est soit dans l'assainissement des eaux, dans les aqueducs et
égouts, ou dans les sites d'enfouissement sanitaire en commun. C'est le
genre de choses qui est discuté ordinairement durant trois mois, six
mois, un an, un an et demi ou deux ans dans plusieurs municipalités
avant que la régie soit créée, avant que les ententes soit
conclues à cet effet. Le débat a toujours été
public. Quant aux délais, le ministère des Affaires municipales
reçoit un règlement d'emprunt fait par une régie et, avant
de l'approuver... Est-ce qu'on pourrait connaître les délais
actuellement, lorsqu'un règlement d'emprunt est approuvé par une
régie intermunicipale et qu'il nous est envoyé au
ministère? Cela prend combien de temps avant qu'il soit
approuvé?
Une voix: Cela peut prendre six mois. Une voix: Cela
touche une régie.
M. Marcoux: On me dit que lorsque le document est complet, cela
peut prendre une semaine...
Une voix: Mettez en moyenne trois semaines.
M. Marcoux: En moyenne, c'est trois semaines. '
Le Président (M. Fallu): Mais de toute façon, les
citoyens ont été largement informés préalablement
qu'un règlement d'emprunt aura...
M. Marcoux: II n'y a jamais d'investissements de ce genre qui
sont décidés à la cachette par les régies
intermunicipales. D'abord, la création des régies est
déjà un long processus et c'est toujours sur de grands sujets.
Souvent même, les citoyens, dans ce genre de cas, vont écrire au
ministre avant même que la régie ait approuvé le
règlement d'emprunt. C'est dans tout le processus que les citoyens vont
s'informer et vont protester à l'avance.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: II reste, M. le ministre, que dans ce cas,
même au niveau de l'article 19, la discussion n'a pas été
faite.
M. Marcoux: Non, je n'ai pas d'objection...
M. Saintonge: J'avais noté une intervention à cet
article. Cela vaut quand même pour l'article 19. On a un cas d'un
règlement d'emprunt où les électeurs ne seront pas
consultés. Cela va peut-être être un des seuls cas où
le règlement d'emprunt qui va affecter le crédit d'une
municipalilté pour une période importante ne sera pas
approuvé par les électeurs. Dans les autres cas de
règlement d'emprunt, les citoyens ont toujours la possibilité de
s'opposer au règlement. Dans le cas du processus qui va régir les
règlements d'emprunt d'une régie, il reste que... "La
régie peut, par règlement approuvé par le ministre des
Affaires municipales - et par la Commission municipale du Québec, cela
va tomber - et par les corporations sur le territoire desquelles elle a
juridiction... " On le fait approuver par les corporations et les conseils
municipaux, sauf que les citoyens n'ont pas un mot à dire. Dans le fond,
ce que la régie va adopter comme règlement, il reste que ce sont
les citoyens de chacune des municipalités qui vont avoir à le
payer. Dans tous les cas de règlement d'emprunt où les
contribuables sont concernés, ils ont la possibilité de s'opposer
ou non au règlement d'emprunt, mais dans ce cas ce ne serait pas
possible. Je ne sais pas si je me trompe, mais d'après tous les
amendements qui sont donnés, c'est comme ça que j'entrevois la
chose.
M. Marcoux: Je proposerais de suspendre l'article parce que je
veux faire examiner l'hypothèse suivante. Qu'on oblige la régie
qui veut adopter un règlement d'emprunt à le publiciser et, dans
le rapport qu'elle transmettra au ministère, l'objet indiqué,
s'il y a eu des oppositions et de quelle nature. Cela ferait partie de
l'analyse. A ce moment-là, avant d'approuver le règlement
d'emprunt, si des oppositions se sont manifestées, au lieu de
retarder... Je pense qu'en le prenant de ce bout-là, comme il n'y a pas
de vote de l'électeur, c'est normal que toutes les précautions
soient prises, même si ce sont d'habitude de gros dossiers et, tout le
monde le sait, que les électeurs propriétaires soient
informés et puissent faire valoir leur opposition peut-être avant
que le règlement d'emprunt soit transmis au ministre, pour ne pas
ajouter de nouveaux délais à l'autre bout et que le débat
se fasse peut-être davantage dans celui de la régie.
Je propose donc qu'on le suspende et qu'on regarde s'il y a moyen
d'ajouter quelque chose qui nous indique qu'avec le règlement d'emprunt
il doit y avoir...
M. Saintonge: Il pourrait exister....
M. Marcoux: Je verrais l'hypothèse que des avis soient
donnés sur ce règlement d'emprunt, qu'un certain délai
soit donné aux gens pour faire valoir auprès de la régie
leurs objections, s'il y a lieu.
M. Saintonge: Oui, sauf que dans ce cas-là il faudrait
peut-être mentionner aux citoyens qu'ils pourraient s'opposer non pas en
allant à la régie même mais que chaque citoyen dans sa
propre municipalité puisse aller inscrire sa dissidence ou son
opposition au règlement. Ce serait un avis du genre de celui qui
existait précédemment où on disait d'aviser la Commission
municipale de son opposition. Ce pourrait être une opposition que les
citoyens pourraient manifester par exemple à leur conseil municipal ou
à leur propre ville dans un délai précis.
M. Marcoux: C'est ce à quoi je pense.
M. Saintonge: D'accord, dans un délai précis.
M. Marcoux: Oui, qui précéderait l'adoption
définitive du règlement d'emprunt par la régie. Â ce
moment, le ministre qui a le pouvoir d'approbation final pourrait, s'il y a
lieu, soit devant la Commission municipale, entendre les parties ou dire:
Reconsultez votre monde, ou autre chose, décrétez le
règlement d'emprunt.
M. Saintonge: Mais dans un tel cas, quand même, si les gens
avaient à s'opposer, ils pouvaient s'opposer. Que l'opposition puisse se
faire à leur propre niveau, c'est-à-dire au niveau de leur propre
municipalité ou de leur propre corporation municipale.
M. Marcoux: Ou au niveau de la régie,
M. Saintonge: Oui, mais si le bureau, dans un cas, est à
telle municipalité et que le gars a 100 milles à faire...
M. Marcoux: Souvent ce n'est pas.., M. Saintonge: Ce serait
peut-être...
M. Marcoux: En tout cas. Les régies qui couvrent 100
milles de territoire...
M. Saintonge: Pour aller signer, par exemple...
M. Marcoux: On va examiner ça concrètement.
M. Beauséjour: J'aurais une remarque à faire, M. le
Président.
Le Président (M. Fallu): II y a une remarque
supplémentaire du député d'Iberville.
M. Beauséjour: Dans le sens de ce que vous exprimez,
ça pourrait répondre à l'interrogation que j'avais et
aussi l'aspect de la régie parce qu'il y a aussi des régies
intermunicipales. Des fois, le siège social, si je prends une
régie dans le domaine des eaux, n'est même pas dans la
municipalité. Ce n'est pas une municipalité assez étendue,
de telle façon que...
M. Marcoux: Ça pourrait être au conseil municipal de
chacune des municipalités. On va regarder la formulation qu'on pourrait
donner à ça, la pertinence d'abord; je ne dis pas que je vais
arriver avec un amendement nécessairement, deuxièmement, comment
cela pourrait se formuler, au lieu d'improviser un amendement en trois
secondes.
Le Président (M. Fallu): D'accord. Toutefois, avant de
procéder, le député de Hull voudrait nous faire
connaître sa position.
M. Rocheleau: Cela fait à peu près une demi-heure,
M. le Président, que j'aurais souhaité...
Le Président (M. Fallu): M. le député, cela
fait 25 minutes que nous siégeons.
M. Rocheleau: Alors, cela fait 18 minutes, M. le
Président, que j'aurais souhaité vous faire part de certaines
appréhensions de ma part. Malheureusement, je n'ai pu être
présent hier comme la semaine dernière. J'étais malade. Il
n'en demeure pas moins que ce sont des articles qui ont une importance capitale
non seulement pour les municipalités, mais pour les citoyens qui y
résident.
Quand on parle de régie intermunicipale et quand on veut disposer
de ce droit, uniquement la régie intermunicipale, d'une part, c'est
qu'on enlève le pouvoir local, le pouvoir à la
municipalité, d'adopter, selon les normes habituelles, un
règlement d'emprunt, de le soumettre à la population, de
permettre à la population de s'opposer s'il y a suffisamment
d'objections et de permettre la tenue d'un référendum par lequel
la population peut se prononcer.
Je considère qu'il y a certains de ces articles qui sont une
façon détournée d'en arriver à faire passer ce que
l'Opposition a refusé, l'an dernier, dans l'adoption de la loi 45, sur
certaines dépenses encourues par les municipalités pour
lesquelles ces mêmes municipalités n'ont plus à avoir
recours à la population.
Dans ce cas de régie intermunicipale, je souhaiterais
énormément, en tout cas pour le bénéfice de cette
commission, mais davantage pour le bénéfice des populations
respectives, que l'on ait un mécanisme qui permette à la
population, à des associations de propriétaires, de locataires ou
autres, de pouvoir s'opposer à des règlements d'emprunt tenant
compte de la régie intermunicipale qui peuvent être
éventuellement fort dispendieux au niveau de la répartition des
coûts de la taxation qu'on pourrait demander d'être assumés
par tels éléments dans une régie.
Mais il y a un élément encore plus important que je
considère. On l'a revu au tout début du projet de loi et vous
l'avez adopté; on peut difficilement y revenir, mais on peut continuer
à y penser. C'est qu'on enlève plusieurs droits à la
Commission municipale, c'est-à-dire plusieurs pouvoirs à la
Commission municipale que - comme mon collègue l'a déjà
souligné - nous considérions peut-être moins partisans,
beaucoup moins partisans, même si elle relevait directement du ministre
dans le sens qu'il y avait le contentieux, il y avait la Commission municipale
et il y avait toujours la possibilité d'une enquête de la part de
la Commission municipale. Aujourd'hui, c'est le ministre qui donne son
approbation après avoir analysé, examiné - on sait ce que
cela veut dire - et on sait que souvent l'autorité du ministre peut
être indirectement ou directement manipulée par des
intérêts communs dans une région quelconque. Cela me laisse
fort perplexe d'approuver ou de recommander des articles qui peuvent,
éventuellement, devenir force de loi.
Pour cette raison, le ministre a mentionné tantôt
qu'à l'article 58 il allait vouloir en discuter afin d'en disposer d'une
façon très différente. J'ose espérer, autant pour
ce gouvernement que pour un autre gouvernement qui pourrait prendre la place de
celui-ci un jour, que nos municipalités et plus particulièrement
nos populations aient un pouvoir de recours contre certains agissements ou
certaines régies intermunicipales qui pourraient être mises de
l'avant et qui pourraient entraîner des dépenses fort importantes
pour lesquelles ces populations vont devoir subir le coût. Si les
populations ne sont pas capables d'en subir le coût, c'est le
gouvernement qui devra subventionner la mauvaise gestion qu'une
municipalité ou des municipalités se seront donnée. C'est
un élément qu'il faut regarder de très près. J'ai
vécu des expériences semblables avec nos municipalités
voisines. Une municipalité s'endette très vite et la
capacité de payer des citoyens n'est pas nécessairement toujours
là pour combler des erreurs administratives qui sont faites par des gens
qui sont élus pour des périodes x et qui sont souvent
influencés par des administrateurs municipaux qui tiennent compte
d'autres facteurs. C'est un point que j'avais à soulever.
J'espère qu'on pourra...
Le Président (M. Fallu): D'une part, l'article 58
prévoit que le ministre peut soumettre le règlement aux
électeurs propriétaires de l'ensemble des immeubles imposables.
Est-ce que la piste que le ministre entend explorer semble pour le moment vous
satisfaire? C'est-à-dire qu'il y ait préalablement un
mécanisme supplémentaire qui permette de s'assurer qu'il y a des
opposants lorsqu'il y en a pour que le ministre lui-même soit mieux
éclairé.
M. Rocheleau: J'aimerais connaître peut-être la
proposition que le ministre pourrait nous faire à la suite des propos
qu'on a tenus, Ce n'est pas de l'opposition pour de l'opposition. Je pense que
dans te mécanisme de consultation, on doit tenir compte d'un ensemble.
Si c'est de l'opposition de Pierre, Jean et Jacques, ou simplement une
opposition de parti politique à l'intérieur d'une
municipalité, il y a bien des considérants. Je pense qu'il faut
maintenir un mécanisme pour protéger la population contre toutes
sortes de tractations qui peuvent se faire dans l'adoption d'un
règlement, en tenant compte d'une régie municipale. J'aimerais
voir les propositions que nos fonctionnaires du ministère des Affaires
municipales pourront peut-être élaborer.
Le Président (M. Fallu): Vous êtes d'accord aussi
pour que nous suspendions.
M. Marcoux: Pour résumer un peu ce que je fais
vérifier aussi, je pense qu'on peut apporter des améliorations.
La chose existait, sauf que la Commission municipale pouvait se prononcer.
À cette occasion, je pense qu'on peut peut-être apporter des
améliorations - je fais examiner cela - qui consisteraient à ce
que, à l'étape de l'adoption du règlement, avant
l'adoption définitive, on adopte un avis de motion avant l'adoption
définitive du projet de règlement d'emprunt par une régie
intermunicipale, des avis publics soient donnés et que les
électeurs propriétaires puissent s'inscrire dans chacune de leur
municipalité et présenter leur objection, s'il y a lieu, et que
ceux-ci fassent partie du rapport des éléments d'information que
la régie devrait transmettre au ministère pour l'approbation de
leurs règlements d'emprunt. Mais le principe a déjà
été accepté par l'Assemblée nationale que les
règlements d'emprunt par les régies intermunicipales
n'étaient pas sujets à l'approbation des électeurs
automatiquement, sauf décision du ministre. Or, ce principe n'a pas
changé. Je pense qu'on peut améliorer, par exemple, la
façon dont il est exercé par cette suggestion.
M. Rocheleau: Mais, M. le Président, sur ce même
point, on dit souvent qu'on ne peut pas faire indirectement ce qu'il n'est pas
permis de faire directement. Dans l'hypothèse où deux
municipalités décidaient, demain matin, de se construire une
aréna de poche et détermineraient, à l'intérieur
d'une régie municipale, la répartition des coûts d'un tel
règlement d'emprunt et la gestion de cette aréna de poche et
qu'elles créeraient, par le fait même, une régie
intermunicipale pour administrer cet équipement entre deux
municipalités, cela veut dire qu'à ce moment-là, si une
des deux municipalités avait cette intention, elle serait soumise
à la réglementation, c'est-à-dire à la
consultation, règlement d'emprunt, possibilité de
référendum. Si deux municipalités se mettent ensemble et
disent: On détermine une régie intermunicipale, on construit une
aréna de poche, cela veut dire qu'on se soustrait de tout le
mécanisme que les municipalités auraient à subir si elles
construisaient elles-mêmes un équipement. On soustrait, à
ce moment-là, la population d'une décision qui peut être
prise par un autre... (12 h 15)
Le Président (M. Fallu): C'est-à-dire qu'elles sont
soumises à l'article 608 tel qu'actuellement il est rédigé
dans le Code municipal, à savoir que leurs oppositions sont
exprimées non pas directement à la municipalité ou
à la régie, mais auprès du ministre ou de la Commission
municipale, et il y a là enquête...
M. Rocheleau: Mais il n'y a plus de commission.
Le Président (M. Fallu): Non, bref, le ministre... Mais je
pense que nous avons dît largement quel était le rôle de la
commission, sa population, notamment, et sa relation avec le ministère
très largement il y a deux jours. Vous relirez nos galées. Nous
avons même précisé le débat que nous avions eu au
printemps sur le fonctionnement interne et très concret de la Commission
municipale pour dire que, effectivement, le travail était fait
essentiellement par les fonctionnaires du ministère.
Nous sommes donc d'accord pour suspendre provisoirement l'article 58. Je
prends état... et j'appelle l'article 59.
M. Marcoux: La même modification qu'à l'article 20.
C'est relatif aux dispositions applicables par renvoi aux régies.
M. Saintonge: C'est l'acte de foi d'hier...
M. Marcoux: C'est cela.
M. Saintonge:... qu'on doit renouveler; c'est ce que le ministre
nous a dit.
Le Président (M. Fallu): Adopté. M. Saintonge:
Adopté.
M. Marcoux: Article 60. Ces dispositions suppriment l'exemption
selon laquelle un emprunt d'une MRC à des fins de construction d'un
palais de justice, d'une prison ou d'un bureau d'enregistrement, devait
être approuvé par le gouvernement. Dorénavant, le
régime général s'appliquera à ces emprunts qui
sont, de toute façon,
extrêmement rares.
M. Saintonge: Maintenant, M. le Président, j'aimerais
savoir du ministre s'il y a possibilité pour les contribuables
concernés de faire valoir leur point de vue à un moment
donné à quelque part.
M. Marcoux: On ne change rien à ce qui se passe
actuellement.
M. Saintonge: Non, même si on ne change pas, la question
que je me pose, c'est la même question que pour une régie
intermunicipale, mais on supprime l'article 7...
M. Marcoux: Actuellement, les règlements d'emprunt des MRC
ne sont pas soumis à l'approbation des propriétaires
électeurs, mais devaient être ratifiés par le gouvernement.
Là on supprime la ratification du gouvernement, on dit: Les MRC
décideront, le conseil de la MRC décidera de l'adoption des
règlements d'emprunt.
M. Beauséjour: Sans passer par les procédures qui
existent au niveau des citoyens?
M. Marcoux: C'est déjà comme cela actuellement.
M. Saintonge: On revient à la MRC avec le même
problème dans le fond que la régie intermunicipale d'une certaine
façon, je veux dire dans le sens que le contribuable ne sera pas
consulté. La MRC passe un règlement d'emprunt, qui va payer le
règlement d'emprunt? Est-ce les citoyens de chacune des
municipalités?
M. Marcoux: C'est ce qui se passe, c'est la situation
actuelle.
Le Président (M. Fallu): C'est ce qui se passait
également dans le temps des conseils de comté...
M. Marcoux:... qui a été prolongé avec les
MRC.
M. Saintonge: Sauf que là, cela touche plus de monde. Cela
va toucher tout le monde, même les villes.
M. Rocheleau: M. le Président, c'est l'un des
éléments très importants, je mets le ministre en garde
là-dessus. On vit au Québec depuis 1969 la création des
communautés urbaines, les communautés régionales qui sont
de grosses MRC à toutes fins pratiques. On donne les mêmes
pouvoirs à 94 petites MRC plus ou moins importantes...
M. Marcoux: Elles l'ont déjà depuis quelques
années, M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Oui, oui, je le sais, mais on l'a toujours
contesté d'une certaine façon, M. le ministre. On semble donner
encore plus de lest aujourd'hui à ceci parce qu'on élimine
complètement la population d'une décision qui est prise
localement. Là, elle est prise dans un contexte de gouvernement
régional et, à ce moment-là, elle est soustraite de toute
l'application de consultation. Notre formation politique a dit à
plusieurs reprises qu'on n'était pas d'accord pour donner de nouvelles
responsabilités aux MRC tant et aussi longtemps que les pouvoirs locaux
n'en auront pas décidé autrement et que les enveloppes
budgétaires ne seront pas appropriées pour rencontrer les
nouvelles dépenses et autres. M. le Président, c'est une
réflexion importante que nous allons devoir faire, à savoir si on
remplace éventuellement nos municipalités et nos pouvoirs locaux
par des pouvoirs régionaux, si on élimine à toutes fins
utiles l'ensemble des municipalités du Québec et si on confie
plutôt à des MRC la gouverne de cette nouvelle gestion sans
consultation préalable avec la population, c'est un
élément fondamental de la démocratie municipale et c'est
la remise en question de toute la société
québécoise au niveau de ses gouvernements locaux. C'est
évident que c'est fondamental et c'est la vision que j'aimerais
connaître de ce gouvernement face à ce qu'il anticipe
éventuellement. On tente toujours de nous faire passer par la porte d'en
arrière. Je veux dire éventuellement des facilités ou des
formes de décision que pourront prendre les conseils, pas les conseils
de comté, mais les nouvelles MRC. Je n'ai rien contre elles, mais on
leur avait donné un pouvoir qui était l'aménagement du
territoire a priori et là, il y a plusieurs ministères qui
tentent de leur passer de petits projets pilotes ici et là. On commence
à se poser de sérieuses questions. Je comprends qu'il y en a qui
ont des initiatives, qui aimeraient s'attaquer à certains
problèmes particuliers et qui ont peut-être le financement pour le
faire ou certaines facilités, mais quand ils vont être
poignés avec un jour, ils vont venir brailler au gouvernement pour avoir
des fonds. Je ne veux pas remettre tout cela en question ce matin, mais...
Le Président (M. Fallu): Non, parce qu'effectivement ce
serait un débat qu'il faudrait faire peut-être dans une
interpellation ou autrement, au moment des crédits ou ces
choses-là, parce que là, ce matin, comme l'article 60 ne remet
pas en cause ce qui existait dans le passé, je pense qu'il faudrait
peut-être cerner le débat sur cette réalité
très concrète de construction
de palais de justice, de prisons et de... II y a trois
éléments, je crois, dans...
Une voix; Bureau d'enregistrement.
Le Président (M. Fallu):... et bureau d'enregistrement.
Excusez-moi, je ne voulais pas nécessairement vous...
M. Rocheleau: Non, non, j'avais à peu près fini, M.
le Président...
Le Président (M. Fallu): Oui.
M. Rocheleau:... mais la seule chose, c'est qu'on y mettait le
point d'interrogation l'an dernier et il y a deux ans et trois ans. Notre
formation politique n'était pas d'accord là-dessus. Je comprends
que cela s'est fait. Je comprends que le gouvernement l'a passé, mais ce
n'est pas parce que le gouvernement l'a passé qu'on est plus en accord
aujourd'hui et qu'on est d'accord pour aller plus loin et de laisser toujours
plus loin la population au niveau de son implication locale. Je remettrai
toujours cela en question, avec l'expérience que j'ai eue dans le
passé et je suis convaincu de ne pas être seul.
Le Président (M. Fallu): Oui, mais j'aimerais simplement
vous rappeler que l'article 60 ne remettait strictement rien en question, en
l'occurrence. Nous prenons acte de votre réflexion publique, mais il
faudrait revenir au substrat même de l'article 60. M. le
député d'Iberville.
M. Beauséjour: Je voudrais m'adresser au ministre pour lui
dire que dans le cas de toute cette loi, en rapport aussi avec ce que le
ministre a dit à un autre moment au niveau des pouvoirs des citoyens, il
est question de faire certaines révisions à ce niveau, au niveau
d'une loi sur les pouvoirs des citoyens en rapport avec leur
municipalité.
M. Marcoux: Je ne sais pas à quoi vous vous
référez exactement. Ce que j'ai dit, c'est que dans la
révision de cette loi, comme les autres lois, les municipalités
se sont entendues sur notre principe. On a essayé de restituer un
certain équilibre en ce sens qu'on veut que le ministère exerce
moins de contrôle. Par exemple, l'article qu'on étudie est dans ce
sens-là. Le gouvernement n'aura pas à ratifier des
règlements d'emprunt des MRC, alors qu'avant il avait à les
ratifier. On va diminuer le degré de contrôle à la
surveillance directe du ministère des Affaires municipales ou du
gouvernement. Par contre, on pense, en contrepartie ou en équilibre avec
cette orientation, qu'il faut faire en sorte que les citoyens puissent disposer
davantage d'information ou de possibilités d'être consultés
ou d'intervenir dans la gestion de leur municipalité, globalement. C'est
un des neuf principes sur lesquels la table qu'il y a eu avec les
municipalités s'est entendue. Ce sont les neuf principes qui vont nous
guider pour toute la refonte des lois municipales, la révision du Code
municipal et du Code des cités et villes mais dont nous avons
appliqué l'esprit de cette loi...
M. Beauséjour: Oui, mais ce que je crois...
M. Marcoux: Je comprends votre intervention. Dans la
révision du Code municipal, il y aura six lois indépendantes
d'adoptées qui seront fusionnées dans un code des
municipalités. La sixième va concerner les recours des
municipalités, le recours des citoyens face à la
municipalité, le BREF et la Commission municipale du Québec.
C'est peut-être là que vous avez compris que la place ou les
recours des citoyens seraient...
M. Beauséjour: Oui, c'est dans ce cadre-là, mais
tout en travaillant sur cette loi-ci, il faut s'assurer qu'à des
endroits où les citoyens n'ont peut-être pas de pouvoir
d'intervention ou de laisser ■ savoir leurs opinions, je me dis qu'il
faudrait presque en même temps s'assurer qu'ils aient ces
pouvoirs-là. Si, au niveau du ministère, du ministre et de la
Commission municipale, on décentralise les pouvoirs au niveau des
municipalités, je me dis que pour avoir une sécurité
d'administration, à ce moment-là, il faut augmenter dans le
milieu aussi les pouvoirs des citoyens.
Je regarde au niveau... Ici, on touche Je domaine des MRC. On sait que
les MRC ont beaucoup de pouvoirs d'intervention dans le milieu, mais sans avoir
toujours l'obligation de faire ratifier par les citoyens ces choses-là.
Cela m'interroge. Parce que si on retarde trop pour adopter la loi que vous
avez indiquée tantôt...
M. Marcoux: Non, non. On ne retarde pas trop. Dans ce projet de
loi, j'ai indiqué que, par exemple, il y avait quatre points
précis ou trois ou quatre mesures supplémentaires qu'on ajoute.
Par exemple, le rapport du vérificateur devra nécessairement
être rendu public. Si la municipalité aliène des biens
meubles et immeubles sans soumission publique ou enchère, elle devra
diffuser la liste des biens qu'elle a aliénés, ceux qui les ont
achetés, le prix, etc. Une ou deux autres mesures que nous verrons dans
la suite du projet de loi... Pardon? Tous les trois mois également, le
trésorier doit déposer un rapport sur l'évolution des
dépenses et des revenus de la municipalité. Ce sont
différents moyens que nous ajoutons qui vont permettre aux citoyens,
comme aux
conseillers municipaux, de surveiller davantage l'évolution de
leur municipalité. Les principes dont je parlais tantôt, on ne dit
pas qu'on va les appliquer dans quatre ou cinq ans; on les applique au fur et
à mesure de la révision de certaines lois municipales.
M. Beauséjour: Cette loi n'augmente pas les pouvoirs de
contrôle des citoyens si je regarde au niveau de la MRC ici.
M. Marcoux: Non, mais dans ce cas, nous ne changeons rien.
Déjà, depuis plusieurs années, au moment des conseils de
comté, les règlements d'emprunt des municipalités
régionales de comté n'étaient pas approuvables par les
électeurs propriétaires; ils étaient
décidés. Comme leurs mandats étaient très
limités, cela ne posait pas de problème. Leurs mandats sont
encore très limités; cela ne pose pas de problème. Tout ce
que nous faisons ici, c'est de dire que lorsque la MRC va approuver un
règlement d'emprunt, il n'aurait pas besoin d'être ratifié
par le ministre des Affaires municipales. On ne diminue pas pour ces objets,
mais pour les objets déjà décrits.
M. Beauséjour: M. le Président, c'est par rapport
à ce qui existe actuellement. Mais je me dis que peut-être il
faudrait s'interroger...
M. Marcoux: Oui.
M. Saintonge:... à savoir si on ne devrait pas aller plus
loin au niveau du contrôle des citoyens. Ce que je veux dire, c'est que,
dans la mesure où on ne peut pas augmenter le contrôle au niveau
des citoyens face à leur municipalité ou à la
municipalité régionale de comté, est-ce qu'il ne serait
pas préférable que le ministre, ou la Commission municipale,
conserve certains pouvoirs, si on ne peut pas le faire en même temps que
la loi actuelle? (12 h 30)
M. Marcoux: II faut bien voir que cet article ne concerne que les
possibilités de règlements d'emprunt des MRC à des fins de
construction d'un palais de justice, de prison ou d'un bureau d'enregistrement,
ce qui est déjà leur fonction depuis longtemps et pour lesquels
elles sont équipées. En pratique, les prisons, c'est le
gouvernement...
M. Saintonge: Je comprends, mais le problème, c'est qu'on
se rend compte que, tel que cela existait auparavant, il n'y avait pas
d'approbation possible; aujourd'hui, ce n'est plus le conseil de comté,
ce sont les MRC. Les MRC comprennent des villes aussi.
M. Marcoux: Non.
M. Saintonge: Cela comprend autre chose: des municipalités
locales, mais des villes aussi régies par la Loi sur les cités et
villes. Il y avait obligation d'avoir l'approbation du gouvernement. Le
ministre nous a dit à bon droit que le ministère des Affaires
municipales et la Commission municipale vérifiaient - il n'y en a plus;
cela va rester au ministère comme tel - les taux d'endettement des
municipalités, etc. Qu'est-ce qui peut empêcher le contrôle
sur une MRC? Plus de problème, elle emprunte et il n'y a plus personne
qui approuve rien, même pas le gouvernement. On va se retrouver, au bout
d'un moment donné, et il n'y aura plus de limite. On va voir un peu plus
loin dans d'autres articles concernant cela, le plafond maximum suivant lequel
elle pouvait s'endetter à 5%, cela n'existera même plus. Les MRC
vont être rendues à quel point de saturation, elles vont exploser
où, quand, comment, pourquoi et qui va être en tutelle? La MRC,
les onze villes, les dix-sept villes, les six villes qui la composent ou les
huit villes, qui va être le contrôle, sur les MRC, sur les
dépenses?
Le député d'Iberville souligne un point, c'est qu'à
un moment donné le contrôle que le gouvernement n'exerce plus,
dans la plupart des cas on l'envoie au contribuable. Cela revient à ce
que je disais hier, dans le fond. Ce que le ministère fait en disant:
Prenons l'autonomie, on transfère les contrôles de place. C'est
peut-être onéreux au niveau du gouvernement, en coût, on
l'envoie dans les citoyens, "checkez-les vous" vous êtes capables de les
vérifier ces gars et tenez-les à la bride. Mais qu'on ne vienne
pas dire, à ce moment, qu'on augmente l'autonomie municipale,
nécessairement, le discours est -peut-être faux un peu.
M. Marcoux: Au niveau des coûts, M. le député
de Laprairie, une chose qui est fausse, on avait examiné, à un
moment donné, la possibilité même que... Ce pourquoi on a
maintenu l'approbation des règlements d'emprunt au niveau du
ministère des Affaires municipales, c'est pour la raison suivante: C'est
que si cela avait été fait au niveau de la municipalité
sans être au niveau du gouvernement, les prêteurs d'obligations
auraient exigé l'étude légale et l'étude
financière qui aurait dû être payée par les
municipalités elles-mêmes. On a dit: Au lieu que toutes les
municipalités du Québec, les grandes municipalités, cela
n'aurait pas fait de problème, mais que toutes les municipalités
du Québec soient obligées, à chaque règlement
d'emprunt de faire faire une étude légale de leur
règlement d'emprunt, de faire faire une étude financière
par elles-mêmes et de payer le coût, c'est bien plus rentable pour
l'ensemble du Québec, dans le fond, d'avoir 15, 20 ou 25 fonctionnaires
qui sont au service de l'ensemble, qui sont spécialisés.
M. Saintonge: Je n'en ai pas contre cela, M. le
Président.
M. Marcoux: Quand on dit: Dans cela il n'y a rien qui refile des
coûts, il n'y a rien qui refile des coûts du gouvernement vers les
municipalités.
M. Saintonge: Ce que j'ai voulu dire, par rapport à une
discussion que vous aviez avec le député d'Iberville, il m'est
apparu bien clair dans mon esprit, c'est ce que j'avais soulevé un peu
hier et même en deuxième lecture, je pense que je l'avais
soulevé, le problème, c'est qu'on dit, en principe, c'est une
belle loi, on donne toute l'autonomie aux municipalités, on fait
confiance à tout le monde. On enlève un certain nombre de
contrôles au niveau du gouvernement. On enlève des
contrôles, mais vous avez reconnu vous-même, de toute façon,
que certains contrôles sont enlevés pour responsabiliser les
citoyens. C'est qu'on dit aux citoyens: Vous avez un droit de regard, vous avez
cela et on oblige les municipalités, d'une certaine façon,
à aller regarder, à s'impliquer dans l'administration municipale,
cela peut être bon.
Mais ce que j'ai voulu noter, dans ce cas, ce qu'on enlève dans
certains cas aux municipalités, d'obligation de contrôle
gouvernemental, on le redonne aux citoyens et on met une coche de plus dans le
sens qu'ils auront à vérifier certaines choses avec leurs propres
citoyens. L'avis public, par exemple, dans certains cas, sur la vente
d'immeuble, il n'y a plus d'approbation, mais il y a un autre processus. On
impose cela, on envoie l'avis public è la fin du mois avec les
possibilités que tout le monde vienne discuter la validité des
transactions. On va avec le mécanisme, on dit: On fait confiance aux
municipalités, elles l'ont, qu'elles les vendent les immeubles et les
bien meubles qu'elles ont à leur disposition, mais il y a un autre
contrôle qui s'exerce par les citoyens, c'est cela que j'ai voulu faire
ressortir. Je pense que le député d'Iberville a manifesté
vraiment, ici, que si dans le fond il y a des contrôles qui sont
enlevés par le gouvernement, il fallait qu'on donne des contrôles
aux citoyens pour aller vérifier cela. À ce moment, le grand
discours autonomiste des municipalités, il porte à faux un peu
là-dedans.
Dans un cas, pour revenir aux problèmes qui nous concernent,
présumément, actuellement, précisément par
l'article 60, dans le cas des MRC, le règlement d'emprunt, dans ce cas,
même si cela concerne simplement le palais de justice,
établissement de détention, bureau d'enregistrement n'est plus
approuvé par le gouvernement. Ma question va être bien simple:
Comment le gouvernement va contrôler les dépenses des MRC? Vous
contrôlez les dépenses et c'est bon, dans le fond; cela apporte
des sécurités au niveau des obligataires, des obligations
émises pour ceux qui vont venir les acheter et le milieu financier par
rapport aux municipalités. Comment allez-vous le contrôler pour
les MRC actuellement? Il n'y en aura pas, Cela va être comme cela. S'il y
en a d'autres, on verra plus tard. Vous n'allez pas le savoir au niveau du
ministère. Vous le faîtes pour chacune des municipalités.
Pour les MRC, il n'y a plus de contrôle. Cela va coûter combien un
règlement pour la construction d'un palais de justice auquel ils vont
participer? Cela sera réparti dans chacune des municipalités.
Cela va affecter les coûts pour chacune des municipalités
concernées. Il y aura une quote-part à payer. Il y aura un
remboursement de l'emprunt en question. Il n'y aura plus de contrôle. On
rouvre la porte.
M. Marcoux: Cela va changer un peu la chose. Je me demandais
pourquoi supprimer... Comme on approuve tous les règlements d'emprunt,
pourquoi ne pas approuver aussi les règlements d'emprunt des MRC? En
fait, ce que cela change, c'est que ce n'est pas le gouvernement qui va avoir
à approuver les règlements d'emprunt des MRC, mais le ministre
des Affaires municipales. Le ministre des Affaires municipales va
également garder ses règlements d'emprunt. Ce n'est pas le
gouvernement, c'est un archaïsme dans le fond. C'est le gouvernement dans
ce cas qui devra approuver les règlements d'emprunt des MRC.
M. Saintonge: Par où, puis par quel article?
M. Marcoux: C'est la règle des règlements d'emprunt
généraux qui s'appliquent à ce moment. Cela disait ceci:
ce doit être approuvé par le gouvernement dans le cas des emprunts
des MRC, Alors qu'en supprimant cela, ce qui s'applique, c'est la règle
générale d'approbation des règlements d'emprunt. C'est le
ministre des Affaires municipales qui va les approuver.
M. Saintonge: Ah Bon, Alors je m'excuse de... Pouvez-vous
m'identifier la disposition générale qui vous permet, qui vous
oblige à faire cela?
M. Marcoux: L'article 1061 du Code municipal. Alors cela va
être comme tous les autres... Ma question était: en supposant
qu'on supprime l'approbation des règlements d'emprunt des MRC puis qu'on
le maintient pour toutes les autres municipalités. On me dit: c'est le
gouvernement qui supprime l'approbation et non le ministre des Affaires
municipales. En tout cas, cela répond à mon interrogation, parce
que plus la discussion
allait, je trouvais illogique que tous les autres règlements
d'emprunt doivent être approuvés par le ministre, tous les autres
règlements d'emprunt, je veux dire à compter... alors que
ceux-là...
M. le Président, je propose l'adoption de cet article.
Le Président (M. Fallu): En conséquence, cet
article est approuvé.
M. Saintonge: Le ministre aura, non pas le gouvernement, mais le
ministre... Il y avait le ministre et le gouvernement. Là, cela va
être juste le ministre dans les procédures usuelles qui
procédera à l'adoption d'un règlement d'emprunt avec les
mêmes analyses que pour les municipalités. Adopté.
M. le Président...
Le Président (M. Fallu): Article 61? Vu qu'il y a une
volonté commune exprimée par les membres, nous allons suspendre
immédiatement.
M. Saintonge: Je voudrais juste noter là-dessus. Je
regardais au niveau des règles de pratique qui nous gouvernent.
Normalement le jeudi, les commissions doivent siéger jusqu'à midi
et demi. Hier, je ne sais pas pourquoi on a dit jusqu'à 13 heures. Je ne
sais pas pour quel motif. On a peut-être oublié qu'on était
jeudi aujourd'hui. S'il y a consentement.
Le Président (M. Fallu): II y a consentement. Nous
ajournons sine die.
(Fin de la séance à 12 h 39)