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(Dix heures dix minutes)
La Présidente (Mme Bacon): À l'ordre, s'il vous
plaît! Il m'est maintenant permis de déclarer ouverte la
séance de la commission de l'aménagement et des
équipements. Cette commission se réunit ce matin pour
procéder à l'interpellation du député de
Jeanne-Mance, adressée au ministre des Transports, sur les
problèmes que connaît l'industrie du taxi, particulièrement
sur l'île de Montréal.
J'aimerais tout d'abord rappeler les règles de cette
interpellation. Le député qui a donné l'avis
d'interpellation intervient le premier, pendant dix minutes. Le ministre
interpellé intervient ensuite pendant dix minutes. Il y a ensuite
alternance dans les interventions: un député du ou des groupes de
l'Opposition, le ministre, un député du groupe formant le
gouvernement, un député de l'Opposition, le ministre, un
député du groupe formant le gouvernement, un député
de l'Opposition, le ministre et, vingt minutes avant la fin de la
séance, le président accorde un dernier temps de parole de dix
minutes au ministre. L'interpellateur a ensuite droit à une
réplique de dix minutes. Le président met fin aux travaux de la
commission sans qu'il soit nécessaire de faire motion à cet
effet.
Je demanderais au secrétaire de la commission de faire la lecture
de la liste des députés présents.
Le Secrétaire: Merci, Mme la Vice-Présidente. Les
membres sont: Mme Bacon (Chomedey): M. Assad (Papineau) est remplacé par
M. Bissonnet (Jeanne-Mance), qui est présent; M. Beauséjour
(Iberville) est remplacé par M. Laplante (Bourassa): M. Ciaccia
(Mont-Royal) est remplacé par M. Polak (Sainte-Anne), qui est
présent; M. Fallu (Groulx) est remplacé par Mme Lachapelle
(Dorion), qui est présente; M. O'Gallagher (Robert Baldwin) est
remplacé par M. Dauphin (Marquette), qui est également
présent; M. Saintonge (Laprairie) est remplacé par M. Leduc
(Saint-Laurent), qui est présent; M. Léonard (Labelle) est
présent à titre de ministre des Transports.
La Présidente (Mme Bacon): Je donne maintenant la parole
au député de Jeanne-Mance.
Exposé du sujet
M. Michel Bissonnet
M. Bissonnet: Mme la Présidente, à chaque fois
qu'il y a un débat important, je me demande toujours où est le
sacré ministre. Il était en retard de dix minutes ce matin.
Peut-être que ce retard a été causé par l'enseigne
"Reculez", ou peut-être par le Beaujolais nouveau... De toute
façon, nous sommes ici et nous commençons le débat.
Nous interpellons le ministre des Transports sur l'industrie du taxi,
particulièrement sur l'île de Montréal. Dès 1981,
nous avons inscrit une question avec débat pour discuter des
problèmes de l'industrie du taxi. L'Opposition libérale a
été très active au plan de la commission parlementaire des
23, 24 et 25 février 1983. À la suite du dépôt du
livre blanc sur les nouvelles avenues, encore une fois, lors de l'étude
du projet de loi 47, nous avons apporté des remarques très
positives pour solutionner les problèmes que vit l'industrie du taxi, en
particulier sur l'île de Montréal.
À la suite de la déclaration du ministre en ce qui a trait
au rachat de permis, le 15 mai 1983, nous avions bien accepté ce rachat,
mais nous avions quand même émis certaines réserves
relatives au montant que chaque propriétaire d'auto-taxi devait verser
à titre de contribution au programme de rachat de permis, soit un
montant de 1500 $.
Le 2 mai 1984, le ministre des Transports publiait un règlement
sur le programme de rachat de permis. Au cours de l'été, il y a
eu beaucoup de remarques exprimées par les intervenants sur ce programme
et le ministre, dans un télégramme du 19 octobre 1984,
annonçait un nouveau programme de rachat de permis. Cependant, le
règlement du 2 mai 1984, selon nos recherches, n'a pas encore
été modifié.
Discutons maintenant du programme de rachat de permis. Le 10 avril 1984,
près de 2500 propriétaires d'auto-taxi de l'agglomération
A-11 votaient sur un programme de rachat de permis appelé
Opération 2000 et 54, 7%, soit 1369 personnes, ont voté pour ce
programme contre 1106 qui s'y sont opposées.
Actuellement, dans te programme Opération 2000, selon les
informations des
journaux, il y aurait 1100 propriétaires de permis qui auraient
fait une demande au comité de programme de rachat. Le montant qui sera
payé à chaque propriétaire sera de 12 000 $. Le ministre a
annoncé, compte tenu de l'échec de l'Opération 2000, une
réduction de 1500 $ à 1000 $. C'est donc un changement
unilatéral de ce programme de rachat, les membres n'ayant pas
été consultés à ce sujet.
Je me permets de citer un article du Journal de Montréal du 7
octobre 1984, écrit par M. Marcel Côté, bien actif dans le
domaine du programme de rachat de permis, intitulé "Personne ne
gère le plan. Cela va tout croche. " L'article se lit comme suit: L'un
des principaux administrateurs responsables du rachat des permis de taxi
à Montréal, lancé en vertu du décret gouvernemental
du 2 mai 1984, reproche au gouvernement québécois son inertie
dans le domaine. M. Côté a affirmé que le gouvernement ne
remplit pas son rôle dans cette matière. Personne ne gère
le plan de rachat. Il n'y a pas de mandataire, pas de chef d'orchestre. Le
grand responsable, le maître d'oeuvre n'est pas là. Il n'est pas
nommé. Le gouvernement hésite, cela crée de la confusion,
cela va tout croche, dit-il. Les artisans, eux, sont d'avis qu'il faudrait
éclairer tous les chauffeurs intéressés et procéder
à un second vote sur le plan de rachat mis en branle. Si le plan de
rachat de mars était suivi, auquel le gouvernement lui-même a
collaboré, tout serait réglé. Les 2000 permis voulus
seraient déjà rachetés estime, ostensiblement convaincu,
M. Marcel Côté.
Depuis l'annonce du rachat de permis, il y a eu une incidence importante
sur la location de voitures par les flottes d'automobiles. Le prix pour louer
une auto, par jour, était de 32 $ au mois de mars dernier. Maintenant,
ceux qui sont locataires d'autos, louées en grande majorité dans
les compagnies de flotte, paient aujourd'hui 38, 00 $.
Nous remarquons qu'il n'y a aucun décret en ce qui a trait
à la location des voitures de taxi. Qu'arrivera-t-il du prix de
location, à la suite du rachat des 1100 permis? Là encore, ce
sera toujours le petit chauffeur de taxi qui sera touché. On augmentera
sensiblement son droit de travail. Pour travailler, il devra louer une voiture
à un montant substantiel.
Je tiens à souligner au ministre qu'il y avait eu une rencontre
entre l'ancien ministre des Transports, M. Clair, et les ligues de taxi. Je me
permets de citer une déclaration du vice-président de la ligue
des taxis, M. Mansuy. Il ajoute qu'il serait d'accord pour que 2000 permis de
taxi soient retirés sur le territoire A-11. Cependant, il craint que
certains problèmes puissent se poser relativement aux modalités
de rachat ainsi qu'aux coûts qui seront occasionnés par les
propriétaires de taxi restants. Dans cette optique, il croit qu'il
serait peut-être préférable de commencer par racheter un
nombre inférieur de permis et envisager un certain contingentement.
Exemple: une personne, une voiture.
J'aurais, dès le début de ce débat, quelques
questions à poser au ministre. Ou bien qu'il en prenne note. Le ministre
peut-il nous indiquer si les signataires de l'offre de participation au
programme de réduction de permis ont reçu - tous ceux qui ont
reçu un formulaire pour que leur permis de taxi soit racheté - en
date d'aujourd'hui, le montant de 5000 $ qui est prévu dans les modes de
paiement du contrat.
Le ministre peut-il nous informer, à la suite de la requête
de nombreux propriétaires de taxi, s'il entend demander un nouveau vote
sur son nouveau programme de rachat de permis, compte tenu que
l'Opération 2000 n'a pas fonctionné comme prévu? Autre
question au ministre: Sur les 1100 personnes qui ont, à ce jour,
signé une offre de participation, combien y en a-t-il qui ont
décidé de se retirer du plan? Selon les informations, il y aurait
1100 demandes de transfert de permis par le programme de rachat et, selon les
informations que nous possédons, Il y aurait plusieurs personnes qui ont
signé ces formules de rachat qui, aujourd'hui, ont fait une demande de
retrait de leur offre à la Commission des transports.
Le ministre pourrait-il nous informer également s'il y a des
propriétaires de flotte de voitures-taxis qui participent au programme
de rachat de permis? Sur les 1100 permis, au moment où on se parle,
combien y a-t-il de permis de flotte de taxis qui seront
récupérés? Est-ce qu'il y en a ou si ce sont simplement
des propriétaires artisans, des propriétaires uniques qui ont une
ou deux voitures?
J'ai lu un article dans le journal qu'à la suite d'un nouveau
programme d'inspection des voitures taxis il en coûtera un montant de 85
$ lorsque la CUM déposera ses règlements. On nous informe - et
c'est dans l'article du journal - qu'il y aurait un montant de 85 $ à
payer par le propriétaire d'auto-taxi pour les fins d'examen de son
véhicule.
Au cours de ce débat, Mme la Présidente, nous toucherons
également au transport collectif. Nous toucherons le problème de
la sécurité routière; nous toucherons aussi le
problème des limousines, en particulier dans la région de
Québec, et nous toucherons le problème des concessions
gouvernementales dans les domaines public et parapublic en ce qui a trait au
coût que les propriétaires de taxi doivent contribuer en
supplément des montants qu'ils versent déjà à titre
de propriétaire de voiture-taxi.
Maintenant, nous passons au ministre.
La Présidente (Mme Bacon): M. le ministre des
Transports.
Réponse du ministre M. Jacques
Léonard
M. Léonard: Mme la Présidente, nous discutons ce
matin d'un programme de rachat de permis de taxi qui a été mis au
point, en particulier, par le milieu lui-même. Je rappellerai en guise
d'ouverture ce qui s'est passé dans tout ce dossier depuis le
début.
Je crois qu'il faut dire que mon gouvernement est le premier
gouvernement qui se soit intéressé de façon
concrète à l'industrie du taxi. Auparavant, on en avait
parlé beaucoup, on avait gratté beaucoup les plaies, mais on
n'avait rien fait pour les guérir.
Il s'est écrit, en 1982, le livre blanc sur le taxi avec la
collaboration de l'industrie et des artisans de ce secteur. Le livre blanc
proposait un programme d'actions qui devait se réaliser graduellement en
trois volets. Il s'agissait d'élargir, d'abord, le rôle du taxi en
offrant de nouveaux services aux usagers afin qu'il s'intègre mieux au
réseau actuel du transport des personnes. Donc, c'était une
approche de développement de nouveaux marchés pour le taxi.
Le deuxième volet consistait à assouplir le cadre
réglementaire qui régit l'industrie pour permettre aux instances
locales de mieux jouer leur rôle, donc d'amener les municipalités
ou les organismes intermunicipaux à s'intéresser aux taxis.
Enfin, comme troisième volet, il s'agissait d'affirmer
l'existence, des ligues pour qu'elles favorisent, à partir du milieu
lui-même, le développement de ce type de transport, donc
responsabiliser les ligues.
Je crois qu'il faut dire, il faut convenir que dans ces trois volets le
gouvernement a affirmé sa volonté comme aucun ne l'avait fait
auparavant. Il a présenté la loi sur le taxi, qui a
été adoptée en décembre 1983 à
l'Assemblée nationale, et les grandes solutions avancées par
cette loi étaient d'arrêter la tendance de centraliser à
Québec les contrôles sur l'opération de ce service de
transport public, comme nous l'avons fait pour d'autres modes de transport, par
exemple, dans d'autres lois comme la loi de la CTCRO, la loi sur la
société de transport de Laval qui accorde le pouvoir aux
élus municipaux et dont nous aurons à débattre
bientôt.
Il s'agissait, par la loi, d'ouvrir de nouveaux marchés pour
combattre l'érosion de la clientèle traditionnelle qui
était largement causée par le phénomène de banlieue
et l'accroissement du parc des automobiles individuelles. Quand on compare les
chiffres, cela devient éclairant. En 1958, ce parc d'automobiles
était de 968 000, alors qu'en 1981 il était de 3 514 000. Il
s'agissait donc d'ouvrir de nouveaux marchés, soit en permettant le taxi
collectif, le transport de biens, de marchandises et aussi le transport de
citoyens handicapés. Il fallait aussi ne pas oublier l'engagement
à simplifier la réglementation et à la rendre plus
dynamique.
Au dépôt de la loi, cette mise en application était
prévue pour la fin de l'année 1984. En décembre, il y aura
consultation sur l'ensemble de l'industrie sur un projet de règlement
que nous espérons déposer bientôt, pour impliquer dans
cette consultation la fédération des ligues, les ligues
elles-mêmes, les associations de services, les artisans et les
propriétaires. Dès que le règlement sera prêt, nous
ferons cette consultation avec le milieu.
Depuis, qu'est-ce qui a été fait en ce qui concerne les
nouveaux marchés? Il s'agit, dans ce concept, d'augmenter la
rentabilité de chaque véhicule-taxi en l'utilisant mieux plus
souvent. Il fallait donc trouver des clientèles supplémentaires
et cela a été fait en termes de services aux handicapés,
à la CTCUQ (la Commission de transport de la Communauté urbaine
de Québec) à la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal pour les secteurs est et ouest, à la CTRSM
depuis septembre, et à toutes les corporations de transport en
général. Partout, il y a des chiffres de performance qui parlent
par eux-mêmes; il en coûte moins cher par tête d'habitant,
par transporté, d'utiliser le taxi que d'utiliser d'autres types de
véhicule. En particulier, à ta CTCUQ la preuve a
été faite, il s'agit d'un rapport de 2-1 et parfois même de
3-1.
Dans le cas du taxi collectif, vous avez remarqué que dans la loi
de la société de transport de Laval il y a un article qui
favorise le transport collectif et qui confirme la volonté du milieu,
comme celle du gouvernement, d'utiliser davantage le taxi. Il y a des
expériences, en particulier celle qui a été faite à
Châteauguay dans le secteur, comme d'autres transporteurs. Il y a aussi
toutes sortes d'initiatives, du genre taxi-DAC parce que les SIDAC veulent
utiliser davantage le taxi. Il y a aussi le transport de colis qui est
dorénavant permis; il y a des offres qui ont été faites
par les ligues de taxi elles-mêmes de faire du transport scolaire. Bref,
il y a un éveil à ouvrir ces nouveaux marchés aux taxis et
eux-mêmes y collaborent très étroitement, d'ailleurs. Ce
sont les premiers intéressés.
Sur l'autre aspect des choses, quelle a été la place faite
aux autorités locales? Vous savez que la Communauté urbaine de
Montréal porte un grand intérêt à l'avenir du taxi
et à la qualité du taxi sur son territoire. Je suppose bien aussi
que les autres communautés, les autres villes l'ont déjà
fait jusqu'ici ou attendent l'expérience
qui sera tentée à la CUM. La CUM a en effet inclus
à son budget de 1985 la création d'un bureau du taxi. Le
ministère lui-même est en négociation avec la CUM à
propos de ce transfert de juridiction qui concerne d'ailleurs la Régie
de l'assurance automobile comme la Commission des transports. Il y a
effectivement des amendements nécessaires qui sont à
l'étude et des budgets qui sont en préparation tant au niveau de
l'implantation que de la mise en oeuvre.
En ce qui concerne un bureau du taxi, tous les intervenants ont comme
objectif l'autofinancement de ce bureau. Nous avons entendu des gens du taxi de
Montréal qui nous ont fait part de leurs craintes à ce sujet et
de leurs espoirs, aussi, qu'ils voyaient dans ce transfert de
responsabilité. Donc, Il y a un bon rythme et tout arrive comme
prévu.
Place est faite aussi à l'industrie du taxi elle-même. Je
crois que l'on doit remarquer la grande qualité d'intervention, le
réalisme économique de la part de l'ensemble des ligues de
taxi.
Nous avons d'ailleurs accordé, quant à nous, une
subvention à la Fédération des ligues de taxi lors de
l'examen de la loi sur le taxi en décembre 1983. La
fédération va faire de même et va prêter sa
collaboration à l'étude du nouveau règlement lorsqu'il
viendra. Je crois que c'est un exemple de prise en main par l'industrie
elle-même de son avenir que celui du plan de rachat de permis par
l'industrie de l'agglomération A-11. Ce plan a été
préparé grâce à nos subventions par la Chambre de
commerce de Montréal, une firme de recherche SECOR. Il a ensuite
dû passer l'étape d'un référendum, où une
majorité de 54% des détenteurs se sont dits favorables, avec un
nombre record de voteurs, pour les taxis. (10 h 30)
II y avait dans ce plan l'hypothèse d'un objectif maximal d'un
retrait de 2000 permis et de frais annuels pouvant atteindre 500 $, qui a donc
reçu l'adhésion de la majorité. Le plan a fait l'objet
d'éditoriaux favorables au moment du référendum et le 23
octobre dernier, lorsque nous avons donné le feu vert au rachat, il y a
eu encore des éditoriaux -en particulier, celui de la Presse - qui
étaient favorables et qui disaient voir enfin luire l'espoir.
Il s'agit là d'un plan préparé par le milieu. Il
faut insister là-dessus. Le gouvernement a décidé de
l'appuyer. Il a investi pour lui quelque 200 000 $ dans sa préparation
et sa promotion, comme le demandait le conseil d'administration de la ligue
A-11. Quant à lui, le ministère des Finances a lancé des
appels d'offres pour le choix d'un fiduciaire, nécessaire à
l'administration du plan. Nous avons choisi la banque d'épargne qui
soumettait l'offre qui coûterait le moins cher à l'industrie. Sur
ce plan, en tout cas, il y a des discussions qui se sont engagées; quant
à la banque d'épargne, nous pourrons préciser davantage
tout à l'heure. Donc, le ministère des Finances doit maintenant
choisir l'institution prêteuse. Nous allons choisir l'option la moins
coûteuse pour avantager le plus possible la ligue des taxis. L'ensemble
du plan dans l'état actuel est encore moins coûteux à
chacun des propriétaires. Le retrait de 1500 permis va coûter
autour de 1000 $ par année et il accroîtrait la rentabilité
nette d'environ 30% pour chacun des permis. Alors, tout cela, au moment
où nous en sommes, semble une étape réaliste. La chambre
de commerce nous a donné le feu vert dès que le cap des 1000
permis a été atteint. L'ensemble des élus de
l'agglomération et du conseil d'administration du comité de
rachat nous ont demandé unanimement de procéder
immédiatement au rachat au prix de 12 000 $♦ Alors, il y a
quelques opposants qui ont d'ailleurs été rencontrés et
dont la position repose sur l'obligation d'un nouveau référendum,
sur un certain nombre de choses. Mais ce que je veux dire en conclusion c'est
que le gouvernement s'est occupé de l'avenir du taxi et du
présent du taxi au Québec avec l'appui et le dynamisme du
milieu.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Vimont.
Argumentation M. Jean-Guy Rodrigue
M. Rodrigue: Merci, Mme la Présidente. En fait, dans la
foulée de ce que vient d'indiquer le ministre, il est bon de se souvenir
que l'industrie du taxi a connu des périodes un peu difficiles dans le
passé et a donné lieu à de nombreux rapports qui,
finalement, n'ont pas changé grand-chose à la situation des
propriétaires et opérateurs de taxis.
En fait, si on fait un résumé des études ou encore
des rapports de commissions qui ont siégé là-dessus, on
peut se souvenir qu'en 1940 il y a eu la commission Schubert, en 1946, la
commission Asselin, en 1953, la commission Dawson, en 1963, la commission
Harold et, finalement, en 1970, le rapport Bossé. Tous ces intervenants
avaient fait des recommandations qui allaient un peu dans le même sens,
c'est-à-dire qu'ils restreignaient et réglementaient
l'opération de l'industrie; ils ont tenté d'uniformiser...
Finalement, ils ont un peu encarcané l'industrie dans un tas de
réglementations et tout cela a fini par aboutir à Québec
où cela a été centralisé, alors que pendant une
certaine période de temps cette réglementation était
administrée par les autorités locales.
Cela était plus facile à mon sens, Ies autorités
locales étant plus près des citoyens à cet
égard-là et aussi la situation étant très
différente. Quand on est à Gaspé, ou à Rouyn, ou
encore à Granby, ce n'est pas la même chose, l'industrie du taxi,
que lorsqu'on est à Montréal. Enfin, il y a des
éléments qui se ressemblent et qui sont identiques, mais il y a
également des points de différence importants. De sorte qu'il
fallait, pour essayer de régler les problèmes que toute cette
centralisation et toute cette réglementation pouvaient avoir
engendrés en plus des autres problèmes qui découlent des
conditions économiques, une nouvelle approche au dossier du taxi. C'est
ce que le gouvernement du Québec a fait en publiant son livre blanc sur
l'industrie du taxi, auquel s'est référé le ministre tout
à l'heure.
Ce livre blanc, qui a été analysé, a donné
lieu à d'importantes représentations et d'importants
mémoires qui ont été présentés devant la
commission parlementaire qui était chargée de l'étudier.
D'ailleurs, le titre était assez évocateur, c'était: De
nouvelles avenues pour le taxi. C'était pour tenter de sortir des
sentiers battus, de la réglementation à outrance, d'avoir une
approche nouvelle pour aborder les problèmes de cette industrie, les
aborder dans un esprit de responsabilisation des intervenants eux-mêmes
et, également, de décentralisation de certains pouvoirs
vis-à-vis des autorités locales.
Récemment, j'ai eu l'occasion de rencontrer le président
de la Fédération des ligues de taxis du Québec, M.
Jean-Guy Pelletier, qui est un citoyen de mon comté, donc c'était
plus facile, il habite tout proche de mon bureau. Il est venu me voir et on a
jasé pas mal sur la façon dont cela se déroule, le climat,
les problèmes qu'il pouvait encore y avoir. Bien sûr, il y a
encore des choses à régler, tout ne s'est pas réglé
d'un coup sec. Mais ils sont très satisfaits de l'approche du
gouvernement et aussi de l'ouverture que le gouvernement manifeste dans ce
dossier.
Lors de l'étude d'un des projets de loi, la loi 47 qui
découlait, en fait, des études et des constatations qu'on avait
faites à l'occasion de la publication du livre blanc, le gouvernement
avait accordé une subvention à la Fédération des
ligues de taxis pour qu'elle puisse consulter ses membres, pour saisir ce qui
était important pour eux, quelles étaient les avenues de solution
qu'ils voulaient apporter et être en mesure de venir informer le
gouvernement convenablement des désirs des chauffeurs de taxi.
Dans ce sens-là, l'approche que le gouvernement a prise, à
savoir d'impliquer le milieu et, en même temps aussi, d'aller vers une
décentralisation et une "responsabilisation" des intervenants du milieu
plutôt que de tenter de tout centraliser à Québec, Mme la
Présidente,, je pense que c'est la bonne approche. Maintenant, dans
cette foulée, il s'agit de prendre les problèmes un à un,
comme ils se posent, et de les régler. Et je pense que
déjà, jusqu'à présent, cette méthode et cet
état d'esprit ont fait que les résultats sont relativement bons.
Je pense que nous aurons l'occasion d'en parler ce matin.
Vous me faites signe que mon temps est presque écoulé.
Alors, je vais arrêter là pour l'instant, sur ces remarques
préliminaires. Mais j'ai hâte que l'on puisse parler de questions
spécifiques parce qu'il y a des choses qui se sont passées, entre
autres à Laval, qui découlent de ces décisions du
gouvernement et qui sont extrêmement intéressantes.
La Présidente (Mme Bacon): La parole est au
député de Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais parler du
problème du rachat de permis à Montréal. La situation est
sérieuse, et même désastreuse. Je dois vous dire que le
ministre ne semble pas prendre ce débat trop au sérieux, il n'a
répondu à aucune question du député de Jeanne-Mance
et j'ai bien noté qu'il est rentré douze minutes en retard, avec
un air un peu nonchalant. Je pense que sa responsabilité va un peu plus
loin que cela.
Dans son communiqué de presse, il dit, et je le cite quand il
parle de l'industrie du taxi: Je lui souhaite bonne chance et un meilleur
avenir. Je dois vous dire qu'à Montréal il y a actuellement une
centaine de propriétaires de taxi qui regardent la
télévision ce matin. J'en ai parlé cette semaine avec des
propriétaires de taxi, des petits, des plus grands. Aujourd'hui, ils
sont devant leur téléviseur pour écouter. Ils veulent
avoir des réponses, de l'action et des résultats, pas juste du
bla-bla-bla.
Mme la Présidente, certains propriétaires ont voté,
dans le temps, pour une formule qui s'appelle Opération 2000. Cela
voulait dire - c'était bien entendu quand ils ont voté, avec une
maigre majorité de 54% - qu'on était pour retirer 2000 permis du
marché, au total. De plus, il était entendu dans le "package
deal", comme on l'appelle, que le prix, la cotisation annuelle était de
1500 $ par année, payable en trois versements de 500 $ chacun.
Maintenant, nous sommes arrivés au point qu'il y a 1130 offres de
vente qui ont été soumises et il y en a même quelques-uns
qui ont commencé à changer d'avis parce que vous changez les
règles à mi-fleuve. Ainsi, ce n'est pas vous, parce que le
ministre va probablement se cacher en disant que ce n'est pas lui, c'est la
ligue. Vous
avez la responsabilité, vous êtes le ministre des
Transports, vous êtes le ministre responsable dans ce dossier.
La situation est désastreuse parce que, en se basant sur
l'Opération 2000, il devait y avoir des revenus additionnels de 60% pour
ceux qui restaient dans l'industrie; avec 1200 permis, les revenus additionnels
vont être de 10%. La cotisation de 1500 $, maintenant Il y a un
changement à mi-fleuve... apparemment, la cotisation annuelle va
être réduite à 1000 $. Donc, il y en a qui disent: J'ai
vendu parce que la cotisation était à 1500 $; maintenant, je
voudrais changer d'avis, parce que si la cotisation est de 1000 $ je pourrai
continuer à exploiter mon taxi. Pensez bien à cela, il y en a qui
y pensent et ont exactement cette opinion.
Les petits propriétaires de taxi sont endettés jusqu'au
cou. Connaissez-vous le problème de l'assurance dans l'industrie du
taxi, pas seulement à Montréal, mais partout? Parlez donc avec
les chauffeurs de taxi, ici à Québec, du problème de
l'assurance et des promesses faites à l'époque par le ministre
des Finances. Il va regarder cela, c'est un scandale, c'est une situation
scandaleuse de monopole de quelques compagnies qui exigent des prix exorbitants
aux propriétaires de taxi. C'est inclus dans le coût
d'exploitation du taxi.
Le prix de vente était fixé à 12 000 $ et pas un
seul n'a reçu ses 12 000 $. C'est bien beau de venir ici douze minutes
en retard, ce matin, avec vos fonctionnaires; tout le monde s'installe bien et
on va faire un petit débat. Nous ne sommes pas ici juste pour avoir une
petite discussion, vous lisez vos notes, vos beaux documents fournis par le
gouvernement, répondez à nos questions. Commencez, dans les
prochaines cinq ou dix minutes, à répondre aux questions du
député de Jeanne-Mance. L'industrie du taxi attend ces
réponses. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bacon): La parole est au ministre des
Transports.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Mme la Présidente, je voudrais
répondre maintenant aux questions qui ont été
posées par le député de Jeanne-Mance. La première
qu'il a posée, c'est: Les signataires ont-ils reçu un paiement?
Non, le versement de la somme convenue doit se faire au moment de l'acceptation
des offres de vente par le fiduciaire à la suite de l'approbation de la
Commission des transports du Québec. Je pense qu'à l'heure
actuelle il n'y a pas eu de paiement versé.
La deuxième question, malheureusement, je ne l'ai pas entendue,
je m'excuse» Je ne sais pas si le député pourrait me la
répéter?
M. Bissonnet: Oui, la deuxième question, c'est: Le
ministre peut-il nous informer, à la suite de la requête de
nombreux propriétaires de taxi, s'il demandera un nouveau vote sur un
nouveau programme de rachat qui a été modifié?
M. Léonard: Non, ce n'est pas dans nos intentions de
demander un nouveau vote,
Disons que sur les 1148 offres reçues par le fiduciaire au 9
novembre 1984, c'est le chiffre le plus précis que nous avons à
ce moment-ci... Vous posez la question: Des 1100 propriétaires qui ont
fait une offre de vente, combien ont décidé de se retirer? II
faut dire ceci: les offres signées par les propriétaires de
permis sont irrévocables jusqu'au 31 décembre prochain, donc
1984. Ce que nous pouvons penser maintenant, c'est qu'il semblerait qu'entre 50
et 100 propriétaires auraient manifesté, pour des raisons
diverses, le désir de retirer leur offre. Le comité de rachat a
indiqué qu'il n'envisageait pas, à ce stade, d'autoriser le
retrait des offres. Je pense que, sur ce plan - je voudrais répondre
très précisément à votre question - c'est le
comité de rachat qui va statuer sur cette question.
Vous nous avez demandé aussi s'il y avait des
propriétaires de flotte qui participent au programme. Oui, il y en a.
C'est difficile d'établir des statistiques précises parce qu'il y
a, en fait, des propriétaires qui sont enregistrés sous plusieurs
noms de compagnie, par exemple, mais on a pu établir que la population
des acheteurs est globalement semblable è l'ensemble de la population
des détenteurs de permis à Montréal en ce qui concerne les
ratios flotte-artisan. Donc, la proportion des gens, des propriétaires
de flotte qui ont offert de vendre leur permis est à peu près
semblable è celle des artisans. C'est simplement au niveau des
proportions, je ne peux pas donner de chiffre précis à ce
moment-ci.
Quant au coût du nouveau programme d'inspection proposé par
la CUM, nous allons attendre que la CUM statue définitivement. Je crois
que c'est déjà inscrit à leur budget, en tout cas, ils
sont en période d'acceptation du budget présentement, et on va
déterminer avant la fin de l'année, au moment de l'adoption du
budget, quel sera le coût pour chacun des permis de taxi en ce qui
concerne l'inspection. La réponse, en fait, appartient à la
CUM.
La Présidente (Mme Bacon): La parole est à Mme la
députée de Dorion. (10 h 45)
Mme Huguette Lachapelle
Mme Lachapelle: Mme la Présidente, je pense que personne
n'est sans savoir que le dossier du taxi me préoccupe et
m'intéresse
depuis longtemps. C'est sûr que j'ai des questions qui sont
complétées par les réponses du ministre, mais je suis
toujours un peu inquiète. Entre autres, je m'inquiète de ceux qui
ont voté à 54, 7%. C'étaient les propriétaires de
taxi qui étaient les plus intéressés à vendre leur
permis. Ils se sont prononcés sur un plan de rachat de 2000 retraits de
permis. Est-ce que le ministre pourrait me dire - parce qu'on sait que tout le
monde est impliqué, que tout le monde va se prendre en main et
participer à ce plan de rachat - quelles sont les
pénalités qui seront imposées à ceux qui refuseront
de payer? Il y en a qui ont voté pour, mais il y en a d'autres qui vont
être obligés d'y participer, même sans le vouloir. Est-ce
qu'il y aura des pénalités pour les gens qui refuseront de
payer?
M. Léonard: Oui. Le paiement des droits va être fait
en même temps que l'on fera le renouvellement du permis à chaque
année, au moment du renouvellement du permis. C'est à ce
moment-là que quelqu'un pourra être passible de perdre son permis
s'il ne payait pas...
La Présidente (Mme Bacon): M. le ministre, il faudrait que
Mme la députée de Dorion utilise son droit de parole de cinq
minutes. Le ministre pourra lui répondre au moment de sa prochaine
intervention.
Mme Lachapelle: Très bien. Voici ma deuxième
question. Vous aviez parlé des droits de transfert. Comme ce ne sont pas
toutes les personnes qui auront à payer le droit de transfert,
j'aimerais que le ministre explique davantage en profondeur le droit de
transfert de 10 000 $. Je sais que ce n'est pas tout le monde qui aura à
payer ce droit de transfert. J'aimerais que le ministre me dise qui aura
à payer ce droit de transfert et qui n'aura pas à le payer.
Une autre question qui nous est souvent posée, un peu comme pour
les membres de l'Opposition parce qu'ils rencontrent probablement les
mêmes personnes que moi, est celle de l'inquiétude des petits
chauffeurs de taxi qui doivent payer actuellement plus de 5 $ par jour pour la
location de leur voiture. Est-ce qu'on pourra empêcher cela aussi? Il y a
des propriétaires de flotte de taxis, que je connais, qui mettent en
vente un certain nombre de permis. Mais, finalement, s'ils s'en prennent aux
petits par la suite, je trouve cela un peu contre notre nature. C'est tout.
La Présidente (Mme Bacon): Est-ce que votre intervention
est terminée, Mme la députée?
Mme Lachapelle: Ce sera tout.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Germain Leduc
M. Leduc (Saint-Laurent): Mme la Présidente, avec la venue
du PQ au pouvoir, plusieurs Québécois avaient
espéré avoir une meilleure part des richesses. Ils avaient
espéré être des bénéficiaires de ce
gouvernement. Parmi ceux-là, bien sûr, il y a les gens les plus
modestes de la société, particulièrement les jeunes. Parmi
les gens les plus modestes, les classes les plus modestes de la
société, on peut retrouver sûrement les chauffeurs de taxi,
les gens qui vivent de l'industrie du taxi. Or, on s'aperçoit, à
la lumière de l'expérience vécue, que ce sont ceux qui
font partie des classes les plus modestes, particulièrement les jeunes,
comme je le disais tantôt, qui ont été les plus durement
frappés par ce gouvernement, par la récession qui a
été causée en grande partie par l'inertie, le manque de
solution aux problèmes économiques du Québec.
On regarde ce qui s'est fait, ce que le gouvernement a fait
là-dedans. On réalise qu'ils ont très bien
identifié les problèmes. De ce côté-là, aucun
problème. Mais il n'y a pas eu de solution. Tout ce qu'on a fait, c'est
de changer le ministre. Cela a fait que le résultat est toujours nul. On
a eu une commission parlementaire au mois de février 1983 où on a
étudié longuement le problème de l'industrie du taxi.
Ensuite, on a présenté le projet de loi 47. Dans ce projet de
loi, on a identifié des problèmes. On a dit: II faudrait
peut-être chercher des solutions dans le transport collectif, dans le
transport de colis, dans la fourniture de services spécialisés.
Encore là, on a créé des espoirs. On a parlé du
trop grand nombre de permis. Tout le monde le savait. Encore là, on a
identifié un problème qui était très bien connu. On
a établi qu'à Montréal il y avait un permis de chauffeur
de taxi pour 243 habitants, alors qu'à Toronto, c'est un pour 800
habitants et à New York, un pour 500 habitants. Il est bien
évident que nous avons trop de taxis au Québec, surtout dans la
région de Montréal. On propose donc un plan de rachat. On devait
racheter 2000 permis et augmenter de 60% les revenus des chauffeurs de taxi,
des détenteurs de permis; on devait ajouter à leurs revenus un
montant de 30 $ par jour. Les détenteurs de permis, au début,
n'avaient aucune objection à payer les 750 $ qu'on leur demandait pour
le reste de l'année 1984 et, par la suite, les 1500 $ par année
sur une période d'environ sept ans. Bien sûr, on était
d'accord, parce qu'on espérait avoir de meilleurs revenus. La
réalité a été tout autre. On s'est aperçu
qu'il n'était pas possible d'obtenir le rachat de 2000 permis; on a donc
parlé de 1100. Pour certains,
1100, c'est l'équivalent de rien parce qu'on dit qu'apparemment
il peut y avoir 1000 taxis qui, comme on dit dans cette industrie, ont le nez
collé le long des murs, ne roulent pas.
Avant de terminer mon intervention, je voudrais... Tantôt, j'ai
parlé de classe modeste, j'ai parlé des gens les plus pauvres,
les plus défavorisés de la société; je pense que
ceux-là en font partie. Selon les statistiques, un chauffeur de taxi
gagnerait en moyenne 9978 $ par année. Il y aurait une augmentation,
selon la nouvelle formule de rachat, de 10%. Tout ce qui resterait, c'est
environ 3 $, soit la différence. Vous payez 1000 $ et il leur resterait
3 $. Si on veut comparer cela au seuil de pauvreté, le Conseil du
développement social a établi que le seuil de pauvreté
pour une personne était de 9056 $. Je suppose que les chauffeurs de taxi
ne sont pas tous célibataires. Si la famille est composée de
trois personnes, le seuil de pauvreté est à 18 113 $; pour quatre
personnes, il est de 21 131 $. Le Conseil national du bien-être social a
établi que, pour une personne, le seuil de pauvreté est
établi à 7322 $. Imaginez que ces gens-là vivent nettement
en deçà du seuil de pauvreté.
J'ai une seule question à poser et je pense que c'est la question
capitale: Qu'est-ce que le ministre entend faire dans l'immédiat pour
sortir ces gens de la misère, pour leur donner un salaire, un revenu
décent, comme tout citoyen du Québec peut espérer
avoir?
La Présidente (Mme Bacon): La parole est au ministre des
Transports.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Mme la Présidente, j'ai deux
réponses à donner à Mme la députée de
Dorion, mais je voudrais d'abord répondre au député de
Saint-Laurent. Je me suis fait préparer un tableau, pour répondre
exactement à votre question, à savoir ce que le ministre entend
faire pour améliorer les conditions de vie des propriétaires de
taxi. Je pense que vous avez posé la bonne question.
Il y a différentes hypothèses posées par SECOR,
soit le rachat de 2000, de 1500 ou de 1200 permis. En passant, je voudrais
simplement parler du texte distribué aux propriétaires de taxi
avant le vote, dans lequel on disait ceci: L'objectif visé par le plan
de rachat est un retrait maximal de 2000 permis dans l'agglomération
A-11. Le nombre de retrait pourrait être inférieur. Le mot
"inférieur" était souligné dans le texte. C'est donc dire
que ce n'était pas un engagement absolu de racheter 2000 permis, mais un
nombre maximal qui pouvait être inférieur et, déjà,
l'hypothèse avait été avancée.
Dans le cas où vous aviez 2000 permis rachetés, la dette
totale était de 24 900 000 $, les droits annuels de 1583 $, le revenu
brut généré de 14 579 $, le revenu brut annuel
généré par permis restant était de 14 000 $ et le
revenu net annuel généré par permis, droits annuels
soustraits, était de 7000 $.
Si l'on se réfère maintenant à l'hypothèse
de 1200 permis rachetés, le total de la dette était de 14 400 000
$, les droits annuels par permis restant étaient de 763 $ au lieu de
1500 $, le revenu brut annuel additionnel généré par
permis de 7000 $ et le revenu brut annuel généré par
permis, en soustrayant, devient de 3451 $. Cela peut simplement répondre
à votre question de savoir ce que l'on fait pour améliorer le
revenu des propriétaires de taxi. Cela améliore la situation
économique de chacun des taxis qui restent dans le milieu. Je pense que
c'est important de le souligner. Donc, nous faisons des choses, mais nous ne
les faisons pas nous-mêmes, mais en appliquant le plan que la ligue des
taxis nous a proposé. Maintenant, si vous me permettez - je ne sais pas
s'il me reste beaucoup de temps pour répondre à Mme la
députée de Dorion...
La Présidente (Mme Bacon): Deux minutes, M. le
ministre.
M. Léonard: Elle a posé un certain nombre de
questions quant au paiement des droits et s'il y avait des
pénalités. Il y a effectivement des conditions nécessaires
au renouvellement du permis et la condition, c'est que le droit soit
payé à chaque année, Ce droit est payable en quatre
versements pour faciliter les choses aux propriétaires de taxi. Il y a
un taux d'intérêt qui sera applicable sur les sommes dues
après échéance. Il n'y a pas, si vous voulez, de
pénalités prévues dans la loi. Il n'y a pas de sanction,
mais c'est simplement au niveau du renouvellement du permis qu'à ce
moment-là, si quelqu'un n'a pas payé son permis, celui-ci sera
retenu jusqu'à ce qu'il ait payé.
En ce qui concerne le droit de transfert, si les permis qui font
actuellement l'objet de transfert le sont en dehors du cadre du plan de rachat,
effectivement, celui qui veut le faire en dehors de ce cadre doit payer un
droit de transfert de 10 000 $. S'il le cède, il n'a pas à payer
ce droit. Il y a des exceptions prévues. On envisage de le faire,
même si le règlement n'est pas encore terminé, en cas de
décès, s'il y a un lien familial direct, ou s'il y a une
invalidité qui empêche d'obtenir le permis de conduire de la
classe 31.
Enfin, la troisième question portait sur l'impact, sur les
locataires de véhicule. Je crois qu'il faut laisser jouer les forces du
marché sur ce plan. Le marché va établir le
nouveau taux de location. Bien sûr, il y a des variations au
moment où l'on se parle, mais je suis convaincu qu'il s'établira
un équilibre dans le temps et qu'il faut laisser jouer les forces du
marché. On ne peut pas par règlement fixer le taux horaire de
location d'une voiture-taxi. Les chauffeurs vont sûrement conserver une
partie du gain réalisé. Ils pourront bénéficier de
conditions de travail améliorées sûrement, puisqu'ils
auraient normalement un moins grand nombre d'heures de travail pour gagner un
revenu équivalent ou supérieur.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Bourassa.
M. Patrice Laplante
M. Laplante: Mme la Présidente, le député de
Saint-Laurent, on dirait qu'il arrive tout d'un coup dans le taxi. Je ne sais
pas s'il connaît réellement la valeur des individus qui y
travaillent. Tous les lundis, ou è peu près, je déjeune ou
je dîne avec des chauffeurs de taxi dans mon comté. C'est un
problème qui est aigu d'abord, très difficile à
régler parce qu'il n'y a aucun gouvernement, jusqu'à maintenant,
qui a pu obtenir un consensus général concernant le travailleur
du taxi. Chacun a ses revendications, chaque région aussi. Si la zone
11-A a ses revendications, la zone 5 en a elle aussi.
On propose, à un moment donnés un homme, un taxi; un
chauffeur, un taxi. D'autres proposent d'autres solutions. On essaie d'avoir
des approches globales pour le taxi. C'est une formule qui a été
trouvée pour le rachat du taxi. Elle n'est pas parfaite, elle a ses
inconvénients. Un des principaux inconvénients que je vois
actuellement c'est ceci: Pourquoi celui qui vend son taxi n'est-il pas
payé tout de suite, ou plus rapidement? Je pose la question au ministre.
Il n'y a pas possibilité de réparer cette lacune-là? Si je
vends mon taxi, il faut que je sois payé et que j'en finisse avec cela
tout de suite; ne pas attendre le temps qui fuit entre les deux.
Maintenant, on dit: Qu'est-ce que le gouvernement a fait pour le taxi
cette année, depuis qu'il est là? II en a fait beaucoup. D'abord,
il a réussi à débloquer des avenues nouvelles pour le taxi
à partir du transport des handicapés, le taxi collectif. Il est
important pour le taxi de ne pas se retrouver toujours à Québec
concernant une politique provinciale du taxi. Il y a une
décentralisation qui se fait actuellement à la Communauté
urbaine de Montréal où les règlements concernant le taxi
à Montréal sont complètement différents de ceux
d'un taxi en province. On pourra sur place régler les problèmes,
les adapter au moins aux taxis qui sont là.
(11 heures)
C'est une industrie qui est très difficile pour tous ceux qui y
ont travaillé. Ceux qui le voient de l'extérieur ne le pensent
peut-être pas. Les partis politiques savent que le taxi est un
haut-parleur important pour les partis politiques; c'est environ 20 000 ou 30
000 haut-parleurs dans la province, quel que soit le gouvernement. J'ai
hâte qu'on arrête de penser à ces choses et qu'on essaie de
trouver des solutions avec l'Opposition. L'Opposition ne propose rien de neuf,
rien, rien ce matin. Vous êtes encore dans les vieux dédales de
revendications que vous aviez avant 1965, avec le rapport Bossé et
autres. Aidez-nous! Votre rôle, c'est cela. Ces 30 000 travailleurs ont
besoin de tout le monde. Il me restait deux minutes.
Maintenant, la principale question que je veux poser pour venir en aide
à ceux qui vendent le taxi, souventefois, c'est par besoin qu'ils
vendent aussi les flottes. Je suis content d'apprendre qu'ils ont
participé au moins à 50% du rachat de taxi. Je demande au
ministre quel moyen il prendra pour payer le plus rapidement ceux qui ont
à vendre leur taxi.
La Présidente (Mme Bacon): Votre intervention est
terminée, M. le député. M. le député de
Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: Merci, Mme la Présidente. Le ministre vient de
montrer de belles pancartes en couleur avec toutes sortes de chiffres; 2000
permis, 1500, 1200. M. le ministre, il faut bien savoir que les
propriétaires de taxi ont accepté ce qu'on appelle
l'Opération 2000. Ils ne veulent rien savoir de vos chiffres de 1500 ou
1200. En fait, ce n'est pas 1200; c'est 1130 ou 1100. Ne commencez pas à
tricher l'industrie du taxi en venant avec des pancartes, des chiffres. Le seul
chiffre qui compte, c'est le chiffre 2000, Opération 2000. C'est pour
cela qu'ils ont voté, pas pour autre chose.
Deuxièmement, il faut bien comprendre que, maintenant, on a
changé la pratique dans tout ce plan, à mi-fleuve, et les
propriétaires n'ont pas voté pour de tels changements. C'est
très important. Vous faites un changement même de cotisations,
cela n'a pas été accepté. On parle de 5300 à
Montréal. On n'a pas pris en considération qu'il y en a 600 qui
sont ce qu'on appelle de l'industrie au mur, ce sont des taxis qui
appartenaient aux flottes qui ne marchaient pas. En fin de semaine, il y a 1000
chauffeurs qui ne travaillent pas. II faut prendre cela en considération
quand vous faites vos beaux chiffres et que vous dites combien ces gars vont
gagner de plus, parce que cela va être encore moins que ce que vos
chiffres indiquent.
Maintenant, une autre inquiétude dans l'industrie, c'est que les
gens n'ont plus confiance en vous. Je pose une autre question: Quelle garantie
y a-t-îl que le gouvernement n'émettra pas plus tard d'autres
permis, si le public commence à se plaindre du service? Avec vous, on
voudrait avoir des garanties par écrit parce qu'ils n'ont plus confiance
en votre parole.
Pour cette raison, M. le Président, les propriétaires
demandent un nouveau vote parce que la situation diffère grandement de
celle pour laquelle ils ont voté en avril. Ils ont voté pour
l'Opération 2000 et non pas pour une opération 1500, 1200, 1100;
pour l'Opération 2000, pas une autre.
Je trouve cela bien bizarre que vous disiez qu'ils ont voté pour
à 54%; 54%, c'est une faible majorité. Vous autres, vous n'avez
jamais accepté un vote de 60%, au référendum, contre vous.
Au moins, au référendum, on savait pourquoi ils ont voté;
eux savaient pourquoi ils ont voté par une faible majorité de
54%. Là, vous changez les règles du jeu et vous refusez
d'accorder un nouveau vote. Demandez donc un nouveau vote pour savoir ce qu'ils
en pensent, les propriétaires de l'industrie du taxi.
Mme la Présidente, le temps est venu pour nous de souhaiter la
bonne chance à l'industrie et un meilleur avenir. Je sais que le
ministre n'est pas toujours responsable du contenu de son communiqué de
presse; il porte la signature de Suzanne Sauvé. Je pense bien que
Suzanne va être critiquée pour cette petite remarque. Les
chauffeurs de taxi qui ont reçu cela ont trouvé cela pas mai
insultant.
Je vous souhaite bon succès et bon avenir, quand les gars sont en
faillite à cause de changements aux règles du jeu à
mi-fleuve. Ils vous demandent carrément et on répète la
même question: Avez-vous l'intention d'intervenir pour qu'un nouveau vote
soit tenu? Je vais changer la question en disant: Dites donc tout de suite
aujourd'hui qu'il y aura un autre vote; moi, ministre des Transports, je vais
faire tout mon possible et intervenir pour qu'un nouveau vote soit pris, pour
qu'on sache une fois pour toutes qu'est-ce que les propriétaires de taxi
pensent de ce système avec tout le changement à mi-fleuve, le
gros changement, avec toutes vos pancartes.
Deuxièmement, avez-vous l'intention de modifier votre
règlement? Vous avez encore le règlement qu'on a devant nous et
qui n'a jamais été officiellement changé. Avez-vous
l'intention de le faire?
Troisièmement, êtes-vous prêts à accorder un
apport, une aide quelconque pour que le plan puisse fonctionner? Nous, on a
toujours dit: On veut que le plan fonctionne. On est en faveur du plan. On n'a
rien contre le plan, mais un plan honnêtement appliqué, un plan
qui s'appelle: Opération 2000. Si ce n'est pas 2000, c'est votre
responsabilité de retourner auprès des propriétaires de
taxi et de leur demander ce qu'ils en pensent. Quand le député de
Bourassa commence à nous faire des reproches... S'il vous plaît,
depuis 1976 que vous êtes ici. Vous êtes au gouvernement depuis
huit ans, n'oubliez pas cela, et c'est encore la même situation
désastreuse. Les chauffeurs de taxi dans votre comté aussi sont
presque en faillite. Ils se plaignent, eux aussi, ils payent le même taux
d'assurance idiot et exagéré. Vous n'avez rien fait.
M. Laplante:... pour faire travailler les
députés.
M. Polak: Merci.
La Présidente (Mme Bacon): II vous reste encore une
minute, M. le député. Est-ce terminé?
M. Polak: J'en ai fait assez.
La Présidente (Mme Bacon): La parole est au ministre des
Transports.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Mme la Présidente, je voudrais quand
même rappeler une chose; par rapport à tout ce dont on a
parloté auparavant, le gouvernement actuel est le seul qui pose un geste
d'appui à un plan préparé par l'industrie elle-même,
que nous pensons correct et dans la bonne voie pour solutionner les
problèmes du taxi.
Je vois que M. le député de Jeanne-Mance vient d'arriver.
Il a été absent pour plusieurs minutes. Alors, je pense que pour
une interpellation qu'il a convoquée lui-même...
La Présidente (Mme Bacon): À l'ordre! M.
Bissonnet: S'il vous plaît!
M. Léonard:... il pourrait être un peu plus assidu
en Chambre.
M. Bissonnet: Je suis en Chambre, M. le ministre, et je tiens
à vous le dire.
La Présidente (Mme Bacon): À l'ordre! M.
Léonard: Depuis quinze secondes.
M. Bissonnet: J'étais ici à côté,
d'accord?
La Présidente (Mme Bacon): Â l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le ministre.
M. Léonard: Mme la Présidente, je
voudrais simplement rappeler au député qu'en ce qui
concerne le nombre de permis l'objectif qui était visé par le
plan de rachat, c'était le retrait maximal de 2000 permis de taxi dans
l'agglomération A-11. Le nombre de retraits pourrait être
inférieur. Je cite le texte lui-même qui a été
distribué à tous les propriétaires de taxi et sur lequel
il s'est tenu quelque 20 réunions d'information. Le montant sera
déterminé en fonction du prix, du nombre d'offres de vente
acceptables ou transmises par le mandataire aux fiduciaires, de la durée
du rachat, de la capacité de payer des acheteurs. C'est dans ce contexte
que nous avons établi le tableau que je vous montrais tout à
l'heure. Alors, je le reprends pour le bénéfice du
député.
Une voix: II faut le lui répéter.
M. Léonard: Idéalement, si on rachetait 2000
permis, le rendement pour chaque propriétaire serait supérieur,
mais même à 1200 permis, c'est déjà
intéressant. Nous améliorons la situation. Je pense qu'il faut le
constater et il faut avoir l'honnêteté de le dire. C'est dans ce
contexte, d'ailleurs, que la ligue a demandé que le plan s'applique. Au
moins, il y a un pas dans la bonne direction, ce qui n'empêche pas qu'il
puisse s'ajouter d'autres permis, d'autres propriétaires qui veuillent
vendre leur permis et, donc, aller le plus possible vers 1500 et vers 2000,
mais l'objectif maximal était de 2000, ce qui n'excluait pas que cela
puisse être inférieur. Le rendement est toujours là, le
droit annuel dans le cas où il y en 1200, c'est 763 $ et on se retrouve
ici avec un revenu net annuel additionnel de 3451 $, en moyenne, par permis.
Donc, il y a une amélioration. Nous faisons des choses. C'est, au fond,
le plan de la ligue de taxi elle-même qui est appliqué ici.
Une autre question qui a été posée par le
député: Quelle garantie y a-t-iJ qu'il n'y aura pas d'autres
permis d'émis? Moi, je puis m'engager à ce qu'il n'y ait pas
d'autres permis d'émis. Pour cela, il n'y a aucun problème, je le
dis ici. Nous demandons à la Commission des transports de ne pas
émettre d'autres permis mais, dans huit ans, quand vous serez
peut-être au pouvoir, j'espère que vous non plus n'émettrez
pas d'autres permis. Je pense que c'est cela, la garantie; c'est une garantie
des institutions démocratiques, et de ceux qui les représentent
aussi. En ce qui nous concerne, il n'y en aura pas d'autres d'émis.
Sur ce que je viens de dire par rapport au plan de rachat
lui-même, si l'on rachetait 2000 permis, effectivement, le rendement par
voiture qui reste ou par permis qui resterait serait supérieur mais,
déjà, à 1200, le rendement est significatif et il suffit,
il me semble, à justifier que l'on mette le plan de rachat en marche.
Est-ce qu'il y a besoin d'autres votes? Je crois que non. Les gens se sont
prononcés au printemps dernier, après avoir eu l'information,
chacun dans ses mains, et après avoir eu 20 assemblées où
on a discuté du plan de rachat. Ce que nous offrons, finalement, c'est
une situation qui peut d'ailleurs évoluer vers les 2000, mais nous
souhaitons qu'elle évolue le plus possible vers les 2000 permis
rachetés de sorte que le plan donne toute son efficacité. Mais,
déjà, les résultats sont assez positifs pour qu'on aille
de l'avant.
La Présidente (Mme Bacon): Mme la députée de
Dorion.
Mme Huguette Lachapelle
Mme Lachapelle: M. le ministre, à la suite de la loi 47,
il est maintenant autorisé d'oeuvrer dans différents domaines,
dont le transport des écoliers, le transport de personnes
handicapées, de colis et le transport spécialisé. Toute
forme de transport avec des individus, des employeurs, des organismes pour des
causes de travail, de loisir, d'études et de traitements
médicaux, tous ces services devront maintenant faire l'objet d'un
contrat. II y en a un, entre autres, qui m'intéresse d'une façon
un peu plus particulière: c'est le service qu'on va offrir à nos
personnes handicapées. Je sais qu'à Québec, cela se fait
depuis un bon bout de temps. Les chauffeurs de taxi sont très
intéressés et le font d'une manière très humaine et
ouverte envers les handicapés. Ce service, finalement, c'était un
problème que l'on connaissait mal et qu'on a injustement donné
jusqu'à maintenant.
Le service par taxi est peut-être un peu plus coûteux pour
ces personnes handicapées. Maintenant, c'est un service plus accessible
parce qu'aucun handicapé n'est refusé. Il n'y aura pas de
délai de 24 heures; il y aura un service plus direct et plus
adéquat pour ceux qui peuvent se déplacer. Les chauffeurs de taxi
qui se sont spécialisés dans ce type de service... M. le
ministre, je sais qu'il y a actuellement un projet pilote qui a
été mis à l'essai dans l'agglomération A-5;
pourriez-vous me dire si les autres agglomérations, A-11 et A-12,
pourront par la suite bénéficier aussi des retombées de ce
nouveau marché? C'est tout.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Marquette.
M. Claude Dauphin
M. Dauphin: Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais
dire, tout d'abord, que je suis heureux d'intervenir dans cette interpellation
au niveau de la situation de l'industrie du taxi au Québec. Dans un
premier temps, je suis d'accord avec mes collègues de
l'Opposition, à savoir que le gouvernement du Québec et son
ministre des Transports sont atteints de la maladie d'essoufflement au niveau
de la volonté politique de venir en aide aux chauffeurs de taxi du
Québec, Mais j'aimerais m'attarder sur un autre sujet qui
intéresse vivement les chauffeurs de taxi.
En tant que député, j'ai été en mesure de
recevoir plusieurs chauffeurs de taxi à mon bureau de comté et
ils m'ont fait état de la situation au niveau du Code de la
sécurité routière. On sait qu'actuellement un chauffeur
régulier ou un chauffeur de taxi qui accumule douze points d'inaptitude
voit son permis révoquer pour une période de trois mois.
Évidemment, non seulement les chauffeurs de taxi, mais ceux qui exercent
comme fonction principale le métier de conduire un véhicule
peuvent se voir décerner un permis restreint pour une période de
trois mois, sauf que le problème se trouve à l'intérieur
d'une période de deux ans. Si le chauffeur en question accumule deux
fois douze points, il voit son permis révoquer pour une période
de six mois et il est nullement admissible à un permis restreint. Ce
à quoi je veux en venir, M. le ministre, c'est ceci: étant
chauffeur de taxi et étant sur la route continuellement, les
probabilités sont qu'on soit plus susceptible d'accumuler des points
d'inaptitude qu'un autre chauffeur. C'est bien évident que pour nous,
par exemple, les députés, ceux qui voyagent entre Montréal
et Québec en voiture sont plus susceptibles d'accumuler des points que
ceux qui prennent soit l'avion du gouvernement ou ont la commodité d'une
limousine et d'un chauffeur privé.
M. le ministre, ce que je veux dire par là, c'est que les
chauffeurs de taxi, étant sur la route continuellement, sont plus
susceptibles d'accumuler des points, donc, plus susceptibles de se faire
révoquer leur permis. Après, comme je le mentionnais
tantôt, une récidive à l'intérieur d'une
période de deux ans, ils sont obligés de s'astreindre au
bien-être social. Comme vous le savez, M. le ministre, ces gens-là
ne contribuent aucunement à l'assurance-chômage. Alors, ma
question est bien simple: J'aimerais demander au ministre si, dans un avenir
rapproché, il n'a pas l'intention d'envisager une révision du
règlement relativement aux points d'inaptitude? (11 h 15)
M. le ministre, je ne vous demande pas d'annuler le règlement
pour les chauffeurs de taxi, ce que je vous demande, c'est une plus grande
latitude envers eux, puisque, comme vous le savez, ils sont continuellement sur
la route et sont plus susceptibles d'accumuler des points. C'est sûr
qu'un poisson a plus de chances de se mouiller qu'un oiseau. Dans ce
sens-là, j'ai bien hâte d'avoir votre opinion et votre
réponse sur ce sujet.
La Présidente (Mme Bacon): Avez-vous terminé, M. le
député? M. le ministre.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Mme la Présidente, je voudrais revenir
sur une question qui a été posée par le
député de Bourassa, à savoir quels moyens nous envisageons
pour payer, le plus rapidement possible, les sommes dues à ceux qui ont
offert leur permis en vente? La première des choses, comme la CTQ n'a
pas encore rendu le jugement définitif là-dessus, le
propriétaire d'un permis de taxi peut encore fonctionner avec son taxi.
Donc, il y a quand même encore des revenus qui rentrent, jusqu'à
ce qu'il soit retiré complètement.
Le jour où la Commission des transports du Québec retire
le permis, il a été entendu, dans le plan de rachat, qu'il
recevrait comptant la somme de 12 000 $, alors qu'à l'origine on avait
prévu la lui verser en deux versements, par exemple, un de 5000 $ et
l'autre de 7000 $. Le comité de rachat et la direction de la ligue nous
ont demandé de faire un versement total. Donc, le fiduciaire va
bientôt procéder à l'acceptation des offres et, à ce
moment-là, le versement sera total et ce sera sûrement d'ici au 31
décembre. Donc, il reste au plus un mois et demi - et je pense moins que
cela - avant que les versements soient effectués.
Par ailleurs, en ce qui concerne les nouveaux marchés, je pense
qu'il est important de comprendre que le rachat des permis se situe dans le
territoire de la ligue A-11 à Montréal, où tout le monde -
selon tout ce qui a été dit et écrit là-dessus - a
constaté qu'il y avait trop de permis de taxi. C'est la constatation
aussi des propriétaires actuels, à savoir qu'il y avait trop de
permis. Donc, nous avons procédé à un plan de rachat. Ceci
ne doit pas nous faire perdre de vue que, pour l'industrie du taxi en
général au Québec, il y a une autre avenue qui se
présente, c'est celle d'ouvrir de nouveaux marchés. C'est dans ce
contexte, par exemple, que nous avons autorisé les commissions de
transport urbaines à utiliser les taxis pour faire du transport de
personnes handicapées, notamment. À l'origine ou, en tout cas,
dans certains cas, des commissions de transport - c'était le cas de la
CTCUM -utilisaient des modes de transport très spécialisés
pour transporter les personnes handicapées, alors que, par exemple,
à la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Québec, on a utilisé des taxis.
Le résultat, de façon moyenne, générale,
c'est que le coût à Montréal dépassait les 40 $,
mais qu'il était de l'ordre
de 20 $ à la CTCUQ. Donc, il était deux fois plus
élevé sur le territoire de la CTCUM que sur le territoire de la
CTCUQ. Et ce voyant, les gens de la CTCUM ont aussi fait l'expérience
d'utiliser le taxi, en particulier avec la ligue de l'est de Montréal,
pour baisser les coûts du transport des personnes handicapées.
Cela est un marché qui devient ouvert aux taxis, pas seulement sur le
territoire de la Ligue A-11, mais dans l'ensemble du Québec.
Il y a beaucoup d'autres marchés. Je pense que les gens, compte
tenu du niveau élevé du coût du transport, vont prendre
davantage l'habitude d'utiliser le taxi au Québec. C'est, je crois, une
habitude qu'il faut encourager. Le taxi est un mode de transport en commun qui
évite à beaucoup de familles de s'acheter une deuxième
voiture, notamment, ou parfois même une troisième voiture. Donc,
il faut que les gens prennent l'habitude d'utiliser davantage le taxi, ce qui
va améliorer la situation de l'industrie du taxi, mais qui va aussi
rendre d'excellents services aux gens et à la population en
général.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Non, pas tout de suite.
La Présidente (Mme Bacon): Mme la députée de
Dorion.
Mme Lachapelle: Pas tout de suite. M. Laplante: Pas tout
de suite.
La Présidente (Mme Bacon): Alors, M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Michel Bissonnet
M. Bissonnet: Mme la Présidente, je vais parler des
concessions. D'ailleurs, M. le ministre, il serait peut-être bon de
répondre à la question du député de Marquette en ce
qui a trait aux personnes qui perdent leur permis de conduire, donc leur
travail pour six mois, à cause des points d'inaptitude. Vu la
circulation dans laquelle ils sont à Montréal, je dois vous dire
franchement qu'il y a souvent des infractions à cause du client, parce
qu'il est pressé. Souvent, les chauffeurs de taxi ont des billets
à cause des clients qui sont pressés, et ça peut se
comprendre.
Au niveau des concessions, en 1976, le Parti québécois
promettait d'abolir les concessions gouvernementales dans les édifices
publics et parapublics. Cela fait huit ans. Lors de l'adoption de la loi 47,
j'ai fait ajouter le paragraphe 7 - c'est M. Clair qui était ministre
à l'époque - et cet article se lit: "Établir les
conditions ou les restrictions relatives à l'accès des taxis
à un poste d'attente ou à la concession d'un tel poste sur les
immeubles et établissements publics qu'il détermine. " À
titre d'exemple, à l'hôpital Maisonneuve, 85 000 $ vont au
gouvernement du Québec pour permettre à une association de
services d'utiliser de façon exclusive l'hôpital Maisonneuve.
En 1964, le maire Drapeau avait, à l'intérieur de la ville
de Montréal, enlevé les postes privilégiés pour
donner des postes en commun à tous les propriétaires de voitures
de taxi qui paient le même prix d'immatriculation, donc qui doivent
être traités au même niveau. Transport collectif. Depuis
1980, étude par-dessus étude. Phase expérimentale. On
attend depuis trois ans que le ministère des Transports, avec la CUM ou
la CUQ, fasse des phases expérimentales. C'est un marché
où, dans l'agglomération A-11, on pourrait peut-être
retirer au moins 300 permis pour les transférer au transport collectif
pour des lignes qui ne sont pas payantes pour la CTCUM, donc pour lesquels ce
sont toujours les contribuables qui paient.
Je voudrais poser une question au ministre concernant le taxi dans la
région métropolitaine de Québec. Le ministre peut-il me
dire s'il existe des permis de limousine dans la région de
Québec? Je vais informer le ministre qu'il y a des plaques AT pour les
services de limousine pour funérailles, baptêmes et mariages. Mais
est-ce qu'il existe des limousines... Il y a des services de limousine qui sont
annoncés dans les journaux. Selon les informations que je
possède, il n'y a aucun propriétaire de limousine pour offrir un
service comme tel. S'il y en a, si c'est le cas, c'est une concurrence
déloyale envers les propriétaires de voitures de taxi de la
région de Québec.
On a parlé également d'un rabais; on a déjà
proposé ça au gouvernement, étant donné la
difficulté des artisans chauffeurs de taxi, on a parlé d'un
rabais sur la taxe de vente. Ces artisans doivent, tous les trois ans ou tous
les deux ans dans certains cas, changer leur automobile, et c'est 9%, M. le
ministre. Donc, je pense qu'à ce niveau, si on veut encourager et aider
à améliorer la situation pénible que vit l'industrie du
taxi, il pourrait y avoir un changement de politique.
Concernant les primes d'assurance, ça s'est
amélioré légèrement, mais, encore aujourd'hui, les
primes sont très élevées. Il y a également les
plaques d'immatriculation où un chauffeur de taxi paie beaucoup plus
qu'un autre propriétaire d'automobile. Là encore, c'est une
revendication constante de la ligue de taxis.
Je voudrais savoir également pourquoi le projet de rachat de
permis n'a pas fonctionné comme prévu. Pourquoi? Le montant de 10
000 $ de pénalité qui se
termine au 31 décembre, n'aurait-il pas eu lieu ou n'aurait-il
pas lieu, encore aujourd'hui, de changer cette politique pour l'établir
sur une période de deux à trois ans? Il y a peut-être
beaucoup de propriétaires qui attendent, justement, pour
transférer leur permis de taxi au 1er janvier, alors qu'ils pourront
vendre leur permis de taxi à un montant beaucoup plus
élevé qu'aujourd'hui. C'est tout, Mme la Présidente, pour
le moment.
La Présidente (Mme Bacon): La parole est au ministre des
Transports.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Mme la Présidente, je voudrais d'abord
répondre à la question posée par le député
de Marquette tout à l'heure, en ce qui concerne le Code de la
sécurité routière et la question des points de
démérite, Les points de démérite visent à
améliorer, en bout de course, la sécurité routière.
Les points sont établis selon le risque qu'une infraction
constatée représente sur le plan de la sécurité. Je
crois qu'il faut dire que les taxis, comme transporteurs publics, doivent
être doublement prudents, doublement respectueux des règles du
Code de la sécurité routière. Je crois que c'est
important.
Hier, nous avons annoncé, comme vous le savez, un gel des primes
d'assurance en ce qui concerne la Régie de l'assurance du Québec;
les primes n'augmenteront pas en 1985, pour des raisons de rendement net sur
les placements de la régie. Il reste que le nombre d'accidents mortels a
diminué un peu, mais le nombre de blessures légères a
continué d'augmenter considérablement. Comme
société, il faut absolument avoir cette préoccupation de
la sécurité routière. Les taxis, comme transporteurs
publics, doivent toujours avoir cette préoccupation en tête: la
sécurité de leurs passagers et la sécurité des gens
en général.
Là-dessus, je pense que nous avons ouvert la voie en donnant des
permis restreints dans le cas où quelqu'un doit utiliser sa voiture pour
travailler, pour gagner sa vie. Mais cela s'arrête là. Je ne pense
pas qu'on doive ouvrir cette voie de façon indéfinie, de sorte
qu'on permettrait aux gens de ne pas tenir compte du Code de la
sécurité routière. Je pense qu'il faut être
très prudent là-dessus.
En réponse aux questions du député de Jeanne-Mance,
en ce qui concerne les concessions, je sais que c'est une abolition
demandée par plusieurs ligues. Nous y pensons depuis longtemps. Nous en
avons parlé au dernier congrès de la fédération des
ligues. Nous avons aussi consulté des intervenants. Dans le prochain
règlement, j'espère bien que nous allons avoir l'occasion
d'annoncer nos intentions. Je dis tout de suite que nous sommes favorables
à cette question. Nous sommes disposés à abolir les
concessions. Je pense qu'il faut que cela soit inscrit dans le prochain
règlement.
Sur la question particulière des permis AT dans la région
de Québec, il faut savoir que quelqu'un qui possède une plaque AT
ne donne pas nécessairement le service de la limousine. Avant de
répondre à la question du député de Jeanne-Mance,
je voudrais faire une vérification. Cela me paraît important pour
ne pas donner une réponse inexacte.
En ce qui concerne les rabais donnés aux taxis, il y a d'abord,
faut-il le rappeler, le fait que les taxis disposent d'un rabais sur la taxe
sur l'essence de 500 $ par année. Déjà, c'est une des
considérations majeures que nous pouvons inscrire. Ce montant de 500 $
est quand même significatif. Par conséquent, est-ce qu'il faut
réduire la taxe de vente? Est-ce qu'il faut les exempter de la taxe de
vente? Comme gouvernement, est-ce qu'il nous faut réduire les primes
d'assurance? Je pense qu'il faut laisser jouer les lois du marché
là-dessus. En ce qui concerne la taxe, je pense que tout le monde doit
payer ses taxes. 5i on donne des exemptions à droite et à gauche,
le gouvernement devra reprendre. ailleurs les exemptions de taxes qu'il donne
ici et là, finalement. Là-dessus, je pense qu'on ne peut pas
aller trop loin.
En ce qui concerne les droits de transfert, je voudrais souligner au
député de Jeanne-Mance que je crois inexact ce qu'il a dit tout
à l'heure. Les droits de transfert continuent après le 31
décembre. La période n'est pas déterminée au moment
où on se parle. Normalement, ils continuent.
La Présidente (Mme Bacon): La parole est maintenant au
député de Bourassa.
M. Patrice Laplante
M. Laplante: Je ne sais pas si c'est faisable, M. le ministre,
mais voici. Le gouvernement donne, par la voie de la déclaration
d'impôt, une déduction d'environ 500 $ de compensation sur la taxe
sur l'essence au chauffeur-propriétaire de taxi. Est-ce que ce montant
de 500 $ n'aurait pas pu servir directement au rachat du permis de taxi, au
lieu de l'appliquer comme déduction dans la déclaration
d'impôt? Peut-être que cela affecterait moins les personnes
concernées.
Il y a autre chose. On sait que 250 $ multiplié par 4, cela fait
1000 $ par année pendant sept ans, selon la nouvelle politique de rachat
des permis de taxi. Est-ce que celui qui voudrait payer comptant pour les sept
ans pourrait bénéficier d'une diminution sur les
intérêts qui pourraient être calculés sur la
période de ces sept ans?
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Bourassa devra utiliser tout son temps...
M. Laplante: Oui. Je voudrais garder mon droit... Pardon?
La Présidente (Mme Bacon): Vous devrez utiliser tout votre
temps. Si vous n'utilisez pas tout votre temps de cinq minutes, les quelques
minutes qui resteront de votre droit de parole seront perdues.
M. Laplante: Est-ce que j'aurai la chance de revenir?
La Présidente (Mme Bacon): Non, ce sera terminé.
Par la suite, il y a une intervention du ministre et une intervention du
député de l'Opposition. (11 h 30)
M. Laplante: Dans ce cas, je vais prendre les quelques minutes
qui me restent. Je trouve curieux, étant donné le peu de temps
qu'il reste, que l'Opposition n'ait pas encore soulevé un
problème aigu dans l'industrie du taxi, soit celui du racisme. Je trouve
curieux que le député de Jeanne-Mance, qui défend tout le
monde, n'ait jamais dénoncé le racisme qui provient et qui existe
surtout dans son comté. Il s'y fait actuellement une concurrence que
j'appelle déloyale de la part d'une compagnie de taxi versus une autre
compagnie qui emploie actuellement des noirs. Cette dernière
éprouve même des difficultés financières,
peut-être un peu à cause de toute cette concurrence
déloyale entre les deux compagnies. Le député de
Jeanne-Mance parle de toutes sortes de droits, mais il n'a jamais mis le doigt
là-dessus pour condamner ce qui se passe dans son propre comté.
Il ne devrait pas y avoir deux poids, deux mesures. Les parlementaires
devraient, à l'unanimité, condamner le racisme qui existe dans
l'industrie du taxi. Il ne devrait pas y avoir de différence entre une
association ou l'autre.
Je demande au ministre, à la suite des jugements survenus dans
l'industrie du taxi et à la suite de la première enquête
dont le dossier final vient de nous parvenir, s'il a l'intention d'aller en
appel de ces jugements.
La Présidente (Mme Bacon): II vous reste encore deux
minutes, M. le député de Bourassa. C'est terminé?
M. Laplante: Oui.
La Présidente (Mme Bacon): M. le ministre des Transports,
une dernière intervention de dix minutes.
Conclusions M. Jacques Léonard
M. Léonard: Très bien, Mme la Présidente. Je
pense que nous avons eu l'occasion de voir ce qu'il en était et de
donner un certain nombre de renseignements. Je voudrais, avant de conclure,
répondre à la question du député de Bourassa,
à savoir si quelqu'un peut verser, dès le départ ou d'un
seul coup, la somme qu'il doit verser, selon le règlement, sur une
période de six ou sept ans. Je pense qu'il s'agit là
d'arrangements individuels qu'un propriétaire peut prendre avec le
fiduciaire ou avec la banque prêteuse. Je pense qu'il peut s'adresser
à la banque et cela m'étonnerait... Tous ces arrangements sont
possibles dans n'importe quelle entreprise et cela peut très bien se
négocier.
En ce qui concerne l'autre question que vous avez posée, oui, il
y a eu deux jugements. Je crois savoir que le ministère de la Justice de
qui...
M. Laplante: Les 500 $...
Mme Lachapelle: Le crédit d'impôt de 500 $.
M. Léonard: Un petit moment. Concernant le crédit
d'impôt, je pense que c'est le propriétaire lui-même qui
peut le proposer, qui peut devancer son échéancier de rachat. Je
croirais difficile d'inclure dans un règlement toutes sortes de
situations particulières ou individuelles. Mais la porte est
sûrement ouverte par rapport à un fiduciaire. Je suis convaincu
qu'il y a moyen pour un fiduciaire de négocier des choses comme
celles-là sur la base d'arrangements individuels.
En ce qui concerne les jugements des causes dont vous parliez - qui
relèvent, d'ailleurs, du ministère de la Justice et non du
ministère des Transports - je crois savoir qu'ils seront portés
en appel. Je suis d'accord avec vous pour déplorer la situation actuelle
dans l'industrie du taxi à Montréal. Je crois savoir qu'elle
existe surtout dans les limites de Montréal et que tout cela
relève de l'application de la Charte des droits et libertés de la
personne. Dans ce contexte, il faut quand même faire attention et
j'espère bien qu'au cours de la consultation qui aura lieu en vue de
l'application du règlement ou lors de la discussion au sujet du
règlement on pourra, dans la mesure du possible, inclure des
dispositions qui pourraient empêcher de telles pratiques de se
poursuivre, bien que, dès le départ, il faut être
très conscient qu'on ne peut introduire dans un règlement tout le
contenu de la Charte des droits et libertés de la personne. Ce sont les
balises que nous nous donnons.
Je voudrais simplement, en guise de conclusion, dire un certain nombre
de choses par rapport à ce plan. Le plan de rachat, à mon sens,
représente une occasion unique d'améliorer la situation du taxi
à Montréal, en particulier dans le territoire de la ligue A-ll.
C'est un projet qui vient du milieu -je tiens à le répéter
- et qui a été demandé par les représentants du
taxi. Il y a eu un vote, un référendum sur cette question. Les
gens se sont prononcés à 54-46. Bien sûr, on aurait
peut-être souhaité que ce soit 75-25. Cela aurait
été plus clair. Il reste que la majorité, dans un
système démocratique, je crois que cela compte. La
majorité a décidé à 54% qu'elle était en
faveur, en tout cas, pour ceux qui se sont exprimés. Je dois dire que,
dans l'industrie du taxi, c'est une des rares fois où on a connu une
bonne participation à un vote et qu'il s'est dégagé une
majorité comme celle-là. Comme il s'agit d'une initiative du
milieu, nous avons voulu l'appuyer et nous allons continuer de le faire. Il
faut souhaiter aussi que les chauffeurs de taxi se tiennent solidaires
derrière cette initiative qui va leur bénéficier de
façon importante.
Je dirais aussi que, par rapport au constat qui a été fait
par les gens, par tous ceux qui se sont penchés sur cette question, cela
a toujours été une des conclusions: il y avait trop de permis de
taxi sur ce territoire. Le nombre de permis de taxi vient de loin. Cela fait
presque 40 ans, ou plus de 40 ans que c'est comme cela. Il faut se rappeler
qu'à l'époque les Montréalais avaient beaucoup moins de
voitures, que leur système de transport en commun était beaucoup
moins développé et, donc, qu'il y avait une
nécessité d'avoir beaucoup plus de permis de taxi. Aujourd'hui,
effectivement, la voiture est venue, le transport en commun s'est
développé; pourtant, nous retrouvons à Montréal
beaucoup plus de permis de taxi que dans d'autres villes semblables en
Amérique.
Je voudrais simplement vous donner un autre tableau, que nous avons
d'ailleurs vu avec les gens du taxi à Montréal. Si on prend
simplement des données, à Montréal, sur le territoire de
la ligue A-U, il y a 245 personnes par permis à Montréal, 298 sur
le territoire A-ll. Sur le territoire de la CUM, 298;
Montréal-Métro, 357. Ailleurs au Québec: à
Québec, c'est 434 personnes par permis; 675 dans le
Québec-Métro. Voyez les différences: Chicoutimi, 1524;
Trois-Rivières, 1041; Sherbrooke, 962; Hull-Gatineau, 929. Voyez tout de
suite le décalage: 245 à Montréal sur le territoire de la
ligue A-ll. Si l'on rachetait les 2000 permis, pour les baisser à 3289,
cela nous donnerait 394. C'est encore un ratio très bas, comparativement
à d'autres.
Maintenant, d'autres grandes villes en Amérique: New York, 672.
Vous avez cependant le New York-Métro qui est différent. À
Chicago, 732; à Boston, 407; à Toronto, 865; à Ottawa,
964. En moyenne, dans les villes, c'est très différent. En ce qui
concerne New York, il y a deux façons de calculer les choses, selon que
l'on prend les permis, selon les types de permis que nous avons. Lorsqu'on
prend les permis permanents, vous avez 11 754 permis pour la ville de New York,
avec une moyenne de population de 672 par permis. Tout cela pour indiquer que,
lorsqu'on considère la situation du taxi à Montréal, ce
sur quoi tout le monde s'est entendu c'est qu'il y avait trop de permis. On le
constate lorsqu'on considère ou compare la situation d'autres villes en
Amérique. Lorsque l'on dit qu'il faut améliorer la situation du
taxi, je pense qu'on a suivi, en proposant le plan de rachat de permis, qui,
encore, n'est pas le plan du gouvernement, mais le plan du milieu, le
raisonnement qui a été suivi dans d'autres secteurs de
l'industrie, comme les scieries, les détaillants en alimentation, les
boulangeries, etc., de réduire le nombre de permis. Il faut augmenter la
rentabilité de la profession de chacun des détenteurs de permis
et le ratio clientèle-permis sur l'île de Montréal, dans le
territoire de la ligue A-11, est trop élevé.
Mme la Présidente, je pense qu'effectivement il y a des questions
qui se posent par rapport au plan de rachat des permis de taxi à
Montréal. À l'origine, certains disent qu'on visait les 2000
permis, mais c'était un objectif; il n'a jamais été
considéré comme absolu. D'ailleurs, cela a toujours
été présenté comme un objectif maximal; le nombre
de permis rachetés pourrait être inférieur, ce qui a
été souligné dans le texte de présentation du
projet. Ce qui est en cause, c'est une amélioration de la condition des
propriétaires de taxi à Montréal. Si l'on en
rachète moins, effectivement, la rentabilité du plan de rachat
est moindre, mais c'est quand même une amélioration par rapport
à ce qui est présentement.
J'espère bien que toutes les questions techniques vont se
résoudre dans les semaines qui viennent et que, dès la fin de
l'année, le plan sera en opération complète.
La Présidente (Mme Bacon): La parole est au
député de Jeanne-Mance pour dix minutes.
M. Michel Bissonnet
M. Bissonnet: Mme la Présidente, je voudrais d'abord
remercier le député de Sainte-Anne, le député de
Saint-Laurent et le député de Marquette, qui m'ont assisté
dans ce débat aujourd'hui. Je voudrais informer le député
de Bourassa que nous avons un député dans cette Chambre, qui
s'appelle M.
Herbert Marx, et qu'il est le porte-parole officiel en matière de
justice pour le Parti libéral du Québec. Je ne sais pas si vous
étiez ici hier, mais, à de nombreuses occasions, M. Marx a
posé de nombreuses questions à votre ministre de la Justice en ce
qui a trait au problème racial dans l'industrie du taxi. À votre
ministre, hier, on a demandé très spécifiquement qu'est-ce
qu'il entendait faire immédiatement, et on attend la réponse
encore, M. le député de Bourassa.
Mme la Présidente, nous avons eu des informations sur
l'Opération 2000. Il est évident que, lorsque les chauffeurs de
taxi ont voté pour ce projet de rachat de permis, c'était un
objectif de 2000. Il faut tenir compte qu'il y a à peu près 800
à 1000 taxis, souvent, au mur. Des taxis au mur, ce sont des taxis qui
ne travaillent pas. Donc, à la suite du rachat de permis de 1100, les
800 à 1000 taxis vont devenir effectifs. On va être dans la
même situation qu'actuellement. C'est pour cela qu'on dit qu'il y aura
une augmentation de l'ordre de 10% à 15% mais, compte tenu du montant
qu'il faudra payer de 1000 $ par année, les chauffeurs de taxi seront
dans la même situation que présentement.
Pourquoi le plan de rachat n'a-t-il pas fonctionné? Vous me
répondiez tantôt que les 10 000$ continuaient, mais on ne sait pas
jusqu'à quand. Dans le projet de règlement du 2 mai 1984, M. le
ministre, ce n'est pas clair. On dit qu'au 31 décembre 1984 le plan de
rachat se termine; la seule identification que nous avons dans le projet de
règlement du 2 mai 1984: un droit particulier de 10 000 $ est payable
par l'acquéreur lors du transfert d'un permis de taxi de
l'agglomération de Montréal.
Tenant compte que le programme de rachat se termine le 31
décembre 1984, ce n'est pas clair et pour les intervenants non plus, ce
n'est pas clair, M. le Président. Lorsqu'on demande une révision
du Code de la sécurité routière, tel que le
député de Marquette l'a demandé, on ne demande pas que les
chauffeurs de taxi ne respectent pas le code. Au contraire, on demande une
révision. Ces conducteurs gagnent leur vie avec leur automobile et,
constamment, de douze à quatorze heures par jour, sept jours par
semaine, ils sont sujets à des infractions au Code de la
sécurité routière. Lorsqu'ils perdent 24 points en 24 mois
- il n'y en a peut-être pas des centaines, mais s'il n'y en avait
même qu'une cinquantaine - ces personnes, à ce moment, privent
leur famille d'un gagne-pain. C'est cela qu'on demande de réviser.
Vous avez le projet de loi 88 qui est devant cette Chambre. Il serait
peut-être possible de faire des amendements pour préserver le
travail de ces individus qui sont obligés d'aller sur l'aide sociale. M.
le ministre, si vous voulez prendre une année sabbatique, vous allez
peut-être comprendre ce que je veux dire: 24 points en l'espace de deux
ans, c'est une possibilité. Cela ne veut pas dire que la personne ne
respecte pas la sécurité routière.
Je prends acte de la promesse de 1976 d'abolir les concessions. M. le
ministre. Je souhaite et j'anticipe que, dans un règlement à
venir, vous mettiez de l'avant cette proposition d'abolir toutes ces
concessions.
M. le ministre, je vous ai posé la question à savoir si,
lorsqu'une personne participait au programme de réduction, le montant de
5 $ était payé immédiatement. Vous m'avez dit que
c'était lorsque le permis serait transféré. J'ai le
contrat devant moi. Mode de paiement... Lorsque le mandataire acceptera la
présente offre, 5000 $... Tous ceux qui ont signé la
présente offre, qui est acceptée par le mandataire puisqu'on va
devant la Commission des transports, auraient dû recevoir du fiduciaire
le montant de 5000 $. Que s'est-il passé pour ne pas que le plan
fonctionne? Je recite Marcel Côté de la firme SECOR, qui est
maintenant à la chambre de commerce.
Vous parliez des flottes d'automobiles, 50-50. Demandez aux chauffeurs
de taxi et vérifiez combien il y a de flottes qu'ils vendent pour
lesquelles ils vont transférer des permis dans le cadre du
présent programme de rachat. Vous allez atteindre le maximum de 5%.
Vérifiez, informez-vous dans l'industrie. Vous vous rabattez tout le
temps derrière la ligue de taxis, c'est ce que vous faites, M. le
ministre. M. Marcel Côté, une personne très
compétente, a suggéré, dès le départ, par la
firme SECOR, ce plan de rachat avec la Ligue de taxis A-11#. Je le cite, et il
affirmé: Le gouvernement ne remplit pas son rôle en cette
matière. Personne ne gère le plan de rachat. Il n'y a pas de
mandataire, pas de chef d'orchestre. Le grand responsable, le maître
d'oeuvre n'est pas là, il n'est pas nommé. Depuis le mois de mai
qu'on est sur ce programme de rachat, Mme la Présidente. Le gouvernement
hésite, cela crée de la confusion. Je me rappelle le
Renérendum. Vous vous rappelez les militants du Parti
québécois dans un congrès: vous avez décidé
un fait précis, que s'est-il passé après?
Une voix: Un nouveau vote.
M. Bissonnet: Dans l'industrie du taxi, on a voté pour un
programme de rachat et, aujourd'hui, pourquoi y a-t-il tant de contestation? On
a besoin de 2000 permis rachetés, non pas 1100. 1100, cela ne solutionne
pas le problème. Peut-être qu'il serait possible au ministre dans
le but de mettre - d'ailleurs, le règlement que vous avez annoncé
le 19 octobre n'est pas encore publié... Actuellement, on est devant
aucun règlement qui modifie ce règlement, et vous
avez changé unilatéralement les conditions. Adoptez au
moins le règlement.
Les limousines au Québec, il faut regarder cela. Vous avez eu des
revendications de la ligue de taxi A-36 à cet effet, il y a un an. Pas
de réponse encore aujourd'hui. Pensez-y; c'est pour cela qu'on
interpelle un ministre, c'est pour lui rappeler les questions qu'on lui pose
depuis trois ans pour solutionner et aider l'industrie du taxi au
Québec.
L'inspection des véhicules à Montréal. S'il
arrivait qu'on ajoute une nouvelle taxe à un chauffeur de taxi - c'est
possible, il faut éviter cela actuellement - lorsqu'on inspectera une
auto-taxi, c'est le chauffeur qui devra payer. Au ministère des
Transports, lorsqu'il y a des inspections de camions, est-ce le
propriétaire du camion qui défraie l'inspection? La question est
là.
Lorsque le député de Dorion mentionnait une augmentation
d'allocation de voiture, les chauffeurs de taxi n'ont aucun contrôle, ce
sont les flottes d'automobiles qui décident de l'allocation. Il va y
avoir une auto à 38 $ pour douze heures et, à une autre place, 41
$. Il était à 32 $. On a donné un montant de 500 $
à tous les propriétaires artisans au Québec, un boni. Ils
reçoivent ce boni du gouvernement fédéral depuis de
nombreuses années. Cette fois-ci, on leur donne un montant de 500 $,
mais l'année dernière on l'a proposé et le projet de loi
pour ces 500 $ n'est pas encore adopté par cette Assemblée. Il le
sera dans les prochaines semaines.
Le ministre des Finances a seulement inséré dans son
projet de loi, le bill omnibus de cette année, ce crédit
d'impôt de 500 $. Cela fait longtemps qu'on aurait dû leur donner
ce crédit d'impôt. Ils l'auront seulement au printemps prochain,
mais depuis que vous avez promis ce crédit d'impôt, la taxe sur
l'essence, vous ne l'avez pas diminuée, cependant. Que je sache, ces
chauffeurs de taxi paient des taxes et des taxes. Essayez donc de penser
davantage à eux et d'agir plus positivement et relancez le programme de
rachat. Mettez-y des conditions: 10 000 $, ce n'est pas clair, M. le
ministre.
Je remercie mes collègues et je salue, en terminant, tous les
chauffeurs de taxi. J'ai été un chauffeur de taxi, M. le
ministre. Ce serait bien le "fun" que vous preniez une année sabbatique
pour aller apprendre ce que c'est, parce que vous ne connaissez pas cela.
La Présidente (Mme Bacon): Ayant rempli son mandat, la
commission de l'aménagement et des équipements ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 51)