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Commission permanente de l'agriculture et de la
colonisation
Etude des crédits
du ministère de l'Agriculture
et de la Colonisation
Séance du mardi 1er mai 1973
(Dix heures treize minutes)
Préliminaires
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente de
l'agriculture et de la colonisation): A l'ordre, messieurs!
Etude des crédits 73/74. Au départ, je tiendrais à
faire remarquer que M. Pilote remplace M. Lacroix, des Iles-de-la-Madeleine, et
que M. Gratton remplace M. Ostiguy, de Rouville.
M. JORON: M. le Président, je remplace M. Tremblay
(Sainte-Marie).
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Joron, de Gouin, remplace M.
Tremblay (Sainte-Marie).
M. DEMERS: M. le Président, pouvez-vous donner la liste des
membres de la commission?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Oui, avec plaisir: M. Béland,
Lotbinière; M. Carpentier, Laviolette; M. Demers, Saint-Maurice; M.
Dionne, Compton;M. Faucher, Yamaska; M. Fraser, Huntingdon; M. Pelletier,
Ka-mouraska; M. Toupin, Champlain; M. Joron, remplace M. Tremblay
(Sainte-Marie); M. Vincent, Nicolet.
L'honorable ministre de l'Agriculture.
Etat de l'agriculture
M. TOUPIN: M. le Président, avant de commencer l'étude des
crédits du ministère, si vous me permettez, je voudrais seulement
faire un bref résumé du comportement de l'agriculture au
Québec en 1972.
Evidemment, en dépit des problèmes que l'agriculture a
rencontrés au cours de l'année 1972, nous pouvons, je crois,
soutenir que la situation s'est quand même sensiblement
améliorée par rapport à l'année 1971 et par rapport
également aux années d'avant 1971.
L'ombre au tableau a été, bien sûr tout le
monde l'a constaté le mauvais temps de l'année 1972, qui
eut pour effet d'agir sur la qualité et sur la quantité des
produits de ferme. La demande des intrants, ou des entrées en
agriculture, est demeurée tellement forte que les coûts de
production, surtout au dernier trimestre, septembre, octobre, novembre et
décembre, ont grimpé à un rythme effarant. Je vais
apporter certaines statistiques pour le démontrer.
Les aliments pour les animaux, par exemple. Au premier trimestre de
l'année 1972, on constatait, aux termes des statistiques, 4.5 p.c. en
moins par rapport à l'année 1971. Au deuxième trimestre,
on constatait 3.3 p.c. en moins en 1972, par rapport à 1971. Là,
je parle toujours des aliments pour animaux de ferme.
Au troisième trimestre, c'était 0.8 p.c. en moins en 1972,
par rapport à 1971. Mais le quatrième trimestre a
été vraiment désastreux.
On a constaté une augmentation des coûts de 9.2 p.c, ce qui
a fait, au fond, que le quatrième trimestre a presque détruit,
tout compte fait, les avantages au niveau des entrées en agriculture que
les agriculteurs s'étaient vu offrir par la conjoncture au cours des
trois premiers trimestres.
Au niveau des engrais et là on ne parle pas seulement des
engrais chimiques mais de tous les engrais qui entrent en agriculture au
premier trimestre, c'était 2.7 p.c. en moins par rapport à 1971;
au deuxième, c'était 0.6 p.c. en moins par rapport à 1971.
On parle toujours, bien sûr, des engrais. Au troisième et au
quatrième trimestre, nous avons constaté des augmentations. Au
troisième trimestre, 1.6 p.c. en plus et, au quatrième trimestre,
9.1 p.c. en plus en chapitre des engrais.
Les engrais et les aliments, à eux seuls, au niveau des
entrées en agriculture, c'est-à-dire ce dont les agriculteurs ont
besoin pour alimenter la ferme, représentent à peu près 32
p.c. du total des entrées en agriculture.
Un secteur, au niveau de l'exploitation de la ferme, qui, lui, au cours
de l'année 1972, par rapport à l'année 1971, a
été défavorable à l'agriculture, c'est celui de la
main-d'oeuvre. La main-d'oeuvre représente 11.5 p.c. ou à peu
près des sommes que dépense l'agriculteur pour exploiter sa ferme
par rapport, par exemple, à 32 p.c. des deux éléments dont
je parlais tantôt.
L'augmentation, pour l'année 1972, au niveau de la main-d'oeuvre,
s'est située à 6 p.c. pour le premier trimestre, à 6 p.c.
pour le deuxième également; pour le troisième trimestre,
à 6.3 p.c. et, pour le quatrième, à 5.8 p.c. Cela
s'explique parce que le quatrième trimestre, c'est celui de l'automne et
de l'hiver. Et là la main-d'oeuvre agricole est beaucoup moins en
demande. Par conséquent, évidemment, l'augmentation des salaires
peut être un peu moins élevée qu'au cours des trimestres
où la main-d'oeuvre est plus en demande.
Nous constatons immédiatement qu'à l'exclusion de la
main-d'oeuvre agricole c'est surtout le dernier trimestre qui a
contribué à détériorer la situation et plus
particulièrement au chapitre des aliments. Je n'apprends rien quand je
dis que nous n'avons, pour le moment, aucun contrôle sur le prix des
entrées en agriculture.
Il y aurait peut-être avantage à chercher un
mécanisme de contrôle à ce chapitre des entrées en
agriculture, si toutefois un tel mécanisme de contrôle
était institué au niveau des prix à l'alimentation.
II nous paraîtrait tout à fait illogique, si on
contrôlait les prix des produits agricoles d'une part, si nous ne
mettions pas en parallèle un mécanisme pour contrôler les
prix des entrées en agriculture. Encore une fois, ce serait bien
sûr l'agriculteur qui serait obligé de se serrer la ceinture.
Toutefois, même si le prix des entrées a augmenté,
il demeure que les prix des produits agricoles eux aussi ont augmenté.
Peut-être que la hausse n'a pas été suffisante, surtout
pour le dernier trimestre. Mais elle s'est située en
général en haut de celle des prix des entrées en
agriculture.
Les fermes bien équipées, bien gérées ont
sans aucun doute réalisé des gains en 1972, beaucoup plus
substantiels qu'en 1971 et plus substantiels aussi qu'aux années avant
1971. Et je voudrais apporter quelques exemples: en 1971, au niveau des
produits laitiers, les ventes totales ont été de $261,300,000. En
1972 et là il s'agit d'estimations un peu plus justes que celles
que nous avions faites au moment où nous avons parlé de la
conjoncture économique de l'agriculture les estimations
étaient de $289,165,000, ce qui représente en plus une
augmentation des prix d'environ 10.7 p.c. au chapitre des produits
laitiers.
M. VINCENT: $289 millions?
M. TOUPIN: $289,165,000, des estimations.
M. VINCENT: Dans les chiffres qu'on avait mentionnés on donnait
combien?
M. TOUPIN: En 1971, les chiffres qu'on a, $261,300,000, en janvier.
M. VINCENT: Mais en 1972... En janvier on avait mentionné
combien?
M. TOUPIN: $296 millions dans la conjoncture des chiffres.
M. VINCENT: Cela se confirme.
M. TOUPIN: On va les regarder tantôt, ces statistiques. Quant aux
légumes, en 1971, $19,700,000 avaient été, en termes de
prix, distribués aux agriculteurs.
En 1972, aux termes des légumes, c'est $22,054,000. On est
toujours dans l'ordre des estimations; ça peut varier de quelques
millions de dollars pour l'année 1972, ce qui représente un peu
plus de 11.9 p.c.
M.VINCENT: L'estimation, au mois de janvier, était de combien
pour les légumes?
M. TOUPIN: A peu près $20 millions. Nos estimations, à ce
chapitre, étaient trop basses, alors que, dans le lait, elles
étaient quelque peu trop élevées.
M. BELAND: Pour les légumes, si j'ai bien saisi, c'est une
augmentation?
M. TOUPIN: C'est une augmentation de 11.9 p.c.
M. BELAND: De production? M. TOUPIN: Des prix. M. BELAND: D'accord.
M. TOUPIN: Dans le domaine du porc, en 1971, les agriculteurs ont vendu
pour $83,525,000. En 1972 on est toujours dans les estimations parce que
les chiffres officiels viendront un peu plus tard $106,351,000, soit une
augmentation d'environ 27 p.c.
Ces exemples, d'après nous, suffisent à démontrer
que les gains enregistrés par les agriculteurs sont réels, qu'on
le veuille ou non. Cela peut varier de quelque pourcentage, cela peut varier de
quelques millions de dollars, mais les gains sont réels par rapport
à 1971. Ils le sont encore davantage par rapport à 1970 et
davantage par rapport aux années antérieures.
M. VINCENT: Pas 1970.
M. TOUPIN: Quand vous prenez la moyenne des gains.
M. VINCENT: Non parce qu'en 1971 il y a eu une diminution dans toutes
les productions à cause de facteurs extraordinaires.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Là, on compare l'année 1972 à
l'année 1971, alors que les prix étaient très bas...
M. TOUPIN: Oui, c'est encore supérieur.
M. VINCENT: ... et les productions aussi. En 1971, il y a eu une
diminution dans tout.
M. TOUPIN: II y a eu une diminution des productions, il y a eu une
augmentation des coûts, mais, quand vous regardez les revenus de
l'agriculteur, ce que l'agriculteur touche en tant que revenus...
M. VINCENT: C'était inférieur en 1971.
M. TOUPIN: ... ce n'est pas inférieur, c'est supérieur en
1971. Vous n'avez qu'à regarder le prix du lait. Il faut quand
même être réaliste. Depuis deux ans, le prix du lait a
augmenté de près de $1.50 le cent livres.
M. ROY (Beauce): Est-ce que ça veut dire que notre ministre de
l'Agriculture se réjouit de l'inflation?
M. TOUPIN: Non. Cela veut dire que le ministre de l'Agriculture se
réjouit du fait que les agriculteurs du Québec sont en train de
se prendre une part importante de l'économie en dépit de
l'inflation ou avec l'inflation.
M. ROY (Beauce): Est-ce que l'honorable ministre de l'Agriculture se
rend compte de la diminution alarmante du nombre d'agriculteurs au
Québec?
M. TOUPIN: Ce qui est tout à fait normal; il n'y a rien d'anormal
actuellement.
M. ROY (Beauce): C'est normal pour l'agriculture!
M. TOUPIN: II n'y a rien d'anormal à ce que des agriculteurs
quittent la ferme actuellement et qu'on arrête donc de faire du chichi
avec cette affaire-là. C'est tout à fait normal que des
agriculteurs quittent la ferme; l'agriculture est en train de se refaire
économiquement et un certain nombre de petites fermes devront
arrêter de produire. C'est tout à fait normal.
M. ROY (Beauce): Devront arrêter de produire ou on devra permettre
à ces petites fermes d'augmenter leur production?
M. TOUPIN : Vous ne pouvez quand même pas demander à un
agriculteur de cultiver 40, 50 acres de terre quand il n'en a que 20.
Demandez-lui de grouper sa ferme avec celle d'un autre, puis à ce
moment-là il y en a un qui va disparaître. C'est aussi simple que
ça.
M. ROY (Beauce): Le ministre ne veut pas comprendre.
M. TOUPIN: Alors donnez plus d'explications.
M. ROY (Beauce): Si on regarde les statistiques, il y a bien des choses
que le ministre n'a pas dites, probablement qu'il n'a pas eu le temps. Quand on
regarde les statistiques publiées par le ministère de l'Industrie
et du Commerce, si on regarde la production du beurre de crémerie, entre
autres, la production de fromage, si on prend, par exemple, le mois de janvier,
je comprends que la production est moins élevée dans le mois de
janvier, mais il y a quand même une diminution comparativement à
celle de l'année dernière, alors qu'on nous parle
d'amélioration dans tous les domaines.
Alors on constate qu'à l'heure actuelle, 80 p.c...
M. TOUPIN: Si vous voulez, M. le Président, je vais revenir aux
produits laitiers tantôt. On parlera tantôt des produits
laitiers.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre !
M. TOUPIN: On pourra vous les donner les uns après les autres. Si
vous voulez faire des interventions à ce moment-là au chapitre de
chacun des produits, ou à peu près, vous pourrez en faire.
M. VINCENT: M. le Président, juste avant que le ministre
continue, sur un point de règlement, je voudrais vous demander une
directive. Est-ce que nous allons discuter de façon
générale pendant quelques heures...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Oui.
M. VINCENT: ... il faut quand même faire attention, M. le
Président, est-ce qu'on a l'intention de limiter la discussion à
dix heures sur les crédits de l'agriculture? D'après les nouveaux
règlements...
M. TOUPIN: C'est dix heures.
M. VINCENT: Bien oui c'est ça, d'après les nouveaux
règlements. Après dix heures de discussion, on peut tout
arrêter. Le gouvernement peut tout arrêter. Est-ce qu'on a
l'intention de limiter ça à dix heures?
M. TOUPIN: J'ai l'impression que, du moins pour le moment, on doit s'en
tenir au règlement.
M. VINCENT: Comme ça on a l'intention de limiter ça
à dix heures. Donc, cela veut dire, M. le Président, que le
ministre peut parler sur des statistiques, corrigeant les statistiques qu'il a
données au mois de janvier, ça peut durer deux ou trois heures,
puis on n'a pas le temps du tout d'étudier les articles du budget.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Non. J'ai permis au ministre de
l'Agriculture de faire un bref exposé, et je pense que si vous ne le
questionnez pas trop pendant son exposé, ça ne sera pas trop
long, et à la suite de ça, vous pouvez peut-être corriger
son exposé, si...
M. VINCENT: J'aimerais bien qu'on s'entende...
M. TOUPIN: S'il y a lieu de corriger.
M. VINCENT: J'aimerais bien qu'on s'entende tout de suite, M. le
Président, pour la bonne marche des travaux. Combien de temps le
ministre a-t-il l'intention de prendre?
M. TOUPIN: Je ne prendrai pas dix heures. J'en ai à peu
près...
M. VINCENT: Pas dix heures, mais si le ministre prend une heure, si moi
je prends une heure, si le député de Lotbinière prend une
heure, si le député de Gouin prend une heure,
ça fait quatre heures de discussion. Il reste six heures pour
examiner chaque article du budget.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Bien vous aurez alors touché
à tous les domaines.
M. DEMERS: II y a des détails, tous les domaines sont
là-dedans.
M. TOUPIN: Bien oui, M. le Président, il faut qu'on nous pose des
questions, le nombre de y, le nombre de z. Vous voulez tout avoir
ça?
M. DEMERS: Oui, en tout cas.
M. VINCENT: M. le Président, c'est normal. Dans l'administration
du ministère, il faut des détails précis sur certains
programmes.
M. TOUPIN: Je suis bien d'accord sur ça, mais pendant ce
temps-là vous prenez le temps pour...
M. VINCENT: Là le ministre...
M. TOUPIN: ... alors que vous prenez le temps pour connaître le
secrétaire de l'Abitibi, vous n'avez pas...
M. VINCENT: Le ministre profite de l'étude des crédits du
ministère de l'Agriculture pour corriger les déclarations qu'il a
faites au mois de janvier, alors qu'il déclarait que les agriculteurs
ont fait 44.1 p.c...
M. TOUPIN: M. le Président, je ne corrige rien. Nous sommes dans
une perspective de conjoncture et je croyais très honnêtement que
le député de Nicolet était capable de faire la
différence entre des statistiques officielles et des statistiques
conjoncturelles.
M. VINCENT: C'est justement ce que je disais.
M. TOUPIN: Alors, s'il est capable de faire la différence, qu'il
me laisse parler et qu'il arrête de croire et de faire croire aux autres
que tout ce que l'on dit est absolu.
M. VINCENT: Ce n'est pas nous qui l'avons dit.
M. TOUPIN: Qu'on s'en tienne aux documents, qu'on les lise comme il faut
et qu'on les interprète dans leur contexte.
M. VINCENT: Pendant combien de temps le ministre a-t-il l'intention de
discourir?
M. TOUPIN: Je vais prendre à peu près encore une
demi-heure ou trois quarts d'heure, si vous me laissez parler.
M. VINCENT: Encore une demi-heure, trois quarts d'heure?
M. TOUPIN: Mettons une demi-heure, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): D'accord.
M. TOUPIN: Evidemment, d'après le règlement, c'est dix
heures, mais on peut peut-être aller à douze heures.
M. ROY (Beauce): II n'y a rien qui vous empêche, M. le
Président...
M. VINCENT: On peut aller à quinze ou vingt heures.
M. TOUPIN: Oui, d'accord.
M. DEMERS: Et il y a le bâillon, après cela, quand
ça ne marche pas.
M. TOUPIN: Tenons-nous au règlement et on verra, en cours
d'étude, si c'est nécessaire de prolonger ou pas. Je continue, M.
le Président. Nous sommes d'avis, par ailleurs, que les gains
réalisés ne sont pas encore suffisants et qu'il nous faudra
intensifier davantage nos efforts, et ce à tous les niveaux, pour
soutenir une structure de prix en agriculture qui soit, dans sa courbe
montante, un peu plus élevée que l'augmentation des coûts
des entrées en agriculture afin de rattraper les écarts encore
trop grands qui existent entre le revenu agricole et le revenu des autres
secteurs de l'économie.
Dans le but d'aider les agriculteurs à traverser cette
difficulté de température au cours de l'année 1972, nous
avons, en collaboration avec le gouvernement fédéral,
appliqué certaines politiques. Quant au gouvernement provincial, il
s'est limité à des prêts subventionnés; quant au
gouvernement fédéral, à la suite d'une entente, il a
versé des subventions directes aux agriculteurs. Le gouvernement du
Québec a, lui aussi, versé des subventions directes aux
agriculteurs victimes de la température, mais surtout à ceux qui
n'étaient pas couverts par des programmes d'assurance-récolte.
Seulement au chapitre des subventions directes, le gouvernement du
Québec aura versé au-delà de $5 millions, en plus des
millions qu'il aura à verser peut-être $1 million et demi
ou $2 millions au cours des années à venir en vue de
rembourser une partie de l'intérêt aux agriculteurs qui
emprunteront en vertu du programme que nous avons mis de l'avant.
De là, d'ailleurs, est née une loi spéciale pour
venir en aide aux agriculteurs au cours des périodes difficiles.
Cette loi n'existait pas et maintenant nous serons en mesure d'aider,
dans le plus bref délai, à cause de cette loi, les agriculteurs
qui seront aux prises avec des problèmes similaires. Et
pour aider à corriger encore davantage la situation, nous n'avons
pas, au gouvernement du Québec, ni à la Régie des
marchés agricoles, hésité à augmenter le prix du
lait nature. Nous n'avons pas non plus, au niveau du ministère de
l'Agriculture, hésité à approuver les producteurs de lait
industriel dans leur demande d'augmentation de prix à la Commission
canadienne du lait et par conséquent au gouvernement
fédéral. Dans les deux cas, il s'agit ou il s'agira dans
le lait nature il s'agit, parce que c'est en vigueur, je pense, depuis le 1er
avril d'une augmentation d'au moins $0.60 les cent livres et, au niveau
des producteurs de lait industriel, il s'agit au moins d'une augmentation de
$0.50 et peut-être même $0.60.
M. BELAND: Brut ou net?
M. TOUPIN: Net, d'après les politiques de la Commission
canadienne du lait. Un aspect nouveau dans le domaine de l'agriculture
québécoise a été constaté en 1972, à
notre point de vue. Il s'agit de l'aspect des consommateurs. Qu'on le veuille
ou non, les consommateurs québécois sont directement
impliqués dans le domaine de l'agriculture. Il nous semble à nous
que les consommateurs québécois comprennent un peu mieux le
problème de l'agriculture. Ils ont accepté, pour une fois en tout
cas, à ma connaissance, une augmentation des prix du lait nature sans
faire des représentations de quelque nature que ce soit. Ils se sont
dissociés aussi, les consommateurs québécois, du
boycottage des viandes qui a sévi dans les autres provinces du pays
au moins dans une autre et dans les autres pays du monde.
Cela nous paraît être une attitude très positive du
consommateur à l'égard des problèmes de l'agriculture. Je
voudrais bien, à ce chapitre, qu'on m'interprète bien. Il est
bien sûr que, quand les prix augmentent, la part du budget du
consommateur mise pour l'alimentation est plus grande, mais il a compris quand
même que l'agriculteur avait besoin de revenus plus substantiels et plus
généreux s'il voulait, lui, être en mesure de
développer sa ferme.
Dans sa conférence de presse, le député de Nicolet,
le 1er mars, avouait ses craintes quant â l'acceptation de l'augmentation
des prix des produits agricoles par les consommateurs.
Nous avions annoncé, à ce moment-là, une
augmentation substantielle des prix. Je pense que le député de
Nicolet a mal compris le consommateur québécois et surtout il lui
a prêté des intentions qu'il n'avait pas et il le confirmait, par
la suite, de façon positive. Le consommateur québécois
accepte, comme l'ensemble des autres secteurs de l'économie, que
l'agriculture du Québec doit se développer. Si on veut qu'elle se
développe, il faut, là comme ailleurs, y mettre des prix sinon
nous continuerons à décourager les agriculteurs et nous
continuerons à voir non seulement de petits agriculteurs quitter leur
ferme, mais aussi des moyens et de gros agriculteurs quitter leur ferme.
Lorsque nous avons assumé la responsabilité de diriger le
ministère de l'Agriculture en 1970, nous nous étions fixé
des objectifs précis, notamment celui d'améliorer les revenus en
agriculture. Nous constatons, aujourd'hui, en dépit de
l'interprétation que l'on peut donner, bien sûr, aux statistiques
disponibles, que les agriculteurs ont touché davantage à ce
qu'ils avaient touché l'année précédente et
à ce qu'ils ont touché dans le cours des années
antérieures. Non seulement l'on considère, mais l'on constate
qu'il y a véritablement augmentation des gains au niveau des
agriculteurs. Je pense que personne ne peut le nier. Ces gains sont
évidents. Ils sont réels. Vous n'avez qu'à regarder
l'augmentation des prix des principales productions agricoles au Québec,
notamment le lait, et vous allez le constater.
Si une partie de l'objectif a été atteinte, c'est sans
doute attribuable, pour une grande part, pas exclusivement... on est bien
conscient que le ministère de l'Agriculture, tant le ministère
provincial que le ministère de l'Agriculture fédéral, ne
peut pas contrôler tous les éléments qui agissent sur les
prix en agriculture, sur la demande en agriculture, sur l'offre en agriculture,
etc. Mais il reste que lorsque les programmes, que nous mettons de l'avant,
sont adaptés aux réalités agricoles, correspondent
à de véritables besoins de l'agriculture, et quand nous
constatons surtout que ces programmes sont utilisés assez
substantiellement par l'agriculteur, nous devons en arriver, bien sûr,
à la conclusion que ces programmes ont joué un rôle dans le
développement de l'agriculture. Il serait avantageux, je crois, pour le
bénéfice des membres de la commission, de s'attarder sur les plus
importants de ces programmes.
On va commencer par le secteur de la production. Nous avons, en 1970,
réorganisé notre mesure d'insémination artificielle par
rapport à ce qui existait auparavant. En 1970, 175 unités, ou 175
vaches laitières, s'étaient prévalues, par
l'intermédiaire du propriétaire bien sûr, de
l'insémination artificielle, ce qui représentait...
M. DEMERS: C'est de la frustration.
M. TOUPIN: Ce qui est encore plus frustrant, M. le député
de Saint-Maurice, c'est qu'il y en avait seulement 17 p.c. au Québec
alors qu'il y en avait 40 p.c. en Ontario. En 1972, c'est le contraire. C'est
404,000 unités qui représentent 44 p.c. au Québec. C'est
extrêmement important parce que nous agissons directement sur la
génétique, c'est-à-dire sur l'amélioration de la
race.
M. DEMERS: Cela nous aide.
M. TOUPIN: Le médecin vétérinaire qui est
là,...
M. DEMERS: Vous nous apprenez des choses.
M. TOUPIN: ...il faut que j'y aille avec des termes prudents.
Un autre programme qui a attiré de façon bien
particulière l'intérêt des agriculteurs est notre programme
d'assurance-santé animale. En 1970, quatre-vingt médecins
vétérinaires seulement, ou à peu près au
Québec pratiquaient la médecine vétérinaire. En
1972, nous en avions 168. Vous pouvez constater immédiatement
l'augmentation des services à la ferme de la médecine
vétérinaire. C'est extrêmement important, quand nous
constatons les dizaines de millions de dollars que perdent les agriculteurs
à cause, très souvent, d'une mauvaise santé animale.
Il y eut, sur les fermes, au delà de 274,398 visites de
médecins vétérinaires. Cela aussi, c'est un indice
très important de l'intérêt que portent les agriculteurs au
programme et des efforts que font les médecins
vétérinaires pour améliorer la santé animale au
Québec.
Les coûts moyens de ce programme par visite, au Québec, ont
été seulement de $11.04 alors qu'au Nouveau-Brunswick, en vertu
des statistiques que nous avons, un programme similaire coûterait plus de
$20 par visite. Le programme d'assurance-santé animale prévoyait
également une protection au niveau des médicaments
vétérinaires, les médicaments qu'utilisent les
vétérinaires dans leurs visites, soit les injections ou autres.
Nous constatons une diminution de près de 100 p.c. dans le domaine des
coûts, à cause de notre programme. Pour le coût des
médicaments vendus à l'agriculteur dans des bouteilles ou dans
d'autres contenants, nous constatons une diminution qui approche les 40 p.c. Ce
sont là, croyons-nous, des programmes qui ne peuvent faire autrement que
d'aider l'agriculture à se développer, quoi qu'on en dise et quoi
qu'on en pense.
Nous avions prévu des achats de médicaments pour environ
$500,000 et nous sommes actuellement rendus à des achats qui vont
atteindre peut-être $2 millions.
Un autre programme qui attire notre attention et il est
extrêmement important, il se situe dans le contexte de l'orientation des
productions et dans le contexte de l'utilisation de tout ce que nous avons
comme ressources agricoles au Québec, de même que dans le contexte
d'une demande de marché qui est très évidente c'est
le programme de production de bovins ou encore le programme
d'élevage.
En 1970, le Québec comptait environ 35,000 têtes de
bétail d'élevage. On parle toujours du boeuf de boucherie quand
on parle de bétail d'élevage. En 1972, nous comptons 53,000
têtes, deux ans après. Il nous paraft évident que ce
programme a été acheté par les agriculteurs. Les
agriculteurs ont épousé ce programme parce que nous avons
près de 40 p.c. ou 44 p.c. d'augmentation dans deux ans seulement. Et si
nous continuons à ce rythme à développer cette production,
dans le cadre de ce que nous avons appelé, nous, une sorte
d'autosuffisance dans le domaine de l'agriculture, nous allons en atteindre
tout au moins une partie si nous ne l'atteignons pas en totalité.
Seulement en Abitibi, par exemple, là où le programme a
été le plus intensifié, en 1970 il y avait environ 2,000
têtes de bétail de boucherie et, en 1972, nous avons
dépassé les 10,000. C'est fantastique l'intérêt que
portent les agriculteurs à ce programme et la compréhension
qu'ont les agriculteurs des marchés disponibles et des besoins
réels des consommateurs.
Un nouveau programme avait été mis de l'avant aussi dans
le cadre de la production; il s'est agi du programme F-l, c'est-à-dire
un croisement d'un type de boucherie avec des vaches laitières.
En 71/72 ce programme a rapporté aux agriculteurs environ
$600,000 de plus-value, c'est-à-dire que, si on ne s'était pas
prévalu du programme, on aurait quand même produit des veaux, mais
on les aurait vendus à $600,000 de moins dans l'ensemble de la province
de Québec.
Pour 72/73 et ici j'insiste parce que le député de
Nicolet dans sa conférence de presse a laissé planer des doutes
là-dessus, il s'agit de projections, il ne s'agit pas de
réalités nous visons pour 72-73 environ $2 millions
à $2.5 millions de plus-value par rapport à $600,000 pour 71/72.
C'est extrêmement important que nous apportions des précisions sur
ces aspects.
L'hydraulique agricole, nous ne nous y attarderons pas tellement
longtemps, nous allons parler seulement du drainage souterrain. En 1970, nous
posions environ 11,311,000 pieds. En 1972, nous avons dépassé les
23 millions de pieds.
M. VINCENT: Un instant, en 1970?
M. TOUPIN: En 1972, nous avons dépassé les 23 millions de
pieds.
M. VINCENT: Mais, en 1970, combien de millions de pieds?
M. TOUPIN: Environ 11 millions; 11,311,000 pieds.
M. VINCENT: En 1970? Le ministre confirme ces chiffres? Qn reviendra
là-dessus.
M. TOUPIN: Alors, c'est 1969.
M. DEMERS: Rajustez votre draineuse.
M. VINCENT: Rajustez-vous. Après ça, le ministre va dire
qu'il a été mal interprété.
M. TOUPIN: Non, en 1969. Pour 1970, c'est 15 millions.
Ce n'est pas pour deux ou trois millions. Du reste, en 1972...
M. DEMERS: Ah! pour deux ou trois millions, en 1967 il y eut 2,600,000
en tout.
M. TOUPIN: ... on constate 23 millions de pieds. Le député
de Nicolet devra l'admettre...
M. DEMERS: Où est la politique nouvelle là-dedans?
M. TOUPIN: ... un bon matin qu'il y a des résultats au
ministère de l'Agriculture, 23 millions de pieds de drainage
posés en 1972.
Les productions maraîchères, nous avions un programme, et
on sait fort bien ce que signifie pour les producteurs québécois
l'entreposage des produits en termes de mise en marché. Nous avons mis
un programme de l'avant à la disposition des producteurs
maraîchers, notamment de la grande région de Montréal, qui
a coûté à peu près $399,000. Ce programme
s'appliquait à des types d'entrepôts à refroidissement
à l'eau ou à double paroi. Ce sont les deux principaux
programmes.
Ces seuls programmes mis de l'avant, nous avons construit quatre
entrepôts en 1972 et ça a coûté comme je le disais
tantôt $399,000 pour une seule année. La plus-value que les
producteurs de carottes seulement ont touchée est au-delà de $1
million. Ce sont les résultats concrets d'une politique de
commercialisation qui a été appliquée vis-à-vis
d'un type de production donnée, où il était
nécessaire que nous intervenions. Non pas avec des politiques à
la va-comme-je-te-pousse, mais des politiques planifiées, après
avoir fait une étude du marché, après avoir
considéré les besoins et la demande des consommateurs. C'est
là où nous en sommes venus.
Au niveau de l'assurance-récolte et là nous
constatons certaines difficultés qui seront corrigées sous peu,
nous l'espérons puisqu'un comité travaille actuellement à
une réforme de l'assurance-récolte au Québec en
1972, nous avons mis un seul programme nouveau à la disposition des
agriculteurs. Il s'agissait de la production de la pomme. En 1973 et
nous aurons l'occasion de le discuter peut-être au cours des
crédits nous ajoutons les cultures industrielles et les pommes de
terre au niveau des programmes de l'assurance-récolte.
Bien sûr, s'ajoute à cela la loi dont on parlait
tantôt. Nous avons mis de l'avant également un programme
d'auto-approvisionnement, notamment dans le secteur des céréales
et des fourrages. Nous ne pouvons immédiatement analyser les
résultats parce que nous venons de mettre notre programme à la
disposition des agriculteurs. Mais ce que nous constatons, par exemple, c'est
que chaque bureau régional actuellement demande aux agriculteurs
d'épouser les objectifs du ministère et les objectifs que nous
nous sommes fixé sont en train d'être épousés en
entier ou presque par les agriculteurs. Nous attendons de ce programme des
résultats positifs parce que nous croyons que c'est là une
façon, un moyen de régler chez nous un problème que nous
essayons de régler depuis dix ou quinze ans à l'extérieur.
Nous croyons que c'est un élément de solution; ce n'est pas le
seul.
Nous continuons, par ailleurs, à négocier, bien sûr,
avec le gouvernement fédéral et avec les autres provinces
concernant la politique des grains de provende. On nous a dit récemment
que des solutions nous seront peut-être offertes d'ici les prochains
mois. Du reste, cela ne nous empêche pas d'inciter les agriculteurs
québécois à utiliser les sols disponibles au Québec
dans les zones où il est possible de produire des
céréales. Nous avons réussi ou, tout au moins, nous sommes
en train de réussir dans le domaine de la viande de boeuf. Je ne verrais
pas pourquoi les agriculteurs n'arriveraient pas également à
réussir au moins une partie des programmes dans le domaine
céréalier et dans le domaine des fourrages, ce qui est
extrêmement important tant pour l'élevage que pour la production
laitière.
La commercialisation. Nous avons travaillé surtout au niveau de
la Régie des marchés agricoles du Québec. Nous avons
créé des comités spéciaux au niveau de la
régie, qui touchaient presque chacune des productions. Un de ces
comités a déjà produit un travail extrêmement
efficace, c'est celui du poulet, où un plan conjoint est né
à la suite duquel des négociations furent entreprises avec
d'autres provinces et à la suite desquelles la production et les prix se
sont stabilisés au Québec. Les producteurs de volailles au
Québec jouissent présentement de prix qui, en dépit de
l'augmentation des coûts, sont quand même beaucoup plus
satisfaisants que ce qu'ils touchaient en 1970 ou même auparavant.
Là, on a un mécanisme de contrôle. Ce n'est pas le
seul moyen; ce n'est pas, dis-je, lui seul qui nous permettra de régler
tous les problèmes parce qu'il y a parfois des conjonctures qui nous
sont favorables et d'autres qui ne le sont pas. Dans le domaine du porc, les
problèmes étaient sérieux; on a tenté
l'expérience d'un plan conjoint, je pense qu'on l'a ratée. Un
comité a mis en place, un plan conjoint est prêt et,
bientôt, il sera soumis au vote. Je ne sais pas quelle décision la
régie prendra, mais on m'informait récemment que toutes les
parties intéressées dans la production du porc ont accepté
un programme de commercialisation. Nous avons également un comité
qui siège au niveau de la production de la pomme au Québec; c'est
important aussi à ce chapitre que nous débouchions dans le plus
bref délai sur une commercialisation mieux structurée, plus
adaptée au marché.
Dans le domaine laitier, le comité a fait un travail
énorme pour arriver, par exemple, à préparer des
négociations avec le gouvernement
fédéral et avec les autres provinces. Le comité, en
collaboration avec les principaux éléments impliqués, est
parvenu quand même à une entente avec le secteur
coopératif. Vous savez depuis combien d'années le secteur
coopératif et le secteur syndical au Québec se sont
chicanés, voire affrontés dans les assemblées.
Actuellement une entente est intervenue entre le secteur
coopératif et le secteur des plans conjoints et le tout se
déroule très normalement. Tous les groupes de producteurs
laitiers au Québec travaillent ensemble, avec le ministère de
l'Agriculture, avec la Commission canadienne du lait quand c'est
nécessaire, pour que nous puissions en arriver à des solutions
plus acceptables aux problèmes que vivent les agriculteurs
québécois.
Un programme au niveau du lait aussi qui est très important est
celui de la fusion des usines laitières. On a toujours soutenu et on
soutient encore que le secteur primaire agricole au Québec se
développera dans la mesure où nous serons capables de
développer au même rythme le secteur secondaire,
c'est-à-dire le secteur de la transformation et également celui
de la distribution. Il ne servirait à rien d'équiper des fermes
pour produire, si nous ne sommes pas en mesure, au niveau des industries, de
bien transformer ce produit. Nous avons réussi douze fusions dans le
domaine du lait industriel et nous avons réussi dix fusions dans le
domaine du lait nature, dont la mise en place de Québec Lait, qui est
une des plus grosses entreprises québécoises dans le domaine et
de la transformation et de la distribution du lait au Québec.
Dans le domaine toujours de la commercialisation, nous avons mis de
l'avant des nouveaux services où il était nécessaire que
nous agissions dans un délai assez bref. Nous avons, par exemple, au
ministère, un service d'aide technique à l'industrie et de
recherche économique, qui existait au début à
l'état très embryonnaire et dont l'un d'entre eux n'existait pas
du tout. Alors ces services de recherche nous permettent actuellement
d'analyser les marchés, de dépister les marchés nouveaux,
d'étudier tout le secteur de la transformation et tout le secteur de la
production primaire, d'étudier l'impact que peut avoir un plan conjoint,
que peut avoir le contrôle de l'offre par rapport à la demande,
etc.
C'était très important que nous ayons ces services.
Ceux-ci, en plus, ont travaillé à la promotion d'un certain
nombre de produits. Nous avons aidé par exemple les pomiculteurs
à vendre, cette année, ce qu'on a appelé la pomma A/C
à atmosphère contrôlée; la télévision
en a fait écho très souvent. Le ministère a
participé à cette étude de promotion et a participé
également je pense économiquement à la production du
cidre. Nous avons créé un comité avec les principaux
producteurs. Nous avons ensemble cherché des moyens pour vendre à
l'ensemble des consommateurs ce produit québécois qui est
disponible depuis quelques années seulement : le cidre. Nous avons
travaillé également au niveau de la production des produits
maraîchers et notamment la production des salades au Québec.
Vis-à-vis de la recherche, nous avons fait un travail
également important. Nous constations, au niveau de la recherche au
Québec, un certain nombre de programmes plutôt disparates
où il était difficile de trouver la coordination. Nous avons
réorganisé la recherche en vue d'abord de regrouper les forces et
ensuite d'éviter le dédoublement. Le Conseil de recherche est
maintenant composé non pas de spécialistes choisis un peu au
hasard, qui sont bien sûr des bons spécialistes, mais il est
composé maintenant du ministère, des facultés
d'agriculture qui existent au Québec et des stations de recherche
fédérales, de telle sorte que nous sommes capables, au niveau du
conseil, de planifier la recherche, d'éviter le double emploi et de
faire en sorte que les sommes que nous y mettons soient dépensées
à des fins véritablement efficaces pour l'ensemble des
agriculteurs. Les autres organismes de recherche qui existaient, comme le
conseil des productions végétales et le conseil des productions
animales, sont demeurés. Nous cherchons même à ajouter s'il
y a lieu, au cours des prochains mois ou des prochaines années, un
conseil qui s'occuperait de façon plus particulière du secteur
agro-alimentaire.
Les travaux prioritaires que se sont fixés les chercheurs au
Québec sont d'abord des grilles plus réalistes de fertilisation :
le développement de nouvelles productions
céréalières, la production des légumes en serre,
etc. Nous nous sommes fixé des priorités, ce qui n'existait pas
ou peu auparavant. Il est très important que nous nous penchions sur ces
aspects de la question agricole. Pour l'aménagement du territoire, nous
avons au moins des programmes précis dans trois régions du
Québec: dans le Bas Saint-Laurent, dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean et
dans l'Abitibi et le Témiscamingue.
Nous aurions voulu étendre tous ces programmes à
l'ensemble de la province de Québec, mais les études disponibles
ne nous étaient pas encore parvenues.
Les moyens financiers étaient, bien sûr, limités et
nous voulions, en plus, voir ce que pourraient donner des expériences
précises d'aménagement du territoire dans plus d'une
région au Québec. Nous avons quand même, à travers
tout cela, contribué à déterminer au Québec trois
ou quatre zones de production agricole comme, par exemple, l'élevage des
bovins qui n'est pas stimulé de la même façon dans toutes
les régions du Québec. Nous avons déterminé des
zones pour l'élevage du bovin au Québec; nous sommes en train
d'en déterminer également pour les productions
maraîchères et certaines productions
céréalières. Cela se situe dans le domaine de
l'aménagement du territoire.
Le crédit agricole. L'amendement aux lois a apporté
déjà des améliorations sensibles. La
moyenne des prêts, en 1971, était de $14,683 et, cette
année, en 1972, elle dépassera les $15,000; donc, c'est plus de
crédits mis à la disposition des agriculteurs. Cette moyenne de
$15,000 entre dans le taux d'intérêt réduit de 2.5 p.c.
parce que nous payons la différence entre 2.5 p.c. et le taux du
marché, jusqu'à concurrence de $15,000. Quant à la demande
des prêts, pour 1972, le président m'informait récemment
qu'elle augmentait de 45 p.c. Ce sont là, croyons-nous, des indices
très évidents montrant que les agriculteurs avaient hâte de
voir les lois du crédit agricole amendées pour qu'ils aient
à leur disposition plus de crédits à long terme et plus de
crédits à court terme. De $25,000 nous l'avons porté
à $40,000 et à $60,000 pour les sociétés.
Les sommes prêtées en 1971 étaient d'environ $19
millions; en 1972 les statistiques seront compilées très
bientôt définitivement, si ce n'est déjà fait
c'est près de $25 millions. Les prêts à moyen terme, qui
peuvent varier entre 2 et 10 ans 15 ans maintenant avec les amendements
à la loi que nous avons apportés $24 millions consentis
aux agriculteurs en 1971 et $31 millions en 1972, ou à peu près,
en termes de dollars; bien sûr, on pourra ajouter des $100 à cela,
peut-être même des $1,000. Il s'agissait de démontrer que
les programmes du ministère, dans ce que je viens de dire, semblent
coller à la réalité. Tout au moins, ils sont
utilisés au maximum par les agriculteurs du Québec.
C'était là un objectif que nous nous étions fixé.
Je pense que nous avons atteint une partie de cet objectif. Ce n'est pas
complet, ce n'est pas total en soi, mais ce sont quand même des indices
intéressants du développement de l'agriculture au
Québec.
Nous avons agi, bien sûr, dans d'autres domaines aussi, par
exemple, dans le domaine des lois. Nous parlions tantôt du crédit
agricole; nous avons ajouté de nouvelles lois au crédit: le
crédit à la production, le crédit pour venir en aide aux
agriculteurs dans des périodes difficiles où ces prêts,
contractés par les agriculteurs, sont en totalité garantis par le
gouvernement. De tels types de crédit aideront les agriculteurs à
organiser leur production au début de la saison, ils mettront à
leur disposition les sommes d'argent pour leur permettre d'acheter tout ce dont
ils ont besoin pour démarrer leur production. Nous avons, bien
sûr, aussi la loi 64. En dépit de tout ce qu'on a pu dire et en
dépit de ceux qui ont jugé bon de ne pas l'approuver, les
agriculteurs ont quand même, au terme d'un référendum,
démontré qu'ils en voulaient de cette loi, ils l'ont
démontré clairement, très clairement. Je pense que c'est
là un indice important que les agriculteurs du Québec savent ce
qu'ils veulent.
M. BELAND: Approuver la loi et refuser certaines modalités, c'est
deux choses.
M. TOUPIN: Un certain nombre de députés devraient se
pencher davantage sur les besoins des agriculteurs; à ce
moment-là, je pense qu'on appuierait davantage les mesures qu'on met
à leur disposition.
Les relations fédérales-provinciales, en dépit de
ce qu'on a pu écrire ce matin dans le Soleil, quoique certains aspects
peuvent être négatifs... Ce matin ou hier soir, je ne sais pas, on
parlait d'un dossier négatif. Dans le domaine de la commercialisation,
les ententes sont difficiles mais elles avancent graduellement. Dans le domaine
des oeufs, par exemple, elles sont trop lentes à notre point de vue.
On devrait aboutir plus rapidement sur des choses concrètes.
Dans le domaine du poulet, elles ont avancé un peu plus
rapidement, mais nous nous heurtons au mécanisme du partage des
marchés. Le Québec ne cédera aucune partie de son
marché en faveur d'une autre province. Il nous serait impossible de
signer des ententes avec quelque province que ce soit, si nous sommes
obligés de laisser aller une partie des marchés que nous avons
conquis au cours des années antérieures.
Au niveau du lait, les ententes en général sont assez
bonnes. Nous nous entendons assez bien avec les provinces et notamment avec la
province de l'Ontario, quoiqu'il est normal que nous rencontrions certaines
difficultés, quoique les négociations demeurent quand même
assez ardues.
Dans le domaine des grains de provende, on en a dit un mot tantôt,
nous attendons une contre-proposition; la nôtre, elle est très
simple. Tous les agriculteurs du pays doivent être sur un pied
d'égalité à l'égard de cette politique.
Le programme des petites fermes, nous avons considéré
qu'il était incomplet ce programme. Nous sommes en voie encore de
négociation. Des progrès ont été
enregistrés, mais nous ne sommes pas en mesure de dire si ces ententes
pourront être signées dans deux mois ou trois mois ou avant ou
après.
M. le Président, c'étaient, dans les grandes lignes, les
quelques éléments des différents travaux que le
ministère de l'Agriculture a accomplis depuis un bout de temps et ce, en
vue d'informer les membres de la commission.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Avant de continuer, il serait
important de choisir un rapporteur. Le nom de Benjamin Faucher,
député de Yamaska, est-ce qu'il a l'assentiment de tout le
monde?
M. VINCENT: Certainement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, M. Faucher est choisi comme
rapporteur de la commission.
L'honorable député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, très brièvement, nous
avons l'intention pour employer
un vocable pontifical de revenir sur plusieurs articles
mentionnés par le ministre aux crédits particuliers qui touchent
ces domaines, tel le drainage. A ce moment-là, j'aimerais bien que nous
puissions avoir les chiffres exacts de ces augmentations que se vante d'avoir
réalisées le ministre actuel, avec un programme qui fut
établi, comme on le sait, par le plan quinquennal de 1968. Egalement il
y a d'autres articles particuliers comme les usines laitières, la fusion
des usines laitières. Il a parlé de fusion des usines de lait
industriel, en vertu du programme qui a été voté par
l'Assemblée nationale en 1968. Il a parlé du programme des usines
de pasteurisation, qui est un programme nouveau et ça je peux le
confirmer qui est un programme nécessaire, qui est un programme
qui devait être réalisé. Nous y reviendrons à
l'article particulier dans le budget en ce qui concerne ces fusions. Egalement
en ce qui concerne l'insémination artificielle, il y a un programme qui
a été amélioré. Je ne pense pas que le ministre
tienne pour acquis que le tout a commencé en 1970...
M. TOUPIN: Ce n'est pas ce que j'ai dit, M. le Président.
M. VINCENT: ...en ce qui concerne l'insémination artificielle.
D'ailleurs, on se sert, à l'heure actuelle, de semence congelée
de douze ans, quinze ans alors que le ministre n'avait probablement même
pas l'âge de voter. On se sert de semence congelée pour
réaliser le programme.
La commercialisation, nous allons également en discuter lorsque
nous nous trouverons dans ce domaine. L'aménagement du territoire,
encore là, il dit qu'il y a trois régions où on a des
programmes spécifiques, la région du Bas-Saint-Laurent par
exemple. Des programmes spécifiques qui découlent de quoi? Je
pense que seulement se poser la question, c'est y répondre; ça
découle de programmes qui ont été mis sur pied
antérieurement à la venue du ministre. Nous reviendrons sur ces
sujets.
Ce que je veux aborder dans cette discussion générale,
c'est que le ministre a touché dès le début, en
commençant à corriger les chiffres qu'il avait publiés
avec grand renfort de publicité en 1973, au début de
l'année, au mois de janvier. A ce moment-là, il avait
déclaré que les agriculteurs du Québec avaient
réalisé en 1972 un revenu net accru 44.3 p.c. comparativement
à 1971.
Nous avons voulu... Quand je dis "nous", je ne parle pas de moi, mais
des économistes qui travaillent pour l'UPA, également des
députés et d'autres personnes qui ont voulu mentionner au
ministre, à ce moment-là, que c'était une mauvaise
publicité d'aller dans le public déclarer que les agriculteurs
avaient réalisé un revenu net de 44.3 p.c. supérieur et
que ce n'était pas rendre un service aux agriculteurs de lancer cela
dans le grand public.
Pourquoi? Parce que l'on se servait, pour donner ces chiffres pour
l'année 1971, de chiffres provisoires. On se servait, pour
l'année 1972, de prévisions. Il y aurait certainement des
corrections à apporter aux prévisions qu'on faisait pour 1972.
Aujourd'hui, le ministre nous apporte lui-même des corrections. Au lieu
d'une production laitière totalisant presque $297 millions, comme on
l'annonçait dans les chiffres, on nous arrive, ajourd'hui, avec d'autres
chiffres, qui sont encore provisoires, de $289 millions, ce qui fait quand
même tout de suite une diminution de $8 millions, alors que, dans les
chiffres qu'on a mentionnés, on pouvait dire qu'il y aurait une erreur
de $10 millions. Mais cela peut aller là.
M. TOUPIN: Est-ce que vous me permettez...
M. VINCENT: Oui.
M. TOUPIN: ... de faire une intervention? Je pense que le
député de Lafontaine va être en mesure de comprendre ce que
je veux dire.
UNE VOIX: De Nicolet.
M. TOUPIN: Le député de Lafontaine. Il est
économiste, je pense.
M. JORON: Gouin.
M. TOUPIN: De Gouin. Le secteur agricole n'est pas habitué
à travailler avec des statistiques tellement. Je crois que c'est l'une
des premières fois que l'on prend le risque au fond, alors qu'on le fait
dans tous les autres secteurs de l'économie. Combien de fois dans les
autres secteurs de l'économie on analyse, par exemple, pour le secteur
minier et le secteur forestier, le comportement du marché en termes
économiques. On analyse les marchés et on essaie, dans le cadre
de ces analyses, d'orienter des politiques. On essaie aussi, dans le cadre de
ces analyses, d'informer l'ensemble du public sur les situations qui
prévalent. C'est ce que nous avons voulu faire en agriculture. Nous
sommes toujours dans le domaine de la recherche économique. Nous sommes
toujours dans le domaine de l'évaluation de ce qui peut se produire
à compter des expériences antérieures et des projections
que l'on peut faire à l'égard des marchés, à
l'égard de la demande, à l'égard du potentiel de
production que nous avons à notre disposition.
C'est simplement ce que nous avons voulu faire. Nous avons
apporté des corrections. Nous en apporterons encore. Ce ne sont pas des
chiffres officiels. Ce sont des données provisoires. Nous allons
continuer à agir de cette façon. Il est normal que les
agriculteurs sachent une fois de temps en temps, où s'en va
l'économie agricole. Je pense qu'il est temps qu'on arrête de
penser qu'on doit tenir les agriculteurs dans
l'ignorance parce que les consommateurs vont avoir peur à l'autre
bout. S'il y a augmentation des prix à l'agriculture, les consommateurs
vont se mettre à dire: Là, il n'y a pas de problème.
Normalement, les prix ne devraient plus augmenter, les agriculteurs font un peu
plus d'argent. Je pense qu'il est normal que nous mettions à leur
disposition ces données statistiques. On peut les interpréter,
mais dans ce contexte-là, pas dans un autre contexte. Sinon, nous
faussons totalement des programmes aussi importants que ceux d'une information
économique au niveau de l'ensemble de la population. C'est simplement ce
que le ministère a voulu faire. C'est ce qu'il va continuer à
faire au cours des prochaines années. Il est possible que, dans ses
projections, il se trompe encore de 2 p.c, de 8 p.c. ou même de 10 p.c.
d'autant plus que c'est le secteur sur lequel, économiquement parlant,
nous avons le moins de contrôle. Le député de Nicolet,
lui-même dans sa conférence de presse, a risqué des
chiffres.
M. DEMERS: Est-ce que vous recommencez votre discours?
M. TOUPIN: II a risqué. Non, je ne le recommence pas, mais il est
important d'apporter cette précision pour que l'on puisse vraiment se
situer...
M. DEMERS: Attendez que l'on vous en donne et vous répondrez.
M. TOUPIN: ... dans le contexte réel du travail que nous avons
fait à ce chapitre.
M.VINCENT: M. le Président, le ministre vient justement de
confirmer ce que je voulais dire. J'ai dit: II faut que ces chiffres soient
donnés au grand public.
Ce n'est pas nouveau. D'abord, le ministre a tort de dire que c'est
nouveau qu'on donne ces chiffres. Les chiffres, je les ai, ici, depuis
1968.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: J'ai chacune des années spécifiquement.
M. TOUPIN: C'est rendu public de cette façon-là
bien...
M.VINCENT: A ce moment-là, quand on donne ces chiffres...
M. DEMERS: ... publicité, publié par qui, et qui a
payé cela?
M. VINCENT: Quand on donne ces chiffres publics, il faut quand
même non pas les donner dans le but de faire de la publicité
à un parti politique ou à une personne.
M. TOUPIN: Trouvez donc un...
M. VINCENT: C'est exactement ce qui est arrivé au mois de janvier
1973.
M. TOUPIN: Ah bon!
M. VINCENT: Le ministre a donné ces chiffres non pas
objectivement, pour démontrer à la population l'évolution
de l'agriculture au Québec, mais a voulu démontrer, avec son Nous
pontifical, qu'il avait réussi à réaliser un revenu net
supérieur de 44. 3 p.c. en 1972, comparativement à 1971.
Maintenant, prenons les chiffres. Le ministre a commencé à
les corriger aujourd'hui.
M. TOUPIN: On va les corriger encore!
M. VINCENT: II a commencé à les corriger, et nous avons
mentionné de même que l'économiste de l'UCC, de l'UPA, qui
n'est quand même pas le dernier venu non plus, et d'autres personnes ont
mentionné que le ministre n'avait pas donné toutes les nuances
qu'il aurait dû donner ce que je vais essayer de faire.
Par exemple, si le ministre...
M. TOUPIN: Lisez le texte avant.
M. VINCENT: ... avait, en 1973, au mois de janvier, mentionné
à la population du Québec voici les chiffres que
les renevus nets réalisés au Québec par les agriculteurs,
en 1968, étaient de $197,590,000. Ce sont les chiffres que le ministre
avait, lors de sa conférence de presse. En 1969, les revenus nets
réalisés au Québec étaient de $218,032,000. Le
ministre avait ces chiffres-là lors de sa conférence de presse.
Les revenus nets réalisés par les agriculteurs du Québec,
en 1970, sont tombés à $167,605,000. Les revenus nets
réalisés en 1971, des chiffres provisoires, ce que le ministre
aurait dû dire, étaient seulement de $168,043,000. Et en 1972,
même pas des chiffres provisoires mais des chiffres estimatifs,
c'était $242 millions.
Donc, le ministre aurait dû dire, à ce moment-là, ce
qu'il a dit aujourd'hui: Ce sont des chiffres même pas provisoires mais
des chiffres estimatifs qui pourront être corrigés. Partant de
cela, il arrivait avec une augmentation de 44.3 p.c. par rapport à
l'année 1971. Il aurait dû faire sa comparaison par rapport
à l'année 1969, à l'année 1968, au lieu
d'années désastreuses comme celle de 1971, parce qu'on sait qu'en
1971, il n'y en avait pas de prix de porc, il n'y en avait pas de prix pour les
oeufs, il n'y en avait pas de prix pour les poulets, il n'y en avait pas de
prix pour aucune production agricole. On a été obligé de
voter des montants, à l'Assemblée nationale du Québec, au
Parlement fédéral d'Ottawa. On a versé, en 1972, $64
millions de subventions totales, subventions versées en 1972 mais pour
des productions de 1971, à cause de la mévente des produits
agricoles en 1971.
M. TOUPIN: Qu'est-ce que cela vient faire de plus dans...
M. VINCENT: Ce sont toutes ces explications qu'il faut donner.
M. TOUPIN: Les explications sont dans le texte.
M. VINCENT: Mais non, on dit: 44.3 p.c. de revenus nets comparativement
à 1971, alors qu'on aurait dû dire que comparativement aux
années antérieures, à cause des exceptions de 1970-1971,
il n'y avait pratiquement pas d'augmentation.
Et je n'ai pas l'intention de discuter longuement là-dessus. Nous
allons y revenir lorsque nous aurons les chiffres plus officiels que ceux que
nous avons eus. Et je suis certain qu'à ce moment-là, comme le
ministre a commencé à le faire aujourd'hui, commencé
à nous dire que les trois derniers mois, où on avait seulement
donné des estimations se basant sur les années
précédentes, cela a changé complètement la
situation de ces statistiques.
M. TOUPIN: Je l'ai dit dans ma conférence de presse, que le
dernier trimestre, les prix et les entrées ont augmenté de 40
p.c. et de 50 p.c.
M. VINCENT: M. le Président, est-ce que le ministre veut se tenir
bien tranquille?
M. TOUPIN: Je veux bien ne pas parler, à condition que le
député de Nicolet arrête de charrier.
M. DEMERS: Ah! minute.
M. VINCENT: Le ministre a assez charrié tout à l'heure, M.
le Président, on l'a laissé charrier pour employer son
expression.
M. DEMERS: Vous vous êtes promené en quatre roues depuis le
matin.
M. TOUPIN: Je vais lui donner un cours d'économique.
M. VINCENT: Pour employer son expression, il veut maintenant nous donner
un cours d'économique. Ce qui est important dans le secteur agricole, ce
n'est pas de faire de la publicité pour un parti politique ou pour un
ministre, si nous prenons...
M. TOUPIN: M. le Président, je n'accepterai pas une telle
interprétation du travail que fait le ministère. C'est de la
foutaise. Le député de Nicolet est imbu...
M.VINCENT: M. le Président, est-ce que nous allons...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. TOUPIN: II interprète tout en termes de politique. Il ne pense
qu'à ça. Il ne vit que de ça. C'est ça qu'il a fait
pendant qu'il était ministre d'ailleurs, de la politique.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
L'honorable député de Nicolet.
M. TOUPIN : II en a fait assez pour que le ministère ne se soit
pas développé.
M. DEMERS: M. le Président, sur un rappel au
règlement.
M. VINCENT: Pour revenir à ce que le ministre aime bien, ce qui
est important, je pense qu'il va falloir que le ministre le réalise, ce
n'est pas la vocation d'un ministre de l'Agriculture de faire de la
publicité pour lui ou pour le parti politique qu'il
représente...
M. TOUPIN : De la morale maintenant, ça c'est le comble! Une
leçon de morale politique.
M. VINCENT: ... c'est de donner la situation exacte, de mettre des
programmes en marche. Et quand je parle de programmes, il se vante depuis trois
ans de programmes de drainage, comme il l'a fait aujourd'hui je donne un
exemple seulement, j'en donnerai d'autres au cours des discussions
lesquels programmes où lui-même n'a rien changé, absolument
rien. Il se vante des réalisations d'un programme qui a
été mis sur pied pour en faire une publicité personnelle.
Ce n'est pas ça qu'il faut.
M. TOUPIN: Cela dépend...
M. VINCENT: II faut cesser, au Québec, d'avoir un ministre de
l'Agriculture qui, à l'intérieur de l'Assemblée nationale,
fait des déclarations comme ministre, et qui, à
l'extérieur de l'Assemblée nationale, dans son comté ou
ailleurs, fait des déclarations comme politicien, et qui, à
d'autres endroits, fait des déclarations comme publiciste. Et ça,
ça fait dire à des gens responsables, comme ceux de l'UPA: Un
ministre vend la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Cela fait dire par
exemple à des gens de l'extérieur qui entendent le ministre,
comme il l'a dit tout à l'heure: Les députés qui se sont
opposés à la Loi du syndicalisme agricole.
Mais que le ministre commence à réaliser qu'il n'y a aucun
député de l'Assemblée nationale qui a voté contre
la Loi du syndicalisme agricole. Mais regardez le ministre à l'heure
actuelle, il n'est même pas encore capable de se rendre compte qu'il n'y
a aucun de ses collègues de l'Assemblée nationale qu'il
soit donc franc qui a voté contre la Loi du syndicalisme
agricole.
M. BELAND: ... trop jeune pour...
M. VINCENT: Cela a été unanimement voté en
deuxième lecture, sur le principe de la loi. Et quand nous arrivons
à la troisième lecture de la loi, nous votons contre les
modalités d'application d'une loi.
M. TOUPIN : Vous avez ménagé la chèvre et le chou.
Si ça passe tant mieux, si ça ne passe pas on est
sauvé.
M. BELAND: II n'entrera jamais chez les Chevaliers de Colomb.
M.VINCENT: M. le Président, est-ce que nous pouvons avoir un peu
de décorum?
M. DEMERS: M. le Président, j'invoque le règlement. Est-ce
qu'il y aurait possibilité de ramener le ministre à l'ordre? S'il
veut commencer cette petite chicane, nous allons lui en faire une petite
chicane, ça va être long en masse. S'il veut nous laisser parler
comme nous l'avons laissé parler, nous allons nous plier à
ça, mais qu'il arrête ses interventions loufoques qui ne tiennent
à rien. Il n'a pas à faire une petite campagne dans le
comté de Saint-Maurice... venir me faire battre dans Saint-Maurice.
M. TOUPIN : ... d'avoir peur.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
L'honorable député de Nicolet.
M. DEMERS: Si les chiens aboient...
M. VINCENT: Le ministre de l'Agriculture, si vous l'avez
écouté à la télévision et à la
radio... un matin, j'étais dans ma voiture, je voyageais sur la route,
il était à une émission de Frenchie Jarraud, il
déclare que la première année il y a eu 24,000
assurés à l'assurance-récolte.
M. DEMERS: C'était épouvantable.
M.VINCENT: Le type qui écoute ça: 24,000 assurés.
Même pas capable de réaliser qu'il y en avait 17,000. Cela a
tombé à 9,000 ou 10,000. Il s'en va déclarer sur les ondes
de radio récemment que quant à l'affaire des petites fermes,
l'entente serait signée avec Ottawa. Nous reviendrons là-dessus
tout à l'heure. Cela aurait été supposé il y a
trois semaines passées. Il s'en va déclarer à
l'Assemblée nationale, à une question du député de
Lotbinière et du député de Bourget, et à la suite
d'une de mes questions, que pour la première fois dans l'histoire du
Canada, de l'agriculture du Québec, tous les ministres de l'Agriculture
sont tombés d'accord, sans exception, pour faire front commun contre le
gouvernement fédéral sur la question des grains de provende, sur
la question de la politique des petites fermes.
Cela ne s'était jamais vu. M. TOUPIN: C'est vrai.
M. VINCENT: II dit que c'est vrai. L'autre jour, après que l'UPA
eut fait une sortie...
M. TOUPIN: Ils sont tombés d'accord.
M. VINCENT: ... plutôt fracassante sur une question telle que les
grains de provende, le ministre a dit: J'étais certain que
c'était pour arriver parce que, depuis que je suis ministre de
l'Agriculture, jamais je n'ai été capable d'obtenir l'accord des
autres ministres des autres provinces sur la question des grains de provende,
des petites fermes et le reste. Et, en Chambre, il déclarait que tout le
monde était d'accord pour la première fois, tout le monde avait
fait l'unanimité pour faire front commun contre le gouvernement
fédéral sur les grains de provende et la question des petites
fermes, et le reste.
M. TOUPIN: C'est devenu du charriage!
M. VINCENT: M. le Président, le ministre charrie continuellement,
c'est pour ça qu'il a cette expression à la bouche. On reviendra
sur toutes ces questions tout à l'heure; nous avons des documents ici,
des déclarations du ministre. Par exemple, vous avez ici le Devoir, il y
a quelque temps je n'ai pas la date ici: "Toupin réalisera sa
politique agricole en ignorant Ottawa". M. le Président, est-ce qu'il
nous en a parlé tout à l'heure? Il ignore Ottawa pour la
politique des petites fermes? Cela va se signer prochainement. Toutes les
provinces sont d'accord, il y a déjà huit provinces qui ont
signé avec le gouvernement fédéral.
M. TOUPIN : Ce n'est pas notre politique, M. le Président.
M. VINCENT: II y en a déjà huit qui ont signé avec
le gouvernement fédéral.
M. TOUPIN : Ce n'est pas notre politique, c'est la politique du
gouvernement fédéral.
M. VINCENT: En ce qui concerne, M. le Président...
M. TOUPIN: II me semble que c'est très clair.
M. VINCENT: ... les problèmes avec le fédéral,
où en sommes-nous rendus avec le crédit agricole, le financement
des fermes? Le ministre on n'en a pas parlé. Il y a un dossier au
ministère des Affaires intergouvernementales.
M. TOUPIN: J'ai dit qu'on mettrait nos programmes en place et j'en
mentionnais...
M. VINCENT: Bon, en place.
M. TOUPIN: On a amendé nos lois aussi et on a arrêté
de charrier, on est allé.
M. VINCENT: M. le Président, en définitive nous allons
revenir sur chacun des articles, je pense que c'est important, sur chacun des
programmes. Mais, dès le début, ce que je demande au ministre
qu'il cesse d'être le publiciste du Parti libéral, d'être le
publiciste d'un homme qui veut faire de la politique sur le dos des
agriculteurs. Qu'on donne exactement la situation telle qu'elle se produit au
Québec. Je sais qu'au ministère de l'Agriculture et de la
Colonisation il y a environ 2,000 fonctionnaires; est-ce que le ministre en a
parlé? Du tout.
M. TOUPIN: C'est normal.
M. VINCENT: Est-ce qu'il nous a parlé de l'organisation de ses
bureaux régionaux, de l'administration de son ministère?
M. TOUPIN: Voulez-vous avoir des noms?
M. VINCENT: De quelle façon on procédait dans
l'organisation des bureaux régionaux?
M. TOUPIN: Je vais donner tous les noms, partout.
M. VINCENT: Non, il nous a simplement mentionné qu'il y avait des
programmes en marche, des programmes nouveaux, des programmes où tout
avait été réalisé grâce à son
intervention.
UNE VOIX: Son dynamisme.
M. VINCENT: Est-ce qu'il nous a parlé de l'organisation des
bureaux régionaux, des services aux agriculteurs? Est-ce qu'il nous en a
parlé?
M. TOUPIN: J'ai dit ce qui était important. Nous reviendrons.
M. VINCENT: Le ministre, ce qu'il a voulu dire, il a voulu commencer
à corriger des chiffres et continuer à faire sa publicité
personnelle. C'est pour ça que nous allons, M. le
Président...
M. TOUPIN: On donnera les noms tantôt. On n'est pas capable de
faire...
M. VINCENT: Je n'ai pas l'intention de discuter plus longtemps. Nous
reviendrons sur les programmes spécifiques; il y a, par exemple, la
gestion interne de soutien. Je pense que c'est important que nous sachions de
quelle façon l'organisation des bureaux régionaux, des
laboratoires régionaux, des services aux agriculteurs procède;
nous recevons des plaintes des agricul- teurs et c'est normal d'avoir des
plaintes. Je pense que c'est le rôle des membres de cette commission, le
rôle des députés, à l'occasion des crédits du
ministère de l'Agriculture, de se faire l'interprète des
populations qu'ils représentent pour apporter des correctifs à
l'administration. En ce qui concerne la commercialisation des produits
agricoles, est-ce qu'il y a des programmes de publicité? Nous y
reviendrons. En ce qui concerne l'aide à la production agricole, on
parle des subventions qui sont votées, on parle je reviendrai
tout à l'heure sur la question des plans conjoints du financement
agricole; nous aurions aimé savoir le programme du ministre pour les
prochaines années en ce qui concerne le financement agricole. Je ne
parle pas du programme qu'on a voté, le programme législatif. On
l'a voté. Le ministre est-il au courant? même si on a voté
quinze ans avec les banques pour les prêts d'amélioration de
fermes, les banques ou les caisses populaires vont à sept, huit ans et
c'est très difficile de dépasser dix ans; c'est de cela qu'il
faut discuter. Ce n'est pas la publicité du ministre. Est-ce qu'il est
au courant, par exemple, que même si on a voté les lois du
crédit agricole, le financement agricole, ça prend encore des
mois et des mois avant que l'agriculteur reçoive le service auquel il a
droit suivant la législation que nous avons votée à
l'Assemblée nationale?
M. TOUPIN: C'est vrai.
M. VINCENT: Est-ce que le ministre est au courant de cela? C'est ce
qu'il faut corriger. C'est bien beau dire qu'on a adopté des lois
à l'Assemblée nationale favorisant le crédit agricole.
Quand l'agriculteur fait une demande pour avoir un prêt agricole,
ça prend combien de temps avant que son prêt agricole soit
accordé? Cela prend combien de temps avant que tout soit prêt,
qu'il reçoive son argent? C'est ça qui est important,
l'efficacité des lois.
Quand bien même le ministre avec son chef viendrait nous dire que,
depuis le début des trois ans d'administration, on a adopté mille
lois...
M. TOUPIN: Neuf cents.
M. VINCENT: M. le Président, 900 ou 1,000 lois. Si on fait le
décompte de tout ça, prenons seulement l'évaluation
foncière, on l'a amendée trois fois, cette loi. Cela fait quatre
lois pour l'évaluation foncière, puis elle n'est pas encore
opérante. Il y a des lois qu'on a adoptées, par exemple, que ce
soit le bill 15, le bill 16, est-ce qu'ils sont opérants? On a
adopté les lois du crédit agricole. Est-ce que ça
opère à l'heure actuelle, est-ce que ça va bien, est-ce
que ça fonctionne bien? Je pense que c'est ça qu'il faut discuter
durant l'étude des crédits du ministère de l'Agriculture
et de la Colonisation.
Je pense que ce sont ces interventions que nous devons faire.
On parle de la recherche et de l'enseignement. Pour la première
fois, on est rendu avec un Conseil de recherche; ça existait, le Conseil
de recherche. Le Conseil de recherche existait; il s'agit maintenant de faire
des suggestions pour l'améliorer. Le ministre nous dit que, maintenant,
les universités, le gouvernement fédéral sont
entrés dans ce service. C'est ce que tous les ministres de l'Agriculture
doivent préconiser et c'est ce que nous devons établir.
On parle d'enseignement. Est-ce qu'on est allé loin dans
l'enseignement? Est-ce que le ministère de l'Education joue son
rôle dans l'enseignement agricole? Est-ce qu'il le joue pleinement?
Est-ce que l'Ecole d'agriculture de Sainte-Croix de Lotbinière...
M. TOUPIN: Non, pas ça.
M. VINCENT: Comment non, pas ça? Le ministre dit pas ça,
non. C'est quand même une institution qui existe. Quelle sera sa vocation
future? Je commence par celle-là, parce que c'est la plus petite qui,
à l'heure actuelle, fonctionne sous la surveillance du ministère
de l'Agriculture. Est-ce que l'Institut de technologie agricole en ce qui
concerne l'enseignement, l'Institut de Sainte-Anne-de-la-Pocatière...
C'est tout ça qu'il va falloir discuter pendant l'étude du
budget, et non pas faire la publicité du ministre en faisant des
déclarations comme il en a fait tout à l'heure. Il n'y a rien de
concret dans ce que le ministre déclare. Il corrige ce qu'il a
déclaré il y a un mois. Dans un mois d'ici, il va déclarer
autre chose. On a des piles de déclarations du ministre, contradictoires
les unes des autres. On va revenir sur chaque article, puis on va demander
quelle déclaration est bonne. Est-ce celle d'il y a deux ans? Est-ce
celle d'il y a trois mois? Est-ce celle d'il y a quinze jours ou celle qu'il va
faire dans quinze jours?
M. DEMERS: La correction de la correction.
M. VINCENT: On va le prouver au ministre tout à l'heure que les
gens se cherchent dans tout ça.
M. TOUPIN: Les agriculteurs, je ne pense pas.
M. VINCENT: Les agriculteurs, je pense que le ministre ne sort pas.
M. DEMERS: Cela fait longtemps qu'il n'a pas labouré.
M. VINCENT: Je pense que le ministre ne sort pas. M. le
Président, moi, je termine et nous y reviendrons sur chacun des
articles.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, ça me fait plaisir
d'intervenir ce matin, suite surtout peut-être aux déclarations
fracassantes, le genre soufflage de ballons à l'extrême, qui ont
été faites dès le début par le ministre de
l'Agriculture. Je prendrai ici une phrase qu'il répète de temps
à autre et qu'il a répétée encore ce matin dans les
tout derniers moments. Peut-être que je me ferai accuser de commencer par
la fin, mais disons que, pour se situer à un moment donné, il
faut commencer quelque part.
Il a dit à un moment donné: Le Québec ne
cédera pas une partie de notre marché au profit des autres
provinces. Je me demande réellement sur quoi il se basait. Ou il est
cachottier... C'est peut-être un petit cachottier, le ministre. On ne le
sait pas, on ne le connaît pas encore entièrement.
M. DEMERS: II est cachottier, c'est vrai.
M. BELAND: De toute façon, la réalité
présentement chez les agriculteurs au Québec, c'est
peut-être quelque peu autre chose que ce que le ministre a semblé
vouloir dévoiler avec grand éclat ce matin. D'abord, si on
remonte un petit peu plus loin, il va sans dire que, dans les années
1950, tout le monde sait que chaque travailleur agricole produisait pour
environ seize personnes, seize citoyens, mais, en 1973, chaque travailleur
agricole produit pour environ 55 à 58 personnes.
Or, c'est entendu qu'il y a une nette amélioration, une nette
augmentation dans la productivité de chacune des fermes. Il va sans dire
que cela a fait en sorte, en même temps, qu'il y a eu diminution de la
quantité des producteurs.
Donc, par le fait même, les fermes ont triplé,
quadruplé et peut-être encore davantage. Par contre, lors de la
dernière session j'ai demandé au ministre de l'Agriculture, par
des questions posées à l'Assemblée nationale, ce qu'il
avait suggéré comme fond, comme question première, ce
qu'il avait suggéré comme entente possible, comme premiers
pourparlers avec le gouvernement fédéral, ce qu'il avait
suggéré en ce qui concerne les petites fermes au Québec.
D'autre part, j'ai posé d'autres questions concernant les fameux grains
de provende, quant à la politique qui existe présentement, qui
existe depuis plusieurs années devrais-je dire, où on ne
s'arrête pas. Les faits exacts, que les cultivateurs vivent, que les
meuniers vivent, on ne s'arrête pas à cela, cela n'en vaut pas la
peine. On regarde dans les nuages, mais par contre, ce que les producteurs
véritables vivent, les producteurs sans sol peut-être
principalement, disons qu'on laisse cela de côté, au
ministère de l'Agriculture.
Pour quelle raison? Je ne le sais pas. Peut-être qu'on est
gêné de parler avec le gouvernement fédéral ou pour
quelque autre raison; de toute façon, cela reste de côté
totalement. Tantôt, lorsque nous reviendrons plus à fond dans la
discussion, j'aimerais que le ministre dépose le genre de protocole
suggestif
qu'il a dû déposer au ministère
fédéral de l'Agriculture pour en venir à une entente.
J'imagine qu'entre autres il a suivi de près les évolutions qui
ont eu cours dans le domaine fédéral, évolutions qui ont
fait en sorte qu'à un moment donné ce Parlement national a
voté la loi C-176. A-t-il remarqué que l'article 23
précisément permet aux provinces, suite à une entente
fédérale-provinciale, qu'il y ait un office de commercialisation
de créé, office de commercialisation qui permettrait que les
producteurs du Québec puissent s'alimenter directement dans les
provinces productrices de blé ou d'autres céréales.
M. le Président, j'aimerais qu'encore là le ministre nous
fasse part des suggestions faites lors de cette fameuse rencontre entre les
ministres de l'Agriculture des différentes provinces, y compris le
ministre fédéral de l'Agriculture. Pour aller un peu plus
à fond, encore là j'emprunterai les termes que le ministre
lui-même a utilisés tout à l'heure à savoir que dans
les politiques, dans les chiffres, dans les statistiques qu'il se permet de
citer selon les besoins du moment ou selon peut-être les besoins
politiques du moment, sa phrase bien précise: Nous nous en tenons au
niveau des projections. A ce niveau, pour faire des projections est-ce que l'on
part des besoins â la suite des recherches qui doivent être faites,
qui ont dû être faites, besoins réels du marché de
consommation, est-ce que l'on part de cela pour élaborer des politiques
d'intensification, de production, soit animale ou végétale?
Est-ce que l'on part de là ou si l'on part d'autres facteurs
à d'autres paliers? Je ne le sais pas et j'aimerais le savoir. Quant aux
chiffres qu'il a mentionnés tout à l'heure certains sont
réels et, entre autres, quand il parlait, par exemple, d'une
augmentation de $0.60 du prix du lait industriel, c'est vrai, l'augmentation de
$0.60. Mais ce qu'il n'a pas mentionné c'est que, dans le dernier
trimestre de 1972, l'augmentation, seulement due à l'augmentation des
intrants en agriculture, c'est-à-dire les moulées, a
été de $0.32 les 100 livres de lait pour les derniers trois mois
de 1972 c'est curieux, on peut en sortir des chiffres sans
compter l'augmentation du prix du foin que les producteurs ont
été obligés de payer au cours de l'année 1972 et
qu'ils sont obligés de payer encore en 1973, tant et aussi longtemps que
les animaux n'iront pas paître dans les champs.
M. le Président, il y a une augmentation à ce niveau de la
balle de foin qui, je pense, va au quintuple si ce n'est pas davantage d'avec
ce que c'était en 1971, en 1970 aux pareilles dates de l'année.
Quant à faire des analyses, je pense qu'il faut les faire
complètes, sinon, on induit la population en erreur. Cela me fait penser
un peu...
M. TOUPIN: Est-ce que le député de Lotbinière me
permettrait juste une petite intervention?
M. BELAND: Allez, cela me fait plaisir.
M. TOUPIN: Le gouvernement fédéral avait prévu une
politique d'aide pour ceux qui achèteraient du foin au cours de la
saison d'hiver et de l'automne, c'était une politique d'aide au
transport, je pense. A ce jour, combien d'agriculteurs ont fait une demande?
162 ou 169 producteurs à peu près, d'après les chiffres
qu'on a, remarquez bien que ça peut changer, mettons-les au maximum au
cas où, 200 producteurs à peu près qui ont fait la demande
au fédéral pour le transport du foin.
M. BELAND: Dans toute la province? M. TOUPIN: Dans les zones
désignées.
M. DEMERS: Est-ce que ça veut dire que...
M. TOUPIN: Dans les zones désignées. Là-dessus, il
faut quand même être réaliste, c'est bien beau de dire que
les gars ont manqué de foin, etc. Le foin n'était pas de
qualité. Sur ça, tout le monde est d'accord. Pas seulement
là, il l'était un peu plus là qu'ailleurs. Mais en termes
de quantité, et c'est toujours ce qu'on a soutenu, il y en avait du foin
au Québec. C'était la qualité qui faisait défaut.
Plus les programmes qu'on avait s'appliquent, plus nos hypothèses se
précisent dans ce domaine. On était toujours dans l'ordre des
hypothèses, plus nos hypothèses se précisent. Le prix du
foin a été élevé, c'est un fait.
Une autre petite précision, vous disiez tantôt que j'ai
parlé de l'augmentation du prix du lait et que je n'ai pas parlé
de l'augmentation des coûts, ce n'est pas vrai. Je l'ai dit tantôt
en termes de statistiques, on a des tableaux, on va vous les redonner.
Seulement au niveau de trois articles, dernier trimestre, augmentation de 9
p.c. des coûts. Vous traduisez ça en termes de $0.32 les cent
livres de lait, nous ne sommes pas équipés, nous, au
ministère pour analyser ça aussi loin que ça. Nous sommes
équipés pour dire par exemple... Vous l'êtes
peut-être, vous autres, je ne le sais pas, si vous l'êtes, tant
mieux. Nous, nous ne sommes pas équipés pour analyser que 9 p.c.
au niveau du coût des entrées, ça représente $0.32
les cent livres de lait. Nous ne sommes pas rendus là encore. Nos
économistes ne sont pas encore rendus là. Mais nous avons
donné des statistiques là-dessus, tantôt.
M. BELAND: C'est que ça confirme encore davantage ce que je
pensais, à savoir qu'il y a beaucoup à faire, je crois, au
ministère de l'Agriculture pour se situer exactement au Québec
où nous en sommes présentement. Quant à ce qui concerne le
transport, je relève également vos dernières paroles.
C'est peut-être vrai. Enfin, moi je n'ai pas de chiffres à savoir
combien d'agriculteurs ont demandé une rétribution en vertu de
l'aide offerte par le fédéral. Je n'ai pas cela.
M. TOUPIN: Je viens de vous le donner.
M. BELAND: Seulement ce que je sais par exemple... D'ailleurs,
tantôt quand on y viendra plus à fond, j'aimerais que seraient
déposés les noms, les adresses, les régions, où ces
cultivateurs résident, ceux qui ont fait la demande, pour tâcher
de savoir exactement où nous en sommes. C'est vrai qu'il y a eu des
régions au Québec où la production de foin a
été très bonne l'an passé, c'est vrai ça.
Mais il y a de très grandes quantités de régions où
il y a eu un transfert de ferme à ferme ou encore aux dix milles ou aux
quinze milles, où le producteur lui-même allait chercher, allait
faucher, récolter le foin et, à ce moment-là, ceci
était refusé pour l'aide au transport parce qu'il le transportait
lui-même. Est-ce qu'il n'y avait pas également de ce
côté, une faille dans la possibilité d'aide au transport?
Parce que dans plusieurs cas, cela a été l'engagement de camions
pour transporter cedit foin, mais les gars n'ont pas été
remboursés pour le transport; non, cela n'est pas vrai pour plusieurs
régions. Je pourrais même apporter des noms bien précis au
ministre qui ont fait la demande, qui sont allés rencontrer les
agronomes régionaux et qu'on leur a dit en vertu de l'offre faite par
Ottawa: Vous ne satisfaisez pas aux normes. Alors, au nom de sa majesté
la norme, on ne pourra pas vous aider au transport, mes amis. C'est comme
ça que ça se passe dans la réalité des faits, pas
dans la brume, dans les nuages, mais dans les faits, c'est comme ça que
ça se passe.
M. TOUPIN: Sans aller plus loin, est-ce que le député de
Lotbinière est d'accord avec moi qu'en gros, à quelques
exceptions près le député de Nicolet est
agriculteur, il a une ferme, il y en a d'autres ici, M. Fraser en est un
de façon générale, un gars qui loue une terre, il ne va
pas la louer à 40 ou 50 milles? Il va la prendre le plus près
possible, soit à un mille, deux milles ou trois milles.
M. DEMERS: Là où il y a du foin. M. TOUPIN: Là
où il y a du foin.
M. BELAND: Je suis obligé de rappeler le ministre à
l'ordre, M. le Président, si vous ne le faites pas. Justement, l'an
passé, cela n'a pas été un travail de louage de terres
pour cultiver le foin. La plupart des agriculteurs ont simplement acheté
le foin debout. Ils n'ont pas loué la terre.
M. TOUPIN: Cela est une autre façon.
M. BELAND: II n'est même pas au courant de cela. Mais quelle sorte
de ministre avons-nous?
M. TOUPIN: C'est une autre façon.
M. BELAND: Cela me fait penser un peu au cultivateur qui a un beau champ
de blé. En dernier ressort, au tout dernier moment, soi-disant parce que
c'est la mode il va cultiver des chardons à travers le blé pour
faire de meilleurs pains. C'est un peu le genre de discussions que semble
vouloir agencer le ministre ce matin. Il veut introduire quelque chose qui est
tout à fait en dehors de l'ordre des choses pour tâcher de mousser
encore de la politique partisane.
M. TOUPIN: Je ne vous ai que posé une question.
M. DEMERS: Ne posez pas de question. Vous connaissez les
réponses, pourquoi posez-vous des questions? Vous savez que vous savez
tout.
M. TOUPIN: II m'a apporté des chiffres tantôt.
M. BELAND: M. le Président, un autre aspect. Lorsque l'on parle
de la valeur des fermes au Québec, il va sans dire qu'il y en a un
très grand nombre qui ont besoin d'égoutte-ment. Cela a
été reconnu par les gouvernements passés. C'est reconnu
par le gouvernement actuel qu'on a besoin d'égouttement.
Là-dessus, c'est peut-être une des rares qualités que
j'accepte de dire que le ministre a. C'est qu'il reconnaît qu'il y a une
grande quantité de fermes qui ont besoin d'égouttement. Encore
là, dans les faits, qu'est-ce qui se passe dans l'égouttement? Le
ministre a sorti un chiffre tantôt, à savoir 15 millions de pieds
de drains qui ont été installés en 1970. Ensuite, il y a
quelques autres chiffres qu'il va nous déclarer tout à l'heure
pour ce qui est de 71/72. Il va peut-être faire des projections pour
1973. Par contre, si l'on tombe dans les faits, qu'est-ce qui se passe?
J'ai un gars, chez nous, je pense que cela vaut la peine de citer le
nom, c'est Jean-Louis Laflamme de Saint-Agapit dans Lotbinière. Il a
communiqué, l'été passé, dans les mois de juin ou
juillet, avec le ministère de l'Agriculture pour tâcher de se
faire faire un plan de ferme. Il est arrivé à peu près
quinze jours trop tard, il aurait fallu qu'il ait fait cela quinze jours avant,
avant que les inspecteurs ou soi-disant inspecteurs qui vont faire les plans de
ferme chez les cultivateurs partent de Québec. Imaginez, il n'y a pas de
téléphone au bureau du gouvernement. Alors, ce qui arrive, c'est
que le type nous sommes rendus au mois d'avril 1973, cela a
été demandé en 1972 n'a pas vu la couleur des yeux
d'un bonhomme encore. Alors, il attend. Il veut cultiver du mais. Le ministre
prône l'autosuffisance, l'autoproduction, l'auto je ne sais plus quoi,
à ce moment-là où en sommes-nous rendus?
M. VINCENT: Loto-Perfecta!
M. BELAND: Est-ce que le ministre est sérieux quand il parle
d'autosuffisance pour la
province de Québec en agriculture pour satisfaire les besoins du
marché? Est-ce que cet agriculteur, ce M. Laflamme de Saint-Agapit, va
pouvoir compter que cette année il va pouvoir faire effectuer les...
M. TOUPIN: J'aurais juste une question...
M. BELAND: ... travaux de drainage? Le type en question, ce n'est pas
seulement 200 pieds qu'il veut faire installer, c'est au moins 15,000 pieds sur
sa ferme.
M. TOUPIN: Est-ce que je pourrais poser une question au
député de Lotbinière?
M. BELAND: Allez-y.
M. TOUPIN: Est-ce que le député de Lotbinière est
certain que la zone du territoire dont il parle est une zone qui serait propice
pour la production du mais?
M. BELAND: M. le Président,...
M. TOUPIN: Non, non, je veux une réponse à la
question.
M. BELAND: ... je suis obligé de ramener le ministre devant les
faits.
M. TOUPIN: C'est bien sûr!
M. BELAND: C'est malheureux. Mais, justement, la région no
3...
M. FRASER: Est-ce que le député me permet une
question?
M. BELAND: Pardon?
M. FRASER: Est-ce que je peux vous poser une question? Est-ce que vous
avez lu ce rapport qui parle du drainage?
M. BELAND: Oui.
M. FRASER: A la page 172, regardez, il y a la liste des cours d'eau qui
ont été faits. Dans Lotbinière, on a creusé 19
cours d'eau. Dans le comté d'Huntingdon il y a encore des
cultivateurs et de bonnes terres on en a creusé deux. Cela montre
le favoritisme du gouvernement, apparemment cela. Voulez-vous qu'il fasse tout
dans le comté de Lotbinière, qu'il laisse de côté
tous les autres comtés et qu'il les néglige?
M. BELAND : M. le Président, justement, je suis obligé
même de ramener devant les faits aussi c'est malheureux parce que
c'est un agriculteur tout comme moi le député de
Huntingdon, parce que je n'avais pas parlé de creusage de cours d'eau.
C'est à un tout autre article. J'admets que, dans Lotbinière, il
y en a eu plusieurs de creusés l'an passé et ce n'est pas
seulement sous votre gouvernement. Il y en a eu plusieurs, mais il y en a
encore à faire.
Mais, là, je parlais seulement du drainage des fermes, du
drainage au point de vue des drains posés par la machinerie sous le
sol.
M. FRASER: C'est la même chose avec cela. Il y a d'autres terres
que celles qui sont dans Lotbinière.
M. DEMERS: II y en aura toujours du drainage à faire parce que
les cours d'eau se remplissent d'une année à l'autre. Il faut
recommencer.
M. FRASER: Ils se remplissent plus vite chez vous qu'ailleurs!
M. BELAND: M. le Président, pour en revenir à
l'intérieur de la discussion même, au point de vue du drainage
souterrain, j'espère qu'il sera possible, tout au long de l'étude
des crédits de l'Agriculture, que je puisse avoir des réponses
là-dessus. Si je puis avoir une réponse pour mon bonhomme de
Saint-Agapit, mon agriculteur de Saint-Agapit, je présume que cela va me
fixer un peu. Je saurai combien cela prend de mois entre la demande de
l'agriculteur et la réalisation du travail dans le champ. Cela pourra
peut-être me fixer et, quand des questions me seront posées par
d'autres agriculteurs, soit par écrit ou au téléphone, je
pourrai leur répondre approximativement. Je pourrai leur dire: Selon M.
le ministre, cela va vous prendre à peu près tant de mois. Ce
n'est pas certain, mais à peu près tant de mois. Là, je
pourrai leur répondre.
Tel que c'est là, je suis obligé de référer
à des cas bien précis. Là, je n'ai pas cité celui
que cela faisait le plus de temps. Non, je m'en suis bien gardé. J'ai
protégé de quelque façon, encore, le ministre, dans ma
déclaration, ce matin.
M. TOUPIN: Je vous en prie, M. le député!
M. BELAND: Disons qu'un jeune homme comme lui, il faut quand même,
à un moment donné, le protéger, comme le père de
famille protège ses tout jeunes enfants, lorsqu'ils s'assoient alentour
d'une table. Il sait très bien que les plus vieux peuvent se prendre
à manger, mais celui qui a seulement un an ou deux ans, il est
obligé de lui donner à manger. Alors, il faut protéger le
ministre.
M. DEMERS: Le ministre en chaise haute!
UNE VOIX: II développe les complexes du paternalisme!
M. DEMERS: C'est à l'image du gouvernement!
M. BELAND: M. le Président, il y a également d'autres
facteurs sur lesquels j'aimerais m'attarder pour en discuter. Par exemple,
j'aimerais revenir sur la question des grains de provende.
Sur cette question des grains de provende, M. le Président, tout
à l'heure, le ministre a dit que peut-être que, dans deux ou trois
mois, il va y avoir un avant-propos de solution ou quelque chose du genre, en
vue de résoudre, évidemment, il va sans dire, le problème
des grains de provende. Mais seulement, par contre, est-ce que, comme le disait
si bien le député qui m'a précédé,
lorsqu'ils sont tombés d'accord, à un moment donné, sur un
objectif bien précis, comme il le citait, est-ce qu'ils sont
tombés d'accord sur l'objet des grains de provende ou sur un facteur qui
entrait en ligne de compte dans le commerce des grains de provende ou s'ils
sont tombés d'accord, tous les ministres de l'Agriculture du Canada
ensemble, y compris celui du fédéral, pour fermer la
fenêtre ou le hublot qu'il y avait à l'intérieur de la
salle où ils étaient? Sur quoi sont-ils tombés
d'accord?
Nous n'avons rien vu, dans les journaux, qui était quelque chose
de palpable, quelque chose sur quoi il y avait possibilité de discuter,
où on pourrait voir qu'il y avait des éléments de solution
véritables qui pourraient satisfaire les Québécois.
M. le Président, cela retarde continuellement. Ce n'est pas
d'hier que la question des grains de provende est un facteur important dans
l'agriculture, important pour les Québécois et important pour les
agriculteurs du Québec. C'est si important qu'en 1971 il y a plusieurs
cultivateurs, plusieurs producteurs sans sol, que ce soient des producteurs,
par exemple, de porc ou de volaille, qui ont fait faillite. Etant donné
qu'il y en a plusieurs qui ont fait faillite, c'est à partir
probablement de ces données de 1971 que le ministre s'est basé
pour faire la fameuse déclaration qu'en 1972, suite à
l'augmentation des prix dans la vente des produits agricoles, augmentation qui,
soi-disant, toujours selon le ministre, avait été de l'ordre de
44.3 p.c.
Si l'on regarde les chiffres le plus près possible, qu'on analyse
le tout, de 1966 à 1972, l'augmentation réelle moyenne sur les
fermes au Québec pas dans d'autres pays, mais au Québec
a oscillé dans les 9 p.c.
Mais, par contre, en même temps, dans les mêmes
années, il y a eu augmentation du coût de la vie sur les fermes de
l'ordre de 20.4 p.c. Et je vous prie de vérifier les chiffres pour me
contredire si je ne dis pas la vérité.
IL y aurait tellement d'éléments sur lesquels nous
pourrions discuter comme cela. Il y a l'enseignement en agriculture aussi. Nous
avons, c'est vrai cela a été dit tout à l'heure
à Lotbinière, l'école d'agriculture de
Sainte-Croix. C'est peut-être l'école où il se donne le
meilleur enseignement agricole au Québec et au Canada. Or, le ministre
de l'Agriculture semble vouloir se faire tirer l'oreille pour accorder à
cette école les deniers suffisants pour qu'elle puisse continuer
à s'épanouir et pour que tous les jeunes agriculteurs qui veulent
aller y séjour- ner puissent réellement avoir l'espace requis,
etc.
M.TOUPIN: Vous devriez adresser cette demande au ministère de
l'Education.
M. BELAND: J'ai posé la question au ministre de l'Education, mais
il m'a tout simplement répondu qu'il en prenait avis et qu'il en
discuterait avec le ministre de l'Agriculture provincial. Or, qui est donc le
ministre de l'Agriculture provincial, si ce n'est l'honorable Toupin?
Est-ce qu'il y a eu discussions? Est-ce qu'il y a eu échange de
conversations entre les deux ministres?
M.TOUPIN: Cela, c'est une autre affaire, dans ce cas-là.
M. DEMERS: Certainement. Ils en ont parlé.
M. TOUPIN: Tout ce que je voulais signaler, c'est que l'école de
Sainte-Croix relève du ministère de l'Education en termes de
financement, qu'il y a collaboration entre les deux ministères pour la
préparation des programmes.
M. BELAND: Bon. Alors, comme ça, il y a discussion de temps
à autre. Après avoir discuté des principales choses, vous
discutez de l'enseignement avec le ministre de l'Education, au cas où il
y aurait possibilité d'améliorer la situation.
M.TOUPIN: L'enseignement fait partie de nos priorités, comme les
autres. Nous l'analysons sur le même pied d'égalité.
M. BELAND: J'y reviendrai de toute façon plus avant dans la
discussion pour tâcher de voir de plus près certains
éléments, à savoir à quel endroit s'est
située la discussion avec le ministre de l'Education et quelles sortes
de propositions concrètes on a décidé d'essayer de
réaliser au cours de l'année 1973. Parce qu'il y a des choses qui
urgent quand même.
J'aurais également ici et ce n'est pas un cas unique
parler justement de ces fameux comtés reconnus sinistrés
en 1972. Je devrais peut-être dire quelques comtés
privilégiés, malgré que je n'en veux pas aux agriculteurs
qui sont à l'intérieur de ces comtés, loin de là.
Je suis fier d'eux.
Mais, lorsqu'on constate dans la réalité qu'il peut
pleuvoir beaucoup moins dans la paroisse de Joly de Lotbinière, à
Sainte-Emmélie, de Leclercville qu'à Val-Alain ou à
Deschaillons ou à Parisville, franchement, il y a des choses
renversantes, des choses que je ne comprends pas.
M. TOUPIN: Cela, c'est la thèse du député de
Saint-Maurice; Quand il mouille à quelque part, il mouille ailleurs.
M. DEMERS: Quand il mouille dans la même paroisse, dans le bout du
rang, il va pleuvoir.
M. TOUPIN: Votre influence, mon cher député, s'est fait
sentir jusque dans Lotbinière.
M. DEMERS: C'est bon. M. BELAND: C'est que...
M. DEMERS: J'ai mouillé le député de
Lotbinière.
M. BELAND: ... je ne pense pas que personne ait installé
d'immenses parapluies pour protéger les paroisses environnantes,
à moins que le ministre n'ait inventé...
M. DEMERS: C'est ce que vous ne savez pas.
M. BELAND: Ah! C'est le ministre qui a inventé ça
dernièrement. Bon, j'ignorais. Mais, étant donné qu'il y a
une certaine quantité de paroisses où les pertes ont
dépassé et très largement les 40 p.c. qui
avaient été agencés comme barème minimum pour qu'il
y ait reconnaissance de ces paroisses comme sinistrées, il y a eu,
à l'intérieur de ces paroisses qui n'ont pas pu être
reconnues sinistrées, plusieurs demandes.
L'une entre autres, a été faite conjointement par trois
cultivateurs de Saint-Edouard-de-Lotbinière: MM. Benoit Lemay,
Télesphore Lemay et Simon Lemay. Ces agriculteurs ont eu des pertes
très considérables dans la production de leur maïs-grain; en
l'occurrence, ils n'ont pas pu le récolter en majeure partie et ce sont
des pertes qui, dans certains cas, je n'ai pas les chiffres ici
sont à peu près de $4,000 chacun. Il y a eu des demandes
répétées de la part de ces agriculteurs afin d'être
aidés. Est-ce que la fameuse politique et j'ai cru déceler
dans le livre des crédits...
M. FRASER: Est-ce que je peux interrompre encore le député
de Lotbinière?
M. BELAND: Oui.
M. FRASER: J'ai battu du mais-grain, la semaine passée, chez
nous, qui est resté là tout l'hiver.
M. BELAND: Je considère que vous êtes un des chanceux de la
province. Peut-être que dans votre région...
M. FRASER: On n'a pas été chanceux l'automne passé
parce qu'on ne pouvait pas entrer dans le champ, la machine calait. La semaine
passée, j'ai battu à peu près quinze arpents; il me reste
encore vingt arpents mais...
M. BELAND: Je considère...
M. FRASER: ...on n'a pas bénéficié d'aide de nulle
part non plus.
M. BELAND: Je considère le député très
chanceux. Justement, dans mon comté, et je n'irai pas prendre l'exemple
ailleurs, je le prendrai dans mon comté, il y en a même dans ma
propre paroisse, Saint-Gilles, et il y en a également d'autres à
Saint-Edouard-de-Lotbinière, d'autres à Sainte-Croix qui ont
essayé cela ce printemps aussitôt après la fonte des
neiges, et même tout dernièrement, mais ce grain, à cause
du très grand nombre de pouces de neige qu'il y a eu cet hiver...
M. DEMERS: Mettez des skis.
M. BELAND: ...le grain est tout à terre. A ce moment-là,
M. le Président, il n'y a pas possibilité de le récolter;
on peut le récolter lorsqu'il reste après l'épi et lorsque
ce dernier est debout. Mais lorsque tout est rendu par terre, si l'honorable
député de Huntingdon a des façons de procéder pour
récolter dans cet état, je pense que ce serait peut-être
une excellente suggestion qu'il pourrait faire pour aider ces agriculteurs qui
ont été lourdement massacrés, pour employer leur
expression au cours de 1972.
M. FRASER: Une grande perte sans doute, on a ramassé à peu
près le tiers de la récolte.
M. BELAND: Je vous considère chanceux, mais il va sans dire, M.
le Président, que le comté de Huntingdon est dans le sud de la
province et il y a beaucoup moins de neige, un beaucoup moins grand nombre de
pouces de neige qui tombe à cet endroit qu'il peut en tomber dans la
région de Québec.
M. FRASER: En décembre, il y avait deux pieds de neige.
M. DEMERS: M. le Président, est-ce qu'on pourrait offrir une
mention des précipitations de neige?
M. BELAND: M. le Président, je continue et, justement,
j'étais pour le faire d'ailleurs pour devancer le député
de Saint-Maurice. C'est que j'aimerais je n'irai pas au fond des
problèmes qu'il y a à l'intérieur de cette sphère
d'activité j'aimerais qu'il y ait élaboration courte de la
part du ministre en ce qui concerne les intentions du ministère de
l'Agriculture, les intentions touchant les politiques précises
préconisées relativement aux expositions agricoles
régionales ou celles qui ne sont pas encore régionales et
où il y a tendance à faire en sorte qu'elles deviennent
régionales, d'une part, et est-ce que justement les expositions locales
vont être encouragées encore au cours de cette année? Ce
sont des questions auxquelles j'aimerais avoir quelques précisions pour
tâcher de
répondre à une certaine quantité de demandes
à l'intérieur de la province.
D'autre part, un autre domaine, en ce qui a trait au remboursement de la
taxe sur l'essence dont peuvent bénéficier les agriculteurs,
est-ce qu'on pourrait avoir quelques éléments de la politique
précise que le ministre entend mettre de l'avant cette année,
à savoir si ce sera seulement pour une machine bien précise comme
ce fut le cas dans le passé ou exactement les mêmes
catégories que dans le passé?
Pourra-t-on y inclure cette année également la
moissonneuse-batteuse, l'andaineuse automotrice, la récolteuse, enfin
les machineries propices pour la récolte du tabac et le reste?
J'aimerais avoir quelques précisions lorsque nous irons plus
avant dans les détails des différents éléments
à l'intérieur du ministère, j'aimerais avoir des
détails suffisamment précis, encore là, pour pouvoir
répondre aux demandes qui sont faites dans ce domaine. Or, somme toute,
et ce seront mes derniers mots, en 1972, il va sans dire que les agriculteurs
ont touché des prix supérieurs et très largement
supérieurs à ceux qu'ils ont touchés, entre autres, en
1971 et même je peux inclure 1970, mais ceci est très relatif.
Il ne faudrait pas imiter l'autruche et se mettre la tête dans le
sable, mais il faudrait regarder exactement quel est le potentiel de
développement vis-à-vis des différentes productions. Le
ministre a parlé du boeuf tantôt. Pourrait-on parler
également d'autres productions? Quelle est la politique précise
du ministère, politique où on a refusé de discuter depuis
trois ans exactement, ou à peu près, concernant la production de
la betterave sucrière au Québec, suite au rapport qui a
été agencé, qui a été fait dans les
années 1967/68 et dont un, entre autres, de ceux qui a fait de
très grandes recherches, et je nomme l'éminent Dr Auguste Scott,
lequel faisait partie de la commission qui a préparé le rapport
et lequel rapport, après sa parution, démontrait que dans le
centre du Québec il y avait plusieurs comtés, dont le
comté même du ministre? Cela me surprend quand même que le
ministre n'en ait pas fait état avant aujourd'hui, ou enfin n'ait pas
essayé de scruter pour voir à ce qu'il y ait une suite à
ce rapport, rapport qui disait que la betterave sucrière... il y avait
un total de 172,000 acres dans les comtés de Champlain, Portneuf,
Lotbinière, Nicolet, Lévis et je crois une partie de Bellechasse
si je ne m'abuse, lequel rapport décrétait, et j'irai plus loin,
qu'entre autres, dans Lotbinière seulement il y avait 42,000 acres
où la production de la betterave sucrière serait rentable et
même très rentable à cause justement de la texture du sol,
mais que, par contre, il faudrait l'établissement d'une autre raffinerie
de sucre au Québec et cette autre raffinerie du sucre au Québec,
est-ce qu'à ce moment-là étant donné que ça
coûterait...
M. TOUPIN: Vous m'accusez de faire trop de déclarations, de temps
en temps, je n'en fais pas. Cela en est une que je n'ai pas faite.
M. BELAND: ... pour établir une autre raffinerie de sucre au
Québec. Cette étude démontrait avec des chiffres assez
précis, et même peut-être très précis, enfin
moi, j'ai peut-être eu seulement des fragments de ce rapport qui
établissait qu'il y avait possibilité d'établir une
raffinerie...
M. DEMERS: Est-ce que le ministre me permettrait une question?
M. BELAND: ... qui coûterait autour de $10 à $11
millions.
M. DEMERS: Est-ce que le député de Lotbinière me
permettrait de poser une question au ministre, parce qu'il vous a
embêté en disant qu'il n'avait pas fait do déclaration
là-dessus?
Il en a fait une en 1972...
M. TOUPIN: Qu'est-ce que j'ai dit?
M. DEMERS: ... pour annoncer un programme de dépenses de $6
millions il ne se rappelle pas de ce qu'il a dit reparti sur
plusieurs années à la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire.
M. TOUPIN: Non, le député de Saint-Maurice s'est fait
prendre cette fois, il s'est fait enfarger. Ce que le député de
Lotbinière voulait dire, c'est qu'il y a des études...
M. DEMERS: II n'y a aucune politique de dépenses, aucune
déclaration sur les dépenses des raffineries.
M. TOUPIN: II y a des études qui ont été faites sur
les territoires du comté de Portneuf, Champlain, Lotbinière,
où semble-t-il, il serait possible de produire de la betterave à
sucre. C'est ce à quoi fait allusion le député de
Lotbinière. Il me reproche de ne pas avoir rendu publique cette
étude faite par le Conseil économique régional, je pense,
quelque chose comme ça, M. Scott...
M. BELAND: Je ne sais pas.
M. DEMERS: C'est un M. Scott, ça c'était...
M. TOUPIN: II me reproche de ne pas avoir fait cette
déclaration-là. Alors je lui ai dit que j'en avais
déjà trop fait de déclarations alors j'arrête d'en
faire.
M. DEMERS: Je m'excuse, honorable ministre.
M. BELAND: Je ne voudrais pas à ce moment-là que
quelqu'un...
M. DEMERS: Excusez.
M. TOUPIN: Je vous en reparlerai.
M. BELAND: ... insinuerait des choses mauvaises à l'endroit du Dr
Scott, parce que moi-même je l'ai eu comme professeur à
Sain-te-Anne-de-la-Pocatière et je puis dire que c'est un
spécialiste de très haut choix. Or, il ne faudrait pas laisser de
blâme ou d'amertume vis-à-vis de ce docteur en sciences
agricoles.
De toute façon, pour en revenir au fait que la raffinerie de
sucre...
M. DEMERS: M. le Président, je ne sais pas si on voulait faire
des allusions au fait qu'on aurait dit quelque chose de disgracieux à
l'endroit de M. Scott. D'abord, moi, je ne le connais pas. Les Scott que j'ai
connus sont Duns Scot, un philosophe dans le temps de saint Thomas d'Aquin, ces
gars-là, et il y avait scotch.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre! L'honorable député de Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, je veux renseigner davantage la
commission au sujet de l'allusion qu'a faite le député de
Saint-Maurice concernant les $6 millions; le ministre n'a pas été
tellement bavard suite à cette déclaration. Justement, à
propos de ces $6 millions qu'on a votés, que le ministre nous a fait
voter l'an passé pour réparation de la raffinerie de sucre, la
machinerie, etc., la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire, où sont
allés ces $6 millions? Est-ce que la raffinerie de sucre a
été réparée, est-ce qu'elle a été
réparée en partie, qu'est-ce qui s'est passé?
M. TOUPIN: On ne vous a jamais fait voter là-dessus.
M. BELAND: Etant donné...
M. TOUPIN: On ne vous a rien fait voter là-dessus.
M. BELAND: Pardon, il y a $6 millions aux engagements financiers qui ont
été acceptés pour la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire
pour réparations.
M. TOUPIN: II n'y a pas eu de vote.
M. BELAND: Où cela a-t-il été? Je ne le sais pas
mais le ministre doit le savoir.
M. DEMERS: II ne nous dira rien.
M. BELAND: Etant donné qu'il y a eu amélioration des
bâtisses de la raffinerie, est-ce que cela a une relation avec la baisse
de production de la betterave dans cette région l'an passé,
à savoir de 177,000 tonnes en 1971 à 82,000 tonnes seulement en
1972? Est-ce qu'il y a un rapport quelconque ou si c'est seulement dû aux
pluies dans cette région? J'apporte même un élément
pour donner une chance au ministre, peut-être que je n'aurais pas
dû. Est-ce que l'on pourrait avoir, au cours des discussions qui vont
s'ensuivre, des détails, si les $6 millions ont été
dépensés ou quelle partie a pu être dépensée,
à quoi cela a-t-il été dépensé et quels sont
les facteurs qui ont influencé de telle sorte qu'il y a eu diminution de
la production de la betterave dans la région de Saint-Hilaire, de Bagot
et ces comtés-là, Rouville, etc.?
Est-ce qu'on pourrait avoir une idée quand il y aura
possibilité d'établir une autre raffinerie de sucre au
Québec dans cette région? Un rapport bien précis
démontrait même que tous les seuils de rentabilité ont
été atteints, qu'il y avait une très forte
possibilité d'absorption strictement au Québec. Il y a le
marché du sucre découlant de cette raffinerie, il y a la pulpe de
betterave qui en découlerait, des sous-produits quoi, et
également la mélasse. Si nous avions eu cette betterave au centre
du Québec l'an passé, est-ce que cela n'aurait pas
contribué, M. le ministre, à abaisser le coût de production
des 100 livres de lait ou de la livre de viande de boeuf? Il y avait
possibilité de consommation de pulpe de betterave pour une partie ou
à la place des moulées achetées, de certaines de ces
moulées que les cultivateurs ont été obligés de se
procurer. Cela aurait peut-être remplacé une partie du foin que
les cultivateurs ont été obligés de se procurer à
$1, $1.10, $1.25 la balle de 75 ou 80 livres et peut-être moins.
Est-ce qu'on ne pourrait pas regarder de ce côté-là?
Lorsque nous étudierons en profondeur les prix ou l'ensemble du
contexte, j'espère que l'honorable ministre pourra apporter quelques
précisions dans ce domaine-là. J'espère aussi qu'il pourra
nous dire, par exemple, comment il se fait qu'au Québec il y ait des
quotas de restriction dans la production du lait. Remarquez que ce n'est pas
une critique que je fais à ce moment-ci. Je ne la situe qu'au niveau du
fait qu'il y a eu une très grande baisse dans la production du beurre au
Québec.
Je donne ici les statistiques de janvier 1972 et également celles
de janvier 1973, chiffres qui se situent à 4,051,000 livres en 1972 pour
baisser à 3,222,000 livres au 1er janvier 1973,alors que, dans le
même temps, notre bon, notre charmant, notre très stylé
gouvernement fédéral augmentait l'importation de beurre des
divers pays et à quel prix. Nous voyons des prix moyens, par exemple,
provenant de l'Australie, de $1.94 la livre pour une certaine quantité
de livres. Ceci a été la réponse donnée par un
ministre fédéral à une question posée par M. Adrien
Lambert, député de Bellechasse au fédéral, laquelle
question portait le numéro 851, pour le renseignement du ministre s'il
veut vérifier. Or, M. le Président, je cite également un
autre endroit où l'on s'est procuré du beurre et d'autres
sous-produits du lait, au prix de $1.08 la livre et
celui-ci provenait de l'Italie. Je ne citerai que ceux-là. Parce
qu'il y a toute une gamme, toute une litanie de pays d'où sont provenus
du beurre et d'autres produits du lait, alors que le Québec, notre
province, est la province idéale, la meilleure province pour la
production du lait au Canada. Je me demande qu'est-ce qui se passe. Est-ce que
c'est par une absence de politique véritable? Qu'est-ce qui fait
défaut dans la baratte à beurre?
M. TOUPIN: C'est justement...
M. DEMERS: Il n'y a presque pas de beurre.
M. BELAND: Est-ce que ce sont les ministres qui ne se sont pas
entendus?
M. TOUPIN: C'est parce qu'ils ne mettent pas de crème dans la
baratte, eux.
M. BELAND: Est-ce à la suite d'un manque de réalisme dans
les propositions du ministre de l'Agriculture du Québec, l'honorable
ministre souriant, l'honorable ministre Toupin? Est-ce à la suite de
cela qu'il n'y a pas eu de suite logique et qu'on a fait en sorte qu'il y ait
davantage d'importations comparativement aux années
précédentes alors que, dans la province les producteurs agricoles
où les cultivateurs ne demandent qu'à produire? Ce n'est pas la
quantité, non plus, de produits qui compte d'une certaine façon
rendu à l'échelle du producteur, mais c'est le revenu net. Or,
à la minute où il y a continuelle baisse du revenu net en
agriculture, on voit que les producteurs se découragent. Ils manquent de
motivation, cela va de soi.
M. le Président, tantôt, lorsque l'honorable ministre a
parlé de quelques politiques agricoles, c'est curieux qu'il n'a pas
touché à ces problèmes. Je trouve ça quand
même véritablement curieux. Comment cela se fait-il? Mais je lui
donne l'opportunité, M. le Président, de revenir tantôt
lorsque nous irons plus à fond, que ce soit dans la production du lait,
que ce soit dans la production du boeuf, dans la production du porc et le
reste. M. le Président, que l'honorable ministre revienne sur ces
sujets. Pour ma part, je souhaite que nous puissions discuter, non seulement
dix heures, mais quinze heures ou dix-huit heures, s'il le faut, si c'est
à l'avantage des agriculteurs du Québec, peu importe où
ils sont situés dans le Québec, je devrais ajouter. Parce
qu'encore là il semble y avoir une concentration d'efforts pour fermer
une certaine quantité de paroisses à l'agriculture. Est-ce
à la suite de recherches bien précises, de recherches logiques,
ou s'il y a des failles également de ce côté? Dans les
fermes qui ont été achetées présentement, soit par
le gouvernement provincial, soit par le gouvernement fédéral,
dans ces régions dont on dit qu'elles devront être fermées
à l'avenir, est-ce que les producteurs ont eu un montant suffi- sant
pour être expropriés, pour être expatriés, je devrais
dire, dans d'autres régions?
M. TOUPIN: M. le Président.
M. BELAND: Est-ce qu'on a pris ces agriculteurs et qu'on les a
envoyés tout simplement dans une petite ville voisine sur le
bien-être social afin de grossir le montant à être
accordé au ministère des Affaires sociales?
M. TOUPIN: II n'y a aucune politique au ministère qui exproprie
les fermes. Je ne comprends pas.
M. BELAND: M. le Président, ce n'est pas de l'expropriation
pure...
M. TOUPIN: Si cela n'en est pas, ne le dites pas.
M. BELAND: ...mais c'est de l'expropriation sous-jacente.
M. TOUPIN: Ah! bon.
M. BELAND: Sous-jacente, hypocrite, oui, comme le dirait le
député de Beauce, comme il l'a déjà dit,
d'ailleurs, si bien à l'Assemblée nationale. Alors, est-ce que
nous avons des politiques qui sont à l'avantage de la population...
M. TOUPIN: En dessous du puits.
M. BELAND: ...ou si ce sont des politiques qui véritablement sont
à l'avantage de ceux qui ont à vivre en dessous du seuil de la
pauvreté?
C'est un fait, c'est réel, qu'il y a environ le quart des
Québécois qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Mais
par l'agriculture, par ce ministère à voie économique,
est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité d'améliorer la situation
de telle façon qu'il y ait véritablement un essor
économique? C'est tellement prôné par l'équipe
"bourassante" que si au moins cela pouvait exister dans les faits par un
ministre de l'équipe "bourassante", c'est-à-dire l'honorable
Toupin, mais à quand? Combien d'années ou combien de
décennies les cultivateurs devront-ils attendre? Heureusement, M. le
Président, je termine par là, que les agriculteurs n'ont pas long
à attendre. Pendant quelques mois, lorsque le gouvernement Bourassa
décidera de déclencher des élections, ce sera nous qui
serons au pouvoir. A ce moment-là, il y aura un véritable essor
des agriculteurs au Québec.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Gouin.
M.JORON: M. le Président, je n'ai pas l'intention de tenter de
démontrer, comme l'a fait un peu avant moi le député de
Nicolet, que certains ou plusieurs programmes actuels du
ministre de l'Agriculture sont en fait tout simplement la
concrétisation de mesures qui avaient été prises par le
précédent gouvernement ou ainsi de suite.
Comme je n'ai jamais été ministre de l'Agriculture, je ne
m'inscrirai pas au concours d'attribution des mérites entre ex-ministres
de l'Agriculture...
M. DEMERS: Mérite agricole.
M. JORON: Je pense qu'il conviendrait davantage de parler,
évidemment, de ce qui se passe aujourd'hui, peut-être aussi, et
surtout, de ce qui devrait se passer demain. Je relevais des propos du ministre
un peu plus tôt, à savoir l'évaluation globale, qu'il a
faite dans une phrase à un moment donné, dans son exposé
un peu plus tôt, de la politique de son ministère, en disant qu'il
croyait que les différents programmes en cours collaient à la
réalité. Je pense qu'avant de discuter de cela, en
étudiant les divers programmes les uns après les autres, il
conviendrait peut-être, au départ, mais brièvement par
contre, de s'attarder un peu à cette réalité de
l'agriculture québécoise.
C'est cette réalité que, pour ma part, je n'accepte pas.
Malgré le ton plaisant et agréable des discussions, ce matin, il
reste que la situation de l'agriculture au Québec n'est pas
agréable, ni plaisante du tout. Ce sont des lieux communs de
répéter cela. Alors, je ne l'illustrerai pas abondamment par des
tas de statistiques. Tout le monde sait, en gros, que dans l'économie
québécoise, l'agriculture est un des secteurs qui est un peu
à la trafne, non seulement il ne contribue pas au rythme de croissance
de l'économie québécoise, bien loin de
l'accélérer, mais au contraire, il le freine. C'est un peu comme
si l'on tramait un boulet. Il n'y a absolument pas de raison à cela. Ce
n'est pas le fait que le Québec ait une situation climatique ou
climatologique je ne sais pas ce qu'il faut dire entre les deux
difficile, qu'il faut se satisfaire d'une agriculture qui ne répond,
selon deux façons de le calculer, qu'à 50 p.c. de nos besoins
alimentaires au Québec.
Si on prend le chiffre le plus favorable, c'est-à-dire en tenant
compte d'un degré de transformation qui a pu intervenir au
Québec, à ce moment-là, on serait autosuffisant dans une
mesure de 50 p.c. Mais si on considère juste les matières
premières qui rentrent dans la fabrication des aliments, à ce
moment-là l'agriculture québécoise ne fournit que 30 p.c.
ne nourrit, si vous voulez, que 30 p.c, ne fournit que ces 30 p.c. des besoins
alimentaires du Québec.
Il y a des pays, dans le nord de l'Europe, par exemple, comme le
Danemark ou la Suède, où le taux n'est pas de 30 p.c. mais de 97
p.c. et 98 p.c. Bien entendu, je sais bien qu'il ne poussera jamais de bananes
et d'oranges au Québec. Ce n'est pas cela qui est en question ici. Mais
il y a des tas de choses qui pourraient être produites au Québec
et qui ne le sont pas.
Evidemment, on sait que l'économie du Québec est
maintenant dans une ère industrielle, l'économie du Québec
n'est pas assise sur l'agriculture comme elle l'était il y a 50 ans ou
davantage encore avant le début de la révolution industrielle.
C'est bien évident. On a juste à considérer qu'il n'y a
environ qu'entre 3 p.c. et 4 p.c. de la main-d'oeuvre, aujourd'hui, qui est
occupée à l'agriculture, c'est-à-dire à peu
près un peu moins de 100,000 personnes sur une main-d'oeuvre totale de
2,300,000 ou 2,400,000.
M. TOUPIN: 5.6 p.c, je pense.
M. JORON: C'est-à-dire que les 5.6 p.c. ne s'appliquent pas
à la main-d'oeuvre. On dit qu'il y a 5.6 p.c. de la population du
Québec qui vivent de l'agriculture. Cela inclut la femme, les enfants,
les familles et ainsi de suite. On peut estimer que, sur une population totale
de six millions, il y a environ 300,000 personnes qui dépendent de
l'agriculture. Mais vous incluez, à ce moment-là, dans cette
statistique, les femmes et les enfants, c'est-à-dire que l'agriculture
est responsable de faire vivre X p.c. de familles québécoises.
Cela, c'est vrai, d'une part, parce que les familles sont plus nombreuses
à la campagne mais des travailleurs comme tels, je me
réfère je pourrais me référer
à ce que je lisais il y a un moment...
M. FRASER: J'ai des nouvelles pour le député. Sur la
ferme, la femme travaille et les enfants aussi.
M. JORON: Oui, oui. Mais ce n'est pas cela que je dis.
M. FRASER: Le prix de tous nos aliments est basé sur le travail
des esclaves plus ou moins.
M. JORON: Des esclaves?
M. FRASER: Oui.
M. JORON: On en reparlera à Mme Fraser!
M. FRASER: Si vous voyiez ce qu'elle fait dans une journée, vous
resteriez surpris!
M. JORON: Quelque part autour de 4 p.c. De toute façon, c'est un
chiffre qui est décroissant continuellement. Mais il ne faut pas
s'arrêter au fait que ce chiffre n'est pas important et conclure que
l'agriculture, c'est fini et qu'on ne doit pas s'en préoccuper. Au
contraire je le signalais tout à l'heure l'agriculture
québécoise pourrait prendre une ampleur infiniment plus
considérable que celle qu'elle a aujourd'hui, dans notre
économie, ne serait-ce que si elle réussissait à fournir
à la population une proportion plus importante de ses besoins
alimentaires.
Il est inutile de dire aussi, évidemment, que les agriculteurs,
comme toutes les classes de la
société, ont droit à un minimum de vie
décent, que l'état actuel de l'agriculture réussit
à peine à procurer. Il n'y a pas de raison, en somme, que par
définition il faudrait que ce soient les agriculteurs qui soient la
classe sociale qui gagne le moins dans la société. Il n'y a
aucune raison à cela.
D'autres pays réussissent, à cet égard, mieux que
le Québec. Et ici il faudrait faire davantage, il y a
énormément de choses à faire pour revaloriser
l'agriculture au Québec, lui faire une place, faire en sorte qu'elle
devienne un élément-moteur de l'économie, un
élément qui pousse et qui fasse augmenter le taux de croissance
de l'ensemble de l'économie plutôt que l'inverse. J'en dirai un
mot un petit peu plus tard parce qu'il ne faut pas considérer
l'agriculture au strict niveau de la production primaire. Il y a
évidemment tout ce qui s'enchaîne, la transformation et la
commercialisation, tout ça amène une activité
économique considérable.
Si c'est le but qu'il faut atteindre et je pense que tout le
monde serait bien d'accord sur ça je veux dire cependant que ce
but n'a aucune chance d'être atteint sous le gouvernement actuel. Pas
parce qu'il est nécessairement méchant, et je n'ai pas dit sous
le ministre actuel, parce que ce n'est pas une question de personnalité,
de compétence individuelle non plus. C'est qu'il y a des raisons qui
tiennent au système même dans lequel on vit.
Il y a deux raisons principales à l'état lamentable
jusqu'à un certain point de l'agriculture au Québec. Il y
en a une qui est l'absence de juridiction du gouvernement du Québec en
la matière. Pas une absence totale, bien entendu, absence relative. Et
le fait que deux gouvernements un qui est contrôlé par
nous, celui du Québec, et un qui ne l'est pas et qui a d'autres
intérêts à protéger et dont il doit tenir compte,
celui d'Ottawa, où nous sommes minoritaires cette fois-là
se partagent les compétences dans ce domaine; cela fait qu'il y a bien
des programmes qui devraient être mis en branle et qui ne peuvent pas
l'être.
J'en signalerai juste quelques-uns à titre d'exemple, les plus
importants, d'autres l'ont dit avant moi, un qui est le plus populaire, le plus
publicisé, le député de Lotbinière l'a
évoqué avant moi, toute la question des grains de provende. Il
est évident que tant que les grains de provende ne seront pas
disponibles aux agriculteurs québécois à un prix plus
convenable, à un prix comparable à celui d'autres parties du
Canada, il y a des secteurs agricoles qui vont rester bloqués au
Québec, l'élevage va rester aussi insignifiant dans la production
agricole totale du Québec qu'il l'a été dans le
passé.
Il est clair que le gouvernement central quand il a 400,000 ou 500,000
agriculteurs dans les Prairies à courtiser, ses faveurs vont beaucoup
plus normalement pencher du côté des agriculteurs des Prairies que
du côté des 100,000 agriculteurs québécois.
Tout ça a fait que je ne m'étendrai pas inutilement
sur le sujet des grains de provende parce que d'autres l'ont fait avant moi et
il est bien connu c'est un des bobos majeurs, des pierres d'achoppement
qui empêchent notre agriculture d'aller de l'avant.
Il y en a d'autres, qui ne sont peut-être pas encore aujourd'hui
déterminants mais qui peuvent peut-être le devenir, comme la
politique de rachat des petites fermes du gouvernement fédéral,
par exemple, sur laquelle on n'est pas parvenu à ma connaissance
en tout cas à s'entendre définitivement.
Cette politique risque éventuellement de créer dans les
mains du gouvernement central des banques de terre considérables et qui
va faire qu'à toutes fins pratiques, le zonage ou un plan de
développement global du territoire agricole du Québec, ce n'est
pas le ministre de l'Agriculture du Québec qui va l'avoir en main, cela
va être le ministre de l'Agriculture d'Ottawa; c'est une chose qui risque
éventuellement d'handicaper sérieusement les possibilités
d'action du gouvernement du Québec dans ce domaine.
Il y a d'autres domaines évidemment: la question des
importations, la circulation des denrées agricoles entre le
Québec et les provinces voisines et /ou, aussi, les pays
étrangers. Pas besoin de se faire des dessins, sur le peu de
juridiction, pas le peu mais l'absence totale de juridiction que le
Québec a dans ce secteur évidemment, puisque le
Québec n'est pas un pays indépendant, n'est pas un pays
souverain, il n'a pas le droit de légiférer en matière de
douanes, d'importation, de tarifs, bref de ces choses ces
réglementations seront donc établies par un autre gouvernement.
Mais ça va plus loin. Le gouvernement fédéral, se
prévalant de théories constitutionnelles, d'articles de la
constitution qui lui permettent de superviser la circulation des marchandises
entre les provinces, quand il y a une incidence de commerce interprovincial,
peut également s'interposer. On a vu l'exemple: La belle omelette que
ç'a donné dans le cas de la bataille des oeufs l'année
dernière, qui s'est terminée vous le savez par la
déclaration de non-constitutionnalité du règlement que
Québec voulait proposer pour tenter d'exercer un certain contrôle
en cette matière.
J'ai seulement à reprendre d'ailleurs, pas besoin de
continuer longuement les propos mêmes du ministres tels que
rapportés dans une édition du journal Le Soleil en juillet 1972,
à la suite d'une conférence des ministres de l'Agriculture qui
s'est terminée dans une impasse. C'est ce que dit le titre. Il y a une
citation du ministre: "Ce sont des problèmes aussi importants que celui
du crédit agricole, du développement des importations des
produits agricoles dont on vient de parler des grains de provende
et enfin celui des petites fermes qui constituent en fait les problèmes
ayant la plus grande portée sociale. Nous avons subi des refus d'Ottawa
de façon presque intégrale dans tous
les domaines." C'est-y assez clair? Ou, c'est-y assez fort, comme dirait
Stanfield. C'est assez évident.
Tant qu'on sera placé dans cette situation constitutionnelle, la
marge de manoeuvre du ministre de l'Agriculture est limitée au
départ. Il y a bien des choses dont on pourrait rêver et qu'on
pourrait penser souhaitables et qui le sont; il n'est pas question de faire des
plans de recherches pendant des années; on sait ce qu'il faudrait faire;
le seul petit problème, c'est qu'on ne peut pas le faire. C'est aussi
bête que ça. Deuxièmement, il y a un autre facteur qui fait
en sorte que notre industrie agricole tourne un petit peu en rond; c'est le peu
de contrôle qu'exercent les agriculteurs sur l'industrie agroalimentaire.
Là, encore une fois, aussi bien le ministre et je le plains
à cet égard de l'Agriculture se trouve mal placé en
ce qui a trait à la première raison d'ordre juridictionnel, si
vous voulez, que j'exposais tout à l'heure, il est également mal
placé face à la deuxième dans un sens, ne serait-ce que
par le semblant de conflit qui semble exister entre lui et son collègue
du ministère de l'Industrie et du Commerce, à savoir qui des deux
finalement va déterminer une politique agro-alimentaire, un plan de
développement ou des politiques touchant le domaine agro-alimentaire au
Québec.
Cela mis à part, en admettant que cette chicane de clocher
pourrait se régler, il reste qu'il faut souligner que, tant que les
agriculteurs, les producteurs agricoles n'auront pas débouché
dans le domaine de la transformation, d'une part, et, troisièmement,
dans le domaine de la commercialisation, c'est-à-dire que tant que leurs
intérêts à eux ne seront pas représentés ou
tant qu'ils ne seront pas présents dans ces deux autres phases
indispensables et indissociables de l'industrie agro-alimentaire... En effet,
je pense qu'il faut maintenant considérer l'agriculture à partir
de la patate qui pousse jusqu'au moment où vous la retrouvez
encore, dans une patate, il n'y a pas beaucoup de transformation dans
une poche, dans une épicerie. Prenons un autre produit.
UNE VOIX: En "chips".
M. JORON: Oui, c'est vrai, elle passe en "chips", puis elle aboutit sur
le comptoir chez Steinberg ou chez Dominion.
M. DEMERS: En amidon.
M. JORON: C'est comme ça aujourd'hui qu'il faut parler
d'agriculture. Je pense que c'est évident, sauf que le problème
au Québec, c'est que, d'une part, les agriculteurs ont été
confinés à la première partie de ces trois étapes,
c'est-à-dire à l'étape de la production. Il y a peu
d'agriculteurs ou de coopératives agricoles ou de groupes
représentatifs d'agriculteurs qui ont occupé une place dans la
deuxième partie, c'est-à-dire celle de la transformation.
Si je signalais tout à l'heure qu'il y avait environ 4 p.c. de la
main-d'oeuvre, c'est-à-dire pas loin de 100,000 personnes
intéressées à la production primaire directe, il faut se
rendre compte que, dans la transformation au niveau secondaire, c'est encore
bien plus important. Là, on monte à 160,000. Signalons aussi que
sur toutes les expéditions manufacturières au Québec, le
domaine alimentaire représente 20 p.c. de nos expéditions. Cela,
c'est $3 milliards par année. Or, les Québécois
contrôlent... Je ne parle pas des agriculteurs, là; je parle des
intérêts québécois comme tels. C'est encore une
chose.
Comme le ministre Saint-Pierre le soulignait dans une conférence
qu'il avait donnée à Montréal, il y a déjà
quatre ou cinq mois je pense que c'était en novembre 1972
70 p.c. de cette industrie, qui groupe pas loin de 2,000 établissements
au Québec, qui emploie au-delà de 160,000 personnes et qui
fournit 20 p.c. de nos expéditions manufacturières, 70 p.c. de
cette industrie, donc, sont contrôlés par des
intérêts non québécois. Il y a juste 30 p.c. que les
Québécois contrôlent.
Dans ces 30 p.c. contrôlés par les Québécois,
les agriculteurs, eux, sont représentés principalement dans un
seul secteur. Il y a une place où cela a bien marché, c'est dans
le domaine du lait; ça, on le sait. Le secteur coopératif
était à toutes fins pratiques la seule formule d'organisation
d'entreprises qui a permis aux agriculteurs de déboucher dans ce
secteur. Le secteur coopératif transforme environ, si ma mémoire
est fidèle, pas loin des trois quarts de la production du lait au
Québec.
M. TOUPIN: Soixante-dix pour cent.
M. JORON: C'est le seul secteur, vraiment, où on a réussi
à s'implanter. Tant que les agriculteurs ne seront pas eux-mêmes
intéressés et tant aussi que les Québécois ne
seront pas présents majoritairement, comme le souhaite tout le monde,
puis comme le répétaient encore le ministre Saint-Pierre, puis le
ministre de l'Agriculture aussi il ne suffit pas de le souhaiter ou de
dire qu'il faudrait que ça arrive il n'y aura pas d'avenir
assuré aux agriculteurs québécois. En effet, si,
aujourd'hui, vous ne contrôlez pas le niveau de la transformation et que
vous vous contentez de rester au niveau du secteur primaire de l'agriculture,
bien, il n'y a pas d'avenir assuré du tout.
Ensuite, il y a la troisième phase, celle de la
commercialisation, qui est également importante.
Je n'ai pas de chiffre dans la mémoire pour dire combien cela
emploie au Québec dans le secteur de la commercialisation des produits
alimentaires mais je sais que cela représente un chiffre d'affaires
annuel de $3 milliards; pour en situer l'importance. Au total, on pourrait dire
que les trois phases de l'industrie occupent probablement quelque chose comme
400,000
Québécois; 400,000 Québécois, ce n'est pas
loin, c'est à peu près 20 p.c. de toute notre main-d'oeuvre.
C'est là qu'on réalise toute l'importance de l'agriculture, en
fait, de ce que cela pourrait être si on contrôlait
véritablement les deux phases qui nous ont toujours
échappé. C'est une des raisons fondamentales, en dehors de la
question constitutionnelle dont on a parlé tout à l'heure: mais
la deuxième, c'est le fait que ces trois phases-là ne sont pas
occupées par les agriculteurs québécois.
La première l'est par définition, bien entendu, la
production; la deuxième ne l'est pas. Non seulement ce ne sont pas des
agriculteurs mais ce sont majoritairement des intérêts
étrangers au Québec en plus de cela. La troisième phase ne
l'est pas non plus. D est essentiel de trouver les politiques qui vont
permettre cette intégration totale et cette présence des
agricultueurs dans les deux phases de l'industrie ou de l'activité
agro-alimentaire qui sont les plus payantes et qui pourraient permettre aussi
de revitaliser considérablement la production primaire. Si vous
contôlez le supermarché qui met les tomates sur la tablette, il y
a de grosses chances que vous ayez tendance, si vous êtes en même
temps le producteur de ces tomates, à placer vos tomates sur la
tablette. Il y a toutes sortes de politiques qui pourraient être
conçues.
J'aurais aimé pouvoir vous résumer brièvement les
principales propositions du Parti québécois en matière
d'agriculture mais comme j'ai dû, à la toute dernière
minute, remplacer le député de Sainte-Marie, je n'ai même
pas eu le temps d'apporter avec moi le texte de référence,
c'est-à-dire le programme du parti. De mémoire, tout à
l'heure, je tentais de me rappeler les éléments les plus
importants.
Avant de vous les signaler fort brièvement, je voudrais vous dire
deux choses en ce qui concerne notre politique à cet égard.
D'abord, nous avons un parti pris en faveur du coopératisme. Cela
semble, dans le domaine de l'agriculture, un peu usé de
répéter cela parce qu'à peu près tout le monde est
d'accord sur cela. Je lisais même tout à l'heure un texte du
premier ministre devant une assemblée de l'UPA qui reprenait aussi que
si ce n'était pas du coopératisme, évidemment, comme
formule d'organisation, il est possible que l'agriculture
québécoise, qui est déjà un peu chambranlante, ait
sombré dans un marasme encore plus grand; tout le monde est d'accord
pour réaliser que la formule coopérative est un des instruments
clés qui a permis de sauver quelques meubles jusqu'à
présent. Nous voudrions étendre cette formule, en la
privilégiant, aux autres secteurs, aux deux autres étapes de
l'industrie agro-alimentaire dont je vous parlais tout à l'heure, celle
de la transformation, d'une part, et celle non moins importante, parce que
c'est celle qui contrôle finalement le marché, les réseaux
de distribution, de la commercialisation. C'est un appui au système
coopératif que nous donnons, pas dans le sens que le gouvernement,
à l'occasion, est obligé de reconnaître il le fait
principalement dans deux secteurs qu'en matière de production
agricole la formule coopérative a été le succès
qu'il a été, relatif si vous voulez mais qui a quand même
permis, comme je le disais tout à l'heure, de sauver quelques
meubles...
Quand c'est une évidence historique, à ce
moment-là, le gouvernement dit: D'accord sur la formule
coopérative puis il donne un coup d'encensoir. Dans un autre domaine,
dans celui, par exemple, des institutions financières, on sait le
succès de la formule coopérative, de toute l'extension
considérable qu'ont connue les caisses populaires au Québec. Dans
des cas semblables, le gouvernement dit: Bravo pour le coopé-ratisme!
Mais n'allez surtout pas appliquer cette formule plus loin. Quand c'est
déjà fait, quand c'est déjà établi, quand
c'est reconnu historiquement, il est prêt à donner un coup de
chapeau au coopératisme, mais il n'est certainement pas prêt
à pousser la formule au-delà du domaine restreint dans laquelle
elle a fonctionné jusqu'à ce jour. Il y a aussi une raison bien
simple, c'est qu'à ce moment-là il se heurte probablement
à des intérêts privés. L'extension de la formule
coopérative dans un certain nombre de secteurs c'est évident que
ça va déplacer d'autres intérêts. Connaissant
je ne veux pas soulever un grand débat les méthodes de
financement des partis politiques traditionnels, on sait évidemment que,
quand ça heurte ces intérêts, cela a de sérieuses
chances de bloquer des politiques. On voit...
M. TOUPIN: Est-ce que je pourrais seulement apporter un petit
raisonnement? Sur cette formule de la coopérative ou du corporatisme, je
pense que tout le monde est passablement d'accord. Quand vous dites qu'on se
heurte à des intérêts privés ou à des
intérêts qui, tout compte fait, sont contre la formule collective
qui peut être la formule coopérative, c'est vrai jusqu'à
certain point. Il y a une chose qu'il ne faut pas ignorer là-dedans, je
pense que le secteur agricole en est encore un autre qui peut donner un exemple
assez typique dans ça. C'est que, si le secteur coopératif a pris
forme en agriculture, il n'en a pas été ainsi dans tous les
domaines. Il a réussi dans le lait, mais dans d'autres domaines des
expériences ont été tentées, cela n'a pas
fonctionné. Le principal élément ce n'était pas
tellement le fait de la présence de l'industrie privée,
c'était beaucoup plus le peu d'intérêt ou le manque
d'intérêt de la part des agriculteurs d'épouser dans ce
contexte la formule coopérative. On a préféré
d'autres types de formules à la formule coopérative. Vous avez
d'autres expériences aussi, je pense, dans l'habitation. Il y a des
expériences qui ont été tentées, certaines ont
réussi, certaines ont avorté aussi. C'était attribuable
beaucoup plus, tout compte fait, à un manque d'intérêt de
la part de ceux qui ont épousé la formule qu'à une
philosophie non acceptée, tant par le gouvernement que par les autres.
Je
pense qu'il faut apporter ces nuances dans l'ensemble. Comme vous disiez
tantôt, je ne pense pas qu'il y ait un Québécois qui
s'oppose à la formule coopérative, c'est une formule collective
qui a fait ses preuves au moins dans deux secteurs au Québec.
M. JORON: Ce que le ministre signale, c'est juste que dans un certain
nombre de secteurs agricoles la formule ne s'est pas avérée une
méthode efficace ou, en fait, n'a peut-être pas suscité
l'intérêt des producteurs agricoles eux-mêmes. C'est exact.
Je ne pense pas que l'agriculture soit un secteur où on a bloqué
la formule coopérative au Québec. Moi, je parle de la
nécessité de la prolonger à d'autres secteurs,
peut-être à la transformation ou peut-être à la
commercialisation; c'est davantage à ça que je pensais. Je
mettais en doute la volonté réelle du gouvernement de faire cela.
On peut mesurer la volonté, quel appui moral si vous voulez, quel
intérêt le gouvernement apporte au mouvement coopératif
quand on sait que les subventions totales cette année se chiffrent
à peu près par $238,000 au total et qu'on enlève celles
à toutes sortes d'autres organismes, associations, coopératives
d'économie familiale et ainsi de
Enfin, il y a toutes sortes de domaines où il faudrait pousser la
formule.
Le parti pris que nous avons, c'est que nous sommes prêts à
l'épauler, financièrement également. Le deuxième
point majeur, qui découle quasiment de facto du programme du Parti
québécois, c'est, bien entendu, la récupération
totale de la juridiction, en matière agricole comme dans toutes les
autres matières, au seul gouvernement de Québec. C'est le
résultat de l'indépendance politique. C'est ce qui permettrait
à ce que le Soleil qualifie de dossier négatif du
fédéralisme... Cela est un autre des ballons des publicist es
libéraux de 1970 qui vient d'être dégonflé. Il y en
avait deux, si vous vous souvenez. Il y avait celui des 100,000 emplois qui
devaient être créés dans la première année.
Trois ans après, on n'est même pas rendu au chiffre encore, d'une
part. La deuxième balou-ne, c'est celle du fédéralisme
rentable, tellement rentable que là, une fuite d'un rapport du
ministère des Affaires intergouvernementales le qualifie de peu
rentable. Sur 24 dossiers, il n'y en a que cinq qui seraient positifs. Il y en
a une dizaine qui seraient négatifs et d'autres sur lesquels on n'a pas
osé se prononcer. Sans parler aussi que le gouvernement, pour ne pas
continuer à montrer la preuve du peu de rentabilité fiscale du
fédéralisme, a arrêté le ministre des
Finances nous l'a dit juste avant l'ajournement de Pâques de
quantifier la part du Québec dans les revenus et dépenses du
gouvernement fédéral. Enfin, cela mis à part, on est en
agriculture devant ce que le ministère des Affaires
intergouvernementales qualifie de dossier négatif.
L'élimination, évidemment, de la juridiction
fédérale, qui est le résultat de l'indépendance du
Québec en matière agricole, permettrait au ministre actuel de
peut-être passer un peu moins de temps à négocier. C'est
effarant dans ce ministère, comme dans bien d'autres d'ailleurs, le
temps perdu, c'est une façon de dire, le temps consacré, si vous
voulez, aux négociations, le temps consacré aussi à
étudier ce que l'autre est en train de faire, le temps consacré
à trouver les moyens de contrer ce que l'autre est en train de faire,
toutes sortes d'exercices qui empêchent finalement d'aller de l'avant et
de faire quelque chose. Quand on est responsable d'un domaine, on fonce, on y
va. C'est cela qui découlerait de l'indépendance politique du
Québec. Cela permettrait au ministère de l'Agriculture d'avoir
les coudées franches. Là, il n'est plus question de
négocier, de taponner, de discuter, de vérifier,
d'étudier, d'évaluer et ainsi de suite. Il ne serait plus
question de dossiers négatifs, positifs et tout le temps que cela prend
pour les faire. On aurait la responsabilité de ce qui nous arriverait.
On pourrait commencer à foncer.
Qu'est-ce que l'on pourrait commencer à faire? Par exemple, on
pourrait avoir, à ce moment-là, un crédit agricole
intégré, pas un qui fait... par exemple, dans les chiffres de
l'an passé, il y a $2,500,000 qui ont été consentis au
chapitre, à toutes fins pratiques, pour subventionner des taux
d'intérêt qu'exige la Société du crédit
agricole du fédéral. On pourrait planifier à quelles fins
les sommes d'argent, que l'on veut consacrer au crédit agricole, doivent
aller, à qui et ainsi de suite. On pourrait apporter une aide
financière substantielle, sous une forme de prêts ou d'avances aux
coopératives pour les aider, par exemple, à se regrouper, pour
aider les producteurs agricoles à se regrouper.
Je ne m'étendrai pas longuement, il y en a bien d'autres qui
l'ont fait avant moi, sur la nécessité du regroupement pour une
utilisation plus efficace et plus rentable des terres, ainsi de suite.
D'accord. Nous savons tout cela. Encore faut-il favoriser cette
affaire-là. C'est bien beau de parler de regroupement mais il faut y
mettre, à un moment donné, les moyens, les instruments qui
permettent de le réaliser. Il faudrait surtout, aussi, permettre aux
coopératives de producteurs agricoles de s'implanter dans le domaine de
la transformation, soit en leur ouvrant la possibilité d'acquérir
des entreprises existantes, dans le domaine de la transformation des
denrées alimentaires, au Québec, soit la possibilité d'en
ouvrir dans ces secteurs je les lisais encore il y a un moment
dans tous les secteurs où nous sommes absents.
A titre d'exemple, on mange des biscuits, au Québec, mais on ne
les produit à peu près pas, apparemment. J'en donne un au hasard,
comme cela, je le lisais tout à l'heure, ainsi de suite. Toute une
série d'exemples...
M. TOUPIN: Celui-là n'est pas le meilleur.
M. JORON: D'accord. Admettons que je me trompe sur les biscuits. Je ne
me souviens plus...
M. TOUPIN: II a changé de biscuit.
M. DEMERS: II y en avait une à Joliette, et elle a
été vendue.
M. JORON: ... de toute la nomenclature. Le gouvernement était
propriétaire de Stuart, aussi, une autre fabrique de biscuits, et il l'a
revendue également. Enfin...
M. DEMERS: Qui a négocié la vente de celle de
Joliette?
M. JORON: Cela, je l'ignore, M. le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Je pourrais peut-être vous le dire?
M. JORON: Vous me le direz après, d'accord?
M. DEMERS: Je vais vous le dire tout de suite. C'est un M. Landry,
candidat du Parti québécois, qui a négocié cela
avec des étrangers.
M. ROY (Beauce): Qui a contribué à vendre l'entreprise
québécoise aux étrangers?
M. DEMERS: Oui, monsieur.
M. ROY (Beauce): C'est épouvantable!
M. DEMERS: Et il n'a pas demandé l'aide gouvernementale.
M. BELAND: C'est un fait assez extraordinaire!
M. DEMERS: C'est épouvantable! C'est maître chez nous!
M. VINCENT: On avait comme producteur officiel Pierre Bourgault !
M. JORON: Pendant qu'autant de vierges s'offensent sur des petits
détails et sur ce qui est en fait un contrat de location de services
professionnels, je ne sais même pas à qui cela a été
vendu...
M. BELAND: Vendre le Québec aux étrangers!
M. ROY (Beauce): ... de vendre le Québec aux
étrangers!
M. JORON: ... le gouvernement dont faisaient partie mes interlocuteurs
précédents, au lieu d'installer une raffinerie
québécoise, comme c'était tout prêt pour être
fait, de l'autre côté, à Saint-Romuald, Québec,
vendait tout à la Golden Eagle et laissait une compagnie
étrangère s'installer avec des subventions. En plus de cela, il
achetait l'équipement en Angleterre.
M. DEMERS: Quelles ont été les subventions?
M. JORON: Et cela, ce n'était pas une petite biscuiterie de
$300,000. C'était une raffinerie de pétrole de $80 millions.
M. DEMERS: On n'avait pas prêché la vertu comme vous
autres!
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. VINCENT: On va revenir à l'Ungava!
M. DEMERS: On va parler de l'Ungava, l'Iron Ore.
M. JORON: Quand vous aurez des...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, à l'ordre!
M. DEMERS: ... même prix. Les lambeaux de patrie qu'on cède
dans le fleuve!
M. JORON: M. le Président, est-ce que je peux continuer?
M. DEMERS: Maître chez nous! UNE VOIX: C'est terrible! M. JORON:
Quand ces messieurs... UNE VOIX: Hydro-Québec!
M. JORON: ... auront des roches ou des cailloux à lancer, qu'ils
sortent de leur maison de verre !
M. DEMERS: Ah Seigneur! Nous autres, on ne prêche pas ces
vertus-là.
M. JORON: Deuxièmement, M. le Président...
M. ROY (Beauce); ... encore la tache originelle, M. le
Président!
M. DEMERS: Et la vente de Joy?
M. JORON: Joy, je ne connais pas cela. Je vous avoue que je n'ai jamais
entendu parler de Joy de ma vie.
M. DEMERS: Parlez-en à papa!
M. JORON: Je n'en parlerai pas à papa parce que Joy n'a rien
à voir avec papa. J'entends des
fois, justement... C'est plaisant, même si c'est inscrit au
journal des Débats, de faire une petite parenthèse. Mais je dis
au député de Saint-Maurice et à d'autres "back benchers"
libéraux qui s'amusent à crier cela des fois de vérifier,
s'ils veulent lancer des quolibets.
Moi et ma famille, nous n'avons jamais rien eu à faire avec Joy.
Je ne connais pas ça Joy, je ne sais même pas ce que c'est.
M. VINCENT: On va faire le point aujourd'hui.
M. JORON: On va faire le point. Cela va être amusant, ça va
vous éviter de perdre bien de la salive à l'avenir.
Deuxièmement, ce qu'il serait possible de faire et c'est
ce que propose le Parti québécois c'est un système
de protection temporal re sur certaines denrées qui sont produites au
Québec, mais qui sont également produites ailleurs. C'est la
question des denrées saisonnières.
Pourquoi n'y aurait-il pas moyen d'établir un système? Il
y aurait ce moyen, bien évidemment, si nous avions le pouvoir de passer
de telles réglementations, pouvoir qu'on n'a pas à l'heure
actuelle. Dans certaines périodes, quand il y a effectivement des
légumes québécois de certaines catégories qui sont
produits et qui arrivent sur le marché... Je sais bien qu'il ne poussera
pas de tomates au mois de janvier au Québec. Si on veut manger des
tomates au mois de janvier, il faudra...
M. BELAND: Dans les serres, oui.
M. JORON: C'est vrai. Il y a toujours moyen de trouver une
façon...
M. ROY (Beauce): Nous avons même de l'électricité
à vendre, alors nous pourrions chauffer les serres.
M. JORON: C'est ça. Il y aurait moyen...
M. DEMERS: Vous avez dit à vendre, pas à donner.
M. JORON: ...dans les périodes de production intensive de grandes
récoltes québécoises, pendant l'été,
d'établir des systèmes temporaires de douanes, qui
protègent les producteurs québécois, au lieu de voir leur
marchandise pourrir, pendant que, sur les tablettes de Steinberg ou Dominion,
se vendent des produits qui viennent de la Californie ou du sud de l'Ontario,
de protéger temporairement les producteurs agricoles. C'est une des
mesures.
M. VINCENT: Comme on a essayé de faire avec les oeufs et le
poulet. Ils ont fait la guerre, mais là, c'est réglé.
M. JORON: Avec les oeufs et le poulet. On n'a pas le droit de le
faire.
M. VINCENT: Ce n'est pas nouveau.
M. JORON: Deuxièmement, il y aurait moyen, comme
l'évoquait le ministre de l'Industrie et du Commerce dans la
conférence, intéressante d'ailleurs, qu'il faisait au mois de
novembre 1972, où il disait qu'il fallait inciter les entreprises...
M. DEMERS: Avant ses vacances.
M. JORON: ...de production de denrées alimentaires au
Québec à transformer au Québec d'abord, quand ils vendent.
Il donnait un exemple, je pense que c'est Nestlé
d'entreprises qui vendent passablement de marchandises au Québec, qui
non seulement ne les produisent pas au; Québec, mais encore bien moins,
dans certains cas, ne les produisent pas à partir de productions
agricoles québécoises.
Il y aurait moyen, non pas d'inciter, mais d'obliger, comme tous les
pays du monde le font. Pourquoi est-ce que nous, nous n'aurions pas le cran de
le faire, ou l'intelligence ou la volonté d'obliger les entreprises qui
exploitent des marchés fort profitables, fort lucratifs au Québec
et qui nous vendent bien des aliments que nous consommons, à les
produire au Québec? S'ils ne poussent pas au Québec, à les
transformer au Québec, etc.
Voilà des mesures, entre autres, que propose le Parti
québécois. " II y a finalement un autre point aussi,
l'élimination, la spéculation foncière qui est une des
tares qui, à certains égards... Le ministre l'a mentionné
parmi ses doléances dans la citation que je faisais tout à
l'heure.
Il a parlé d'une loi visant à l'interdiction de la vente
à des fins non agricoles de terres arables qui serait
précédée forcément d'un zonage délimitant la
qualité des terres et empêchant justement des terres arables... On
pense surtout dans le voisinage des grandes villes et peut-être plus
précisément dans la région de Montréal, qui est une
région idéale pour la culture maraîchère et
où on voit très souvent des terres de premier choix se vendre
à des fins de développement domiciliaire ou des fins de
spéculation foncière et très souvent d'ailleurs à
des spéculateurs étrangers. Une loi, et c'est une des
propositions aussi dans le domaine du Parti québécois, visant
à interdire ce genre d'opérations.
Finalement, et ce serait peut-être là un des points les
plus importants, j'ai parlé longuement de l'extension de la formule
coopérative dans le domaine de la transformation. Il y a la
troisième étape, non moins importante, qui est celle de la
commercialisation des produits. Tant que les Québécois, d'une
part, et plus spécifiquement les producteurs agricoles
québécois, n'exerceront pas un contrôle également
dans les réseaux de distribution, c'est-à-dire soyons
spécifiques et parlons du magasin, des magasins à succursales,
ainsi de suite, il en restera encore qui vivront dans une situation
aléatoire parce
que, évidemment, si on opère une entreprise
intégrée qui va de la production, passant par la transformation,
jusqu'à la vente au détail, on peut être relativement
sûr d'assurer sa subsistance.
C'est pourquoi vous retrouvez dans le programme du Parti
québécois la proposition suivante: Que les réseaux de
distribution, les succursales, appartenant à des non-résidents
québécois, que ce soit là un secteur réservé
à des intérêts québécois. Une telle loi
provoquerait la vente d'un certain nombre de ces succursales; pas toutes, parce
qu'il y. a des succursales québécoises là-dedans aussi;
mais d'un certain nombre, et c'est parmi les plus importantes, de succursales
étrangères aussi qui occupent une partie importante sinon
prépondérante de tout ce secteur du réseau de distribution
des produits alimentaires au Québec. Le transfert de
propriété de ces succursales aux coopératives de
producteurs agricoles aurait pour effet de leur assurer un
débouché.
Je m'aperçois qu'il est bientôt une heure. Je vais donc me
résumer en disant, M. le Président, qu'après vous avoir
énuméré de mémoire, parce que je n'ai pas eu le
temps de le faire autrement, les principaux points que le Parti
québécois suggère dans son programme pouvant aider
à la construction de l'agriculture de demain au Québec, ce que
j'ai hâte de voir maintenant dans la discussion des programmes
d'aujourd'hui du ministère de l'Agriculture, c'est comment ces
programmes répondent ou ne répondent pas aux aspirations que j'ai
mentionnées il y a quelques moments.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, la commission suspend ses
travaux à cet après-midi, quatre heures, après la
période des questions, et la parole sera au député de
Beauce.
(Suspension de la séance à 12 h 57)
Reprise de la séance à 16 h 20
M. KENNEDY (Président de la commission permanente de
l'agriculture et de la colonisation): A l'ordre, messieurs!
J'aurais deux membres à faire remplacer. M. Lessard,
député de Saguenay, remplace le député de Gouin, M.
Joron, et le député de Témiscamingue remplace le
député de Rouville. Adopté?
M. DEMERS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): M. le ministre, je suis un peu... je tombe
dans la soupe. Où en étiez-vous rendu ce matin?
M. BELAND: C'était le député de Beauce qui avait
demandé à prendre la parole. Après le député
de Beauce, c'était le député de Saint-Maurice qui avait
demandé la parole.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Vu l'absence du député de
Beauce, je donne la parole au député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: Mon collègue de Beauce m'a prié de dire
à la commission qu'il ne se défilait pas, mais qu'il avait
été obligé de se présenter à une autre
commission qui siège présentement, celle des institutions
financières, compagnies et coopératives.
M. le Président, ce matin, en votre absence, alors que le
député de Limoilou...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Je présidais une autre commission.
M. DEMERS: ... présidait à votre place alors que vous
étiez à une autre commission, nous avions entendu les paroles du
ministre faisant l'éloge, le plaidoyer pro domo de son ministère.
Il avait tenté de nous prouver que tout allait pour le mieux dans le
meilleur des mondes et que, depuis l'apparition du député de
Champlain, Normand Toupin, l'agriculture était devenue prospère
dans la belle province de Québec.
Nous avons écouté avec surprise cette
révélation parce que nous aussi nous vivons dans le milieu
agricole et que notre vie actuelle s'étant orientée dans un autre
domaine, mais antérieurement à notre carrière politique,
parce que je dois parler maintenant en parlant de moi avec le nous pontifical
auquel le ministre nous a initiés, nous avons pensé, nous avons
décidé l'exemple de la ménagère du
curé qui avait dit: Le chat est sur notre lit, M. le curé
c'est ainsi qu'ayant été orienté vers le nous pontifical,
nous reprendrons les mêmes propos. Nous allons rappeler au ministre que,
vivant parallèlement à l'agriculture, rencontrant
régulièrement les agriculteurs, étant mêlé
à leur vie, nous devons rappeler à cet honorable ministre,
à cet honorable monsieur, que ce n'est pas si rose qu'il a bien voulu
nous le déclarer. Il aura été,
ce ministre de l'Agriculture, l'homme aux déclarations sans
lendemain. C'est ainsi qu'en octobre 1971, il avait proposé une loi qui,
disait-il, permettrait au ministère de l'Agriculture de jouir d'un droit
de préemption sur la vente des fermes. Cette politique devait être
présentée au conseil des ministres dès la prochaine
séance. C'était le lendemain matin. Où est-il ce droit de
préemption actuellement? C'était en octobre 1971. Au mois
d'août 1972, le même ministre-député déclarait
qu'il entendait présenter dès la réouverture de la
session, en octobre, un projet de loi-cadre sur l'aménagement du
territoire. Août 1972, mai 1973, où est-il ce projet qui
était entièrement rédigé? Où est-il? Projet
lancé en l'air, tiré en l'air sans réalisation. En juin
1972, il y aura bientôt un an, un communiqué émis par le
même ministre annonçait la signature des contrats pour
l'acquisition de génisses F-l, un revenu d'appoint de $4,500,000 pour
les cultivateurs du Québec, textuellement.
Un autre communiqué du 24 octobre de la même année,
ramène le tout les génisses ont rapetissé
à des proportions plus modestes, soit $550,000.
Les contrats ont été déposés à la
Chambre en février 1973...
M. TOUPIN: C'est cela que le député de Saint-Maurice n'a
pas compris, ce matin.
M. DEMERS: J'ai compris, M. le Président, et je demanderais, par
votre intermédiaire, à l'honorable ministre, de me laisser faire
mon exposé. S'il a quelque chose à dire après, il en aura
tout le loisir. Actuellement, c'est moi qui ai la parole et à moins que
vous-même, M. le Président, me la retiriez, je ne la cède
à personne.
M. TOUPIN: M. le Président, est-ce que je pourrais vous demander
une directive? Quand un député a la parole et qu'il tente
d'interpréter des déclarations et qu'il leur donne un autre sens
que celui qu'on a voulu leur donner, est-ce que, à ce moment-là,
on peut intervenir pour rétablir les faits?
M. VINCENT: Oui, après.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Après l'intervention du
député, à moins que le député qui a la
parole consente à ce qu'un opposant ou un autre membre de la commission
intervienne pour lui poser des questions ou faire des mises au point.
M. VINCENT: Est-ce que je pourrais vous demander également une
autre directive? Est-ce qu'un ministre a la même priorité ou les
mêmes droits qu'un simple député?
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Evidemment.
M. VINCENT: II pourra se prévaloir des mêmes dispositions
applicables à tous les membres de l'Assemblée nationale.
M. DEMERS: Est-ce que vous me redonnez la parole?
LE PRESIDENT (M. Kennedy): M. le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, j'étais dans
l'énumération de la kyrielle de promesses et de
déclarations que fit et qu'a faites et je peux même dire que fera
le ministre, parce qu'il fait même des déclarations dans l'avenir.
Le ministre de l'Agriculture extrapole, il nous dit ce que cela sera dans tant
d'années. Nous avons eu une conférence ce matin sur les
données futures. Il s'attribue des rôles de
prophétisme.
En août 1972, $300,000 ont été
dépensés disait-il, cette année dans
l'installation de l'usine de Saint-Bruno. Où et quand ont
été faites ces dépenses? Il répond qu'il n'a jamais
fait cette déclaration. Je pourrais vous référer à
l'article du journal qui le rapporte, passons!
Retournons, si vous le voulez bien, à la publicité du
Parti libéral, de: Bourassa, deux ans après. Le ministre de
l'Agriculture se vante d'avoir procédé au zonage du territoire
agricole en fonction de la nature du sol et des marchés. C'est fort!
Procéder au zonage du territoire agricole en fonction de la nature du
sol et des marchés! Dans peu de temps, depuis que le ministre est
là, il a pris les rapports, les analyses de sols qui étaient
faites à la grandeur de la province. Il a aussi étudié les
marchés et il a établi un zonage du territoire agricole, en
fonction de la nature de ces sols et de ces marchés. J'aimerais,
lorsqu'il nous répondra, qu'il puisse bien nous déterminer
à quel endroit il a zoné le territoire, en fonction de la nature
du sol et des marchés.
A la suite d'une question posée en Chambre, il répond que
la direction des bureaux et des laboratoires régionaux avait entrepris
une étude poussée de zonage, dont une phase prévoit la
consultation. Ce qui, tout en étant nécessaire, est assez long.
En somme, on étudie les études qui ont étudié le
problème ! Qui dit vrai? Le ministre en Chambre ou le ministre
politicien?
Dans la deuxième brochure: Bourassa, deux ans après, le
même ministre se donne le crédit d'un plan de zonage et de
réaffectation des terres impropres à l'agriculture, du
remembrement des exploitations et de l'amélioration du fonds de terre.
C'est à la page 13. A la suite d'une question, en Chambre, le ministre
déclare que ce plan était en voie d'élaboration et qu'il
n'était pas d'intérêt public de le publier. Où est
ce plan? J'aimerais qu'il nous dépose ce plan. S'il n'a pas de plan,
où est la vérité? J'aimerais qu'on nous la dise!
Dans la même brochure, le ministre dit qu'il a honoré ses
obligations en mettant sur pied une vraie politique de drainage souterrain
et
d'irrigation. Une vraie! Quelle vraie politique d'irrigation? Quelle
vraie politique de drainage souterrain, à part d'avoir ajouté
à ce qui existait? Il ne fera pas plus que les autres! Il ne fera que
drainer le sol naturellement. Il y avait un programme quinquennal
d'établi par son prédécesseur, et il le continue. A une
question posée en Chambre, il répond qu'elle concerne uniquement
les étangs de ferme. Cette politique existait déjà depuis
plusieurs années les étangs de ferme, ce ne sont pas les
canards qui ont inventé ça! Est-ce une vraie politique de
drainage que de différer durant une année l'évolution de
l'aménagement des cours d'eau de surface? Il faudrait les drainer
aussi.
Dans la même brochure, le même ministre,
député de Champlain, se vante d'avoir défini une politique
de classification et de mise en marché des produits pour orienter la
production et réduire les prix aux consommateurs. Quelle est cette
politique de classification? Quelle est cette politique de mise en
marché qui a réduit les prix aux consommateurs? Ils sont pas mal
réduits, les prix aux consommateurs, depuis quelque temps, à tel
point qu'on ne veut plus acheter le boeuf et qu'on marche contre le boeuf, dans
les grandes villes! Quelles sont les denrées que l'on paie moins cher?
Je voudrais qu'on me les nomme ou qu'on nous dise la vérité.
Dans la même brochure c'est un livre inépuisable que
ce livre M. Toupin, ministre, vante la loi no 15, modifiant la loi des
marchés comme étant une protection des marchés, de la
qualité et des prix par catégorie de production. A une question
posée en Chambre, il répond, le plus candidement du monde, que le
bill 15 a uniquement pour but de rendre plus efficace l'application de la loi
et des règlements et d'enrayer l'action de ceux qui mettent
illégalement en marché des oeufs au Québec. Il faudrait
qu'il précise ces choses. Il faudrait qu'il nous réponde, ou en
homme politique ou en politicailleur, qu'il nous dise la vérité
ou qu'il ne dise rien.
En février 1972, M. le Président, l'un de ses
sous-ministres, d'après un communiqué émanant du
ministère, alors que ce sous-ministre remplaçait le ministre,
déclare ceci: L'industrie du porc traverse la période la plus
critique de son histoire. C'était grave, les cochons étaient
tristes. Quelques mois plus tard, c'est-à-dire au mois d'août de
la même année, en 1972, le ministre de l'Agriculture, à
Chicoutimi, invitait les producteurs à développer
l'élevage du porc. D'une part, vous avez un sous-ministre qui dit que
l'industrie du porc traverse la période la plus critique de son histoire
et, d'un autre côté, vous avez le ministre, qui est le patron de
ce sous-ministre, qui va dire: Elevez des porcs, élevez-en, cela va
être bon! Qui dit vrai? Où est la vérité? Est-ce le
sous-ministre qui ne dit pas la vérité ou est-ce le ministre qui
ne la dit pas? Serait-ce qu'il y a un plan conjoint qui ne marcherait pas ou
qui serait sur le point de naître? D nous en a donné, ce matin, un
semblant de prévision. H avait aussi, à Chicoutimi, invité
les producteurs à s'orienter vers la production des poulets. Sait-il, ce
bon ministre, qu'il y a un plan conjoint de la chair de volaille et que les
producteurs sont soumis à un contingentement, afin d'éliminer la
surproduction?
Une motion a été déposée à
l'Assemblée nationale demandant copie de la correspondance
échangée avec le gouvernement fédéral, au sujet des
grains de provende, nous en avons parlé, ce matin.
On n'a pas parlé de cette correspondance. Sujet
d'actualité, s'il en est un! Or, quelle surprise! Le ministre de
l'Agriculture répond qu'il n'en a pas, dans le document 205,
déposé le 13 décembre 1972. Où sont les grandes
déclarations?
Il y a autre chose. Au symposium agro-alimentaire, le ministre de
l'Agriculture a fait des exposés d'intention. Il déplore la
sous-exploitation des bonnes terres agricoles, en rappelant que 300,000 acres
de terre ont été acquises par des spéculateurs dans la
seule région de Montréal. Comme nouvelle stratégie ou plan
de développement, qu'apporte-t-il? Quelle solution? Rien. On
étudie les études qui étudiaient le problème et les
rapports. Il regrette le manque d'aménagement foncier vraiment
rationnel. On devrait faire des efforts véritables et soutenus dans ce
domaine, dit-il. Comme nouvelle stratégie ou plan de
développement, rien ! Au contraire, il a fait diminuer ou laissé
diminuer le budget de drainage de surface. IL a éliminé la
subvention à l'achat d'engrais chimiques. Il a éliminé la
subvention à l'achat de la chaux. Il réclame une meilleure
identification des sols, selon les régions. Comme nouvelle
stratégie ou plan de développement, rien.
Il déplore une pénurie de main-d'oeuvre agricole
professionnelle chez les exploitants et chez les employés. Comme
nouvelle stratégie, rien, moins que rien! Il faudrait, dit-il que le
ministère de l'Agriculture travaille sur plusieurs types de produits
à la fois. Comme nouvelle stratégie ou plan de
développement, rien. Au niveau du regroupement des fermes, le
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation n'a pas d'autre choix
que de revoir ses politiques dans une perspective de protection du territoire
agricole. Encore ici, rien!
Dans son plaidoyer, ce matin, le ministre semblait ne pas sentir les
problèmes qui existent. Il semblait aussi déclarer qu'il avait
tout réglé, ou à peu près. L'agriculture est
joliment malade, quand un ministre ne sent pas le mal des cultivateurs. Quand
un patient en est rendu à ne plus sentir son mal, c'est qu'il est fini!
Nous en sommes et je ne voudrais pas qu'on le soit à cette
époque.
Je l'admets, il y a eu des surplus de revenus en agriculture cette
année. Mais est-ce dû aux politiques mises de l'avant par le
ministre? Est-ce dû à cela ou à une conjoncture
économique? Si le porc s'est vendu plus cher, cette
année, à qui est-ce dû? Au ministre de
l'Agriculture, député de Champlain? S'il s'attribue de semblables
mérites, il est plus malade...
M. TOUPIN: On a fait marcher les machines à pluie !
M. DEMERS: Oui, vous êtes en train de vous noyer à force de
pluie. Et vous n'êtes pas comme le savon Ivory, vous ne flottez pas!
M. le Président, il y a eu augmentation dans le prix du lait. Ce
serait dû au ministre de l'Agriculture? Il y a eu des départs en
agriculture. Le président de l'UPA, M. Allain, est parti. La raison
profonde de son départ, on ne la saura peut-être jamais, mais ne
serait-ce pas une certaine désillusion devant le manque de
réalisations par cet homme qui fut un de ses compagnons de travail? Je
ne dis pas que c'est cela. Je pose la question. La question reste posée.
Lui seul pourra répondre.
Il est retourné vers la terre. Pourquoi?
UNE VOIX: Crever.
M. DEMERS: Pardon?
M. FRASER: Pour crever de faim.
M. DEMERS: Non. Si vous avez crevé de faim sur votre terre, M. le
député de Huntingdon, vous étiez terriblement riche, parce
que vous fumez encore de très gros cigares.
M. le Président, mes remarques se terminent. Nous
étudierons tantôt les crédits du ministère en
détail, programme par programme, en nous servant de la formule PPBS.
M. TOUPIN: C'est en plein cela.
M. DEMERS: Je ne sais ce que cela apportera dans l'avenir. Cela se
voudrait, il me semble, une planification des dépenses du gouvernement
en fonction des politiques à venir. J'aimerais que le ministre,
lorsqu'il reprendra la parole, nous dise exactement ce qu'est la formule PPBS,
qu'il nous explique comment il entend faire fonctionner son ministère en
appliquant ces formules, ce programme, et qu'il nous détaille les
politiques qu'il veut faire entrer en fonction de ces programmes. Nous avons
remarqué que le programme 1 était naturellement le premier mais
que l'administration c'est vrai, cela va vous surprendre, c'est une
vérité de La Palice qui était étudiée
au début, antérieurement, est reportée au programme 5.
UNE VOIX: C'est la politique du ministère.
M. DEMERS: Je me demande si c'est la politique du ministère ou si
c'est la politique du gouvernement de nous sortir le traité sur la
main-d'oeuvre agricole d'abord et de venir nous parler d'administration
ensuite. Je trouve qu'il aurait fallu qu'on étudie d'abord
l'administration, pour qu'on connaisse ceux qui font la recherche dans
l'enseignement, le financement agricole, l'aide à la production
agricole, la commercialisation agricole, la "gestation" interne de
soutien...
M. TOUPIN: La gestation...
M. DEMERS: ...la gestion... Je m'excuse. C'est neuf mois. C'était
comme cela dans le temps, mais il y a une espèce où c'est trois
mois, trois semaines, trois jours.
M. TOUPIN: Ce n'est pas la vôtre, j'espère.
M. DEMERS: Je n'ai pas fait de personnalité. Je me reprends et je
remercie le ministre d'avoir corrigé mon lapsus afin qu'au journal des
Débats on tienne compte de ces gestions et non pas ces gestations parce
qu'on peut gester sans...
UNE VOIX: gérer... sans gestation.
M. DEMERS: Non. Ce n'est pas un mot, ce n'est pas un verbe... sans
être en gestation. Mes propos se terminent et je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): M. le ministre, vous avez le droit de
réplique, sinon, nous allons commencer l'étude des
programmes.
M. TOUPIN: Je voudrais dire seulement quelques mots. Le tableau que le
député de Saint-Maurice vient de brosser, le député
de Nicolet l'avait fait dans sa conférence de presse, c'est de la
vieille soupe. Ce n'est rien d'autre que cela. Je pensais vraiment qu'au cours
de l'étude des crédits, les députés de
l'Opposition, notamment ceux de l'Union Nationale, qui se targuent très
souvent d'avoir été avant nous les initiateurs de bien des
programmes, allaient nous apporter des suggestions positives, nous faire des
propositions. Ils se contentent purement et simplement d'énumérer
les idées que nous mettons de l'avant, les programmes que nous mettons
de l'avant. Je ne sais pas qui a préparé ces documents de
travail, mais cela n'en demande pas beaucoup de compiler des
déclarations. C'est très facile. Je me demande vraiment où
est dans l'Union Nationale actuellement la véritable force de
pensée, la véritable idée d'originialité. Je me
demande où elle est. On nous ressasse toujours exactement les
mêmes pots de soupe aux pois.
M. DEMERS: Je fais remarquer au ministre...
M. TOUPIN: On revient toujours sur les mêmes choses, des
déclarations ici, des déclarations là. Quand, M. le
Président, dans les propos qu'ont tenus et le député de
Nicolet et le député de Saint-Maurice avez-vous quelque chose de
positif en termes d'analyse du problème agricole au Québec? Quand
avez-vous dans les
propos du député de Saint-Maurice et du
député de Nicolet des suggestions le moindrement
constructives?
Le député de Lotbinière en a au moins fait
quelques-unes et il n'a quand même pas l'expérience d'avoir
administré le ministère de l'Agriculture. Il n'a quand même
pas l'expérience d'avoir été député pendant
aussi longtemps que le député de Saint-Maurice l'a
été. Il me semble qu'il y aurait possibilité pour eux de
nous présenter des choses qui peuvent se tenir un bon matin. Ce n'est
pas pour rien que les agriculteurs ont voté, à la dernière
élection, en gros paquet contre eux. C'est très simple, c'est
qu'ils ressassaient encore toujours les mêmes pois et la même
soupe. C'est cela qui est le problème.
M. DEMERS: M. le Président, j'invoque le règlement.
M.TOUPIN: Je me demande quand est-ce qu'on va être capable de
trouver, au niveau de ce groupe-là, des idées. Nous, nous en
émettons des idées et on nous reproche d'en émettre. On
essaie d'analyser les problèmes et on nous reproche de les analyser.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): M. le ministre, je crois que vous vous
éloignez quelque peu de la réplique qui prévaudrait aux
attaques du député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. TOUPIN: C'est tout ce que j'avais à dire.
M. DEMERS: On n'a pas le droit en commission, je suppose?
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Oui, évidemment.
M. DEMERS: Je voudrais faire remarquer à l'honorable ministre que
nous ressassons la vieille soupe, mais ce sont ses propos. Nous ne sommes pas
ici pour orienter le ministère, nous sommes ici pour critiquer la
politique du gouvernement, et lorsque nous serons au pouvoir et que nous
préparerons un programme électoral, nous aurons ce qu'il faut
dans le programme. En attendant, nous allons étudier les politiques du
gouvernement et nous allons étudier les déclarations de cet
honorable ministre, que cela lui plaise ou pas, et nous allons les
répéter 25 fois. Quand on brasse la vieille soupe, ce sont vos
vieux mots, vos vieux arguments, et ce n'est même pas de la soupe au
pois, c'est de la soupe au chou!
M.TOUPIN: M. le Président, cela ne me déplait pas du tout,
parce que les seules idées valables qui sortent d'un discours comme
cela, ce sont des citations qui viennent de mon ministère. Je ne vois
pas d'inconvénient à ce qu'on les fasse. Qu'on les fasse partout,
qu'on veuille, au Québec, améliorer l'agriculture en faisant du
zonage, qu'on dise qu'on veut améliorer la condition de l'agriculture en
voulant, par exemple, planifier davantage l'utilisation du territoire...
M. DEMERS: Qu'on améliore.
M. TOUPIN: ... qu'on nous dise qu'on a fait des déclarations pour
investir $300,000 et qu'on ne les a pas dépensés en entier, qu'on
en a appliqué $192,000 ou $200,000, selon les projets qu'on avait de
l'avant, on est bien d'accord sur cela, nous ne voyons pas
d'inconvénient à cela. Vous pouvez dire cela sur tous les tons,
sur tous les toits, dans toutes les rues et sur tous les trottoirs, nous ne
voyons pas d'inconvénient à cela.
M. DEMERS: Dans ce cas-là...
M. TOUPIN: Mais la seule critique que j'apporte à votre discours,
la seule de toutes, c'est que je pensais trouver dedans des opinions
originales, des idées originales, des idées de gars qui
s'assoient quelque part et qui sont capables de penser quelque chose.
M. DEMERS: On n'est pas pour vous donner des idées, vous n'en
avez pas.
M. TOUPIN: C'est cela qu'on voudrait, c'est cela qu'on voudrait que vous
nous fassiez comme proposition. Ce n'est rien d'autre chose que cela.
M. DEMERS: Cela vous en prend quelques-unes.
M. TOUPIN: C'est la seule critique que j'ai à apporter.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Cela clôt le débat, quand le
député exerce son droit de réplique.
M. BELAND: Etant donné que le ministre n'avait pas tout à
fait fini d'user de son droit de réplique, est-ce qu'il pourrait
également nous faire part de la politique véritable de mise en
marché du lait, tel que la question lui fut posée par le
député de Lévis, afin de pouvoir situer le point exact et
faire en sorte que les producteurs donnés sachent exactement à
quoi s'en tenir à propos du lait cru? Est-ce que vous pourriez, en
terminant, nous donner...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Est-ce que cette question-là ne
pourrait pas être intégrée? Sans cela, on va passer notre
temps à se poser des questions. Alors, programme 1: Recherches et
enseignement, élément 1, Recherche agricole.
Recherche agricole
M. VINCENT: M. le Président, dans la recherche et l'enseignement,
est-ce qu'il y a des nouvelles politiques du ministère en ce qui
concerne la recherche? Il y a quelques instants c'est-à-dire ce
matin le ministre a mentionné en touchant la recherche, qu'on
avait créé au ministère un Conseil de la recherche, je
crois. Est-ce que c'est cela que le ministre a mentionné? Je ne veux pas
insulter le ministre, mais il a dit qu'il avait créé cela
récemment, le Conseil de la recherche.
M.TOUPIN: Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. Si vous voulez, je peux
rectifier tout de suite ce que vous dites. Ce que j'ai dit et je peux
reprendre mon discours de ce matin c'est que nous avons
réorganisé, nous avons refait un peu le Conseil de recherche.
M. VINCENT: Ce n'est pas tout à fait ce qu'il a dit ce matin.
D'après ce qu'on peut constater, ce matin, c'est que c'était tout
nouveau, le Conseil de la recherche.
M. TOUPIN: Dans sa forme actuelle.
M. VINCENT: A cause des réaménagements à
l'intérieur du Conseil de la recherche.
M.TOUPIN: Ce qu'on a fait... Vous savez comment le conseil de la
recherche était constitué? Il y avait des spécialistes,
c'était le Dr Forest qui était responsable au service de la
recherche et de l'enseignement.
On faisait appel à un certain nombre de spécialistes pour
juger les demandes qui venaient de l'extérieur, concernant des
programmes de recherche. Nous avons constaté qu'il y avait double emploi
parce que, d'une part les universités faisaient de la recherche et que,
d'autre part, le Conseil de la recherche approuvait des programmes de
recherche. De plus, le gouvernement fédéral, par ses stations de
recherche, faisait de la recherche et le ministère subventionnait de la
recherche via le Conseil de recherche. Alors, la réforme
m'apparaît bien logique. On s'est dit : Pourquoi ne pas impliquer tout le
monde au niveau du Conseil: les universités, le gouvernement
fédéral avec ses stations et le ministère. Les trois vont
se retrouver au niveau du Conseil de la recherche et, ensemble, ils vont
sélectionner les projets de recherche. Ceux que feront
l'université Laval, on ne les fera pas faire par les stations de
recherche du gouvernement fédéral. Ceux qui seront faits au
gouvernement fédéral, on ne les confiera pas à des
chercheurs qui ont proposé des programmes. C'est la seule réforme
que nous avons faite. Cela paraît bénin, simple au départ
mais c'est extrêmement important pour ne pas gaspiller les budget qu'on
met et pour éviter le double emploi. C'est extrêmement important
également pour retrouver autour d'une même table des hommes qui
sont engagés dans la recherche. C'est la seule réforme que nous
ayons faite au niveau du Conseil de la recherche. On ne l'a pas changé.
Il existait le Conseil de la recherche. On l'a réformé.
M. VINCENT: M. le Président, le ministre vient de clarifier ce
qu'il a dit ce matin. Si je prends le rapport du ministère de
l'Agriculture et de la Colonisation pour l'année 69/70 sous la signature
du ministre actuel de l'Agriculture et de la Colonisation, il dit...
M. TOUPIN: Mais...
M. VINCENT: Non, mais tout de même, ce qu'il vient de dire...
M. TOUPIN: L'année était terminée lorsqu'on a
écrit ça.
M. VINCENT: Dans le rapport du ministère de l'Agriculture et de
la Colonisation en 1969-1970...
M. TOUPIN: Oui, ce n'est pas l'année...
M. VINCENT: ... on dit ceci à la page 44: "Le Conseil des
recherches agricoles est un organisme consultatif du ministère de
l'Agricul-tur eet de la Colonisation. Il a pour mission de diriger et de
coordonner la recherche agricole". C'est exactement ce que vient de dire le
ministre.
M. TOUPIN: M. le Président, le député de Nicolet ne
veut pas comprendre. Je pense que je vais lui faire un dessin.
M. VINCENT: "II approuve les programmes de recherche, distribue des
subventions aux facultés de l'agriculture et accorde des crédits
aux institutions gouvernementales".
M. TOUPIN: C'est exact!
M. VINCENT: "II aide aussi à la formation des scientifiques et au
perfectionnement des fonctionnaires..."
M. TOUPIN: C'est exact!
M. VINCENT: "... par l'attribution de bourses d'études. Les
membres sont au nombre de huit. Us sont nommés par le ministre".
M. TOUPIN: Oui, oui.
M. VINCENT: "Ils sont assistés par un secrétaire", et on
continue...
M. TOUPIN: Oui, oui.
M. VINCENT: Et là, comme le ministre le mentionnait tout à
l'heure au sujet de la
réforme qu'il a apportée à ce Conseil de recherche,
ces gens s'assoient autour d'une même table. C'est exactement ce qu'on
dit dans le rapport de 1969. Qu'est-ce qu'il y a de nouveau?
M. TOUPIN: Le seul nouveau...
M. VINCENT: Ce sont encore des paroles, seulement des paroles pour faire
croire à la population que quelque chose a été fait. Je
pense que la seule chose nouvelle qui a été faite, c'est que le
Conseil de recherche a été rattaché à la direction
du ministère au lieu d'être au service de la recherche et de
l'enseignement. Je pense que c'est la seule réforme qui a
été faite.
M. TOUPIN: Oui, à la direction du ministère et on a
ajouté...
M. VINCENT: Mais qu'on cesse de faire de la publicité !
M. TOUPIN: ... au comité de recherche des représentants
officiels des universités, alors que cela n'existait pas avant. Il y
avait des chercheurs avant au Conseil de recherche. On est bien d'accord sur
ça. Le Conseil de recherche était composé de chercheurs,
mais il n'y avait vraiment pas à l'intérieur du conseil cette
discipline pour qu'on soit en mesure d'éviter le double emploi, pour
qu'on soit en mesure...
M. VINCENT: Les membres du conseil sont reconnus au sein des
institutions de recherches agricoles du Québec.
M. TOUPIN: C'est un fait! On les prenait là!
M. VINCENT: C'est exactement ce qui existait en 1969. C'est encore un
autre propos du ministre. Les gens qui l'écoutent disent: II y a quelque
chose de neuf qui vient d'être fait. On prend les documents de 1969 et
c'est exactement ce qui existait.
M. TOUPIN: C'est vous qui y étiez avant que j'y sois. Qui
était au Conseil de recherche? Donnez les noms.
M. VINCENT: Non, je donne officiellement le document de 1969.
M. TOUPIN: Non, non c'est moi qui ai signé le rapport parce que
vous avez fait des élections avant.
M. VINCENT: Je n'ai pas les noms ici. M. TOUPIN: Si vous ne les avez
pas.
M. LESSARD: Quels sont les membres du Conseil de recherche
actuellement?
M. TOUPIN: Les normes?
M. LESSARD: Les membres.
M. VINCENT: Bon! Le ministre actuel de l'Agriculture demande à
l'ancien ministre de nommer les membres d'il y a quatre ans et il n'est
même pas capable de nommer les membres actuels.
M. TOUPIN: En termes de noms, je sais que les universités sont
présentes.
M. VINCENT: Comme elles étaient présentes.
M. TOUPIN: Les stations de recherche sont présentes de
façon officielle et non pas...
M. VINCENT: Comme elles étaient présentes de façon
officielle.
M. TOUPIN: ... par des chercheurs de l'université.
M. LESSARD: Est-ce encore le même nombre de membres qu'en
1969?
M. TOUPIN: Qui est membre?
M.LESSARD: Quels sont les noms des membres qui représentent ces
membres, si on veut? Si vous dites que vous avez donné une certaine
représentativité au Conseil de recherche, quels sont les membres
qui représentent l'université, le ministère, etc.? ...
M. TOUPIN : II y a les trois doyens des trois universités qui
sont membres du conseil.
M. VINCENT: Les trois doyens?
M. TOUPIN: ... De la faculté d'agriculture qui sont
rattachés aux universités, le collège Macdonald,
l'université Laval et l'Université de Montréal, les
médecins-vétérinaires. Ils sont sur le comité. Par
la suite, il y a trois représentants, les trois régisseurs des
stations de recherche du gouvernement fédéral, les trois premiers
responsables au niveau des facultés et au niveau des stations de
recherche, et la direction générale du ministère,
représentée par son sous-ministre d'abord, responsable de la
recherche et de l'enseignement, qui est le président du comité.
Est-ce qu'il y a un autre membre? Il y a deux ou trois autres personnes du
ministère qui sont directement impliquées dans le Conseil de
recherche...
M. VINCENT: Cela fait neuf avec le secrétaire.
M. TOUPIN: ... et qui sont membres du conseil.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre pourrait nous dire combien de fois
les membres du Conseil de recherche se sont réunis et quels sont
les différents programmes de recherche qui ont été
acceptés pour l'année en cours?
M. TOUPIN : Est-ce qu'on a les programmes de recherche? Le conseil se
réunit à peu près une fois par mois ou une fois, ça
dépend évidemment...
M. LESSARD: Est-ce qu'il se réunit...? M. TOUPIN :
Régulièrement. M. LESSARD: Régulièrement.
M. TOUPIN : Très régulièrement. Quant aux
programmes, on peut les donner; il y en a plusieurs.
M. VINCENT: Cinq à six fois par année habituellement.
M. TOUPIN : J'ai donné la grille ce matin des critères sur
lesquels on s'était basé. On a établi des priorités
au niveau de la recherche, et c'est maintenant le Conseil de recherche qui
détermine, à la suite de discussions avec le ministère,
parce que son sous-ministre est là, présent, les priorités
de recherche.
M. LESSARD: Maintenant, étant donné qu'il y a des
représentants du gouvernement fédéral, est-ce
qu'actuellement le ministre peut dire que les priorités
déterminées par le gouvernement du Québec ont
été en général respectées par les organismes
fédéraux?
M. TOUPIN: Depuis qu'il y a coordination, oui. Mais avant ça il
était possible qu'on retrouve du dédoublement.
M. LESSARD: Alors avant ça, l'objectif de la
représentation était le même en 1969 et actuellement. Le
problème qui se posait, c'était lors de la nomination
probablement. Si je veux bien comprendre là ce que vous vouliez
expliquer tout à l'heure, c'est qu'il y a eu des changements strictement
au niveau de la nomination, c'est-à-dire que vous êtes
allés chercher des gens qui représentaient tous les milieux de
recherche.
M. TOUPIN: C'est-à-dire qu'avant ça, les
représentants de la recherche venaient à peu près des
mêmes milieux, sauf que ce n'étaient pas les responsables
véritables des institutions. Alors, nous nous sommes dits, si nous
voulons vraiment agir de façon efficace, sur un programme de recherche
de l'université Laval, par sa faculté d'agriculture et
d'alimentation, il me paraît normal que nous ayons, au conseil, le
responsable de la faculté. Alors là nous avons demandé au
responsable d'être membre du conseil. On a fait la même chose
vis-à-vis des autres universités. Ceux-ci ensemble, à la
suite de réunions, regardent les différents program- mes de
recherche qui peuvent provenir tant d'une faculté que d'une autre, ou
tant du gouvernement fédéral, par ses stations de recherche, que
du ministère de l'Agriculture.
C'est là une de leurs premières fonctions que de faire la
sélection. Maintenant, le ministère s'est établi des
priorités dans la recherche au nombre de quatre ou cinq. Il me semble
que c'est quatre que j'ai donné ce matin. Ces priorités sont
respectées par le Conseil de recherche et les stations de recherche
fédérales et les universités orientent leurs recherches
dans cette perspective.
M. LESSARD: Quand vous dites que ces priorités sont
respectées, vous voulez dire, vous l'avez ajouté là,
qu'actuellement les organismes fédéraux orientent leur programme
de recherche à partir des priorités déterminées par
le Conseil de recherche.
M. TOUPIN: Le Conseil de recherche, lui, prend sa source dans les
programmes du ministère au niveau des priorités.
M. LESSARD: Vous n'avez plus de problème de coordination entre la
recherche faite par les organismes du gouvernement fédéral
puis...
M. TOUPIN : II ne faut pas pousser à l'extrême. Le
gouvernement fédéral fait, par ailleurs, lui aussi, de la
recherche.
Il peut bien faire porter des programmes de recherche vis-à-vis
de son gouvernement par exemple sur, je ne sais pas, les perspectives de ...
des consommateurs.
M. LESSARD: D'accord, mais il reste que les organismes de recherche du
gouvernement fédéral, en ce qui concerne la recherche agricole au
Québec, accepteraient, par l'entremise du conseil de recherche, de se
soumettre aux priorités québécoises.
M. TOUPIN: Acceptent et non seulement accepteraient.
M.LESSARD: Acceptent. Des fois on a l'impression, d'après les
déclarations du ministre, que ce n'est peut-être pas le cas en
réalité. C'est bien beau en principe, devant la commission
parlementaire, mais des fois le ministre se fâche et dit...
M. TOUPIN: Dans certains domaines c'est moins vrai et dans certains
autres c'est plus vrai. On est bien conscient qu'on travaille avec des hommes,
que ce soit là ou ailleurs. On s'entend sur des programmes, et sur
d'autres, on s'entend moins.
M.LESSARD: Maintenant, je vais poser la question. Je pense que cela est
assez important au niveau des crédits du ministère de faire
connaître les différents programmes, les princi-
paux programmes. Est-ce qu'on les a donnés ce matin, M. le
Président? Si on les a donnés ce matin, je suis bien
d'accord.
M. TOUPIN : J'ai donné seulement les principaux
critères.
M.LESSARD: Je pense que c'est quand même important que l'on sache
justement les résultats de ce conseil de recherche pour l'année
72/73.
M. TOUPIN: Le sous-ministre va vous les donner et cela pourra être
enregistré comme étant le ministre qui parle.
En dehors du Conseil de recherche agricole, qui est chargé de
planifier les priorités de recherche en fonction des besoins de
l'agriculture québécoise, c'est là un des changements
fondamentaux du Conseil de recherche agricole, celui d'être en mesure
d'utiliser véritablement les fonds qui sont mis à sa disposition
par l'entremise du budget du ministère de l'Agriculture, en recevant les
divers projets de recherche soumis par les chercheurs tant provinciaux que des
universités, ou même fédéraux dans certains cas, en
fonction d'une acceptation monétaire suivant les priorités que
nous avons déterminées.
Pour répondre adéquatement à votre question, ces
priorités se situent dans les grandes têtes de chapitre d'action
du ministère de l'Agriculture, plus particulièrement au niveau de
la production; par exemple, le ministre a mentionné ce matin qu'un des
éléments fondamentaux qui nécessitaient
énormément de sueur, d'efforts et de fonds financiers,
était l'établissement d'une véritable grille de
fertilisation à travers tout le Québec pour une meilleure
connaissance des sols et une meilleure connaissance de la fertilisation; de
même aussi, on a parlé du programme d'autoapprovisionnement. Donc,
dans le domaine des productions céréaliè-res et
fouragères plus particulièrement, se font des efforts d'essai, de
croisement, d'adaptation, de régie de différentes productions
à travers les diverses stations provinciales qui sont au nombre de six,
ou encore par les diverses stations agronomiques des facultés
d'agriculture soit de McGill ou de l'université Laval.
De même aussi, au niveau des légumes nous avons
énormément de préoccupations. Je pourrais détailler
chacun des éléments, c'est un document assez volumineux, mais je
vais citer simplement les têtes de chapitre. Dans le domaine des petits
fruits, plus particulièrement les fraises, nous faisons des efforts
d'adaptation de nouvelles variétés de plants exempts de maladie
à virus, ce qui est fondamentalement important, des essais de
fertilisation, de contrôle des mauvaises herbes, etc. Au niveau de la
pomme de terre, là, nous avons une station de pomme de terre Elite, pour
la multiplication de pommes de terre exemptes de maladie à virus pour
servir dans le champ d'utilisation des pommes de terre.
Au niveau du mais sous toutes ses formes: maïs-ensilage, mais-grain
aussi. Au niveau des plantes industrielles: soya, colza, fèverolle. Nous
avons des efforts de recherche qui portent dans ce domaine, au niveau des
vergers: chimie, fertilité des sols, utilisation des sols et
aménagement du territoire, pédogénèse, de la
classification des sols plus particulièrement par notre division de
pédologie. Au niveau des différents laboratoires de sol qui se
trouvent tant sur le plan provincial au complexe scientifique ou encore dans
les diverses régions agronomiques du Québec, il se fait des
efforts d'analyse de sol, etc. Au niveau de l'écologie
végétale, qui est assez fondamentale dans l'orientation de
l'agriculture, au niveau de l'application de lois ou de maintien de certaines
activités à caractère scientifique; dans le domaine de
l'acériculture, par exemple, il se fait énormément de
recherches sur les divers modes de collecte de l'eau d'érable et des
divers modes de dilution pour arriver à la fabrication du sirop
d'érable ou d'autres produits.
Dans l'apiculture, c'est la même chose. Au niveau des bovins, on a
parlé des productions animales. C'est un secteur extrêmement
important de la recherche au Québec, particulièrement parce que
75 p.c. de l'activité économique provient de ce secteur
fondamental de l'activité animale. Là, nous pourrions
détailler un ensemble de projets qui touchent tout autant la
génétique, la reproduction, l'alimentation ou la régie
même du troupeau de même que dans tous les autres secteurs des
productions animales, que ce soient les chevaux, les volailles, les porcs ou
les moutons. Nous avons aussi énormément d'intérêt
au niveau de la mécanisation au niveau de la ferme et de plus en plus
tant à l'université Laval que dans plusieurs de nos stations,
nous faisons des essais de machinerie de différents modèles pour
essayer de soulager autant économiquement que physiquement les efforts
des agriculteurs dans la recherche d'une accumulation de
productivité.
Nous pourrions rallonger la liste dans le détail.
M. LESSARD: Malgré toutes ces recherches-là c'est
bien important de faire des recherches mais quels sont les moyens que
prend le ministère de l'Agriculture pour permettre aux agriculteurs de
pouvoir profiter des résultats de ces recherches? Je pense, par exemple,
vous parliez tout à l'heure de la pomme de terre...
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: ...il y a dans notre région à Pointe-Lebel,
aux Buissons...
M. TOUPIN: D'accord.
M. LESSARD: ...une station de recherches en ce qui concerne la pomme de
terre. Cependant, il semble que les cultivateurs du coin aient
énormément de difficulté à pouvoir profiter de
la pomme de terre qui est produite là, etc. Quels sont
concrètement les moyens j'aurai l'occasion de revenir
probablement, si je ne suis pas ailleurs, à la station aux Buissons
que peut prendre le ministère de l'Agriculture pour rendre
concret aux cultivateurs, à un moment donné.,.
M. TOUPIN: M. le Président, je peux essayer d'une façon
générale, parce que vous avez un aspect général et
spécifique à votre question...
M. LESSARD: Oui.
M. TOUPIN: D'une façon générale, nous étions
conscients qu'il y avait une période de temps beaucoup trop
prolongée entre les résultats de recherches et leur application
sur le plan pratique. C'est ainsi que, dans le cadre de la création,
plus particulièrement, de deux conseils qui regroupent au-delà de
300 spécialistes, non seulement du ministère de l'Agriculture,
mais tant sur le plan de l'industrie et de tous les secteurs para-agricoles,
chaque année des rencontres très fréquentes se font, pour
analyser les résultats de recherches, voir si leur applicabilité
peut être réaliste et si oui, nous publions, chaque année,
à l'intention des agriculteurs, ce que nous appelons des guides de
production. Alors, par l'entremise du Conseil des productions
végétales du Québec, nous sortons au-delà d'une
demi-douzaine de guides spécifiques aux productions industrielles ou
autres qui reflètent, dès que la recherche a été
démontrée probante, au niveau de nos agriculteurs, les nouvelles
opportunités, dans l'amélioration de leur efficacité et la
réduction de leur coût de production. Beaucoup plus que cela,
maintenant, d'une façon beaucoup plus intensive, les agronomes
responsables de la gestion au niveau de chacun des territoires agricoles sont
mandatés pour préparer, avec les agriculteurs, des programmes de
production tant végétale qu'animale.
M. LESSARD: Là vous parlez des bureaux de renseignements
agricoles qui sont mandatés pour rencontrer les agriculteurs puis
organiser des programmes. Je ne sais pas si c'est pareil dans toutes les
régions, mais j'en ai un chez nous, dans mon comté, un bureau de
renseignements agricoles, et si vous demandez des informations, des
renseignements, vous avez énormément de difficulté
à pouvoir avoir ces renseignements de ces gens. Au niveau du
ministère de l'Agriculture, je ne sais pas si c'est la fonction
publique, je ne sais pas ce qui se passe, mais j'ai l'impression qu'on est bien
mal organisé pour rendre concrets les résultats de ces
recherches. En tout cas, demandez aux personnes du bureau de renseignements
agricoles de ne pas simplement rester chez eux, dans leur bureau, et d'attendre
que les agriculteurs viennent, mais que ces gens bougent et que ces gens se
déplacent, etc. Je ne sais pas si c'est comme ça un peu partout,
dans toutes les régions, mais je constate, moi, par exemple, que, parmi
tous les bureaux régionaux des différents ministères du
gouvernement, le ministère de l'Agriculture est à peu près
le bureau le plus inutile, le plus vide, où il est le plus difficile
d'obtenir des renseignements. Même au niveau des travaux
mécanisés. Je comprends que cela a été
politisé, mais j'ai été obligé de me chicaner,
pendant presque quinze jours je ne sais pas si j'embarque dans un autre
thème pour savoir qui était responsable. Il reste, M. le
Président, que c'est au niveau des bureaux de renseignements agricoles.
Ils ont peur. Je ne sais pas s'ils ont peur de faire de la supposée
politique ou de se mêler là-dedans, mais la seule chose que je
sais, leur spécialité, c'est qu'ils ne bougent pas.
M. BELAND: C'est-à-dire qu'ils ne veulent pas faire de la
politique, mais suivre les instructions du ministère...
M. LESSARD: C'est incroyable. Il y a un travail à faire à
ce niveau. Là, je donne l'expérience que j'ai au niveau de mon
comté parce que, même si on n'a pas de cultivateurs à
Sept-Iles et dans le nord, on en a quand même dans la région de
Sacré-Coeur-Tadoussac-Escoumins. J'espère en tout cas que ce
n'est pas partout pareil.
M. TOUPIN: On peut se permettre de dire beaucoup de choses
là-dessus, pour une raison très simple. C'est que j'ai fortement
l'impression que le député de Saguenay ne connaît pas
suffisamment tout cela.
Il y aurait avantage à ce qu'il y aille lui-même au
bureau...
M. LESSARD: J'y suis allé, M. le Président.
M. TOUPIN: ... voir travailler les gars, voir comment ils
répartissent leur travail, comment ils font leur programme de recherches
et de travail. Il est possible, dans certaines régions, que ce soit un
peu plus au ralenti que dans d'autres. Tout dépend du dynamisme du
milieu aussi. Quand, par exemple, le milieu ambiant est un milieu de
chiâleux, un milieu de ci et de ça, il est bien évident que
vous ne pouvez pas motiver plus qu'il ne le faut les gars qui sont dans le
bureau. Ces bonshommes travaillent avec des agriculteurs, et Dieu sait, et vous
le savez comme moi, que ce n'est pas toujours facile d'amener un agriculteur
à penser dans des termes de techniques nouvelles. C'est bien beau de
dire que l'agriculteur...
M. LESSARD: Ce n'est pas à ce niveau-là, M. le
Président.
M. TOUPIN: Allons plus loin.
M. LESSARD: Si je ne peux, moi, obtenir certains renseignements
agricoles...
M. TOUPIN:Oui.
M. LESSARD: ... certaines informations, parce que les agriculteurs
communiquent avec moi justement pour obtenir ces informations, si, moi, je ne
peux pas les obtenir, M. le Président, comment voulez-vous que
l'agriculteur puisse les obtenir?
M. TOUPIN: Vous avez le même problème, probablement au
niveau de tous les autres bureaux, lorsque les gens, dans un comté, ont
besoin des services d'un bureau. Très souvent, ils s'adressent au bureau
du député. C'est normal, c'est la même chose dans mon
comté. Les gens viennent me voir, c'est encore pire évidemment,
parce que j'assume le ministère, et il y a des renseignements que je ne
peux pas leur donner. Je les envoie au bureau régional, et les gens
disent: C'est vrai, des fois, ç'a pris un peu de temps, des fois
ç'a pris moins de temps, mais on est parvenu quand même à
avoir le renseignement qu'on demandait et ça dépend quel
renseignement on veut avoir aussi au niveau d'un ministère. Si on veut
avoir un renseignement sur la recherche, ce n'est pas dans l'espace de cinq
minutes qu'un spécialiste, par exemple, en génétique de
pomme de terre va expliquer à un producteur comment on va
procéder; c'est une question d'années, c'est une question de, je
ne sais trop quoi, non pas de mois, d'années avant d'arriver à
orienter cela.
J'ai, personnellement en tout cas, au ministère, très peu
de courrier, et on reçoit 600 à 700 lettres par semaine, j'ai
très peu de courrier où les agriculteurs se plaignent que les
services dans les bureaux régionaux ne fonctionnent pas. Dans toutes les
régions, vous allez trouver huit ou dix agriculteurs pour qui, c'est
bien sûr, les renseignements ne sont jamais assez rapides. Un
problème qu'on constate par ailleurs, et le député de
Nicolet le mentionnait ce matin, le même problème existait alors
qu'il était ministre, lui, on essaie de le corriger, c'est le
crédit agricole. On peut changer les bureaux régionaux, vous
savez, on peut mettre d'autres hommes dans les bureaux régionaux, on l'a
fait, on les change, on peut essayer de trouver des super-hommes pour les
placer dans les bureaux régionaux. Le secteur de l'agriculture est un
secteur complexe, ce n'est pas un secteur administratif, ce n'est pas un
secteur où on distribue des chèques d'allocations sociales, ce
n'est pas un secteur...
M. LESSARD: C'est pourquoi ça prend du monde dynamique, M. le
Président, ça ne prend pas des ronds-de-cuir, des fonctionnaires,
à un moment donné, qui attendent continuellement...
M. TOUPIN: Je ne suis pas certain de ça, je voudrais bien voir le
responsable de la région venir ici, le Saguenay relève de quel
bureau? Ken. Choquette...
M. LESSARD: De la région de Chicoutimi...
M. TOUPIN: ... je voudrais bien que vous rencontiez Ken. Choquette, qui
est directeur général pour la région. Grâce à
ce bonhomme, c'est la seule région actuellement au Québec qui est
parvenue à nous déterminer actuellement des plans de zonage dans
le sens qu'on voulait les avoir.
M. VINCENT: M. le Président, si vous me le permettez, nous allons
ajourner dans quelques minutes, dans quelques instants, et je ne veux pas
déplaire au député de Saguenay, mais la parenthèse
est assez longue. Je voulais simplement, discuter sur la recherche comme telle,
et je pense bien que nous allons revenir sur la question administrative des
bureaux régionaux, il y a des correctifs à apporter sur toute la
question administrative...
M. LESSARD: D'accord.
M. VINCENT: Mais avant d'ajourner...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si le député de Nicolet me
permet...
M. VINCENT: Oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): ... j'ai bien voulu laisser aller le
député de Saguenay du côté de la recherche, mais pas
au même titre que la recherche inscrite au livre des crédits. Il
recherchait des causes...
M. LESSARD: M. le Président, c'est parce que...
LE PRESIDENT (M. Giasson): ... de telle utilisation...
M. VINCENT: Dans toute la question...
M. LESSARD: Si vous me permettez, quand même, c'est parce que nous
avons discuté justement comment rendre concret au niveau des...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Vous aurez l'occasion de revenir avec les
thèmes que vous avez apportés.
M. LESSARD: Je suis d'accord, mais je pense que j'étais en grande
partie dans l'ordre, même si, par la suite, on s'est
déplacé un petit peu.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Je reconnais le député de
Lotbinière, qui m'avait demandé la parole depuis quelques
instants.
M. VINCENT: M. le Président, je ne sais pas si vous étiez
président à ce moment-là, j'avais la parole et le
député de Saguenay a fait une
intervention à l'intérieur et ça s'est
prolongé, je l'ai laissé aller...
M. TOUPIN: On avait discuté un peu au début, il est 5 h
20.
M. VINCENT: J'ai quelques questions à poser dans le domaine de la
recherche. Cela permettrait peut-être aux fonctionnaires de compiler les
chiffres. Dans le domaine de la recherche, vous avez les stations
expérimentales qui relèvent de ce service.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si le député de Nicolet le
permet. Il m'apprend que c'est lui qui avait la parole; au moment où je
suis arrivé pour présider, vous étiez à lire. Vous
aviez la parole, je vous le concède. Je reconnaîtrai le
député de Nicolet dès l'ouverture de la séance. On
me dit que le ministre doit s'absenter et qu'il ne peut vraiment pas trop
retarder.
M. VINCENT: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission ajourne ses travaux.
M. TOUPIN: Nous ne siégeons pas demain. Sine die.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Sine die. Merci, messieurs!
(Fin de la séance à 17 h 16)