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(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Blank): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des affaires culturelles se réunit pour
étudier les crédits budgétaires pour l'année
1983-1984.
Les membres de la commission sont: Mme Bacon (Chomedey), M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M. Champagne (Mille-Îles), M.
Charbonneau (Verchères), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M.
Dupré (Saint-Hyacinthe), M. Hains (Saint-Henri), M. Proulx (Saint-Jean),
M. Richard (Montmorency), M. Ryan (Argenteuil) et M. Saintonge (Laprairie)
remplacé par M. Dauphin (Marquette).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Blouin
(Rousseau), M. Lavigne (Beauharnois), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. LeBlanc
(Montmagny-L'Islet), M. Leduc (Fabre), M. Leduc (Saint-Laurent), M. Rochefort
(Gouin) et M. Vallières (Richmond).
Peut-on nommer un rapporteur?
M. Richard: M. le Président, je propose le
député de Mille-Îles comme rapporteur.
Le Président (M. Blank): Adopté? M. Champagne:
J'accepte.
Le Président (M. Blank): D'accord. Le député
de Mille-Îles, M. Champagne, sera le rapporteur de cette commission. Je
pense que nous allons commencer par les discours préliminaires. M. le
ministre.
Exposés préliminaires M. Clément
Richard
M. Richard: M. le Président et mes collègues
membres de la commission parlementaire, ce que nous appelons dans le langage
parlementaire la défense des crédits constitue un rituel auquel,
à titre d'ancien président de l'Assemblée nationale,
j'accorde, évidemment, une importance considérable.
Par-delà l'usage qui confine parfois à l'habitude, la
défense des crédits est le moment privilégié pour
un ministre de tracer le bilan de l'année écoulée et
d'indiquer les choix budgétaires de l'année financière qui
commence. Il y a maintenant un peu plus de deux ans que je suis titulaire du
ministère des Affaires culturelles. Les quelques heures de débat
qui vont suivre sont l'occasion de mesurer le chemin parcouru.
D'entrée de jeu, je vous dirai que je ne suis pas peu fier des
résultats obtenus au cours de cette période en dépit d'une
conjoncture difficile, résultats dont les citoyens ont pu mesurer la
portée dans le programme d'action que je rendais public la semaine
dernière. Ce programme n'épuise, cependant, pas la
réalité budgétaire du ministère. Aussi, au cours de
cet exposé liminaire, j'aurai l'occasion de vous décrire le
niveau auquel nous avons réussi à maintenir les crédits,
de retracer avec vous les principales caractéristiques de
l'évolution du budget du ministère des Affaires culturelles et de
vous exposer les principales pièces législatives que j'entends
soumettre à l'attention de l'Assemblée nationale au cours de la
présente année.
Vous savez déjà que c'est une injection totale de
près de 17 000 000 $ de nouveaux crédits que le gouvernement
accorde au ministère des Affaires culturelles. Vous savez encore que ces
nouveaux crédits sont entièrement des crédits de
transfert, de sorte que la croissance de ces crédits - et c'est cela,
finalement, qui est le plus important - atteint 25%. Par ailleurs, si vous avez
consulté notre programme d'action, vous avez sans doute constaté
qu'il ne s'agit pas strictement d'argent, ni d'une simple modification de
l'organigramme. Fondamentalement, c'est davantage un redéploiement de
l'action que nous avons conçu et que nous voulons mener à
terme.
La culture ne repose plus que sur le seul langage des initiés;
elle ne concerne plus uniquement les beaux-arts, les lettres et le patrimoine,
comme certains se l'imaginent. Ses frontières avec le social, le
politique et l'économique sont sans cesse plus ténues. Qu'il
suffise de rappeler l'exemple de New York pour s'en convaincre:
l'activité culturelle y génère plus de 5 000 000 000 $
d'activités économiques. Un tel volume n'est pas sans marquer la
qualité de la vie d'une société, sans en modifier le
paysage et l'environnement. Plus près de nous, nous savons que la
relocalisation du Musée d'art contemporain au centre-ville multipliera
presque par trois les visiteurs dans le réseau des musées
montréalais. L'effet sur les places d'affaires, le réseau de
transport, les sites touristiques, l'hôtellerie et la restauration sera
manifeste.
La culture, c'est encore aujourd'hui un agent de la connaissance.
L'école n'est plus le seul lieu pédagogique d'apprentissage. Les
musées, les archives, les galeries d'art, les théâtres et
les concerts ont cette faculté, pour peu qu'ils fassent état
d'une volonté d'initiation et de sensibilisation de contribuer
directement à l'acquisition de connaissances.
De même, nous n'avons plus à espérer des
rapprochements entre la culture et la science; c'est déjà chose
faite. Autant le sculpteur et le graveur doivent-ils posséder des
notions sûres de physique et de chimie, autant l'architecte doit prendre
en compte l'intégration de l'oeuvre d'art. Autant les hommes de science
ne considèrent-ils plus la pensée logique comme exclusive dans la
recherche, autant les créateurs, en nourrissant leur imaginaire, puisent
aux techniques du savoir.
De même, les grandes institutions culturelles modernes
s'apparentent aux grandes surfaces, aux centres commerciaux. L'Ontario Science
Center à Toronto, Beaubourg à Paris et le Musée
d'anthropologie de Mexico sont des exemples concrets de cette mutation de
l'effervescence de l'art et de ses rapprochements avec les objets qui meublent
la vie courante. L'oeuvre d'art elle-même ne répond plus aux
strictes références que sont les nôtres, au tableau aux
dimensions connues, à la pièce de théâtre
jouée en salle. Les foyers de l'expérimentation et de
l'innovation se multiplient. L'art de la performance n'a-t-il pas pour
finalité d'être éphémère, de ne tenir
qu'à sa qualité d'existence et de mouvement?
Sans prétendre à l'universalité pour la culture -
cela serait nier sa propre existence l'extension de la culture à tous
les domaines la fait de plus en plus correspondre avec la vie des citoyens.
C'est en s'inspirant de ces réflexions, que nous partageons avec des
ministères de la Culture comme ceux de la France et de la Suède,
que nous avons rédigé le programme d'action du ministère.
C'est ce que nous avons recherché en doublant les crédits
à la création, en ajoutant 2 000 000 $ pour le
développement des arts de la scène, en prévoyant investir
dans la promotion de la culture, en inscrivant un programme
d'aménagement de lieux culturels, en retenant des mesures
particulières pour Montréal, la métropole culturelle, en
ajoutant encore 6 000 000 $ pour le cinéma. C'est encore le virage que
nous avons résolu de prendre en redéfinissant l'organisation du
ministère, accordant ainsi plus d'importance au développement et
à l'innovation, au développement culturel régional et en
se délestant peu à peu de la gestion directe des programmes.
En prenant appui sur plus de 700 mémoires recueillis pendant la
tournée du printemps 1982 et analysés à l'automne de la
même année, ce programme d'action propose essentiellement des
mesures immédiates. Il n'énonce pas d'intentions pour le futur.
Il agit. Il est une autre façon d'agir, cependant, qui comporte son
poids de vérité. Je veux parler ici de politiques culturelles. Le
ministère des Affaires culturelles ne saurait s'abstenir de
préciser plus longuement sa pensée. C'est ainsi qu'au cours des
prochains mois je rendrai publics des énoncés de politique
à l'égard du théâtre, de la danse et de la musique,
à l'égard du soutien au créateur, à l'égard
de la lecture, du patrimoine, de la conservation, de la formation, des arts
visuels et, enfin, à l'égard de la chanson.
L'importance des crédits spécialement affectés au
programme d'action s'insère néanmoins dans la dynamique
générale du ministère. Sans présumer de l'examen
détaillé des crédits que souhaitent sans doute les membres
de cette commission, permettez-moi de vous décrire l'ensemble des
crédits budgétaires du ministère des Affaires culturelles
pour 1983-1984.
En tenant compte des crédits additionnels, à l'exclusion
du cinéma dont les crédits n'apparaissent pas au livre des
crédits de l'État, et en soustrayant les crédits
permanents, les crédits à voter au ministère des Affaires
culturelles seront portés à 117 000 000 $ en 1983-1984, de 111
000 000 $ qu'ils étaient l'année précédente. Plus
de 31 000 000 $ de ces crédits vont aux traitements répartis dans
une proportion de 9% affectés directement à l'administration du
ministère et 22% consacrés à la production
effectuée en régie. Cette production est essentiellement celle
faite par le réseau des institutions nationales que sont la
Bibliothèque nationale, les Archives nationales, le Conservatoire de
musique et d'art dramatique, les musées d'État, ainsi que le
Centre de conservation et de restauration.
Bien que les crédits totaux à voter ne
s'élèvent que de 6 200 000 $, les compressions effectuées
aux dépenses de fonctionnement, ainsi que les crédits
additionnels permettent une croissance de 17 000 000 $ des crédits de
transfert. N'eût été, en effet, l'ajout de 9 200 000 $ pour
le programme d'action et de 6 000 000 $ pour le cinéma, les
crédits du ministère, en 1983-1984, auraient été
réduits d'environ 3 000 000 $ par rapport à l'année
1982-1983.
Il faut, par ailleurs, se rappeler que le ministère a obtenu, en
décembre 1982, des crédits supplémentaires de 1 500 000 $
qui ont permis de rétablir la situation financière de nombreux
organismes en arts d'interprétation. Bien que ce budget
supplémentaire ne soit pas récurrent en 1983-1984, il a permis
que les crédits additionnels obtenus soient entièrement
consacrés au programme d'action.
Dans le secteur du livre, les crédits montrent en apparence une
décroissance des crédits affectés au développement
d'un réseau de bibliothèques publiques. L'explication est la
suivante: le programme triennal de construction et de rénovation des
bibliothèques publiques en arrive à sa troisième
année. Nous avons maintenu au programme 1 les crédits requis pour
les engagements en cours et transféré le solde à
l'élément 2 du programme 3 pour constituer le programme unique
d'équipements culturels communautaires, tel qu'annoncé au
programme d'action. En revanche, nous avons pris la décision
d'accroître de façon substantielle les crédits
accordés aux bibliothèques centrales de prêt dont le
développement s'était stabilisé au cours des
récentes années, en y injectant une somme nouvelle de 500 000
$.
Au chapitre de la sauvegarde et de la mise en valeur du patrimoine, la
décroissance est de l'ordre de 12%. Cette décroissance traduit la
volonté du ministère de réduire la gestion directe de
programmes. De la sorte, l'implication de partenaires publics ou privés
dans la gestion du parc immobilier amorcée l'an dernier se poursuit. De
même, les crédits provenant de l'entente auxiliaire
fédérale-provinciale sur le tourisme, laquelle prend fin en mars
1984, diminuent selon le rythme de réalisation des projets inscrits
antérieurement à l'entente. D'autre part, le ministère
négocie actuellement le renouvellement pour trois ans de l'entente sur
le Vieux-Montréal avec la participation du fonds de développement
régional de l'OPDQ.
De même, une semblable entente vient d'être signée
avec la ville de Québec. À cet égard, il est plus que
satisfaisant de constater non seulement le formidable impact économique
découlant de l'entente sur le Vieux-Montréal, mais la
rapidité avec laquelle apparaissent les retombées: des
investissements de 4 700 000 $ du ministère, de la ville de
Montréal et de l'OPDQ ont généré des
investissements privés de plus de 38 000 000 $. L'ensemble des travaux
réalisés a permis la création de 895 emplois,
c'est-à-dire personnes-année. C'est ainsi que le parc de
logements du quartier s'est accru de 342 unités. (10 h 30)
Au programme 3, intitulé Gestion interne et soutien, la
croissance de 56% des crédits s'explique de deux façons. D'une
part, l'Institut québécois de recherche sur la culture
émarge désormais au budget du ministère des Affaires
culturelles. D'autre part, tel qu'indiqué au programme d'action, nous
accentuons la régionalisation de la gestion d'un bon nombre
d'activités. C'est ainsi que des crédits de 750 000 $ seront
partagés entre les régions pour la réalisation de toute
activité culturelle jugée prioritaire pour le
développement de la région. En outre, le programme d'aide aux
équipements culturels communautaires sera doté d'un fonds de 3
000 000 $ auxquels viendront s'ajouter les crédits du fonds de
développement régional de l'OPDQ. Ainsi, en comptabilisant les
crédits affectés à la construction et à la
rénovation des bibliothèques, c'est près de 10 000 000 $
que le ministère affectera à son programme d'immobilisations.
Dans le domaine des arts de l'environnement visuel, les budgets
demeurent relativement constants. C'est davantage au niveau des structures que
les modifications prennent leur importance. Ainsi, le changement de statut des
musées d'État et la relocalisation du Musée d'art
contemporain s'inscrivent dans le processus de redéploiement du
ministère dont j'ai parlé précédemment.
Le soutien aux arts d'interprétation s'accroîtra en
1983-1984 dans une proportion de plus de 36%. C'est, en effet, sous cet
élément de programme que sont inscrits près de 50% des
crédits nouveaux du programme d'action: soutien accru à la
création, développement des arts de la scène, promotion de
la culture.
Finalement, le livre des crédits, comme je l'ai indiqué
précédemment, ne rend pas justice au cinéma puisqu'il ne
comprend pas les 6 000 000 $ de crédits additionnels que j'ai
annoncés récemment à l'Assemblée nationale dans le
cadre du débat sur la loi 109.
Cette rapide revue de l'ensemble du budget du ministère des
Affaires culturelles pour 1983-1984 démontre à elle seule
l'importance que le gouvernement attache au développement culturel des
Québécois, importance, on l'a vu, qui se traduit par une
croissance de près de 25% des crédits de transfert. Il faut
encore ajouter à ces sommes, car l'engagement du gouvernement dans le
secteur culturel déborde les seuls budgets du ministère des
Affaires culturelles. Bien que ces crédits ne soient pas à voter
par la présente commission, il est utile de rappeler leur existence.
J'ai déjà signalé les crédits en provenance de
l'OPDQ. En 1982-1983, c'est une somme de 4 000 000 $ que le fonds de
développement régional a investie dans le secteur culturel. En
1983-1984, ces crédits s'élèveront vraisemblablement
à 4 500 000 $.
De même, le programme de l'intégration des arts à
l'architecture, communément appelé le programme du 1% et
géré par le ministère des Affaires culturelles, a
généré, en 1982-1983, des crédits de 1 500 000 $ en
provenance des différents ministères constructeurs.
L'élargissement de ce programme au réseau du ministère de
l'Éducation en 1982-1983 ne
fera vraiment sentir son effet qu'en 1983-1984. Il n'est donc pas
exagéré d'anticiper des dépenses à ce programme de
près de 2 000 000 $ pour l'année qui commence. Au total, donc, ce
sont encore des crédits de 6 500 000 $ qui viendront prolonger, pour
ainsi dire, l'action du ministère lui-même.
En contrepartie, le ministère des Affaires culturelles s'est
associé à l'ensemble des ministères et organismes dont les
budgets sont votés par l'Assemblée nationale dans l'effort de
rationalisation des dépenses publiques de façon à aligner
le taux de croissance des dépenses de l'État sur l'indice des
prix à la consommation. Cet effort s'est traduit pour le
ministère par une compression de 4 000 000 $ applicables au budget de
base 1983-1984, c'est-à-dire antérieurement, dans le cycle
budgétaire, à l'obtention de crédits nouveaux.
Le ministère des Affaires culturelles a pris soin, en appliquant
cette compression, de la faire porter en priorité sur les
dépenses d'administration et de production en régie. En second
lieu, appliquée aux dépenses de transfert, cette compression n'a
touché que partiellement quelques programmes jugés, dans
l'ensemble de l'exercice, moins prioritaires. Si vous examinez le tableau 11 du
présent cahier de la défense des crédits, vous constaterez
que les compressions consenties sont surtout imputables aux dépenses de
fonctionnement. Compte tenu, par ailleurs, des crédits additionnels
accordés, les compressions applicables aux dépenses de transfert
ne sont pas visibles dans ce tableau. Elles concernent en particulier les
dépenses liées à l'aide financière aux travaux
d'érudition, à l'aide financière aux communications
téléphoniques des librairies ainsi qu'à l'aide
financière à la construction et à la rénovation des
bibliothèques publiques. Dans ce dernier cas, cependant, le nouveau
programme d'aide aux équipements culturels communautaires vient, en
quelque sorte, corriger l'effet des compressions. En outre, au chapitre de
l'amélioration de l'environnement visuel, les crédits
affectés aux projets spéciaux, qui pouvaient être
accordés en sus des subventions régulières, ont
été annulés pour la prochaine année.
J'invite maintenant les membres de cette commission à un examen
à la fois analytique et comparatif des crédits du
ministère des Affaires culturelles. Arrêtons-nous, d'abord, aux
dépenses de fonctionnement. De 1982-1983 à 1983-1984, les
dépenses de fonctionnement passent de 40,3% à 35,2%. En tenant
compte des crédits totaux, en chiffres absolus, les crédits de
fonctionnement s'abaissent de 7,8% en 1983-1984. En contrepartie, les
dépenses de transfert passent de 57,2% en 1982-1983 à 62,5% en
1983-1984. En y ajoutant les crédits qui seront affectés au
cinéma, c'est une croissance de 25% des dépenses de transfert.
Compte tenu de la conjoncture économique, on admettra que cette
performance n'est pas banale. Il y a à peine sept ans, soit en
1976-1977, les crédits de fonctionnement représentaient 46% des
crédits totaux du ministère, alors qu'aujourd'hui ils n'en
représentent que 35%. Inversement, les crédits de transfert
passent de 38% du budget total en 1976-1978 à 65% en 1983-1984. Ce
renversement budgétaire, sur une courte période de sept ans,
montre à son tour l'importance que le gouvernement accorde aux
créateurs et la volonté ferme d'accroître la portion des
crédits de la culture qui leur sont directement accordés.
Observons maintenant les coûts de gestion au ministère des
Affaires culturelles. Ici encore, les chiffres sont plus qu'éloquents.
Ainsi, lorsque nous décomposons les dépenses de fonctionnement en
dépenses de gestion et en dépenses liées à la
production en régie, comme le montre le tableau III du cahier de la
défense des crédits, nous constatons que les coûts
réels de gestion ne représentent que 9% du budget du
ministère des Affaires culturelles, alors que la production de biens et
services en régie s'élève à 26%. En 1982-1983, les
coûts de gestion s'élevaient à 9,5%.
Tous ces chiffres s'illustrent lorsque nous observons comment le
ministère des Affaires culturelles partage 100 $ culturels. Le graphique
3 du cahier montre que 13,62 $ vont aux traitements dans le réseau des
institutions nationales, 11,30 $ aux salaires versés pour la gestion du
ministère, 11,25 $ aux autres dépenses de fonctionnement et 62,45
$ en subventions aux organismes culturels et aux créateurs. Finalement,
en rapportant les dépenses liées à la gestion, il en
coûte 0,09 $ par dollar pour gérer le ministère des
Affaires culturelles. J'ose croire que personne ne doutera que cette
performance est avantageusement comparable à n'importe quelle entreprise
privée. De même, les efforts consentis par le ministère
pour rentabiliser au maximum les crédits accordés par
l'État aux activités culturelles sont remarquables.
Je m'en voudrais de terminer ce chapitre sans faire état de la
croissance des crédits du ministère depuis sept ans. En
1976-1977, les crédits du ministère s'élevaient à
45 500 000 $. En 1983-1984, ils représentent 123 200 000 $. Au cours de
cette même période, le budget du ministère a ainsi
été multiplié par 2,7%. Ramenés en dollars
constants, les crédits du ministère se sont accrus au cours de la
même période de 47%. Ce pourcentage s'élève encore
de manière significative lorsqu'on y ajoute le programme de
l'intégration des arts à l'architecture, les crédits en
provenance du fonds de développement régional, de même que
le capital-actions que détient le ministre
des Finances dans la Société de développement des
industries de la culture et des communications. Finalement, les crédits
accordés au ministère des Affaires culturelles
représentent, en 1983-1984, 20,43 $ per capita en incluant les
crédits additionnels du cinéma, comparativement à 19,03 $
en 1982-1983, soit une croissance de 1,40 $ per capita.
Avant que les membres de cette commission examinent les crédits
1983-1984 du ministère par programme, je tiens à vous faire part
du programme législatif que j'entends soumettre à l'attention de
l'Assemblée nationale au cours de la prochaine année. En
1982-1983, nous avons rafraîchi les lois des sociétés de la
Place des Arts et du Grand Théâtre. Cet effort a consisté
en un ajustement des lois des sociétés à la
fiscalité municipale, mais ce ne sont pas là les effets les plus
marquants. Nous avons, à l'époque, voulu rendre ces
sociétés plus autonomes et en faire de véritables agents
de développement culturel.
Nous avons encore agi de même en révisant la Loi sur la
Société de développement des industries de la culture et
des communications, révision qui permettait alors d'accroître de
plus de 30 000 000 $ les disponibilités de la société. Il
s'agissait alors de permettre à la SODICC d'investir dans l'innovation
et d'explorer de nouveaux champs d'action, tels que les
télécommunications et le patrimoine bâti. Au total, c'est
un renforcement de l'action des sociétés autonomes que nous avons
réalisé. Ce fut encore le cas lorsque nous avons soumis à
l'Assemblée nationale le projet de loi no 109 sur le cinéma.
En 1983-1984, le ministère entend poursuivre dans la même
direction. Comme je l'ai indiqué lors de la présentation du
programme d'action, nous proposerons une nouvelle loi sur les musées, de
façon que les deux musées d'État que sont le Musée
du Québec et le Musée d'art contemporain reçoivent le
statut d'organismes autonomes. Cette intervention législative permettra
à ces deux musées de réaliser leur mission dans un
contexte plus conforme aux réalités de 1983, en accroissant ainsi
leur efficacité et leur dynamisme. En outre, le ministère
proposera à l'Assemblée nationale de créer une
société de développement des arts. Ce dernier acte de la
réorganisation du ministère aura pour effet de réduire
l'action du ministère dans la gestion directe de programmes comme il l'a
fait pour son parc immobilier et d'associer les milieux culturels et les
créateurs à la gestion des subventions qui leur seront
destinées. Finalement, la première loi des archives verra le jour
- on l'espère - en 1983.
Voilà ce que je tenais à vous signaler en ouvrant le
débat de cette commission parlementaire. Je vous propose maintenant
d'examiner la demande de crédits du ministère des Affaires
culturelles pour l'année 1983-1984. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Saint-Henri.
M. Roma Hains
M. Hains: M. le Président, M. le ministre, chers
collègues, messieurs, cette année, l'étude des
crédits du ministère des Affaires culturelles, dont le budget
atteint 127 200 000 $, doit être entourée de prudence.
En premier lieu, j'aimerais rendre un hommage particulier aux
fonctionnaires à qui revenait la lourde tâche de préparer
le livre explicatif des crédits du ministère. Je tiens à
le souligner, car aussi bien les notes explicatives elles-mêmes que les
tableaux qui y sont inclus auront permis à tous les
députés réunis autour de cette table de bien saisir la
configuration administrative de cette boîte qui tend à devenir de
plus en plus complexe avec les années.
En second lieu, je préciserai tout de suite que mon intervention
sera courte ou pas tellement plus longue que celle du ministre, peut-être
un peu plus longue. Pour une fois, j'admire votre esprit de...
M. Richard: Concision.
M. Hains: ...concision; voilà, merci pour le mot. Cette
année, l'Opposition a cru bon de se réserver un peu plus de
temps, quand même, pour les questions reliées à chacun des
programmes et des sous-programmes. D'ailleurs, la présentation du cahier
des crédits incitait à adopter une telle démarche, puisque
nombre d'orientations prévues pour 1983-1984 suscitent vraiment des
interrogations, et c'est normal. (10 h 45)
C'est donc avec prudence que l'Opposition examinera quelques
réalisations du ministère pour entreprendre ensuite
l'étude des lignes d'action prévues dans le cadre du programme
annoncé par le ministre il y a quelques jours. Sur ce dernier point,
nous nous posons la question suivante: Bien que le plan ait été
accueilli favorablement dans tous les milieux - avec raison, d'ailleurs -
pouvons-nous aborder d'ores et déjà la construction de notre
patrimoine alors que les crédits alloués pour 1983-1984
permettront à peine de conserver nos acquis? Vous aurez droit à
une réponse, M. le ministre, tout à l'heure.
En fait, cela revient à demander au ministre s'il peut
considérer que son ministère est un peu exclu de la crise
économique actuelle, dont les séquelles se feront sentir encore,
évidemment, tout au
cours de la prochaine année. Pour s'en assurer, il n'a
qu'à relire les articles ou observations reliés à la
conjoncture économique. Je lui rappellerai simplement la
réalité, soit que, "depuis quelques mois, les diverses
statistiques globales des principaux indicateurs ont augmenté au dernier
trimestre de 1982", bien qu'une légère reprise se soit
amorcée au début de 1983. Le taux d'inflation indique, tout de
même, un niveau de 7,4% en février dernier.
J'estime que cette seule donnée suffit à démontrer
que les hausses de crédits prévues à plusieurs programmes
et éléments de programme, comme nous le verrons tout à
l'heure, n'atteignent même pas ce seuil qui devrait être
considéré comme un minimum pour maintenir, quand même, la
qualité des services acquis aussi bien aux artistes qu'au public en
général. Dans plusieurs cas, nous assistons carrément
à des diminutions nettes de crédits principalement douloureuses
au chapitre du fonctionnement et de certains programmes d'aide. C'est,
évidemment, une conséquence directe de la décision du
Conseil du trésor.
En revanche, un revirement complet se produit en faveur de la
régionalisation de plusieurs activités visant à fournir
une aide directe aux artistes du Québec. On mise aussi sur la prise en
charge du patrimoine par le milieu local. Il faudra attendre quelque temps,
évidemment, avant d'en mesurer toutes les implications.
Et voilà la clé des documents à l'étude
cette année, des crédits du ministère des Affaires
culturelles. D'une part, on ne doit pas s'indigner des nombreuses diminutions
de crédits, puisque le ministre nous répondra qu'il accomplit la
gestion de la décroissance et que les coupures seront compensées
par des crédits additionnels dans les régions et localement.
D'autre part, aussi bien l'Opposition que les agents éventuellement
impliqués dans toute cette réorganisation ne peuvent en toute
honnêteté présumer actuellement de son échec ou de
son succès. Tout au plus, à la suite des quelques opinions
préliminaires parvenues du milieu, peut-on craindre le
dédoublement de certains programmes.
Cette réalité sera particulièrement vraie pour tout
ce qui touche les programmes d'aide destinés aux individus et aux
groupes d'individus impliqués dans le monde des arts. En effet,
plusieurs programmes de transfert ne subiront que des hausses ou des baisses
légères, tandis que, dans le cadre du plan d'action du ministre,
on prévoit un décloisonnement des activités du
ministère en faveur des régions. Le ministre verra plus clair sur
cet aspect du problème lors de nos questions.
Dans ce processus de régionalisation, qui, à
première vue, obtient l'assentiment de presque tous les milieux,
pourquoi ne pas avoir imposé, quand même, un coup de barre de
façon plus directe? On aurait pu, par exemple, abolir simplement
certains programmes d'aide actuellement administrés au bureau central et
les remettre complètement aux régions, de manière qu'on
puisse analyser plus clairement l'impact de chacun d'entre eux pour
éviter le dédoublement dont je parlais tout à l'heure.
Nous ne décelons aucune hésitation du ministre quant à sa
volonté politique d'agir dans la voie du décloisonnement. Nous
percevons, par contre, une action à la fois difficile et douloureuse sur
le plan administratif.
La vérité des chiffres. Sur la question de la ventilation
des crédits, on retrouve dans le cahier explicatif des tableaux
intéressants relativement à l'évolution des budgets,
programme par programme, de 1976-1977 à 1983-1984. Il est certain
qu'étalés sur une période de huit ans les taux
d'augmentation de crédits alloués à tel ou tel programme
peuvent paraître séduisants. Parfois, les hausses atteignent
même 100%, mais ce foisonnement de chiffres ne saurait nous faire
oublier, toutefois, que l'indice du coût de la vie passait, au cours de
la période 1976 à 1983, de 148,9 à près de 262,5,
soit une augmentation de 76%. Vous vous interrogez? En tout cas, on en
reparlera.
Je prends les programmes séparément. En regard des
années 1982-1983, il faut tout de même relever les faits suivants:
que pas moins de quatre éléments budgétaires sur quatre,
soit 100%, inscrits au programme 1, c'est-à-dire les livres et autres
imprimés, subissent des baisses de budget variant de 3,4% à
11,5%. Si vous voulez le vérifier, vous le trouverez à la page 23
de votre manuel.
M. Richard: J'ai expliqué cela tantôt.
M. Hains: Oui, mais cela ne fait rien; je les avais aussi
relevés, quand même. L'explication, je l'accepterai
peut-être, mais cela viendra plus tard.
Pour sa part, l'ensemble du programme 1 voit diminuer ses crédits
de l'ordre de 9,8%. D'autre part, la baisse des crédits alloués
au programme 2, intitulé Sauvegarde et mise en valeur des biens
culturels, accuse une variation négative de 12,1% en 1983-1984 par
rapport à l'année précédente. Là encore,
trois éléments sur trois, soit 100%, subissent des variations
allant de 6% à 32,5%. Le programme 3, Gestion interne et soutien, semble
être favorisé eu égard à l'élan de la
régionalisation dont il sera possible d'apprécier le
succès ou l'échec d'ici quelques mois. Des diminutions,
cependant, se produisent principalement aux sous-éléments
budgétaires "personnel", 6,2%, de même qu'aux "autres
dépenses", 20,9%.
Le programme 4, arts de l'environnement visuel, se voit accorder une
mince augmentation de crédits de l'ordre de 1,7%. Deux
éléments budgétaires composent ce programme, dont le
premier voit son budget diminuer de 8,6% en 1983-1984. Au programme 5,
l'enseignement des arts d'interprétation, on voit le budget diminuer de
7,6%. Enfin, au programme 6, le Bureau de surveillance du cinéma voit
aussi diminuer son budget de 0,9%. Il est encore trop tôt,
évidemment, dans ce domaine, pour juger des conséquences
budgétaires de l'adoption de la Loi sur le cinéma et la
vidéo.
M. le Président, cet exercice n'avait pas pour but de
démontrer le manque de volonté du ministre en matière
d'affaires culturelles. Depuis sa nomination, j'ai été à
même de voir avec quelle fougue le ministre actuel se propose d'imposer
un virage à son ministère. Mais ces quelques
réalités chiffrées devraient aider à lui
démontrer qu'il est facile parfois de jouer sur des statistiques en
exposant des hausses vertigineuses de budget, programme par programme, de son
ministère. Nous ne contestons pas les calculs qui ont été
effectués, mais un tel exercice pour les années 1970 à
1976 révélerait des rapports statistiques tout aussi
intéressants. Et pourtant, les milieux artistiques et l'Opposition en
réclament toujours plus.
M. Richard: Toujours.
M. Hains: D'un autre côté, le ministre doit aussi
voir dans les statistiques préparées par ses fonctionnaires
l'impact des compressions budgétaires dictées, évidemment,
par le Conseil du trésor. C'est pourquoi certains observateurs plus
prudents l'ont mis en garde contre quelques idées de grandeur qui ne
pourraient être suivies d'actions concrètes faute,
évidemment - et sans aucun reproche - de moyens pour y parvenir.
Une étude plus attentive de ce budget nous révèle
encore une petite ruse sur le plan statistique. Tel que je l'évoquais
tout à l'heure, je n'ai rien à redire sur l'exactitude des
tableaux qui nous sont rapportés dans le cahier des crédits.
Toutefois, je ne voudrais pas ce matin que le ministre tente de laisser croire
au public que son gouvernement a accordé une attention
particulière aux Affaires culturelles, plus que les gouvernements
antérieurs. Vous avez compris que je faisais référence aux
statistiques de 1976-1977 à 1983-1984. Les prédécesseurs
du ministre se sont déjà plaints, et avec raison, que le
gouvernement avait tendance à diminuer l'importance d'investir dans le
patrimoine du Québec sous toutes ses formes.
Plus précisément, le ministre actuel ne doit chercher
à convaincre personne que son intervention a accru ou accroîtra la
part du budget que le gouvernement consent aux Affaires culturelles. Si tel
était le cas, nous devrions le renvoyer à ses propres documents,
dans le cahier explicatif des crédits. J'ai mis une petite feuille pour
me retrouver. Voici ce que vous dites, M. le ministre, à la page 137:
"Malgré une croissance des crédits de 179% depuis 1976-77 - c'est
cela, voilà - la part des crédits réservés au
ministère des Affaires culturelles par rapport à l'ensemble du
budget de l'État est demeurée constante, soit 0,52%."
Voilà.
M. Richard: Sauf cette année.
M. Hains: Par ailleurs, le ministre pourra compter sur notre
appui pour faire augmenter cette part qui, signalons-le au passage, n'a au
moins pas diminué malgré la crise financière à
laquelle le gouvernement a dû faire face depuis quelque temps.
Un peu plus loin, le même document précise que
l'État dépense 20,11 $ per capita pour les affaires culturelles -
c'est encore dans votre document à la page 137 - et qu'appliqué
au ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche ce ratio
atteint 33,39 $; au ministère des Communications, 25,07 $ et au
ministère de l'Éducation, évidemment, 1004 $. Autrement
dit, le ministère des Affaires culturelles se classe, quand même,
ici au dernier rang. Par ailleurs, le ministère des Affaires culturelles
doit, semble-t-il, se compter chanceux que son gouvernement consente à
lui consacrer cette mince part du budget.
Nous pourrions peut-être lui conseiller de continuer à
faire pression auprès de ses collègues à l'aide
d'arguments encore plus évidents. Par exemple, il pourrait rappeler
à ses collègues que l'augmentation, en termes réels, du
budget du ministère, entre les années financières
1976-1977 et 1983-1984, est de l'ordre de 170%. Toutefois, lorsqu'on
enlève l'effet du taux d'inflation, cette augmentation n'est plus que de
53%. Par ailleurs, l'indice des prix à la consommation, en dollars
constants de 1971, est passé de 149, en 1976, aux alentours de 250 en
1983. Le raisonnement conduit tout naturellement à la conclusion
suivante: le budget du ministère des Affaires culturelles enregistre
donc un taux de croissance annuel moyen de 6% depuis les huit dernières
années.
Par ailleurs, la situation du marché du travail n'a guère
été encourageante pour les artistes. Si le ministre a en sa
possession des chiffres exacts sur l'état du marché du travail
des agents du monde artistique, nous apprécierions vraiment en avoir
copie. Pour notre part, tout au plus peut-on lui souligner que le taux' de
chômage chez les travailleurs canadiens rémunérés
dans les activités reliées aux activités
récréatives et des arts oscille entre 8% et près de 12%
entre les années 1977 et 1982.
En ce qui a trait à l'administration des programmes, l'Opposition
ne saurait passer sous silence les gymnastiques comptables auxquelles s'est
livré le ministère des Affaires culturelles dans son budget de
1983-1984. En fait, l'analyse des programmes et des éléments de
programmes ne nous renseigne guère sur les intentions du ministre. (11
heures)
D'une part, on remarque un bilan satisfaisant des activités des
différentes directions générales pour l'année
1982-1983. Lorsque vient le temps de décrire les orientations de
1983-1984, non seulement précise-t-on la poursuite des objectifs de
l'année antérieure, mais on ajoute des mandats précis, des
projets de recherche, quelques mesures parsemées visant à
instaurer des programmes d'informatique et autres actions. Toutefois, on
procède depuis deux ans à des diminutions de personnel, des
budgets de fonctionnement et de capital à la baisse, au profit, dit-on,
d'un processus de régionalisation. Deux remarques s'imposent ici, M. le
Président.
En premier lieu, comment le ministre entend-il répondre
adéquatement aux objectifs prescrits dans le cadre de ses orientations,
si on effectue des compressions budgétaires à des postes aussi
stratégiques que le capital et le fonctionnement? N'eut-il pas
été préférable de limiter les objectifs, aussi bien
en nombre qu'en étendue, de façon à dire toute la
vérité sur leurs chances de succès, si crue que soit cette
vérité? De plus, j'estime que les fonctionnaires se seraient
certainement sentis plus à l'aise de pouvoir accomplir leur mandat en
fonction des ressources qui seraient disponibles.
En second lieu, la lecture des documents nous laisse perplexes sur
certaines méthodes comptables. Par exemple, dans un programme bien
précis sur lequel nous reviendrons lors de la période des
questions, le Conseil du trésor a émis une directive stipulant
qu'un budget inscrit aux livres au poste "fonctionnement" le soit
dorénavant à celui de "capital".
De cette façon, on se dit tout heureux d'annoncer une
augmentation du budget de X% à tel poste budgétaire, aux
activités reliées au capital, par rapport à l'année
précédente. J'espère que la réponse à cette
question est négative. Sinon, une bonne partie de l'étude des
crédits devrait porter sur les méthodes comptables retenues pour
établir le budget 1983-1984.
À un autre endroit, on explique des écarts de
dépenses en rémunérations entre les deux dernières
années en récupérant des crédits à
même des postes laissés vacants temporairement pour payer des
salaires à des employés à temps partiel. Vous avez cela
à la page 62. Si vous n'avez rien compris à cette dernière
formule administrative, n'en soyez pas offusqué. Une telle
enjambée sur le plan des règles comptables n'a ni queue ni
tête, supprimer des postes permanents pour avoir des postes temporaires.
Bien que n'étant pas un expert en gestion, je n'oserais jamais diriger
une entreprise privée sur des bases aussi peu solides au point de vue de
la comptabilité.
Le plan d'action. En dernière partie de mon exposé,
j'aimerais apporter quelques commentaires sur le plan d'action
présenté par le ministre, il y a quelques jours. À
l'instar des milieux concernés et de la presse en général,
l'Opposition accueille favorablement ce plan d'action. Si j'ai bien saisi la
volonté politique du ministre, le budget de dépenses que nous
étudions aujourd'hui constitue le point de départ du virage
entrepris à son ministère. Par contre, le ministre nous laissera
sans doute un peu de temps pour évaluer de plus près l'impact de
cette nouvelle organisation, laquelle engendrera des structures
administratives, de même que l'état d'esprit de tous les agents du
milieu des arts.
Mes propos d'aujourd'hui se limiteront donc au concept de base qui guide
ce plan d'action en regard du budget qui nous est présenté pour
1983-1984. Pour le reste, nous aurons amplement le temps de discuter des
projets qui en résulteront, de poser des questions qui
intéresseront certainement M. le ministre qui se plaint souvent de ne
pas en avoir assez. Cela viendra plus tard à l'Assemblée
nationale.
M. Richard: Enfin!
M. Hains: Ainsi, le ministre projette d'entamer un chapitre
nouveau en ce qui a trait au patrimoine: de l'idée d'un patrimoine
à protéger, nous passons maintenant à l'idée d'un
patrimoine à bâtir. Je tiens à souligner que le ministre a
raison d'épingler cette phrase avec fierté comme il le faisait
dans une entrevue au quotidien Le Devoir en fin de semaine dernière. Le
ministre ajoute qu'il espère des critiques de son plan d'action. Nous
lui disons de ne pas s'inquiéter, elles viendront en temps voulu et
peut-être même par ses propres clients qu'il tente de servir
cependant le mieux possible.
M. Proulx: Bon, cela est vrai.
M. Hains: C'est là d'ailleurs le piège de tout
homme politique rempli de bonne foi, piège qui rend souvent ingrate la
tâche de tout politicien, mais qui est quand même valorisante
lorsqu'on a le moyen d'aller jusqu'au bout.
Par son plan d'action, je crois que le ministre des Affaires culturelles
pilote vraiment un projet qui promet, dans la mesure où il s'emploiera
tout de même à n'illusionner personne quant à ses
visées. À
titre d'exemple, il ne devra pas se faire d'illusion quant à
l'accueil de sa décision de faire en sorte que Montréal puisse
jouer à tous égards son rôle de métropole
cosmopolite où les grands courants s'entrecroisent et se
développent en toute harmonie. D'ailleurs, Montréal a
déjà joué un peu, et même beaucoup, ce rôle
sans une reconnaissance officielle du ministère. Pourtant, sur ce point
précis, Jacques Dumais, du quotidien Le Soleil, n'a peut-être pas
tout à fait tort d'écrire que cette mégalopole de la
culture engendrera des frustrations partout ailleurs.
Une voix: De la jalousie. M. Hains: Dans le Soleil.
M. Champagne: Saint-Henri, c'est dans Montréal, n'oubliez
pas.
M. Hains: Ah oui! C'est pour cela que je ne peux être
contre, mais, enfin, il faut entendre et il faut penser aussi au reste de la
province.
Une voix: On change de comté.
M. Hains: D'autres régions, certes moins cosmopolites,
j'en conviens, rêvent aussi quand même d'avoir leur part du
gâteau en dépenses allouées en matière d'affaires
culturelles, mais elles croient aussi fermement en la capacité de
développer au maximum le potentiel régional de façon
à rendre accueillant leur coin de pays vis-à-vis des
étrangers. Cet attrait s'adresse tout aussi bien aux
Québécois eux-mêmes, lesquels ont passablement
changé leurs habitudes d'occuper leur temps de loisir et de voyage.
Le ministre n'ignore pas que, pour une foule de raisons, chacune des
régions du Québec possède des talents locaux qui en ont
peut-être assez de devoir s'expatrier pour entamer leur carrière,
avec tout ce que cela comporte de risques et de défis parfois
insurmontables. Jusqu'à maintenant, les grandes agglomérations
urbaines ne se sont jamais privées, et Montréal la
première, pour réunir des talents artistiques de tous les coins
du Québec en un même endroit durant des périodes plus ou
moins longues de l'année.
Par ce plan d'action, le ministre semble vouloir véritablement
institutionnaliser cette situation. Il faudra sans doute attendre quelque
temps, M. le ministre, avant d'en évaluer l'impact véritable en
regard de la dynamique des autres régions du Québec.
Une seconde facette de ce projet a trait à la
régionalisation par le biais du décloissonement des programmes
d'aide. À l'instar des milieux artistiques, nous accueillons
favorablement aussi une telle mesure. Cependant, il ne faudra pas exclure
l'idée qu'une telle opération fera en sorte qu'un nouveau
cloisonnement, celui-là régional, pourra se créer. Dans le
livre des crédits, on prévoit une augmentation des
dépenses d'un peu plus de 500% en faveur des régions.
Voilà le genre d'exercice qui, bien que vrai sur le plan administratif,
peut créer des illusions si l'on tient compte du délestage
effectué au sein du ministère.
De plus, faut-il s'étonner qu'on ne prévoie pas plus de
ressources au niveau des régions. Le budget de 1983-1984 prévoit
peut-être une période de transition au niveau des ressources
humaines aussi bien que de celles allouées au budget de fonctionnement.
Nous apprécierions d'ailleurs des explications sur ce sujet et nous y
reviendrons à l'étude des programmes.
À première vue, cette opération semble
intéressante dans la mesure où le ministre pourra se soustraire
de certaines responsabilités administratives, et parfois même
politiques, lorsqu'il s'agit de l'octroi de subventions ou d'autres formes
d'aide financière. Un tel processus a déjà
été enclenché en matière d'affaires municipales et
les collègues du ministre des Affaires culturelles pourront
s'enquérir des casse-tête auxquels ils doivent faire face.
Comme c'est le cas aussi pour d'autres ministères, les MRC auront
possiblement un rôle important à jouer dans le processus de
décloisonnement. Eu égard aux dispositions de la loi 125, nous
aimerions avoir des explications sur leur rôle, dans le cadre de la
conservation des biens culturels, par exemple. En fait, nous demandons au
ministre de nous expliquer le fonctionnement des programmes qui ne seront plus
dévolus au ministère tel quel.
Enfin, une dernière remarque relative à cette
volonté d'axer les efforts sur les régions. Le ministre
rencontrera certainement sur son chemin des embûches majeures, sauf que,
cette fois-ci, il risque de subir les contrecoups de ce qu'il appelle
lui-même la théorie de la flèche à deux pointes.
M. Proulx: Quel est l'effet de la taxe...
M. Hains: Ah, demandez-le à votre ministre! D'une part,
comme le disait Yvon Dufour, "l'artiste n'est pas un employé comme les
autres." Comme son public, il est exigeant et, même dans le plus simple
décor, il réclamera les meilleurs outils de travail, les
ressources les plus nombreuses en vue de satisfaire son public. Nul ne peut
l'en blâmer puisque son public aussi est exigeant. Par conséquent,
l'artiste a des goûts illimités. Si l'aide que lui fournit
l'État pour concrétiser ses idées lui est
dorénavant plus accessible, tous pourront s'en féliciter,
l'Opposition la première.
Mais si, au contraire, le transfert des ressources et la
répartition entre régions s'avèrent inadéquats, le
ministre risque fort
d'être victime de cette flèche à deux pointes. D'une
part, ses propres fonctionnaires lui feront savoir que l'application des
programmes est compromise faute de moyens, à la suite d'une mauvaise
répartition. D'autre part, les artistes, appuyés en cela par le
public, déjoueront la nouvelle structure mise sur pied et demanderont
des comptes au principal metteur en scène de ces règles du jeu,
soit le ministre des Affaires culturelles.
Pour vérifier cette affirmation, on n'a qu'à se
référer à la vaste entreprise de décloisonnement
des programmes d'aide à l'emploi où le ministre du Travail a
vécu une expérience semblable. Ne croyez pas que je veuille
tracer un parallèle avec le plan d'action du ministre des Affaires
culturelles. Tout de même, une inquiétude de ce genre replace dans
un contexte peut-être plus clair les propos de Jacques Dumais en ce qui a
trait à la frustration des autres régions qui risquent
d'émerger, une fois que vous avez établi tel ou tel principe de
décloisonnement.
Il est en effet impossible de croire qu'une juste répartition
puisse s'effectuer dans les régions, d'abord, en raison de la situation
fragile des ressources financières du gouvernement, ensuite de la part
du budget que l'État consent à allouer aux Affaires culturelles
qui, au dire même du ministre, est demeurée stable depuis les
années 1976-1977. Face à ces réalités, force nous
est de conclure que le ministre doit essentiellement compter sur la souplesse
de cette structure, laquelle est toujours constituée d'êtres
humains, d'abord et avant tout. Finalement, ce sont des femmes et des hommes
qui rendent humaine toute structure pour en assurer un rendement maximum.
Je conclus. En dernière analyse, nous croyons à la bonne
volonté du ministre dans la mesure où il n'essaiera pas de
leurrer quiconque, cependant, sur les réalités administratives et
économiques de son budget. Nous lui disons qu'avant de penser à
construire le patrimoine, il faut d'abord voir au maintien de nos acquis. En
effet, dans un secteur d'activité aussi vital sur le plan culturel que
le fonctionnement des musées, certains administrateurs déplorent
le fait qu'ils aient dû priver le public québécois d'un
certain nombre de services, souvent faute de ressources. De plus, certaines
institutions sont aux prises avec des problèmes de continuité.
C'est le cas actuellement, je crois, de l'Orchestre symphonique de
Québec, qui affirme qu'il est présentement trop tard pour penser,
par exemple, à planifier une saison estivale. L'OSQ ajoute qu'il ne
resterait que 60 musiciens là où il en faudrait 70.
Il faut aussi souligner le fait qu'en cette période où les
effets de la crise se font encore sentir, il ne faudrait pas que le ministre
des Affaires culturelles efface les bons gestes que ses
prédécesseurs ont pu accomplir. C'est le cas, notamment, du
réseau de bibliothèques réparties dans tout le
Québec et favorisant les municipalités de 5000 habitants qui se
voient, au fur et à mesure que s'applique le plan d'investissements,
accéder à des richesses culturelles auxquelles elles avaient
difficilement accès auparavant. (11 h 15)
Les finances municipales ont aussi dû faire l'objet de
compressions et éprouvent des difficultés au rythme où le
gouvernement leur remet des responsabilités sans que ces
dernières soient assorties, cependant, de ressources financières
dans une égale proportion. Tout comme le gouvernement, les
municipalités peuvent difficilement se permettre de taxer davantage les
citoyens, particulièrement dans les régions où la crise a
frappé de plein fouet les secteurs d'activités
névralgiques.
Enfin, M. le Président - et je termine -je félicite
l'actuel ministre d'avoir décidé de prolonger les idées
libérales par son plan d'action qui nous a été
présenté. Vous vous souviendrez, M. le ministre, en effet, de la
publication d'un petit livre, qu'on appelait autrefois le livre vert, en mai
1976, intitulé: Pour l'évolution de la politique culturelle. Dans
ce livre vert de 221 pages, dans lequel étaient inclus les points
majeurs du plan d'action de l'actuel ministre des Affaires culturelles, divers
éléments de réflexion s'y trouvaient comme le patrimoine,
le théâtre, le loisir et la culture, la danse, l'artisanat, les
lettres, l'environnement culturel, la coopération interprovinciale et
internationale, etc., et la liste des sujets s'allongeait ainsi.
Ultérieurement, nous aurons aussi l'occasion de revenir sur ce
sujet, mais certaines décisions du ministre actuel proviennent de ce
document de travail. Nous en sommes fiers, évidemment, et ne pouvons que
le féliciter de ses initiatives. Merci.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, en
réplique.
Réplique du ministre
M. Richard: Je vous remercie, M. le Président. Je voudrais
d'abord remercier mon collègue, le député de Saint-Henri,
le porte-parole officiel de l'Opposition en matière culturelle, de ses
propos marqués, comme toujours, au coin de la
sérénité et de la gentilhommerie. Avant de faire quelques
observations quant aux propos tenus par le député de Saint-Henri,
je voudrais présenter ceux qui ont été, en particulier
cette année, les principaux collaborateurs et qui sont ici
présents. D'abord, à ma gauche, M. Roland Arpin, sous-ministre en
titre au ministère des Affaires culturelles; M. Bruno Grégoire,
sous-ministre adjoint au ministère des Affaires
culturelles et M. Robert Morin, directeur général de
l'administration.
Je voudrais également présenter les responsables de la
programmation et de la planification: M. Gérald Grandmont, M.
André Carpentier et M. Bertrand Gravel. Également, le directeur
général des industries culturelles, M. Guy Boivin. M. Robert
Garon, qui est fort intéressé aujourd'hui parce qu'on parlera
probablement des archives, est directeur général des Archives
nationales. M. Bernard Ouimet, qui n'endossera pas tous vos propos au sujet du
patrimoine, est directeur général du patrimoine. M.
Jean-Rémi Brault, directeur général de la
Bibliothèque nationale, est venu de la rue Saint-Denis jusqu'à
Québec aujourd'hui. Finalement, M. André Steenhaut et Mme
Pierrette Montmigny, qui sont deux collaborateurs indispensables à mon
cabinet.
M. le Président, très brièvement...
M. Hains: Je voudrais faire une remarque.
M. Richard: Bien sûr, M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: Je suis vraiment surpris de voir toute l'aide que vous
avez alors que je suis seul avec un recherchiste de mon côté, mais
je vous en remercie quand même. Je vous félicite. Vous avez fait
merveilleusement votre travail.
M. Richard: M. le Président, quand on est
accompagné de la députée de Chomedey, se plaindre...
M. Hains: C'est le seul que j'ai. C'est mon seul
recherchiste.
M. Richard: ...qu'on est seul, c'est faire injure à Mme la
députée de Chomedey.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Hains: Non. Nous parlions de fonctionnaires et de
recherchistes. Quand je sors, j'emmène toujours ma perle avec moi.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, à vous
la parole.
M. Richard: M. le Président, je voudrais d'abord expliquer
que le député de Saint-Henri avait fort bien saisi que la
difficulté de l'examen des crédits cette année
procède, en somme, d'une double réorganisation, d'un double
problème, si je peux m'exprimer ainsi. D'abord, parce qu'il y a un
programme d'action qui a été rendu public et qui, donc, modifie
considérablement les orientations du ministère des Affaires
culturelles. Et, en même temps qu'on doit voir à l'application de
ce nouveau programme d'action, on s'occupe de voir à la
régionalisation du ministère. Cela rend l'examen des
crédits un peu plus ardu que par le passé parce qu'il faut, en
quelque sorte, faire les transferts. Mais, je voudrais tout de même
rappeler des choses. C'est qu'en 1982-1983, au moment de l'étude des
crédits - et je me suis référé au journal des
Débats de l'an dernier - j'avais pris les engagements suivants: J'avais
dit qu'en 1983-1984, il y aurait un programme d'action. Il y a un programme
d'action.
J'avais également pris l'engagement qu'une plus grande part du
budget de l'État serait consacrée au ministère des
Affaires culturelles. Il y a une plus grande part du budget de l'État
consacrée au ministère des Affaires culturelles. J'avais
également pris l'engagement de rafraîchir certaines lois du
ministère des Affaires culturelles. J'ai parlé tout à
l'heure du rafraîchissement des lois sur le Grand Théâtre et
la Place des arts. Nous avons déjà adopté en
première lecture le projet de loi sur les archives et celui sur le
cinéma. J'ai annoncé qu'il y aurait deux autres lois dont l'une,
je l'espère, sera soumise au moins en première lecture avant
l'ajournement de l'été, c'est-à-dire celle sur les
musées et enfin il y aura une loi sur la société de
développement des arts. J'avais parlé également du
développement de l'île Mingan. On a annoncé il n'y a pas
très longtemps une entente avec le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche pour assurer le développement de l'île
Mingan.
J'avais parlé de la simplification des formulaires et de
l'accélération des paiements aux différents organismes qui
bénéficient des subventions du ministère des Affaires
culturelles. Ce problème a été réglé il y a
déjà maintenant près d'un an. Je m'étais
engagé à ce qu'il y ait un budget de ce qu'on appelle dans le
jargon un "matching grant". Il y a maintenant un tel budget, ce qui nous
permettra, à vous et moi, je l'espère, demain soir d'assister
à l'opéra La Traviata à Québec parce que cela a
permis d'avoir une deuxième production d'opéra à
Québec. J'avais parlé de la situation qui était, selon le
terme que j'avais utilisé, inacceptable en ce qui a trait à la
danse. Dans le programme d'action, on traite directement de ce problème.
J'avais parlé également de l'augmentation des crédits au
cinéma. Un peu à ma très grande surprise, quand j'ai voulu
regarder quelles étaient les promesses que j'avais faites l'an dernier,
je me suis rendu compte que j'avais été d'une
fidélité extraordinaire à l'égard de ces promesses.
Toutes les promesses faites au moment de l'examen des crédits de l'an
dernier ont été tenues et je crois que le député de
Saint-Henri va le reconnaître.
Aujourd'hui, je suis particulièrement ravi et nous avons tous des
raisons de l'être
parce qu'il fut un temps, et pas trop loin derrière nous,
où certains des collègues du député de Saint-Henri
réclamaient à cor et à cri la réduction du budget
du ministère des Affaires culturelles et la réduction... Oh! Je
sais que c'est un point de vue qui n'est pas partagé, heureusement, par
le député de Saint-Henri ni par la députée de
Chomedey, mais le député de Saint-Henri a lui aussi en main des
déclarations de certains de ses collègues demandant qu'on ne
gaspille pas pour des bibliothèques, demandant qu'on ne gaspille pas
pour l'opéra, demandant somme toute qu'on réduise le budget du
ministère des Affaires culturelles. Voilà qu'aujourd'hui
l'Opposition, solidaire - je le pense, en tout cas je l'espère -
réclame que les crédits du ministère des Affaires
culturelles soient augmentés. Je pense que tous les citoyens et toutes
les citoyennes du Québec ont raison de se réjouir de ce renouveau
qui marque l'action de l'Opposition en matière de développement
culturel.
Je voudrais faire une dernière observation. On a parlé des
dépenses per capita faites en matière de
développement culturel. Je voudrais simplement rappeler que, par rapport
à la situation qui existe dans les autres ministères qui ont subi
des diminutions - les ministères, par exemple, qu'a mentionnés le
député de Saint-Henri -l'augmentation du ministère des
Affaires culturelles devient encore plus significative parce que le per capita,
par exemple, pour plusieurs des ministères qu'il a mentionnés -je
pense à l'Éducation et aux Communications - a diminué,
alors que le per capita du ministère des Affaires culturelles, cette
année, augmente.
Encore une fois - et je ne voudrais pas que le député
perde cela de vue - ce qui est très important, ce sont les budgets de
transfert et l'augmentation des budgets de transfert. C'est ce qu'on a voulu de
tout temps et je pense que là-dessus l'Opposition était
d'accord que le budget du ministère des Affaires culturelles ne soit pas
absorbé par le fonctionnement et la gestion. Ce qui était
important, c'est que les budgets de transfert augmentent. Ils sont en
augmentation constante, voire en augmentation accélérée,
et surtout cette année, il y a une augmentation à cause des
nouveaux crédits de 25%. C'est ce qui est le plus significatif, parce
que, si on augmentait considérablement le budget du ministère des
Affaires culturelles ou les crédits, et si ces crédits
étaient affectés au fonctionnement, je pense que ce n'est pas
ainsi qu'on pourrait bâtir le patrimoine québécois ou
même protéger les acquis, pour utiliser l'expression du
député de Saint-Henri. Donc, quant à nous, au
ministère, ce qui est le plus important, c'est l'importance, cette
année, qui est probablement sans précédent, de
l'augmentation des budgets de transfert.
Voilà ce que j'avais à dire pour le moment, M. le
Président.
J'ajouterais, avec votre permission, un détail. J'ai dit - et
dès le début de la tournée que j'ai effectuée
d'ailleurs - au moment où j'ai effectué cette tournée, qui
m'a mené un peu partout au Québec en 1982, que je m'étais
vraiment mis à l'écoute des citoyens et des citoyennes, des
organismes culturels, des créateurs, et que j'étais resté
très discret quant aux nouvelles orientations, précisément
parce que je voulais tenir compte des recommandations, des suggestions faites
à l'occasion de cette tournée, sauf qu'il y a un point sur lequel
je n'ai pas été discret. C'est par rapport à la
reconnaissance de Montréal comme grande ville cosmopolite et comme
métropole culturelle. J'ai dit que, dans ce programme d'action, il nous
fallait mettre l'accent sur Montréal. Je crois qu'il est
extrêmement important de mettre un pareil accent sur Montréal,
parce que Montréal, en matière culturelle, plus que dans
n'importe quel autre secteur - je ne cesserai jamais de le
répéter - est véritablement le moteur. Il n'y a pas de
créateur au Québec qui n'aspire à diffuser sur le
marché de Montréal. C'est important pour la quasi-totalité
des créateurs et des organismes culturels. Montréal peut
être aussi un tremplin pour accéder au plan international. (11 h
30)
En disant cela, peut-être ai-je en quelque sorte amené des
observateurs à croire que Montréal avait été
négligée dans les dernières années. Je voudrais
rendre justice, en particulier, à mon prédécesseur
immédiat qui n'a pas négligé Montréal. Je voudrais
rappeler, par exemple, que la création de la cinémathèque
a été assurée par mon prédécesseur, le
député de Trois-Rivières. La Maison de la danse a
été, elle aussi, créée par mon
prédécesseur et, enfin, l'Opéra de Montréal a vu le
jour grâce à l'intervention de mon prédécesseur aux
Affaires culturelles. En somme, on pourrait même dire que l'accent avait
déjà été mis sur Montréal par mon
prédécesseur immédiat. Je veux poursuivre cette politique
pour faire en sorte que Montréal ne soit pas défavorisée
par rapport aux autres grandes métropoles culturelles en Amérique
du Nord et même dans le monde parce que pour le Québec, quant
à moi, Montréal est très importante. Voilà ce que
je voulais dire dans un premier temps. Je propose maintenant qu'on passe
à l'analyse détaillée des crédits.
M. Hains: Maintenant, M. le ministre, est-ce qu'on
procédera programme par programme? Oui, c'est cela.
Le Président (M. Blank): C'est à vous de
décider.
M. Hains: Oui, je le sais bien. Je lui soumets cela.
Le Président (M. Blank): Oui, d'accord. Programme 1?
M. Hains: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Blank): Est-ce qu'on prendra le programme
en entier ou élément par élément?
M. Hains: Élément par élément.
Le Président (M. Blank): D'accord. Programme 1,
élément 1, Aide à la publication et à la vente du
livre.
Livres et autres imprimés
M. Hains: M. le ministre, à la page 26 du cahier des
crédits, vous parlez et avec raison - vous en avez aussi parlé,
d'ailleurs, dans votre discours - d'une "éventuelle mise en application
du plan d'action de la politique de la lecture...
M. Richard: C'est cela.
M. Hains: ...visant principalement à augmenter le nombre
de lecteurs, etc." J'aurais une petite question à vous poser
là-dessus: Parmi les orientations de 1983-1984, donc, on parle de
l'éventuelle mise en place du plan d'action de la politique de la
lecture. Est-ce que vous seriez en mesure de nous donner des
échéances précises là-dessus et surtout la nature
de vos interventions dans ce domaine?
M. Richard: J'ai consulté, quant à la politique de
la lecture, bien sûr, le Conseil consultatif du livre, mais aussi le
Conseil consultatif des bibliothèques et beaucoup d'autres personnes. Le
document est à toutes fins utiles prêt, il sera soumis une fois de
plus à la consultation. Je pense bien qu'à l'automne nous serions
en mesure d'annoncer une politique de la lecture.
M. Hains: Ensuite, à la page 27, vous parlez de la
"priorité accordée aux petites et moyennes maisons
d'édition dont le rôle est indispensable pour l'essor d'oeuvres de
création littéraire". Est-ce que cela va? Voici, j'ai quelques
petites questions là-dessus. Vous dites aussi, vers la fin, qu'elles
sont "moins choyées que les grosses entreprises dans le cadre des
programmes d'aide du gouvernement fédéral." Cela va?
M. Richard: Oui.
M. Hains: J'aurais deux ou trois petites questions
là-dessus. Lorsqu'on évoque que le gouvernement
québécois a l'intention de favoriser les petites entreprises
moins choyées par le gouvernement fédéral, le ministre
peut-il nous donner, quand même, des exemples de ces petites entreprises
qui se seraient adressées au fédéral et qui n'auraient pas
reçu de subventions ou d'aide?
M. Richard: Le programme fédéral du
ministère des Communications ne s'adresse qu'aux grosses maisons qui ont
un minimum de chiffre d'affaires, ce qui a pour effet d'écarter les
petites maisons qui, pourtant, font parfois oeuvre fort utile. Alors, nous
allons essayer de compenser.
Je peux vous donner des exemples de subventions aux petites maisons qui,
si je ne m'abuse...
M. Hains: Du fédéral?
M. Richard: Non, des petites maisons que nous avons
aidées.
M. Hains: Ce qui m'intéressait, c'était cela. Je
sais que c'est justement le plan que...
M. Richard: Celles qui reçoivent plus de 125 000 $ par
année dans le cadre du programme fédéral ne sont pas
admissibles aux autres subventions. Nous nous occupons de celles-là.
M. Hains: Parfait. Si vous voulez, quand même,
déposer la liste, cela nous fera plaisir plus tard de la consulter.
M. Richard: Oui.
M. Hains: II n'y a rien d'urgent là-dedans. Maintenant,
sur quels critères s'appuiera l'aide aux petites entreprises, aux
petites maisons d'édition? Est-ce que vous avez des critères?
M. Richard: C'est basé, encore une fois, sur le chiffre
d'affaires. Un des critères est le chiffre d'affaires, d'accord? Ce sont
de petits chiffres d'affaires. Quand ce sont de gros chiffres d'affaires, elles
ne sont pas admissibles. Un autre critère est la nature de l'ouvrage.
Par exemple, un ouvrage de poésie sera davantage subventionné,
parce que le marché est plus fermé qu'un autre type d'ouvrage. Je
pourrais déposer le programme qui explicite cela. Il y a le programme
d'aide aux éditeurs pour la promotion du livre québécois.
Tous les critères sont indiqués là-dedans.
M. Hains: Parfait.
M. Richard: Je vais vous remettre -plutôt que de
déposer le programme - le recueil des programmes d'aide du
ministère.
M. Hains: C'est parfait.
M. Richard: Je peux le faire immédiatement.
M. Hains: C'est bien charmant, merci.
M. Richard: Le sous-ministre se plaint que ses papiers s'en
vont.
M. Hains: M. le ministre, est-ce que vous avez quelquefois des
reproches - c'est parfois le temps de se parler comme il le faut - à
adresser au Conseil des arts concernant l'aide apportée aux artistes ou
aux groupes d'artistes?
M. Richard: Probablement que, comme c'est le cas pour nous, il y
a plusieurs créateurs ou organismes culturels qui adressent des demandes
au Conseil des arts et qui se voient opposer une fin de non-recevoir, mais
c'est la même chose pour nous.
M. Hains: Vous n'avez pas de cas explicites, bien
précis?
M. Richard: Non, j'ai, toutes les semaines, des gens qui se sont
adressés au Conseil des arts et qui se prétendent victimes de
discrimination, etc. Mais j'imagine que l'inverse est également vrai,
que les gens s'adressent au ministère des Affaires culturelles et s'en
vont trouver...
M. Hains: Non, mais je voulais dire des cas vraiment flagrants,
des fois, où on sent que cela ne va pas.
M. Richard: II y a parfois des cas assez troublants. J'en ai
vécu un cette semaine, mais je ne le rendrai pas public parce que je
n'ai pas la moindre preuve si les faits avancés...
M. Hains: Cela venait de votre côté, à ce
moment-là?
M. Richard: Non, j'ai vécu un cas où quelqu'un est
venu me voir dans mon bureau de circonscription électorale pour se
plaindre du Conseil des arts, mais je ne suis pas en mesure de faire la preuve.
Il y a parfois, comme pour nous, d'ailleurs, des problèmes au niveau de
la constitution des jurys.
M. Hains: Je suis très heureux de vous entendre dire cela,
M. le ministre. Je vais laisser la parole à Mme la
députée.
M. Richard: Disons que, si l'on se plaignait de quelque chose, ce
serait du manque de consultation par rapport au ministère des Affaires
culturelles qui, à mon humble avis, et cela a toujours fait un consensus
au Québec, devrait assumer le leadership. On a le sentiment qu'ils
s'ajustent à nous, mais sans nous consulter.
Le Président (M. Blank): Mme la députée de
Chomedey.
M. Richard: Je pourrais vous faire beaucoup de critiques quant
aux programmes non pas du Conseil des arts, mais du ministre
fédéral des Communications. Ce serait différent et j'en
aurais long à dire.
M. Hains: Ce n'est pas de mon ressort.
Mme Bacon: Votre collègue des Communications s'en
charge.
M. Richard: Ce n'est pas sans importance; c'est parce qu'on a
créé, finalement, une structure qui dédouble le Conseil
des arts. C'est cela qui est le vice fondamental. C'est que, au-delà
maintenant du budget consacré ou affecté au Conseil des arts du
Canada le ministre fédéral des Communications se promène
partout dans la nature pour bousiller les programmes et du Conseil des arts et
du ministère des Affaires culturelles.
M. Hains: J'avais admiré votre retenue jusqu'ici, M. le
ministre.
M. Richard: Vous avez posé une question et vous vous
imaginez bien que vous me condamnez à l'honnêteté, M. le
député de Saint-Henri.
M. Hains: Ha! Ha! Là, on reste dans le domaine des
arts.
Mme Bacon: Cela impressionne la galerie, M. le
Président.
Est-ce qu'une augmentation de 1% des crédits reliés au
transfert, c'est suffisant compte tenu des demandes? Le ministre nous fait part
qu'il y a énormément de demandes. Est-ce que les demandes du
milieu n'excèdent pas cette augmentation de 1% des crédits?
M. Richard: Dans quel secteur? Mme Bacon: À la page
27. M. Richard: Oui. Mme Bacon: C'est suffisant, 1%?
M. Richard: Non, non, comme les demandes dans tous les secteurs,
d'ailleurs. Les demandes excèdent...
Mme Bacon: Cela irait chercher...
M. Richard: ...parfois de beaucoup les
crédits.
Mme Bacon: ...quel pourcentage pour que ce soit
réaliste?
M. Richard: Ah là, vous m'embarrassez un peu. Surtout dans
le domaine du livre, vous vous imaginez bien que c'est presque illimité,
les possibilités de création. La création
littéraire est presque, par définition, illimitée; alors,
il y a des choix qui doivent être faits.
Remarquez, Mme la députée de Chomedey, ce qui est
important, je pense, pour les écrivains québécois, c'est
le programme des bibliothèques qui, indirectement ou même assez
directement, a pour effet d'aider les écrivains québécois.
Le programme, bien sûr, de construction de bibliothèques et le
programme aussi de subvention à l'achat des volumes, puisque nous
subventionnons l'achat des volumes des bibliothèques à raison de
50% pour les volumes québécois et de 35% pour tous les
autres.
Mme Bacon: J'allais ajouter que les librairies revêtent
sûrement une importance capitale pour les écrivains.
M. Richard: Bien sûr. Les librairies, assez heureusement,
pour ne pas dire assez curieusement aussi, ont assez bien passé à
travers la crise économique. C'est probablement l'un des secteurs
où il y a eu le moins de faillites.
Mme Bacon: Oui. Garneau n'a pas eu la même
expérience?
M. Richard: Elle aurait eu une expérience dramatique, si
on ne l'avait pas rescapée pour la revendre, mais maintenant cela va
bien.
Mme Bacon: À la page 29, est-ce que le ministre peut nous
préciser les actions -on y voit "effort de compressions
budgétaires" - qu'il a prises ou qu'il entend prendre lorsqu'on parle
"d'effort de compressions budgétaires"? Est-ce qu'il y a des actions
déjà entreprises? C'est quand on parle de la diminution sur le
budget.
M. Richard: Essentiellement, les efforts de compressions
budgétaires sont de deux ordres, si je peux m'exprimer ainsi. D'abord,
ceux qui ont été commandés par le Conseil du trésor
et le Conseil des ministres et, d'autre part, ceux auxquels nous avons
nous-mêmes procédé au niveau du fonctionnement, toujours
pour que, encore une fois le pourcentage le plus important possible rejoigne
directement les organismes. De ce côté-là, c'est assez net,
il y a un allégement du ministère des Affaires culturelles en
même temps que son redéploiement.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a des actions bien précises qui
sont entreprises ou si cela fait partie d'un mouvement général
qu'on exige de chacun des ministères? (11 h 45)
M. Richard: Oui, les compressions sont indiquées à
la page 29.
Mme Bacon: Au niveau des transferts?
M. Richard: Quand on fait le choix, on a comprimé aux
travaux d'érudition, parce que évidemment, intéressants,
mais moins essentiels.
Mme Bacon: C'est quand même une diminution assez forte,
quand on parle de 26% au chapitre de l'aide financière aux travaux
d'érudition.
M. Richard: Oui, mais la création,
généralement, elle est là, elle existe.
Mme Bacon: Oui.
M. Richard: II s'agit de faire des travaux
d'érudition...
Mme Bacon: Cela faisait partie de vos choix?
M. Richard: Cela faisait partie de nos choix. Vous avez
parfaitement raison, oui. Et, dans certains cas, cela est vrai, ce sont des
travaux d'érudition coûteux qui étaient terminés et,
donc, qu'on n'a pas à reprendre. L'aide financière à
l'édition de périodiques et l'aide financière à la
promotion ont connu aussi une compression. En tout cas, je cherche, depuis mon
arrivée au ministère, à ne pas trop subventionner ce que
j'appelle les bureaucraties parallèles. Je l'ai indiqué souvent
aux...
Mme Bacon: Qu'est-ce que vous appelez bureaucraties
parallèles?
M. Richard:, Assez curieusement, beaucoup de créateurs,
parfois même des écrivains ou des groupes, se plaignent de la
bureaucratie du ministère et viennent nous réclamer très
souvent des budgets de fonctionnement pour leur propre bureaucratie: des
associations, toutes sortes d'associations. De ce côté-là,
j'ai adopté une attitude plutôt prudente en disant:
Écoutez, ce ne sont pas les bureaucraties que je veux subventionner; je
voudrais rejoindre, le plus directement possible, la création.
Mme Bacon: La création.
M. Richard: Remarquez que, dans
certains cas, on ne peut pas l'éviter. Par exemple, pour le
respect des droits d'auteur, cela prend un minimum de bureaucratie
parallèle. C'est absolument essentiel. Mais, là aussi, on n'a pas
augmenté ces budgets-là.
Mme Bacon: Concernant l'aide aux petites et moyennes entreprises,
est-ce qu'il y a des discussions qui ont été entreprises entre le
gouvernement fédéral et le ministère des Affaires
culturelles? Est-ce que des rencontres ont lieu entre fonctionnaires, par
exemple? . M. Richard: Pas à ma connaissance.
Mme Bacon: Est-ce qu'on a l'intention de le faire? Il n'y a pas
d'initiatives qui ont été prises, à part celles du
ministère des Affaires culturelles?
M. Richard: Non.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Marquette.
M. Richard: L'un des problèmes qui se posent - et je le
dis en ne voulant pas du tout être partisan - à tous
égards, en ce qui a trait à l'application des programmes
fédéraux, c'est qu'ils reposent sur le principe du prorata, et
dans tous les secteurs. Le marché n'étant pas le même au
Québec, je pense que c'est une base qui n'est pas juste.
Mme Bacon: Vous auriez des suggestions précises à
faire, à ce moment-là?
M. Richard: À cet égard, bien sûr, mais ce
n'est pas facile.
Mme Bacon: Est-ce que vous pouvez nous les dire?
M. Richard: Oui, je vais vous donner un exemple. Prenons un
secteur très facile: le cinéma. Au cinéma, par exemple,
l'an dernier, la SDICC a versé 22% du budget total de ses subventions au
cinéma francophone; donc, en gros, au cinéma
québécois. Mais, le marché québécois
étant beaucoup plus restreint que le marché "Canadian", cela
devient un jeu. C'est comme si on tenait pour acquis que cela coûte moins
cher de faire un film en français qu'en anglais. Il faudrait tenir
compte du marché, ce dont on ne tient jamais compte, et pas davantage,
d'ailleurs, dans le secteur de l'édition. Alors, c'est l'un des
problèmes majeurs parce que c'est toujours le prorata.
On dit, par exemple, qu'un marché de 15 000 000 à 16 000
000 d'habitants suffirait pour faire vivre une cinématographie
nationale. Cela signifie que normalement, en tout cas, dans l'absolu ou dans le
cadre d'un certain idéal, on n'aurait pas besoin de subventionner le
cinéma canadien anglais. Ce qui devient un jeu - on donne seulement 22%
en plus - c'est que non seulement on n'a pas notre part, mais, même si on
avait notre part, au prorata, ce serait encore injuste compte tenu du
marché québécois qui est beaucoup plus restreint que le
marché canadien. C'est le reproche le plus sérieux que je ferais
aux politiques fédérales.
Mme Bacon: Ma surprise que j'aimerais peut-être exprimer,
c'est que le ministre n'a jamais pensé à prendre l'initiative de
ces rencontres.
M. Richard: Ah, mon Dieu!
Mme Bacon: Ou l'avez-vous déjà fait?
M. Richard: J'ai envie de vous dire que ces derniers temps le
climat paraît s'être amélioré.
Mme Bacon: Au Québec?
M. Richard: Non. Le climat que j'ai eu à vivre dès
mon arrivée au ministère des Affaires culturelles - c'est ce dont
vous ne voulez pas m'entendre parler, mais je pourrais vous en parler - n'a pas
été particulièrement facile pour amorcer des discussions.
Ce n'était pas le Conseil des arts. Je n'ai jamais eu de
problèmes avec le Conseil des arts, sauf qu'encore une fois on avait
dédoublé la structure du Conseil des arts. Le ministre
fédéral des Communications se promenait partout sur le territoire
québécois annonçant des subventions qui n'émanaient
pas du Conseil des arts, bien sûr, à la condition que
Québec verse le même montant. Vous imaginez que cela bousille tous
les programmes. Je lui ai fait écrire par mon sous-ministre, il y a plus
d'un an, une lettre extrêmement importante quant aux possibilités
d'entente et nous n'avons jamais reçu de réponse à cette
lettre. J'avais pris la peine de faire signer la lettre...
Mme Bacon: J'aurais envie d'être méchante!
M. Richard: Vous pouvez être méchante, madame.
M. Richard: ...par mon sous-ministre pour ne pas envenimer les
choses.
Mme Bacon: J'aurais envie d'être méchante et de dire
au ministre que c'est comme quand on écrit au ministre. On est
obligé d'envoyer un rappel pour avoir des réponses.
M. Richard: Je l'ai fait, le rappel. J'avais fait cela à
Mme la députée de
Chomedey, mon Dieu!
Mme Bacon: À votre ministère, on est obligé
d'envoyer des rappels.
M. Richard: Si c'est le cas...
Mme Bacon: Envoyez des rappels à Ottawa, faites comme
nous.
M. Richard: ...les coupables vont être
châtiés. Je me châtierai moi-même au besoin.
Mme Bacon: Oui. J'aime mieux vous l'entendre dire que de vous le
souligner. Cela va.
Le Président (M. Blank): C'est le député de
Marquette qui avait une question. M. le député de Marquette.
M. Dauphin: M. le Président, effectivement, concernant
l'élément 2 relativement aux bibliothèques publiques.
Le Président (M. Blank): Est-ce que
l'élément 1 est adopté?
Mme Bacon: Oui.
Le Président (M. Blank): Adopté.
L'élément 2?
M. Dauphin: Étant donné qu'on parlait du
gouvernement fédéral, en ce qui a trait à la construction
et à la rénovation de bibliothèques municipales, est-ce
que le ministre pourrait nous informer de la contribution du gouvernement
fédéral à ce plan? C'est à la page 31 du cahier des
crédits. On parle de la contribution du gouvernement du Québec,
des subventions.
M. Richard: Plusieurs de ces bibliothèques ont
été construites dans le cadre de programmes conjoints, notamment,
par exemple, celle de Québec que je vous invite à aller voir, qui
est véritablement un modèle du genre. C'est ce qui nous a permis,
depuis deux ans, de doubler la superficie de plancher des bibliothèques
dans tout le Québec; 38 bibliothèques ont été
construites. Sauf que - et j'attire votre attention sur cela, M. le
député de Marquette - ce qui était un peu embarrassant,
c'est que le programme était pour ainsi dire trop rigide. On ne pouvait
que construire des bibliothèques; il n'y avait pas de programme
d'équipements culturels au ministère. Il y avait un programme de
bibliothèques fait en collaboration avec les Affaires municipales et
parfois l'OPDQ. Maintenant, le programme est décloisonné; non
seulement il a été augmenté, mais
décloisonné, de telle sorte que, quand une municipalité
voudra une salle de spectacles parce qu'elle dispose déjà d'une
bibliothèque, on pourra lui dire: Très bien, on a un programme.
Autrefois, quand une municipalité me demandait une salle de spectacles,
je lui offrais une bibliothèque parce que le programme n'était
pas décloisonné. Cela est un immense avantage. C'est la
première fois qu'au ministère des Affaires culturelles, il y a un
programme d'équipements culturels décloisonné. Ceci va
nous aider beaucoup, par exemple, à élargir nos normes pour la
restauration de certains édifices à grande valeur patrimoniale.
Je pense à beaucoup d'églises, par exemple, qui vont servir
d'équipements culturels. Les normes de restauration émanant de la
Direction générale du patrimoine ne nous permettent pas d'aller
subventionner au-delà de ce qui est permis. On pourra maintenant faire
l'arrimage entre le programme d'équipements culturels et les programmes
de restauration.
M. Dauphin: D'accord. Deuxièmement, est-il prévu
que les programmes d'aide diminueront dans les années à venir au
chapitre du fonctionnement?
M. Richard: Grosso modo, pour être plus précis quant
à la question que vous avez posée tout à l'heure, sous
réserve, c'est 1/3, 1/3, 1/3 pour la construction.
M. Dauphin: Un tiers les municipalités, un tiers le
fédéral et un tiers le provincial?
M. Richard: Oui.
M. Dauphin: D'accord. Je répète ma deuxième
question: Est-il prévu que les programmes d'aide diminueront dans les
années à venir au chapitre du fonctionnement? Évidemment,
il y aura une sous-question, suivant la réponse.
M. Richard: Pas dans l'immédiat; en tout cas, pas de
façon significative.
M. Dauphin: D'accord. Et si jamais...
M. Richard: Remarquez qu'on a ajouté un
élément très important au programme. On va
désormais subventionner - et vous pourrez en constater l'importance en
allant visiter la bibliothèque de Québec - les équipements
techniques - ce qui n'était pas le cas auparavant - qui sont devenus
très importants dans une bibliothèque.
M. Dauphin: De façon précise, ce n'est pas
envisagé?
M. Richard: Cela va rester autour de 25% ou 26%. Je vous dis cela
de mémoire: Ce sera 25% ou 26% au budget de fonctionnement. Comme je
l'ai rappelé tout
à l'heure, ce sera 50% pour les volumes québécois
et 35% pour tous les autres.
M. Dauphin: Mais ce n'est pas envisagé dans un avenir
rapproché?
M. Richard: Non, parce que je n'estimerais pas cela très
juste pour les municipalités qui, parce que le programme était
très incitatif, se sont engagées dans la construction de
bibliothèques. Une fois qu'elles s'y sont engagées,
réduire le programme de façon significative ne serait pas
très honnête.
M. Dauphin: D'accord, merci.
Le Président (M. Blank): Y a-t-il d'autres questions
à l'élément 2?
M. Hains: À l'élément 3.
Le Président (M. Blank): Élément 2,
adopté.
M. Hains: À la page 38, c'est la Bibliothèque
nationale du Québec. En plein milieu, vous dites ceci: "Les deux
objectifs principaux visés au cours de l'année 1982-1983 ont
été atteints. Le premier, maintenir l'efficacité du
service, tout en assurant la mise à jour des logiciels, malgré
certaines difficultés..." Cela m'a un peu intrigué. Je me demande
à quelles difficultés on fait ici allusion dans la mise à
jour des logiciels.
M. Richard: Je ne le sais pas.
M. Hains: Je savais que je vous aurais au détour.
M. Richard: M. Brault, le directeur général de la
Bibliothèque nationale, me dit que la mise à jour des logiciels
est...
M. Hains: J'ai moi-même regardé dans mon
dictionnaire ce que cela voulait dire.
M. Richard: ...d'une complexité inouïe. C'est cette
complexité qui est évoquée dans le texte auquel vous
faites référence.
M. Hains: Autrement dit, c'est la logique des choses; ce n'est
pas du mobilier, ni des livres.
M. Richard: Non, non, c'est informatisé. M. Hains:
C'est cela, de l'informatique.
M. Richard: Et la mise à jour des logiciels existants est
très difficile.
M. Hains: C'était juste une petite question que je me
posais en passant; tout est bien réglé maintenant.
Le Président (M. Blank): L'élément 3 est-il
adopté?
M. Richard: Adopté. M. Hains: C'est cela.
Le Président (M. Blank): Le programme 1 est
adopté.
Programme 2, Sauvegarde et mise en valeur des biens culturels.
Mme Bacon: J'aurais encore quelques questions.
M. Hains: Un instant, pas trop vite!
Le Président (M. Blank): Vous avez d'autres questions?
C'est ce que je vous ai demandé. Bon, d'accord, on revient à la
Bibliothèque nationale. Je constate qu'il y en a une partie dans mon
comté. (12 heures)
Mme Bacon: J'aimerais qu'on revienne au programme 1, je n'ai pas
terminé, M. le Président. En ce qui a trait aux droits d'auteur,
par exemple, est-ce que le ministre peut nous dire ce qu'il advient de
l'étude intitulée: La mise en oeuvre d'un système de
demandes et de délivrance d'autorisation de reproductions d'oeuvres
protégées par le droit d'auteur au niveau collégial?
Est-ce que cela a été communiqué au gouvernement?
M. Richard: Et comment! On est très impliqué dans
la négociation d'un règlement et on espère aboutir
éventuellement à un règlement hors cour. Je pense que la
difficulté - vous savez qu'une poursuite a été
entamée - ne réside pas dans la possibilité d'aboutir
à un règlement hors cour pour le passé, mais pour
l'avenir, et peut-être les crédits sont-ils insuffisants au
ministère de l'Éducation pour régler le problème.
Nous avons des contacts avec le ministère de l'Éducation, nous
nous sommes impliqués dans le règlement de ce dossier et on
espère aboutir le plus rapidement possible à un règlement
satisfaisant pour tout le monde.
Mme Bacon: Au sujet du système d'octroi de licences de
reproductions d'oeuvres protégées, par exemple, est-ce qu'on
entend donner suite à des suggestions qui ont été faites
au gouvernement?
M. Richard: Je ne sais pas exactement ce à quoi vous
faites référence.
Mme Bacon: Je vais vous donner l'article de Réginald
Martel dans la revue de presse de mars 1983 où on parle, à un
moment donné, de l'implantation d'un système d'octroi de licences
de reproductions d'oeuvres protégées, soit per capita, soit par
pourcentage de reproductions sur une base
échantillon.
M. Richard: Je voudrais répondre à Mme la
députée de Chomedey que ce dont il est fait état dans le
journal La Presse du 14 mars 1983 est présentement sous étude
avec les parties intéressées au ministère de
l'Éducation.
Mme Bacon: Ce sont des suggestions qu'on considère
sérieusement au ministère.
M. Richard: Oui, encore une fois, on y voit de très
près puisqu'on a un service au ministère; mais cela relève
essentiellement du ministère de l'Éducation.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a un échéancier de
travail établi pour donner suite à ces suggestions? Est-ce qu'on
a établi des échéances?
M. Richard: Oui, il y a un échéancier.
On me dit que les premières rencontres devraient avoir lieu d'ici
au mois de septembre.
Mme Bacon: D'autre part, est-ce que le bureau des sous-ministres
au ministère a donné son accord de principe à une
opération de sensibilisation en regard de la reprographie dans les
bibliothèques et centres de documentation, par exemple? Est-ce qu'on
donnera suite à cela?
M. Richard: Oui.
Mme Bacon: Un accord de principe est établi?
M. Richard: Oui. Mme Bacon: D'accord.
M. Richard: On a même fait un concours d'affiches portant
précisément là-dessus.
Mme Bacon: D'accord.
M. Dauphin: Dans le même programme, M. le Président,
si vous me permettez, j'ai également un article paru dans le Soleil le
16 avril 1983 relativement au combat qu'on dit inégal dans les
négociations entre écrivains et éditeurs. Pour situer un
peu le sujet, dans le milieu, on affirme que les écrivains se sont
résolus à faire négocier leurs contrats par l'entremise
d'un avocat spécialisé dans la question. Mais cet avocat -du
moins, on le suppose - touchera lui aussi une redevance pour services rendus.
D'autre part, un organisme a vu le jour afin de forcer les éditeurs
à verser aux écrivains des redevances sur la vente de leurs
oeuvres, la Société de perception et de gestion des auteurs.
J'aimerais savoir du ministre ce qu'il pense du climat qui règne
effectivement entre les écrivains et les éditeurs.
M. Richard: Je ne peux vous cacher que c'est souvent un
problème de rapport de forces sauf que le rapport de forces, est souvent
atténué par les programmes du ministère et, quand le
rapport de forces est inégal, on cherche à l'équilibrer un
tant soit peu par les normes des programmes de subventions du ministère
qui rejoignent les éditeurs, mais qui visent essentiellement à
rejoindre avant tout les écrivains.
M. Dauphin: Et dans le même ordre d'idées, est-ce
que le ministre...
M. Richard: C'est un peu dans ce sens que j'ai fait une
différence dans les subventions qu'on accorde à l'achat des
volumes des bibliothèques publiques en privilégiant les livres
québécois. Cela visait encore une fois à rejoindre le plus
directement possible les écrivains québécois.
M. Dauphin: Est-ce que le ministre croit que le gouvernement
devrait s'impliquer davantage sur cet aspect du droit d'auteur?
M. Richard: Je m'excuse, j'ai mal entendu.
M. Dauphin: D'accord. Est-ce que le ministre croit que le
gouvernement doit s'impliquer davantage sur cet aspect du droit d'auteur, et
surtout du droit de ce dernier de toucher les redevances qui lui sont dues, ou
encore entend-il favoriser l'arrivée en plus grand nombre, comme
semblent le réclamer les artistes, d'avocats spécialisés
en la matière?
M. Richard: Là, vous parlez à un converti. Je pense
qu'il y a eu trop de piraterie dans le passé et qu'il faut mettre un
terme à cette piraterie. Vous pouvez avoir une idée de
l'orientation prise par le ministère des Affaires culturelles dans le
budget d'hier soir en ce qui a trait, par exemple, aux cassettes vierges.
C'était à la demande même du ministère des Affaires
culturelles puisqu'on l'avait quand même prise sur quelque chose pour
protéger les droits d'auteur.
M. Dauphin: Est-ce que vous avez envisagé d'autres
actions?
M. Richard: II y a un service du droit d'auteur maintenant et
nous subventionnons certains organismes chargés de la perception des
droits d'auteur. D'ailleurs, la Loi sur le livre, adoptée juste avant
mon arrivée au ministère des Affaires culturelles dont je n'ai eu
qu'à faire adopter les règlements, parce
que c'était entre la Loi sur le livre et les règlements,
prévoit que les éditeurs doivent faire rapport au ministre quant
à la perception des droits d'auteur.
M. Dauphin: Et relativement aux avocats spécialisés
au niveau des redevances? Je sais que le ministre est membre du barreau
également. Est-ce qu'il est en faveur de cela?
M. Richard: Je ne suis pas sûr si j'ai payé ma
cotisation.
M. Proulx: Oui, oui, oui.
M. Dauphin: Ah! Ce n'est pas payé encore, excusez.
Une voix: Un éminent membre du barreau.
M. Dauphin: On est radié automatiquement, à ce
moment.
M. Richard: Ah oui?
Le Président (M. Blank): II faut passer un autre examen
pour y entrer.
M. Dauphin: Cela semble être réclamé par les
artistes, si je me fie à l'article du journal Le Soleil. Est-ce que vous
vous êtes penché sur cet aspect?
M. Richard: Vous pourriez répéter votre question,
s'il vous plaît?
M. Dauphin: Au niveau des avocats spécialisés qui
touchent des redevances pour services rendus à même les
droits?
M. Richard: Je n'y peux rien. Je ne suis pas pour faire proposer
une modification à la Loi sur le barreau.
Le Président (M. Blank): Est-ce que
l'élément 3 est vraiment adopté maintenant?
M. Richard: Remarquez que l'UNEQ a déjà
préparé - cela existe - un contrat type pour l'ensemble de ses
membres qui est maintenant appliqué partout, ce qui va probablement
régler le problème que vous évoquiez en ce qui a trait aux
avocats qui perçoivent des pourcentages, des redevances.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: M. le ministre, j'ai ici un article du Soleil, du 1er
novembre 1982, où il y avait un gros titre: "Réseau documentaire
québécois: peu d'évolution depuis dix ans". "Les
scientifiques, les techniciens de la documentation ne sont pas le groupe le
plus violent de la société québécoise. À
l'accueil, dans les bibliothèques, quand ils circulent à pas
feutrés entre les rayons des présentoirs bourrés de
livres, les documentalistes ont une réputation de gens discrets et
courtois et sans pouvoir politique." Et cela continue: "Ceux qui rêvaient
à un réseau national au Québec rêvent encore - ceux
qui pensent à une organisation systématique sont encore dans un
beau rêve - car le pouvoir politique qui a maintes fois proclamé
son intérêt pour l'accès à l'information sous toutes
ses formes n'a guère posé, en matière de réseaux
à bâtir, des actions anticipées." On dit ici que le
ministre délégué à la Science et à la
Technologie, M. Gilbert Paquette, qui a parlé à ces gens mercredi
soir, est resté dans le vague sur la question relative au réseau
documentaire.
Je continue parce que cela est bien intéressant. L'universitaire
Gérard Mercure de l'Université du Québec à Rimouski
a résumé la situation - et c'est cela que je veux vous
résumer - en disant: "Dans les bibliothèques publiques, on est
encore au stade de l'organisation. Dans les bibliothèques
collégiales, on devise et on avise. Dans les bibliothèques de
l'université, on s'informatise." J'aurais quelques petites questions
à poser là-dessus. À cette réunion, il y avait plus
de 900 techniciens et scientifiques de la documentation, qui se sont
réunis pour discuter de l'état actuel des réseaux
documentaires québécois. Depuis 10 ans, affirment-ils, date de la
création, les choses n'ont pas évolué. On semble enfin
déplorer le fait que les centres de documentation oeuvrent de
façon isolée. Je vais vous demander votre opinion, M. le
ministre. Pouvez-vous être plus clair pour ces gens-là que ne l'a
été - comme on le disait dans l'article - le ministre
délégué à la Science et à la Technologie? Le
gouvernement a-t-il vraiment des solutions ou des actions concrètes
à nous annoncer dans ce domaine pour 1983-1984?
M. Richard: M. le Président, je vais répondre
très simplement au député de Saint-Henri. Voilà un
problème qui relève du ministère de l'Éducation
puisque ce sont les collèges, les universités et les
écoles, les bibliothèques scolaires qui sont en cause. Cela
relève du ministère de l'Éducation. Je sais qu'il en a
été question, mais pas plus que cela. Je ne serais pas en mesure
de répondre avec beaucoup de précision à la question de
mon collègue, le député de Saint-Henri.
M. Hains: Merci. Voici maintenant un dossier auquel je me suis
intéressé un peu plus particulièrement. J'aurais plusieurs
questions à vous poser là-dessus, M. le ministre. À une
question qui avait d'ailleurs
été posée aux engagements financiers sur les
transactions entourant le dossier de la librairie Dussault-Garneau, on
indiquait au député de Sainte-Anne qui avait posé la
question que les états financiers vérifiés de l'entreprise
au 31 décembre 1982 seraient disponibles et que ces états
donneraient une bonne idée de la liquidation, car la majeure partie des
opérations ont été comptabilisées dans l'exercice
1982. Tel qu'indiqué, le rapport aurait dû être prêt
au plus tard le 31 mars dernier. Est-il possible de déposer une copie de
ce rapport des transactions des librairies Dussault et Garneau à cette
commission?
M. Richard: Je vais m'enquérir auprès de la
Société de développement des industries de la culture et
des communications, qui a en main ce rapport.
M. Hains: Je vous demandais: Quand le ministre prévoit-il
avoir le rapport final et définitif de cette liquidation?
M. Richard: Encore là, je vais m'enquérir
auprès de la SODICC.
M. Hains: Parfait. Une autre encore, cela sera peut-être un
dépôt: Peut-on avoir copie du décret 2663 du 17
décembre 1982 qui concerne les ententes de paiement avec les
créanciers?
M. Richard: Oui.
M. Hains: J'aimerais cela parce que -je ne dis pas qu'il n'y a
rien là-dedans -quelqu'un m'a téléphoné et aimerait
avoir les renseignements. Je lui ai dit que je poserais la question...
M. Richard: Vous savez que ce qui était important dans ce
cas-là, c'était - ce qui avait d'ailleurs été fait
par mon prédécesseur - de sauver le réseau de ces
librairies. Il y en avait à l'origine 21 ou 22 et, quand je suis
arrivé à la direction du ministère, je me suis
hâté de faire en sorte que le réseau retourne à
l'entreprise privée, ce qui a été fait dans des conditions
à peu près acceptables. Autrement, cela aurait été
trop dur pour toute l'industrie du livre que d'assister à la disparition
d'un pareil réseau. On me dit que cela va bien. (12 h 15)
M. Hains: Maintenant, probablement que cela sera encore un
dépôt. En ce qui concerne la transaction plus particulière
de la succursale de la rue Buade, à Québec, le ministre
pourrait-il d'abord nous donner les montants des soumissions reçues
à ce sujet?
M. Richard: Oui.
M. Hains: Le ministre a-t-il autorisé le changement
d'orientation des décisions du conseil d'administration concernant la
vente en bloc? Au tout début, j'étais un peu au courant de cela.
C'était censé être une vente en bloc des librairies
Dussault et Garneau, alors qu'un communiqué du ministre indiquait que la
vente s'effectuerait à l'unité.
M. Richard: Cela n'a pas été tout à fait le
cas. Au départ, on avait songé à vendre en bloc pour ne
pas briser le réseau, notamment parce que les centres commerciaux
exigent souvent qu'un tel réseau existe pour consentir des baux. Vous
savez que plusieurs de ces librairies se trouvaient dans des centres
commerciaux. L'idée qui prévalait était de ne pas briser
le réseau. On s'est rendu compte par la suite, financièrement,
qu'on ferait une mauvaise transaction si on vendait en bloc. Donc, on a
partagé le réseau. Il y a eu trois blocs, si ma mémoire
est fidèle: le bloc de Québec, le bloc de Montréal et deux
à Trois-Rivières, deux blocs vendus séparément
à deux individus. Il restait un bloc à Québec et un bloc
à Montréal.
M. Hains: Je sais que M. Raymond Carignan, qui est
président de la librairie France-Québec, voulait vraiment avoir -
cela fait sourire un de vos hommes derrière -cette bibliothèque.
Le ministre pourrait-il nous donner les raisons du refus de cette
bibliothèque dans la rue Buade?
M. Richard: Voici ce qui s'est produit dans ce cas: Nous avons
tenté, dans un premier temps, de vendre Buade et d'autres
séparément, mais les offres étaient vraiment
insuffisantes. Le conseil d'administration de la SODICC n'était pas
disposé à vendre Buade pour si peu. C'est plus tard qu'il a
décidé de faire un bloc pour la région de Québec et
de vendre tout le réseau pour ne pas être pris, après avoir
vendu les meilleurs éléments du réseau, avec les autres
éléments qui étaient peut-être moins
intéressants.
M. Hains: Donc, la raison pour laquelle il n'a pu l'avoir, si je
comprends bien...
M. Richard: Les offres ont été jugées
insuffisantes.
M. Hains: ...c'est que l'offre était insuffisante.
L'écart qu'il y avait, est-ce qu'il était très grand?
M. Richard: Ce qu'on m'explique, ce qui s'est produit dans le cas
de M. Carignan, c'est que, dans un premier temps, il a fait des offres
jugées insuffisantes; par la suite, l'Action a fait une offre pour le
bloc québécois. M. Carignan serait arrivé ensuite avec une
offre pour Buade. Là, il voulait
vendre en bloc pour ne pas...
M. Hains: Buade n'était pas comprise dans le bloc au tout
début. C'était censé, paraît-il, se vendre à
l'unité. C'est à ce moment-là que M. Carignan a fait une
offre qui, me dites-vous, a été jugée insuffisante. Je ne
sais pas.
M. Richard: L'histoire, c'est qu'il l'a faite après. Quand
il y a eu une décision de vendre le bloc de Québec...
Le Président (M. Blank): Donnez le micro à votre
fonctionnaire. C'est le ministre qui parle.
M. Richard: C'est une question dans le temps.
C'est M. Boivin.
C'est une question dans le temps. Au départ - effectivement, vous
avez raison -on voulait vendre les deux grosses centrales, tant Buade à
Québec que Fleury à Montréal, séparément.
Dans les deux cas, la SODICC a trouvé les offres insuffisantes. Sur les
entrefaites, il est arrivé des gens intéressés au bloc
Québec et au bloc Montréal. Donc, l'idée de l'unité
disparaissait comme intérêt. C'est à ce moment-là
que Raymond Carignan a fait une offre pour Buade, ce qui n'intéressait
plus tellement la SODICC à ce moment-là parce qu'elle avait
déjà un acheteur pour le bloc et l'acheteur du bloc tenait
à avoir Buade dans le bloc. Donc, l'idée du départ, de les
vendre séparément, s'est estompée, à la suite des
circonstances.
M. Hains: Est-ce qu'à ce moment-là, quand
même, pendant que les négociations se faisaient, l'offre qu'avait
faite M. Carignan était vraiment entrée? La première offre
de M. Carignan, est-ce qu'elle avait été écartée
déjà quand vous avez commencé à vouloir vendre tout
en bloc?
M. Richard: À ma connaissance, l'offre de M. Carignan -
c'est naturellement le conseil d'administration de la SODICC qui peut le
préciser - est arrivée après la première fois
c'est-à-dire que, au départ, quand il y a eu des offres
uniquement pour Buade, l'offre de Carignan n'était pas là.
M. Hains: Est-ce que les négociations avec d'autres
étaient déjà en marche?
M. Richard: La SODICC a ouvert des soumissions, a demandé
aux gens de soumissionner pour ces deux principales succursales, à
Montréal et à Québec. Quand le conseil d'administration
les a étudiées, il les a rejetées. À ma
connaissance, à cette étape, Raymond Carignan n'avait pas fait
d'offre; c'est venu plus tard.
M. Hains: En tout cas. Maintenant, je vais continuer un peu dans
le même thème pour éclaircir le cas. Le ministre ne voit-il
pas quand même un conflit d'intérêts dans toutes ces
transactions, dans ce sens que M. Marc-André Dandurand a
été impliqué dans cette transaction alors que, par la
suite, il va devenir propriétaire du bloc de librairies Dussault-Garneau
à Montréal? Voulez-vous que je reprenne? Le ministre ne voit-il
pas un conflit d'intérêts?
M. Richard: M. Dandurand, est-ce que c'était, si ma
mémoire est fidèle...
M. Hains: II avait été impliqué dans la
transaction et, par la suite, il est devenu propriétaire du bloc des
librairies Dussault-Garneau à Montréal.
M. Richard: II était le directeur général
à Montréal.
M. Hains: Exact.
M. Richard: Pour une raison très simple, parce qu'il
était le seul acheteur pour le bloc de Montréal.
M. Hains: Quand même, il a été
impliqué; il était, comme vous le dites, le président
à ce moment-là.
M. Richard: Oui, encore une fois, il était directeur
général du bloc de Montréal. C'était un
employé et cela ne l'excluait pas comme acheteur.
M. Hains: Je vous pose toutes ces questions pour éclaircir
le cas, à la demande de mon client.
M. Richard: Ce furent des décisions... Une voix:
...
M. Hains: Non, non, non, vous avez dit de venir jusqu'ici.
M. Richard: Je voudrais dire ici à mon collègue le
député de Marquette, qui est avocat, que j'ai rarement vu
commettre une infraction aussi ouvertement à la loi du barreau. Je
voudrais aussi rappeler cela au président.
Le Président (M. Blank): Du barreau. M. Richard:
Oui, oui.
Le Président (M. Blank): Oui, c'est cela.
M. Hains: C'est le mot "client" qui n'est pas bon,
évidemment; donc, je retire le mot client pour dire: mon
recherchiste.
Le Président (M. Blank): ...pour un grief.
Mme Bacon: ...ni de près ni de loin...
M. Hains: C'est pour dire que, même si on a la culture, des
fois les mots nous manquent.
Mme Bacon: ...il faudrait parler du droit, M. le
Président.
M. Hains: Enfin, je termine, M. le ministre, sur ce
sujet-là, à la demande de mon recherchiste. Le ministre croit-il
que l'issue de cette transaction est conforme à ses vues? Je sais qu'au
début, vous vouliez faire accepter cela à des gens du milieu.
C'est quelqu'un de Québec qui a fait la transaction et qui est
maintenant propriétaire à Montréal.
M. Richard: Quand je parlais du milieu, je parlais du milieu des
librairies. Cela a été vendu au milieu des libraires. Remarquez
que cela a été plus difficile que prévu. Ce n'était
pas très très facile. J'ai insisté pour que l'État
ne concurrence pas de façon déloyale les librairies
privées, pour que ce soit vendu le plus rapidement possible.
M. Hains: Pour moi, cela termine la première partie, M. le
Président, c'est-à-dire le programme 1.
Le Président (M. Blank): L'élément 3,
adopté. Le programme 1, adopté pour la deuxième fois.
M. Hains: Quand même, est-ce que vous pourriez me faire
parvenir les documents que je vous ai demandés?
M. Richard: Oui. M. Hains: Merci.
Le Président (M. Blank): Programme 2, Sauvegarde et mise
en valeur des biens culturels.
Sauvegarde et mise en valeur des biens
culturels
Mme Bacon: M. le Président...
Le Président (M. Blank): Élément 1,
Conservation et utilisation des archives.
Mme Bacon: Dans le cas des archives privées, est-ce qu'il
y a des modalités d'aide accordée aux familles et aux personnes
qui les possèdent? Est-ce que cela existe?
M. Richard: Pas encore.
Mme Bacon: Non. Est-ce qu'il y en aura?
M. Richard: Pas encore. Mais, il est prévu qu'on pourra en
avoir dans le cadre de la loi qui est présentement au stade de la
première lecture à l'Assemblée nationale.
Mme Bacon: C'est prévu par la loi, les archives?
M. Richard: C'est prévu par la loi, je crois. Mais...
Mme Bacon: II y a quelqu'un qui vous souffle...
M. Richard: II n'y a pas encore de programme. C'est cela. C'est
rendu possible par la loi.
Mme Bacon: Alors, la loi rendra possibles les modalités
d'aide...
M. Richard: Oui.
Mme Bacon: ...aux familles, aux personnes qui possèdent
des archives privées.
Au chapitre du budget de fonctionnement, on prévoit une
diminution de 7,4%. Est-ce qu'il y a une diminution de personnel? C'est 4 ou
4,5% qu'on y voit?
M. Richard: Bon. Les effectifs sont détaillés
à la page 51. Les employés permanents: 76 au lieu de 77; les
employés à temps partiel, 9 au lieu de 12. Et, en ce qui a trait
à l'explication des écarts, elle apparaît à la page
52: Diminution des salaires à la suite de la mise en vigueur des
nouvelles conventions collectives.
Mme Bacon: D'accord. En ce qui a trait aux dépenses de
capital, la diminution atteint 22% en 1983-1984. Est-ce que c'est causé
par une directive du Conseil du trésor ou s'il y a d'autres raisons bien
spécifiques?
M. Richard: Non, c'est qu'on est en voie d'achever
l'aménagement des archives à
Québec. Alors, les coûts sont moins importants.
Mme Bacon: Merci.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le Président. À la page 56 du
cahier des crédits, on nous dit, d'une façon assez
précise, que la direction du ministère s'est penchée sur
deux dossiers majeurs: premièrement, la révision de la Loi sur
les biens culturels et la préparation d'un énoncé de
politique. Ensuite, on nous indique des généralités.
J'aimerais
savoir du ministre, étant donné qu'on en entend parler
depuis si longtemps, s'il y a des documents qui sont disponibles sur un
énoncé de politique en matière de révision de la
Loi sur les biens culturels afin que l'Opposition puisse
bénéficier de toute l'étude que la direction du
ministère a effectuée dans ces dossiers dits très majeurs.
Je ne sais pas si le ministre pourrait nous donner, sommairement, une vue
à vol d'oiseau de ce que sera l'énoncé de politique ou ce
en quoi la révision de la Loi sur les biens culturels va...
M. Richard: D'abord, je ferai une remarque. Je n'ai pas
parlé très souvent, à ma connaissance, de la
révision de la Loi sur les biens culturels. J'ai évoqué
cette possibilité récemment. J'ai dit que cela viendrait
après les autres lois, c'est-à-dire la loi sur le cinéma,
la loi sur les archives, la loi sur les musées, la loi sur la
Société de développement des arts et, probablement
qu'à l'automne, je serai en mesure de déposer une nouvelle loi
sur les biens culturels. Les documents sont en voie de préparation. J'en
ai analysé certains. On en a recommencé. On y travaille, mais je
ne serais vraiment pas en mesure aujourd'hui d'énoncer une politique
à cet égard. (12 h 30)
M. Dauphin: Sur le même sujet, M. le Président, si
vous me le permettez, relativement au projet Archipel, dans la région de
Montréal - c'est situé un peu dans mon comté - la
Société d'histoire de la ville de LaSalle ainsi que plusieurs
groupes à vocation culturelle et historique ont demandé au
ministre que les rapides de Lachine soient classés monument historique.
J'ai eu l'occasion de questionner son collègue du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche, la semaine dernière sur les études d'impact
sur l'environnement, sur l'écologie, sur la faune, la flore. J'aimerais
demander au ministre s'il fait partie de cette espèce de comité
interministériel qui s'attarde sur le projet Archipel pour
défendre son dossier, défendre les intérêts de son
ministère là-dessus et s'il a une opinion concernant les rapides
de Lachine qui, à mon point de vue, sont une des plus belles richesses
de toute l'Amérique du Nord. Est-ce qu'il défendra les
intérêts de son ministère auprès des autres
ministres et du premier ministre? Car on sait qu'on a dépensé
près de 15 000 000 $ jusqu'à maintenant en études pour un
secrétariat comprenant 50 employés permanents à
Montréal. Cela coûte très cher aux contribuables
québécois. Mais sur le fond, au ministère des Affaires
culturelles, qu'est-ce que vous en pensez en date du 11 mai 1983?
M. Richard: D'abord, le classement relève, dans un premier
temps, comme c'est la règle, de la Commission des biens culturels. Donc,
encore faudrait-il que la société historique en saisisse la
Commission des biens culturels.
M. Dauphin: On me dit que cela a été fait.
M. Richard: J'aurais envie de vous dire à première
vue, sous toute réserve, que cela m'apparaît une utilisation un
tantinet abusive de la Loi sur les biens culturels. Je ne connais pas de cas
où on a classé des rapides.
M. Dauphin: Autrement dit...
M. Richard: À ce compte-là, on pourrait classer le
fleuve Saint-Laurent monument historique. Je ne sais pas si on peut trouver une
telle application de la Loi sur les biens culturels.
M. Dauphin: Le ministre semble prendre cela un peu à la
légère.
M. Richard: Je ne prends pas cela à la
légère, je vous dis que...
Une voix: II aime mieux laisser couler l'eau.
M. Dauphin: Je sais bien qu'il représente un comté
de Québec.
M. Richard: Comme le dit mon collègue, j'aime mieux
laisser couler l'eau.
M. Dauphin: S'il était dans nos régions, il
prendrait peut-être cela moins à la légère.
M. Richard: Un instant! C'est, d'abord, un problème
d'aménagement; on est membre à part entière du
comité et on s'en préoccupe.
M. Dauphin: D'accord. Est-ce que vous leur avez
répondu...
M. Richard: Je serais curieux de recevoir l'avis de la Commission
des biens culturels là-dessus.
M. Dauphin: Est-ce que la réponse à la
société d'histoire et aux groupes à vocation historique a
été que cela était abusif et qu'ils ne sont pas
dedans?
M. Richard: Non, pas à ma connaissance.
M. Dauphin: Est-ce que vous pourriez vérifier cela?
M. Richard: Non, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
J'ai dit que cela m'apparaît une application un tantinet
abusive de la Loi sur les biens culturels. Il y a peut-être
d'autres lois que cela concerne, mais, pour la Loi sur les biens culturelles,
il n'y a pas de précédent. C'est ce que je veux dire.
M. Proulx: D'abord, le ministre serait intéressé
à classer les chutes Montmorency.
M. Richard: Ah bon! Parce que là, je réclamerai le
classement des chutes Montmorency et des chutes Sainte-Anne.
M. Proulx: Ils classeront la maison du ministre aussi, cela
deviendra une maison historique.
Mme Bacon: J'aimerais référer le ministre à
la page 57 du livre des crédits où on prévoit continuer
des orientations dont celle "visant à impliquer de plus en plus les
collectivités locales et régionales dans la prise en charge de
leur patrimoine". J'aimerais que le ministre nous explique ce que cette prise
en charge signifie sur le plan financier pour les collectivités locales
et régionales.
M. Richard: Cela varie beaucoup, Mme la députée de
Chomedey, d'un cas à l'autre. Le ministère des Affaires
culturelles était, au moment de mon arrivée, propriétaire
d'un parc immobilier assez important, constitué d'environ 150
éléments, je crois. Évidemment, gérer un pareil
parc immobilier à partir de Québec, ce n'était
peut-être pas la meilleure solution. J'ai tenté, depuis deux ans,
de trouver des partenaires pour assumer la gestion, la conservation et
l'entretien de ce parc immobilier. Le plus souvent, nous avons fait appel aux
municipalités. Je pense, par exemple, à un dossier qui va vous
intéresser. La semaine dernière, j'ai signé une entente
avec la ville de Laval à qui on a cédé pour 1 $, avec une
subvention de démarrage, la maison Benjamin-Papineau. Nous l'avons fait
avec la ville de Sainte-Foy, nous l'avons fait avec d'autres
municipalités et nous sommes disposés à le faire aussi
avec des organismes à but non lucratif. Nous nous apprêtons
à le faire avec des municipalités régionales de
comté. Quand ce sont des groupes locaux, qu'ils soient institutionnels
ou non, qui se préoccupent de la gestion, de la sauvegarde et de la
restauration de ces bâtiments à valeur patrimoniale, il me semble
que ce serait une meilleure garantie que ce qu'on peut faire à partir de
Québec.
Mme Bacon: Le ministre m'a tendu une perche et j'ai envie de
répondre à ce qui s'est passé à Laval la semaine
dernière, puisque la maison Benjamin-Papineau est située dans le
beau comté de Chomedey. Les journaux m'ont appris les transactions
faites par le ministre avec la ville de Laval. C'est évident que, quand
on est dans l'Opposition, on n'est pas au courant de tous les dossiers, mais on
les suit.
M. Richard: Mme la députée de Chomedey, je m'en
excuse. Vous m'apprenez, aujourd'hui même, que cette maison est
située dans votre comté.
Mme Bacon: Je veux, quand même, rappeler au ministre
qu'elle se trouve dans le comté de Chomedey.
M. Richard: Je ne le savais pas.
Mme Bacon: Bien qu'il y ait des membres du caucus péquiste
de Laval qui ont fait certaines démarches, c'est dans le comté de
Chomedey.
C'est mon commercial. J'aimerais revenir à l'acquisition de biens
de conservation. On fait assumer la note aux municipalités. Est-ce que
les MRC ont un rôle à jouer dans tout ce processus?
M. Richard: Oui, bien sûr.
Mme Bacon: Elles n'ont quand même pas de pouvoir de
taxation.
M. Richard: Dans le schéma d'aménagement du
territoire, les MRC auront un rôle très important à
jouer.
Mme Bacon: On a déjà prévu le rôle que
joueront les MRC dans ce processus.
M. Richard: Oui, indiquer les choix quant aux biens culturels
à protéger et à restaurer, c'est un des rôles
dévolus aux MRC. Les schémas d'aménagement comportent,
justement, à cet égard une section patrimoine. Dans mon propre
comté, par exemple, la MRC va elle-même occuper l'ancien moulin de
Mgr de Laval, le moulin du petit pré.
Mme Bacon: Oui, mais je rappelle encore une fois au ministre que
les MRC n'ont pas de pouvoir de taxation. Leurs seuls revenus proviennent du
gouvernement. Est-ce le gouvernement qui va verser des sommes? Je veux bien
accepter que les MRC fassent une certaine planification ou certains choix avec
les municipalités, les groupes locaux.
M. Richard: Les groupes locaux, oui. Mme Bacon:
Évidemment.
M. Richard: En gros, c'est pour cela que je vous dis que cela
varie d'un cas à l'autre. Quand une municipalité nous dit: Si
vous nous donnez un bon coup de main, si
vous êtes généreux au moment de la restauration,
après, on s'en charge, là, on a tendance à dire: Bon,
très bien. Une des difficultés, je vous le signale, est le fait
que le gouvernement du Québec paie des "en lieu" de taxes. Dans une
municipalité que je ne nommerai pas, quand je suis allé inaugurer
une de ces maisons à très grande valeur patrimoniale que j'avais
envie de céder à la municipalité, une très belle
maison, le maire, au moment de l'inauguration, a salué en moi son
principal contribuable. Alors, vous vous imaginez bien que j'ai des
problèmes à lui céder la maison.
Mme Bacon: Ne serait-ce pas dans le comté du ministre?
M. Richard: Ce n'est pas dans mon comté. Dans mon
comté, je n'ai pas encore cédé de maison ou de
bâtiment à valeur patrimoniale. Je l'ai fait dans plusieurs
comtés, mais pas encore dans le mien.
Mme Bacon: Concernant la concertation avec les principaux
partenaires, y a-t-il une communication soutenue entre l'État et ses
partenaires?
M. Richard: Oui, surtout depuis la création des conseils
régionaux de la culture. Pour ne vous donner qu'un exemple, vendredi
dernier, j'ai passé la soirée avec les conseils régionaux
de la culture relativement au programme d'action. Il est évident que ces
conseils régionaux ont pour mission, entre autres, d'alerter le
ministère sur l'ensemble des problèmes qui se posent dans les
régions.
Mme Bacon: Ce qui m'inquiète, c'est une accentuation du
nombre des partenaires. Quand on pense, en plus, à ajouter les MRC, le
ministre n'est pas un peu inquiet de voir le degré de concertation.
Jusqu'où on va aller pour la concertation entre ces partenaires? Il
s'agit des relations qui vont être établies quand même?
M. Richard: La question est très pertinente. Je me pose
parfois la même question. Je me dis qu'il ne faudrait tout de même
pas qu'on ne fasse que de la concertation. Il faut laisser la situation
évoluer et je pense qu'à mesure que la situation évolue on
assiste à certains regroupements. Encore une fois, quant à nous,
nous n'aurons pas tendance à subventionner ou à créer
d'autres groupes de concertation. Il y a, tout de même, des limites qu'on
doit respecter. À cet égard, la question est très
pertinente.
Mme Bacon: Le ministre est tout de même sensible à
ce problème.
M. Richard: Je suis très conscient de cela. Chaque fois,
je répète qu'on ne veut pas créer d'autre bureaucratie. Il
ne faut pas confondre concertation et action. J'aime bien qu'on passe à
l'action de temps en temps.
Mme Bacon: En fait, il faut que cela soit fait avec le
consentement de tous les partenaires si on veut faire une action valable.
M. Richard: Oui.
Mme Bacon: Si ce n'était pas suffisant ou si, les
partenaires étant nombreux, cette action est rendue difficile, est-ce
qu'on peut aller jusqu'à une remise en question de tous ces paliers de
concertation?
M. Richard: Non pas pour le moment, notamment dans le secteur
culturel. Ce qui a retardé, à mon humble avis, un peu le
développement culturel au Québec c'est ce que j'appellerais
l'absence de "lobbying". Il n'y avait pas de lobby culturel à proprement
parler au Québec, alors qu'il y avait des lobbies sportifs
extrêmement importants. Il y avait des lobbies corporatistes mais il n'y
avait pas de lobby culturel. Maintenant, avec les conseils régionaux de
la culture, des représentations se font auprès des instances
décisionnelles. Cela m'apparaît très important, parce qu'on
peut avoir l'appui des conseils régionaux de la culture dans beaucoup
d'actions qu'on entreprend en ce qui concerne les municipalités. Je ne
voudrais pas voir disparaître trop de ces organismes de concertation. Il
faut bien le reconnaître, sauf pour nos grandes villes et quelques
exceptions, les villes n'avaient pas de tradition d'implication dans le
développement culturel au Québec. Là, les CRC attirent
l'attention des municipalités sur le développement culturel. Vous
savez que dans plusieurs municipalités, dans tout le Québec, on
retrouve des arénas en grand nombre et souvent même pas de
bibliothèque. Maintenant, avec les conseils régionaux de la
culture, ils interviennent auprès des municipalités pour dire:
Écoutez, on a trois arénas, peut-être faudrait-il songer
à construire une bibliothèque ou à avoir de meilleurs
équipements culturels.
Mme Bacon: Si j'ai bien compris ce que le ministre a dit, cela va
aller aussi loin que de travailler en concertation avec les
municipalités ou les gouvernements locaux dans la planification.
M. Richard: L'entreprise privée aussi, dans certains
cas.
Mme Bacon: Au-delà des gouvernements locaux, on va aller
vers l'entreprise privée.
M. Richard: L'entreprise privée.
Mme Bacon: Si on reste dans l'esprit du budget d'hier soir, on
fait part du désir du gouvernement de faire plusieurs demandes
auprès de l'entreprise privée pour certaines relances, par
exemple.
M. Richard: Oui.
Mme Bacon: Au plan culturel, je pense que ce n'est pas à
éliminer.
M. Richard: Non seulement ce n'est pas à éliminer,
mais c'est dans tous les secteurs. Par exemple, pensez à cette entente,
qui a peut-être été un modèle, intervenue entre la
ville de Montréal et le ministère des Affaires culturelles pour
la revitalisation du Vieux-Montréal. C'est absolument extraordinaire ce
que cela a pu engendrer ensuite. Même à l'OPDQ, on reconnaît
que c'est un modèle d'entente. Je l'ai évoqué tout
à l'heure: quelques millions de dollars injectés par la ville de
Montréal et le ministère des Affaires culturelles ont
généré des investissements de plusieurs dizaines de
millions de dollars pour la revitalisation du Vieux-Montréal. C'est pour
cela que j'ai annoncé qu'on reconduirait cette entente. (12 h 45)
M. Dauphin: Dans le même élément, M. le
Président, si vous me le permettez, sous le chapitre Aide à la
mise en valeur, région de Montréal...
M. Richard: Quelle page?
M. Dauphin: À la page 58 du cahier des crédits.
M. Richard: Merci.
M. Dauphin: On nous indique, aux premier et deuxième
paragraphes, que "les MRC recevront - on en a parlé tantôt - une
assistance continue de notre bureau - c'est au deuxième paragraphe - qui
leur livrera les orientations spécifiques en matière de mise en
valeur du patrimoine", et ceci en conformité de la loi 125. J'ai
seulement une question sur ce volet: Est-ce que le ministre ne voit pas
là plutôt une sorte - excusez-moi de théoriser - de
contrôle décentralisé, c'est-à-dire qu'on va
définir l'orientation, qu'on va donner des montants d'argent aux MRC? On
définit l'orientation.
M. Richard: Non. Je rappelais tout à l'heure que les MRC
maintenant doivent faire un schéma d'aménagement et nous avons au
ministère, au cours des dernières années,
confectionné un inventaire complet, qui est terminé maintenant,
un inventaire archéologique, un inventaire historique. Nous allons
fournir toutes ces données aux MRC. C'est en cela que l'action du
ministère va devenir très importante, parce qu'elles n'auront pas
à assumer des coûts pour obtenir les données puisque nous
disposons déjà des ces données, car nous nous
étions préparés en conséquence.
M. Dauphin: C'est parce qu'on dit très bien dans le cahier
des crédits qu'on va leur livrer les orientations à prendre. Ce
ne sont pas nécessairement des données.
M. Richard: Ce qu'on va d'abord leur livrer, c'est toute la
connaissance du macro-inventaire que nous avons confectionné au cours
des dernières années au ministère.
M. Dauphin: Autrement dit, vous êtes d'accord avec moi que
le terme "orientations" est un peu fort dans la terminologie de la page 58?
M. Richard: Non. La documentation et peut-être les grandes
orientations de l'OPDQ. C'est parce que les ministères sont tenus de
faire connaître aux MRC leurs orientations. C'est dans ce sens qu'on
parle d'orientations. C'est que les ministères sont tenus de faire
connaître leurs orientations pour que les MRC puissent en tenir compte en
préparant leur schéma d'aménagement.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Saint-Henri.
La villa Bagatelle
M. Hains: Alors, toujours dans la mise en valeur dans la
région de Québec, M. le ministre, dans le cadre de l'étude
des crédits antérieure, l'Opposition avait demandé que se
tienne une commission parlementaire spéciale pour examiner la question
de la protection des biens culturels. Je pense bien que, pour la région
de Québec, une telle séance aurait particulièrement
été appréciée. À ce sujet, le
député de Jean-Talon, mon collègue, m'a remis un petit
document ici sur la villa Bagatelle, située sur le chemin Saint-Louis,
à Sillery. C'est un cas parmi d'autres. Je vous demande si vous avez
quelque chose de particulier sur ce cas de la maison Bagatelle. Ce n'est pas
une bagatelle.
M. Richard: La maison Bagatelle, probablement que vous passez
devant toutes les semaines. C'est une maison que je suis allé voir qui
appartient à un propriétaire privé et qui est
située à Sillery. Elle a été, je pense, une maison
à très grande valeur patrimoniale qu'on aurait dû
conserver, mais il n'y a pas de disposition législative, finalement, qui
puisse nous permettre de contraindre un propriétaire privé
à entretenir un bien de cette nature. C'est un problème et c'est
pour cela que je parle de déposer une loi sur les biens culturels... On
va essayer de s'attaquer à ce problème-là.
Je ne sais pas trop comment. Vous allez reconnaître que cela pose
des problèmes de taille. Parfois le terrain est une tentation
très grande pour certains propriétaires de spéculer. Le
terrain sur lequel sont situés certains bâtiments a une plus
grande valeur que les bâtiments eux-mêmes, avec le résultat
que certains propriétaires négligent l'entretien de certains
bâtiments, en espérant qu'un bon jour ils obtiendront la
permission de démolir puisque cela représente des dangers. C'est
un peu le cas de la villa Bagatelle, cela représente un danger
maintenant. Même la ville de Sillery est d'accord maintenant pour qu'on
accorde un permis de démolition. Ce sera infiniment regrettable, mais
l'État, à moins de s'immiscer dans la vie privée des
citoyens, n'a pas, même s'il voulait le faire, les dispositions
législatives qui lui permettent de le faire présentement.
J'y suis allé moi-même, avec le maire de Sillery, pour voir
la maison Bagatelle. Elle est dans un état absolument déplorable.
Elle est tellement dégradée que je ne suis pas sûr qu'on
puisse maintenant rescaper cette maison-là. Il est évident que le
propriétaire demande un permis de démolition. Même certains
voisins sont d'accord pour la démolition parce que cela
représente un danger dans l'état actuel des choses. Il y a
même eu un feu il y a quelques mois dans cette maison-là. Il
n'existe à peu près plus de fenêtres, l'escalier qui monte
à l'étage est à moitié inexistant. C'est vraiment
très, très dégradé.
M. Hains: Maintenant, est-ce que vous allez penser à ce
que je suggérais au tout début, une commission parlementaire sur
cette conservation?
M. Richard: Je pense que forcément on en aura une avec la
loi sur les biens culturels que j'espère pouvoir déposer quelque
part à l'automne.
M. Hains: Avant d'aller dîner, je vais vous faire entrer
dans une autre maison, la maison Girardin.
M. Richard: Oui, que voilà une belle maison!
M. Hains: Je vous laisse m'en parler. La question de zonage
aussi.
M. Richard: La maison Girardin est certainement l'un des plus
beaux vestiges de notre patrimoine et de notre héritage. Si ma
mémoire est fidèle, c'est une maison qui date de 1673. Je pense
que vous avez dû voir des photographies de cette maison. Elle est
vraiment remarquable à tous égards. Malheureusement, c'est une
maison qui est toute petite, donc qui ne permettait pas une utilisation
optimale même une fois restaurée. La ville de Beauport a
décidé d'acquérir la maison Girardin, qui était en
voie de dégradation accélérée, ce qui était
vraiment dommage. Moi-même, j'y passais - c'est même tout
près de chez moi, c'est au coeur de mon comté - et je voyais
cette magnifique maison. Plusieurs citoyens faisaient des
représentations pour restaurer cette maison. L'immense avantage est
qu'elle se trouve sur un grand terrain, un très beau terrain
situé au coeur même de l'arrondissement historique du
Vieux-Beauport avec un alignement victorien de maisons à
caractère assez exceptionnel, presque unique, d'ailleurs, dans la
région de Québec, avec le vieux couvent de Beauport
derrière. Encore une fois, c'est au coeur de l'arrondissement
historique.
La ville de Beauport a acquis cette maison et a demandé comme
participation du gouvernement du Québec aux fêtes de son 350e
anniversaire de fondation, qu'après avoir acquis la maison elle soit
restaurée. Nous avions déjà l'idée, le maire de
Beauport et moi, d'utiliser le terrain, ce qui va permettre une meilleure
utilisation de tout le lieu. Le terrain sera également utilisé.
Je pense que cela deviendra un lieu touristique extrêmement
intéressant et, surtout, un lieu d'animation et de mise en valeur du
patrimoine.
Le Président (M. Blank): Mme la députée de
Chomedey.
Mme Bacon: M. le Président, j'aimerais faire remarquer
l'enthousiasme du ministre à nous décrire la maison Girardin.
M. Richard: Je vais vous inviter à venir là voir
avec moi, Mme la députée de Chomedey.
Mme Bacon: J'ai essayé de suivre tous les renseignements
qu'il nous a donnés sur la maison Girardin par rapport aux
renseignements sur d'autres dossiers tels que celui de la maison Bagatelle.
L'état des deux maisons était-il à peu près le
même?
M. Richard: Non, pas du tout.
Mme Bacon: Ou si le fait que la maison Girardin soit dans le
comté du ministre la rend plus attrayante que l'autre maison qui est
dans le comté de Jean-Talon?
M. Richard: Je trouve déplorable cette première
petite mesquinerie, ce matin.
Mme Bacon: Ce n'est pas mesquin; je constate, M. le
Président.
M. Richard: Non, vous ne constatez pas, Mme la
députée de Chomedey. Ce n'est
pas juste, ce que vous venez de dire là.
Mme Bacon: Ah, il ne faut pas être soupe au lait.
M. Richard: Vous avez oublié une chose essentielle, c'est
que la maison Girardin a été acquise par la municipalité
de Beauport. Son propriétaire voulait la restaurer. Dans le cas de la
Bagatelle, son propriétaire ne veut pas la restaurer. Voilà une
différence fondamentale que vous auriez dû signaler.
Mme Bacon: A-t-on offert au proriétaire de la maison
Bagatelle l'aide de la transformer, de la restaurer?
M. Richard: Non seulement on lui a offert l'aide, Mme la
députée de Chomedey, mais j'ai écrit une lettre au
propriétaire qui n'était pas très amène - c'est le
moins que je puisse dire - et dans laquelle je disais que je ne me
réjouissais pas de l'attitude du propriétaire.
Mme Bacon: Mais les deux ont reçu la même offre
d'aide pour restaurer les maisons?
M. Richard: On était disposé, dans le cas de la
villa Bagatelle, à aller jusqu'à 60%, ce qui est
l'équivalent ou à peu près de la maison Girardin.
Mme Bacon: Les mêmes montants? Cela revenait à peu
près aux mêmes montants?
M. Richard: Oui, sensiblement les mêmes montants.
C'est-à-dire que ce n'étaient pas les mêmes montants, parce
que cela dépend du coût de la restauration.
Mme Bacon: Peut-on avoir copie des deux lettres offrant l'aide du
ministère?
M. Richard: Pardon?
Mme Bacon: Peut-on avoir le dépôt des copies des
deux lettres qui offraient l'aide du ministère? L'a-t-on fait par lettre
à chacun?
M. Richard: Oui, nous l'avons.
Je vous rappelle une chose aussi qui n'est pas sans importance. Dans un
cas, c'est une maison du XXe siècle et, dans l'autre cas, c'est une
maison du XVIIe siècle.
Le Président (M. Blank): Puis-je vous faire constater
qu'il est 13 heures et que les gens du caucus arrivent?
M. Richard: Juste un autre élément bien important,
M. le Président. Dans le cas de la maison Girardin, nous sommes en
présence d'un monument classé, ce qui n'est pas le cas de la
maison Bagatelle.
Mme Bacon: Parfait, M. le ministre. Les renseignements...
Le Président (M. Blank): La commission ajourne ses travaux
sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise de la séance à 16 h 46)
Le Président (M. Blank): La commission permanente des
affaires culturelles continue ses travaux. Ce sont les mêmes membres.
Nous en étions rendus au programme 2.
M. Richard: M. le Président, je voudrais donner suite
immédiatement - on notera la célérité - à
une question formulée par le député de Saint-Henri, ce
matin, relativement à la librairie Dussault Limitée. Il y avait
déjà une question qui avait été formulée aux
engagements financiers, à la séance du 3 février, et une
réponse avait été apportée, à ce moment.
M. Hains: C'est précisément à partir de ce
document, M. le ministre, que nous avons posé nos questions ce
matin.
M. Richard: Je vais vous remettre ce document et faire suivre les
autres renseignements demandés.
M. Hains: On continue, par conséquent, le programme 2,
élément 3. À la page 69, on parle ici d'explications des
efforts qu'il y a: on fait la suppression d'un poste de cadre et pour les
salaires, moins 33%. Par la suite, dans le fonctionnement, autres
dépenses, on parle d'une compression budgétaire additionnelle de
34%.
Je vous pose une question bien simple...
M. Richard: À quelle page?
M. Hains: À la page 69.
Pourriez-vous préciser, M. le ministre, la nature de ces
compressions additionnelles de 34%?
M. Richard: De 34% au fonctionnement.
M. le Président, il s'agit de la Commission des biens culturels.
On m'informe que la compression est liée à des réductions
dans les publications de la commission.
M. Hains: Maintenant, l'église Notre-Dame-de-Foy. Le
ministre pourrait-il faire le point, une fois pour toutes, sur le dossier de
l'église Notre-Dame-de-Foy? En décembre dernier, on parlait d'un
projet visant à la transformation en bibliothèque. M. Michel
Gaumond, responsable du dossier, disait à la fin de
l'année que le consentement du MAC pour la vente du terrain était
loin d'être chose faite. D'autre part, la Coopérative d'habitation
Notre-Dame-de-Foy poursuivait ses démarches, en janvier dernier, en vue
de réaliser son projet de recyclage de l'église.
Pourrait-on faire le point quand même sur ce monument?
M. Richard: M. le Président, je suis heureux d'annoncer au
député de Saint-Henri qu'un comité de travail
parrainé par la ville de Sainte-Foy a été formé, au
sein duquel siège un représentant du ministère des
Affaires culturelles, et que ce comité fera des recommandations au mois
de mai, parce que plusieurs solutions sont envisagées.
Le Président (M. Blank): Mme la députée de
Chomedey.
Mme Bacon: Je veux continuer à faire plaisir au ministre,
M. le Président. J'aurais une question à poser au ministre
concernant la maison Krieghoff sur la Grande-Allée. Je ne suis pas
allée la visiter. Mais j'aimerais qu'on actualise le dossier, s'il vous
plaît.
M. Richard: C'est, au fond, exactement le même
problème dans ce cas que dans celui de la Bagatelle. Sauf que, il faut
être honnête, elle n'est pas dégradée comme la
Bagatelle, au contraire... Non, je ne dirais pas au contraire, parce qu'elle
est un peu négligée. Encore là, le terrain est
intéressant pour les propriétaires. J'ai demandé au
propriétaire, dont j'ai déjà rencontré le
procureur, de mettre en vente la maison, parce que je sais pertinemment qu'il y
aurait de nombreux acheteurs pour cette maison. Je ne sais pas si cela a
été fait. Ce qu'on m'avait dit, au moment où je les ai
rencontrés, c'est qu'on ne trouvait pas preneur. Je sais, moi, que cette
maison suscite suffisamment l'intérêt pour qu'il y ait des
acheteurs éventuels.
C'est exactement le même problème. C'est pour cela que,
quand je parle de reformuler la Loi sur les biens culturels, je songe à
ces nombreux cas. Dans le passé, c'est le ministère qui
intervenait et qui achetait. Je pense que ce n'est pas une solution très
pratique.
Mme Bacon: Est-ce que c'est le même problème pour le
domaine Cataraqui?
M. Richard: Non. Dans le cas du domaine Cataraqui, c'est le
ministère qui est propriétaire. C'est un problème
très différent. Sauf que je ne cache pas que je suis à la
recherche de partenaires pour gérer Cataraqui. Mais il s'agit d'un
immense domaine. C'est surtout une question de coût dans ce cas.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre veut dire qu'il y a des
démarches d'entreprises auprès de certains promoteurs?
M. Richard: Oui. Mais je ne peux pas vous en dire plus long pour
le moment.
Mme Bacon: Non, cela fait partie de votre stratégie.
M. Richard: Mais j'ai eu de nombreux contacts avec plusieurs
partenaires.
Mme Bacon: M. le Président, à
l'élément 1 du programme 3...
Le Président (M. Blank): Si vous êtes rendus au
programme 3, je voudrais faire adopter...
Mme Bacon: Est-ce que le programme 2 est adopté?
M. Richard: Pendant qu'on y est, M. le Président, je
voudrais revenir à la maison Bagatelle et lire la lettre que j'ai
adressée au propriétaire de la maison Bagatelle, le 29 mars 1983.
La lettre est adressée à M. Gilles Rivard, avocat. "Monsieur,
vous avez fait, il y a quelques temps, une demande de démolition de la
maison Bagatelle, sise au 1563 chemin Saint-Louis à Sillery. J'ai
examiné attentivement le dossier avec les services techniques de mon
ministère, la Commission des biens culturels et la ville de Sillery. Je
serai en mesure sous peu de vous faire connaître ma décision en
regard de votre requête. En ce sens, la présente ne saurait
constituer une autorisation de démolir le bâtiment en cause. Je
désire cependant vous faire part que je suis vivement
désolé de la situation. J'ai la ferme impression que, s'il y
avait eu un minimum d'efforts faits par le propriétaire, il aurait
été possible, bien avant ce jour, de sauver et de mettre en
valeur, au bénéfice des citoyens de Sillery, un bien très
représentatif de notre patrimoine québécois.
Malheureusement, on se doit de constater que nous nous retrouvons tous
aujourd'hui devant des faits que je ne puis que déplorer. Veuillez
recevoir, Monsieur, mes salutations distinguées." Je voudrais
déposer cette lettre qui témoigne de l'intérêt que
j'ai porté à la maison Bagatelle.
Je voudrais vous lire, en même temps, la réponse pour vous
montrer comment on peut être coincé. C'est une lettre qui m'a
été adressée le 15 avril 1983. "M. le ministre, le
soussigné a reçu votre lettre du 29 mars 1983 relativement
à la demande de démolition de la maison Bagatelle, sise au 1563
chemin Saint-Louis à Sillery. Je tiens à vous informer qu'il y a
effectivement eu des efforts de la part du propriétaire pour la
conservation de ce bien. Premièrement, à deux reprises, le
propriétaire a fait
barricader avec des panneaux - il n'a pas loué, il a fait
barricader - tout l'immeuble en question pour éviter sa
dégradation. Les panneaux en question ont été
littéralement arrachés et l'intérieur de l'immeuble a
été littéralement vidé. Au surplus, une personne
aurait été intéressée de se porter acquéreur
de l'immeuble et une entente effective est intervenue entre l'acquéreur
éventuel et le propriétaire pour la création d'une
maternelle, mais la population du parc Lemoyne, de la ville de Sillery, a
définitivement refusé la modification au règlement de
zonage pour permettre l'installation d'une maternelle à cet endroit. Il
s'agit d'un ancien chalet, et avec l'augmentation de l'huile à
chauffage, l'occupant qui payait 1 $ par année a trouvé le tout
prohibitif et a quitté les lieux. Quant au soussigné, il
prétend que le propriétaire a été des plus
coopératifs et qu'il a fait son possible dans les circonstances.
Veuillez agréer, cher M. le ministre, mes salutations les plus
respectueuses. Signé, Gilles Rivard."
Le Président (M. Blank): On a adopté les
éléments 1, 2 et 3 du programme 2. Le programme 2 est
adopté.
Mme Bacon: Adopté.
Le Président (M. Blank): Le programme 3, Gestion interne
et soutien.
Gestion interne et soutien
Mme Bacon: À la page 75, M. le Président, on
indique l'accélération du paiement de subventions. Est-ce que le
ministre pourrait préciser les modalités de
l'accélération du paiement des subventions?
M. Richard: Peut-être que j'aurai besoin du sous-ministre,
mais je vais vous rappeler les faits. Durant la tournée que j'ai
effectuée, les plaintes les plus fréquentes qui ont
été formulées par les quelque 700 intervenants avaient
trait au retard que le ministère accusait dans l'envoi des subventions
avec le résultat que, finalement, dans beaucoup de cas, on
subventionnait les banques. Au cours même de la tournée, avant,
bien sûr, le programme d'action, je m'étais engagé à
corriger la situation et, grâce à une collaboration assez
extraordinaire des fonctionnaires, en partant du sous-ministre jusqu'en bas,
notamment l'aménagement des vacances et tout, tous les chèques,
dès l'an dernier, au moment où j'étais en tournée,
étaient envoyés. Cela a étonné tout le monde parce
que les chèques sont arrivés plusieurs semaines avant la date
à laquelle les organismes étaient habitués.
Alors, pour être plus précis, Mme la députée
de Chomedey, la première tranche de la subvention a été
versée dans la première semaine de juin et la seconde tranche
dans la deuxième semaine d'août, soit quatre mois en moyenne plus
rapidement que l'année précédente.
Mme Bacon: Je comprends que cela bouge, comme dit le
député de Saint-Jean, mais est-ce que cela veut dire qu'il y a
des modalités différentes? Est-ce qu'il y a d'autres
façons de procéder ou si c'est parce qu'il y avait des retards
inexplicables?
M. Richard: Oui, il y avait des retards liés au retard
dans l'approbation du CT de normalisation. Évidemment, c'est le
ministère qui écopait et il n'était pas toujours
responsable. On a vu à faire approuver le CT de normalisation plus
rapidement. Le nombre de lettres de remerciements et de félicitations
qu'on a reçues parce que les chèques étaient
envoyés avec plus de célérité a été
considérable.
Mme Bacon: II faudra continuer.
M. Richard: Nous avons la ferme intention de continuer en ce
sens.
Mme Bacon: Est-ce qu'on peut préciser aussi l'application
de l'amélioration du statut de l'artiste?
M. Richard: Oui, c'est que, dans certains pays dans le monde, les
artistes bénéficient, à certaines conditions, de
programmes sociaux qui s'appliquent à l'ensemble des travailleurs et des
travailleuses, ce qui n'est généralement pas le cas au
Québec et en Amérique du Nord. Cela a été
demandé à plusieurs reprises, au cours de ma tournée,
qu'on envisage la possibilité que certains créateurs puissent
bénéficier de l'assurance-chômage en particulier, de
certains fonds de retraite. On est à regarder ce qui se fait un peu
partout au monde. Vous vous imaginez bien que c'est un peu complexe
d'assujettir un créateur à l'assurance-chômage, à la
création d'un fonds de retraite. Alors, on est en train de voir ce qui
se fait ailleurs pour savoir ce qu'on pourrait vraiment proposer.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Richmond. (17 heures)
M. Vallières: M. le Président, d'abord, vous
m'excuserez de ne pas avoir été ici ce matin. La question que je
veux poser au ministre fait probablement partie d'un programme qui a
été discuté ce matin. J'entendais parler de subventions
tantôt et vous comprendrez qu'aujourd'hui je veuille vous poser quelques
questions sur un événement ou une performance de nature
plutôt douteuse qui s'est tenu récemment dans les Cantons de l'Est
et plus
particulièrement à Sherbrooke.
En introduction sur ce sujet, j'aimerais vous indiquer que le journal La
Tribune du 2 mai 1983 titrait: "Les rats fuyaient l'auto en flammes.
Subventions de 15 000 $ pour des "performances artistiques". Le feu dans une
automobile, rue Des Grandes Fourches. Un individu en habit de camouflage tirant
avec un pistolet chargé à blanc, policiers et pompiers qui
s'amènent, de véritables rats qui sortent de la voiture qu'on
arrose pour éteindre le feu."
J'ai personnellement eu l'occasion récemment de dénoncer
ce genre d'activités financées à même les fonds
publics par les deux niveaux de gouvernement, d'ailleurs. J'aimerais
qu'aujourd'hui le ministre nous indique, dans un premier temps, ce qu'il pense
de ce genre d'activité, de ce genre de "party" pour le moins chaleureux.
Dans un deuxième temps, a-t-il eu l'occasion de vérifier si,
effectivement, son ministère était directement impliqué
dans la tenue de cet événement? Aurait-il fourni des fonds
publics pour la tenue d'un pareil événement? Dans un
troisième temps, le ministre pourrait peut-être nous indiquer les
mesures à prendre, le rôle qu'il entend jouer pour éviter
que, dans l'avenir, de pareils spectacles se reproduisent, à moins qu'il
ne soit favorable à la subvention de pareils
événements.
M. Richard: M. le Président, je suis à la fois
heureux et malheureux que cette question soit posée: heureux, parce que
cela va me permettre de clarifier certaines choses, et malheureux, parce que je
me demande si la question, telle que formulée par le
député de Richmond, comme la déclaration qu'il a faite
à Sherbrooke, dans la presse sherbrookoise, n'est pas une suggestion de
contrôler la programmation artistique. Cela irait d'ailleurs à
l'encontre des demandes répétées de l'Opposition,
notamment lors de l'examen des crédits de l'an dernier.
C'est un groupe qui s'appelait "Performances" et qui comprenait, si ma
mémoire est fidèle, seize artistes qui jouissaient d'une certaine
crédibilité. Il s'agissait donc de seize performances
différentes l'une de l'autre. À vrai dire - et je vais le
défendre - nous nous sommes fiés à la recommandation du
Conseil des arts du Canada - que je défends là-dedans - qui a
accordé une subvention de 12 000 $ ou 12 500 $, je ne me souviens plus
exactement.
À partir de là, comme on nous a dit que c'était un
groupe jouissant d'une certaine crédibilité, nous avons
été d'accord pour compléter la subvention accordée
par le Conseil des arts du Canada. Que l'un des seize ait entrepris une
expérience artistique discutable, le ministère n'y est pour rien.
Je vous dirai même, M. le député de Richmond, que cela va
sans doute survenir encore à l'avenir, mais il serait davantage
dangereux pour un ministre de vouloir contrôler la création
artistique que d'assister à des expériences qui peuvent
être assimilées parfois à des expériences de mauvais
goût. J'espère que vous ne me formulez pas la suggestion de
contrôler la programmation des organismes culturels ou de contrôler
la création artistique; cela n'est pas du domaine du ministère
des Affaires culturelles.
M. Vallières: Sur le même sujet, M. le
Président. Le ministre - et je le comprends -ne peut peut-être pas
contrôler dans tous les détails ce qui se passe au sein de son
ministère, mais est-il en mesure de commenter ce qu'il qualifie
d'expérience artistique qui pourrait être discutable, selon ce
qu'il m'a dit, et les commentaires de la directrice par intérim du
bureau sherbrookois, Mme Colette Betty, qui avoue, pour sa part, qu'elle a
elle-même participé à l'événement artistique
qu'elle qualifie d'extraordinaire? Est-ce qu'au moins, à vos bureaux
régionaux, vous envisagez éventuellement la participation de vos
artistes régionaux... Il semblerait que cette personne a
participé -a-t-elle déclaré - à
l'événement qu'elle qualifie d'extraordinaire. Elle semblait
très heureuse d'y avoir participé. Je constate que cette dame,
tout au moins, n'est pas du tout d'accord avec vous. Je veux également
vous indiquer...
M. Richard: Un instant! Vous ne me mettrez pas en contradiction.
J'ai pris la peine de dire qu'ils peuvent être assimilés, par
certains, à des expériences de mauvais goût. N'ayant pas
moi-même assisté à la performance, si je peux me permettre
l'expression, je ne suis pas en mesure de la qualifier. Mais je vous dis
que...
M. Vallières: Mais, de la façon qu'on vous l'a
décrite, est-ce que vous êtes d'accord?
M. Richard: N'ayant pas assisté à cette
performance, je ne me fierais pas à la description qu'on m'en fait et je
ne me fierais même pas, M. le député de Richmond, à
l'opinion que moi-même je pourrais en avoir.
M. Vallières: Est-ce que vous pourriez, à tout le
moins, M. le ministre...
M. Richard: En matière de création artistique, je
trouve...
M. Vallières: ...demander à votre directrice
régionale de vous fournir un bref compte rendu sur
l'événement ainsi que son point de vue?
M. Richard: L'événement est passé. Il y a eu
une performance dont on a beaucoup parlé dans les journaux. Mes
collègues de l'Assemblée nationale, en commençant par
vous, m'en ont parlé, mais je n'ai pas du tout l'intention d'imposer mes
goûts personnels à la création artistique.
M. Vallières: Je veux vous indiguer que certains de vos
collègues de l'Estrie, dont Mme la députée de Johnson, ont
qualifié l'événement de niaiserie. Cette dernière a
été stupéfaite de constater que de pareilles choses
puissent être faites.
Mais, M. le ministre, ce qui est important - je pense que,
là-dessus, on va se rejoindre - c'est que, compte tenu de la
publicité dont ces événements bénéficient,
compte tenu aussi de "la réputation" que de pareils
événements peuvent donner à des organismes gouvernementaux
qui sont subventionnés à même les fonds publics - au moment
où des gens, chez eux, dans beaucoup de foyers, nous disent qu'ils
manquent de pain et de beurre et qu'ils voient une dilapidation pareille de
fonds publics - n'est-il pas de votre devoir et de votre compétence de
vous enquérir sur le genre d'événement?
Je veux également vous indiquer que, dans la région de
Sherbrooke, vous le reconnaîtrez, il y a plusieurs talents. Or, ce genre
d'événement ne peut-il pas venir ternir, de façon
générale, toutes les troupes artistiques qui peuvent donner des
spectacles un peu partout? Je veux vous lire un court passage de
l'éditorial d'un Sherbrookois, M. Jean Vigneault, qui jouit d'une
très bonne réputation et qui est renommé par son jugement.
Son texte est intitulé: "Quand l'art est travesti en insignifiance". Je
vous lis les deux derniers paragraphes: "Le Conseil des arts du Canada et le
ministère des Affaires culturelles doivent s'excuser auprès des
Sherbrookois pour ces spectacles honteux dont la ville-reine des Cantons de
l'Est a été le site. Nos élus, à Québec et
à Ottawa, devraient eux aussi soulever cette question en Chambre et
exiger des ministres responsables une dénonciation claire de ces actes
et une promesse formelle qu'ils ne se reproduiront plus ni ici, ni ailleurs au
Canada. Les artistes de talent foisonnent dans la région. Il serait
dommage qu'ils soient pénalisés à cause des
exagérations grossières d'une minorité et qu'ils soient
assimilés par la population à des profiteurs. Quand on sait que
plusieurs d'entre eux joignent péniblement les deux bouts, on est en
droit de demander que les subventions soient mieux réparties et ne
servent pas à des happenings insignifiants."
Qu'est-ce que vous en pensez? Je vous indique que ce n'est pas seulement
le député de Richmond qui demande que le ministre prenne
position. C'est la population de l'Estrie qui vous dit que c'est de la
dilapidation de fonds publics et qu'il est de votre devoir, de votre
responsabilité, comme ministre, de mettre fin à de pareils
événements si vous en avez le pouvoir. Si vous me dites que vous
n'en avez pas le pouvoir, on va se contenter de votre réponse. Mais, si
vous en avez le pouvoir, en tant que ministre, il me semble que l'usage des
fonds publics, c'est votre responsabilité; vous devriez prendre position
sur la qualité du spectacle qui a été donné et
interdire la tenue de pareilles activités qui sont grossièrement
exagérées, à mon avis.
M. Richard: M. le Président, je regrette, encore une fois,
que le député de Richmond ne s'attache qu'à un incident
survenu à l'occasion d'un événement qui a lui-même
duré trois jours; la subvention de 2500 $ du ministère des
Affaires culturelles était à l'ensemble du groupe pour
l'événement de trois jours et non pas spécifiquement pour
l'incident dont il fait état. D'autre part, je rappellerai au
député de Richmond que Borduas, au Québec, que Dali, que
Picasso et que Gauguin ont été, à l'origine, mis au ban de
la société et qu'on contestait ouvertement tout ce qu'ils
faisaient. Pourtant, aujourd'hui, c'est reconnu comme des chefs-d'oeuvre. L'art
a, en partie, pour mission de provoquer et d'agresser. Je dois bien
reconnaître que la mission a été accomplie en ce qui a
trait à l'incident - un incident sur seize - à Sherbrooke. Encore
une fois, je n'ai pas l'intention de me mettre à contrôler la
création artistique. Le premier à me le reprocher serait le
député de Richmond.
M. Vallières: M. le ministre, dois-je comprendre de vos
propos que d'aucune espèce de façon vous ne retoucherez à
ce dossier et que vous allez tenir comme lettre morte toutes les
représentations qui sont faites par le milieu actuellement, par la
population de l'Estrie et même par certains de vos collègues du
côté ministériel, et que vous n'agirez d'aucune
espèce de façon sur ce genre de spectacle auquel on a
assisté à même les fonds publics? J'aimerais que vous
précisiez que ce que vous nous dites, c'est que vous ne ferez rien.
M. Richard: M. le Président, vais-je réclamer au
groupe que nous avons subventionné, qui s'appelait le groupe
Performances, qui présentait des performances durant trois jours
à l'occasion d'un événement spécial de trois jours,
un groupe qui jouissait, encore une fois, d'une crédibilité telle
que le Conseil des arts du Canada avait consenti à lui verser une
subvention de 12 000 $, vais-je réclamer, à cause d'un incident
isolé, les 2500 $? Est-ce que c'est ce que le député de
Richmond me
suggère? Que me suggère-t-il? Que voulez-vous que je
prenne, comme décision?
M. Vallières: J'aimerais que le ministre nous indique s'il
est d'accord avec l'événement qu'on lui décrit. En second
lieu, quels sont les actes qu'il entend poser afin, à tout le moins,
d'indiquer aux gens qui sont responsables de la tenue de
l'événement que la subvention qu'il a versée aurait pu
être utilisée à de meilleures fins? Il me semble que cela
ne coûte pas cher de prendre votre crayon, d'écrire à ces
gens et de leur faire part du point de vue du ministre des Affaires culturelles
du Québec pour que la population sherbrookoise et de l'Estrie en soit
informée.
M. Richard: M. le Président, comme il ne s'agit pas
d'actions récurrentes, je ne vois pas pourquoi je porterais un jugement
sur une performance dite artistique que je n'ai point vue.
M. Vallières: M. le Président, si je comprends
bien, si on soumet ici en cette Chambre des cas de gaspillage
éhonté de fonds publics, il faudrait qu'on reproduise
l'événement en cette Chambre pour qu'il soit condamné par
le ministre.
M. Richard: M. le Président, encore une fois...
M. Vallières: J'ai mon voyage! On va dire cela en
Estrie.
M. Richard: ...je répète que le
député de...
M. Vallières: ...des autos.
M. Richard: ...farde un peu la vérité puisque c'est
un incident à l'occasion d'un événement de trois jours et
je voudrais...
M. Vallières: Êtes-vous d'accord avec
l'incident?
M. Richard: ...M. le Président...
M. Vallières: Êtes-vous d'accord avec l'incident ou
si vous n'êtes pas d'accord?
M. Richard: Je ne l'ai point vu. Je ne le jugerai pas. Bon!
M. Vallières: Voulez-vous qu'on le reproduise ici en
Chambre?
M. Richard: M. le Président, la question, je vais la poser
au député de Richmond. Veut-il que le ministre des Affaires
culturelles et que le ministère assument le contrôle de la
création artistique au Québec...
M. Vallières: M. le Président, je réponds au
ministre que, face à cet incident...
M. Richard: ...et veut-il qu'ils enfreignent la liberté
d'expression artistique au Québec?
M. Vallières: ...que M. le ministre a lui-même
qualifié d'incident - et il aurait peut-être dû ajouter
"malheureux" - qui s'est produit à Sherbrooke, face à cet
incident particulier qui est relevé par la presse
québécoise un peu partout et qui est dénoncé par la
population en général, est-ce que, oui ou non, il tentera de
faire quelque chose? Ce que je comprends, c'est qu'il se refuse
complètement à intervenir, pas au niveau de tout ce qui peut se
produire lors d'événements futurs, mais dans le cas de cet
événement particulier qui s'est produit. (17 h 15)
À part cela, il y a un tas de gens au sein de son
ministère, qui sont payés à même les fonds publics,
qui pourraient lui produire un court rapport sur ce qu'ils pensent de cet
événement pour qu'il prenne position en tant que ministre. Mais
qu'il ne demande pas aux députés de l'Opposition de jouer son
rôle à lui. Nous ne sommes pas le ministre; il y a un gouvernement
actuellement pour administrer les fonds publics; administrez-les.
M. Richard: M. le Président, je ne demande pas au
député de Richmond de jouer mon rôle. Ce serait beaucoup
trop dangereux pour la liberté d'expression au Québec. Est-ce que
le député de Richmond me suggère d'orienter la
création artistique au Québec, de la contrôler,
d'enfreindre la liberté d'expression au Québec? Est-ce qu'il me
suggère de ne pas subventionner un écrivain pour écrire un
roman à moins de connaître le contenu du roman? Est-ce qu'il me
suggère de ne pas subventionner les arts visuels à moins de voir
avant et de porter des jugements personnels? La question que le
député de Richmond pose est très lourde de
conséquences.
M. Vallières: Je demande au ministre d'être le
gardien des fonds publics. Le ministre est responsable des montants d'argent
qui se dépensent dans son ministère, à moins qu'il ne nie
cette responsabilité. Je demande au ministre de nous indiquer ce qu'il
entend faire dans ce cas. Je vous le dis: Si le ministre nous dit qu'il ne fera
rien face à cet événement particulier, à cette
performance dite artistique à laquelle on a assisté en Estrie,
s'il me dit qu'il ne fera rien, qu'il me le dise franchement. C'est ce que je
semble constater à la suite des propos qu'il a tenus. On va s'en tenir
à cela, mais soyez assuré que la population sera
informée
de votre point de vue là-dessus, c'est-à-dire que le
ministre des Affaires culturelles semble être d'accord avec
l'événement qui s'est tenu à Sherbrooke et d'accord pour
l'avoir subventionné et qu'il ne réprimandera personne. Il va
faire en sorte, par son silence, d'encourager à nouveau la tenue de
pareils événements, de pareilles performances. Si c'est cela, le
message que vous nous laissez, on va le propager.
M. Richard: M. le Président, je prends acte de
l'insistance du député de Richmond pour que le ministre et le
ministère des Affaires culturelles contrôlent la création
artistique et enfreignent la liberté d'expression.
M. Vallières: 3e prends acte que le ministre refuse de
répondre aux questions, M. le Président.
Le Président (M. Blank): L'incident est clos
maintenant.
M. Vallières: M. le Président, en terminant, je
veux seulement indiquer au ministre que je lui ai écrit en date du 6 mai
1983 sur le sujet. J'espère bien que, contrairement aux réponses
que j'ai obtenues ici en cette Chambre de façon publique, il aura au
moins la gentillesse, la gentilhommerie de répondre de façon
précise à toutes les questions que je lui ai posées afin
qu'on fasse part à la population de l'Estrie de son point de vue et de
celui de son gouvernement dans ce dossier en particulier.
M. Richard: M. le Président, je lui répondrai
très bientôt qu'en matière de création artistique je
suis libéral.
Le Président (M. Blank): Bien. Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 3?
Mme Bacon: J'ai une question, M. le Président. À la
page 77, on dit: L'accroissement des dépenses de capital reflète
la décision du Conseil du trésor de comptabiliser certaines
dépenses au titre de capital plutôt que fonctionnement." Est-ce le
cas pour d'autres sous-catégories de dépenses, par exemple? C'est
au paragraphe 6: "Explication des écarts. L'accroissement des
dépenses de capital..." Est-ce le cas pour d'autres
sous-catégories de dépenses?
M. Richard: II s'agit exclusivement de l'achat d'oeuvres d'art
pour le Musée du Québec.
Mme Bacon: Est-ce qu'on doit comprendre que le Conseil du
trésor a émis certaines directives face à cela ou si c'est
seulement un cas en particulier?
M. Richard: II s'agit exclusivement de ce cas; on achetait des
tableaux dans le budget du fonctionnement, alors qu'il s'agit, de fait, de
capital.
Mme Bacon: De capital. D'accord. Le Président (M.
Blouin): Très bien.
M. Hains: C'est la fin de l'élément 2 du programme
3.
Le Président (M. Blouin): L'élément 2 du
programme 3 est-il adopté?
M. Hains: Adopté.
M. Richard: Adopté.
M. Hains: Le programme 4.
Arts de l'environnement visuel
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: Celui-là n'a pas de page parce que c'est un
article de journal. C'est à propos de la relocalisation du Musée
d'art contemporain. Je n'ai pas de page là-dessus, ce sont des articles.
L'as-tu? Je ne pense pas, n'est-ce pas? Non. Ce sont des articles de
journaux.
Alors, M. le ministre, est-ce que ce choix vers le centre-ville a
véritablement été arrêté par le Conseil des
ministres? Dans le moment, on semble dire que l'on s'en va vers le
centre-ville; vous nous le disiez ce matin. Alors, est-ce vraiment
arrêté définitivement par le Conseil des ministres?
M. Richard: Je répondrai que la décision qui a
été arrêtée par le Conseil des ministres vise
à relocaliser le Musée d'art contemporain, pas plus.
M. Hains: Voilà.
M. Richard: J'ai tenu à ce qu'il y ait une espèce
de macroventilation du programme d'action. Vous noterez - je crois que c'est
à la page 21, si ma mémoire est fidèle - que 700 000 $ ont
été prévus au programme d'action pour la relocalisation du
Musée d'art contemporain. Mais le Conseil des ministres n'a pas
été saisi de l'emplacement.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saint-Henri, juste avant de vous redonner la parole, est-ce que je dois
conclure que l'élément 3 du programme 3 est également
adopté, puisque vous êtes passé maintenant au programme
4.
M. Hains: Oui. Oui.
Le Président (M. Blouin): Très bien.
M. Hains: Nous en sautons un peu pour finir à l'heure.
Excusez.
Une deuxième question là-dessus. Est-ce que le ministre
peut nous confirmer l'objection du ministre des Finances, lequel aurait
préféré une solution visant à une relocalisation au
marché Bonsecours, dans le Vieux-Montréal?
M. Richard: Non, je ne pourrais pas vous confirmer ce que vous
appelez l'objection du ministre des Finances parce que celui-ci était,
en tout cas verbalement, puisque j'en avais discuté avec lui, d'accord
avec l'emplacement projeté. Sauf que, comme je l'ai déjà
dit publiquement, le Vieux-Port de Montréal est intervenu pour proposer
que le marché Bonsecours puisse être utilisé comme
emplacement pour la relocalisation du Musée d'art contemporain.
Pourquoi? Parce que le Vieux-Port, avec le gouvernement fédéral,
propose qu'une bouche de métro soit construite dans le Vieux-Port de
Montréal. Et, en retour de cette bouche de métro ou des
coûts supplémentaires qui devraient être assumés
à cause de l'emplacement de cette bouche de métro, on propose de
refaire la coquille du marché Bonsecours pour permettre d'y loger le
Musée d'art contemporain. Le ministre des Finances m'a, tout simplement,
demandé quelques jours de délai pour analyser cette proposition,
ce à quoi j'ai acquiescé en disant, toutefois, qu'il serait
difficile de me convaincre que cet emplacement valait mieux que l'emplacement
projeté de Place des Arts.
M. Hains: Maintenant, est-ce que le ministre des Finances est
intervenu tout dernièrement dans le dossier? Enfin, est-ce que cela date
de longtemps?
M. Richard: Non, cela date d'il y a...
M. Hains: Un mois?
M. Richard: Peut-être, à peu près.
M. Hains: Maintenant, est-ce que le ministre pourrait nous
énumérer d'autres projets contenus dans l'offre du ministre
fédéral des Finances, outre la rénovation du marché
Bonsecours, lesquels investissements devraient se chiffrer entre 10 000 000 $
et 12 000 000 $?
M. Richard: Oui.
M. Hains: D'autres projets.
M. Richard: M. le Président, je n'aurai pas du tout
d'objection à le faire; une fois que la décision aura
été prise par le Conseil des ministres. J'aurais quelques
scrupules, toutefois, à procéder immédiatement au cas
où ma proposition ne serait pas retenue par le Conseil des ministres. Il
y a d'autres emplacements et je ne voudrais pas donner lieu à des jeux
de spéculation.
M. Hains: La première offre fédérale
était vraiment le marché Bonsecours - c'est cela? - pour la
relocalisation?
M. Richard: À ma connaissance, oui. Il n'y a jamais eu
d'autre offre du gouvernement fédéral, à ma connaissance,
là-dedans.
M. Hains: Maintenant, si cet échange entre les ministres,
québécois et fédéral, des Finances n'a pas de
suite, d'autres investissements sont-ils prévus, quand même, dans
le Vieux-Montréal?
M. Richard: Oui, parce qu'il y a l'entente dont j'ai
annoncé la reconduction avec la ville de Montréal. Cette entente
a été un véritable modèle du genre et a
généré, comme vous le savez, des investissements
privés considérables qui ont permis de mettre le
Vieux-Montréal véritablement sur la voie de la
revitalisation.
M. Hains: Merci.
Mme Bacon: Concernant le Musée de la civilisation à
Québec, est-ce que le ministre pourrait nous dire l'écart qui
existe entre l'annonce du projet, il y a quelques années, je pense, dont
le coût se situait à environ 23 000 000 $, et aujourd'hui? Est-ce
que les plans prévus ont subi beaucoup de changements en 1983?
M. Richard: Sous toute réserve, Mme la
députée de Chomedey, parce que vous savez que je n'étais
pas à la direction du ministère au moment où ce projet a
été amorcé, je vous dirai: Non.
Mme Bacon: Le ministre est-il en mesure de nous renseigner sur la
vocation du musée?
M. Richard: Pas pour le moment.
Mme Bacon: II n'y a rien de précis en ce moment?
M. Richard: Nous travaillons présentement à
l'élaboration du concept qui n'est pas prêt encore. Vous savez, ce
qui est extraordinaire, c'est que ce musée a remporté un prix
d'architecture et qu'il s'intègre admirablement dans le tissu urbain du
Vieux-Québec.
Mme Bacon: Le ministre entend-il apporter aux autres
musées privés québécois - il semble que les
ressources de ces musées ne suffiraient plus à financer et
à assurer adéquatement leurs services - une aide spéciale
ou une aide accrue?
M. Richard: Une aide accrue, ce serait difficile, dans un premier
temps, pour l'ensemble du réseau, car le réseau est
extrêmement important. On va essayer, à tout le moins, de
consolider les éléments les plus importants du réseau.
L'autonomie, si l'Assemblée nationale le souhaite, qui sera
accordée aux musées d'État, je pense, va créer une
nouvelle dynamique intéressante en même temps pour le
réseau des musées privés qui va déteindre sur ce
réseau.
Mme Bacon: Est-il vrai que d'autres musées, comme celui
des Beaux-Arts, par exemple, ont du fermer certains services à la
population à cause de coupures budgétaires?
M. Richard: À ma connaissance, non. Le Musée des
Beaux-Arts, bien sûr, s'est astreint à des compressions
budgétaires, notamment, quant à son personnel. Je vous
signalerais, à cet égard, que la subvention du Musée des
Beaux-Arts, qui était, je pense, autour de 400 000 $ il y a quatre ou
cinq ans à peine, est maintenant de 2 600 000 $ par année. Un
effort considérable a été fait du côté du
Musée des Beaux-Arts.
Mme Bacon: Si vous me permettez de revenir au Musée de la
civilisation à Québec, pourriez-vous me dire si on sera en mesure
d'aller de l'avant avec ce projet une fois les plans disponibles? Est-ce qu'on
est déjà prêt à aller de l'avant?
M. Richard: J'espère que non. J'ai déjà eu
l'occasion de dire à cet égard que je me refusais à
appliquer le principe: mieux vaut un tiens que deux tu l'auras.
Mme Bacon: Je me référais à une revue de
presse où le député de Taschereau, le mercredi 2 mars
1983, indiquait les retards enregistrés qui, pour lui, n'avaient rien de
majeur et où on disait que le gouvernement devrait être en mesure
d'aller de l'avant dès que les plans seraient disponibles.
M. Richard: Oui, mais, à ma connaissance, les plans ne
sont pas encore disponibles.
Mme Bacon: Pas dans un avenir immédiat, quand
même.
M. Richard: J'espère bien que oui, bientôt,
maintenant.
Mme Bacon: Le ministre entend-il porter une attention
particulière au Musée de Québec qui réclame un
agrandissement?
M. Richard: Oui, bien sûr, mais je ne sais pas dans quelle
mesure il sera possible de dégager les crédits dont nous aurions
besoin, s'il y a deux musées en construction. C'est pour cela qu'on
essaiera d'agir le plus rationnellement possible.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre pourrait nous faire rapport
aussi sur le dossier de la Corporation du Musée régional des
mines et des arts de Malartic qui, en décembre dernier, je pense,
signifiait au bureau régional des Affaires culturelles son
insatisfaction à propos de la ventilation des 75 000 $? (17 h 30)
M. Richard: Plutôt que de périmer des
crédits, comme il y a des conseils régionaux de la culture et que
les deux extrémités du Québec me paraissaient avoir un
besoin urgent de sommes supplémentaires, j'ai demandé aux
organismes de concertation -c'est cela qui n'est pas toujours facile à
vivre, j'en conviens - d'accorder une subvention supplémentaire, en
demandant aux organismes régionaux de se partager ce montant
supplémentaire. Cela a très bien été dans une
région, même très bien été, en un certain
sens, dans l'autre région aussi, sauf qu'évidemment cela
crée toujours des insatisfactions. Cela a été une
expérience à la fois douloureuse et enrichissante de
concertation.
Mme Bacon: Est-ce qu'on a, quand même, pris le temps de
vérifier sur place la satisfaction du milieu? C'est une première
expérience de régionalisation. Est-ce qu'on a vraiment pris le
temps de vérifier cette satisfaction du milieu?
M. Richard: Du milieu, oui, puisque c'est le milieu qui a fait la
ventilation de ce budget supplémentaire qui était, quand
même, fort modeste. Il était évident, dès le
départ, que cela devait créer quelques insatisfactions.
Maintenant, je ne me suis pas du tout mêlé de la ventilation.
Mme Bacon: Vous parliez d'expérience douloureuse; est-ce
que le ministre pourrait être plus précis?
M. Richard: L'expérience douloureuse, c'est parce
que...
Mme Bacon: Est-ce parce que c'est plus difficile à faire
au niveau des arts?
M. Richard: Oui, bien sûr. Il y a tellement d'organismes,
de groupes, d'ensembles qui ont besoin de fonds
supplémentaires qu'il est bien évident que, quand vous
demandez à un conseil régional de se concerter pour partager des
sommes d'argent, il y a toujours un groupe qui va trouver que le voisin en a eu
plus qu'il n'aurait dû en avoir et qu'on a négligé telle et
telle institution. Mais cela, c'est le fruit amer de toute expérience de
concertation.
On me dit qu'au sommet culturel, en Abitibi, ils ont exprimé leur
satisfaction même si c'est parfois très douloureux.
Mme Bacon: C'est parce qu'il semblait que la corporation aurait
préféré, peut-être, que l'argent soit utilisé
pour consolider ce qui existait déjà au lieu de construire de
nouvelles installations.
M. Richard: Vous avez raison, Mme la députée.
Parfois, moi aussi, je ferais d'autres choix que ce que font les organismes de
concertation. C'est peut-être le prix qu'il faut payer pour la
concertation.
Mme Bacon: Votre appréciation d'une telle concertation,
vous dites vous-même que c'est douloureux, que c'est difficile à
faire. Évidemment, dans le monde des arts, c'est toujours assez
difficile.
M. Richard: Dans certaines régions, cela s'est très
bien passé. Encore une fois, au sommet culturel en Abitibi, on a dit
qu'on était très satisfait de l'expérience, malgré
les difficultés de la faire, cette expérience.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre n'a pas peur qu'en
étendant ce genre d'expérience à travers la province, en
régionalisant à travers toute la province, cela ne devienne
très difficile à faire? Car on voit les différences au
niveau régional. Cela peut être très facilement
acceptable...
M. Richard: Vous avez raison.
Mme Bacon: ...dans une région par rapport à une
autre, mais, si on l'étend à toute la province, n'est-ce pas plus
difficile?
M. Richard: Vous avez raison et nous entretenons certaines
craintes; j'entretiens moi-même certaines craintes à cet
égard. C'est pour cela qu'on y va de façon graduelle. On
procède de façon très graduelle pour permettre de parfaire
l'expérience de concertation.
Mme Bacon: Je n'aime pas beaucoup le mot, mais est-ce qu'on va
aussi loin que penser à une certaine formule d'arbitrage au niveau
décisionnel?
M. Richard: Dans certains cas, cela serait possible, oui.
Mme Bacon: Est-ce souhaitable et nécessaire?
M. Richard: Oui, il y a quand même les grandes orientations
qu'on peut donner à l'occasion du contrat que nous signons avec les
conseils régionaux de la culture.
Mme Bacon: Données par le ministère, vous voulez
dire?
M. Richard: Oui, parce que nous versons les subventions aux
conseils régionaux de la culture et, à l'occasion du versement
d'une subvention, nous signons un contrat avec les conseils régionaux de
la culture pour qu'ils adoptent un plan d'action. Donc, on a une idée
des orientations générales; par exemple, je ne laisserais pas
fermer un musée important ou quelque chose du genre. On y penserait deux
fois. Mais on les laisse agir en toute liberté autant que faire se
peut.
Mme Bacon: Cela veut dire qu'on ne donne pas une orientation
à toutes les subventions qui sont soumises, si je me
réfère à la question de mon collègue de
Richmond?
M. Richard: Pas du tout.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Sous le titre Explication des écarts, on
indique, à la page 95, une "diminution des contrats de services de
31,8%". Est-ce que le ministre peut nous préciser la nature de la
diminution des contrats de services? Est-ce qu'il s'agit de programmes
d'enseignement?
M. Richard: En chiffres absolus, toutefois, cela ne
représente que deux contrats pour 30 000 $. C'est parce qu'il y a
tellement peu d'argent là-dedans que la moindre modification,
évidemment, gonfle les pourcentages.
M. Dauphin: Cela se répercute sur le taux.
M. Richard: Oui.
M. Dauphin: D'accord. Toujours à l'élément
2, on lit, à la page 98 du livre des crédits, au programme
Prêt d'oeuvres d'art destinées à être exposées
dans les édifices publics du gouvernement, que 650 artistes auraient
présenté 2000 oeuvres, dont une centaine auraient
été retenues pour un total de 75 artistes. Est-ce que ce petit
nombre est dû au budget disponible qui ne permettait plus d'en accepter
ou si c'est plutôt le jeu des critères qui a produit un tel
résultat?
M. Richard: Mon Dieu, je dirais, d'abord, que c'est parce qu'il y
avait un comité d'acquisition. Nous avions utilisé, pour faire
l'achat, le comité d'acquisition du Musée du Québec qui
disposait d'une certaine somme qu'on voulait modeste au départ parce que
c'était la première fois qu'on créait la collection
Prêt d'oeuvres d'art. Le comité d'acquisition a acquis un certain
nombre d'oeuvres d'art, suivant le chiffre qui est indiqué
là-dedans; il a épuisé les crédits disponibles.
Maintenant, j'en profite pour inviter mes collègues de l'Opposition.
Cela va être intéressant. Il va y avoir une exposition des oeuvres
d'art qui ont été achetées à ce moment et qui
seront mises à la disposition des édifices publics, y compris,
bien sûr, des locaux de l'Opposition. On ne voulait pas commencer trop
vite parce qu'il n'est pas seulement important d'acheter des oeuvres d'art de
jeunes créateurs québécois, mais d'en assurer la rotation.
Pour en assurer la rotation, il ne fallait pas qu'il y ait un trop grand nombre
de ces oeuvres d'art, dans un premier temps. J'en aurai même pour le
député de Richmond.
M. Dauphin: D'accord. Merci, M. le ministre.
Mme Bacon: Qu'il ne mêle pas Renoir et Gauguin!
M. Dauphin: La dernière question sur ce programme, M. le
Président. À la page 102, on indique purement et simplement qu'il
va y avoir une "réduction de l'indexation des subventions aux organismes
et fin des travaux d'immobilisations" d'une entente Canada-Québec.
J'aimerais savoir du ministre titulaire des Affaires culturelles la raison de
cette réduction d'indexation des subventions aux organismes.
M. Richard: M. le député de Marquette, dans un cas,
c'est qu'il y aura indexation à 3% au lieu de 7% des crédits
affectés aux musées. Donc, augmentation, mais indexés
à 3%. Dans l'autre cas, il s'agit de travaux qui sont
terminés.
M. Dauphin: C'est une volonté du ministère?
M. Richard: Non, c'est une entente et c'est la fin de
l'entente.
Le Président (M. Blank): Y a-t-il d'autres questions sur
le programme 4?
M. Hains: Éléments 1 et 2, adopté.
Le Président (M. Blank): Éléments 1 et 2,
adopté. Le programme 4 est-il adopté? Adopté. Programme 5
Arts d'interprétation.
Arts d'interprétation
M. Hains: C'est cela. À la page 107, M. le ministre. C'est
le professeur ou le directeur d'école. Quand j'ai vu la dernière
ligne, j'ai remarqué cela tout de suite: Deux nouvelles ententes avec
les commissions scolaires au point de vue des arts d'interprétation,
etc. Je vous pose une simple question. On parle, en ce qui a trait aux
orientations en 1983-1984, de deux nouvelles ententes avec les commissions
scolaires. C'est simplement une information.
M. Richard: C'est assez formidable, M. le Président. Il
s'agit d'ententes intervenues entre le conservatoire et des commissions
scolaires pour des formules de mi-temps pour les professeurs. Une commission
scolaire et le conservatoire peuvent se partager un même professeur qui
est à mi-temps à la commission scolaire et à mi-temps au
conservatoire.
M. Hains: J'ai une autre question et je vous réfère
à la page 112 concernant les deux orchestres professionnels,
Montréal et Québec. Est-il vrai que l'Orchestre symphonique de
Québec a reçu une aide beaucoup trop tardivement, de sorte qu'il
ne peut vraiment pas penser à une programmation pour la saison
estivale?
M. Richard: Maintenant que la question est au journal des
Débats, je préfère y répondre.
M. Hains: Oui, allons-y!
M. Richard: L'Orchestre symphonique de Québec dispose
d'une subvention très importante émanant du ministère des
Affaires culturelles; elle était même plus importante que celle
dont bénéficie l'Orchestre symphonique de Montréal. Cette
année, au mois de décembre, à la suite des crédits
supplémentaires que j'ai pu obtenir, nous avons encore accordé
à l'Orchestre symphonique de Québec une subvention
spéciale.
Ce que j'ai annoncé dans le programme d'action, c'est qu'il y
aurait une aide accrue à la fois à l'Orchestre symphonique de
Montréal et à l'Orchestre symphonique de Québec, en
exprimant l'espoir que cet orchestre comme tel puisse prolonger
éventuellement sa saison et augmenter le nombre de ses musiciens et de
ses musiciennes. Tout le monde sait qu'idéalement on devrait retrouver
un plus grand nombres de cordes, par exemple, au sein de l'Orchestre
symphonique de Québec. Évidemment, pour ce faire, il fallait
quand même un nouveau budget, de nouveaux crédits, un programme
d'action. Dans ce sens-là, il serait inexact de dire que cela a
été annoncé tardivement, d'autant plus que nous
avons eu des contacts informels avec l'Orchestre symphonique de Québec -
j'en ai moi-même eu - pour lui dire de nous faire une proposition pour
voir comment il serait possible, à des coûts acceptables,
d'augmenter le nombre de musiciens, parce qu'il y a plusieurs formules qui
peuvent être envisagées, et surtout de prolonger la saison. Cela
dit, il reste qu'un certain nombre de musiciens et de musiciennes de
l'Orchestre symphonique de Québec se produisent au sein d'autres
ensembles musicaux au cours de la saison d'été. L'an dernier, par
exemple, j'ai eu l'occasion d'aider ces groupes musicaux, au sein desquels on
retrouvait un grand nombre de musiciens et de musiciennes de l'Orchestre
symphonique de Québec, à pouvoir se produire.
M. Hains: Merci, M. le ministre.
Mme Bacon: À la répartition des crédits du
programme 5 par élément à fonctionnement, autres
dépenses...
M. Richard: À quelle page, Mme la
députée?
Mme Bacon: À la page 104, je pense. M. Richard:
À la page 104.
Mme Bacon: Oui, à la page 104. Est-ce qu'on peut avoir une
explication sur l'écart de 10,2% entre les années 1983-1984 et
1982-1983, à fonctionnement? Est-ce qu'il s'agit d'une méthode
comptable qui est imposée par le Conseil du trésor de
transférer des crédits de fonctionnement, par exemple, aux
dépenses de capital ou si c'est une autre façon de
procéder?
M. Richard: De quel écart faites-vous état?
Mme Bacon: 10,2%, à autres dépenses,
élément 2.
M. Richard: Élément 2.
Mme Bacon: Oui.
M. Richard: Variation.
Mme Bacon: Variation, c'est moins 10,02%.
M. Richard: 10,02%. Autres dépenses.
Mme Bacon: C'est cela. Est-ce une méthode comptable qui
est imposée par le Conseil du trésor? (17 h 45)
M. Richard: C'est encore un petit montant qui se trouve à
gonfler les taux. C'est comme tout à l'heure; il s'agit uniquement d'une
coupure de 21 000 $.
Mme Bacon: Ah bon!
M. Richard: Ce peut être dans les voyages, les contrats ou
quelque chose du genre. Comme il s'agit de tout petits montants, cela a une
incidence sur le taux.
Mme Bacon: Oui, d'accord. Au niveau du dossier du Grand
Théâtre de Québec, en dépit du fait qu'il y ait une
enquête sur l'administration du Grand Théâtre, le ministre
pourrait-il nous donner une idée de certaines allégations qui ont
été portées à l'attention du Vérificateur
général du Québec?
M. Richard: Je pense que Mme la députée de Chomedey
me permettra d'être discret là-dessus tant et aussi longtemps que
le vérificateur n'aura pas remis son rapport.
Mme Bacon: Est-ce qu'une date est prévue?
M. Richard: Ce que je peux confirmer toutefois, c'est la
première fois que c'est confirmé...
Mme Bacon: Vous confirmez qu'il y a enquête, quand
même?
M. Richard: II est confirmé qu'il y a enquête. C'est
à la demande unanime du conseil d'administration du Grand
Théâtre que j'ai adressé moi-même une demande
d'enquête au vérificateur.
Mme Bacon: Prévoyez-vous recevoir le rapport du
vérificateur bientôt?
M. Richard: Je n'ai pas eu le moindre contact avec le
vérificateur depuis ce temps, mais on lui avait demandé d'agir
avec célérité pour ne pas retarder indûment les
choses. Je crois qu'il agit effectivement avec
célérité.
Mme Bacon: Le ministre peut-il nous confirmer si le directeur
général, M. Latour, est en congé de maladie?
M. Richard: Je crois savoir que le directeur
général a été mis en congé avec solde durant
la période de l'enquête.
Mme Bacon: Le ministre peut-il me confirmer aussi qu'un autre
membre du conseil d'administration serait aussi en congé de maladie ou
en congé avec solde?
M. Richard: C'est exact, il est en
congé avec solde pour les mêmes motifs durant
l'enquête. Il paraissait plus approprié, durant l'enquête,
que ces deux personnes soient mises en congé avec solde.
Mme Bacon: D'accord.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le Président. À la page 115,
sous le titre Résorption de déficits, on dit: "Le
ministère a apporté, au cours de l'exercice financier 1982-1983,
une contribution spéciale de 1 568 900 $ à un certain nombre
d'organismes en arts d'interprétation dans le but de résorber
leurs déficits d'opération." J'aimerais poser la question
suivante: Est-ce que le nouveau critère de soutien de certains
organismes fera disparaître cette contribution spéciale dans le
but de résorber en tout ou en partie le déficit de
fonctionnement?
M. Richard: J'ai mal saisi la question, M. le
député de Marquette.
M. Dauphin: On indique, à la page 115, que le
ministère a apporté une contribution spéciale à la
résorption du déficit de certains organismes en arts
d'interprétation. On nous informe qu'il y a un nouveau critère de
soutien de certains organismes. Est-ce que ce nouveau critère de soutien
va faire disparaître l'aide spéciale?
M. Richard: Non. Je vais vous expliquer dans quelles
circonstances une aide spéciale a été apportée au
mois de décembre. Je savais, dès lors, que j'aurais à
rendre public un programme d'action qui proposerait une aide accrue à
certains organismes, notamment en arts d'interprétation. Je ne voulais
pas que les crédits qu'on devait éventuellement m'accorder, dont
je ne connaissais pas le total à ce moment-là, servent à
éponger des déficits d'organismes qui se trouvaient en
très sérieuses difficultés. Voilà pourquoi je me
suis adressé au Conseil du trésor et j'ai demandé avec
insistance qu'on m'accorde ces crédits supplémentaires pour
éponger les déficits d'organismes majeurs qui étaient en
difficultés. L'un de ces organismes, d'ailleurs, était,
justement, l'Orchestre symphonique de Québec dont on a parlé tout
à l'heure. C'est donc un geste tout à fait ponctuel, mais qui, en
même temps, me permettait, au moment où je rendais public le
programme d'action, d'avoir des organismes qui étaient dans des
conditions moins périlleuses.
M. Dauphin: D'accord. Une dernière question au sujet de ce
programme. À la page 122, sous le titre Explication des écarts,
j'aimerais savoir si le ministre peut nous expliquer la nature des mesures
additionnelles, notamment en ce qui a trait au Grand Théâtre de
Québec pour 962 000 $ et le budget d'intervention qui est de 800 000
$.
M. Richard: C'est uniquement le changement de l'année
financière des deux organismes à la suite de l'adoption des deux
lois.
M. Dauphin: Ah bon!
M. Richard: Leur année financière est maintenant
conforme à leur véritable saison, de septembre à
août, alors qu'autrefois elle correspondait à l'année
budgétaire du gouvernement.
Le Président (M. Blank): Le programme 5 est-il
adopté?
M. Hains: Oui. Les deux éléments sont
adoptés.
Le Président (M. Blank): Les éléments 1 et 2
sont adoptés. Programme 6: Cinéma.
Cinéma
M. Hains: Vous voyez qu'on accélère un peu, M. le
ministre.
M. Richard: C'est le sujet préféré du
député de Saint-Henri.
M. Hains: Oui, mais je trouve qu'il n'y a pas grand-chose
là-dessus dans notre livre. À la page 124, élément
1, je m'étonne un peu des discours si nombreux de M. le ministre sur le
cinéma et de la diminution de 47,4% au chapitre du budget de
fonctionnement. Cette diminution - page 124, première colonne - du
budget de fonctionnement relié au personnel est-elle uniquement le
résultat des conventions collectives existantes? On se demande vraiment
d'où vient cette diminution de 47,4%.
M. Richard: II y a une explication limpide.
M. Hains: Oui? Limpide et plausible?
M. Richard: Oui. Naguère, le centre de documentation
émargeait au budget du ministère des Affaires culturelles et
maintenant il émarge au budget de la Cinémathèque
québécoise qui a été créée par mon
prédécesseur et qui est subventionnée chaque année
pour en assurer l'existence.
M. Hains: Cela me satisfait bien.
Le Président (M. Blank): Mme la
députée de Chomedey.
Mme Bacon: En regard de la loi 109, on prévoit l'adoption
de crédits supplémentaires. Le Conseil du trésor a-t-il
déjà accepté les crédits supplémentaires? Y
a-t-il un engagement du Conseil du trésor?
M. Richard: J'imagine que oui, mais cela n'a pas
été soumis et cela ne le sera pas tant que la loi ne sera pas
adoptée, sauf que le ministre des Finances, de qui relèvent les
coûts inhérents à l'adoption d'une nouvelle loi, m'a
autorisé à dire, au moment du discours de deuxième
lecture, que des crédits nouveaux de 6 000 000 $ seraient
affectés au cinéma.
Mme Bacon: Le travail du Bureau de surveillance du cinéma
dépasse largement l'inspection proprement technique. Ce mandat
pourrait-il être accompli de façon complète avec une
diminution du budget, par exemple?
M. Richard: Je ne le crois pas. Au contraire. On se fait
très insistant parfois même pour obtenir une augmentation de
personnel. C'est assez colossal, le travail qu'il a à abattre.
Mme Bacon: Je reporte le ministre à la page 133,
Orientations et objectifs en 1983-1984, où on mentionne le Bureau de
surveillance du cinéma en disant qu'il faudra obtenir des crédits
supplémentaires importants pour augmenter le personnel vu la
création de nouveaux services.
M. Richard: À cause de la nouvelle loi et parce que la
régie...
Mme Bacon: Cela fait partie de vos 6 000 000 $ promis par le
ministre des Finances?
M. Richard: ...aura des responsabilités
additionnelles.
Mme Bacon: Mais est-ce que ce sera compris dans les 6 000 000
$?
M. Richard: Oui. Mme Bacon: D'accord.
Le Président (M. Blank): C'est tout? Le programme 6 est
adopté. Les crédits du ministère des Affaires culturelles
sont-ils adoptés?
M. Hains: Adopté.
M. Richard: M. le Président, je voudrais remercier mes
collègues de l'Opposition pour cette analyse fort sereine des
crédits du ministère des Affaires culturelles et de la
collaboration qu'ils m'ont apportée.
En terminant, je voudrais remercier les fonctionnaires du
ministère des Affaires culturelles qui ont abattu, cette année en
particulier, un travail absolument extraordinaire, considérable, parfois
jour et nuit, pour aboutir à ce programme d'action dont on sait
maintenant qu'il a été bien accueilli par l'ensemble des milieux
intéressés.
Je termine en vous remerciant, vous, M. le Président, pour le
brio avec lequel vous avez présidé nos travaux.
M. Hains: Je vous remercie aussi. Je crois vraiment que ce fut
profitable aux membres des deux côtés de la table. De notre
côté, nous avons émis nos opinions, nos réticences,
nos mises en garde, mais aussi nos espoirs de voir que nous allons ensemble
vers l'épanouissement des affaires culturelles. Le menu était
vraiment chargé, mais le dessert, la Bagatelle, fut savoureux, avec un
petit goût de Kirsch dont vous allez vous souvenir pendant quelque
temps.
Mes remerciements à vous, M. le Président, au ministre,
aux collègues des deux côtés et surtout à mes
collègues intervenants évidemment, ainsi qu'à tous les
fonctionnaires qui ont daigné participer à notre commission.
Merci à tout le monde.
Le Président (M. Blank): La commission ajourne ses travaux
sine die.
M. Dauphin: En terminant, je pense que mon collègue de
Saint-Henri et M. le ministre vont m'excuser mais je voudrais remercier le
personnel du Secrétariat des commissions que, je pense, on oublie trop
souvent.
Une voix: Un très bon travail.
Le Président (M. Blank): La commission ajourne ses travaux
sine die, pour la deuxième fois.
(Fin de la séance à 17 h 57)