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Étude du projet de loi no 41
(Onze heures trente-huit minutes)
Le Président (M. Laberge): À l'ordre,
messieurs!
La commission de l'agriculture et de l'alimentation entreprend ses
travaux concernant le projet de loi no 41, Loi sur l'acquisition de terres
agricoles par des non-résidants.
Lors des dernières séances de la commission, nous avons
étudié le projet de loi no 43 et une motion avait
été faite pour qu'un rapport distinct soit fait à la
Chambre. Nous ne parlerons plus du projet de loi no 43, nous parlerons du
projet de loi no 41 et nous aurons besoin d'un rapporteur pour ce projet de
loi.
M. Giasson: Nous proposons le député
d'Iberville.
Le Président (M. Laberge): C'est une suggestion. En
attendant, je dis que les membres de cette commission pour la séance
d'aujourd'hui sont: M. Baril (Arthabaska) remplacé par M. Lavigne
(Beauharnois); M. Beauséjour (Iberville); M. Russell (Brome-Missisquoi);
M. Gagnon (Champlain), M. Garon (Lévis), M. Giasson (Montmagny-L'Islet),
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Rancourt
(Saint-François), M. Vaillancourt (Orford).
Peuvent intervenir: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau
(Verchères), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe) remplacé par M. Grenier (Mégantic-Compton), M.
Larivière (Pontiac-Témiscamingue), M. Mercier (Berthier).
M. Giasson: M. Picotte est remplacé par M. Mathieu. Est-ce
que vous l'avez, M. le Président?
Le Président (M. Laberge): Oui. M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Picotte (Maskinongé) remplacé par M. Mathieu
(Beauce-Sud) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Le rapporteur sera M. Beauséjour (Iberville).
M. Giasson: Est-ce que M. Dubois apparaît?
Le Président (M. Laberge): Non. Alors, je fais une
correction. Peut intervenir à la place de M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue) M. Dubois (Huntingdon).
J'appelle le projet de loi no 41 et j'appelle l'article 1. M. le
ministre.
Interprétation
M. Garon: Disons, tout d'abord, que j'ai les brouillons des
règlements. Comme ce n'est pas très long, je vais demander qu'on
ait des photocopies pour les gens de la commission.
Le Président (M. Laberge) Des photocopies seront
distribuées aux membres de la commission concernant les
règlements afférents à ce projet de loi. Article 1.
M. Garon: En cours de route, il va y avoir quelques...
M. Giasson: Des amendements.
M. Garon: ... amendements. À la suite du
dépôt d'un projet de loi, normalement il y a des commentaires et
dans certains cas il y a certaines choses à clarifier.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que vous voulez les
porter à notre connaissance tout de suite ou au fur et à
mesure?
M. Garon: Non, un par un, au fur et à mesure.
Le Président (M. Laberge): Parfait. Est-ce que vous voulez
que je fasse lecture de l'article 1 vu qu'il s'agit d'une série de
définitions, ou si vous avez un commentaire à faire?
M. Garon: J'aimerais dire, tout d'abord, qu'on remarquera que,
dans cette loi, il serait peut-être bon je ne l'ai pas fait,
moi-même, mais je le ferai cet après-midi, je suis parti vite du
bureau de faire un parallèle avec la Loi sur la protection du
territoire agricole parce qu'on a essayé, pour que ce soit beaucoup plus
simple, de garder les mêmes définitions, les mêmes termes.
Etant donné que ça concerne la protection des terres, d'une
certaine façon, pour ne pas avoir plusieurs définitions de
plusieurs termes, on a pris les mêmes termes dans cette loi que ceux qui
sont dans la Loi sur la protection du territoire agricole. Les avocats, dans la
rédaction, ont eu le souci que ces deux lois, qui ont été
travaillées en même temps d'ailleurs, s'ajustent le plus possible
l'une à l'autre.
Si on regarde l'article 1...
Le Président (M. Laberge): Ce sont les mêmes
définitions, ou à peu près, que celles contenues dans la
loi 90.
M. Garon: II y a d'autres définitions qu'on ne retrouve
pas dans la loi 90 étant donné qu'on n'en avait pas besoin dans
la loi 90 et qu'on en a besoin ici.
Le Président (M. Laberge): Si vous voulez faire un
commentaire, c'est libre, mais on n'est pas obligé d'en faire la lecture
au complet. Je note, pour les membres de la commission, en même temps,
que la rédaction de ce projet de loi est plutôt récente;
alors, les références aux lois sont faites selon la nouvelle
codification.
M. Mathieu: Je ne sais pas si j'ai le temps d'intervenir; le
ministre me dira s'il préfère que
j'attende. Je déplore un peu qu'on n'ai pas récité
au long toutes les définitions. Au paragraphe 4, deuxième
alinéa, on dit: "Agriculture", "chemin public", "commission" et "lot":
ce qu'entend par ces mots et expressions la Loi sur la protection du territoire
agricole.
Je crois que ce serait mieux si on avait les définitions
contenues dans la loi au lieu de référer à cette loi, de
manière que, quand on lit le texte, on l'ait tout de suite. Il me semble
qu'on ait été un peu paresseux, là. Il faut aller voir
l'autre texte pour avoir la définition de la loi.
M. Garon: Cela a été fait intentionnellement, M. le
Président, pour être bien sûr que quand on va changer la
définition dans une loi, elle va changer dans l'autre. Comme les
définitions qu'on emploie ici de-"agriculture", "chemin public",
"commission", et "lot" réfèrent à la Loi sur la protection
du territoire agricole, si on changeait un jour cette définition, elle
changerait automatiquement dans les deux lois. C'est pour cela que cela a
été fait, pour ne pas qu'il y ait d'oublis
éventuellement.
M. Mathieu: Vous comprenez tout de même que cela peut
rendre plus fastidieux pour le profane qui a un texte et qui n'a pas l'autre...
Nous ne sommes pas tous des avocats, des notaires, ou des législateurs.
Je ne veux pas faire de débat là-dessus, mais cela me semblerait
plus facile d'accès pour le profane si on le mettait tout de suite.
M. Beauséjour: C'est rare que des profanes utilisent une
loi pour se renseigner.
M. Mathieu: Occasionnellement, vous avez des gens de l'UPA
ou...
M. Russell: ... des notaires et des avocats... (11 h 45)
M. Garon: II y a un autre argument. Cette loi n'est pas une loi
comme celle de la protection du consommateur, une loi éducative pour
l'ensemble de la population. C'est une loi qui va s'appliquer peut-être
à 200, 250 ou 300 cas par année. Ce sont des non-résidents
qui vont devoir engager des notaires ou des avocats qui vont travailler avec
cela. Le non-résident ne fonctionnera pas avec les lois
québécoises de lui-même. En tout cas, il prend des risques.
C'est pour cela que cela a été discuté au moment de la
rédaction. Si cela avait été la Loi de la protection du
consommateur, qui peut référer à des centaines de milliers
de personnes, on n'aurait peut-être pas utilisé cette technique
législative. Mais comme il s'agit d'une loi qui n'aura pas la même
application... D'abord, le fait qu'elle existe, cela devient, en soi, un frein
pour certaines demandes. On va dire: Cela ne donne rien, je n'ai pas
l'intention d'aller résider là et faire de l'agriculture sur ces
terres agricoles. Immédiatement c'est un frein pour ces gens-là.
On calcule qu'il va y avoir entre 200 et 300 demandes par année. Les
véritables agriculteurs qui s'installent au Québec varient entre
50 et 80 par année, les véritables agriculteurs étrangers
qui viennent s'établir au Québec.
Ce n'est pas une loi qui va avoir une application
généralisée. Habituellement, cela va être par des
non-résidents qui vont faire des affaires, soit avec des avocats, des
notaires ou encore des courtiers en valeurs immobilières.
M. Mathieu: Je vous dis que cette loi me concerne d'assez
près parce que je suis sur un comté frontalier avec les
Etats-Unis. Nous avons beaucoup de gens qui quittent la région à
17-20 ans, travaillent dix ans aux Etats-Unis et reviennent avec un petit magot
et veulent souvent s'acheter un lopin de terre ou une terre.
Je ne veux pas aller plus loin dans le débat, mais j'aimerais
tout de même que, comme technique législative, à l'avenir,
autant que possible, on mette les désignations. C'est toujours plus
facile et plus commode.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Montmagny-L'Islet, vous pouvez faire votre commentaire.
M. Giasson: M. le Président, on définit le terme
"acquisition". Je ne sais pas si le ministre a prévu les
problèmes que sa loi va occasionner dans certains cas de transactions
actuellement en cours. Le ministre n'est certainement pas sans savoir que
présentement il y a des étrangers, surtout des Européens,
qui sont à faire des transactions en vue de l'acquisition de fermes au
Québec.
La loi entre en vigueur le jour de sa sanction. Très souvent, ces
projets de transactions sont précédés de la signature
d'une option, d'un engagement de vente de la part d'éventuels vendeurs.
Les propriétaires de fermes qui veulent vendre sont sur le point de
vendre à des étrangers, surtout ceux qui viennent d'Europe. Les
gens qui vont les acquérir, en matière de financement, dans la
plupart des cas, pour procéder avant l'expiration de la promesse de
vente, doivent organiser leur financement. D'une part, parmi les
Européens qui sont sur le point d'acquérir des terres au moment
où on se parle, il y en a beaucoup qui vont payer une partie de
l'acquisition à même le fruit des ventes qu'ils font en Europe et
l'autre partie pourra être refinancée soit par l'Office du
crédit agricole ou encore d'autres sociétés
prêteuses au Québec.
Or, le dépôt de la loi et le débat que nous menons
vont déboucher sur le vote de troisième lecture et la sanction
devrait suivre normalement au cours des jours suivants. Est-ce l'intention du
ministre de retarder quelque peu la sanction de la loi afin de permettre
à toutes ces opérations d'acquisitions de gens qui veulent
vraiment cultiver... Il ne s'agit pas d'exploiteurs. J'ai à l'esprit des
gens qui achètent des terres au Québec, qui viennent d'Europe
pour faire de la production agricole, pour cultiver ici au Québec. Le
ministre croit-il qu'il va devoir retarder un peu la sanction ou son intention
est-elle ferme dans le sens de procéder immédiatement à la
sanction, dès que le vote de troisième lecture aura
été pris?
M. Garon: On va procéder rapidement. On s'est même
demandé si on ne devait pas la mettre rétroactive, mais il ne
faut pas abuser de cette technique exceptionnelle de la
rétroactivité des lois. On veut aller le plus rapidement possible
là-dedans pour ne pas qu'il y ait une possibilité de faire de la
spéculation dans l'intervalle. Comme le risque est moins grand ici que
dans la Loi sur la protection du territoire agricole, on n'a pas
procédé avec rétroactivité.
Par ailleurs, s'il s'agit de quelqu'un qui veut acheter une terre, venir
résider au Québec, et que les pourparlers sont en cours, s'il a
vraiment l'intention de venir résider au Québec, je pense bien
qu'il va pouvoir présenter sa demande. Les règlements que je vous
ai présentés pourront être adoptés rapidement; les
demandes d'autorisation pourront également être faites rapidement.
Normalement, cela ne retardera pas véritablement de beaucoup quelqu'un
qui veut vraiment résider ici. D'autant plus que la commission,
aujourd'hui, n'a plus de délais dans les demandes qui lui sont faites,
parce que les analyses se font dans les trente jours de la demande. La
période de rodage, la période initiale, surtout au cours du
printemps et de l'été, les délais en ont été
réduits constamment; maintenant, les analyses se font rapidement. Cela
veut dire que dans l'application de cette loi, il arrive un moment où la
commission n'est pas surchargée.
M. Giasson: Ce que j'ai à l'esprit, à la suite des
remarques du ministre, ce ne sont pas les transactions qui vont s'amorcer dans
les semaines ou les mois qui vont suivre immédiatement la sanction de la
loi. Ce sont des cas présentement vivants, des cas présentement
actifs, surtout lorsqu'il y a des transactions avec promesses de vente sur
lesquelles vous avez un délai d'expiration. Pour l'avenir, je ne vois
pas de difficultés majeures. Le problème se pose pour des
transactions qui s'exécutent présentement, surtout des
transactions qui ont été assorties d'une promesse de vente dont
le délai d'expiration va survenir très bientôt, très
prochainement.
Vous imaginez qu'un Européen qui vient acheter une terre au
Québec n'a pas toujours la totalité du financement en arrivant au
pays. Ce non-résident intéressé, très souvent par
l'intermédiaire d'un courtier, doit faire face à des
négociations avec des vendeurs éventuels qui, eux, s'engagent
à vendre leur ferme à telles et telles conditions, en
définissant assez précisément les conditions, mais en
inscrivant également sur ces documents la date limite de cet engagement
ou de cette promesse de vente.
Ce sont les cas qui peuvent subir préjudice avec le
dépôt de la loi et surtout avec son entrée en vigueur s'ils
n'ont pas eu l'occasion ou le temps de compléter l'opération
financement pour respecter le délai de la promesse de vente
signée par le vendeur.
M. Mathieu: M. le Président, j'aurais un renseignement
à vous demander.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Saint-François m'a demandé la parole.
M. Rancourt: J'ai exigé mon droit de parole
auparavant.
Le Président (M. Laberge): Je vous l'accorde.
M. Rancourt: Si vous avez terminé, M. Giasson.
M. Giasson: Oui.
M. Rancourt: Je comprends très mal votre question, M. le
député, et je demanderais au ministre de l'éclaircir,
parce qu'on n'empêche pas un immigrant de s'établir s'il
s'installe pour production agricole. Cela ne change rien. Il a deux ans pour
prouver qu'il a réellement fait de l'agriculture au Québec,
même s'il y a une promesse de vente à l'heure actuelle.
M. Giasson: II a deux ans pour s'installer, mais, si la promesse
de vente expire le 15 décembre, même s'il a deux ans, il faut
qu'il soit certain de mener son financement à terme, parce que le
monsieur qui s'est engagé jusqu'au 15 décembre...
M. Rancourt: On n'empêche pas l'immigrant de s'installer au
Québec s'il fait de l'agriculture sur une terre agricole.
M. Giasson: On ne l'empêche pas. Ce n'est pas
l'empêchement. C'est le problème du financement de son acquisition
qui fait que, devant le dépôt de la loi, il peut se produire qu'il
ne soit pas en mesure de compléter son financement. La partie du
financement qu'il veut faire venir d'Europe sur la vente de biens qu'il avait
là-bas, si ce n'est pas entré le 15 et qu'il n'est pas capable de
faire un autre emprunt temporaire qui sera remboursable quand son argent
d'Europe sera entré, vous pouvez faire rater des transactions lorsqu'il
y a une promesse de vente qui va arriver à échéance
très prochainement. C'est tout ce que je veux dire. Ce n'est pas la
possibilité d'avoir deux ans pour prouver qu'il veut vraiment cultiver.
Il n'y a pas de problème dans mon esprit là-dessus.
M. Rancourt: Je ne vois pas la différence, non plus, au
niveau de la promesse de vente.
M. Giasson: Appelez certains notaires qui mènent
actuellement ces dossiers de transactions et vous allez découvrir des
choses.
M. Rancourt: Je pense que certains notaires font la même
chose que pour la loi 90.
M. Giasson: Non, ne leur prêtez pas d'intentions. Ils
vivent les problèmes.
M. Rancourt: Justement, il y a des notaires qui ont
été rencontrés pour la loi 90 et qui, pour toutes sortes
de raisons, n'ont pas voulu donner des renseignements.
M. Mathieu: II faut penser que le notaire doit certifier le
titre, certifier la vente et l'hypothèque. S'il la certifie et qu'elle
s'annule par la suite, il est responsable personnellement.
M. Rancourt: Dans la loi, c'est bien sûr, il y a une
résidence de 24 mois dans la période qui suit.
M. Giasson: En tout cas, j'ai eu...
M. Rancourt: Oui, il faut qu'il établisse sa
résidence. Je parle d'un agriculteur.
M. Giasson: ... des communications de notaires et, après
les avoir écoutés attentivement m'expliquer tout le travail qui
s'amène sur ces dossiers, j'ai dit aux notaires en question: Si vous
êtes capables de procéder à un emprunt temporaire pour
fermer la transaction avant la date d'expiration de la promesse de vente,
essayez de procéder ainsi.
Le nouveau résident qui s'en vient au Québec, le
non-résident actuel mais qui veut résider au Québec pour
cultiver, lorsqu'il obtiendra le transfert de ses sources de finance d'Europe,
il sera en mesure de rembourser l'emprunt temporaire. On me disait: Ce n'est
pas toujours facile de trouver des bailleurs de fonds pour fournir ces emprunts
temporaires lorsqu'ils savent que ces gens-là sont assujettis maintenant
à une nouvelle loi qui régit les pouvoirs d'acquisition de fermes
au Québec par des non-résidents.
On compare vraiment les dimensions ou les difficultés que causent
des règlements ou des lois lorsque nous vivons intensément des
situations. Tant qu'on n'est pas dedans, ça va bien. En théorie,
sur papier, ça roule, il n'y a rien de plus beau. C'est là une
des faiblesses qu'on vit souvent et qui font suite à des
décisions prises par des fonctionnaires qui sont de bonne foi. De leur
bureau à Québec, ils sont de bonne foi lorsqu'ils planifient et
programment des choses pour être exécutées dans les
régions. Mais lorsque vous êtes rendu sur le terrain, le
modèle parfait, si beau et si ajusté auquel on avait pensé
au moment de bâtir des structures ou des programmes, ne s'adapte plus
quand vous êtes rendu dans la réalité.
M. Mathieu: Je ne sais pas si je pourrais poser une question de
privilège, mais j'aimerais me procurer un Code civil pour avoir une
bonne intelligence et une bonne interprétation du menu devant nous. Il
me paraît que ce soit rare comme une casquette de pape.
Le Président (M. Laberge): Non. Je sais qu'il y en avait
précédemment ici...
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez? Des non-résidents qui
ont des contrats... On ne peut pas prévoir tous les contrats en cours.
Il y en a beaucoup moins, par exemple, que dans le cas de la protection du
territoire agricole.
Quand une municipalité dépose un règlement de
zonage, par exemple, un avis de motion au règlement de zonage qui
gèle le territoire, il y a aussi des contrats en cours.
Il y a un paquet d'actes législatifs ou réglementaires qui
sont faits soit aux niveaux fédéral, provincial, municipal ou
scolaire, où il peut y avoir des contrats en cours. Que voulez-vous?
Dans le cas que vous soulevez, il s'agit d'un non-résident qui veut
résider, il n'y aura pas vraiment de problèmes parce qu'il veut
résider et ce cas est justement couvert. Une personne qui veut
résider, qui veut devenir cultivateur sur une terre agricole n'a aucun
problème. Cette personne aura l'autorisation presque automatiquement.
Les autres cependant ne l'auront pas.
M. Giasson: Mais, M. le ministre, vous admettez que les
implications pour les cas que je viens de citer, je ne vous parle pas de cas
futurs...
M. Garon: Non, mais je ne vois pas l'implication...
M. Giasson: ... ont plus d'implications et de conséquences
que le gel qu'apportait la loi 90 lors de son dépôt.
Si la loi 90 changeait les règles du jeu pour des transactions
qui étaient sur le point de s'effectuer, lorsqu'il s'agissait de
l'acquisition de bon sol arable par des gens qui n'avaient pas l'intention de
cultiver, dans l'objectif recherché, ce n'était pas tellement
conséquent. On empêchait, si vous voulez, des gens
d'acquérir du sol de bonne qualité qu'ils n'auraient pas
utilisé à des fins agricoles. Mais dans le cas de la loi qui nous
concerne, les transactions en cours, ce n'est pas dans le but de dilapider ou
d'aliéner le bon territoire agricole, c'est l'inverse. Ce sont des gens
sérieux qui veulent acquérir des terres agricoles au
Québec pour les exploiter et en vivre pleinement.
M. Rancourt: En agriculture...
M. Giasson: Ce n'est pas le cas de ce qu'on appelait les
spéculateurs qu'on bloquait par le dépôt de la loi 90.
M. Rancourt: Vous voulez dire, monsieur, qu'un immigrant
agriculteur qui est sur le point d'acheter une ferme au Québec, à
l'heure actuelle...
M. Giasson: Avec promesse de vente comportant une expiration dans
l'immédiat.
M. Rancourt: II n'y en a pas. (12 heures)
M. Giasson: En matière de financement il y en a.
M. Gagnon: M. le député de Montmagny-L'Islet, j'ai
eu exactement le même cas, que vous mentionnez, de gens qui sont venus
à mon bureau pour exactement la même chose que cela. On n'a pas
découvert de problèmes là-dedans. C'est celui
qui veut acheter comme non-résident qui a des problèmes,
la loi le lui défend, mais celui qui veut acheter dans le but de
résider et cultiver sa terre, il n'y a pas de problème.
M. Giasson: II a des problèmes présentement avec
des questions de financement s'il n'a pas déjà au pays toute la
liquidité pour acquérir cette ferme et il fait face à une
échéance de promesse de vente qui est proche. Ce n'est pas autre
chose que ça.
M. Gagnon: À ce moment-là, s'il fait face à
une échéance de promesse de vente, son problème c'est de
trouver de l'argent au plus vite, mais la loi ne change rien. La promesse de
vente va à l'échéance quand même.
M. Mathieu: Mais la loi change en ce sens qu'on ne sait pas si
son contrat va être bon ou non.
M. Rancourt: La transaction n'est ni enregistrée, ni
reconnue par la commission avant l'expiration du délai de 24 mois
après la date d'achat.
M. Mathieu: Alors, si elle n'est pas enregistrée, le gars
ne pourra jamais se financer. Il ne pourra jamais avoir une
hypothèque.
M. Giasson: C'est cela le problème. Le
député de Beauce-Sud vient de répéter les cas qui
m'ont été soumis. Lorsqu'on les discute et qu'on va au fond du
dossier, on fait des découvertes de ce genre-là que des profanes
comme nous n'ont pas à l'esprit au moment où on discute de cela,
mais les personnes qui vivent la réalité, elles découvrent
des dimensions qu'on ne prévoit pas comme simples profanes. Le
problème du financement par des sociétés prêteuses,
ce sont des titres de propriété qui doivent être
certifiés, des titres absolument clairs, nets et précis au plan
légal. La loi comporte des dimensions d'enregistrement de titres
après que le non-résident a fourni la preuve qu'il reste au
Québec pendant une période de deux ans. C'est là qu'est
tout le problème du financement des cas qu'on m'a soumis. Même le
prêteur, sur une base temporaire, qui sera remboursé lorsque
l'argent arrivera de l'extérieur exige des garanties et les garanties
qu'une personne qui n'habite pas le Québec, qui s'en vient au
Québec, qui souvent n'est même pas rendue parce que
l'opération se mène par l'intermédiaire d'un courtier, il
y a des cas où elle n'est même pas au Québec. Quelqu'un
veut venir au Québec pour cultiver et quand il veut obtenir du
financement en attendant son entrée d'argent, les prêteurs posent
des exigences et demandent des garanties. Les garanties, dans le cas
d'acquisition d'une ferme par un non-résident, il ne peut pas les donner
tout de suite parce qu'il n'a pas d'enregistrement, de certification
enregistrée de titre de propriété. C'est là qu'est
le phénomène.
Je ne veux pas discuter du reste; je vous signale le cas de transactions
qui se font présentement où il y a un besoin de financement
assorti d'une promesse de vente dont le délai est prochain. Si ça
finit le 10 décembre, il faut que le gars fasse son opération
parce que la promesse une fois expirée le propriétaire de la
ferme dit: Je regrette, c'est fini; je garde, ou j'ai un autre acheteur
possible aux conditions que je vous ai faites. C'est cela toute la question que
j'ai soulevée quand on a parlé de la définition
d'acquisition. Comprenez-vous?
M. Gagnon: À cause des 24 mois.
M. Giasson: Ce sont des garanties, il faudra que ce soit
prêté sur parole, sur valeur morale d'un Français, d'un
Belge, d'un Suisse que, souvent, tu ne connais même pas.
M. Mathieu: Cela ne se fait pas. Il faudrait que l'individu ait
l'argent comptant.
M. Giasson: C'est cela.
M. Mathieu: Même l'Office du crédit agricole, quand
le notaire est appelé à faire un prêt agricole et que
l'office débourse, d'abord, le notaire reçoit le chèque
à son compte de fiducie et il y a toujours une instruction: On vous
autorise à débourser, moyennant que vous puissiez nous garantir
un titre parfait et telle et telle choses. Comprenez-vous?
M. Giasson: Si la promesse de vente arrive à expiration
dans six mois ou dans un an, on ne vit pas les mêmes problèmes, on
n'a plus à s'inquiéter.
M. Gagnon: C'est parce que là, on va avoir la permission
de la commission.
M. Giasson: C'est cela, vous allez avoir des délais. Une
fois que la Commission de protection a donné l'autorisation, sous
réserve que le gars fasse la preuve qu'il habitera le Québec au
cours des prochaines années, ça va bien; c'est dans les cas de
promesses de vente qui vont expirer dans les prochains jours ou dans les
prochaines semaines. C'est là que les problèmes sont vécus
parce qu'il n'y a pas de garantie, il n'y a pas de titre absolu à
fournir.
M. Gagnon: Vous avez une réponse à cela?
M. Garon: La réponse est simple. D'abord, il n'y a pas des
centaines de cas. Deuxièmement, les gens, à ce moment-là,
dans un cas ou dans l'autre, s'ils ne veulent pas s'engager par promesse parce
qu'ils ne savent pas s'ils vont obtenir l'autorisation n'ont qu'à
mentionner que la promesse est conditionnelle à l'obtention de
l'autorisation par la commission.
M. Gagnon: Cela se fait actuellement.
M. Garon: Pour la promesse qui est déjà faite, il
n'a qu'à demander une prolongation de délai ou communiquer avec
la commission qui pourra agir
rapidement. Ce que le député de Montmagny-L'Islet ne dit
pas, c'est qu'il est à peu près impossible de prévoir ce
qu'il voudrait prévoir dans la loi sans ouvrir un trou béant
à peu près grand comme la bâtisse, ici.
M. Giasson: Non, M. le ministre. M. Garon: Oui, c'est
évident. M. Giasson: Pas un trou béant.
M. Garon: À ce moment-là, à moins que ce ne
soit une promesse de vente enregistrée ce qui est rarement fait
ça devient des écrits sous seing privé et on peut
en forger autant qu'on veut. C'est à peu près impossible de
rédiger quelque chose pour couvrir de tels cas.
M. Russell: À moins que devant la commission une preuve
soit faite à savoir que l'option était faite avant la loi.
M. Garon: Ce n'est pas possible. Qu'est-ce que ce sera, la
preuve?
M. Gagnon: Cela pourrait être une promesse de vente
enregistrée.
M. Russell: Une promesse de vente enregistrée, une
promesse de vente qui était faite avant et que le nouvel
acquéreur vient réellement exploiter lui-même.
M. Garon: Je vais vous dire, c'est trop dangereux pour la
spéculation, même une promesse de vente enregistrée. Demain
matin, les gars arrivent et disent: On va en faire des cas. J'en ai vu; je ne
mentionnerai pas de noms, mais peut-être qu'un jour j'aurai besoin de
mentionner des noms, peut-être bien en période électorale
parce que vous savez, il y a des gens qui...
M. Giasson: Pourquoi est-ce bon uniquement en période
électorale?
M. Garon: On verra dans le temps, je ne sais pas comment on va
agir. J'ai vu assez de cas...
M. Giasson: C'est le côté particulier du
ministre.
M. Garon: J'ai vu des cas de gens en fonction pas au
niveau gouvernemental, ici qui ont fait des transactions avec des gens
qui voulaient acheter des terres agricoles et, après cela, le gars se
revirait et changeait son chapeau et défendait, par la suite, avec un
autre chapeau plus officiel, les gens qu'il venait d'aider à faire des
transactions.
Il y a trop de possibilités de spéculation, de fraude, en
ouvrant une porte comme celle-là. C'est pour cela que j'aime autant ne
pas ouvrir de porte et je suis persuadé que dans les quelques cas qu'il
peut y avoir, qui ne peuvent pas être très nom- breux, on va
pouvoir faire des arrangements avec leur vendeur. Habituellement,
l'Européen achète à un bon prix. Il ne paie pas un mauvais
prix, il paie un bon prix. Ici, au prix d'Europe, la plupart du temps, il paie
trop cher. Il ne connaît pas le marché ici, au prix
européen. À ce moment-là, je suis convaincu que les
vendeurs n'auront aucune hésitation à donner une prolongation de
la promesse pour satisfaire aux exigences de la commission ou de la loi.
Si c'est un prix qui est trop bon marché et que le marché
ne peut pas avoir lieu, on aura peut-être bien protégé
notre résident.
M. Vaillancourt (Orford): Mais il peut arriver un autre
Européen, par exemple, qui veuille la ferme en question.
M. Giasson: Ce n'est pas là qu'est le problème.
C'est l'immédiat. Plus tard, cela ne posera pas de problème.
M. Gagnon: II y a combien de transactions dans un mois? Cela ne
doit pas être une quantité énorme.
M. Garon: On a évalué cela à peu près
à 300 par année.
M. Gagnon: Par année.
M. Garon: Oui. 300 par année, sans une loi comme
celle-là. Avec une loi comme celle-là, cela va sans doute faire
diminuer le nombre.
M. Gagnon: Cela veut dire une vingtaine par mois.
M. Russell: II n'y en a pas 300 par année qui viennent
pour être résidents!
M. Garon: Non.
M. Russell: 300 par année, ce sont des étrangers
qui achètent des terres, pour spéculation ou autre.
M. Giasson: Avec l'intention de vivre de l'exploitation de cette
terre?
M. Garon: Non. Pour vivre, cela ne dépasse pas 80 par
année. Cela dépend de...
M. Giasson: II n'y a pas plus de 300 acquisitions de fermes par
année au Québec?
M. Garon: De non-résidents? C'est cela qu'on a
anticipé, à peu près 300. Je ne dis pas qu'il n'y en a pas
plus qui ont acheté dans le passé. Ce n'est pas cela que je dis.
Mais le fait que la loi existe, on n'a pas prévu plus que 300
demandes.
Habituellement, les gens qui savent qu'ils ne satisferont pas la
demande, s'ils ne veulent pas résider... Quelqu'un qui va acheter une
terre agricole pour résider, on va dire: D'accord ou quelqu'un qui
veut acheter une terre qui n'est pas agricole, une montagne, par
exemple, comme l'exemple que donnait le député, le cas d'un
non-résident qui veut acheter une montagne pour faire un centre de ski.
Nous autres, on ne protège pas les montagnes. La commission va dire:
C'est correct, parce que ce n'est pas une terre agricole. On ne
protégera pas ce qui n'est pas agricole, pour l'acquisition par les
non-résidents.
M. Russell: Vous parlez de protection. Qu'est-ce qui arrive dans
le cas d'une corporation où un non-résident est actionnaire
minoritaire et que, éventuellement, par d'autres transactions
indirectes, il en devient majoritaire, après deux ou trois ans?
M. Garon: On ne l'a pas prévu, ce cas-là. Mais cela
pourrait se faire éventuellement. Cela voudrait dire le contrôle
de la possession, de la propriété. La Saskatchewan contrôle
la possession. L'Alberta aussi contrôle la possession, je pense.
M. Russell: Non, je pense qu'il n'y a que la Saskatchewan.
M. Garon: II y a deux provinces qui contrôlent la
possession. La Saskatchewan, j'en suis certain.
M. Russell: II peut y avoir
l'Île-du-Prince-Édouard.
M. Garon: Je peux vous le dire tout de suite. C'est
l'Île-du-Prince-Édouard ou l'Alberta qui contrôle
également la possession. C'est l'Alberta.
M. Russell: L'Alberta?
M. Garon: L'Alberta et la Saskatchewan. On contrôle
l'acquisition de la propriété et la possession. Il faut garder sa
qualité de résident d'une façon permanente, constante. On
ne l'a pas fait dans ce projet de loi, parce que, disons, peut-être la
loi des étapes...
M. Russell: II y a une autre chose qui n'est pas prévue.
Je l'ai mal vu ou je ne l'ai pas compris. Si un non-résident prête
de l'argent à un résident et que le résident
éventuellement, après un an ou deux ans, ne paie pas, le
non-résident devient propriétaire par défaut.
M. Garon: Vous voulez dire en dation en paiement?
M. Giasson: En dation hypothécaire.
M. Garon: Non, il n'est pas protégé pour cela. S'il
était un prêteur d'argent de métier, oui, il serait
protégé.
M. Giasson: Oui.
M. Garon: S'il n'est pas un prêteur d'argent de
métier, non; ce serait trop facile de contourner la loi.
M. Russell: Non, s'il est de métier? M. Garon: S'il
est de métier, oui. M. Russell: II devient
propriétaire?
M. Garon: Oui, mais normalement, s'il est un prêteur
d'argent de métier, il va revendre la terre immédiatement et cela
devrait être un résident qui va l'acquérir. Ce sera
temporaire. Les prêteurs d'argent ne gardent pas les terres quand ils
sont obligés de les reprendre. Ils les revendent
immédiatement.
M. Mathieu: M. le ministre, des fois, vous avez l'oncle qui
réside aux États-Unis qui prête de l'argent à son
neveu ou quelque chose comme cela.
M. Garon: Oui, mais c'est...
M. Mathieu: II n'est pas un prêteur de son métier.
Cela arrive fréquemment.
M. Giasson: II n'est pas couvert. Les terrains ne sont pas
protégés.
M. Garon: II n'est pas couvert.
M. Mathieu: Cela arrive surtout dans les comtés
frontaliers comme le mien.
M. Garon: Ce serait trop facile. Ce serait une porte ouverte
terrible au point de vue de la fraude, si on faisait cela.
M. Mathieu: Mais pour le type actuellement qui détient une
hypothèque qui ne répond pas aux critères, cela veut dire
que quand on a enregistré son hypothèque, qu'on a garanti qu'elle
était bonne et sa clause de dation en paiement aussi mais qu'avec
l'application de votre nouvelle loi, elle ne serait plus bonne?
M. Garon: Non, c'est pour l'avenir. Elle ne traite pas du
passé cette loi-là.
M. Russell: Non, à partir de l'implantation de la loi.
M. Mathieu: À partir du moment où le projet de loi
sera adopté, le type ne pourra plus se prévaloir de sa clause de
dation en paiement s'il est non-résident et s'il n'est pas un
prêteur d'argent?
M. Russell: Cela va plus loin que cela, M. le Président.
Je pense que, quant à regarder, le ministre ferait aussi bien de
regarder tous les cas.
M. Garon: Je vais avoir un amendement pour couvrir justement ce
cas-là, à l'article 33.
M. Mathieu: Ah! d'accord.
M. Russell: Vous avez un amendement. Il y a un autre point aussi
que je voudrais mentionner.
Je suis un résident du Québec actuellement et j'ai
prêté à un résident cultivateur qui cultive sa
terre. Je déménage à l'extérieur du Québec.
À un moment donné, au bout d'un an ou deux ans, il arrête
de faire ses paiements. Je ne suis plus un résident du Québec.
À ce moment-là, je n'ai plus de garantie. Il y a une façon
de le couvrir, mais je ne sais pas comment.
M. Mathieu: Je reviens aux notaires. Le problème est le
suivant: C'est que, nous autres, on marche d'après les titres
enregistrés au bureau d'enregistrement. Au bureau d'enregistrement, ce
n'est pas inscrit. On n'a pas la photographie de l'immeuble, si le gars
réside à une place ou à l'autre. On ne sait pas s'il est
dans une zone agricole ou pas. Ce sont toutes des déclarations qu'il
nous faut ajouter dans nos actes pour le chercheur; le certificateur de titres
qui va passer après nous arrive et voit si la loi s'applique ou ne
s'applique pas. C'est très complexe quand on embarque dans ce
domaine-là.
M. Garon: On va voir cela plus loin, ce que vous mentionnez
là.
M. Mathieu: D'accord.
M. Garon: On est seulement aux définitions.
M. Russell: Je pense qu'il n'y a pas tellement d'opposition au
principe de la loi, mais c'est sur l'application qu'il peut y avoir des
complications qu'on devrait tenter de prévoir. Ce n'est pas toujours
facile de prévoir tous les cas. Je pense que lors de l'étude
article par article, on devrait essayer d'utiliser toutes les forces
légales qu'on a avec nous pour trouver les moyens de couvrir ces cas
afin de pouvoir protéger les gens qui, de bonne foi, veulent
opérer au Québec, pour que cela ne devienne pas une loi nuisible.
(12 h 15)
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Si je peux avoir la parole et si je comprends bien le
sens que l'on prête au mot "acquisition", cela couvre tous les cas
possibles; on fait une mention de certains cas, mais ce n'est pas restrictif,
si je comprends bien. On dit "acquisition": le fait de devenir
propriétaire par tout acte translatif de propriété.
"Tout", mais on n'en mentionne que quelques-uns, y compris le bail
emphytéotique. Quand on parle du bail emphytéotique, cela peut
être le preneur, le locataire, pour être plus facilement
compréhensible, le preneur, mais cela peut être également
à la fin du bail emphytéotique, le bailleur qui reprend. Cela
peut être les deux cas possibles, si je comprends bien, si le bail est
consenti pour trente ans, pendant trente ans, c'est ce qu'on appelle le
preneur, qui est propriétaire, qui a acquis, au sens de cet article. Une
fois écoulés les trente ans, c'est le bailleur qui est compris
dans cette chose. On donne une énumération, mais, avec
l'énumération, en réalité, le droit va englober
tous les cas de translation.
M. Garon: C'est cela.
M. Mathieu: C'est cela? Les cas qu'on donne ne sont pas
limitatifs.
M. Garon: Non. On les a inscrits, pour être bien sûr
qu'ils étaient compris, parce que le fait de devenir propriétaire
par tout acte translatif de propriété... On aurait pu mettre en
doute à savoir si la vente à réméré est
couverte. Alors, c'est y compris la vente à réméré,
y compris le bail emphytéotique, y compris le bail à rente, y
compris la vente forcée, au sens des articles 1585 et 1591 du Code
civil, parce qu'on ne veut pas qu'un non-résident vienne acheter dans
les encans lors des ventes forcées, et la vente pour taxes. Tout ce qui
aurait pu être des cas douteux, tout ce qui est des actes translatifs de
propriété, on le couvre, sauf la transmission pour cause de
décès. C'est bien difficile à ce moment pour celui qui est
décédé de recommencer à faire des testaments, avec
des morts! La transmission pour cause de décès est
exemptée, elle ne fait pas partie de l'acquisition. Deuxièmement,
l'exercice du droit de retrait, à la suite d'une vente pour taxes, et
toute session résultant de la Loi sur l'expropriation, qu'est-ce que
vous voulez, il était propriétaire, il exerce son droit de
retrait, on peut arriver avec une vente pour taxes et il ne l'a pas su. Si ma
mémoire est bonne, il a deux ans pour reprendre. Cela m'est même
déjà arrivé. J'étais en train de vendre... et je ne
le savais pas, parce qu'il y avait eu une erreur de comptabilité.
J'avais payé mes taxes, mais, à cause d'une erreur de
comptabilité, on pensait que je ne les avais pas payées. C'est un
droit que le non-résident avait, de toute façon. On ne veut pas
lui enlever ce droit et toute cession résultant de la loi sur
l'expropriation, excepté également le transfert des biens
visés à l'article 3 de la Loi sur les mines, ce sont les "claims"
dans le domaine des mines. Quatrièmement, exempter également le
transfert d'un droit de coupe ou d'une concession forestière en vertu de
la Loi sur les terres et forêts. Ce sont les cas d'exemption, tous les
autres sont couverts dans l'acquisition. On n'a quasiment pas le choix, parce
qu'autrement, cela va devenir un peu comme dans l'impôt...
M. Russell: Si je comprends bien, si je deviens
propriétaire, parce que c'est un droit de succession, d'une terre qui
m'est donnée par héritage et que je suis un non-résident,
je ne peux pas en devenir propriétaire, je suis obligé de la
vendre.
M. Garon: Non. Vous êtes exempté. M. Russell:
Elle est exemptée.
M. Garon: Si on avait contrôlé la possession, vous
auriez pu être obligé de la vendre dans tel délai.
C'était prévu dans les lois de l'Irlande, de la Saskatchewan.
Plusieurs lois de pays contrôlent...
M. Russell: Contrôlent la possession.
M. Garon: ... la possession, prévoient que, dans ces cas,
vous devez la revendre, si ma mémoire est bonne, dans les trois ou cinq
ans.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Le grand principe d'acquisition comprend tout mode
d'acquisition, même ceux qui ne sont pas déclarés
là, comme le jugement en reconnaissance judiciaire du droit de
propriété, et également un acte de partage. Parfois, vous
avez quatre ou cinq personnes qui sont propriétaires par indivis et,
elles font un acte de partage. C'est un acte déclaratoire de
propriété. Alors, ils seraient couverts.
M. Garon: Mais cela ne confère pas la
propriété. Ce n'est pas un acte translatif. C'est un acte
déclaratif.
M. Mathieu: D'accord, autrement dit, il est compris dans cela. Le
grand principe, c'est que tout acte est inclus dans cela.
M. Garon: Translatif de propriété. À
condition d'être translatif. Le bornage, par exemple, en fait, vous
étiez propriétaire. Il s'agit de faire déterminer
judiciairement jusqu'où va votre droit de propriété, mais
vous n'avez pas votre droit de propriétaire en vertu du bornage. Le
bornage déclare votre droit.
M. Mathieu: II y a souvent...
M. Garon: Alors, vous aviez votre droit par ailleurs.
M. Giasson: Le bornage détermine la fin de la ligne de
propriété.
M. Garon: Oui, c'est comme le partage. Le partage est une
méthode pour vous faire déclarer propriétaire de tel ou
tel bien. Mais vous êtes propriétaire en vertu d'autres
choses.
M. Mathieu: Je comprends. On a un exemple d'un individu qui a une
erreur dans son numéro de lot. Mettons que c'est sous contrat depuis 100
ans. Cela se transmet, le lot 33, rang 5, tel cadastre et on s'aperçoit
que lorsqu'on passe une route, le gars n'a pas le bon lot. Alors, il faut un
jugement en reconnaissance judiciaire de son droit sur le lot 35, mettons.
Alors, c'est déclaratif, si je comprends bien, et non pas
translatif.
Le Président (M. Laberge): L'article 1 sera-t-il
adopté?
M. Russell: M. le Président, il n'y a pas de
possibilité de couvrir celui que je mentionnais tout à l'heure
qui peut devenir propriétaire et qui éventuellement est un
non-résident pour conserver ses droits?
M. Mathieu: Je pense qu'il a dit que cela mènerait
à l'article 33.
M. Garon: Oui.
M. Russell: Vous allez revenir à cela; c'est cela.
M. Mathieu: On parle de l'article 33... M. Russell:
D'accord.
M. Garon: Là, c'est juste les définitions.
Après cela, quand on va parler d'acquisitions, c'est cela qu'on va
vouloir dire.
M. Giasson: M. le Président, je remarque que contrairement
aux dispositions de la loi 90, qui n'avait pas prévu la
définition de terres agricoles, la loi 41...
M. Garon: On peut les passer une par une? M. Giasson:
D'accord.
M. Garon: Là, on voyait "acquisition". On pourrait voir
l'autre après.
M. Giasson: Très bien. S'il y a d'autres interventions sur
la définition d'acquisition et tout ce que cela comporte, je suis bien
prêt.
Le Président (M. Laberge): On est mieux d'adopter
l'article 1 en bloc. Vous pouvez m'indiquer les différences...
M. Garon: Oui, mais on veut les discuter un par un, plutôt
que de sauter d'un à l'autre. Agriculture, chemins publics, commissions
et lots, ce qu'entend par ces mots et expressions la Loi sur la protection du
territoire agricole.
M. Giasson: Comme c'est la même définition, cela
suppose, encore une fois, que le non-résident qui vient acquérir
une terre agricole, pourra continuer de la laisser en friche. La seule
obligation qu'on lui fait c'est de venir au Québec. On ne l'oblige pas
à cultiver sa terre.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: C'est la réalité, parce que quand vous
vous référez à la définition d'agriculture dans la
loi 90, on y a changé le terme. On disait: "le fait de la laisser en
friche". On a modifié cela pour que ce soit plus joli: "sous couverture
végétale". C'est joli, c'est beau, mais c'est une terre en friche
quand même.
M. Garon: Attendez, vous allez voir, avec les beaux programmes
qu'on va mettre en application dans les prochaines semaines.
M. Giasson: Attendez encore...
M. Garon: On a mis un paquet d'affaires en application cette
année. Le nombre d'acres en céréales a augmenté de
100 000 environ cette année. Quand j'avais déclaré vendre
des céréales.
Je vais vous dire les chiffres des céréales. J'ai mis 128
000 tonnes en 1976, 826 000 tonnes en 1977, 1 052 000 tonnes en 1978 et 1 228
000 tonnes en prévision pour 1979.
Quand on avait dit: Une augmentation de 50% de la production sur cinq
ans, ils ont dit: Vous êtes malade. Mais on l'a fait sur deux ans.
Evidemment, il y avait une question de température qui jouait un peu
là-dedans, mais regardez donc l'augmentation, par exemple, des
superficies.
En 1978, l'augmentation des superficies est de 4,6%. L'augmentation des
superficies en estimation actuellement j'en aurais oublié encore
quelques-unes en 1979, était de 10,9%. Ce sont les superficies
ensemencées en céréales.
Cela veut dire, dans le fond, que cela y va. Cette année, les
gens qui voient ce qui se fait dans les champs disent: Vous allez voir, M.
Garon, l'an prochain, ce sera extraordinaire, la quantité de terres qui
vont se remettre en ensemencement, parce que les gens d'un bord à
l'autre, voient des terres qui étaient abandonnées et qui sont
remises en valeur.
L'autre jour, j'ai fait un bond en hélicoptère; je n'ai
pas...
M. Giasson: J'ai hâte de voir comment on va opérer
avec la rapidité à laquelle fait allusion le ministre dans ma
région.
M. Garon: Dans votre région. Il faut s'entendre où.
Sur le bord du fleuve ou bien dans les terres?
M. Giasson: Dans la région de la côte du sud. Au
bord du fleuve, il n'y est pas question de... Un ne se casse pas la tête
avec les terres qui sont laissées en friche dans les paroisses des
plateaux.
Ce qui nous inquiète, c'est le bon sol agricole dans la plaine du
Saint-Laurent qui a un bon potentiel. Les terres dont le potentiel est
très faible en montagne, ça ne nous énerve pas du tout, M.
le ministre, pas plus que vous d'ailleurs.
M. Garon: Peut-être que ce qui leur fait peur c'est votre
présence. Souvent ils disent... Il y a plusieurs cultivateurs...
M. Giasson: Je me demande si ce n'est pas la présence du
député de Lévis parce que c'est tout proche du
comté de Lévis, ce dont je vous parle.
M. Garon: Ils disent souvent: s'il fallait changer de
gouvernement, ça ne marcherait peut-être pas aussi bien. Alors les
cultivateurs...
Une voix: Cela irait plus vite.
M. Gagnon: ... les augmentations de 1970 à 1976 vous
autres.
M. Vaillancourt (Orford): C'est une évolution normale.
M. Garon: Oui, des augmentations de 50% sur deux ans?
L'assurance-récolte multipliée par trois fois et demie ou quatre
fois d'assurés dans trois ans? Le Crédit agricole
multiplié par cinq dans deux ans?
M. Vaillancourt (Orford): C'est une loi qui a été
passée dans notre temps et là, elle est mieux connue
aujourd'hui...
M. Garon: Dans le boeuf augmentation seulement cette année
de 36 000 têtes de plus de capacité...
M. Giasson: Arrêtez donc!
M. Garon: ... alors que la capacité totale dans votre
temps c'était de 12 000 ou 13 000...
M. Vaillancourt (Orford): ... parce que quand on met une loi en
application...
M. Garon: Seulement l'augmentation de cette année c'est
trois fois la capacité totale en 1976.
M. Vaillancourt (Orford): C'est parce qu'on a eu une belle
température.
M. Garon: Ce sont des chiffres extraordinaires.
M. Vaillancourt (Orford): Le soleil a paru plus longtemps.
Une voix: De 1970 à 1976 il faisait mauvais. M. Gagnon:
1970 à 1976... la température...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, j'écoutais le ministre
avec beaucoup d'attention, mais je me demandais si ça se
référait bien à l'article 1.
M. Garon: C'est parce que je dis au fond que ce n'est pas dans
cette loi qu'on retrouve les mesures pour mettre les terres en valeur. C'est
par d'autres mesures. Il y en a d'autres, vous allez voir les autres mesures.
On a deux ou trois programmes qui s'en viennent. Je vous dis que ce sera la
"nec plus ultra" dans l'utilisation des terres.
M. Giasson: La quoi?
M. Garon: La "nec plus ultra", la cerise sur le sundae.
Franchement vous allez voir deux ou trois bons programmes qui vont...
M. Giasson: Révolutionner l'agriculture!
M. Russell: On en reparlera quand on va arriver aux programmes.
Entre-temps on n'a qu'à passer cette loi, si on veut en finir
avant-midi.
M. Giasson: Avec le ministre, c'est fantastique, à tous
les ans il y a la révolution agricole au Québec.
M. Gagnon: Mais c'est important, le fait... C'est vrai.
M. Garon: C'est vrai.
M. Gagnon: J'aimerais bien que M. le ministre, si la commission
parlementaire durait un peu plus longtemps, puisse déposer, entre
autres, les programmes qui ont été mis de l'avant cette
année. Vous parlez de céréales...
M. Garon: Mais là, pour être bien certain que les
cultivateurs vont le savoir, on songe à envoyer des programmes
directement aux cultivateurs l'an prochain. De sorte que lorsqu'il y a des
fonctionnaires qui veulent faire de la politique dans des régions, ils
ne pourront pas le faire parce que les cultivateurs auront directement un
programme chez eux, dans leur maison. Ils pourront savoir ce à quoi ils
ont droit et ça va être la plus belle formule de vulgarisation
parce qu'on est en train de travailler le point pour envoyer les programmes
directement dans les maisons des cultivateurs.
M. Giasson: Inquiétez-vous pas, les bons agriculteurs au
Québec connaissent les programmes. Ils ne mettent pas un an à les
connaître. Les bons...
M. Russell: ...
Le Président (M. Laberge): L'article 1 sera-t-il
adopté?
Une voix: ... vaut mieux que les députés de
l'Opposition, ils ne les connaissent pas.
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, s'il vous
plaît! L'article 1 est-il adopté?
M. Russell: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 2.
M. Garon: L'article 1, la "terre agricole"...
Le Président (M. Laberge): On m'a demandé justement
si c'était pertinent et j'ai relu dans la loi 90 la définition du
mot "agriculture" et ça touchait de très près la
dernière conversation que vous avez eue.
M. Giasson: M. le Président, vous avez
procédé bien rapidement.
M. Garon: "Terre agricole" est une définition
importante.
M. Giasson: Je pourrais rappeler la remarque que le ministre a
faite à votre égard hier soir.
M. Garon: Qu'est-ce que j'ai dit?
M. Giasson: Quand vous avez dit que c'était un
député de la région de Montréal qui
présidait nos commissions.
M. Garon: ... Un gars de la ville.
Une voix: Pourquoi pas?
M. Giasson: Non, je n'ai rien contre ça, mais...
Le Président (M. Laberge): L'article 2, voulez-vous que je
vous le lise?
M. Giasson: Non, à l'article 1, M. le
Président...
Le Président (M. Laberge): D'accord; l'article n'est pas
encore adopté. On le laisse ouvert, de consentement unanime.
M. Giasson: "Terre agricole: étendue de terrain
utilisée à des fins d'agriculture dont la superficie est d'au
moins quatre hectares, qui est constituée d'un seul lot, de plusieurs
lots contigus ou qui seraient contigus s'ils n'étaient pas
séparés par un chemin public, un cours d'eau ou autrement". Le
cours d'eau n'apparaît pas, mais peu importe.
Lorsque vous avez décidé de vous arrêter à
quatre hectares, est-ce que... quels sont les critères ou les
éléments qui ont guidé votre choix de limiter ça
à quatre hectares?
M. Garon: On a regardé des lois d'ailleurs et plusieurs
lois référaient à quatre hectares ou à dix acres,
cela a été une raison. Deuxièmement, sur le plan
administratif, s'il fallait commencer à tous ceux qui sont d'une acre ou
deux acres, ça ferait des quantités énormes de papier
possiblement, alors on a décidé de fixer un chiffre qui
était un peu par comparaison avec ce qui se faisait ailleurs, soit
quatre hectares ou dix acres. Le but des quatre hectares, c'est
d'éliminer un paquet d'administration. En bas de cela... (12 h 30)
M. Giasson: Non, ce n'est pas parce que c'est trop restrictif.
Vous ne croyez pas qu'on aurait pu aller à six hectares? Il y a
peut-être des unités dans la production intensive sur lesquelles
un agriculteur peut vivre avec quatre hectares. Si on pense à la culture
maraîchère, l'horticulture, l'horticulture en serres, d'accord.
Vous pouvez constituer des unités de production rentables pour faire
vivre une famille.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Mais quand vous êtes dans des types
d'agriculture plutôt extensive, je vous assure que quatre hectares c'est
peu.
M. Garon: Ce qu'on s'est dit, au fond...
M. Giasson: Je serais d'accord avec vous que dans le comté
de Huntingdon, dans le territoire de Laval où vous avez de la culture
maraîchère, il y a
des unités de quatre hectares ou moins qui peuvent faire vivre la
famille, mais en dehors de cela, quand vous êtes en industrie
laitière, en céréales, en bovins... Vous pourriez
également avec quatre hectares aller dans des cultures sans sol, mais
encore? Cela vous prend du sol à un moment donné pour disposer
des fumiers et des purins. Si vous n'avez pas le sol vous êtes
obligé de vous entendre avec d'autres propriétaires de terres
pour disposer de ces fumiers.
M. Garon: ... s'il y a plus de dix hectares, on demandera
l'autorisation. S'il veut cultiver il va l'obtenir, et s'il ne veut pas
cultiver et qu'il s'agit de plus de quatre hectares ou dix acres, à ce
moment-là, c'est déjà beaucoup dix hectares.
M. Mathieu: Quatre hectares c'est dix acres?
M. Russell: C'est dix acres.
M. Garon: Oui, c'est multiplié par 2,5.
M. Gagnon: C'est beaucoup, quand on parle d'un territoire de dix
acres.
M. Garon: Aimeriez-vous mieux deux hectares?
M. Gagnon: Ce que j'aimerais savoir, c'est sur quoi on s'est
basé pour arriver à quatre hectares.
M. Garon: En comparant un peu avec ce qui se faisait
ailleurs.
M. Gagnon: Parce qu'on a été assez
généreux avec quatre hectares.
M. Garon: On va voir si cela fait. Une loi n'est pas figée
dans le ciment. On va voir ce que cela donne et si, à un moment
donné, on voyait que ce n'est pas assez, on pourra réduire.
M. Vaillancourt (Orford): Cela veut dire qu'un
non-résident peut arriver et acheter quatre hectares sans que ce soit
soumis à la loi.
M. Garon: C'est cela.
M. Mathieu: II peut acheter dix fois quatre hectares.
M. Garon: Non. On dit...
M. Vaillancourt (Orford): Mais est-ce que l'épouse peut
aussi acheter quatre hectares?
M. Russell: Chacun de ses enfants peut aussi acheter quatre
hectares.
M. Vaillancourt (Orford): Chacun des enfants peut acheter quatre
hectares, ce qui veut dire qu'une famille de non-résidents arrive ici
avec cinq enfants, le père, la mère, cela fait sept personnes.
Cela veut dire qu'ils peuvent acheter 70 acres sans être soumis à
la loi.
M. Mathieu: S'il y a des mineurs on va avoir de la misère
avec les contrats.
M. Giasson: Ce ne sera pas facile en pratique lorsqu'il va s'agir
de fermes situées à l'intérieur de la zone agricole, la
loi de protection empêche la subdivision ou le morcellement des fermes.
Là, tout de suite, la loi 90 pose des arrêts, des crans
d'arrêt sur la capacité ou la possibilité de subdiviser des
fermes. Ce serait possible, selon les commentaires et propos du
député d'Orford, dans le cas de petites unités
déjà subdivisées de dix acres ou moins.
M. Garon: C'est possible dans une loi comme celle-là qu'il
y ait... On va voir à l'usage. Cela m'étonnerait qu'un
non-résident décide d'acheter une terre, le père, la
femme, chacun dix hectares...
M. Giasson: Et de multiplier à l'infini le type de
propriété agricole que possède le député de
Lévis. Il a combien d'acres votre jardin?
M. Garon: J'ai à peu près cela dix acres, un peu
moins.
M. Giasson: Pour moi, cela a servi de modèle.
M. Vaillancourt (Orford): Cela garde un meilleur
marché.
M. Rancourt: En Alberta, c'est la règle des quatre
hectares et à l'Île-du-Prince-Édouard c'est quatre hectares
aussi.
M. Giasson: J'ai vu les lois des autres provinces.
M. Garon: C'est cela. En Saskatchewan c'est beaucoup plus grand,
mais là, c'est divisé en sections de 640 acres par section.
M. Giasson: Ce sont des carrés.
M. Garon: À ce moment-là, ils ont calculé
sur un quart de section, ce qui était la subdivision là-bas.
M. Giasson: De toute façon, le choix de quatre hectares va
certainement poser très occasionnellement, ce ne sera pas pratique
courante, des problèmes à des entreprises d'utilité
publique. D'ailleurs, j'aurai une proposition d'amendement à vous
proposer lorsque nous serons rendus plus loin, à l'étude de
l'article 8.
Le ministre n'est pas sans savoir qu'avec le développement des
systèmes de transmission, de communications, on a des entreprises
d'utilité publique qui doivent acquérir des parcelles pour
l'installation d'équipements, surtout dans des secteurs plats, en dehors
des régions où il y a des montagnes. Vous allez me dire: C'est
dans les basses terres du Saint-Laurent et de l'Outaouais, c'est vrai. Vous
avez des entreprises d'utilité publique qui doivent installer des tours
de transmission, surtout des systèmes de micro-ondes.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Quand vous êtes obligé de
procéder à la pose d'une tour en terrain plat, tour qui doit
être plus élevée, vous êtes obligé de la
soutenir avec des haubans dont la prise au sol est plus éloignée
de la base de la tour. Cela pourrait poser des problèmes à
certaines entreprises; je pense, dans ma région, à Québec
Téléphone qui nous dessert, qui a commencé à
installer de telles tours pour la transmission par micro-ondes, qui
devra...
M. Garon: Québec Téléphone est-il
non-résident ou résident?
M. Russell: Résident.
M. Garon: Québec Téléphone est
résident.
M. Giasson: C'est résident, c'est une personne morale,
mais le capital-actions est détenu en dehors du Québec; les gens
qui le détiennent ne vivent pas au Québec, ce sont des
Américains qui vivent aux Etats-Unis. Ce ne sont pas des
résidents, les actionnaires, les blocs majoritaires d'actions de
Québec Téléphone; ce sont des gens qui vivent aux
Etats-Unis et je ne pense pas qu'ils viennent vivre au Québec...
M. Garon: Est-ce qu'ils ont fourni à Pro-Canada?
M. Giasson: Qu'est-ce que ça vient faire là-dedans?
Expliquez-moi donc cela.
M. Garon: Vous les défendez d'une façon
forcenée.
M. Vaillancourt (Orford): Vous demanderez cela lors du
débat concerné.
M. Giasson: Dans ces cas-là, je crois qu'il serait
important de tenir compte ce ne sont pas des cas qui vont se
répéter à l'infini, comme je le disais, loin de là
et d'avoir une disposition de particularité dans notre loi et qui
ne ferait pas obligation à ces entreprises d'utilité publique de
devoir, chaque fois qu'elles doivent acquérir des terrains pour de
telles installations, aller quêter une permission.
M. Garon: Vous savez, Bell Canada, qui est la plus grosse
compagnie, a à peu près 60 sites comme ça dans l'ensemble
du Québec. Cela ne veut pas dire que...
M. Giasson: Vous connaissez Bell Canada. Est-ce que vous
êtes actionnaire...
M. Garon: Non, je ne suis pas actionnaire.
M. Giasson: ... pour déterminer le nombre de sites
précis chez Bell Canada?
M. Garon: Ces gens m'ont écrit une lettre. J'ai dit: Si
c'est 60 sites, ce n'est pas un grand nombre, au fond.
M. Giasson: Vous n'avez pas eu l'information par micro-ondes?
M. Garon: Non, je n'ai pas eu les informations par micro-ondes.
S'il s'agit de 60 sites... Dans le fond, voyez-vous un propriétaire
d'une soixantaine de terrains aménagés à cette fin, au
Québec... Pourquoi aménagerions-nous ces sites sur les plus
belles terres agricoles, au fond? Pourquoi ce ne serait pas sur des terres non
agricoles ou des sols 5?
M. Giasson: II y a des régions où... M. Garon:
Cela se regarde.
M. Giasson: M. le ministre, il y a des régions où
c'est possible de procéder dans le sens de vos propos. Il y a d'autres
régions où vous êtes dans la vaste plaine, et obligation
est faite à ces entreprises...
M. Garon: Dans la plaine, les ondes voyagent loin.
M. Giasson: Cela voyage encore mieux quand vous avez des
montagnes et que vous avez la capacité d'installer vos tours et vos
antennes sur la montagne. Quand il n'y a pas de montagne, vous êtes
obligé de les installer dans la plaine, vous n'avez pas le choix. Les
compagnies ne créeront pas de montagnes pour installer des antennes,
elles seront obligées de les installer au sol qu'il y a là, dans
la plaine.
M. Gagnon: II y en a déjà qui sont
installées dans la plaine...
M. Giasson: Oui, vous en avez déjà et, avec
l'expansion et le développement, il va y avoir des cas où
ça va être requis. Je ne vous dis pas qu'il va y en avoir cinq par
année; il y a des années où il n'y aura pas d'installation
à faire; d'autres années, ça va se produire. C'est pour
cela d'ailleurs, M. le ministre, que je ne veux pas poursuivre le débat
tellement longtemps parce que j'aurai une proposition d'amendement lorsqu'on
sera rendu à l'article 8.
M. Garon: C'est pour l'avenir, ce n'est pas pour le
passé.
M. Giasson: Et les droits sont là. Une voix: Cela
suffirait peut-être...
M. Garon: On ne touchera pas aux sites passés, mais, pour
les sites dans l'avenir...
M. Giasson: Les dispositions 101 à 105 de la loi 90
stipulent les droits acquis et ces droits acquis touchent ces entreprises de
communica-
tions. Ce n'est pas pour ce qui existe, ce n'est pas touché par
le projet de loi no 41.
M. Dubois:... les dispositions du projet de loi 90 pour les
entreprises d'utilité publique. La loi 90 protège
déjà le sol agricole pour les entreprises d'utilité
publique, c'est déjà fait.
M. Garon: À ce moment-là, ces gens vont être
obligés d'y aller en même temps parce qu'il y a une certaine
exemption pour les poteaux téléphoniques; on ne voulait pas
exiger qu'ils demandent la permission pour installer des poteaux
téléphoniques. À ce moment-là, s'il y a une demande
à faire en vertu de la Loi sur la protection du territoire agricole, on
fera les deux demandes en même temps, comme non-résidents. Ce
n'est pas plus compliqué.
M. Russell: La commission peut autoriser...
M. Garon: Mais pourquoi Bell Canada serait-elle au-dessus les
lois?
M. Dubois: Elle n'est pas au-dessus des lois. Il y a la loi 90
qui stipule qu'elle doit souscrire à ses dispositions.
M. Giasson: Loin de moi l'idée de placer Québec
Téléphone ou encore Bell Canada au-dessus de la loi. Mais il y a
moyen, je pense, au plan pratique, de prévoir des dispositions dans la
loi qui ne feraient pas une obligation à chaque fois qu'ils doivent
procéder dans un besoin de terrain qui dépasse dix hectares
cela peut être onze, cela peut être douze ou quinze
je pense qu'au plan pratique, on est capable de légiférer sans
briser et faire un accroc majeur aux principes et aux modalités
d'application de la loi.
Puisque vous me parlez de Bell Canada, au-delà des 60 tours qui
existent, quelle est la demande? Est-ce qu'il y aurait moyen de savoir ce que
Bell Canada recherche?
M. Garon: Ils ne le disent pas. Attendez un peu. Cela fait un
bout de temps que j'ai eu la lettre.
M. Vaillancourt (Orford): II faudrait exclure les compagnies de
service.
M. Garon: Quoi?
M. Vaillancourt (Orford): II faudrait exclure les compagnies de
service.
M. Giasson: Non, pas les exclure totalement.
M. Vaillancourt (Orford): Non, mais leur faciliter la
tâche.
M. Giasson: II faudrait prévoir des cadres
également pour les compagnies d'utilité publique, les entreprises
d'utilité publique.
M. Vaillancourt (Orford): Ces compagnies qui viennent ici, qui
ont des actionnaires à l'extérieur du Québec, elles
viennent ici pour desservir les Québécois, en
réalité. Il faut leur faciliter la tâche pour qu'elles
puissent construire leurs installations et nous servir.
M. Garon: Ce n'est pas de leur faciliter la tâche, mais de
faire en sorte qu'elles se comportent comme des citoyens. Vous voudriez au fond
que les non-résidents soient plus avantagés que les
résidents.
M. Vaillancourt (Orford): Ce n'est pas un non-résident, en
réalité.
M. Garon: Les non-résidents se comporteront comme des
résidents.
M. Vaillancourt (Orford): Vous voulez dire qu'ils demanderont la
permission et la commission les acceptera...
M. Giasson: Elle peut l'accorder et elle peut la refuser. La
commission pourrait dire: Allez installer vos tours plus loin. Trouvez-vous une
élévation, une montagne.
M. Garon: À la commission, ils ne sont pas fous non
plus.
M. Giasson: Comme cela, c'est possible que le bon sens oblige une
entreprise d'utilité publique à s'installer dans la plaine.
M. Garon: Je vais vous dire une chose. La première
négociation des entreprises d'utilité publique, c'est toujours de
faire ce qui va être le plus avantageux pour elle, la première
chose.
M. Russell: Le moins coûteux. Ce qui est normal.
M. Garon: Mais ces lois ont pour but de protéger les
agriculteurs. C'est évident qu'un agriculteur, face à une grosse
compagnie d'utilité publique, n'est pas gros et qu'il a peur d'aller
dans les procès et tout cela. Le but, c'est de protéger ces
gens-là.
M. Giasson: Autrefois, mais pas maintenant.
M. Garon: Quand vous arrivez vis-à-vis le gazoduc, par
exemple. Combien de télégrammes pensez-vous que j'ai reçus
de cultivateurs qui sont inquiets face au gazoduc? On me demande où la
compagnie va placer son gazoduc. De quelle façon cela va faire
fonctionner cela. Et moi, qu'est-ce que je vais avoir à dire?
M. Giasson: Le long de l'autoroute 20. Elle va le placer le long
de l'autoroute 20.
M. Garon: J'ai hâte de voir cela. Si ce n'est pas dangereux
pour le champ d'un cultivateur, il
n'y a pas de problème. C'est parfait. Si ce n'est pas dangereux
le long de l'autoroute 20, c'est parfait aussi. J'ai hâte de voir.
M. Vaillancourt (Orford): M. le ministre, si on oblige une
compagnie d'utilité publique...
M. Garon: Je l'ai vécu le débat, dans mon
comté. Il était question d'un réservoir. La population a
discuté. Quand ces bebelles arrivent et que cela est chez le voisin,
c'est parfait, pas de problème. Mais quand c'est chez eux, les gars
disent: Un instant, il faudrait voir cela de plus près.
M. Giasson: Mais s'il y avait un gazoduc à installer, un
pipe-line, et qu'il est le long de l'autoroute 20, cela ne dérangera pas
trop les cultivateurs, j'imagine.
M. Garon: Non. Quand est arrivé Gaz Métropolitain
qui est allé dans le comté d'Iberville, qui est parti de
Montréal pour aller tout le long, il s'est placé le long de la
route. Il n'y a pas eu de problème.
S'il n'y a pas de système de freinage vis-à-vis de ces
entreprises publiques, qu'est-ce qu'elles vont faire? Elles aussi doivent
trouver de meilleurs tracés moins dommageables pour la population.
M. Vaillancourt (Orford): Mais si on exige d'elles de contourner
les terrains agricoles à des prix qui doublent leur installation, c'est
l'usager qui va payer pour cela. C'est le contribuable qui va payer pour
cela.
M. Garon: On ne parle pas de faire des gazoducs, des routes du
temps de Taschereau qui font le tour des terres pour aller rejoindre les terres
des amis. Je ne vous parle pas de cela.
M. Vaillancourt (Orford): Ne nous parlez pas de Taschereau, c'est
avant nous autres.
M. Garon: Regardez, je prends cela comme cela...
Une voix: La belle époque! M. Russell: ... on
faisait des...
M. Giasson: M. le ministre, reconnaissez-vous au moins
qu'à cette époque, on avait le souci de ne pas couper inutilement
des terres. On avait des routes tortueuses, je suis bien d'accord. (12 h
45)
M. Garon: Bonne mère, les routes étaient bien plus
longues comme cela. Ces routes-là étaient bien plus longues,
faites de cette façon-là.
M. Giasson: Non, mais on coupait moins les terres
qu'aujourd'hui.
M. Garon: À un moment donné, vous faites une route
droite. Au lieu d'être de 25 milles, elle a 15 milles. Cela fait 10
milles de plus.
M. Giasson: Oui, mais on coupait beaucoup moins de terres, quand
on suivait, si vous voulez, les élévations de terrains pour
installer la route. Aujourd'hui, si le terrain n'est plus bon, on le remplit.
On continue... À l'époque, on cherchait les parties
élevées pour installer des routes sur des parcelles de terrains
dont l'égout était facile.
Une voix: On ne voulait pas remplir.
M. Garon: On faisait même des ponts couverts avec des toits
pour dépenser plus d'argent pour les amis.
M. Giasson: Là, vous vous battez pour les ponts couverts
de ce temps-ci.
M. Mathieu: C'était de l'esthétique.
Une voix: Pour les garder.
Une voix: C'était pour ne pas que...
M. Giasson: ... le tablier du pont pourrisse rapidement.
Une voix: ... le tablier pourrisse.
M. Giasson: C'est le côté gamin du ministre, il ne
peut pas s'en départir.
M. Vaillancourt (Orford): C'est très pertinent, M. le
Président, ce dont on parle là.
Le Président (M. Laberge): C'est justement pourquoi je
vous écoute.
M. Giasson: Effectivement, M. le Président, j'aimerais
savoir du ministre quelle est la requête de Bell Canada ou les
considérations aux remarques qu'elle formule?
M. Garon: Elle parlait d'être exemptée. Je ne vois
pas pourquoi elle serait exemptée, parce qu'elle dit qu'ils sont des
non-résidents, parce qu'il y a moins de 50% de ses actions qui sont la
propriété de personnes résidant au Québec et moins
de la moitié de ses administrateurs qui résident au
Québec. En réalité, je crois que ce sont huit
administrateurs sur vingt qui résident au Québec. Comme ils sont
non-résidents, ils auraient voulu qu'on trouve une exemption pour qu'ils
puissent acheter des terres agricoles à des fins d'utilité
publique sans l'autorisation de la commission.
M. Giasson: Est-ce d'acheter des terres complètes dans
l'interprétation de leur document?
M. Garon: Ils disent: "Par ailleurs, par l'effet de l'article 8,
Bell Canada ne pourrait faire l'acquisition d'une terre agricole, même
pour ses fins d'utilité publique, sans l'autorisation de la Commission
de la protection du territoire agricole." Ils disent que, dans leurs sites, des
fois, ils ont besoin de...
Comme il ne s'agit pas d'un grand nombre de sites, ils pourraient aller
devant la commission et... À ce moment-là, en allant devant la
commission, ils vont avoir la préoccupation de chercher un site qui sera
le moins agricole possible.
M. Giasson: Oui, le long, mais lorsque vous êtes dans la
grande plaine, c'est impossible.
M. Dubois: La loi 90. S'ils ont besoin de cinq hectares, par
exemple?
M. Garon: Dans la loi 90, il y avait d'autres fins. La loi 90
visait essentiellement des poteaux de téléphone ou des affaires
comme cela.
Une voix: Oui, mais...
M. Garon: L'article, on l'a peut-être... Comme il y a moins
de dix hectares, il n'y a pas de problème pour leurs poteaux de
téléphone.
M. Giasson: Ce n'est pas le cas des poteaux.
M. Garon: Non.
M. Giasson: Vous savez de quoi il s'agit.
M. Garon: S'ils ont besoin de plus de dix hectares, cela commence
à être quelque chose.
Une voix: Les tours.
M. Giasson: Non pas dix hectares, disons quatre hectares.
M. Garon: Non pas dix hectares, dix acres, quatre hectares, cela
commence à être quelque chose, n'est-ce pas? Il y a une exemption
assez grande pour les poteaux.
M. Dubois: Cela fait six cents pieds sur six cents pieds,
au-delà...
M. Garon: Dans combien de cas cela va-t-il se présenter,
entre vous et moi? Peut-être une fois ou deux par année! Ces
compagnies font leur plan des mois à l'avance.
M. Dubois: Je comprends que c'est assez rare que les haubans
aient plus de six cents pieds de distance, six cents ou six cent cinquante.
M. Garon: On l'a peut-être mise large un peu l'exemption
dans la Loi sur la protection. Il faudrait peut-être la réduire un
peu.
M. Giasson: C'est à peu près sur le modèle
de la propriété possédée par le ministre de
l'Agriculture. C'est le modèle parfait.
M. Garon: À l'heure actuelle, parce que le
règlement n'est pas fait, toutes les entreprises publiques viennent
à la commission actuellement. Il y a une possibilité d'exemption
dans la loi, mais il n'y a pas eu de règlement de fait.
M. Giasson: Parlez-vous de la loi 90?
M. Garon: Oui. Ils viennent discuter de leurs affaires. Ce n'est
pas mauvais, au fond. Ces entreprises ont des spécialistes et elles font
des projets. Quand elles font un projet, c'est comme les gouvernements, les
grandes compagnies comme celles-là, parfois elles sont même plus
grosses que les gouvernements.
M. Vaillancourt (Orford): II y a seulement
Hydro-Québec.
M. Garon: Elles font des projets longtemps à l'avance, des
mois et des années à l'avance.
M. Russell: Elles les mettent sur les tablettes et ne les
réalisent pas, et on paie pour cela.
M. Garon: Le fait qu'elles se disent: On va être
obligé d'aller discuter avec eux autres, on est mieux de trouver une
terre qui est moins agricole, parce que cela va peut-être être dur,
on va être obligé de recommencer. Le fait qu'elles aient cette
préoccupation, ce n'est pas mauvais.
Le Président (M. Laberge): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Giasson: Quand vous êtes dans la vraie plaine, en
bordure du Saint-Laurent, je ne parle pas de la région immédiate
de chez moi, parce que la lisière de terres entre le Saint-Laurent et la
montagne est plus étroite et ils peuvent utiliser la montagne qui est
tout près. D'ailleurs, cela coûte peut-être un petit peu
plus cher d'installation, mais par contre, vous êtes placés en
hauteur. Si vous choisissez un pic sur la montagne, votre tour ne
nécessite pas une élévation aussi grande,
c'est-à-dire que la hauteur de la tour est moins accentuée, moins
prononcée, tandis que quand vous êtes dans la plaine et qu'il y a
des ondulations, vous êtes obligés souvent de monter votre tour.
Ce sont les câbles qui retiennent la tour, les haubans qu'on appelle,
dont l'ancrage s'en va plus loin. Plus votre tour est haute, plus vous
êtes obligé d'ouvrir...
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Jusqu'à maintenant,
j'ai vu des compagnies qui avaient à tenir compte de la Loi sur la
protection du territoire agricole dans leur choix, dans leur
établissement et tout cela. Celles que j'ai vues, de façon
générale, étaient assez fières de dire: On a suivi
la loi et on a eu le souci de protéger les terres agricoles. On devait
en avoir plus grand pour telle et telle raison, mais on a fait des contrats de
location à long terme avec des cultivateurs d'alentour pour que tout
cela reste en culture. Je pense qu'il y a une sympathie naturelle des gens
vis-à-vis de l'agriculture. Quand la loi aide un peu à mettre en
oeuvre cette sympathie naturelle, il y en a beaucoup qui sont contents de le
faire. Il arrive occasionnellement des gens qui ont un intérêt
spéculatif, mais j'ai remarqué que ceux qui étaient les
plus virulents, c'étaient souvent ceux qui
défendaient les intérêts des spéculateurs,
parfois même plus que les spéculateurs eux-mêmes. Avec la
loi, on a fait les zones municipales; de plus en plus, on va faire des bilans.
On en a une centaine, et dans un mois et demi, on va être rendu à
200 ou 250. Ce qui va arriver, avec le nombre, c'est qu'on va pouvoir faire une
analyse. On calcule que les 614 municipalités devraient être
terminées pour l'été prochain.
M. Giasson: L'été 1980?
M. Garon: Oui. Alors, ce qui arrive à ce moment, c'est
qu'on va avoir les données des zones. Je peux vous dire qu'on pourra
faire la compilation pour le plaisir de la chose dans les zones qui ont
été laissées aux municipalités. Cela pourrait loger
combien de population au Québec? On va arriver sans doute à 15
millions, peut-être plus. Toutes ont une possibilité de
construction pour plusieurs années à venir.
M. Giasson: Si vous les utilisez en totalité comme zones
résidentielles. Il y a des villes qui ont gardé des zones
blanches, en dehors, qui ont été sorties du zonage, parce que le
premier zonage couvrait très généreusement et très
largement, mais cela ne servira pas à des fins résidentielles.
Vous avez des secteurs commerciaux...
M. Garon: Même des villes comme
Trois-Rivières...
M. Giasson:... des secteurs industriels.
M. Garon: ... ont une zone agricole. Malgré la zone
agricole, ils ont des terrains à bâtir pour un nombre
d'années... Je ne me le rappelle plus, mais c'est un très grand
nombre d'années. Mais on commence à avoir de plus en plus de
villages qui, par entente avec la commission, sont des zones à 100%
agricoles. Ces gens saisissent quel est leur intérêt. Il y a
beaucoup de municipalités agricoles, où on fait de
l'élevage ou des choses semblables, qui vont être zonées
à 100%.
J'ai même vu quelques municipalités où il m'a
été conté qu'à des assemblées elles
ne sont pas toutes pareilles, elles ne se font pas toutes de la même
façon les assemblées où les gens d'une
municipalité disaient: Voici ce qu'on va proposer à la
commission, avec la carte. Le gars disait: Où est ma terre? Ta terre est
là. On disait: II y a le bas de ta terre. On ne savait pas, étant
donné qu'il y a une côte, si cela pouvait être dans le bas
et tout cela. Zone-là. Parfait. Quelqu'un me racontait ce qui se passait
dans le débat de la municipalité. Il disait: La
municipalité approuvait le débat de la population à
100%.
M. Vaillancourt (Orford): C'était le propriétaire
qui disait: Zone-là.
M. Garon: Oui, et les gens disaient: Résultat... Dans la
municipalité, on avait déjà un zonage pas mal serré
et la population l'a fait faire encore plus serré que cela.
M. Giasson: Cela peut s'appliquer à certaines
municipalités.
M. Garon: Beaucoup.
M. Giasson: Vous avez des villages où il n'y a
aucun...
M. Garon: Quand on demande l'intérêt de
l'ensemble...
M. Giasson:... développement industriel, vous n'avez
même pas deux petites entreprises dans le village, alors cela va
bien.
M. Garon: Quand cela se fait publiquement par l'ensemble de la
population, la Loi de la protection du territoire agricole l'emporte et de
loin. Mais ce qui arrive c'est quand il y a des conseils municipaux qui sont en
partie liés avec des promoteurs spéculatifs et qui font cela en
arrière des corridors alors là, la population n'a jamais la
possibilité de s'exprimer dans son ensemble; mais quand c'est elle qui
s'exprime, jusqu'à maintenant, je n'ai jamais vu que la Loi de la
protection du territoire soit sortie perdante de cela.
La plupart de ces gens-là le phénomène est
bien simple qui sont allés à la campagne, ils voulaient
être à la campagne, ils ne voulaient pas voir la ville les
entourer. Ils sont allés à la campagne pour être à
la campagne, alors ils sont bien contents d'être à la campagne. La
protection du territoire agricole, au fond, sert les intérêts de
quasiment tout le monde. Les seuls qui ne sont pas contents ce sont les
promoteurs spéculatifs. Le gars qui s'est dit à un moment
donné: je me suis acheté une terre à tel endroit, je vais
faire un développement là.
J'en vois souvent de ces gens-là qui disent ça. Tu jases
avec le gars et tu lui dis: tu sais bien que ça n'a pas de bon sens de
faire un développement là. Si tout le monde faisait ça,
qu'est-ce qui arriverait? C'est ça, au fond, essentiellement, que
ça arrête.
Les pressions des gens... Vous devez les voir ces gens-là, vous
aussi. Ou les avocats qui ont travaillé pour M. Mathieu les voient.
M. Mathieu: Ils vont voir les notaires. M. Garon: Ah, j'ai
des noms.
M. Giasson: Est-ce qu'ils ont travaillé pour M. Mathieu en
vue de l'aider ou de lui nuire? Au fond des choses...
M. Garon: Non, mais ils se disent: Peut-être bien que si
les libéraux prenaient le pouvoir, ils pourraient nous
débarrasser du zonage et on pourrait marcher ça comme avant.
C'est évident que les spéculateurs, voyant ce qui se passe...
M. Russell: Est-ce qu'il y aurait des avocats qui penseraient
comme ça?
M. Garon: Mais non.
M. Mathieu: Le ministre est avocat lui-même; il ne doit pas
penser de même certain.
M. Garon: Ils défendent les spéculateurs.
M. Russell: Ils veulent défendre les
spéculateurs.
M. Garon: Non, les avocats qui en défendent. Il y a de
gros noms là-dedans.
Le Président (M. Laberge): Est-ce qu'il y a d'autres
questions concernant l'article 1?
M. Garon: ...
M. Russell: Quelle est la dimension que vous prenez pour dire que
ce sont de gros noms?
M. Garon: Ce que j'entends par gros noms, c'est l'importance des
postes qu'ils ont occupés dans le Parti libéral.
M. Giasson: Vous ne faites pas nécessairement allusion
à l'efficacité de ces hommes à l'intérieur du
parti.
M. Garon: Je ne peux pas me prononcer.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que vous avez d'autres
questions sur l'article 1, M. le député de Montmagny-L'Islet?
M. Giasson: J'aurai l'occasion, comme je l'ai indiqué il y
a quelques moments, de proposer un amendement à l'article 8 du projet de
loi qui va tenir compte de la requête à laquelle le ministre vient
de faire allusion et également de situations à l'endroit de
certaines compagnies ou organismes d'utilité publique. On fera le
débat, la commission aura à juger de la motion ou de l'amendement
que je proposerai à ce moment-là.
Le Président (M. Laberge): Sur ce, est-ce que l'article 1
sera adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Comme il sera
bientôt 13 heures, la commission suspend ses travaux jusqu'à 15
heures.
Suspension de la séance à 12 h 58
Reprise de la séance à 15 h 22
Le Président (M. Laberge): À l'ordre,
messieurs!
La commission de l'agriculture et de l'alimentation reprend ses travaux
concernant le projet de loi no 41, Loi sur l'acquisition de terres agricoles
par des non-résidants.
Les membres de la commission sont les mêmes que ce matin, à
deux exceptions près. M. Goulet (Bellechasse) remplace M. Russell
(Brome-Missisquoi) comme membre et M. Mathieu (Beauce-Sud) remplace M. Giasson
(Montmagny-L'Islet) à titre de membre, les autres étant les
mêmes.
J'appelle l'article 2, dont je donne lecture: "Une personne physique
réside au Québec aux fins de la présente loi si elle y a
séjourné durant au moins 366 jours au cours des 24 mois
précédant immédiatement la date de l'acquisition d'une
terre agricole". M. le ministre.
M. Garon: C'est la façon d'établir l'acquisition du
caractère de résident. On a choisi de marquer un an sur deux.
Dans les lois de l'impôt c'est 183 jours sur 365. Ailleurs, dans des lois
pour des fins de résidence, des fins de terres agricoles, dans les pays
où on a regardé on a plus tendance à mettre un an sur deux
que six mois sur un an.
M. Mathieu: J'aurais un commentaire, M. le ministre, avec votre
permission, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Cette mention est grandement préjudiciable
à beaucoup de citoyens de mon comté et j'imagine, par voie de
conséquence, à d'autres également. Je pense, par exemple,
à un jeune qui part à l'âge de 18 ans, qui s'en va en
Alberta ou aux Etats-Unis. Au bout de trois ou quatre ans, il vient acheter une
partie de la ferme de son père. Il reste là-bas encore trois ou
quatre ans, s'en revient et se marie. Pour éviter que cela porte
préjudice... Quand on vient à faire les contrats je parle
toujours en tant que notaire où est-ce que je le déclare
résident? S'il n'entre pas dans la norme de l'article 2 il n'a pas le
droit d'acheter sans passer par la commission. J'aurais l'intention de
soumettre un amendement. Je l'ai préparé: Cet article est
amendé par l'insertion, après les mots "la présente loi",
à la ligne deux, des mots "si elle y est domiciliée au sens de
l'article 79 du Code civil" ou si elle y a séjourné, et cela
continuerait. Vous savez que le domicile est une question d'intention; alors un
individu, si cela fait deux ou trois ans qu'il est parti de chez lui, son
domicile est toujours son principal établissement, c'est-à-dire
chez ses parents.
Donc, cet amendement couvrirait le cas des jeunes de 18 ans, 20 ans, 22
ans qui ont quitté la province, qui s'en vont travailler à
l'extérieur, qui peuvent venir quinze jours pendant les vacances des
Fêtes et qui s'en retournent, qui ne répondent pas à vos
critères, mais qui ont l'intention de revenir, quand ils auront fait une
bonne tournée de 3 ans, 4 ans, 5 ans, 7 ans, 8 ans, quelque chose comme
ça, pour s'établir définitivement. Je considère que
leur domicile est toujours à l'endroit où on peut les atteindre
par leurs parents. À cet article, il me semble que l'amendement rendrait
grandement service.
M. Garon: On a étudié la question de la
résidence ou du domicile. Justement, comme l'a mentionné le
député de Beauce-Sud, pour l'établissement du domicile, il
est question d'intention. C'est difficile à établir. La loi
deviendrait difficilement administrable si on établissait une notion de
domicile plutôt qu'une notion de résidence.
C'est pour ça que dans toutes les lois c'est la même
chose dans tous les pays pour le contrôle des terres agricoles,
tout le monde s'est replié sur la notion de résidence, comme dans
les lois fiscales. Parce que la résidence est une question de fait. Vous
êtes résident ou vous ne l'êtes pas, tandis que la notion de
domicile, c'est dans l'intention. Parce que c'est difficile, avec la notion
d'intention, de lire dans la pensée des gens, ça deviendrait
difficilement administrable. Des gens pourraient manifester que leur intention
était telle chose, alors qu'ils n'ont pas cette intention du tout. On
pourrait rendre la loi à peu près inopérante de cette
façon.
C'est pour ça qu'on a constaté... Je ne connais pas
d'endroit, en tout cas, où on s'est replié sur la notion de
domicile. Pour la plupart des lois comme celle-là, sinon toutes, on a
choisi la notion de résidence.
M. Mathieu: Cela me semble préjudiciable. Voyez-vous, si
une personne arrive avec un contrat, nous déclare qu'elle réside
à tel endroit et fait une fausse déclaration, l'acte peut
être annulable.
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: Vous savez, cela a des conséquences
très lourdes.
M. Garon: Ce serait la même chose avec la notion de
domicile.
M. Mathieu: II me semble qu'on nuit aux transactions entre
parents et enfants. Je connais beaucoup de cultivateurs qui aiment vendre une
partie de leur ferme à un enfant, surtout présentement, quand la
personne n'a plus de quota de lait et qu'elle a une ferme de 200 ou 300 acres.
Elle donnera une partie à un, une partie à l'autre.
Peut-être que cela ne sera pas pour les fins de culture.
L'individu qui l'acquiert ne le cultivera peut-être pas lui-même;
il peut louer la terre à d'autres. Mais les gens ont toujours cette
ambition de transmettre la ferme ancestrale à leurs descendants
même si ce n'est pas pour la culture. C'est inscrit très
profondément dans la nature des cultivateurs.
M. Garon: Si on la morcelle et qu'on la vend en plusieurs
parties, la ferme ancestrale ne restera pas longtemps ancestrale, parce que
cela va devenir des parcelles. C'est pourquoi dans la Loi sur la protection du
territoire agricole le morcellement est contrôlé. Cela rend
l'agriculture inopérante quand il y a du morcellement. On remarque que,
dans les régions du Québec où il y a une
prospérité agricole, il n'y a pas eu de morcelle- ment. L'endroit
où le morcellement est allé le plus loin, c'est aux
Îles-de-la-Madeleine. Le morcellement fait disparaître
complètement l'agriculture. Il n'y a plus d'agriculture sur les
Îles-de-la-Madeleine, à toutes fins utiles alors qu'il y a 25 ans
environ, les Îles-de-la-Madeleine produisaient entièrement les
aliments dont elles avaient besoin. Aujourd'hui, à cause du
morcellement, je pense qu'elles n'en produisent pas 10%. Les terres sont
entièrement morcelées.
Ici, pour les fins de l'article 2, sur une question de pratique,
d'administration, en même temps que de vérification, la notion de
domicile est difficilement administrable tandis que la notion de
résidence est administrable.
Le Président (M. Laberge): Avant d'aller plus loin, je
voudrais simplement déclarer que, même si je ne l'ai pas
mentionné, j'ai laissé aller la discussion parce que cet
amendement était recevable pour discussion. Il faut que ce soit
mentionné. (15 h 30)
M. Mathieu: Peu importe le sort de mon amendement, je ne me fais
pas d'illusion, je crois que c'est préjudiciable à un grand
nombre de gens si on choisit la notion de résidence au lieu de celle de
domicile.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci aux membres de la commission d'avoir
accepté le changement. Mon collègue de Brome-Missisquoi a
dû quitter pour Montréal. Je trouve pertinent l'amendement du
député de Beauce-Sud. À quelle quantité peut-on
retrouver cela dans nos comtés? Personnellement, le comté que je
représente longe les frontières américaines et, de ce
temps, il revient beaucoup de gens qui étaient aux Etats-Unis depuis
quelques années.
M. Rancourt: Ils n'ont plus de travail là-bas, ils
reviennent au Québec.
M. Goulet: Si je comprends bien l'article tel que libellé,
si un fils de cultivateur, par exemple, s'en va travailler aux Etats-Unis ou en
Ontario pendant trois ans et veut revenir sur la ferme, il devra
séjourner un an à la maison de son père avant d'acheter la
ferme, avant d'en devenir propriétaire. Est-ce cela, M. le ministre,
l'interprétation de l'article? Ou il en demande la permission à
la commission. Il peut toujours aller en commission et dire: Voici, cela fait
trois ans que j'ai quitté le Québec pour aller travailler aux
Etats-Unis ou en Ontario. Maintenant, je reviens. Je ne voudrais pas attendre
un an avant d'être déclaré résident du
Québec. Est-ce que vous accepteriez cela? Il peut toujours en faire une
demande à la commission. Est-ce que c'est comme cela que cela va
fonctionner?
M. Garon: Faire une demande pourquoi?
M. Goulet: Une demande pour acheter, parce qu'il ne sera pas un
résident, selon l'article 2, mais
il pourrait aller devant la commission et dire: Est-ce qu'il faut que
j'attende un an avant d'avoir le droit d'acheter?
M. Garon: II va falloir qu'il ait l'intention de résider
aussi et qu'il ait l'intention...
M. Goulet: De cultiver.
M. Garon: ... de cultiver. Autrement, on va dire: Allez
acquérir votre droit de résidence et...
M. Goulet: C'est d'accord.
M. Garon: Si, de fait, il vient résider, il n'aura pas de
problème, s'il veut cultiver.
M. Mathieu: Souvent le gars achète le terrain...
M. Garon: Je suis content de savoir ce que vous venez de
mentionner, que les jeunes avaient quitté sous le Parti libéral
ou sous l'Union Nationale et reviennent sous le Parti
québécois.
M. Goulet: II en part encore, M. le Président. Le ministre
connaît très bien le problème. Je connais beaucoup de
résidents de Bellechasse qui partent à l'âge de 18 ou 19
ans, parce qu'ils n'ont pas d'emploi au Québec, et s'en vont travailler
dans la région de Welland en Ontario ou dans la région de
Massachusetts aux Etats-Unis, surtout, de ce temps-ci, dans la région de
Welland, en Ontario, où on parle français. Ils vont
acquérir l'expérience, parce qu'au Québec, on ne les
embauche pas s'ils n'ont pas d'expérience, et se chercher un petit
magot. Après cela, ils reviennent et ils ont le "cash", comme on dit en
bon canadien, ils ont l'argent comptant pour donner les premiers $20 000
à leur père sur leur ferme. S'ils résidaient au
Québec, de ce temps-ci, ils ne pourraient jamais faire cela. Ils vont
chercher ce qu'il faut de l'autre côté, le minimum.
M. Garon: L'article 16 répond exactement à ce que
vous demandez.
M. Mathieu: S'ils résidaient au Québec, on leur
donnerait le bien-être social. Ils n'auraient jamais l'argent pour
acheter leur terre.
M. Goulet: Ils peuvent se prévaloir de l'article 6 ou de
l'article 8, si vous voulez, aller devant la commission et dire: Je ne veux pas
attendre un an. Voici mes intentions: Je veux acheter telle ferme. Je suis
prêt à la cultiver.
M. Garon: C'est cela que dit l'article 16. M. Goulet:
Est-ce bien cela l'interprétation?
M. Garon: Ils peuvent l'acheter immédiatement, à la
condition qu'ils viennent s'établir.
M. Goulet: Parfait.
M. Garon: La commission autorise l'acquisition à la
condition qu'ils séjournent un an au cours des deux prochaines
années. Si, après l'expiration de ce délai, le titulaire
établit à la satisfaction de la commission qu'il réside au
Québec, il peut obtenir de cette dernière une attestation
à l'effet que la condition est réalisée.
Le Président (M. Laberge): On y viendra. Nous avons sous
les yeux...
M. Goulet: Cela répond à ma question.
Le Président (M. Laberge): Bon. D'accord, je dois disposer
de l'amendement proposé par le député de Beauce-Sud,
voulant considérer le domicile plutôt que la résidence,
lequel se lit comme suit: "Insérer les mots y est domiciliée au
sens de l'article 79 du Code civil ou si elle y a séjourné."
Est-ce que cet amendement sera adopté?
M. Garon: Non.
M. Mathieu: Cela commence bien, mon premier amendement! J'en ai
40.
Le Président (M. Laberge): L'amendement est rejeté
après les explications données. Est-ce que l'article 2 sera
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 2, adopté.
J'appelle l'article 3.
M. Garon: L'article 3 est un article qui prévoit certains
cas de gens qui ont à quitter le Québec. L'article 2 dit qu'il y
a une présomption, à ce moment, et qu'ils sont
réputés résidents. On dit: "Malgré l'article 2, une
personne physique est réputée résider au Québec si
elle y a séjourné durant au moins 366 jours au cours des 24
derniers mois précédant immédiatement son départ du
Québec la personne a résidé un an ou plus, au cours
des deux dernières années et si elle: 1° fait partie
des forces armées du Canada; 2° est ambassadeur, ministre,
commissaire, fonctionnaire ou préposé du Québec ou du
Canada; 3° exerce des fonctions dans le cadre d'un programme
parrainé par le gouvernement du Canada ou du Québec ou l'un de
leurs organismes; 4° poursuit un programme d'étude ou de
perfectionnement on prévoit un programme conjoint
Canada-Québec avec la souveraineté-association; on dit qu'elle ne
perdra pas le statut de résidente parce qu'elle va séjourner dans
des commissions conjointes - ...
M. Mathieu: Vous êtes magnanime!
M. Dubois: On reparlera de cela après le
référendum!
M. Garon: Au référendum, vous allez voir que les
Québécois qui ont du coeur ne voteront pas contre.
M. Dubois: Vous allez voir ceux qui sont intelligents aussi!
M. Goulet: Je pense que je me suis trompé de commission
parlementaire!
Le Président (M. Laberge): C'est ce que je suis en train
de me demander.
M. Garon: C'est en 1976 que vous étiez ou en 1979?
M. Dubois: Je n'ai pas compris la question. Le
Président (M. Laberge): Cinquièmement.
M. Garon: "5° est le conjoint ou l'enfant mineur d'une
personne visée dans les paragraphes 1, 2, 3, ou 4, parce qu'elle
accompagne l'autre conjoint au cours de ses séjours à
l'extérieur".
C'est un article qu'on trouve habituellement dans les lois fiscales ou
dans d'autres lois de ce genre. Les personnes qui ont, par leurs fonctions,
à séjourner à l'extérieur ne perdent pas leur
statut de résidents aux fins de la loi.
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: ... il me semblerait, M. le ministre, que les 24 mois
auxquels vous faites allusion avant l'énumération seraient
superflus. Vous pouvez avoir un individu qui est dans un programme quelconque
du gouvernement, absent cinq ans du Canada, cet individu ne répondrait
pas à vos critères. Il faut qu'il ait séjourné,
dans les 24 mois, un an autrement dit.
M. Garon: Précédant son départ. Dans les 24
mois précédant immédiatement son départ du
Québec.
M. Mathieu: Ah oui, cela peut faire plus de deux ans qu'il est
parti.
M. Garon: II pourrait être parti il y a dix ans, mais entre
la période de 10 et 12 ans qui a précédé son
départ, il est resté.
M. Mathieu: Je suis éclairé.
Le Président (M. Laberge): Cet article 3 sera-t-il...
M. Goulet: M. le Président, à l'article 3, j'avais
envie de proposer un amendement, 6°, pour les felquistes qui ont
été déportés, tels Lanctôt, Cossette-Trudel.
On n'a pas pensé à eux, et ils sont restés plus longtemps
que deux ans. En tout cas, on l'accepte comme cela.
Le Président (M. Laberge): L'article 3 est
adopté?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 3 est adopté,
j'appelle l'article 4.
M. Garon: Auriez-vous voulu qu'on mette les gens de la police
montée qui servaient d'agents dans toutes ces affaires-là, pour
mettre le feu aux granges, et...
M. Goulet: Ils étaient au Québec
ceux-là.
Le Président (M. Laberge): L'article 4, M. le
ministre.
M. Goulet: C'est dans l'agriculture, les granges...
Le Président (M. Laberge): L'article 4 dit: "Une personne
morale réside au Québec aux fins de la présente loi si
elle est une corporation validement constituée, quels que soient la
nature et l'endroit de sa constitution, et si: "1° dans le cas d'une
corporation il faudrait ajouter un "e" à fonds social,
plus de 50% des actions de son capital-actions et ayant plein droit de vote,
sont la propriété d'une ou plusieurs personnes qui
résident au Québec et plus de la moitié de ses
administrateurs sont des personnes physiques qui résident au
Québec; 2° dans le cas d'une corporation sans fonds social, plus de
la moitié de ses membres résident au Québec; et 3°
elle n'est pas contrôlée directement ou indirectement par une ou
plusieurs personnes qui ne résident pas au Québec."
M. Garon: J'ai un amendement à proposer pour remplacer le
texte actuel. Au fond, on remplace seulement "fonds social", qu'on voit aux
paragraphes 1° et 2°, par "capital-actions". Le texte proposé se
lirait, à l'article 4, ainsi: "Une personne réside au
Québec aux fins de la présente loi si elle est une corporation
validement constituée, quels que soient la nature et l'endroit de sa
constitution et si: 1° dans le cas d'une corporation à
capital-actions, plus de 50% des actions de son capital-actions, et ayant plein
droit de vote, sont la propriété d'une ou plusieurs personnes qui
résident au Québec et plus de la moitié de ses
administrateurs sont des personnes physiques qui résident au
Québec; 2° dans le cas d'une corporation sans capital-actions, plus
de la moitié de ses membres résident au Québec; et 3°
elle n'est pas contrôlée directement ou indirectement par une ou
plusieurs personnes qui ne résident pas au Québec."
Le Président (M. Laberge): Alors, il s'agit de changer les
mots "fonds social" par les mots "capital-actions" dans les...
M. Garon: Dans les deux paragraphes.
Le Président (M. Laberge): ... deux paragraphes, 1 et
2.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, M. le ministre,
dans cet article-là...
M. Garon: Avez-vous l'amendement? Est-ce qu'on vous en a
passé?
Le Président (M. Laberge): II peut être
corrigé à même le cahier.
M. Garon: C'est peut-être mieux d'en avoir
quelques-uns.
Le Président (M. Laberge): D'accord pour celui-ci.
M. Garon: On trouve dans certaines dispositions de la loi les
termes capital social, capital-actions. Dans la Loi des Sociétés
coopératives, on parle de capital-actions; dans les associations
coopératives, on parle de part sociale, de capital social, etc. Cela
devient mêlant. Si on emploie le terme "capital-actions" à la
place de "fonds social", toutes les corporations qui ont un capital-actions
vont être touchées de cette façon-là. S'il n'y a pas
de capital-actions, elles vont être touchées aussi, alors que, si
on emploie le terme "fonds social", il peut y avoir des
ambiguïtés.
Le Président (M. Laberge): Dans le deuxième
paragraphe, on écrit "capital-action" au singulier parce qu'il est
précédé du mot "sans". Se peut-il qu'il n'y ait qu'une
action? Alors, il n'y a pas de "s"? Je crois que c'est toujours au pluriel.
M. Garon: Une compagnie avec une seule action, je n'ai jamais vu
ça.
Le Président (M. Laberge): Cela ne se peut pas.
M. Mathieu: M. le ministre, à l'article 2, quand vous
parlez d'une corporation sans capital-actions, est-ce une corporation sans but
lucratif, par exemple?
M. Garon: Pas nécessairement. Une coopérative
pourrait être sans capital-actions. L'association coopérative ne
possède pas de capital-actions. C'est un capital social. Alors, ce
serait une corporation sans capital-actions, mais ce qui fait foi, c'est
beaucoup plus ses membres. Il faudrait que ses membres résident au
Québec.
Le Président (M. Laberge): Pour être en bonne et due
forme, il manquait dans le texte du projet de loi le "e" du féminin de
un. Dans le premier paragraphe, on disait "dans le cas d'un corporation". J'ai
corrigé pour "une". L'amendement que le ministre nous propose l'inclut.
Alors, la loi est amendée en ajoutant à l'article 4 un "e"
après le mot "un", c'est-à-dire le mettre au féminin. Ici,
il y avait une erreur dans le texte. Les mots "fonds social" sont
remplacés par "capital-actions" au pluriel et, dans le deuxième
paragraphe, les mots "fonds social" sont remplacés par "capital-actions"
avec un "s". C'est tout. Est-ce que ces amendements seront adoptés?
M. Goulet: M. le Président, à l'article...
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Oui.
M. Goulet: Pour les amendements, quant à moi, c'est
adopté. C'est simplement un renseignement sur le troisième
paragraphe. Lorsque vous parlez de contrôler, est-ce que, dans votre
idée, c'est gérer? Lorsque vous parlez de contrôler, est-ce
que, dans votre idée, c'est au niveau de la gérance, diriger,
gérer?
M. Garon: II y a une jurisprudence là-dessus, sur le
contrôle, surtout en droit fiscal. Quel est le contrôle d'une
corporation.
M. Goulet: Je pose la question parce que si c'est le
contrôle comme tel, on l'a déjà dans le paragraphe 1. Si
c'est la gérance, je ne vois pas comment quelqu'un peut aller
vérifier cela. Si c'est le contrôle, je pense que vous êtes
déjà protégé par l'article 4 paragraphe 1.
M. Garon: Non. Cela va beaucoup plus loin que cela.
M. Beauséjour: Le mot contrôle signifie simplement
vérification, dans cela. Si c'est le sens de diriger, il va falloir
que...
M. Goulet: Elle ne peut pas être contrôlée
parce que l'autre a 50%. Cela veut dire diriger ou gérer. Parce que
contrôler, dans l'autre paragraphe on parle de "50% de son
capital-actions ayant plein droit de vote, sont la propriété,
ainsi de suite, de ses administrateurs qui sont des personnes physiques qui
résident au Québec." Or, si au moins 50% ne veulent pas
contrôler par l'extérieur, on ne peut pas... (15 h 45)
M. Garon: On aurait pu former deux compagnies, par exemple, une
qui contrôle l'autre, une autre pour contrôler la troisième
avec des personnes de l'extérieur, etc., pour contourner la loi.
Qu'est-ce qu'on entend par une ou plusieurs personnes qui ne résident
pas au Québec? Ce sont autant des personnes morales que des personnes
physiques. Si cet article n'était pas là, le reste ne vaudrait
plus rien.
M. Goulet: Si je comprends bien, M. le Président, une
compagnie de tel pays ou de telle autre province forme une compagnie au
Québec, légalement constituée et qui répond en tous
points aux critères un et deux, 50% des parts ainsi de suite. Par
contre, cette compagnie appartient déjà à une compagnie
américaine, par exemple, même
si elle est considérée comme une compagnie
québécoise au sens propre du mot. Vous voulez aller
jusque-là?
M. Garon: On n'a pas le choix. Si on n'a pas cette disposition,
on peut, par des jeux de corporations, arriver à contrôler la
corporation québécoise qui, elle, achèterait.
M. Goulet: Cela peut être la même chose au niveau des
compagnies comme des individus.
M. Garon: Non.
M. Goulet: Deux individus forment une compagnie...
M. Garon: II y a deux critères de résidence.
Attendez un peu. Dans l'article 4, on parle uniquement de la résidence
des personnes morales. Il faut bien situer ce que c'est. On parle de la
résidence d'une personne morale, dans l'article 4.
M. Vaillancourt (Orford): Cela veut dire une charte
québécoise.
M. Garon: Pas nécessairement.
M. Dubois: La majorité des actions peut être
détenue par des Québécois individuellement, mais il peut y
avoir un bloc d'actions extérieur qui contrôlerait la compagnie.
C'est dans ce sens-là.
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Cela peut être une charte d'un
autre pays ou d'une autre province.
M. Mathieu: Quel qu'en soit l'endroit ou la constitution
locale.
M. Garon: Pas nécessairement cela. Cela pourrait
être deux compagnies créées au Québec, mais l'une
contrôlerait l'autre avec des non-résidents. Là, toutes les
formes possibles sont imaginables. Il y a plusieurs formes possibles. Mais le
jeu, habituellement, c'est une corporation qui va en contrôler une autre
et qui pourrait être constituée ici autant qu'à
l'extérieur. Mais les actionnaires seraient d'ailleurs.
M. Mathieu: Cela veut dire que votre loi ne s'oppose pas à
ce qu'on ait une charte d'un Etat américain, par exemple, pourvu que les
actions appartiennent en majorité à des gens qui résident
au Québec.
M. Vaillancourt (Orford): 50%.
M. Garon: Je ne pense pas.
M. Mathieu: L'article 4, au début, dit: "Quels que soient
la nature et l'endroit de sa constitution".
M. Garon: C'est ça.
M. Mathieu: Cela veut dire qu'une compagnie à charte
fédérale ne serait pas considérée comme une
compagnie étrangère, pourvu que les actions appartiennent...
M. Garon: Cela pourrait être une compagnie
étrangère. Ce n'est pas ça qu'on dit: Pourrait
résider au Québec.
M. Mathieu: D'accord, pourvu que le bloc d'actions majoritaires
appartienne à des résidents québécois.
M. Vaillancourt (Orford): Plus de 50%, ça veut dire
51%.
M. Garon: 50%, plus une, même pas 51%. 1000 actions,
ça doit être...
M. Vaillancourt (Orford): Plus une action. M. Garon:
Oui.
M. Mathieu: Un renseignement, M. le ministre, qui déborde
du cadre; pour les fins de subventions de votre ministère, si la
compagnie a une charte fédérale, même si les actions sont
détenues à 100% par des résidents du Québec, est-ce
qu'on la considère comme une compagnie étrangère? Est-ce
qu'elle est admissible aux subventions?
M. Garon: Habituellement, on a une clause dans nos subventions
qui dit que 60% des actionnaires doivent être des personnes physiques qui
travaillent en agriculture.
M. Mathieu: Que la compagnie ait une charte
fédérale ou provinciale, est-ce que ça fait quelque chose
à l'admissibilité pour la subvention?
M. Garon: De mémoire, je ne suis pas certain, mais je
pense que non. Je pense qu'on n'a jamais je vous dis ça, je n'en
suis pas sûr touché à ça. Ce qu'on a
touché, ce sont les personnes physiques qui sont actionnaires. Il faut
60% de personnes physiques actionnaires qui travaillent sur la ferme.
Autrement, on aurait des corporations de gens qui ne sont pas agriculteurs,
soit des professionnels qui viendraient acheter les terres; l'ensemble de la
population n'est pas en faveur de Ça.
M. Mathieu: Je suis bien d'accord avec votre article 4, tel que
libellé, on peut avoir une compagnie avec une charte
fédérale ou une charte d'une autre province ou d'un autre Etat,
mais je serais bien d'accord également, même si ça
déborde le cadre de nos discussions, qu'une compagnie soit admissible
à une subvention, même si elle a une charte
fédérale, pourvu qu'elle soit contrôlée...
M. Garon: D'après moi, votre parti n'est pas en faveur de
ça.
M. Mathieu: Non? Vous pensez. Je peux me tromper de parti.
M. Garon: Cela m'étonnerait.
M. Mathieu: Ne me dites pas que je me trompe.
M. Garon: Ce n'est pas ça que je dis. En fait, ce serait
une compagnie qui serait propriétaire sans avoir de cultivateurs membres
de la corporation.
M. Mathieu: Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je parle seulement de
l'endroit de constitution...
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: ... et pourvu qu'elle réponde aux autres
critères. C'est parce que moi...
M. Garon: Ah bon, je pense qu'on n'a jamais parlé de
ça.
M. Mathieu: Les cultivateurs m'avaient dit: On veut avoir une
charte provinciale, parce que, si on a une charte fédérale, on ne
sera plus admissible aux subventions de mise en valeur.
M. Vaillancourt (Orford): Cela dépend.
M. Garon: II faudrait vérifier; par coeur, je ne pourrais
pas vous dire, mais je ne pense pas.
M. Dubois: Si les investissements physiques sont faits au
Québec, les propriétaires sont ici résidents, je ne vois
pas la différence.
M. Garon: Ils n'ont pas intérêt à ça,
dans le fond, entre vous et moi. Nos cultivateurs sont
Québécois...
M. Dubois: Ce n'est pas dans les lois, cela n'existe pas dans les
mesures provinciales, au niveau du ministère de l'Agriculture...
M. Garon: Je ne pense pas, moi, je n'ai jamais vu ça.
M. Dubois: ... qu'il faut détenir une charte
provinciale.
M. Vaillancourt (Orford): Ce sont des compagnies qui doivent
être assez rares; des résidents du Québec, avec une charte
fédérale, je pense qu'il n'y en a pas beaucoup.
M. Mathieu: II y en a beaucoup.
M. Vaillancourt (Orford): Qui exploitent des fermes, en
agriculture, il n'y en a pas beaucoup.
M. Garon: Pas des cultivateurs.
M. Mathieu: Avec la nouvelle loi fédérale des
compagnies, un actionnaire, c'est très favorable. Ensuite, dans les
délais...
M. Garon: C'est rare que les gens se forment en compagnie au
Québec, quand il n'y a qu'un actionnaire. Ils se forment en compagnie
pour se regrouper. Ils craignent la société.
M. Dubois: Mais c'est une possibilité quand même.
Elle existe.
M. Vaillancourt (Orford): En agriculture, il n'y en a pas
tellement. Je n'en connais pas.
M. Garon: On vient d'adopter au Parlement des modifications
à la Loi des compagnies du Québec pour permettre cela.
M. Mathieu: Cela n'est pas en vigueur et cela va prendre du temps
avant que ce le soit d'après ce que je peux voir. J'ai voulu en former.
Cela fait deux ou trois que je veux former et on me dit: Ce n'est pas en
vigueur. On me renvoie au fédéral.
M. Garon: La loi est sanctionnée mais elle n'est pas
encore en vigueur. Cela ne devrait pas tarder, une fois qu'elle est
votée.
M. Mathieu: J'ai envoyé la patente au service des
compagnies. Je savais que ce n'était pas "correct", mais je me suis dit:
Je vais voir ce qu'ils vont faire.
M. Garon: Ils attendent de faire imprimer les formules, je
suppose. Voyez le progrès. Le présent gouvernement va tellement
vite que l'Opposition a de la misère à le suivre.
M. Mathieu: Ils ont planifié la loi
fédérale.
M. Vaillancourt (Orford): C'est assez difficile pour tous les
députés de suivre les lois qui sont adoptées dans un
Parlement. Que ce soit sous le Parti québécois ou sous le Parti
libéral, c'est la même chose. Quand on siège en commission
parlementaire, nous ne sommes pas au courant de ce qui se passe dans les autres
commissions, afin de connaître les détails d'une loi. Dans les
premières années que j'étais député,
c'était bien différent, parce que toutes les lois passaient
à l'Assemblée nationale, qu'on appelait l'Assemblée
législative dans le temps. Il n'y avait pas de commissions
parlementaires comme cela. Tout était étudié à la
même place.
M. Mathieu: C'était la belle époque.
M. Vaillancourt (Orford): On était au courant de tout ce
qui se passait au Parlement.
M. Garon: Mais comme il ne se passait pas grand-chose...
M. Vaillancourt (Orford): Aujourd'hui, c'est assez difficile
à suivre, tout ce qui se passe au
Parlement, parce qu'il y a trop d'endroits où on discute des lois
en même temps. Aujourd'hui, on apprend cela par les journaux, un peu
comme la population.
Le Président (M. Laberge): D'autres questions sur
l'article 4?
M. Goulet: Très rapidement, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: II y a un dicton qui dit que toute loi est faite pour
être contournée. Juste un exemple pour le ministre. Il me dira si
cela peut être interprété ainsi... C'est moi qui parle trop
fort, je m'excuse. Je ne voudrais réveiller personne. C'est ce que vous
avez dit?
M. Garon: Non, j'ai dit que si vous parliez trop fort, vous
alliez réveiller votre copain qui était autrefois dans l'Union
Nationale, le député de Huntingdon.
M. Goulet: M. le Président, disons qu'une compagnie,
quelle qu'elle soit, veut se porter acquéreur d'une très grosse
ferme. Elle peut prendre 49% des actions. Les 49% autres pourraient être
des gens qui résident au Québec et, pour les 2% qui restent,
cette compagnie pourrait se trouver une espèce d'homme de main, d'homme
de paille, auquel on fait faire ce qu'on veut et elle a le contrôle avec
ces 2% d'actions. C'est possible. C'est possible de le faire. Et quand il y a
un vote, il y a 49% des actions qui viennent de l'extérieur et il y a 2%
des actions de son homme de confiance au Québec, qui est toujours
d'accord avec la directive d'en haut. Ce serait possible de passer à
côté avec cet article. C'est cela?
Je ne vois pas de danger, mais je vois très bien les gens qui
vont vouloir contrôler un lopin de terre. On sait très bien ce qui
va arriver dans ce cas-là.
M. Vaillancourt (Orford): Ce seraient des cas isolés par
exemple.
M. Goulet: Des cas isolés? Cela dépend. Une
compagnie qui veut faire plus tard un développement, qui veut se
conformer à la loi et qui ne veut être dérangée par
personne agit de cette façon. Les ordres peuvent venir de n'importe
quelle ville des Etats-Unis et cela se passe toujours comme les gens de
là-bas le veulent bien.
À combien d'exemplaires peut-on retrouver cela? Peut-être
pas beaucoup, mais je ne le sais pas.
M. Dubois: Le troisièmement, c'est "contrôlée
directement ou indirectement."
M. Goulet: Vos 2% demeurent au Québec et sont
contrôlés par le Québec.
M. Dubois: Le contrôle.
M. Goulet: II y a 51% des parts au Québec. En tout cas,
l'article est adopté, M. le Président, mais je vois très
bien ce qui peut arriver.
M. Vaillancourt (Orford): Au paragraphe 3 de l'article 4, il est
bien dit: "elle n'est pas contrôlée directement ou indirectement
par une ou plusieurs personnes qui ne résident pas au
Québec."
M. Goulet: Elle ne l'est pas, non plus. Officiellement il y a
seulement 49% du capital-actions ou des parts, si vous voulez, qui sont de
l'extérieur du Québec. Vous savez ce que je veux dire. On nomme
quelqu'un. On lui donne 2% des parts d'une compagnie et on lui fait faire ce
qu'on veut. Il est là seulement pour la forme mais, quand vient le temps
de voter, il vote toujours à la bonne place. Si vous ne savez pas
comment contrôler une compagnie, il y a des gens qui le savent mieux que
nous. Cela se fait régulièrement dans les compagnies. Je ne
m'adressais pas à vous, M. le député de Shefford, quand je
disais cela.
M. Garon: À qui vous adressiez-vous?
Une voix: Le député de Shefford n'est pas ici.
Le Président (M. Laberge): Orford.
M. Mathieu: Un professeur de droit économique.
M. Garon: Je pensais que vous adressiez cela au notaire, le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je pensais que c'était au ministre, un
professeur d'économie.
M. Goulet: Quand je dis "on", je ne vise personne; c'est tout
simplement une constatation. Lorsqu'on veut prendre le contrôle d'une
compagnie, on n'a pas besoin d'avoir 98% des parts. On peut même en avoir
49% en faisant semblant de ne pas avoir le contrôle et en avoir 2% qu'on
dirige où on veut.
M. Garon: Flottant.
M. Goulet: En tout cas, c'est juste une parenthèse. Je ne
vois pas de danger du tout, mais je veux le souligner.
Le Président (M. Laberge): L'article 4, dans ce
cas-là, sera-t-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 4 adopté avec
amendements. J'appelle l'article 5.
Champ d'application
M. Garon: L'article 5 porte sur le territoire d'application. On
n'a pas voulu aller jusqu'à l'Ungava, quoiqu'on me dit qu'il y aurait
des terres agricoles qui seraient assez bonnes à la Baie James, mais la
saison est un peu courte.
M. Goulet: Les sapins aussi.
M. Garon: Cela fait partie du domaine public. On a inscrit: "La
présente loi s'applique au territoire du Québec situé au
sud du cinquantième parallèle de latitude nord."
M. Vaillancourt (Orford): Le 55e parallèle, est-ce que
cela dépasse Matagami?
M. Goulet: Le cinquantième.
M. Garon: Nous autres, nous arrêtons au
cinquantième. Le 55e doit être pas loin des terres de Baffin. J'ai
l'impression que le 55e est un peu haut.
M. Goulet: Cela fait un bon champ à labourer.
M. Mathieu: Je pense que vous êtes correct avec votre
affaire.
M. Garon: Le 55e.
M. Vaillancourt (Orford): Le cinquantième va
jusqu'où?
M. Garon: Si on trace une ligne, c'est une courbe, ce
parallèle-là, qui passe un peu au nord de Chapais et de
Chibougamau.
M. Mathieu: Entre La Tuque et "saint-foulard".
M. Garon: II passe entre Baie-Comeau et Sept-Îles,
près de Port-Cartier, du côté de la Côte-Nord.
M. Vaillancourt (Orford): C'est passablement plus loin que
Matagami.
M. Garon: Vous parlez du 55e parallèle. M. Vaillancourt
(Orford): Le cinquantième. M. Garon: Le cinquantième,
c'est cela.
M. Vaillancourt (Orford): D'après le projet de loi, c'est
le cinquantième.
M. Garon: Voyez-vous, si on regarde les paroisses, les cantons de
Villebois il me semble que Paradis, c'est dans le même coin
de Paradis...
M. Goulet: Ce n'est toujours pas le paradis terrestre?
M. Garon: Ce n'est pas le paradis de l'Union Nationale, non plus;
c'est un canton. C'est entre le 49e et le 50e parallèle. Il y a de
bonnes terres agricoles entre le 49e et le 50e.
Le Président (M. Laberge): Un cours de
géographie.
M. Garon: Dépassé cela, c'est passablement du
domaine public. Alors, il n'y a pas des problèmes d'acquisition par des
non-résidents.
Le Président (M. Laberge): Cet article 5 sera-t-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 5 adopté.
J'appelle l'article 6.
M. Garon: L'article 6, c'est l'application de la loi, M. le
Président. On dit: "Malgré l'article 5, dans un territoire
faisant l'objet d'un décret de la région agricole
désignée, adopté en vertu de la Loi sur la protection du
territoire agricole dans un décret, on a actuellement une
région agricole désignée qui comprend 614
municipalités la présente loi ne s'applique qu'à
une terre agricole située dans une aire retenue pour fins de
contrôle ou dans une zone agricole." Cela veut dire: S'il s'agit du plan
provisoire, cela s'applique dans la zone verte ou dans la zone agricole du plan
provisoire. (16 heures)
Si la zone permanente a été déterminée, cela
s'applique dans la zone agricole permanente, et non pas dans la zone blanche,
au point de vue des cartes, la zone qui est non réservée pour
l'agriculture à l'intérieur du territoire d'une
municipalité. On dit: "Sous réserve des articles 21 à 24,
elle ne s'applique pas toutefois à l'acquisition de la superficie d'une
terre agricole pouvant être utilisée à des fins autres
qu'à l'agriculture sans l'autorisation de la commission en vertu des
articles 101 à 105 de la Loi sur la protection du territoire agricole."
Les articles 101 à 105 de la Loi sur la protection du territoire
agricole sont des articles qui concernent les droits acquis prévus dans
la Loi sur la protection du territoire agricole. Cela veut dire qu'en dehors
des régions désignées qui n'ont pas eu de plan de
protection du territoire agricole en vertu de la Loi sur la protection du
territoire agricole, en dehors des 614 municipalités, cela s'applique
à tout.
M. Mathieu: Cela s'applique à tout ce qui n'est pas sous
le contrôle de la régie.
M. Garon: Oui, cela s'applique entièrement dans le
territoire. Dans le territoire désigné il y a 614
municipalités actuellement, il pourra y en avoir plus
éventuellement, mais il y en a 614 cela s'applique uniquement
dans le territoire qui est réservé pour l'agriculture, et non pas
dans le territoire qui n'a pas été réservé pour
l'agriculture, de même que cela ne s'applique pas, sous réserve
des articles 21 à 24, par exemple, à des terres qui ont
été utilisées pour des fins autres que l'agriculture en
vertu des droits acquis reconnus par les articles 101 à 105 de la Loi
sur la protection du territoire agricole.
M. Mathieu: M. le ministre... La Loi sur la protection du
territoire agricole ne s'applique pas dans le moment dans Beauce-Sud.
M. Garon: Non.
M. Mathieu: Cela veut dire que la présente loi
s'appliquerait.
M. Garon: À 100%. Celle-là s'applique dans tout le
comté sans réserve.
M. Mathieu: Autrement dit, la loi s'applique là où
ce n'est pas zoné.
M. Garon: Elle s'applique partout, sauf, comme elle vise à
protéger les terres agricoles, dans les places où les zones n'ont
pas été faites, où il n'y a pas eu de région
désignée. Beauce-Sud n'est pas dans une région
désignée actuellement.
M. Vaillancourt (Orford): Comme les Cantons de l'Est, ce n'est
pas désigné.
M. Garon: Non. Les Cantons de l'Est ne sont pas
désignés. Alors, cette loi va s'appliquer à l'ensemble du
territoire d'une région qui n'a pas été
désignée. Dans une région désignée, elle va
s'appliquer uniquement à la partie agricole dans le plan provisoire ou
dans le plan permanent, de même qu'elle ne s'appliquera pas aux droits
acquis, en tenant compte des articles 21 à 24 de cette loi.
M. Goulet: Dès que le règlement de zonage d'une
municipalité a été adopté par la Commission de la
protection du territoire agricole, un Ontarien peut venir acheter un terrain
pour une zone résidentielle ou commerciale, pour autant qu'il soit
déjà dézoné. Adopté.
M. Garon: C'est cela.
M. Dubois: II ne restera pas grand-chose... Pour des fins
d'immobilisation résidentielle et commerciale.
M. Garon: Oh! Il peut arriver des territoires très grands.
J'ai vu les cartes. La commission a fait un travail extraordinaire. Les gens ne
peuvent pas voir parce qu'il y a, à toutes fins utiles, 90 zones
permanentes, mais quand on va être rendu à 200 ou 300, ils vont
pouvoir analyser ce qui a été fait. Je vous dis que cela va
être une approbation de la population en haut de 80%, peut-être
90%. Il n'y aura pas de problème pour les fins municipales et il n'y
aura pas de problème pour les fins agricoles.
M. Dubois: Je parle de belles terres agricoles. M. Garon:
Oui.
M. Dubois: II ne restera pas beaucoup de possibilités
quand même...
M. Garon: De?
M. Dubois: À l'intérieur de la zone blanche, des
belles terres agricoles, il n'y en aura pas. Ce n'est pas un
problème.
M. Garon: Non, il n'y en aura plus, parce que cela aura
été du territoire déstructuré. Il y a tellement eu
de territoire déstructuré au Québec... Vous arrivez
à des endroits, comme Laval, où des centaines d'acres ont
été décapées, ont été défaites
entièrement.
M. Dubois: Ce que je veux dire, c'est que c'est facile de laisser
cette porte ouverte dans la loi vis-à-vis du zonage actuel et des
futures zones permanentes, parce que de la belle terre agricole, il n'en
restera à peu près nulle part de disponible à
l'intérieur de la zone blanche. C'est pour cela qu'on dit qu'il en
restera très peu, quand même.
M. Garon: II va en rester. M. Dubois: C'est très
minime.
M. Garon: Ce qui va rester va être difficilement
cultivable, en réalité, parce que soit qu'elles sont toutes
entourées, et il y a des places où les rues sont faites, à
l'intérieur il n'y a rien de bâti, les trottoirs sont même
posés, et vous avez une terre agricole au milieu...
M. Vaillancourt (Orford): C'est un territoire agricole qui est
encerclé par des bâtisses, si vous voulez.
M. Garon: II y en a qui sont situées dans un champ
où il n'y pas de maison, où il n'y a rien, mais où on voit
les bornes-fontaines. On va s'en servir pour l'irrigation.
M. Vaillancourt (Orford): C'est entendu que c'est impossible de
garder cela territoire agricole, parce que c'est là la réserve
pour la construction ou l'agrandissement de la ville concernée ou de la
municipalité.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, juste une parenthèse.
La question n'est pas pertinente au projet de loi, mais le ministre vient de
parler d'accélérer le processus, c'est-à-dire il a dit:
Quand ce sera fini au niveau du zonage, 80% des gens vont être
contents.
M. Garon: Actuellement, c'est assez élevé.
M. Goulet: Oui. Pourquoi ne permettez-vous pas aux
municipalités de discuter directement avec les commissaires? C'est
toujours par des messagers. Ils ne peuvent jamais rencontrer les commissaires
et ils s'en plaignent. Ce n'est pas un
bon système. On en reparlera après la commission. Vous
n'avez jamais eu de plaintes à ce niveau?
M. Garon: Non, ils l'ont fait dans certains cas, mais, dans
plusieurs, ce n'est pas nécessaire véritablement. En plus, il y a
une question de temps, de délais.
M. Goulet: C'était une question, parce qu'ils font cinq ou
six voyages et ils ne peuvent jamais venir argumenter devant les commissaires
pour défendre leur cause. C'est un ou deux commissaires qui viennent
à la municipalité les rencontrer. Là, ils entendent ce
qu'ils ont à dire et ils viennent à Québec discuter avec
les commissaires, au lieu d'envoyer directement les gens concernés et
s'entendre ensuite. Cela épargnerait bien du temps. Ce n'est pas
pertinent à ce projet de loi, mais étant donné...
M. Garon: Je ne suis pas convaincu que cela épargnerait
beaucoup de temps.
M. Goulet: D'accord, en tout cas. Je voulais juste savoir.
M. Vaillancourt (Orford): Ce n'est pas...
Le Président (M. Laberge): L'article 6 sera-t-il
adopté?
M. Vaillancourt (Orford): ... entendu, M. le ministre, que les
commissaires se déplaçaient pour aller entendre des causes un peu
ici et là dans la province? C'est ce qui avait été...
M. Garon: Ils se déplacent.
M. Vaillancourt (Orford): D'après le député
de Bellechasse, ce sont les commissionnaires qui le font. Ce ne sont pas les
commissaires eux-mêmes.
M. Garon: Mais une commission agit par toutes sortes
d'instruments. Elle envoie une équipe, par exemple, un urbaniste, un
agronome, un pédologue, discuter avec les municipalités; elle
fait rapport à la commission et ils regardent cela ensemble. La
commission a plusieurs équipes qui rencontrent les municipalités.
Au fond, ce sont des représentants de la commission.
Le Président (M. Laberge): L'article 6 sera-t-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 6 est adopté.
J'appelle l'article 7.
M. Garon: "Dans un territoire non visé par un
décret de région agricole désignée adopté en
vertu de la Loi sur la protection du territoire agricole, la présente
loi ne s'applique pas, sous réserve des articles 21 et 24, à
l'acquisition d'une superficie de terre agricole faisant déjà
l'objet, à la date de son acquisition par une personne qui ne
réside pas au Québec, d'une autorisation d'acquisition et
d'utilisation par arrêté en conseil du gouvernement ou
règlement municipal pour une fin d'utilité publique, par le
gouvernement, un de ses ministres, un organisme au sens du paragraphe 12 de
l'article 1 de la Loi sur la protection du territoire agricole ou une personne
habilitée à exproprier. "Il en va de même d'une superficie
de terre agricole qui: 1. avant son acquisition par une personne qui ne
réside pas au Québec a été acquise à
même un fonds industriel établi en vertu de la Loi sur les fonds
industriels; 2. au moment de son acquisition par une personne qui ne
réside pas au Québec, est adjacente à un chemin public
où les services d'aqueduc et d'égout sanitaire ont
été autorisés par un règlement municipal
adopté avant la date de l'acquisition et approuvé
conformément à la loi. "Le droit visé dans le paragraphe
2. du deuxième alinéa ne s'étend pas toutefois
au-delà de la mesure prévue au troisième alinéa de
l'article 105 de la Loi sur la protection du territoire agricole."
M. Vaillancourt (Orford): II s'agit encore d'exceptions à
la présente loi?
M. Garon: C'est cela.
M. Vaillancourt (Orford): C'est régi par l'article 105
du...
M. Garon: C'est l'équivalent de l'article 6 mais dans un
territoire non visé par un décret de région agricole
désignée. Alors, on a voulu expliciter les différents cas
de droits acquis qui sont prévus aux articles 101 à 116 dans la
Loi sur la protection du territoire agricole.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense que ce qui répond
à cet article 7, c'est l'article 105 de la Loi sur la protection du
territoire agricole.
M. Garon: Entre autres; de 101 à 105.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'article 7 sera
adopté?
M. Vaillancourt (Orford): C'est ni plus ni moins qu'une
concordance.
M. Garon: Oui. Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 8.
Contrôle de l'acquisition des terres
agricoles
M. Garon: À l'article 8 c'est la section III qui commence
à faire le contrôle de l'acquisition des terres agricoles. "Une
personne dit l'article 8
qui ne réside pas au Québec ne peut, sans l'autorisation
de la commission, faire directement ou indirectement l'acquisition d'une terre
agricole".
Vous vous rappelez qu'à la définition de "terre agricole"
on disait qu'une terre agricole doit avoir plus de quatre hectares. Donc, une
personne ne peut, sans l'autorisation de la commission, directement ou
indirectement, faire l'acquisition d'une terre agricole de plus, mettons, de
dix acres.
M. Goulet: J'espère que les commissaires ne seront pas les
mêmes que ceux qui ont déjà siégé à
Laval.
M. Garon: Comment ça?
M. Goulet: Ils peuvent avoir une autorisation de la
commission...
M. Garon: Pardon?
M. Goulet: Ils peuvent avoir une autorisation de la
commission?
M. Garon: Oui.
M. Goulet: Je voulais parler de l'hypermarché de Laval,
des $75 000 pour avoir l'autorisation... On y reviendra.
Le Président (M. Laberge): L'article 8 sera-t-il
adopté?
M. Goulet: II ne comprend pas.
Le Président (M. Laberge): Non, c'est un autre sujet.
M. Vaillancourt (Orford): Ce paragraphe-ci, vous ne l'avez pas
pêché dans la loi de la Saskatchewan?
M. Garon: II est possible qu'on ait... On a étudié
la législation d'à peu près tous les pays du monde
occidental.
M. Vaillancourt (Orford): C'est le même...
M. Garon: II peut bien arriver qu'un article soit à peu
près de même teneur puisqu'on veut dire la même chose...
M. Vaillancourt (Orford): Ce paragraphe-là a la même
teneur que la loi de la Saskatchewan.
M. Garon: C'est possible.
M. Vaillancourt (Orford): C'est un peu un article de concordance
avec la loi parce que ça veut dire qu'il n'y a donc pas
d'empêchement pour l'acquisition de moins de quatre hectares, et il faut
avoir une permission spéciale si le non-résident achète
plus de quatre hectares. Ce n'est, ni plus ni moins, qu'un article de
concordance.
M. Dubois: En Saskatchewan c'est basé sur la valeur
d'acquisition et non sur le nombre d'hectares.
M. Garon: Non, sur le nombre d'hectares.
Le Président (M. Laberge): L'article 8 sera-t-il
adopté?
M. Garon: II y a les deux...
M. Vaillancourt (Orford): C'est l'article 7 de la loi de la
Saskatchewan. C'est basé sur un...
M. Garon: II y a deux limites.
M. Vaillancourt (Orford): C'est S15 000 pour eux. "... have an
agreement holding with an excess value for municipal taxation purposes in
excess of $15 000." Tandis qu'ici c'est quatre hectares et plus.
M. Garon: Cela fait $100 l'acre, ce qui veut dire que dans le
fond, en Saskatchewan, les terres se vendent à peu près $200
actuellement. C'est donc limité à peu près à 75
acres en réalité, mais il peut y avoir des régions
où c'est encore meilleur marché et ça peut aller
jusqu'à 160 acres.
M. Vaillancourt (Orford): Cela dépend des régions,
la valeur des terrains à l'acre.
Le Président (M. Laberge): L'article 8 sera-t-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 9.
M. Garon: J'ai un amendement à l'article 9.
M. Vaillancourt (Orford): En tout cas, j'en ai un à vous
proposer.
M. Garon: L'article 9 se lit ainsi: L'acquisition de quelque
partie de terrain ayant pour effet de rendre une personne qui ne réside
pas au Québec propriétaire d'une terre agricole est
réputée être l'acquisition d'une terre agricole". Comme on
a toujours marché par la notion de lot, on voudrait dire: "L'acquisition
d'un lot ayant pour effet de rendre une personne qui ne réside pas au
Québec propriétaire d'une terre agricole est
réputée être l'acquisition d'une terre agricole".
Le Président (M. Laberge): II n'est pas question de partie
de lot...
M. Garon: La définition de lot comprend partie de lot.
M. Mathieu: Elle comprend l'article 8. La seule différence
c'est "d'un lot"
Le Président (M. Laberge): C'est cela, "d'un lot" au lieu
des mots "de quelque partie de terrain".
M. Mathieu: "De quelque partie de terrain". C'est le seul
changement.
Le Président (M. Laberge): Cet amendement sera-t-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 9.
Est-ce qu'il y a des questions? (16 h 15)
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que cela veut dire que quelqu'un
qui fait l'achat de moins de quatre hectares de superficie, si c'est
acheté par un non-résident, va être obligé de
consulter la commission?
M. Garon: S'il achète deux hectares, admettons deux acres
et qu'il en avait déjà neuf, dans le cas limite, cela aurait pour
effet de le rendre propriétaire de onze acres. Comme c'est plus de
quatre hectares, il faudrait l'autorisation de la commission. J'ai mis le cas
le pire, à la limite des deux.
M. Vaillancourt (Orford): S'il possède déjà
neuf acres et s'il veut en acheter deux autres additionnelles, il est
obligé de demander la permission à la commission pour acheter ces
deux acres-là. C'est à cela que l'article veut en venir.
M. Garon: Oui. J'ai mis le cas le pire.
M. Mathieu: Vous venez de m'ôter mon détour.
M. Garon: S'il en avait six et qu'il veut en acheter 100, il faut
qu'il demande l'autorisation.
Une voix: Vous venez de contourner son affaire.
M. Vaillancourt (Orford): Cela veut dire que, pour deux acres,
étant donné qu'il en possède déjà, que ce
soit neuf ou 50, ce sont les mêmes procédures.
M. Dubois: C'est dans le projet de loi. C'est le sens de la
loi.
Le Président (M. Laberge): L'article 9, adopté?
Une voix: Adopté.
M. Garon: Ce sont tous des articles assez simples, les prochains
qu'on va voir, d'ailleurs.
Le Président (M. Laberge): L'article 9 est adopté
tel qu'amendé. Article 10?
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que vous avez d'autres
amendements à cet article?
M. Garon: Pas à l'article 10. Une autre
présomption. "Une personne qui ne réside pas au Québec est
réputée faire l'acquisition d'une terre agricole si elle acquiert
des actions d'une compagnie dont le principal actif consiste en une terre
agricole et si, du fait de ce transfert d'actions, cette compagnie devient une
personne morale qui ne réside pas au Québec"? C'est un autre trou
qu'on bouche. Vous pourriez former une compagnie québécoise qui
achète des terres agricoles et, après cela, vous vendez des
actions de la compagnie à un non-résident. Ce serait
considéré comme l'achat d'une terre agricole.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, un
non-résident, avec cet article-là, ne pourra pas acheter des
actions pour devenir propriétaire indirectement. Il n'a pas besoin de
passer de contrat chez un notaire. Il pourrait acheter des actions d'un
résident pour devenir propriétaire comme non-résident. Cet
article l'empêche de le faire.
M. Garon: Oui. On n'a sans doute pas bouché toutes les
portes, mais on en a bouché plusieurs.
M. Vaillancourt (Orford): Mais comment allez-vous contrôler
cela, M. le ministre?
M. Garon: Cela va être annulable. Toute personne
intéressée pourra le faire annuler.
M. Vaillancourt (Orford): Parce que, assez souvent, cela se fait
entre deux personnes. On fait une déclaration à la compagnie.
M. Mathieu: On fait une déclaration au service des
compagnies. Ne me dites pas que vous pouvez aller vous mettre le nez
là.
M. Garon: À un moment donné, vous allez emprunter
aux banques et faire, toutes sortes de choses, avec un contrat annulable.
M. Vaillancourt (Orford): Comment allez-vous pouvoir aller
chercher l'information?
M. Garon: On n'est pas pour dire nos trucs.
M. Vaillancourt (Orford): II n'y a pas de cachette
là-dedans; c'est une loi, ça.
M. Mathieu: II demande le certificat de...
M. Goulet: Ce sont des gens de ce côté-ci de la
table qui vont administrer la loi. On voudrait le savoir.
M. Dubois: M. le ministre, l'étranger qui va...
M. Goulet: Cela va être des gens de ce côté-ci
de la table qui bientôt vont administrer cette loi;
alors, il faudrait nous donner vos trucs tout de suite.
M. Mathieu: Le ministre peut se convertir.
M. Vaillancourt (Orford): J'espère que les fonctionnaires
sont au courant des trucs du ministre. Ils pourront nous les transmettre en
temps et lieu.
M. Garon: Vous savez qu'il n'y a rien de plus permanent que le
temporaire.
M. Goulet: M. le Président, une très courte
question. Si une personne qui ne réside pas au Québec acquiert
des actions d'une compagnie qui possède une terre agricole, mais dont ce
n'est pas le principal actif, est-ce que ça prend quand même la
permission de...
M. Garon: Pardon?
M. Goulet: Même chose, l'article tel qu'il est, mais si la
terre ne consistait pas le principal actif de cette compagnie, d'accord? Vous
dites, "une compagnie dont le principal actif consiste en une terre agricole".
Mais si on fait l'achat d'une compagnie qui est propriétaire d'une terre
agricole dont ce n'est pas le principal actif, qu'est-ce qui se passe?
M. Garon: La présomption ne joue pas. Normalement, le gars
n'achètera pas les actions de General Motors pour devenir
propriétaire d'une terre au Québec.
M. Goulet: Non, mais...
M. Garon: Je ne pense pas qu'on ait bouché tous les trous.
Nous on essaie de boucher les principaux.
M. Goulet: Vous avez sûrement compris ce que je voulais
dire. Dans chaque municipalité, dans nos régions, on a une ou
deux personnes qui sont propriétaires, soit d'une grosse meunerie ou
quelque chose comme ça, qui achètent deux ou trois terres, ce que
vous qualifiez d'intégrateurs, qui achètent des terres.
M. Garon: Intégrateur, ce n'est pas péjoratif, je
pense.
M. Goulet: Oui, mais... Ils sont propriétaires de terres
agricoles, mais ce n'est pas leur principal actif.
M. Garon: Si je vous dis que je suis propriétaire de dix
acres, je ne vais pas me considérer insulté parce que j'ai une
petite propriété, ou même 1000 acres. Intégrateur,
qui est intégré, les gens le disent eux-mêmes, ce n'est pas
péjoratif, ni un compliment, c'est un fait. C'est comme vous, vous
êtes commerçant, je pense, à part de
député?
M. Goulet: Dans le sens...
M. Garon: Dans le commerce.
M. Goulet: Je ne le suis plus, M. le Président.
M. Garon: Vous êtes professeur, l'autre, c'est un
intégrateur.
M. Goulet: Non, dans le sens que vous l'employez, lors du
débat sur la loi 116, intégrateur n'était pas au
même sens que si vous dites qu'il est professeur ou notaire. M. le
Président, ce n'était pas le but...
M. Garon: Non, non, les...
M. Goulet: Le ministre... Non, mais il y a des cas comme
ça.
M. Mathieu: Allez chercher le Petit Robert. M. Goulet: Si
une terre agricole fait partie...
M. Garon: Je vous disais qu'il y a des gens pour qui c'est plus
péjoratif de dire que vous êtes avocat ou homme de loi que de dire
que vous êtes intégrateur, pour certaines personnes.
M. Goulet: Avocat, oui. M. le Président, je ne veux pas
éterniser indûment les débats, mais si une terre agricole
appartient à une compagnie et que ce n'est pas le principal actif de
cette compagnie, qu'est-ce qui se passe?
M. Garon: Cet article ne jouera pas. M. Goulet: II ne joue
pas. M. Garon: C'est ça.
M. Goulet: Est-ce qu'il y en a un autre qui va jouer?
M. Garon: Là, il va falloir prendre les faits. M.
Dubois: Le non-résident, M. le ministre... M. Goulet:
C'était seulement pour savoir.
M. Dubois: M. le ministre, le non-résident qui fait
l'acquisition de 49% des actions d'une entreprise, dans le sens de cet
article...
M. Garon: Oui.
M. Dubois: II a le droit de le faire, étant donné
qu'il peut posséder moins de 50% d'actions, 50% ou moins, alors
l'article 2 s'applique toujours, même avec cet article.
M. Garon: Oui, oui.
M. Dubois: Oui. Parce que c'est vague. Si on regarde seulement
celui-là, si on ne regarde pas l'article 2, celui-là est
vague.
M. Garon: Non, il faut regarder tous les articles ensemble.
Le Président (M. Laberge): Autre question?
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, j'aimerais bien
savoir du ministre comment il va pouvoir contrôler le transfert d'actions
à des non-résidents, des actions privées. Des actions
publiques, c'est facile, c'est enregistré, il n'y a pas de
problème là. Mais assez souvent, un propriétaire, qui est
une compagnie, peut avoir 200 ou 300 acres; il décide de vendre ses
actions à un non-résident, ce sont des actions privées.
Comment le ministère ou l'Office du crédit agricole qui va
administrer cette loi va-t-il pouvoir contrôler des actions
privées, des transferts d'actions privées? Assez souvent,
ça se fait entre deux personnes.
M. Garon: On ne contrôlera pas les transferts. C'est
vrai.
M. Vaillancourt (Orford): Comment allez-vous contrôler
ça?
M. Garon: II n'y aura pas de contrôle administratif comme
tel, mais dans la réalité, vous achetez une terre, normalement,
c'est parce que vous voulez faire quelque chose avec.
M. Vaillancourt (Orford): II va y avoir un transfert de
propriété.
M. Garon: Vous voulez spéculer ou vous voulez faire
quelque chose à un moment donné, n'est-ce pas?
M. Vaillancourt (Orford): Oui.
M. Garon: À un moment ou l'autre, vous allez être
obligé de révéler qui vous êtes et, à ce
moment-là, votre contrat va devenir annulable.
M. Vaillancourt (Orford): Cela marche habituellement sous le nom
d'une compagnie privée, il peut y avoir cinq personnes du Québec,
dix personnes à l'étranger. C'est une valeur de tant de parts. Et
ils font le transfert des parts entre elles et personne ne le sait.
M. Mathieu: Je verrais la manière de le découvrir,
si vous me le permettez, M. Vaillancourt.
M. Vaillancourt (Orford): Je me pose la question: Comment va-t-on
pouvoir contrôler le transfert d'actions privées?
M. Mathieu: La Loi des renseignements sur les compagnies oblige
toute compagnie faisant affaires au Québec à faire un rapport
annuel au service des compagnies. Et ensuite, si un individu, au nom de sa
compagnie, vient vendre ou vient emprunter, le créancier qui prête
va exiger un certificat de régularité du service des
compagnies.
Le notaire fait venir le certificat ou la personne en question quand on
s'aperçoit qui détient les actions.
M. Garon: Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de
prête-noms ou des choses comme cela. C'est un des moyens. Il y a d'autres
gens qui vont essayer de contourner ces renseignements. Mais il y a des
pénalités au bout.
M. Vaillancourt (Orford): Dans la loi?
M. Garon: Bien oui. On va voir cela tantôt.
M. Dubois: C'était $500, je pense.
M. Garon: À part cela, c'est surtout l'annulation de
l'acte.
Le Président (M. Laberge): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur l'article 10?
M. Vaillancourt (Orford): Un instant.
Le Président (M. Laberge): Je vous laisse aller.
M. Vaillancourt (Orford): C'est l'article 31, je pense.
Le Président (M. Laberge): C'est sur les
pénalités, oui.
M. Vaillancourt (Orford): Complicité à
l'infraction, aux articles 30 et 31. Les amendes sont à l'article
31.
M. Garon: Je vais vous dire une affaire. Vous êtes
propriétaire. L'acte est déclaré nul. Vous achetez une
terre d'un non-résident et vous faites toutes sortes de sparages pour ne
pas que ce soit su. Vous êtes propriétaire pendant cinq ans et
personne ne le sait. Au bout de cinq ans, quelqu'un le sait. D'une façon
ou de l'autre, on le sait. On fait annuler votre acte. Combien d'argent
pensez-vous que vous allez perdre avec cela? Tu n'as pas un cent d'abord, cela
va être une pénalité possible, tu n'auras pas un cent
d'intérêts si vous aviez... Et en plus, vous allez avoir toutes
les procédures contre vous. Cela décourage un petit peu.
M. Vaillancourt (Orford): Quelqu'un qui est conscient des effets
de la loi...
M. Garon: Ceux qui ne sont pas conscients des effets de la loi
sont des gens simples. Ils ne font pas de trucs pour contourner la loi, mais
ils vont se faire avertir.
M. Vaillancourt (Orford): Quelquefois, il y a de bons
conseillers.
M. Garon: Ceux qui font des trucs, à ce moment-là,
ce ne sont pas des gens qui se font
prendre. Ce sont des gens qui essaient de prendre.
M. Mathieu: ... avocat.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense que de la manière que
l'a expliqué le député de Beauce-Sud, c'est
compréhensible, cela peut toujours arriver qu'un type qui fait cela
puisse se faire prendre, parce que, s'il fait un rapport au service des
compagnies, automatiquement, cela peut se dévoiler par l'entremise de la
Loi sur les compagnies.
Le Président (M. Laberge): Autres questions? Article 10
adopté. J'appelle l'article 11. L'article 11 se lit comme suit: "Une
personne qui réside...
M. Garon: Vous avez oublié l'article 27, n'est-ce pas?
Le Président (M. Laberge): "Une personne qui réside
au Québec ne peut, sans...
M. Garon: Vous regarderez l'article 27. Nos meilleurs policiers,
savez-vous qui ils sont? Ce sont les banques. Avant de faire des contrats et de
prêter de l'argent à des gens, elles examinent les titres et
disent au gars: Ce que tu as là, cela ne vaut rien, on ne te
prêtera pas là-dessus.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Goulet: C'est pour cela que nous sommes d'accord avec la loi,
M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Je répète.
L'article 11 se lit comme suit: "Une personne qui réside au
Québec ne peut, sans l'autorisation de la commission, faire
l'acquisition d'une terre agricole au nom ou pour le compte d'une personne qui
ne réside pas au Québec."
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, si on pose des
questions à chaque article, c'est pour aider ceux qui vont avoir
à interpréter la loi et à l'administrer. Je remarque
souvent qu'il y a des avocats, et même des notaires, qui vont lire le
journal des Débats pour connaître un peu quelle était
l'intention du législateur concernant l'application de tel et tel
article. C'est pour cette raison qu'on pose des questions. Et au fur et
à mesure...
M. Garon: En droit, ce débat ne vaut rien.
M. Vaillancourt (Orford): Mais tout de même, quelquefois,
c'est sur le bord un peu et même le juge lit le journal des
Débats. C'est déjà arrivé que...
M. Garon: Cela ne compte pas.
M. Dubois: Le ministre donne des réponses tellement
évasives... (16 h 30)
M. Vaillancourt (Orford): Ils veulent savoir un peu quelle
était l'intention du législateur.
M. Garon: Ils ont déjà fait cela. Ils ne se servent
plus de cela, parce qu'ils disent: L'Opposition charrie tellement! On ne
pourrait plus savoir l'intention du législateur à travers tout
cela.
M. Mathieu: C'est parce que le ministre est trop subtil.
M. Vaillancourt (Orford): Sans aller en cour et servir pour les
jugements de la cour, cela peut aider énormément toute personne
qui veut connaître la portée d'un article d'un projet de loi
semblable, parce qu'on vulgarise en posant des questions.
M. Garon: J'ai toujours pris le temps qu'il fallait en commission
parlementaire.
M. Vaillancourt (Orford): On vulgarise énormément
un projet de loi, lorsqu'on pose des questions et qu'on reçoit des
réponses pas trop évasives.
Le Président (M. Laberge): C'est un des buts d'une
commission parlementaire. L'article 11 sera-t-il adopté?
M. Dubois: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 12 qui se lit comme suit: "Une personne qui ne réside pas au
Québec et qui désire obtenir une autorisation en vertu de la
présente loi doit présenter à la commission une demande
accompagnée de tous les documents et renseignements exigés par
règlement du gouvernement et, le cas échéant, du paiement
des droits prescrits pour présenter cette demande." M. le
député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, je me demande
pourquoi on n'inscrit pas dans la loi les renseignements qu'il sera
nécessaire de donner ainsi que le montant des droits qui seront
exigés.
M. Garon: Cela peut varier. À un moment donné, on
peut s'apercevoir qu'il nous manque tel type de renseignement. On va changer un
règlement pour cela. Habituellement, des questions de procédure
administrative. On ne trouve jamais cela dans la loi. On trouve cela dans les
règles de régie interne, dans les règlements.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que ce ne serait pas
préférable que les renseignements nécessaires pour
l'interprétation de cet article-là soient dans la loi?
M. Garon: Ce sont des détails. Ces
renseignements-là ont une page et demie au total.
Une voix: On est habitué de sanctionner les projets de loi
aveuglément.
M. Garon: Vous avez même eu un règlement. Une
voix: C'est un peu...
M. Goulet: J'espère que dans le règlement, on va
prévoir un délai pour la prise en considération de la
demande par la commission et le temps également pour formuler une
réponse pour qu'il ne se produise pas ce qu'on a vu, un délai de
six mois avant d'avoir le numéro du dossier.
M. Garon: Six mois, votre cas...
M. Goulet: Votre numéro de dossier et après cela...
Non, mais j'ai dit: On l'a déjà vu.
M. Garon: Le cas du député de Brome-Missisquoi, je
pourrais en parler devant toute la presse, si vous voulez.
M. Goulet: Je suis le député de Bellechasse, M. le
Président. Je n'ai pas parlé du tout du
député...
M. Garon: Je pourrais en parler devant tout le monde. Vous allez
voir que ceux qui vont passer pour "niaiseux", ce ne sont pas les gens de la
commission. Quand je dis "niaiseux", j'emploie un terme poli.
M. Goulet: M. le Président, je n'ai parlé ni au nom
du député de Brome-Missisquoi, ni du cas du député
de Brome-Missisquoi, que je ne connais pas. J'ai parlé de cas que
moi-même j'ai pilotés au niveau de la Commission de la protection
du territoire agricole, il y a un an. Cela a pris six mois avant d'avoir une
réponse. Le ministre avait très bien compris. Cela va un peu
mieux peut-être, cela en prend moins. La journée où les
commissaires se réunissent, ils rendent une décision et pour la
recevoir dans le comté, cela prend encore trois semaines.
Le Président (M. Laberge): J'ai compris votre
analogie.
M. Garon: On n'est pas en charge de la poste. M. Goulet:
Non, ce n'est pas la poste. M. Garon: C'est le
fédéral. M. Goulet: Non, non.
Le Président (M. Laberge): Ne nous éloignons pas
là-dessus. Il y a une analogie. C'est pour cela que j'ai
considéré que c'était pertinent.
M. Goulet: C'est pertinent, M. le Président. J'ai dit
qu'on aurait dû prévoir un délai, parce que si quelqu'un
veut acheter ou faire une transaction et que cela prend six mois avant d'avoir
une réponse, c'est très long. Je ne lance de pierres à
personne, mais nous l'avons constaté dans plusieurs dossiers.
M. Garon: Cela ne prend pas six mois. Plus maintenant.
M. Goulet: Non, tant mieux!
Le Président (M. Laberge): C'est pertinent à une
autre loi qui a déjà été discutée.
M. Goulet: Ce sera semblable.
Le Président (M. Laberge): C'est pour cela que j'ai dit
qu'il y avait analogie. J'ai permis votre remarque, mais je ne voudrais pas
qu'on s'écarte...
M. Goulet: Je savais que vous aviez compris, M. le
Président, M. le ministre aussi.
Le Président (M. Laberge): J'essaie de le comprendre.
M. Goulet: II a certainement compris, parce qu'il s'est
choqué.
Le Président (M. Laberge): L'article 12 sera-t-il
adopté?
M. Garon: Je ne suis pas choqué du tout.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, d'après
vos règlements sur l'article 12, des droits au montant de $10 sont
payables. Est-ce que c'est le montant officiel qui sera facturé ou
est-ce seulement un projet?
M. Garon: C'est un projet.
M. Vaillancourt (Orford): Cela veut dire que le montant peut
être diminué ou augmenté?
M. Garon: Normalement, il sera de $10. il pourrait être
changé, parce qu'il n'est pas encore adopté par
règlement.
M. Vaillancourt (Orford): C'est inscrit: Des droits au montant de
$10 sont payables au ministre des Finances pour toute personne qui
présente à la commission une demande d'autorisation en vertu de
l'article 12 de la loi. Cela veut dire qu'il faut payer $12 pour demander des
renseignements.
M. Garon: Non, pas pour des renseignements, pour faire une
demande d'autorisation, pour ouvrir un dossier et tout cela.
M. Vaillancourt (Orford): Pour faire une demande d'autorisation,
un peu comme pour un permis d'alcool ou un permis de...
M. Garon: Non, non. Pour aller devant tous les tribunaux, toutes
les commissions administratives, vous avez un droit à payer.
M. Vaillancourt (Orford): C'est pour payer les frais de...
M. Garon: C'est tout ce que cela coûte, cela ne coûte
pas plus cher. C'est le montant final.
M. Vaillancourt (Orford): C'est une taxe subtile.
M. Garon: Non. C'est pour enlever les demandes frivoles.
M. Dubois: C'est le même montant que pour les demandes qui
vont à la Commission de protection du territoire. $10?
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce pour payer les cinq
employés additionnels que cela va prendre?
M. Garon: Non. Cela ne rapportera pas beaucoup d'argent.
M. Vaillancourt (Orford): Cela dépend du nombre de
demandes.
Le Président (M. Laberge): Article 12 adopté? M.
Vaillancourt (Orford): Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 13 qui se lit comme suit: "Cette demande doit être
accompagnée d'une déclaration assermentée mentionnant les
motifs de l'acquisition de la terre agricole, son utilisation projetée
et, s'il y a lieu, l'intention du requérant de s'établir au
Québec." M. le député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, qu'est-ce qu'on
veut dire ici par "motifs de l'application de la terre agricole"?
M. Garon: Les motifs, cela veut dire pourquoi.
M. Vaillancourt (Orford): "Cette demande doit être
accompagnée d'une déclaration assermentée mentionnant les
motifs." Qu'est-ce que vous voulez dire par "motifs"?
M. Garon: Le mot "motif", vous ne savez pas ce que cela veut
dire?
M. Vaillancourt (Orford): Motifs de l'acquisition?
M. Garon: Les motifs de l'acquisition, c'est les raisons,
pourquoi vous faites une demande. Si vous êtes un non-résident et
que vous demandez l'autorisation d'acquérir une terre agricole, vous
mentionnez pourquoi vous voulez l'acquérir. Le gars dit: Je veux
l'acquérir parce que je veux déménager au Québec et
aller la cultiver. C'est cela, le motif.
M. Dubois: Prospection de mines, puits de pétrole, gaz
naturel.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Très brièvement, pourquoi
"assermentée" là-dedans? On pourrait dire signée.
Qu'est-ce que cela vient faire et quelle est la valeur de cela, entre vous et
moi?
M. Garon: Cela a quand même une valeur, parce que, si vous
faites une déclaration fausse, vous pouvez être passible de
certaines choses.
M. Goulet: Oui, mais "assermentée", cela veut dire qu'il
faut qu'il aille chez un juge de paix.
M. Garon: Oui, un notaire, un avocat.
M. Goulet: Pourquoi? À la Commission de protection du
territoire agricole, il n'est pas question de cela. "Cette demande doit
être accompagnée d'une déclaration je ne sais pas
quel mot employer, peut-être signée naturellement, elle est
signée mentionnant les motifs de l'acquisition de la terre
agricole..."
M. Garon: Quand vous faites une déclaration
assermentée, vous prouvez, en même temps, par votre signature, que
c'est vous qui faites le serment, que vous ne le faites pas faire par un autre.
Une déclaration assermentée, cela a quand même une certaine
signification. Autrement, vous pourriez dire: J'ai fait remplir ma formule par
quelqu'un. Ils ont rempli cela comme cela. Je n'étais pas au courant.
Là, c'est vous qui êtes assermenté; ce n'est pas un
autre.
M. Goulet: "Assermentée" et "solennelle", on n'a pas
besoin de l'écrire, c'est la même chose. Vous êtes d'accord
avec cela.
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Cela veut dire que...
M. Goulet: Non, je ne le sais pas.
M. Garon: Les possibilités de fraude sont réduites
par une déclaration assermentée.
M. Vaillancourt (Orford): Pensez-vous qu'il n'en existe pas un
peu, des mauvaises déclarations, même si elles sont
assermentées?
Une voix: II y en a moins qu'il y en avait.
M. Mathieu: Je crois que c'est préférable d'avoir
une déclaration assermentée, parce que, comme il dit, souvent
elle sera plus recevable par la suite. S'il arrive quelqu'un chez le notaire ou
chez l'avocat et qu'il lui dit: Assermente-moi, le gars n'a rien de fait. Il
faut commencer à lui préparer un affidavit ou une
déclaration qui va être mieux préparée
normalement.
M. Goulet: Adopté.
M. Vaillancourt (Orford): Tous les motifs pour l'acquisition,
c'est pour inclure dans la demande, la formule le requérant qui
va...
M. Garon: Les motifs qui intéressent la commission. Si
vous me dites que vous voulez acheter une terre pour vous établir parce
que vous allez vous marier, bien le fait que vous allez vous marier, cela ne
nous intéresse pas. Si vous voulez vous établir sur une terre et
la cultiver, c'est un motif qui nous intéresse. Cela prend des motifs
qui éclairent la commission dans sa décision.
M. Vaillancourt (Orford): Ce que je voudrais faire dire au
ministre, c'est s'il peut y avoir des motifs qui peuvent faire refuser la
demande du requérant. Par exemple, si le type dit: Je veux acheter une
ferme pour faire telle chose, cela peut être une piste de ski, cela peut
être n'importe quelle raison.
M. Garon: C'est cela.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce qu'il peut y avoir des motifs,
des genres de commerces qui peuvent être refusés aux
requérants?
M. Garon: Ce n'est pas le commerce qui est refusé. Si
c'est une terre agricole et qu'il vient s'établir...
M. Vaillancourt (Orford): Non, mais s'il veut s'en servir pour
d'autres fins?
M. Garon: II ne pourra pas, en vertu du zonage de la Loi de la
protection du territoire agricole. Les deux vont jouer de pair.
M. Dubois: Le non-résident ne connaît pas la loi
90.
M. Garon: II va l'apprendre. Vous allez voir qu'il nous...
M. Dubois: Je parle du non-résident. Supposons qu'il
n'a...
M. Garon: Le non-résident de l'Europe, par exemple.
L'Europe est dix fois plus réglementée que l'Amérique du
Nord. Il s'attend à en avoir des réglementations, lui.
M. Dubois: Par exemple, s'il ne connaissait pas les
règlements de la loi 90, il pourrait dire que c'est pour d'autres
raisons que l'agriculture.
M. Garon: La plupart des Européens que j'ai vus trouvent
qu'ils ne sont pas assez protégés, parce qu'on manque de
réglementation dans beaucoup de choses au Québec.
M. Dubois: II commence à y en avoir pas mal... pas mal
fort...
M. Garon: II y a beaucoup de réglementations qui
protègent le monde. Prenez l'exemple du grain. On a mis le permis
facultatif. Les gens qui vont arriver... Je suis persuadé que la
pression va venir pour que les organismes aient un système de
classification. Si c'est le cas, il va falloir qu'ils aient un permis pour
avoir le droit de classifier du grain. Il va y avoir des normes de
classification afin de déterminer ce qu'est À, B, C ou D. C'est
une réglementation qui est bonne.
Prenez le poisson de la Gaspésie actuellement. Vous n'avez pas de
réglementation au fédéral. Est-ce bon?
M. Dubois: II y en a une. Vous l'avez citée, l'autre
fois.
M. Garon: Elle ne vaut rien. Est-ce que c'est bon? Aujourd'hui,
s'il y avait une réglementation... Non seulement cela. Cela fait perdre
beaucoup d'argent. Dans le journal, on parlait de $1.75, et les nôtres
coûtent $1.25, $0.50 de moins la livre, parce que le poisson n'est pas
classifié.
Non seulement cela, mais cela fait perdre de l'argent au monde. Les
règlements tatillons emmerdent le monde. Il y a des
réglementations aussi qui sont utiles pour le monde.
M. Dubois: ... pour les règlements et il faut...
M. Garon: En agriculture, on a fait juste des
règlements...
M. Goulet: Par contre, même le poisson n'est plus bon,
depuis trois ans.
M. Vaillancourt (Orford): Les règlements qu'on a ici, M.
le Président...
M. Garon: Que l'Union Nationale ne pose pas trop de questions,
parce que j'ai tous les documents qu'il faut pour répondre.
M. Goulet: Sur?
M. Garon: Le poisson.
M. Goulet: Cela doit dépendre du fédéral ou
de l'ancien gouvernement, je suis certain de cela. Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): L'article 13...
M. Vaillancourt (Orford): Cela peut dépendre du
gouvernement.
M. Goulet: C'est un des deux.
M. Vaillancourt (Orford): ... précédé
l'ancien gouvernement.
M. Garon: Vous me demanderez cela demain.
M. Goulet: C'est un des deux, M. le Président, ou le
fédéral ou l'ancien gouvernement. On est sûr de cela.
Le Président (M. Laberge): Je ne réponds pas.
L'article 13 est adopté. J'appelle l'article 14 qui se lit comme suit:
"La commission doit donner au requérant et à tout
intéressé l'occasion de lui soumettre des représentations
écrites. Elle peut également tenir une audition publique. "Elle
peut, en outre, requérir de ces personnes qui doivent les lui fournir
les renseignements et les documents qu'elle juge pertinents à l'examen
de la demande."
M. Mathieu: J'aimerais mieux si cela se lisait, M. le
Président... Est-ce que je peux intervenir? Si l'individu, le
requérant veut être entendu, que la commission soit obligée
de l'entendre. Dans le moment, la commission n'est pas obligée. Elle
peut, si elle le décide, mais si le pauvre diable, au bas de
l'échelle, voulait être entendu, "audi alte-ram partem", il ne
peut pas l'être.
M. Garon: Non, "audi alteram partem", c'est être entendu
par écrit ou verbalement et souvent dans les tribunaux, on demande des
ententes par écrit, parce que les arguments sont beaucoup plus
précis. Là, on est dans le domaine immobilier où la
plupart des recommandations sont écrites. Les documents sont des
instruments de preuve écrite, pas verbale. C'est pour cela qu'on dit
cela comme cela.
La plupart du temps, il n'est pas nécessaire de l'entendre. La
personne va venir vous dire quoi? Vous dire dans des termes beaucoup moins
précis ce qui est dans le document. Quand nous lisons le document, nous
le voyons clairement. Dans les accidents d'automobiles, il n'y a pas de preuve
écrite, à part de prouver qu'on est propriétaire d'une
automobile. Ce sont des preuves verbales.
Mais dans ce secteur, la preuve est écrite. Il y a des
documents.
M. Vaillancourt (Orford): Mais si le requérant veut se
faire entendre...
M. Garon: II le demande.
M. Vaillancourt (Orford): Et si la commission dit: Ce n'est pas
nécessaire, il n'y a rien qui oblige la commission...
M. Garon: Elle l'accorde habituellement.
M. Vaillancourt (Orford): Mais ce n'est pas marqué: elle
doit, si la demande lui est faite... C'est: "il peut, si la commission veut".
Là, le requérant peut se faire entendre, mais si la commission
refuse au requérant, cela veut dire qu'il... (16 h 45)
M. Garon: C'est un peu théorique. Vous êtes en face
d'un non-résident...
M. Vaillancourt (Orford): ... est obligé de prendre des
procédures judiciaires, etc.
M. Garon:... qui pense rester ici. Il va faire des
représentations écrites à moins qu'il ne prenne un
procureur par ici.
M. Goulet: "Elle doit", M. le Président, ce n'est pas
mieux non plus, parce qu'à ce moment-là, elle serait
obligée chaque fois d'entendre... Elle doit, ce ne serait pas mieux. Si
on disait: Elle doit sur demande"...
M. Garon: Concrètement, entre vous et moi, un tribunal
parce que la commission est un tribunal, ce n'est pas la Cour
supérieure ni la Cour provinciale, mais c'est un tribunal, un peu comme
la commission du travail, quelque chose comme ça. Habituellement ces
organismes-là, pour ne pas entendre quelqu'un, doivent vraiment avoir
des raisons et, si quelqu'un veut se faire entendre, ils vont l'entendre.
M. Vaillancourt (Orford): Mais le requérant peut toujours
se faire entendre s'il y a un litige impossible à régler entre la
commission, c'est-à-dire entre les... peut-être pas la commission
elle-même, parce que ce n'est pas elle qui va avoir à
répondre à tous les requérants. Ce seront les
employés...
M. Garon: Ah oui, mais attendez un peu! La commission analyse le
dossier.
M. Vaillancourt (Orford): Ce sera sur le même principe que
les demandes de prêts agricoles, je pense. Ce sont les commissaires de
l'Office du crédit agricole qui vont décider de la demande...
M. Garon: ... moins juridique que celui-là qui peut
être plus formel. C'est plus un tribunal...
M. Mathieu: Mon but n'est pas d'amener un débat, mais j'ai
eu connaissance qu'un gars avait fait une demande écrite en vertu de
l'article 44 de la Loi de protection du territoire agricole. Il pensait
être convoqué et il reçoit par la poste un jugement.
C'était non, point final.
Une voix: II a toujours un droit...
M. Garon: II avait demandé d'être entendu?
M. Mathieu: II ne l'avait pas demandé, mais il s'attendait
à être convoqué. Il me semble que ça jette un peu de
discrédit sur...
M. Goulet: II aurait pu aller en appel.
M. Garon: Dans l'article de la Loi sur la protection du
territoire agricole il est dit qu'elle doit tenir une audition publique si le
demandeur ou l'intéressé en fait la demande.
M. Mathieu: Je comprends, mais le pauvre diable ne sait pas tout
ça.
M. Vaillancourt (Orford): Elle doit, mais il peut...
M. Garon: Là on est dans le cas... des
non-résidents. Ce sont des gens qui ne sont même pas
là.
M. Dubois: Quand la commission envoie un verdict à un
demandeur, elle indique aussi qu'il a 30 jours pour interjeter appel du
verdict.
Le Président (M. Laberge): L'article 14 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 15. Voulez-vous que j'en donne lecture?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Laberge): 15. Lorsqu'une autorisation lui
est demandée en vertu de la présente loi, la commission
détermine, en prenant en considération les conditions
biophysiques du sol et du milieu, si la terre agricole faisant l'objet de la
demande est propice à la culture du sol ou à l'élevage des
animaux. "Si elle juge que la superficie en cause n'est pas propice à la
culture du sol ni à l'élevage des animaux, la commission accorde
l'autorisation. "Dans les autres cas, elle évalue la demande en prenant
en considération les conséquences économiques
découlant des possibilités d'utilisation de la superficie
à des fins d'agriculture, l'effet d'accorder la demande sur la
préservation du sol agricole dans la municipalité et la
région et sur l'homogénéité de la communauté
et de l'exploitation agricole."
M. Garon: C'est un article fondamental. Quand est-ce que la
commission, d'une façon automatique, va accorder l'autorisation si ce
n'est pas un sol agricole, ou, encore, sur quel critère elle va
évaluer une demande.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: II me semble qu'on pourrait faire un petit
changement. Voyez-vous, à la fin du premier alinéa, on dit: "Si
la terre agricole faisant l'objet de la demande est propice à la culture
du sol ou à l'élevage", l'un ou l'autre.
Dans l'autre alinéa: "Si elle juge que la superficie en cause
n'est pas propice à la culture du sol ni à l'élevage". Il
me semble que pour respecter l'esprit du premier alinéa on devrait
mettre: "ou encore". Il me semble que ce serait plus... "ou à
l'élevage des animaux, la commission accorde l'autorisation".
M. Goulet: Ni l'un ni l'autre.
M. Dubois: ... l'autre.
M. Goulet: ... pas bonne pour l'agriculture.
Le Président (M. Laberge): Est-ce aussi français?
Oui.
M. Garon: Les rédacteurs disent oui".
M. Mathieu: Vous ne trouvez pas que ça enlève
l'esprit du paragraphe?
M. Garon: Ni à l'un ni à l'autre, pas
nécessairement les deux ensemble. "Si elle juge que la superficie en
cause n'est pas propice à la culture du sol ni à l'élevage
des animaux". Si c'est bon pour un ils n'achèteront pas.
M. Mathieu: Oui.
M. Garon: La première partie est négative. La
superficie n'est pas propice à la culture du sol et n'est pas propice
à l'élevage d'animaux. En haut, c'était affirmatif, c'est
pourquoi c'est "ou".
M. Mathieu: La commission détermine si la terre agricole
est propice à la culture ou à l'élevage. Si elle juge
qu'elle n'est pas propice à la culture ni à l'élevage...
Il ne pourrait pas y en avoir seulement un.
M. Garon: Oui, l'un ou l'autre.
M. Mathieu: Mais pour accorder l'autorisation, il faut qu'elle
soit ni propice à la culture ni propice à l'élevage
d'animaux.
M. Garon: Entre vous et moi, c'est plutôt la culture du
sol. L'élevage des animaux, à moins qu'ils ne mangent dans le
champ, aux pâturages, mais dans le fond, la plupart des cultures sont des
cultures sans sol aujourd'hui, "zero grazing", comme on les appelle. Les
animaux sont en place, on va chercher la nourriture du sol et on la leur
apporte sur place, pour qu'ils ne "pilotent" pas inutilement.
M. Dubois: Dans le flanc d'une montagne avec des moutons.
M. Garon: Là, les chèvres se font la barbe sur les
roches, des affaires de même, c'est une autre affaire.
M. Goulet: Elles mangent deux par deux; une lève la roche
et l'autre mange en dessous.
M. Vaillancourt (Orford): Dans le troisième
paragraphe...
M. Garon: Les mouflons de montagne.
M. Vaillancourt (Orford): Au troisième alinéa du
paragraphe 15, est-ce qu'on va tenir compte de
"l'homogénéité de la communauté et de
l'exploitation agricole"? Est-ce que c'est un objectif très
important?
M. Garon: Entendons-nous, le sens du mot
"homogénéité", c'est l'homogénéité
agricole. Ce n'est pas l'homogénéité de... Dire que
là ce ne sont pas des Québécois et qu'un Suisse qui
voudrait acheter, cela va déranger l'homogénéité,
ce n'est pas cela.
M. Vaillancourt (Orford): Ce n'est pas cela.
M. Garon: Non, c'est l'homogénéité agricole.
C'est le même terme qu'on retrouve dans la Loi sur la protection du
territoire agricole. Ce n'est pas l'homogénéité ethnique.
C'est l'homogénéité agricole. C'est un endroit de
cultivateurs. Si un gars dit: Je vais aller m'installer là pour faire
une cour à "scrap" sur la terre ou: Je vais reboiser la terre, il va
nuire aux cultivateurs de chaque bord de la terre.
M. Vaillancourt (Orford): Cela veut dire que ça peut
être interdit de laisser installer une cour à "scrap" près
d'une ferme agricole.
Le Président (M. Laberge): Autres questions?
M. Garon: II faudrait mettre un "s" en attendant...
Le Président (M. Laberge): Au mot agricole.
M. Garon: Au mot agricole, à la fin, il faudrait mettre un
"s". L'homogénéité c'est la communauté et
l'exploitation agricoles. C'est la communauté agricole et l'exploitation
agricole. Ce n'est pas la communauté ethnique.
Le Président (M. Laberge): Votre objectif c'est bien
"communauté agricole". C'est cela.
M. Vaillancourt (Orford): La communauté agricole.
Le Président (M. Laberge): Non, c'est-à-dire qu'on
va mettre un "s".
M. Garon: La communauté et l'exploitation agricoles. Ce
sont les deux qui sont agricoles.
M. Vaillancourt (Orford): Au point de vue ethnique, il n'y a
aucun...
M. Garon: Ce n'est pas mauvais, quand un gars arrive; un Suisse
qui arrive dans un rang, il apporte de nouvelles techniques et tout cela.
M. Mathieu: II ramasse des "peanuts", des amandes.
M. Vaillancourt (Orford): Des noisettes. Des "peanuts", un
suisse.
M. Garon: Ah! les suisses...
M. Vaillancourt (Orford): Le ministre commence à
être fatigué.
M. Garon: Non, je n'y ai pas pensé. M. Mathieu:
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Au mot "agricole", on a
ajouté un "s". L'amendement est fait et adopté.
M. Garon: Allez-vous y penser?
Le Président (M. Laberge): L'article 15 tel
qu'amendé est-il adopté?
Adopté avec amendement. Article 16?
M. Garon: Le lisez-vous?
Le Président (M. Laberge): Oui.
M. Garon: Vous avez l'air d'aimer ça.
M. Vaillancourt (Orford): Vous lisez bien, d'ailleurs.
Le Président (M. Laberge): Je ne suis pas agriculteur,
mais je peux coopérer. Article 16: "Lorsque le requérant est une
personne physique et déclare qu'il a...
M. Garon: Vous êtes un peu fluet.
Le Président (M. Laberge): ... l'intention de
s'établir au Québec c'est pour ça que je n'y suis
plus la commission autorise l'acquisition à la condition qu'il
séjourne au Québec durant au moins 366 jours au cours des 24 mois
suivant la date de l'acquisition."
Deuxième paragraphe: "Si, après l'expiration de ce
délai, le titulaire d'une telle autorisation établit à la
satisfaction de la commission qu'il réside au Québec, il peut
obtenir de cette dernière une attestation à l'effet que la
condition est réalisée. Par cette décision de la
commission, l'acquisition est alors confirmée à toutes fins que
de droit."
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): ... si un non-résident vient ici
dans la province, s'achète une ferme, y demeure le temps
nécessaire, soit 366 jours, et, après, retourne dans son pays,
est-ce qu'il demeure propriétaire de ladite ferme?
M. Garon: Oui. C'est pour ça qu'on contrôle
l'acquisition de la propriété et non pas la possession. Cela ne
veut pas dire qu'éventuellement ce ne sera pas nécessaire de
légiférer sur la possession.
M. Vaillancourt (Orford): Cela veut dire, tout de même,
qu'un non-résident, s'il veut venir ici, acheter une ferme ou des
fermes, il peut en
acheter 1000 acres et demeurer ici pendant 366 jours; après cela,
il retourne dans son pays et il est propriétaire d'un grand territoire
agricole dans la province. Il contourne automatiquement la loi en venant
demeurer ici 366 jours.
M. Garon: Oui, mais, à l'usage, on pourra voir ce qui
arrive. Possiblement qu'on en arrivera à dire qu'on va contrôler
la possession. Là, il y a 500 000 acres qui appartiennent à des
étrangers, à des non-résidents. Je suis persuadé
qu'avec une loi pour les non-résidents, en revendant ces acres, ils
doivent les revendre à des résidents.
M. Vaillancourt (Orford): II y a des fois où ce n'est pas
possible.
M. Garon: Ils n'ont pas le choix.
M. Vaillancourt (Orford): Parce que vous allez prendre un
non-résident qui est propriétaire...
M. Garon: Les propriétaires non-résidents de terres
agricoles, quand ils vont vouloir les revendre, vont devoir les revendre
à des résidents, à moins que l'acheteur n'obtienne
l'autorisation de la commission.
M. Vaillancourt (Orford): À des résidents ou
à des non-résidents...
M. Garon: Cela, normalement...
M. Vaillancourt (Orford): ... mais, pour autant qu'il demeure ici
366 jours, le non-résident devient automatiquement
propriétaire.
M. Garon: Ce n'est pas ce que je vous dis.
M. Vaillancourt (Orford): Ensuite, il retourne dans son pays.
M. Garon: Ce n'est pas ça que je vous dis. Je vous dis que
vous avez actuellement au-dessus de 500 000 acres qui appartiennent à
des non-résidents et, là-dessus, il y a plus de 100 000 acres
dans la région de la plaine de Montréal. La plupart de ces
territoires sont protégés pour l'agriculture. Certains vont dire:
Je revends. Cette loi étant adoptée, ils vont devoir revendre
à des résidents, à moins que le non-résident qui
acquiert n'obtienne l'autorisation de la commission. Normalement, si on regarde
sur une période de trois, quatre ou cinq ans, possiblement que les 500
000 acres qui appartiennent à des non-résidents vont avoir
diminué considérablement. Si cela ne diminue pas, il faut aller
plus loin et contrôler la possession; il sera toujours temps d'agir.
Voyez-vous arriver et embarquer la possession, alors que 500 000 acres
appartiennent à des non-résidents? Cela ferait pas mal d'acres
sur le marché d'un coup sec. Il faut peut-être procéder
plus graduellement.
Le Président (M. Laberge): M. le député
de
Beauce-Sud. Excusez. Continuez, M. le député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, le
non-résident qui vient acquérir une terre au Québec,
est-ce que c'est 366 jours sans interruption, sans quitter la province ou s'il
peut venir ici six mois, aller chez lui, revenir pendant cinq mois, six mois et
retourner.
M. Garon: C'est 366 jours pendant deux ans.
M. Vaillancourt (Orford): Pendant deux ans, mais pas
continuellement. Il peut sortir et revenir.
M. Garon: Non, mais on peut lui demander de le prouver. S'il sort
tout le temps, il va falloir qu'il nous montre des billets d'avion attestant
qu'il revient. (17 heures)
M. Vaillancourt (Orford): C'est facile de sortir. Quand je passe
aux douanes américaines, on ne me demande pas toujours mon nom. On peut
me demander mon nom, mais ce n'est pas enregistré. Je peux bien aller
passer un ou deux mois et revenir par un autre poste de douane. On peut me
demander combien de temps j'ai été parti et je peux dire que j'ai
été parti 24 heures. Il n'y a personne qui enregistre cela. Cela
pourrait se contourner par cela.
M. Goulet: II faut qu'ils fassent comme les Anglais, il faut
qu'ils restent.
M. Vaillancourt (Orford): Vous avez répondu à ma
question. Ceci veut dire que cela peut se contourner malgré que vous
essayiez d'avoir une loi aussi étanche que possible.
M. Garon: Vous direz cela à des non-résidents qui
entrent, à cause des lois sur l'impôt.
M. Vaillancourt (Orford): Le ministre de l'Agriculture ne sera
pas toujours aux bureaux des douanes pour surveiller les non-résidents
qui vont venir acheter des terres ici.
M. Garon: Non, mais vous allez voir une quarantaine de milliers
de cultivateurs; tous les voisins, c'est bien meilleur comme contrôleur
que le ministre de l'Agriculture.
M. Mathieu: J'aurais deux observations, M. le
Président.
M. Garon: Qu'est-ce que vous pensez qu'il arrive dans la
protection du territoire agricole? Les gens ne vous le disent pas, mais ils
dénoncent. Quand il arrive quelqu'un qui fait un acte contre la
protection du territoire agricole, ils le dénoncent à la
commission. Ils ne vous diront pas leur nom, mais ils vous donnent le
renseignement. Vous envoyez un enquêteur pour voir. Le polissage d'une
loi comme celle-là se fait par la population, d'une façon
naturelle. Les gens, cela les choque.
Je dirais que, d'une façon naturelle, l'ensemble de la population
du Québec souhaite la protection du territoire agricole, souhaite que
cela appartienne aux cultivateurs, que ce soit exclusif à l'agriculture.
On n'a pas besoin de faire un effort pour les convaincre, d'une façon
naturelle, la population souhaite cela.
Ceux qui essaient de contourner ces lois, tant la Loi sur la protection
des terres agricoles que la Loi sur l'acquisition des terres agricoles par des
non-résidents, vont être dénoncés. La sympathie de
la population va aller pour ces lois et pour la commission plutôt que
pour ceux qui essaient de les contourner.
M. Dubois: De toute façon, je pense que la loi est assez
respectée.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, deux observations...
M. Garon: Vous êtes terriblement conservateur.
M. Dubois: Je n'ai pas le droit?
M. Garon: On vous voit mal dans un Parti libéral.
M. Dubois: ...
M. Mathieu: Deux observations, M. le Président.
M. Garon: Vous avez les moeurs libérales, vous voulez
dire?
M. Vaillancourt (Orford): II est assez ouvert, parce qu'autrement
on ne l'aurait pas accepté.
M. Mathieu: Je suis un peu à l'encontre du
règlement. Si on veut régler la possession, il va falloir que les
critères soient moins rigoureux. Je connais des cultivateurs de
l'Alberta qui restent plus longtemps en Floride qu'en Alberta, dans une
année.
Si les critères de la possession devaient être
adoptés, il faudrait qu'ils soient moins rigoureux. Je connais des
cultivateurs de l'Alberta qui sont plus longtemps en Floride qu'en Alberta,
dans le cours d'une année.
Pour ce qui est de l'article 16, plus spécifiquement,
automatiquement...
M. Garon: Non. Voyez-vous, ils sèment au printemps, au
mois d'avril à peu près, avril, mai. Cela fait mai, juin,
juillet, août, septembre, octobre. Ils font la dernière
récolte en octobre, le temps de nettoyer les équipements...
M. Mathieu: Je parle du propriétaire. Je ne parle pas de
ceux qui finissent la récolte. Comme l'agriculture s'en vient, cela va
devenir comme cela. Le gars va avoir une maison en Floride et il va faire faire
son travail par ici, si je comprends bien.
Pour être plus pertinent à l'article 16, M. le
Président, je ne dis pas que c'est une mauvaise affaire, mais l'article
se trouve à limiter l'achat par les non-résidents, par des gens
qui ont le capital requis pour acheter. Avec cet article, le gars ne pourra
jamais trouver à acheter une terre parce qu'il ne pourra pas la
financer. Il ne pourra pas fournir un titre valable ou donner une
hypothèque en considération de laquelle le prêteur va
débourser les fonds. Cela prend deux ans. La seule chose qu'on peut
faire, c'est de vendre à des gens qui ont l'argent comptant pour payer,
des non-résidents, ou encore faire une vente sous conditions
suspensives, une promesse de vente, d'achat, une option ou une chose
semblable.
Le Président (M. Laberge): II y a eu une question, M. le
ministre. Est-ce que vous avez une réponse?
M. Garon: Je m'excuse. J'étais un peu distrait.
Le Président (M. Laberge): Ou c'était
peut-être un commentaire.
M. Mathieu: L'article 16 limite l'achat à des gens qui
auront de l'argent comptant, parce qu'ils ne pourront pas se financer. Il n'y a
pas un créancier hypothécaire, y compris l'Office du
crédit agricole, qui va sortir l'argent.
M. Garon: C'est cela, sans que cela entre dans le cadre de la
loi. C'est cela, vous avez raison.
M. Mathieu: C'est peut-être un peu discriminatoire dans
certains cas.
M. Garon: S'il respecte la loi?
M. Mathieu: C'est qu'il ne pourra pas y avoir de paiement de fait
globalement, en entier, tant que les délais n'auront pas
été respectés là.
M. Garon: S'il veut s'établir, il n'a pas de
problème.
M. Mathieu: Ah oui! d'accord.
Le Président (M. Laberge): L'article 16 sera-t-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 17, qui se lit comme suit: "La commission rend une décision
motivée et la transmet, par courrier recommandé, à la
personne qui ne réside pas au Québec, au propriétaire de
l'immeuble concerné et à tout autre intéressé."
M. Vaillancourt (Orford): Quel sera le mécanisme, M. le
Président?
Le Président (M. Laberge): II y a une question de M. le
député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Quel sera le mécanisme
d'indemnisation des propriétaires qui veulent vendre leur terre?
M. Garon: Pardon?
M. Vaillancourt (Orford): Quel sera le mécanisme
d'indemnisation...
M. Garon: De quoi?
M. Vaillancourt (Orford): ... des propriétaires qui
veulent vendre leur terre?
M. Garon: Ils n'en ont pas besoin.
M. Vaillancourt (Orford): Quels seront vos critères pour
établir le... Est-ce qu'il va y avoir des critères? Le
propriétaire qui va vouloir vendre sa ferme pourra-t-il la vendre le
prix qu'il voudra?
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): La commission n'interviendra pas dans
le prix de la vente.
M. Garon: On n'a pas touché cela du tout dans le projet de
loi.
M. Vaillancourt (Orford): Vous n'avez pas touché cela du
tout.
M. Garon: Non, si on avait contrôlé la possession,
oui on aurait pu, mais on n'a pas contrôlé la possession. La
possession aurait obligé la vente. Si vous aviez été un
non-résident, si vous aviez acheté une terre d'un
non-résident, dans différents cas, on aurait
contrôlé la possession, mais on ne contrôle pas la
possession. Disons donc que la vente n'est pas réglementée, c'est
l'acquisition par un non-résident qui est réglementée.
M. Vaillancourt (Orford): II n'y a aucun contrôle. Le
non-résident qui va arriver ici et qui va vouloir acheter une terre va
s'arranger avec le vendeur. C'est le vendeur qui va faire son prix. Si
l'acquéreur accepte, il n'y a aucun problème, il n'y a aucune
intervention de la part de l'office ou de la régie.
M. Garon: Non, s'il est un non-résident et s'il a
l'autorisation.
M. Vaillancourt (Orford): Pour autant qu'il a l'autorisation.
C'est entendu qu'il va faire sa demande. Il va donner les raisons, les motifs
pour lesquels il veut acheter.
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que le prix d'acquisition qu'il
va payer pour l'achat de la ferme sera inscrit sur la formule?
M. Garon: Non, ce n'est pas un critère.
M. Vaillancourt (Orford): Avez-vous un modèle de formule
qui pourrait être déposé ici?
M. Garon: Oui, je vous ai passé un règlement.
M. Vaillancourt (Orford): On a un projet de règlement,
mais on n'a pas les formules. Ce ne sont pas des formules, ce sont des
règlements.
M. Garon: Oui. Les formules ne sont pas imprimées. Vous
n'avez pas le droit d'imprimer les formules avant que le projet de loi soit
adopté.
M. Vaillancourt (Orford): Vous n'avez pas de projet de formule
non plus?
M. Garon: Oui, le formulaire, c'est écrit dans le
règlement. À l'article 1, on dit ce que le formulaire va
comprendre.
M. Vaillancourt (Orford): Vous avez le règlement qui nous
dit comment vont être...
M. Garon: On parle de superficies qui... Dans le
règlement, à la section I, c'est inscrit: Formulaire, ce que va
comprendre le formulaire: le nom, la personne, le siège social, le
numéro d'assurance sociale, s'il y a lieu, le numéro de
téléphone du demandeur, la désignation sommaire du lot, le
rang, la division cadastrale, la municipalité dans laquelle le lot est
situé; c) la superficie totale en hectares du lot dont l'acquisition est
projetée; d) l'utilisation du lot concerné; e) la liste des
documents à joindre qu'on va indiquer qui sont nécessaires; f) la
signature du vendeur et c'est tout.
M. Vaillancourt (Orford): Du demandeur.
M. Garon: Du demandeur, oui, ainsi que l'attestation que les
renseignements fournis sont exacts. On ne dira pas oui ou non en fonction du
prix. On n'a pas besoin de savoir cela. Ce n'est pas notre affaire.
Le Président (M. Laberge): L'article 17 est-il
adopté?
M. Vaillancourt (Orford): Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 18. Il se lit comme suit: "Sous réserve du droit de
révision mentionné à l'article 34, les décisions de
la commission sont finales et sans appel."
M. Vaillancourt (Orford): Pourquoi les décisions
sont-elles finales et sans appel? Quel est l'objectif de ne pas permettre qu'il
y ait appel? Quelle est la raison?
M. Garon: Vous avez lu l'article 15. Vous voyez le genre de
motifs qui vont déterminer si cela va être autorisé, quels
facteurs on prend en considération, la qualité du sol, sol
agricole ou
non agricole. C'est un tribunal administratif. La plupart du temps, les
tribunaux administratifs n'ont pas d'appel comme tel. Quand on a parlé
de la protection du territoire agricole, on a fourni toute la liste des
tribunaux qui n'ont pas d'appel. Dans la loi 116, il y a un appel, un appel qui
n'a ni queue ni tête, au fond. C'est un appel au lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. Dubois: On ne peut pas appeler cela un droit d'appel quand on
est juge et partie.
M. Garon: Ce n'est pas nous qui avons mis cela dans la loi. C'est
votre nouveau parti.
M. Dubois: Dans la loi 116?
M. Garon: Dans la Loi des marchés agricoles.
M. Dubois: Je parle de la loi 116 qu'on a
sanctionnée...
M. Garon: La loi 116 ne parle pas de cela. C'était
déjà dans la Loi des marchés agricoles.
M. Dubois: II n'y a pas de droit d'appel. Dans la loi 116 telle
quelle, il n'y a pas droit d'appel.
M. Garon: II n'y en a pas, parce que cela amende la Loi des
marchés agricoles qui, elle, dit comment cela fonctionne, à
l'article 13, entre autres.
M. Dubois: En révisant la loi, cela aurait pu être
dedans, mais cela ne l'est pas. C'est pour cela que je dis que cela ne l'est
pas. De toute façon, dans la loi 90, on n'a pas de droit d'appel.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Laberge): L'article 18 sera-t-il
adopté?
M. Vaillancourt (Orford): Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 19?
M. Garon: Article 19: "Les décisions de la commission sont
déposés à son greffe en conformité de l'article 15
de la Loi sur la protection du territoire agricole." Cela explique le
fonctionnement du greffe de la commission.
M. Vaillancourt (Orford): Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 19 est adopté.
Article 20?
M. Garon: "Le gouvernement peut, par avis écrit à
la commission, soustraire à sa juridiction et se saisir de toute demande
d'une personne qui ne réside pas au Québec. "Lorsque le
gouvernement se prévaut des pouvoirs qui lui sont conférés
au présent article, le secrétaire de la commission doit lui
remettre une copie du dossier et aviser par écrit les
intéressés que la demande a été soustraite à
la juridiction de la commission. Le gouvernement décide alors de la
demande après avoir pris l'avis de la commission. "La décision du
gouvernement est déposée au greffe de la commission. Celle-ci en
avise par écrit les intéressés."
Je ne sais pas si vous vous rappelez que quand on avait parlé de
la loi 90 sur la protection du territoire agricole, les gens avaient dit: Le
gouvernement va intervenir, cela va être terrible. Dans un an, il n'est
pas intervenu une fois.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Non...
Le Président (M. Laberge): D'accord. M. le
député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, j'aimerais
connaître du ministre pourquoi le gouvernement se garde le pouvoir de
remplacer la commission lorsqu'il le décidera. Quelle est la raison?
Quels vont être les critères?
M. Garon: II peut y avoir des décisions de politique
économique d'intérêt collectif qui priment tout cela. Cela
a un but particulier, mais supposons que demain matin... Prenons un cas concret
qui ne s'est pas réalisé. Le fédéral a donné
de l'argent pour les entreprises en Ontario. Si au lieu de donner $60 millions
à Ford pour aller en Ontario, il avait donné $60 millions
à Ford pour venir au Québec et que Ford était venue au
Québec. Ford est une compagnie américaine non résidente.
Elle a besoin pour s'établir de 300 acres, ce qui est possible.
L'endroit de la localisation possible, c'est au sud de Montréal. Au sud
de Montréal, il est difficile de trouver une localisation sans qu'il y
ait une partie non agricole. Est-ce que l'implantation de Ford au
Québec, qui a besoin, disons, d'un espace de 100 acres agricoles pour
établir la compagnie, qui va avoir tel type de production, etc.,
à ce moment...
M. Vaillancourt (Orford): Tant de milliers d'emplois.
M. Garon: ... tant de milliers d'emplois aussi... Est-ce que le
gouvernement ne devrait pas avoir un mot à dire sur une question comme
cela? (17 h 15)
M. Vaillancourt (Orford): Là, vous donnez une raison
valable, mais il va y avoir des motifs beaucoup moins extraordinaires que
cela.
M. Garon: Je pense qu'un gouvernement, à moins de faire
perdre toute crédibilité à la commission par cette loi, ne
peut pas intervenir souvent. De fait, si on regarde dans la période d'un
an, il n'est pas intervenu une fois. Ou bien le
gouvernement croit à cela ou bien il va commencer à jouer
là-dedans et la commission va perdre toute crédibilité.
Cela n'aura plus de signification. Il n'a pas le choix; il ne doit pas
commencer à jouer là-dedans, mais il peut arriver, pour des
motifs supérieurs que...
M. Dubois: Le lobbying commencerait à Québec et
pour vrai, en plus.
M. Garon: Cela peut être d'autre chose. Je pense à
un cas concret, une aluminerie, mettons, ou prenons un cas aussi...
M. Vaillancourt (Orford): Un gisement de pétrole?
M. Garon: Oui, si on veut. Il peut y avoir des cas semblables
où il ne s'agit pas, dans une décision gouvernementale, de
protéger un groupe. Dans l'intérêt collectif, je dois
prendre telle décision. De la même façon, on dit que la
protection du territoire agricole devrait dépendre du gouvernement pour
des objectifs d'intérêt national. La protection des terres, quand
on s'est demandé: Est-ce que cela doit dépendre de tel ou tel
niveau de gouvernement, on a dit: Cela doit dépendre du gouvernement du
Québec. C'est une commission nationale, avec son objectif
d'intérêt national.
Il y a d'autres objectifs, d'autres décisions qui peuvent
être d'intérêt national. Qui doit arbitrer entre ces
intérêts nationaux, une commission ou le gouvernement? Si le
gouvernement dit: Dans tel secteur, je considère que telle
décision est une question d'intérêt national, il tranche en
fonction de cela, mais la commission a ses critères aussi qui sont
définis à l'article 15. Mais si, par ailleurs, à tout
moment il est en train de jouer là-dedans, cela n'a plus de
signification.
M. Goulet: M. le Président, le gouvernement ne pourrait
pas, à un moment donné, quand c'est l'intérêt
national, faire une recommandation à la commission. Ce pourrait
être par une motion de l'Assemblée nationale ou je ne sais pas par
quel processus, plutôt que de retirer complètement le dossier de
la commission. Vous avez donné un exemple tantôt que j'ai
trouvé très bien dans le genre, Ford. À un moment
donné, ils viennent s'établir et ne peuvent pas aller dans les
montagnes. Il faut qu'ils empiètent sur un certain territoire agricole.
À ce moment, le gouvernement par le biais de l'Assemblée
nationale pourrait formuler une résolution demandant à la
Commission de protection du territoire agricole ce serait fait
publiquement que, dans ce cas, on puisse passer outre à certains
critères qui sont à l'article 15 et accorder le permis.
M. Dubois: Une petite loi d'urgence, cinq ou six heures de
débat.
M. Goulet: Pourquoi retirer cela à la commission? On
pourrait tout simplement...
M. Garon: L'Assemblée nationale n'est pas un organisme
administratif. C'est un organisme législatif. C'est pour cela que ce ne
peut pas être un autre que le gouvernement.
M. Goulet: Non, j'ai dit: Après certaines explications
devant l'Assemblée nationale, le gouvernement dirait: On recommande
à la commission telle ou telle chose, plutôt que de retirer
complètement le dossier de là. Je ne sais pas. Vous dites que
cela ne s'est pas fait avec la Commission de protection du territoire agricole.
Il me semble que cela peut rendre certaines personnes vulnérables au
niveau de certaines pressions politiques qu'on appelle communément du
patronage. Peut-être pas vous, M. le ministre. Cela pourrait être
une déclaration ministérielle.
M. Garon: Supposons que Ford prend sa décision au mois de
juillet. La Chambre ne siège pas avant le mois d'octobre. Cela
compliquerait les affaires.
M. Goulet: Ce que je veux dire, c'est que le gouvernement peut
retirer le dossier à la commission sans que la population le sache.
C'est bien cela?
M. Garon: Elle le saurait vite.
M. Goulet: Non, mais cela se peut.
M. Garon: Cela prend un avis écrit à la commission.
Immédiatement, l'organisme saurait que la décision a
été prise par la commission et par le gouvernement.
Je ne pense pas qu'un gouvernement aille faire cela en cachette, parce
que cela sortirait. Il serait encore plus mal pris s'il avait l'air de vouloir
faire cela en cachette.
M. Vaillancourt (Orford): Mais l'avis à la commission,
ça ne veut pas dire que le public est au courant de la correspondance
qui peut exister entre le gouvernement et la commission.
M. Garon: Je pense... M. Goulet: Les raisons...
M. Garon: II n'y a pas un gouvernement qui est
intéressé à perdre de la crédibilité.
Bennett, en Colombie-Britannique, a voulu jouer un peu, récemment. Les
pages des journaux en sont pleines. Il a voulu en retirer quelques-unes et
rendre ça au gouvernement. Le journal en est plein. Pourquoi? Parce que
c'est le genre d'affaires qu'il ne faut pas faire...
M. Dubois: On peut retirer par législation.
M. Garon: Par législation, oui, mais une fois que cette
loi est adoptée, la commission a un rôle à jouer et on ne
peut pas intervenir auprès de la
commission. C'est comme un tribunal. Il y a des ministres à
Ottawa, un entre autres, qui a appelé un...
M. Goulet: Oui, c'est un tribunal, mais c'est comme...
M. Garon: ... juge et il a dû démissionner.
M. Goulet: ... si on disait à un juge, je ne sais pas de
quelle cour, je n'ai pas de formation juridique, mais si on disait à un
juge, telle instance, cette cause-là, ce dossier-là,
donne-le-moi. Oublie ça, c'est nous qui allons nous en occuper. C'est
exactement la même chose. Justement, je vois la commission comme un
tribunal...
M. Garon: Non. Un tribunal ordinaire décide en droit,
interprète en droit, tandis que ce n'est pas ça que la commission
fait. C'est un tribunal administratif. Il n'interprète pas du droit. Un
tribunal comme la Cour supérieure va devoir trancher un débat
parce que vous n'êtes pas du même avis sur l'interprétation,
tandis que comme ça, ce n'est pas...
M. Goulet: Vous l'avez par le biais de l'article de tout à
l'heure où la commission peut décider si le sol est propice
à l'agriculture ou à l'élevage ou ainsi de suite. Je peux
dire: Écoutez, je possède 200 acres de terrain et, d'après
moi, ce n'est pas propice à l'agriculture. La commission peut dire:
C'est propice. Le débat commence là. Je ne sais pas
jusqu'où l'interprétation peut aller, mais un tribunal est
toujours là pour interpréter quelque chose, sans ça...
Vous allez dire qu'il est là pour appliquer la loi. C'est ce que les
juges nous disent régulièrement: Je suis ici pour appliquer la
loi. Effectivement, ils font quoi? Souvent, deux juges, dans des causes
semblables, ne rendent pas la même décision, même si la
jurisprudence est là, etc.
La jurisprudence est là pourquoi? Justement parce que la loi a
été interprétée différemment par
différents juges, selon le cas. Ce sera la même chose par la
commission. Je comprends que vous avez donné un exemple tout à
l'heure. Je n'ai rien à dire contre un exemple semblable. C'était
un très bon exemple, mais entre cet exemple-là et d'autres que je
n'ai pas à l'idée, je dis qu'à un moment donné
ça peut rendre quelqu'un vulnérable au niveau des pressions
politiques.
Je vous parlais tantôt de Laval, le fameux dossier de
l'hypermarché où il y a eu des scandales. Est-ce qu'ils ont
raison ou pas? Je ne suis pas ici pour dire s'ils ont raison ou pas, mais un
membre du gouvernement municipal a fait renverser une décision du
conseil municipal, et on s'est aperçu, quelques années plus tard,
en tout cas selon les prétentions de quelques-uns, que cela avait
été fait moyennant un montant d'argent. Encore là, j'ouvre
la parenthèse pour dire que même si nous avons l'immunité
parlementaire, M. le Président, je ne veux pas en dire plus, je ne sais
pas qui a raison, mais on vit des cas comme ça.
M. le ministre, vous êtes là mais, demain matin, pour une
raison ou pour une autre, c'est administré par d'autres personnes ou un
autre gouvernement et c'est la veille d'une élection. Une compagnie
arrive et dit: Nous voulons nous installer à tel endroit ou telle
chose... Allons-y avec Mirabel et allons-y avec des dossiers comme ça
qui sont politiques, et des raisons qui ne se défendent peut-être
pas autrement que de la politique à court terme. Par politique je veux
dire rentabilité politique.
Je dis que ça rend vulnérable. Vous disiez tantôt:
Oui, une loi de l'Assemblée nationale. Mais si on arrive au mois de
juillet et que l'Assemblée nationale ne siège pas... Ces gros
dossiers-là, c'est rare qu'il faille que cela se décide dans une
fin de semaine.
Je n'ai rien contre le fait d'adopter cet article-là, mais un
argument a été soulevé par je ne sais pas trop quel
député: Oui, une loi spéciale à l'Assemblée
nationale ou quelque chose comme ça... Vous avez dit: Oui,
l'Assemblée peut siéger, des fois elle ne siège pas du 23
juin à telle date... Justement, un dossier comme ça, ce n'est pas
un dossier qui va se régler dans une fin de semaine, et ça presse
et il faut que le gouvernement rende sa décision tout de suite. On dit
souvent que lorsque ça presse, c'est le temps de prendre son temps. Ces
gros dossiers... Si vous dites que, depuis un an, la commission n'est pas
intervenue, c'est seulement sur des gros dossiers. Vraiment, au niveau national
et au niveau du bien pour la collectivité entière, etc... Ce
n'est pas un dossier qui se décide avant de déjeuner. On aurait
peut-être le temps d'attendre l'Assemblée nationale.
M. le Président, si j'étais ministre, il me semble que
cela me ferait peur, parce qu'il peut arriver un groupe, à un moment
donné, quelques jours avant l'élection, et dire: C'est cela.
C'est conditionnel. On ne court pas après lorsqu'on est en politique,
mais je pense que je n'ai pas besoin de faire de dessin à personne. Vous
avez du lobbying ici à coeur de jour pour des petits projets de loi
insignifiants d'après moi. C'est un paquet de lobbies qu'on voit. Alors,
imaginez-vous un gros dossier la veille, je ne sais pas. Je vous dis cela. Je
ne veux pas mettre cela au pire.
M. Garon: Personnellement, je ne peux pas dire que j'en ai de
façon aussi régulière que cela.
M. Goulet: C'est bon de le souligner, parce que je trouve que
cela vous rend vulnérable. Si vous voulez dire: II n'y a pas de
problème, je suis capable de subir des pressions. Vous êtes
là, demain matin ce sera un autre peut-être qui vous remplacera ou
dans dix ans. Je ne veux pas...
M. Garon: Ne me renversez pas trop vite.
M. Goulet: Vous savez, M. le ministre, vous avez
été le premier, un exemple, à critiquer je ne me
souviens pas de vous avoir entendu personnellement, mais plusieurs personnes
le dossier Mirabel; on a pris de bonnes terres agricoles.
Qu'est-ce que c'était si ce n'était pas un dossier
politique à court terme, entre vous et moi? C'est un exemple. Si,
à ce moment-là, les gens avaient dû venir devant
l'Assemblée nationale, ou quelque chose comme cela...
M. Garon: Qui? À ce moment-là, l'Assemblée
nationale va se transformer en quoi? En tribunal, prendre les décisions
à la place de la commission?
M. Goulet: Non. M. le Président, ce que je veux dire c'est
que le gouvernement est maître. Il pourra prendre sa décision.
Mais après explication... Et peut-être que cela lui rendrait
service bien plus qu'à l'Opposition, parce que, je ne sais pas, je
trouve que c'est ouvrir une porte. J'emploie le mot
vulnérabilité. Je ne sais pas si c'est vraiment le mot que je
veux employer. Je ne connais pas de dossier précis, d'exemple
précis. Vous avez donné l'exemple de GM tout à l'heure ou
de Ford. Il peut arriver bien d'autres exemples. Actuellement, tous les
journaux, depuis quelques jours ou quelques semaines... Encore hier, dans les
media, vous avez un cas précis à Laval. On dit que ce n'est pas
vrai, d'autres disent que c'est vrai, mais c'est rendu public. C'est connu du
public. Apparemment, je dis bien apparemment, M. le Président, je n'ai
pas vu le dossier, mais pour un montant de $75 000 conditionnel, on permettait
la construction d'un centre commercial. Est-ce que c'est vrai? Est-ce que ce
n'est pas vrai? Je ne le sais pas. C'est ce qui est vécu là par
tous les journaux. Imaginez-vous, M. le ministre, vous ou quelqu'un de votre
entourage, vous ne le savez pas, vous... En tout cas, je dis: Un gouvernement
majoritaire peut toujours voter toutes les lois qu'il veut après un
certain délai, mais bien souvent je me demande si ce n'est pas une
protection pour lui-même, ce gouvernement. C'est à votre... Je le
souligne ici parce que quand elle va être votée, remarquez bien...
Je ne sais pas, je juge cela tout à fait pertinent. Vous avez tellement
travaillé contre les pressions politiques, surtout vous autres, il me
semble que vous devriez fermer le plus de portes possible là-dessus et
ouvrir cela au grand jour quand c'est le temps de s'expliquer sur des dossiers.
Si on prend la peine de former une commission, un tribunal et qu'un jour ou
l'autre le gouvernement, les administrateurs sentent le besoin de retirer un
dossier à la commission, c'est parce qu'il y a quelque chose. Pourquoi
est-ce qu'on retirerait cela comme ça en dessous de la couverte? Vous
dites: Non, cela ne se fera pas comme cela, mais on ne sait vraiment pas.
M. Garon: Cela serait su très rapidement. M. Goulet:
En tout cas. Trop fort ne casse pas.
M. Vaillancourt (Orford): Le gouvernement ici, est-ce que
ça veut dire le ministre ou si cela veut dire le lieutenant-gouverneur
en conseil ou l'autre terme qu'on emploie, le Conseil des ministres.
Une voix: L'administration.
Le Président (M. Laberge): C'est le remplacement du terme
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Vaillancourt (Orford): Par le gouvernement, cela veut dire que
les pressions ne seront pas seulement sur le ministre concerné. Elles
devront se faire sur l'ensemble du conseil des ministres. Cela apporte toujours
une certaine protection, si vous voulez, mais tout de même, je pense que
le ministre est conscient que c'est un article qui peut lui amener des
pressions assez fortes. (17 h 30)
Tout à l'heure, le ministre a donné comme exemple la
construction d'une usine de Ford ou d'une autre compagnie; mais il y a bien des
petites constructions, comme un centre commercial, où il peut arriver
qu'il se fasse des pressions. On ne construit pas un centre commercial sur une
montagne, ça se construit sur du terrain assez plat, qui est de la terre
agricole.
M. Garon: Regardez ce qui est écrit là: Une fois
que le gouvernement s'est prévalu des pouvoirs que lui a
conférés cet article, "le secrétaire de la commission doit
lui remettre une copie du dossier et aviser par écrit les
intéressés que la demande a été soustraite à
la juridiction de la commission. Le gouvernement décide alors de la
demande après avoir pris l'avis de la commission." Après avoir
pris l'avis de la commission. La commission va donner son avis au gouvernement.
Normalement, les gens qui sont à la commission ne sont pas
intéressés à se brûler en donnant des avis de fous;
ils vont donner leur avis au meilleur de leurs connaissances. Si la commission
dit que c'est une bonne terre agricole, dans ce cas-là, ça
devrait être réservé...
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que la commission qui va
être formée pour administrer cette loi va avoir les pouvoirs
d'accorder des permissions pour la construction, soit d'un centre commercial ou
d'un développement quelconque ou s'il va falloir qu'elle se limite
à conserver ces terres pour des fins agricoles?
M. Garon: Pour les centres commerciaux, il y a de la place sans
aller sur les terres agricoles.
M. Vaillancourt (Orford): Pas toujours. Pas toujours.
M. Garon: II s'en bâtit de moins en moins, des centres
commerciaux.
M. Vaillancourt (Orford): II s'en bâtit encore
passablement.
M. Garon: Écoutez, la mode est bien plus de faire revenir
dans les villes les boutiques. Regardez ce qui se passe aux Etats-Unis; le
nombre de centres commerciaux construits a baissé de façon
draconienne.
M. Vaillancourt (Orford): C'est parce qu'il y a une
récession économique, mais ça ne veut pas dire
nécessairement que ça va toujours être comme ça.
Lorsque l'économie va reprendre, aussi bien aux Etats-Unis qu'au Canada,
je pense bien que les promoteurs de centres commerciaux vont se
réveiller encore.
M. Garon: Je ne suis pas convaincu de ça.
Le Président (M. Laberge): L'article 20 sera-t-il
adopté?
M. Vaillancourt (Orford): Adopté. Je pense qu'on a dit
tout ce qu'on avait à dire là-dessus.
Déclaration requise dans l'acte
d'acquisition
Le Président (M. Laberge): C'est noté et
adopté. Article 21. Il se lit comme suit: "L'acte d'acquisition d'une
terre agricole par une personne qui ne réside pas au Québec doit
comporter les mentions suivantes: 1° la déclaration de
l'acquéreur qu'il ne réside pas au Québec; 2° le nom
de la corporation municipale ou du territoire non organisé dans lequel
est située cette terre agricole; 3° la superficie de la terre
agricole ainsi acquise; 4° l'autorisation donnée par la commission
ou, dans les cas prévus dans le deuxième alinéa de
l'article 6 et dans l'article 7, le motif pour lequel elle n'est pas
requise."
L'article 21 sera-t-il adopté?
M. Vaillancourt (Orford): À l'article 21, je n'ai pas de
commentaires à faire.
Le Président (M. Laberge): Article 21, adopté.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense que mon collègue en a
à l'article 22.
Le Président (M. Laberge): Article 21, adopté.
Article 22: "Lors de la présentation pour enregistrement d'un acte
d'acquisition visé dans l'article 21, le registrateur doit exiger, outre
les documents requis pour l'enregistrement, un original ou une copie de l'acte
d'acquisition, même si l'enregistrement se fait par bordereau."
M. Mathieu: J'aurais un commentaire, au point de vue technique.
Cela semble avoir été pas mal pris, comme inspiration, à
la Loi des droits sur les transferts de terrains, chapitre 23 des Lois de 1976.
Je crois qu'après le mot "copie", on devrait ajouter le mot
"additionnelle" aux trois articles qui suivent, parce qu'au point de vue
technique, pour enregistrer une copie de contrat au bureau d'enregistrement, il
faut en déposer deux, une qui reste chez le registrateur, une qui est
retournée, tandis que là, ça prend une copie additionnelle
pour envoyer - ça va revenir à l'article plus loin... C'est pour
concorder avec l'article 19 de la Loi des droits sur les transferts de
terrains, chapitre 23 des lois de 1976, où est prévue une copie
additionnelle de l'acte de transfert.
Je pense que pour la concordance et une meilleure compréhension,
il faudrait ajouter le mot "additionnelle" après le mot "copie",
à l'article 22. Cela va revenir aux articles 23 et 24 aussi.
M. Garon: Nous autres, on pense que c'est évident que
ça veut dire "additionnelle", parce qu'on dit que "le registrateur doit
exiger, outre les documents requis pour l'enregistrement..."
Dans les documents requis pour l'enregistrement, il en faut une. On dit:
Un original ou une copie de l'acte d'acquisition. C'est en plus des documents
nécessaires à l'enregistrement.
M. Mathieu: Ce serait plus clair, parce qu'à l'article 19
de la loi qu'on a citée, tantôt, on avait écrit outre une
copie additionnelle.
M. Garon: À l'usage...
M. Mathieu: L'article 19 du chapitre 23 des Lois de 1976.
L'article 19 de la Loi des droits sur les transferts de terrains.
Le Président (M. Laberge): On peut suspendre les deux
articles pour consultation et on va passer aux autres. Cela apparaît
aussi dans l'article 25.
M. Mathieu: Les articles 22, 23 et 24, c'est la même
chose.
Le Président (M. Laberge): Voulez-vous qu'on laisse les
articles 22, 23 et 24 en suspens pour le moment? On pourra y revenir.
M. Garon: À l'article 24, j'avais des amendements.
Le Président (M. Laberge): Vous pourrez les apporter
à ce moment-là, s'il y a eu entente sur le mot "additionnel" ou
pas. Cela nous permettra de procéder à l'article 25. Ils vont
consulter.
M. Garon: On y reviendra.
Le Président (M. Laberge): C'est cela. Les articles 22, 23
et 24 sont suspendus.
Sanctions
J'appelle l'article 25 qui se lit comme suit: "Lorsque la commission
constate qu'une personne contrevient à l'une des dispositions de la
présente loi, ou aux conditions d'une ordonnance ou d'une autorisation
d'acquisition d'une terre agricole, elle peut émettre une ordonnance
enjoignant à cette personne de cesser, dans un délai imparti, la
contravention reprochée. Cette ordonnance est signifiée au
contrevenant conformément au Code de procédure civile."
Est-ce que cet article sera adopté?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 26? "Si
une personne ne se conforme pas à une ordonnance de la commission
émise en vertu de l'article 25, le Procureur général ou la
commission peut, par requête, obtenir d'un juge de la Cour
supérieure une ordonnance enjoignant à cette personne de s'y
conformer et qu'à défaut il pourra y être
remédié aux frais et dépens du contrevenant."
Est-ce que cet article sera adopté?
M. Garon: II n'y a rien là. M. Mathieu:
Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 26 est adopté.
J'appelle l'article 27. J'en fais lecture: "L'acquisition d'une terre agricole
faite en contravention des articles 8 à 11 est annulable. Tout
intéressé, dont le Procureur général et la
commission, peut s'adresser à la Cour supérieure pour faire
prononcer cette nullité. La Cour supérieure, dans un tel cas,
peut ordonner la radiation de tous droits, privilèges et
hypothèques qui sont créés ou qui découlent de tout
acte d'acquisition fait en contravention de la présente loi. Cependant,
cette nullité n'est pas opposable à une personne qui
réside au Québec et qui a acquis cet immeuble avec titre
translatif de propriété."
Questions?
M. Mathieu: Le troisième alinéa de cet article a
l'air plus large que le premier. Dans celui-ci on parle seulement de
contravention aux articles 8 et 11 et au troisième alinéa, on
parle de tout acte fait en contravention avec la présente loi. Je ne
sais pas s'il y a une intention là-dedans.
Dans le premier alinéa, on parle des articles 8 à 11 et,
dans le troisième alinéa, on parle de tout acte d'acquisition
fait en contravention avec la présente loi. Cela déborderait des
articles 8 à 11.
M. Garon: Dans le troisième alinéa, on dit: "La
Cour supérieure, dans un tel cas". Cela réfère à
l'hypothèse du premier alinéa.
M. Mathieu: Oui, d'accord.
M. Vaillancourt (Orford): Cela se ferait advenant qu'il y ait des
acquéreurs qui n'ont pas respecté les engagements pris dans
leurs...
M. Garon: Qui ont acquis alors qu'ils n'avaient pas le droit
d'acquérir.
M. Vaillancourt (Orford): S'ils ont manqué à
certains critères de la loi.
M. Garon: C'est cela.
M. Vaillancourt (Orford): S'ils ne sont pas restés les 366
jours. Il y a probablement une confusion, s'il n'y a pas une preuve. Cela prend
la cour pour décider qui a raison. Je suppose que c'est un peu cela.
M. Garon: Non, c'est que l'acte est annulable dans certains cas.
On dit: "L'acquisition d'une terre agricole faite en contravention des articles
8 à 11 est annulable". Si elle est annulable, il peut y avoir toutes
sortes de...
M. Vaillancourt (Orford): Toutes sortes de raisons pour
l'annuler.
M. Garon: Non, il peut y avoir toutes sortes de
privilèges, de droits, d'hypothèques qui ont été
enregistrés sur le lot...
M. Mathieu: Après l'enregistrement de l'acte.
M. Garon: ... après l'enregistrement de l'acte. Tout cela
pourra être radié. Il y a des conséquences lourdes au fait
de contrevenir dans l'acquisition, en essayant de contourner la loi. Je ne dis
pas que cela ne peut pas être contourné, mais beaucoup de gens
vont surveiller.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 27, adopté.
Article 28.
M. Russell: Cela prend des dents.
Le Président (M. Laberge): L'article 28 dit:
M. Vaillancourt (Orford): Non, je pense que c'est bon qu'il y ait
des sanctions assez sévères. Si on veut faire respecter une loi,
il faut qu'elle soit applicable. Pour qu'elle soit applicable, il faut qu'il y
ait des pénalités.
M. Garon: On aurait pu être plus sévère en
disant "est nul" au lieu "d'annulable". Il y aurait eu la chaîne des
titres, ce serait devenu assez compliqué.
M. Vaillancourt (Orford): Cela donne une chance au
requérant.
M. Dubois: Pas besoin d'un tribunal pour dire "nul".
M. Garon: Non, cela aurait pris un tribunal quand même,
excepté que l'acte aurait été nul dans tous les cas,
tandis que, là...
M. Vaillancourt (Orford): Cela donne une chance.
M. Garon: ... le quatrième alinéa vient enlever un
paquet de procédures inutiles, parce qu'il dit: "Cependant, cette
nullité n'est pas opposable à une personne qui réside au
Québec et qui a acquis cet immeuble avec titre translatif de
propriété." S'il arrivait qu'un non-résident l'avait
acquis et
qu'il l'avait revendu à un résident, cela aurait
été nul au lieu d'annulable pour le résident aussi, alors
que la situation est corrigée.
M. Vaillancourt (Orford): Cela donne une chance aussi à
tout requérant d'étudier tous les aspects de l'annulation sans
l'annuler d'un trait de crayon, si vous voulez. C'est un peu cela.
M. Garon: Article 28.
Le Président (M. Laberge): L'article 28: "Lorsqu'une
personne a acquis une terre agricole en contravention des articles 8 à
11, la commission peut par ordonnance, dans la mesure où le droit
d'action visé dans l'article 27 n'est pas exercé, enjoindre
à cette personne de se départir de cette terre agricole dans les
six mois de la signification de cette ordonnance. "Lorsque cette personne fait
défaut de se conformer à l'ordonnance dans le délai
imparti, la commission peut, par requête, s'adresser à un juge de
la Cour supérieure pour obtenir l'autorisation de vendre en justice
l'immeuble. Dans un tel cas, les articles 660 et suivants du Code de
procédure civile s'appliquent en les adaptant. (17 h 45) "Le produit de
la vente, après avoir servi à payer les frais, les
réclamations des titulaires de droits réels et, s'il y a lieu,
les amendes dues en vertu de l'article 31, est remis au contrevenant." Est-ce
que cet article est adopté?
M. Vaillancourt (Orford): Qu'est-ce que cela veut dire, les
amendes si c'est un non-résident?
M. Garon: Les amendes s'en viennent à l'article 31.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que cet article 28 sera
adopté? Avez-vous des questions?
M. Goulet: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté.
M. Garon: II faut payer les frais d'abord pour les avocats.
Le Président (M. Laberge): Article 29? "Est coupable d'une
infraction la personne qui: 1° contrevient à la présente loi
ou aux règlements; 2° sciemment acquiert une terre agricole ou un
terrain en contravention des articles 8 à 11; 3° sciemment
aliène une terre agricole ou un terrain à une personne qui ne
réside pas au Québec en contravention des articles 8 à 11;
4° sciemment gêne ou induit en erreur une personne habilitée
à faire enquête en vertu de la présente loi ou lui donne
une fausse information; ou 5° entrave l'application de la présente
loi, n'obtempère pas à une ordonnance de la commission ou refuse
de respecter l'une de ses décisions". M. le député
d'Orford.
M. Goulet: Un testament qui serait déjà
rédigé à l'heure actuelle, est-ce qu'il est
là-dedans?
M. Garon: C'est dans la définition. C'est écrit:
"Sauf la transmission pour cause de décès." Cela n'entre pas
là-dedans.
Le Président (M. Laberge): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Dans cet article, le terme "terrain"
est répété...
M. Garon: Oui, à l'article 29, il y a un amendement
justement. Vous m'y faites penser. Je vous remercie. Il y a un amendement; au
lieu de dire "ou un terrain", dire "ou un lot", parce qu'on emploie le terme
"lot" partout. L'amendement, c'est pour dire...
M. Vaillancourt (Orford): C'est justement ce que je voulais vous
suggérer, s'il n'y avait pas moyen...
M. Garon: "Est coupable d'une infraction la personne qui: 1°
contrevient à la présente loi ou aux règlements; 2°
sciemment acquiert une terre agricole ou un lot en contravention des articles 8
à 11; 3° sciemment aliène une terre agricole ou un lot
à une personne qui ne réside pas au Québec en
contravention des articles 8 à 11; 4° sciemment gêne ou induit
en erreur une personne habilitée à faire enquête en vertu
de la présente loi ou lui donne une fausse information; ou 5°
entrave l'application de la présente loi, n'obtempère pas
à une ordonnance de la commission ou refuse de respecter l'une de ses
décisions.
Le Président (M. Laberge): Le mot changé est le mot
"terrain" pour "lot", à deux endroits. La correction est faite.
Autrement dit, l'amendement est adopté.
M. Vaillancourt (Orford): Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 29 amendé
sera-t-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté avec amendement.
J'appelle l'article 30. Il se lit comme suit: "Une personne qui sciemment
accomplit..." Avez-vous un amendement à l'article 30?
M. Garon: À l'article 30, non.
Le Président (M. Laberge): Je le lis. "Une personne qui
sciemment accomplit ou omet d'accomplir quelque chose en vue d'aider une
personne à commettre une infraction à la présente loi, ou
qui sciemment conseille à une personne de commettre une infraction, l'y
encourage ou l'y incite, est elle-même partie à l'infraction."
Est-ce que cet article 30...
M. Goulet: M. le Président, est-ce que cet article ne
prévaut pas pour toutes les lois? Je veux dire que si on incite
quelqu'un...
M. Garon: On trouve ça souvent. M. Mathieu: ...
complicité.
M. Garon: Oui, il faut l'indiquer dans la loi, autrement,
aïe!... C'est une infraction pénale.
M. Mathieu: Si cela relève du Code criminel, pas besoin de
l'indiquer.
M. Garon: C'est cela. Une infraction pénale, il faut
l'indiquer dans la loi, autrement cela ne s'applique pas, à moins qu'il
ne s'agisse d'une fraude prévue par le Code criminel...
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'article 30 sera
adopté?
M. Goulet: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté.
M. Garon: L'article 31...
Une voix: Est-ce que vous avez des amendements?
M. Garon: Non, c'est un article qui est long. Il s'agit des
amendes.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que c'est
nécessaire de le lire ou si vous en avez pris connaissance?
M. Vaillancourt (Orford): Ce serait peut-être bon de le
lire, parce que je pense que c'est un des articles les plus importants et
j'aimerais qu'il soit inscrit au journal des Débats.
Le Président (M. Laberge): Pour que les autres puissent en
prendre connaissance, l'article 31 se lit comme suit: "Une personne qui commet
une infraction visée dans les paragraphes 1°, 4° et 5° de
l'article 29 est passible, en outre du paiement des frais: "1° dans le cas
d'une personne physique, d'une amende d'au moins $200 et d'au plus $5000;
"2° dans le cas d'une personne morale, d'une amende d'au moins $600 et d'au
plus $30 000; "Une personne qui commet une infraction visée aux
paragraphes 2° et 3° de l'article 29 est passible, en outre du paiement
des frais: "1° dans le cas d'une personne physique, d'une amende d'au moins
10% de la valeur réelle de la terre agricole en cause; "2° dans le
cas d'une personne morale, d'une amende d'au moins 20% de la valeur
réelle de la terre agricole en cause. "Les poursuites intentées
en vertu du présent article le sont par le procureur
général ou par toute personne autorisée
généralement ou spécia- lement par le procureur
général, et sont régies par la Loi sur les poursuites
sommaires (L.R.Q., c. P-15)".
M. le député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, dans le
premièrement, dans le cas d'une personne physique et d'une amende d'au
moins 10% de la valeur réelle de la terre agricole en cause, comment
allez-vous évaluer la valeur réelle?
M. Garon: La valeur réelle est la valeur marchande.
M. Vaillancourt (Orford): Quel va être votre
mécanisme?
M. Garon: Le mécanisme habituel d'évaluation. Il
n'y a rien de plus simple...
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que c'est l'Office du
crédit agricole qui va faire l'évaluation ou bien si cela va
être un...
M. Garon: II s'agira de déposer une preuve.
M. Vaillancourt (Orford): ... organisme, un
évaluateur...
M. Garon: Cela peut être un ou l'autre.
M. Vaillancourt (Orford): Mais vous n'avez pas de...
M. Garon: Mais les méthodes d'évaluation
foncières...
M. Vaillancourt (Orford): Vous n'avez pas de méthodes
précises de déterminées d'avance?
M. Garon: Non. Mais il y a de la jurisprudence. Ce sont les
méthodes ordinaires. Cela ne présente pas de
difficulté.
Le Président (M. Laberge): L'article 31 sera-t-il
adopté? L'article 31 est adopté.
Article 32. "Lorsqu'une personne morale commet une infraction à
la présente loi, tout administrateur, dirigeant, fonctionnaire,
employé ou préposé de cette personne morale qui a prescrit
ou autorisé l'accomplissement de l'infraction ou qui y a consenti, est
réputé être partie à l'infraction et est passible de
la peine prévue à l'article 31 pour les personnes physiques."
Est-ce que cet article 32 sera adopté?
M. Vaillancourt (Orford): Cela veut dire que toute personne qui
va être administrateur d'une compagnie va être passible d'amende.
... "tout administrateur ou dirigeant..." même un petit
secrétaire, si vous voulez, d'une compagnie va être passible
d'amende?
M. Garon: Non.
M. Vaillancourt (Orford): S'il a consenti. M. Garon: C'est
cela.
M. Vaillancourt (Orford): Assez souvent, le secrétaire
d'une compagnie n'est pas l'administrateur. Il écoute son patron, point.
Est-ce que ça veut dire qu'il sera pénalisé comme les
administrateurs?
M. Garon: Non.
M. Vaillancourt (Orford): Parce que c'est écrit:
"administrateurs, dirigeants, fonctionnaires, employés."
M. Garon: Qui a eu affaire à l'infraction. Ce ne sont pas
tous les gens de la compagnie.
M. Goulet: Je comprends la question. Si le conseil de direction
donne ordre au secrétaire, par exemple, c'est le secrétaire qui
prescrit ou autorise l'accomplissement de l'infraction. Je pense que c'est le
but de la question. Qui va être responsable? Ce ne seront pas tous les
administrateurs de la compagnie, mais qui dans la "gang"? Est-ce que ce sera
celui qui a signé la lettre?
M. Garon: Oui, justement, c'est chacun. Celui qui a
participé directement à l'infraction. Il peut y en avoir plus
qu'un.
M. Vaillancourt (Orford): Oui, mais la secrétaire, par
exemple, qui a dactylographié la lettre...
M. Garon: Non, ce n'est pas la dactylo.
M. Vaillancourt (Orford): ... sous la dictée de son
patron, est-ce qu'elle va être aussi pénalisée selon
l'article 31?
M. Garon: Mais non. La plupart du temps, elle ne saura même
pas qu'elle a fait ça.
M. Giasson: Sauf si elle était actionnaire de la
corporation ou de la société.
M. Garon: Oui, si elle était au courant.
M. Mathieu: Elle n'a pas de "mens rea", elle.
M. Garon: C'est ça.
M. Vaillancourt (Orford): D'après l'article, c'est
écrit "administrateurs", c'est parfait; "dirigeants", c'est parfait,
mais "fonctionnaires, employés"...
M. Garon: Oui, mais continuez.
M. Vaillancourt (Orford): ... cela concerne à peu
près tout le monde.
M. Garon: Qui a prescrit ou autorisé l'accomplissement de
l'infraction ou qui y a consenti. La secrétaire qui a
dactylographié la lettre...
M. Vaillancourt (Orford): Mais la secrétaire qui a
consenti à dactylographier la lettre, elle a consenti.
M. Garon: Elle n'a pas consenti à l'infraction; elle a
consenti à dactylographier la lettre.
M. Vaillancourt (Orford): Elle a participé, elle a tenu le
sac.
M. Giasson: C'est une espèce de Maria Goretti.
M. Goulet: M. le Président, ça...
M. Garon: Celui qui a tenu le sac, oui; celui qui l'a
tricoté, non.
M. Goulet: Tel que l'article est libellé, s'il y a un vote
au niveau d'un bureau de direction et que le vote, par exemple, est de six
contre quatre, les quatre qui ont voté contre ne sont pas poursuivis.
Cela peut aller jusque-là et non pas tous les administrateurs.
M. Mathieu: Ils seraient mieux de ne pas l'inscrire au
procès-verbal.
M. Goulet: Non, mais si c'est suite à un vote d'une
compagnie, est-ce que c'est tout le bureau de direction? À un moment
donné, il y a une chicane au niveau d'un bureau de direction; six sont
pour et quatre contre. Est-ce que ce sont tous les administrateurs,
d'après ce qu'on lit là, ou seulement ceux qui ont consenti?
M. Garon: Non. M. Goulet: Écoutez!
M. Garon: Vous savez,dans ces affaires-là, il y a toute
une jurisprudence. Ce sera la jurisprudence qui va prévaloir.
M. Goulet: C'est le bureau de direction, la compagnie, qui
paie.
M. Mathieu: Mais, s'il y a une peine d'emprisonnement, c'est une
personne physique.
M. Garon: Il n'y en a pas.
M. Vaillancourt (Orford): II n'y a pas de peine
d'emprisonnement.
M. Goulet: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 32 est adopté.
J'appelle l'article 33.
Dispositions générales
M. Garon: À l'article 33, j'ai un amendement.
Le Président (M. Laberge): Alors, on va lire la nouvelle
rédaction.
M. Garon: II se lirait comme ceci: La présente loi ne
s'applique pas lorsque la personne qui ne réside pas au Québec
devient propriétaire d'une terre agricole par dation en paiement si,
premièrement, elle est un vendeur impayé ou si son entreprise
principale consiste dans le prêt d'argent assorti de sûretés
réelles", parce que lui se trouve à reprendre son bien.
"Deuxièmement, la terre agricole est reprise par l'effet d'une clause de
l'acte constitutif de sûreté et c'est bien important parce
que ces trois conditions jouent ensemble troisièmement, la terre
agricole n'est pas reprise à la suite d'une ou de plusieurs
opérations faites principalement dans le but d'éluder la
présente loi". Vous en avez une copie?
Le Président (M. Laberge): Oui. On n'a pas besoin
d'adopter les amendements, on prend la nouvelle rédaction.
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Laberge): À l'article 33, la
nouvelle rédaction est-elle adoptée?
M. Mathieu: J'avais mis des réserves au début sur
la dation en paiement, mais cet article vient y remédier. Cela corrige
un peu...
Le Président (M. Laberge): L'article 33 est adopté,
tel que présenté sur le papillon. Article 34.
M. Vaillancourt (Orford): C'est le papillon.
Le Président (M. Laberge): C'est le papillon
remplaçant l'article 33 qui est adopté.
L'article 34 se lit comme suit: "La commission est chargée de
surveiller l'application de la présente loi et à cette fin les
articles 7, 8, 11, 13, 14, 16, 17, 18 et 19 de la Loi sur la protection du
territoire agricole s'appliquent en les adaptant".
M. Giasson: II s'agit de la protection qu'on doit accorder au
commissaire de la CPTA?
M. Garon: Où ça?
Le Président (M. Laberge): 34.
M. Garon: Cela va vite.
M. Giasson: Est-ce qu'il s'agit des articles de la loi no 90 qui
ont trait à la constitution et à la protection, aux garanties
qu'on accordait dans la loi no 90 à ceux qui forment le conseil ou
l'équipe de travail de la CPTA?
M. Garon: Oui, ce sont des affaires sur les enquêtes, le
pouvoir d'inspection.
M. Giasson: Toute la protection qu'on accordait dans la loi no
90...
Le Président (M. Laberge): On peut peut-être en
faire mention.
M. Garon: II y a des enquêtes, elle peut siéger en
division là-dessus aussi, décisions conditionnelles.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que tout le monde est
d'accord sur ce qui a été convenu en dehors des ondes,
c'est-à-dire qu'on continue jusqu'à la fin de l'étude du
projet de loi? Est-ce qu'on est d'accord pour terminer l'étude du projet
de loi?
M. Vaillancourt (Orford): Moi, je n'ai pas d'objection, je ne
sais pas si mes collègues en ont.
Le Président (M. Laberge): La commission continue ses
travaux jusqu'à la fin de l'étude. Il nous reste...
M. Garon: ... sine die.
M. Vaillancourt (Orford): Jusqu'à épuisement.
M. Giasson: Jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Le Président (M. Laberge): La question posée
à propos de l'article 34, est-ce que M. le ministre y a
répondu?
M. Garon: Ce sont des articles comme ceux que je mentionnais, il
y en a un qui prévoit qu'elle peut siéger en division, parce
qu'autrement elle ne pourrait pas siéger en division là-dessus,
alors on prévoit ça, les pouvoirs d'enquête, les
renseignements additionnels qui peuvent être demandés; ce sont des
questions comme ça, des questions de procédure administrative
plus qu'autre chose.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'article 34 est
adopté? Adopté. Article 35: Le gouvernement peut, par
règlement: 1° imposer l'inclusion de certaines déclarations
dans les actes ou autres documents visés dans la présente loi;
2° déterminer la manière selon laquelle doivent être
faites les déclarations requises en vertu de la présente loi et
des règlements; 3° déterminer la façon de
présenter une demande d'autorisation, la forme et le contenu de tout
document, avis ou formule requis pour l'application de la présente loi;
4° prescrire le tarif des droits, honoraires et frais pour toute demande
faite à la commission en vertu de la présente loi; 5°
prescrire des intervalles auxquels le registrateur doit remettre à la
commission les documents visés dans l'article 23. "Un règlement
adopté en vertu de la présente loi entre en vigueur à la
date de sa publication à la Gazette officielle du Québec ou
à une date ultérieure qui y est fixée." Cet article
sera-t-il adopté?
M. Vaillancourt (Orford): Article de concordance. (18 heures)
Une voix: Oui.
M. Garon: Vous avez les copies des règlements.
Le Président (M. Laberge): C'est ça. Article 35.
Adopté. Article 36: "Le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation
est chargé de l'application de la présente loi".
M. Vaillancourt (Orford): Comment se fait-il que le ministre de
l'Agriculture et de l'Alimentation est indiqué comme tel dans la loi et
que la loi n'est pas encore adoptée pour que le ministère
s'appelle ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation?
M. Garon: Je suppose que l'autre sera votée avant. Je ne
le sais pas.
M. Giasson: Cela suppose que la sanction de la loi 41 doit suivre
la sanction de la loi qui modifie l'appellation du ministère.
Cela revient à ce qu'on disait, la sanction ne sera pas
immédiate, il y aura des petits délais.
M. Garon: II paraît que, juridiquement, le nom du
ministère de l'Agriculture est déjà changé en celui
du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, mais il fallait une
loi dans le but de faire un paquet de concordances dans les lois.
M. Vaillancourt (Orford): Comment cela se peut-il, juridiquement?
La loi n'est pas encore passée.
M. Giasson: Si c'est vrai juridiquement, on aurait dû faire
la correction, tel que je l'avais proposé lors du débat sur la
loi no 43. Si, juridiquement, c'est vrai. Vous vous rappelez, lors du
débat sur la loi no 43, j'avais suggéré, à la toute
fin, de modifier le titre de la loi en ajoutant "et de l'Alimentation". Vous
m'avez dit que ce n'était pas possible. Qu'est-ce qui est vrai?
M. Garon: On aurait pu le faire, oui. M. Giasson: C'est
cela qui est la vérité? M. Vaillancourt (Orford): Vous
revenez sur...
M. Garon: Non. C'est-à-dire que la loi no 66 concernant
certains ministères ne concerne pas simplement le nom. Elle concerne
plusieurs éléments.
M. Giasson: Faites appel à vos connaissances juridiques,
M. le ministre.
M. Garon: Je vais vous dire une affaire. C'est un peu des
questions de détails. Je ne me suis pas forcé le ciboulot pour
savoir si c'est...
M. Goulet: Est-ce que le ministre d'Etat à
l'Aménagement du territoire est d'accord avec l'article 36?
M. Giasson: Lui, il n'a pas à être d'accord ou pas
d'accord. Il n'a pas de pouvoirs dans ce monde. C'est le ministre de
l'Agriculture qui les a au complet. Tant qu'il n'y aura pas de
changement...
M. Goulet: Si c'est le ministre de l'Agriculture qui mène
partout, d'accord, cela marche.
M. Giasson: Sur la loi no 90 et sur la loi no 41, c'est le
ministre de l'Agriculture qui est le gros ministre. Il n'est pas pesant, le
ministre d'État à l'Aménagement. En dépit de son
document d'harmonisation, il ne pèse pas lourd. Il est très
caché par le ministre de l'Agriculture.
M. Goulet: Moralement et physiquement, c'est vrai. Votre
déclaration vient à point.
Le Président (M. Laberge): II ne faut pas ouvrir un
débat. Article 36.
M. Giasson: II ne s'agit pas d'un débat, mais d'un simple
constat. Je constate, comme on dit.
M. Garon: II a fait passer une grosse loi, le ministre
d'État à l'Aménagement.
M. Goulet: Oui. Les gars de l'UPA sont contents, au Château
Frontenac, de ce temps-là.
M. Garon: Ils ne sont pas contre la loi. La formule
d'harmonisation a été déposée par le ministre
d'Etat à l'Aménagement comme un document personnel.
M. Giasson: Cela ne pèse pas lourd. Vous venez confirmer
ma déclaration.
M. Goulet: Comment dites-vous cela?
M. Giasson: C'est un document personnel du ministre. Ce n'est pas
pesant.
M. Garon: II l'a dit lui-même, c'est un document
personnel.
M. Goulet: Cela veut dire que vous étiez d'accord. Cela ne
veut pas dire que vous entérinez ce document? Pas
nécessairement?
M. Giasson: Non. Il ne l'entérine pas.
M. Garon: II ne l'a pas présenté comme un document
officiel. Il l'a présenté comme un document personnel, le
ministre d'Etat à l'Aménagement.
M. Goulet: Toute notre argumentation autour de la loi no 125,
lors de la troisième lecture, a porté là-dessus. Il nous a
dit... Je n'ai pas les galées de ce qui s'est dit en haut, mais on
pourra aller les chercher. D'après ce qu'il nous a dit, tout le monde
était d'accord, vous le premier.
M. Garon: Sur quoi?
M. Goulet: Sur le document d'harmonisation.
M. Giasson: Non, non.
M. Garon: Voyons donc!
M. Goulet: Non? Vous n'êtes pas d'accord?
M. Giasson: Non. Vous vous rappelez que j'ai dit au ministre
d'Etat à l'Aménagement à l'époque que son affaire
ne pesait pas lourd.
M. Goulet: M. le ministre de l'Agriculture dit-il qu'il n'est pas
d'accord avec ce document?
M. Garon: Quel document?
M. Goulet: Le document d'harmonisation.
Le Président (M. Laberge): Ce n'est pas tout à fait
pertinent.
M. Garon: Je dis qu'il n'est pas certain qu'il soit
nécessaire d'avoir une harmonisation.
Le Président (M. Laberge): Cela déborde
présentement le cadre de l'article 36. L'article 36 sera-t-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté.
M. Goulet: Si on avait votre permission, M. le Président,
on ouvrirait un débat intéressant.
Le Président (M. Laberge): La présidence a
déjà assisté à un débat d'une heure sur un
article du même genre. On ne recommencera pas.
M. Garon: La présidence parle...
Le Président (M. Laberge): La présidence est
indivisible.
Une voix: Article 37.
M. Garon: ... à la troisième personne, un peu comme
le général.
Le Président (M. Laberge): On est obligé de faire
cela.
M. Goulet: M. le Président, nous avons trois articles qui
ont été suspendus.
Déclaration requise dans l'acte d'acquisition
(suite)
Le Président (M. Laberge): Oui, et c'est pour cela
qu'avant d'adopter le dernier, je vous ramène à l'article 22.
M. Garon: Article 22. On n'a pas d'objection, pour les fins
de...
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que vos papillons sont
prêts?
M. Garon: À l'article 22, on n'a pas d'objection à
mettre "un original additionnel ou une copie additionnelle." On ajouterait le
mot "additionnel" après le mot...
Le Président (M. Laberge): Le mot "original". M. Garon:
... "original", à la troisième ligne.
M. Vaillancourt (Orford): Un original ou une copie
additionnelle.
Le Président (M. Laberge): Les deux. Une voix: "Un
original additionnel".
M. Garon: Un original additionnel ou une copie additionnelle. Une
fois amendé, l'article 22 se lirait comme suit: "Lors de la
présentation pour enregistrement d'un acte d'acquisition visé
dans l'article 21, le registrateur doit exiger, outre les documents requis pour
l'enregistrement, un original additionnel ou une copie additionnelle de l'acte
d'acquisition, même si l'enregistrement se fait par bordereau."
Le Président (M. Laberge): On peut le faire à
même le projet de loi ici.
M. Garon: C'est cela qu'on veut dire de toute façon. S'il
y a des gens qui ont eu des doutes là-dessus en le lisant, pourquoi ne
pas le mettre?
Une voix: C'est parce que c'est plus clair.
Une voix: C'est une meilleure pratique.
Une voix: On ajoute "additionnel"...
Le Président (M. Laberge): On ajoute le mot "additionnel"
au masculin et, après cela, le mot "additionnelle' au féminin.
Les deux amendements sont-ils adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 22 est-il
adopté?
M. Goulet: Mme Payette va être contente.
Une voix: Adopté.
Une voix: Vous ajoutez la même chose.
Une voix: Même amendement.
M. Mathieu: Un original additionnel et une copie
additionnelle.
Le Président (M. Laberge): Je parle de l'article 22. On
reviendra à l'article 23.
M. Garon: À l'article 23, on mettrait le même
amendement.
Le Président (M. Laberge): L'article 22 est adopté
avec amendements.
M. Vaillancourt (Orford): Aux articles 23 et 24.
M. Garon: Attendez un instant. N'allons pas trop vite. "Le
registrateur remet à la commission, aux intervalles prescrits par
règlement du gouvernement, l'original additionnel ou la copie
additionnelle des actes d'acquisition visés dans l'article 22. "
Une voix: C'est cela. Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Je fais seulement les
corrections ici au document où il y a copie.
M. Garon: Voulez-vous que je vous les passe?
Le Président (M. Laberge): Je l'écris à
même le texte. Cela va quand même.
M. Garon: Êtes-vous sûr qu'on n'aura pas
d'erreur?
Le Président (M. Laberge): C'est tout à fait
légal. Adopté avec amendements.
M. Garon: Le prochain devient un peu plus délicat, parce
que j'avais déjà...
M. Mathieu: II est déjà intégré, M.
le ministre. Le Président (M. Laberge): À 24, vous
aviez...
M. Garon: On le laisse comme cela? Etant au masculin, c'est
évident que cela veut dire l'original ou la copie.
Le Président (M. Laberge): Après le mot "original",
on va ajouter le mot "additionnel" et on va mettre l'autre au
féminin.
M. Garon: Attendez un peu!
M. Vaillancourt (Orford): "... par l'article 21 ou si l'original
additionnel..."
M. Garon: II est plus que cela. J'ai un amendement à part
cela.
Le Président (M. Laberge): Oui, mais on va ajouter quand
même ce mot après "original".
M. Garon: Oui, je vais vous donner le texte tel qu'il est. Le
texte de l'article 24 avec les amendements se lirait comme ceci: "Le
registrateur doit refuser d'enregistrer un acte...
M. Vaillancourt (Orford): Un acte au lieu de "l'acte".
M. Garon: ... d'acquisition dans lequel il est
déclaré qu'une personne ne réside pas au Québec et
qu'elle acquiert une terre agricole, si cet acte ne contient pas toutes les
mentions requises par l'article 21 ou si l'original additionnel ou la copie
additionnelle de l'acte d'acquisition n'est pas présenté au
moment de son enregistrement."
Le Président (M. Laberge): On va commencer par ratifier...
Le mot "additionnel" ajouté après "original", tout le monde est
d'accord sur cela? C'est adopté. Le deuxième mot "additionnel"
après "copie", on le met au féminin, évidemment, par
concordance. Je ratifie cela aussi. Le nouvel article 24 et ses deux
amendements sont-ils adoptés?
Des voix: Adopté.
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): C'est-à-dire les deux
corrections, parce que je prends le nouvel article. Adopté avec
amendements. Oui, M. le député de Beauce-Sud.
Dispositions générales (suite)
M. Mathieu: Je solliciterais l'unanimité de la commission
pour revenir sur une mention, si c'est possible, de l'article 33, tel que
soumis et modifié, que nous avons adopté tout à l'heure,
le texte proposé que nous avons adopté tout à l'heure, le
premièrement. On a dit: La présente loi ne s'applique pas lorsque
la personne qui ne réside pas au Québec devient
propriétaire d'une terre agricole par dation en paiement, si elle est
vendeur impayé... J'ai des clients qui auraient besoin d'une protection
additionnelle dans le moment. Je vais vous dire ce que j'ajouterais: "ou un
créancier hypothécaire dont le titre constitutif fut
créé avant l'adoption de la présente loi."
Je vais vous dire mon problème. Dans le moment, comme notaire,
j'ai des clients...
Le Président (M. Laberge): Excusez-moi, mais à quel
article?
M. Mathieu: Le premier alinéa de l'article 33.
Mettons que, dans le moment, une personne est créancière
hypothécaire, a pris une hypothèque, qu'un résident de
l'État du Maine détient une hypothèque sur une terre
agricole au Québec il en existe dans le moment. Maintenant, si la
personne n'est pas payée, la clause de dation en paiement
prévoyait qu'elle serait nulle au titre constitutif. Donc, cette
créance, qui était bonne au moment où elle fut
constituée, ne serait plus bonne après l'adoption de la loi. Le
cas que vous avez mis ici, après votre ajout, c'est: Si un
Américain vend une terre, dans son acte de vente il y a la clause
résolutoire et tout ce que vous voudrez, on peut le couvrir par
l'amendement, mais un Américain qui serait actuellement détenteur
d'une hypothèque sur une terre agricole au Québec, il n'a pas
vendu; il a prêté de l'argent à un Québécois.
Il a une garantie sur une terre au Québec.
M. Vaillancourt (Orford): Mais s'il a vendu avant la loi?
M. Mathieu: Ce n'est pas le vendeur, je ne parle pas du vendeur.
Le cas du vendeur, on l'a réglé tout à l'heure.
M. Vaillancourt (Orford): Oui.
M. Mathieu: Je parle du cas d'un créancier
hypothécaire. Moi, dans ma pratique, qui n'est pas tellement grosse,
j'ai des Américains qui ont prêté de l'argent à des
Québécois et qui ont une hypothèque sur une terre agricole
au Québec. Cela veut dire que si le Québécois ne paie pas
l'Américain, celui-ci ne peut pas reprendre la terre. Sa garantie
devient nulle.
M. Giasson: Ce serait un très bon système pour
celui qui aurait emprunté d'un Américain qui a la première
hypothèque. Il lui dit: Mon "chum", je ne te paie plus.
M. Mathieu: Je ne te paie plus.
M. Vaillancourt (Orford): Cela veut dire qu'il deviendrait
propriétaire sans être résident.
M. Mathieu: II ne devient pas propriétaire, là.
M. Vaillancourt (Orford): À défaut de paiement.
M. Garon: ...
Une voix: Ce n'est pas comme l'ayatollah a fait avec les...
M. Giasson: M. le ministre, je pense qu'il faudrait
prévoir ça, c'est sérieux.
M. Garon: II faut être prudent, ce n'est pas plus grave que
ça.
M. Giasson: II faut être prudent, mais c'est sérieux
quand même.
M. Mathieu: Mais je parle de l'hypothèque
constituée avant la sanction de la loi actuelle.
M. Giasson: Avant la sanction de la loi et même avant le
dépôt de la loi. Cela peut être une hypothèque prise
il y a deux ans, cinq ans.
M. Mathieu: J'ai des clients américains qui sont
créanciers, qui ont prêté sur des terres agricoles au
Québec. Le gars n'a qu'à dire: Je ne paie plus. Salut la visite!
Je garde la terre quand même. Le créancier ne peut plus...
Une voix: Une affaire de famille...
M. Mathieu: Je comprends, M. le député, que ce sont
des affaires de famille, mais, tout de même, le gars qui a
prêté $10 000, $15 000 ou $20 000, ce sont les économies de
sa vie.
M. Vaillancourt (Orford): Même s'il est américain,
il ne faut pas le...
M. Giasson: Ce n'est pas parce que c'est une affaire de famille
qu'on doit la négliger. C'est peut-être une raison additionnelle
d'en tenir compte.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense que ce que le
député de Beauce-Sud soulève là, c'est un cas assez
important.
M. Giasson: Si vous voulez aider vos fils, vous.
M. Mathieu: Dans l'amendement, on a couvert le vendeur
américain qui a vendu à un résident. Cela, c'est correct.
Mais le créancier hypothécaire n'est pas couvert.
Le Président (M. Laberge): Je pense à une chose.
L'article 33 a déjà été adopté. Maintenant,
je ne l'ai pas techniquement rouvert. Je me demande si...
M. Mathieu: Non, mais je vous ai...
Le Président (M. Laberge): ... justement ce point, je ne
vous le laisserai pas en discuter. Peut-être que ce serait bon d'y aller
à fond, de suggérer ou d'étudier un amendement et de
l'apporter en Chambre lors de l'étude du rapport.
M. Mathieu: Ce serait ma proposition, M. le Président.
M. Garon: Ce qui serait plus simple que ça... M.
Giasson: Comment...
Le Président (M. Laberge): S'il y a lieu, je ne le sais
pas.
M. Giasson: M. le Président, comment cela sera-t-il
traité au moment du dépôt du rapport?
Le Président (M. Laberge): C'est une suggestion que je
vous fais. Je sais que ça peut se faire.
M. Giasson: II faudrait savoir de quelle façon la
suggestion du député de Beauce-Sud pourra être vue et
traitée lors du dépôt du rapport.
Le Président (M. Laberge): Moi, j'ai...
M. Giasson: II y a peut-être des possibilités de
corriger cela ici immédiatement, si on a l'assentiment des membres de la
commission.
Le Président (M. Laberge): Je suis tout à fait
ouvert. Je suis tout à fait disposé à ce que vous preniez
le temps d'en discuter. Le cas est sérieux.
M. Mathieu: Je ne le fais pas, moi, juste par...
M. Vaillancourt (Orford): Mais, M. le Président, tous les
membres de la commission ont
donné leur accord pour permettre au député de
Beauce-Sud de discuter de l'article 33.
Le Président (M. Laberge): C'est ça. C'est
là-dessus... J'ai dit simplement: Si ça... (18 h 15)
M. Garon: Je pense que c'est un point qui mérite
d'être étudié attentivement parce qu'il est possible qu'on
puisse faire un amendement là-dessus, mais il faut le regarder parce
que...
M. Giasson: Oui, je suis bien d'accord.
M. Garon: ... on ne veut pas viser les gens qui ont
transigé de bonne foi avant le dépôt de la loi. Par
ailleurs, on va regarder s'il n'y a pas un trou il faut le regarder plus
attentivement et on pourrait faire ajourner simplement notre
commission...
M. Giasson: C'est ça.
M. Garon: ... et revenir. Ça va prendre deux minutes, au
fond.
M. Giasson: Quand vous allez avoir votre solution.
M. Garon: À ce moment-là, on pourra faire notre
amendement et on pourra immédiatement...
M. Vaillancourt (Orford): Cela veut dire qu'on n'adoptera pas
l'article 37 tout de suite.
Le Président (M. Laberge): Non, c'est ça. On peut
suspendre. Techniquement la discussion est rouverte sur l'article 33,
l'adoption est suspendue...
M. Garon: Pas l'article 33. Oui, c'est ça.
Le Président (M. Laberge): 33, oui. Est-ce qu'on suspend
nos travaux pour quelques minutes?
M. Garon: Non, pas quelques minutes.
M. Giasson: Sine die, quitte à siéger deux minutes
s'il le faut pour étudier la correction nécessaire, l'approuver
et ensuite...
Le Président (M. Laberge): Ce soir?
M. Garon: Non.
Une voix: Non, une autre fois.
M. Giasson: II s'agit d'aviser le leader du gouvernement qu'on a
besoin de cinq minutes de séance.
M. Garon: C'est un amendement à première vue
intéressant. Maintenant...
M. Giasson: Les implications... il y a le danger que ça
ouvre des portes, mais vos conseillers sur le plan juridique seront
certainement en mesure de trouver le "tuyau".
M. Garon: Je n'aurais pas accepté si cela avait
été le créancier hypothécaire dans l'avenir...
M. Mathieu: ... d'accord.
M. Garon: Oui, mais le créancier hypothécaire qui a
une dation en paiement avant la date du dépôt de la loi, c'est
autre chose. Il n'a pu, à première vue, faire une manoeuvre pour
contourner la loi qu'il ne connaissait pas. On peut donc regarder ça au
comité de législation avec des juristes et ça peut
être demain au fond...
Des voix: Oui.
M. Garon: On reviendra pour cinq minutes.
M. Giasson: Avant le dépôt du rapport de notre
commission.
Le Président (M. Laberge): II n'est pas encore fait. Sur
consentement unanime des membres de la commission, cette commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 18)