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Étude du projet de loi no 43
(Seize heures cinquante-trois minutes)
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'agriculture entreprend ses travaux pour
l'étude des projets de loi nos 43 et 41.
Les membres de cette commission sont: M. Baril (Arthabaska)
remplacé par M. Lavigne (Beauharnois); M. Beauséjour (Iberville);
M. Russell (Brome-Missisquoi), M. Gagnon (Champlain), M. Garon (Lévis);
M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata); M. Rancourt (Saint-François); M.
Vaillancourt (Orford).
Peuvent intervenir: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau
(Verchères), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe) remplacé par M. Goulet (Bellechasse); M.
Larivière (Pontiac-Témiscamingue) remplacé par M. Dubois
(Huntingdon); M. Mercier (Berthier), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Picotte
(Maskinongé) remplacé par M. Mathieu (Beauce-Sud); M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Est-ce que vous auriez une suggestion quant à un rapporteur?
M. Beauséjour: Je proposerais le député
de...
M. Giasson: Kamouraska...
M. Beauséjour: ... Kamouraska-Témiscouata.
Le Président (M. Laberge): Le rapporteur, si tout le monde
y agrée, sera M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata).
Droit d'expression
M. Russell: M. le Président, avant qu'on aille plus loin,
j'aimerais faire quelques remarques très sommaires justement sur la
question de procédure. Etant donné l'importance de ce projet de
loi et l'importance qu'y attachent plusieurs députés de
comtés ruraux, je me demande si, normalement, sans autre
formalité, un député qui n'est pas membre de la commission
ou intervenant, puisse prendre la parole. Je pense que ce serait convenable.
Cela s'est fait dans d'autres commissions. Je ne voudrais pas en faire une
motion, mais simplement une suggestion, et que ce soit enregistré comme
tel. Je sais que M. Cordeau (Saint-Hyacinthe) aurait quelques remarques. Il va
peut-être avoir l'occasion de venir faire quelques remarques.
Peut-être qu'il ne pourra pas venir. Ce serait frustrant si on lui
refusait le droit de parole.
Le Président (M. Laberge): Quant à moi, M. le
député de Brome-Missisquoi, je ne vois pas d'objection, à
la condition, évidemment, que la commission soit unanime à cet
égard.
M. Russell: C'est pourquoi je demande le consentement de la
commission, à savoir qu'il soit enregistré dans ce
sens-là.
M. Giasson: Au nom de l'Opposition officielle, je n'ai pas
d'objection aux remarques et aux désirs exprimés par le
député de Brome-Missisquoi. Je suis prêt à accorder
l'appui à la proposition qu'il vient de déposer.
Le Président (M. Laberge): Alors, nous en tiendrons compte
en temps et lieu.
M. Giasson: Quelle est la décision qui est prise?
M. Russell: M. le Président, j'aimerais qu'une
décision soit prise en ce sens-là...
M. Giasson: C'est ça.
M. Russell: ... immédiatement pour qu'il n'y ait pas
de...
M. Beauséjour: ... une entente unanime.
M. Russell: Oui, c'est un consentement unanime de la
commission.
M. Giasson: La commission est maîtresse de ses moyens.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Si quelqu'un
veut intervenir à la commission, il demande...
C'est vrai que cela s'est fait dans d'autres commissions, mais des gens
ont aussi "mené le chiard" dans les commissions et j'aimerais bien que
demain, si quelqu'un d'une formation politique veut se faire entendre, on
demande le consentement unanime à ce moment-là. Ce n'est pas
nécessaire de donner le consentement au départ. Je ne croirais
pas toujours. On peut le faire parce qu'on est maître...
M. Giasson: Oui, mais si on le refuse au départ, ça
veut dire...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): On ne le
refuse pas, on verra au moment opportun. On donnera le consentement à la
personne qui se présentera et voudra prendre la parole. On a
déjà vu une personne partir d'une commission pour aller à
l'autre et, bien souvent, c'était seulement pour faire de la brouille.
Je l'ai vécu moi-même à une commission de l'agriculture.
C'est pour ça que j'aimerais que si, par exemple, M. Cordeau vient
demain pour prendre la parole, on lui accorde à ce moment si la
commission y consent. Donner un mandat en blanc cet après-midi, je ne
suis pas d'accord.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: ... si vous le permettez, le député de
Brome-Missisquoi vient de faire une proposition qui constitue une motion devant
la commission. J'ai déjà commenté, marquant mon appui
à cette proposition. Pour en tirer une conclusion finale, je propose
qu'elle soit mise aux voix.
Le Président (M. Laberge): Je comprends que vous faites
motion pour permettre à tous les députés qui le
désirent de pouvoir se faire entendre à la commission.
M. Russell: M. le Président, si c'est nécessaire,
je vais faire la motion et je la déposerai afin qu'on se prononce
immédiatement sur le refus. Alors on pourra avertir les gens
concernés qu'il est inutile de venir. Si vous me permettez, je vais
faire la motion en ce sens-là, pour obtenir la permission pour toute la
séance qui se tiendra de ladite commission relativement à
l'étude article par article du projet de loi no 43. Je dépose
cette motion.
M. Beauséjour: M. le Président... M. Giasson:
Sur la recevabilité?
Le Président (M. Laberge): Si vous voulez, je vais faire
lecture de la motion que j'ai devant moi: "Que les députés qui ne
sont ni membres ni intervenants de la commission permanente de l'agriculture et
de l'alimentation puissent s'y faire entendre sans devoir obtenir la permission
et ce, pour toutes les séances que tiendra ladite commission
relativement à l'étude article par article du projet de loi no
43.
M. Beauséjour: Sur la recevabilité.
Le Président (M. Laberge): Oui, sur la
recevabilité, M. le député.
M. Beauséjour: Je me demande si une telle motion ne
devrait pas plutôt être adoptée d'un consentement unanime
parce qu'elle semble venir changer je ne sais quel article du règlement,
puisque le règlement permet qu'à n'importe quelle commission, il
puisse y avoir une décision prise pour qu'une personne puisse être
entendue, mais, pour changer ce règlement, je crois que cela reviendrait
à l'Assemblée nationale et non par une motion ici.
M. Russell: Sur la recevabilité, sans avoir le
règlement ici, je n'ai pas apporté mon livre de
règlements, mais je pense que la commission est maîtresse de ses
travaux; si elle n'est pas unanime, on peut prendre le vote sur une motion
comme celle-là et la rejeter. Je suis conscient que cela prend
l'unanimité pour que la motion soit...
Le Président (M. Laberge): C'est
généralement ce qui est requis.
M. Russell: Pour qu'il n'y ait pas de motion. S'il y a une
motion, la majorité peut la rejeter du vote. (17 heures)
Le Président (M. Laberge): Pour qu'il n'y ait pas de
motion, oui. Alors, si vous voulez procéder au vote sur la motion, elle
est recevable. Je l'ai reçue d'ailleurs. Elle est recevable comme
motion. Si vous voulez discuter sur le fond de la motion, vous êtes
libres de le faire. Si vous voulez passer directement au vote...
M. Russell: M. le Président, je pense que c'est une motion
qui est dans l'ordre. Je ne veux pas retarder indûment les travaux. Je
vais faire simplement quelques remarques.
C'est une commission qui va étudier une loi article par article,
une loi qui a une certaine importance dans le domaine agricole. Je pense que
c'est un droit fondamental qu'un député qui a été
élu à cette Chambre puisse avoir le droit de se prononcer sur un
article en particulier. Il faut quand même comprendre qu'en
deuxième lecture, on peut simplement se prononcer sur le principe en
général. II y a des gens qui peuvent être d'accord sur le
principe, mais peuvent être en désaccord sur certains articles et
vouloir au moins s'exprimer. Là, on les prive de ce privilège, de
cette liberté qu'on devrait avoir comme député de
s'exprimer sur un article en particulier, de dire pourquoi il serait contre ou
pourquoi il voudrait avoir certains amendements, de tenter de les justifier. Il
me semble que c'est réglementaire. Et là, à cause des
formalités d'une commission, on priverait un député qui
viendrait... Cela s'est produit dans le passé. Au début, on avait
donné un consentement tacite, mais quand le député a voulu
intervenir, étant donné que cela ne faisait pas l'affaire de
certains membres de la commission, on l'en a empêché.
C'était leur droit et je présume que c'est priver le
député d'un privilège qui devrait exister pour tout
député d'une Assemblée, qu'il puisse venir au moins
s'exprimer, même s'il n'a pas le droit de vote. Je ne demande pas le
droit de vote pour un député, je demande simplement le droit
à la liberté de parole, qui est un privilège qu'on devrait
avoir dans cette Chambre.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Garon: Je vais voter contre, pas parce que je ne suis pas pour
que les députés expriment leur opinion. Les commissions sont
formées de tant de membres et les partis ont des porte-parole. Quand on
voit, comme on a vu pour la loi 41, que les députés parlent
contre la loi et votent pour, après, comme cet après-midi,
à ce moment-là, je pense qu'on est mieux...
M. Dubois: Question de règlement, M. le ministre. On peut
être pour le principe d'une loi, mais contre certaines modalités.
Cela a été exactement le cas de mon intervention en Chambre, sur
le projet de loi 41 ; alors, vous n'êtes pas obligé de
soulever cette question aujourd'hui, vous avez entendu mes propos.
M. Garon: Le député de Laurier a dit que
c'était du séparatisme, cette loi, il a voté pour.
M. Dubois: Je parle de mon cas, vous l'avez vu en Chambre quand
j'ai voté tout à l'heure.
M. Garon: Le député de Gatineau...
M. Dubois: Vous avez été le premier à crier
en Chambre.
M. Garon: ... a dit qu'on voulait protéger les montagnes,
les zoner. Ce que je veux dire simplement, c'est que, pour les commissions, le
règlement a été fait, il veut signifier quelque chose que
les partis se rencontrent avant; les opinions sont supposées être
représentées par ceux des partis qui sont là,
c'est-à-dire les députés qui sont membres de la
commission. Il est facile pour un député de dire à un
membre qui est là: Je voudrais avoir telle information, telle expression
de point de vue. Autrement, ça finit... les commissions... Ou à
moins que le règlement ne veuille plus rien dire. Le règlement a
été fait pour quelque chose. Accepter en principe que tout le
monde puisse venir à la commission, au point de départ, cela veut
dire nier le règlement, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): J'appelle le vote sur la motion
dont j'ai déjà fait lecture et qui se lit comme suit: "Que les
députés qui ne sont ni membres ni intervenants de la commission
permanente de l'agriculture et de l'alimentation puissent s'y faire entendre
sans devoir obtenir la permission et ce, pour toutes les séances que
tiendra la dite commission relativement à l'étude article par
article du projet de loi no 43".
M. Lavigne (Beauharnois)?
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Beauséjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Russell
(Brome-Missisquoi)?
M. Russell: Pour.
Le Président (M. Laberge): M. Gagnon (Champlain)? M. Garon
(Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet)?
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Laberge): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata) ?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Rancourt
(Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Vaillancourt (Orford)?
M. Vaillancourt (Orford): Pour.
Le Président (M. Laberge): La motion est donc
rejetée par cinq voix contre trois.
Cependant, je voudrais faire remarquer aux membres de la commission que,
quoique cette motion soit rejetée, l'article 148 demeure toujours.
M. Giasson: "Tous les députés ont accès aux
commissions, mais ceux qui n'en sont pas membres et les autres personnes
doivent obtenir la permission de la commission pour se faire entendre".
C'est le sens de la proposition du député de
Brome-Missisquoi.
M. Garon: On a le droit aux invités.
M. Russell: ... demander la permission de se faire entendre, on
peut leur donner à chaque séance. À chaque fois qu'ils
veulent intervenir, ils sont obligés de demander la permission.
Le Président (M. Laberge): J'appelle donc le projet de loi
no 43, article 1. Y a-t-il des commentaires, M. le ministre?
Pouvoir d'acquisition
M. Garon: Je ne lirai pas l'article, M. le Président,
parce qu'il est long, il a une page. Mais essentiellement, que vise cet
article? Il vise dans le cas d'un immeuble sous billet de location, acquis par
le ministre à compter du 22 décembre 1969 qui était
acquis depuis cette date aux fins de plans, programmes et projets
visés à l'article 28 de la loi l'article 28 qui permet de
faire des programmes le ministre pourra en disposer sans être
astreint au régime de la Loi des terres de colonisation. Cette
disposition permettra au ministre ou à l'organisme chargé
d'administrer le programme, de louer ou de vendre des lots, sans être
astreint aux formalités et dispositions de la Loi des terres de
colonisation. C'est pourquoi je disais que cet article était
nécessaire, parce qu'autrement, on peut passer par le régime des
terres de colonisation et ce n'est pas la loi des plus à jour,
franchement.
Cette mesure permettra également au ministre d'approvisionner la
banque de terres arables, de lots, faisant partie du domaine public, en les
soustrayant du régime de la Loi des terres de colonisation. Elle
permettra aussi au ministre d'assujettir tel lot à un programme
visé à la section VI de la loi, pour le développement
du
secteur agricole et, lorsqu'il le jugera à propos, de
transférer un tel programme à la banque de terres ou vice
versa.
Au fond, ce qu'on voudrait que cet article permette, c'est d'avoir un
régime de banque de terres qui va fonctionner avec le crédit
agricole et qui va permettre de faire des choses qu'on ne peut pas faire
actuellement, parce qu'on est obligé de fonctionner en vertu de la Loi
des terres de colonisation qui a été adoptée je ne sais
plus en quelle année. Et le ministère en a même perdu le
nom.
Ce que je disais dans mon discours, par exemple, si on veut regrouper
les terres agricoles dans cette banque pour les revendre aux agriculteurs, on
ne sera pas assujetti à des formalités auxquelles on serait
assujetti autrement.
M. Giasson: M. le Président, je ne sais pas si j'ai bien
compris les commentaires du ministre, mais lorsqu'on parle des immeubles
détenus en vertu de billets de location émis sous
l'autorité de la Loi des terres de colonisation, est-ce qu'on parle
effectivement des lots qui seraient détenus au Québec par des
Québécois en vertu d'un billet de location et qui sont en attente
d'émission de lettres patentes? Est-ce que c'est cela qu'il faut
comprendre, M. le ministre?
M. Garon: C'est pour ceux dont les lots ont été
rachetés, ceux dont les lots ont été acquis. Vous voyez:
Le ministre peut acquérir...
M. Giasson: Cela va bien.
M. Garon: Ce sont les lots qu'il a acquis.
M. Giasson: La question que je pose est la suivante: Les lots ou
les immeubles qui sont visés, est-ce qu'il s'agit des lots
détenus par des Québécois sous billet de location ou
est-ce qu'il s'agit d'autre chose?
M. Garon: II s'agit de lots qui ont été acquis.
M. Giasson: Non, s'ils sont détenus par des
Québécois sous des billets de location, ils ne sont pas acquis.
Le ministre veut-il nous dire que ce sont des lots qui ont été
révoqués? Il faudrait s'entendre. Est-ce qu'il s'agit de lots
révoqués qui ont été détenus par billet de
location par des citoyens de chez nous et qui, un jour, ont été
révoqués par le ministère de l'Agriculture ou est-ce que
ce sont des lots toujours détenus par des Québécois en
vertu d'un billet de location? Il faudrait...
M. Garon: Ce sont des lots qui ont été
révoqués ou qui ont été achetés.
M. Giasson: Ils ne sont donc plus sous billet de location?
M. Garon: C'est cela.
M. Giasson: S'il s'agit des lots qui sont révoqués,
il ne s'agit plus d'immeubles ou de lots sous billet de location.
M. Garon: Regardez le texte de la loi, c'est clair!
M. Giasson: Le ministère de l'Agriculture aujourd'hui a
assumé la totalité des responsabilités du ministère
de la Colonisation. Quand il y a eu révocation d'un billet de location,
le lot n'est plus détenu par un billet de location. La révocation
par le ministère de l'Agriculture a annulé à toutes fins
le billet de location. C'est cela? Vous avez des fonctionnaires. On va essayer
de comprendre.
M. Garon: Oui, lisons le texte. J'aurais dû le lire.
"À ces fins, le ministre peut, notamment, acquérir
acquérir, cela veut dire acquérir, acheter tout immeuble
détenu en vertu d'un billet de location émis sous
l'autorité de la Loi des terres de colonisation et, à compter de
cette acquisition..."
M. Giasson: Oui. Ce n'est pas là que je vous pose des
questions, M. le ministre.
M. Garon: Ne me posez pas des questions sur ce dont on ne parle
pas. À compter de cette acquisition, ce billet de location est
révoqué de plein droit. La révocation a le même
effet que si elle était faite par le ministre, en vertu de la section IV
de cette loi. À compter de cette acquisition, un tel immeuble n'est plus
soumis à cette loi, à compter de l'acquisition, pas avant. Avant,
il n'y a rien de changé. Il est plus soumis à cette loi, et le
présent alinéa a effet à compter du 22 décembre
1969, parce qu'on a acquis des terres depuis le 22 décembre 1969. Il
peut aussi, par avis, soustraire au régime de la Loi des terres de
colonisation un lot qui n'est pas sous billet de location, ou sous permis
d'occupation, pour l'assujettir à un programme adopté en vertu de
la présente section pour l'assujettir à la banque de terres
conçue en vertu de la section VII.
Il peut également, lorsqu'il le juge à propos, soustraire
un lot à un tel programme pour l'assujettir à la banque de terres
arables ou soustraire un lot à la banque de terres arables pour
l'assujettir à un tel programme. Cela peut être un
aménagement foncier, par exemple, prendre un lot détenu sous
billet de location et mettre dans la banque de terres arables.
M. Giasson: Tout cela va bien, M. le ministre, mais les questions
que je vous ai posées sont: Est-ce qu'il s'agit...
M. Garon: Non.
M. Giasson: ... des lots détenus sous billet de location
par des citoyens de chez nous? C'est simple comme question. Répondez-moi
sur tous...
M. Garon: Si on les a acquis, oui, et si on ne les a pas acquis,
non.
M. Giasson: Non, quand vous allez acquérir des immeubles
sous billet de location, est-ce qu'il s'agit, dans les faits précis, de
lots détenus par des citoyens en vertu d'un billet de location? C'est ce
que je veux savoir. C'est oui?
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Où sont situés présentement dans
les comtés du Québec les blocs importants de lots détenus
en vertu d'un billet de location?
M. Garon: II y en a en Abitibi, dans le Bas-Saint-Laurent.
M. Russell: Mégantic-Compton. M. Garon:
Mégantic-Compton.
M. Giasson: Combien en avez-vous dans des comtés comme
Saint-Jean-d'Iberville, Saint-Hyacinthe, Richelieu?
Une voix: Orford.
M. Garon: On n'a pas fait l'inventaire des lots, mais ce qu'on
veut faire, ce que les gens n'aiment pas et ce qu'ils trouvent un peu
scandaleux, c'est qu'on soit pris avec ces lots et qu'on ne puisse rien en
faire. Ce qu'on veut en faire, au fond, c'est de les remettre à la
population, s'il ne sont pas bons pour l'agriculture, les remettre aux Terres
et Forêts et dire au ministère: Boisez-les, et, s'ils sont bons
pour l'agriculture, essayez de les développer pour l'agriculture. C'est
pour cela que je ne veux pas fonctionner avec la Loi des terres de
colonisation.
M. Giasson: J'ai bien compris, si le ministre s'est bien
exprimé, qu'il s'agit comme politique de base par sa loi, de retourner,
prendre ou acquérir par le ministère de l'Agriculture des lots
présentement détenus sous billet de location...
M. Garon: Non.
M. Giasson: Consultez donc votre équipe de
fonctionnaires!
M. Garon: Bien oui, je le sais. Je l'ai faite, la loi. Je ne suis
pas un libéral, moi, M. le Président. Je sais ce que je mets dans
mes lois. Je ne les fais pas faire par les fonctionnaires. J'ai le droit de
demander toutes les explications après. C'est ça, la
différence, depuis le mois de novembre 1976. Je vais vous dire ce qu'il
y a dans la loi, c'est simple. Ils ont acquis des lots et c'est pour ça
qu'on remonte au 22 novembre 1969. Ce travail, je le fais au bureau.
Une voix: ... il y en a tant que ça...
M. Garon: Le 22 décembre 1969. On remonte à
ça parce que vous avez acquis, depuis le 22 décembre 1969, un tas
de lots, et on les a, les lots, et on est "poigné" avec. Alors...
M. Giasson: C'est-à-dire que vous les avez acquis par une
révocation du billet de location que détenaient les
propriétaires et la loi du ministère de la Colonisation le
permettait. (17 h 15)
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Ce n'était pas illégal pour le
ministère de la Colonisation de révoquer des billets de location
entre les mains de citoyens sur des types de lots donnés. Ce
n'était pas illégal, M. le ministre. C'était parfaitement
légal...
M. Garon: Oui, mais là...
M. Giasson: ... en vertu des pouvoirs conférés par
la loi de la colonisation.
M. Garon: Oui, mais là, on ne touche pas à la loi
de la colonisation, à ce point de vue. On dit qu'on peut acquérir
des lots. On ne dit pas... Quand il est acquis, le lot, à compter de
cette acquisition, le billet de location est révoqué. N'essayez
pas de nous faire dire qu'on veut essayer de spolier les gens et
révoquer leurs billets de location et tout ça.
M. Giasson: Personne n'a parlé de spoliation.
M. Garon: Bon!
M. Giasson: Personne n'a parlé de spoliation.
M. Dubois: Comment peut-on révoquer après avoir
acquis? On révoque, ensuite on acquiert.
M. Garon: Non, on acquiert et on révoque. M. Dubois:
II y a un billet de location, là.
M. Giasson: Traditionnellement, M. le ministre...
M. Dubois: II peut acquérir...... billet de location.
M. Giasson: ... lorsqu'en vertu des pouvoirs
conférés par la loi de la colonisation, on a
révoqué des lots à des citoyens...
M. Garon: Oui.
M. Giasson:... c'était une forme d'acquisition. Non?
M. Garon: Lisez la loi. Ce n'est pas ça qu'elle dit.
M. Giasson: Non, je ne vous parle pas de la loi. Je vous pose une
question. Quand il y a eu
révocation, dans le passé, de billets de location, est-ce
que c'était de l'acquisition par le ministère de la Colonisation
ou de l'Agriculture qui assume le droit des terres de colonisation?
M. Garon: Non.
M. Giasson: Quelle était la forme de compensation que
ledit ministère a accordée aux détenteurs de billets de
location lorsqu'on a révoqué les billets? Quant à moi, je
comprends, parce que je suis pris avec des billets de location chez nous.
M. Garon: Ils étaient acquis en vertu du
réaménagement foncier.
M. Giasson: Quelle était la compensation qu'on a
accordée aux détenteurs de billets de location au moment
où on les a révoqués dans le passé?
M. Garon: ... réaménagement foncier, on les a
évalués à leur valeur marchande, comme s'ils
étaient...
Cela existe uniquement depuis...
M. Giasson: Le programme de réaménagement foncier
auquel votre équipe a fait allusion existe depuis quelle
année?
M. Garon: Le 23 avril 1970.
M. Giasson: 23 avril 1970. Combien y a-t-il eu de terres
détenues sur billets de location dans ce programme de
réaménagement foncier qui ont été acquises par le
ministère?
M. Garon: Les fonctionnaires me disent que ce serait de 1000
à 1200.
M. Giasson: Est-ce qu'il s'agit de lots qui étaient
surtout situés dans des régions agricoles du Québec qu'on
dit les meilleures?
M. Garon: Non, en périphérie surtout.
M. Giasson: Est-ce que vous parlez de lots situés en
Gaspésie, dans le Nord-Ouest québécois? Et très peu
de lots à l'intérieur de la bonne région agricole du
Québec.
M. Garon: C'est-à-dire qu'il y en a qui peuvent être
dans de bonnes régions agricoles. Quand on est en Gaspésie ou
à la Baie des Chaleurs, ce sont d'excellentes régions agricoles,
aussi bonnes que celles de Montréal, mais il y en a qui sont dans la
région périphérique, certains dans de bonnes
régions agricoles et certains dans des régions moins bonnes pour
l'agriculture.
M. Giasson: J'aurais dû préciser. Dans des
régions qui sont pourvues d'unités thermiques qu'on
désigne comme les terres les plus favorables pour certaines cultures au
Québec. Ce sont surtout des lots qui étaient situés en
dehors de cette zone qui compte 2500 unités thermiques.
M. Garon: On n'a pas compté les unités thermiques
pour les fins de cette loi.
M. Giasson: Non, mais ça nous permet de nous situer en
province. Puisqu'on a dit qu'on avait indemnisé ou compensé en
vertu du programme de réaménagement foncier les
propriétaires de billets de location, est-ce que le mode de
rémunération, de compensation de reprise de lots détenus
sous billet de location dans l'application de la présente loi qui fait
l'objet des débats, va être selon des règles qui ont
été appliquées dans le programme de
réaménagement foncier?
M. Garon: ...
M. Vaillancourt (Orford): Voulez-vous permettre à votre
fonctionnaire de s'approcher pour que ce soit enregistré? Parce
qu'actuellement, il va nous manquer des informations. Ceux qui sont près
du micro posent la question et ceux qui répondent sont loin, donc, la
réponse ne sera pas enregistrée.
M. Russell: Je n'aurais pas, d'objection, si le ministre le
désire, que ses fonctionnaires répondent en son nom...
M. Garon: Non, je vais répondre moi-même,
étant donné que c'est enregistré en mon nom.
M. Russell: Je n'ai pas d'objection non plus, mais à la
condition que le ministre répète exactement les remarques
formulées par les fonctionnaires.
M. Garon: Je répéterai ce que je voudrai.
M. Russell: C'est important pour l'enregistrement. C'est plus
facile ensuite, on n'est pas obligé de revenir, on prend le journal des
Débats. C'est le but de l'enregistrement d'ailleurs. Je pense que c'est
important, parce qu'il y a des questions que l'on va poser, qui nous sont
justement posées par nos collègues et on leur apporte le journal
des Débats en disant: Voici la réponse.
M. Garon: Le but, ce n'est pas l'acquisition... M. Russell:
Non?
M. Garon: Non. Le but, c'est ce qu'on va faire avec. Au fond, le
but c'est de soustraire ces terres-là au registre... des terres de la
colonisation pour qu'on puisse ensuite les transmettre plus facilement, ce
qu'on fait faire actuellement, c'est le ménage dans tous ces
lots-là ce n'est pas terminé, mais ça avance
pour voir ce qui est bon et ce qui ne l'est pas pour l'agriculture.
Ce qui n'est pas bon pour l'agriculture, ça ne nous donne rien de
faire ça, ça ne nous donne rien de cultiver des terres de roches.
On les remettra au ministère des Terres et Forêts, et il en fera
ce qu'il voudra.
Il faut garder les terres qui sont bonnes pour l'agriculture afin de
pouvoir les louer avec des
options d'achat ou les revendre à des gens qui veulent faire de
l'agriculture. C'est le but qu'on poursuit. Ce n'est pas de changer le
régime de réaménagement foncier, la révocation des
lots et l'acquisition des lots. Ce n'est pas ce qu'on veut toucher.
M. Giasson: Mais c'est ce que vous allez faire.
M. Garon: Non. On ne changera rien par rapport à ce qui
existe à ce point de vue-là. C'est l'autre aspect. C'est pour les
terres qui sont au ministère de l'Agriculture, la façon dont on
va les transmettre.
M. Giasson: Vous avez bien dit, M. le ministre, que l'idée
d'acquérir des immeubles détenus en vertu de billets de location,
le ministère a l'intention de les reprendre avec compensation, selon des
barèmes et des règles déjà en vigueur dans un
programme existant chez vous. Donc, à partir de cette déclaration
que vous venez de faire...
M. Garon: Non.
M. Giasson: Oui. C'est votre déclaration. À partir
de cette déclaration, c'est clair et net que les citoyens de
différents comtés du Québec qui détiennent des
terrains en vertu d'un billet de location depuis quinze, vingt, vingt-cinq,
trente ans, peuvent s'attendre à voir acquérir ces terres. Si
elles sont propres à l'agriculture, le ministère de l'Agriculture
va les utiliser à des fins agricoles. Si elles sont impropres à
l'agriculture, le ministère de l'Agriculture les remet au
ministère des Terres et Forêts et dépossède du
billet de location que ces gens ont entre les mains.
M. Garon: Non. Ce n'est pas cela. La phrase importante dans le
premier article de la loi c'est: "À compter de cette acquisition, un tel
immeuble n'est plus soumis à cette loi" la Loi des terres de
colonisation. C'est cela, le point important. C'est cela qui a
été fait dans la loi.
M. Giasson: C'est sûr qu'il n'y est plus soumis, vous
l'avez acquis. Il n'est plus soumis à la Loi des terres de
colonisation.
M. Garon: II l'était avant.
M. Giasson: C'est gros comme un piano.
M. Garon: Mais non!
M. Giasson: À partir du moment où le
ministère va acquérir ces terres...
M. Garon: C'est de valeur que vous n'ayez pas
étudié le droit, vous êtes meilleur que tous nos avocats.
Ce n'est pas cela qu'ils nous disent, justement.
M. Giasson: Non, je ne suis pas meilleur que vos avocats, loin de
là, mais je m'aperçois que je suis meilleur, dans
l'interprétation de cette loi, que le ministre de l'Agriculture, ou le
ministre est de mauvaise foi, mais pas les avocats. Vos avocats, amenez les
autour de la table et ils n'auront pas les mêmes propos que vous.
M. Garon: Oui, c'est cela. Dans le mensonge, le Parti
libéral est pas mal champion.
M. Giasson: Allez-y.
M. Garon: Je vous lis les notes que j'ai et c'est pour cela qu'on
a fait cette affaire-là. Cette disposition, dans le cas d'un immeuble
sous billet de location acquis par le ministre à compter du 22
décembre 1969 aux fins de plans, programmes et projets visés
à l'article 28 ces plans, programmes et projets visés
à l'article 28 de la loi, c'est le programme de
réaménagement foncier le ministre pourra en disposer sans
être astreint au régime de la Loi des terres de colonisation. Je
comprends que cela ne va pas avec vos discours. Vous avez dit: On n'a pas
besoin de cette loi, de cet article-là. C'est de valeur, j'en ai besoin.
C'est ce que mes avocats disent. On dit au ministère: Le ministre pourra
en disposer sans être astreint au régime de la Loi des terres de
colonisation. Je comprends que le Parti libéral aimait marcher en vertu
de la Loi des terres de colonisation. Nous pensons que nous sommes en 1979.
Cette disposition permettra de louer ou de vendre des lots, acquis dans le
cadre dudit programme, sans être astreint aux formalités et
dispositions de la Loi des terres de colonisation.
M. Giasson: Votre loi dit...
M. Garon: Est-ce que c'est clair? Une fois que la terre...
M. Giasson: Oui, c'est clair et je vais vous montrer quelque
chose d'encore plus clair, M. le ministre. La loi dit: À ces fins, le
ministre peut, notamment, acquérir tout immeuble détenu en vertu
d'un billet de location émis sous l'autorité de la Loi des terres
de colonisation, en vertu des Statuts refondus, 1964. Qu'est-ce que cela veut
dire, en pratique, M. le ministre? Cela veut dire que si vous appliquez cette
loi lorsqu'elle sera en vigueur, vous pouvez acquérir, si c'était
là le choix du ministère, toutes les terres détenues en
vertu d'un billet de location émis sous l'empire de la Loi des terres de
colonisation. Vous pouvez le faire. Cela va jusque là, bien
au-delà de ce que vous avez voulu énumérer des propos que
vous avez énoncés tout à l'heure. Cela veut dire que de
par la volonté du ministère, lorsque cette loi va être en
vigueur, tous les détenteurs de billets de location au Québec, si
c'est la volonté du ministère, devront renoncer à leur
billet de location, avec compensation peut-être.
On nous a dit tout à l'heure que ce serait une compensation qui
se ferait selon les barèmes déjà définis dans un
programme. Mais ça veut dire que les détenteurs de billets de
location possèdent des lots, dans certains cas, depuis 15 ans, 20 ans,
25 ans, il y a des gens qui ont des billets de location
depuis les années trente et peut-être même davantage
dans quelques rares cas. Ils ont bien cultivé, c'est-à-dire
qu'ils ont fait une bonne foresterie sur ces lots, souvent.
Si j'observe un comté comme le mien ou celui de
Kamouraska-Témiscouata, ces lots sont situés dans la partie sud
du comté, la partie élevée. On ne retrouve aucun de ces
lots dans la vallée du Saint-Laurent. Ils sont tous situés en
hauteur, dans la montagne ou dans l'arrière-pays. Ils ont une vocation
forestière, pour l'immense majorité des lots en question, ils
n'ont pas une vocation agricole.
Donc, on va déposséder, si c'était la
volonté du ministère, à partir des dispositions de la loi,
quelqu'un qui détient un billet de location. C'est ça, dans les
faits, qui va se produire, M. le ministre. C'est que vous pouvez retirer, vous
vous donnez le droit de retirer à des détenteurs de billets de
location des lots qu'ils exploitent depuis des années, sur lesquels ils
ont payé des taxes municipales et scolaires. Ce sont souvent des lots
dont une partie a été aménagée en agriculture, une
partie plutôt mince la plupart du temps, mais, tout de même, on y
avait fait un peu d'agriculture, parce qu'à l'époque, les lois et
les règlements du ministère de la Colonisation accordaient des
primes de défrichement, de déboisement et de mise en valeur.
Vous allez sans doute me dire, M. le ministre, que ce n'était pas
une bonne politique, qu'on a voulu consacrer à l'agriculture des espaces
du Québec dont la vocation naturelle n'était pas une vocation
agricole, c'est vrai, je vous le concède. Mais, au-delà de
ça, il reste quand même que des gens ont acquis des billets de
location de bonne foi. Les uns ont fait un peu d'agriculture sur une partie
minime du lot et ont fait des pratiques de foresterie. Pas tous. Vous allez me
dire qu'il y en a qui ont pillé des lots, c'est-à-dire qu'ils les
ont surexploités, c'est vrai, mais, à côté de cela,
il y a des gens qui ont exploité vraiment de manière rationnelle
la forêt qu'on retrouve sur ces lots.
Là, je ne vous parle pas dans l'à-peu-près, je vous
parle en connaissance de cause et je suis sûr qu'il y en a, parmi mes
collègues ici, même du côté du parti
ministériel, qui connaissent des détenteurs de billets de
location qui ont bien exploité, de façon fort rationnelle, la
forêt qui s'y trouve. Dans un comté comme le mien, on retrouve
encore au moins douze paroisses sur lesquelles vous avez des lots
détenus sous billet de location et fort bien exploités. C'est le
cas de paroisses comme Saint-Damase, Sainte-Perpétue,
Sainte-Félicité, Saint-Omer. Je vois le député de
Deux-Montagnes, ça sonne doux à son oreille, Saint-Omer. Il y a
aussi des paroisses comme Saint-Pamphile, Saint-Adalbert, des paroisses de la
partie sud du comté de Montmagny. Je n'ai pas besoin de les
énumérer toutes, mais vous retrouvez encore des lots
détenus sous billet de location dans ces localités.
Ce qui reste de lots détenus pour lesquels des lettres patentes
n'ont pas été émises, dans la plupart des cas, ce sont des
détenteurs qui exploi- tent très bien la forêt qui s'y
trouve. De l'agriculture, ils n'en font pas, parce que ce n'est pas
rentable.
M. Garon: M. le Président, les mots ont une signification.
Quand on dit que le ministre peut acquérir, ce n'est pas qu'il peut
exproprier, il peut acquérir. Les mots ont un sens. Je comprends qu'on
peut essayer de faire croire n'importe quoi à la population, mais...
M. Giasson: Personne n'a parlé d'expropriation, M. le
ministre. Je regrette.
M. Garon: Non, mais vous essayez de faire croire qu'on va essayer
d'enlever les terres aux gens, voyons donc! (17 h 30)
M. Lavigne: M. le ministre, j'ai demandé la parole
à M. le Président, si vous le permettez, cela pourrait
peut-être éclairer la commission et cela m'éclairerait
également. À partir du moment où on a comme base la
volonté de rentabiliser ces terres parce qu'on sait qu'il y en a
plusieurs qui sont mal exploitées, qui ont poussé en friche, etc.
si, effectivement, il y a des gens qui possèdent de ces lots, par
billet de location, comme vous dites, et qu'elles sont effectivement mal
exploitées, la loi permettrait au ministre de faire en sorte que ces
lots soient exploités.
M. Giasson: Mauvaise interprétation. M. Garon:
Non.
M. Lavigne: Mauvaise interprétation. Et si le lot est bien
exploité, on l'exproprie et on le laisse là.
M. Garon: Non, il n'y a pas d'expropriation dans cette loi.
M. Giasson: C'est un achat.
M. Dubois: Vous êtes mélangés, de votre
côté.
M. Lavigne: Je posais la question au ministre.
M. Garon: C'est ce que le député de
Montmagny-L'Islet essaie de faire croire et ce n'est pas cela. On ne change
rien par rapport à ce qui existe actuellement, au point de vue de
l'acquisition. C'est uniquement au point de vue de la remise, de la vente ou de
la location de ces terres qui ont été acquises par le ministre de
l'Agriculture...
M. Lavigne: Par billet de location.
M. Garon: Non, pas par billet de location. Elles ont
été acquises par le ministre de l'Agriculture des gens qui
avaient des billets de location. Normalement, c'est sous le régime des
réaménagements fonciers. À ce moment-là, au lieu
d'être soumises à la Loi des terres de colonisation, on peut les
louer à nouveau et les revendre.
Ce qu'on va faire, c'est que ces terres qui sont là, qui sont au
ministère et il y en a un paquet on va passer cela
à la banque de terres. Et celle-ci, après avoir passé par
l'Office de la protection du territoire agricole, va analyser leur valeur. Ce
qui n'est pas bon pour l'agriculture... J'ai transféré, dans le
bout de Roberval, la semaine dernière, presque un village complet au
ministère des Terres et Forêts. Cela n'a pas de valeur agricole.
Cela ne donne rien de garder cela. Nous sommes assis sur une montagne de
papier, au ministère de l'Agriculture. On a dit: On transfère
cela au ministère des Terres et Forêts, on ne garde plus cela, ce
n'est pas bon pour l'agriculture. Cela ne nous donne rien d'avoir cela dans nos
papiers et dans nos classeurs, pour ramasser du papier.
M. Lavigne: Concrètement, M. le ministre, je vais vous
poser une autre question. Si j'ai un lot comme cela, depuis plusieurs
années...
M. Garon: II ne vous arrive rien.
M. Lavigne: Et que je le cultive. Il a une bonne
rentabilité et je vis dessus, qu'est-ce qui m'arrive,
concrètement?
M. Garon: Rien.
M. Lavigne: Je continue à le cultiver, et vous ne venez
pas me bâdrer.
M. Garon: Non.
M. Lavigne: Cela répond peut-être à la
question du député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Non, cela ne répond pas à ma question,
parce que vous, dans votre comté, la réponse que le ministre vous
donne, elle est logique, c'est la voix du bon sens, dans un comté comme
celui que vous représentez.
M. Lavigne: Je ne parlais pas d'un comté en
particulier.
M. Giasson: Mais dans un comté comme le mien, là
où sont situés les lots détenus sous billets de location,
ce n'est pas vrai, vous ne ferez pas d'agriculture rentable. Vous devrez les
retourner au ministère des Terres et Forêts, parce que la vocation
naturelle, que vous le vouliez ou non, c'est une vocation
forestière.
M. Garon: II va arriver du réaménagement foncier,
mais c'est volontairement. Ce sont les terres que les gens avaient
été cultiver dans le temps de Taschereau.
M. Giasson: Ils ont fait de la colonisation au Québec.
M. Garon: II les envoyait cultiver à la dynamite et
labourer au godendard. Actuellement, les gens peuvent mettre ces terres sous
aménagement forestier et moi, je signe les papiers pour envoyer ces
terres au ministère des Terres et Forêts. Les gens qui ont voulu
se placer sous l'aménagement forestier s'arrangent avec le
ministère des Terres et Forêts. Dans d'autres cas, c'est le
réaménagement foncier. Pour des terres qui appartiennent au
ministère, je vais vous dire bien franchement qu'il y a des terres... Je
ne sais pas depuis quand elles appartiennent au ministère. J'ai vu
l'autre jour des villages, un tas de terres où il y avait des lots ici
et là, au ministère de l'Agriculture.
J'ai demandé de faire le ménage là-dedans. Ce qui
n'est pas bon pour l'agriculture, envoyons tout cela aux Terres et
Forêts, si les gens veulent avoir ces lots dans le territoire pour que
justement ils puissent faire de l'aménagement forestier dans ces
lots-là. Ce qui est bon et n'est pas trop isolé, parce que cela
ne donne rien s'il y a un lot au travers d'une montagne ou d'un grand
espace en bois, personne ne va aller s'installer là, cela ne donne rien
de garder cela non plus il faut, à ce moment-là, garder
les terres qui ont une valeur agricole et, après cela, se donner des
instruments pour les mettre en valeur. La meilleure façon de les mettre
en valeur c'est d'avoir quelqu'un pour s'en occuper. Le gars qui veut s'occuper
de la terre, qui veut pouvoir la louer ou l'acheter avec de vrais titres, c'est
à lui la terre. Si ce n'est pas à lui et que c'est un billet de
location...
M. Giasson: Mais, M. le ministre, suite à vos propos,
êtes-vous conscient que la plupart des détenteurs de billets de
location qui sont tous désireux de devenir propriétaires ont
demandé l'émission de lettres patentes?
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Est-ce que vous savez cela?
M. Garon: Oui, tous...
M. Giasson: À peu près tous.
M. Garon: Ceux qui savent qu'ils ont un lot.
M. Giasson: À peu près tous.
M. Garon: Dans bien de ces lots-là, je pense bien que les
propriétaires sont perdus dans le décor.
M. Giasson: Dans une région comme celle que je
représente, M. le ministre, les détenteurs de lots sous billets
de location ont à peu près tous formulé des demandes
d'émission de lettres patentes. Ces derniers temps, depuis deux ou trois
ans, lorsqu'ils ne répondent pas à certaine condition, soit celle
d'avoir leur résidence permanente sur ledit lot, on a posé une
nouvelle condition, ce serait l'inclusion du lot détenu sous billet de
location dans un groupement forestier aux fins d'obtenir des lettres patentes.
À partir de cette programmation, de cette réglementation, combien
de lots détenus sous billets de location ont obtenu leurs lettres
patentes ou l'engagement d'avoir leurs lettres patentes, parce que le lot a
été placé dans le groupement forestier?
M. Garon: II y en a beaucoup, j'en signe
régulièrement de cela.
M. Giasson: Mais dans quel ordre de grandeur à peu
près?
M. Garon: Enormément.
M. Giasson: Enormément, dites un chiffre.
M. Garon: Des centaines.
M. Giasson: Des centaines, c'est 600, c'est 800, c'est 300,
combien?
M. Garon: Non, ce ne sont pas des centaines par semaine, mais
c'est au fur et à mesure que les gens le demandent. On suit le rythme.
C'est-à-dire que la procédure se fait en région. En
région, ils remplissent les papiers. Finalement, quand il y a accord au
niveau régional avec les personnes concernées au ministère
des Terres et Forêts et au ministère de l'Agriculture, les papiers
sont acheminés vers Québec. C'est là qu'on complète
les derniers papiers.
M. Giasson: Combien de centaines de lots? M. Garon:
Pardon?
M. Giasson: Combien de centaines de lots ont été
admissibles à l'émission de lettres patentes à partir de
l'inclusion dudit lot dans un groupement forestier?
M. Garon: Je pourrai vous répondre au cours de la
commission parlementaire. Je vais demander aux gens de ce secteur-là qui
ne sont pas ici... Je pourrai donner des statistiques plus fortes
là-dessus. Je voudrais faire le nettoyage là-dedans.
M. Giasson: Je comprends, mais à partir d'une
déclaration que vous avez faite tout à l'heure qu'on ne
dérange pas le gars dont le lot détenu sous billet de location
est très bien exploité pour l'agriculture, que le sol, donc
l'agriculture est propice, est utilisé, on lui maintient son billet de
location, on n'acquiert pas son lot. Mais celui qui détient un lot sous
billet de location où le potentiel n'est que forestier, s'il a toujours
fait une bonne exploitation forestière, va-t-on lui garder le même
droit et le même privilège de continuer d'exploiter son lot pour
la foresterie, comme on accorde ce principe-là à celui qui fait
de l'agriculture?
M. Garon: Pourquoi dites-vous cela?
M. Giasson: Pourquoi? Parce que cela existe dans les faits. Vous
avez des détenteurs de lots sous billet de location qui font de la
foresterie, qui font une excellente exploitation forestière. Est-ce
qu'on va leur permettre de maintenir et de conserver leurs lots sous billet de
location quand la preuve a été faite d'une excellente
exploitation forestière?
M. Garon: On ne change rien, par rapport à la situation
existante, à ce point de vue là.
M. Giasson: Qu'est-ce que cela veut dire en pratique? Que tous
ceux qui détiennent des lots sous billet de location vont continuer de
conserver leur billet de location? C'est ce que vous voulez dire?
M. Garon: Oui. Je ne changerai rien par rapport à ce qui
existe au point de vue des gens qui ont, sous un titre ou sous un autre, ce
qu'ils ont actuellement. Ce qui existe actuellement, ce sont des programmes
volontaires. On va continuer à administrer des programmes volontaires.
Le réaménagement foncier, c'est volontaire. L'aménagement
forestier, c'est volontaire. Tout cela va être volontaire, mais il s'agit
de faire le ménage dans des terres qui appartiennent au ministère
de l'Agriculture, qui ont été acquises dans le passé sous
différents titres. On les a, mais ce que je veux, c'est sortir du
ministère ce qui n'est pas bon pour l'agriculture. Il ne faut pas les
garder et les administrer pour rien; cela coûte de l'argent, cela
coûte des classeurs, cela coûte du monde pour classer les classeurs
et les dossiers. On va envoyer cela aux Terres et Forêts et là, on
va les replanter. Ce qui est bon pour l'agriculture, c'est de se donner des
instruments avec la banque de terres et le crédit agricole pour les
relouer avec des formules modernes, plutôt que de les revendre.
M. Giasson: M. le ministre, êtes-vous conscient que le
ministère de l'Agriculture possède légalement tous les
lots détenus sous billet de location, pour lesquels il n'y a pas de
lettres patentes qui ont été émises.
M. Garon: Je comprends, mais ce sont des lots...
M. Giasson: Parce qu'un billet de location, ce n'est pas un droit
de propriété absolu. Tous les lots qui sont la
propriété du ministère de l'Agriculture, qui ont
été concédés par billet de location, demeurent la
propriété du ministère. Vous les avez, ce sont vos lots
à l'Agriculture, tant que vous n'émettrez pas des lettres
patentes qui vont faire en sorte d'accorder un droit de propriété
réel, de fait et de droit. Vous les possédez déjà,
ces terres. Elles ont été concédées sous l'empire
d'une réglementation relative au billet de location, mais elles
demeurent la propriété de fonds du ministère de
l'Agriculture.
M. Garon: Regardez ce qui est écrit. Regardez comme c'est
bien dit.
M. Giasson: C'est bien dit!
M. Garon: "À ces fins, le ministre peut, notamment,
acquérir tout immeuble détenu en vertu d'un billet de location
émis..."
M. Giasson: C'est cela. C'est clair et net. Cela ne peut pas
être plus clair, cela ne peut pas être
plus net. Cela se comprend avec une facilité incroyable.
M. Garon: Cela démontre qu'on ne veut pas prendre les
terres de qui que ce soit, qu'elles soient sous billet de location ou
autrement. Ce qu'on dit, cependant, c'est que si elles ont été
acquises...
M. Giasson: C'est tellement net que si vous voulez, vous vous
portez acquéreur de tous les lots détenus sous billet de
location, si c'était là votre choix. Cela va jusque là.
Vous allez me dire: On ne le fera pas. Celui qui l'exploite bien en
agriculture, son lot détenu sous billet, on ne le dérange
pas.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Je voulais savoir si celui qui fait des bonnes
pratiques de foresterie, qui aurait un lot détenu par billet, vous allez
le laisser tranquille et s'il va continuer à pratiquer sa foresterie,
à payer ses taxes scolaires et municipales et à faire de
l'aménagement forestier. C'est ce que j'aimerais savoir.
M. Garon: Je ne veux toucher à rien de ce qui existe
à ce point de vue. C'est ce que je vous ai dit tantôt.
M. Giasson: Vous donnez une garantie que les détenteurs de
billets de location...
M. Garon: Je ne donne pas de garantie. Je ne touche pas à
cela.
M. Dubois: Ah! Les pouvoirs sont là. Tu ne peux pas donner
de garantie... les pouvoirs sont là.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Les pouvoirs sont là.
M. Garon: Les pouvoirs étaient là avant.
M. Dubois: Les pouvoirs d'acquérir sont là.
M. Giasson: Vous aviez les pouvoirs de révoquer...
M. Garon: Bien oui...
M. Giasson: Cela, la loi vous le permettait.
M. Garon: Bon!
M. Giasson: Vous ne l'avez pas fait.
M. Garon: Non.
M. Giasson: Mais là, vous allez voir le pouvoir
également d'acquérir. Ce ne sera pas une révocation
nécessairement. Vous pouvez acquérir contre compensation. Tandis
qu'une révocation, dans la plupart des cas, si on exclut le programme du
réaménagement, vous révoquiez sa compensation. Cela se
pratiquait ainsi.
M. Garon: Oui, mais voyez-vous, c'est une loi qui a
été faite dans le temps du Parti libéral, elle
révoquait sans compensation. On dit au gars: C'est une question de vie
ou de mort; si tu ne votes pas du bon bord, tu vas la perdre. La
différence avec ce qu'on dit, nous...
M. Giasson: Cela, ce sont des gamineries, M. le ministre.
M. Garon: Non, ce ne sont pas des gamineries.
M. Giasson: Oui, des gamineries.
M. Garon: C'est la réalité.
M. Giasson: Vous avez ce côté gamin...
M. Garon: C'est comme les pensions de vieillesse. On dirait que
les partis fédéraux les ont données...
M. Giasson: ... dont vous n'êtes pas capable de vous
départir.
M. Garon:... pour ensuite pouvoir menacer les vieux de leur
enlever.
M. Giasson: Ce côté gamin dont vous n'êtes pas
capable de vous défaire, M. le ministre. Cela colle à vous,
ça.
M. de Bellefeuille: On l'aime comme ça.
M. Giasson: Ah! Oui, on peut l'aimer comme ça, mais
ça ne change pas la réalité de son côté
gamin.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Montmagny-L'Islet, permettriez-vous au député de
Saint-François de poser une question, puisque...
M. Giasson: Oui, je veux bien; je reviendrai, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Parfait! Il m'avait
demandé la parole.
M. Rancourt: M. le Président, je vous remercie. J'aimerais
parler au ministre, en fait, des lots de colonisation qui étaient sous
billets de colonisation, bien sûr, et qui ont été remis au
ministère parce qu'on ne les utilisait pas suivant la façon dont
c'était utilisé normalement. Là, je dis, entre
parenthèses, qu'il n'y en a pas dans mon comté. Je vous parle
pour des comtés voisins.
Mais, la question que j'aimerais poser, c'est si on considère
actuellement, à cette fin, ces lots qui ont une population d'arbres
propres à l'acéricul-
ture. Est-ce qu'à ce niveau-là, on peut inclure la
possession, en utilisant la banque de sols, pour permettre justement la
rentabilité d'une érablière dans un lot voisin ou chez un
agriculteur voisin qui a ces mêmes lots?
Une voix: II n'a rien compris.
M. Giasson: C'est une excellente question.
M. Garon: II y a quelqu'un qui m'a parlé. (17 h 45)
M. Rancourt: Plus brièvement, je vous demande, M. le
ministre, au cas où un lot est retourné au ministère de
l'Agriculture actuellement et se retrouvait à l'intérieur de la
banque de terres, selon le projet de loi no 43, et qu'un agriculteur avoisinant
possède des lots un boisé surtout utilisés
en acériculture, si, selon la notion d'acériculture, dans ce
sens-là, un lot supplémentaire permettrait une meilleure
rentabilité de sa terre et si ce serait inclus à
l'intérieur de ce règlement. L'acériculture est-elle
incluse en plus de l'utilisation des sols pour l'agriculture? C'est une forme,
mais je veux le faire spécifier.
M. Garon: On l'a toujours compris jusqu'à maintenant dans
les lois du secteur agricole, on ne touche pas à la forêt. Si vous
regardez les articles 2 et suivants, vous voyez, à la constitution d'une
banque de terres arables: "Sans restreindre les pouvoirs accordés au
ministre en vertu de la section VI c'est celle qui permet de faire des
plans pour développer l'agriculture ce dernier peut constituer
une banque de terres arables en vue de disposer de ces terrés ou de les
louer pour favoriser la relève de l'agriculture, l'agrandissement ou la
consolidation de fermes... Tout ça, c'est pour la promotion de
l'agriculture et de l'acériculture. Dans les définitions qu'on a
au ministère, on considère ça comme de l'agriculture.
M. Rancourt: D'accord, merci.
M. Giasson: M. le Président, à cet effet-là,
puisqu'on parle d'acériculture, traditionnellement, dans le
passé, lorsqu'un détenteur de lot sous billet de location faisait
de l'exploitation d'érables sur ledit lot et qu'il demandait des lettres
patentes, s'il y avait effectivement exploitation de l'érablière
sur une partie du lot, c'était une condition très favorable
à l'émission des lettres patentes. Cela a toujours
été encouragé, à ma connaissance, dans le
passé. Un grand nombre de lots ont obtenu leurs lettres patentes
à partir d'une réalité qui était celle de
l'exploitation d'érables sur ledit lot. Ce qui fait que, dans une
région comme la mienne, dans mon comté en particulier, les lots
détenus sous billet de location, sur lesquels il y avait une
érablière en exploitation, sont tous "patentés" pour
prendre un terme courant. Ceux qui ne sont pas "patentés" n'ont pas
d'érablière en exploitation. Ils n'ont que de la forêt en
dehors de la production d'érable.
Le Président (M. Laberge): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? M. le député de Kamouraska-Témiscouata,
m'aviez-vous demandé la parole tout à l'heure? La question a
déjà été posée. M. le député
de Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, je sais que vous allez me
dire que je n'ai pas de lots de colonisation dans le comté de
Brome-Missisquoi et c'est vrai, pas plus qu'il n'y en a dans le comté
d'Iberville, mais je sais que le député de
Mégantic-Compton aurait aimé poser certaines questions
lui-même, car il en a parlé lorsqu'on a discuté de cet
article-là. Ce qui semblait l'inquiéter, c'était de savoir
exactement ce qui arriverait dans des cas bien particuliers. Le ministre est
parfaitement au courant qu'il y a des lots possédés par des
personnes depuis longtemps en vertu de lettres patentes, qui ne sont pas tout
à fait en règle, mais qui ont toujours été
tolérés. Aujourd'hui, il y a une petite érablière,
ces personnes demeurent là, cultivent un peu, mais pas assez pour
être en règle et travaillent à l'extérieur. Si,
parfois, il y avait un cultivateur voisin qui voulait avoir ce lot pour
l'ajouter à sa ferme, est-ce qu'à ce moment-là, ce serait
une justification pour que le ministre prenne possession de ce lot-là et
le dépossède? Il peut révoquer ce lot-là ou les
lettres patentes, devrais-je dire. Cela peut se faire parce que ce n'est pas
tout à fait en règle. Ou est-ce qu'on va faire en sorte de
continuer à tolérer ça ou émettre les lettres
patentes? C'est un genre de situations qui peut se produire dans certains cas.
Il faut quand même comprendre... Je sais que le ministre a
déjà le pouvoir de révoquer les lettres patentes, mais il
a pas mal de pouvoirs aussi dans cette loi-là, des pouvoirs autres que
celui d'exproprier...
J'ai dit: des pouvoirs autres que celui d'exproprier. Vous avez à
peu près tous les pouvoirs.
M. Garon: Non.
M. Russell: Oui. Vous ne pouvez pas exproprier en vertu de cette
loi-là, mais il y a toujours des façons détournées
lorsque quelqu'un n'est pas tout à fait en règle. On sait que,
dans une région comme Mégantic, il y a plusieurs lots qui ne sont
pas totalement en règle avec l'agriculture. Les gens demeurent quand
même sur ces lots-là, ils ont des résidences, ils coupent
un peu de bois, ils travaillent un peu à l'extérieur, ils gagnent
quand même leur vie. Est-ce qu'on va procéder à... Comme le
dit le ministre, je suis bien d'accord qu'on mette un peu d'ordre dans cette
affaire-là qui dure depuis plusieurs années. C'est une
tolérance générale, je sais que ça existait
déjà dans le passé, ça existe encore. L'ambition du
ministre de vouloir mettre de l'ordre là-dedans peut créer un
certain malaise dans bien des régions. C'est la grande
inquiétude.
M. Garon: Non, pas dans les terres qui appartiennent à des
gens, qui sont administrées par des gens ou qui sont... On ne touchera
pas à ça. Le
but de cet article-là, c'est uniquement de faciliter la
transmission des terres.
M. Russell: C'est pour donner le pouvoir au ministre, si je
comprends bien, d'acheter des terres qui n'ont pas encore leurs lettres
patentes et le ministre en les achetant...
M. Garon: Non.
M. Russell: Oui, le ministre en les achetant volontairement
achète les droits de ces terres-là et automatiquement la terre
devient la propriété du ministère. On peut en faire ce
qu'on veut, la revendre à un voisin et on peut donner des titres sans
aucune hésitation, sans aucun doute ou sans aucune recherche
additionnelle. Je pense que c'est assez clair.
Il y a des gens qui utilisent ces lots depuis nombre d'années, il
y a même des gens qui ont des billets de location, qui ont vendu des
droits, qui n'ont pas de lettre patente encore, ce ne sont pas eux qui ont
sorti les lettres patentes au début. On en voit de ces cas qui se
présentent encore et ces gens demeurent sur ces lots. On peut
également révoquer les... Oui, on peut les révoquer
complètement et leur enlever les lots.
M. Garon: Des "squatters". M. Russell: Oui, c'est
cela.
M. Garon: Ils n'ont aucun droit. C'est une autre affaire.
M. Russell: Ce sont des "squatters", mais il y a des gens qui ont
déjà payé sans savoir exactement ce qu'ils faisaient.
M. Garon: Non. Des "squatters" savent ce qu'ils font. Ils s'en
vont rester dans ces...
M. Russell: Pas nécessairement.
M. Garon: Là, ce ne sont pas des "squatters". Ce qu'on
appelle des "squatters"...
M. Russell: C'est quelqu'un qui s'en va travailler sur la ferme
d'un autre sans avoir d'autorisation. Je suis d'accord. Mais quand vous avez un
billet de location, que vous n'êtes pas conforme, ce n'est pas dans la
réglementation, ce n'est pas un "squatter", c'est quelqu'un qui a pris
un billet de location, mais qui ne se conforme pas. Alors, vous pouvez
révoquer son billet de location. Cela fait nombre d'années qu'il
demeure là-dessus et quelqu'un est arrivé de bonne foi et a
acheté le lot et ses droits, sans se rendre à l'évidence
que son achat n'était pas légal, qui n'a pas eu ses lettres
patentes et qui demeure encore sur ce lot. Il a quand même acheté
des droits. Est-ce qu'il peut arriver des cas où on recommandera la
révocation des lettres patentes sans rémunération?
M. Garon: Je ne comprends pas. Cela n'a pas de sens. Je n'ai rien
changé par rapport à ce qui existait à ce point de
vue-là.
M. Russell: Je comprends qu'on ne veut rien changer, mais ce
n'est pas tout à fait clair. Si je regarde les déclarations du
ministre ici, je n'avais qu'une...
M. Giasson: Si vous voulez, M. le ministre, vous pouvez
acquérir tous les lots détenus sous billets de location, pour des
raisons valables, je suis bien d'accord, mais vous avez même dit tout
à l'heure que vous alliez en acquérir et quand elles n'auraient
pas de vocation agricole vous alliez les retourner au ministère des
Terres et Forêts.
M. Garon: Non.
M. Giasson: Vous avez dit cela...
M. Russell: Simplement pour rappeler une déclaration du
ministre...
M. Giasson: Écoutez, relisez le journal des
Débats.
M. Garon: J'ai dit: Les lots qui nous appartiennent.
M. Russell: Nous pouvons aussi présumer... Vous voyez ce
que disait le ministre?
M. Garon: II y a des lots qui nous appartiennent en totale
propriété, il n'y a aucun billet de location. Ce sont des lots
qui appartiennent au ministère de l'Agriculture, des lots publics. C'est
de ceux-là que je parle, pas ceux sur lesquels des individus ont des
liens. Je parle de lots sur lesquels personne n'a aucun lien, qui sont en
totale propriété du ministère de l'Agriculture.
M. Giasson: Quand vous parlez de ça, vous faites allusion
au deuxième paragraphe de l'article 1, mais on discutait du premier
paragraphe.
M. Russell: M. le Président, je voudrais simplement
rappeler au ministre que, dans sa déclaration, il disait ceci: "Nous
pouvons aussi présumer...
M. Giasson: Vous possédez des terrains, au
ministère de l'Agriculture, sur lesquels il n'y a aucun billet qui
existe, c'est une propriété totale, ce n'est pas loué, ce
n'est pas entre les mains de personne. C'est le deuxième paragraphe.
Cela va dans ce bout. Mais le débat, je l'ai fait porter sur le premier
paragraphe. Cela traite exactement des lots détenus sous billet de
location; immeuble sous billet de location, c'est un lot sous billet de
location, qu'il y ait des bâtiments dessus, érablière,
grange, etc., c'est un lot sous billet de location.
Vous avez deux paragraphes dans votre article 1 : un traite
précisément des lots détenus par billet de location et le
deuxième paragraphe traite de lots qui sont la propriété
du ministère de l'Agriculture, sur lesquels il n'y a aucun billet
émis.
Les paroles que vous avez prononcées pour remettre aux Terres et
Forêts, c'est le débat qui portait sur le premier paragraphe.
C'est pour ça
que je l'ai interprété comme étant votre
volonté de retourner, après son acquisition, un lot détenu
par billet de location aux Terres et Forêts. Ce n'est pas ça?
M. Garon: Le premier paragraphe vise essentiellement le
réaménagement foncier.
M. Giasson: Mais il vous donne d'abord les pouvoirs
d'acquérir des lots détenus sous billet de location.
M. Garon: On l'a déjà.
M. Giasson: Non, vous ne l'avez pas totalement, là, vous
allez l'avoir totalement.
M. Russell: Si vous l'avez, pourquoi ce projet de loi?
M. Garon: Non, ce n'est pas ça.
M. Russell: Non, ce n'est pas plus clair.
M. Garon: C'est la transmission de ces lots.
M. Russell: Je croyais que l'article je
l'interprétais peut-être mal clarifiait une situation, les
lettres patentes; lorsque vous l'achetez, les droits qui existent dessus pour
des fins de culture ou de la retourner au ministère des Terres et
Forêts, vous pouvez la revendre à qui que ce soit et les titres
sont clairs à ce moment-là. Il n'est plus question de lettres
patentes, c'est fini, c'est réglé, pour éviter la
papeterie, comme dirait le ministre ou la tracasserie.
M. Garon: D'ailleurs, je l'ai dit tantôt, dans le cas d'un
immeuble sous billet de location, acquis par le ministre à compter du 22
décembre 1969 les gens vont dire que le
réaménagement foncier a commencé à exister au
début de 1970 aux fins de plans, programmes et projets
visés à l'article 28 de la loi, le ministre pourra en disposer
sans être astreint au régime de la Loi des terres de colonisation.
C'est le premier paragraphe.
M. Russell: C'est clair. D'accord, j'aurais une question
là-dessus aussi.
M. Garon: C'est ça, c'est le premier paragraphe.
M. Russell: D'accord, j'aurais une question là-dessus.
M. Garon: Essentiellement, ce que ça va nous permettre,
c'est que les terres que le ministère acquiert dans le cadre d'un
programme qui est à la section VI de la loi du ministère, que ces
terres qu'il a acquises ne restent pas assujetties aux dispositions et aux
formalités de la Loi des terres de colonisation. C'est au premier
paragraphe. Ce n'est pas pour se donner un pouvoir d'acquérir, on l'a
déjà. Cela ne donne rien.
M. Russell: Cela clarifie les titres des terres que vous
possédez déjà.
M. Garon: Ce sont des terres...
On me dit que tout cela, c'est essentiellement pour enlever un paquet de
procédures, de publication, d'affichages et 56 affaires, pour qu'on ne
fonctionne plus en vertu de la Loi des terres de la colonisation.
M. Russell: Je suis d'accord avec cela. Mais vous avez une partie
de ces lots que vous détenez déjà. Il y a une partie de
ces lots sur lesquels les gens demeurent, qui ne sont pas tout à fait
conformes. Si on voulait, on pourrait en révoquer plusieurs, demain
matin.
Ce qui va arriver dans ces cas-là, s'il y a un peu de
tracasseries, le ministre peut actuellement révoquer ceux dont je
parle.
M. Garon: On n'a pas fait cette loi pour révoquer, on peut
déjà révoquer.
M. Russell: Un instant, M. le Président, c'est ce que je
tente de savoir. Mais ces gens ont des billets qui ne sont pas tout à
fait conformes mais qu'on veut utiliser à des fins qui ne sont pas les
fins que mentionnait le ministre, quand il disait: Nous pouvons aussi
présumer que certaines terres actuellement non utilisées ou
sous-utilisées, détenues par les non-agriculteurs, pour des fins
spéculatives ou autres, viendront sur le marché des terres
agricoles.
Donc, s'il y a quelqu'un qui a un de ces lots, et que ce n'est pas
nécessairement dans un but spéculatif, parce que le ministre a
deux conditions, mais qui ne remplit pas l'une des conditions et que le
ministre, sur la recommandation d'un de ses fonctionnaires, veut que cette
terre retourne au voisin qui fait de l'agriculture et qui veut s'agrandir, il
peut agir de deux façons: il peut le révoquer, s'il le veut, et
prendre cette terre, en la remettant ou en la revendant au voisin, il aura le
droit de le faire, ou il peut l'acquérir. Si on dit qu'il peut
l'acquérir, je suis bien d'accord. Mais qui fera l'acquisition et de
quelle façon va-t-on procéder? Et est-ce qu'on va le forcer
à vendre, s'il ne veut pas la vendre, cette terre? Est-ce qu'on va
prendre les grands moyens pour le faire?
C'est cela, l'inquiétude de quelques-uns actuellement. On sait
que le ministre ne les révoquerait pas pour le plaisir de les
révoquer, mais il peut les révoquer pour s'en servir et pour les
utiliser aux fins que lui ou ses fonctionnaires quand je parle des
fonctionnaires, je parle de ceux qui administrent la loi jugent que
c'est nécessaire de le faire, pour agrandir la terre d'un voisin.
M. Garon: Non, on n'a pas pensé à cela quand on a
préparé le projet de loi.
M. Russell: Je comprends, mais il faut réellement le
prévoir. C'est la raison pour laquelle je pense...
M. Garon: Vous savez bien qu'un gouvernement ne fera pas
cela.
M. Dubois: Quand on met des pouvoirs dans les mains de
l'exécutif, on ne sait jamais ce qui peut arriver.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Quand on met des pouvoirs dans les mains de
l'exécutif, on ne sait jamais ce qui peut arriver.
M. Garon: II a déjà ces pouvoirs-là.
M. Dubois: Vous lui en donnez encore d'autres, vous allez plus
loin.
M. Garon: Bien non. (18 heures)
M. Giasson: Si on lit les conditions de révocation qui
étaient définies dans la Loi des terres de colonisation, à
l'article 40, c'était assujetti à toute une série de
conditions précises dans la loi, tandis que le deuxième
paragraphe de l'article 1 vous permet, sur simple avis, de soustraire toutes
les terres que vous voulez aux dispositions de la loi. Toutes les terres non
détenues sous billet de location, c'est le paragraphe 2.
Le Président (M. Laberge): Messieurs, sur ce...
M. Garon: C'est cela, il n'y a personne dessus, ce sont des
terres du domaine public.
M. Giasson: Je vous ai dit: le paragraphe 2. M. Garon:
Oui.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre, je pense que
les membres de la commission sont d'accord pour continuer à discuter
pour éclaircir le sujet avec vous, mais il est 18 heures...
M. Garon: II y a un vote.
Le Président (M. Laberge): La commission ajourne ses
travaux jusqu'à demain matin, 10 heures, même endroit. Je sais
qu'un vote est appelé en Chambre.
M. Garon: Non.
M. Giasson: La motion comportait cela cet après-midi.
Le Président (M. Laberge): C'est-à-dire qu'il y a
avis pour demain matin.
M. Giasson: Si la motion du leader du gouvernement allait dans le
sens de siéger cet après-midi et demain matin.
Le Président (M. Laberge): Demain matin, 10 heures. C'est
un avis qu'il nous donnait.
M. Giasson: D'accord.
Le Président (M. Laberge): Après cela, il a fait
motion pour qu'on siège tout de suite. Donc, demain matin, 10
heures.
M. Garon: II y a une affaire qu'il faudrait faire. On me dit que
c'est important. Il faudrait scinder la motion. Je vous en parlerai demain.
C'est-à-dire qu'il y a deux rapports, un pour le projet de loi 43 et un
pour le projet de loi 41.
Le Président (M. Laberge): Voulez-vous que je le note?
M. Giasson: Le rapporteur a deux rapports. On le fera demain
matin.
M. Garon: Ah oui! D'accord.
Le Président (M. Laberge): J'en ferai rapport demain
matin.
Fin de la séance à 18 h 2