Journal des débats (Hansard) of the National Assembly
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
Wednesday, February 5, 2025
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Vol. 47 N° 178
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Intervenants par tranches d'heure
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D'Amours, Sylvie
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Lemieux, Louis
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Prass, Elisabeth
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Dufour, Pierre
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Leduc, Alexandre
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Lachance, Stéphanie
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Labrie, Christine
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Hébert, Geneviève
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Chassin, Youri
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Skeete, Christopher
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Laforest, Andrée
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Bélanger, Sonia
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Allaire, Simon
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Roy, Nathalie
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Champagne Jourdain, Kateri
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Garceau, Brigitte B.
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Martel, Donald
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Kelley, Gregory
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Fréchette, Christine
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Tanguay, Marc
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Legault, François
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Cadet, Madwa-Nika
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Ghazal, Ruba
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Duranceau, France-Élaine
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Fontecilla, Andrés
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Roy, Nathalie
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Duranceau, France-Élaine
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Fontecilla, Andrés
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Grandmont, Etienne
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Guilbault, Geneviève
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Bouazzi, Haroun
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Charette, Benoit
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Jolin-Barrette, Simon
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St-Pierre Plamondon, Paul
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Legault, François
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D'Amours, Sylvie
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Tanguay, Marc
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Derraji, Monsef
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Fontecilla, Andrés
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D'Amours, Sylvie
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Skeete, Christopher
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Cadet, Madwa-Nika
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Paradis, Pascal
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Arseneau, Joël
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Chassin, Youri
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Lévesque, Mathieu
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Lamontagne, André
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Fortin, André
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Fortin, André
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D'Amours, Sylvie
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Zaga Mendez, Alejandra
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Bérubé, Pascal
9 h 30 (version révisée)
(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Bonjour, tout le monde. Veuillez prendre place, chers
collègues.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous sommes maintenant à la... rubrique,
pardon, Déclarations de députés. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Saint-Jean. La parole est à vous, M. le député.
Rendre hommage à Mme
Rose Trahan
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : Mme la Présidente,
vendredi soir, je vais remettre ma 13e Médaille du député de l'Assemblée
nationale depuis six ans. Vous conviendrez que je n'ai pas trop abusé, parce
que je tiens à ce que chacune ait un sens et une portée significative, et c'est
aussi vrai pour celle qui sera remise vendredi.
Elle sera symbolique, à l'occasion du 45e anniversaire
du Ballet classique du Haut-Richelieu, une des écoles les plus réputées du
Québec. Et c'est pour ça que j'ai choisi de décerner une médaille à Rose
Trahan, qui a débuté au Ballet classique du Haut-Richelieu à l'âge de deux ans
et qui est maintenant ballerine aux Grands Ballets canadiens. Rose est une
inspiration pour les jeunes de chez nous, et les danseurs de l'école qui seront
là vendredi lui montreront combien ils sont fiers d'elle. C'est un peu comme si
c'étaient eux qui décernaient la médaille et qu'elle la recevra en leur nom en
quelque sorte. C'est ma façon de reconnaître tous ceux et celles qui y sont
passés, sans oublier leurs parents qui les ont accompagnés pendant ces 45 années.
Merci, Rose Trahan. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député, et félicitations à Rose. Maintenant,
je cède la parole à la députée de D'Arcy-McGee.
Souligner le 20e
anniversaire de la Maison de la famille Mosaïk
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Je voudrais souligner la présence, dans les tribunes, de Teresa Kaeser
et Krystine Dobbs, deux femmes extraordinaires qui incarnent l'immensité du
cœur de la Maison de la Mosaïk, située dans mon comté de D'Arcy-McGee et qui
fête ses 20 ans. Depuis 20 ans, la maison Mosaïk est un véritable
point de repère pour les familles vulnérables qui ont besoin d'un coup de main.
Grâce à son travail exceptionnel, de nombreuses familles ont pu bénéficier de
soutien, d'accompagnement et de ressources leur permettant de se sentir
véritablement écoutées et soutenues.
I am privileged to have
Maison Mosaïk in the D'Arcy-McGee riding as their work
enriches the quality of life of families in the community by promoting good
parenting practices, family ties and community networking. Their generosity and
hard work has made a positive impact in the lives of countless families.
Merci, Maison Mosaïk,
pour ces 20 années de dévouement qui a touché tant de familles de façon
positive. Vous pouvez toujours compter sur mon appui dans votre mission de
soutenir les familles défavorisées. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Bienvenue, mesdames, et félicitations. Maintenant,
je reconnais le député d'Abitibi-Est. La parole est à vous.
Saluer le travail du
personnel enseignant
M. Pierre Dufour
M. Dufour : Mme la Présidente,
alors que va débuter la semaine de la persévérance scolaire, il est de mise que
ma minute de député souligne l'importance de la qualité du corps professoral,
tout comme l'incroyable augmentation du taux de diplomation de la... des
services scolaires de chez nous.
Du passage de l'enfance à l'adolescence,
pour bâtir l'adulte de demain, les professeurs, tout comme la famille, sont les
acteurs de première ligne de ce parcours. D'ailleurs, chacun de nous a en
mémoire des souvenirs impérissables d'un professeur qui aura eu une influence
durant cette période. La relation enseignant-élève, l'apprentissage de notions,
le développement d'une méthode de travail, l'estime de soi, l'accompagnement
dans le milieu culturel ou sportif sont tous des facteurs qui ont une influence
sur le développement humain.
C'est d'ailleurs pourquoi je suis fier de
souligner que, chez nous, le taux de diplomation est passé de 70 %, en 2019‑2020,
à 78,9 % en 2023‑2024. Le fruit de cette réussite : un encadrement et
un soutien à l'élève à travers des pratiques émergentes. À vous tous, chers
enseignants, enseignantes, n'oubliez jamais le rôle pivot que vous détenez.
Merci d'y être pour nos enfants et petits-enfants.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au
député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Souligner la fermeture
de la Pâtisserie La Lorraine
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Aujourd'hui, je rends hommage à la Pâtisserie La Lorraine, une
véritable institution d'Hochelaga-Maisonneuve. Depuis 1965, la famille Fournier
a comblé les besoins des gourmands du quartier en offrant les mêmes classiques
d'année en année, des pizzas froides aux légendaires gâteaux Tom pouce, en
passant par des sandwichs pas de croûte. J'ai été attristé d'apprendre la
fermeture du commerce le 31 décembre dernier.
Plus qu'une simple pâtisserie, La Lorraine
était un point de rencontre. C'était un traiteur qui nous accompagnait dans nos
célébrations de mariage, dans nos partys de bureau et dans nos fêtes d'enfants.
C'est une page qui se tourne, mais l'histoire ne s'arrête pas là car on pourra
retrouver la même équipe d'employés et plusieurs des mêmes recettes sous la
nouvelle enseigne : Nadélices Tradition & Création.
Merci à la famille Fournier et à tous ceux
et celles qui ont contribué au succès de La Lorraine depuis 60 ans. En espérant
que ce lieu continue à être un foyer de chaleur humaine et un symbole de
gourmandise pour les années à venir. Merci.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député, et ne vous gênez pas de nous en
apporter pour nous faire goûter votre pâtisserie favorite. Bon, maintenant, je
cède la parole à la députée de Bellechasse. La parole est à vous.
Rendre hommage à M.
Rémi Gagnon
Mme Stéphanie Lachance
Mme Lachance : Mme la
Présidente, j'ai l'honneur de souligner aujourd'hui le parcours exceptionnel de
M. Rémi Gagnon, qui célèbre ses 50 ans de carrière au sein de l'entreprise
Altium de Sainte-Claire. Permettez-moi d'abord de le saluer dans nos tribunes.
En 1974, M. Gagnon a entamé sa carrière
chez Plastique Précision, aujourd'hui connu sous le nom d'Altium. Au fil des
décennies, par son travail ardent et passionné, il a gravi les échelons pour
devenir responsable du département d'expédition, département qui porte
d'ailleurs son nom depuis cinq ans. Cette longévité témoigne non seulement de
sa loyauté, mais aussi de sa capacité à s'adapter aux évolutions constantes de
son domaine.
Toujours prêt à relever de nouveaux défis,
M. Gagnon incarne les valeurs de persévérance bellechassoises. Son engagement
exceptionnel mérite toute notre admiration. M. Gagnon, merci et félicitations
pour votre précieuse contribution à notre communauté.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée, et félicitations à M. Gagnon. Maintenant, je cède la
parole à la députée de Sherbrooke.
Encourager l'achat
local
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Aujourd'hui, je veux réagir à la crise engendrée par la guerre
tarifaire avec les États-Unis. Les menaces de Trump ont fait réaliser à
beaucoup de Québécois à quel point c'était important de prioriser l'achat
local, et c'est tant mieux, parce qu'on ne peut qu'être gagnant en améliorant
notre indépendance économique et notre souveraineté alimentaire. Mais ce n'est
pas seulement aux citoyens de prendre cette responsabilité. L'État a aussi un
rôle à jouer. Nos appels d'offres doivent favoriser davantage les entreprises
québécoises. Les matériaux de construction qu'on utilise doivent être, autant
que possible, québécois. Les aliments qu'on met au menu dans nos établissements
doivent être Québécois. On ne peut pas se contenter que nos organisations
politiques aient l'obligation d'avoir une cible, comme en ce moment. Il faut
que cette cible soit élevée, et nos produits locaux doivent prendre plus de
place sur nos tablettes.
On rencontre encore trop souvent des
producteurs ou des transformateurs alimentaires qui peinent à vendre leurs
produits au Québec à cause de règles désuètes ou qui galèrent pour essayer
d'approvisionner nos organisations publiques. Que les États-Unis imposent des
tarifs douaniers ou pas, on doit opérer une transition pour favoriser une
économie locale basée sur nos produits, ici, au Québec.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la
députée de Saint-François.
Rendre hommage à M.
Éric Brus
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : Mme la
Présidente, M. Éric Brus a débuté comme pompier à temps partiel en 1997, à
Ayer's Cliff, et s'est joint, en 2002 à 2021, à la brigade de Compton, qu'il a
dirigée par intérim pendant un an. Il a reçu la Médaille pour acte méritoire à
la suite d'un sauvetage héroïque réalisé en 2021, lors d'un grave accident
entre une voiture et un camion lourd.
Parallèlement, il a travaillé pour le
fabricant d'armoires haut de gamme Cabico, puis pour Pierre-Chouinard et Fils,
dans la livraison de mazout et de gaz. Embauché en 2004 dans l'équipe des
travaux publics de Compton, M. Brus est devenu responsable en 2011, poste
qu'il occupe encore. À ce titre, il veille à l'entretien des routes, parcs,
bâtiments. Il gère les membres de son équipe, prépare les devis, analyses et monte
les projets. Votre dévouement et votre sens des responsabilités font de vous,
M. Brus, un employé municipal modèle dont on peut s'inspirer. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au
député de Saint-Jérôme.
Saluer la décision du
ministre des Finances d'harmoniser les mesures budgétaires avec celles du
gouvernement fédéral
M. Youri Chassin
M. Chassin :Merci, Mme la Présidente. Alors, je vous fais une confession
ce matin, j'ai un instant cru que la CAQ n'allait pas respecter sa promesse de
ne pas augmenter aucun impôt. Je parle, en fait, de la décision, évidemment,
d'augmenter le taux d'inclusion du gain en capital. Mais il faut le dire,
l'harmonisation avec la hausse fédérale, finalement, a permis... ou, enfin, se
défendait comme décision, et évidemment, une fois harmonisé, le recul du
fédéral entraînait évidemment le recul du Québec, et c'est très bien ainsi.
À quelques semaines du budget 2025‑2026, c'est
aussi un casse-tête de trouver les sommes nécessaires pour boucler le budget.
Et, l'an dernier, c'était la négociatrice du gouvernement qui avait défoncé son
cadre financier dans les négociations. Alors, on remet ça cette année.
Évidemment, c'est une décision courageuse que je crois qu'il faut saluer. Merci
au ministre des Finances.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au
député de Sainte-Rose. La parole est à vous.
Rendre hommage à Mme
Louise Hodder
M. Christopher
Skeete
M. Skeete : Bonjour, Mme la
Présidente, chers collègues. Aujourd'hui, je tiens à souligner une excellente
nouvelle pour Laval : le retour en poste de Louise Hodder à la direction
générale du Pôle d'économie sociale.
Après un accident survenu l'été dernier,
Mme Hodder revient avec la même passion, la même énergie, le même leadership
qui lui ont fait, bien, une force incontournable dans le secteur de l'économie
sociale dans ma région. L'économie sociale, c'est un moteur du développement
pour tout le Québec, mais en particulier chez nous, Mme la Présidente, et, avec
Mme Hodder à la barre, bien, c'est un moteur qui roule à plein régime. Son
engagement, sa capacité de rassembler des partenaires autour des projets concrets
ont des retombées directes sur notre communauté. Des projets innovants, des
résultats tangibles, c'est ça, l'impact du PRESL chez nous. Laval peut compter
sur des leaders comme Mme Hodder pour continuer à faire avancer notre économie,
renforcer notre tissu social et stimuler l'innovation.
Bon retour parmi nous, Louise. C'est un
vrai plaisir de te côtoyer à tous les jours. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à la
députée de Chicoutimi.
Rendre hommage à M.
Éric Gagné
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest : Oui, merci.
Nous sommes à la veille de la semaine de la persévérance scolaire, et, Mme la
Présidente, il y en a... il y a un enseignant qui en fait plus, beaucoup plus
pour ses élèves. Je profite de l'occasion pour rendre hommage à un enseignant
d'une école primaire de Saguenay qui a décidé d'en faire plus pour ses élèves
de cinquième et sixième années afin de les intéresser à l'actualité et à l'information
de notre région, mais aussi de tout le Québec. Je parle ici d'Éric Gagné, qui
se trouve dans les tribunes, à l'Assemblée nationale.
Depuis près de 15 ans, chaque matin, M.
Gagné livre sa revue de presse. Cette revue de presse est très attendue de la
part des élèves. En livrant l'information, il démontre l'importance de
s'informer aux bonnes sources et permet aux élèves d'en apprendre sur ce qui se
passe chez nous. Sa façon de faire amène aussi les élèves à échanger sur
l'actualité à la maison.
Sa revue de presse dépasse les frontières
régionales. Elle a fait des petits au Québec et dans le monde. Comme sa revue
de presse est partagée sur la plateforme des As de l'information du journal Le
Quotidien de Chicoutimi, notamment, des enseignants québécois, canadiens et
d'ailleurs dans le monde s'en servent pour discuter avec leurs élèves. Par sa
volonté et son goût de l'information, Éric Gagné joue un véritable rôle de
pédagogue.
Félicitations, M. Gagné, professeur à
l'école Lafontaine de Chicoutimi.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée, et félicitations, M. Gagné.
Bienvenue parmi nous. Donc, maintenant, je cède la parole à la députée de
Prévost.
Saluer le projet
écologique de services funéraires Forêt de la Seconde Vie
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Mme la
Présidente, dans ma belle circonscription, à Sainte-Sophie, une nouvelle forme
de services funéraires a ouvert ses portes l'an dernier : la Forêt de la Seconde
Vie. Ce projet innovant et écologique est le premier site en Amérique du Nord.
C'est un espace commémoratif, calme et serein, dont chaque arbre est accompagné
des cendres d'un défunt. Il s'agit d'un véritable lieu d'enracinement qui
représente une alternative aux cimetières et aux complexes funéraires
traditionnels. Il s'agit d'une idée innovante et bénéfique pour l'environnement
qui permet de concevoir à la fois un héritage significatif pour la planète et
les personnes qui nous sont chères.
Je tiens à saluer le travail de M. Ritchie
Deraiche et M. Guillaume Marcoux, qui ont comme vision commune le développement
de cet écosystème. La Forêt de la Seconde Vie, une nouvelle façon de
s'enraciner pour des générations à venir.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au
député de Maskinongé.
Rendre hommage à Mme Nathalie Ricard
M. Simon Allaire
M. Allaire : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Aujourd'hui, je tiens à souligner avec un certain regret la
fermeture d'une véritable institution locale, La Pousse-Santé de Louiseville,
qui a servi notre communauté pendant 35 ans. Sous la vision et le
leadership de Mme Nathalie Ricard, cette entreprise familiale a été bien plus
qu'un simple commerce. Elle a incarné l'engagement envers ses produits locaux
et frais tout en mettant en valeur le savoir-faire des producteurs de notre
belle région de Maskinongé. Leur travail acharné a non seulement enrichi notre
économie locale, mais a aussi renforcé notre sentiment de fierté collective.
Votre engagement, votre passion et votre
dévouement laisseront une empreinte indélébile dans notre communauté. Vous êtes
un exemple d'excellence et de solidarité pour tous. Mme Ricard, merci à vous et
votre équipe pour ces belles années et nous vous souhaitons une belle
continuation pour l'avenir. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Ceci met fin à la rubrique
Déclarations de députés.
Et je suspends les travaux quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 9 h 54)
10 h (version révisée)
(Reprise à 10 h 06)
La Présidente : Bonjour, tout
le monde. J'avais la voix haute. Mesdames messieurs, distingués invités, le parlement
du Québec, c'est chez vous. Bienvenue.
Mmes, MM. les députés, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie beaucoup. Veuillez vous
asseoir.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni présentation de projets de loi. Les portes sont bien fermées?
Voilà.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, Mme la
ministre de l'Emploi. Mme la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Mme
la Présidente, permettez-moi de déposer l'entente pour l'octroi de sommes
affectées aux activités du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale
entre la Société du Plan Nord et la ministre de l'Emploi. Merci.
La Présidente : Ce document
est déposé.
Dépôt de rapports de
commissions
À la rubrique Dépôt de rapports de
commissions, Mme la vice-présidente de la Commission des institutions et
députée de Robert-Baldwin.
Étude détaillée du projet
de loi n° 88
Mme Garceau : Oui, merci, Mme
la Présidente. Donc, je dépose le rapport de la Commission des institutions
qui, le 4 février 2025, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 88,
Loi modifiant la Loi concernant le régime de négociation des conventions
collectives et de règlement des différends dans le secteur municipal. La
commission a adopté le texte du projet de loi avec des amendements. Merci, Mme
la Présidente.
La Présidente : Ce rapport
est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, M. le
député de Nicolet-Bécancour.
Maintien du projet de construction d'une nouvelle école à
Nicolet
M. Martel : Bonjour, Mme la
Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 211 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes
du <Québec...
M. Martel :
...pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du >Québec.
«Les faits invoqués sont les
suivants :
«Considérant que la Ville de Nicolet a
considérablement augmenté au cours des dernières années, et qu'elle continue de
le faire, entraînant une surpopulation dans les établissements d'enseignement
existants;
«Considérant que les classes surchargées,
malgré la présence d'infrastructures temporaires, nuisent à la qualité de
l'enseignement et limitent les opportunités d'apprentissage pour les élèves;
«Considérant que les infrastructures
actuelles ne répondent plus adéquatement aux besoins pédagogiques et aux
exigences des programmes éducatifs;
«Considérant qu'une nouvelle école
offrirait des installations modernes, telles qu'une bibliothèque, une
cafétéria, des classes spécialisées et des espaces pour des activités
parascolaires, contribuant ainsi à une expérience éducative enrichie;
«Considérant que la communauté de la Ville
de Nicolet a manifesté un fort soutien pour ce projet, reconnaissant l'importance
d'offrir aux enfants de notre ville un environnement d'apprentissage approprié
et stimulant;
«Considérant que le ministère de
l'Éducation a déjà octroyé une somme à la commission scolaire de la Riveraine
pour démarrer les travaux de préparation en vue de la construction d'une
nouvelle école.
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au
gouvernement du Québec, en particulier son ministère de l'Éducation, de
s'engager à maintenir le projet de construction d'une nouvelle école dans la
Ville de Nicolet.»
Je certifie, cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
La Présidente : Cet extrait
de pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux
pétitions ni d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales. Et, pour ce faire, je cède la parole, en
question principale, à M. le député de Jacques-Cartier.
Blocs d'énergie destinés aux entreprises
M. Gregory Kelley
M. Kelley : J'ose espérer que
la CAQ regrette sa stratégie de ne pas mettre Québec d'abord avec nos blocs
d'énergie. Avec Donald Trump, c'est toujours «America First», toujours. Mais,
après sept ans de votre gouvernement, nous sommes loin d'une stratégie de
Québec d'abord avec notre énergie. On rappelle que la CAQ a octroyé nos
derniers blocs d'énergie à 22 entreprises, et seulement une, une
entreprise a été choisie qui a des actionnaires qui sont principalement
québécois. Où est votre nationalisme?
J'ai une question pour la ministre :
Est-ce que vous... prendre l'engagement, aujourd'hui, que 100 % de nos
nouvelles blocs d'énergie, des nouvelles mégawatts vont aller en priorité à des
entreprises québécoises?
La Présidente : Et vous vous
adressez à la présidente. Et la réponse de la ministre de l'Économie, de
l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente. Comme chacun le sait, l'énergie est au cœur de notre stratégie de
développement économique au Québec. En fait, Hydro-Québec est probablement le
cœur le plus important de cette stratégie de rehaussement de notre production
d'énergie. C'est pour ça qu'Hydro-Québec a un plan de doublement de sa
production nationale d'ici 2050. Et on va mettre tous les efforts requis pour
faire en sorte de déployer tout ce potentiel qui va être au bénéfice de
l'ensemble des Québécois puisqu'Hydro-Québec, ça appartient aux Québécois.
• (10 h 10) •
Et, dans ce développement, on va s'assurer
d'avoir un bon équilibre entre des blocs d'énergie qui soient octroyés à des
petites, à des moyennes, à des grandes entreprises, entre des blocs d'énergie
qui soient octroyés également à des établissements situés en région versus
celles situées dans les centres urbains. Alors, c'est un exercice d'équilibre
qu'il faut faire, mais qu'on va mener avec tout le sérieux qu'il faut.
Et par ailleurs, pour ce qui est d'être
Québécois, bien, moi, j'aimerais demander au Parti libéral : Qui sont les
Québécois, à leurs yeux, parmi les entreprises? Parce qu'on a eu des
définitions différentes. Parfois la propriété étrangère, c'était l'élément qui
était considéré...
La Présidente : En terminant.
Mme Fréchette : ...mais là
cette propriété-là, si elle existait depuis longtemps, ce n'était plus un
critère. Alors, j'aimerais les entendre.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Alors, ce que
j'ai compris, ce n'est pas Québec d'abord, ça va être un mélange. Puis on
regarde les résultats, parce que ce gouvernement a misé sur Amazon avec nos
données, quand nous avons une entreprise d'ici, QScale, qui est juste à Lévis,
qui est directement en compétition avec Amazon, c'est une entreprise de
données. Ils ont fait une demande pour un bloc d'énergie, c'était refusé par la
CAQ. Mais, pour Northvolt, on roule le tapis rouge puis on donne tout ce qu'ils
ont besoin.
Encore, Mme la ministre : Une
stratégie Québec d'abord pour nos blocs d'énergie, quand?
La Présidente : Et je vous
rappelle pour la deuxième fois que vous posez votre question à la présidente.
La réponse de la ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente. Bien, je réitère à l'effet que c'est vraiment une recherche
d'équilibre qui nous guide dans tout ce développement économique, ce
développement énergétique. Alors, on va s'assurer, par ailleurs, de prendre en
considération les impacts économiques des différents <projets...
Mme Fréchette :
...de
prendre en considération les impacts économiques des différents >projets
qui nous sont soumis, également les impacts environnementaux, on est engagés
dans la transition énergétique alors c'est un volet qui est fort important dans
l'analyse, de même que les impacts sociaux. Alors, ces trois dimensions-là
seront prises en considération et, bien sûr, la capacité technique, du côté
d'Hydro-Québec. Parce qu'il faut voir que, dans certaines régions du Québec, la
capacité technique est pleinement atteinte. Alors, il nous faut rehausser ces
capacités avant de pouvoir débloquer de nouveaux projets.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Mme la Présidente,
hier, c'était juste un beau discours en Chambre, mais il n'y a aucun résultat
concret ni plan pour mettre Québec d'abord avec nos blocs d'énergie. Et le
bilan de ce gouvernement, pendant sept ans, c'est clair, on donne nos blocs
d'énergie à des entreprises étrangères, on vend nos surplus d'électricité à des
Américains, et maintenant les entreprises du Québec n'ont pas d'énergie pour le
plan de développement de leurs projets.
Alors, encore, Mme la ministre :
Est-ce que vous... prendre l'engagement que 100 % des blocs d'énergie
nouvelle vont aller directement à des entreprises québécoises?
La Présidente : Et alors,
encore, vous vous adressez à la présidente. La réponse de la ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui. Mme la
Présidente, l'énergie est au cœur de notre stratégie, et c'est pour ça qu'on a
le plan de développer... de doubler, plutôt, la production d'énergie, au
Québec, à travers Hydro-Québec. Et c'est dans cette perspective-là aussi que le
premier ministre a réussi un coup de maître avec la signature de l'entente avec
Terre-Neuve. Et ça, ça va être un rehaussement considérable des mégawatts qui
vont être disponibles, des mégawatts d'énergie verte. Ça, c'est un actif
précieux dans un contexte de transition énergétique.
Alors, on a eu la vision et on est en
train de la mettre en place, cette vision-là, pour faire du Québec un leader en
matière d'énergie verte en Amérique du Nord, et ce, au bénéfice de l'ensemble
des Québécois, ce qui va nous permettre d'avoir plus de deniers publics à
investir dans les écoles, et les hôpitaux, et l'ensemble des services publics.
Merci.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef de l'opposition officielle.
Blocs d'énergie destinés aux entreprises
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Hier, Mme la
Présidente, le premier ministre, pendant 15 min 12 s, a
dit : C'est important de se serrer les coudes, c'est important que le
Québec, on s'occupe de nos entreprises et que ce soit, en quelque sorte, Québec
d'abord. Mais, quand c'est le temps d'agir, comme dans les six dernières
années, ils sont dans leur septième, on voit que les résultats sont tout à fait
contraires. Ce n'est pas Québec d'abord.
On vient d'entendre la ministre dire, face
à un critère qui est Québec d'abord : Nos entreprises québécoises auront
les mégawatts en priorité, on va les privilégier. Pensez-vous que les
Américains s'en privent, eux autres, hein? Alors, non, c'est un équilibre,
c'est un critère comme un autre.
Moi, je me rappelle qu'en septembre
dernier j'avais posé la question, nous avions posé la question, Trump n'était
pas élu, là, on plaidait Québec d'abord pour les mégawatts. Puis on s'était
fait répondre la même chose. Écoutez, que ce soit une compagnie étrangère ou
québécoise, en substance, pour la CAQ, c'était : Pas de différence, pas de
différence que l'entreprise vienne de la Suède, de Chine ou de Beauce, c'est un
critère comme tant d'autres, il faut faire un équilibre, mais elles ne seront
pas priorisées.
Nous demandons à la Coalition avenir
Québec, au premier ministre, de prioriser les entreprises québécoises avec
actionnariat majoritairement québécois. C'est ce qu'on lui demande.
Hydro-Québec, ça appartient à toutes les Québécoises et Québécois, c'est un
levier excessivement important, surtout quand trois entreprises sur quatre
disent manquer d'énergie pour leurs prochains projets.
Alors, Trump, pour y faire face, ça doit
être Québec d'abord. Est-ce que ce sera, M. le premier ministre, Québec
d'abord?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, d'abord, on est tous d'accord que ça doit être Québec d'abord. Je
pense que tout le monde ici est d'accord avec ça. Mais ça ne veut pas dire que
les entreprises qui viennent de l'extérieur du Québec, qui offrent des emplois
payants, qu'on ne les écoute pas.
Je vais vous donner un exemple, Mme la
Présidente. La semaine dernière, j'étais à Sept-Îles, et, à Sept-Îles, il y a
une belle entreprise qui s'appelle Alouette, O.K.? La compagnie Alouette, le
Québec détient 6,7 %, seulement, des actions d'Alouette. Rio Tinto,
compagnie australienne et de Londres, détient 40 %. Il y a un autre
actionnaire qui vient de la Scandinavie, il y a un autre actionnaire qui vient
du Japon. Le président d'Alouette me dit : On serait prêts à investir
1 milliard dans l'usine si vous êtes capables de revoir le prix de
l'électricité.
Mme la Présidente, ce que le chef de
l'opposition officielle est en train de nous dire, que ce soit Rio Tinto, que
ce soit Alouette, que ce soient toutes les compagnies qui existent au Québec,
qui offrent des emplois payants dans les régions du Québec, lui, s'il était
premier ministre, il dirait non à toutes ces entreprises-là. Mme la Présidente,
ce serait une catastrophe pour les régions du Québec.
La Présidente
:
Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay
: Le premier
ministre vient de dire : C'est <Québec d'abord...
M. Legault :
...catastrophe
pour les régions du Québec.
La Présidente :
Première
complémentaire.
M. Tanguay :
Le
premier ministre vient de dire : C'est >Québec d'abord, allons voir
son bilan. Quand le premier ministre dit, Mme la Présidente : Ce n'est pas
parce qu'ils viennent d'ailleurs qu'on ne va pas les écouter, bien, il y a une
marge entre ne pas les écouter puis tout leur donner. Premier appel d'offres, ils
ont changé la loi, c'est maintenant la ministre qui décide des projets. Sur
956 mégawatts, 11 projets, premier appel d'offres, zéro Québécois
majoritairement actionnaires. Deuxième appel d'offres, 600 mégawatts, un
sur 11. Donc, c'est un sur 22.
Est-ce que c'est ça, un sur 22, Québec
d'abord?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la
Présidente, le chef de l'opposition officielle regarde certains appels
d'offres. Il faut regarder toute l'électricité qu'on donne au Québec. Il y a
des entreprises québécoises qui profitent actuellement de l'électricité d'Hydro-Québec.
Maintenant, qu'est-ce qui devrait être,
entre autres, une priorité? Est-ce que l'entreprise propose de créer des
emplois payants pour les Québécois, pour les Québécois, les travailleurs
québécois? Puis, en particulier, les travailleurs québécois des régions
méritent qu'on s'intéresse...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...à ces
emplois-là.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Bien, je vais
lui en donner un, excellent projet : QScale, entreprise de Lévis qui,
présentement, emploie 57 personnes. C'est des emplois payants. Ils ont
deux projets au Québec, 500 millions : centre de données à
Saint-Bruno-de-Montarville, expansion à Lévis. Ils se sont fait dire non par le
gouvernement caquiste, parce que c'est le gouvernement caquiste qui décide, et
ils ne savent même pas sur quel critère. Ça, c'est québécois, Mme la
Présidente. C'est des emplois payants, et ils se font dire non.
Pourquoi avoir dit non dans l'infonuagique,
en plus?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, il y a un ensemble de critères. Combien d'emplois on ajoute avec
l'électricité additionnelle qu'on donne à une entreprise? Mme la Présidente, la
ministre de l'Économie puis le président d'Hydro-Québec, Michael Sabia, c'est
des gens qui connaissent l'économie, qui sont capables de voir. S'il y a une
compagnie québécoise qui offre des nouveaux emplois payants, bien, on... ils
vont être en haut de la liste.
• (10 h 20) •
Donc, Mme la Présidente, je pense que ce
qui est important, c'est de penser aux travailleurs québécois tout en
priorisant les entreprises québécoises.
La Présidente : Troisième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Le premier
ministre est en train de dire, purement et simplement, que, dans les
22 cas d'espèce, il y en a eu... il y en a eu un seul, projet québécois,
qui, à ses yeux, valait la peine. Au Québec, on ne serait pas capables, nous
aussi, de déposer des projets. QScale, c'est des emplois payants, c'est
500 millions d'investissements ici, au Québec, à Lévis, à
Saint-Bruno-de-Montarville.
Il est en train de dire, le premier
ministre, que nos entrepreneurs ne sont pas capables de signer des chèques de
paie, ils ne sont pas capables d'y arriver avec des projets qui feraient en
sorte que ce serait Québec d'abord? C'est ça qu'il leur dit?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, prenons une compagnie québécoise qu'on connaît tous, Cascades.
Hein, les frères Lemaire ont sûrement communiqué un peu avec tout le monde. Ils
ont déjà beaucoup d'électricité pour créer puis maintenir des emplois payants
au Québec. Bon, ils ont un projet actuellement où ils voudraient plus
d'électricité, mais qui ne crée pas d'emploi. Mme la Présidente, qu'est-ce que
ça devrait être, le critère numéro un? Les Québécois, les travailleurs
québécois, surtout dans la situation actuelle qu'on vit...
La Présidente : En terminant.
M. Legault :
...avec M. Trump.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Bourassa-Sauvé.
Impact sur les emplois dans le secteur manufacturier d'éventuels
tarifs douaniers sur les exportations vers les États-Unis
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Mme la
Présidente, parlant de travailleurs québécois, j'ai été abasourdie, hier, par
les propos du premier ministre qui envoyait ces travailleurs du secteur
manufacturier vers les chantiers d'Hydro-Québec, alors que son rôle de premier
ministre lui enjoindrait de rassurer le secteur manufacturier. Dans le fond, ce
qu'il leur dit en ce moment, c'est : Ce n'est pas grave si vous perdez vos
emplois, je vais vous déplacer de milieu, de région, de métier, puis vous irez
travailler en construction et sur les chantiers d'Hydro-Québec.
On se le rappellera, Mme la Présidente, la
CAQ tente désespérément d'attirer des travailleurs dans le secteur de la construction,
quitte à les payer pour construire leur cabanon, et c'est un échec. Plan
d'action d'Hydro-Québec 2035, le gouvernement aura besoin de
35 000 travailleurs par année pour réaliser ses objectifs puis il n'a
jamais été en mesure d'identifier où ils allaient trouver ces travailleurs-là.
Mais figurez-vous, Mme la Présidente, que le premier ministre, il a trouvé la
formule magique : transformer des dessinateurs industriels de Sorel en
monteurs de ligne sur la Baie-James.
Est-ce que c'est ça, le plan de la ministre
de l'Emploi?
La Présidente
: La
réponse de la ministre de <l'Emploi...
Mme Cadet :
...le
plan de la ministre de l'Emploi.
La Présidente :
La
réponse de la ministre de >l'Emploi.
Mme Kateri Champagne
Jourdain
Mme Champagne Jourdain : Merci,
Mme la Présidente. Je suis contente de recevoir cette question-là de ma
collègue parce que ça me permet, nécessairement, de revenir sur la situation,
la situation d'incertitude qu'on vit avec ce sursis-là des tarifs douaniers,
une situation qui est difficile pour nos entreprises.
Et je veux rassurer les Québécois, les
Québécoises qu'on va tout mettre en œuvre pour soutenir nos entreprises, mais
aussi nos travailleurs. Et c'est pour ça qu'avec ma collègue la ministre de
l'Économie on travaille sur des solutions, des solutions, oui, qui vont nous
permettre de soutenir les entreprises, mais qui vont nous permettre aussi de
nous assurer qu'il y ait le moins de pertes d'emplois possible, Mme la
Présidente.
On va devoir s'arrimer avec le fédéral. Le
fédéral va devoir, lui aussi, faire sa part. Mais je veux vous rassurer que le
Québec a des outils efficaces et un réseau solide pour faire face à la
situation. Et, quand je parle de réseau solide, je fais nécessairement
référence à la Commission des partenaires du marché du travail, que j'ai
rencontrée dernièrement, avec qui je suis toujours en contact et qui nous
alimente dans l'élaboration des solutions pour faire face à nos enjeux de
main-d'oeuvre.
La Présidente : En terminant.
Mme Champagne Jourdain : Alors,
Mme la Présidente, on va être là, on a toujours été là et on va soutenir nos
entreprises et les travailleurs. Merci.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Mme la Présidente,
la ministre vient de parler du sursis. Bien, on a eu un sursis de seulement
30 jours. Il en reste 29 à la CAQ pour nous présenter un vrai plan. Je
pense, par exemple, à notre zone d'innovation, à Bromont, qui développe le
créneau québécois des semi-conducteurs, un secteur explicitement menacé par les
tarifs du président Trump. Est-ce que vous allez aussi les envoyer construire
des barrages sur la Baie-James?
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Kateri Champagne
Jourdain
Mme Champagne Jourdain : Merci,
Mme la Présidente. Je vous ai dit qu'on était prêts. On aurait été prêts le
1er février, on va l'être encore plus si ça devait être mis à exécution,
cette menace-là de tarifs là. Vous savez, on a... on travaille sur... on a
élaboré des solutions qui vont nous permettre de faire face aux besoins des
entreprises, de les soutenir. Le premier ministre en parlait aussi, de
l'importance de les soutenir dans sa déclaration ministérielle, justement,
hier, mais on va être là aussi pour nos travailleurs. On a beaucoup de secteurs
d'avenir, beaucoup de besoins en construction, c'est un fait. Alors, on va être
là pour offrir différents services. Que ce soit de la formation, du
reclassement, Mme la Présidente, on va être là...
La Présidente : En terminant.
Mme Champagne Jourdain : ...pour
accompagner nos travailleurs. Merci.
La Présidente : Deuxième
complémentaire. Et, pour ce faire, je reconnais le chef de l'opposition
officielle.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la
Présidente, là, en tout respect, en tout respect pour Mme la ministre, là, il
n'y avait aucune réponse dans... la question très précise de ma collègue.
Alors, on va s'adresser au premier ministre.
La question très précise de la collègue est
la suivante : Quand vous avez dit : Tarifs Trump, ça va être
100 000 pertes d'emplois, on va... on a 35 000 à combler pour la
construction avec Hydro-Québec, on va les envoyer là, est-ce que vous êtes en
train de préparer un programme pour transférer les employés ou pour maintenir
les emplois?
La Présidente
: Je vous
rappelle, chef, que vous vous adressez à la présidente quand vous posez votre
question. La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, je rappelle qu'il y a comme trois étapes. Première étape, on va
donner des liquidités aux entreprises pour qu'elles puissent maintenir le plus
d'emplois possible dans leurs entreprises. Deuxièmement, on a des programmes,
déjà, pour aider les entreprises à diversifier leurs marchés. Mais, Mme la
Présidente, si, demain matin, il y a des tarifs de 25 % sur les
semi-conducteurs qui viennent de l'Estrie vers les États-Unis, bien, il va
falloir trouver d'autres marchés pour les semi-conducteurs. Est-ce qu'on sera
capables de tout remplacer les emplois? Non.
La Présidente : En terminant.
M. Legault : C'est là qu'il y
a d'autres alternatives qui entrent en jeu.
La Présidente
: En
question principale, je reconnais maintenant la députée de Mercier.
Mesures pour limiter la hausse du prix des loyers
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. En ce moment même, des locataires du Québec reçoivent la pire
augmentation de loyer de leur vie. La recommandation du TAL, c'est 6 % de
plus que l'année dernière. C'est énorme. C'est déjà scandaleux. Mais ce
chiffre-là, le gouvernement lui-même l'admet, c'est de la fiction.
Parlons maintenant de la réalité des gens.
Pour Ariane, ce n'est pas 6 %, c'est 10 %; pour Louis, c'est
13,7 %; Véronique, 15 %; Joanie, 20 %, c'est 200 $ de moins
dans son budget à tous les premiers du mois. Qu'est-ce que la ministre de
l'Habitation dit à Ariane, à Louis, à Véronique et à Joanie? Si vous n'êtes pas
contents, faites vos boîtes puis déménagez pour moins cher? Mme la
Présidente, ils sont où, les logements pas chers de la CAQ? Ça aussi, ces
logements-là de la ministre, et de la CAQ, et du premier ministre du Québec,
ces logements-là, c'est de la fiction.
Est-ce que le premier ministre est <d'accord...
Mme Ghazal :
...Québec,
ces logements-là, c'est de la fiction.
Est-ce que le premier ministre est >d'accord
avec sa ministre de l'Habitation? C'est ça qu'il dit aux Québécois qui ne sont
plus capables de payer leur loyer? Il leur dit de déménager?
La Présidente : La réponse de
la ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau : Mme la
Présidente, bon, écoutez, je pense qu'on l'a... Je l'ai répété, là, à multiples
reprises ici, en Chambre, là, il n'y a jamais eu autant de logements financés
par le gouvernement que ce qu'on a en ce moment. On a pris la situation au
sérieux et on a soulevé toutes les pierres, Mme la Présidente. Il y a
24 000 logements qui sont présentement en construction. Ensuite de
ça, on a revu tous les programmes de financement pour s'assurer d'être plus
efficaces, plus percutants sur le terrain, puis on les voit, les résultats, les
logements sortent.
Alors, je m'explique mal, là, le
commentaire de la députée de l'opposition. Qu'est-ce que je peux vous dire? Au
niveau des façons de faire, on a innové avec les fonds fiscalisés qui nous
permettent d'avoir des sommes d'argent supplémentaires puis des cerveaux qui
nous aident à analyser les projets. Ensuite, on a fait des partenariats particuliers,
entre autres avec Mission Unitaînés, pour des logements financés encore une
fois par le gouvernement, qui vont sortir à l'intérieur de 24 mois.
La Présidente : En terminant.
Mme Duranceau : Mme la
Présidente, on est en action à tous les jours, et les résultats se voient sur
le terrain.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme la
Présidente, les Québécois veulent entendre leur premier ministre. Hier, le
premier ministre a parlé pendant 15 minutes, pas une seule fois le mot
«logement», le mot «habitation» n'étaient dans son discours. Il a plutôt parlé
d'une grande corvée pour relancer notre économie. Bien, à Québec solidaire, on
en a proposé une, corvée habitation il y a un an.
Il a dit qu'il veut construire, sa
ministre dit ça, mais ça fait six ans qu'il nous promet des logements fictifs.
Mais ils sont où, les logements réels? Quand est-ce qu'il va les construire?
Est-ce que son gouvernement est capable de les construire ou pas?
La Présidente : La réponse de
la ministre… Oh! la réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, il ne s'est jamais construit autant de logements que sous notre
gouvernement. Par contre, la demande a explosé. Puis je sais que c'est un sujet
que n'aime pas la cheffe du deuxième groupe d'opposition, oui, puis je vois
aussi le leader, là, qui est tout énervé parce qu'il ne veut pas, il ne veut
pas reconnaître que le nombre d'immigrants temporaires est passé de
300 000 à 600 000. Ça, ça veut dire un besoin de logements de 120 000.
Mme la Présidente, oui, on est conscients
que c'est difficile pour les locataires de faire face à l'inflation, aux
augmentations de loyer.
• (10 h 30) •
La Présidente : En terminant.
M. Legault : C'est pour ça
qu'on a augmenté...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Parlons-en, des
gens qui viennent d'ailleurs, c'est ce gouvernement-là qui a fait le tour du
monde pour les amener ici, mais c'est un autre sujet. On a Trump qui menace de
mettre 100 000 Québécois, 100 000 Québécois et Québécoises,
au chômage. On peut vraiment dire que la CAQ a le timing.
Le premier ministre, il a un outil en
main. Il peut tout de suite, aujourd'hui, faire une loi rapidement pour
plafonner l'augmentation des loyers à hauteur de l'inflation. C'est une
proposition raisonnable. Pourquoi il refuse la proposition de Québec solidaire?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, c'est exactement ce que fait la Régie du logement. Quand on regarde
dans les dernières années… dans la dernière année, les augmentations de taxes
municipales, les augmentations de dépenses d'entretien, ça s'élève à
5,9 %. Donc, le propriétaire de logements qui a eu ces augmentations de
coût, bien, il n'a pas le choix que de repasser ces augmentations-là aux
locataires. Sinon, il va fermer, il va être obligé de vendre, puis il n'y en
aura plus, de nouveaux logements.
Donc, Mme la Présidente, c'est exactement
ce que fait la Régie du logement, puis on aide.
La Présidente : En terminant.
M. Legault : On a augmenté
l'aide au logement. On est rendus qu'on aide 100 000 familles à payer
leur loyer. On n'a jamais...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Laurier-Dorion.
Mesures pour contrer la hausse du prix des loyers
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. La semaine dernière, la ministre de l'Habitation, nous l'avons tous
et toutes entendue, a qualifié la hausse de 6 % proposée par le TAL de
fiction, fiction, mesdames et messieurs. Une semaine plus tard, force est de
constater que, dans le monde réel, les gens apprennent tout à coup que les
hausses de loyer dépassent largement le 6 % recommandé. Est-ce une
fiction, ces hausses-là?
Des gens m'écrivent, nous écrivent pour
nous informer de hausses beaucoup plus importantes, 8 %, 10 %,
12 %, Mme la Présidente. Ça, ça fait un trou dans le budget d'une famille.
Il y a <même…
>
10 h 30 (version révisée)
<17953
M.
Fontecilla :
...dans le budget d'une famille. Il y a >même
un de nos collègues ici, à l'Assemblée nationale, qui a reçu un avis d'augmentation
de 22 %. Ça, c'est un transfert du fardeau du propriétaire vers les
locataires. 22 %, là. Ça, c'est juste quelques exemples, mais des milliers
de Québécoises et de Québécois apprennent, ces jours-ci, que la seule personne
qui vit dans un monde fictif ici, c'est la ministre de l'Habitation. C'est le
temps de savoir si la ministre va bouger son petit doigt pour aider les
locataires.
Avez-vous...
La Présidente : La réponse de
la ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme Duranceau : Merci, Mme la
Présidente. Bon, là, le député de Laurier-Dorion, là, continue de s'acharner
sur un mot, là, de «fiction». Il sait très bien, pour avoir été sur un comité
logement lui-même, là, que le calcul que soumet le Tribunal administratif du
logement, c'est un exemple, O.K. Alors, là, ce qui est important, là, la vraie
solution à la... cette crise-là du logement, c'est de contrôler la demande,
comme dit le premier ministre, donc de réduire le nombre de personnes qui ont
besoin de logements, et c'est d'augmenter l'offre de logements.
Ce qui m'amène à vous parler de mon beau
tableau ici, avec les projections de logements qui vont sortir au Québec.
Alors, cette année, près de 3 000... c'est-à-dire, en 2024, près de 3 000.
En 2025, on parle de 6 000 qui vont être livrés, puis, en 2026, on parle
de 9 000. Donc, y a-tu quelque chose de plus concret que des logements qui
sortent de terre?
Le député de l'opposition, là, M. le
député de Laurier-Dorion, peut suivre mes médias sociaux. Moi aussi, j'en mets,
des choses, sur mes médias sociaux, puis il constatera qu'on n'arrête pas de
faire des annonces...
La Présidente : En terminant.
Mme Duranceau : ... puis de montrer
que les logements sortent de terre. Alors, je pense que ça devrait le rassurer.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Parlons du
concret. Selon les données de la Société d'habitation du Québec, il y a
seulement 221 unités qui ont été livrées par la ministre. Allez regarder
votre tableau, je vous en prie. Et il ne faut pas compter toutes les unités
retirées par Airbnb par l'action de ce gouvernement, là.
Hier, le premier ministre nous disait qu'il
fallait faire preuve de solidarité. Aujourd'hui, il nous dit, là, que les
fardeaux des augmentations de loyer doivent être transférés complètement, à
100 %, sur les locataires. Est-ce de la solidarité, ça?
Est-ce que la ministre va penser...
La Présidente : Et je vous
rappelle, M. le député, que vous posez votre question à la présidente. Et, Mme
la ministre, votre réponse.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme Duranceau : Oui. Alors, Mme
la Présidente, moi, je vais rester factuelle, là, puis je ne m'enfargerai pas
dans les mots. Donc, effectivement, 221 unités livrées avec le Programme d'habitation
abordable, 1 414 en chantier et 3 948 en développement. Et tout ça va
sortir d'ici 2027. Nous, on les suit, les projets. On sait ce qui se passe. Les
projets bien attachés, bien ficelés, ils vont voir le jour, puis on accompagne
tout le monde là-dedans, parce que c'est important de livrer, puis on se
préoccupe de ça dans notre gouvernement, livrer, enlever la bureaucratie puis
avoir un réel impact pour les citoyens. On ne s'enfarge pas dans les mots...
La Présidente : En terminant.
Mme Duranceau : ...on agit, Mme
la Présidente.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Le Québec vit
sous la menace : les tarifs qui pendent sur nos têtes, l'augmentation du
coût de la vie, les pertes d'emplois. La seule conclusion qui s'impose, c'est
qu'il faut venir en aide à 1 362 000 locataires, entre autres,
du Québec, 1,3 million de personnes que la ministre délaisse là. Il faut
qu'elle agisse immédiatement, parce que ses actions, les logements qu'elle est
en train d'offrir c'est largement insuffisant pour compenser les hausses de
loyer qu'elle-même elle permet.
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme Duranceau : Mme la
Présidente, on récapitule. 24 000 logements en construction, actuellement,
au Québec et financés par le gouvernement. Deux projets de loi pour rétablir...
un premier pour rétablir l'équilibre locataire-locateur. On a ajouté des
protections nombreuses aux locataires, en cas d'éviction, dans le p.l. n° 31.
Et dans le p.l. n° 65, Mme la Présidente, un moratoire sur les évictions,
demandé par tout le monde, j'étais tout à fait d'accord avec cette approche-là.
Et une bonification des protections pour les locataires aînés, Mme la Présidente,
on a abaissé de 10 à cinq ans le seuil pour être protégé, de même que le
seuil de revenus. Si on n'écoute pas, Mme la Présidente, je ne sais pas ce qu'on
fait. Moi, je pense qu'on a agi concrètement pour les locataires du Québec.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Taschereau.
Projet de tramway à Québec
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : Merci, Mme la
Présidente. Laissez-moi citer le premier ministre, hier, qui disait : «N'oublions
pas que notre meilleur marché, ça reste le Québec. Je pense que c'est le
premier chantier. On doit miser, avant tout, sur nous-mêmes, on doit développer
ce réflexe de regarder d'abord vers le Québec, vers nos produits, nos
technologies, notre savoir-faire.» Bien, c'est un bon réflexe, Mme la
Présidente, mais avec le président Trump, il faut se mettre en marche plus tôt
que tard, parce que, même si on a un sursis de 30 jours sur les tarifs de
25 %, l'effet de ses <menaces...
M. Grandmont :
...parce
que, même si on a un sursis de 30 jours sur les tarifs de 25 %,
l'effet de ces >menaces se fait déjà sentir sur notre économie.
Lancer rapidement des projets
d'infrastructure, c'est une bonne réponse. Puis ça tombe bien parce qu'on a un
projet ici, à Québec, le tramway, qui est prêt à être lancé. Malheureusement,
l'échéancier pour débuter les travaux que s'est donné la ministre des
Transports est trop... est trop long terme pour l'effet court terme
qu'espérerait avoir le premier ministre.
Compte tenu de l'urgence, est-ce que la
ministre est prête à revoir l'échéancier du tramway et commencer le projet
rapidement?
La Présidente : La réponse de
la ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault :Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Je suis un peu
étonnée de la question du collègue ce matin, parce que c'est la même chose que
la semaine passée, quand il m'a posé une question sur le tramway, puis c'est la
même chose qu'à chaque fois qu'il me pose des questions sur le transport
collectif. Je vais revenir à mes tableaux plus tard, bien sûr, mais, dans le
cas du tramway, Mme la Présidente, j'ai fait une annonce le 16 décembre,
le 16 décembre, ça ne fait pas longtemps de ça, là, ça fait un mois et
demi. J'étais à la table avec la caisse de... la CDPQ Infra, le P.D.G.,
M. Arbaud, j'étais avec mon collègue ministre de la Capitale-Nationale, et
j'étais avec le maire de Québec, le maire de Québec lui-même, qui venait se
réjouir du fait qu'on confirmait la prochaine phase d'avancement du projet de
tramway à Québec. Le député de Taschereau était dans le corridor, à la sortie,
il écoutait à travers la porte ce qui se disait. Puis après ça, quand je suis
passée dans le corridor pour aller faire d'autres entrevues ailleurs, il
parlait aux journalistes dans le corridor, puis il disait : Bon, bien,
c'est une bonne nouvelle. Je pense, peut-être, le député de... de Jean-Lesage
aussi, mais je ne suis pas certaine, enfin. Le député de Taschereau était là et
il disait : C'est une bonne nouvelle. Il était dans l'hôtel... dans le
centre... je ne me rappelle plus, en tout cas, dans l'édifice où on était, pour
faire l'annonce, et il a dit, après notre annonce, que c'était une bonne chose
qu'on vienne de faire l'annonce...
La Présidente : En terminant.
Mme Guilbault :...avec le maire de Québec. Donc, je ne comprends même pas
sa question aujourd'hui.
• (10 h 40) •
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : La question
est très simple, puis ça m'étonne que la ministre n'ait pas compris : une
accélération du projet, le réaliser plus rapidement. Nos produits, nos
technologies, notre savoir-faire, c'est une industrie dans laquelle on excelle,
et on est reconnu à l'international. C'est une occasion pour le Québec de se
développer puis de réagir promptement aux effets des tarifs menaçants du
président Trump au sud des États-Unis.
Maintenant, si on veut avoir un effet
rapide pour protéger notre économie, le projet de tramway, il faut le faire
plus rapidement, pas le commencer en 2027, le commencer en 2026, Mme la
Présidente.
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault :Mme la Présidente, premièrement, l'échéancier, il doit être
réaliste. Construire un tramway, c'est complexe. Et l'échéancier réaliste vient
des prévisions de la CDPQ Infra, qui est maître d'oeuvre du projet. Ça fait que
s'il remet en question l'expertise puis les capacités de projection d'échéancier
de la CDPQ Infra, je l'invite à aller en discuter avec M. Arbaud puis avec
l'équipe d'experts qui est en train de faire un REM à Montréal, le plus grand
projet de transport collectif qu'on a fait au Québec depuis le métro.
Deuxième chose, Mme la Présidente, il me
dit : Je ne comprends pas ce qu'elle ne comprend pas. C'est moi qui ne
comprends pas ce qu'il ne comprend pas. Il était dans le corridor, il était
dans le corridor, Mme la Présidente, il a entendu l'annonce, il a vu le maire
de Québec se réjouir, et il a dit que c'était une bonne nouvelle aux
journalistes, peut-être même certains des journalistes...
La Présidente : En terminant.
Mme Guilbault :...qui sont ici ce matin. Donc, vraiment, Mme la
Présidente, il a une dernière chance...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : Six ans à
ralentir le projet de tramway, six ans. Puis là elle est allée mettre un
échéancier pour le commencer seulement en 2027. Elle a une chance, là, d'à la
fois répondre aux impératifs qui sont devant nous avec les tarifs de Trump, le
souhait du premier ministre de répondre rapidement, d'offrir une réponse rapide
aux Québécois, puis elle a une chance de se refaire une crédibilité dans le
dossier du tramway.
Est-ce qu'elle va accélérer le projet de
tramway au bénéfice de Québec, au bénéfice des Québécois?
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault :Bien, Mme la Présidente, la chance, on n'a pas attendu
après Donald Trump pour la saisir, on a fait une annonce le 16 décembre,
et le projet, il avance. La chance que lui a, par contre, c'est d'enfin
comprendre que le fédéral doit s'engager de payer 40 % du projet de
tramway, exactement comme M. Trudeau l'a promis à notre premier ministre
le 20 décembre 2022. Et je n'entends pas très fort Québec solidaire
appuyer. Peut-être le député de Jean-Lesage un petit peu, mais je ne l'entends
pas, le député de Taschereau, dire haut et fort à M. Duclos et au gouvernement
fédéral qu'il doit respecter son engagement, payer 40 % du tramway et du
prolongement de la ligne bleue.
Dernière chose, Mme la Présidente,
évidemment, le transport collectif n'a jamais été aussi bien financé que par la
CAQ. C'est vrai sur tous les tableaux, et les tableaux qui inspirent de plus en
plus de collègues...
La Présidente : En terminant.
Mme Guilbault :
...notre PM montre le PIB par habitant, on a l'Éducation qui montre les
investissements, l'Habitation...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Maurice-Richard.
Performance énergétique des immeubles d'habitation
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. La crise du coût de la vie fait mal, Mme la Présidente : les
loyers explosent, l'actualité fait planer une menace de récession doublée d'une
reprise de l'inflation, et les grands froids font mal aussi au portefeuille,
alors qu'il y a eu une augmentation du prix de l'Hydro de 12 % depuis cinq
ans. Or, cette augmentation est régressive, Mme la Présidente, c'est-à-dire
qu'elle fait plus mal aux <personnes...
M. Bouazzi :
...régressive,
Mme la Présidente, c'est-à-dire qu'elle fait plus mal aux >personnes les
moins nanties qu'aux personnes les plus riches. Les locataires vivent dans des
passoires énergétiques, alors que les propriétaires à faibles revenus ne
peuvent pas faire les rénovations qui s'imposent.
Alors que le gouvernement parle de faire
des grosses corvées, nous avons ici la chance de démarrer une grosse corvée
énergétique pour commencer à améliorer l'isolation des bâtiments des personnes
les moins nanties et pour qu'elles arrêtent de chauffer la rue plutôt que
l'intérieur de leurs maisons.
Quand est-ce que ce gouvernement va
commencer un exercice pour améliorer la rénovation énergétique des maisons des
moins nantis?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, le collègue a sans doute suivi les travaux, au cours de la
dernière année, on a adopté un projet de loi important au niveau de la
performance énergétique des bâtiments, projet de loi qui a été salué par
plusieurs organisations, qui répondait à des préoccupations d'Hydro-Québec,
notamment. Pour une raison fort simple, l'économie qui est la plus
économique... l'énergie qui est la plus économique, c'est celle qu'on n'utilise
pas.
Donc, une réglementation qui sera
développée au cours des prochains mois, avec le concours d'Hydro-Québec et avec
les concours également d'Énergir, avec les concours de Gazifère, donc, c'est
une réglementation qui va nous permettre d'améliorer sensiblement l'efficacité
énergétique de nos bâtiments. On sera gagnant d'un point de vue énergétique, on
sera gagnant également d'un point de vue des émissions de gaz à effet de serre.
Le secteur des bâtiments est un de nos
principaux secteurs émissifs, au Québec, et ultimement, autant les locataires
que les propriétaires seront aussi gagnants d'avoir des bâtiments plus
performants, parce que ça représentera très certainement une économie d'énergie
non négligeable. Donc, une réglementation qui est en développement à l'heure où
on se parle.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : En matière de
transition énergétique, je suis toujours impressionné par les capacités de ce
gouvernement à faire de la com. Le ministre nous parle de sa loi sur les
performances des bâtiments, mais, Mme la Présidente, elle ne couvre pas
1 %, pas 1 % des bâtiments résidentiels.
Je mets au défi ce ministre de nous dire
comment, quand on exclut 99 % des bâtiments, les personnes qui ne seront
pas capables de payer leur «bill» d'Hydro, à la fin de ce mois-ci, là, comment on
va améliorer la situation pour l'énergie...
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de
la Faune et des Parcs.
M. Benoit Charette
M. Charette : Mme la
Présidente, je comprends que le collègue avait d'autres soucis à régler,
l'automne dernier, mais ce sont bien plus de 1 % des bâtiments qui seront
assujettis à cette réglementation. Au départ, au départ, on...
Des voix : ...
La Présidente : Un instant,
je vous prie, M. le ministre. M. le leader du deuxième groupe d'opposition,
quel est votre rappel au règlement?
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, je pense que ce qui est dans le passé va rester dans le passé. Le
groupe parlementaire a eu amplement le temps de discuter ces éléments-là. Il y
a une question qui a été posée, moi, je m'attends à ce que la réponse concerne
la question.
La Présidente : ...M. leader
du gouvernement. Je suis debout et je vais trancher. Poursuivons avec la
réponse, et nous demeurons respectueux. Restez sur la question, M. le ministre.
Des voix : ...
La Présidente : M. le
ministre de l'Éducation, je vous vois et je vous entends. Je veux entendre le
ministre, sa réponse.
M. Charette : Ce que je
mentionnais, c'est qu'il y a des travaux importants qui se sont déroulés,
l'automne dernier, alors que l'attention du collègue était détournée sur
d'autres préoccupations. Et ce que l'on a mentionné, lors de l'étude de ce
projet de loi, c'est qu'ultimement c'est bien plus que 1 % des bâtiments
qui seront visés. Les nouvelles constructions seront visées, dans un premier
temps, et ça répondait...
Une voix : ...
La Présidente : M. le leader
du gouvernement, quel est votre appel au règlement?
M. Jolin-Barrette : Ça fait
trois fois, Mme la Présidente, que la députée de Mercier dit «cheap», en cette
enceinte, aujourd'hui, trois fois.
Des voix : ...
La Présidente : M. le leader
du gouvernement, je suis debout, et, M. le leader du deuxième groupe d'opposition,
je vais régler ça maintenant. Demeurons respectueux. Je n'ai pas entendu ces
propos, je souhaite ne pas les entendre non plus, Mme la députée de Mercier. Et
nous allons poursuivre. Il reste exactement 10 secondes à la réponse.
Respect, tout le monde.
Des voix : ...
La Présidente
: M. le
leader du gouvernement, je veux entendre le ministre. Je vous en prie,
rassoyez-vous.
Une voix : ...
La Présidente
: J'ai
dit : Rassoyez-vous, s'il vous plaît.
Des voix : ...
La Présidente : Je suis
debout. Là, on ne va pas commencer à jouer à ça. Je veux... je viens de
trancher. Je veux entendre... Je vous demande, tous et toutes, d'être
respectueux. Je veux entendre la fin de la réponse, il reste 10 secondes.
Article 32, tout le monde se tait et <écoute...
La Présidente :
...fin
de la réponse. Il reste 10 secondes. Article 32, tout le monde se
tait et >écoute la réponse.
M. Charette : Donc, ce que
l'on disait l'automne dernier, c'est que non seulement ça répondait à des
préoccupations du milieu municipal, les distributeurs d'énergie sont impliqués
dans cette transformation-là, ainsi qu'Hydro-Québec.
La Présidente : Maintenant,
deuxième complémentaire.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Mme la
Présidente, le ministre devrait se soucier des questions écologiques. Il me
parle de son projet de loi. Je n'avais pas prévu de donner les chiffres, mais
je les ai devant moi. Donc, 5 % des immeubles de plus de... 5 %
seulement des immeubles de plus de quatre logements sont concernés, qui,
eux-mêmes, font seulement 4,3 % du parc au complet. C'est-à-dire,
0,002 % des immeubles sont concernés par son projet de loi.
Qu'il nous donne un chiffre. Est-ce que
c'est 99 %, 98 % qui sont exclus? Qu'il nous donne un chiffre.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Benoit Charette
M. Charette : Définitivement,
le collègue aurait eu intérêt à suivre ces échanges lors de la commission
parlementaire. Le milieu municipal a exprimé des souhaits de transformation réglementaire.
Nous avons répondu à plusieurs de leurs demandes. Et je n'ai pas souvenir de
beaucoup de communiqués de presse qui étaient signés conjointement par
Hydro-Québec, par Énergir, par Gazifère et par le ministère de l'Environnement
ainsi que le ministère de l'Économie et de l'Énergie. Donc, c'est une
transformation complète qui va s'opérer, qui va nous permettre de moderniser
nos bâtiments autant neufs qu'existants. Naturellement, il y a une
réglementation qui doit se développer.
La Présidente : En terminant.
M. Charette : Nous y
travaillons, et c'est un beau travail qui se fait en collégialité, Mme la
Présidente.
• (10 h 50) •
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef du troisième groupe d'opposition.
Gestion des finances publiques
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme
la Présidente, la principale promesse de la CAQ, un gouvernement supposément de
comptables, c'était de bien gérer les finances publiques du Québec. Résultat,
on a entre les mains, en ce moment, le pire déficit de notre histoire, à
11 milliards, et ce déficit, ce n'est pas à cause de Donald Trump, ce
n'est pas à cause non plus de la pandémie, et ça fragilise notre marge de
manœuvre financière ici, au Québec, vis-à-vis des relations commerciales de
plus en plus complexes avec les États-Unis. Ce déficit est grave au point
d'amener le gouvernement à faire des coupures dans toutes les directions depuis
un certain nombre de mois. On le voit en santé, en éducation, dans les services
sociaux.
Or, la CAQ refuse toujours d'assumer et de
dire ce qu'elle fait réellement. Je vais vous donner quelques exemples :
des personnes handicapées qui perdent des heures de soins ou du service à
domicile, des préposés aux bénéficiaires recrutés et formés à grands frais ces
dernières années, à l'initiative même du gouvernement, qui sont maintenant
remerciés, 330 postes d'infirmières et de thérapeutes éliminés en Chaudière-Appalaches,
200 millions de coupures dans les services aux élèves. Il y a plein
d'exemples.
Donc, ma question au premier ministre,
c'est : Est-ce qu'il va reconnaître qu'on a trop dépensé, et qu'il doit
maintenant couper sans qu'il y ait de plan transparent, et qu'on essaie
finalement de réparer la mauvaise gestion des finances publiques?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, j'invite le chef du troisième groupe d'opposition à aller consulter
la mise à jour qui a été déposée l'automne dernier par le ministre des
Finances. Il va voir que, pour l'année 2024‑2025, on prévoit une
augmentation des dépenses de 6,5 %, une augmentation des dépenses de
6,5 %. Donc, Mme la Présidente, malheureusement, au cours de l'année 2024‑2025,
il y a des réseaux qui ont dépensé plus que ce qui leur a été accordé. Donc, on
leur demande de faire des ajustements, mais ce qui est important de constater,
c'est qu'il y a une augmentation des dépenses de 6,5 %. Puis, quand on
parle, entre autres, de l'éducation puis de la santé, il y a eu des
augmentations de 50 %, effectivement, depuis six ans. Est-ce que le chef
du troisième groupe d'opposition est contre ça?
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Les
augmentations de 50 %, on regarde où est-ce qu'elles sont allées.
50 % des augmentations de personnel sont allés en bureaucratie, alors que
9 % pour les infirmières et les enseignants seulement. Donc, les faits,
là, j'en ai d'autres : 50 postes supprimés, dont 40 infirmières
supprimées à Montréal, 565 postes suspendus, incluant des infirmières à
Laval, 152 postes à temps plein abolis au CHU de Québec.
Est-ce qu'on va continuer à cacher les
faits, à être dans le déni?
Des voix : ...
La Présidente : M. le leader
du gouvernement, je vais vous reconnaître. J'ai une petite <idée...
La Présidente :
...du
gouvernement, je vais vous reconnaître. J'ai une petite >idée de ce que
vous allez dire.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, c'est au lexique. On demande au chef du troisième groupe
d'opposition de retirer ce terme.
La Présidente : Et c'est
exact. Vous devez retirer.
M. St-Pierre Plamondon : Je
retire. Est-ce que je peux utiliser «occulter»?
La Présidente : On ne peut
pas faire indirectement ce qu'on ne peut faire directement. Vous le savez
aussi. Retirez.
Maintenant, nous allons entendre la...
Vous retirez? Nous allons entendre la...
Une voix : ...
La Présidente
: Oui, il
a retiré. Nous allons entendre la réponse.
M. François Legault
M. Legault : Mme la
Présidente, d'abord, ce que dit le chef du troisième groupe d'opposition,
encore une fois, est inexact. Encore une fois, c'est inexact. La réalité, Mme
la Présidente, c'est que, dans les services aux citoyens, on a ajouté, en
santé, 58 000 employés depuis 2018, en éducation, 24 000, en
enseignement supérieur, 3 000. Donc, Mme la Présidente, l'essentiel des
augmentations de ce qu'on appelle les ETC, c'est dans les réseaux.
La Présidente : En terminant.
M. Legault : Et qu'est-ce que
propose le chef du troisième groupe d'opposition? Toujours un peu difficile à
suivre. Hier, il nous...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Ce
n'est pas difficile à suivre. Il y a des coupures partout, et tout le monde
s'en rend compte, sauf le gouvernement.
Ce qu'on demande au premier ministre,
c'est de faire preuve d'un peu de transparence. On commande, en ce moment, aux
organismes et aux ministères, des coupures mur à mur. Les impacts se sentent...
se font sentir sur le terrain.
Est-ce que le premier ministre peut
présenter un plan transparent des compressions budgétaires qui ont cours en ce
moment? Arrêter de vivre dans le déni?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, je m'excuse encore une fois de dire que ce que dit le chef du
troisième groupe d'opposition est encore inexact. Les budgets pour 2024‑2025
augmentent de 6,5 %. Puis ils n'ont pas été modifiés. Ils n'ont pas été
modifiés.
Puis là le chef du Parti québécois nous
dit : Il faudrait réduire le déficit, mais hier il nous proposait de
baisser les impôts des entreprises. On aura tout vu. Hier, le chef, là, je vous
le dis, j'ai entendu tout ça, nous disait : Il faudrait baisser les impôts
des entreprises, lui qui disait : «Not on my dead body». Dur à suivre.
La Présidente : Voilà. Cela
me fait la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y a pas de votes reportés, nous
allons passer à la rubrique Motions sans préavis. Et, pour ce faire, je cède la
place à la deuxième vice-présidente de l'Assemblée nationale. Merci, tout le
monde. Bonne fin d'après-midi.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Nous en sommes maintenant à la rubrique Motions sans
préavis. En fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions
sans préavis, je reconnais maintenant un membre du groupe formant le
gouvernement. M. le ministre de la Justice, la parole est à vous.
Demander à l'Assemblée de reconnaître que le Québec
doit prendre part au processus de nominations des juges des cours supérieures
M. Jolin-Barrette : Oui.
Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin
de présenter la motion suivante conjointement avec le député de
Saint-Jérôme :
«Que l'Assemblée nationale rappelle
l'importance d'un processus de
nomination des juges sans considération partisane,
notamment pour
assurer la confiance du public dans le système de
justice;
«Qu'elle réitère que l'allégeance
politique ne doit pas être considérée dans l'évaluation d'une candidature à la
magistrature, comme le prévoit d'ailleurs le processus québécois de sélection
des juges;
«Qu'elle souligne que plusieurs
gouvernements du Québec ont revendiqué un rôle direct dans la nomination des
juges des cours supérieures;
«Qu'elle rappelle que la fédération
canadienne est une des seules fédérations où tous les juges des cours
supérieures sont nommés entièrement par le gouvernement fédéral;
«Qu'elle rappelle que le rapport du Comité
consultatif sur les enjeux
constitutionnels du Québec au sein de la
fédération canadienne recommande que le Québec prenne part à ces nominations;
«Qu'enfin l'Assemblée nationale
reconnaisse que le Québec doit prendre part au processus de nominations des
juges des cours supérieures.»
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Des voix : ...
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Le vote a été demandé. Donc, le vote est ouvert
maintenant.
La période du vote est maintenant <terminée...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) :
...La période du vote est maintenant >terminée.
M. le secrétaire, pour le résultat du vote, s'il vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour :109
Contre :0
Abstentions :1
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : La motion est adoptée. M. le leader du gouvernement.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, ce sera fait. Maintenant, je suis prête à
reconnaître un membre du groupe formant l'opposition officielle et je cède la
parole au chef de l'opposition. La parole est à vous.
Demander à l'Assemblée de reconnaître l'importance
du développement du marché intérieur canadien pour le Québec
M. Tanguay : Mme la
Présidente, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec la députée de Vaudreuil et le député
d'Arthabaska :
«Que dans le contexte d'incertitude et de
menace économique causée par la politique commerciale du président américain
Donald Trump, l'Assemblée nationale reconnaisse que le marché intérieur
canadien représente un avantage indéniable pour le Québec et qu'il regorge
d'opportunités pour les entreprises québécoises;
«Qu'elle affirme que toute harmonisation
du marché intérieur canadien doit se faire en respect des spécificités du
Québec, de son caractère distinct et du français, langue officielle et commune
du Québec.»
Merci, Mme la Présidente.
• (10 heures) •
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Consentement, sans... Oui, M. le leader de
l'opposition officielle?
M. Derraji : Vote
électronique, s'il vous plaît.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Le vote est appelé. La période de vote est maintenant
ouverte.
Le vote est maintenant terminé. Les
résultats, M. le secrétaire, s'il vous plaît.
Le Secrétaire : Pour :113
Contre :0
Abstentions :0
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Cette motion est adoptée. M. le leader de
l'opposition officielle.
M. Derraji : Mme la
Présidente, il y a de la bonne ambiance, et on va tous envoyer cette excellente
motion de l'Assemblée nationale à Mme la ministre fédérale des Transports et du
Commerce intérieur, Mme Anita Anand. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Ce sera fait, M. le député. Maintenant, je cède la parole au
membre du deuxième groupe d'opposition et je reconnais M. le député de
Laurier-Dorion. La parole est à vous.
Souligner le Mois de l'histoire des Noirs
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la
motion suivante conjointement avec le ministre de la Lutte contre le racisme,
la députée de Westmount—Saint-Louis, le député de Jean-Talon, la députée de
Vaudreuil, le député d'Arthabaska et le député de Saint-Jérôme :
«Que l'Assemblée nationale souligne
l'édition 2025 du Mois de l'histoire des Noirs;
«Qu'elle souligne une fois de plus
l'importance de reconnaître et de promouvoir la contribution passée, présente
et future des Québécoises et des Québécois des communautés noires dans le tissu
social du Québec;
«Qu'elle reconnaisse et salue l'histoire
des luttes pour la justice, l'égalité et la dignité des communautés noires au
Québec;
«Que l'Assemblée nationale déplore les
inégalités et les manifestations de racisme qui demeurent envers les communautés
noires au Québec et souligne le travail important à accomplir afin de parvenir
à une réelle inclusion.»
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Y a-t-il consentement pour débattre
de cette motion?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Donc, il y a consentement pour qu'il y ait des <intervenants...
>
11 h (version révisée)
<15399
RLa
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
...Donc, il y a consentement
pour qu'il y ait des >intervenants et que pour la durée des
interventions soit limitée à une... à un maximum de deux minutes chacune. Donc,
je suis prête à entendre le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : ...Mme
la Présidente. Au Québec, le souvenir, ce n'est pas seulement une devise, c'est
la façon qu'on a d'immortaliser les traces de ceux que l'histoire a oubliés. L'histoire
des Noirs, elle commence avec un nom attribué pour faire oublier, pour défaire.
Ce nom, qui, depuis, est figé dans la pierre, celui d'Olivier Le Jeune,
première personne d'ascendance africaine à vivre au Québec, nous rappelle que l'histoire
des communautés noires au Québec, c'est d'abord une résistance à l'effacement.
Cette résistance a laissé sa trace sur notre société, notre patrimoine
culturel, notre vie politique, notre économie, nos institutions.
Oui, l'histoire des communautés noires au
Québec continue de faire vivre la nation québécoise. C'est une histoire que l'on
doit de célébrer, de raconter pour faire comprendre les luttes pour l'égalité,
la dignité, tout simplement. Soyons fiers de cet apport inestimable de ces
Québécois et Québécoises dans la construction et la réussite du Québec d'aujourd'hui.
Célébrons, mais soyons solidaires avec toutes ces femmes et tous ces hommes qui
continuent à se battre contre le profilage racial, la violence policière et le
racisme systémique. On voit de plus en plus d'initiatives éclore partout au
Québec pour prévenir la délinquance, encourager l'entrepreneuriat et inciter la
participation aux instances démocratiques. Olivier Le Jeune n'est pas remémoré
par son vrai nom, mais Yvette Bonny, Jean Alfred, Yolande James, Rodney
Saint-Louis, Ali Ndiaye, Jean-Claude Fouron et bien d'autres le seront.
Quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse, les
communautés noires du Québec appartiennent pour toujours à notre histoire
commune. C'est pourquoi, cette année, plus que jamais, il est important de se
rappeler de tout ce que nous sommes grâce aux communautés noires du Québec.
Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au ministre responsable
de la Lutte contre le racisme.
M. Christopher Skeete
M. Skeete : Merci
beaucoup, Mme la Présidente, chers collègues. En ce début du Mois de l'histoire
des Noirs, je souhaite souligner l'apport inestimable de nos concitoyens et
concitoyennes afrodescendants à la société québécoise. Des arts à la culture,
aux affaires et à l'économie, des sciences à la recherche, à la vie
démocratique et politique, leur contribution est immense et précieuse. En cette
18e année de la commémoration pour l'Assemblée nationale, c'est tout le
Québec qui réitère aujourd'hui son ouverture et son attachement profond envers
les communautés noires, dans un esprit de solidarité et de fraternité.
Le Mois de l'histoire des Noirs est un
moment fort de l'année pour renforcer nos liens entre Québécoises et Québécois
de toutes origines. En mettant en lumière notre... nos concitoyens et
concitoyens des communautés noires, leur culture, leurs réalisations, nous
favorisons le partage et le rapprochement interculturel. Cette volonté de vivre
ensemble, solidaires les uns et les autres, au-delà de nos origines, doit tous
nous amener... doit tous nous mener, au courant de tous les jours, à travers
notre quotidien. Le vivre-ensemble et le respect, vous le savez comme moi, sont
au cœur des valeurs québécoises. Profitons de cette journée pour nous le
rappeler.
Notre gouvernement appuie sans réserve les
visées de ce mois de reconnaissance pour l'histoire des Noirs, et, en mon nom
personnel, et au nom du gouvernement, à tous les Québécois afrodescendants, je
vous salue et je vous rappelle que vous aussi, vous êtes des Québécois à part
entière.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci, Mme
la Présidente. Tout ce que nous sommes, c'est sous ce thème que la table ronde
du Mois de l'histoire des Noirs a choisi d'honorer le patrimoine des Québécois
afrodescendants à l'occasion de la 34e édition de ses célébrations
annuelles. Ce faisant, la table nous enjoint, cette année, de réfléchir à la
multiplicité des identités des Québécois issus des communautés noires et de
célébrer celles-ci sous toutes leurs formes.
Les vécus des Québécois afrodescendants
sont pluriels. Ils se déclinent sous plusieurs couverts et dans toutes les
régions du Québec, de Gatineau à Rimouski, en passant par Rouyn-Noranda, Lévis,
Trois-Rivières et, bien sûr, Montréal. Ils sont préposés aux bénéficiaires et
économistes en chef. Elles sont coiffeuses et <neuroscientifiques
chercheuses. Ils sont...
Mme Cadet :
...ils
sont préposés aux bénéficiaires et économistes en chef. Elles sont coiffeuses
et >neuroscientifiques chercheuses. Ils sont chauffeurs de taxi et
restaurateurs. Elles sont éducatrices spécialisées et cardiologues
d'intervention. Les Québécois afrodescendants ne forment, donc, pas un
monolithe, mais toutes leurs nuances se valent et toutes leurs vies comptent.
Cela dit, ils et elles partagent tout de
même une histoire commune, une histoire qui sustente la flamme d'une quête
perpétuelle de dignité, parce que les diplômes, les titres et les éloges ne
constituent pas un rempart contre les épithètes péjoratives ou le profilage,
une histoire qui rappelle douloureusement les sempiternels plafonds de verre ou
la dévalorisation de leurs attributs, une histoire bien de chez nous avec un
prologue dont la narration est sise il y a plus de 400 ans et dont l'épilogue
est une page blanche à noircir avec tous ceux qui déposent leurs valises céans
à la recherche de lendemains qui ressemblent à leurs rêves.
Tout ce que nous sommes, des rêves les
plus fous de nos ancêtres aux gardiens de nos frères et sœurs, nous sommes, dans
toute notre hétérogénéité, québécois. Alors, prenons la plume ensemble parce
que ce n'est qu'ensemble que le prochain chapitre sera à la hauteur de quelque
chose comme un grand peuple. Merci, Mme la Présidente.
• (11 h 10) •
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au
député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Alors, le
Mois de l'histoire des Noirs a débuté sous le thème Tout ce que nous sommes.
De Mathieu da Costa, interprète débarqué comme homme libre en
Nouvelle-France en 1606, jusqu'aux nouveaux arrivants d'aujourd'hui, en passant
par les réfugiés de divers pays, l'histoire des personnes noires qui ont
contribué à façonner le Québec est longue, essentielle, et elle doit rayonner
encore plus.
Heureusement, il existe plusieurs
initiatives pour mettre cette histoire en lumière, dont le Mois de l'histoire
des Noirs ou, par exemple, ici, à Québec, la murale de Saint-Roch en hommage
aux citoyens noirs et afrodescendants de Québec. Notre ville compte en effet
15 000 personnes noires, dont plusieurs dans Jean-Talon, une
circonscription qui est fière d'accueillir un grand nombre de personnes
immigrantes, autant de citoyennes et citoyens qui contribuent culturellement,
socialement et économiquement à la vitalité de Jean-Talon, de la capitale
nationale et du Québec.
J'aimerais aujourd'hui souligner cet
apport et profiter de cette tribune pour encourager tous nos enseignants, nos
diffuseurs et toutes nos institutions à mettre de l'avant la contribution
exceptionnelle à notre société et à notre culture des Québécois d'origine
africaine et caribéenne. Je pense, par exemple, à la musique d'Oscar Peterson
ou à l'interprétation exceptionnelle d'une chanson du patrimoine antillais par
Johanne Harrelle dans le film À tout prendre dans les années 60. Je
pense, entre autres, à l'oeuvre littéraire de Dany Laferrière, qui s'étend
maintenant sur quatre décennies, et à l'engagement sans faille envers les
nouvelles voies de la poésie du poète et éditeur Rodney Saint-Éloi.
La liste est longue, mais je voudrais
également souligner la contribution de Jean Alfred, député dans le gouvernement
de René-Lévesque entre 1976 et 1981, qui, en étant le premier élu noir de cette
Assemblée, a brisé un plafond de verre dans notre vie politique. Nos collègues
de Bourassa-Sauvé, de Marie-Victorin, de Joliette et de Viau continuent
aujourd'hui à faire vibrer, avec nous toutes et nous tous, l'histoire des Noirs
ici même, à l'Assemblée nationale.
Je nous souhaite, donc, à toutes et à tous
un excellent Mois de l'histoire des Noirs. Merci, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Adopté. Maintenant, je reconnais un membre du troisième
groupe d'opposition, et je donne la parole au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, Mme
la Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin
de présenter, conjointement avec le député de Pontiac, le député de Rosemont et
la députée de Vaudreuil, la motion suivante :
«Que le gouvernement du Québec s'engage à
maintenir l'urgence du Centre hospitalier de Trois-Pistoles ouverte en tout
temps.»
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Pas de consentement. Maintenant, je reconnais M. le député
de Saint-Jérôme.
M. Chassin :Merci, Mme la Présidente. Alors, je sollicite le
consentement de l'Assemblée pour présenter la motion suivante, conjointement
avec le député d'Arthabaska :
«Que l'Assemblée nationale du Québec
reconnaisse l'importance de collaborer et de faciliter les échanges commerciaux
entre les provinces et territoires;
«Qu'elle affirme que les projets comme
GNL Québec peuvent contribuer à l'indépendance énergétique et à la <diversification...
M. Chassin :
...comme GNL Québec peuvent contribuer à
l'indépendance énergétique et à la >diversification économique du
Canada;
«Qu'elle prenne acte que le premier
ministre [...] a mentionné que la situation économique actuelle pourrait
modifier l'acceptabilité sociale des infrastructures de transport d'énergie tel
que GNL Québec;
«Qu'à la suite de ce commentaire du
premier ministre, l'Assemblée
nationale demande au gouvernement de réévaluer ses
positions quant
au transport des ressources énergétiques
canadiennes.» Merci.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Pas de consentement.
Avis touchant les travaux des commissions
Nous en serions maintenant à la rubrique
Avis touchant les travaux des commissions. M. le leader adjoint du
gouvernement, s'il vous plaît.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Donc, j'avise cette Assemblée que la Commission de
l'aménagement du territoire va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 79, la Loi édictant la Loi sur les
contrats des organismes municipaux et modifiant diverses dispositions
principalement aux fins d'allègement du fardeau administratif des organismes
municipaux, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures, et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de l'économie et du travail
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 87,
la Loi concernant principalement le développement et la mise en valeur de
terrains industriels et la gouvernance de la Société du parc industriel et
portuaire de Bécancour, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures, et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de la santé et des services
sociaux entendra les intéressés et procédera à l'étude détaillée des projets de
loi d'intérêt privé n° 213, loi concernant la municipalité
de Dixville, le mercredi 12 février 2025, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures, à la salle Pauline-Marois.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le leader adjoint. Pour ma part...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : S'il vous plaît, chers collègues! Pour ma part, je vous
avise que la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux
sociaux sur la santé et le développement des jeunes se réunira en séance
publique aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions, vers
11 h 15 jusqu'à 12 h 50, et de 15 heures jusqu'à
18 h 05, à la salle Marie-Claire-Kirkland, afin de procéder à la
deuxième phase des consultations particulières et auditions publiques dans le
cadre des travaux de la commission.
Je vous avise également que la Commission
de la santé et des services sociaux se réunira en séance de travail demain, le
jeudi 6 février 2025, de 8 h 30 à 9 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de statuer sur la possibilité que la
commission se saisisse de la pétition portant sur la reconnaissance de
l'obésité comme étant une maladie chronique.
Enfin, je vous avise que la Commission des
transports et de l'environnement se réunira en séance de travail le jeudi 6 février
2025, de 8 heures à 8 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau,
afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse des pétitions
concernant le maintien à l'accès au lac Saint-Joseph pour la population en
faisant l'acquisition du site et en confiant la gestion à la SEPAQ.
Maintenant, nous serions rendus à la
rubrique Renseignements des travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
La période d'affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader
adjoint du gouvernement, s'il vous plaît.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 5 du feuilleton.
Projet de loi n° 86
Adoption du principe
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. À l'article 5 du feuilleton, M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation propose l'adoption du
principe du projet de loi n° 86, Loi visant à assurer
la pérennité du territoire agricole et sa vitalité. Y a-t-il des interventions?
M. le ministre, la parole est à vous.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Vous savez, c'est vraiment une grande, grande
fierté que je m'adresse à vous aujourd'hui dans le cadre de l'adoption du
principe du projet de loi n° 86, qui constitue la
révision la plus importante de la Loi sur la protection du territoire et des
activités agricoles depuis son adoption en 1978.
Vous savez, Mme la Présidente, bien des
choses ont changé depuis 1978. L'agriculture a changé, nos communautés ont
changé, la société a changé, et puis c'est dans ce contexte-là qu'il devenait
essentiel, Mme la Présidente, d'en faire une mise à jour stratégique, de cette
loi-là, à la lumière de la situation qui prévaut aujourd'hui, en 2025.
Une chose qui n'a pas changé, c'est la
pertinence de cette loi. Au cours des derniers jours, dans le cadre des
consultations particulières, les membres de la Commission de l'aménagement du
territoire ont eu l'occasion d'entendre 16 groupes et intervenants des
milieux agricoles, municipaux et environnementaux. Je tiens à remercier tous
ceux et celles qui ont participé à l'exercice et j'adresse aussi mes
remerciements à mes collègues, tant de la partie gouvernementale que des
différentes oppositions qui... grâce auxquels les travaux se sont vraiment bien
déroulés.
Ce que je retiens par-dessus tout, Mme la
Présidente, de ces consultations, c'est l'engagement profond des différents
intervenants envers la préservation de nos terres agricoles, <envers le
maintien et l'accroissement du dynamisme des...
R15401
M. Lamontagne :
...intervenants envers la préservation de nos terres agricoles, >envers
le maintien et l'accroissement du dynamisme des activités qui s'y déroulent.
Nous avons entendu des propositions et aussi des préoccupations, Mme la
Présidente. Tous saluent la mise en place de mécanismes de suivi et de contrôle
de certaines transactions foncières pour favoriser l'accès à la terre,
notamment pour la relève.
L'ensemble des groupes accueille aussi
favorablement les mesures visant à bonifier les outils dont dispose la Commission
de protection du territoire agricole du Québec pour mieux déceler et
sanctionner les infractions à la loi et visant à alléger les exigences
administratives envers la clientèle. Soulignons aussi la réception positive des
mesures visant l'arrimage entre la planification territoriale réalisée par les
MRC et le régime d'autorisation de la loi ainsi qu'une meilleure prise en
compte des particularités régionales.
On en est tous conscients, le secteur
agricole s'inscrit plus que jamais au coeur des Québécois et des Québécoises.
On n'a qu'à penser à ce qu'il se passe avec nos voisins américains. On doit,
donc, poser des gestes forts, consensuels pour favoriser et accroître notre
autonomie alimentaire. On doit protéger nos terres, une ressource qui est
limitée, pour assurer notre capacité à nourrir notre population. Notre
gouvernement veut offrir aux Québécois et aux Québécoises davantage de
possibilités de découvrir la qualité de nos produits ainsi que l'importance
d'encourager nos producteurs.
• (11 h 20) •
Avec ce projet de loi, on propose des
solutions à des enjeux contemporains auxquels fait face le territoire agricole.
On adapte le régime actuel pour assurer sa pertinence et sa pérennité. On
soumet des avancées concrètes pour le milieu agricole en protégeant la capacité
des producteurs et des productrices agricoles à nourrir le Québec. Par avancées
concrètes, je pense, entre autres, à la mise en place d'un mécanisme qui
permettra de suivre des transactions foncières agricoles. On veut aussi assurer
l'occupation du territoire. Les terres protégées doivent être exploitées et
servir à nourrir notre population. On veut aussi favoriser les activités
agrotouristiques. Nos agriculteurs sont fiers d'accueillir des visiteurs dans
leurs installations et leur montrer comment les aliments transitent de la ferme
à la table. Notre intention est également de soutenir la vitalité des régions
et des communautés. On a besoin de régions fortes économiquement, et ça passe
notamment par l'agriculture. Le projet de loi vise également à simplifier et à
alléger l'administration du régime de protection du territoire. Ça, ça veut
dire donner de la flexibilité à la Commission de protection du territoire pour
éviter des décisions mur à mur, pour tenir compte des particularités
régionales.
C'est, donc, une pluralité d'actions, Mme
la Présidente, qui, combinées, contribuent à mieux soutenir nos agriculteurs et
à protéger et mettre en valeur notre patrimoine collectif pour nous et pour les
générations à venir. En terminant, bien, je tiens vraiment à mentionner que,
depuis le début de cette grande démarche là qu'on a lancée en juin 2023, à
laquelle des centaines de participants ont pu contribuer des mémoires, des
courriels, des webinaires, des tournées régionales, moi, ce que j'ai pu
constater, Mme la Présidente, là, c'est une très, très grande adhésion de tous
les pans de notre société envers l'importance de la protection et de la mise en
valeur de nos terres agricoles.
Alors, aujourd'hui, on est prêt à
poursuivre les travaux qui entourent cet ambitieux projet de loi, et je peux
vous dire, Mme la Présidente, qu'on va continuer à faire ce travail-là en
continuant de travailler à maintenir ce consensus-là, Mme la Présidente. Alors,
merci beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au
député de Pontiac.
M. André Fortin
M. Fortin :Bonjour, Mme la Présidente. Je vais joindre ma voix à celle
du ministre de l'Agriculture, qui se dit heureux de lancer le débat sur ce
qu'il appelle, avec raison, une très grande réforme de la protection du
territoire agricole au Québec.
Mme la Présidente, je vais vous le dire
d'entrée de jeu, là, on appuie le principe du projet de loi. Le principe du
projet de loi, c'est essentiellement de favoriser la protection du territoire
agricole au Québec. Et, ça, je pense que, dans un contexte où on veut tous en
faire davantage pour protéger notre possibilité de production alimentaire ici,
au Québec, pour s'assurer qu'on crée une richesse collective à travers la bonne
utilisation, la bonne valorisation des terres agricoles, le principe, il est
fort positif, mais, pour la suite de nos travaux, Mme la Présidente, le Parti
libéral du Québec, dans toutes ses interventions, va penser d'abord et avant
tout aux agriculteurs, parce que la protection du territoire agricole, c'est un
objectif louable et nécessaire, mais les agriculteurs vivent, Mme la
Présidente, et je ne vous apprends rien en le disant, vivent des situations
difficiles ces jours-ci. Là, on est le 5 février, c'est, donc, dire que, il
y a <moins...
M. Fortin :
...5 février, c'est, donc, dire que, il y a >moins
qu'un an, Vous vous rappellerez toutes les manifestations que les agriculteurs
ont faites pour faire valoir au gouvernement qu'ils ne se sentaient pas
soutenus, qu'ils ne se sentaient pas épaulés, qu'ils se sentaient dépourvus,
que de plus en plus d'entre eux devaient remettre les clés à la banque parce
que ça ne fonctionnait simplement plus.
Mme la Présidente, il y a des images, au
cours de la dernière année, de ces manifestations-là, qui m'ont frappé, qui
nous ont tous, collectivement, je l'espère, frappés. Moi, voir des agriculteurs
avec des pancartes sur lesquelles il était écrit «Nourrir sans mourir», je
pense que ça illustre bien toute la volonté que les agriculteurs, aux quatre
coins du Québec, avaient de participer à cet effort-là, appelons ça comme ça,
un effort collectif de faire en sorte que le Québec est bien nourri, qu'on a
des produits de qualité et des produits à l'avant-garde, d'y travailler, d'y
consacrer ses journées, d'y consacrer ses finances personnelles. Mais le «sans
mourir», il est important aussi, le «sans mourir» vient faire part à tous et
chacun d'entre nous d'une certaine détresse, d'une grande difficulté. Et
j'espère qu'on l'a entendu, collectivement, qu'on continue de l'entendre, parce
que ce sentiment-là, Mme la Présidente, il est toujours présent. Même si les
agriculteurs ne sont pas dans la rue aujourd'hui, le sentiment qui était
derrière ces paroles-là, qui était derrière tous et chacun qui se sont
présentés à ces manifestations-là, il n'en est pas moindre aujourd'hui.
Moi, Mme la Présidente, à ce... lors de
ces événements-là, j'ai vu des agriculteurs, des gens issus de la relève, des
gens qui commencent ou des gens qui sont établis depuis quelques années à
peine, des gens dans la trentaine. Pour illustrer le propos, Mme la Présidente,
je vais dire : J'ai vu un agriculteur en particulier, un homme d'une
trentaine d'années qui venait de se lancer il n'y a pas très longtemps. Je l'ai
vu prendre la parole dans une manifestation à Gatineau et je l'ai vu pleurer,
Mme la Présidente, devant des centaines de ses confrères et consœurs, je l'ai
vu pleurer en disant à quel point le poids était devenu trop à porter, à quel
point il se sentait seul sur son exploitation agricole, à quel point le poids
de la réussite de l'entreprise familiale était important, à quel point les
conditions, les conditions dans lesquelles il pratique son métier sont
insatisfaisantes.
Alors, Mme la Présidente, on va parler, au
cours des prochains jours, des prochaines semaines, de la protection du
territoire agricole, mais je pense qu'il faut le faire en se souvenant, en se
rappelant constamment que les gens qui sont affectés par les changements qu'on
met en place, d'abord et avant tout, ce sont les producteurs agricoles, ce sont
eux qui vivent dans leurs finances, ce sont eux qui vivent dans la façon qu'ils
exploitent leur ferme, ce sont eux qui vont vivre les conséquences de ce qu'on
va proposer ici.
Et ce qui va être étudié va l'être dans le
contexte global. C'est-à-dire, on ne peut pas simplement étudier un projet de
loi comme celui-là qui vient imposer des restrictions, hein? Le contexte de la
Loi sur la protection du territoire agricole, ça vient imposer des
restrictions. Et on en est, Mme la Présidente, ça en prend. Mais, dans le
contexte global, international, nord-américain de ces jours-ci, dans le
contexte où ces mêmes agriculteurs-là qui se disaient déjà sous pression, hein,
c'était ça, un peu, le thème des manifestations, L'agriculture sous pression,
ces agriculteurs-là qui se disaient sous pression le sont encore plus
aujourd'hui, Mme la Présidente. Parce que leurs produits, les produits qu'on
fait au Québec, ils sont exportés aux États-Unis.
Aux États-Unis, on retrouve le porc
québécois. Aux États-Unis, on retrouve les fruits et légumes québécois. Allez
dans une épicerie, traversez, prenez la route vers la Beauce, continuez un peu
plus loin, allez dans une épicerie, vous allez voir des produits québécois. Le
sirop d'érable québécois, Mme la Présidente, il est exporté aux États-Unis,
bien évidemment. Et ces gens-là font partie des entreprises, aujourd'hui, que
les <Québécois disent massivement...
M. Fortin :
...bien évidemment, et ces gens-là font partie des
entreprises aujourd'hui… que les >Québécois disent massivement : On
veut les appuyer. Je l'ai dit tantôt, je le redis aujourd'hui, moi, j'étais
fier de voir, en fin de semaine, des citoyens québécois, des gens à l'épicerie,
à mes côtés, qui choisissaient les produits québécois au lieu des produits
américains. Moi, j'étais fier de ça.
Alors, les Québécois, ils veulent faire
leurs efforts pour que nos agriculteurs réussissent dans un contexte qui est de
plus en plus difficile, mais je nous encourage collectivement, et c'est vrai
pour le projet de loi qui est devant nous, là, c'est vrai pour les autres projets
de loi qu'on est en train d'étudier, à ne pas étudier ces projets de loi là en
silo, Mme la Présidente, à les prendre dans le contexte dans lequel on se
trouve aujourd'hui, le contexte dans lequel le président américain nous a
placés, le contexte qui fait en sorte que 100 000 emplois pourraient
être perdus au Québec au cours des prochains mois.
• (11 h 30) •
Et le premier ministre avait raison sur
une chose hier quand il nous disait : Il y en a beaucoup, de ces
emplois-là, qui vont être en région. On peut parler de la foresterie, mais on
peut parler de l'agriculture aussi, Mme la Présidente. Notre agriculture, elle
se retrouve à nouveau, comme nos transformateurs alimentaires, sous pression.
Là, dans ce cas-ci, dans ce cas spécifique ci, ce n'est pas à cause de
l'inaction du gouvernement, ce n'est pas à cause d'un premier ministre qui s'en
désintéresse, ce n'est pas à cause des programmes québécois mal adaptés,
quoique c'est encore à considérer. C'est à cause d'un contexte américain, un
contexte nord-américain qui change, qui évolue à vue d'œil, et d'un président
américain qui décide que, lui, son objectif, c'est d'appauvrir les Québécois,
les Canadiens, et les premières victimes de cela, ça va être nos travailleurs
forestiers, nos travailleurs agricoles, nos entrepreneurs agricoles.
Alors, Mme la Présidente, je nous
encourage à non pas se replier sur nous-mêmes, mais à regarder ce qu'on peut
faire, au-delà de nos frontières, pour ouvrir des nouveaux marchés, pour
collaborer avec les autres provinces canadiennes. On l'a dit, Mme la
Présidente, les règles interprovinciales sont un frein au développement de nos
exploitations agricoles. Moi, je viens d'une région, comme d'autres ici, Mme la
Présidente, comme, par exemple, la députée de Soulanges, comme le député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
non, pas le député du Lac-Saint-Jean, je parle d'une autre réalité, de... oui,
pas du Lac-Saint-Jean, du Saguenay, Mme la Présidente, mais ces gens-là, ils
ont tous des producteurs agricoles qui viennent les voir en disant : Bien,
voyons donc, moi, je peux vendre mon poulet, je peux vendre mon bœuf localement
au marché du coin, mais je ne peux pas le vendre 20 kilomètres plus loin
au restaurant à Ottawa, je ne peux pas le vendre au marché public à North Bay,
je ne peux pas le vendre à Cornwall, je ne peux pas le vendre à Edmundston, au
Nouveau-Brunswick, à des marchés qui devraient nous être ouverts, Mme la
Présidente.
Alors, quand on parle du contexte dans
lequel font affaire nos agriculteurs, quand on dit : Il faut les protéger,
oui, la protection du territoire agricole, c'en est une grande partie. Mais,
aujourd'hui, quand le premier ministre nous dit : Il faut réagir, il faut
faire tous les efforts nécessaires, bien, ce sont ces producteurs-là qui nous
offrent des possibilités d'expansion, des possibilités de développement, des
possibilités d'en faire plus, des possibilités d'améliorer notre économie
locale en région, qui, aujourd'hui, là, se retrouvent avec un gros nuage noir
au-dessus de leur tête mais qui, en même temps, lèvent la main pour dire :
Aïe! J'en ai, des solutions, on en a.
Alors, oui, qu'on travaille le projet de
loi sur la protection du territoire agricole, c'est attendu depuis longtemps et
c'est salué comme initiative, mais on a du temps à passer rapidement, tout de
suite, sur ces autres enjeux-là. Alors, en parallèle qu'on va travailler le
projet de loi du ministre, j'espère qu'on va entendre du gouvernement c'est
quoi, nos priorités au niveau, par exemple, des règles interprovinciales à
changer, parce que nos producteurs d'alcool, nos producteurs de viande et
plusieurs autres, Mme la Présidente, ils attendent ces changements-là avec
impatience et ils pourraient agir comme rempart face à une menace immense du
gouvernement américain.
Ça, c'est le contexte dans lequel
s'inscrit le projet de loi et c'est pourquoi je fais une demande <aujourd'hui
au ministre...
>
11 h 30 (version révisée)
<15383
M. Fortin :
...fait
une demande >aujourd'hui au ministre de l'Agriculture. J'aimerais qu'il
nous offre une analyse économique de son projet de loi. On a vu une analyse
réglementaire, dans les documents qui nous ont été fournis, et ça, c'est bien, c'est
normal, il faut le faire, mais une analyse économique de l'impact de son projet
de loi serait appréciée. Parce que, j'y reviens, Mme la Présidente, le monde
agricole, comme d'autres industries au Québec, se retrouve devant une situation
économique ou une perspective économique extrêmement difficile. Et vous allez
me dire : Ce n'était peut-être pas le cas il y a deux mois. Effectivement,
on avait une menace, il y a deux mois. Aujourd'hui, on se retrouve avec...
disons, la menace, on est pas mal dedans, là. Ça a beau être suspendu pendant
un autre 28 jours, on est encore là. Alors, je fais une demande au
ministre de l'Agriculture pour qu'il considère l'impact économique de son
projet de loi.
Parce qu'on a entendu tout le monde. On a
entendu, en fait, beaucoup de groupes. Je pense que le ministre l'a mentionné
qu'on en a entendu 16, des gens réfléchis, des gens posés, des gens qui s'investissent
depuis des années, depuis des décennies, depuis des générations, même, dans la
protection des terres agricoles. On a entendu également des gens issus de la
relève qui sont venus nous dire : Aïe! Si vous voulez favoriser votre
agriculture au Québec, si vous voulez que ça marche, si vous voulez que ça
marche pendant longtemps, si vous voulez que le Québec soit le garde-manger qu'il
doit être, que le territoire québécois soit le garde-manger qu'il doit être
pour les Québécois et les Québécoises, bien, assurez-vous que la relève puisse
avoir toute sa place.
Et ils sont arrivés avec des propositions
précises, certaines qui sont déjà dans le projet de loi, qui peuvent avoir un
impact, mais certaines autres... Et, Mme la Présidente, pour chacune de ces
propositions-là, il y a contre-proposition. Il y a des gens qui vont dire :
Est-ce que ça fait vraiment du sens? Est-ce que ça nous aide? Est-ce que, dans
le court terme, ça va nous aider ou est-ce que c'est une... ça a un impact à
long terme sur l'économie, sur la possibilité de reprendre ces entreprises
agricoles là? Alors, moi, je demanderais au ministre de l'Agriculture et à ses
équipes, il en a plus que nous, Mme la Présidente, de travailler à une analyse
économique de ces propositions-là, parce qu'il y en a beaucoup qui, à première
vue, peuvent sembler intéressantes. Il y en a qui, à première vue, peuvent être
facilement rejetables. Mais d'avoir une analyse de chacune de ces mesures-là
serait, pour nous, un outil, je vous le dis, dans le contexte, indispensable.
Bon, je reviens aux propositions des
différents groupes, Mme la Présidente. La Fédération de la relève agricole...
Moi, quand on... à chaque fois qu'on travaille des dossiers en agriculture, là,
c'est pas mal le groupe vers lequel je me tourne parce que c'est ceux qui vont
nous faire... ceux qui vont s'assurer qu'on peut manger pendant des
générations, ceux qui vont s'assurer qu'on a une agriculture durable au Québec.
Et le grand message qu'on a entendu de la fédération de la relève, c'était
essentiellement : C'est dur de se lancer, faites tout en votre possible
pour nous permettre, aux jeunes agriculteurs, à ceux issus de la relève, d'acquérir
des terres, d'exploiter des terres, de travailler ces terres-là, d'en tirer
profit, de vivre notre vie de ces terres, parce qu'aujourd'hui c'est trop
difficile, parce qu'aujourd'hui il y en a trop qui sont accaparées par de la
grande entreprise, il y en a trop qui sont accaparées par des non-résidents, il
y en a trop qui sont accaparées par des fonds d'investissement. Ils sont venus
nous faire un plaidoyer pour trouver des solutions. Est-ce que tout ce qu'ils
ont proposé, c'est la meilleure chose? Je ne le sais pas, Mme la Présidente,
mais je sais qu'il y a quelque chose derrière le propos, par exemple. Il y a
une réalité vécue, derrière le propos tenu par la fédération de la relève.
J'ai entendu les gens de l'UPA, et les
gens de l'UPA font très clairement, Mme la Présidente, partie de ceux qui
militent depuis des générations, comme je le disais, pour la protection du
territoire agricole. Et moi, je n'ai qu'à regarder dans ma propre région, là. Le
président de L'Union des producteurs agricoles Outaouais-Laurentides vient de
ma circonscription, c'est quelqu'un que je connais bien et que je vais
régulièrement... je vais régulièrement sur sa ferme ou à son domicile pour qu'on
ait des échanges francs et clairs sur la question de l'agriculture. Mais c'est
quelqu'un qui... pour lui, la protection du territoire agricole, comme elle a
été faite en 1978, c'était un immense gain et un gain qu'on ne doit jamais
diluer. Alors, derrière ce qu'on va étudier, je veux qu'on se rappelle également
les gains qu'on a faits par le passé. Parce qu'il y a des allègements, dans le
projet de loi, il y a des allègements qui sont nécessaires, dans le projet de
loi, mais il faut aussi se rappeler toute l'importance que la terre agricole, elle
a pour les gens qui en vivent. Ils ne peuvent pas en vivre sans elle.
Je nous encourage collectivement à se
rappeler certaines des réalités qui sont peut-être plus difficiles, vécues par
des producteurs, par exemple, et on y reviendra. Par exemple les acériculteurs,
vous le savez, Mme la Présidente, ce n'est pas la première fois que j'en parle
de ma passion pour l'érable et ses produits ici, il y a d'autres députés qui
ont fait la même chose, je vois le député de Beauce-Sud, bien, ils sont venus
nous dire quelque chose qui ne fait aucun sens. Ils sont venus nous dire :
J'achète un contingent ou je m'approprie un contingent pour pouvoir entailler,
et mes taxes municipales augmentent du simple au double, souvent, Mme la
Présidente. Alors, est-ce qu'on est en train de mettre des barrières
artificielles, artificielles pour nous, bien réelles pour eux, devant des gens
qui veulent s'investir en acériculture? C'est une réflexion qu'on doit avoir
puis c'est un propos qu'on va amener au ministre pendant l'étude qui s'en vient,
parce qu'on ne doit jamais limiter le potentiel de gens qui veulent s'investir
pour développer des produits dont on est fiers avec de la taxation qui,
logiquement, ne fait pas de sens, Mme la Présidente.
Parlant des acériculteurs, pendant que j'y
suis, ils ne se sont pas gênés pour rappeler, lors de la consultation, les
propos qu'ils ont souvent tenus, avec juste raison, à quel point c'est
difficile ces jours-ci, à quel point ils en veulent plus de la part du
gouvernement pour qu'ils puissent exercer leur métier en forêt publique. La
forêt publique, ça demeure un outil de développement incroyable, un potentiel
de développement incroyable pour les acériculteurs, et on se prive.
Fouillez-moi pourquoi, le gouvernement fait le choix de se priver de cette ressource-là
qui est à notre disposition. On va parler un petit peu plus tard, là, des
terres en friche au Québec et de qu'est-ce qu'on fait pour en maximiser le
potentiel. Moi, je fais partie de ceux qui... à chaque fois que je vois une
terre en friche, je vois un potentiel perdu. Mais c'est la même chose pour nos
érables en terres publiques, des érables qui ne sont pas entaillés, des régions
complètes ou presque, Mme la Présidente, où la forêt publique n'est pas
utilisée à son plein essor, comme chez nous, comme dans la vallée de la
Gatineau, comme au Témiscamingue. C'est de la richesse perdue.
• (11 h 40) •
Alors, Mme la Présidente, je vous l'ai dit
tantôt, on va voter en faveur du principe du projet de loi parce qu'on croit à
la protection du territoire agricole au Québec et parce qu'on croit qu'il faut
améliorer l'accès à ces terres agricoles là à notre relève. Et là je vais
diviser le projet de loi en quelques catégories différentes. Je vais dévoiler
mon jeu pour le ministre qui, je le sais, je le présume, je l'espère, va
arriver avec des amendements, alors il va savoir où on s'en tient tout de
suite.
Il y a des trucs dans le projet de loi,
catégorie un, qui font bien du sens. Il y a des trucs qu'on va travailler
ensemble pour espérer trouver une meilleure voie de passage, mais qui... sur le
principe, on peut s'entendre, puis il y a des trucs sur lesquels on veut
s'arracher les cheveux. Alors, commençons par le début, Mme la Présidente,
pendant qu'il me reste des cheveux.
Le ministre dit qu'il veut resserrer la
possibilité, par exemple, que des serres se développent sur des terres
agricoles. Mme la Présidente, vous prenez une partie de la même route que moi
pour vous rendre chez vous, le jeudi après-midi ou le jeudi soir, lorsque nos
travaux sont terminés, vous voyez probablement les mêmes serres que moi à
Mirabel, derrière l'usine de Bell Helicopter. Ça, ce sont des terres agricoles
de très grande qualité. Ça fait partie des bonnes terres, hein, quand on parle
de... quand on parle de l'aéroport de Mirabel, quand on parle de Bell
Helicopter, on parle de très bonnes terres agricoles qui ont été utilisées à
des fins autres que l'agriculture. Bien, les serres qui sont implantées juste à
côté de ces deux infrastructures-là, on a le droit de se poser la question, à
savoir : Est-ce que c'est la meilleure utilisation de nos terres agricoles
de grande qualité de surcroît? Et là je pense qu'il va falloir faire des
nuances, parce qu'il y a des producteurs, il y a des gens qui habitent en terre
agricole qui vont peut-être vouloir avoir des serres, qui commencent pour leur
usage personnel, qui peut-être évoluent vers l'usage commercial et les grandes
serres, les grandes serres du Québec, là, celles qu'on connaît, les Toundra,
les Savoura de ce monde. Mais je crois que la réflexion amorcée par le projet
de loi, à savoir est-ce qu'on utilise les terres agricoles à leur meilleur
potentiel ou est-ce que ces serres-là peuvent aller, un, dans des parcs
industriels, deux, dans des régions où les terres sont de moins bonne qualité,
je crois que c'est tout à fait louable comme discussion et qu'on doit l'avoir.
L'enjeu de la simplification... et là,
tantôt, Mme la Présidente, quand je vous disais : Il faut se mettre dans
le vécu des agriculteurs, moi, ce week-end, je suis retourné dans ma
circonscription, comme tout le monde ici, là, puis je suis allé parler à un
agriculteur et je lui ai dit : Aïe! On est en train de revoir la loi sur
la protection du territoire agricole et on avait la CPTAQ en auditions la
semaine dernière. Et le simple mot, d'évoquer la CPTAQ, en fait friser
plusieurs. La Commission de la protection du territoire agricole, même auprès
des gens qui croient à l'importance, à la nécessité de protéger notre
territoire agricole, disons qu'elle n'a pas bonne réputation, et le ministre
l'a évoqué, ce sentiment-là de grande frustration de la part de certains
agriculteurs devant les gens de la commission, ma collègue a fait la même
chose, mais il ne faut pas la minimiser, ce sentiment... il ne faut pas le
minimiser, ce sentiment-là, à quel point certains agriculteurs trouvent
difficile, trouvent ardu, trouvent pénible le processus en cours à la
Commission de protection du territoire agricole. Des fois, c'est des choses
toutes simples, Mme la Présidente, des choses qui ne devraient jamais se
rendre devant un processus si rigoureux, mais pour lesquelles on demande du
temps, on demande de l'énergie, on demande de l'argent, on demande de l'effort,
on demande des maux de tête, à des gens qui aimeraient pas mal plus travailler sur
leurs terres.
Alors, la première réaction que j'ai eue
de l'agriculteur quand je lui ai dit : Ah oui! On a eu la CPTAQ en
auditions, c'était : Aïe! Tu vas nous débarrasser de ça, hein? Puis, Mme
la Présidente, je le sais que c'est quelqu'un qui a un amour pour ses terres
agricoles, qui a un amour pour l'agriculture, qui a un amour pour ce qu'il fait
au quotidien, puis qui veut continuer à le faire, puis qui ne veut pas qu'on
perde des terres agricoles au Québec, qui veut qu'on les maximise, mais qui trouve
que les processus à la CPTAQ sont difficiles, sont ardus, que leurs décisions
ne font pas toujours du sens, qu'elles ne tiennent pas la route d'une région à
l'autre, d'une décision à l'autre.
Alors, il faut l'entendre, ce
sentiment-là, il faut le comprendre. Puis j'espère que les gens de la CPTAQ qui
sont venus en commission la semaine dernière l'ont aussi compris, parce qu'on a
tous été gentils, mais, si la CPTAQ décidait de faire... appelons ça de faire
une une séance où les gens peuvent dire tout ce qu'ils pensent de la CPTAQ, je
ne suis pas sûr qu'ils sortiraient de là bien heureux. Alors, avant de les
forcer à faire des «focus groups» qu'ils n'aimeront pas, je pense qu'on a un
travail à faire, comme législateurs, de leur simplifier la vie. Et ce que le
ministre propose en lien avec la... appelons ça la non-nécessité d'avoir des
orientations préliminaires lorsque c'est positif, lorsque la décision est
positive, on voit ça d'un bon œil. On voit que c'est une simplification du
processus et on va l'appuyer dans ces démarches-là.
Le partage des pouvoirs en inspection, là,
si vous voulez vous arracher les cheveux, Mme la Présidente, vous auriez dû
écouter ce que les gens de la CMM nous ont dit en commission parlementaire. La Communauté
métropolitaine de Montréal, notamment par la voix de la mairesse de
Sainte-Anne-des-Plaines, nous a dit qu'il y avait des dossiers que, lorsqu'on
appelle la CPTAQ et qu'on leur dit : Aïe! Il y a du monde en infraction,
vous devriez faire une inspection, la réponse qu'ils vont avoir, c'est :
Ah! bien, parfait, on va être là dans quatre ans. Dans quatre ans, Mme la
Présidente, on va envoyer un inspecteur. Là, la CPTAQ, soit qu'elle n'a pas les
ressources nécessaires, soit qu'elle ne les met pas à la bonne place, soit que
tout le monde est pris dans le processus d'analyse qui est bien trop long puis
bien trop rigoureux ou encore ils ont besoin d'aide.
Alors, ce que le ministre vient permettre
dans le projet de loi, c'est une certaine ouverture. Est-ce qu'elle pourrait
être plus grande, cette ouverture-là? Fort probablement, mais une certaine
ouverture à ce que les municipalités puissent jouer un rôle plus grand dans le
processus d'inspection, le processus en lien avec le suivi de la loi, parce
que, je reviens à l'exemple des érables, Mme la Présidente, si quelqu'un fait
une coupe d'érables qui n'est pas permise, bien, ça prend un inspecteur à un
moment donné, là. Si la municipalité, si des voisins, si quelqu'un le dénonce,
si quelqu'un qui a à cœur la protection d'une richesse, d'une ressource
potentielle au Québec, dénonce cette situation-là puis que ça prend quatre ans,
envoyer un enquêteur ou un inspecteur, bien, Mme la Présidente, il n'y a
personne qui va être découragé par ça. Puis, plus tard, ils vont aller couper
le terrain d'à côté, puis celui d'à côté, puis celui d'à côté.
Alors, il y a quelque chose qui ne tourne
pas rond dans le processus d'inspection de la CPTAQ, et ça, je vous dirais, Mme
la Présidente, ce n'est pas unique à la CPTAQ. Mais une loi qui n'est pas...
pour laquelle il n'y a personne qui vérifie, qui inspecte, qui enquête à savoir
si elle est suivie, bien, ça ne vaut pas grand-chose.
C'est la même chose, Mme la Présidente, et
on a eu le débat public il y a quelques semaines, sur la question des
enquêteurs en forêt publique, même affaire. Il y a sept enquêteurs, à savoir...
pour voir si les compagnies forestières respectent la réglementation, pour
protéger notre forêt publique, à savoir : Est-ce qu'ils font les coupes à
la bonne place? Est-ce qu'ils vont trop proche des lacs? Sept pour tout le
Québec. Il n'y en a pas, Mme la Présidente, au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Il n'y
en a pas. Aucun. Alors, qu'est-ce qu'on fait? On fait venir du monde de
Montréal? On fait venir du monde de l'Estrie?
• (11 h 50) •
Mme la Présidente, le message qu'on envoie
quand on n'a pas assez d'inspecteurs ou d'enquêteurs, comme c'est le cas à la
CPTAQ, comme c'est le cas pour les enquêteurs en forêt publique, c'est :
Faites ce que vous voulez, puis il n'y a personne qui va vous pogner. Puis ça,
ce n'est pas un bon message à envoyer. Parce que nous autres, on peut passer
notre journée, ici, à écrire des lois, là, on peut passer notre journée à
débattre, à dire : Ah! on peut faire ça, on ne peut pas faire ça, ça,
c'est bon pour le Québec, ça, ce n'est pas bon pour le Québec, ça, c'est bon
pour l'avenir de notre terre agricole, ça, c'est bon pour l'avenir de notre
forêt publique, mais, s'il n'y a personne qui va enquêter, qui va inspecter, ça
vaut zéro. Le message qu'on envoie ne peut pas être : On va passer des
journées, on va dépenser de l'argent du public pour faire les meilleures lois
possibles puis, après ça, respectez, respectez-les pas, ça ne change rien dans
nos vies.
Sur ce même point là, Mme la Présidente,
le projet de loi, et là je suis encore dans les aspects positifs du projet de
loi, le projet de loi vient imposer des pénalités beaucoup plus grandes,
beaucoup plus sévères. Je lève mon chapeau à ça, Mme la Présidente. Les
acériculteurs, j'y reviens, sont venus nous dire : Ça ne se peut pas que
ça fasse du sens financièrement pour quelqu'un de venir raser les érables, de
venir les vendre... d'aller les vendre puis, après ça, dire : Bien, je
vais la payer, la pénalité, c'est moins cher que le profit que j'ai fait... s'ils
se sont fait prendre. Alors, effectivement, la pénalité ne peut pas être
moindre que le profit engendré, sinon, encore une fois, le message qu'on
envoie, c'est : Bah! Faites ce que vous voulez, ça ne change rien. Alors,
les sanctions, une bonne chose.
L'agrotourisme, et là je sais que vous en
savez quelque chose, Mme la Présidente, parce que votre région en est une où on
est proches d'un bassin important de résidents, alors il y a un marché
important pour l'agrotourisme dans votre coin, je salue l'ouverture faite par
le projet de loi à une plus grande acceptabilité de projets d'agrotourisme. Ça,
ça ne veut pas dire que ça va être n'importe qui, n'importe quoi, n'importe
comment, mais ça veut dire que nos règles, en ce moment, elles sont trop
rigides. Elles ne permettent pas plusieurs projets. Et moi, j'en ai vu dans ma
circonscription, des projets, là, où tout le monde trouve que ce serait
positif, c'est-à-dire que la MRC y voit une opportunité de développement
économique, que les agriculteurs eux-mêmes y voient une possibilité de
débouchés pour leurs projets, que la notion d'occupation du territoire est mise
de l'avant, mais qui n'ont pas pu obtenir les autorisations nécessaires, parce
que la loi, telle qu'elle est écrite actuellement, elle est trop rigide.
Alors là, on vient faire une ouverture.
Et, encore là, je me remets dans le monde quotidien des agriculteurs. Un
agriculteur, là, ça veut être capable de vivre de sa terre, puis, des fois,
bien, l'agrotourisme, ça en fait partie. Des fois, dire : Je vais ouvrir
mes portes pour que les gens viennent acheter mes produits chez nous, c'est une
bonne chose, ça, Mme la Présidente.
Moi, j'ai participé, pendant plusieurs
années, là, aux projets de portes ouvertes de l'UPA, et la beauté de la
chose... parce qu'on est de moins en moins un monde rural, c'est-à-dire, on est
de plus en plus un monde urbain, puis il y a de moins en moins de nos enfants
qui savent c'est quoi, la vie agricole, qui savent c'est quoi qui se passe sur
une ferme, qui savent comment c'est fait, un verre de lait, d'où ça vient, les
carottes. Les enfants n'ont plus, Mme la Présidente, cette proximité-là avec le
quotidien de l'agriculture puis le développement de nos produits au Québec.
Alors, l'agrotourisme, c'en est une,
façon, ça, de rapprocher les consommateurs du produit, de rapprocher les
consommateurs des agriculteurs et de le faire alors qu'ils ont une oreille
attentive, pas nécessairement dans un contexte de confrontation comme ça
peut-être le cas dans certains coins du Québec, entre les agriculteurs puis les
villégiateurs, par exemple. Mais là, ici, on a une opportunité à saisir. Est-ce
que le projet de loi va assez loin? Je ne le sais pas, Mme la Présidente. On va
en parler, mais il y a une ouverture et, pour cette ouverture-là, à faire plus
l'agrotourisme, en s'assurant que l'agriculture demeure l'occupation
principale, c'est positif.
Maintenant, les sujets qu'il va falloir
débattre. La taxation des terres en friche, Mme la Présidente... Le projet de
loi vient permettre, de façon, disons, plus élaborée ou plus formelle
qu'actuellement là, aux municipalités de taxer les terres en friche. Il y a
déjà des endroits qui l'ont fait au Québec, je pense à Laval, entre autres. Et
là, ici, le principe général, là, c'est qu'il y a des terres qui sont non
utilisées pour l'agriculture, qui sont de bonne qualité, qui ont peut-être...
souvent, déjà été utilisées pour de l'agriculture et qu'on veut remettre en
culture pour augmenter notre production totale. Ça, Mme la Présidente, il n'y a
personne qui va dire qu'il est contre ce principe-là. C'est un peu comme le
principe des villes qui mettent de la taxation sur des places de stationnement.
À un moment donné, on comprend tous qu'il y a peut-être une meilleure
utilisation de ce territoire-là, mais il faut vivre dans la réalité des
agriculteurs encore. Est-ce qu'il peut y avoir des effets bénéfiques? Oui.
Est-ce que ça peut permettre de rendre plus de terres potentiellement
disponibles pour la relève? Oui. Est-ce que ça peut nous assurer, au net, qu'on
a plus de productivité agricole? Je l'espère.
Mais le producteur agricole qui a
75 acres, là, puis qu'il y en a cinq qui sont en friche, parce qu'il a
peut-être essayé quelque chose avec ces acres-là, à un moment donné, puis ça
n'a pas donné le résultat escompté, puis là il a peut-être un projet éventuel
d'essayer d'autres choses, mais ça va lui prendre les fonds nécessaires, fonds
qu'il n'a peut-être pas aujourd'hui, là, est-ce qu'on va vraiment venir dire à
ce producteur-là qui a un projet, qui veut faire quelque chose mais qui n'a
juste pas le cash-flow, qui n'a pas la liquidité nécessaire pour le
lancer : On va te surtaxer là-dessus? Je me demande si c'est la meilleure
façon de faire pour le vécu de nos agriculteurs. Mais, encore là, je vous le
dis, on est dans la catégorie : on va en débattre, on va en parler, on va
voir si c'est la meilleure chose à faire.
Les demandes à portée collective, Mme la
Présidente, nous, on est ouverts, très ouverts, et je l'ai déjà dit au
ministre, je le redis à tous les députés ici, là. Le ministre s'est fait
targuer d'ouvrir une brèche dans la protection des terres agricoles au Québec
en voulant permettre à certaines MRC, à travers les demandes à portée
collective, d'offrir des endroits additionnels où il pourrait y avoir, par
exemple, des îlots déstructurés et des résidences additionnelles. Moi, Mme la
Présidente, là, quand je regarde la liste des MRC où il pourrait y avoir des
telles demandes, je vois la MRC de Pontiac, Mme la Présidente, je vois la MRC
de la Minganie, je vois la MRC du Rocher-Percé, de la Matanie, de Bonaventure,
d'Abitibi-Ouest, et plusieurs autres, là, mais des municipalités où disons que
l'aspect vitalisation du territoire n'est pas toujours simple, hein? La fameuse
catégorie F, là, dont les municipalités que je viens de nommer, ce sont des MRC
en décroissance démographique, dont le pôle urbain compte moins de
20 000 habitants. Alors, quand on vient à la notion d'occupation du
territoire, je ne pense pas qu'on peut se permettre de mettre des bâtons dans les
roues de ces MRC là.
Ça ne veut pas dire qu'ils devraient être
capables de faire n'importe quoi sur le territoire agricole, là, mais ça veut
dire que dans... lorsque la MRC et ses élus ont des propositions pour faire en
sorte qu'on peut faire quelque chose d'un peu différent, dans certaines parties
de leur territoire, on est ouverts à ça, Mme la Présidente. On est ouverts à
ça.
Là où on a des enjeux... deux choses, Mme
la Présidente. La décision sur les deuxièmes résidences, c'est-à-dire la... Et,
en fait, je tiens à le dire, là, le projet de loi, ce qu'il veut faire, entre
autres... et là je disais : D'un côté, le ministre ouvre la porte, de
l'autre côté, il la ferme, là. Il vient interdire la construction d'une
seconde résidence sur une superficie de droit acquis. Et ça, Mme la Présidente,
ce n'est pas un débat qui est nouveau, là, ce débat-là, il s'est rendu jusqu'à
la Cour suprême du Canada. Mais revenons à la base, à ce qu'on veut. Moi, j'en
connais, des agriculteurs qui, à cause de cette clause-là, à cause de ce droit
acquis là, sont aujourd'hui agriculteurs. Ils ne seraient pas agriculteurs
s'ils n'avaient pas eu cette permission-là. Je m'explique.
• (12 heures) •
Une entreprise familiale qui peine à trouver
de la relève, et là il y a un des enfants qui dit : Bien, moi, j'aimerais
bien ça, hein, j'aimerais m'établir sur la terre familiale, y élever ma famille...
Je ne suis peut-être pas prêt à le faire à temps plein tout de suite, je ne
suis pas sûr que je peux y arriver, financièrement, je ne suis pas sûr qu'on
peut faire vivre les parents et les enfants de tout ça, mais je veux donner un
coup de main. Je veux travailler les soirs, la fin de semaine, avec mon père,
avec ma mère, avec mes frères, mes sœurs, mais je veux m'établir pas loin, là. Je
ne veux pas m'établir à 25 kilomètres, je ne veux pas m'établir à
50 kilomètres. Je veux que mes enfants grandissent comme moi, j'ai grandi,
sur la terre qu'on exploite ensemble. Je m'explique mal pourquoi quelqu'un qui,
dans cette situation-là, là, dit : Je veux venir aider la fin de semaine
puis qui, fort... bien, fort probablement, qu'il y a des chances, Mme la
Présidente, qu'un jour il se dise, quand le paternel n'est plus capable de
s'occuper de l'exploitation au quotidien... il va dire : Bien, moi, je
vais la prendre, la relève, là. Il n'a peut-être pas commencé comme agriculteur
à temps plein, comme bien du monde de la relève, mais il veut se rendre là.
Pourquoi on ne lui permettrait pas d'habiter sur cette terre-là, lui aussi?
Moi, j'ai beaucoup, beaucoup de
difficulté... En fait, je pense, d'où notre demande d'avoir une analyse
économique du projet de loi, entre autres... Je pense qu'on risque de perdre
des agriculteurs potentiels avec une mesure comme celle-là. Je vous le dis. On
en connaît personnellement, des gens qui ont réussi à s'établir, à devenir
agriculteurs, à faire vivre leur famille de ça, à agrandir le garde-manger des
Québécois à cause d'une clause comme celle-là. De dire à tous ces gens-là, là :
Bien, achetez-vous une terre ailleurs, achetez-vous un terrain ailleurs, payez
150 000 $, construisez une maison dessus, là... Je vous l'ai dit
tantôt, les agriculteurs, Mme la Présidente, les liquidités, ce n'est pas
simple, surtout quand on est issu de la relève, quand on est jeune, quand on
s'établit.
Alors, il y a un équilibre à atteindre,
j'en suis. La protection des territoires... des terres agricoles, c'est
primordial. Mais, si on se retrouve avec des terres qui ne sont pas utilisées
parce que personne n'a pu s'établir sur ces terres-là, je ne suis pas sûr qu'on
est plus avantagés. Si on se retrouve avec des terres qui sont rachetées par un
grand propriétaire de terres plutôt que par de la relève qui aurait pu
s'établir là, je ne suis pas sûr qu'on est plus avantagés. Alors, on aura des
discussions à avoir avec le ministre là-dessus.
L'autre enjeu qui demeure et persiste, Mme
la Présidente, dans ce projet de loi là, et là je vais illustrer mon propos...
ce n'est pas moi qui vais l'illustrer, je me réfère au mémoire de la Fédération
québécoise des municipalités, c'est la... parce que le ministre est venu faire
des changements dans les critères à considérer par la CPTAQ lors des demandes
d'exclusion de certaines terres. Il ajoute le critère du développement durable.
Je le sais que c'est <quelque chose...
>
12 h (version révisée)
M. Fortin :...d'exclusion de certaines terres. Il ajoute le critère du
développement durable, je le sais, que c'est quelque chose qui peut être
controversé chez certains, mais qu'on accueille d'un bon œil. Mais le critère
qui restreint énormément les commissaires de la CPTAQ, c'est celui où il dit :
Y a-tu une autre place où tu peux faire la même chose? Mme la Présidente, ça
mène à des situations... Et on comprend l'intention derrière la chose. Alors,
il va falloir trouver un mécanisme ici, là, mais on ne peut pas garder la façon
de faire actuelle qui mène à des situations comme celle-là, Mme la Présidente.
Ça, c'est le mémoire de la Fédération
québécoise des municipalités, où on voit un écocentre, un écocentre, hein, tout
le monde connaît ça, ici, un écocentre, tout le monde en a dans chacune de ses
régions, qui dit... une MRC qui dit : Bien, j'aimerais ça agrandir mon
écocentre, j'ai besoin de le faire, et il y a un petit bout de terrain ici, là,
qui est en jaune, Mme la Présidente, un petit bout de terrain qui est enclavé
entre deux routes, qui est dans... qui est zoné agricole mais qui... on s'entend,
là, vous puis moi, on le sait, là, il n'y aura jamais d'exploitation agricole
de ça, ce n'est pas plus que l'Assemblée ici, là, ce n'est pas plus grand que
le salon rouge, peut-être un peu plus grand. Ça ne sera jamais utilisé pour de
l'agriculture, c'est pogné entre deux routes, il n'y a jamais personne d'autre
qui va être capable de faire quoi que ce soit. L'UPA locale a dit : Bien
oui, on comprend, ça ne fait pas de sens, on va le laisser aller, ce bout-là.
Mais la CPTAQ est venue dire : Bien non, vous pouvez faire ça ailleurs,
vous ne pouvez pas faire ça là. Allez... votre projet d'expansion d'écocentre,
là, faites ça 10 kilomètres plus loin. Mme la Présidente, ça ne tient pas
la route, ce n'est pas de la bonne utilisation du territoire québécois.
Alors, ce projet de loi là, il vient nous
dire : Faites la meilleure utilisation possible du territoire agricole. J'en
suis. Je pense qu'on veut tous ça, la meilleure utilisation possible du
territoire agricole. Ça, ce n'est pas du territoire agricole. Ça a beau être
zoné agricole, ce n'est pas du territoire agricole, il n'y a jamais personne
qui va faire pousser un navet, là, Mme la Présidente, jamais. Il n'y aura
jamais un vignoble qui va s'installer là. Il n'y aura pas une production
laitière qui va s'installer là. Il n'y aura jamais de production agricole sur
un petit bout de terrain, entre un écocentre puis deux routes, ça n'arrivera
pas, qui n'est pas plus grand qu'ici dedans. Mais la commission a quand même
refusé ça parce que, ah, bien, il y a un autre terrain, en quelque part, dans
la MRC, qui n'est pas zoné agricole, qu'ils devraient utiliser.
Ça ne fait aucun sens. C'est ça qui fait
en sorte que les gens ont une perte de confiance envers la CPTAQ. Puis ce n'est
pas toujours de la faute de la CPTAQ, la loi est faite de même, elle a été écrite
de même. Puis moi, je ne vois pas, Mme la Présidente, dans le projet de loi
déposé par le ministre, je ne vois pas de façon de changer ça. On va continuer
à avoir des décisions loufoques, on va continuer à perdre du territoire au
Québec, parce que c'est ça qui va arriver, là, ce territoire-là, il va rester
là, il ne va rien se passer dessus. À la limite, il va être considéré terre en
friche puis il va être surtaxé, mais il n'y a rien, Mme la Présidente, qui va
améliorer cette situation-là.
Alors, je ne comprends pas comment le
ministre a pu déposer un projet de loi qui touche à bien, bien, bien des pans
du territoire agricole puis de sa protection puis qu'il a pu laisser des
affaires de même continuer, qu'il n'a pas voulu s'attaquer à un enjeu comme
celui-là.
Alors, Mme la Présidente, ça fait partie
des enjeux qu'on va ramener, ça fait partie des enjeux qu'on va discuter. J'espère
qu'il va y avoir une bonne ouverture à avoir des vraies discussions autour de
ces questions-là. Mais, Mme la Présidente, je tiens à rassurer, là, les gens
qui suivent notre débat, les gens impliqués dans le monde agricole : la protection
du territoire agricole, c'est nécessaire, c'est primordial. Et je comprends et
même j'encourage les gens de l'UPA, les gens de la relève agricole, les gens de
tous les organismes qui sont venus nous voir puis qui nous ont dit :
Faites-en plus, de la protection, libérez plus de terres à travers une
meilleure protection pour la relève agricole, faites en sorte qu'elle est plus
disponible pour la relève. On est d'accord avec ces gens-là, mais il faut le
faire de façon logique, il faut le faire de façon à ce que les gens comprennent
les décisions qui sont prises par la Commission de protection du territoire
agricole. Il faut le faire sans leur mettre des barrières bureaucratiques
interminables. Puis il faut le faire en évitant des décisions complètement
ahurissantes comme celle-là...
M. Fortin :...puis il faut le faire en évitant des décisions
complètement ahurissantes comme celles-là. C'est ce qu'on va... C'est ce qu'on
va prôner. C'est ce qu'on entend de nos communautés, Mme la Présidente. C'est
ce qu'on entend des agriculteurs qui travaillent eux-mêmes la terre. C'est ce
qu'on entend des élus municipaux.
Et, je vous l'ai dit tantôt, je vous le
redis, on appuie le principe du projet de loi. Il y a des bonnes choses dans ce
projet de loi là. Il y a des choses qui méritent d'être débattues. Puis il y a
des affaires qui ne font pas de sens pantoute, qu'il va falloir qu'on ait une
vraie discussion et comprendre pourquoi le ministre est allé là ou n'est pas
allé là. Mais, sur le fond, Mme la Présidente, je le dis et je le répète une
dernière fois, notre modus operandi, notre priorité un va être que ce projet de
loi là reflète la réalité des agriculteurs, qu'il ne leur mette pas des
barrières supplémentaires, qu'il ne les empêche pas de vivre de l'agriculture,
mais qu'il, au contraire, vienne rehausser le potentiel agricole du Québec et
le potentiel des agriculteurs du Québec. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député.
Avant d'entendre une autre intervention,
je vous informe qu'un débat de fin de séance se tiendra demain, le jeudi 6
février 2025, à 13 heures, sur une question adressée par Mme la députée de
Bourassa-Sauvé à Mme la ministre de l'Emploi concernant la préservation des
emplois dans le secteur manufacturier.
Je suis maintenant prête à entendre
l'intervention de Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme
la Présidente. À mon tour de commenter puis de communiquer nos intentions dans
le cadre du débat sur le principe du projet de loi n° 86
qui vise à assurer la pérennité du territoire agricole et sa vitalité, d'entrée
de jeu, de dire que, de notre côté, à Québec solidaire, on est pour le
principe.
C'est un projet de loi qui était très,
très attendu par le milieu, puis très attendu aussi de ma part, Mme la
Présidente, parce que je veux juste nous rappeler qu'en 2023, avec ma formation
politique, nous avons déposé un projet de loi, le projet de loi n° 495,
la Loi visant à lutter contre l'accaparement des terres agricoles. C'est un
projet de loi qui a été aussi déposé, une version très, très semblable, lors de
la 42e législature, par la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, et qui avait
comme objectif de faire reconnaître le problème, donc, commencer à parler ici,
dans cette Chambre, d'accaparement des terres.
• (12 h 10) •
Et, même, nous avons eu la chance de
passer, je me souviens, deux, trois heures de débat ici, parce que le principe
de ce projet de loi là a été appelé en janvier 2024, et j'avais eu une grande
discussion avec le ministre à ce moment-là sur pourquoi il fallait accélérer et
mettre un cadre législatif pour contrer la spéculation, mais contrer
l'accaparement. Puis je me souviens qu'à ce moment-là, puis peut-être d'autres
collègues députés, on ne parlait pas encore du problème. On nous disait qu'on
allait voir, qu'on allait consulter, et tant mieux, mais je sentais la
réticence il y a un an, et je suis contente, parce qu'il faut quand même saluer
lorsqu'il y a des avancées… j'étais très contente de voir le projet... ce
projet de loi là être déposé en décembre parce qu'il ne vient répondre pas
seulement aux besoins du milieu, mais bien, d'une certaine façon, encadrer et
mettre des mesures qu'on demandait depuis des années concernant avoir plus
d'information avec le registre puis aussi mettre des mesures qui viennent
encadrer l'achat par des non-résidents, et j'en reviendrai…
Moi, je me souviens, quand j'avais déposé
le projet de loi n° 495 sur l'accaparement, j'avais
fait différentes visites puis des tournées, puis, quand je m'assoyais avec les
producteurs, mais d'autres acteurs... Je me souviens d'être en Mauricie en 2023
avec l'UPA régionale, la relève agricole. J'étais dans une ferme laitière, à ce
moment-là, avec des producteurs maraîchers et grandes cultures, tout le monde
nous disait, là : Au Québec, on est en retard en termes de protection de
territoire, on est en retard en ce qui concerne la protection de notre
garde-manger au Québec.
Et l'objectif, quand on parle du principe
du projet de loi, mais plus généralement, c'est qu'il faut qu'on fasse tout ce
qu'on... notre possible pour protéger les terres agricoles face aux intérêts
privés des compagnies financières qui ne sont pas des producteurs et
productrices agricoles. Il faut protéger ces terres face à la spéculation,
c'est-à-dire de permettre à des compagnies ou même des individus l'achat de
terres juste pour les revendre, faire du profit sur le dos de notre
garde-manger, puis sauvegarder ces terres-là, c'est pour nos agriculteurs, pour
que nos régions soient capables de nourrir...
Mme Zaga Mendez : ...pour que
nos régions soient capables de nourrir notre Québec.
J'aimerais rappeler ce que nous, on
mettait de l'avant dans les idées que nous avons débattues, mais que nous
sommes contents, quand même, de retrouver. Parce que l'objectif, il y a un an,
c'était de débattre de l'interdiction d'achat de terres par des fonds
d'investissement privés, donc mettre fin à cet accaparement-là, et créer un
registre public afin d'assurer la transparence des transactions. C'est deux
mesures pas tout à fait dans les mêmes mots, mais avec des objectifs
équivalents qu'on retrouve dans le projet de loi n° 86, et qu'on salue.
Et juste pour nous mettre un peu dans le
contexte, parce que je sens qu'on est d'accord sur le principe, mais il faut
rappeler pourquoi on fait... on doit faire ces avancées-là puis pourquoi on ne
doit pas reculer, mon objectif, c'est qu'on ne recule pas sur ces acquis, parce
qu'on est dans un contexte qui est de plus en plus difficile, autant
économique, social, environnemental. On a une augmentation, depuis des années,
drastique des prix des terres au Québec. Depuis 1990 à aujourd'hui, c'est
600 %, l'augmentation de prix des terres.
Juste vous donner un exemple : en
2021, la valeur moyenne des terres agricoles était de 16 627 $
l'hectare, et comparativement à 2020, où on était à 14 116 $
l'hectare. Ça fait qu'on a vu, chaque année, l'augmentation du prix des terres,
et ça, c'est le plus grand frein à la relève, au développement. Et, en ce
moment, nos agriculteurs, je n'ai pas besoin de répéter, plusieurs autres
collègues députés ici l'ont fait, on est devant un environnement d'incertitude.
Et, si on est capables, avec des mesures, dès maintenant, de donner de l'oxygène
et de mettre fin à la spéculation puis l'accaparement, bien, on va avoir une
influence sur le prix des terres.
On a... On va aussi parler, rappeler qu'on
doit aller de l'avant avec ces mesures pour contrer les difficultés croissantes
qui sont vécues par la relève agricole. On parle de l'endettement, la
compétition avec des grands investisseurs. La relève agricole nous l'a dit à
plusieurs reprises, ils sentent qu'ils se battent contre des géants, des géants
qui ont les moyens d'investir, des géants qui ne sont pas là pour cultiver la
terre, qui sont là pour faire de l'argent. Et j'aimerais beaucoup que, dans le
cadre de l'étude du projet de loi, on définisse ces géants-là. Parce que, oui,
c'est les fonds d'investissement, mais pas seulement. Il y a aussi des
individus, il y a aussi des... des entreprises qui... des conglomérats, qu'on
peut appeler, qui font l'achat de ces terres-là, et malheureusement on n'est
pas encore... on n'a pas encore des mesures, dans ce projet de loi, pour
contrer cette pression-là, cette pression qui s'ajoute, comme je le disais, à
toutes les autres intempéries climatiques que nous avons vues. Je n'ai pas
besoin de le... de les renommer, là, mais, toute l'année 2023... les
années 2023 et 2024, ça a été marqué par les inondations, par la hausse
des prix d'intrants, par l'imprévisibilité climatique, les saisons qui sont
plus courtes, un manque d'eau, des coûts qui ne sont pas tous couverts par nos
programmes d'assurance. Et les enjeux ne... ne continuent que d'augmenter, en plus,
avec les menaces tarifaires qui vont toucher le secteur agroalimentaire, ou, du
moins, ils vont créer une incertitude et qui... à chaque fois, les producteurs
doivent se demander : Cette année, ça va être comment? On le sait, que
c'est maintenant, là, la planification, ça va commencer bientôt, de... de
rentrer dans les terres, comme on dit en bon québécois, mais c'est, à chaque
fois, de se poser la question : Est-ce que, cette année... comment... quel
sera mon résultat?
J'aimerais aussi rappeler que les...
parler de la protection des territoires devrait nous amener à concevoir les
terres agricoles autrement. Puis c'est cette conception-là... puis je me
souviens d'entendre... entendre les membres de l'Institut Jean-Garon nous
dire : C'est ce rapport-là à ces terres-là qu'il faut transformer. Il faut
cesser de voir des terres comme des espaces vides et sans valeur, en attente de
développer. Nous devons plutôt porter sur elles un regard qui comprend leur
valeur nourricière essentielle au développement des communautés.
Il y a plusieurs mesures... il y a la
mesure, justement, pour encadrer ou délimiter, là, l'accès à des terres à des
non-résidents, surtout dans... autour des périmètres urbanisés, puis à l'appui
pour ne pas reculer sur ces mesures. Je rappelle que la CMM nous l'a déjà dit à
plusieurs reprises, que c'est 55 % des terres agricoles qui sont possédées
par des promoteurs de sociétés d'investissement et des compagnies à numéro, qui
ne sont pas des agriculteurs. Donc, la pression, elle est énorme sur nos
terres, qui se vendent au pied carré, très proches de Montréal. Clairement, ce
n'est pas pour cultiver la nourriture, on le sait très bien, c'est pour faire
pousser du béton, c'est pour faire de l'argent grâce à la spéculation...
Mme Zaga Mendez : ...on le
sait très bien, c'est pour faire pousser du béton, c'est pour faire de l'argent
grâce à la spéculation.
On doit regarder aussi, dans ce projet de
loi, tout comment on contre le dézonage agricole, parce qu'on sait qu'il y a un
impact sur la production alimentaire locale. J'ai posé certaines questions aux
intervenants, concernant le dézonage par décret, qui va continuer à avoir lieu.
Il y a des moments où nous avons pris des mauvaises décisions, de très
mauvaises décisions, en dézonant des terres agricoles pour, par exemple, mettre
en place un entrepôt d'Amazon, l'entrepôt d'Amazon à Coteau-du-Lac. Il y a près
de 164 hectares de terres agricoles qui ont été dézonées par décret, en
2017. Le gouvernement dit : Ah! ce n'était pas nous, c'était le Parti
libéral. Mais, moi, peu importe, on doit cesser de dézoner par décret et
surtout pour le faire pour des projets éphémères. Parce que c'était un projet
éphémère qui a seulement duré trois ans, puis on voit très bien le résultat, on
voit comment Amazon a juste jeté des travailleurs et travailleuses à la rue,
et, vous le voyez, il y a un mouvement, au Québec... nous rappeler qu'on a pris
une très mauvaise décision en leur donnant des avantages et en dézonant ces
territoires-là.
J'ai le goût de nous rappeler tous les
exemples qu'a vus, dans les dernières années, d'accaparement des terres par des
fonds privés. On pense que c'est passé, qu'on tourne la page avec le projet de
loi. Notre intérêt, c'est ne pas laisser les portes ouvertes pour ne pas voir ces
exemples-là se répéter. J'ai le goût de nous amener aux exemples de Pangea, de
M. Charles Sirois, et d'autres fonds d'investissement. On parle de transactions
en termes de surface totale acquise et tout ce qu'il y a eu comme impact sur le
marché local.
Pangea a acheté plus de
5 000 hectares, à une certaine époque, entre 2013 et 2014, c'est
50 % des transactions au Saguenay—Lac-Saint-Jean qui étaient faites par
cette compagnie. En 2015, il y avait 17 000 acres possédés par les
fonds d'investissement privés, dont Pangea... et partenaires agricoles. Puis la
seule façon d'atteindre le rendement recherché par Pangea, par ce type de
modèle, est de vendre les terres après quelques années pour encaisser
l'augmentation de leur valeur. Et cela fait un modèle spéculatif, et ça, ce
n'est pas nous qui le dit, c'était M. Groleau, le président, à cette époque-là,
de l'UPA. Et c'est pour cette raison-là que Pangea refuse, en fait, de donner
accès aux états financiers de cette entreprise, parce qu'on n'a pas eu la chance
de voir tout ça.
• (12 h 20) •
C'est des modèles qu'on ne doit plus voir
au Québec. On souhaite, puis c'est ça qui va être notre intérêt, dans le projet
de loi, de voir comment chaque mesure qu'on va mettre à l'oeuvre va arrêter ce
type de modèle là, parce qu'il avait même été encouragé par la Caisse de dépôt
et placement, par des fonds de solidarité, et ce, au détriment de fermes
familiales et de la relève agricole.
Je donnais l'exemple aussi, en 2021, ça ne
fait pas très longtemps, le fonds d'actifs Walter, de Montréal a investi dans
les fonds de terres agricoles Bonnefield Financial, c'est-à-dire une société
financière qui possède, en ce moment, environ 56 000 hectares de
terres agricoles dans sept provinces canadiennes, dont le Québec, et du monde
qui n'ont absolument rien à voir avec l'agriculture, qu'ils ont juste... c'est
juste pour grossir leur portefeuille et pour faire fructifier leurs actifs.
Je ne vais pas m'étaler sur les
conséquences que tout cet accaparement des terres a eu lieu au Québec, mais
qu'est-ce qui, nous, nous intéresse, c'est que, dans le cadre du projet de loi,
on soit capables de définir beaucoup plus précisément qu'est-ce qu'on veut dire
par les fonds d'investissement. Pour nous, c'est des entreprises qui vendent
des produits financiers, qui achètent les terres pour la spéculation, mais
aussi... Je vais donner plus de détails, excusez-moi : ça doit comprendre
les fonds de retraite, ça doit comprendre les fonds de placement et les
sociétés immobilières, et qu'elles soient québécoises ou étrangères. Ça fait
que nous, on aimerait voir en détail comment on va interdire l'achat par des
fonds d'investissement et de regarder la définition pour que ça couvre autant
les fonds de retraite, les fonds de placement, les sociétés immobilières,
qu'ils soient québécoises ou d'ailleurs.
Et, une autre de nos demandes avec
laquelle on est d'accord avec le principe, là, on parle dans la loi, pour être
exact, du suivi des droits fonciers agricole. Ce que nous, on voulait
voir : un... avoir un registre public, qui était la demande initiale,
entre autres, de l'Union des producteurs agricoles. Il faut que ce soit fait
avec transparence, avec toutes les données qui sont incluses et nécessaires et
qui soient utiles pour le suivi et pour la régulation. Les données de ce
registre ou du suivi foncier doivent comprendre les noms des acquéreurs, des
vendeurs, les montants des transactions, l'emplacement, les numéros...
Mme Zaga Mendez : ...noms des
acquéreurs, des vendeurs, le montant des transactions, l'emplacement, les
numéros de lots et des cadastres, et toutes les données qui sont nécessaires
pour que le milieu puisse faire le suivi, et d'être capable de dénoncer puis
faire appel lorsqu'on voit des phénomènes d'accaparement. Puis, je dirais, le
phénomène d'accaparement, je le répète, ce n'est pas seulement nos... les fonds
d'investissement, mais, de plus en plus, c'est un phénomène qu'on a vu de la
part des... des grandes, grandes entreprises agricoles elles-mêmes.
Dans les quelques minutes qui suivent, je
vais juste rappeler les demandes du milieu, parce que c'est l'opportunité
d'aller un peu plus loin sur les effets, mais... contrer les effets de la
spéculation puis de l'accaparement. Nous avons entendu, en commission
parlementaire, la FRAQ, la Fédération de la relève agricole, et l'organisme
Vivre en ville, qui demandent le retrait de l'article 40, parce qu'il s'agit
d'un article que plusieurs groupes ont identifié comme problématique parce
que... ceci fragilise, pardon, la protection du territoire en élargissant la
possibilité pour des... pour les demandes à portée collective. Nous avons
beaucoup parlé de cet effet-là, de ce qu'on appelle les demandes à portée
collective, et, tel que présenté, l'article viendrait créer une protection à
deux vitesses... puisqu'il ne s'applique pas à toutes les MRC au Québec. Alors,
on demande d'écouter la fédération de la relève et Vivre en ville. Il faut que
la protection soit forte et uniforme, donc, pour cela, il faudrait retirer
l'article 40 du p.l. n° 86.
On a parlé aussi de la réduction de
l'acquisition de terres en zone agricole pour les non-résidents. Beaucoup de
lots de moins de quatre hectares sont... ne sont pas cultivés et pourraient
accueillir des entreprises de la relève. Et avec mon collègue de Taschereau...
il a soulevé plusieurs questions aussi sur peut-être interdire, simplement,
l'achat des terres par des non-résidents. Ce qu'on trouve intéressant, c'est ce
que la FRAQ appuie, c'est d'avoir une... de réduire ce seuil de quatre hectares
à un hectare, et cela, c'est ressorti pas mal dans les consultations.
Cependant, l'idée d'interdire complètement ne vient pas en contradiction avec
la position actuelle de réduire à un hectare. Bref, c'est une idée que, pour
nous, ça vaut la peine d'explorer dans le cadre de l'étude détaillée du projet
de loi pour, encore une fois, donner plus d'opportunités à la relève puis, de
l'autre côté, revaloriser, voire utiliser le territoire agricole dans des plus
petites parcelles.
En ce qui concerne le moratoire et achat des
terres, la FRAQ nous demande qu'une attention particulière soit apportée lors
de la révision du p.l. n° 86 pour éviter que les projets de relève
agricole qui sont menés par des personnes morales, sans identification
agricole, ou étant une entreprise forestière soient interdits d'acheter des
terres. Donc, de faire attention. On est plus dans les détails administratifs,
mais, quand même, il faut qu'on soit capable de faire attention à ça.
Une idée qui a surgi des consultations,
autant la FRAQ que l'IREC, qui est l'Institut de recherche en économie
contemporaine... nous ont parlé de l'acquisition maximale par des producteurs
et productrices. C'est... c'est un phénomène qu'on voit de plus en plus, un
producteur qui détient plusieurs terres dans une région ou qui dépasse la
région qui... où se trouve sa production principale et on voit des exemples qui
nous... des intervenants qui nous disent qu'on pourrait mettre une limite au
nombre d'hectares qui sont achetés par individu. Dans le cas de la FRAQ, on nous
dit de mettre une limite à 1 000, comme étant le nombre maximum d'hectares
qu'un individu pourrait acheter ou posséder et au-delà de laquelle une demande
d'autorisation à la CPTAQ serait nécessaire. Et moi, je trouve cette mesure
extrêmement intéressante, parce que ça nous permettrait aussi de contrer
l'accaparement par les grands conglomérats agricoles, qui grugent vraiment du
territoire et qui font beaucoup, beaucoup de pression. Je sais que le collègue
de Matane... député de Matane-Matapédia va nous donner des exemples de sa... de
son comté, de... bien, qu'il nous a exposés déjà, en commission. Mais on le
voit en Estrie, on le voit au Bas-Saint-Laurent, cette pression-là qui est
aussi vécue à l'intérieur du monde agricole. Il y en a qui vont nous dire, comme
l'Institut de recherche en économie contemporaine, que le maximum devrait être
300 hectares. Bref, c'est une proposition à continuer à étudier.
D'autres acteurs nous ont parlé de la
création d'un observatoire de fonds fonciers agricoles, et cet observatoire
devrait analyser les dynamiques foncières agricoles par région et proposer des
portraits commentés de manière récurrente, par exemple, aux trois ans, émettre
des avis et recommandations concernant l'amélioration de la maîtrise du foncier
agricole au Québec, en les rendant publics, disposer des ressources
institutionnelles et financières nécessaires pour remplir son mandat, incluant
des instruments de collecte de données précis et performants et un budget de
fonctionnement adéquat.
L'UPA a fait différentes
recommandations...
Mme Zaga Mendez : ...incluant
des instruments de collecte de données précis et performants et un budget de
fonctionnement adéquat.
L'UPA a fait différentes recommandations
que nous allons aussi porter autour de la table, comme restreindre le recours
aux décrets gouvernementaux, ce que je vous disais tout à l'heure, en zone
agricole dynamique, et limiter leur durée afin d'assurer que les décisions
concernant l'utilisation des terres agricoles soient prises de manière plus
transparente et responsable. L'UPA nous demande qu'il y ait une limite de temps
pour les décrets, soit un maximum de cinq ans, après quoi les terres exclues
seraient automatiquement réintégrées. Et moi, je me demande ce qu'on va faire
avec les terres qui ont été exclues lors de la mise en œuvre de l'entrepôt
Amazon à Coteau-du-Lac et qu'est-ce qu'on fait quand il y a un projet comme ça,
soit il ne se réalise pas ou soit c'est un échec, comme le cas d'Amazon, quand
ils partent sans préavis, comment on fait pour récupérer ces terres-là et tout
le fardeau de la décontamination et de la remise en culture.
L'UPA nous demande d'encadrer
l'implantation de projets énergétiques, on n'en parle pas assez dans le projet
de loi, en exigeant une vision globale qui favorise la transition énergétique,
mais sans compromettre la production alimentaire. Il faut démontrer que les
espaces sont appropriés pour les projets, que ce soit élargi à l'ensemble du
Québec et que le dynamisme du territoire agricole soit un critère prépondérant.
Elle nous demande également de rendre obligatoires l'entretien et la mise en
culture des terres agricoles en permettant à la CPTAQ d'ordonner la culture
d'un lot et d'assujettir ces décisions à l'obligation de mise en culture.
On a plusieurs autres recommandations,
entre autres des producteurs acéricoles, et je pense qu'il va valoir la peine
d'en débattre, comme la... avoir une définition d'une érablière, avoir une
protection des érablières hors la zone agricole, avoir des meilleures
sanctions... les PPAQ, comme les sanctions prévues par... à la LPTAA, les cas
de non-respect des dispositions relatives aux érablières sont insuffisants et
peu appliqués.
• (12 h 30) •
Je pourrais continuer, mais c'est tous
des... comme vous voyez, Mme la Présidente, c'est tous des aspects qu'on va
mettre autour de la table. On veut améliorer le projet de loi. On va voter
pour, comme je le disais, c'est une bataille qu'on mène depuis des années et
qu'on est contents qu'enfin on puisse avoir un projet de loi. Puis en fait
l'encadrement de l'accaparement et la spéculation, ça devrait être une
priorité, il faut le faire rapidement, parce qu'avec qu'est-ce qui s'en vient
et l'instabilité créée par M. Trump de l'autre côté de la frontière, il
faut qu'on soit capables de défendre notre territoire ici, au Québec. Merci.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup, Mme la députée. Je cède maintenant la
parole au député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Mme la
Présidente, ça me fait plaisir d'intervenir au nom du Parti québécois, le parti
qui a fait de la protection du territoire agricole une loi historique qu'il
nous est permis de perfectionner, d'améliorer avec les réalités modernes. Fort
de cet héritage, je vais tenter d'être à la hauteur des défis que les
agriculteurs, agricultrices de ma circonscription et d'ailleurs au Québec nous
ont demandé d'amener à l'Assemblée nationale, mais aussi des préoccupations
d'autres acteurs civils.
La protection du territoire agricole est
une nécessité pour la souveraineté alimentaire, c'est une nécessité affirmée.
Depuis 1978, année de l'adoption de la Loi sur la protection du territoire
agricole du ministre Jean Garon, la volonté et la détermination du Québec sont
claires et affirmées. Notre régime date depuis plusieurs décennies, certes,
mais il a fait ses preuves. La mise à jour qui est proposée par l'actuel
ministre, elle vient corriger certains abus qui se sont multipliés ces
dernières années et qui ne pouvaient pas être à l'esprit du législateur il y a
près de 50 ans. Et d'ailleurs les députés sont souvent des témoins
privilégiés des décisions qui sont prises, que parfois on comprend, parfois on
comprend moins. Nous saluons cette initiative du ministre et du gouvernement,
c'est une évidence.
Contrôle des transactions en zone verte,
je pense notamment à la concentration des terres entre les mains de quelques
propriétaires, voire de fonds d'investissement. Le modèle québécois a toujours
été un de fermier propriétaire. C'est ce modèle qui stimule la vitalité du
territoire en région et qui inspire la confiance aux consommateurs. C'est aussi
un idéal auquel nous tendons : l'indépendance du producteur, propriétaire
de son lopin de terre et de ses moyens de production. C'est pourquoi il importe
avant toute chose de favoriser la relève en luttant contre l'inflation du prix
des terres pour permettre à la relève agricole d'acquérir son lopin de terre.
À ce sujet, nous saluons le fait que le
ministre a intégré au projet de loi un suivi des transactions beaucoup plus
serré sur le territoire agricole. C'est une belle avancée. J'appelle toutefois
à un véritable registre public sous forme de cartes, à l'image de ce qui se
fait pour les claims miniers au Québec, comme nous l'avons demandé en
commission parlementaire à plusieurs reprises, notamment à l'étude des crédits,
qu'on soit capable d'identifier sur une carte du Québec qui sont les propriétaires
des terres <agricoles...
>
12 h 33 (version non révisée)
M. Bérubé : ...capable d'identifier,
sur une carte du Québec, qui sont les propriétaires des terres agricoles? Je
pense que c'est un outil qui serait apprécié.
Inclusion et exclusion de la zone verte.
Le Québec est un territoire nordique, c'est un fait, les saisons sont courtes
et les terres agricoles de bonne qualité sont abondantes, mais insuffisamment
exploitées. C'est un devoir pour nous tous de protéger nos terres, à plus forte
raison les terres les plus fertiles dans la vallée du Saint-Laurent jusqu'à
Mirabel, Mme la Présidente, vous avez des terres magnifiques. La zone agricole
est un bien collectif. Le projet de loi introduit des dispositions
supplémentaires pour protéger les terres agricoles, mais il pourrait aller plus
loin encore au bénéfice des Québécois. Les nouvelles dispositions concernant
les demandes à portée collective, par exemple, suscitent un immense malaise au
sein des groupes de producteurs. C'est vrai. Je pense que le ministre l'a noté.
Nous recommanderons, pendant l'étude du projet de loi, d'en limiter la portée
et voire de restreindre les demandes aux seules municipalités qui n'ont pas, à
l'heure actuelle, des droits acquis sur des parts de la zone agricole. Nous
demanderons également à ce que toute demande simultanée d'inclusion, exclusion
soit utilisée de manière à garantir que toute exclusion soit, au minimum,
compensée par des inclusions de superficie et de qualité équivalente dans la
même région.
Usage non agricole. Beaucoup de questions
restent en suspend sur les usages non agricoles et l'agrotourisme. Vous vous
souvenez de Mario Pelchat, Mme la Présidente, qui a plaidé. L'étude détaillée
du projet de loi nous permettra de discerner plus clairement les intentions du
gouvernement. L'agrotourisme est aussi une nouvelle réalité de nos régions,
très appréciées. Beaucoup de producteurs tirent une portion importante de leur
revenu de l'agrotourisme. Il faut l'encourager tout en se protégeant de
certains effets néfastes et de certains excès qui peuvent apparaître. Soyons
clairs, en aucun cas une terre agricole ne devrait devenir un simple décor ou
un prétexte. En aucun cas non plus, on ne devrait faire d'une parcelle un
stationnement.
Producteurs acéricoles et serres. J'en
profite pour saluer mon voisin de gauche, le député de la Beauce, qui est à l'origine
de la Journée de l'érable. Des questions se posent également sur les
dispositions qui touchent les producteurs d'érable et les serres. Le projet de
loi nous donne l'occasion d'intervenir fermement pour nos acériculteurs et de
répondre à certaines de leurs demandes, notamment au sujet de l'acériculture en
forêt publique ou en zone blanche. J'ai senti, pendant les consultations, la
curiosité et l'intérêt du ministre. Nous serons là pour l'amener jusqu'à l'enthousiasme
pour le produit le plus distinctif de notre terroir : l'érable.
Les nouvelles dispositions entourant les
bâtiments agricoles comme les serres soulèvent quelques questions qu'il
faudrait éclaircir, également, pour ne pas freiner le développement de cette
industrie.
Conclusion. Nous reconnaissons que le
projet de loi va dans la bonne direction pour nos producteurs agricoles. C'est
un geste souhaité de la part de nos producteurs. Il nous donne l'opportunité de
bonifier la protection de notre territoire. Nous voterons donc en faveur du
principe du projet de loi. Merci, Mme la Présidente, de m'avoir écouté.
M. Poulin : Je vous
applaudis, M. le député.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Y a-t-il d'autres interventions? Oui,
Mme la députée de Westmount Saint-Louis, la parole est à vous.
Mme Maccarone : Oui. Merci, Mme
la Présidente. C'est un plaisir pour moi d'intervenir sur le projet de loi n° 86,
un projet de loi qui est fort intéressant, surtout pour quelqu'un qui n'a pas
beaucoup de bagages ou expériences en matière d'agriculture. Alors, j'ai
beaucoup appris et je remercie mon collègue de Pontiac, non seulement pour ses
remarques hyper pertinentes puis très sensées, mais aussi parce que j'apprends
avec lui. C'est un projet de loi qui est très technique, parce que c'est un
sujet qui est aussi très technique, et dont nous devons être très passionnés.
Puis je trouve que ce projet de loi, c'est une avancée. Certes, on est pour le
principe du projet de loi, on a des questions où ça va engendrer, certes, des
débats, parce qu'il y a des choses que nous souhaitons peut-être améliorer,
changer, suite aux échanges que nous avons eus en consultations particulières
avec les groupes qui sont venus témoigner, dont je dois les remercier
sincèrement pour leur participation, pour leur passion aussi et leur dévouement
en ce qui concerne l'agriculture, la protection de nos terres agricoles. C'est
quelque chose qui nous préoccupe, je pense, tout le monde, puis ça devrait nous
préoccuper. Mais aussi, on a reçu des commentaires de citoyens, de société
civile, parce qu'il y a des gens aussi qui sont préoccupés par ce projet de
loi. On a reçu 16... on a entendu 16 groupes, on a reçu, je pense,
18, 19 mémoires. Puis je pense que ce qui est consensus, parce que c'est
rare de trouver le consensus dans le sujet de l'agriculture, c'est que tout le
monde est favorable à la protection de nos terres agricoles. Pourquoi? Parce
que c'est uniquement 2 % de nos terres qui sont utilisées pour les fins d'agriculture.
C'est très peu. Et, comme on peut le constater, on ne peut pas en produire d'autres
terres, ça fait qu'on doit utiliser soucieusement tout ce que nous avons...
12 h 38 (version non révisée)
Mme Maccarone :
...actuellement.
Et c'est une loi qui n'a pas été actualisée, ça fait pas loin de 50 ans,
alors c'est le temps de poursuivre, avec le temps.
Mon équipe, s'ils écoutent, ils vont
savoir que je dis souvent : À Westmount-Saint-Louis, on a du tout, tout,
tout, n'importe quel dossier que vous souhaitez jaser, on l'a, à
Westmount-Saint-Louis, c'est le Westmount, c'est le centre-ville de Montréal,
mais on n'a pas d'agriculture et on n'a pas les pêcheries. C'est souvent ça que
je dis. Mais là, je viens de réaliser, en écoutant mon collègue, en écoutant
les groupes qui se sont venus témoigner, que ce n'est pas le cas. Ce n'est
vraiment pas le cas, parce que la matière d'agriculture devront préoccuper tous
les Québécois et Québécoises, tous les 125 députés. Parce qu'on a besoin d'être
alimentés, on a besoin d'avoir une autonomie alimentaire, et tout le monde a
besoin de ceci. C'est fondamental. Alors, de dire qu'on n'est pas préoccupés de
ça ou je ne connais pas ça, j'invite les gens de, peut-être, s'immerser un peu
dans les détails puis ce que nous sommes en train d'essayer de faire ou ce que
le gouvernement est en train de faire avec ce projet de loi. Parce que, si on
souhaite avoir un futur pour nous, pour nos enfants, pour nos petits-enfants et
toutes les générations qui vont suivre, bien, il va falloir qu'on parle
sérieusement de la protection de nos terres agricoles et qu'est-ce que nous
pouvons faire aussi pour nos producteurs, pour la relève, parce qu'on a besoin
d'eux aussi, ça va de main en main.
Alors, c'est un projet de loi qui doit
trouver un équilibre. Et ça, je comprends, avec la limite d'expérience que j'ai,
que je viens de comprendre surtout avec les cours que je reçois de mon
collègue, c'est très difficile à trouver. Tout le monde tire un peu de leur
bord de la couverte pour... puis tout le monde a des bonnes raisons. Chaque
mémoire que j'ai lu, chaque témoignage que nous avons entendu, c'est des
excellents points. C'est... Tout le monde... Tout le monde est là pour les
bonnes raisons, leurs points sont excellents, mais c'est très, très, très
complexe comme projet de loi.
Et il y a des choses qui... que je ne
comprends pas. On a des cartes qui identifient la catégorie des terres, par
exemple, un à cinq, a, b, c, d, e, f, ça n'a pas été fait depuis 1978, si je ne
m'abuse. Ce type de vérification ou identification, c'est quelque chose que
nous devons revoir et voir pour, encore une fois, la protection de nos terres,
pour s'assurer qu'on ne fait pas des faux pas. Parce qu'au moment qu'on coule
du béton, on a coulé du béton, puis c'est trop tard. Alors ça va être important
de revoir ces types d'affaires.
Et j'ai entendu la demande de mon... de
mon collègue de Pontiac d'avoir une analyse économique, et je trouve
hyperintéressant, étant donné qu'on a tellement de gens avec beaucoup de
demandes. C'est un projet de loi qui n'est pas complet. Ça mérite d'être
bonifié, oui, avec des recommandations des oppositions, surtout celui de mon
collègue de Pontiac, mais aussi des groupes qui se sont venus témoigner parce
qu'on souhaite avoir un projet de loi qui va être à l'image de ce que nous
avons besoin pour notre province, mais aussi qui respecte le futur que nous
avons devant nous.
Et, encore une fois, pour écouter nos
producteurs qui font face à beaucoup de difficultés et la protection de nos
terres, certes, mais, si on a cette analyse économique, ça va nous donner quand
même une image de ce que nous pouvons accomplir, puis peut-être les faiblesses.
Puis, peut-être, il y aura d'autres amendements. Alors, au lieu d'aller
rapidement, je dirais, on peut s'asseoir, réfléchir et s'assurer que, quand
nous allons avancer, bien, on va avancer d'une manière qui est saine et
responsable. Parce qu'encore une fois on n'a pas une deuxième chance, on n'a
pas une deuxième chance en agriculture, c'est juste ça. Souvent, on peut dire :
Ah oui, mais demain, je vais... je peux régler ça. On ne peut pas régler ça.
Quand on cède une terre, on a cédé une terre, puis c'est juste «too bad», c'est
fini, c'est parti.
Alors, c'est sûr, quand ce projet de loi,
ça parle beaucoup des allègements, oui, on a besoin de ça, c'est... c'est ça qu'on
a entendu beaucoup en commission parlementaire, mais pour avoir des allègements,
on a aussi besoin d'avoir des restrictions. Alors, encore une fois, on essaie
de trouver ce juste milieu. Parce que, ce que moi, j'ai entendu, en tout cas
surtout de la relève qui sont venus témoigner en commission parlementaire, c'est
que c'est quasi impossible pour les jeunes agriculteurs de débuter, de
commencer, de lancer un projet. Puis, pour s'assurer qu'il y a des terres pour
eux, puis qu'il n'y a pas une surenchère de ces terres, que ce ne soit pas
abordable, qu'on ne peut pas l'acheter... Puis on...
12 h 43 (version non révisée)
Mme Maccarone : ...il faut les
accompagner. Alors, je pense beaucoup à eux quand je pense à notre futur, puis,
en matière d'agriculture, qu'est-ce que nous pouvons faire pour s'assurer qu'eux
sont protégés, ainsi que les terres agricoles.
Le projet de loi offre un meilleur
contrôle des acquisitions des terres agricoles. Alors, c'est une protection qui
veut dire des restrictions, oui, mais le projet de loi introduit des mesures
pour limiter les acquisitions à grande échelle. Ça, c'est une bonne chose.
Alors, on veut limiter à quatre hectares. On se demande ça vient d'où, ce
chiffre-là? Je sais qu'on s'inspire un peu de l'Île-du-Prince-Édouard, mais
comment nous avons déterminé le quatre hectares? Pourquoi que ce n'est pas
moins? Pourquoi que ce n'est pas plus? Parce qu'une petite terre, c'est clair,
si je comprends bien, ça va être très difficile de cultiver avec quatre
hectares. On s'en va où avec ça? Ça représente qui, comme communauté? Mais on
veut aussi limiter les non-résidents, c'est ça qu'on souhaite, on veut que ce
soient les Québécois qui produisent des aliments sur nos terres. C'est ça qui
est essentiel pour nous, mais je serais curieuse de savoir où nous avons trouvé
ce fameux quatre hectares. Parce qu'on veut, encore une fois, éviter des
investisseurs non agricoles et des entités financières à bâtir... à bâtir des
condos, par exemple, ou des commerces. Ce n'est pas ça qu'on a besoin. On veut
protéger vraiment nos terres.
Je trouve aussi intéressant, dans le
projet de loi, que c'est la reconnaissance des terres agricoles comme une
ressource stratégique. J'ai débuté en disant que nous devons tous être
préoccupés par la matière d'agriculture parce qu'on a tous un besoin d'être
alimentés. Peu importe le type d'aliment qu'on aime, qu'on est végé ou autre,
tu sais, on a tous besoin de ça, de la viande, «whatever», mais ça veut dire
que c'est vraiment une ressource stratégique. Alors, cette analyse économique,
je la vois vraiment d'un bon oeil, parce que, si on veut protéger notre futur,
bien, on a besoin d'avoir toutes les analyses, l'analyse d'impact aussi. Ça
aussi, ça va être très intéressant.
Les municipalités, c'est quelque chose que
nous avons entendu. C'est intéressant. Je pense qu'il va falloir qu'on en
débatte rendu à l'étape de l'étude détaillée du projet de loi, parce qu'il y a
une idée qu'on peut permettre les municipalités de surtaxer les terres en
friche. O.K., c'est sûr, il n'y a personne qui veut voir... mon collègue l'a
dit, ça fait mal au cœur de voir une terre en friche abandonnée, presque. On
sait qu'on a besoin de ceci puis on souhaite être autonomes en termes d'alimentation,
mais je pense qu'on devrait être soucieux de ceci puis trouver, encore une
fois, ce juste milieu quand on parle de ceci. C'est clair, on a besoin... on ne
veut pas avoir des terres en friche, on veut éviter ceci, mais, si on a une
surtaxe, je questionne si ça va permettre ces terres d'être cultivées ou
vendues à des agriculteurs. Comment trouver des... Encore une fois, ça va
prendre comme des balises pour s'assurer. Ça fait que, si on donne, par
exemple, la possibilité aux municipalités de surtaxer parce que c'est une terre
en friche, comment est-ce qu'on peut s'assurer que cet argent qui sera récolté
par la ville est utilisé pour des fins d'agriculture et non pour faire des
rues, pour faire le transport public, que, je sais, est aussi essentiel, mais,
si on va surtaxer ce milieu, bien, il me semble, l'argent devrait être remis
dans le même panier, dans la même enveloppe, surtout pour aider la relève. Pourquoi
ne pas avoir un l'accompagnement, avec cet argent qu'on va pouvoir peut-être
récolter, pour maximiser l'utilisation des terres en friche puis pour éviter
que ça reste vacant, non utilisé, non cultivé? Surtout quand on sait que c'est
une terre qui est terre riche, que nous pouvons poursuivre avec des
plantations, avec la cultivation.
J'ai aussi des craintes, quand on parle de
l'implication des municipalités par rapport à la valeur marchande, parce qu'on
ne veut pas, encore une fois, avoir une surenchère. Le point de ce projet de
loi, c'est d'éviter ceci pour assurer qu'on a un accès aux terres pour nos
jeunes agriculteurs. Mais, quand on amène l'aspect de municipalités qui vont
peut-être devenir propriétaires de ces terres, puis là on parle de la valeur
marchande, encore une fois, où est-ce qu'on peut trouver une balise pour s'assurer
que ces terrains sont protégés et pour éviter, certes, de la bureaucratie...
12 h 48 (version non révisée)
Mme Maccarone :
...parce
que c'est un palier de gouvernement, puis on ne veut pas ralentir au... amener
plus de temps, plus de difficultés pour nos jeunes agriculteurs ou autres de
poursuivre avec ce type de projets qui sont si essentiels.
Le programme d'inspection conjoint avec
les municipalités, encore une fois, on trouve que c'est intéressant parce qu'évidemment
il y a trop d'infractions qui ne sont pas punies en raison de la manque d'inspecteurs
pour constater les infractions. Alors, ce serait aux municipalités et le CPTAQ
de s'étendre... s'entendre sur les principes de l'entente. J'ai des questions
comme c'est qui qui va faire la formation, c'est quoi la formation pour s'assurer
qu'on a une compréhension commune de c'est quoi les analyses. Parce qu'encore
une fois ce qu'on a entendu, c'est les orientations de la Commission de
protection du territoire agricole du Québec ne sont pas souvent appréciées.
Alors, il va falloir que... il me semble, quand on va faire cette formation
puis on va donner ce pouvoir aux municipalités de poursuivre avec les
inspections, il faut aussi leur donner les moyens de faire, Mme la Présidente.
Si on a juste deux inspecteurs, bien là, on n'est pas avancés. Comme mon
collègue a dit, on a des... on a peut-être sept inspecteurs pour tout le
Québec, bien, c'est clair, ça va être très difficile de faire... de faire l'application
de la loi. Alors, si on est... on souhaite vraiment poursuive avec la
protection de nos terres agricoles, bien, «you have to put your money where
your mouth is.» Alors, il va falloir qu'on poursuit avec cet aspect. Mais,
encore une fois, la bonne compréhension ainsi que la bonne formation. Parce que
le CPTAQ, il joue un rôle clé dans la protection des terres agricoles, c'est le
chien de garde, mais ils sont souvent critiqués pour un manque de cohérence, le
manque de transparence. Je l'ai dit en commission, le Protecteur des grains du
Québec, ils l'ont dit, dans leur mémoire, 23 fois, le mot «transparence»
est évoqué. Ils l'ont dit à maintes reprises lors des auditions. C'est
préoccupant, surtout pour quelqu'un qui vient de l'extérieur, un peu, du
milieu, qui est en mode apprentissage. Ça soulève beaucoup des questions de qu'est-ce
que nous pouvons faire pour s'assurer que cette commission, encore une fois,
qui est essentielle, agit dans les meilleurs moyens pour la protection des
terres, oui, mais aussi la protection de nos producteurs. Parce qu'encore une
fois il faut trouver cet équilibre.
Puis il faut éviter tous les délais. Parce
que les délais, on l'a entendu, les délais, ça crée des incertitudes. On a
entendu le premier ministre le dire en ce qui concerne les malheureux... la
malheureuse situation dont on se retrouve avec les États-Unis. L'incertitude,
ce n'est pas une bonne... ce n'est pas une bonne affaire, mais l'incertitude
pour les agriculteurs et les municipalités qui attendent des décisions, pour
eux aussi, c'est très difficile.
On souhaite évidemment que le CPTAQ soit
plus efficace, plus transparente, plus performante. Alors, on ne voit pas
autant de... Je pense que les besoins que les gens souhaitent à l'intérieur de
ce projet de loi pour y arriver, à ce but, je comprends qu'on va garder l'orientation.
On va éviter l'orientation principale, qui est une bonne chose. La demande
préliminaire et sa décision, si c'est favorable, bien là, on va pouvoir
poursuivre. Parce que ça, c'était un bémol que nous avons entendu, c'est un
empêchement, ça fait que ça, c'est une bonne chose.
On veut alléger le processus du CPTAQ,
mais je pense qu'il y a autre chose que nous devons faire puis nous devons
discuter en commission lors de l'étape de l'étude détaillée pour peaufiner puis
pour s'assurer que les droits de tout le monde sont protégés puis que nous
pouvons poursuivre d'une manière qui est plus responsable.
L'usage non agricole, que je trouve très
intéressant, l'agrotourisme, j'ai vraiment aimé les échanges que nous avons eus
avec les groupes qui ont passé en commission. Parce que, c'est sûr, on a... on
a compris que les règles sont vraiment trop rigides. On a parlé avec quelqu'un
qui cultive des bleuets. Puis, si vous pouvez imaginer, cette personne va faire
de la confiture puis, si elle souhaite vendre sa confiture, elle ne peut pas
vendre à un autre partenaire pas loin de chez elle si ça dépasse 150 kilomètres.
Je trouve très étranges ces règles dont ils sont... c'est une restriction que
je ne comprends pas pourquoi qu'on l'avait au début, mais j'espère qu'on va
pouvoir avoir un allègement. Parce que je pense que ce type de partenariat puis
ce type de façon de faire la promotion de nos biens québécois, c'est très
important, c'est le développement...
12 h 53 (version non révisée)
Mme Maccarone : ...économique,
ça peut aider nos MRC, les producteurs. Puis ce qu'on souhaite, évidemment, c'est
d'occuper et de maximiser nos terrains, les territoires, puis de faire rayonner
ce que nous faisons. Ça va approcher nos agriculteurs à leurs citoyens. C'est
important. Mais encore une fois, toujours avec une pensée de qu'est-ce que nous
pouvons faire puis ce que nous devons faire pour protéger nos... le territoire
agricole. Alors, ce n'est pas juste carte blanche pour tout le monde, mais je
pense qu'encore une fois il y a un juste milieu. Puis on ne peut pas oublier
que ça fait partie de notre fabrique ici, que c'est un métier qui est très
important, très cher puis très apprécié par les citoyens.
Je souhaite terminer, avec les deux minutes
et demie qui me restent, de parler des demandes à portée collective. Plusieurs
personnes l'ont évoqué, je comprends que c'est aussi très complexe comme
considération, l'article 40. Il faut discuter des demandes, je pense, des
MRC, la FQM, en ce qui concerne les règles relatives aux demandes à la portée
collective pour les municipalités situées en zone D, E, F. Pourquoi? Parce
que je pense qu'ils font face à beaucoup de difficultés s'ils souhaitent
poursuivre avec... Ce n'est pas un étalagement urbain, nécessairement, mais le
bien-être de leurs citoyens, je le vois un peu de cette manière, sur des... sur
des terres qui vont être très difficiles à cultiver. Je pense qu'il faut
trouver un juste milieu, mais aussi, encore une fois, ce n'est pas juste une
carte blanche, ce n'est pas juste de donner un accès total à n'importe quel
terrain ou territoire, mais on peut imaginer une zone agricole en territoire
résidentiel si le terrain est adjacent à un chemin public et desservi par un
aqueduc ou égouts. Qu'est-ce qu'on fait avec ceci? Est-ce qu'on peut avoir une
limite? Est-ce qu'on peut avoir une certaine souplesse? Alors, je pense que c'est
quelque chose que nous devons quand même en débattre en commission.
La construction d'une résidence
secondaire, encore une fois, on trouve que c'est très intéressant. Puis les
limites, les limitations qu'on voit à l'intérieur du projet de loi n° 86
me préoccupent beaucoup, parce qu'encore une fois, si on pense un peu à la
relève, imaginez, Mme la Présidente, vous êtes propriétaire d'un terrain
agricole, on vieillit, on souhaite prendre notre retraite, puis on souhaite que
c'est notre... c'est ma fille qui prend la relève, mais c'est trop dispendieux
pour elle d'acheter une terre ailleurs, mais je ne peux pas même lui donner la
possibilité de construire sur son propre terrain. Je trouve ça bizarre encore
une fois qu'on ne peut pas trouver cette souplesse pour s'assurer que la relève
peut poursuivre dans leur travail. Je pense que c'est essentiel. Il y a des
omissions qu'on n'a même pas pu parler : l'acéricole, le cadre
réglementaire, puis aussi les gens qui ont parlé de... le gouvernement qui
utilise beaucoup leur pouvoir de gérer eux-mêmes. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions? Le principe du projet
de loi n° 86, Loi visant à assurer la pérennité du territoire agricole et
sa vitalité, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement, s'il vous plaît.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci, Mme la Présidente. Donc, conformément à l'article 243 de notre
règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 86, la Loi visant à
assurer la pérennité du territoire agricole et sa vitalité, soit déféré à la
Commission de l'aménagement du territoire pour son étude détaillée et que le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation soit membre de
ladite commission pour la durée du mandat.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté. M. le leader, pour la suite de nos travaux.
M. Lévesque (Chapleau) : À ce
stade-ci et à l'heure qu'il est, je vous demanderais de bien vouloir suspendre
nos travaux jusqu'à 15 heures, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Alors, je suspends les travaux jusqu'à 15 heures. Merci, tout le
monde.
(Suspension de la séance à 12 h 57)
14 h 58 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 01)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Vous
pouvez vous asseoir. Donc, nous reprenons nos travaux aux affaires du
jour, affaires inscrites par les députés de l'opposition. À l'article 64
du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de l'opposition, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte que
le ministre de la Santé exige des compressions budgétaires de 1,5 milliard de
dollars au réseau de la santé d'ici le 31 mars 2025;
«Qu'elle rappelle que Santé Québec a aboli
plusieurs centaines de postes à travers toutes les régions et annoncé de
multiples réductions de services;
«Qu'elle reconnaisse que le système public
de santé fait déjà face à un manque de personnel soignant, à des fermetures d'urgence
et à la vétusté des établissements;
«Qu'elle exige que Santé Québec rende
public le plan complet des compressions budgétaires en santé;
«Qu'enfin, l'Assemblée nationale
reconnaisse que le gouvernement du Québec doit prendre la responsabilité des
1,5 milliard de dollars de compressions en santé et de ses
conséquences sur les services aux citoyens.»
Je vous informe que la répartition du
temps de parole pour les débats restreint sur la motion inscrite par M. le
député des Mille-Îles... de... les députés de l'Île-de-la-Madeleine s'effectuera
comme suit :
10 minutes sont réservées à l'auteur
de la motion pour sa réplique, 54 min 45 s sont allouées au
groupe parlementaire formant le gouvernement, 25 min 34 s sont
allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 16 min 9 s
sont allouées au deuxième groupe d'opposition, 16 min 2 s sont
allouées au troisième groupe d'opposition et 1 min 30 s sont
allouées à chacun des députés indépendants.
Dans le cadre de ce débat, le temps non
utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires
sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions
établies précédemment. Mises à part ces consignes, les interventions ne seront
soumises à aucune limite de temps.
Enfin, je rappelle aux députés
indépendants que s'ils souhaitent intervenir au cours de ce débat, ils doivent
en aviser la présidence à partir de... ils ont 10 minutes pour en avertir
de la présidence.
Maintenant, je cède la parole, si vous
êtes prêt, à M. le député des Îles-de-la-Madeleine. À vous la parole.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, le dernier alinéa de la motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse que
le gouvernement du Québec...
15 h 03 (version non révisée)
M. Arseneau : ...doit prendre
la responsabilité des 1,5 milliard de compressions budgétaires en santé et de
ses conséquences sur les services aux citoyens.»
Mme la Présidente, j'ai ici les membres de
mon caucus, du Parti québécois, avec moi et qui constatent, comme moi et comme
tous les députés de l'Assemblée nationale au jour le jour, les conséquences des
compressions budgétaires actuelles dans le réseau de la santé, des conséquences
sur les services, des conséquences sur l'accessibilité, des conséquences sur
les programmes, des conséquences également sur le stress et l'anxiété des
Québécois, qui paient chèrement pour un système de santé qui ne leur rend pas
les services auxquels ils sont en droit de s'attendre. Et ça fait déjà un bon
bout de temps, Mme la Présidente.
D'ailleurs, je pourrais vous dire que le
système est mal en point depuis un certain temps. On l'avait constaté de façon
évidente depuis quelques années, et malheureusement, depuis le début du mandat
de 2018 de la Coalition avenir Québec, ça ne s'est pas amélioré, malgré les
engagements formels du gouvernement. Souvenez-vous qu'il voulait qu'on puisse
avoir accès à un médecin pour l'ensemble des Québécois. Souvenez-vous que le
temps d'attente à l'urgence devait être de 90 minutes. Souvenez-vous de l'ensemble
des promesses qui ont été faites et qui ont toutes été reléguées aux oubliettes
avec les dernières années. Le système de santé, Mme la Présidente, était et est
encore malheureusement sur le respirateur artificiel. Les exemples sont légion.
Dans le... la planification stratégique du
gouvernement, on a essentiellement... celle de 2018, on a essentiellement raté
toutes les cibles qu'on s'était fixées. Que ce soit dans l'accès à des services
de première ligne, que ce soit pour les personnes en attente d'un premier
service en soins à domicile, que ce soit pour les personnes en attente de soins
en psychologie, en santé mentale, que ce soit le délai, je le mentionnais, d'attente
dans les urgences, la situation n'a fait que s'exacerber au cours des dernières
années. Et, pour pallier cette situation-là, le ministre, en 2023, nous a
présenté sa solution : un projet de loi qui allait brasser les structures,
un projet de loi qui allait améliorer le système, qui allait le rendre plus
humain, Mme la Présidente, plus décentralisé, un projet qui allait séparer les
orientations des opérations, et, essentiellement, avec à sa tête un «top gun»
gestionnaire, les choses allaient s'améliorer. Malheureusement, même si on a
adopté... on a étudié ce projet de loi pendant des mois et qu'il a finalement
été adopté sans qu'on puisse examiner, analyser et véritablement améliorer
le... quelques centaines d'articles du projet de loi, il a été adopté, vous
vous en souviendrez, sous bâillon, c'est parce qu'on voulait agir rapidement et
avoir des résultats rapidement. Mais les résultats, Mme la Présidente, depuis
le 1er décembre, depuis la mise en place de Santé Québec, bien, ce sont des
craintes de voir les services auxquels on est en droit de s'attendre, les
services dont on a besoin s'amenuiser, se réduire ou disparaître un peu partout
à travers le Québec et particulièrement, je dirais, dans les régions du Québec.
On a dit qu'il fallait aller chercher 1,5
milliard de dollars de compressions sans toucher aux services. C'était la
première affirmation qui a été lancée. Notre réaction? Mission impossible. On a
commencé l'exercice financier depuis 7 à 8 mois et on voudrait aller chercher
1,5 milliard de dollars. Ce mandat ingrat et impossible qui a été confié à
Santé Québec, évidemment, bien, actuellement, il est en œuvre. On a mis un peu
d'eau dans notre vin du côté ministériel. On nous a dit : Bien, ce n'est
pas qu'on ne touchera pas aux services, c'est qu'on va en minimiser les
impacts, mais on a réitéré : C'est non négociable. Notre réaction? Les
services auxquels les Québécois sont en droit de s'attendre, c'est ça qui est
non négociable. Qu'on ait accès à des soins de santé et de services sociaux
partout au Québec, de façon universelle, gratuite et accessible, c'est ça qui
est non négociable. Ça n'a pas empêché Santé Québec de poursuivre...
15 h 08 (version non révisée)
M. Arseneau :
...dans
les orientations qui ont été fixées... et des orientations budgétaires
impossibles à rencontrer, qui ont été fixées par le gouvernement sans qu'on
sache quel est le plan qui est actuellement en développement à Santé Québec.
Actuellement, on apprend au compte-gouttes,
à travers les médias, là où Santé Québec a décidé de couper : le CISSS de
Chaudière-Appalaches élimine 330 postes vacants, dit-on, dont 222 postes d'infirmières
ou d'infirmières auxiliaires ou d'inhalothérapeutes, le CISSS de Laval suspend
565 postes, incluant les postes d'infirmières. Et je pourrais continuer
comme ça, ad nauseam, pour mentionner qu'il n'y a pas si longtemps, tous les
maux du système de santé étaient imputés à la pénurie de main-d'œuvre. Et aujourd'hui,
ce qu'on nous dit, au jour le jour, c'est que la main-d'œuvre, elle est mise à
pied. Alors, tenter de résoudre cette équation-là, Mme la Présidente, est
impossible tout simplement parce qu'on navigue à vue au ministère, on navigue à
vue à Santé Québec.
Les compressions, elles ont un effet réel.
Ce qu'on demande au gouvernement aujourd'hui, mes collègues pourront intervenir
à leur tour, c'est de la transparence, c'est le plan. Et c'est la
responsabilité du gouvernement, eu égard à la diminution des services, des
programmes et de l'accès aux soins de santé pour les Québécoises et les
Québécois cette année. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant, je suis prête à céder la parole à M. le ministre
de la Santé.
M. Dubé :
Alors,
oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Et j'aimerais premièrement saluer mes
collègues au gouvernement mais aussi les gens de l'opposition qui sont ici pour
cette interpellation du mercredi.
Probablement qu'avant je voudrais... de
commencer ma présentation, peut-être, aller sur un point de vue un peu plus
technique. Parce que j'ai pris connaissance de la motion du député et j'aimerais
déposer ma proposition d'amendement à sa motion.
Alors, donc, je propose, donc, au premier
alinéa, s'il vous plaît, de supprimer les mots «exige des compressions
budgétaires de 1.5 milliard au réseau de la santé d'ici le 31 mars
2025» et les remplacer par «a demandé à Santé Québec de viser l'atteinte de l'équilibre
budgétaire d'ici la fin de l'année financière tout en minimisant les impacts
sur les services;». Au deuxième alinéa, Mme la Présidente, supprimer les mots
«a aboli plusieurs centaines de postes à travers toutes les régions et a
annoncé de multiples réductions de services» et les remplacer par «procède à
une réorganisation de postes pour s'assurer d'avoir le bon personnel au bon
endroit... je pense qu'il n'y a rien de drôle là-dedans, Mme la Présidente,
mais quand même, de viser l'atteinte de l'équilibre budgétaire d'ici la fin de
l'année financière, tout en minimisant les impacts sur les services». Au
deuxième alinéa, supprimer les mots... Je l'ai dit. Et maintenant supprimer le
troisième et quatrième et cinquième alinéas.
Et la motion amendée se lirait ainsi :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte que
le ministre de la Santé a demandé à Santé Québec de viser l'atteinte de l'équilibre
budgétaire d'ici la fin de l'année financière tout en minimisant les impacts
sur les services;
«Qu'elle rappelle que Santé Québec procède
à une réorganisation de postes pour s'assurer d'avoir le bon personnel au bon
endroit pour répondre aux besoins de la population.»
Mme la Présidente, c'est les motions que
je demande.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
M. le ministre, tel que stipulé à l'article 98.1 de notre règlement,
la motion... une motion présentée aux affaires inscrites par les députés de l'opposition
ne peut être amendée sauf sous la permission de son auteur. Donc, si vous...
Est-ce que la permission est donnée? Sinon, allez-y, M. le... puis vous
donnerez votre réponse. Si vous ne l'avez pas tout de suite, vous la donnez
justement lors de votre réplique. Vous pouvez poursuivre.
M. Dubé :
Merci
beaucoup. Je voulais... Je voulais montrer notre ouverture à faire quelques
amendements à la proposition. Alors, il y a beaucoup de choses qui ont été
dites par le député aujourd'hui. Encore une fois, je trouve toujours mal à
propos de faire de la politique avec la santé, alors je vais m'en tenir le plus
possible, Mme la Présidente, à des faits. Et j'aimerais revenir sur plusieurs
choses au cours de ma présentation. Je vous dirais que 10 minutes, ce n'est
pas beaucoup, mais je vais... je vais... je vais retenir le message très clair.
Parce que j'ai de mes collègues qui sont avec moi, ici, qui viendront compléter
ma présentation, puis j'apprécie qu'ils soient là.
Premièrement, j'aimerais rappeler, Mme la
Présidente, qu'on a déposé un plan de santé, on a été très transparents, en
2022. Et on a dit exactement...
15 h 13 (version non révisée)
M. Dubé : ...ce que nous
allons faire... que nous allons faire. Et on suit ce plan-là. On oublie
souvent, lorsque le député des Îles-de-la-Madeleine parle d'une détérioration
du réseau de la santé, c'est souvent très mal interprété par les gens qui
travaillent dans le réseau, parce que ces gens là font un effort tous les jours
et luttent contre différents facteurs : des facteurs démographiques, d'augmentation,
vieillissement de la population. Et je l'ai présenté, Mme la Présidente, très
clairement, en novembre 2024, ça ne fait pas un an de ça, là, ça fait quelques
mois, on avait fait un exercice très important de transparence pour montrer où
on en était rendus dans le plan qu'on avait déposé en 2022. Alors, Mme la
Présidente, dans ce plan là, dans cette mise à jour là du plan santé, deux ans
plus tard, on a vraiment démontré que le réseau s'était amélioré malgré des
augmentations dont je parle. Alors, ce n'est pas exact de dire que le réseau se
détériore depuis ce temps-là. Et si les gens veulent revoir la présentation,
elle est toujours sur le Web, et on avait pris beaucoup de temps à la préparer.
Maintenant, pour mieux répondre aux
interrogations spécifiques, puis je sais qu'il y a beaucoup de Québécois qui
nous écoutent aujourd'hui, je veux revenir sur la présentation du réseau en
quelques secondes. Et je veux rappeler, Mme la Présidente, la taille du réseau
de la santé, on parle de 350 000 employés dans le réseau de la santé,
c'est la plus grosse organisation au Canada, toutes catégories confondues, 350 000 employés.
En fait, je l'ai dit hier en Chambre et je le répète pour ceux qui ne l'avaient
pas entendu, on sert plus de 125 000 personnes tous les jours, 125 000 personnes
quotidiennement, tous les jours, 50 000 rendez-vous en clinique, les
cliniques de médecins, les GMF, 10 000 visites à l'urgence tous les
jours, plus de 5 000 personnes maintenant sont servies par le GAP, 50 000 personnes
dans nos CHSLD et nos maisons des aînés maintenant, 17 000 lits d'hôpitaux,
et, du 125 000 dont je viens de vous parler, on sert plus de 400 000 personnes
annuellement dans nos soins à domicile. C'est toute une organisation. Alors,
quand on dit que le réseau ne fonctionne pas, c'est vraiment aller à l'encontre
du travail qui est fait par nos professionnels de la santé. Et j'en profite
aujourd'hui pour les remercier.
Maintenant, lorsqu'on dit qu'on parle de
coupure, puis j'y reviendrai parce qu'il est important de clarifier ça, j'ai...
et je vais le présenter, le premier ministre l'a dit souvent, en 2018, lorsque
notre gouvernement a été élu, les dépenses en santé étaient de 40 milliards
et c'était après deux années de coupures du gouvernement libéral. Et je vous
montrerai des graphiques, là, je n'ai pas le temps aujourd'hui, là, mais les
dernières années du gouvernement libéral, il ne couvrait même pas les coûts de
système, c'est-à-dire les coûts des salaires. Et nous, depuis ce temps là, on a
pris 40 milliards de dépenses en santé et on a monté à 60 milliards.
Il y a-tu quelqu'un qui parle de coupures ici, là? Alors, il faut faire
attention quand on dit des choses comme ça.
Maintenant, qu'est-ce qu'on a fait? On a
fait, Mme la Présidente, des projets de loi très structurants. L'opposition
veut parler de jouer dans les structures, moi, ce que je dis, ceux qui ont pris
le temps de regarder qu'on a passé 250 heures en commission pour discuter
1 600 articles, ce n'était pas uniquement pour la création de Santé
Québec. Santé Québec, c'était une des composantes du projet de loi. Qu'est-ce
qu'on a fait, Mme la Présidente? On a regardé la gouvernance. La gouvernance,
ça veut dire quoi, là? Comment, maintenant, dans nos hôpitaux, on va gérer les
médecins? Quels sont les leviers qu'on donne à nos gestionnaires pour être sûrs
que les médecins soient sur place au bon moment? On a dit qu'il fallait
maintenant avoir un commissaire à la... un commissaire national aux plaintes
pour ne plus qu'il y arrive des histoires d'horreur comme on a entendu dans
certains cas, et la... l'information ne montait pas. Qu'est-ce qu'on a fait? On
a écouté, en fait, ce que la population nous a demandé. Et je trouve ça un peu
intéressant, et je le soulève au député des Îles-de-la-Madeleine, que la
recommandation de Santé Québec... Savez-vous celui qui nous a le plus inspiré
pour faire Santé Québec? C'est Michel Clair. Et qui est Michel Clair? Un ancien
ministre du gouvernement du Parti québécois, qui a essayé de faire ça en 2020
et que ça avait été refusé par son gouvernement. Et il avait dit : La plus
grande erreur que j'ai faite quand j'étais ministre, c'est de ne pas faire
Santé Québec, de ne pas faire cette séparation-là entre les opérations puis le
ministère. Mme la Présidente, on a eu le courage de le faire, on a eu le
courage de faire. Et ce que...
15 h 18 (version non révisée)
M. Dubé : ...aujourd'hui, Mme
la Présidente, c'est de dire qu'après deux mois ça ne marche pas. Bien, il n'y
a pas un gestionnaire au monde à qui on pourrait dire : Écoute, retourne
de bord une organisation de 350000 personnes où personne n'a voulu faire les
changements pendant 20 ans, et la journée que tu as réussi à mettre l'équipe en
place, d'avoir un plan de santé très clair, tu dis, après deux mois : Ça
ne marche pas. Bien, voyons donc, Mme la Présidente, ce n'est pas sérieux. Il
ne faut pas avoir été pris dans une organisation, il ne faut pas avoir été dans
des retournements d'entreprise pour être capable de dire quelque chose comme
ça.
Je vois que le temps file, Mme la
Présidente, et je pense que j'aimerais revenir sur quelques points. Lorsqu'il y
a eu la question de Santé Québec, qui est arrivée de l'équipe, ça a commencé à
se placer au mois de septembre, octobre, bien avant le délai du 1er décembre,
on leur a demandé de s'organiser plus rapidement, ils sont arrivés puis ils ont
dit : Bon, bien on commence. C'est quoi les résultats? C'est quoi les
résultats? Bien là, on a dit : Écoutez, les règlements qu'on a pris par le
p.l. 15 ne peuvent pas s'appliquer encore. Bien, savez-vous quoi? On n'avait
pas encore les résultats après six mois, parce que les résultats, là, dans
cette grande organisation qui gère 1 milliard par semaine, pour à peu près 55
milliards, en ce moment... on n'avait pas les résultats. Et, quand les
résultats sont arrivés, Mme la Présidente, on a dit : Oh! si on ne fait
rien, si on ne fait rien, il va y avoir un déficit de 1,5 milliard.
Bien, qu'est-ce que des Québécois nous
demandent? Les Québécois nous disent : Gérez l'argent qu'on vous donne.
Gérer l'argent. On ne peut pas accepter que des budgets qui ont été donnés ne
soient pas respectés.
Alors, maintenant, c'est pour ça que j'ai
demandé un changement à la motion du Parti québécois, parce que c'est faux, ce
qu'ils disent, dans ça. Alors, moi, ce que je dis, Mme la Présidente,
maintenant qu'on a mis en place des nouvelles règles, non seulement avec Santé
Québec mais avec la gouvernance d'une organisation aussi importante, Santé
Québec a maintenant les leviers, elle a les leviers pour faire les changements.
Et je le répète, tout à l'heure... Puis je vois un signe de mon collègue, qui
me donne peut-être quelques minutes, et je l'apprécie beaucoup. Il y a un point
que je veux faire parce que, quand j'entends le mot «coupures»... Moi, j'ai
parlé beaucoup avec le ministre des Finances, au cours des derniers mois, vous
pouvez imaginer puis il dit : Christian, moi, quand je regarde ce que vous
êtes en train de faire, puis on le voit, que ces gens de Santé Québec
travaillent, c'est beaucoup plus des dépassements de coûts. Je m'excuse, ça a l'air...
mais c'est très différent.
Et c'est là que moi, j'ai dit au ministre
Girard : J'apprécie que tu nous donnes le temps de regarder comment on va
faire ce retournement-là parce que c'est... puis c'est pour ça que j'ai dit...
Et on n'a jamais demandé de faire des coupures de 1,5 milliard en quatre mois.
Jamais on n'a demandé ça, et c'est pour ça que je demande de corriger la
motion.
Maintenant, si le Parti québécois ne veut
pas la changer, c'est leur choix, mais laissez-moi vous donner deux exemples
que souvent... puis je ne le dis pas parce que j'adore les journalistes... j'adore
les journalistes, mais, des fois, l'opposition le fait aussi. Lorsqu'on regarde
qu'est-ce qui s'est passé, par exemple, à Chaudière-Appalaches, c'est drôle que
l'article de journal se concentre à dire : Il y a eu des fermetures de
postes. O.K., c'est vrai, ils ont décidé qu'ils fermaient 150 postes de jour où
on avait un certain nombre d'infirmières, de préposés aux bénéficiaires, mais,
souvent, dans le jour, ce n'est pas là qu'on en a besoin, on en a besoin dans
les heures défavorables. On en a besoin le soir, les fins de semaine. C'est là
qu'on a besoin des postes.
Et c'est là le moment difficile de
gestion, que Santé Québec a dit : Ces gestes-là n'ont jamais été faits, il
n'y a jamais eu personne qui a eu le courage de dire : On va les faire,
ces grands changements là. Bien, dans l'article de journal sur
Chaudière-Appalaches, là, pourquoi on ne mentionne pas qu'on rouvre 300
nouveaux postes? On dit : Oh! il y a une fermeture de postes. Ça fait les
journaux, 150 postes fermés. Il y a-tu quelqu'un qui dit qu'il y a eu 300
postes d'ouverts pour les soirs et les fins de semaine? Qu'est-ce que ça fait,
ouvrir des postes de soir, des fins de semaine? Savez-vous? Moins de TSO parce
qu'on ne demande plus de temps supplémentaire à ceux qui ont été engagés la
semaine et qu'on obligeait avant à travailler les fins de semaine. Ça n'a l'air
de rien, là, mais il y a quelqu'un en ce moment qui se plaint que le taux de
TSO est passé de 4 % à 1 % depuis un an?
Alors, quand on me dit que le réseau
fonctionne mal, là, je voudrais juste que vous reveniez à la présentation...
excusez-moi, c'est à vous que je dois parler. Mme la Présidente, je suggérerais
fortement au député des Îles-de-la-Madeleine de revoir la présentation que j'ai
faite au mois de novembre pour dire où en était rendu avec la transformation du
réseau, avec l'arrivée de Santé Québec et ce qu'il reste à faire...
15 h 23 (version non révisée)
M. Dubé : ...Mme la Présidente,
je pourrais en parler encore longtemps, mais, par respect pour mes collègues,
je vais leur laisser le temps de parole. Et je vous dirais, en conclusion, Mme
la Présidente, que j'apprécie énormément l'opportunité qui m'est donnée par l'opposition
d'expliquer dans nos mots aux Québécois ce qu'est la réalité. Et c'est pour ça
que j'étais très heureux de venir ici aujourd'hui. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le ministre. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de D'Arcy-McGee
pour son intervention.
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Le ministre vient de nous dire que Santé Québec a un plan qui est
très clair. Bien, je pense qu'on voudrait voir ce que c'est, parce que,
clairement, auprès de la population, auprès des gens qui travaillent dans le
réseau de la santé, ce plan n'est pas seulement pas clair, il n'est pas
présent. Dans les derniers mois, on a vu de nombreuses compressions qui ont
commencé à être mises en œuvre dans le réseau de la santé et touchent de façon
disproportionnée les services sociaux, des services sociaux qui justement sont
là pour offrir des services pour les personnes les plus vulnérables de notre
société. Et le gouvernement a un devoir de protéger ces personnes, mais, quand
le ministre de la Santé annonce que Santé Québec doit couper, doit procéder à
des coupures de 1,5 milliard de dollars, il devient clair que le
gouvernement ne pourra pas assumer ses responsabilités envers ces personnes.
Depuis décembre, nombreuses personnes et
organisations ont contacté mon bureau de comté, comme, j'imagine, ça a été fait
à tous les collègues de l'Assemblée nationale, parce que les gens ont de la
difficulté à trouver des services pour leurs membres de familles qui vivent
avec un handicap. D'un jour à l'autre, ils voient leurs services coupés. Ces
personnes et familles se sentent abandonnées par ce gouvernement, dont les
coupes se font... sentir partout au Québec.
Le 29 novembre dernier, le ministre
de la Santé avait reconnu pour la première fois que la rigueur budgétaire
imposée dans le système de santé pourrait avoir des conséquences sur les
services offerts à la population. Il avait affirmé être en train de tout
regarder pour réduire les impacts qu'auraient ces coupes sur les Québécois. Et,
jusque-là, il a échoué dans ses tâches. Le programme Chèque Emploi Service a
été créé pour soutenir les personnes en situation de handicap qui résident dans
leur logement pour les garder là le plus longtemps possible, plutôt que de
devoir intégrer une institution, qui sont déjà débordées et pour lesquelles les
listes d'attente sont de plusieurs années. Pour plusieurs parents dont un
enfant vit avec un handicap, sans les heures du chèque emploi service, ils devront
quitter leur emploi, ce qui représente souvent le seul revenu de cette famille,
pour assumer le rôle de proche aidant 24 heures, 7 auprès de leurs
membres... de leur enfant. Pour les personnes vivant avec un handicap, le
chèque emploi service leur permet de vivre avec une certaine dignité en leur
offrant des services à leur domicile.
En décembre, j'ai questionné la ministre
responsable des Aînés à justifier ces coupures. Et sa réponse était que ce n'était
pas sa décision. Elle a tenté de remettre les pendules à l'heure auprès de
Santé Québec, mais les coupes dans le soutien à domicile se poursuivent. Même
si le sous-ministre du... le sous-ministre du ministère de la Santé et des
Services sociaux a demandé à Santé Québec de maintenir les services pour des
personnes très vulnérables. La lettre du sous-ministre, envoyée le
6 décembre à la P.D.G. de Santé Québec, n'a rien changé. Dans cette
missive, le sous-ministre rappelait l'importance du chèque emploi service. Il y
écrivait qu'il importe de s'assurer que les services soient maintenus au sein
des différents établissements et que les clientèles admissibles continuent d'être
desservies à la hauteur de leurs besoins. Depuis cette demande du
sous-ministre, aucun changement n'est survenu sur le terrain.
Santé Québec a été créé, et là on voit que
c'est un petit peu un monstre qui a été créé. Un monstre qui n'écoute... comme
un ado qui n'écoute plus ses parents et fait à sa tête. On se demande à la fin
de la journée : C'est qui, le boss? C'est qui, le ministre? C'est qui, qui
est responsable? En mettant un visage humain sur les effets de ces coupures, je
suis passé par François Fournier, 72 ans, de Rimouski, qui a besoin de
soutien à domicile depuis qu'il a été victime d'un accident qui a brûlé son
corps à 80 %. Jusqu'à tout récemment, M. Fournier bénéficie... bénéficiait
de 35 h par semaine de soutien à domicile. Il a récemment appris que les
soins qui lui sont offerts dans le cadre du programme chèque emploi seraient
réduits à 24 heures par semaine. Il nous partage : «Je suis rendu à
31 heures... 31 heures et je commence déjà à manquer de souffle. Je
suis bien découragé.» Et la déshumanisation du réseau de la santé se poursuit
avec le chronométrage des tâches. M. Fournier a partagé qu'on est allé le
visiter et on a chronométré le temps de transfert de son fauteuil roulant au
bol de toilette et du bol de toilette au fauteuil roulant. Ils ont chronométré 15 minutes.
C'est ce à quoi l'homme...
15 h 28 (version non révisée)
Mme Prass : ...aurait droit
quatre fois par jour plutôt que 30 minutes cinq fois par jour. Et il
précise : «Ils ont juste oublié de calculer le transfert intestinal dans
leur 15 minutes.»
Suite à ces cas, la Commission des droits
de la personne et de la jeunesse a aussi vu important d'avertir le gouvernement
suite à ces coupures. La commission dit s'inquiéter vivement des réductions du
nombre d'heures de service accordées au soutien à domicile pour les personnes
en situation de handicap puisque ce soutien est essentiel pour préserver leur
autonomie et leur assurer les conditions de vie respectueuses et de leur
dignité. La Commission des droits de la personne et de la jeunesse continue
pour dire que la réduction de ce soutien, qu'elle considère comme essentiel,
permet aux personnes de ne pas devoir intégrer un CHSLD ou une autre
institution gouvernementale. La commission rappelle que les mesures et les
décisions prises doivent tenir compte de leur impact potentiel sur l'exercice
des droits qui sont prévus à la charte pour les personnes en situation de
handicap.
Et quel est le résultat jusqu'à présent de
ces coupures? Des hausses de problèmes d'épuisement et des hausses en... de
troubles de santé mentale pour des parents et membres de famille qui doivent
maintenant assumer 100 % des soins de leurs proches. Connaissez-vous le
stress et la fatigue que ces familles subissent? Et qu'est-ce qui arrive quand
ils vont finalement admettre qu'il y a des enjeux de santé mentale? Bien, il y
a des coupures en santé mentale qui suivent.
À la Malartic, qui a un hôpital dédié aux
traitements en santé mentale pour l'Abitibi-Témiscamingue et le Nord-du-Québec,
on a récemment appris que les soins de réadaptation active en santé mentale ont
été coupés à 100 %. Plus précisément, 12 lits de réadaptation ont été
fermés, les employés ont été remerciés et aucun plan de réorganisation n'a été
prévu pour ces employés. Ensuite, en décembre dernier, la fermeture d'une
dizaine de lits d'hospitalisation à l'Institut universitaire en santé mentale
de Montréal. Et que dit le CIUSSS sur ces fermetures de lits? Qu'il n'y aura
pas d'impact, car les alternatives, comme le soutien à domicile, permettent d'assurer
le même service. Quelle hypocrisie! Ce sont des soins directs à la population
qui sont en train d'être coupés, et les conséquences et les impacts se verront
de plus en plus.
Dans la mi-vingtaine, Benjamin, qui a été
frappé à sa naissance d'une méningite B, l'a laissé lourdement handicapé, le
programme chèque emploi service est essentiel pour sa famille, mais, en 2024,
ils ont appris que, sans explication, on coupe de 112 heures aux deux
semaines leur accès au chèque emploi service à 84 heures, une baisse de
25 %. Sa mère, Marie-Ève, se sent abandonnée par ce gouvernement.
Pour l'organisation Parents pour toujours,
le gouvernement de la CAQ a brisé ses promesses. Ils disent que, peu importe ce
qu'on dit... ce qu'ils disent, ce qu'ils font... qu'on s'en fout carrément d'eux
au gouvernement, on s'en fout, des familles avec un enfant vivant avec un
handicap. Selon eux, certaines familles devraient envoyer leurs enfants dans un
CHSLD ou dans une maison alternative. C'est déchirant, Mme la Présidente, qu'un
parent doit considérer un tel choix.
Or, ce soutien à domicile est déjà nettement
insuffisant, rappelle depuis deux ans la commissaire à la santé. Cette faible
réponse aux besoins accroît significativement le risque d'être admis en CHSLD
pour des personnes qui n'ont pas de place dans un CHSLD. Il est plus coûteux d'envoyer
une personne dans un CHSLD ou dans une institution publique que de les
maintenir à domicile en leur fournissant les services nécessaires pour leurs
besoins. Une place dans un CHSLD coûte plus de 120 000 $ par année,
et la liste d'attente demeure autour de 3 600 personnes. Donc,
clairement, il y a un calcul que le gouvernement et Santé Québec ne sont pas en
train de faire, qu'il coûte moins cher de garder une personne à la maison
plutôt que de les intégrer dans une institution du gouvernement.
Et tout ça, on n'est pas étonnés,
malheureusement. Quand le projet de loi n° 15 a été déposé et débattu et que le
ministre de la Santé a refusé l'amendement de mon collègue de Pontiac pour que
ça soit Santé et Services sociaux Québec, comme c'est le ministre de la Santé
et des Services sociaux ou un CISSS est un centre intégré de la santé et des
services sociaux, le ministre n'a pas voulu rattacher Services sociaux, ce qui
a fait en sorte que la population qui se dessert de ces services ont craint
tout de suite qu'il n'y aurait personne pour les défendre autour de la table,
comme le ministre a également refusé d'avoir un vice-président aux services
sociaux ou quelqu'un autour de la table du conseil d'administration qui
représente les services sociaux. Donc, il n'y a personne qui parle au nom de
ces personnes-là.
Et ces coupures de 1,5 milliard...
1,5 milliard représentent combien d'heures et de services coupés? Le
ministre encore nous a dit que Santé Québec a un plan. Clairement, ils n'ont
pas de plan parce que ça se fait à l'improviste. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député
de Rosemont.
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente...
15 h 33 (version non révisée)
M. Marissal : ...bon
après-midi, tout le monde. Merci à mon collègue des Îles-de-la-Madeleine d'avoir
déposé cette motion. À ce moment-ci, elle est importante, elle va permettre
de... elle va permettre, peut-être, de recadrer un peu le débat. Parce qu'en
entendant le gouvernement récemment et, de plus en plus, j'ai l'impression qu'on
est dans une réalité alternative du côté du gouvernement. J'ai l'impression que
non seulement on ne répond pas souvent aux questions, mais on nous présente des
tableaux qui n'ont aucun rapport avec les questions posées. On nie la réalité.
Prenez les compressions demandées par le
ministre de 1,5 milliard de dollars à Santé Québec. Aujourd'hui, il
nous dit : Non, non, ce n'est pas ça que j'ai dit. Vous avez mal compris. Peut-être
les médias aussi n'ont pas fait leur travail correctement. Ce n'est pas ça, ce
n'est pas ça. Bien, il faudrait qu'il le dise à Santé Québec, parce que, Santé
Québec, c'est ça qu'ils ont compris. C'est ce à quoi il s'affère. Il faudrait
qu'il le dise aussi aux gestionnaires du réseau, parce que les gestionnaires du
réseau, c'est ça qu'ils ont compris eux autres aussi et c'est ce à quoi ils s'affèrent.
Il y a un gestionnaire d'un grand CIUSSS récemment qui me disait : Moi, je
passe deux tiers de mon temps en ce moment, soit à répondre aux questions de
Santé Québec, parce qu'ils sont complètement perdus, ils débarquent comme des
chiens dans un jeu de quilles puis ils ne connaissent pas le réseau, puis le
reste du temps, bien, je fais des compressions avec mes équipes parce que c'est
ça qu'on m'a demandé de faire. Alors, il faudrait qu'ils se parlent tous ces
gens-là, parce que si ce n'est pas ça que le ministre a dit, on est une maudite
gang à avoir mal compris. Mais on a bien compris. Tout le monde a bien compris
ici.
D'ailleurs, le ministre, là, il le disait
lui-même, il le redisait il y a deux semaines, dans un Scrum ici, une mêlée de
presse ici, juste à l'entrée du salon rouge. Je lis l'article de Fanny Lévesque
dans La Presse, le 15 janvier : «Christian Dubé reconnaît que
Santé Québec hérite de la mission périlleuse de couper 1,5 milliard de
dépenses. La commande sera difficile — citation — à remplir
en limitant les impacts sur les soins, mais elle n'est pas impossible, dit le
ministre de la Santé. Le ministre de la Santé maintient la pression sur la
jeune société d'État qui devra trouver une façon d'économiser 1,5 milliard
dans le réseau de la santé et des services sociaux d'ici la fin de l'année
financière, en mars.» Ça ne peut pas être bien, bien plus clair que ça. Si c'était
écrit ça dans La Presse puis que ce n'était pas vrai il y a deux
semaines, là, le gouvernement a quand même des moyens de communication assez
puissants, ils auraient certainement minimalement émis un communiqué pour dire :
Non, non, non, c'est faux, ce n'est pas vrai. Ils auraient exigé une
rétractation. C'est quand même énorme comme erreur. Mais ce n'est pas une
erreur, ce n'est pas une erreur.
Alors, la motion du PQ, elle tombe à pic
parce que ça craque de partout dans le système. Ça craque de partout. Pourtant,
le gouvernement, dans sa réalité alternative, nous dit : Il n'y a pas de
compression. Ce n'est pas des coupes, ce n'est pas de l'austérité, c'est de la
bonne gestion. Allons-y dans la bonne gestion. Fermer un centre de santé
mentale à Malartic qui fonctionnait super bien, c'est de la bonne gestion.
Fermer l'urgence de nuit de Trois-Pistoles, même chose, c'est de la bonne
gestion. Retarder des projets de construction à HMR, à l'hôpital de Maria, à l'hôpital
de Drummondville, Saint-Jérôme, Gatineau, alouette, ça, ce n'est pas non plus
de l'austérité et des compressions, c'est de la bonne gestion. C'est vrai que
laisser pourrir des immeubles qui sont déjà pourris, qui vont coûter encore plus
cher plus tard à réparer, c'est reconnu, c'est vraiment de la bonne gestion. C'est
plutôt le contraire. Abolir des postes ou ne pas remplacer des départs, c'est
de la bonne gestion selon le gouvernement. Fermer des services d'accompagnement
pour ados à risque, ça, c'est arrivé en Mauricie Centre du Québec, c'est de la
bonne gestion, ça aussi. Couper les chèques emploi service, ah!, c'est la bonne
gestion selon le gouvernement. Suggérer au personnel de travailler moins, ça, c'est
dans Lanaudière. Le CISSS est tellement désespéré qu'ils ont suggéré à leur
personnel de travailler moins. Non mais c'est surréaliste, on est en plein
délire, là. J'hallucine. Ça fait des années qu'on dit qu'on manque de monde,
tout le monde est accoté, là, la broue dans le toupet, puis on dit : Aïe,
ça te tenterais-tu de travailler quatre jours semaine? Bien, voyons donc! On
est où là? On est en plein délire, Mme la Présidente, on est en plein délire.
Dire au personnel, ça, c'est arrivé à Montréal, encore au CHUM, de ne plus utiliser
les poubelles parce qu'il n'y a plus d'entretien ménager. Comme quand vous
allez à la SEPAQ, vous rentrez avec vos déchets, vous ressortez avec vos
déchets. C'est comme ça que ça fonctionne. Mais ça, c'est de la bonne gestion.
Laisser deux inhalothérapeutes courir comme des queues de veau dans un hôpital
comme Santa Cabrini sur des quarts horaires de 24 heures alors qu'il en
faudrait quatre et que c'est un hôpital non seulement où il y a beaucoup de
personnes âgées en...
15 h 38 (version non révisée)
M. Marissal :
...en
détresse respiratoire - inhalothérapeutes, détresse respiratoire, suivez-moi -
et que c'est aussi un centre désigné pour traumatisme, a laissé deux inhalos
courir alors que ça en prendrait minimalement quatre. Ça, ce n'est pas des
compressions, c'est de la bonne gestion. Je continue. Laisser les listes d'attente
allonger, retarder les traitements, laisser mourir des gens dans des conditions
infamantes, comme nous le racontait Paul Arcand récemment dans une chronique,
ça aussi, c'est de la bonne gestion.
Là, je comprends, là, qu'en cette ère
Trump 2, les réalités alternatives et les «fake news» sont peut-être dans
l'air du temps, mais il ne faudrait quand même pas nous prendre non plus pour
des imbéciles, Mme la Présidente. Les échos qu'on a dans nos circonscriptions,
c'est les échos de compressions, c'est des... c'est des... c'est des échos de
citoyens, de citoyennes, de familles qui sont au bout du rouleau puis qui n'en
peuvent plus. Puis, non, je ne suis pas député d'un microsystème unique dans
une galaxie lointaine à Rosemont. Je suis député d'une circonscription de
Montréal. Je suis persuadé que ce que j'entends, là, puis je pourrais vous lire
des témoignages que j'ai reçus encore tout à l'heure, là, des gens qui se sont
fait couper, là, leur chèque emploi-service ou leurs... ou leurs soins à
domicile, je suis persuadé que ce que j'entends, le député de Pontiac entend la
même chose, je suis persuadé que le député des Îles-de-la-Madeleine entend la
même chose. Je suis persuadé que les attachés du bureau du ministre entendent
exactement la même chose et relaient la même information au ministre de la
Santé. Je suis persuadé que tous les collègues ici, tous les collègues ici ont
tous, sur le bureau de leurs ordinateurs, des fichiers ouverts, citoyens,
coupures, compressions, appelez ça comme vous voudrez, mais on a tous et toutes
les mêmes histoires ici. Et on a tous et toutes les mêmes responsabilités, c'est-à-dire
de défendre ces gens-là, qu'on a abandonnés, qu'on est en train d'abandonner.
Le moins qu'on puisse faire, c'est au moins de ne pas essayer de leur faire
croire que ce n'est pas des compressions puis que ce n'est pas des coupures,
quand ces gens-là souffrent et qu'ils ne sont plus capables de se faire
soigner.
Moi, je pense qu'il arrive à un moment
donné, Mme la Présidente, dans notre job d'élu, là, où il faut que le rejet de
l'intolérable passe avant la partisanerie. Et j'invite mes collègues à le
faire. Colligez, colligez, colligez les témoignages des concitoyens, relayez-les.
Vous avez peut-être plus d'écoute que je peux en avoir ou que mes collègues
puissent en avoir, mais c'est notre responsabilité de le faire.
Dans les derniers jours, dans les tout
derniers jours, des témoignages encore à fendre le cœur. Dans mon bureau, à
Montréal, une jeune femme de Val-d'Or dont le papa est décédé après un AVC qui
était traitable parce qu'on a attendu trop longtemps que l'avion-ambulance
vienne la chercher à Val-d'Or. Ça, ça se réglait, ça. C'était... C'était
possible de régler ça.
Encore il y a quelques jours, une famille
éplorée à Saint-Jérôme parce que la grand-maman est morte, encore une fois,
dans un autre cas de maltraitance et de plaies de lit épouvantables. Encore une
fois à Saint-Jérôme. Je présume que ça aussi, c'est de la saine gestion.
Santé Québec devait régler les problèmes
et doit régler les problèmes, c'est ce qu'on nous a vendu, c'est ce qu'on nous
a dit, alors que la première commande qui a été faite, à Santé Québec, c'est de
couper 1,5 milliard de dollars. C'est dichotomique. On ne peut pas en
même temps régler les problèmes d'un réseau qui manque de monde puis couper du
monde puis mettre du monde dehors, puis un réseau où on manque de soins puis
couper des soins. Il y a quelque chose qui ne s'additionne pas là-dedans. Il y
a quelque chose qui ne marche pas.
Tout ce qui a changé, avec Santé Québec, c'est
que les ministres peuvent maintenant décharger leurs responsabilités, comme la
ministre des Aînés l'a fait la semaine dernière, comme le ministre de la Santé
l'a fait tout à l'heure. Les ministres peuvent maintenant décharger leurs
responsabilités sur des «top guns» non élus qui n'ont pas de compte à nous
rendre et qui sont éjectables, s'ils ne remplissent pas les commandes. On n'a
rien gagné en qualité et on n'a rien gagné en accès puis on a perdu en
imputabilité. Puis, pendant ce temps-là, le privé n'a jamais été aussi
florissant dans le domaine de la santé au Québec.
Alors, je termine là-dessus pour laisser
du temps à mes collègues, en disant à la CAQ : Bravo pour votre beau
programme.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant, je suis prête à entendre...
15 h 43 (version non révisée)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : ...pour
un autre intervenant. M. le député de Jean-Talon, à vous la parole.
M. Paradis : Je vais
continuer dans la foulée de mon collègue de Rosemont, de ma collègue de D'Arcy-McGee,
de mon collègue des Îles-de-la-Madeleine. Le collègue de Rosemont dit : On
en entend tous, de ces histoires-là, et c'est vrai. C'est vrai. À chaque fois,
je suis dans des activités, dans ma circonscription de Jean-Talon, même au
bureau, les cas qu'on reçoit... il y en a tellement, de ces cas-là, de gens qui
disent : Nous avons besoin de soins. Notamment des personnes aînées qui
disent : Toute ma vie, j'ai payé mes impôts, j'ai fait ma part du contrat
social, puis, aujourd'hui, maintenant que j'ai besoin du système, il n'est pas
là, je n'ai pas accès aux soins. Pas de soins à domicile pour les personnes
aînées, pas de médecin de famille pour les gens de tous âges. C'est mon cas, d'ailleurs,
à moi, personnellement, pas d'accès aux services.
Et ce qu'on veut répondre à ces gens-là, c'est
qu'actuellement on est en train d'en ajouter, des services, il va y en avoir
plus, pas : Il va y en avoir moins. J'ai cette citoyenne de Jean-Talon, de
56 ans, qui était sur une liste d'attente depuis cinq ans pour obtenir un
médecin de famille, de même que sa mère de 88 ans, dont elle est la proche
aidante. Elle a essayé d'avoir un rendez-vous, elle est même allée au privé,
mais il n'y a pas eu de suivi de son cas et elle vient de se faire diagnostiquer
un cancer généralisé et incurable, dont on lui dit que, s'il avait été détecté
plus tôt, on aurait pu y travailler, on aurait pu le guérir. Qu'est-ce que je
lui réponds, alors qu'elle dit : J'aurais eu besoin de plus de services,
mais que, là, on dit : On va en avoir moins.
Qu'est-ce que je réponds à cette autre
citoyenne de Jean-Talon, 67 ans, ça lui a pris huit mois pour avoir un
rendez-vous, finalement, en 2023, pour recevoir, seulement le 8 octobre
dernier, en 2024, encore une fois, un diagnostic de cancer? Et, aujourd'hui, on
lui dit que c'est urgent, puis ça fait quatre mois qu'elle a eu son diagnostic,
puis il n'y a toujours pas eu d'appel, pas de rendez-vous, pas de service. Je
voudrais lui dire : Mme, il va y avoir plus de services.
Qu'est-ce que je réponds à toute cette
mobilisation, à tous ces gens dans la région de la capitale nationale qui
considèrent comme un drame que le gouvernement ait mis la hache dans un centre
communautaire de santé mentale qui donne des services efficaces, qui réduit les
hospitalisations, qui désengorge le système, qui donne des résultats, mais là
qu'on met la hache dans ce service-là, on ferme cette clinique en santé
mentale? Ce n'est pas une coupure, ça?
Des gens des urgences dans la région de
Québec me disent : On est en train de couper les gardiens de sécurité
alors qu'on les avait demandés pour assurer notre sécurité, qu'on a besoin de
ces gens-là pour assurer notre sécurité. Ils sont coupés, ils ne sont plus là.
Je vais lui dire : Non, Mme, ça ne se peut pas, le gouvernement dit qu'il
n'y a pas de coupures, ils ont disparu, mais ce n'est pas des coupures?
Et ça, c'est intéressant parce que j'ai
rencontré, pas plus tard que la semaine dernière, une dame qui est dans le
système de la santé puis elle me dit : Ça fait longtemps, M. le député, j'en
ai vu d'autres. Malheureusement, ce n'est pas la première vague de compressions
qu'on doit subir, mais, elle dit, ce que je trouve particulièrement choquant,
cette fois-ci, c'est que le message qu'on reçoit du gouvernement, ce qu'on
entend publiquement et ce qu'on nous dit de dire aussi, c'est : Il n'y en
a pas, de coupures. C'est incroyable, ce que je suis en train de vous dire, M.
le député, mais je m'ennuie presque des vagues de compressions des autres
gouvernements avant, parce qu'au moins les gens, ils assumaient. Mais là ce
gouvernement-là, il n'assume même pas, même pas le courage de dire : Bien,
on est mal pris, on coupe.
C'est ce qu'on entend ici, en Chambre.
Puis d'ailleurs, c'est un discours qui est dans tous les services publics. J'ai
eu ces échanges-là avec des collègues ici, à l'Assemblée nationale, sur les
coupures en francisation. Je ne m'y attarderai... je ne veux pas m'y attarder
trop longtemps, parce qu'on est sur un autre sujet, mais le thème central, il
est là. 750 professeurs en francisation au Québec ont été mis à pied, ont perdu
leurs jobs. J'en ai rencontré des dizaines, puis ils me disent : On me
dit... on me dit que je n'existe pas, je n'ai pas été coupé, ça n'existe pas. C'est
la même chose, actuellement, qu'on vit en santé.
Alors, on est à une époque où on manque de
soins, et on est en train de couper des soins. On a bâti une nouvelle agence
qui était de la bureaucratie. Moi, c'était une de mes premières expériences
comme député, un bâillon, alors qu'on était en train de travailler sur une
importante réforme puis on... ah! on va livrer des résultats après Noël. Après
Noël l'année passée. Il n'y en a pas. On n'en a pas vu, de résultats. Ce qu'on
a vu, c'est... le premier mandat de l'agence Santé Québec que le gouvernement
lui a donné, c'est de couper.
Alors, c'est pour ça que j'appelle, moi
aussi... Et je veux le réitérer à la fin de mon intervention, la motion dit :
«Un plan...
15 h 48 (version non révisée)
M. Paradis : ...que Santé
Québec rendre public son plan complet de compressions budgétaires en santé et
que le gouvernement prenne ses responsabilités quant aux 1,5 milliard de
dollars de compressions qu'il exige, et ses conséquences sur les citoyens.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député, pour votre intervention. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Dorismond : Merci, Mme la
Présidente. D'entrée de jeu, moi, je vais me concentrer sur la main-d'œuvre. Je
me souviens, la main-d'œuvre en santé et services sociaux a été, depuis
plusieurs décennies, délibérément poussée à rejoindre le rang secteur privé ou
à quitter ceux du réseau public. L'exemple le plus frappant, Mme la Présidente,
de cette tendance, c'est celui du virage ambulatoire et des mises à la retraite
en 1997. La privatisation massive des services d'aide à domicile depuis la
réforme de 2005. Ou appel d'offres public d'une valeur d'un demi-milliard pour
transférer à des cliniques privées sous Couillard et Barrette. Je me souviens,
le mot d'ordre, c'était faire plus avec moins. 80 % du budget hospitalier
couvre le salaire des employés autres que les médecins. Après avoir fermé les
lits et réduire les dépenses, ils pouvaient seulement réduire le nombre d'employés.
C'est pourquoi on s'est retrouvé avec des emplois en soins infirmiers à temps
partiel et occasionnel et plus d'équipes volantes. Le personnel de soins
infirmiers était constamment sollicité à faire du temps supplémentaire et
souvent obligatoire. Les postes de psychologues, travailleurs sociaux,
diététistes sont rationnés au point de ne plus avoir à répondre aux besoins de
la population.
Je me souviens de la réforme Barrette. L'austérité
est allée plus loin que ce qui était... ce qui avait été promis. Ça a été
tellement plus loin qu'en 2016 et en 2017 tous les établissements de la santé
devaient appliquer des mesures d'optimisation. Les services les plus touchés,
ça a été la prévention qui a été frappée à plein fouet. En plus de ça, les
services offerts en CLSC sont coupés. En plus, on demande aux médecins de
famille et aux IPS de CLSC d'arrêter de faire des rendez-vous médicaux.
Je me souviens, en commission parlementaire
pour le projet de loi n° 15, des témoignages touchants, des gestionnaires en
choc post-traumatique de cette réforme, de cette compression budgétaire, de l'austérité,
des coupures aux services directs de la population, des IPS qu'on empêche d'appliquer
leur pratique, et tout cela, les députés de l'opposition étaient présents, ils
l'ont tous entendu.
Mme la Présidente, il fallait faire ce
changement, il fallait offrir des services à la hauteur des besoins des
Québécois. Le statu quo n'était plus possible. Les anciens gouvernements n'ont
pas procédé à une réforme globale et profonde du système de santé. Les anciens
gouvernements n'ont pas osé demander de la flexibilité aux syndicats. Les
anciens gouvernements n'ont pas mis fin à la main-d'œuvre indépendante. Les
anciens gouvernements n'ont pas mis de l'avant la prévention, Mme la Présidente.
Les anciens gouvernements n'ont pas jamais voulu valoriser les professionnels
des CLSC. Les anciens gouvernements n'ont pas posé des actions afin de
renforcer la première ligne. Les anciens gouvernements ont toujours eu une
vision hospitalo-centriste. Nous, on a eu le courage de poser des actions pour
mettre les patients au cœur des décisions et améliorer l'accès. Nous, on
avait... on a eu le courage de prioriser les professionnels de la santé en
CLSC, pour la prise en charge aussi. Arrêtez de parler tout le temps des
médecins de famille, les professionnels de la santé ont autant et sinon... sont
compétents pour prendre la prise en charge de la population.
Nous, on a un premier ministre qui nous
appuie. Nous, on a eu le courage d'abolir la...
15 h 53 (version non révisée)
Mme Dorismond : ...main-d'oeuvre
indépendante, on a diminué 60 % des recours de la main-d'oeuvre
indépendante depuis la fin 2023. C'est plus de 4 000 personnes issues
des agences privées qui sont arrivées dans le réseau public et en plus 200 embauches
aux équipes volantes. On a fait un recrutement massif, formation accélérée,
comme les préposés, infirmières auxiliaires, en total : 18 000 personnes
de plus dans le réseau de la santé depuis avril 2023. On a diminué 43 % du
temps supplémentaire obligatoire, 67 % pour les infirmières à l'urgence.
De quoi on parle en ce moment avec Santé
Québec? Ça s'appelle de la restructuration du réseau. Arrêtons de faire peur à
la population. Les oppositions le savent très bien, puisqu'ils ont été au
pouvoir depuis longtemps. Suite à une négociation pour demander la flexibilité
avec les syndicats, nous devons respecter les règles conventionnées. On se
rappelle tous, nous nous sommes entendus sur la flexibilité. Et, pour ce faire,
les règles syndicales le disent clairement, et qu'on doit respecter, on doit
envoyer un avis à peu près... environ de 30 jours, la plupart du temps. Et
l'autre chose, c'est qu'il y a un calendrier pour les affichages de postes.
Donc, c'est normal d'entendre qu'on coupe les postes, mais après ça, il y a des
postes qui seront affichés. C'est pourquoi que les établissements abolissent,
entre autres, des postes de jour, mais ils vont en ouvrir d'autres, postes de
soir et de fin de semaine. Car les Québécois, Mme la Présidente, sont malades, sont
malades 24 heures sur 24, sept jours sur sept.
La prévention. On s'est aussi centré sur
la prévention pour diminuer la pression sur notre réseau en valorisant nos
CLSC, les pharmacies communautaires et bien d'autres. On doit penser autrement,
fini la culture de gestion en mode... en hospitalocentrisme, c'est en
renforçant la première ligne qu'on va désengorger les urgences. La preuve, c'est
la Côte-Nord. Je cite Mme Lavallée dans La Presse, elle a mis en place des
mesures pour répondre à chaque personne qui fait une demande au moment où il la
fait. Tous ceux qui décident de recevoir de l'aide en santé mentale vont
recevoir de l'aide sur place. C'est ça, revoir des services, c'est ça, revoir l'organisation
du travail. Ils ont montré du leadership, Mme la Présidente, ils ont réorganisé
tout le travail. Tout le monde est capable de le faire. Si la Côte-Nord est
capable de le faire, tout le monde est capable de le faire.
C'est la même chose où j'ai eu l'honneur d'annoncer
à la Montérégie-Centre, des cliniques IPS en CLSC et du sans rendez-vous en
présentiel, Mme la Présidente. Référer les bonnes personnes au bon endroit, au
bon professionnel. Une pharmacie communautaire 24 heures sur sept, et il ne
présente aucun déficit. On n'en entend pas parler, Mme la Présidente. On l'a
annoncé, et ça marche. C'est toute une question de leadership, d'innovation, de
collaboration entre les partenaires et de la réorganisation du travail. Il faut
briser les silos, Mme la Présidente. Moi, je poursuis mes tournées en CLSC, je
suis sur le terrain. Et j'invite mes collègues de l'opposition de venir avec
moi, parce que je ne les vois pas souvent.
Nous, on a eu le courage de corriger tous
les manquements des anciens gouvernements. Nous avons eu le courage d'aller où
les anciens gouvernements n'ont jamais voulu aller. Je peux vous dire que ce n'est
pas fini. Oui, il y aura des accrochages, oui, il y aura des ajustements.
Changer une culture de gestion, ça ne se fait pas demain matin, mais on est sur
le terrain, Mme la Présidente, on est sur le terrain, à l'écoute des besoins de
la population. Nous, on va continuer d'agir pour le bien-être des Québécois et
pour que les Québécois en ont pour leur argent. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec l'intervention de M. le
député de Pontiac.
M. Fortin :Merci, Mme la Présidente. Je ne peux pas dire que la
députée ne m'a pas donné le goût d'intervenir. Là, la députée, là, dans son
intervention, là, elle a pris beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps pour dire
tout ce qu'elle pensait des gouvernements précédents, mais ce qu'elle a fait, c'est
la...
15 h 58 (version non révisée)
M. Fortin :
...démonstration
que la CAQ, là, ce n'est qu'un parti de contradictions, Mme la Présidente.
Elle est venue, elle a commencé son
allocution en disant : Aïe! Le privé, ça n'a pas de bon sens, hein, les
anciens gouvernements, ils ont poussé les soins à domicile vers le privé, tout
ça. Mme la Présidente, moi, je me souviens, il n'y a pas longtemps, là, quand
le ministre de la Santé a déposé un projet de loi pour dire : Ah bien, les
médecins, ils ne doivent plus pratiquer au privé dans les premières années, qu'est-ce
qu'il a fait le lendemain? Le lendemain, il a lancé un appel d'offres pour
avoir plus de cliniques privées. La députée est venue nous dire que, par le
passé, il y a eu des coupures sans le rendez-vous. Essayez d'avoir un
rendez-vous... Essayez d'avoir un médecin aujourd'hui dans du sans rendez-vous,
impossible, il n'y en a plus. Tout a été dirigé vers le GAP. Ça n'existe plus,
quasiment, du sans rendez-vous au Québec.
Mais, au-delà de l'intervention de la
députée, là, je veux me permettre, Mme la Présidente, puis je vais me faire
plaisir en le faisant, de revenir sur ce que le ministre de la Santé a dit. Le
ministre de la Santé a commencé en disant : À chaque fois que les oppositions
parlent, ils s'en prennent au personnel de la santé. Mme la Présidente, je suis
tanné d'entendre ça de la part du ministre de la Santé. C'est un raccourci
intellectuel... En fait, ce n'est pas un raccourci, c'est de la malhonnêteté
intellectuelle.
Une voix :
...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Bon. Oui. Alors, attention aussi, je vous invite à la prudence. Vous avez
beaucoup d'expérience parlementaire, M. le député de Pontiac, alors faites
attention aux mots qui sont au lexique. Merci.
M. Fortin :
Très bien, Mme
la Présidente...
Une voix :
...
M. Fortin :
Très bien, Mme
la Présidente, je vous remercie de votre... de votre intervention. Mme la
Présidente...
Une voix :
...
M. Fortin :
Je poursuis mon
intervention. Merci, Mme la Présidente. Alors, ce que le ministre de la Santé
fait, à chaque fois qu'il fait ça, à chaque fois qu'il fait ça, il essaie de
discréditer les partis d'opposition en disant : Vous ne pouvez pas faire
ça, ça n'a pas de bon sens. Oui. Puis le député peut continuer à chercher dans
sa liste de propos non parlementaires, là, puis il peut se lever encore, s'il
le veut, Mme la Présidente, mais la réalité, c'est qu'on ne peut pas...
Une voix :
...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Aïe! Aïe! Aïe! On ne peut pas s'interpeler comme ça pendant... à travers la
Chambre, surtout pendant qu'il y a une intervention qui a lieu. Écoutez, tout
est une question aussi de contexte, hein? Lorsqu'on parle, parfois, il y a un
mot lexique, mais tout dépend du contexte. Je l'ai invité à la prudence, M. le
leader du gouvernement...
Une voix :
...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Même quand c'est un mot lexique, tout dépend du contexte. Alors...
Une voix :
...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Là, faites attention. Alors, allez-y, continuez.
M. Fortin :
Que le ministre
de la Santé soit invité à la prudence quand il dit aux députés d'opposition qu'ils
s'en prennent au personnel. Moi, là, je connais le député de Rosemont depuis
longtemps, je connais le député des Îles-de-la-Madeleine depuis longtemps, ma
collègue de D'Arcy-McGee, et il n'y a personne ici, en cette Chambre, là, qui a
plus de respect pour le personnel de la santé qu'eux. À tous les jours, Mme la
Présidente, ils reçoivent des témoignages de personnel de la santé qui vient
leur dire : Aidez-nous, on a besoin d'aide. Et, confession, Mme la
Présidente, je m'en excuse, je ne suis pas à jour dans ma boîte courriel
tellement il y a de gens qui nous écrivent pour dénoncer ces jours-ci du monde
impliqué dans le réseau de la santé. Alors, moi, j'inviterais le ministre de la
Santé, là, à corriger le tir, à ne pas faire des raccourcis comme ceux-là.
Parce que les gens qui sont ici, ils rapportent beaucoup et souvent des propos
qui viennent directement des employés du réseau de la santé, des gens qui
trouvent que ça ne fonctionne pas dans le réseau de la santé. De dire qu'il y a
des choses qui ne fonctionnent pas, ce n'est pas une insulte envers le
personnel, Mme la Présidente. C'est demander à un gouvernement qui se doit d'être
imputable, qui se doit d'être responsable, de bien encadrer, de bien épauler le
personnel en place.
Mais, Mme la Présidente, je constate que
ce débat-là, il se poursuit comme il a commencé, avec un gouvernement qui se
met la tête dans le sable. Quand on a entendu parler des coupures pour la
première fois, Mme la Présidente, lorsque la présidente-directrice générale de
Santé Québec a été nommée et qu'elle a entré dans ses fonctions, la première
entrevue, la première grande entrevue qu'elle a donnée à La Presse, là, on s'est
tous réveillés, ce matin-là, avec 1 milliard de coupures. Et je me
souviens, Mme la Présidente, on entendait des rumeurs que c'était plus que 1 milliard,
hein? Est-ce que c'était 1 milliard et demi? Est-ce qu'il y en avait plus?
Et le gouvernement, à ce moment-là, nous a dit : Non, non, non, il ne faut
pas faire peur au monde, il ne faut pas faire peur au monde. La réalité, Mme la
Présidente, c'est sorti, ça n'a pas été long, ça a pris quelques jours de plus,
et on a compris que c'était 1,5 milliard...
16 h 03 (version non révisée)
M. Fortin :...de coupures. Et on a compris, Mme la Présidente, par la
bouche du ministre de la Santé, que c'était non négociable, hein? Il n'y aurait
pas de négociation de la part des gestionnaires, c'est 1,5 milliard de
dollars qu'on doit aller chercher.
Quelques jours plus tard, Mme la
Présidente, on a compris qu'il y avait une répartition par région. On a demandé
142 milliards... 142,5 millions au CISSS de la Montérégie-Ouest, on a demandé
130 millions au CISSS de la Côte-Nord, 118 millions au CISSS des Laurentides,
97 millions au CISSS de l'Outaouais, 96 millions au CISSS de l'Abitibi, et ça
continue comme ça, Mme la Présidente.
Le ministre, la semaine dernière, il s'est
targué en disant : Aïe! On ne fait pas de coupes paramétriques, nous
autres, non, non, non, ce n'est pas partout pareil pour tout le monde. Bien,
effectivement, Mme la Présidente, savez-vous ce qu'il fait? Il demande aux
établissements qui sont le plus dans le trouble, ceux qui ont le plus de
difficulté à arriver, de couper davantage.
Si le CISSS de la Côte-Nord a un déficit
projeté de 130 millions de dollars, c'est parce qu'il n'arrive pas avec
les sommes à sa disposition, c'est parce qu'il y a un contexte qui fait en
sorte qu'il est obligé de payer des travailleurs d'agence, c'est parce qu'il y
a un contexte différent des autres CISSS et des CIUSSS. Si le CISSS de l'Outaouais
fait un déficit de 97 millions, c'est parce qu'avec son budget, qui, Mme la
Présidente, tout le monde est d'accord là-dessus, est à peu près 200 millions
plus bas qu'il devrait être, il n'arrive pas à donner les services à la
population.
Alors, l'approche prise par le
gouvernement, qui nous dit : Aïe! Ce n'est pas une approche
paramétrique... J'aurais quasiment souhaité une approche paramétrique, parce
que, là, on s'en prend à ceux qui ont le plus de difficulté déjà.
Quand je vous dis qu'on continue la tête
dans le sable, Mme la Présidente. Le ministre de la Santé qui vient nous dire
qu'il veut faire des propositions au député des Îles-de-la-Madeleine pour
modifier sa motion, dans le fond, ce qu'il nous dit à travers ses propositions,
c'est qu'il n'y en a pas, de coupures, il n'y en a pas, de compressions.
Mme la Présidente, moi, j'ai vu, le 15
janvier, un article de Radio-Canada qui nous disait : Il y a 1 000
employés en moins dans le dernier mois, 1 000 employés en moins en un mois. Si
ce n'est pas une compression, c'est quoi ça? Le lendemain, un article de TVA
qui nous disait : 500 postes additionnels abolis d'ici la fin du mois. Si
ce n'est pas une compression, c'est quoi ça, Mme la Présidente? Moi, j'ai vu
Santé Québec, les gens de Santé Québec, nommés par le gouvernement, dire :
On n'est plus capables, assez, c'est assez, on a fait notre bout, puis le
gouvernement dire : C'est non négociable, on continue.
Ce que le ministre propose au député des
Îles-de-la-Madeleine... puis je ne veux pas me prononcer à sa place, mais je ne
peux pas croire que le ministre de la Santé propose ça, il vient charcuter la
motion du député des Îles-de-la-Madeleine. Ce n'est pas une motion d'amendement,
ça, là. Il propose de retirer, Mme la Présidente : «Que l'Assemblée
reconnaisse que le système public de santé fait déjà face à un manque de
personnel soignant». Bien, voyons. On a passé les deux dernières années à se
dire ça, qu'il manquait de personnel soignant. Il vient dire qu'il refuse de
reconnaître que le système public de santé fait face à des fermetures d'urgence.
Je vois la députée de Coaticook ici, Mme la Présidente. L'urgence est fermée
dans son coin. «Qu'elle reconnaisse que le système public de santé fait face à
la vétusté des établissements.» Mme la Présidente, il y a la députée qui
représente Maria ici. Je ne peux pas croire qu'on vient nous dire qu'il n'y a
pas de problème de vétusté des établissements. Ça, c'est se mettre la tête dans
le sable, Mme la Présidente.
Dire qu'il n'y a pas de coupures alors qu'on
demande aux gens de partir avec leurs poubelles le soir, Mme la Présidente. On
demande... On ne vous demande pas ça, à vous, on ne nous demande pas ça, à
nous, partir avec nos poubelles le soir en quittant l'Assemblée : Vous
mettrez ça dans le «dumpster» dehors en quittant. Pas de problème. Faites ça
vous-mêmes. C'est ça qu'on demande au personnel du réseau de la santé.
Quand on fait des coupures à la DPJ.
Combien de temps on a passé ici dans les dernières années à dire qu'on doit
tout faire pour protéger les enfants de la DPJ, tout? On fait des coupures à la
DPJ.
Quand on fait des coupures dans les
programmes en santé mentale, des programmes qui fonctionnent à merveille en
Abitibi-Témiscamingue, c'est des coupures, ça, Mme la Présidente. On abolit
des...
16 h 08 (version non révisée)
M. Fortin :...si ce n'est pas une coupure, vous me direz c'est quoi.
Il y avait un programme, il n'y en a plus. Ça me semble une coupure. Quand on
ferme le seul programme de répit pour des familles avec des enfants handicapés
en Outaouais, le seul, ce n'est pas une coupure, ça, Mme la Présidente? On
abolit des postes d'infirmières aux urgences alors que les urgences sont pires
que jamais. On abolit les soins à domicile pour des patients à Montréal, on
ferme la mammographie, le soir, à Rimouski, les mammographies, Mme la
Présidente. Le programme existait, il n'existe plus : c'est une coupure.
On va fermer l'urgence de Trois-Pistoles la nuit. Elle était ouverte, elle va
être fermée : c'est une coupure. Je ne comprends pas comment le
gouvernement voit ça autrement que des coupures.
Mais le vrai problème, Mme la Présidente,
c'est que le député des Îles-de-la-Madeleine, là, il demande que Santé Québec
rende public le plan complet des compressions et que le gouvernement refuse ça.
Parce qu'aujourd'hui, là, savez-vous ce qui se passe? Les gestionnaires, dans
le réseau de la santé, ils n'ont aucune espèce d'idée ce qui leur est demandé.
Là, ils font des coupures à gauche, à droite, ils présentent des plans à Santé
Québec, mais c'est quoi qui leur est demandé, Mme la Présidente? Est-ce que le
déficit projeté, c'est encore l'objectif? Moi, j'ai entendu... mon, pas vrai, j'ai
lu, dans les pages de la Presse, la semaine dernière, qu'il y avait des cibles
particulières pour certaines régions, les régions où c'est plus difficile, je
pense à la Côte-Nord, je pense à l'Outaouais, je pense à l'Abitibi et d'autres,
Mme la Présidente, mais moi, j'ai appris ça en même temps que le cabinet du
ministre de la Santé. Les auditeurs du 98,5 ont compris que le ministre de la
Santé n'avait aucune mosus d'idée ça venait d'où, ce concept-là, que Santé
Québec ne le savait pas non plus. Alors, c'est quoi, la réalité? Parce que le
ministre de la Santé nous dit, une semaine, qu'il jette du leste, c'est-à-dire
que peut-être qu'on ne s'en tiendrait pas à ça, peut-être que ce n'est pas le
montant qui va être demandé aux établissements de santé, mais, cette semaine,
il est revenu sur son propos. Il nous dit : Non, ce qu'on a demandé, c'est
qu'il y ait zéro déficit.
Alors, moi, Mme la Présidente, là, si moi,
je ne m'y retrouve pas, si le cabinet du ministre de la Santé a l'air tout
perdu, si Santé Québec ne sait pas c'est quoi, les sept particulières, est-ce
qu'on peut avoir un portrait clair de c'est quoi, les compressions? Est-ce que les
gestionnaires qui, aujourd'hui, font des coupures, là, qui abolissent des
services, qui mettent à la porte des employés du réseau de la santé... est-ce
qu'on peut avoir une certaine transparence? Parce que, sinon, je ne sais pas c'est
quoi, le rôle du ministre de la Santé, je ne le sais pas. Les décisions sont
prises par Santé Québec. Les ministres apprennent ça et disent à Santé Québec :
J'aimerais que vous remettiez en place tel ou tel programme, que vous ne
fassiez pas tell, telle coupure, puis ils se font dire non. Ils se font dire
non par Santé Québec, Mme la Présidente. C'est quoi, le rôle du ministre de la
Santé si ce n'est pas lui qui décide puis s'il est incapable de nous dire ce
que le gouvernement de la CAQ exige comme compressions budgétaires? Je vous
pose la question honnêtement, Mme la Présidente : Quelle est l'utilité
parlementaire du ministre s'il est incapable de prendre des décisions, de les
justifier, si Santé Québec refuse de l'écouter puis s'il ne peut même pas nous
dire c'est quoi que son gouvernement demande à Santé Québec, comme
compressions?
Mme la Présidente, la réalité, là, la
voici : le P.D.G. du CISSS de la Gaspésie vient de sortir sur la place
publique pour dire : S'il faut aller plus loin que les coupures de 10
millions qu'il a faites jusqu'à maintenant... on lui en a demandé 44, s'il faut
aller plus loin que le 10 millions et rendre ça exécutable dans un court laps
de temps, bien, il va falloir nous dire comment, parce que nous, on ne trouve
pas. Nous, on est allé au bout de ce qu'on peut faire. Alors, est-ce que ce
gestionnaire-là, il peut arrêter avec les coupures? Est-ce qu'il doit continuer
puis se rendre aux 44 millions de lui-même? Est-ce qu'il y a quelqu'un au
gouvernement qui va lui dire : Bien, oui, tel type de programme, vous
pouvez fermer des urgences, vous pouvez fermer des programmes de santé mentale?
Parce qu'ils ne savent pas quoi faire, Mme la Présidente.
Alors, quand on dit aux oppositions :
Arrêtez de faire peur à la population, là, est-ce qu'on est en train de dire ça
au P.D.G. du CISSS des...
16 h 13 (version non révisée)
M. Fortin :...qu'il fait peur à la population parce qu'il ne sait pas
quoi faire lui non plus puis il demande des orientations, exactement comme le
député des Îles-de-la-Madeleine est en train de le faire en ce moment.
Mme la Présidente, ce ne sont pas... tous
les programmes qu'on vient de nommer, tous les programmes qu'on vient de
nommer, ce ne sont pas des ajustements, comme le prétend la députée. Ce n'est
pas une réorganisation, comme le prétend la ministre. C'est une coupure de
services claire et nette et il n'y a personne qui se retrouve là-dedans en ce
moment. On aimerait simplement avoir une orientation claire de la part du
ministre de la Santé. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de Bonaventure.
Mme Blouin : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Alors, aujourd'hui, on débat d'une motion qui dénonce la rigueur
budgétaire en santé. Mme la Présidente, en tant que gouvernement, c'est évident
qu'on comprend l'importance capitale de notre système de santé et de ses
infrastructures. C'est très, très clair pour nous qu'une gestion saine et
rigoureuse des finances publiques, c'est essentiel pour assurer un avenir à l'ensemble
du réseau, tout en répondant évidemment aux défis et aux besoins actuels. Et je
tiens à rappeler que, malgré le contexte budgétaire qu'on connaît, notre
gouvernement a agi de manière responsable. Notre ministre de la Santé s'est
toujours montré attentif aux besoins des Québécois, tout en veillant à la
stabilité financière. Et ça, Mme la Présidente, c'est pour le bien de tous les
contribuables québécois, et notre gouvernement a posé des gestes aussi pour
améliorer le réseau de la santé et son accès.
Dans le cadre de nos efforts pour
améliorer l'efficacité du système de santé, le gouvernement a lancé Santé
Québec, peut-être que vous en avez entendu parler. Ce projet permet justement
de mieux coordonner les services, tout en intégrant les données de santé, les
ressources humaines et les infrastructures, et tout ça de manière plus fluide.
Je tiens à dire aussi qu'on est un gouvernement de région. C'est une priorité
pour nous, les régions.
J'aimerais en profiter pour vous rappeler
que l'initiative du GAP, le Guichet d'accès à la première ligne, bien, cette
initiative-là, elle émane d'une région, la région du Bas-Saint-Laurent. Alors,
quand on parle de déployer les meilleures pratiques partout au Québec, ça en
est un bel exemple. Et des exemples comme celui-là, Mme la Présidente, il y en
a dans plusieurs régions partout au Québec.
Avec Santé Québec, les élus locaux auront
aussi une voix sur les nouveaux conseils d'administration d'établissements pour
faire entendre leurs besoins. Une tribune de plus pour entendre les réalités
terrain. On répond à la demande des élus qui souhaitaient s'impliquer. Alors,
ça aussi, c'est bien reçu.
Mme la Présidente, ce n'est pas la rigueur
qui est mise en cause, mais c'est l'efficacité de nos décisions face à des
défis qui sont, on le rappelle, de plus en plus complexes. Le ministre a
toujours souligné que les ajustements budgétaires étaient nécessaires pour
pérenniser le système de santé. Et justement, Santé Québec, c'est un exemple
concret de l'engagement du gouvernement à réformer notre système de santé, mais
sans en compromettre la qualité. Ce n'est pas une coupe budgétaire, c'est une
réorganisation des services qui va permettre à terme de libérer des ressources
pour mieux répondre aux besoins croissants de notre population partout au
Québec.
Je ne vous apprends rien en vous disant
que la situation des finances publiques, elle est complexe. On a dû faire face
à un certain nombre de défis, dont l'augmentation des coûts des médicaments, l'augmentation
des salaires dans la fonction publique et des coûts aussi liés à la pandémie,
pour ne nommer que ça. Bien, dans ce contexte-là, le ministre de la Santé n'a
pas cessé de répéter que la clé de notre succès, ça passait par une gestion
plus ciblée et mieux orientée des fonds publics. Ça inclut la réorganisation de
certaines structures administratives. Ça inclut la mise en œuvre de nouvelles
technologies dans le secteur de la santé et aussi un investissement accru dans
la prévention des maladies et, dans la santé publique, on sait à quel point c'est
important. Faire plus de prévention, c'est justement un autre bel exemple pour
diminuer nos coûts et diminuer la pression sur le réseau de la santé.
On a aussi mis en place des solutions
novatrices pour le financement du système de santé. On a fait preuve de
leadership en lançant des projets pilotes dans plusieurs régions pour tester l'efficacité
de nos modèles de soins alternatifs. Et ça, c'est toujours, toujours pour
réduire la pression...
16 h 18 (version non révisée)
Mme Blouin :
...sur
nos hôpitaux tout en continuant à offrir des soins de qualité. Parce qu'en bout
de ligne c'est ça qui est important, que tous les Québécois aient accès à un...
un professionnel, pardon, de la santé. C'est ça qui est important et c'est sur
ça qu'on travaille, Mme la Présidente.
Contrairement à ce que l'opposition
pourrait laisser entendre, notre gouvernement continue de consacrer des
ressources considérables à l'amélioration de notre réseau de santé. Et d'ailleurs,
depuis 2018, je le rappelle, le budget de la santé est passé de 40 milliards
à 60 milliards. C'est une augmentation de 50 %. J'ajoute en plus que
les investissements dans nos infrastructures en santé sont actuellement à un
niveau record. Maintenant, ce qu'on demande, c'est de respecter les budgets qui
ont déjà été bonifiés, par ailleurs, et ça sans impacter l'accès aux soins pour
le patient.
L'ensemble des efforts qu'on fait depuis
deux ans, eh bien, ça converge en ce moment notamment avec Santé Québec, qui va
permettre de rendre les opérations plus efficaces sans affecter les services.
Sans oublier qu'on a diminué aussi le recours à la main-d'oeuvre indépendante
de 60 % depuis la fin de l'année 2023. Ce sont des dépenses en moins.
Mais en plus, ça nous a permis de ramener plus de 4 000 personnes qui
étaient auparavant dans les agences privées, et on les a ramenées dans le
réseau public. C'est une avancée majeure.
Je vous parle également du temps
supplémentaire obligatoire qui a diminué de 43 % pour l'ensemble du personnel,
mais on parle d'une diminution de 67 % seulement pour les infirmières à l'urgence.
Alors, là aussi, on améliore les conditions de travail, mais on fait des
économies. On travaille à améliorer le réseau de la santé et des services
sociaux par une foule de mesures, je pense que vous pouvez le constater, et ça
donne des résultats.
J'aimerais préciser un élément important.
On ne veut pas couper dans ce qui est nécessaire. On veut investir dans ce qui
fonctionne et réorienter les ressources là où elles seront le plus efficaces. C'est
là-dessus qu'on travaille. Alors, c'est très facile pour l'opposition de nous
pointer du doigt, de nous critiquer, et je rappelle qu'on a déjà vu évidemment
par le passé les effets désastreux d'une gestion financière irresponsable, mais
nous, Mme la Présidente, on a une vision qui est claire, qui est ambitieuse
pour l'avenir du système de la santé. C'est de maintenir la qualité des soins
tout en augmentant la durabilité du financement public.
Ça veut dire qu'on doit revoir nos
méthodes, qu'il faut améliorer nos processus, qu'il faut s'assurer que nous
avons les ressources pour répondre aux besoins croissants d'une population
vieillissante. Alors, ça aussi, bien évidemment, ça représente un autre défi.
On est parfaitement conscients de tout le travail qu'on a à faire, mais on
tient à réaffirmer notre engagement à maintenir un système de santé qui est
accessible, qui est efficace et qui est durable.
La rigueur budgétaire en santé, ce n'est
pas un choix contre les citoyens. Il faut le voir comme une nécessité pour s'assurer
qu'on continue à offrir des services et des soins de santé qui sont de qualité
à tous les Québécois aujourd'hui, mais surtout pour l'avenir. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
Soucy) :
Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à
M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard :
Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Un grand plaisir d'intervenir aujourd'hui sur un
sujet aussi important. Et je veux y apporter une touche de services sociaux.
Trop souvent, les services sociaux sont
les grands oubliés du réseau de la santé. Tellement que Santé Québec ne parle
plus, dans son titre, de services sociaux. On devrait toujours référer à Santé
et Services sociaux, au Québec, n'en tienne qu'à moi.
En effet, l'austérité caquiste fait très
mal aux familles du Québec. Les témoignages et les conséquences sont
dramatiques, les unes... les unes plus que les autres. Et c'est pour ça que je
dépose, Mme la Présidente, une proposition d'amendement, là, pour modifier l'amendement,
pour ajouter, après l'article trois, l'alinéa suivant :
«Qu'elle souligne que le secteur des
services sociaux est particulièrement affecté par les récentes compressions
résultant en une fragilisation du filet social.»
En Chaudière-Appalaches, Mme la Présidente,
la CAQ a coupé 30 postes en santé mentale et en services jeunesse, des
postes d'éducateur spécialisé, de travailleur social, d'agent de relations
humaines, de psychologue sont appelés à disparaître. Chaque intervenant s'occupe
habituellement d'au moins, d'au moins une dizaine de familles. Dans plusieurs
régions, les syndicats sonnent l'alarme. Dans deux de nos régions, cet été, il
y avait des bureaux où il...
16 h 23 (version non révisée)
M. Cliche-Rivard : ...manquait
plus de la moitié du personnel, et le second, il manquait le deux tiers du
personnel, nous disent les représentants. Dans des centres jeunesse, les
intervenants ne fournissent plus, les fugues sont en hausse fulgurante. On nous
dit : Ça ne va pas bien sur le terrain, les centres sont devenus des
garderies pour adolescents, on n'est plus capables de leur offrir des services
adéquats.
Une travailleuse nous a écrit, hier, Mme
la Présidente : «Avec mon salaire, je n'y arrive plus, j'ai décidé de
couper dans ma médication.» C'est les Québécois et c'est les Québécoises qui
font les frais des coupes en services sociaux. François Fournier, un homme de
62 ans, est victime de ces coupes. Le Rimouskois a besoin de soutien à
domicile depuis qu'il a été victime, en 2010, d'un accident qui a brûlé
80 % de son corps. On est allé le visiter et on a chronométré le temps que
ça prend pour le mettre de sa chaise à la toilette, le temps que ça reprend
pour le remettre sur sa chaise. «That's it, that's all, on a coupé son temps de
soutien à domicile. Des parents pourraient devoir confier leurs enfants adultes
handicapés à des CHSLD en raison des coupes de leurs allocations. En juillet,
elle dit : J'ai appris sans explication que j'étais coupée de 112 heures
aux deux semaines à 84 heures.
Ce sont toutes des coupes réelles qui
affectent les citoyens les plus vulnérables, Mme la Présidente. Alors, oui, il
y en a, des coupes. Oui, il y en a, de l'austérité caquiste dans les services sociaux.
Ça fait mal, et ce sont les Québécois et les Québécoises les plus vulnérables
qui écopent le plus. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, M. le député de Matane-Matapédia, on vous écoute.
M. Bérubé : Merci, Mme la
Présidente, le Parti québécois a fait le choix de présenter le portrait, celui
qu'on connaît de la santé au Québec, celui des compressions, 1,5 milliard
de compressions en très peu de temps, c'est du jamais vu.
La CAQ aime beaucoup s'autoproclamer
historique. Tout ce qu'elle fait est historique. Non seulement ça prend un
tiers indépendant pour ça, mais c'est historique. Alors, je vais leur accorder
que 11 milliards de déficit ni attribuables à la pandémie ni attribuables
à Donald Trump, c'est à eux, je leur laisse, c'est vraiment à eux, ça, c'est
historique et c'est vraiment, là, lié à leur action politique.
Ça veut dire qu'on a dépensé beaucoup, qu'on
a perdu le contrôle des finances publiques puis là il faut se rattraper
rapidement, puis on demande à des fonctionnaires de Santé Québec : Faites
ça pour nous. Santé Québec, c'était juste ça, c'est le bras administratif qui
va faire les coupures. Moi, je ne les ai jamais rencontrés, les «top guns». Je
les ai vus à la télévision. J'en ai vu une qui travaillait dans un secteur
privé, qui vendait des services à l'État et qui est maintenant à la tête de l'institution.
Je ne suis pas sûr que le ministre lui a rendu service en l'appelant
constamment «top gun». Il n'y a personne qui dit ça, dans le réseau,
présentement. Ils disent autre chose, mais ils ne disent pas «top gun». Quant à
la présidente, une des membres fondatrices de la CAQ, qui a signé la
déclaration initiale, je ne sais pas ce qu'elle fait là-dedans, mais je sais ce
que le ministre pourrait faire là-dedans, parce qu'il a tous les pouvoirs pour
intervenir.
À l'échelle du Bas-Saint-Laurent,
uniquement, 34 millions de compressions d'ici la fin de l'année financière.
Deux urgences, celle de Mont-Joli, dans ma circonscription, on coupe des heures
les samedis et les dimanches. Moins d'heures à l'urgence, après ça, vous allez
à Rimouski, avec les routes qu'on a. Trois-Pistoles, ça va faire l'objet d'une
grande manifestation demain : plus d'urgence la nuit, emprunter la route
pour aller à Rimouski ou aller à Rivière-du-Loup. Mais ce n'est pas tout, les
kinésiologues, il n'en reste plus sur le territoire, des gens qui sont là pour
assister des personnes qui ont eu une opération, qui étaient à l'hôpital, pour
qu'ils reprennent de l'autonomie. Ils faisaient ça à résidence, ils vont rester
à résidence, la leur, parce qu'ils n'ont plus de travail, tout le monde est
congédié. Les mammographies le soir, ce n'est pas tout le monde qui a le même
horaire, tu ne peux pas nécessairement être disponible dans le jour, il n'y en
a plus.
Résultat, qu'est-ce que les médecins nous
ont dit? Bien, il y aura un impact, certainement. Dr Clapperton, qui disait ça,
sur les délais, puis chaque jour, chaque semaine compte. Soins à domicile, compressions,
également. Hémodynamie, une des promesses phare de la CAQ dans la
circonscription de Rimouski à l'élection de 2022. Le ministre est venu en
parler, la députée en a parlé. Je peux-tu vous dire qu'il y a bien du monde
que, s'ils avaient su que ça ne se ferait pas... Parce que le ministre me l'a
confirmé par écrit, les questions au feuilleton, des fois, on a des belles
surprises. Bien, s'il l'avait dit, peut-être que le résultat aurait été en
partie un petit peu différent. Parce que c'est un enjeu, l'hémodynamie, sur la
santé cardiaque, ça permet de mesurer des choses.
Donc, ça, c'est uniquement à l'échelle du
Bas-Saint-Laurent. C'est un peu comme le jeu Battleship, il faut que tu devines
s'il y a une coupure là, puis là tu l'apprends, puis : Oh, je ne peux pas
te le confirmer, ça oui. Ça ne peut pas marcher comme ça. Donc, des choix
budgétaires, ça permet de juger de l'action d'un gouvernement. 11 milliards
de déficit, ça me permet de dire que c'est des dépensiers...