(Treize
heures quarante et une minutes)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
bonjour à toutes, bonjour à tous. Prenez place, nous allons débuter nos
travaux.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous
sommes à la rubrique Déclarations des députés, et, sans plus tarder, je
reconnais Mme la députée d'Iberville.
Saluer
le rapprochement entre la Maison des jeunes
d'Iberville et le Cercle de fermières Iberville
Mme Audrey
Bogemans
Mme Bogemans : Merci beaucoup, M. le
Président. Aujourd'hui, je souhaite mettre en lumière deux organismes
qui font le pont entre différentes clientèles.
Une fois par semaine,
le Cercle des fermières vient cuisiner des repas avec les jeunes. C'est un
moment privilégié, qui est attendu de tout le monde. Autant les fermières que
les jeunes apprécient ce temps qu'ils passent ensemble.
En plus d'être dans des locaux voisins, il y a une ambiance extraordinaire
quand ces deux organismes se rencontrent.
C'est pour moi un
honneur d'avoir avec nous aujourd'hui dans les tribunes Mme Marie-Eve
Bellavance, Mme Florence
Martin Lefebvre, de l'équipe de la Maison des jeunes, qui a maintenant
40 ans, et également des jeunes du comté d'Iberville, Isaak, Chloé
et Maya-Rose.
Je
veux remercier ces équipes de faire de l'espace dans leur programmation pour
établir ce lien intergénérationnel, un rendez-vous où la compréhension
mutuelle et l'autonomie est à l'honneur. Les ados le disent, la Maison des
jeunes d'Iberville, c'est réellement une deuxième maison pour eux.
Félicitations!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée d'Iberville. Et, sans plus tarder, je reconnais Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Souligner le
170e anniversaire du collège Villa-Maria
Mme Désirée
McGraw
Mme McGraw : Merci beaucoup, M. le
Président. Situé dans mon comté de Notre-Dame-de-Grâce, Villa‑Maria fête cette année son
170e anniversaire.
Fondée par les Soeurs
de la congrégation de Notre-Dame, cette institution importante débute en étant
un pensionnat bilingue pour filles. Villa-Maria a toujours su s'adapter et a
évolué avec le temps. Le collège, désormais mixte, laïque, est fréquenté par
près de 2 000 étudiants et est axé sur la réussite et le dépassement.
As a
graduate of Villa-Maria, I feel privileged to have benefited from such an
exceptional education, that gave me all the
tools to succeed in the world today, and I hope, for future generations of
young men and women, that they are able to benefit from the same
opportunities.
Merci
à toute l'équipe de Villa-Maria, qui sont présentes avec nous aujourd'hui dans
nos tribunes, pour votre travail exemplaire,
et, aussi, bon 170e anniversaire. Et je suis confiante que, dans cinq ans,
on va se retrouver pour fêter le 175e anniversaire à
Notre-Dame-de-Grâce. Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Et
bravo à vous aussi. Et je reconnais maintenant Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Rendre hommage à Mme Cécile
Marcouiller
Mme Marie-Louise
Tardif
Mme Tardif :
Mme Cécile Marcouiller est bénévole depuis 68 ans et elle en a
74. Elle a commencé à l'âge de six ans dans une chorale d'église. Sa mission,
c'est d'aider les autres.
Ses
implications sociales, eh bien, elle en fait tellement qu'elles ne se comptent
plus : membre des Filles d'Isabelle, secrétaire-trésorière, chancelière, vice-régente et régente du cercle de
l'église Saint-Paul, membre du mouvement Cursillos, animatrice, rectrice,
responsable régionale et responsable diocésaine pendant des années, catéchète,
marguillière, célébrante de messe,
responsable de la pastorale à l'église de Saint-Jean-des-Piles et de
Sainte-Flore, directrice de chorales, membre du Club Optimiste et d'une
troupe de théâtre qui remet ses recettes au club, auxiliaire bénévole au CHSLD
Laflèche. Et, malgré
ses traitements de chimiothérapie, elle continue de bénévoler et d'être une
mère, une grand-mère et une épouse généreuse et attentive.
Merci,
Mme Marcouiller. Vous êtes extraordinaire.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice. Félicitations, madame!
Et la parole revient
maintenant à M. le député de Laurier-Dorion.
Souligner le cinquième
anniversaire de l'Institut national pour l'équité,
l'égalité et l'inclusion des personnes en situation de handicap
M.
Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, M. le Président.
Aujourd'hui, j'aimerais souligner le cinquième anniversaire de l'Institut national pour l'équité, l'égalité et l'inclusion
des personnes en situation de handicap, un important organisme de ma
circonscription.
L'institut
a pour mission la réalisation d'une société juste, inclusive, sécuritaire et
égalitaire où la participation des personnes en situation de handicap de tous
âges, de tous genres et de toutes origines ethnoculturelles est pleine et
entière.
En ce
3 décembre, journée internationale des droits des personnes handicapées,
et en cette période d'actions contre les
violences faites aux femmes et aux enfants, rappelons-nous que chaque action
compte. Nous devons continuer à bâtir des communautés équitables,
sécuritaires et inclusives.
À l'occasion de cet
important anniversaire, cela me fait plaisir d'utiliser ce slogan qui résume
bien la campagne actuelle menée par l'organisme : Contre les violences
genrées, moi, j'agis. Et vous?
Bonne fête et bravo
pour votre travail! Merci beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député d'Anjou—Louis-Riel.
Et je reconnais maintenant Mme la députée... Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Merci, M. le député de Laurier-Dorion. Mme la députée.
Dans le cadre de la Journée internationale
des personnes handicapées,
souligner le 15e anniversaire du Regroupement des
activistes pour l'inclusion au Québec
Mme Karine
Boivin Roy
Mme Boivin
Roy : Merci, M. le Président. Depuis 1992, la Journée internationale
des personnes handicapées est célébrée chaque année le 3 décembre à
travers le monde. Elle vise à promouvoir et à mobiliser le soutien en faveur de
la dignité, des droits et du bien-être des personnes en situation de handicap
dans toutes les sphères de la société. De plus,
elle vise à promouvoir la compréhension des enjeux liés au handicap et à
accroître la sensibilisation à leur situation particulière.
Cette journée
constitue aussi une occasion de mettre en lumière les actions menées par des
associations pour améliorer leur qualité de vie.
Dans cette foulée, je
désire souligner le 15e anniversaire du Regroupement des activistes pour
l'inclusion au Québec, appelé communément le RAPLIQ. L'organisme mène ce combat
sans relâche sous la direction générale de Mme Linda
Gauthier. Récipiendaire du grade d'officière de l'Ordre de Montréal 2023,
celle-ci est un exemple de ténacité et de volonté en faveur d'une
société digne et inclusive.
Le
3 décembre nous rappelle chaque année le rôle que nous avons à jouer pour
permettre aux personnes en situation de handicap de se réaliser
pleinement. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Et la parole revient maintenant à Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Souligner le
40e anniversaire de la Fondation
Institut de gériatrie de Montréal
Mme Michelle
Setlakwe
Mme Setlakwe :
M. le Président, j'ai le plaisir de souligner aujourd'hui le
40e anniversaire de la Fondation de l'Institut de gériatrie de Montréal,
située dans mon comté de Mont-Royal—Outremont.
Depuis quatre
décennies, elle place le mieux-être des aînés au coeur de sa mission. La
fondation joue un rôle essentiel dans le maintien et le leadership de
l'institut, qui se distingue par ses soins spécialisés et son centre de recherche
et de partage du savoir sur le vieillissement et la santé des personnes âgées.
Je profite de cette
occasion pour saluer la contribution de tous celles et ceux qui rendent cette
mission possible, les bénévoles, les
donateurs, les partenaires, les chercheurs et toutes les équipes de la
fondation et de l'institut. Les aînés sont les piliers de notre société
et méritent notre plus grande attention et notre soutien, guidés par les
valeurs de respect et de dignité.
Merci et longue vie à la fondation et à l'Institut
de gériatrie de Montréal! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont. Au tour, maintenant, de la députée de Hull.
Souligner le
80e anniversaire de Centraide Outaouais
Mme Suzanne
Tremblay
Mme Tremblay :
M. le Président, j'ai l'honneur de prendre un moment pour souligner le
80e anniversaire de Centraide
Outaouais, un organisme incontournable qui a pour importante mission de lutter
contre la pauvreté et l'exclusion sociale.
Centraide Outaouais,
c'est un moteur de bienveillance et d'entraide et surtout un allié essentiel au
soutien des organismes communautaires de
notre région. Grâce à ses campagnes de financement, c'est plus de
150 millions de dollars qui ont été amassés au fil des ans. Toujours
présent au coeur de notre collectivité, Centraide Outaouais vient aujourd'hui
en aide à 88 organismes qui oeuvrent
pour le mieux-être de nos citoyens. Véritable acteur de changement social,
l'organisme agit sur plusieurs fronts, allant de la satisfaction des
besoins essentiels des personnes démunies jusqu'au soutien de la réussite des
jeunes.
Je tiens à rendre
hommage aux bénévoles, partenaires, employés, donateurs qui, année après année,
participent aux campagnes et travaillent sans relâche pour soutenir les
organismes de l'Outaouais. Sans votre dévouement, votre expertise et votre
compassion, rien de tout cela ne serait possible.
Bon
80e anniversaire!
• (13 h 50) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Hull. La parole revient maintenant à M. le député de
Taillon.
Souligner la Journée
internationale des personnes handicapées
M.
Lionel Carmant
M. Carmant :
Merci, M. le Président. J'aimerais souligner aujourd'hui la Journée
internationale des personnes handicapées. Cette année, la thématique du
3 décembre sera Un monde plus inclusif, j'embarque!
Nous avons
tous un rôle à jouer afin de rendre la société québécoise toujours plus
inclusive. L'inclusion, à mes yeux, c'est
mettre fin à la stigmatisation et aussi se mobiliser afin d'accroître le
pouvoir d'agir des personnes handicapées. Au cours des dernières années,
nous avons fait d'importants progrès en ce sens. Il reste cependant encore
beaucoup à faire pour mieux soutenir les
personnes en situation de handicap et leurs proches, et ça, au quotidien.
Chacun mérite de se sentir écouté, respecté et valorisé. Chacun mérite
de s'accomplir et de faire rayonner ses forces et ses talents.
En cette Journée
internationale des personnes handicapées, je réitère notre engagement envers
les personnes handicapées. Poursuivons nos efforts pour réduire les obstacles
et faciliter leur intégration. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Taillon. Et je cède
maintenant la parole à Mme la députée des Plaines.
Rendre hommage à
Mme Fatou Diop
Mme Lucie
Lecours
Mme Lecours (Les Plaines) : Merci
beaucoup, M. le Président. Vous savez quoi? Aujourd'hui, je tiens à féliciter
Mme Fatou Diop pour son travail acharné et son engagement exceptionnel
envers la communauté de La Plaine.
Son parcours inspire
et reflète l'énergie et la passion animant notre circonscription.
Finaliste dans la
catégorie Leadership lors du Gala du trophée Waraba, Mme Diop continue de
s'illustrer par son expertise dans le
démarrage d'entreprises et par son engagement à soutenir de nouveaux
entrepreneurs issus de la diversité culturelle.
Son implication est
une véritable richesse pour notre région et une source d'inspiration pour tous.
Je lui adresse mes sincères félicitations pour cette reconnaissance pleinement
méritée.
Bravo, Mme Diop!
Bravo, Fatou!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée des Plaines. La parole revient maintenant à Mme la
députée de Rimouski.
Saluer
le travail de l'organisme Moisson Rimouski-Neigette
Mme Maïté
Blanchette Vézina
Mme Blanchette
Vézina : Merci, M. le Président. En cette approche du temps des fêtes,
j'aimerais aujourd'hui mettre en lumière la contribution essentielle de Moisson
Rimouski-Neigette, qui offre une aide alimentaire de dernier recours aux
personnes vulnérables de notre société.
Depuis
plus de 30 ans, sa mission première est de venir en aide aux gens qui
n'ont pas les moyens de s'alimenter de façon suffisante. Plusieurs services
sont proposés afin de répondre aux multiples besoins grandissants : dépannage alimentaire, distribution de denrées à
d'autres organismes, cuisines collectives et de récupération, et plus
encore.
Pour y arriver,
Moisson Rimouski-Neigette a besoin de nous, particulièrement avec la période
des fêtes qui arrive à grands pas. Que ce
soit par un don en argent, ou en temps, ou en denrées, je vous invite et je
nous invite à répondre généreusement à leur appel.
J'en profite pour
remercier Marie-Eve St-Pierre et son équipe de lutins et lutines qui viennent
en aide aux gens tout au long de l'année et
particulièrement pendant cette période de réjouissances afin que tous puissent
festoyer le ventre plein. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Rimouski. Au tour, maintenant, de M. le député
d'Orford.
Rendre
hommage à l'organisme Orford Musique
M. Gilles
Bélanger
M. Bélanger : M. le Président, c'est
avec un immense plaisir qu'aujourd'hui je rends hommage à Orford Musique.
Depuis
près de 75 ans, récipiendaire de nombreux prix Opus, Orford Musique
contribue de manière exceptionnelle au
développement des talents et des carrières de musiciens classiques et jazz. Son
académie de renommée internationale accueille chaque année des centaines
de jeunes artistes désireux de perfectionner leur art, et son festival attire
près de 25 000 visiteurs, renforçant ainsi son rôle de pilier
culturel dans notre région.
L'organisme
offre également des résidences artistiques dans sept pavillons conçus par des
architectes de renom, permettant à des créateurs de se consacrer
pleinement à leurs projets dans un environnement propice à l'inspiration.
Orford Musique
collabore étroitement avec le ministère de la Culture et des Communications
pour mettre en place un projet majeur de rénovation de ses infrastructures
vieillissantes.
Je souligne la
présence ici aujourd'hui de son équipe de direction. Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député d'Orford. La parole revient
maintenant à Mme la députée de Brome-Missisquoi.
Rendre
hommage aux élus municipaux de la
circonscription de Brome-Missisquoi
Mme
Isabelle Charest
Mme Charest :
Merci, M. le Président. Le rôle des élus a malheureusement été mis à mal,
ces dernières années, ce qui donne une perception injuste de leur travail. À
l'approche des élections municipales, qui auront lieu en novembre 2025, je veux
rendre hommage aux élus de Brome-Missisquoi.
Certains d'entre
vous, que je côtoie depuis 2018, quitteront leurs fonctions, et d'autres
renouvelleront leur engagement pour quatre
nouvelles années. Maires, mairesses, conseillers, conseillères, vous travaillez
quotidiennement à résoudre des
enjeux, à répondre aux urgences et à planifier l'avenir de votre municipalité.
Vous prenez part aux activités locales et faites partie de la vie des
concitoyens et concitoyennes. C'est par votre implication et votre dévouement
que vous démontrez de manière concrète l'attachement que vous avez pour votre
quartier et votre municipalité.
Je lance un appel à
tous ceux qui ont à coeur la vitalité de notre démocratie locale à suivre votre
exemple en présentant leur candidature pour ainsi participer au bien-être et au
développement de leur communauté. Une invitation particulière est faite aux femmes et aux jeunes, qui sont plus nombreux
à s'engager en politique mais encore sous-représentés. Votre
contribution est essentielle pour bâtir des municipalités inclusives et
dynamiques. Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Brome-Missisquoi. Alors,
voilà qui met fin à la rubrique Déclarations des députés. Je vous remercie pour
vos déclarations.
Et nous allons
suspendre les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 56)
(Reprise à 14 h 07)
La
Présidente : Bonjour, tout le monde. Vous êtes nombreux, aujourd'hui.
Mesdames messieurs, le parlement du Québec, c'est chez vous. Bienvenue.
Mmes, MM. les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie
beaucoup. Veuillez vous asseoir.
Présence
de l'ambassadeur de la République tunisienne, M. Lassaad Boutara
J'ai le
plaisir de souligner aujourd'hui la présence, dans les tribunes, de
l'ambassadeur de la République tunisienne, Son Excellence M. Lassaad
Boutara, à l'occasion de sa visite officielle.
Présence de Mme Carole
Poirier et de M. Jean Boucher,
ex-parlementaires de l'Assemblée nationale
J'ai également le plaisir de souligner la
présence, dans les tribunes, de Mme Carole Poirier, ancienne députée
d'Hochelaga-Maisonneuve, et de M. Jean Boucher, ancien député d'Ungava,
qui est ici aussi.
Et nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui,
bonjour, Mme la Présidente. Je vous demande d'appeler l'article a du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 83
La
Présidente : À l'article a du feuilleton, M. le ministre de la
Santé présente le projet de loi n° 83, Loi favorisant
l'exercice de la médecine au sein du réseau public de la santé et des services
sociaux. M. le ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, merci
beaucoup, Mme la Présidente.
Ce projet de
loi vise à favoriser l'exercice de la médecine au sein du réseau public de la
santé et des services sociaux.
À cette fin, le projet de loi oblige tout
nouveau médecin à participer pendant cinq ans au régime public institué par la Loi sur l'assurance maladie afin de
prévoir... de pouvoir, pardon, devenir un professionnel non participant exerçant
sa profession en dehors des cadres du régime. Il fait du manquement à cette
obligation une infraction pénale spécifique. Il adapte également certaines
dispositions des lois du domaine de la santé et des services sociaux pour tenir
compte de la nouvelle obligation.
Le projet de loi modifie de plus... sur la
gouvernance du système de la santé et des services sociaux afin de permettre au gouvernement d'imposer aux étudiants
et aux résidents en médecine qu'il détermine, avant le début de leur
formation ou de leur résidence, la signature d'un engagement à exercer la
médecine au Québec après celle-ci, assorti d'une clause pénale. Il octroie au
gouvernement le pouvoir de fixer la durée et les autres conditions et modalités
de cet engagement.
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente : Et je reconnais M.
le leader de l'opposition officielle. Je vous écoute.
• (14 h 10) •
M. Derraji : Mme
la Présidente, nous aimerions la tenue de consultations particulières sur ce
projet de loi. Merci.
Mise aux voix
La Présidente : Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix : Adopté.
Projet de loi n° 893
La Présidente : Adopté. M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Ce projet de loi vise à maintenir l'autonomie des personnes aînées.
À cette fin, il leur reconnaît plusieurs
droits... — c'est
l'article b, là, qu'il fallait appeler — il
leur reconnaît plusieurs droits, dont le droit de vivre dans leur
domicile aussi longtemps que possible, le droit à un logement abordable et
adapté à leurs besoins ainsi que le droit à
la sécurité financière. Il modifie aussi la Charte des droits et libertés de la
personne afin d'investir la
Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse de la mission
de veiller au respect de ces droits.
Par ailleurs, le projet de loi institue une
stratégie nationale pour l'autonomie et le maintien à domicile des personnes
aînées. Les objectifs principaux de cette stratégie sont de garantir à ces
personnes un accès adéquat à des soins et à des services adaptés et de qualité, de faciliter
prioritairement le maintien à domicile et de veiller à la satisfaction
des personnes aînées à l'égard des services publics qui leur sont rendus.
Le projet de loi crée aussi l'obligation pour le
gouvernement de déposer un plan d'action quinquennal précisant les activités
qu'il prévoit réaliser pour atteindre ces objectifs.
La
Présidente : Et, à l'article b du feuilleton, M. le député des Îles-de-la-Madeleine
nous a présenté le projet de loi n° 893, Loi sur le maintien de
l'autonomie des personnes aînées.
Mise aux voix
Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix :
Adopté.
La Présidente :
Adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui,
Mme la Présidente, je vous demande d'appeler l'article c du feuilleton,
s'il vous plaît.
Projet de loi n° 213
La Présidente : À l'article c
du feuilleton, j'ai reçu le rapport de la directrice de la législation sur le
projet de loi n° 213, Loi concernant certains immeubles situés dans la
Municipalité de Dixville. La directrice de la législation a constaté que les
avis ont été faits et publiés conformément aux règles de fonctionnement des
projets de loi d'intérêt privé. Je dépose donc ce rapport.
En
conséquence, Mme la députée de Saint-François présente le projet de loi d'intérêt privé n° 213, Loi concernant
certains immeubles situés dans la Municipalité de Dixville.
Mise aux voix
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de
ce projet de loi?
Des voix : Adopté.
La Présidente : Adopté.
Alors, M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la Commission de la
santé et des services sociaux
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme la Présidente, conformément au premier alinéa de l'article 267 du
règlement, je propose la motion suivante :
«Que le projet de loi d'intérêt privé n° 213, Loi concernant certains immeubles situés dans la
Municipalité de Dixville, soit renvoyé pour consultation et étude
détaillée à la Commission de la santé
et des services sociaux et que le
ministre de la Santé soit membre de ladite commission pour la durée de ce
mandat.» Merci.
Mise aux voix
La Présidente : Cette motion
est-elle adoptée? Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, je dépose le
nouveau diagramme de l'Assemblée en date d'aujourd'hui.
Dépôt de rapports de commissions
Et, à la rubrique Dépôt de rapports de
commissions, Mme la présidente de la Commission de l'administration publique et
députée de Saint-Laurent, c'est à vous de déposer un rapport.
Audition du Tribunal
administratif du logement sur sa gestion
administrative, sur ses engagements financiers et sur
le rapport annuel du Protecteur du citoyen
Mme Rizqy : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je dépose le rapport sur l'imputabilité de l'automne 2024 de la Commission
de l'administration publique donnant
suite aux auditions des sous-ministres et des dirigeants d'organismes publics sur leur gestion administrative. La
commission a procédé à l'audition suivante le 10 octobre 2024 :
Audition du Tribunal administratif du logement sur sa gestion administrative,
sur ses engagements financiers et sur le rapport annuel du Protecteur du citoyen. La commission
s'est également réunie en séance de travail le 21 février, le
19 avril, le 10 octobre
ainsi que les 7 et 28 novembre 2024. Ce rapport contient quatre recommandations.
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente :
Voilà. Ce rapport est déposé. M.
le président de la Commission de
l'aménagement du territoire et député
de Drummond—Bois-Francs.
Auditions et étude détaillée des
projets de loi nos 210 et 209
M. Schneeberger :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je dépose le rapport de l'aménagement de
la commission du territoire qui, le 3 décembre 2024, a procédé à
l'audition des intéressés et à l'étude détaillée des projets de loi d'intérêt
privé suivants : loi n° 210, Loi concernant la
Ville de Blainville — la
commission a adopté le texte de loi avec
amendements — et
le projet de loi n° 209, Loi
concernant la Ville de Terrebonne — la
commission a adopté le texte de loi sans amendement.
Mise aux voix des rapports
La Présidente :
Et ces rapports sont-ils adoptés?
Des voix :
Adopté.
Dépôt de pétitions
La Présidente :
Adopté. Et à la rubrique Dépôt de pétitions, maintenant, je reconnais le député
de Marquette.
Reconnaître l'obésité comme
maladie chronique
M. Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
1 902 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Attendu que l'Organisation
mondiale de la santé définit l'obésité comme une maladie chronique complexe se
caractérisant par une adiposité excessive qui peut altérer la santé des
individus;
«Attendu
que le nombre de personnes adultes atteintes d'obésité au Québec correspond à
28,6 % de la population;
«Attendu
que l'obésité est associée à un excédent important d'utilisation de services de
santé et, conséquemment, engendre des coûts supplémentaires majeurs qui
peuvent être évités;
«Attendu
que chaque réduction de 1 % de la prévalence de l'obésité entraînerait des
gains fiscaux nets de 229,7 millions de dollars chaque année
au Canada;
«Attendu qu'il existe
maintenant des solutions médicamenteuses permettant la prise en charge de
l'obésité;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au gouvernement du Québec de reconnaître l'obésité comme étant une
maladie chronique et de rendre accessible la médication permettant de mieux
contrôler cette maladie.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente :
Cet extrait de pétition est déposé.
À la rubrique
Interventions... Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions.
Interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège
Dépôt du rapport annuel de
gestion 2023 de la
Société de l'assurance automobile du Québec
À la rubrique
Interventions portant sur une violation de droit ou de privilège ou sur un fait
personnel, j'ai reçu, dans les délais prescrits, de M. le leader de
l'opposition officielle une demande d'intervention portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Dans
son avis, M. le leader de l'opposition officielle allègue que Mme la ministre
des Transports et de la Mobilité durable
aurait commis un outrage au Parlement en omettant de déposer à l'Assemblée
nationale, dans les délais impartis par la loi, le rapport annuel de
gestion 2023 de la Société de l'assurance automobile du Québec.
Dans l'avis qu'il me
transmet, M. le leader de l'opposition officielle mentionne que, même si le
rapport annuel de gestion de la société pour l'année 2023 avait été remis
à la ministre le 30 avril 2024, soit le délai maximal en vertu de l'article 19 de la Loi sur la Société de
l'assurance automobile du Québec, la ministre aurait dû déposer ce rapport
devant l'Assemblée nationale dans les
15 jours de sa réception ou, si elle ne siège pas, dans les 15 jours
de la reprise de ses travaux.
L'avis fait également
mention de l'intention de M. le leader de l'opposition officielle de présenter
une motion en vertu des articles 315 et suivants du règlement.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède la
parole, en question principale, au chef de l'opposition officielle.
Accès aux soins de santé
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. On le sait, maintenant, c'est clair,
l'agence Santé Québec est une agence de
recouvrement, elle a le mandat premier d'aller chercher dans le réseau de la
santé 1,5 milliard de dollars. Et sa P.D.G., Mme Biron, le dit très clairement, je la cite :
«Il faut que le réseau contribue à réduire le déficit.» Fin de la citation.
Pourtant, et
pourtant, le 24 avril, le premier ministre disait, je le cite : «On a
décidé de ne pas faire de coupures dans les services en santé.» Fin de la
citation. Bien, ça n'aura pas duré longtemps, Mme la Présidente. Vendredi
dernier, dans un élan de candeur, le ministre de la Santé a affirmé ce qui suit :
«On est en train de tout regarder pour être sûrs qu'il va y avoir une rigueur
budgétaire et qu'on va être capables de minimiser — et je le dis, le bon
mot, c'est minimiser — l'impact sur les services.» Fin de la citation.
Donc, lui, il reconnaît que les coupures auront un impact sur les
services en santé.
Les coupures sont
réelles et leurs impacts le sont également, Mme la Présidente. De nombreux cas
d'affichages de postes suspendus. Laval,
570 postes de première ligne, affichage suspendu. Montérégie-Est,
500 postes, affichage suspendu. L'est de Montréal ne remplace pas
les congés de maladie et ne pourvoit pas les postes vacants.
Le
premier ministre peut-il, à l'exemple de son ministre de la Santé, reconnaître
qu'il y aura un impact sur les services?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, d'abord, rétablissons les faits. Depuis six ans, on
a augmenté les budgets de la santé de
50 %, incluant, dans la dernière année, de 3 %. Donc, il n'y a pas de
coupure de budget en santé. Les budgets pour l'année 2024‑2025, ça
veut dire du 1er avril 2024 au 31 mars 2025, vont augmenter de
3 %.
Maintenant,
ce que demande, avec raison, le ministre de la Santé, c'est qu'on respecte
cette augmentation de 3 %. Mme la Présidente, quand on donne à un
ministère ou à une agence un budget pour une année, on s'attend à ce que ce budget soit respecté. En tout cas, nous, c'est
comme ça qu'on voit la bonne gestion. C'est comme ça qu'on a réussi à la fois
à bien financer les services et à réduire
les impôts de la classe moyenne. On pense que c'est un juste équilibre, un
équilibre que n'a pas réussi à
atteindre le gouvernement libéral. Donc, Mme la Présidente, oui, on va demander
au réseau de la santé de respecter l'augmentation de budget de 3 %
pour l'année 2024‑2025.
• (14 h 20) •
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Dans son incapacité, Mme la Présidente, au gouvernement caquiste, de donner
les services de santé à la population, le
premier ministre est en train de nous dire que, parce qu'il a augmenté les
budgets, on n'a pas plus les services
aujourd'hui, mais qu'en diminuant les budgets on va avoir plus les services. Ça
ne tient pas la route, Mme la Présidente.
Son
ministre de la Santé l'a dit clairement, le bon mot, c'est de minimiser
l'impact. Il y en aura donc un, impact. Ça ne se peut pas que, seul le
premier ministre, au Québec, est le seul rendu à nier cette évidence-là.
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Bien, Mme la
Présidente, d'abord, encore une fois, je veux rectifier les faits. Vous le
savez, je le dis depuis au moins 20 ans, la seule façon de rendre
le réseau de la santé québécois efficace, c'est d'avoir une première ligne
forte, c'est-à-dire d'avoir pour chaque Québécois un médecin ou un accès à un
groupe de médecine de famille.
Quand on est arrivés,
en 2018, quand on a pris le relais des libéraux, il y avait 6,4 millions
de Québécois qui avaient accès à un médecin
de famille ou à un GMF. On est rendu à 7 millions, Mme la Présidente, plus
de 600 000, mais on négocie actuellement pour que tous les Québécois
aient accès à un médecin ou à un GMF.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Là, Mme la Présidente, agence Santé Québec, l'agence de recouvrement, elle
est au travail. Savez-vous, Mme la
Présidente, que, dans moins de deux heures, à 16 heures, aujourd'hui, à
l'hôpital de Sept-Îles... savez-vous ce qui va se
passer? Bien, jusqu'au 10 décembre, la pouponnière et les soins intensifs
pédiatriques seront en rupture de services.
Ça veut dire quoi? Les grossesses à risque, les femmes, grossesse à risque,
devront voyager à Québec, parce que l'agence de recouvrement est
là-dessus.
Alors, Mme la
Présidente, est-il le seul à nier l'impact?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bien, Mme la Présidente, vous le savez, il y avait trois ententes avec
trois syndicats qui étaient primordiales pour avoir la flexibilité de bien
offrir les services dans chacune des sous-régions du Québec. Le ministre de la
Santé puis la présidente du Conseil du trésor ont réussi à faire une entente
avec les infirmières, avec la FIQ. Cette entente va s'appliquer au mois de
janvier, donc dans un peu plus qu'un mois, à peu près à la mi-janvier. On est
en négociation avec les deux syndicats de médecins.
Évidemment, quand on
n'est pas capables d'offrir les services dans une sous-région, par sécurité, on
envoie ces services-là au centre régional, comme l'ont fait...
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Justement, Mme la
Présidente, le premier ministre vient de le dire, ils sont tannés d'être
considérés comme des sous-régions,
Mme la Présidente, ils veulent le service auquel ils ont droit, puis qui
envoient des milliards de dollars à Québec, puis que c'est gaspillé, que
ce n'est pas dépensé, puis qui n'en ont pas pour leur argent.
Les
postes sont coupés notamment au CIUSSS—Centre-Sud, 50 postes supprimés, ce n'est pas
juste l'affichage qui est suspendu,
des postes titularisés, avec des gens qui l'occupaient. Hôpital Notre-Dame,
trois postes d'infirmière en soins intensifs ont été coupés.
Est-il le seul apport
à ne pas reconnaître qu'il coupe dans la santé?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la Présidente,
je vais être obligée de rappeler au chef de l'opposition officielle les propos
de Gaétan Barrette et de Carlos Leitão, deux
anciens ministres libéraux qui disaient : C'est effrayant, on a beaucoup trop
coupé dans les services en santé.
Nous,
Mme la Présidente, la réalité, c'est que, depuis six ans, on a augmenté les
budgets de la santé de 50 %. 50 %, Mme la Présidente. Donc, je
cherche les coupures.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Pontiac.
Accès aux soins de santé
M. André Fortin
M. Fortin : Oui, il a augmenté les budgets puis il a diminué les services.
Aujourd'hui, il diminue les budgets puis il diminue les services encore.
Pour une fois, par
exemple, Mme la Présidente, on est d'accord avec le ministre de la Santé. Il
admet que les services aux patients vont être compromis par ces compressions. Mais
je me permets quand même de lui dire, Mme la Présidente, que ce n'est pas juste
au futur, c'est déjà commencé. Le CISSS de l'Estrie, là, a annoncé des
réductions de services de proximité. À Montréal, on réduit les soins à domicile.
À Laval, sur la Rive-Sud et à Lévis, on suspend l'embauche d'infirmières et de préposés. En Mauricie, c'est les
psychologues puis les intervenants jeunesse qu'on arrête d'embaucher. On
arrête les projets de dialyse, les projets d'unité mère-enfant. Et, sur la Côte-Nord,
dans la sous-région du premier ministre, on envoie les mères à risque
d'accoucher à Québec.
Alors, Mme la
Présidente, est-ce que le ministre de la Santé pense encore qu'il réussit à
minimiser l'impact sur les services?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Merci, Mme la Présidente. Puis je suis content d'avoir ces questions-là,
parce que je pense que les Québécois se rendent compte qu'il y a deux façons de
regarder les choses en ce moment.
Nous,
ce qu'on dit, c'est que, depuis la pandémie, on doit regarder notre système de
la santé de façon différente, Mme la Présidente. On a des enjeux excessivement
importants qui ne sont pas encore réglés. L'effet bénéfique du règlement dont
le premier ministre parlait tout à l'heure avec la FIQ, on ne l'a pas eu
encore. Les ententes ont été faites récemment. Il reste des documents à signer,
j'espère que ça va se signer dans les prochains jours. On pourra avoir des
bénéfices très importants.
L'autre élément, et
j'en ai parlé beaucoup, et ma collègue travaille très fort, la présidente du
Conseil du trésor, sur les ententes avec les
médecins, je comprends l'opposition de nous donner des exemples où, en ce
moment, on a des difficultés, mais, si on n'avait pas fait ces
changements-là de fond à nos conventions collectives, si on ne continuait pas de mettre une certaine pression sur nos
médecins pour avoir des changements dans la façon de gérer le réseau, jamais
on n'aura des solutions. Le gouvernement
précédent n'a pas été capable d'avoir le courage de faire ces changements-là.
Nous, on est dans une période de transition,
Mme la Présidente. On fait les changements nécessaires pour que nos
gestionnaires puissent avoir un meilleur environnement pour donner un service
de qualité.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : À chaque fois qu'ils parlent, en face, la situation, elle empire. Le
premier ministre nous avait dit que la santé serait épargnée des coupures.
Ensuite, Santé Québec nous a dit : Ah! bien, c'est juste
1 milliard de dollars.
Ensuite, le ministre de la Santé nous a dit : Ah! bien, je vais y arriver
sans toucher aux services.
Aujourd'hui, ils nous disent que c'est 1,5, puis le ministre dit du bout des
lèvres que les patients vont être touchés. Mais, dans les quatre
prochains mois, dans les quatre prochains mois à venir, là, le CISSS de la
Côte-Nord doit couper plus de la moitié de son budget. Et il continue de
nous dire que c'est mission possible, de faire ça sans toucher aux services?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Vous savez, Mme la Présidente, moi, quand j'ai fait le projet de loi n° 15, l'an dernier, avec les gens de l'opposition, on trouvait ça bien drôle, d'être capables de
parler des états financiers mensuels. Ça semble être une peccadille,
mais savez-vous que... j'ai expliqué, l'autre fois, puis je m'excuse de
répéter, là, mais que, d'obtenir les états financiers d'un CISSS ou d'un CIUSSS
avec 16 semaines de retard, quand on dépense, à la Santé, 1 milliard
par semaine, comment voulez-vous être capable de gérer un réseau de façon
rigoureuse? C'était impossible. On a fait ces changements
de loi là et on a réalisé, cette année, qu'il y avait un déficit qui
s'accumulait sans avoir... être capables d'avoir le contrôle sur cette rigueur
budgétaire là. Mme la Présidente, je pense que les Québécois s'attendent à ce
qu'on...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : Bon, bien, c'est clair, Mme la Présidente, le ministre de
la Santé choisit l'équilibre budgétaire au détriment de la santé des patients.
En créant Santé Québec, là, ce qu'il nous a dit, c'est qu'il nous parlait
constamment de l'expérience patient. Et il a raison sur une chose, Mme la
Présidente, il a raison sur une affaire, le patient, il en vit toute une, expérience,
en ce moment, le patient qui voit le nombre de travailleurs réduits dans les
CHSLD, la mère qui attend pour accoucher puis qui doit aller à Québec plutôt
que de le faire sur la Côte-Nord. On est loin de l'expérience hôtel cinq
étoiles qui nous avait été promise.
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Mme la Présidente, quand j'ai vu
les coupes paramétriques qui ont été faites par l'ancien gouvernement,
je ne pense pas que cet ancien gouvernement-là... qu'il peut faire la leçon.
Alors, moi, ce que
j'ai dit, j'ai été très transparent, j'ai dit : On a des difficultés, on a
besoin d'une plus grande rigueur budgétaire. J'ai été transparent. Ce qu'on va
faire, c'est minimiser l'impact. Et c'est ça qu'on demande à nos gestionnaires
maintenant qu'ils ont les outils.
Dans ce temps-là, on
faisait des coupes paramétriques. D'ailleurs, les anciens ministres, ils ont
dit qu'ils ont fait une erreur de le faire
de cette façon-là. On ne refera pas la même erreur. Si les libéraux veulent
administrer de la même façon, bien, ce
sera leur choix, mais, nous, les Québécois nous demandent de faire les choses
correctement, en transparence et avec rigueur. Merci beaucoup.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de D'Arcy-McGee.
Plan de lutte contre l'itinérance
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass :
Merci, Mme la Présidente. La semaine dernière s'est tenu les quatrièmes États
généraux sur l'itinérance, qui a réuni des centaines d'acteurs du milieu pour
trouver des solutions concrètes, car, clairement, ceux mis de l'avant par le gouvernement ne répondent pas aux réalités sur le
terrain. La déclaration commune, d'ailleurs, qui a découlé des états
généraux demande au gouvernement de mettre en place un comité de suivi
transpartisan de ses recommandations. Le maire de Québec, la mairesse de
Gatineau, la mairesse de Montréal et l'Union des municipalités sont tous sortis pour dire que l'offre de services
en matière d'itinérance de la CAQ ne répond pas aux besoins et ils exigent
le dépôt d'un plan national, d'un plan d'action national pour répondre à ces
besoins.
Mme
la Présidente, encore cette année, le gouvernement de la CAQ échoue, cet hiver,
en matière de planification. Il n'y aura pas assez de place en refuge ni
en halte-chaleur pour répondre à la forte demande.
Alors,
Mme la Présidente, on demande au gouvernement d'enfin prendre ses
responsabilités et mettre de l'avant des solutions pour régler l'enjeu
de l'itinérance.
• (14 h 30) •
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Oui, merci, Mme la
Présidente. Je remercie la députée de D'Arcy-McGee pour sa question, qui va me permettre de revenir sur tous les changements
qu'on a faits au niveau de l'itinérance au Québec au cours des dernières
années.
Premièrement, je
tiens à le rappeler encore une fois à tout le monde, là, que l'approche 24/7,
12 mois par année, c'est notre gouvernement qui l'a implantée partout au
Québec. Avant, c'étaient des mesures hivernales qui étaient présentes seulement
de décembre jusqu'au mois de mars, Mme la Présidente. On a rehaussé les
budgets. On a créé des trajectoires de services partout au Québec, Mme la
Présidente. Je suis allé dans le nord du Lac-Saint-Jean, en Abitibi, en Gaspésie, en Outaouais, partout on a créé une trajectoire
avec des refuges, oui, pour capter les gens dans l'urgence, mais aussi avec du logement de transition et du
logement supervisé, pour sortir les gens de l'itinérance et pour devenir
autonomes.
J'ai profité de ma
présence aux états généraux, Mme la Présidente, pour faire une annonce qui a
été très saluée. Le programme PRISM, pour la santé mentale des itinérants,
qu'on avait annoncé à Montréal il y a quelques mois, bien, on va le débuter ici aussi, à Québec. Ça a été
reçu de façon très positive par les équipes, qui nous disent que, oui, ils ont
un problème avec les itinérants avec des problèmes de santé mentale, autour de
Lauberivière. C'est 24 lits qu'on va ouvrir, Mme la Présidente, c'est
fantastique, pour la... (panne de son) ...de Québec.
La
Présidente : Première complémentaire. Pour ce faire, je reconnais la
députée de Mille-Îles.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Merci, Mme la Présidente.
Une des façons de sortir les gens de la rue, c'est de leur donner accès
au Programme de supplément au loyer, les fameux PSL, qui permettent d'avoir un
accès... un logement social, pardon, à travers un logement régulier. Dans le
passé, j'ai souvent interpelé la ministre de l'Habitation à ce sujet. Je lui
avais mentionné qu'il y avait des enjeux
avec les critères du programme, ce qu'elle a toujours nié. Mais, belle
évolution, vendredi dernier elle a admis que, oui, il y a des enjeux
avec les critères.
Est-ce qu'elle peut
nous dire, maintenant, ce qu'elle compte faire pour améliorer l'accès au PSL?
La
Présidente : La réponse de la ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme Duranceau : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Effectivement, c'est ce que j'ai mentionné, vendredi, auprès
d'un auditoire qui est sous pression, là, au maximum puis qu'il faut aider.
Alors, j'ai mentionné qu'il fallait les aider en
matière de livraison de logements, qu'ils en ont déjà assez sur leurs épaules
puis que moi, j'allais trouver des solutions pour les aider à livrer des logements pour les personnes en situation
d'itinérance puis arriver avec des nouvelles solutions, l'année
prochaine, à cet égard-là.
Et,
concernant le PSL, effectivement, il y a une sous-utilisation du PSL, puis je
travaille avec les équipes de la SHQ pour
le rendre plus agile et moins contraignant, à l'intérieur des balises qu'on se
doit de respecter comme gouvernement. Mais mon but, Mme la Présidente,
c'est d'aider avec des solutions bien concrètes à cet égard-là.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour :
Il est vraiment sous-utilisé. Ce n'est pas moins de 9 000 PSL qui
sont financés mais non utilisés, actuellement, notamment à cause de critères
trop restrictifs. C'est des milliers de ménages qu'on pourrait aider à...
évidemment, qu'on pourrait soutenir, mais surtout sortir de la rue.
Le premier ministre nous
demande souvent des solutions. Bien, il y en a une. J'avais proposé de revoir à
la hausse les loyers maximums admissibles, parce que les montants établis par
la SHQ n'ont pas suivi le marché.
Alors, la ministre, est-ce qu'elle accepte ma
suggestion? Et s'engage-t-elle à la mettre en place rapidement?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau : Oui.
Merci, Mme la Présidente. Alors, je tiens à mentionner que les chiffres
soulevés par la députée des Mille-Îles sont inexacts. Il y a des PSL qui
sont... pour lesquels des budgets sont réservés, ils sont associés aux unités
qui sortent de terre, là, dans les prochains mois. Alors, le chiffre qui est
soulevé n'est pas le bon.
Et on continue de suivre ça de manière très
précise. Au même titre, Mme la Présidente, là, que les unités d'AccèsLogis, elles n'étaient pas suivies par les
libéraux, bien, les PSL, ils n'étaient pas plus suivis. Alors là, nous, ce
qu'on fait, c'est qu'on suit tout de
manière chirurgicale et ordonnée, puis je vais m'assurer que les PSL qui sont
financés, bien, ils sont déployés sur le terrain, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Nelligan.
Rapport
annuel de gestion de la Société de
l'assurance automobile du Québec
M. Monsef
Derraji
M. Derraji : Mme la Présidente,
sept mois de retard pour les états financiers de la SAAQ, sept mois de retard.
L'enquête menée par Mathieu Lamothe, des Coops de l'information, soulève
beaucoup, beaucoup d'enjeux. On parle même des difficultés chez la
Vérificatrice générale du Québec.
Quel est le problème, Mme la Présidente? C'est
la pièce maîtresse du rapport annuel de gestion, à savoir l'audit des états
financiers. La Vérificatrice générale du Québec a du mal à obtenir toutes les
données dont elle a besoin auprès de la SAAQ. Pour compléter quoi? Son audit.
Alors, Mme la
Présidente, ma question est très simple : Est-ce que, cette fois-ci, la
ministre des Transports et de la Mobilité durable était au courant de la
situation? Et est-ce qu'elle trouve la situation normale?
La Présidente : La réponse de la
ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bien, écoutez, la
question du député, qui fait... qui est en lien aussi avec l'intervention que
vous avez faite, Mme la Présidente, là, au début de la période de questions... portent toutes sur le même sujet, le rapport
annuel de gestion de la Société de l'assurance automobile du Québec. Il y a
effectivement un enjeu avec le document en question. Alors, je ne peux pas
déposer un document qui ne m'a pas été déposé à moi. Donc, je ne peux pas
déposer à l'Assemblée nationale un document qui ne m'a pas été déposé à moi.
Il y a différentes raisons qui expliquent le
fait que le document n'a pas pu m'être déposé, et là, en tout cas, je ne veux pas non plus... ça, il y a une question,
aussi, parlementaire à travers ça, là, ça fait que mon leader, mon collègue
leader va s'occuper de cet aspect-là, alors je veux juste être sûre de
ne pas ajouter au problème parlementaire avec ma réponse actuelle, mais donc,
oui, il y a un enjeu, oui, il y a un enjeu, alors... Mais, bon, ce n'est pas la
première fois qu'il y a des enjeux avec la
SAAQ depuis que je suis ministre des Transports, Mme la Présidente, puis que je
me lève ici pour le confirmer. Mais, écoutez, on travaille avec eux.
Donc, on va s'assurer, évidemment, que, dès que le document sera disponible... Je le dis avec le plus grand
sérieux, Mme la Présidente, là, parce que je suis bien consciente qu'il y a des
processus à respecter. Dès que j'aurai le rapport, je serai en mesure de
le déposer.
La Présidente : Et laissez-moi vous
ajouter que, sur la question que vous avez soumise tout à l'heure, relativement
à une violation de droit ou de privilège, je tiens à vous souligner que je vais
prendre cette question très au sérieux, en délibéré, et que je rendrai ma
décision à ce sujet dans les meilleurs délais.
Première complémentaire.
M. Monsef
Derraji
M. Derraji : Mme la Présidente,
j'ai pleine confiance dans votre travail, sans aucun doute, et je ne fais pas
le lien avec ma question de privilège. La
question est très simple : Est-ce qu'aujourd'hui la ministre peut nous
partager les raisons de l'absence des
états financiers? C'est très grave, Mme la Présidente. C'est elle, la
responsable. La Vérificatrice générale
du Québec, maintenant, est en attente d'un document dont elle est responsable.
Maintenant, on veut savoir pourquoi il y a ce retard, Mme la Présidente.
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Bien, écoutez, Mme la Présidente, je l'ai dit, là,
tout à l'heure, il y a des enjeux. Alors, je ne peux pas déposer un document
que je n'ai pas. Évidemment que, si j'avais le document, je l'aurais déposé,
comme on dépose tous les rapports qu'on est
tenus de déposer. On travaille fort, vous savez, on a un nouveau... bien, qui
est rendu moins nouveau qu'il
l'était, le P.D.G. de la SAAQ, M. Ducharme, donc, on travaille très fort.
Lui-même souhaite me déposer le rapport dès que ce sera possible,
travaille très fort pour corriger cette situation-là. Évidemment, les rapports
annuels de gestion portent sur l'année
financière précédente, c'est bien connu, mais encore faut-il être capable
d'avoir les données, d'avoir l'information et d'avoir le rapport en
question pour pouvoir le déposer à l'Assemblée nationale. Ce sera fait...
La
Présidente : En terminant.
Mme Guilbault : ...dès que je l'aurai, Mme la Présidente.
La
Présidente : Et deuxième complémentaire.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Mme la Présidente, je
veux savoir les raisons. Elle est responsable et elle le sait très bien. Je
n'ai pas besoin de rappeler la responsabilité ministérielle. Elle est
responsable de son ministère, elle est responsable de la SAAQ.
Une
question que tout le monde veut savoir au Québec aujourd'hui : Pourquoi il
y a un retard au niveau des états financiers de la SAAQ? Je sais, ça fait rire,
de l'autre côté, mais ce n'est pas drôle, ce n'est pas drôle, Mme la
Présidente. Donc, est-ce que... On veut savoir les raisons de ce retard.
La
Présidente : La réponse de la ministre des Transports et de la
Mobilité durable. On écoute.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Bien, Mme la Présidente, j'ai dit, tout à l'heure, que
je répondais avec le plus grand sérieux. Je
ne suis pas en train de rire, là, je suis en train de dire qu'il y a un enjeu
suffisamment sérieux pour qu'on n'ait pas été en mesure de me déposer le
rapport annuel de gestion. Pour les gens qui ont un peu d'expérience ici, des
rapports annuels de gestion, on en
dépose régulièrement, tous les ministères et organismes en déposent, c'est un
peu des formalités administratives, dans des cycles administratifs qui
sont prévus dans une loi, et tout ça fonctionne, normalement. Mais, quand il y a un enjeu de cette nature-là et qu'on
n'est pas capable d'avoir le rapport annuel de gestion, c'est parce que l'enjeu
est sérieux. Alors, on travaille à le corriger. On a un excellent P.D.G.,
M. Ducharme, on travaille avec lui pour corriger la situation. Il y
a un conseil d'administration aussi à la SAAQ, on le rappelle.
Alors,
dès que j'aurai le rapport en question, Mme la Présidente, j'en assure tous mes
collègues, je le déposerai avec diligence.
• (14 h 40) •
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Mercier.
Instauration d'un programme d'accès gratuit à la
contraception
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, pour moi, le Québec, c'est la
liberté. Pour moi et pour toutes les femmes,
le Québec, c'est la liberté de faire nos propres choix pour nous-mêmes, pas
pour nos maris, pas pour nos parents, pas pour le curé ni pour l'imam,
mais pour nous-mêmes. Je viens d'une région du monde où mes cousines, encore
aujourd'hui, n'ont pas cette liberté de choix. C'est pour ça que je suis si
fière d'être Québécoise. C'est pour ça que
j'admire tant le chemin parcouru par les Québécoises. Et c'est aussi pour ça
que je ne prendrai jamais, jamais rien pour acquis.
Trump
et Poilievre, ça se passe juste à côté de chez nous. Quand les droits
reproductifs des femmes sont attaqués juste
à côté de chez nous, notre responsabilité ici, au Québec, c'est de les faire
avancer. 100 000 Québécoises et Québécois demandent au premier
ministre du Québec de poser un geste féministe.
Est-ce
que le premier ministre s'engage fermement ce matin à rendre la contraception
gratuite pour toutes les femmes du Québec?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente.
D'abord, je veux souhaiter la bienvenue à la députée de Mercier.
J'aurai le plaisir, pendant les prochains mois, d'échanger avec elle.
Maintenant, elle touche à un dossier qui,
effectivement... qui sera toujours préoccupant. J'ai eu l'occasion de passer du
temps avec la ministre de la Condition féminine sur ce dossier. On le sait, au
Québec, là, heureusement, la grande, grande, grande majorité de la population, peu importe le parti,
est pour l'avortement. Donc, déjà, c'est encourageant de voir où est le peuple québécois. Par contre, il
y a des défis, au Québec. La ministre de la Condition féminine me disait
que, dans certaines régions, il peut y avoir
des difficultés d'accès à l'avortement. Donc, avec le ministre de la Santé,
elle a travaillé sur un plan, qu'elle a annoncé, pour rendre bien
disponible l'avortement.
Maintenant, on a
réalisé aussi... Quand on regarde la pilule abortive, là, pas la pilule du
lendemain, la pilule abortive, qui peut être
utilisée pendant trois mois, elle est beaucoup plus utilisée en Ontario, en
France qu'au Québec. Il y a encore beaucoup de gens au Québec qui ne sont même
pas au courant de son existence. Donc, c'est important de bien informer
les femmes du Québec. Ça fait partie du plan de la ministre de la Condition
féminine.
Donc,
je pense qu'on avance. On va continuer d'avancer, on va continuer de s'assurer
que le Québec est un endroit où les femmes peuvent compter...
La Présidente :
Première complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme la Présidente,
j'aimerais, ce matin, entendre un engagement clair de la part du premier
ministre. Moi, quand j'étais jeune,
je me rappelle, comme beaucoup de femmes, j'avais très peur d'être enceinte, puis
aujourd'hui je pense à toutes ces jeunes femmes qui, aujourd'hui, ont
aussi peur d'être enceintes, aujourd'hui, en 2024.
La
plus grande barrière, tous les experts, les médecins le disent, la plus grande
barrière à la contraception, c'est le coût, c'est un fait. Est-ce que le
premier ministre peut s'engager à enlever cette barrière, ce matin, puis rendre
la contraception gratuite?
M. Legault :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bien, Mme la Présidente, je pense que c'est une bonne suggestion. Je pense
que c'est une bonne suggestion. Maintenant,
on en reçoit beaucoup, de bonnes suggestions. Il faut être capable... Non,
mais, Mme la Présidente, on a augmenté le budget de la santé de
50 %. Quand je demande au ministre de la Santé est-ce qu'il aurait la
marge de manoeuvre pour répondre positivement à la demande de Québec solidaire,
la réponse, c'est : Pas vraiment.
Donc, on a posé des
gestes. Je pense qu'il y avait un 15 millions dans le projet d'actions qui
a été déposé par la ministre de la Condition
féminine. Allons-y graduellement puis continuons de nous assurer que tous les
services sont disponibles, entre autres...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Bien, je suis contente que le premier ministre aille sur le terrain plus
comptable, parce que, tous les deux, on a une chose en commun. Moi aussi, j'ai
un diplôme des HEC, comme lui. Et je vais lui parler en langage de comptable.
Le retour sur
investissement, en matière de contraception, il est très, très rapide. Ça coûte
beaucoup moins cher de payer pour la pilule
ou tout autre moyen de contraception que pour un avortement. Donc, si le
premier ministre trouve que c'est une bonne mesure, je l'invite à faire
cet investissement pour les droits des femmes.
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bien, je suis content que la députée de Mercier soit passée par les HEC. Ça
m'a frappé, moi aussi, de voir que la pilule
abortive coûte beaucoup moins cher qu'un avortement. Donc, il y a peut-être, à
la fois, un service additionnel à
donner, sans un coût qui est additionnel. Donc, c'est des choses qu'on regarde.
Mais, je pense, c'est une bonne idée, là. Je l'invite à continuer
d'aller avec ses idées constructives.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le
député...
Des voix : ...
La
Présidente : S'il vous plaît! En question principale, le député de
Taschereau.
Financement du transport
collectif
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : Merci,
Mme la Présidente. Le transport en commun, c'est une mission de l'État, puis,
là-dessus, la ministre des Transports
et moi, on a un profond désaccord, je pense. Pendant que la ministre demande à
l'ARTM de faire
des coupures, moi, je côtoie les gens qui utilisent les services de transport
en commun et qui demandent l'amélioration de l'offre au Québec.
Ce matin, on a pris
connaissance de sa demande à l'ARTM. Elle veut une priorisation des projets
pour éviter les hausses de coûts et des
dépenses excessives. Personne n'est dupe, Mme la Présidente. Tout ça, c'est
juste de l'austérité caquiste appliquée aux services de transport en
commun au Québec. Quand je parle aux usagers, là, ce qu'ils nous demandent, là,
c'est simplement que la ministre respecte ses politiques. Augmenter l'offre de
transport en commun de 5 % par année, c'est dans la Politique de mobilité
durable du Québec.
Est-ce que la
ministre peut reconnaître qu'il y a une crise dans les transports collectifs,
au Québec, et qu'elle doit y répondre?
La
Présidente : La réponse de la ministre des Transports et de la
Mobilité durable.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Merci, Mme la Présidente. J'allais oublier de sortir mes tableaux,
parce que j'ai tellement de choses à répondre.
Mme la Présidente,
honnêtement, je ne pensais pas avoir une question sur ma lettre de ce matin,
parce que je l'aurais même pensée
consensuelle tellement que, pour moi, c'est le gros bon sens. Mais tant mieux.
Je le disais la semaine dernière, je n'ai pas souvent de question. Quand
j'en ai, j'en profite.
Mme
la Présidente, quand je suis arrivée aux Transports, il y a deux ans, c'était
un peu fouillis, l'affaire du financement du transport collectif. Avec
la pandémie...
Une voix : ...
Mme Guilbault : Pardon?
Une voix : ...
Mme Guilbault : Non, non, non, mais attendez, je n'ai pas fini. Je n'ai pas
fini.
Des voix : ...
Mme Guilbault : Il faut-tu que je m'assoie?
Des voix : ...
La
Présidente : Bon, nous allons poursuivre. Il y a le chronomètre qui
tourne, mesdames messieurs. Alors, j'aimerais entendre la réponse.
Mme Guilbault : Oui. Alors, c'était un fouillis, Mme la Présidente, non
pas, non pas parce que mon prédécesseur n'a pas bien fait son travail, rien à
voir, mais il y a eu une pandémie de trois ans, qui fait en sorte qu'on a donné des milliards aux sociétés de transport
pour compenser les pertes de revenus tarifaires, et après c'est comme si
elles ont gardé l'habitude de dire :
Maintenant, nos déficits vont être épongés par le gouvernement. C'est dans ce
sens-là où, en 2022, après la pandémie, il a fallu se... il a fallu
mener de front cette réflexion-là sur le financement du transport collectif. Et
je compléterai avec les deux autres réponses.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont :
C'était un beau désaveu, ça, Mme la Présidente, tout le monde l'a bien
entendu.
Dans
l'entente que la ministre a signée avec les sociétés de transport pour les
quatre prochaines années, la ministre, encore une fois, est en
contradiction avec sa politique de mobilité durable. Aucune augmentation de
services. Dans la politique, c'est 5 %
par année qui est annoncé. Dans son entente, aucune augmentation, au contraire,
des coupures de services. C'est de l'austérité, Mme la Présidente.
Si la ministre avait
été à la rencontre des usagers de Montréal, lors de la fermeture des stations
de métro, là, peut-être qu'elle aurait entendu leur cri du coeur. Ce qu'ils
veulent, c'est une augmentation des services.
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Donc, Mme la Présidente, je suis arrivée et j'ai dit :
Il faut régler cette problématique-là, postpandémie, parce qu'on ne peut pas
juste mettre de l'argent à l'infini, sans reddition de comptes et sans avoir
aucun droit de regard dans la gestion des sociétés de transport, je le
rappelle.
Alors, qu'est-ce qu'on a
fait depuis ce temps-là? On a donné, faut-il le rappeler, plus de
2,4 milliards en aide d'urgence. Le gouvernement qui investit le plus en
transport collectif. J'ai déposé, il y a quelque temps, des audits de performance
financière qui nous confirment qu'on pourrait économiser jusqu'à presque 365...
350 millions par année. On a annoncé, à la mise à jour économique, près de
880 millions, un cadre financier long terme que je m'étais engagée à déposer sur cinq ans, de la prévisibilité aux
sociétés de transport, exactement ce qui est demandé. Et, dans le projet de
loi n° 61, j'ai donné la possibilité de faire du développement immobilier puis
de maximiser les retombées financières.
La Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Etienne
Grandmont
M. Grandmont : Tout ce qui est
annoncé de la bouche de la ministre, ce sont des coupures, Mme la Présidente.
C'est ça, la réalité sur le terrain.
J'ai un recueil, ici, de plus de
1 000 personnes, des usagers du transport en commun, qui, depuis
quelque temps, ont signé ce recueil-là et demandent des augmentations de
services, tel qu'il était promis par la CAQ au début de leur mandat, en 2018.
Ça ne s'est pas matérialisé, Mme la Présidente.
Il y a des gens ici qui représentent les usagers
des transports en commun. Est-ce que la ministre va aller à leur rencontre pour
entendre leur cri du coeur?
La Présidente : La réponse de la
ministre des Transports.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault : Mme la Présidente, j'ai déjà accepté, à la demande du collègue, de les
rencontrer tout à l'heure avec lui. Donc, la réponse, c'est oui.
Deuxièmement, ce tableau-là, Mme la Présidente,
les colonnes bleues de la CAQ, beaucoup plus hautes que toutes les colonnes des
gouvernements précédents, c'est nos investissements en transport collectif.
Troisièmement, il me dit : C'est des
coupures. 880 millions, je suis désolée, mais c'est loin d'être des
coupures. Mais Québec solidaire a une drôle de conception de l'argent. Troisièmement,
voici les éléments que j'ai donnés comme attentes à l'ARTM. La performance et
l'optimisation. Est-ce qu'il est contre ça? Revoir la politique de financement avec une sensibilité pour les couronnes nord et
sud. Est-ce qu'il est contre ça? Un nouveau plan stratégique de développement,
qui n'a jamais été déposé avant, je veux qu'ils le déposent. Est-ce qu'il est
contre ça? Une saine gestion financière et le
retour de l'ARTM à l'équilibre budgétaire. Est-ce qu'il est contre ça? Et le
renforcement des relations avec les élus des deux couronnes et de
Montréal.
Donc, à quoi s'oppose Québec solidaire
là-dedans?
• (14 h 50) •
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef du troisième groupe d'opposition.
Mesures de sécurité dans les établissements de détention
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la
Présidente, je veux utiliser la tribune que j'ai aujourd'hui pour aborder un
sujet qui est très rarement abordé en cette Chambre, je parle de la question
des centres de détention.
J'aimerais d'abord exprimer au gardien du centre
correctionnel de Sorel-Tracy qui a été sauvagement attaqué ainsi qu'à sa
famille et ses collègues que nos pensées les accompagnent.
Lorsqu'on prend la peine d'écouter ce que les
gens du milieu nous disent, ce qu'on voit dans notre système carcéral, c'est une perte de contrôle. De plus en
plus de drones rentrent et sortent de nos prisons, une plus grande utilisation
du cellulaire pour orchestrer des crimes à même la prison, des crimes qui ont
lieu à l'intérieur du centre de détention et à l'extérieur, de graves enjeux de
santé mentale et un manque criant d'effectifs, un manque de gardiens alors que
la violence est toujours de plus en plus grande, de plus en plus brutale, et
que la tâche, elle, se complexifie.
Les centres correctionnels font un travail d'une
très grande importance pour la société, celle de faire appliquer les peines que nos tribunaux imposent aux
criminels. Sans les moyens nécessaires à leur bon fonctionnement, ce sont les
travailleurs de ces milieux qui en paient un prix très lourd et ce sera la
société qui paiera un prix très lourd.
Est-ce que le
premier ministre peut prendre la mesure de ce qui se passe dans nos centres de
détention? Est-ce qu'il peut rapidement s'engager à redresser la
situation?
La Présidente : La réponse de la
ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Merci, Mme la Présidente. Évidemment, moi aussi, je veux que... nos
premières pensées, nos premières paroles, évidemment, vont à cet
homme-là, qui a vécu une situation, à l'établissement de détention de
Sorel-Tracy, qui est hautement déplorable, à sa famille et à son entourage.
Donc,
ceci étant dit, Mme la Présidente, malheureusement, c'est des situations qui
surviennent à l'occasion dans le milieu de
la sécurité publique. On le sait, ce sont des métiers qui sont à risque, que ce
soit dans le milieu correctionnel, dans le milieu policier ou dans le
milieu de la sécurité civile ou de la sécurité incendie.
Maintenant,
Mme la Présidente, l'enjeu de la main-d'oeuvre, on le sait, il est partout,
l'enjeu de la main-d'oeuvre. On vit
avec, évidemment, une compétition pour les talents dans le milieu correctionnel
comme dans d'autres milieux, une compétition entre le secteur privé, le
secteur parapublic et le secteur public.
Donc,
c'est une situation à laquelle on s'est attaqués, Mme la Présidente. On a mis
sur pied le Centre de formation et de perfectionnement correctionnel,
notamment, qui fait en sorte qu'on est capables de former plus de gens plus
rapidement pour le milieu correctionnel. Ce sont des locaux de formation qui
sont à même l'établissement de détention Leclerc, de Laval. Donc, depuis ce
temps-là, on a un taux de postes vacants, parce que, je l'ai dit, la
main-d'oeuvre est un enjeu important... le taux de postes vacants est le plus
bas, actuellement, depuis cinq ans. Donc, on est capables de combler plus de
postes. Et, bien sûr, il y a une négociation qui est en cours, menée par ma
collègue du Trésor, que je ne ferai pas sur la place publique, mais...
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Le Parti québécois a proposé la tenue d'un mandat
d'initiative sur la question de l'évolution inquiétante des gangs criminalisés
au Québec justement pour éviter que ces personnes se ramassent en centre de
détention plus tard. Le journaliste de La Presse Daniel Renaud
croit nécessaire qu'on fasse cet exercice. Les corps de police y sont aussi
favorables. Ça permettrait d'examiner la situation des centres de détention.
Le premier ministre
peut-il s'engager à mettre de l'avant notre proposition?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. Bien, Mme la Présidente, comme on le sait, les propositions en
commission parlementaire sont gérées par les
parlementaires qui siègent sur chacune des commissions. Je vois bien qu'à peu
près à chaque semaine un des partis d'opposition propose de tenir une
commission spéciale.
Mme
la Présidente, c'est un problème, effectivement, qui est inquiétant, toute la
question des gangs de rue. On a mis des ressources additionnelles au cours des
dernières années pour essayer de contrer ce phénomène. Ce n'est vraiment
pas, entre autres, à Montréal, mais aussi
dans d'autres grandes villes, le genre de Québec qu'on veut. Donc, on va
continuer de prendre...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Bien, les partis d'opposition parlent de la perte de
contrôle sur la criminalité et la perte de
contrôle dans les centres de détention dans l'espoir qu'on voie du leadership
politique. Donc, ma question au premier ministre : Est-ce que le gouvernement peut exercer un leadership
comme il y a 30 ans dans l'escouade Carcajou? Il en va de la
confiance envers notre système de justice et la protection de nos travailleurs
comme de nos concitoyens.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bien, Mme la Présidente, faut-il rappeler que ma collègue qui est
aujourd'hui aux Transports, qui était à l'époque
à la Sécurité publique, a lancé la stratégie CENTAURE, où les corps de police
ont travaillé ensemble? Ça a eu un
certain impact, mais il reste encore des problèmes à régler. Je pense que le
ministre actuel à la Sécurité publique en discute avec les différents
corps de police, puis je leur fais confiance pour trouver des solutions.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Jean-Lesage.
Investissements dans le réseau collégial
M. Sol Zanetti
M. Zanetti :
Merci, Mme la Présidente. Alors que nos cégeps font déjà face à des
coupures dans leurs budgets d'infrastructures
depuis cet été, le journal Le Devoir révèle aujourd'hui que le
gouvernement impose des coupures dans l'achat des livres. Ça représente
une baisse de 42 % des achats de livres en moyenne.
Quand on coupe dans l'achat de livres, là, ce
n'est pas seulement les livres qu'on coupe, mais notre capacité à faire
découvrir et rayonner la culture québécoise. Depuis 2018, la CAQ aime se draper
dans la fierté d'être Québécois, mais aujourd'hui, quand
les cégeps ont besoin de livres, bien là, il n'y a plus d'argent pour ça. La
CAQ soumet le réseau de l'enseignement supérieur à une politique d'austérité
qui compromet sa mission.
La ministre de l'Enseignement supérieur est-elle
fière d'être en train de rejoindre Yves Bolduc au sommet du palmarès des
ministres qui trouvent que les livres, ce n'est pas si important que ça?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale
Déry
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. D'abord, je veux réitérer à quel point notre gouvernement a
investi des sommes extrêmement importantes en enseignement supérieur depuis
qu'on est au pouvoir, en 2018. Le budget est passé de 6,9 milliards à
8,8 milliards, et, de cette somme, on parle de 3,5 milliards
uniquement, uniquement pour le réseau collégial. Donc, c'est du jamais-vu,
alors je préfère en parler.
Les livres et
la culture sont extrêmement importants pour nous. Moi, je me promène, j'ai fait
les 48 cégeps, et je peux vous dire que la grande majorité de
toutes les bibliothèques collégiales ont été rénovées, ont été rénovées au
cours des dernières années.
Le constat
est le même pour l'enveloppe qui sert notamment, justement, à financer les
livres et les bibliothèques. Ce
financement-là est passé de 58 millions à 67 millions lors du dernier
budget, là, ça ne remonte pas à plusieurs années. Le dernier budget, il
y a une augmentation de 59 millions à 67 millions.
Donc, s'il y a bien quelqu'un qui se soucie de
nos bibliothèques, et de nos livres, et de la culture dans nos établissements
d'enseignement supérieur, c'est bien nous, Mme la Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Sol
Zanetti
M. Zanetti : Mme la Présidente, il y a quelque chose que je ne
comprends pas. Tout le réseau de l'enseignement supérieur, en ce moment,
dit la même affaire. Les présidences de conseils administration, les D.G., la
Fédération des cégeps, des associations
étudiantes, des professeurs, des syndicats, tout le monde dit : On est
soumis à une politique d'austérité qui
compromet notre mission, on n'est plus capables d'acheter le matériel qu'il
nous faut pour tous nos cours, il y a plein de projets absolument essentiels en
infrastructures qui sont suspendus. La ministre, pourquoi elle ne le reconnaît
pas?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Pascale
Déry
Mme Déry : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, ce que je peux vous dire, c'est qu'on y
investit des sommes colossales. Et, comme je vous disais, je comprends
les inquiétudes qui sont soulevées par les établissements collégiaux en ce moment, parce qu'on leur demande des seuils,
on leur demande de respecter les budgets et les enveloppes qu'on leur
alloue. Et ça, c'est important, il faut absolument qu'on soit capable de
respecter les budgets qu'on leur alloue. Donc, il y a des seuils qui ont été imposés. J'ai communiqué avec les
48 cégeps pour m'assurer que la planification de cette année, en 2024‑2025,
où les sommes n'ont pas changé, soit respectée, que ce soit en infrastructures,
que ce soit dans l'achat d'équipement, que ce soit dans les contenus de
programmes ou les programmes qu'on doit déployer. Quand on déploie un programme, là, quand on accepte de déployer un
programme, Mme la Présidente, on le déploie en ayant, justement, tout le
financement qui va avec. Alors, je peux comprendre qu'il y a des enjeux en ce
moment...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Sol
Zanetti
M. Zanetti : C'est drôle d'être
devant une évidence telle que celle-là, l'austérité caquiste, et en même temps
se faire... je ne sais pas trop comment dire ça, mais on essaie de nous faire
croire des affaires qui sont en complète contradiction avec l'expérience
terrain et avec ce qui se passe dans la réalité.
Est-ce qu'il
y a dans les lignes de communication, là, des ministres caquistes quelque chose
comme une directive qui dit : Pas le droit de reconnaître qu'on
fait de l'austérité? Est-ce qu'il y a ça?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Pascale
Déry
Mme Déry : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bien, j'inviterais mon collègue, de l'autre côté
de la Chambre, à ouvrir le bouquin du budget. Je ne l'ai pas ici,
dommage, je l'ai retiré il n'y a pas si longtemps que ça. Mais, en même temps,
la ligne, elle est claire, là. 59 millions, on est passé à
67 millions. Alors, je ne comprends pas pourquoi vous parlez de coupures.
Ce que je vous explique,
c'est qu'il y a des seuils, il y a des enveloppes à respecter, puis c'est ce
qu'on leur demande de respecter, Mme la Présidente. Encore une fois, les
montants ont grimpé de 59 à 67 millions uniquement cette année, donc les budgets ne sont pas en baisse. On demande aux établissements
d'enseignement supérieur, Mme la Présidente,
de respecter les budgets. Et, ceci dit, c'est pour toutes les enveloppes qui
leur sont octroyées, que ce soit en infrastructures,
que ce soit dans les programmes, les déploiements de programmes ou l'achat
d'équipement, on leur demande de respecter les enveloppes allouées.
Merci, Mme la Présidente.
• (15 heures) •
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mesures de sécurité dans les établissements de détention
Mme Jennifer
Maccarone
Mme Maccarone : Mme la
Présidente, dans les derniers mois, la situation dans les établissements de
détention s'est grandement détériorée, mais
dimanche on a atteint un autre niveau. À l'établissement de Sorel-Tracy, on a
retrouvé un agent de détention sauvagement attaqué par un détenu. Il repose toujours
dans un état critique, et nos pensées sont avec lui et
sa famille.
Hier, en
entrevue, le président du Syndicat des agents de la paix a dit que le ministère
était au courant du manque d'effectifs
depuis le printemps dernier, que cette agression aurait pu être évitée et que
le ministère est responsable de ce qui est arrivé.
Aujourd'hui,
les agents sont sortis dans les rues et sortis des murs des prisons pour
attirer l'attention du ministre. Si leur travail, c'est de protéger la
population, le vôtre, c'est de protéger eux. Ils veulent des actions urgentes
pour garantir leur sécurité et pour éviter de nouvelles tragédies. Pas des
mots, des gestes concrets, s'il vous plaît.
Que leur répondez-vous?
La Présidente : Et vous vous
adressez à la présidence. Et la réponse de la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Merci, Mme la Présidente. Bien, c'est une question qui
porte sur le même sujet que la question du député de Camille-Laurin, alors il y
a des éléments de ma réponse qui vont se ressembler, évidemment. Et, encore une fois, je veux réitérer notre plus
grande empathie à cette situation-là, Mme la Présidente. J'ai été ministre de
la Sécurité publique pendant quatre ans et
j'ai été dans ce milieu-là pendant de nombreuses années auparavant. Je le
disais, c'est un milieu qui est à risque. Et ce n'est pas pour rien que
nous, notre gouvernement, saisissons toutes les occasions de remercier ces gens-là pour le travail périlleux
qu'ils accomplissent, que ce soit dans le milieu correctionnel, le milieu
policier, le milieu de la sécurité civile ou de la sécurité incendie.
Ceci étant
dit, Mme la Présidente, je l'ai nommé tout à l'heure de manière très claire et
très transparente, il y a un enjeu de
main-d'oeuvre flagrant. Ma collègue en a parlé. Il y a un enjeu de
main-d'oeuvre. Il y a actuellement une négociation qui se déroule aussi
entre ma collègue qui est présidente du Conseil du trésor et le syndicat, puis,
comme je l'ai dit tout à l'heure, ce n'est
pas une négociation qu'on va faire sur la place publique, mais donc il y a des
enjeux qui sont discutés aux tables de négociation actuellement. Je vais
laisser à ma collègue du Trésor le soin de mener ces négociations-là. Mais, quoi qu'il en soit, on reconnaît qu'il y a
un enjeu de main-d'oeuvre. On a mis en place plusieurs actions pour nous
aider à pouvoir attirer plus de talents dans le milieu correctionnel. J'aurai
l'occasion peut-être d'y revenir.
La Présidente : Cela met fin à la
période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y
a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis,
et, pour ce faire, je cède la place
au troisième vice-président de l'Assemblée nationale. Merci beaucoup pour votre
attention. Bonne fin de journée.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
bonjour, collègues. Nous allons passer à la rubrique des motions sans préavis. En fonction de nos règles et de
l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais un membre du
groupe formant le troisième groupe d'opposition. M. le député de
Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Oui,
M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec le député d'Arthabaska, la motion
suivante :
«Que le leader parlementaire du gouvernement du
Québec s'engage à faire appeler pour étude et adoption le projet de loi n° 796,
Loi remplaçant le nom de la
circonscription électorale d'Arthabaska par celui d'"Arthabaska-L'Érable", présenté
par le député d'Arthabaska, à temps pour qu'il puisse être effectif pour la
prochaine élection générale de 2026.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Il n'y a pas de consentement.
Alors,
nous allons passer à la prochaine motion, un membre du groupe formant le
gouvernement. Et je reconnais M. le ministre de la Justice.
Demander l'abrogation des
articles 319.(3)b
et 319.(3.1)b du Code criminel
M. Jolin-Barrette : Oui. Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec le
député de l'Acadie, le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, le député de Jean-Talon et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée
nationale affirme qu'aucun discours haineux n'est tolérable au Québec;
«Qu'elle déplore
l'exception religieuse prévue aux articles 319(3)b) et 319(3.1)b) du Code
criminel sur le discours haineux;
«Qu'elle
déplore que cette exception religieuse offre un bouclier légal à des
extrémistes radicaux pour encourager la
haine et l'intolérance envers des groupes ethniques, religieux ou encore pour
diffuser des messages racistes, misogynes ou homophobes;
«Que
l'Assemblée nationale soutienne l'urgence d'abroger les articles 319(3)b)
et 319(3.1)b) du Code criminel afin d'assurer
la pleine application des protections légales contre les discours haineux à
tous les citoyens du Québec et du Canada.»
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Consentement,
sans débat, M. le Président. Je vous demanderais un vote électronique.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Un vote électronique a été demandé. La période de
vote est ouverte.
La période de vote
est terminée. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 106
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Donc, la motion est adoptée.
Nous allons
maintenant passer à la prochaine motion, qui revient à un membre du groupe
formant l'opposition officielle. Et je reconnais Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M. le
Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec le ministre responsable des Services
sociaux, le député des Îles-de-la-Madeleine et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte des inquiétudes et des difficultés causées par la
proximité entre [les] écoles et des centres de consommation de drogues
supervisée comme La Maison Benoît-Labre;
«Qu'enfin,
[qu'elle] demande au gouvernement caquiste de prendre dans les meilleurs délais
les mesures nécessaires afin
d'interdire les centres de consommation de drogues supervisée à proximité des
écoles ou des installations offrant des services de garde éducatifs à
l'enfance.»
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Il n'y a pas de consentement.
Nous allons donc
passer à la prochaine motion, qui revient au deuxième groupe d'opposition. Et
je reconnais Mme la députée... M. le député de Jean-Lesage.
Souligner le rôle historique
de Télé-Québec dans la production et
la diffusion culturelles au Québec et reconnaître son expertise
et son indépendance en matière de contenu
M. Zanetti :
Merci, M. le Président. Alors, je sollicite le consentement de cette
Assemblée pour présenter la motion suivante conjointement avec la députée de
Robert-Baldwin et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée
nationale souligne avec fierté le rôle historique de Télé-Québec dans la
production et la diffusion culturelle au Québec depuis sa création en 1968;
«Qu'elle reconnaisse l'expertise de
Télé-Québec en matière de capsules pédagogiques et la valeur de ses
productions;
«Qu'enfin, elle rappelle que Télé-Québec est
indépendante dans ses choix de production [et] de contenu.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il... Y a-t-il consentement pour débattre
de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Il y a consentement, sans débat.
Une voix : ...
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Un vote électronique a été demandé. Donc, la
période de vote est ouverte.
La période de vote
est terminée. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 102
Contre :
0
Abstentions :
3
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Donc,
la motion est adoptée. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc :
Merci, M. le Président. Est-ce que copie de cette motion pourrait être
envoyée à notre belle société d'État, Télé-Québec? Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Ce sera fait.
Et, pour la prochaine
motion, je reconnais M. le député d'Arthabaska.
Demander au gouvernement de
revoir la possibilité d'éliminer
les timbres de droit pour les microbrasseries
M. Lefebvre :
Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
pour présenter la motion suivante conjointement avec le ministre délégué à
l'Économie, la députée de Westmount—Saint-Louis, le leader parlementaire du deuxième groupe d'opposition, le député de
Matane-Matapédia, le député de Saint-Jérôme et la députée de
Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale affirme qu'il est temps de réviser le mécanisme de
contrôle, soit le timbre de droit, des bouteilles et canettes de bières
instauré en 1971;
• (15 h 10) •
«Qu'elle reconnaisse
que ce système d'une autre époque entraîne des irritants majeurs pour les
restaurateurs, les hôteliers et
propriétaires de bars et de microbrasseries du Québec, tant en matière de
coûts, de main-d'oeuvre, de temps, de logistique et de risque de
poursuite;
«Qu'elle reconnaisse
que les microbrasseries jouent un rôle important dans le développement
économique des régions et contribuent à exprimer notre créativité collective;
«Qu'elle
reconnaisse que les microbrasseries doivent appliquer souvent à la main ces
timbres sur chaque bouteille ou canette qui sont destinée à la vente;
«Que l'Assemblée
nationale admette qu'il existe désormais des applications et des moyens
technologiques, dont le module
d'enregistrement des ventes — le
MEV — qui
pourraient faciliter le contrôle et la traçabilité des alcools vendus
notamment dans les bars, hôtels et restaurants;
«Que l'Assemblée
nationale rappelle qu'elle a voté pour la suppression des timbres CSP en 2018
lors de l'adoption du projet de loi 170;
«Qu'elle souligne que
cette mesure qui devait entrer en vigueur en juin 2020 a été reportée par
le gouvernement actuel;
«Qu'enfin l'Assemblée
nationale demande au gouvernement du Québec de revoir la possibilité d'éliminer
lesdits timbres de droit CSP pour les
microbrasseries et d'ainsi alléger le fardeau des producteurs et productrices
tout en préservant une régulation moderne, technologique et efficace.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Il y a consentement, sans débat. M. le député
d'Arthabaska.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Est-ce que j'ai l'appui au moins
d'un parti pour un vote électronique? Est-ce que...
Une voix : ...
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : J'ai
l'appui d'un parti. Alors, un vote électronique a été demandé. La période
de vote est ouverte.
La période de vote
est terminée. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 105
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Cette motion est donc adoptée. M. le député
d'Arthabaska.
M. Lefebvre :
Oui, M. le Président, j'aimerais qu'on envoie une copie, s'il vous plaît, à
l'Association des microbrasseries du Québec et à l'Association des
restaurateurs du Québec, s'il vous plaît.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Ce sera fait, M. le député.
Avis touchant les travaux des
commissions
Et nous sommes
maintenant rendus à la rubrique des avis touchant les travaux des commissions.
Je cède la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président.
Et donc j'avise cette
Assemblée que la Commission de la culture et de l'éducation va entendre les
intéressés et procéder à l'étude détaillée du projet de loi d'intérêt privé n° 211, la Loi sur l'École Polytechnique de Montréal,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 18 heures, à la salle
Pauline-Marois;
La Commission de
l'aménagement du territoire va entreprendre les consultations particulières et
les auditions publiques sur le projet de loi n° 79, la Loi
édictant la Loi sur les contrats des organismes municipaux et modifiant
diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau
administratif des organismes municipaux, de 19 heures à
20 h 50, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le leader adjoint du gouvernement. J'en
profite pour demander aux collègues qui doivent quitter le salon rouge de le
faire, s'il vous plaît, de manière discrète, s'il vous plaît, nous poursuivons
nos travaux.
Pour ma part, je vous
avise que la Commission de l'aménagement du territoire se réunira en séance de
travail aujourd'hui, de 16 heures à
16 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine,
afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse d'un mandat d'initiative portant sur
la question de la résilience des infrastructures municipales, de leur
adaptation aux changements climatiques et de l'encadrement des sinistres
dans les inondations.
De plus, je vous
avise que la Commission des transports et de l'environnement se réunira en
séance de travail aujourd'hui, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, de 16 h 30 à 17 heures, afin de
statuer sur la possibilité que la commission se saisisse d'un mandat
d'initiative pour étudier la situation du transport interurbain; de
17 heures à 17 h 30, afin de statuer sur la possibilité que la
commission se saisisse d'un mandat d'initiative portant sur le projet
d'utilisation de la technologie de reconnaissance faciale par la Société de
l'assurance automobile du Québec.
Je vous avise
également que la commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'alimentation
et des ressources naturelles... de l'énergie et des ressources naturelles se
réunira en séance de travail le mercredi 4 décembre 2024, de 8 h 30 à 9 heures, à la salle Marie-Claire-Kirkland, afin de statuer sur la possibilité que la
commission se saisisse de la pétition concernant une demande visant à
décréter un moratoire sur les coupes forestières à Saint-Zénon.
Finalement, je vous
avise que la Commission de la santé et des services sociaux se réunira en
séance de travail le mercredi 4 décembre 2024, à la salle Pauline-Marois,
de 8 heures à 8 h 30, afin de statuer sur la possibilité que la
commission se saisisse d'un mandat d'initiative portant sur la gestion et la
transparence des données sur la performance du réseau de la santé; de
8 h 30 à 9 heures, afin de statuer sur la possibilité que la
commission se saisisse de la pétition portant
sur une demande visant l'automatisation des allocations financières aux
familles d'accueil pour les enfants de la direction de la protection de
la jeunesse.
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant
passer aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais d'appeler l'article 5 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 74
Prise en considération du
rapport de la commission qui
en a fait l'étude détaillée et des amendements du
député de Saint-Henri—Sainte-Anne
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : À l'article 5 du feuilleton, l'Assemblée
prend en considération le rapport de la Commission des relations avec les
citoyens sur le projet de loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer
l'encadrement relatif aux étudiants
étrangers, ainsi que les amendements
transmis en vertu de l'article 252 du règlement par M. le député de
Saint-Henri—Sainte-Anne.
Ces amendements sont déclarés recevables.
Y a-t-il des
interventions sur ce rapport ainsi que sur ces amendements? Je reconnais, dans
un premier temps, M. le ministre de l'Immigration et de la Francisation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci bien, madame... M.
le Président. Merci bien, M. le Président. Très content de prendre la parole,
justement, pour ces dernières étapes avant
l'adoption souhaitée du projet de loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer
l'encadrement relatif aux étudiants étrangers.
Je
pense qu'il faut remettre les choses en contexte. On assiste à une hausse très,
très importante d'une... du nombre d'immigrants
temporaires, résidents non permanents ces dernières années, mais le
gouvernement a agi. Le gouvernement du Québec prend la situation bien au
sérieux. Au mois d'août, ma prédécesseure a posé un geste important pour geler,
sauf exception, l'arrivée de travailleurs
étrangers sur Montréal. Et on a ce projet de loi très important parce qu'au
gouvernement du Québec on ne contrôle
pas l'ensemble des travailleurs étrangers temporaires et des immigrants
temporaires sur notre territoire, loin s'en faut. Environ 33 % des
immigrants temporaires sont sous le contrôle du gouvernement du Québec, donc
les deux tiers relèvent d'Ottawa. Je pense aux gens qui sont sous le Programme
de mobilité internationale, le PMI, ça
relève d'Ottawa. Les demandeurs d'asile, ça relève d'Ottawa aussi. Et on a vu
qu'Ottawa, dernièrement, a voulu aussi agir sur les étudiants étrangers
lorsque, l'an passé, ils ont annoncé une réduction, à l'échelle du Canada, de
33 % d'étudiants étrangers. Et, cette année, ils ont annoncé, pour l'an
prochain, une réduction supplémentaire de 10 %, donc, 45 % en deux
ans. La première baisse, ça n'avait pas touché le Québec. La seconde, on est
sur la limite. Et Ottawa ambitionne aussi de cibler des secteurs.
Donc, ce que ça veut
dire, M. le Président, et c'est très important de le dire, c'est que, pour
demeurer maîtres chez nous en matière
d'enseignement supérieur, il faut impérativement adopter ce projet de loi n° 74 pour gérer nous-mêmes bien
mieux l'arrivée d'étudiants étrangers, qu'on peut appeler les étudiants
internationaux, sans quoi, bien, c'est Ottawa qui va débarquer dans
notre champ de compétence, qui va nous imposer à la fois des quotas et des
secteurs prioritaires sans connaître la
réalité sur le terrain, dans nos écoles primaires et secondaires, dans nos
centres de formation professionnelle, dans
notre niveau collégial et universitaire. Donc, c'est extrêmement important de
le faire, et c'est plus important que jamais.
C'est important aussi
parce que, dans le contexte, on a vu qu'au cours des 10 dernières années
on est passés de 50 000 à
120 000 étudiants étrangers sur le territoire québécois. Donc, c'est
une hausse qui est extrêmement importante, une hausse de 140 %.
Évidemment, il n'y a pas 140 % de plus d'étudiants sur le territoire
québécois. Et donc il y a 140 % plus
d'étudiants étrangers, c'est-à-dire qu'il y a une croissance beaucoup plus
grande des étudiants étrangers que des résidents québécois.
On voit aussi dans
les médias, dernièrement, qu'il y a eu des dérapages, il y a eu des abus. Il y
a eu des choses qui nous ont interpelés,
notamment de voir que, par exemple, à l'Université
de Montréal, la grande majorité des
étudiants qui ont besoin, malheureusement, d'un soutien alimentaire, qui
fréquentent les banques alimentaires sont des étudiants étrangers,
manifestement des étudiants qui n'ont pas les moyens d'étudier ici, chez nous,
malheureusement. Il y a eu, notamment à Rimouski, beaucoup d'étudiants qui ont
été contraints de passer une session complète dans des hôtels. Donc, quand on dit que l'arrivée de centaines de
milliers de personnes, et, dans les dernières années, de dizaines de milliers
de personnes, bien, ça contribue à la pénurie de logements et à la hausse du
coût de loyer, bien, on le voit ici, carrément, des étudiants qui sont obligés
de faire une session à l'hôtel. Il y a quelque chose comme un dérapage
là-dedans.
Puis
on voit aussi qu'il y a beaucoup d'étudiants étrangers qui arrivent inscrits
dans une institution, reçoivent leur certificat d'acceptation du Québec,
reçoivent leur permis d'études d'Ottawa, alors que leur intention n'a jamais
été d'étudier. En réalité, ils viennent ici pour demander l'asile. Donc, on a
des choses à réparer dans nos mécanismes.
• (15 h 20) •
Donc,
ce projet de loi va permettre, justement, de recueillir davantage
d'informations par mes collègues à l'Éducation et à l'Enseignement
supérieur. Avec ces nouvelles informations, on va être capables d'agir plus
finement. Donc, c'est un projet de loi qui
vient nous donner une agilité gouvernementale additionnelle, une loi qui va
nous permettre de prendre des décisions plus éclairées pour la société
québécoise, éviter, comme je l'ai mentionné, des dommages collatéraux et
être capables de poser des gestes ciblés,
parce qu'il faut prendre garde... Quand on touche à l'éducation, quand on
touche à l'enseignement supérieur, on ne voudrait pas arriver avec des mesures
paramétriques. Or, la situation législative actuelle ne nous permet que deux options, le laisser-aller
ou des mesures paramétriques sans aucune agilité en fonction des régions, des
ordres de gouvernement ou des programmes. Donc, il est impératif d'adopter
cette loi-là pour avoir cette agilité, cette capacité de bouger.
C'est important de
mentionner que, lors des auditions, lorsque les groupes sont venus, certains
ont manifesté des inquiétudes. On en a tenu compte lors des amendements déposés
par ma formation politique, déposés aussi par les oppositions. On a bonifié le projet de loi. Je pense qu'il est meilleur,
évidemment, qu'au dépôt, et c'est pas mal tout le temps comme ça qu'on travaille, normalement, au Parlement,
en collégialité. D'ailleurs, le ton des travaux était très cordial pendant
les travaux.
On introduit aussi deux concepts nouveaux dans
la loi, la notion d'établissement désigné. Donc, à l'avenir, pour pouvoir
accueillir les étudiants étrangers, bien, il faudra être un établissement
sérieux, reconnu, un établissement désigné par le gouvernement du Québec. Ce
n'est pas toutes les écoles qui pourraient recevoir des étudiants étrangers. Et
ça ne doit pas être un modèle d'affaires, c'est-à-dire créer une école avec des
programmes plus ou moins reconnus dans le seul but d'attirer des étudiants
étrangers qui, ensuite, dans le fond, voudraient surtout devenir des résidents
québécois, canadiens. Pour prévenir ça, on a aussi créé la notion de programme
reconnu. Donc, il y a des établissements désignés qui ont plusieurs programmes
reconnus, mais il faut aussi s'assurer que tous les programmes qui servent à
attirer des étudiants étrangers soient des programmes reconnus. Donc, il en va
ici, je vous dirais, de la réputation du Québec et de la qualité de notre
enseignement, de notre éducation et des diplômes que nous délivrons.
Plusieurs outils sont élaborés, dans ce projet
de loi là, pour faire des distinctions. Je vous parlais tout à l'heure de gestes ciblés, d'agilité gouvernementale. Bien,
on pourra maintenant utiliser les critères des ordres d'enseignement pour
sélectionner le nombre d'étudiants qu'on... à qui on veut donner des CAQ, des
certificats d'acceptation du Québec, en fonction
des régions aussi. Il peut y avoir des pénuries d'emploi... pardon, des
pénuries de main-d'oeuvre dans certaines régions. Il peut y avoir aussi des enjeux économiques, région par
région. On veut tenir compte des cycles d'études. On veut tenir compte
des différents programmes.
Et, suite aux recommandations aussi du Commissaire
à la langue française, qui est venu en auditions, bien, on a inscrit en toutes lettres dans le projet de loi
la notion de langue française comme langue commune puis le principe que,
lorsqu'on travaille en matière d'enseignement supérieur, pour l'accueil
d'étudiants étrangers, bien, on doit aussi prendre en compte la vitalité et la pérennité de la langue
française. On a même inscrit la notion de programme d'études comme étant
un critère à considérer. Puis je souligne, M. le Président, que cet
amendement-là a été adopté à l'unanimité lors de nos travaux, ce qui veut dire que tout le monde était d'accord avec la
notion de critère et avec la notion de l'utilisation de critère de la
langue française.
Donc, en tenant compte aussi des programmes
d'études, on va être capables de tenir compte de nos chaires de recherche, de nos créneaux d'excellence. Et je
sais qu'il y a plusieurs institutions qui s'inquiétaient pour ça. Laissez-moi
vous dire que les conversations lors de
l'étude article par article et les conversations personnelles que j'ai eues
avec la ministre de l'Enseignement
supérieur vont dans le sens, bien
sûr, de prendre garde à nos chaires de recherche, qui sont très importantes, pour assurer et garantir la qualité
de la recherche, la reconnaissance internationale de nos institutions, de nos
programmes du Québec.
Un élément important du projet de loi aussi,
c'est maintenant de préciser que les décisions qui seront prises seront des décisions communes, suite à du travail
d'équipe entre le ministre de l'Immigration, le ministre de l'Éducation et
la ministre de l'Enseignement supérieur aussi, parce que, quand on parle
d'étudiants étrangers, on parle, évidemment, d'une question de ressortissants
étrangers, donc d'immigration, mais aussi d'éducation et d'enseignement
supérieur.
Donc, je
remercie les membres des oppositions, tous ceux et toutes celles qui ont
travaillé aux travaux, les équipes. Et
je veux remercier particulièrement aussi les gens qui ont travaillé à
conserver, je vous dirais, un climat de collaboration tout le long des
travaux. Et je vous remercie.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le ministre de l'Immigration et de la Francisation. Et je cède maintenant la parole à M. le
député de l'Acadie.
M. André Albert Morin
M. Morin : Merci, M. le
Président. Je suis heureux de prendre la parole cet après-midi en cette
Assemblée à l'étape de la prise en
considération du rapport de la commission sur le projet de loi n° 74, Loi visant principalement
à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers. Et j'ai
écouté avec beaucoup d'attention les propos de M. le ministre et je vous dirai... D'emblée, je vais commencer par
vous partager certaines considérations, certaines réponses que je veux fournir
suite... suite à ce que M. le ministre soulignait.
Le gouvernement... Et M. le ministre a parlé
beaucoup des résidents temporaires. Il y en a beaucoup. Il a parlé des
demandeurs d'asile. Il y en a beaucoup. D'ailleurs, M. le Président, ce n'est
pas pour rien que, comme porte-parole de
l'opposition officielle en matière, entre autres, d'immigration, de
francisation et d'intégration, j'ai demandé au gouvernement de créer un
bureau intégré de la planification au sein du ministère de l'Immigration. On ne
dit pas que le Québec ne doit exercer aucun
contrôle en immigration. Au contraire, ce qu'on dit, c'est qu'ils doivent
planifier. Ça, c'est important. Ça, ça se fait avec les régions. Ça, ça se fait
à l'intérieur du ministère pour ne pas que les gens travaillent en silo.
On a demandé aussi la création d'une cellule
d'urgence en francisation. M. le ministre parlait du français, notre langue
commune. C'est vrai, c'est hyperimportant, le français, mais encore faut-il
être capables de franciser les gens au Québec.
Je vous dis ça parce que... Loin de moi l'idée
de penser qu'on ne doit pas s'intéresser à l'immigration, qu'on ne doit pas contrôler l'immigration. Ce n'est pas
ce que je dis. Mais, encore là, il faut être capables d'identifier les
véritables problèmes pour être
capables de les régler. Et l'inquiétude que j'ai, avec ce projet de loi, que je
partage, d'ailleurs, avec ma collègue
la députée de Mont-Royal—Outremont, qui a siégé avec moi, parce que ce projet de loi
touche l'immigration, bien sûr, mais touche
beaucoup l'enseignement supérieur... Et je tiens publiquement à la remercier.
Elle a fait un travail exceptionnel. On a
très bien travaillé en équipe. Mais nous partageons cette préoccupation-là,
parce que le projet de loi de M. le
ministre vise, en fait, à lui donner énormément de pouvoirs, probablement
beaucoup plus que ce qu'il faut pour enrayer
certains abus qu'on a maintenant, certains abus qui sont documentés. Et je l'ai
dit en commission parlementaire. Et,
en plus, en plus, tout ce qu'on nous a dit, tout ce que les groupes nous ont
dit, c'est qu'il fallait, en matière d'immigration, de la prévisibilité.
Or, ce projet de loi là accorde, accorde au ministre énormément de pouvoirs
discrétionnaires, d'où, évidemment, les réticences que j'ai face à ce projet de
loi.
Vous savez, on nous a parlé d'abus. D'ailleurs,
c'est toujours intéressant de voir, quand on débat de questions importantes en
commission parlementaire, de voir un peu ce qui se passe dans la sphère
médiatique. Et, à peu près au moment où on travaillait le projet de loi, le
bureau d'enquête du Journal de Montréal, je crois, je ne crois pas faire
d'erreur en affirmant ça, a publié des
articles sur... Admissions suspendues jusqu'en 2026 au collège supérieur de
Montréal. Donc, il y aurait eu
une explosion de demandes d'admission. En fait... En fait, dans l'article, on
dit : «Québec a autorisé un record
de 12 000 étudiants étrangers dans un collège privé de Montréal.» Et
là ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'article du journal, du bureau
d'enquête : «Québec a autorisé un record», donc, «Québec a autorisé».
• (15 h 30) •
Alors, quand
je vous parle de planification, M. le Président, bien, il y a des moyens pour
régler ça. Peut-être que le projet de loi va un petit peu plus loin que
les moyens déjà à la... en fait, à la disposition du gouvernement pour régler ces problèmes-là. Il y a 3 300 étudiants
internationaux qui fréquentent l'établissement, mais ils ont
1 147 élèves prévus. Il y a quand même un écart notable, M. le
Président. Alors, ma question est la suivante : Au ministère de
l'Immigration... puis je ne vous dis
pas qu'il ne faut pas contrôler l'immigration, mais il n'y a aucun drapeau
rouge qui s'est levé? Étonnant, étonnant.
Alors, M. le ministre nous dit : Moi, j'ai
besoin de données, j'ai besoin de pouvoir contrôler, identifier. C'est sûr, je ne suis pas contre ça. Mais j'ai
l'impression que le ministre a déjà des moyens à sa disposition pour régler des
cas comme ça, qui nous ont été révélés par les médias.
Et on essayait de comprendre, M. le Président,
mais, au fond, c'était quoi, le problème? Il est où, le problème? Parce que, s'il y a des abus, bien, c'est sûr qu'on
ne peut pas cautionner les abus. M. le ministre disait : Il y a des gens
qui viennent, mais c'est des demandeurs d'asile ou ils demandent l'asile
puis ils voulaient venir étudier. Donc, est-ce que, légitimement, ils avaient fait de véritables demandes? Bien, c'est une
question qui se pose, mais, si quelqu'un entre au pays, si quelqu'un ne
dit pas la vérité sur ses formulaires, bien, il y a des moyens pour contrôler
ça par la suite. Et, plus tard, parce qu'on
cherchait toujours à identifier le problème qu'on voulait régler, plus tard, on
nous a dit : Bien, c'est parce que... c'est parce qu'il y a eu des
litiges à la cour. Ça, on nous a dit ça, M. le Président, pendant le briefing
technique. Ah! Ha! Bien là, on s'est
dit : Peut-être, peut-être que c'est ça, la raison. Bien, à ce moment-là,
oui, partagez ça avec nous, et on va l'étudier, on est là pour ça, en
commission parlementaire.
Alors, on nous a... peu de temps après le
briefing technique, on commençait l'étude article par article. On nous a, en
fait, divulgué, on nous a partagé les différents documents, pourvois en
contrôle judiciaire, demandes introductives d'instance pour, entre autres, le
cégep de la Gaspésie contre le Procureur général du Québec et le collège Canada
inc. contre le Procureur général du Québec, et c'était en lien avec un arrêté
ministériel qui a été pris par le gouvernement. Ah! bien, on s'est dit : C'était peut-être là, le problème,
peut-être que le ministère n'a pas utilisé les bons moyens. Mais tout ce
qu'on a su, c'est qu'effectivement il y a une demande d'injonction provisoire
qui a été accordée, il y a une ordonnance de
sauvegarde. Il y a eu, finalement, une injonction provisoire d'ordonnée. Mais,
après ça, ce qu'on a appris, c'est que le ministère, plutôt que de
débattre de la question au fond, a retiré et... s'est engagé à respecter la
demande d'injonction et a retiré l'arrêté ministériel. Donc, au fond, le vrai
débat, le véritable problème, bien, on ne l'a pas su.
Alors, on a quand même continué à étudier le
projet de loi article par article puis, avant ça, on avait écouté plusieurs groupes qui sont venus nous parler et
qui nous ont partagé leurs appréhensions de ce que ce projet de loi pouvait
faire. Et plusieurs... Et je vais vous donner des exemples très concrets, M. le
Président, des recteurs d'université, des directeurs de cégeps, la présidente
de la Fédération des cégeps, des représentants des collèges d'enseignement
privés... sont venus nous parler et ils nous
ont tous dit : Écoutez, il faut faire attention. Les universités nous ont
dit : S'il y a des abus, on va s'en occuper. S'il y en a eu dans le
passé, on va les gérer.
Mais les étudiants internationaux étrangers,
pour nous, c'est quand même un élément qui est très important, très important,
parce que ça permet... ça permet, évidemment, de faire avancer la recherche, ça
permet de faire avancer l'innovation, ça permet d'avoir des étudiants au
deuxième et au troisième cycle. On nous a dit, dans certaines maisons d'enseignement universitaire en région, que c'est
souvent par l'apport d'étudiants étrangers qu'ils sont capables de faire
fonctionner des programmes. Bien, ce n'est quand même pas banal. Et puis moi,
comme porte-parole de l'opposition officielle, bien, évidemment, je suis
attentif à ces demandes des universités. Mais, encore là, ça ne veut pas dire
qu'on peut faire n'importe quoi, ça ne veut pas dire qu'on peut admettre
n'importe qui. Le gouvernement a quand même des moyens à sa disposition, mais
il fallait absolument le projet de loi n° 74.
Et, vous savez, quand les recteurs d'université
sont venus nous parler, et qu'ils nous ont informés de tout ça, puis qu'ils
nous ont dit comment c'est important, bien, je suis allé voir le plan
stratégique 2023-2027 du ministère de l'Enseignement supérieur, M. le Président.
Je prends la peine de dire les dates, 2023-2027, parce que le plan, il est toujours en vigueur, et c'est intéressant de voir
qu'au moment où le plan est toujours en vigueur le gouvernement dépose ce
projet de loi là. Et, dans le plan qui est en vigueur, la ministre de
l'Enseignement supérieur nous dit : «Nous devons accompagner le réseau
dans son développement en soutenant sa capacité d'accueil et en favorisant la
collaboration. Nous devons faire une place
toute particulière à la valorisation et à l'amélioration de la maîtrise de la
langue française, au soutien à la recherche, à l'innovation. Il faut
développer des compétences, et donc il faut absolument qu'on puisse soutenir
les étudiants pour qu'ils puissent éventuellement bien intégrer le marché du
travail.»
Et la sous-ministre nous
dit dans le même plan qui est toujours en vigueur : «Devant la croissance
constante de l'effectif étudiant sur nos campus, provenant de l'international,
compte tenu de la diversification des profils — entre autres — le
ministère s'est doté d'un nouveau secteur qui se consacre à l'accessibilité, à
la réussite, à l'expérience étudiante, qui permettra la synergie des actions du
ministère afin de mieux atteindre les objectifs et les enjeux.»
Et dans le plan, dans le plan, vous avez un
enjeu, vous avez «un réseau accueillant, accessible, ouvert sur le monde et
orienté vers l'avenir». Et, dans le même plan, on nous dit :
«Internationalisation de l'enseignement supérieur. Attirer davantage d'étudiants internationaux dans les collèges et les
universités francophones de la province est une priorité
gouvernementale.» Et le plan est toujours en vigueur, M. le Président. Le
Québec a des atouts pour ces étudiants. «Attirer
davantage d'étudiants internationaux dans les collèges et les universités
francophones est une priorité gouvernementale.»
Or, ce que ce projet de loi là va venir faire, c'est probablement exactement
l'inverse. À tout le moins, c'est ce que nous ont dit les recteurs et
les principaux d'université. Et je me fie à eux, c'est dans leur domaine.
Donc, c'est à tout le moins un peu ambigu, tout
ça. Vous avez le gouvernement qui, d'une main, dit : Écoutez, on a un plan stratégique, là, il est encore en
vigueur pour deux ans, puis finalement il faut se positionner à l'international,
c'est bon pour les universités, puis, au même moment, le gouvernement... le
même gouvernement de la CAQ dépose le projet
de loi n° 74, qui dit : Ah! bien non. Là, il faut contrôler, il faut
être capable de voir exactement ce qui en est. Et c'est ce que disait...
c'est ce que disait M. le ministre. Donc, ça me semble bien contradictoire.
• (15 h 40) •
Vous savez,
quand on a entendu les recteurs des universités, ils nous ont tous dit :
Faites attention. Et par la suite, alors qu'on avait commencé, déjà, les
travaux, ils ont écrit, tout le monde, tous les principaux chefs des
établissements universitaires québécois, et ça, ça inclut le réseau de
l'Université du Québec, alors ils ont écrit à la ministre de l'Enseignement
supérieur et au ministre de l'Immigration en disant — c'est
eux qui le disent, ce n'est pas moi, là, mais je vais... je vais le
partager : «Nous croyons que cette nouvelle loi aurait des effets très
négatifs pour nos établissements et pour le Québec. Faut-il rappeler que
l'internationalisation de nos cours, programmes et activités demeure une
réalité nécessaire et incontournable pour les étudiants québécois?» Puis
évidemment on a à coeur la francisation des gens qui sont ici. On nous dit à la page 3 : «Nous sommes profondément
convaincus qu'au-delà de la question litigieuse des chiffres imposés par
le débat sur l'immigration temporaire au Québec l'inclusion du réseau
universitaire québécois dans ce débat, et
dans ce projet de loi en particulier, met à mal les nombreux efforts qui ont
été investis pour planifier et gérer avec sérieux l'accueil et la
rétention des étudiants internationaux dans nos établissements.»
Ici, on ne parle pas des gens qui viennent ici
sous des faux prétextes. Ça, quand ça arrive, le gouvernement doit agir. Je
vous le disais tantôt, M. le Président, quelqu'un qui, sous des faux prétextes,
fait accroire qu'il veut venir étudier, mais
qu'il fait d'autres choses, bien là le gouvernement doit sévir, évidemment. Ce
n'est pas de ça dont on parle. Et évidemment les universités québécoises
ont conclu de nombreuses ententes avec des centres de recherche, des
universités dans d'autres pays, et donc ça peut mettre à mal ces différentes
ententes.
Les recteurs de Laval, Montréal, Sherbrooke et
le principal de McGill sont venus nous dire à peu près la même chose : Il
faut de la prévisibilité, et là, avec le projet de loi, nous n'en aurons pas.
Quand M. le ministre, tout à l'heure, vous parlait des demandeurs d'asile, on
pourrait même parler des travailleurs temporaires, mais ce n'est pas de ça dont
on parle ici... Les étudiants
internationaux, d'après les recteurs de Laval, Montréal, Sherbrooke et le
principal de McGill, c'est
57 440 étudiants, pas 300 000, pas 600 000, 57 000, et
ils nous disent qu'ils sont capables de les gérer. On a eu le même son de cloche de la part du réseau de
l'Université du Québec, et je cite leur mémoire à la page 8 :
«L'Université du Québec considère que
les paramètres proposés dans le projet de loi n° 74
et une éventuelle réduction des étudiants pourraient entraîner des
conséquences négatives majeures sur toutes les régions du Québec ainsi que sur
les universités mêmes.»
Donc, il
s'agit quand même d'un élément qui est sérieux. On a à coeur... Moi, j'ai à
coeur les régions du Québec, j'ai à coeur nos universités, puis évidemment on
nous dit : Faites attention, il n'y a pas de prévisibilité là-dedans,
et ça risque de poser un problème.
Donc, quand on a vu ça, bien, évidemment, ma
collègue de Mont-Royal—Outremont et
moi-même, on s'est dit : On pourrait
présenter des motions préliminaires, puisqu'il y a un enjeu tellement sérieux,
pour entendre d'autres groupes, évidemment,
qui avaient été... qui n'avaient pas été identifiés dans un premier temps, et
on a demandé d'entendre la ministre de
l'Enseignement supérieur. Pourquoi? Bien, parce que ça la touche. Et
d'ailleurs, vous avez vu, l'ensemble des dirigeants des universités lui
ont écrit. Alors, le gouvernement a refusé.
On a demandé,
parce qu'on découvrait un peu au compte-goutte puis on cherchait toujours
l'objectif, toutes les notes,
documents explicatifs, les impacts du projet de loi, parce que je ne peux pas
croire, M. le Président, que le gouvernement n'a pas fait une évaluation
d'impact avant. En tout cas, ça a été refusé. Donc, pas eu de documentation,
sauf les débats judiciaires.
On a demandé à entendre la Commission des droits
de la personne et des droits de la jeunesse. Pourquoi? Bien, parce que c'est un
organisme du gouvernement, en fait, c'est un... c'est un organisme de l'État
québécois, et on nous disait : Écoutez,
on voudrait avoir plus de temps, ça nous interpelle, ça crée une grande
incertitude, ce projet de loi. On a,
et je cite, à la page 3 de la lettre du président : «Une
grande incertitude plane donc sur la manière dont le projet de loi sera mis en oeuvre, et la commission des droits se
désole de ne pouvoir faire, dans les circonstances, une analyse complète du
projet de loi.» Écoutez, les droits
fondamentaux, la charte québécoise
des droits et libertés de la
personne, c'est un document hyperimportant au Québec. Donc, on s'est
dit : Il faudrait les entendre, il me semble que ça aiderait le Parlement.
Bien, ça a été refusé. Et finalement, à cause de l'impact sur le tourisme, on a
voulu entendre l'ITHQ, et ça a été aussi refusé.
Donc, on a
continué notre travail avec ce qu'on avait, et il y a eu effectivement
plusieurs, plusieurs amendements qui
ont été déposés par le ministre, notamment, et par... et certains par l'opposition, et certains par l'opposition officielle, en lien avec le projet de loi.
M.
le ministre a raison, il y a un amendement qui a été déposé pour ajouter, dans
les critères, le français comme langue commune. Et le français, au Québec,
c'est hyperimportant, et effectivement, d'une façon unanime, nous avons voté en
faveur de cet amendement-là.
Sauf qu'une fois que
j'ai dit ça, nous, de l'opposition officielle, ce que les universités nous ont
demandé, c'est carrément d'être exclues, et surtout, surtout, les cycles
supérieurs. Alors, vous comprendrez que ma collègue la députée de Mont-Royal—Outremont et moi-même, on
a déposé un amendement en ce sens. Et on a fait un débat là-dessus, et évidemment ça a été refusé par le gouvernement.
Après ça, on est revenus à la charge en se disant : Bien, peut-être qu'on
pourrait exclure uniquement le deuxième et le troisième cycle. Ça a été aussi
rejeté.
Donc, on se retrouve
aujourd'hui, à l'étape de la prise en considération, avec un projet de loi qui
va permettre au gouvernement de prendre des
décisions relatives au traitement des demandes et en ce qui concerne,
évidemment, les demandes d'étudiants étrangers. Et cette décision-là va
devoir tenir compte des orientations et des objectifs fixés au plan annuel d'immigration, des besoins
économiques, de la main-d'oeuvre, du besoin de favoriser une diversité de
provenances des demandes de sélection. Et là on nous a demandé, justement...
Nous, ça nous inquiétait beaucoup, parce qu'on s'est dit : Il
pourrait y avoir de la discrimination. On nous a assuré que la charte serait
respectée. On va suivre ça de près. Ça peut tenir
compte de considérations humanitaires, situations pouvant compromettre la
santé, la sécurité, le bien-être des personnes immigrantes, la capacité
d'accueil, l'intégration au Québec, le français et même l'intérêt public. Et
tout ça, tout ça, éventuellement, va voir le
jour, avec certains critères, par règlement, mais aujourd'hui, M. le Président,
je peux vous dire qu'il y a ça. Comment ça va être mis en oeuvre? On ne
le sait pas.
Et
il y aura, effectivement, des établissements d'enseignement désignés, désignés
par le gouvernement. Puis ça, bien, évidemment, il y a quelques
critères.
«Sont des
établissements [...] désignés :
«1° les
établissements d'enseignement visés à l'article 36 de la Loi sur l'instruction[...];
«2° les
établissements d'enseignement que désigne le gouvernement...»
Je comprends que ça
va être sur recommandation conjointe, mais, ça, on verra.
«Un décret de
désignation», pris par le gouvernement du Québec, on ne sait pas ce qu'ils vont
faire.
Et
donc, au fond, en bout de piste, ce que ça va permettre au ministre de faire,
c'est d'aller voir dans chaque université, chaque programme, chaque
cycle puis... Théoriquement, parce qu'aujourd'hui, là, je ne peux pas vous le
garantir, je ne sais pas ce que ça va donner, c'est un peu inquiétant, mais je
ne sais pas ce que ça va faire. Et là le ministre disait : Bien, écoutez, oui, c'est... tel endroit, tel
programme, ça pourrait être tant. Et donc ce que ça peut faire, M. le
Président, compte tenu de ce que les recteurs d'université nous ont dit, compte
tenu du recrutement qu'ils font à l'international, compte tenu des
programmes qu'ils ont développés, compte tenu de ce que je vous disais au
départ, c'est-à-dire, on le sait, dans des régions
du Québec, il y a des programmes qui sont capables de subsister grâce à
l'apport d'étudiants internationaux étrangers, bien, ça pourrait faire en sorte qu'ils vont devoir fermer, ou être
moins efficaces, ou avoir moins d'argent pour faire de la recherche.
• (15 h 50) •
Et là ce que ça fait
au niveau des universités... Parce que, rappelez-vous, au Québec, on a aussi
une Loi sur la liberté académique. Eh oui!
Alors, quoi, le ministre va aller jouer dans la liberté académique des
universités? Je ne peux pas vous
répondre. On a posé des questions, il n'y a pas de réponse présentement, mais
je fais miennes les inquiétudes des recteurs d'université.
Et on a même voulu
faire entendre l'institut de la mer de Rimouski, l'ISMER. C'est le seul centre
de recherche avancée dans le domaine de la mer francophone au Canada. Ça aussi,
ça a été refusé. Parce qu'ils ont... ils ont des chaires de recherche, ils ont des subventions, mais ils ont aussi un
grand nombre, grand nombre d'ententes avec des universités étrangères. Et donc c'est avec l'apport
d'étudiants étrangers que certains programmes fonctionnent au niveau de la
maîtrise et du doctorat. Donc, là-dessus, ça n'a pas réussi, et on n'a
pas pu non plus exclure les universités.
Donc,
on se ramasse avec un projet de loi où le ministre va avoir énormément de
pouvoirs, énormément de discrétion. Et là, aujourd'hui, je ne peux pas
vous dire ce que ça va donner. Heureusement, les oppositions, et, si mon
souvenir est bon, au départ, c'est un
amendement qui a été amené par le député de Jean-Talon, et on a retravaillé
ça... heureusement, il va y avoir...
ça, ça a été accepté, il va y avoir un rapport, là, j'appellerai ça un rapport
de suivi pour les fins de notre discussion, pour voir ce que ça va donner, là, dans quelques années, mais c'est
vraiment... c'est vraiment un projet de loi qui va avoir des ramifications excessivement larges pour
encadrer des étudiants étrangers et qui pourrait... qui pourrait éventuellement
nuire à nos universités.
J'écoutais
le ministre parler, bien sûr, de toute la question des logements puis de
mentionner la ville de Rimouski. Et,
bien oui, c'est vrai, M. le Président, la ville de Rimouski, là, le taux
d'inoccupation des logements, là, c'est comme peau de chagrin, aurait écrit Balzac. Et sauf que ça
fait des années que c'est de même. C'était de même avant la pandémie, puis,
comme j'ai dit à M. le ministre en commission parlementaire, bien, si c'est ça,
vraiment, le problème, puis je peux concevoir
que c'est un problème... mais c'est parce que le problème à l'Université du
Québec à Rimouski, c'est qu'il y a des gens qui viennent de
Sainte-Anne-des-Monts, de Gaspé, de Percé, de... ce n'est pas des étrangers,
là, ils viennent du Québec, là. On va faire quoi avec ces gens-là? On va leur
dire : Ne venez plus à l'université?
Alors, ce que je veux
vous dire par là, M. le Président, c'est qu'au fond cette situation, elle est
beaucoup plus complexe. Et, moi, ce que je
déplore, c'est que j'aurais souhaité... j'aurais souhaité que le gouvernement
nous dise : Écoutez, on a un véritable enjeu, c'est ceci, et puis ça, là,
on va le régler de cette façon-là, on a déjà des outils. Mais là ce n'est
pas ça qui arrive. Là, le gouvernement va adopter un projet de loi parce que,
compte tenu de la majorité gouvernementale, je...
ça, c'est prévisible, il va être adopté, le projet de loi, clairement, mais on
ne fait pas du sur mesure, on est en train de faire du mur-à-mur. Est-ce
qu'il y aura des dommages collatéraux? J'espère que non, mais je ne peux pas
vous répondre parce que tout le monde nous a dit qu'il y avait une crainte et
un manque de prévisibilité.
En terminant, avec les
secondes qu'il me reste, M. le Président, permettez-moi à nouveau de remercier
ma collègue la députée de Mont-Royal—Outremont, qui a fait un travail exceptionnel dans la qualité de
ses interventions. Je remercie le ministre et les députés de la banquette
gouvernementale. On a eu effectivement de bons échanges, ça a été fait dans le respect, mais ça a été... ça a
été agréable. Je remercie aussi les collègues des oppositions. Je tiens à
remercier tous les groupes qui ont déposé des mémoires. Il y en a même qui
auraient voulu venir en commission, ils n'ont pas eu ce privilège-là. Mais,
vous savez, ces groupes-là, ils font ça bénévolement, donc on les remercie, ça
nous aide.
Et,
évidemment, en terminant, je veux remercier la présidence de la commission et
tout le personnel de l'Assemblée, sans qui on ne pourrait pas faire
notre travail.
Sur ce, évidemment, je vais voter contre la
prise en considération. Et je vous remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de l'Acadie. Et je reconnais
comme prochain intervenant M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci beaucoup, M.
le Président. Pour ceux qui nous écoutent, à ce stade-ci, on est bien à la prise en considération du rapport de la
commission. Bonjour, tout le monde. Projet de loi n° 74,
Loi visant principalement à
améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers, projet de loi qui a
fait partie... qui a fait l'objet de plusieurs discussions dans les dernières
semaines.
En fait, la question des immigrants temporaires
prend beaucoup de place, surtout depuis au moins un an, un an et demi, dans les
discussions sur l'immigration au Québec. On avait historiquement davantage de
discussions eu égard à l'immigration permanente, mais, de plus en plus, on se
tourne vers des débats importants, vers l'immigration temporaire, au point tel
où, actuellement, là, selon les dernières statistiques, il y avait autour de
600 000 immigrants temporaires au
Québec. Donc, c'est quand même des chiffres qui sont considérables. Et on pense
que, selon les dernières statistiques, il y avait autour d'une... de
120 000 étudiants étrangers parmi ces chiffres-là. Alors, c'est quand
même une proportion considérable, c'est un chiffre qui est en augmentation dans
les dernières années, dans une augmentation importante.
Ce qui nous amène à discuter aujourd'hui du
projet de loi puis de la mesure législative qui vise essentiellement à
contrôler le nombre de certificats d'acceptation du Québec, qui est une des
étapes qui vise ou qui permet à un étudiant étranger temporaire de s'établir
ici, au Québec. Ce n'est pas très compliqué, les demandes commencent par une
demande d'admission dans nos universités ou institutions publiques
postsecondaires. Une fois acceptée, on demande un CAQ, donc la deuxième étape.
Et, sur la base de ce CAQ là, on peut faire une demande de permis d'étude
auprès du gouvernement fédéral. Finalement,
le permis d'étude nous permet d'arriver au Québec et d'être admis... inscrit,
en fait, dans une faculté, le cas échéant.
Donc, ça fait partie de... disons d'un processus
de quatre étapes. Et, pour l'instant, la compétence du Québec, eu égard à
l'Accord Canada-Québec de 1991, se situe à la deuxième étape. Et, quand même,
on a vu certains éléments là-dedans, puis ça va être important, puis ça va être
intéressant de les étudier.
Évidemment,
de notre côté, notre formation politique, on milite toujours pour davantage de
pouvoirs pour le Québec, et donc le rapatriement de l'ensemble des pouvoirs en
matière d'immigration pour que le Québec ne soit plus seulement en
contrôle seulement de la deuxième étape, mais bien également de l'ensemble de
la procédure.
Bon, évidemment, on l'a dit, nous, notre
formation politique, depuis quelque temps maintenant, il faut réduire l'immigration temporaire au Québec, et ça touche
également les étudiants étrangers temporaires. On est arrivés à des chiffres,
de manière trop rapide, qui dépassent notre
capacité d'accueil, et il faut agir, il faut prendre des moyens, mais encore
faut-il prendre les bons moyens. Et ça fera l'objet de la discussion
aujourd'hui.
Par exemple, nous, on met de l'avant la
nécessité d'établir notre réelle capacité d'accueil avec un comité d'experts qui va nous permettre d'abord de la
baliser puis de la définir, qu'est-ce que ça veut dire. Puis encore faut-il
qu'on ait ensuite des données pour
être capable de la quantifier. Ça, c'est quelque chose qui n'a toujours pas été
fait. Et nous, on continue de mettre de l'avant cette nécessité-là
d'avoir un comité d'experts qui pourra notamment mieux nous informer sur le
nombre d'étudiants étrangers qu'on peut réellement recevoir ici, au Québec.
Sans parler du fait que la capacité d'accueil,
ce n'est pas quelque chose qui est statique, c'est quelque chose qui est
dynamique, c'est quelque chose qu'on peut augmenter, c'est quelque chose qu'on peut diminuer selon l'intervention
puis selon les budgets qu'on voudra lui accorder.
Il faut évidemment mieux planifier l'immigration
temporaire, on y reviendra, M. le Président, des gains sur ce volet-là, j'y
reviendrai tout à l'heure. Et il faut évidemment inclure les parlementaires et
la société civile davantage dans les orientations et dans les seuils, dans la
façon qu'on va fixer puis planifier notre immigration temporaire.
Sur l'accueil, évidemment, il faut que les
services soient disponibles. Et je ne peux m'empêcher que de faire une
parenthèse eu égard à nos services de francisation et à la fermeture de
centaines de groupes de francisation qui ont fait les manchettes dans les
dernières semaines et dans les décisions restrictives dans les budgets des
centres de services scolaires qui nous empêchent de franciser de manière
suffisante les nouveaux arrivants et qui font en sorte qu'il y a des milliers d'élèves actuellement qui sont dans
les listes d'attente, alors qu'ils voudraient apprendre le français. C'est
aussi ça, recevoir de manière
responsable et raisonnable, c'est de ne pas couper en francisation et de
s'assurer que ceux et celles qui lèvent la main pour apprendre notre
langue puissent le faire.
• (16 heures) •
Alors, évidemment, plusieurs enjeux dans le
projet de loi, M. le Président, et plusieurs enjeux en amont du projet de loi.
Notamment, un exemple qui nous a été accordé ou qui nous a été donné de la part
du ministre, c'est un établissement privé, qui n'est pas
nommé, puis c'est bien correct comme ça, où le nombre d'étudiants étrangers
aurait augmenté de 1 392 % en une année, là, entre le
1er janvier 2023 puis le 15 mai 2024. Ça, c'est une explosion
beaucoup trop importante, et on croit
comprendre, évidemment, qu'il y a là possiblement... puis là je parle avec des
allégués et du conditionnel parce que
moi, je n'ai pas enquêté sur ces situations-là de manière précise
personnellement, mais qu'il y aurait donc
des questions légitimes à se poser sur la qualité éducative quand on augmente
de cette façon-là, planification, évidemment, qui va être importante, le
ministre en parlait, et j'y reviendrai.
Bon, on
parlait, tout à l'heure, des gains. Demande historique de notre part, et on est
très content que le gouvernement l'ait acceptée, on a soumis des amendements,
de mon côté, pour inclure l'immigration temporaire, la planification des
immigrants temporaires dans la planification pluriannuelle de l'immigration.
Et, à partir de maintenant, pour la première fois, là, avec la planification de
2025, on aura des cibles d'immigration temporaire comme on aura des cibles
d'immigration permanente, et ça, c'est un élément très positif, pour lequel on
pourra être fier. On va pouvoir se doter de
cibles, on va pouvoir mieux planifier, on va pouvoir savoir combien d'étudiants
étrangers on compte recevoir, combien de
travailleurs étrangers temporaires on compte recevoir dans nos différents
programmes, le PMI et le PTET, et comment on va mieux gérer les attentes, la capacité d'accueil puis la délivrance
d'un certain nombre de CSQ, bon, CAQ également.
Là où on a des enjeux, M. le Président, c'est au
niveau des établissements d'enseignement postsecondaire, notamment des
universités et notamment des cégeps, eu égard à l'autonomie puis aux menaces
d'autonomie. On a eu d'immenses discussions puis on a surtout eu des
intervenants, puis une brochette d'intervenants, je dirais comme ça, assez
impressionnante dans la mesure où l'ensemble des recteurs, rectrices, là, puis
des directeurs de... en fait, recteurs, rectrices d'université puis des
directeurs et directrices de cégep, un nombre très, très, très considérable
d'entre eux, eux-mêmes, là, personnellement,
souvent en coalition avec d'autres, souvent tout seuls, sont venus jusqu'à la
commission parlementaire pour nous faire part de l'inquiétude qu'ils et
elles avaient face au projet de loi, puis face aux restrictions, puis face aux
limitations sur leur autonomie, leur autonomie de la liberté universitaire,
l'autonomie de développer des programmes,
l'autonomie de planifier le développement dans leur sphère d'activité, dans
leur spécificité, dans leur chaire de recherche, dans leurs fonds
d'investissement, de point tel où ils en étaient très inquiets.
Et j'ai
ressorti quelques citations, M. le Président, d'abord de McGill, de Laval et de
l'Université de Sherbrooke, qui sont venus témoigner en commission. Ils
nous disent dans leur mémoire : «L'autonomie des universités leur permet
d'être le lieu d'émergence de disciplines et de découvertes dont les retombées
sont mesurables sur la longue durée. La voie qu'emprunte le gouvernement, avec
la présentation d'un projet de loi dont les règlements pourraient limiter ou contraindre les universités, menace cette
autonomie, qui s'est avérée très bénéfique pour le Québec par le passé.» Ce
sont quand même des mots graves de recteurs, rectrices d'institutions
phares de notre société.
«En plus d'empiéter sur l'autonomie de
gouvernance académique des universités, le gouvernement, avec le projet de loi n° 74, intervient dans une
chaîne sophistiquée», nous disent-ils. «Celle-ci concerne les universités, la
recherche, mais également les industries et les acteurs de l'innovation
situés sur tout le territoire québécois. Chercher à régir où étudieront les
candidats internationaux afin de répondre aux besoins de main-d'oeuvre à court
terme ou les priorités gouvernementales changeantes affectera négativement
cette chaîne de capacité de développement stratégique de nos institutions.»
Quand même inquiétant.
La Fédération
des cégeps nous souligne quelque chose de semblable : «La centralisation
du pouvoir décisionnel sur une base
de nature discrétionnaire en ce qui concerne la capacité d'accueil de la
population étudiante internationale dans la main du ministre, ce pouvoir
soulève plusieurs préoccupations car il risque de renforcer les inégalités,
pourrait poser des enjeux d'équité et
pourrait exclure certains aspects importants du débat démocratique.» Quand
même, ce n'est pas rien, là, venant de nos institutions publiques.
«La
prépondérance des objectifs d'immigration sur ceux liés à l'accessibilité aux
études supérieures, les choix de promotion à l'international des
programmes d'études découle des besoins locaux d'accessibilité pour la jeunesse
québécoise, des besoins de main-d'oeuvre en
lien avec les secteurs d'emploi et des ententes partenariales. Quoiqu'un
arrimage avec les objectifs et priorités gouvernementales en matière
d'immigration peut être souhaitable, ceux-ci ne doivent pas être prépondérants sur les objectifs et priorités
en matière d'enseignement supérieur, notamment ceux des cégeps eux-mêmes.»
Et on termine en disant : «L'ingérence dans l'autonomie des cégeps dans
l'adoption de priorités en matière de gestion de
son offre éducative est problématique.» Donc, quand même, il y a des éléments,
là, clés, des éléments forts, des éléments inquiétants.
Mais, vous l'avez... vous l'avez compris, M. le
Président, d'entrée de jeu je soulignais quand même qu'il était important, ceci
dit, de bien ou de davantage réguler l'immigration temporaire, et c'est pour ça
que j'ai soumis plusieurs amendements à travers la discussion qu'on a eue, fort
enrichissante, en étude détaillée. J'en remercie d'ailleurs le ministre, les collègues de l'opposition et,
évidemment, tous les groupes de... qui ont déposé des mémoires, qui nous ont
permis d'avoir des discussions très enrichissantes, tout comme l'équipe de
légistes et tout comme l'équipe du gouvernement, qui nous a permis aussi
d'avancer dans nos discussions.
Et, pour moi, là demeure une possibilité de
réconciliation dans les amendements qui sont déposés aujourd'hui à travers la
prise en considération pour qu'on puisse lier les deux problématiques, lier le
besoin d'assurer un meilleur contrôle de l'immigration temporaire tout en nous
assurant de limiter le moins possible l'ingérence dans l'autonomie
universitaire puis l'autonomie des cégeps. Pour moi, là, la balance est
essentielle.
Et c'est pour cette raison, notamment, que j'ai
proposé un amendement à l'article 52.1 pour qu'on s'assure de consulter les institutions universitaires, les
universités, les cégeps, et autres, dans l'établissement de décisions de
gestion, qui permettra de fixer le nombre de CAQ délivrés, de suspendre
les demandes et d'établir un nombre maximum, donc, par catégorie d'études. Et
donc, si cette discussion-là peut se faire de manière conjointe, en consultation
avec lesdites institutions, je pense qu'il n'y aura pas là d'atteinte
potentielle à leur liberté de gestion puis à leur liberté académique, considérant qu'ils seront part... qu'ils feront part de la
décision et qu'ils seront intégrés dans la discussion. À défaut, si les nombres sont fixés par catégorie, par
niveau d'étude, sans consultation imminente, et directe, et, disons,
foisonnante, et détaillée avec ledit groupe, avec l'université ou le
cégep, voilà là, pour moi, une inquiétude importante.
Et j'ai soumis ces
propositions d'amendement... cette proposition d'amendement là à travers
l'étude détaillée. Malheureusement, je n'ai
pas eu l'écoute suffisante du ministre, et, malheureusement, ces
amendements-là, qui étaient appuyés par l'opposition, d'ailleurs, ont
été battus... ont été battus, ces amendements-là.
Et, pour moi, il y a
là une grave question. Si le ministre refuse d'intégrer dans la loi
l'obligation de consulter les cégeps et
universités, qui ne me semble pas une obligation, là, absolument lourde de
sens, il me semble que ça va de soi, il
me semble que c'est comme ça qu'on devrait fonctionner dans notre réseau
universitaire, dans notre réseau de l'immigration, pour moi, il y a une inquiétude. Si le strict
minimum que la consultation ne peut faire son chemin jusque dans le texte
adopté, pour moi, il y a là indice que ce besoin-là, que cette
nécessité-là ne sera pas consacrée, ne sera pas protégée, ne sera pas enchâssée dans notre texte législatif. Et là,
pour moi, il y a un enjeu qui est éperdument problématique en ce sens où,
si on ne peut même pas aller là, il y a,
pour moi, réelle menace, réelle problématique en lien avec l'autonomie des
institutions qui ne me permettra pas d'appuyer le projet de loi, le cas
échéant.
Alors, je le
redépose, j'espère que la considération puis l'étude auront été suffisantes du
côté gouvernemental pour qu'on puisse
trouver un terrain d'entente, une voie de passage. Le ministre se disait
d'ailleurs, d'entrée de jeu du projet de loi, ouvert aux propositions
constructives de l'opposition. Je pense qu'il y en a une là qui est importante.
Maintenant, dans une
autre mesure, le Règlement sur l'immigration du Québec proposait d'emblée,
d'office, des institutions désignées comme étant aptes à recevoir des étudiants
internationaux. La Loi sur l'immigration... en fait, la future loi, le projet de loi n° 74,
vise à établir un nouveau processus qui est différent, un processus
d'établissement désigné qui fera en
sorte que le ministre désignera... ou, en fait, le gouvernement désignera des
institutions capables de recevoir des étudiants internationaux et
d'autres n'étant pas capables de recevoir lesdits étudiants internationaux.
Bon, il y a là
certains parallèles importants puis intéressants en ce sens où la définition
que nous étions habitués d'avoir dans le
règlement ne suit pas directement celle du projet de loi, en ce sens où plein
d'institutions publiques, là, phares de notre société québécoise
disparaissent. Par exemple, moi, j'ai demandé à ce que les universités du
Québec, là, nos grandes universités, nommons
Sherbrooke, l'UQAM, ETS, McGill, etc., se retrouvent de facto désignées par le
règlement. C'est une demande que j'ai faite de modification,
d'amendement, ce fut rejeté, M. le Président.
• (16 h 10) •
Alors, comment se
fait-il que le ministre veut se voir rassurant tout en refusant de désigner
d'office certaines institutions les plus importantes de notre monde... de nos
institutions académiques québécoises, alors qu'elles l'étaient déjà, désignées,
à même le règlement? L'incapacité du ministre d'aller un petit peu plus loin,
là, puis désigner d'office les universités publiques, désigner d'office les
cégeps publics, pour moi, s'est avérée problématique et le demeure. Et je ne vois pas qu'est-ce que le ministre a à
perdre. Au contraire, nous avons tout à gagner en prévisibilité, et en
protection, et en cohérence à
désigner d'office ceux et celles qui sont le fondement même de notre fierté
académique, nos universités tant importantes.
Alors,
je resoumets cet amendement, qui, pour moi, est un strict minimum dans la
volonté de rassurer une certaine partie
du réseau quant au fait que le projet de loi n'empiétera d'aucune façon sur
leur autonomie. Pour moi, là aussi, il y aura un besoin d'ouverture,
sans quoi il me sera incapable... impossible d'appuyer le projet de loi.
Troisième et dernier
amendement soumis de notre côté, qui l'était d'ailleurs à l'étude détaillée et
qui le sera encore ici, c'est justement de pouvoir baliser la désignation comme
étant un établissement d'enseignement désigné. La loi, le projet de loi n° 74 ne prévoit pas de balises, ne
prévoit pas de critères, ne prévoit pas de procédure de désignation. Tout est laissé à la discrétion du gouvernement,
qui ne nous dit pas qui sera désigné, pour combien de temps, dans quelle
mesure, selon quels critères, ni ne nous informe du processus de perte de
désignation.
On
a eu des discussions sur le droit à l'équité procédurale. Avant de retirer une
désignation, va-t-on informer le cégep,
l'université, le collège de ce qui est retenu contre lui? Va-t-on leur
permettre d'obtenir un droit de réponse? Va-t-on leur divulguer la preuve avant
de retirer une désignation? Et dans quel délai? Dans quelle mesure? Comment
pourra-t-on s'assurer qu'un droit de réponse soit fait?
Parce que, M. le
Président, dans l'étude du projet de loi, le gouvernement nous a fourni un
litige, un recours de 2019 où certaines institutions avaient été visées par des
enquêtes et où on avait décidé de retirer leur capacité de recevoir des étudiants étrangers, où on allait le
faire, mais, suite à leur réponse et suite à leur complément d'information,
finalement, l'enquête avait déterminé qu'il
n'y avait pas besoin d'aller jusque-là. Et, moi, c'est ce processus-là,
administratif, qui évite l'usage de
tribunaux, qui m'apparaissait si essentiel et qui aurait dû être ajouté dans le
projet de loi, je l'ai d'ailleurs soumis par amendement, en étant bien
conscient que tout ça n'est pas tout défini dans la loi et en prévoyant donc
que le gouvernement définira par règlement la façon d'établir la désignation,
ses critères et la façon de retirer une désignation.
Encore une fois,
malgré l'ouverture et malgré la discussion, ça n'a pas été accepté au cours de
l'étude détaillée, mais ça me semble
fondamental de baliser les pouvoirs qu'on permet ou qu'on offre au
gouvernement. Et, encore une fois, là aussi, pour moi, il y a un élément
nécessaire dans la mise en balance entre la protection de nos institutions
publiques puis de leur indépendance académique et la nécessité de mieux
contrôler l'immigration temporaire.
Alors,
évidemment, on verra l'issue de nos discussions, mais, pour moi, il y a là trois
propositions fondamentales, et essentielles, et nécessaires qui nous
permettront de voter, d'avoir notre indicatif final sur le vote, en soulignant
que, oui, le Québec se doit de mieux
contrôler son immigration temporaire, oui, il faut réduire le nombre d'étudiants
étrangers au Québec, mais le projet
de loi, tel que défini, pour moi, dépasse la balance entre les intérêts de
cette diminution-là sur comment c'est fait et dépasse les limites où on
aurait dû s'assurer de la protection de l'autonomie académique, de l'autonomie
de nos institutions publiques, et on aurait dû mieux mettre en balance ces deux
intérêts-là pour qu'on soit potentiellement en mesure de l'accepter. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise
aux voix des amendements
Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention, alors,
les amendements proposés par M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne sont-ils
adoptés?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Rejeté.
Mise
aux voix du rapport
Le rapport de
la Commission des relations avec les citoyens portant sur le projet de loi
n° 74, Loi visant principalement
à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Adopté
sur division. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. À ce
stade-ci, je vous demanderais de bien vouloir appeler l'article 7
du feuilleton.
Projet
de loi n° 61
Adoption
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : À l'article 7 du feuilleton, Mme la ministre
des Transports et de la Mobilité durable propose l'adoption du projet de
loi n° 61, Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant
certaines dispositions relatives au transport collectif.
Je reconnais comme première intervenante Mme la
ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Quelle belle
journée et quel bonheur pour moi d'intervenir cet après-midi! C'est l'adoption finale aujourd'hui, M. le Président. La
semaine dernière, on a fait la prise en considération du rapport de la
commission sur le projet de loi n° 61, dont vous avez
énoncé le titre, Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant
certaines dispositions relatives au transport collectif.
Donc, la
semaine dernière, quand je suis intervenue à la prise en considération, comme
je le fais toujours à la prise en considération, j'ai dit : Je vais
être assez sommaire parce que j'aurai l'occasion de réintervenir à l'adoption
finale, l'ultime étape ou, en fait, non, pas
tout à fait, il y aura éventuellement, sous réserve de l'étape de cet
après-midi, la sanction, mais l'ultime étape qui se déroule ici, dans
notre parlement, du cheminement parlementaire de notre projet de loi n° 61.
Donc,
l'adoption finale... et c'est pour moi un très grand moment, M. le Président,
parce que ce projet de loi là, je
l'ai dit la semaine dernière et je le réitère, il faut bien saisir toute la
volonté politique, toute la vision et tout le leadership qui est
sous-jacent à ce projet de loi là, qu'on a déposé le 9 mai dernier. Des
discours sur le transport collectif, parce qu'il
s'agit à l'évidence d'un projet de loi qui porte sur le transport collectif, des
discours sur le transport collectif, on en entend, M. le Président, à tous les jours, ni plus ni moins, à toutes
les semaines, du moins, ici, dans notre Assemblée, partout, à travers
les médias, dans les diverses tribunes où je me promène depuis un peu plus de
deux ans maintenant comme ministre des Transports. D'ailleurs, tout à l'heure,
vous et moi étions ici, à la période des questions, à 14 heures. J'ai eu une ou deux, peut-être, questions qui portaient
sur le transport collectif. Donc, ça revient continuellement, c'est un sujet
qui est omniprésent. Et je suis ministre des
Transports depuis un peu plus de deux ans maintenant, donc c'est un sujet avec
lequel je dois composer quasi quotidiennement dans le cadre de mes fonctions.
Alors, quand je suis
arrivée, il y a un peu plus de deux ans... puis, encore là, c'est des choses
que j'ai toutes placées... dont j'ai placé
le contexte tout à l'heure à la période de questions, je suis arrivée il y a
deux ans et j'ai fait un certain
nombre de constats. Non seulement le transport collectif est un sujet qui
revient de manière récurrente, mais il y avait aussi tout un ménage à
faire, je vous dirais, en ce qui concerne le transport collectif. Il y a tout
le volet du financement du transport
collectif, qui est une question à part que je n'aborderai pas cet après-midi
parce que ce n'était pas le propos du projet
de loi, mais il y avait quand même tout un travail de redressement, de
débroussaillage, si vous me passez l'expression, à faire sur le financement du transport collectif, où il y a de
l'optimisation à aller chercher de part et d'autre, c'est-à-dire de la part des
sociétés de transport, et il y a aussi des choses qu'on avait à faire de notre
côté, comme gouvernement. J'ai déposé des audits. J'ai déposé, avec le
ministre des Finances, dans le cadre de la mise à jour économique il y a
quelque temps, un
cadre financier long terme, les sommes, presque 880 millions, pour donner
suite à cet engagement que j'avais pris
d'offrir un cadre financier long terme. J'ai envoyé aujourd'hui une
lettre-mandat à la présidente du conseil d'administration de l'ARTM en ce qui concerne les demandes et les attentes
qu'on a envers l'ARTM, notamment une sensibilité et une équité avec les
couronnes nord et sud.
• (16 h 20) •
Donc,
il y a plusieurs actions qu'on a posées pour ce qui est du volet du financement
du transport collectif, plusieurs engagements que j'avais pris auxquels
j'ai donné suite. Et il y aura d'ailleurs des annonces dans les prochains
jours, M. le Président. Je suis certaine que
vous êtes très attentif à l'actualité, donc vous aurez l'occasion de voir
certaines choses passer. Tout ça pour dire que ce volet-là, on l'a aussi
pris en charge. Mais, à côté de la question du financement, il y a la
sempiternelle question de la capacité de livrer des projets de transport
collectif. Et ça, M. le Président, c'est au coeur de plusieurs échanges que
j'ai eus. Je l'ai dit, une des choses que j'ai répétées très, très, très
souvent depuis que je suis arrivée puis dans le cadre des 84 heures qu'on
a passé en commission parlementaire sur le projet de loi n° 61, c'est que tout le monde se pose la même question :
Comment peut-on livrer plus de projets de transport collectif? La réponse à ça,
c'est quoi, M. le Président? En dotant la
nation du Québec, le gouvernement du Québec et la nation du Québec, à travers
son gouvernement, d'une capacité à livrer par lui-même, par elle-même, la
nation, par lui-même, le gouvernement, des projets
de transport collectif d'envergure. Parce que, si on refait la genèse, M. le
Président... parce que cette question-là, je l'ai dit, elle vient
souvent des oppositions, notamment de l'opposition officielle, le Parti
libéral, et de la troisième opposition, le Parti québécois, qui, tous deux, ont
formé le gouvernement. Donc, tous deux ont eu l'occasion de doter la nation du Québec de davantage de capacités à
réaliser des projets de transport collectif complexes d'envergure. Complexes
d'envergure, bon, vous me direz que c'est
peut-être un pléonasme, mais c'est pour dire à quel point ça peut être
compliqué de livrer des projets de
transport collectif structurants d'envergure au Québec. Et donc, si on refait
l'histoire, il y a eu le Parti québécois qui est arrivé au pouvoir en
2012 et qui a quitté le pouvoir en 2014. Ils ont déposé un projet d'agence, qui n'était pas tout à fait la même chose que ce
qu'on a déposé, nous, dans le projet de loi n° 61, qui n'était pas la même
chose, en fait, mais il y avait une volonté
de créer une agence et de se doter d'une capacité nouvelle ou différente de
celle qu'on avait à l'époque, en 2012, au ministère des Transports, et
ils n'ont pas réussi à le faire adopter. Et ça n'a pas fonctionné, ils n'ont pas eu le temps, je ne sais trop. Ils sont restés
environ un an et demi. Mais tout ça pour dire que ça ne s'est pas fait, mais il y avait quand même cet
intérêt-là de leur part dans le sens où eux-mêmes avaient réalisé qu'il y avait
un enjeu de capacité, mais ils n'ont pas réussi à appliquer une solution.
Ensuite de ça sont
revenus les libéraux, qui, je pense aussi, ont fait le même constat, ont voulu
faire un REM dans l'ouest de l'île de
Montréal et se sont probablement heurtés au même constat que le Parti québécois
avait fait et que nous... en tout cas, que moi, j'ai fait en arrivant,
il y a deux ans, et qu'on a fait en arrivant, en 2018, à savoir qu'on est
freinés par notre capacité à faire des projets de transport collectif
d'envergure. Pourquoi, M. le Président? Ce n'est pas une question de faute ou une question de manque de volonté. C'est parce
qu'à part le métro, il y a 58 ans environ, en tout cas, entre 55 et 60 ans, on n'en a pas fait.
On n'en avait pas fait jusqu'en 2015, quand les libéraux ont voulu faire un REM
dans le West Island. Donc, on n'avait pas fait de projet de transport collectif
structurant ici, au Québec. Alors, c'est normal qu'on se dise : Parfait,
on veut en refaire, on veut faire autre chose que le métro. Donc, on part d'où
avec ça?
Alors,
le Parti libéral, à l'époque, a fait le choix de créer une filiale à la Caisse
de dépôt et placement, la CDPQ Infra, qui a réalisé le REM, qui est en
train de continuer de réaliser le REM, une première branche en fonction depuis
le 28 juillet 2023, si ma mémoire est
exacte, vendredi 28 juillet, alors... et ça fonctionne bien, ça
fonctionne de mieux en mieux. Ils
sont en train de finir le REM, le REM qui est un excellent projet. Et c'est la
CDPQ Infra qui le fait. La même CDPQ Infra, d'ailleurs, à qui on a dû demander
de s'occuper du projet de tramway de Québec avec nous, avec la ville de Québec
et avec nous, le ministère des Transports.
Parce
que qu'est-ce qui est arrivé, dans le projet de tramway de Québec? On s'en
rappelle : pas eu de soumissionnaire, pas eu de soumissionnaire.
Nous, on avait donné les décrets pour autoriser les appels d'offres, deux
appels d'offres, l'appel d'offres sur le matériel roulant, qui avait donné lieu
à la signature d'un contrat pour le matériel roulant, parfait, mais le gros
appel d'offres, c'était celui de l'infrastructure. Et en novembre dernier, il y
a tout juste un an, on s'est ramassé, «on»
étant la ville de Québec, avec pas de soumissionnaire pour le projet de tramway
de Québec. Mais tout le monde voulait un projet structurant de transport
collectif à Québec. Alors, qu'est-ce qu'on s'est dit, le gouvernement? On ne
peut pas laisser les choses en plan comme ça si on veut un projet à Québec.
Alors, vers qui on s'est tournés? La CDPQ Infra.
Tout ça pour dire, M.
le Président, que c'est comme si, à ce jour, le destin du développement du
transport collectif complexe, structurant,
au Québec, était littéralement entre les mains de la CDPQ Infra ou, sinon, dans
différents bureaux de projets. Parce que quel est l'autre projet majeur
intéressant qu'on a fait depuis le métro, à part le REM? Le prolongement de la
ligne bleue à Montréal, prolongement de la ligne bleue à Montréal qui était
attendu depuis 40 ans. La CAQ l'a réalisé, on est en train de le réaliser
avec la STM. Donc, c'est la STM qui le réalise, avec son bureau de projets.
Mais il y a une volonté d'avoir de plus en plus de projets de cette nature-là.
Prolonger un métro qui existe déjà, c'est une chose, mais partir de zéro et
élaborer, concevoir, planifier, et réaliser, et faire atterrir, et mettre en
opération, et exploiter un nouveau projet de transport collectif structurant au
Québec, c'est nouveau.
Donc, en dehors de la
CDPQ Infra, on se retrouvait dans une situation où, si la Caisse de dépôt ne
veut pas ou ne peut pas faire un projet, on
ne sait pas quoi faire. Et le meilleur exemple de ça, c'est le REM de l'Est,
qui est devenu, quand la caisse s'est retirée de ce projet-là, le Projet
structurant de l'Est. Parce que, là, bon, on ne présume pas que ça va être un
REM, ça se peut que ce ne soit pas un REM, donc on a changé le nom, mais la
volonté demeure d'avoir un projet de transport collectif structurant dans l'est
de Montréal, avec une ramification sur la couronne nord. Donc, on a avancé ce projet-là dans un comité avec l'ARTM, mon
ministère, la ville de Montréal, la STM, en collaboration, bien sûr, avec
les couronnes, avec Exo, parce que, justement, il y aura un prolongement sur la
Rive-Nord de Montréal.
Et
là on est en phase, justement, d'étude du projet, de conception, et tout ça.
Donc... mais qui va le réaliser? Qui va le
réaliser, M. le Président? On peut continuer de l'étudier, de le peaufiner,
d'aller en... tu sais, là, on appelait ça l'avant-projet préliminaire,
donc on peut continuer de raffiner certaines choses. Évidemment, ça demande
beaucoup de travail de planifier un projet comme ça en termes d'échéancier, de
coûts, de tracé. Il y a beaucoup, beaucoup de travail
qu'on est capables de faire, mais, ultimement, il va falloir le réaliser. C'est
là qu'on veut en venir. Moi, c'est ça que je veux faire. Je veux qu'on soit capables de réaliser des projets de
transport, pas juste de les inscrire à l'étude dans des documents ou
d'en parler dans les médias. Il faut qu'on puisse le réaliser.
Alors, on arrive.
Tout ça pour dire, M. le Président, en 2022, quand moi, je suis arrivée... et
je me dis : Il faut qu'on règle cette question-là de capacité de
réalisation des projets de transport. Ce n'est pas vrai que, dans le futur, à
mesure que les grands centres urbains veulent de plus en plus de projets de
transport collectif, qu'on va dépendre systématiquement de la CDPQ Infra, dont
ce n'est pas la mission de service public d'offrir de la mobilité aux citoyens.
Il y a d'autres considérations à la Caisse,
puis ça se comprend très bien, ils ont des considérations de rendement, ils ont
toutes sortes d'autres enjeux à prendre en compte, puis c'est tout à fait
normal. Alors... Puis, de toute façon, ce n'est pas normal de dépendre
d'une filiale de la Caisse de dépôt. Alors, dotons-nous, une fois pour toutes,
de cette capacité.
Or, M. le Président,
comme vous savez, c'est toujours plus facile de ne rien faire que de changer
quelque chose. Ça a pris beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail pour arriver à
déposer ce projet de loi là. Ça a pris beaucoup de travail, d'abord, à l'interne. Et d'ailleurs j'ai des
représentants de mon ministère qui sont ici, en haut, dans les tribunes, que
je vais nommer un petit peu plus tard, que je prendrai le temps de nommer les
personnes qui ont contribué au projet de
loi. Mais donc, une fois que tu dis : Moi, j'ai cette volonté, je veux
corriger cette situation-là, je veux que le Québec soit capable de
livrer des projets, pas juste aujourd'hui, en 2024, pour nous qui sommes ici,
les 125 du Parlement, mais pour la suite du
monde, pour les générations futures et pour les prochains qui nous suivront,
pour nos enfants, etc., donc je veux
faire ce grand changement au Québec et nous doter d'une équipe spécialisée qui
va être capable de donner suite à nos volontés comme Parlement, comme
exécutif.
Donc, alors, il
fallait le faire, ce projet de loi là. Ça a été beaucoup, beaucoup de travail
de la part de mes équipes du ministère des Transports et de la Mobilité durable,
avec les collègues aussi de certains autres ministères en particulier qui ont
été mis à contribution pour nous aider à faire avancer tout ça, pour, comment
dire, poncer les aspérités à mesure qu'elles
se sont présentées, parce que, quand on fait des changements comme ça,
évidemment, il y a beaucoup de choses
à considérer. Alors, un grand merci à mes équipes, comme je vous dis, j'y
reviendrai aux remerciements, mais à mes équipes, à mes collègues de
certains autres ministères, à tous mes collègues, en fait, du gouvernement
parce que tout le monde a été derrière moi pour qu'on puisse... pour qu'on
puisse présenter ce projet de loi là.
Alors,
à l'inverse de ceux qui nous ont précédés, qui ont soit échoué à régler le
problème ou contourné le problème, d'une certaine façon, bien qu'encore une
fois je vais être très claire, la CDPQ Infra a été une excellente chose,
créer cette filiale-là nous a permis de faire le REM et maintenant nous permet
de faire le tramway, mais ça ne réglait pas le fond du problème et ça ne rendait pas la nation du Québec autonome dans le
développement et la réalisation de ses propres projets de transport collectif.
Alors, aujourd'hui, M. le Président, bien sûr, sous réserve de la sanction, ce
sera chose faite.
Avec le projet de loi
n° 61, on crée Mobilité Infra Québec. C'est un changement de paradigme
complet, M. le Président, en matière de
transport collectif au Québec, parce que, je l'ai expliqué, je viens de passer
10 minutes à l'expliquer, au
lieu de dépendre de toutes sortes de gens, de bureaux de projet, de la Caisse
de dépôt, etc., on va être capables de faire les choses par nous-mêmes. Et non seulement on va avoir le contrôle sur
la réalisation des projets, sur les échéanciers, sur les montages
financiers, etc., mais, en plus, dans ce projet de loi là, il y a deux autres
choses extrêmement intéressantes. Une
chose : des amendements sur la loi sur le réseau structurant de transport de
la capitale qui nous permettait, finalement, avec le tramway de Québec,
j'en ai parlé tout à l'heure, d'avoir cette gouvernance partagée à trois.
Plutôt que d'avoir la ville de Québec qui
était la seule personne en mesure... la seule entité en mesure de réaliser un
projet de tramway à Québec, maintenant on est capable de le faire à
trois, tel que le souhait de... tout le monde, le souhait de la ville, le
souhait de la caisse, le souhait du
gouvernement d'avoir la gouvernance partagée à trois, la ville de Québec, la
CDPQ Infra et le ministère des Transports. Donc, on est venus le camper
dans certaines modifications législatives qu'on a pu insérer dans le projet de
loi n° 61.
Et aussi, et ça, ce
sera aussi en lien avec toutes les possibilités que va offrir Mobilité Infra
Québec, on a introduit dans le projet de loi
n° 61 la possibilité de donner suite à une autre demande de très, très,
très longue date, M. le Président, vous-même qui êtes un élu à Montréal,
vous en avez peut-être entendu parler depuis longtemps de la part de la Société
de transport de Montréal : la possibilité, pour une société de transport
et, bien sûr, pour Mobilité Infra Québec quand elle sera en fonction, la
possibilité de s'associer à des promoteurs privés, au secteur privé, à des tiers,
à des investisseurs privés pour créer des
projets de développement immobilier à même les projets de transport collectif
structurant ou à même les actifs
qu'on possède déjà en ce moment, oui, les futurs projets, mais même les actifs
qu'on possède... qu'on possède déjà en ce moment.
Puis je donnais
l'exemple la semaine dernière, parce que c'est tout récent, la semaine d'avant,
j'étais avec Exo à la gare Lucien-L'Allier, qui va être en fonction le
21 décembre, plus tôt que prévu. Donc, avis à ceux qui utilisaient les trains, entre autres, de Saint-Jérôme, de
Candiac et de Vaudreuil–Hudson, ce sera ouvert plus tôt que prévu, à partir du
21 décembre. Donc, bref, j'étais avec
Exo, et eux sont enchantés à l'idée d'avoir la possibilité enfin de faire du
développement à même leurs actifs, qui est de l'argent dormant, en ce
moment, et qui est du potentiel dormant. Alors, eux me disaient : J'ai déjà des gens qui m'appellent, des gens qui
m'approchent, qui disent : Ça s'en vient-tu? Ça va-tu être adopté? Ça
va-tu... On va-tu pouvoir faire des projets ensemble?
• (16 h 30) •
Et là, M. le
Président, on atteint un triple objectif. Tu sais, qu'est-ce que j'ai, moi,
toujours à l'esprit : être utile pour les citoyens, rendre des services
aux citoyens, livrer les meilleurs projets au meilleur coût puis respecter leur
capacité de payer, aux contribuables québécois. Et là on
atteint un triple objectif en développant des projets de transport collectif
structurant grâce à Mobilité Infra Québec et même via d'autres sociétés de transport
grâce aux modifications qu'on a introduites
pour la possibilité de faire du développement immobilier. On atteint trois
choses. On augmente l'offre de mobilité. Déjà, c'est une bonne chose. On
augmente... On rend possible la construction de logements. Et ma collègue
ministre de l'Habitation a une stratégie d'habitation, on le sait, elle livre
de plus en plus de logements. On a besoin de logements. Alors là, on livre plus
de logements en plus d'augmenter l'offre de mobilité. Et on crée des retombées
financières parce qu'il y a un potentiel de retombées financières, en faisant
du codéveloppement avec le privé, tu peux faire
des arrangements où il y a une redevance ou des... divers arrangements
financiers qui font en sorte que tu es capable de réinvestir cet
argent-là dans le transport collectif.
Alors, est-ce que ce
n'est pas beau, ça, M. le Président? Plus de mobilité, plus de logements et
plus d'argent à réinvestir en transport, qui est donc de l'argent qu'on n'a pas
besoin d'aller demander aux contribuables, pas besoin d'augmenter des tarifs, pas besoin d'augmenter des PQI. C'est de
l'argent qu'on est capables d'aller chercher dans des projets qui sont porteurs, qui remplissent, comme j'ai
dit, un triple objectif et qui sont bons de toutes les façons possibles pour
nos contribuables québécois. Alors, moi, ça m'enchante, M. le Président, parce
que, là, on a un exemple d'un geste législatif qu'on pose, comme
Parlement, comme gouvernement, et qui va vraiment, concrètement, améliorer la
qualité de vie des Québécois, des
contribuables qui paient nos salaires. Pour moi, c'est toujours, je l'ai dit, à
chaque matin que je me lève, à chaque soir que je me couche : Est-ce qu'on
a été utiles pour nos citoyens? Parce que c'est ça, notre fonction, de les
représenter et de faire en sorte d'améliorer leur vie, leur qualité de vie, les
services et les projets qu'on leur livre.
Donc,
c'est extraordinaire, M. le Président, et... Mme la Présidente, je suis
certaine que vous êtes aussi enchantée que celui qui vous a précédée,
d'entendre que ce triple objectif va être atteint, va être atteint : plus
de logements, plus de mobilité, plus d'argent. Qui ne rêverait pas de ça, Mme
la Présidente? C'est un rêve devenu réalité, cet après-midi, Mme la Présidente.
Je sens votre fébrilité d'ici, alors, et je la partage. Je la partage parce
qu'honnêtement c'est vraiment un grand jour : Mobilité Infra Québec, le
développement immobilier et les amendements sur le tramway. Il y a diverses petites choses, aussi, qu'on a faites à travers ce
projet de loi là, mais je vous dirais qu'essentiellement c'étaient les trois
éléments majeurs qu'on se proposait
de venir instituer, finalement, à travers ce projet de loi là. Donc, moi, je
suis enchantée et je suis très fière de ça.
Mais,
je l'ai dit, je n'aurais jamais pu, jamais pu déposer et faire adopter ce
projet de loi là, n'eût été de mes équipes au ministère des Transports
et de la Mobilité durable. J'ai un certain nombre de ces personnes-là qui sont
ici avec moi aujourd'hui. Pour ceux qui ont siégé avec moi en commission,
peut-être vous en reconnaissez certains. On a passé de longues heures ensemble,
enfermés dans la pièce, donc on les connaît. Plusieurs sont venus au micro
successivement, aussi, selon les expertises requises, alors je les en remercie.
Par contre, ce n'est pas tout le monde qui est ici aujourd'hui, donc je vais me
permettre de nommer, Mme la Présidente, je vais prendre le temps de nommer
chacune des personnes de mon ministère et
chez certains partenaires qui... donc, qui ont été déterminants dans la
possibilité de déposer le projet de loi et dans le succès qu'est son
adoption finale aujourd'hui.
Alors,
j'y vais, Mme la Présidente. Donc, du ministère des Transports et de la
Mobilité durable, qui ont participé à la rédaction et à la préparation à
l'étude du projet de loi : Frédéric Guay, mon sous-ministre, Frédérick
Bouthillette, Valérie Maltais, Marie-Claude Corbeil, Caroline Fontaine,
Nikolas Ducharme, Sophie Trudel, Harold Garneau, Jonathan Lavallée, Rachel
Pagé-Bélanger, Guillaume Arsenault, Isabelle Paquet, Johannie Sylvain, Jérôme
Couture, Annie Haché, François Létourneau,
Eric Berthiaume, Édith Bélanger, Yves Guérette, François Lemoyne, Martine
Jacques, Mélany Gagnon, Guillaume
Gagné, Frédéric Marois, Jacky Ouellet, Édith Dufour, Me Steve Paré, Me Maryse
St-Pierre, Me Julie Massé,
Me Caroline Roy. Et d'autres personnes présentes en commission : Me Marie-Claude
Blouin, Me Marie-Pierre Jacob,
Me Valérie Brousseau, Me Stéphane Marsolais, Catherine Bouillon, Luc
Barrette, Samuel Plante, Jessica
Amiot, Nicolas Barrière, Kay Fequet, Ghislain Lebrun, Marc-Antoine Fortin,
Jérôme Unterberg. Et donc c'est ça. Ça, c'est la liste des personnes.
Puis je tiens quand
même à mentionner, là, certaines autres organisations qui ont été très collaboratrices :
le ministère des Finances, le secrétariat du Conseil du trésor, le ministère
des Affaires municipales et de l'Habitation, le ministère de l'Environnement, le ministère de l'Économie, la ville de
Québec, la CDPQ Infra et, évidemment, les sociétés de transport, les
municipalités associées à ces sociétés de transport, Exo, l'ARTM et tout le
milieu, j'ai envie de dire, de la mobilité,
qui, à une étape ou à une autre, se sont soit présentés en commission, ou soit
nous ont déposé un mémoire, ou soit ont été consultés dans la confection
du projet de loi ou des amendements qui ont suivi son dépôt.
Alors, Mme la
Présidente, je l'ai dit, certaines de ces personnes sont présentes ici
aujourd'hui, mais toutes les personnes que j'ai nommées ont fait en sorte
qu'aujourd'hui on est capables de vivre ce grand jour où on crée Mobilité Infra
Québec et on dote le gouvernement d'une capacité inédite à ce jour. En 2024, on
entre dans la modernité, comme l'a fait
l'Ontario, comme l'a fait la Colombie-Britannique, comme le font d'autres nations qui sont très
développées en matière de mobilité.
Et on aura notre propre équipe capable de livrer des projets sans qu'on arrête,
sans qu'on soit obligés de dépendre de tout le monde, de gens extérieurs
au gouvernement. Vous voyez, j'avais même amené mon beau cahier sérieux de projet de loi ici comme ça, juste pour
montrer le document, parce que je pense vraiment que c'est un grand jour,
Mme la Présidente.
Et je veux remercier
et féliciter tout le monde. Au-delà de mes équipes qui m'ont aidé à faire le
projet de loi, il y a évidemment les gens
qui sont venus nous consulter. Je l'ai dit, en dehors des équipes, il y a
toutes sortes de partenaires du milieu de la mobilité. On a rencontré
27 groupes en consultations que ce soit ici, au parlement, ou en Teams,
qui ont pris la peine de venir nous
présenter leurs mémoires. On a reçu 35 mémoires au total, puis dont 27 qui
ont pris le temps de nous rencontrer.
Alors, je
veux remercier tous ceux qui ont envoyé des mémoires, les 35 mémoires, et
en particulier ceux, les 27, qui ont
pris le temps de nous le présenter. Il y avait là-dedans évidemment beaucoup de
choses intéressantes. C'est toujours le cas. Ce n'est pas pour rien qu'on fait des
consultations particulières. On s'en inspire par la suite pour certains
amendements qu'on propose, certains
qu'on adopte, certains qu'on n'adopte pas, que ce soit du côté du gouvernement
ou des collègues des oppositions, mais merci aux 27 groupes et aux
35 qui ont déposé des mémoires.
On a adopté au total, Mme la Présidente,
65 amendements dans le cadre de ce projet de loi là qui avait environ
120 articles. Donc, 65 amendements, c'est dire tout le travail qui
s'est fait en commission et toute l'ouverture aussi, je dirais, de la part de
la partie gouvernementale, parce que ces amendements-là qui ont été adoptés ont
été déposés par des collègues partout autour
de la table, tant le gouvernement que la première, la deuxième, la troisième
opposition, et ça a été un travail collégial.
Je suis obligée de dire que j'ai eu des
inquiétudes au départ, quand on a commencé l'étude détaillée, et j'ai vu qu'on a passé près de 25 heures sur un seul
article. Je me suis interrogée très, très sérieusement sur la volonté réelle
des collègues de l'opposition de faire en sorte que le projet de loi
serait adopté avant le 6 décembre, mais je dirais que mon inquiétude a
pris de l'ampleur au fil des semaines, à mesure qu'on passait des semaines
complètes sur ledit article 4, pour ne pas le nommer, mais, du jour au
lendemain, ça a débloqué, Mme la Présidente. Alors, je ne sais pas si c'est une
nuit qui a porté particulièrement conseil à un moment donné, mais toujours
est-il que, le lendemain, on s'est mis à avancer et, la semaine dernière, mardi
dernier, mardi soir plus précisément, on a terminé l'étude détaillée.
Alors, je veux remercier mes collègues,
évidemment, tous mes collègues députés qui m'ont accompagnée, mes collègues de
la banquette gouvernementale. J'en ai plusieurs qui ont été là pas mal tout au
long de l'étude des 84 heures en question, certains qui sont venus aussi,
qui se sont ajoutés, qui sont toujours d'un très, très grand soutien.
Je vais avoir
une petite mention pour le député de Masson, qui a fait certaines
interventions. On se souvient, là, il y a eu... À un moment donné, il
fallait choisir entre deux verbes. Ça a donné lieu à un débat étonnamment long
et amusant, je dois dire, sur le choix du verbe, et je pense, si ma mémoire est
bonne, que c'est le député de Masson qui a tranché en déposant un
sous-amendement pour changer le verbe pour un autre. Enfin, bref, je le disais
ce jour-là, c'est le legs du député de
Masson en matière de mobilité au Québec. Mais, évidemment, que ce soit le député
de Masson ou tous mes autres collègues qui ont été là tout au long du
processus, un très, très grand merci, toujours plaisant d'être si bien entourée, mes collègues des oppositions aussi
qui étaient en face. Je l'ai dit, au départ, peut-être un départ un peu plus
lent, mais finalement ça a débloqué. Alors,
un très très grand merci, parce que ça fait en sorte qu'aujourd'hui, le
3 décembre, le 2 décembre, en tout cas, on est capables d'être
à l'adoption finale et on sera capables de sanctionner le...
Il me reste trois minutes?
Une voix : ...
• (16 h 40) •
Mme Guilbault : Ah! Le 3 décembre. Oui, oui, O.K., pardon, c'est ça,
en fait, le 3 décembre. Donc, on sera en mesure de sanctionner ça cette
semaine et on va partir à Noël l'esprit en paix, en sachant qu'on a fait
avancer notre Québec, Mme la Présidente.
Donc, sur ce, je ne veux pas parler trop
longtemps pour rien. Je pourrais passer une heure à vous dire à quel point je
me réjouis de l'adoption de ce projet de loi là, mais je veux laisser justement
le temps aux autres de faire procéder les travaux, parce qu'on a beaucoup de
choses à faire avant le 6 décembre, où la session se termine, mais, Mme la Présidente, je m'en voudrais de ne pas
rappeler, pour votre bénéfice personnel et pour celui de toutes les personnes
qui sont à l'écoute, qu'aujourd'hui on franchit une étape extrêmement
importante et on dote notre nation du Québec de
la capacité de prendre le contrôle du destin de son propre transport collectif
en n'ayant plus à dépendre d'organisations extérieures et en n'ayant plus à
être confinés ou cantonnés à des stades de planification et d'études éternelles
parce qu'on ne sait pas à qui confier la réalisation des projets.
J'ai beaucoup donné, en commission
parlementaire, le fameux exemple du Projet structurant de l'est, l'est de Montréal, la couronne nord. On en a besoin. Il y a
déjà le tramway qui avance à Québec, mais, dans le futur, on aura d'autres
besoins ailleurs, Mme la Présidente. Et, enfin, enfin, le gouvernement du
Québec aura la possibilité de contrôler son propre destin et de réaliser ses
propres projets, encore et toujours pour le bénéfice de nos citoyens, les
meilleurs projets aux meilleurs coûts, en respectant leur capacité de payer.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la ministre. Maintenant, nous allons poursuivre avec
l'intervention de M. le député de Nelligan.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Très heureux de prendre la parole. En fait, nous sommes rendus à la
dernière étape de ce projet de loi, un
projet de loi où nous avons eu l'occasion de rencontrer plusieurs groupes et
échanger avec eux des mémoires, pas mal de mémoires, et
nous avons eu quand même pas mal d'heures de grand plaisir en commission
parlementaire, Mme la Présidente, parce que, si nous sommes là, et les
contribuables paient nos salaires, c'est
pour qu'on puisse travailler. Et j'ai entendu, tout à l'heure, Mme la ministre
parler de l'article 4, parce que, Mme la Présidente, c'est le coeur
du projet de loi. Je vais en revenir à l'article 4 un peu plus tard.
Alors, Mme la Présidente, pourquoi nous sommes
rendus là? C'est la question qu'il faut se poser, pendant que le gouvernement
gèle de l'embauche un peu partout, pendant qu'on coupe dans les services de la
santé. Vous avez vu l'agence. L'agence de
santé lancée est devenue une agence de recouvrement, figurez-vous. L'agence de
santé qui a été lancée, inaugurée...
bâillonné, le projet de loi de l'année dernière, même, même, même période que
l'année dernière. Cette agence a déjà commencé à exécuter le plan de
coupures budgétaires du gouvernement caquiste. Donc...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui,
vous avez une intervention au règlement? Juste un instant. Je vais vous laisser
la parole, sinon on ne vous entend pas. Moi, je suis debout, les micros sont
fermés, on ne vous entend pas, donc vous parlez dans le vide. Je vous cède la
parole.
M. Lévesque (Chapleau) : Mme la
Présidente, je vais invoquer, à ce stade-ci, l'article de la pertinence. Nous
sommes sur Mobilité Infra, et on parle de santé. Donc, peut-être rappeler le
député, là, le leader de l'opposition, là, sur la pertinence du débat actuel.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui, effectivement, nous sommes sur le projet de
loi n° 61. Par contre, je pense que
le député de Nelligan essaie de faire une comparaison entre les deux projets de
loi. Donc, nous allons l'inviter à poursuivre le débat. Et soyez patients.
Alors, allez-y, M. le député.
M. Derraji : Mme la Présidente, je
n'ai jamais pensé que mes propos vont pousser le leader adjoint à se lever pour dire et évoquer la pertinence, mais je tiens
à vous remercier parce que vous avez réussi à le remettre à l'ordre, parce que,
vraiment, la pertinence, elle est là. Mais, du moment qu'il m'ouvre la porte,
parlons de pertinence, parlons de pertinence. Parce que, Mme la Présidente, en une seule année, en une
seule année, j'ai un gouvernement qui gèle l'embauche partout, qui coupe
dans les budgets, et qu'est-ce qu'il donne à la population québécoise? Une
agence de santé. Mais je sais que ça lui fait mal, je sais que ça fait mal
parce que vous n'avez pas de résultats. Je sais, et j'en suis sûr et certain,
qu'il est bombardé, dans son propre comté, par des messages que des gens
attendent dans les listes d'attente, pas d'accès aux urgences, des listes
infernales de chirurgie. Je sais que ça fait réagir, je le comprends, parce que
faire face à la musique, c'est toujours difficile, Mme la Présidente. Je
comprends. À sa place, je serais gêné d'expliquer ça à la population, la pertinence d'une agence de santé, encore moins la
pertinence d'une agence de transport, Mobilité
Infra Québec. Mais vous avez
eu le mot juste.
Ce que j'essayais de faire, Mme la Présidente,
c'est expliquer à ceux et aux personnes qui nous écoutent que nous sommes
aujourd'hui devant un projet de loi, de la ministre des Transports et de la
Mobilité durable, qui veut créer une
nouvelle agence et une nouvelle structure. Les caquistes, depuis très
longtemps, les anciens adéquistes, les péquistes recyclés à l'intérieur de la CAQ, les anciens libéraux aussi à
l'intérieur de la CAQ vont le comprendre, Mme la Présidente : Les valeurs caquistes et adéquistes de la taille
de l'État, elles sont où? Les gens ne se reconnaissent plus, Mme la Présidente,
dans les actions de ce gouvernement, et c'est pour cela que je voulais
clarifier, dès le départ, le pourquoi, et pourquoi nous sommes rendus à créer
une agence, et pourquoi le gouvernement crée une agence de Mobilité Infra.
Mais, je vais vous le dire, c'est zéro
projet réalisé en matière de transports. La ministre du Transport et de la
Mobilité durable ne peut pas se
vanter qu'elle a inauguré un projet, malheureusement. Elle parle du REM, mais
elle oublie de parler de la Rive-Nord, le REM se rend jusqu'au comté de
son collègue ministre de l'Environnement, elle l'oublie. Elle oublie aussi
l'antenne de la Rive-Sud. Il n'y a pas
uniquement l'ouest de l'île, Mme la Présidente, mais, si elle veut, je peux
déposer en Chambre, pour son bénéfice, le tracé du REM, ça va l'aider à
comprendre, le tracé du REM. À chaque fois qu'elle parle du REM... Parce
que, je sais, ça fait mal. Vous savez que ça fait deux mandats, et ils n'ont
pas réalisé aucun projet en transport. Ça
fait mal, comme bilan. Ça les touche, Mme la Présidente. Et qu'est-ce qu'on
fait? On crée des structures. Quand ça ne va pas bien, on crée des
structures. C'est devenu le modèle caquiste en infrastructures.
Alors, voilà, Mme la Présidente. J'espère que
Mme la ministre, maintenant, va demander à ses équipes de lui préparer les
tracés du REM, parce que le REM n'est même pas encore lancé à l'ouest de l'île,
mais il est fonctionnel et il ramène des
gens, il ramène des gens de Saint-Jean-sur-Richelieu, de La Prairie, de
Longueuil, hein? Ce sont des comtés caquistes... Ils oublient que le REM
n'aide pas les gens de la Rive-Sud.
Alors, Mme la Présidente, avec cette
introduction, je voulais démontrer... mais je ne savais pas qu'au bout de
quelques secondes le leader adjoint va se lever. C'était quand même un peu
ordinaire, mais, du moment qu'il veut parler
de la pertinence, j'ai le goût d'interpeller le collègue leader adjoint. Il
répond quoi à ses concitoyens qui voient que le gouvernement a perdu le contrôle des finances publiques, un
gouvernement qui est presque rendu à 15 milliards de dollars
de déficit, qui veut, aujourd'hui, parce qu'ils ont échoué en matière de
transport collectif, lancer une nouvelle agence? Une agence qui va faire quoi, Mme la Présidente? S'occuper des choses
que la CAQ n'a pas pu réaliser. Mais, je vous ai dit, ça fait mal au coeur que ton bilan se résume à
quoi, hein? Des annonces. C'est le fun, couper le ruban, mais, malheureusement,
il n'y avait pas de ruban à couper
dans le transport. La seule réalisation : elle a été invitée, Mme la
ministre des Transports, à inaugurer le REM, je vais le dire, c'est elle
qui me le dit souvent, le REM libéral, c'est ça, parce que... Ça fait mal, Mme
la Présidente.
Vous voulez que je vous parle du troisième lien?
Je vous parle du troisième lien. En fait, ce qui est fascinant, avec le
troisième lien, c'est le volte-face. Je donne le crédit à une journaliste, qui,
elle, parlait du re-re-volte-face. Parce qu'il
y avait le premier volte-face, le deuxième, re-volte-face, et le troisième,
re-re-volte-face. Ça, c'est la réalisation de Mme la ministre. Figurez-vous, Mme la Présidente, elle n'était même pas
capable de laisser passer le tramway à Québec que, 24 heures plus
tard, elle annonçait à tout le monde qu'il y avait 23 entreprises
intéressées par quoi? Par le troisième lien.
Mais, quand j'ai envoyé une demande d'accès, on m'a refusé le dévoilement des
compagnies intéressées, compagnies intéressées,
je tiens à le préciser, pour les gens qui comprennent, en gestion de projet...
J'en suis sûr et certain, ma collègue la députée lavalloise, j'essaie de
chercher le comté... Laval-des-Rapides? Non.
• (16 h 50) •
Une
voix : ...
M. Derraji : Fabre,
Fabre. L'excellente députée de Fabre, elle, elle s'y connaît, en gestion de
projet. Il n'y a pas d'appels d'offres, il n'y avait pas d'appels d'offres dans
le cadre de l'appel lancé par la ministre des Transports et de la Mobilité
durable. Est-ce qu'on peut comprendre à... Mme la ministre qu'appeler les gens
pour leur dire : Je suis intéressée par le troisième lien, ce n'est pas
une grande réalisation? Il n'y a pas de tracé, il n'y a pas de budget. C'est
les éléments de base d'une gestion de projet. Je ne suis pas un expert en gestion
de projet, Mme la Présidente, j'ai d'autres
expertises, mais, malheureusement, quand je lis la gestion de projet... Mme la
ministre, ça sert à quoi, faire une conférence de presse pour parler de
23 entreprises intéressées? Il n'y avait pas d'appel d'offres.
Alors,
Mme la Présidente, vous savez que ça fait mal, dans ta propre région, dans ta
propre région, dans la propre région
de Mme la ministre... il y a quelques années, elle était ministre responsable de la Capitale-Nationale. Regardez combien d'années
perdues pour le tramway. Troisième lien, deux élections, là, maintenant, on
s'en va vers une autre élection où la CAQ va, encore une fois, promettre
aux gens de la Capitale-Nationale un autre lien interrives.
Alors, Mme la
Présidente, malheureusement, ce constat, il est très important, et je voulais
absolument prendre les premières
10 minutes pour dire aux gens qui nous écoutent, qui nous suivent, que,
malheureusement, l'échec caquiste en matière d'infrastructures, surtout
en transport, il est flagrant. Et je lui ai lancé le défi : Nommez-moi un
seul projet initié, réalisé par la CAQ. Ils ont hérité de
7 milliards de dollars. Ils nous laissent 15 milliards en date
d'aujourd'hui. Je ne sais pas il sera quoi, le déficit, dans deux ans, au moment
où la CAQ va quitter le pouvoir, mais, encore une fois, il y a zéro projet
réalisé.
Ce sont les faits,
Mme la Présidente, mais je sais que ça fait mal. Ça fait mal parce qu'au bout
de la ligne la CAQ s'est réveillée un jour pour dire : Écoute, en santé,
on a des enjeux, qu'est-ce qu'on fait? On sépare les opérations des
orientations, et ils ont créé la fameuse agence de santé. Et, en transport,
c'est la même chose, Mme la Présidente, vu
l'échec caquiste en matière de transports, vu que la ministre n'a pas, à son
actif, aucune réalisation, ils se sont dit : La meilleure chose, on va vendre encore une fois aux
Québécois qu'on a trouvé la solution magique, et la solution magique, encore une fois, c'est créer une structure. Mais
je tiens à préciser un élément important. J'ai mes collègues porte-parole.
J'ai mon collègue, l'excellent député de l'Acadie, qui, depuis plusieurs
semaines, parle de quoi, parle de la francisation. Le ministre coupe dans la
francisation. J'ai ma collègue et, d'ailleurs, ma députée de Robert-Baldwin,
elle parle du financement au niveau de la
DPJ. Elle parle des femmes, manque de places en hébergement. Est-ce que le
gouvernement a créé... Non. Je parle
de ma collègue la députée de La Prairie qui, elle, se lève depuis longtemps par
rapport à la longue liste d'attente
au niveau des personnes âgées, la liste d'attente qui explose. Je parle de ma
collègue la députée de D'Arcy-McGee qui,
aujourd'hui même, s'est levée pour parler au nom des itinérants. Je parle de ma
collègue la députée de Saint-Laurent qui, elle, parle de l'accès à
l'éducation et d'autres sujets, bien entendu. Mais, si je prends juste
l'ensemble des collègues présents
aujourd'hui au salon rouge, tous demandent, avec raison, au gouvernement, des
investissements justes. La réponse du gouvernement, toujours : On
doit atteindre l'équilibre budgétaire. Mais au détriment de qui? Au détriment
de qui? On l'a dit aujourd'hui, le collègue député de Pontiac s'est levé pour
poser une question en matière de santé.
Donc, ce qu'on doit
comprendre aujourd'hui, le gouvernement qui a perdu le contrôle des finances
publiques veut réaliser des économies, veut
réduire les dépenses, et on le voit en matière d'itinérance, en matière de
francisation, en matière des soins aux aînés, en matière de violence
conjugale, en matière de la DPJ. On la voit, leur réponse : On a un problème de pénurie de main-d'oeuvre. Mais, mais,
en parallèle, le gouvernement veut créer une agence. Comment vous pouvez
expliquer cela?
Je
viens de vous nommer cinq ou six dossiers où le gouvernement est en train de
couper. Vous avez vu, aujourd'hui, des
gens de Sept-Îles doivent venir à Québec parce que le département d'obstétrique
est fermé, et, en parallèle, le gouvernement trouve les moyens pour créer une nouvelle agence, une agence qui doit
faire le même travail ou presque qu'on faisait déjà à l'intérieur du
ministère des Transports et de la Mobilité durable.
Donc,
quand je vous ai dit que le non-dit de la création de cette agence, c'est juste
dire : On va gérer le transport d'une autre manière, on va créer
une structure, on va nommer une «top gun», on va lui donner un haut salaire...
Et d'ailleurs le premier ministre n'arrêtait pas de parler des gros salaires et
qu'il voulait augmenter les salaires. Effectivement, il a réussi dans deux
agences. Parce que vous avez vu les salaires de la «top gun» au niveau de
l'agence de santé, 500 000 $, avec une voiture de fonction,
l'ensemble des vice-présidents. Bien, au fait, c'est ce que la ministre des
Transports va commencer à faire dans les prochains jours.
Donc,
au même moment, ce gouvernement, votre gouvernement gèle l'embauche partout.
Les coupures affectent l'ensemble des services publics que je viens de
vous nommer. Au même moment, où même économiquement parlant la CAQ est en train de nuire à beaucoup
d'entreprises, j'ai un gouvernement qui trouve ça bon, qui trouve ça juste,
créer une nouvelle agence pour gérer ce qu'il n'a pas pu gérer les six
dernières années.
Donc, pour les gens
qui nous écoutent et qui disent : Qu'est-ce qui se passe dans la tête de
ce gouvernement, bien, je vais vous
répondre : Moi aussi, je ne comprends plus rien, parce qu'un gouvernement
qui s'est donné le mot de couper... D'ailleurs, mon collègue le député
de Pontiac a donné un nom à l'agence de santé, c'est devenu l'agence de
recouvrement, parce qu'ils sont en train de collecter le 1,5 milliard de
dollars.
Alors,
je devais absolument, Mme la Présidente, faire cette précision, parce
qu'au-delà de mon poste de porte-parole dans le dossier des transports et de la mobilité durable, je suis aussi
leader du gouvernement, et l'avantage d'être leader, c'est que je côtoie
tous mes collègues, qui font un travail exceptionnel, qui défendent des
populations vulnérables. Je ne peux pas rester insensible aux doléances de mes
collègues, comme ma collègue qui a participé, la semaine dernière, à un sommet sur l'itinérance, et elle a vu la
détresse, elle a vu que les gens demandaient une petite augmentation dans le
programme qui s'appelle le programme PSL. Parce qu'il y a des gens qu'on
n'arrivait pas à leur trouver un logement, et ils se ramassaient, par la force
de la nature, à l'extérieur, en... parmi les itinérants.
Quand je vois la situation
au niveau de la DPJ, quand je vous dis, Mme la Présidente, quand même, au niveau
des services sociaux, mes collègues me sensibilisent chaque jour, que le
gouvernement est en train de perdre le contrôle parce qu'il n'y a pas assez d'investissements, c'est parce que le
gouvernement est en train de couper. Quand c'est rendu qu'un gouvernement
nationaliste coupe dans des cours de francisation, c'est ça, la situation des
finances publiques.
• (17 heures) •
Et je l'ai mentionné, Mme la Présidente,
j'aurais aimé, j'aurais aimé que Mme la ministre, qui trouvait que ça a été long, ça a été long, le travail, mais depuis
quand, faire une commission, c'est long? C'est notre rôle. Heureusement.
Mais je veux vous citer quelqu'un, un
collègue caquiste, quand il était dans l'opposition, qu'est-ce qu'il disait de
l'agence, l'actuel ministre de la Cybersécurité : «Créer une
agence, c'est créer une agence de favoritisme. Créer une agence, c'est créer
une instance qu'on éloigne du contrôle parlementaire.» Ce sont les propos
justes de l'actuel ministre de la Cybersécurité,
anciennement député caquiste au niveau de l'opposition. C'est ce qu'il pensait.
C'est ce qu'il pensait de l'agence. Mais je vais vous surprendre. Je l'ai
invité à venir en commission parlementaire par une motion préliminaire.
La ministre a refusé d'entendre son
collègue. Comment on peut se priver, Mme la Présidente... Aujourd'hui, on
s'est déjà privé parce qu'elle a refusé, elle a voté contre la motion
préliminaire, d'entendre en commission parlementaire le ministre de la
Cybersécurité, qui, lui, avait beaucoup de choses à dire sur la création d'une
nouvelle agence.
Donc, ça, c'est un élément important. Parce que
je voulais et je veux absolument que les Québécois qui nous écoutent, s'ils
cherchent le pourquoi de la perte du contrôle de ce gouvernement, c'est très
simple, c'est que, face à l'absence des résultats, l'absence de couper du ruban
et célébrer la création, le lancement de liens ou de projets structurants en
transport, c'est zéro, et il n'y aura rien, même d'ici les deux prochaines
années, parce qu'ils manquaient de vision au début de leur mandat, ils n'ont
pas initié des projets. Et je sais que la jalousie, parfois, affecte le
cerveau. La seule réalisation que la ministre a pu lancer, c'est le REM,
l'antenne de la Rive-Sud qui ramène la population de la Rive-Sud jusqu'au centre-ville. Mais je tiens à lui rappeler, parce que
je sais que ça lui fait mal un peu, c'est un REM libéral, comme elle le
nomme.
Donc, maintenant, on comprend, le Québec vit
dans une période très difficile, des coupures que mes collègues, depuis plusieurs semaines, ne cessent de rappeler,
des services publics affectés par la pseudo-rigueur budgétaire, parce que
ce gouvernement a dilapidé les surplus, a mal géré l'argent que les Québécois
lui ont donné... vient, aujourd'hui, au salon
rouge, vous demander d'applaudir la création d'une nouvelle agence. Est-ce que
les collègues caquistes se parlent? Est-ce
que les collègues ministres caquistes se parlent quand la ministre des Transports leur demande un 10 millions de dollars
pour une nouvelle agence? Et, quand ils voient les problèmes à la DPJ, au
niveau de l'itinérance, au niveau de la francisation, au niveau des aînés,
c'est silence radio. Il n'y a pas d'enjeu? Il n'y a pas d'enjeu?
Quand on voit ma collègue la députée de
Saint-Laurent parler de la redistribution des blocs d'énergie et qu'on
réservait ça à Northvolt... Ça fait trois mois... Ça a été sa première
question, libérer les blocs d'énergie. Il fallait attendre le courage
nationaliste caquiste pour dire : On est ouverts, parce que, maintenant,
Northvolt nous permet de le faire. Wow! Quel
courage. Franchement. Franchement. Heureusement, la députée, l'excellente
députée de Saint-Laurent avait vu juste au mois de septembre :
Québec d'abord. Libérez l'énergie. Ça a été ça, son combat de la dernière
session.
On dirait que
je suis en train de faire le bilan de la session. Mais vous savez quoi? Je vais
me gâter, Mme la Présidente, parce que je suis outré de voir un gouvernement
dilapider l'argent public, outré de voir que j'ai mes collègues qui,
chaque jour, me challengent sur les
questions. Ils me demandent : Monsef, ça ne se peut pas. Ça, ce sont les
propos de ma collègue la députée de... je l'ai même imitée, députée de
Robert-Baldwin. Ça ne se peut pas, hein, ça ne se peut pas. Hein? C'est comme ça? Voilà. Parce qu'elle a raison. Regardez
ce qui se passe au niveau de la DPJ. Et là, non. Écoutez, la ministre des Transports, elle, elle veut
son agence, parce qu'au Québec on a besoin d'une agence pour faire fonctionner
les projets de transport collectif qu'on n'a pas fait fonctionner les
dernières années. Wow! Quelle innovation! Il fallait passer six ans pour
comprendre que ça nous prenait une agence.
Alors, Mme la
Présidente, je suis désolé de dire, aujourd'hui, qu'au Parti libéral du Québec on va jouer notre rôle. Et on trouve ça
inacceptable, dans un contexte de restrictions budgétaires, que le gouvernement
continue de dilapider l'argent public.
Je vous dis, Mme la Présidente, je remercie le
leader adjoint du gouvernement. Vous savez, il m'a donné le goût de parler. Ce n'était pas prévu, mais il m'a
donné de l'énergie, il m'a «boosté». En fait, c'est comme si j'étais en mode
seringue vitaminée. Parce que, quand il m'a
parlé : Voyons donc, il n'y a pas de comparaison à faire avec l'agence de
santé. Franchement, cher collègue, une année plus tard, on voit que
votre agence de santé frappe le mur. Et vous voulez qu'on vote pour l'agence de
transport? Franchement. Alors, Mme la Présidente, ça a été un avant-goût de ce
qu'on pensait de l'agence.
Maintenant, pour les gens qui se posent la
question : Est-ce que vous avez donné quand même une chance à la ministre
d'étudier son projet de loi? Bien évidemment. Pensez-vous que je vais siéger
dans ce projet de loi avec deux excellents
collègues, le député de l'Acadie, qui était là pour des motions préliminaires,
et l'excellente députée de Saint-Laurent, juste parce qu'on veut être
là? Mais non. On a mené des combats et on a mené des combats justes.
Et je vais
vous dire pourquoi voter contre, parce
que c'est très simple. Je vous donne
un exemple... Et je vois, avec grand intérêt, le regard de la ministre du
Tourisme, que j'apprécie parce que, dans un passé lointain, elle m'a interviewé
dans le cadre d'une émission. Si je vous pose la question suivante...
Une voix : ...
M. Derraji : Je
suivais. Vous recrutez des gens, des experts. Vous recrutez des experts. Est-ce
que, si vous recrutez des experts autonomes, vous allez juste leur dire
quoi faire, et ils doivent l'exécuter? A. B, vous recrutez des experts et vous leur dites :
Écoutez, soyez autonomes, vous devez innover, je vous donne une carte blanche,
entre guillemets, mais je compte sur
vous, parce que la vision de la mobilité durable est tellement importante, on
doit inclure aussi l'aménagement du territoire, et revenez-moi avec des
propositions? Quand Mme la ministre disait que, pendant plusieurs semaines,
avec raison, mon collègue le député de
Taschereau, moi-même, d'autres collègues qui m'ont accompagné... Ça a été ça,
le fond du projet de loi, et, malheureusement, il y avait zéro
ouverture.
Mme
la Présidente, je viens de l'école où... J'ai passé pas mal ma vie dans le
secteur privé. Quand je recrute quelqu'un, je veux qu'il soit complémentaire, premièrement, à l'équipe, parfois
plus compétent que moi, parce que je veux qu'il me ramène vers le haut. Et
c'est exactement le même principe que nous avons appliqué à l'intérieur de
l'étude détaillée de ce projet de
loi. Le fond du problème, c'est que la ministre, qui veut créer une agence,
était contre, figurez-vous, l'autonomie des experts. Je ne sais même pas si, dans le caucus caquiste, elle est
venue vous présenter ou vous parler qu'elle ne comprenait pas pourquoi les oppositions bloquaient, parce
que, pour elle, on bloquait. À un certain moment, même, elle a dit filibuster,
mais, si, Mme la Présidente, on voulait filibuster, on avait tous les moyens.
Mais le problème, il
était le suivant, Mme la Présidente, la ministre avait une lecture, je
dirais... je pense même... je ne pense même
pas que l'administration ou les fonctionnaires avaient besoin de ça, c'est
qu'elle était réticente. Elle ne voulait rien savoir. Elle ne voulait
rien savoir de l'autonomie et de ces experts, mais elle disait sur toutes les tribunes : Écoutez, on a un problème
d'expertise au Québec. Chers collègues caquistes, ce sont les propos de votre
ministre. Elle disait sur toutes les tribunes : On a un problème
d'experts au Québec, puis, du moment qu'on a un problème d'experts au Québec,
je crée une agence et je mets tout le monde à l'intérieur de cette agence.
Mais, si on fait cela et on ne leur donne pas l'autonomie, ça veut dire... ils
doivent juste exécuter ce que le politique va leur demander.
• (17 h 10) •
Comment vous allez
valoriser ces experts? Pensez-vous réellement qu'un expert va juste travailler
pour le salaire et pour exécuter les mandats du politique?
Merci, Mme la
Présidente. Je vous seconde dans ce que vous venez de dire. Donc, voilà. Voilà.
On ne peut pas. On ne peut pas voter pour ce
projet de loi parce que, tout simplement, on s'en va vers le mur. À part
l'aspect financier, c'est que, sur le fond, j'ai essayé de trouver un
élément positif, mais il n'y en a pas.
Il
y a un élément, je vais vous le dire. Par honnêteté intellectuelle, je vais
vous dire c'est quoi, c'est quoi, l'élément positif, mais dire
aujourd'hui qu'on va créer une agence et lui donner 0,0 autonomie,
excusez-moi, il y a une limite. Parce que,
sinon, créons une division à l'intérieur du ministère des Transports. Pourquoi
créer une agence qui va nous coûter de l'argent? Il est où, le discours
caquiste de l'efficacité de l'État? Je suis gêné, Mme la Présidente. C'est les
caquistes qui parlaient de
l'efficacité de l'État. Là, maintenant, on crée une autre structure, on va
changer les salaires de ces fonctionnaires ou de ces experts, mais on l'a, le ministère des Transports. Le
ministère existe. Le ministère existe. Le ministère existe, et,
d'ailleurs, la ministre des Transports, ça fait un an, elle a reçu un rapport
accablant sur l'état des routes.
Donc, Mme la Présidente,
c'est un élément extrêmement important que, malheureusement, le Parti libéral
ne va pas appuyer. Parce qu'on peut acheter l'idée d'avoir... qu'une agence
peut servir à accélérer certains projets, mais, quand tu recrutes des experts
et tu passes tout ton temps à dire que j'ai besoin de ces experts, parce qu'on
n'a rien fait, ça fait très longtemps, au Québec, pas de métro, pas de REM et
on n'a pas d'expert, je peux le comprendre. Mais, malheureusement, il a refusé
de leur donner de l'autonomie. Et ce n'est pas vrai, qu'on n'a pas essayé. Mon
collègue de Taschereau a essayé, le député
des Îles-de-la-Madeleine a essayé, j'ai essayé moi-même, pas une fois, pas
deux, pour lui dire : Attention! Tu ne peux pas plaider
publiquement que tu voulais des experts et, de l'autre côté, les empêcher
carrément d'être autonomes. Je ne connais aucun expert qui va être recruté et
aimer le mandat de l'agence et non pas être
fonctionnaire au ministère des
Transports, à qui on va lui
dire : Écoute, tu viens, commences, s'il n'y a pas de projet, bien, tu
peux continuer à tourner les pouces, voilà, parce qu'il n'y a pas de commande
politique, il n'y a pas de projet sur lequel tu vas travailler. Donc,
ça, c'est un élément majeur, fondamental, et je ne peux pas le cautionner.
Deuxième élément, et
c'est un élément... la ministre est experte, parce que, d'ailleurs, sur le
tableau et... Pour les gens, si vous voulez vraiment voir un excellent échange,
allez-y, sur le site de l'Assemblée nationale, et regardez l'échange de ma collègue
la députée de Saint-Laurent avec la ministre, où d'ailleurs, je tiens à vous le
dire, je ne sais pas, ma collègue, si tu le savais, mais la ministre n'utilise
plus les mêmes tableaux, les mêmes graphiques. Parce qu'il y avait une question
très simple : Est-ce que c'est en dollars constants ou en dollars courants?
Merci. Et nous avons demandé le dépôt de ce
document. Et, dans le document, il y a les gouvernements au pluriel, hein, ma
collègue, elle y va toujours au petit
point-virgule, parfois, moins... parfois virgule, mais elle y va, le
point-virgule. Mais, les gouvernements au pluriel, Mme la ministre, dans
sa façon de présenter le document, elle a oublié qu'il y a un gouvernement qui
s'appelle le gouvernement fédéral, qui contribue aussi, mais, pour bien
présenter le tableau, gouvernements au pluriel, mais il y a juste une seule
case.
Bref, pourquoi je
vous dis ça? Parce que le nerf de la guerre, c'est le financement, et,
malheureusement... Vous avez vu, la semaine dernière, je parlais d'un PSE,
c'est un plan structurant de l'est. D'ailleurs, j'ai pas mal de collègues caquistes qui attendent ce projet. Le maire...
Vous avez vu le maire qui a fait une sortie accablante sur le retard. Mme la ministre, tout à l'heure, c'est comme... elle a
insinué à quelque chose que, probablement, l'agence va commencer à regarder
les projets, parce que, cette logique, on...
Je sais ce qui s'en vient, Mme la Présidente, je sais c'est quoi, les projets
qu'on va leur donner, mais le
problème, il est le suivant : il n'y a pas d'argent. Donc, pour les gens
qui veulent un PSE, le gouvernement a zéro dollar pour le PSE, le plan
structurant de l'est. Et, d'ailleurs, vous avez vu, l'Agence métropolitaine du
transport a elle-même suggéré de prêter au gouvernement un 25 millions de
dollars pour l'avant-projet, parce que, s'il n'y a pas d'étude pour l'avant-projet, on n'avance pas, il n'y aura pas de PSE.
Même chose avec le tramway, Mme la Présidente. Donc, quand je fais le
calcul, un troisième lien, on ne sait pas, on n'a aucune idée sur le montant
total, combien ça va coûter. Je rajoute le tramway de Québec, je rajoute le
PSE, on a dépassé les 40, 50 milliards de dollars, pour un
gouvernement qui a complètement perdu le contrôle des finances publiques.
Bon. Il y a un point, un
point que je tiens à le mentionner, que la ministre s'est inspirée de notre
projet de loi, en fait, mon projet de loi
n° 791, Loi permettant à des
organismes publics de transport en commun de développer des projets
immobiliers aux abords ou au-dessus de leurs infrastructures de transport en
commun. Ce projet de loi, je l'ai déposé avant que la ministre dépose son
projet de loi n° 61. Donc, je tiens à la féliciter, parce qu'elle s'est
inspirée de notre projet de loi pour
l'amender. C'est un bon ajout, et on le reconnaît. Pourquoi? Parce que cet
ajout va permettre à des sociétés de transport, on l'a dit depuis longtemps, de
faire du développement immobilier. Ce qu'on veut, ce qu'on souhaite, ce
qu'on aimerait, c'est que ces sociétés de transport puissent faire du
développement immobilier, ça va leur donner l'occasion d'avoir des revenus
autonomes. Et ces revenus autonomes, d'ailleurs, ça a été amendé, et ma
collègue députée de Saint-Laurent était là, c'est dans le cadre où on veut que
cet argent soit utilisé pour les affaires des sociétés de transport. Donc, je ne veux pas que, demain, avec ces
revenus, qu'on commence, encore une fois, à demander au gouvernement de pallier au manque à gagner de l'ensemble des
sociétés de transport. Donc, ça, ça a été un élément, Mme la Présidente, que
nous avons souligné, et ça a été amendé. Le projet de loi de Mme la ministre a
été amendé.
Et je tiens juste à rappeler un certain moment,
parce que la ministre parlait qu'elle ne savait pas pourquoi ça a été débloqué par la suite. Bien, Mme la
Présidente, j'ai siégé avec beaucoup de ministres caquistes, ça fait six ans,
et chacun a sa façon de faire, chaque ministre est différent comme nous
aussi, les élus, chacun de nous a une façon de travailler. Mme la Présidente,
quand vous voulez bien gérer votre projet de loi et vous voulez faire avancer
votre projet de loi, déposez les
amendements. Donc, je réponds à Mme la ministre, tout à l'heure, qui ne savait
pas pourquoi il n'y avait pas de nuit... il n'y avait pas de changement
de stratégie.
La seule chose, c'est que, finalement, elle a
accepté de déposer les amendements, sachant qu'au début, tout début du projet
de loi, lors du briefing technique, nous avons insisté. Nous avons insisté de
dire à l'équipe de Mme la ministre : Est-ce qu'il va y avoir des
amendements? Est-ce que le projet de loi va rester... va suivre les mêmes,
mêmes, mêmes articles ou bien est-ce qu'il y
a une ouverture de l'amender? Malheureusement, ça a été vraiment trop tard,
trop tard, et j'ai senti quand même
pas mal d'impatience pour Mme la ministre, qui pensait que c'est elle seule,
dans ce parlement, qui siégeait dans un projet de loi.
D'autres gains, Mme la Présidente, malgré tout
cela, c'est que deux éléments que nous avons menés en tant qu'équipe libérale dans le cadre de l'étude
détaillée de ce projet de loi... Le premier élément, c'est la notion de
qualité. Pour nous, c'est extrêmement important que la mission de l'agence...
qu'on parle de cet élément, mais aussi un autre élément, c'est la notion
d'accessibilité universelle. On ne peut pas faire abstraction aux enjeux de
l'universalité, mais surtout, surtout l'accessibilité universelle.
D'autres débats que nous avons menés en lien
avec l'expropriation... et nous avons modifié le projet de loi pour permettre à
ce que la Loi sur le Protecteur du citoyen... afin de permettre aux citoyens
qui sont expropriés par Mobilité Infra
Québec de déposer une plainte au Protecteur du citoyen, parce que nous étions
très sensibles à cette question de permettre aux citoyens de le faire,
absolument.
Nous avons
aussi amendé la composition du conseil d'administration. Figurez-vous, il n'y
avait aucun membre du C.A... une exigence qu'ils soient membres des ingénieurs,
chose qui était extrêmement importante à notre point de vue.
Nous avons
aussi ajouté un amendement en lien avec l'absence ou d'un empêchement du P.D.G.
Le gouvernement a déposé un amendement pour venir préciser que l'absence ne
doit pas excéder 24 mois, d'un P.D.G., à l'intérieur de cette
agence.
• (17 h 20) •
Mais, Mme la Présidente, je vous... je l'ai
mentionné, nos déceptions, et, je le dis avec beaucoup de respect à l'ensemble
de mes collègues, on est tous interpelés dans le comté, les lundis, les
vendredis, et nous avons nos équipes dans le bureau de comté. Chaque semaine,
on reçoit des doléances, et, quand, la semaine dernière, j'ai su que le fonds
qui aidait les personnes handicapées, dans leurs maisons, à pouvoir rester chez
eux et à pouvoir jouir de l'espace qu'ils avaient était à sec, complètement à
sec... Mettez-vous à la place de quelqu'un qui n'a pas beaucoup d'argent.
J'ai un cas en tête parce que je l'ai visité. Il
ne voulait pas aller en CHSLD et le monsieur a tout fait pour prendre soin de
sa femme. Il a tout adapté, mais, avec l'inflation, avec les revenus modestes
de cette famille, il a préféré payer parce qu'il voulait adapter un
environnement à sa femme, qu'il prenait soin d'elle. Puis, quand j'entends le
gouvernement dire, sur la place publique : Il n'y a plus d'argent, le
programme a été pas mal utilisé... Mettez-vous à la place de ces gens qui, aujourd'hui, allument la télé et regardent ce
que le gouvernement est en train de lancer, une agence qui va coûter
dans, facilement, les 3 à 4 milliards de dollars... à
4 millions de dollars — désolé — pour les prochains six mois, un 10, 12 millions de dollars
pour les cinq ou 10 prochaines années. Mettez-vous à leur place. Un
gouvernement qui, déjà, traîne avec
lui beaucoup de problèmes. Souvenez-vous des Kings, les Kings de Los Angeles,
7 millions de dollars. Souvenez-vous
des chèques électoralistes : Votez pour moi, je vous envoie un chèque.
Mettez-vous à la place de ces gens qui, aujourd'hui, voient, observent,
constatent les priorités de leur gouvernement. J'ai un profond malaise.
Je rencontre la personne en question la semaine
prochaine. J'ai essayé, par tous les moyens, de sensibiliser même la ministre
des Aînés, d'autres ministères, mais la réponse fut : Il n'y a plus
d'argent dans le fonds. Ça veut dire quoi,
aux personnes handicapées qui vivent chez eux, qui veulent changer quelque
chose? Attendez, patientez, le fonds est à sec, il n'y a plus d'argent. Par
contre, le gouvernement, quand il s'agit d'accueillir une équipe de hockey
professionnelle qui n'avait pas
besoin d'argent, bien, ils trouvent les moyens de trouver des fonds nécessaires
pour payer 7 millions de dollars à l'arrivée de deux équipes
de la LNH.
Mme la Présidente, avant de terminer,
malheureusement, le temps passe à l'intérieur de cette Assemblée, mais il y a une ressemblance, dans ce modus operandi
piloté par la CAQ. L'année dernière, au mois de décembre, nous avons tous assisté à la fin du fameux projet de loi
n° 15 qui instaurait la création de l'agence santé. Je me rappelle des
propos de mon collègue le député de Pontiac, qui disait, avec raison,
qu'on va avoir beaucoup d'enjeux. Une année plus tard, on voit ces enjeux et que l'expérience patient est
transformée en expérience de recouvrement. On coupe, on coupe et on coupe.
Pourquoi? Parce que le ministre de la Santé a un devoir, c'est trouver
1,5 milliard. Pourquoi il doit trouver 1,5 milliard? Parce que les comptables caquistes l'ont échappé.
C'est parce qu'on a dilapidé l'argent public, c'est parce qu'on a mal géré.
La CAQ a mal géré les finances publiques.
Et, de
l'autre côté, Mme la Présidente, je vois des services souffrir, je vois des
aînés où la liste d'attente continue d'exploser,
je vois le coût des maisons des aînés, où c'est rendu à un coût extrêmement
élevé, je vois la situation de l'itinérance au Québec, je vois la situation des handicapés, je vois la situation au
niveau de la DPJ et je me pose la question suivante : Il est où, votre gouvernement? Un gouvernement qui se
lance dans la création des structures, un gouvernement qui a échoué en matière de santé, il échoue aussi en matière de
transports et de mobilité durable, un gouvernement, face aux problèmes,
fuit, les fuit et, au lieu de trouver les bonnes solutions, il trouve et il
lance des structures, un gouvernement qui, face à l'absence de résultats,
garrochait de l'argent, parce qu'il n'en restait plus, maintenant il... couper,
un gouvernement qui n'a pas livré aucun
projet en transport collectif se lance dans la création d'une nouvelle
structure. Alors, il est où, le gouvernement?
Probablement, le gouvernement existe, mais moi, je les juge sur les actions et
sur les résultats. Malheureusement, force est de constater que les
résultats, en matière de transports et de mobilité durable, ils ne sont pas là,
Mme la Présidente.
Je vais terminer, Mme la Présidente, en
remerciant mes collègues qui m'ont accompagné dans l'étude de ce projet de loi. Je vais commencer par mon collègue
le député de l'Acadie, qui était là, d'un soutien énorme, très important, dans
un moment très, très important, parce qu'il avait aussi d'autres projets de
loi, mais il était là, présent. Il a défendu les motions préliminaires,
parce que ça a été nécessaire. Pour les gens qui ne comprennent pas le
déroulement d'un projet de loi, c'est très
important, les motions préliminaires, pour un parti de l'opposition.
Malheureusement, votre... le gouvernement ne peut pas tout contrôler, et
heureusement que nous sommes en démocratie et on peut utiliser l'ensemble de
nos outils parlementaires.
Je tiens aussi à remercier ma collègue la
députée de Saint-Laurent, qui, je dois le rappeler, n'a pas siégé sur le projet
de loi en énergie, et elle était disponible. Et, aujourd'hui, il reste deux,
trois jours, et le gouvernement n'a pas appelé le projet de loi en énergie.
Il est où, le courage caquiste? On le cherche
pour... bientôt, on va lancer un avis de recherche sur ce courage. Mais,
malheureusement, ce courage, il est là, ce courage, il est présent, c'est dans
la création de structures, cette structure qui, vous avez l'exemple parfait
devant vous, a commencé à couper et non pas à vous donner une expérience
patient importante. Et, aujourd'hui, je lance ce message à l'ensemble des
Québécois et Québécoises : Écrivez à vos députés, envoyez des messages que
ça ne se peut pas de voir votre gouvernement dilapider de l'argent public dans
des agences. Et la toute dernière, ça va être l'agence de transport.
Alors, Mme la Présidente, ma collègue députée de
Saint-Laurent, qui m'a beaucoup aidé aussi dans ce projet de loi, qui était là, présente, qui a même déposé
des amendements. Et adoptés, absolument. Et elle a veillé à ce que notre
projet de loi, que j'ai déposé, le projet de
loi n° 791 était là, dans le projet de loi de Mme la ministre. Complètement
intégré. Absolument. Je tiens aussi, Mme la Présidente, à remercier
ma...
(Interruption)
M. Derraji : Merci.
Ça va me donner le temps de boire de l'eau. Merci. J'avais besoin d'une gorgée
d'eau. Merci, mes collègues.
Je vais prendre aussi quelques instants pour
remercier ma recherchiste Florence. Merci, Florence, Florence, qui est une experte dans pas mal de choses, mais
je sais que, de l'autre côté, les caquistes aiment nos demandes d'accès à
l'information, et je tiens à la remercier parce que c'est une experte. Et c'est
vraiment un plaisir, travailler avec toi, Florence.
Je ne peux pas parler uniquement de mes
collègues sans remercier mon collègue le député de Taschereau, qui était là tout le temps, merci, et le député des
Îles-de-la-Madeleine, pour leur présence tout au long de ce projet de loi.
Bravo. Bravo, chers collègues. Et, bien entendu, Mme la Présidente, il y avait
les gens du ministère qui ont essayé, avec tous les moyens, de répondre à nos interrogations, pas mal.
Nous avons suspendu le projet de loi, et, juste pour vous dire, pendant
plusieurs, plusieurs... 13 heures, 13 h 17 min de
suspension. Et, vous savez, parfois, la notion de législateur et la
responsabilité que nous avons en tant que députés de l'opposition, c'est
faire avancer des choses. Et je ne peux pas dire aujourd'hui que les 13 heures étaient des 13 heures
perdues. Je me rappelle d'un... je pense, de deux heures de suspension, ma
collègue députée de Saint-Laurent
était là, et on avait un débat de fond, un débat de fond sur notamment ce
projet de loi qui donnait l'autorisation
à des sociétés de transport comment aller chercher des revenus autonomes. Et
c'est dans ce genre de débat qu'on fait avancer les projets de loi.
Bien sûr, je remercie aussi la présidence de la
commission et l'ensemble des intervenants, il y avait 27 groupes entendus
en consultations particulières, 35 mémoires déposés et, bien entendu, oui,
les juristes de l'État, qui ont fait un travail exceptionnel tout au long de
l'étude détaillée de ce projet de loi.
• (17 h 30) •
Malheureusement, Mme la Présidente, nous avons
tenté par tous les moyens, par tous les moyens, et je tiens à remercier mes
collègues des autres oppositions, savoir Québec solidaire et le Parti
québécois, nous avons essayé par tous les
moyens de maintenir notre vision par rapport à l'article 4. Parce que je
sais que c'était le coeur du projet de loi. On ne peut pas parler de
l'autonomie des experts sans leur donner cette autonomie. Malheureusement, la
ministre a refusé. Et j'espère, j'espère, finalement, Mme la Présidente, que la
ministre va faire des représentations auprès de son gouvernement pour avoir l'argent
nécessaire, parce qu'au-delà des slogans, au-delà des agences, s'ils n'arrivent
pas à initier un projet de loi, si elle n'arrive pas à réaliser un projet structurant
au niveau de la mobilité, que ce soit à Québec, ou à Montréal, ou ailleurs, c'est un échec, c'est
un échec, Mme la Présidente, surtout que l'agence va, va utiliser beaucoup de
fonds de l'État. Mais le problème, et j'espère qu'elle va réussir, c'est
trouver le financement nécessaire. Pourquoi je le dis? La plupart des sociétés de transport ont des
enjeux financiers, ont des enjeux de maintien d'actifs. C'est connu. Elle
ne peut pas plaider l'ignorance, Mme la ministre.
Mais je termine, Mme
la Présidente. Malheureusement, ce projet de loi ne passe pas le test de la
crédibilité, au Parti libéral du Québec, et
on ne va pas voter pour ce projet de loi, et on va voter contre la création
d'une nouvelle agence de transport. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, nous allons poursuivre les interventions avec
M. le député de Taschereau. Et je vous demanderais de garder le silence, s'il
vous plaît. Allez-y, M. le député.
M. Etienne Grandmont
M.
Grandmont : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Le projet de loi
n° 61, création de Mobilité Infra Québec, aujourd'hui, c'est le vote final. Donc, je
commencerai par, d'abord, remercier l'ensemble des groupes, des experts, des
expertes qu'on a entendus, qui sont venus faire leur tour en audiences
particulières pour nous éclairer sur leur vision des transports
collectifs. J'ai oublié de nommer les villes, évidemment, les villes aussi qui
étaient présents, présentes... qui étaient présentes. Je les remercie pour leur
éclairage, je les remercie pour leur franchise.
Vous savez, il y a
plusieurs de ces groupes-là qui ont dit : Oui, oui, une agence, on peut
bien en faire une, c'est vrai qu'on a du retard en transport collectif au
Québec. Et ils ont tous souligné qu'il y avait des grosses améliorations à
faire au projet de loi n° 61, il y avait des grosses, grosses, grosses
améliorations à faire à ce projet de loi là. Malheureusement,
la ministre ne peut pas dire qu'elle a coché toutes les cases. Elle n'a pas
répondu à toutes les demandes des villes, des sociétés de transport, des
groupes.
Oui, on a passé
beaucoup de temps, hein, je sais que le collègue de Nelligan l'a rappelé, on a
passé beaucoup de temps avec des motions
préliminaires au début de l'étude détaillée du projet de loi n° 61. Les
motions que j'ai déposées, c'était
pour demander à ce qu'on puisse entendre des groupes qui n'étaient pas entendus
lors des audiences particulières. Il y a des groupes qui représentaient
les personnes qui utilisent le transport collectif. Il y a des groupes qui
représentent les personnes âgées. Il y a des
groupes qui représentent les personnes qui sont en situation de handicap. Tous
ces groupes-là qui sont des
utilisateurs des transports collectifs au Québec, qui vont être impactés par
les réalisations ou pas de Mobilité Infra
Québec, ces groupes-là, malheureusement, la partie gouvernementale a refusé de
les entendre, refusé de les entendre.
Alors, je remercie
ceux et celles qui ont... qui ont pu avoir accès, finalement, à la sélecte...
qui ont pu faire partie de la courte liste
des groupes et des organisations qu'on a entendus lors de l'étude détaillée. Je
regrette, cependant, que plusieurs autres organisations auraient pu et
auraient dû être entendues. Malheureusement, ça nous a été refusé.
Donc, voici ce qui
explique déjà un peu pourquoi on a déposé des motions préliminaires. Je tiens à
le souligner, parce que je sais que Mme la ministre aime bien rappeler qu'on a
passé beaucoup de temps sur son projet de loi. Si on a passé beaucoup de temps,
c'est d'abord parce qu'on a voulu inviter des groupes qu'elle a refusé qu'on
entende.
La
deuxième raison pour laquelle on a pris du temps sur son projet de loi, ça
tient principalement aux premiers articles, hein, du projet de loi n° 61,
les premiers articles, qui venaient mettre le cadre à l'intérieur duquel
Mobilité Infra Québec va agir pour les prochaines années et les
prochaines décennies. Ça touchait beaucoup à la mission. Qu'est-ce qu'aura le
droit de faire Mobilité Infra Québec? Alors, oui, on a passé beaucoup de temps
là-dessus. On crée une nouvelle agence.
Évidemment que c'est les bases, c'est les fondements de la mission, qui doivent
être bien orientés pour qu'on
s'assure que Mobilité Infra Québec rende un service utile à la société
québécoise. Et, pour ça, il n'y a rien de moins sûr, hein?
Il y a des groupes
qui ont demandé, il y a des experts qui ont demandé : Mais pourquoi vous
faites une agence? Pourquoi vous faites une agence? Pourquoi la nécessité de
créer Mobilité Infra Québec? C'est une excellente question, fondamentale, à
laquelle Mme la ministre n'a pas répondu, malheureusement.
C'est vrai que, quand
on regarde le bilan de réalisation des projets de transport collectif au Québec
par la Coalition avenir Québec, ce n'est pas
reluisant. Mon tableau est toujours à jour. Il va falloir que j'y ajoute des
colonnes, des colonnes caquistes, là.
Ça représente vraiment bien, là, le travail de la CAQ depuis leur élection en
2018, aucun projet initié, livré en transport collectif pour la
Coalition avenir Québec.
Donc, quand on est...
Quand on n'est pas capables de livrer des projets, quand on n'est pas capables
de faire, d'avoir des réalisations, qu'est-ce qu'on fait? On crée une
structure. On crée une agence pour donner l'impression qu'on fait quelque
chose. En tout cas, c'est une des réponses qui peut exister à la création de
cette agence-là. Moi, je reste toujours perplexe face à la création de ce genre
d'agence là. Qu'est-ce qui n'aurait pas pu être fait par le ministère des Transports et de la Mobilité durable lui-même?
C'est son nom, «ministère des Transports et de la Mobilité durable».
Sur la partie routes,
ça a toujours été répété par la ministre, on a l'expertise au niveau des
routes. On est capables de faire du développement routier au Québec. Ça, c'est
une chose. Sur la partie transport collectif, même si le ministère s'appelle
«ministère des Transports et de la Mobilité durable», on manque d'expertise au
Québec. En tout cas, c'est ce que la
ministre a dit à tout le monde quand elle a fait sa tournée médiatique au mois
de mai puis au mois de juin, suite au
dépôt de son projet de loi : On a besoin d'avoir une agence pour reprendre
le contrôle de la destinée du transport collectif au Québec. C'est à peu
près ses intentions. C'est à peu près ce qu'elle dit.
Or, pourtant, une
agence, une agence, ça peut être, pour certains, aussi... Et je rappellerai les
propos de notre collègue député de La Peltrie, ministre de la Cybersécurité et
du Numérique, qui disait : Créer une agence... En 2013, il disait ça : «Créer une agence, c'est
créer du favoritisme, c'est créer une agence de favoritisme. Créer une agence,
c'est de créer une instance qu'on éloigne du contrôle parlementaire.» C'est
vrai que ça ressemble à ça aussi.
Rappelons-nous, Mme la
Présidente, rappelons-nous l'épisode SAAQclic, le système, là, de numérisation
de la Société de l'assurance automobile du Québec. On en entendait encore
parler ce matin dans votre revue de presse, Mme
la Présidente. On parlait encore de SAAQclic dans les journaux ce matin. Ça ne
finit plus de ne pas finir, le scandale de SAAQclic, au Québec. Bien, quand le scandale a émergé, au début, là,
souvenez- vous, il y avait Mme la ministre qui était en mission
transport en France et en Suède, puis il y avait le député ici, le ministre
responsable de la Cybersécurité et du
Numérique, puis, l'imputabilité ministérielle par rapport à ce scandale-là, ce
n'est pas les ministres eux-mêmes qui l'ont
assumée, là. On est rendus à plus d'un demi-milliard d'investi dans SAAQclic au
Québec, puis il n'y a jamais, jamais aucun des ministres qui a perdu son
poste pour ça, là. La personne qui a perdu son poste, c'est le
président-directeur général de la SAAQ.
L'imputabilité ministérielle. Je comprends très
bien le député de La Peltrie de 2013 de dire : «Créer une agence, c'est créer une agence de favoritisme», c'est
créer une agence... une instance qu'on éloigne du contrôle parlementaire.
Certains parlent des agences comme d'une boîte noire. On a la même chose
avec Santé Québec. L'imputabilité ministérielle, elle va sauter. Quand on va poser... Quand mon collègue de Rosemont va
poser des questions au ministre de la Santé, là, à partir de maintenant, là : Ce n'est pas moi qui va répondre à
cette question-là. Ça va être ça, sa réponse : Ce n'est pas moi qui va répondre à cette question-là, c'est la
P.D.G. de Santé Québec qui va vous répondre. Quand est-ce que je vais pouvoir parler avec la P.D.G. de Santé Québec?
Bien, aux études de crédits, là, puis vous lirez le rapport annuel de gestion.
Ça va être ça, les réponses. L'imputabilité ministérielle disparaît.
Ça fait que créer une agence, ça a deux
avantages : ça permet d'éviter de rendre des comptes sur l'incapacité à livrer les choses, ça donne l'impression qu'on a
fait quelque chose, alors que le bilan, il est à zéro, puis, de l'autre côté,
bien, c'est l'imputabilité ministérielle qui saute, tout simplement.
• (17 h 40) •
On a beaucoup passé de temps sur la mission. On
a beaucoup passé de temps sur la mission, le fameux article 4,
25 heures, je pense, que la ministre disait, 25 heures. Puis ça
valait la peine, parce qu'on a réussi à faire changer quand même un peu la mission, pas autant qu'on aurait
aimé. La première des choses sur laquelle on n'a pas réussi à faire changer
la mission, c'est le fait que, malgré les intentions de la ministre de vouloir
reprendre le contrôle des transports collectifs au Québec, bien, Mobilité Infra Québec, Mme la Présidente, va pouvoir
faire aussi des projets routiers. Pouvez-vous comprendre ça? D'un côté,
Mobilité Infra Québec va pouvoir faire des projets de transport collectif
complexes, puis, de l'autre, il va pouvoir faire des projets routiers aussi.
Moi, il y a un projet routier complexe dont on
parle souvent ici, dans la région de Québec, et je suis pas mal sûr que
Mobilité Infra Québec va travailler dessus, c'est le troisième lien, Mme la
Présidente, pas mal sûr que Mobilité Infra
Québec va servir à réaliser... En tout cas, ça doit être l'intention. On verra,
après ça, s'il va se faire, ce troisième lien là. On s'enligne pour une troisième élection avec la
promesse d'un troisième lien à Québec. Il n'y a aucune pelletée de terre
qui a été faite. En fait, la seule chose qui a été faite jusqu'à maintenant,
c'est, à la veille des élections de 2022, installer des barges en plein milieu
du fleuve pour donner l'impression qu'on est en train de faire de quoi. Une
belle campagne publicitaire payée avec nos taxes, ça, Mme la Présidente. Mais,
dans les faits, le troisième lien, ça n'a jamais avancé. Troisième élection sur
le troisième lien, on s'en va là-dessus. Je ne sais pas si les gens vont être
dupes. Je ne crois pas.
Première des choses, donc, on a fait... on a...
on permet, donc, à Mobilité Infra Québec de développer des projets de transport routier complexes, ce qui ne
reflète en rien les intentions annoncées de Mme la ministre. On a bien essayé
de contraindre Mobilité Infra Québec à du transport collectif seulement. Mme la
ministre n'a jamais accepté ça. Donc, première
raison, finalement, de refuser, évidemment, de voter pour Mobilité Infra Québec, en fait, le projet de loi n° 61.
Deuxième élément sur lequel j'ai passé quand
même beaucoup de temps avec Mme la ministre... Évidemment, on a un débat de fond sur la place du privé dans
notre société. Je pense que la CAQ fait la démonstration, jour après jour,
qu'elle croit beaucoup à la place du privé, qu'elle croit en les mythes du
privé, notamment que ce serait plus efficace, que
ce serait plus rapide, que ça coûterait moins cher à la société québécoise. Or,
malheureusement, Mme la Présidente, le privé, c'est sa nature,
l'objectif, c'est de faire du profit. Et je ne suis pas contre le privé. Je
veux dire, tous les jours, je vais à
l'épicerie. Tous les jours, je vais dans des boutiques, je fais des achats. Je
veux dire, le privé fait partie de nos vies, évidemment. Mais, quand il est
question de services publics, je pense qu'on ne peut pas se donner le privé
comme seule, un, valeur étalon pour évaluer la performance d'un service
public. C'est la première des choses.
La deuxième
des choses, il faut éviter que le privé vienne investir les services publics.
C'est des services publics. Ça le dit par défaut. L'objectif n'est pas de
générer des profits avec des services publics. L'objectif, le deal qu'on
a depuis la Révolution tranquille, c'est de dire : On se fait une cagnotte
en commun, on met de l'argent ensemble dans un pot puis on s'offre collectivement des services publics. Et ça, là, ça va
de... Les routes qu'on se paie au Québec, là, toutes les routes à
numéro, toutes les autoroutes qu'on a au Québec, ça en fait partie, le service
de transport collectif. Depuis les années 90, on a rapatrié le service de
transport collectif dans les municipalités. Pourquoi? Parce que le privé
n'arrivait pas à livrer un service de qualité.
Hydro-Québec, c'est exactement la même chose.
Avant, c'étaient plusieurs entreprises privées qui géraient la production, le
transport puis la distribution d'électricité au Québec, puis on a décidé, et
c'est une très, très bonne idée de l'avoir
fait, on a décidé de rapatrier ça puis de reprendre le contrôle de l'énergie
pour s'en servir, pour offrir... d'abord, s'en servir comme un levier économique au Québec, c'est la première des choses,
la deuxième des choses, s'assurer de donner des prix qui étaient
raisonnables à tout le monde, le même service à tout le monde au Québec. C'est
un levier économique. Puis, on s'est dit
aussi : Bien, on va s'assurer que tout le monde a le même service à la
grandeur du Québec, peu importe où ils habitent. La tarification est la
même, qu'on habite à la Baie-James ou qu'on habite au coeur de Montréal ou de Québec. Ça fait partie de notre
façon de fonctionner au Québec depuis la Révolution tranquille. On met
en commun de l'argent pour s'offrir des services publics.
Là,
ce qu'on est en train de faire avec Mobilité
Infra Québec, et j'ai proposé des
amendements qui ont été refusés, évidemment, par Mme la ministre, c'est
qu'elle ouvre la porte à ce qu'un projet de transport collectif, par exemple,
construit par Mobilité Infra Québec soit donné en gestion, en opération à un
acteur privé, par... ça pourrait être la Caisse
de dépôt et placement, ça pourrait
être une entreprise privée, en passant par-dessus les sociétés de transport qui
existent déjà dans les municipalités
où vont être construits ces projets de transport collectif complexes. Moi, ça
m'inquiète beaucoup, parce qu'on a
deux domaines, actuellement, où le service de transport en commun est offert
par le privé, et ça ne fonctionne pas.
Première des choses, transport interurbain. On
sort, d'ailleurs, d'une rencontre... une séance de travail. J'avais demandé un
mandat d'initiative pour qu'on discute de la place du privé... en fait, le
modèle d'affaires du transport interurbain
par autocar, au Québec, qui ne fonctionne pas. Très bonne étude de l'IRIS, qui
est sortie il y a à peu près un an, qui disait que, depuis 1981, on est
passés de quelque chose comme 8 000 déplacements enregistrés chaque
année à environ 700... en tout cas, une diminution énorme du nombre de départs
annuels qui se fait un peu partout au Québec. Je
me suis trompé dans mes chiffres. Je pense que c'est plus 8 000 par jour
ou par... par semaine. Donc, on a perdu en qualité au niveau du transport
collectif interurbain, Mme la Présidente. Pourquoi? Et ça tient beaucoup au
modèle où on donne des monopoles à des
privés qui ne sont pas capables... Ils ne sont pas soutenus par l'État. Ça ne
fonctionne pas. Les prix ont
augmenté, le nombre de départs a diminué, ce qui fait qu'à peu près tout le
monde au Québec maintenant est dépendant du déplacement automobile ou
encore est contraint à l'isolement, parce qu'il y a des gens, malheureusement,
qui sont confinés chez eux par manque
d'alternative pour se déplacer. Ça, c'est la réalité. On parle beaucoup
de maintien à domicile des aînés, puis tout ça, là. Le transport collectif, c'est une des solutions, évidemment, pour y arriver, puis ça, ça doit
être soutenu davantage.
L'autre domaine de transport collectif dans
lequel le privé est fortement investi, et ça ne fonctionne pas, c'est au niveau du transport scolaire. Encore une fois,
une étude de l'IRIS, qui est sortie il y a quelques mois, qui vient montrer
qu'il y a environ 7 000 jeunes qui n'ont pas de transport scolaire
chaque jour. Évidemment, c'est les parents qui en paient le prix, qui doivent déplacer leurs enfants. Encore heureux, des
fois, qu'il y en ait qui ont des voitures pour les déplacer. Mais le
modèle ne fonctionne plus non plus.
Et là ce
qu'on a, effectivement, avec Mobilité
Infra Québec, c'est qu'on va
permettre... la ministre veut permettre que le privé investisse un nouveau
champ du transport collectif, celui qui est déployé à l'échelle urbaine, donc
le transport collectif urbain. Ça, c'est vraiment un point
hyperimportant. On a un désaccord fondamental sur cette question-là. C'est la
deuxième raison pour laquelle on va voter contre le projet de loi n° 61.
On a... On a beaucoup parlé d'autonomie. Ça, c'est
un élément sur lequel, aussi, on avait un profond désaccord avec Mme la
ministre, l'autonomie. Elle nous a dit : Je veux créer un environnement
dans lequel on va attirer les meilleurs talents. On peut penser à la fameuse
appellation, là, les «top guns», donc les meilleurs dans le domaine du développement du transport collectif ou du
transport routier complexe. On va les attirer chez Mobilité Infra Québec. On va
les attirer principalement par des conditions salariales. C'est ce qu'on a
compris.
À titre informatif, la ministre a voulu créer, a
voulu figer dans la loi qu'il y avait six unités d'accréditation pour ces
50 employés qui vont travailler chez Mobilité Infra Québec. C'est quand
même assez particulier. Normalement, la règle d'usage, c'est de dire :
Bien, ces 50 employés là peuvent faire des demandes au Tribunal
administratif du travail et déterminer avec
ce tribunal-là le nombre d'unités d'accréditation qui seront créées. Ça peut
donner aussi de la flexibilité pour qu'on en crée des nouvelles dans le
futur si Mobilité Infra Québec grossit. Ça peut permettre aussi que certaines
unités fusionnent ensemble si c'est la volonté des gens et si c'est approuvé
par le TAT.
Là, on a six unités d'accréditation pour
50 employés. À titre de comparaison... Moi, je trouvais ça beaucoup pour 50 employés. Bien, je ne me trompe pas,
Mme la Présidente. Santé Québec, là, six unités d'accréditation aussi, combien
d'employés? 330 000. Les chiffres sont tellement différents, sont
tellement sans commune mesure. C'est très surprenant d'avoir voulu fixer six
unités d'accréditation dans le projet de loi qui vient créer Mobilité Infra
Québec pour une cinquantaine d'employés.
Quiconque suit un peu l'activité syndicale se rendrait compte qu'il y a une
belle aberration à ce niveau-là.
Mais l'autre chose aussi que Mme la ministre
voulait faire, c'est, donc, les attirer avec des bonnes conditions salariales, des bonnes conditions d'emploi, sans
leur... sans leur donner un pouvoir d'autonomie. On a là, là, la crème de la
crème des ingénieurs, des urbanistes, des concepteurs, des gens qui
réfléchissent à ça tout le temps, puis on ne leur donnera pas le pouvoir
de suggérer, suggérer à la ministre des projets potentiellement réalisables
dans les prochaines années, juste suggérer,
là, pas réaliser, là, suggérer des projets. On l'a demandé à plusieurs reprises
de plusieurs façons, en variant un
peu l'intensité, là, de suggestion. Ça a toujours été refusé. Ça, c'est
vraiment étonnant, parce qu'on vient chercher les meilleurs talents puis on s'empêche d'avoir une
rétroaction sur qu'est-ce qui peut être développé dans les prochaines années.
Ça nous permettrait, par ailleurs, de, un,
garder les gens très stimulés, là, avoir du contrôle un peu, avoir le sentiment de, comment... un sentiment d'avoir un
impact, en fait, sur l'environnement de travail dans lequel on est. Ça permet
d'avoir une meilleure rétention. C'est la première des choses.
Mais l'autre chose aussi, c'est que ça
permettrait d'avoir, développer une vision à long terme. Ça permettrait
également de gagner en efficacité, parce qu'à chaque changement de gouvernement
on aurait une équipe prête avec déjà des projets en banque qui peuvent ou pas
être acceptés par la ministre ou le ministre qui entre en poste. Ça permettrait
de gagner du temps. On a un portefeuille, on a un portfolio de projets qui
peuvent être réalisés. Le ministre pourrait
dire : Bien non, je préfère aller ailleurs. Ce serait son choix. Mais il
pourrait dire : Ah! bien, dans ces projets-là, il y a des choses
intéressantes, j'aimerais ça qu'on les explore, qu'on explore celui-là,
celui-là, celui-là de manière plus attentive,
et peut-être que ça avancerait. On gagnerait du temps, ce qui est aussi la
volonté, ce qui était l'intention de la ministre, mais elle a refusé d'aller
vers ça.
• (17 h 50) •
C'est drôle, parce que...
je reviens à son voyage qu'elle a fait en Europe, en Suède et en France, puis
l'agence, en Suède, qui s'appelle Trafikverket, elle a ce pouvoir-là, elle
donne ce pouvoir-là à ses ingénieurs, à ses urbanistes, à ses concepteurs. Elle
leur demande d'être proactifs dans les suggestions qu'ils font au ministre.
Même chose aussi du côté de TransLink, du
côté de Vancouver, et de Metrolinx, du côté de Toronto, qui sont deux agences
qui ont certainement inspiré la création de Mobilité Infra Québec.
Donc, vous voyez, Mme la Présidente, on a fait
des propositions qui allaient dans le bon sens, dans le sens des intentions de la ministre, la première des
choses, réaliser uniquement le transport collectif et non pas des transports
routiers.
On a demandé aussi que soit... que le privé...
En fait, de la façon qu'on l'a formulé, là, c'est qu'on demandait que les
sociétés de transport puissent lever la main en premier pour obtenir la gestion
d'un projet réalisé par Mobilité Infra
Québec. Il y avait toujours cette petite porte de sortie là quand même pour la
ministre, là. Bien, vous voyez, même ça, Mme la ministre a refusé ça. Je
ne sais pas qu'est-ce qu'elle a contre les sociétés de transport, mais elle a
refusé ça.
Puis la dernière chose qu'on a demandée, c'était
d'avoir de l'autonomie pour les équipes, pour la suggestion de projets qui
peuvent être réalisés par Mobilité Infra Québec. Ça aussi, ça nous aurait
permis de gagner du temps, de développer une vision à long terme et de gagner
en efficacité. Ça aussi, ça ralliait les intentions de la ministre telles qu'elle les avait mentionnées, telles qu'elle les
avait exposées au mois de mai, lors de sa tournée médiatique. Donc, pour
toutes ces raisons-là, on va voter contre le projet de loi n° 61.
Cela dit, je tiens quand même à souligner
quelques éléments sur lesquels, malgré tout, on a réussi à faire bouger la ministre, notamment tout ce qui touche... tout
ce qui est relatif au conseil d'administration. D'abord, on a fait augmenter
le nombre d'administrateurs. Il y en avait seulement neuf de prévus.
Maintenant, on peut aller jusqu'à 11. Et c'était quand même étonnant, parce que, dans beaucoup d'autres sociétés d'État,
même québécoises, les conseils d'administration étaient beaucoup plus
fournis, beaucoup plus de gens. Plus on a de têtes autour d'une table pour
réfléchir, évidemment, mieux c'est. Il y a
une quantité à ne pas dépasser, évidemment, là, il y a des nombres magiques,
là, mais, vu l'ampleur du mandat que veut se donner Mobilité Infra
Québec ou qu'on veut lui attribuer, ça prenait quand même suffisamment de personnes pour aller chercher un certain nombre de
compétences. Et c'est là le deuxième gain qu'on a fait. En fait, on est allés chercher la notion, notamment,
d'accessibilité universelle, qu'on a fait ajouter à la mission et aussi aux
compétences recherchées au sein du conseil d'administration.
Puis aussi,
en partenariat avec le Parti libéral, on a fait ajouter la notion d'aménagement
du territoire, l'aménagement urbain,
évidemment, parce que les transports et l'aménagement du territoire, ce sont
deux notions qui coexistent, qui cohabitent, qui sont liées, qui sont fortement liées ensemble. Donc, on doit avoir
quelqu'un, sur le conseil d'administration, qui a les compétences et les connaissances en matière
d'aménagement du territoire. Autrement, on risque de prendre, effectivement,
de mauvaises décisions chez Mobilité Infra Québec.
Je pense que les autres éléments aussi qui sont
importants de souligner... bien, on est venus faire modifier la... faire
ajouter la notion de complexité. Ça, ça avait été décrié par tout le monde, là,
comment on peut... comment... En fait, on
disait : Mobilité Infra Québec s'occupera de projets de transport
collectif et routier complexes, sans définir ce qu'est la complexité. On l'a fait. On a fait des
modifications, des ajouts aussi pour que la notion de complexité soit plus
précise encore. Encore une fois, je pense qu'on a fait un bon travail à
ce niveau-là.
La notion de valorisation foncière, ça ne
réglera pas tout. J'entendais Mme la ministre, ce matin, répondre à ma
question. Sur la question du financement du transport collectif, elle
disait : On permettra dorénavant la valorisation foncière. J'espère qu'elle est consciente... Parce que tout le monde l'a
dit pendant les audiences. Tout le monde le demandait, mais tout le
monde a dit aussi que ce n'était pas suffisant. On va avoir besoin d'argent de
l'État dans le transport collectif. Et ce
n'est pas une aide et ce n'est pas être très généreux que d'investir dans le
transport collectif, c'est la mission de l'État que de mettre de
l'argent dans des services publics, par lesquels les gens peuvent se déplacer
et aller travailler, aller étudier, aller à l'hôpital, aller à l'école, etc. Ce
sont des services publics, au même titre que les routes au Québec, Mme la
Présidente.
Dernier élément sur lequel on est quand même
très contents aussi, c'est le retrait de l'imposition par la ministre de la
contribution financière des villes dans des projets de transport collectif sur
leurs territoires, à défaut de convenir d'une
entente, évidemment. Comment on aurait pu avoir une négociation sereine entre
la ministre, et Mobilité Infra Québec, et les municipalités qui vont
devoir opérer un réseau de transport... un transport collectif complexe réalisé
par Mobilité Infra Québec si, au-dessus de leurs têtes, on a toujours la
possibilité que Mobilité Infra Québec ou la ministre impose, finalement, une contribution financière? C'est une
négociation, évidemment, qui est malsaine, qui ne peut pas fonctionner. Donc, évidemment, on est contents que, finalement,
entre Mobilité Infra Québec, et la ministre, et les municipalités, on soit tenus de trouver une entente, de convenir
d'une entente sur la participation financière des municipalités à la
réalisation d'un projet de transport collectif ou d'un transport routier
complexe déployé ou construit par Mobilité Infra Québec.
Donc, tout ça
pour dire, finalement, que, malgré ces gains-là dont je suis très fier...
Évidemment, c'est un travail partagé, là. Je pense qu'on a passé assez
de temps, là, ensemble pour comprendre que c'était un travail des oppositions, et aussi, évidemment, alimenté par toute
l'intelligence des groupes, et des experts, et des villes qu'on a entendus
pendant les audiences particulières. On a réussi à faire quelques
modifications, mais, sur le fondamental, sur la place du privé dans le
transport collectif, sur la mission réservée uniquement au transport collectif
ou au transport routier et puis sur l'autonomie
qu'on donnera à ces experts qui vont devenir la crème de la crème de la
réalisation de transport collectif au Québec, évidemment, ça, la
ministre a été inflexible, et ça va nous obliger à voter contre le projet de
loi n° 61. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Maintenant, nous allons poursuivre avec
l'intervention de M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, c'est le vote sur le projet de loi n° 61, qui va sans
doute se dérouler demain. On a l'occasion de prendre la parole une dernière
fois sur le processus qui a mené à sa mise aux... cette mise aux voix du projet
de loi, et je vous dirais d'entrée de jeu, en guise de préambule, Mme la
Présidente, qu'on doit se demander ce qu'attendent les citoyens du Québec en
matière de transport et de mobilité durable.
Ce que les gens veulent, à mon point de vue, ce
sont des nouvelles infrastructures en matière de transport, en matière de
mobilité, en matière de transport collectif, de façon plus précise, pas des
nouvelles structures, des nouvelles infrastructures. Force est d'admettre que
le bilan de la CAQ depuis six ans, ce ne sont que des nouvelles structures, des
nouvelles structures qui se superposent aux structures actuelles,
ministérielles, qui doivent livrer la marchandise, qui doivent produire des
résultats.
Et malheureusement, face à l'absence de
résultats... La ministre, tout à l'heure, on l'entendait s'enorgueillir du fait
qu'enfin le plus beau jour de sa vie était arrivé parce qu'on allait pouvoir se
prononcer sur un projet de loi. Sur le plan concret, sur le plan de la
mobilité, sur le plan de l'amélioration du bien-être des gens et la fluidité
des transports, l'amélioration du bilan en matière de développement durable ou
de politiques à cet effet, sur la fluidité, la réduction des gaz à effet de
serre, c'est zéro, le résultat, et c'est malheureux.
Et malheureusement ce projet de loi là ne nous
garantit d'aucune façon que le bilan va s'améliorer au cours des prochaines années, parce qu'il faut d'abord
travailler sur l'accessoire, travailler à doter le Québec d'un mégabureau de
projet, sans savoir précisément ce à quoi il
va servir, puisque la mission, et j'y reviendrai, Mme la Présidente, la mission
n'a pas été définie de façon claire, objective, non plus que les
responsabilités qui seront dévolues à cette agence.
Et c'est la raison pour laquelle... la raison
principale pour laquelle nous ne pourrons pas appuyer l'adoption de ce projet de loi, parce que c'est un peu un trou
noir, c'est un peu une boîte à surprises. En fait, c'est un instrument qu'a
créé le gouvernement pour pouvoir faire avancer, on le suppose, un
certain nombre d'engagements pris sur le plan politique, mais pas nécessairement dans le sens de ce que
l'on devrait souhaiter, de ce qu'on pourrait souhaiter pour le... et le
transport...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le député, je suis obligée de vous interrompre, évidemment, parce que, compte tenu de l'heure, et conformément à
l'ordre spécial, je dois suspendre les travaux jusqu'à 17 heures. Mais je
vais vous... Monsieur, est-ce que
vous... Jusqu'à, excusez-moi, 19 heures, pas 17 heures mais
19 heures, excusez-moi. Est-ce que vous souhaitez reprendre votre
intervention à la reprise?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Parfait.
Donc, ce sera noté. Vous allez être le premier.
Alors, compte tenu de l'heure, je suspends les
travaux jusqu'à 19 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 19 heures)
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Bonsoir,
chers collègues. Veuillez prendre place.
L'Assemblée poursuit le débat sur l'adoption du
projet de loi n° 61, Loi édictant la Loi sur la Mobilité Infra Québec
et... et modifiant, pardon, certaines dispositions relatives au transport
collectif.
Nous étions à
entendre M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Donc, vous pouvez poursuivre
votre énoncé. Voilà.
M. Arseneau : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, j'avais mentionné, avant la suspension des travaux, que nous n'appuierions pas le projet de loi
n° 61. Mais je veux qu'on me comprenne bien, Mme la Présidente, et je vais
vous faire une confidence, je n'ai rien
contre les agences. Je n'ai rien contre les agences, d'autant plus que j'ai
moi-même déposé un projet de loi en 2021, le projet de loi n° 796,
pour la création d'une agence des infrastructures de transport du Québec. La
philosophie, à cette époque-là, était inspirée d'un autre projet de loi, qui,
malheureusement, est mort au feuilleton, le
projet de loi n° 68 qui avait été déposé en 2013 par le ministre des
Affaires municipales de l'époque, et du Transport, Sylvain Gaudreault, député de Jonquière, qui souhaitait
mettre en place une agence, une agence indépendante qui allait pouvoir gérer les projets de
construction, la planification, la conception des ouvrages en matière
d'infrastructures, de transport et de
mobilité durable, de transport collectif, l'objectif étant de séparer la
politique de ces projets d'investissement là.
Rappelons-nous que c'était dans la foulée des
travaux de la commission Charbonneau et des exemples absolument tragiques de
fraude et de détournement de fonds qui avaient été démontrés, de toutes sortes
de stratagèmes. Et ce qu'on voulait à cette
époque-là, c'était, d'une part, séparer le béton de la politique, d'autre part,
ce qu'on voulait, c'est que les
projets avancent à l'aide d'une expertise avérée au sein du gouvernement, à
travers cette agence, et, évidemment, que les Québécoises et les
Québécois contribuables en aient pour leur argent.
À l'époque, et puis ensuite, à nouveau, en 2021,
la réaction de la Coalition avenir Québec a été virulente, elle était fermement
opposée à ces propositions d'agence, en disant que ce que l'on souhaitait
créer, c'était l'équivalent d'une agence de favoritisme. C'est la raison pour
laquelle j'ai été très étonné, voire interloqué de voir que, plusieurs années plus tard, le gouvernement de la Coalition
avenir Québec avait cheminé, de telle sorte qu'on proposait justement la
création d'une agence indépendante du
ministère de la Santé, Santé Québec, pour gérer les opérations du système de
santé. Nous avons travaillé sur ce projet de loi
l'automne dernier, c'est-à-dire en 2023, pour tenter de le bonifier, mais
c'était une réforme majeure, qui,
maintenant, là, est à être mise en opération, en oeuvre depuis le
1er décembre, avec les défis qui sont
ceux que l'on connaît, avec aussi des orientations qui visent à réduire les
budgets, donc à comprimer les dépenses, ce qui n'était pas l'objectif de
départ, mais ça, ça appartient évidemment au gouvernement.
Mais, si l'on revient à la question des
transports, et des infrastructures, et de la mobilité durable, la ministre des
Transports et de la Mobilité durable s'est donc inspirée des travaux en santé
et, vraisemblablement, du projet de loi qu'on avait déposé à une certaine
époque. Et je me suis... je le disais, je me suis interrogé à savoir comment on
pouvait en arriver à adhérer à l'idée d'une agence tout en ayant décrit les
agences comme étant des nids de favoritisme ou
des structures, des mécanismes qui permettraient une certaine... dans une
certaine opacité, que l'on favorise le... que l'on permette un certain favoritisme ou des... ce qu'on peut deviner
comme étant des choix politiques qui vont au-delà, là, peut-être... ou qui prédominent sur l'intérêt de
tous, l'intérêt commun et à long terme des Québécoises et des Québécois.
Et, en fait,
ce que... ce à quoi cette réflexion-là m'a amené, c'est, justement, à l'examen
du projet de loi en tant que tel et de ses lacunes, de ses failles, qui
sont béantes et qui me permettent de dire que non seulement on rejetait la question
de créer une agence qu'on qualifiait comme une agence de favoritisme, mais on a
retenu ce concept-là pour déposer un projet
de loi qui, lui, peut, justement... contrairement au projet de loi de 2012 ou
2021, peut permettre aux choix politiques de prédominer sur toute autre
chose. Et j'ai pour preuve la mission qu'a développée le gouvernement qui... et la ministre à l'égard de Mobilité Infra Québec
dans le projet de loi n° 61. Parce qu'il faut bien lire ce qui est écrit
dans la mission, et qui a été changée, mais seulement... ou modifiée,
amendée sur le plan, je dirais, qualitatif, mais non pas en profondeur, c'est-à-dire que la mission de
Mobilité Infra Québec, la mission principale, c'est d'effectuer des analyses d'opportunité, la planification, la réalisation de
projets complexes de transport, qu'on définira plus tard, fort heureusement,
lorsque le gouvernement lui en confie la responsabilité. Et, encore un peu plus
loin, on dit que, lorsque le gouvernement lui en confie la responsabilité, on
pourra aussi favoriser la mise en valeur des espaces à proximité des bâtiments
et des ouvrages de génie civil, et ainsi de suite.
Donc, essentiellement, ce qu'on a créé, c'est
une agence qui est à la solde du gouvernement, de l'Exécutif, pour réaliser des projets comme le ferait un
bureau de projets, un bureau de projets qui serait embauché... par exemple, des
consultants du secteur privé, à qui on
dirait : Bien, voici, ma réflexion est faite, mon budget est réservé, je
te confie le mandat de réaliser tel ou tel projet, sans nécessairement
que cette agence-là ait l'indépendance d'esprit ou encore la capacité, sur le
plan de l'expertise, d'arriver avec ses propres analyses sur les besoins de la
population, sur les besoins des villes ou des agglomérations qui souhaitent
améliorer leur mobilité et réaliser, donc, des projets.
Et ça, ça pose un risque fondamental, parce que
l'agence, et plusieurs l'ont mentionné lors des consultations particulières,
cette agence-là, si elle doit répondre à un besoin auquel on ne peut pas
répondre aujourd'hui, bien, il faut qu'elle
puisse y répondre dans une certaine indépendance, dans une autonomie, dans une
transparence, aussi, exemplaire, qu'elle puisse s'inspirer de ce qui se
fait de mieux à travers le monde, qu'elle puisse entreprendre des recherches,
cultiver cette espèce de connaissance, là, de pointe dans les meilleures façons
de répondre aux enjeux de mobilité à travers le Québec, le territoire du
Québec, mais sur la base de l'expertise qu'on a développée dans toutes sortes
de projets ou dans toutes sortes d'analyses
de ce qui s'est fait ailleurs, mais de façon la plus détachée des impératifs
politiques. Les impératifs politiques qui sont, Mme la Présidente,
souvent liés à un cycle politique et électoral, que l'on comprend, que l'on connaît, mais duquel on doit s'éloigner
si on veut réaliser des projets, à moyen, long terme, dans un objectif commun
d'améliorer les choses.
Et c'est
peut-être le fait que l'on ait posé le mauvais diagnostic sur la raison pour
laquelle, au Québec, malheureusement,
depuis nombre d'années, on a eu beaucoup de difficultés à faire aboutir des
grands projets d'infrastructure en
matière de transport collectif, qu'on pense, par exemple, au prolongement de la
ligne bleue du métro de Montréal, qu'on pense au projet, ici, de tramway à Québec, qu'on pense également au
projet de REM de l'Est ou REM de la Rive-Sud ou encore de la Rive-Nord,
la multiplicité d'intervenants, les complexités liées aux rôles et aux
responsabilités de chacun et également, je vous dirais, là, les priorités qui
s'imposent en fonction des cycles politiques, comme je le mentionnais tout à
l'heure.
• (19 h 10) •
Et là, plutôt
que de regarder ça dans une perspective de résolution de problème, en se
disant : Comment on règle, justement, la question des rôles et des
responsabilités puis qu'on se dégage une espèce de vision qui nous guidera dans
les investissements et dans la réalisation
de projets... et si on peut le faire à travers une meilleure analyse des
besoins, une meilleure planification non seulement des travaux
nécessaires et des projets dont on veut se doter, mais également de ce qui existe déjà, de l'urbanisation de nos
villes, par exemple, et des règles qui s'appliquent, et également des plans qui
ont été adoptés, et des visées de ces
instances municipales, la gouvernance des villes également, le rôle des
sociétés de transport, et ainsi de
suite, que l'on puisse, je dirais, clarifier un peu, encore une fois, les rôles
et les responsabilités dans cet écosystème et s'assurer que les gens travaillent dans le même sens, avec un
leadership, mais basé non pas sur des intérêts politiques à court terme, mais
sur une vision à long terme, qui aurait été développée de façon experte et de
façon autonome, de façon indépendante, de... en appuyant nos constats et
notre projection de projets sur la science et sur ce qui se fait de mieux à
travers la planète.
Et, malheureusement, ce projet de loi ne nous
mène pas à ces conclusions-là ou à cette mécanique-là, parce qu'en fait on définit la mission de façon
extrêmement restrictive en disant : L'agence se mettra en oeuvre lorsque
le gouvernement aura décidé de lui confier un projet. Mais sur quelle
base le projet sera-t-il confié à l'agence? Bien là, mystère et boule de gomme. On pourra, évidemment, confier des mandats à
l'agence de trouver des solutions, mais, encore une fois, l'exécution de tout autre mandat dépend de la volonté du
gouvernement, et non seulement un mandat en matière de transport
collectif, parce qu'on sait que c'est là la principale lacune qu'on veut
combler. On dit : Le ministère, actuellement, n'a peut-être pas l'expertise
requise, les compétences pour développer ce genre de projets complexes en
matière de transport collectif. Soit,
on peut la développer. Plusieurs nous ont fait des représentations à l'effet
que le ministère pourrait se doter de cette infrastructure... de cette
compétence-là et développer, justement, ces compétences sans nécessairement superposer une nouvelle structure. On a décidé de
faire un autre choix, et c'est, je pense, la prérogative du gouvernement.
Là où on a un
problème, et un problème qui, à mon point de vue, deviendra un problème majeur,
c'est sur le fait que, cette nouvelle structure là, son mandat est très
vaste et est appelé à évoluer à travers le temps, au point où il pourra se
superposer à un mandat qui est déjà confié au personnel expert qui travaille au
sein du ministère pour le développement, par
exemple, d'infrastructures routières. Et on n'a pas voulu limiter le mandat.
Donc, il y a des risques de dédoublement, de chevauchement, à la limite
de litiges entre l'agence que l'on crée et l'équipe de fonctionnaires au sein
du ministère, qui me semblent être déroutants et qui ne me semblent pas
favoriser l'efficacité de l'État.
Parce qu'on nous a fait le plaidoyer de
l'efficacité de l'État, en faire davantage, de projets, plus rapidement, livrer les ouvrages et les projets, et le faire à
meilleur coût. Comment peut-on penser qu'on arrive à ces objectifs-là quand
on a une structure qui est superposée à une
structure existante, dont les mandats se recoupent, sans avoir clarifié les
rôles et les responsabilités de façon
claire, sans avoir non plus déterminé quelle était la taille de cette
infrastructure... de cette structure-là, c'est-à-dire, que l'on veut
créer?
On a parlé,
dans certains dossiers qui nous ont été remis sur la mise en place de l'agence,
d'espaces qui pouvaient permettre l'installation d'une centaine ou 250 travailleurs,
mais on a dit que ça pourrait prendre de l'expansion jusqu'à 400 membres du personnel, et que ça
dépendrait, évidemment, des projets qui leur seraient confiés. Mais, en même
temps, on sent que ces dépenses-là,
qui sont supérieures, qui sont supplémentaires à celles qu'on fait déjà, bien,
elles ne sont pas précisées. Et c'est la raison pour laquelle
j'évoquais, d'entrée de jeu, le fait qu'on était un peu devant un trou noir, devant une boîte à surprises. Et, selon la volonté
du gouvernement, on pourrait avoir cette espèce de bureau de projets, là,
extensible, dont on dit qu'il pourrait travailler sur différents projets
à la fois, ce qui est contraire aux pratiques actuelles.
Les gens qui travaillent sur le projet de
transport structurant de Gatineau, la région de l'Outaouais, bien, ils se
concentrent là-dessus à temps plein, pendant des mois et des mois, et c'est,
justement, à travers ce travail-là d'experts, de
collaboration qu'on arrive à pondre le projet et à le réaliser, à le
conceptualiser d'abord, et à le réaliser. Mais on s'imagine qu'ils n'ont pas
beaucoup de pauses, là, pour commencer à travailler sur le projet de tramway de
Québec, par exemple, et vice versa, parce qu'on a aussi connu un bureau
de projets ici, dans la ville de Québec, qui était composé de plus de 200 personnes. Alors, de faire miroiter le
fait qu'avec cette... ce bassin d'expertises là au sein d'une agence on va
travailler sur deux ou trois projets à la fois, de façon concurrente ou
parallèle, me semble être un voeu pieux, une vue de l'esprit et, au contraire,
me semble contre-productif si l'objectif, c'est d'être plus efficaces puis de
livrer les projets de façon plus rapide.
La capacité d'initiative que l'on ne veut pas
accorder à cette agence-là me semble être un écueil majeur sur le... sa capacité de faire la différence, et ça,
je pense que c'est un obstacle majeur que l'on entrevoit à l'heure actuelle, et
qui risque de faire déraper l'ensemble de l'aventure. Parce qu'on ne
peut pas se fier, je pense, sur une autre base que la base experte et sur la science pour pouvoir faire les meilleurs choix.
Et c'est en amont des décisions gouvernementales que l'un des rôles
principaux de l'agence devrait être campé, et ça, on l'a complètement éludé
dans le projet de loi, malgré nos
représentations, malgré nos demandes d'amendements, malgré les débats qu'on a
pu tenir de façon constructive pour tenter
d'améliorer le projet de loi et la mesure qui était mise de l'avant par le
gouvernement, par la ministre du Transport et de la Mobilité durable.
Alors, c'est ces réserves-là qui, en fait, sont
davantage que des réserves, sont véritablement des objections à ce qu'on mette en place une structure, que l'on
engage des dépenses et que l'on ne sache pas de façon plus précise dans quoi on s'embarque et quels seront les mandats qui
seront confiés, quels seront les pouvoirs, les responsabilités de ces nouvelles
ressources que l'on voudra aller recruter et qu'on devra convaincre de se
joindre à l'aventure et à l'agence Mobilité Infra
Québec, tout en leur niant la capacité d'intervention de leur propre chef sur
différentes initiatives. La difficulté de recrutement, Mme la Présidente, semble être extrêmement importante parce
que les gens qui voudront s'investir et investir temps, effort, énergie, et leurs compétences, et leurs expertises pour
le bien commun dans le développement d'infrastructures et de projets
complexes de transport vont vouloir avoir, jusqu'à un certain point, une marge
de manoeuvre, une latitude, le droit à leur
indépendance d'esprit et d'initiative, ce qui ne semble pas être... en fait,
qui n'est définitivement pas dans le projet de loi à l'heure actuelle.
Alors, ce sont les principales lacunes que l'on
a identifiées dans le projet de loi : le manque d'autonomie, le refus de définir la mission en tant que telle. Et
c'est là où on risque, Mme la Présidente, de manquer le bateau, parce que cette structure-là ne nous permet pas de penser
qu'à court, moyen ou même long terme la gestion des projets, je dirais, de
leur planification de départ, et dans la collaboration que ça implique et dans
la conception...
• (19 h 20) •
D'ailleurs, j'en profite pour glisser une
parenthèse, on a proposé des amendements pour pouvoir mieux définir le rôle de l'agence, rôle qui se limite, à l'heure
actuelle, à l'analyse d'opportunité, la planification, la réalisation de
projets complexes de transport. J'ai proposé un amendement pour qu'on
puisse aussi concevoir la conception du réseau ou du projet, on a dit : Non, ça, c'est inclus dans la planification, en
prouvant, à travers différents documents, à la ministre que la
conception ne pouvait pas être assimilée à la planification ou à l'analyse
d'opportunité, encore moins à la réalisation. On
ne peut pas réaliser un projet avant de l'avoir conçu. Lorsqu'on le planifie,
il y a différentes étapes, et la planification... et les différentes
étapes de planification, ça inclut l'étape de conception. Mais là on l'a
complètement éludé, on l'a complètement éliminé, ce qui est assez dommage, Mme
la Présidente.
Mais, encore là, tout ça dépend du mandat qui
sera donné par le gouvernement à cette agence, qui pourra essentiellement être
élastique et qui pourra donner des résultats ou non selon les cycles que l'on
vivra au cours des prochaines
années et, je voulais mentionner également, selon les montants qui seront
consentis à l'agence pour travailler. Alors,
on sait qu'on va réserver des bureaux. Ça, c'est déjà clair, on a déjà une
planification. Il y a des bureaux qui semblent avoir été identifiés, on
va pouvoir louer des espaces pour installer du personnel. Mais quels seront les
montants dévolus à l'agence, au-delà de son fonctionnement, pour véritablement
réaliser des projets dans une perspective, là, de résultats, alors que la ministre, pendant toute la durée d'évaluation
ou d'étude du projet de loi, n'a cessé de nous dire que le temps qu'on passait pour l'étude du projet de loi, bien,
ça coûtait de l'argent, et puis que, de l'argent, on n'en a plus, puis qu'on
a un déficit historique de 11 milliards?
Ça, on le reconnaît, évidemment, après avoir
pris le pouvoir avec des surplus de 7 milliards de dollars, bien, la
CAQ nous a amenés, au bout de six ans, à devoir instaurer un régime d'austérité
pour tenter de résorber le déficit, dont 1,5 milliard devra être récupéré
en santé. Et là on nous dit : Bien, cette agence-là va réaliser un nombre
de projets incalculable, de façon très, très
rapide et efficace, mais on n'a pas d'argent. Alors, ce double discours là d'on
n'a pas d'argent, mais on crée des
structures pour réaliser des projets nous rend perplexes, Mme la Présidente. Et
on se demande où est le sens des priorités de la ministre à cet
égard-là. Mais on a l'impression que ce qu'elle souhaite, c'est un certain...
une certaine fuite en avant, dans la mesure où la réalisation principale du
mandat, tel qu'il se déroule aujourd'hui, aura été de créer une structure,
alors que, comme je le disais d'entrée de jeu, ce qu'on veut, c'est des
infrastructures. Et on n'a pas, à l'heure
actuelle, de perspective à l'effet que des projets seront effectivement
réalisés de façon prioritaire, avec une planification adéquate, avec une
conception qui est du dernier cri et qu'on a les moyens, justement, de nos
ambitions à l'égard des projets que l'on voudrait voir se réaliser au cours des
prochains mois et des prochaines années. D'autant plus que les réseaux qui existent déjà aujourd'hui, Mme la Présidente,
bien, ils font l'objet de restrictions budgétaires, que ce soit la...
peu importe la société de transport que l'on connaît et qui est en exercice
aujourd'hui, bien, on leur demande à l'heure actuelle, essentiellement, de se
serrer la ceinture.
En dépit de
la Politique de mobilité durable, qui vise à augmenter de 5 % l'offre
d'ici 2030, bien, on a pris du retard, et on ne risque pas d'augmenter
l'offre si on restreint la capacité des entreprises, des sociétés de transport
d'améliorer, par exemple, leurs services,
d'augmenter la fréquence et de rendre leurs services plus attrayants, de
développer, justement, des services
qui peuvent convaincre les gens qui hésiteraient parfois, pour des raisons, là,
de délai de transport ou pour toutes sortes d'autres raisons, de migrer dans
une espèce de transition vers un mode de transport collectif, alors
qu'aujourd'hui ils dépendent trop
souvent de l'auto solo. Et, pour ça, bien, il faut vraiment mettre les bouchées
doubles. Et, à l'heure actuelle, bien,
on ne le fait pas dans les réseaux qui existent actuellement. On a une très
grande difficulté à maintenir les actifs que l'on a déjà, pensez au
métro de Montréal, où, il n'y a pas si longtemps, on a dû fermer une série de
stations sur la ligne bleue, qui n'est pas
la plus vieille de tout le réseau, là, parce qu'il y avait une station qui...
dont la structure était jugée fragile, vulnérable, et on n'a pas... on
n'a pas résorbé ce problème-là. Donc, on a un déficit de maintien d'actif, on
le sait. Et il n'est pas clair aujourd'hui, dans le projet de loi, que l'on va
résorber ça, non plus que le rôle de l'agence sera très clair en ce qui concerne le maintien des actifs, également, ou la
gestion des opérations des projets de transport structurants qu'on
mettra sur pied.
On a vu tout à l'heure, avec mon collègue de
Taschereau, que la porte est ouverte également à ce que l'on puisse confier des
projets qui seraient réalisés par l'agence à des instances privées, à des
entreprises privées, au mépris de la
responsabilité, du rôle qui est dévolu aux agences de transport qui existent
déjà à travers le Québec, dans les agglomérations urbaines principalement.
Alors, pour toutes sortes... pour toutes ces
raisons-là, pour nous, il est impossible de souscrire à ce projet-là parce que... En fait, c'est comme si on avait le
pire des deux mondes, et je conclurai là-dessus : on a choisi de créer une
agence, mais on a refusé de lui donner toute la latitude pour qu'elle exerce
pleinement son rôle, en toute autonomie, de
mettre en valeur et à mettre en action l'expertise qu'on allait rassembler. On
a aussi la possibilité que cette agence-là vienne grignoter certaines
des fonctions qui sont dévolues actuellement au ministère des Transports, aux
fonctionnaires qui sont à l'emploi du ministère des Transports, avec les
risques de dédoublement et de chevauchement que j'ai mentionnés tout à l'heure.
Alors, si on avait voulu véritablement transformer la façon de faire, bien, il
fallait le voir de façon globale, à notre
point de vue, donc que l'agence soit indépendante, que l'agence puisse parler
du transport et de la mobilité durable de façon englobante, de façon intégrée,
et qu'on puisse s'assurer du transfert, justement, des priorités qui ont longtemps été les infrastructures routières
et autoroutières vers le transport collectif. Mais ça, ça se fait, là, dans une
espèce de mouvement qui est cohérent à l'intérieur d'une agence ou d'un
ministère qui a l'ensemble de ces responsabilités-là. Sinon, on risque
d'avoir des tiraillements. Et, bien, ça, ce n'est pas... ce n'est pas
susceptible de favoriser, là, l'efficacité, l'optimisation des ressources et la
productivité.
Et le dernier élément, bien, c'est celui de
l'imputabilité. Évidemment, si ça tourne mal, si l'agence n'est pas productive,
si l'agence n'a pas les moyens de ses ambitions ou des ambitions que lui confie
le gouvernement, qui pourra-t-on tenir responsable si les résultats ne sont pas
livrés? Si on n'a pas, comme la ministre semble vouloir le penser, là, les
résultats extraordinaires qui nous sont promis, alors qui devra répondre de
cette façon de faire là et des résultats?
Bien, ça risque d'être effectivement les gens qu'on aura nommés, les hauts
gestionnaires. Et, à ce moment-là, bien,
on n'aura pas la capacité de pouvoir rendre imputable le gouvernement. Puis les
gouvernements vont changer, là. Cette structure-là, elle est appelée à
demeurer pendant un certain temps, donc ce n'est pas une question, là, que je
veux personnaliser à un gouvernement ou à un ministre ou à un autre, mais plus
spécifiquement au fait que la reddition de comptes, à partir du moment où la
mission de l'organisme, elle est confiée par le politique mais qu'elle n'est
pas... et qu'elle n'est pas assumée nécessairement par le politique au moment
où on rendra des comptes sur les résultats, bien, c'est là que je vous dis
qu'on a le pire des deux mondes. Soit qu'on prend la responsabilité et qu'on
l'assume jusqu'au bout, ou soit qu'on confie
la responsabilité et qu'on la confie jusqu'au bout. Et là, bien, c'est... c'est
la raison principale pour laquelle on a un problème majeur sur le plan
de l'imputabilité également, mais qu'on n'était pas obligés d'y arriver comme ça, simplement par
la création d'une agence. Une agence peut être imputable, et les élus doivent
être imputables aussi dans leur rayon d'action. Mais là on a le
politique qui va prendre les décisions et l'agence qui sera responsable de la
réalisation et à qui on confiera probablement le soin de rendre des comptes sur
les échecs qui seront essentiellement attribuables au gouvernement qui aura
confié les mandats, sans nécessairement avoir fait le travail préalable, parce
que la mission de l'organisation, ce n'est pas de faire le travail en amont ou
de faire le travail de développement d'une vision puis d'une planification
coordonnées.
• (19 h 30) •
Alors, pour toutes
ces raisons, Mme la Présidente, nous n'appuierons pas le projet de loi. Mais je
veux quand même mentionner le fait qu'une fois qu'on a eu débattu de
l'article 4, qui est fondamental, qui porte sur la mission et sans lequel il était impossible, pour nous,
d'adhérer au projet de loi et à sa philosophie... je veux quand même mentionner
le fait qu'une fois qu'on a eu passé à travers cet article-là, les travaux se
sont déroulés de façon harmonieuse, de façon rigoureuse, de façon efficace
également. Parce que le reste ne posait pas véritablement problème, une fois
qu'on a déterminé que l'agence n'avait pas le rôle qu'elle devrait avoir. Mais,
sur le reste, ça devient essentiellement une discussion sur le bon
fonctionnement d'une agence puis, disons, la répartition des responsabilités
et... Par exemple, de doter l'agence d'un
C.A. de quelques membres, neuf membres ou 11 membres, on a pu en discuter
un peu. On a pu définir ce qu'était
un projet de loi complexe, et ainsi de suite. Tout ça est allé, je pense, assez
rondement. Mais il fallait faire le débat sur la mission. Il fallait aller
au bout de l'exercice. Il fallait donner toutes les chances au gouvernement
d'amender son projet de loi, de le bonifier
pour le bien, justement, des finances publiques et pour le bien de la société
et des projets qui seront, on l'espère, tout de même réalisés à court,
moyen ou long terme.
Mais,
dans cette perspective-là, je veux quand même remercier l'ensemble des gens qui
ont contribué à faire en sorte qu'on
arrive aujourd'hui à mettre un terme au débat, à adopter ce projet de loi là.
C'est la prérogative du gouvernement d'avoir, évidemment, le dernier mot
sur un projet de loi et pouvoir l'appuyer avec sa majorité parlementaire. C'est
ce qu'ils feront sans aucun doute dans les prochains jours, vraisemblablement
demain. Mais, pour ce qui est du travail qui a été fait, je pense qu'il est
tout à fait de bon aloi de remercier les membres du cabinet du ministère du
Transport et de la Mobilité durable, donc les équipes qui ont travaillé de
bonne foi sur ce projet-là, les membres de la commission, le personnel
administratif, les collègues, également, des différents partis de l'opposition,
je pense particulièrement au député de Nelligan, la députée de Saint-Laurent,
qui ont travaillé sur le projet, également le député de l'Acadie, aussi mon
collègue député de Taschereau. Donc, ça a été un travail, aussi, avec la
ministre, bien évidemment. Dans la deuxième partie, si on veut, des travaux, je
pense que la collaboration était présente, je dirais, la bonne foi également et
puis la volonté d'aboutir au meilleur résultat possible. Alors, je pense que
c'est comme ça que doit se faire le travail parlementaire. Au-delà des
différends qu'on peut avoir, au-delà du vote qui se tiendra demain, je pense
qu'on aura fait le tour de la question.
Le gouvernement aura
fait ses choix, les partis d'opposition feront les leurs, et ensuite, bien, on
verra ce que donnera ce changement législatif, tout de même important, et en
souhaitant, évidemment, que nous nous trompions sur les écueils que l'on identifie, à l'heure actuelle, dans la
perspective de réaliser davantage de projets, à meilleurs coûts, de façon plus efficace, pour avoir une perspective
aussi d'amélioration de la mobilité au Québec, de la fluidité des transports,
une amélioration également de notre bilan énergétique, d'émissions de gaz à
effet de serre, rééquilibrer au mieux les investissements en matière de routes, et d'autoroutes, et de transport
collectif, où on a un rattrapage à faire. En fait, on a pour objectif
d'inverser les proportions qui sont observables actuellement, où à peine
30 % des budgets sont dévolus au transport collectif, alors que 70 %
sont toujours investis dans les infrastructures routières et autoroutières,
alors que toutes les sociétés occidentales et modernes font le pari
inverse, qu'il faut plutôt maximiser les investissements en matière de
transport collectif.
Donc, on espère que
ce débat-là, même si ça ne se traduit pas spécifiquement dans certains des
éléments... les éléments clés du projet de
loi, puisse tout de même faire leur chemin au sein des instances
gouvernementales, de l'agence qui sera mise en place, aussi, et des... du
personnel qui sera embauché, de son conseil d'administration, également du
ministère, pour obtenir de meilleurs résultats pour les contribuables du
Québec. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
Le
projet de loi n° 61, Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et
modifiant certaines dispositions relatives au transport collectif,
est-il adopté?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Un
vote électronique est demandé. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci, Mme la Présidente.
Je vais vous demander de reporter ce vote à demain, s'il vous plaît.
Vote reporté
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Le vote sera reporté à demain. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci, Mme la Présidente. Je vous demanderais
de bien vouloir appeler l'article 6 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 32
Adoption
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup. À l'article 6
du feuilleton, M. le ministre responsable des Relations avec les Premières
Nations et les Inuit propose l'adoption du projet de loi n° 32, Loi
instaurant l'approche de la
sécurisation culturelle au sein du réseau de la santé et des services sociaux.
Y a-t-il des interventions? M. le ministre, la parole est à vous.
M. Ian
Lafrenière
M. Lafrenière : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Alors, bonjour, hello, «kwe», «shé:kon»,
«wachiya», «ullaakkut». Pour nos collègues qui nous écoutent au Journal
des débats, que j'ai rencontrés tout à l'heure, voilà quelques minutes, oui, je vais vous envoyer la
liste des bonjours et des remerciements dans toutes les langues autochtones,
Mme la Présidente. C'est important, on est dans la décennie des langues
autochtones, et, à chaque occasion qu'on a, puis je sais que mes collègues des
oppositions le font aussi, on doit rappeler l'importance des langues
autochtones.
Alors, chers amis, collègues, équipe de mon
cabinet qui est ici présentement, membres des Premières Nations et des Inuits qui nous écoutent à la maison...
vous, Mme la Présidente, je l'ai dit à la prise en considération, ce n'est pas
un hasard si je me retrouve devant vous
aujourd'hui, vous qui avez initié ce grand mouvement, là. J'en suis très
heureux. Mme la Présidente, je vais devoir commencer par un préambule,
parce que la vérité a ses droits. Et je reconnais mon collègue de l'opposition, pour qui j'ai un très grand respect, et je
l'ai entendu, jeudi passé, passer certains commentaires. Alors, je sais très bien que les commentaires que
je vais passer aujourd'hui, on parle du passé, on parle du parti qui était
au pouvoir à l'époque, mais je pense que c'est important de faire ce petit
préambule.
Mme la Présidente, vous me connaissez, on va
finir positivement parce que je suis très heureux de ce qu'on présente aujourd'hui. Mme la Présidente, ce matin,
j'écoutais le leader de l'opposition officielle qui disait que, cette semaine,
on n'a pas vraiment beaucoup de projets de loi importants à présenter. Je suis
sûr, Mme la Présidente, qu'il avait oublié notre
projet de loi n° 32. Je le comprends parce que ça fait deux ans qu'on
travaille dessus. Mais, Mme la Présidente, c'est tellement important, ce
qu'on fait aujourd'hui, et le débat... l'échange qu'on va avoir aujourd'hui,
Mme la Présidente, on doit se rappeler qu'on
change la vie des gens. Ça fait des années que ça nous est demandé, cinq ans,
puis aujourd'hui on va le livrer.
Alors, c'est la première chose que je voulais rappeler à mon collègue le leader
de l'opposition officielle puis nous rappeler ici, dans cette Chambre,
que c'est la troisième fois, troisième fois qu'on dépose une loi, un projet de
loi autochtone depuis la création du secrétariat, Mme la Présidente. Ce n'est
pas rien, et ça arrive sous notre gouvernement. C'est moi qui ai le privilège de présenter ce projet de loi là. Ça
n'avait jamais été fait avant. Alors, Mme la Présidente, il faut reconnaître ce qu'on fait aujourd'hui. C'est
spécial, c'est particulier. Ça n'a pas été simple. J'avais écrit mon discours
au début en disant : Mme la Présidente, ouf, on a réussi. Ça a été
compliqué, mais merci aux collègues, collègues des oppositions, collègues de la
banquette, qui étaient avec nous pendant toutes les étapes de ce projet de loi.
On a grandi ensemble là-dedans.
• (19 h 40) •
Mme la
Présidente, comme je vous disais, la liberté... la vérité a ses droits. Je veux
revenir sur le projet de loi n° 79. Et ça, Mme la Présidente,
pour ceux à la maison qui ne connaissent pas cette réalité-là, en 2015, Anne
Panasuk, une journaliste, avait fait un reportage rapportant que des jeunes
enfants autochtones étaient disparus ou décédés pendant qu'ils étaient admis
dans le service de santé. Et, Mme la Présidente, malgré le fait que le
reportage est sorti en 2015, ce n'est qu'à notre arrivée au pouvoir qu'on a
fait quelque chose, Mme la Présidente. Alors, je vous dis, là, je suis la personne qui reçoit toujours les critiques puis je
le prends de façon positive, mais il faut juste se rappeler qu'il n'y a rien
qui avait été fait. On l'a fait. Est-ce que c'était parfait? Non. Est-ce que,
lorsqu'on l'a déposé, les oppositions ont fait leur job de poser les questions
puis critiquer? Oui. Mais je pense qu'aujourd'hui, dans cette salle, Mme la
Présidente, il n'y a personne qui va
remettre en question la loi n° 79. On a fait de
grandes avancées, puis c'est un petit peu ce que je vais nous servir aujourd'hui, en se disant :
Bien qu'imparfait, on avance. Laissons-nous une chance, laissons-nous une
chance.
Mme la Présidente, dans les commentaires que
j'ai entendus aussi, on revient sur l'article 3, l'article 3 du
projet de loi qu'on vous propose aujourd'hui, en se disant : Ça ne va pas
assez loin, on aurait pu aller plus loin. Juste nous remettre en contexte, Mme
la Présidente, il faut se rappeler que tout ça commence par un projet de loi
des libéraux à l'époque, puis là je remonte
dans le temps, Mme la Présidente, je le sais, en 2009, et, suite à ce dépôt de
projet de loi là, il y a un rapport qui a été déposé en disant : Il
faut faire des changements, ça presse. Puis aujourd'hui, en 2024, je vous
propose un article qui vient en partie, je le reconnais, avec mon collègue de
l'opposition, qui ne règle pas tout, mais qui
commence ce changement-là. Pourquoi ça n'a pas été fait avant? Pourquoi
personne ne s'en est occupé? Je nous pose la question, Mme la Présidente. Mais c'est pour ça que je réagis, parce
que je me dis : Ce qu'on vous présente aujourd'hui, Mme la
Présidente, c'est de reconnaître les compétences culturelles d'intervenants
autochtones en matière de santé mentale, car
oui, Mme la Présidente, on sait, il y a une pénurie de main-d'oeuvre. C'est
très le cas dans le Nord, en partant. Oui,
on reconnaît les compétences culturelles de ces intervenants-là puis, oui, ça
nous prend des intervenants dans les villages nordiques, Mme la Président... Présidente, pardon, on en a besoin.
Alors, c'est pour ça que je dis que ça va changer la vie des gens
aujourd'hui, ce qu'on fait.
Commission Viens... qui
m'a été rapporté pendant nos travaux aussi, où on disait : Écoutez, M. le
ministre, vous n'êtes pas allé sur le
racisme systémique. Puis ça, c'est un débat que j'ai à tous les jours, Mme la
Présidente, ça fait qu'il n'y a pas de cachette. Mais j'ai rappelé
cependant qu'à l'époque, Mme la Présidente, le gouvernement qui était en place avait refusé la notion de racisme
systémique, et ça, même si ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques était revenue à plusieurs reprises, et vous
la connaissez, Mme la Présidente, elle ne lâche pas le morceau. Alors, malgré
son instance... son insistance, pardon, ça
n'a pas été accepté. Le collègue me suggérait, puis je l'ai beaucoup apprécié,
une solution, en disant : On peut-tu toujours regarder discrimination
systémique? Puis c'est le juge Viens aussi qu'il l'a dit dans la commission. On
a consulté des membres des Premières Nations, puis pas l'ensemble des Premières
Nations, mais des membres. Ce n'était pas assez. On se retrouvait dans le même
cul-de-sac.
Alors, ce
qu'on vous propose aujourd'hui, Mme la Présidente, c'est dans notre préambule,
on reconnaît qu'il y a du racisme, on
reconnaît qu'il y a de la discrimination puis on fait parler les commissions.
Vous allez voir tantôt, je vais vous en parler, Mme la Présidente. Puis
on répond aujourd'hui à trois appels à l'action de la commission Viens. Puis commission Viens, pour ceux qui nous écoutent à la
maison, ça a étudié les rapports de l'État avec les Premières Nations et
les Inuits entre 2001 et 2016.
Alors, aujourd'hui, la raison pour laquelle je
réagis, Mme la Présidente, c'est que je me dis... je vais vous faire
l'analogie, je me retrouve dans une maison où je me rends compte qu'il y a bien
du ménage à faire. Puis le ménage à faire,
bien, ce n'est pas moi qui le dis, Mme la Présidente, j'ai la commission Viens,
j'ai l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones
disparues et assassinées, j'ai la Commission de vérité et réconciliation qui
l'ont dit, il y a du ménage à faire. Ça fait
que, bien qu'imparfait, je commence à faire le ménage puis là je me fais faire
la leçon par l'ancien locataire, qui dit : Oui, la couleur de
peinture, c'est ordinaire, je n'aurais pas pris ce fini-là, moi, les produits
pour faire le ménage, j'en aurais pris d'autres. Je suis ouvert à la critique,
Mme la Présidente, mais je veux juste nous rappeler collectivement qu'on se
retrouve dans cette position-là à cause de ce qui est arrivé dans le passé.
Puis on ne corrigera pas 400 ans d'histoire aujourd'hui, Mme la
Présidente, c'est clair, mais la vérité a ses droits, puis c'est pour ça que
j'ai commencé par ce préambule. Puis vous me
connaissez, je fais rarement ça, mais je trouvais ça important. Puis je sais
que mon collègue va faire son travail, parce qu'il le fait très bien,
puis je sais que c'est un homme de droit, c'est un homme pour qui j'ai beaucoup
de respect, puis je tenais juste à faire cette mise en contexte.
Mais, Mme la Présidente, là, je passe dans mes
pages extrêmement positives, parce que je suis vraiment content d'être devant
vous. Et on a fait un travail incroyable ensemble, puis je veux remercier les
collègues des oppositions. C'est un pas de géant qu'on fait aujourd'hui. Il y a
cinq ans, il n'y a personne qui aurait pu croire qu'on se retrouverait ensemble
aujourd'hui pour mettre la sécurisation culturelle dans la Loi sur la santé.
J'aimerais nous rappeler qu'aujourd'hui ce n'est
pas une finalité, hein? C'est un début, c'est un premier pas, mais il va y
avoir beaucoup de travail à faire, parce que, Mme la Présidente, vous allez
reconnaître avec moi que, dans la santé, il
y a plusieurs défis. Il y en a énormément. Et je veux remercier mon collègue
ministre de la Santé, qui aurait pu, avec tous ces grands défis,
dire : Tu sais quoi, Ian, ce n'est peut-être pas une priorité
présentement. Il a toujours été un allié de
premier pas, parce que je dépose ce projet de loi aujourd'hui pour lui. Ça a
été un très grand allié, il a toujours cru en l'importance... puis je
suis content qu'on le fasse ensemble aujourd'hui.
Pour la première fois au Québec, on se dote
d'obligations pour faire mieux auprès des populations autochtones avec les populations autochtones. Les commissions
d'enquête l'ont dit, pendant des décennies, malgré les plans d'action,
les belles paroles, les changements sur le terrain n'ont pas été visibles. À
partir d'aujourd'hui, Mme la Présidente, on aura l'obligation légale d'offrir
des services culturellement sécurisants à toute personne autochtone. Ça veut
dire des services qui tiennent compte de
leur réalité culturelle, linguistique et historique. Ça veut dire de respecter
les pratiques puis le savoir autochtones. Ça veut dire d'établir des
partenariats avec les Premières Nations et les Inuits pour développer avec eux des mesures qui vont répondre à leurs
attentes. Dans les établissements de santé, on me l'a répété à plusieurs
reprises, on en était rendus là.
Je souligne d'ailleurs que plusieurs bons coups
ont été faits par la Santé, Mme la Présidente, parce que c'est sûr qu'on entend plus parler de ce qui va mal,
mais il y a des choses qui vont bien. Que ce soit l'exemple d'une pharmacie
à La Tuque qui a décidé de faire un pilulier écrit en atikamekw, les Atikamekw
peuvent voir les médicaments, ce qu'ils ont, ou encore le CHU de Québec avec
une chambre qui est culturellement adaptée ou les huit cliniques dans les
centres d'amitié autochtones, qui sont des cliniques de type Minowé. Donc, on
tient compte des réalités autochtones.
Et, pour les
gens qui nous écoutent, Mme la Présidente, on se rappelle d'un vieil adage
d'Yvon Deschamps : On ne veut pas le savoir, on veut le voir. Mais
pour le voir, le changement, Mme la Présidente, les gens peuvent aller voir Sept-Îles, Trois-Rivières, bientôt à Québec, où on
investit comme jamais dans des résidences autochtones, des résidences
étudiantes autochtones. Et qu'est-ce que ça veut dire, Mme la Présidente? C'est
qu'au lieu de demander aux gens de s'adapter
à ce qu'on fait d'habitude, on s'est adaptés à leur réalité avec une garderie,
un CPE, avec des salles communes pour être ensemble. On s'est vraiment
adaptés.
Puis ça, moi, j'en suis très fier parce
qu'aujourd'hui on se donne des obligations légales. Et je m'adresse aux gens de
la santé qui nous écoutent : On est très fiers de vous, vous faites de
très belles choses. Puis le projet de loi, aujourd'hui, ce n'est pas un projet
de loi qui est négatif. On veut mettre en valeur les bons coups, ce qui se fait
bien, mais on veut aussi se rendre compte des moins bons coups parce que ce
n'est pas tolérable dans notre société, Mme la Présidente. Puis c'est le
message qu'on envoie clairement aujourd'hui.
• (19 h 50) •
Ce qu'on veut, c'est une transparence. Puis vous
allez voir, chers collègues, avec le projet de loi qu'on a aujourd'hui, sur le
site Internet de la Santé, on va voir ce que les gens ont réalisé, qu'est-ce
que les établissements ont réalisé, Mme la Présidente, qu'est-ce qu'ils ont
fait comme bonnes choses. Les autres établissements vont pouvoir s'en inspirer. L'établissement de Joliette, par exemple, que
j'utilise souvent comme référence, ils font de très belles choses. Qu'est-ce
qu'ils ont fait de bien? Qu'est-ce que d'autres pourraient faire pour s'en
inspirer? Puis les canards boiteux, on va les voir, Mme la Présidente, puis ils
vont devoir répondre de leurs actes. Ça, mon collègue le ministre de la Santé l'a dit clairement, on n'en veut pas de ça. Il y a
tolérance zéro. Alors, c'est ce qu'on envoie parce que... comme message,
pardon, Mme la Présidente, parce que, vous savez, ce n'est pas aux gens de la
santé à porter ça à bout de bras tout seul. On
va le faire avec eux. C'est un projet de société qu'on commence aujourd'hui,
Mme la Présidente, puis moi, j'y crois. Est-ce que c'est parfait? Non, mais on avance, puis j'aurais le goût de
vous dire, Mme la Présidente, qu'on avance enfin.
C'est une première au Canada. On peut en être
fiers. On m'a reproché au début de vouloir gagner une course ou de dire : Je suis le premier. Écoutez, Mme
la Présidente, vous connaissez bien cette réalité-là, on ne gagnera pas des
votes avec ça, Mme la Présidente. Notre but, ce n'est pas ça, mais pas du tout.
Pourquoi on fait ça, Mme la Présidente? Parce qu'on est un gouvernement
responsable, parce qu'il faut le faire. On prend la décision courageuse de le
faire, même si pendant deux ans on a été
critiqué, parce que ça doit être fait, Mme la Présidente. Puis gouverner, ça ne
se fait pas toujours dans la
facilité, je le sais un peu. Puis, en passant, si c'était de gagner une course,
cinq ans, j'ai déjà vu des courses beaucoup
plus rapides que ça, Mme la Présidente. Ça a été long. Ça a été différent, puis
on a fait différemment dans notre projet de loi, Mme la Présidente. Je
suis sûr que les collègues des oppositions vont le reconnaître, on a travaillé
différemment.
On a travaillé avec les partenaires des
Premières Nations, des Inuits. On n'a pas fait une grande rencontre, Mme la
Présidente, hein, tout le monde dans la même salle pendant une demi-journée. On
n'a pas fait ça parce que ça a été souvent
reproché. Ce qu'on a fait, on a essayé de faire différemment. On a essayé
d'autres choses. On a fait plus d'une cinquantaine d'échanges qui duraient
entre 30 et 90 minutes. Puis c'est en six étapes que ça s'est fait, Mme la
Présidente, c'est réparti sur deux ans, sans compter que tout le monde a
pu partager son opinion, que ce soit avec des mémoires qui nous ont été transmis, dans des rencontres officielles ou non. On
s'était fait dire que le danger, c'est qu'on entendait souvent les mêmes
gens, on ne donnait pas la parole à tout le monde. Tout le monde a pu prendre
parole. Il y en a même qui ont décidé de
prendre ce moment de parole pour nous envoyer un message, clairement, que ça ne
fonctionnait pas, notre approche, puis je le reconnais, Mme la
Présidente. Alors, tous ceux qui ont voulu s'exprimer ont pu le faire.
Je l'ai dit tantôt, je le dépose, ce projet de
loi, aujourd'hui, pour mon collègue de la Santé. Et ça n'a pas été simple. Il y en a peut-être qui ont pensé que
c'était simple comme projet, mais ça ne l'a pas été du tout. La preuve, c'est
le résultat, puis on est rendus aujourd'hui,
après deux ans... Je m'attendais d'être critiqué, Mme la Présidente, c'est
clair. Comme gouvernement, on se fait critiquer, ce n'est pas assez
vite, pas assez loin. Puis c'est un premier pas, c'est un très grand pas, parce
qu'il n'y a aucun gouvernement au Québec qui a osé le faire avant nous, Mme la
Présidente. Ça prenait du courage dans ce qu'on fait aujourd'hui. Vous savez
comment ça fonctionne, l'agenda législatif? J'ai beaucoup de mes collègues qui ont des projets de loi, mais on a décidé
de le prioriser. Mes collègues ont accepté qu'on le mette sur pause,
qu'on revienne, qu'on tente différemment, avec les oppositions, qui ont
vraiment voulu être aidantes, en
disant : Est-ce qu'on peut écouter des groupes, est-ce qu'on peut essayer
d'autres choses, M. le ministre? Moi, je les remercie encore aujourd'hui
parce que, sérieusement, l'effort collectif, il a été là tout le long puis il y
a eu beaucoup d'ouverture. C'est pour ça qu'on arrive avec quelque chose comme
ça. Mme la Présidente, je vous ai dit qu'on était premiers au Canada, mais on n'est pas premiers dans le monde, mais pas
du tout. Dans les années 80, en Nouvelle-Zélande, ça a été fait, ça
fait plus de 40 ans.
Aujourd'hui, ce qu'on fait, on répond, entre
autres, à la commission Viens, puis il y a trois appels à l'action, Mme la
Présidente : l'appel à l'action 74, qui demande qu'en collaboration
avec les autorités autochtones on enchâsse la notion de sécurisation culturelle
dans une loi; l'appel 75, qui demande qu'on encourage les établissements
du réseau à développer, en collaboration avec les autochtones, des services et
des programmes culturellement sécurisants; l'appel 106, qui demande qu'on
mette en oeuvre les recommandations qui dataient de 2016. Tantôt, je vous en
parlais, l'article 3, les
recommandations ont été faites en 2016. Alors, le juge Viens a déposé un
rapport il y a cinq ans. On dit : Assez,
c'est assez. Les autochtones nous l'ont répété, c'est beau les mots, ça prend
des actions. Aujourd'hui, on... on agit, pardon, pour les prochaines
générations.
Mme la Présidente, j'ai le goût de vous parler
de coconstruction aussi parce que c'est un terme que j'ai entendu souvent dans nos travaux. On s'est fait demander
de coconstruire. J'ai entendu à plusieurs reprises... Comme je vous dis, la
première chose que j'ai apprise dans mon travail, Mme la Présidente,
c'est que les autochtones, ça n'existe pas, c'est-à-dire, ce n'est pas un bloc
monolithique. Ce n'est pas vrai que tout le monde pense de la même façon, Mme
la Présidente. Il y en a qui prennent pour les Canadiens de Montréal, il y en a
qui prennent pour les Nordiques, les défunts Nordiques.
Je dois vous avouer, Mme la Présidente, que j'en connais même qui votent pour
les Bruins de Boston... Puis d'ailleurs, je veux saluer M. Paul-Émile
Ottawa. Je suis désolé, Paul-Émile, mais on l'a dit.
Pourquoi je vous dis ça, Mme la Présidente?
C'est que rapidement on se rend compte qu'il y a plusieurs réalités. Et moi, je
doute fortement que même des gens comme le bureau du Principe de Joyce ont eu
ce défi d'inclure 11 nations, 55 communautés, les réalités urbaines.
Même le Collège des médecins sont venus nous voir. Moi, je doute que, dans le mémoire qu'ils nous ont déposé, ils
ont pu consulter 11 nations, 55 communautés, la réalité urbaine.
Pourquoi je vous dis ça, Mme la Présidente? C'est qu'à ce jour, moi,
j'ai posé la question en commission, mes collègues des oppositions étaient là,
puis j'ai dit : O.K., la coconstruction, comment on fait ça? Puis je n'ai
toujours pas la réponse, Mme la Présidente.
C'est complexe. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas tenter de le faire. Je
nous rappelle que c'est complexe.
Pour la suite
des choses, là où moi, j'ai espoir, c'est qu'on se dote aujourd'hui
d'obligations, et les établissements de santé, les CISSS, les CIUSSS,
avec les organismes de terrain, vont avoir l'obligation de développer ensemble,
avec les organismes terrain, une série de
mesures. Moi, j'ai vraiment espoir, parce que, je l'ai dit souvent pendant la
commission, on ne fait pas de mur-à-mur, qu'à ce moment-là, c'est là
qu'on va développer. On va développer des choses ensemble parce
que la réalité de Joliette n'est pas la même que celle de Sherbrooke ou celle
de Sept-Îles. Il va falloir travailler ensemble,
il va falloir mesurer l'impact de nos actions ensemble pour avancer ensemble,
puis c'est ce qu'on veut, Mme la Présidente.
Puis des exemples de coconstruction, ce qui s'en
rapproche le plus, Mme la Présidente, on en a. Le guide de sécurisation
culturelle, on a réussi à l'écrire, à le coécrire. C'est vrai, on a pu le
faire. La formation du personnel dans les hôpitaux, on a pu le faire. Pourquoi?
Puis tous les exemples que je vais vous donner, Mme la Présidente, ce sont des
exemples terrain. Ce que je veux vous dire par là, c'est que, quand on le
développe avec une communauté X ou Y, beaucoup
plus de chances de succès que de le regarder à la grandeur de la province pour
toutes les communautés, comme je vous ai dit tantôt, les
11 nations, les 55 communautés.
Vous savez, Mme la Présidente, une autre grande
fierté pour notre gouvernement, présentement, il y a 24 conseils d'administration paragouvernementaux qui comptent un
membre des Premières Nations et des Inuits sur le conseil
d'administration. Puis ça, c'est un message fort qu'on avait reçu des Premières
Nations qui disaient : On n'est pas là, dans vos instances, on ne nous
entend pas. Aujourd'hui, on est rendus à 24, Mme la Présidente, sans oublier
que, sur le conseil d'administration de Santé Québec, qui nous préoccupe
beaucoup aujourd'hui, on se retrouve avec le
premier chirurgien autochtone au Québec, le Dr Stanley Vollant, que je salue
aujourd'hui, en qui j'ai grandement confiance. Puis ça, ce n'est pas
rien, Mme la Présidente, de le retrouver sur le conseil d'administration.
Aujourd'hui, soyons fiers, ensemble, on innove.
Parfois, on me reproche de ne pas en faire assez, parfois on me reproche d'aller trop vite. Ça me rappelle mon
ancienne job, Mme la Présidente. Rarement on était juste dans le bon temps.
Il y a quelqu'un dans cette salle qui s'en rappelle, il me l'a reproché, à
l'époque. Vous voyez, Mme la Présidente, c'est complexe, c'est délicat, mais ça
ne nous empêche pas de le faire parce qu'on est courageux, Mme la Présidente.
• (20 heures)
•
Il y a une autre chose que mes collègues ont
entendue à plusieurs reprises, c'est la théorie des petits pas. Et ça, c'est pour nous donner confiance, en disant :
Même si ce n'est pas parfait, on avance, on fait un changement. Alors, vous
voyez que le message qu'on envoie aujourd'hui au réseau de la santé, à tous les
Québécois, il est clair. On dit aux Premières Nations et aux Inuits qu'ils
doivent être respectés.
Mme la Présidente, cette loi pourra enfin donner
espoir aux Premières Nations et aux Inuits. S'ils ont besoin d'aller à l'hôpital, ça va être un lieu
sécuritaire. Lorsque je suis dans une communauté, j'en parle souvent de la
théorie des petits pas. Et vous savez, Mme la Présidente, on ne
corrigera pas 400 ans d'histoire du jour au lendemain, c'est clair, mais
je veux donner espoir aux gens qui nous écoutent. On fait un pas vers l'avant
puis on le fait ensemble.
Tantôt, Mme la Présidente, je vous ai parlé de
la loi n° 79. C'est sûr que je dois faire un
parallèle aujourd'hui, Mme la Présidente. Pourquoi? Parce qu'on l'a adoptée, on
l'a fait ensemble, avec le travail des oppositions, puis à l'époque, on avait
des critiques puis on se disait : Pas sûr, est-ce que c'est bon, est-ce
que ce ne l'est pas? Puis je pense que les
résultats parlent, Mme la Présidente. Aujourd'hui, puis quand je dis le
chiffre, à chaque fois, comme père de famille, je suis troublé, mais on aide 120 familles, 120 familles qui
tentent de retrouver ce qui est arrivé à 209 enfants, 209 enfants
autochtones. Imaginez-vous, comme père, comme mère de famille, voilà 40 ans,
votre enfant est parti en avion parce qu'il ne filait pas, il n'est jamais
revenu à la maison, vous ne l'avez jamais revu. Vous ne savez même pas où il
est enterré, vous ne savez même pas ce qui est arrivé, Mme la Présidente. C'est
inhumain. Comme parent, je ne peux pas m'imaginer
ça 30 secondes, Mme la Présidente. Alors, on l'a fait parce qu'il fallait
le faire, sans savoir où on s'en allait, Mme la Présidente. Je serais menteur
de vous dire aujourd'hui que je savais qu'on aiderait 120 familles, pas
vrai.
J'écoutais
Anne Panasuk, qui était ma conseillère spéciale, puis elle me disait : M.
le ministre, c'est quoi, le chiffre? Puis je n'avais aucune idée, Mme la
Présidente. Honnêtement, c'est un pan de notre histoire que je ne connaissais
pas. Puis je disais, d'un côté, si on arrive avec une famille ou deux, je vais
avoir l'air d'avoir tout fait... on va avoir l'air d'avoir tout fait ça puis
passer à côté de l'objectif. Mais, madame, une famille ou deux, Mme la
Présidente, c'est trop. Ils cherchent leurs
enfants, ils ne savent pas ce qui est arrivé, c'est horrible. On fait face à ça
aujourd'hui. On fait face à ça, puis, dans notre projet de loi n° 79,
je l'appelle encore le projet de loi n° 79, ce qu'on a mis en place, c'est
annuellement, puis ça, les collègues de l'opposition le savent, parce qu'ils
participent puis ils participent bien, Mme la Présidente.
On a fait un comité, un comité de suivi, Comité
national sur la sécurisation culturelle qu'on vient de créer dans notre loi aujourd'hui, qui s'inspire grandement de
la loi n° 79, très clair. Dans ce qu'on propose aujourd'hui,
on vient même préciser
minimalement... puis ça, je veux rassurer mon collègue de l'opposition, ce
qu'on a mis dans notre projet de loi, Mme la Présidente, le projet de
loi n° 32, qui est inspiré du projet de loi n° 79, c'est minimalement
les membres qui vont en faire partie, le ministre... le comité national pourra
compter plus de membres, c'est clair. On voulait se mettre un minimum, puis je
vous rassure, Mme la Présidente, on ne vise pas un minimum ici, mais pas du
tout.
Avec la loi n° 79, on
était les premiers au Canada à le faire. En passant, il y a plusieurs
juridictions qui sont venues nous voir, voir
comment on travaillait. J'ai une personne dans la salle, ici, qui nous a
beaucoup aidés dans 79 aussi. Je
salue les filles de la Direction de soutien aux familles qui font un travail
qui est incroyable. Ça a été inspirant, Mme la Présidente. Ça a été inspirant pour ce qu'on fait aujourd'hui, parce
qu'on se lance dans le vide, c'est vrai, on se lance dans quelque chose où on se dit : Câline, on s'en
va où? Mais, dans le 79, on l'a fait, parce qu'il fallait le faire, puis on l'a
bien fait. Puis j'ai espoir qu'il va arriver la même chose avec 32,
aujourd'hui, Mme la Présidente.
Je l'ai dit tantôt, rien n'est parfait. Je ne
viens pas devant vous en disant : Mme la Présidente, c'est parfait, ce qu'on fait, clairement pas. Concernant le racisme
systémique, notre position n'a pas changé, Mme la Présidente. Il n'y a pas personne... Les gens peuvent être déçus, mais
ils ne peuvent être surpris. C'est la même position qu'on a toujours eue.
On l'a vu récemment, même dans cette salle, Mme la Présidente, quand on parle
de racisme, c'est un sujet qui est hypersensible.
Et nous, ce qu'on a voulu faire aujourd'hui, c'est d'avoir des actions qui sont
concrètes. Au lieu d'avoir un débat de sémantique, on voulait avoir des
actions concrètes. Je le dis toujours quand je rencontre les Premières Nations et les Inuits, s'il y
avait ce discours-là puis il n'y avait pas des actions concrètes pour nous
supporter, ce serait insupportable. Ce serait impossible de soutenir,
Mme la Présidente.
Alors, ce qu'on a
fait... puis, des fois, on a tendance à l'oublier, on est le premier
gouvernement à avoir mis en place un ministre responsable de la lutte au
racisme. On a mis en place un groupe d'action contre le racisme, Mme la
Présidente, avec des actions, des recommandations, 12 qui touchent directement
les Premières Nations et les Inuits. C'est
important. Et ça, ce que je vous dis là, Mme la Présidente, ça se retrouve dans
le préambule. Alors, ce qu'on a écrit, dans notre préambule, ce sont... c'est
une notion qui est importante, puis un préambule, Mme la Présidente, on ne met
pas ça dans chacun des projets de loi, vous le savez. La Charte de la langue
française compte un préambule. La Charte des droits et libertés compte un
préambule. Notre projet de loi n° 79 compte un préambule. Alors, ce sont
des projets de loi qui sont majeurs quand on met un préambule.
Puis aujourd'hui,
c'est pour ça qu'on vous dépose un projet de loi qui compte un préambule. On a
même décidé de nommer le Principe de Joyce
dans notre préambule, Mme la Présidente. Puis les gens vont me dire : Oui,
mais pourquoi vous ne le reconnaissez pas? Mme la Présidente, on revient
à la case de départ pour reconnaître le Principe de Joyce. Pour l'adopter, il faut reconnaître le racisme
systémique. Je viens de faire cette discussion-là avec vous. Ça fait que vous
comprenez qu'on voulait le reconnaître, reconnaître que les éléments qu'il y a,
dans le Principe de Joyce, on y adhère. On ne fait pas semblant. On ne peut pas
reconnaître le Principe de Joyce si on ne reconnaît pas le racisme systémique.
Alors, pour nous, ça, c'est important.
Ce
qu'on a abordé dans notre préambule, c'est une notion qui est importante, de
reconnaître qu'il y a du racisme et de la discrimination. C'est très
clair, puis on a décidé de faire parler des commissions, Mme la Présidente. On
a décidé que la parole revenait à ceux qui le vivent, ce racisme et cette
discrimination-là, donc on a fait parler les commissions, des commissions qui ont remis des centaines et des
centaines de recommandations, qui ont passé des années à rencontrer les
gens. Ils le savent et ils ont entendu les gens qui vivent cette réalité-là.
C'est ce qu'on fait aujourd'hui. Lors du Groupe d'action contre le racisme, une
des recommandations qui étaient importantes, c'était de faire une campagne publicitaire, puis on l'a fait, là, on a
co-construit une campagne publicitaire avec une réalisatrice autochtone, que
vous avez sûrement vue, Mme la Présidente, où on parle des
11 nations qui composent le Québec. Et là, pour ceux qui nous suivent à la maison, suite à cette première
étape-là, qui est un bon succès, on disait : Il y a 11 nations, on
devrait apprendre à se connaître, là on y va nation par nation. Vous pouvez,
sur le site, aller découvrir la nation attikamek, la nation crie, les entendre, les voir et, combiné avec le
tourisme autochtone, Mme la Présidente, il y a une possibilité d'aller sur le
terrain puis se rapprocher de
l'autre. Pourquoi je vous parle de ça aujourd'hui, Mme la Présidente? C'est une
façon de lutter contre le racisme puis l'intolérance, c'est apprendre à
se connaître, et ça, c'est important pour nous, Mme la Présidente.
Qu'est-ce qu'on a
fait d'autre? On a fait des patrouilles mixtes avec certains corps policiers au
Québec. Tantôt, je vous ai parlé du
logement. On sait que le logement — puis vous le connaissez plus que moi, Mme la
Présidente — c'est
100 % de responsabilité fédérale, mais on est quand même allés, je l'ai
dit tantôt, dans du logement étudiant autochtone.
Je ne demande pas à
ce que mes collègues soient en accord avec tout ce qu'on dépose aujourd'hui,
puis je respecte leur opinion, mais on doit
reconnaître qu'on est les premiers à en faire autant sur le terrain, puis il
faut continuer, Mme la Présidente, il ne faut pas arrêter.
Tantôt, je vous ai
parlé de l'article 3, je vais vous le résumer. Ça permet à des
intervenants autochtones de poser des actes
réservés dans le domaine de la santé mentale sans être membre de l'ordre. Ça va
se faire dans des conditions précises,
je veux rassurer tout le monde, on doit protéger le public. Il va y avoir de la
formation qui va être donnée aussi, Mme la Présidente, il va y avoir du
mentorat, mais on veut reconnaître les compétences d'intervenants qui sont déjà
sur le terrain, puis ils en ont grandement
besoin. Ça fait que, depuis tantôt, je vous dis : Ça change la vie des
gens; vous pouvez vous imaginer qu'à
Umiujaq, qu'à Ivujivik, sur la côte est, qu'à Kuujjuaq, Kangirsuk, ça va
changer la vie des gens, on va avoir des intervenants terrain, puis ça,
c'est important.
Mme la Présidente, je
ne peux pas me tenir devant vous aujourd'hui, vous parler de sécurisation
culturelle sans faire un passage... sans
parler de Joyce Echaquan. Et on se rappellera qu'elle est décédée tragiquement
le 28 septembre 2020. Alors, à sa famille, ses proches, à Carol, à
la communauté, on a une pensée très spéciale pour vous aujourd'hui. Et je le
sais, Mme la Présidente, que tout le long de nos travaux, ça nous a animés,
puis avec les oppositions, on en a parlé souvent,
de cette référence-là, de se rappeler que, oui, la commission Viens a été la
bougie d'allumage, c'est ce qui nous a
commandé de faire des changements, mais la tragédie horrible de Joyce Echaquan
nous a envoyé un message, puis on s'est dit : Plus jamais; il faut
tout mettre en place pour prévenir ce genre d'action là, et c'est ce qui nous a
guidés. C'est ce qu'on fait aujourd'hui, Mme la Présidente, on répond.
En terminant, Mme la
Présidente, j'ai des remerciements. C'est un travail qui est colossal. Vous le
savez, hein, je suis présent devant vous
aujourd'hui, mais ce n'est pas la job d'Ian. Le premier ministre l'a déjà
mentionné : Ce n'est pas la job d'une ministre ou d'un ministre de
faire les relations avec les Premières Nations et les Inuits, c'est la job de
tout un gouvernement. Et moi, je vous dis qu'aujourd'hui c'est la job de toute
une équipe.
Je veux remercier les
collègues des oppositions. On a réussi à essayer toutes sortes de choses
ensemble, des façons de faire, Mme la Présidente, qu'on ne voit pas normalement
dans nos projets de loi, je veux les remercier. Alors, mes deux collègues, entre autres mon collègue de l'Acadie, ma collègue
de Sainte-Marie—Saint-Jacques aussi, qui était avec nous, dans les deux cas, ils nous ont
proposé des solutions. On a fait des arrêts, on a rencontré des groupes, on a tenté d'aller plus loin, parce qu'au final, on se
le dit souvent, Mme la Présidente, en matière de relations avec les Premières
Nations et les Inuits, il n'y a pas de
partisanerie à faire, parce qu'au final, si on veut réussir à travailler de
nation à nation, on doit travailler ensemble. Ici, on me le démontre
bien. On est souvent ensemble dans des événements, alors je veux remercier mes
deux collègues.
Collègues de la banquette ministérielle, je vous
remercie d'avoir été patients, parce qu'entre le premier jour puis le dernier
jour, il s'est retrouvé deux années, puis il y en a qui se sont dit : Mon
Dieu! Il s'en va où avec tout ça? Ça n'aboutit pas. On s'est
donné le temps d'arriver là. Merci. Merci de votre écoute. Et par ailleurs, Mme
la Présidente, je veux le mentionner, tantôt je disais : Ce n'est pas le
job d'un ministre de faire des relations, c'est la job de tout le monde, je suis rendu à 46 élus qui sont venus
sur le terrain, qui sont venus voir comment ça se passait sur le terrain,
d'autres qui vont le faire bientôt. Mais c'est en allant sur le terrain,
c'est en rencontrant les gens qu'on apprend à les connaître, qu'on se
rapproche. Puis ça a été la même chose pour les oppositions, Mme la Présidente.
On a fait des déplacements pour la loi n° 79, entre autres, puis c'est
tellement important. Dans mes remerciements, je l'ai dit tantôt, mon collègue ministre de la Santé, qui, malgré tous les défis
qu'il vit, n'a jamais enlevé le pied de sur l'accélérateur en disant :
Ian, je suis avec toi, on le fait ensemble. Ça, je veux le remercier,
Mme la Présidente.
Je veux remercier les équipes aussi. Pas facile,
Mme la Présidente... bien, vous allez dire, ce n'est pas facile de travailler
avec moi, mais ce n'est pas facile non plus un projet de loi comme ça qui dure
longtemps. Je vois que mon collègue de Saint-Jean avait beaucoup trop de
plaisir quand j'ai dit que ce n'était pas facile de travailler avec moi, alors
vous comprendrez que, tantôt, je faisais référence à lui quand il questionnait
mon travail de policier. Mais, Mme la Présidente, les gens de l'équipe qui
sont avec nous aujourd'hui, ceux qui ont travaillé sur tout le projet de loi,
il y a eu des moments difficiles, il y a des moments qu'on s'est dit : On
n'arrivera jamais. Il faut garder la foi. Je l'ai toujours dit, j'ai espoir,
puis on arrive aujourd'hui, on livre.
Alors, Mme la Présidente, tout ce qu'on fait ici
a un impact qui est majeur, toujours, mais, dans le cas présent, c'est extrêmement humain. Je vous l'ai dit en
début de discussion tantôt, il y a peu ou pas de projets de loi autochtones, ça
fait que, quand il y en a un, il faut le reconnaître, il faut le souligner.
Aujourd'hui, on change la vie des gens. Moi, j'ai confiance, j'ai espoir
qu'on va changer les choses tranquillement aujourd'hui puis que les prochaines
générations, les sept prochaines générations verront le résultat de ce qu'on a
fait ensemble différemment.
Mme la
Présidente, «thank you», «meegwetch», «nia:wen», «wela'lin»,
«tshinashkumitinau», «wliwni», «tiawenhk», «woliwon». Merci, Mme la
Présidente.
• (20 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Je
cède maintenant la parole au député d'Acadie.
M. André
Albert Morin
M. Morin : Bonsoir,
Mme la Présidente. Merci. Alors, je suis heureux de prendre la parole, ce soir,
à la dernière étape, à tout le moins
dans le Parlement, du projet de loi n° 32 — on est rendus à l'adoption — Loi
instaurant l'approche de sécurisation culturelle au sein du réseau de la
santé et des services sociaux, un projet de loi qui a quelques articles, ce
n'est pas très volumineux, mais qui aura quand même pris deux ans à cheminer
pour en arriver à l'étape où on en est rendus ce soir. En fait, dans certains
cas, ça a pris tellement de temps qu'on a été obligés, à la toute fin, de
modifier un article pour la mise en vigueur
parce qu'elle allait être dépassée, c'était en lien avec la création de Santé
Québec. Et, au moment où le projet de
loi a cheminé, on a même vu apparaître Santé Québec dans le décor, avec un
projet de loi être adopté, puis là finalement Santé Québec travaille.
C'est un projet de loi qui touche, pour ma part,
à des éléments qui sont très sensibles, très sensibles pour les Premières
Nations et les Inuits. Et je vous dirai que j'ai été quand même un peu étonné,
surpris, voire même pas mal surpris, tiens,
pendant les consultations particulières parce qu'on a entendu plusieurs
groupes, dont le Bureau du Principe de Joyce, qui, à un moment donné,
ont décidé de fermer leurs cartables, se lever puis partir. Je vous dirai que
ça a créé un certain bouleversement, pour ne
pas dire un bouleversement certain. Et puis je me suis posé la question :
Mais, au fond, comment cela peut-il
se faire? Comment ça se fait qu'on en est rendus là? Et, en parlant avec
différents groupes membres des Premières Nations, en fait, je me suis
aperçu que le concept de consultation du gouvernement de la CAQ puis le concept de consultation des Premières Nations,
c'étaient deux concepts qui avaient tendance à cheminer sur des voies
parallèles et non pas
perpendiculaires, et c'est la raison pour laquelle, tout au long des étapes de
ce projet de loi, on a été confrontés à des défis, et des défis
importants.
Un des grands défis qu'on a eu à rencontrer,
c'était d'abord d'identifier le problème, parce que, pour le régler puis adopter des pistes de solution valables, il
faut au moins être capables de reconnaître où est le véritable enjeu. Et ça,
M. le ministre en a parlé beaucoup, puis il
en a parlé pendant son intervention ce soir, et ça touche ce que le Bureau du
Principe de Joyce a souligné en faisant référence au racisme systémique. Le
rapport de la commission Viens parle plutôt de discrimination
systémique. Mais, dans les deux cas, dans les deux cas, les membres des
Premières Nations qui vont à l'hôpital ou
dans des services de santé ont malheureusement à vivre cette situation-là que
d'autres personnes ne vivront pas.
Et je l'ai dit, je vais le redire parce qu'on en
a beaucoup parlé pendant les travaux de la commission, mettre fin au racisme
systémique et le reconnaître, ce n'est pas dire que la société québécoise est
raciste. Quand on parle de discrimination systémique, ce n'est pas de dire que
la société québécoise fait la promotion de la discrimination. Ce n'est pas ça, ce n'est pas ça du tout, je l'ai
dit, je l'ai dit, je l'ai redit. Ce que ça veut dire, ou, enfin, comment moi,
je l'interprète, c'est que, dans certaines institutions, il y a des
mécanismes, des procédures qui font en sorte qu'à un moment donné il y a un groupe identifié qui ne sera pas traité
comme un autre groupe, mais, évidemment, pas mieux traité, moins bien traité.
Et ce n'est pas moi qui l'invente, Mme la
Présidente. Moi, tout ce que je fais, là, c'est d'écouter les membres des Premières Nations puis être leur voix à
l'Assemblée nationale pour être capable de dire : Moi, c'est ça que j'ai
entendu. Ça fait que je pense que ça, ce serait un avantage, si on veut
véritablement parler de sécurisation culturelle. Puis pourquoi c'est important qu'ils soient consultés? Bien, c'est parce que
la sécurisation culturelle, c'est pour eux, ce n'est pas pour moi. Je
vais vous parler, je vais vous citer des témoignages de gens qu'on a entendus,
des gens qui ont peur d'aller à l'hôpital quand ils sont membres des Premières
Nations.
Et
je reconnais, je reconnais que le ministre fait des efforts, je le reconnais.
Je le reconnais, qu'il y a des choses qui ont été mises en place qui n'existaient
pas avant, je le reconnais, mais ce que je trouve dommage, ce que je déplore, c'est qu'avec ce projet de loi... tu sais, parce
que M. le ministre disait : Bien, je ne veux pas faire une course, mais on
aurait pu être premiers au Canada ou
on est premiers au Canada... enfin, bref, je ne sais pas si on est premiers au
Canada, mais, en tout cas, moi, ça m'importe peu, là, je vais vous dire
honnêtement, mais, moi, ce que j'aurais voulu, ce que j'aurais voulu,
c'est qu'on arrive avec un projet de loi qui va devenir une loi et où les
Premières Nations vont se reconnaître puis ils vont dire : Oui, vraiment,
là, on a tenu compte de nous, on a tenu compte de notre réalité, puis ça va
changer quelque chose parce qu'on a été capables de l'identifier. Malheureusement,
ce n'est pas ça qui arrive.
Et
je tiens à le souligner, pendant tout le travail en commission parlementaire,
j'ai proposé plusieurs amendements, et à 99 %, ils ont tous été
rejetés par le gouvernement. Je comprends que ça a été compliqué pour M. le
ministre. Le Bureau du Principe de Joyce a claqué la porte, est parti, on a
suspendu, on a continué. Après ça, on a commencé à faire une analyse. Puis là, bien, moi, j'avais des
demandes précises à faire au gouvernement, au ministre, on a suspendu. Il y a
dû y avoir des consultations, j'imagine, au sein du Conseil des ministres, puis
finalement M. le ministre est revenu avec certains amendements, dont je vais
vous parler. Mais, pour moi, l'enjeu majeur, bien, on n'a pas été capables de
faire en sorte qu'on l'a identifié puis qu'on a été capables de passer à autre
chose. Et ça, je dois vous dire que je trouve ça dommage parce que je pense
que, quand M. le ministre dit : On avait l'opportunité de faire les choses
différemment, on a fait des choses différemment,
bien, on avait vraiment l'opportunité de faire une chose différemment, puis je
pense que, pour moi, le gouvernement
n'a pas pris cette opportunité-là, et je trouve ça particulièrement dommage.
Mais est-ce que c'est un pas? Parce que le ministre parlait de la
théorie des petits pas. Bien, c'est un tout petit pas. Je vous dirai que c'est peut-être mieux d'avoir le projet de loi que
pas de projet de loi, mais on aurait pu tellement faire plus puis on avait
tellement l'opportunité de faire plus. Puis pourtant, pourtant, ce n'est pas
parce qu'on a tendu la main au gouvernement, on a essayé toutes sortes
d'affaires. D'ailleurs, ma collègue la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
que je salue... dans le cadre du travail en
commission, on a même proposé différentes choses, on a rencontré différentes
nations, le chef de l'APNQL, on a dialogué, Femmes autochtones, le Bureau du
Principe de Joyce, on a essayé un paquet d'affaires, mais j'aurais
tellement voulu qu'on franchisse le pas de plus pour véritablement reconnaître
cet enjeu-là que tout le monde a dit qu'il
fallait qu'on le reconnaisse. Je veux dire, ce n'est pas moi qui l'invente, là,
puis, si j'y tiens, bien, c'est pour les Premières Nations, ce n'est pas
pour moi, c'est ce que je vous disais.
Les
groupes nous en ont tous parlé, et, quand on reprend les mémoires qui ont été
déposées, puis je fais référence, entre autres, à celui de Femmes
autochtones du Québec, présidé par Mme Étienne, on nous rappelle que, pour
la portée, la consultation liée au projet de loi, «Femmes autochtones du Québec
considère que la situation vécue et dénoncée par les membres des Premières Nations et les Inuits au sein des
établissements de santé, et plus largement auprès des services publics
québécois, relevant du racisme et de la discrimination systémique, mérite plus
de considération de la part du gouvernement du Québec». Ce n'est pas moi qui
l'invente, là. Et évidemment, ils demandent à ce qu'il y ait une plus grande collaboration parce qu'elles soulignent que
les femmes autochtones, en raison de leur position, elles sont ce qu'elles
ont appelé ou ce qu'elles ont décrit en première ligne, c'est elles qui,
souvent, reçoivent des soins de santé plus que les autres. Et Femmes
autochtones rappelle que le gouvernement du Québec ne respecte pas adéquatement
ses obligations constitutionnelles, ni même les recommandations des différentes
commissions qu'il a lui-même mandatées au cours des dernières années.
Le
ministre, tout à l'heure, et je l'écoutais attentivement, disait : Bien,
il y a eu une évolution. Oui, effectivement, on évolue, on change. Et,
moi, c'est un combat que j'ai voulu porter, parce que je trouvais que c'était
fondamental puisqu'on parle de sécurisation
culturelle. Puis pourquoi c'est important puis pourquoi c'est, à mon avis,
essentiel de référer au Principe de Joyce? Bien, M. le ministre l'a
mentionné un peu plus tôt, bien, c'est parce que ça rappelle le décès de
Mme Joyce Echaquan à l'hôpital de Joliette.
M.
le ministre nous a dit à plusieurs reprises qu'il y avait eu beaucoup de choses
qui avaient changé — tant
mieux, je l'espère — à
l'hôpital de Joliette. Mais il n'en demeure pas moins que la façon dont
Mme Echaquan est décédée, c'est absolument
indescriptible et insoutenable. Sa famille est à Manawan, je ne sais pas s'ils
nous écoutent ce soir. Le Bureau du Principe de Joyce est là, et le chef
Flamand, avec qui je suis en contact, est à Manawan, bien sûr.
• (20 h 20) •
Et donc c'est autant
d'éléments importants que moi, j'ai voulu mettre de l'avant dans le cadre de ce
projet de loi pour essayer de convaincre le gouvernement que c'est une chose
qu'il devait faire. Et, à un moment donné, ça ne fonctionnait pas. J'ai vu...
en fait, j'ai insisté, j'en parle encore, j'ai insisté, puis là j'ai vu qu'il y
avait une porte, ça n'allait pas ouvrir.
Donc, on a commencé avec le racisme systémique, ça n'a pas marché. Discrimination
systémique, ça, c'était le rapport Viens, ça n'a pas marché. Et, à un
moment donné, le Dr Vollant, dont M. le ministre faisait référence, c'est
quelqu'un pour qui j'ai énormément d'estime, lui, à un moment donné, il s'est
mis à parler de discrimination propre aux Premières Nations. Ah! j'ai dit, là,
peut-être qu'on a une chance. Peut-être que «discrimination systémique», c'est
trop large, «racisme systémique», c'est peut-être trop large, donc, mais là,
«propre aux autochtones», bien là, tu sais,
on ne peut pas se tromper, là, c'est vraiment ça de quoi on parle et c'est ce
qu'ils vivent, bien, ça n'a pas fonctionné non plus. Voilà.
Alors, M. le ministre
nous est revenu il n'y a pas tellement longtemps, en fait, il y a quelques
semaines, après avoir, j'imagine, consulté
les collègues, le Conseil des ministres, et il nous est revenu avec un nouveau
projet de préambule, parce qu'évidemment on a passé beaucoup de temps à
discuter du préambule. Et c'est vrai, ce que M. le ministre dit, ce n'est pas dans toutes les lois qu'il y a un
préambule, c'est même assez rare, mais c'est un élément que le législateur
utilise pour démontrer d'une façon particulière l'objet, l'objectif qui
est recherché par un texte de loi. Or, dans son projet de loi n° 32, il y
a un préambule, et il y a quelques éléments qui ont été rajoutés, et je vais
vous en faire état puis je vais les commenter.
Au départ, le gouvernement
dit : «Considérant que, dans la prise en compte des droits des usagers de
recevoir des services de santé et des services sociaux adéquats, les membres
des Premières Nations et les Inuit doivent être distingués des autres usagers
puisqu'ils forment des nations ayant une histoire et une culture distinctes»,
et ça, c'est un élément qui est important. Et il y a un autre élément qui est
important aussi, qui a été modifié dans le préambule suite à des discussions
que nous avons eues, dans la première mouture du préambule, on lisait «des
services sociaux adéquats, les autochtones doivent être distingués», et je
pense que c'est préférable de parler des Premières Nations et des Inuits.
Et là, le gouvernement a ajouté un autre
considérant : «Considérant que la Commission royale sur les peuples
autochtones, la Commission de vérité et de réconciliation du Canada, l'Enquête
nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et
la Commission d'enquête sur les relations entre les autochtones et certains services publics — ça, c'est le nom au long, exact de la commission
Viens — ont
reconnu le racisme et la discrimination vécus par les membres des
Premières Nations et les Inuit dans la société.» Et j'ai écouté attentivement,
tout à l'heure, M. le ministre, et ce que j'ai
dit en commission parlementaire, c'est : je l'ai lu, mais, Mme la
Présidente, avec respect, ça n'engage
à rien, ça n'engage absolument à rien. Puis en plus il y a plusieurs de ces
commissions-là qui sont des commissions fédérales, alors qu'on parle
d'un problème propre ici, au Québec, là, là. Là, on parle de projet de loi
devant l'Assemblée nationale du Québec.
Alors, je veux bien, mais ce que ça dit, là, si
au moins le ministre avait rajouté «et le gouvernement reconnaît le racisme et la discrimination vécus par les
membres des Premières Nations», mais il y a même... le mot «systémique» n'est même pas là, on aurait pu s'entendre là-dessus,
bien non. Alors, ce que ça dit au fond, c'est que, dans la commission Viens,
ils ont entendu des témoignages, et il y a des gens qui ont décrit ce qu'ils
avaient vécu, et ce n'était pas beau, même chose pour les filles
autochtones disparues puis même chose pour la Commission de vérité et de
réconciliation du Canada, mais il n'y a aucun engagement.
Et, quand je vous disais, Mme la Présidente, que
je pense qu'on a manqué une occasion, bien, je pense que l'occasion, on l'a
marquée là, exactement. Puis je tiens à le soulever parce que, pour moi,
c'était hyper important, mais pas pour moi, moi,
là, moi comme porte-parole de l'opposition officielle qui s'occupe des
relations avec les Premières Nations et les Inuits puis qui parle aux
gens, puis je pense que ça, ça aurait été véritablement une avancée.
Par la suite, il y a «considérant que la
Commission d'enquête sur les relations entre les autochtones et certains services publics recommande la mise en oeuvre de
l'approche de sécurisation culturelle par les établissements du réseau
de la santé et des services sociaux», c'était déjà là. Et ça, bien, quant à
moi, c'est quand même le minimum.
Ce qui est nouveau, «considérant que
l'implantation de l'approche de sécurisation culturelle en santé [...] contribue à l'amélioration globale des conditions
de vie des Premières Nations et des Inuit», ça, je pense que c'est quand
même important parce qu'il faut que ce soit
mis en oeuvre puis il faut que ça puisse changer la condition et la façon dont
les soins sont donnés.
On dit «considérant que l'approche de sécurisation
culturelle repose sur le principe de justice sociale et qu'elle contribue à
favoriser des liens de confiance avec les membres des Premières Nations et les
Inuit», c'était déjà là.
Et finalement :
«Considérant l'importance de cette approche pour les membres des Premières
Nations et les Inuit, laquelle a
notamment été mise de l'avant parmi les revendications du Principe de Joyce.»
Et donc là, on fait une segmentation. Ce n'est même pas le Principe de
Joyce au grand complet, mais il y a une référence.
Alors, ça va guider, maintenant, Santé Québec,
parce que ce n'est plus le ministère de la Santé qui va s'en occuper. D'ailleurs, dans les amendements qu'on a
reçus, clairement, maintenant, à l'article 1, on parle de Santé Québec.
Et je comprends que M. le ministre a piloté ce projet de loi là, mais
évidemment c'est un projet de loi en matière de santé, donc son collègue de la Santé puis, maintenant, Santé Québec vont
s'occuper de la mise en oeuvre. Mais, vous savez, je pense qu'on avait
là une chance de faire véritablement un pas en avant.
J'essaie de
voir les enjeux pour le gouvernement si on avait reconnu... si le gouvernement
avait reconnu le racisme et la discrimination vécus par les Premières
Nations et les Inuits. En tout cas, je ne pense pas que ça aurait, pour le gouvernement, changé quelque chose, puis je pense
que ça aurait envoyé un message très clair, mais on ne s'est pas rendus là.
Donc, visiblement, visiblement, il y a des
éléments qui sont manquants, puis, visiblement, quand on a travaillé à travers les articles du projet de loi, bien, on
est toujours revenus au même enjeu, finalement, qui est celui de la
consultation, et c'est navrant. J'espère qu'à l'avenir le gouvernement va agir
différemment, parce que la consultation fait aussi partie de la
Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, et
l'article 19 de la déclaration dit : «Les États se concertent et
coopèrent de bonne foi avec les peuples autochtones intéressés — par
l'intermédiaire de leurs propres institutions représentatives — avant
d'adopter et d'appliquer des mesures législatives ou administratives
susceptibles de concerner les peuples
autochtones, afin d'obtenir leur consentement préalable, donné librement et en
connaissance de cause.»
Alors, l'article dit bien «avant d'adopter et
d'appliquer des mesures législatives». Il n'y a pas de loi qui met ça en application au Québec, sauf qu'il y a quand
même une motion de l'Assemblée nationale qui reconnaît la Déclaration des
Nations unies sur les droits des peuples
autochtones, qui, dans mon travail, est un guide important. Alors, visiblement,
ça n'a pas été fait de cette façon-là, et c'est d'ailleurs ce que nous
rappelait l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador en septembre 2024. On nous souligne : Il y a eu
des modifications, les travaux parlementaires ont repris, bon, on est en
septembre dernier; en août, il y a eu
des représentants de la Commission de la santé et des services sociaux des Premières
Nations du Québec et du Labrador qui ont été invités à rencontrer les membres
du cabinet de M. le ministre, mais on nous rappelle par la suite que,
dans le contexte actuel, vous comprendrez qu'avec les quelques éléments qui
leur ont été présentés, il est difficile d'en analyser la portée et les
impacts. En contrepartie, nous pouvons toutefois avancer que ces éléments
répondront peu aux recommandations du mémoire conjoint déposé par l'APNQL et la
Commission de la santé et des services sociaux. On nous rappelle que le ministre s'était engagé à
prendre le temps nécessaire pour réfléchir au projet de loi et qui
reflète les préoccupations de ceux et celles qui ont témoigné lors des
consultations particulières. On rappelle également l'article 19 de la
Déclaration des Nations unies et on rappelle aussi le principe de l'honneur de
la Couronne, qu'elle a l'obligation de consulter et d'accompagner les Premières
Nations, donc, autre enjeu en ce qui a trait au projet de loi n° 32.
• (20 h 30) •
Et il y a eu d'autres commentaires qui ont été
faits exactement, exactement dans le même sens. Le Collège des médecins en a parlé. La Commission de la santé et
des services sociaux des premières nations du Québec et du Labrador,
dans leur mémoire, en ont parlé, qu'ils intitulent, d'ailleurs, Pour une
véritable approche de sécurisation culturelle et de respect des droits fondamentaux. Et ils sont quand même, bien, enfin, sûrement, représentatifs des
Premières Nations, c'est leur Commission de la santé, et on nous
redemande à nouveau de reconnaître le principe du racisme systémique, et on nous dit que c'est plus qu'une question de
principe, c'est une façon d'aborder toute la question. Et donc, sans cette
reconnaissance, on nous rappelle que ce sera
difficile de mettre en place des politiques et des formations qui pourront
lutter contre la problématique et assurer une véritable sécurisation
culturelle.
Donc, à ce
niveau-là, je pense que, pour ma part, on n'a pas atteint l'objectif. On s'en
est rapprochés, mais ça n'a pas été
atteint. Et je peux vous dire que, pour ma part, pendant que ce projet de loi a
cheminé... et, encore récemment, j'ai, bien
sûr, consulté certaines personnes des Premières Nations pour voir où on en
était, comment ça se vivait, et enfin, bref, c'est la raison pour
laquelle, moi, je vous fais ce plaidoyer ce soir.
Donc, ça, ça
n'arrivera pas. Ça n'arrivera pas tout de suite. M. le ministre parle de petits
pas. Alors, j'espère qu'à un moment
donné ce petit pas additionnel sera fait et qu'on pourra y arriver, mais il y a
d'autres éléments. Il y a d'autres éléments
dont je voulais vous faire part, d'autres propositions que l'opposition
officielle, elle a faites pour améliorer et bonifier le projet de loi.
Notamment, à l'article 1, j'aurais souhaité...
parce que, dans les différentes pratiques culturelles sécurisantes, ça doit prendre en compte les valeurs et des
réalités culturelles et historiques des membres des Premières Nations,
favoriser le partenariat, être accueillantes et inclusives à l'égard des
Premières Nations, prévoir l'élaboration de programmes de formation
continue, et ça, je vais vous en reparler, Mme la Présidente, adapter l'offre
des services de santé et des services sociaux par des moyens comme l'embauche
de personnel membre des Premières Nations et des Inuits.
Et là, moi,
ce que j'avais à proposer, c'est... Écoutez, si vous voulez véritablement
opérer un changement au sein de
l'institution, bien, il va vous falloir aussi des cadres puis il va falloir
que, dans les différents paliers de gestion, les gens vont être capables de vous suivre puis de mettre
ça en place. Il faut, à un moment donné, un leadership. C'est sûr qu'il y a une
obligation qui incombe à Santé Québec, ça, c'est certain, mais je pense que, si
on a des cadres à différents niveaux dans le réseau, ça va être mieux,
sauf qu'à ma connaissance ça n'a pas été accepté.
Et permettez-moi de vous parler de la formation,
parce que, là aussi, on en a parlé à plusieurs reprises et on a dit : Écoutez, cette formation-là, là, il va
falloir absolument que les Premières Nations y participent. Il faut qu'ils soient partie prenante de l'exercice parce que,
sinon, ça n'aura pas la portée qui est escomptée. Et ça, pour moi, c'est aussi hyperimportant, puis ça, j'en ai parlé avec M. le
ministre, mais je le rappelle, je le rappelle ce soir, il va falloir qu'il y
ait véritablement une concertation qui soit faite pour que ça puisse
fonctionner véritablement. Ça m'apparaît être très, très important.
Dans le mémoire de Femmes autochtones, et je
vous en ai parlé un peu plus tôt, Mme la Présidente, on a des exemples de ce que
des membres des Premières Nations ont vécu. On nous souligne, à la page 7,
quelques récits entendus récemment lors des visites de Femmes autochtones du
Québec dans les communautés autochtones.
«Un grand-père autochtone nous a partagé que sa
famille vit un réel traumatisme actuellement puisque sa petite fille de quatre ans a été prise en charge par le
système de protection de la jeunesse et placée en famille d'accueil sur une
base ponctuelle. L'enfant avait des cheveux
longs et tenait à sa chevelure. La famille d'accueil l'a fait raser. Deux
femmes nous témoignent avoir récemment subi une stérilisation forcée, et
ce, avant l'âge de 35 ans. Une aînée autochtone qui ne parle pas français s'est fait référer par le
centre de santé de sa communauté en urgence à l'hôpital parce qu'elle
présentait des symptômes d'infection sévères : température élevée,
douleurs à un pied alors qu'elle est diabétique. Le personnel soignant a évalué
que sa situation n'exigeait pas de soins d'urgence et a remercié cette
dernière. Deux jours plus tard, elle y était
admise de nouveau pour une infection au tibia. Elle est demeurée hospitalisée
plusieurs semaines, alors que cela aurait pu être évité. Ces récits
témoignent de l'existence du racisme et de la discrimination systémique dans le
réseau de la santé et des services sociaux
et devraient à eux seuls suffire à faire adopter le Principe de Joyce, mais
également faire reconnaître et à lutter contre le racisme et la
discrimination.»
Le rapport de Femmes autochtones du Québec, il a
été déposé dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 32,
pas en 1944, pas en 1980, pas en 2000. Il a
commencé il y a deux ans. On ne sait pas exactement quand c'est arrivé, mais
deux femmes nous témoignent avoir récemment subi une stérilisation forcée, et ce,
avant l'âge de 35 ans. Imaginez la situation, Mme la Présidente, vous
allez à l'hôpital, vous êtes malade, vous n'avez pas le choix, puis, quand vous
ressortez de l'hôpital, vous vous
dites : Bien, c'est curieux, je ne peux pas avoir d'enfant, puis vous vous
rendez compte que vous avez vécu une stérilisation forcée. Puis ça, ça s'est
passé ici, au Québec. Alors, je ne sais pas ce qu'il faut, mais moi, je peux vous dire que, comme député de
l'opposition, quand je lis ça, ça m'interpelle. Ça m'interpelle, puis je ne
voudrais plus jamais, jamais que ça arrive.
Il y a des fois, malheureusement, quand on est
malade... puis ça nous est arrivé, ça m'est arrivé à moi, puis là on s'est ramassés à l'hôpital, mais moi, quand je
vais à l'hôpital, je ne suis pas inquiet sur la façon dont je vais être reçu.
J'espère passer, ne pas trop attendre, être
vu par un spécialiste ou un médecin d'urgence puis, après ça, revenir chez
nous, mais je n'ai pas cette inquiétude-là. Bien, les membres des
Premières Nations l'ont. Puis oui, il y a quelques avancées qui ont été faites, mais il en reste encore à
faire pas à peu près, pas à peu près. Puis, quand on lit des situations comme
ça et qu'on décrit ce qui est arrivé, bien, écoutez, ça ne peut pas
faire autrement que nous interpeler.
Donc, je vous
parlais tantôt de la formation. Ça fait aussi partie du projet de loi. Bien,
j'espère que Santé Québec... parce
que je comprends que le ministre a piloté ça pour le ministre de la Santé puis,
maintenant, Santé Québec. Donc, j'espère que Santé Québec, quand ils vont mettre ça en place, bien, ils vont être
capables de tenir compte puis de consulter l'ensemble des Premières Nations.
Et, si je peux me permettre une recommandation, ils sont peut-être mieux de
prendre un peu plus leur temps, consulter puis le faire comme il faut,
que d'essayer de rencontrer un échéancier et faire en sorte qu'après ça on va
se ramasser encore dans une situation où plusieurs membres des Premières
Nations n'auront pas été conseillés, n'auront pas été consultés.
On a parlé
beaucoup de l'article 3, et évidemment ça dit : «Par règlement, après
consultation des communautés — bien,
en fait, c'est des Premières Nations et des Inuits — déterminer
les conditions et les modalités...» Et
ça va permettre évidemment à certains membres des Premières Nations de poser
certains actes dans des endroits précis avec un encadrement, mais pour
tenir compte de leur savoir médical traditionnel.
• (20 h 40) •
Évidemment, on va suivre la mise en oeuvre de ça
d'une façon attentive, et ça, c'est un élément qui peut être une avancée, d'autant plus qu'on peut faire une
référence entre l'article 3 et l'article 24 de la Déclaration des
Nations unies sur les droits des
peuples autochtones, parce qu'à l'article 24 on stipule que «les peuples
autochtones ont droit à leur pharmacopée traditionnelle et ils ont le
droit de conserver leurs pratiques médicales, notamment de préserver leurs
plantes médicinales, animaux, minéraux d'intérêt vital. Les autochtones ont
aussi le droit d'avoir accès, sans aucune discrimination, à tous les services
sociaux et de santé. Les autochtones ont le droit, en toute égalité, de jouir
du meilleur état possible de santé physique et mentale. Les États prennent les
mesures nécessaires en vue d'assurer progressivement la pleine réalisation de
ce droit.»
Donc, moi, j'espère que, dans le cadre de la
mise en oeuvre de ces dispositions-là, Santé Québec va tenir compte des
dispositions des Nations unies en ce qui a trait aux droits des peuples
autochtones. J'ai écouté attentivement M. le
ministre, tout à l'heure, qui nous parlait du projet de loi n° 79 sur les
enfants disparus, et c'est une initiative importante. Tous les groupes parlementaires y participent, et,
à chaque année, évidemment, il y a un dépôt d'un rapport qui est fait ici,
à l'Assemblée nationale, mais on va aussi toujours déposer le rapport dans une
communauté des Premières Nations, ce qui est une très bonne chose.
Mais je vois
quand même une distinction entre ce qui est fait, et les objectifs du projet de
loi n° 79, et ce qu'on est en train de faire avec le projet de loi
n° 32. Le projet de loi n° 79, bien, c'est aussi des histoires
d'horreur, parce que, comme M. le ministre le soulignait, dans plusieurs
cas, il y a des enfants malades qui ont été amenés à l'hôpital, puis la mère ne les a jamais revus. En fait, on ne sait
pas où ils sont allés. Avec le temps qui passe, bien, évidemment, ils les recherchent, et c'est une bonne chose qu'il y ait
des ressources qui soient mises pour aider les membres des Premières Nations pour les rechercher, pour
essayer de les retrouver, pour essayer de comprendre ce qui s'est passé.
Et on nous a
raconté aussi des histoires de femmes autochtones qui sont allées accoucher
dans des établissements de santé, mais, quand elles sont revenues, il
n'y avait pas de bébé, il n'y avait pas d'enfant avec eux. Alors, je me dis, si
on a été capables de faire ça avec le projet de loi n° 79 puis si on est
capables de prendre acte de ce qu'ils ont vécu, et là c'est véritablement arrivé dans le passé, bien, utilisons...
justement, utilisons ce qu'on a fait pour renforcer ce qu'on doit faire
pour le présent et le futur. Et c'est comme ça que je le vois et c'est ce que
je propose, évidemment, à M. le ministre pour que, justement, des membres des Premières
Nations n'aient plus à vivre jamais ce genre de situation là, totalement, totalement
dramatiques, totalement dramatiques.
Donc, quand on regarde le projet de loi et qu'on
dit qu'il y aura une mise en oeuvre des règlements, bien, pendant le projet de
loi, pendant l'étude article par article, on a effectivement fait des choses
différemment. On a été en consultation avec certains membres des Premières
Nations. Ça s'est fait de façon un peu chaotique parce que ça n'avait pas été
fait en avant. Ça fait qu'on a essayé de faire du rattrapage, mais on a quand
même essayé autre chose, et ma collègue la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques avait des suggestions pour ça. On les a mis en oeuvre, ça a donné
ce que ça a donné, mais, au moins, on a été capables de discuter.
Alors, moi,
ce que j'espère, c'est que... pour la suite du projet de loi, quand on parle de
règlement, bien, pourquoi ne pas les consulter en amont? Pourquoi ne pas essayer
un exercice de corédaction avec les Premières
Nations? C'est leur
sécurisation culturelle. C'est pour ces nations-là qu'on le fait. Et notre
façon de faire, avec nos règles, est un peu imparfaite,
je le comprends, je le conçois, mais là on a une chance où on peut faire,
encore une fois, des choses différemment.
Donc, moi, j'invite M. le ministre, quand ils
auront à travailler ces différents documents là, à le faire, justement, d'une
façon différente, commencer immédiatement à discuter avec les Premières Nations
et à voir comment ça pourrait être rédigé.
Qu'est-ce qu'ils s'attendent? C'est quoi, leurs attentes face à ces différents
règlements là pour qu'ils puissent véritablement se reconnaître dans le
processus? Moi, je vous soumets, Mme la Présidente, que c'est une façon d'innover, et ça pourrait être fait, à tout le
moins, ça pourrait être tenté. Bon, au pis aller, si ça ne fonctionne pas, ça
ne fonctionne pas, mais moi, je tends la main à M. le ministre. Ça
pourrait, au moins, être essayé.
Et je vous dirai qu'un des éléments qu'on a été
capables d'ajouter dans le rendre compte, c'est évidemment, éventuellement, la publication des rapports parce qu'il faut qu'il y ait un suivi. D'ailleurs,
dans... l'article 2 dit :
«Dans les trois mois suivant la fin de l'exercice financier, un
établissement doit informer le ministre des pratiques sécurisantes», mais... qu'il a mises en oeuvre, il y a eu
quelques modifications à ça, mais il faut absolument qu'on soit capables, par
la suite, nous, parlementaires, de faire un suivi.
Et ici on peut également faire un parallèle avec
le projet de loi n° 79 et le comité de suivi, où on pourrait, avec des
membres des Premières Nations et là, évidemment, Santé Québec, voir ce qui
arrive, voir la mise en oeuvre. C'est ce qu'on fait avec
le projet de loi n° 79. Et, au moins, ça permet à tout le monde
d'identifier ensemble des priorités, ce qui est un plus, évidemment.
Bien sûr, Santé Québec va avoir un rôle à jouer,
un rôle important. Et, dans les amendements que M. le ministre a présentés, il
y avait aussi un amendement quant à la composition du comité. Et effectivement,
il va falloir suivre ce que ce comité-là va
faire et être capable de s'assurer qu'il y aura effectivement, comme c'est
écrit, des membres, entre autres, des Premières Nations pour faire
fonctionner le comité. Ça, c'est l'article 2.1 du projet de loi, Mme la
Présidente.
• (20 h 50) •
Est-ce qu'on aurait pu faire plus? Oui, c'est
des questions que j'ai posées à M. le ministre, mais M. le ministre me l'a... m'a répondu, et il disait tout à
l'heure, il a mis l'accent sur «le comité est formé des membres nommés par le
ministre et se compose minimalement
des personnes suivantes». Alors, je le prends au mot. Je l'écoute
attentivement. Minimalement, j'espère
qu'il va pouvoir faire plus. En tout cas, le projet de loi invite le ministre à
le faire ou invite le ministre de la Santé à le faire, puis après ça,
bien, Santé Québec. Donc, je pense que ça pourrait être important.
Pourquoi?
Bien, parce que le comité national sur la sécurisation culturelle va devoir
donner des avis sur plusieurs matières.
Là, on dit des avis, alors est-ce que... quel va être l'impact de ça, on
verra, mais à tout le moins sur la prestation des services de santé et des services sociaux aux membres des Premières
Nations, sur l'approche de sécurisation culturelle envers les membres
des Premières Nations et des Inuits, en ce qui a trait au déploiement des
pratiques culturellement sécurisantes,
l'impact des pratiques culturellement sécurisantes dans le réseau de la santé
et des services sociaux, et les programmes de formation.
Et là, quant à la formation du comité, on
dit : «une personne représentant les Premières Nations et qui en est membre». Donc, ce que je comprends, c'est qu'il y
aura au moins une personne membre des Premières Nations, et le ministre
nous dit : minimalement. On parle d'une personne représentant la nation
inuite, qui n'est pas nécessairement membre de cette nation. M. le ministre
nous a dit : Mais c'est selon leur volonté, alors je respecte leur
volonté.
«Une personne possédant une expérience
pertinente en matière de prestation, en milieu urbain, des services de santé et des services sociaux auprès des membres
des Premières Nations et des Inuit», et ça, c'est important, ça peut... ça
peut étonner parfois, mais effectivement, il
y a un grand nombre, il y a un pourcentage important de membres des Premières
Nations et des Inuits qui vivent en milieu urbain. Donc, il faut évidemment
prévoir et s'assurer que les services qu'ils recevront en milieu urbain vont
tenir compte de leur réalité.
Et, par la suite, «une personne possédant une
connaissance pertinente des réalités spécifiques aux femmes et aux filles des
Premières Nations», et «une personne possédant une connaissance pertinente des
réalités spécifiques aux femmes et aux filles inuit».
On dit :
«Un règlement du ministre prévoit les règles de fonctionnement du comité, les
modalités d'administration de ses
affaires ainsi que toute autre fonction, devoirs et pouvoirs.» Donc, autre
invitation que je lance à M. le ministre, avant de commencer à rédiger
ce règlement-là, s'il vous plaît, soyez en contact avec les membres des
Premières Nations, avec les nations, puis
commencez à voir avec le comité ce que vous pourriez faire. Ça ne peut pas être
mauvais, et je pense que ça va envoyer un signal qui est très positif.
On a parlé aussi, bien sûr, de tenir compte de
leurs réalités culturelles et linguistiques. C'était un ajout de ma collègue la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Pourquoi? Bien, parce qu'on le sait, on l'a vu, on l'a lu dans les journaux, il y a quelque temps déjà, que parfois
les membres des communautés des Premières Nations et des Inuits ont des difficultés à recevoir les services dans leur
langue. Et, quand on est malade, quand on souffre, quand on est à l'hôpital,
bien, je pense qu'être capable
d'interagir avec quelqu'un qui parle sa langue, c'est déjà quelque chose qui
est sécurisant. Et donc c'est un élément important qui a été rajouté.
Donc, quand
on fait le bilan, c'est un projet de loi qui avance avec un petit pas. Est-ce
que j'aurais voulu qu'il y en ait
plus? Vous m'avez entendu, j'en ai parlé longtemps, Mme la Présidente, oui, je
pense qu'on avait une opportunité de faire oeuvre utile et qu'on aurait
pu au moins reconnaître ça. En fait, je vous dirais que, compte tenu de la
façon dont le projet de loi a fonctionné, a avancé, parce que c'est la façon
dont on travaille dans notre Parlement, qui n'est pas nécessairement toujours
celle des Premières Nations, ça, on le conçoit, puis ils nous l'ont dit, puis
c'est tout à fait correct, bien, au moins,
je pense qu'ils auraient pu se reconnaître là-dedans. Mais, bon, ce n'est pas
ce que le gouvernement a décidé de faire, alors on va fonctionner avec
le préambule actuel, mais ça aurait pu être perfectible.
Alors, ce qu'il me reste à vous dire, c'est que,
pour moi, mon travail comme porte-parole de l'opposition, ce n'est pas terminé. Ça va être, évidemment, de
surveiller la mise en oeuvre, de voir comment ça va fonctionner, de continuer
d'être en lien avec les Premières Nations, pour qu'on puisse être capables
d'avancer dans la bonne direction, une fois pour toutes, au Québec. Je pense que les Premières Nations méritent cela et
s'attendent à ça, puis je les comprends tout à fait, tout à fait.
Mais vous comprendrez, Mme la Présidente, que,
quand on a fait l'étude article par article, il y a de cela, bien, plus d'un an, moi, j'avais dit : Écoutez, le
gouvernement, sincèrement, là, si vous voulez être sérieux, bien, la discrimination
propre aux Premières Nations, ou la
discrimination systémique, ou le racisme systémique, vous devez au moins le reconnaître. Sinon, je ne vois pas, sérieusement,
comment je peux voter en faveur de l'adoption de ce projet de loi là. Puis
comme je vous dis, Mme la Présidente, je ne
le fais pour moi, c'est pour avoir parlé avec des membres des Premières
Nations. Et est-ce qu'il va y avoir
une avancée? Probablement, je l'espère. Mais on aurait pu tellement faire plus,
tellement faire plus.
Récemment, je
rencontrais les gens de Santé Québec, dont la nouvelle directrice, et vous
aurez compris, Mme la Présidente, que c'est un élément que j'ai abordé
avec elle, pour m'assurer qu'elle était bien au courant que le projet de loi
n° 32 s'en venait et qu'elle allait poser des gestes concrets pour
qu'effectivement Santé Québec en tienne compte.
Je vous
dirai, en terminant, Mme la Présidente, ça a été parfois déchirant, mais on a
travaillé fort et on a travaillé dans différents forums, différentes
étapes. Et je tiens à remercier sincèrement tous les groupes qui ont pris la
peine d'écrire des
mémoires, et de venir nous parler, et de continuer à nous parler au fur et à
mesure que le projet de loi a avancé. Sans leur apport, bien,
personnellement, moi, comme parlementaire, je ne pourrais pas travailler.
Je remercie M. le ministre, qui, en tout cas,
m'a écouté attentivement. Il a tenu compte de ce que je lui ai suggéré. J'ai
continué à le faire ce soir. Alors, espérons que ça va continuer dans la même
direction.
Et je veux
aussi remercier ma collègue la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, qui, en fait, avec ses propositions, a
réussi à apporter des amendements qui sont maintenant dans le projet de loi.
Je veux dire aussi merci au recherchiste qui m'a
toujours accompagné, M. Marc Duperron, qui n'a jamais arrêté d'être avec moi pendant toutes les étapes. Alors, un gros
merci. Sans leur apport, moi, je ne serais pas capable d'être vraiment
efficace. Alors, on est chanceux d'avoir des recherchistes.
Et finalement, bien, évidemment, tous les
députés de la banquette gouvernementale qui ont accompagné M. le ministre, mais
aussi tous les fonctionnaires qui ont travaillé avec vous, puis les membres de
votre cabinet, parce qu'on a eu beaucoup de discussions et on a eu de bons...
en fait, de bons débats sur certaines questions, et c'est quelque chose que
j'apprécie. Puis finalement, bien, merci à tout le personnel de l'Assemblée
nationale qui gère nos travaux.
Merci beaucoup, Mme la Présidente de m'avoir
écouté ce soir. C'était important pour moi d'en parler. Je l'ai fait avec passion. C'est un dossier qui me
passionne, puis je voudrais tellement qu'on fasse plus, mais, ceci étant, on
n'est pas allé assez loin, et c'est la raison pour laquelle je vais
voter contre l'adoption du projet de loi n° 32, Loi
instaurant l'approche de sécurisation
culturelle au sein du réseau de la santé et des services sociaux. Je vous
remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député d'Acadie. Il reste une minute. Est-ce que j'ai d'autres
interventions? Si j'ai d'autres interventions... Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
ce que je vous propose, c'est qu'on commencera avec vous à la prochaine...
Ajournement
Donc, compte
tenu de l'heure, et conformément à l'ordre spécial, les travaux sont ajournés
au mercredi 4 décembre 2024, à 9 h 40. Merci, tout le
monde.
(Fin de la séance à 20 h 59)