(Neuf heures quarante minutes)
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, bon vendredi
matin, chers collègues. Je vous invite, s'il vous plaît, à bien vouloir
vous asseoir.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Alors, nous en sommes maintenant à la rubrique
Déclarations de députés. Et, pour cette première déclaration, aujourd'hui, je
vais céder la parole à Mme la députée de Laval-des-Rapides.
Souligner
la Journée nationale des préposées et préposés d'aide à domicile
Mme Céline
Haytayan
Mme Haytayan : Merci,
M. le Président. Ce mercredi 29 mai se tenait, comme à chaque année, la
journée nationale des aides à domicile, une occasion parfaite de leur
rendre hommage.
Les aides à
domicile jouent un rôle essentiel pour les personnes âgées, pour les personnes
en situation de handicap et pour tous ceux qui ont besoin d'assistance
pour maintenir leur autonomie et leur qualité de vie à la maison.
Je veux
profiter de l'occasion pour souligner la contribution des préposés de la
Coopérative de soutien à domicile de Laval. Leur travail est inestimable. Jour
après jour, ils offrent non seulement des soins et de l'accompagnement
en toute dignité, mais aussi de la compassion et de l'écoute.
Continuons de
valoriser et de soutenir le travail des aides à domicile, car celui-ci est
crucial pour le bien-être du Québec tout entier. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Laval-des-Rapides. Et maintenant je vais reconnaître, pour
la prochaine déclaration, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Souligner
le 25e anniversaire de l'Association d'anémie falciforme du Québec
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. Quel bonheur pour moi de souligner le 25e anniversaire de
l'Association d'anémie falciforme du Québec!
Cheffe de file pour la cause des enfants et de
toute personne souffrant d'anémie falciforme, aussi appelée drépanocytose,
cette association est un baume pour ces familles depuis maintenant un quart de
siècle. Dans son mandat, elle contribue à
améliorer la qualité de vie des familles aux prises avec cette lourde
responsabilité, notamment grâce à sa grande proximité avec les familles
qu'elle soutient et avec lesquelles elle entretient des liens forts.
Depuis 25 ans,
l'Association d'anémie falciforme du Québec combat l'isolement et l'exclusion
des malades par des activités adaptées, sensibilise les gens à risque au
dépistage volontaire de la maladie, promeut l'importance du don de sang
dans les communautés noires du Québec, soutient la recherche et offre du répit
aux familles.
À son
président, M. Wilson Sanon, qui a d'ailleurs été fait chevalier de l'Ordre
national du Québec par le premier ministre Philippe Couillard en 2018, ainsi
qu'à toute l'équipe de bénévoles de cette association, bon
25e anniversaire!
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Bourassa-Sauvé. Et maintenant nous allons entendre la
déclaration de Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Rendre
hommage à M. Paul-Émile Bourassa et souligner le
100e anniversaire de L'Union musicale de Shawinigan
Mme Marie-Louise
Tardif
Mme Tardif : M. Paul-Émile
Bourassa, musicien exemplaire, a joué ses premières notes à l'âge de 12 ans
avec l'Harmonie de La Tuque. Il débutait une histoire d'amour de 72 ans
avec la musique et la clarinette, dont près de 40 ans avec L'Union
musicale de Shawinigan et Grand-Mère.
En 2015, à cause d'une dégénérescence visuelle,
il a dû cesser sa passion. Qu'à cela ne tienne, il a publié l'histoire de l'UMS, de sa fondation, en 1924, jusqu'en
2014, plus de 1 100 pages d'archives, photos, dates des concerts,
noms des musiciens sur une période de 90 ans,
document historique qui sert, cette année, à préparer le 100e anniversaire
de l'UMS, et M. Bourassa fait partie intégrante de cette histoire.
Modèle de persévérance et de ténacité, il a aussi
publié un ouvrage historique sur l'Harmonie de La Tuque. Ambassadeur des événements officiels... Encore une fois,
merci. Bravo, M. Bourassa! Bravo et bonne... Bon 100e anniversaire à
l'UMS!
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : M. Bourassa, je vous
souhaite la bienvenue dans votre Assemblée nationale. Merci beaucoup,
Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Nous allons maintenant poursuivre avec la
déclaration de M. le député de Jean-Lesage.
Souligner
le Mois de la sensibilisation au
syndrome de Gilles de la Tourette
M. Sol
Zanetti
M. Zanetti : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, aujourd'hui, je suis accompagné d'une
citoyenne de Jean-Lesage et des
membres du C.A. de l'Association québécoise du syndrome de la Tourette. Ils et
elles ont soit un diagnostic ou sont
un proche d'une personne vivant avec la Tourette. Je profite de leur présence
pour souligner le mois de sensibilisation au syndrome de la Tourette, du
15 mai au 15 juin.
On estime
qu'au Québec un enfant sur 200 est atteint de ce syndrome. Je trouve ça
important de souligner ce mois et de nous sensibiliser aux souffrances
physiques, psychologiques et sociales que vivent ces personnes, qui sont
souvent ignorées des systèmes de la
santé, des services sociaux, de l'éducation, qui n'offrent aucun service
spécialisé adapté au syndrome de la Tourette.
Je profite également de ce moment pour demander
au ministre délégué aux Services sociaux de répondre à leur demande de
rencontre, de l'Association québécoise du syndrome de la Tourette. Leur loyer a
été augmenté de manière abusive, et ils ont des besoins financiers et ont des
revendications à vous présenter.
Alors, bon
mois de sensibilisation au syndrome de la Tourette. Ensemble, faisons mieux.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Jean-Lesage. Et je salue vos invités dans nos tribunes
aujourd'hui. Bienvenue à l'Assemblée nationale.
Je reconnais maintenant, pour sa déclaration,
Mme la députée d'Argenteuil.
Souligner
le Mois de l'eau
Mme Agnès
Grondin
Mme Grondin : Pour
saluer juin, le Mois de l'eau, M. le Président, voici le texte sublime
inspirant les activités de l'édition 2024 partout au Québec :
«De ses paysages à couper le souffle à ses
traditions ancrées dans les flots, l'eau est bien plus qu'une ressource
naturelle : elle est le berceau d'une histoire, d'une culture et d'une
identité collective qui traversent les âges et continue d'inspirer les Québécois au quotidien. Depuis des siècles, elle a
façonné les territoires, des premiers lieux de peuplement aux voies de communication pour les communautés
autochtones et les premiers colons. Des légendes des Premières Nations, aux contes, en passant par le répertoire des
chansons traditionnelles, source intarissable de créativité, elle a su
imprégner l'imaginaire collectif,
témoignant de l'importance symbolique de l'eau dans les cultures québécoises.
Cette année, célébrons ensemble l'eau, à la confluence des cultures et
des traditions!»
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée d'Argenteuil. Et nous poursuivons maintenant avec la déclaration
de Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Souligner
le 10e anniversaire de l'organisme Mains utiles
Mme Filomena
Rotiroti
Mme Rotiroti : Merci.
Je suis fière de souligner le 10e anniversaire de Mains utiles, organisme
qui accompagne les femmes immigrantes dans mon comté, à Saint-Léonard.
Fondé en 2012
par Mme Manoucheka Céleste, Mains utiles est né d'un désir de répondre aux
besoins des femmes immigrantes face aux épreuves rencontrées dans le
processus d'intégration.
Mme Céleste, elle-même immigrante, connaît
les enjeux et les difficultés éprouvées par ces femmes. Elle met à profit ses connaissances dans le domaine de la
couture et du droit pour encourager ces femmes à prendre leur place dans
la communauté.
Mains utiles
est un lieu de rassemblement, et, par le biais de la couture, elles apprennent
le métier, elles développent des
nouvelles compétences qui permettent de tisser des liens entre elles dans un
espace d'écoute, de partage et d'expériences personnelles.
Je salue toutes ces femmes pour leur force, leur
solidarité et leur résilience. Je rends hommage à sa fondatrice et directrice, Mme Manoucheka Céleste, pour
son dévouement à la cause des femmes immigrantes. Félicitations pour votre
accomplissement et votre bienveillance dans
la communauté! Je vous souhaite une belle continuité dans vos futurs projets.
Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger. Et, pour la prochaine
déclaration, je reconnais M. le député de Masson.
Rendre hommage à M. Guillaume Filion
M. Mathieu
Lemay
M. Lemay : M.
le Président, aujourd'hui j'aimerais vous parler de Guillaume Filion, un homme
remarquable, doté d'une intelligence émotionnelle remarquable, M. le
Président.
Alors,
policier depuis 20 ans ainsi que sergent-détective enquêteur dans l'équipe
de la lutte à l'exploitation sexuelle des enfants sur Internet, père de
deux filles, il est aussi un nageur aguerri, et ce, depuis l'âge de sept ans.
Alors, le 18 octobre prochain, Guillaume
entreprendra le défi 20 Bridges Swim, nageant ainsi 48 kilomètres sous 20 ponts légendaires de New York,
et ce, sans combinaison isothermique. Et, pour lui, ce défi, c'est plus qu'une
course, c'est aussi une quête de dépassement personnel.
Et d'ailleurs
il a choisi de soutenir l'organisme Fillactive, qui inspire les adolescentes à
être actives pour la vie. Cet organisme, présent dans plus de
300 écoles secondaires, a touché jusqu'à maintenant plus de
220 000 jeunes filles. Et,
en terminant, M. le Président, chaque coup de bras de Guillaume sera pour
rendre hommage aux jeunes filles soutenues
par Fillactive, illustrant ainsi sa volonté de redonner un peu... au monde un
peu plus de la bonté qu'il a reçue tout au long de sa vie. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Masson. Et, pour la prochaine déclaration, je cède la parole à
M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Rendre
hommage à M. Alexis Loiseau
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : M.
le Président, la semaine dernière, le hockeyeur Alexis Loiseau, originaire des
Îles-de-la-Madeleine, a été nommé entraîneur-chef des Olympiques de
Gatineau. Il est ainsi devenu le premier Madelinot à porter le titre d'entraîneur-chef dans la Ligue de hockey junior
Maritimes Québec. La nouvelle a d'ailleurs eu un bel écho dans l'archipel,
où le hockey est encore notre sport national.
Au long de son parcours dans le hockey junior,
avec ténacité et détermination, Alexis est devenu un véritable ambassadeur des Îles-de-la-Madeleine.
Porte-couleurs de L'Océanic pendant cinq ans, il a mené son équipe de Rimouski
à la Coupe du président, en tant que capitaine, en 2015. Et aujourd'hui, à
30 ans, il devient le plus jeune entraîneur de la Ligue de hockey junior
Maritimes Québec.
Alexis, c'est un passionné mais aussi un homme
affable. D'ailleurs, pour l'avoir moi-même entraîné dans les rangs pee-wee il y a longtemps, je connais son
éthique de travail, mais surtout je sais que c'est un être humain exceptionnel.
On sait qu'il porte les Îles dans ses bagages. Et on lui souhaite bonne chance.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine. Et, pour la prochaine déclaration, je
cède la parole à Mme la députée de Labelle.
Saluer
le travail des sociétés d'histoire de la circonscription de Labelle
Mme Chantale
Jeannotte
Mme Jeannotte : Merci,
M. le Président. Nous connaissons tous l'importance de savoir d'où l'on vient
pour mieux savoir qui nous sommes. La valorisation de l'histoire du
patrimoine est le pilier d'une nation forte.
Dans le comté
de Labelle, nous avons le privilège de compter sur de véritables ambassadeurs
de notre histoire, des bénévoles
dévoués qui développent de nombreuses activités d'éducation et de
sensibilisation à la richesse de l'héritage de notre passé et à sa préservation. C'est la mission accomplie par les
membres de la société du patrimoine, SOPABIC, de Mont-Tremblant, la Société d'histoire et de généalogie des
Hautes-Laurentides de Mont-Laurier, la Société d'histoire de la repousse de Saint-Faustin—Lac-Carré, Lac-Supérieur, la Société d'histoire de
Rivière-Rouge et celle de chute aux Iroquois, de Labelle.
Aujourd'hui,
je tenais à les saluer et à les remercier chaleureusement pour leur
contribution exceptionnelle à la préservation
et à la diffusion de notre patrimoine ainsi qu'à la connaissance de notre
histoire par le plus grand nombre. Merci.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Labelle. Et maintenant je vais céder la parole à M. le député
de Nicolet-Bécancour.
Rendre
hommage à M. Michel Gagnon
M. Donald
Martel
M. Martel : M.
le Président, Michel Gagnon a oeuvré dans le monde municipal pendant de
nombreuses années, notamment en occupant la fonction de directeur
général à la municipalité de Pierreville, la MRC de Drummond et à la conférence
régionale des élus.
Fort de sa formation et de son
expérience d'avocat, Michel inspirait confiance partout où il passait. Il
savait donner l'heure juste et il appuyait toujours ses décisions sur une
connaissance approfondie des dossiers dont il avait la responsabilité.
Il laisse aussi une
marque comme bénévole pour son implication au Théâtre Belcourt et au Musée des
cultures du monde.
À l'emploi de mon
bureau de circonscription depuis 2015, Michel Gagnon m'annonçait en mars
dernier qu'il souhaitait prendre sa retraite
en juin de cette année. J'avoue perdre un précieux collaborateur, avec qui
j'avais établi une exceptionnelle complicité, mais je conserve un ami, à
qui je veux exprimer toute ma reconnaissance.
Merci, Michel. Ce fut
un privilège de travailler avec toi.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Nicolet-Bécancour. Et, M. Gagnon, bienvenue
à l'Assemblée nationale du Québec.
Alors, pour la
prochaine déclaration, je cède maintenant la parole à M. le député de Mégantic.
Souligner le 40e anniversaire de la Journée trippante
à Disraeli
M. François Jacques
M. Jacques : M. le Président,
aujourd'hui je souhaite vous parler d'un événement festif, la Journée trippante
de Disraeli, qui fête ses 40 ans cette année, un événement estival
incontournable pour les amateurs de sensations fortes.
Il
s'agit d'un parcours endiablé de 9,2 kilomètres le long de la rivière
Saint-François. Entre 1 000 et 2 000 personnes participent de partout
au Québec chaque année pour dévaler la rivière, équipées de tubes soufflés, de
canots, de kayaks. Toute une aventure!
Mais
cette activité est aussi l'histoire d'une équipe formidable qui, année après
année, se mobilise bénévolement pour ce grand rendez-vous estival.
D'ailleurs, la semaine dernière, ils ont reçu le prix d'attraction touristique
de l'année lors du Gala Aquarides de la
chambre de commerce de Disraeli. L'équipe de cet événement divertit les gens,
mais elle contribue également au rayonnement de Disraeli et du secteur
sud des Appalaches.
Alors, toutes mes
félicitations à la Journée trippante, qui participe à la vie active avec son
rendez-vous annuel! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Mégantic. Et nous concluons notre rubrique
avec la déclaration de Mme la députée de Louis-Hébert.
Souligner le 50e anniversaire de La Société
historique de Cap-Rouge
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Donc, c'est avec un immense
plaisir et une profonde fierté que je tiens à souligner aujourd'hui le 50e anniversaire
de La Société historique de Cap-Rouge. Et je tiens à saluer les représentants de notre société d'histoire de
Cap-Rouge qui sont ici avec nous aujourd'hui. Bienvenue à l'Assemblée
nationale.
Depuis
sa fondation, notre société s'est engagée à protéger, à préserver et à
promouvoir l'histoire riche et fascinante de Cap-Rouge. Au fil des ans, ils ont travaillé sans relâche pour
rassembler, documenter et partager les histoires, les anecdotes et les trésors
qui font de Cap-Rouge un endroit unique et précieux. Des expositions
captivantes aux conférences éducatives, des projets de restauration aux activités communautaires, chaque
initiative a contribué à renforcer les liens qui nous unissent en tant
que gardien de notre héritage commun.
Je profite de
l'occasion pour rendre hommage aux membres fondateurs, dont la vision et la
détermination ont jeté les bases de cet
organisme, comme M. Yvon Lirette, qui a été reconnu Bénévole d'exception
de la circonscription de Louis-Hébert dans le cadre de la récente
Semaine de l'action bénévole.
Que
les 50 prochaines années soient remplies de découvertes, de réalisations
et de moments mémorables alors que nous continuons à écrire ensemble
l'histoire de notre Cap-Rouge. Merci beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Louis-Hébert. Et
évidemment je souhaite la bienvenue à toute
l'équipe de La Société historique de Cap-Rouge. Bienvenue dans votre Assemblée
nationale.
Cela met fin à la
rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h
56)
(Reprise à 10 h 05)
La
Présidente : Mesdames messieurs, bienvenue. Le parlement du Québec,
c'est chez vous.
Mmes, MM. les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie
beaucoup. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, bonjour, Mme la
Présidente. Je vous demande d'appeler l'article a du feuilleton, s'il vous
plaît.
Projet de loi n° 68
La
Présidente : À l'article a du feuilleton, M. le ministre du
Travail présente le projet de loi n° 68, Loi visant principalement à
réduire la charge administrative des médecins. M. le ministre.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Oui,
merci, Mme la Présidente. Ce projet de loi modifie la Loi favorisant l'accès
aux services de médecine de famille et de
médecine spécialisée afin d'interdire à un assureur ou à un administrateur de
régime d'avantages sociaux d'exiger d'un assuré, d'un bénéficiaire ou
d'un adhérent qu'il reçoive un service médical aux fins d'obtenir le versement
de certaines prestations.
Le
projet de loi confie à Santé Québec les pouvoirs lui permettant de surveiller
l'application des dispositions qu'il édicte.
Il prévoit notamment la possibilité de recouvrer le coût des services médicaux
et d'imposer des sanctions administratives pécuniaires. Il prévoit
également des infractions et des sanctions pénales.
Le
projet de loi modifie la Loi sur les normes du travail afin d'interdire à
l'employeur d'exiger un document attestant des motifs d'une absence notamment pour cause de maladie, incluant un
certificat médical, pour les trois premières absences d'une période de
trois journées consécutives ou moins prises annuellement. Il prévoit que cette
interdiction s'applique également aux
employeurs dont les salariés régis par la Loi sur les relations de travail, la
formation professionnelle et la gestion
de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction ont droit à des
absences de même nature. Le projet de loi prévoit aussi que l'employeur ne
pourra exiger un certificat médical en cas d'absence pour prendre soin d'un
enfant, d'un parent ou d'une personne pour lequel la personne agit à
titre de proche aidant.
Enfin, le projet de
loi contient des dispositions de concordance et transitoires.
Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente : Je reconnais le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Mme
la Présidente, nous allons prendre connaissance du projet de loi, et on se
réserve le droit de demander des consultations particulières. Merci, Mme la
Présidente.
Mise aux voix
La
Présidente : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi?
Des voix : Adopté.
La Présidente :
Adopté.
Dépôt de documents
À
la rubrique Dépôt de documents, Mme la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente
du Conseil du trésor.
Mme LeBel : Merci, Mme la Présidente. Alors, permettez-moi de
déposer le rapport concernant l'application de la Loi sur les contrats
des organismes publics 2019-2024. Merci.
La
Présidente : Ce document est déposé. À nouveau, M. le leader du
gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Oui, Mme la Présidente. Je vais déposer la réponse à
la question inscrite au feuilleton le 30 avril 2024 par la députée de
Mercier.
La
Présidente : Ce document est déposé.
Dépôt de rapports de
commissions
À
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, M. le vice-président de la Commission de l'administration publique et
député de Portneuf.
Audition
d'Hydro-Québec sur le chapitre 5 du rapport de décembre 2022
du Vérificateur général intitulé Hydro-Québec : maintenance
des actifs du réseau de distribution d'électricité
M. Caron : Mme
la Présidente, je dépose le rapport sur l'imputabilité du printemps 2024
de la Commission de l'administration
publique donnant suite aux auditions
des sous-ministres et des dirigeants d'organismes publics sur leur
gestion administrative. La commission a procédé à l'audition suivante le
30 avril 2024 : audition d'Hydro-Québec sur le chapitre 5 du rapport de décembre 2022 du Vérificateur
général intitulé Hydro-Québec : maintenance des actifs du réseau de
distribution d'électricité. La commission s'est également réunie en séance
de travail les 11 et 30 avril 2024. Ce rapport contient deux
recommandations. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente :
Ce rapport est déposé. M. le
président de la Commission de
l'aménagement du territoire et député
de Drummond—Bois-Francs.
Étude détaillée du projet de
loi n° 57
M.
Schneeberger : Merci, Mme la Présidente. Alors, je dépose le rapport
de la Commission de l'aménagement du
territoire qui, les 8, 9, 21, 22, 28,
29 et 30 mai 2024, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 57, Loi édictant la Loi
visant à protéger les élus et à favoriser l'exercice sans entraves de leurs
fonctions et modifiant diverses dispositions législatives concernant le domaine
municipal. La commission a adopté le texte du projet de loi avec des
amendements, dont un au titre.
• (10 h 10) •
La Présidente :
Ce rapport est déposé. Mme la
présidente de la Commission des
relations avec les citoyens et
députée des Plaines.
Étude détaillée du projet de
loi n° 65
Mme Lecours (Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, j'ai le bonheur
de déposer ce matin le rapport de la Commission des relations avec les citoyens qui, le 30 mai 2024, a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi n° 65, Loi limitant le droit
d'éviction des locateurs en renforçant la protection des locataires aînés. La commission a adopté le texte du projet
de loi avec des amendements.
La
Présidente : Ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, je reconnais Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Instaurer des mesures
encadrant l'exposition des jeunes aux écrans
Mme Prass : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
45 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que les écrans, notamment les téléphones portables, les tablettes, les
ordinateurs et les téléviseurs, font désormais partie intégrante de la
vie quotidienne des jeunes Québécois;
«Considérant
que les recherches et les études démontrent de manière croissante les effets
néfastes d'une exposition excessive aux écrans, notamment sur la santé mentale,
le développement cognitif et les habitudes de sommeil des jeunes;
«Considérant qu'une
étude de 2021 démontre que 85 % des jeunes de six à 12 ans et
95 % des adolescents ne respectent pas les recommandations de limitation
du temps d'écran;
«Considérant
que le Québec a la responsabilité de protéger le bien-être de sa jeunesse et de
favoriser un environnement propice à un développement sain et équilibré;
«Considérant
que des mesures proactives sont nécessaires pour protéger la santé et le
bien-être des jeunes Québécois dans un monde de plus en plus numérique;
«Considérant
qu'il est nécessaire d'avoir des programmes de sensibilisation et d'éducation
destinés aux parents, aux éducateurs et aux jeunes sur les risques associés à
une exposition excessive aux écrans et sur les meilleures pratiques pour
[son] usage sain et responsable;
«Considérant qu'il
faut favoriser la recherche continue sur les effets à long terme de
l'exposition aux écrans chez les jeunes et de soutenir des initiatives visant à
promouvoir des alternatives saines et enrichissantes;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au gouvernement du Québec d'instaurer des directives claires et des
politiques réglementaires concernant le
temps d'écran recommandé pour nos jeunes dans les milieux éducatifs, familiaux
et sociaux.»
Je certifie que cette
pétition est conforme à... que cet extrait est conforme à l'original de la
pétition. Merci.
La Présidente :
Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous
en sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales,
et, pour ce faire, je vais céder la parole, en question principale, à M.
le député de Pontiac.
Fin
du recours aux agences de placement privées dans le réseau de la santé
M. André Fortin
M. Fortin : Mme
la Présidente, hier, on a voulu faire la démonstration que le ministre de la
Santé ne mesure jamais l'impact de ses décisions et que c'est toujours le
patient qui en fait les frais. Mais à nouveau, ce matin, il y a un exemple
flagrant de ça.
Conséquence directe
du nouveau tarif imposé par le ministre, mais surtout du fait qu'il ne mesure
pas l'impact de ses mesures, le CISSS de la
Montérégie-Ouest a fermé des unités de soins à l'hôpital de Valleyfield,
l'Hôpital du Suroît. Et, vu qu'il y a
moins d'unités de soins, on ne peut pas accueillir autant d'ambulances. Alors,
où est-ce qu'on les envoie, ces ambulances-là? À Montréal. On les envoie à
l'Hôpital de Lachine, de LaSalle, de Verdun et, majoritairement, au Lakeshore.
Alors, des
ambulances, patients à bord, vont devoir se taper le pont Mercier et le pont de
l'Île-aux-Tourtes. Des ambulances prises
dans les embouteillages, Mme la Présidente, ce n'est pas à l'avantage des
patients. Déjà, les patients de la Côte-Nord, de l'Abitibi et d'ailleurs
font les frais des décisions du ministre. Maintenant, c'est les patients de la
Montérégie qui vont faire les frais.
Alors,
est-ce que le ministre accepte le plan du CISSS de la Montérégie ou est-ce
qu'il va nous dire que ça aussi, c'est inacceptable?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Très bien, Mme la Présidente. Alors, comme je le
fais régulièrement ici, en cette Chambre, c'est d'expliquer aux Québécois mais aussi à l'opposition la
difficulté de ce qu'on a présentement dans notre réseau. Puis, dans notre
réseau, il est très clair, Mme la Présidente, qu'il y a un élément très clair,
qu'il nous manque du personnel, mais qui, aussi, est lié par une somme de facteurs. Je pense, entre autres,
à la négociation des conventions collectives. Et je crois, Mme la Présidente,
que les Québécois apprécient la réalité qu'on vit.
Maintenant,
on a bien dit, lorsqu'on a fait la mesure sur les agences privées, qu'il y
aurait deux étapes, Mme la Présidente. Il y avait une étape où on irait par
étapes, sur trois ans, mais qu'il était important aussi, pour la rigueur de
nos coûts, en santé, d'être capables de
mettre des tarifs maximums. Ces tarifs maximums là sont entrés en vigueur il y
a quelques semaines, et on a un
impact, justement, parce qu'il y a des agences qui s'étaient engagées à nous
fournir du personnel qui ne le font pas présentement.
Alors,
Mme la Présidente, je pense que les Québécois sont très conscients des
difficultés que l'on vit, puis on va continuer à travailler de la même
façon pour s'assurer qu'on ait des solutions.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. André Fortin
M.
Fortin : L'enjeu, là, ce n'est pas les
tarifs, c'est le fait que le ministre ne prend jamais le temps de mesurer les conséquences de ses actions. Au CISSS de la
Montérégie-Ouest, il le savait, il y a certaines unités qui étaient à 60 %
dotées de personnel d'agence. Sur la Côte-Nord, c'était 90 % dans
certaines unités.
Alors,
il nous dit aujourd'hui qu'il fait les choses de façon responsable, alors qu'il
nous le prouve. Est-ce qu'avant d'imposer une date butoir, avant d'imposer le
plafonnement... est-ce que le ministre a fait, pour ces deux régions,
une analyse d'impact sur le patient et est-ce qu'il peut la déposer ici
aujourd'hui?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, Mme la Présidente, je pense qu'à chaque
fois qu'on demande à tous nos P.D.G. de faire des plans de contingence on part
toujours... je l'ai déjà expliqué ici puis je vais le répéter, on part toujours
avec le pire scénario puis on dit : Si les choses arrivent comme on
pense qu'elles peuvent arriver... On pourrait signer avec la FIQ dans quelques semaines, puis ça viendrait changer
complètement la situation. Ce qu'on demande à nos P.D.G., à nos gestionnaires, c'est de prévoir différents scénarios. En ce
moment, tout le monde comprend qu'on a la tempête parfaite, avec les vacances
d'été qu'on s'est commis, avec les agences, etc.
Donc,
Mme la Présidente, on va continuer de gérer le mieux possible une situation qui
est excessivement difficile, mais les Québécois la comprennent. On est
en période de transition puis on va faire ce qu'on a à faire.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M.
André Fortin
M. Fortin : La
seule solution du ministre, là, c'est ses équipes volantes, mais on a appris
hier qu'elles ne seront pas en place avant, au minimum, le 20 juin.
Quand, il y a deux semaines, les journaux se sont mis à dire que la pouponnière
serait fermée sur la Côte-Nord, que la
pédiatrie se ferait à Québec, bien, le ministre est allé sur toutes les
tribunes, il est allé à La joute,
il est allé voir Paul Larocque, et, pour calmer le jeu, il lui a promis que les
équipes volantes seraient en place le
1er juin. Bien, le 1er juin, c'est demain, puis demain, savez-vous
quoi, il y a encore des enfants qui vont faire la route vers Québec.
Il n'a pas mesuré
l'impact de sa décision, les patients en font les frais, puis il ne tient même
pas sa promesse.
La
Présidente : La réponse du... du, pardon, ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors,
je ferais une différence, Mme la Présidente, très claire. J'avais dit que
l'équipe volante serait disponible. On a,
effectivement, mis sur le site Web hier, donc avant le 1er juin, les gens
ont commencé à appliquer, on va pouvoir la mettre le plus rapidement
possible...
Des voix :
...
M. Dubé :
Mme la Présidente, je veux juste continuer. Si vous me permettez, il est très
important de dire qu'il n'y a pas uniquement
les équipes volantes. Les gens... Tous les P.D.G. de la grande région de
Montréal, depuis plusieurs jours,
travaillent ensemble pour aider spécifiquement non seulement la
Montérégie-Ouest, mais le Suroît, qui, lui aussi, subit la compétition
de l'Ontario, parce qu'on a moins d'hôpitaux dans le West Island.
Alors,
Mme la Présidente, on a un ensemble de faits sur lesquels on travaille, puis
les Québécois savent qu'on va réussir.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Jacques-Cartier.
Orientations gouvernementales
en matière de transition énergétique
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Mme
la Présidente, qu'est-ce qui bloque chez la CAQ? C'est supposé être la session
de l'énergie, la session où le gouvernement dépose un plan et un projet de loi,
mais nous n'avons ni l'un ni l'autre. Mais, hier, Michael Sabia a déposé un
plan pour le développement de l'énergie éolienne au Québec, un plan très
détaillé, un plan très précis, et, dans un
tableau qu'on trouve dans les documents, Michael Sabia demande seulement une
chose, une chose de ce gouvernement,
c'est pour un plan, un plan pour une intégration des ressources énergétiques.
C'est tout. Présentement, et pendant que Micahel Sabia court, le ministre
de l'Énergie, il marche.
Alors,
j'ai une question très simple pour ce gouvernement. On a perdu la session, on a
quand même perdu six ans avec la CAQ. Qu'est-ce qui bloque? À quand un
plan? À quand un projet de loi?
La
Présidente : La réponse du ministre délégué à l'Économie. On l'écoute.
M. Christopher Skeete
M. Skeete : Bien, Mme la Présidente, je voudrais rappeler au
collègue qu'il reste encore du temps dans la session, premièrement.
Deuxièmement, je voudrais dire, puis je tiens à le dire parce que j'ai vu
passer dans les médias sociaux la réaction
du collègue de l'autre bord, nous, on salue la volonté d'Hydro-Québec d'accélérer la production éolienne. Puis, pour nous, la vision qui est
énoncée par Hydro-Québec, bien, c'est une belle vision. On est contents. Hydro-Québec l'a compris, l'éolien fait partie du mixte énergétique de l'avenir.
C'est pour ça, dans le plan 2035 d'Hydro-Québec, on vise plus de
10 000 mégawatts qu'on veut déployer sur les prochaines années. C'est
à peu près 1 000 mégawatts par année. C'est énorme, c'est ambitieux. Avec leur plan, ils estiment qu'ils vont
pouvoir économiser 20 % en termes de... en termes d'achats et en termes de déploiement, et ils sont
convaincus qu'ils vont avoir l'acceptabilité sociale qui va être au
rendez-vous. Bien, c'est tant mieux.
On a un grand avenir
énergétique à construire ensemble, Mme la Présidente, alors on reçoit avec ouverture
ce qu'Hydro-Québec a produit hier, Mme la Présidente.
• (10 h 20) •
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Gregory Kelley
M. Kelley : La seule chose qu'on a remarquée hier, c'est
l'inaction de la part du gouvernement. Il y a une raison pourquoi Hydro-Québec a mis ce tableau dans leur document, c'est parce
qu'il n'y a toujours aucun plan. On a perdu toute la session, et je n'ai
quand même pas entendu une réponse du ministre.
Est-ce
qu'on va avoir un projet la semaine prochaine? Est-ce qu'on va avoir un plan
déposé par ce gouvernement? C'est une question très simple. Je veux une
réponse, oui ou non, à mes questions.
La Présidente : La réponse du
ministre délégué à l'Économie.
M. Christopher Skeete
M.
Skeete : Bien, Mme la Présidente, je pense qu'on a été très
clairs, on va déposer un projet de loi prochainement. Et on ne fait que commencer à parler d'énergie. On
a travaillé tout le long de la session, Mme la Présidente, à bâtir un plan,
un projet de loi qui va nous permettre de réussir la transition énergétique
qu'on s'est donnée, Mme la Présidente.
Alors, le
collègue dit qu'il ne voit pas ce qui se passe. Bien, je comprends qu'il ne
suit pas trop l'actualité, mais on n'a jamais autant parlé d'énergie, au Québec,
que depuis on est au pouvoir. Et on va continuer à le faire avec un plan
ambitieux. Un projet de loi s'en vient. Soyez patients.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Depuis six ans, moi, je suis les actualités, et
la seule chose que j'ai vue de ce gouvernement : ils ont tourné Hydro-Québec,
notre fierté, dans le Dollarama de l'énergie. Ils ont vendu notre énergie cheap
à des Américains, à des start-up étrangères. Ça, c'est le legs de la CAQ.
Mais, encore,
Michael Sabia a déposé un plan. On salue le plan qui a été déposé, mais le
gouvernement n'a absolument rien fait depuis pas juste cette session, mais
depuis six ans. Tout le monde attend pour le plan du gouvernement.
Est-ce que vous avez l'intention de déposer la
semaine prochaine, oui ou non?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christopher Skeete
M.
Skeete : Bien, Mme la Présidente, on a déjà répondu à cette
question-là. Je pense que le collègue n'écoute pas. Puis, votre tableau,
je ne le vois pas, c'est écrit très petit.
Alors, moi,
ce que je vous dirais, Mme la Présidente, c'est que notre gouvernement,
contrairement au Parti libéral,
qui n'avait aucune vision pendant
15 ans, pendant 20 ans, où est-ce que les projets institutionnels et
industriels se faisaient attendre,
aujourd'hui on a la chance d'avoir de l'ambition pour notre économie et surtout
pour repartir les grands projets énergétiques au Québec, Mme la
Présidente.
Des voix : ...
La Présidente : C'est bruyant à
gauche. M. le député de Nelligan. En question principale, j'imagine?
M. Derraji : Oui.
La Présidente : En question principale,
M. le député de Nelligan.
Réseau
structurant de transport collectif dans l'est de Montréal
et dans la région de la Capitale-Nationale
M. Monsef Derraji
M.
Derraji : Mme la Présidente, je n'ai jamais pensé qu'un jour
je vais me lever en lisant la revue de presse et je vais trouver un tunnel, un
pont et un tramway. À un certain moment, je rêvais : c'est une annonce
pour la Capitale-Nationale, pour
régler enfin le problème de la mobilité. Figurez-vous, ce n'est pas la
Capitale-Nationale, c'est le comté du premier ministre.
Alors, Mme la Présidente, j'ai une question très
simple. Il y a cinq scénarios, cinq scénarios pour le plan structurant de l'Est. Ça commence à
13 milliards, ça se termine à 18 milliards. La ministre, elle
privilégie quel plan, un tramway, un pont, un tunnel ou les trois?
La
Présidente : Je vous fais remarquer que ce n'est pas un tableau
que vous exhibiez, et ça, ce n'est pas permis, tout à l'heure, je vous
ai vu. Je regardais s'il y avait un tableau là-dessus.
En question principale, je reconnais
maintenant...
Une voix : ...
La
Présidente : Pardon, madame? En question principale... en
réponse, pardon, je reconnais maintenant la ministre des Transports et
de la Mobilité durable.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Oui, merci. Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Heureuse que mon collègue me pose une question sur nos
projets de transport collectif. Je le dis souvent, jamais il n'y a tant
d'argent et tant de projets qui ont été sur la table que depuis l'arrivée de la
CAQ, en matière de transport collectif. En particulier dans l'est de Montréal,
Mme la Présidente, faut-il rappeler que le gouvernement libéral a été là
15 ans, et, malgré qu'il y a des députés de l'est de Montréal au Parti libéral, dont certains assis ici aujourd'hui,
jamais de projets qui ne se sont faits. La ligne bleue, c'est la CAQ qui l'a
passée en réalisation et... dossier d'affaires en juin 2022, la ligne
bleue est devenue réalisation sous la CAQ,
le budget a été confirmé par la CAQ. Et ce sera la même chose pour le futur
projet dans l'est de Montréal, avec des ramifications sur la couronne nord, parce qu'on a toujours été très
clairs sur notre intention de désenclaver l'est, de développer l'est de Montréal et aussi d'offrir une
alternative de transport collectif structurant à la couronne nord de Montréal,
que ce soit Repentigny, Mascouche, Terrebonne, etc.
Donc, le rapport a
été déposé officiellement hier, le rapport de l'ARTM. On se rappelle qu'il y
avait eu l'an dernier un rapport qui avait été déposé avec un projet à
36 milliards qui avait fait sursauter tout le monde. J'ai mandaté l'ARTM
pour nous arriver avec quelque chose de plus réaliste, qui répond aux besoins
que je viens de mentionner précédemment — et j'aurai deux autres réponses pour compléter. Ce
rapport-là est arrivé hier, on va en prendre connaissance exhaustivement,
mais on confirme notre intention d'aller de l'avant avec un projet dans l'est
de Montréal.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Mme la Présidente, dans l'article de Thomas
Gerbet, on apprend : «Cette option aurait l'avantage de connecter "ces
villes que certaines personnes appelleraient aussi des comtés électoraux",
ironise Pierre Barrieau, puisque la CAQ
y est élue, notamment le premier ministre lui-même — dans la circonscription de L'Assomption, qui
inclut Charlemagne.»
Je
viens d'entendre Mme la ministre qui trouve que c'est raisonnable,
18 milliards. Maintenant, quel scénario elle favorise? Un tramway,
un pont, un tunnel ou la totale?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Bien, Mme la Présidente, quand
on parle d'un projet de transport structurant qui connecte ensemble des comtés électoraux, on pourrait penser
au REM que les libéraux ont fait, qui est exclusivement dans l'ouest de
Montréal, à part la branche sur la Rive-Sud. Alors, je pense qu'à leur époque
ils ont décidé de privilégier les comtés libéraux
avec le REM qui est en train de se faire actuellement. Et, savez-vous quoi, Mme
la Présidente, nous, le REM, on trouve
que c'est un bon projet. C'est un bon projet, le REM. On est heureux que ce
soit mis en opération graduellement avec une première branche depuis
l'année dernière et le reste par la suite. Mais nous, on veut s'occuper de
l'est de Montréal, Mme la Présidente. Les
libéraux s'occupent juste du West Island, et nous, on va s'occuper de l'est de
Montréal. Je ne sais pas ce que la députée de Jeanne-Mance—Viger et
même le député de Lafontaine, qui pourraient être touchés aussi par l'éventuel projet de l'est... je ne sais pas ce
qu'ils pensent du fait que leurs collègues se sont uniquement occupés de
l'autre partie de l'île, mais nous, on va s'occuper...
Des voix : ...
La Présidente :
Bon, là, attendez. Un, la réponse
est terminée. Deux, je vous entends beaucoup trop fort et je pourrais
vous citer...
Des voix :
...
La
Présidente : Bon. C'est
votre période de questions. Je ne vais pas vous nommer tous, les uns après les
autres. Respect. Nous avons écouté respectueusement la question. On écoutait,
je le souhaite, respectueusement les réponses.
Deuxième
complémentaire. Un peu de silence. Respectez-vous les uns les autres. On vous
écoute.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Pour le REM, merci,
Philippe Couillard. Mme la Présidente, aujourd'hui, les gens de la Capitale-Nationale, les gens de la Capitale-Nationale se demandent... se demandent où
il est, leur plan structurant. Il n'y a pas de tramway, il n'y a pas de troisième lien, il n'y a pas de pont. Vous savez, Mme la
Présidente, la différence, c'est que l'ARTM a pris le leadership. Les gens de la Capitale-Nationale
demandent il est où, le leadership de Mme la ministre par rapport à la
mobilité.
Est-ce qu'elle va
déposer son plan? Est-ce qu'elle va le chiffrer?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Bien, je pense que, dans la Capitale-Nationale, Mme la Présidente, on se demande d'abord et avant tout où sont les
libéraux. Je ne sais pas d'où vient leur soudain intérêt pour Québec,
mais, la dernière fois que les libéraux
ont fait quelque chose de constructif à Québec, ça commence à faire un certain
nombre d'années, Mme la Présidente. Donc, je me garderais une petite
gêne.
Mais il reste
que, il reste que, là, je ne sais pas si le sujet, c'est encore le projet de
l'est ou le projet à Québec, mais, dans
les deux cas, le projet de l'est, le rapport a été déposé hier, alors donc on
avance, et tout le monde sait que j'ai déposé mon projet de loi n° 61 la semaine... il y a deux, trois semaines,
pour avoir enfin la capacité de livrer des transports... des projets de
transport collectif structurant par nous-mêmes, ce qu'a contourné... ce qu'ont
contourné les précédents gouvernements, et nous, on va le faire, et pour Québec ce sera... c'est imminent, on
déposera le rapport de la Caisse de dépôt Infra avec notre vision pour
la grande Communauté métropolitaine de Québec.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Mille-Îles. La parole est à
vous.
État de vétusté du parc locatif
Mme Virginie Dufour
Mme
Dufour : Merci, Mme la Présidente. Parce que la CAQ n'a pas
eu de vision en habitation pendant six ans, bien, un moratoire sur les évictions s'imposait. Mais il faut toutefois
être lucide, la mesure risque d'entraîner un sous-investissement de la part des propriétaires. Selon l'étude d'impact
du gouvernement, ce sont 146 millions de manque à gagner qui
s'ajouteraient au déficit d'entretien d'un parc locatif déjà vieillissant.
Alors que 60 % des logements locatifs ont plus de 40 ans, bien, ces investissements sont nécessaires pour
éviter que le parc se détériore davantage. On ne peut surtout pas se permettre de perdre des logements
alors qu'on en a cruellement besoin. On ne peut surtout pas se permettre
d'avoir des solutions à courte vue, ça nous prend un plan pour le long terme.
Est-ce que la
ministre est consciente, aujourd'hui, que l'absence de plan pour accompagner
les propriétaires risque d'avoir un impact sur la détérioration du parc
immobilier?
La Présidente : La réponse de la
ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme
Duranceau : Merci, Mme la Présidente. Alors, effectivement, je
tiens à mentionner qu'hier on a terminé l'étude détaillée du projet de loi n° 65, avec une bonne collaboration des
oppositions, puis on pourra prochainement adopter ce projet de loi là, qui
vient, effectivement, protéger les gens vulnérables contre les évictions dans
le contexte qu'on connaît, actuel. Parce
qu'on fait beaucoup de choses, Mme la Présidente, pour augmenter l'offre de
logements. C'est ça, la vraie solution à la crise, c'est d'augmenter l'offre de
logements. Mais là force est d'admettre que ça prend un certain temps,
alors on a voulu agir de la manière concrète avec ce projet de loi là,
notamment, sur les évictions puis la protection des locataires aînés.
Maintenant,
dans l'ensemble de mesures qu'on met de l'avant... Puis on n'attend pas qu'il y
ait un plan de déposé, là. Par ailleurs, il y en aura un, plan, de déposé
prochainement. Mais ce sur quoi on travaille, c'est accélérer la formation de
la main-d'oeuvre en construction, c'est rendre le secteur de la construction
plus agile, avec mon collègue ministre du Travail, qui a, lui aussi, fait adopter ou, en tout cas,
terminé son étude détaillée... fait adopter son projet de loi n° 51, c'est
donner des pouvoirs spéciaux aux villes. On l'a dit, ça ne sort pas assez vite
dans les villes, alors on leur a donné les pouvoirs d'agir.
• (10 h 30) •
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Virginie Dufour
Mme
Dufour : Oui. Je parlais des propriétaires existants, pas
des futures constructions. Donc, la Corporation des propriétaires immobiliers
du Québec s'inquiète du changement important qui est en train de s'opérer dans
le marché locatif du Québec. Alors que la majorité des propriétaires
possédaient... possèdent, actuellement, là, peu d'unités, bien, on voit une tendance vers une centralisation, une
concentration du parc immobilier entre les mains de plus grands joueurs.
Bien, la taxe sur le gain en capital, les calculs du Tribunal administratif du
logement, ça décourage les propriétaires.
Quel est le plan de la ministre?
La Présidente : La réponse de la ministre.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme
Duranceau : Bon, il y a beaucoup de choses, là, Mme la
Présidente, là-dedans, mais, encore une fois, depuis le début je le dis, il faut conserver un... créer
et conserver un contexte qui est favorable à la construction. Alors, c'est pour
ça que, dans toutes les mesures qu'on met de
l'avant, on se préoccupe de l'équilibre, Mme la Présidente, parce qu'on a besoin de gens pour construire puis on a besoin de
gens pour détenir de l'immobilier. Alors, j'énumérais certaines des mesures mises de l'avant par mes collègues :
formation de la main-d'oeuvre, agilité de la main-d'oeuvre en construction,
des pouvoirs spéciaux aux villes pour accélérer. Puis on continue d'adapter. La
ville de Montréal nous a demandé des modifications,
on les a incluses au projet de loi n° 57 de ma collègue des Affaires
municipales. On est dans l'agilité puis on bouge.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Virginie Dufour
Mme
Dufour : Bon, bien, Mme la Présidente, malgré toutes les
réponses reçues, là, je n'en ai pas entendu une seule, là, qui est concrète et qui m'indique comment la
ministre compte régler la situation du parc locatif qui est déjà vieillissant.
Le moratoire, là, c'est une mise sur pause,
ce n'est pas une solution à long terme. S'il n'y a pas de plan, s'il n'y a pas
de vision pour régler la crise du
logement et maintenir le parc locatif actuel, bien, dans trois ans, ça va être
l'hécatombe. Ça nous prend un plan complet avec une vision à long terme.
Quand va-t-on l'avoir?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme
Duranceau : Mme la Présidente, c'est clair pour moi que ni le
projet de loi n° 31 ni le projet de loi n° 65... que c'était ça
qui réglait la crise du logement. La crise du logement, c'est une multitude de
mesures qu'il faut mettre en place, puis il y a beaucoup de changements
structurels qui doivent être faits. C'est ce sur quoi on travaille.
Et par
ailleurs, vous savez quoi, il faut aussi gérer l'immigration, l'arrivée massive
de résidents non permanents, de nouveaux arrivants qui arrivent au pays
et qui mettent une pression intense sur la demande de logements. Alors, on
travaille sur l'offre de logements, puis on va demander au fédéral, puis on
continue de demander au fédéral de travailler sur la demande, parce qu'il faut
réduire la pression sur la demande de logements et... Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
La parole est à vous, madame.
Mesures pour lutter contre les
surdoses de drogue
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci, Mme la
Présidente. La crise des surdoses, actuellement, frappe nos jeunes de plein
fouet, demandez-le aux paramédics. Chez les 25-44 ans, au Québec, les
décès augmentent, puis ce n'est pas à cause des accidents de chars, ce n'est
pas à cause des homicides, ce n'est pas à cause des suicides, c'est à cause des
surdoses. L'an passé, il y a 536 de nos
concitoyens et concitoyennes qui sont décédés parce que ce qu'ils ont
ingurgité, c'était de la scrap, parce que des sans-génie se
contrefichent de ce qu'ils vendent à notre jeunesse.
Puis il y a
un autre problème, Mme la Présidente, c'est une crise de santé publique. Mais,
encore en 2024, les préjugés sont
forts. Encore, en 2024, le système traite ce monde-là comme des criminels.
Alors, ils ont honte, ils s'isolent puis ils crèvent tout seuls dans
leur coin.
J'aimerais savoir ce que le ministre a fait pour
juguler cette crise-là de santé publique.
La Présidente : La réponse du
ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, merci beaucoup,
Mme la Présidente. Je remercie la députée pour... de Sainte-Marie—Saint-Jacques
pour sa question, qui me surprend quand même un peu, parce qu'on en a fait
beaucoup pour la crise des surdoses. Et je
pense qu'on doit être... on doit se compter chanceux de voir que la situation
n'est pas celle des autres métropoles en Amérique du Nord, là, hein, où
c'est vraiment terrible.
Ce qu'on a
fait, Mme la Présidente, c'est qu'on a ouvert des centres pour prévenir les
surdoses, on a ouvert des centres
pour tester les drogues. Et on invite tout le monde, avant d'utiliser des...
ceux qui veulent consommer, avant d'utiliser ces drogues-là, de faire tester
les drogues. On a développé des systèmes mobiles, où... en Outaouais, à
Montréal, à Québec, où ces véhicules circulent dans la ville pour tester
les drogues, lors des festivals ou même lors des journées régulières. Puis, là encore, on incite tout le monde à les
utiliser. Puis là on a ouvert notre premier centre d'inhalation supervisée,
Mme la Présidente, qui fait beaucoup de
bruit, là, et qu'on essaie de gérer de façon adéquate. Mais ça, Mme la
Présidente, c'est justement pour
prévenir ces décès. Je pense que la communauté s'en rend compte. On vend de
plus en plus de Narcan, on donne de plus en plus de Narcan aussi. On en
fait beaucoup.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Il y a un seul centre
d'inhalation pour tout Montréal, il y a seulement 10 machines de détection
sur l'ensemble du Québec, il y a une
restriction sur la distribution des trousses de naloxone. Je ne dis pas qu'il
n'en fait pas. Ce que je dis, c'est
qu'il y a quand même 636 de nos concitoyens qui sont décédés par surdose,
l'année... l'année dernière, pardon.
Je me demande
si, dans les faits... Je sais que le ministre est très touché par ça, agit
là-dedans, mais, si on continue de garder ça criminel, est-ce que ça
bloque ailleurs?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M.
Lionel Carmant
M.
Carmant : Bien, Mme la Présidente, là, on n'est pas en
accord là-dessus, parce que je pense qu'on a été très prudents. On a
déjudiciarisé la consommation. Mais regardez ce qui arrive en
Colombie-Britannique, ils sont en train de
rétropédaler, là. Ça fait que je pense que notre prudence puis le fait qu'on
avance tranquillement, au même rythme que la société, est tout à fait
adéquat puis doit être salué.
Donc, Mme la
Présidente, je pense qu'on est à la bonne place. Il faut développer des
nouveaux services. On a beaucoup de
difficultés de cohabitation, Mme la Présidente, puis c'est là-dessus que je
travaille le plus, actuellement. Mais, Mme la Présidente, je pense que,
décriminaliser l'utilisation de ces drogues, on n'est vraiment pas rendus là.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Le problème, c'est qu'on stigmatise encore ces
gens-là. Tant et aussi longtemps qu'on les traite comme des criminels,
premièrement, ça nous coûte plusieurs centaines de millions par année et,
deuxièmement, ça fait en sorte qu'on ne
sauve pas ces vies. Puis je ne parle pas rien que du monde de la rue, là, je
parle des gens dans leur chambre à coucher. C'est nos enfants, c'est nos
neveux et nièces.
Alors, pourquoi ne pas s'ouvrir à ce que la
science nous dit? Puis la science nous dit qu'on peut faire plus. Avez-vous
l'argent pour le faire?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, hier, Mme la
Présidente, la directrice de santé publique de Montréal est même allée dire à
Ottawa qu'on n'est pas rendus là, au Québec.
Je pense que
ce qu'il faut faire, c'est sensibiliser les gens. D'ailleurs, j'ai parlé à
l'association des propriétaires de pharmacies récemment pour qu'on accentue les
campagnes de sensibilisation. On a fait une superbe campagne de promotion
de l'utilisation du Narcan, l'an dernier, à
la télévision, que plusieurs ont vue. L'utilisation du Narcan au Québec, là,
est en augmentation exponentielle,
tout le monde doit être au courant, puis je remercie la députée d'en parler.
Mais, Mme la Présidente, décriminaliser, c'est un pas où on n'est pas encore
rendus. On suit les choses, on travaille ensemble et on va continuer à sauver
des vies au Québec.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Taschereau.
Accès aux services
ambulanciers sur le territoire
de la Capitale-Nationale
M. Etienne Grandmont
M.
Grandmont : Mme la Présidente, durant les crédits, le ministre de la Santé a dit à mon collègue de Rosemont qu'il était ouvert à ajouter
des heures d'ambulance dans la région de la Capitale-Nationale si on lui
revenait avec des chiffres. Alors, c'est ce que je fais aujourd'hui.
En ce moment, le réseau est surchargé à
133 % dans la région. Ça, ça veut dire 40 % de plus que ce qui serait
souhaitable pour garantir la sécurité de la
population. Nos paramédics, là, ils sont ici, en haut, là, sont brûlés. Chaque
semaine qui passe, on nous rapporte
des nouveaux cas de départs. Ça, Mme la Présidente, là, il faut agir
rapidement, il faut juguler l'hémorragie.
La demande des paramédics est très claire :
leur donner les moyens de faire leur travail en ajoutant 120 heures
d'ambulance par jour dans la grande région de Québec. Les ambulances sont dans
les garages, sont prêtes à sortir, les paramédics sont prêts à sortir sur la
route. Tout ce qui manque, c'est le soutien du ministre.
Est-ce que le ministre peut s'engager à ajouter
120 heures d'ambulance par jour dans la région de Québec?
La Présidente : La réponse du ministre
de la Santé.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Bien,
écoutez, Mme la Présidente, je ne pense pas que c'est l'endroit, ici, pour
discuter du nombre d'heures qu'on a besoin
dans des régions spécifiques. Ce sont des ententes et des analyses qui sont
faites, entre autres, par notre ministère mais aussi par le Conseil du
trésor.
• (10 h 40) •
Ce que j'aimerais
rassurer le député, Mme la Présidente, c'est que ces analyses-là sont faites.
On tient compte des situations
particulières. Tout à l'heure, on parlait, avec le député de Pontiac, de ce qui
se passe en Montérégie, par exemple. Est-ce
qu'on peut faire des ajustements lorsqu'il y a des éléments spécifiques? La
réponse, c'est oui. Mais je ne pense pas que c'est la place ici, Mme la
Présidente.
Puis je salue le
travail des gens qui sont ici, dans nos balcons, sur le travail des paramédics,
mais je ne viendrai pas prendre d'engagement
spécifique sur un nombre d'heures dans une région alors que ces travaux-là
doivent se faire avec les... soit le
ministère, en collaboration avec les gens du Trésor. Je comprends qu'on est en
négociation avec les paramédics, mais ce n'est pas un endroit pour faire
de ce genre de discussion là, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : Merci pour sa réponse. Le
ministre nous avait demandé des chiffres, on lui en donne. Les paramédics
sont prêts à leur donner aussi. Puis je comprends qu'il faut faire les choses
dans l'ordre, mais ce que les paramédics nous
disent, qui sont dans les tribunes aujourd'hui, je le rappelle, c'est qu'un
drame peut survenir n'importe quand. Il y a urgence d'agir.
Est-ce que le
ministre peut ajouter ces heures, qui sont importantes, qui peuvent sécuriser
la population? Et est-ce que le ministre
pourrait accepter... Si ce n'est pas l'endroit, ici, là, qu'il vienne avec nous
autres, après la période de questions, puis on va leur parler, aux
paramédics. On va le régler, le problème, ensemble.
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Écoutez,
j'aimerais rappeler au député, Mme la Présidente, qu'il y a quelques mois on a
déposé un plan sur le préhospitalier qui coordonne tous les travaux qu'on fait
en ce moment sur le préhospitalier, un plan de plus de 600 millions sur cinq ans. On a déposé ce plan-là. Il est très
clair. À l'intérieur de ce plan-là, Mme la Présidente, on a dit qu'il y avait
une enveloppe d'environ 50 millions qui était pour ajuster les différents
tarifs, les différentes factions, pour être certains que, dans certains endroits, on était prêts à passer sur des
tarifs horaires plutôt que sur faction, en fonction de certains critères. On a agi, depuis trois ans, sur cette
enveloppe-là. Il nous reste encore deux ans. On va le faire exactement comme
prévu, en tenant compte des situations. Je le répète, ce n'est pas l'endroit,
ici, pour faire ça.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont :
Merci. Ça fait trois fois, cette
session-ci, que je me lève en Chambre pour interpeler le ministre de la Santé. Je lui ai parlé de la clinique SABSA, je lui ai parlé du GMF Cité
verte, puis maintenant je lui parle des services paramédics, tous des services
de première ligne essentiels dans la Capitale-Nationale. Le ministre n'a toujours pas rencontré SABSA. J'espère qu'il va venir. Ce n'est toujours
pas réglé à La Cité verte. Aujourd'hui, les paramédics sont là, là. Est-ce
qu'il peut venir les rencontrer tantôt pour
qu'on essaie de régler, trouver des voies de passage ensemble au problème de
disponibilité d'ambulances dans la région de Québec?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, Mme la Présidente, je viens de le dire,
mais je vais le répéter pour que tout
le monde comprenne, incluant les paramédics qui sont ici, et, je le
répète, je salue leur travail, mais il y a des endroits qui sont faits pour
négocier, pour travailler avec ces gens-là.
Maintenant,
le député me dit qu'il a des chiffres à me fournir, qu'on a peut-être déjà, ou
des chiffres que je serais heureux d'avoir. Alors, Mme la Présidente, on a
toujours été ouverts à écouter les suggestions, mais, en même temps, je le
répète, Mme la Présidente, au risque de me
répéter une autre fois, ce n'est pas l'endroit, ici, pour discuter de ces
enjeux-là, surtout d'aller au niveau de granularité de discuter du nombre
d'heures. Ce n'est pas la place.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Jean-Talon.
Indemnisation des victimes d'actes criminels
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Mme
la Présidente, le 13 octobre approche à grands pas pour les victimes
d'actes criminels. C'est à cette date-là que la réforme de l'IVAC va couper
froidement leurs indemnités.
J'ai reçu, dans les
derniers jours, une dizaine de témoignages vraiment déchirants, des personnes
qui ont subi des crimes atroces dont les
séquelles les empêchent de reprendre le cours normal de leur vie. L'une d'entre
elles subit toujours un stress post-traumatique à la suite d'agressions
sexuelles. Incapable de travailler, elle élève seule ses enfants avec rien d'autre qu'une pension alimentaire et
l'indemnité de l'IVAC. Je la cite : «Malgré tous mes efforts de retour aux
études, de vouloir avoir un emploi,
je n'y arrive pas. Si on me coupe mes indemnités, je ne suis plus capable de me
faire vivre et de faire vivre mes enfants. Il m'arrive d'avoir tellement
peur à mon avenir que je pense au suicide.»
Comme
tant d'autres, elle a reçu une lettre en mars disant : Le droit au
versement des indemnités pour incapacité totale temporaire prendra fin
au plus tard le 13 octobre.
Est-ce
que le ministre va reconsidérer sa décision d'abandonner l'indemnisation des
victimes ou continuer à leur envoyer des lettres?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Alors, Mme la Présidente, je remercie le député de
Jean-Talon de soulever la question, parce
qu'effectivement, avec la réforme de l'IVAC, les personnes qui étaient...
recevaient des rentes temporaires, donc de remplacement de revenu
temporaire, et qui sont actuellement en invalidité temporaire, au
13 octobre 2021, le délai de trois ans
arrive à échéance. Donc, supposons que vous aviez été indemnisé à partir de
2018 temporairement, vous aviez une période de trois ans à partir de
2021 jusqu'en 2024.
Cependant, toutes les
personnes qui sont en incapacité de travailler et qui ont un lien d'emploi ou
qui sont en situation d'être incapable de
faire les tâches quotidiennes peuvent faire une demande à l'IVAC pour
prolonger, pour une période de trois
ans supplémentaire, l'incapacité temporaire de travail, et même un deux ans
supplémentaire pourrait être ajouté,
jusqu'à un potentiel de cinq années supplémentaires. Et ça, c'est le
remplacement de revenu temporaire, ce n'est pas le montant forfaitaire qui peut
être versé aux personnes à partir du moment où... la consolidation de leur état,
et ce montant-là peut aller jusqu'à 300 000 $.
Et
d'ailleurs, Mme la Présidente, on a été proactifs, on a envoyé une lettre à
chaque personne qui est visée par cette situation-là, on les appelle un par un,
Mme la Présidente, avec la Direction de l'indemnisation des victimes d'actes
criminels.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Mais
cette extension-là de temps dont on parle, là, c'est comme un diachylon sur une
plaie béante, on remet à plus tard un
problème qui existe. Le Protecteur du
citoyen, lui, il avait proposé une
solution à ça : une méthode d'évaluation récurrente de l'état de
santé des victimes d'actes criminels pour permettre à celles qui sont toujours
inaptes à travailler de se reconstruire avec leur indemnité.
Donc
là, je donne l'opportunité au ministre de dire aux victimes qui m'ont écrit,
comme Annie, Stéphanie, Émilie, Valérie, qu'il va les aider à compléter
leur guérison. Va-t-il le faire ou c'est la lettre?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Alors, Mme la Présidente, avec mon collègue le
ministre du Travail, on travaille avec la Direction
de l'indemnisation des victimes d'actes criminels pour faciliter le processus,
justement, pour que les personnes, le
13 octobre 2021, qui sont toujours en situation d'inaptitude de travail
temporaire... Parce qu'il faut le dire, ça, c'est la rente qui est
temporaire. À partir du moment où leur état va être consolidé, ils ont un
montant forfaitaire qui peut aller jusqu'à 300 000 $. Donc, s'ils se
retrouvent dans la situation où ils ne peuvent pas travailler, ils ont un lien
d'emploi existant, ou ils ne peuvent pas
réaliser des tâches quotidiennes, ils vont pouvoir bénéficier toujours du
soutien temporaire pour une autre
période transitoire de trois ans. Mais ce qu'il faut faire avec les personnes
victimes d'infractions criminelles, c'est
les soutenir, les ramener, et l'ensemble du régime de l'IVAC qu'on a fait, c'est
justement de leur donner davantage d'outils.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Pascal Paradis
M.
Paradis : Mais là c'est... c'est justement ce que les
victimes demandent au ministre de faire. On parle de vraies personnes, d'êtres humains. C'est des victimes
d'actes criminels atroces, puis là on va une nouvelle fois bouleverser leur
vie à cause de la
réforme. Je comprends qu'il y a des bons aspects, il y a des aspects positifs à
la réforme, mais là, celui-là, il y a
quelque chose qui ne fonctionne pas. Il faut se mettre dans la peau des
victimes. C'est ça qu'elles demandent au ministre.
Je lui demande une
nouvelle fois de ne pas laisser tomber Émilie, Valérie, Annie, Stéphanie et
toutes les autres victimes. Va-t-il le faire?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Alors, Mme la Présidente,
comme je l'ai dit, effectivement on travaille pour les accompagner, justement. Et l'indemnité ne prend pas fin le
13 octobre, Mme la Présidente.
Si elles se retrouvent dans des situations, elles pourront bénéficier
d'un trois ans supplémentaire, et même un deux ans supplémentaire.
Et
la réforme que nous avons faite, c'est qu'il y a deux fois plus de Québécois
qui bénéficient du soutien de l'IVAC, en
termes financiers, en termes psychologiques, la notion de victime a été
élargie. On a fait des choix pour faire en sorte qu'il y ait un maximum de
personnes victimes et surtout pour amener les gens à retrouver le cours normal
de leur vie, et ça, c'est fondamental, et pas juste la victime directe, mais
toutes les personnes alentour qui ont subi un préjudice en lien avec l'infraction criminelle. Et je rappellerais, Mme
la Présidente, que l'IVAC, au Québec, c'est plus que toutes les autres
provinces canadiennes.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Admissibilité des réclamations
attribuables
à certains cancers chez les pompiers
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente. Les médias rapportent de
plus en plus de cas de pompiers ayant été frappés par un diagnostic de cancer. C'est bien connu que
les pompiers meurent du cancer à un taux jusqu'à quatre fois supérieur à
celui du reste de la population.
Cette semaine, on a
appris l'histoire déchirante de Gabriel Thibert, pompier à Montréal depuis plus
de 17 ans. Gabriel vient de recevoir un
diagnostic de cancer de glioblastome. J'ai le même âge que lui, 39 ans.
Selon ses propres dires, il ne pourra pas voir ses deux filles grandir.
La CNESST reconnaît
certains cancers, chez les pompiers, comme étant liés à leur emploi, mais oups!
Le glioblastome n'en fait pas partie.
Pourtant, on avait supposément modernisé la santé et sécurité, au Québec, il y
a trois ans, mais pas tant que ça, parce que le Québec faisait et fait
toujours office de cancre en la matière. C'est la juridiction qui prévoit une
présomption de maladie professionnelle pour le moins de types de cancer de
pompier, soit seulement neuf. L'Alberta en reconnaît 20; l'Ontario, 19; la
Colombie-Britannique, 18.
Comment le ministre
explique-t-il cela? Est-ce que la science est différente au Québec? Est-ce que
les feux du Québec contiennent moins de contaminants que les feux du reste des
autres provinces du Canada?
• (10 h 50) •
La
Présidente : La réponse du ministre du Travail.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci, Mme la Présidente. Et merci pour la
question. On a un intérêt commun. Moi, je veux saluer les pompiers et les
pompières combattants, au Québec, qui font un travail remarquable pour assurer
la sécurité des Québécois, Québécoises.
Et, souvenez-vous, on a travaillé ensemble, en commission parlementaire, avec
le projet de loi qui réforme le régime de santé et sécurité du travail. On a intégré
pour la première fois neuf cancers de pompiers, qui sont exposés à des fumées, et avec des périodes de latence qui
leur permettent de bénéficier d'une présomption. Quand ces personnes-là
présentent une réclamation à la CNESST, elles n'ont pas besoin de démontrer que
le cancer est lié à leur travail de pompier.
Ceci
dit, neuf, c'est vrai que ce n'est pas assez. Il faut en ajouter d'autres. Il
faut analyser de nouveau les périodes de
latence. On est en action. J'ai donné un mandat à la CNESST, le comité
scientifique qui a été formé va travailler sur ce dossier-là. Il faut
ajouter des cancers. Ceci dit, les personnes qui ont des cancers peuvent quand
même réclamer, démontrer le lien de causalité, obtenir l'indemnisation et
l'accompagnement requis. Merci.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Mme la Présidente, ceux qui ont le malheur d'avoir
attrapé le cancer ont autre chose à faire que de devoir aller se battre à la
CNESST pour être reconnus. Il y en a plein, des trous, dans la loi du ministre.
Ce n'est pas le premier. Puis son
système ne fonctionne pas. La preuve, il propose lui-même de le contourner en
envoyant une lettre à la CNESST pour dire : Reconnaissez donc ces
cancers-là puis bypassez le comité scientifique, qu'il a lui-même mis sur pied.
Son système ne
fonctionne pas, le ministre du Travail travaille mal, il faut qu'il revoie
l'ensemble du système. Va-t-il le faire?
Des
voix : ...
La
Présidente : Bon, M. le leader du gouvernement, quelle est votre
question de règlement?
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, ce
sont des propos blessants, indignes de la fonction de député. Honnêtement,
si on veut commencer à...
La
Présidente : Je suis debout, M. le leader. Je vous ai entendu. Ce sont
des propos qui ne sont pas agréables à
entendre, peut-être, mais ça demeure dans la critique du travail du collègue.
Poursuivez. Il restait... Vous avez terminé votre question. Alors, la
réponse du ministre.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci, Mme la Présidente. Je continuerai de
travailler en collaboration avec mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve. Dans toutes les études détaillées,
10 projets de loi sont devenus des lois, puis on a travaillé en concertation,
j'ai répondu à ses questions. Je vais continuer à travailler de la même façon.
Et on ne tente pas de faire indirectement ce
qu'on ne peut pas faire directement. Il y a un pouvoir réglementaire qui est
prévu dans la loi. Avant la réforme,
c'était une annexe qui faisait partie intégrante de la loi. Maintenant, c'est
un règlement qui peut être adapté en fonction
de l'évolution des connaissances scientifiques et médicales. C'est ce que nous
faisons. Et on pense aux pompiers et aux pompières aussi, qui font un
travail exceptionnel. Merci.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : L'affaire, là, Mme la Présidente, c'est qu'on lui
avait proposé de tous les reconnaître, lors de l'étude détaillée du p.l. n° 59. Mon collègue de Nelligan était avec moi là-dessus. Il en avait
reconnu certains, il avait même reconnu la maladie de Parkinson, on était
contents, mais on lui disait : Pourquoi pas tous les cancers? Il a
dit : Non, non, attendez, il
faut faire un comité scientifique. Et il le bypasse lui-même aujourd'hui, en
leur disant : Finalement, reconnaissez-les donc, là, tout de suite,
ces maladies-là, des cancers qui restent, des pompiers. Ce n'est pas la bonne
façon de travailler.
Ce
que je lui dis, c'est qu'on doit faire un lien direct avec les maladies de
l'OMS. Va-t-il le faire? Va-t-il réformer les trous qu'il a laissés dans
la loi de la santé et sécurité du travail du Québec?
La
Présidente : La réponse du ministre du Travail. On l'écoute.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci, Mme la Présidente. Je constate que mon
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve a une expertise que je ne soupçonnais
pas. Ce que nous faisons dans la loi, c'est de s'appuyer, encore une fois, sur
les connaissances scientifiques, médicales à l'échelle internationale. On ne
tourne pas les coins ronds, on y va de manière ordonnée et rigoureuse. Le but est d'avoir un nombre de
cancers avec des périodes de latence qui sont appropriées et de s'assurer que
tous les pompiers et pompières qui sont victimes d'un cancer soient justement
indemnisés, et c'est ce que nous faisons avec la CNESST. Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Accès
au Programme de solidarité sociale
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci, Mme la Présidente. En juillet 2022, le
gouvernement caquiste a modifié la liste des diagnostics évidents qui identifie
les diagnostics permettant une admission simplifiée au programme de solidarité
sociale qui vise les personnes avec
des contraintes sévères à l'emploi. Une cinquantaine de diagnostics ont été
retirés de cette liste, entre autres la paraplégie, aveugle des deux yeux, la
schizophrénie et l'autisme. Ces personnes doivent passer par un comité d'évaluation, qui, l'an passé, a rejeté presque
deux tiers des demandes. Des démarches, ainsi que les coûts supplémentaires,
entraînent des conséquences pénibles pour des personnes qui souffrent déjà.
Alors,
Mme la Présidente, pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas simplifié le processus,
au lieu de le rendre encore plus complexe et inhumain?
La Présidente : La réponse de la ministre
de la Responsabilité sociale et de l'Action communautaire... Solidarité
sociale.
Mme Chantal Rouleau
Mme Rouleau : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bien, je remercie la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour
cette question qui concerne la liste des diagnostics évidents, une liste qui
n'avait pas été revue depuis au moins 20 ans. Depuis, des progrès médicaux ont été réalisés, des
progrès scientifiques. Donc, il était de bon aloi, Mme la Présidente, de
revoir cette liste des diagnostics.
Il
est important de mentionner, Mme la Présidente, que notre gouvernement a
vraiment à coeur, a comme priorité le
bien-être de l'ensemble des citoyens du Québec, et que les personnes qui
peuvent avoir certains enjeux de précarité sont vraiment... et ma priorité, puisque, prochainement, j'aurai l'occasion
de déposer un plan de lutte à la pauvreté et à l'exclusion sociale. Le travail qui se fait par les
spécialistes, des spécialistes en santé, des spécialistes socioprofessionnels,
permet d'établir, d'établir le diagnostic de ces gens qui font appel au
régime d'assistance sociale...
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass :
Merci, Mme la Présidente. Est-ce que la ministre croit, comme elle a dit lors
des crédits budgétaires, que l'autisme
peut être contrôlé? C'est vraiment honteux pour toutes ces personnes et leurs
familles. Plutôt que de reconnaître l'autisme comme un diagnostic
évident, comme ce l'était, votre gouvernement rend la vie plus complexe à ces
personnes-là pour qu'ils aient accès à la solidarité sociale, qui est souvent,
pour eux, une survie financière.
Est-ce que la
ministre... Mme la Présidente, pourquoi la ministre leur rend la vie plus
compliquée?
La
Présidente : Et la réponse de la ministre de la Solidarité sociale et
de l'Action communautaire.
Mme Chantal Rouleau
Mme Rouleau :
Bien, Mme la Présidente, on est en train de travailler sur le plan de lutte
à la pauvreté et à l'exclusion sociale et avec l'objectif, justement, de
simplification. Et, dans le cas de l'autisme, c'est... on parle maintenant de
spectre de l'autisme, ce qui fait que les spécialistes de la santé et
socioprofessionnels doivent conjuguer avec
ce spectre. Mais, lorsqu'une personne fait appel à la solidarité sociale ou au
programme de revenu de base, que nous avons
mis en place le 1er janvier 2023, ces personnes... si le diagnostic
n'est pas dans la liste, ces personnes font appel à ce comité, qui
évalue de manière très rigoureuse et rapide le diagnostic, Mme la Présidente.
La Présidente :
En question principale, la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Accès
au Programme de solidarité sociale
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci,
Mme la Présidente. Je suis vraiment désolée, mais les explications convolutées
de la ministre ne tiennent pas la route. Nous comprenons que certains
diagnostics, comme le spectre de l'autisme, ont changé d'appellation, alors il
fallait simplement changer le nom dans la liste des diagnostics évidents, non
pas les retirer.
Est-ce
que la ministre accepte de faire réviser la liste par l'Institut national d'excellence en santé et en
services sociaux, qui joue déjà ce
rôle auprès du gouvernement? Parce que, sinon, les gens qui souffrent déjà et
qui dépendent de cette aide de dernier recours vont souffrir davantage.
Des voix : ...
La
Présidente : Vous connaissez la règle.
La réponse de la
ministre de la Solidarité sociale et de l'Action communautaire.
Mme Chantal Rouleau
Mme Rouleau :
Mme la Présidente, notre objectif, c'est de faire en sorte que tous les
Québécois, toutes les Québécoises puissent
avoir accès à l'ensemble de nos services. Et il n'est pas question pour nous
d'exclure des gens, au contraire. On veut faciliter l'accès pour les gens qui
en ont réellement besoin, de cette aide de dernier recours. Et on a mis en place des programmes comme le Programme de
revenu de base, qui permet de subvenir aux besoins des personnes qui ont des contraintes très sévères à l'emploi et
permanentes, et on va continuer à travailler dans ce sens-là, Mme la
Présidente.
La
Présidente : Cela met fin à la période de questions et de réponses
orales.
Motions sans préavis
Comme
il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans
préavis. Et, pour ce faire, je cède la place au deuxième vice-président
de l'Assemblée nationale. Merci beaucoup pour votre attention.
• (11 heures) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
bon jeudi matin, chers collègues. Comme mentionné, nous en sommes à la rubrique Motions sans préavis. Et nous allons
débuter en reconnaissant un membre du deuxième groupe d'opposition, et,
pour ce faire, je cède la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Demander
au gouvernement de s'engager à continuer d'oeuvrer
pour l'accessibilité et la gratuité des services d'avortement
Mme Massé : Merci, M. le Président. Je demande le consentement
de cette Assemblée pour présenter la motion suivante conjointement avec la députée de Robert-Baldwin, le chef du
troisième groupe d'opposition et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse le consensus social inébranlable au Québec
pour le droit à l'avortement;
«Qu'elle s'inquiète
de la montée des discours contre le droit à l'avortement véhiculés par des
organisations anti-choix;
«Qu'elle rappelle que
l'accès à l'avortement demeure un enjeu dans certaines régions du Québec;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de s'engager à
continuer d'oeuvrer pour que les services d'avortement soient accessibles et
gratuits pour toutes les femmes, peu importe où elles résident au Québec.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Caire : Consentement,
sans débat, M. le Président.
Une voix : ...
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
le vote électronique est demandé. Alors, Mmes et MM. les députés, je
vous invite à enregistrer votre vote dès maintenant.
Alors, le vote est
maintenant terminé. Pour le résultat, Mme la secrétaire générale.
Le
Secrétaire : Pour : 80
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M.
Lévesque) : La motion est adoptée. M. le leader du deuxième groupe
d'opposition.
M. Leduc : Merci, M. le Président. Si on pouvait envoyer
copie de cette motion à la fédération québécoise du planning des
naissances et au Comité Riposte. Merci.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Ce sera fait, M. le député.
Alors,
je suis maintenant prêt à reconnaître un membre du troisième groupe
d'opposition pour sa motion et je reconnais M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : M.
le Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin
de présenter, conjointement avec le député
de Jacques-Cartier, le député de Maurice-Richard et la députée de Vaudreuil, la
motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse qu'Hydro-Québec doit développer la résilience
de son réseau de distribution face aux événements climatiques extrêmes
pour éviter les pannes majeures;
«Qu'elle
affirme que la décentralisation des centres d'exploitation d'Hydro-Québec
contribue au rétablissement des services en cas de panne majeure;
«Qu'elle souligne
qu'Hydro-Québec est un employeur d'importance en région et que la
décentralisation des opérations a des effets
socio-économiques importants notamment au Saguenay—Lac-Saint-Jean, en Abitibi-Témiscamingue, sur la Côte-Nord, en Mauricie et au Bas-Saint-Laurent;
«Qu'elle
demande à Hydro-Québec de maintenir en région les centres d'exploitation dans
le cadre de la modernisation du réseau.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : Pas
de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Il
n'y a pas de consentement. Alors, je suis maintenant prêt à reconnaître un
membre formant le gouvernement. Alors, ce
sera Mme la ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.
Mme Fréchette : Merci, M. le Président.
Alors, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec le député de Matane-Matapédia :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que jamais autant de services de francisation
n'ont été donnés au Québec;
«Qu'elle
prenne acte que, selon le Commissaire à la langue française, le nombre de
personnes qui ne connaît pas le
français augmente beaucoup plus rapidement que le nombre de personnes que l'on
francise, ce qui est essentiellement lié à la hausse importante de
l'immigration temporaire; et
«Qu'elle réitère l'importance de réduire le
nombre d'immigrants temporaires que reçoit le Québec.»
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Il n'y a pas de consentement. Alors, je suis
maintenant prêt à reconnaître un membre de l'opposition officielle et je
cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Rendre
hommage à M. Benoît Pelletier, ex-député de Chapleau,
et offrir des condoléances à sa famille et à ses proches
M.
Tanguay : Merci beaucoup, M. le Président. Vous allez me
permettre, d'entrée de jeu, de saluer les membres... des membres de la
famille de Benoît Pelletier ainsi que des proches qui sont dans nos tribunes
aujourd'hui.
Alors, M. le Président, je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le ministre de la Justice, le député de Rosemont, le député
de Jean-Talon, la députée de Vaudreuil et le député d'Arthabaska :
«Que l'Assemblée nationale rende hommage à la
mémoire de M. Benoît Pelletier, décédé le 30 mars dernier;
«Qu'elle
rappelle qu'il fut député de la circonscription de Chapleau de 1998 à 2008 et
qu'il a occupé de nombreuses fonctions ministérielles, à savoir celles
de ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, des Affaires autochtones, de la Francophonie canadienne, de la
Réforme des institutions démocratiques, de l'Accord sur le commerce intérieur et de l'Accès à l'information, ainsi que
ministre responsable de la région de l'Outaouais et de la région du
Nord-du-Québec;
«Qu'elle
rappelle l'importante contribution à la vie publique, politique et académique
du Québec et du Canada de ce professeur, juriste et constitutionnaliste
d'exception;
«Qu'elle
souligne son affabilité caractéristique et le profond civisme qui guidait son
engagement public et en faisait un homme politique apprécié et respecté
de tous;
«Qu'elle rappelle les nombreux honneurs qui ont
été remis à Benoît Pelletier, notamment à titre d'officier de l'Ordre national du Québec, de membre de l'Ordre
du Canada [...] de chevalier de l'Ordre national du Mérite français, ainsi
que la Médaille d'honneur de l'Assemblée nationale du Québec [qui lui a été]
décernée en 2022;
«Qu'elle
offre ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches et leur
témoigne la gratitude de la nation québécoise pour une vie passée à
l'enseigne du service public;
«Qu'enfin, elle observe une minute de silence à
la mémoire de ce grand Québécois.»
(Applaudissements)
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de
cette motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : Oui, M. le Président, il
y a consentement pour un débat de trois minutes par intervenant dans l'ordre
suivant : le chef de l'opposition officielle, le ministre de la Justice,
le député de Rosemont et le député de Jean-Talon.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, je comprends qu'il y a consentement pour
qu'il y ait quatre interventions, avec
une durée maximale de trois minutes par intervention. Et donc je cède la parole
à M. le chef de l'opposition officielle.
M.
Marc Tanguay
M.
Tanguay : M. le Président, c'est avec beaucoup de tristesse
que nous avons appris le décès de Benoît Pelletier.
On l'a dit, il a été élu à trois reprises député
de Chapleau entre 1998 et 2008. Il a occupé différentes fonctions
ministérielles pendant six ans, de 2003 à 2008.
D'abord et avant tout, Benoît Pelletier, c'était
un homme de famille, un homme respectueux de tous, drôle, intelligent, un excellent communicateur, auteur de
nombreuses publications juridiques et politiques. Il était toujours prêt
à mettre ses connaissances au service des gens, un homme extrêmement généreux
de son temps, de ses conseils.
Il était membre du Barreau du Québec depuis
1982. Il a obtenu deux doctorats en droit, d'abord de l'Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et de
l'Université d'Aix-Marseille. En 2008, après un parcours politique très bien
rempli, il était retourné à
l'enseignement du droit à l'Université d'Ottawa. Et, en 2022, reconnu par la
communauté universitaire de
l'Université d'Ottawa, il a été reconnu professeur émérite. Et c'était la
première fois qu'un professeur de la Section de droit civil de la
Faculté de droit recevait cette reconnaissance.
Pierre
Thibault, doyen adjoint de la Faculté de droit civil à l'Université d'Ottawa, a
dit ce qui suit, et je vais le citer : Benoît Pelletier était rigoureux, discipliné, pédagogue hors pair, un
professeur aimé de ses étudiants et étudiantes. Benoît a été un homme
profondément bon, un excellent ami, un ami exceptionnel.
• (11 h 10) •
Les réalisations de
Benoît Pelletier, M. le Président, ont aussi marqué l'histoire du Québec mais
l'histoire aussi, de façon plus précise, du
Parti libéral du Québec. Il avait présidé un important comité qui a travaillé
de 1999 à 2001. Le comité était, donc, spécial sur l'avenir politique et
constitutionnel de la société québécoise. Vous dire l'empreinte... Évidemment, il n'était pas tout seul sur ce
comité-là, il y avait beaucoup de militants et militantes, mais vous dire
l'empreinte qu'il
a eue quand le rapport important a été déposé. On le nommait le rapport
Pelletier. C'est vous dire l'importance et la marque qu'il avait laissée. Et ce rapport-là a pu inspirer par la
suite le gouvernement du premier ministre Jean Charest, gouvernement libéral, qui a mené, entre autres, à
la fondation du Conseil de la fédération, en 2003; en 2004 une première en santé, une entente asymétrique et une
reconnaissance de l'asymétrie au sein de la fédération canadienne, un legs
marquant. Et, en 2008, création du Centre de la francophonie des
Amériques, on le doit aussi à Benoît Pelletier.
Toujours partisan et
défenseur du fédéralisme qui respecte les compétences du Québec, ça, c'était
l'approche de Benoît Pelletier. L'ex-premier
ministre M. Charest a dit, et je le cite : «Le legs politique de
Benoît Pelletier [sera] durable. Pour des générations à venir, on va aller
puiser dans [ses] écrits, dans [ses] idées.» Un «homme affable, respectueux».
«Benoît aimait la politique et la politique aimait Benoît.» Fin de la citation.
Les
reconnaissances sont multiples — prix
d'excellence en enseignement à l'Université d'Ottawa en 1998, officier de l'Ordre national du Québec, 2014, élu membre de
l'ordre national du Canada en 2016 et Médaille d'honneur, en 2022, de
l'Assemblée nationale — témoignent
de toute la reconnaissance que la nation québécoise a témoignée envers
M. Pelletier, et il était important aujourd'hui, en cette Assemblée
nationale, de lui rendre un hommage tout particulier.
Nous
tenons, bien évidemment, à exprimer nos plus sincères condoléances à sa famille
et à ses proches, son épouse, Danièle,
ses enfants, Florence, Françoise, Jean-Christophe, Mathilde, son frère, Claude,
et ses soeurs, Louise, Diane et Marie.
Merci, Benoît
Pelletier.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le
chef de l'opposition officielle. Je
cède maintenant la parole à M. le ministre de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. Vous me permettrez d'abord
d'offrir, au nom de l'État québécois, du gouvernement, des collègues
parlementaires et en mon nom personnel, mes plus sincères condoléances aux
proches et à la famille de M. Benoît
Pelletier. Danièle, Florence, Jean-Christophe, merci d'être parmi nous
aujourd'hui afin de rendre hommage à votre mari, à votre père, à un grand
Québécois. J'ai également une pensée pour Françoise et Mathilde.
Je
pense pouvoir dire, M. le Président, sans me tromper que M. Pelletier a
marqué toutes les personnes et toutes les institutions qui ont croisé sa
route.
Bien sûr, cette
Assemblée nationale n'y fait pas exception. Pendant une décennie, Benoît
Pelletier y a exercé ses fonctions de député
avec dignité, hauteur et conviction. M. Pelletier était un grand
parlementaire, capable de s'élever au-dessus des intérêts partisans, et
vouait une loyauté sans faille avant tout aux intérêts de la nation québécoise.
Benoît
Pelletier aimait profondément le Québec et il croyait que son caractère
distinct méritait d'être respecté et protégé.
Que ce soit dans son rôle de député, de ministre, de professeur ou de
commentateur dans les médias, Benoît Pelletier s'est toujours porté à la
défense de notre langue et de notre culture commune, de nos institutions, de
notre droit civil et de nos valeurs sociales distinctes.
M.
Pelletier était par ailleurs pleinement conscient du rôle particulier que doit
assumer notre Assemblée nationale à l'égard de notre identité distincte. Il
défendait la légitimité démocratique de cette Assemblée et sa capacité à
exprimer les choix collectifs de la nation québécoise. La souveraineté
parlementaire était pour lui un principe cardinal de notre régime
politique et constitutionnel.
Un autre principe
qu'il défendait ardemment était celui du fédéralisme, un fédéralisme
authentique au sein duquel chaque ordre de gouvernement est souverain dans ses
champs de compétence, un fédéralisme qui surtout permet au Québec de se développer selon ses propres aspirations et en fonction
de son histoire et des valeurs qui lui sont propres. Il savait que le
Québec pouvait et devait occuper tout l'espace qui lui revient au sein de la fédération
canadienne.
Son éminent parcours
professionnel est marqué par la défense des intérêts supérieurs de la nation
québécoise. C'est d'ailleurs grâce à lui, et peu de gens le savent, que... si
la Chambre des communes a adopté, en 2006, la motion historique qui a reconnu les Québécoises et les Québécois, qu'ils
forment une nation. Cette motion a constitué, en quelque sorte, un
premier pas qui nous a permis, plus de 15 ans plus tard, d'inscrire
formellement dans la Loi constitutionnelle de 1867 le caractère national du Québec et d'y consacrer le statut du
français comme seule langue officielle et commune.
Toujours affable,
souriant, aimable et respectueux des opinions de ses interlocuteurs, peu
importe leur degré de connaissance, Benoît Pelletier se rendait toujours
disponible, tant dans la sphère publique que dans la sphère privée, pour mettre sa vaste expérience et ses
connaissances au service des gens. Il ne faisait jamais dans la prétention.
Passionné et excellent vulgarisateur, il guidait les citoyens comme les
politiciens sur des questions parfois complexes, comme les questions
constitutionnelles, qu'il maîtrisait avec brio.
Benoît
Pelletier aura été et continuera d'être un mentor pour beaucoup d'entre nous.
Il était de ces grands hommes qui nous inspirent dès la première rencontre. Il
aura assurément marqué la vie de tous ceux qui, comme moi, auront eu la
chance, et le bonheur, et le plaisir, je dirais, de le côtoyer à un moment ou à
un autre de nos parcours respectifs. Il nous a quittés beaucoup trop tôt, mais
son legs continuera longtemps d'inspirer les générations à venir.
Le
Québec aura toujours un devoir de mémoire envers ce grand constitutionnaliste,
ce grand bâtisseur québécois, ce grand serviteur de l'État du Québec.
M. Pelletier,
merci pour tout.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le ministre de la
Justice. Maintenant, pour la
prochaine intervention, je cède la parole à M. le député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Merci, M. le Président. Ça fait quelques décennies que je traîne dans les
parlements. Alors, nécessairement, tout le monde vieillit, les gens nous
quittent. C'est toujours triste. Mais, quand quelqu'un nous quitte si tôt, ça l'est encore plus. Alors, je vais vous
exposer quelques souvenirs de journaliste, parce que c'est ainsi que j'ai connu
M. Pelletier, pour célébrer ce qu'il a fait dans le domaine public.
Il n'y a
pas beaucoup de collègues ici qui ont côtoyé M. Pelletier
à l'Assemblée nationale. Il y a certainement le premier ministre, probablement le député de... le ministre de l'Éducation,
qui l'a côtoyé un peu, oui, le député de Montmorency aussi et probablement un autre doyen ici, le
député de Matane-Matapédia. Moi, je l'ai côtoyé aussi, mais j'étais de l'autre
bord de la clôture, j'étais journaliste.
J'étais assis là, pas ici. Puis les journalistes ne vous le diront pas, mais
ils ont des préférés dans la liste. Benoît était assurément un de mes
préférés.
Je
ne manquais pas beaucoup d'occasions, quand je venais à Québec, d'aller
m'asseoir avec lui dans son bureau, l'immeuble qu'on appelle le «bunker», en
face, avec son chef de cabinet, Olivier Marcil, que je salue, des gens qui m'accueillaient
toujours. On avait toujours une bonne discussion. Bon, je n'ai jamais fait
aucune manchette avec des déclarations de
Benoît Pelletier, mais ça, c'est à son honneur, parce que nous avions des
discussions profondes, notamment sur l'avenir du Québec, sur le fait
français, qui lui tenait énormément coeur, sur la place du Québec à
l'international, qui lui tenait aussi à
coeur. Et moi qui étais jeune papa à l'époque, et lui aussi, quand même, on ne
manquait jamais de parler de la
famille, parce que, ça, je crois, sans l'avoir connu intimement, je crois, je
sentais que c'était sa profonde passion.
J'avais une affection
particulière pour Benoît Pelletier peut-être à cause du contexte et de
l'époque. Benoît Pelletier est arrivé
ici en 1998 comme un des derniers réformateurs du fédéralisme. Ça, déjà,
c'était courageux. Mais rappelez-vous ses compagnons de danse, ses
partenaires de danse au fédéral, à l'époque, qui étaient des gens comme Jean Chrétien ou Stéphane Dion. Ce n'était pas
évident de se lancer sur le plancher de danse, à l'époque, pour quelqu'un
qui voulait assurer une plus grande place du Québec non seulement dans la
fédération canadienne, mais à l'étranger, à l'international. Et c'est à ça que
Benoît Pelletier s'est beaucoup appliqué dans sa vie. Malheureusement pour lui,
c'était à l'époque où Jean Chrétien donnait des entrevues en disant : La
Constitution n'est pas un magasin général, et, essentiellement, nous avons répondu à toutes les demandes du Québec.
Alors, M. Pelletier se relevait, chaque matin suivant, reprenait le bâton du pèlerin et essayait de
convaincre ses collègues à Ottawa, ses partenaires de danse, qu'il fallait
donner une meilleure place au Québec. Et, juste pour ça, on ne le
remerciera jamais assez, juste pour ça.
• (11 h 20) •
Il a fait beaucoup
plus que ça. Rappelez-vous, en 2004, il avait posé un geste, ici, assez
inusité, en tout cas que moi, je n'ai pas vu
depuis que je suis député, et je n'ai pas vu ça souvent comme journaliste. Il
avait déposé un avant-projet de loi
sur la réforme du mode de scrutin. Là, je reconnais bien l'intellectuel, double
bac... double doctorat en droit, qui avait poussé la démarche parlementaire
jusqu'à déposer un avant-projet de loi là-dessus. Ça ne s'est pas vu souvent.
Et il le faisait avec coeur, il le faisait avec conviction et toujours
avec un calme qui était rassurant. C'était rassurant de parler avec Benoît
Pelletier. C'est ce que ses anciens collègues, ministres et députés, m'ont dit
aussi : Il était rassurant.
Les
gens qui travaillaient avec lui trouvaient beaucoup de qualités. On lui
trouvait, notamment, un petit côté brouillon parfois. On me raconte que Benoît
Pelletier mettait toutes ses idées pêle-mêle sur des petits papiers puis qu'il
mettait ça dans un panier, puis,
après, avec ses collaborateurs, ses collaboratrices, on sortait ça, puis on
remettait tout ça en ordre, et puis ça finissait
par donner, généralement, des idées, objectivement, avec une direction très
claire, mais ses conseillers trouvaient, notamment, que c'était une façon de travailler qui était un peu inusitée.
Mais il ne faudrait pas confondre le panier d'idées avec confusion. Les
idées qui sortaient de la bouche de Benoît Pelletier étaient d'une clarté
exceptionnelle.
Il
a parfois levé un peu le ton, notamment avec les partenaires fédéraux. Ça lui a
valu, d'ailleurs, des remontrances assez
partisanes. Il est aussi sorti de sa réserve, à un certain moment, pour
rappeler à sa famille, et ça, j'ai trouvé ça assez extraordinaire, c'est
toujours courageux de faire ça... pour rappeler à sa famille politique, et il
avait cité, et je le cite... il avait dit, je
le cite : «Si les fédéralistes n'ont pas de projet d'avenir, ce ne sont
quand même pas les souverainistes qui vont leur en [donner]!» On ne saurait le
contredire. M. Pelletier n'a pas inscrit son nom dans la longue liste des
ex-commentateurs, mais il se permettait, à l'occasion, de sortir pour avoir des
éclairs de sagesse comme ça. On le remercie pour ça aussi.
Je veux terminer en
parlant de sa famille, justement. Merci — bienvenue — d'être
là. Quand il est parti, Benoît Pelletier, il avait dit : La politique,
c'est un immense sacrifice sur les familles, sur la famille. Il n'y a pas grand
monde ici qui va le contredire. Il est parti
pour l'enseignement, il est parti pour rejoindre sa famille, mais soyez assurés
qu'il a laissé une empreinte durable et positive dans l'espace public et, dans
l'esprit et le souvenir de tous ceux et celles qui l'ont connu, un
souvenir impérissable d'un homme bon, affable, intellectuel, brillant, dont on
s'ennuie déjà. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Rosemont. Et je cède maintenant la parole à M.
le député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : M. le Président, je suis ému de rendre à mon tour
hommage à Benoît Pelletier, d'abord comme avocat, parce que, dans le monde
juridique, il jouissait d'une réputation véritablement exceptionnelle. Il était
unanimement estimé pour ses positions
nuancées, par la rigueur de ses analyses et par sa capacité aussi de les rendre
accessibles au plus grand nombre,
notamment dans ses nombreuses publications dans les médias. Sur le plan personnel,
je ne l'ai peut-être pas connu autant que certaines
personnes ici, mais, à chaque fois que je l'ai croisé, j'ai été à même de
constater aussi que c'était un homme d'une grande gentillesse, un homme
affable, un homme vraiment gentil et agréable à côtoyer.
Alors,
c'est un ancien ministre, constitutionnaliste de renom, qui a consacré sa vie à
la défense des intérêts du Québec. Il est né ici, à Québec, en 1960, et il a
rapidement montré un intérêt pour les questions constitutionnelles et
politiques. Diplômé en droit de l'Université Laval, qui est aussi mon alma
mater, et de l'Université d'Ottawa, il a été un académicien et un praticien dont
l'expertise et les connaissances ont enrichi les réflexions entourant l'avenir
constitutionnel du Québec.
Député de Chapleau de
1998 à 2008, il a occupé plusieurs postes ministériels, notamment ceux de
ministre des Affaires intergouvernementales
canadiennes, ministre de la Francophonie canadienne et ministre des Affaires
autochtones. Son mandat a été marqué
par la quête de reconnaissance et de respect pour le Québec au sein de la
fédération canadienne et pour une
plus grande protection du statut de la langue française partout au Canada. Il a
plaidé pour un fédéralisme asymétrique, cherchant à donner plus
d'autonomie aux provinces, et en particulier au Québec. Il a plaidé pour une
redéfinition constante du Canada comme un pays fondé sur une dualité
linguistique. Il a plaidé aussi pour le droit du Québec de développer son
propre modèle de laïcité, espérant que les tribunaux ne se substituent pas à la
nation québécoise en imposant un modèle qui
n'est pas le sien. Il croyait que la reconnaissance du caractère distinct de la
nation québécoise, sur ce point comme tant d'autres, est essentielle.
Benoît
Pelletier était un fédéraliste convaincu, mais il était pleinement conscient
des défis du Québec au sein du Canada. Il a souvent exprimé ses inquiétudes
quant à la diminution du poids politique et démographique du Québec. Il a souligné avec une rare franchise, il y a un an à
peine, que cette diminution était un phénomène malheureusement irréversible.
Il a averti que la diminution du poids du Québec pourrait ouvrir la porte à une
centralisation accrue, affaiblissant ainsi la
voix des provinces et menaçant l'équilibre de notre fédération, un équilibre
qu'il chérissait. Il a aussi reconnu l'enjeu de l'appétit politique pour
les réformes constitutionnelles, qu'il appelait de ses voeux.
Je
souhaite souligner que, bien que nous ayons souvent divergé sur les solutions à
apporter aux enjeux du Québec, nous partageons avec Benoît Pelletier une
affection profonde pour notre nation et un désir sincère de voir le Québec
prospérer et s'épanouir. Benoît Pelletier a travaillé inlassablement à la
réalisation de ses rêves pour la place du Québec au sein du Canada.
En terminant, je
souhaite exprimer mes plus sincères condoléances à la famille de Benoît
Pelletier, à ses amis, à tous ceux qui l'ont connu et aimé. Le Québec a perdu
un de ses grands défenseurs, mais son héritage intellectuel et politique demeure.
Merci.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Jean-Talon. Tout d'abord, est-ce que cette
motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, Mmes et MM. les députés, je vous invite, s'il vous plaît, à vous lever
et à observer une minute de silence à la mémoire de M. Benoît
Pelletier, député de Chapleau de 1998 à 2008.
•
(11 h 27 — 11 h 28)
•
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : ...s'il vous plaît.
Avis touchant les travaux des commissions
Alors, nous en sommes maintenant à la
rubrique Avis touchant les travaux
des commissions, et je vais céder la parole à M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Caire : Merci,
M. le Président. J'avise cette Assemblée que la Commission de l'aménagement du
territoire poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 45, Loi
modifiant la Loi sur la sécurité dans les sports afin principalement de renforcer la protection de l'intégrité des
personnes dans les loisirs et les sports, le mardi 4 juin 2024, de 10 heures à midi, à la salle
Louis-Joseph-Papineau.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Avis de sanction du projet de loi n° 56
Le Vice-Président (M. Lévesque) : À
la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, je vous informe
qu'il y aura sanction du projet de loi
n° 56, Loi portant sur la
réforme du droit de la famille et instituant le régime d'union parentale,
le mardi 4 juin 2024, à 13 h 30, au bureau de Son Honneur la
lieutenante-gouverneure.
Affaires du jour
La période des
affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires
du jour. Et je cède à nouveau la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : Oui, M. le Président.
Pourriez-vous appeler l'article 3 du feuilleton, s'il vous plaît?
Projet de loi n° 62
Adoption
du principe
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Avec
plaisir. À l'article 3 du feuilleton, M. le ministre responsable des Infrastructures propose l'adoption du principe du
projet de loi n° 62, Loi visant
principalement à diversifier les stratégies d'acquisition des organismes publics et à leur offrir davantage
d'agilité dans la réalisation de leurs projets d'infrastructure.
• (11 h 30) •
Alors, je suis
maintenant prêt à reconnaître le premier intervenant, et ce sera M. le ministre
responsable des Infrastructures.
M.
Jonatan Julien
M. Julien : Oui. Merci, M. le
Président. Écoutez, on a eu une bonne semaine et on a eu l'étape des
consultations particulières. Et je tiens à
remercier tous mes collègues, à la fois des groupes d'opposition et de la
banquette gouvernementale, qui ont participé à des consultations particulières
sur le projet de loi n° 62, qui vise, oui, à diversifier les stratégies
d'acquisition des organismes publics mais à
offrir, surtout et avant tout, davantage d'agilité dans la réalisation des
projets d'infrastructure majeurs au Québec, des projets majeurs
d'infrastructure publique.
Et, bien qu'il
y ait eu certains éléments qu'on va devoir, justement, dans l'étude détaillée
article par article, venir modifier
pour éviter que nos intentions... qui sont tous clairs, je crois, à la fois
pour les groupes d'opposition et pour le gouvernement, d'améliorer l'efficience, l'agilité, la réduction des
coûts, aller plus rapidement pour livrer des infrastructures publiques de qualité pour tous les Québécois dans,
justement, ces besoins et dans ces missions de l'État qui sont primordiales.
Et on a eu certains signaux, angles morts,
potentiellement, qui ont été nommés, qui étaient a contrario de nos intentions
et qu'on va clairement modifier. Et
même que les suggestions ont été mises sur la table, et on va apporter ces
modifications-là.
Mais, au
coeur même de ce projet de loi là, où on y retrouve le mode collaboratif, où on
vient modifier, justement, cette
relation avec l'industrie et le gouvernement pour optimiser les projets
d'infrastructure, méthode éprouvée ailleurs, qui donne des résultats en termes
de réduction de coûts et d'efficience et qui permet de bénéficier de
l'expertise, de l'expérience, les
compétences de tous les joueurs intervenant dans des dossiers d'infrastructure,
justement, pour faire mieux, pour faire mieux ensemble... Et tous les
intervenants ont reconnu que ce principe-là était nécessaire.
L'Autorité des marchés publics, qui est notre
caution par rapport à l'intégrité, par rapport à l'équité, par rapport à la
transparence qui est véhiculée et qui est maintenue à l'intérieur de la Loi des
contrats des organismes publics, nous dit : L'approche collaborative...
l'approche collaborative sur les marchés par appel d'offres public, avec toute
la rigueur nécessaire, permet d'ouvrir le
marché, d'augmenter la concurrence. Et ça, c'est ce qui nous prémunit le mieux,
M. le Président, par rapport à des
enjeux de pratiques collusoires. On doit pouvoir faire mieux ensemble, plus
rapidement, à moindre coût. Les besoins sont grands, et on doit y
répondre de la manière la plus efficiente.
J'ai senti, dans ces consultations
particulières, à la fois de tous les intervenants de l'industrie institutionnelle
et de surveillance, que cette approche
préconisée est la bonne. Et, oui, on peut l'améliorer, on aura l'occasion de le
faire avec les collègues de
l'opposition pour s'assurer que tous les angles morts soient couverts, pour que
nos intentions qu'on a de manière commune soient au rendez-vous lors de
l'adoption éventuelle de ce projet de loi là, mais il est clair pour
moi, M. le Président, que le principe est accepté de tous.
Alors, allons-y rondement, allons à l'étape
subséquente où on pourra travailler de manière détaillée ce projet de loi là pour pouvoir le rendre encore plus
orienté sur nos intentions mutuelles et faire en sorte qu'on puisse faire mieux,
plus rapidement, moins cher en
infrastructures, toujours en maintenant intégrité, équité et transparence, qui
sont les valeurs du gouvernement du Québec et qui doivent être
maintenues sans condition. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le ministre responsable des Infrastructures. Alors, je reconnais
maintenant le prochain intervenant, et ce sera M. le député de Nelligan.
M. Monsef
Derraji
M. Derraji : M. le Président, c'est
avec un réel plaisir que je vais prendre parole aujourd'hui pour parler de ce
projet de loi. D'ailleurs, je tiens à remercier mon collègue. Nous avons eu des
échanges très intéressants avec les groupes qu'on a rencontrés cette semaine,
des échanges quand même qui parlaient de l'approche collaborative, mais il y avait aussi des drapeaux rouges soulevés par
des groupes comme l'Autorité des
marchés publics, comme l'institution
du Vérificateur général, comme le Protecteur du citoyen. Mais ça fait... ça fait partie du processus
démocratique, écouter les groupes, et je pense que nous avons commencé d'une
bonne manière l'étude de ce projet de loi. C'est dans notre processus,
commencer avec des consultations. Après les consultations, bien, c'est ce qu'on
fait aujourd'hui, c'est une des étapes, et,
par la suite, on va commencer l'étude détaillée. Prétendre autre chose, c'est
juste faire interpréter le processus à sa guise ou à sa manière. Donc, je tiens à préciser, pour ceux qui nous écoutent,
pourquoi nous sommes rendus là aujourd'hui et pourquoi on va continuer
après-demain. Aujourd'hui, c'est la dernière journée de ce processus pendant
l'intensif.
Et je tiens à
rappeler, le projet de loi, il était à peine déposé il y a trois semaines,
trois semaines. Mais vous savez, M.
le Président, vous êtes un habitué de nos travaux parlementaires, il n'y a que
deux commissions qui siègent. Et aujourd'hui, après qu'on a fait les consultations sur deux jours, où nous avons
entendu des groupes, nous sommes maintenant à l'étape où on va parler de
ce principe de ce projet de loi.
Donc,
M. le Président, je tiens à rappeler que le 9 mai, il y a à peine trois
semaines, le ministre responsable des Infrastructures
déposait le projet de loi n° 62, intitulé loi visant principalement à diversifier les stratégies d'acquisition des
organismes publics et à leur offrir plus d'agilité dans la réalisation de leurs
projets d'infrastructure.
Quand
on lit ce titre, qui ne veut pas, au Québec, des infrastructures qu'on va
réaliser à temps, respecter le temps, l'échéancier, mais aussi respecter le
coût? Je tiens à rappeler, c'est le premier projet de loi du ministre. J'ai l'impression
qu'il le porte comme un bébé. Il va prendre soin de son projet de loi. Mais
vous savez, M. le Président, quand on a notre
premier bébé, on veut tout faire pour ce bébé. Donc là, je vais... je vais voir
son ouverture à amender le projet de
loi, mais surtout, surtout, surtout améliorer, améliorer, améliorer les...
avoir plus d'antidotes pour éviter la collusion qui a été soulevée
par... par les groupes.
Et
vous allez me permettre, M. le Président, d'accepter mon verre d'eau, parce que
j'ai beaucoup à dire par rapport à ce projet de loi. Merci. Je vous
remercie. Excellent.
Vous
allez me comprendre, M. le Président, que je vais prendre mon temps parce que,
pour moi, je ne peux pas parler quatre, cinq minutes sur ce projet de loi, il
est très important. J'ai bien fait mon travail, je me suis documenté, vous
savez, mais c'est aussi pour le bénéfice des
gens qui nous écoutent. Les gens qui nous écoutent... Qu'est-ce que vous faites
au salon bleu? Bien, aujourd'hui, je vais
parler d'un élément extrêmement important, c'est comment on gère le
portefeuille contractuel, hein, contractuel. Qu'il s'agit d'un pont,
d'une école, d'un service rendu à la population, c'est l'argent des contribuables qu'on gère. Et là, maintenant, on le
gère de quelle façon? Est-ce que... par appel d'offres? Est-ce que par
contrat... contrat collaboratif que le gouvernement s'apprête à changer
ou bien par du gré à gré?
Alors, M. le
Président, je vais revenir à ce que le ministre disait. Le ministre se fixe des
cibles ambitieuses et il dit qu'avec ce
projet de loi les projets d'infrastructure vont coûter jusqu'à 15 % de
moins et réduire les délais jusqu'à 25 %. Moi, si on lance un référendum... Je sais que, dans ce salon bleu, il y
a des gens qui aiment les référendums, mais moi, j'en suis sûr et certain, si
on lance un référendum aux Québécois aujourd'hui et on va leur dire :
Est-ce que vous êtes pour ou contre,
est-ce que vous êtes du camp du oui ou du non?, je pense que probablement, la
première fois au Québec, on va avoir un référendum où 99,99 % des
personnes vont dire : M. le ministre des Infrastructures, on veut que ça
coûte moins cher et on veut que... et on veut réduire les délais de
25 %.
• (11 h 40) •
En
fait, la première étape du ministre, il l'a réussie. C'est un consensus...
consensus. Tous les Québécois veulent une réduction du délai, mais aussi que ça
nous coûte moins cher. Est-ce que c'est réaliste qu'on annonce un projet à
15 milliards et on se ramasse avec
30 milliards? Ça n'a aucun bon sens. Et c'est un engagement qui est très
ferme. Moi, je crois le ministre, il veut le faire. C'est un engagement ferme.
Il veut que ce projet de loi nous donne l'assurance qu'on va réduire à
la fois le délai, améliorer le délai, mais aussi baisser le coût de la
construction.
Et
je disais que c'est une évidence parce qu'à part que ça fait du gros bon
sens... mais il y a quelque chose qui nous guette, M. le Président, et M. le ministre comprend où je veux
aller avec ça, parce que le gouvernement, il est à sixième année... il
est à la sixième année. Et, quand je dis «à la sixième année», le gouvernement
caquiste a lancé beaucoup de projets. Et je
peux prendre le temps de parler de ces projets, mais je ne pense pas que ça va
me suffire, une heure ou deux heures, mais
je vais commencer par les maisons des aînés. C'est parce que je l'ai mentionné
à M. le ministre, ça nous prend une assurance
qu'une fois on va voter ce projet de loi, les Québécois vont nous dire :
Bravo aux législateurs, parce que vous avez
réussi votre mission. Mais c'était quoi, notre mission? C'est que les
projets... ce projet de loi va nous permettre d'avoir des projets en
respectant les délais mais aussi en respectant le coût.
Mais
pourquoi ce projet de loi aujourd'hui? C'est parce que le gouvernement l'a
complètement échappé, M. le Président. Je vais commencer avec des
exemples. Les maisons des aînés, on est rendu à 1 million de dollars
par porte. 1 million de dollars
par porte, ce n'est pas rien. Ce n'est pas le prix d'un condo au centre-ville
de Montréal ou une belle grosse maison en banlieue. Le million de dollars,
c'est pour une chambre. Et, vous savez, quand on voit le dernier budget,
où il y a un déficit de 11 milliards, on le paie tous.
Et
là j'ai un collègue qui va m'aimer parce que je vais le citer, et
je l'adore toujours, et d'ailleurs je vois déjà son sourire, c'est notre
collègue député de Saint-Jérôme. Et il a raison quand il a déclaré, par rapport
au budget, que ce n'est pas banal, les 11 milliards de déficit. Je ne sais
pas si je l'ai cité parfaitement, mais il peut me corriger. Mais je reprends
l'essence de sa déclaration, parce que je
sais que c'est un homme de rigueur, les finances publiques le tenaient à coeur,
et j'ai eu le plaisir de collaborer avec lui dans le passé, c'est quelqu'un qui
est très rigoureux, et les dépenses publiques, c'est quelque chose qu'il
aimait suivre.
Si on investit un
dollar, il faut voir les retombées économiques. Si on construit, on perd le
contrôle des finances publiques en matière de construction, il y a quelque
chose qui ne fonctionne pas. C'est cette rigueur qu'on doit tout savoir. Et j'en suis sûr et certain qu'au fond de
lui aujourd'hui, cher député de Saint-Jérôme, quand il voit que son propre
gouvernement a perdu le contrôle des maisons des aînés, j'en suis sûr et certain,
l'économiste à l'intérieur de lui va se poser
la question suivante : Comment on l'a échappé? Comment on continue à
livrer des maisons des aînés à 1 million de dollars, sachant que... sachant que le prix initial était
entre 300 000 $, 400 000 $, 500 000 $? Donc là,
le lien à faire, le ministre des Infrastructures
qui veut baisser à 15 %, réduire le délai, et j'ai le collègue de
Saint-Jérôme qui prône la rigueur, qui prône une bonne gestion des finances
publiques... J'espère qu'à l'intérieur du caucus caquiste on se parle, parce
qu'à vrai dire on l'a échappé. Ils l'ont échappé.
Maintenant,
il n'y a pas uniquement le bout des finances, M. le Président, il y a les
délais. Mais là je ne sais pas comment le ministre va régler, parce que, ce que
je vais dire, on va l'amender. C'est un bon joueur, le ministre, on va l'amender dans le projet de loi parce qu'on
partage tous la même volonté. Moi, je veux qu'on construise et qu'on respecte
le coût, mais qu'on respecte les délais.
Mais je vais lui partager une autre réalité. Les
délais de construction sont interminables, et, quand ils sont finalement livrés, ils ont des problèmes.
Chicoutimi, Alma, Roberval, des problèmes de fissures. Alma manque d'espaces
de stationnement. M.
le Président, quelqu'un... Et je sais qu'à l'intérieur de cette Assemblée il y
a des spécialistes en gestion de projet, et on a eu des experts qui sont venus,
en commission parlementaire, nous parler d'une politique de gestion de projet. Comment ça se fait que, quand on gère des
portefeuilles énormes, des... de l'argent public, on n'a pas pensé à ça?
Donc, le ministre doit inclure ça dans... Je
sais qu'il a une stratégie qu'il a lancée, mais, dans la loi, il faut prévoir des mesures que ce n'est pas l'État qui
doit payer pour ça. Ce n'est pas les contribuables qui doivent payer les frais
de pourquoi on l'a échappé, le manque de stationnements.
Havre-Saint-Pierre, infiltration d'eau,
moisissures. Là, je parle de constructions neuves. Mirabel... Mirabel, c'est toute une histoire. On a acheté un terrain à
l'entreprise de proches d'un membre du crime organisé et on l'a payé plus
cher que ce qu'il valait vraiment. M. le
Président, quand l'AMP vient en commission parlementaire, ou l'institution du
Vérificateur général, ils nous disent : Faites attention. Faites
attention, parce que, si on passe de l'appel d'offres au gré à gré, sans faire
des balises, et le ministre a parlé des avis d'intention, vous
ouvrez la porte grande ouverte à des enjeux de collusion.
Quand je vous dis aujourd'hui qu'à Mirabel on a
acheté un terrain à l'entreprise de proches d'un membre du crime organisé... Au
fait, d'ailleurs, vous avez vu l'AMP, qu'est-ce qu'ils en disent, l'Autorité
des marchés publics. Vous avez vu l'institution du Vérificateur général, c'est
ce qu'ils nous ont dit : Attention à ce qu'il va y avoir une brèche dans la loi, où des gens malveillants... Je
ne dis pas que nous, en tant que législateurs, c'est ce que nous aimerions
encourager. Il n'y a personne ici, au Québec, et surtout le législateur, qui
voulait encourager ce genre de pratiques. Et j'en
suis sûr et certain que ce n'est pas ce genre de deal que le premier ministre,
et même le ministre des Infrastructures... J'en suis sûr et certain que
le jour où il s'est levé, le ministre des Infrastructures, et il a vu que, dans
le comté ou dans la région de Mirabel... je
ne sais pas c'est qui qui a donné l'autorisation d'acheter ce terrain, que le
terrain appartenait au crime organisé. Et d'ailleurs ce n'est pas
uniquement... il appartenait à un membre du crime du crime organisé, mais qu'on
l'a payé très cher. Mais, là encore, ce n'est pas tout, M. le Président.
Donc, pourquoi je vous parle de ces détails?
Vous avez le droit de me dire... et vous me posez la question : Mais pourquoi tous ces détails? C'est parce que,
si on ne règle pas ça, comment le ministre va atteindre son objectif avec
ce projet de loi? Je ne veux pas que les
gens disent : Écoutez, bien, c'est un beau slogan... c'est un beau slogan,
qu'on va réduire les délais et on va baisser les coûts... Si on ne se donne pas
les moyens, ça va être très difficile à l'intérieur de la loi.
Donc, pire encore, on a dû complètement démolir
une aile de la maison des aînés avant même son ouverture, en raison des problèmes de construction. Je ne
sais pas quels qualificatifs je vais utiliser, M. le Président. C'est juste
honteux. On l'a échappé dans le terrain, l'achat de terrain, on a échappé le
deal, malheureusement, les Québécois ont payé trop cher le terrain, et,
après, on dit : Pourquoi il n'y a pas de service? Je sais qu'il y a des
bonnes personnes qui nous écoutent. Bienvenue
à votre Parlement, la maison du peuple. Ils nous écoutent. Vous savez pourquoi
ils sont venus? C'est pour voir comment on contrôle l'action gouvernementale.
C'est notre rôle, comme opposition officielle. Le gouvernement a le rôle de gérer l'argent des Québécois, mais nous,
notre rôle... Est-ce que c'est normal, aujourd'hui, qu'au Québec on s'est
fait avoir dans le terrain, appartenant à un
membre du crime organisé, on s'est... avoir dans le prix, parce que le prix
était plus cher, on s'est... avoir dans la construction, et on a démoli, avant
l'ouverture, la maison des aînés? Donc, quand je dis ça, qui, au Québec, va croire le ministre des Infrastructures, s'il
ne met pas les balises nécessaires, dans la loi, pour pouvoir baisser le
prix et améliorer les délais de construction?
• (11 h 50) •
Et c'est ça,
M. le Président, pourquoi je trouve que c'est très important, ce projet de loi.
C'est très important parce que c'est une pièce extrêmement importante. Et vous
savez quoi? Je suis un peu jaloux du ministre des Infrastructures, parce
que, s'il réussit son pari, ça va être son
legs, un legs qu'il a réussi à faire baisser les contrats... le prix des contrats,
et aussi à améliorer le délai, et on va tous l'applaudir. Mais pour s'y
rendre, M. le Président, le chemin est encore loin.
J'ai parlé pas mal des maisons des aînés. Je
sais que, dans la salle, le troisième lien vous rappelle des mauvais souvenirs. On est passés d'un tunnel à un
bitunnel, d'un 8 milliards, à 10 milliards, à 13 milliards,
mais, après, le tunnel n'est plus là. Mais je vais parler des Espaces bleus.
Pourquoi? Les Espaces bleus, c'est une autre démonstration parfaite, une autre
démonstration parfaite de la mauvaise planification. Parce qu'encore une fois,
tout ce que je viens de dire, c'est vrai
que ce n'est pas la responsabilité directe du ministre des Infrastructures,
mais il est responsable d'un bon portefeuille, qui se chiffre en milliards
de dollars. En fait, c'est le ministère et le ministre qui gèrent l'ensemble
des gros projets de l'État québécois.
Souvenez-vous, les Espaces bleus, le gouvernement avait annoncé son projet il y
a trois ans. C'est un nouveau type de
musée, qui devrait être déployé dans les 17 régions du Québec, et c'était
considéré le legs culturel de la CAQ.
Au début, ça devait coûter
260 millions de dollars. C'est ce qu'on a dit au début. On a
lancé l'idée qu'on va avoir des Espaces
bleus partout au Québec, dans toutes les régions, avec une belle conférence de
presse. Au fait, je dois l'avouer, ce
gouvernement, il est très bon dans la stratégie de communication. Des belles
annonces, des conférences de presse
avec un bon «set up», excusez-moi le mot, et on annonce des affaires. Mais,
après, on se rend compte qu'on l'a échappé.
Ça devait coûter
260 millions de dollars. M. le Président, il y a quelques
semaines, le gouvernement a laissé tomber le
projet, parce que, finalement, ça coûte beaucoup, beaucoup, beaucoup trop cher.
C'est normal, que voulez-vous, il y a
quelques semaines, le gouvernement a annoncé le pire déficit dans l'histoire du
Québec, 11 milliards, 11 milliards de déficit. Est-ce que vous savez combien ça nous coûte, le système de
santé, par semaine? Je le dis à tout le monde : Ça nous coûte presque
1 milliard par semaine. Ça veut dire qu'on vient de déclarer la perte de
11 milliards, qui est l'équivalent de 11 semaines du coût
total de notre réseau de la santé en une année.
Je reviens
aux Espaces bleus. En trois ans... Et là c'est ce qui est important, parce que
moi, je vous le dis, si le ministre, aujourd'hui, en commission parlementaire,
nous donne l'assurance qu'il va régler ça, je vous le dis, on va voter
pour. On va voter pour, parce que je le
veux, je veux que ça nous coûte moins cher au Québec. Ça n'a aucun bon sens.
C'est l'argent des contribuables. Les
Québécois, ils ont travaillé fort pour nous donner leur argent. Ils paient des
impôts. On gère les impôts des Québécois. Ce n'est pas banal, et il faut
être à la hauteur de la gestion des finances publiques, M. le Président. En trois ans, figurez-vous,
l'annonce était de 260 millions de dollars, c'est rendu 1 milliard de
dollars. Donc, au lieu d'avoir des Espaces bleus à 260 millions de
dollars, nous sommes rendus à 1 milliard de dollars.
Maintenant, la
question au ministre, et j'espère qu'il va avoir la réponse pendant l'étude
détaillée : Qu'est-ce qu'il va faire
pour nous éviter ça? Moi, j'ai une autre idée, je vais vous le dire après. Mais
ça n'a aucun bon sens. Demain, qu'est-ce
qu'il va dire à un ministre, qu'il va l'échapper complètement? Quelles mesures
de contrôle il va mettre en place, qu'au lieu de dire qu'on va payer
260 millions de dollars de l'argent des contribuables on va se rendre à
1 milliard? Il ne s'est pas
trompé de quelques millions, mais de plusieurs millions de dollars. Donc, au
lieu de 260, c'était 1 milliard. C'est presque cinq fois plus cher,
cinq fois plus cher, M. le Président.
Donc, jusqu'à
maintenant, je vous ai donné un exemple sur les maisons des aînés, où la porte
maintenant est de l'ordre de 1 million
de dollars la porte. Je ne parle pas d'un condo luxueux dans la métropole
montréalaise et pas d'une grosse belle maison dans une banlieue, mais
c'est d'une chambre dans un... dans la maison des aînés.
Je
vous ai parlé des Espaces bleus. Maintenant, le troisième lien. Le troisième
lien, M. le Président, ça a été un élément déterminant de l'incompétence
caquiste en matière de gestion des travaux et d'infrastructures. Ça a été une
annonce au coeur des circonscriptions de la
Rive-Nord et de la Rive-Sud de la Capitale-Nationale. Et pendant trois élections, la CAQ a
promis, main sur le coeur, que les gens de Québec et Lévis auront un troisième
lien.
Je
vois mon collègue, je ne sais pas si ça va lui rappeler des souvenirs, mais il
a même mis son siège... si on ne réalisait pas le troisième lien. Je l'aime beaucoup, le ministre de la
Cybersécurité, mais il l'a annoncé. Le projet n'existe plus ou presque. Aujourd'hui, non seulement le troisième
lien n'existe toujours pas, mais on peut douter qu'il n'existera probablement
jamais.
Vous m'avez vu tout à
l'heure poser la question à Mme la ministre, et je me suis dit : Si je
suis un citoyen de la Capitale-Nationale aujourd'hui, comment je vais réagir au plan déposé par l'ARTM, l'agence
régionale de la grande région de
Montréal, qui vient de déposer sur la table un plan structurant pour l'est qui
va passer par le comté du premier ministre? Mais on parle déjà de
18 milliards, peu importe est-ce que ça va être un tunnel, un pont, un
tramway, mais on dirait que ça va être la
totale pour les citoyens de l'est. Et pendant ce temps, les gens de la Capitale-Nationale attendent un seul, un seul, un seul, hein, ils veulent savoir
juste un seul ajout pour favoriser la mobilité au niveau de la
Capitale-Nationale.
On a parlé de
troisième lien, on va parler d'un autre pont, M. le Président, pont de l'île
d'Orléans. Le précédent ministre caquiste des
Transports avait dit que ça coûterait quelques millions... quelques centaines
de millions de dollars. Vous avez vu
la dernière annonce de Mme la
ministre du Transport, c'est 2,7 milliards de dollars. Au fait, c'est très facile, c'est rendu que, parfois, on annonce des
millions, ça se termine par des milliards. Si j'ai à résumer la plupart des
annonces du gouvernement, on commence
par dire des millions, ça se termine par des milliards. Pas de problème, le
déficit, il est là. Et on est au point de départ. On ne sait pas à
combien le pont de l'île d'Orléans va être livré vers la fin.
Maintenant, M. le
Président, pour la suite, je vais vous faire une genèse de l'action caquiste
depuis qu'ils sont au pouvoir. C'est très
important. Pourquoi? Parce que, vous savez, on a beaucoup parlé que la CAQ est
incapable de livrer les projets d'infrastructure. On l'a dit souvent.
D'ailleurs, les Québécois le voient : Quels projets structurants que la
CAQ va laisser? S'ils livrent, ils défoncent la facture. Au fait, c'est comme
ils font vivre les Québécois sur une carte de
crédit qui sera léguée aux générations futures. D'ailleurs, c'est ce que le ministre des Finances a fait. Donc, si jamais ils arrivent à
livrer les projets, ce n'est jamais dans le prix du départ. Je n'en parle même
pas, du délai.
Alors,
M. le Président, je vais vous rappeler un projet de loi. Ça s'appelle le projet
de loi n° 66. Je ne sais pas si ça vous... si ça vous fait rappeler des souvenirs. Ça a été déposé par la ministre responsable de l'Administration
gouvernementale et présidente du Conseil du trésor en 2020. Là, pour le
bénéfice des gens qui nous écoutent, ce projet de loi n° 66, c'est le
petit frère de la loi n° 61. Ce projet de loi
n° 61 est mort dans le... au feuilleton. Mais qu'est-ce qu'il voulait
faire, le gouvernement caquiste, dans le
cadre de ce projet de loi? Il voulait accélérer des projets. Ils sont se
dit : On va mettre tous les
projets à l'intérieur. Tous des projets... tout ce qu'on voulait construire, on
va les mettre à l'intérieur d'un projet de loi. Je l'ai, le projet de loi. Il y
avait beaucoup de projets. Et ils se sont dit : Écoute, nous, là, on a
trouvé la solution. On a trouvé la solution, on sait pourquoi ça ne
marche pas au Québec. Et la solution? À l'époque, écoutez, je me rappelle de
mon collègue Gaétan Barrette, que je salue, qui disait : Ça n'a aucun bon
sens.
D'ailleurs,
on a réussi à changer pas uniquement le ministre, mais on a changé le projet de
loi. À l'époque, c'est le ministre de
la Santé qui était responsable. On
lui a enlevé le dossier. On a donné le dossier à la présidente du Conseil
du trésor. Son projet de loi est mort dans
le feuilleton parce que, écoutez, il y avait beaucoup de critiques par rapport
à son projet de loi. La ministre du Conseil du trésor a pris le leadership,
elle a déposé son projet de loi avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de
changements.
• (12 heures) •
Mais
qu'est-ce qu'ils ont fait dans ce projet de loi, 66, toujours? Je tiens à vous
rappeler, on parle d'infrastructures. Ils ont mis, à l'intérieur,
182 projets. 182 projets urgents... 180 projets urgents. Moi, à la place
du ministre... Et, je sais, ce n'est pas lui, hein? Je tiens à le dire, ce
n'est pas lui qui a fait ce projet de loi, c'est sa collègue au Conseil du
trésor. D'ailleurs, moi, j'en suis sûr et
certain, quand il a vu le bilan... D'ailleurs, je vais en arriver. Moi, je ne
sais pas s'il a eu un... une conversation avec sa collègue, comment ça se
fait que les projets... Écoute, je vais vous partager les résultats tout à l'heure, mais c'est très, très alarmant. Donc,
dans la loi, on a nommé les projets, on a mis quel ministère et on s'est
dit : On va les accélérer.
D'ailleurs, le
projet, je tiens à le rappeler, Loi concernant l'accélération de certains
projets d'infrastructure, moi, j'aimerais bien entendre le ministre des
Infrastructures... Est-ce qu'avant de rédiger sa loi... a demandé pourquoi il y a autant de projets non accélérés, pourquoi il
y a autant de retard? Parce que ça vient démolir l'argument qu'une troisième
version d'un projet de loi, déposée cette
fois-ci par le ministre des Infrastructures, nommé le projet de loi n° 62,
va nous aider à avoir ce qu'on
voulait, à savoir, un délai moins de 25 % et des coûts moindres de
15 %. Voilà les résultats, M. le Président. Ils sont là. Ils sont là, les
résultats, et je vais me permettre de les passer parce que c'est quand même
très, très, très important, très important. C'est parce
que, ce qu'on a constaté, le tiers des projets accélérés par Québec ne sont même
pas en chantier, ils ne sont même pas en chantier presque quatre ans plus
tard.
Moi, je ne
sais pas, le ministre, comment il interprète cet échec. Parce que je tiens à le
dire et à le préciser, je ne doute pas de la volonté du ministre en matière de
réduction des délais et réduction des coûts de construction. Je le sens,
il était sincère en commission
parlementaire. Il a posé les bonnes questions aux groupes et il a été animé par
cette volonté de contrats
collaboratifs. Mais, avant d'aller de l'avant pour qu'on se donne tous... parce
que notre nom aussi sera dans ce projet de loi, parce qu'on va y
contribuer, je veux qu'on s'assure qu'on est sur la bonne voie.
Mais, quand
j'ai ça, M. le Président, ça, ça démontre que le problème, probablement, est
ailleurs. Je m'explique. J'ai, à
l'étude... 4 % encore à l'étude quatre ans plus tard. Donc, le
ministre, il vient de vous dire, tout à l'heure... il veut que le délai
baisse de 25 %, 25 %. Il y a 28 % encore en planification et il
y a presque un 4 % de projets complètement retirés. Si je parle uniquement des projets retirés, c'est tous en lien
avec des promesses électorales, qu'on a promis un REM au nord, un REM au
sud. Une fois la campagne électorale est derrière nous, on les a retirés.
Alors, M. le
Président, 23 % des projets sont terminés. Le gouvernement n'a même pas
réussi le quart... Il n'a pas réussi à livrer le quart, M. le Président, un
quart. Souvenez-vous de qu'est-ce que je disais au début au ministre des
Infrastructures. S'il lançait un référendum,
il va être le seul homme politique au Québec qui va avoir un référendum à
99,99 %. Tout le monde va lui dire oui, pas pour la souveraineté,
mais il va lui dire oui pour son idée de réduire les coûts de 15 % et 25 %, le délai. Tout le monde
est d'accord. Aucun Québécois qui va dire le contraire. Mais, quand il va leur
dire : Après quatre ans, après avoir choisi d'accélérer des
projets, nous avons uniquement, uniquement 23 % des projets qui sont terminés... Je tiens à rappeler un point
important : c'est des projets accélérés. Je ne sais pas, moi... Écoute,
j'ai le goût, mais je sais qu'on ne peut pas avoir un échange avec mon
collègue de Saint-Jérôme... Quand il voit ça, ça lui dit quoi? Son gouvernement a mis 180 projets
d'infrastructure urgents en mode accéléré. Quatre ans plus tard,
quatre ans plus tard, uniquement 23 des projets qui sont terminés.
Et aujourd'hui on vient... on va dire aux Québécois : Oubliez le projet de
loi qu'on a déposé lors de la
42e législature, on est rendus ailleurs, et il faut nous croire, et il
faut nous faire confiance. Le contrat collaboratif va tout changer.
C'est ça, le problème, M. le Président.
Parlons
maintenant de ces projets accélérés. La liste, elle est très longue. Au
ministère des Transports... parce que j'ai eu une très bonne discussion avec le
ministre par rapport aux transports, et d'ailleurs il y a un point où on n'est
pas d'accord. On n'est pas du tout
d'accord. Parce que la ville de Montréal, ils sont venus pour nous dire :
Écoutez, on ne peut pas ne pas être inclus. Et d'ailleurs je lui ai dit :
Moi, à votre place, je vais me lever, je vais crier victoire. J'ai dit :
Écoute, je vais crier victoire, c'est
terminé, j'ai un groupe qui vient me demander : Je veux... Je veux le
contrat collaboratif. J'ai dit : Écoute, moi, à ta place, je vais
me lever, j'ai réussi mon coup. J'ai même un groupe qui me demande :
Donnez-moi ce pouvoir. Je sais, il ne peut
pas. Il ne peut pas parce qu'il n'y a pas eu de consultations en amont, ce
n'est pas lui qui est responsable des transports. Ça, c'est une autre
histoire, parce que, si je me lance sur le transport, je ne vais pas arrêter.
Ce n'est pas lui le responsable de... ce n'est pas lui, le ministre des
Affaires municipales. Mais la ville de Montréal, la STM voulaient. Et vous
savez pourquoi ils voulaient? Parce que les deux géraient un portefeuille de
20 milliards. Et, si j'applique juste la règle du ministre du 15 %
d'économie, regardez combien d'argent on va sauver aux contribuables. Pourquoi? Parce que c'est le gouvernement lui-même
qui finance le transport collectif. C'est une règle très simple : J'ai
un partenaire qui vient en commission
parlementaire le demander, de l'inclure dans les contrats collaboratifs, il
gère un portefeuille de 20 milliards, et, si j'applique ce que le ministre
veut, une réduction de 15 %, on vient de régler un énorme problème,
c'est le financement du transport collectif.
Donc, je ne
sais pas, est-ce que la ministre du Transport n'a pas voulu collaborer, n'a pas
vu ça comme une source importante pour améliorer les revenus des sociétés de
transport? C'est ce que la ville de Montréal, elle est venue nous dire, avec la STM. Et j'ai posé la question :
Est-ce que vous êtes parmi les oubliés? Est-ce qu'on vous a oubliés dans ce
projet de loi?
Là,
maintenant, M. le Président, on va prendre les projets routiers. Pourquoi je
veux vous parler de ces exemples? Parce que, pour que les gens puissent, ceux
qui nous écoutent... Mais de quoi il parle quand il parle projets
d'infrastructure? Je voulais parler
du concret, et, quand on parle du concret, le ministère des Transports et de la
Mobilité durable n'est en train de réaliser qu'un seul projet sur les
huit, et c'est là, et c'est là où on a un enjeu.
• (12 h 10) •
La procédure que le ministre compte mettre en
place, ce n'est pas une procédure accélérée, il n'a... c'est une autre façon de
voir les projets. Mais comment expliquer que, même dans l'accéléré, le
ministère du Transport, qui gère beaucoup de milliards, dont le Plan québécois
d'infrastructures, le fameux PQI, et qu'il a choisi lui-même ses projets à
accélérer, n'est en train de réaliser qu'un seul projet de transport collectif
inscrit dans la loi de l'accélération que je vous ai mentionnée? Et c'est la
ligne bleue du métro de Montréal. Cinq autres ne sont pas encore en
planification, et deux ont été abandonnés.
Et ceux abandonnés, M. le Président, je vais
vous le dire, vous allez comprendre de quoi s'agit-il, c'est le projet structurant de transport collectif électrique pour
prolonger le Réseau express métropolitain vers le centre de Laval et relier
l'est et l'ouest de Laval, retiré, et, quand je vous ai dit qu'il y a un autre
projet annoncé juste avant la campagne électorale, projet structurant de transport collectif pour
desservir le secteur de Chambly, Saint-Jean-sur-Richelieu. Les deux retirés.
Et ils étaient pourtant dans la liste des projets accélérés.
Donc,
aujourd'hui, je m'adresse aux gens de Chambly et de Saint-Jean-sur-Richelieu, à
qui le gouvernement a promis un REM en 2020, ils ont cru qu'il va être
accéléré, mais il est retiré, le projet est retiré.
Et je tiens à préciser que, malgré le processus
d'accélération, aucun projet, aucun projet n'est terminé. Aucun. Donc, à la place du ministre des Infrastructures,
je ne sais pas comment ça marche quand il voit qu'autant de projets non accélérés... Et, s'il vous plaît, ne me dites pas
que l'agence qui s'en vient va régler tous ces problèmes. C'est impossible.
Le ministère du
Transport n'était même pas capable de livrer des projets en mode accéléré,
était incapable. Ça, c'est le bilan de la CAQ après quatre ans, dont le
projet de loi n° 66.
Alors, M. le
Président, j'ai terminé par rapport au projet de loi n° 66. Et, vous allez
me dire, pourquoi j'ai pris tout ce
temps? J'ai pris ce temps parce que, pour le bénéfice des Québécois qui nous
écoutent, je voulais leur expliquer la démarche gouvernementale, je voulais leur dire : Comment on peut, comment on
peut aujourd'hui prétendre qu'une troisième version d'un projet de loi va nous
permettre d'améliorer les délais et de baisser le prix? Je vous le dis, si le
ministre me répond pendant l'étude
détaillée, le Parti libéral du Québec va appuyer son projet de loi. Mais je ne
donnerai pas un chèque... je ne signerai
pas un chèque en blanc, M. le Président. À part mettre les antidotes, je veux
que le ministre m'explique pourquoi son
gouvernement l'a échappé avec le projet de loi n° 66, pourquoi le
gouvernement, avec tous les moyens qu'il avait entre les mains, n'a pas
réussi à livrer les projets accélérés.
Maintenant,
M. le Président, après avoir parlé de ça, dans le projet de loi que nous avons
devant nous... Et vous allez me
permettre quelques secondes juste pour m'organiser, parce que je vous ai dit :
J'ai bien fait mes... préparé mes affaires... Et je tiens à remercier
mes deux collègues qui m'ont accompagné dans le cadre de ce projet de loi, et
je les nomme, Florence et Éléonore. Vous
savez, on ne peut rien faire sans nos collègues, qui font un travail
exceptionnel. Et je sais que, tout à l'heure, vous allez entendre la
charmante députée de Bourassa-Sauvé, avec son éloquence, qui va vous expliquer
d'autres points de vue par rapport à ce projet de loi.
Mais nous y sommes, maintenant, à notre projet
de loi. C'est un projet de loi qui vise principalement à diversifier les stratégies d'acquisition des
organismes publics et à leur offrir davantage d'agilité dans la réalisation de
leurs projets d'infrastructure. Ce projet de loi qui abroge... projet de
loi qui modifie cinq lois, quatre règlements et abroge un décret, 55 articles. C'est quand même un projet de loi
important, je l'ai mentionné, et qui a été déposé il y a
trois semaines. Je l'ai mentionné, que c'est un projet de loi... le
premier projet de loi de... du ministre. Nous avons entendu pas mal de groupes. Et il y avait pas mal, pas mal, pas mal
de groupes qui disaient : Écoutez, on ne peut pas dire que c'est un
mauvais projet de loi, c'est un bon
projet de loi, mais il faut faire attention. C'est normal, parce que, vous
savez, on ne peut pas se ramasser
avec un projet de loi brouillon ou un projet de loi qui va laisser des failles
pour le crime organisé. Souvenez-vous de ce que j'ai dit tout à l'heure,
hein? Très important.
Et je vais
vous parler des drapeaux rouges, parce que... Et le ministre le sait. Je lui ai
même dit : Écoutez... j'avais l'impression de travailler avec lui.
J'ai dit : Écoute, moi, à votre place, je ferais un communiqué de presse,
je vais sortir et dire : Ça n'a
aucun bon sens. La ville de Montréal, ils sont venus en commission
parlementaire, ont dit : Aïe! M. le ministre, pensez à nous. Moi, je n'ai jamais vu ça. Je n'ai
jamais vu un groupe venir, carrément, dire au ministre : C'est tellement
bon, votre projet de loi, mais vous avez oublié... vous avez oublié le
secteur du transport.
Et vous savez
ce qui se passe? Aujourd'hui, il y a une taxe, une taxe que la ministre du
Transport vient d'autoriser d'une manière indirecte parce que c'est les villes
qui vont augmenter la taxe sur l'immatriculation. Et pourquoi il y a une
augmentation de taxe sur l'immatriculation, M. le Président? C'est parce qu'il
y a un déficit structurel, maintenant, au niveau des agences de transport. Et
la ministre du Transport dit aujourd'hui : Ce n'est pas moi. Mais, M. le
Président, franchement, pourquoi ce n'est
pas elle? Il y a un déficit d'un demi-milliard. Les villes se sont réunies...
les villes se sont réunies, de la CMM, et elles ont décidé d'augmenter
la taxe sur l'immatriculation pour payer un peu de déficit, parce que la ministre n'a pas cru bon les aider ou les
accompagner. Donc, elle, elle dit qu'elle n'est pas responsable. Mais, quand
je vous donne un pouvoir de taxation, vous avez un déficit, la ministre vous
dit : Écoute, débrouillez-vous, bien, vous allez utiliser le pouvoir. Et donc les citoyens, maintenant, de la
grande région métropolitaine vont se ramasser avec une taxe, qui va porter le
nom de la ministre, que je n'ai pas le droit de citer dans cette Chambre. Elle
vivra avec cette taxe, les gens vont se rappeler, vont se rappeler le
pourquoi de cette taxe.
Mais je le dis, je reviens à la ville de
Montréal, M. le Président, moi, j'attends à ce que le ministre me répond, micro ouvert, pourquoi. D'ailleurs, j'étais
surpris que la ville de Montréal et la STM n'ont pas été consultées en amont.
Et ce qui était mauvais, c'est que le projet de loi de M. le ministre a été
éclipsé par l'agence... par l'annonce de l'agence, parce qu'il a été déposé dans la même semaine. J'aurais
aimé avoir plus de leadership et qu'on parle du projet de loi sur
l'infrastructure, mais tout était lié, parce que la ministre du Transport, elle
disait qu'elle avait besoin de ce projet de loi, le projet de loi de son collègue. Mais elle avait besoin du projet
de loi de son collègue, mais elle était où, la ministre? Pourquoi il n'a pas convoqué la ville de Montréal?
Pourquoi la Société de transport de
Montréal n'a pas été impliquée? Moi,
je pense que c'est une occasion ratée, parce que...
Là, concrètement,
on va parler portefeuille, PQI. La ministre le maîtrise très bien. Il y a
20 milliards, maintenant, sur la table de la STM. J'applique sa règle.
Sortez votre calculatrice. 15 % de moins sur 20 milliards. 15 %
de moins si on applique ce qu'il veut,
il veut 15 % de moins sur 20 milliards. 20 milliards, c'est le
portefeuille de la Société de
transport de Montréal, et ils ont des problèmes par rapport au maintien
d'actif. Alors, M. le Président, je tiens à le rappeler, je tiens à le rappeler, que nous sommes en train de faire
notre travail par rapport à ce projet de loi. Je l'ai mentionné que ce projet
de loi est important, mais il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de drapeaux
rouges.
Maintenant,
l'élément central dans ce projet de loi. Ça va vous rappeler des souvenirs de
la 42e législature. C'est que, M. le Président, depuis la pandémie, depuis
la pandémie, la mode est rendue que le gouvernement aime ça le gré à gré. Vous savez, pendant la pandémie, il aimait
aussi gouverner par décrets. Mais je ne savais pas qu'il va développer un
amour et une symbiose avec les contrats gré
à gré. À un certain moment, ce n'est pas de la bonne gestion financière de
l'argent public. Et ça a été mentionné, ça a été mentionné pendant la
commission parlementaire. Il y a des groupes qui nous ont dit : Attention, on lève des drapeaux
rouges. Quand vous allez lancer un appel d'offres, et il y a zéro
soumissionnaire, et il n'y a pas
d'avis d'intention, et que, soudain, vous allez voir des groupes qui vont se
manifester parce qu'il y a du gré à gré, faites attention.
• (12 h 20) •
Mais j'ai quelque chose, j'ai quelque
chose qui va prouver ce que je viens de dire. C'est, encore une fois, un beau
tableau, un beau tableau où on voit que ce que je vous ai dit tout à l'heure,
que la CAQ a développé un amour avec les contrats gré à gré, est démontré dans ce graphique. Je laisse le temps
aux collègues de voir... si c'est possible, de le voir sur les télés, comme ça,
vous allez apprécier l'augmentation de l'utilisation des contrats gré à gré par
votre gouvernement. Je ne sais pas comment vous interprétez ça, chers
collègues, mais moi, quand je vois qu'on est passés de
11 623 contrats gré à gré à
presque 18 866 contrats gré à gré en 2022, je me demande juste une
chose : Ils sont où, les caquistes qui criaient haut et fort, il y
a quelques années, sur cette façon de faire et de gérer l'argent public?
Et,
vous savez, M. le Président, c'est un élément extrêmement important et, je
dirais même, c'est un virage qui ramène son lot de risques. Et, quand je dis
«ramène son lot de risques», comment vous pouvez expliquer qu'année après
année le gouvernement caquiste a perdu le contrôle des marchés publics? Comment
expliquer qu'année après année il n'y a pas
d'arrêt des contrats gré à gré? M. le Président, l'exception est devenue la
règle, hein? L'exception du contrat gré à gré est devenue la règle de ce
gouvernement.
Alors, qu'est-ce
qu'ils nous ont dit en commission parlementaire? Attention, un énorme drapeau
rouge, parce qu'on ne peut pas faire ce
qu'on ne peut pas faire d'une manière directe et de le faire d'une manière
indirecte. Le problème est ailleurs,
et vous allez me comprendre, c'est très facile à comprendre, M. le Président.
Quand on lance un appel d'offres, et
je n'ai pas de soumissionnaire, et les gens se parlent entre eux... Prenez un
exemple. On est trois soumissionnaires, le gouvernement lance un appel d'offres, on ne répond pas, parce que les
gens se sont tannés des appels d'offres du gouvernement. Parce que le problème est ailleurs. C'est dans la
définition de la description des appels d'offres et la bureaucratie imposée à
ces entrepreneurs. Ce qu'ils nous ont dit, les experts du marché : Faites
attention parce que, là, vous allez encourager d'une manière indirecte de la collusion. Je m'explique.
C'est que je ne réponds pas à l'appel d'offres et je vais voir un entrepreneur
de la région. C'est son tour de prendre le contrat, ainsi de suite. Les gens
s'arrangent entre eux.
Et d'ailleurs,
d'ailleurs, pas plus qu'aujourd'hui... Et je vais chercher le texte, M. le
Président, parce que c'est extrêmement important. C'est le CIUSSS qui a été
blâmé par l'Autorité des marchés publics pour des contrats avec des agences. Et vous savez pourquoi? Je vais vous
dire. Le CIUSSS a notamment erré dans les suivis budgétaires de ses contrats,
des coûts allant... figurez-vous bien, 922 % du prix initialement prévu.
C'est presque une augmentation de 1 000 % le prix initial. Et c'est
en lien avec l'utilisation des... de la main-d'oeuvre indépendante. Et je tiens
à préciser que ces compagnies ne faisaient... ne fait pas partie de la liste de
celles ayant été retenues par le gouvernement après un processus d'appel
d'offres. C'est un regroupement d'entreprises, et ça, c'est le résultat du gré
à gré.
Alors,
M. le Président, je vais continuer et je vais citer l'Autorité des marchés publics. Souvenez-vous je parlais de quoi tout à l'heure.
Je parlais des contrats gré à gré. C'est très important. Gardez ça en tête.
«"C'est préoccupant qu'on augmente
les contrats de gré à gré et qu'on diminue les soumissions dans les appels
d'offres[...]", a déclaré le président-directeur général de l'organisme de surveillance, dans le
cadre de l'étude du projet de loi n° 62 sur les projets d'infrastructure
[ce] mardi[...]. Entre 2020 [et] 2021 et 2022 [et] 2023, le recours à
l'appel public n'a augmenté que de 8 %.»
Je vais prendre un
instant par rapport à ça. Pourquoi on fait des appels d'offres? C'est parce que
c'est le chemin qu'on doit prendre. Le recours aux appels d'offres n'a pas...
augmenté que de 8 %. Le recours au gré à gré a augmenté entre 2018 et
2022-2023 par 62 %. 62 %, M. le Président. Une augmentation de
62 %.
Maintenant,
je vais citer le ministre de la Santé. Qu'est-ce qu'il a dit par rapport au gré
à gré quand il était député? «Depuis que je suis député, je comprends le
cynisme des citoyens envers l'appareil étatique : tout est fait pour
cacher le plus d'information possible, parce
que l'information, c'est le pouvoir.» C'est la citation du ministre. Je ne l'ai
pas changée. «On peut faire croire n'importe quoi aux gens. Il faut plus
de transparence. De toute façon, le gouvernement peut se cacher un certain temps, mais ça finit toujours
par lui éclater au visage. Autant arrêter ce petit jeu et fournir toute
l'information facilement. Il faut
davantage de divulgation proactive.» Fin de citation. Le ministre de la Santé, ancien député, c'est sa déclaration quand il était député. Et
ce n'est pas moi qui le dis, M. le Président, c'est l'actuel ministre de la
Santé.
Au niveau du contrôle
parlementaire, et de la transparence, et de la reddition de comptes, M. le
Président, rappelons-le, le défunt projet de
loi n° 61, Loi visant la relance de l'économie, ce que je disais tout à
l'heure, je vais vous partager l'extrait du mémoire du Comité public de
suivi des recommandations de la commission Charbonneau en 2020, ils sont venus en commission parlementaire :
«[Le projet de loi] pose des risques extrêmement sérieux à l'intégrité des
marchés publics et ouvre la porte aux
malversations de toutes sortes.» Ça, ça a été une des déclarations de la...
désolé, le mémoire public sur
les recommandations de la commission Charbonneau.
Maintenant, qu'est-ce
que nous avons entendu dans le cadre de ce projet de loi? Le projet de loi
n° 62 légalise une méthode qui ne le
serait pas autrement et favorise la collusion, selon la Pre Martine
Valois. Elle dit cela en faisant référence au fait qu'advenant
l'adoption de ce projet de loi n° 62 un donneur d'ouvrage public pourra
donner un contrat de gré à gré sans publier
d'avis d'intention. Et, sur ce point, je vais être honnête, le ministre, j'ai
eu une discussion avec lui, il y a de
l'ouverture. Il est conscient. Mais, la première version du projet de loi, il
ne le mentionnait pas. Donc, ça, pour moi, si on ne le règle pas, c'est sûr
qu'on ne va pas voter sur le projet de loi. Il faut faire preuve de prudence à
ce niveau, écouter le chien de garde,
malgré les bienfaits du mode collaboratif. Il faut s'assurer de favoriser et de
préserver des appels d'offres conformes et éthiques.
Le bureau de la VGQ, Vérificateur
général du Québec, le résume bien, et je vais le citer : «La collusion peut
survenir à tout moment, dans tout type de
contrats. On demande au ministre de prendre ces drapeaux rouges soulevés au
sérieux et de s'assurer de bien encadrer ce
nouveau mode de contrat.» Parce qu'on ne peut pas, nous, aujourd'hui, autoriser
un nouveau mode de contrat et se ramasser
avec des problèmes ou des enjeux. Il n'y a personne à l'intérieur de ce
parlement, je travaille avec beaucoup de collègues, peu importe le parti
politique, qui est là pour encourager quoi que ce soit de malsain ni de la collusion. Par contre, quand vous avez
des organismes publics qui viennent vous partager leurs préoccupations, on
doit prendre ça au sérieux, M. le Président.
• (12 h 30) •
Maintenant,
un autre excellent rapport, le Protecteur
du citoyen a aussi appelé à la
prudence. «L'agilité recherchée ne doit pas équivaloir à une absence de
balises.» Balises, balises, balises, c'est très important. Donc, le ministre
a le temps, d'ici la semaine prochaine, à
nous ramener des amendements pour augmenter les balises. Il faut avoir des
antidotes à l'intérieur du projet de
loi. Parce qu'on ne peut pas aller vite sans balises. On ne veut pas qu'un beau
modèle de contrat collaboratif se transforme en un modus operandi qui va
encourager quelque chose que ni vous ni moi nous n'aimerions avoir demain.
L'expérience
acquise... Protecteur du citoyen : «L'expérience acquise au cours des
années en matière d'intégrité publique a démontré que la présence d'un certain
cadre permet d'éviter les abus et les débordements dans certaines circonstances.» Avec l'adoption du projet de loi
tel quel, j'ai des inquiétudes en matière d'intégrité. Ah! M. le Président,
quand vous êtes porteur d'un projet de loi et vous recevez ce genre de message,
moi, je ne vais pas dormir. Ce n'est pas une
volonté du ministre recevoir des messages qu'il y a... il y a un problème avec
l'intégrité. Ça encourage la collusion. Je ne pense pas que c'est le souhait du ministre. Je vous le dis, nous
avons plus passé de temps à parler d'une agence que d'un projet de loi sur l'infrastructure, qui est
pour moi hyperimportant, très important, parce que c'est la clé qui va nous
aider par la suite à réaliser des projets dans le temps, à moindre coût. Nous
devons absolument permettre aux ressources desquelles
nous nous sommes dotés de faire leur travail adéquatement. C'est normal, nous
avons des institutions, VGQ et l'Autorité des marchés publics.
«Ce rôle
s'inscrit notamment dans le fait de surveiller et de veiller au respect des
règles prévues à la LCOP, à ses règlements,
à ses politiques ou à ses directives. À défaut de règles, l'impact de leur
intervention s'en trouve diminué — là,
ils veulent qu'on encourage que les chiens
de garde s'en mêlent, et c'est vrai, on ne peut pas tout contrôler, et il y a
des gens malhonnêtes,
malheureusement, qui vont utiliser les failles de notre système, et on ne doit
pas encourager ça — faute
d'imputabilité des personnes impliquées.
«En matière
d'intégrité publique, il importe de maintenir un certain degré d'imputabilité
et de responsabilité des acteurs
concernés. Sans quoi, il risque de n'y avoir aucune — aucune — conséquence
tangible à agir en contravention de celle-ci.» Le protecteur du citoyen.
«Rappelons que ces contrats comportent encore de l'argent public. Ainsi, il est
important que le Vérificateur général puisse effectuer les travaux de
vérification qu'il juge nécessaire... qu'elle juge nécessaire, comme il peut
d'ailleurs actuellement le faire notamment
pour les projets qui sont financés par le gouvernement au moyen de
subventions.»
Alors, M. le Président, je vous ai dit que je
peux parler des heures et des heures sur ce projet de loi. J'ai hâte à le commencer, j'ai hâte à commencer l'étude
détaillée. J'ai hâte à échanger avec le ministre et je tiens à le rappeler que
nous avons eu un excellent échange pendant
la commission parlementaire, un excellent échange qui a commencé avec les
groupes, et j'en suis sûr et certain que c'est un échange qui va continuer par
la suite.
Je vous ai parlé uniquement de deux blocs
aujourd'hui. Il me reste encore cinq autres blocs. Malheureusement, le temps
qui m'est alloué ne me permet pas de continuer, mais j'ai bien hâte, j'ai bien
hâte. Et je formule le voeu, je formule le
voeu qu'avec M. le ministre, avec l'ensemble des collègues présents dans la
commission parlementaire, on va aider
le Québec à avoir le meilleur projet de loi qui va réellement nous aider à
diversifier les stratégies gouvernementales en matière d'acquisitions, que le mode collaboratif va être une
référence, comme ce fut le cas en Ontario, en Australie et en
Colombie-Britannique. Et, M. le Président, qu'il nous ramène les balises, qu'il
rassure le VGQ, qu'il rassure l'Autorité
des marchés publics, qu'il rassure le Protecteur du citoyen, il va
me trouver présent, et je vais répondre oui à son projet de loi. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Nelligan. Et
maintenant je reconnais le prochain intervenant. Ce sera M. le député de
Jean-Talon.
M. Pascal
Paradis
M.
Paradis : Merci, M. le Président. Alors, projet de loi
n° 62, Loi visant principalement
à diversifier les stratégies d'acquisition
des organismes publics et à leur offrir davantage d'agilité dans la réalisation
de leurs projets d'infrastructure.
Comme disait mon collègue de Nelligan, quand
on lit le titre, bien sûr, on a le goût d'adhérer à la proposition. Et, de
fait, plusieurs personnes ont souligné que les intentions sont bonnes derrière
ce projet de loi, qu'on peut, avec des pratiques innovantes, inspirées
notamment de ce qui se fait de mieux à l'extérieur, rendre notre système
d'attribution des contrats publics plus agile. Et, dans ce projet de loi là, je
pense qu'on retrouve donc des objectifs qui sont importants. Et, cette semaine, parce que c'est cette semaine seulement
qu'ont eu lieu les consultations particulières, beaucoup de gens sont venus
souligner, en fait, que ces intentions-là, elles sont bonnes et que les gens
âgés adhèrent aux objectifs.
Cependant, j'aimerais commencer par parler du
processus d'adoption de ce projet de loi là en le comparant, justement, aux objectifs du projet de loi. Alors,
le projet de loi, en gros, il s'inspire de plusieurs bonnes pratiques dans le
milieu de la gestion de projet qui disent qu'on est toujours mieux de consacrer
beaucoup de temps à la préparation en analysant avec rigueur les données, en
s'inspirant des meilleures pratiques ailleurs, en parlant aux gens qui ont de
l'expertise, qui sont des praticiens
de ce domaine-là, pour dire : Voici, on planifie, à long terme, ce qu'on
va faire. Notre objectif, c'est celui-là, on le garde toujours en vue, M. le
Président, on se dit : C'est pour ça qu'on travaille ensemble. Mais c'est
la fameuse devise qui, en anglais, est : «Think slow, act fast.» Si tu
veux que ça marche bien après, qu'on soit efficaces, il faut que tu aies bien réfléchi à l'avance, il faut que tu aies
bien considéré tous les angles, il faut que tu aies bien planifié, il faut que
tu aies mis ensemble tous les joueurs, pour mieux agir ensuite. Donc, ça, par
exemple, quand on l'applique au domaine de
l'infrastructure, de la construction des infrastructures, c'est un des objectifs
du projet de loi, c'est de mettre en place une nouvelle approche dite
collaborative. C'est qu'au lieu que chacun soit de son côté, puis là on
s'envoie des documents, il
y a un appel d'offres, et une entreprise y répond, plusieurs entreprises y répondent,
puis là on se ne parle pas tellement, on
va faire en sorte que les gens se parlent pour concevoir le meilleur processus
possible, mais, surtout, le meilleur... avoir les meilleurs résultats à
la fin.
Le ministre dit : Que ça coûte moins cher,
que ce soit plus rapide, qu'il y ait plus de projets mis en oeuvre. Fort bien. On l'invite aujourd'hui — c'est
mon premier message — à
faire exactement la même chose pour l'approbation et l'adoption de son projet de loi. S'il veut qu'on
l'adopte puis qu'on adopte la meilleure chose dans l'intérêt public, il faut
prendre la peine de bien travailler, d'adopter une approche collaborative. Ce
projet de loi là, nous, on vient de le recevoir il y a trois semaines, M. le Président, il y a trois
semaines. La veille d'une réunion importante de l'UMQ, on a eu ce projet de loi
là puis le projet de loi n° 61 pour la création d'une agence dans le
domaine du transport. Et ce dont on parle, c'est une modification majeure au processus d'examen et d'octroi des contrats
dans le domaine des infrastructures. On parle non pas seulement de
centaines de millions de dollars, de l'argent des payeurs de taxes, des
milliards de dollars, dont on parle. Et ce
qu'on veut, c'est que ça se passe bien après. Mais là j'espère qu'on n'est pas
en train de se préparer pour faire en
sorte que ce projet de loi là, on va le bâcler puis on va... on va l'adopter
trop vite. Il y a du travail à faire, M. le Président, et c'est le
premier message que je veux dire. Nous, on est prêts à faire le travail.
C'est cette
semaine seulement qu'on a entendu les experts du domaine qui sont venus nous
parler de ce projet de loi là, et,
oui, plusieurs personnes ont dit : L'intention est bonne, mais plusieurs
personnes nous ont parlé d'améliorations, de modifications et de risques importants, de drapeaux rouges, de
préoccupations, y compris des institutions indépendantes qui sont complètement
neutres, qui sont là uniquement dans l'intérêt public. Et c'est le principal
message. Il faut qu'on prenne le temps de considérer tout ça et de s'assurer
que ce projet de loi là, il réponde aux besoins et qu'il propose les meilleures solutions. Ça va demander du temps et
ça va demander une approche collaborative. Les députés de l'opposition, on le fait dans plusieurs projets de loi, on est
prêts à travailler de concert pour améliorer le projet de loi, mais pour
s'assurer surtout qu'on fasse la bonne chose, parce que, je vais y
revenir, il y a des risques, il y a des risques importants.
Alors, tout à
l'heure, j'ai entendu le ministre, dans son discours, qui nous dit : Bien,
tout le monde est venu nous dire que
c'est bien, ce projet de loi là, l'approche préconisée est la bonne, allons-y
rondement, nous a-t-il dit. Je demande au
ministre, donc, de s'appliquer et d'appliquer à l'étude de ce projet de loi là
ce qu'il prône dans son projet de loi : bien planifier. «Think slow, act
fast.» Donc là, là, c'est le temps de prendre le temps de faire les bonnes
choses, très, très, très important.
Parce que pourquoi, M. le Président? Il nous reste une semaine, là, à la
session, il reste la semaine prochaine. On va être là, on va être
disponibles pour bien travailler, mais il faut prendre le temps.
Alors, les
consultations, qu'est-ce qu'on a entendu en consultations? On a entendu
beaucoup de choses. On a entendu que... J'y vais en vrac, M. le Président, mais
simplement pour vous illustrer à quel point on a beaucoup d'éléments
nouveaux à considérer pour s'assurer qu'on fait la bonne chose avec ce projet
de loi là, puis ensuite je vais arriver aux drapeaux rouges qui ont été levés.
Inclure la
notion de durée de vie des infrastructures au coeur de tout ça. Il y en a...
Plusieurs personnes ont dit : O.K., la planification, c'est important,
mais, si on veut faire de la planification un succès, on va commencer par se
dire : Une infrastructure, ce
n'est pas juste, par exemple, sa construction qui est importante, c'est aussi
sa réfection, son entretien dans la longue durée, donc comment on va faire pour
maintenir l'infrastructure. Il faut la considérer à chaque fois qu'on commence un nouveau projet sur l'ensemble de la
durée de vie, il faut le mettre au coeur du projet, et là ce n'est pas là
pour l'instant.
• (12 h 40) •
D'autres nous
ont dit, bien... Ah oui! Parce qu'en passant on n'a pas juste eu ça, là, on a
eu ça avec la stratégie du gouvernement aussi en matière d'infrastructures. On
l'a eue en même temps. On vient de l'avoir. C'est plusieurs pages à analyser. Il y a des gens qui disent : Oui,
mais c'est intéressant, il y a des éléments du projet de loi qui sont liés avec
la stratégie, mais il y a d'autres choses qu'on voit dans la stratégie, puis on
ne voit pas le reflet de ça dans le projet de loi. Alors, il y a des gens qui
nous disent : Travaillez pour faire encore mieux le lien entre la stratégie
et le projet de loi.
Plusieurs nous ont parlé des sous-traitants. Ils
ont dit : Dans le monde de l'octroi des contrats d'infrastructure, il y a toute la question des sous-traitants, quels
sous-traitants, comment on les considère, quelles règles s'appliquent à eux,
est-ce qu'ils sont visés directement ou pas. Et plusieurs nous ont dit :
Là, il y a du travail à faire sur la question des sous-traitants. Et
tout le monde le sait, M. le Président, à quel point c'est important, parce
que, hein, souvent, c'est un contrat
principal, puis après ça il y a un sous-traitant, puis après ça il y a un autre
sous-traitant, puis après ça il y en a un autre. Quelle marge de profit à quel
endroit? Qui a des relations contractuelles avec qui? Donc, c'est extrêmement
important, puis plusieurs nous ont parlé de ça.
Plusieurs
nous ont dit : Ce projet de loi là, c'est drôle, parfois il a l'air de
prendre l'optique que l'appel de propositions qui a été lancé par un
donneur d'ouvrage public n'a pas vraiment eu de succès, il n'y a pas eu de
soumissionnaire ou il y en a un seul, puis
ça fait que, donc, on est en difficulté, et là on propose d'accélérer les
choses, d'aller encore plus vite, alors
que ce que la philosophie derrière le projet de loi nous dit : Bien non,
là, ce qu'on devrait faire, c'est s'asseoir, réfléchir sérieusement à ce qui se passe, peut-être refaire
les choses. Dans le projet de loi, ce qu'il y a d'intéressant, c'est que, là,
on propose une approche collaborative pour voir ce que tout le monde en pense
pour faire la bonne chose. Fort bien, mais, des fois, ça ne veut pas dire
accélérer, aller plus vite puis tout de suite aller de gré à gré à gré pour
donner un contrat.
Beaucoup nous ont parlé de la question des
coûts, qu'au Québec il y a peu d'encadrement ou pas d'encadrement sur ce que
c'est, une estimation de coût raisonnable pour lancer des chantiers qui vont
coûter des milliards de dollars. Puis là on dit : Bien là, il va falloir
un processus beaucoup plus serré de certification indépendante des coûts, parce
que ça fait partie d'une bonne planification
des projets. Il n'y a rien là-dessus dans le projet de loi. Que, justement,
cette notion d'une insistance beaucoup plus grande sur la planification
puis qu'est-ce que c'est les bases minimales d'une bonne planification pour le
gouvernement, on n'a pas ça dans le projet de loi, qu'il n'y a même pas une
ouverture suffisante
pour dire : Bien, ça va venir après ça, on va le déterminer, on va se
donner des lignes directrices, que, si on veut faire la planification, la bonne planification, si on veut en faire le
coeur du projet de loi, bien, parlons-en plus explicitement.
D'autres nous ont parlé des... de la question
que, bien, en réalité, ça va devenir de plus en plus complexe de gérer ce mode collaboratif, puis qu'il y a peu
d'entreprises qui vont pouvoir se qualifier, que ça va faire en sorte qu'il y a
des plus petites entreprises qui ne pourront pas aller là, ça demande
trop de ressources, ça demande trop de formation pour participer au mode collaboratif. Et là ça va être encore des
grandes entreprises, donc risque de concentration encore plus grande, alors que ce qu'on veut, c'est ouvrir
la concurrence. Puis ça, ce n'est pas venu... c'est venu notamment du secteur
de la construction, du secteur, des acteurs du milieu eux-mêmes qui nous ont
dit ça. Bien qu'il y a une définition dans
le projet de loi — un
autre point — mais
on ne sait pas exactement de quels projets on parle, quels projets sont visés.
Est-ce qu'il y en a qui sont exclus? Est-ce qu'il y en a d'autres qui sont
visés? Alors, ça aussi, ça nous a été mentionné.
Il y a plusieurs articles qui ont été visés.
Certains nous ont dit : Retirez l'article 2 sur la... la question de
l'avis d'intention quand il n'y a pas eu de soumission dans le cadre d'un appel
d'offres.
Certains nous
ont dit : Retirez l'article 7 sur la question de permettre des
discussions entre le donneur d'ouvrage public et le ou les concurrents qui sont
priorisés dans un appel d'offres. Donc, on arrête le processus puis on va
dans un autre processus de discussion. Il y en a qui nous ont dit : Non,
on ne veut pas aller là.
Il y en a qui nous ont dit : Retirez
l'article 13 sur l'annulation des décisions des tiers décideurs. Ça, c'est
quand il y a un... il y a un conflit puis
qu'il y a un tiers qui vient se prononcer en donnant une solution, par exemple
dans le cadre d'un... d'un genre de
processus d'arbitrage, que, dans certains cas, on peut annuler cette
décision-là. Il y en a certains qui ont dit : Bien non, mais ça, ça... ce
n'est pas une bonne idée. D'autres, à l'inverse, nous ont dit : Bon, bien,
il y a plein de bonnes solutions ici,
mais là il y a beaucoup de contrats qui sont... qui sont exclus de ça,
notamment, dans le monde municipal. Alors qu'en est-il du monde
municipal? Est-ce qu'il faut les inclure en partie? En totalité?
D'autres sont
venus nous dire qu'il manque d'orientations claires pour mieux orienter le
contenu des appels d'offres. Parce que, souvent, c'est ça qu'on veut,
plus de clarté aussi, ça aide à l'instauration du mode collaboratif.
D'autres nous ont dit : Bon, l'approche
collaborative, c'est bien, mais ça, ça devrait être juste en amont, pas
nécessairement pendant le processus, puis il faut vraiment que ce soit bien
identifié que c'est du consultatif, qu'en bout de ligne, c'est le donneur d'ouvrage public qui doit demeurer avec le
pouvoir de décision finale sur les processus et sur les décisions.
D'autres nous ont dit : Bien, écoutez, ce
qui pourrait arriver, c'est que ça va venir jouer aussi dans la façon dont le
marché s'adapte à ces nouvelles règles là, que certains pourraient dire :
Maintenant qu'il y a une plus grande ouverture à ce qu'on se parle puis que ça
ne soit pas vraiment un appel d'offres, bien, on va faire en sorte, finalement,
qu'il n'y en a pas, de soumissions dans les
appels d'offres, parce que ce qu'on veut, c'est tout le temps aller dans ce
mode-là. Et même le ministre l'a dit,
plusieurs autres l'ont dit, ce n'est pas toujours ce mode-là qu'on va vouloir
avoir. Souvent, ça va être ça, mais pas toujours.
Si on
l'envoie dans les municipalités, par ailleurs, est-ce que les plus petites
municipalités vont pouvoir participer à ce processus-là? Parce que ça demande
beaucoup d'expertise, ça demande beaucoup de ressources. Même chose,
donc, quand on vous parle, qu'est-ce... qu'est-ce que ça veut dire pour le
milieu municipal?
Risque de
limitation des pouvoirs de vérification du Vérificateur général du Québec,
vraiment, absolument essentiel de se
pencher sur cette question-là, qui nous rappelle lui-même que l'appel d'offres,
c'est un rempart pour la transparence contre
la collusion. Puis lui, il nous... il nous explique aussi, le Vérificateur
général, il dit : Là, ça va nécessiter des règles beaucoup plus...
beaucoup mieux cadrées sur l'information que vont devoir obtenir les organismes
publics qui vont désormais gérer des
processus d'octroi des contrats en fonction de l'approche collaborative. Puis
là il nous dit : Il va falloir cadrer beaucoup mieux ça. Encore une fois,
là, les définitions sont évasives, ça va prendre des listes de critères
beaucoup plus neutres, beaucoup plus objectifs pour voir comment on
choisit les projets.
Qu'en est-il des sociétés de transport dont on
parle tant au Québec depuis des semaines? Aussi, il y a beaucoup de contrats.
Est-ce que ça devrait s'appliquer à eux ou pas... à elles ou pas?
Plusieurs nous ont parlé de la fameuse règle du
plus bas soumissionnaire, qu'il faut la revoir, surtout qu'on est en train de se doter d'un nouveau mode d'octroi
des contrats. Plusieurs ont dit : Bien, il faut avoir la performance en
vue. M. le Président, c'est ça qui compte, qu'on soit plus performants
après, qu'on soit plus efficaces, que ça coûte moins cher, que ça aille plus vite, mais, dans le projet de loi, il n'y a rien
qui permet d'inscrire ça aussi au coeur de tout le processus. Puis il y
en a qui nous ont proposé des modifications même très claires, qui nous ont
proposé du texte pour dire : Bien, inscrivons-le au sein du projet de loi.
Et là j'en ai nommé seulement quelques-unes.
Alors, j'espère qu'on va prendre le temps maintenant d'analyser tout ça, parce qu'encore une fois on parle d'un
des processus les plus importants dans la vie des organismes publics du Québec.
On est au coeur, là, de comment on dépense l'argent des Québécoises et des
Québécois, comment on investit dans
des infrastructures, comment on gère les contrats de construction, d'entretien,
comment on se projette dans cinq ans, dans
10 ans, dans 30 ans, dans 50 ans avec nos infrastructures pour
ne pas se retrouver dans la situation qui est complexe actuellement,
avec laquelle le gouvernement doit composer, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup
d'infrastructures qui sont en état de
désuétude, puis il faut... il faut les rénover, il faut en reconstruire
d'autres. Les besoins sont là. Bien, comment on planifie ça puis comment
on dépense l'argent, c'est très important. Alors là, ce projet de loi là, il
peut avoir l'air aride, il peut avoir l'air technique, c'est quelque chose
d'absolument fondamental dans la façon dont on dépose... dont on dépense
l'argent public.
Bon, maintenant, il y a des acteurs publics
neutres qui sont venus nous exprimer, nous dire : Agissez avec prudence. Certains autres ont dit : J'ai des
inquiétudes importantes. Puis d'autres ont dit : Drapeau rouge. Ce n'est
pas les mots du député de Jean-Talon, M. le Président, ça, c'est des
gens qui sont venus, donc, du Protecteur du citoyen, de l'Autorité des marchés publics, du Vérificateur
général du Québec, une des avocates
qui est au coeur du comité de suivi des recommandations du comité Charbonneau
sur la collusion dans le secteur de la construction, dans l'octroi des contrats. Ils sont venus nous dire :
Attention, il y a des drapeaux rouges. Et notamment on nous a dit : La
commission Charbonneau, il ne faut pas l'oublier, il ne faut pas
l'oublier, parce que ça ne fait pas si longtemps que ça.
• (12 h 50) •
Donc, encore une fois, bonnes intentions,
principes intéressants, qui, s'ils sont bien appliqués — la
meilleure planification, le fait qu'on se
parle, qu'on a de la transparence — ça
peut donner des résultats positifs. C'est ça qu'on souhaite. Mais, attention, si ce n'est pas assez balisé, ça
peut avoir l'effet inverse ou ça peut ouvrir de nouveau une porte à des
pratiques qu'on a voulu... sur lesquelles on a jeté de la lumière avec la
commission Charbonneau et qu'on a voulu faire cesser.
Quelques extraits du rapport de la commission
Charbonneau, juste pour se remettre ça en tête, parce que c'est important. «...la majorité des donneurs d'ouvrage
publics ne peuvent, à eux seuls, assurer l'intégrité des contrats publics,
particulièrement dans l'industrie de la
construction. Pris isolément, des donneurs d'ouvrage publics disposent en effet
de moyens limités lorsque vient le temps d'appliquer et de faire respecter les
normes établies par le gouvernement et, par conséquent, de contribuer au
maintien de marchés publics performants.» Ça, c'est la commission Charbonneau
qui nous dit ça. Ça fait à peine
10 ans. «...la commission [Charbonneau] a démontré que la majorité des
donneurs d'ouvrage publics de petite taille n'ont pas et ne pourront jamais
avoir l'expertise nécessaire pour [...] détecter les indices de collusion dans
leur marché.»
Et une des recommandations-phares de la
commission Charbonneau qui a été réalisée, c'était la création d'une Autorité des marchés publics. Mais, quand elle le
dit, elle dit : «[C'est important d'avoir] une équipe d'analystes chargée
de surveiller et d'analyser l'ensemble des marchés publics au Québec; de
repérer des indices de malversation ainsi que l'existence de marchés où
le nombre restreint de fournisseurs crée un potentiel de cartel.»
«Les travaux de la Commission ont démontré que
plus le nombre de concurrents potentiels dans un appel d'offres est élevé, plus il est difficile d'organiser entre eux des
ententes de collusion. En conséquence, il est nécessaire de repenser les
pratiques administratives qui limitent la concurrence dans certains marchés
publics.»
Et là, attention, on n'est pas en train de dire
que le projet de loi va faire ça. Mais est-ce que certaines brèches, est-ce que certains des éléments sur lesquels on a
attiré notre attention pourraient justement laisser la place à ce que ça, ça
revienne ou à ce qu'on ne tienne pas
suffisamment compte de ça? Ça, ça fait partie des questions qu'il faut se
poser. Et là, pour l'instant, on n'a pas eu les réponses à ces
questions-là.
Donc, moi, ce
que je demande au ministre et à l'équipe ministérielle, c'est que, dans le temps
dont on va avoir besoin pour analyser le projet de loi, qu'on reprenne les
recommandations et les constats de la commission Charbonneau et qu'on se pose la question : Bon, est-ce qu'il
y a un risque ici par rapport à ce que la commission Charbonneau nous disait?
Oui? Non? Peut-être? O.K., voici ce qu'il faut faire.
C'est important d'avoir la mémoire collective de
par où on est passés, des énergies qu'on a consacrées à faire en sorte que les
objectifs ultimes de la Loi sur les contrats des organismes publics soient
respectés, puis je vais prendre le temps, M. le Président, de les relire, parce
que ça, c'est l'article n° 2, c'est de dire : Voici pourquoi nous
avons des règles sur les contrats des
organismes publics, donc : «Dans le respect de tout accord
intergouvernemental applicable aux organismes publics, les conditions
déterminées par la présente loi visent à promouvoir :
«0.1° la confiance du public dans les marchés
publics en attestant l'intégrité des concurrents;
«1° la transparence dans les processus
contractuels;
«2° le traitement intègre et équitable des
concurrents;
«3° la possibilité pour les concurrents
qualifiés de participer aux appels d'offres des organismes publics;
«3.1° l'utilisation
des contrats publics comme levier de développement économique du Québec et de
ses régions;
«4° la
mise en place de procédures efficaces et efficientes, comportant notamment une
évaluation préalable des besoins adéquate et rigoureuse qui [s'inscrit] dans la
recherche d'un développement durable au sens de la Loi sur le
développement durable;
«4.1° la recherche de la meilleure valeur dans
l'intérêt public — il
y a d'autres conditions :
«6° la
reddition de comptes fondée sur l'imputabilité des dirigeants d'organismes
publics et sur la bonne utilisation des fonds publics.» C'est ça qu'on
doit avoir en tête, oui, en favorisant cette plus grande efficacité, oui, en
allant vers une approche collaborative, une
approche de partenariat. Ça nous intéresse d'en discuter, M. le Président, puis
on pense que, là, il y a des bonnes idées.
Mais là, pour
l'instant, on a besoin d'assurance sur la gestion des risques, l'atténuation
des risques, qui, d'ailleurs, fait partie d'une bonne planification des
projets. Il faut que tu regardes avant, il faut que tu te sois demandé :
O.K., c'est ça, mon objectif, je m'en
vais dans la bonne direction, mais voici les écueils auxquels je pourrais être
confronté, voici les risques auxquels
je vais faire face et voici comment je vais atténuer ces risques-là. C'est cet
exercice auquel nous convions le ministre et son équipe pour faire la
bonne chose avec ce projet de loi.
Ce qui veut dire, M. le Président, qu'on va
voter avec la proposition du ministre aujourd'hui d'aller étudier ce projet de loi là, mais on a des questions vraiment
très sérieuses et on va avoir besoin d'en discuter, et de s'assurer qu'il y a les garde-fous nécessaires, dans le projet de loi,
pour dire : On fait la bonne chose pour le Québec. C'est cette... Ce
travail-là, on est prêts à le faire. On est prêts à le faire avec
énergie. Espérons qu'on va avoir cette approche partenariale, M. le Président, cette approche collaborative dans la
préparation, dans la planification du futur de l'octroi des contrats publics au
Québec, en étudiant comme il se doit la proposition de projet de loi
n° 62. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Jean-Talon. Alors,
je suis maintenant prêt à reconnaître le prochain intervenant, et ce
sera Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, à mon tour de me lever dans le cadre de l'adoption du principe de la... du projet de loi n° 62, Loi visant principalement à diversifier les
stratégies d'acquisition des organismes publics et à leur offrir
davantage d'agilité dans la réalisation de leurs projets d'infrastructure.
M. le Président, vous avez entendu mes
collègues, d'abord le député de Nelligan, ensuite, donc, le député de
Jean-Talon, donc, vous parler des drapeaux rouges qui ont été levés par les
différents intervenants qui sont venus, tour à
tour, donc, soit en commission... en commission parlementaire, en consultations
particulières, soit, donc, par le biais de leurs mémoires, donc, nous exposer les différents défis, les différents
écueils que pouvait représenter le projet de loi n° 62, donc, tel que
déposé. Vous comprenez que, d'une part, donc, ma formation politique, avec tout
ce que nous avons soulevé, que nous, nous portons la voix de ces
intervenants, l'Autorité des marchés publics au premier chef. Nous avons parlé de la Vérificatrice
générale également. Donc, nous
portons donc ces voix-ci pour assurer que le projet de loi n° 62, donc,
puisse vraiment prendre en considération ces différents éléments.
D'abord, un
certain pas de recul, M. le Président. Donc, vous dire, le gouvernement, donc,
dépose, donc, ce projet de loi en nous disant qu'il a pour objectif
de... d'aller plus vite, de construire, donc, plus vite et à moindre coût. Le
collègue de Nelligan l'a mentionné, donc, s'il fallait sonder la population sur
ces objectifs, je pense qu'il y aurait, donc,
unanimité là-dessus. Moi-même... et vous avez eu l'occasion, donc, de
m'entendre, lors de... des différents, donc, discours, donc, d'adoption, donc, de principe, de prise en
considération et d'adoption du projet de loi n° 51, vous dire que c'est un
principe qui est fondamental pour
nous aussi, donc, au Parti libéral du Québec, de nous assurer que nos projets
d'infrastructure puissent avancer
rondement et qu'ils soient menés, donc... qu'ils soient menés, donc, plus
rapidement et à moindre coût. Ceci dit, on se rappellera, et le collègue de
Nelligan, mon collègue de Nelligan, donc, l'a fait avec brio, que ce n'est pas la
première fois que le gouvernement caquiste nous présente cet objectif, donc, de
construire, donc, plus vite et à moindre coût, parce qu'en 2020, dans la dernière législature, lorsque le
gouvernement, donc, était au pouvoir, il nous a présenté un projet de loi qui
visait l'accélération de projets d'infrastructure qui sont toujours, quatre ans
plus tard, majoritairement non réalisés.
Je vous donne quelques exemples, M. le
Président. En transport collectif, parmi les huit projets inscrits à cette loi,
un seul est en cours, donc, de réalisation, cinq autres au stade de l'étude,
deux ont été abandonnés. Sur les 41 projets routiers, aucun n'est terminé.
Du côté du ministère de la Santé et des Services sociaux, aucun des projets
dans le milieu hospitalier n'est terminé.
Sur les cinq projets du ministère de l'Enseignement supérieur, que la loi
devait accélérer, on se le rappelle, un seul est en cours de
réalisation. Les exemples à cet effet, M. le Président, sont innombrables, et
vous nous pardonnerez donc d'exprimer un
certain doute quant à la capacité réelle du gouvernement, donc, de pouvoir
réaliser cet objectif, donc, de faire plus vite et à moindre coût.
Les consultations, donc, ont révélé également
que l'un, donc, des enjeux, donc, se situait, donc, à l'égard de la planification, hein? Et le collègue de Jean-Talon,
donc, vient donc d'exposer, donc, quelques exemples ici. Donc, je vous citerais donc quelques mémoires ici, M. le
Président, donc, d'abord, donc, de l'Autorité
des marchés publics, qui nous disent
que l'objectif de réaliser les projets plus rapidement et à moindre coût...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Mme la députée de Bourassa-Sauvé, je dois vous
demander, à cette étape-ci, si vous avez terminé votre intervention.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Donc, vous n'avez pas terminé votre intervention.
Vous pourrez reprendre cet échange lorsque nous reprendrons les travaux
sur le présent projet de loi.
Ajournement
Alors, compte tenu de l'heure, je vais ajourner
nos travaux au mardi 4 juin 2024, à 9 h 40.
Et évidemment,
Mmes et MM. les députés, je vous souhaite une très belle fin de semaine dans
votre circonscription respective.
(Fin de la séance à 13 heures)