(Dix heures une minute)
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, bonjour à toutes,
bonjour à tous. Avant de débuter nos travaux, nous allons prendre
quelques instants de réflexion.
Merci. Je vous invite à prendre place.
Affaires du jour
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. J'en profite
pour vous saluer, saluer également les collègues qui sont ici, dans cette
Chambre. Bien heureux de vous retrouver. J'espère que les deux semaines de
travail en circonscription ont été
fructueuses pour vous et l'ensemble des collègues. Mais c'est un bonheur de
revenir aujourd'hui dans cette enceinte si chère à nos yeux.
Et donc, sur ces paroles, je vous demanderais de
bien vouloir appeler l'article 6 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 54
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le leader
adjoint, pour vos mots. Alors, à l'article 6 du feuilleton, M. le ministre de la Justice propose l'adoption du
principe du projet de loi n° 54, Loi
donnant suite à la Table Justice-Québec en vue de réduire les délais en matière criminelle et pénale et visant à
rendre l'administration de la justice plus performante.
Avant de céder
la parole à un premier intervenant, j'aimerais m'assurer qu'il y a consentement
afin que l'Assemblée puisse procéder à l'adoption du principe de ce projet de
loi même si la Commission des institutions n'a pas encore déposé son
rapport sur le mandat que lui a confié l'Assemblée de tenir des consultations
particulières. Y a-t-il consentement?
Des voix : Consentement.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci. Alors, comme
premier intervenant, je reconnais M. le leader adjoint du gouvernement
et néanmoins député de Chapleau.
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président.
Effectivement, c'est en ma qualité de député de Chapleau que j'interviendrai ce
matin sur l'adoption du principe. Et donc, encore une fois, permettez-moi de
vous saluer, saluer les collègues ici
présents, là, pour l'adoption du principe de cet important projet de loi en
matière de justice. Puis c'est
vraiment un plaisir, M. le Président, de prendre la parole aujourd'hui à cette
étape qui, justement... un projet de loi, on en parlait, qui vise à réduire les délais judiciaires en matière
criminelle et pénale et à rendre l'administration de la justice beaucoup plus performante. Et, d'ailleurs, j'en
profite pour remercier le ministre de la Justice de sa confiance, qui me
permet, ce matin, d'intervenir à cette étape-ci.
Et donc notre
système de justice, M. le Président, doit être performant et accessible pour
tous les Québécois. Il doit permettre
aux personnes victimes de tourner la page rapidement lorsqu'elles choisissent
d'entreprendre un processus judiciaire.
Et, lorsqu'une personne victime a le courage de dénoncer et de porter plainte,
il faut que le système de justice soit en mesure de rendre jugement et
de répondre présent pour cette personne.
Malheureusement,
le système de justice n'y est pas toujours parvenu ces derniers mois, et
certaines causes ont dû être abandonnées en raison de délais déraisonnables.
Derrière chacune de ces causes, M. le Président, il y a une personne victime qui n'a pas pu témoigner et qui a
évidemment l'impression qu'elle a dénoncé en vain. Nous sommes tous d'accord
ici, cela ne doit plus se reproduire.
C'est
pourquoi, l'automne dernier, nous avons réuni à la même table les acteurs du
milieu de la justice pour trouver des solutions concrètes et innovantes
pour réduire les délais judiciaires en matière criminelle et pénale, et j'ai
nommé évidemment le ministère de la Justice,
le ministère de la Sécurité publique, le Directeur des poursuites criminelles et pénales, la Commission
des services juridiques, la Cour d'appel, la Cour supérieure, la Cour du
Québec, le Barreau du Québec, l'Association
des avocats de la défense de Montréal, Laval et Longueuil, l'Association
québécoise des avocats et avocates de la
défense, la Chambre des notaires du
Québec et le Réseau des centres
d'aide aux victimes d'actes criminels. Évidemment, vous comprendrez, M. le Président, avec tous ces
gens autour de la table, ces gens brillants, eh bien, on ne peut qu'arriver
à des solutions qui sont pertinentes pour notre système de justice.
Et donc les rencontres de la Table
Justice-Québec ont permis de mettre à profit, M. le Président, l'expérience et l'expertise de tous les acteurs et d'élaborer
un plan d'action concret visant à réduire les délais en matière criminelle et
pénale. Une fois le plan d'action lancé, le
gouvernement s'est engagé à déposer un projet de loi rapidement pour permettre
la mise en oeuvre de certaines des mesures
qui nécessitaient un changement législatif. Et donc c'est dans cette optique
que mon collègue le ministre de la
Justice a déposé le projet de loi à l'étude actuellement, le projet de loi n° 54, M. le Président, qui est la loi pour donner suite à la Table Justice-Québec en vue de réduire les
délais en matière criminelle et pénale et visant à rendre
l'administration de la justice plus performante.
Et
donc nous entamons aujourd'hui le processus législatif de ce projet de loi par
l'adoption de son principe en ce moment.
Et donc le projet de loi vient soutenir la mise en oeuvre de trois
actions-phares émanant de la Table Justice-Québec. La première se veut l'octroi de nouveaux pouvoirs
aux juges de paix magistrats afin qu'ils puissent présider des comparutions
et des enquêtes sur mise en liberté, des
tâches normalement réservées aux juges de la Cour du Québec. Et donc cette
mesure-là a le potentiel de libérer l'équivalent de 15 à 20 juges à
temps plein en chambre criminelle et pénale, M. le Président, je vais répéter, parce que je pense que c'est très, très
important, 15 à 20 juges à temps plein libérés en chambre
criminelle et pénale afin que ceux-ci puissent consacrer davantage de leur
temps à entendre des procès et des requêtes complexes.
Il
sera, par ailleurs, désormais possible pour les juges de paix magistrats de
tenir les comparutions et les enquêtes sur
mise en liberté par visioconférence, et ce, sept jours sur sept. Cela permettra
notamment d'éviter qu'un procès ne soit interrompu parce que la comparution ou l'enquête
sur remise en liberté doit être tenue dans un délai précis. Et donc les
journées d'audience pourraient ainsi gagner en prévisibilité.
Nous proposons
également d'alléger le régime de preuve pour économiser du temps d'audience et
éviter des déplacements à la cour aux témoins. Actuellement, les règles de
preuve sont tellement strictes, puis je vais donner un exemple, là, que, pour un constat d'infraction au Code de la sécurité
routière, M. le Président, elles obligent le juge à faire venir un
témoin, par exemple un policier, à la cour pour relater ce qui se trouve à sa
déclaration écrite qu'il a fait... qu'il a
faite lui-même, et ce, même si le présumé contrevenant ne se présente pas à son
propre procès. Donc, vous voyez un
peu la nature de la mesure. Imaginez le temps que nous pourrions gagner en
permettant le dépôt en preuve de ce type de document, M. le Président. Les dossiers pourraient cheminer plus
rapidement et, évidemment, plus efficacement. Ça revient, justement, à
dire la performance de notre système de justice.
Nous
venons aussi moderniser les règles pour la signification de certains constats
d'infraction afin que davantage de
dossiers puissent être traités par les juges de paix fonctionnaires, libérant
ainsi du temps aux juges de paix magistrats, ce qui permettrait,
ultimement, de libérer du temps aux juges de la Cour du Québec. Donc, vous
voyez l'effet cascade qu'il crée, justement,
avec ces magistrats et les juges de la Cour du Québec, ce que nous pourrions
aussi appeler, M. le Président... ce serait un cercle vertueux. Donc, on
est très positifs à ce niveau-là.
Et donc le projet de
loi prévoit, par ailleurs, d'autres mesures visant à rendre le système de
justice plus efficace, notamment, l'ajout de
sept juges... sept postes de juge, c'est-à-dire, à la Cour supérieure, afin
d'améliorer l'accès à la justice en
région, où la majorité des postes additionnels seront situés. Il est également
prévu d'optimiser la procédure de confiscation des biens provenant d'activités illégales, ce qui va permettre d'éviter
la... la judiciarisation — pardon — de
nombreux dossiers.
Et
ça, c'est différentes mesures qui sont comprises dans ce projet de loi, qui
sont complémentaires aux actions déjà mises
en place au cours des derniers mois, et j'ajouterais même, M. le Président, au
cours des dernières années. Il y a eu plusieurs... Ça s'inscrit, en fait, dans
l'action que le ministre de la Justice veut faire, justement, pour rendre le
système de justice beaucoup plus accessible, beaucoup plus efficace, je
dirais même agile, performant.
Et
il y a eu plusieurs projets de loi que le ministre de la Justice a déposés et
qui ont été adoptés ici, en cette Chambre.
À la précédente
législature, on peut penser au projet de loi n° 34,
qui était la Loi visant à améliorer l'accès à la justice en bonifiant l'offre de services juridiques gratuits ou à coût
modique. Et les avocats, justement, et les notaires qui travaillent en OBNL peuvent désormais, en plus de
continuer à donner de l'information... ils peuvent donner des conseils et des avis juridiques afin d'offrir aux Québécois
l'accès à davantage de services juridiques gratuitement ou à faible coût
dans les OBNL.
On
peut penser au projet de loi n° 75, qui était la loi qui visait à améliorer
l'accessibilité et l'efficacité de la justice, notamment pour répondre à des conséquences de la pandémie, qui permet
aux étudiants d'offrir des conseils et des avis juridiques dans les cliniques universitaires, sous la supervision,
évidemment, de professionnels. Ce sont des services offerts gratuitement
ou à prix modique.
D'autres
projets de loi : le projet de loi n° 8, qui vise à
améliorer l'efficacité et l'accessibilité de la justice, notamment en favorisant la médiation et l'arbitrage et en
simplifiant la procédure civile à la Cour du Québec, il y a un déploiement de
la médiation obligatoire et de
l'arbitrage automatique pour les dossiers de 5 000 $ et moins à la
division des petites créances de la Cour du Québec.
On a aussi le projet
de loi n° 26, qui est la Loi modifiant la Loi sur les
tribunaux judiciaires afin notamment de donner
suite à l'entente entre la juge en chef de la Cour du Québec et le ministre de
la Justice. Nous sommes venus créer 14 nouveaux
postes de juges, M. le Président. Le projet de loi n° 34
aussi, qui était la Loi visant à moderniser la profession notariale et à favoriser l'accès à la justice,
nous sommes venus permettre des actes notariés technologiques et la création
d'un greffe numérique. C'est une modernisation des façons de faire afin
de permettre une meilleure accessibilité à la justice.
En
terminant, le projet de loi n° 40, aussi, qui vient... qui vise notamment à
réformer les cours municipales, à améliorer l'efficacité,
l'accessibilité et la performance du système de justice. Mise en place d'un
nouveau régime de sanctions administratives
pécuniaires pour les contraventions de stationnement afin que les dossiers de
stationnement soient traités par un
décideur administratif et non plus par un juge municipal. En d'autres mots, on
sort ces dossiers-là de la cour municipale, on vient optimiser les cours
municipales.
• (10 h 10) •
Donc,
vous comprenez et vous commencez à voir un peu, ça fait un bon portrait,
justement, de la volonté du ministre et de l'action du ministre et du
gouvernement en matière d'efficacité, de performance et d'agilité de notre
système de justice. Donc, on perçoit,
évidemment, que le ministre a à coeur ces éléments-là pour, justement, que tout
aille bien dans notre système et aille surtout mieux dans notre système
de justice. Et c'est un engagement de la part de notre ministre et de notre
gouvernement.
Et donc, bien entendu, la réduction
des délais commande des efforts continus et ne se fera pas sentir du jour au
lendemain, mais ces projets de loi,
évidemment, comprennent des actions concrètes à mettre en place, et nos
objectifs pour réduire les délais
judiciaires en matière criminelle et pénale sont très clairs. C'est pourquoi,
en cette belle journée de reprise des travaux, j'invite mes collègues à voter
pour le principe de ce projet de loi important. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Chapleau. Et, comme prochain intervenant, je reconnais
M. le député de l'Acadie.
M. André
Albert Morin
M. Morin :
Merci. Merci, M. le Président. Je
suis également très heureux de revenir au salon bleu après deux semaines
en circonscription, où nous avons pu, évidemment, reconnecter avec les
citoyens, les citoyennes de nos circonscriptions respectives.
Et,
en fait, c'est une entrée intéressante ce matin, parce qu'on redébute, après
deux semaines, avec un projet de loi
dans le domaine de la justice. Et mon collègue du gouvernement l'a souligné
rapidement, mais je vais en parler un peu plus, M. le Président, ce projet de loi, ma compréhension, c'est que,
dans son titre, il fait référence à un plan d'action qui a été élaboré par la Table Justice-Québec. Et cette
table se réunit à l'occasion, mais là ils ont développé un plan
d'action 2023-2024 pour réduire les délais dans notre système
judiciaire, ce pour quoi, évidemment, on ne peut pas être contre.
Je
salue également la volonté des membres de la Table Justice-Québec, qui se
réunissent pour faire des recommandations, entre autres, au ministre,
pour que la justice en général mais également la justice criminelle et pénale
fonctionnent plus rondement, au Québec.
Permettez-moi de vous
souligner quelques éléments du plan d'action, parce que le projet de loi
n° 54 répond en partie à certains
éléments qui sont dans le plan d'action. C'est sûr que le plan vise une justice
de qualité accessible et au service
des citoyens. C'est un des éléments, évidemment, fondamental de ce qu'un
système de justice doit faire. Et je vous dirais que, parmi les différents
objectifs, on recommande, entre autres, d'adopter des mesures favorisant
l'utilisation optimale des ressources
humaines et matérielles au sein du système de justice criminelle et pénale. Le
projet de loi répond en partie à ces
différentes préoccupations-là parce que, dans le projet de loi, on veut élargir
la compétence des juges de paix magistrats en matière criminelle pour leur
permettre notamment de pouvoir présider aux comparutions et aux enquêtes
pour remise en liberté.
C'est
un élément qui est important et qui, quant à moi, devrait se faire assez
rapidement, parce que, quand on regarde le Code criminel, on y indique
clairement que c'est un juge de paix qui préside les comparutions et que c'est
également un juge de paix qui va présider
les enquêtes pour remise en liberté, sauf dans le cas très particulier des
crimes à 468 du code, mais c'est un
phénomène... en fait, c'est un nombre restreint de crimes, le plus connu étant
le meurtre, ça, c'est la Cour
supérieure qui va s'en occuper, mais,
pour l'ensemble, pour l'ensemble des crimes au Code criminel, c'est une
avancée. Les juges de paix magistrats sont déjà des juges de paix. Donc,
qu'on puisse adapter la législation du Québec pour leur permettre de siéger conformément à ce qui est déjà écrit dans le Code criminel, je pense que ça, ça va permettre, effectivement, de libérer des juges de la Cour du Québec, qui vont pouvoir entendre des procès plus, évidemment, importants puis
pouvoir entendre des affaires au fond. Ça, je pense que c'est
fondamental.
Autre
élément que je veux souligner, c'est que le projet de loi, en partie, répond à
d'autres recommandations de la Table
Justice-Québec, notamment toutes les formes de gestion d'instance,
l'augmentation des conférences de gestion, les conférences préparatoires, la désignation de juges de gestion
d'instance. Alors, j'ai hâte de voir comment ça va se matérialiser, parce qu'en partie, présentement, il y a déjà des
conférences de gestion, il y a déjà des conférences préparatoires notamment
en matière criminelle et pénale, parce que
c'est déjà prévu au Code criminel, et il y a déjà différentes formes de gestion
d'instance.
Donc
là, j'ai hâte de voir comment ça va améliorer davantage l'efficacité et
l'accessibilité, parce que ça existe déjà. Ça, c'est l'article 38 du
projet de loi qui traite de ces questions-là. Et évidemment j'ai bien hâte de
pouvoir dialoguer avec les différents groupes qui vont venir nous parler
du projet de loi, parce que, comme vous l'avez vous-même mentionné, M. le Président, et, d'ailleurs, en début de
séance, vous avez demandé notre consentement, on procède au principe, là, avant
même d'avoir pu entendre les groupes
en commission parlementaire, mais évidemment il s'agit d'une demande spéciale.
Soyons efficaces. Donc, il n'y a pas de
souci, mais j'ai quand même hâte d'entendre les différents groupes qui vont
nous parler de sujets plus pointus et plus spécifiques dans...
évidemment, dans ce projet de loi.
Autre
élément qui n'est pas dans le projet de loi, mais qui a été demandé par et
recommandé par la table de Justice-Québec,
c'est le fait, notamment, d'avoir accès le plus rapidement possible à la
transcription sténographique automatisée des audiences afin d'accélérer l'audition des requêtes, parce qu'encore
aujourd'hui, en 2024, quand vous plaidez en matière criminelle et pénale, et que, par exemple, dans le
cas d'une requête Jordan ou d'autres types de requêtes, la défense dépose
une requête et fait des allégués, et que,
comme poursuivant, vous voulez y répondre, bien, souvent, vous allez devoir
aller écouter les transcriptions pour
déterminer, effectivement, ce qu'il a été dit pour ne pas induire, évidemment,
la cour en erreur, et donc de préparer votre argumentaire pour répondre
à la requête de la défense.
Bien,
croyez-le ou non, aujourd'hui, en 2024, si vous voulez avoir accès à des
transcriptions, vous devez en faire la demande au greffe, puis, dans bien des
cas, on va vous donner un CD ou un DVD que vous allez devoir écouter pour
essayer de retrouver les moments pendant les audiences où telle partie a plaidé
tel élément. Et donc vous n'avez pas un
accès direct aux transcriptions, qui, par ailleurs, sont déjà enregistrées dans
le palais de justice. Le projet de loi ne couvre pas ça. Peut-être qu'on pourra me répondre : Ah, oui, bien, ça n'a
pas besoin d'être dans un projet de loi. Peut-être, mais, si on veut être vraiment efficace, là, puis si on
veut accélérer la réponse à des requêtes puis être capable de les plaider plus rapidement,
bien, je pense que ça aurait été une bonne indication de la part du
législateur.
Moi,
je peux vous dire que, dans mon ancienne carrière, avant de devenir politicien,
j'étais procureur fédéral en chef.
Donc, je dirigeais toutes les poursuites criminelles et pénales fédérales au
Québec et je siégeais à différentes tables d'administration de la
justice. Cette demande-là, là, autant la défense que la poursuite, ça doit
faire au moins 20 ans qu'on la demande,
puis ça aurait permis d'accélérer les choses, d'avoir accès aux enregistrements
en temps réel dans nos bureaux plutôt que d'avoir à faire ces
demandes-là au greffe. Je suis heureux que la Table Justice-Québec l'ait
souligné. J'espère que ça va bien
fonctionner, mais peut-être qu'un petit coup législatif n'aurait pas nui à
faire en sorte qu'on prenne cette
demande-là très au sérieux, parce qu'effectivement, si vous attendez trois
semaines, un mois pour avoir les transcriptions, bien, c'est autant de temps où vous ne pourrez pas plaider la requête,
puis la majorité de ces requêtes-là sont des requêtes préliminaires
avant que le procès débute.
• (10 h 20) •
Donc, quand
je vous parlais, tout à l'heure, de la gestion de l'instance, des conférences
de gestion, de la conférence préparatoire, notamment en matière
criminelle, ce sont autant de forums où les parties vont pouvoir se rencontrer
et dialoguer avec le juge pour voir qu'est-ce
qui peut être entendu. Le juge pourrait en trancher, en matière criminelle et
pénale, quelques-unes, qui, règle générale, va lier le juge du procès,
et, après ça, faire en sorte qu'on arrive plus facilement au noeud même, au coeur de l'instance, qui va être le
procès, pour déterminer l'innocence ou la culpabilité de l'accusé. Mais,
si la défense vous dit, puis c'est des
demandes qui sont légitimes : Moi, je vais présenter telle, telle, telle,
requête, je vais avoir besoin des
transcriptions puis ça va me prendre un mois, un mois et demi pour les avoir,
bien, c'est autant de délais qui va s'écouler avant que le juge puisse
entendre la preuve au fond. Puis ça, c'est des délais qui sont... dont l'État
est responsable. On ne peut pas imputer ces
délais-là à la défense, notamment dans le cadre d'une requête de type Jordan.
Donc, je pense qu'à ce niveau-là on aurait pu faire plus, mais que la table
l'ait souligné, je pense que ça, c'est déjà une avancée.
Autre élément
qui est mentionné là-dedans, c'est dans la Table Justice-Québec, c'est de faire
en sorte qu'il y ait plus de rencontres entre les différentes instances qui
traitent de toutes les questions en matière, notamment, criminelle et pénale. C'est la Table Justice-Québec, je le
comprends, là, j'ai bien lu, mais, au Québec, et je le dis avec respect, comme
poursuivant, il n'y a pas que le DPCP, il y
a les poursuivants dans les cours municipales. Cour municipale de Montréal, ils
ont un gros, gros volume. Je comprends
qu'avec la réforme qu'on vient d'adopter, le DPCP a un rôle à jouer avec les
cours municipales, sauf qu'on ne les mentionne pas. Puis, bien, il y a
aussi le service des poursuites pénales du Canada, le poursuivant fédéral, qui a quand même développé, au fil des ans, de
bonnes pratiques, et il n'est pas mentionné nulle part. Ils n'ont pas... le SPPC n'a pas le volume du
DPCP, c'est vrai, mais ils ont souvent des procès longs, complexes, avec
plusieurs enquêtes préliminaires qui
prennent aussi du temps de cour. Je pense qu'à ce niveau-là ce ne serait pas
une mauvaise idée de les inviter.
Il y a des
choses cependant intéressantes et importantes dans le projet de loi. Je veux
les souligner. Au tout début, on fait référence au Code de procédure
pénale, et, dorénavant, il y aura des montants additionnels qui vont être
affectés, notamment aux victimes
d'infractions criminelles, en lien avec la loi visant à aider les victimes
d'infractions criminelles et au Fonds Accès Justice. Et ça, je pense que
c'est une très bonne chose parce qu'évidemment, mon collègue y faisait référence, les victimes doivent être accompagnées,
elles doivent être aidées, considérées par le système de justice. C'est déjà assez stressant d'aller déposer devant le
tribunal. Bien, évidemment, si on peut les accompagner d'une façon adéquate
puis si après on peut aider avec le fonds à
leur venir en aide, je pense que ça, c'est un élément qui est très positif.
Puis je vous dirais qu'évidemment, avec le Fonds Accès Justice, s'il y a
plus d'argent dans le fonds, ça va permettre différentes initiatives en matière
de justice et ça va aider tout le monde. Et ça, je pense que c'est une bonne
chose.
Cependant, le
projet de loi fait grandement état de nouvelles procédures que le ministre veut
instaurer, mais que, moi, je n'ai pas
du tout du tout retrouvé dans le plan d'action 2023‑2024. Et je veux vous
parler des confiscations et des confiscations administratives. Le projet
de loi veut mettre en place une nouvelle procédure qui va venir modifier la Loi sur la confiscation, l'administration et l'affectation
des produits et instruments d'activités illégales, en mettant en place,
en plus de la confiscation civile, des
confiscations de type dites administratives. Et ce que je comprends des
dispositions, c'est qu'à ce moment-là
l'État pourrait envoyer un avis et faire en sorte que certains biens pourraient
être confisqués d'une façon administrative.
Et on parle ici même d'une présomption que certains biens pourraient être des
instruments d'activités illégales.
Or, là, je dois vous dire que, pour cet
élément-là, qui n'a pas été discuté dans le plan d'action, là, j'ai vraiment
très hâte d'entendre les différents groupes, parce que le projet de loi va
venir modifier la loi actuelle sur la confiscation, l'administration et
l'affectation des produits et instruments d'activités illégales, mais en
permettant maintenant des confiscations
administrativement. Et là c'est un... En fait, on se démarque du principe et de
la loi actuelle. Le ministre nous dit :
Écoutez, je me suis inspiré d'une loi de la Colombie-Britannique qui existe et
qui le permet, le prévoit. D'accord, mais, en tout cas, j'ai bien hâte
de voir comment ça va se matérialiser, comment les groupes vont réagir face à
ces nouvelles dispositions-là, et voir surtout si ça va accroître l'efficacité
ou la rapidité du processus.
Il est
possible, évidemment, que, s'il n'y a pas de contestation, qu'il y a une
présomption que c'est un bien d'activités illégales, puis que ce soit fait uniquement administrativement, il n'y a
à peu près pas d'éléments de preuve de déposés, ça va accélérer les choses, sauf qu'on parle quand même
ici, je comprends, des biens qui émanent d'activités illégales, mais c'est
quand même des biens dont quelqu'un, présentement, est le possesseur. Ça se
démarque du système actuel parce que, présentement, vous avez deux régimes.
Vous avez,
d'abord, le régime qui est prévu dans le Code criminel et qui vise deux choses,
qui vise des produits de la criminalité ou des biens infractionnels. En effet,
un criminel, une organisation criminelle qui, dans le cadre de ses activités,
va accumuler des biens ou de l'argent qui est le produit de ses activités
criminelles... L'exemple le plus patent, bien, évidemment, c'est la vente, la vente de drogue. Donc, quelqu'un qui vend
des stupéfiants et qui ramasse de l'argent, bien, l'argent est un produit de la criminalité. Si,
après, avec cet argent-là, il achète des biens, bien, les biens sont également
des produits de la criminalité. Et,
si la preuve est faite que la personne a ces biens qui sont le produit d'activités
illégales, bien là, évidemment, on est dans un cadre
criminel, donc, le fardeau de la preuve, c'est hors de tout doute raisonnable,
bien, à ce moment-là, l'État peut
demander la confiscation des biens, et le fardeau est, évidemment, diminué, parce
qu'il y a déjà une preuve hors de
tout doute qui a été faite des activités criminelles de la personne ou de
l'organisation. Ça, c'est le cadre criminel.
Par la suite,
certaines provinces, dont le Québec, ont adopté une loi qui permet une
confiscation civile avec, évidemment,
un fardeau de preuve qui est différent. C'est l'état du droit actuellement, ce
qui veut dire que, dans certains cas, si
le poursuivant décide, par exemple, de ne pas aller avec une confiscation
criminelle des produits de la criminalité, mais qu'une preuve est faite que
quelqu'un, par exemple, a importé des stupéfiants puis qu'il a récolté de
l'argent, bien, on peut, à ce
moment-là, intenter... Le procureur peut demander, le procureur général...
demander à un tribunal de juridiction civile
au Québec que soient confisqués, en faveur de l'État, tous ces biens-là, les
biens qui sont reliés à l'activité criminelle. Mais on dit, dans la loi actuelle, que les demandes sont introduites et
instruites suivant les règles du Code de procédure civile, et la preuve,
en l'instance, est régie par les règles applicables en matière civile, avec un
fardeau civil, ce qui est tout à fait logique.
• (10 h 30) •
Mais là le
projet de loi va plus loin parce qu'en plus, en plus de la confiscation civile,
on veut rajouter, dans le projet de loi, la confiscation administrative et on
veut également utiliser et indiquer, après le mot «utiliser», des biens qui
pourraient être destinés à être
utilisés. Et donc ce que le projet de loi dit, c'est que le tribunal, suite à
une demande de confiscation en vertu de la présente loi qui vise des biens
situés au Québec, donc, le tribunal va faire «droit à la demande de
confiscation s'il est convaincu que les biens qui y sont visés, en tout
ou en partie et même indirectement, sont des produits d'activités illégales ou
des instruments de telles activités ou sont destinés à être utilisés dans le
cadre de telles activités.
«Le tribunal
peut, selon la preuve qui lui est faite, ne faire droit à la demande de
confiscation qu'à l'égard de certains biens qui y sont visés.»
Or, ce que ça
veut dire, c'est que, là, on va sortir... Ma compréhension, puis, écoutez, on
verra, là, on va écouter des groupes
là-dessus, mais, quand je fais une première lecture du projet de loi, ça
voudrait dire que, maintenant, en plus de la confiscation civile, il y aura une confiscation administrative, et que
cette demande-là va être faite par l'État, et que le tribunal va faire
droit à la demande de confiscation, s'il est convaincu que les biens sont des
produits de la criminalité ou qu'ils pourraient
être destinés à être utilisés dans le cadre de telles activités. Cette deuxième
catégorie là me fait plus penser à des biens
infractionnels, donc des biens qui sont utilisés dans la commission d'une
infraction mais qui ne sont pas nécessairement des produits de la
criminalité.
Donc, il
faudra voir en commission parlementaire, mais là on va vraiment beaucoup plus
loin, et ça semble être fait sur une
demande de l'État québécois. Le tribunal va faire droit, s'il est convaincu.
Évidemment, on est en matière civile, donc
ça va être selon la prépondérance des probabilités, mais il y a également une
présomption à l'effet que les biens seraient le produit d'activités illégales. C'est d'ailleurs ce que prévoit le
projet de loi. On dit par exemple : «Un bien...» Et là je lis
l'article 18 : «Un bien est présumé être un produit d'activités
illégales dans l'une ou l'autre des situations suivantes :
«1° il s'agit d'une somme d'argent comptant
trouvée à proximité de substances interdites [en vertu ] de la Loi réglementant
certaines drogues et autres substances ou de la Loi sur le cannabis ou...»
«2° il s'agit d'une somme d'argent comptant de
2 000 $ ou plus dont la disposition est incompatible avec les
pratiques des institutions financières.»
Donc, ça,
c'est un cas de figure pour les stupéfiants. On parle aussi de véhicules, on
parle de biens et donc, évidemment, de biens qui pourraient être
présumés être un instrument d'activité illégale lorsqu'une infraction de nature
sexuelle a été commise en utilisant ce bien.
Et évidemment
il est possible, pour le défendeur, de s'opposer, et là, évidemment, il y aura
un débat. Donc, est-ce que ça va
véritablement accélérer le processus? Bien, je vous dirais que la façon dont
c'est rédigé, là, probablement, parce qu'on
a des présomptions. On parle de confiscation administrative, il n'y a plus
véritablement de débat, et ce n'est pas une confiscation civile.
Maintenant,
quels sont les droits que le défendeur pourra faire valoir? Bien, ça,
évidemment, il faudra voir à l'usage et il n'y a rien dans le projet de
loi, non plus, qui suggère que ça aura, par exemple, préséance sur une
confiscation en matière criminelle. Donc, si
la majorité des confiscations sont faites suite à un procès criminel en matière
de produits de la criminalité, ces dispositions-là auront évidemment peu
d'impact. Mais ça, ça reste à déterminer, ça reste à voir, mais c'est autant d'éléments qui pourront être débattus,
éventuellement, avec M. le ministre. La façon dont c'est fait, ça semble être
à la demande du Procureur général, qui est aussi ministre de la Justice, et il
ne semble pas y avoir véritablement de test.
Et, quand on
regarde la loi de la Colombie-Britannique, dont cette législation-là s'est en
partie inspirée, dans la loi de la
Colombie-Britannique, c'est un directeur qui est nommé par le ministre et qui
est chargé de l'application de l'ensemble de ces dispositions-là. Et donc il semble y avoir ici un autre palier
qui permettrait, évidemment, de se consacrer uniquement à ce type de confiscation là, confiscation civile
et confiscation administrative. Ça ne semble pas être la méthode ou la
procédure qui a été retenue par le ministre, en tout cas à ce stade-ci,
avec son projet de loi.
Ça semble,
comme je vous disais, viser des produits de la criminalité, mais aussi des
biens infractionnels. Donc, il faudra voir, éventuellement, comment ça
va s'appliquer.
Autre élément
dont je voulais évidemment attirer votre attention, et puis, ça aussi, on en
débattra, on pourra signifier par la
poste un avis de confiscation, puis l'avis de confiscation va avoir même été
présumé reçu cinq jours après sa transmission. Donc, c'est sûr qu'avec toutes ces présomptions-là, éventuellement, on
va finir par accélérer quelque chose. Ça, c'est évident, là. Vous êtes présumé... le bien que vous avez
présumé être le résultat d'activités illégales... un véhicule est présumé être
un instrument d'activités illégales, on vous fait une simple demande, on vous
signifie ça par la poste, puis vous êtes présumé
avoir reçu l'avis de confiscation. Ça fait beaucoup, beaucoup de présomptions.
Alors, on verra comment ça va s'articuler. C'est autant de débats qu'on
pourra avoir pendant, évidemment, l'étude du projet de loi.
On
dit cependant, dans le projet de loi, que l'avis de contestation est accompagné
d'une déclaration sous serment qui mentionne les motifs, évidemment. Et
une personne qui prétend avoir un intérêt dans le bien peut s'opposer à sa confiscation si, évidemment, elle reçoit l'avis
puis si elle en prend connaissance dans les délais. L'avis de contestation doit
être accompagné d'une déclaration sous serment, puis la personne doit devoir
mentionner les motifs de la contestation. Donc,
on verra également ce que ça donnera, parce que, là, ça va engendrer un débat
judiciaire. Est-ce que ça va accélérer les choses? Nous verrons.
Mais il y a
aussi une autre présomption, dans le projet de loi, qui dit qu'à défaut de
contester l'avis de confiscation dans
les 30 jours de sa réception le bien sera confisqué et sera évidemment
donné à l'État. On permet évidemment à la personne visée d'être relevée du défaut dans les six mois, mais, comme
je vous le disais, ici, nous avons une cumulation, évidemment, de
présomptions, alors on va voir ce que ça va donner.
Je vous
souligne également que le projet de loi, et ça, mon collègue le mentionnait, a
pour effet d'augmenter, à la Loi sur
les tribunaux judiciaires, le nombre de juges de la Cour supérieure. C'est une
bonne nouvelle. J'espère qu'ils seront nommés rapidement. Et les juges
de paix magistrats non seulement pourront également présider des comparutions
puis des enquêtes pour remise en liberté,
mais pourront également recevoir ce qu'on appelle un article 549,
c'est-à-dire quand les deux parties
veulent sauter l'étape de l'enquête préliminaire et se rendre directement à
procès. Habituellement, ça se fait maintenant
devant un juge de la Cour du Québec, qui est aussi juge de paix, mais là ça pourra
être fait devant un juge de paix magistrat. Il est indiqué, cependant,
dans le projet de loi, qu'ils ne pourront pas entendre la preuve, si jamais une
enquête préliminaire devait être tenue.
• (10 h 40) •
Et
finalement, dans les dispositions finales du projet de loi, on parle évidemment
de la possibilité pour le ministre de
prendre par arrêté des dispositions pour que la médiation soit obligatoire et
que l'arbitrage soit offert aux parties dans une série de districts judiciaires. Ma compréhension est à l'effet que
la médiation est déjà obligatoire dans certains de ces districts-là.
Donc, là aussi, on aura des questions à poser au ministre sur cet élément-là du
projet de loi.
Cependant, quand on regarde le projet de loi
dans son ensemble et qu'on regarde le travail qui a été fait par la Table
Justice-Québec, évidemment, on ne peut pas, parce qu'on est à l'étape du
principe... à mon avis, on ne peut pas être
contre le principe du projet de loi. Tout élément, tout projet de loi, à mon
avis, qui a pour effet de rendre la justice plus efficace, plus accessible fait
en sorte que c'est l'ensemble des justiciables qui vont mieux s'en porter au
Québec. Et ça, c'est excessivement important, parce que, vous le savez,
M. le Président, dans notre État, et on est très chanceux parce qu'on vit dans un État de droit, on vit dans une
démocratie, c'est un élément qui est fondamental. On voit des pays où ils n'ont
pas cette chance de vivre en démocratie. On voit ce que ça donne. Donc, nous,
on est chanceux ici, on vit dans une démocratie et, évidemment, on a le
législatif, l'exécutif et le judiciaire, qui est indépendant. Les juges sont
impartiaux, et ça, c'est fondamental qu'il en soit ainsi.
Donc, tout ce qu'on peut faire pour venir
consolider l'efficacité du système de justice, c'est sûr qu'au niveau du principe, on ne peut pas être contre ça. Je
pense que le ministre, évidemment, c'est son choix, c'est lui le ministre,
aurait pu inclure, dans son projet de loi, d'autres éléments du plan
d'action de la Table Justice-Québec. Il a fait un choix, c'est son choix, on le respecte, mais il n'en
demeure pas moins qu'il y a d'autres éléments qui auraient pu être ajoutés. Et,
comme je vous dis, il y a cet élément-là qui traite de la confiscation des
produits de la criminalité, qui n'est pas dans le plan d'action, mais qui va instaurer un nouveau régime. Donc, ça, ça
va demander, évidemment, une attention accrue de ma part dans le cadre
de l'étude en commission parlementaire.
Donc, si on regarde l'ensemble, qu'on puisse
étendre les compétences des juges de paix magistrats, je pense que c'est une bonne chose, qu'on puisse modifier
la Loi sur les tribunaux judiciaires pour qu'il y ait plus de juges de la
Cour supérieure dans des districts précis, c'est, je pense, une
bonne chose. J'invite maintenant, évidemment, le gouvernement fédéral,
éventuellement, à les nommer rapidement et évidemment faire en sorte qu'on
puisse mieux accompagner les victimes, et
qu'une partie des amendes soit donnée au Fonds d'accès justice et au fonds pour
les victimes. C'est aussi un bon élément.
Est-ce que la Table Justice-Québec aurait pu
consulter plus de partenaires? Je vous l'ai dit, je pense que oui. Évidemment, ça, ça n'a pas été inclus dans le
projet de loi, mais je pense que, si on veut avoir une justice efficace de la part de l'ensemble des partenaires, bien, il faut
toutes les inviter à la table. Il est normal que la table s'appelle
Justice-Québec, évidemment, parce qu'on est au Québec, mais, comme vous
le savez, on vit aussi dans une fédération. Et, bien oui, le gouvernement fédéral est présent au Québec, et,
entre autres, les poursuivants fédéraux font énormément de travail dans
ce système-là, dans ce domaine-là. Donc, je pense que ce serait important de
les inviter également.
Ceci, M. le
Président, complète mes remarques au stade de l'adoption du principe du projet
de loi n° 54. Moi, j'ai très hâte, très hâte d'entendre les
groupes. On va commencer ça demain. On me dit qu'il y a des groupes qui se sont
désistés, donc il y en aura un peu moins,
ça, c'est malheureux, mais on va accorder toute notre attention aux groupes qui
seront là demain, groupes qui ont dû,
évidemment, je le souligne puis je vais le souligner à nouveau demain, là, ça,
ce n'est pas une surprise, groupes
qui ont dû travailler très rapidement, parce que les délais étaient
excessivement serrés entre le dépôt
du projet de loi, les groupes que nous avons soumis, puis évidemment la
réception de leur mémoire et l'écoute qu'on va faire de leurs
témoignages en commission parlementaire. Ça va tellement vite qu'on est même à
une adoption de principe avant de les avoir
entendus. Mais ça, comme je vous le disais tantôt, les partis se sont entendus
là-dessus, c'est correct. Puis on
veut évidemment que le système de justice soit performant, mais on veut surtout
que le système de justice soit aussi efficace puis que ce soit fait
selon les règles de l'art.
Donc, je
pense que l'apport de ces groupes-là va être excessivement, excessivement
important. Donc, j'ai hâte de les
entendre. Puis, après ça, bien, je vais avoir hâte de regarder le projet de loi
puis de faire, évidemment, l'étude, comme on fait toujours, article par
article. Mais, à ce stade-ci de notre procédure parlementaire, j'ai été très
heureux de pouvoir m'adresser
à l'étape du principe, et nous allons voter en faveur du principe du projet de
loi n° 54, Loi donnant suite à
la Table Justice-Québec en vue de
réduire les délais en matière criminelle et pénale et visant à rendre
l'administration de la justice plus performante. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de l'Acadie. Est-ce que j'ai d'autres intervenants sur ce point?
Mise aux voix
Sinon, le
principe du projet de loi n° 54, Loi
donnant suite à la Table Justice-Québec en vue de réduire les délais en
matière criminelle et pénale et visant à rendre l'administration de la justice
plus performante, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission des
institutions
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Conformément
à l'article 243 du règlement, je fais
motion afin que le projet de loi n° 54, la Loi donnant suite à la Table Justice-Québec en vue de réduire les délais
en matière criminelle et pénale et
visant à rendre l'administration de la justice plus performante, soit déféré à la Commission des institutions pour son étude détaillée et que
le ministre de la Justice soit membre de ladite commission pour la durée du
mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Pour la
suite de nos travaux, je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 15 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 41
Prise
en considération du rapport de la commission qui en a fait
l'étude détaillée et des amendements transmis
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : À l'article 15 du feuilleton, l'Assemblée
prend en considération le rapport de la Commission des transports et de l'environnement sur le projet de loi n° 41, Loi édictant la Loi sur la
performance environnementale des bâtiments et modifiant diverses
dispositions en matière de transition énergétique, ainsi que les amendements transmis en vertu de
l'article 252 du règlement par Mme la députée de Mille-Îles et Mme la
députée de Verdun. Ces amendements sont déclarés recevables.
Y a-t-il des interventions sur ce rapport ainsi
que sur ces amendements? Je reconnais M. le député de Masson.
M. Mathieu Lemay
M.
Lemay : Merci, M. le Président. Donc, très heureux
aujourd'hui d'intervenir sur ce projet de loi n° 41,
la prise en considération du rapport
de commission, justement, sur la Loi
édictant la Loi sur la performance environnementale des bâtiments et
modifiant diverses dispositions en matière de transition énergétique.
M. le
Président, aujourd'hui, c'est une journée spéciale pour moi, la journée du
12 mars. Peut-être que, pour certains, c'est à cause que c'est la journée du budget, mais, pour moi, c'est
parce que c'est la fête de mon garçon. Donc, Félix-Antoine, bonne fête!
Je voulais te le souhaiter aujourd'hui.
Alors, chers
collègues, le but, hein, pourquoi qu'on fait ce projet de loi là, c'est
justement pour améliorer la performance des bâtiments existants et neufs dans
le but de réduire leur consommation d'énergie et leurs émissions de gaz à effet de serre. Alors, dans notre Plan
pour une économie verte 2030, bien, le Québec s'est engagé à réduire de
moitié ses émissions de gaz à effet de serre
provenant du chauffage des bâtiments d'ici 2030. Et, en ce qui concerne le parc
immobilier gouvernemental, alors l'objectif,
c'est une diminution de 60 % de ces émissions d'ici 2030 et aussi d'avoir
la carboneutralité des édifices gouvernementaux d'ici 2040.
Alors, d'ici
2050, ce qu'on vise, c'est que tous les bâtiments du Québec devront être
carboneutres. Et donc c'est des objectifs qui sont ambitieux. C'est à réaliser
dans un laps de temps qui est relativement court, M. le Président, si on regarde
ça, parce que 2050, c'est quand même demain matin, si on ne se prend pas
d'avance, et notre gouvernement, il est prêt à prendre les moyens nécessaires pour y parvenir.
D'ailleurs, ma très estimée collègue de Fabre, à côté de moi ici, je sais que, dans la ville de Laval, ils ont
aussi un plan en transition énergétique. Donc, j'ai entendu le maire,
M. Boyer, en parler récemment,
et il y a plusieurs autres municipalités qui ont des plans d'action, justement,
qui s'alignent avec les objectifs gouvernementaux.
• (10 h 50) •
Mais, bref,
comment on va faire pour y arriver? Bien, il va falloir qu'on modifie en
profondeur, notamment le secteur de
la construction, la rénovation du bâtiment, et ce, de tous les types. Et là je
vais vous parler un peu des grandes lignes du projet de loi, mais de façon brève, M. le Président, quand même. Ce ne
sera pas une description exhaustive. Mais vous devez savoir qu'actuellement, le gouvernement, il est
limité dans son pouvoir d'action réglementaire, puisque la responsabilité de
mettre à jour et d'appliquer le Code de construction du Québec, qu'on appelle
le CCQ, y compris les parties relatives à l'efficacité énergétique des
bâtiments, eh bien, ça revient à la Régie du bâtiment du Québec, la RBQ. Or, la
loi qui encadre la mission de la RBQ
d'assurer la qualité et la sécurité des bâtiments, bien, elle ne permet pas
actuellement d'inclure des critères environnementaux dans le code, sauf
s'ils sont liés à la sécurité ou à la qualité des constructions.
Alors, afin
de remédier à cette situation, on va accorder, avec ce projet de loi, au
ministre responsable de la Transition climatique
et énergétique, les pouvoirs d'encadrer la performance environnementale des
bâtiments en fixant des normes minimales à atteindre en la matière, ce
qui va nous amener, comme je vous l'ai dit en entrée de jeu, jusqu'en 2050. Et,
pour la première fois, ces critères
environnementaux vont être pris en considération dans l'élaboration des normes
visant les travaux de construction.
Et, pour donner un exemple, il pourrait s'agir de critères d'efficacité
énergétique, d'empreinte carbone, de
réduction de la demande électrique de pointe et d'installation
d'infrastructures de mobilité durable, ce qu'on appelle le Code de
bâtiment durable du Québec, le CBDQ.
Alors,
également, le projet de loi prévoit des pouvoirs habilitants pour
l'instauration d'un système de déclaration, de cotation et de performance des bâtiments. C'est au coeur du projet de
loi, M. le Président. Un tel système viserait à rendre l'information concernant la performance énergétique
des bâtiments plus accessible, tout en offrant aux propriétaires et aux locataires de ces bâtiments la possibilité de
réaliser des économies considérables puisque leurs bâtiments devront
éventuellement être plus écoénergétiques.
Et il y a aussi d'autres modifications
législatives qui sont proposées pour refléter les nouvelles fonctions et responsabilités du ministre de l'Environnement, de
la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs en
matière de transition, d'innovation et d'efficacité énergétique. Et, de plus,
les changements qui sont proposés, ils viennent
faciliter le rôle de coordination de l'action gouvernementale en matière de
transition énergétique dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, parce qu'avec le Plan pour
une économie verte 2030 et le Plan directeur en transition, innovation et efficacité énergétique,
eh bien, on va venir les fusionner en un seul et unique plan. Donc, ça va
faire que tous les fonds vont être alimentés à la même place, et ainsi on va
pouvoir veiller à une plus grande cohérence entre ces deux domaines d'action
qui sont d'autant plus importants, là, dans le contexte énergétique actuel du
Québec, vous comprendrez, M. le Président, qui est caractérisé par la fin des
surplus de production d'électricité et le besoin croissant d'électricité propre pour décarboner notre
économie. Donc, on croit que c'est une bonne chose d'avoir réuni ces deux
fonds-là ensemble, les deux plans.
Alors, pour y
arriver, la loi... le projet de loi n° 41, bien sûr, on
édicte une nouvelle loi, mais on est aussi venus modifier huit autres
lois. Je vous ferai abstraction de la lecture des lois, M. le Président. Pour y
arriver, on a aussi eu 27 mémoires qui
ont été préalablement déposés à la commission. On a entendu 19 groupes,
lors des auditions, et on a eu quand même une réception positive lors...
en fait, tout le monde convenait qu'il fallait agir maintenant, qu'il ne
fallait pas attendre. Il y avait une grande
majorité qui voyaient d'un bon oeil le système de déclaration pour la cotation
et la performance des bâtiments.
Et c'est
là-dessus qu'on s'est dirigés ensuite vers l'étude détaillée, et, justement,
les consultations nous ont menés à
avoir plusieurs amendements qui ont été apportés lors de l'étude détaillée pour
bonifier le projet de loi. Justement, ce sont 18 amendements qui ont été adoptés lors de l'étude détaillée.
Je vais vous donner les exemples les plus importants parmi les
amendements, afin que ceux qui suivent les travaux puissent avoir ça frais à
leur mémoire.
Justement, les municipalités étaient venues nous
mentionner à quel point elles souhaitaient qu'on conserve une autonomie d'action puis que les municipalités
puissent adopter leurs réglementations plus sévères que celle du gouvernement.
Et là c'est ce qu'on est venus faire avec un
amendement, justement, pour leur assurer... bien entendu, en s'assurant de la
sécurité énergétique du Québec. Donc, on
leur a donné cette possibilité-là aux municipalités. On est aussi venus, avec un amendement, confier au Bureau de réexamen du
ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques,
de la Faune et des Parcs, l'éventuelle
révision de codes de performance énergétique. Ensuite, un autre amendement,
c'était : si les municipalités
appliquent la réglementation québécoise, eh bien, les inspecteurs de la
municipalité, ils ont des pouvoirs
d'inspection et d'enquête dévolus aux inspecteurs municipaux. Donc, ça, on est
venus le mettre en amendement.
On avait une belle collaboration aussi avec les
partis d'opposition, la députée de Mille-Îles, justement, qui avait un oeil de bienveillance, là, qui nous a
demandé qu'on soustraie du caractère public l'adresse de l'établissement ou
d'un lieu d'une personne qui offre des
services d'hébergement ou des services d'aide aux personnes victimes de
violence et d'une personne qui
regroupe des personnes ou des groupements de personnes offrant de tels
services. Donc, on veut s'assurer que la confidentialité des personnes qui sont
victimes de violence soit maintenue et donc on est venus soustraire à la loi l'obligation de divulguer la cotation
énergétique et la nature des lieux. Bref, c'est une belle collaboration qui a
eu lieu sur cet amendement-là.
On a
également instauré une clause grand-père pour les municipalités qui avaient
déjà adopté un encadrement du gaz naturel avant le 15 février.
Donc, c'était important qu'on le fasse et on a profité de la réouverture de la
loi pour faire quelques ajustements au texte ainsi que des modifications de
concordance aux amendements proposés.
Bref, M. le Président, on n'a pas
chômé. Ça a été rondement, cette étude détaillée, une belle collaboration,
comme je vous le mentionnais. Et les changements qu'on a proposés dans
la législation québécoise, bien, on va pouvoir les apporter rapidement, parce
que, justement, comme je vous l'ai dit, on s'est fixé pour 2030 un objectif de
réduction de nos gaz à effet de serre de
37,5 % sous la barre des émissions de 1990, et le gouvernement doit
disposer de bons leviers pour travailler rapidement à l'atteinte de
cette cible.
Alors, lorsque le
projet de loi n° 41 sera adopté, alors il contribuera
de façon importante à l'atteinte des cibles gouvernementales en matière de
réduction des gaz à effet de serre et d'efficacité énergétique par la fixation
de normes minimales à atteindre en la
matière. De plus, à long terme, il va dégager à Hydro-Québec une marge de
manoeuvre par le biais d'importantes économies d'électricité, d'énergie
et de puissance.
Alors,
sur ces belles paroles, M. le Président, c'est pour ça que je vais inviter mes
collègues députés ici, à l'Assemblée nationale,
d'appuyer le projet de loi n° 41, de voter en faveur de la prise en
considération du rapport de commission. Et, sur ce, merci de votre
attention.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Masson. Nos voeux de bon anniversaire à votre garçon.
Alors, je reconnais
maintenant Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée
McGraw
Mme McGraw : Merci, M. le Président. Il me fait plaisir à mon
tour de prendre la parole dans le cadre du discours sur la prise en considération du rapport de la
commission du projet de loi n° 41. Évidemment, ayant consacré une bonne
partie de ma vie aux enjeux environnementaux, aux enjeux climatiques et
énergétiques et ayant été avant porte-parole en matière de changements climatiques, environnement, faune et parcs, il
est certain que j'ai un grand intérêt pour ce projet de loi, qu'on
attendait depuis quand même longtemps, et ses impacts pour le Québec.
M.
le Président, je vais commencer en soulignant que, lors de la campagne en 2022,
notre formation politique avait été
très vocale au fait de revoir le Code du bâtiment, puisqu'il existe plusieurs
façons d'améliorer la performance énergétique du bâtiment, telles qu'isolation, étanchéité à l'air des portes et
fenêtres, contrôle des systèmes d'éclairage intérieur et extérieur, optimisation du chauffage, de la ventilation et du
conditionnement d'air, récupération de chaleur, dimensionnement des équipements, etc., isolation des tuyaux, quantité
de surfaces vitrées sur un projet. Voici des exemples et des éléments très
concrets, M. le Président, mais, malheureusement, peu des éléments qui ont
été... que je viens de citer se retrouvent dans le projet de loi. L'atteinte d'efficacité énergétique
au Québec ne se fera pas simplement par des règlements, des voies
réglementaires. Ça prend des actions concrètes sur le terrain.
Lors
de sa conférence de presse, le ministre a dit que le projet de loi n° 41 a
notamment pour but de corriger les passoires
énergétiques et qu'il y a un bel équilibre avec la carotte et le bâton dans sa
pièce législative. Le projet de loi vise 20 000 bâtiments, soient les grands bâtiments. On reconnaît
même, et je cite : L'énergie qu'on ne dépense pas, c'est la plus
économique. En effet, pour atteindre la carboneutralité, on est en accord que
l'efficacité énergétique doit être la priorité
numéro un. Comme a déjà souligné dans le rapport... ça a été souligné dans le
rapport Dunsky, ça va prendre un effort monumental pour aller chercher
ces térawatts.
• (11 heures) •
Le
Québec est reconnu comme un leader en matière d'environnement et changements
climatiques, et ça, c'est une réputation qui s'est créée à travers des
décennies, à travers plusieurs gouvernements, M. le Président. Le ministre, il
a même reconnu que ce n'est pas fait du jour
au lendemain. Ce sont des décisions structurantes de gouvernements, dont le
PLQ, les gouvernements libéraux, comme
l'hydroélectricité, le marché du carbone, qui ont été également des précurseurs
pour ne pas explorer, aussi exploiter des
ressources fossiles aux alentours de l'île d'Anticosti. C'est pour tout cela
que le Québec a été choisi comme
premier et seul État fédéré pour coprésider le BOGA, Beyond Oil and Gas
Alliance. Pour être crédible, il faut
être exemplaire, mais il faut aussi continuer de le mériter, d'avoir une valeur
ajoutée. On ne peut pas se vanter, M. le Président, d'être un leader
sans faire le vrai travail, de continuer à faire le vrai travail.
L'enjeu
au Québec n'est pas la production des énergies fossiles, mais c'est bien la
consommation. C'est le nerf de la
guerre. À part du secteur des transports, c'est celui des bâtiments, au Québec,
qu'il faut s'attaquer. Et c'est donc dans cet esprit et ce contexte que s'inscrit ce projet de loi. Alors, un
projet de loi important, et c'est pour ça que nous avons voté pour l'adoption
de principe, M. le Président. Mais avec la façon que les choses se sont passées
en commission, nous allons voter contre, à ce stade de la prise en
considération. Oui, ce projet de loi est attendu depuis longtemps, particulièrement
lorsqu'on considère les besoins énergétiques du Québec. Cependant, il y a des éléments
manquants au projet de loi pour en faire
une mesure compréhensive et efficace vers nos objectifs. D'ailleurs, on se pose
la question : Est-ce que les mesures vont assez loin? Et ça s'inscrit dans les questions qu'on se pose. Les
cibles mêmes du Québec ne sont pas à la hauteur de la carboneutralité
d'ici 2050, M. le Président. Les objectifs de 2030 ne permettent... ne nous
permettent pas d'atteindre la
carboneutralité. Et le Québec, à date, n'a identifié que 60 % des mesures
pour atteindre les objectifs de 2030, qui ne nous aide même pas à
atteindre la carboneutralité. Alors, on a beaucoup, beaucoup de travail à
faire, M. le Président.
Dans le Plan
directeur en transition, innovation et efficacité énergétiques du Québec de
2018, nous avons prévu de doter le Québec
d'un système de cotation énergétique obligatoire pour les nouvelles
constructions et lors de la revente des
maisons unifamiliales d'ici 2023, donc, l'année passée. La CAQ n'a décidément
pas effectué le plan, et nous sommes besoin,
six ans plus tard, et en retard. Considérant que nos réserves d'énergie sont à
sec, M. le Président, et considérant la faible efficacité énergétique de nos bâtiments au Québec, il y a lieu
d'agir avec célérité et audace avec ce projet de loi. En atteignant les
objectifs visés, le Québec entier va en bénéficier.
Il y a
plusieurs enjeux, M. le Président. Je n'ai pas le temps de rentrer en détail.
Et, comme je dis, même si notre formation
a été en faveur du principe du projet de loi, compte tenu de ce que je viens de
dire, que c'est urgent, l'efficacité énergétique, les bâtiments, c'est un enjeu majeur
pour le Québec, il y a des enjeux que nous allons continuer à surveiller de
très près. En voici quelques-uns.
Les fonds fusionnés et leur gouvernance. Une
attention particulière devra être portée sur la fusion du fonds de transition, d'innovation et d'efficacité
énergétiques au fonds d'électrification et des changements climatiques. Le Code
du bâtiment, l'engagement est incomplet et tardif, M. le Président. Aussi, au
niveau des cibles et des mesures, comme je le dis, les indicateurs de performance soulevés dans le
projet de loi sont... est-ce qu'ils sont vraiment suffisants pour assurer un
contrôle et atteindre nos objectifs? Comme
je l'ai mentionné, nous avons seulement... le Québec a seulement identifié
60 % des mesures pour atteindre
les cibles de 2030, et ça, ça ne nous permet même pas d'atteindre la
carboneutralité d'ici 2050.
On a aussi
des préoccupations en termes de l'autonomie municipale, M. le Président.
L'Union des municipalités du Québec
et la Fédération québécoise des
municipalités tiennent à sensibiliser
la commission aux effets indésirables importants qu'entraînerait
l'adoption du mécanisme de préséance prévu aux articles 29 et 30 de la Loi
sur la performance environnementale des
bâtiments, etc. Alors, c'est un enjeu. Ils décrivent ça comme l'atteinte à
l'autonomie municipale qui devrait
être suivie de très près. Il est inacceptable que les villes ambitieuses...
pardon, paient le prix ou soient victimes du zèle du ministre par manque
d'ambition du gouvernement.
En
conclusion, M. le Président, il s'agit ultimement d'un projet de loi que le
Québec a besoin pour faire des gains importants
en efficacité énergétique, et c'est pour ça qu'on avait voté en faveur du principe.
Cependant, la position gouvernementale
de tout faire par règlement n'est pas la position désirée. Nous ne pouvons pas
donner un chèque blanc à ce gouvernement, et les quatre dernières années l'ont
clairement démontré. Le travail doit se faire sur le terrain et pas juste...
Ça ne peut pas passer simplement par des voies réglementaires, et ça prend des
actions concrètes, M. le Président.
Alors, nous allons voter contre, à ce stade-ci,
la prise en considération du rapport de la commission du projet de loi n° 41. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce. Et je reconnais, toujours sur le débat sur le
projet de loi n° 41, Mme la députée de Verdun.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, M. le Président. Très contente d'intervenir
aujourd'hui dans la prise en considération du rapport de la commission. Lorsqu'on travaille sur un projet de loi,
l'objectif, c'est, bien sûr, de débattre et l'améliorer, faire en sorte
que les commentaires et tout l'apport qu'on a reçu des différents acteurs dans
les... lors des consultations s'y
retrouvent. Moi, aujourd'hui, j'aimerais exprimer des déceptions, mais, en même
temps, des choses sur lesquelles nous allons saluer les efforts qu'on a
vus en commission afin de respecter, entre autres, les souhaits des
municipalités et les souhaits des groupes
environnementaux. Mais, bien sûr, ce n'est pas juste que des avancées que nous
avons faites, il reste encore des défis à soulever, et c'est pour cela
que nous avons déposé un amendement lors de la prise en considération.
Donc, tout
d'abord, je veux nommer certains points positifs qui ressortent des débats puis
des échanges. Une des choses qui nous
a permis d'avancer, c'est la modification de l'article 29, qui instaure la
notion de seuil, dont plusieurs groupes ainsi que moi-même et notre
formation politique avons défendu pendant la commission. On veut saluer d'avoir
pris en considération, de la part de la
banquette ministérielle et du ministre lui-même, les revendications qu'on lui a
formulées au sujet de
l'incompatibilité entre les ambitions des villes et la préséance des règlements
ministériels tels que... Au début de l'étude
détaillée, le projet de loi nous présentait des articles qui faisaient part de
ce qu'on appelle le principe de la préséance. Cet enjeu-là n'est pas
encore tout à fait réglé, mais une des choses qu'on a pu voir, c'est de faire
en sorte que, dans l'article 29, on puisse le modifier pour que les villes
qui vont faire des règlements en ce qui concerne la performance environnementale, la performance écoénergétique
des bâtiments puissent aller plus loin, ce qu'on appelle un principe de
réglementation minimum, pour que les efforts en termes de décarbonation
continuent.
Donc, les villes oeuvrent, on va se rappeler,
depuis très longtemps pour combler, en fait, l'absence d'ambition
environnementale des programmes gouvernementaux de la part du Québec. Il ne
faut pas empêcher l'innovation et les ambitions
de nos villes et municipalités partout au Québec en ce qui concerne la lutte
aux changements climatiques et, bien sûr,
la décarbonation de nos bâtiments. Et il faut comprendre qu'elles sont le
palier le plus pertinent pour l'aménagement et l'urbanisme afin de participer à la lutte pour la carboneutralité, ce
qu'on appelle le principe de subsidiarité, de faire en sorte que les décisions se prennent plus proche
des gens, se prennent là et par les acteurs qui sont concernés par la
transition. Donc, nous saluons cet
ajustement qui a été fait dans l'article 29 concernant les normes de
performance écoénergétique des bâtiments.
Il y a eu
aussi l'introduction d'une clause grand-père aux villes pour leur permettre de
conserver les règlements plus progressistes en termes d'utilisation, par
exemple, du gaz naturel, utilisation des énergies fossiles dans les bâtiments. C'est des réglementations qui sont déjà mises en
place, que ce soit par la ville de Montréal, que ce soit par la ville de
Prévost, Candiac, Saint-Hilaire, et
nous sommes conscients que d'autres municipalités vont se lancer sous peu, j'y
reviendrai, mais pour celles qui ont
déjà en place ce type de réglementation, lors des dispositions transitoires que
nous avons débattues, il y a maintenant
une possibilité pour ces villes qui ont déjà réglementé de maintenir les
règlements existants ou en cours d'étude. Donc, il y a aussi... nous étions contents de débattre sur les mesures
transitoires pour les villes qui, en ce moment, se préparent, mais nous
avons un message pour elles, c'est de voir le gouvernement le plus tôt possible
afin d'être considérées et de continuer dans
cette réglementation qui va nous permettre de sortir les gaz fossiles des
bâtiments, ce qu'on souhaite, la décarbonation,
il faut arriver en 2050... Et je veux rappeler quelque chose que j'ai martelé,
autant pendant l'étude détaillée qu'ici,
en Chambre, c'est... quand on installe en ce moment des nouveaux branchements
au gaz naturel, ces branchements-là vont encore être bons pour 20, 25,
30 ans. Nous sommes en 2024. Si on continue à brancher aujourd'hui nos
bâtiments aux gaz
fossiles, en 2050, on ne va pas s'en sortir, parce que ces technologies-là vont
encore être bonnes, vont encore être utilisées
dans nos bâtiments. Et je pense qu'on pourrait puis on aurait dû, j'y
reviendrai, on aurait dû être beaucoup plus ambitieux dans ce projet de loi
pour serrer la vis aux nouveaux bâtiments. On a hâte de voir la réglementation
qui s'annonce dans ce sens. Nous allons continuer à faire de la
pression.
• (11 h 10) •
Je
reviens sur la clause grand-père, une clause qui va garantir, et nous sommes
heureux de... la survie des règlements municipaux
ambitieux qui sont le résultat d'un lourd travail administratif. Les villes, on
va se rappeler, elles ne font pas ça dans
un coin, sur un coin de table, elles consultent, elles font de la recherche,
elles vont faire beaucoup d'études réglementaires
afin d'avoir une réglementation qui est à la
fois ambitieuse et faisable. Et nous
sommes heureux que les villes que j'ai nommées tout à l'heure vont être
capables de sauvegarder cette avancée.
Mais,
malgré ces aspects positifs, il subsiste encore des doutes quant à la mise en
oeuvre des normes et surtout de la
cotation des bâtiments. Ma collègue le disait tantôt, on a trop de normes qui
vont être dictées par règlement. On a, oui, bien sûr, débattu des grands principes. Cependant, les détails de l'échéancier,
la façon, les caractéristiques de la cotation, ils vont tous être édictés par règlement. Également, en termes des
normes minimales, elles vont être édictées par règlement, ce qui fait en sorte qu'on n'a pas encore un
portrait complet de ce qui s'en vient en termes de l'application du projet de
loi n° 41.
Donc, on s'interroge
également au rôle réel du ministre de l'Environnement dans l'application de ces
normes. On le sait, que les cibles qui sont
fixées par le ministère de l'Énergie suivent ce qu'on appelle la
politique-cadre du ministère de l'Environnement, mais, malheureusement,
elles ne sont pas intégrées dans le Plan d'électrification des changements climatiques, et ça soulève des questions sur la
cohérence et l'efficacité de notre approche en matière de transition
énergétique. Nous avions fait des
amendements dans le sens de mieux intégrer ces cibles-là dans le Plan
d'électrification des changements climatiques, des amendements qui ont été
refusés. Et, afin de renforcer la clarté et l'efficacité de cette loi, nous
proposons, dans cette prise de
considération, un amendement tout petit, mais très, très important, enfin dans
la... un amendement à l'article 30 qui est introduit à
l'article 1 un du projet de loi.
En
ce moment, l'article stipule le suivant, que «toutes dispositions en matière de
performance environnementale d'un bâtiment adopté par une municipalité
et pouvant avoir un impact sur la capacité des distributeurs d'énergie est inopérante à moins d'une approbation.» Puis cette
approbation-là, elle est faite par le ministre de l'Environnement, en ayant une
autorisation du ministre de l'Énergie. Pour nous, déjà, l'article tel quel, il
est très problématique en ce qui concerne le
principe de préséance, c'est-à-dire que les villes vont devoir... ne pourront
pas réglementer librement sur cet enjeu, elles vont devoir avoir à chaque fois l'autorisation. Elles vont se voir
brimées dans leur droit d'exercer une réglementation qui prône la décarbonation, voire la sortir... la
sortie d'énergies fossiles. Déjà, cet article-là, il est problématique, et nous
avons voté contre.
Ce
que nous proposons aujourd'hui, c'est un changement, c'est-à-dire remplacer les
mots «pouvant avoir un impact» par
«ayant un impact». Et, ce petit changement-là, pour nous, il est important de
préciser, d'être aussi précis afin qu'elles seules, les dispositions qui
vont réellement impacter la capacité des distributeurs, soient et aient...
puissent avoir une approbation du ministre,
c'est-à-dire qu'elles n'aient pas... La façon que c'est écrit, l'article, en ce
moment, laisse un peu... ça laisse le doute, en ayant «pouvant avoir». Nous
voulons être un peu plus précis parce que l'impact réel et mesurable sur la capacité des distributeurs soit vraiment
considéré. Bien sûr, il va falloir faire une démonstration par les villes d'un
partenariat avec les différents ministères, mais ce qu'on veut, c'est
sortir de tout doute.
Cet amendement vise à
apporter plus de précision. On veut éviter les interprétations ambiguës qui
pourraient entraver la mise en oeuvre
efficace des mesures de performance environnementale. Et, pour nous, tout ça,
c'est essentiel. Déjà qu'on est...
que le ministre a décidé d'aller de l'avant avec le principe de préséance, nous
voulons être sûrs et certains que
c'est clair et que ça va permettre aux villes de faciliter la réglementation
malgré le pouvoir de préséance qui est imposé.
Donc,
il est essentiel pour nous que nos efforts pour améliorer la performance
environnementale des bâtiments soient accompagnés d'une réglementation
qui est claire et cohérente, qui tienne compte des réalités des différents
acteurs impliqués. Malheureusement, je vous
le disais tout à l'heure, les réglementations, nous ne les connaissons pas
encore, alors c'est difficile pour nous de nous prononcer sur comment le
projet de loi n° 41 va être opérationnalisé et comment ces normes-là vont
venir affecter les bâtiments.
On
a voté sur les grands principes, et nous aurions voulu voir un échéancier
beaucoup plus ambitieux, beaucoup plus serré,
une application de la cotation des bâtiments pour l'ensemble de notre parc de
bâtiments au Québec, que ce soit dans l'industriel, bien sûr, dans
l'institutionnel, mais l'élargir le plus vite possible aux bâtiments résidentiels,
parce qu'on le sait très bien que nous avons beaucoup d'efforts, en
termes d'efficacité énergétique, à faire à ce niveau-là.
En
conclusion, je souhaite souligner, oui, l'importance de la participation de
tous et toutes ici pour réussir la transition vers une performance environnementale optimale de nos bâtiments. J'ai
salué tout à l'heure les avancées que nous avons pu faire et je sais qu'elles sont bien perçues par les villes. Nous
avons encore du travail à faire, et notre amendement s'inscrit dans ce processus-là. Et, pour nous, c'est un pas
dans cette direction pour renforcer la clarté et l'efficacité de cette loi afin
de permettre la décarbonation de nos bâtiments partout au Québec. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Verdun. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Je vous demanderais,
dans un premier temps, de bien vouloir ajourner le débat sur le projet
de loi n° 41.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Y a-t-il consentement
pour cet ajournement? Consentement. Est-ce que... Adopté. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Maintenant, je vous demanderais de bien
vouloir suspendre nos travaux jusqu'à la période des affaires courantes,
s'il vous plaît.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, afin de permettre
la tenue des affaires courantes, cet après-midi, les travaux sont donc
suspendus jusqu'à 13 h 40.
(Suspension de la séance à 11 h 18)
(Reprise à 13 h 40)
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, bon après-midi à toutes, bon après-midi à
tous. Je vous invite à prendre place. Nous allons poursuivre nos
travaux.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Alors, nous
sommes à la rubrique Déclarations des députés, et, sans plus tarder, je
reconnais maintenant Mme la députée des Plaines.
Rendre
hommage à Mme Angie Briggs
Mme Lucie Lecours
Mme
Lecours (Les Plaines) : Merci beaucoup, M. le Président. Vous savez, la persévérance
scolaire, ce n'est pas qu'une journée thématique, c'est une réalité au
quotidien. Et cette réalité, elle a des noms.
Jeudi
dernier, j'ai eu le bonheur de rencontrer Angie Briggs, une adolescente de
l'école secondaire l'Odyssée, à La
Plaine. Je tenais à lui remettre en personne une lettre pour la féliciter
d'avoir été nommée ambassadrice de la persévérance scolaire de la MRC des Moulins. Mme Jean, la
directrice, l'a fait appeler à l'intercom, Angie était en cours de rattrapage
pendant son dîner. J'ai vu marcher vers moi
cette petite jeune femme cachée derrière ses grandes lunettes noires. Elle me
regardait avec un regard tellement brillant. «C'est la première fois qu'on
m'appelle au bureau de la directrice, je me suis
demandé ce que j'avais bien pu faire», nous a-t-elle confié. On a ri, mais
ensuite elle nous a surpris avec ses projets de vie, la résilience dont
elle fait preuve, malgré les épreuves secrètes troublantes qu'elle a vécues et
qu'elle nous a confiées, comme si, en recevant cet honneur, elle avait décidé
de tourner la page sur ces maux, m-a-u-x.
Bravo, Angie! Poursuis ton chemin et surtout
réalise tes rêves.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée des Plaines. Et la parole
revient maintenant à M. le député de Jacques-Cartier.
Souligner la fête de la Saint-Patrick
M. Gregory Kelley
M.
Kelley : M. le Président, bonne Saint-Patrick, puis bonne
Saint-Patrick à tous mes collègues ici, à l'Assemblée nationale!
Dimanche, à
Montréal, on va célébrer puis fêter avec la 199e édition de la parade de
Montréal, mais je sais que, partout au Québec, on va fêter St. Patrick's...
because the Irish have a long-standing tradition here, in
Québec. By the year 1600, roughly 5% of all the families in Québec were Irish, and,
by the time of the 1870s had rolled around, around 600,000 Irish
immigrants had passed through the ports in Québec and installed themselves
here, across the territory.
So,
I'd like just to say a big thank you to the United Irish Societies for organizing
the parade and all the activities that come with it, and also to the St. Patrick's
Society, who worked very hard throughout the year to make sure that charitable
organizations across this province are well
funded through the generous acts of all the people who volunteer at these
societies.
So... Merci beaucoup à
vous tous. Et joyeuse Saint-Patrick, tout le monde!
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Jacques-Cartier, et bonne
fête de la Saint-Patrick à vous aussi! Je reconnais maintenant M. le
député de Chauveau.
Souligner
la Semaine québécoise des popotes roulantes
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, M. le Président. Jusqu'au 16 mars, sous le thème Les popotes
roulantes : une communauté de soutien, se déroule la 19e Semaine
québécoise des popotes roulantes.
Dans Chauveau, nous sommes privilégiés
de pouvoir compter sur la Popote et multi-services ainsi que La Popote
de Charlesbourg. Je désire remercier du fond du coeur l'équipe de Mme Marlène
Gagnon, directrice de la Popote et multi-services,
et celle de Claude Godbout, président de La Popote de Charlesbourg, ainsi que
tous les précieux bénévoles. Grâce à
vous tous, des personnes aînées de Chauveau peuvent non seulement manger un bon
repas équilibré, mais peuvent compter sur une communauté de soutien.
Je
suis toujours agréablement surpris de voir la réaction des aînés lorsque je
participe à une journée Bénévole d'un jour. La livraison de repas est très
appréciée, la visite d'un bénévole l'est tout autant. Merci à tous d'être là.
Vous faites la différence dans la vie de ces personnes.
Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Chauveau. Et je reconnais maintenant M. le député de Rosemont.
Rendre hommage à M. Robert Lowe
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Merci, M. le Président. On
connaît tous et toutes ici des gens qui en ont arraché dans la vie. Ils
viennent nous visiter dans nos bureaux quand ils ont des problèmes, leur
résilience nous impressionne.
Ce
qui m'impressionne encore plus, c'est des gens comme Robert Lowe, un résident
de Rosemont de 71 ans qui ne l'a vraiment pas eu facile, mais qui
s'est relevé puis qui aujourd'hui fait mission de faire le bien autour de lui.
M. Lowe
est un orphelin de Duplessis. Il a été faussement diagnostiqué déficient
intellectuel. Il a été interné pendant des années. Il s'en est sorti, et
aujourd'hui il aide d'autres à s'en sortir.
Il
sera honoré ici même, dans l'hommage aux bénévoles de l'année, le mois
prochain. Je prends une petite avance, puisque
c'est quelqu'un de chez nous. Je me permets de lui dire : Chapeau! Merci.
Vous êtes une inspiration, vous êtes un vrai battant. M. Lowe, on a
besoin de plus de gens comme vous. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Rosemont. La parole revient maintenant à Mme la députée
de Châteauguay.
Féliciter les athlètes ayant
participé aux Jeux du Québec
Mme Marie-Belle Gendron
Mme Gendron :
Merci, M. le Président. La
semaine passée avait lieu la 58e édition de la finale des Jeux du Québec.
Les 3 500 jeunes athlètes participants ont vécu une expérience
inoubliable en vivant au rythme des compétitions et du dépassement de
soi, une aventure humaine formidable. Je suis sûre qu'ils s'en rappelleront
toute leur vie.
J'ai
une pensée particulière pour la vingtaine d'athlètes de ma circonscription, vous
me permettrez de les nommer : Catherine,
Léa, Julien, Antoine, Thomas, Chloé, Ludovic, Kingston, Lawrence, Sean, Damien,
Jeanne, Mason, Jenna, Amy, Maddox,
Ethan, Rome, Ryan et Laurianne. Ils ont rendu fiers leurs parents, qui les
accompagnent et les soutiennent chaque jour.
Félicitations à tous
nos jeunes espoirs québécois! Leur persévérance et tous leurs efforts ont été
récompensés. Ils peuvent être fiers d'eux. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Châteauguay. Au tour, maintenant, de Mme la députée de
Saint-Laurent.
Souligner le travail du Centre d'encadrement
pour jeunes femmes immigrantes
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais
souligner le travail accompli par le Centre d'encadrement pour jeunes
femmes immigrantes dans ma circonscription, Saint-Laurent.
Depuis 1998, le CEJFI
a pour mission d'assurer l'intégration des femmes issues de l'immigration à
tous les niveaux par le biais de
l'éducation, de la formation, ils ont d'ailleurs un campus de
l'entrepreneuriat, mais aussi la lutte contre la pauvreté par le biais de l'aide à l'emploi, et j'en passe, M. le
Président. Garantir l'égalité des chances entre les femmes et les hommes est primordial afin de permettre aux
jeunes femmes, particulièrement immigrantes, leur plein... le développement
de tout leur potentiel et de réaliser tous leurs rêves.
Récipiendaire
de multiples marques de reconnaissance, Mme Régine Tshombokongo est une
ardente défenderesse... défenseuse,
pardon, des droits des femmes. Fondatrice du CEJFI, c'est sous son leadership
que les femmes qui le fréquentent peuvent espérer atteindre les buts
qu'elles se sont fixés.
Merci pour toute
votre équipe, pour tout votre travail, et encore de longues années au CEJFI.
Merci beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Saint-Laurent. La parole
revient maintenant à M. le député de Mégantic.
Souligner
la présence d'une délégation du Parlement de la Cité-école de la
polyvalente Louis-Saint-Laurent en visite à l'Assemblée nationale
M. François Jacques
M. Jacques : Merci,
M. le Président. Aujourd'hui, nous avons le grand honneur d'accueillir l'équipe
ministérielle du Parlement de la
Cité-école de la polyvalente Louis-Saint-Laurent, qui sont avec nous. Bienvenue
à l'Assemblée nationale.
Ces jeunes
élus incarnent les valeurs essentielles à notre démocratie et s'investissent
directement pour le mieux-être des
élèves, des familles et des communautés du Haut-Saint-François. Depuis 2005,
cette cité-école porte des dossiers essentiels, dont le soutien à la diplomation, la valorisation de la réussite, la
persévérance scolaire, le soutien aux jeunes en difficulté, pour ne
nommer que ceux-là. Ils sont engagés jour après jour dans leur communauté.
L'enseignement
des valeurs démocratiques et l'engagement des jeunes me tiennent vraiment à
coeur, M. le Président, et je sais que, parmi ces jeunes élus, certains
et certaines seront nos élus de demain.
Alors, encore bravo, chers élèves, et continuez
votre implication citoyenne. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Mégantic. Je reconnais maintenant M. le député de Jean-Talon.
Féliciter
l'équipe de basketball du Rouge et Or de l'Université Laval
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Une
véritable histoire d'équipe cendrillon, M. le Président. Voilà ce à quoi nous
avons assisté en fin de semaine,
alors que l'équipe masculine du Rouge et Or de l'Université Laval a remporté le
championnat universitaire de basketball 8 Ultime.
Le Rouge et
Or a créé une première surprise de taille en gagnant contre l'équipe favorite
du tournoi vendredi dernier, un
affrontement mémorable. Avec un compte serré en faveur du Rouge et Or à la
toute fin du match, la foule de 3 000 spectateurs
au PEPS a transporté notre équipe vers un gain de 75 à 69. La poussée
irrésistible s'est poursuivie jusqu'à la victoire de 77-71 en grande
finale dimanche, le 10 mars.
C'est la
première fois qu'une université francophone du Québec remporte la bannière
nationale. Bravo aux joueurs du Rouge
et Or, qui ont montré ce qu'on peut réussir collectivement quand on y croit!
Félicitations à l'Université Laval pour ces trois jours d'émotion intense pour
Jean-Talon, pour la capitale nationale et pour tout le Québec! Félicitations
aussi à l'équipe féminine de
basketball du Rouge et Or, qui a remporté la troisième place du championnat
après une saison régulière parfaite! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Jean-Talon. Et je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Repentigny.
Souligner
le travail du Centre d'intégration professionnelle de Lanaudière
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci
beaucoup, M. le Président. Dans le cadre de la Journée internationale du droit
des femmes, je tiens à souligner le travail exceptionnel du Centre
d'intégration professionnelle de Lanaudière.
C'est un
organisme de chez nous qui oeuvre depuis plus de 30 ans auprès des femmes
qui désirent retourner sur le marché
du travail. Au-delà de l'insertion socioprofessionnelle, ses intervenantes
chevronnées épaulent des femmes de tous
âges et de toutes cultures à retrouver leur confiance en soi, développer aussi
leur autonomie économique. Pour celles-ci, l'estime de soi est la pierre angulaire d'une intégration réussie. De
plus, elles encouragent les femmes à explorer, intégrer aussi des métiers non traditionnels qui assurent
de bonnes perspectives d'emploi. Que ce soit par des rencontres individuelles,
des ateliers de groupe ou de
l'accompagnement au sein des entreprises, les intervenantes sont toujours disponibles.
En 2022, ce sont plus de 50 % de ces femmes qui ont reçu leur
diplôme et qui ont intégré le marché du travail.
Félicitations, donc, à toute l'équipe
d'intervenantes, dont sa directrice, Connie Barakett, ainsi qu'au conseil
d'administration pour le travail effectué auprès des femmes de ma
circonscription, un boulot tout à fait exceptionnel. Je vous
remercie beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Repentigny. Et je cède maintenant la parole à Mme la députée
de Bellechasse.
Rendre
hommage à Mme Nathalie Roy
Mme Stéphanie Lachance
Mme Lachance : Merci,
M. le Président. Aujourd'hui, je tiens à souligner la contribution
significative de Mme Nathalie Roy au sein de la Chambre de commerce
de Bellechasse-Etchemin.
Femme d'affaires dans le domaine
agroalimentaire, Mme Roy s'est investie dans la chambre de commerce depuis
plus de 25 ans. Elle aura d'ailleurs cumulé près de 10 années à la
présidence, poste qu'elle a cédé en décembre dernier. Elle a oeuvré sur de nombreux dossiers :
l'accès Internet haute vitesse, l'élargissement de la route 277 et
l'avancement du projet en gaz naturel, pour ne nommer que ceux-là.
Mme Roy,
notre communauté est privilégiée d'avoir bénéficié de votre engagement et de
votre dynamisme inégalés. Vous avez
laissé votre marque tout en restant fidèle à vos principes. Félicitations pour
toutes vos années d'implication et merci pour votre inestimable
contribution. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Bellechasse. Au tour, maintenant, de M. le député de
Saint-Jean.
Souligner la conversion du CHSLD Georges-Phaneuf en maison
des aînés
M. Louis Lemieux
M.
Lemieux : Vous dire, M. le
Président, combien je suis fier et soulagé, après cinq ans de travail, de vous
confirmer aujourd'hui que le CHSLD
Georges-Phaneuf de Saint-Jean-sur-Richelieu, un des plus vieux et des plus
vétustes au Québec, se métamorphosera en maison des aînés 2.0.
Il
faut savoir que Georges-Phaneuf, qui avait été le premier hôpital chez nous,
est trop vieux pour qu'on puisse le rénover
et l'adapter comme on est en train de le faire avec les moins vieux CHSLD. On
passe donc à une nouvelle génération de
maisonnées des aînés, que nous ferons construire sur le même modèle et surtout
avec la même philosophie, pour leur permettre de véritablement profiter
de la liberté, la sécurité, des soins et du confort qu'ils méritent tellement.
On
ne parle plus d'un vieil hôpital pour patients de longue durée, mais d'un vrai
de vrai milieu de vie, accueillant, chaleureux
pour ses résidents. C'est tellement important et nécessaire pour nos aînés de
Saint-Jean et du Québec, parce que, oui, il y en aura d'autres, et j'en
suis tellement fier. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Saint-Jean. La parole revient maintenant à Mme la
députée d'Anjou-Louis-Riel.
Féliciter
l'organisme INICI, primé par Axtra, Alliance des centres-conseils en emploi
Mme Karine Boivin Roy
Mme Boivin
Roy : Merci, M. le Président. Anciennement connu sous le nom d'ALPA,
INICI est un organisme situé dans l'est de
Montréal qui oeuvre depuis 40 ans à l'intégration sociale et professionnelle
des personnes immigrantes au Québec. Dans sa récente orientation
stratégique, INICI a fait le choix de se positionner audacieusement en joignant
innovation et employabilité, leur permettant
de se démarquer dans le milieu communautaire et vis-à-vis des employeurs.
Il
y a deux semaines, à l'occasion de la remise des méritas de l'Alliance des
centres-conseils en emploi du Québec, INICI a accompli un doublé en remportant
à la fois le prix Innovation 2024 ainsi que le prix Coup de coeur du public
pour son salon de l'emploi et de
l'intégration sociale des personnes en demande d'asile. L'événement a attiré au
total plus de 5 000 chercheurs d'emploi, qui ont été mis en
relation directe avec des employeurs engagés et responsables.
En terminant, je
tiens à saluer le travail remarquable de l'équipe d'INICI, dirigée par une
femme d'exception, Marie-Laure Konan. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée d'Anjou-Louis-Riel. Alors, voilà qui met fin à la rubrique
Déclarations des députés. Je remercie chacun de vous pour vos déclarations.
Je vais suspendre les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 55)
(Reprise à 14 h 03)
La
Présidente : Bonjour, tout le monde. Bienvenue chez vous.
Messieurs
dames les députés, c'est avec tristesse que nous avons appris le décès de
M. Lucien Lessard, député de Saguenay de 1970 à 1982, et de
M. John Kehoe, député de Chapleau de 1981 à 1994. Alors, nous allons nous
recueillir quelques instants en ayant une pensée toute particulière pour leurs
familles et leurs proches.
Je vous remercie
beaucoup. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni de présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique
Dépôt de documents, Mme la ministre responsable de l'Administration
gouvernementale et présidente du Conseil du trésor.
Mme LeBel : Merci,
Mme la Présidente. Permettez-moi de vous transmettre un message de Son Honneur
la lieutenante-gouverneure du Québec, signé de sa main.
Message du lieutenant-gouverneur
La Présidente : Alors, Mmes et MM.
les députés, veuillez vous lever.
Message à l'Assemblée nationale :
«Conformément
aux dispositions de l'article 54 de la Loi constitutionnelle de 1867, je
transmets et recommande à la considération de l'Assemblée nationale les
crédits pour l'année financière se terminant le 31 mars 2025.»
Signé de l'honorable Manon Jeannotte,
lieutenante-gouverneure du Québec.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Et, Mme la
ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du
Conseil du trésor, dépôt de documents, nous vous écoutons.
Crédits pour l'année
financière 2024‑2025
Mme
LeBel : Merci, Mme la Présidente. Pour faire suite au
message de la lieutenante-gouverneure, qu'il me soit permis de déposer les crédits budgétaires pour
l'année financière se terminant le 31 mars 2025 ainsi que les documents
qui les accompagnent : la
stratégie de gestion des dépenses et les renseignements supplémentaires, les
plans annuels de gestion des dépenses
des ministères et organismes, les crédits et dépenses des portefeuilles, les
crédits, dépenses et plans annuels de
gestion des dépenses de l'Assemblée nationale et des personnes désignées, le
plan annuel des investissements et des dépenses
en ressources informationnelles 2024‑2025, le Plan québécois des infrastructures 2024‑2034
ainsi que l'en bref de la stratégie de gestion des dépenses 2024‑2025.
Merci.
La Présidente : Ces documents sont
déposés. M. le ministre responsable des Infrastructures.
M.
Julien : Oui, merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de
déposer à mon tour le plan annuel de gestion des investissements publics en infrastructures 2024‑2025,
la liste détaillée des projets d'infrastructures ainsi que l'en bref du
Plan québécois des infrastructures 2024‑2034. Merci.
La Présidente : Ces documents sont
déposés. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission plénière
M. Jolin-Barrette : Oui, bonjour, Mme la Présidente.
Conformément aux dispositions de l'article 280 du règlement, je
fais motion pour déférer les crédits budgétaires 2024‑2025 en commission
plénière afin que l'Assemblée adopte le quart des crédits.
Mise aux voix
La Présidente : Cette motion
est-elle adoptée? Adopté.
Motions sans préavis
Y a-t-il
consentement pour déroger à l'article 53 du règlement afin de permettre la
présentation d'une motion sans préavis? Consentement? Consentement. M.
le leader du gouvernement.
Procéder à l'étude des crédits
provisoires 2024‑2025 en commission plénière
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la
Présidente. Suite à une entente avec les groupes parlementaires et la députée indépendante, je souhaite présenter, à ce
moment-ci, la motion concernant les modalités convenues pour l'étude des
crédits provisoires en commission plénière qui se tiendra le
mercredi 13 mars 2024. Motion sans préavis, motion crédits
provisoires 2024‑2025 :
«Que
l'Assemblée [nationale] procède à l'étude et à l'adoption des crédits
provisoires 2024‑2025, conformément aux dispositions de l'article 87, alinéa 1,
paragraphe 4.1° ainsi que des articles 280 et 281 de notre règlement
et ce, selon les modalités subséquentes;
«Que, dès
l'appel des affaires jour de la séance du mercredi 13 mars 2024,
l'Assemblée se constitue en commission plénière et procède à l'étude des
crédits provisoires de la manière suivante :
«Que, pour une durée maximum de 1 heure, la
ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du
Conseil du trésor puisse échanger avec les députés de l'opposition;
«Que dès après, et pour une durée maximum de
1 heure, le ministre responsable de la Capitale-Nationale puisse échanger
avec les députés de l'opposition;
«Que dès après, la commission plénière suspende
ses travaux et que les travaux de l'Assemblée soient ainsi suspendus jusqu'à
15 heures;
«Que
dès 15 heures, pour une durée maximum de
1 heure 30 minutes, la ministre des Transports et de la Mobilité durable puisse échanger avec les
députés de l'opposition;
«Que dès
après, pour une durée maximum de 1 heure 30 minutes, le ministre
la Santé puisse échanger avec les députés de l'opposition;
«Qu'immédiatement
au terme de cet échange, le président de la commission plénière mette aux voix
le quart des crédits pour l'année financière 2024‑2025;
«Qu'ensuite,
le président de la commission plénière fasse rapport à l'Assemblée et que
celle-ci se prononce sans débat sur
ledit rapport puis sur le projet de loi de crédits qui y fait suite, le tout
conformément au premier alinéa de l'article 281 du règlement;
«Qu'enfin, et
ce suivant le deuxième alinéa de l'article 281 du règlement, il soit
permis au leader du gouvernement de présenter
une motion sans préavis et non débattue afin que l'étude de l'ensemble des
crédits budgétaires, sauf ceux de l'Assemblée, soit renvoyée en
commissions permanentes;
«Que les remarques préliminaires pour chacun des
échanges avec la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor
ainsi qu'avec le ministre responsable de la Capitale-Nationale soient fixées à
un maximum de 6 minutes pour le groupe parlementaire formant le
gouvernement, [6] minutes 59 secondes pour le groupe
parlementaire formant l'opposition officielle, 1 minute 58 secondes
pour le deuxième groupe d'opposition, 40 secondes pour le troisième groupe
d'opposition et 24 secondes pour la députée indépendante;
«Que les remarques préliminaires pour chacun des
échanges avec la ministre des Transports et de la Mobilité durable ainsi qu'avec le ministre de la Santé
soient fixées à un maximum de 9 minutes pour le groupe parlementaire
formant le gouvernement,
4 minutes 28 secondes pour le groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 2 minutes 57 secondes pour le
deuxième groupe d'opposition, 1 minute pour le troisième groupe
d'opposition et 36 secondes pour la députée indépendante;
«Que pour
chacun des échanges avec les ministres susmentionnés, l'équivalent d'un bloc de
45 secondes par heure d'échange soit réservé à la députée
indépendante;
«Que le temps
non utilisé, le cas échéant, par la députée indépendante soit redistribué
proportionnellement entre le groupe
parlementaire formant l'opposition officielle, le deuxième groupe d'opposition
ainsi que le troisième groupe d'opposition;
«Qu'à tout moment, le président de l'Assemblée
ou de la commission plénière puisse suspendre les travaux;
«Que, malgré
les dispositions de l'article 20 du règlement, la commission plénière et
l'Assemblée puissent poursuivre leurs travaux jusqu'à ce que cette dernière se
soit prononcée sur le projet de loi de crédits et sur la motion de renvoi
de l'ensemble des crédits budgétaires sauf ceux de l'Assemblée en commissions
permanentes;
«Que cette
motion devienne un ordre de l'Assemblée et qu'elle ait préséance sur toutes
dispositions incompatibles du règlement.» Merci.
Mise aux voix
La Présidente : Alors, cette motion
est-elle adoptée? Adopté.
Dépôt de documents (suite)
Mme la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Je dépose aujourd'hui les états financiers de la Fondation universitaire de l'Institution royale pour
l'avancement des sciences de l'Université
McGill en date du 31 mai 2023.
Merci beaucoup.
La Présidente : Ce document est
déposé. M. le ministre de la Culture et des Communications.
M.
Lacombe : Bonjour, Mme la Présidente. Permettez-moi de
déposer le rapport annuel 2022‑2023 de la et le plan stratégique 2023‑2027
de la Société de la Place des Arts de Montréal. Merci.
• (14 h 10) •
La Présidente : Ces documents sont
déposés. M. le ministre de la Sécurité publique.
M.
Bonnardel : Mme la Présidente, permettez-moi de déposer le
plan stratégique 2023‑2027 de l'École nationale de police du Québec.
La Présidente : Ce document est
déposé. Maintenant, M. le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Oui, Mme la Présidente. Je dépose les réponses du gouvernement aux pétitions déposées en Chambre le 21 novembre 2023 par
la députée de Vaudreuil, le 7 décembre 2023 par le député de Laurier-Dorion,
le 30 janvier 2024 par les députés de
Laurier-Dorion, Saint-François, Mille-Îles et de Verdun, le 31 janvier 2024 par les
députées de Sherbrooke et Mille-Îles, et le 1er février par la
députée de Saint-Laurent.
Je dépose
également les réponses aux questions inscrites au feuilleton le 30 janvier
2024 par le député de Maurice-Richard,
le 1er février 2024 par la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, le 7 février 2024 par les députées de
Sainte-Marie—Saint-Jacques et de Bourassa-Sauvé et le 8 février 2024 par le député de... la
députée de La Pinière. Merci.
La Présidente : Ces
documents sont déposés.
Le
lundi 11 mars était le jour du Commonwealth. Alors, pour souligner
cet événement, Sa Majesté le roi Charles III, chef du
Commonwealth, a fait parvenir un message de circonstance que j'ai l'honneur de
déposer.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de
commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, M. le député
de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Demander un
cessez-le-feu à Gaza
M.
Cliche-Rivard : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
3 450 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que les bombardements israéliens
effroyables causent la mort de dizaines de milliers d'innocents à Gaza, ainsi
qu'un déplacement massif de la population palestinienne;
«Considérant
que la guerre actuelle impacte les Palestiniens de manière complètement
disproportionnée, tant au niveau du
nombre de blessures et de décès de personnes innocentes, que de la destruction
de quartiers et d'infrastructures civiles comme des hôpitaux et des
camps de réfugiés;
«Considérant
que le blocus israélien dans Gaza rend quasiment impossible l'accès aux besoins
vitaux tels que l'eau, la nourriture et les équipements médicaux;
«Considérant que les tensions croissantes en
Cisjordanie entre Palestiniens et colons israéliens aggravent la disproportion
des victimes;
«Considérant
que les organisations internationales comme l'ONU et l'OMS déplorent la
catastrophe humanitaire en constante aggravation que subissent les
Palestiniens;
«Considérant
que la seule avenue possible est une solution négociée reflétant la volonté des
peuples de Palestine et d'Israël de vivre en paix dans leur État
respectif à l'intérieur de frontières sûres et reconnues;
«Considérant que cette crise suscite une
profonde préoccupation au Québec, et que la forte majorité des nations
appellent à un cessez-le-feu immédiat;
«Considérant
qu'agir promptement pour mettre fin à ces hostilités, marquées par une
disproportion flagrante dans les
pertes humaines et les destructions, témoignerait de l'engagement du Québec
envers la justice, la paix et la protection des civils innocents;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, exhortons le gouvernement et l'Assemblée nationale du Québec à
reconnaître l'urgence à Gaza, à prendre position en faveur d'un réel
cessez-le-feu pour une résolution du conflit et une paix durable.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé. M. le député de Jean-Talon.
Bonifier l'indemnité de
remplacement de revenu
pour les victimes d'acte criminel
M.
Paradis : Mme la Présidente, je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale, signée par 527 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que l'article 51 de la Loi visant à aider les personnes victimes
d'infractions criminelles et à favoriser leur rétablissement — ci-après
la loi — prévoit
une limite maximale de trois ans pour l'octroi de l'aide de remplacement
de revenu à certaines catégories de victimes d'actes criminels, dont les
parents d'enfant assassiné;
«Considérant
que les victimes et leurs proches peuvent avoir besoin d'une période de
rétablissement plus longue et ne pas être en mesure d'occuper une
fonction rémunérée pendant cette période;
«Considérant
que les victimes indemnisées sous l'ancien régime pour une période plus longue
verront leur aide de remplacement au revenu être interrompue après cette
nouvelle limite de trois ans;
«Considérant
que la pénurie de psychologues et autres professionnels de la santé provoque
une hausse marquée des tarifs que doivent assumer les victimes pour
obtenir les traitements nécessaires à leur rétablissement;
«Considérant
que les remboursements de ces tarifs, prévus au Règlement d'application de la
Loi visant à aider les personnes victimes d'infractions criminelles et à
favoriser leur rétablissement, sont insuffisants pour permettre le plein
remboursement de ces soins et menace ainsi l'accès aux soins requis par les
victimes d'actes criminels pour leur plein rétablissement;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec de bonifier la durée d'aide au
remplacement de revenu, pour couvrir toute la durée de l'incapacité de
travailler de la victime, et des seuils de remboursement de traitement de
psychothérapie et autres nécessaires au rétablissement des victimes d'actes
criminels prévues par la loi et son règlement d'application.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
La Présidente : Cet
extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales, et je cède la parole, en question principale,
au chef de l'opposition officielle.
Création
d'un poste de directeur parlementaire du budget
M. Marc Tanguay
M.
Tanguay : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Vous allez nous
reconnaître, toujours le coeur sur la main, on veut aider le premier ministre, on veut aider le premier ministre, parce
que de l'aide existe. Faites appel à l'aide, vous en avez de besoin. Il
est incapable de bien gérer les finances publiques. On sait que, dans sa
sixième année, c'est mauvaise décision sur
mauvaise décision, mauvaise prévision sur mauvaise prévision, mauvaise
planification. Le jour du budget, on nous
annonce, pour cet après-midi... largement déficitaire, et on verra bien
jusqu'où sera porté le retour à l'équilibre des finances publiques.
Perte de
contrôle? Qu'à cela ne tienne, on veut l'aider. De l'aide existe, ça s'appelle
un directeur parlementaire du budget. Et il sait très bien ce à quoi je fais
référence. Il s'agit d'une personne nommée qui analyse la situation économique
et financière du Québec, qui regarde vers
l'avenir, qui évalue les coûts des propositions, un rôle complémentaire avec le
Vérificateur général. Ça aurait pu très bien
aider le premier ministre quand il a pris la mauvaise décision d'aller couper
dans les versements du Fonds des générations. Le directeur parlementaire du budget aurait pu
lui dire : N'allez pas là. Le fédéral l'a depuis 2006, puis là je
vais lui parler directement au coeur, l'Ontario l'a depuis 2013, Mme la
Présidente.
Alors, le
23 octobre 2012, imaginez-vous donc, alors qu'il était chef de la deuxième
opposition, il disait, et je le cite : «Ce qu'il est important aussi de dire, c'est que [...] le Parti québécois, en février 2012, [l'avait] proposé, lorsqu'il était dans
l'opposition[...]. [...]Donc, je pense qu'il serait mal venu de refuser la
proposition.»
Va-t-il respecter sa promesse de 2012?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, effectivement, il y a beaucoup de monde qui ont besoin
d'aide. On a vu arriver André Pratte,
maintenant Jean-Marc Fournier qui revient. Donc, effectivement, quand on parle
d'aide, ça revient dans la grande nouveauté.
Pour ce qui
est du déficit, Mme la Présidente, j'aimerais bien entendre le chef de
l'opposition officielle nous faire une
suggestion. Je comprends, là il y a eu les crédits, concernant les dépenses, mais
j'espère que, cette semaine, il va nous faire des vraies propositions. Quel impôt il veut augmenter? Quelle taxe
il veut augmenter? Est-ce qu'il veut recommencer à couper en santé puis
en éducation, comme le gouvernement libéral l'avait fait? On a hâte d'entendre
les propositions.
Maintenant,
concernant le directeur parlementaire du budget, Mme la Présidente, je pense
qu'il faut rappeler qu'on a, au
Québec, une Vérificatrice générale qui est nommée par l'Assemblée nationale. Je
pense qu'on va tous reconnaître qu'elle est indépendante. Puis on s'est donné un mode de fonctionnement où, six
mois avant une élection, la Vérificatrice générale fait une révision des projections financières qui
sont déposées par le gouvernement. Donc, il y a déjà un outil qui existe au
moins avant les élections.
Ce qu'il faut
savoir aussi, puis, bon, je pense que, de l'autre côté, il y a quelques
personnes qui ont été au gouvernement, on
a, au ministère des Finances, un groupe de fonctionnaires vraiment compétents,
rigoureux, et donc il y a du travail qui se fait. Puis, quand on dépose
un budget comme aujourd'hui, je ne pense pas que les fonctionnaires...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...nous
laisseraient déposer quoi que ce soit...
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mauvaise
réponse du premier ministre. Celui qui va lui donner la réplique, c'est
lui-même à lui-même, en octobre 2012,
lorsqu'il disait, dans un point de presse, accompagné de l'actuel ministre de la Santé, et je le cite : «Vous avez devant vous deux comptables
agréés qui pourraient vous faire [de] longs discours sur le rôle d'un
vérificateur général, qui habituellement
vient vérifier le passé[...]. On accuse parfois les comptables de vivre dans le
passé. Mais c'est possible d'avoir un
directeur du budget qui examine les prévisions financières[...]. [...]qui
regarderait en avant les impacts de certaines mesures.» C'est lui-même
qui se répond à lui-même.
Est-il toujours d'accord avec lui-même?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Bien, Mme la
Présidente, le chef de l'opposition officielle nous parle de comptables agréés
ou qu'on appelle maintenant les CPA,
CA. C'est la première fois dans l'histoire du Québec qu'on a, au gouvernement
du Québec, cinq personnes qui ont une formation de CPA, CA. Je ne dis
pas qu'ils ont tous maintenu leurs...
Des voix : ...
M. Legault :
Je ne suis pas sûr qu'ils ont tous maintenu leurs mises à jour, là, comment
qu'on appelle ça, les cotisations, les... la
formation continue, la formation continue. Donc... Mais ils ont eu leur
formation. Mme la Présidente, on est ouverts à cette idée.
• (14 h 20) •
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Mme la Présidente, ce qu'on déplore, c'est que ce gouvernement-là de
comptables, ils font leur formation continue sur le dos des Québécoises et
Québécois quand ils prennent des mauvaises décisions.
Formation
continue, on aurait aimé mieux qu'ils fassent ça ailleurs que sur le dos des Espaces
bleus, qu'ils avaient budgétés, en
2021, à 260 millions pour 18 espaces. Ça a dû être annulé en
catastrophe parce que ça aurait été au-delà de 1 milliard. Formation continue sur les CPE préfabriqués, c'était
125 millions. Finalement, explosion des coûts, tout est annulé.
Alors, formation
continue, de grâce, arrêtez de la faire sur le dos des Québécois.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
on se souvient tous, dans la dernière campagne électorale, du cadre financier
du Parti
libéral, où il y avait des erreurs de
milliards, pas de millions, de milliards de dollars. Bon, je sais que Jean-Marc
Fournier va peut-être aider, mais, pour être allé... pour être allé au même
cégep que lui, je sais qu'il n'a pas choisi d'aller en comptabilité ou
en finances, Jean-Marc.
Mais,
je le répète, Mme la Présidente, on est ouverts à cette création d'un nouveau
poste. Ça voudrait dire des embauches additionnelles. Par contre, la
question qu'on peut se poser : Est-ce que c'est vraiment la priorité,
actuellement?
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Bien, Mme la Présidente,
évidemment, plus que jamais, parce
que, dans le temps, avec le gouvernement libéral, il y avait des budgets équilibrés, qui nous a permis de vous
laisser 7 milliards de dollars en 2018. Et là, aujourd'hui, on est... Mme la Présidente, excusez l'expression,
mais on est dans le trou financier. Alors, quand il dit... Écoutez, dilapider 7 milliards,
il faut le faire! Envoyer 6,7 milliards de chèques électoralistes en 2012,
couper dans le Fonds des générations...
Il
est temps qu'ils aient une boussole. Le premier ministre, il l'a dit, il est
déboussolé. Allez-y de l'avant avec un directeur parlementaire du...
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, je pense, le chef de
l'opposition officielle mélange deux choses. Vérifier les chiffres qui
sont déposés par le gouvernement, ça, c'est le travail de la Vérificatrice générale,
ce serait aussi le travail, si on voulait
ajouter un directeur parlementaire du budget, mais il y a aussi les décisions
qui sont prises. Et moi, je vis très bien
avec la décision... les décisions qu'on a prises de remettre beaucoup d'argent
dans le portefeuille des Québécois. Je sais que les oppositions sont
contre ça, mais moi, je vis très bien avec nos décisions.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Robert-Baldwin.
Conditions de vie dans les centres jeunesse
Mme Brigitte B. Garceau
Mme
Garceau : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Le journal La
Presse révélait la semaine dernière que des enfants âgés d'à peine neuf ans hébergés en centre jeunesse étaient
placés en retrait dans de toutes petites pièces fermées par des portes en
grillage semblables à des cellules de prison, avec des petits lits en béton,
parce qu'ils sont trop tannants. Pourtant,
le ministre des Services sociaux est au courant depuis des mois que plusieurs
établissements qui accueillent des enfants
sous la protection de la jeunesse présentent des niveaux de vétusté
considérables et que les recours aux mesures de contrôle ont augmenté de façon
significative. Il a visité des établissements et a pu constater lui-même
l'ampleur de la situation.
Pourquoi
n'a-t-il rien fait pour régler la situation? Pourquoi est-ce qu'il a encore une
fois attendu un article dans les médias avant d'agir?
Une voix :
...
La Présidente :
Vous connaissez la règle, pas de
commentaire après les questions. La réponse du ministre responsable des
Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci,
Mme la Présidente. Tout comme la députée de Robert-Baldwin, j'ai été choqué
quand j'ai lu ce que j'ai vu dans le
journal. Et effectivement non seulement on a déclenché une enquête, Mme la
Présidente, mais on a dit immédiatement que cette pratique devait
changer, Mme la Présidente.
Pour
nous, l'important, là, c'est de mieux s'occuper de nos enfants. C'est
primordial. C'est pour ça qu'on a lancé des programmes comme Ma famille, ma communauté, pour éviter que les
jeunes aillent en centre jeunesse. D'ailleurs, j'en inaugurais un hier dans Bourassa-Sauvé avec la
députée locale. On a lancé également des programmes pour s'assurer que
l'adoption et la tutelle augmentent, en changeant nos lois, Mme la Présidente,
pour éviter les débordements en centre jeunesse.
On a également... On s'est également assurés que moins d'enfants aillent dans
nos centres jeunesse, Mme la Présidente. On s'occupe également au niveau de l'augmentation de la vétusté, parce
qu'on a investi beaucoup d'argent au PQI en santé en général et également on est en train de rénover
plusieurs centres jeunesse à travers le Québec. Les argents étaient disponibles,
Mme la Présidente. D'ailleurs, ce matin, Laval a commencé ses rénovations.
Donc, on va continuer
à mettre la pression sur chacun de nos centres jeunesse.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau :
Mme la Présidente, le ministre des
Services de santé... sociaux est au courant depuis des mois de la situation, qui est épouvantable. Vous avez
seulement... Vous avez demandé à la directrice nationale, Mme Catherine
Lemay, encore une fois, de faire une enquête. Vous le saviez.
Vous étiez en choc
depuis combien de mois avant d'agir?
La
Présidente : Je vous rappelle qu'on s'adresse à la présidence. La
réponse du ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Mme la Présidente, la situation à Laval, je l'ai
apprise dans les journaux comme tout le monde. Ce que je savais, par exemple, c'est
Mont-Saint-Antoine, et on a investi 15 millions de dollars, qui
doivent être... et on pousse pour rénover la situation là-bas.
Ce
qui m'a choqué dans l'article, Mme la Présidente, c'est que... ce que tout le
monde doit savoir, là, c'est que les débordements
en centre jeunesse, c'est postpandémie. Plusieurs enfants DI-TSA sont allés en
centre jeunesse parce que les parents
étaient épuisés. On a libéré des espaces dans les centres jeunesse, incluant à
Laval, pour s'assurer que les enfants soient
mis dans des salles appropriées, et là, pour des raisons qui me sont inconnues,
ils ont décidé de les mettre dans des endroits qui étaient inappropriés,
Mme la Présidente. C'est pour ça qu'il va y avoir une enquête, et c'est cette
situation qu'on va régler le plus rapidement possible. Merci, madame...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau :
...incroyable, Mme la Présidente,
que le ministre n'ait pas agi, depuis des mois, concernant ces enfants qui éprouvent des situations abominables.
Maintenant, on a révélé également des conditions d'hébergement dans des centres
de jeunesse qui sont absolument alarmantes. Je vous rappelle qu'on parle en ce
moment d'enfants qui sont mis en
retrait dans des conditions rappelant... de détention, des cas d'isolement, de
contention pour les jeunes enfants. Pourquoi...
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Lionel Carmant
M.
Carmant : Bien, Mme la Présidente, là, moi, je suis en
politique pour améliorer la situation des enfants. Si j'avais su ce qui se passait à Laval, j'aurais agi
encore plus vite, Mme la Présidente. J'ai agi immédiatement, on a demandé
de modifier la
situation, et la situation a été modifiée immédiatement, Mme la Présidente.
L'important, pour nous, là, c'est que... de diminuer cet achalandage
dans nos centres jeunesse.
On est en
train de changer les pratiques pour s'assurer qu'il y ait de moins en moins
d'enfants qui aillent en centre jeunesse, Mme la Présidente, que ce soit en
amont, avec des programmes comme Ma famille, ma communauté, que ce soit en changeant la Loi sur la protection de la
jeunesse, pour s'assurer que les enfants ne soient pas placés à vie, mais, à la
place... jusqu'à la vie adulte, mais plutôt mis en adoption, en tutelle...
La Présidente : En terminant.
M. Carmant : ...comme nous a demandé
Mme Laurent : un enfant, une famille, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de l'Acadie. La parole est à
vous.
Éclosions
de tuberculose au Nunavik
M. André Albert Morin
M.
Morin : Mme la Présidente, depuis un an, la situation dans
le domaine de la santé ne s'améliore pas au Nunavik. Les éclosions de tuberculose sont en croissance au
Québec, mais, au Nunavik, c'est une catastrophe : 300 fois plus de
cas dans le Nord que dans le reste du Québec.
Au Nunavik,
si quelqu'un a un accident, un trauma, il a 40 fois plus de chances de
mourir de ce trauma que dans le reste
du Québec. Récemment dans une étude publiée dans un journal médical, on
apprenait que le taux de mortalité relié au cancer du poumon est élevé de plus de 68 % pour les résidents du
Nunavik, comparé au reste du Québec, parce qu'ils n'ont pas d'accès aux
soins de santé dans leur région.
Le fossé se
creuse davantage entre le Nord et le reste du Québec. Quand est-ce que le
gouvernement de la CAQ va comprendre que la situation dans le Nord
mérite toute son attention?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M.
Dubé : Bien, premièrement, moi, j'apprécie beaucoup la
question parce que ça peut... parler de mon collègue, justement, qui est
responsable des Affaires autochtones, qui est sur la route aujourd'hui, pris
dans une tempête de neige sur la
Côte-Nord, de tout le travail qui a été fait et toute l'empathie que notre
gouvernement montre envers tout ce qui se passe, par exemple, au Nunavik. Mais j'aimerais vous dire, Mme la Présidente,
que c'est notre gouvernement qui en a fait le plus avec cette société-là
au cours des dernières années. Je vous donne des exemples.
L'an dernier,
grâce à la collaboration avec mon collègue, on a fait... on a lancé, durant
l'été, 150 nouveaux logements, on
a donné à nos infirmières des primes supplémentaires, même que ma collègue au
Trésor a négocié ces primes-là bien avant nos conventions collectives,
pour être capables d'avoir des infirmières qui étaient mieux rémunérées au
Nunavik. Et je pense que la question des logements, dont je parle, ils sont
très importants, parce que, lorsqu'on veut envoyer du personnel, ce personnel-là doit être bien logé et doit être capable de
rester là, ce qui n'était pas le cas. Alors, je pense que tous les
efforts que l'on fait, autant avec les affaires... Secrétariat aux affaires
autochtones et en Santé...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...je pense qu'on fait les
efforts qui sont dus pour la société au Nunavik.
• (14 h 30) •
La Présidente : Première
complémentaire.
M. André Albert Morin
M.
Morin : Bien, des efforts, il va falloir en faire beaucoup
plus, parce qu'à Akulivik il y a une situation d'urgence sanitaire hors
du commun dénoncée par les travailleurs : pas d'eau potable — on
est au Québec — pas
d'eau potable, absence de collecte
d'ordures, coupures d'électricité, lignes d'urgence non fonctionnelles,
ambulances hors de fonction.
Quand le
ministre va-t-il proposer des actions concrètes en partenariat avec
l'administration Kativik pour régler le problème?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M.
Dubé : Mme la Présidente, je pense que je viens de donner
des exemples très concrets, là. Il n'y avait pas eu d'investissements importants au Nunavik dans les
dernières années par les précédents gouvernements. Lorsque je vous dis...
d'aller faire 150 logements, qu'on a
faits durant l'été et qu'on va faire encore, je pense que c'est un exemple très
concret qu'il faut avoir du personnel pour soigner
les personnes. Si on n'a pas de personnel pour soigner les personnes, on n'est
pas capable de faire le travail. Et c'est ce qu'on a fait.
Maintenant,
les primes, je le dis, c'est important, il y avait des différences qui étaient
négligeables entre les primes qui
sont données dans le reste du Québec et au Nunavik pour être capables d'avoir
des gens qui vont là pendant trois semaines, quatre semaines, cinq
semaines d'affilée. Alors, je vous dirais, Mme la Présidente...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...si on parle d'actions
concrètes, on a fait des actions concrètes.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. André Albert Morin
M.
Morin : Mme la Présidente, moi, je vous parle de l'eau
potable. Le gouvernement de la CAQ aura beau construire 150 logements de plus, s'ils n'ont pas d'eau,
ils n'ont pas d'eau potable, ça va servir à quoi? Je le répète, on est au
Québec, ils n'ont pas d'eau. On n'est pas dans le désert, là, on est
chez nous, et puis ils n'ont pas d'eau.
Alors, s'il y avait une région du Québec dans le
Sud qui n'avait pas d'eau, ça prendrait combien de temps au gouvernement de la
CAQ pour régler le problème? Parce que, dans le Nord, ça prend trop de temps,
Mme la Présidente.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M.
Dubé : Spécifiquement sur la question de l'eau potable,
Mme la Présidente, on a fait des efforts. La ministre aux Affaires municipales
a mis un programme en place pour être capable d'avoir de l'eau potable. Et, je
le répète, on a mis des millions pour être
capables de mettre les bons programmes en place spécifiquement pour l'eau
potable. Ma collègue des Affaires municipales pourra en parler.
Alors donc,
je pense que, je voudrais soulever à mon collègue le député, des actions
concrètes, elles sont en place. C'est plus compliqué lorsqu'on veut
faire affaire avec le Nord du Québec, mais on le fait, madame, et on n'a pas
hésité à faire des actions concrètes. Merci beaucoup.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Pontiac.
Aide aux producteurs agricoles
M. André Fortin
M.
Fortin : Merci, Mme la Présidente. Ça fait des mois qu'on le
dit, qu'on le répète au gouvernement, les producteurs agricoles, ils sont pris à la gorge. Leurs coûts,
ils explosent, puis leurs revenus chutent de façon dramatique. En juste un an,
leurs revenus ont chuté de 49 % et,
selon l'UPA, pourraient chuter de 86 % cette année. Un bilan aussi
spectaculairement mauvais, là, pour
le monde agricole, une perte de 86 % des revenus agricoles, on n'a pas vu
ça depuis le premier gouvernement de Maurice Duplessis.
Mme la
Présidente, les agriculteurs, là, ceux qui restent, les passionnés, ceux qui
veulent rester encore, Mme la Présidente,
ils en ont assez. Il y a quelques jours, ils étaient des centaines dans les
rues de Rimouski pour essayer de faire comprendre
au gouvernement qu'il est temps qu'ils prennent leurs responsabilités. Les
agriculteurs, là, ils comptent sur le ministre de l'Agriculture pour les
défendre, mais, quand il ne le fait pas, quand il reste les bras croisés comme
en ce moment, bien, il alimente la crise, il alimente la détresse chez
nos producteurs.
Qu'est-ce qu'il attend? Des manifs monstres
comme en Europe? C'est ça qu'on veut?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : Bien, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je remercie encore la question de mon collègue. Chaque fois qu'on apporte la situation que nos
producteurs, nos productrices agricoles ont vécue en 2023, qu'on apporte
ça à la lumière du jour puis qu'on invite
les Québécois et les Québécoises à être sensibles à la situation de nos
producteurs, nos productrices, bien,
c'est une bonne chose, parce que la première chose qu'on peut faire, c'est
d'acheter leurs produits, acheter des aliments de nos producteurs, nos
productrices.
Mais, depuis l'été passé, Mme la Présidente, on
a mis en place un comité spécial, on a mis en place un fonds d'urgence, on est en communication à toutes les
semaines avec les représentants des producteurs et des productrices, mais
surtout on a demandé à La Financière agricole
d'aller au maximum de toutes les mesures d'accompagnement qu'on a de disponibles aujourd'hui pour nos producteurs, nos
productrices. Puis le travail a été fait de belle façon, Mme la Présidente,
parce que, si on regarde, dans les
10 dernières années, le soutien moyen qui était accordé à nos producteurs,
nos productrices était de l'ordre d'à
peu près 440 millions de dollars par année; au moment où on se parle,
là, pour 2023, aujourd'hui, on est rendus à
1 050 000 000 $ de soutien.
Alors,
est-ce que c'est assez, Mme la Présidente? C'est des choses qu'on est en train
de regarder. On regarde production par
production, on accompagne les producteurs, les productrices, mais il n'y a pas
personne qu'on va laisser tomber, au Québec, Mme la Présidente.
La Présidente :
Première complémentaire.
M.
André Fortin
M. Fortin : Bon,
bien, on vient de comprendre, Mme la Présidente. Le ministre de l'Agriculture
lui-même voit l'agriculture comme une
dépense et non un investissement. C'est bien beau, là, dire qu'on met en place
un comité spécial, mais je ne
comprends pas comment le ministre peut sérieusement prétendre que ça suffit
pour des agriculteurs d'aujourd'hui. Si
ça suffisait, là, ils ne seraient pas dans la rue en ce moment. Si c'était
suffisant, Mme la Présidente, ils ne s'époumoneraient pas devant vos bureaux. Si c'était suffisant, ils
ne seraient pas en train de planifier d'autres manifestations. Puis, si c'était
suffisant, ils ne seraient pas en train de remettre les clés à la banque.
La Présidente :
La réponse du ministre.
M.
André Lamontagne
M. Lamontagne :
Encore une fois, Mme la
Présidente, je suis toujours un petit peu surpris de voir mon collègue
qui... Quand ils sont arrivés au gouvernement, la dernière fois qu'ils sont
arrivés au gouvernement, la première chose qu'ils
ont faite, là, ils ont coupé le budget de l'agriculture de près de
250 millions de dollars par année, 250 millions. Ça, c'est les premiers gestes qu'ils ont posés. Puis
aujourd'hui il veut nous faire la morale pour nous expliquer qu'est-ce qu'on
doit faire pour venir en soutien à nos producteurs, nos productrices.
Moi,
ce que je vous dis, Mme la Présidente, là, c'est qu'on les accompagne, on est
avec eux, on suit leur situation. Moi,
tous les mois, j'ai la situation financière de tous nos producteurs, nos
productrices qui sont en difficulté. Au moment où on se parle, là, on en a à peu près 2 000, au Québec, qui vont
être contactés personnellement pour prendre en charge chacune des
situations, Mme la Présidente.
La
Présidente : En terminant.
M.
Lamontagne : On ne laissera pas tomber personne.
M.
Fortin : Deuxième complémentaire.
M.
André Fortin
M. Fortin : La
marge moyenne, dans les dernières années, là, pour un producteur agricole,
c'était 10 %, puis, cette année, ça pourrait être 0,44 %. C'est ça,
votre bilan. En ce moment, là, M. le ministre, là, les producteurs agricoles,
ils ne sont pas en train de penser à
leurs prochains investissements, ils sont en train de se demander s'ils vont
être capables de donner des chèques
de paie à leurs employés la semaine prochaine. Ils sont en train de se demander
s'ils peuvent repousser le créancier
un petit peu plus. Ils sont... à 86 % ils sont en train de perdre leurs
revenus, comparativement à l'an passé. Vous n'accepteriez jamais ça, une
perte de 86 % de votre revenu.
La
Présidente : Je vous rappelle que vous vous adressez à la présidence.
La réponse du ministre.
M.
André Lamontagne
M. Lamontagne :
Mme la Présidente, je rappelle,
là, l'année 2023 a été une année très difficile aux quatre coins du
Québec pour nos producteurs, nos productrices, dans plusieurs filières. Et on a
pris acte de cette année difficile là puis on est mobilisés, La Financière
agricole est mobilisée, on est en
communication avec les producteurs, les productrices, que ce soit au niveau de l'allègement réglementaire,
que ce soit au niveau de leurs demandes au point de vue environnemental,
que ce soit au niveau de leurs demandes au point de vue soutien de revenus.
On
a mis en place un fonds d'urgence. Au moment où on se parle, là, il y a encore
plus de 100 millions de dollars qui est disponible dans le fonds d'urgence pour que les gens qui en ont
besoin puissent aller le chercher. Mais, ce que je veux que les
producteurs et les productrices sachent, à chaque jour on s'investit...
La
Présidente : En terminant.
M. Lamontagne :
...pour trouver les meilleures
façons de les accompagner à travers ces périodes de temps qui sont très
difficiles, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef
du deuxième groupe d'opposition.
Gestion
des finances publiques
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme la
Présidente. Aujourd'hui, c'est jour de budget, et il y a déjà une chose d'entendue : il va y avoir un gros déficit au
Québec. Le premier ministre, en fait, est rattrapé aujourd'hui par ses
mauvaises décisions. L'an passé, il a
choisi d'hypothéquer l'avenir du Québec, il a choisi de donner près de
600 millions de dollars par
année en baisses d'impôt aux contribuables qui font plus de 100 000 $,
au Québec. Ce n'est pas la classe moyenne, ça. Ça, c'est le 10 % des plus riches. Cette année, grande surprise,
bien, le déficit est plus gros que prévu. Pourtant, ce n'est pas sorcier :
quand on coupe dans les revenus, bien, il y a toujours quelqu'un qui reçoit la
facture.
Et c'est ça,
la grande question, aujourd'hui. Qui va recevoir la facture? Est-ce que c'est
les patients qui attendent 16 heures à l'urgence? Est-ce que c'est
les enfants qui attendent deux ans pour voir un spécialiste? Est-ce que
c'est les travailleuses qui restent à la
maison parce qu'il n'y a pas assez de places en garderie? Est-ce que c'est les
familles qui sont désespérément à la
recherche d'un logement abordable? Qui va payer pour le cadeau du premier
ministre aux contribuables les plus riches du Québec?
Est-ce que le premier ministre peut nous dire
dans quoi il va couper?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Oui. Mme la Présidente, depuis cinq ans, on a
beaucoup baissé les taxes scolaires, ça a surtout profité à la classe
moyenne. Ensuite, on a augmenté les prestations d'aide sociale pour les
personnes qui ont des contraintes à l'emploi,
on les a augmentées de 55 %, ça a surtout profité aux plus bas salariés ou
aux plus bas revenus, les personnes qui ont les plus bas revenus. On a ensuite mis en place un crédit d'impôt de
2 000 $ pour les personnes âgées de 70 ans et plus qui ont des bas revenus et on a baissé les impôts
pour 4,5 millions de Québécois. On va tous convenir, là, que le
4,5 millions de Québécois, ce
n'est pas tous des gros riches comme le dit Québec solidaire. La grande partie,
c'est des gens de la classe moyenne.
Donc, Mme la
Présidente, je le sais, que Québec solidaire est pour les taxes orange, contre
le fait qu'on remette de l'argent dans le portefeuille des Québécois.
Moi, je vis très bien avec nos décisions.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Parlons-en, de qui profite vraiment des décisions
du premier ministre. Savez-vous combien de baisse d'impôt va recevoir une
enseignante en début de carrière? 325 $. Savez-vous combien de baisse
d'impôt va recevoir un millionnaire?
814 $. C'est deux fois plus. C'est plus que deux fois plus.
C'est injuste. Les Québécois ne sont pas d'accord avec ça.
Est-ce que le premier ministre reconnaît que
c'était une erreur de baisser les impôts des gens qui font plus de
100 000 $ par année au Québec?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Oui, Mme la Présidente. Bon. Essayons d'expliquer.
On a baissé les impôts des deux premiers paliers. Donc, qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire que
les plus bas, ou la classe moyenne, reçoivent, toutes proportions gardées,
en pourcentage de leurs revenus, plus que
les plus riches. Et, je le répète, Mme la Présidente, quand on parle de
4,5 millions de personnes, c'est
d'abord des gens de la classe moyenne. Puis je le sais, que Québec solidaire
n'en a rien à faire, de la classe moyenne, ils veulent juste qu'on
s'occupe des très bas revenus, ce qu'on fait aussi, Mme la Présidente...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...mais les gens de la
classe moyenne ont le droit à ce qu'on remette de l'argent...
• (14 h 40) •
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le premier
ministre a mis 814 $ de plus dans le portefeuille d'un millionnaire et il
a mis 325 $ dans le portefeuille d'une
enseignante en début de carrière, et il me parle de classe moyenne? Il a mis
plus d'argent dans les poches qui ont
déjà plus d'argent. C'est injuste. Les Québécois ne sont pas d'accord avec ça.
Ils auraient voulu qu'on mette cet argent-là dans nos écoles, nos
hôpitaux puis pour construire des logements au Québec.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, d'abord, est-ce que c'est nécessaire de rappeler
qu'avec la négociation de la dernière
convention collective les enseignants qui ont atteint le maximum de l'échelle
vont faire 109 000 $ par année? Je le sais, là, qu'à part le
chef de Québec solidaire il n'y a pas beaucoup de monde qui gagne ça, au Québec,
mais nous, on pense qu'ils le méritent.
Nous, on pense qu'ils le méritent. Puis, quand on donne 800 $ à quelqu'un
qui gagne 75 000 $ puis 800 $
à quelqu'un qui gagne le double, bien, toutes proportions gardées, la classe
moyenne en profite beaucoup plus.
Des voix :
...
La
Présidente : Je vous rappelle qu'on ne s'interpelle pas d'un côté à
l'autre de la Chambre, M. le chef du deuxième
groupe. Maintenant, il n'y a qu'une personne qui aura le droit de parole, ici,
M. le chef du deuxième groupe. La parole va aller à la députée de
Mercier. Nous vous écoutons.
Pénurie de places en maison d'hébergement pour
femmes victimes de violence conjugale
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la Présidente.
Depuis 2020, il y a eu plus de 50 féminicides au Québec, qui ont fait plus
de 80 orphelins. Depuis le début de l'année, cinq femmes sont mortes aux
mains de leur conjoint ou de leur fils. La situation est urgente. La semaine passée, les regroupements des maisons
d'hébergement ont sonné l'alarme. Des centaines de places d'hébergement sont menacées de ne pas voir le jour. Pourtant,
la CAQ avait promis, en 2021, de financer la lutte contre la violence conjugale. Mais, depuis ce
temps, alors que les organismes ont travaillé d'arrache-pied sur des projets,
ces projets-là sont bloqués par un
financement qui ne répond pas aux besoins. Les gens du milieu se font répéter
que ça coûte trop cher la porte. Mais
une maison d'hébergement, ce n'est pas du logement social, c'est des services.
Il est vraiment urgent de débloquer ces projets-là.
Est-ce que la CAQ
réalise que la construction de ces maisons d'hébergement pourrait sauver la vie
de femmes?
La
Présidente : La réponse de la ministre responsable de la Condition
féminine.
Mme Martine
Biron
Mme Biron : Bien, merci beaucoup à la
députée de Mercier pour cette question-là, parce que j'ai lu exactement le
même article, et les chiffres dans l'article,
qui était publiés, n'étaient pas tout à fait à jour. Effectivement, il y a
plusieurs projets de maisons, on s'est engagé à construire plusieurs maisons
d'hébergement, oui, de niveau 1, pour les femmes en situation d'urgence, mais surtout un nombre quand
même important de maisons d'hébergement de niveau 2, qui permet, en fait,
de donner aux femmes le support nécessaire pour qu'elles puissent reprendre le
contrôle de leur vie, c'est-à-dire que ça
leur permet de rester dans une maison d'hébergement jusqu'à une période d'un
an, peut-être un peu plus, le temps qu'elles se trouvent un emploi, qu'elles trouvent un logement, qu'elles se
sentent en sécurité et qu'elles puissent aussi sécuriser leurs familles.
Il
y a quelques semaines, avec la députée de Pointe-aux-Trembles, je suis allée
inaugurer la Maison Gisèle-Pomerleau. Ça
a été un défi, bien sûr, de réussir à monter... à sortir cette maison-là. Il y
en a d'autres dans la région de Rouyn-Noranda qui étaient signifiées dans cet article-là. Ils ont fait un travail...
Je les ai rencontrés avant les fêtes, les gens de Rouyn-Noranda...
La
Présidente : En terminant.
Mme Biron :
...et ils ont fait un travail important, et je suis convaincue que cette
maison-là va voir le jour...
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Justement, ils ont
fait... elles ont fait un travail extrêmement important. Puis il y a plusieurs
projets, il y en a quatre, là, puis il y en a plus que ça, mais quatre
qui sont urgents puis qui risquent de tomber, notamment deux en
Abitibi-Témiscamingue qui vont tomber à l'eau si la CAQ ne fait rien. On ne
peut pas attendre que d'autres femmes tombent sous les coups de leur conjoint.
La
ministre, peut-être, de l'Habitation a le pouvoir de sauver ces projets-là,
notamment par décret, pour aller plus vite. Est-ce qu'elle va le faire?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Martine
Biron
Mme Biron : Je
sais que c'est un travail d'équipe. Je travaille très proche avec la ministre
de l'Habitation pour que ces
maisons-là sortent. Au Secrétariat de la Condition féminine, on s'est rendu
compte que ce n'était pas simple de pouvoir monter un dossier pour ces femmes qui dirigent ces maisons d'hébergement
et qui se donnent corps et âme à leur travail, au support des femmes. Alors, on a dégagé des sommes pour les aider à
bâtir leurs projets. Il y a un travail d'arrimage à faire. Si je reviens sur la maison de Rouyn-Noranda,
quand je les ai rencontrées, je leur ai quand même dit que c'était difficile.
Le coût de la vie, on le subit autant que
tous les citoyens du Québec. Elles ont fait un effort. Et, ce projet-là, j'ai
bon espoir qu'il va voir le jour.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : On
est au mois de mars, puis il y a cinq femmes qui sont mortes. On a besoin de
ces maisons-là. Là, je n'entends
aucun engagement et je trouve ça extrêmement frustrant. Les gens ont travaillé
sur des projets, ils sont prêts, mais le programme, là, de la ministre, le
PHAQ, puis même tous les programmes normés ne répondent pas aux besoins pour les maisons d'hébergement. Les maisons
d'hébergement, là, ce n'est pas du logement social, qui ne rentre pas dans
les programmes du gouvernement. Ça prend plus de sécurité. Ça prend des aires
ouvertes, des cuisines. Ça prend des interventions, des bureaux. Ce n'est pas
adapté.
Est-ce que ce gouvernement-là... Y a-tu
quelqu'un qui va répondre, quand est-ce que ces appartements-là, ces logements-là
vont être...
La Présidente : La réponse de la
ministre responsable de l'Habitation. On l'écoute.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : Merci, Mme la Présidente. Alors, je vais être très
calme, là, moi, dans ma réponse. J'en ai visité une, maison d'hébergement de
première étape, une maison d'hébergement de deuxième étape. Je suis très
consciente des besoins particuliers pour cette clientèle-là, et puis ça
me touche, cette clientèle-là, puis il faut qu'on réponde... Bien, il n'y a pas
juste vous qui avez le monopole de l'empathie, Mme la Présidente, là.
Ceci dit, ce
sont des clientèles particulières qui ont des besoins particuliers. Et j'ai
demandé à la Société d'habitation du
Québec, qui travaille vraiment main
dans la main avec tous les regroupements pour femmes victimes de
violence, de trouver des solutions.
La Présidente : En terminant.
Mme
Duranceau : Et, comme ma collègue, je pense qu'on va arriver à
quelque chose qui est raisonnable. Il faut s'assurer que notre capacité
de payer...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Jean-Talon.
Évaluation de l'impact
environnemental du projet Northvolt
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Mme la Présidente, dans
le dossier Northvolt, la vérité, c'est que les Québécois ne savent plus où est la vérité. Qui croire? Le ministre de
l'Environnement, qui, lui, l'admet, qu'on a changé les règles pour ne pas
soumettre le projet à un BAPE? Le ministre de l'Économie, qui, lui, est resté
sur les anciennes lignes en disant que, non, il n'y en a pas eu, de
passe-droit? Ou peut-être le premier ministre, qui dit que le BAPE, ça ne
s'applique pas, une phrase qui prend maintenant tout son sens à la lumière des
admissions du ministre de l'Environnement?
Citons
maintenant le ministre de l'Économie, 29 septembre 2023 : «Ils vont
respecter tout le processus, et il n'y aura jamais d'exception pour Northvolt.» Une déclaration qui a aussi mal
vieilli que les pommes, les oranges et les bananes du premier ministre. Pour
tout ce qui touche Northvolt, on dirait que c'est plus facile pour le
gouvernement de changer les règles que de changer d'attitude.
Alors, qui dit vrai? Est-ce que le gouvernement
a accordé un passe-droit à Northvolt, oui ou non?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de
la Faune et des Parcs.
M. Benoit Charette
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Bon,
peut-être rassurer le collègue, on dit tous la même chose, au niveau du
gouvernement, il n'y a pas eu de passe-droit pour Northvolt. Il n'y en a pas
davantage pour d'autres entreprises. Ce que l'on dit depuis le départ, c'est qu'on veut
créer une filière batterie au Québec parce qu'on a besoin de ces innovations-là
pour décarboner notre économie, et la
réglementation était inexistante jusqu'à tout récemment, étant donné que c'est
une filière qui est nouvelle. Donc,
ce que nous avons fait, c'est développer une réglementation rigoureuse avec les
plus strictes conditions de
l'évaluation environnementale québécoise. Et ça ne s'applique pas uniquement à
Northvolt. Ça s'applique à d'autres joueurs importants que le Québec a
réussi à recruter, que ce soient les Posco, que ce soient les Ford, que ce
soient les GM. Donc, non, il n'y a pas eu de passe-droit pour Northvolt. Il n'y
en a pas d'autres non plus pour d'autres entreprises.
Et l'entreprise elle-même n'en a jamais demandé non plus. Donc, je sens qu'on
veut nous mettre en opposition, mais on dit la même chose.
Et,
de façon plus importante, les modifications réglementaires ont fait l'objet
d'une consultation, l'année dernière, une consultation publique de
45 jours, quatre groupes seulement ont répondu à l'invitation...
La
Présidente : En terminant.
M. Charette :
...alors que, lorsqu'on parle de
modifications controversées, ce sont des dizaines de mémoires que l'on
reçoit.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis : Alors, attendez un petit peu, là, Mme la
Présidente, le ministre de l'Environnement semble, lui aussi, revenir à ses anciennes lignes, hein? Pendant des
mois, on nous a dit : Il n'y a pas eu de changement des règles, il n'y a
pas eu d'exception, on a respecté le
processus tel qu'il s'applique, mais là, il y a 10 jours, il a fait une
tournée des médias, qui ont tous
compris la même chose, puis c'est ça qu'on a lu dans les journaux : Oui,
on a changé les règles, parce que, sinon, s'il y avait eu un BAPE, ça
aurait été trop long puis la filière batterie serait morte.
Qui
croire, le ministre de l'Environnement aujourd'hui au salon bleu ou le ministre
de l'Environnement il y a 10 jours?
• (14 h 50) •
La
Présidente : La réponse du ministre.
M.
Benoit Charette
M. Charette :
Le collègue est relativement
nouveau à l'Assemblée nationale, je vais lui expliquer un principe fort simple. Lorsqu'il y a un changement réglementaire,
il y a une consultation publique qui se fait. Dans le cas présent, une consultation de 45 jours. Peut-être ne le
sait-il pas, mais le Parti québécois n'a pas jugé bon soumettre un mémoire dans
le cadre de cette consultation-là.
Québec solidaire n'a pas jugé bon soumettre un mémoire dans le cadre de cette
consultation-là. Le Parti libéral n'a pas jugé bon non plus soumettre un
mémoire dans cette consultation-là. Et la consultation a généré quatre
mémoires, quatre mémoires qui allaient dans des directions différentes et qui
ne permettaient pas de dégager un consensus à ce niveau-là.
La
Présidente : En terminant.
M. Charette :
Et, si la modification était controversée, je peux vous assurer...
La
Présidente : Deuxième complémentaire...
Des voix : ...
La
Présidente : Attention, j'ai entendu des bravos, l'autre côté.
Taisez-vous!
Deuxième
complémentaire.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis : Mme la Présidente, mes questions étaient pourtant
simples, et on n'a pas eu de réponse. On a préféré faire la leçon plutôt que de répondre aux
questions. On va se le dire, là, la réalité, c'est que, s'il y avait eu un BAPE
dès le départ, là, ce serait terminé, aujourd'hui, puis les Québécois auraient
les réponses à des questions importantes. Il est encore le temps de
faire la bonne chose.
C'est
le ministre de l'Environnement à qui je m'adresse : Est-ce qu'il peut
reconnaître qu'un Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement contribuerait à l'acceptabilité sociale du projet
Northvolt, oui ou non?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M.
Benoit Charette
M.
Charette : J'aimerais lui poser la question suivante :
Est-ce qu'un BAPE sur la cimenterie McInnis aurait aidé à l'acceptabilité sociale? Est-ce qu'un BAPE sur
le changement de direction de la ligne Enbridge aurait aidé à l'acceptabilité
sociale? Est-ce qu'un
BAPE sur les projets d'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti aurait aidé
à l'acceptabilité sociale? Ce sont
trois dossiers où le Parti québécois, lorsqu'il était au pouvoir, a manoeuvré
avec beaucoup, beaucoup d'originalité pour tout faire en sorte qu'il n'y
ait pas de BAPE.
Nous, on parle
d'un projet qui va enlever des émissions de gaz à effet de serre de façon
significative. Le Parti québécois a détourné l'esprit du BAPE pour
permettre à des projets fort émissifs en GES.
Des voix : ...
La Présidente : Je
suis debout. Article 32, article 37. Gardez le silence, je suis
debout. Une seule personne aura le droit de parole ici. En question principale,
je cède la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve. La parole est à vous. On l'écoute.
Recours à la main-d'oeuvre
locale dans le secteur de la construction
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
Le ministre du Travail avait de grandes ambitions pour son projet de loi n° 51 sur l'industrie de
la construction, il nous disait que permettre à des entrepreneurs de débarquer
dans les régions en embauchant moins de main-d'oeuvre locale, ça allait
augmenter la productivité. Bien, figurez-vous donc, Mme la Présidente, qu'aujourd'hui on a une étude économique qui
prouve que le projet de loi du ministre va nuire à la productivité en région.
L'étude est claire, ce n'est vraiment pas tout
le monde qui travaille à temps plein, dans la construction. Le sous-emploi
touche davantage les régions, jusqu'à trois semaines de moins par année dans
certaines régions. Bien, le ministre, lui,
sa solution, c'est de faire venir du monde de la ville, alors qu'il y a plein
de bras en région qui attendent juste ça, de travailler. C'est des
per diem en plus, des frais de déplacement, des primes en plus, ça coûte
plus cher pour rien, puis on ne parle même pas de l'empreinte carbone.
Est-ce que le
ministre va admettre que son projet de loi rate ses objectifs? Est-ce que le
ministre va admettre que les travailleurs en région sont loin de faire du temps
plein et que, si on les prive de travailler sur les gros chantiers de
leur région, ils vont travailler à temps
très, très partiel, et que la conséquence de tout ça, c'est ce qui arrive déjà,
c'est des gens qui quittent l'industrie?
La Présidente : La réponse du
ministre du Travail.
M. Jean Boulet
M.
Boulet : Merci, Mme la Présidente. Il faut comprendre qu'au
Québec il y a des besoins immenses dans tous les secteurs d'activité, les
maisons, les logements, les hôpitaux, les écoles, les routes, les infrastructures
et aussi les projets industriels. Il
faut permettre à toutes les régions de pouvoir être attractives et de retenir
la main-d'oeuvre dont nous avons besoin.
Il y a un
écart de productivité qui est extrêmement important entre le Québec, et l'Ontario,
et le reste du Canada, et le projet de loi vise à réduire cet écart-là par une
amélioration de la polyvalence des travailleurs, par la possibilité de faire
des tâches complémentaires, par une
meilleure mobilité, tout en respectant la priorité d'embauche régionale, par un
meilleur accès de groupes comme les
femmes, les personnes issues des Premières Nations, les personnes immigrantes,
les minorités visibles.
C'est un
projet de loi qui est modéré, qui est équilibré, qui est aussi perfectible. On
débute les consultations particulières,
il y a des groupes qui vont nous demander plus de polyvalence, plus de
mobilité...
La Présidente : En terminant.
M. Boulet : ...et l'inverse aussi.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Alexandre Leduc
M.
Leduc : En facilitant la mobilité régionale, le ministre
nuit aux régions. Il génère de la frustration parce que les travailleurs qui
sont disponibles ne seront pas appelés par les grosses compagnies de Québec et
de Montréal qui gagnent les appels d'offres des gros chantiers en
région. Ça va être quoi, le résultat? Encore des barrages de routes? Encore des
Rambo Gauthier? Vous l'aurez compris, Mme la Présidente, Rambo Gauthier, ce
n'est pas mon syndicaliste préféré, mais il
est devenu populaire pourquoi? Parce qu'il défendait sa région. Puis le
ministre a l'air de les avoir oubliées, les régions.
Est-ce que le
ministre est conscient qu'il est en train de favoriser l'émergence de nouveaux
Rambo Gauthier au Québec?
La Présidente : La réponse...
Des
voix : ...
La
Présidente : S'il vous plaît! Une seule personne a le droit de parole,
c'est le ministre. On l'écoute.
M. Jean
Boulet
M. Boulet : Mme
la Présidente, notre collègue sait très bien que la conjoncture a évolué. Il a
été une époque où il y avait énormément de
chômage, et la réalité de la mobilité interrégionale n'était pas la même. Maintenant,
on est en pénurie de main-d'oeuvre.
Dans les régions, par secteurs d'activité, dépendamment des métiers, on a des
besoins partout. Il y a des
ouvertures de bassins où des personnes intègrent l'industrie de la construction
sans aucune formation. Il y a des régions
qui ne peuvent pas intéresser des projets industriels dans la filière batterie
et la filière énergie en raison d'un manque de main-d'oeuvre.
La
Présidente : En terminant.
M. Boulet : La
mobilité sera un atout additionnel. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M.
Alexandre Leduc
M. Leduc : Ça
fait des années, Mme la Présidente, qu'on attend une modernisation du régime du
travail dans l'industrie de la construction, puis le projet de loi du ministre
rate complètement la cible. Pourquoi les travailleurs de la construction ne peuvent pas faire des griefs
sur leur salaire non payé comme tous les autres travailleurs du Québec?
Pourquoi ils ne peuvent pas négocier une rétro salariale dans leurs
conventions collectives comme tous les autres travailleurs du Québec? Pourquoi ils ne peuvent pas bénéficier
d'une loi antiscab comme tous les autres travailleurs du Québec? C'est même
en train d'être fait au fédéral, puis eux, en construction, au Québec, ils ne
pourront pas en bénéficier.
Pourquoi le ministre
s'entête à traiter les travailleurs de la construction comme des citoyens de
seconde zone aux yeux du droit du travail?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Jean
Boulet
M. Boulet : Mme
la Présidente, on a des travailleurs, travailleuses extrêmement compétents dans
l'industrie de la construction. Ils représentent 7,9 % du PIB québécois.
C'est des personnes qui jouent un rôle fondamental dans l'économie et pour répondre aux besoins des Québécois, Québécoises.
Donc, il faut s'intéresser à l'amélioration, aussi, du régime de négociation de
renouvellement des conventions collectives de travail. On cherche l'harmonie,
on cherche un processus de recherche
de solutions, on met en place un comité paritaire de relations de travail qui
va s'intéresser à tout ce qui concerne l'interprétation...
La
Présidente : En terminant.
M. Boulet : ...et
l'application des conventions collectives. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais la députée de D'Arcy-McGee.
Financement
des foyers de l'Association des Arches du Québec
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass : Mme la Présidente, ça fait déjà plus d'un mois que
je me suis levée dans cette Chambre pour demander au ministre des
Services sociaux d'endosser sa responsabilité envers les plus vulnérables de
notre société et de financer les maisons des
arches du Québec pour leur survie. Il s'est dit soucieux, mais, depuis, rien
n'est arrivé pour résoudre ce problème
de sous-financement qui met en péril des maisons de longue durée pour des
adultes avec une déficience intellectuelle ou sur le spectre de l'autisme. Où vont aller ces personnes vulnérables,
certains qui ont plus de 60 et 70 ans? Les adultes qui vivent dans ces foyers n'auront pas le choix
que de retourner dans leurs familles, mais certains n'ont plus de... simplement
plus de famille ou leurs parents sont désormais trop âgés pour s'occuper d'eux.
Au
nom de toutes ces personnes et de leurs familles, est-ce que le ministre peut
s'engager dès aujourd'hui pour que les
foyers des arches du Québec reçoivent un financement accru pour remédier à
cette situation devenue urgente? L'organisme et les familles veulent
entendre votre réponse.
La Présidente :
La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien,
Mme la Présidente, je remercie la députée de D'Arcy-McGee de me reposer la
question, mais on y travaille très
activement, à ce dossier des arches, Mme la Présidente. J'ai travaillé avec le
député de Joliette, où, justement, L'Arche
de Lanaudière est située, qui est particulièrement à risque financièrement, et
on regarde avec lui et les arches les situations qui sont en train de se
produire dans la région.
Mme
la Présidente, j'ai une rencontre cette semaine avec le P.D.G. du CISSS de
Lanaudière pour discuter de la situation des arches, Mme la Présidente. Les
arches nous parlent de la situation de toutes. Nous, on va regarder un à un,
dans chacune des régions, pour s'assurer que chaque site, chaque CIUSSS, chaque
établissement reçoive le financement adéquat pour garder ces gens-là
dans leurs milieux, Mme la Présidente.
Mais,
encore une fois, pour nous, le plus important, c'est s'assurer que chaque
personne vulnérable, chaque personne qui
vit une situation de handicap, Mme la Présidente, se trouve dans le meilleur
milieu pour elle, dans le meilleur environnement, avec la meilleure situation,
pour s'assurer qu'elle puisse s'épanouir complètement, Mme la Présidente. On va le faire dans Lanaudière et on va le faire
dans toutes les régions du Québec, parce que c'est ça, notre priorité, Mme la
Présidente. Merci.
La
Présidente : Cela met fin à la période de questions et de réponses
orales.
Motions
sans préavis (suite)
Comme
il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans
préavis. Pour ce faire, je cède la place au deuxième vice-président.
Quant
à moi, je vous souhaite une bonne fin de journée. On se retrouve un tout petit
peu plus tard. Merci de votre attention.
• (15 heures) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, tel que mentionné, nous en sommes à
la rubrique Motions sans préavis. Et, en fonction de nos règles et de l'ordre
de présentation des motions sans préavis, je
reconnais maintenant un membre du gouvernement. Alors, y a-t-il un membre du
gouvernement? Je reconnais M. le ministre de la Langue française.
Rendre
hommage à M. Camille Laurin
M. Roberge : Je
collaborais avec mon collègue ici.
M.
le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec
le chef de l'opposition officielle, la députée de Mercier, le député de
Matane-Matapédia et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale souligne l'apport considérable et le rôle déterminant de
[M.] Camille Laurin dans la défense et la promotion de la langue
française au Québec;
«Qu'elle
rappelle que Camille Laurin, en tant que psychiatre, homme politique, et père
intellectuel de la Charte de la langue française,
a contribué de manière significative à la préservation de l'identité
linguistique et culturelle de la nation québécoise;
«Qu'elle
affirme que la Charte de la langue française demeure une pierre angulaire dans
la protection et la promotion du français comme langue officielle et commune au
Québec;
«Que
l'Assemblée nationale rende hommage, à l'occasion de son 25e anniversaire
de décès, à la mémoire de ce grand Québécois pour son engagement indéfectible
envers la langue française et sa contribution exceptionnelle à la préservation
de l'identité québécoise.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, il y a consentement, sans débat, M. le Président.
Mise
aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
il y a consentement, sans débat. Est-ce que cette motion est adoptée?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
le vote électronique est demandé. Alors, j'invite l'ensemble des collègues,
s'il vous plaît, à bien vouloir utiliser son boîtier et à enregistrer son vote
dès maintenant.
Alors, le vote est
maintenant terminé. Pour le résultat, Mme la secrétaire générale.
La
Secrétaire : Pour : 101
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Lévesque) : La
motion est adoptée. Alors, je suis maintenant prêt à reconnaître un membre...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît, chers collègues! Je vais vous
demander votre attention. S'il vous plaît!
Alors, on poursuit
avec les motions sans préavis, et je suis prêt à reconnaître M. le député de
l'Acadie.
Appuyer
les actions du gouvernement fédéral afin d'intensifier les efforts
pour assurer la stabilité et faire cesser les violences en Haïti
M. Morin :
Merci, M. le Président. Je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, le député de Jean-Talon et la députée de
Vaudreuil :
«[Qu'elle]
prenne acte du plus récent rapport du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti
qui fait état de l'augmentation stupéfiante de la violence perpétrée par
les bandes criminelles [dans ce] pays en 2023;
«Qu'elle
prenne acte que la crise humanitaire en Haïti s'est accrue en 2023 et que si
rien n'est fait, la violation des droits
de la personne, les enlèvements, l'exploitation sexuelle, l'absence de sécurité
personnelle et alimentaire, l'absence de services sociaux fonctionnels
et l'atteinte au maintien de l'état de droit continueront de s'aggraver en
2024;
«Qu'elle
condamne avec vigueur les viols collectifs et autres actes de violence sexuelle
perpétrés par les bandes armées pour infliger la terreur et punir et
humilier les populations locales;
«Qu'elle
rappelle que le Québec a dévoilé, en octobre dernier, un plan de soutien à
Haïti, qui vise à soutenir les populations vulnérables et qui prévoient des actions en faveur de l'éducation, de la
justice, de la sécurité et de la gouvernance locale;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec d'appuyer les actions
du gouvernement fédéral afin d'intensifier les efforts pour assurer la
stabilité et faire cesser les violences en Haïti afin de permettre aux Haïtiens
de rebâtir leur pays dans la paix et la sécurité;
«Qu'enfin,
elle salue le courage et la résilience du peuple haïtien et des organisations
de la société civile haïtienne face à cette situation.» Merci.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion?
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Oui, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji :
Oui. Je demande un vote électronique, M. le Président.
Mise
aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
le vote électronique est demandé. Alors, chers collègues, je vous invite
à enregistrer votre vote dès maintenant.
Alors, le vote est
maintenant terminé. Et, pour le résultat, Mme la secrétaire générale.
La
Secrétaire : Pour : 101
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Lévesque) : La
motion est adoptée. M. le leader... M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji :
M. le Président, j'aimerais qu'une copie de cette motion soit envoyée à la
ministre des Affaires étrangères du Canada,
au Consulat général de la République d'Haïti à Montréal et à la Maison d'Haïti.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Ce
sera fait, évidemment, tel que vous le demandez, M. le leader de l'opposition
officielle.
Je
suis maintenant prêt à reconnaître un membre du deuxième groupe d'opposition.
Et je reconnais Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci, M. le Président.
Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la motion
suivante conjointement avec le député des Îles-de-la-Madeleine :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que les propriétaires et habitant-es du
quartier Notre-Dame à Rouyn-Noranda ne
devraient pas supporter financièrement les conséquences de leur relocalisation
pour la mise en place d'une zone tampon;
«Qu'elle
reconnaisse que des inquiétudes subsistent quant à la capacité du programme
d'indemnisation annoncé à répondre adéquatement aux besoins des
personnes affectées;
«Qu'elle prenne acte
que les locataires de la zone concernée bénéficient actuellement de loyers
abordables et pourraient se trouver dans l'incapacité de se reloger à un prix
équivalent;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de s'assurer que le
montant alloué au plan d'action gouvernemental couvre l'ensemble des
coûts, y compris ceux des infrastructures municipales.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Il n'y a pas de consentement. Alors, je suis
maintenant prêt à reconnaître un membre du troisième groupe d'opposition,
et je cède la parole à M. le député Jean-Talon.
Réitérer l'importance de traiter tous les projets
économiques, sociaux
ou autres avec la même considération et priorisation dans
l'application des normes et processus
M. Paradis :
M. le Président, je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement avec la députée de Verdun, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale rappelle que les lois, règlements et normes du Québec en matière
d'acceptabilité sociale et environnementale des projets économiques, sociaux ou
autres s'appliquent à tous les citoyens, entreprises et organisations sur tout
le territoire québécois;
«Qu'elle réitère
l'importance, dans un souci d'équité et de transparence, de traiter les projets
économiques, sociaux ou autres avec la même
considération et priorisation dans l'application des normes et processus, sans
discrimination et sans traitement préférentiel en fonction de la nature
du projet, son ampleur ou de l'identité du promoteur.»
• (15 h 10) •
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, il y a consentement, sans débat. M. le
député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé :
M. le Président, si un groupe parlementaire consent, on aimerait avoir un
vote.
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, je vois que le deuxième groupe
d'opposition appuie votre motion, M. le
député de Matane-Matapédia. Alors, le vote électronique est demandé. Alors, je
vous invite, chers collègues... le vote est maintenant ouvert, je vous
invite à enregistrer votre vote dès maintenant.
Alors, le vote est
maintenant terminé. Pour le résultat, Mme la secrétaire générale.
La Secrétaire :
Pour : 99
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : La motion est adoptée.
Alors, nous
poursuivons avec les motions sans préavis. Et, une motion sans préavis ayant
déjà été présentée par le groupe parlementaire formant le gouvernement, je
demande s'il y a consentement pour permettre la lecture d'une autre motion sans
préavis. Consentement. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement... ou le
leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président,
avec le consentement des collègues en cette Chambre, je voudrais voir s'il y aurait un consentement pour que nous soyons
exemptés de la lecture des motions, qui sont toutes des motions rétroactives
de consultations particulières avec
lesquelles nous avons convenu, les oppositions, notamment celles sur le projet
de loi n° 50, le 45, le 51, le 44 et le 54, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
y a-t-il consentement pour exempter la lecture de chacune de ces motions?
Il y a consentement?
Des voix : ...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Donc, puisque... Alors, est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Adopté.
Une voix :
...
Entériner
le mandat de procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 50
Mise
aux voix
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, on me dit qu'il faut les mettre une à une aux voix. Alors, je
vais tout d'abord mettre aux voix la motion sur le projet de loi n° 50. Est-ce que cette motion est adoptée?
Des
voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Adopté.
Entériner
le mandat de procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 45
Mise
aux voix
Alors,
est-ce que la motion rétroactive pour que la CAT... je vais les nommer comme
ça, pour que la CAT tienne des consultations particulières sur le projet
de loi n° 45 est adoptée?
Des voix : Adopté.
Entériner
le mandat de procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 51
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Est-ce que la motion rétroactive pour que la CET
tienne des consultations particulières sur le projet de loi n° 51
est adoptée?
Des voix : Adopté.
Entériner
le mandat de procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 44
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Est-ce que la motion rétroactive pour que la CET
tienne des consultations particulières sur le projet de loi n° 44
est adoptée?
Des voix : Adopté.
Entériner
le mandat de procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 54
Mise
aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Et,
enfin, est-ce que la motion rétroactive pour que la CI tienne des consultations
particulières sur le projet de loi n° 54 est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Adopté.
Avis
touchant les travaux des commissions
Alors,
nous en sommes maintenant à la rubrique Avis touchant les travaux des
commissions. Alors, oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Étant donné le discours du budget, les commissions ne siègent pas cet
après-midi, donc nous passerons aux affaires du jour, si vous voulez
bien, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Oui, mais avant je dois quand même faire les avis
de la présidence.
Je
vous avise que la Commission des institutions se réunira en séance de travail
demain, le mercredi 13 mars 2024, de 8 heures à 8 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau,
afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de la
pétition concernant l'ajout de mesures visant à prévenir la conduite avec les
facultés affaiblies par l'alcool.
Je
vous avise également que la Commission de la santé et des services sociaux se
réunira en séance de travail demain, le
mercredi 13 mars 2024, à la salle RC.161, de 8 heures à
8 h 30, afin de statuer sur la possibilité que la commission se
saisisse d'un mandat d'initiative portant sur l'enjeu de la confidentialité des
données médicales des Québécoises et des Québécois
et, de 8 h 30 à 9 heures, afin de statuer sur la possibilité que
la commission se saisisse d'un mandat d'initiative portant sur la
transformation du système préhospitalier d'urgence au Québec.
Enfin, je
vous avise que la Commission des transports et de l'environnement se réunira en
séance de travail demain, le
mercredi 13 mars 2024, de 8 h 30 à 9 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de la pétition portant sur la mise
sur pied d'une navette entre Brossard et l'arrêt Robert-Bourassa à
Montréal comme mesure de mitigation au Réseau express métropolitain.
Donc, à la rubrique Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée. Il n'y en a pas.
Affaires du jour
Donc, les
affaires courantes étant terminées, nous allons maintenant passer aux affaires
du jour. M. le leader adjoint du gouvernement, la parole est à vous.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Et, à ce
stade-ci, je vous demanderais d'appeler l'article 15 du feuilleton,
s'il vous plaît.
Projet de loi n° 41
Reprise du débat sur la prise
en considération du rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée et des amendements transmis
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Oui. Donc, à
l'article 15 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt
aujourd'hui sur la prise en considération du rapport de la Commission des
transports et de l'Environnement sur le
projet de loi n° 41, Loi
édictant la Loi sur la performance environnementale des bâtiments et modifiant
diverses dispositions en matière de transition énergétique, ainsi que
sur les amendements transmis en vertu de l'article 252 du règlement par
Mme la députée des Mille-Îles et Mme la députée de Verdun.
Alors, y a-t-il des interventions? Je reconnais
maintenant Mme la députée des Mille-Îles. La parole est à vous.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Merci,
M. le Président. Bon, écoutez, on est ici pour parler du projet de loi
n° 51 sur, dans le fond, l'efficacité,
là, la performance environnementale des bâtiments et modifiant diverses
dispositions en matière de transition énergétique. Mais, lorsqu'on
regarde, on a étudié ce projet de loi là, on réalise que c'est surtout, surtout
la performance énergétique des bâtiments qui
préoccupe le gouvernement, et pas tant la performance environnementale, comme
le dit le projet de loi, le titre du
projet de loi. D'ailleurs, tous les articles, là, traitent plutôt d'efficacité
énergétique plutôt que de performance environnementale.
Écoutez, d'abord, je vais peut-être revenir sur
des éléments contextuels. Donc, il y a définitivement un enjeu actuellement où
il est essentiel que l'efficacité énergétique de nos bâtiments soit améliorée,
tout comme la performance environnementale
aussi des nouveaux bâtiments. Ça, c'est certain qu'il faudrait regarder ça
également. Mais, du côté de l'efficacité énergétique, bien, on constate
qu'il y a quand même beaucoup de perte d'énergie dans nos bâtiments, et on sait, là, qu'on est de plus en plus, disons...
D'abord, on se rend compte qu'on manquerait peut-être d'énergie. On pourrait
manquer d'énergie dans le futur, là, pour toutes sortes de raisons, notamment
des contrats à des... qu'on a vendu de l'électricité
ailleurs, mais aussi des entreprises qui viennent s'établir ici parce que c'est
de l'énergie verte que nous avons.
Mais il y a
une réalité, c'est que, pendant trop d'années, je pense qu'on n'a pas mis
d'emphase sur nos bâtiments. Nos normes n'étaient peut-être pas assez
élevées en termes d'efficacité. Alors, pendant des années, on a construit, et il y a certains bâtiments qui sont réellement, M.
le Président, des passoires énergétiques, des passoires où l'air entre et sort
aisément. C'est bon, l'aération, hein, pour
la santé, mais c'est moins bon pour la facture énergétique. Puis il y a une
réalité qu'on vit, c'est que la
facture... Le coût de l'énergie au Québec est très faible. Donc, il n'y a pas
eu nécessairement, dans le passé,
l'incitatif financier, comme on voit en Europe, par exemple, pour améliorer
vraiment la performance. Donc, définitivement, il faut agir, et c'est
pour ça qu'on était en faveur du principe de ce projet de loi là.
Et donc on a
entendu toutes sortes de groupes qui sont venus nous parler de ça, et je pense
que, de façon générale, tout le monde est en faveur de ce projet de loi là sur
le principe. Par contre, c'est dans la manière où là on a plus de difficultés.
Et, d'emblée, je vais vous dire, M. le
Président, là, on n'appuiera pas la prise en considération de ce projet de loi
là pour, justement, ce que je viens
de vous dire, pour la manière, la façon qu'on a choisie de le faire dans le
projet de loi, en fait. Et ce qui est
très préoccupant, c'est qu'on ne sait pas ce qui va arriver, en fait, une fois
le projet de loi adopté, parce que tout
va être défini par règlement. Et, je peux vous dire, il y a même 34 fois
dans le projet loi où on dit qu'on va établir par règlement, c'est du
jamais-vu.
• (15 h 20) •
Et donc on
sait très peu, en fait, qu'est-ce qui va aboutir, quels bâtiments seront visés,
quelles normes ils devront respecter,
quelles informations ils devront transmettre. Tout est ouvert. On le présente,
le projet de loi, d'une façon qu'on pourrait tout demander et tout transmettre.
Et je ne sais combien de fois, pendant l'étude détaillée du projet de loi, que
j'ai posé des questions et que le ministre
disait : Bien, notre intention est telle, est la suivante. Et là il nous
en parlait, mais c'est une intention. Il n'y a aucune assurance que
c'est ce que nous aurons au bout du compte.
Et on l'a vu avec le projet de loi, le règlement
sur Northvolt, le règlement pour le BAPE qui a été... les seuils qui ont été modifiés pour... en amont de
Northvolt. Bien, on le voit, que, quand un règlement est modifié, bien, on n'a
pas la même visibilité sur le
changement que lorsque c'est une loi qui est modifiée. Il n'y a pas non plus
les mêmes consultations publiques. En
fait, il y a des consultations, mais elles sont écrites, et on ne sait pas ce
que les autres groupes vont écrire, on ne
sait pas qui est intervenu, combien de groupes, alors que, lorsqu'il y a des
consultations publiques dans le cadre d'un projet de loi, bien, on a l'occasion d'échanger,
et là les idées de un versus les idées de l'autre, et même les groupes
s'entendent mutuellement, ils font, des fois, des ajustements même à leur
position. C'est arrivé qu'on a reçu des lettres ultérieurement à l'étude détaillée, par exemple à l'étude de...
pardon, aux consultations particulières d'un projet de loi. Mais là on n'aura
pas ça parce qu'il n'y aura aucune visibilité. Les élus ne sont pas non plus
consultés, les commissions parlementaires non plus. Donc, ça se fait
à... ça se fait à huis clos, ça se fait à... dans un, tu sais, un cadre
totalement différent.
Et là, si on
parle de changements réglementaires qui pourraient venir, qui pourraient avoir
des impacts majeurs sur la
population, parce que... et sur les entreprises, parce qu'on dit que tous les
bâtiments, éventuellement, devraient respecter certaines normes... D'ailleurs, le député de Masson, ce matin, a parlé
que leur... L'objectif du gouvernement, il l'a décrit ainsi, que tous les bâtiments du Québec devront
être transformés d'ici 2050. Ce n'est pas très loin, M. le Président, 2050.
On parle de 26 ans. Mais l'ensemble des bâtiments du Québec... et ça, il y
en a, il y en a, tu sais, on en construit des milliers
à chaque année. Et là on parle des bâtiments agricoles, des bâtiments
résidentiels, des bâtiments patrimoniaux. Les maisons, ça... Même, quand on étudiait le projet de loi, on parlait même
des bâtiments accessoires, éventuellement, si ces bâtiments-là, accessoires, comme par exemple un
cabanon qui serait chauffé, un garage qui se fait chauffer, seraient aussi
visés. Donc, ça va très, très loin. Et, quand
on voit la vitesse à laquelle que... tu sais, qu'on voit le déploiement,
l'intention réglementaire de déployer
le projet de loi, on va commencer par les plus grands bâtiments, et là on se
donne un horizon de six ans, mais on ne sait pas après à quelle vitesse
ça va aller pour les autres bâtiments.
Et ce qui est inquiétant, c'est qu'actuellement
il y a des programmes de mise aux normes environnementales. Il y a des programmes pour améliorer l'efficacité
énergétique des bâtiments, mais ils sont mal adaptés et ils ne suffisent pas
à la demande. Donc, on est déjà... Même ceux qui souhaitent le faire
volontairement n'arrivent pas à faire tout ce qu'ils voudraient faire parce que le programme ne les soutient pas suffisamment
et ils sont... et les programmes sont trop rigides.
Alors, c'est
évident que de penser que l'ensemble, la totalité du parc immobilier, puis là
on parle de bâtiments industriels,
commerciaux, etc., bureaux, de tout... que tout serait transformé d'ici
26 ans, c'est très ambitieux, c'est très ambitieux. Puis je ne suis pas
certaine, quand on regarde le budget puis qu'on sait qu'on va être dans un
déficit, qu'on va avoir les moyens de soutenir cette transformation-là.
Je suis loin d'être convaincue. Mais, d'ici là, comme je vous disais, on ne sait pas. On est dans le néant. On
est... On doit aller à l'aveugle, à savoir qu'est-ce qui va être demandé, à la
fin, aux citoyens mais aussi aux propriétaires de bâtiments de toutes
sortes.
Et donc peut-être juste revenir sur le fait que
le projet de loi prévoit deux éléments. D'abord, un système de cotation. Donc, ça, ce serait la première étape,
que les bâtiments devraient avoir une cotation, donc une cote environnementale.
Ça risque d'être surtout une cote de performance énergétique. Puis, par la suite,
il y aura des normes de performance qu'on va
établir pour les bâtiments, et ça, ça pourrait impliquer des mises aux normes
importantes. Mais, pour établir la cote des bâtiments, bien, ça va prendre de l'information sur ces
bâtiments-là. Et là on peut aller très loin dans les données qui sont demandées
dans le projet de loi, et là ça pourrait... Si je comprends bien, c'est
qu'éventuellement, d'ici 2050, tout le monde
devra fournir cette information-là. Et ça n'implique pas seulement de dire
c'est combien d'électricité qui est consommée dans une année, M. le Président, ça va dans tout type d'énergie
consommée. Donc, est-ce que le propane qui serait utilisé... par
exemple, un foyer au gaz naturel qui est décoratif, mais qui consomme de
l'énergie, un barbecue au propane, par exemple,
c'est de l'énergie aussi qui est consommée, et tout, tout, tout type d'énergie
consommée, éventuellement, pourrait... on
pourrait demander aux citoyens de donner l'information sur la consommation et à
tout moment, à quel moment il y a les plus... les plus grandes consommations, à
quel moment il y a moins de consommation d'énergie. Et ça, ça implique,
là, un suivi en continu de la part des fournisseurs d'énergie. Eux aussi sont
visés par ce projet de loi là parce qu'ils devront transmettre ces données-là. Et on demande beaucoup plus que ça, on
demande aussi les matériaux de construction utilisés pour la construction. On nous dit que, présentement,
ça va être seulement pour les nouveaux bâtiments, mais, même là, c'est
quand même complexe d'établir la liste des matériaux de construction d'un
nouveau bâtiment. Si vous faites construire
une maison, c'est quand même... c'est tout un casse-tête de faire la liste de
tous les types... de tous les matériaux construction utilisés. On parle probablement juste de l'enveloppe, mais
l'isolation, évidemment, c'est particulièrement difficile de savoir
qu'est-ce qui a été mis dans des maisons antérieures.
Donc, il y a
tout un questionnement et il y a beaucoup d'éléments qui sont des inconnues ici
et qui peuvent être inquiétants sur qu'est-ce qu'éventuellement on va demander
aux gens, aux propriétaires de bâtiments. Et je le dis, là, bâtiment de toutes
sortes, là, même un cabanon, un garage va être visé. Puis j'ai posé la
question, sur le cabanon, ça fait que
je voulais être sûre, là, je n'exagérais pas, quand je posais la question, mais
on m'a dit : Oui, oui, effectivement, s'il y a une lumière qui
l'allume, tu sais, qu'il est éclairé, le cabanon, bien, il devra être déclaré.
Je vais peut-être revenir sur l'étude elle-même,
qui s'est passée, parce que le collègue, le député de Masson, a mentionné plus tôt que de nombreux amendements
avaient été adoptés. Certes, de nombreux amendements déposés par le ministre ont été adoptés, mais tous les
amendements déposés par les oppositions ont été refusés, à l'exception d'un
seul, et c'était le mien. Donc, je
tiens quand même à souligner qu'on ne peut pas prétendre que de nombreux
amendements ont été adoptés, quand ce
sont principalement des amendements du ministre. Il a mentionné qu'il y avait
une très bonne collaboration avec les oppositions, mais, dans les faits,
il y a eu très peu de collaboration du ministre par rapport aux amendements que
nous avons déposés.
Je le
mentionne, l'amendement que j'ai déposé, qui a été accepté, c'était par rapport
aux personnes qui craignent pour leur sécurité. Bien, comme on va
éventuellement, avec ce projet de loi, avoir... avec ce projet de loi là, avoir
un registre, un registre des bâtiments, des cotes environnementales des
bâtiments, bien, ce registre-là va être un registre public dans lequel on va
retrouver l'adresse et le nom des propriétaires, bien, il y avait la nécessité
de s'assurer qu'il y ait une confidentialité
pour les gens qui sont... qui ont... qui craignent pour leur sécurité. On peut
penser, par exemple, à des femmes qui ont été victimes d'actes de
violence de la part d'un conjoint et qu'il y a... et qu'elles doivent être,
disons, protégées... un ex-conjoint. Bien, on a permis aux municipalités de les
protéger dans les registres fonciers, donc il était nécessaire de les protéger aussi
dans un tel registre. Et, ça, le ministre a accepté, mais c'est le seul, seul,
seul amendement qui a été accepté.
Un des éléments majeurs qui a été discuté dans
ce projet de loi là, c'est qu'on va venir, en fait, retirer à la Régie du bâtiment du Québec toute la notion d'efficacité énergétique, dans le
Code du bâtiment, qui... elle est responsable, et, à la place, c'est le ministre... le ministère de
l'Environnement qui va créer le code du bâtiment durable. Bien, tous les
groupes, tous les groupes ont été
unanimes, ils nous ont mentionné à quel point c'était une erreur d'aller dans
cette direction-là et qu'il y avait
une crainte d'incohérence dans les normes. Parce qu'il y a des normes qui n'ont
pas rapport, nécessairement, avec l'efficacité énergétique, par exemple
la ventilation, mais qui ont un impact sur l'efficacité énergétique. Et là on va traiter ça, deux ministères, deux... en fait,
deux entités vont créer deux codes différents, un code du bâtiment général et
un code du bâtiment durable, pour tout ce qui est efficacité
énergétique. La multiplication des codes est un enjeu, ça a été soulevé par tous les groupes en construction,
que ça... on devait cesser de faire ça. L'Ordre des ingénieurs du Québec
est venu nous dire à quel point ce serait une erreur. On en a parlé
abondamment, mais le ministre a été inflexible, aucune accommodation possible. Je crois que c'est une erreur et qu'on va
éventuellement revenir en parler, mais c'est pour le souligner.
• (15 h 30) •
Il y a aussi... j'ai aussi tenté de faire
adopter des normes particulières, en fait, qu'on spécifie qu'il y aurait des notes... des normes particulières pour les
bâtiments agricoles. Il y a déjà... ce projet
de loi là faisait une exception pour
les bâtiments patrimoniaux, mais on a refusé de reconnaître le caractère
particulier des bâtiments agricoles. Donc, ça, c'est une déception. Il y a d'autres éléments qu'on a tenté d'inclure,
peut-être d'avoir une portion de produits locaux, par exemple, dans les
bâtiments ou que ce soit pris en compte plutôt dans les cotes, mais ça n'a pas
été accepté.
Donc, en
gros, c'est sûr que le projet de loi, comme j'ai dit, le principe, ça va, on
veut s'en aller dans cette direction-là, mais la multiplication des règlements, le fait qu'on soit dans
l'invisibilité, c'est une problématique. Et, je reviens, le Code du bâtiment, c'est vraiment un enjeu. On est en
pleine crise du logement. Il y a aussi... on le voit, là, qu'actuellement ce
n'est pas rentable de construire du logement
résidentiel. Tous les constructeurs nous le disent. Un des éléments, c'est la
multiplication des codes, la multiplication des codes de bâtiment parce que
chacune des municipalités peuvent adopter des
codes différents du code provincial en autant qu'elles respectent le minimum du
code provincial. Ça a été discuté dans le
projet de loi n° 14, il n'y a pas si longtemps, là, c'était à
l'automne dernier, où les groupes sont venus dire : Il faut unifier les
codes, et ça va simplifier, parce qu'à chaque fois qu'on change, qu'on a des
nouvelles normes, ça implique de refaire des plans. Les plans qui
avaient été approuvés pour une ville doivent être refaits.
Et là ce
qu'on comprend, c'est qu'en 2024, le premier projet de loi qu'on discute en
2024, bien, on vient multiplier encore des... on va multiplier
d'autres... un code en créant un code de bâtiment durable, ce qui risque
d'avoir vraiment des impacts majeurs. Et
tous les groupes nous ont dit : Le ministère de l'Environnement n'est pas
équipé pour rédiger des codes, un code de bâtiment, surtout que les
codes de bâtiment, ça se concerte au niveau canadien. Et c'est la Régie du bâtiment du Québec qui la fait, cette
concertation-là, avec les autres provinces. Ce n'est pas le ministère de
l'Environnement. Donc, il y a trop d'éléments ici pour qu'on puisse
appuyer la prise en considération de ce projet de loi là.
Et je vais
peut-être terminer en rappelant des propos de mon collègue le député de
Jacques-Cartier qui mentionnait... parce
qu'on a beaucoup vu dans ce projet de loi là... on vient encadrer les
producteurs d'énergie, comme je disais, dans la façon... l'information qu'ils
devront transmettre. Bien, le collègue de Jacques-Cartier a rappelé à quel
point c'était important qu'on profite de ce projet de loi là pour parler
d'autoproduction. Et là on parle des individus, là, je ne parle pas d'une entreprise privée, je parle vraiment des individus.
Si aujourd'hui vous souhaitez avoir des panneaux solaires sur votre toit et que
vous devenez autonome, c'est très difficile de le faire, parce qu'en fait toute
l'énergie que vous allez surconsommer en
été, elle ne vous est pas créditée, elle ne va pas, dans le réseau
d'Hydro-Québec, vous donner crédit. Donc, ça devient... c'est difficile que ce soit rentable de faire de
l'autoproduction. Vous pourriez en parler à la ville de Varennes qui avait...
qui ont construit une bibliothèque, une bibliothèque absolument magnifique.
Elle devait être net-zéro. L'été, ils consomment... ils produisent beaucoup, beaucoup d'énergie en
surplus, mais l'hiver, ils doivent acheter de l'électricité, mais ce qu'ils ont
donné en surplus à Hydro-Québec ne leur est
jamais retourné. Donc, ils ne sont pas officiellement net zéro pour cette
raison-là, et ça, ça a été soulevé.
Alors, on
pourrait... on aurait pu profiter de ce projet de loi là pour venir encadrer la
facilité. Et donc la transition, quand on parle de transition énergétique... Et
là je dois dire, dans les bâtiments, il y a quand même... c'est vrai que, si
on va vers une meilleure efficacité des
bâtiments, il y a vraiment beaucoup d'énergie qu'on peut aller chercher là.
Bien, pour le faire, il faut valoriser
aussi l'autoproduction. Donc, c'est une des manières d'arriver vers la...
d'atteindre la transition énergétique. Alors, M. le Président, ça va
compléter mon intervention, et je vous remercie beaucoup pour votre écoute.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée des Mille-Îles. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Il n'y en a pas.
Alors, j'ai été informé qu'il y aurait
consentement pour mettre aux voix un à un les amendements proposés par Mme la
députée des Mille-Îles et Mme la députée de Verdun et en faire la lecture.
Mise aux voix des amendements
de la députée de Mille-Îles
Alors, je mets
d'abord aux voix les amendements proposés par Mme la députée des Mille-Îles. Le
premier amendement que je propose... qui est proposé, c'est de...
Je mets d'abord aux voix l'amendement modifiant
l'article 2 et qui se lit comme suit :
L'article 2 du projet de loi est modifié
par :
1°
le remplacement du mot «la suppression» par «le remplacement»;
2° par
l'insertion après «troisième alinéa» de «par le suivant : L'atteinte de
l'efficacité énergétique du bâtiment et l'intégration des normes favorisant l'efficacité énergétique des
bâtiments en collaboration avec le ministère de l'Environnement, de la
Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.»;
3° par la suppression
des mots «et du dernier alinéa».
Cet amendement est-il
adopté?
Des voix : Rejeté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Rejeté.
Je mets ensuite aux
voix l'amendement modifiant l'article 10 et qui se lit comme suit :
L'article 10
de la loi édicté à l'article 1 du projet de loi est modifié par l'ajout, après
le quatrième paragraphe, du suivant :
«5° un
immeuble ou une partie d'un immeuble, utilisé ou destiné à être utilisé pour la
pratique d'une activité agricole au sens de la Loi sur la protection du
territoire et des activités agricoles.»
Cet amendement est-il
adopté?
Des voix : Rejeté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Rejeté.
Mise aux voix de l'amendement de la députée de Verdun
Je
mets maintenant aux voix l'amendement proposé par Mme la députée de Verdun
modifiant l'article 1 et qui se lit comme suit :
À
l'article 30 de la Loi sur la performance environnementale des bâtiments,
introduit à l'article 1 du projet de loi, remplacer après «une
municipalité et» les mots «pouvant avoir» par les mots «ayant».
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix : Rejeté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Rejeté.
Mise
aux voix du rapport
Enfin,
le rapport de la Commission des transports et de l'environnement portant sur le
projet de loi n° 41 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix :
Sur division.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Adopté sur division.
Alors, pour la suite
de nos travaux, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M.
le Président. Je vous demande de bien vouloir suspendre nos travaux
jusqu'au discours sur le budget, à 16 heures.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, afin de permettre la tenue du discours sur le budget, les travaux sont
suspendus jusqu'à 16 heures.
(Suspension de la séance à
15 h 39)
(Reprise à 16 h 07)
La
Présidente : Rebonjour, tout le monde. Bienvenue. Oui, bien sûr, vous
pouvez vous asseoir.
Affaires prioritaires
Discours sur le budget
M.
le ministre des Finances prononcera maintenant le discours du budget. M. le
ministre des Finances, je vous cède maintenant la parole.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Alors, merci, Mme la Présidente. Deux petites
innovations cette année : d'une part, des lunettes, et, d'autre
part, ma fille est ici.
Une voix : ...
M. Girard
(Groulx) : Bien, mon épouse est ici, mais elle est déjà venue,
M. le premier ministre. Ma fille, c'est la première fois.
Mme la Présidente, je présente aujourd'hui le
budget 2024‑2025 du gouvernement du Québec, un budget qui priorise la santé et l'éducation, un budget
exigeant, Mme la Présidente, qui s'inscrit dans un contexte économique à la
fois tendu et source de nombreux défis.
Aujourd'hui,
j'ai la responsabilité de donner l'heure juste aux Québécois. Je vous présente
ainsi le résultat d'un exercice
d'équilibre entre les grandes ambitions socioéconomiques du Québec et le
maintien d'un cadre financier responsable.
Notre gouvernement fait de la santé et de
l'éducation ses deux grandes priorités.
Depuis notre
arrivée au pouvoir, nous avons réinvesti dans les missions principales de
l'État. Les dépenses en santé et
services sociaux, en éducation et en enseignement supérieur en témoignent.
Notre gouvernement est à l'oeuvre, depuis six ans, pour corriger des
années de sous-financement dans nos réseaux.
Nous avons
également eu le courage de faire des réformes importantes quant à la
gouvernance du système de santé et services sociaux et du système d'éducation,
notamment avec les créations de Santé Québec et de l'Institut national
d'excellence en éducation.
Notre vision
pour l'avenir de nos jeunes et la santé des citoyens repose sur ces réformes.
Pour qu'elles se traduisent en améliorations dans la prestation des soins et
des services aux citoyens, nous avons besoin de tous et plus particulièrement
de nos travailleurs de la santé et de l'éducation. Tout commence avec les
personnes au coeur de nos réseaux.
Notre
gouvernement investit donc pour bonifier, de façon importante, les salaires des
employés de l'État, en plus de se
doter d'une plus grande flexibilité et d'avancées significatives en
organisation du travail. Il améliore ainsi les conditions des
travailleurs, notamment dans les réseaux de la santé et des services sociaux et
de l'éducation.
Mme la
Présidente, l'État se positionne comme un employeur de choix et favorise
l'attraction et la rétention du personnel.
Dans le cadre de ce budget, le gouvernement
concentre ses investissements au coeur de ses missions premières et investit une somme de près de
5 milliards de dollars d'ici cinq ans pour assurer la prestation de
services en santé et services sociaux, en éducation et en enseignement
supérieur.
• (16 h 10) •
Nous ne
perdons pas de vue les autres défis auxquels font face les Québécois, Mme la
Présidente. C'est pourquoi nous
investissons 2 milliards de dollars pour soutenir les Québécois et
les collectivités et près de 1,9 milliard de dollars pour agir
sur les priorités économiques.
C'est donc 8,8 milliards de dollars
qui seront investis au bénéfice des Québécois d'ici cinq ans.
Avant d'aller plus loin, un mot sur la
conjoncture économique.
Au Québec, le
PIB réel a stagné en 2023. Globalement, la production n'a augmenté que de
0,2 % pour l'ensemble de
l'année. La faiblesse relative de l'économie en 2023 n'a toutefois pas été
généralisée à l'ensemble des industries. De plus, les baisses de
production observées sont en partie attribuables à des facteurs temporaires,
dont les feux de forêt.
L'économie a
fait du sur place, mais le marché du travail, lui, est demeuré résilient, alors
que la création d'emplois s'est
poursuivie. De plus, le taux de chômage au Québec se situait, pour l'année 2023,
à une moyenne de 4,5 %, ce qui est largement en deçà de celui de
l'ensemble du Canada.
Le pouvoir
d'achat des citoyens a aussi été mieux protégé au Québec que dans le reste du
Canada, en raison des hausses salariales et des initiatives de notre
gouvernement.
Il n'en
demeure pas moins que les effets du durcissement des conditions financières
s'accentuent dans de nombreuses économies.
Le début de l'année 2024 sera difficile, mais l'économie du Québec est
bien positionnée pour amorcer une reprise durable dès le deuxième semestre de l'année 2024, de manière
synchronisée avec la diminution de l'inflation et l'assouplissement de la politique monétaire. Ainsi, le PIB réel
devrait augmenter de 0,6 % en 2024, pour ensuite s'accélérer à 1,6 %
en 2025.
Québec's economy is well positioned to
begin a sustainable recovery in the second half of 2024, in conjunction with the decline in interest rate and inflation.
Évidemment, la
conjoncture économique affecte la situation financière du Québec.
La stagnation
de l'activité économique, la faible hydraulicité dans les bassins
d'Hydro-Québec, l'investissement nécessaire dans les services publics,
la croissance de la population et le rythme de réalisation des investissements
en infrastructures ont des conséquences sur les perspectives budgétaires du
gouvernement.
La
combinaison de ces éléments entraîne un déficit structurel de l'ordre de
4 milliards de dollars sur l'horizon du cadre financier.
En 2024‑2025, après la provision pour éventualités,
le solde budgétaire lié aux activités affiche un déficit de 8,8 milliards
de dollars, soit 1,5 % du PIB.
Après les
versements des revenus consacrés au Fonds
des générations, le solde budgétaire
au sens de la Loi sur l'équilibre budgétaire présente un déficit de
11 milliards de dollars en 2024‑2025. Ce déficit est tributaire d'un
contexte économique et climatique difficile,
mais il est également nécessaire pour améliorer, dès maintenant, les services à
la population. Il est nécessaire et il est gérable.
Malgré une situation
économique et budgétaire plus difficile qu'anticipée, notre gouvernement
maintient son engagement de retourner à
l'équilibre budgétaire. Nous le ferons de manière graduelle et déposerons un
nouveau plan de retour à l'équilibre budgétaire lors du budget 2025‑2026,
alors que le contexte économique sera plus favorable.
L'approche
que nous proposons aux Québécois est claire : pour atteindre l'équilibre
budgétaire, après les versements au Fonds des générations, au plus tard
en 2029‑2030, quatre axes sont privilégiés.
D'abord, des
gestes d'optimisation totalisant 2,9 milliards de dollars sur cinq ans
seront mis en place. Ils viseront notamment à réviser certaines aides fiscales
aux entreprises et à demander des efforts d'optimisation aux entreprises
du gouvernement.
Parallèlement, un examen complet des dépenses
gouvernementales et fiscales sera lancé au printemps.
Ensuite, le
gouvernement poursuivra ses représentations auprès du gouvernement fédéral pour
obtenir sa juste part des transferts
fédéraux. Le Québec demande notamment l'obtention d'un droit de retrait sans
condition avec pleine compensation financière du Régime canadien de
soins dentaires et d'un éventuel régime canadien d'assurance médicaments.
Enfin, le
gouvernement poursuit la mise en oeuvre des recommandations émises par les
experts consultés visant à créer plus de richesse et à augmenter le
potentiel économique du Québec.
Mme la
Présidente, lorsqu'on parle d'une gestion responsable des finances publiques,
on vise à retrouver l'équilibre budgétaire
par une croissance des revenus qui excède celle des dépenses tout en s'adaptant
au contexte social et aux réalités économiques.
Ce que nous proposons aux Québécois, c'est de
prioriser la santé et l'éducation immédiatement et de revenir graduellement à
l'équilibre budgétaire avec des gestes concrets.
Par ailleurs, les besoins du Québec en matière
d'infrastructures publiques sont importants. Ces infrastructures constituent un levier essentiel pour améliorer les
services publics. Pensons simplement à nos hôpitaux, à nos écoles et au
transport collectif.
J'annonce
donc un rehaussement de
3 milliards de dollars sur 10 ans
du Plan québécois des infrastructures. Il est ainsi porté à
153 milliards de dollars.
En six ans,
notre gouvernement aura donc augmenté de plus de 50 % l'enveloppe
consacrée aux infrastructures pour aider
à leur modernisation et à leur entretien, ainsi qu'au développement
d'installations en phase avec l'évolution du Québec.
Mme la Présidente, le poids de la dette nette
s'établira à 39 % du PIB au 31 mars 2024. Il s'agira d'un niveau
inférieur à celui précédant la pandémie.
Notre gouvernement maintient son objectif de
réduire le poids de la dette nette à 30 % du PIB d'ici 2037‑2038. Nous le faisons pour maintenir l'équité
intergénérationnelle et notre autonomie financière dans la fédération, mais
aussi pour nous donner les moyens de
faire face aux défis actuels et futurs, notamment le vieillissement de la
population, la lutte contre les changements climatiques ou de
potentielles nouvelles turbulences économiques.
Des finances
publiques saines et un niveau d'endettement responsable sont deux des
fondements d'une économie performante.
Ils permettent aux gouvernements d'instaurer un climat de confiance propice à
l'investissement privé et à la hausse de la productivité.
Mme la
Présidente, je souhaite maintenant présenter avec plus de détails les
différentes actions que notre gouvernement va déployer grâce à ce
budget.
Je demande
donc le consentement de cette Assemblée pour déposer les documents
suivants : les tableaux présentant les résultats préliminaires des
opérations budgétaires consolidées pour 2023‑2024 et les prévisions
des équilibres financiers pour 2024‑2025.
Je dépose
également le plan budgétaire de mars 2024 et les documents l'accompagnant, qui
font partie intégrante du budget.
Documents déposés
La
Présidente : Alors, je comprends qu'il y a consentement pour le
dépôt de ce document. Alors, j'en profite ici pour vous demander si
c'est le cas pour les autres documents qui suivront, comme le veut la
tradition. Consentement? Consentement.
M. Girard
(Groulx) : Mme la Présidente, nous croyons que l'éducation,
au Québec, constitue la priorité des priorités. L'éducation est la
source de notre enrichissement collectif.
La santé,
quant à elle, constitue chaque année le poste de dépenses le plus important du
gouvernement. C'est pourquoi nous souhaitons trouver des solutions efficientes
et pérennes, puis travailler en prévention pour que le système de santé
du Québec soit en mesure d'offrir les meilleurs soins possibles aux Québécois.
Évidemment,
le Québec n'échappe pas à la pression reliée au manque de main-d'oeuvre. Or,
l'humain est au coeur des services
fournis. Le gouvernement se positionne comme un employeur de choix en offrant
une bonification importante des salaires, en plus de se doter d'une plus
grande flexibilité dans l'organisation du travail.
Je tiens à
rappeler, Mme la Présidente, que notre gouvernement a investi des sommes
importantes dans les dernières années
pour maintenir la qualité et l'accessibilité des services publics. Cela se
traduit au cadre financier depuis 2019 par des croissances importantes dans les missions névralgiques de l'État,
soit 42,1 % en santé et services sociaux, 37,4 % en éducation
et 35,7 % en enseignement supérieur.
• (16 h 20) •
Aujourd'hui, nous poursuivons ce que nous avons
commencé.
J'annonce
une somme additionnelle de près de 5 milliards de dollars sur six ans
pour renforcer les services en santé et services sociaux, en éducation
et en enseignement supérieur.
Mme la
Présidente, plusieurs actions ont été mises en place au cours des dernières
années pour améliorer l'accès aux services de santé de première ligne. Pensons
au Plan santé, qui favorise l'accès à un professionnel de la santé. Pour
sa part, la création de l'agence Santé Québec contribuera à rendre le système
plus efficace.
Aujourd'hui,
le gouvernement investit une somme de près de 3,7 milliards de
dollars sur cinq ans pour appuyer une organisation humaine et efficace
des soins de santé et des services sociaux.
J'annonce une somme de 1,8 milliard de
dollars pour améliorer l'accès aux soins et aux services et accroître la fluidité hospitalière. Cette somme vise
à : accélérer le virage numérique du réseau de la santé, notamment
l'arrivée du dossier de santé numérique; assurer le maintien et le
développement de mesures alternatives à l'hospitalisation; ajouter des lits pour répondre à l'évolution
démographique; et poursuivre le déploiement du guichet d'accès, pour rendre la
première ligne plus performante.
Les
changements démographiques imposent que le gouvernement consacre des ressources
importantes au maintien et à la qualité des soins et des services aux
aînés.
J'annonce
aujourd'hui une somme de plus de 1,1 milliard de dollars sur
cinq ans qui nous aidera à : poursuivre le virage majeur entamé depuis six ans afin
d'appuyer les services de soutien à domicile; consolider l'offre des résidences
privées pour aînés; soutenir le déploiement des maisons des aînés et des
maisons alternatives; et poursuivre le conventionnement des centres
d'hébergement et de soins de longue durée.
Les services sociaux jouent un rôle essentiel
dans la protection et le bien-être des individus, particulièrement des plus
vulnérables.
Au cours des
dernières années, des investissements importants ont été réalisés pour
renforcer le soutien offert aux Québécois
plus vulnérables et rehausser les services en santé mentale et les services
sociaux. Nous avons notamment : bonifié l'appui aux organismes communautaires oeuvrant dans le domaine de la
santé et des services sociaux; augmenté les services en santé mentale,
en itinérance et en dépendance; et renforcé les services pour les jeunes en
difficulté.
Nous voyons des avancées, Mme la Présidente,
mais nous n'arrêterons pas là.
J'annonce
aujourd'hui une somme de 738 millions de dollars sur cinq ans
qui nous aidera à consolider les services pour : répondre aux besoins croissants dans les services liés à la
protection de la jeunesse, en haussant la capacité d'hébergement; et renforcer les services en santé
mentale et les services sociaux pour soutenir les personnes en situation de
crise.
Mme la Présidente, la réussite éducative des
jeunes Québécois nous interpelle.
Notre plus
grande ambition a toujours été la même : donner à chaque enfant les outils
pour l'amener au bout de son potentiel. C'est notre vision pour le
Québec de demain.
J'annonce que nous poursuivons nos efforts avec
des investissements additionnels de 819 millions de dollars pour : soutenir la réussite des élèves en
mettant à leur disposition les outils nécessaires, par exemple avec le plan de
rattrapage; favoriser l'attraction et
la rétention du personnel scolaire; soutenir les organismes partenaires de
l'éducation; et poursuivre l'entretien du parc immobilier scolaire.
Mme la Présidente, la diplomation aux études
supérieures est un levier essentiel pour permettre à la jeunesse québécoise de
réaliser son plein potentiel et de participer au développement d'un Québec
prospère.
Au cours des
dernières années, le gouvernement a mis en place plusieurs initiatives visant à
favoriser l'accès, la réussite et la diplomation aux études collégiales
et universitaires.
Afin de promouvoir la réussite aux études
supérieures, j'annonce une somme de 421 millions de dollars sur cinq ans, pour : favoriser la réussite
et la rétention des étudiants universitaires; soutenir l'offre de formation
dans les domaines prioritaires et la
transformation numérique; et accroître le nombre de logements étudiants et
entretenir le parc immobilier.
Mme la
Présidente, dans le cadre de ce budget, le gouvernement fait également le choix
de renforcer son soutien aux Québécois et aux collectivités partout au
Québec.
J'annonce une
somme de plus de 2 milliards de dollars sur six ans pour
répondre aux enjeux des Québécois, soit : 1,3 milliard de
dollars pour consolider le soutien aux Québécois; 441 millions de
dollars pour soutenir les collectivités; 128 millions de
dollars pour protéger l'environnement et s'adapter aux changements climatiques;
et 187 millions de dollars pour mettre en valeur la culture et
promouvoir la langue française.
Cet automne,
nous avons investi 1,8 milliard de dollars pour soutenir la
construction de logements abordables et l'accès à ceux-ci.
J'annonce que
nous poursuivons le travail aujourd'hui avec une somme additionnelle de près de
485 millions de dollars afin de favoriser l'accès au logement.
Dans le cadre du présent budget, j'annonce aussi
des investissements additionnels de 483 millions de dollars pour aider les plus démunis et favoriser
l'intégration sociale. Nous allons : assurer la continuité des services de
transport pour les personnes à
mobilité réduite; soutenir l'aide alimentaire grâce à un investissement de
40 millions de dollars dans l'organisme
Les Banques alimentaires du Québec; et introduire un supplément de revenu de
travail pour les prestataires d'aide financière de dernier recours.
Mme la
Présidente, on sait que des services publics de qualité contribuent à créer des
milieux de vie dynamiques, justes et sécuritaires.
Dans le cadre
du budget 2024‑2025, une somme de 441 millions de dollars est
investie pour : promouvoir la pratique durable des loisirs et des sports dans un environnement sécuritaire;
consolider la capacité d'intervention en sécurité publique; et renforcer
l'accompagnement judiciaire et les services aux personnes vulnérables.
L'activité
physique joue un rôle important dans le maintien de la santé et de la qualité
de vie, en plus de contribuer à mobiliser et à dynamiser les
communautés.
À cet égard, j'annonce une somme de
39 millions de dollars visant à financer des nouveaux projets
d'infrastructure pour les Jeux du Québec et à soutenir l'organisation
des Jeux du Canada 2027 à Québec.
Le bien-être des
Québécois passe également par leur sécurité partout sur le territoire.
L'insuffisance
de la couverture cellulaire au Québec constitue un enjeu de sécurité, notamment
sur plusieurs routes. C'est pourquoi
le gouvernement poursuit le déploiement des infrastructures nécessaires à
l'amélioration de la couverture cellulaire en appuyant la construction
de 100 nouveaux sites de télécommunication.
Soutenir
les personnes les plus vulnérables de notre société signifie aussi leur offrir
le meilleur accompagnement possible
dans le système de justice. À cet égard, le gouvernement prévoit
140 millions de dollars pour renforcer l'accompagnement judiciaire et les services aux personnes. Cet
investissement vise à : déployer le tribunal spécialisé en matière de
violence sexuelle et conjugale; bonifier la sécurité dans les palais de justice;
renforcer les actions du Curateur
public pour prévenir et détecter les violences envers les personnes faisant
l'objet d'une tutelle privée; et offrir un accompagnement et un soutien
juridique en cas de harcèlement en milieu de travail.
Mme
la Présidente, les phénomènes climatiques tels que les inondations ou les feux
de forêt se sont multipliés dans les dernières années.
Le
gouvernement souhaite donc assurer la protection de l'environnement et des
ressources naturelles du Québec, en plus de veiller à la sécurité des
populations.
J'annonce une aide de
102 millions de dollars afin d'assurer la sécurité dans le contexte des
changements climatiques, dont :
61 millions de dollars pour agir face à la hausse des sinistres majeurs,
notamment en mettant en place une
équipe d'intervention disponible en tout temps; 29 millions de dollars
afin d'accroître la capacité de la SOPFEU à combattre les incendies de
forêt.
• (16 h 30) •
Le Plan pour une
économie verte 2030 est une feuille de route précieuse pour le Québec dans
l'atteinte de ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Le Québec est un leader de la transition climatique, et nous souhaitons qu'il
le demeure.
Aujourd'hui, je
confirme que le plan disposera d'investissements de 9,3 milliards de
dollars sur cinq ans. Par rapport au premier plan de mise en oeuvre 2021‑2026,
il s'agit d'une bonification de 2,6 milliards de dollars, soit une
augmentation de 39 %.
Enfin,
j'annonce la diminution graduelle des rabais offerts dans le cadre du programme
Roulez vert à compter du 1er janvier 2025. Les sommes seront
réinvesties en totalité pour lutter plus efficacement contre les changements
climatiques.
Mme
la Présidente, la culture constitue le coeur de notre identité et fait rayonner
le talent québécois partout dans le
monde. Le gouvernement déploie de multiples efforts pour intégrer nos
industries culturelles à l'univers numérique et promouvoir la langue française. Dans le cadre de ce budget, il y
consacre des investissements de 187 millions de dollars.
L'industrie
du cinéma et de la télévision contribue également à mettre en valeur la culture
québécoise et le talent des gens d'ici.
Pour
l'encourager, le gouvernement bonifie le crédit d'impôt pour les productions
cinématographiques ou télévisuelles québécoises en haussant le plafond
des dépenses de main-d'oeuvre de 50 % à 65 % des frais de production.
Il s'agit d'un appui
additionnel à cette industrie totalisant 86 millions de dollars sur cinq
ans.
De plus, la demande
de contenu audiovisuel s'est considérablement accrue dans les dernières années.
Ainsi,
pour favoriser l'attraction de tournages étrangers au Québec, le gouvernement
majore le taux de base du crédit d'impôt pour services de production
cinématographique de 20 % à 25 %.
Mme
la Présidente, notre gouvernement s'est engagé à créer plus de richesse et à
augmenter le potentiel économique du
Québec. Concrètement, nous travaillons à réduire l'écart du PIB réel par
habitant avec l'Ontario et à l'éliminer d'ici 2036.
À
cet égard, des gestes importants ont été posés depuis 2018 pour :
rehausser la productivité des entreprises; et favoriser l'intégration
des travailleurs sur le marché de l'emploi dans un contexte de pénurie de
main-d'oeuvre.
L'action
gouvernementale porte ses fruits et a permis d'améliorer le niveau de vie des
Québécois. Ainsi, l'écart de richesse
avec l'Ontario et le reste du Canada s'est réduit de manière importante. Alors
qu'il était de 15,9 % avec l'Ontario et de 20,2 % avec le
reste du Canada en 2018, l'écart devrait diminuer à 11,9 % et à
15,3 % en 2024.
Le
budget 2024‑2025 est l'occasion pour le gouvernement de poursuivre
son action pour atteindre ses objectifs de création de richesse.
J'annonce
des investissements de près de 1,9 milliard de dollars sur cinq ans pour :
appuyer les secteurs stratégiques; accroître
la main-d'oeuvre disponible et la productivité dans l'industrie de la
construction; contribuer à la prospérité des régions; et favoriser
l'intégration économique et sociale des personnes immigrantes.
Notre
gouvernement va poursuivre ses investissements dans les secteurs qui
contribuent à hausser la productivité de l'économie québécoise.
Nous
prévoyons d'ailleurs doter certaines zones d'innovation de laboratoires
industriels dans le but d'accélérer la valorisation et le transfert
d'innovations.
Nous
allons également favoriser le recours aux technologies, l'entrepreneuriat et la
formation des travailleurs qualifiés afin de stimuler la productivité
nécessaire à la croissance économique.
En
tout, c'est plus de 443 millions de dollars qui seront investis pour
appuyer les secteurs stratégiques et la croissance de l'économie.
La
demande en main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction continuera
d'augmenter de façon importante dans les
prochaines années, notamment pour répondre aux grandes ambitions du Québec en
matière d'infrastructures de qualité. Les travailleurs seront recherchés
dans plusieurs chantiers et projets d'investissements majeurs.
Afin
d'accroître la main-d'oeuvre disponible et la productivité dans l'industrie de
la construction, le gouvernement prévoit
126 millions de dollars sur trois ans. Cet investissement servira à :
poursuivre l'Offensive formation en construction; et encourager
l'innovation et la productivité.
La prospérité du Québec passe par la richesse de
ses régions.
J'annonce que
nous investirons 889 millions de dollars pour : appuyer le secteur
forestier québécois; soutenir la mobilité
et le dynamisme des régions; favoriser le développement du secteur
bioalimentaire; continuer à soutenir le secteur touristique; renforcer les partenariats avec les Premières Nations; et soutenir les entreprises grâce à Accès entreprise Québec.
L'industrie forestière fait face à des défis
importants, auxquels nous avons été exposés lors des feux de forêt historiques de l'année dernière. Des
investissements additionnels doivent ainsi être consentis pour assurer
l'approvisionnement de l'industrie forestière du Québec, et ce, en
concertation avec les communautés.
Dans ce
contexte, j'annonce près de 300 millions de dollars pour augmenter
les travaux sylvicoles et la production de plants forestiers.
Pour sa part,
le secteur bioalimentaire joue un rôle essentiel dans l'économie du Québec et
contribue à la mise en valeur du territoire et de nos régions.
J'annonce
qu'une enveloppe de 50 millions de dollars sera mise à la disposition
de La Financière agricole pour la création d'un nouveau fonds
d'investissement pour l'acquisition de terres pour la relève agricole.
J'annonce
également une somme de 50 millions de dollars pour soutenir les
investissements productifs et à caractère durable des entreprises
agricoles.
Le
gouvernement souhaite continuer d'investir dans le développement des activités
de mise en valeur du territoire et
des ressources qui s'y trouvent, notamment en ce qui a trait au développement
énergétique, et ce, avec la participation des communautés autochtones et
en concertation avec celles-ci.
C'est dans ce
contexte que nous avons récemment conclu une entente-cadre avec la première
nation des Innus de Pessamit. Cette
entente favorisera la collaboration entre le gouvernement et la première nation
et permettra une meilleure prévisibilité concernant la mise en valeur
des ressources naturelles.
C'est
45 millions de dollars sur sept ans qui seront versés à la première
nation des Innus de Pessamit, permettant à la communauté d'investir
davantage dans son développement économique et social.
Mme la
Présidente, les personnes immigrantes contribuent aussi de manière importante
au développement économique et social du Québec.
Le gouvernement investit
400 millions de dollars afin de faciliter leur intégration à la
société québécoise et au marché du travail par des services d'accompagnement et
d'apprentissage du français.
Afin de
répondre à la hausse notable de la clientèle de Francisation Québec, j'annonce
320 millions de dollars pour : augmenter sa capacité à offrir des cours de français aux individus;
soutenir les entreprises réalisant des activités de francisation en milieu de travail; et soutenir les organismes
qui favorisent l'acquisition et l'amélioration des connaissances en français.
En tout
temps, Mme la Présidente, les interventions du gouvernement doivent être
efficientes. Le gouvernement a le devoir de s'ajuster pour agir en
adéquation avec l'évolution de la société et les priorités nouvelles qui
émergent.
Étant donné l'incertitude économique, nous
faisons le choix d'adopter une approche graduelle pour revenir à l'équilibre budgétaire. Le gouvernement agit dès
maintenant et sur plusieurs fronts pour optimiser l'action de l'État et générer
2,9 milliards de dollars sur cinq ans afin de financer ses priorités.
Le marché du
travail au Québec a évolué considérablement depuis l'instauration de certains
crédits d'impôt dans le secteur des
technologies de l'information. Ceux-ci visaient principalement à soutenir
l'emploi à une époque où le taux de chômage était deux fois plus élevé
qu'aujourd'hui.
• (16 h 40) •
Aujourd'hui,
j'annonce donc que nous allons améliorer l'équité et les retombées des crédits
d'impôt soutenant les emplois du
secteur des technologies de l'information : en harmonisant graduellement
le niveau de remboursabilité dans les
taux de base du crédit d'impôt pour le développement des affaires électroniques
et du crédit d'impôt pour la production de titres multimédias; en recentrant
l'aide fiscale au secteur des technologies de l'information sur les emplois à
plus forte valeur ajoutée; et en
resserrant l'aide fiscale pour les effets visuels et... en resserrant l'aide
fiscale pour les effets visuels et l'animation en ciblant celle-ci sur
les dépenses de main-d'oeuvre.
J'annonce
également l'abolition du crédit d'impôt aux entreprises favorisant le maintien
en emploi des travailleurs d'expérience puisque celui-ci n'a pas produit
les résultats attendus.
Grâce à ces
modifications, l'aide fiscale aux entreprises sera réduite d'environ
1 milliard de dollars sur cinq ans, mais demeurera
compétitive.
Par ailleurs,
le gouvernement demande à ses principales entreprises d'optimiser leurs performances
pour atteindre des gains de 1 milliard de dollars sur cinq ans.
Hydro-Québec, Loto-Québec, la Société des alcools du Québec, la Société québécoise du cannabis et Investissement Québec
devront présenter un plan détaillant les efforts d'optimisation et d'efficience
pour y parvenir.
Mme la
Présidente, on sait que le tabagisme engendre des coûts de santé pour les
sociétés qui sont estimés... pour la société qui sont estimés,
annuellement, à 3,8 milliards de dollars.
Puisque la taxation des produits du tabac
constitue l'une des meilleures mesures pour lutter contre le tabagisme,
particulièrement chez les jeunes, j'annonce qu'à compter de minuit ce soir le
prix d'une cartouche de 200 cigarettes augmentera de 2 $.
J'annonce également qu'une seconde hausse de
2 $ par cartouche aura lieu le 6 janvier 2025.
Ces hausses
permettront de diminuer le nombre de fumeurs, ce qui favorisera l'atteinte de
l'objectif de la Politique gouvernementale de prévention en santé qui
vise à réduire la prévalence du tabagisme à 10 % d'ici 2025.
Enfin,
j'annonce qu'un examen complet des dépenses fiscales et budgétaires du
gouvernement sera amorcé dès le printemps.
Cet exercice permettra d'identifier des sources
d'économies qui traceront la voie vers l'équilibre budgétaire. Les premières actions résultant de cet examen
seront intégrées au plan de retour à l'équilibre budgétaire qui sera déposé au
moment du budget 2025-2026.
Mme la
Présidente, cette révision nécessaire des interventions du gouvernement
permettra d'assurer un financement stable et prévisible de nos
priorités : offrir des services de qualité en santé et en éducation.
The Government is reiterating its firm
commitment to restore fiscal balance while prioritizing funding for healthcare and education.
J'aimerais terminer en parlant d'une mesure qui
revêt une importance particulière pour moi. Nous savons tous que le
soutien aux aînés et aux personnes vulnérables est fondamental, au Québec.
Depuis ma
nomination à titre de ministre des Finances, j'ai été sensibilisé aux
répercussions de la réduction de la rente
de retraite pour les aînés en situation d'invalidité, une mesure mise en place
il y a plus de 25 ans et que nous avions partiellement corrigée
dans le cadre de l'exercice budgétaire 2021-2022.
C'était alors la première fois qu'un
gouvernement s'y attaquait.
Aujourd'hui,
je suis fier de vous annoncer que notre gouvernement éliminera totalement la
réduction de la rente de retraite pour les aînés en situation
d'invalidité qui atteignent l'âge de 65 ans.
À partir du
1er janvier 2025, un prestataire atteignant 65 ans pourra recevoir le
plein montant de la rente qu'il aurait reçue s'il avait pris sa retraite
à cet âge.
Ce sont plus de 75 000 aînés en
situation d'invalidité qui bénéficieront de cette décision.
Mme la Présidente, nous avons de grandes
ambitions pour le Québec.
Nos objectifs s'appuient sur un réseau de
l'éducation qui nous rend fiers, un système de santé efficace et une économie innovante. Surtout, ils s'appuient sur
notre volonté à tous de travailler ensemble pour instaurer les changements
nécessaires afin que le Québec réalise son plein potentiel.
Le Québec est bien positionné pour amorcer une
reprise durable dès le deuxième semestre de l'année 2024, de manière
synchronisée avec la diminution de l'inflation et l'assouplissement de la
politique monétaire.
Grâce à une gestion responsable des finances
publiques, le gouvernement rétablira l'équilibre budgétaire en poursuivant les versements au Fonds des
générations et en assurant un financement stable et prévisible des missions de
l'État. C'est une approche équilibrée qui sera renforcée par nos actions
visant à rendre le gouvernement plus efficace.
J'ai eu
l'occasion de dire à de multiples reprises, en cette Chambre, que les Québécois
sont les contribuables les plus taxés en Amérique du Nord. Mme la Présidente,
tant que notre gouvernement sera au pouvoir, nous protégerons leur
pouvoir d'achat.
La voie de la
responsabilité est exigeante. Elle nécessite du courage. L'engagement que nous
prenons aujourd'hui, c'est de continuer à faire les bons choix pour le
Québec. Celui d'aujourd'hui et celui de demain.
Merci, Mme la Présidente.
(Applaudissements)
Motion proposant que
l'Assemblée approuve la
politique budgétaire du gouvernement
M. Girard (Groulx) : Mme la Présidente, je propose que l'Assemblée
nationale approuve la politique budgétaire du gouvernement. Je vous
remercie.
La Présidente : M. le ministre des
Finances, votre motion est présentée.
Commentaires de l'opposition
Je cède maintenant
la parole à M. le député de Marguerite-Bourgeoys, porte-parole de l'opposition officielle en
matière de finances, pour ses commentaires d'une durée maximale de
10 minutes. M. le député, la parole est à vous.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Merci, Mme la
Présidente. Déficit record, «record deficit», un gouvernement qui a perdu le contrôle. La CAQ est arrivée au pouvoir avec des
surplus de 7 milliards. Cette année, c'est un déficit de 11, un changement
de 18 milliards en six ans. À terme,
après le budget... le dépôt du budget du ministre, la dette aura augmenté de
28 milliards de dollars. Est-ce que le Québec va mieux, la santé,
l'éducation, l'économie? Non, Mme la Présidente.
Le premier
ministre nous a demandé de le juger sur ses résultats : perte de contrôle
des finances publiques, gaspillage de nos marges de manoeuvre, la productivité
qui diminue, le niveau de vie des Québécois qui diminue, les services
publics qui reculent, le poids de la dette qui alourdit tous les Québécois, manquer
la cible des prévisions économiques par plus de 60 %. «The
Minister missed his mark by more than 60%. Absolutely ridiculous.» C'est
ça, la CAQ.
La CAQ nous a
promis un retour à l'équilibre budgétaire en 2027‑2028. Ils se sont
trompés. Ils se sont beaucoup trompés. Le premier ministre a tenté de mettre la
faute sur le dos de tout le monde, les syndicats, mais c'est la mauvaise
gestion des finances publiques. Ils ont juste eux-mêmes à se blâmer.
Des
chèques électoralistes, la venue des Kings, des échecs retentissants, des
promesses brisées, maternelles quatre ans, maisons des aînés, des espaces bleus, Panier bleu, tout tellement mal
planifié, percé de tous bords tous côtés, le gouvernement ferme la
porte.
• (16 h 50) •
Une des fameuses promesses de ce
gouvernement-là, c'était de réduire la taille de l'État. Encore une fois, c'est
l'inverse qui se passe. Pour rétablir sa
crédibilité financière, le gouvernement de la CAQ doit changer d'attitude, doit
faire preuve d'humilité et choisir la transparence. Le premier test sera
l'adoption d'un projet de loi instituant le directeur parlementaire du budget d'ici juin. Ça va permettre un regard
indépendant des revenus et des dépenses gouvernementales.
La CAQ nous éloigne des objectifs de réduction
de la dette que nous nous sommes collectivement imposés. La CAQ a perdu le contrôle. C'est
10 milliards de charge d'intérêts cette année, 10 milliards qui vont
aux prêteurs, 10 milliards qui
ne vont pas aux Québécois, Mme la Présidente. La CAQ doit assumer ses responsabilités
de fiduciaire à l'égard de tous les Québécois, et ça aussi, ça inclut
les jeunes, Mme la Présidente.
La CAQ n'est plus crédible. Que voulez-vous, on
gère croche. Puis, quand on ne planifie pas plus loin que le prochain sondage, on a la CAQ. On se rappelle les
tergiversations interminables sur le troisième lien, et ça, ce n'est même pas
encore fini. On a changé les règles derrière les portes closes pour faire face
à Northvolt. Et le ministre des Finances a voulu nous faire croire que
l'entente entre les syndicats n'aurait pas d'impact supplémentaire sur les
finances publiques en novembre dernier.
Quand on fait
tout ça pour élire à coup de chèques de 500 $, qu'on finance des factures
en hypothéquant la semaine... l'avenir de nos jeunes, c'est ça, la CAQ. Ça
prend quand même du culot pour gérer aussi mal, gaspiller toutes nos
finances à nous autres. Un déficit de record de 11 milliards sans même
aujourd'hui avoir le respect des Québécois et déposer aujourd'hui, pas dans un
an, un plan pour retourner à l'équilibre budgétaire. C'est un échec
retentissant.
Mme la
Présidente, être bon gestionnaire, être équitable pour toutes les générations,
c'est d'avoir un horizon qui va au-dessus du cycle économique. Ça prend une
vision et le souci de vouloir faire tout pour tous les Québécois. D'emblée,
on s'entend que la santé et l'éducation, c'est une priorité, c'est des missions
importantes, mais c'est sûr... depuis la Révolution
tranquille, c'est comme ça, mais, dans la situation actuelle et de ce
gouvernement, c'est absolument inconcevable que l'économie ne soit pas la priorité numéro un. Ce n'est à rien y
comprendre, un gouvernement de comptables qui ne savent pas comment
compter et aider nos entreprises.
Pour le Parti libéral du Québec, c'est simple,
on doit faire croître notre économie, on doit la faire grandir pour que tout le
monde puisse en profiter. Ça veut dire quoi? Ça veut dire produire plus,
investir dans les programmes d'aide aux PME
pour que l'objectif est d'augmenter la productivité. Et ça, ça devrait être la
priorité numéro un du gouvernement. Aider
nos PME à augmenter et à supporter la numérisation et la modernisation de leur
modèle d'affaires, priorité numéro un.
Après six ans
d'attente, ce que la CAQ fait dans son budget, c'est de lancer une réflexion
sur le crédit d'impôt. Ça leur a pris six ans, et ils commencent par
couper 1 milliard.
La CAQ nie la
crise du logement et le ralentissement de l'industrie de la construction, Mme
la Présidente. En juillet dernier, le
premier ministre déclarait qu'il avait quatre 1er juillet derrière lui et
que tout allait bien. Aujourd'hui, il nous annonce que les Québécois qui se retrouvent sans logement le
1er juillet vont avoir un beau petit chèque. Un échec de sa part.
L'offre et la
demande ne peuvent pas être améliorées par une baisse de taux d'intérêt. La CAQ
planifie la Banque du Canada... la
baisse de la Banque du Canada comme étant le levier pour améliorer la crise du
logement. Il faut comprendre la base de l'économie 101, là. L'offre et la
demande vont toutes les deux être stimulées par la baisse de taux d'intérêt,
le prix ne diminuera pas, l'acceptabilité ne
sera pas au rendez-vous. On doit aider nos entrepreneurs en baissant la TVQ,
comme le fait l'Ontario, si on veut
se comparer tout le temps à l'Ontario. C'est important de le faire pour être
compétitifs. On doit aider nos
municipalités à être justement capables de faire émettre des permis plus
rapidement pour que les projets lèvent de terre plus rapidement. C'est ça, une priorité en habitation, Mme la
Présidente. La CAQ doit arrêter d'attendre après la Banque du Canada.
Pour tous les
parents pris à la maison par manque de garderies publiques, pour résorber le
problème de pénurie de main-d'oeuvre, on demandait de convertir
15 000 places en garderies privées à 60 $ par enfant par jour en
des garderies publiques à 9,10 $...
permettre ainsi à des milliers de parents de retourner sur le marché du
travail. On a ici un gouvernement qui
veut convertir 1 000 places en cinq ans. Ça, c'est 200 places
cette année. Puis, quand on regarde dans le détail, ce n'est même pas
200 places cette année. C'est totalement ridicule. C'est être déconnecté
de la réalité.
Mme la
Présidente, au Parti libéral du Québec, on doit... on veut faire croître le
Québec en gérant nos dépenses de façon
efficace, mais on veut surtout proposer ce que les Québécois veulent : une
amélioration de notre économie. Nous, ce qu'on veut, c'est améliorer la
ligne en haut, pas la ligne en bas, comme le ministre semble vouloir faire.
Mais ce gouvernement-là n'est même pas capable de voir arriver les enjeux, pas
capable de s'adapter à la situation économique, incapable de prévoir de façon
adéquate, porte encore ses lunettes roses après ses mauvaises prévisions de
croissance économique, l'an passé. «You missed the mark.» Vous l'avez manqué
totalement l'an dernier.
Aujourd'hui, le ministre prédit des hausses des
revenus qui sont encore une fois complètement irréalistes. L'Institut du Québec prévoit des hausses de
revenus, pour les années qui s'en viennent, de 1,5 %. La CAQ prévoit des
hausses de revenus de 4,6 %,
trois fois plus. C'est la même sorte de lunettes roses... en fait, plus roses
là-dessus que l'an passé. C'est inconcevable.
On va manquer la cible. Encore une fois, ce gouvernement-là n'est pas crédible.
La crédibilité économique de la CAQ est maintenant inexistante.
On le voit
bien, Mme la Présidente, nos PME, notre économie, les contribuables, les
prochaines générations ne sont pas la priorité de ce gouvernement-là. Ils n'ont
même pas été capables de voir arriver l'inflation, incapables de voir la pénurie de main-d'oeuvre, incapables de
comprendre la crise du logement. Et aujourd'hui, Mme la Présidente, la CAQ
est incapable de comprendre comment s'en sortir car ce gouvernement-là n'est plus
crédible. Signe du temps, Mme la Présidente, l'an passé, ce discours-là de la part du ministre avait duré
53 minutes; cette année, ce n'est même pas 40 minutes. Ce
n'est plus important pour eux autres, l'économie, Mme la Présidente.
On doit avoir
l'amélioration de notre productivité comme priorité numéro un. La priorité
numéro un, c'est l'augmentation,
l'amélioration de la productivité. Qu'est-ce qu'on voit avec la CAQ depuis les
cinq dernières années? On voit zéro amélioration de la productivité,
zéro augmentation depuis les cinq dernières années. C'est famélique. Aucun
gain. Faire des gains en productivité, c'est
le seul levier qu'il nous reste, Mme la Présidente. La CAQ ne comprend même pas
ça. C'est inconcevable. La CAQ est
disqualifiée en économie, disqualifiée en finances publiques, elle a perdu le
contrôle des finances au Québec, et on exige de ce gouvernement qu'il
change d'attitude et qu'il se ressaisisse.
Pour ce
faire, Mme la Présidente, ce qu'on veut, c'est que le gouvernement écoute nos
idées libérales de prioriser la
productivité, aider la construction de logements, convertir des places en
garderie, parce que ce qu'on observe aujourd'hui,
c'est un gouvernement qui est en perte totale de contrôle et qui n'a pas le
courage de déposer aujourd'hui, avec la
mauvaise annonce de 11 milliards de déficit, un plan de relance de
l'économie. La CAQ dépense sans limites, elle dépense mal. Les Québécois
vont en payer la note, ils vont recevoir des services de moins en moins bonne
qualité.
La Présidente : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Maurice-Richard, porte-parole du
deuxième groupe d'opposition en matière de finances, pour ses commentaires
d'une durée, également, de 10 minutes. M. le député, la parole est
à vous.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Un budget, c'est un moment formidable pour régler les problèmes du
moment, les crises du moment et pour prévoir l'avenir, Mme la Présidente.
Parlons
d'abord des crises du moment. Ici, à côté de «santé» et «éducation», il manque
clairement le mot «logement», Mme la Présidente. C'est comme... Ça fait
six ans, ça a pris six ans pour Québec solidaire à faire... à rendre compte... à faire en sorte que ce gouvernement reconnaisse
ne serait-ce que cette crise. On a l'impression que ça va prendre un autre
six ans pour que ce gouvernement commence à
prendre action sérieusement. Il n'y a rien, rien pour stimuler la construction
des maisons et des appartements neufs, rien
qui changera pour les premiers acheteurs. Il y a, et je cite, Mme la Présidente,
1,5 million par année «pour accroître
le nombre de logements étudiants et entretenir le parc immobilier».
1,5 million par année pour accroître le nombre de logements étudiants et
entretenir le parc immobilier. Par étudiant, Mme la Présidente, ça fait à peu près un café, ça fait 4 $ et
quelques. Est-ce que, vraiment, on est sérieux? En tout, c'est moins qu'une
game des Kings, Mme la Présidente. C'est ça qu'on va mettre l'année
prochaine pour aider les étudiants à se loger.
• (17 heures) •
Il y a
quelques mois seulement, le gouvernement a lancé en grande pompe le
1,8 milliard qui sera investi dans les logements sociaux et abordables. Eh bien, Mme la Présidente, ils ne sont
pas pressés de le dépenser, ce 1,8 milliard pour l'année 2024‑2025. Sur les
7 500 logements qui sont promis, il y en a zéro de ce million-là qui
est investi. Pour les 500 logements
pour les personnes itinérantes, il y a zéro de cet argent-là qui est investi.
On ne sait plus comment s'y prendre, Mme la Présidente. Les personnes
dans la rue ne font qu'augmenter depuis que ce gouvernement-là est en place.
Les personnes sont mal logées, paient
beaucoup trop cher pour leur logement, sans compter toutes celles et ceux qui
n'ont plus aucune chance de pouvoir s'acheter une maison.
On
s'attendait à un coup de barre, Mme la Présidente, quelque chose de sérieux
comme nous le proposions, une diminution de la TVQ de 50 % pour le privé
et de 100 % pour le hors marché. On s'attendait même à des mesures qui ne
coûtent pratiquement rien, Mme la
Présidente, comme le registre des loyers, qui pourrait protéger les loyers, ou
l'abolition de la clause F pour les
nouvelles constructions. Malheureusement, encore une fois, ce budget ne passe
pas le test de l'inspection, il y a donc un vice caché. Il n'y a rien,
Mme la Présidente, qui s'attaque de front à la crise du logement.
Mais, comme je dis, Mme la Présidente, il faut
aussi prévoir pour l'avenir, et je vais prendre deux exemples.
Commençons
d'abord par la question de la crise climatique. Ça a beau être une crise, on
peut la prévoir, Mme la Présidente.
Dans les investissements en transport, et c'est, à chaque année, la même chose,
Mme la Présidente, 73 % de l'argent
est pour le routier et seulement 27 %, Mme la Présidente, est pour le
transport collectif. Aucun nouveau projet de transport en commun ne sera
démarré, pas plus que l'année dernière, pas plus que l'année d'avant. Ça fait
maintenant six ans que le gouvernement
de la CAQ est au pouvoir. Il n'y a eu aucun projet de transport en commun qui
sera démarré, et il n'y en aura pas plus cette année, en 2024, Mme la
Présidente, sans compter, évidemment, le financement du transport qui existe déjà et qui est très largement
insuffisant. On s'attend probablement à des baisses de fréquence, alors qu'au
contraire nous devrions augmenter les
lignes et augmenter l'achalandage, pour pouvoir, à un moment, lutter et
permettre aux gens de se passer de leur voiture.
En matière de
changements climatiques, il y a évidemment, aussi, les crises. Le ministre des
Finances en a parlé. Le gouvernement
de la CAQ prévoit donc 7 millions pour mieux combattre les feux de forêt,
Mme la Présidente, 7 millions. L'année
dernière, ça nous a coûté 200 millions pour les éteindre, Mme la
Présidente. Est-ce que ça, c'est vraiment prévoir l'avenir? Nous
pouvons, d'ores et déjà, prévoir qu'il va y avoir des feux, des inondations,
des catastrophes climatiques. Il a fait 15° au mois de février, il y a
seulement une semaine, ici, au Québec. Et, pour faire face à la hausse des
sinistres, Mme la Présidente, c'est
7,7 millions qui seront investis, 61 millions sur cinq ans.
Souvenez-vous des inondations, l'année dernière, à Charlevoix, dans Chaudière-Appalaches.
Est-ce qu'on pense sérieusement que ce sera suffisant?
Pour ce qui
est de prévoir l'avenir, on peut aussi tout de suite parler du vieillissement
de la population, Mme la Présidente.
La Commissaire de la santé et du bien-être nous disait qu'il y a seulement
10,7 % des besoins en soutien à domicile qui sont remplis par l'État actuellement. Le gouvernement prévoit
passer, aujourd'hui, de 400 000 personnes qui reçoivent des services à
417 000 seulement en 2028. Est-ce que c'est vraiment comme ça qu'on
veut traiter nos aînés? Non seulement parce
qu'ils préfèrent rester chez eux et recevoir ces services, mais, en plus, parce
que ça va coûter moins cher, moins cher d'offrir ces services-là, plutôt que de les retrouver dans des CHSLD ou
évidemment, moins cher pour eux de payer des RPA.
Il va falloir,
à un moment, se poser la question, Mme la Présidente, de la prévention en
santé. Parce qu'au-delà, effectivement,
de garder les investissements qu'on a en santé, la question qui se pose, c'est
quel genre de prévention on doit
mettre en place pour que les gens soient moins malades et pas seulement les
traiter quand ils sont malades. Chaque dollar investi en prévention nous
en fait économiser six. Quel manque de vision, Mme la Présidente!
Maintenant,
on entend beaucoup les gens parler de dette. D'abord, commençons par mettre en
perspective. Sur les 11 milliards
de dette, il y en a 2,2 qui vont, en fait, dans le Fonds des générations. Ça, je dois dire que c'est une spécialité
du Québec. Imaginez-vous, qui allez à votre
banquier, Mme la Présidente, et que vous mettez 5 000 $ dans vos
REER, et qu'à cause de ces économies-là on vous dit : Vous êtes
dans le rouge. Ce n'est pas sérieux, Mme la Présidente. Il y a aussi 1,5 milliard de prévention, d'éventualité,
sans compter, évidemment, toutes les prévisions qui sont faites dans le budget
pour payer pour les arrérages des différentes négociations qu'il y a eu
dans les augmentations de salaire de l'année dernière. Et qu'est-ce qu'une
dette, quand nos écoles sont en mauvais état? Qu'est-ce qu'une dette, quand nos
hôpitaux sont en mauvais état, quand nos
routes sont en mauvais état? Ça aussi, c'est des dettes, Mme la Présidente, et
rappelons que la dette, aujourd'hui, est inférieure, en fonction du PIB,
au pourcentage qu'elle était avant la COVID.
Maintenant, si on en est là, c'est aussi parce
que le gouvernement n'avait pas prévu, l'année dernière, Mme la Présidente,
qu'il allait payer comme du monde des fonctionnaires de l'État, alors que le
ministre de l'Éducation n'était pas capable de trouver des enseignants, alors
que le ministre de la Santé n'était pas capable de trouver des infirmières. Il n'avait pas prévu qu'il allait payer comme du
monde ces gens-là. À la place, il a prévu des baisses d'impôt. Mais il y a de
l'argent, Mme la Présidente. Quand il y a une dette, il y a les dépenses, mais
il y a aussi les revenus. Juste les baisses d'impôt
des personnes qui gagnent plus de 100 000 $ nous coûtent aujourd'hui
un demi-milliard par an, récurrent tous les ans. Quand la CAQ est arrivée au
pouvoir, il y avait 11 milliardaires qui accumulaient 26 milliards,
Mme la Présidente. Ils sont
aujourd'hui 17 et ils en accumulent 50 milliards. Ils n'ont eu que des
baisses d'impôt, des baisses de taxe scolaire, des baisses d'impôt, et c'est eux qui sont
actionnaires des compagnies qui mettent de plus en plus d'argent dans les
paradis fiscaux. Nous avions des propositions, à Québec solidaire, pour
aussi aller chercher cet argent-là.
Pour conclure,
Mme la Présidente, il y a quand même des bonnes nouvelles dans ce budget.
D'abord, il y a effectivement les
revenus des fonctionnaires qui ont augmenté, et on salue le gouvernement, mais
surtout les fonctionnaires qui se
sont levés pour leurs droits, les parents d'élèves qui ont encerclé leurs
écoles et tous ceux qui ont lutté pour notre fonction publique, qui est notre
richesse commune. Il y a aussi la pénalité du RRQ qui a été mise en place par
le Parti québécois, maintenue par le
Parti libéral, et, au bout de six ans, enfin enlevée par la CAQ. Et c'est bien,
parce qu'il y a de ces gens-là qui se sont mobilisés avec dignité, et ça
a été notre fierté, Mme la Présidente, de nous battre à leurs côtés.
Ça fait qu'en
attendant, en attendant un budget solidaire qui prend de bras-le-corps les
questions climatiques, les questions de justice sociale, en attendant, la lutte
va continuer, et nous aurons d'autres gains, Mme la Présidente. Et c'est
bien aux côtés des personnes qui sont mal logées, des personnes qui travaillent
à plein temps et qui n'y arrivent plus, des
étudiants qui sont endettés que vous allez nous voir, Mme la Présidente. Et
j'espère de tout mon coeur que nous allons gagner ces batailles-là.
Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Je cède maintenant la parole au chef du troisième
groupe d'opposition et porte-parole du troisième groupe d'opposition en matière
de finances pour vos commentaires d'une durée de 10 minutes. La parole est
à vous.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Merci, Mme
la Présidente. Avant de commenter ce budget, j'aimerais faire une observation. Le rôle du ministre des Finances est
un rôle très ingrat. Être ministre des Finances au Québec, c'est d'accepter
de porter le poids des missions les plus complexes, les plus coûteuses et les
plus fondamentales pour le bien-être de notre monde :
la santé, l'éducation, les services sociaux, et on doit faire tout ça avec
environ un peu plus que la moitié des impôts et des taxes perçues au Québec. L'autre moitié va à un autre palier de
gouvernement, j'en parlerai tantôt, mais, d'entrée de jeu, constatons la
difficulté de l'exercice et le fait que l'exercice devient de plus en plus
difficile.
Ce budget est
marquant parce qu'il a un déficit de 11 milliards, le déficit le plus
important de l'histoire du Québec, alors que, dans l'exercice de 2023, on
préparait un déficit de seulement 4 milliards. Donc, c'est une différence
très importante. Quand on regarde le
pire des scénarios qu'on avait prévu l'an dernier dans ce budget, le scénario
d'une récession, le ratio dette-PIB
montait à 38,9 %. Le scénario qu'on attendait était à 37,5 %. Là,
dans ce nouveau budget là, à peine un an plus tard, on monte à 41 %
de ratio dette-PIB. Donc, ce n'est pas rien.
• (17 h 10) •
En même
temps, en toute équité, ce n'est pas non plus une catastrophe... Merci, cher collègue.
Ce n'est pas non plus une catastrophe. Si vous voulez voir une catastrophe, Mme
la Présidente, je vous conseille... je vous invite à aller à Ottawa et à
ouvrir les livres. On aura endetté le gouvernement fédéral de
120 milliards depuis que Justin Trudeau est au pouvoir. Ça, lorsqu'on calcule la part du Québec dans cette dette-là,
c'est une dette de 14 milliards de dollars à chaque année
depuis 2015. Donc, le 11 milliards du ministre des Finances du Québec a
l'air d'un pique-nique dans le parc à côté
de ça. Et, dans cette perspective-là de réaliser à quel point le contexte,
l'asphyxie de nos finances québécoises a lieu, oui, il faut mentionner
les difficultés économiques.
Oui, on peut dire qu'il y avait trop
d'enthousiasme l'an dernier, un budget qui était entièrement consacré à la
promotion des baisses d'impôt. On a prévu une croissance économique de
1,4 %, on se retrouve avec 0,6 %. Évidemment
que c'est un facteur. Évidemment que certaines décisions de ce gouvernement ont
un impact sur ce ratio dette-PIB, qui a
connu un recul important. Baisser les impôts, ça coûte, de manière récurrente,
1,7 milliard à chaque année. D'ailleurs,
on s'était engagés, du côté du gouvernement, à ne pas baisser les services. Je
note que certains ministères voient leur
budget baisser, comme celui de la Famille. Donc, attendez-vous à ce qu'on fasse
notre travail et qu'on demande des comptes sur ces questions-là.
Oui, on a
fait des chèques, et ces chèques-là n'affectent pas le déficit mais affectent
la dette. C'étaient des chèques de plusieurs milliards de dollars. Le ratio
dette-PIB ne serait pas le même si le gouvernement n'avait pas fait ces choix-là.
Oui, du côté
du gouvernement, on a choisi d'y aller avec des projets qui sont, somme toute,
des échecs, comme les centaines de millions de dollars d'études pour des
projets en transport qui n'auront jamais lieu, le tramway, le troisième
lien, le REM de l'Est, comme les maternelles quatre ans, comme les maisons des
aînés qui ont coûté une fortune et qui parfois
sont toujours vides, les Espaces bleus, les paniers bleus, mais toutes ces
décisions, qui ont un impact sur le ratio dette-PIB et qui font partie de la joute normale et saine d'une
démocratie entre les partis d'opposition et le gouvernement, ne
devraient pas nous empêcher de voir l'ensemble, la forêt, et non pas seulement
l'arbre.
Au-delà des
décisions avec lesquelles je suis en désaccord avec ce gouvernement, il y a les
nombreuses demandes de ce
gouvernement au fédéral, lesquelles se sont soldées par des échecs cuisants. Je
vous en nomme quelques-uns : les demandes
pour les coûts générés par les demandeurs d'asile, 100 millions sur
1 milliard; la santé, on a obtenu 1 milliard sur 6 milliards; l'assurance médicaments, on
attend toujours; l'assurance dentaire, on attend toujours; on avait demandé un
rapport d'impôt unique qui aurait généré
plusieurs économies, ça a été refusé; les budgets en culture, le remboursement
du verglas qu'on attend toujours, le point d'impôt. C'est ça,
l'essentiel.
Et
d'ailleurs, j'avais demandé au premier ministre, par souci de transparence, de
budgéter avec précision quel était le coût des refus de l'autonomisme de
la CAQ, des gros gains dans le Canada, là, quelle était la valeur précise des
refus qu'on peut documenter, des demandes
qui ont bel et bien été faites, pour lesquelles on a eu un refus. On vient de
nommer 5 milliards en santé,
3 milliards pour le dentaire, 900 millions pour l'assurance
médicaments. Ça va vite. On atteint, de notre côté, 14 milliards.
On a été
partiellement entendus. Je note qu'à la page A.7 il y a une page au
complet qui est dédiée aux demandes du
Québec au gouvernement fédéral et dans laquelle on note que la participation du
fédéral à nos programmes diminue sans arrêt. Pendant ce temps-là, le fédéral a
beau jeu de créer des nouveaux programmes. On asphyxie les programmes déjà
existants qui sont sur les épaules du gouvernement du Québec, et ça, c'est
grave.
Et c'est ça,
le point. Je ne peux pas le chiffrer aussi... avec autant de précision que
pourrait le faire le gouvernement, c'est
le gouvernement qui a les moyens de l'État, mais je réitère que le gouvernement
devrait chiffrer ce 14 milliards. Parce que, le 11 milliards
de déficit, on aurait une perspective tout autre lorsqu'on se souvient de
demandes légitimes du gouvernement du Québec, pour lesquelles on a obtenu un
refus.
En ce qui
nous concerne, au Parti québécois, Mme la Présidente, notre solution est
beaucoup plus simple que ça. On
rapatrie les 82 milliards qu'on envoie à Ottawa et là on donne au ministre
des Finances la latitude de faire des choix en lien avec les priorités
des Québécoises et des Québécois.
Mais la CAQ
prétendait faire des gros gains dans le Canada. Chiffrons-les, ces échecs-là,
parce qu'ils ont beaucoup d'influence sur la marge de manoeuvre du
ministre des Finances dans cet exercice-là. Et c'est ça qu'il faut réaliser,
parce que ça va aller en empirant.
Mario Dumont,
ancien chef de l'ADQ et aujourd'hui chroniqueur et journaliste, parlait d'une
trappe à rats et il a entièrement
raison. C'est un texte rempli de vérité où il nous dit : C'est trop facile
pour le fédéral d'empiéter sur les champs de compétence des provinces, créer des nouveaux programmes et ensuite
dire au gouvernement : Arrangez-vous avec les programmes qu'on a
créés, parce que nous, on retire ce financement graduellement.
C'est ça
qu'on vit en santé. Manquer 5 milliards de dollars, récurrent, à
chaque année, ça fait mal, Mme la Présidente. Ce sont des patients qui
ne sont pas soignés. Des histoires d'horreur comme on entend, comme on essaie
de rapporter constamment, dans l'opposition, ça a un impact sur les gens. Ce
n'est pas une question théorique.
Je m'en voudrais de ne pas souligner les bons
coups parce qu'il y en a. Je veux souligner notamment la fin d'une grande injustice par rapport aux aînés
invalides dans la RRQ. Je me réjouis des investissements dans SOPFEU, tant
mieux, dans la protection de la jeunesse, merci beaucoup, dans le Club des
petits déjeuners. Je suis d'accord avec le gouvernement sur la révision des
crédits d'impôt, parce qu'on est en plein emploi, et certains de ces crédits
d'impôt et de ces subventions aux
entreprises n'ont pas leur place. Ça soulève des questions sur l'investissement
dans Northvolt, mais ça, on aura l'occasion d'en débattre plus tard.
Je veux quand
même également souligner certains points pour lesquels on demeure sans réponse.
Notamment, on a parlé souvent d'accès à la propriété chez les jeunes. On ne
retrouve rien dans ce budget, malheureusement. J'aimerais souligner également le peu d'aide pour les médias.
On s'attendait à un plan de sauvetage pour les médias locaux et régionaux.
En culture, à certains égards, on recule.
J'aimerais aussi souligner qu'il n'y a pas
d'aide immédiate aux agriculteurs et, regardez ce qui se passe en Europe, regardez la mobilisation, je pense qu'on
devrait prendre la situation de nos agriculteurs au sérieux, si on veut nourrir
nos gens.
Mais, somme
toute, je termine, Mme la Présidente, en disant que, oui, il y a des déceptions
pour le Parti québécois, oui, il y a
des bons coups, mais il faut être capable de voir la situation à long terme et
réaliser que le modèle n'est pas durable.
Les postes,
les responsabilités du gouvernement du Québec vont toujours être plus lourds
pendant qu'on n'a pas les leviers financiers, alors que c'est notre propre
argent. Et c'est ce que je souhaite le plus, qu'au terme de ce mandat-là...
Parce que le gouvernement de la CAQ, je ne
pense pas, va changer d'idée sur la question de l'indépendance, même si je sais
que, tout bas, certaines personnes pensent ce que nous, on prône haut et fort,
du côté du gouvernement. J'aimerais à tout le moins qu'on soit transparent et qu'on chiffre,
qu'on dise, on donne l'heure juste à la population en disant la valeur de
l'échec des gros gains dans le
Canada, de l'échec de l'autonomisme, de sorte que le processus décisionnel au
sein de la population, le moment
venu, puisse être éclairé et éclairant et de sorte qu'un jour le ou la ministre
des Finances ne soit pas contraint à des arbitrages aussi déchirants et
difficiles parce qu'il y a un gouvernement de trop qui s'occupe de programmes
aussi inspirants que les passeports
qui, le plus souvent, arrivent après après le vol, une armée qui a une
réputation quand même pas si
reluisante, des programmes comme ArriveCan, Phénix, et acheter des pipelines
comme Trans Mountain, qui était supposé coûter 4 milliards et qui
s'est rendu à 30 milliards.
Un jour, le
Québec ne sera pas contraint à un gouvernement de trop qui nous enlève des
sommes importantes pour les missions
fondamentales de l'État : soigner notre monde, éduquer nos enfants et
prendre soin des plus démunis. Merci. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Merci, M. le chef du troisième groupe
d'opposition. Je reconnais maintenant M. le leader adjoint du
gouvernement. M. le leader adjoint du gouvernement.
Ajournement
M. Lévesque (Chapleau) : ...Mme la
Présidente, moi, je fais motion afin d'ajourner nos travaux au mercredi 13 mars
2024, à 9 h 40, s'il vous plaît. Merci.
La Présidente : Alors, cette motion
est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Présidente : Adopté. En conséquence, nous ajournons nos travaux
au mercredi 13 mars 2024, à 9 h 40. Bonne fin
de journée.
(Fin de la séance à 17 h 20
)