(Dix
heures)
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
bon mardi matin, chers collègues. Je vous invite, s'il vous plaît, à bien
vouloir vous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Je
vous invite à vous asseoir, s'il vous plaît.
Affaires du jour
Alors,
nous allons débuter les affaires du jour. Alors, je vais céder maintenant la
parole à M. le leader adjoint du gouvernement pour savoir avec quoi nous
débutons aujourd'hui.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, bien, d'abord, vous
saluer, M. le Président, c'est un bonheur de vous retrouver, saluer les collègues qui sont en Chambre aujourd'hui,
en ce beau mardi matin un peu frisquet, à Québec, mais, du moins,
ensoleillé.
Donc, je vous
demanderais, à ce stade-ci, d'appeler l'article 16 du feuilleton, s'il
vous plaît, M. le Président.
Projet
de loi n° 31
Reprise
du débat sur l'adoption
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
avec plaisir, M. le leader adjoint du gouvernement. À l'article 16 du
feuilleton, l'Assemblée reprend le débat
ajourné le 15 février 2024 sur l'adoption du projet de loi n° 31, Loi
modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation.
Au
moment d'ajourner les débats, M. le député de Laurier-Dorion avait utilisé
2 min 22 s de son temps de parole. Alors, je vais donc
céder la parole à M. le député de Laurier-Dorion pour la poursuite de son
intervention.
M.
Andrés Fontecilla (suite)
M. Fontecilla :
Merci beaucoup, M. le Président.
Nous entamons aujourd'hui le processus d'adoption finale du projet de
loi n° 31 portant sur des dispositions législatives en matière
d'habitation. C'est un projet... un projet de loi important, parce que le p.l. n° 31, c'est la réponse
du gouvernement de la Coalition avenir Québec à la crise du logement, à une crise du logement qui nous... s'abat
aujourd'hui sur nos têtes, sur la tête de l'ensemble des citoyens et citoyennes
du Québec, alors que cette crise-là existait depuis longtemps et
qu'aucun gouvernement, que ce soit du Parti libéral, du Parti québécois et depuis son élection, en 2018, par la CAQ... n'a
jamais été prise au sérieux, et jamais il n'y a eu des actions
d'envergure pour répondre à cette crise du logement.
Donc, petite
histoire, M. le Président. Ce projet de loi a été annoncé déjà au mois de
janvier 2023. Ça fait plus d'un an, et il a
fallu attendre six mois avant le dépôt de ce projet de loi qui, encore une
fois, avait été présenté comme la réponse
du gouvernement à la crise du logement, en particulier dans le
domaine des relations entre locateurs et locataires. Et ce projet de loi a été présenté à la toute fin
de la session de l'année dernière, je crois que... de mémoire, le 11 juin
dernier. Donc, tout de suite après,
c'est... l'Assemblée nationale a ajourné ses travaux, et nous n'avons entrepris
l'étude de ce projet de loi qu'au mois d'octobre de l'année dernière.
Donc, ça a pris très, très longtemps, alors que la situation exigeait des décisions rapides afin de soulager la pression, ne
serait-ce que sur un secteur très important de l'habitation, le secteur des
locataires.
Malheureusement,
malgré les promesses comme quoi c'était un projet de loi qui allait régler un
grand nombre de situations très problématiques dans le domaine... dans
le secteur locatif, le p.l. n° 31 va alimenter la
crise du logement. Il va ajouter du charbon
dans la fournaise de la spéculation immobilière qui affecte le secteur locatif
partout au Québec, non pas seulement dans les grands centres.
Malheureusement,
après l'étude du p.l. n° 31 sous toutes ses coutures, nous ne pouvons
qu'arriver qu'à la conclusion suivante : le gouvernement de la Coalition
avenir Québec manque cruellement de vision dans le domaine de l'habitation et dans
tout, dans tous les aspects de... je viens de parler du secteur locatif, mais
aussi dans le domaine de l'augmentation de l'offre, donc offrir plus de
logements à la population québécoise.
Dans le domaine de
l'accessibilité à la propriété et dans tout ce qui concerne l'habitation, on
assiste donc à un gouvernement qui manque
d'imagination, manque de vision par rapport... dans ce domaine-là qui est en
crise en ce moment, là. À travers le
p.l. n° 31, le gouvernement de la CAQ ne se contente que
de mesurettes qui ne régleront pas la situation et, pire encore, vont
aggraver la... vont aggraver certains aspects de cette crise du logement.
Donc,
pour s'attaquer à la crise du logement, il faut une vision, une volonté
politique, le désir et l'intention ferme de changer le cours des choses, sortir des sentiers battus, faire preuve
d'imagination, et remettre en question certains dogmes, et avoir des objectifs clairs à court, moyen et
long termes. Oui, la crise du logement n'est pas qu'une affaire de long terme,
mais c'est aussi une affaire de court terme,
c'est aussi des décisions qui doivent être prises très rapidement afin de
régler un certain nombre de
situations très problématiques. Oui, M. le Président, malheureusement, on doit
le dire, il faut avoir de l'imagination et de l'audace pour sortir de
cette crise du logement, ce qui manque au gouvernement de la CAQ.
Ce qu'il faut, pour résoudre la crise du
logement, concrètement, c'est d'avoir un gouvernement qui décide de prendre le
taureau par les cornes et qui se donne pour objectif de concrétiser, au fond,
au fond, fondamentalement, le droit au logement, le droit fondamental à avoir un toit sur notre tête,
qui est un gouvernement qui en ferait une priorité nationale, qui proposerait une nouvelle approche en matière
d'habitation. Après six ans de gouvernement caquiste, manifestement, le gouvernement fait preuve... fait la preuve
qu'il en est incapable, de proposer cette vision et ce plan d'action pour
régler la crise du logement.
Depuis des
décennies, la société québécoise accuse un manque de vision et de planification
dans le développement du domaine de
l'habitation. Déjà, en 1998, ça fait un bail, M. le Président, le Comité
des droits économiques, sociaux et culturels
de l'Organisation des Nations Unies pressait le Canada de considérer le
problème du logement et d'itinérance comme une urgence nationale. Ça ne fait pas seulement d'hier qu'on parle de
ces problèmes. Dès l'an 2000, une grave pénurie de logements
locatifs atteignait un sommet dans les grands centres urbains du Canada, en
particulier au Canada. Les taux d'inoccupation, c'est-à-dire le nombre, le
pourcentage de logements disponibles pour la location, est descendu à proche du 3 % à Montréal, Gatineau et à Québec.
C'était il y a 24 ans, M. le Président. 3 %, c'est ce qu'on considère
comme l'état d'équilibre, dans un marché équilibré dans le domaine du
locatif, et, aujourd'hui, on a descendu encore plus de ce 3 %.
La même année, en l'an 2000, lors de la
Marche mondiale des femmes contre la pauvreté pilotée par l'ancienne députée de l'Assemblée nationale Mme Françoise
David, on revendiquait déjà la construction de 8 000 logements
sociaux par année au Québec. Ce nombre peut paraître dérisoire devant
l'ampleur des besoins aujourd'hui.
Malgré le succès de cette marche, toutes ces
demandes de lutte contre la pauvreté, dont celles sur les logements, furent, à l'époque, rejetées par le gouvernement
péquiste de M. Lucien Bouchard. J'ajoute que ce fut une période
d'austérité assez dure qui a fermé
des hôpitaux, envoyé à la retraite des milliers d'infirmières et d'infirmiers
et qui causa un grave retard dans l'entretien de nos infrastructures
publiques.
Or, si on
veut retracer les vraies causes de la crise du logement, on en vient au constat
suivant. Tout d'abord, l'une des
principales causes de la crise du logement, au fond, c'est la concentration de
la propriété, surtout dans le domaine locatif. C'est ce qu'on appelle aussi la financiarisation du logement locatif,
qui s'est particulièrement accentuée depuis 25 ans au Québec.
Ensuite, oui,
il y a un déficit du côté de l'offre, comme tellement d'intervenants
l'affirment, c'est-à-dire faire en sorte
que le marché de la construction produise davantage de logements. La maison, un
toit, un foyer est devenu payant et est aujourd'hui coté en bourse, du
moins pour ceux et celles qui peuvent se payer... qui ont les moyens d'investir
dans des logements. Mais malheureusement on
doit se rendre compte que le marché privé est aujourd'hui incapable de livrer
le nombre suffisant d'habitations dont la société a besoin de par sa
croissance démographique normale ou attendue.
En 2023,
l'année passée, une étude a rapporté que seulement à Montréal, moins de
1 %, 0,46 % des 129 000 propriétaires
de la métropole possédaient, pour l'année 2020, 32 % des quelque
550 logements locatifs sur l'île de
Montréal. On assiste donc à une concentration des intérêts financiers qui
achètent de plus en plus de portes locatives et au détriment évidemment des
petits propriétaires. Puisqu'on est dans un marché immobilier qui vise
l'optimisation, dit-on, des profits, ce n'est tout simplement pas rentable de
construire en ce moment au Québec. Ce qui explique la chute drastique de
32 % des mises en chantier au Québec en 2023. Et cette année, ça ne
s'annonce pas mieux, M. le Président.
• (10 h 10) •
D'un côté, depuis la pandémie, l'on assiste à
une forte augmentation des prix des matériaux de construction. Également, l'on assiste à une augmentation du coût
de la main-d'oeuvre. À cela, il faut aussi évidemment ajouter l'augmentation du prix du foncier dans un contexte
spéculatif exacerbé. Ces trois facteurs à eux seuls, augmentation du coût des
matériaux de construction, augmentation du coût de la main-d'oeuvre et
augmentation du prix des terrains, expliquent très facilement et font en
sorte d'augmenter considérablement les coûts de la construction neuve.
Et, d'un
autre côté, est-ce qu'on a des acheteurs pour acheter les éventuelles
constructions neuves? Non, parce que le revenu des ménages n'a pas augmenté de
façon aussi importante. Le revenu des ménages n'a pas suivi les coûts... les
augmentations de l'habitation dans tous les
domaines, que ce soit pour accéder à une propriété ou que ce soit dans le
secteur locatif.
Pour les
acheteurs, surtout pour les nouveaux acheteurs, les mises de fonds requises
pour l'achat d'une première maison
sont beaucoup plus importantes. Et, petit détail non négligeable, les taux
d'intérêt ont aussi augmenté. Cela a comme conséquence pour les ménages
de faire en sorte tout d'abord qu'il y a un grand nombre de ménages qui ne
réussissent pas à se qualifier avec leurs
revenus pour obtenir un prêt hypothécaire. Et, pour les ménages qui réussissent
à se qualifier pour un prêt
hypothécaire, ils devront, par conséquent, mettre beaucoup plus d'argent comme
mise de fonds et s'endetter davantage pendant beaucoup plus longtemps.
Là, on se
retrouve donc avec la situation suivante : les constructeurs doivent
vendre leurs nouvelles constructions d'habitation
beaucoup plus chères alors que les consommateurs font face à une hausse du coût de la vie. Résultat : ce n'est pas
payant pour les constructeurs de produits du logement locatif destiné aux
ménages à plus faibles revenus ou aux classes moyennes.
Mais soyons
clairs, M. le Président, il y a de la construction encore au Québec. Il y a eu
une baisse, je l'ai nommée, 32 %
l'année passée dans les mises en... la mise en chantier, mais il s'en construit
encore beaucoup, du logement, soit du logement
en maisons individuelles ou encore du logement destiné à être... à être loué.
Mais cette construction-là s'adresse particulièrement aux ménages à
hauts revenus, donc, c'est du... c'est de l'habitation haut de gamme, là, qui
n'est pas accessible, souvent, aux classes moyennes et surtout pas accessible
aux secteurs les plus démunis de la société.
Cette
situation est accompagnée d'une autre... d'un autre facteur qui concerne tout
particulièrement les politiques publiques,
donc les politiques mises de l'avant par nos différents gouvernements. Une
autre manifestation de la crise du logement
est le désengagement, depuis des décennies, de l'État, que ce soit de l'État
québécois ou de l'État canadien, dans la
construction et le maintien d'un parc de logement social. Cela a commencé il y
a longtemps, là, par le gouvernement fédéral, qui, dans les années 90, sous le gouvernement de Brian Mulroney, a
décidé d'arrêter ses programmes de développement de logement social. À partir de 1994, on a, par
exemple, arrêté de construire des nouveaux... des nouvelles HLM, les
habitations à loyer... à loyer
modique. Le gouvernement fédéral n'a continué qu'à honorer ses engagements pour
le maintien du parc qui avait été
construit, le parc de HLM qui avait été construit pendant des décennies un peu
partout à travers le Canada, dont particulièrement au Québec.
Le
Front d'action populaire en réaménagement urbain, le FRAPRU, que tout le monde
connaît, estimait en 2021 que le
gouvernement conservateur de Brian Mulroney et celui qui l'a suivi, du Parti
libéral de Jean Chrétien, avaient privé le Québec, au nom de la lutte au déficit des années 90, de quelque
80 000 logements sociaux, 80 000 logements sociaux dont
on aurait bien besoin aujourd'hui, en plein
milieu de la crise de logement qu'on connaît, là. Si ces logements avaient été
réalisés, l'on ne serait pas... on ne serait pas dans la même situation, M. le
Président.
En
matière d'habitation, nous naviguons aussi entre trois juridictions
différentes, fédérale, provinciale et municipale, ce qui nous amène à un constat important,
là : nous ne sommes pas maîtres ici, au Québec, de tous les leviers
politiques et financiers. Et, en ce
qui nous concerne, nous, à Québec solidaire, seule la souveraineté,
l'indépendance du Québec, pourrait régler le fouillis provoqué par cette
multiplication de paliers gouvernementaux.
Oui,
suite à l'arrêt du gouvernement fédéral... d'arrêter de financer le
développement du logement social à travers tout le Canada, y compris au Québec, l'État québécois a bien essayé de
continuer l'investissement public dans le logement social via son programme AccèsLogis. Or, ce
programme, malheureusement, n'a jamais eu les moyens nécessaires pour devenir un véritable acteur dans le marché
locatif. Il a fini par être aboli par le gouvernement de la CAQ, qui ne croit
plus au développement du logement
social et qui l'a accusé de tous... de tous les maux, évidemment, qu'il ne
produisait pas tous les logements
promis, que c'était rendu trop bureaucratique. Vous le savez, vous connaissez
l'expression, M. le Président, si
connue ici, au Québec, là : lorsqu'on veut tuer son chien, on l'accuse
d'avoir la rage. Évidemment, c'est ce qui s'est passé avec le programme AccèsLogis, qui, malgré ses
insuffisances, malgré ses défauts, depuis, quoi, 25 ans, 30 ans, a
réussi à construire à peu près
34 000 logements sociaux au Québec, là, dont on est bien contents de
les avoir aujourd'hui. Il en faudrait beaucoup plus.
L'on
arrive ici, donc, à la cause politique de la crise du logement. En fait, il y
en a deux. Je vais commencer par la première.
Ce sont tout d'abord les différentes politiques d'austérité des différents
gouvernements, qu'ils soient péquistes, de Lucien Bouchard, puis celles encore... les politiques d'austérité
encore plus drastiques des gouvernements libéraux de Jean Charest et de
Philippe Couillard dans les années 80 et 2000. La dernière, ce n'était pas
il y a si longtemps, là, c'était à partir de la... en 2015, plus ou
moins. La lutte au déficit... au déficit zéro du gouvernement Bouchard, la
réingénierie de l'État du gouvernement libéral de Jean Charest et l'austérité du gouvernement Couillard ont eu
pour conséquence qu'on n'a tout
simplement pas assez investi dans la construction de logements sociaux,
communautaires ou de logements pour étudiants.
Et
on arrive ici au dernier épisode de la... de cette triste suite d'événements. C'est
un épisode joué par le gouvernement de
la CAQ depuis 2018, qui a nié, dans son premier mandat, jusqu'à l'existence
même de la crise du logement et qui n'a pas déposé, jusqu'à ce jour, un plan d'action en habitation qui
démontrerait ne serait-ce que le début d'une vision pour résoudre la
crise de l'habitation partout au Québec.
Donc,
chaque gouvernement, depuis 30 ans, a manqué de vision globale et
d'ambition, aggravant ainsi la pénurie de
logements, naviguant entre les sondages et les campagnes électorales pour
orienter ses décisions à court terme, toujours en mode rattrapage. Et il y a une raison à cela, M. le Président, et, au
fond, elle est d'ordre idéologique : pour ces différents gouvernements,
dans la foulée du désengagement de l'État, qu'on appelle aussi, on va se le
dire, le néolibéralisme, ils considèrent
l'habitation comme relevant exclusivement du domaine privé, ce n'est pas un
domaine qui relève de l'intérêt public,
là. Pour ce gouvernement, l'habitation, le logement est un... est une... au
fond, est une responsabilité des acteurs privés, soient les individus qui transigent, qui achètent, qui soient... qui
louent ou qui achètent des propriétés ou aussi une responsabilité du secteur privé. L'État, ne lui revient qu'à
contribuer à faire des aides par une participation ponctuelle et partielle et,
au maximum, n'offrant du logement qu'aux franges les plus démunies de
notre société.
• (10 h 20) •
Pour
ces différents gouvernements, qu'ils soient péquistes, libéraux ou caquistes,
ces gouvernements qui se disent pragmatiques
et prônant, entre guillemets, une saine gestion des fonds publics, force est de
constater qu'ils ont oublié l'essentiel : on n'a pas investi à temps ni
assez dans la construction d'un grand parc de logements sociaux à l'abri de la spéculation immobilière, un parc de logements hors
marché en mesure, de par son existence même et son étendue, de réguler le marché de l'habitation. Parce que, si on
avait... Aujourd'hui, on calcule que le parc de logements sociaux, sous toutes
ses formes, soit HLM, coopératives
d'habitation ou gérés par un OSBL en habitation, ne constituent que 4 % du
marché locatif au Québec, là, alors
que, dans d'autres juridictions, il est... il atteint des pourcentages beaucoup
plus élevés. Et un pourcentage plus
élevé, un secteur... un parc de logement social substantiel qui prend une place
importante dans le marché de l'habitation est en sorte... fait en sorte
de réguler les tendances spéculatrices qui se manifestent régulièrement dans le
domaine de l'habitation, parce que, justement, un secteur hors marché qui ne
poursuit pas la finalité d'obtenir des profits, des gains pécuniers fait en sorte que ça donne le choix aux
gens, là, d'aller soit dans le privé ou soit payer moins cher dans le secteur
des... des logements... des logements sociaux.
Et
ici il faut abandonner, M. le Président, là, l'idée — ce
serait un grand pas pour le Québec, là — que
le logement social n'est destiné qu'aux populations les plus pauvres. Le
logement social est, on l'a vu dans différentes juridictions, surtout en
Europe, là, est aussi destiné aux classes moyennes. On a beaucoup parlé du cas
de Vienne où un très haut pourcentage
de l'habitation est socialisé, hors marché, à l'abri des spéculations
immobilières. Et vous retrouvez là, M. le Président, toutes des classes... des gens de toutes les conditions
sociales, y compris les plus pauvres, les plus démunis, jusqu'aux classes
moyennes.
AccèsLogis, par exemple, faisait les
coopératives d'habitation où vous retrouviez autant de ménages de classe moyenne que des ménages à plus faibles revenus,
subventionnés par... souvent par l'État, ce qui permet, M. le Président,
justement ce qu'on
veut, éviter des ghettos de pauvres. On veut éviter la ghettoïsation de la
pauvreté dans le domaine de l'habitation parce que ça amène toutes
sortes de problèmes dont on connaît aujourd'hui les conséquences. Et la mixité sociale, donc, met ensemble des gens de
différents... de différents revenus et contribue à faire des sociétés plus
harmonieuses et des sociétés plus
pacifiques, des sociétés où il y a une meilleure cohabitation entre les
différentes... les différents publics, les différentes catégories de
gens qui utilisent l'habitation.
Donc, le
problème, c'est que... est encore plus grave, là, parce qu'on n'a pas seulement
arrêté de développer le parc de
logements sociaux, on a grandement négligé d'investir dans le maintien de nos
habitations à loyer modique, un parc locatif d'environ
75 000 logements, et cela nous coûte aujourd'hui les yeux de la tête.
Pour preuve, on n'a qu'à regarder l'état lamentable
du parc de HLM au Québec. Je cite ici le mémoire prébudgétaire de cette année
déposé par la Fédération des locataires
de HLM du Québec. Je cite : «Nos inquiétudes se basent sur le triste
constat que malgré l'entente Canada-Québec sur les logements signée en 2020 et la mise à la disposition de la Société d'habitation du Québec de près de 2,2 milliards de dollars d'ici 2028, l'état du parc HLM continue
[à] se dégrader à vitesse grand V. Dans son rapport annuel de
gestion 2022-2023, la Société d'habitation du Québec confirme que le pourcentage d'immeubles en bon
état a encore une fois glissé de 72 % à 68 % pour une troisième année de recul consécutif», nous dit la
Fédération des locataires de HLM du Québec. Je continue dans la citation
dans son mémoire prébudgétaire : «Dans son plan
stratégique 2021-2026, la Société d'habitation du Québec s'était pourtant donné
l'objectif [plus] modeste d'améliorer de seulement 1 % par année l'état
général du parc HLM qui était alors à un indice de 75 %. Elle a
plutôt réussi à le dégrader de 2 % par année depuis ce temps.»
Donc, voilà,
monsieur, la preuve, là... c'est la preuve, M. le Président, qu'on a gravement
négligé notre parc de... On n'a pas
seulement renoncé à agrandir, à augmenter notre parc de logements sociaux et
communautaires, on n'a pas assez investi,
et notre parc est en train de se détériorer. Et chaque jour des manques
d'investissement dans notre parc, ça fait en sorte que, le lendemain, on va
devoir investir encore beaucoup plus d'argent dans la rénovation, dans le
maintien de ces actifs-là. Ce n'est
donc qu'un calcul économique. Il est préférable d'investir aujourd'hui des
montants, oui, substantiels, parce que, demain, il va falloir en
investir beaucoup plus.
Par ailleurs,
l'inflation a fait exploser les coûts de construction, et nous devrons combler,
d'ici 2030, un déficit de plus de
800 000 logements au Québec, selon les projections des différentes
sources. 800 000 logements, M. le Président, là, ce n'est quand même pas rien, là. Tantôt, je
disais qu'au début des années 2000 le FRAPRU exigeait un grand chantier de
logements sociaux de 8 000 logements sociaux, mais aujourd'hui il
nous en manque 800 000. On est loin du compte, M. le Président, là. Il faut donc des actions énergiques pour
entreprendre rapidement des actions... des actions substantielles pour commencer à combler ce déficit. Comment a-t-on
pu en arriver là dans un État riche et moderne comme le Québec?
Au-delà du
déficit de logements dont les chiffres nous donnent peur, il ne faut pas
oublier comment les politiques improvisées et axées sur l'austérité budgétaire
ont affecté de façon durable l'état de nos services publics, y compris
nos politiques dans le domaine de
l'habitation. Désinvestir en logement, c'est aussi se magasiner une explosion
des coûts en santé, en éducation et
au niveau de la justice. Pensons aux dizaines de milliers de personnes en
situation d'itinérance au Québec qui sont en détresse et qui vivent de la
marginalité. Aujourd'hui, il faut penser aussi à toute l'itinérance invisible
ou à la précarité résidentielle, qui, on le sait, est encore plus importante à
l'échelle de la province.
Vous savez, M. le Président, là, j'ai passé ma
fin de semaine, mes dernières journées à faire une tournée dans Charlevoix, et tous les acteurs que j'ai
rencontrés dans cette belle région m'ont parlé que la crise du logement est
aussi rendue chez eux. Ce n'est pas
seulement une affaire de la grande région de Montréal qui ne concerne pas,
entre guillemets, les régions. La crise du logement affecte tout le
monde un peu partout, et y compris la crise de l'itinérance.
Oui, il y
a... on nous a parlé de l'itinérance à Côte-de Beaupré, on m'a parlé de
l'itinérance à Baie-Saint-Paul, on m'a parlé de l'itinérance à La Malbaie, dans
des coins, aussi, où est-ce qu'on aurait pu penser que ce phénomène, tel
que l'itinérance, n'aurait jamais existé.
Oui, ça existe, ça existe, même le phénomène des tentes, M. le Président, dans
ces coins-là. Ce n'est plus les
tentes, qu'on parle, qu'on voit dans la région de Montréal ou dans d'autres
grands centres urbains, les campements qui sont démantelés par les
villes. Non, les tentes se retrouvent aussi... À Côte-de-Beaupré, on m'en a parlé, là, des intervenants, des travailleurs de
rue m'ont dit qu'ils font régulièrement des tournées dans le bois, un peu plus
loin. Et il y a des gens qui se cachent et qui installent des tentes un
peu partout dans le bois, là, pour réussir à se donner... à avoir un lieu pour vivre. Et la solution, oui, ça
passe par des refuges, mais la solution ne passe pas que par des refuges. Ces
gens-là ne veulent pas vivre dans un refuge, ne veulent pas traîner toute la
journée et aller quémander une place dans un
refuge la nuit. Il y en a un certain nombre qui le veulent. Mais ces gens-là,
pourquoi ils installent des tentes? Parce qu'ils veulent avoir ne serait-ce que le semblant d'un chez-soi. C'est pour ça
qu'on voit la multiplication des tentes. Et ça ne va pas disparaître, ça
va aller en augmentant avec l'augmentation de l'itinérance un peu partout au
Québec.
Il faut se le
dire, M. le Président, l'itinérance, ça magane les gens, ça magane aussi les
enfants, dont on ne parle pas assez
dans ce débat. D'un déracinement à l'autre, d'un logement inadéquat à un autre,
de nombreux enfants du Québec sont affectés directement dans leur
quotidien, à leur plein épanouissement, par la crise du logement. La semaine
dernière, on a fait grand cas de cette
famille de quatre enfants, à Shawinigan, qui était menacée d'éviction. Et où
est-ce qu'ils vont aller, ces
enfants-là? J'espère qu'ils vont trouver un logement, je l'espère sincèrement,
mais ça va impliquer sans doute un déracinement,
un changement d'école, etc. Et ça, c'est aussi de la violence suscitée par...
provoquée par cette crise du logement.
• (10 h 30) •
À Shawinigan,
où le taux d'inoccupation est à 0,7 %, à Shawinigan... Au début de mon
intervention, M. le Président, je
parlais de la crise du logement au début des années 2000 où on avait
descendu sous la barre de 3 %. Aujourd'hui, dans une petite ville comme Shawinigan, on est rendus à
0,7 %. Évictions, déménagements, augmentations abusives des loyers,
punaises de lit, moisissures, etc. En 2024,
des parents se voient parfois forcés... des garages mal chauffés, avec leurs
enfants, en attendant un miracle qui
n'arrivera pas, un miracle qui pourrait être tout simplement l'accès à un
logement social. Des parents, des
gens, des locataires qui vont parfois se résigner à payer jusqu'à 40 % ou
même 50 % de leurs revenus pour avoir un toit.
Hier,
M. le Président, on a eu des chiffres qui viennent de Statistique Canada, qui nous disent que les locataires vivent beaucoup plus de détresse financière que les
propriétaires et qui, en général, ont une, comment dire... une attitude
beaucoup plus pessimiste face à leur
avenir que les propriétaires en général. C'est cela, les conséquences de cette
crise du logement. Et la conséquence
très pratique, là, de par l'augmentation souvent abusive des loyers, une
augmentation généralisée, c'est que
les locataires s'appauvrissent, tout simplement. C'est de l'argent qui sort de
leur poche pour des locateurs et qui ne va pas à avoir une meilleure alimentation, à avoir des vêtements, pourquoi
pas un peu de loisirs. Donc, cette crise du logement n'induit qu'un
appauvrissement marqué de 1,3 million de ménages locataires au Québec.
Un toit précaire, en plus, qui peut partir en un
coup de vent si un spéculateur mal intentionné passe dans les parages à la recherche d'un nouveau flip ou d'une
nouvelle pirouette pour contourner le système et faire une passe de cash,
comme on dit.
Vous savez,
M. le Président, quel est le pire moment pour un locataire au Québec? C'est
lorsque ce locataire, il ou elle, apprend que son bâtiment a été vendu.
Son cauchemar commence. Comment le propriétaire va-t-il optimiser son investissement? Va-t-il recevoir un avis
d'éviction ou encore une augmentation de loyer salée? Pour un spéculateur qui
achète du locatif, là, et qui veut faire rapidement de l'argent, son choix doit
impérativement se diriger vers l'éviction de
locataires qui ne paient pas cher, et ce, prétextant des travaux de rénovation,
ce qui, légalement, n'est pas permis, ou encore, ce qui est plus légal, prétextant un agrandissement, ou une
subdivision, ou ce qui vient d'arriver à la famille de quatre enfants de
Shawinigan, c'est ça, une subdivision, ou encore un changement d'affectation,
le tout en invoquant l'article 1959 du
Code civil du Québec. Peut-être, le nouveau propriétaire invoquera une reprise
de logement pour y installer un
parent là, et comment le locataire saura-t-il que son propriétaire a dit vrai?
Aucune façon de le savoir. La loi, le Code civil du Québec, n'impose
aucune vérification a posteriori ni pour les reprises ni pour les évictions.
Ici, je vais
aborder un argument qui revient constamment dans la bouche de ceux et celles
qui approuvent les pratiques spéculatrices comme les évictions.
L'acheteur d'un bâtiment, nous dit-on, a payé cher son acquisition, et, en
plus, à un taux d'intérêt élevé. Il doit
donc, de façon tout à fait légitime semble-t-il, rentabiliser son
investissement en augmentant les loyers.
Je vous informe, M. le Président, que le Tribunal administratif du logement,
lorsqu'une demande de fixation des loyers
lui est soumise, n'accepte pas l'argumentaire des taux d'intérêt élevés et
encore moins celui du prix d'acquisition. On ne peut pas invoquer des taux d'intérêt ou un prix d'acquisition trop
élevés pour augmenter les loyers devant le Tribunal administratif du logement, et cela, pour une
raison fort simple. Lors de l'achat d'un... immobilier, c'est l'acheteur qui a
accepté un prix déterminé et des taux d'intérêt élevés. C'est lui qui a pris le
risque financier en toute connaissance de cause. Il ne revient pas au locataire d'assumer ce risque. Par conséquent, on
n'est pas... on ne peut pas invoquer devant le TAL ces arguments.
D'autre part,
lorsque le locateur investit dans des travaux de rénovation, changer un toit,
rénover une cuisine, changer des
fenêtres, etc., dans ce cas-ci, oui, le locateur peut transférer les coûts sur
les loyers de ses locataires, de ses... les coûts sur les loyers de ses locataires puisque ses locataires
bénéficieront de ces travaux. Or, l'augmentation de loyer devra se faire selon
un calcul relativement simple, fondé sur l'amortissement de cet
investissement-là, étalé sur la durée de vie des travaux entrepris. Si l'on s'attend, par exemple, à ce que le toit qui
vient d'être changé dure 15 ans, le coût du toit sera étalé sur les... par des augmentations des loyers, sur
les loyers des 15 prochaines années. C'est ce qu'on appelle, M. le
Président, l'investissement dans le maintien de son actif.
La logique
immobilière dicte que les profits d'un actif immobilisé, une propriété, seront
obtenus lors de la vente d'un immeuble, mais pas avant. C'est la nature
même de l'immobilier, du capital immobilisé jusqu'à la vente. Les investissements effectués avant la vente d'un
immeuble ne sont que du maintien de l'actif. Si je veux vendre mon immeuble
à bon prix, je vais investir de ma poche
pour qu'il conserve son bon état. Sinon, je vais le vendre à perte, et, ça, on
connaît bien ce type de situation.
Je vais aborder
maintenant un autre aspect de la crise du logement, qui concerne le manque
d'encadrement du marché locatif, qui
induit directement, qui alimente le phénomène de spéculation et qui fait
augmenter les prix du locatif et les prix de l'immobilier en général,
c'est le manque... c'est... voilà.
Pour ceux et
celles qui en ont les moyens, l'immobilier locatif est devenu un secteur de
choix. Il s'agit d'optimiser rapidement
l'investissement, lire augmenter substantiellement les loyers lorsqu'il y a
changement de locataire. C'est le moment
clé pour profiter des l'opportunité et procéder à des augmentations souvent
abusives des loyers. Par exemple... Mais comment... comment faire en sorte
qu'il y ait un recensement des locataires et pouvoir monter les loyers? Souvent,
les gens veulent rester chez eux, c'est ce
qu'on appelle le droit au maintien dans les lieux. Donc, on va, comment dire,
on va donner un coup de pouce pour que le locataire parte et on va
invoquer l'article 1959 du Code civil, qui permet l'éviction des anciens locataires qui ne paient pas cher,
surtout, surtout les personnes âgées qui demeurent depuis longtemps dans un
logement et qui, par conséquent, en général ne paient pas... paient des loyers
beaucoup moins élevés.
Un marché
immobilier qui est parti en fou et qui a fait bondir à la fois les prix des
maisons et celui des loyers, ce qui rend plus difficile que jamais l'accès à la
propriété pour les jeunes. Depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement de la
CAQ en 2018, le prix des maisons a littéralement
bondi de 74 %, M. le Président, ce qui a un effet direct sur le
portefeuille des Québécois et des
Québécoises : hausse des taxes foncières, hausse des taxes de bienvenue
et, bien sûr, hausse des loyers, parce que, tout ça, c'est est
intimement lié.
Afin de mieux
protéger les locataires des hausses abusives des loyers, mais aussi de contrer
la bulle spéculative dans l'immobilier, nous réclamons, nous à Québec
solidaire, depuis des années, en phase avec tout plein d'organismes comme
le FRAPRU, comme le Regroupement des comités
logement et associations de locataires du Québec, et dernièrement en phase
avec 14 maires et mairesses des grandes
villes du Québec et des nombreux experts, la création, l'implantation d'un
registre des loyers public et
obligatoire. Le gouvernement de la CAQ nous a toujours dit qu'un registre des
baux coûterait trop cher pourtant... trop cher à implanter et
administrer. Or, l'organisme Vivre en ville en a développé un et l'a
gracieusement offert
au gouvernement avec un coût de gestion nul pour les trois prochaines années.
Ce registre des baux serait administré avec
des données que nous collectons déjà via le relevé 31 de nos impôts et qui
pourraient aussi nous permettre d'avoir un portrait en continu de
l'évolution du marché locatif au Québec.
• (10 h 40) •
Nous avons
fait aussi de nombreuses propositions pour lutter contre le fléau de
l'hébergement touristique à court terme,
Airbnb et autres compagnies qui s'adonnent à ce commerce-là, phénomène qui a
pris de l'ampleur, une ampleur démesurée et qui affecte particulièrement les régions touristiques. En date du
23 décembre dernier, il y avait 29 500 annonces de logements
sur la plateforme Airbnb au Québec,
29 500 logements qui ne sont pas disponibles pour des ménages
québécois pour se loger. Autant de
logements retirés du marché locatif alors que les taux d'inoccupation sont à
leur plus bas un peu partout, selon le dernier rapport de la société
canadienne d'habitation et de logements. Ces 29 500 logements
pourraient accueillir 29 500 ménages québécois soulageant d'autant la
rareté des logements au Québec.
Sur la
question de la spéculation immobilière, nous avons d'ailleurs fait une
proposition, pas plus tard que la semaine dernière, afin que les offres d'achat à l'aveugle, qui amènent une
surenchère sur les prix des maisons, deviennent transparentes.
Il y a aussi
une cause démographique à la crise du logement, M. le Président. Contrairement
à ce que clament un peu partout des
partis politiques qui veulent casser du sucre sur le dos des immigrants, il y a
plusieurs tendances démographiques qui
affectent la demande en logements au Canada. Tout d'abord, il y a une
croissance de la population chez les 15-24 ans et de plus en plus de ces de ces jeunes-là, c'est des
jeunes travailleurs qui ont un revenu. C'est une bonne nouvelle, mais il est
connu que les jeunes ne restent pas chez leurs parents très longtemps, veulent
voler de leurs propres ailes et quel est le signe
suprême de l'indépendance d'une personne au début de sa vie productive? Bien,
avoir son propre chez-soi. Et cela commence
en général par la location d'une habitation, et ce, d'autant plus qu'il ne
possède pas les moyens pour accéder à la propriété justement à cause de la valeur marchande des maisons, qui a
explosé. Par surcroît, la hausse des taux d'intérêt, qui ne semblent pas prêts de descendre, est aussi un
facteur majeur qui a ajouté un défi supplémentaire pour ces jeunes
professionnels et qui constitue un obstacle de taille pour accéder à la
propriété.
Ensuite, le vieillissement
de la population fait en sorte que certains aînés vendent leur maison pour s'en
aller en logement, ce qui met une
pression supplémentaire sur la demande, bien que ce phénomène soit de moindre
ampleur et plutôt circonscrit en milieu urbain.
D'autre part,
les RPA ferment les unes après les autres, et les aînés se tournent alors vers
le marché locatif traditionnel, ce
qui exerce une pression supplémentaire sur le marché locatif. L'on calcule que
plus de 3 000... 30 000 aînés, pardon, ont dû abandonner
leur RPA à cause d'une fermeture.
Enfin, le
bilan migratoire a certes augmenté de façon marquée depuis quelques années au
Québec, mais, dans les multiples
causes structurelles et historiques de la crise du logement, c'est un facteur
conjoncturel parmi d'autres, surtout pas la première cause de la crise
du logement.
Il est
important de mentionner que les immigrants et les immigrantes qui font partie
du programme de réunification familiale
n'exercent pas de pression sur la demande de logements puisqu'ils viennent
rejoindre des proches qui ont déjà un toit. Quant aux travailleurs temporaires,
qui représentent 45 % des immigrants et des immigrantes sur le territoire,
une partie d'entre eux est déjà à loyer par
leurs employeurs, souvent, malheureusement, dans des conditions très précaires.
Pour ce qui est des demandeurs
d'asile, on a appris que la CAQ avait surestimé le nombre, et, de toute façon,
c'est un phénomène récent qui n'explique en rien un déficit de plus de
800 000 logements.
Nous
demandons depuis longtemps, donc, que l'on cesse de politiser les seuils
d'immigration et que l'on mandate des
experts indépendants pour évaluer la fameuse capacité d'accueil du Québec. M.
le premier ministre et certains de ses ministres
ont fait des déclarations malheureuses à propos de l'immigration lors de la
dernière campagne électorale et ils continuent,
depuis plusieurs semaines, à pointer les immigrants pour mieux détourner le
regard de leur échec en habitation. C'est une attitude irresponsable, M.
le Président, là...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : ...M.
le député.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, j'en ai laissé passer quelques-unes, là, mais
ce sont des propos qui sont blessants, inacceptables. Peut-être
recentrer le propos du collègue, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, on va poursuivre
dans l'ordre. Pour le moment, ça va bien. On va continuer. Je vais vous
demander, évidemment, M. le député de Laurier-Dorion, d'être prudent, mais ça
va bien. Alors, continuez.
M. Fontecilla : ...de
vision, qui manque de hauteur, trouvez des synonymes, parce que les
populations, et en particulier les
demandeurs d'asile, vivent déjà de la discrimination au logement de façon
disproportionnée par rapport aux autres groupes de la société.
L'acharnement du premier ministre et du chef du Parti québécois, entre autres...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : ...rapidement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
bien, vous avez entendu comme moi, je veux dire, ce sont des propos qui sont
blessants envers notre premier ministre et ce sont des propos qui sont
inacceptables en cette Chambre.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Encore une fois, moi, je pense que
le député a aussi droit à son opinion. On va
le laisser aller un bout. Pour le moment, je demande la prudence. Ça va bien.
Je vous demande seulement de faire attention. Vous connaissez les mots
non parlementaires, M. le député.
M. Fontecilla :
...provenant du premier ministre du Québec et de la part du chef du Parti
québécois envers les demandeurs d'asile et
les immigrants ne font que jeter de l'huile sur le feu, et nous sommes en droit
de se demander si c'est ce genre de leadership qu'on veut au Québec en
2024.
S'il
y avait réellement un lien criant entre l'immigration et la crise du logement,
la pénurie serait plus importante dans
les villes où se concentrent les personnes immigrantes. Or, ce n'est pas le
cas. Alors que Montréal... alors que Montréal a accueilli
80 % des personnes immigrantes récentes, son taux de logements inoccupés
était supérieur à celui de Drummondville, qui accueille seulement 0,5 % des immigrants et qui a un taux
d'inoccupation de 0,4 %. C'est la même chose au Saguenay, à
Trois-Rivières et à Sherbrooke.
Enfin, désigner
l'immigration comme bouc émissaire de la crise du logement dénature et dévie
complètement le débat sur la crise du
logement. Lorsqu'on parle de seuils d'immigration en lien avec la crise du logement,
en effet, on ne parle plus de crise
du logement, l'on ne s'attarde plus aux politiques publiques mises en place
pour régler cette crise, l'on ne
parle plus de l'insuffisance du financement pour construire du logement social.
On ne parle plus des logements locatifs, des taux d'intérêt élevés. On ne parle plus des augmentations abusives
des loyers ou de l'épidémie des évictions. Non, on parle des seuils
d'immigration.
M.
le Président, il faut aborder maintenant un autre aspect très important de la
crise du logement, c'est la cession de
bail, là. L'une des pierres d'assise de la législation québécoise en matière de
relations entre les locateurs et locataires est le droit au maintien du
locataire dans son logement. C'est ce qui constitue la base de notre législation
en cette matière. En 1973, le gouvernement
du Québec a légiféré afin de répondre aux besoins des locataires de pouvoir
déménager avant l'échéance prévue au
bail. En cas d'un changement de vie imprévu, le locataire pouvait se retrouver
à assumer deux loyers, puisque la résiliation du bail n'était admise que
dans certains cas à l'époque.
Certains
diraient que l'objectif premier de la cession de bail, soit le droit à la
mobilité, est conservé dans le projet de loi n° 31
puisqu'il prévoit une résiliation effective du bail aussitôt que le
propriétaire refuse les prochains occupants. Ainsi,
les locataires sont libérés de leur bail, ce qui était leur intention première.
Or, que devient ce droit à la mobilité dans un contexte où les locataires peinent à trouver un logement à un prix
abordable ou lorsque le taux d'inoccupation ne leur permet pas de
trouver un logement tout court? Quel espace de négociation peuvent avoir les
locataires lorsque le taux d'inoccupation
est si bas, voire proche du zéro, dans certaines régions du Québec? Il est
amplement connu qu'un changement de locataire entraîne des hausses de
loyer quatre fois plus importantes que lorsqu'il n'y a pas de roulement de
locataires.
• (10 h 50) •
Voilà pourquoi, dans
le contexte actuel du marché locatif, la cession de bail est un rempart
important qu'il faut absolument conserver.
En 1973, lorsque la cession du bail a été introduite sans possibilité de
contestation autre que motif sérieux,
le taux d'inoccupation à Montréal était élevé, comparativement à aujourd'hui,
autour de 8 %. Ce contexte faisait craindre aux propriétaires de ne
pas trouver de locataires. La cession de bail, dans ce contexte, était
bénéfique par eux. Et ils l'ont demandée, et
ils l'ont eue. 50 ans plus tard, alors que l'outil ne les avantage plus,
le gouvernement acquiesce et enlève ce droit aux locataires.
L'Association
provinciale des constructeurs d'habitations avait même évoqué à l'époque, en
commission parlementaire, le fait que
de s'opposer à une sous-location, à une cession de bail serait comparable à une
attitude rétrograde. M. le Président, je me demande si nous avons
évolué, comme société, quand on constate qu'il y a 50 ans on considérait
que d'abolir la cession de bail était rétrograde et qu'en 2023 on souhaite
l'abolir.
Cette
petite histoire de la cession de bail nous montre que, lorsque le taux
d'inoccupation est élevé, les propriétaires militent généralement pour que ce
soient les locataires qui trouvent les prochains occupants, voire qu'il leur
soit interdit de résilier leur bail
s'ils obtiennent un logement social. A contrario, lorsque le taux
d'inoccupation est bas, des propriétaires réclament plutôt que les futurs occupants soient trouvés par eux-mêmes
et qu'ils puissent par la même occasion augmenter les loyers, si tel est
leur désir, en invoquant le fameux droit absolu à la propriété.
Il
faut ajouter, M. le Président, que l'abolition, à toutes fins pratiques, sous
la forme qu'on la connaît, là, de la cession de bail augmente sensiblement les possibilités de discrimination. Et
plusieurs groupes de défense des locataires nous l'ont dit. Parce que, oui, malgré ce que certains pensent,
qu'on vit dans une société exempte des maux qui affectent toutes les sociétés
du monde à différents degrés, la
discrimination existe malheureusement aussi au Québec, et cette discrimination
se manifeste tout particulièrement dans la recherche d'un logement.
Bien
sûr, M. le Président, vous pouvez être sûr que, lorsque le taux d'inoccupation
est élevé, en haut de 3 % et plus, disons, les locateurs ne peuvent plus se permettre de faire de la
discrimination, puisque les locataires ont le choix. Or, si le taux
d'inoccupation est bas ou extrêmement bas, comme c'est le cas en ce moment,
lorsque des files de gens se forment devant
les rares appartements à louer, certains locateurs peuvent se permettre de
discriminer : une famille avec trois enfants, trop de bruit; avec un animal de compagnie, ah! je
préfère la locataire qui n'a pas d'animaux. Pire encore, vous n'aimez pas la
couleur de peau de la personne ou vous ne
supportez pas, une raison discriminatoire évidente, les femmes qui portent un
voile, ah! il n'y a aucun problème, il y a
une file qui attend dehors, et on va trouver sûrement le locataire qui plaît au
locateur.
Bien
sûr, vous allez me dire, M. le
Président, que des recours existent à
la Commission des droits de la
personne et des droits de la jeunesse, qui est là pour veiller au grain, et que vous
n'avez qu'à porter plainte, et voilà, la discrimination disparaît. Rien de moins sûr, M. le Président. Ce
recours dure des années. Et l'on sait que la discrimination est extrêmement
difficile à prouver devant les tribunaux.
Je voudrais
terminer, M. le Président, en parlant de la nécessité de mieux protéger les
locataires aînés du Québec, là, qui
sont une population particulièrement vulnérable face à ce contexte de
spéculation immobilière qui cherche à mettre des
gens à la porte, des gens surtout qui ne paient pas cher le loyer, et profiter
de ces changements de locataires pour augmenter sensiblement les loyers. Il
faut... On sait que l'une des principales victimes des évictions sont les
locataires aînés, tout d'abord parce que les
personnes... ces personnes-là demeurent très longtemps dans les mêmes logements
et qu'ils, ils et elles, paient un
loyer très bas. Cette loi, suite à des circonstances tout à faites
particulières, cette situation-là a été adressée par le projet de loi n° 492 de l'ancienne députée de Gouin, Mme Françoise
David, qui a réussi à convaincre l'ancien gouvernement
libéral, suite, vous allez vous en rappeler, à un certain débat électoral qu'il
y a eu à la télé, où est-ce que le premier ministre... l'ancien premier
ministre M. Philippe Couillard a été dans l'obligation de s'engager à
mieux protéger les locataires aînés.
Et après beaucoup de travail, beaucoup de travail, on a réussi à faire en sorte que les
locataires aînés puissent avoir une
meilleure protection devant les évictions et qu'ils soient protégés carrément
contre des évictions si vous avez 70 ans ou plus, si vous avez
résidé 10 ans ou plus dans le même logement et si vous êtes un locataire
très pauvre.
Malheureusement, devant l'ampleur de la crise du
logement, on doit augmenter les seuils et mieux protéger encore les locataires. Et nous avons à maintes
reprises proposé à la ministre de l'Habitation de descendre de 70 à 65 ans
le seuil pour mieux protéger les aînés. On commence officiellement être
un aîné, au Québec, à 65 ans, l'âge de la retraite. Pourquoi attendre à 70 ans? Aussi, de
descendre de 10 à cinq ans le temps minimal pour des résidences dans un
logement pour être protégé par cette
loi-là et non pas seulement protéger les locataires aînés les plus pauvres du
Québec, mais aussi protéger les locataires qui, tout en n'étant pas
riches, là, mais qui ne vivent pas dans l'extrême pauvreté.
Aujourd'hui, M. le Président, pour être
admissible à la protection de cette loi, il faut avoir un revenu revenu maximal qui vous permet d'avoir accès à un HLM,
donc pratiquement de vivre dans la misère. Ce n'est pas tous les aînés
qui vivent dans la misère, mais nous, on propose de hausser un tout petit peu
ce seuil-là pour que d'autres aînés puissent bénéficier de cette loi-là. C'est
l'ampleur de la crise du logement qui l'exige.
Donc, M. le Président,
en conclusion, le p.l. n° 31 non seulement ne vient pas régler les
principaux problèmes de la crise du
logement, les principales manifestations, la hausse abusive de loyers,
l'épidémie d'évictions, la faible protection pour les locataires aînés et au-delà les effets... tenter de juguler la
bulle spéculative à laquelle on assiste dans le domaine du secteur
locatif, mais par l'abolition, à toutes fins pratiques, de la cession du bail
telle qu'on la connaît, ce projet de loi vient
alimenter, justement, cette bulle spéculative. C'est comme si on était dans une
fournaise spéculative, là. Il y a toutes sortes de moyens d'alimenter, de donner du combustible à cette
fournaise-là, et le gouvernement vient d'ouvrir une nouvelle vague pour mettre... pour permettre d'ajouter un
facteur inflationniste à l'augmentation de loyer. Parce que la cession du
bail est, à toutes fins pratiques, un des
rares moyens utilisés par les locataires afin de se prémunir contre les hausses
abusives de loyers.
Pour toutes
ces raisons, M. le Président, là, il est difficilement concevable de penser à
ce que ma formation politique puisse
appuyer un projet de loi, le projet
de loi n° 31, qui vient faire
régresser les conditions de vie de 1,3 million de ménages au Québec, là, près de 3 millions de
personnes qui vont être menacées de s'appauvrir par l'adoption du p.l. n° 31. Je vous remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Laurier-Dorion. Alors, nous allons poursuivre, toujours sur l'adoption du
projet de loi n° 31, et je cède la parole à M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci beaucoup, M. le
Président. Alors, on est rendus à l'étape finale pour l'adoption du projet de loi n° 31, et malheureusement, malgré
toutes les heures qu'on y a consacré, on ne peut que constater que le projet de
loi n° 31, eu égard à la crise du
logement qui sévit au Québec depuis déjà plusieurs années, bien, c'est une
occasion ratée. C'est une occasion
ratée de soutenir notamment les locataires qui, aujourd'hui, dans toutes les
régions du Québec, éprouvent de
grandes difficultés à répondre à un besoin pourtant essentiel, c'est-à-dire
d'avoir un toit sur la tête, d'avoir la capacité financière de pouvoir se loger. On en est rendus là au Québec en 2024,
et malheureusement le projet de loi n° 31 ne contribue pas à soulager les gens qui subissent, au premier
chef et de façon extrêmement importante, la crise du logement, dont on parle heureusement de plus en plus dans les
médias, dans l'espace public et à travers nos débats. Mais le projet de loi,
hélas, ne répond pas aux grandes... aux grands enjeux qui se posent
devant nous.
• (11 heures) •
Un petit
historique ou petit retour sur le projet de loi, qui a mobilisé quand même
beaucoup d'heures de travail, au cours de l'automne, et de bonne foi. La
réflexion qui s'impose, c'est de voir que cette pièce législative représente en
quelque sorte ou révèle au grand jour en
quoi consistera l'action du gouvernement de la Coalition avenir Québec en
matière d'habitation, quelles seront
ses priorités, l'angle sous lequel la CAQ veut aborder la question de
l'habitation au Québec, en quelque sorte quelle est la philosophie derrière les
interventions. Et ce qu'on voit essentiellement, c'est qu'il y a un parti
pris pour le laisser-faire, pour la loi du
marché, malheureusement, un préjugé extrêmement favorable pour les locateurs,
les propriétaires, les promoteurs et très peu d'attention pour les
locataires, notamment.
Qu'on
regarde, par exemple, le glissement préalable au dépôt du projet de loi
n° 31 en ce qui concerne le besoin impérieux de dizaines de milliers de familles au Québec de se trouver un
logement social, le glissement, donc, qui n'est pas que sémantique, de la définition de logement social vers les
logements abordables, logements abordables construits et détenus par l'entreprise privée, et la notion
d'abordable n'étant absolument pas définie clairement, étant extrêmement
relative d'un portefeuille à l'autre,
d'une famille à l'autre, d'un promoteur à l'autre, d'un constructeur à l'autre,
d'un propriétaire à l'autre. Et il
faut quand même noter que ce virage-là, il se fait néanmoins à travers le
Programme d'habitation abordable du
Québec grâce à l'intervention financière du gouvernement du Québec. C'est ce
programme qui a remplacé AccèsLogis et qui constitue, je le rappelle,
une certaine dérive des intentions gouvernementales et de l'État du Québec pour
soutenir les personnes
qui en ont le plus besoin, celles qui ont un revenu inférieur à la moyenne et
qui ont néanmoins le droit de se
loger convenablement et dans une fourchette de prix qui soit véritablement à
leur portée. Et ça, la définition de ça, depuis toujours au Québec, c'est le logement social, sans but lucratif, porté par
des organisations communautaires ou sans but lucratif qui permettent effectivement d'offrir un toit à de
nombreuses familles, à de nombreux Québécoises et Québécois qui n'ont
pas les moyens d'investir eux-mêmes ou d'avoir accès à des logements dans le secteur
privé.
Alors, c'est, à l'heure actuelle... j'en profite
pour mentionner que certaines dispositions du projet de loi sont exactement
dans la même lignée. Et, évidemment, on veut que le gouvernement du Québec, par
ses interventions, puisse soutenir toutes
les catégories d'unités de logement. Nous avons une crise qui est
multifactorielle et qui a des impacts, évidemment, dans toutes les
catégories de citoyens dans l'ensemble du territoire. Donc, les mises en
chantier sont nécessaires. On doit intervenir, par exemple, dans le secteur de
la construction pour le stimuler, l'accès à la propriété, j'y reviendrai tout à l'heure, particulièrement
chez les jeunes. La rénovation du parc immobilier des HLM au Québec, c'est
absolument essentiel. Mais on peut, d'ailleurs,
et j'y reviendrai aussi... on peut en profiter pour faire plus et faire mieux,
non seulement rénover les immeubles
qui sont aujourd'hui barricadés, littéralement, un peu partout au Québec et
particulièrement dans la grande
région de Montréal. Donc, nous devons avoir beaucoup plus d'ambition que ce
qu'a démontré la ministre de l'Habitation à travers le dépôt de son
projet de loi.
Dressons un
peu un court portrait du contexte dans lequel le projet de loi a été déposé en
juin dernier. Je pense que personne ne peut plus nier qu'au Québec, là, on fait
face à une crise du logement comme on n'en a pas connu depuis des décennies. C'est peut-être même inédit, ce
qu'on vit à l'heure actuelle, ces difficultés de se loger, cette difficulté
incroyable de pouvoir accéder à la propriété. Dans tous les centres urbains du
Québec depuis quatre, cinq, six ans, selon les villes et les régions, le taux d'inoccupation des logements a
fondu sous les 3 %. On réfère habituellement au 3 % comme étant
l'indice d'un marché en équilibre. On
est largement sous cette barre, parfois à zéro, parfois à 0,8 %, à
1 %, à 1,3 % dans la région de
Montréal plus récemment. Alors, c'est une crise qui frappe l'ensemble du
Québec. Et, jusqu'au début, voire au milieu des années 2010, l'offre de logements au Québec était relativement
équilibrée et protégeait, d'un certain point de vue, le droit des locataires à un logement à prix
convenable, protégeait les locataires contre des hausses de loyer abusives,
parce qu'évidemment chacun des
propriétaires, des locateurs, cherchait aussi à s'assurer d'avoir des
locataires qui puissent être là le
plus longtemps possible et payer le loyer, bien entendu. Et on avait, donc,
cette espèce de mouvement, le 1er juillet, un peu partout à travers le Québec, qui maintenait
cette espèce d'équilibre. Et les nouveaux arrivants dans le marché locatif
pouvaient avoir une certaine place parce qu'il était encore possible pour
d'autres d'accéder, par exemple, à la propriété.
On avait même
mis en place, et ça, ça fait plusieurs décennies, un mécanisme de cession de
bail pour s'assurer que le locateur
soit protégé dans le cas où les locataires décideraient de quitter en plein
milieu de leur année de bail. C'était une mesure qui a été inscrite au Code
civil et qui favorisait, donc, à ce moment-là, non pas les locataires qui se
transféreraient le bail entre eux,
mais plutôt le locateur qui, lui, s'assurait d'avoir quelqu'un dans son
logement pour l'ensemble de la durée du
bail, et c'était effectivement la fonction première de cette mesure-là.
C'était, à l'époque, une façon de soutenir, évidemment, les propriétaires, de leur assurer une sécurité
dans le revenu tiré de la location de leurs loyers. Aujourd'hui, on le voit,
cet outil de la cession de bail sera vraisemblablement, une fois le
projet de loi adopté, éliminé. Ce ne sera plus possible ou extrêmement
difficile. Évidemment, il faudra l'accord du propriétaire pour qu'on puisse
céder le bail. Et il y a une disposition qui
est absolument extraordinaire lorsqu'on lit le texte du projet de loi. La
modification au libellé de la loi est extrêmement parlante. On dit que
le propriétaire, et je paraphrase, le propriétaire pourra refuser, sans motif
sérieux, au locataire de céder son bail.
Alors, quand on en vient à corriger une loi pour dire qu'un individu peut
procéder, sans motif sérieux, à une
action, c'est dire à quel point on veut favoriser les propriétaires, en
l'occurrence, plutôt que maintenir une protection
qui, maintenant, est la seule qu'il reste pour les locataires lorsqu'on veut
s'assurer que les prix ne continuent pas d'exploser constamment d'un
locataire à l'autre lorsqu'il y a un nouveau locataire qui s'installe dans un
logement.
• (11 h 10) •
Les chiffres
parlent d'eux-mêmes. Lorsqu'on regarde la courbe de l'augmentation des loyers
pour toutes les villes du Québec, que ce soit dans la région de Gatineau, où on
a fait face à des augmentations de loyer extraordinaires et extrêmement importantes, que ce soit dans la région de Québec,
de Montréal, de Sherbrooke ou ailleurs, ce qu'on voit, c'est qu'un loyer
qui est occupé par la même personne pendant
un certain nombre d'années, pendant les cinq dernières années, par rapport
à un loyer qui a changé de locataire sur la
même période, il y a des différences de 20 %, 30 %, 40 % du coût
du loyer. On parle de centaines de dollars de différence et, chiffres à
l'appui, on peut, donc, conclure que le système de contrôle de loyers au Québec
est maintenant dépassé, est maintenant déficient.
Si on l'avait
mis en place il y a déjà plusieurs décennies et qu'il fonctionnait jusqu'au
milieu des années 2010 pour s'assurer qu'il y ait un certain équilibre, et
donc des hausses de loyer qui soient, somme toute, soutenables par la majorité
des familles, aujourd'hui, preuves à l'appui, on peut considérer que le
déséquilibre est total et que les recommandations du Tribunal administratif du logement ne sont pas suivies par une
majorité de locateurs lorsqu'il est question de signer un bail avec un
nouveau locataire. Pourquoi? Bien, évidemment, parce qu'on a une clause G au
bail qui nécessite que le locateur inscrive le coût du loyer précédent et qui
n'est pas remplie par une majorité de ces locateurs. On parle d'à peine 20 % des gens qui vont inscrire, donc,
le coût du loyer précédent, ce qui ne permet pas, si on n'a pas l'information,
au locateur... au locataire, plutôt, de s'assurer que la hausse du loyer par
rapport aux occupants précédents corresponde essentiellement aux
recommandations du Tribunal administratif du logement.
Certes, dans la
loi, on a décidé de resserrer les pénalités, donc, resserrer les conséquences
pour qui ne remplirait pas cette
case, sauf qu'évidemment il appartient encore au locataire, à celui qui était
en position de faiblesse et qui fait partie de la masse de ceux qui se
recherchent un toit, un logement, de réclamer de la part du locateur qu'il
montre patte blanche et qu'il inscrive le
loyer. Donc, dès le moment où on est dans une position de négociation d'un bail
et qu'il y a un nombre assez large de personnes qui peuvent être
intéressées par un loyer donné, par un logement donné, eh bien, évidemment, à partir du moment où,
d'entrée de jeu, on conteste le fait que le bail n'a pas été rempli de façon...
ou le projet de signature de bail n'a
pas été rempli correctement par le locateur, on peut imaginer l'effet que ça
peut avoir sur la suite des choses en ce qui concerne le choix que fera le locateur de ses locataires parce qu'il
a effectivement, dans le marché actuel, l'embarras du choix. Donc, est-ce que
ça pourra véritablement modifier le rapport de force et la divulgation de
l'information auprès du locataire, et
donc avoir un effet à terme sur la hausse des loyers? Nous nous permettons d'en
douter fortement. Il y a d'autres moyens,
j'en parlerai tout à l'heure, qui sont beaucoup plus efficaces, beaucoup plus
clairs, beaucoup plus transparents et qui permettraient, justement, de
changer la donne pour l'ensemble des Québécoises et des Québécois qui,
actuellement, subissent la crise du logement.
Je voulais
revenir sur la mise en contexte et sur le Programme d'habitation abordable du
Québec versus AccèsLogis, parce que
ça fait partie du contexte général dans lequel nous discutons actuellement du
projet de loi n° 31 que nous nous apprêtons à nous prononcer
sur le projet de loi final, une fois qu'il a traversé le travail législatif, et
de bonification, et d'amendements en
commission parlementaire. On voit qu'à de nombreuses reprises, dans les
discussions qu'on a pu mener avec les
parlementaires en commission, et particulièrement avec la ministre, que le
gouvernement a essentiellement mis tous ses oeufs dans le même panier,
toutes ses billes dans l'idée d'une création de nouvelles unités. Chaque fois
qu'on demandait à la ministre de bonifier
son projet de loi, la réponse était essentiellement : Nous allons aussi
loin qu'on peut le faire, et pour le reste, bien, il faudra construire
d'autres unités.
Sauf qu'il
faut regarder, à l'heure actuelle, l'efficacité du programme qui est en place
maintenant depuis, quoi, un peu plus
de deux ans, le Programme d'habitation abordable, qui a remplacé le programme
AccèsLogis, AccèsLogis qui n'était
contesté que par le gouvernement. Évidemment, on pouvait améliorer les
résultats, on pouvait notamment le financer davantage, on pouvait
assouplir, si on veut, les règles bureaucratiques qui gouvernent le programme.
Mais saborder le programme pour en créer un
nouveau, lorsqu'on voit que, deux ans plus tard, bien, essentiellement, le
programme n'a livré aucune unité de
logement, bien, c'est tout dire. Donc, on perd un temps précieux, et, pendant
ce temps-là, la crise s'aggrave.
Je voudrais
mentionner que, face au phénomène actuel où le marché ne fournit pas à la
demande, en réalité, le nombre de mises en chantier diminue d'année en
année. L'année passée et encore les projections pour cette année, on frôle la catastrophe et on en connaît les raisons, il y a
évidemment, objectivement, des facteurs liés à la hausse des taux d'intérêt,
à la hausse du coût des matériaux, à la
pénurie de main-d'oeuvre, bien entendu. Et, pendant que l'offre en logements ou
en habitations diminue, la demande,
elle, augmente, elle augmente de toutes parts, notamment par le facteur
qu'induit l'immigration absolument sans contrôle. Et, contrairement à
certains de mes collègues qui mentionnaient, à un certain moment donné, que l'immigration, toutes
catégories, n'avait absolument aucun impact sur les services publics ou sur
notre capacité à accueillir, à
intégrer et à offrir des services de base, y compris le logement, nous croyons
qu'effectivement on ne peut pas,
lorsqu'il est question du marché qui est déséquilibré, ne considérer que
l'offre sans considérer la demande, qui, elle, augmente de façon absolument inédite et que c'est aussi un facteur sur
lequel nous devons travailler, mais qui est extérieur aux articles du
projet de loi qu'on a étudié.
Donc, je me
surprends des interventions de mes prédécesseurs qui lancent une longue tirade
contre les propos qui ont pu être
tenus par des collègues, ici, de l'Assemblée nationale, qui établissent les
faits tant sur la question de la demande que de l'offre pour le logement. Ici, dans le projet de loi, il n'était
pas question d'une stratégie du développement de l'offre d'unités de logement ou d'habitation, mais bien
d'un certain nombre de règles qui nous permettront... qui pourraient nous
permettre de s'assurer que le droit au
logement y soit... sans être formellement reconnu, qu'il soit protégé. Qu'il
soit affirmé, c'est ce qu'on aurait souhaité, mais au moins que, dans les
mesures qui soient prises, qu'on ne considère pas le logement comme un privilège, mais bel et bien comme un
besoin essentiel que l'État du Québec peut contribuer à fournir ou à protéger.
Je voudrais
glisser un mot sur le marché, à l'heure actuelle, qui, on le voit, est
absolument débalancé, entre autres de par l'action et les conséquences de la
surenchère immobilière. Les courtiers, les promoteurs rachètent et revendent
à profit, le marché leur est extrêmement
favorable. La rareté, donc, de l'habitation, des logements et des unités de
toutes catégories leur procure des
gains, des «gros gains», comme aime utiliser le premier ministre, mais ces gros
gains, c'est peut-être les seuls qu'on
verra en matière d'habitation pour le gouvernement, c'est-à-dire le gain des
spéculateurs, bien, ce ne sont pas des gains
pour l'ensemble des Québécois et encore moins de ceux qui veulent accéder à la
propriété ou qui veulent se loger à un prix qui soit raisonnable et qui
corresponde, donc, au budget des familles québécoises.
• (11 h 20) •
Pour atténuer la surchauffe, pour éviter les
flips, aucune espèce de proposition n'a été fournie, avancée par le gouvernement dans le cadre du projet de loi n° 31, et c'est extrêmement, extrêmement regrettable. Le projet de loi n'a
pas vu, et la ministre n'a pas vu, à
l'intérieur de ce projet de loi, l'opportunité de le faire, même si des
propositions lui ont été faites à cet égard.
Par exemple,
nous avons tenu de longues discussions sur l'opportunité ou non d'inscrire un
amendement au projet de loi qui aurait permis de limiter ou d'interdire, mieux
encore, d'interdire, les transformations d'un logement locatif sur une base
annuelle à du logement touristique, les fameux Airbnb. Et la ministre a défendu
bec et ongles le fait qu'on n'avait pas
à intervenir là-dessus, comme gouvernement du Québec, que les municipalités
pouvaient très bien le faire à leur guise. Pour nous, il s'agit essentiellement d'une déresponsabilisation totale
de la part de l'État du Québec, qui ne semble pas saisir qu'on peut agir. Et on a même proposé des
amendements pour qu'on puisse le faire à des endroits où le taux d'inoccupation
est en deçà, par exemple, de 3 %. On
aurait pu moduler cette action-là, on aurait pu la mettre en oeuvre pour une
certaine durée, pour une certaine
période, un certain nombre d'années. Toutes les tentatives que nous avons
faites pour convaincre la ministre
qu'on pouvait le faire de façon immédiate et complète et pour l'ensemble des
régions qui sont durement touchées par ce phénomène-là ont été rejetées
du revers de la main, et c'est extrêmement regrettable.
On a même
évoqué ma circonscription en disant : Bien, évidemment, si c'est un
problème pour vous, la municipalité a
tout le loisir de le faire. C'est une responsabilité qui est partagée, certes,
mais que le gouvernement du Québec peut exercer de façon déterminée parce qu'il a un projet de loi
qui était devant lui et qui lui permettait d'agir. Comme on l'a fait à d'autres
égards, pour la réglementation de la
location à court terme, dans d'autres projets de loi, on pouvait maintenant
favoriser, justement, la protection
du droit des locataires de façon spectaculaire et complète, et on a manqué
cette opportunité rêvée.
J'aimerais
mentionner que le contexte dans lequel nous sommes plongés présentement, bien,
il ne sera pas modifié de façon
importante. En fait, il ne se sera pas modifié du tout par l'adoption
de ce projet de loi là. Les effets escomptés sont, à l'heure actuelle, extrêmement, extrêmement
marginaux, et c'est extrêmement dommage, parce qu'on entend de plus en plus des témoignages... Encore, en fin de semaine
dernière, je discutais avec un jeune homme d'une trentaine d'années qui faisait écho à des propositions qu'on a pu faire
au cours des dernières semaines. Il me disait : Enfin, on parle de solutions,
parce que ma génération, de plus en plus, je
sens qu'elle est sacrifiée lorsqu'il est question de ce qui est un idéal pour
plusieurs de nos jeunes et des jeunes familles, c'est l'accès à la propriété.
Et, souvent, ça a été un déterminant de l'action politique du
gouvernement, des gouvernements, successivement, et de l'État du Québec.
Il y a encore
quelques années, on estimait que le prix d'une maison unifamiliale était de
l'ordre de quatre à cinq fois le revenu
annuel des ménages. Et c'est important de mentionner qu'il y a eu un changement
radical, et important, et extrêmement négatif, c'est que, depuis que la
CAQ est aux commandes, donc, depuis cinq ou six ans, on est passés à six, voire sept fois le salaire annuel des
ménages pour avoir accès à la propriété. Évidemment, la forte hausse des taux
d'intérêt vient compliquer les choses, alors
que, de plus en plus, les locataires, bien, n'ont pas le choix de demeurer
locataires. Et évidemment les
propriétaires, les gros propriétaires deviennent encore des plus gros
propriétaires et peuvent continuer de spéculer comme bon leur semble sur les
propriétés existantes. Pendant ce temps, évidemment, les jeunes acheteurs,
eux, ceux qui n'arrivent pas à économiser
suffisamment ou le font de peine et de misère pour acheter une maison,
regardent et s'interrogent à savoir quand leur rêve pourra un jour se
réaliser.
J'ai parlé, tout à
l'heure, du contrôle des loyers, qui, à sa face même, est inefficace, et qu'on
a refusé de traiter, et qu'on a refusé
d'aborder de front dans le cadre des discussions entourant le projet de loi
n° 31, et qui fait en sorte que les
hausses de loyer sont marquées à chaque... à chaque changement de locataire.
J'en ai parlé tout à l'heure, le montant du loyer augmente. Encore, les derniers chiffres de la SCHL nous
indiquaient que l'augmentation de loyer est de 7 % à 8 % dans
la région de Montréal, dans la dernière année, bien au-delà des recommandations
du TAL. Ça a un impact, je l'ai mentionné,
sur les jeunes familles, sur les jeunes ménages, mais également sur les
étudiants, dont on n'a pas beaucoup parlé ces dernières années, là.
Heureusement,
depuis quelques semaines, on en parle. Nous, depuis quelques années, on propose
qu'il y ait un programme spécifique
pour la création de logements pour les étudiants parce qu'évidemment ils sont
ceux qui ont peut-être les moins bons
revenus, puis ils doivent évidemment travailler tout en poursuivant des études,
puis ils sont dans une période où ils
n'ont pas les moyens, évidemment, ni d'investir ni même de payer des frais de
loyer qui augmentent de façon explosive, dans un marché qui est évidemment extrêmement difficile à l'heure
actuelle, et leurs revenus, bien, souvent, sont fixes, comme les
personnes aînées aussi, dont je parlerai tout à l'heure.
Donc,
je voulais remettre la table sur la question du contrôle des loyers, qu'on n'a
pas abordée... bien, en fait, qu'on a
abordée, mais sur laquelle on n'a pas pu aboutir, malgré le fait qu'en
commission parlementaire plusieurs propositions... La majorité, en fait, des témoins qui sont venus
nous rencontrer en consultations particulières proposaient un mécanisme de l'ordre du registre des loyers, et,
malheureusement, là, encore, on a fait face à un mur de la part de la ministre
de l'Habitation. J'y reviendrai.
Suite
à l'élection d'octobre 2022, on a deviné qu'enfin le message sur la crise
du logement et sur l'état de situation commençait
à percoler du côté gouvernemental. La ministre de l'Habitation a été nommée,
alors qu'auparavant, bien, c'était le ministère des Affaires municipales
et de l'Habitation. Donc, on s'est dit : Il y a un espoir, une ministre a
été déléguée spécifiquement sur cette question-là. Elle va y travailler,
faire un tour de la situation, une analyse, et nous proposer des solutions
à travers, vraisemblablement, un projet de
loi mais également à travers une stratégie globale, et un plan d'intervention,
et des moyens qui vont nous permettre véritablement de prendre à bras le
corps, là, cette crise.
C'est
pourquoi, pendant tout l'hiver 2023, bien, on a espéré, on a posé des
questions, on a proposé des avenues, des solutions, et ce, sans grand résultat, jusqu'à la dernière... jusqu'à la
dernière journée de la session parlementaire du printemps, où, enfin, un projet de loi, certes décevant, mais
un projet de loi a été déposé, comme pour dire : Voilà, en bout de course,
nous avons quelque chose à nous mettre sous
la dent, et on y reviendra à l'automne. Sachant qu'on proposait déjà d'abolir
la cession de bail, disons que ça n'augurait
pas très bien, mais, quand même, on avait, devant nous, un espace de discussion
pour pouvoir parler des vrais enjeux liés à
la crise du logement et de proposer des solutions dans le cadre du projet de
loi. Donc, déçu, mais tout de même
optimiste ou, du moins, enthousiaste sur l'idée qu'on puisse travailler sur la
question, enfin, avec quelque chose à
se mettre sous la dent, et particulièrement, j'y reviens, sur la question du
contrôle des loyers, qui est une préoccupation que nous avons... nous
n'avons cessé de réitérer depuis des mois et des mois.
• (11 h 30) •
Malheureusement,
ce qu'on a vite perçu et ce qu'on a vite compris, c'est que le projet de loi
avait été élaboré à la hâte et qu'on ne semblait pas pouvoir y déceler une
lecture claire de la situation en matière d'habitation au Québec. Et on a
eu des confirmations de cette espèce de
compréhension, disons, assez partiale de la part du ministre, de l'état de
situation en matière de crise du
logement, lorsque la réaction presque unanime des parties prenantes de la société
civile et des partis d'opposition,
réaction négative quant à l'abolition de la cession de bail... et que la
ministre a eu, pour toute réponse : Bien, si les locataires ne se sentent pas suffisamment protégés, qu'ils
investissent dans l'immobilier. Alors, je pense que c'est malheureux, mais ça donnait le ton aux discussions
qui allaient venir. L'état d'esprit de la ministre était, donc, clair qu'on
n'allait pas aller très, très loin dans la
protection de ceux et celles qui, au premier chef, sont ceux qui subissent les
effets délétères et catastrophiques, tragiques, de la crise du logement.
On parle
d'une crise du logement qui affecte, bien entendu, les locataires, on parle
d'une crise du logement parce qu'il y
a peu de logements pour les familles du Québec, parce que le logement qui est
disponible est inabordable, parce que les familles n'ont pas les revenus nécessaires
pour... pour, justement, s'offrir ces logements, les quelques-uns qui peuvent
être disponibles, parce que le contrôle des
loyers ne fonctionne plus, ce qui fait que le coût des loyers augmente beaucoup
plus que les recommandations du TAL et parce
qu'on voit de plus en plus de locataires se faire évincer pour toutes sortes
de raisons, pour subdiviser les logements,
pour faire davantage de profit, pour rénover, donc le phénomène des
rénovictions est extrêmement présent,
et pour encore revendre, pour contribuer à la spéculation immobilière et à
l'augmentation du coût, donc, de
l'immobilier et des loyers qui s'ensuit. En fait, c'est... c'est une espèce de
tempête parfaite, oui, mais qui n'est pas sans nous rappeler que l'État a des responsabilités et peut agir sur un
certain nombre de facteurs qui nous permettent, justement, de contrer les effets de la tempête, voire même
les causes de la situation actuelle, donc d'agir en amont pour éviter,
justement, les conséquences qu'on peut apercevoir aujourd'hui.
Alors, c'est
sûr que, sur cette base qu'ils investissent dans l'immobilier, l'étude du
projet de loi partait, on peut le dire, du mauvais pied lorsqu'il était
question de protéger ceux qui subissent au jour le jour, de plein fouet les
effets de la crise du logement.
Le premier ministre, d'ailleurs, à un certain
moment, a ouvert la porte à l'idée qu'on pouvait peut-être réfléchir, il y avait une certaine pression des oppositions
et de la société civile, sur la question de la cession de bail. Il a semblé
ouvrir la porte, à un certain moment. On avait espoir que le dialogue puisse
s'établir. Ça n'a malheureusement pas été le cas dans les semaines qui
ont suivi.
D'ailleurs, le premier ministre lui-même y est
allé d'une déclaration qui nous a beaucoup surpris, on parle du 1er juillet 2023, alors qu'après avoir
déposé... quelques semaines, tout au plus, après avoir déposé le projet de loi n° 31, avant même qu'il ait été
analysé ou étudié, encore moins amendé, le premier ministre y va d'une
déclaration qui... à l'effet que personne
ne s'est retrouvé à la rue depuis que la CAQ est au pouvoir, et c'est ce qu'il
affirmait avec le plus grand sérieux. Évidemment,
je laisse aux Québécoises et aux Québécois le soin de juger de la véracité des
propos et du degré de compréhension de
la situation de centaines, voire de milliers de familles au Québec qui, année
après année, depuis plusieurs années, au moins quatre à cinq ans, sont essentiellement à la rue à partir du 1er juillet,
pendant des jours, voire des semaines. Et le ministre, semble-t-il, n'a pas eu le mémo, n'a pas eu l'information, n'a
pas pris connaissance des nouvelles dans les journaux pour réaliser que des familles québécoises
souffrent de l'inaction gouvernementale en ce qui concerne la crise du
logement.
Donc, on a
pris beaucoup de temps, de la part du gouvernement, à reconnaître qu'il y avait
effectivement une crise du logement. C'est arrivé peut-être quelques
semaines avant l'étude du projet de loi en tant que tel et des consultations particulières. Et là on a vécu un phénomène qui
est absolument extraordinaire — je pense que ça aussi, c'est inédit, comme
la crise du logement est assez inédite et dramatique — je
pense que l'étude du projet de loi n° 31 nous a aussi
fait la démonstration d'une procédure qui me semble inédite, voire
antidémocratique. Et je pèse mes mots lorsque je le dis, puisque les procédures de l'Assemblée nationale
sont à l'effet qu'un projet de loi qui est déposé doit être soumis à la
population et à des consultations
publiques, nous invitons des groupes à venir commenter le projet de loi. Mais
jamais je n'ai vu de projet de loi
qui était soumis à la consultation publique se voir transformé de façon aussi
importante entre le moment où les consultations
se terminent et le moment où l'étude article par article débute, M. le
Président. Et ça, je pense que, malheureusement, sur le plan démocratique, c'est une bourde monumentale, parce que le
projet de loi que nous avons maintenant devant les yeux et pour adoption par les parlementaires d'ici
quelques heures n'est pas l'ombre du projet de loi qui a été déposé en
juin dernier. Ça pose un problème important, puisque de vastes pans de ce projet
de loi là n'ont jamais été soumis à la consultation
et à la réflexion ou à l'analyse des différents groupes, des intervenants, des
parties prenantes de la société civile, en fait, qui auraient pu certainement bonifier notre travail, s'exprimer
sur un certain nombre d'articles qui ont été ajoutés en cours d'été, mais
qui... qui ont été concoctés pendant l'été, mais qui n'ont pas été inscrits au
projet de loi au moment de l'étude en
consultations particulières devant public. Et ça... On nous a dit : Ces amendements-là
n'étaient pas prêts, ils n'avaient pas été avalisés par le Conseil des
ministres. Soit. Pourquoi n'a-t-on pas repoussé l'étude en consultations publiques pour faire preuve d'une transparence
totale et avoir le temps et l'opportunité de réfléchir et de discuter de ça
avec, justement, l'ensemble de la
société civile, et des associations, et des groupes, et des comités qui
représentent, en fait, toutes les sphères d'intérêt qui sont liées à la
question du logement.
Donc, de
larges pans de la loi que l'on s'apprête à soumettre au vote n'ont pas été
soumis à la discussion et à l'analyse des
parties prenantes. Évidemment, les parlementaires ont pu en prendre
connaissance, ont pu en discuter. Ça a été un peu chaotique. On a connu aussi des jours de pause, le
temps qu'on avait les autorisations de la part de la ministre, mais en
bout de ligne il y a plusieurs articles qui ont été rajoutés.
On parle du
droit de préemption de la SHQ, de la Société d'habitation du Québec, que ce
soit le droit d'aliénation des
immeubles de la même société ou que ce soit — et là-dessus je m'attarderai davantage — l'article 37.2 de la loi actuelle,
du projet de loi actuel, un article qui
aurait dû absolument faire partie des consultations, être soumis à la discussion
des parties prenantes, un article qui vient essentiellement, je résume,
là, permettre aux municipalités de faire fi de leurs règlements de zonage et d'urbanisme pour appuyer des projets immobiliers
qui autrement auraient dû être étudiés par un comité d'urbanisme, soumis à la consultation publique, qui auraient
peut-être été aussi rejetés d'emblée parce qu'on avait un nombre
d'étages supérieur à ce qui est permis par la réglementation.
Toutes les
questions liées à l'urbanisme sont en quelque sorte suspendues parce que
l'objectif consiste à favoriser la
construction. On souscrit, bien évidemment, à la construction d'un plus grand
nombre d'unités de logement, d'habitation, là n'est pas la question,
mais on ne peut pas laisser une mesure comme celle-là sans balise dans... sur
une période jusqu'à cinq ans... jusqu'à
trois ans, renouvelable, si je me souviens bien, sans qu'on ait une certaine...
une certaine application des règles et surtout en faisant fi des
avancées qu'on croyait avoir pu faire au cours des dernières années, notamment
avec l'adoption de la Politique nationale d'architecture et de l'aménagement du
territoire.
L'Ordre des urbanistes, pour ne nommer que ceux-là,
ont mentionné, dans une correspondance, puisqu'ils ne pouvaient plus s'adresser
à la commission et n'avaient, de toute façon, pas été invités parce qu'au
premier chef ils n'étaient
pas... ils ne se sentaient pas nécessairement partie prenante, là, au projet de
loi initial... cela dit, ils nous ont fait part, de façon très grave et
sérieuse, du risque d'éventuels jeux de coulisses entre promoteurs et élus
municipaux.
• (11 h 40) •
On nous
dira : Bien, il faut faire confiance aux élus municipaux. Oui, il faut
faire confiance à toutes les administrations publiques, mais ce n'est pas une raison pour que les administrations
publiques n'aient plus aucune règle du jeu à suivre, et c'est essentiellement ce qu'on a décidé de faire
dans ce cas-là. Et c'est extrêmement préoccupant de le faire avec une telle
nonchalance, je dirais, parce qu'on se dit : Bien, peut-être que ce serait
une bonne idée de suspendre les règles, puisque plusieurs se plaignent du fait que la réglementation est lourde,
suspendons la réglementation. Solution simple à un problème compliqué, avec des conséquences qui pourront être
extrêmement lourdes sur l'aménagement de nos villes et de nos régions pour les années à venir. Comme l'a dit le
commentateur et ex-maire de Gatineau Maxime Pedneaud-Jobin, on ne construit pas
pour cinq ans, on ne construit pas pour une période de crise, on construit pour
des décennies, et, à cet égard-là, bien, ce sera extrêmement important
d'être vigilants. Et la loi permettra, donc, une suspension des règles qui
pourrait être extrêmement dommageable, et,
dans le cadre actuel ou à venir, suite à l'adoption de la loi, il sera
extrêmement difficile pour les
citoyens de s'assurer que les décisions soient prises dans un souci
d'amélioration du cadre de vie des populations et de préserver l'harmonie... l'harmonisation des
usages, l'harmonie, évidemment, dans nos communautés et les prérogatives
des citoyens de préserver aussi le
vivre-ensemble dans nos communautés, dans nos quartiers. Et tout ça pourra être
balayé du revers de la main par des
intérêts financiers, par des intérêts d'élus qui souhaiteront, évidemment,
favoriser la construction, mais
qui... et probablement aussi l'augmentation de la valeur foncière de leur
municipalité, des rentrées, évidemment, de taxes supplémentaires, bon, puis évidemment sous l'angle vertueux de la
création de nouveaux... de nouvelles unités d'habitation. Tout ça sera
défendable sur le plan strict de la construction, mais avec des conséquences
qui peuvent être extrêmement dommageables.
J'ai déjà
parlé abondamment de la cession de bail, je pense que je n'y reviendrai pas,
mais le registre des loyers, c'est important
d'y revenir. Encore aujourd'hui, dans l'actualité, on a cette nouvelle d'un
locataire qui a évité une hausse de 254 $
de son loyer grâce au registre de loyers, qui n'existe pas encore, mais qui...
n'existe pas encore pour l'ensemble du Québec,
qui n'a pas été accepté comme cadeau de l'organisation Vivre en ville par le
gouvernement, mais qui est néanmoins existant
sur le Web, parce que cette organisation-là fait un appel pour que les... sur
une base volontaire, on puisse inscrire, donc, le coût des loyers d'un plus grand nombre de loyers possible au
Québec. C'est une initiative qui est citoyenne, qui est remarquable et, actuellement, qui comporte quelque
50 000 inscriptions. On sait qu'il y a peut-être pas loin de
1 million de loyers qu'on pourrait inscrire et qu'on pourrait
inscrire de façon assez simple.
Si on est le
gouvernement puis qu'on décide d'utiliser l'information qui est déjà à notre
portée, avec un outil comme celui-là
qui est offert par Vivre en ville, on peut développer une façon
véritablement efficace de s'assurer d'un contrôle des loyers qui le soit tout autant à l'ensemble...
pour l'ensemble du Québec. Et c'est aussi une demande, parce que... je parlais
des nouvelles, puis c'est intéressant, parce qu'encore aujourd'hui une lettre
ouverte était publiée par différentes organisations, l'Union étudiante du Québec, on parle aussi de la
Jeune Chambre de commerce de Montréal et un troisième organisme qui
reprennent la plume aujourd'hui, et c'est l'aile jeunesse du Chantier de
l'économie sociale, qui nous disent : Écoutez, il y a des outils à votre
portée pour atténuer les effets de la crise du logement et l'augmentation des
loyers, qui touchent en particulier les
jeunes. Et, au nom de 215 000 jeunes, ils font un dernier plaidoyer
pour dire que le registre de loyers, c'est l'outil dont nous avons besoin. C'est l'un des outils qui est à notre
portée pour mettre en oeuvre rapidement, puis ce n'est pas la panacée, ça n'aura pas pour effet de
résorber d'un coup de baguette magique la crise du logement, mais certainement
c'est un outil qui nous permettra... qui
nous permettrait, s'il était adopté, d'atténuer les hausses de loyer qui sont
extraordinaires, qui sont hors de portée des gens les plus vulnérables
de notre société, et dans ce cas-là, bien, on parle des étudiants, on pourrait
parler des jeunes familles, on pourrait parler également des aînés.
Et pendant
toute la durée de nos discussions, je me suis posé la question et j'ai posé la
question à la ministre : Quel peut
être l'argument du gouvernement pour refuser ce cadeau qui lui est offert par
Vivre en ville ou qu'on pourrait développer au gouvernement, puisque toute l'information est déjà disponible? Et
essentiellement ce que j'ai compris, en fait ce qui a été exprimé par la ministre de l'Habitation, c'est
que la philosophie du gouvernement, c'était d'alléger la bureaucratie, et de
créer un registre, bien, c'est
essentiellement de créer un nouvel outil bureaucratique lourd, et qui n'est pas
souhaitable, et puis qui risque de coûter de l'argent.
Alors,
évidemment, il y a peu de choses qui sont gratuites en ce bas monde. Et au
Québec, en matière de... de logement, il y a des mesures qui peuvent être plus
ou moins coûteuses. Mais, si on regarde les moyens qui peuvent être déployés
par l'État, convenons qu'un registre des
loyers ne coûtera pas plus cher que tous les autres registres que détient le
gouvernement et toutes les autres
banques de données dont se targue déjà le gouvernement de vouloir développer ou
protéger. La question de l'accès aux
données, si je prends, par exemple, un autre dossier dans lequel je travaille
assidûment, celui de la santé, on ne jure que par des tableaux de bord, que par
des données, que par l'idée d'évaluer la progression des paramètres et des
balises qu'on s'est données, des
indicateurs. En matière d'environnement, on a adopté des lois sur, par exemple,
la protection des milieux humides, le
gouvernement s'est engagé à produire un registre. D'ailleurs, là-dessus, là, on
tarde un peu.
L'idée de pouvoir contrôler ou du moins avoir
une information factuelle sur l'évolution des mesures qu'on met en place ou sur l'évolution d'un phénomène qui
nous préoccupe, bien, ça passe par la collecte de données puis par la diffusion
transparente de ces informations-là à
la société. Pourquoi décide-t-on de faire exception pour la crise du logement?
Est-ce que c'est parce qu'on juge que
le droit au logement n'est pas suffisamment important à défendre par rapport au
droit des services de santé ou par
rapport au droit à la qualité de l'environnement? On se pose la question, mais
ce n'est certainement pas une
question d'accès aux données, c'est-à-dire d'existence de ces données-là, elles
sont à la portée du gouvernement, ne serait-ce que par le
relevé 31, elles sont donc d'intérêt public.
• (11 h 50) •
Bien entendu, on n'oserait pas
imaginer un jour que l'accès au registre des transactions immobilières soit
restreint. On a la publication des droits et on peut savoir quelles sont
les différentes valeurs des immeubles, au Québec, puis des transactions, une fois qu'elles ont été signées.
Alors, pourquoi, sur le plan de la location, évidemment, des loyers, qu'on
se refuse de voir la réalité en face quand
il est question de donner un outil de protection pour les locataires et de
contrôle pour le Tribunal administratif du logement? Il y a là, je pense, une absence de volonté
politique et de régler, en fait, un tant soit peu la situation à
l'avantage des locataires.
Je
voudrais également mentionner... j'ai parlé, tout à l'heure, des étudiants,
mais je m'en voudrais de ne pas mentionner que le projet de loi était aussi l'opportunité de protéger les
locataires aînés, parmi les plus vulnérables de la société. Bien entendu, ce sont les gens qui ont atteint l'âge de
la retraite, dont les revenus sont souvent extrêmement modestes, sous le
seuil du revenu minimal... minimum, qui
n'est pas non plus élastique, dont la... des gens qui n'ont pas cette
capacité-là d'augmenter leurs revenus ou leur rémunération, donc qui
vivent souvent sous le seuil de la pauvreté, et qui ont, donc, actuellement accès à un logement, puis qui sont
parfois sous pression face à un propriétaire qui souhaite les évincer, qui
sont protégés s'ils ont l'âge de
70 ans, s'ils ont occupé leur logement pendant 10 ans, une mesure qui
a été adoptée, en fait, un amendement
au Code civil qui a été adopté il y a de cela à peine une dizaine d'années, à
une période où il n'y avait pas de
crise du logement. Ce n'était pas l'objet de la loi en question et on l'a
néanmoins adoptée dans un souci de protection des personnes aînées. À l'heure actuelle, 10 ans plus tard, la
question qu'on s'est posée, c'est : Est-ce que cette protection-là est suffisante dans un contexte de crise? Et la
conclusion à laquelle on en est venu : c'est une mesure qui augmenterait
la protection si on rabaissait l'âge à 65 ans, si on rabaissait la
durée d'occupation du logement à cinq ans. Et, là encore, on a eu un échange qui, croyait-on, aurait pu
donner des résultats, puisqu'en déposant ces amendements-là la ministre a
accepté de les analyser, de les considérer
en suspendant leur étude pendant un certain temps. Pendant des semaines, on a
gardé en réserve ces propositions d'amendement en se disant : On y
reviendra puis on aura probablement l'occasion, M. le Président, de pouvoir les adopter en fin de course, il y aura au
moins quelque chose de positif pour la protection des personnes aînées qui, encore une fois, là, n'ont
pas la capacité d'augmenter leurs revenus en période de crise ou de se trouver
un nouveau toit s'ils doivent se faire évincer, dans la situation actuelle.
Même
si on va augmenter la protection des locataires s'ils doivent être évincés, il
faut éviter les évictions, il faut les empêcher,
il faut les interdire. Mais, une fois qu'on décide qu'il pourra y avoir des
évictions mais que les personnes évincées auront davantage de
compensation, soit, mais elles se retrouvent néanmoins en difficulté parce que
des logements comparables à des prix comparables, ça n'existe tout simplement
pas, surtout si on a occupé un loyer pendant 10 ans, lorsqu'on sait que le loyer augmente, évidemment,
beaucoup plus rapidement si c'est un loyer inoccupé qu'un loyer occupé. Et, à ce moment-là, évidemment, on a une baisse de
la capacité de ces gens-là à se loger, donc il faut éviter de les plonger
dans une situation aussi dramatique, qui a des effets, évidemment, sur le plan
financier, bien entendu, sur le plan de la qualité
de vie, donc, de l'environnement dans lequel ils se retrouveront par la suite.
Certains se retrouvent à la rue, évidemment, le phénomène de l'itinérance n'est pas sans lien avec la crise du
logement. Sinon, les effets psychologiques, les effets sur l'anxiété,
sur la détresse que vivent ces gens-là, ces ménages-là, c'est dramatique.
Et, en bout de
course, on nous a dit tout simplement que, si l'âge de la retraite n'avait pas
changé depuis 10 ans, il n'y avait pas
de raison de changer les règles à cet égard-là. Comme si on ne prenait
absolument pas acte du fait que, 10 ans plus tard, on vit une crise du logement sans précédent et que les
premières victimes, bien, sont les personnes les plus vulnérables, sont les jeunes, sont les jeunes
ménages et sont surtout les personnes aînées, avec des conséquences absolument
tragiques.
Alors,
il me reste peu de temps, M. le Président, alors je voudrais tout simplement,
en conclusion, mentionner que le logement, ce n'est pas un luxe, ce n'est pas
un privilège, c'est un droit qu'il faut reconnaître, comme parlementaires, et
je pense que la majorité de la population québécoise, qui a travaillé à bâtir
un système et un filet... un système public et un filet social à tous égards en matière de santé,
d'éducation, est aussi bien consciente, cette majorité des Québécois, qu'il
faut aussi en faire bien davantage pour le droit au logement et l'accès
à la propriété aussi.
J'aurais
voulu y revenir, on a des propositions à cet égard, notamment pour les premiers
acheteurs, des mesures qui peuvent
être mises en place dans un plan qui, on espère, sera retenu par le
gouvernement et des mesures qui seront annoncées bientôt, je l'espère. Bref, on est en droit, les Québécoises et les
Québécois sont en droit de s'attendre à ce que le gouvernement agisse pour résoudre la crise du logement, pour
freiner, également, l'accaparement grandissant des propriétés entre les mains
de quelques-uns. Je n'ai pas fait état des statistiques, mais il y a une
concentration de plus en plus grande de la propriété, au Québec... On a souvent fait valoir les droits des
petits propriétaires de triplex. Malheureusement, ce qu'on voit, c'est que
la loi, telle qu'elle est adoptée, protège davantage les spéculateurs puis les
grands propriétaires.
Donc,
on retiendra du projet de loi de la ministre
un terrible manque d'ambition et de considération pour les locataires et surtout pour les plus
vulnérables. Les gestes timides qui ont été posés ne résorberont pas la crise,
ils vont même, à certains égards,
l'exacerber. Et, en ce sens, pour le Parti québécois, le projet de loi n° 31, c'est une occasion ratée, et c'est pourquoi nous nous
prononcerons contre ce projet de loi.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Compte
tenu de l'heure, et afin de permettre la tenue des affaires courantes, cet
après-midi, le présent débat sur l'adoption du projet de loi n° 31 est ajourné.
Et
je suspends nos travaux jusqu'à 13 h 40, cet après-midi. Alors, je
vous souhaite bon appétit à tous et à toutes.
(Suspension de la séance à
11 h 59)
(Reprise à 13 h 40)
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, bon après-midi à toutes, bon après-midi à
tous. Prenez place. Nous allons poursuivre nos travaux.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous sommes
rendus à la rubrique Déclarations des députés, et je reconnais tout de suite M.
le député de Nicolet-Bécancour.
Rendre
hommage à M. Guy Rousseau-Jetté
M.
Donald Martel
M.
Martel : Merci, M. le Président. Si on veut maintenir la
qualité de vie des gens en région rurale, il faut leur donner
l'assurance qu'ils pourront vivre dans un climat de sécurité. Pour atteindre
cet objectif, les citoyens doivent pouvoir compter
sur des personnes comme M. Guy Rousseau-Jetté, de Daveluyville, qui oeuvre
depuis maintenant 40 ans comme pompier au sein du Service de
sécurité incendie de la régie des Chutes.
Cet homme
passionné a acquis une solide expérience qui l'a amené jusqu'au poste de
directeur du service incendie, fonction
qu'il a occupée jusqu'en 2010. M. Rousseau-Jetté est ensuite resté en
poste avec la même énergie et le même désir de servir ses concitoyens et en ayant comme préoccupation de transmettre
son expérience et son savoir aux jeunes générations.
Je veux donc
rendre hommage à M. Guy Rousseau-Jetté pour ses 40 ans de fidélité et
d'assiduité et pour avoir gardé la flamme de sa passion allumée pendant
toutes ces années. Bravo, M. Jetté!
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Nicolet-Bécancour. Et, pour la prochaine déclaration, je reconnais Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis.
Souligner
la Semaine nationale de la lutte contre
l'exploitation sexuelle des mineurs
Mme
Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Du 1er au 7 mars, on souligne la troisième édition de la
Semaine nationale de la lutte contre
l'exploitation sexuelle des mineurs. C'est une occasion pour nous de mettre en
lumière ce fléau qui passe trop souvent inaperçu bien qu'il fasse des
milliers de victimes à travers le Québec.
Au Canada,
l'âge moyen d'entrée dans la prostitution est de 14 ans. Au Québec, plus
d'un tiers de personnes en situation
de prostitution sont mineures. On ne pourra jamais assez répéter ces chiffres
et on doit les répéter encore et encore jusqu'à tant que les mineurs... que les mesures prises en place pour
venir en aide aux victimes et pour prévenir l'exploitation soient à la
hauteur du problème.
En tant que
parlementaires, en tant que citoyens, on a le devoir d'en faire plus. Ensemble,
nous devons nous mobiliser pour
multiplier les efforts de prévention, de sensibilisation et de l'aide.
Ensemble, nous devons nous mobiliser pour protéger nos jeunes. Merci, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, pour votre déclaration. Et, pour la prochaine déclaration, la
parole revient à M. le député de Chauveau.
Souligner
le 60e anniversaire du Manoir du lac Delage
M.
Sylvain Lévesque
M.
Lévesque (Chauveau) : Merci beaucoup, M. le Président. C'est avec fierté
que je souligne le 60e anniversaire d'un joyau de Chauveau, le Manoir du lac Delage. Je salue, dans les
tribunes, le propriétaire André Gauthier, le directeur général
Jean-Nicolas Joly, le chef exécutif Kevin Perron-Vaillancourt et la directrice
des ventes Nathalie Bouchard.
C'est en
1996, alors que M. Gauthier souhaite agrandir son parc immobilier, qu'une
occasion d'acheter le Manoir du lac Delage se présente à lui. Sans hésiter, cet
homme d'affaires aguerri fait l'acquisition de ce lieu de villégiature
par excellence et s'entoure de gens qui connaissent le milieu hôtelier pour
l'épauler dans ce nouveau projet.
Toujours bien
entouré, M. Gauthier considère le Manoir du lac Delage comme son plus bel
investissement. Peu importe la raison qui vous y amène, le Manoir du lac
Delage, c'est autre chose.
Bon 60e anniversaire au Manoir du lac
Delage! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Chauveau. Et, pour la
prochaine déclaration, la parole revient à Mme la députée de Verdun.
Porter le message des jeunes de la maison Point de mire
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, j'amène dans
cette Chambre la parole des jeunes de la maison Point de mire, à Verdun,
et je les cite.
«La hausse du
prix de la vie nous inquiète. Nous aussi remarquons que de plus en plus de
familles ont du mal à subvenir à leurs besoins, que la hausse du prix de la
vie, bien, ce n'est plus une question de petits salaires. Nous sommes
inquiets parce que, plus tard, nous aussi, comme nos parents, nous ne pourrons
pas nous loger.»
Un jeune m'a
dit : «J'ai 14 ans et je vais devoir dormir sur un canapé parce qu'il
n'est pas possible de loger toute ma
famille. Pour nous rassurer, nous commençons à travailler très tôt, parce que
nous allons avoir besoin d'un filet de sécurité, au détriment de
pratique de loisirs et d'activités essentielles à notre développement.»
Une jeune
fille conclut : «Vous savez, les jeunes, c'est notre avenir, mais, en ce
moment, notre avenir a peur du futur.»
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Verdun. Et je cède
maintenant la parole à Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Souligner
le 40e anniversaire de l'Association coopérative
d'économie familiale de l'est de Montréal
Mme Karine
Boivin Roy
Mme Boivin Roy : Merci, M. le
Président. Aujourd'hui, je désire souligner les 40 ans d'implication d'une
organisation qui oeuvre auprès de la population de ma circonscription d'Anjou—Louis-Riel et
aussi dans tout l'est de Montréal, soit l'Association coopérative d'économie
familiale de l'est de Montréal, communément appelée l'ACEF.
Créée en
1983, l'ACEF de Montréal est un OBNL spécialisé dans l'intervention, le budget,
l'endettement et la consommation. Par leur travail d'éducation, de
concertation et de défense collective des droits des consommateurs, ils développent l'autonomie financière des personnes,
l'esprit critique du consommateur face à la sollicitation au crédit, face
à la surconsommation et au gaspillage. En
cette ère du temps où l'inflation est à un point élevé, vous comprenez que le
rôle de l'ACEF auprès de nos citoyens et citoyennes est d'autant plus
significatif.
Alors, M. le
Président, mon équipe du bureau de comté et moi-même souhaitons remercier
l'équipe d'employés et de bénévoles de l'ACEF pour tous les efforts
déployés afin d'aider la population. Et, évidemment, bonne continuation.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Et je reconnais maintenant Mme la députée de Chomedey.
Proposer
de faire du troisième lundi de février une journée
fériée dédiée à la célébration de la famille
Mme Sona
Lakhoyan Olivier
Mme
Lakhoyan Olivier : Merci, M. le Président. Hier, en ce troisième
lundi de février, soit le 19, cette année, a été célébré un congé férié dans une majorité de provinces canadiennes, dont
l'Ontario, souvent citée en cette Chambre. En effet, nommé jour de la Famille, ce jour de congé se veut un intermède
dans nos jours froids d'hiver, une occasion de se réunir afin de profiter de cette journée pour
passer du temps en famille. En Ontario, on mise particulièrement sur cette
journée pour faire connaître toutes les activités touristiques à
découvrir dans la province. Quelle superbe idée!
La province
de Québec est la province canadienne ayant le moins de journées chômées. Étant
une province ayant à coeur la famille
ainsi que toutes les valeurs qui en découlent, ayant, tout comme nos voisins,
un hiver froid qu'il serait souvent plaisant de couper en deux, par
cette déclaration j'aimerais porter cette réflexion quant à la possibilité
d'instaurer ici, au Québec, le troisième lundi de février, une journée fériée
dédiée à la célébration de la famille. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Chomedey. Et la parole revient maintenant à M. le député de Saint-Jérôme.
Souligner
le 35e anniversaire de l‘Académie Lafontaine
M.
Youri Chassin
M.
Chassin : Merci, M. le Président. Nous célébrons les 35 ans
de l'Académie Lafontaine, une école privée située à Saint-Jérôme, mais
qui accueille des élèves de toutes les Laurentides.
Fonder une école privée, vous vous en doutez, ce
n'est pas simple, et Yvon Robert a passé trois ans à réunir le financement, les appuis politiques, les premiers
enseignants, évidemment, pour lancer son projet, qu'il considère, à fort juste
titre, comme le plus grand accomplissement de sa carrière.
Du préscolaire jusqu'à la cinquième
secondaire, l'Académie Lafontaine promeut un fort sentiment d'appartenance, une
implication communautaire. En fait, chaque élève doit effectuer 10 heures
de bénévolat par année dès la première année, une pratique en place depuis
20 ans, et des élèves dont l'excellence est apparente à chaque gala de la
fondation.
Évidemment,
je souhaite à tous les partenaires, tous les administrateurs, au directeur
général, Hugues Lagarde, aux présidents des conseils d'administration et de la
fondation, Jean-Yves Paquette et Pascal St-Onge, tous les membres du
personnel et tous les élèves, bien sûr, un très joyeux 35e anniversaire.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Saint-Jérôme. Et je reconnais maintenant M. le député
de Beauce-Nord.
Rendre hommage à Mme Emmy Fecteau
M. Luc Provençal
M. Provençal :
Merci, M. le Président. Le
31 janvier dernier, Emmy Fecteau, de Saint-Odilon, a reçu une importante
distinction, soit la médaille du gouverneur
général pour l'excellence académique. J'ai d'ailleurs eu l'occasion d'échanger
avec elle quelques heures avant la cérémonie.
Sur
les milliers d'étudiants athlètes universitaires canadiens en 2022‑2023,
seulement huit ont été choisis pour recevoir ce prestigieux prix.
Capitaine
de l'équipe de hockey féminine des Stingers de Concordia, avec qui elle a gagné
le championnat national en 2022, elle
a aussi mené la formation canadienne qui a remporté, en 2023, la médaille d'or
aux jeux mondiaux du sport universitaire.
Récemment, elle déclarait à un média local son grand intérêt à joindre la
nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin.
Emmy Fecteau, un nom
à surveiller. Félicitations et le meilleur des succès pour la suite! Merci, M.
le Président.
• (13 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Beauce-Nord. Et la parole
revient maintenant à Mme la députée de Roberval.
Souligner la participation des Rapides de Lac-Saint-Jean
Nord
au Tournoi international de hockey pee-wee de Québec
Mme Nancy Guillemette
Mme
Guillemette : Merci, M. le Président. La semaine dernière avait lieu
le tournoi international pee-wee de Québec.
L'équipe des Rapides du Lac-Saint-Jean Nord ont démontré une force de caractère
exemplaire et résiliente. Malgré une défaite à leur première partie, ils
ont su remonter la pente et continuer leur parcours avec passion et rigueur.
Tout
au long du tournoi, les jeunes et leur entraîneur, M. Sébastien Leclerc,
ont travaillé avec acharnement et en alignant
les victoires. Dimanche dernier, en grande finale, ils se sont inclinés 3 à 1
contre les Brûleurs de loups de Grenoble mais ont quand même remporté la médaille d'argent. Nos Rapides n'ont
jamais lâché. Ils ont gagné le coeur de l'organisation et des gens par
leur positivisme et leur bonne humeur.
Je
tiens à souligner les efforts des joueurs, mais aussi celles des entraîneurs,
des bénévoles et de leurs familles qui les
supportent et les accompagnent. Vous êtes des guides importants pour notre
jeunesse, et, nos Rapides, vous nous rendez vraiment fiers.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Roberval. Et je reconnais maintenant Mme la députée de
Rimouski.
Rendre hommage à Mme Mireille Parent
Mme Maïté Blanchette Vézina
Mme Blanchette Vézina : Merci, M. le Président.
Je tiens aujourd'hui à féliciter Mme Mireille Parent, qui a remporté
deux médailles d'or aux Winter World Masters Games en Italie. Il s'agit d'un
exploit remarquable pour l'athlète du Club
de patinage artistique de Rimouski, puisque l'événement, à l'image des Jeux
olympiques, est présenté une fois tous les quatre ans. Il rassemble des
nombreux sportifs âgés de 30 ans et plus de partout à travers le monde.
La Rimouskoise avait
brillé à Nashville en octobre dernier en remportant aussi deux médailles d'or
dans les épreuves des programmes artistique
et style lors de sa première compétition internationale pour adultes.
Championne du Québec chez les adultes
argent de 35 ans et plus, Mireille Parent poursuit simultanément sa saison
sur le circuit provincial.
Alors,
félicitations, Mme Parent, pour vos exploits! Vous êtes un exemple, un
magnifique exemple que la persévérance et l'excellence sportive n'ont
pas d'âge. Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Rimouski. Et la parole
revient maintenant à Mme la députée de Verchères.
Souligner le 80e anniversaire du Cercle de fermières
Contrecoeur
Mme Suzanne
Roy
Mme Roy
(Verchères) : Merci beaucoup, M. le Président. Cette année
marque le 80e anniversaire de la fondation des fermières de Contrecoeur. Je souhaite rendre hommage à ces femmes
remarquables qui, par leur expertise, leur dévouement, ont grandement
enrichi la vie de notre communauté.
Aujourd'hui,
nous célébrons l'engagement, le savoir-faire exceptionnel des membres du cercle
des fermières. Grâce à l'enthousiasme et à la passion qui les animent, la
richesse de notre patrimoine local peut être préservée, enseignée et léguée
aux générations futures.
Je tiens également à mettre en lumière le
travail extraordinaire de Manon Handfield, présidente de l'organisme depuis 1900... depuis 2017, non pas 1900. Son
énergie est contagieuse et son sens de l'organisation en font une personne
inspirante au sein de son équipe. Mes plus sincères hommages et mes voeux de
succès pour les décennies à venir.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Verchères. Et la dernière
déclaration revient à M. le député de Chapleau.
Rendre
hommage à Mme Monique St-Laurent
M. Mathieu
Lévesque
M.
Lévesque (Chapleau) : Merci beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui,
j'aimerais souligner les 40 années de service en tant qu'officielle mineure pour nos Olympiques de Gatineau,
de la Ligue de hockey junior Maritimes Québec, d'une femme d'exception,
Mme Monique St-Laurent.
Depuis
40 ans, Mme St-Laurent joue un rôle crucial et primordial lors des
matchs de hockey de nos Olympiques. Son
désir d'aider nos athlètes et sa volonté de s'impliquer dans sa communauté ont
fait naître chez elle un amour pour le monde du hockey.
Lorsque
M. Guy Bourgeois l'embauche, elle devient l'une des premières femmes dans
la LHJMQ, une pionnière et une
référence dans le monde sportif à Gatineau, en Outaouais. Forte de son
expérience, elle a réussi à faire sa place au sein de l'équipe de chronométreurs de la Ligue nationale de hockey pour
les parties des Sénateurs d'Ottawa, son rêve d'enfance réalisé grâce à
ses efforts constants et quotidiens.
Femme dévouée,
elle a encore beaucoup d'énergie et de fougue et veut continuer à redonner à sa
communauté en partageant sa passion, ses compétences et son expérience.
Mme St-Laurent,
merci de votre engagement auprès de nos athlètes. Vous êtes un modèle au sein
de notre communauté et vous pouvez
être fière de votre parcours et de vos accomplissements. Bravo pour ces
40 ans et bonne continuité! Toutes mes félicitations!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Chapleau. Alors, voilà qui met fin à la rubrique Déclaration
des députés. Je remercie chacun de vous pour vos déclarations.
Et je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 13 h 55)
(Reprise à 14 h 03)
La
Présidente : Bonjour, tout le monde. Vous êtes nombreux.
Bienvenue chez vous. Le Parlement du Québec, c'est chez vous.
Messieurs dames les députés, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie beaucoup. Veuillez vous
asseoir.
Présence
de Mme Lorraine Richard, ex-parlementaire
de l'Assemblée nationale
Et, bien,
j'ai le plaisir aujourd'hui de souligner la présence, dans les tribunes, de Mme Lorraine
Richard, ancienne députée de Duplessis.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles. Je vous invite à vous asseoir, tout le monde.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la
Présidente, je vous demande d'appeler l'article a, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 54
La Présidente :
À l'article a du feuilleton. M.
le ministre de la Justice présente le projet de loi n° 54, Loi donnant suite à la Table Justice-Québec en vue
de réduire les délais en matière criminelle et pénale et visant à rendre
l'administration de la justice plus performante. M. le ministre.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, Mme la Présidente.
Alors, projet de loi n° 54, Loi
donnant suite à la Table Justice-Québec en vue de réduire les délais en matière criminelle et pénale et visant à
rendre l'administration de la justice plus performante.
Ce
projet de loi donne notamment suite au plan d'action de la Table Justice visant
à réduire les délais judiciaires en matière
criminelle et pénale. Pour mettre en oeuvre certaines mesures, il était
nécessaire d'apporter diverses modifications législatives.
Ainsi,
le projet de loi modifie la Loi sur les tribunaux judiciaires en conférant de
nouveaux pouvoirs aux juges de paix
magistrats, notamment celui de présider des comparutions et des enquêtes sur
mise en liberté. Il vise également à ajouter sept nouveaux postes de juges à la Cour supérieure et à ajuster la
répartition des juges de cette cour dans les différents districts
judiciaires.
Le projet de loi
modifie également certaines règles du Code de procédure pénale, notamment
celles relatives à l'instruction des
poursuites que le défendeur est réputé ne pas contester entre autres quant aux
délais pour la signification d'un
constat d'infraction au défendeur lorsque l'infraction est constatée par une
photographie prise au moyen d'un cinémomètre photographique ou d'un
système photographique de circulation aux feux rouges. Il allègue les règles de
preuve en cas de défaut du défendeur... Il
allège, pardon, les règles de preuve en cas de défaut du défendeur de se
présenter à l'audience ou lorsque le
défendeur est réputé avoir transmis un plaidoyer de non-culpabilité. Il allège
également d'autres règles de preuve,
dont celles relatives à l'admissibilité en preuve de documents joints à un
rapport d'infraction ou celles concernant
la preuve de l'extrait d'un registre rendu accessible au public sur le site
Internet d'un ministère ou d'un organisme public.
Le
projet de loi modifie ce code afin d'augmenter le montant de la contribution
pénale qui s'ajoute au montant total d'amende
et de frais réclamé sur un constat d'infraction pour toute infraction à une loi
du Québec. Il revoit la répartition des contributions ainsi perçues entre le fonds affecté à l'aide aux
personnes victimes d'infractions criminelles, le Fonds Accès Justice et
le fonds consolidé du revenu.
Le
projet de loi apporte également diverses modifications à la Loi sur la
confiscation, l'administration et l'affectation des produits et instruments d'activités illégales, notamment les
éléments dont le Procureur général doit faire la preuve pour que le
tribunal puisse faire droit à une demande de confiscation civile.
Le
projet de loi revoit également les règles donnant ouverture à une saisie avant
jugement de biens qui sont visés par
une demande de confiscation et il prévoit le contenu de la demande du Procureur
général visant à obtenir l'autorisation de saisir ces biens. Il permet au tribunal, à certaines conditions, de
rendre une ordonnance permettant l'aliénation d'un bien visé ou
susceptible d'être visé par une demande de confiscation.
Le projet de loi
introduit un régime de confiscation administrative des produits et des
instruments d'activités illégales et prévoit
les règles relatives à la contestation d'une telle confiscation. Il ajoute
certaines présomptions applicables à
la confiscation administrative ou civile de certains biens. Il prévoit la
possibilité de conclure des ententes pour la communication de renseignements avec d'autres gouvernements ou en vue du
partage des produits de l'aliénation des biens confisqués au Québec ou à
l'extérieur du Québec.
Le
projet de loi modifie le Code de procédure civile en habilitant le ministre de
la Justice à déterminer les districts judiciaires
dans lesquels un litige doit être soumis à la médiation et ceux dans lesquels
l'arbitrage est offert aux parties en matière de recouvrement des
petites créances.
Enfin,
le projet doit modifier la Loi sur les renvois à la Cour d'appel afin de
prévoir que les renvois seront dorénavant entendus par la Cour d'appel
siégeant à Québec. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Je reconnais M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Mme
la Présidente, nous souhaitons la tenue de consultations sur ce projet de loi.
Merci.
Mise aux voix
La Présidente :
Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du deuxième
groupe d'opposition.
M. Leduc :
...l'article c, s'il vous plaît, Mme la Présidente.
Projet de loi n° 599
La Présidente :
À l'article c du feuilleton, M.
le député de Maurice-Richard présente le projet de loi n° 599, Loi modifiant principalement la Loi sur le régime de rentes du Québec afin d'abolir la réduction de la rente de retraite de
la personne qui bénéficie d'une rente d'invalidité entre 60 et
65 ans. M. le député.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Laissez-moi saluer tout d'abord différents intervenants de la
société civile et des personnes invalides
qui nous regardent aujourd'hui. Et très heureux de présenter ce projet de loi,
dont les notes explicatives vont comme suit.
Ce projet de
loi modifie la Loi sur le régime de rentes du Québec afin d'abolir la
diminution de la rente de retraite imposée à la personne qui bénéficie
d'une rente d'invalidité entre 60 et 65 ans.
Le projet de
loi annule également les changements à la prestation d'invalidité pour la
personne qui bénéficie d'une prestation d'invalidité entre 60 ans
et 65 ans entrés en vigueur le 1er janvier 2024.
La Présidente : Oui, M. le leader du
gouvernement.
Interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège
Publication d'éléments du projet de loi n° 599, Loi
modifiant principalement la Loi sur
le régime de rentes du Québec afin d'abolir la réduction de la rente de
retraite de
la personne qui bénéficie d'une rente d'invalidité entre 60 ans et
65 ans,
avant sa présentation à l'Assemblée nationale
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la
Présidente. À ce stade-ci, je voudrais soulever une question de privilège, Mme
la Présidente.
Donc, à 13 heures, aujourd'hui, le deuxième
groupe d'opposition a émis un communiqué intitulé Québec solidaire dépose un
projet de loi pour abolir les pénalités aux rentes de retraite des personnes
aînées invalides.
Ce
communiqué, Mme la Présidente, que je vais déposer séance tenante, constitue à
mon avis un outrage au Parlement, et ce, pour plusieurs motifs, Mme la
Présidente.
Premièrement,
le communiqué mentionne que «le député de Québec solidaire et responsable en
matière de finances [...] a déposé
aujourd'hui un projet de loi visant l'abolition des pénalités aux rentes de
retraite des prestataires d'une rente d'invalidité
[au] Régime de rente du Québec». Au moment où le communiqué a été émis, Mme la
Présidente, le projet de loi n'avait pas été présenté à l'Assemblée nationale — d'ailleurs,
le député vient de le faire — et
l'Assemblée n'avait pas encore accepté
de s'en saisir. Le communiqué laisse faussement croire que c'est le cas et
présume de la décision de l'Assemblée nationale.
Deuxièmement,
Mme la Présidente, le communiqué énumère les mesures contenues dans le projet
de loi, particulièrement dans la
section intitulée Le projet de loi 599 en bref. Alors, c'est
pourtant un principe bien établi que ce sont les parlementaires qui doivent être les premiers à prendre
connaissance du contenu des projets de loi. Alors, je vous réfère
notamment la décision 67/77 du président Chagnon du 12 juin 2018.
Finalement,
comme je viens de vous le mentionner, le communiqué contient le numéro du
projet de loi, et ce n'est pas une
information qui doit être publique avant la présentation du projet de loi. La
présidence avait déjà fait une mise en garde à cet effet à la deuxième
opposition, vous vous souviendrez, Mme la Présidente, en avril 2021.
Donc, je vous
demande de reconnaître l'outrage. Je comprends que c'est une journée qui est
plus difficile pour le deuxième groupe
d'opposition, on l'a vu ce matin avec la transmission du courriel. Alors, Mme
la Présidente, je vous demande de statuer et de considérer qu'il s'agit
d'un outrage, Mme la Présidente.
La
Présidente : Alors, je comprends que vous soulevez l'article 69
de notre règlement. Pour le bénéfice de tous, je vais vous le lire, je vous invite à écouter. Article 69 : «Le
député qui constate une violation de droit ou de privilège peut la signaler — cette violation — tout de suite après le fait.» C'est ce que vous
venez de faire, selon vos prétentions, M. le leader du gouvernement.
Ceci dit,
nous ne sommes pas à l'étape des plaidoiries, je ne rendrai pas de décision sur
le banc. J'invite les leaders des
différents partis à s'entendre pour une étape subséquente, si vous souhaitez
plaider, mais ça ne se fera pas à cette étape de la période des
questions. Mais je vous invite à discuter entre vous pour trouver le moment
opportun, qui est souvent, rappelons-le, à l'étape des renseignements sur les
travaux.
Présentation de projets de loi
Projet de loi n° 599 (suite)
Mise aux voix
Nous allons poursuivre. Alors, est-ce que
l'Assemblée accepte — merci,
M. le secrétaire général, c'est une première
ici — accepte
de se saisir de cet article 69...
Du projet de loi, pardon, que dis-je,
parce que vous avez déposé un projet de loi. Alors, est-ce que
l'Assemblée accepte de se saisir de ce projet de loi? Adopté.
Pour la suite
des choses, je vous invite à discuter ensemble des suites à donner à cet
article 69. Maintenant, nous poursuivons.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, je reconnais à nouveau M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la Présidente.
Je dépose les réponses du gouvernement aux pétitions déposées en Chambre le 28 novembre 2023 par le député de
Camille-Laurin, le 29 novembre 2023 par les députés de Bellechasse et de
Camille-Laurin, le 5 décembre 2023 par
la députée de Westmount—Saint-Louis, le 5 décembre par la députée de Verdun, le 6 décembre 2023 par la députée de
Saint-Laurent, le 8 décembre 2023 par les députés de Mercier et d'Orford et,
enfin, le 31 janvier 2024 par le député de Rosemont. Merci.
• (14 h 10) •
La
Présidente : Ces documents sont déposés.
Pour
ma part, j'ai reçu préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de
demain aux affaires inscrites par les députés de l'opposition.
Conformément à l'article 97.1 du règlement, je dépose copie du texte de ce
préavis.
Dépôt de rapports de commissions
Étude
du rapport préliminaire de la Commission
de la représentation électorale
À
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, je dépose le rapport de la Commission de l'Assemblée nationale qui, les 13, 14 et 15 février 2024, a procédé
à l'étude du rapport préliminaire de la Commission de la représentation
électorale.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, maintenant, M. le député de Maurice-Richard.
La parole est à vous.
Abolir
les pénalités aux rentes de retraite
des prestataires de rente d'invalidité
M. Bouazzi : Merci,
Mme la Présidente. Vous reconnaîtrez probablement le libellé, étant donné que
c'est la même pétition numérique qui avait été signée par plus de
5 500 personnes.
Donc,
je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
84 personnes. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
qu'en 1997 le Régime de rentes du
Québec impose aux rentes de retraite
des personnes recevant une prestation
d'invalidité entre 60 et 65 ans une pénalité identique à celle applicable
aux personnes jouissant volontairement de prendre une retraite
anticipée;
«Considérant
qu'en 2022 le projet de loi n° 17 entraîne une diminution de cette pénalité, mais
la maintient en vigueur, et que les personnes visées demeurent privées
de près du quart de leur rente de retraite;
«Considérant qu'en
2017 un avis de la Commission des droits de la personne et [...] de la jeunesse
recommande l'abolition de la pénalité;
«Considérant
qu'à partir de 2024 les rentes d'invalidité des bénéficiaires seront
substantiellement coupées lorsqu'ils atteignent 60 ans, les forçant
indirectement à demander une rente de retraite anticipée;
«Considérant
que la pénalité vise spécifiquement un groupe particulièrement vulnérable, soit
des personnes à la fois aînées et en situation de handicap, et entraîne
leur appauvrissement;
«Considérant
que la pénalité va à l'encontre des valeurs sociales et d'inclusivité qui sont
intrinsèques à la société québécoise;
«Considérant que le
Québec est la seule province canadienne à imposer une telle pénalité;
«Considérant
que l'incapacité à occuper un emploi rémunérateur n'est jamais un choix et que
la demande d'une rente d'invalidité est souvent imposée par les assureurs;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec que soient retirées toutes
pénalités aux rentes de retraite suite à une prestation d'invalidité
ainsi que toute mesure contraignant directement ou indirectement les
bénéficiaires à demander une rente de retraite anticipée.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Je
vous avise qu'après la période des questions et réponses orales sera tenu le
vote reporté sur l'adoption du principe du projet de loi n° 48.
Questions et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède la
parole, en question principale, au chef de l'opposition officielle.
Gestion des finances publiques
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. La CAQ est incapable de bien gérer les finances publiques. On le voit. La CAQ, ce sont de mauvaises
décisions, de mauvaises prévisions de croissance, une mauvaise planification budgétaire. Exemple de mauvaise décision : les
maisons des aînés. Pour 1 416 places construites, le coût est de
1 milliard, c'est plus de
700 000 $ la place. Et notez que près du tiers des places sont vides,
sont inoccupées, alors qu'on sait que les CHSLD croulent, évidemment,
face aux besoins criants, financiers.
Mauvaises
prévisions de croissance. Budget de mars 2023, le ministre des Finances
prévoyait une croissance de plus 0,6 %. Desjardins disait : Ce
sera négatif, de moins 0,2 %. Et Desjardins s'enligne pour avoir raison.
Mauvaise
planification budgétaire. Les négociations dans le secteur public.
Francis Vailles, ce matin, le dit en toutes lettres, je le cite, l'inconscience des attentes des employés. Le
premier ministre ne peut pas être surpris sur ce qui était prévisible. Il connaissait les paramètres économiques, il connaissait
la nature des demandes, si bien que ça a fait dire au ministre de
l'Éducation : On n'a pas trop donné d'argent. Il le savait, où ça allait
finir.
On sait que
le prochain budget sera encore plus déficitaire. La CAQ va repousser le retour
à l'équilibre budgétaire. Nous sommes face au mauvais état des finances
publiques.
Le premier ministre n'a que lui à blâmer.
Surtout, qu'il ne blâme pas les enseignants.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : Oui, Mme la Présidente, d'abord, on doit être très
clairs, là, je n'ai jamais blâmé les enseignants, les infirmières, les syndicats. Ce que j'ai dit, c'est
que notre gouvernement a fait le choix, le choix d'investir massivement dans
les conditions de travail des personnes qui
travaillent pour nos services publics. Et, Mme la Présidente, je vis très bien
avec ça. J'assume ce choix.
Évidemment, ça amène une augmentation temporaire
des déficits, qu'on va continuer de résorber. Pourquoi? Parce qu'on réussit, depuis cinq ans, à créer de la richesse. C'est
clair, Mme la Présidente, là, je sais que c'est gênant pour le Parti libéral, mais, quand on regarde la
croissance du PIB par habitant, on voit que, depuis cinq ans, malgré la
pandémie, il y a eu une croissance,
au Québec, alors que, dans les autres provinces, il y a eu une décroissance.
Donc, Mme la Présidente, en créant de la richesse, on est capables à la
fois de baisser les impôts et à la fois d'investir dans les services publics.
La Présidente : Première
complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M.
Tanguay : Autre exemple, Mme la Présidente, on continue.
Mauvaise décision, Espaces bleus : 2021, 260 millions pour 18; aujourd'hui, pour quatre,
300 millions. Autre exemple, mauvaise prévision, octobre 2023, ils
disent : Troisième trimestre
sera positif. Or, il est négatif, moins 0,2 %. Autre exemple, mauvaise
planification, novembre 2023, ils disent : Nous maintenons le cap.
Deux mois plus tard, ils repoussent le retour à l'équilibre budgétaire.
La preuve est faite, la CAQ est incapable de
gérer.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Oui, Mme la Présidente, il y a beaucoup de choses
dans les deux questions du chef de l'opposition officielle. Entre autres, dans
sa première question, il parlait des maisons des aînés. Mme la Présidente,
j'étais à l'inauguration d'une
troisième, pour moi, maison des aînés, mais notre ministre responsable des
Aînés est rendue à sa 21e. Mme la Présidente, partout, partout c'est
unanime, c'est unanime, autant du côté des résidents que du côté des
travailleurs et travailleuses, il n'y a rien de trop beau pour nos aînés. C'est
eux autres qui ont bâti le Québec.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M.
Tanguay : On poursuit. Autre exemple, mauvaise décision :
en 2022, rappelez-vous des deux chèques électoralistes, 6,7 milliards de dollars. Autre exemple,
mauvaise prévision : après trois trimestres 2023, le PIB ne s'annonce
pas pour être positif à 0,6 %, mais
négatif à 1,8 %. Autre exemple, mauvaise planification : on en est
réduits, Mme la Présidente, à couper
dans le Fonds des générations, à offrir les services publics à crédit, sur la
carte de crédit des prochaines générations.
La preuve est faite. La CAQ, incapable de gérer.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente, les chèques qui ont été
donnés dans les dernières années, est-ce que je suis obligé d'expliquer que ça n'a rien à voir avec le
déficit des années 2024, 2025? Le chef de l'opposition officielle est pas
mal mêlé.
Maintenant,
ce que je sens dans sa question, c'est qu'il nous reproche d'avoir trop donné
aux employés. Pourtant, sa députée de Saint-Laurent était sur les lignes
de piquetage, Mme la Présidente. Quelle incohérence!
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Là, on vient d'entendre le premier ministre du
Québec dire que les décisions financières des exercices précédents n'ont
pas d'impact sur ce qu'il vous reste à la fin de l'année puis au début de
l'autre. Wow! Le 6,7 milliards, si vous
ne l'aviez pas dépensé, vous l'auriez aujourd'hui, vous l'auriez gardé. Mais là
il est parti, «gone with the wind», comme on dit.
La
preuve est faite. Mauvaises décisions, mauvaises prévisions, mauvaise
planification. C'est ça, la CAQ. Incapable de gérer.
La
Présidente : Et je vous rappelle qu'on s'adresse à la présidence. La
réponse.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, comptabilité 101, un
chèque non récurrent n'a pas d'incidence sur le déficit des années
suivantes. CQFD.
La Présidente :
En question principale, je
reconnais la députée de Saint-Laurent. La parole est à vous, juste à vous.
On l'écoute.
Remplacement du toit du Stade olympique
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Moi,
au moins, je suis capable d'aller voir les enseignants sans me faire insulter.
Alors, Mme la
Présidente, le lendemain de l'annonce par rapport au Stade olympique, où est-ce
qu'on nous a martelé que ça aurait coûté
2 milliards de dollars et même plus pour démolir le stade, nous avons
fait une demande d'accès à
l'information et nous avons reçu une tonne de documents. Non, désolée, je
prends mes désirs pour la réalité. L'étude en question repose sur une page recto, même pas verso, avec une étude
datant de plus de 20 ans, comme si nous avons été figés dans le
temps, au Québec, et qu'il n'y avait aucune nouvelle avancée technologique.
Je
ne comprends pas que le ministre des Infrastructures, qui dispose de plus de
800 fonctionnaires, n'a pas commandé de nouvelles études, à... à jour, pardon, et que c'est le bureau
d'enquête avec trois journalistes du Journal de Montréal qui nous
ont sorti plein de comparables à moins de 50 millions.
Est-ce
que vous prenez les Québécois pour des valises ou vous pensez aussi que notre
argent, c'est de l'argent de Monopoly?
• (14 h 20) •
La
Présidente : On s'adresse à la présidence. La réponse du ministre du
Tourisme.
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx : Merci, Mme la Présidente. Bien, je comprends que
le PLQ, maintenant, est pour la démolition du stade. De toute façon, Mme
la Présidente, l'importance que le Parti libéral du Québec a revêt au ministre
du Tourisme précédemment, on peut se questionner là-dessus. Mais, là où j'ai
beaucoup de difficulté, c'est quand la députée de Saint-Laurent nous fait la leçon en disant : Moi, si j'étais prof,
je retournerais faire mes devoirs. Alors, elle aurait dû faire ses devoirs : premièrement, une conférence de
presse de 1 h 45 min, un breffage technique, parce que c'est
complexe, le stade, on ne peut pas
s'improviser spécialiste, n'importe qui, 13 entrevues, Tout le monde en
parle, je pense qu'on a été assez transparents là-dessus. Mais
l'injure, Mme la Présidente, c'est lors d'un entretien à Mario Dumont,
hier, où elle laissait sous-entendre que les
fondations du stade étaient en mauvais état. Premièrement, de penser que Michel
Labrecque mentirait sur l'état du
stade, c'est vraiment une insulte à Michel. Le stade est monitoré à tous les
jours, Mme la Présidente, à tous les jours. Alors, de laisser
sous-entendre ça, c'est vraiment d'induire le public en erreur, Mme la
Présidente.
Et
maintenant, sur le 2 milliards de dollars, bien, je reviendrai à la
question suivante, parce que le Parti
libéral avait joué
précédemment dans ce film-là, Mme la Présidente.
La Présidente :
Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger,
la parole est à vous. Première complémentaire. On l'écoute.
Mme Filomena Rotiroti
Mme Rotiroti :
Merci, Mme la Présidente. Québec
a annoncé qu'il allait de l'avant avec un remplacement du toit du Stade
olympique, des travaux qui devraient
coûter 870 millions. Selon la ministre
du Tourisme, ces dépenses pourraient
faire passer les retombées économiques du
stade à 1,5 milliard sur 10 ans. Ça fait déjà deux semaines que
j'ai fait une demande d'accès à l'information, et on court après les
études.
Est-ce
que la ministre du Tourisme peut s'engager aujourd'hui, en cette Chambre, à
déposer les études sur lesquelles elle s'est basée pour calculer ces
retombées économiques?
La
Présidente : La réponse de la ministre du Tourisme.
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx : Mme la Présidente, au sujet d'aucune avancée
technologique pour la démolition du Stade olympique,
petite leçon ici, c'est du ciment précontraint. Alors, Mme la Présidente...
La
Présidente : M. le leader de l'opposition officielle, brièvement. Vous
soulevez quel...
M. Derraji : C'est
hors sujet. Les études sur les retombées économiques, c'est ça, la question.
Des voix : ...
La Présidente :
Je suis debout. M. le leader du
gouvernement, c'est parfait. Je suis debout. Nous pouvons poursuivre. Et
poursuivez votre réponse. Tout allait bien. Poursuivez.
Mme Proulx : ...Mme
la Présidente. Donc, aucune avancée technologique, je rappelle que c'est du
ciment précontraint, ce n'est pas du béton
armé comme ce qui a été présenté dans les quotidiens, c'est l'effet,
littéralement, d'une explosion. Non, il n'y a pas eu d'avancée
technologique là-dedans.
Puis,
quand le Parti libéral a déposé son dossier d'affaires, en 2017, ils se
sont basés sur une étude de 2003, qu'ils ont mise à jour. C'est bon pour
eux autres, ce n'est pas bon pour nous autres.
Maintenant,
ce qu'il est important de se rappeler, c'est que l'inflation, ce n'est pas
juste en construction, c'est en rénovation et en démolition. C'est des
chiffres qui semblent échapper au Parti libéral du Québec, Mme la Présidente.
La
Présidente : Deuxième complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : C'est vraiment un sport national, à la CAQ de ne
pas répondre aux questions. 1,5 milliard de donné, de retombées économiques, aucune étude. Démolir...
Maintenant, elle pense que c'est moi qui cite mal Michel Labrecque.
J'ai dit mot pour mot la chose
suivante : De son propre aveu, à Michel, c'est qu'il y a d'autres travaux
à venir, mais qu'il ne veut pas dire
tout de suite les chiffres. Et, s'il veut aller sur la place publique parler,
les juristes lui courent après depuis une semaine, vous l'empêchez de
parler. Ayoye!
La
Présidente : Je vous rappelle qu'on s'adresse à la présidence. La
réponse de la ministre. On l'écoute.
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx : Bien, Mme la Présidente, 2003 à 2005, ministre du
Tourisme, bine zéro; 2005 à 2007, bine zéro; 2009 à 2012, bine zéro; 2008 à 2012, zéro; 2014 à 2016, rien; 2016 à
2018, rien du Parti libéral du Québec pour redynamiser l'est de Montréal, ne
serait-ce que de changer la Loi de la Régie des installations olympiques, comme
demandé par le rapport Bissonnette, n'a été fait de la part du Parti libéral du
Québec.
En matière de
tourisme, on était «benchés», quand on passait en Tourisme; on était de
Transports, on passait à Tourisme. On n'a jamais considéré ce secteur-là comme
étant une économie importante pour le Québec.
Des voix : ...
La
Présidente : Je suis debout.
Des voix : ...
La
Présidente : Bon, vous avez du plaisir? Article 32.
Des voix : ...
La
Présidente : Article 32. Article 37. Je suis debout.
Vous gardez le silence. Et je vous rappelle que, lorsque vous parlez,
vous parlez dans le vide, quand je suis debout.
En question principale, je reconnais maintenant
le député de Marguerite-Bourgeoys. La parole est à vous. On l'écoute.
Gestion
des finances publiques
M. Frédéric
Beauchemin
M.
Beauchemin : Mme la Présidente, en 2018, les caquistes ont
hérité de milliards de dollars en surplus budgétaires. Depuis, on a eu droit à
des prévisions économistes ridicules de la part du ministre des Finances et un manque de rigueur complet dans la gestion des revenus de l'État. La
CAQ dépense sans vision, sans aucune rigueur : 6,7 milliards de
chèques électoralistes, Panier bleu
percé, 7 millions aux Kings de Los Angeles, piger dans le Fonds des générations, des dépenses sans contrôle et les revenus
qui ne suivent pas les dépenses. La CAQ, ce sont de très mauvais gestionnaires.
En bout de piste, le ministre des Finances et
la CAQ hypothèquent nos jeunes et remplissent la carte de crédit des prochaines
générations.
C'est quoi,
justement, le plan du ministre des Finances pour que les futures générations
n'aient pas une carte de crédit déjà en défaut?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, Mme la Présidente. Bien là, je vais rester
poli, je vais faire un effort, mais je veux juste rappeler à tout le monde... Lorsque je suis arrivé,
en 2018, nouveau ministre, vous savez, vous êtes assermenté. Le lendemain vous
arrivez, ministère des Finances, on vous remet un cahier d'information, puis
vous lisez tout ça, et puis là il y avait une section qui m'informait
d'une note aux états financiers qui avait été écrite par la Vérificatrice
générale, qui disait que le Parti libéral du Québec avait sous-estimé la dette du Québec. Et puis, en
2021, on a pris le problème de face puis on a reconnu 13 milliards de
dette supplémentaires, et puis la Vérificatrice générale a enlevé la note aux
états financiers, et le critique de
l'opposition, bien, il a dit : Bien oui, c'était la chose à faire.
Alors... Puis ça, ça correspondait à 3 % de dette nette par rapport au PIB. Et puis le niveau de dette, il
continue à descendre, il est sous contrôle, Mme la Présidente, puis on gère
les finances publiques de manière prudente et responsable.
Des voix : ...
La Présidente : Vous connaissez la
règle, pas de commentaire après les réponses ni les questions. Première
complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Et surtout pas de bravo, Mme la Présidente. Rappelons-nous
que le ministre de l'Éducation ainsi que le premier ministre ont
dit : Merci, Carlos. Merci, M. Couillard.
Et je suis allée voir la description de tâches de
la présidente du Conseil du trésor, à défaut d'avoir un ministre des Infrastructures qui nous répond. On voit que, dans
sa description de tâches, elle doit faire des recommandations au gouvernement
sur les demandes et les projets présentés par les différents ministères.
A-t-elle
recommandé, oui ou non, d'aller de l'avant avec plus de
800 millions de dollars basé sur une étude bidon?
La Présidente : La réponse de la
ministre du...
Des voix : ...
La
Présidente : Je suis debout. S'il vous plaît, attendez. On
garde le silence. On a écouté la question avec attention, on va écouter
la réponse avec attention également. Mme la ministre.
Mme Caroline
Proulx
Mme
Proulx : Étude bidon? Ça veut donc dire que le Parti libéral du Québec, en 2017, a déposé une étude bidon, parce que, quand ils ont déposé le dossier
d'opportunité, aïe! dernière minute avant les élections, on va s'occuper de
l'est de Montréal, parce qu'on le
sait, le Parti libéral n'est pas intéressé par l'est de Montréal, a déposé un
dossier d'opportunité, un DO, vite,
vite, il faut déposer, on a actualisé le dossier de 2003 pour 2017. Donc, Mme
la Présidente, je ne veux pas présumer de rien, mais ce que je
comprends, c'est que le Parti libéral a déposé un rapport bidon.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Moi, j'ai dû manquer un match, là. Ce n'est pas le
Parti libéral qui a annoncé un toit à 870 millions de dollars, là, c'est quand même vous. Prenez vos
responsabilités. Puis là je vois que le ministre des Infrastructures refuse de
se lever. La présidente du Conseil du
trésor, encore, reste sur son banc. Alors, autre tâche de la présidente du
Conseil du trésor : veiller à une bonne gouvernance financière...
Des voix :
...
La Présidente :
Oui, cette fois-ci, oui, je vais
reconnaître le leader du gouvernement pour une question de règlement. Brièvement.
M.
Jolin-Barrette : C'est prévu dans notre règlement, et la députée de
Saint-Laurent le sait très bien, que le gouvernement
peut donner la réponse, à la période des questions et réponses orales, par le
membre du gouvernement de son choix, et l'opposition officielle n'a pas
à juger de qui répond les questions...
La
Présidente : Oui, mais ceci n'est pas une question de règlement, M. le
leader...
Une voix : ...
La Présidente :
Oui, je sais, mais ce n'est pas
une question de règlement. Je pensais que vous alliez dire qu'elle doit
s'adresser à moi, en parlant de la présidence, et ça, je vous l'accorde.
Mme la députée, il
vous reste 13 secondes, et vous vous adressez à la présidente. Poursuivez.
Mme Rizqy : ...de
veiller à une bonne gouvernance et à la gestion des ressources financières.
Est-ce
que la présidente du Conseil du trésor a-t-elle approuvé cette dépense de
870 millions, le tout basé sur une étude bâclée, oui ou non?
• (14 h 30) •
La
Présidente : La réponse de la ministre du Tourisme.
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx : Bien, je vous rappelle, Mme la Présidente, que
nous, on a décidé d'investir dans l'est de Montréal, de redonner à ce symbole-là tout l'honneur qu'il a
le droit. C'est la raison pour laquelle on investit dans l'est de Montréal.
Contrairement
au Parti libéral, Mme la Présidente, ça fait plus de cinq ans et demi qu'au
ministère, comme ministre, avec tous
les collègues, on fait provision, donc, pour le remplacement de la toiture du
Stade olympique, courage que notre gouvernement
a eu, que le Parti libéral du Québec a décidé de balayer sous le tapis, avec
10 ministres consécutifs qui n'ont même pas eu le courage de
changer ne serait-ce que la Loi sur la Régie des installations olympiques, Mme
la Présidente.
La Présidente :
En question principale, je
reconnais maintenant le chef du deuxième groupe d'opposition. La parole
est à vous.
Gestion
des finances publiques
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Merci, Mme la Présidente. Le Québec est dans le rouge, mais c'est la faute
des profs. C'était ça, grosso modo, le
message que le premier ministre a envoyé, ce dimanche, aux Québécois, aux
Québécoises. Mais le premier ministre, il est à son deuxième mandat. Il
est au pouvoir depuis plus de cinq ans. Il va déposer, dans quelques semaines, son sixième budget. Bref, le premier
ministre, il a les mains sur toutes les manettes dans le cockpit, mais, quand
il y a des turbulences, ce n'est jamais, jamais, jamais sa responsabilité.
Le
premier ministre a annoncé que le prochain budget serait, je cite, un budget
«de rigueur budgétaire». Mme la Présidente,
les Québécois et les Québécoises ne sont pas nés de la dernière pluie. Ils ont
déjà entendu ça, «rigueur budgétaire». Ce
n'est pas la première fois qu'on joue sur les mots, au Québec. Quand les
libéraux parlaient de rigueur budgétaire, tout le monde comprenait ce que ça voulait dire. Ça veut dire que les budgets
augmentent moins vite que les dépenses. Donc, ça veut dire des coupes.
Ça veut dire de l'austérité.
Est-ce
que le premier ministre peut se lever, aujourd'hui, et s'engager clairement,
clairement à ce qu'il n'y ait aucune, zéro mesure d'austérité dans son
prochain budget?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : D'abord, Mme la
Présidente, c'est important de le dire, le début de la question du chef du
deuxième groupe d'opposition est
complètement faux. Puis, savez-vous quoi, il le sait, à part de ça. Il sait que
je n'ai jamais dit ça.
Une
voix : ...
La Présidente :
Oui, M. le leader du deuxième
groupe d'opposition. Je pense que vous voulez dire qu'on ne peut pas
dire le mot «faux». C'est ça que vous alliez dire?
Une voix :
...
La Présidente :
Alors, M. le gouvernement...
M. le premier ministre, retirez le mot «faux». Il est au lexique, comme
vous le savez.
M. Legault : Je le retire, Mme la
Présidente. Mais je n'ai jamais reproché aux syndicats, aux employés le choix
qu'on a fait. Ce choix qu'on a fait, Mme la
Présidente, c'est un choix important. On a choisi d'investir massivement dans
les conditions de travail entre autres puis
surtout des employés en éducation et en santé. Pourquoi, Mme la Présidente?
Parce qu'on pense que ça va nous
donner des chances, en améliorant les conditions de travail, d'améliorer les
services pour les Québécois. Mais,
Mme la Présidente, ce qu'il est important de comprendre aussi, c'est que,
depuis que la CAQ est au pouvoir, on crée de la richesse. Ça veut dire quoi,
ça, qu'on crée de la richesse? Ça veut dire qu'on augmente les revenus
du gouvernement.
Donc,
Mme la Présidente, je veux être très clair, là. Il n'est pas question
d'austérité. Il n'est pas question de coupure de services. Il n'est pas question de taxes orange. Il n'est pas
question d'augmentation des impôts. On crée de la richesse. On sert
mieux les Québécois. C'est ça, le gouvernement de la CAQ.
M. Leduc :
Première complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le premier ministre parle
de ses choix. Bien, parlons-en, de ses choix. À l'époque où il y avait des surplus, le premier ministre a décidé de
baisser les impôts des gens qui font plus de 100 000 $ par année, au
Québec. Plus de 100 000 $
par année, là, ce n'est pas la classe moyenne, ça, juste ça, ça coûte
410 millions de dollars cette année, l'année prochaine,
l'autre d'après, l'autre d'après, l'autre d'après.
Là, des surplus, il
n'y en a plus. Est-ce que le premier ministre regrette sa décision?
M. Leduc :
La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bon, Mme la Présidente,
il y a un journaliste qui a dit clairement au chef de QS, en fin de semaine,
que, ce qu'il disait, je fais
attention, là, mais il tournait les coins ronds, mettons, mais... parce qu'on a
baissé les impôts aussi pour ceux qui
gagnent moins de 100 000 $, contrairement à ce qu'il vient de dire.
Mais ce qu'il oublie aussi, c'est qu'on a augmenté l'aide sociale pour les personnes qui ont des contraintes à
l'emploi de 55 %. On a donné 2 000 $ après impôt pour les personnes de 70 ans et plus. On a
augmenté aussi de 50 % l'aide aux organismes communautaires, parce
qu'actuellement, il a raison, il y a
beaucoup de monde à aider, incluant les demandeurs d'asile. Donc, Mme la
Présidente, on aide les Québécois.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Le premier ministre n'a pas répondu à ma question. La portion de sa baisse
d'impôt qui bénéficie aux gens qui font plus
de 100 000 $ par année — plus de 100 000 $ par année, ce n'est
pas la classe moyenne, ça — ça,
ça représente près de 410 millions de dollars par année.
Est-ce
que le premier ministre regrette sa décision d'avoir baissé les impôts pour les
Québécois, Québécoises qui font plus de 100 000 $, oui ou non?
La
Présidente : La...
Des voix :
...
La
Présidente : Il y a
beaucoup de brouhaha à droite, là. Moi, j'aimerais entendre uniquement le
premier ministre. La réponse.
M. François
Legault
M. Legault :
Mme la Présidente, depuis cinq ans, le salaire moyen, au Québec, a augmenté
de 24 %, alors que l'inflation a
augmenté de 19 %, alors que les salaires ont augmenté de seulement
19 % dans le reste du Canada. On est dans une situation, Mme la Présidente, où on a donné de l'argent aux plus
démunis, puis, oui, on a baissé les impôts des infirmières, puis on a
baissé les impôts des enseignants. Québec solidaire est contre ça, c'est son
problème.
Des
voix : ...
La
Présidente : Vous avez oublié le règlement? De toute évidence, oui.
Pas de commentaire après la réponse.
En question
principale, je reconnais maintenant le député de Laurier-Dorion. On vous
écoute, monsieur.
Construction
de nouvelles unités de logement
M.
Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, Mme la Présidente.
Je reviens d'une tournée dans la belle région de Charlevoix en fin de semaine. Avec les inondations du printemps qui ont
déplacé des dizaines de ménages et la pression des Airbnb sur la demande,
le sujet qui était sur toutes les lèvres : la crise du logement.
À Baie-Saint-Paul, un
trois et demie qui a été mis en location à 800 $ s'est finalement loué à
1 600 $, Mme la Présidente. À La Malbaie, on m'a parlé d'un quatre et
demie loué à 2 400 $. Ça n'a pas d'allure, Mme la Présidente.
Les hôpitaux, les
écoles, les entreprises veulent que des gens de partout au Québec et même
d'ailleurs viennent s'installer dans la
région, à Baie-Saint-Paul ou à Clermont, mais c'est impossible à cause du
manque du logement et du prix exorbitant des logements disponibles.
La vérité, Mme la
Présidente, c'est qu'actuellement le développement de nos régions est bloqué
par la crise du logement. Est-ce que la ministre de l'Habitation le réalise?
• (14 h 40) •
La
Présidente : La réponse de la ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau :
Merci, Mme la Présidente. Alors, j'espère que le député de Laurier-Dorion a
passé un beau week-end dans la région de
Charlevoix, c'est superbe comme région. Mais il a manqué une bonne annonce,
vendredi. On a fait l'annonce
nationale, avec nos collègues du fédéral et mes collègues de la région de
l'Outaouais : 2 574 logements partout au Québec, prêts à partir, qui vont avoir la pelle
dans la terre au printemps. Donc, vous voyez, Mme la Présidente, ça bouge,
en logement. Ça, là, 2 574, ça s'ajoute
aux 1 000 logements annoncés avant les fêtes, aussi sélectionnés pour
que la pelle soit dans la terre au printemps.
Alors,
mon but à moi, Mme la Présidente, c'est d'augmenter l'offre de logements
partout, pas juste à Charlevoix, bien
que j'aie de nombreuses discussions avec ma collègue députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, parce qu'on est très conscients
que ça a été très difficile pour les citoyens dans ce coin-là, que le taux
d'inoccupation est vraiment bas, puis on travaille sur des solutions très concrètes. D'ailleurs, on a livré des
logements modulaires — c'était
innovant — pour
des travailleurs de la santé.
Évidemment, ça ne répond pas à tous les besoins, mais on voit qu'on est
ailleurs, Mme la Présidente, on propose des solutions.
La
Présidente : Première complémentaire.
M.
Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Mme la Présidente, c'est
très bien d'annoncer des milliers de logements, mais c'est mieux de les
livrer. Zéro logement livré dans le programme PHAQ.
La ministre pourrait
aussi s'attaquer au problème d'Airbnb dans Charlevoix—Côte-de-Beaupré, une région
touristique très prisée, où Airbnb parasite les logements des résidents. L'an
dernier, il y avait une centaine d'habitations illégalement utilisées pour de l'hébergement Airbnb à Baie-Saint-Paul et
160 à La Malbaie. Le tiers des Airbnb dans Charlevoix sont possédés
seulement par cinq hôtes.
Pourquoi la ministre
n'a pas...
La
Présidente : La réponse de la ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau : Oui, merci, Mme la
Présidente. Écoutez, il ne faut pas tourner les coins ronds, là. Je sais que
Québec solidaire tourne les coins ronds. En fin de semaine, on le
relate. Même chose concernant la cession de bail, où on donne la moitié
de l'information puis on fait peur aux gens. Mais le PHAQ, Mme la Présidente...
La
Présidente : Je vais reconnaître ici M. le leader du deuxième groupe
d'opposition. Question de règlement. Laquelle?
M. Leduc :
Je pense, c'est la troisième fois que la ministre utilise cette
expression-là en particulier. Alors, je demanderais de retirer ses propos pour
une troisième fois, Mme la Présidente.
La Présidente :
M. le leader du gouvernement,
rapidement. Attention, ce n'est pas un tableau didactique. Je vous
écoute. Quelle est votre réponse, rapidement?
M. Jolin-Barrette : Mme
la Présidente, je pense qu'on a un devoir d'être transparent avec les gens, ce
que Québec solidaire ne fait
pas en tronquant la vérité, Mme la Présidente. Vous devriez les rappeler...
La
Présidente : ...vous pouvez vous rasseoir, M. le leader. M. le
leader également. Je suis debout. On va trancher. Le mot «peur», vous le retirez. Nous allons
poursuivre dans le respect. Et il n'y a pas lieu de partir ici en débat. Mme la
ministre, poursuivez.
Mme Duranceau : ...Mme
la Présidente. Alors, on va revenir à ce qui intéresse les Québécois, hein, ce
n'est pas les fausses vérités, là, qui sont évoquées par les députés de
l'opposition, c'est qu'on sorte du logement. Alors, plus de 3 000 unités qui ont été livrées en
2023. Le PHAQ, on le sait, c'est un nouveau programme, il a été bonifié, et on
a une cadence de livraison dans les
prochaines années qui est exponentielle, Mme la Présidente. Il y a plus de
20 000 unités de logement qui sont présentement financées et à
diverses étapes de réalisation.
La Présidente : En deuxième
complémentaire, M. le député.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : 3 000 unités
livrées? Je lui conseille d'aller voir le site de son ministère, de la Société
d'habitation du Québec : zéro logement livré. Partout dans Charlevoix—Côte-de-Beaupré, on m'a parlé d'itinérance cachée, des tentes qui poussent dans le bois, des travailleurs qui
vivent dans leurs voitures, qui roulent la nuit pour ne pas se faire arrêter,
des personnes qui perdent leurs
logements et qui viennent grossir les rangs de l'itinérance ici, à Québec, là,
parce qu'il n'y a plus de service.
Que va faire
la ministre? Quand est-ce que son programme PHAQ va-t-il livrer ne serait-ce
qu'un logement dans la région de Charlevoix—Côte-de-Beaupré?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau : Oui,
Mme la Présidente. Alors, c'est un programme qui couvre l'ensemble de la
région... du Québec, et la région de Charlevoix—Côte-de-Beaupré ne sera pas en reste. Je suis, d'ailleurs, très souvent en
communication avec le maire de la région ainsi qu'avec la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Ceci dit, il
faut augmenter l'offre. Par contre, en attendant d'augmenter l'offre, Mme la
Présidente, on a bonifié le programme
d'aide au logement pour, justement, aider la population qui est la plus
vulnérable. On est passé de 65 000 personnes qui bénéficiaient de cette aide-là à plus de
150 000 l'année dernière. Alors là, ça, Mme la Présidente, c'est de l'aide
à la personne. Et, par ailleurs, il y
a des mesures législatives qui seront bientôt adoptées qui vont permettre
d'accélérer la livraison, l'émission de permis et la construction de
logements.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Rosemont.
Recours au secteur privé dans
le réseau de la santé
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci,
Mme la Présidente. Il y a deux ans, le ministre de la Santé a décidé de faire
une expérience. À ce moment-là, il y avait 140 000 personnes en
attente d'une chirurgie. Le ministre a décidé de les envoyer dans les
CMS, les cliniques médicales spécialisées. Résultat des courses : deux ans
plus tard, il y a 170 000 personnes qui attendent. Deux ans après le début de l'expérience privée du
ministre, qui coûte beaucoup d'argent, qui vide notre réseau public parce
qu'évidemment les gens du réseau public vont
travailler au privé puis ils ne reviennent pas, deux ans plus tard il y a
30 % de plus de gens qui attendent.
Est-ce que le
ministre peut reconnaître que son affaire, c'est un double échec? Non seulement
on ne soigne pas plus de monde, mais on vide notre réseau public parce
que ces gens-là s'en vont travailler au privé.
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bon,
je vais juste demander, Mme la Présidente, là... Je vais m'adresser à vous, et
vous allez demander au député d'aller
vérifier sur le tableau de bord, parce que 170 000, ce n'est pas le bon
chiffre. On a baissé de 5 000 dans le dernier mois. Alors, je veux
juste lui rappeler. S'il vous plaît, lui passer le message.
Deuxièmement,
Mme la Présidente, si on n'avait pas utilisé... si on n'avait pas utilisé les
cliniques privées, bien, ce serait...
140 000 chirurgies n'auraient pas été faites, parce qu'on n'est pas
capable de le faire dans le réseau, Mme la Présidente, en ce moment, parce qu'il nous manque de
personnel. Pourquoi on est si... on attend une réponse de la FIQ sur les
conventions collectives que la
ministre... la présidente du Conseil du trésor travaille, c'est parce qu'on a
demandé de la flexibilité pour que les employés qui ont quitté le réseau puissent
revenir dans le réseau et pouvoir faire des chirurgies chez nous et non au
privé.
Alors, Mme la
Présidente, je voudrais juste que le député vous explique, dans sa prochaine
question, qu'est-ce qu'il aurait fait
si on n'avait pas pris plus de 150 000 chirurgies en privé pendant
qu'on n'a pas le personnel pour le faire dans notre réseau public. J'ai
très hâte d'avoir sa réponse.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Bien, la réponse
est évidente : on n'a pas le personnel parce que le personnel s'en va au
privé. Il y a juste un bassin de
main-d'oeuvre. Si les médecins, les infirmières, les préposés s'en vont dans
les cliniques privées, évidemment ils
ne sont plus dans le public. Alors, c'est le ministre qui devrait répondre aux
questions ici. C'est comme ça que ça marche.
Est-ce qu'il
peut nous dire — il
y a peut-être quelque chose dans ses tableaux qui le dit, là — il y a combien de salles d'opération du public, au Québec, qui fonctionnent au ralenti,
qui sont fermées les trois quarts du temps parce qu'il n'y a pas le
personnel, le personnel est parti au privé?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, Mme la
Présidente, je vais revenir, là, parce qu'il y a peut-être quelque chose qui
n'est pas compris, puis je vais le dire très
gentiment. J'ai dit qu'on fait des mesures en ce moment. Les conventions
collectives, c'en est une. On a fait
un projet de loi, les règlements vont être appliqués dans les prochaines
semaines pour ne plus que les agences privées
puissent charger les tarifs qu'ils veulent, on a mis des tarifs maximums.
Qu'est-ce qu'il va arriver avec ça? Bien, il y a des gens qui vont
décider de revenir dans le public.
On fait
toutes sortes de mesures très concrètes, qui, malheureusement, prennent du
temps, parce que souvent ça prend un
projet de loi, souvent ça prend des règlements, mais c'est un ensemble de
mesures qu'on applique, dans notre plan santé, pour être capable de
redevenir l'employeur de choix. Puis ça, j'espère que le député va comprendre.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : La
donnée que je vais vous donner, je ne sais pas si elle est dans les tableaux
indicateurs du ministre, je ne pense
pas, c'est des chiffres que j'ai obtenus. Depuis 2018, 36 nouvelles SMS,
les cliniques médicales spécialisées, 36. Parmi ces cliniques-là, il y a 30 % des médecins qui se sont
complètement désaffiliés de la RAMQ. Ils ont coupé le cordon ombilical
avec la RAMQ. Ils ne veulent plus travailler dans le public.
Est-ce que le ministre réalise que c'est des
médecins qu'on a perdus, 30 % dans 36 cliniques? Bye-bye!
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors,
moi, je ne veux pas être dogmatique, parce que je pense qu'il y a peut-être un
enjeu, chez Québec solidaire, sur le
dogme d'être contre, complètement, le privé. Moi, j'ai toujours dit, Mme la
Présidente, puis on n'a pas changé d'idée, à la CAQ, le privé peut être
complémentaire au réseau public, surtout après trois ans de pandémie. C'est
exactement ce qu'on dit et redit. Si,
malheureusement, il y a des médecins qui ne sont pas capables d'assez opérer
dans notre réseau puis qui peuvent
opérer ailleurs parce qu'il y a les infirmières ou le support pour le faire,
tant mieux pour eux. Moi, ce que je veux, c'est qu'on soit capables d'opérer nos Québécois, leur donner un service
sans que ça ne leur coûte rien. Ils ont accès à la carte d'assurance maladie pour aller dans les cliniques
privées. Moi, ce qui est important pour nous, c'est le patient. Merci beaucoup.
• (14 h 50) •
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef du troisième groupe d'opposition.
Compétences du Québec en
matière d'immigration
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Mme la Présidente, les ministres de la Langue
française, de l'Immigration, de l'Éducation et de la Solidarité sociale viennent d'arriver en ville, ce matin. Après
six ans au pouvoir, le gouvernement réalise que notre capacité à loger, éduquer
et à soigner est dépassée, que le système de demande d'asile a été détourné par
le fédéral contre les intérêts du
Québec, que la francisation est un échec et que le Québec a atteint son point
de rupture. Or, tout ça, le Parti québécois
le dit depuis des années. Mais, lorsqu'on leur demande : Qu'allez-vous
faire?, la réponse, c'est : Rien. On va continuer à
faire ce qu'on a fait dans les six dernières années, quémander au fédéral des
grenailles puis continuer à vivre dans le déni. Pas de demande formelle de
rapatrier les pouvoirs en immigration, pas de référendum sur l'immigration,
pas de recours judiciaire pour obtenir les sommes du fédéral. Rien de
conséquent, rien de concret.
Or, pendant
que la CAQ vit dans le déni, le français, lui, connaît un déclin historique. De
2011 à 2023, la population ne
connaissant pas le français aura augmenté par 52 %, celle qui travaille
principalement en anglais a augmenté par 41 %. C'est clair qu'au
terme du mandat de ce premier ministre jamais on n'aura vu un tel recul du
français.
Ma
question : Le premier ministre reconnaît-il que la politique d'immigration
de la CAQ est un désastre, au niveau du français, qui est sans précédent
dans l'histoire du Québec?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, je trouve ça malheureux, le fait que le chef du PQ fasse de la
politique sur un dossier qui est
crucial pour l'avenir de notre nation. Ah! il trouve ça drôle, à part de ça, il
trouve ça drôle. Mme la Présidente, lui
et moi, on est tous les deux d'accord pour dire que ça n'a pas de bon sens, ça
ne peut pas continuer comme ça, on ne peut
pas avoir 525 000 immigrants temporaires. D'ailleurs, la dernière
fois que le PQ était au gouvernement, ils n'ont rien fait. Mais ce que je demande au chef du Parti
québécois, c'est de travailler avec moi, à aller convaincre le gouvernement
fédéral, parce que le coupable, là, ce n'est pas le chef de la CAQ,
c'est le gouvernement libéral fédéral.
D'ailleurs,
j'ai le goût de lui demander, là : À quoi ça sert, le Bloc québécois à
Ottawa? Ça sert à quoi? Ça sert à quoi?
Mme la
Présidente, on doit ici, à l'Assemblée nationale, faire front commun, comme on
l'a fait pour Roxham. Le PQ pensait
qu'on ne réussirait pas avec Roxham, on a réussi. Maintenant, c'est dans les aéroports.
Il faut s'unir. Il ne faut pas faire de la politique comme le fait le
chef du Parti québécois.
Des voix : ...
La
Présidente : On revient au silence, je vous prie. On a écouté
la question avec attention, j'apprécierais qu'on écoute les réponses
aussi avec attention.
Des voix : ...
La Présidente : M. le leader
et M. le chef... Ou, M. le leader, dites à votre chef...
Des voix : ...
La Présidente : On écoute maintenant
la question complémentaire. Allez-y.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : On avance, Mme la Présidente. C'est vrai que le
problème est à Ottawa. Mais le premier ministre
en est complice, parce que, lorsque c'est le temps de demander les pouvoirs en
immigration, lorsque c'est le temps de poser un geste concret, il ne se
passe rien, on continue de quémander à genoux.
Quand la CAQ
obtient 1 milliard sur les 6 milliards nécessaires à notre système de
santé, quand on obtient 100 millions sur le 1 milliard que ça coûte, les politiques fédérales, sans nous
consulter, sans même nous informer, ma question au premier
ministre : N'est-il pas tanné de faire rire de lui par Ottawa?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, c'est le même chef du Parti québécois qui riait de nous autres
quand on disait qu'on réussirait à
fermer le chemin Roxham puis à convaincre le gouvernement fédéral d'envoyer les
demandeurs d'asile dans les autres provinces. Il se moquait de nous
autres, il disait : Ça n'arrivera jamais. C'est arrivé.
Mme la
Présidente, on agit pour protéger le français. On agit avec les universités
anglophones. Pour la première fois, les
immigrants économiques vont être obligés de réussir un test de français. On
agit, pendant que le PQ attend le grand soir.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Je ne riais pas de personne, j'étais seul à porter
le dossier de Roxham pendant que la CAQ me regardait aller, avec le même
rire et la même arrogance, et avec le même rire et la même arrogance.
Des voix : ...
La Présidente : Silence!
Article 32. Alors, il nous reste des secondes à votre question. Allez-y,
on vous écoute. Et je vous rappelle cependant que vous avez utilisé un
mot qui est au lexique, je vous demande de le retirer.
M. St-Pierre Plamondon : Je
le retire. Le lendemain de la fermeture de Roxham, les règles ont été changées,
au fédéral, aux aéroports. Donc, à
quel moment la CAQ va-t-elle nommer qu'elle veut décider par elle-même, au
Québec? Et ça, c'est l'indépendance du Québec.
Des voix : ...
La Présidente :
M. le chef de l'opposition
officielle, je vous ai entendu. La réponse — on l'écoute — du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente, le
chef du Parti québécois ne peut pas réécrire l'histoire. S'il y en a un qui
s'est battu, là, pour fermer Roxham,
c'est moi puis c'est le gouvernement de la CAQ. Il ne peut pas s'approprier des
choses là où il était non crédible.
Pourquoi
le PQ est non crédible quand il parle à Ottawa? Parce qu'il souhaite que ça ne
marche pas, pour pousser son
référendum. C'est ça, le PQ : zéro résultat, zéro demande avec Pauline
Marois, zéro demande avec les gouvernements du PQ. Nous, avec la CAQ, on
avance.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée...
Une voix : ...
La Présidente :
M. le député de Matane-Matapédia,
ce n'est pas à vous de parler. En question principale, je reconnais la
députée de Vaudreuil-Dorion. La parole est à vous, madame. On l'écoute.
Accès
aux services en santé mentale
Mme Marie-Claude
Nichols
Mme Nichols : Merci, Mme la Présidente.
La communauté de Vaudreuil-Dorion a été touchée par un terrible drame, le 15 février dernier, deux femmes ont été
sauvagement assassinées, une autre gravement blessée, par un homme qui, de
toute évidence, souffre de sévères troubles de santé mentale. J'en
profite, d'ailleurs, pour transmettre mes plus sincères condoléances aux
proches des victimes.
Dans
ce cas précis, les problèmes de santé mentale de l'accusé étaient connus des
autorités policières et du réseau de
la santé. De toute évidence, le système ne l'a pas pris en charge. Au
contraire, il a été relâché, abandonné. Et ce n'est malheureusement pas un cas isolé. Des patients
atteints de troubles de santé mentale sont laissés à eux-mêmes aux
quatre coins du Québec. C'est désolant et très préoccupant.
Est-ce
que le ministre des Services sociaux est conscient que l'inaction de son
gouvernement en matière de santé mentale met à risque la population
québécoise? Combien de décès sordides ça va prendre pour que le gouvernement
agisse?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Justice.
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la Présidente.
Écoutez, des événements comme ceux-ci sont toujours dramatiques, et nos pensées sont avec les familles, leurs proches.
Et personne au Québec ne souhaite que des événements comme ça se
produisent.
Vous
savez, suite à certains événements qui sont survenus, notamment au décès de la
policière Breau, il y a une enquête
de la coroner qui est présentement en place, il y a déjà des auditions qui sont
tenues, présentement, et il y a des modifications
qui ont été apportées notamment pour les gens qui vivent des enjeux de santé
mentale et qui ont été accusés, notamment à la CETM, à la Commission
d'examen des troubles mentaux.
Dans ce cas-là
particulièrement, puis je ne souhaite pas le commenter, on se retrouve face à
des individus, Mme la Présidente, qui
devront faire face au processus judiciaire. Et il faut laisser les enquêtes
faire leurs cours et, par la suite, que
les mesures en place soient assurées avec un filet, Mme la Présidente, parce
que, les gens qui ont des troubles de santé mentale, qui commettent des infractions criminelles, on doit les
accompagner également, sans jamais oublier les victimes et les familles des victimes, ce qui est
absolument primordial, Mme la Présidente, pour nous assurer, un, la sécurité de
la population, mais aussi de faire en sorte que ça ne se reproduise
plus, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
Les élus dans cette Chambre peuvent témoigner qu'il y a une hausse
importante des personnes atteintes de
troubles de santé mentale qui se présentent dans nos bureaux de comté. Même les
élus municipaux sont confrontés à
cette réalité. D'ailleurs, le maire de Vaudreuil-Dorion a transmis une lettre
au ministre lui témoignant l'inquiétude de ses citoyens suite au drame, et je le cite, il dit que «certains se sont
tournés vers lui afin de savoir ce que la ville allait faire afin que ce
type de drame ne se reproduise plus. Vous [comprenez] que la réponse ne pourra
pas venir de l'administration municipale.»
Que répond le
ministre au maire de Vaudreuil-Dorion?
Document
déposé
La
Présidente : Consentement pour le dépôt?Consentement. M. le
ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant : Oui, merci, Mme la
Présidente. Donc, ce qu'on essaie de faire, maintenant, au niveau des services
de santé mentale, c'est de rapprocher les
services de nos citoyens, aller vers la communauté. Et, pour les citoyens qui
utilisent beaucoup les services
d'urgence, on a déployé à travers le Québec, Mme la Présidente, des patrouilles
mixtes. Donc, dans les voitures de
police, on peut être accompagné d'une intervenante psychosociale, qui va
désamorcer les services, qui diminue le
nombre de références vers le centre hospitalier et qui diminue les
hospitalisations également, Mme la Présidente. Puis, à travers le
Québec, chaque municipalité choisit son type de modèle, soit le policier avec
l'intervenante dans la voiture, l'intervenante au poste de police ou au niveau
des services sociaux. Donc, on évolue dans toutes les régions.
• (15 heures) •
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Marie-Claude
Nichols
Mme Nichols : En mars 2023, la mère
d'un enfant atteint de schizophrénie, Martine Landry, écrivait, dans La Presse :
«...l'inefficacité de la loi P-38 [visant] à protéger les gens les plus
sévèrement atteints se solde trop souvent par la mort de proches qui les aimaient et qui tentaient
désespérément de leur venir en aide. Il arrive aussi que des parfaits inconnus
soient attaqués et tués lors d'un épisode de psychose meurtrière.»
Mme
la Présidente, c'est ce qui est arrivé à Vaudreuil-Dorion. Que répond le
ministre à cette mère et à ceux qui vivent avec un proche atteint de
graves troubles de santé mentale?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant : Mme la Présidente, en
fait, tout le monde, dans cette Assemblée, on a fait de façon conjointe le
choix... Puis on parle, des fois, de courage
politique, là. Bien, on a eu le courage de faire réviser la loi P-38.
Donc, on a demandé à un comité d'experts de regarder l'application de la P-38
et comment on peut l'améliorer, au Québec, en regardant ce qui se fait
ailleurs au Canada et dans le monde.
C'est
important, Mme la Présidente, là, les gens qui vivent avec des situations de
troubles de santé mentale, pour eux, c'est
important de pouvoir prendre part aux décisions. Nous, ce qu'on demande,
c'est : Est-ce qu'il y a façon d'accompagner la famille? Parce que la santé, les troubles de
santé mentale, ça touche toute la famille. Et Pr Noreau nous cherche une
solution, Mme la Présidente.
La
Présidente : Alors, cela met fin à la période de questions et de
réponses orales.
Demeurez en place
pour la tenue des votes reportés. Et, pour ce faire, je cède la place,
maintenant, au deuxième vice-président de
l'Assemblée... au troisième vice-président de l'Assemblée nationale. Merci,
tout le monde. Bonne fin de journée.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
à la rubrique des motions sans préavis, en fonction de nos règles et de
l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un
membre du groupe formant l'opposition officielle, et c'est Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Une voix :
...
Votes
reportés
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Ah! il
y a un vote reporté. Désolé, Mme la
députée de Jeanne-Mance—Viger.
Donc, nous allons aller aux votes reportés.
Adoption du principe du projet de loi n° 48
Alors,
comme annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au vote reporté sur
la motion de Mme la ministre des
Transports et de la Mobilité durable proposant que le principe du projet de loi
n° 48, Loi modifiant
principalement le Code de la sécurité
routière afin d'introduire des dispositions relatives aux systèmes de détection
et d'autres dispositions en matière de sécurité routière, soit adopté.
Le vote est maintenant ouvert.
La période de vote
est terminée. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 116
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Benjamin) : En
conséquence, le principe du projet de loi n° 48, Loi modifiant principalement le Code de la sécurité routière afin d'introduire
des dispositions relatives aux systèmes de détection et d'autres dispositions
en matière de sécurité routière, est adopté.
M. le leader
adjoint du gouvernement.
Renvoi
à la Commission des transports et de l'environnement
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, M. le Président. Donc, conformément à l'article 243 du règlement,
je fais motion afin que le projet de loi n° 48,
Loi modifiant principalement le Code
de la sécurité routière afin d'introduire des dispositions relatives aux
systèmes de détection et d'autres dispositions en matière de sécurité routière, soit déféré à la Commission des transports et de l'environnement pour son étude détaillée
et que la ministre des Transports et de la Mobilité durable soit membre
de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
Maintenant,
nous sommes bel et bien rendus à la rubrique des motions sans préavis. Un
membre du groupe formant l'opposition officielle.
Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme Rotiroti : Merci, M. le Président.
Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec le député de Taschereau, le député de
Matane-Matapédia et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée
nationale exige du gouvernement caquiste qu'il rende publique toute étude
concernant les prévisions des retombées
économiques en lien avec l'investissement de 870 M$ pour remplacer le toit
du Stade olympique.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de
consentement.
Alors,
nous poursuivons avec la prochaine motion, présentée par un membre du deuxième
groupe d'opposition, et c'est M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Merci, M. le Président.
Je demande le consentement de cette Assemblée pour présenter la motion suivante conjointement avec le leader de
l'opposition officielle, le député des Îles-de-la-Madeleine et la députée de
Vaudreuil :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte que le gouvernement a annoncé vouloir maintenir la limite
du taux d'alcoolémie permise au volant à 0,08 % malgré les recommandations
de la Santé publique de l'abaisser à 0,05 %;
«Qu'elle
prenne également acte que, selon des sources gouvernementales relayées par les
médias, le manque de transport en commun en région fait partie des
motifs de cette décision;
«Qu'ainsi,
elle demande au gouvernement du Québec d'augmenter conséquemment ses
investissements en transport en commun dans les régions lors de son
prochain budget.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Il n'y a pas de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Il n'y a pas de consentement.
Nous
poursuivons avec la prochaine motion, présentée par un membre du troisième
groupe d'opposition, et c'est M. le député de Camille-Laurin.
M. St-Pierre Plamondon : Merci,
M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec le
ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie
canadienne, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que le Rapport sur l'immigration
temporaire : choisir le français du Commissaire à la langue française constate que "de 2021 à 2023, la
population non permanente qui ne connaissait pas le français aurait pratiquement triplé" et
qu'"en nombre absolu, entre le recensement de 2011 et 2023, la population
ne connaissant pas le français aurait ainsi augmenté de 52 % et
celle travaillant principalement en anglais de 41 %";
«Qu'elle souligne que 6 recommandations
sur les 12 que contient le rapport visent le gouvernement du Canada, qui
refuse depuis quelques années de donner une
réponse favorable à plusieurs demandes du Québec en matière d'immigration;
«Qu'enfin elle
demande au gouvernement du Québec de prendre tous les moyens nécessaires pour
obtenir le rapatriement de tous les pouvoirs en immigration du gouvernement du
Canada.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Consentement, sans débat, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Consentement, sans débat.
M. Derraji :
Pas de consentement.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Pas de consentement.
Alors, nous allons à
la prochaine motion.
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : S'il vous plaît! Nous allons à la prochaine
motion. Et cette motion, elle sera présentée par un membre du groupe
formant le gouvernement, et c'est Mme la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme la ministre.
Mme Déry :
Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale se dissocie de tous propos affirmant ou insinuant que le
gouvernement du Québec est complice de crimes de guerre, de crimes
contre l'humanité, de nettoyages ethniques ou de génocide;
«Qu'elle
reconnaisse que la présence d'un bureau du Québec à l'étranger ne rend pas le
Québec, ni son gouvernement, complice des choix et des actions de l'État
où il se trouve;
«Qu'elle
réaffirme sa résolution unanime du 30 janvier 2024 appelant à un
cessez-le-feu humanitaire à Gaza et en Israël.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de
consentement. Alors, nous sommes...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : S'il
vous plaît! Merci. Alors, je vais demander... je vais demander aux collègues
qui doivent quitter pour les prochaines minutes de le faire discrètement, s'il
vous plaît.
Avis
touchant les travaux des commissions
Et,
sans plus tarder, nous sommes rendus à la rubrique des avis touchant les travaux
des commissions. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président.
Donc,
j'avise cette Assemblée que la Commission des transports et de l'environnement
entreprendra l'étude détaillée du projet de loi n° 48,
la Loi modifiant principalement le Code de la sécurité routière afin
d'introduire des dispositions relatives aux
systèmes de détection et d'autres dispositions en matière de sécurité routière, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 19 h 15, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission des
relations avec les citoyens poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 46, la Loi sur l'amélioration
de la protection des enfants dans les services de garde éducatifs, aujourd'hui, de 16 h 20 à
19 h 15, à la salle
Pauline-Marois;
La
Commission de l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée du projet
de loi n° 42, la Loi
visant à prévenir et à combattre le
harcèlement psychologique et la violence à caractère sexuel en milieu de
travail, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission de la santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 37, la Loi
sur le commissaire au bien-être et
aux droits des enfants, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle Marie-Claire-Kirkland.
• (15 h 10) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le leader adjoint du gouvernement.
Pour
ma part, je vous avise que la Commission de l'administration publique se
réunira en séance de travail demain, le
mercredi 21 février 2024, de 7 h 30 à 9 heures, à la salle Pauline-Marois, afin de procéder au suivi de la recommandation 1.3 du rapport du printemps 2021 de la Commission
de l'administration publique : «Que la Commission de l'administration
publique amorce une réflexion sur
l'opportunité d'examiner les états financiers consolidés du gouvernement en
commission parlementaire.»
Je
vous informe... Toujours à la rubrique des renseignements des travaux sur
l'Assemblée, je vous informe que demain, lors des affaires inscrites par les
députés de l'opposition, sera débattue la motion inscrite par
M. le député de Maurice-Richard. Cette motion se lit comme
suit :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que la récente
baisse d'impôt des contribuables qui gagnent plus de 100 000 $
par année prive l'État québécois de plus de 400 millions de dollars
par année;
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que cette décision du gouvernement contribue
au déficit et nuit au financement des services publics.»
Affaires
du jour
La période des affaires courantes étant terminée,
nous allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : ...l'article 16 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 31
Reprise
du débat sur l'adoption
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
à l'article 16 du feuilleton, l'Assemblée prend en... reprend le débat
ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption
du projet de loi n° 31, Loi
modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation.
Y a-t-il des
interventions? Je reconnais Mme la députée de Mercier.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal :
Merci beaucoup, M. le Président. Donc, je vais intervenir pour l'adoption
finale sur le projet de loi n° 31. J'ai plusieurs sujets dans le temps que j'ai, notamment trois, plus
particulièrement, mais tout d'abord je veux vous parler d'un cas qui
existe en lien avec la crise du logement, là, dans mon comté.
On
connaît tous le roi des rénovictions, Henry Zavriyev, on a beaucoup entendu
parler de cet homme-là. Dans mon comté, sur Le Plateau—Mile-End,
il est propriétaire d'au moins six immeubles, et on connaît sa façon de
fonctionner, c'est-à-dire qu'il achète des
immeubles, il fait à peine quelques rénovations... en fait, il évince les
personnes qui y habitent, il fait quelques rénovations, puis après ça il
monte de façon faramineuse les prix. Puis il vient tout juste d'acheter un logement, un immeuble sur Le Plateau, ça fait
seulement un mois qu'il l'a acheté, et il a commencé à faire du harcèlement
et de l'intimidation des locataires qui sont
là. Et malheureusement ce sont des locataires vulnérables. C'est beaucoup des
travailleurs temporaires qui sont dans le
pays depuis pas très longtemps, qui ne connaissent pas leurs droits. Et il
applique sur ces personnes-là le même stratagème habituel. Il refuse
même d'encaisser les loyers des locataires et il veut qu'ils quittent, et ça, c'est vraiment inacceptable. Je
ne peux même pas beaucoup trop en parler, parce que c'est des locataires qui
ont peur de la situation, mais ils sont
accompagnés par le Comité logement du Plateau Mont-Royal, que je remercie
beaucoup pour le travail qu'ils font.
Ils en ont plein, plein les bras en ce moment. Et malheureusement on a devant
nous, ici, un projet de loi que le
gouvernement veut qu'on adopte et qui a refusé tous les amendements et toutes
les améliorations qui ont été proposées
par mon député... mon collègue le député de Laurier-Dorion. Et, face à ce genre
de situation là, face à ce genre de
personnes là, qui augmentent la spéculation immobilière, qui ne respectent pas
les droits des locataires, bien, malheureusement, ce projet de loi ne va
pas améliorer la situation.
Je
veux parler de trois sujets. Souvent, le gouvernement nous dit : Vous ne
faites pas des propositions, vous chialez, alors que ce n'est pas vrai, surtout en matière de logement, on en a
fait énormément, des propositions qui peuvent réellement faire un
changement dans la vie des locataires.
Je
veux vous parler du registre des loyers, qui est une solution qui peut être
facilement mise en place par le gouvernement,
s'il avait la volonté d'agir puis de protéger les droits des locataires, la
cession de bail, qui, malheureusement, va
être terminée. Évidemment, le gouvernement joue sur les mots, il nous
dit : Ce ne sera pas terminé parce qu'il faut que le propriétaire
accepte, mais on peut, à toutes fins pratiques, dire que ce droit des
locataires est terminé tel qu'il se pratiquait jusqu'à maintenant. Puis je veux
aussi vous parler de la loi Françoise David.
Pour
ce qui est du registre des loyers, c'est vraiment une occasion ratée, que le
gouvernement n'ait pas décidé d'aller de l'avant puis de mettre un registre des
loyers, alors que c'est une solution clés en main. Ça permet de contrôler la
hausse des prix du marché en rendant
publics les prix. C'est aussi simple que ça. Il y a plusieurs villes
américaines qui en ont instauré un, à Washington, au Syracuse, dans
l'État de New York, huit villes en Californie, dont Berkeley.
Vivre en ville, vous
en avez sûrement entendu parler, M. le Président, a aussi lancé un registre des
loyers ici, au Québec, et il en a même fait
un... il est en train de travailler aussi pour en faire un pour l'Ontario, et
les gens peuvent déjà maintenant
consulter ce site-là. Au Québec, depuis que le registre des loyers, qui a été
mis en place par l'organisme Vivre en
ville... 50 000 loyers ont été enregistrés, puis c'est surtout des
locataires et des OBNL comme UTILE qui y participent. Sans surprise, là, il y a peu de propriétaires qui
ont enregistré leurs loyers par eux-mêmes. C'est vraiment les locataires qui
connaissent cet outil-là qui le font et des
OBNL qui savent à quel point ça peut être profitable d'avoir un registre des
loyers qui l'utilisent. Puis, grâce à
une subvention de Centraide, le registre de Vivre en ville serait gratuit pour
encore trois ans.
Et je le dis,
je le répète, c'est vraiment une occasion ratée que le gouvernement aurait pu
saisir. Je pense que, ce matin, on
apprenait qu'une locataire a pu se sauver de 245 $ d'augmentation, une
nouvelle locataire qui venait dans un appartement, puis, quand elle a consulté le registre des
loyers, parce que c'est une locataire qui connaissait son existence, ce qui
n'est pas du tout le cas de la
majorité des locataires, elle est allée vérifier puis elle a présenté le loyer
qui était payé par le précédent locataire au propriétaire, et là le
propriétaire a vu que son augmentation était tout à fait illégale. Évidemment,
si cette locataire-là ne connaissait pas
l'existence du registre, si elle ne l'avait pas consulté, elle aurait eu cette
augmentation-là, c'est-à-dire qu'elle
aurait payé beaucoup plus que ce que la loi aurait permis au propriétaire, là,
de faire comme augmentation. 240 $ par mois, ce n'est pas rien.
C'est énorme, c'est immense.
Et
je ne m'explique pas le refus du gouvernement de mettre en place un tel
registre. Ce serait une façon de contrôler la hausse des prix, puisqu'il n'y aurait plus... il ne pourrait plus y
avoir une hausse aussi faramineuse que celles qu'on voit en ce moment.
Pourtant, il existe des registres au Québec : le registre des droits
personnels et réels immobiliers, le Registre
foncier, le registre des entreprises, et ça marche très bien. Il en existe, des
registres qui ont été mis en place par le gouvernement. Pourquoi pas un
registre fait par le gouvernement, qui en ferait la promotion pour protéger le
locataire, au lieu que, là, que ce soient
des organismes comme Vivre en ville qui le mettent en place pour protéger le
locataire? Voilà une autre... une solution clés en main qui aurait pu être mise
par le gouvernement et qui a été refusée. Donc, des solutions, M. le Président,
pour contrer la crise du logement, on en fait.
Il
y a des solutions qui prennent du temps, par exemple construire plus de
logements sociaux, plus de logements à prix abordable pour rattraper le retard
des précédents gouvernements qui n'ont pas investi là-dedans. Ça, le gouvernement, il faudrait qu'il en fasse plus, mais on sait que ça prend du temps,
alors que le registre des loyers, le mettre en place, c'est une mesure qui peut être mise tout de suite,
maintenant puis qui, déjà, pourrait ralentir la hausse des loyers. Et face à la
crise dans laquelle on est, je ne peux pas croire qu'on puisse s'en passer.
L'autre
outil possible, c'est la cession de bail. Évidemment, ce n'est pas parfait, la
façon que ça fonctionne puis que c'est utilisé par le locataire, mais face à
une crise comme on vit en ce moment, c'est un outil qui pourrait aussi venir
protéger les locataires contre la hausse des
loyers. Donc, la cession de bail, en fait, c'est le dernier rempart des
locataires pour se protéger contre les hausses abusives des loyers. Les
cessions de bail sont devenues les seuls moyens qu'ont les locataires de garder un certain contrôle sur le prix des
loyers. Les chiffres le démontrent, les augmentations sont beaucoup plus
élevées quand il y a un roulement de
locataires. C'est-à-dire que des fois il y a des... s'il n'y a pas de cession
de bail, si, par exemple, le
locataire quitte puis il n'essaie pas de trouver, par exemple, un autre
locataire qui pourrait le prendre, son loyer, pour... sans avoir une
augmentation, bien, on le sait, on le voit, les chiffres le montrent, les
hausses sont énormes.
Par
exemple, le loyer moyen d'un quatre et demie où il n'y a pas eu de changement
de locataire est de 1 052 $, alors que, pour le même... les mêmes quatre et demie qui ont accueilli des
nouveaux locataires en 2023, le loyer est à 1 310 $. Donc, des nouveaux locataires qui viennent, qui ne
savaient pas nécessairement ce que payait l'autre locataire, qui n'ont pas pu
bénéficier, par exemple, d'une cession de bail, donc, ils arrivent, ils se
cherchent un loyer, il n'y en a pas... il n'y en a pas beaucoup. On le sait, à quel point le taux d'inoccupation est
tellement bas, n'a jamais été aussi bas depuis plus de 20 ans, c'est
historique. Et donc ils cherchent un loyer, puis là, bien, quand ils en voient
un qui est vide, le propriétaire, lui, évidemment,
n'informe pas de ce que payait... ou ce qu'il chargeait avant pour le locataire
précédent, et il va accepter le montant
qui lui est fourni. Et on voit la différence, c'est beaucoup, c'est 300 $,
là, de différence pour le même appartement. Donc, la cession de bail,
c'est un autre outil que je ne m'explique pas...
• (15 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : ...
Mme Ghazal :
Je n'ai pas 20 minutes?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : ...10 minutes, Mme la députée.
Mme Ghazal :
Ah! je pensais que j'avais 20 minutes.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Non, vous en avez 10.
Mme Ghazal : O.K., O.K., très bien.
J'avais... C'est dommage, je voulais aussi vous parler de la loi Françoise David,
on en a énormément, énormément parlé, peut-être
que je vais avoir une autre occasion pour en parler, où Françoise David,
qui était une députée de l'opposition, a mis
en place une mesure avec le gouvernement de l'époque pour s'assurer de
respecter les locataires, alors que, là... et leurs droits, alors que,
là, on a une ministre qui a tous les pouvoirs en main pour pouvoir protéger les locataires, et, malgré ça, malgré ça,
elle refuse de mettre à jour cette loi, et c'est vraiment extrêmement dommage.
On ne peut pas dire que les droits des
propriétaires et des locataires sont égaux aujourd'hui. Il y a vraiment un
débalancement énorme. Et la ministre a perdu cette occasion pour protéger les
locataires, contrairement à ce qu'elle nous dit, et c'est dommage. Merci
beaucoup.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Mercier. Donc, je reconnais maintenant Mme la députée
de D'Arcy-McGee.
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass : Merci, M. le Président.
Donc, comme plusieurs l'ont dit dans cette Chambre, le Québec, l'Amérique
du Nord vit une crise du logement jamais
vue, avec des taux d'inoccupation à des taux bas historiques, avec des mises en
chantier qui sont inférieures à ce qu'on a
vu auparavant au Québec et un projet de loi qui fait en sorte de faire peu pour
adresser directement cet enjeu.
Le gouvernement n'a pas
seulement déposé un projet de loi sans ambition, mais, suite aux consultations,
a presque réécrit tout son projet de loi en forme d'amendement, ce qui a fait
en sorte que les groupes qui ont été consultés, justement, lors du premier dépôt du projet de loi n'ont pas pu être
consultés à propos des nouveaux amendements qui ont été mis de l'avant
et qui font en sorte, vraiment, de faire un changement au niveau de la réalité
pour la construction de logements au Québec par rapport... les municipalités.
Alors,
l'amendement de la ministre qui permettrait aux municipalités d'ignorer toutes
les mesures d'encadrement pour la
construction de nouveaux immeubles pendant les cinq prochaines années pourrait
produire des enjeux néfastes. Et, à
cet égard, je voudrais lire une partie de la lettre qui a été adressée à la
ministre et à la ministre des Affaires municipales de la part de l'Ordre des urbanistes du Québec et
l'Ordre des architectes du Québec, et je cite : «...l'approche préconisée
dans le projet de loi n° 31 nous
inquiète étant donné le large pouvoir discrétionnaire qu'il accorderait aux
conseils municipaux. Plutôt que de
mettre à jour [des] plans d'urbanisme et les règlements, il propose de les
contourner, sans vision d'ensemble et
avec le strict minimum de balises. Cette approche est une contradiction avec la
Politique nationale de l'architecture et de l'aménagement du territoire,
qui préconise des interventions plus réfléchies sur le territoire.
«Tel que
proposé, cette disposition pourrait donner lieu à des projets de forte densité
peu adaptés à leurs milieux d'insertion. [...]nous appréhendons que, dans
certaines municipalités, [des dispositions retardent] l'actualisation salutaire
de la réglementation en permettant de simplement passer à côté des
dispositions désuètes, réduisant ainsi la pression à les réformer.»
Je
continue : «Nous croyons qu'un changement de paradigme s'impose : le
système de planification doit prendre acte
de la crise du logement et de la nécessité d'accélérer la construction des
logements. Mais ce changement doit se faire de manière réfléchie, planifiée et
ordonnée. De plus, il faut des règles claires et transparentes qui s'appliquent
à tous, plutôt que des mesures discrétionnaires à déploiement
imprévisible.
«[...]nous
avons l'impression d'assister à une accumulation de mesures dispersées, sans
vision claire. L'article 37.2 s'inscrit
justement dans cette dynamique, proposé comme amendement en cours de route,
sans consultation et sans inscription dans un ensemble cohérent
d'actions.»
Et je
continuerai. Je l'ai mentionné auparavant, mais, lors de l'étude détaillée,
quand on était en train de débattre sur
cet amendement-là, la ministre a dit : Bien, écoute, si jamais il y a des
aberrations qui vont se faire construire en raison de cet amendement-là, bien, ce sera aux citoyens
d'ensuite montrer leur colère, montrer leurs... les critiques en ne pas
réélisant les élus municipaux qui étaient là quand ces décisions auraient été
prises. Et je trouve ça vraiment... j'étais vraiment étonnée d'entendre ça de la part de la ministre, parce
qu'on comprend qu'elle-même a utilisé le mot «aberration» et, on se comprend,
qu'un élu soit là ou non, des immeubles vont rester pendant des décennies, donc
les gens vont devoir vivre avec cette réalité-là parce qu'on leur a fait une
exception de cinq ans, et il n'y avait pas de balises autour de ça.
On sait aussi
que... on a beaucoup parlé de la question de la cession de bail, un outil qui
existe depuis 1973, un des rares outils que les gens ont pour, par exemple,
contrer la discrimination. Et en outre le projet de loi n° 31 ne fait rien
pour prévoir des mécanismes adéquats
pour protéger les locataires contre les pratiques discriminatoires des
propriétaires. Les discriminations basées sur l'origine ethnique, la religion,
le handicap, l'âge et d'autres facteurs sont encore trop fréquentes dans le secteur du logement. Avec la cession de
bail, le propriétaire avait quand même la possibilité de ne pas accepter une
cession de bail pour des motifs sérieux, ce qui n'est plus le cas.
Donc,
présentement, et, encore une fois, de la bouche de la ministre... qui nous a
dit : Bien, s'il y a des propriétaires qui ne veulent pas qu'il y ait des enfants ou des aînés qui habitent en
haut, bien, c'est leur choix. Mais les choix de ces personnes-là sont très limités, de ces locataires-là. Quand on
reconnaît que 30... 23 % des personnes, dans les cinq dernières années,
qui se retrouvent dans la rue en situation d'itinérance sont là en raison
d'éviction et... ou d'expulsion de leur logement, bien, on comprend que la cession de bail est justement un
des rares outils qu'ils avaient à leur disposition pour essayer d'échapper
cette réalité-là. Qu'on soit une famille
avec de jeunes enfants, qu'on soit des aînés, les préjudices des autres ne
devraient jamais avoir... ne devraient jamais avoir un effet sur la
possibilité de quelqu'un de se loger, ce droit fondamental.
Donc, c'est
très malheureux de voir que le gouvernement de la CAQ et la ministre trouvaient
que la cession de bail était... et on
ne comprend toujours pas la raison pour laquelle c'était problématique, pour
eux, si on veut bien, parce que,
justement, pour tellement d'autres personnes, c'était un moyen de se trouver un
logement à un prix abordable quand la
situation fait en sorte que pas seulement les prix ont tellement augmenté, mais
la disponibilité des logements à louer est assez rare.
Également,
comme l'ont mentionné d'autres collègues, les amendements qui ont été proposés
pour rehausser les éléments de la loi Françoise David, qui fait en sorte
de protéger nos aînés qui sont parmi les plus vulnérables de notre société... Encore une fois, en parlant
d'itinérance, malheureusement, dans le dernier dénombrement que le gouvernement
a fait sur l'itinérance, et on le lit dans les médias de façon presque
quotidienne, des aînés qui ont travaillé toute leur vie, qui étaient en logement, qui d'un jour à l'autre
se retrouvent dans la rue parce qu'ils n'arrivent plus à payer leur loyer,
c'est une situation qu'en tant que
société on ne peut pas accepter. C'est vraiment pénible, encore une fois,
d'avoir des gens qui ont travaillé toute leur vie, qui ont fait ce
qu'ils ont pu et qui arrivent à leur fin... vers la fin de leur vie, leur
situation de santé est peut-être détériorée,
et là, du jour au lendemain, se retrouvent dans une situation dans laquelle ils
n'ont jamais été, celle d'être dans la rue, celle d'être sans abri. Ce
qui a été proposé pour les amendements envers la loi Françoise David, ce n'étaient pas des enjeux énormes, changer l'âge
de cinq ans. Encore une fois, on a une responsabilité commune de s'occuper de nos plus vulnérables dans la société, et on
sait que le logement, en parlant d'itinérance, c'est la seule vraie solution,
et c'est la solution pour une vie,
pour toute personne de vivre en dignité et avec le respect, de pouvoir avoir
leur propre logement.
Alors, ce
projet de loi fait très peu pour adresser la réalité de ces personnes-là, fait
très peu pour adresser la réalité du
marché postpandémie, crise du logement et réalité itinérance. Et c'est
malheureux de voir que le gouvernement avait la chance de mettre quelque chose en place qui aurait pu vraiment faire
une différence dans la vie de plusieurs personnes, mais qu'il a décidé plutôt de faire ça un petit
peu à la pièce et de faire ça pas pour protéger les droits des personnes à
avoir accès à un logement, mais plutôt les droits des propriétaires et
autres.
Le projet de
loi est profondément problématique, car il ignore, comme j'ai dit, les réalités
économiques actuelles, ne lutte pas
contre la discrimination, ne protège pas les locataires en cas de litige et a
été élaboré sans consultations ni transparence.
Pourtant, ma
collègue de Mille-Îles a fait trois propositions concrètes qu'on aurait voulu
que le gouvernement puisse mettre de
l'avant, parce que c'est des éléments qui feraient en sorte de vraiment avoir
un effet positif sur la crise qu'on vit : donc, la première,
l'exemption de la TVQ sur les matériaux de construction, qui ferait en sorte
d'encourager, justement, ce secteur-là à
construire davantage, et, comme on l'a vu avec le gouvernement fédéral, qui a
fait une exemption de la taxe fédérale
pour les nouvelles constructions, bien, des éléments qu'on voudrait voir pour
encourager, justement, cette industrie; la réduction des délais et de la bureaucratie, car les coûts et délais
liés aux exigences réglementaires ne cessent d'augmenter, donc, encore une fois, on essaie de trouver des
façons concrètes de stimuler la construction; et enfin le branchement rapide
des projets domiciliaires pour que le... parce que, présentement, il y a des
projets qui sont retardés par le manque de branchement
d'Hydro-Québec, donc on voudrait qu'ils soient priorisés, justement, pour les
projets domiciliaires dont on a tellement besoin.
Donc, on
aurait espéré que le gouvernement aurait eu le réflexe d'avoir... d'écouter ce
qu'on avait à leur proposer de mettre
de l'avant, et malheureusement ça n'a pas été fait, et on a un projet de loi
sur le logement qui ne fait pas grand-chose pour le logement. Merci, M.
le Président.
• (15 h 30) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de D'Arcy-McGee. Et, prochain intervenant, je reconnais M. le
député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci,
M. le Président. On a des grosses semaines, ici, il vente fort, il y a des
débats. On a des grosses semaines dans nos comtés aussi. Quand je suis parti
d'ici jeudi dernier, je savais que j'avais un rendez-vous avec des
évincés d'une résidence, une RPA de ma circonscription, pas très loin de la
vôtre, d'ailleurs, M. le Président, coin Rosemont—Pie-IX. Là, vous allez me dire : RPA,
logement, ce n'est pas tout à fait le même dossier. Mais, suivez-moi,
c'est exactement le même dossier à la fin, parce que c'est le même monde, c'est
le même monde qui se retrouve...
Dans le cas
des gens que j'ai rencontrés jeudi soir, à la Résidence du Jardin botanique,
c'est des gens qui se retrouvent probablement,
à court terme, à la rue ou quelque part on ne sait pas où, pour la plupart, on
ne sait pas où. Puis, quand je dis que
je n'avais pas fini tout à fait ma semaine quand je suis arrivé dans ma
circonscription, c'est parce que je savais que j'avais cette rencontre, une
rencontre que j'avais organisée avec mon équipe puis avec le Comité
logement Rosemont pour aider ces
gens-là, parce que ces gens-là sont complètement désespérés, M. le Président.
Le mot est faible, là, ces gens-là sont désespérés.
Ce sont des
gens pauvres, très peu de moyens, souvent avec des problèmes physiques,
maladies chroniques, handicaps, mobilité réduite, des gens qui l'ont eue
dure, des gens qui en ont arraché puis qui pensaient s'être trouvé un petit
nid. Ce n'est pas luxueux, là, on n'est pas
dans les nouvelles résidences vitrées avec les petits cocktails puis le piano à
17 heures, là, on est dans
quelque chose de vraiment très, très modeste. Ces gens-là pensaient au moins
s'être trouvé un petit nid là où ils
allaient peut-être pouvoir finir leurs jours tranquillement. Et puis non. Et
puis non, parce qu'il y a un propriétaire qui a acheté cette RPA il y a quelque temps, quelques années, deux ans, puis
qui a décidé que ça ne faisait plus son affaire, il ne voulait plus
faire des affaires dans ce domaine des RPA.
Et puis, par
ailleurs, il y a d'autres problèmes de financement de RPA. Ce n'est pas mon
propos aujourd'hui. Mon propos, c'est que j'avais devant moi, jeudi soir, une
quarantaine de personnes démolies, défaites, qui se font fermer toutes les
portes sur le nez, à qui on dit : Meilleure chance la prochaine fois, à
qui on dit : Tu n'as pas vraiment de recours, sais-tu quoi, bien, essaie
de trouver autre chose, à qui on dit : Bien, c'est de valeur parce qu'ici
ça va fermer, ça fait que, bien, tu n'as pas de la famille, tu n'as pas
quelqu'un qui peut t'aider?
Le CIUSSS
essaie de les aider, pour ceux et celles qui ont des problèmes. Moi, j'essaie,
avec mon équipe, de les aider, les comités logement essaient de les aider. On
arrive dans un cul-de-sac. Ces gens-là, je ne sais pas où ils vont
aller. Je ne le sais pas. Il y en a quelques-uns qui se replacent,
quelques-uns, tant mieux, mais la majorité, non.
Ça a été une
soirée extrêmement douloureuse, puis autant pour moi que pour ces gens-là. Le
constat est douloureux. On les a
abandonnés, ce monde-là, on les a abandonnés, comme société, là. Moi, je suis
sorti, là, j'étais en beau fusil, là, d'entendre
les témoignages de ces gens-là qui se font niaiser par leur propriétaire, qui
se font pousser à l'extérieur. Il y a des gens dans ce groupe-là, là,
qui se sont fait signer... ils ont signé de bonne foi un bail avec le
propriétaire jusqu'en juin 2025, là, là,
mais on leur dit quand même qu'il faut qu'ils partent puis qu'on n'honorera pas
leur bail. Ils se font niaiser. Il y
a des travaux à toute heure du jour et de la nuit. Il y a de la moisissure dans
les appartements. Personne ne s'en occupe. Ces gens-là sont abandonnés dans Rosemont, là, dans Rosemont, pas dans
un pays du tiers-monde, là. On est au Québec, là, M. le Président. On les a abandonnés, ce monde-là.
Puis, quand je suis sorti, il y avait une journaliste de La Presse qui était là, puis je lui ai dit : Sais-tu quoi? C'est honteux. J'ai honte. J'ai
honte. J'ai mal à mon Québec. On ne peut pas faire ça au Québec. On n'a
pas le droit de faire ça au Québec.
Le premier
ministre disait tantôt, puis il a raison : Les aînés, c'est eux et elles
qui ont construit le Québec. Bien, ça vaut pour tous les aînés, y compris ces
aînés-là, qui ont peut-être eu moins de chance que les autres, notamment parce
qu'ils traînent des maladies, des maladies chroniques, ils ont toutes sortes de
problèmes dans la vie. Le malheur est à leurs trousses
depuis tant d'années. Là, ils arrivent au bout, là, ils arrivent au terminus,
puis on les abandonne, on les abandonne. Bien, moi, je trouve ça
honteux, je trouve ça honteux qu'on fasse ça. Puis on fait dur des fois. C'est
de valeur parce qu'on
est capable de tellement de grandes choses au Québec, mais, quand vient le
temps d'abandonner nos aînés comme ça,
là, puis qu'on leur dit : Désolé, il n'y a rien qu'on peut faire pour vous
autres, arrangez-vous avec ça, bien, c'est honteux. Moi, je trouve ça
honteux.
Ces gens-là,
je l'ai dit, là, ils cognent à toutes sortes de portes. Ils essaient d'aller au
TAL, pas de rendez-vous possible, ils
essaient d'appeler au Tribunal
administratif du logement, c'est
encore pire. Ils essaient de prendre rendez-vous, pour ceux et celles
qui sont assez habiles sur Internet; bonne chance!
Ces gens-là,
on n'est pas capable de les aider. On n'est pas capable de leur donner un
rendez-vous. Je l'ai dit, ils se font pousser vers l'extérieur à tout bout de
champ. On leur promet des choses qui n'arrivent pas. On leur fait signer
des baux qui ne seront pas respectés. On
leur dit n'importe quoi, comme quoi il va falloir qu'ils paient quand même,
même s'ils s'en vont. N'importe quoi! De l'exploitation avec un
E majuscule, du laisser-aller comme rarement on a vu.
Et la cerise
sur le sundae, M. le Président, ou le glaçage sur le millefeuille, la seule...
le seul petit recours qu'on a peut-être
avec ces gens-là, puis on est en train de l'organiser avec le comité logement,
c'est de faire un convoi de voitures puis
de les amener la semaine prochaine, cette semaine, en fait, au Tribunal administratif du logement. On va débarquer en gang puis on va essayer d'ouvrir des dossiers.
Mais savez-vous quoi? Chaque locataire, ça va lui coûter 87 $ pour ouvrir
son dossier au Tribunal administratif du
logement. On leur a dit ça, là. Moi, j'ai vu du monde pleurer parce qu'ils ne
l'ont pas, le 87 $. Puis en plus
il n'y a même pas de garantie de succès, hein? On parle ici du Tribunal
administratif du logement. Il n'y a
aucune garantie de succès pour ces gens-là. On va mener la bataille pareil.
Quand je vous dis qu'ils sont désespérés, qu'ils sont abandonnés, dans
le dernier des recours possibles, on va quand même leur demander de fouiller
dans leurs poches pour chercher 87 $.
C'est honteux. Je le dis, c'est honteux. La situation du logement au Québec,
c'est une honte. On a laissé ça aller. La seule bonne nouvelle, c'est
qu'on en parle. On en parle plus, mais la situation est parfaitement honteuse,
puis ça va aller plus mal avant que ça aille mieux dans le domaine du logement.
Vous avez
peut-être vu cette étude de Statistique
Canada qui est sortie hier dans les
médias... ce matin, je ne sais trop, hier, mettons, une étude qui dit
essentiellement, puis ça ne devrait pas trop nous surprendre, que les
locataires sont beaucoup moins
heureux que les propriétaires, sont beaucoup moins confiants dans l'avenir,
sont beaucoup plus anxieux, notamment
parce que tu as toujours peur que quelqu'un vienne te mettre dehors de chez
vous, même quand tu habites dans un taudis, parce qu'on est rendus là.
Bien, sans grande surprise, ces gens-là ne sont pas heureux. Ça rappelle un peu
le monologue d'Yvon Deschamps, là, c'est
quoi, là, vaut mieux être riche et en santé que pauvre et malade, là. Bien,
c'est ça. C'est ça que j'ai vécu.
Puis c'est ça qu'on vit toutes les semaines, tous les jours, dans nos bureaux
de comté, de gens qui se font évincer, de gens qu'on abandonne, de gens
qui n'ont pas de recours, puis, quand il y en a un, petit recours, peut-être, là, si jamais on réussit à avoir un
numéro puis à parler à quelqu'un au Tribunal administratif du logement, c'est
87 $ chacun, merci, bonsoir. C'est ça qu'on fait avec ces gens-là.
Alors, il
paraît que la pédagogie, c'est l'art de la répétition. J'ai testé ça souvent
avec mes enfants avec plus ou moins de
succès, parfois, et on l'a testé ici beaucoup avec le gouvernement et le projet
de loi n° 31. On a répété, on a répété, on a répété. J'étais heureux — d'ailleurs,
aparté, M. le Président, là, je vais envoyer des fleurs à un collègue — de
voir dans mon ancien journal, en fin
de semaine, La Presse, un coup de chapeau d'un chroniqueur à mon collègue
de Laurier-Dorion, qui se bat pour le
logement, puis pour les mal logés, puis pour les pas de logement, puis même
pour les logés, point, qui subissent des augmentations faramineuses.
J'étais heureux même si le résultat ne l'est pas. J'étais heureux de voir
qu'enfin on reconnaissait le travail de mon collègue de Laurier-Dorion, et il
le mérite. Il le mérite sincèrement.
Alors, on a
répété, on a répété, on a répété. On aurait pu améliorer la protection des
aînés avec la fameuse loi qu'on appelle
la loi Françoise David, pour faire court. La cession de bail, qui, dans les
faits, là, n'existe plus... C'est une vue de l'esprit, là. Quand il faut que tu demandes au propriétaire : Je
peux-tu céder mon bail?, franchement, on va dire, la cession de bail, telle qu'on la connaissait, n'existe
plus, ça devient une vue de l'esprit. Et puis, le fameux registre des loyers,
qui fonctionne, on avait un cas
encore récemment, là, dans les médias, d'une femme qui s'est évité une
augmentation faramineuse parce qu'elle a utilisé cet outil très simple.
Alors, on
avait l'occasion d'améliorer le projet de loi. Nous avons fait maintes
propositions. Ce qu'on fait là, c'est peut-être
un baroud d'honneur, mais on va le faire dans l'honneur, justement. Moi, je vous
le dis, M. le Président, le projet de loi n° 31 va passer, mais la crise
du logement, elle, elle va rester. Alors, c'est un rendez-vous manqué.
Souhaitons que, la prochaine fois, on soit un peu plus à la hauteur.
Merci.
• (15 h 40) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Rosemont.
J'en profite
pour vous informer qu'un débat de fin de séance se tiendra aujourd'hui, à
18 h 30. Ce débat portera sur une question adressée par Mme la
députée de Jeanne-Mance—Viger
à Mme la ministre du Tourisme concernant les retombées économiques présumées de
l'investissement du gouvernement caquiste dans le Stade olympique.
Alors, nous poursuivons avec le débat sur le
projet de loi n° 31. Et je reconnais Mme la députée de Verdun.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, M. le Président. Je suis contente
d'intervenir dans le cadre de la dernière, dernière chance qu'on a de débattre
de l'adoption du projet de loi n° 31, un projet de loi qui est la réponse
de la CAQ face à la crise du logement, une réponse qui laisse beaucoup,
beaucoup à désirer, parce que, dans ce projet de loi, nous avons...
Dans le cadre
de ce projet de loi, mon collègue de Laurier-Dorion, je veux prendre quand même
le temps de souligner tout son
travail, toute, toute l'énergie qu'il a mise dans l'étude du projet de loi,
dans les divers débats qu'on a eus en Chambre pour sauvegarder les droits des locataires au Québec. Puis la réponse de
la CAQ a été à chaque fois de refuser, de refuser des amendements qui auraient pu aider le quotidien
des personnes aînées au Québec, qui auraient pu freiner l'hémorragie des rénovictions qu'on vit sans cesse dans nos comtés, un
peu partout au Québec, qu'ils auraient pu revenir sur la cession de bail telle qu'on la connaît, une cession de
bail qui a été introduite dans les années 70 comme un outil pour protéger
le locataire. C'est un recul énorme
qu'on est en train de voir avec l'adoption du projet de loi n° 31. C'est un... le projet de loi, c'est une réponse qui est en
deçà de la hauteur et la gravité de la crise du logement, présentement.
Je
ne sais pas si mes collègues de la CAQ sont... ont pris le temps de s'asseoir
avec les citoyens et citoyennes qui ne
parlent que de ça, de la crise du logement. Puis ce n'est pas seulement, moi,
je vous dirais, M., Mme Tout-le-monde, là. Moi, dernièrement, là, j'ai eu la chance de m'asseoir avec un groupe de
jeunes dans la maison Point de mire, à Verdun, et, quand je leur ai
demandé : Qu'est-ce qui vous inquiète le plus?, il y en a, des jeunes, qui
m'ont regardée dans les yeux, puis me
dire : Bien, c'est la crise du logement. Parce que vous savez quoi? Nous
non plus, on va avoir... on ne va pas avoir la chance de se loger. On regarde nos parents aller, ils ne trouvent pas de
logement, puis nous aussi, on craint pour notre avenir.
Moi,
ça me fait de la peine. Ça me fait mal quand j'entends un jeune de 14 ans
me dire : Bien, je m'en vais dormir sur un divan parce que ma
famille n'a pas d'argent parce que les prix des loyers sont tellement hauts
qu'on n'est pas capables de payer un
logement pour être capables d'avoir une chambre pour un adolescent en plein
développement. C'est ça qui arrive en ce moment dans nos comtés. C'est
ça qui arrive un peu partout au Québec. La réponse de la CAQ, avec le p.l. n° 31
et tous les refus qui ont suivi un après l'autre à des propositions concrètes
afin d'améliorer la vie des gens, bien,
c'est un recul, un recul pour les locataires, et ce n'est pas une réponse à la
hauteur de la crise qui traverse le Québec.
Moi,
j'ai le goût de vous parler des gens que j'ai rencontrés dans la dernière année
et demie, des personnes qui se battent pour rester dans leur logement,
des personnes aînées, des personnes vulnérables, des personnes qui gagnent en moyenne, ils me disaient, 1 000 $ à
1 200 $ par mois, et qui se font évincer à plusieurs... ils se sont
fait évincer à plusieurs reprises
dans la dernière année, et qui n'ont pas d'outils. Il n'y a pas d'outil légal
pour les défendre. C'est des gens de 65 ans et plus, des personnes
qui n'ont pas les revenus, des personnes qui sont dans leurs logements depuis
cinq ans.
Et
nous avons fait des propositions. Mon collègue de Laurier-Dorion, il s'est
battu, il s'est battu pour inclure, dans le cadre du projet de loi, des
réformes qui viendraient protéger ces personnes aînées, des personnes qui ont
construit le Québec. Mais la CAQ a répondu : Non, on les abandonne,
on ne va pas aller de l'avant avec ces mesures-là.
Moi,
ces personnes-là, je les ai vues, ils ont des noms, c'est des M. Grenier,
c'est des Mme Hunter, c'est des M. Viau, c'est Mme Ghislaine Chiasson,
qui s'est fait mettre dehors deux fois plutôt qu'une dans les derniers
10 ans. C'est des gens qu'on
côtoie au quotidien, c'est des gens de Verdun qui... la seule chose qu'ils
veulent, c'est rester et vieillir dans la dignité, dans leurs logements, dans le quartier qui les a
vus grandir. Mais on n'est pas... on ne s'est pas dotés, dans ce projet de loi,
des outils nécessaires pour défendre leurs droits.
Puis
moi, je m'en souviens encore, de ma visite dans l'appartement de
Mme Hunter, plus de 80 ans, qui vivait, à ce moment-là, avec un avis
d'éviction puis qui me disait : Qu'est-ce que je fais? Comment je vais
faire pour faire mes boîtes? Cette dame-là est malade. Nous avons dû intervenir
avec l'aide du comité de logement, de travailleurs sociaux, du CLSC pour
accompagner cette dame-là, une dame qui est allée se battre pendant un an et
demi, presque, au TAL, d'une rénoviction.
Une
rénoviction, vous savez, là, c'est lorsqu'on dit, là... on essaie de mettre les
gens dehors, soi-disant qu'on va faire des rénovations, mais finalement
ces rénovations-là, soit elles n'ont pas lieu soit elles sont injustifiées.
La
CAQ a refusé deux outils. Le premier, de protéger des gens comme
Mme Hunter de l'éviction, et la deuxième chose, on aurait pu, dans
le cadre du projet de loi n° 31, mettre fin aux
rénovictions lorsque le taux d'occupation, il est bas. Et c'est le cas, présentement dans plusieurs villes du Québec. Un taux
d'occupation, là... on parle de 0,7 %, de 1,3 %. Ça, ça veut dire que, quand on reçoit l'avis
d'éviction, là, puis on a la pression pour accepter, on se tourne, bien, il n'y
en a pas, de logement. C'est ça, la
réalité présentement. Il n'y a pas d'outil, il n'y a rien qui a été fait, dans
le cadre du projet de loi, pour
protéger les gens des rénovictions. Ça nous... c'est une tristesse, c'est une
tristesse, en pleine crise du logement. Et que nous, on continue de voir ces cas qui arrivent dans nos comtés, qui
arrivent dans nos bureaux... et surtout, moi, ce qui me brise le coeur,
c'est des personnes âgées et des enfants.
On
a amené le cas, dans cette Chambre, de la famille de Shawinigan, quatre enfants
de bas âge... en bas âge qui vont être évincés de leur logement. Encore, il n'y
a rien, dans le p.l. n° 31, qui va rassurer des familles comme cette
famille de Shawinigan, comme la famille de
M. Jonathan, qui est venu ici, en Chambre, puis on leur a dit : Il y
a des mesures. Mais c'est des
mesurettes comparé à la réponse qu'il faut, c'est-à-dire un moratoire sur les
rénovictions lorsque le taux d'occupation, il est assez bas.
Je
veux prendre aussi le temps de parler de la cession de bail. Qu'est-ce que le
projet de loi propose et qu'est-ce que la CAQ continue de défendre, bien, c'est
mettre la fin... la hache à la cession de bail telle qu'on la connaît... que
c'est un des derniers outils qui restait au locataire pour être capable, oui,
de donner son bail à quelqu'un d'autre lorsqu'on est dans une situation
difficile et de le faire de façon plus libre, d'assurer le droit de cette
personne-là de le faire.
En ce moment, avec,
en fait, le résultat des mauvaises décisions de la CAQ avec le p.l. n° 31, ça va être que le propriétaire va avoir le seul mot,
pas le dernier, le seul mot. Ça va être le propriétaire qui va dire si c'est
possible ou pas, une cession de bail. Ce
n'est pas ça, de protéger des droits. Quand on a des droits, on ne va pas les
demander. On ne va pas demander la
permission. C'est des droits de locataires qu'on aurait dû garder, qu'on aurait
dû garder pour les gens, en ce moment, qui se battent pour avoir un
logement digne, un logement qu'on est capable de payer.
M.
le Président, en pleine crise du logement, je ne sais pas comment mes collègues
dans cette Chambre vont voter pour ce
projet de loi qui est un recul, un recul pour les locataires, parce qu'on ne
défend pas un outil aussi important comme la cession de bail. C'est un projet
de loi qui n'a pas eu l'ambition d'aller plus loin pour défendre les personnes
aînées de l'éviction, des personnes...
Et, je le répète, ils ont travaillé toute leur vie. Ils ne voient pas leur
pension s'enrichir. Ils ne voient
pas... Ils n'ont plus de chèque, là. Ils ont tout fait dans leur vie. Ils
reçoivent le fruit de leur travail. Ce chèque-là, il n'est pas plus gros à la fin du mois, mais leur
loyer augmente, et ils sont toujours... Ils sont menacés constamment
d'éviction. J'en ai, là, tellement de cas dans mon comté, là, j'aurais
pu vous raconter, là, toutes les histoires.
• (15 h 50) •
C'est un projet de loi qui ne vient
pas défendre les droits des locataires face aux rénovictions dans une situation
critique au Québec, dans laquelle on n'a pas... On a un taux d'occupation
tellement bas dans plusieurs villes puis on ne l'a pas fait, M. le Président. Pour nous, c'est une
grande déception. On va... Je pense que c'est clair pour tout le monde avec
qu'est-ce que je dis puis qu'est-ce que mon
collègue a dit tout à l'heure qu'on va s'opposer jusqu'à la dernière minute
face à ce projet de loi qui ne vient
pas répondre à la crise du logement. Il ne fait qu'empirer la situation. Mais
j'ai un message pour nos citoyens et
citoyennes qui nous regardent : On va continuer à se battre. On va
continuer à se battre pour protéger les droits des locataires, les
droits des personnes aînées, des enfants à avoir un toit sur leur tête. On va
continuer cette bataille-là.
Avec
ce projet de loi, bien sûr, on va voter contre, mais nous allons continuer, à
chaque opportunité qu'on a, de ramener
sur la table ce débat, de les défendre un par un. Moi, je le fais dans mon
comté. À chaque personne qui a des doutes et qui veut apprendre plus sur leurs
droits, de venir nous voir. Nous serons là pour eux. Nous serons là pour elles.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Verdun. Nous poursuivons sur le débat à l'adoption du
projet de loi n° 31 avec Mme la députée de La
Pinière.
Mme Linda
Caron
Mme Caron : Merci,
M. le Président. Alors, depuis le début de la 43e législature, donc depuis
l'automne 2022 jusqu'en 2023, jusqu'en
juin 2023, la ministre de l'Habitation a servi essentiellement une seule et
même réponse à ma collègue députée
des Mille-Îles, porte-parole de l'opposition officielle pour l'habitation.
Durant toutes les périodes de questions, ma collègue a soulevé ces préoccupations qui, faut-il le dire, sont aussi
les préoccupations de nos concitoyens et concitoyennes, de nos voisins et de nos voisines dans nos comtés.
Alors, chaque fois qu'elle a soulevé des questions en matière de logement,
la ministre de l'Habitation a réitéré, de
jour en jour, qu'elle travaillait avec ses équipes sur un projet de loi
structurant, sur des solutions qui
allaient s'attaquer à la crise du logement et faire sortir de terre des
milliers de nouveaux logements. Et, M.
le Président, vous vous souviendrez que ce n'est qu'à la toute dernière minute,
la toute dernière journée de la session, en juin 2023, que la ministre a déposé son très attendu projet de loi
n° 31, Loi modifiant diverses
dispositions législatives en matière d'habitation.
Enfin, ai-je pensé,
mais quelle déception! J'aurais salué un projet de loi, même déposé in
extremis, comme celui-là, le tout dernier
jour de la session, s'il s'était agi d'un projet de loi effectivement
structurant pour l'habitation et le logement.
Force est de constater que ce projet de loi était tellement mal barré qu'il a
donné lieu à une étude chaotique en commission parlementaire, des
journées prévues, imprévues, des horaires qui changent, une étude qui s'est
étirée sur huit mois, multipliant les
reports et les amendements, avec, en prime, très peu d'écoute de la part de la
ministre. Le projet de loi
n° 31, c'est une occasion manquée de répondre à la crise du logement. Mais
je me désole et je m'inquiète surtout pour les Québécois et les Québécoises de plus en plus nombreux à être touchés
de plein fouet par cette crise du logement. Avec ce projet de loi, la
CAQ les laisse tomber.
La FADOQ est venue...
a rédigé un mémoire. Elle est venue en commission parlementaire pour présenter
son mémoire et elle disait que le projet de
loi constituait une occasion pour que les parlementaires réfléchissent à la
réalité de l'habitation pour les personnes aînées, particulièrement dans
un contexte de vieillissement accéléré de la population du Québec. Et la FADOQ avait une panoplie de propositions pour le
gouvernement. Malheureusement, le projet de loi n° 31 ne règle rien de tout cela. Non seulement cela,
mais il vient enlever des droits aux locataires. C'est un projet de loi qui
fragilise les personnes aînées et d'autres personnes vulnérables aussi.
Pourquoi? Bien,
premièrement, en permettant aux propriétaires de refuser la cession de bail,
deuxièmement en tolérant les évictions pour faire de l'hébergement touristique
de courte durée et, troisièmement, en refusant quelque élargissement que ce soit de la règle en vigueur qui veut que les
personnes aînées de 70 ans et plus qui vivent depuis 10 ans dans leur logement ne puissent être évincées.
Alors, il y a eu des propositions qui ont été faites soit pour baisser l'âge
soit pour baisser le nombre d'années de résidence dans un même logement,
rien n'a été regardé, rien n'a été désiré par le gouvernement, fort, fort,
malheureusement.
Le
projet de loi n° 31, donc, ne règle rien pour les aînés. Et pourtant les
aînés qui sont évincés en raison d'une reprise de logement par leur propriétaire, ce ne sont pas que des chiffres, ce
sont des personnes en chair et en os, des personnes qui sont mises sur une voie rapide vers
l'appauvrissement, quand elles ne sont pas déjà appauvries, vers la détresse et
parfois même, dans les cas les plus
extrêmes, vers l'itinérance. Et je n'exagère pas. On en a vu, des cas. C'est
malheureux et ça déchire le coeur.
Il
y a quelques semaines en débat de fin de séance avec la ministre responsable
des Aînés, je relatais, je rappelais un
cas qui a été médiatisé au lendemain du 1er juillet, un cas qui... les
images me traumatisent encore, là, quand j'y pense, cette dame âgée qui a été évincée de son logement
parce que le propriétaire le reprenait pour un membre de sa famille. C'était
son droit, bien entendu, mais cette dame,
elle, elle n'a pas réussi à se trouver un logement qu'elle était capable de
payer ou un logement tout simplement disponible. C'était dans la région de
l'Outaouais. Elle était dans une tente. Elle était diabétique. Elle
montrait son sac, comme ça, à la caméra, son sac de médicaments, puis elle
était totalement désemparée et terrifiée parce
qu'elle avait peur de se faire violer dans cet environnement-là. Imaginez, une
personne âgée, diabétique en plus, qui est
mise dans une situation comme ça en 2024 dans une société qui est censée être
avancée comme le Québec, ça n'a pas... ça
n'a pas de sens. Malheureusement, ce projet de loi en particulier ne vient pas
régler ça, mais c'est un besoin essentiel à combler, d'avoir un toit
au-dessus de la tête.
La crise du logement place beaucoup d'aînés dans
des conditions, des défis quasi insurmontables parce qu'une personne aînée qui perd son logement doit en
trouver un autre. C'est son premier défi en pleine crise du logement, puis le
projet de loi ne vient pas régler ça. La personne
aînée qui perd son logement doit trouver un logement qu'elle peut se payer, deuxième gros défi en pleine crise du logement et
en crise de hausse du coût de la vie; le projet de loi n° 31 ne règle pas
ça. Et déménager, bien, c'est un troisième défi de taille pour une personne
aînée qui n'a plus nécessairement l'énergie et les moyens de déménager,
mais le projet de loi ne prévoit rien pour éviter que les personnes se rendent
là.
Une dame m'écrivait il y a environ deux semaines
pour souligner qu'on est justement en pleine période de renouvellement de bail pour les locataires au Québec en ce moment. Elle
me disait : C'est devenu angoissant pour les aînés qui sont à logement, parce qu'est-ce qu'ils vont
être capables de payer l'augmentation qui va être écrite dans la lettre de
leur propriétaire? Et vont-ils être capables de payer ça sans couper dans la
nourriture, dans les médicaments, dans les déplacements, dans les quelques
activités qu'ils peuvent se payer? Parce que je le redis encore une fois, il y
a près de 800 000 aînés au Québec
qui vivent avec un revenu de 25 000 $ ou moins. Ça prend une discipline
de fer pour réussir ça en 2024 dans le contexte économique où on vit.
Est-ce que la lettre du propriétaire va leur annoncer que le propriétaire
reprend son logement, justement?
Je le redis,
la CAQ a élargi... a refusé quelque élargissement que ce soit à la règle qui
fait que les personnes de 70 ans et plus ne peuvent être évincées
quand ça fait 10 ans qu'elles restent dans le même logement.
Dans un
contexte comme le nôtre, le logement abordable pour les aînés, ce sont souvent
les petites RPA, mais on ne peut même plus compter se rabattre sur les petites
RPA parce que les coûts augmentent là aussi, parce qu'il en ferme en moyenne deux par semaine depuis un peu plus de
neuf mois. Alors, il y a de moins en moins de places, et ça coûte de plus
en plus cher. Le projet de loi n° 31 ne
règle pas ça, mais il faut penser que la question de l'hébergement en RPA, je
ne parle pas de soins, là, mais d'hébergement, tout simplement, dans un
milieu de vie, bien, ça fait partie de l'habitation.
Ma collègue
la députée des Mille-Îles avait formulé des propositions structurantes durant
l'étude du projet de loi, notamment
le zonage différencié, qui aurait permis de faire plus de logements sociaux sur
un même... dans un même édifice et sur un même terrain. Malheureusement,
ça a été une fin de non-recevoir.
M. le
Président, pour toutes ces raisons et pour d'autres qui ont été dites par des
collègues, nous voterons contre ce projet de loi. Merci.
• (16 heures) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de La Pinière. Et nous poursuivons. Cette fois-ci, je reconnais M. le député
de Gouin.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président. On arrive au moment
fatidique que beaucoup de gens redoutent au Québec, on s'apprête à adopter ici, à l'Assemblée nationale, le projet
de loi de la CAQ sur le logement. À Québec solidaire, on va voter contre ce projet de loi là parce que
c'est mauvais pour le Québec, parce que ça retire des droits aux locataires,
ça leur retire le droit de céder leur bail, un des rares mécanismes que les
gens ont encore pour se protéger, au Québec, contre
les hausses de loyer exagérées, abusives, qui se multiplient partout. Et je
pourrais vous parler pendant des heures de toutes les raisons pour lesquelles c'est un mauvais projet de loi, je
pourrais passer en détail à quel point c'est un projet de loi qui, à plusieurs égards, va empirer la crise du
logement au Québec, mais je ne ferai pas ça, M. le Président. Je vais
plutôt vous parler de ce qu'on aurait
pu mettre dans ce projet de loi là pour aider le monde au Québec, parce qu'on
aurait pu aider le monde au Québec avec ce projet de loi là. C'est rare ici, à
l'Assemblée nationale, qu'on adopte un projet de loi sur le logement. C'est rare. On avait une occasion au
milieu des pires augmentations de loyer en des décennies, au milieu d'une des
pires crises du logement de l'histoire du Québec, on avait l'occasion d'aider
le monde, puis ce gouvernement-là a décidé de ne pas le faire.
Il y a trois
choses qu'on aurait pu faire dans ce projet de loi là pour aider le monde au
Québec. Premièrement, on aurait pu
élargir la loi Françoise David. On aurait pu protéger plus d'aînés contre les
évictions au Québec. On a le pouvoir de
faire ça à l'Assemblée nationale. En ce moment, si vous avez plus de
70 ans, vous êtes locataire, vous avez plus de 70 ans, ça fait plus de 10 ans que vous êtes dans
votre logement, puis vous n'avez vraiment pas beaucoup d'argent, bien, la loi
Françoise David vous protège contre les évictions. Puis c'était une avancée de
Québec solidaire à l'époque. Aujourd'hui, la crise du logement, elle est pas mal pire qu'à l'époque où on a adopté
ça. Et on aurait dû, on aurait pu moderniser cette loi-là, l'élargir pour protéger plus d'aînés contre
les évictions. On aurait pu faire passer ça de 70 à 65 ans, de 10 ans
dans votre logement à cinq ans, puis on aurait pu protéger même les aînés qui
ont un petit peu plus de sous que juste les très, très pauvres. On aurait pu faire tout ça. On a le
pouvoir de faire ça à l'Assemblée nationale du Québec, et la décision que
la CAQ a prise, c'est de ne pas le faire.
Savez-vous ça
veut dire quoi, se faire évincer de son logement quand on a 68, 69 ans,
qu'on est à la retraite, qu'on n'a
pas beaucoup de sous, puis ça fait longtemps qu'on est installé à la même
place? Savez-vous ce que ça fait, de perdre son logement? Ça brise la vie de
ces aînés-là. Ce sont en majorité des femmes. Il y en a une bonne proportion
là-dedans qui se ramassent à la rue.
On ne devrait pas accepter ça, dans une société civilisée, dans une société
riche, que des aînés qui ont
travaillé toute leur vie à la sueur de leur front pour construire le Québec
pour nous autres se ramassent à la rue parce qu'un spéculateur a décidé de reprendre leur logement pour faire plus
d'argent. Le premier ministre l'a dit encore ce matin : Il n'y a rien de
trop beau pour nos aînés. Je l'ai entendu dire ça ce matin. Les protéger des
évictions, ça, de toute évidence, c'est trop beau pour la CAQ. On l'a
proposé, ils ont refusé. Quelle erreur! Quelle occasion ratée!
On aurait pu
mettre un registre des loyers, M. le Président, un registre des loyers pour
enfin mettre fin aux hausses de loyer
abusives à Québec... au Québec. Un registre des loyers, c'est quoi? C'est juste
de la transparence, s'assurer que le locataire
sache c'est quoi, le loyer qui a été payé par le ou la locataire avant lui ou
avant elle, juste de la transparence pour éviter les tours de passe-passe de certains propriétaires qui sont mal
intentionnés. Puis c'est une minorité, mais il y en a trop, puis ça cause du tort à
bien des Québécois puis à bien des Québécoises. Ce n'est pas cher, c'est
simple, on aurait pu faire ça dans le projet de loi. On l'a proposé, à
Québec solidaire, puis, encore une fois, la CAQ a dit non.
Troisième
chose qu'on aurait pu faire, M. le Président, on aurait pu mettre un moratoire
sur les rénovictions. On aurait pu
aider des familles comme celle de Jonathan Simard à Shawinigan, Jonathan qui a
quatre petits gars entre cinq et 11 ans.
Puis ces quatre petits gars là se retrouvent sans appartement parce que le
propriétaire a décidé de les évincer pour faire une rénoviction. On aurait pu protéger cette famille-là dans cette
loi-là. On l'a proposé, à Québec solidaire, puis, encore une fois, la CAQ a dit
non. C'est une tragédie, ça, une famille de quatre enfants qui se retrouve à la
rue. C'est une tragédie, parce qu'à
Shawinigan, là, si vous perdez votre logement, là, puis que vous avez quatre
enfants, là, bonne chance pour en retrouver
un autre. Le taux d'inoccupation, c'est 0,7 %. Il n'y en a pas, des
logements disponibles pour une famille comme ça. Ça n'existe pas. On avait le pouvoir ici, à l'Assemblée nationale,
de changer la vie de ces gens-là en les aidant, et la CAQ a décidé de ne
pas le faire.
Protéger les
aînés contre les évictions sauvages, mettre en place un registre des loyers
pour... pour rendre impossibles les
hausses exagérées, abusives, mettre en place un moratoire sur les rénovictions
pour ne plus que des familles se retrouvent à la rue, trois choses qu'on aurait dû faire dans ce projet de loi là,
qu'on aurait pu faire, trois choses que Québec solidaire a proposées,
trois propositions que la CAQ a refusées.
Puis c'est
pour ça, M. le Président, que c'est fâchant, ce qui se passe aujourd'hui à
l'Assemblée nationale du Québec. C'est
pour ça que c'est fâchant. Il y a plein de choses qui vont mal au Québec. Il y
a plein de choses qui vont mal dans le monde.
Puis, des fois, c'est vrai, ici, en cette Chambre, qu'on est impuissants. C'est
vrai qu'on ne peut pas régler tous les problèmes
du monde. On ne peut même pas régler tous les problèmes du Québec ici, au salon
bleu. Il y a plein d'affaires sur lesquelles on est impuissants, mais on
n'est pas impuissants sur tout. Sur la crise du logement, on n'est pas
impuissants.
La crise du
logement, c'est un problème social auquel il existe des solutions politiques.
Ces solutions-là, on les connaît
depuis des années. Ces solutions-là, ça fait depuis que le premier ministre est
assis dans cette chaise-là qu'à Québec solidaire
on lui casse les oreilles avec nos propositions. Bien avant que ça ouvre les
bulletins de nouvelles, M. le Président, on faisait des propositions pour régler la crise du logement. Cette
Assemblée est capable. Cette Assemblée est capable d'aider les Québécois, les Québécoises en pleine crise du
logement, puis, malheureusement, la majorité de cette Assemblée a décidé de ne
pas le faire. C'est ça qui est fâchant, M. le Président, c'est qu'on serait
capables d'aider le monde. On les connaît, les solutions à la crise du
logement. Il n'y a pas une solution parfaite, hein? Il y en a plusieurs, mais
il y a plusieurs de ces solutions-là qu'on
aurait pu mettre dans le projet de loi, et la CAQ a décidé de baisser les bras.
Le message qui est envoyé aux
centaines de milliers de Québécois, Québécoises qui font face à la crise du
logement, c'est : Désolé, on a choisi de ne pas vous aider, on a
choisi de baisser les bras.
• (16 h 10) •
En même
temps, M. le Président, je ne perds pas espoir. Je ne perds pas espoir parce
que, malgré cette démission de la CAQ
face à la crise du logement, la bataille n'est pas terminée. Il y a encore des
milliers de gens dans plein de petits comités
logement, au Québec, qui vont continuer de se battre pour que les locataires
connaissent leurs droits. Il y a encore des députés, comme mon collègue Andrés Fontecilla... le député de
Laurier-Dorion, excusez-moi, qui vont continuer à talonner la CAQ comme
ils le font depuis qu'ils sont élus ici, à l'Assemblée nationale, pour essayer
de leur faire comprendre que ça n'a pas
d'allure, dans une société riche et civilisée, que du monde se ramasse à la
rue, que des aînés se fassent évincer, que
quatre petits gars perdent leur appart, alors qu'il y en a, de l'argent au
Québec, alors qu'on est capables de mettre en place des solutions. Des députés
comme mon collègue de Laurier-Dorion, comme mes 11 collègues de Québec
solidaire, on va continuer à mener cette bataille-là même si ce projet
de loi là, malheureusement, s'enligne pour être adopté.
C'est une
triste journée que celle où on va adopter le projet de loi de la CAQ en
logement, mais ce n'est pas la fin de la bataille. On ne lâchera pas. Les
Québécois, Québécoises méritent des députés d'un parti qui les défend. Ça,
c'est nous autres, c'est Québec solidaire, puis on ne baissera jamais
les bras. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Gouin. Prochaine, est-ce qu'on a... Je reconnais Mme la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le député. Effectivement, c'est une très,
très, très triste journée. Des Québécois et Québécoises locataires au
Québec, M. le Président, il y en a 40 %. 40 %, là, c'est du monde...
pas mal de monde, ça. Malheureusement,
plusieurs de ces locataires souhaitaient qu'enfin, en ouvrant un projet de loi
sur la question du logement, qu'enfin
on allait régler les injustices, qu'on allait régler le réel déséquilibre entre
les propriétaires et les locataires et qu'on allait surtout, comme État québécois, mettre le pied à terre sur les
spéculateurs qui font en sorte qu'aujourd'hui, en 2024, le monde ordinaire qui travaille, qui ont deux jobs,
les couples qui ont deux jobs, n'arrive même plus à se payer le logement.
Puis vous savez ce que ce système
capitaliste là fait, M. le Président? C'est que, s'il y a un bloc qui est
acheté et qui est revendu encore avec un profit, puis il est racheté et revendu
encore avec un gros profit, bien, ça fait que le prix de ces logements-là augmente, le prix de tous les
logements autour augmente et le prix des maisons augmente. Où c'est qu'on s'en va, M. le Président? Aïe! au Québec, là, il
fait frette. On a besoin d'un toit sur la tête. La CAQ avait l'opportunité d'écrire,
dans ce projet de loi là, des règles de protection du monde ordinaire. Bien,
c'est plate parce qu'il n'y en a pas.
Moi, là, je
vais vous parler de quelqu'un que je vous parle régulièrement, Henry Zavriyev,
le spéculateur en chef au Québec
qui... En fait, il y a un journaliste qui l'avait nommé le roi des
rénovicteurs, des rénovicteurs, oui, c'est ça. Le gars, dans le fond, qui achète, qui ne veut rien
savoir de ce qui se passe derrière les portes, qui s'intéresse juste aux portes
puis qui s'intéresse surtout à faire de
l'argent avec cette porte-là. Ça a commencé voilà une couple d'années, 2017. Il
a acheté cash son premier bloc, maison de chambres dans
mon comté, maison de chambres qu'il a revendue deux ans après en faisant un joyeux profit de 500 000 $,
là, et plus. Puis ça, bien, ça lui a donné le cash pour continuer à faire ça.
Puis là, dans mon comté encore, le Mont-Carmel, je vous en ai parlé pendant
deux ans, bien, je vous en parle encore parce que ce n'est pas réglé, cette affaire-là, 200 aînés
évincés de leur RPA parce que M. Zavriyev voulait faire du cash. Moi, le
Québec dans lequel je vis, là, puis que je veux vivre surtout, là, ce
n'est pas un Québec qui ressemble à ça.
Comment ça se
fait que le projet de loi n° 31 n'ait pas une ligne pour protéger les
locataires des spéculateurs? Au contraire,
on encense le fait qu'il y a des gens qui sont promoteurs puis que, dans les
faits, bien, qu'est-ce que tu veux, c'est ça, la game, il faut jouer dans ce jeu-là. Je m'excuse, c'est des choix politiques
qui sont faits, ça, M. le Président. Puis ces choix politiques là, dans le projet de loi n° 31, bien, ils ne viennent pas aider le monde ordinaire, ils ne viennent
pas aider ces gens qui travaillent dur pour gagner leur argent puis de
faire en sorte que ces gens-là puissent avoir un toit sur leur tête pour eux, pour elles, pour leur famille. Aïe, quand tu
es une famille de quatre enfants, là, puis que tu es évincé, là, où c'est
que tu vas trouver ton logement? Il
n'y en a pas. Ah oui, ah oui, j'entends, il y en a, taux d'inoccupation, aïe!
Mais moi, là, je dis toujours :
Des logements que le monde sont capables de se payer. Si les gens sont rendus à
mettre 50 %, 60 % de leur revenu
sur le logement pour permettre aux Zavriyev de ce monde de faire des profits,
ça ne va pas bien dans notre société, M.
le Président, ça ne va pas bien. Et le projet de loi n° 31
ne vient donner aucune protection aux locataires contre ces requins-là
qui veulent juste faire du cash et qui ne se préoccupent pas des 200 aînés
évincés.
Un autre
endroit dans ma circonscription, 15 locataires, la majorité était là
depuis plus de 10 ans, il y en a qui étaient là depuis 20 ans,
15 locataires évincés par le même spéculateur en chef. Et là, cette
semaine, c'est 140 logements qu'on apprend,
encore une fois avec des techniques inacceptables de pression, de peur, de
couper l'électricité, de couper l'eau. Oh! mais, à chaque fois, la bonne foi
nous dit que la bonne foi, bien, écoutez, c'est arrivé de même, là, ce n'était
pas... Bien, comment ça se fait que
ça arrive toujours de même dans tous les blocs? Il y a des liens à faire, là.
Mais, en fait, nous autres, le monde
ordinaire, on les fait, ces liens-là. On les fait pourquoi? Bien, parce que
c'est nous autres qui mange la claque avec
ces projets de loi là, avec ce qui va devenir sous peu la loi, parce que le
gouvernement de la CAQ est majoritaire puis
qu'il a refusé à peu près tous les amendements qu'on a mis de l'avant pour
protéger le monde, notamment ceux concernant les aînés. Comment on peut se regarder dans le miroir le soir quand on
accepte de ne pas protéger 200 aînés qui se sont fait évincer par
quelqu'un qui croit qu'il a raison de vouloir faire de l'argent sur leur dos?
Moi, là, je ne comprends pas ça. Et
Mont-Carmel, ils sont encore en cour. Imagine, nos aînés, ils ont 80 ans,
85 ans, 90 ans, ils sont obligés de défendre leurs droits de pouvoir vivre dans leur RPA, d'avoir un
toit sur la tête. Parce que vous savez quoi, M. le Président? Ces
spéculateurs-là, là, on leur laisse tellement...
pas nous, on leur laisse, l'autre côté de la Chambre, tellement le champ libre
qu'ils sont capables de mettre du
monde dehors en faisant miroiter, bien, qu'ils respectent les lois. Et vous
savez quoi? Globalement, oui, parce que
les lois ne sont pas faites pour protéger le monde ordinaire, là, elles sont
faites pour protéger cette vision que de faire de l'argent avec un
building, c'est bon. Bien, moi, ça ne va pas dans mon livre à moi.
Ça ne va pas
dans mon livre à moi parce que, quand les gens ne sont plus capables de payer,
là, c'est leur santé qui en coûte... qui nous en coûte, leur santé mentale qui
en coûte... qui nous en coûte. Plusieurs se retrouvent carrément à la
rue, pas juste dans ma circonscription,
c'est partout au Québec. Ça ne flashe pas, ça, que, partout au Québec, les gens
n'arrivent plus à se payer un
logement. L'étude sur l'itinérance... Parce que c'est ça que ça veut dire, là,
quand tu n'es plus capable de payer
un logement, là. Hé! il y a du monde qui vivent dans la rue, actuellement, qui
travaillent à temps plein, M. le Président. Comment ça se fait qu'on
accepte ça dans notre société? C'est inacceptable.
On apprenait,
dans le dernier dénombrement des personnes itinérantes... Premièrement, ça a
monté en flèche durant les dernières
années. Ah! Ah! Ah! Prévisible. On n'arrête pas de le dire depuis plusieurs
années qu'il y a une crise du
logement au Québec. Alors, on apprend, dans ce dénombrement-là, que le quart
des personnes qui se sont retrouvées à la rue, c'est parce qu'elles ont été
évincées.
• (
16 h
20) •
Ça, ça ne
réagit pas, ça, de l'autre bord? Évincés, 25 % des gens qui... qui ont été
dénombrés comme itinérants et qui vivent à la rue le sont parce qu'ils ont été
évincés. Une autre proportion, c'est parce qu'elles ont été victimes de
violences conjugales. Une autre
proportion, c'est parce que les gens ne sont plus capables, malgré qu'ils
travaillent, de payer leur loyer.
On avait
une chance, avec le projet de loi n° 31, de pouvoir protéger les gens qui
se font abuser par ces spéculateurs-là, sans conscience ou, en fait, ayant une seule conscience, c'est celle que
le système capitaliste est fait pour faire de l'argent. Puis un toit, c'est une maison, on fait ce qu'on
veut avec ça. Bien, nous, à Québec solidaire, M. le Président, on dit non à
ça, ça fait qu'on va voter contre ce projet de loi là.
Et, à
l'instar de mon... du député de Gouin, j'invite vraiment les Québécois et les
Québécoises locataires à ne pas baisser
les bras. Ce gouvernement-là, il ne sera pas toujours assis en avant, toujours
assis dans les sièges du gouvernement, et les gens peuvent changer les choses
au nom du droit au logement. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Je reconnais maintenant Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme
Labrie : Merci, M. le Président. Il y a quelques minutes,
j'étais au carré d'Youville, juste ici, en bas, j'ai remonté la côte en courant pour pouvoir venir
m'exprimer ici avant l'adoption du projet de loi n° 31. J'étais avec
plusieurs groupes du milieu
communautaire qui manifestaient en prévision du prochain budget pour dénoncer
les inégalités sociales, qui
abordaient notamment les enjeux en lien avec la crise du logement. J'étais là,
savez-vous pourquoi? Puis j'ai encore les bouts de doigts puis d'orteils qui dégèlent puis la face qui dégèle
pendant que je vous parle, là, parce qu'il faisait frette en tabarouette. J'étais là avec eux autres quand même parce
que, quand je suis venue en politique, j'ai choisi mon camp, M. le Président. J'ai choisi de défendre les
personnes qui sont victimes des inégalités sociales. C'est la raison pour
laquelle je suis venue en politique.
Je pense que tout le monde fait ça en venant en politique. On choisit les
causes qu'on veut défendre, on choisit ce qui nous tient à coeur.
Puis, par
rapport à la crise du logement, moi, le camp que j'ai choisi de défendre, il
est clair, c'est celui des locataires, ce
n'est pas celui des grands promoteurs immobiliers, des spéculateurs qui font de
l'argent sur le dos des gens qui essaient simplement de se loger en ce moment.
J'aimerais ça m'adresser à tous les députés qui sont ici puis qui sont témoins,
comme moi, de la crise du logement dans leur
circonscription, parce que, partout au Québec, c'est extrêmement grave, ce qui
se passe en ce moment, ce n'est pas juste en milieu urbain, dans les plus
grandes villes du Québec. Il n'y a aucune région qui est épargnée en ce
moment.
Qu'il y ait
de l'immigration ou pas dans une municipalité, il y a une crise du logement
extrêmement importante en ce moment. Ça empêche nos services publics de
recruter du personnel. Ça empêche des jeunes de s'installer dans leur région quand ils veulent partir de chez leurs
parents. C'est ça, l'état des lieux au Québec en ce moment. Puis, moi, bien,
c'est pour ça que je suis ici puis que je
fais de la politique avec Québec solidaire, c'est pour aider ce monde-là à se
loger de manière décente. Puis j'aimerais ça que les gens qui sont ici s'en
rendent compte, de la vulnérabilité que ça crée dans leurs milieux, dans
les communautés qu'ils défendent, la crise du logement actuelle.
À mon bureau
de circonscription, on est... a été en contact avec une femme, une mère de
famille qui est éducatrice en CPE.
Elle est monoparentale. Elle est séparée. La hausse de loyer que son
propriétaire lui imposait, savez-vous ce que ça crée comme situation chez elle?
Elle s'est retrouvée dans une situation où elle ne pouvait pas garder son
logement. Elle a été obligée de
réfléchir à... dire à son ancien conjoint qu'elle ne pouvait plus prendre la
garde de ses enfants parce qu'elle n'aurait
pas l'argent pour avoir un appartement assez grand pour les loger, était pour
devoir se chercher un trois et demie sans
pouvoir avoir assez de place pour faire des chambres pour ses enfants puis dire
à leur père : Bien, reprends-les à temps plein, moi, je ne suis plus capable, même si cette femme-là travaille à
temps plein dans un CPE, par ailleurs. C'est ça, la situation actuelle
en ce moment.
Ma collègue a
parlé d'itinérance. Il y en a partout à travers le Québec. Je ne sais pas s'il
y a des députés, ici, du gouvernement qui sont allés faire un tour dans une
ressource en itinérance récemment. Il n'y en a pas partout, des ressources
en itinérance. S'il n'y en a pas dans leur
circonscription, je les invite à aller visiter la ressource la plus proche.
C'est choquant de voir le profil des
gens qui sont là. C'est choquant. Il y a des gens qui travaillent, effectivement,
qui dorment dans une ressource en
itinérance. J'en ai vu de mes yeux, des gens qui reviennent de la job à la fin
de la journée puis qui vont quand même dormir dans un refuge. J'en ai vu. Il y
a des aînés qui sont là, dont la place ne devrait pas être dans une ressource
comme celle-là. C'est ça qu'il y a dans nos
ressources en itinérance en ce moment. Il y a des jeunes qui sont aux études
qui sont dans les ressources en itinérance en ce moment. Ce n'est pas normal.
C'est à cause de la crise du logement. C'est ça qu'on essaie de contrer en ce moment. Puis, quand on en parle, on se
fait répondre par le gouvernement : Bien, proposez-nous des
solutions. Arrêtez de chialer, proposez-nous des solutions.
Bien, c'est
ça qu'on fait, c'est ça qu'on fait depuis des années. Ces solutions-là, non
seulement on les a proposées, on les
a mises sous forme d'amendements dans le projet de loi n° 31,
M. le Président, pour essayer de les faire adopter, des solutions comme le registre des loyers, par
exemple, pour éviter les hausses abusives quand il y a un changement de
locataire, des solutions comme l'abolition de la clause F. Il y a un citoyen
avec lequel on est en contact dans ma circonscription en ce moment, là. Lui, il est victime de la clause F. Sa
dernière augmentation, c'était 200 $ par mois. Là, son propriétaire
essayait de lui en passer une
nouvelle de 300 $ par mois. C'est beaucoup d'argent par mois, ça,
M. le Président, en deux ans, des milliers
de dollars de différence dans le budget de cet homme-là. C'est ça, la situation
en ce moment. Le gouvernement avait la capacité de garder cet argent-là dans la
poche de ce citoyen-là sans que ça lui coûte un seul sou. Les mesures qu'on propose au gouvernement, il y en a plusieurs qui
ne coûtent rien. On les a rédigées sous forme d'amendements pour les
aider à le faire.
Autre
solution qu'on a proposée, mieux protéger les aînés des évictions. En ce
moment, on a une protection qui est très, très partielle des aînés victimes
d'éviction. On l'a rédigé, l'amendement, puis le gouvernement a refusé à plusieurs
reprises de la mettre en oeuvre, la solution, parce qu'il faudrait
savoir est-ce qu'ils veulent qu'on leur en propose, des solutions, parce que,
systématiquement, elles sont rejetées. On dirait qu'ils ne veulent pas le
régler, le problème. Ça donne l'impression
qu'ils ont choisi leur camp, puis ce n'est pas du tout le même que nous. Ça
donne l'impression qu'ils ont choisi le
camp des promoteurs immobiliers puis des spéculateurs. C'est ça, moi, que
j'entends des réponses qu'ils nous donnent quand on essaie de défendre
les locataires par rapport à la crise du logement.
Moi, je ne
sais pas s'ils en ont rencontré beaucoup, des locataires dans les derniers
mois, les députés de la CAQ, mais
moi, j'en ai rencontré beaucoup. J'ai fait deux séances d'information pour les
locataires aînés dans ma circonscription dans les dernières semaines. J'en ai rencontré plus de 500, locataires
aînés qui sont venus. Certains vivaient déjà une grande vulnérabilité. Certains
avaient déjà reçu un avis d'éviction, un avis de hausse abusive, d'autres
n'avaient pas encore vécu ça,
venaient pour se préparer, pour connaître leurs droits, mais il y avait quand
même de l'inquiétude dans leurs yeux parce qu'ils connaissent l'état de la situation. Ils savent qu'est-ce qui est
en train de se passer. Ces gens-là, j'ai vu l'inquiétude dans leurs yeux, mais
j'ai vu aussi de la colère de voir leur gouvernement ignorer les pistes de
solution qui leur sont présentées pour soutenir les locataires.
La colère, je ne l'ai pas juste vue, en fait, je
l'ai entendue. Ça grognait littéralement dans la salle. Les gens qui étaient là avaient tous en haut de 65 ans,
ils étaient tous locataires. Ces gens-là, il y avait une colère qui grondait
dans la pièce quand on les informait
que, jusqu'à maintenant, le gouvernement n'avait aucune réceptivité par rapport
aux propositions qu'on mettait de
l'avant pour les aider. Ça me fâche tellement qu'on ait des solutions à portée
de la main, comme ça, qui ne coûteraient rien pour l'État et qu'on ne
les mette pas en oeuvre. Parce que la question des ressources qui ne sont pas illimitées, là, on la
comprend très bien. On le sait, qu'on ne peut pas faire sortir de terre des
dizaines de milliers de logements sociaux
du jour au lendemain. On voudrait commencer ces chantiers-là, bien sûr, mais on
propose aussi des solutions à très, très
court terme parce qu'on sait qu'il n'y en aura pas, de magie pour faire sortir
ces logements-là de terre tout de suite. Mais, même les solutions à
court terme, même les solutions qui ne coûtent rien, la CAQ ne veut rien
entendre parler de ces solutions-là.
Donc, je
pense qu'ils doivent porter la responsabilité sur leurs épaules, en ce moment,
de contribuer à la crise du logement
puis à la grande vulnérabilité dans laquelle ça place les locataires partout au
Québec en ce moment. Il y a 40 % des
Québécois qui sont locataires, M. le Président. C'est beaucoup de monde que la
CAQ refuse d'aider, même si ça ne leur coûterait pas un sou de prendre
des moyens pour les aider. Je trouve ça odieux.
Là, on a un
prochain budget qui s'en vient, et j'ai bien hâte de voir qu'est-ce qu'il va
être fait, M. le Président, pour soutenir
les personnes les plus vulnérables au Québec, les personnes qui sont victimes
des hausses de loyer abusives, en ce moment,
puis qui se retrouvent à payer plusieurs centaines de dollars par mois de plus
alors qu'ils paient aussi beaucoup plus
cher pour leur épicerie puis toutes leurs autres dépenses. Qu'est-ce que va
faire le gouvernement pour les aider s'ils ne sont même pas capables d'adopter des mesures qui ne coûteraient rien
pour limiter la proportion que leur coûte leur loyer dans leur budget?
J'ai bien hâte de voir ça, M. le Président. Merci.
• (16 h 30) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Sherbrooke. Est-ce que
j'ai d'autres intervenants? Je reconnais M. le député de Maurice
Richard.
M. Haroun Bouazzi
M.
Bouazzi : Merci, M. le Président. Je vais joindre ma voix à
celle de mes collègues de Québec
solidaire. Et c'est avec beaucoup d'amertume, je vous avouerai, qu'on
se retrouve aujourd'hui devant la situation. Il faut comprendre que nous vivons cette situation-là à cause d'un
laisser-faire idéologique, une idée comme quoi le marché pourrait régler tous
les problèmes, qu'il va s'équilibrer tout seul, malgré tout ce qu'on sait
depuis longtemps.
Pourtant, le
marché s'équilibre, effectivement, mais dans des sphères où les citoyennes et
citoyens en sont totalement exclus.
Et le manque de bâtiments abordables pour les familles est en soi, évidemment,
terrible. Et il y a deux solutions à cela. Deux. Une qui ne coûte rien à
l'État, M. le Président, qui est le registre des loyers. Donc, cette idée que
nous pourrions tout simplement avoir
un registre qui permette d'avoir les loyers publics pour les nouveaux
locataires et qui ne permettrait pas
aux différents propriétaires d'augmenter de manière abusive leurs loyers.
Pourquoi? Pourquoi n'avons-nous pas accepté cette proposition qui ne coûte
rien, encore une fois, à l'État? Il y a maintenant quelques jours, le
gouvernement nous annonçait que nous sommes serrés dans les budgets,
etc. Cette solution-là ne coûte rien... Et ce qu'on nous dit, on nous dit : Bien, il va y avoir une section où on
va s'assurer qu'il y ait des amendes plus salées quand les propriétaires ne
remplissent pas la section qui donne
l'ancien loyer. Comme si l'État avait de quoi valider, justement, que cette
section-là ait été bien remplie,
comme si les nouveaux locataires avaient le temps de retrouver l'ancien loyer
et s'assurer que le propriétaire n'ait pas donné des mauvaises
informations.
Combien y
a-t-il eu d'amendes, actuellement, pour les propriétaires qui ne remplissent
pas cette section? Sur les milliers,
peut-être dizaines de milliers de propriétaires qui ne la remplissent pas ou
qui la remplissent mal, peut-être quelques-unes. Personne ici, au gouvernement,
ne penserait que c'est une bonne solution, mais pourtant c'est la seule qu'on
nous a proposée.
Pourtant, la solution que nous avons proposée
est vraiment simple, elle se limite tout simplement à avoir ce registre et à pouvoir, dans une transparence
simple, permettre aux locataires d'éviter des augmentations abusives.
C'est-à-dire qu'elles sont déjà prévues telles quelles, normalement, tout ce
qu'on fait, c'est qu'on évite aux locataires de se faire flouer par des
propriétaires qui augmenteraient... des augmentations supérieures à ce qu'ils
auraient normalement permis par le TAL. Nous rendrions alors les augmentations du TAL obligatoires, et les
propriétaires qui veulent augmenter plus pourront encore même le faire
s'ils sont capables d'expliquer pourquoi.
L'autre
solution, M. le Président, c'est d'avoir de plus en plus de logements hors
marché, étant donné que le marché, aujourd'hui, n'est pas capable de
répondre aux besoins, étant donné qu'il y a des familles qui se retrouvent dans
la rue. Mes collègues ont décrit des
situations humaines absolument atroces. Évidemment, je suis persuadé que toutes
les personnes ici en ont. Moi, j'ai parlé à des citoyens dans ma
circonscription. Vous imaginez le déchirement, M. le Président, de quelqu'un qui ne peut plus se loger dans son
environnement de vie parce qu'il est obligé de quitter son logement. Pas plus
tard que la semaine dernière, un père qui se retrouve, avec ses trois enfants
et son épouse, à devoir chercher à plusieurs dizaines de kilomètres de ma
circonscription. Comment va-t-il faire pour le CPE? Comment va-t-il faire pour
l'école, pour les amis de l'école? Vous imaginez le déracinement que c'est pour
ces familles-là de sortir de leur environnement de vie? La solution, c'est d'avoir des solutions hors
marché, c'est-à-dire des HLM, bien sûr, des OBNL qui gèrent, qui sont
propriétaires de ces bâtiments
locatifs et, bien sûr, des coopératives, c'est-à-dire protéger ces habitations-là
de la logique du marché, bien maîtrisée par la ministre qui a déposé ce
projet de loi, mais qui, bien sûr, ne permet pas de régler le problème.
À chaque
étape, nous avons proposé des solutions qui allaient dans ce sens, et je dois
dire, M. le Président, malgré le fait que les attentes n'étaient pas immenses,
la déception est quand même certaine, car c'est des dizaines, des centaines
de milliers de personnes qui sont mal
logées, aujourd'hui, au Québec et qui ne trouveront pas de solution dans ce qui
est devant nous, devant la table. On nous parle d'un équilibre, mais quel
équilibre y a-t-il pour un locataire qui se fait évincer? Moi, je ne connais pas de spéculateurs, M. le Président,
ce n'est pas... ce n'est pas mes amis, je ne les connais pas, je ne sais pas
quelles sont leurs aspirations dans la vie, elles ne m'intéressent pas. Je
connais les gens qui souffrent devant toutes ces politiques publiques
qui sont mises de l'avant.
Ça
fait que, d'un côté, on se retrouve devant un gouvernement qui ne met pas assez
de l'avant des solutions hors marché, et, de l'autre côté, les solutions pour
éviter d'être évincé, et qui ne coûtent rien à l'État, ne sont pas mises de
l'avant. J'ai parlé du registre des loyers, mais nous pourrions parler
de la clause Françoise David, des aînés qui se retrouvent arrachés de leur
milieu de vie. Et une simple décision du gouvernement et de la ministre aurait
pu protéger mieux ces personnes-là. C'est
terrible, M. le Président, c'est terrible, devant sa crise... cette crise-là
que nous vivons, que nous soyons malheureusement
devant un gouvernement qui a décidé de laisser faire, laisser faire le marché
et de faire vivre la violence du marché à ces personnes-là, et parmi
elles, les plus vulnérables, les personnes aînées.
Pour toutes
ces raisons et puis pour les raisons, bien sûr, qui ont été énoncées avant moi
par mes collègues, je vais, bien sûr, moi aussi m'opposer et voter contre ce
projet de loi, avec une certaine amertume. Mais ce que je peux vous
dire, M. le Président, c'est que la lutte
continue. Les groupes sont mobilisés, et la crise ne disparaîtra pas. Et, un
jour ou l'autre, des politiques publiques qui ont de l'allure, comme celles que
propose Québec solidaire, seront là pour protéger non seulement les plus
vulnérables, mais tout simplement les familles, car les priver d'un accès aux
HLM, aux coopératives et aux OBNL,
qui sont insuffisants, au Québec, ne permet pas, justement, un ascenseur
social, y compris pour la classe moyenne, car c'est la classe moyenne qui, en ayant accès à des loyers abordables,
permet justement de l'accumulation de richesse, qui permet justement
d'acquérir ensuite des appartements dans le marché immobilier. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Maurice-Richard. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
S'il n'y a
pas d'autre intervention, le projet de loi n° 31,
Loi modifiant diverses dispositions
législatives en matière d'habitation, est-il adopté?
Des voix : ...
Vote reporté
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : D'accord. Alors, il y a une demande de vote, mais
demande de vote qui sera reporté, voilà. M. le leader adjoint du
gouvernement.
• (16 h 40) •
M. Lévesque (Chapleau) : ...s'il
vous plaît.
Projet de loi n° 44
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : À l'article 2 du
feuilleton, M. le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de
l'Énergie propose l'adoption du principe du
projet de loi n° 44, Loi
modifiant principalement la Loi sur le ministère de l'Économie et de
l'Innovation en matière de recherche.
Y a-t-il des interventions? Je reconnais M. le
ministre de l'Économie.
M. Christopher Skeete
M. Skeete : Merci
beaucoup, M. le Président. On me demande de vous préciser que l'honorable lieutenante-gouverneure
a pris connaissance de ce projet de loi et
elle recommande l'étude à l'Assemblée. Merci. Là, je comprends que j'ai le
droit de procéder? Parfait.
Bon,
écoutez, bonne nouvelle, on va jaser de recherche et d'innovation, et c'est un
sujet qui m'emballe particulièrement parce
que, bien, pour moi et pour ce gouvernement, l'innovation, la richesse, c'est
la clé, c'est la clé pour tout, M. le Président. Quand je dis «la clé pour
tout», je veux dire précisément que... puis je pense que le premier ministre
l'a bien évoqué plus tôt durant la
période des questions, c'est que, quand on parle de l'écart de richesse avec
l'Ontario, hein, on dit que l'Ontario est plus productif que le Québec, qu'est-ce que ça veut dire dans le
quotidien des Québécois? Bien, ce que ça veut dire, c'est que, pour
chaque heure travaillée, bien, un Québécois va produire moins qu'une personne
en Ontario.
L'écart de
richesse, en 2018, était de 16 %, maintenant c'est 13 %, ça a baissé.
Et ça, ça veut dire... Bien, on produit plus puis on s'est rattrapés un peu à l'Ontario. Juste pour vous donner
une idée, M. le Président, si on avait le même taux de productivité que
de l'Ontario, en termes de retombées économiques, on parlerait de
10 milliards de plus qui seraient disponibles
dans les coffres de l'État du Québec. Et, quand le premier ministre, tantôt,
évoquait la réalité du fait qu'effectivement il y a une colonne «revenus», il y a une colonne «dépenses», les revenus
sont à la hausse à cause de cet écart de richesse qui se rétrécit, bien,
c'est une bonne nouvelle.
Alors, pour
l'innovation, bien, comment qu'on fait, M. le Président, pour arriver à
l'innovation? Puis, tu sais, on galvaude
ce mot-là assez souvent. C'est un mot qui veut dire un peu de tout pour tout le
monde. Mais en fait l'innovation, c'est la capacité, pour un peuple,
dans le cas qui nous occupe, de pouvoir produire les conditions qui vont nous
amener à pouvoir accélérer notre
développement, notre recherche et développement, qui va nous amener, justement,
à peut-être travailler cet écart de
richesse qui nous affecte, puis, bien, pour ça, il faut mettre les leviers
économiques en place qui vont nous permettre d'avoir un environnement
soi-disant innovant.
Comment on le
fait? Historiquement, au Québec, on finance différents types de recherche puis
on arrive avec un climat entrepreneurial qui produit des innovations, des
nouveautés, des nouvelles façons de faire, des procédés qui, avant, n'existaient pas. L'outil qu'on a, au Québec, qui
est intéressant, c'est le fonds... c'est les fonds québécois, fonds de
recherche québécois,
et ces fonds-là, c'est un regroupement de fonds qui nous permettent d'étudier
plusieurs sujets, que ce soit la nature
et la technologie, que ce soit la santé ou que ce soit la société et la culture.
Toutes les sciences sont regroupées ensemble pour nous permettre
d'innover et de réfléchir à comment on peut mieux faire certaines choses.
Lors
du passage de la loi qui a modernisé Investissement Québec en 2019, mon
collègue le député de Terrebonne et
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie avait promis aux
oppositions qu'il allait revenir avec un plan spécifique pour revoir un peu la manière qu'on fait la recherche au
Québec. À l'époque, avec l'ancienne cheffe du parti du Parti libéral, bien, il y avait un enjeu par
rapport au timing puis on a voulu vraiment prendre le temps d'étudier ça. Donc,
on l'a retiré de cette loi-là pour ensuite revenir.
Chose
promise, chose due, on arrive aujourd'hui avec, justement, ce qui avait été promis
dans le cadre de cette loi-là, le
fameux projet de loi n° 44, la Loi
modifiant principalement la Loi sur le ministère de l'Économie et de
l'Innovation en matière de recherche, un titre plate pour quelque chose qui va être
vraiment le fun, M. le Président. Dans le fond, la façon que le Fonds de recherche fonctionne aujourd'hui,
c'est qu'on a des comités qui sont, bien, appelés à décider comment on va faire les choses. Mais il y a un enjeu de
gouvernance, M. le Président. En ce moment, le P.D.G. est aussi le président du
C.A. Ça, on le sait, en gouvernance, c'est
quelque chose qui est un faux pas. Alors... puis ça, ça a été quelque chose
qu'on a voté ici, dans cette Chambre,
avec la loi sur les sociétés d'État, qui a été chapeautée par mon collègue, le
député de Groulx et le ministre des Finances du Québec.
Alors,
on se doit de moderniser la gouvernance des Fonds de recherche du Québec, mais
une chose qu'on veut faire aussi, c'est qu'on veut harmoniser et ramener ces
fonds de recherche là ensemble, parce qu'en ce moment, on a différents fonds qui siègent de manière indépendante. C'est
un peu un silo. Notre choix, c'est de mettre ces gens-là ensemble, mais on veut les mettre ensemble, M. le Président, sans
pour autant réduire leur capacité d'action, là. Ce n'est pas comme si en
les mettant ensemble, comme certaines
personnes pourraient penser... ce n'est pas parce qu'on met Santé ensemble avec
Société et Culture qu'on va le lendemain
décider que Santé va tout gober l'agenda et tout gober la... va tout gober l'agenda
du... de quoi on va parler, là. Tu sais, ce n'est pas comme ça que ça va
fonctionner.
L'idée,
c'est d'avoir une gouvernance qui va nous permettre d'être plus agiles, une
gouvernance simplifiée, qui va nous permettre de retenir les personnes qui connaissent
le sujet, avec les normes modernes de gouvernance, pour faire en sorte qu'on est capable d'arriver avec un fonds
de recherche qui est, comme je l'ai dit, à l'actualité de ce qui se fait dans
les meilleures pratiques en matière de gouvernance. Bon, ça fait que ça, c'est
un aspect de qu'est-ce qu'on veut faire là-dedans,
faire un peu le nettoyage de la gouvernance. Mais cette fusion de mandats et
les activités dans les domaines de recherche distincts, bien, ça va nous
aider à mieux orienter et mieux cerner tout ce qu'on veut faire en innovation.
On
va avoir toutes les personnes qui sont dans l'environnement innovant autour de
la même table, et ça, ça va nous permettre d'innover des façons de faire
qui sont différentes. Parce que, quand on analyse l'innovation puis on met un chapeau santé, c'est sûr qu'on est gagnant d'avoir
plein d'experts en santé autour de la table. Par contre, ça crée un silo,
ça crée peut-être une occasion ratée de
voir, bien, c'est peut-être quoi, le lien entre la santé et l'économie. Et de
voir si on ne peut pas avoir ces personnes-là dans la même pièce, pour
nous, c'est une opportunité de pouvoir le faire, et je pense qu'en fusionnant
ces fonds de recherche, on arrive à quelque chose qui va nous permettre d'aller
un peu plus loin.
Une
autre affaire qu'on voudrait faire, c'est s'assurer qu'on suit les règles en
matière, comme je l'ai dit tantôt, de gouvernance pour être sûr que,
bien, il y a des scientifiques de chaque sphère qui vont siéger, et donc on va
élargir le nombre de personnes autour de la
table pour s'assurer qu'on est capable de suivre non seulement les meilleures
pratiques en matière de personnes
indépendantes versus personnes liées à l'organisation et aussi s'assurer qu'on
va avoir assez d'experts autour de la
table pour nous aider à aboutir à des projets innovants qui vont nous permettre
de bien gérer les fonds qu'on va allouer pour la recherche.
Puis
ça, ça me porte à vous amener à réfléchir davantage sur l'innovation, parce
qu'il y a des gens qui disent : Bien, pourquoi ce changement-là aujourd'hui? Pourquoi l'innovation, ça
appartient à l'Économie et pas peut-être à ma collègue qui est la ministre responsable de l'Enseignement
supérieur? C'est une question qui se pose, puis on se l'est posée, cette
question-là. Et nous, on pense qu'en matière de recherche c'est important de
voir l'innovation comme un vecteur de développement
économique. Ça ne veut pas dire que ça sert juste à ça, M. le Président, ça ne
veut pas dire que, demain matin, le
gouvernement, le ministre de
l'Économie et de l'Innovation va venir dire : Bien là, vous allez étudier ça, ça, ça avec cette
fin-là. On n'enlève pas la recherche
fondamentale, M. le Président, mais ce qu'on veut, c'est qu'on veut
consciemment avoir la réflexion que
l'innovation a un lien direct sur la prospérité de l'économie québécoise et de
savoir comment on peut s'assumer dans ces choix-là et de faire en sorte que les
bonnes personnes soient au courant, bien, qu'est-ce qu'on voudrait faire
en matière d'économie.
Et
la bonne nouvelle, M. le Président, c'est que ma collègue députée de
Repentigny, ministre de
l'Enseignement supérieur, est d'accord avec ça. C'est une autre affaire
qu'on va changer dans cette loi-là. C'est... On va transférer les pouvoirs de
ce... de recherche du ministère pour venir nous aider à davantage créer un
environnement innovant qui, on le souhaite, va continuer de stimuler
l'économie du Québec.
Alors,
moi, j'ai très hâte d'avoir cette discussion-là avec mes collègues des
oppositions. Prochainement, on va avoir une étude détaillée précédée par des
consultations avec différentes personnes qui vont nous dire ce qu'ils en
pensent. Mais il y a une chose que je
veux dire avant qu'on fasse ces consultations-là, M. le Président : Notre
objectif, ici, est de rendre la
recherche et l'innovation meilleures. On ne vient pas ici pour chambouler ou
faire un dégât. L'idée, ici, c'est d'avoir les bonnes personnes autour de la
table. On veut faire ça de manière ordonnée et responsable. Puis on pense que
c'est important que les gens le
sachent, que ce n'est pas parce qu'avant on avait un conseil d'administration
qui était pour la santé puis, là maintenant, on a un conseil
d'administration qui est santé et aussi... et aussi technologie qu'on va
arrêter de parler de technologie, ou de
santé, ou de culture, ou d'économie, là, c'est un atout qu'on va avoir, tout le
monde autour de la table. Les budgets
vont être distincts et assurés, et je pense que c'est vraiment une bonne
occasion pour nous d'optimiser notre gouvernement, notre gouvernance et
aussi s'assurer de créer un milieu innovant qui va être stimulant.
Donc, au plaisir, chers collègues,
d'échanger sur ce beau sujet là avec vous. Et j'ai vraiment hâte de rencontrer
les groupes en consultations
particulières. On va être en contact avec vous, chers collègues, pour attacher
ça. Et au plaisir de vous voir prochainement, M. le Président.
• (16 h 50) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le ministre. Je reconnais M. le député de Maurice-Richard sur le
projet de loi n° 44.
M. Haroun
Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, M. le Président.
Très heureux d'avoir écouté le ministre. Je vous partagerai d'entrée de jeu
une inquiétude certaine face à ce projet de loi qui transfère, donc, les Fonds
de recherche du Québec du ministère de l'Enseignement supérieur au ministère de
l'Économie, et qui, entre autres choses, transforme les trois différents... les
trois différents FRQ, donc les Fonds de
recherche du Québec, en un seul, et qui, d'ailleurs, transfère aussi ou, en
tout cas, qui donne au Scientifique
en chef du Québec beaucoup de pouvoirs. La question de la liberté académique
est très importante. Et au-delà du
déchirage de chemise, de temps en temps, quand il y a des choses dans les
médias, bien, il y a des moments où ça compte
vraiment. Et, dans ce projet-là, ça compte vraiment pour nous, parce qu'au
niveau du gouvernement, évidemment, au-delà de la... de l'aspect idéologique du choix de transformer la
recherche... de transférer la recherche sous le ministre de l'Économie et de
l'Innovation plutôt que la laisser au niveau de la... de la ministre des... de
l'Éducation supérieure, il y a aussi toute la question qui touche aux Fonds de recherche, qui touche à la
culture, particulièrement, où on ne peut pas cacher notre inquiétude.
J'ai
entendu le ministre nous dire que les fonds seraient garantis. Ils ne sont pas
garantis dans le projet de loi. J'ai entendu
le ministre de ne pas nous inquiéter, qu'il va y avoir de la recherche
fondamentale, et toute la question des codes éthiques des universités, où ce projet de loi essaie d'imposer le code
d'éthique du Scientifique en chef aux universités, alors qu'elles ont toutes leur propre code éthique,
toutes les zones de gris entre le comportement exemplaire et les comportements
qui ne sont pas acceptés. Et on ne pense pas
que ce projet de loi vient protéger la liberté académique des différentes
universités, vient protéger le financement d'un certain nombre de fonds, vient
protéger la liberté académique plus généralement.
Et malheureusement, quand on connaît l'historique récent de l'interventionnisme
que peut avoir ce gouvernement face à différentes
décisions des institutions universitaires, qui, elles, font l'extrême majorité
de la recherche au Québec, évidemment, on ne peut qu'être inquiets
devant ce projet de loi.
Ceci étant dit, M. le
Président, on va prendre le temps d'écouter les intervenants. J'ai entendu le
ministre dire qu'il avait entendu ou qu'il
avait l'accord de la ministre de l'Éducation supérieure. Je ne sais pas à quel point
il a entendu les chercheuses et
chercheurs qui relèvent des universités qui relèvent de la ministre. Nous avons
l'impression qu'il n'y a pas eu
d'échange avec eux et elles ou, en tout cas, pas suffisamment pour pouvoir
arriver avec ce projet de loi. J'espère qu'on va avoir la chance de les entendre en commission parlementaire et
j'espère aussi que le gouvernement ou, en tout cas, le ministre qui sera présent va prendre le temps de
bonifier son projet de loi en fonction des différentes critiques qui vont lui
être adressées de la société civile.
Nous,
de notre côté, à Québec solidaire, nous allons faire notre travail, proposer
des amendements pour pouvoir mettre dans le projet de loi une partie de ce que
le ministre a dit qu'il garantissait, alors qu'ils ne se retrouvent pas dans le
projet de loi. Et j'espère que ces
amendements, par amour non seulement pour la recherche scientifique au Québec,
mais aussi par protection de la
culture québécoise, vont se retrouver dans la version finale du projet de loi. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Maurice-Richard. Est-ce que j'ai d'autres interventions
dans ce dossier?
Sinon,
le principe du projet de loi n° 44, Loi modifiant principalement la Loi sur le ministère de l'Économie et
de l'Innovation en matière de recherche, est-il adopté?
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Oui?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Ah!
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
S'il y a une demande de suspension... Parfait. D'accord.
Nous allons
suspendre.
(Suspension de la séance à 16
h 56)
(Reprise à 17 h 06)
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Donc, nous allons poursuivre avec
l'adoption du principe du projet de loi n° 44, avec une
intervention de Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe :
Merci, Mme la Présidente. Écoutez, je prends la parole un peu dernière
minute. Ce ne sera pas moi qui ferai l'étude
détaillée, en tout cas ce n'est pas prévu, qui ferai l'étude détaillée du
projet de loi n° 44, mais, en remplacement
d'un collègue, je vais rapidement juste nous inscrire dans le dossier. C'est un
dossier extrêmement important qui
concerne les fonds de recherche, et puis nous serons à l'écoute des groupes,
des intervenants qui seront présents lors des consultations, et nous en
ferons une étude approfondie, évidemment, article par article, de ce projet de
loi là.
Je
comprends qu'on veut faire des changements au niveau de la structure des fonds,
on veut faire des changements au
niveau de la gouvernance. La démonstration devra être faite que c'est la bonne
voie à emprunter. Mais, pour le moment, nous, à l'opposition officielle, on a vraiment une préoccupation au
niveau de l'indépendance, surtout, au niveau de la recherche
fondamentale. Il faut s'assurer qu'elle demeure libre, qu'il n'y ait pas une
imposition du gouvernement au niveau des orientations
pour des fins commerciales. Donc, vraiment, la démonstration n'a pas été faite,
à ce stade-ci du dossier, que c'est
la bonne voie à emprunter. Encore une fois, c'est un enjeu qui a été soulevé,
d'ailleurs, par la Fédération québécoise des professeures et des
professeurs d'université, et puis on n'est pas encore convaincus du bien-fondé.
Donc,
voilà, Mme la Présidente. Nous, à l'opposition officielle, à ce stade-ci, on va
être contre le principe, mais avec une grande ouverture à l'écoute, à la
discussion pour la suite des choses. Merci, Mme la Présidente.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
Comme
il n'y a pas d'autre intervention, le principe du projet de loi n° 44, Loi modifiant principalement la Loi sur le
ministère de l'Économie et de l'Innovation en matière de recherche, est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Adopté sur division. M. le leader, pour la suite de
nos travaux.
Renvoi
à la Commission de l'économie et du travail
M. Lévesque (Chapleau) : Bien,
d'abord, Mme la Présidente, conformément à l'article 243 de notre
règlement, je fais motion afin que le
projet de loi n° 44, la Loi
modifiant principalement la Loi sur le ministère de l'Économie et de l'Innovation en matière de recherche, à la
commission... soit déféré à la Commission
de l'économie et du travail pour son étude détaillée et que le ministre
délégué à l'Économie soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Cette
motion est-elle adoptée? Motion adoptée. M. le leader, pour la suite de
nos travaux.
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demanderais de
bien vouloir appeler l'article 8 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 52
Adoption
du principe
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Parfait.
Donc, à l'article 8 du feuilleton, M. le ministre responsable de la
Laïcité propose l'adoption du
principe du projet de loi n° 52, Loi
permettant au Parlement du Québec de préserver le principe de la
souveraineté parlementaire à l'égard de la Loi sur la laïcité de l'État.
Y a-t-il des
interventions? Alors, je cède immédiatement la parole à M. le ministre
responsable de la Laïcité.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Merci bien, Mme la
Présidente. Projet de loi n° 52, qui fait écho au bien connu, maintenant,
projet de loi n° 21, la loi n° 21.
Il y a des lois qui passent à l'histoire, qui deviennent des socles sur
lesquels on veut bâtir, qui deviennent des
lois fondamentales, et là il y a le numéro... la loi n° 21.
Quand on dit la loi n° 21, même s'il y a eu plein d'autres
lois n° 21 au fil des législatures, on sait de
quoi on parle.
Ça
me fait penser, quand on va au Centre Bell, il y a des numéros de chandails...
il y a des chandails qui ont été retirés,
hein, le n° 1 pour Jacques Plante, le n° 4
pour Béliveau, le n° 9 pour Richard, 33 pour Roy. Peut-être qu'on
pourrait avoir, au Parlement, des
projets de loi, comme ça, dont les numéros ont été retirés. Et je suis certain
que le n° 21 serait en haut parce que c'est une loi fondamentale. C'est une loi qui s'inscrit
dans l'histoire du Québec parce que... pas parce que ça a toujours été
comme ça, mais parce qu'on a évolué jusque-là, et c'est ça qui est intéressant,
en réalité.
• (17 h 10) •
La loi n° 21
ne survient pas, au Québec, parce qu'on est cristallisés dans le temps. On
n'aurait pas pu la voter en 1980 ou en 1960,
cette loi-là, la Loi sur la laïcité, mais on l'a fait parce qu'on en était
rendus là comme société mature, puis la laïcité s'était affirmée,
s'était un petit peu imposée à nous au fil des débats, puis ça nous permet de
faire nation ensemble. C'est un concept
important. On n'est pas dans une démarche multiculturaliste où on vit les uns
aux côtés des autres en glorifiant
nos droits individuels puis en les imposant à une société qui doit
s'accommoder. On doit avoir un équilibre, au Québec, entre les droits individuels et puis les droits collectifs,
et c'est de ça dont on parle quand on parle de cohésion sociale au
Québec puis de l'importance de faire nation autour de valeurs qui sont
communes.
Puis ça s'est
imposé après des années de débats. Des fois, il y en a qui disent que les
débats, c'est de la chicane. Je ne pense pas que ce soit le cas. Il y a
quand même eu des années où ça a été un petit peu plus difficile.
Souvenez-nous... Souvenons-nous des moments
où on parlait d'accommodements raisonnables et, parfois, déraisonnables, il y
avait quand même, je vous dirais,
dans certaines manifestations et contre-manifestations, des fois, des policiers
qui devaient se mettre entre deux
groupes. Là, on n'est plus dans les débats. On est dans la confrontation
sociale. On avait besoin de clarifier les choses comme société puis on
l'a fait. On l'a fait en 2019 en adoptant la loi n° 21,
qui repose sur quatre principes très importants.
D'abord, la
séparation de l'État et des religions, ensuite, la neutralité religieuse de
l'État, puis, une fois qu'on a ces
deux-là, la séparation de l'État et des religions et la neutralité religieuse,
apparaît quelque chose : l'égalité de tous les citoyens puis, je vais le préciser, l'égalité des
hommes et des femmes. C'est évident, quand on dit l'égalité de tous les citoyens,
mais je le nomme quand même parce qu'il y a
quand même des préceptes religieux qui peuvent s'imposer et imposer des
choses aux femmes.
Puis, une
fois qu'on a la séparation de l'Église et de l'État, une fois qu'on a la
neutralité religieuse, une fois qu'on a
l'égalité des citoyens, bien, on peut avoir la liberté de conscience puis la
liberté de religion. C'était tout un acquis d'arriver là considérant que
Montréal, qui s'est appelée Ville-Marie, a été fondée dans le but d'évangéliser
les autochtones qui vivaient ici, là. La Nouvelle-France, c'était presque un
État colonial, religieux, et il y a plusieurs municipalités, dont la ville
de Montréal, qui ont été fondées dans un but
d'évangélisation, puis maintenant on est dans un État laïque. Ça montre tout le
chemin qu'on a parcouru. Ça, c'est des acquis, et on ne veut pas reculer
là-dessus. Donc, on est arrivé à un consensus social, une loi qui est modérée, importante, raisonnable. Il y a
des gens qui, au moment de son adoption, trouvaient qu'on n'allait pas assez
loin, d'autres personnes qui trouvaient
qu'on allait trop loin. C'est souvent signe qu'on est au bon endroit, Mme la
Présidente.
Les gens qui incarnent l'autorité de l'État
doivent afficher une neutralité. C'est ça, aussi, ce n'est pas seulement ça, mais c'est ça aussi, la neutralité de l'État.
Donc, on a pensé à nommer ces personnes-là, les gens qui sont agents de la
paix, les procureurs de la couronne, les juges de nomination québécoise, les
présidents et vice-présidents de l'Assemblée nationale, Mme la
Présidente, les enseignants, les directions d'écoles primaires et secondaires
publiques. Toutes ces personnes-là
incarnent, d'une manière ou d'une autre, une certaine autorité morale de
l'État, ils doivent afficher leur neutralité pour renforcer la confiance des citoyens, parce qu'ils incarnent, d'une
certaine manière, l'État, durant les heures de travail, évidemment.
Je vous dis
que ça s'inscrit dans l'histoire du Québec, puis il faut reculer à un... il y a
un certain temps, il faut reculer au
moment des Patriotes, qui ont culminé avec la bataille de 1837-1838, mais il y
avait, dans l'esprit des Patriotes, un rêve républicain d'un État laïque. C'était extrêmement audacieux, au début du
XIXe siècle, de penser à une laïcité, mais ils avaient ça. Après ça, bien,
au début de la Révolution tranquille, avec le rapport Parent, puis c'est quand même
quelque chose d'exceptionnel, c'est rapport de Mgr Parent, hein, on dit...
quand on parle de rapport Parent, on parle de quelqu'un qui était un homme d'Église puis qui nous a aidés à laïciser
notre réseau scolaire en créant les polyvalentes. Parce qu'avant on avait
des collèges classiques qui étaient
administrés exclusivement par des religieux. Donc, il y a des gens, quand même,
qui ont eu du courage avant nous, il faut le souligner.
Après ça,
bien, moi, je salue Mme Pauline Marois, qui a fait un pas important aussi
dans la déconfessionnalisation de
notre réseau scolaire. Il n'y a pas si longtemps, on avait des commissions
scolaires religieuses, confessionnelles. Moi-même, quand je suis allé à l'école, c'était, hein...
c'était à la CECM, à la commission scolaire des écoles catholiques de Montréal.
On séparait les jeunes, tu avais les
catholiques, tu avais les protestants puis tu avais les autres, qui étaient
coincés pour aller soit dans une école catholique ou protestante, même si, eux,
n'étaient ni l'un ni l'autre. On les envoyait dans un petit local. On
regarde ça aujourd'hui, c'est comme un anachronisme, mais ça ne fait pas si
longtemps que ça.
Puis on était
mûrs pour passer à une étape suivante. Bien sûr, on n'a plus de commission
scolaire, on a des centres de service scolaires, mais on a surtout, maintenant,
un État qui est laïque. La laïcité n'est pas hostile aux religions, je
l'ai dit tout à l'heure, la laïcité de l'État préserve la liberté de conscience
et de religion. Pourquoi je précise les deux? Parce qu'il y a la liberté de ne pas croire aussi, qui vient avec la liberté
de religion, qu'on appelle la liberté de conscience. Mais ce n'est pas un appel à l'athéisme, c'est le
respect des gens, qui peuvent croire ou ne pas croire. C'est quand même une
différence importante.
Donc, je vous
ai dit, tout à l'heure, que c'est une loi fondamentale, qui ne fait pas
l'unanimité, mais qui rassemble un très grand consensus québécois. D'ailleurs,
plusieurs personnes disaient, avant son adoption, lors des débats de cette
loi-là, que ça allait être clivant, que ça allait diviser des Québécois. On
faisait des procès d'intention à une loi qui n'était pas encore adoptée. On disait que, là, ça allait
inciter au racisme... il y avait toutes sortes de prédictions macabres. Et ce
qu'il est arrivé, c'est une accalmie. C'est qu'une fois que la ligne a été
tracée, que les gens l'ont comprise, bien, on a eu davantage de cohésion
sociale, comme j'ai dit tout à l'heure, davantage de paix sociale.
On peut encore débattre de la laïcité, on peut
encore débattre du fait que cette loi pourrait aller plus loin ou moins loin,
c'est correct, mais le climat a changé. On peut être en désaccord avec la loi,
mais on ne peut pas, en toute honnêteté, ne
pas reconnaître les bienfaits de cette loi-là et le fait qu'aujourd'hui on a
une paix sociale puis une cohésion sociale plus grande qu'avant.
Et là, donc, une fois que ceci est
dit, bien, on a une responsabilité, ici, à l'Assemblée nationale, de préserver
cet acquis-là, de préserver cette
cohésion sociale, de respecter le consensus des Québécois puis de respecter le
choix de plusieurs hommes, mais je
vais même dire de plusieurs, plusieurs, plusieurs femmes qui fuient des états
totalitaires religieux pour venir ici se mettre à l'abri, pour venir ici dans
un système où ils ont confiance en un système de justice, en un État de droit
où ils ne se feront pas imposer des
diktats religieux. Ils vont pouvoir pratiquer leur religion, mais ils ne se
feront pas imposer une manière de
vivre contre leur gré. On a cette responsabilité-là aussi. Je parlais tout à
l'heure de l'égalité entre les hommes et les femmes, il y a beaucoup de
ça. Il y a beaucoup de ça dans la Loi sur la laïcité.
Puis,
pour préserver cette loi-là, la loi n° 21, bien, on va devoir
adopter le projet de loi n° 52, Loi
permettant au Parlement du Québec de
préserver le principe de la souveraineté parlementaire à l'égard de la Loi sur
la laïcité de l'État. Il faut adopter la loi n° 52
pour préserver la loi n° 21, parce que la loi n° 21,
bien qu'elle reflète un consensus important au Québec, bien qu'elle ait été adoptée ici, dans notre enceinte
démocratique, à l'Assemblée nationale, elle est menacée. Elle est menacée. Puis on doit la protéger parce
qu'ici, comme le dit le projet de loi, on préserve le principe de la
souveraineté parlementaire. Ce qu'on
dit, c'est que c'est les parlementaires du Québec qui doivent aménager l'espace
au Québec, qui doivent faire le cadre
juridique. Ce n'est pas au gouvernement d'Ottawa à venir dire comment on
devrait venir vivre notre laïcité ici. Puis on ne veut pas un gouvernement des
juges. On ne veut pas que ce soient des juges qui viennent dire comment on
devrait vivre ou ne pas vivre notre laïcité ici, au Québec. On ne veut pas que
des juges viennent défaire le consensus social puis la cohésion sociale dont on
bénéficie. Donc, on doit renouveler la clause dérogatoire qui protège la loi n° 21.
• (17 h 20) •
Des
fois, j'ai de la misère à suivre l'opposition officielle et la deuxième
opposition à ce sujet-là. L'opposition officielle nous dit : Ah! la clause dérogatoire, ça
vient suspendre l'application, d'une certaine manière, de la Charte canadienne des droits et libertés, puis nous autres, on aime ça, les droits et
libertés. Bien, nous autres aussi, au gouvernement, on est défenseurs des droits et libertés, évidemment. Et
ce que l'opposition officielle semble oublier, c'est qu'un gouvernement,
un ancien gouvernement du Parti libéral du
Québec a utilisé 50 fois la clause dérogatoire alors qu'ils étaient au
gouvernement. 50 fois, Mme la
Présidente. Juste Robert Bourassa l'a utilisée, lui, 40 fois, la clause
dérogatoire. Alors, est-ce qu'un parti peut
utiliser 50 fois la clause dérogatoire quand tu es au gouvernement, puis,
après ça, aller dans l'opposition faire un procès d'intention au gouvernement parce qu'il utilise la
clause dérogatoire? Bien, il pourrait, mais je pense que ce serait un petit
peu ridicule puis ça manquerait de légitimité. Mais, si c'est leur posture, ils
essaieront de la justifier tout à l'heure.
La
troisième opposition... la deuxième opposition, Mme la Présidente, elle, nous
sort un argument encore plus difficile à
comprendre que ça. Ils nous disent : Nous, on est contre la loi n° 21, on est contre la Loi sur la laïcité, mais on va voter pour la loi n° 52 qui la protège.
Puis, deux jours après, ils disent : Non, finalement, on va voter
contre la loi, mais on est pour la
clause dérogatoire, mais on est contre l'autre élément de la loi. Pour, contre,
pour? Je ne le sais pas. En mathématiques, deux moins donne un plus, mais là il y a plus de plus que de moins. Je
les comprends de moins en moins puis je suis de plus en plus perdu quand j'essaie de les suivre. Je ne sais pas, c'est
un mauvais téléroman, donc ce n'est pas suivable, ce n'est pas suivable.
Ce qu'on doit faire,
en réalité, c'est préserver la validité de la loi, préserver l'intégrité du
modèle québécois de vivre-ensemble, parce
qu'on est rendu là, là, ça fait partie du modèle québécois de vivre-ensemble,
la laïcité de l'État, puis on doit le
préserver. Il y a une certaine urgence parce qu'on est en 2024 et il faut
adopter absolument, absolument cette loi-là. Il faut renouveler la clause dérogatoire d'ici le 16 juin, parce
que le 16 juin, ça fera cinq ans que notre loi a été adoptée. Le
temps passe vite, mon cher Donald, effectivement, le temps passe vite, et il
faut le faire, il faut le faire.
Certains disent qu'on
ne devrait pas utiliser la clause dérogatoire comme on l'a fait, de manière
préventive. Parce que c'est ce qu'on a fait,
on a innové en la matière, on a inscrit directement dans la Loi sur la laïcité
de l'État la clause dérogatoire par rapport à la Charte canadienne des
droits et libertés. Mais, quand ils font ça, ils font de la créativité constitutionnelle puis ils essaient de nous faire
la morale comme quoi on ne devrait pas utiliser la clause dérogatoire de
manière préventive. Puis là, comme ils se rendent compte que faire la morale,
ce n'est peut-être pas une bonne chose, ils
essaient de trouver une assise légale. Il n'y en a pas, il n'y en a pas,
d'assise légale, Mme la Présidente, pour s'empêcher d'utiliser la clause
dérogatoire de manière préventive.
Je vais vous lire ici
un extrait : «La Cour suprême, dans l'arrêt Ford, rendu en 1988, a statué
que l'édiction de dispositions dérogatoires n'était basée que par les
conditions de forme énoncées par la disposition de dérogation à la Charte canadienne.» En clair, ça veut dire :
Il n'y a rien qui dit que tu ne peux pas le faire de manière dérogatoire. La
tradition, avant l'arrivée de notre éminent ministre de la Justice actuel, qui
a innové, c'était de dire : On vote une loi puis, lorsqu'elle est
invalidée par les tribunaux, bien, on vote une deuxième loi pour la protéger.
On
sait qu'on veut la protéger, la Loi sur la laïcité. N'attendons pas un procès
d'intention, un procès moral, un procès injuste de la nation québécoise et de
son institution. Faisons le geste noble de renouveler l'utilisation de la
clause dérogatoire pour préserver nos
acquis, Mme la Présidente. Et c'est pour ça qu'on est fiers, on est fiers de la
Loi sur la laïcité puis on est fiers aussi de la loi n° 52, qui vient
préserver le principe de la souveraineté parlementaire. Et c'est pour ça
que je nous enjoins tous à étudier avec sérieux cette loi-là et surtout à
l'adopter très bientôt. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le ministre. Je suis prête à entendre un autre intervenant. M. le député
de l'Acadie, la parole est à vous.
M. André
Albert Morin
M. Morin :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je prends la parole cet après-midi en
cette Chambre à l'étape de l'adoption du principe du projet de loi n° 52, Loi
permettant au Parlement du Québec de préserver le principe de la souveraineté
parlementaire à l'égard de la Loi sur la laïcité de l'État.
Le
gouvernement vient de déposer un projet de loi qui va reconduire la clause de
dérogation en lien avec la Loi sur la
laïcité. Plus simplement, il s'agit du projet de loi n° 52. Cette loi va
s'appliquer nonobstant les droits énoncés et garantis dans les chartes. Je tiens à rappeler que le Parti
libéral du Québec a toujours été le défenseur des droits et libertés individuels,
et il va le demeurer. Nous croyons
que l'utilisation de la disposition de dérogation d'une façon aussi large par
le gouvernement de la CAQ est déraisonnable. Pour cette raison, nous
allons voter contre le principe du projet de loi n° 52.
Le Parti
libéral du Québec n'est pas contre l'utilisation de la disposition de
dérogation. Le PLQ l'a utilisée au fil des
ans, le premier ministre Bourassa l'a utilisé des dizaines de fois. Mais,
cependant, parce que le ministre y faisait référence... mais cependant il faut ajouter, il faut qualifier
que c'était toujours avec parcimonie, précision et jamais de façon préventive.
Voilà ce qu'il faut rappeler en cette
Chambre aux représentants de la CAQ qui nous écoutent. Les gouvernements
libéraux ont utilisé la clause de
dérogation à plusieurs reprises, mais seulement pour des dispositions
particulières de projets de loi, pas pour l'ensemble d'une loi, mur à
mur, comme le fait le gouvernement de la CAQ.
La clause de
dérogation, par sa nature, puisqu'elle empêche les citoyens et les citoyennes
d'utiliser ou de recourir à leurs droits fondamentaux, la clause de dérogation,
par sa nature, ne doit pas être utilisée avec légèreté, encore moins
dans une optique de division de la population.
Lors du débat
de la loi n° 21, il y a de cela quelques années déjà, le Parti libéral du Québec avait souligné au ministre qu'en incluant la
clause de dérogation et en l'utilisant de façon préventive, il déclarait
officiellement à certains Québécois et Québécoises qu'ils n'étaient plus
protégés par les chartes et qu'ils ne pouvaient plus recourir aux tribunaux
pour contester l'atteinte à leurs droits
fondamentaux. Dans une société libre et démocratique, dans une société où on
fait la promotion de la primauté du
droit, il est inacceptable d'utiliser la clause de dérogation de manière à
empêcher tout recours à la justice, et ce, pour la totalité des droits
et libertés.
• (17 h 30) •
Je le répète,
je crois sincèrement que la clause de dérogation doit être un outil de dernier
recours et qui doit être utilisé de manière ciblée.
Donc, dans le but de limiter l'atteinte aux
droits le plus possible, le gouvernement de la CAQ, avec l'application préventive et de manière large, sans aucun effort
de la part du gouvernement de restreindre l'impact sur les droits et libertés,
utilise, en fait, la clause d'une façon
large, qui fait en sorte que plusieurs citoyens et citoyennes ne pourront pas
s'adresser aux tribunaux.
Je le répète,
le Parti libéral du Québec l'a déjà utilisée dans le passé, mais toujours de
manière ciblée et suite à une décision judiciaire pour protéger la
particularité du Québec.
Récemment, le
premier ministre justifiait le recours au principe et à la clause de dérogation
en soulignant qu'il avait finalement
l'appui de la majorité de la population. Si mon souvenir est bon, et je cite,
le premier ministre disait : Au Québec, c'est comme ça qu'on vit. Donc,
conclusion, si une majorité de Québécois le souhaite, on y va, peu importe
l'impact sur les droits individuels.
Bien,
justement, l'essence des chartes est de protéger des minorités contre
l'affirmation de la majorité pour éviter toute discrimination. C'est là l'essence même d'une charte des droits.
La clause de dérogation du projet de loi n° 52 va donc soustraire
l'application de la loi à la charte
canadienne. Le projet de loi traite
uniquement de la charte canadienne
parce que, pour la suspension des droits
énoncés dans la charte québécoise, ça a déjà été fait, et ma compréhension de la
charte québécoise est à l'effet qu'il y a une disposition de
dérogation, mais qu'elle n'est pas soumise à une limite temporelle. Donc, la clause de dérogation continuera et
empêchera les personnes de référer aux droits qui y sont énoncés mais ne
prendra ultimement fin, j'imagine, que par une autre loi du Parlement.
J'aimerais
rappeler que le respect des chartes et des droits individuels, en fait,
constitue des valeurs fondamentales qui ont toujours guidé le Parti
libéral du Québec.
Le Québec,
comme la plupart des sociétés démocratiques modernes, est fermement inscrit
dans un mouvement qui préconise de
porter une attention particulière à l'impact des politiques publiques sur les
citoyens et leurs droits individuels. Cependant,
afin d'obtenir un équilibre dans le but de protéger certaines valeurs
fondamentales de la société québécoise, les chartes ont une clause de
dérogation qui, je le répète, peut être utilisée avec parcimonie par le
gouvernement suite à un débat à l'Assemblée nationale du Québec.
Le Québec a
le droit d'utiliser la clause de dérogation pour le respect des valeurs
québécoises, mais après un débat judiciaire et parlementaire. Il ne faut
pas craindre de discuter de ces enjeux pour une cohérence sociale. Cette
question est trop importante pour un Québec
juste, qui respecte ses minorités, et c'est la raison pour laquelle le débat
qui se tient aujourd'hui est si important.
Permettez-moi
de mentionner qu'à mon avis, en ce qui a trait à l'utilisation des clauses de
dérogation, il n'appartient pas au premier ministre du Canada ni au Parlement
fédéral de décider de la façon dont ces dispositions doivent être
utilisées par l'Assemblée nationale du
Québec. L'Assemblée nationale doit décider des modalités, à savoir quand et
comment il est possible de déroger aux droits et libertés. Cela relève
de l'Assemblée nationale du Québec, point.
De même,
assimiler toute discussion à ce sujet et à l'interpréter comme étant un assaut
contre la nation québécoise, surtout
si on n'est pas du même avis que le premier ministre, est non seulement non
productif, mais dangereux pour canaliser un débat qui pourrait diviser les Québécois. De part et d'autre, dans ce
débat, se trouvent des Québécois et des Québécoises avec des aspirations légitimes, des propositions
concurrentes pour le futur de notre société. Aucuns ne sont en déficit d'amour
pour le Québec, bien au contraire, et attaquer la qualité des sentiments de
quiconque en raison de visions politiques divergentes n'est pas digne de
la maturité politique des Québécois et des Québécoises.
Le gouvernement de la CAQ opte pour une
suspension très large des droits et libertés dans le cadre du projet de loi n° 52. L'utilisation de la clause de
dérogation dès le départ, sans l'éclairage des tribunaux, amène une utilisation
qui, à notre avis, est abusive.
Permettez-moi...
permettez-moi de rappeler les propos que tenait la députée du comté de Marguerite-Bourgeoys. Mme Hélène
David — elle
n'est plus députée maintenant, c'est la raison pour laquelle je me permets de
citer son nom — avait critiqué le projet de loi n° 22
en disant, et je cite : «Nous étions totalement contre certains aspects de
ce projet de loi[...]. Prenons, par
exemple, les deux dispositions de dérogation», parce qu'évidemment, à l'époque,
on parlait des deux chartes, la
charte québécoise et la charte canadienne. Mme David disait : «...les
deux dispositions, pas une, deux[...]. C'est
du jamais-vu, [mais] on l'a dit malheureusement trop souvent. Avec celles-ci,
le ministre veut suspendre l'application des droits fondamentaux. Seulement pour la charte québécoise, seulement
pour la charte québécoise, c'est plus de 38 droits qui seront suspendus, 38. Pas un, pas deux, 38.»
Et Mme David disait par la suite : «Savez-vous quoi? Ça donne le
vertige. Il faut le faire!» Fin de la citation.
Aujourd'hui,
le gouvernement n'a plus à évoquer une disposition de dérogation pour la charte
québécoise. Mais ce qui est
intéressant, quand un gouvernement utilise une telle clause de dérogation sans
limite, sans analyse, sans parcimonie, ça
fait en sorte que, notamment, les Québécois et Québécoises ne peuvent pas
utiliser, faire respecter, invoquer 38 de leurs droits fondamentaux. Pas
un, pas deux, 38.
Et ce qui est
également fascinant dans l'analyse du gouvernement, c'est de regarder certains
de ces droits avec aucune explication
de la part de l'État. Dans la charte québécoise, je vous en cite
quelques-uns : droit au secours, libertés fondamentales, respect de la vie privée, demeure inviolable. Je vous
nomme ceux-là parce que, quand on regarde l'article 52, qui traite de la clause de dérogation, on dit «ne
peut déroger aux articles 1 à 38, sauf dans la mesure prévue par ces
articles, à moins [qu'une] loi [ne
l'énonce] expressément». Donc, le gouvernement n'a fait aucun effort, aucun
effort pour faire une analyse puis peut-être se dire : Non, non,
écoutez, ça va être un, deux, trois droits, mais pas 38.
• (17 h 40) •
Ce débat-là,
il a été fait. Mais permettez-moi de m'étonner encore aujourd'hui quand on nous
dit que la clause de dérogation s'applique en matière de secret
professionnel, l'article 9. Alors, pourquoi? On ne le saura à peu près
jamais parce qu'il n'y a pas eu d'analyse qui a été faite. Alors, c'est fait,
on a décidé que ça ne s'appliquait pas.
Nous croyons
fondamentalement, au Parti libéral du Québec, que les Québécois et les
Québécoises méritent plus d'égard et de respect et que cette façon de procéder
donne l'impression que, lorsque la majorité a décidé quelque chose, on peut fragiliser l'utilisation de certains
droits. C'est la raison pour laquelle je référais à certains des droits qui
sont énoncés dans la charte québécoise.
Il ne faut
pas oublier que la pierre angulaire des chartes, que ce soit au Québec, au
Canada ou à l'international, est le respect des droits de la minorité. Les
chartes protègent les minorités. C'est l'essence même d'une charte. Et, dans un
État de droit, le Procureur général est le gardien du droit, du respect des chartes et du respect des
droits des minorités. L'utilisation prospective
et large de la clause de dérogation prive les minorités d'un recours légitime
aux tribunaux afin de faire respecter leurs droits garantis par ces
chartes.
Tout à
l'heure, j'écoutais avec attention M. le ministre, qui disait : Le
gouvernement des juges. C'est une expression populaire qu'on entend à l'occasion, «le gouvernement des juges», comme
si... si on se rappelle des débats qui ont eu lieu lors de l'adoption des chartes, comme si les juges
avaient dit : Écoutez, nous, ça nous intéresse. Non, non, les juges
appliquent la loi. C'est le Parlement qui a décidé d'adopter des chartes,
Parlement du Québec d'abord, en 1975, avec la charte québécoise des droits et libertés, un gouvernement libéral, sous
Robert Bourassa, puis par la suite le gouvernement fédéral en 1982. Les juges appliquent la loi, les
juges doivent être indépendants dans une société démocratique, dans un État de
droit, mais ce qui est important, c'est qu'ils sont là pour dire le droit. Et,
avec les clauses de dérogation, les élus du peuple, le Parlement aura
toujours, toujours le bénéfice de revenir après et de dire : Non, on croit
que cette partie d'un jugement, ce droit
devrait être exclu de l'application de la charte, comme ça a été fait dans le
passé, mais toujours en permettant aux citoyens et aux citoyennes d'avoir
recours aux tribunaux.
Le Parlement
est souverain, il doit le demeurer et il lui appartient d'utiliser la clause de
dérogation, mais après un débat
judiciaire, ce que le Parti libéral du Québec a toujours fait dans le passé,
et, comme je le soulignais, toujours de façon ciblée, et avec parcimonie. Pour nous, au Parti libéral du Québec, c'est
la seule façon d'utiliser les clauses de dérogation. Je l'ai mentionné au début
de mon allocution, le ministre y faisait référence, effectivement, le Parti
libéral du Québec, et particulièrement le premier ministre Robert
Bourassa, l'a utilisé à plusieurs reprises, mais après un débat judiciaire ou encore avec précision, en évitant de soustraire
l'ensemble des droits à l'étude des tribunaux. Aujourd'hui, dans le cadre de ce
débat, ce qu'il nous reste, bien sûr, c'est
la clause de dérogation de la Charte canadienne, car, comme je le mentionnais
pour la charte québécoise, le débat est réglé pour le moment. C'est
quand même un peu ironique.
Et
permettez-moi... permettez-moi un commentaire, parce qu'en utilisant la clause
de dérogation qui a suspendu l'utilisation
de la charte québécoise de 1 à 38, le gouvernement est venu enlever un ensemble
de droits pour l'ensemble des citoyens :
le droit qui consacre l'accessibilité aux lieux publics, woups! disparu,
audition impartiale par un tribunal indépendant, pétition à l'Assemblée,
woups! disparues. Si on a des chartes, si en 1975 la charte québécoise des
droits et libertés a été adoptée et si au
fil des ans elle a été modifiée, si la Charte canadienne des droits et libertés
a été adoptée, c'était par un souci du législateur, donc des élus, de bâtir une
société plus juste, plus égalitaire, dans le respect des minorités, et
c'est dans cet esprit que le gouvernement
libéral de Robert Bourassa adoptait la charte québécoise des droits et
libertés. Avec la Charte canadienne, le ministre y faisait référence, il
faut que la clause de dérogation revienne devant le Parlement aux cinq ans, cela permet au gouvernement de réévaluer
s'il va invoquer à nouveau la clause. Et c'est exactement ce qu'il est en
train de faire aujourd'hui, et il le fait à
titre préventif, et il le fait d'une façon globale, générale puis, je le
répétais, puis je vais me répéter,
mais je l'ai dit précédemment, sans une analyse complète, pas de parcimonie, en
lien avec les droits qui y sont énoncés.
Puis, dans la
Charte canadienne, la clause de dérogation qui est utilisée, l'article 33,
s'applique à l'article 2 et aux articles 7 à 15.
L'article 2 parle des libertés fondamentales : liberté de conscience,
de religion, liberté de pensée, de croyance, d'opinion, liberté de presse et autres
moyens de communication, liberté de réunion pacifique et liberté d'association.
Et le gouvernement et le ministre, avec la
loi que nous avons à étudier maintenant, ne disent pas : Écoutez, on a
fait une analyse puis, au fond, la
clause dérogatoire va s'appliquer, mais à un article, une disposition d'un
article. Non, on utilise la clause
dérogatoire dans son ensemble et on suspend les libertés fondamentales,
notamment l'article 2, en ce qui a trait à la liberté de la presse
et à d'autres moyens de communication. Pourquoi?
Mais ce n'est pas tout, on va suspendre aussi
l'article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés : «Chacun a droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de
sa personne; il ne peut être porté atteinte à ce droit qu'en conformité avec
les principes de justice
fondamentale.» Pourquoi? Pourquoi le gouvernement utilise la clause dérogatoire
pour soustraire la loi à l'article 7? Aucune explication.
Mais il y a
des dispositions de la charte, il y a des droits de la charte qui sont
suspendus et qui sont encore, permettez-moi l'expression, plus étonnants.
L'article 8 : «Chacun a droit à la protection contre les fouilles, les
perquisitions ou les saisies
abusives», la détention ou l'emprisonnement, l'arrestation, les témoignages
incriminants, les interprètes. Est-ce que le ministre peut nous expliquer pourquoi le gouvernement a jugé
pertinent de priver la population du Québec de l'ensemble de ces
droits-là? C'est une utilisation qui est très large et qui, pour nous, est
abusive.
Je le répète,
le Parti libéral du Québec a toujours défendu les droits individuels, et ce
n'est pas d'hier, parce que, quand on
regarde l'histoire de notre parti, cet attachement au respect des droits
individuels remonte à l'époque de Louis-Hippolyte La Fontaine. En fait,
ça fait partie de l'ADN de notre parti. Le Parti libéral, dans le passé, s'est
montré favorable à la reconnaissance de droits collectifs. Cependant, pour
nous, les droits collectifs sont acceptables quand ils s'inscrivent dans le prolongement de droits individuels reconnus et qui
s'exercent sous des formes qui ne vont pas suspendre les libertés
individuelles de façon prospective. Puisque le projet de loi n° 52
reconduit de façon préventive et large l'utilisation
de la clause de dérogation empêchant les Québécois et les Québécoises de
recourir aux tribunaux pour en faire vérifier la légalité, nous allons
voter contre le principe. Et je vous remercie.
• (17 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant,
je suis prête à entendre un autre intervenant. Ce sera Mme la
députée de Verdun.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, Mme la Présidente. Vous savez, en 2019, le
gouvernement de la CAQ a fait adopter une loi injuste qui brime la
liberté d'expression. Bien sûr, une loi sur la laïcité de l'État était
nécessaire, nécessaire pour exprimer
clairement l'attachement du Québec au principe de laïcité et de neutralité
religieuse de l'État. Cependant, la laïcité,
là, ça s'applique aux institutions et pas aux individus. Il n'y a aucune
raison, il n'y a aucune urgence d'interdire aux employés de l'État la simple expression de leur foi religieuse, tant que
ces personnes respectent leur devoir de réserve et accomplissent adéquatement leur travail. Le Québec
a-t-il vraiment le moyen, en ce moment, de se priver d'enseignantes seulement parce qu'elles portent un foulard? Mais,
plus encore, l'interdiction mur à mur des signes religieux brime les droits et
libertés des Québécoises et des Québécois. Le gouvernement le sait très bien,
puisqu'il soustrait cette loi à l'examen des tribunaux.
Si la CAQ
veut notre appui à son projet de loi n° 52 sur la clause dérogatoire sur
la charte fédérale, elle doit retirer la disposition dérogatoire
concernant la charte québécoise des droits et libertés de la personne. Si la
CAQ continue de piétiner la charte... sur la
charte québécoise, Québec solidaire votera contre ce projet de loi. Empêcher le
fédéral de s'ingérer dans une
décision du Québec, c'est une chose, empêcher les Québécoises et les Québécois
de défendre leurs droits en vertu de
la charte québécoise, c'en est une autre. À Québec solidaire, on ne peut
pas appuyer une loi qui verrouille à double tour une mauvaise loi comme
la loi n° 21. La balle, en ce moment, est dans le camp du
gouvernement.
Puis j'aimerais ça qu'on se rappelle ce que
disait René Lévesque concernant la charte des droits et libertés du Québec, et je le cite : «Le peuple québécois
s'est donné en 1975 une charte des droits et libertés de la personne qui
demeure, à ce jour, l'une des plus complètes qui soit au monde.
«Or, une
telle charte, c'est l'instrument par excellence de l'affirmation des valeurs
d'un peuple. Elle exprime à la fois ses convictions les plus
fondamentales et les choix et les arbitrages pas toujours faciles qu'il faut
faire dans toute société. Elle garantit à chaque personne les conditions
minimales de l'exercice de ses libertés.
«[...]plus généreuse que la charte
constitutionnelle canadienne, [la charte québécoise] a en outre un statut quasi
constitutionnel et permet que la responsabilité ultime de l'affirmation des
droits et libertés de la personne soit celle du législateur québécois, élu et
responsable devant la population du bon fonctionnement de la société.»
Je me
demande que penserait aujourd'hui René
Lévesque s'il voyait le législateur
québécois affaiblir cette charte qu'il chérissait autant.
En terminant,
je tiens à dire que la loi n° 21, en ce moment, nuit au projet d'indépendance du
Québec. Depuis le virage identitaire
du nationalisme québécois, autant la CAQ que le Parti québécois ont fait
reculer l'appui de la population à l'indépendance en éloignant notamment
la cause indépendantiste de la jeunesse québécoise, des personnes issues de
l'immigration ainsi que la nouvelle génération de progressistes. Je vous
remercie, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée- Y a-t-il
d'autres interventions? M. le leader du gouvernement.
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais
intervenir à ce stade-ci, là, pour l'adoption
du principe. Vous savez... vous connaissez mon intérêt pour les questions
constitutionnelles et particulièrement les différentes dispositions des différentes
chartes. Puis j'aimerais peut-être qu'on fasse ensemble un retour ou du moins
un parcours historique sur, justement, la notion de la souveraineté
parlementaire.
Vous
savez certainement, Mme la Présidente, que ça ne date pas d'hier, cette notion
de souveraineté parlementaire. Et, dans notre système britannique, parce
que nous avons un Parlement de type Westminster, un Parlement britannique, il y a eu la notion, à l'époque, justement, au
Royaume-Uni, de souveraineté parlementaire qui s'est bâtie petit à petit avec
les différentes révolutions, mais également
les différents enjeux qui ont eu lieu avec la monarchie, la Chambre des communes, également la Chambre des
lords. Et petit à petit, dans le fond, le pouvoir et la souveraineté se sont
transférés vers la Chambre des
communes, où les députés, à ce moment-là, ont été appelés à voter pour,
justement, les différentes lois.
À
l'époque, vous saviez, bon, la monarchie était de droit quasi divin et avait
tous les pouvoirs. Et, suite à certaines révoltes et certaines demandes du peuple britannique, il y a eu
dévolution de pouvoirs vers, justement, le Parlement britannique, et à ce
moment-là on a assisté à la création et le développement de ce qu'on... de ce
qu'on a commencé à appeler la souveraineté parlementaire.
Donc,
qu'est-ce que ça signifie, en fait, la souveraineté parlementaire? Ce sont les
élus du peuple. Et donc le droit de
vote était... a été accordé, à ce moment-là, pour que les sujets britanniques,
à l'époque, puissent voter et envoyer des représentants à la Chambre des
communes. Et donc ces gens-là, qui
étaient élus et qui avaient une légitimité, donc, par les urnes, se rendaient à Londres et étaient appelés,
justement, à voter des lois. Et ces lois-là, en fait, sont devenues, donc,
légitimes suite à la sanction royale,
mais le roi, petit à petit, a perdu ce pouvoir-là de pouvoir soit révoquer la
loi ou en faire... en faire d'autres sans, justement, l'assentiment des
Communes. Et donc, puisqu'on avait la souveraineté parlementaire, donc, les députés qui étaient à la Chambre des communes ont... grâce à leur pouvoir démocratique et de légitimité, ont pu voter
ces lois-là. Et ces lois-là devenaient...
donc, avaient force de loi sur le territoire britannique, et donc il n'y avait
pas nécessairement de restrictions.
Par
la suite, puis là c'est là où on est venu avec l'idée des chartes, donc, pour
certains... certaines chartes britanniques qu'on connaît, qui ont été, là... qui ont été assez... assez
intéressantes, là, la Magna Carta puis en lien avec l'habeas corpus, donc, tous ces éléments-là qui ont été mis
ensemble et regroupés pour pouvoir faire, donc, un système, là, de droit qui
était... qui était assez intéressant.
Donc, les députés qui sont à la Chambre des communes votent des lois, elles
s'appliquent sur le territoire, et,
de par leur légitimité démocratique, eh bien, ça devient donc la souveraineté
parlementaire, en quelque sorte. Et
il n'y a pas rien, dans le fond, de supérieur à ce principe-là de souveraineté
parlementaire et de démocratie. Donc, on associe souveraineté
parlementaire à la démocratie, et c'est ce qui se perpétue ici, actuellement.
Lorsqu'on
en est... puis là je fais un petit saut dans le temps et je nous ramène, donc,
à notre époque, Mme la Présidente, on
a eu, donc, la Constitution britannique, qui... en 1887, si je me souviens
bien, et ensuite, en 1982, qui est venue s'appliquer. Donc, on a fait un rapatriement de la Constitution
en 1982, et les chartes sont venues, donc, s'appliquer. Il y a eu une charte,
également, qui a été ajoutée à cette
constitution-là, et le principe de la disposition de dérogation a été, donc,
intégré en 1982 dans la Constitution.
Si on lit cet article-là, en fait, là, donc l'article 33 de la charte,
c'est une disposition de... bon, de la Loi constitutionnelle de 1982 qui
permet à un Parlement, donc, d'éviter l'application de certains droits et de
certaines libertés prévues dans la
Charte canadienne, mais là c'est souvent en opposition avec, justement, la
souveraineté parlementaire et la démocratie. Donc, c'est important de
pouvoir... de pouvoir l'affirmer, donc, à ce niveau-là.
• (18 heures) •
Et
justement, donc, on a vu, dans l'arrêt Ford... puis ça, c'est important, puis
le ministre nous en parlait, là, tout récemment,
dans l'arrêt Ford, puis c'est important de le répéter, là, c'est un jugement,
bon, de la Cour suprême du Canada, on le sait, Mme la Présidente, qui a été
rendu en 1988 et, justement, qui a conclu que la disposition de dérogation de l'article 33 de la charte peut être utilisée
de manière très large, sans que cela soit un sujet à contrôle de
constitutionnalité. Donc, ça n'a pas
à être, donc, justifié, ça n'a pas à nécessairement... Donc, on peut utiliser
la disposition de dérogation pour affirmer la volonté démocratique. Et
donc ça revient justement à notre principe de souveraineté parlementaire, on
vient affirmer, donc, le principe
démocratique puis la souveraineté parlementaire de l'ensemble des élus ici,
dans notre enceinte.
Et
donc c'est un peu... c'est le principe de cet article-là et de l'idée de la
souveraineté, là, parlementaire. Et donc, aujourd'hui, lorsque j'entends, bon, le Parti libéral du Québec... on a
eu une intervention, ça m'a étonné. En fait, je ne reconnais plus le Parti libéral du Québec. Bon, on disait,
bon, que ça a été utilisé par le passé puis ça a été, à de nombreuses reprises,
utilisé, je veux bien, mais là on semble
mettre quelques restrictions à cette volonté ou du moins de l'utilisation... ou
du moins de l'utilisation qui a été faite par le passé. Donc, lorsque j'entends
«cibler», «parcimonie», «application préventive», on semble vouloir venir restreindre l'application
de cette clause-là. Bien, il me semble que ce n'était pas tout à fait ça qu'il
y avait dans le passé puis ce n'est pas ce que dit l'arrêt Ford et ni la
charte, et donc ça vient vraiment m'étonner.
Puis
il y a même une volonté, on l'a entendu récemment, je ne sais pas si vous avez...
si vous avez, là, eu l'occasion de
lire, dans les journaux, que certains députés ou certaines personnes auraient
voulu restreindre, dans le fond, l'application de l'article ou du moins de la disposition de dérogation en empêchant,
en fait, le fait que ce soit utilisé de façon préventive. Donc, certaines personnes viendraient... en fait,
voudraient changer la Constitution canadienne pour que cette clause-là ne
soit plus utilisable de façon préventive. Eh
bien... et que ce soit seulement après, donc, le test de l'ensemble des
tribunaux, alors que ça vient, en
fait, à l'encontre du pacte fédératif ou, du moins, du pacte constitutionnel et
de tous les jugements qui vont en ce sens-là.
Donc,
c'est assez inquiétant de voir ce virage-là, ce dérapage-là du Parti libéral,
et autant au fédéral que le Parti libéral
du Québec, qui semble vouloir aller dans cette direction-là, là, à entendre le
collègue. Bon, il faut que ce soit ciblé, parcimonie, de façon préventive ou pas, donc il y avait quand même de la
valse-hésitation, de la tergiversation par rapport à ça, alors que nous, bien, précisément, on défend
la souveraineté parlementaire, on vient défendre, justement, le principe
démocratique, le droit, en fait, de la nation québécoise.
Donc, souvent
aussi, on peut parler des droits collectifs versus les droits individuels. Et,
certains droits collectifs, on peut déterminer, en tant que nation, la nation
québécoise, que nous voulons, en fait, les mettre de l'avant, ces droits collectifs là, et c'est ce qu'on fait dans la défense de
plusieurs de ces droits. On peut penser, justement, à notre langue, bon,
justement, au principe de laïcité. On pense
à l'ensemble de nos... de ces éléments-là qu'on veut justement protéger puis
affirmer, parce que, bon, nous sommes une
petite nation, nous sommes une nation fière, nous sommes une nation vibrante,
mais on le connaît et on le sait, Mme la
Présidente, que nous sommes entourés dans une mer d'anglophones. Donc, on veut
s'assurer de préserver notre spécificité, notre culture, et ça inclut également
la laïcité, la langue française.
Donc,
ça m'étonne de vouloir... d'entendre certaines personnes qui voudraient
modifier ces éléments-là constitutionnels sans consensus, un peu par la porte d'en arrière, avec un renvoi à la Cour
suprême. Il y a de quoi nous inquiéter, là, à ce niveau-là.
Puis,
on le sait aussi, là, puis c'est important de le rappeler, en 1982, lors du
rapatriement de la Constitution, le Québec
n'a pas signé, n'a pas ratifié cette Constitution-là. C'est encore le cas
aujourd'hui. Le Québec ne l'a pas ratifiée, ne l'a pas signée. Donc, ça pose la réflexion. Donc, le pouvoir d'utiliser
la dérogation, la disposition de dérogation, bien, ça prend encore plus son sens, justement dans ce
contexte-là, pour pouvoir préserver, préserver, dans le fond, nos... les droits
collectifs puis notre identité québécoise en partie.
Donc,
au... Et là j'aimerais peut-être revenir, là, sur nos amis de Québec solidaire
qui, bon, au début, semblaient vouloir adopter,
là, puis le ministre en faisait mention, là, adopter le projet de loi assez
rapidement, voter en sa faveur, mais là finalement désirent mettre des
conditions à notre souveraineté parlementaire. Pour moi, ça m'inquiète un peu,
là. C'est un double discours. Est-ce qu'on
croit en la souveraineté parlementaire, donc le droit à la nation d'affirmer
ses droits collectifs mais également d'utiliser cette disposition-là?
Québec solidaire semble dire que, bon... ne reconnaissant pas la légitimité, en fait, de la charte canadienne, voudrait
autoriser, dans le fond, ce projet de loi là à passer pour renouveler la
disposition de dérogation. Mais on
constate que, bon, du côté de Québec solidaire, finalement, il faudrait mettre
des conditions qui s'ajouteraient à
ça. Donc, c'est... Au niveau des principes, on repassera, là. On pourra... On
pourrait amplement en discuter, là, à ce niveau-là, au niveau de ces
principes-là.
Et
peut-être faire un autre petit retour en arrière, là, puis aller peut-être plus
davantage sur le fond, l'importance que ça a eu, cette adoption de ce projet de
loi là. On sait qu'à l'époque puis dans... de nombreuses années, là, il y a eu
des débats puis il y avait des
articles de journaux, il y avait une certaine tension sociale, on pourra le
dire, en lien avec tous les concepts de laïcité. Et, bon, il y a même eu
la commission Bouchard-Taylor qui s'est... qui s'est penchée sur ces
questions-là. Ils ont fait une commission
itinérante dans l'ensemble des régions du Québec justement pour aller prendre
le pouls, pour aller prendre le pouls
de ces régions-là et de la population québécoise. On se souviendra de ces
débats-là qui étaient déchirants, des
témoignages que nous avons eus. Il y a eu, même, une grande commission qui
avait eu lieu à l'Assemblée nationale. On se souviendra de cela.
Et,
justement, au bout de tout cela et au bout de toute l'encre qui avait été
écrite et qui a coulé sur ces... sur ce débat-là, bon, il y a eu une première tentative. On se
souviendra, là, de la charte des valeurs, qui, finalement, bon, n'était pas...
ne s'était pas rendue à terme. Et là
il y a eu, justement, la Loi sur la laïcité, que nous avons adoptée tous
ensemble, ici, dans la dernière
législature. On se souviendra de ça, Mme la Présidente. Et c'est venu mettre un
certain couvercle, du moins, c'est venu faire... apaiser des tensions,
et ça faisait partie, justement, d'une certaine paix sociale, un certain
équilibre.
Et,
justement, la disposition de dérogation puis de souveraineté parlementaire
vient poursuivre, vient équilibrer, vient
continuer cet équilibre-là tant recherché, tant voulu à ce niveau-là, parce
que, bon, on a une volonté, justement, d'assurer la paix sociale et de s'assurer que, justement, ça poursuive cette
loi-là. Puis, justement, depuis qu'elle est adoptée, à quel point, bon, dans la société, les choses vont bien,
et tout... Bon, tout semble aller assez bien à ce niveau-là, puis les gens
acceptent ces dispositions-là et
cette loi-là. Donc, c'est important d'aller de l'avant avec, justement, la
souveraineté, là, parlementaire. Et donc voilà.
Peut-être
un autre élément, là, qui est intéressant, puis, justement, on pourrait revenir
sur l'idée de la souveraineté parlementaire et de la démocratie, puis j'en ai
parlé, là, surtout au niveau des droits, là, collectifs... Puis c'est des
réflexions qui sont en cours puis qui
se poursuivent à ce niveau-là, Mme la Présidente, justement au niveau des
droits collectifs, puis, pour la
nation québécoise, il faut pouvoir garder, garder ces droits-là qui nous sont,
là... qui sont très, très importants pour nous.
Et
donc, sur ce, moi, j'aurais complété mon intervention. Puis je suis très
heureux de pouvoir, justement, m'inscrire à ce débat-là au niveau de la souveraineté parlementaire puis de
poursuivre ce débat-là avec les collègues. Donc, Mme la Présidente, je
vous remercie. Et ce sera tout pour moi. Merci.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Donc, nous allons... S'il n'y a pas d'autre intervention, comme je le constate, le principe du projet de loi
n° 52, Loi permettant au Parlement du Québec de préserver le principe de
la souveraineté parlementaire à l'égard de la Loi sur la laïcité de
l'État, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur
division.
• (18 h 10) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Adopté sur division. M. le leader du gouvernement.
Renvoi
à la Commission des relations avec les citoyens
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, je
vous demanderais... Conformément à
l'article 243 de notre règlement, je ferais motion afin que le projet de
loi n° 52, la Loi permettant au Parlement du Québec de préserver le principe
de la souveraineté parlementaire à l'égard de la Loi sur la laïcité de l'État,
soit déféré à la Commission des
relations avec les citoyens pour son étude détaillée et que le ministre
responsable de la Laïcité soit membre de ladite commission pour la durée
du mandat.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. le leader,
voulez-vous nous indiquer la suite de nos travaux?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je vous demanderais d'appeler l'article 5 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 49
Adoption
du principe
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
à l'article 5 du feuilleton, M. le ministre des Finances propose
l'adoption du principe du projet de loi n° 49, Loi donnant suite à des
mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le budget du
21 mars 2023 et à certaines autres mesures.
Y a-t-il des
interventions? M. le député de Beauharnois, je vous cède la parole pour votre
intervention.
M. Claude
Reid
M. Reid : Merci, Mme la Présidente. Je soumets à l'Assemblée
nationale le projet de loi n° 49 intitulé Loi donnant suite à des mesures fiscales annoncées à
l'occasion du discours sur le budget du 21 mars 2023 et à certaines autres
mesures.
Ce
projet de loi, Mme la Présidente, a été présenté le 8 février 2024. Il
modifie 15 lois, dont la Loi sur les impôts et la Loi sur la taxe
de vente du Québec.
Aussi,
il donne suite à des mesures fiscales annoncées dans le discours sur le budget
du 21 mars 2023 et dans des bulletins d'information publiés en
2022, en 2023 et en 2024.
Ce projet de loi, Mme
la Présidente, prolonge d'un an le délai pour produire la déclaration de
revenus afin de bénéficier du crédit d'impôt
remboursable conférant le nouveau montant ponctuel pour pallier la hausse du
coût de la vie.
De
plus, ce projet de loi modifie la Loi sur les impôts, la Loi concernant les
paramètres sectoriels de certaines mesures fiscales et la Loi sur la Régie de l'assurance maladie du Québec afin,
notamment, de bonifier la composante relative au logement du crédit d'impôt remboursable pour la solidarité, de bonifier
les crédits d'impôt non remboursables pour les pompiers volontaires et pour les volontaires en recherche et sauvetage,
de limiter l'accès de certains particuliers au crédit d'impôt non remboursable relatif à un fonds de
travailleurs, de mettre en place un nouveau congé fiscal relatif à la
réalisation d'un grand projet
d'investissement, de prolonger le crédit d'impôt remboursable pour la
transformation numérique de la presse
écrite, de bonifier le crédit d'impôt remboursable pour l'édition de livres et
le crédit d'impôt remboursable pour la production d'événements ou
d'environnements multimédias présentés à l'extérieur du Québec.
Le projet de loi
modifie également la Loi sur l'administration fiscale, la Loi sur la taxe de
vente du Québec et la Loi concernant la taxe
sur les carburants afin de mettre en oeuvre le nouveau programme de gestion de
l'exemption fiscale des Premières Nations en matière de taxes.
Par
ailleurs, ce projet de loi modifie la Loi constituant Capital régional et
coopératif Desjardins, la Loi constituant Fondaction, le Fonds de développement de la Confédération des syndicats
nationaux pour la coopération et l'emploi et la Loi constituant le Fonds
de solidarité des travailleurs du Québec (F.T.Q.) afin notamment de réorganiser
les catégories d'investissement de ces fonds fiscalisés et d'actualiser leurs
fonctions.
En
outre, le projet de loi modifie la Loi sur la Régie de l'assurance maladie du
Québec afin de hausser le montant des
exemptions servant au calcul de la prime exigible d'une personne assujettie au
régime public d'assurance médicaments.
De
plus, le projet de loi modifie la Loi sur le régime des rentes du Québec afin
de permettre à certains travailleurs de
65 ans ou plus de faire le choix de cesser de cotiser à ce régime et de
mettre fin à l'obligation d'y cotiser à compter de l'année suivant le
72e anniversaire du travailleur.
Le
projet de loi modifie également la Loi sur la taxe de vente du Québec afin
d'augmenter le droit spécifique sur les pneus neufs de véhicules
routiers.
Par
ailleurs, ce projet de loi modifie la Loi sur les impôts et la Loi sur la taxe
de vente du Québec afin d'y apporter les modifications semblables à
celles qui ont été apportées à la législation fédérale.
Enfin,
ce projet de loi apporte des modifications à caractère technique, de
concordance et de terminologie, vous l'aurez compris.
Je
vais m'abstenir d'énumérer les autres mesures contenues dans le projet de loi
n° 49 puisque ces notes explicatives en font état et que nous
aurons l'occasion de l'examiner plus en détail en commission parlementaire.
J'invite
donc, Mme la Présidente, les membres de cette Assemblée à adopter le principe
du projet de loi n° 49. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député de Beauharnois. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M.
le député de Marguerite-Bourgeoys, je vous cède la parole.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin :
Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Le projet de loi propose plusieurs mesures fiscales, dont
certaines sont intéressantes, évidemment, mais on ne pourra pas voter en faveur
de ce projet de loi là parce que la CAQ manque gravement de vision avec sa
politique fiscale.
Premièrement,
la CAQ modifie des règles fiscales concernant le RRQ mais ne veut toujours pas
réparer l'injustice dont vivent les personnes invalides qui se voient
coupées de leur rente. Il est temps que cela arrête.
En
plus, son manque de vision fait en sorte que nos PME, le coeur de notre
économie, ne pourront pas en bénéficier. Ici, on peut penser aux
déductions pour les petites... les plus petites entreprises.
Lors
de la présentation du budget 2023‑2024, le gouvernement caquiste estimait une croissance
du PIB, qu'elle serait aux alentours
de 0,6 % en 2023. Les institutions financières canadiennes ont plutôt
tablé sur une croissance de 0,3 %. Je dirais même que Desjardins
était à moins 0,2 %, donc une récession pour l'année 2023. On n'a pas
encore les résultats finaux, Mme la
Présidente, mais on sait que le deuxième trimestre était négatif, que le
troisième trimestre était négatif, que, dans le dernier trimestre de 2023, il y a eu la grève du secteur public.
Donc, fort est à parier que le dernier trimestre de 2023 va être aussi négatif. Donc, peu importe le petit
gain qu'on a fait en début d'année, la somme de tout devrait peut-être faire
en sorte que Desjardins, finalement, en bout de piste, aura eu raison.
La CAQ, donc, a surestimé
la croissance économique. Le ministre des Finances a lui-même admis, lors d'une
rencontre, que la croissance économique sera
plus faible que ce qui était envisagé en mars dernier. Pourtant, il n'a pas
ajusté de tir. Dans son budget 2023‑2024, le gouvernement prévoyait une croissance de
1,4 % en 2024. Lors de la mise à jour économique de novembre, la
croissance économique pour 2024 a été révisée à la baisse, de 0,7 %.
Mais
ce qui est encore plus frappant dans tout ça, Mme la Présidente, c'est qu'il
n'y a pas grand façon de s'assurer qu'on
puisse gagner sur la scène internationale. La seule façon de le faire, c'est
d'être de plus en plus productifs. Au Québec, là, je vais vous donner un
exemple, on produit, on fait un produit x qu'aux États-Unis ils sont
capables de faire, qu'en France ils sont capables de faire, qu'en Chine
ils sont capables de faire. Le client, ils sont... bien, en fait, ils sont tout
partout à travers la planète puis ils
décident de choisir entre le produit du Québec, celui de la France, celui de la
Chine ou celui des États-Unis.
Regarde donc ça, toi, une commodité qui coûte plus cher, venant du Québec,
bien, va perdre des parts de marché. La
productivité nous permettrait de pouvoir être plus compétitifs sur le prix.
Bien, c'est ça qui est important, Mme la Présidente.
Depuis
2020 — 2020,
2021, 2022 et 2023, la somme de ces quatre années — la
productivité au Québec, c'est un zéro,
un gros 0 %. La moyenne, depuis ces quatre ans-là sous la CAQ, c'est zéro.
On ne gagne rien avec ça, Mme la Présidente, on perd du terrain.
Un
autre point que je voulais mentionner, c'est le fait qu'il y a, dans la
structure fiscale du gouvernement du Québec, au total, 44 crédits d'impôt qui sont offerts aux différentes
entreprises du Québec. De ce nombre, il y en a 26 qui sont liés à la
création d'emplois ou qui financent le salaire des employés. Dans la situation
actuelle au Québec, de pénurie de main-d'oeuvre,
où on se trouve à avoir, en fait, effectivement, 250 000 postes
vacants au Québec, est-ce que vous pourriez m'expliquer à quoi servent des mesures qui veulent créer des postes
vacants additionnels? Est-ce qu'on peut prendre le temps, ici, de
s'asseoir et de réaliser que ce qu'on a devant nous, c'est quelque chose qui
est totalement illogique?
• (18 h 20) •
En
fait, il faut se questionner pourquoi que le gouvernement veut maintenir ces
crédits d'impôt en place, parce qu'ils sont
contre-productifs. On doit aider nos 262 000 PME. On doit les aider à
être plus productives, acheter de l'équipement, investir dans leurs modèles d'affaires, s'assurer qu'ils sont capables
d'en livrer plus avec ce qu'ils ont ou faire plus avec moins. Puis c'est
ça qui est l'objectif de la productivité. C'est ça qu'on devrait viser, Mme la
Présidente. On a 44 crédits d'impôt, dont 26 sont là pour créer des postes
vacants additionnels. Ça ne tient juste pas la route, Mme la Présidente.
Il
y a une analyse approfondie qui a permis de constater que, majoritairement, ce
sont les grandes entreprises qui s'accaparent une bonne partie de l'aide
gouvernementale des crédits que je vous mentionnais tout à l'heure, alors que
ce sont, de manière générale, celles qui font le plus de recherche et
développement.
D'ailleurs, une étude
concernant la productivité des entreprises au Québec relativement au reste du
Canada, des HEC de Montréal, a fait un
constat assez dur de la situation actuelle de la fiscalité des entreprises au
Québec, et je cite, et ça va être un
peu long : «Une fois qu'on est conscient de cette réalité, on comprend
que, dans sa forme actuelle, la stratégie fiscale au Québec est vouée à
l'échec. La raison ici est fort simple : le gouvernement prêche [déjà aux]
convertis, sans parvenir à convaincre les
entreprises qui se trouvent en marge [de ce] processus. Pour [vous] donner une
idée de l'ampleur du phénomène, on
estime que 88 % de la charge fiscale supportée par les petites entreprises
de la province [juste] en 2017 a été payée par des entreprises qui n'ont
pas reçu de crédits d'impôt.»
Donc,
aucune entreprise n'a reçu des crédits d'impôt, 88 %, puis c'est eux
autres qui ont payé la charge fiscale des entreprises. Donc, en comparaison, cette proportion est de 50 % au
niveau des grandes entreprises. C'est totalement, là, débalancé.
«Pour accélérer le
développement économique de la province — ça, c'est les gens de
l'institut, des HEC qui parlent — le
gouvernement [devrait] donc trouver le moyen de tirer profit de la performance
des petites entreprises, qui échappent visiblement à l'emprise de
[cette] stratégie [peu efficace].
«Plutôt
que de chercher à élargir son offre de services pour [réduire] les petites
entreprises [et essayer de les rejoindre], le gouvernement [produirait des] meilleurs résultats à court terme en
allégeant le fardeau fiscal qu'elles supportent, [en] premier chef en
les exemptant de la cotisation au Fonds des services de santé.»
Ça, c'est une
automatique, et ça fait depuis que je suis au Parti libéral du Québec qu'on le
demande.
«Sans
pour autant garantir que les sommes libérées serviront au financement
d'activités susceptibles d'accroître leur productivité, cette façon de
faire [permettrait cependant] au gouvernement de rejoindre un maximum
d'entreprises plutôt que d'espérer qu'une faible part d'entre elles souscrivent
aux critères de l'appareil gouvernemental.
«Dans
l'absolu, la même mécanique devrait éventuellement s'opérer pour les grandes
entreprises, l'objectif étant de réduire au maximum la stratégie fiscale afin
d'assurer la compétitivité du régime fiscal québécois», Mme la Présidente,
et ce, juste simplement par rapport à l'Ontario.
«Dans cette
perspective, une importante réforme des mesures fiscales [devrait] être
effectuée à plus long terme afin d'éliminer
les mesures [qui sont vieilles, qui sont] sédimentées, et ainsi réduire le coût
et le nombre des crédits proposés. Rappelons
que le coût de la stratégie fiscale au Québec est, toutes proportions gardées,
[...] deux à trois fois plus coûteuse [que celle de l'Ontario], pour des
résultats [qui sont] historiquement décevants.»
Donc, ce
n'est pas moi qui le dis, là, c'est les HEC, et eux font le constat, font cette
analyse et en arrivent à dire que, finalement, là, la façon que c'est
fait ici, c'est de garrocher de l'argent aux poubelles.
«De manière
plus générale, une importante réflexion de fond devra s'amorcer pour sortir
l'appareil gouvernemental de sa
[longue] protection de l'emploi et de [la] croissance de la taille des
entreprises», qui était la façon de faire dans les années 80.
Quand je
mentionnais que c'est un gouvernement d'une autre époque puis qu'ils ne sont
pas capables de s'adapter, c'est malheureusement l'exemple le plus
patent.
Je
finis : «Non seulement les politiques fédérales à l'égard de la concurrence
voient déjà à la protection de ces intérêts, mais cette façon de
considérer le développement économique ne sert clairement pas les intérêts [du
Québec]. À la base de chacune de ses
interventions, le gouvernement [devrait] plutôt tenter de générer les
incitatifs qui seraient normalement offerts
par un marché concurrentiel et qui inciteraient les petites entreprises à se
compromettre dans ce type d'activité. En ciblant seulement les leviers de la compétitivité et en imposant un
terme aux mesures fiscales proposées, le gouvernement sera [...] mieux
outillé pour atteindre ses objectifs en matière de productivité, et devrait
[faire] surpasser l'objectif fixé pour 2036.»
Donc, nous,
on voudrait revoir les structures des crédits d'impôt afin d'aider nos PME,
afin d'aider le coeur de notre économie, afin d'aider les 262 000 PME
qu'on a dans nos 17 régions économiques, Mme la Présidente. Puis, ça, je
pense que ça va bénéficier, l'ensemble du Québec, ça va bénéficier,
l'ensemble de tous les Québécois. Dans ça, il y a notre prochain Bombardier, il y a notre prochain Couche-Tard. C'est important
qu'on puisse les aider. Il faut avoir une vision qui va nous permettre
d'avoir une émergence de notre économie de façon plus compétitive.
Les mesures fiscales dans ce projet de loi là,
le projet de loi n° 49 que le ministre des Finances nous dépose, malheureusement, on ne pourrait pas être en faveur
de ça parce qu'il manque la vision d'un futur Québec qui va être à la
hauteur des aspirations des générations qui nous suivent. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le projet de loi n° 49, Loi donnant suite... Mme
la ministre du Tourisme, vous voulez intervenir sur le projet de loi
n° 49?
Mme Caroline Proulx
Mme
Proulx : Mme la Présidente, l'honorable
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et il en
recommande l'étude à l'Assemblée. Merci, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. Maintenant, le principe du
projet de loi n° 49, Loi donnant
suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le budget
du 21 mars 2023 et à certaines autres mesures, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
M. le leader du gouvernement...
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Sur
division. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la Commission des
finances publiques
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc,
conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 49, la Loi
donnant suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le budget du 21 mars 2023 et
à certaines autres mesures, soit déféré à la Commission des finances publiques
pour son étude détaillée et que le ministre des Finances soit membre de ladite
commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le leader. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Motion adoptée. M. le leader, si... Il reste deux
minutes avant les débats de fin de séance.
M. Lévesque (Chapleau) : ...suspendre,
le temps que...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui. Alors, je vais suspendre les travaux quelques
instants, le temps de permettre aux intervenants, pour le débat de fin
de séance, de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 28)
(Reprise à 18 h 32)
Débats de fin de séance
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant
procéder au débat de fin de séance,
qui portera sur une question adressée par Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger à
Mme la ministre du Tourisme concernant
les retombées économiques présumées de l'investissement du gouvernement
caquiste dans le Stade olympique.
Je vous
rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député qui a
soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps de parole de
cinq minutes, et le député a ensuite un droit de réplique de deux minutes.
Mme la députée, je vous cède immédiatement la
parole.
Remplacement du toit du Stade
olympique
Mme Filomena Rotiroti
Mme
Rotiroti : Merci, Mme la Présidente. Si on est ici ce soir
pour faire ce débat de fin de séance, c'est parce que j'ai eu l'occasion de questionner la ministre
aujourd'hui. J'ai donné deux chances, dans le fond. J'ai questionné par rapport
à l'annonce qu'elle a faite le
5 février dernier concernant le Stade olympique de Montréal, le
870 millions de dollars qu'elle a soulevé, qu'elle a annoncé pour le toit. Et elle déclare aussi le
1,5 milliard de dollars de retombées économiques sur 10 ans.
Très bien.
J'ai demandé
à la ministre qu'elle soumette les études qui démontrent que, un, le
870 millions... Elle se base sur quelle
étude pour démontrer qu'on va avoir un toit qui va faire sa durée? Parce qu'on
parle d'un toit de 50 ans. Et, les retombées économiques de
1,5 milliard de dollars sur 10 ans, très bien, on peut dire :
Bien, on va rentrer dans notre argent, excellent,
mais ça prendrait les études pour qu'on puisse expliquer aux Québécois que
c'est effectivement la bonne décision.
Aujourd'hui... Ça fait deux semaines, Mme la
Présidente, que j'ai fait une demande à l'accès à l'information concernant ces
études-là, et je n'ai pas encore de réponse. Alors, je voulais, parce que je
connais la ministre et sa bonne volonté...
de lui donner l'occasion aujourd'hui, en Chambre, de déposer ces études-là.
Malheureusement, je n'ai pas eu de réponse.
J'ai donné
une deuxième chance à la ministre avec une motion qui a été appuyée par tous
les partis de l'opposition, qui réitérait essentiellement la demande.
Et, si vous me permettez, je vais la relire :
«Que l'Assemblée nationale exige du gouvernement
caquiste qu'il rende publique toute étude concernant les prévisions des retombées économiques en lien avec
l'investissement de 870 M$ pour remplacer le toit du Stade olympique.»
C'est aussi simple que ça. Et malheureusement il
y a eu... même pas eu consentement de la CAQ.
Alors, vous
comprenez que, quand on parle de transparence, quand on parle... Il n'y a pas
plus tard qu'hier, le premier ministre
sort publiquement avec, à ses côtés, la présidente du Conseil du trésor et le
ministre de l'Éducation en nous... en nous annonçant déjà la mauvaise nouvelle,
qu'il y a un plus gros déficit, il a anticipé... on va avoir un plus gros
déficit qu'il pensait, et là on fait
des annonces, des montants assez substantiels, mais on n'est pas capables de
savoir ces annonces-là sont basées sur quoi.
Alors, je ne
pense pas que la demande est déraisonnable. Je pense que, quand on veut être un
gouvernement rigoureux et qu'on
dépense l'argent des contribuables, il faut quand même être capable de
justifier et de rassurer que les Québécois... de rassurer les Québécois
que cet argent-là est bien dépensé.
Alors, Mme la
ministre... Mme la Présidente, je vais donner une troisième chance à la
ministre, ce soir, d'être capable, pas
de me parler de... La question est très simple, est très simple : Est-ce
qu'elle a des études, oui ou non? Et, si elle les a, bien, très bien, je lui donne l'occasion de les
déposer pour qu'on puisse toutes les étudier et en prendre connaissance. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée. Mme la ministre,
je vous cède la parole.
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx : Merci, Mme la
Présidente. Plaisir de vous voir.
L'indifférence crasse des précédents
gouvernements en ce qui a trait au remplacement de la toiture du Stade olympique, nous, on a décidé de régler le dossier
une fois pour toutes, Mme la Présidente. Et, à mon arrivée au ministère,
il y a près de ça cinq
ans et demi, on était encore sous la Loi de la Régie des installations
olympiques. Puis, on se rappellera, Robert
Bourassa avait décidé de mettre la ville de Montréal sous tutelle, carrément,
pour être en mesure de livrer, donc, les Jeux olympiques de 1976.
Depuis ce temps-là, il y a eu moult rapports, Mme
la Présidente, dont un rapport très sérieux de Mme Bissonnette, qui a été publié en 2012, où il y avait une série
de recommandations de Mme Bissonnette, avec un groupe d'experts, entre
autres des ingénieurs, qui faisaient la
liste des éléments qui devaient être traversés en vue du remplacement de la
toiture du Stade olympique. 2012, Mme
la Présidente. Eh bien, il y a eu le gouvernement du Parti libéral, Mme la
Présidente, qui a été au gouvernement
pendant de nombreuses années, et, la recommandation première de
Mme Bissonnette, de changer la Loi sur la Régie des installations olympiques, le gouvernement libéral n'a
même pas eu ce courage-là. Et qu'est-ce que ça permet, de changer la
loi? Bien, on faisait du Stade olympique non pas un régisseur de travaux mais
une société commerciale. Parce que, les libéraux,
qui laissent ça sous la RIO, qu'est-ce que ça fait, Mme la Présidente? Bien, ça
fait qu'il ne peut pas y avoir
d'investissements privés au Stade
olympique. Pourquoi, me
demanderez-vous? Parce que, sous la Régie des installations olympiques, toute demande, par exemple, de bail, que ce
soit pour la tour ou encore une concession, à travers la Régie des installations olympiques devait
impérativement passer par le ou la présidente du Conseil du trésor, et où les
baux d'une durée maximale de trois à cinq ans uniquement étaient consentis.
Alors,
Mme Bissonnette, à l'époque, disait : Pour pouvoir amener davantage
de commerces au Stade olympique, on doit impérativement changer la loi,
en faire une société commerciale. Et là le Parti libéral du Québec n'a absolument
rien fait sur le changement d'une loi qui,
je me souviens, avait quand même amené certains débats en commission
parlementaire au sujet de son président.
Les
années passent, 20 000 déchirures. On fait face à un processus de
dégradation. Démanteler la toiture, on était dans un an ou deux,
hiverner, ça s'en venait, et fermer définitivement, donc, le Stade olympique.
Plus
spécifiquement, le Parc olympique a généré des retombées économiques évaluées à
près... 1 milliard et demi de dollars sur 10 ans. Il était
hors de question pour notre gouvernement de laisser filer ces
investissements-là. Or, avec le remplacement
de la toiture, qui, je le rappelle, ces sommes-là ont été provisionnées de
façon responsable depuis cinq ans et demi, voici la déclinaison. Il y a des ententes entre le consortium et le parc
qui vont demeurer, donc, secrètes entre les deux partenaires, mais voici
ce qu'on est en mesure de détailler.
150 milliards
de dollars par année pour engendrer des recettes fiscales, pour le gouvernement
du Québec, de l'ordre de 20 millions de dollars par année. Donc,
sur 10 ans, 200 millions.
Remplacement de la toiture va permettre de doubler
le nombre de visiteurs payants, de 1 à 2 millions, tripler les revenus bruts, de 23 à 61 millions, donc
610 millions sur 10 ans, multiplier par 10 les recettes nettes des
activités commerciales, de 2,1 à
20 millions. Donc, on parle, sur 10 ans, parce qu'on parle
évidemment sur 10 ans, de 200 millions de dollars sur
10 ans.
Remplacement
de la toiture, aussi, en termes de retombées économiques et de ce que ça va
générer, Mme la Présidente : multiplier
par cinq le nombre d'événements — je
vous rappelle qu'entre novembre et avril, trois centimètres de neige, la
Régie du bâtiment du Québec nous interdit
d'opérer quelque activité que ce soit dans l'enceinte du Stade olympique — accueillir
deux grands... deux à quatre concerts,
grands concerts par année au minimum, d'accueillir régulièrement des événements
sportifs de toute nature, et repositionner
Montréal comme étant une escale incontournable des tournées des vedettes internationales, et développer évidemment sa
programmation de foires, de salons, de festivals dans l'enceinte, qui... comme je le rappelle, Mme la Présidente, c'est
impossible d'être tenu présentement compte tenu des indications de la Régie du
bâtiment du Québec qui nous interdit, donc, d'opérer lorsqu'il y a trois
centimètres sur le Stade olympique.
• (18 h 40) •
Nous
en avons fait une société commerciale, ce que le Parti libéral n'a pas fait
durant leurs années au pouvoir. En faire une société commerciale, Mme la
Présidente, c'est pour rentrer des revenus autonomes mais également générer
de la richesse, de développer et de
repositionner l'est de Montréal et de redonner tout le symbole à l'emblème
qu'est le Stade olympique du Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la ministre. Maintenant, je cède la parole, pour son droit de réplique,
à Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme
Filomena Rotiroti (réplique)
Mme Rotiroti : Merci, Mme la Présidente.
J'aurais pu épargner le temps de la ministre, parce qu'elle m'a lu le communiqué, exactement, mot pour mot, là, de...
Qu'est-ce qu'elle vient de dire, là, c'est dans son communiqué qui est déjà
public.
Alors,
force de constater qu'encore une fois la ministre, là, elle donne des chiffres.
Elle parle de centaines d'événements
par année. Très bien, ils prennent ça où? 1 million à 2,1 millions de
visiteurs. Très bien, c'est calculé comment? Elle dit qu'on va passer de 68 millions de dollars... de près de
100 millions de dollars. Très bien, on veut savoir comment. C'est
où qu'elle prend ces calculs-là?
Alors,
on peut parler de transparence, manque de transparence crasse de ce
gouvernement-là qui n'est pas capable d'expliquer
aux Québécois comment qu'il va dépenser son argent. C'est ça, Mme la ministre,
parce que, de... que je sache, vous avez eu trois chances aujourd'hui puis vous
n'êtes pas capables de justifier. Vous n'êtes pas capables de justifier,
de regarder les Québécois dans les yeux et
leur dire que vous allez dépenser leur argent, et vous n'êtes pas capables
d'expliquer comment. Ça, Mme la
Présidente, c'est le gouvernement qu'on a en face de nous. On peut bien avoir
des déficits. Bien, ils ne savent pas compter. C'est un... C'est un
gouvernement de comptables qui ne savent pas compter.
Alors, moi, je déplore sincèrement, là, que la
ministre, après la question que j'ai posée, après la motion qu'on a déposée, elle a le courage d'arriver ce soir et
me lire son communiqué qu'elle a déposé à son point de presse le
5 février. C'est ça, les études qu'elle a?
Sans
vous parler, là, que... On peut se questionner, Mme la Présidente. Elle parle
de 2 milliards de dollars que ça coûterait,
sinon plus, pour démolir. L'étude qu'on a eue, là, tient sur une page, même pas
un recto verso. C'est une indexation d'une étude qui a été faite en
2009. Ça, c'est du sérieux? C'est ça qu'on a en face de nous. C'est ça qui gère
le Québec, Mme la Présidente. C'est ça, le
gouvernement qu'on a devant nous, qui gère le Québec. Alors, on veut parler, on
peut parler de manque de transparence du gouvernement caquiste.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Cela met fin aux débats de fin de séance.
Ajournement
Compte tenu de l'heure, les travaux sont
ajournés au mercredi 21 février 2024, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 43)