(Neuf heures quarante minutes)
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, bonjour à toutes, bonjour à tous. Prenez
place, nous allons débuter nos travaux.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Avant même de
commencer à la rubrique Déclarations des députés, j'aimerais avoir le
consentement de cette Chambre afin
que notre collègue la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata puisse prononcer sa déclaration avec son chandail de hockey.
Est-ce que j'ai le consentement de la Chambre?
Des voix : Consentement.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Consentement. Merci beaucoup. Alors, la parole
revient à Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Souligner la tenue du match en rose des 3 L au
profit de la Fondation du cancer du sein
Mme Amélie Dionne
Mme Dionne : Merci beaucoup, M. le
Président. Aujourd'hui, je tiens à souligner la mobilisation et la solidarité
de ma communauté pour une cause qui me touche droit au coeur, la lutte contre
le cancer du sein.
Le
2 février dernier se tenait le match en rose des 3 L, notre équipe de
hockey louperivoise de la Ligue nord-américaine.
Sous la présidence d'honneur de Marie-France Roussel, l'organisation a remis
une somme record de 30 000 $ à la Fondation du cancer du
sein. Le rose était à l'honneur partout, aux quatre coins de la ville, et
plusieurs initiatives entourant le match furent organisées avec
plusieurs partenaires.
M. le
Président, je tiens à souligner aujourd'hui la présence, dans nos tribunes, de
Cindy Simard, Christian Lévesque, Stéphanie
Landry, de l'organisation des 3 L, Patrick Ouellet, partenaire majeur, et
Marie-France Roussel, présidente d'honneur.
Au nom de
tous les citoyens, je tiens à vous exprimer toute ma gratitude pour avoir réussi
à mobiliser toute une communauté en créant un véritable mouvement de solidarité
empreint d'espoir pour nos femmes et leurs familles qui luttent contre
le cancer du sein. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata. Et je reconnais maintenant Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Souligner le 75e anniversaire du déclenchement
de la grève de l'amiante
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme
Cadet : M. le Président, je vous invite à me suivre pour
un voyage dans le temps. Direction : la ville d'Asbestos en 1949.
À cette
époque, le Québec fournit 85 % de l'amiante dans le monde. La ville
d'Asbestos, en Estrie, est le premier producteur mondial de ce minerai.
Le
14 février 1949, 2 000 mineurs d'amiante d'Asbestos, aussitôt
suivis par 3 000 mineurs de la région de Thetford Mines, déclenchent une grève qui allait
durer pendant près de cinq mois et marquer l'imaginaire de tout un peuple.
Parmi les revendications, on compte
notamment la hausse du salaire horaire à 1 $ de l'heure, des journées
fériées payées et des mesures pour limiter la poussière d'amiante qui
cause des maladies.
Aujourd'hui,
l'Association des victimes de l'amiante du Québec tient à souligner le courage
de ces hommes et de ces femmes qui se
sont battus pour obtenir des meilleures conditions de travail, notamment dans
l'espoir de ne plus mourir d'une
maladie causée par leur travail. Plusieurs mesures ont été adoptées depuis
cette grève historique concernant la santé et la sécurité au travail, mais l'AVAQ insiste sur l'importance de ne
pas oublier les leçons du passé concernant les dangers d'une exposition
à la fibre d'amiante...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci.
La parole revient maintenant à M. le député de Masson.
Souligner les activités tenues
dans le cadre de la Saint-Valentin
dans la circonscription de Masson
M. Mathieu Lemay
M. Lemay : M. le Président, en ce jour de la Saint-Valentin,
journée où nous célébrons l'amour partout en province, j'aimerais profiter de cette déclaration pour
souligner les coups de coeur de Masson, car, M. le Président, croyez-moi, dans
Masson, il y a de l'amour partout.
D'ailleurs,
l'organisme TDL Lanaudière, qui travaille avec des gens vivant avec un trouble
développemental du langage, organise
un brunch de la Saint-Valentin le 18 février prochain au Chez-nous du
communautaire. De l'autre côté du comté, la bibliothèque de Lachenaie
profite du mois de février pour proposer des lectures dans le cadre du mois Coup de coeur!. Et, pour ceux qui n'ont pas encore
de plan avec leur valentin, ne passez pas à côté de l'opportunité de déguster
un bon souper en amoureux au restaurant Les
Têtes brûlées, puisque votre souper sera préparé par le chef Thomas Deschamps,
notre fier représentant à la toute dernière édition du Championnat culinaire
canadien.
Et,
en terminant, M. le Président, mon coup de coeur personnel, je le dédie à ma
tendre épouse des 24 dernières années, la merveilleuse Nancy.
Bisous, mon amour. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Masson. Au tour, maintenant, de Mme la députée de
Sherbrooke.
Souligner le Mois de l'histoire des Noirs
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci, M. le Président. On célèbre actuellement le
Mois de l'histoire des Noirs, alors je veux en profiter pour souligner
le travail de tous les organismes de ma région qui contribuent à faire
connaître l'histoire des communautés noires,
à faire rayonner leur apport à notre vie collective, mais aussi à nous faire
réfléchir sur les enjeux vécus par les personnes noires au Québec.
Ce
n'est pas tout le monde qui le reconnaît, malheureusement, mais il y a encore
du racisme systémique au Québec. Les
parents qui élèvent un enfant noir actuellement vivent encore des inquiétudes
que d'autres parents ne partagent pas par
rapport à la sécurité de leurs enfants. Les personnes noires qui se font
interpeler par la police vivent des inquiétudes que les personnes
blanches ne vivent pas, et, malheureusement, les données montrent que ces
inquiétudes sont trop souvent fondées. Les
données montrent aussi que la discrimination sur le marché du travail est
encore bien présente, autant pour l'accès à un emploi que pour le
salaire, même avec un taux de diplomation supérieur.
Alors,
j'invite mes collègues députés à prendre le temps d'écouter les personnes qui
vivent du racisme systémique pour
mesurer l'ampleur des conséquences sur la vie quotidienne des personnes
racisées. C'est le premier pas pour reconnaître que ça existe. Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Sherbrooke. Et je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Rendre hommage à la Dre Chantal Simard
Mme Kariane Bourassa
Mme Bourassa : Merci, M. le Président.
En cette journée de Saint-Valentin, je veux rendre hommage à une femme qui a offert quatre décennies de loyaux services à
veiller sur la santé de notre communauté, la Dre Chantal Simard, qui
prend sa retraite.
La
Dre Simard est une véritable pionnière. Elle fut la première femme médecin à
s'installer dans notre région. Elle a
fait tomber les barrières et pavé la voie à de nombreuses femmes dans le
domaine médical, dans Charlevoix. En 1982, elle a été au coeur de la
fondation de notre clinique médicale, aujourd'hui transformée en coop santé.
Dre
Simard a aussi joué un rôle crucial dans le maintien du statut de traumatologie
de l'Hôpital de Baie-Saint-Paul, garantissant des soins vitaux à portée
de main à nos citoyens.
À
l'aube de sa retraite, Dre Simard s'engage à continuer de s'impliquer et elle
travaille excessivement fort pour trouver un ou une remplaçante pour le
bien-être de ses patients.
Alors, bonne retraite
et, encore une fois, félicitations pour tout ce que vous avez accompli!
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Et je reconnais maintenant Mme la députée de Robert-Baldwin.
Souligner la Journée internationale des femmes et des
filles de science
Mme Brigitte B. Garceau
Mme
Garceau : Merci beaucoup, M. le Président. C'est avec grand
plaisir que je prends la parole aujourd'hui afin de souligner la Journée
internationale des filles et des femmes en science, qui a été célébrée dans le
monde entier le 11 février dernier.
Cette journée est aussi l'occasion de
promouvoir l'accès et la participation pleine et égale à la science pour les
femmes et les filles. Le thème de
cette année : Inspirons l'inclusion. Lorsque nous incitons les autres à
valoriser l'inclusion des femmes en science, nous forgeons un monde meilleur
et donnons aux femmes les moyens de réaliser leur passion.
Que
cette journée rappelle aux générations futures de femmes et de filles les
réalisations de femmes scientifiques et
innovatrices qui ont surmonté les barrières et les préjugés, qui nous inspirent
et qui nous... qui continuons à faire des progrès significatifs dans
diverses disciplines scientifiques.
Célébrons
les femmes et les filles qui changent le Québec par leur contribution dans les
domaines scientifiques et continuons à les inspirer pour qu'elles
puissent réaliser tout leur potentiel. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Robert-Baldwin. Et la parole
est maintenant à Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Souligner le succès du programme Initiation sport-réussite
éducative
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy : M.
le Président, les Journées de la persévérance scolaire ont pour objectif de
rappeler que nous pouvons tous jouer un rôle
pour motiver les jeunes et les aider à persévérer. C'est pourquoi je suis fière
d'accueillir dans nos tribunes des
gens dévoués et engagés envers la réussite de nos jeunes : M. le maire de
Saint-Liboire et quatre membres de l'équipe-école Henri-Bachand.
Grâce
à leur implication, M. le Président, les élèves du troisième cycle du primaire
peuvent participer au programme Initiation
sport-réussite éducative pour une 15e édition. Ce programme, unique au
centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe,
permet aux élèves de bénéficier, tous les 10 jours, d'une heure
supplémentaire d'anglais et de musique et
de deux heures consécutives d'éducation physique. Année après année, ce
programme a un impact positif sur la motivation, l'apprentissage et le
bien-être de nos jeunes.
Félicitations
et merci à la municipalité de Saint-Liboire, aux enseignants, au personnel qui
rendent ce programme possible! Merci.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Saint-Hyacinthe. Et je cède maintenant la parole à M. le
député de Camille-Laurin.
Souligner le 35e anniversaire de l'organisme
Solidarité Mercier-Est
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Merci, M. le Président.
J'aimerais souligner les 35 ans de Solidarité Mercier-Est, un organisme-phare dans ma circonscription de Camille-Laurin.
Cet anniversaire, c'est bien plus qu'une simple commémoration, il s'agit d'une reconnaissance et d'une
célébration de l'engagement exceptionnel de cette table de concertation dans
notre quartier.
Ensemble,
nous sommes tous témoins de la manière dont cet organisme réussit à tisser des
liens solides entre les acteurs du
quartier. Et, que ce soit à travers des projets sociaux, des initiatives
éducatives, Solidarité Mercier-Est joue un rôle crucial dans l'amélioration de la qualité de vie de nos citoyens. C'est
en se penchant sur des enjeux réels comme l'itinérance, le logement, la sécurité alimentaire et en se
basant sur l'expertise de ses membres que la table répond aux besoins et
apporte des changements politiques... des changements positifs, pardon.
Donc,
les 35 ans de Solidarité Mercier-Est sont un rappel de l'importance de la
collaboration. Bravo aux employés! Bavo aux bénévoles de cet organisme!
Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Camille-Laurin. Et je reconnais maintenant M. le député
de Joliette.
Rendre hommage à M. Jean-Claude Chagnon
M. François St-Louis
M. St-Louis :
Merci, M. le Président. Le
12 décembre dernier, j'ai eu le plaisir et l'immense privilège de décerner
la Médaille du député de l'Assemblée
nationale à un homme d'exception, un homme pour qui j'ai non seulement un
immense respect, mais surtout pour
qui j'ai une très, très grande admiration. J'aimerais donc, aujourd'hui en
cette Chambre, saluer le parcours exemplaire de M. Jean-Claude
Chagnon.
Permettez-moi
d'abord, M. le Président, de souligner son implication hors du commun ainsi que
son dévouement légendaire. Le milieu
communautaire et philanthropique du Grand Joliette ne serait pas ce qu'il est
sans lui. Depuis plus de quatre
décennies, il est, pour notre communauté, le visage de l'entraide et du don de
soi, une force tranquille qui a marqué et qui continue encore
aujourd'hui de marquer de bonne et de belle façon la communauté du Grand
Joliette.
Merci, Jean-Claude.
Merci pour tout ce que tu fais chaque jour pour les plus démunis. Merci d'être
l'humain exceptionnel que tu es.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Joliette. Et la
parole revient maintenant à M. le député de Saint-Jean.
Souligner la coordination des actions en matière
d'itinérance à Saint-Jean-sur-Richelieu
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : M.
le Président, Saint-Jean-sur-Richelieu est toujours aux prises avec un enjeu
social triste mais bien de notre temps et
tellement important, la montée de l'itinérance, qui s'est fait sentir pendant
la pandémie et qui est restée problématique depuis.
On
s'est débrouillés avec les moyens du bord, mais, depuis, on s'organise. Et,
depuis le sommet national de l'automne dernier,
à Québec, que nous travaillons pour coordonner les efforts de tous les niveaux
de gouvernance pour être plus efficaces et mieux répondre à ces nouveaux besoins chez nous en épaulant le
terrain. Des travailleurs sociaux font maintenant équipe avec les policiers, les travailleurs de rue sont à
pied d'oeuvre, et, en plus d'un centre de jour, ce qui était, il n'y a pas si
longtemps, la halte-fraîcheur l'été et la
halte-chaleur l'hiver est devenu une ressource permanente de nuit. Le Spot,
comme on l'appelle, est maintenant
ouvert sept nuits sur sept depuis que le CISSS de la Montérégie-Centre a
répondu à l'appel pour financer cette installation de dernier recours.
Nous
travaillons ensemble parce que c'est ensemble que nous y arriverons pour des
citoyens qui ont tellement besoin de nous. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Saint-Jean. Au tour, maintenant, de Mme la députée de
Bellechasse.
Souligner le 275e anniversaire de la municipalité
de Saint-Charles-de-Bellechasse
Mme Stéphanie Lachance
Mme Lachance : M. le Président, 2024
marque le 275e anniversaire de la municipalité de
Saint-Charles-de-Bellechasse. Permettez-moi de saluer M. Pascal
Rousseau ainsi que M. Yvon Bernier, qui sont présents dans nos tribunes.
Fondée
en 1749 du démembrement de Saint-Étienne-de-Beaumont, cette communauté a
prospéré au fil des siècles. De la concession des terres par son
fondateur Charles Couillard à aujourd'hui, son histoire est riche en événements
marquants.
M.
le Président, les quelque 2 700 citoyens de Saint-Charles peuvent
être fiers. Tout au long de l'année, les festivités animeront
Saint-Charles, seront un clin d'oeil à la richesse de son histoire.
Permettez-moi de féliciter tous les élus, les employés,
les bénévoles, les membres du comité des loisirs, dont Marie-Christine Dallaire
est le maître d'oeuvre, mais aussi tous les partenaires et les commerces
qui permettent de dynamiser cet événement.
Bon 275e,
Saint-Charles!
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Bellechasse. Et au tour,
maintenant, de M. le député de Chauveau.
Souligner les Journées de la persévérance scolaire
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque
(Chauveau) : Merci beaucoup, M. le Président. Cette semaine se
déroulent les Journées de la persévérance
scolaire 2024 sous le thème Pour leur futur, persévérer se conjugue toujours
au présent. À cette occasion, il me
fait plaisir de souligner les efforts remarquables que font les élèves des écoles
secondaires, de la formation professionnelle et des écoles des adultes
de Chauveau. Et je leur remets cette semaine, M. le Président, une bourse
scolaire à nombreux d'entre eux.
Depuis
quelques années, la façon de vivre à l'école des élèves a été bouleversée.
Malgré tout, ils ont su s'adapter d'une
manière significative et ont fait preuve de résilience. À vous, chers élèves de
la circonscription de Chauveau, sachez que je suis fier de vous. Vous
avez toute mon admiration. Et je veux remercier particulièrement les
enseignantes, les directions d'école ainsi
que les membres du personnel, qui font que les élèves persévèrent au quotidien.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Chauveau. Alors voilà qui met
fin à la rubrique Déclarations des députés. Je remercie chacun de vous pour vos
déclarations.
Nous allons suspendre
les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise
à 10 h 04
)
La Présidente :
Mmes et MM. les députés, chers
invités, en cette journée de l'amour, tiens, nous allons nous recueillir
quelques instants.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À
la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre de la Santé. M. le ministre de
la Santé? M. le ministre de la Santé.
M. Dubé : Avec
plaisir.
La Présidente :
Déposez.
M. Dubé : Avec plaisir. Merci, Mme la Présidente. Ça va être
très simple. Permettez-moi de déposer les comptes de la santé pour 2021‑2022,
2022‑2023 et 2023‑2024. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Présidente : Ce document est déposé. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Bonjour, Mme la
Présidente. Je dépose la réponse du gouvernement à la question inscrite au
feuilleton le 8 décembre 2023 par le député de l'Acadie. Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente : Ce document est déposé.
Pour
ma part, je dépose le rapport du Commissaire à la langue française intitulé Immigration
temporaire : choisir le français.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, je reconnais maintenant Mme la députée de La Pinière.
Mettre sur pied une navette
entre Brossard et l'arrêt Robert-Bourassa
à Montréal comme mesure de mitigation jusqu'à l'inauguration
de la station Griffintown—Bernard-Landry
Mme Caron : Merci, Mme la Présidente. Alors, je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
515 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que les usagers de la Rive-Sud pouvaient, jusqu'à l'entrée en fonction du
Réseau express métropolitain — REM — descendre de
l'autobus 90 du RTL à l'angle de Robert-Bourassa et William à Montréal;
«Considérant que cet
arrêt était très utilisé par les travailleurs de la Cité du Multimédia et du
Vieux-Montréal;
«Considérant que cet
arrêt n'est pas desservi par le REM;
«Considérant
que le REM prévoit construire la station Griffintown—Bernard-Landry au niveau de la rue William
à Montréal;
«Considérant que, même
si cette station n'ouvrira pas avant 2027, les promoteurs du secteur versent
déjà une redevance pour financer le REM;
«Considérant
que la navette 874 mise sur pied par la STM depuis l'entrée en fonction du
REM ne répond pas aux besoins des travailleurs de la Rive-Sud, car elle
vient doubler, voire tripler leur temps de parcours;
«Considérant
que l'article 3.4.3 de l'Entente d'intégration entre l'Autorité régionale
de transport métropolitain et Projet REM SEC permet à l'Autorité de
mettre sur pied un service dans l'axe du pont Samuel-De Champlain lorsque
Projet REM SEC n'offre pas un service conforme à l'entente;
«Considérant
que l'ajout d'une navette du RTL faciliterait le plan de relève en cas de panne
du REM, notamment en maintenant une voie réservée sur le pont Samuel-De
Champlain;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec de mettre sur pied, comme
mesure de mitigation, une navette
entre Brossard et l'arrêt Robert-Bourassa à Montréal et de maintenir cette
mesure jusqu'à l'inauguration de la station Griffintown—Bernard-Landry.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales, et
je cède la parole, en question principale, au chef de l'opposition
officielle.
Accès
à l'information sur le projet d'usine de Northvolt
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Vous le savez,
pour nous, au Parti libéral du Québec, l'économie, c'est à la base de tout, à la base de notre
capacité à créer la richesse pour payer nos services publics puis avoir des
finances publiques en ordre.
Le
premier ministre veut qu'on parle de Northvolt, on va parler Northvolt. Et j'ai
des questions pour lui. Alors, s'il peut
se rendre à l'onglet Northvolt. Et j'espère qu'il y a plus d'une page, parce
qu'on a plusieurs questions pertinentes, parce qu'on parle d'un projet, oui, qui a un potentiel extraordinaire, mais,
quand c'est mal ficelé, mal présenté et qu'on a l'impression, collectivement, qu'il y a eu des échappatoires,
pas de date, on modifie les règles pour plaire à Northvolt, ça n'aide pas à
l'acceptabilité sociale.
Ce
qui faisait dire à Michel C. Auger, samedi dernier, on l'a tous lu, puis je
vais en citer un bref extrait, ce qui suit : «Il y a maintenant un problème d'acceptabilité
sociale, pas parce qu'en soi c'est un mauvais projet, mais parce qu'il y a trop
de questions sans réponse de la part du
gouvernement pour qui la cause était déjà entendue avant même son annonce. Sur
ce point, le gouvernement [caquiste] ne peut s'en prendre qu'à lui-même.»
Donc,
le premier ministre disait aux Québécois, malheureusement, puis ça, c'est une
déclaration malheureuse, où il disait
aux Québécois : Changez d'attitude, sinon, des projets de même, il n'y en
aura pas, puis ça va finir là. Le premier ministre doit, lui, répondre à
nos questions.
J'ai
deux questions simples toutes simples pour lui, j'espère qu'il a les réponses :
Le gouvernement s'est engagé à fournir combien de mégawatts pour
l'ensemble du projet, phases I, II, III, et à quel prix?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente. Bien, je suis content
parce que les choses sont claires, maintenant. On sait, on se souvient tous du chef libéral Philippe
Couillard qui disait : C'est dépassé, les barrages. Nous, on ne pense pas
que c'est dépassé. Et, Mme la
Présidente, il y a une opportunité extraordinaire actuellement pour le Québec,
pour le prochain siècle, de changer l'économie du Québec en accueillant
des entreprises de l'économie verte.
Donc,
Mme la Présidente, il y a Northvolt, on pourrait dire aussi qu'il y a GM, il y
a Ford, il y a Volta, il y a toute une filière qui est attirée actuellement par
le Québec. Ce qu'on fait, Mme la Présidente, quand vient le temps de faire une
entente avec une entreprise comme Northvolt, c'est qu'on s'assure que les
retombées économiques excèdent ce qui est donné par le gouvernement. Qu'est-ce qui est donné par le gouvernement?
Bien, entre autres, il y a un prix avantageux sur l'électricité. Effectivement, aujourd'hui, quand
on regarde le prix de l'électricité, même au niveau industriel, il est plus bas
que ce qu'on peut appeler le coût marginal.
Donc, il doit y avoir des retombées pour la différence entre le coût marginal
et le coût qui est offert à l'entreprise. Mais, Mme la Présidente, je pense que
le ministre de l'Économie est très rigoureux. À chaque fois qu'on aide
une entreprise, c'est parce qu'on s'assure que les Québécois...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : ...vont
recevoir plus que ce qui est offert à l'entreprise.
• (10 h 10) •
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, j'essaie beaucoup, à matin, de
me parler puis d'aider le premier ministre à vendre aux Québécois — plutôt
que de leur dire «changez d'attitude» — le projet Northvolt. J'essaie
beaucoup. Donc, je suis conscient, puis
qu'il me détrompe si j'ai tort, qu'il ne le sait pas. Combien de mégawatts ont
été promis, parce que le deal est déjà fait, si vous me
permettez l'expression, a été promis, phases I, II, III, et à quel
prix? Et je veux entendre ça de la bouche de mon premier ministre.
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Économie, de l'Innovation et
de... l'Énergie, pardon. On l'écoute.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
Mme la Présidente, juste un peu
un rappel sur la situation. On se rappelle que le projet de loi n° 2
attribue au ministre de l'Économie
l'attribution des mégawatts en haut de cinq mégawatts. Maintenant, on va dire
que le projet de Northvolt a été approuvé avant, donc c'est Hydro-Québec
qui a accordé les mégawatts au projet Northvolt.
Deuxièmement, la tarification n'est
pas une tarification qui est décidée par le ministre de l'Économie ni par le
premier ministre. La tarification au
tarif L est attribuée à tous les projets industriels. Donc, Northvolt, M.
le chef de l'opposition, a la même tarification que toutes les
entreprises industrielles du Québec. Donc, c'est parfait.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : On avance. J'aimerais ça que le premier ministre
s'intéresse au dossier et ait ces réponses-là. Il ne peut pas, comme
premier ministre du Québec, nous vendre Northvolt et ne pas avoir ça dans son
cahier.
Alors,
on vient d'apprendre que le tarif, ça va être le tarif L. Est-ce que ce
sera le tarif L avec une réduction additionnelle, oui ou non?
Et
je repose ma question au premier ministre : Combien de mégawatts? On
court, au Québec, après les mégawatts, on court après. Phases I,
II, III, combien de mégawatts ont été engagés avec Northvolt?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
Mme la Présidente, le chef de
l'opposition ne suit pas ce qui se passe ici, parce qu'on a annoncé
récemment qu'il y a seulement un tarif, c'est le tarif L. Il y avait un
programme qui s'appelait le tarif L moins 20 qui a été éliminé par le ministre des Finances il y a
quelque mois, qui a été annoncé, d'ailleurs. Donc, il faut comprendre ce
qui se passe avant de faire des
affirmations. Northvolt va payer le même prix que toutes les entreprises
industrielles du Québec, et c'est la bonne chose pour le Québec.
Pour
le nombre de mégawatts, c'est une couple de centaines de mégawatts, et c'est
Hydro-Québec qui a alloué les mégawatts, ce n'est pas le gouvernement,
comme ça devait être le cas à l'époque.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Il ne peut pas dire, Mme la Présidente :
C'est Hydro-Québec qui gère ça. C'est le superministre, voyons donc, de l'Énergie, il est au courant de tout,
puis là il s'est arrogé le pouvoir de donner des projets de plus de
5 000 mégawatts et plus.
Alors, tarif L, parfait, cinq mégawatts et plus. Tarif L, parfait. On
ne sait pas ce qui a été promis pour phases I, II, III en termes de
mégawatts.
J'ai
une autre question. Alors que le premier ministre disait, en septembre, que la
rentabilité sera sur 5-9 ans, le fédéral dit 11 ans. Il y a
une grosse marge. Qui dit vrai? La rentabilité...
La Présidente :
La réponse du ministre.
Des voix :
...
M. Pierre Fitzgibbon
M.
Fitzgibbon : On a le même cahier, ce n'est pas grave. Alors...
Des voix : ...
La
Présidente : C'est beau, l'amour.
Alors, il n'y aura
qu'une seule réponse. Et là vous perdez votre propre temps. La réponse du
ministre.
M.
Fitzgibbon : Alors, Mme la Présidente, comme dans tous les projets qui
sont évalués par le gouvernement du Québec,
effectivement, nous avons toujours une période à laquelle nous voulons un
remboursement des subventions ou des
prêts pardonnables. Généralement, c'est entre cinq et sept ans. Dans le cas de
Northvolt, considérant ce qui va arriver pour la filière batterie, hier j'ai mentionné ici, dans cette Chambre,
qu'il y avait 16 milliards d'investissement, qui, en passant, a 11 milliards du 16 d'investissement privé,
c'est transformateur pour l'économie du Québec, dans ce cas-là, la période de
remboursement...
La
Présidente : En terminant.
M.
Fitzgibbon : ...si on inclut la provision pour le RRE, va être de
10 ans.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Pontiac.
Aide aux producteurs agricoles
M. André Fortin
M. Fortin : Mme
la Présidente, chaque jour, quand on se présente ici, à l'Assemblée nationale,
on ne sait pas toujours ce qui nous
attend. Mais, peu importe le jour, peu importe l'actualité, il y a une
constante, et ça, c'est le silence ahurissant du ministre de l'Agriculture par rapport aux grandes difficultés
financières que vit la communauté agricole en ce moment.
Parlant
d'économie, là, les faillites dans le secteur agricole, chez les entreprises
agricoles, ont augmenté de 23 % cette année. Les agriculteurs vivent de plus en plus sur leur marge de crédit.
Et, malgré les demandes répétées de l'UPA, les associations de fraises et framboises, de producteurs de fraises et
framboises, de producteurs de pommes de terre, de producteurs de
légumes, le ministre refuse de leur offrir une aide directe.
Petite
prédiction, Mme la Présidente : dans quelques instants, il va nous
lever... il va nous expliquer l'ensemble des mesures qui sont financées
par son ministère, même si elles seront financées en grande partie par les
producteurs.
Mais
j'ai une question toute simple pour le ministre : Est-ce qu'il considère
vraiment que ça va bien, aujourd'hui, en agriculture, au Québec? Parce
que c'est la seule affaire qui peut expliquer son inaction.
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
Bien, Mme la Présidente, le
secteur agricole a connu, en 2023, une année excessivement difficile, puis ce qui était particulier de cette année-là,
c'est qu'on a eu des enjeux d'eau, de beaucoup d'eau, de sécheresse, des feux
de forêt. Alors, ça a été comme une
conjoncture, si on veut, de plusieurs facteurs, qui fait, ensemble, que ce
n'est pas seulement qu'une région du
Québec, mais c'est plusieurs régions du Québec puis plusieurs filières qui ont
été affectées par cette situation-là, Mme la Présidente.
Puis
ce qu'on a fait, c'est... à partir du mois de juin, fin mai, on a créé un
groupe de travail avec différentes filières, avec l'UPA, on a invité La
Financière agricole à déployer tous les outils qu'elle avait pour accompagner
les producteurs et les productrices
dans cette situation-là, on a mis de l'avant, Mme la Présidente, un fonds
d'urgence. Et tout ça, ça s'inscrit dans une continuité. Au moment où on
se parle, là, on est en contact avec les filières, on est en contact avec
l'UPA...
La
Présidente : En terminant.
M. Lamontagne :
...on est en contact avec La
Financière agricole, et le travail continue pour accompagner nos
producteurs et nos productrices.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : Mme
la Présidente, il nous parle des programmes qu'il a mis en place à la fin mai,
mais, depuis ce temps-là, les producteurs continuent de dire que ça ne
fait pas la job, qu'ils ont besoin de plus que ça.
Hier,
on a présenté une motion, voici ce qu'elle disait : que le secteur
agricole est crucial pour l'économie — ce n'est
pas compliqué, ça — qu'il
faut écouter nos agriculteurs — ça non plus, ce n'est pas compliqué — que le gouvernement mette en place une aide
d'urgence pour les producteurs maraîchers puis qu'il revoie les programmes de
La Financière.
Le
gouvernement de la CAQ, le ministre de l'Agriculture a voté contre ça. Est-ce
qu'il peut nous dire qu'est-ce qu'il y a, dans cette motion-là, qu'il
n'aime pas? Parce que c'est la base de ses actions qu'il devrait prendre.
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
Bien, il y a plusieurs choses qui
sont en cours puis qu'on a initiées, puis mon collègue doit le savoir.
Première
des choses, le fonds d'urgence, là, encore aujourd'hui, là, il est à se
déployer. Parce que les gens, aussi, attendent,
à la fin de l'année... Toute la question des paiements par les différents
programmes auxquels ils participent, ça s'inscrit aussi quand l'année est terminée. Alors, les gens reçoivent
différents paiements puis font... En date d'aujourd'hui, le fonds d'urgence, là, il y a plusieurs
entreprises qui font appel, il y a plusieurs réponses positives qui sont
données. Puis on avait bonifié ce fonds là d'une aide de
50 000 $ à 200 000 $.
Parallèlement
à ça, la révision des programmes qui est demandée par La Financière est
amorcée, Mme la Présidente.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : Si le premier ministre, la semaine dernière, demandait à
tout le monde de changer d'attitude, en agriculture
ce serait bienvenu, parce qu'en ce moment, là, l'attitude du gouvernement,
c'est l'inaction totale. Un changement d'attitude, là, ce serait de démontrer de
l'ouverture, d'écouter les producteurs, d'arrêter de leur mettre des bâtons
dans les roues puis d'améliorer les programmes de La Financière tout de
suite.
Qu'est-ce
qu'il attend? Il est où, l'empressement du ministre? Il y a 23 % plus de
faillites agricoles. On ne peut pas tolérer ça.
• (10 h 20) •
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
Mme la Présidente, c'est à tous
les jours qu'on est en contact avec les filières, qu'on est en contact avec L'Union
des producteurs agricoles, qu'on est
en contact avec La Financière
agricole pour apporter le meilleur
soutien possible à nos producteurs, nos productrices.
Mais
je ne peux pas m'empêcher, là, de retourner, là, 2014, 2015, quand le
gouvernement libéral, dont mon collègue faisait partie, a coupé les
fonds du ministère de l'Agriculture du Québec, là, de plus de 20 %, Mme la
Présidente. 250 millions de
dollars qui a été coupé par le Parti
libéral. Ça fait que de voir mon
collègue, aujourd'hui, qui se lève puis qui dit qu'il n'y a rien qui se fait...
La première chose qu'on a faite, là, ça a été d'apporter du soutien à tout ce
secteur-là...
La
Présidente : En terminant.
M.
Lamontagne : ...qui a été mis à mal par le précédent gouvernement
libéral, Mme la Présidente.
Des voix : ...
La
Présidente : On va passer à une question principale, mais, juste
avant, je vous demanderais de respecter le règlement sur le silence. On avait
écouté les questions avec beaucoup d'attention, on doit faire la même chose
pour les réponses.
En
question principale, je reconnais maintenant la députée de Bourassa-Sauvé... Oui. Exactement. Allez-y. Allez-y.
Sommes destinées à la
formation de la main-d'oeuvre
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci, Mme la Présidente. Depuis quelques semaines,
j'interpelle la ministre de l'Emploi au sujet du quotidien de nos entrepreneurs. Dans plusieurs petites entreprises,
le recrutement est difficile depuis plusieurs années, tant et si bien qu'en ce moment les entrepreneurs
s'accrochent à leurs employés, malgré un ralentissement, de crainte de ne
pas pouvoir les retrouver quand l'économie
sera plus favorable. Quand ces PME n'arrivent plus à compétitionner, bien, il
arrive que leurs employés, ils quittent, et tout est à recommencer.
Dans
un contexte de pénurie, les gens, ils sont recrutés pour travailler. Nos
entrepreneurs, ils en ont besoin. Mais comment
veiller à l'intégration durable en emploi, à la rétention de ces employés pour
créer des employés plus productifs qui
contribuent à la création de richesse dans nos régions? Bien, il faut investir
dans le développement des compétences. Ça tombe bien, il y a, au
ministère de l'Emploi, un fonds de développement du marché du travail dont les
sommes sont affectées à la prestation des
services publics d'emploi. Par contre, la ministre de l'Emploi a décidé de
couper dans ce budget.
Est-ce
que la ministre, elle croit que, dans le marché actuel, il y a une baisse du
bassin de clientèle et qu'elle peut se permettre ces coupes?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Emploi.
Mme Kateri Champagne Jourdain
Mme Champagne
Jourdain : Mme la Présidente, vous savez, j'ai eu la chance de dire
plusieurs fois en cette Chambre qu'on ne
lésine pas, on ne ménage aucun effort pour soutenir nos entreprises, nos
entrepreneurs dans leurs besoins de main-d'oeuvre, la même chose pour
les chercheurs d'emploi.
Vous
savez, on fait face aussi, par rapport au fédéral, à des coupures, par exemple,
mais on défend aussi ce qui est de notre compétence. Alors, on va régler cette
question-là. On a certainement eu des choix à faire, mais, vous savez, on
continue et on va être là pour ces
entreprises-là, pour pouvoir les soutenir, pour pouvoir continuer de développer
les compétences. On a annoncé, dans
les dernières semaines, plusieurs initiatives qui nous permettent de former des
gens dans des secteurs spécifiques pour les besoins dont les entreprises font
preuve et nous font part. Et ça, on est capables de faire ça, entre autres par tous les partenaires qui sont là puis
qui nous alimentent dans notre connaissance des milieux, des secteurs et
des régions.
La
Présidente : En terminant.
Mme Champagne
Jourdain : Alors, on va continuer comme ça, Mme la Présidente.
La Présidente : Première complémentaire.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme
Cadet : Mme la Présidente, la ministre nous parle du
fédéral, mais, justement, le ministre fédéral de l'Emploi, il a affirmé
publiquement, à l'émission Zone Économie, récemment, que le Québec
laisse 170 millions de dollars à Ottawa sur la table pour former des gens, des sommes qui pourraient servir à
procéder à des achats de services auprès des organismes spécialisés en employabilité. On parle de
145 millions pour le développement de la main-d'oeuvre, 15 millions
pour le développement des habiletés de base, 10 millions pour
former les gens handicapés.
Je vous pose
la question que Gérald Fillion a posée au ministre fédéral : Pourquoi
Québec laisse 170 millions sur la table?
La Présidente : Je vous rappelle qu'on
s'adresse à la présidence. Et la réponse de la ministre.
Mme Kateri
Champagne Jourdain
Mme Champagne Jourdain : Mme la
Présidente, depuis quand le Québec laisse de l'argent sur la table, hein?
Mme la
Présidente, il y a une autre chose que le Québec ne laissera pas sur la table,
c'est sa compétence. Et, au niveau de l'emploi, c'est le cas. Alors, nous, on
ne signera pas des ententes qui vont faire en sorte qu'on ne sera pas capables
d'adresser nos besoins, nos particularités,
les besoins de notre marché du travail, ici, par rapport à nos régions, par
rapport à nos secteurs d'emploi. Alors, ce qu'on se refuse de faire,
c'est justement d'abandonner cette compétence-là.
Maintenant, ces discussions-là ont toujours lieu...
La Présidente : En terminant.
Mme
Champagne Jourdain : ...il y a un dénouement positif qui s'en vient. Et
on va garder cette compétence-là chez nous parce que c'est nous qui
savons...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme
Cadet : Mme la Présidente, la ministre dit : Depuis
quand Québec laisse de l'argent sur la table? Bon, ce n'est pas la première fois qu'on voit ce type
d'exemple là où le gouvernement caquiste essaie de négocier des ententes avec
le fédéral mais n'est pas capable de
déployer l'argent sur le terrain. Les organismes spécialisés en employabilité,
ils ont besoin de ces sommes-là.
Puis, pendant qu'on coupe dans les budgets de services en emploi, on n'utilise
pas cet argent-là du fédéral.
Pourquoi Québec laisse cet argent-là sur la
table? Est-ce que c'est aux organismes aussi à changer leur attitude?
La Présidente : La réponse...
Des voix : ...
La
Présidente : Je vous rappelle, pas de commentaire ni de son
après les questions. Et la réponse du ministre des Finances. Allez-y.
M.
Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, Mme la Présidente. Bien, le ministre du
Travail fédéral est bien sympathique puis bien intentionné, mais il est aussi
nouveau et il a mélangé ce qu'on appelle la comptabilité d'exercice puis la
comptabilité de caisse. Alors, on attend des fonds du fédéral pour
l'année 2023‑2024, puis on va les avoir, et puis on les a
comptabilisés, ce qui permet à la
ministre d'oeuvrer sur le terrain puis de faire une différence. Et puis, oui,
il faudra signer une entente pour confirmer ces transferts de fonds là.
Mais il n'y a absolument aucun doute que le Québec va assumer sa compétence. Il
n'y aura pas de soumission au fédéral comme c'est suggéré par l'opposition...
La Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : ...et ces
fonds-là vont être déployés pour le bénéfice des...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef...
Des voix : ...
La Présidente : Je vous dérange? On
vous dérange?
En question
principale, je reconnais maintenant le chef du deuxième groupe d'opposition. La
parole est à vous. On vous écoute.
Amendements au projet de loi sur l'habitation
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Merci, Mme la Présidente. La crise du logement, ce n'est pas des
statistiques, c'est des vies brisées. À Shawinigan, il y a une famille de
quatre enfants qui est présentement menacée d'éviction. Imaginez, quatre petits
gars entre cinq et 11 ans qui vont être forcés de quitter leur milieu de
vie, leur école, leurs amis.
À
Shawinigan, là, le taux d'inoccupation, c'est 0,7 %. Un logement
disponible, pour une famille de quatre enfants, il n'y en a pas. Alors, leurs
parents, Caroline et Jonathan, font ce que feraient n'importe quels parents, y
compris nous autres, ils se battent corps et âme pour le bien-être de
leurs enfants. Moi, je veux saluer leur courage.
Jonathan, le papa,
est ici ce matin, il a fait la route de Shawinigan ce matin pour écouter les réponses
du premier ministre. J'ai parlé à Jonathan, ce matin, j'ai dit : Qu'est-ce
que tu voudrais que je dise au premier ministre? Il m'a répondu : Dis-lui qu'il faut agir maintenant, il faut penser aux
familles comme moi, il faut agir maintenant.Ça tombe bien, le premier ministre peut agir maintenant pour
éviter cette tragédie-là et d'innombrables autres tragédies au Québec. Le
projet de loi n° 31, il n'est
pas encore adopté. On peut encore le bonifier pour y ajouter ce que demande
Jonathan et Caroline, un moratoire sur les rénovictions.
Est-ce que le premier
ministre accepte de collaborer avec nous pour aider ces gens-là? Ils en ont
besoin.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente, d'abord, je veux dire aux
membres de la famille qui sont présents avec nous aujourd'hui que je suis de tout coeur avec eux
autres. Ça n'a pas de bon sens qu'on se retrouve dans cette situation-là. Puis
d'ailleurs la députée de Laviolette—Saint-Maurice est en contact avec cette famille. On a un recours actuellement devant
le TAL, donc, le tribunal, parce qu'on pense
qu'effectivement c'est une éviction qui n'est pas acceptable. Donc, Mme la
Présidente, j'ai demandé à la Société
d'habitation du Québec d'entrer en contact avec la famille, de s'assurer qu'on
trouve une solution.
Maintenant,
pour ce qui est du projet de loi n° 31, je rappelle au chef de Québec
solidaire qu'on a changé le fardeau de
la preuve lorsqu'il y a une éviction. Maintenant, c'est le propriétaire qui
doit faire la preuve. Avant, avec les libéraux puis le Parti québécois,
c'était le locataire qui devait faire la preuve.
Donc, Mme la
Présidente, en attendant, on va bien s'occuper de la famille.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Je veux remercier le
premier ministre de s'être occupé de ce dossier-là. Ceci étant dit, comme
premier ministre du Québec, il doit
s'occuper de tous les dossiers comme ceux-là, les milliers de familles qui sont
menacées d'éviction au Québec, puis il ne pourra pas s'en occuper un par
un. La solution, c'est de mettre un moratoire sur les rénovictions dans les secteurs où la crise du logement frappe fort.
C'est ce que Jonathan et Caroline demandent, c'est la proposition que je
lui soumets, bonifions ensemble son projet de loi.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, on a des règles sévères,
au Québec, pour éviter les évictions qui ne sont pas acceptables. Puis la ministre de l'Habitation,
dans son projet de loi n° 31, bien, s'est assurée de modifier le fardeau
de la preuve.
Bon,
je sais qu'il y a des propositions qui ont été faites par Québec solidaire pour
les cessions de bail. Ce qu'on a dit, dans
le projet de loi, c'est que, lorsqu'il y a une cession de bail qui est refusée,
bien, c'est une annulation du bail, donc les locataires sont protégés.
Maintenant,
concernant les rénovictions...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : ...bien,
on s'assure que ce soit fait selon les règles qui sont fixées au Québec.
• (10 h 30) •
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le problème, c'est que les
règles, elles ne sont pas suffisantes. Il y a une épidémie d'évictions comme celle que vivent Jonathan et Caroline, au
Québec. C'est des familles dont les vies sont brisées. On a la responsabilité
d'aider ce monde-là. Le premier ministre dit toujours : Je défends le
Québec. Bien, le Québec, c'est ce monde-là, puis la manière de les aider, c'est de faire un moratoire
pour vrai sur les rénovictions. On est en pleine crise du logement, on n'a pas
les moyens de laisser tomber ces familles-là.
Pourquoi est-ce que
le premier ministre refuse la seule solution qui fonctionne, un vrai moratoire?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, encore une fois, on a des
règles sévères, on les a rendues encore plus sévères pour que le fardeau
de la preuve soit maintenant du côté des propriétaires.
Si
Québec solidaire, à part de dire : On ne fait plus rien, puis tout est
gelé, au Québec, puis on gèle le prix des loyers, on gèle tout... Bien,
on est ouverts aux suggestions.
La Présidente :
En question principale, je
reconnais maintenant le député de Saint-Henri—Sainte-Anne. La parole est à vous.
Octroi
de permis de travail aux demandeurs d'asile
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard :
Merci, Mme la Présidente. Le premier ministre rappelle souvent qu'en raison
de la hausse du nombre de demandeurs d'asile les services québécois font face à
des pressions accrues. Il souligne que cette pression est devenue intenable. Sa
ministre de l'Immigration, elle, parle même d'un point de bascule.
Le
problème, c'est qu'elle a le pouvoir de diminuer ces pressions sur l'État, mais
elle ne fait rien. Ce qui force des milliers de demandeurs d'asile à être sur
l'aide sociale pendant des mois, ce sont les délais excessifs du fédéral à
émettre des permis de travail. Le droit du travail, c'est de compétence
québécoise. Pourquoi le Québec ne remettrait-il pas des autorisations rapides
de travail? C'est la proposition que je fais aujourd'hui. Je ne vois aucune
raison qui l'empêche.
L'immense
majorité de ces gens veulent travailler. Le droit du travail, c'est de
compétence provinciale, c'est la solution qui est entre nos mains.
En
pleine pénurie de main-d'oeuvre, pourquoi la CAQ choisit de maintenir ces gens
sur l'aide sociale? La ministre va-t-elle accepter notre proposition?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Immigration, de la
Francisation et de l'Intégration.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette :
Oui, Mme la Présidente, merci.
Bien, il est intéressant de constater que le collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne
s'intéresse aux champs de juridiction entre le Québec et le fédéral. Il faut
rappeler que leur chef, le chef de la
deuxième opposition, disait ne pas s'intéresser au débat de juridictions. Donc,
je vois que, le collègue, pour lui il en va autrement.
De
notre côté, en fait, vous savez qu'on est une nation qui accueille, et très
positivement, l'ensemble des demandeurs d'asile, mais que ceux-ci arrivent
en trop grand nombre pour que ce soit tenable pour le Québec.
On
a fait énormément de représentations auprès du fédéral, et, parmi ces
représentations-là, il y a celle qui avait un lien avec les permis de travail. Ça fait déjà plus d'un an qu'on fait
des demandes auprès du fédéral pour que l'émission des permis de travail
auprès des demandeurs d'asile se fasse de manière beaucoup plus rapide. Or, ça
a donné des résultats, parce qu'en décembre
dernier les informations, les statistiques révélaient que, pour les demandeurs
d'asile arrivés de manière régulière,
donc à l'aéroport, eh bien, 80 % d'entre eux obtenaient un permis de
travail en 77 jours. Alors, c'est une avancée considérable par
rapport à ce qui prévalait.
La
Présidente : En terminant.
Mme Fréchette : Mais, bien sûr, il y a toute une autre série de services sur lesquels
on a eu trop... une pression...
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme la Présidente.
Pas de réponse sur la proposition, alors je réitère. Encore une fois, la
CAQ abdique ses pouvoirs et ses compétences au profit du fédéral. Ces personnes
sont ici, elles sont admises sur le territoire,
elles veulent travailler, et la CAQ refuse de prendre les grands moyens afin
d'autoriser le travail de ces gens alors qu'ils le peuvent pleinement.
C'est
ça, un grand parti nationaliste? On laisse Ottawa nous dicter qui peut
travailler chez nous, vraiment, et ensuite on accepte de ne pas être
remboursés? Pourquoi?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette :
Oui, Mme la Présidente. Bien,
l'émission des permis de travail, ça relève du fédéral. Donc, on a fait
pression sur le fédéral, et ça a donné des résultats intéressants.
On
continue à faire des pressions et on continue à être en action, par ailleurs.
On fait, par exemple, en sorte d'avoir mis sur pied des programmes pour
que les demandeurs d'asile travaillent dans le domaine du tourisme, et ça a été
salué de tout le milieu. On travaille
également pour faire en sorte que les demandeurs d'asile travaillent dans le
domaine de la santé. Ces gens-là veulent travailler au Québec. On veut
les aider, on veut les soutenir en ce sens-là. Le fédéral octroie maintenant des permis en 77 jours pour
permettre à ces demandeurs d'asile de travailler. Mais, une chose est
importante à rappeler, heureusement que QS n'était pas au pouvoir cette
dernière année, parce que, sinon...
La
Présidente : En terminant.
Mme
Fréchette : ...le chemin
Roxham n'aurait pas été fermé, et on en aurait des dizaines de milliers de
plus, des demandeurs d'asile.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Toujours pas de réponse,
Mme la Présidente. Je réessaie une troisième fois. J'ai travaillé avec ces demandeurs d'asile, et, je peux vous le dire,
ce qu'ils veulent, c'est contribuer. Pendant la pandémie, les préposés aux
bénéficiaires issus de l'immigration ont tenu notre réseau de la santé à bout
de bras. Plutôt que de les considérer comme un
fardeau, plutôt que nous répéter que les demandeurs d'asile pèsent lourd sur
notre système, la ministre peut leur donner le droit de travailler, une
autorisation rapide de travail. Le Québec peut le faire, mais, encore une fois,
on préfère rejeter la faute sur les autres.
Est-ce que la
ministre va permettre, oui ou non, une autorisation rapide de travail?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette :
Oui, Mme la Présidente. Bien, on
ne veut pas s'engager dans une procédure de dédoublement de ce qui est fait par le fédéral. Nous, on demande le
rapatriement des pouvoirs en immigration. Je vois que QS, maintenant, est de
cet avis, qu'il faudrait rapatrier des pouvoirs au fédéral. Donc, on fait en
sorte d'en parler, d'en discuter avec nos interlocuteurs
au fédéral. Mais, pour ce qui est des permis de travail, bien, ils sont
maintenant émis dans une période de 77 jours, ce qui leur permet de
travailler.
Maintenant,
ils sont sur l'aide sociale quand même un certain temps, trop longtemps, parce
qu'ils doivent prendre le temps de
trouver un travail, par ailleurs. Donc, le temps dévolu par l'aide de dernier
recours est quand même trop important. Il faut réduire le nombre de
demandeurs d'asile qui viennent au Québec.
La
Présidente : En terminant.
Mme Fréchette :
...il faut que le Québec
soit remboursé en totalité, et il faut que les demandeurs d'asile soient
répartis dans l'ensemble du Canada.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Rosemont.
Utilisation de transferts
fédéraux pour bonifier
la couverture de soins dentaires
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Merci, Mme la Présidente. J'ouvre
les guillemets : «Que l'Assemblée nationale [...] demande au gouvernement du Québec de s'engager à utiliser des
transferts découlant du programme fédéral pour bonifier la couverture des soins dentaires des Québécoises et des
Québécois.» On ferme les guillemets. Ça vous rappellera peut-être quelque
chose. C'est une motion qu'on a votée ici à l'unanimité le 30 mars
dernier.
Ça
fait longtemps que les Québécois et les Québécoises attendent une vraie
assurance dentaire. Ça fait longtemps que
les aînés doivent choisir entre la facture du dentiste, qui a augmenté,
d'ailleurs, considérablement, et la facture d'épicerie. Le problème, c'est qu'on n'en a pas, de programme
dentaire complet, au Québec, puis que le programme fédéral qui est proposé, c'est du manger mou, Mme la Présidente.
Le ministre de la Santé a la chance de rapatrier l'argent du fédéral pour
investir dans une meilleure assurance dentaire gérée ici, par et pour le
Québec.
Est-ce
que le ministre peut s'y engager, une vraie assurance dentaire, puis d'aller
chercher notre argent à Québec?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé. On l'écoute.
M. Christian Dubé
M.
Dubé : Bien, premièrement, Mme la Présidente, j'apprécie
beaucoup la question, parce que c'est exactement le même enjeu que ma
collègue ici à l'Immigration parlait, c'est une compétence provinciale. Et, pas
plus tard que la semaine dernière, j'ai
rencontré le ministre Holland, qui m'a fait part de ses ambitions, tant au
niveau du plan dentaire que de l'assurance maladie, et je lui ai dit : Écoutez,
je ne sais pas de quoi vous me parlez, c'est clair que c'est une compétence
provinciale.
Alors, ce
qu'on dit, puis c'est très clair, que, s'ils veulent faire leur programme, en
raison des pressions politiques... Et
là je n'entrerai pas là-dedans. Moi, j'ai dit : C'est très clair, on veut avoir
une compensation monétaire pour qu'on puisse, nous, continuer à faire ce qu'on fait avec les Québécois, parce que
notre programme est pour un certain nombre de personnes, un certain nombre de bénéficiaires, si on peut
prendre cet argent-là du fédéral pour venir bonifier nos programmes dentaires
ce sera une très bonne idée, mais ça reste
une compétence provinciale. Et j'ai été très clair, comme mon collègue qui
s'occupe des relations fédérales, le ministre, on a été très clairs,
c'est une compétence provinciale...
• (10 h 40) •
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...puis on ne changera pas
de discours là-dessus.
La Présidente : Première
complémentaire.
M.
Vincent Marissal
M. Marissal : Vous avez compris, je
me suis gouré, là, j'ai dit : Aller chercher l'argent à Québec. Je voulais évidemment dire : À Ottawa. On s'entend, le
ministre et moi, là-dessus. Sauf qu'on ne l'a pas entendu beaucoup revendiquer
pour aller chercher ce programme-là. Oui,
c'est de juridiction provinciale, là-dessus aussi on s'entend, Mme la
Présidente. On s'entend, c'est
formidable, aujourd'hui, sur une troisième chose. Les dents, ça fait partie du
corps humain, sauf que ce n'est pas
couvert ou mal couvert. Ça coûte la peau des dents aux Québécois et aux
Québécoises de se soigner, et ça cause des problèmes de toutes sortes.
Est-ce qu'il va aller chercher l'argent pour
faire, sa juridiction, un vrai programme ici?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M.
Christian Dubé
M.
Dubé : Bien, écoutez, on a tellement une belle
collaboration avec Québec solidaire que, s'il veut venir avec moi à
Ottawa, je l'invite à venir le faire.
Écoutez, Mme
la Présidente, on a des lois qui sont très claires. Il y a des enjeux avec le
fédéral. Le fédéral décide de
légiférer pour des raisons politiques qui leur sont propres. Je ne peux pas les
empêcher de légiférer. La seule chose que je peux vous dire aujourd'hui, c'est
qu'on a été très clair. Je pense qu'il y a une ou deux lettres qu'on a
envoyées, récemment, au ministre de
la Santé, avec mon collègue, pour dire : Écoutez, faites ce que vous voulez
faire, mais, nous, ce qu'on veut, c'est une compensation monétaire pour
l'argent qui sera investi par le fédéral.
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : Je ne peux pas vous en
dire plus que ça, c'est très clair.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M.
Vincent Marissal
M.
Marissal : Bon, on récapitule. Les dents, ça fait partie du
corps humain. Notre argent est à Ottawa. Je n'ai pas eu beaucoup de succès avec le ministre de la Santé,
est-ce qu'il va aller vraiment chercher l'argent, faire un vrai programme.
Mais je vais essayer avec le ministre des Finances. Je m'ennuie du ministre des
Finances.
À défaut
d'être allé chercher les 6 milliards en santé, là, on a juste eu le petit
milliard, et encore, là, ça ne lui tenterait pas d'aller chercher tout notre
argent, de le revendiquer? Il pourrait créer un beau programme de santé
dentaire que tout le monde attend, au Québec. Ça ne lui tente pas?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M.
Christian Dubé
M.
Dubé : O.K. Je veux juste être sûr, Mme la Présidente,
qu'on se comprend très bien. Si le fédéral décide de légiférer comme il a fait et de mettre des
montants qui vont être disponibles pour un programme de soins dentaires, qui
est de compétence provinciale, on est dans
nos droits d'exiger une compensation monétaire. Cette compensation monétaire,
on pourra décider ce
qu'on veut faire avec. Si on veut bonifier notre système dentaire actuel, on le
fera. Je ne sais pas quoi dire de
plus que ça, Mme la Présidente, mais on va continuer, avec mon collègue aux
Relations fédérales, de faire la bonne chose pour les Québécois, avec
nos ressources. Et c'est notre compétence...
La
Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...et
on va continuer de la défendre. Merci beaucoup.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Jean-Lesage.
Projet de réforme de la carte
électorale
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci, Mme la Présidente. Alors, quand on a décidé
de fixer le nombre de députés à 125, il y avait 6,8 millions de
Québécoises et Québécois. On est rendus à 9 millions et on est passés de
représenter une moyenne de 54 000 Québécoises
et Québécois par député à 72 000. Ici, évidemment, je ne parle pas
seulement des électeurs et électrices mais de tout le monde, parce qu'on
représente tout le monde dans les bureaux de comté.
Les
Québécoises et Québécois, de Montréal à Gaspé, sont moins bien représentés en
2024 qu'en 1989. Comment est-ce qu'on
peut accepter ça? La Gaspésie s'est fait couper une circonscription en 2011,
puis là elle risque d'en perdre une autre. On n'est pas obligé de
trouver ça correct et de le faire.
On est en plein
redécoupage de la carte électorale. La commission a un plafond qu'elle ne peut
pas dépasser, 125 députés. On l'a atteint il y a 35 ans. Il faut
réécrire la loi.
Est-ce
que la CAQ accepte de modifier la loi afin que les Québécoises et Québécois
soient mieux représentés dans cette Chambre?
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Institutions démocratiques.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci, Mme la Présidente. Il faut rappeler qu'on
est, en ce moment, au milieu d'un processus qui est important, avec la CRE, la Commission de la
représentation électorale, la carte électorale, qui fait des auditions. Elle en
faisait hier, elle en fait aujourd'hui, elle
va en faire demain. C'est un processus qui est... on est comme au milieu du
processus, parce qu'il y a eu le
dépôt des premières... des premières ébauches de carte, il y a eu des auditions
en région. Ils ont ajouté, d'ailleurs, des auditions en Gaspésie, suite
aux demandes, pour aller écouter des citoyens.
Là,
il y a des gens qui font leurs revendications, qui présentent leur point de
vue. C'est nécessaire. Je sens une bonne écoute de la part des membres de la commission. J'espère qu'il y aura
des modifications à cette carte-là, justement, parce que ce n'est pas figé dans
le béton, il faut être capable de s'adapter en fonction des arguments des uns
et des autres. Puis je pense qu'on a
tous à coeur... on a voté une motion unanime, puis on ne reviendra pas sur
notre parole, pour protéger la réalité régionale gaspésienne. Je pense, c'est
important de le faire. Je suis content de voir que Québec solidaire s'intéresse
aux régions, lors du dépôt de la motion puis
aujourd'hui à la période de questions, mais je pense qu'il faut aller au bout
du processus, en ce moment, le processus qui a lieu...
La
Présidente : En terminant.
M. Roberge :
...qui est rigoureux. Puis j'espère que mon collègue va y participer.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci, Mme la Présidente. La commission est en
train d'entendre tout le monde, c'est bien, mais la commission a les mains liées, elle ne peut pas
augmenter le nombre de députés. Et ça, on sait qu'est-ce que ça va donner.
Éventuellement, quelqu'un... du monde vont
perdre des circonscriptions, puis ça va être... ça risque d'être la Gaspésie
encore, comme c'est arrivé au niveau fédéral.
La
question, elle porte sur ce que nous, on peut faire ici, pas sur ce que la
commission peut faire. Nous, on peut changer
la loi pour augmenter le nombre de députés à 129 et que tout le monde garde une
meilleure représentation. Est-ce que le ministre est d'accord?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : La notion de
représentation est extrêmement importante. Il y a plusieurs critères, hein? Il
y a la question qu'idéalement...
bien, pas «idéalement», ce qu'on veut tendre, c'est que chaque vote soit égal,
peu importent les régions. Il y a des régions d'exception. Puis je pense qu'il y
a un consensus, au Québec, pour dire que la voix des régions doit être entendue, au Québec, ici, à l'Assemblée nationale,
de manière très, très forte, qu'on ne peut pas simplement y aller avec une bête redistribution du nombre d'électeurs par
circonscription, il faut tenir compte des réalités régionales. C'est ce qu'on dit
depuis le début, c'est ce que les députés expriment aussi. Je suis convaincu
que la commission sera sensible à ces arguments-là.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M.
Sol Zanetti
M. Zanetti : Pour que chaque vote
compte, au Québec, comme c'est le souhait du ministre, il va falloir aussi réformer le mode de scrutin. Il y a un projet de
loi qu'on a déposé qui est tout prêt par rapport à ça. Mais là, aujourd'hui,
c'est que, si on n'agit pas ici, si
on ne fait pas ce qu'on peut faire, nous, augmenter le nombre de députés, la
conséquence, ça va rester à 125, puis la Gaspésie va finir par perdre un
autre comté.
Alors, se
ranger derrière le statu quo, là, c'est condamner la Gaspésie à perdre de la
représentation politique. Moi, je suis contre ça. Est-ce que le ministre
est d'accord avec moi?
• (10 h 50) •
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Mme la Présidente,
j'appelle le collègue à la patience puis au respect du processus actuel. C'est particulier, de changer les règles du jeu au
milieu de la partie alors qu'il y a un processus qui est rigoureux. Le
processus qu'on suit en ce moment, il
a été établi par qui? Bien, par les parlementaires qui ont voté des lois
précédentes, qui ont créé des institutions. Puis on doit respecter les
institutions, qui sont en train de faire un travail qui est sérieux. Puis je
pense que c'est une solution à considérer
avec beaucoup d'attention, et de ne pas tomber dans le piège qu'à chaque fois
qu'il y a un enjeu qui se pose on
doit nécessairement ajouter une circonscription. C'est une question qu'on a le
droit de se poser, évidemment...
La Présidente : En terminant.
M. Roberge : ...on a le droit de se
poser des questions, mais il ne faut pas tomber dans le piège, à chaque fois
qu'il y a un problème on ajoute un comté.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Matane-Matapédia.
Financement des écoles à vocation religieuse
M. Pascal
Bérubé
M.
Bérubé : Mme la Présidente, «l'État du Québec est laïque».
C'est par ces mots que s'ouvre la Loi sur la laïcité. L'actuel ministre de l'Éducation a été un fervent
défenseur de la laïcité. Pourtant, sous son ministère, il reste des lieux qui
résistent à la laïcité de l'État, notamment
les 50 écoles catholiques, musulmanes, juives, orthodoxes, de toutes les
religions qui sont toujours subventionnées à 175 millions par l'État
québécois, un État laïque. On parle ici d'écoles religieuses avec des pratiques explicites, qui ne suivent pas le
programme du ministère de l'Éducation. Il y en avait encore un bel exemple
ce matin dans Le Devoir.
En 2018,
l'actuel ministre de l'Éducation écrivait le plus sérieusement du monde
dans Le Devoir, et là je le cite : «La religion doit être du
domaine privé. [...]Je n'en démordrai pas.» L'occasion lui est donnée de
réagir.
Ma question
est simple : Est-ce que le ministre de l'Éducation s'engage, comme nous le
souhaitons, à mettre fin au financement public des écoles religieuses au
Québec?
La Présidente : La réponse du ministre
de l'Éducation.
M. Bernard
Drainville
M. Drainville : Oui. Mme la
Présidente, le député fait référence à cette histoire, là, concernant l'école
Belz, une école juive, donc. Je veux juste,
Mme la Présidente, être très factuel, là, sur les événements, sur les
informations qui ont été transmises. C'est
vrai que, dans un premier lieu, dans un premier temps, il y a eu un avis
défavorable qui a été émis concernant
le renouvellement du permis, avis défavorable de la Commission consultative de
l'enseignement privé et avis défavorable
également de la Direction de l'enseignement privé du ministère, mais, par la
suite, l'école en question nous a
fourni des informations qui nous ont rassurés sur un certain nombre d'enjeux,
notamment le respect du cadre pédagogique. Alors, la décision, à ce moment-là, qui a été prise, c'est de respecter
la recommandation positive, parce qu'une fois que les informations nous
ont été transmises, le ministère, la Direction de l'enseignement privé du
ministère a émis un avis favorable au
renouvellement du permis. Et la décision qui a été prise, c'est de renouveler
le permis pour deux ans, alors qu'habituellement c'est quatre ou cinq
ans. Là, on renouvelle pour deux ans...
La
Présidente : En terminant.
M. Drainville :
...et, Mme la Présidente, on va,
bien évidemment, surveiller la situation, accompagner l'école et, dans
deux ans, on va s'assurer que tout est respecté.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : Mme la Présidente, ça, c'est un cas, mais il y en
a 49 autres, qui reçoivent près de 200 millions de dollars pour un enseignement où la religion est au
coeur du projet éducatif, on ne suit pas les matières comme les autres
élèves du Québec. Puis on accepte ça?
C'est évident que le ministre se conforme aux
règles actuelles. Ce qu'on lui dit, c'est : Arrêtez de financer les écoles
religieuses. Comment pouvez-vous être crédible avec la loi n° 21 si, sur
l'enseignement de la religion dans les écoles, vous continuez de les financer pour 200 millions?
Vous allez chercher cet argent, vous le mettez dans le réseau public et vous
êtes cohérents avec votre volonté d'avoir un État...
La Présidente :
Je vous rappelle qu'on s'adresse
à la présidence. Et la réponse nous viendra du ministre responsable de
la Laïcité.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : Merci, Mme la Présidente. Je
pense que mon collègue a très bien
clarifié la situation d'une école en particulier. Il y a eu une
recommandation d'une commission, il y a eu des interventions du ministère, et
puis il y a une recommandation qui a changé, et donc la décision du ministère
est cohérente avec ça.
Mon
collègue y va sur la question de la laïcité de manière plus globale. La loi n°
21 qu'on a votée, je pense que c'est
un acquis social extrêmement important. D'ailleurs, la semaine dernière, j'ai
déposé ici un projet de loi dans le but de renouveler la clause dérogatoire
pour préserver le consensus social. Je comprends qu'il y en a qui trouvent
qu'on est allés beaucoup trop loin,
d'autres qui trouvent qu'on n'est pas allés assez loin. Je pense qu'on est à la
bonne place en ce moment...
La
Présidente : En terminant.
M. Roberge : ...pour
préserver la neutralité de l'État et la laïcité au Québec.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Pascal
Bérubé
M. Bérubé : Mme
la Présidente, c'est une question de cohérence. On a pris beaucoup de temps
pour adopter la loi n° 21, ça a été un enjeu
important, au Québec, mais là il y a d'autres secteurs où on fait fi de la
laïcité, et l'État finance pour près
de 200 millions de dollars des écoles où, au coeur de l'enseignement
éducatif des jeunes — la priorité
du premier ministre — c'est la religion. Ça ne peut pas durer. Il y a
une façon d'y arriver : on retire le financement. La communauté financera.
Alors, notre
position, au Parti québécois, c'est de mettre fin à ce financement, c'est
clair. Je ne comprends pas pourquoi on s'attarde, encore une fois, à maintenir
la religion...
La
Présidente : La réponse du ministre responsable de la Laïcité.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Mme la Présidente, mon collègue, après qu'il n'y
ait plus de micro, dit : Beau recul. Il n'y a aucun recul, je m'excuse, là, c'est faux, il n'y a aucun
recul. On a fait une avancée exceptionnelle. Puis le Parti québécois est dans
une position difficile pour nous faire la
leçon, là, parce que, sur la question de la laïcité, il y avait un consensus
québécois, ils auraient pu régler la situation, en 2014, mais ils ont
choisi d'instrumentaliser cette question-là, d'aller en élection, d'essayer de coincer les Québécois. Puis les
Québécois, bien, écoutez, ils ont décidé de les congédier. Puis nous avons
réglé la situation en adoptant la loi
n° 21, la Loi sur la laïcité. On a amené un consensus social. C'est un acquis,
maintenant, pour lequel les Québécois ne veulent pas reculer. J'espère
qu'ils vont appuyer le projet de loi...
La Présidente :
En terminant.
M. Roberge : ...pour
renouveler la clause dérogatoire, parce que ce sont des droits parlementaires,
c'est aux Québécois à aménager la laïcité au Québec.
La
Présidente : En question principale...
Des voix : ...
La
Présidente : Silence! En question principale, il n'y a qu'une seule
personne qui aura le droit de parole ici, on l'écoute, il s'agit de la
députée...
Des voix : ...
La Présidente :
Silence! Droit de parole, en
question principale, à la députée des Mille-Îles. On vous écoute, madame.
Accès à la propriété
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Merci, Mme la Présidente. Le premier ministre a
demandé aux Québécois de changer d'attitude face aux grands projets, mais, moi,
ce que j'aimerais, c'est que le gouvernement change d'attitude en habitation.
Il manque de logements partout,
l'accès à la propriété n'a jamais été aussi difficile pour les jeunes, et les
mises en chantier sont en chute libre.
Le
ministre des Finances nous dit qu'éliminer la TVQ, la taxe de vente du Québec,
sur les matériaux de construction, bien, ce serait une mesure
inefficace. Mais ce qui est inefficace, Mme la Présidente, c'est la politique
du gouvernement. Enlever la TVQ, ça se fait
ailleurs : le fédéral, l'Ontario, la Nouvelle-Écosse, la Colombie-Britannique,
Terre-Neuve. Et ça, c'est même
recommandé par les associations de construction, l'association des
propriétaires, l'Institut de développement urbain du Québec et même le
président de la Banque du Canada.
Est-ce que le
ministre a des études que tous les autres n'ont pas vues? J'aimerais bien les
voir.
La
Présidente : La réponse du ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, Mme la Présidente, bien,
c'est certain que, lorsque le fédéral a proposé ça, sans nous consulter,
bien, on a dû prendre un certain moment pour analyser ça. Et puis on l'a
analysé. Et puis, comme vous savez, il y a
déjà un crédit de TVQ de 36 %. La question qu'on devait se poser, c'est : Quel
serait l'effet marginal d'y aller? Puis on sait que, pour le fédéral,
bien, le coût est de 5 %, puis nous, on aurait eu un coût de 10 %, donc deux
fois plus cher.
Alors,
dans un souci de saine gestion des finances publiques, c'est normal de faire
une analyse complète. Puis ce qu'on a constaté, c'est que c'est une mesure qui
serait diffuse, indirecte et inefficace. On a donc préféré y aller avec de
l'aide directe, des subventions pour 8 000 nouveaux logements, à la
mise à jour. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Comme il n'y a pas de
votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis. Et, pour
ce faire, je cède la place au troisième
vice-président de l'Assemblée nationale du Québec. Bonne journée à toutes et à
tous. Merci.
Motions sans préavis
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
nous sommes bien à la rubrique des motions sans préavis. Et, en fonction
de nos règles et de l'ordre de présentation
des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du troisième groupe d'opposition. M. le député
de Matane-Matapédia.
Demander l'accès intégral au
chapitre du rapport final de la Commission
d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie
de la construction portant sur la ville de Laval
M. Bérubé : «Sak
pase», M. le Président?
Alors, je sollicite
le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de prendre tous les
moyens nécessaires pour obtenir
l'accès intégral, sans caviardage et dans le respect des privilèges reconnus en
droit, au chapitre 3 du tome 2 du rapport final de la Commission d'enquête sur l'octroi et
la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction, portant
sur les manoeuvres d'octroi des contrats par l'administration du maire
Vaillancourt à Laval.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
j'ai un consentement, sans débat. Est-ce que cette motion est adoptée?
Ah! M. le député de Matane-Matapédia, allez-y.
Une voix :
...
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Oui.
Cette motion est-elle adoptée? Adopté. M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : En
conséquence, si une équipe le permet, on aimerait pouvoir s'exprimer par le
vote.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, est-ce que j'ai l'appui de...
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Voilà. Parfait.
Alors,
nous poursuivons. Nous sommes maintenant rendus à un membre du groupe formant
le gouvernement, et c'est M. le ministre de la Langue française.
M. Roberge : M. le Président, je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec la députée de Mercier :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse les bénéfices pour une personne de connaître
et de parler plus d'une langue;
«Qu'elle reconnaisse
cependant le déclin important de la langue française au Québec et plus
particulièrement à Montréal;
«Qu'elle rappelle que
la survie du français est un combat auquel tous les citoyens et élus doivent
participer;
«Qu'elle
affirme sans nuance que la force de la nation québécoise ne réside pas dans le
bilinguisme, mais dans la défense et la promotion de sa langue commune,
le français.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion?
• (11 heures) •
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il
n'y a pas de consentement. Et nous poursuivons avec la prochaine motion sans préavis, d'un membre... — s'il vous plaît! — d'un membre du groupe formant l'opposition
officielle, et c'est Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec la députée de Sherbrooke, le député de Jean-Talon et la
députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que la hausse du coût de la vie a mené à une
hausse importante du nombre de Québécoises et de Québécois ayant recours
à des banques alimentaires;
«Qu'elle
prenne acte que dans le cadre des consultations prébudgétaires, les banques
alimentaires du Québec ont demandé un
soutien gouvernemental pour l'achat de denrées à la hauteur de
30 millions de dollars pour un an pour répondre à la
hausse de la demande en aide alimentaire;
«Qu'elle
demande au gouvernement caquiste de poursuivre son engagement envers le réseau
des banques alimentaires au Québec en s'engageant dès maintenant à répondre
favorablement à l'entièreté de cette demande dans le cadre du prochain
budget.» Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : ...M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il
n'y a pas de consentement. Et, pour la prochaine motion sans préavis, un
membre du troisième groupe d'opposition. Mme la députée de Sherbrooke.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Un membre du deuxième groupe d'opposition. Désolé.
Demander au gouvernement
fédéral de revoir la réglementation du
transport ferroviaire quant à l'utilisation des sifflets
à l'approche des passages à niveau
Mme Labrie : Merci,
M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter
la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte de la mobilisation des citoyens concernant
les impacts du transport ferroviaire croissant;
«Qu'elle
reconnaisse que le bruit du transport ferroviaire, spécifiquement celui des
sifflets aux passages à niveau, a un impact sur la santé des personnes
résidant près des rails;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement fédéral de revoir la
réglementation quant à l'utilisation des sifflets à l'approche des passages à
niveau, afin d'améliorer la quiétude des citoyens, en particulier la nuit.» Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Est-ce qu'il y a consentement pour
débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Il y a consentement, sans débat. M. le leader.
M. Leduc : Un
vote électronique, s'il vous plaît, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Un
vote électronique a été demandé. Qu'on appelle les députés. Alors, la période
de vote est ouverte.
La période de vote
est terminée. Mme la secrétaire générale.
La
Secrétaire : Pour : 108
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est donc adoptée. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc : Merci, M. le Président. Est-ce qu'on pourrait envoyer
copie de cette motion au Comité pour la quiétude des Sherbrookois, à la ville de Sherbrooke, à la Coalition pour une
meilleure qualité de vie à Magog, la ville de Magog et Transports
Canada? Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Ce sera fait. M. le leader adjoint du gouvernement,
aux avis touchant les travaux des commissions.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président.
Donc,
j'avise cette Assemblée de la Commission
des transports et de l'environnement
va poursuivre l'étude détaillée du
projet de loi n° 41, la Loi
édictant la Loi sur la performance environnementale des bâtiments et modifiant
diverses dispositions en matière de
transition énergétique, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, et de 15 heures à
18 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des
relations avec les citoyens va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
n° 46, la Loi sur l'amélioration de la
protection des enfants dans les services de garde éducatifs, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Pauline-Marois.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le leader adjoint du gouvernement.
Je demanderais aux
collègues qui doivent quitter de le faire pour nous, comme d'habitude, en toute
discrétion.
Alors,
pour ma part, aux avis de la présidence, je vous avise que la Commission de
l'Assemblée nationale se réunira en séance publique aujourd'hui, après
les avis touchant les travaux des commissions, vers 11 h 20, jusqu'à
13 h 05 et de 15 heures à 18 h 20,
à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de procéder à l'étude du rapport
préliminaire de la Commission de la représentation électorale.
De
plus, je vous avise que la Commission des transports et de l'environnement se
réunira en séance de travail demain, jeudi 15 février
2024, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, de 8 heures à 8 h 30,
afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de la
pétition portant sur la création d'un comité-conseil jeunesse permanent sur le
climat à l'Assemblée nationale et, de 8 h 30
à 9 heures, afin de statuer sur la possibilité que la commission se
saisisse de la pétition portant sur la tenue d'une enquête du BAPE avant
l'implantation de l'usine de batteries Northvolt.
Y
a-t-il consentement pour déroger de l'article 143 du règlement concernant
l'horaire des travaux des commissions? Consentement.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Avis de sanction du projet de loi n° 204
Toujours à la
rubrique des renseignements sur les travaux de l'Assemblée, je vous informe
qu'il y aura sanction du projet de loi n°
204, Loi concernant la Ville de Longueuil, aujourd'hui, à 11 h 30, au
bureau de Son Honneur la lieutenante-gouverneure.
La
période des affaires courantes étant terminée... Ah! j'ai M. le leader du
deuxième groupe d'opposition. M. le leader.
M. Leduc : Sur
les renseignements sur les travaux, M. le Président, toujours sur le projet de
loi n° 495 sur l'accaparement des terres
agricoles, on est toujours en train de se demander, de ce côté-ci de la
Chambre, pourquoi on n'a pas procédé, pourquoi on n'a pas continué à l'étude de son principe et,
éventuellement, à l'adoption ou, en tout cas, un vote sur le principe.
Il y avait de l'intérêt du côté des députés de la partie gouvernementale, mais
c'est terminé.
Puis
à deux reprises il y a eu des plages horaires qui étaient presque vides ici, au
salon bleu. Et c'est ce qui est arrivé hier.
On a perdu du temps. Bien, perdu au sens où est-ce qu'on était disponibles au
salon bleu aussi pour pouvoir faire d'autres types de débats. Celui-là
était commencé, entamé, mais n'a pas terminé.
Et
là, dans le fond, je fais une suggestion, parce que, là, je comprends
qu'aujourd'hui puis je comprends que demain c'est très occupé, je fais une suggestion à mon collègue d'en face :
il pourrait juste inscrire le p.l. n° 495 comme possibilité de discussion au courant de la semaine prochaine,
ce qui ferait en sorte que, si d'aventure, de nouveau, par exemple, mardi
prochain, il y a une longue plage horaire de
libre, comme il l'aurait inscrit d'avance, on pourrait avoir le loisir de venir
continuer son étude ici. Alors,
suggestion, parce que je comprends qu'après ça, d'une journée à l'autre, ça
peut évoluer : On fait-tu ci, on
fait-tu ça? Mais, si, au moins, il l'inscrivait dans sa planification, qu'il
nous communique avec beaucoup de camaraderie les vendredis, ça nous donnerait et ça lui donnerait la possibilité de
le mettre de manière agile, de manière rapide, si d'aventure on voyait, donc, qu'il y avait un espace qui se
libérait. Donc, c'est une suggestion que je fais à mon collègue, et j'espère
pouvoir voir ça vendredi dans la planification de la semaine prochaine.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le leader du deuxième groupe d'opposition. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup, M. le Président. Comme vous le savez, on
apprécie toujours les suggestions de
l'opposition, là, qu'on analyse avec grand intérêt. Puis également j'apprécie
énormément, M. le Président, les échanges qu'on a, là, au quotidien avec
le collègue du deuxième groupe d'opposition, là.
Peut-être
faire un petit... un petit rappel. Bon, prenons d'abord la journée
d'aujourd'hui. On a beaucoup de pain sur
la planche, d'ailleurs on va être très occupés, là, dans quelques instants,
notamment avec le projet de loi n° 37, le projet de loi n° 31, le projet de loi n° 48. Et
on a également été énormément occupés, là, ces dernières semaines, depuis le
retour à l'Assemblée nationale,
que... on a étudié, justement, le projet de loi n° 495, celui... n° 595, on a eu un mandat d'initiative sur les dons d'organes. Actuellement, il y a également de nombreux
projets de loi très, très importants, en commission, qui sont à l'étude. Et
évidemment on a également eu la chance d'étudier les projets de loi, là, nos 46
et 41. Et actuellement vous n'êtes
pas sans savoir, M. le Président, que nous avons aussi l'ensemble des études
sur la Commission de la
représentation électorale à la Commission de l'Assemblée nationale. Donc,
ça fait énormément de pain sur la planche. Et donc c'est ce sur quoi on
travaille actuellement. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
je laisserai le soin à vous deux, collègues, de pouvoir poursuivre les
échanges en ce sens.
Affaires du jour
Donc,
la période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Oui, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 2 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 37
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À
l'article 2 du feuilleton, M. le ministre responsable des
Services sociaux propose l'adoption du principe du projet de loi n° 37, Loi sur le commissaire au bien-être et aux droits
des enfants.
Y a-t-il des
interventions? M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Je
vous demanderais, M. le Président, si vous pouviez, juste une courte
suspension, s'il vous plaît, le temps... juste un petit moment, puis
ensuite on va de l'avant avec les interventions. Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Parfait. Donc, nous allons suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à 11 h 06)
(Reprise à 11 h 07)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
nous sommes bien à l'adoption du principe du projet de loi n° 37, Loi sur
le commissaire au bien-être et aux droits des enfants. Donc, comme première
intervention, je vous reconnais, M. le ministre responsable des Services
sociaux. M. le ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci, M. le Président.
Tout d'abord, j'aimerais remercier les collègues ici présents pour l'adoption
du principe de cet important projet de loi,
même que j'ose qualifier d'historique, le projet de loi n° 37, qui vise à
instaurer le futur commissaire au
bien-être et aux droits des enfants, que j'ai eu la chance de déposer le
26 octobre dernier, ici même. Ce
fut un beau moment rempli d'émotions. Je les remercie également pour leur
collaboration lors des journées de consultations particulières que nous
avons tenues la semaine dernière.
Lors
de ces séances, nous avons eu la chance d'entendre les propos de
16 groupes au total, amenant ainsi une vaste diversité d'opinions, de suggestions et surtout de
pistes de solution et de bonification de ce projet de loi. De plus, près de
30 mémoires ont été reçus au
secrétariat de la commission. J'en profite pour remercier ceux et celles qui
ont pris le temps d'écrire et de soumettre
leurs mémoires. Merci pour votre intérêt envers cette pièce législative des
plus importantes. Et je souligne ici la contribution d'un de mes
citoyens, M. Normand Leclair.
Parmi
ces gens, je tiens à souligner également... vous avez eu la chance d'entendre
Mme Régine Laurent, ancienne présidente
de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la
jeunesse, appelée commission Laurent, ainsi
que l'ensemble des anciens commissaires qui ont su faire part de leurs mémoires
et de leurs commentaires. Il est important pour moi de souligner leur
contribution à ce projet de loi, puisqu'ils en sont avant tout à l'origine.
En
effet, on se rappellera que la création de ce poste de commissaire au bien-être
et aux droits des enfants était l'une des
recommandations-phares de la commission Laurent, et je suis plus que fier
d'être ici aujourd'hui dans le processus législatif qui va nous permettre, en
tant que société, de se munir d'une telle institution pour le bien de nos
enfants, de tous nos enfants au Québec.
Enfin, une personne
autonome et pleinement indépendante agira à titre de porte-voix pour plus de
1,6 million d'enfants. C'est une
nouveauté au Québec, et je crois que nous pouvons tous, ici, être fiers de
cette avancée. Le Québec est une société bienveillante de ses enfants. Et,
comme je le disais en consultations particulières, elle doit aussi être
bientraitante de ses enfants. Je l'ai répété à de nombreuses reprises, la
prévention demeure la clé à bien des maux de notre société, et cela s'applique plus particulièrement envers nos jeunes
et nos enfants les plus vulnérables. Prévenir sera toujours mieux que
guérir. Nous l'avons entendu à quelques reprises lors des différents
témoignages.
D'ailleurs,
notre volonté, en tant que gouvernement et avant ce... et avec ce projet de
loi, est de venir placer le ou la future
commissaire en amont de la protection de la jeunesse, car la protection de la
jeunesse doit être considérée comme les soins intensifs pour nos jeunes en difficulté et non pas la porte
d'accès aux services. C'est important, cette distinction, d'où mon
combat à ce que la prévention soit mise de l'avant et privilégiée à tout prix.
Maintenant,
M. le Président, j'aimerais rappeler les principaux objectifs derrière le
projet de loi n° 37. Je l'ai déjà dit, je le répète, lorsqu'il s'agit de
nos enfants, il n'y a pas de place pour la partisanerie, et je sais que mes
collègues sont d'accord avec moi et que j'ai leur entière collaboration
pour cela.
• (11 h 10) •
Avec cette pièce
législative, nous souhaitons d'abord et avant tout à prévoir la nomination par
l'Assemblée nationale d'un commissaire au bien-être et aux droits des enfants,
qui aura pour principale fonction de promouvoir le bien-être et le respect des droits des enfants et de veiller à la
protection de l'intérêt de l'enfant. Il agira à titre de porte-voix des
enfants, une première au Québec, je tiens à le répéter.
D'abord,
il est prévu que ce nouveau commissaire au bien-être et aux droits des enfants
devra notamment mettre en place des
moyens pour recueillir les préoccupations et les opinions des enfants, entre
autres, à ce qui a trait aux enjeux de
société, analyser l'état de bien-être des enfants au Québec et réaliser
annuellement un portrait de cet état, analyser les impacts des politiques gouvernementales sur le
bien-être des enfants, informer le public au sujet du bien-être et des droits
des enfants et le sensibiliser aux questions qui s'y rapportent, notamment par
des programmes d'information et d'éducation, soutenir les enfants dans l'exercice de leurs droits en les dirigeant
vers les ressources appropriées et en les accompagnant, lorsque nécessaire, dans leurs démarches, évaluer
la mise en oeuvre des programmes et la prestation des services qui sont destinés aux enfants et qui relèvent des
organismes publics, effectuer une veille de tous les décès d'enfants pour
lesquels une investigation ou une
enquête a été effectuée en vertu de la Loi sur les coroners, former un comité
consultatif national composé d'enfants et de jeunes adultes afin d'obtenir
leurs avis sur toute question concernant une matière relevant de ses fonctions.
De
plus, notre projet de loi prévoit que le commissaire exerce aussi certaines de
ses fonctions à l'égard de jeunes adultes, âgés de 18 à 25 ans, vulnérables.
Cela est en cohérence avec notre réforme de la Loi sur la protection de la
jeunesse, que nous avons faite lors du précédent mandat et qui avait été
adoptée à l'unanimité.
Il prévoit de plus
que le commissaire produit annuellement un rapport de ses activités qui doit
être transmis au président de l'Assemblée nationale, comme tout autre rapport
qu'il produit dans l'exercice de ses fonctions.
Il
est également prévu dans le projet de loi que le commissaire ait le pouvoir de
faire toute enquête qu'il juge utile à
l'évaluation de la mise en oeuvre des programmes et de la prestation des
services des organismes publics qui sont destinés aux enfants.
Dans
un souci d'efficacité organisationnelle et de cohérence, le projet de loi
prévoit également que le commissaire coopère
notamment avec la Commission des droits de la personne et des droits de la
jeunesse, le Protecteur du citoyen ou, lorsqu'il
l'estime nécessaire, tout autre organisme public afin de prévoir des mécanismes
de concertation visant à assurer l'harmonisation de leurs interventions
à l'égard des enfants et des jeunes adultes.
De
plus, le projet de loi prévoyait la mise en place d'un commissaire associé au
bien-être et aux droits des enfants issus des Premières Nations et des Inuits.
Or, vendredi dernier, la Cour suprême du Canada a rendu son jugement à
la suite du renvoi du Québec du projet de
loi C-92 du gouvernement fédéral. Je l'ai déjà dit, dans le projet de loi
sur la protection de la jeunesse, les gens des Premières Nations et
Inuits sont les mieux placés pour s'occuper de leurs enfants.
Ainsi,
à la suite de ce jugement, je tiens à dire que nous allons analyser toutes les
pistes de solution possibles afin que
les enfants des Premières Nations et Inuits puissent avoir également, eux
aussi, leur porte-voix via un processus que nous voulons coconstruire avec eux. Nous allons continuer de travailler
en collaboration, comme nous l'avons toujours fait, avec les Premières
Nations et les Inuits. La priorité est et demeurera toujours l'intérêt et le
bien-être de nos enfants.
Finalement, M. le Président, nous aurons la
chance de débattre prochainement en étude détaillée des différents articles de
ce projet de loi. Ce sera l'occasion, j'en suis certain, de venir bonifier le
projet de loi à la suite des différentes interventions
auxquelles nous avons pu assister lors des consultations particulières. Les
commentaires reçus à la suite de questions
à la fois des députés du gouvernement que ceux des oppositions ont permis d'apporter un
éclairage nouveau sur certains détails concernant le rôle, les fonctions
et les responsabilités du futur commissaire.
En terminant,
M. le Président, je suis convaincu que nos travaux permettront de faire
cheminer le meilleur projet de loi
qui soit pour nos enfants. Ils sont notre avenir de demain, et nous devons nous
assurer qu'ils grandissent en toute sécurité afin d'atteindre leur plein
potentiel. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le ministre.
Pour la prochaine intervention, je reconnais Mme la députée de
Robert-Baldwin.
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau : Merci beaucoup,
M. le Président. Tel que mentionné par le ministre responsable des Services sociaux,
c'est un projet de loi historique. C'est un projet de loi bien attendu. Ça fait
longtemps qu'on voulait avoir un chien de garde, la voix pour nos enfants, surtout considérant les lacunes
importantes dans notre système de protection de la jeunesse qui persistent
depuis plusieurs années et qui démontrent un manque de services dédiés à la
protection des droits des enfants et au respect de leurs droits.
L'adoption du
principe de ce projet de loi est importante. La nomination d'un commissaire et
la création de cette nouvelle
institution en matière de la protection de la jeunesse est non seulement
essentielle, mais fondamentale dans notre société québécoise.
En tant que
parlementaires et législateurs, nous avons un devoir de nous assurer que
l'intérêt supérieur de l'enfant, la protection et le respect des droits de tous
les enfants du Québec soient au coeur de nos décisions. Il n'y a rien de plus
important dans notre société démocratique que d'assurer le sain développement
physique, psychologique et social de nos enfants.
Malgré notre
accord à l'adoption de principe du principe de ce projet de loi, il va sans
dire que plusieurs articles devront faire l'objet d'amendements, et nous
devrons le bonifier puisque certaines recommandations importantes et, je dirais
même, qui sont au coeur du premier chapitre
du rapport de la commission Laurent et de la recommandation-phare, la première
recommandation, ne se retrouvent pas dans le projet de loi.
Dans le cadre de mes représentations aujourd'hui
concernant l'adoption du principe du projet de loi, mais aussi quelques
commentaires concernant l'étude détaillée qui suivra, je ne peux passer sous
silence deux faits importants.
Le premier,
et on ne peut jamais l'oublier, c'est en raison d'une tragédie inimaginable, du
décès d'une jeune fille de... à
Granby, le 30 avril 2019, laquelle avait fait l'objet de signalements à la
DPJ, que la création de la Commission
spéciale sur les droits des enfants
et la protection de la jeunesse a été
créée et mandatée en 2019. La présidente de cette commission, Mme Régine Laurent, mentionne dans le rapport
qui porte son nom que la mort de cette jeune fille, dont elle a nommé, dans
son rapport, Ti-Lilly, a provoqué une
profonde remise en question sur le respect des droits de l'enfant, la
protection de la jeunesse et sur le soutien aux familles en situation de
vulnérabilité.
Dans les mois qui ont suivi, d'autres drames
familiaux sont malheureusement survenus, soulevant tout autant l'indignation
dans notre système de protection de la jeunesse, de nos enfants et
l'incompréhension de la magnitude des problèmes.
De plus, s'ajoutent à ces tragédies humaines une hausse constante de la DPJ, et
les professionnelles du système qui
sont à bout de souffle, elles n'ont ni le temps ni le soutien pour répondre
adéquatement à toutes ces demandes d'aide et de protection, et nous
devons répondre à l'appel.
Cinq ans plus
tard, et ça, on doit le souligner, le réitérer, cinq ans après le mandat confié
à la commission Laurent le 30 mai
2019 et le rapport déposé le 30 avril 2021, il est regrettable de constater
que la situation dans laquelle on se trouvait en 2019 concernant les lacunes importantes dans notre système de
protection de la jeunesse ne s'est pas améliorée. Force est de constater
que la situation s'est empirée à un point tel que dans les deux dernières
années, et la dernière année en particulier, on parle de
136 000 signalements à la DPJ. C'est du jamais-vu.
Les listes
d'attente pour évaluer les enfants ont également atteint des sommets. L'exode
massif d'intervenants du réseau de la protection de la jeunesse dans les
dernières années, tel que mentionné par le Protecteur du citoyen dans son
rapport l'année dernière, a inévitablement
contribué aux délais indus et le manque d'accès de services pour venir en aide
à nos parents et leurs enfants, une pénurie de main-d'oeuvre au sein de la DPJ
qui persiste, et le manque d'un plan d'action pour la rétention et le recrutement de personnel pour répondre aux
besoins criants des enfants et de leurs parents, l'augmentation fulgurante des dossiers en violence conjugale, et, je le
répète et je vais continuer à le répéter dans ce salon, dans cette Chambre, le manque de formation
adéquate offerte aux intervenants de la DPJ et adaptée aux complexités des
diverses composantes de la violence conjugale, incluant le contrôle coercitif
et l'aliénation parentale.
• (11 h 20) •
Les
reportages concernant le manque d'interventions ou d'inaction de la Commission des droits de la personne et des droits
de la jeunesse, la CDPDJ, dans les
dossiers de lésions de droits et de défense des droits des enfants... Qu'est-ce
qui est aussi autant préoccupant,
c'est que la voix des enfants n'est pas entendue. Et il y a un manque de
représentation légale adéquate des enfants dans le domaine de la
protection de la jeunesse. Ces situations alarmantes d'un système défaillant de la protection de la
jeunesse ont déclenché des déclarations publiques de parents, d'avocats et de
divers professionnels qui oeuvrent dans le domaine de la protection de
la jeunesse.
Et je ne peux passer
sous silence les cris du coeur et les grandes préoccupations de certaines
personnes, surtout le vice-président de la
commission Laurent, M. André Lebon, en février 2022, que nos
enfants «ont besoin d'un chien de garde,
la preuve est faite. Ça urge!» Le cri du coeur, en septembre 2023, par la
bâtonnière du Barreau du Québec, Me Catherine
Claveau, et je la cite : «Le système de justice en matière de protection
de la jeunesse est pratiquement au "bord du précipice". "[...]la
protection de la jeunesse vit une crise sans précédent. Il est plus que [jamais
le] temps d'agir, afin d'éviter que
les drames vécus dans les dernières années ne se reproduisent." [...]Il y
a [de plus en] plus de requêtes en lésions de droits. "C'est sans
fin."»
Les
données alarmantes qui découlent également, et c'est récent, de l'étude des
chercheurs, le chercheur principal et
professeur à l'École de travail social de l'Université de Montréal,
Tonino Esposito. C'est une étude, 2023, basée sur les dossiers de la DPJ entre les années 2000 et
2017. Les conclusions : Un jeune sur cinq a fait l'objet d'un signalement
de la DPJ, environ 18 %, et
16 % de ces signalements ont été retenus. De tous les bébés nés au Québec
au cours d'une année, un sur 100 sera
pris en charge par la DPJ dès sa première année de vie, et près d'un sur 200
sera placé en milieu substitut dès son année de naissance.
Deuxièmement,
malgré ces constats alarmants d'un système défaillant de la protection de la
jeunesse, ce gouvernement, et le ministre responsable des Services sociaux, a
décidé, dans l'élaboration de son plan de mise en oeuvre des recommandations
du rapport de la commission Laurent, de ne pas prioriser la première
recommandation-phare de ce rapport, qui était la nomination d'un commissaire au bien-être et aux droits des enfants.
D'ailleurs, cette recommandation-phare a été reportée par le gouvernement à la deuxième phase du plan de
la mise en oeuvre des recommandations. Incompréhensible, compte tenu du contexte et du rapport étoffé de la nécessité,
la nécessité non seulement de nommer un commissaire parce que c'était
urgent, mais aussi intimement lié au commissaire, qui a le devoir et les
responsabilités de promouvoir, et de protéger, et de respecter les droits des enfants, les enfants du Québec. Il y
avait aussi la charte des droits qu'on voulait également adopter parce
qu'ils sont intimement liés, donc commissaire et charte en même temps.
Mais ce n'est pas ça que le gouvernement a fait.
On a amendé la Loi sur la protection
de la jeunesse en premier, qui a été
adoptée au mois de juin 2022, on a reporté le commissaire au bien-être à la
deuxième phase et on a reporté encore plus loin, ce que je ne comprends pas du tout, puis il y en a plusieurs qui
partagent mon avis, également Mme Laurent et les anciens commissaires de la commission Laurent, à
la troisième phase. Où est la logique dans cette prise de décision concernant
la protection de nos enfants?
Il
n'y avait rien, et je fais le point parce que je pense que c'est important de
le mentionner, lorsqu'on parle de veiller sur le meilleur intérêt de nos enfants, la protection de ses droits, on
aurait pu le faire en 2022, amender la Loi
sur la protection de la jeunesse. On
a intégré dans cette loi la nomination d'une directrice, directeur national, on
aurait pu faire la même chose au
niveau du commissaire. On aurait pu également intégrer la charte. Mais non, ça
n'a pas été la décision de ce gouvernement. La décision a été de reporter le tout, des recommandations-phares du
projet, et, quant à moi, a nui au bien-être. Le délai, l'attente, cinq ans plus tard, et même avec ce
projet de loi on va être sept ans plus tard, compte tenu de l'article 30,
qui fait en sorte que le commissaire
va avoir cinq ans pour mettre en oeuvre toutes les dispositions législatives.
C'est une... C'est une... C'est vraiment incompréhensible et non
justifié.
Après
tout ce temps, M. le Président, comment se fait-il, après deux ans... On
regarde, et c'est colossal, le travail. Lorsqu'on révise le rapport, les interventions, on parle d'un travail de
deux ans. Et je vais parler à... quelques instants au niveau des détails liés à cette étude étoffée de
notre système de protection de la jeunesse, mais je ne peux pas comprendre,
après tout le travail qui a été fait, des recommandations, un rapport étoffé,
des recommandations justifiées qui vont en ligne
avec... oui, la prévention, c'est important, nous devons le faire, mais aussi
la protection, et la promotion, et le respect des droits des jeunes et des enfants. Et je suis abasourdie, et je ne
suis pas la seule, parce qu'on va parler de certains groupes, que le ministre
responsable des Services sociaux... que ce gouvernement n'a pas repris — c'était
tout là, détaillé, très bien fait — les recommandations liées à
la nomination du commissaire au bien-être et aux droits des enfants. Et de
reprendre toutes les recommandations, et de les mettre dans un projet de loi,
ce n'est pas difficile, nous avons des légistes...
(Interruption)
Mme Garceau : ... — ce
n'est pas moi, ça, je m'excuse — pour
le faire. Mais ce n'est pas le travail qui a été fait, et
malheureusement il y a des manques flagrants concernant l'intégration de
certaines recommandations que nous ne retrouvons pas dans ce projet de loi, et
ça, je dois vous dire, M. le Président, c'est non seulement
préoccupant, mais on doit se poser de sérieuses
questions. Pourquoi, pourquoi se fait-il que certaines recommandations ne fait
pas l'objet de ce projet de loi?
Et
donc j'aimerais revoir, parce que... en raison de l'étude détaillée et en
raison du fait qu'il y a eu un manque de certaines recommandations, et, je vais vous dire, des recommandations
qui sont quand même au coeur des pouvoirs, des fonctions et de l'esprit de la commission Laurent. Et la commission
Laurent, au bout du compte, au bout de l'analyse, la conclusion, c'était
qu'on veut avoir un commissaire au bien-être et aux droits des enfants, un
commissaire qui va être au-dessus de la
mêlée, de tout le monde, de toutes les instances, une commission... commissaire
indépendant qui va pouvoir enquêter
lorsque les droits des enfants sont brimés, lorsqu'il y a les lésions de
droits. Mais ce n'est pas ce qu'on retrouve dans ce projet de loi, et c'est vraiment regrettable. Et donc, oui, on
va continuer à talonner le ministre responsable des Services sociaux
dans l'étude détaillée parce que c'est important de le faire pour que la voix
des enfants soit portée par un commissaire.
Brièvement,
concernant la commission, parce qu'il faut se rappeler qu'on parlait... on
avait 12 commissaires, on avait
cinq experts dans les domaines psychosocial, juridique et pédiatrique, quatre
élus des partis représentés à l'Assemblée nationale ainsi qu'une présidente et deux
vice-présidents. Et le mandat de la commission était très étoffé, et c'est pour
ça que ça a pris deux ans. Elle
devait entreprendre une réflexion sur les services de protection de la
jeunesse, la loi qui les encadre, le rôle des tribunaux, le rôle des
services sociaux et d'autres acteurs concernés.
• (11 h 30) •
La commission
a examiné l'évolution, au cours des 40 dernières années, des dispositions
de la Loi sur la protection de la
jeunesse, des connaissances liées aux meilleures pratiques d'intervention et
des besoins des enfants en difficulté et leurs familles. On a jeté un regard contemporain sur l'ensemble du
système de la protection de la jeunesse et sur les interactions avec les
partenaires oeuvrant auprès des enfants. Prendre en compte la réalité aussi, et
ça, c'est très important, des populations autochtones face à la protection de
la jeunesse en s'appuyant notamment sur les travaux de la Commission d'enquête
sur les relations entre les Autochtones et certains services publics à venir
ainsi que les résultats de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles
autochtones disparues et assassinées.
Et, pour
réaliser son mandat, la commission a examiné également l'organisation et le
financement des services de la protection de la jeunesse au sein du réseau de
la santé et des services sociaux pour assurer une prestation de services de
qualité diligente et adaptée aux besoins des enfants et de leur famille, le
rôle et les responsabilités des réseaux publics et leurs partenaires, incluant les organismes
communautaires, dans la protection des enfants au Québec et leur contribution
au bien-être de l'enfant par
l'identification des enjeux et obstacles à la concertation entre ces réseaux
pour améliorer la prise en charge collective des enfants en besoin de
protection.
L'organisation
et le mode de fonctionnement des tribunaux en matière de protection de la
jeunesse ont également fait l'objet
de cette étude, soit la Cour du
Québec, chambre de la jeunesse, de
même que ses arrimages avec les tribunaux en matière de garde d'enfants, soit la Cour supérieure, pour assurer
de... l'application des principes généraux de la Loi sur la protection de la jeunesse et des droits des
enfants, dont l'étude de la liaison entre les tribunaux et les services de
protection de la jeunesse, le cadre
législatif actuel et l'application de la Loi sur la protection de la jeunesse
au regard de l'intervention sociale ainsi que sur le plan juridique et
l'écart entre les objectifs poursuivis et les résultats obtenus.
Et, juste
pour vous démontrer, je pense que c'est important, M. le Président, qu'on se
rappelle de l'envergure de cette commission, du mandat qu'elle a dû exécuter à
l'intérieur de deux ans : 335 témoins reçus en audiences publiques,
des jeunes, des parents, des familles
d'accueil, des intervenantes psychosociales et communautaires, des
professionnels, des chercheurs, des
représentants des ministères et des organismes gouvernementaux et syndicaux
ainsi que des communautés autochtones ont été invités à se faire
entendre en fonction des différents angles du mandat, 42 forums,
488 citoyens et 1 426 professionnels entendus dans les
17 régions du Québec. On parle aussi... 1 590 appels
téléphoniques et courriels ont été reçus
entre le 12 septembre 2019 et le 13 mars 2020. Il y avait également
une ligne téléphonique 1 800, une boîte courriel «Votre histoire», un formulaire sécurisé
pour, évidemment, obtenir les opinions, les préoccupations du public. La
commission a reçu et analysé aussi
233 mémoires. De ce nombre, 40 % proviennent de citoyens, en leur nom
personnel, et ça, c'est très important à retenir.
Il y a aussi, également, eu un volet recherche
au niveau de cette commission, dans l'exécution de son mandat. Il y a eu un plan détaillé de recherche qui a été
établi, celui-ci étant centré sur le parcours de vie d'un enfant et de sa
famille. À partir de ce plan,
l'équipe de recherche, accompagnée par les commissaires, a procédé à
l'identification des enjeux importants et
des questions de recherche permettant de commenter ceux-ci, de mieux les
comprendre et, si possible, de leur apporter des solutions efficaces et
pragmatiques.
Donc, de
cette masse d'information, M. le Président, des résultats ont été tirés d'une
analyse de contenu fondée sur une méta-analyse de plus de
1 000 pages, plus d'une centaine de notes synthèses et une base de
données. C'est à partir de toutes ces
informations que la... que les commissaires ont analysé la preuve durant des
mois en visioconférence, compte tenu de
la pandémie, et par la suite les recommandations qui font partie d'un rapport
qui représente, je crois, environ 550 pages.
Un instant. (Interruption)
Et je dois
féliciter et rendre hommage à la présidente de cette commission,
Mme Régine Laurent, pour son dévouement et le temps qu'elle a consacré pour s'assurer d'avoir un rapport, de
nous proposer comme société québécoise un commissaire, non seulement un commissaire au bien-être, mais
aussi une modification substantielle des recommandations pour modifier notre
système de protection de la jeunesse, le tout dans l'intérieur supérieur de nos
enfants.
Et j'aimerais
citer quelques passages de Mme Laurent, parce qu'ils sont très pertinents
pour les fins de nos travaux, et elle
dit, et je la cite : «À travers les témoignages entendus, j'ai
malheureusement pu confirmer ce que je craignais : trop souvent nous avons failli à notre devoir de
prévention et de protection. Cette commission a permis à des enfants et à des
jeunes d'exprimer publiquement leur vécu,
leur histoire. Ces témoignages ont dû raviver la douleur de familles qui ont
traversé des difficultés et qui s'attendaient à recevoir du soutien. Autant de
familles dont la situation ne correspondait pas aux critères donnant
accès aux services et qui n'ont pas reçu le coup de main attendu.
«Plusieurs
jeunes adultes — et
ça, c'est très important de le mentionner — passés
par la protection de la jeunesse sont
venus raconter leur vie — leur
histoire, leur vécu — dans
ce système. J'ai dû y mettre toute mon énergie pour garder mon calme! J'imagine à peine ce que [...] leur a
demandé d'exposer leur vécu au grand jour. Je remercie ces jeunes adultes
d'avoir fait entendre leur voix. Je salue leur courage d'avoir partagé leur
expérience. Cela aura sans doute permis à d'autres jeunes d'entrevoir
leur avenir autrement que dans la rue.
«Des
centaines de groupes, d'organismes et d'individus sont venus nous parler pour
faire état des problèmes et suggérer des solutions. Au fil des audiences et des
forums, j'ai été frappée par la somme des problèmes soulevés par les divers
intervenants. Tellement de questions, d'incompréhensions ont surgi au cours des
semaines et des mois : effritement des services de prévention dans les
écoles, les services de garde et les CLSC; interprétation conservatrice du
devoir de confidentialité entre
professionnels; intervenantes laissées à elles-mêmes vis-à-vis des situations
familiales délicates et très complexes;
droits de l'enfant opposés aux liens parentaux; [...]des jeunes [qui se font
ballotter] d'un hébergement à l'autre; [la] lourdeur du
processus judiciaire. De nombreux rapports antérieurs ont pourtant abordé ces
questions et proposé des solutions sans qu'il y ait beaucoup de suites.»
• (11 h 40) •
Et
c'est qu'elle... elle conclut à la fin : «Celles et ceux qui liront ce
rapport pourront constater ce qu'il faut réparer pour remettre à l'ordre du jour la société bienveillante. Ils verront
comment des changements, tant législatifs que structurels, mettront
réellement l'intérêt supérieur de l'enfant au coeur des décisions. Mais il
faudra aller au-delà des modifications gouvernementales.
Ce que nous suggérons, c'est un véritable changement de posture sociale. C'est
une invitation à [...] chaque [Québécois] et chaque [Québécoise]
s'imprègne de cette attitude bienveillante afin de créer un cercle protecteur
autour des enfants et [de nos] jeunes.»
Depuis le dépôt, M.
le Président, du projet de loi n° 37, nous avons reçu plusieurs mémoires
de divers groupes, d'organismes et
d'individus qui oeuvrent dans le domaine de la protection de la jeunesse, et
certains d'entre eux ont témoigné devant
la commission... devant la commission Laurent également. Mme Laurent et
les commissaires Jean-Simon Gosselin et
Gilles Fortin ont également déposé leur mémoire et nous ont fait part de leurs
représentations lors des consultations, les auditions publiques. Je tiens à les remercier infiniment pour leur
participation aux auditions publiques menées la semaine dernière. C'est grâce à la lecture de ces mémoires
et les échanges ouverts, francs et sincères de leurs expériences personnelles
et professionnelles lors des auditions
publiques qu'ils vont nous guider et alimenter nos réflexions au cours du
processus lié à l'adoption du principe, mais aussi, évidemment, à
l'étude détaillée du projet de loi.
Certains constats
établis par la commission Laurent suite à l'exécution de leur mandat méritent
d'être réitérés, considérant que certaines dispositions législatives proposées
dans le projet de loi ne correspondent pas à l'esprit et au libellé de ces constats, et ça, c'est vraiment
concernant... Il y a deux points en particulier... qu'au Québec nous n'avons
aucune organisation qui est vouée exclusivement à la promotion et à la défense
des droits de tous les enfants. Nous sommes d'avis que, dans une société bienveillante à l'égard des enfants, il est
primordial qu'une personne soit responsable de veiller au bien-être et
au respect des droits de tous les enfants. Tout au long de la commission,
plusieurs personnes sont venues demander la
mise en place d'une institution, une institution pour promouvoir et défendre
les droits de tous les enfants du Québec,
et plusieurs voix appuient la création d'une institution responsable de veiller
sur le respect des droits des enfants. La
création d'une instance consacrée à la promotion et la défense des droits des
enfants est aussi en accord avec les obligations internationales du Québec. Selon le Comité des droits de l'enfant de
l'ONU, qui surveille la mise en oeuvre de la Convention relative aux droits de
l'enfant, une des obligations créées par la convention est de se doter d'une
institution indépendante de promotion
et de défense des droits des enfants. Ce type d'institution, avec un large...
un mandat large, existe déjà dans plusieurs provinces et territoires
canadiens.
Pour
le Comité des droits de l'enfant, la promotion et la défense des droits des
enfants doivent occuper une place centrale
dans l'institution qui s'occupe de cette défense et de cette promotion. Les
enfants sont vulnérables aux violations de leurs droits parce qu'ils ont un accès généralement limité aux
institutions chargées de les promouvoir et de les défendre. Et au Québec, et j'insiste là-dessus, au Québec,
ni le Protecteur du citoyen ni la Commission des droits de la personne et des
droits de la jeunesse, la CDPDJ, les deux principales organisations de défense
des droits des enfants ne sont pas vouées exclusivement aux enfants.
Compte
tenu de ces constats et la recommandation qui découle de cette étude, qui
découle de ce principe de créer une institution, une voix pour la
protection des droits de nos enfants, nous avons la recommandation de la
commission que l'on ne retrouve pas dans ce
projet de loi. Pour les jeunes en protection de la jeunesse, la commission
devrait avoir les mêmes pouvoirs et les mêmes devoirs auprès de ces
jeunes que ceux actuellement dévolus à la CDPDJ.
Depuis la fusion de
la Commission des droits de la personne et la Commission de protection des
droits de la jeunesse en 1995, la CDPDJ a
souffert d'un sous-financement qui l'a contrainte à réduire ses services en
région et d'autres services comme les rencontres aux milieux scolaires. Ces
contraintes semblent ultimement avoir réduit son rayonnement et son
accessibilité auprès des enfants.
Cette
réalité appuie le besoin d'avoir une institution entièrement consacrée aux
enfants. C'est ça, la conclusion de la
commission Laurent pour la création de cette institution. Et donc, conclusion
liée à la création, nous recommandons que l'ensemble des pouvoirs de la CDPDJ
en matière de protection de la jeunesse soit transféré au commissaire afin de
permettre une promotion et une défense efficaces des droits de ces enfants à
l'intérieur de la structure destinée aux enfants.
Donc,
comment se fait-il, et je suis complètement abasourdie, après on attend, quoi,
quatre, cinq ans, depuis la création de
la commission, avec toutes les études, les mémoires, les témoignages reçus, que
nous n'avons pas... que le gouvernement et le ministre responsable des Services sociaux n'a pas intégré cette
recommandation dans le projet de loi qui est au coeur des pouvoirs et des
fonctions de ce commissaire? L'article... le libellé de l'article 6 ne
respecte pas du tout le principe fondamental établi par la commission. Et je vais, dans quelques instants, parler
également que ça ne représente pas non plus la proposition concernant le
commissaire dédié aux enfants autochtones... et au bien-être des enfants autochtones.
Et donc, malgré cette
recommandation, M. le Président, claire, ferme, sans équivoque prévue au
rapport de la commission Laurent, elle n'a
pas été reprise, et donc le mandat du commissaire est limité, il est restreint.
Ce n'est pas du tout le chien de
garde envisagé et souhaité par la commission et qu'on attend depuis cinq ans.
Le mandat sera limité, plus encadré...
travaux de prévention, de la sensibilisation, de collaborer avec des organismes
publics, de collecter des données pour
avoir un portrait juste de la réalité. Ses pouvoirs se limiteraient à émettre
des avis, des recommandations et à livrer, une fois par année, un bilan à l'Assemblée nationale. Le pouvoir
d'enquête sera limité, et le commissaire ne pourra rien imposer, ne pourra pas se porter à la défense des
enfants dont les droits sont brimés. On est vraiment loin, M. le Président,
d'un chien de garde. J'aurais espéré au
moins qu'on ait un chien de garde dans ce projet de loi et qu'on l'aurait
bonifié en lui donnant des vraies griffes pour être la voix de ces
enfants et de protéger leurs droits.
Et j'aimerais
citer, M. le Président, parce que je trouve que c'est important à ce stade-ci,
compte tenu du projet de loi, le 25 octobre 2023, dans la chronique de
Mylène Moisan, dans Le Soleil... et l'ancien vice-président de la
commission, M. Lebon,
et je le cite : «Déjà M. Lebon — bien, je cite l'article — voit
des lumières jaunes. Selon l'information qui circule, le commissaire pourra enquêter et émettre des
recommandations, mais il n'aura pas de pouvoirs équivalents à ceux de la CDPDJ qui peut intervenir dans [les] dossiers
précis, mais qui le fait trop peu.» Ce n'est pas même... Au niveau de la CDPDJ, «"ce n'est [pas même] 10 % du budget
[qui est attribué à la jeunesse], ce n'est pas 10 % du personnel. Elle
joue péniblement son rôle."
«Des enfants dont les droits sont lésés n'ont
personne pour les défendre.
«[...]M. Lebon
s'inquiète aussi de la multiplication des structures, de voir le commissaire
s'ajouter à la CDPDJ et à la directrice [...] de la DPJ, Catherine
Lemay, cette sous-ministre nommée en mai 2022 dont on sait bien peu de choses.
[...]On ne l'entend ni ne la voit jamais.»
Et il
conclut : «Je crains aussi qu'il y ait un dédoublement des structures. Il
serait peut-être mieux d'intégrer le volet jeunesse de la CDPDJ pour centraliser les ressources dédiées aux enfants
et à la jeunesse et faire de ce nouveau [commissaire] un véritable défenseur qui peut parler haut et
fort et qui peut aussi être un véritable rempart quand les droits d'un enfant
sont lésés. Un chien de garde, avec des dents.»
• (11 h 50) •
Les enfants
du Québec ont besoin d'une personne pour promouvoir et défendre leurs droits.
La commission Laurent confirme que
placer le bien-être, la promotion et la défense des droits des enfants au
centre de nos priorités suppose de se doter d'une instance indépendante qui
leur est consacrée. Et malheureusement ce projet de loi ne parvient pas à
intégrer ce principe des plus fondamentaux.
Tel que
mentionné par Mélanie Gagnon, de la Fédération des familles d'accueil et
ressources intermédiaires du Québec, je la cite, «le commissaire doit être le
chien de garde du bien-être et du respect des droits des enfants le plus
puissant, proactif et complet possible, et ce, pour l'intérêt supérieur
de tous les enfants du Québec».
Nancy Audet,
Me Mélanie Leblanc, qui sont venues témoigner lors des audiences... les
auditions publiques, nous ont
interpelés avec le manque d'intervention de la CDPDJ dans les dossiers de
lésion de droit et d'intervention devant les tribunaux. Elle mentionne que la crainte, lors des débats
parlementaires, en 1995, concernant la fusion de la Commission des droits de la personne et la Commission des
droits de la jeunesse était que le volet jeunesse soit englouti par celui des
droits de la personne. Le collectif
ex-placé DPJ, également préoccupé par tout cet enjeu de la CDPDJ et mentionne...
nous fait part d'une étude publiée en 2023 qui constate qu'il y a
«beaucoup de décisions qui sont transmises à la CDPDJ, celle-ci n'est pas
obligée de faire enquête sur la situation; il n'y a pas de continuité dans les
communications entre le tribunal et la
CDPDJ. En ce sens, il semble exister un circuit incomplet entre les
institutions chargées d'intervenir en matière de lésion de droits : il n'y a pas de suivi assuré entre la CDPDJ
et le tribunal, et il n'est pas possible de savoir ce qu'il est advenu [des
questions des lésions] de droits. Si la CDPDJ se veut le "chien de
garde" du respect et de la promotion des droits de l'enfant[...], il paraît étonnant que l'effort concerté des
instances de surveillance n'assure pas de suivi dans les causes où il y
a une lésion de droits, ni de mesures pour agir en prévention.»
Avant de
passer au chapitre III concernant le commissaire dédié au bien-être des
enfants autochtones, je ne peux pas passer sous silence le fait que le
gouvernement caquiste, le ministre responsable des Services sociaux n'a pas...
on n'a pas vu l'adoption d'une charte, le
dépôt d'un projet de loi, que la charte soit intégrée, dans une certaine façon,
dans la Loi sur la protection de la
jeunesse, qui a été amendée en 2022, ou qu'elle soit intégrée dans ce projet de
loi ou dans un projet de loi distinct.
On a même
Mme Laurent qui a mentionné : Il faut avoir une charte. Évidemment,
il faut avoir une charte des droits, ça
va être fondamental pour le commissaire, qui doit faire la promotion et la
protection... et de respect de ces droits des enfants, et donc c'est intimement lié. On a aussi Mme Laurent qui a
mentionné, lors des audiences publiques, que, si ce n'est pas fait un peu
avant, il va falloir que ce soit vite après. Donc, il y a quand même urgence,
mais silence du côté du ministre, et,
même pire, parce qu'en date d'aujourd'hui on est en train de regarder,
troisième phase, la mise en oeuvre de la charte, donc dans, quoi,
quatre, cinq ans? Ça n'a aucun bon sens. C'est complètement incompréhensible.
Et on a eu
des groupes, dans les mémoires, qui ont partagé le même avis, et je comprends
qu'on tente... Dans les mémoires, on a fait des suggestions, Mme Laurent
également, et les anciens commissaires, de dire : Bon, on va ajouter
certains aspects qu'on avait mis dans notre recommandation concernant
l'adoption d'une charte, des règles de principe. On va les mettre dans le préambule du projet de loi n° 37, mais, du point de vue légal, ce n'est pas suffisant, et c'est ça que,
cette question de l'adoption d'une charte, il va falloir en discuter, parce que
c'est absolument essentiel.
On a une...
Et je vais juste mentionner parce que je trouvais que c'était quand même très
intéressant, et je sais que l'avocat et le professeur à la Faculté de droit de
l'Université de Laval Dominique Goubau avait témoigné devant la commission
Laurent et avait porté à l'attention,
également, qu'on a une solution efficace. On pourrait intégrer la convention
internationale dont le Québec a
adhéré depuis 1991. On est liés par cette convention. Il y a des obligations
qui découlent de cette convention. Et
donc on pourrait l'intégrer dans ce projet de loi, et ainsi la Convention
internationale des droits de l'enfant va faire partie du droit interne québécois. Ceci enverrait un
message clair sur les droits de tous les enfants au Québec. Chose certaine,
comme j'ai mentionné, ce qui est
incompréhensible, c'est d'avoir reporté l'adoption d'une charte des droits à la
troisième phase de la mise en oeuvre
des recommandations, et je crois, et j'insiste là-dessus, qu'il va falloir en
discuter lors de l'étude détaillée de
ce projet de loi. Il n'y a aucun doute que l'adoption d'une charte des droits
de l'enfant ou l'intégration de la Convention internationale aux droits de l'enfant dans le droit interne québécois
est un enjeu incontournable, considérant l'institution d'un commissaire
qui aura comme mandat la promotion et la défense des droits des enfants.
Maintenant,
au chapitre III, les dispositions concernant la nomination d'un
commissaire dédié au bien-être et aux droits
des enfants autochtones — ça, c'est les articles, M. le Président, 14 à 18 du projet de
loi — force est
de constater que la majorité des
intervenants, lors des auditions publiques, ont fermement exprimé leur profond
désaccord avec les dispositions telles
que proposées au chapitre III du projet de loi. Moi-même, j'ai été
abasourdie puisque, dans le rapport de la commission Laurent, le droit des peuples
autochtones concernant l'autodétermination d'agir en matière de protection de
la jeunesse était clairement prévu,
clairement proposé et ne se retrouve pas dans le projet de loi. C'est un rôle
complètement différent qu'on a prévu
pour ce commissaire qu'on avait demandé dans la commission Laurent : qu'il
soit complètement indépendant, qu'il
soit complètement dédié au bien-être des droits des enfants autochtones. Et
maintenant qu'est-ce que nous avons
dans le projet de loi? C'est un commissaire qui va agir en tant que conseiller
et d'assistant au commissaire du bien-être. Le Protecteur du citoyen a
déposé un rapport étoffé au sujet de ces articles qui ne représentent pas la
volonté exprimée par les commissaires d'une
reconnaissance formelle de la capacité des peuples autochtones à décider de
leurs propres lois et politiques en matière de protection de la jeunesse
et veiller au bien-être de leurs enfants.
• (12 heures) •
Il
y a aussi, je dois le souligner, M. le Président, qu'est-ce qui a été... je
vais le... incompréhensible, mais aussi choquant, c'était le fait que le ministre, il a eu des
consultations avec... entre les groupes des Premières Nations et aussi
Makivik, qui représente les Inuits,
avant le dépôt du projet de loi pour que ces communautés confirment au ministre
leurs préoccupations, leurs souhaits.
Malgré le fait que ça avait été fait lors de la commission Laurent, c'était
évidemment très, très important de le réitérer. Et je comprends... j'ai pris connaissance
de leurs mémoires, on les a entendus lors des auditions publiques, et je
comprends leur désarroi complet, il était...
c'était palpable, face aux dispositions prévues au chapitre III du projet
de loi. Il y avait un manque flagrant
du respect de leurs droits dans... et de leurs droits, tel que prévu, tel que
recommandé dans la commission
Laurent. Même la Société Makivik, qui représente les Inuits, a précisé que cette
nouvelle institution était complètement inutile et que le commissaire
dédié ne possédait tout simplement pas la légitimité d'exercer son mandat auprès des enfants inuits. Les Premières Nations,
représentées par la APNQL, a précisé que le commissaire dédié devait être complètement indépendant administrativement
du commissaire québécois et ne lui être subordonné d'aucune façon. On va jusqu'à mentionner qu'il y a, d'après eux,
un manque de volonté, un acharnement gouvernemental de respecter leur
droit à créer une institution indépendante. Et face aux mêmes critiques sans
équivoque des groupes, lors des auditions publiques,
et considérant la décision maintenant unanime de la Cour suprême du Canada, qui
a été rendue vendredi dernier, laquelle
confirme maintenant la constitutionnalité de la loi fédérale concernant les
enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis, connue comme la
loi C-92, une loi qui affirme dans son préambule le droit inhérent à l'autonomie gouvernementale des peuples
autochtones en matière familiale, et donc il va de soi, M. le Président, que
toutes les dispositions prévues au
chapitre III du projet de loi n° 37 devront être amendées afin de se
conformer à la décision de la Cour
suprême du Canada... Cette décision est extrêmement importante pour la
réconciliation, et ce gouvernement a un devoir de la respecter.
Il y a d'autres
recommandations, en terminant, M. le Président, d'autres recommandations du
rapport de la commission Laurent qui n'ont pas été intégrées ou qui ont été
modifiées par le ministre et donc qui ont fait également l'objet de critiques lors des auditions publiques,
entre autres la définition restrictive de «jeune adulte». On voulait... et
c'était une recommandation également
phare dans le rapport de la commission Laurent, réitérée dans les mémoires de Mme Laurent et des deux anciens commissaires,
qu'on voulait développer et superviser un mécanisme d'accréditation des avocats désignés pour représenter des enfants
incapables de donner un mandat à leurs avocats et aussi un comité consultatif
d'enfants autochtones.
Et
donc, M. le Président, nous avons beaucoup de travail à faire, lors de l'étude
détaillée de ce projet de loi, pour qu'il reflète ce que la commission Laurent
envisageait et avait proposé : un commissaire, une voix pour défendre les
intérêts de nos enfants. C'est fondamental,
et j'espère qu'il y a une ouverture de la part du ministre des Services sociaux.
Je suis prête à collaborer avec lui. Je suis
prête à parler à d'autres groupes afin de pouvoir bonifier ce projet de loi,
parce qu'ultimement nous devons protéger l'intérêt supérieur de nos
enfants. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Robert-Baldwin. Nous sommes toujours à l'adoption du principe du projet de loi n° 37, Loi sur le commissaire au bien-être et sur les
droits... aux droits des enfants.
Donc, autre intervention, je reconnais maintenant M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard :
Merci beaucoup, M. le Président. Merci à ma collègue pour son intervention.
On partage quand même plusieurs points, ce
n'est pas surprenant, parce que l'ensemble des groupes qu'on a entendus
partageaient ces points-là également. Évidemment, on en a parlé, p.l. n° 37, Loi sur les commissaires... le commissaire au
bien-être et aux droits des enfants, pas un long projet de loi, M. le Président, une
trentaine d'articles, mais qui... 30 articles qui ont fait... quoi, 32 articles qui ont fait couler
beaucoup d'encre, par contre, 32 articles qui sont la suite directe d'un
rapport que les Québécois et Québécoises connaissent maintenant, le rapport
Laurent, Instaurer une société bienveillante pour nos enfants
et nos jeunes : rapport de la Commission spéciale sur les droits des
enfants et la protection de la jeunesse, avril 2021.
Quand même, faisons
l'historique. Mme Laurent présente ça en avril 2021. Ce projet de loi là
nous est présenté à l'automne 2023. Ça
a pris quand même deux ans et demi pour que la recommandation-phare de la
commissaire Laurent et des autres commissaires, soit l'instauration d'un
commissaire aux droits des enfants, vienne le jour. Puis là, bon, l'adoption est en... on est en étude détaillée, on
va... bien, après le principe, là, on va commencer l'étude détaillée, ça va
s'en venir, mais, quand même, ça fait
plusieurs mois, plusieurs années que les gens qui sont venus témoigner... et le
constat clair de la commission Laurent aurait déjà dû être beaucoup plus
avancé.
Je disais, ça a fait
couler beaucoup d'encre. On a, j'ai oublié, là, mais plus d'une vingtaine de
mémoires : le Barreau, des
regroupements d'organismes de femmes victimes de violence conjugale, et
d'enfants, évidemment, l'Auberge du Coeur,
les Premières Nations, évidemment, Makivik, l'APNQL, le coroner, bref,
un nombre considérable d'intervenants avec plusieurs
recommandations-phares sur des sujets quand même... quand même très différents.
Il y a plusieurs éléments
dans le projet de loi, qui est loin de faire l'unanimité, mais, quand même, sur
le fond, soyons précis et soyons clairs, on
appuie tout à fait le principe à l'effet que ça nous prend un commissaire aux
droits de l'enfant. C'est quelque
chose qui est attendu, c'est quelque chose qui est unanime. Puis il n'y a
personne, là, aucun des groupes qui a
été consulté, aucun des groupes qui est venu nous parler et qui nous a dit que
ça ne prenait pas un commissaire aux
droits de l'enfant. Au contraire, ce qu'on est venus nous dire, c'est qu'il
fallait probablement raffermir ses pouvoirs, élargir ses pouvoirs, élargir son champ d'intervention. Et on pourra
parler de la séparation des pouvoirs ou de la séparation du rôle entre la CDPDJ, la Commission des droits
de la personne et de la jeunesse, et évidemment le commissaire aux droits
de l'enfant, où là il y a eu évidemment certains points de friction. J'y
reviendrai.
Le projet de
loi commence par des considérants, un préambule. On n'a pas ça souvent, quand
même, dans un projet de loi, mais,
quand c'est des principes-phares, quand c'est des principes fondamentaux, puis
quand on veut quand même instaurer une ligne directrice, on le fait de
temps en temps, d'ajouter des considérants qui sont juste avant qu'on arrive à l'article 1, là, un genre de préambule. Le
ministre le fait très bien là-dedans, mais plusieurs groupes nous ont dit qu'on
pourrait aller plus loin dans ces considérants-là. Et ça, ça va faire partie
d'une des premières choses qu'on va évaluer. Notamment,
les ex-commissaires nous on dit qu'eux, ils appuieraient un renforcement du
préambule pour y ajouter notamment une référence à la Charte des droits
et libertés de la personne. Donc, le fait que le préambule, actuellement, ne
fait pas référence aux droits inclus dans la
charte des droits et libertés était une omission qui méritait d'être corrigée
de la part des ex-commissaires. Et le
Barreau du Québec appuyait une telle revendication, donc c'est
quelque chose qu'on va solliciter, quelque chose qu'on va évaluer,
probablement qu'on va déposer.
On nous parlait aussi, évidemment, bon, j'y
reviendrai un petit peu plus tard, mais le lien avec, au-delà de la Charte des droits et libertés de la personne, une charte des droits de l'enfant, et ça, ça
faisait partie des recommandations de Mme Laurent,
notamment, des ex-commissaires aussi, charte qu'on ne voit pas, là, dans ce
projet de loi là. Et ça fait partie des absents, ça fait partie des
choses qui sont dénoncées. Puis j'aurai un bout complet là-dessus dans mon
intervention. J'y reviendrai.
Là où il y avait
consensus, c'est que, bien que le Québec ne puisse pas unilatéralement modifier
le Code criminel fédéral, il appert qu'on pourra envoyer un message
clair sur l'interdiction d'une... de la correction physique, de la violence
physique envers les enfants. On devrait
ajouter ça comme interdiction directe à travers le préambule parce
qu'évidemment, une correction physique envers un enfant, puis
Mme Laurent le dit bien, là, ça va à l'encontre des valeurs de la société
québécoise.
Et il y a un
groupe qui nous expliquait, puis c'est le rapport Laurent qui nous le dit, que,
finalement, les enfants sont les
seuls citoyens à ne pas être complètement protégés d'une voie de fait, que
finalement on admet... ou qu'avec des exceptions au Code civil, par la jurisprudence du Canada, on accepte que,
dans un cadre balisé, ces derniers puissent subir une certaine violence.
Alors, évidemment, les groupes sont venus dire que ça, ça n'entre pas du tout
dans les valeurs de la société québécoise,
que, certes, il y a eu une réforme du droit de la famille, on en a parlé, et
puis c'est des réformes qui sont importantes, notamment des clarifications qui ont été apportées en juin 2022, mais,
malgré ça, Mme Laurent, en commission parlementaire, nous a dit qu'elle n'était pas particulièrement
satisfaite, qu'il fallait aller plus loin, qu'il fallait pousser et qu'il
fallait être très clairs dans le
préambule du commissaire aux droits de l'enfant à l'effet que c'est interdit,
ce n'est pas accepté, au Québec, d'être
violent ou de faire une correction physique, même de manière balisée envers les
enfants. Et plusieurs autres groupes sont venus nous dire la même
chose, notamment les ex-placés, qui... les ex-placés de la DPJ, qui nous ont
parlé de cette problématique-là puis
nous ont dit qu'effectivement il faudrait amender ou il va falloir amender pour
inclure l'interdiction de correction physique à l'intérieur du préambule. Et
effectivement ce ne sera pas contraignant, effectivement, personne ne
pourrait être poursuivi au criminel, mais ça enverrait un message fort dans
notre juridiction puis dans le pouvoir du commissaire, dans le rôle du
commissaire, à l'effet qu'il lui appartient de tout faire en son pouvoir pour
prévenir ça.
• (12 h 10) •
On nous a
aussi beaucoup parlé d'une modification au préambule pour ajouter que l'enfant
est une personne à part entière dans la société et qu'il est un sujet de
droit. Ça peut paraître particulièrement évident, mais force est de constater que ça ne l'est pas, parce que l'ensemble des
groupes, l'ensemble des recommandations, Mme Laurent, notamment, nous a
dit qu'il fallait le réaffirmer, ça, que
l'enfant est au coeur... est un sujet de droit dans notre système démocratique,
dans notre système législatif. Les ex placés de la DPJ sont venus dire
la même chose. Ils nous ont dit : Vous savez quoi? On ne pourrait pas faire un nouveau projet de loi
spécifiquement dédié au bien-être des enfants sans réaffirmer dans le protocole
puis... dans le préambule, pardon, que les enfants sont sujets de droit.
Et on est
allé un petit peu plus loin, on nous a aussi dit qu'il fallait confirmer et
réaffirmer que l'intérêt de l'enfant est au coeur de notre prise de décision,
qu'il doit être, en fait, la considération principale de toute décision qui est
prise à son sujet. Et ça, c'est
quelque chose qui mérite aussi d'être réaffirmé. C'est quelque chose que les
ex-placés nous ont dit, la commission Laurent nous a dit, que
Mme Laurent nous a dit : Il fallait revenir et réaffirmer que
l'enfant est au coeur, et devrait être au
coeur, et son intérêt devrait être au coeur de l'ensemble des décisions qui
sont prises à son sujet puis que, s'il fallait qu'il y ait un doute sur
une interprétation législative, s'il fallait qu'il y ait un doute sur quelles
mesures à appliquer, si on arrivait à 50-50,
là, bien, c'est toujours celle, ou la proposition ou la solution, qui mettrait
l'intérêt de l'enfant en premier qui devrait être la considération
principale.
Toujours dans les considérants, parce que les
groupes ont été foisonnants sur les considérants, on nous a parlé d'ajouter le droit à la participation de l'enfant
à la vie citoyenne et aux décisions publiques. Et on nous a dit que c'était une
responsabilité pour l'ensemble de la société
de s'assurer que les enfants puissent participer à la vie publique et
démocratique, tant au niveau local,
donc au niveau des municipalités, tant au niveau régional, tant au niveau
national. Et on nous a dit que les enfants ont le droit et la capacité
de faire entendre leurs voix et qu'ils ont le droit d'influencer les décisions
les concernant en étant informés
adéquatement, accompagnés et écoutés. Et ça, ça va faire partie des rôles du
commissaire, de s'assurer
que quelqu'un, quelque part, collige, ramasse, détaille, développe les
positions des enfants, des jeunes pour être sûr que ça se rende auprès
des décideurs à tous les paliers, pour que la vie... la voix de l'enfant soit
toujours entendue. Évidemment, ce n'est pas
évident, pour un groupe... et certains groupes nous ont dit : Oui, comment
on peut connaître ça, l'opinion d'un
enfant de 0-5 ans sur un sujet précis? C'est quand même relativement
difficile. Mais eux développent des expertises, eux sont capables de
consulter à un certain âge, eux sont capables, au jour le jour, de le voir. Et
évidemment il y a d'autres groupes de la
population civile qui n'ont pas besoin d'un commissaire pour parler pour eux
ou, du moins, qui sont capables de le faire, mais, dans cette population
vulnérable, il nous manque une réaffirmation que les enfants ont droit
de participer à la vie citoyenne. Alors, ça, c'est quelque chose qui va devoir
être réaffirmé aussi dans le protocole.
Évidemment,
puis j'y reviendrai, il y a tout le volet des Premières Nations et des Inuits,
qui fait l'objet d'immenses tensions.
Sincèrement, Makivik et l'APNQL n'ont pas mâché leurs mots face à ce projet de
loi. J'y reviendrai, là, mais les mots «inutile» et «illégitime» ont été
soulevés par Makivik, notamment. Il va falloir qu'on y revienne, mais, dans le considérant, de ne pas reconnaître là l'identité autochtone
comme faisant partie du préambule, d'emblée, il y avait un problème.
Alors, on y reviendra.
Et, pour
revenir sur la charte des droits de l'enfant, c'est une recommandation de la
commission Laurent. Notamment, en
pages 64, 65, Mme Laurent nous parlait d'une loi prépondérante, une
loi supranationale, une charte. Et ça, ça fait partie des discussions qui ont été soulevées, la charte
des droits de l'enfant. C'est une chose, d'ajouter des droits à l'intérieur
d'un cadre législatif, là, d'une loi
au sens ordinaire, là, mais c'en est une autre de créer une charte comme la
Charte des droits et libertés, une
charte quasi constitutionnelle ou, en tout cas, avec un effet supralégislatif
qui nous permet d'interpréter ou d'aller au-dessus de ce que le cadre législatif
normal nous permet de faire, et Mme Laurent en parlait. Et il arrivait une
croisée des chemins entre la convention des
Nations unies relative aux droits de l'enfant et une éventuelle charte des
droits de l'enfant, parce que,
finalement, ces deux éléments-là sont quand même intrinsèquement liés. Une
pourrait régler l'autre ou une pourrait se faire avec l'autre ou sans
l'autre.
Mme Laurent
nous rappelait qu'effectivement le Québec s'est déclaré lié par décret à la
convention des droits de l'enfant,
mais qu'on n'a jamais intégré les dispositions législatives à l'intérieur de
notre cadre législatif. Donc, on n'a jamais intégré, en droit interne, par une
disposition, par une loi, le cadre législatif de la convention des droits de la
personne, et, ça, on est venus nous
en parler, et on est venus nous soumettre que c'est quelque chose qui devrait
être fait, qu'on pourrait faire, dans
ce projet de loi là, par une disposition, reconnaître que les droits consentis
à la convention lient le législateur québécois et deviennent droit
interne. Il faut y remédier. On nous en a parlé.
Pour la
charte des droits des enfants, on nous a dit : Il faut le faire
rapidement, ça presse. Et il y a eu des discussions, à savoir : Est-ce qu'on peut avoir un
commissaire des droits de l'enfant sans avoir une charte des droits de
l'enfant? Est-ce qu'un vient avec
l'autre? Est-ce que l'un vient en même temps? Est-ce que l'un peut venir après?
On nous a dit : Bon, ça peut
venir après, mais rapidement, en ce sens où vous pouvez instaurer les travaux,
là, mais le commissaire, finalement, son travail, nommément, ça va être
de s'assurer du respect desdits droits qui sont consentis à ladite charte.
Évidemment qu'il y a d'autres droits qui
sont protégés par nos ensembles législatifs, le Code civil, évidemment, nos
protections envers les enfants, la
DPJ, etc., mais qu'on ait un cadre législatif ou une charte, que le commissaire
sache, là : Voici mes droits fondamentaux
minimums à faire respecter, un peu comme la CDPDJ a pour rôle de faire
appliquer la charte québécoise, par exemple,
mais, que le commissaire ait sa propre charte face à ces juridictions, on nous
a dit qu'il fallait le faire rapidement.
L'Ordre des
psychoéducateurs nous l'a dit aussi, qu'il fallait adopter une charte relative
aux droits des enfants. On nous a dit, évidemment, que plusieurs lois
permettaient de prendre en compte l'intérêt de l'enfant puis les droits des
enfants, mais que ça prenait une
valorisation spécifique. Ça prenait un message spécifique du législateur à l'effet
qu'on avait besoin d'aller là, et que l'intérêt supérieur de l'enfant
devrait être le guide dans tout, devrait être la référence dans tout, et que la base de ces droits fondamentaux là
pourrait se retrouver à être ceux qui sont consentis à la LPJ, et qu'on
pourrait les élargir encore pour être
sûrs... en fait, que les droits dans la LPJ sont les droits de dernier recours.
Mais on aurait là une référence positive, à savoir : Voici les
droits qu'on consent aux enfants, de manière positive, et plutôt une loi,
disons, limitative dans ce qui ne peut pas
être dépassé, dans un langage clair et commun, avec une connotation pédagogique
légale et claire : Voici les
droits que se donne le Québec envers les enfants dans une charte québécoise des
droits de l'enfant. Alors, beaucoup nous ont parlé de ça. Il va falloir
le corriger dans le projet de loi.
M. Bouchard
est venu nous dire qu'il fallait veiller à ce que la DRSP fixe des objectifs en
matière de bien-être, qu'on puisse calculer le bien-être un peu comme on
calcule le NASDAQ ou le Dow Jones. Il nous a parlé de ça en référence et il nous a dit : L'indice bien-être, on
devrait le connaître, l'indice bien-être des enfants à Montréal, l'indice
bien-être des enfants des Premières
Nations, l'indice bien-être des enfants de Sherbrooke ou ailleurs. Il nous a
dit : On devrait pouvoir connaître
cet indice-là avec des facteurs précis. Les DRSP ont des informations, puis on
devrait pouvoir dire : Bien, vous voyez,
cette année, on a fait 15 points de pourcentage, par exemple, sur l'indice
droits de l'enfant, bien-être des enfants. C'est une analogie qui est drôle, mais, du moment où on y pense sérieusement,
comment se fait-il qu'on n'est pas capable puis qu'on n'a pas identifié les marqueurs puis les éléments qui nous permettraient
déjà de faire cette détermination-là, à savoir où il y a un problème et
où l'indice est, malheureusement, plus faible?
On nous a dit
qu'il n'y avait rien sur la maltraitance non plus dans ce projet de loi là,
qu'il fallait y remédier et qu'il fallait
travailler de manière... plus clairement avec les DRSP au niveau régional
également, évidemment, et qu'il fallait que ça fasse partie du rapport annuel, et que, donc, il fallait directement
intégrer la DRSP, notamment, aux articles de collaboration, l'article 6,
article 11, de manière à ce qu'ils travaillent étroitement ensemble, parce
que, finalement, il y a des questions de maltraitance puis il y a des
questions de bien-être qui ne peuvent pas être évacuées du rôle du commissaire.
M. Bouchard,
quand il nous parlait de charte des enfants, évidemment, lui... nous on dit
que, sans être pour, sans être
contre, précisément, il fallait que les mêmes droits soient reconnus avec une
charte moderne, il fallait qu'on ait ces droits-là de manière incluse. Est-ce que ça prenait une charte
spécifique? Possible, mais on voulait certainement ou surtout être sûr... puis ça, j'en
viens au point suivant, que la CDPDJ ou le commissaire, le cas échéant, suivant
ce que Mme Laurent demandait, exerce ses droits et ses pouvoirs de
faire respecter les droits qui sont consentis, les droits déjà actuellement consentis. Parce que, si on vient à établir une
charte alors qu'on a déjà de la misère à respecter les droits minimums
fondamentaux, tels que définis dans
le cadre législatif actuel, c'est bien beau, là, d'élargir ses droits, mais si
on n'est pas capable les faire respecter
avec les pouvoirs des institutions qu'on s'est données, ça va être très peu
utile sur le terrain pour ces enfants-là qui en ont tant de besoin.
• (12 h 20) •
La Fédération des familles d'accueil nous a
parlé de la charte des droits des enfants aussi, nous a dit qu'il fallait l'adopter rapidement. Mme Laurent le demande,
ça presse. Les Auberges du coeur nous en ont parlé aussi, autant pour la
convention que pour la charte des droits de
l'enfant. Donc, c'est quelque chose qu'il va falloir évaluer de manière très
sérieuse dans le projet de loi.
La surprise, entre guillemets, ou... quand même,
surprise, à la lecture du p.l. n° 37, et le
revirement de situation, ça demeure le transfert ou non des droits de la CDPDJ
envers le commissaire au bien-être des enfants. C'était une recommandation-phare du rapport Laurent. Il y avait
eu des témoignages assez accablants, assez troublants devant Mme Laurent et les autres commissaires, le
rapport avait été produit de manière assez globale, et une des
recommandations-phares, c'était à l'effet que le volet jeunesse des
droits de la CDPDJ soit éventuellement transféré ou soit transféré au nouveau commissaire au bien-être des enfants. C'était un
tout. C'était une recommandation à l'effet qu'on créait le commissaire et qu'on
lui transférait les pouvoirs de la CDPDJ. Bon.
Force est de
constater, à la lecture du projet de loi, que tel n'a pas été l'intention du
ministre. Les pouvoirs demeurent à la CDPDJ, du moins, pour l'instant.
Et ça, c'est une question qu'il va falloir qu'on étudie ou qu'on évalue de
manière très, très spécifique, à l'intérieur
du projet de loi, mais pas que, parce que c'est une question qui dépasse le projet
de loi.
Il y a eu, on
va le reconnaître, une certaine évolution de pensée ou gradation de pensée de
la part de Mme Laurent et
d'autres intervenants, parce que, questionnée à cet effet par le ministre, à
savoir quelle était sa position maintenant, en 2024, à savoir est-ce
qu'il fallait transférer ou non, Mme Laurent s'est exprimée déçue. Ça,
elle l'a dit, mais elle a dit comprendre que
ce n'était peut-être pas possible de le transférer tout de suite, alors qu'on
mettait en place le mécanisme, mais
qu'éventuellement, rapidement, ça demeurait sa recommandation, qu'il faudrait
en arriver là quand même. Elle a dit : On ne peut pas lâcher prise
et il va falloir qu'on s'assure que le volet intervention, ou, en tout cas,
c'est l'esprit de ce qu'elle soumettait,
soit éventuellement transféré par la suite. Alors, bien que son évaluation puis
que sa position aient évolué, elle
maintenait que, sur le long terme ou, du moins, moyen terme, ces pouvoirs-là
devraient être transférés. Ce fut une évolution de position qui a été
soulignée, disons-le.
Les
ex-commissaires, eux, ont dit être un peu moins certains aujourd'hui qu'il
fallait fonctionner ainsi. Ils se sont dit
qu'on allait pouvoir tester, possiblement, comment fonctionnait le commissaire,
voir comment ça allait se passer avant de fusionner, et que l'important et
l'importance du rôle du commissaire, ce serait de modifier maintenant, en
amont, et d'améliorer en amont les droits des enfants. Et ils ont admis
un changement de position, tout en soulignant que ça pouvait évoluer.
C'est là où
les choses ont changé, par contre. Parce que l'ensemble des autres intervenants
qu'on a entendus sont venus dire...
bon, évidemment, à part la CDPDJ elle-même, mais sont venus nous dire des
choses diamétralement opposées. À
partir de là, le consensus s'est effrité. On a entendu Mme Nancy Audet, on
a entendu la Fédération des familles d'accueil, le Collectif des ex-placés. Beaucoup de gens venaient réaffirmer ou nous
rappeler pourquoi, finalement, Mme Laurent avait initialement sonné
cette sonnette d'alarme en nous disant : Attention, là.
Cette
recommandation-là, à l'époque, elle ne sortait pas de nulle part, elle sortait
de constats terrain, elle sortait de témoignages
terrain. Et on est venu nous dire, et j'ai Mme Audet, particulièrement,
avec Me Leblanc, qui est avec elle, en tête...
où là on nous a dit très franchement qu'à leur avis, là, la CDPDJ ne jouait pas
du tout son rôle, c'est ce que... c'est ce qu'eux sont venus nous dire, et
qu'eux ne pouvaient concevoir, accepter ou même comprendre que cette
recommandation-là phare du rapport
Laurent ne soit pas suivie dans le projet de loi n° 37. On nous a dit que
le commissaire devait avoir tous les
moyens d'action pour faire cesser l'inacceptable et corriger toute situation et
que la commission interpréterait de manière restrictive son pouvoir, à l'article 23 de la LPJ, de manière à se
dessaisir — c'est
ce qu'ils nous on dit — le
plus souvent qu'autrement, de
dossiers, du moment où le tribunal en serait saisi, ce qui ne constituerait pas,
selon eux, une interprétation valide dudit article.
• (12 h 30) •
Ils nous ont
aussi parlé d'enjeux de compétences mais aussi de volonté de la CDPDJ et ils
nous on a rapporté des scénarios, des
vécus, des récits absolument catastrophiques. Je peux vous garantir, M. le
Président, que ce fut un des passages les
plus émotifs de la commission. Personne n'est resté de glace face à ce que
Mme Audet et Me Leblanc sont venus nous dire. Tout le monde a été
relativement ébranlé. Et c'est à partir de là que les choses se sont... se sont
déliées, disons.
Parce que la
Fédération des familles d'accueil est venue nous dire aussi qu'il fallait que
l'ensemble des pouvoirs soient
transférés, que le projet de loi actuel ne respectait pas les recommandations
Laurent, qu'ils appuyaient, évidemment, le poste d'un commissaire, mais qu'il fallait faire le transfert de tous
les pouvoirs de la CDPDJ. Et eux nous ont parlé d'un manque d'organisation qui était... qui
caractérisait la CDPDJ, d'une redondance, d'un manque de transparence. Ils nous
ont parlé qu'il fallait que le commissaire obtienne l'ensemble des pouvoirs,
nous ont dit que ce n'était pas une question de budget et ils nous ont dit que
la CDPDJ avait manqué à son devoir. C'est ce qu'ils sont venus nous dire en commission.
Les ex-placés nous ont parlé du même problème,
nous ont dit que la CDPDJ, elle, était la seule à avoir accès à certaines informations qui pourraient aider au
dossier de l'enfant devant le tribunal et qu'elle devrait intervenir, mais que,
malheureusement, ce n'était pas le cas, que
la CDPDJ leur a dit qu'elle ne pouvait pas s'inviter dans les centres jeunesse,
alors que c'est son rôle puis qu'elle a le pouvoir de le faire. On nous a dit
qu'il y avait beaucoup de dossiers de lésion de
droits dans lesquels la CDPDJ ne voulait pas intervenir devant le tribunal pour
les appuyer. Là, ça a été... ça a été difficile.
Sur ce volet-là, Makivik, eux et les
Premières Nations nous ont dit qu'eux voulaient leur propre structure, donc,
éventuellement, qu'on créerait le
commissaire aux Premières Nations et Inuits et que tous ces transferts-là
devaient leur être accordés pour que leur commissaire, autonome et
indépendant, puisse exercer ces pouvoirs-là.
Ensuite,
les psychoéducateurs, eux, nous ont dit que ce qui importait, c'est que ce soit
clair, c'est que la population sache
vers qui se tourner. Ils n'avaient pas de position absolument ferme entre les
pouvoirs à la CDPDJ ou au commissaire, mais ils disaient qu'il y avait
véritablement un travail à faire.
Le
Barreau, eux, nous ont dit vouloir garder les pouvoirs à la CDPDJ, mais qu'il
pourrait être nécessaire de réévaluer l'interprétation,
possiblement, que ça mériterait d'être revu à 23 de la LPJ. Est-ce qu'un
conflit d'interprétation pourrait élargir les pouvoirs? Est-ce qu'on doit évaluer ça? L'interprétation semble
porter à confusion. On comprend que, dès que le tribunal fait une audience, le pouvoir d'enquête, selon la
CDPDJ, selon... pourrait être restreint. Est-ce qu'ils ont accès? Est-ce qu'ils
sont notifiés? Est-ce qu'ils reçoivent des
copies? Est-ce qu'ils vont y aller? Est-ce qu'on devrait élargir les pouvoirs?
Ça, ça fait partie des discussions que, là, on va avoir en commission.
Et
la CDPDJ est, évidemment, venue s'expliquer, est venue donner son interprétation
de 23. Et là va rester le noeud du
problème, où j'entends la CDPDJ comme étant bienveillante, de bonne foi et
volontaire à régler la situation, mais j'entends qu'il y a une situation à régler. J'entends qu'il y a une espèce de
conflit entre ce qu'on attend ou ce que le milieu attend de la
commission et ce que la commission est en mesure ou ce qu'elle décide de faire,
ou d'intervenir, ou d'interagir. Et où est-ce que se situe cette ligne-là, qui
a raison dans ce débat-là va faire partie des discussions qu'on va avoir à
l'étude détaillée. La position précise, à ce
niveau-ci, moi, je ne l'ai pas encore obtenue. Je pense qu'il y a des
clarifications à obtenir. Je pense
qu'il y a des avis à aller chercher. Mais tout le monde semble s'entendre pour
dire que le statu quo ne convient pas. Est-ce que c'est une refonte
de l'article 23? Est-ce que c'est une interprétation de 23? Est-ce que
c'est, finalement, un transfert des
pouvoirs? Est-ce que c'est une réinterprétation de comment la CDPDJ doit
intervenir? Je ne le sais pas. C'est quelque
chose qu'il va falloir qu'on étudie, tous et toutes, de manière précise, soit à
l'intérieur du n° 37 ou bien dans un cadre différent, mais rapidement, dans un projet de loi où on va ouvrir
la LPJ, dans un mandat d'initiative, à travers une conférence, je ne
sais trop, mais le statu quo ne fonctionnera pas.
Avec
les témoignages qu'on a entendus, avec les situations absolument dramatiques
qui nous ont été révélées et le fait
que, sur le terrain, on sent que la commission dédiée pour ces cas-là ne répond
pas aux demandes, il semble qu'il va y avoir quelque chose à faire. Donc, ça, c'est pour les considérants, ce qui se
trouve et ce qui ne se trouve pas dans le projet de loi.
Dans
le projet de loi, il y a aussi plusieurs problématiques qui ont été relevées et
qu'on va devoir étudier, notamment au niveau de la nomination du commissaire.
C'est le premier ministre qui va faire une recommandation de nomination.
C'est l'Assemblée nationale qui va l'adopter aux deux tiers.
Les groupes,
plusieurs intervenants sont venus nous dire : Oui, attention, très bien,
mais assurons-nous que ce commissaire-là
possède toutes les ressources nécessaires à l'exercice de ses fonctions. Et il
pourrait être important de faire une
pré-évaluation des crédits budgétaires qui seront associés au commissaire pour
voir et pour que lui sache ou elle sache, à l'intérieur de sa nomination
puis de son carré de sable, est-ce que j'ai tout ce qu'il me faut pour être
capable d'arriver à appliquer mon programme.
On
nous a parlé d'appui financier, mais aussi d'appui humain, d'avoir le
personnel. Parce que le commissaire va devoir
être présent partout à travers le territoire du Québec pour être certain que
les enfants, au nord comme au sud, soient capables de solliciter l'intervention du commissaire pour faire valoir
les droits qui lui sont liés. Donc, on nous a dit qu'effectivement on serait rassuré s'il y avait un
article supplémentaire qui assurerait que le commissaire possède les moyens
financiers, légaux et de ressources humaines lui permettant d'arriver à
réaliser ses objectifs.
On
nous a dit, par exemple, qu'il y avait une dizaine d'employés dans l'organisme
similaire au Nouveau-Brunswick et
qu'au prorata, pour faire au moins la même chose, ça en prendrait une centaine.
Donc, est-ce qu'on est là? Est-ce que, finalement,
on vise moins? Je pense que la loi devrait définir vers où on s'en va puis quel
impact, quel rôle, quelle proportion, quel poids on veut accorder à
l'institution qu'on est en train de créer. Puis je pense que la personne qui va
exercer ce pouvoir-là doit pouvoir le savoir en amont que sa mission est
réalisable, avec des moyens réalistes.
Évidemment, le
commissaire pourra le dire ou pourra le divulguer si lui ou elle n'est pas
bien... ne se sent pas suffisamment bien
doté ou ne sent pas que les moyens sont là pour réaliser son mandat, mais
prévoyons-le en amont, ça risque de clarifier beaucoup de choses. Et
d'autres groupes sont venus appuyer ça.
Les ex-placés nous
ont parlé d'une proposition de nomination transpartisane plutôt que d'une
proposition de nomination qui viendrait du
premier ministre. C'est quelque chose qui va pouvoir être évalué, quelque chose
qui va être intéressant. Et on nous a
parlé d'un comité d'analyse qui soumettrait des noms d'experts qui connaissent
le réseau et qui devraient au moins avoir une connaissance des instances
et du réseau d'au moins une dizaine d'années. On nous a dit qu'il faudrait baliser la capacité de nomination
en prévoyant des prérequis minimaux pour être certain que ce soit quelqu'un issu du milieu,
quelqu'un qui connaisse le milieu, quelqu'un qui peut avoir un impact réel,
direct sur le milieu. Et on nous a aussi dit : Pourquoi ne pas
consulter les jeunes dans ce commissaire au bien-être des enfants, où on va...
où on semble dire que les jeunes sont au
centre des préoccupations, mais nulle part ces jeunes-là ne sont-ils consultés
dans le processus de nomination de
leurs propres experts ou de leur propre voix, à savoir qui ils ou elles
voudraient bien obtenir comme gardien ou
comme garant de leurs droits fondamentaux? Alors, c'est quand même, sans dire
antinomique, c'est quand même assez impressionnant qu'on se dote d'une
institution qui va les représenter sans les consulter en amont sur qui ce sera,
cette personne-là. On y reviendra, évidemment, en commission.
Il
y a un débat, bon, sur la durée du mandat. Est-ce que cinq ans est suffisant?
Mme Laurent parlait de sept ans. On a d'autres institutions, comme
le Protecteur du citoyen, comme les autres, bon, qui ont des mandats variables.
Les ex-placés nous ont dit que ça devrait
être comme le DPCP, qu'on devrait avoir quelqu'un pendant sept ans. Ça va être
des choses qui vont devoir être
évaluées, sur la portée, sur la durée du mandat. Ce sont des choses qu'on va...
qu'on va étudier.
• (12 h 40) •
Évidemment,
le volet de l'indépendance du commissaire, comment on assure l'indépendance,
comment on balise l'indépendance, ça va être des choses qui vont pouvoir
être évaluées, bon.
Dans le nerf
de la guerre, on nous a parlé aussi du volet des fonctions du commissaire, et
ça, c'est l'article 5, c'est là où
le matériel se trouve, à savoir : Qu'est-ce que ça mange en hiver, un
commissaire aux droits de l'enfant? Qu'est-ce que ça fait, un commissaire aux
droits de l'enfant? Et on nous a parlé d'ajouter un élément de prévention de
manière plus claire. Beaucoup de
groupes sont venus nous dire : Comment vous pourriez vous assurer que la
prévention soit encore plus affirmée ou
réaffirmée?, et finalement pour se rendre compte que le mot en tant que tel,
bien que ça constitue le coeur du travail du commissaire, ne se retrouvait pas bien, bien souvent dans le projet de
loi actuel. Et donc il va falloir ajouter ou réaffirmer le rôle de
prévention du commissaire en matière de droits des enfants.
Et le
Collectif Petite Enfance nous en a parlé, justement, mieux vaut prévenir que
devoir se présenter devant le tribunal,
que plusieurs aspects qui portent sur la prévention sont là, mais d'autres,
plus curatifs, et il va falloir faire attention que la prévention demeure prédominante à l'intérieur du projet de loi.
Et, quand on leur a demandé comment on fait ça, ils nous ont dit qu'il fallait rendre plus explicite le rôle du
commissaire dans la prévention puis dans la promotion de la prévention
et qu'on devait donc modifier le texte législatif pour le faire.
Et Bouchard
et... pardon, Goubau nous ont dit la même chose : manque un volet
prévention qui serait nommé, et évidemment
le volet maltraitance dont je parlais tantôt. Ils disaient : Le mot-clé
serait la prévention, la prévention, la prévention. Et on nous dit : C'est implicite, mais on ne
le voit pas, on ne le lit pas, et on doit pouvoir le faire, et on manque une
occasion unique, et on devrait
retrouver le terme «prévention» directement à l'intérieur des fonctions.
L'Ordre des psychoéducateurs nous a parlé de la même inquiétude.
Alors, un
autre volet, c'est de recueillir les préoccupations, hein? L'article 5.1
est très clair à cet effet-là, sur qu'est-ce que le commissaire va devoir faire. Il va devoir mettre en place des
moyens pour recueillir les préoccupations et les opinions des enfants, entre autres à ce qui a trait aux
enjeux de la société. Bon, les ex-placés nous ont dit : On devrait
s'assurer d'une collaboration directe
avec les jeunes organismes... ou les organismes jeunesse, en fait. Il existe
plusieurs regroupements, déjà, des
organismes jeunesse qui se penchent, qui établissent... qui établissent et qui
évaluent, en fait, pardon, l'opinion des enfants. Alors, plutôt que de dédoubler les systèmes ou les structures,
on aurait tout avantage à collaborer avec les structures qui existent, les structures jeunesse qui existent
déjà. Et Auberges du coeur nous a dit la même chose : Il faut inclure les
organismes actuels et il faut aussi
s'assurer d'une diversité de voix et de perspectives à l'intérieur des
informations qui vont être récoltées.
Deuxième
point, on nous a dit : Analyser l'état du bien-être des enfants au Québec
et réaliser annuellement un portrait de
cet état. Bon, d'abord, il faudra s'assurer que le portrait d'état... que le
portrait du bien-être soit public, parce que, oui, le commissaire va
déposer son rapport à l'Assemblée nationale, mais il va falloir que le portrait
qu'il dresse le soit aussi. C'est là où M. Bouchard
nous a parlé qu'il fallait veiller à ce que la DRSP fixe des objectifs qu'on va
pouvoir retrouver, donc, l'indice bien-être dont je vous parlais tout à
l'heure. Il va falloir qu'on soit certains que ce rôle-là soit joué.
Et on nous a
aussi dit... Notamment, les psychoéducateurs nous ont dit : Oui, mais il
manque un mandat de suivi des
recommandations. Très bien, on émet un indice bien-être, on fait des
recommandations, mais quel pouvoir va avoir le commissaire de venir vérifier l'application de ces recommandations puis
de faire des suivis? Ça, c'est absent, et il va falloir qu'on l'ajoute, et
c'est ce que plusieurs groupes nous ont dit. Il va manquer un pouvoir d'action
qui permet au commissaire d'agir promptement.
Il va falloir que le commissaire puisse avoir le champ d'action nécessaire pour
agir rapidement, de façon tangible,
et il va falloir prévoir une reddition de comptes envers les recommandations du
tribunal, une reddition de comptes qui va être autant légale qu'humaine
pour faire des suivis.
Et le Barreau
a appuyé ça aussi, à l'effet que les recommandations du commissaire ne pourront
pas être tablettées, ne pourront pas
être oubliées et que le commissaire lui-même va devoir pouvoir faire des suivis
pour s'assurer que ce qu'il recommande soit finalement adopté.
Un point qui a beaucoup fait discussion, c'est
le point 7 :
«7° effectuer
une veille de tous les décès d'enfants pour lesquels une investigation ou une
enquête a été effectuée en vertu de la Loi sur les coroners.»
Et ça, c'est
en lien aussi avec l'article 29, qui parle des pouvoirs du coroner. On
nous a expliqué que, finalement, personne
ne faisait la veille des décès des enfants de manière globale. Personne n'avait
les statistiques. Même qu'on savait, là, de manière périnatale, en toute jeunesse, combien d'enfants décédaient,
mais après ça, dans trois ans, dans cinq ans, dans six ans, dans sept
ans, dans huit ans, neuf ans, en fait, moins de 10 ans, on ne savait pas,
finalement, combien d'enfants, malheureusement,
quittaient à un trop jeune âge et que c'était assez impressionnant qu'on ne
puisse pas avoir cette statistique-là de manière claire.
Évidemment,
le coroner va devoir être impliqué, mais on nous a dit que ça devait ou ça
devrait aller probablement bien
au-delà de quand le coroner était impliqué, comme décès. Évidemment qu'il
fallait faire une vigie quand le coroner est impliqué, mais le coroner n'est pas impliqué dans une majorité des
décès. Par contre, on s'entend qu'un décès d'enfant, c'est un décès de trop et que, bien au-delà des
seuls mandats qui sont donnés au coroner, le commissaire devrait pouvoir faire
une vigie de l'ensemble des décès.
Et on a été
compris. On s'est entendus que, bon, quand c'est un décès malheureux, d'une cause
de maladie ou une cause naturelle, ce
n'est pas là que le commissaire va pouvoir avoir un champ d'intervention, mais,
quand l'enfant était placé ou un
ex-placé de la DPJ, quand un enfant a transité ou avait des facteurs de
vulnérabilité, quand un enfant avait des prédispositions qui portaient à croire que, sans suivi particulier, il
avait des risques de décès accrus, le commissaire devrait jouer ce rôle-là bien au-delà de la seule question
des décès qui sont recommandés ou évalués... en fait, évalués par le
commissaire.
On nous a
parlé, donc, d'une vigie annuelle de tous les décès d'enfants, et c'est là où
on a appris que... Par exemple, est-ce
qu'il y a une crise des opioïdes chez les jeunes de 16 ans? On ne le sait
pas. Il n'y a pas de statistique recensée ou d'évaluation recensée, à savoir, chez les
adolescents, combien sont itinérants. Difficile de le savoir. On le sait pour
certains champs de la population, on
le sait pour certaines parties, mais, de manière globale, holistique, avec les
facteurs, combien sont issus de la
DPJ, combien ont eu une situation de vulnérabilité, orpheline, monoparentale,
combien sont issus de A, B, C, on ne
le connaît pas. Et ça devra faire partie du travail du commissaire qui pourrait
émettre ensuite des recommandations très claires sur comment on devrait
interagir.
Mme Laurent nous a dit : Il faut
arrêter de prendre les choses une par une. Ça prend une évaluation globale du bien-être des enfants et c'est ici que ça se
passe. Elle nous a dit que, quand les enfants, au moins, ont été pris en charge
par l'État à un quelconque moment,
bien, il fallait que le commissaire puisse évaluer la question puis traiter de
ça dans son rapport.
Les ex-placés
nous ont dit : Il faudrait faire une veille au moins pour tous les jeunes
de 18-25 ans issus de la DPJ et tous les enfants qui étaient sous
la charge de l'État dans les deux dernières années. Donc, il faudrait de loin
élargir l'article 7 pour ne pas les
limiter aux seuls dossiers où il y a une enquête ou une investigation par le coroner.
Le coroner nous a dit être ouvert à
ça, être ouvert à partager ses informations, être ouvert à collaborer, nous a
dit qu'il y avait des liens qui couvrent
des mandats, qu'on pouvait peut-être discuter de marqueurs de vulnérabilité, de
trajectoire, que cette veille-là, en collaboration avec le commissaire,
serait possible.
On nous a
aussi parlé du comité consultatif, ça, c'est le 8°. Le commissaire va devoir
«former un comité consultatif composé
d'enfants et de jeunes adultes afin d'obtenir leurs avis sur toute question
concernant une matière relevant de ses fonctions».
Donc, on nous a dit qu'il ne fallait pas oublier les tout-petits là-dedans,
j'en ai parlé tout à l'heure, et le Collectif Petite Enfance et l'observatoire nous ont dit qu'ils seraient intéressés
à jouer ce rôle-là pour être sûrs que les besoins, les visions des tout-petits soient inclus aussi et que
ce ne soit pas seulement avec un groupe d'âge qui est dans la capacité de
s'exprimer. Parce que 12, 13, 14,
15 ans, ils sont capables de faire valoir leurs opinions. Un, deux, trois,
quatre, cinq, c'est peut-être un petit peu plus difficile sur des sujets
comme les besoins de l'enfant.
Le
regroupement des auberges nous a aussi demandé de spécifier le rôle de cette
collaboration-là avec ce qui existe déjà,
notamment la Grande consultation jeunesse, et de voir si le commissaire allait
travailler avec les organisations qui existent déjà, j'en ai parlé tantôt, pour ne pas dédoubler sur le terrain.
Mme Laurent a aussi demandé comment ça se fait que les Premières Nations et Inuits, eux, n'ont pas ce comité consultatif de droits des enfants
constitué des enfants issus des Premières Nations et Inuits. Ça va être
quelque chose à corriger.
• (12 h 50) •
Mme Laurent
nous a aussi parlé de s'assurer que les différences ethnoculturelles, la
diversité, les handicaps fassent partie
de ceux et celles... ou du moins des moyens de composer le comité, à savoir
qu'il va falloir être certain de répondre aux différentes diversités de
la société québécoise dans le comité de consultation. Et Mme Laurent, sans
vouloir qu'on établisse des éléments précis,
ou des volets précis, ou des critères précis, nous a dit par contre qu'on ne
pouvait pas les oublier. Et là il
faudrait évaluer si, à défaut de les nommer, on va les oublier ou on risque de
les oublier. Ça, ça va faire partie de la discussion.
Mme Laurent
nous disait aussi, évidemment : Rien sur l'ethnoculturel, pas de place
pour les Premières Nations et Inuits. D'entrée de jeu, c'est un
problème, et il va falloir s'assurer d'une meilleure représentativité du
comité.
On nous a
aussi dit qu'il manquait un angle régional. Il n'y a rien là-dedans qui assure
que, géographiquement et de manière régionale, le comité allait être
représentatif.
On nous a
parlé de nous assurer d'avoir des ententes-cadres avec des organismes un peu
partout sur le territoire pour être
certain que tous les jeunes de l'ensemble du Québec soient capables de faire
valoir leur position, leurs problématiques directement auprès du
commissaire.
L'APNQL nous
a dit, évidemment, qu'ils regarderaient avec attention et vérifieraient avec
attention que les filets de sécurité
sont là en ce qui a trait au niveau familial pour être sûrs que la discussion
et l'interrelation ou l'avancement des travaux se fassent dans une
manière respectueuse.
On nous a dit, aux
ex-placés de la DPJ, qu'il fallait effectivement faire place à la
participation des jeunes, qu'il fallait qu'ils aient un rôle proactif, qu'il fallait s'assurer que les jeunes
avec... aient un peu de mentorat, un peu d'expérience autour d'eux, qu'on leur donne accès aux appareils
numériques, qu'on s'assure qu'il n'y ait pas d'enjeu financier à savoir :
Oui, très bien, la première rencontre
est sur Zoom vendredi, mais que, finalement, le jeune en question n'a pas
Internet. Il faudrait s'assurer que ce
soit accessible à tout le monde dans tous les milieux. Ils nous ont dit de
faire très attention à ce qu'on ait des représentations de la diversité. Ils
nous ont aussi dit qu'il fallait préciser le rôle des comités et que ce soit
disponible et accessible facilement,
selon les moyens, notamment les réseaux sociaux qui sont mis à la disposition
de ces jeunes-là et que, pour le travail
qui serait associé, bien, qu'il y ait des budgets, que ce soit possible de
réaliser leur mandat de manière correcte.
On nous a
parlé aussi d'assurer un mécanisme d'accréditation d'avocats désignés. Le
Barreau nous a dit que ça pouvait se faire avec la formation continue. Bon,
avec égards, c'est déjà ce qui se passe, la formation continue. Mais là on
nous a souligné une problématique à l'effet
que les avocats... certains avocats, bien que plusieurs font leur travail de
manière extraordinaire, certains le
font moins et qu'il fallait définir, et plusieurs nous ont parlé de ça, il
fallait définir le mécanisme d'accréditation puis de formation où il y a
des avocats qui seraient désignés comme jeunesse, comme famille, qui sont capables de prendre ces dossiers-là, qui ont les
connaissances spécifiques et qui suivent le protocole afin que ça fonctionne
puis que ces droits-là soient respectés et rencontrés.
On nous a dit
que la façon actuelle avec le Barreau n'était pas suffisante, c'est ce que les
groupes nous ont dit, et qu'il faudrait plutôt aller chercher une
accréditation de ces avocats-là pour qu'ils puissent représenter ces jeunes-là.
Il y a eu
tout un débat et, dans le in fine de l'article, il y a des définitions,
notamment la définition de «jeune adulte», et on vient dire : «"[Un]
jeune adulte" désigne — dans
cette loi — une
personne âgée d'au moins 18 ans et d'au plus 25 ans dont la situation a déjà été prise en charge par
le directeur de la protection de la jeunesse ou qui a déjà fait l'objet d'une mesure
de garde ou de surveillance en vertu de la Loi sur le système de justice pénale
pour [...] adolescents.» Donc, en gros, 18-25, déjà pris
en charge par l'État, des pouvoirs, donc, qui sont conférés ou des mandats sont
conférés envers cette population-là plus vulnérable, envers le commissaire.
Par contre,
plusieurs nous ont dit qu'il fallait élargir et qu'il ne fallait pas
nécessairement se limiter à ceux qui avaient été dans le giron de la DPJ ou de la justice pénale, mais qu'il fallait
élargir à tous les jeunes de 18-25, parce qu'il existe des marqueurs de
vulnérabilité qui pourraient aller au-delà de ceux qui ont finalement été
placés ou non, pour avoir des signalements qui n'ont pas été retenus, mais le
jeune était en besoin. Il pourrait y avoir plein de scénarios, et on nous a dit
qu'il fallait bonifier et d'être sûr de voir à l'impact à long terme puis
l'évaluation à long terme au niveau de ce groupe d'âge précis. Mme Laurent disait même qu'il fallait, voilà, inclure
tous les enfants, pas seulement les enfants qui étaient passés par la
DPJ ou la justice pénale. Donc, il y avait du travail à faire.
Plusieurs groupes, comme les ex-commissaires,
nous ont aussi dit : On ne voit pas pourquoi on limiterait, ou pourquoi on créerait une distinction, ou pourquoi
on... sans vouloir dire privilégierait ou favoriserait, mais pourquoi on
ferait une distinction entre des jeunes qui
sont passés par le système, alors que d'autres qui ne sont pas passés dans le
système pourraient avoir des marqueurs de vulnérabilité tout aussi
importants. Donc ça, ça a été sur la définition.
Ensuite, bon,
à l'article 6, on parle de la responsabilité de chacun, et c'est là où le
Protecteur national de l'élève est venu nous parler de l'interaction
entre les différents organismes qu'on est en train de créer. On va avoir un
commissaire au sport. On va avoir un
commissaire au bien-être des enfants. On va avoir le Protecteur national de
l'élève. On a le Protecteur du
citoyen. J'en oublie possiblement, là. Il y a la DPJ, évidemment. Donc, de
s'assurer de bien définir l'interaction, l'interrelation et la limite du pouvoir de chacun, chacune pour être
certain que de, un, tout soit fait de la manière la plus efficace possible, et, de deux, que l'interaction
se fasse bien, puis que chacun sache où s'arrête son carré de sable, et moi, je
dirais pour que tout le monde sache qui et quand ils doivent intervenir. Parce
que des fois, quand c'est la responsabilité de tout le monde, ça finit par être la responsabilité de personne. Ah
oui! Va voir lui. Ah! va voir lui, va voir lui. C'est... Il va falloir
que ce soit très bien défini dans des ententes-cadres, à savoir où est-ce que
la responsabilité des uns s'arrête et où est-ce que celle des autres commence.
On nous a
parlé évidemment du pouvoir d'enquête, que le pouvoir d'enquête du commissaire
était très limité. On nous a parlé du
rôle de collaboration, du besoin de collaboration. Et là, M. le Président, il y
a un volet entier que je n'ai pas
encore pu traiter, que je traiterai peut-être en... dans le reste du temps qui
me sera imparti après la pause, du commissaire aux Premières Nations et des Inuits. Là, c'est là où ça n'allait pas du
tout. Là, c'est... ce sont l'ensemble des témoignages qu'on a reçus, où on s'est fait dire qu'il y avait
eu des collaborations à l'été 2023, mais que finalement il n'y a rien de
cette collaboration-là qui avait abouti dans les résultats qui avaient
été escomptés. Donc, je vais vous laisser m'interrompre, M. le Président, mais je vais vraiment continuer
mon intervention, le 10 minutes qu'il me restera, à la prochaine séance.
Je ne sais pas si on y arrive. Je peux continuer à parler de toute
façon, ça va me faire plaisir.
Le Protecteur du citoyen, lui, s'est jugé très alarmé du fait qu'il n'y
avait pas eu de coconstruction du projet de loi et que, finalement, ce projet de loi là était davantage imposé aux
Premières Nations, qui, eux, voulaient davantage avoir leur propre structure, leurs propres mécanismes,
leur propre financement, bien sûr avec de l'aide ou de l'appui quand c'était
le cas ou quand c'était nécessaire, mais que
d'aucune façon, de manière illégitime, de manière telle que précisée, il ne
fallait fonctionner ainsi.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, je comprends, M.
le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, que vous allez poursuivre à la reprise du débat.
Alors, compte
tenu de l'heure, et afin de permettre le débat sur une affaire inscrite par les
députés de l'opposition cet après-midi, le présent débat sur l'adoption
du principe du projet de loi n° 37 est ajourné.
Les travaux sont donc suspendus jusqu'à
15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 01)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Vous
pouvez vous asseoir.
Affaires
inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée demande au gouvernement
de mettre
en place des sanctions administratives pour les conducteurs
ayant un taux d'alcoolémie de 0,05 % ou plus
Alors, nous poursuivons nos travaux aux affaires
du jour, aux affaires inscrites par les députés de l'opposition. À
l'article 51 du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition, M. le leader de l'opposition officielle présente la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement caquiste
de favoriser la sécurité routière au Québec en mettant en place des
sanctions administratives dès l'atteinte d'un taux d'alcoolémie de 0,05[...].»
Je vous
informe que la répartition du temps de parole pour le débat restreint sur la motion
inscrite par M. le leader de l'opposition officielle s'effectuera comme
suit : 10 minutes sont réservées à l'auteur de la motion pour sa
réplique, 54 min 15 s sont
allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
21 min 27 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, 18 min 36 s sont allouées au deuxième groupe
d'opposition, 6 min 12 s sont allouées au troisième groupe d'opposition et
1 min 30 s sont allouées à la députée indépendante. Dans le
cadre de ce débat, le temps non
utilisé par la députée indépendante ou par l'un des groupes parlementaires sera
redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies précédemment. Mis à part ces consignes,
les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle à la députée
indépendante que, si elle souhaite intervenir au cours de ces débats, elle a
10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède sans plus tarder la parole à M. le
leader de l'opposition officielle.
M. Monsef
Derraji
M. Derraji : Merci,
Mme la Présidente. Très honoré, aujourd'hui, de prendre la parole dans un
dossier extrêmement sérieux et très important en lien avec la sécurité
routière.
Je vais lire
la motion que le Parti libéral du
Québec dépose aujourd'hui pour
demander à l'ensemble des élus de la nation québécoise de prendre
action :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement caquiste de favoriser la sécurité
routière au Québec en mettant en place des sanctions administratives dès
l'atteinte d'un taux d'alcoolémie de 0,05[...].»
Aujourd'hui,
Mme la Présidente, nous sommes en plein milieu de l'étude détaillée d'un projet
de loi mené même par Mme la vice-première ministre, je note, qui n'est
pas là aujourd'hui...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le leader de l'opposition, M. le leader de l'opposition, vous connaissez nos règlements, vous savez très, très bien que
nous ne pouvons pas, bien, dire qu'une élue, elle est absente en Chambre. Je
vous demande de poursuivre votre intervention. S'il vous plaît, faites
attention.
M. Derraji : Merci,
Mme la Présidente. Je faisais allusion au projet de loi déposé par Mme la
vice-première ministre, où ils voulaient agir sur la sécurité routière.
Donc, quand on regarde le projet de loi qui
émane de son plan d'action, malheureusement, malheureusement, Mme la vice-première ministre et la ministre du
Transport a oublié un élément extrêmement important, à savoir l'alcool au
volant. Aujourd'hui, Mme la Présidente, dans le temps que je vais prendre, parce que j'ai des collègues, que
je remercie, qui vont prendre la
parole, des papas aussi, des parents, qui vont partager l'inquiétude des
parents... Parce que, si on est là, aujourd'hui,
en tant qu'équipe libérale, c'est aussi pour défendre ceux et celles qui nous
interpellent, qui nous demandent d'agir.
Donc, je vais commencer par les études scientifiques, je vais parler du
coroner, je vais parler des autres provinces canadiennes et je vais
parler de quelque chose que le premier ministre aime beaucoup, les sondages.
Alors, Mme la
Présidente, la semaine dernière, nous avons eu l'occasion d'écouter beaucoup de
groupes, beaucoup de groupes qui sont
venus nous parler de la sécurité routière au niveau des zones scolaires, les
corridors scolaires. Nous avons eu
aussi l'occasion d'entendre des experts de la santé, à savoir la Santé
publique. Nous avons eu... et j'en suis sûr et certain, que tout le monde se rappelle, dans cette Chambre du témoignage
du couple qui a perdu une fille de 26 ans, en lien avec l'alcool au
volant.
Mme la
Présidente, j'espère qu'avec les arguments qu'on va mettre sur la table le
gouvernement va entendre finalement le cri de coeur de plusieurs
organismes mais aussi répondre favorablement à l'initiative du Parti libéral du
Québec.
Je vais
commencer par la science, Mme la Présidente. Et, ce que je trouve un peu
dommage, de la part des caquistes, je cherche encore le premier ministre, qui,
pendant la pandémie, s'inspirait de quoi? Des avis de la Santé publique. Et,
quand je disais «les avis de la Santé publique», Mme la Présidente, c'est l'Institut national de santé publique et la Santé publique.
Donc, la
Santé publique disait quoi, quand ils sont venus en commission parlementaire?
Ils nous informaient que le taux
d'alcool à 0,08 % ne tient plus la route et que leur mémoire, il a été
documenté par plus de 35 références scientifiques. Donc, on peut
dire que c'est un mémoire béton avec des études scientifiques très crédibles.
L'institut de santé publique, ça date depuis
plusieurs années. Ils nous ont sensibilisés qu'il y a un risque, si on laisse
le 0,05 % et qu'on n'agisse pas. Et donc, Mme la Présidente, quand on parle en matière de sécurité routière
et on ne prend pas au sérieux cet enjeu, ça veut dire qu'en tant que
législateurs on accepte, on accepte le fait d'avoir... de vivre avec ce risque
très élevé.
Et
permettez-moi, pour ceux et celles qui nous suivent, juste de leur présenter ce
graphique. La source, c'est le
Center for Public Health Excellence.
Qu'est-ce qu'ils ont fait pour dire que le Parti libéral aujourd'hui utilise
des études scientifiques pour faire
raisonner ce gouvernement, qui, je viens de le rappeler encore une fois, a
utilisé les avis de Santé publique
pendant toute la pandémie? Donc, je leur demande juste d'utiliser la science et
de se baser sur la science, quand ils vont nous dire pourquoi. J'espère, moi,
qu'ils vont voter pour, demain, Mme la Présidente, mais je leur donne le
bénéfice.
Regardez, si vous me suivez, on est là,
maintenant, 0,08 %, 0,010 %, le risque d'accidents mortels est
multiplié par 10. C'est là où on est
maintenant. Mais là c'est criminel, parce que, si quelqu'un conduit sa voiture
à 0,08 %, là il se rend au Code
criminel. Toutes les autres provinces canadiennes, qu'est-ce qu'elles ont fait,
Mme la Présidente? Parce que le
fédéral ne voulait pas aller à 0,05 %. Eux, ils ont dit : En tant que
provinces responsables, on va implanter des mesures administratives. Ils sont malins. Bon, d'ailleurs,
Mme la Présidente, moi, quand j'entends le gouvernement parler des régions,
le Canada, c'est une région, Saskatchewan, Manitoba, ça ressemble pas mal à nos
régions.
Revenons maintenant au risque d'accident. C'est
là où on est, pour les gens qui nous suivent, on est là. Donc, qu'est-ce qu'on demande, le Parti libéral demande
quoi, maintenant, aux caquistes? C'est d'agir ici : 0,05 % et
0,08 %. Le risque d'accident
mortel est multiplié par six. Donc, si je suis ministre du Transport,
responsable de la sécurité routière, moi, quelqu'un quand il va me présenter ça, je dis : Ça tient la route.
Quand j'ai le risque multiplié par six, au niveau de la sécurité routière, je dois agir,
en tant que ministre responsable des Transports, parce que mon souhait, c'est
quoi, c'est baisser le nombre d'accidents mortels pour éviter des décès, et des
drames, et des pertes de vies humaines. C'est là où nous sommes
aujourd'hui, Mme la Présidente.
Donc,
aujourd'hui, ce que je demande aux gens, de prendre un instant, si c'était
votre enfant, si c'était votre proche, si
c'était votre voisin, si c'était votre voisine... Et c'est là le rôle du
législateur, ce n'est pas suivre des sondages ou de la popularité d'une
mesure, c'est se baser sur des faits. Et, aujourd'hui, au Parti libéral, on
ramène les faits, et on ramène les études,
et c'est pour cela que nous interpelons les caquistes à voter du bon bord et à
avoir du gros bon sens dans la lecture de
ce qu'on propose aujourd'hui. Le 0,05 et le 0,08, le risque est multiplié par
six. C'est ce qu'on demande au gouvernement caquiste aujourd'hui.
Donc,
au nom de ces personnes qui nous ont contactés, qui ne veulent plus voir un
autre mort sur notre route et nos routes,
je leur explique encore une fois qu'on ne veut plus que le risque soit élevé
par six, et ce qu'on demande, c'est baisser le seuil à 0,05 et ajouter des mesures administratives. Là, vous allez
me dire : Les autres provinces qui ont implanté ce genre de mesure,
c'était quoi, les résultats? Très bonne question. Ils ont réduit le risque de collision
mortelle de 52 %.
• (15 h 10) •
Alors,
Mme la Présidente, vous êtes tous des députés. Quand quelqu'un veut venir vous
voir et il vous a interpelé : Pourquoi vous n'avez pas voté sur la
motion du Parti libéral, sachant que le risque, il est plus élevé de six fois,
et qu'il y a un risque d'accident mortel,
vous allez leur dire quoi, si jamais, dans votre comté, il y a un risque de
collision mortelle ou il y a un accident, il y a une perte de vie, et on
va être tous responsables de cette perte de vie?
Alors,
Mme la Présidente, je vous ai parlé de l'INSPQ, l'Institut national de santé
publique. Je vous ai parlé de la Santé
publique, qui sont venus pour une seule chose la semaine dernière. Ils nous ont
interpelés, Mme la ministre, nous-mêmes, sur l'alcool au volant. Ce sont
deux organismes crédibles au Québec.
Maintenant,
je veux vous parler de CAA-Québec, un chapitre entier sur l'alcool au
volant : «En plus de la vitesse, l'alcool
au volant représente l'une des principales causes d'accidents de la route au
Québec. Au moment où l'on vise à réduire les décès et les blessures
attribuables aux accidents de route, CAA-Québec est déçu — CAA-Québec
est déçu — de
constater que ce projet de loi fasse peu état de cette problématique qui
constitue un fléau et qui brise des vies.»
Je
vais la relire, Mme la Présidente, et j'espère que ça va interpeler les
collègues, et j'espère qu'ils vont voter et non pas suivre la ligne du parti. «CAA-Québec est déçu de constater que ce
projet de loi fasse peu état de cette problématique qui constitue un fléau et qui brise des vies.» Ça,
c'est CAA-Québec, Mme la Présidente. Pensez-vous réellement qu'un élu, devant les études scientifiques, devant ce que
CAA-Québec nous a dit en commission parlementaire, qu'un élu, au Québec,
doit rester sans action?
Ce
n'est pas fini, Mme la Présidente, le Bureau du coroner... parce que je me suis
dit : Je vais être prêt, nous sommes prêts, l'INSPQ, l'Institut national
de santé publique, la Santé publique, CAA-Québec. Je rajoute dans la liste le
coroner, et le coroner a été très
clair. Il recommande de baisser le seuil de l'alcool au volant et d'instaurer
des mesures administratives. Et je
sais que Mme la vice-première ministre connaît très bien le Bureau du coroner.
Elle a déjà travaillé dedans et elle sait la crédibilité du Bureau du
coroner.
Maintenant,
Mme la Présidente, je sais que ce gouvernement aime les sondages, mais j'ai un
sondage aussi. J'ai un sondage, le
dernier sondage effectué par Les Coops de l'information. Vous savez combien de
personnes appuyaient cette mesure? Allez-y, donnez-moi un chiffre.
61 %. Quand on vous dit que les Québécois sont rendus là, Mme la
Présidente, c'est parce que... Quelle porte
de sortie ce gouvernement va utiliser? Les études scientifiques, ils ont perdu
la bataille. Ils ne peuvent pas me
dire aujourd'hui que les études scientifiques recommandent de ne pas abaisser
les seuils. CAA-Québec, la même
chose, sinon pourquoi on se donne ce genre d'organisme au Québec? Le bureau du
coroner? La même chose. Les sondages,
il y a un appui populaire. Ce qu'il manque, c'est le courage, Mme la
Présidente. Et je vais parler des autres provinces.
La
question que ce gouvernement doit se poser, Mme la Présidente : Comment ça
se fait, comment ça se fait qu'uniquement au Québec... qu'on n'a pas
appliqué cette règle? Et je vous ai dit que j'ai entendu l'argument du gouvernement ce matin. J'espère que ce n'est pas
vrai. Parce qu'on s'est dit qu'on va en discuter aujourd'hui. Ils vont nous
convaincre que le gouvernement a raison. Ce
qui est un peu anormal... Je comprends le plan ambitieux de Mme la vice-première ministre en termes de sécurité
routière, mais j'espère que l'enjeu de l'alcool au volant... va la prendre au
sérieux parce que c'est un fléau. Ce n'est
pas moi qui l'a inventé, le mot «fléau». Le fléau était dans le document déposé
par CAA Québec, qui est un partenaire qui travaille avec le gouvernement en
termes de sécurité routière.
Donc,
demain, Mme la Présidente, c'est quoi, la garantie qu'on a? Parce que, là, maintenant,
on est responsables. Tous les élus sont responsables. Si demain il y a un autre
décès lié à l'alcool au volant, qui va prendre sa responsabilité? Si on ne
change pas et on ne baisse pas le taux et il y a un décès dû à l'alcool au
volant, qui va prendre la responsabilité? Qui est responsable, sachant
que maintenant nous avons toutes les informations nécessaires, crédibles,
basées sur des études scientifiques qui nous interpellent?
Alors,
Mme la Présidente, quand on le voit, quand on voit que l'ensemble des provinces
canadiennes qui ressemblent au Québec, qui ressemblent à la réalité des
régions du Québec... Je dirais même qu'une province, elle est allée beaucoup plus loin, au 0,04, pas 0,05, 0,04. Quand je vous
mentionne que même en Alberta, en Colombie-Britannique, taux d'alcool supérieur à 50, interdiction de conduire immédiate
pour trois jours. Pourquoi les gens de la Colombie-Britannique sont plus
courageux que les gens du Québec? Deuxième infraction, interdiction de conduire
immédiate pour sept jours. Troisième infraction,
interdiction de conduire immédiate pour 30 jours. Ce sont des mesures en
Colombie-Britannique. Je peux déposer le
document. Il y a une panoplie de mesures dans toutes les provinces, et ce qu'on
a constaté, Mme la Présidente, avec le temps, c'est une réduction
significative, une réduction significative des accidents mortels.
Je vous le dis, je
vous les... Je vous ai mentionné... aujourd'hui, personne ne peut se cacher
derrière les études scientifiques.
D'ailleurs, le même gouvernement utilisait l'aspect des études pour évoquer le
recul sur le troisième lien. Elle est où, la lecture de ce gouvernement,
s'il n'écoute pas et ne suit pas les études scientifiques?
Le
risque d'accident mortel est multiplié par six. Et, quand j'entends le
gouvernement nous parler : Écoutez, transport en commun, la réalité des régions... Bien, au
fait, c'est le résultat des actions du gouvernement en matière de transport, je
n'ai pas besoin de le rappeler. Regardez
toutes les sociétés de transport ce qu'elles disent. Transport en région,
qu'est-ce que le gouvernement a fait,
qui se disait un gouvernement de région? Comment le gouvernement a amélioré le
transport en région? Ici, ça a été le seul élément. Pourquoi on ne
travaille pas à améliorer l'offre de transport collectif en région?
Et la
question que je me pose, Mme la Présidente : Ça vaut quoi, une vie
humaine, sachant que les évidences sont là? On sait que c'est un fléau, on le
sait. Et, Mme la Présidente, pour ceux et celles qui nous suivent, ce n'est pas
fini, ce débat, parce que Mme la
vice-première ministre, ministre responsable du Transport, a les chiffres du
coût de ce fléau, qui se chiffre en milliards, qui se chiffre en
milliards. L'inaction, ça nous coûte des sous en tant que société.
Donc, moi, je suis prêt à collaborer avec Mme la
vice-première ministre et avec la ministre du Transport, mais, Mme la Présidente, il faut avoir le courage. Et,
quand je dis «le courage», ce n'est pas parce que parfois une idée n'est pas
populaire, elle l'est, 61 % de la
population est pour cette mesure. Donc, encore une fois, quand on voit un peu
ce qui se passe à l'extérieur du
Québec au niveau des autres provinces, nous sommes à la bonne place, et
maintenant les Québécois vont voir où loge leur gouvernement.
Mais, vous
savez, Mme la Présidente, en votant contre cette motion, le gouvernement va
traîner avec lui un fardeau, un fardeau. Si, demain, il y a un décès, un autre
décès lié à l'alcool au volant, j'espère que ce gouvernement va avoir le
courage de dire : On s'est trompés et
on va mettre en place les mesures administratives. Chose que je ne souhaite à
personne.
Et, vous savez, Mme la Présidente, j'ai parlé
avec des victimes qui n'osent pas prendre la parole publiquement parce que c'est très douloureux pour eux, et c'est
avec eux qu'en leurs noms je vais terminer mon intervention. Ces victimes,
pas tous ont le courage, ont la capacité
intellectuelle de prendre la parole et dire ce qu'ils ont vécu. La perte d'un
être cher, proche aux voisins, aux
membres de la famille, c'est un épisode très douloureux. Je ne la souhaite à
personne aujourd'hui. Je ne souhaite à personne perdre un être cher à
cause d'un accident de route. Mais c'est au nom de ces personnes qui nous interpellent, qui voient que le gouvernement
n'a pas d'argument... il n'y a aucun argument aujourd'hui, surtout en matière de sécurité routière, qui va convaincre
ces gens qui ont perdu une fille, ou un garçon, ou un membre de leur famille
à cause de l'alcool au volant, de voir l'entêtement de ce gouvernement à ne pas
aller de l'avant.
• (15 h 20) •
Alors, Mme la
Présidente, CAA-Québec aujourd'hui... Et pourquoi j'utilise beaucoup
CAA-Québec? Parce que c'est des
experts. Ils sont venus en commission parlementaire. Et je l'ai mentionné à Mme
la ministre du Transport, c'est un
plan ambitieux. Le fait d'agir sur la sécurité routière, c'est excellent. Et on
va travailler ensemble pour améliorer le projet de loi, pour agir et améliorer la sécurité au niveau des zones
scolaires, au niveau des corridors scolaires. Donner les moyens aux
villes, donner les moyens aux MRC, c'est très bon. Je l'ai saluée par rapport à
ce projet de loi.
Mais il y a
un manque, malheureusement, dans ce projet de loi, et ce manque nous cause
beaucoup de problèmes et des maux de
tête. C'est un fléau où, malheureusement, il n'y a pas de pansement, il n'y a
pas de médicament. Il y a agir en mode préventif. C'est la prévention. C'est ça
que les groupes nous demandent. Ils ne demandent pas d'attendre que la personne se rende au criminel avec le 0,08. Ce
qu'ils nous demandent, c'est agir d'une manière préventive, Mme la Présidente.
Et CAA-Québec nous a dit que... Écoutez, les
accidents de route, il y a trois éléments : il y a l'alcool au volant, il
y a les distractions et il y a le
cellulaire au volant. Le cellulaire au volant, c'est une des causes, les
distractions et l'alcool au volant.
Et
aujourd'hui j'interpelle la ministre du Transport. Soyons audacieux. Faisons ça
pour ceux et celles qui parfois prennent
la route dans un état où ils ne sont pas capables de conduire. Faisons ça pour
protéger des vies. Faisons-le pour des gens
qui ont perdu un être cher. Je vous ai dit, j'ai toujours devant moi la mémoire
et l'image d'un couple qui, malheureusement, ne peut pas prendre la parole publiquement, qui sont démunis et qui ne
peuvent pas ni venir en commission parlementaire ni prendre la parole publique. Mais ils m'ont dit de transmettre leur
message. C'est qu'on ne va jamais, jamais sentir la douleur de quelqu'un qui a perdu, malheureusement,
un être cher à cause d'un accident où c'est l'alcool au volant qui est
l'enjeu majeur.
Alors, Mme la
Présidente, j'ai bien hâte à entendre les arguments. Et j'espère que la partie
gouvernementale, elle est prête, avec
des arguments solides. J'espère qu'ils vont démolir les études scientifiques.
J'espère qu'ils vont contredire CAA-Québec.
J'espère qu'ils vont contredire le coroner. J'espère qu'ils vont contredire les
autres provinces et j'espère qu'ils vont
me dire, que, écoute, le sondage de 61 % ne tient pas la route. Moi, j'ai
mis des études scientifiques sur la table. J'ai mis sur la table des recommandations d'experts. Donc, j'attends de la
partie gouvernementale la même chose et à convaincre les Québécois que
le fait de ne pas aller de l'avant avec 0,05 est une très bonne chose. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le leader de
l'opposition officielle. Maintenant,
je cède la parole à Mme la vice-première ministre et ministre
responsable des Transports et de la Mobilité durable.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Heureuse de prendre la parole,
évidemment, sur une question très importante. Toujours une question importante,
d'ailleurs, qui est abordée le mercredi après-midi. Puis je le dis souvent, la période des questions, où dans
d'autres moments, on est interpelés souvent dans des contextes qui ne nous
permettent pas d'être exhaustifs ou de faire le tour d'une question.
Et
l'avantage, je trouve, de ces motions-là du mercredi après-midi, outre le fait
que ce n'est jamais nous qui décidons le sujet, mais on s'y adapte, on s'y
adapte avec toujours beaucoup d'intérêt à chaque mercredi, mais au-delà de ça,
ça nous donne l'occasion, nous, comme
gouvernement, de venir... d'avoir la possibilité d'aborder une question
exhaustivement, dans une autre sorte
de tribune et d'une autre façon que juste action-réaction,
1 min 30 s, 1 min 15 s, 45 secondes, des
mêlées de
presse dans le corridor, des discussions à l'arraché, des scénarisations en
tout genre dans d'autres forums. Et là on a l'occasion de discuter sans être
interrompu et sans qu'on soit contraint dans le temps, là, d'une manière ou
d'une autre.
Et je trouve
qu'après-midi, cet après-midi, aujourd'hui, en l'occurrence, le thème de la
sécurité routière, voilà un exemple
de sujet qui mérite qu'on prenne le temps dont on dispose. Je crois qu'on a
autour de 50 minutes, en ce qui concerne notre parti, donc, et je vais prendre une partie de ce temps-là, une
bonne partie de ce temps-là, parce que, justement, la sécurité routière, je pourrais, moi, Mme la
Présidente, vous en parler jusqu'à la fin du salon bleu aujourd'hui, là. Je ne
sais pas à quelle heure ça finit,
mais j'aurais certainement de la matière à remplir les dernières heures du
salon bleu. Je vais prendre le temps
qui m'est imparti et je vais me concentrer, entre autres, sur la question du
fléau de l'alcool au volant puis de la conduite avec les facultés
affaiblies parce que, bien sûr, ça fait partie de l'objet de la motion
d'aujourd'hui.
Mais je pense que c'est important d'aborder plus
largement la sécurité routière, parce que, Mme la Présidente, le plan d'action que j'ai déposé à l'automne
dernier... Moi, je suis arrivée au ministère
des Transports en octobre 2022. Au
mois d'août 2023, moins d'un an après, j'ai déposé un plan d'action en sécurité
routière qui a été salué, qui n'était pas parfait,
il n'y a jamais rien de parfait, ce n'est pas ce que je veux insinuer, mais qui
a quand même été salué par une foule de
partenaires, une foule d'observateurs, d'analystes, de commentateurs, par mes
collègues des oppositions aussi d'ailleurs, certains collègues de l'opposition qui ont salué le dépôt du plan
d'action en sécurité routière. La grande majorité des gens qui sont venus, parce que, là, on est dans le
cadre de l'étude, on est dans le processus parlementaire de l'étude du projet
de loi n° 48 qui vient justement
opérationnaliser un certain nombre de mesures du plan d'action, mais la
majorité des gens qui sont venus nous
rencontrer en consultations particulières, la semaine dernière, dans le cadre
du projet de loi n° 48, nous ont
aussi dit que c'était un bon plan d'action, qu'il y avait là-dedans de très
bonnes mesures. Selon qui vient nous voir, des fois, il y a certains angles
puis certains aspects qui les intéressent plus que d'autres, et c'est normal.
Si on pense aux unions municipales,
elles ont salué le fait que, dans ce plan-là, on a déposé le tout premier plan
d'action sur les relations entre le
ministère des Transports et les municipalités, parce qu'on sait que ça peut
être, des fois, matière à discussion, des fois, la façon de travailler
avec nos municipalités, la façon de mener les projets, l'avancement des
projets, l'efficacité dans l'avancement de nos projets. Alors, on a fait un
tout premier plan d'action.
Quand on
parle de Piétons Québec, par exemple, le fait que, pour la première fois au ministère des Transports, on va
créer un chapitre piétons en même temps que le tome I de la conception routière.
On a une collection de normes et ouvrages au ministère qui guide toutes sortes
de choses, le I porte sur la conception, et donc on va inclure un chapitre
complet sur les piétons. Alors, évidemment que Piétons Québec a salué
cet aspect-là.
Je pourrais
continuer longtemps comme ça, mais donc qu'on soit un groupe qui s'intéresse à
un aspect ou à un autre de la
sécurité routière, dans l'ensemble, je pense que la quasi-totalité des gens
intéressés par le sujet, je dirais, ont jugé que c'était un bon plan d'action
en sécurité routière.
Bon, ceci
étant dit, une fois qu'on a dit ça, moi je suis très fière de ça parce que, je
l'ai dit, ce plan-là, je l'ai déposé moins
d'un an après, dans un contexte où on avait eu le décès de la petite Mariia
dans une école à Montréal, on s'en rappelle, en décembre 2022, qui a
remis le sujet de la sécurité routière à l'avant-plan. C'est un sujet qui nous
préoccupe tous en permanence, 365 jours
par année, mais on le sait, des fois, il arrive des événements tellement
frappants que ça remet un sujet à l'avant-plan, et ça a été le cas avec la
sécurité routière, avec cet angle-là très, très précis de nos clientèles
vulnérables, de nos zones scolaires,
de nos écoles, de nos enfants. Je l'élargis aux clientèles vulnérables, mais
quand on parle du décès de la petite
Mariia, qui a été une tragédie, encore une fois, qui nous bouleverse encore,
quand on y repense, on s'est demandé : Est-ce que nos écoles,
est-ce que nos zones scolaires sont suffisamment sécuritaires? On sait qu'il y
en a plusieurs à 30 kilomètres heure,
pas toutes, on a le droit d'être jusqu'à 50 kilomètres-heure. On a 3 000, 4 000 écoles
primaires, secondaires sur notre
réseau, la grande majorité sur le réseau municipal, une partie sur notre réseau
qui est gérée par le provincial. Est-ce que c'est suffisant? Est-ce que
c'est bien aménagé? Est-ce que nos futures écoles vont être suffisamment
bien aménagées? Est-ce que les écoles
existantes sont bien aménagées? Qu'en est-il de la sécurité de nos zones
scolaires? Est-ce qu'il y a moyen de
poser des diagnostics de sécurité? Parce que c'est une chose de dire... et
c'est ce qu'on a osé faire pour la
première fois, encore une fois, une autre innovation dans le plan d'action, de
contraindre des aménagements sécuritaires dans toutes nos zones scolaires.
C'est un objectif qui est très noble, qu'on souhaite tous. Je suis certaine que
je peux me faire la porte-parole des
125 élus, personne ne voudrait qu'il y ait des écoles qui ne soient pas
sécuritaires, mais encore faut-il avoir un diagnostic de sécurité. Les écoles,
je vois ma collègue de Roberval, les écoles à Roberval ne sont pas... n'ont
pas le même environnement, n'ont pas le même contexte que les écoles dans
Taschereau, que les écoles chez nous, dans Louis-Hébert.
Alors, il faut poser un diagnostic, il faut analyser nos zones scolaires
convenablement, il faut déterminer les meilleures
solutions et il faut procéder aux aménagements en conséquence. Alors, ça
encore, c'est un autre exemple de quelque chose dont je suis extrêmement
fière, qui est dans le Plan d'action en sécurité routière.
• (15 h 30) •
Les
photoradars. Les photoradars, on a entendu toutes sortes de choses là-dessus,
mais le fait est que les photoradars fonctionnent
dans le sens où non seulement... Bon, évidemment, il y a un aspect répressif,
tu as une contravention si tu te fais prendre par un photoradar. Mais les gens
développent le réflexe de ralentir, sachant qu'il va y avoir un photoradar
à cet endroit-là. Là, je parle des fixes. On
a les mobiles aussi qui peuvent être intéressants aussi pour sensibiliser, tu
sais, de manière périodique, à divers endroits, c'est bon d'en avoir des
mobiles qu'on peut déplacer aussi. Mais, les photoradars fixes, je
prends souvent l'exemple... là, on vient
d'en installer un pas loin d'ici, à l'intersection de François-De Laval,
mais il y en a un sur Saint-Sacrement, pas loin d'ici non plus, qui est
un des plus rentables, là, je ne le dis pas d'un point de vue... on veut faire de l'argent avec ça, mais qui génère
beaucoup de contraventions depuis des années. Et pourtant, moi, je demeure à
Québec, on sait tous, à Québec, qu'il y a un
photoradar sur Saint-Sacrement, et moi, les fois où j'ai eu personnellement des
contraventions dans... il y a déjà quelques
années, mais c'était là, dans un photoradar, ça a été là. Et mon frère, je me
souviens aussi, en a eu là.
Alors
donc, quand on habite à Québec, on le sait, que ce photoradar-là est là, mais
malgré tout il fonctionne. Pourquoi? Parce
qu'on peut tous avoir des distractions, on peut tous, des fois, aller trop vite
sans le vouloir, sans... sans s'en rendre compte, on est... on est préoccupés par autre chose. Donc, d'avoir
quelque chose qui vient nous rappeler l'importance de contrôler notre vitesse, notre vitesse, puis
d'avoir un outil qui vient nous aider à contrôler la vitesse des gens et qui
devient un complément aussi au
travail de nos policiers, parce que, comme je le dis toujours, on a 15 000 policiers au Québec, on est 8,5 millions, ce n'est pas vrai qu'un
policier peut surveiller tout partout en tout temps. Alors, d'avoir ce
complément-là à la surveillance
policière, qui demeure une nécessité, on en conviendra, mais d'avoir ce
complément-là, très intéressant. Alors, encore une fois, on y va
d'audace dans le Plan d'action en sécurité routière, on ajoute des photoradars.
Je pourrais vous faire le détail, Mme la
Présidente, des 27 mesures, puis en incluant les sous-mesures, des
47 sous-mesures de ce plan-là. Il y a beaucoup de choses qui sont
extrêmement audacieuses là-dedans, qui vont être extrêmement porteuses et qui viennent répondre à des demandes de longue
date, notamment des demandes... Je parlais des groupes comme Piétons Québec, comme Vélo Québec. Il y a aussi une mesure
qui touche les aînés. Pour la première fois, le ministère des Transports fait
partie d'une table qui est en train de réfléchir à la prochaine politique
Vieillir ensemble au Québec...
Vieillir chez soi, au Québec, je ne sais pas exactement le nom, mais la
politique pour nos aînés. Alors, le ministère des Transports prend part,
pour la première fois, à ces travaux-là. C'est très intéressant parce qu'on
parle beaucoup des écoles, mais on
pourrait parler autour des hôpitaux, on pourrait parler... tu sais, les aînés,
des fois, les feux de signalisation, les
traverses piétonnes, la durée des feux, la possibilité d'avoir le temps de
traverser de manière sécuritaire, donc il y a plusieurs... puis les signaleurs routiers aussi, nos travailleurs de
chantier, une autre clientèle vulnérable. On vient ajouter, dans notre projet de loi, on vient spécifier que
les zones de chantier, tout comme les zones scolaires, deviennent maintenant
officiellement des zones où tu peux mettre
un radar photo plutôt que d'être simplement décidé en vertu des critères qui
sont codécidés avec les municipalités dans le choix de la localisation des
radars photo.
Donc, sans me
perdre dans trop de détails du plan d'action ou du projet de loi, je voulais
simplement, d'entrée de jeu, attirer l'attention des collègues sur le fait que
ce plan d'action là, en n'étant toujours pas parfait... ce n'est pas ce que
je veux dire, mais est en soi une petite
révolution sur bien des aspects, que ce soit la sécurité autour de nos écoles,
que ce soit la sécurité dans nos
chantiers et que ce soit, de façon générale, l'engagement et l'action qui est
jointe aux intentions par le gouvernement
du Québec de dire : C'est assez d'aller trop vite, proche de nos enfants,
proche de nos aînés, proche de nos travailleurs, proche de nos
brigadiers scolaires aussi, qui sont dans les mêmes zones scolaires que nos
enfants. Alors, on envoie un signal très
fort, avec des moyens concrets, avec un projet de loi, justement, qu'on est en
train de... qu'on... dont on va
aborder l'étude détaillée sous peu, à la suite des consultations particulières.
Donc, on envoie un signal très, très fort.
La raison
pour laquelle je vous dis ça, Mme la Présidente, c'est que la sécurité
routière, ça n'a pas toujours été une préoccupation. Si on remonte à des
décennies, et là je vais faire le lien avec l'alcool au volant, il y a des
décennies, on se souvient tous des
exemples de gens qui buvaient la bière dans l'auto, en conduisant, entre les
jambes, là — c'est
toujours entre les jambes, l'exemple qu'on donne, mais, bref, qu'elle soit
n'importe où dans l'auto — qui
boivent dans l'auto, et que ça boit
en arrière, ça boit en avant, on ne sait pas trop. Mais, bref, on n'est pas
supposé consommer d'alcool dans une auto aujourd'hui, mais à une autre
époque ce n'était pas ça du tout.
On part,
là... je vous remonte des vieux exemples, là, pour dire à quel point on était
dans une autre mentalité, puis à
cette époque-là on ne portait pas non plus la ceinture de sécurité, la vitesse
était beaucoup moins contrôlée qu'aujourd'hui ou, disons, une moins grande préoccupation, les voitures étaient faites
d'une façon... on assoyait nos enfants un peu n'importe où, maintenant on a des sièges pour enfants. Donc,
il y a eu beaucoup de réglementations, de normes, de règles qui sont apparues depuis ce temps-là pour encadrer ces
comportements-là, pour sanctionner ces comportements-là, pour certains, si on
pense à l'alcool au volant, et tout ça à la faveur de plus en plus de sécurité
routière, de sécurité. Qu'on soit dans une voiture ou qu'on soit autour d'une voiture, qu'on soit dans un camion,
qu'on soit dans un taxi, peu importe, ça prend toujours plus de sécurité
routière pour protéger la vie humaine.
Donc, alors,
ce plan d'action là, bref, est un autre pas dans la bonne direction. Et à
mesure que les mentalités ont évolué,
il y a eu une évolution des mentalités, une conscientisation, une
responsabilisation, aussi, qui s'est faite de la part de tous et chacun. Parce qu'à un moment donné,
quand tu es là puis tu vois un drame à la télé, tu vois une nouvelle, il y a eu
un accident, il y a eu un décès, il y a
eu... ou toi-même, dans ta famille, dans tes proches, toi-même, il t'arrive
quelque chose sur la route, ça te conscientise. Tu ne peux pas, d'une
part, te désoler de voir des accidents routiers puis, d'autre part, éternellement dire : Bien, moi, je vais
continuer de me comporter comme je me comporte et je vais continuer d'aller
vite, je vais continuer de boire, puis, tu sais, si je ne me fais pas
prendre, bien, ça ne me dérange pas. Il y a eu vraiment, Mme la Présidente, une prise de conscience
profonde et durable de la part des citoyens, des citoyennes qui ont embarqué
dans cet élan-là où on s'est dit : À un
moment donné, on va commencer à resserrer tout ça. Et le Québec fait bonne
posture en la matière, puis je vais y arriver tout à l'heure, notamment
sur la question de l'alcool au volant ou des facultés affaiblies — appelons-les
«facultés affaiblies», parce que ça inclut, évidemment, la drogue aussi — le
Québec fait bonne figure. Et cette
conscientisation-là, elle s'est accompagnée, évidemment, d'un travail qui a été
fait, un travail institutionnel.
Mon collègue citait le Bureau du coroner, et je
disais, tout à l'heure, on a voulu de plus en plus protéger la vie humaine. C'est d'ailleurs la mission,
effectivement, du Bureau du coroner. J'étais là à l'époque où on a changé le
slogan, le site Web, et tout ça, et
on a adopté le slogan Pour la vie. Donc, je pense que c'est à la fois
simple et clair comme slogan, Pour
la vie, on est là pour protéger
la vie. Et c'est aussi le souci qu'on a quand on est au gouvernement, quand on
est... que ce soit aux Transports, à la Sécurité publique, où j'étais
auparavant, on est animés par ce souci-là de toujours faire en sorte
d'être une juridiction où la sécurité de nos citoyens est au coeur de nos
préoccupations.
Et, quand je
regarde l'historique des gestes qui ont été posés par le gouvernement du Québec
en matière de sécurité routière et
nommément en matière d'encadrement de la conduite avec les facultés affaiblies,
je dois dire, Mme la Présidente, comme
je l'ai dit tout à l'heure, on fait bonne figure quand on se compare au reste
du Canada, ou à d'autres juridictions aussi, parce qu'il y a des juridictions dans le monde qui
ont un encadrement semblable au nôtre. Mais, si on prend l'exemple de se comparer au reste du Canada, dans l'ensemble,
on est globalement très sévères, au Québec, en ce qui concerne la conduite
avec les facultés affaiblies.
Je vais y revenir dans un deuxième temps, mais
d'abord je vais prendre le temps, parce que je pense que c'est important... Des fois, on parle de ça comme ça,
puis je l'ai dit, là, on a du temps cet après-midi, je pense que c'est
important que les gens qui nous
écoutent réalisent l'ensemble des mesures et des gestes qui ont été posés, la
genèse de la réglementation et de la
législation qui a évolué, dans les dernières années, pour en arriver à un
encadrement aussi serré que celui qu'on a aujourd'hui.
Et ça commence en 1996, Mme la Présidente. En
1996, il y a un projet de loi qui a été sanctionné, où on avait tolérance zéro pour les nouveaux conducteurs, la
suspension immédiate du permis de conduire, le programme Alcofrein, à l'époque...
je ne suis pas sûre, ce programme-là,
mais un premier programme pour les premiers contrevenants, programme
d'évaluation complète dans un centre spécialisé dans le traitement des
personnes alcooliques ou toxicomanes pour les récidivistes,
saisie du véhicule pour une période de 30 jours dans les cas de conduite
durant sanction, programme d'antidémarreur
permettant la conduite d'un véhicule équipé d'un dispositif détecteur d'alcool
pour les permis restreints. Donc, ça, c'est en... c'est en 1996, pardon.
• (15 h 40) •
2001, un
autre projet de loi vient s'ajouter, et là on ajoute suspension immédiate du
permis de conduire pour une première
sanction, qui passe de 15 à 30 jours; suspension immédiate du permis de
conduire pour toute récidive, on passe de
30 à 90 jours; droit de révision auprès de la Société de l'assurance
automobile du Québec en cas de suspension administrative immédiate du permis de 90 jours; prolongation de la
période d'inadmissibilité à un permis pour les récidivistes reconnus coupables
d'une infraction criminelle liée à la conduite avec les facultés affaiblies;
évaluation sommaire dans un centre spécialisé dans le traitement des
personnes alcooliques ou toxicomanes à la suite de la première déclaration de culpabilité criminelle afin de vérifier si le
comportement du conducteur est compatible avec la conduite sécuritaire d'un
véhicule; dans le cas où la personne présente
un risque, l'obligation de se soumettre au processus d'évaluation complet; la
délivrance d'un nouveau permis, au terme du
processus d'évaluation et de la période d'inadmissibilité au permis, conditionnelle à ce que le véhicule soit muni d'un
antidémarreur éthylométrique, et ce, pour une période pouvant varier
d'un an à trois ans; pour l'application de la notion de récidive, la période
passe à 10 ans.
2007, 2007,
le gouvernement libéral qui était là, création d'une infraction distincte pour
les personnes qui ont plus de
160 milligrammes d'alcool, donc là, on est à 0,16, là on est au double du
0,08, ou qui refusent d'obtempérer à un ordre d'un agent de la paix. Les
sanctions sont les mêmes que celles prévues pour les récidivistes avec un taux
de 0,08, parce qu'on sait que, pour les
récidivistes, les sanctions sont plus sévères. Suspension immédiate du permis
de 90 jours, auparavant 30 jours,
pour une infraction liée à l'alcool au volant. Saisie du véhicule de
30 jours pour une première infraction pour les personnes qui ont un
taux d'alcoolémie supérieur à 0,16 ou qui refusent d'obtempérer. Programme
Alcofrein devient obligatoire uniquement
pour ceux qui ont une évaluation sommaire favorable, les premiers
contrevenants. Révocation du permis
en cas de délit de fuite est portée à quatre ans, cinq ans en cas de récidive,
auparavant c'était un an. Antidémarreur à vie pour ceux qui cumulent
deux infractions à 0,16 ou pour refus d'obtempérer à un ordre d'un agent de la
paix. L'antidémarreur agréé par la société
devient disponible sur une base volontaire. Bon, on ajoute ça aussi, la
disponibilité sur une base volontaire.
2008,
toujours le Parti libéral, un agent de la paix qui a des raisons de soupçonner
que le conducteur a la capacité affaiblie
peut exiger qu'il se soumette aux épreuves de coordination des mouvements,
telles que décrites au Code criminel. À la
suite de ces épreuves, l'agent de la paix suspend sur le champ le permis de
conduire 24 heures s'il a des motifs raisonnables de croire que la
capacité de conduire de la personne est affaiblie.
2010, un autre projet de loi du gouvernement
libéral, suspension immédiate du permis pour 24 heures pour les
conducteurs de véhicules lourds transportant des biens dont l'alcoolémie est
entre 50... entre 0,05 et 0,08; suspension immédiate
du permis pour 24 heures pour les conducteurs d'autobus, de minibus ou de
taxi avec une présence d'alcool dans leur
organisme; zéro alcool... bon, c'est ça, donc, zéro alcool, zéro alcool pour
les conducteurs de moins de 22 ans, donc les jeunes conducteurs; retrait du droit d'acquérir,
d'immatriculer ou de remettre en circulation un véhicule pour les récidivistes;
allongement de la saisie du véhicule à 90 jours pour les récidivistes;
évaluation du comportement durant la suspension immédiate de 90 jours du permis pour les infractions à 0,16, refus
d'obtempérer ou toute récidive à plus de 0,08; et maintien de la suspension tant que la personne ne démontre
pas une consommation compatible avec la conduite sécuritaire d'un véhicule
sans égard à une éventuelle et possible déclaration de culpabilité au criminel.
Au terme de la période de suspension de 90 jours,
la personne peut demander de participer au programme antidémarreur. Les amendes
pour la conduite durant la sanction ont été ajustées à la hausse, de
1 500 $ à 3 000 $, antidémarreur à vie pour toute troisième
infraction en matière d'alcool au volant,
peu importe la nature de l'infraction criminelle. Donc, vous voyez la... vous
voyez la gradation dans la sévérité
des mesures, non seulement la gradation, mais l'accumulation dans les mesures
qui viennent encadrer le fléau de l'alcool au volant.
2012, introduction d'une amende de
1 500 $ à 3 000 $ en cas de récidive, 3 000 $ à
6 000 $ si le véhicule d'un multirécidiviste
est mis en circulation lorsque ce dernier est visé par le retrait du droit
d'acquérir, d'immatriculer ou de remettre en circulation un véhicule. Un
tiers qui commet l'infraction est passible d'une amende de 300 $ à
600 $.
2018,
antidémarreur à vie pour tous les récidivistes, possibilité pour une première
récidive seulement de s'adresser à un juge de la Cour du Québec pour demander
la levée de cette condition après une période de 10 ans; suppression
de l'exigence de l'évaluation pour obtenir un nouveau permis avec la
condition X.
Et donc vous
voyez, Mme la Présidente, et là il y a notre projet de loi, nous, qui est là
aujourd'hui. Il y a eu un projet de loi en 2022 et dont on va donner
suite à une des mesures qui avaient été prévues et qu'on met en vigueur,
d'ailleurs, dans notre
actuel... l'article 46 de notre projet de loi actuel, qui est le projet de
loi n° 48, mais donc l'article 46 de ce projet de loi là, qui
dit : «Ce code est modifié...» Blablabla. «Il est interdit au titulaire
d'un permis de conduire auquel est ajouté
la classe appropriée à la conduite d'une motocyclette, autre que la
classe 6E, de conduire un tel véhicule ou d'en avoir la garde ou le contrôle s'il y a quelque présence
d'alcool dans son organisme, pendant les 24 mois suivant l'ajout de cette
classe au permis de conduire dont il est déjà titulaire.
«Dans le
calcul de la période visée au premier alinéa, il faut exclure toute période de
suspension du permis ainsi que toute période pendant laquelle la personne
n'était pas autorisée à conduire un véhicule routier en vertu du premier
alinéa de l'article 93.1.»
Bref, vous voyez, j'ai pris le temps de vous
lire tout ça, Mme la Présidente, pour qu'on réalise tous ensemble l'accumulation, comme j'ai dit, et la sévérité
cumulative de tout ce qui s'est fait depuis 1996, on est en 2024,
donc depuis 28 ans. Je vous
disais tout à l'heure, il y a quelques décennies, là, la bière entre les
jambes, puis on conduit vite, pas attaché. Mais, depuis 1996, il y a des gestes qui ont été posés, des gestes
clairs, des signaux forts, des règles, des règlements, des modifications
dans des lois, qui sont incontournablement sévères en ce qui a trait... et qui
sont dissuasives, et qui sont... je ne sais
pas le terme plus fort que je pourrais employer, là, mais, de nos jours,
conduire quand on a bu de l'alcool, non seulement d'instinct, et de
culture, et de responsabilité individuelle, on sait que ça n'a pas de sens.
Mais en plus, si on s'aventure à le faire quand même, on s'expose à des
conséquences qui sont extrêmement sévères, extrêmement sévères, extrêmement
désagréables, puis je vais revenir plus clairement. Là, je vous ai lu des
choses qui sont peut-être un peu jargonneuses, parce que je faisais des résumés
de projets de loi.
Mais, tu
sais, quand je vous dis qu'on est très sévères au Québec par rapport au reste
du Canada, d'abord il faut placer le
fait que le Code criminel prévoit qu'on... prévoit le concept de conduite
avec les facultés affaiblies. Donc, indépendamment du 0,08, un policier,
aujourd'hui, au Québec, peut intercepter quelqu'un et, si, sur une base de
preuve circonstancielle, il estime que cette
personne-là semble conduire avec les facultés affaiblies, peut déposer... peut
lui donner une amende. Alors, est-ce
que c'est la même preuve ou est-ce que c'est la même force de preuve que
quelqu'un qui a un taux d'alcoolémie
officiel de 0,08? Il faudrait le discuter avec le DPCP puis avec,
éventuellement, la poursuite. Mais, quand on parle aux policiers, ils
vont tous vous confirmer qu'actuellement les policiers sont en mesure d'intervenir
pour une conduite avec facultés affaiblies,
indépendamment du 0,08. Le 0,08, bien, évidemment, là, tu as le deuxième chef
d'accusation, si en plus tu as un
test d'alcoolémie à 0,08. Mais tout ça pour dire, Mme la Présidente, qu'on peut
déjà, en ce moment, intervenir sur les facultés affaiblies, les facultés
affaiblies, oui, l'alcool, mais on parle aussi des drogues.
Et alors donc
partons là-dessus. Je vous disais, au Québec, globalement, on est plus sévères
que le reste du Canada. Je me suis fait sortir un comparatif, là, tu
sais, puis j'ai regardé ça beaucoup dans les derniers jours parce que, je vous dirais... comme je vous dis, d'instinct, moi, je
sais... Puis pour avoir travaillé beaucoup là-dedans, entre autres au Bureau du coroner, puis j'ai fait beaucoup de sécurité publique
dans ma vie, je sais que le Québec est une juridiction très responsable et,
justement, sévère, pour le répéter une autre fois, par rapport au fléau de
l'alcool au volant et par rapport à d'autres fléaux de la sécurité routière
aussi. Là, je parle de ça, mais on pourrait parler de la distraction, on
pourrait parler de la ceinture de sécurité,
que tout le monde peut oublier à l'occasion, on pourrait parler de la fatigue
au volant, on pourrait parler de la vitesse. Un oubli est vite arrivé, alors c'est pour ça qu'il faut revenir, il
faut marteler les messages. Puis, dans une autre partie de mon exposé, je vais parler des investissements en
promotion, en communication, en sensibilisation, qui, eux aussi, ne cessent
d'augmenter. Les campagnes que font la SAAQ,
les campagnes et les activités de prévention que font Éduc'alcool avec
l'ITHQ, je vais y revenir dans une autre partie.
Mais là je
veux revenir de manière, tu sais, ramassée, comme j'aime dire, là, sur les
éléments qui démontrent hors de tout
doute à quel point le Québec est déjà extrêmement responsable et sévère sur le
fléau de l'alcool au volant. Si on prend,
par exemple, les programmes de sensibilisation et de réhabilitation, parce que,
je l'ai dit tout à l'heure, ça faisait partie des mesures qui sont apparues, là, à travers les diverses pièces
législatives qui ont été déposées au fil du temps, notamment par les
précédents gouvernements, le programme de sensibilisation et de réhabilitation
qu'on a pour les gens qui sont condamnés
pour l'alcool au volant est le plus long et le plus encadrant qu'on puisse
avoir. Et là on le comparait avec... Il y a deux provinces, peut-être, qui ont quelque chose de similaire, mais, en
termes de durée et d'encadrement, la grande majorité des autres provinces et
territoires font moins que nous. Nous, vous voyez, durée, entre une journée et
neuf mois, dépendant... Puis là il y
a toute une question, aussi, de condamnation là-dedans, et tout ça, mais donc
on est dans les plus sévères au Canada.
• (15 h 50) •
La saisie de
véhicule, 30 jours si alcoolémie élevée, 90 jours si récidive. Toutes
les autres provinces et tous les autres territoires sont moins sévères que le
Québec. Le programme antidémarreur, puis ça, je l'ai dit, puis c'est apparu,
là, ça aussi, j'en ai parlé au début,
c'était l'antidémarreur qu'on avait pour une condamnation, après ça est apparue
une deuxième condamnation, après ça
une troisième condamnation à vie. C'est nous qui sommes les plus sévères.
Aucune autre province ou territoire n'a un régime aussi sévère pour la
deuxième condamnation, à vie, mais après 10 ans on peut faire une demande,
troisième, à vie. Il n'y a aucune province, aucun territoire qui n'a de régime
similaire à ça pour l'installation d'un antidémarreur éthylométrique, comme... je ne sais pas, programme antidémarreur, mais,
en tout cas, un éthylomètre, là, donc, dans la voiture, qui fait en sorte que tu ne peux pas prendre ta voiture si tu
ne souffles pas dans l'appareil. Alors, on est les seuls, là, les seuls,
au Québec, à avoir ça, et le reste du Canada ne l'a pas. Ça, on peut le prendre
à l'inverse, aussi, l'argumentaire. Pourquoi le reste du Canada ne fait pas ce
que nous, on fait? Parce que, nous, ça, certainement, ça nous aide. On peut raisonnablement penser que des gens auraient pris
le volant s'ils n'avaient pas été obligés de souffler, comme on dit, là,
de souffler avant de pouvoir démarrer leur
voiture, tu sais. Alors, ça, c'est certainement un exemple d'un geste très
fort, sans équivoque, qu'on a posé, qui ont empêché des gens de prendre
le volant alors qu'ils avaient bu de l'alcool.
L'infraction à la règle du zéro alcool, et, ça
aussi, il y a, encore là, une ou deux provinces qui ont quelque chose de similaire, mais la majorité des autres
provinces ne vont pas aussi loin que nous. Et ça, puis je vous ai lu, tout à
l'heure, l'article 46
de mon actuel projet de loi, je vais faire le lien avec ça, la tolérance zéro,
elle est très forte ici. C'est-à-dire qu'elle est présente pour une
diversité de groupes, la tolérance zéro, dans le sens où ce n'est même pas
0,05, 0,08, tu as le droit à zéro alcool, tous les nouveaux conducteurs, donc,
pendant les permis apprentis, les permis probatoires, zéro alcool.
Les jeunes conducteurs, je l'ai lu tout à
l'heure, là, c'est une des législations, là, les... en 2010, donc, moins de 22 ans, tolérance zéro, les autobus, les
minibus et les taxis, tolérance zéro. Et là on vient inclure, dans mon projet
de loi actuel, là, pour les
détenteurs... les titulaires d'un permis de conduire auquel est ajouté la
classe de la conduite d'une motocyclette, donc, pendant 24 mois.
Donc, autrement dit, tu as déjà un permis de conduire, et là tu prends la
nouvelle classe 6E pour avoir une moto,
pendant deux ans, tolérance zéro. On vient encore en rajouter. On était déjà
pas mal les plus sévères au Canada ou dans les plus sévères au Canada,
et là on vient en ajouter un autre dans notre projet de loi actuel.
Donc, Mme la
Présidente, quand on regarde tout ça... Puis là je vais faire le lien avec, en
plus, tout ce qu'on fait en prévention, promotion, parce que, là, on parle
beaucoup de l'encadrement, on parle beaucoup de la sanction, je dirais, de la captation puis de la sanction du
comportement de quelqu'un qui ose conduire avec les facultés affaiblies, mais,
en amont de tout ça... Puis je parlais, tout à l'heure, de toute la
conscientisation, puis la responsabilisation, puis le développement
d'une conscience de ça puis d'une volonté de faire en sorte qu'on n'est plus
une société où on peut boire au volant, où on va chez quelqu'un, puis là, bien, ça nous... tu sais, ça ne nous tente pas
de dormir là, ça fait que, finalement, même si on a pris cinq, six, sept
bières, on va essayer de prendre notre auto parce qu'on n'habite pas si loin.
Moi, en tout
cas, tu sais... Moi, je suis peut-être à l'entre-deux, là. Quand j'étais...
Bien, en tout cas, je suis encore jeune,
là, mais ça fait quelques années, quand même, que je sors moins dans les bars,
mais, quand je sortais dans les bars, à
l'université, déjà, c'était très présent, cette conscientisation-là chez nos
jeunes, chez, donc, moi incluse. Tu sais, on avait un conducteur désigné. On
marchait. Tu sais, quand tu es jeune, des fois, tu sens moins le froid, puis,
bon, rendu à une certaine heure dans
la nuit, ça ne te dérange pas de marcher longtemps même si tu n'es pas habillé
si chaudement. Donc, on se trouvait
des moyens pour, finalement, ne pas avoir à prendre le volant puis à conduire
en état d'ébriété. Je ne vous dis pas
que ça n'arrivait jamais, là. On a tous des histoires d'amis qu'on a vus, puis
tout ça, mais, tu sais, ça n'arrivait pas... ça arrivait moins.
Et, moi,
quand je parle aux gens autour de moi, je parle à mes collègues qui ont des
enfants qui sont en train de vieillir, c'est très présent. Puis, de toute
façon, quand tu as ton permis, je l'ai dit, apprenti, probatoire, de toute
façon... puis, quand tu es jeune, en
bas de 22 ans, de toute façon, c'est tolérance zéro. Donc, à l'acquisition
même de ton permis, c'est ancré en toi, là, c'est cloué en toi, ce
réflexe-là, de dire : Je n'ai pas le droit de boire. Ce n'est même pas une
question de 0,08, je ne peux pas boire. Et,
si je suis pris avec... si je me fais prendre à avoir bu, bien là, il m'arrive
beaucoup de problèmes. Il y a des
amendes aussi. Pour les jeunes, c'est sûr que ce n'est pas intéressant de payer
des amendes. Des fois, tu as moins d'argent quand tu es jeune, surtout
si tu paies tes études, et tout ça.
Bref, tout ça pour dire qu'il y a une grande
conscientisation qui s'opère, motivée, sans doute, par la sévérité, comme je l'ai dit, graduelle et cumulative des
mesures qu'on a choisi d'adopter, nous, comme nation, au Québec, depuis,
notamment, 1996. Mais, en plus, à côté de ça, il y a énormément de campagnes
qui se font. On se souvient tous, L'alcool
au volant, c'est criminel — moi,
en tout cas, je m'en souviens, là — ça
a été un slogan, ça, pendant quand même un bon bout de temps, là. C'est la SAAQ qui menait cette campagne-là. Et
il y avait, sur nos autoroutes, une grosse pancarte noire avec un... Je ne veux pas pointer personne,
mais, tu sais, il y avait un doigt, comme ça, rouge, là, tu sais, puis là on
circulait, puis là, tu sais, veux veux pas,
tu ne peux pas le manquer. En tout cas, c'était gros. Puis même que, l'été
passé, je me promenais dans nos
régions du Québec puis j'en ai vu une encore quelque part, je ne me rappelle
plus sur quelle autoroute...
Une voix : ...
Mme Guilbault : Bon, bien, vous voyez, dans l'Outaouais, il y en a une. Des fois, on tombe
sur une vieille pancarte. C'est
vintage un peu, là. Puis j'ai dit à mon ministère... j'ai dit : Il y a
encore quelques... Bien, vintage, y a-tu un terme français? C'est folklorique, c'est folklorique. Et j'ai dit
à mon ministère : J'en vois encore... puis à la SAAQ, j'ai dit : J'en
vois encore, quelques pancartes, et donc ça fait... laissons-les là.
Bref, laissons-les là, parce que je pense qu'il y a quelque chose de subliminal dans cette campagne-là qui avait très
bien fonctionné, qui a vraiment installé, à la fois dans l'image puis dans le slogan,
quelque chose de : Tu croises ça sur la route, puis le message, ça te le
rappelle si jamais tu l'avais oublié.
Donc, les
investissements en campagnes de prévention... Puis ça fait partie de la SAAQ,
une stratégie, aussi, de sécurité routière indépendante du plan d'action que
moi, j'ai déposé, qui était une stratégie 2021‑2025, je crois, et qui...
et qui a, parmi les thèmes priorisés,
là, justement la conduite avec les facultés affaiblies, donc, mais un programme
d'éducation à la sécurité routière pour
inciter les nouveaux conducteurs à adopter des bons comportements sur la route,
le développement de nouveaux moyens
pour informer les conducteurs des risques liés à la conduite avec les facultés
affaiblies, entre autres ceux
associés à la conduite après une consommation d'alcool modérée, la promotion
des solutions de rechange à la
conduite, notamment celle du conducteur désigné, le partenariat, notamment,
avec les policiers pour renforcer l'adoption de bons comportements sur la route ainsi que pour mener des initiatives
visant à prévenir la conduite avec les facultés affaiblies, une veille en continu des meilleures pratiques, et
de la littérature, et pour la formation, puis, justement, les activités... Entre
autres, on peut penser aux activités dans
les écoles, des activités... Je me souviens, quand j'étais au coroner, on
travaillait avec la Sûreté du Québec
dans certaines régions, qui, à la fin des années scolaires, allait
systématiquement faire des activités avec
les jeunes qui allaient avoir leur bal de finissants, et là ils allaient faire
un genre de simulation, tu sais : Tu sors de ta soirée du bal, tu as peut-être bu un peu, il y a
peut-être quelqu'un là-dedans qui a sa voiture. Puis là ils simulaient un
accident, là, avec un jeune qui était
blessé grave ou qui mourait dans cet accident-là, en simulation toujours, là,
mais simplement pour leur faire vivre
le choc que ça peut être et les inciter à prendre la bonne décision le moment
venu, ce soir-là qui s'en vient, du
bal des finissants, qui est un moment marquant pour, évidemment, nos jeunes en
secondaire V. Donc... Et nos investissements... Nos investissements... Vous
voyez, les investissements ici, là, campagnes de sensibilisation précisément sur les facultés affaiblies, de 2012 à 2024, n'ont
cessé de croître. On est passés de 4,9 millions, en 2012, et on est
rendus, en 2023... 2024, évidemment, pas encore disponible, mais 2023, 6,5 millions, donc,
et, à chaque année, ça a augmenté. Je regarde, peut-être, dans les
années 2016 à 2018, il y a eu une petite baisse, mais après ça ça a
stagné, et là, depuis les trois dernières années, il y a une hausse.
Donc, en
mettant tout ça ensemble, Mme la Présidente, ce que je voulais démontrer, c'est
que... Et je n'ai pas parlé... J'avais
dit que je parlerais d'Éduc'alcool parce que je trouve ça important de parler
d'eux. Je vois le temps qui avance, mais je trouve ça important de dire un mot sur Éduc'alcool parce que c'est un
organisme qui est très important. Ça fait... Je ne sais pas par coeur combien de décennies qu'ils
sont actifs, mais je me souviens, quand j'étais ministre de la Sécurité
publique, j'ai donné une médaille à
Hubert Sacy, qui a été le directeur général d'Éduc'alcool pendant 30, 40,
50 ans. Je ne me souviens pas, j'ai oublié de revérifier avant de venir,
mais, pendant tellement d'années, il incarnait Éduc'alcool. Il a toujours été
là. Moi, ça fait... Je travaille en sécurité
publique depuis 2006, il a toujours été là. Puis, même quand moi, j'ai commencé
à travailler avec en 2006, tout le monde disait qu'il avait toujours été là.
Donc, je ne sais pas quel âge a cet homme-là, mais il aura certainement consacré sa vie à la
prévention des conséquences négatives, des fois, que peut avoir une
consommation d'alcool non
responsable, et il a tellement fait de projets avec nous. Puis, quand j'étais
ministre de la Sécurité publique, je travaillais avec lui aussi.
Donc,
Éduc'alcool, en collaboration avec l'ITHQ, l'institut du tourisme et de
l'hôtellerie du Québec, qui développent ensemble un programme de
formation qu'ils donnent dans les bars, les restaurants, donc, pour le
personnel, de la sensibilisation toujours.
Évidemment, on souhaite que nos... que ce soient les gens qui travaillent dans
des bars ou des restaurants qui
voient une personne qui consomme de l'alcool, qui a consommé beaucoup d'alcool
et qui semble s'apprêter à vouloir prendre sa voiture, de faire une
intervention.
Donc, il y a
tout ce travail-là aussi qui se fait par Éduc'alcool, qui se fait aussi
beaucoup dans les écoles. Éduc'alcool a un budget de peut-être autour de
3 millions, là, plus ou moins 1 million, et ils mettent 85 % de
leur budget dans des activités de prévention
et de sensibilisation. Ils ont fait une campagne qui s'appelle Check ton
verre. Tu sais, ils font des choses
avec les jeunes. Ils font beaucoup de choses aussi, en plus de la SAAQ, en plus
de ce que font nos forces policières, qui...
Je n'ai pas
parlé des barrages policiers, mais ça va de soi, évidemment. Tout le monde sait
que nos forces policières sont très
actives partout sur le territoire, certaines périodes de l'année plus que
d'autres. Je pourrais parler de Nez rouge aussi, M. De Koninck,
Opération Nez rouge, dont on a fêté les 40 ans cette année, qui fait
beaucoup, beaucoup de raccompagnements pendant
le temps des fêtes, donc, encore une fois, des gens qui sont protégés d'une
éventuelle conduite avec les facultés affaiblies.
• (16 heures) •
Donc, tout ça
pour dire, Mme la Présidente, qu'au Québec l'alcool au volant, la conduite avec
les facultés affaiblies, parce que je mets la drogue aussi là-dedans,
pour nous, là, puis on l'a dit, c'est criminel, c'est inacceptable, c'est non négociable. C'est une question de responsabilité,
oui, du gouvernement puis de la nation, mais de responsabilité individuelle.
Et on sait et on sent que, depuis les
30 ans, du moins, depuis lesquels je vous ai fait la genèse législative,
les Québécois ont développé et continuent de développer cette
conscientisation-là.
Je l'ai dit,
on ajoute toujours des nouvelles mesures, des nouvelles interdictions d'alcool
avec des nouvelles classes de permis,
avec des nouvelles classes de personnes. Alors, tout ça, ça a pour effet que la
sécurité routière, notamment la conduite
avec les facultés affaiblies, continue, ne cesse de se réimposer comme sujet
dans notre conversation sociale, notre conversation nationale.
Aujourd'hui, personne n'ignore à quel point ça peut être grave de conduire avec
les facultés affaiblies, mais, avec
l'ensemble des mesures qu'on a au Québec, actuellement, on est dans les plus
sévères au Canada, on envoie un message très fort à l'effet qu'on ne
peut pas conduire avec les facultés affaiblies.
Et ça, on le
fait, pour quoi, Mme la Présidente? Pour la prévention, pour protéger la vie
humaine, pour protéger ceux qui sont encore parmi nous, mais aussi surtout pour
les gens courageux qui, malheureusement, ont vécu l'épreuve soit d'être blessés
eux-mêmes soit de perdre quelqu'un. Je fais référence, notamment, au couple qui
est venu la semaine dernière, avec
tout le courage du monde, nous expliquer leur histoire dans une commission
parlementaire avec des journalistes, avec des gens autour. Ce n'est pas
évident. Déjà, en privé, ce n'est pas évident, imaginez en public, Mme la
Présidente. Et ils ne sont pas seuls,
il y a d'autres personnes comme ça qui viennent nous rencontrer. J'ai moi-même
côtoyé une foule de personnes endeuillées, à travers mes années au Bureau du
coroner, qui ont ce courage-là et qui souhaitent qu'on soit une
juridiction sévère, au Québec, en matière de
conduite avec les facultés affaiblies. C'est le cas : un nouvel article
dans notre projet de loi actuel pour les conducteurs, qui ajoute une
classe pour la moto.
Alors, on ira
encore plus loin dans la sévérité pour envoyer le message très clair à tout le
monde qu'au Québec la conduite avec les facultés affaiblies ce n'est pas
acceptable, Mme la Présidente. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, Mme la
vice-première ministre. Maintenant, je suis prête à céder la parole au
prochain intervenant. Ce sera M. le député de Taschereau.
M. Etienne
Grandmont
M. Grandmont : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Ça fait quand même un petit moment que je m'intéresse à la question de la sécurité routière. J'ai
commencé, disons, à être très, très, très sensibilisé à cet enjeu-là en 2014,
là, suite au décès de la jeune
Mathilde Blais, qui était décédée, c'est une cycliste, à Montréal, et j'ai eu
la chance de faire partie d'un groupe
de discussion, de réflexion qui avait été mis sur pied par le ministre des
Transports de l'époque, M. Poëti, qui s'est penché sur la question de la sécurité routière. Et, assez rapidement, la
question de l'alcool au volant est venue sur le plancher. Pourquoi cet
enjeu-là est rapidement apparu? Bien, parce que c'est toujours un enjeu
important, en sécurité routière. L'alcool au volant est une source importante de décès et d'accidents
graves sur nos routes au Québec. Selon les statistiques, là, l'alcool cause 85 morts et
220 blessés graves par année, en moyenne, là. Ça représente, grosso modo,
un décès sur quatre sur les routes.
Mme
la ministre, tantôt, a parlé de son... a parlé abondamment de son plan de
sécurité routière, du projet de loi n° 48, sur lequel
nous sommes en train de travailler. Elle a décidé d'ancrer son plan de sécurité
routière, notamment, dans la vision zéro. Puis c'est clair que cette notion-là,
la vision zéro, je vais y revenir souvent, parce que ce n'est pas juste un «buzz word», ce n'est pas juste un mot-clé, un mot
dans lequel on peut mettre un peu n'importe quoi... sans dire que c'est ce que fait Mme la ministre, mais ce que je veux
dire, c'est qu'il y a des principes qui sont liés à la vision zéro qu'il me semble
important d'appliquer, à la fois sur les enjeux de sécurité routière, mais
aussi sur les enjeux qui touchent plus spécifiquement l'alcool au volant.
Un
de ces principes-là, c'est que les décès sont évitables. Les décès sur les
routes, ce n'est pas quelque chose... ce n'est pas une fatalité, on peut les éviter. On peut arriver à réduire, à
améliorer le bilan routier au Québec sur la question de l'alcool, mais il faut être capable de mettre en place des
mesures qui sont à la hauteur de notre vision, de notre espérance. Puis la vision zéro, ce qu'elle a pour objectif, c'est
d'éliminer, en tout cas, de viser l'élimination de tous les accidents graves
et les accidents mortels sur les routes.
C'est l'objectif principal de la vision zéro, c'est pour ça que ça s'appelle
comme ça.
Donc,
tantôt, Mme la ministre a fait l'historique des mesures qui ont été mises en
place sur la question relative à l'alcool au volant. C'est vrai qu'on en a fait
beaucoup, au Québec, on s'est beaucoup amélioré. C'est vrai qu'on part de loin.
Moi-même, je me souviens de ma jeunesse, quand j'étais tout jeune, puis c'est
vrai qu'on ne s'attachait pas, dans les voitures,
puis c'est vrai qu'on partait au chalet avec des amis dans le coffre du
«station». C'était une autre époque. Heureusement, ça a beaucoup changé,
sur les questions de l'alcool aussi, c'est vrai. Il y a des campagnes de
publicité qui ont été très importantes, qui
ont permis de faire des avancées importantes. La campagne, L'alcool, c'est
criminel, je m'en souviens très
bien, je me souviens que ça a sensibilisé les gens, je me souviens de mes
oncles, de mes tantes, des partys de Noël.
Je sais combien la norme sociale a évolué à travers le temps, puis qu'on est
arrivés à faire passer certains messages.
Mais
force est de constater, Mme la Présidente, que le travail n'est pas fini. Le
travail continue à être fait. Et plus on
va s'approcher du zéro qu'on vise, du zéro accident grave et zéro décès sur les
routes, bien, plus les moyens qu'on va devoir
mettre en oeuvre seront difficiles et devront être ambitieux. Ça fait partie de
la normalité des choses. C'est-à-dire que
les gains qu'il nous reste à faire sont plus durs à aller chercher. Et
qu'est-ce qu'on doit faire pour atteindre ces gains-là, quelles mesures on doit mettre en place pour les
atteindre? Bien, dans ce cas-là, moi, je pense qu'il faut s'inspirer de ce
qui se fait de meilleur un peu partout dans
le monde. Donc, la vision zéro, bien, moi, je pense que c'est un bon moyen de
l'atteindre à travers, notamment, la
question de la sécurité routière dans un sens plus large, mais aussi sur la question
spécifique de l'alcool au volant.
Bon,
tout à l'heure, Mme la ministre, dans son préambule, là, a parlé du fait que...
a rappelé la mémoire de la jeune Mariia Legenkovska, qui est décédée en
décembre 2022. C'est vrai que ça a marqué les esprits. C'est vrai que ça a
marqué les esprits puis c'est vrai que ça a
mobilisé... Ça a permis la mobilisation de centaines, voire de milliers de
parents, autour des écoles, dans
l'année 2023, et, je suis très heureux, ça a mené finalement à la
rédaction et au dépôt d'un plan d'action puis de certaines modifications, là, de documents qui servent... de documents
de base, de documents de référence pour l'ensemble des municipalités du
Québec et du Code de la sécurité routière.
Donc,
c'est vrai, c'est vrai, on s'est dit, à partir de ce décès-là, puis je pense
que c'est le message que Mme la ministre voulait envoyer tantôt : Ça doit servir la cause plus large, la
cause collective. On doit s'inspirer de ce tragique événement là pour que ça n'arrive plus, en tout cas, mettre en
oeuvre des moyens pour que ce genre de situation là n'arrive plus.
Malheureusement, des cas où l'alcool
est en cause, puis on a des décès ou des accidents graves, il y en a encore
très souvent, et malheureusement ça
fait les manchettes, mais on ne s'active pas assez. On ne fait pas la même
chose. On ne s'émeut plus, tellement il y en a à chaque année, 85 décès à
chaque année liés à l'alcool, et, je l'ai dit tout à l'heure,
220 accidents graves à chaque année.
Rappelons-nous
les gens, la famille qui a été décimée, le 2 septembre 2021, sur
l'autoroute Dufferin-Montmorency. Oui,
on a traité cet enjeu-là sous l'angle de la vitesse puis de la géométrie de la
route, mais... puis on a mis... le MTQ... le MTMD a mis en place un radar photo, mais la question de l'état d'ébriété
du conducteur n'a jamais été abordée. Rappelons-nous
le cas de Mathis Filion, 18 ans, qui est mort le 11 mars 2023. Il y a
eu des articles où on a rappelé l'importance de revoir cette limite que nous imposons ou que nous avons au Québec, de
0,08, et combien on n'a pas... on n'a pas requestionné, on n'a pas
profité de l'occasion pour requestionner l'intérêt de l'abaisser à 0,05.
Et
le plus récent événement déclencheur, en fait, c'était le rapport du coroner
suite au décès de Stéphanie Houle, qui
est sorti le 10 octobre 2023, encore une fois, un rapport du coroner qui
nous a rappelés qu'une des mesures à mettre en place pour être capable de réduire... d'améliorer le bilan routier,
donc, de réduire les blessés graves et les morts sur les routes, était d'abaisser la limite d'alcool permise de
0,08 à 0,05. On ne fait pas ce travail-là, de se dire : Cette fois-ci,
c'est la dernière.
Puis
je me permettrais de rappeler aussi que... puis... parce que Mme la ministre
l'a évoqué tantôt, mais la présence de
M. Bittar et Mme Rivera en commission sur le p.l. n° 48. C'est ce qu'ils ont décidé de faire. Ils ont décidé d'investir...
ou de fonder, je ne me souviens plus, là,
une branche montréalaise, là, d'un organisme canadien qui a pour mission
d'abaisser ou d'obtenir l'abaissement
du taux d'alcool permis dans le sang quand on conduit de 0,08 à 0,05. Pourquoi?
Parce qu'ils ont perdu leur fille
dans un événement tragique où, encore une fois, un conducteur en état d'ébriété
était impliqué. C'est le combat de leur vie, puis ils le font pour quoi? Ça ne
leur ramènera pas leur fille. Ils le font parce qu'ils se disent que la
mort de leur fille doit servir à quelque
chose. Ils le font pour trouver un sens à cette perte-là. Ils le font pour que,
plus jamais, au Québec, des parents
subissent le même préjudice, pour que, plus jamais, des parents ne soient
endeuillés par la mort de leur fille.
• (16 h 10) •
Et je ne le
souhaite à personne ici. Moi, je suis père de trois filles. Ça me hante. J'en
fais des cauchemars. Je ne voudrais pas que ça m'arrive, perdre mes
enfants à cause d'un accident routier, encore plus si c'était à cause de
l'alcool au volant. Je veux dire, c'est des décès qui
sont évitables. On peut agir là-dessus, on peut le faire. Donc, c'est ça, cette
notion-là a été remise à l'avant-plan
récemment, comme je le disais, parce qu'un autre rapport du coroner rappelait
combien on peut intervenir. L'INSPQ, l'Institut national pour la santé publique
au Québec, le demande depuis au moins une dizaine d'années, ils
recommandent d'abaisser le taux d'alcool maximal de 0,08 à 0,05.
Puis, quand
la Santé publique demande d'abaisser le 0,08 à 0,05, je veux juste rassurer
tout le monde, là, qui nous écoute,
ce n'est pas de rendre criminel l'alcool au volant à 0,05. Tout ce qui est 0,08
et criminel relève du fédéral. Le 0,05, c'est des mesures administratives qui s'appliqueraient, c'est-à-dire
qu'on aurait, par exemple, suspension du permis de conduire pendant 24 heures, peut-être une
contravention, peut-être des points de démérite, mais, au minimum,
suspension : on t'interdit de prendre ton char, mon homme, tu rentres à
pied chez vous ou tu prends un taxi, à 0,05, c'est tout. C'est un simple avertissement qui est donné aux personnes
puis c'est aussi un avertissement qui est donné à la population en général
de faire plus attention à leur consommation d'alcool.
Parce
qu'entre vous et moi, là, Mme la Présidente, il n'y a personne, ou, en tout
cas, très peu de gens... moi, le premier, je ne sais pas c'est quoi, être à 0,08, je ne sais pas c'est quoi, être
à 0,05. Ce que je sais, par contre, c'est que, quand je prends le volant, je ne prends pas d'alcool, je fais
extrêmement attention à cet aspect-là. Mais, pour moi, 0,05 enverrait un signal
très clair qu'on est encore plus sévères ou on est encore plus attentifs à
cette notion-là.
Sachez aussi qu'à 0,05 c'est aussi le moment où,
dans une soirée, on commence à un peu moins compter nos consommations, selon
les études. Donc, c'est là où le 0,08, 0,09 est plus facilement atteignable.
Vous savez,
il y a plusieurs... il y a eu des tentatives, hein, de baisser la limite légale
d'alcool à 0,05, en 2007, en... en
2010, pardon, où le projet de loi n° 71 avait été étudié, mais la mesure
n'avait pas été adoptée. C'est une occasion qu'on a manquée,
malheureusement.
Je le disais,
tantôt, les analyses sanguines nous démontrent qu'à 0,05, c'est là qu'on débute
le changement de jugement dans
l'esprit humain lors de conduite automobile, selon le coroner Yvon Garneau.
Donc, il y a la science qui le dit puis il y a le coroner qui l'a
souligné.
Tout à
l'heure, Mme la ministre a parlé de M. De Koninck. M. De Koninck
était sur la Table de sécurité routière du Québec. Bien, la table
recommandait aussi le 0,05, la table recommandait 0,05.
Et c'est ça
qui est important, puis je reviens à la vision zéro, il y a un ensemble de
principes qui doit être mis sur la table
pour s'assurer de viser zéro accident grave, zéro accident mortel sur les
routes. Ça prend à la fois des activités d'accompagnement, ça prend des activités d'encouragement, de
sensibilisation, évidemment, mais ça prend aussi des mesures coercitives
un peu plus serrées pour être capable de s'assurer qu'on n'a pas d'accident sur
les routes.
Il y a comme
une... disons qu'on est dans un bon moment, disons, pour être capable d'avancer
sur cette question-là. Puis j'étais
content que mon collègue de Nelligan pose la question systématiquement à chacun
des groupes qu'on a rencontrés en audition sur le projet de loi n° 48, qui
vise à moderniser le Code de la
sécurité routière, notamment. Mais
tous les groupes qu'on a rencontrés
étaient favorables à l'abaissement de la limite permise d'alcool dans le sang
de 0,08 à 0,05. Tous les groupes, sans exception. Tous les groupes.
Il y a des
sondages aussi qui sont sortis, récemment, et c'est intéressant de voir ce que
les sondages nous disent : 61 %
des gens du Québec étaient plutôt ou très favorables à l'abaissement de la
limite de 0,08 à 0,05, 37 % étaient très ou plutôt défavorables. Donc, on a une majorité claire de personnes qui
sont prêtes à aller de l'avant, qui considèrent que c'est une bonne mesure au Québec. Chez les femmes, on
est à 65 % d'appuis à l'abaissement, chez les hommes, à 56 %. Puis,
quand on regarde ce qui se passe, d'un point de vue géographique, bien, dans la
grande région de Montréal, on est à 66 % des gens qui sont pour l'abaissement de la limite, 57 % ailleurs au
Québec. Il y a une exception, à Québec, le sondage donne 50 %. Donc, même
à Québec, où on est l'endroit, en fait, où cette approbation-là à l'abaissement
de la limite de 0,08 à 0,05 est plus
basse, on est quand même à 50 %, ce qui est quand même intéressant et qui
est gagnant, mais en fait qui est explicable, on a déjà un bassin de personnes quand même important qui seraient prêtes à
suivre Mme la ministre dans cette mesure qui permettrait de sauver des
vies.
Quand on veut
mettre en place des mesures, je l'ai dit tout à l'heure, on s'inspire des
meilleurs, et la limite d'alcool dans
le sang permise, quand on est au volant, au Canada, elle est basse. On est
clairement les derniers de classe là-dessus. Elle est à 0,05 dans toutes
les provinces canadiennes, sauf en Saskatchewan, où elle est à 0,04. Ailleurs
dans le monde, maintenant. En Europe. En
Europe, c'est intéressant, parce que cette moyenne, cette moyenne, cette... les
taux permis, en fait, vont de 0,00...
Donc, il y a des pays qui imposent vraiment, là : aucun alcool quand on
prend le volant, exactement comme certaines
classes de permis de conduire, comme l'a dit la ministre, mais là ça s'applique
à l'entièreté des conducteurs et des conductrices
qui peuvent prendre la route. Donc, 0,00. Il y a du 0,02, il y a du 0,05, mais
ça va vraiment de 0,00 à 0,05. Il y a une seule exception, c'est le
Royaume-Uni, qui sont comme nous, en retard, à 0,08.
Dans une
analyse qui a été réalisée en 2019, le gouvernement de Colombie-Britannique a
affirmé que sa politique a permis de sauver 522 vies depuis son
adoption et de réduire le nombre de morts liés à l'alcool de 50 %. Ça a un
effet dissuasif, ça a un effet sur le
message que ça envoie aux gens qui sont en situation de pouvoir prendre le
volant quand ils ont pris un peu
d'alcool. En Ontario, les sanctions administratives sont imposées depuis mai
2009. Les sanctions augmentent en cas
de récidive et vont de la suspension temporaire du permis à l'installation
obligatoire d'un éthylomètre. Les sanctions de la fourchette d'avertissements ont permis de réduire de 17 % le
nombre mensuel de blessures et de décès dus à des collisions liées à l'alcool. Je pense que, si on veut réduire le nombre
de blessés graves et de morts sur les routes, abaisser à 0,05 serait,
donc, une bonne mesure.
Bon,
évidemment, il y a des gens qui s'opposent à ça. Il y a l'Union des tenanciers
de bars du Québec qui s'oppose à l'imposition de la sanction de 0,05. «Nous, on
prétend que les accidents...» Là, je le cite, là, le président de l'organisme,
là : «Nous, on prétend que les
accidents graves sont surtout causés par des personnes avec un taux d'alcool
[à] 0,08 et plus.» Il y a aussi des
nuances qui sont apportées par Éduc'alcool, Geneviève Desautels, qui dit... qui
est un organisme, rappelons-le, qui est indépendant, mais qui est financé par
l'industrie de l'alcool... qui dit qu'ils ne sont pas contre le 0,05, mais
plaide pour plus de mesures sociales
et de raccompagnement et pour plus de barrages policiers. Donc, même
l'industrie de l'alcool est
relativement favorable, en fait, à cette mesure-là. Bien entendu, il faut
l'accompagner. On ne balance pas un 0,05 sans mesure d'accompagnement, sans
explication, parce que rappelons-nous que le grand enjeu, je pense, c'est
l'explication. Ça ne devient pas
criminel à 0,05, c'est des mesures administratives, et je pense que c'est ça
qui fait peur aux gens, je pense que c'est ça qui fait peur aux gens.
Moi, je pense
qu'on est mûrs pour une modification de cette mesure-là. Ça fait longtemps
qu'on en parle. On a manqué plusieurs occasions, plusieurs occasions par le
passé. La population n'a jamais été aussi favorable à l'instauration de cette mesure-là. Oui, Mme la ministre a déjà
dit, par le passé, en fait, lors des travaux parlementaires qu'on a faits, là,
sur le projet de loi n° 48, que son... la modification du... en fait, le
projet de loi n° 48 était une réponse directe à son plan de sécurité routière qu'elle a donné, mais je
pense que, comme nous ouvrons la loi, le Code de la sécurité routière, nous
avons l'occasion de changer cette mesure-là
et d'aller de l'avant. C'est une mesure qui est assez simple à décider. C'est
une mesure qui nécessitera certainement des
explications, de l'éducation, mais, comme je l'ai dit tout à l'heure, on n'a
jamais été aussi près de l'obtenir,
on n'a jamais été aussi forts d'une majorité de personnes qui étaient
favorables à cette mesure-là, et il est temps qu'on passe au niveau
supérieur.
Si on pouvait se permettre assez rapidement,
comme l'Ontario, de réduire ce fameux 85 décès par année et 220 blessés graves de 50 %, là, je pense
que, collectivement, on aurait fait un grand pas en avant. Pour moi, il n'y a
pas de balance d'avantages et
inconvénients, là. On parle vraiment de pouvoir sauver des vies humaines. On a
une discussion, aujourd'hui, sur une
mesure qui permettrait d'arriver à cet objectif-là. Je pense qu'on doit aller
de l'avant dans les prochains jours,
prochaines semaines. On a un projet de loi qui est ouvert. On a une motion qui
a été proposée par mon collègue de Nelligan, une motion que je trouve
intéressante, une motion pour laquelle, j'espère, chacun des parlementaires
aura la possibilité de voter librement. Mais, si la ministre persiste à
être contre cette décision-là ou cette proposition-là, moi, je l'invite à
déposer, au bénéfice de tous les parlementaires, les études, les rapports qui
lui permettent de prendre cette décision-là.
J'aimerais vraiment qu'elle dépose, au bénéfice de tout le monde, et des gens
qui nous écoutent, et des médias qui
nous écoutent, qu'elle dépose les études et les documents sur lesquels elle
s'appuie pour s'opposer à la baisse de la limite d'alcool permis au
volant. Ce sera tout, Mme la Présidente. Merci.
• (16 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant,
nous poursuivons avec l'intervention de M. le député de Beauce-Sud.
M. Samuel
Poulin
M. Poulin : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Heureux de vous retrouver cet après-midi afin de
discuter d'un sujet qui est
hyperimportant au Québec depuis déjà de nombreuses années, évidemment la
sécurité routière pour chacun et chacune,
un sujet qui est également porté par la ministre des Transports avec
le dépôt de son projet de loi présentement, qui est un projet de loi extrêmement costaud, qui va dans plusieurs
directions pour assurer la sécurité, évidemment, des piétons, des automobilistes, qui s'accompagne à une
kyrielle également de mesures, que j'aurai la chance de revenir, sur lequel
notre gouvernement table.
Mais, tout
d'abord, parce qu'on sait que c'est un enjeu qui est délicat, il faut rappeler
que personne, ici, Mme la Présidente, a le monopole du coeur. Personne, ici, ne
souhaite, évidemment, d'accident. Tout le monde, ici, est de bonne foi. Tout le
monde souhaite trouver les meilleures mesures pour s'assurer d'une meilleure
sécurité routière au carrefour, Mme la Présidente, de la responsabilité
citoyenne et des responsabilités qu'un gouvernement prend, mais que d'anciens gouvernements ont prises, Mme la Présidente. Le Parti libéral du Québec a été au pouvoir, on le sait, longtemps. Dans le
passé, ni en 2010 ni en 2017, on a souhaité
faire de changements en ce qui a trait au taux d'alcoolémie, mais il n'en
demeure pas moins qu'on a quand même
eu, et la ministre des Transports l'a souligné tout à l'heure, des mesures
extrêmement concrètes, extrêmement
costaudes pour faire en sorte qu'on puisse réduire la consommation d'alcool des
Québécois, mais, évidemment, d'avoir des mesures dissuasives pour
l'alcool au volant.
Je le disais, moi, je suis le plus jeune député,
ici, à l'Assemblée nationale avec la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
qui célèbre son anniversaire, alors on est encore un petit peu plus...
Des voix : ...
M. Poulin : Oui, on peut l'applaudir. Mais je suis parmi les
plus jeunes ici, Mme la Présidente. Et je me souviens de la Sûreté
du Québec qui était venue nous voir à
notre bal des finissants. Je me souviens d'Opération Nez rouge qui était
même venue nous rencontrer. Je me souviens également des policiers qui nous
attendaient à la sortie de notre bal des finissants,
à la sortie de Woodstock en Beauce, parce qu'il faut saluer le travail
extrêmement important de la Sûreté du
Québec au cours des dernières années pour faire face à l'alcool au volant.
Je me
souviens aussi d'avoir sensibilisé nos parents, qui, eux, l'étaient moins, Mme
la Présidente, face aux enjeux de
l'alcool au volant. Je me souviens même d'avoir été conducteur désigné pour des
personnes plus âgées que moi. Je sais aussi
que notre génération, Mme la Présidente, lors de différents événements, désigne
un conducteur, est beaucoup plus sensibilisée à ces enjeux-là, et ça, il
faut le saluer. Il faut le saluer parce qu'il y a eu des campagnes de
sensibilisation, il y a eu des mesures qui ont été prises par les précédents
gouvernements, et ça, bien, c'est une bonne nouvelle.
Et on sait,
et ça, c'est venu du gouvernement fédéral, qu'il y a eu l'ouverture des SQDC au
Québec au courant des dernières années, qui fait quand même aussi suite,
on le sait, à une consommation de drogue qu'il y avait déjà auprès de certains dans la société. Mais nous, au Québec, on peut
se targuer que c'est tolérance zéro au niveau des drogues, Mme la Présidente. Et ça, on a toutes les raisons
du monde de pouvoir être fiers de cette mesure-là, qu'il faut rappeler, qu'il
faut répéter, parce qu'on sait, Mme la
Présidente, qu'il y a des impacts qui sont importants. Puis la Sûreté du Québec travaille à ce niveau-là également, et ça, je pense qu'on peut
en être fiers.
On est plus sévères
aussi qu'ailleurs, et on en parlait, sur l'imposition, la durée d'imposition de
l'antidémarreur éthylométrique, soit d'un an
à deux ans pour une première condamnation et à vie pour une deuxième
condamnation. Et je viens relier, Mme
la Présidente... et j'ai relu les verbatim des anciens ministres des Transports
au Québec, qui disaient : Il faut s'attaquer aux récidivistes de l'alcool
au volant. C'est ça aussi qui est fondamental et qui est important. Et je pense
que cette mesure-là, Mme la Présidente, il faut le dire, il faut le
souligner.
À
l'intérieur de ce projet de loi là, qui est costaud, qu'il faut mentionner, Mme
la Présidente, il y a plein de mesures, notamment plusieurs modifications au Code de la sécurité routière
qui fixent la limite de vitesse de 30 kilomètres-heure dans les zones scolaires, Mme la Présidente, pour
protéger les usagers de la route vulnérables, en particulier dans des zones
où les enfants sont présents. Et je sais que
la ministre des Transports a joué un rôle de leadership, également, dans le
lancement d'une campagne de
sensibilisation très importante en zones scolaires, également avec Katherine
Levac, entre autres, qui a du succès,
qui a été présente et dont on peut se faire parler, Mme la Présidente, en
termes de... en termes de faire attention dans les zones scolaires, et
ça, il faut le mentionner.
Le
projet de loi vise aussi l'amélioration de l'utilisation de la technologie
grâce à des dispositifs de contrôle automatisés,
comme les radars photo, pour faire respecter la conformité, en particulier dans
les zones scolaires. Là, encore une fois, Mme la Présidente, on vient faire un
pas de géant pour protéger nos jeunes, mais aussi sensibiliser les parents, les
gens qui roulent autour des zones scolaires
et l'introduction d'une formation obligatoire aussi pour les conducteurs de
véhicules utilitaires, principalement
les camions nécessitant un permis de classe 1. Ce sont des éléments, Mme
la Présidente, qui sont importants, qui sont mentionnés à l'intérieur de
la loi.
Je
vous parlais tout à l'heure qu'on était extrêmement sévères, Mme la Présidente.
Il faut faire continuer de faire connaître
ces lois-là. Il faut continuer d'aller dans les écoles, il faut continuer
d'aller parler aux jeunes à la grandeur du Québec. Il faut continuer aussi de parler aux gens plus âgés, Mme la
Présidente. Parce que, pour toute loi qui est édictée par le gouvernement du
Québec ou le gouvernement fédéral, il y a une responsabilité citoyenne, Mme la
Présidente, ne serait-ce que la
limite de vitesse sur nos routes, sur nos autoroutes, hein, il y a certaines
formations politiques qui auraient voulu augmenter cette limite-là. Mais il y a une part, Mme la
Présidente, où c'est la responsabilité citoyenne de choisir est-ce que je
respecte la loi ou je ne la respecte
pas, Mme la Présidente. Et je pense qu'il faut continuer de sensibiliser,
continuer d'insister sur ces lois, sur ces règlements-là qui sont très
importants. Mais, je le rappelle, Mme la Présidente, ce projet de loi là, il
est important dans l'histoire du
Québec. Et il n'y a personne ici... puis je le mentionne, parce que des pères
de famille, des mères de famille qui
sont ici, qui sont membres de toutes les formations politiques qui ne
souhaitent pas, évidemment, d'accidents, Mme la Présidente, qui ont le coeur à la bonne place, qui souhaitent
doter notre société des meilleurs outils, des meilleurs gestes pour
pouvoir protéger la population.
Alors,
il faut garder un ton, Mme la Présidente, pour le présent, pour le futur qui
est respectueux, qui est à la hauteur du
débat, qui est à la hauteur du sujet délicat que, par moment, on peut mettre de
l'avant. Mais il y a une chose qui est sûre, Mme la Présidente, c'est qu'on souhaite que ce projet de loi là chemine,
chemine dans un rythme qui permet de donner des nouveaux outils aux
villes du Québec, de donner des nouveaux outils aux milieux scolaires pour
protéger nos enfants, Mme la Présidente. Et c'est ça, l'enjeu du projet de loi
qui est fondamental et qui est important.
Et je suis convaincu,
à la suite des débats que nous tenons aujourd'hui, que les oppositions vont
travailler, vont continuer de travailler
pour l'adoption de ce projet de loi là, pour donner rapidement de nouveaux
outils pour assurer la sécurité
routière. Oui, aux débats. Oui, aux discussions. Oui, à la responsabilité
citoyenne. Mais également oui à ce qu'on retrouve dans ce projet de loi
là de la ministre des Transports. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je cède la parole à M. le député de l'Acadie.
M. André Albert Morin
M. Morin :
Merci, Mme la Présidente. Je suis
honoré de pouvoir prendre la parole en cette Chambre, cet après-midi, suite à la motion qui a été déposée par mon
collègue, le député de Nelligan. Et j'ai écouté très attentivement ce que la
partie gouvernementale nous a dit et je dois avouer que ce n'est quand
même pas rien.
La
ministre a parlé pendant plus de 35 minutes sans même faire référence un
seul instant à la motion de mon collègue. On a parlé de tout, sauf ce qu'il y a
dans la motion, puis, après ça, si je résume l'argumentaire gouvernemental,
on s'est fait dire : Écoutez, au
Québec, là, on en a fait beaucoup, bien, c'est assez. On va arrêter là. On
n'ira pas plus loin. Puis pourtant la ministre nous parlait beaucoup,
beaucoup de ce qui se fait, etc., surtout, surtout dans le domaine de la
répression, parce qu'on a parlé beaucoup du 0,08 et du 0,16, des poursuites, de
ce qu'il arrive après une condamnation.
• (16 h 30) •
Mais
nous, Mme la Présidente, on n'en est pas là, on est au stade de la prévention,
pas de la répression. Parce que je vous
dirai que, quand on regarde les statistiques, quand on regarde un peu la
science, oui, il va falloir continuer à faire de la répression, mais il faut aller plus loin puis il
faut faire de la prévention. Pourquoi? Bien, parce qu'encore aujourd'hui, selon
la SAAQ, un organisme gouvernemental reconnu, la conduite avec facultés
affaiblies par l'alcool demeure une des principales causes d'accidents
sur nos routes au Québec : 95 décès, 225 accidents graves qui
ont été causés par l'alcool au volant.
Puis, nous,
ce qu'on dit, nous, ce qu'on demande au gouvernement, l'opposition officielle
libérale à l'Assemblée nationale,
c'est de dire : Allons plus loin, parce qu'au fond des décès reliés aux
facultés affaiblies, on n'en veut plus. Et un des moyens pour y arriver, c'est
de faire en sorte qu'au niveau administratif, et je dis bien administratif, on
va faire passer la
limite de 0,08 à 0,05, ce qui n'est pas une infraction pénale. Ce n'est pas une
infraction criminelle, mais ça va permettre, ça va permettre une meilleure, une meilleure, prévention et ça va
permettre surtout, surtout, d'enlever des conducteurs ou conductrices qui pourraient avoir les facultés
affaiblies, mais qui sont en dessous du 0,08, de la route pour prévenir
justement des accidents. Et ça, je pense que c'est fondamental.
J'aimerais
prendre quelques minutes pour vous parler de certaines statistiques. Notamment,
dans des recherches, la Pre Marie
Claude Ouimet, professeure de médecine à Sherbrooke, souligne que le taux de
collision mortelle augmente à partir de 0,02. Donc, c'est quand même
important, 0,02. Et mon collègue le député de Nelligan a fait état de
différentes statistiques qui étaient quand même très précises et qui démontrent
l'effet bénéfique de réduire la limite de 0,08 à 0,05.
Permettez-moi de rappeler certaines de ces
statistiques. Le risque d'accident mortel est multiplié par six entre 0,05 et 0,08. C'est très important, par six. Et
évidemment, quand on regarde les autres provinces canadiennes, toutes les
provinces canadiennes ont adopté de telles mesures, sauf le Québec. Puis je
pense que, maintenant, il est important, il est temps d'aller plus loin et de faire en sorte qu'on ait aussi des mesures
véritablement préventives pour enlever des conducteurs ou conductrices
qui pourraient être en état d'ébriété, avec des facultés affaiblies, de la
route.
Non seulement
on le dit aujourd'hui, mais, quand on parlait des groupes qui sont venus
témoigner en commission parlementaire, tous ces groupes-là étaient
unanimes. Ils ont tous salué cette initiative de l'opposition libérale, que ce soit MADD Canada, CAA-Québec, Piétons Québec,
l'Association pour la santé publique et Vélo Québec. Donc, il y a une unanimité qui se décrit dans la population, et les
mentalités évoluent, les mentalités changent. Et je pense qu'aujourd'hui on
en est rendus là et qu'il faut avoir le
courage d'aller de l'avant et d'inclure dans ce projet de loi une telle mesure
qui va faire en sorte que nos routes seront plus sûres.
Mon collègue
le député de Nelligan en parlait. Maintenant, une majorité de Québécois sont
même plutôt favorables ou très favorables à cette mesure. Et donc je
pense qu'il est important... Et c'est la raison pour laquelle j'interpelle la ministre et le gouvernement, parce que ce qu'on ne
veut pas, c'est que des parents reçoivent, une nuit, un après-midi, un appel de la police ou une visite de la police
disant que leur enfant est décédé parce qu'un chauffard en état d'ébriété a
causé un accident. Et ça, on ne veut pas voir ça au Québec. Et je pense
que, comme parlementaires, on a une responsabilité.
La ministre
nous parlait des mesures qui ont été faites. Il y en a plusieurs, c'est vrai,
et, je vous le répète, c'est en fonction
de la répression. Et, quand la ministre nous dit que, dans le Code criminel, on
peut poursuivre quelqu'un qui a les facultés affaiblies indépendamment
du 0,08, c'est vrai. Mais moi, je peux vous dire une chose, Mme la Présidente,
des poursuites pour facultés affaiblies,
j'en ai fait, parce qu'au début de ma carrière j'étais procureur de la couronne
provinciale, puis je peux vous dire
que réussir à prouver que quelqu'un a les facultés affaiblies sans le 0,08,
hors de tout doute raisonnable, sur
tous les éléments essentiels de l'infraction, c'est possible, mais ça demande une
preuve béton, une preuve solide. Alors, quand on me sort cet
argument-là, oui, ça existe, mais c'est beaucoup plus compliqué. C'est la
raison pour laquelle le 0,08 vient évidemment aider dans le cadre d'une
poursuite. Donc, ça, c'est fondamental, et je tenais à le souligner.
Maintenant,
il faut aller plus loin, et c'est la raison pour laquelle nous, on est d'avis
que le gouvernement, que la ministre doit faire preuve de courage, doit aller
de l'avant et doit adopter, dans ce projet de loi, une limite à 0,05 avec des
sanctions administratives pour faire en
sorte que des conducteurs ou conductrices avec les facultés affaiblies ne
pourront plus commettre l'irréparable. Je vous remercie.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant,
nous poursuivons le débat avec M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Youri Chassin
M. Chassin : Merci, Mme la Présidente. Joyeuse Saint-Valentin, Mme la Présidente!
Alors, évidemment, je suis convaincu qu'avec moi tous les collègues vont
unir leurs voix pour dire à tous ces couples qui vont sortir ce soir au restaurant et qui vont peut-être prendre un verre
de vin : On ne boit pas, avec de l'alcool... l'importance de ne pas
conduire en état d'ébriété est
essentielle. Ce message-là, je pense qu'on le porte tous, Mme la Présidente,
mais évidemment, on peut diverger d'opinion sur un certain nombre de
moyens.
Et là-dessus
permettez-moi, Mme la Présidente, de remarquer à quel point on parle de faits,
on parle de voter du bon côté, on parle de la responsabilité des élus du côté
de l'opposition officielle, mais j'avoue, Mme la Présidente, que, somme toute, quand on entendait le député de
Nelligan présenter la motion, qu'on entendait des phrases comme «tous les élus
sont responsables», «le gouvernement porte un fardeau», ou porterait, en fait,
un fardeau, bien, j'ai envie de dire : Bien, la responsabilité, Mme
la Présidente, elle est en partie celle du gouvernement, parce qu'on doit fixer
un cadre, on doit fixer des normes
minimales, mais, on va se le dire, en société, on est aussi capables,
individuellement puis même, à la limite, hein, en s'influençant les uns les autres, de respecter la limite du
0,05 si on désire. C'est déjà le cas, là. On a cette capacité-là, nous-mêmes. On n'a pas nécessairement à compter
sur, finalement, la peur que l'État vienne, avec des sanctions administratives
ou des amendes, nous imposer un choix.
Je suis
convaincu, puis vous le savez comme moi, Mme la Présidente, il y a eu toutes
sortes d'histoires dans le passé, notamment sur des députés, hein, qui se sont
fait prendre au volant en état d'ébriété, et donc probablement qu'ici en cette Chambre les gens s'imposent à eux-mêmes
une certaine limite. Pourquoi? Parce qu'évidemment le 0,08, c'est difficile
à calculer très, très précisément quand on est en train de consommer l'alcool.
Alors, on ne prend pas de chance, on est particulièrement modérés. Je suis
convaincu que c'est le cas des 125 collègues ici, et c'est très bien
ainsi.
• (16 h 40) •
Pour moi, il y a
quelque chose de fondamental dans cette responsabilisation-là. Pourquoi? Parce
qu'on parlait... tout à l'heure, la ministre parlait d'Hubert Sacy,
Éduc'alcool. Pour moi, c'est ça aussi, de vivre en société. C'est de ne pas utiliser de mesures
mur à mur, peut-être pratiques, puis j'aurais presque tendance à dire que,
parfois, ça devient une voie peut-être trop facile pour faire l'économie de
l'éducation. Mais, non, on doit nous-mêmes se conscientiser, on doit nous-mêmes se responsabiliser. Puis une société
qui mise sur l'éducation, qui mise sur la sensibilisation, où il y a des taux
de pénétration, là, de ce message-là
d'au-delà de 80 %, Mme la Présidente, bien, il me semble que c'est
important et que c'est d'autant plus
valable que la réglementation du gouvernement, elle est évidemment acceptée à
partir du moment où les gens sont
informés et comprennent la logique. Sinon ça ne devient finalement qu'un
réflexe de peur. On a peur de se faire prendre. Et ça, pour moi, c'est
peut-être la pire des raisons de se conformer à une réglementation.
Évidemment,
vous comprenez, dans mon discours, Mme la Présidente, que je suis en train, un
peu, de répondre au député de Nelligan. Qui est responsable? Bien, pour
moi, cette responsabilité-là, elle est partagée. Et, quand on parlait de données scientifiques, de faits, hein,
d'études, de la science avec un grand S, la science politique, c'est aussi une
science, mais c'est une science qui
est basée sur des convictions, sur des choix, sur l'organisation de la société
selon un certain nombre de principes.
Bien, pour moi, cette séparation d'une organisation sociale basée sur des
règles contraignantes, tout le temps, est
généralement faite pour, malheureusement, ceux qui sont les moins responsables
d'entre nous versus ce réflexe si sain, si constructif de s'éduquer.
Pour moi, il y a une grande différence dans ces principes.
Alors,
évidemment, vous comprendrez, Mme la Présidente, que je comprends le point de
l'opposition officielle. Ce n'est pas
mauvais. À la limite, je n'ai pas nécessairement une opinion si forte sur le
0,05, 0,08, mais j'ai une conviction énorme
que quand on parle aux citoyens québécois, quand on leur demande, comme je l'ai
fait au début de mon intervention, de
ne pas boire et conduire, ce message-là s'adresse, d'abord et avant tout, à
l'intelligence, à la raison plutôt qu'à la peur. Et c'est dans ce genre
de société, Mme la Présidente, que moi, j'ai envie de vivre. Il me semble que
ça devrait être le cas de la plupart des
collègues. Pourquoi? Parce que, malheureusement, parfois, on a l'impression
qu'en se parlant entre nous dans
notre bulle parlementaire, là, dirais-je, on a l'impression d'avoir... d'avoir
tout vu, de comprendre les situations, d'avoir étudié ça, d'avoir eu le
déclic, là, l'espèce d'ampoule qui s'illumine et l'eurêka. Pourtant, Mme la
Présidente, il y a tellement de diversité au
Québec, il y a tellement de situations. Et là-dessus, d'avoir l'humilité de
reconnaître qu'on ne peut pas nécessairement juger de tout, je pense que
c'est utile.
Quand
on entendait, par exemple, le collègue de l'Acadie, hein, que je salue :
On a entendu tel groupe en commission parlementaire,
et tel groupe, et tel groupe, et il y a donc unanimité dans la population, non.
Mais, en fait, c'est des groupes qui sont venus en commission parlementaire,
qui sont peut-être unanimes, mais pas nécessairement la population. Pour
moi, il y a une grande distinction à faire.
Alors,
évidemment, vous comprenez, Mme la Présidente, puis je sens que j'arrive à la
conclusion, que, la question de la
responsabilité, il faut absolument se comprendre, il y a un seuil à partir
duquel c'est criminel. Puis, à part ça, disciplinons-nous et faisons aussi passer ce message. Pourquoi? Parce
qu'on se conscientise les uns les autres. Faire société, c'est ça aussi, se
parler les uns les autres, s'expliquer, peut-être grâce à des cas, quels drames
ça peut produire, mais aussi savoir qu'on peut compter sur cette
solidarité, cette compréhension-là pour éviter que de tels drames se
produisent, Mme la Présidente. Pour moi, c'est une belle société qui fait cette
éducation. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Merci. Alors, je suis prête à entendre un autre intervenant.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, je vous cède la parole pour votre
intervention. Et, bien, il vous reste 5 min 28 s
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. 0,8, là, c'est conduire un peu chaud. Ça, c'est Patrick Lagacé
qui a sorti le texte cet après-midi. Je vous recommande tous de le lire. La
réalité là-dedans, Mme la Présidente, c'est que
0,8, c'est six fois plus possible d'avoir un accident de la route qui va avoir
des morts. 0,8, c'est la seule... c'est... Au Québec, c'est la seule province.
On est le seul... la seule juridiction au Canada qui a ça. 0,8, là, c'est la
cause de décès, de 85 décès par année et 220 blessés au Québec.
Du point de vue scientifique, là, O.K., il n'y a aucune raison d'accepter qu'on
soit au-dessus de 0,05 lorsqu'on a les mains sur le volant. Puis, même à 0,05,
c'est dangereux.
On
parlait de l'acceptabilité puis la popularité d'une telle mesure par mon
collègue de Saint-Jérôme. Force est de constater que la société évolue. Les
jeunes, aujourd'hui, ont tous ou presque le réflexe de s'appeler un Uber. On a
tous maintenant ces applications-là.
On a tous la capacité de pouvoir se faire transporter. Puis, de temps en temps,
ça peut adonner qu'il faut coucher chez les voisins si jamais on n'est
pas capable de se rendre à la maison. C'est ça, la responsabilité. Tout le monde devient conscient, ce qui n'était
pas le cas avant. Et la preuve, c'est qu'aujourd'hui, quand on demande aux
Québécois est-ce qu'ils sont en faveur d'une telle réglementation, 61 %
disent qu'ils sont en faveur.
Plusieurs
groupes sont venus nous voir, dont CAA-Québec, et CAA-Québec nous a quand même
avertis à plusieurs reprises au
niveau de ce 0,05 là, comment c'était important. Mais une chose qu'ils ont
marquée ici, et je vais le lire : «À une alcoolémie aussi basse que
[0,05], la vigilance d'un conducteur est moindre et il est [...] susceptible
d'être somnolent. Les automobilistes sont
donc moins aptes à réagir rapidement et prendre la bonne décision en situation
d'urgence.» On ne parle pas de 0,08,
là, on parle de 0,05. Donc, il y a un paquet de constats qui a été fait par
plusieurs groupes qui sont venus nous
voir. Ils nous ont parlé de comment important c'est pour la société d'évoluer
dans ce sens. Puis je pense qu'avec toute la technologie qu'on a, tous les services qu'on peut avoir, il n'y a
aucune raison. Puis, en fait, ça va redevenir ma question à la fin,
mais, avant de me rendre là, je veux vous parler de ce qui s'est fait en Colombie-Britannique.
Dans
l'année de l'adoption des nouvelles mesures qui étaient arrivées, donc
en 2011, le nombre d'accidents causant la mort a diminué de 40 %. Les accidents causant des lésions
corporelles ont diminué de 23 % puis des accidents amenant des dommages matériaux significatifs ont diminué
de 20 %. Deux ans après la mise en mesure... la mise en place des
mesures, le nombre d'accidents
causant la mort avait baissé de 52 %. Donc, encore une fois, une autre
preuve que la société évolue. C'est extrêmement important de le
considérer.
61 % des répondants à un sondage SOM a donc décidé comme quoi que,
oui, effectivement, ils étaient en accord avec cette mesure. Il n'est pas
compliqué, là, la capacité des Québécois de comprendre la réalité du risque de
conduire en état d'ébriété... que
0,08, selon plusieurs spécialistes, équivaut donc à conduire en état d'ébriété,
est un problème. Donc, c'est
important de s'assurer qu'on puisse être capable de lire ce que la société...
ce que l'électorat nous envoie. C'est important de considérer le changement de
la société. C'est important de considérer aussi l'exemple qu'on donne à nos
enfants.
Puis, je vais
être d'accord avec mes collègues de l'Acadie et de Nelligan, c'est tout de même
assez surprenant qu'un point qui est aussi majeur que le taux d'alcoolémie
lorsqu'on conduit n'ait même pas été mentionné par le gouvernement lors de la présentation... lors de sa réponse à mon
collègue de Nelligan. C'est un petit peu décourageant parce que c'est l'élément
le plus important que la majorité des membres sont venus... les groupes sont
venus discuter avec nous.
Ça fait que
la seule question, en fait, qui reste ici, c'est de savoir pourquoi. Pourquoi
se fait-il que cette variable aussi importante que de réduire le taux
d'alcoolémie de 0,08 à 0,05 n'est pas une priorité pour le gouvernement? Quelle
est la raison principale? Est-ce qu'on peut
spéculer? Est-ce que c'est parce qu'on veut mousser les ventes de la Société
des alcools pour générer des revenus?
Est-ce qu'il y a des raisons fondamentales en arrière du refus de s'obstiner à
faire accepter cette baisse? J'aimerais vraiment qu'on puisse avoir une
réponse là-dessus, Mme la Présidente. Merci.
• (16 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant,
je suis prête à céder la parole à M. le député de Nelligan mais M. le
leader de l'opposition officielle également pour son droit de réplique.
M. Monsef
Derraji (réplique)
M. Derraji : Merci, Mme la Présidente. Premièrement, je tiens
à remercier Mme la ministre du Transport, parce qu'elle avait raison de dire qu'on n'a pas toujours le temps, en période
de questions, d'échanger et d'avoir un débat sur une question qui est extrêmement importante. Et je lui ai dit que j'ai
salué le dépôt de son plan et que, dans le cadre du projet de loi, nous
sommes en train de parler de la sécurité routière, qui est un élément
important.
Je tiens
aussi à rassurer mon collègue le député de Saint-Jérôme, que je connais très
bien et que j'apprécie, et je sais
que ce n'est pas ce qu'il voulait dire. Il n'y a personne ici qui est en train
de mener une campagne de peur. Ce n'est pas la peur, c'est plutôt le courage politique. Sur ça, on peut ne pas
être d'accord, mais ce n'est pas grave. Vous avez le droit à votre
opinion, j'ai le droit au mien.
J'ai entendu
le plus jeune député de Beauce-Sud parler de la mesure. Je n'ai en aucun cas,
en aucun cas, mentionné qu'à l'intérieur du salon bleu les élus n'ont pas cette
volonté de bien agir, en aucun cas. On partage tous la même préoccupation, nous sommes tous élus. Et vous
savez quoi? Moi, j'en suis sûr et certain qu'autour de la table, s'il y a un
décès dû à l'alcool au volant, vous allez partager la détresse de cette
famille, j'en suis sûr et certain. Je suis convaincu qu'on partage tous, tous l'amour et la ferme
conviction d'aider nos concitoyens, j'en suis sûr et certain. Je sais que Mme
la vice-première ministre a aussi
l'envie d'agir sur la sécurité routière. Ça, je lui ai dit, je n'ai pas peur de
le mentionner. Et j'en suis sûr et certain que la motivation de tous les
collègues qui vont siéger dans l'étude détaillée de ce projet de loi, ils
vont le faire avec ce principe, le principe
d'aller chercher le maximum de mesures, parce qu'une perte d'une vie humaine
est une perte d'une vie humaine, et c'est ça que je voulais ramener sur
la place publique aujourd'hui.
Mais vous
allez me permettre, Mme la Présidente. J'ai posé une question très simple. J'ai
mis sur la table des études, le coroner et même un sondage.
Malheureusement, je vous le dis, chers collègues, en tout respect, vous ne
m'avez pas convaincu, et je ne pense même
pas que vous avez convaincu ceux et celles qui vous écoutent et qui vous
suivent. Parce qu'ils ont écouté attentivement vos propos, et c'est
correct. Vous savez, la CAQ a presque... 89 élus. Vous allez voter probablement contre la motion. Mais laissez-moi
vous dire qu'on rate une occasion en or d'agir pour baisser le nombre
d'accidents mortels.
Ça, il n'y a
personne aujourd'hui qui va sortir de cette Assemblée, du côté de la CAQ — je
ne sais pas encore, le Parti québécois,
où il loge — et
va se dire : Pendant cette semaine que j'ai passée à Québec, est-ce que
j'ai réussi à avancer la cause des accidents mortels? Parce que, Mme la
Présidente, quand on se base sur la science, d'ailleurs, qui devrait être l'élément central qui guide nos décisions...
Je sais, encore une fois, en tout respect, mon collègue l'estimé député de
Saint-Jérôme, qui disait même :
Attention avec la science et le consensus, même les groupes qui viennent en
commission parlementaire, même s'ils
disent tous la même chose, attention! Mais pourquoi on consulte? Vous avez la
décision. Pourquoi faire perdre le temps aux groupes? Pourquoi les inviter à
venir à Québec? Pourquoi leur donner le temps d'échanger? Excuse-moi,
cher collègue, les travaux en commission parlementaire sont extrêmement
importants pour, justement, nous faire
raisonner, nous faire reculer, nous faire changer d'avis. C'est comme ça que je
vois le travail parlementaire, c'est comme ça que je vois l'implication
des groupes en commission parlementaire.
Et, sur ce
point, chers collègues, la plupart des groupes étaient unanimes. Mon collègue
député de Québec solidaire l'a mentionné, j'ai posé la question très simple
avec mon collègue le député de Marguerite-Bourgeoys : Êtes-vous d'accord pour qu'on baisse le taux d'alcoolémie à 0,05? Il
y a des groupes qui étaient très honnêtes, ils nous ont dit : Écoutez, ça
ne rentre pas dans notre mission. Ils étaient très clairs. D'autres
groupes, ils nous ont dit clairement : Écoutez, c'est une bonne chose. Donc, cher collègue député de
Saint-Jérôme, les groupes nous ont dit que c'est une bonne décision. Donc, à
part...
Et d'ailleurs
je le remercie d'avoir fait ce lien entre deux commissions parlementaires,
parce que je l'ai complètement oublié.
Donc, je rajoute à ma liste, je le rajoute à ma liste : l'Institut
national de santé publique, la Santé publique, CAA-Québec, le coroner, les autres provinces et l'ensemble des
groupes qui sont venus en commission parlementaire. Et je rajoute le sondage,
je sais que les caquistes aiment les sondages, 61 %.
Alors, Mme la
Présidente, c'est dommage. C'est dommage parce que je me suis dit :
Écoutez, on va prendre un après-midi, deux heures d'un débat
parlementaire extrêmement important...
On voit les chroniques de plusieurs
personnes... En fait, les caquistes sont désolés, je tiens à le dire, parce
que, quand on voit les chroniques qui sortent jour après jour, l'ensemble de la
classe politique, une bonne majorité de la... politique, les journalistes, les chroniqueurs, l'opinion
publique, il y a une bonne majorité de personnes qui appuie la baisse du taux
d'alcool à 0,05.
Mme
la Présidente, j'ai entendu les arguments de Mme la vice-première ministre.
Elle a beaucoup parlé de son plan, et je ne lui enlève rien, elle a déposé un
bon plan en matière de sécurité routière, mais il manque beaucoup de choses. Et
permettez-moi, Mme la Présidente, je veux juste lire quelque chose parce que je
la trouvais extrêmement importante.
Pendant qu'elle
parlait, Mme la vice-première ministre... et je vais juste lui rappeler quelque
chose, toutes les mesures qu'elle a
mentionnées... nous avons encore aujourd'hui beaucoup de morts sur la route
suite à une collision avec conduite
avec des... les capacités affaiblies, donc cela le prouve, que ça ne fonctionne
pas. Toutes les mortalités sont évitables, donc ce n'est pas un
accident, car c'est un accident qui était évitable.
Donc, Mme la
vice-première ministre, elle a pris tout son temps pour nous parler de son
plan, mais elle a oublié l'essentiel. Est-ce qu'aujourd'hui, est-ce
qu'aujourd'hui elle a tout mis en place en écoutant la science et la plupart
des organismes pour agir d'une manière efficace sur la conduite avec des
facultés affaiblies? La réponse est non.
Et vous savez quoi,
Mme la Présidente? Même les collègues de Mme la ministre n'ont pas donné
d'argument. Malheureusement, chers
collègues, il n'y avait pas d'argument dans vos propos. Il n'y avait pas
d'argument dans vos propos. Quand on
dit qu'on veut argumenter sur quelque chose, parce que ce n'est pas l'émotion,
je parle des études scientifiques, vous
n'avez pas démontré le contraire. Vous n'avez pas démontré le contraire. Est-ce
qu'aujourd'hui vous pouvez démontrer qu'il n'y a pas de risque multiplié
par six? Je vous lance le défi encore une fois.
Et
j'invite la population à écrire à tous les députés caquistes et leur demander
pourquoi ils refusent de baisser le seuil à 0,05. On va ramener ça sur
la place publique.
Le
combat n'est pas terminé. On va continuer ce combat au nom de la justice, au
nom de ceux et celles qui ont perdu un être cher et on va le continuer
parce que nous sommes à la bonne place.
Quand
je vois un débat sur la sécurité routière à l'intérieur de ce Parlement, on
doit tous travailler ensemble pour baisser
le nombre d'accidents mortels. La science nous le démontre : 0,05 à 0,08,
le risque d'accident mortel est multiplié par six. Je vous lance un défi. Dites-moi que ça, c'est faux. Dites-moi
que cette étude est bidon. Dites-moi que ça ne tient pas la route. Et ils
étaient incapables, Mme la Présidente, incapables de mettre sur la table une
seule étude qui démontre que le fait de garder le seuil à 0,08 est une bonne
chose et le fait de ne pas appliquer les mesures administratives est une
mauvaise chose parce qu'ils n'ont
tout simplement pas d'argument. La science n'est pas du côté caquiste,
malheureusement, aujourd'hui.
Alors,
Mme la Présidente, je tiens à vous dire que je suis quand même déçu, parce que
j'aurais aimé faire raisonner ce
gouvernement que nous sommes à la bonne place, que les autres provinces
canadiennes l'ont déjà implanté et ils ont réussi à baisser le nombre
d'accidents mortels. Et vous savez quoi? Ils ont réussi à sauver des vies. Et,
au nom de ces vies, le combat va continuer à l'extérieur du Parlement.
On va essayer de faire une mobilisation, on va pousser les gens à écrire aux députés et on va continuer le travail
en commission parlementaire, Mme la Présidente, parce que nous sommes conscients et confiants qu'en baissant ce taux à
0,06 on va sauver des vies. Et c'est pour cela que nous sommes tous en
politique, c'est combattre l'injustice, sauver des vies et agir en conséquence.
Sur ce, merci, Mme la Présidente.
• (17 heures) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le leader de l'opposition officielle.
Donc,
je vais maintenant mettre aux voix la motion de M. le leader de l'opposition
officielle, qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement caquiste de favoriser la sécurité
routière au Québec en mettant en place des sanctions administratives dès
l'atteinte d'un taux d'alcoolémie de 0,05 %.»
Cette motion est-elle
adoptée?Oui?
M. Lévesque
(Chapleau) : ...reporter ce vote à la prochaine période des affaires
courantes, s'il vous plaît.
Vote reporté
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Alors, conformément à la demande du leader du gouvernement, je reporte,
le vote de M. le leader de l'opposition officielle sera tenu à la période des
affaires courantes, demain.
Donc, pour la suite
de nos travaux, M. le leader du gouvernement. Voulez-vous nous les indiquer?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci, Mme la Présidente. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 2 du feuilleton. Merci.
Projet de loi n° 37
Reprise du débat sur l'adoption du principe
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
à l'article 2 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption du principe du
projet de loi n° 37, Loi sur le commissaire
au bien-être et aux droits des enfants.
Y a-t-il des
interventions? M. le député des Îles-de-la-Madeleine, je vous cède la parole.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, à mon tour de me prononcer sur le principe du projet
de loi n° 37, donc, la Loi sur le commissaire au bien-être et aux droits
des enfants.
Alors,
souvenons-nous, évidemment, que ce projet de loi là émane d'une
recommandation-phare de la part de la commission
Laurent, la commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de
la jeunesse, qui avait été instituée, souvenons-nous,
en 2019, après les événements tragiques d'une petite fillette qui a été,
évidemment, victime d'abus et qui... qu'on a retrouvée, malheureusement,
morte, et, suite à cette tragédie, on a mis en place une commission présidée
par Régine Laurent, qui a remis son rapport deux ans plus tard,
essentiellement, là, au mois de mai 2021.
Et, dans les
recommandations qui étaient formulées, il y avait celle de s'assurer qu'on
puisse avoir la mise en place d'une
institution qui s'occupe du droit et du bien-être des enfants du Québec, une
recommandation qui trouve maintenant écho
dans le projet de loi de 32 articles, pour lequel on a eu l'occasion, au
cours des derniers 10 jours, d'obtenir des rencontres, des avis avec une quinzaine de groupes,
16 intervenants pour être plus précis, qui sont venus donner leur leurs
points de vue. Une trentaine de mémoires ont été déposés. Et,
évidemment, ça alimente la réflexion sur le projet de loi et sur cette institution-là qu'on veut mettre en place. Alors,
il faut, évidemment, saluer le geste du gouvernement, du ministre des Services
sociaux, de vouloir enfin donner suite à
cette recommandation-là. Et je pense que tous les partis représentés ici, à
l'Assemblée nationale, ont accueilli
avec ouverture le dépôt du projet de loi, comme tous les représentants,
également, de la société civile qui sont venus s'exprimer.
Donc, il y a
plusieurs éléments sur lesquels, néanmoins, il faudra approfondir la réflexion
pour s'assurer que cette nouvelle
institution fonctionne, évidemment, de façon la plus rigoureuse, la plus
efficace, également en coordination et en
complémentarité avec ce qui existe déjà, au Québec, comme parties prenantes,
comme institutions, comme leviers, pour favoriser le bien-être et la défense des droits des enfants. Quelques
éléments donc, sur lesquels on devra porter une attention particulière
et qui ont été relevés au cours des discussions lors des consultations
particulières.
Toute la
question de l'autonomie des Premières Nations face, justement, à l'enjeu qui
concerne le bien-être des enfants des
Premières Nations et des Inuits, j'y reviendrai dans quelques instants, en
fait, sur chacun des points. Également, la question des jeunes, qu'est-ce qu'un jeune, la définition, par
exemple, des jeunes adultes pour nous permettre d'avoir un éventail de mesures ou une attention, là, qui soit
suffisamment importante et qui puisse couvrir l'ensemble des enjeux qui sont
ceux des jeunes. Donc, j'y reviendrai
tout à l'heure. Parce que l'accompagnement des jeunes, bien entendu, jusqu'à
l'âge de 18 ans, notamment les jeunes qui
sont sous la responsabilité de la direction de la protection de la jeunesse, on
a un certain suivi aussi pour les
jeunes qui vont jusqu'à la tranche d'âge de 25 ans, mais certains
représentants, certains participants aux
consultations particulières avaient un point de vue à l'effet qu'on pouvait
aussi élargir la définition de jeunes, de jeunes vulnérables, de jeunes qui méritent que le Commissaire au bien-être et
aux droits des enfants, soit... donc que le commissaire puisse avoir
cette espèce de préoccupation là et cette attention pour des jeunes adultes
aussi.
S'assurer
d'un arrimage, ça a été un élément qui a été amené à plusieurs reprises au
cours des consultations, l'arrimage avec
les institutions déjà en place et qui oeuvrent auprès des jeunes, que ce soit
dans le milieu scolaire, le protecteur de l'élève, par exemple, que ce soit
dans le milieu communautaire où il y a déjà des organismes qui oeuvrent en
soutien et en accompagnement aux jeunes, que ce soit également dans le
système de santé et que ce soit également possible d'avoir un rôle déterminant pour l'institution du
commissaire et de son équipe sur l'ensemble du territoire, dans toutes les
régions du Québec qui peuvent avoir
évidemment recours au commissaire ou qui peuvent avoir des problématiques ou
vivre des enjeux qui soient distincts
selon le territoire qu'ils habitent à travers le Québec. La variété... en fait,
les enjeux au Québec sont pluriels
et, dans certaines régions, il peut y avoir aussi des particularités qu'on doit
pouvoir reconnaître, sur lesquelles on
doit pouvoir agir. Et, surtout, la présence d'une institution panquébécoise, si
elle est basée dans un centre urbain comme Montréal ou encore dans la Capitale-Nationale, doit pouvoir avoir un rayon d'action qui va bien au-delà du siège
social, si on veut, là où l'institution se situe.
Mettre l'accent sur le rôle de prévention que
doit jouer le commissaire. On aura l'occasion d'y revenir. Inclure également, au-delà de l'enfant, les parents ou
encore les tuteurs légaux. En fait, il y a une question familiale. On dit
parfois qu'il faut un village pour élever un enfant, et le commissaire
pourra agir, évidemment, en lien avec les jeunes, en lien avec les enfants. Mais dans ce... évidemment, dans
cette réalité-là, il faut considérer également le rôle des proches, des
parents, bien entendu, et de la
famille, surtout, évidemment, pour les jeunes qui ne sont pas en âge de
s'exprimer et de faire valoir leurs droits.
S'assurer que le commissaire aura les ressources
pour agir, autant les ressources matérielles que les ressources humaines ou encore les ressources financières, ça
a été une préoccupation dans plusieurs des mémoires qui ont été déposés,
des présentations. Il faut que le
commissaire puisse avoir tous les leviers, tous les outils pour intervenir
pleinement et assurer son rôle et assumer ses fonctions.
• (17 h 10) •
Adopter
également — ça
a été formulé lors des audiences, lors des consultations — les
recommandations du rapport de la Commission spéciale sur les droits des enfants
et la protection de la jeunesse, qui ont un lien avec la mise en place
du commissaire et pour s'assurer que le
droit des enfants... les droits des enfants soient défendus, qu'on puisse
intervenir en amont en prévention
pour que l'on puisse aussi s'assurer évidemment de contrer la maltraitance,
qu'on puisse accentuer la bienveillance
ou la bientraitance. Il a été rappelé que la charte du bien-être... pour le
bien-être des enfants et des droits des enfants n'a pas été encore retenue
comme projet gouvernemental. C'était une autre des recommandations de la
commission Laurent. Et on a rappelé qu'évidemment c'était un autre élément qui
permettrait de confirmer à quel point le bien-être et le contexte dans lequel on veut s'assurer que nos
enfants puissent grandir, se développer et évoluer soit assuré, et de le
rappeler au moyen de... l'adoption
d'une charte peut être un élément supplémentaire à considérer, même si, à
l'heure actuelle, là, ça ne fait pas partie du projet de loi.
Permettre
au commissaire également, de sa propre initiative, de pouvoir faire des
enquêtes, et des enquêtes élargies dans
le cas de... dans des cas de lésion de droit des enfants, plusieurs ont
mentionné que ce pouvoir-là devrait lui être octroyé, tout ça en relation avec les rôles qui sont
dévolus déjà à la Commission des
droits de la personne et des droits de la jeunesse. Il y a toute une discussion qui a été tenue autour
de cette recommandation, encore une fois, cette autre recommandation de la
commission Laurent qui consistait en le rapatriement des pouvoirs de la
commission à l'égard des jeunes au sein de la nouvelle
institution du commissaire au bien-être et aux droits des enfants, ce qui ne
fait pas, à l'heure actuelle, l'unanimité, ce qui ne fait pas non plus partie des choix du ministre dans
l'élaboration de sa première mouture du projet de loi, et qui restera donc à trancher, bien entendu. Parce que
plusieurs témoignages ont été formulés à l'effet que les droits des enfants
n'étaient pas pleinement assurés dans les cas de lésion de droit dans le
système actuel.
Alors,
évidemment, ce qu'on souhaite tous, c'est trouver des solutions à ces
enjeux-là. Et la question, je pense, sera débattue en commission, à savoir si le choix gouvernemental, à l'heure
actuelle, de conserver les pouvoirs de la CDPDJ intacts et de s'assurer que le commissaire puisse
intervenir, en cohésion, en collaboration, en complémentarité à la commission,
est-ce que ce choix-là sera confirmé ou
est-ce qu'on revient à l'idée de rapatrier ces pouvoirs-là au sein du nouveau
poste de commissaire ou de l'institution du commissaire qu'on va
traiter.
Et
je vous dirais qu'à l'heure actuelle, après avoir entendu les différents
commentaires, notre formation politique n'a pas de... actuellement, là, statué à savoir si un amendement
important au projet de loi devrait être apporté. Chose certaine, nous souhaitons continuer la discussion et le
dialogue avec le ministre et avec la commission pour s'assurer que, lors de
l'adoption finale du projet de loi, on sache
très bien que les cas où les droits des enfants ne sont pas adéquatement
défendus, le cas où des lésions de
droit surviennent et les enfants n'ont pas les bons... le bon soutien, le bon
accompagnement, que cette solution-là soit également résolue.
Donc,
il y a un élément qui peut faire partie du projet de loi ou qui peut être
considéré à part, notamment, là, on... il y d'autres de mes collègues
qui ont mentionné le fait que l'article 23 pouvait être sujet à
interprétation concernant, là, l'intervention de la CDPDJ. Mais il reste que
cet élément-là a pris beaucoup de place, je pense, et à bon droit, dans les discussions, dans les observations qui nous ont
été rapportées dans le cadre des consultations particulières, et il faudra,
d'une façon ou d'une autre, pouvoir en disposer.
Donc,
si je reviens sur la question qui a quand même été soulevée concernant le
chapitre III du projet de loi tel qu'il est présenté, il s'agit des articles 15 à 18 du projet de loi, à
l'heure actuelle, qui parlent de la mise en place d'un commissaire... en fait, des articles 14 à 18, donc, qui
consistent à nommer un commissaire associé dédié au bien-être et aux droits des
enfants autochtones. Il faut
mentionner que la simple mention du vocable «autochtone» est contestée par les
gens qui sont venus faire leur
présentation. Notamment M. Picard, au nom de l'Assemblée des premières
nations Québec-Labrador, a formulé le souhait et la demande à l'effet que l'on
parle davantage des Premières Nations et des Inuits et que l'on élimine la
mention du terme «autochtone». Je pense que ce message-là a été noté par les
différents participants aux travaux de la commission. C'était aussi le souhait
de la Société Makivik, qui a fait des présentations qui allaient dans le même
sens.
Mais, au-delà des
mots et des libellés utilisés, on a vu que, malgré les discussions qui ont eu
cours ou des consultations qui ont pu être
tenues en préparation au dépôt du projet de loi, les Premières Nations et les
représentants des Inuits ont exprimé leur très grande déception, et je dirais
même que le mot est faible, sur la façon dont le projet de loi aborde la
question de la protection des droits des enfants des Premières Nations et des
Inuits, et la question du rôle qui serait dévolu
à un commissaire associé dédié au bien-être et aux droits des enfants des
Premières Nations et des Inuits. En fait, essentiellement, ce qu'on demande de ce côté-là, c'est que les Premières
Nations puissent avoir leur propre commissaire, leur propre institution,
responsable de la protection du bien-être et la mise en... la promotion et la
défense des droits de leurs enfants,
qu'ils aient, donc, leur pleine autonomie sur le plan, là, de cette nouvelle
institution, et qu'elle ne soit pas subordonnée au commissaire qui sera
nommé au moyen de cette loi-là.
Alors,
au-delà du libellé du projet de loi, ce qui était très clair, c'est qu'il
semble y avoir une difficulté dans les étapes qui ont précédé le dépôt du
projet de loi à élaborer une formule qui convienne à toutes les parties, et
particulièrement donc aux Premières
Nations et aux Inuits. On a fait référence au fait qu'on devait véritablement
travailler dans cette... dans une
optique de co-construction d'une solution, d'un modèle, d'une institution. Et
ce n'est malheureusement pas ce à quoi on a pu participer du point de vue des
Premières Nations. Et ça, c'est une faille dans l'étape préparatoire. Et,
encore là, la question se posera.
Est-ce que, dans l'étude article par article, on continuera à parler d'un
commissaire associé ou encore est-ce qu'on peut imaginer qu'à
l'intérieur du projet de loi on développe un certain nombre d'amendements qui
nous permettraient d'avoir une structure
autonome avec des pouvoirs similaires, des fonctions similaires, mais dédiées
spécifiquement aux Premières Nations?
Les
Inuits ont également... de la Société Makivik ont fait valoir le fait que nuls
n'étaient mieux placés que les gens de leur communauté pour pouvoir traiter des
enjeux qui touchent leurs enfants. Et, évidemment, notre formation politique,
on n'ira pas s'opposer à une formule comme celle-là, c'est-à-dire celle de
l'autodétermination des Premières Nations.
Alors, à savoir si le
travail n'a pas été fait en amont du dépôt du projet de loi, est-ce qu'il est
possible d'imaginer que ce chapitre III soit essentiellement éliminé du
projet de loi et qu'on décide de travailler sur un projet de loi distinct, spécifique aux Premières Nations et aux Inuits?
C'est une hypothèse qui a été évoquée lors de nos discussions dans nos
consultations particulières. Sinon, y a-t-il moyen de trouver justement une
formule qui puisse convenir à tous dans le cadre du projet de loi actuel? La réflexion de notre côté se poursuivra et on
espère bien partager également nos préoccupations avec le ministre, avec
ses collègues de la partie gouvernementale, également avec les autres partis
d'opposition.
• (17 h 20) •
Dans
son rapport, la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection
de la jeunesse recommandait la mise
sur pied d'un commissaire québécois dédié aux enfants des Premières Nations et
Inuits, reconnaissait le principe selon lequel les Premières Nations et les
Inuits sont les mieux placés pour identifier les besoins de leurs enfants, y
répondre de la meilleure façon sur le
plan linguistique, sur le plan culturel, bien entendu. Donc, il faudra
s'aligner sur cette recommandation-là, sur cette orientation-là.
Donc, là-dessus, je vous dirais qu'il y a encore
pas mal de travail à faire, et nous serons, évidemment, en mode collaboratif
là-dessus pour trouver une façon, justement, d'aller plus loin et de s'assurer
qu'on fasse oeuvre utile non seulement pour la protection de tous les enfants ici, au Québec, mais
également dans un processus de réconciliation avec les Premières Nations, qu'on puisse également
s'assurer qu'une institution puisse faire le travail pour leurs enfants
également, de façon tout aussi efficace, et nécessaire, et utile, bien
entendu.
J'aimerais
aborder la question de la consultation, parce que c'est un élément qui a été
ramené, notamment par les ex-placés
de la DPJ, une présentation qui a été extrêmement forte, intéressante, des
témoignages aussi qui faisaient écho à la
réalité vécue, évidemment, là, par ces enfants qui ont subi des... en fait, qui
ont vécu des difficultés tout à fait particulières et qui ont été en mesure de nous démontrer
notamment que la voix des jeunes, la voix des enfants doit être véritablement
entendue.
Et il est
intéressant que le projet de loi prévoie, à l'intérieur des fonctions qui sont
dévolues au commissaire à la... au bien-être, au bien-être et aux droits
des enfants, de former un comité consultatif composé d'enfants et de jeunes
afin d'obtenir leurs avis sur toute question concernant une matière relevant de
ses fonctions. Ça, c'est à l'article 5, c'est le paragraphe 8°. Et là on a commenté sur le fait qu'il fallait que ce
comité-là puisse être représentatif de tous les enfants, de toutes les régions, de toutes les réalités et
aussi de faire en sorte que l'on puisse prendre appui sur un certain nombre de
forums, d'organismes également qui existent
déjà et qui permettent déjà aux jeunes de se rassembler, de s'exprimer, mais
qu'on puisse le faire aussi devant et avec la participation du commissaire, du
nouveau commissaire au bien-être et aux droits des enfants. Donc, il y aura là une formule à développer pour qu'elle
soit la plus large, la plus inclusive, la plus efficace, la plus à
l'écoute également possible sur la réalité des jeunes.
Et plusieurs... j'ai parlé des ex-placés de la
DPJ, mais plusieurs ont formulé ce voeu-là que ce comité consultatif ou que ces comités consultatifs, parce qu'il
pourrait y avoir, là, différents modèles, puissent véritablement mettre les
enfants et les jeunes au coeur de la
discussion sur leurs besoins, leurs attentes, leur vécu, les solutions qui
peuvent aussi émaner de leurs
discussions, de leur réalité, de leurs réflexions, de leur analyse pour
véritablement contribuer à ce que l'on puisse mettre en place des
solutions qui correspondent à la réalité vécue par ces jeunes un peu partout à
travers le Québec.
Et je pense
qu'à ce moment-ci, c'est important de mentionner que les jeunes... on ne peut
pas agir dans un dossier comme celui-là de façon paternaliste, sans
inclure, justement, les jeunes, sans se porter à l'écoute, sans porter leur
voix véritablement. Et ça, je pense que ce
sera un défi opérationnel extrêmement important pour le nouveau commissaire.
Mais on aura l'occasion, encore une
fois, d'essayer de bonifier le projet de loi pour orienter les actions et la
mise en oeuvre des fonctions et des rôles du commissaire à cet égard.
Puis il va
sans dire que, pour la question de la représentation des enfants et des jeunes
issus des Premières Nations et
Inuits, bien, qu'on ait aussi ce même genre de forum, ce même genre de comité
consultatif avec des représentants de ces communautés qui soient partie prenante, justement, aux échanges, aux
discussions, aux débats et à la recherche de solutions aux enjeux qu'ils
vivent.
La définition
de «jeune adulte»... Je le mentionnais tout à l'heure, il est question, à
l'heure actuelle, dans le projet de
loi, de définir le jeune adulte comme une personne âgée d'au moins 18 ans
et d'au plus 25 ans dont la situation a déjà été prise en charge par le directeur de la
protection de la jeunesse ou qui a fait l'objet d'une mesure de garde ou de
surveillance en vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour
les adolescents.
Ici, comme je
le mentionnais tout à l'heure, on a mentionné qu'il fallait s'assurer que les
jeunes... qu'on puisse élargir aussi
cette définition-là et qu'on puisse inclure les jeunes appartenant à des
minorités, les jeunes personnes handicapées, les jeunes qui ont fait l'objet d'une intervention d'autorité de l'État,
donc, d'autres jeunes qui peuvent avoir connu d'autres difficultés, issus d'autres groupes que ceux qui
sont spécifiquement identifiés à l'heure actuelle dans le projet de loi,
prévoir également une formule
d'accompagnement appropriée qui répond aux besoins particuliers des enfants et
des jeunes pour la transition à la
vie adulte. C'est, notamment, là, l'Ordre des psychoéducateurs et
psychoéducatrices du Québec qui en a formulé la proposition que...
Donc, que
l'on puisse inclure tous les jeunes, c'est certainement une volonté qui a été
exprimée. Je pense également aux
Auberges du coeur, qui non seulement ont pour mandat d'héberger les jeunes,
mais également de les soutenir, de les accompagner,
de leur offrir une formation, de pouvoir, donc, les comprendre et offrir des
pistes de solutions à ces jeunes qui
vivent toutes sortes de difficultés, de défis, mais qui n'ont pas
nécessairement fait l'objet d'une mesure de garde par la direction de la protection de la jeunesse. Donc,
ces jeunes qui sont en situation de difficulté ou de vulnérabilité doivent ou
devraient aussi, selon l'avis de plusieurs,
faire l'objet d'une attention de la part du commissaire au mieux-être et aux
droits des enfants.
J'ai déjà
parlé de la représentation des régions dans le cadre de la consultation, mais
je voulais mentionner que plusieurs avaient fait cette demande-là ou
fait part de cette préoccupation-là, notamment le Collectif petite enfance et
d'autres encore, ce qui m'amène à parler des
gens qui oeuvrent un peu partout sur le territoire. Même si, évidemment, on n'a
pas encore créé cette nouvelle
institution, on a des gens, on a des organisations qui... Je viens de parler
des Auberges du coeur, mais d'autres
encore qui travaillent sur le plan communautaire, et qui ont une expertise
terrain, et qui doit nécessairement être
prise en compte par le commissaire au mieux-être et aux droits des enfants,
qu'il puisse prendre acte du fait qu'il se passe déjà des choses intéressantes. Il y a déjà des initiatives qui
sont porteuses, auxquelles on peut collaborer encore davantage,
desquelles on peut s'inspirer, et ça, ce sera très important dans la définition
du rôle et des fonctions que le...
• (17 h 30) •
Et je parle
ici, particulièrement, là, des pouvoirs du commissaire. À l'article 11, on
dit qu'il doit coopérer, coopérer, avec la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, avec
le Protecteur du citoyen ou, lorsqu'il l'estime nécessaire, tout organisme
public afin de prévoir des mécanismes de concertation. C'est un élément très,
très important, la concertation, la
collaboration, la complémentarité, également, s'assurer de l'harmonisation des
interventions à l'égard des enfants
des différentes institutions, mais on n'en nomme que quelques-unes puis on fait
référence aux organismes publics. Il
y a le protecteur de l'élève qui est
venu mentionner qu'il voulait aussi se voir inscrire au rang des organisations
ou des institutions qui doivent être considérées.
Il y en a d'autres encore. Et ce qu'on a fait valoir, c'est que les organismes communautaires aussi devraient faire partie des
organisations qui sont considérées comme étant des partenaires, des intervenants significatifs avec lesquels le
commissaire devra collaborer. Donc, je pense que cet élément-là, il sera
important pour s'assurer qu'on puisse
prendre acte de ce qui se fait déjà et aller encore plus loin grâce à
l'intervention, au rôle, aux pouvoirs et au déploiement des services du
commissaire en question.
Donc, ça nous
amène à parler du rôle, du rôle du commissaire, le rôle qui, de l'avis de
plusieurs, doit être rendu de façon... doit être défini de façon plus explicite
encore, notamment en ce qui concerne la question de la prévention, et de la
prévention de la maltraitance en
particulier, là, mais de la prévention en général face aux vulnérabilités de
tout genre, face à la négligence,
face aux lésions de droits. Il y a le Collectif petite enfance qui a insisté
sur l'idée, là, qu'on puisse rendre ça extrêmement clair et explicite.
Pour ce qui est de la prévention de la
maltraitance, bien, on a pu entendre les propos de Camil Bouchard et Dominique
Goubau, qui ont insisté sur l'inscription d'abord d'un considérant qui doit
être... en fait, la modification ou l'amendement
d'un considérant où on dit que le Québec agit de manière préventive. Donc, il
est proposé que l'on remplace non
seulement le vocable à l'effet que Québec a la volonté d'agir, mais que le
Québec doit agir, et ça, je pense que ça apporte un poids supplémentaire. C'est le devoir de l'État du Québec, à travers
le commissaire... ce n'est plus une option, ce n'est plus strictement l'expression d'une volonté, mais
c'est véritablement une responsabilité et un devoir. Donc, cet amendement-là
peut être fort utile, intéressant et
significatif, mais... Et au-delà de cet amendement-là, ils ont beaucoup insisté
sur l'idée de faire de la prévention
de la maltraitance une priorité et de l'inscrire nommément, de l'affirmer,
donc, de façon explicite, pour
s'assurer que toute la société québécoise fasse de ce chantier, là, d'assurer
le bien-être des enfants et de leur famille, leur responsabilité
également.
Une image qui
a été évoquée par le duo de chercheurs, c'était le fait qu'à chaque jour on
voit dans les médias, dans les journaux, même dans les journaux télévisés les
indices de la bourse, par exemple, que ce soit le NASDAQ ou que ce soit le Dow Jones, et ils ont fait valoir, et
c'était une image, que, si la préoccupation des Québécois, de l'État du Québec,
des législateurs était véritablement la grande priorité à l'effet d'assurer un
meilleur bien-être des enfants et de tous les enfants
du Québec, bien, qu'on se développe ce même genre d'indice et qu'on puisse en
faire le suivi sur une base régulière, voire
quotidienne, pour s'assurer qu'on ne perde jamais l'objectif de vue. Alors, je
pense que c'est effectivement un rappel au fait que l'on doit avoir cette priorité-là en tête non seulement
lorsqu'on étudie un projet de loi comme celui-là, non seulement lorsqu'on met en place une institution, mais au
quotidien, lorsque le commissaire sera actif et qu'il aura déployé sa structure
et son équipe, mais qu'on puisse avoir un suivi régulier sur les progrès qu'on
fait comme société.
Ça me
rappelle étrangement, là, certaines promesses qui avaient été faites par des
gouvernements dans les années... fin
des années 80, début des années 90, où on disait qu'on voulait, par
exemple, éradiquer la pauvreté chez les enfants avant le tournant des années 2000. Alors, c'est
un... c'est un voeu vertueux qu'on partage à peu près tous, mais une fois qu'on
s'est fixé un objectif puis qu'on n'a pas,
évidemment, de suivi, d'indice ou de rapport d'étape à déposer, bien, souvent,
on arrive au-delà de la date fixée de
l'objectif, fixée au calendrier, sans avoir nécessairement obtenu des résultats
probants, sans avoir même des outils
de mesure pour savoir si on a pu progresser de façon sensible, eu égard à une
problématique comme celle-là.
Si je reviens
sur la question du projet de loi et des éléments sur lesquels on voudra porter
une attention, c'est la question des
parents, j'en ai parlé tout à l'heure. Donc, le bien-être des enfants est
indissociable du milieu de vie familial. Et de considérer les parents et les ménages où vivent ces enfants-là
comme des partenaires, je pense que c'est... ça va de soi et c'est une proposition qui est... qu'on a
entendue lors des consultations, qu'on puisse aussi prendre acte des différents
services qui sont offerts aux
enfants, aux jeunes adultes, à leurs familles, et de contribuer, justement, à
évaluer ces services-là, et s'assurer
d'une intervention pour qu'on assure une amélioration continue des différents
programmes ou services. Et là, évidemment,
le spectre peut être extrêmement large, mais je pense que cette
recommandation-là des ex-placés de la DPJ est significative, dans la
mesure où il faut qu'à travers le commissaire au bien-être et aux droits des
enfants on puisse avoir une approche
intégrée de l'intervention de l'État et des organisations institutionnelles et
communautaires, une intervention intégrée
pour s'assurer essentiellement que personne, aucun jeune ne tombe dans les
mailles du filet, du filet de la protection sociale, dont je ne... nous
avons le devoir d'assurer, là, la plus grande efficacité.
Les moyens,
je reviens sur la question des moyens. Plusieurs ont mentionné, comme s'ils
avaient une inquiétude à l'effet que
c'est bien beau, de créer une nouvelle institution, mais qu'elle puisse avoir,
donc, les budgets conséquents, à la hauteur
du défi qui sera celui du commissaire. On a fait un parallèle avec les
ressources qui sont actuellement dévolues à la Commission de la protection... à la protection des... à la Commission
des droits de la personne et des droits de la jeunesse. On parlait du nombre quand même limité
d'inspecteurs, on a parlé de 17 inspecteurs et puis d'une personne qui
était aussi affectée à la... au
soutien, ou à l'accompagnement, ou à la pédagogie, à la formation, si je me
souviens bien. On a fait référence aussi
à d'autres juridictions, notamment au Nouveau-Brunswick, où on avait une équipe
d'une dizaine ou d'une douzaine de
personnes, et qu'il fallait s'assurer, donc, d'avoir suffisamment de personnel
pour pouvoir répondre aux objectifs et aux ambitions qu'on se donnera. Donc, je pense, c'est une préoccupation dont
on devra certainement tenir compte pendant l'étude du projet de loi, ajouter, donc, de façon très,
très précise... que le commissaire dispose des ressources humaines,
matérielles, financières nécessaires à l'exercice de ses fonctions.
C'est une proposition d'amendement qui a été formulée par des ex-commissaires
de la Commission spéciale sur les droits... le droit des enfants et de la
protection de la jeunesse, là, MM. Gosselin et Fortin.
• (17 h 40) •
Un élément
intéressant aussi qui a été formulé par l'Ordre des psychoéducateurs et des
psychoéducatrices, notamment, c'est la
question du suivi. On sait que le commissaire sera appelé à faire un rapport
annuel, une espèce d'état de la
situation du bien-être des enfants, et je pense que ce rapport-là, chaque
année, sera attendu, et il faudra y porter une attention
extrêmement importante, mais encore faut-il que le rapport, qui sera
certainement accompagné d'un certain nombre de propositions, de
recommandations, bien, qu'on s'assure qu'il puisse y avoir un suivi. Et c'est
le sens des propositions qui ont été faites, donc, que le... que le
commissaire, pardon, puisse avoir un pouvoir d'action pour assurer un suivi et une mise en oeuvre de ses
recommandations. Et ça, c'est un élément qui est quand même à noter, parce que
ces recommandations-là, comme on l'a
vu dans d'autres instances indépendantes, peuvent être retenues à la pièce,
entièrement, ou complètement, ou pas
du tout, selon le bon vouloir des instances supérieures ou du gouvernement. Et
de pouvoir s'assurer que le
commissaire ait un levier, un pouvoir, une espèce d'espace d'intervention pour
s'assurer que ces recommandations-là ne restent pas lettre morte, je
pense que c'est un élément sur lequel il faudra certainement se pencher.
J'ai
parlé, tout à l'heure, de l'adoption d'une charte des droits de l'enfant.
J'avais même l'impression que, si on adoptait cette loi-là qui nous
permettra de mettre en place un commissaire au bien-être et aux droits des
enfants... qu'on procédait peut-être à
l'envers, parce que normalement, le commissaire, si on suivait les recommandations
de la commission Laurent... mais le
commissaire devrait évidemment promouvoir et défendre et faire des analyses et
des études sur le bien-être des
enfants et sur le respect de leurs droits, mais en lien avec une espèce de...
d'orientation générale que se donne l'État du Québec et qui pourrait être campée justement dans une charte. La
question a été posée, discutée en commission, et plusieurs on dit : Bien, en fait, on ne part pas dans
un cadre juridique complètement absent, il y a les Nations unies qui font état du droit des enfants, il y a nos chartes des droits
et libertés qui s'appliquent déjà.
D'ailleurs,
ça me fait penser au fait qu'on a parlé de la question de l'enfant, sujet de
droit. C'est une des propositions qu'a faites Mme Laurent, justement,
qu'on puisse l'inscrire quelque part dans un considérant. Certains ont
dit : Bien, on peut l'inscrire,
bon, pourquoi ne... pourquoi pas le faire, mais en même temps, si on omettait
de le faire, l'enfant, de facto, est
un sujet de droit. Donc, c'est une question sur laquelle on devra se pencher.
Est-ce que le législateur peut aller jusque-là? Est-ce que ça a véritablement un impact significatif? Si on ne le fait
pas, quelles sont les conséquences? Est-ce que la loi aura moins
d'impact ou de conséquences ou de mordant? Il faudra se pencher sur cette
question-là.
Puis,
pour revenir à la question de la charte des droits de l'enfant, je pense qu'on
ne pourra pas, dans le cadre de l'étude
du projet de loi, superposer ou ajouter une charte, mais je pense qu'il est
intéressant, néanmoins, de rappeler que cette charte-là peut confirmer ou, du moins, arriver avec une... disons,
donner une importance encore plus grande au rôle qu'aura à effectuer le
commissaire au bien-être et aux droits des enfants.
La
question épineuse que j'ai mentionnée tout à l'heure sur la possibilité
d'élargir le pouvoir d'enquête du commissaire sous sa propre initiative ou encore en matière de lésion de droit, la
question du transfert possible de pouvoirs de la CDPDJ au commissaire demeure un sujet de préoccupation
sur lequel on devra certainement revenir. Mais, encore une fois, je réitère
que cette question-là est sensible et elle
devra faire l'objet de discussions à la fois en commission et,
vraisemblablement, en parallèle, à la
commission. Parce qu'à l'heure actuelle le projet de loi n'aborde pas cette
question-là, mais c'est une... c'est une... une question qui a été abordée à
travers des témoignages, à travers des plaidoyers extrêmement forts,
extrêmement touchants, troublants
parfois aussi. Et j'en profite pour mentionner que ces interventions-là, je
pense, ont ébranlé les membres de la
commission, ont provoqué une réflexion qui est bien entamée et qui ne restera
pas sans suite. Je pense que c'est le voeu de l'ensemble des partenaires
et des participants aux travaux de la commission.
Alors, en terminant,
Mme la Présidente, j'aimerais mentionner qu'au nom de ma formation politique,
nous sommes, encore une fois, extrêmement heureux de pouvoir enfin discuter
et... discuter de la mise en oeuvre d'une des recommandations-phares de la
commission Laurent, de pouvoir travailler sur ce projet de loi là.
Je
remercie tous ceux qui ont contribué, à travers les consultations
particulières, à stimuler la réflexion, à approfondir l'analyse, à bonifier, à travers des propositions
bien concrètes, des recommandations d'amendement. Donc, ils ont certainement contribué de façon remarquable aux
travaux, qui ne font que débuter, par la Commission de la santé et des services sociaux.
Donc, sur le principe
en tant que tel, nous voterons favorablement face au... sur ce projet de loi,
et c'est avec beaucoup d'enthousiasme et de
rigueur que nous contribuerons aux travaux à venir. Je vous remercie beaucoup,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je suis prête à entendre un autre intervenant sur le principe du projet de loi n° 37. Ah! Bon, on
ne fera pas de chicane. Alors, on y va par... on y va par, habituellement,
ordre de formation. Donc, je vais céder la
parole à Mme la députée de D'Arcy-McGee,
et ensuite de ça, M. le député, je
vous céderai la parole, M. le député de Jean-Lesage.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci, Mme la Présidente.
Le projet de loi n° 37, Loi sur la commission bien-être et aux droits des
enfants, est une étape cruciale dans
l'engagement de notre société envers la protection et le bien-être de nos
enfants. Il est temps que nous prenions des mesures concrètes pour
assurer leur sécurité et leur épanouissement.
Ça fait déjà presque
trois ans depuis que le rapport de la commission Laurent a été déposé, avec
plus de 60 recommandations. D'ailleurs,
il est décevant de voir qu'avec tout le temps que le gouvernement a eu depuis
le dépôt du rapport que si peu de ces recommandations sont comprises dans le
projet de loi actuel. On attendait un chien de garde qui avait des
griffes et des dents, mais ce n'est pas ce qu'on a eu.
Le projet de loi
n° 37 doit reposer sur une idée fondamentale : Que chaque enfant a le
droit de grandir dans un environnement sûr et propice à son développement.
Malheureusement, de nombreux enfants au Québec font face à des situations
difficiles telles que la négligence, la violence ou l'exploitation.
En créant un
commissaire au bien-être des enfants, nous nous donnons les moyens de mieux
protéger nos enfants et de leur
offrir les meilleures chances de réussite. Le rôle du commissaire du bien-être
des enfants sera essentiel dans la mise en oeuvre de cette loi. Il devra être chargé
de surveiller et d'évaluer le système de protection de l'enfance, d'assurer
un suivi des cas d'abus ou de négligence et
de faire des analyses et des recommandations pour améliorer les politiques et
les pratiques en matière de
protection de l'enfance. Le commissaire doit être un défenseur des droits de
tous les enfants, veillant à ce que leurs voix soient entendues et
prises en compte dans toutes les décisions qui les concernent, mais, pour
pouvoir y arriver, plusieurs
modifications devraient être faites au projet de loi qui a été déposé.
Premièrement,
il est primordial de modifier le préambule que propose le projet de loi, tel
que plusieurs groupes l'ont témoigné
lors des consultations, pour préciser que l'intérêt de l'enfant doit être la
considération principale de toutes les décisions
prises à son sujet et pour l'adoption d'une charte des droits de l'enfant pour
souligner que l'enfant est une personne et un citoyen à part entière...
qui guideront le travail du commissaire.
• (17 h 50) •
Il existe
déjà plusieurs traités internationaux, tels que la Convention relative aux
droits de l'enfant, la Convention relative
aux droits des personnes handicapées et la Déclaration des Nations unies sur
les droits des peuples autochtones, qui reconnaissent et protègent les droits civils, politiques, économiques,
sociaux et culturels de tous les enfants, y compris ceux en situation de handicap et ceux appartenant à des
peuples autochtones. Dans ce contexte et en accord avec les recommandations de la commission Laurent, il est essentiel
d'amender ce projet de loi pour y inclure la création d'une charte spécifique aux droits des enfants du Québec... au
Québec. La charte est implicitement liée au commissaire, et donc le travail
doit être fait. Cette charte permettrait de
consolider et de renforcer les droits des enfants tels qu'ils sont énoncés dans
les conventions internationales que
nous... que j'ai déjà... que j'ai mentionnées. Elle servirait également de
guide pour toutes les actions et
décisions concernant les enfants au Québec, garantissant que leurs droits sont
toujours respectés et protégés. Cette
charte servirait d'assise légale au travail du commissaire, lui fournissant un
cadre clair et solide pour guider ses actions et décisions. Donc, il est
essentiel que ceci soit compris dans le préambule pour réellement donner au
commissaire une directive claire.
Plutôt que de
présenter les enfants comme un groupe homogène clairement défini, le rapport
final de la commission Laurent proposait que le mandat du commissaire
soit étendu aux jeunes autochtones, les jeunes issus des communautés ethnoculturelles, les jeunes en situation de
handicap et ceux ayant été pris en charge par l'État jusqu'à leurs 25 ans.
Pourtant, on constate qu'aucune
mesure particulière dans le projet de loi n'est prise au regard des enfants en
situation de handicap et ceux issus des communautés culturelles. La
réalité particulière de ces jeunes ne doit pas être ignorée ni négligée. Si on veut que le commissaire assume pleinement la
responsabilité qui sera la sienne, il faut que ce projet de loi en fasse
mention explicite, de leur
participation et implication. En tant que porte-parole pour l'opposition
officielle en matière de personnes avec
un handicap ou sur le spectre de l'autisme, ce sujet me tient particulièrement
à coeur, et il faut qu'il y ait une... il faut que ces enfants aient une place à la table. Il est également important
d'inclure des mesures pour s'assurer du bien-être et du respect des droits des enfants en situation de
handicap issus des communautés culturelles ou vivant dans la pauvreté entre
autres.
La prise en
compte de facteurs socioéconomiques et culturels est un élément important. En
effet, ces enfants sont également susceptibles de faire face à des défis
et des obstacles spécifiques qui nécessitent une attention particulière. Par exemple, selon un rapport de 2018, les enfants
ayant une déficience intellectuelle sont trois fois et demie plus à risque
d'être victimes d'agression sexuelle, et les
conséquences sur leur santé physique et mentale semblent plus importantes que
chez les autres enfants.
Dans le même
ordre d'idées, les probabilités qu'un enfant soit victime de maltraitance sont
deux à trois fois plus élevées chez
les enfants autistes ayant une déficience intellectuelle ou les deux que chez
les enfants neurotypiques. Les enfants
qui grandissent dans un contexte de pauvreté font aussi face à des défis
particuliers. Notons qu'il sera absolument crucial que l'ensemble du personnel du commissaire soit formé pour bien
répondre aux spécificités des différentes situations des enfants, dont
ceux en situation de handicap.
La mise en
place d'un comité consultatif est une étape cruciale pour garantir une
représentation équitable et une prise
en compte adéquate des besoins de tous les enfants. Cependant, la composition
du comité n'est pas définie dans le projet de loi, ce qui rend difficile
l'évaluation de la portée et de la pertinence de cette mesure. Il est essentiel
de définir clairement la composition du
comité consultatif dans le projet de loi. Cela comprend la clarification des
critères de sélection des membres, la
composition, la durée de leur mandat et leurs responsabilités spécifiques,
combien de fois le comité consultatif devra
se réunir, déterminer comment le comité consultatif ainsi que le commissaire
consulteront de façon adéquate et efficace les enfants partout dans la
province.
De plus, le
comité consultatif doit refléter la diversité des enfants au Québec et devrait
donc inclure des enfants et des jeunes adultes issus de divers horizons pour
avoir une représentation universelle. Ces jeunes qui sont souvent oubliés
doivent avoir des sièges réservés pour les enfants en situation de handicap
autour de la table du comité consultatif. Des enfants
ayant un handicap physique, ceux ayant une déficience intellectuelle ou sur le
spectre de l'autisme doivent être inclus au sein de ce comité pour que
leur voix et leurs expériences uniques soient prises en compte dans les
discussions et les décisions du comité.
Également,
que des représentants du secteur communautaire soient inclus dans le comité
consultatif, comme ils jouent un rôle
crucial dans la promotion et la défense des droits des enfants. Leur proximité
avec les jeunes sur le terrain et leur
rôle essentiel de soutien fait en sorte qu'ils pourraient être des participants
essentiels pour le comité. Cela permettra aussi au commissaire de mieux saisir
les ressources communautaires qui sont disponibles dans son rôle
d'accompagnateur et pour guider ses actions et analyses.
Il est
également important de tenir compte des enjeux de représentation régionale et
de reconnaître les effets négatifs de
la disparité régionale qui existe au Québec. J'entends souvent que certaines
régions n'ont pas la même offre de services pour les enfants avec un handicap ou qui sont sur le spectre de
l'autisme et que la disparité régionale existe pour l'accès aux
ressources. Le comité consultatif se doit d'offrir une représentation équitable
des différentes réalités régionales.
Pour que la réalité de
tous nos jeunes soit prise en considération par le commissaire, il faudrait
qu'il offre des services dans plusieurs
langues afin de s'assurer que les enfants issus des communautés culturelles ou
linguistiques minoritaires puissent avoir accès à ces services pour
assurer une vraie représente... une vraie représentativité.
Pour
l'instant, le projet de loi ne mentionne pas les ressources budgétaires qui
seront allouées au commissaire ni de... ni les mécanismes de suivi pour que les... pour que ces recommandations
ne restent pas sur une tablette. C'est essentiel que le travail du commissaire soit pris en
considération de façon véritable par les différentes entités et ministères du
gouvernement et que les recommandations aient un suivi.
De plus, le
projet de loi n° 37 doit préciser les termes de la collaboration
entre les commissaires et d'autres organismes publics et balise les champs. Le projet de loi souligne la nécessité
d'une coopération entre le commissaire et d'autres organismes publics pour assurer l'harmonisation de
leurs interventions envers les enfants et les jeunes adultes. Cependant,
le texte actuel stipule que cette
coopération n'est pas obligatoire, mais seulement envisagée lorsque le
commissaire l'estime nécessaire. Tel
qu'il a été recommandé dans le mémoire de la Société québécoise de la
déficience intellectuelle, il serait bénéfique
que le projet de loi nomme clairement l'Office
des personnes handicapées du Québec
et le protecteur national des élèves,
entre autres, parmi les organismes publics pouvant être consultés. L'Office des personnes handicapées du Québec a une
expertise précieuse sur les questions relatives aux personnes en situation de
handicap, y compris les enfants, et pourrait fournir des conseils et des recommandations utiles pour améliorer le
bien-être et les droits des enfants en situation de handicap.
En
conclusion, le projet de loi n° 37... le projet de loi n° 37
pour l'établissement d'un commissaire au bien-être des enfants est une étape essentielle dans notre
engagement envers nos enfants. Il nous donne l'occasion de renforcer la protection de l'enfance, d'assurer leur sécurité
et leur épanouissement et de leur offrir les meilleures chances de réussite.
La protection de l'enfance est l'affaire de
tous et une priorité absolue. On veut contribuer à bonifier ce projet de loi et
le rôle du commissaire pour qu'il devienne le chien de garde dont nos
enfants méritent pour veiller à leur bien-être. Le commissaire à l'enfance doit
être plus qu'une... plus qu'un porte-voix.
Ma formation
politique votera en faveur de ce projet de loi, et nous nous engageons à
travailler ensemble pour créer un avenir meilleur pour nos enfants.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée.
Maintenant, je suis prête à céder la parole à M. le député de
Jean-Lesage.
M. Sol
Zanetti
M. Zanetti : Merci,
Mme la Présidente, c'est très apprécié. Je pense que, ce qui se passe avec le
projet de loi n° 37, quand
ça a été déposé au début, on s'est dit : Bien, ça va bien aller. Enfin, un
projet de loi qui va faire consensus, puis etc., il n'y aura pas grand-chose à modifier. C'est un peu de la tarte aux
pommes, c'est le droit des enfants. Tout le monde est d'accord avec les droits des enfants. Puis je me
disais : Bon, bien, c'est bien. Et finalement, bien, suite à une espèce
de... une analyse que nous, on a
faite, évidemment, mais que beaucoup d'acteurs concernés puis qui suivent même
l'enjeu d'un commissaire au bien-être
et aux droits des enfants, depuis la commission Laurent et avant... bien, les
gens ont regardé ça, et particulièrement les gens des Premières Nations, et ils ont dit : Ça ne va pas. Ça ne va pas parce que ce projet
de loi là, il n'a pas été coconstruit, finalement, et je ne comprends
pas pourquoi.
• (18 heures) •
On a eu des
discussions législatives depuis plusieurs années, en cette Assemblée, avec les
gens qui sont ici, tu sais, sur la
question de la coconstruction des législations qui concernent les peuples
autochtones. Puis ce n'est pas très compliqué, coconstruire. Je veux dire, l'idéal, c'est changer le système politique
dans lequel on est, faire l'indépendance du Québec, que les peuples soient souverains, qu'on ait,
après ça un régime politique qui ne nous a pas... non pas été imposé, mais
que... qui a été rédigé par nous avec
les peuples autochtones, qui ont enfin un système et des institutions
politiques qui... dans lesquelles ils
sont... ils sont souverains et qui les représentent vraiment. Mais, mettons, en
attendant ça, parce que ce n'est pas exactement le plan du gouvernement,
on se dit : Ils pourraient, quand ils font un projet de loi, les appeler
puis dire : Bonjour, on a... on veut
avancer dans tel dossier, vous êtes d'accord, on est d'accord sur l'objectif,
comment est-ce qu'on le fait pour que
ce soit bon? Comment est-ce qu'on le fait pour que ce soit bien reçu? Comment
est-ce qu'on le fait pour que,
lorsque ça va être déposé, les gens vont se dire : Ça correspond à nos
aspirations? Le système est imparfait, mais ça, ici, ça constitue une amélioration, puis ça va avoir un impact concret
sur nous et nos communautés, puis ça nous rapproche d'une souveraineté.
Bon, ce n'est
pas compliqué, faire ça, tu sais, surtout que les demandes des Premières
Nations, dans... la question, toute
la question des droits de l'enfant, du commissaire, ce n'est pas des choses qui
sont irréalisables, ce n'est pas des choses irréalistes, ce n'est pas des choses coûteuses. C'est vraiment des
choses extrêmement raisonnables puis d'autant plus justes que ça vient
d'eux.
Et là, bien,
il y a un autre projet de loi dans lequel, justement, le gouvernement a, comme,
élaboré son projet de loi sans les
consulter en avance. Ça aurait pu. Ce n'est pas compliqué. Ce n'est pas comme
si, non plus, le gouvernement avait fait
ce projet de loi là dans l'urgence, je veux dire, ça fait des années qu'on
attend après ça, puis tout ça. Mais ce n'est pas ça qui s'est passé. Puis, évidemment, on est rendus à une époque de
notre histoire, au Québec, où les peuples autochtones ont le droit de s'attendre à une coconstruction
des projets de loi qui les concernent directement puis qui vont avoir un impact
direct sur leurs institutions, sur leurs vies, sur leurs communautés, sur les
enfants, surtout dans un domaine comme les droits
de l'enfant, où, on le sait, avec tout ce qui s'est passé puis avec la DPJ, la
surreprésentation des enfants autochtones dans les cas de DPJ, bien, on s'est dit : Il y a quelque chose là
qui ne marche pas, il y a un système à changer. Ce n'est pas juste une
coïncidence, c'est quelque chose qui ne fonctionne pas.
Alors,
je trouve ça dommage parce que c'est comme une opportunité manquée. Puis c'est
difficile de réchapper ça, après
coup. C'est difficile de dire : Bon, ce n'est pas coconstruit, mais là, si
vous faites tel, tel, tel amendement, ça va aller. Je n'ai pas l'impression que ça s'en va dans cette
direction-là. Évidemment, on va suivre le développement du processus du projet de loi. Qui sait ce que ça va donner? Sauf
que je le dis encore, parce que je me dis : Il me semble que ce serait
simple d'éviter ça, puis qu'on ne se
retrouve pas encore et toujours à dire la même affaire quand il s'agit d'un
projet de loi qui touche les communautés autochtones.
Il y avait
une recommandation phare du rapport Laurent qui était la création du Commissaire
au bien-être et aux droits des
enfants. Et le décret qui a donné lieu à la commission Laurent spécifiait la
nécessité de prendre en compte la réalité
autochtone dans la protection de la jeunesse. Ça disait que le gouvernement
doit assurer l'indépendance du commissaire et lui donner... Bien, en fait, ce n'est pas... ça, ce n'est pas le
mandat, le décret qu'a donné la commission Laurent, mais, dans la commission Laurent, on dit qu'il doit y
avoir... on doit assurer l'indépendance du commissaire et lui donner le même
statut que le Protecteur du citoyen ou le
Vérificateur général quant à sa nomination, son budget, sa reddition de
comptes.
Le rapport Laurent demande aussi la création
d'un commissaire adjoint selon les mêmes modalités, suite aux suggestions des
autorités autochtones. L'objectif de ça, c'est de donner une voix particulière
et une écoute aux enfants autochtones. Et
ça, bien, ce n'est pas là. Ce n'est pas quelque chose qui est compliqué. Et
puis de dire : Oui, mais ça va faire
la même affaire, un seul commissaire qui n'est pas autochtone, on va prendre
quelqu'un qui travaille sûrement avec les
autochtones depuis longtemps, puis ça va faire pareil... Mais ça ne fait pas
pareil. Pourquoi pensez-vous qu'ils demandent ça? Si ça faisait pareil, on le saurait, puis ça ne causerait pas de
problème, puis on n'en serait pas là. Mais ça ne fait pas pareil.
On ne peut
pas, tu sais, substituer, par une espèce de bonne volonté incroyable, l'effet
de l'expérience d'avoir été autochtone
lorsqu'il s'agit de porter un jugement, faire des plans, avoir une action qui
va considérer puis qui va être ajustée aux
réalités autochtones. L'expérience d'être autochtone, là, ça ne s'acquiert pas
en lisant un livre là-dessus, c'est quelque chose qui est... qui est une expérience. Et c'est pour ça que c'est
important que les autochtones puissent nommer la personne qui va jouer
ce rôle-là auprès de leurs communautés, parce qu'ils s'assurent, comme ça,
d'être compris.
Puis là on
peut dire : Ah oui! mais le commissaire, ça va être une personne
formidable, plein d'empathie, elle va comprendre,
il va comprendre, puis tout ça, mais il y a des choses qui ne peuvent pas se
passer comme ça. Et c'est la leçon que,
bien, j'aimerais qu'on... Il me semble qu'on avait appris ça. Tu sais, j'ai
entendu, moi, des ministres dire : La coconstruction, tu sais, de
nation à nation... Alors, je ne comprends pas pourquoi ça ne se passe pas.
Les enfants
des Premières Nations ont droit, dans le cadre de la Loi sur la protection de
la jeunesse, à la prévention de leur identité culturelle, et c'est pour
ça que c'est important d'avoir un commissaire adjoint qui est nommé par les Premières Nations. La commission Viens,
d'ailleurs, et la commission d'enquête sur les femmes et les filles autochtones
disparues ou assassinées disaient que... disaient l'importance de reconnaître
et de protéger les droits des enfants des Premières Nations parce que, sinon,
il risque d'y avoir un manque de sensibilité à l'égard des coutumes et des
traditions autochtones, et ça, ça a des effets néfastes sur les enfants.
La loi qui a
été... qui est... bien, le projet de loi, en fait, qui sera discuté, dans son
préambule, dit, et je cite : «Considérant qu'une approche spécifique doit être privilégiée pour tenir compte des
facteurs historiques, sociaux et culturels qui sont propres aux enfants autochtones;». Donc, déjà,
dans le préambule, on dit que c'est important. Bon, c'est le préambule, hein,
ce n'est pas comme un article de loi, mais
il y a comme une déclaration d'intention : C'est important, il faut une
approche spécifique qui privilégie de tenir compte des facteurs
historiques, sociaux et culturels propres aux enfants autochtones.
Mais alors
pourquoi est-ce qu'on n'y va pas avec les recommandations de la commission
Laurent, qui a fait suite à une espèce de grande consultation? Pourquoi
est-ce qu'on n'y va pas avec la création d'un commissaire adjoint?
La loi ne
prévoit pas de commissaire indépendant pour les Premières Nations et les Inuits
mais plutôt une personne nommée par le gouvernement. Il n'y a pas non
plus de comité consultatif des enfants. Alors, c'est comme si on voulait... je ne sais pas trop, c'est comme... Je ne
comprends pas la raison de ne pas aller jusqu'au bout avec ça. Pourquoi
dire : Oui, non, mais ça, c'est
trop, puis on va faire une espèce de substitut qui ne satisfait personne? Je ne
comprends pas la logique derrière ça.
Je ne sais pas c'est quoi. C'est-tu pour sauver de l'argent? Ça ne doit pas
sauver beaucoup d'argent, faire ça. Clairement,
en tout cas, on ne sauve pas du temps, parce que les communautés autochtones
concernées ne sont pas contentes, puis elles ont raison.
Voici ce que
l'association des Premières Nations du Québec et du Labrador a dit : «La
commissaire Laurent n'a donc recommandé d'aucune façon l'approche du
gouvernement du Québec d'adopter une loi se voulant applicable aux Premières
Nations et aux Inuits sans obtenir leur consentement quant au mandat et à la
structure prévus. Au contraire, reconnaissant
le droit à l'autodétermination et à l'autonomie gouvernementale des Premières
Nations, la commission Laurent a
plutôt suggéré de mettre sur pied un "commissaire au bien-être et aux
droits des enfants [...] incluant les enfants autochtones, [...]jusqu'à ce que les communautés qui le souhaitent
puissent se prévaloir d'un commissaire autonome". Une telle démarche
implique de respecter la volonté des
Premières Nations et d'engager un dialogue véritable avec elles.» Mais... Fin
de la citation.
Donc, le gouvernement, à cet égard, en fait trop
peu. On dit : On va discuter de nation à nation avec les peuples autochtones, nous partageons le territoire, mais
finalement, quand vient le temps de légiférer, bien, on le fait d'une façon qui
rappelle la structure coloniale du système politique dans lequel on est. Et ça,
bien, ce n'est pas bon.
Je veux juste
revenir, parce que tout ça me fait penser beaucoup au projet de loi n° 32,
sur lequel, justement, j'ai siégé,
qui concernait la sécurisation culturelle, un enjeu qui est à la base, qui est
essentiel pour le système de santé et de services sociaux, pour les autochtones. C'est un projet de loi qui a
vécu un peu des difficultés quand même similaires au projet de loi
actuel n° 37, parce que, bien, il n'a pas été coconstruit. Et puis, de la
façon... Il n'y avait tellement pas grand-chose
dedans, on a eu l'impression, plusieurs personnes qui ont témoigné en audiences
publiques et puis moi aussi, on avait
l'impression que c'était comme... on voulait... on voulait dire qu'on avait
fait quelque chose, mais on ne voulait pas non plus changer le système, alors que, pour
qu'il y ait sécurisation culturelle, bien, il faut changer pas mal d'affaires
dans le système. Ce n'est pas comme une
déclaration de principe ou juste dire : On va former quelques personnes. Oui,
la formation c'est bien, mais c'est
un élément parmi tant d'autres qui est, à lui seul, insuffisant. Et là j'ai
l'impression qu'avec le projet de loi n° 37, bien, on risque de
faire ça aussi. On risque de faire la même erreur qu'avec le projet de loi n° 32.
• (18 h 10) •
D'ailleurs,
le projet de loi n° 32, bien là, on ne sait pas trop, il est en suspens,
il est dans les limbes du feuilleton, à une étape... comme suspendu. Va-t-il continuer sa vie? Est-ce qu'il va
mourir au feuilleton? L'avenir nous le dira. C'est un vrai téléroman. Peut-être que le ministre va
dire : Je l'abandonne dans sa forme actuelle et je ferai un autre projet
de loi sur la sécurisation culturelle qui, lui, sera coconstruit. Ça, si
le ministre fait ça, ça va être quand même formidable. Ça ne doit pas être compliqué de faire ça. Ça ne doit
pas être compliqué. Je comprends, il faut faire de la consultation, tout ça,
mais c'est... qu'est-ce qu'on a à perdre à
ne pas le faire? Il y a des obstacles, peut-être, mentaux et politiques, là,
que je ne me représente pas, je suis incapable de l'imaginer, et pourtant j'ai
de l'imagination, mais là, là-dessus, je peux vous dire, je ne comprends
pas.
Alors,
on aurait eu, là, l'opportunité, avec le projet de loi n° 37,
de coconstruire un projet de loi avec les Premières Nations et les
Inuits, et ça n'a pas été fait.
Je
vais vous lire un extrait du mémoire du Bureau du Principe de Joyce :
«L'histoire des peuples autochtones au Québec,
comme ailleurs au Canada, est indissociable des impacts de la colonisation.
Historiquement, les systèmes et les structures
mis en place par les gouvernements et la fonction publique québécoise,
principalement composés de personnes d'ascendance
surtout européenne, n'ont pas été réfléchis en prenant compte des perspectives
des autochtones. Il est donc logique
de conclure qu'ils ont non seulement affecté la vie socioéconomique et
culturelle des Premières Nations et des Inuits, mais ils ont également eu des conséquences durables sur leur bien-être
physique, émotionnel, mental ainsi que spirituel en les privant des
soins et services que leur état pouvait requérir.»
C'est difficile de
rajouter quelque chose à ça. C'est très bien dit. C'est simple, c'est vrai,
c'est bien expliqué. On lit ça puis on se dit tout de suite : Bien oui,
c'est l'évidence même.
Alors,
il faut rompre avec ce cycle-là de lois et de pratiques héritées du passé
colonial, pas toujours si passé que ça, et fonctionner autrement. C'est ça, la
logique. C'est ça qu'on dit qu'on veut faire, fonctionner de nation à nation,
alors pourquoi est-ce qu'on ne le fait pas?
Il y a un proverbe italien qui dit : (s'exprime en italien). Ça, ça veut
dire : Entre le dire et le faire, il y a la mer. Bien, moi, j'ai
hâte qu'on traverse cette mer-là et puis qu'on joigne les deux.
C'est
pour ça que, quand l'association des Premières Nations du Québec et du Labrador
est venue présenter en consultations
particulières, ils n'ont pas mâché leurs mots. Et je les cite, bon : «La
CSSSPNQL ainsi que d'autres représentants des Premières Nations et Inuits ont collaboré avec le ministère de la
Santé et des Services sociaux aux étapes antérieures au dépôt du projet de loi, depuis l'été 2023.
Nous avons exprimé nos préoccupations et soumis des recommandations par voie
de lettre et de tableaux ainsi que lors des
séances de travail. Nous avons constaté avec regret que le projet de loi a été
rédigé sans tenir compte de la
majeure partie des préoccupations émises par les différents groupes. Nous
peinons à nous expliquer la raison de ces refus, souvent communiqués
sans justification.»
Alors
là, c'est comme si on dit : Ah! bien oui, on consulte pour consulter, on
consulte pour faire un petit «check» sur
la liste des choses à faire, et finalement, après ça, on n'en tient pas compte.
Bien, ça, ce n'est pas mieux non plus. Consulter, ce n'est pas :
Cause toujours, c'est : Je t'écoute, j'en prends compte et j'agis en
conséquence.
Ça
fait longtemps que les Premières Nations demandent d'avoir un commissaire
indépendant. Ce n'est pas quelque chose
qui est nouveau. Ça n'a pas dû surprendre le gouvernement lorsqu'ils ont dit
leur insatisfaction. D'ailleurs, je me suis
demandé à quel point ils avaient été surpris de la réception de leur projet de
loi. Est-ce qu'ils se sont dit : Mon Dieu, quel étonnement, je ne m'attendais pas à ça, je n'étais pas au courant
des revendications, ou ils se sont dit, dans le fond, en le déposant : Bon, il y en a qui vont...
qui ne seront pas contents, on assume, ça ne nous dérange pas, on n'est pas
prêts à les satisfaire, de toute
façon, puis on veut que certaines choses avancent? Parce que, là, il faut dire
que, le rapport de la commission
Laurent, ça fait quand même un certain temps qu'il a été déposé, puis les
recommandations ne sont pas toutes appliquées.
Il y a plein de choses qui pourraient être faites, qui ne le sont pas. Alors
là, on veut, comme, avancer en faisant des
choses mais, en même temps, en ne voulant pas aller à chaque bout de chaque
pas. Bien, finalement, on perd du temps puis on fait du surplace.
Le
ministre a démontré de l'ouverture à poursuivre le dialogue avec les
représentants des Premières Nations. Je l'invite à le faire et à le faire comme il faut, à le faire d'une façon
qui va être à la satisfaction de tout le monde, pas à le faire pour avoir l'air d'avoir fait quelque chose,
pas le faire à moitié, pas écouter puis, après ça, ne pas en tenir compte, mais
le faire vraiment, pour vrai.
Il
y a une autre chose que je trouve important de dire ici, c'est par rapport à la
Convention relative aux droits de l'enfant
des Nations unies, dont le Québec devrait s'inspirer dans le projet de loi n° 37, qui concerne le Commissaire au bien-être et aux droits des enfants. Il y a des articles extrêmement
inspirants dans cette Convention relative aux droits de l'enfant des Nations unies. Je prends, par
exemple, l'article 3, qui dit : Tous les adultes doivent faire ce qui
est le mieux pour l'enfant. Quand les adultes prennent des décisions,
ils doivent penser comment elles vont affecter les enfants.
Alors, mettre les enfants
au coeur de nos décisions malgré nos visions d'adulte, c'est une chose
importante, et, là-dedans, là, bien, il y a
un lien avec l'expérience culturelle. C'est difficile de s'imaginer la réalité
des enfants qui sont issus d'une
autre culture. Comme par exemple, un commissaire au bien-être des droits des
enfants québécois qui devrait se mettre à la place des enfants qui sont
de culture autochtone, ça va être difficile pour lui de le faire.
Il
y a l'article 12, aussi, de la Convention relative aux droits de l'enfant
des Nations unies, qui dit : L'enfant a le droit d'exprimer son
opinion, et les adultes doivent écouter et prendre au sérieux ce qui est dit.
Alors,
comment est-ce que, dans le projet loi n° 37, on va pouvoir
faire une place à ça? Comment est-ce que, dans le projet de loi n° 37, on va pouvoir dire : Grâce à ce projet
de loi, nous réalisons un des articles de la Convention relative aux droits de l'enfant
des Nations unies et nous offrons aux enfants le droit d'exprimer leurs
opinions dans un espace où, justement, ils seront entendus par les
adultes? Comment est-ce qu'on va pouvoir réaliser ça? C'est un droit de
l'enfant. Normalement, on est signataires de
ça, tout le monde devrait être d'accord avec ça. Maintenant, il s'agit de voir
comment est-ce qu'on peut l'appliquer vraiment concrètement dans le
projet de loi n° 37.
L'article 29
aussi : L'éducation doit permettre à l'enfant d'utiliser ses talents et
ses aptitudes. Elle doit aussi l'aider à vivre en paix, à protéger
l'environnement et à respecter les autres personnes.
Alors, tout
ça, c'est des choses qui doivent être... faire partie de nos réflexions dans le
projet de loi n° 37, et c'est pour ça qu'on va suivre ce projet de
loi là de très près. Évidemment, ça va être mon collègue député de Saint-Henri—Sainte-Anne
qui va le faire, et on va y contribuer du mieux possible. Et j'espère que
gouvernement sera à l'écoute des revendications,
entre autres, des Premières Nations, mais qu'il y aura vraiment un accueil
sincère et qu'il y aura des choses qui seront faites pour aller en
cohérence avec ce qui aura été dit, avec les témoignages qui ont été reçus.
Je vous remercie beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Est-ce qu'il
y a d'autres interventions sur l'adoption du principe du projet de loi
n° 37?
Mise
aux voix
Comme il n'y
a pas d'autre intervention, le principe du projet de loi n° 37, Loi sur le commissaire au bien-être et aux
droits des enfants, est-il adopté? Adopté. M. le leader du gouvernement.
Renvoi
à la Commission de la santé et des services sociaux
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc,
conformément à l'article 243 du
règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 37, la Loi sur le commissaire au bien-être et aux droits
des enfants, soit déféré à la Commission de la santé et des
services sociaux pour son étude détaillée et que le ministre responsable des
Services sociaux soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise
aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Cette motion est-elle adoptée?
Motion adoptée. M. le leader du gouvernement, voulez-vous nous indiquer
la suite de nos travaux?
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci. Donc, je vous demanderais d'appeler
l'article 5 du feuilleton, s'il vous plaît. Merci.
Projet
de loi n° 48
Adoption
du principe
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
à l'article 5 du feuilleton, Mme la ministre des Transports et de la Mobilité durable propose l'adoption du principe du
projet de loi n° 48, Loi
modifiant principalement le Code de la sécurité routière afin d'introduire des dispositions relatives aux systèmes de
détection et d'autres dispositions en matière de sécurité routière.
Y a-t-il des interventions? Mme la ministre,
alors, je vous cède la parole.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, rebonjour, Mme la Présidente. Merci à nouveau de me donner la
parole, toujours sur le même sujet.
Hasard, aujourd'hui, qui fait que j'étais ici, il y a quelques heures... enfin,
oui, quelques heures, pour parler de sécurité routière, et me revoilà pour parler de sécurité routière. C'est dire à
quel point c'est un sujet qui nous habite et sur lequel le gouvernement
de la Coalition avenir Québec est très, très, très proactif.
• (18 h 20) •
Donc...
Alors, je le disais, donc, il y a eu, par hasard, une motion du mercredi
aujourd'hui, un peu plus tôt, sur la sécurité routière, et maintenant,
vers 18 h 20, on reparle de sécurité routière pour l'adoption du
principe de notre projet de loi n° 48,
que... dont vous avez lu le nom, qui est assez long, je ne le lirai pas au
complet, mais, essentiellement, un projet de loi qui porte sur la sécurité routière, je l'ai dit, et qui est
connexe au Plan d'action en sécurité routière que j'ai déposé le 22 août 2023, l'an dernier, moins d'un an
après mon arrivée au ministère des Transports et de la Mobilité durable, parce
que c'était, pour nous, une priorité et une évidence que, bien qu'il y ait
beaucoup de choses qui se sont faites en sécurité routière dans les dernières décennies au Québec, et j'en ai fait
l'exposé très détaillé un peu plus tôt pendant 35 minutes... Donc, je ne vais pas revenir sur tout ce que j'ai
dit un peu plus tôt, mais on a été très actifs en sécurité routière, notamment
nous, notre gouvernement, depuis les cinq, six années où on a la chance de
former le gouvernement.
Et donc j'ai
déposé ce plan d'action là qui est, pour nous, une fierté, 27 mesures, six
axes, 47 sous-mesures, quand on compte
l'ensemble des choses qui sont là-dedans. Je ne vais pas les passer toutes,
mais, entre autres, il y a un axe sur les aménagements sécuritaires autour de nos écoles,
pour nous, très, très, très important, un axe sur les... pour les piétons, donc
les usagers vulnérables.
Il y a un axe
sur l'innovation, et, ça, on en parle un peu moins, mais, pour nous, c'est
important, parce qu'il existe, tu
sais, autre chose que ce qu'on connaît déjà. C'est important d'évoluer, c'est
important d'être toujours en progrès, de chercher des façons nouvelles, que ce soit de faire de la signalisation,
d'avoir des nouvelles sortes de radars photo, d'être créatifs, d'être
innovants dans le type d'aménagements qu'on est capables de faire, notamment
autour de nos écoles.
Il y a un axe
sur les municipalités, aussi, qui sont des partenaires essentiels. Je le
disais, encore une fois, un peu plus
tôt, mais la grande majorité de nos écoles primaires, secondaires sont situées
sur les réseaux municipaux. Alors, ce n'est pas nous, comme tel, le
gouvernement, qui allons intervenir sur ces réseaux-là, sur ces rues-là, on va
le faire en partenariat. On va soutenir
financièrement, une bonification de 68 millions du TAPU pour le... pour, voyons,
le transport actif en périmètre
urbain, TAPU, T-A-P-U, et donc... Et, avec cet argent-là, notamment, et aussi
avec notre programme d'aide financière
du Fonds de la sécurité routière, on finance des projets, entre autres, pour
des aménagements sécuritaires, de la mobilité active, des pistes
cyclables, etc. Donc, il y a un axe sur les municipalités, qui sont des
partenaires essentiels.
Il y a un axe
sur la formation et la communication, très, très, très important, tu sais, je
le disais, encore une fois, un peu plus tôt, les investissements en
communications sur la sécurité routière, entre autres sur les facultés
affaiblies, c'est le sujet qu'on avait un
peu plus tôt, mais sur l'ensemble des facteurs contributifs aux accidents. Je
dirais, peut-être, des fois, on manque de vigilance sur la route. Donc,
un autre axe important, une belle campagne qu'on a en cours en ce moment avec Katherine Levac, une porte-parole que, personnellement,
j'apprécie beaucoup. Je ne sais pas si les collègues ont eu la chance de
voir les capsules qui passent à la radio, à la télé, très, très intéressant, sur
les réseaux sociaux aussi.
Bref, un plan
d'action très complet et pour lequel j'avais besoin d'un projet de loi pour
venir mettre en opération, pour
concrétiser certaines des sous-mesures, entre autres sur les radars photo,
entre autres sur les aménagements sécuritaires, je l'ai dit. Donc, c'est
des choses qu'il faut venir instituer dans des modifications législatives
desquelles découleront éventuellement des
modifications réglementaires aussi. Mais on doit commencer par le projet de
loi, bien sûr. On sait comment ça fonctionne, ça donne certains
pouvoirs, et, par la suite, tu fonctionnes par règlement.
Donc, il y a
beaucoup de choses, 87 articles, certaines affaires très intéressantes,
mais, sur le principe, puisqu'il s'agit de l'adoption du principe aujourd'hui, le principe, Mme la Présidente,
si j'avais à le résumer en une seule phrase, c'est de faire encore et toujours plus de gestes, d'actions
et d'investissements pour s'assurer que, oui, nos clientèles vulnérables, nos
enfants, nos aînés, nos personnes à mobilité
réduite, nos brigadiers scolaires, nos travailleurs sur les chantiers routiers,
nos signaleurs routiers mais aussi l'ensemble des citoyens, par
extension, vont se sentir et se comporter de manière toujours plus sécuritaire
sur notre grand réseau routier au Québec, que ce soit la portion gérée par le
gouvernement ou la grande portion gérée par nos municipalités.
Alors, un
très, très grand merci à tous ceux qui sont venus nous voir en consultations
particulières. On a passé la semaine
dernière à entendre des groupes, 17, je crois, si ma mémoire est bonne,
beaucoup d'autres qui ont aussi envoyé des mémoires. Toujours intéressant de s'enrichir de ces points de vue là, de
gens intéressés par la sécurité routière. On va commencer sous peu, je
l'espère, sous réserve de l'adoption du principe, l'étude détaillée du projet
de loi.
Je suis emballée par ce projet de loi là, Mme la
Présidente, parce qu'il va nous permettre d'aller plus loin dans l'opérationnalisation de notre plan, et ce plan-là,
il dure jusqu'en 2028, donc, comme je le disais, et je vais terminer là-dessus, faire en sorte que notre réseau soit
encore et toujours plus sécuritaire pour nos gens vulnérables et pour
l'ensemble des Québécois et des Québécoises. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la ministre. Maintenant, est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Est-ce qu'il y a...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Bien... Bon, premièrement, je pose la question : Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Il y a le député de Nelligan
qui est debout, alors je vais lui céder la parole. M. le député de Nelligan,
allez-y.
M. Monsef
Derraji
M. Derraji : Je
vois le leader adjoint qui veut absolument voter très rapidement un important
projet de loi. Je lui dis juste de patienter un peu. Mais, demain, il
peut voter, et je vais l'applaudir.
Écoutez, tout
à l'heure, j'ai eu des applaudissements fort intéressants pour Mme la
vice-première ministre par rapport à la sécurité routière, mais, je
tiens à vous le dire, on va tous vous applaudir demain, si vous allez voter
pour la motion, parce qu'on va envoyer un
message très clair par rapport à la sécurité routière. Mais, bon, vous avez la
nuit, c'est Saint-Valentin. Prenez
votre temps. Prenez votre temps. Réfléchissez, ce soir, et demain vous allez
voter du bon bord en votant pour la motion du mercredi.
Écoutez, Mme
la Présidente, j'en ai beaucoup à dire sur la sécurité routière.
Premièrement... Oui, malheureusement, il
va rester quelques... quelques minutes, mais je vais reprendre le débat demain.
Mais, effectivement, c'est un débat qui est extrêmement intéressant. C'est un débat... C'est un projet de loi qui
vient pour donner un peu, je dirais, du jus au plan d'action déposé par
la ministre du Transport, avec beaucoup de mesures.
Et, effectivement, nous avons eu l'occasion de
rencontrer beaucoup de groupes. Les groupes étaient là toute la semaine, avec
qui nous avons échangé. Je veux prendre quelques minutes pour remercier l'ensemble
des intervenants. Effectivement, il y avait des groupes qui représentaient la
société civile mais des groupes qui représentaient aussi les parents, les villes étaient là, et il y avait
aussi des groupes qui représentaient d'autres partenaires du ministère qui
travaillaient dans le domaine de la sécurité routière.
Et
laissez-moi vous dire que, oui, le plan est ambitieux, le projet de loi
contient pas mal de mesures, mais, mais, il y avait pas mal de questions soulevées par ces groupes, que je peux
énumérer, dans la définition de la zone scolaire versus le corridor
scolaire.
Il y a
l'enjeu de la conduite avec des facultés affaiblies, notamment le 0,05. Je ne
vais pas, encore une fois, refaire le
débat qu'on vient de faire. Je vous ai dit, j'espère que, demain matin, les
élus de la CAQ vont voter pour la motion que nous avons déposée aujourd'hui pour baisser le seuil d'alcool au volant
à 0,05. Mais ça a été un enjeu qui a été pas mal soulevé par une bonne majorité de groupes. Et il y a aussi la FQM et la
ville de Montréal qui nous ont interpelés sur leurs rôles en tant que gouvernements de proximité,
parce qu'ils voulaient absolument être impliqués en amont. La FQM, ils sont allés, même, à le proposer, d'être impliqués
dans les appels d'offres pour les radars, parce qu'ils voyaient ça d'un bon
oeil, de réduire la vitesse sur certains
axes, et ils voulaient être des collaborateurs du gouvernement, parce qu'on ne
peut pas commencer à faire du mur-à-mur à travers toute la province.
Donc, je vous
ai mentionné que, sur le principe de ce projet de loi, il y a matière à dire
que ça va dans le bon sens, de la sécurité routière, même si nous avons
des réserves, des réserves sur certains aspects, malheureusement, que le projet de loi manque une occasion en or de trancher
l'ajout de ces mesures, mais, somme toute, il y a quand même des bonnes
mesures qu'on va prendre le temps d'analyser très bien.
Et c'est sûr
qu'on va amender ces mesures suite aux recommandations des groupes. La plupart
des groupes étaient plus en mode :
On accueille favorablement le dépôt de ce projet de loi, mais la plupart des
groupes avaient des commentaires, des
commentaires légitimes, parce que le législateur et les gens qui ont travaillé
sur le projet de loi, ils ont malheureusement oublié certaines choses.
Il n'y avait pas beaucoup de clarifications par rapport aux rôles, par rapport
à... par rapport à l'implication des villes.
Par rapport à
la notion du corridor, je le mentionne, c'est un débat intéressant, c'est un
débat intéressant qu'on va avoir en
commission parlementaire, c'est définir la zone scolaire versus le corridor
scolaire, sachant qu'il y en a beaucoup, de personnes, qui nous ont
dit : Écoutez, faisons attention à la notion du corridor scolaire versus
zone scolaire.
Il y a un
autre enjeu. Est-ce qu'on doit baisser la vitesse partout, hein, on parle de
50 kilomètres, est-ce qu'on doit la
baisser à 30 kilomètres par heure? J'ai bien hâte de voir les réponses de
la ministre mais aussi de son équipe, qu'eux, ils ont les statistiques
pertinentes par rapport à la sécurité routière.
Donc, Mme la
Présidente, on va avoir vraiment un réel plaisir d'étudier ce projet de loi.
Vous savez sans aucun doute, le
14 février, le jour de la Saint-Valentin, j'espère, j'espère, je vous le
dis, j'espère que, le 15 février, demain, la CAQ va régler une fois pour toutes le programme... le
problème de 0,05 et que je ne vais pas être obligé de déposer un amendement,
que vous savez tous maintenant, l'amendement
Jessica, qui vise à baisser le taux d'alcoolémie à 0,05. Donc, ça, c'est un
enjeu que je vais continuer en commission
parlementaire. Je vais attendre les conclusions de demain, du vote, pour
pouvoir... pour voir si on doit le ramener ou pas.
Par contre, c'est très important qu'on étudie en
commission parlementaire les mesures pour la sécurité routière.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
M. le député de Nelligan, je suis
malheureusement obligée de vous interrompre, mais nous avons bien noté que vous désirez poursuivre le débat lors de
la reprise. Donc, ce sera fait, ce sera noté au procès-verbal.
Ajournement
Compte tenu de l'heure, les travaux sont
ajournés à demain, jeudi le 15 février 2024, à 9 h 40. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 30)