(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon
mercredi. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Alors, nous
débutons à la rubrique de déclarations de députés, et je suis prête à céder la
parole à M. le député de Joliette.
Rendre hommage à l'écrivaine
Roxanne Bouchard
M. François St-Louis
M. St-Louis : Merci,
Mme la Présidente. J'aimerais aujourd'hui, en cette Chambre, rendre hommage à
une femme d'exception, j'aimerais rendre hommage à une grande
Jolliettaine.
Enseignante
en littérature au cégep de Joliette, Mme Roxanne Bouchard est aussi
essayiste, dramaturge, mais surtout une romancière.
Écrivaine de grand talent, Mme Bouchard a
publié, à ce jour, huit titres, des romans qui se sont vu octroyer de nombreux
prix, tant au Québec qu'au Canada, et même jusqu'en France. En effet, Roxanne
s'est vu remettre, jusqu'à maintenant, un
total de 10 prix. Parmi ceux-ci, cette année seulement, son oeuvre
intitulée Nous étions le sel de la mer s'est vu présenter les prix suivants, soit le prix
Compagnie des pêches au festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo, le Prix des
lecteurs au festival Quais du polar de Lyon, ainsi qu'une mention spéciale
Polar derrière les murs qui lui a été attribuée.
Il est donc
plus qu'important pour moi de souligner aujourd'hui l'extraordinaire
contribution de Mme Bouchard au rayonnement
de notre culture dans toute la francophonie. Ses succès démontrent avec
éloquence toute la force créatrice que nous avons ici, chez nous, au
Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de Marquette.
Souligner le 25e anniversaire
du Groupe d'entraide Lachine
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Bonjour, Mme la Présidente. Résolument engagé pour venir en
aide de manière tangible à leurs concitoyens dans le besoin, le Groupe
d'entraide Lachine et Saint-Pierre célèbre cette année son 25e anniversaire.
Depuis 1998, les femmes et hommes du Groupe
d'entraide font de la cause des citoyens vivant en situation d'itinérance, avec des problèmes de santé mentale
ou des moments de détresse financière son combat. Le Groupe d'entraide oeuvre dans le concret et voit à subvenir aux
besoins de base que sont se nourrir, se loger, s'épanouir, appartenir. Le
centre de jour du Groupe d'entraide
Lachine et Saint-Pierre est un lieu qui nourrit le corps et l'esprit en offrant
des repas et aussi diverses activités pour briser l'isolement et pour
favoriser le développement personnel.
Le Groupe d'entraide gère aussi les Habitations
Normand-Bergeron, qui comptent 24 logements spécialisés et supervisés qui
accueillent des concitoyens dans le besoin ainsi que leurs animaux de
compagnie.
En terminant,
je félicite leur directrice, Caroline Descary, et toute son équipe, et je les
remercie tous de tout coeur de rendre la vie de tant de gens meilleure.
Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Mme la
députée de Saint-François, la parole est à vous.
Rendre hommage à
M. Nicolas Zemmour, danseur et chorégraphe
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : Formé
à Avignon et à Essen, Nicolas Zemmour a dansé pour le Ballet Preljocaj d'Aix-en-Provence
et il a participé à une création du Ballet du Bolchoï, à Moscou. En 2013, il a
commencé à explorer sa propre créativité en chorégraphie, et en 2014 il
a obtenu à Paris son diplôme de professeur de danse.
Après avoir enseigné au Conservatoire du Grand
Avignon, M. Zemmour a immigré à Sherbrooke, où il a fondé ZemmourBallet. En 2023, sa compagnie a réalisé son
quatrième Festival de danse contemporaine de Sherbrooke. Abordant des
sujets sociaux et politiques, ses oeuvres sont engagées.
Parallèlement,
M. Zemmour enseigne au cégep de Sherbrooke et à l'Université Bishop's. Il
est reconnu par ses pairs pour son talent et ses réalisations en tant
que danseur, chorégraphe, gestionnaire et entrepreneur.
Devenu cette année citoyen canadien, il s'ancre
encore plus dans sa terre d'accueil.
Merci, M. Zemmour, de mettre la
danse contemporaine à la portée du public estrien et québécois. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je suis prêt à céder la parole à Mme la
députée de Sherbrooke.
Demander
au gouvernement d'instaurer un programme
d'accès gratuit à la contraception
Mme Christine
Labrie
Mme Labrie : Mme la Présidente, la
semaine dernière, des centaines de femmes ont manifesté dans plusieurs villes
du Québec pour souligner la journée mondiale
pour le droit à l'avortement. Elles dénonçaient, avec raison, les difficultés
d'accès à l'avortement sur le territoire du
Québec. C'est un problème qui est particulièrement important dans les régions
éloignées, mais, même dans une région comme
l'Estrie, les deux seuls endroits où c'est possible d'obtenir un avortement
sont Sherbrooke et Cowansville. Ça force des femmes à se débrouiller pour faire
un déplacement, parfois, de plus de 100 kilomètres, avec un transport
interurbain déficient ou complètement absent.
Les manifestantes
revendiquaient aussi un accès gratuit à la contraception. Il y a des femmes qui
se privent de contraception, au Québec,
parce qu'elles n'ont pas les moyens de payer, et, avec la hausse du coût de la
vie, ça empire le problème. J'aimerais rappeler que ça coûte plus cher
au gouvernement de payer pour la prise en charge des grossesses non désirées que ce que ça coûterait de fournir la
contraception gratuitement, et sans compter la détresse qu'on pourrait éviter
aux femmes.
La
Colombie-Britannique a décidé de rendre la contraception gratuite, c'est en
vigueur depuis avril dernier. J'invite le gouvernement du Québec à
adopter cette mesure pour aider les femmes chez nous. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de
Saint-Jean.
Souligner
la tenue de l'événement Mon Vieux-Saint-Jean la nuit
M. Louis
Lemieux
M. Lemieux : Mme la Présidente, on s'est
beaucoup plaint cet été, et pour cause, de la météo, mais, on va se le dire,
l'automne est vraiment au rendez-vous, tout en beauté et en douceur.
Ça
me rappelle ma première vraie sortie comme député de Saint-Jean, quelques jours
après l'élection d'il y a tout juste cinq ans. Il y avait une nouvelle activité
d'automne, à Saint-Jean-sur-Richelieu, une journée pour s'approprier, en
famille, le Vieux-Saint-Jean avant que le
froid pogne, comme on dit, et pour pouvoir tous fêter ensemble dehors avant
l'hiver, jusqu'à tard dans la nuit, de là le nom de l'événement, Mon
Vieux-Saint-Jean la nuit.
Cette année, c'est le
samedi 14 octobre, et ça promet, parce qu'on installe des fontaines
géantes dans la rivière, aux abords du pont
Gouin, qui sera fermé pour l'occasion, pour une extravaganza son et lumières
intelligentes, s'il vous plaît, et
tout le bazar. Une idée géniale, dans la continuité de la logique de la ville
de vouloir remettre, comme il se doit, l'accent sur notre magnifique
Richelieu. J'aime ça et j'aime Mon Vieux-Saint-Jean. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député de Saint-Jean. Maintenant, je cède la parole à Mme la
députée de La Pinière.
Souligner
le 25e anniversaire de La Maison
de la famille de Brossard
Mme Linda
Caron
Mme Caron : Être une famille pour les
familles de Brossard, voilà ce qui animait La Maison de la famille de Brossard
à sa création. 25 ans plus tard, sa
mission demeure pertinente : offrir temps et énergie aux familles de
Brossard pour qu'elles deviennent ce qu'elles souhaitent être.
Concrètement,
une offre de services qui comprend une halte-garderie éducative, des activités
parents-enfants, du soutien aux parents par des soirées-conférences, des
groupes d'échange, des activités pour la réussite éducative et un camp
de jour pédagogique. La Maison de la famille de Brossard répond aux besoins des
familles d'une diversité de cultures et
favorise ainsi leur intégration et appartenance au Québec. La grande croissance
des deux dernières années témoigne de son dynamisme.
Bon
25e anniversaire, et longue vie à La Maison de la famille de Brossard!
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, la parole est à vous.
Féliciter
les organismes Développement Côte-de-Beaupré et
Alliance Affaires Côte-de-Beaupré pour leur initiative
visant à encourager l'achat local
Mme Kariane Bourassa
Mme Bourassa : Merci,
Mme la Présidente. Vous savez, en banlieue ou en région, on a parfois, à tort,
le réflexe d'aller dans les grands centres pour faire nos achats. Alliance
Affaires et Développement Côte-de-Beaupré, deux organismes qui viennent
en aide et qui font connaître nos entrepreneurs, ont eu la brillante idée de
créer Madame Beaupré.
Madame
Beaupré, c'est un personnage coloré, et sa mission, bien, c'est de faire
connaître les commerces sur la côte.
Que vous cherchiez des lunettes, une paire de skis, une boutique de décoration,
Madame Beaupré vous le confirme, on a ça ici.
L'achat
local, ce n'est pas seulement une action économique, c'est aussi un acte de
solidarité. En choisissant les services locaux, on contribue à renforcer
nos communautés, à créer des emplois, à préserver notre environnement en
diminuant notre empreinte carbone. Alors, faites comme Madame Beaupré. Et, si
vous cherchez quelque chose sur la Côte-de-Beaupré, la réponse, c'est : On
a ça ici.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à M. le député de Beauce-Sud.
Souligner le 40e anniversaire
du Club Inner Wheel de Saint-Georges
M. Samuel Poulin
M. Poulin : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. C'est réellement un bonheur pour moi, aujourd'hui,
de souligner le 40e anniversaire du Club Inner Wheel. Et j'ai ses dignes
représentantes qui sont avec nous aujourd'hui : Mme Doyon,
Mme Quirion, Mme Veilleux et Mme Valentine.
Il faut savoir que le club a été fondé en 1983,
sous la présidence de Cyprienne Morissette, et qu'on aide 150 enfants par
année pour l'aide vestimentaire, les chaussures et la distribution de repas
chauds. C'est un partenariat, Mme la
Présidente, qui est précieux, en Beauce, avec, évidemment, la population mais
nos directions d'école. En 40 ans, on évalue à plus de
800 000 $ qui a été donné en aide à la communauté.
Je veux
saluer l'implication de ces dames de coeur, qui y mettent énergie et passion
depuis de nombreuses années, qui
croient à l'égalité des chances et à la réussite scolaire de nos jeunes. Au nom
de nos familles, mais surtout, surtout au nom de nos enfants, je vous
dis merci. Merci, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, M. le député.
Maintenant, je cède la parole à Mme la députée des Plaines.
Féliciter la ville de
Sainte-Anne-des-Plaines pour sa désignation
à titre de Municipalité amie des aînés
Mme Lucie Lecours
Mme Lecours
(Les Plaines) : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je tiens à
souligner la reconnaissance de la
ville de Sainte-Anne-des-Plaines à titre de Municipalité amie des aînés. Cette
distinction vise à reconnaître son engagement envers les personnes
aînées afin qu'elles puissent s'épanouir et demeurer actives dans leur milieu.
Dans le but
que les gens vieillissent tout en demeurant actifs, la ville de
Sainte-Anne-des-Plaines a élaboré un plan d'action solide et
rassembleur. Le mot d'ordre : accroître la qualité de vie de la population
vieillissante.
En obtenant
cette certification MADA, Sainte-Anne-des-Plaines s'ajoute aux nombreuses
municipalités qui font du Québec un leader mondial dans cette démarche,
reconnue, rappelons-le, par l'Organisation mondiale de la santé. Cette reconnaissance
met en relief, une fois de plus, la volonté des élus et de la mairesse, Julie
Boivin, de poursuivre leur participation au
bien-être des personnes aînées dans leur communauté ainsi que de l'ensemble des
citoyennes et des citoyens. Simplement, bravo!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée.
Maintenant, je suis prête à céder la parole à Mme la députée de
Laval-des-Rapides.
Rendre hommage à
Mme Julie Proulx, récipiendaire
de la Médaille de l'Assemblée nationale
Mme Céline Haytayan
Mme Haytayan : Merci,
Mme la Présidente. Je veux souligner aujourd'hui la contribution d'une bénévole
exceptionnelle pour le comté de Laval-des-Rapides.Mme Julie
Proulx a organisé et mené pendant 41 ans les ventes de garage de la Société Saint-Vincent-de-Paul, conférence François-De Laval.
Son implication et son dévouement ont rendu possible la réalisation de ces
activités très appréciées du quartier et de toute la communauté.
Mme Proulx
tenait, ce samedi, sa toute dernière vente de garage. À cette occasion, je suis
allée lui remettre la Médaille de la députée
de l'Assemblée nationale du Québec pour reconnaître son engagement et son
dévouement incroyable, alors qu'elle était entourée de ses proches, de ses
amis, de sa famille, qui font tous partie de son équipe de bénévoles.
Je
tiens donc à remercier encore une fois Mme Proulx pour tout ce qu'elle a
fait pour le comté de Laval-des-Rapides. Et je lui souhaite une bonne et
belle retraite, bien méritée. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Nous poursuivons avec Mme la députée de Roberval.
Rendre
hommage à Mme Julie Leclerc pour son
engagement social et communautaire
Mme Nancy
Guillemette
Mme Guillemette : Merci, Mme la Présidente.
Aujourd'hui, je voudrais rendre hommage à une grande dame de chez nous,
Mme Julie Leclerc.
Julie,
c'était une fonceuse, une avant-gardiste, une femme de coeur et de conviction
et, surtout, une femme engagée. Elle
en aura fait beaucoup pour faire avancer la cause des femmes dans toutes les
instances politiques : conseillère municipale, Filles d'Isabelle, table de concertation des
femmes, mouvement d'action populaire du Saguenay—Lac-Saint-Jean, Association des femmes de carrière. Elle s'implique aussi en éducation, premier
parent-commissaire à la commission scolaire, commission des comités de parents du Québec, fondation de la
polyvalente, en plus de plusieurs autres implications. Julie n'arrêtait jamais.
C'était
aussi une grande voyageuse, que ce soit pour aller rendre visite à ses enfants
ou ses petits-enfants à l'extérieur ou pour soutenir des équipes de la
Croix-Rouge.
Le
27 septembre dernier, Julie nous a quittés. Nos discussions me manqueront,
ma belle amie. Pour toi qui aimais tant voyager, bon voyage!
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Alors, nous allons conclure
cette rubrique avec M. le député de Borduas.
Souligner
le 40e anniversaire de La Fête du vieux marché de Saint-Denis
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, Mme la Présidente.
Je souhaite souligner, aujourd'hui, le 40e anniversaire de La Fête
du vieux marché de Saint-Denis-sur-Richelieu, que vous connaissez bien, Mme la
Présidente.
La
Fête du vieux marché de Saint-Denis, c'est d'abord une rencontre annuelle qui
se veut une reconstitution d'un marché
public traditionnel des années 1830. Vêtus de costumes d'époque, artistes,
artisans, maraîchers, de nombreux groupes de musique traditionnelle font
danser et chanter les visiteurs qui sont au coeur des festivités.
Si
La Fête du vieux marché de Saint-Denis est un incontournable avec les années,
c'est que le comité organisateur, composé
de Chantal Goulet, Luc Vigeant, Nicolas Bousquet, Pierre Hébert, Richard
Lafleur et de leur présidente, Mme Lyne
Ross, mène ce projet d'une main de maître. C'est aussi parce qu'ils peuvent
compter, année après année, sur de
généreux bénévoles et sur l'accueil chaleureux des résidants de
Saint-Denis-sur-Richelieu, dont la vie, durant cette période, bat au
rythme de la fête.
Mme
la Présidente, si La Fête du vieux marché de Saint-Denis a soufflé ses
40 bougies, c'est aussi parce que le comité organisateur a su attirer chaque année de talentueux artistes,
artisans, maraîchers et groupes de musique qui rendent hommage, à leur
façon, aux traditions de l'époque.
Grâce
à vous, notre région est au plus forte de son histoire et notre communauté
meilleure. Merci pour ce 40e! Et merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Cela met fin à la rubrique de
déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 54)
(Reprise à 10 h 04)
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Bon mercredi matin, chers collègues. Nous allons nous recueillir quelques
instants.
Je vous remercie. Je
vous invite à vous asseoir.
Présence
du consul général de France à Québec, M. Éric Lamouroux
J'ai
le plaisir de souligner la présence, dans les tribunes, du consul général de
France à Québec, M. Éric Lamouroux, à l'occasion de sa visite de
prise de poste. Bienvenue.
Alors,
nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : M.
le Président, je vous demande d'appeler l'article b du feuilleton.
Projet
de loi n° 593
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : À l'article b du feuilleton, Mme la députée de
Mille-Îles présente le projet de loi
n° 593, Loi modifiant le Code
civil afin d'interdire les évictions faites en vue de convertir un logement en
hébergement touristique de courte durée. Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Virginie
Dufour
Mme Dufour : Merci,
M. le Président. Alors, je suis heureuse de déposer mon premier projet de loi
en cette Chambre. Et ce projet de loi, donc,
modifie les conditions d'éviction prévues au Code civil afin de limiter la conversion
de logements en hébergements touristiques de courte durée et d'assurer
une plus grande protection des locataires.
Pour
ce faire, le projet de loi interdit les évictions de locataires faites en vue
de changer l'affectation d'un logement en hébergement touristique de
courte durée. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Est-ce
que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? M. le leader
de l'opposition officielle.
M. Derraji : Je vous demande un vote électronique, s'il vous
plaît, après avoir accepté la saisie du projet de loi.
Mise
aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
nous allons donc, mesdames et messieurs, procéder au vote électronique,
tel que demandé. Alors, les députés peuvent utiliser leurs boîtiers, et je vous
invite à procéder au vote dès maintenant.
Alors, la période de
vote est terminée. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 112
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : La motion est adoptée.
Dépôt
de documents
Alors,
nous sommes maintenant à la rubrique Dépôt de documents. M. le ministre de
l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
M. Fitzgibbon :
Merci, madame... M. le Président.
Permettez-moi de déposer le rapport d'activité de l'Autorité des marchés
financiers en vertu de la Loi sur les mesures de transparence dans les
industries minière, pétrolière et gazière, ainsi que les rapports annuels de
gestion 2022-2023 de la Commission de l'éthique en science et en
technologie et de la Société du parc industriel et portuaire de
Bécancour. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Ces
documents sont déposés. M. le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre
les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.
M. Charette :
Merci, M. le Président.
Permettez-moi de déposer le rapport annuel 2022-2023 de la Fondation de la
faune du Québec et le rapport annuel de gestion 2022-2023 de RECYC-QUÉBEC.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Ces documents sont déposés. M. le ministre de la
Sécurité publique.
M. Bonnardel : M. le Président, permettez-moi de déposer les
rapports annuels de gestion 2022-2023 du Commissaire à la lutte
contre la corruption et du Comité de déontologie policière. Merci.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Ces documents sont déposés. Mme la ministre du
Tourisme.
Mme
Proulx : M. le Président, permettez-moi de déposer le
rapport annuel 2022-2023 du Palais des congrès de Montréal et le
rapport annuel de gestion 2022-2023 de la Société du Centre des congrès de
Québec.
Le Vice-Président (M.
Lévesque) : Ces documents sont déposés. M. le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Bonjour, M. le Président. Je dépose les réponses
du gouvernement aux pétitions déposées en Chambre le 23 mai 2023 par le
député de Pontiac, le 24 mai par la députée de Sherbrooke et le
8 juin 2023 par la députée de Vaudreuil. Merci.
• (10 h 10) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Ces
documents sont déposés.
Pour ma part, je dépose un rapport du Protecteur
du citoyen intitulé Premier rapport de suivi de la commission Viens — Appréciation
de la mise en oeuvre des 142 appels à l'action de la Commission d'enquête
sur les relations entre les autochtones et certains services publics au
Québec : écoute, réconciliation et progrès.
Dépôt de rapports de
commissions
À la rubrique
Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission des
institutions et député de Richmond.
Consultations particulières
sur le projet de loi n° 34
M.
Bachand : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la
Commission des institutions qui, le 3 octobre 2023, a tenu des auditions publiques dans le cadre de
consultations particulières sur le projet de loi n° 34, Loi visant à moderniser la profession
notariale et à favoriser l'accès à la justice. Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Ce rapport est déposé. Mme la présidente de la
Commission des relations avec les citoyens et députée de Les Plaines.
Consultation générale sur le
cahier de consultation intitulé La planification
de l'immigration au Québec pour la période 2024-2027
Mme
Lecours (Les Plaines) : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la
Commission des relations avec les
citoyens qui, les 12, 13, 14, 19, 20, 21, 26, 27 et 28 septembre 2023, a
tenu des auditions publiques dans le cadre de la consultation générale sur le cahier de consultation intitulé La
planification de l'immigration au Québec pour la période 2024-2027.
La commission s'est également réunie en séance de travail le 3 octobre
2023 relativement à ce mandat. Ce rapport contient trois
recommandations.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Ce
rapport est déposé.
Il n'y a pas de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en
sommes maintenant à la période de questions et réponses orales, et je cède
maintenant la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Gouvernance des grands
projets
M. Marc Tanguay
M.
Tanguay : Merci beaucoup, M. le Président. Nous sommes dans
la sixième année de ce gouvernement caquiste qui est brouillon et
incapable de livrer les services à la population.
Hier, j'ai
questionné le premier ministre sur le projet Northvolt. J'ai aujourd'hui encore
plus de questions que de réponses. Il
n'y a pas de planification, notamment quant à l'impact direct sur les services
à la population. C'est un premier ministre, M. le Président, qui est
incapable de planifier ses projets.
L'autre
exemple, hier, le troisième lien, imaginez-vous donc, troisième lien, autre
exemple de démonstration d'un gouvernement
brouillon, qui l'a promis, qui l'a dépromis, puis là qui le repromet encore, M.
le Président. On pensait que c'était réglé, en avril dernier, au vu de la
science, mais, non, ils font volte-face. Ils ont fait deux élections générales
là-dessus.
Puis
rappelez-vous, en 2018, ce que disait le collègue de La Peltrie, ministre de la
Cybersécurité et du Numérique, qui disait : «...il n'y aura aucune
excuse[...], je mets mon siège en jeu.» Ça, c'est en 2018. Puis, en
juin 2022, il disait : «...je suis prêt à me battre jusqu'à ma
dernière goutte de sang», pour le troisième lien autoroutier, imaginez-vous
donc, M. le Président.
Le
18 avril dernier, une promesse défendue pendant six ans a été reniée en
13 jours. Hier, revirement, ils sont prêts, le premier ministre est
prêt à rouvrir cette boîte.
Ce matin, le
ministre de l'Éducation a dit : Il ne faut pas faire de promesse en l'air.
Le ministre de l'Éducation a dit ça : Il ne faut pas faire de
promesse en l'air.
Il y a un mot
pour décrire ça, mais, comme je ne peux pas dire «girouette», je peux-tu dire
«pirouette», M. le Président?
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente... M. le
Président. Excusez-moi. Excusez-moi, M. le Président. C'est l'habitude, M. le Président, mes excuses. Le chef
de l'opposition officielle est un parlementaire expérimenté, il ne peut pas
faire indirectement ce qu'il ne peut pas faire directement.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Parfait.Je suis debout. Merci beaucoup, M. le leader, je pense qu'on comprend.
On va être prudents avec les propos. M. le leader de l'opposition officielle,
rapidement.
M. Derraji : «Pirouette»,
ce n'est pas dans le lexique, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Soyons
prudents, s'il vous plaît, soyons prudents. En réponse, je cède la parole
à M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui.
M. le Président, je pense que, pendant que le gouvernement libéral a été au
pouvoir, pendant 15 ans — 15 ans,
oui, 15 ans — il
aurait rêvé d'annoncer les projets qu'on a annoncés dans les derniers mois.
C'est quand même extraordinaire, M.
le Président, de dire qu'à l'avenir les batteries des véhicules électriques de
GM, de Ford, de Volvo, d'Audi vont être fabriquées au Québec. Quand même, là,
je regarde le leader de l'opposition officielle, là, je sais qu'il
s'intéresse un peu à l'économie, lui aussi, ça doit l'exciter, et il doit être
très content de voir ça.
Maintenant,
M. le Président, concernant le troisième lien, depuis cinq ans, je n'ai pas
hésité, quand on voyait que la
population souhaitait qu'on ajuste nos décisions, de consulter la population, et
je vais continuer de le faire, M. le Président. Donc, tout ce que j'ai dit hier, c'est qu'on va consulter les citoyens
de la grande région de Québec et qu'on ne va pas exclure la possibilité d'avoir un troisième lien, peu
importe la forme que ça prendrait. Mais on va vraiment consulter, on ne va pas
décider des conclusions de la consultation
avant d'avoir fait la consultation. Donc, qu'est-ce que le chef de l'opposition
officielle a contre ça, consulter les citoyens?
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Première complémentaire, M. le chef de l'opposition
officielle.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Wow! M. le Président, on pensait en avril dernier,
quand il a pris sa décision de scraper la promesse du troisième lien autoroutier, qu'il avait consulté,
consulté la science. Là, il fait volte-face puis il est prêt à rouvrir ça,
nonobstant les preuves qu'il nous a
dit qu'il avait eues, que la science ne le justifiait pas. Écoutez, il a donné
le tournis à bien du monde, hier,
entre autres le ministre de l'Économie, qui a dit, hier : «Je ne l'ai pas
entendue, celle-là.» Et il a ajouté : «On va laisser le premier
ministre gérer son caucus.»
Alors,
question au premier ministre : Peut-il gérer dans l'intérêt des Québécois
plutôt que de gérer dans l'intérêt...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. M. le Président, je pense, c'est important
non seulement d'écouter son caucus, ce que je vais continuer de faire, puis on a un bon caucus dans
la grande région de Québec, puis j'inclus Chaudière-Appalaches
là-dedans, mais on va consulter aussi
les citoyens de la grande région de Québec. Je pense, de toute évidence, c'est
nécessaire de le faire. Et, oui, de notre côté, on n'est pas
dogmatiques, on est ouverts à consulter.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En deuxième complémentaire, M. le leader... le chef.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : M. le Président, c'est clair, on va être d'accord
avec le premier ministre, qu'il n'est pas dogmatique, parce qu'être dogmatique, c'est d'avoir une
vision, d'avoir une idée claire. Mais là, dans le troisième lien, il n'y a pas
de vision, il n'y a pas d'idée
claire, ça change à tous les jours, M. le Président, puis il donne le tournis à
tout le monde, ce qui fait dire que probablement que ça ressemble à,
beaucoup, une pirouette.
Northvolt,
c'est une bonne nouvelle, mais si c'est ficelé, si c'est planifié. Il va les
prendre où, les 3 000 travailleurs? L'électricité, il l'a
vendue à quel prix? Et, les services à la population, dans trois ans, comment
il va faire ça?
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En réponse, M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Bon, je vois que
le chef de l'opposition officielle revient sur Northvolt. M. le Président, les Québécois, les travailleurs québécois qui
entendent qu'il va y avoir 3 000 emplois payants en Montérégie, je
pense qu'ils sont
contents d'entendre ça. Et mes collègues du gouvernement vont s'assurer que les
formations nécessaires seront données, seront accessibles pour les
travailleurs québécois.
Mais je sais
que le Parti libéral aime mieux que les travailleurs québécois restent
avec des salaires de 15 $, 16 $ de
l'heure. C'est l'approche libérale.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
troisième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M.
Tanguay : «Les gens [...] nous appellent pour dire qu'ils
n'ont pas de places en garderie, qu'ils n'ont pas de médecin de famille, que leur école fait dur, puis
qu'il y a du trafic sur la route, puis que l'épicerie coûte cher. C'est ça
qu'ils nous disent. Je suis dans le gouvernement puis je vous dis que
c'est ça qu'ils nous disent.» Quelle belle lucidité de la vice-première
ministre!
Ma question : Pour que Northvolt, ça
demeure une bonne nouvelle, les services, il va falloir qu'il les livre, dans trois ans. Comment on peut le croire, qu'il
va les livrer dans trois ans, quand il a été incapable, aux dires mêmes de
la vice-première ministre, de les livrer dans cinq ans?
Le Vice-Président (M. Lévesque) : M.
le premier ministre, en réponse.
M. François Legault
M.
Legault : Oui, M. le Président, ce serait tentant de parler
du bilan des 15 années libérales, 15 années libérales en santé, en
garderie. Tous les services, Mme la Présidente, on a été obligés de faire un
rattrapage important suite à ces 15 années libérales.
Maintenant,
Mme la Présidente, je pense... M. le Président. On va s'habituer, on va
s'habituer. Puis plus je vous regarde,
puis plus je me dis qu'on va s'habituer vite. Et, M. le Président, M. le
Président, les Québécois, là, souhaitent avoir des salaires plus élevés,
puis je ne comprends pas...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
terminant.
M. Legault : ...pourquoi les
libéraux sont contre ça.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
question principale, M. le député de Pontiac.
Listes d'attente en
chirurgie
M. André Fortin
M.
Fortin : Et je vous promets, M. le Président, de ne pas
parler des 25 ans du premier ministre, juste des cinq dernières
années.
La semaine
dernière, le ministre de la Santé nous a dit... en fait, le ministre de la
Santé n'a pas aimé qu'on parle de son plan de rattrapage en chirurgie,
et qui ne fonctionnait absolument pas. Il nous a dit : Envoyez vos
questions au Dr Oliva puis aux
chirurgiens pour voir ce qu'ils en ont à dire. Bien, on n'a pas eu besoin
d'envoyer la vidéo, on n'a pas eu besoin
de l'appeler, le Dr Oliva a mis ses réflexions directement dans les pages du
journal en fin de semaine. Et, surprise, M. le Président, ce n'est pas sur nos questions qu'il y avait un enjeu,
c'est sur les réponses du ministre. Il s'est dit inquiet de la détérioration de l'accès aux soins, il
constate que le ministre est incapable de stopper l'exode du personnel
soignant, et, comme nous, il convient
que le rattrapage ne marche pas, que ça frappe un mur parce que les chirurgiens
se heurtent à la promesse du ministre d'offrir plus de salles d'opération.
En court, là, il dit : Ça ne marche pas parce que le ministre ne respecte
pas son bout de l'entente.
Alors, M. le Président, je donne l'occasion au
ministre. Qu'est-ce qu'il a à dire au Dr Oliva, lui, aujourd'hui?
• (10 h 20) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
réponse, M. le ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, écoutez, M. le
Président, je suis très content d'avoir cette question-là parce que je vais
rétablir certains faits.
Premièrement,
je rencontre le Dr Oliva demain, et on va régler ça ensemble, lui et moi,
face à face. Premièrement.
Deuxièmement, je pense qu'il est important de
rappeler que tout le monde, tout le monde, M. le Président, doit contribuer au plan de relance. Les médecins font
un effort incroyable, je l'ai souligné. Je donne des exemples. Je donne des exemples, M. le Président. On a réussi à baisser
les chirurgies qui sont en attente de plus qu'un an, de passer de
22 000 chirurgies en
attente à 14 000. Ça, c'est sur six mois. C'est tout un effort. Ça, c'est
les chirurgiens qui l'ont fait, là, dans le plan de rattrapage, tel que
prévu. On a réussi à faire passer les chirurgies qui sont en retard d'un an et
moins de 62 % à 70 %. Qu'est-ce que ça veut dire, ça? Même si le
nombre est sensiblement le même, ça veut dire que, les gens, on les rejoint le plus rapidement
possible dans leurs opérations de chirurgie. C'est un autre gros point.
Troisièmement, on a réussi, depuis six mois, parce qu'on était...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
terminant.
M. Dubé : Je reviendrai, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Première
complémentaire, M. le député de Pontiac.
M. André Fortin
M. Fortin : Le ministre,
c'est le seul à penser que son plan marche. Ce week-end, là, c'était
spécialiste après spécialiste, sur les
réseaux sociaux, qui disaient... pour dire : Ça ne fonctionne pas. En
voici une, citation : «Une chirurgie annulée, c'est une promesse brisée.»
«Le problème, c'est la disponibilité des salles, pas des spécialistes.» Et la
troisième : «On est fatigués de travailler dans un réseau qui ne respecte
plus sa parole.»
Si le plan de rattrapage ne fonctionne pas,
c'est de sa faute à lui. Quand va-t-il arriver avec des solutions?
Le Vice-Président (M. Lévesque) : M.
le ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Je vais juste
terminer, parce que je pense que c'est important de donner des statistiques,
des chiffres qui permettent de voir qu'on
avance. Je vous donne un exemple. Mon troisième point, que je n'ai pas complété,
tout à l'heure, quand on regarde les
six premiers mois de l'année, comparé à la même période l'an passé, on a
presque 10 000 chirurgies de
plus qui se sont faites, c'est-à-dire qu'il se passe quelque chose. De là de
dire... Et, moi, de dire... et c'est ce que je vais expliquer demain au
Dr Oliva, je ne pense pas qu'il n'y ait personne qui est en train de
lancer la serviette, au contraire. On
le voit, moi, je vais avoir la chance d'être aux conférences des ministres de
la Santé la semaine prochaine, j'en parle toutes les semaines, tout le monde vit le même problème. Tout le monde
vit le problème à l'échelle canadienne, à l'échelle du monde.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
terminant.
M. Dubé : Maintenant, on s'est
dit, avec le Dr Oliva, qu'on allait trouver des solutions. On avance, puis
on va continuer d'avancer.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
deuxième complémentaire, M. le député de Pontiac.
M. André Fortin
M. Fortin : Ce n'est pas vrai, ce que le ministre vient d'avancer, ce
n'est pas vrai, M. le Président...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Il faut prendre la parole
du député puis et ministre tel que dit. On ne peut pas prononcer ces mots, M. le député, de mettre en
doute sa réponse. Alors, je vous demanderais, s'il vous plaît, de faire
attention à vos mots.
M. Fortin : C'est inexact, pour utiliser les mots du ministre de
l'Économie, ce que le ministre de la Santé vient d'avancer. Partout ailleurs au monde, là, il n'y a pas
5 000 Québécois, il n'y a pas 5 000 citoyens qui se sont
ajoutés sur la liste d'attente le
mois dernier. Partout ailleurs au monde, il n'y a pas une liste d'attente en
chirurgie de cancer qui a augmenté de
15 % le mois dernier. Partout ailleurs au monde, il n'y a pas une liste
d'attente en chirurgie cardiaque, chirurgie cardiaque, qui a augmenté de
7 % dans le mois dernier, M. le Président.
Qu'est-ce qu'il attend pour agir?
Le Vice-Président (M. Lévesque) : M.
le ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Encore une fois, ce
n'est pas en montant le ton qu'on va régler les problèmes. Moi, ce que j'ai
dit...
Des voix : ...
M. Dubé : Ce que j'ai dit, M.
le Président, et je vais continuer de le redire avec beaucoup de calme, on a
besoin d'avoir des infirmières qui viennent
dans nos salles. On a la présidente du Conseil du trésor qui fait un travail
remarquable pour avoir des nouvelles conventions
collectives, pour être capable d'avoir une meilleure organisation du travail.
Les endroits où on a été capable de faire une réorganisation du travail, on a
été capable d'augmenter le taux d'utilisation de nos salles d'urgence. On a un plan très clair. Je vais
en rediscuter avec M. Oliva demain pour voir qui fait sa part et qui ne
fait pas sa part...
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
En terminant.
M. Dubé : ...dans l'ensemble
des partenaires du réseau. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : En question principale,
je cède la parole à Mme la députée de Saint-Laurent.
Pénurie de personnel
enseignant en adaptation scolaire
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, M. le Président. Le premier ministre n'arrête pas de dire que, depuis
25 ans, sa grande priorité, c'est
l'éducation. Or, depuis qu'il est premier ministre, on l'a vu, ça s'est dégradé,
en éducation. Le nombre d'enseignants qui manquent à l'appel a explosé.
Le pourcentage d'écoles vétustes a aussi augmenté sous son règne.
Mais permettez-moi d'attirer votre attention sur
les bris de service pour les enfants les plus vulnérables. Eux méritent toute
notre attention. Il y a un cri du coeur des parents. Rien n'est pire pour eux
que de recevoir l'appel, deux, trois fois
par semaine : Viens chercher ton enfant à l'école. Des mamans et des
papas, des fois, doivent même arrêter de travailler. Pourquoi? Parce
qu'en ce moment, on l'a vu dans un dossier très fouillé de Caroline Touzin,
dans La Presse, cet été, qui a été
publié, que, malheureusement, sur environ 4 000 classes spécialisées,
près de 1 000 d'entre eux n'ont pas ce qu'on appelle le brevet en
adaptation scolaire.
Le ministre
de l'Éducation, aujourd'hui, peut-il rassurer les parents et dire qu'il va
ajouter un plancher de service pour ces enfants-là?
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
réponse, M. le ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Bien,
Mme la Présidente... M. le Président — plus on vous regarde plus on s'habitue, effectivement — M. le Président, d'abord, sur l'éducation, il faut
toujours rappeler les faits, toujours revenir aux faits. Depuis cinq ans,
augmentation du budget de l'éducation de 1 milliard par année en moyenne.
L'essentiel de ces sous-là, M. le
Président, ce sont des salaires. Puis, effectivement, on a, par exemple,
augmenté très... d'une manière très importante les techniciennes en éducation spécialisée, qui travaillent notamment
auprès des élèves à besoins particuliers, on a augmenté également le
nombre de professionnels en éducation, on a augmenté également le nombre
d'enseignants.
Alors, M. le
Président, c'est sûr qu'il faut continuer à faire des efforts. Il faut
continuer à investir en éducation. Puis notre intention, c'est de
continuer à le faire.
Pour ce qui
est des écoles, Mme la Présidente... M. le Président, je suis un petit peu
perplexe d'entendre la députée de Saint-Laurent, parce que, sous le
règne des libéraux, le budget, pour les nouvelles écoles, les agrandissements,
les rénovations, était de 9 milliards. Nous, on l'a monté à
22 milliards, M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
terminant.
M. Drainville : ...22 milliards,
c'est un budget considérable. Puis on va continuer à investir en éducation.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
première complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Vous êtes très bon pour
annoncer des affaires mais les annuler par la porte de derrière.
Maintenant,
Daniel Ducharme, de la commission des droits de la personne et de la
jeunesse : «On a vu des centres de
services scolaires envoyer des jeunes vers la scolarisation à la maison...» Le
nombre d'enfants qui a été scolarisé à la maison, en bris de service,
là, a pratiquement doublé dans les dernières années.
Là, en ce
moment, là, on vous le demande. Il y a des solutions qui existent. Viviane veut
savoir : «Est-ce normal que notre système d'éducation soit
mésadapté au point qu'on est obligés de garder nos enfants à la maison?»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
réponse, M. le ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : Mme la... M. le Président, l'effectif scolaire ne
cesse d'augmenter, au Québec. Alors, il y a sans doute des élèves qui sont éduqués à la maison, c'est permis, la loi le
permet, la loi l'encadre. Maintenant, M. le Président, on ne cesse de prendre
plus d'élèves dans nos écoles, on ne cesse de construire, de rénover,
d'agrandir davantage d'écoles, on ne
cesse d'embaucher des personnes qui s'occupent de ces enfants-là. Évidemment,
il y a encore des postes qui restent non
comblés. On fait face à une pénurie, M. le Président. Alors, c'est sûr qu'il
faut continuer à susciter des nouveaux... des nouvelles inscriptions dans les
facultés d'éducation.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En terminant.
M. Drainville :
Il faut amener de plus en plus de
nos jeunes à s'inscrire en éducation. Et il y a d'autres mesures, dont
je parlerai dans ma dernière réponse.
• (10 h 30) •
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Deuxième complémentaire, Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme
Marwah Rizqy
Mme Rizqy : C'est comme si la direction disait : On ne
peut pas faire grand-chose avec ces enfants-là, donc on investit le
moins possible.
«J'observe [...] ma
fille une régression scolaire incroyable. Si le prof n'a pas les outils, ça
fait des enfants qui stagnent, qui régressent même.»
«À quel avenir ma
fille de sept ans est-elle destinée si personne ne veut lui enseigner?» On
parle ici des classes adaptées. Ça prend un brevet en adaptation.
Une
des solutions, c'est de reconnaître que ceux qui ont déjà ce brevet, lorsqu'ils
prennent sous leur charge une personne qui n'est pas encore qualifiée...
de les rémunérer. Allez-vous le faire?
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : M. le ministre de l'Éducation.
M. Bernard
Drainville
M. Drainville :
M. le Président, on est très
conscients de la réalité des élèves à besoins particuliers. La preuve, c'est
qu'on a augmenté à chaque année le budget. On est maintenant à
3,4 milliards, sur un budget d'à peu près 20 milliards, qui
est investi justement pour répondre aux besoins des élèves à besoins
particuliers.
Et on a... oui, M. le
Président, on a créé 700 classes spéciales, depuis cinq ans, des classes
qui visent justement à prendre soin de nos
élèves à besoins particuliers, donc à les placer dans des groupes plus petits,
avec des enseignants, des enseignantes
qui s'occupent d'eux, souvent assistés par une TES. Et le nombre de TES qui ont
été... le nombre de TES, depuis cinq ans, a été augmenté de près de
3 000, au Québec...
Le Vice-Président (M.
Lévesque) : En terminant.
M.
Drainville : ...près de 3 000 TES de plus au Québec depuis
qu'on est là, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
question principale, je cède de la parole de Mme la députée de La Pinière.
Accès à l'hébergement pour les personnes âgées
Mme Linda
Caron
Mme Caron : «C'est
long à mort.» Ces mots décrivent l'attente pour une place en CHSLD au Québec.
Le
délai moyen d'attente était de 309 jours au 31 mars dernier. Lundi,
on apprend qu'un homme de 68 ans qui souffre de la maladie d'Alzheimer a
attendu près de deux ans pour une place. Une dame de 79 ans, qui
souffre, elle aussi, de la maladie
d'Alzheimer — je
devrais dire «qui souffrait» — est décédée après avoir chuté dans l'escalier de
sa RPA, qui n'était pas équipée pour son état.
Ces
personnes qui meurent dans les RPA, qui ne sont pas adaptées à leur état, ce ne
sont pas des cas isolés, il y en a 25 autres depuis 2021-2022,
selon les rapports du coroner.
Ce
n'est pas la première fois que je me lève en cette Chambre pour demander des
actions concrètes pour réduire la liste d'attente. Il ne faut pas
attendre un autre rapport du coroner, il faut agir.
La ministre
agira-t-elle rapidement?
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Mme la ministre responsable des Aînés.
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger :
M. le Président, alors, oui,
effectivement, ça fait plusieurs fois que j'ai cette question-là. Puis je pense
qu'on est tous conscients que le vieillissement de la population fait en sorte
qu'actuellement on vit une pression importante, dans notre société. Et
nous avons pris des décisions pour augmenter les places d'hébergement au
Québec. M. le
Président, 46 maisons des aînés, 3 500 places, sept maisons des
aînés qui sont inaugurées, au moment où on se parle, une dizaine
d'autres cet automne. Ce sont des places concrètes, concrètes,
3 500 places.
Maintenant, maintenant, attention de ne pas
faire des amalgames comme le Parti libéral fait en pensant...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : M.
le Président, ce n'est pas la première fois que ma collègue se lève pour une
question très sérieuse. J'invite Mme la
ministre à rester sur les faits, parce que c'est une très bonne question. Donc,
je l'invite à respecter la parole de ma collègue.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Rapidement, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Bien, M. le Président, la
collègue, la ministre responsable des Aînés, est sur les faits, et il est
justifié de dire que le Parti libéral fait des amalgames...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Parfait, parfait. S'il vous plaît, je vais vous
demander votre collaboration. Ça va bien
jusqu'à date. C'est ma première période de questions, je veux que ça aille
bien, alors je vais vous demander votre collaboration. Et on poursuit
avec Mme la ministre responsable des Aînés. Merci.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger :
Alors, M. le Président,
continuons avec les faits. Les faits, ils sont importants :
46 maisons des aînés,
3 500 places, l'augmentation de nos services en soutien à domicile,
qui, malgré la pandémie, depuis les quatre dernières années, est en
augmentation constante. Alors, c'est important, et nous allons continuer.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En terminant.
Mme
Bélanger : Nous rénovons les CHSLD publics, au Québec, et nous allons
continuer dans cette voie.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, on poursuit en complémentaire avec Mme la
députée de La Pinière.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci, M. le Président. Écoutez, j'ai le goût
d'utiliser les mots de l'éditorialiste du Devoir, ce matin :
«Tout cela se joue sur fond d'euphorie ministérielle chaque fois qu'on coupe un
ruban devant une nouvelle maison des aînés»,
qui sont à peu près vides, faute de personnel. Selon le Pr Voyer, ça prendrait
3 000 places par année d'ici 2060. Ça fait 81 000 places. On parle de soins à domicile, il y a
20 000 personnes qui attendent un premier soin à domicile. Il faut
des gestes concrets.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Mme la ministre responsable des Aînés, en réponse.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger :
M. le Président, encore là, des
mauvais calculs de la députée. Quand le Pr Philippe Voyer parle de 3 000 places d'hébergement par année
au Québec, il ne parle pas seulement des CHSLD. Des places d'hébergement, ce
sont aussi des places en RPA, ce sont aussi des places en logement avec
des services.
Alors, les places
d'hébergement auxquelles M. Voyer fait référence, ce ne sont pas seulement
des places de CHSLD. À écouter le Parti
libéral, là, il faudrait créer plus de 40 000, 50 000 places de
CHSLD, au Québec, pour les 70 ans et plus. Pensez-vous vraiment, M.
le Président...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En terminant.
Mme
Bélanger : ...que les
personnes de 70 ans et plus veulent aller vivre en CHSLD? Ce n'est pas la solution.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
deuxième complémentaire, Mme la députée de La Pinière. Et je demanderais,
s'il vous plaît, tout le monde, votre collaboration. J'entends les questions et
les réponses. J'aimerais, des deux côtés, avoir votre collaboration. Mme la
députée.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Effectivement, l'écosystème comprend des RPA. 500
ont fermé, dans les quelques dernières années. Il y a des maisons des aînés, effectivement, mais, on le sait, elles
sont ouvertes à moitié ou pas du tout. Il y en a 1 000, là, 1 000 places
inutilisées dans les maisons des aînés, alors... Et la liste de CHSLD continue
d'augmenter en nombre et en temps, en temps d'attente.
C'est ridicule. Il
faut faire quelque chose. On ne... Peu importent les chiffres, il faut agir...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Mme la ministre responsable des Aînés, en réponse.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger :
M. le Président, je suis d'accord
avec ma collègue de La Pinière, il faut arrêter de parler des chiffres. Il faut arrêter de parler des chiffres, il faut
agir. Et c'est ce qu'on fait avec les aînés. Puis on les écoute, les aînés, et,
les aînés, ce qu'ils nous disent, c'est que, lorsqu'ils vont perdre de la
capacité, et je ne parle pas de perte d'autonomie, mais je parle de perte de capacité normale liée au
vieillissement, ils veulent demeurer à domicile. Et c'est ce qu'on est en train
de faire, M. le Président, avec les
équipes CLSC mais aussi avec les organismes communautaires, pour lesquels nous
avons injecté 15 millions de
dollars, il y a quelques mois, afin que les organismes communautaires qui sont
en service de soutien à domicile puissent aussi contribuer.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En question principale, M. le chef du deuxième groupe
d'opposition.
Projet
de troisième lien entre Québec et Lévis
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : M. le Président, quand la session parlementaire a
commencé, je me suis dit : Enfin, enfin je
vais pouvoir passer pour la première fois toute une session parlementaire sans
poser de question sur le troisième lien. On va enfin pouvoir s'occuper des vraies urgences au Québec : la crise
du coût de la vie, la crise du logement, l'adaptation aux changements climatiques, le personnel qui s'enfuit
en courant de nos écoles puis de nos hôpitaux. Mais non. J'avais
sous-estimé le premier ministre.
Dans
une de ses pubs électorales, il faisait marcher des bébés. Bien, hier, il a
ressuscité un projet zombie juste à temps pour l'Halloween. Quel manque de
respect pour les gens de la région de Québec. Quel manque de respect pour les Québécois,
pour les Québécoises. Le premier ministre a roulé pendant deux élections avec
une promesse qui ne tenait pas la route. Au
printemps dernier, il a fait demi-tour, et là il suffit d'une élection
partielle pour qu'il retourne dans son cul-de-sac. Tout le monde a
compris, au Québec, qu'il ne sait juste plus, en fait, où il s'en va.
Au printemps dernier,
le premier ministre avait pris une décision pragmatique et responsable,
pragmatique et responsable, ce sont leurs mots : annuler le troisième lien
autoroutier.
Est-ce que cette
décision-là tient toujours, oui ou non?
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En réponse, M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. M. le Président, ce que j'ai dit hier, c'est
que, suite au résultat des élections de lundi, suite à ce que nos députés entendent aussi dans la grande
région de Québec, je pense, c'est important de ne pas être dogmatique. C'est important de consulter la population puis de
ne pas exclure la possibilité d'avoir un troisième lien, qu'il soit un pont,
un tunnel pour les camions, regarder toutes les possibilités.
Évidemment,
je ne suis pas surpris. Québec solidaire, c'est un parti dogmatique géré de
Montréal. Québec solidaire, c'est un
parti dogmatique géré de Montréal. Donc, Québec solidaire nous dit
aujourd'hui : Je suis d'accord pour consulter, mais il faudrait tout de suite arranger les
conclusions puis exclure des choses. Bien, nous, on va écouter la population. Et
c'est comme ça qu'on agit, puis on est différents de Québec solidaire,
effectivement.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Le premier ministre dit qu'il veut consulter. Au
printemps, il n'avait même pas consulté son
propre caucus avant d'abandonner sa promesse. Puis là il veut consulter sur
quoi, quelle version du troisième lien? La première, la deuxième, la troisième,
la quatrième, la cinquième, la sixième, ou la septième, ou bien la version
100 % transport en commun que
personne n'a jamais vue? M. le Président, les Québécois essaient de suivre le
premier ministre, là, puis ils sont étourdis. C'est normal. Il tourne en
rond.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : La réponse au premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui.
Bien, on a la démonstration, aujourd'hui, de la différence entre un parti
dogmatique, qui ne veut jamais remettre en question ses décisions, qui ne veut
jamais remettre en question ses propositions... Donc, j'en conclus,
par exemple, que les taxes orange sur les camionnettes familiales vont être là
en 2026, étant donné que Québec solidaire ne change jamais d'idée.
M. le Président,
depuis cinq ans, ce que j'essaie de faire, c'est que, quand je le crois
nécessaire, je consulte la population, puis on se remet en question. On n'est
pas dogmatiques comme Québec solidaire.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Je me demande comment la ministre des Transports se
sent quand elle entend parler le premier
ministre, parce qu'au printemps elle s'est présentée seule devant les médias
avec une grosse pile de documents, des études
sérieuses et pragmatiques, pour prendre la balle pour tout le monde puis
expliquer que c'est un projet qui ne tenait pas la route, qui ne tenait
même pas sur le papier sur lequel il était écrit.
Ils
sont passés où, cette pile de documents là? Ils sont passés où, ces études-là
si sérieuses? Ils les ont-tu perdues dans les boîtes de déménagement à
Joëlle Boutin?
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui.
M. le Président, je me demande comment se sent le... le chef de Québec
solidaire. Pendant...
Une voix : ...
M. Legault : «Le chef», j'ai dit. Pendant au moins un mois, en
campagne électorale, l'année passée, il s'est promené partout au Québec en disant : Si jamais je
suis premier ministre, je vais mettre en place une nouvelle taxe orange, ça va
être 10 000 $ si vous achetez une camionnette familiale. Comment il
se sent, aujourd'hui, le chef de Québec solidaire? Est-ce qu'il est prêt à
répéter ce qu'il nous a dit pendant un mois l'année passée?
• (10 h 40) •
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En question principale, je reconnais Mme la députée de
Verdun.
Évaluation de l'impact environnemental du projet Northvolt
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci. Merci, M. le Président. En février dernier, en silence, le
ministère de l'Environnement a changé
les règles du jeu du BAPE pour les usines de batteries. Maintenant, ô surprise,
Northvolt échappe à la consultation publique parce que les nouvelles
règles de la CAQ le libèrent d'un BAPE automatiquement.
Ce
n'est pas la première fois que le gouvernement tourne les coins ronds pour le
ministre de l'Économie, mais, cette fois-ci,
le ministre de l'Environnement devrait trouver ça gênant. On parle du plus gros
projet industriel de l'histoire du Québec. On parle de 7 milliards
d'argent public.
Le ministre de
l'Environnement comprend que ça n'a pas de bon sens de sauter le BAPE sur
Northvolt. Il sait que c'est le BAPE qui
permet aux gens d'adhérer au projet. Alors, je me tourne vers lui aujourd'hui.
Il a eu la sagesse de laisser la porte ouverte. C'est lui qui a le
dernier mot. C'est lui qui a le pouvoir de demander un BAPE.
Est-ce qu'aujourd'hui
il va prendre ses responsabilités et demander un BAPE sur Northvolt, oui ou
non?
Le Vice-Président (M. Lévesque) : M.
le ministre de l'Environnement, des Changements climatiques, de la Faune
et des Parcs.
M. Benoit Charette
M. Charette :
Merci, M. le Président. Merci à
la collègue pour la question. J'ai pu lire et entendre différentes choses
au cours des derniers jours, peut-être préciser un certain nombre d'éléments.
Le projet de
Northvolt, on doit tous ici, en cette Chambre, s'en réjouir. Naturellement,
pour l'économie, c'est une superbe nouvelle,
mais également pour l'environnement, l'environnement au niveau de
l'électrification des transports, qui fait un bond à travers une annonce
de cette nature-là, également l'environnement lorsque l'on sait, actuellement, où sont fabriquées les batteries, à partir de
quelles conditions les minerais critiques qui les composent sont exploités. On
peut se réjouir que la filière batterie
québécoise va permettre une extraction dans les meilleures conditions
environnementales qui soient au monde. On peut se réjouir que les
projets de construction industrielle se réalisent aussi dans les meilleures
conditions environnementales au monde.
Et
ce processus d'évaluation, il est prévisible pour les entreprises. Donc, on ne
peut pas improviser sur qu'est-ce qui fait partie des conditions pour
tenir un BAPE ou pas, il faut cette prévisibilité-là, et notre régime
d'évaluation environnementale le permet. Donc, lorsque les conditions sont
réunies, il y a un BAPE.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En terminant.
M.
Charette : Lorsque les conditions ne sont pas réunies, il n'y a pas de
BAPE.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En première complémentaire, Mme la députée de Verdun.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, M. le Président.
Parlons des conditions, alors, M. le ministre. Lors de l'étude des crédits,
j'ai posé la question au ministre de l'Environnement : Pourquoi est-ce
qu'on change le règlement par rapport au BAPE? Il me l'a confirmé, c'est pour la filière batterie. Mais il n'a pas
donné de suite à ma question. Et maintenant on apprend que les
changements permettent tout juste à Northvolt d'échapper à la consultation
publique.
C'est
qui qui a demandé de faire ça? Va-t-il réparer cette erreur et demander une
consultation publique, une audience publique — c'est
notre BAPE — pour
le projet Northvolt?
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En réponse, M. le ministre.
M. Benoit Charette
M. Charette :
La collègue évoque une
contradiction. Québec solidaire, dans sa question précédente, ils disaient
que ça avait été fait en catimini, et là
elle me rappelle qu'elle en a discuté lors de l'étude des crédits. Donc, non,
ça ne s'est pas fait en catimini. Et, lorsqu'on modifie un projet de
règlement, M. le Président, il y a tout le temps une consultation publique. C'est prépublié. Les groupes ont la
possibilité de répondre à ces modifications proposées. Et, oui, dans le cas
présent, il y a aussi eu une consultation publique.
Autre
élément. Au cours des dernières années, il y a eu plusieurs modifications
réglementaires, tantôt pour renforcer les règles, tantôt pour les
adapter, ces règles, à la nouvelle réalité.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En terminant.
M. Charette :
Il y a quelques années à peine,
on ne parlait pas de filière batterie. Donc, on a ajusté la réglementation...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En deuxième complémentaire, Mme la députée de Verdun.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, M. le Président.
Au Québec, on fait des BAPE pour... lorsque des fermes augmentent les troupeaux de... en fait, augmentent le nombre
de vaches. Au Québec, on fait des BAPE pour que nos fermes augmentent le nombre de vaches. Et là le ministre est en
train de nous dire qu'on ne va pas en faire lorsqu'on a un projet, une
industrie chimique gigantesque? Ça n'a pas de sens.
Nos entrepreneurs
québécois respectent les règles environnementales. Pourquoi on change de règles
pour une multinationale?
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En réponse, M. le ministre de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette :
Les parallèles de Québec
solidaire sont toujours un petit peu boiteux, mais, de façon générale, je
vais réitérer ce que j'ai mentionné. La réglementation a été modernisée pour
faire face ou pour mettre en place une réglementation adaptée à une réalité qui
n'existait pas au Québec il y a quelques années tout juste, on ne parlait pas
de filière batterie. Grâce à l'innovation,
grâce au travail acharné de mes collègues, du ministre de l'Économie notamment,
on a réussi à faire naître une
filière qui non seulement va créer des milliers d'emplois, va permettre du
développement économique responsable
et surtout permettre la réalisation de projets qui seront bons d'un point de
vue d'électrification des transports...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En terminant.
M. Charette :
...mais dans les meilleures conditions environnementales qui soient sur la planète.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
principale, je cède maintenant la parole à M. le chef du troisième groupe
d'opposition.
Troisième
lien entre Québec et Lévis
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : M. le Président, dans
Jean-Talon, les électeurs ont envoyé un message très clair à la CAQ et au premier ministre : Cessez de
sous-estimer notre intelligence. Le soir de la défaite, il a dit avoir saisi le
message et vouloir rétablir le lien de confiance, le lien de confiance
brisé avec la population.
Or,
dès le lendemain, il a rappelé aux électeurs exactement la raison pour laquelle
il avait été sanctionné. En ramenant la
possibilité du troisième lien, le premier ministre fait à nouveau la
démonstration que ses décisions sont basées sur l'humeur du moment, sur de l'improvisation. Personne en cette
Chambre n'était au courant, pas même le superministre de l'Économie, qui a
paru autant surpris que nous, on l'était. Cet épisode en dit long sur la nature
de la gouvernance de la CAQ.
Le
premier ministre nous dit qu'il a compris le message et qu'il veut faire preuve
de plus de transparence. Est-ce qu'il peut être transparent et nous dire
qu'est-ce qui guide ses décisions? Est-ce que ce sont les études qu'il a
évoquées il y a cinq mois ou son intérêt électoral le lendemain d'une
partielle?
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En réponse, M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. M. le Président, je trouve que le chef du
troisième groupe d'opposition est mal placé pour parler de stratégie puis d'humeur dans les décisions,
parce que tout le monde a noté que, dans le dernier mois, il n'a pas parlé de
souveraineté du Québec, surtout pas dans
Jean-Talon. Il a reporté aussi le dépôt des finances d'un Québec souverain. Parce
que moi, je vois le député de Matane qui se
souvient qu'à l'époque on avait 4 milliards de péréquation, quand on a
fait la dernière mise à jour. On
reçoit maintenant 13 milliards. Ça veut dire qu'il y a un trou de 9 milliards
dans les finances d'un Québec
souverain, 9 milliards de trou. Est-ce qu'il a parlé de ça, le chef du Parti québécois, dans Jean-Talon? Pas du tout. Est-ce
que vous pensez que les 11 000 personnes qui ont voté pour le Parti québécois dans Jean-Talon, ce sont tous des gens qui veulent un référendum
dans le prochain mandat? Bien non. Il n'en a pas parlé, de ça, dans Jean-Talon.
Donc, avant de nous
faire la leçon, là, je pense qu'il devrait se regarder dans le miroir.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En première complémentaire, M. le chef du...
Des voix : ...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît, des
deux côtés, je vais vous demander votre
calme. Je veux entendre la question du chef du troisième groupe d'opposition et
je lui cède la parole pour la première complémentaire.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : M. le Président, on
croirait entendre Jean Charest. Je vais essayer de ramener le sujet,
parce que vraiment on change le sujet mais de manière spectaculaire.
Si
le premier ministre est capable d'arriver avec une idée aussi improvisée et
impulsive que de ramener le troisième lien le lendemain d'une défaite
électorale, il faut sérieusement s'inquiéter sur la gestion de l'État
québécois.
Donc,
je répète ma question, elle est claire. Il a promis plus de transparence.
Est-ce qu'il peut être transparent et nous dire qu'est-ce qui guide ses
décisions? Est-ce que ce sont les études invoquées par sa ministre des
Transports...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : M. le premier ministre, en réponse.
M. François Legault
M. Legault : Oui. M. le Président, je pourrais vous parler
aussi des sorties du chef du Parti
québécois sur le tramway, hein? Une journée, c'était : Peut-être pas, si
ça coûte trop cher, on ne le sait pas. Et hier il nous disait : Non, non,
non, je n'ai jamais remis en question le tramway.
M. le Président, le chef du Parti québécois, comme moi, a fait du porte-à-porte. Puis moi, j'ai entendu, oui, j'ai
entendu des Québécois me dire qu'eux, ils souhaitaient encore un
troisième lien.
Qu'est-ce qu'a le
chef du Parti québécois contre le fait de consulter les gens de la grande
région de Québec?
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En terminant.
M. Legault :
Pourquoi est-il contre ça?
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
deuxième complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : À nouveau, M. le
Président, on résume. D'abord, il fallait réaliser le projet coûte que
coûte, il fallait le réaliser jusqu'à la dernière goutte de sang, en mettant
son siège en jeu. Ensuite, il y a cinq mois, on annulait le projet en disant que c'était la seule décision courageuse à
prendre. Et le lendemain d'une défaite électorale on nous dit que tout
ce qui a été dit il y a cinq mois ne tient plus.
Qu'est-ce qui guide les décisions du
gouvernement : son intérêt électoral ou les études invoquées par la ministre des Transports? C'est très simple.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui.
M. le Président, on se souvient tous de la course à la chefferie du Parti
québécois...
Des voix : ...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : C'est
la troisième question où le premier ministre ne répond pas à la question. Je
vais finir par croire qu'il est mauvais perdant.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, ça fait
deux questions que le premier ministre répond, mais là il n'a même pas
commencé à répondre, vous vous levez, vous ne le laissez même pas terminer.
Vous ne voulez même pas entendre les réponses parce que ça ne vous intéresse
pas de savoir la réponse du premier ministre. Alors...
• (10 h 50) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Je
suis debout. Je suis debout. Je suis debout. Je comprends. Je comprends.
La question de règlement est là.
Présentement, ce que je demande... La question est large. Je vais permettre au
premier ministre de répondre, je vais lui céder la parole. On écoute la
réponse. M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. Je viens juste,
juste d'entendre le chef du Parti québécois dire qu'on change de discours.
C'est ça que j'étais en train de
dire. On se souvient de la course à la chefferie, il disait : Je vais
parler de souveraineté à chaque jour. On ne l'a pas entendu une fois
dans Jean-Talon.
M.
le Président, tout ce qu'on dit, c'est qu'on va consulter la population. De
plus en plus, le PQ s'en vient comme Québec solidaire : dogmatique.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En question principale, je cède la parole à M. le
député de Rosemont.
Impact
de l'inflation sur la santé
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, M. le Président.
Chaque jour, une nouvelle étude, des nouveaux faits entre le coût de la vie
et la santé. Hier, des médecins nous ont
dit : Le logement, ça coûte trop cher, ça cause des problèmes de santé,
psychologiques, physiques puis, en prime, une crise d'itinérance.
On apprend ce matin
que les gens font des sacrifices à l'épicerie parce que c'est trop cher. De
fait, ils craignent aussi pour leur santé parce qu'ils s'alimentent mal, font
des choix qu'ils n'ont pas le choix de faire en raison des prix.
La
CAQ a nié la crise du logement. Ça nous a menés où est-ce qu'on est aujourd'hui
puis avec, en prime, une crise d'itinérance.
Cette fois, le ministre de la Santé a la responsabilité d'agir, d'agir en
prévention. Il n'est pas juste le ministre de l'organigramme du p.l. n° 15, il est ministre de la prévention.
Est-ce
qu'il a un plan, est-ce qu'il y a un plan, un réel plan, ou est-ce qu'il est en
train de nous magasiner une nouvelle crise, une crise de santé publique?
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
En réponse, je cède la parole à M. le ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, écoutez, M. le Président, encore une fois,
j'apprécie beaucoup, parce qu'hier on a justement commencé à parler de ça dans le p.l. n° 15. Le député de Rosemont me demandait justement qu'est-ce qu'on allait
faire en termes de prévention. Alors,
c'est justement un bel exemple de ce qu'on parle dans le p.l. n° 15 qui n'a rien à voir avec les structures puis avec les
organigrammes, c'est c'est quoi notre vision qu'on a en matière de prévention.
On
a la chance, M. le Président, d'avoir maintenant avec nous le Dr Boileau,
qui, depuis sa participation aux derniers moments de la COVID, a pu montrer comment il collabore avec nos gens de
santé publique régionale, que ce soit à Montréal, que ce soit dans l'ensemble du Québec. Et, je l'ai
bien dit, grâce au plan qu'on a mis ensemble avec le Dr Arruda l'an
dernier, le plan québécois, là, pour
la prévention en santé, ce qu'on appelle le PGPS, c'est certain qu'on a un plan
qui est très, très clair pour dire
qu'est-ce qu'on va faire en prévention. Il y a un ensemble de mesures qui ont
été déposées. Il y a un ensemble de mesures qu'on va suivre, entre
autres...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
terminant.
M. Dubé :
...avec ma collègue la ministre aux Loisirs. Je pense qu'on a un plan, M.
le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Oui. Merci, M. le
Président. On a passé plus de 125 heures au p.l. n° 15.
En passant, on a fait à peu près le tiers du projet de loi. Je suis très
attentif, je n'en manque pas une, le ministre non plus. Alors, je peux vous
dire qu'il n'y a pas grand-chose, sinon rien,
mais je vais être poli, je vais dire qu'il n'y a pas grand-chose dans le p.l. n° 15 qui touche directement la prévention.
Quand
je pose des questions là-dessus, le ministre dit : Oui, oui, je suis bien
d'accord avec vous. Mais, au-delà d'être d'accord avec moi, là, c'est
quoi, sa solution réelle pour nous éviter une crise de santé publique, qu'on
voit venir gros comme le troisième lien?
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En réponse, M. le ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bien, je vais continuer, M. le
Président, parce que c'est une preuve, et je le dis souvent, que ce n'est pas
uniquement le p.l. n° 15 qui va changer la santé. Le p.l. n° 15 adresse plusieurs enjeux, mais pas nécessairement celui-là.
Ce que j'ai dit, le
plan québécois pour la prévention en santé qu'on a déposé l'an dernier avec un
plan d'action très clair... Prenez juste,
par exemple, les mesures sur le vapotage qu'on a mises récemment. Ce n'était
pas une mesure qui était très facile.
Ça fait partie de notre plan de prévention. On trouvait que c'était dangereux
pour les jeunes. On n'a pas eu peur d'aller contre les fabricants de
tabac, les fabricants de tous ces produits-là, qui sont excessivement
dangereux.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
En terminant.
M. Dubé :
Ça fait partie de notre plan de prévention, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci. Il y a 58 %
des gens au Québec qui craignent d'acheter des aliments trop chers. Ils font
des sacrifices, ils craignent pour
leur santé. Ils laissent des trucs sur les tablettes, ils achètent des trucs
moins chers et ils craignent pour leur santé, parce qu'évidemment ce
n'est pas très bon pour la santé de mal se nourrir et de faire des choix
difficiles.
J'ai
une suggestion constructive pour le ministre. Est-ce qu'il peut créer et
présider une cellule de crise avec ses collègues, là, pour arriver avec
des solutions rapidement pour nous éviter la crise prévisible de santé
publique, une vraie cellule...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En réponse, M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Bien, M. le Président,
nous sommes très conscients que la situation est extrêmement difficile. L'économie ralentit, l'inflation est toujours
élevée, les taux d'intérêt sont élevés, et la composante alimentation, et d'ailleurs celle du logement, ce sont les
composantes du coût de la vie qui sont... qui augmentent le plus rapidement.
Alors,
notre gouvernement n'a pas attendu pour agir, avec le plafonnement des tarifs,
la baisse d'impôt, l'indexation du
régime fiscal, le 2 000 $ pour les aînés à faibles revenus. Et puis
c'est une situation qu'on prend au sérieux. On en discute à chaque jour.
Puis on va continuer d'aider les Québécois.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En question principale, M. le député de l'Acadie.
Mise en oeuvre des recommandations de la Commission
d'enquête sur
les relations entre les autochtones et certains services publics
M. André Albert Morin
M. Morin : M. le Président, on a appris ce matin avec
stupéfaction les constats du Protecteur
du citoyen dans son premier rapport de suivi sur les appels à l'action
de la commission Viens portant sur les relations entre les Premières Nations,
les Inuits et les services publics au Québec.
Quatre ans
après le dépôt du rapport Viens, le protecteur constate que c'est
45 appels à l'action sur 142 qui sont réalisés ou entamés de
manière satisfaisante, c'est un peu moins du tiers. Parmi les priorités qui
n'ont pas été réalisées, soulignons
notamment la nécessité d'accroître l'accès aux services de justice au Nunavik ainsi
qu'assurer la sécurité des femmes autochtones.
Seulement quelques jours après la
Journée nationale de vérité et de réconciliation, on doit s'attendre à plus de
la part du gouvernement caquiste, qui aime tant parler de nation à
nation.
Est-ce
que le premier ministre peut expliquer le manque d'action de son gouvernement,
quatre ans après le dépôt du rapport de la commission Viens?
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
réponse, M. le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations
et les Inuit.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière :
Oui, merci beaucoup, M. le
Président. Effectivement, le travail n'est pas terminé, le collègue a raison.
Et ça fait trois ans qu'on est à l'action, et il y a des gestes très
concrets qui ont été posés, M. le Président. Ce matin, on en parlait avec ma collègue à l'Éducation
supérieure, des résidences étudiantes autochtones. On peut les voir, c'est
du... c'est concret, c'est là. Au
niveau de la justice, on a changé, avec CAVAC, des interprètes. Est-ce que
c'est fini? La réponse, c'est non, M. le Président. On a une liste
d'actions.
Ce
matin, on reçoit ça avec beaucoup d'humilité. On sait qu'il y a encore du
travail à faire. On ne corrigera pas 400 ans en quelque temps, c'est
vrai que ça va prendre du temps. On continue avec eux. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, cela met fin à la période de questions et
réponses orales.
Et,
comme il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions
sans préavis, et je cède la place à Mme la première vice-présidente.
Merci à tous.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, nous allons poursuivre nos travaux. À la rubrique
des motions sans préavis, en fonction de nos
règles et de l'ordre de présentation des motions... de préavis, je cède
maintenant la parole à un membre du deuxième groupe d'opposition. M. le
député de Taschereau, la parole est à vous.
M. Grandmont :
Merci, Mme la Présidente. Alors,
je demande le consentement de cette Assemblée pour présenter la motion
suivante conjointement avec le député des Îles-de-la-Madeleine :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle que la ministre des Transports et de la Mobilité
durable [avait] annoncé, le 18 avril
dernier, l'abandon du [projet] autoroutier du troisième lien, qualifiant cette
décision de "pragmatique" et de "responsable";
«Qu'elle demande au
gouvernement de ne pas relancer de projet autoroutier entre Québec et Lévis;
«Qu'elle
demande également au gouvernement de se concentrer sur des solutions réalistes
permettant de diminuer la congestion
et d'améliorer la mobilité dans la région de Québec en favorisant
principalement les transports collectifs et actifs.»
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix :
...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Comme il n'y a pas de consentement, nous allons
poursuivre avec un membre du troisième groupe d'opposition. M. le député
des Îles-de-la-Madeleine, la parole est à vous.
• (11 heures) •
M. Arseneau :
Merci, Mme la Présidente. Je
sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec le député de Pontiac, le député de Rosemont et la députée de
Vaudreuil, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que l'Hôpital Sainte-Croix, à Drummondville,
est vétuste et non fonctionnel pour les besoins d'aujourd'hui;
«Qu'elle
reconnaisse que cela entraîne un manque de lits, d'efficacité, de vétusté
technique, de dignité, de coûts supplémentaires et des difficultés pour
le personnel;
«Qu'elle
se rappelle qu'en février dernier un article nous apprenait que plus que
10 % du personnel souffre d'épuisement professionnel, d'une maladie
ou est absent;
«Qu'elle
prenne acte que plusieurs patients décident d'aller chercher des soins dans des
régions environnantes comme Nicolet, Windsor, Asbestos, Saint-Hyacinthe
ou Victoriaville;
«Finalement,
que l'Assemblée nationale demande au gouvernement d'inscrire la construction
d'un nouvel hôpital à Drummondville au Plan québécois des
infrastructures.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M le député. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Comme
il n'y a pas de consentement... M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Mme
la Présidente, je veux rappeler une règle. C'est oui ou c'est non, il n'y a pas
d'explication.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : O.K. Merci, M. le député. Effectivement, on
accepte ou on refuse une motion.
Monsieur... Est-ce que vous avez un appel à un
règlement, M. le leader du gouvernement?
M.
Jolin-Barrette : ...je constate...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Est-ce qu'il y a un appel au règlement, M. le leader?
Une voix :
...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Alors, je suis prête à reconnaître un membre du groupe formant le gouvernement. Mme la ministre de l'Immigration, je
crois que vous avez... Vous pouvez vous lever. Mme la ministre de l'Immigration, de la Francisation
et de l'Intégration, la parole est à vous.
Mme Fréchette :
Oui, Mme la Présidente. Alors, je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale constate la hausse importante des résidents non-permanents au Québec;
«Qu'elle
souligne que cette hausse est incompatible avec la nécessité d'assurer la
protection de la langue française dans le contexte unique du Québec en
Amérique du Nord;
«Qu'elle demande au
gouvernement fédéral d'effectuer un dénombrement plus fréquent et efficace de
tous les résidents non permanents se
trouvant sur notre territoire et que ces informations soient partagées de
manière automatique avec le Québec;
«Qu'enfin,
elle demande [...] au gouvernement fédéral de réviser ses politiques
d'immigration afin de respecter la capacité d'accueil du Québec.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Est-ce
qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du deuxième
groupe d'opposition.
M. Leduc : ...mon
collègue, les amendements n'ayant pas été acceptés, il n'y a pas de
consentement.
Des voix :
...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Ah!
s'il vous plaît! S'il vous plaît! On a fait un appel au règlement tantôt.
L'appel au règlement se fait pour tout le monde. S'il vous plaît! Vous
les connaissez, M. le leader, les règlements.
Donc, comme il n'y a
pas de consentement, je suis prête...
Des voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : S'il vous plaît! Est-ce que je peux avoir le silence
pour que nous puissions terminer les motions sans préavis?
Alors, je suis prête
à reconnaître un membre du groupe formant l'opposition officielle. Mme la
députée de Bourassa-Sauvé, la parole est à vous.
Mme Cadet : Mme
la Présidente, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement
avec le député de Maurice-Richard, le député des Îles-de-la-Madeleine et la
députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale
prenne acte que le projet d'usine de batteries de Northvolt requerra l'apport
de 3 000 à 4 000 travailleurs;
«Qu'elle
rappelle au gouvernement du Québec de mandater la Commission des partenaires du marché du travail afin qu'elle documente les impacts du projet
Norhvolt sur le marché du travail de la Montérégie et du Québec ainsi que
les besoins plus larges liés à l'émergence de la filière batterie.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion? Comme il n'y a pas de consentement, nous allons poursuivre nos travaux.
Avis
touchant les travaux des commissions
Donc,
nous sommes à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. J'aimerais
bien entendre M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Donc, j'avise cette Assemblée que la Commission de la culture et de
l'éducation poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi n° 23, la Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique et
édictant la Loi sur l'Institut national d'excellence en éducation, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Pauline-Marois;
La
Commission de la santé et des services
sociaux poursuivra l'étude détaillée
du projet de loi n° 15, la Loi
visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Marie-Claire-Kirkland;
La
Commission de l'économie et du
travail poursuivra l'étude détaillée
du projet loi n° 17, la Loi
modifiant diverses dispositions
principalement aux fins d'allègement du fardeau réglementaire et administratif, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La
Commission des institutions entreprendra l'étude détaillée du projet de loi
n° 34, la Loi visant à moderniser la profession notariale et à favoriser
l'accès à la justice, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le leader. En ce qui me concerne, il n'y a pas d'avis de la présidence.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
Alors, nous allons
poursuivre à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Avis
de sanction de projets de loi
Je
vous informe que demain, le jeudi 5 octobre 2023, à 9 h 40,
au bureau de Son Honneur le lieutenant-gouverneur, aura lieu la sanction des projets de loi
suivants : le projet de loi n° 14, Loi modifiant diverses dispositions relatives à la sécurité publique et édictant la Loi visant à
aider à retrouver des personnes disparues; le projet de loi n° 29, la Loi protégeant les consommateurs contre l'obsolescence programmée et
favorisant la durabilité, la réparabilité et l'entretien des biens.
Affaires
du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour, et je cède la parole à M. le leader du
gouvernement pour nous indiquer la suite des travaux.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je demanderais de
bien vouloir appeler l'article 10 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 33
Adoption
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
à l'article 10 du feuilleton, Mme la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente
du Conseil du trésor propose l'adoption du projet de loi n° 33, Loi concernant les conventions collectives
des constables spéciaux et des gardes du corps du gouvernement du Québec.
Y a-t-il des
interventions? Mme la ministre du Conseil du trésor, la parole est à vous.
Mme Sonia
LeBel
Mme LeBel : Bien, merci, Mme la Présidente. Très heureuse d'en
être rendue à cette étape, finalement. Vous savez, on est en cours de
négociation, présentement dans le secteur public, on le sait, avec les
650 000 employés de l'État, et l'objectif
est toujours d'en arriver à une entente, à une conclusion heureuse de cette
négociation-là où on réussit à avoir une entente avec les parties concernées. Alors, aujourd'hui, ce qu'on fait
avec le projet de loi n° 33, Mme la Présidente, c'est d'être
capable de mettre en oeuvre deux ententes importantes qui sont survenues entre
le gouvernement et des groupes essentiels
également — tous
les groupes sont essentiels, d'ailleurs, si on veut le voir de cette façon-là — qui
sont les constables spéciaux et les gardes du corps du gouvernement.
Donc,
je veux remercier tout d'abord mes collègues de l'opposition, Mme la
Présidente. On a procédé d'une façon très
diligente à l'étude de ce projet de loi qui est tout simple, dans le nombre
d'articles qu'il comporte et dans son application, mais important pour qu'on soit enfin capable de
mettre en oeuvre cette entente-là, ces deux ententes-là qui ont été signées
avec les gardes du corps.
Pourquoi
on a besoin d'un projet de loi, me direz-vous? La raison est très simple. Dans
le Code du travail, il est prévu
que les conventions collectives entre le secteur public et ses employés ne
peuvent pas dépasser trois ans. Il n'est pas inhabituel que l'on ait des conventions collectives qui sont d'une durée
de plus de trois ans. Dans le passé, on a vu plusieurs conventions
collectives, entre autres 2015-2020, où les conventions avaient une durée de
20 ans... —
de 20 ans! — de
cinq ans, pardon, 2015-2020. Alors, il
fallait donc faire ce projet de loi là pour venir faire en sorte qu'elles
soient applicables, malgré les provisions du Code du travail qui nous
limitent à trois ans.
Donc,
ici, je veux faire un petit rappel factuel très bref. Le 16 juin 2023, on
a eu une entente de principe, avec le groupe des constables spéciaux, qui
prévoit une convention collective de huit ans, donc de 2020 à 2028. On a eu
également en juillet 2023, cette année, une entente de principe avec le groupe
des gardes du corps, qui prévoit, quant à elle, une convention collective de
12 ans, soit de 2020 à 2032. Vous comprendrez donc que, comme ça dépasse
trois ans, ce projet de loi est nécessaire pour qu'on puisse enfin mettre en
oeuvre ces conventions collectives là qui ont été entérinées par les deux
groupes dans une proportion assez élevée de votes favorables, Mme la
Présidente. Donc, c'est important qu'on procède avec diligence.
Donc,
je vais conclure en remerciant à nouveau tous ceux qui ont participé au
processus et nous permettent de le faire
avec diligence. Donc, on va pouvoir mettre en oeuvre, enfin, quand il sera
adopté et sanctionné, les recommandations de ce projet de loi là, donc
les deux ententes. Et donc je recommande donc l'adoption, Mme la Présidente.
• (11 h 10) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la présidente du Conseil du trésor. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Alors, je cède la parole à Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Tout d'abord,
bonjour à ma collègue la présidente du Conseil du trésor, avec qui j'ai eu le bonheur de travailler de façon... en
accéléré sur ce projet de loi qui ne contient que trois articles. Et on a pris notre temps, dans un premier temps,
pour souligner le travail inestimable des constables spéciaux, mais aussi
des gardes du corps, qui sont ici, qui prennent soin de nous au quotidien.
Ça
a été des années... dans les dernières années, ça a été un peu plus difficile
que d'autres, je pense qu'on peut se le dire, et ils n'ont jamais, jamais fait quoi que ce soit pour nous faire
sentir mal. Au contraire, dès qu'on rentre au parlement, on se sent très, très bien accueilli, mais surtout
en sécurité. Puis plusieurs d'entre eux, on le sait, les salaires n'ont pas été
au rendez-vous, malgré le travail
important. Puis moi, je le dis très souvent, quand votre emploi nécessite un
gilet pare-balles puis une arme...
C'est quelque chose que moi, je ne serais pas capable de faire. Alors, je
salue, évidemment, et je lève mon chapeau à tous ceux qui, au risque de leur
vie, bien, protègent la vie des autres pour que nous, on puisse s'assurer de
faire notre travail en toute quiétude. Et ils font aussi partie de cette grande
équipe qui veut que la démocratie avance. Alors, je remercie beaucoup la
présidente du Conseil du trésor.
Il
va rester encore du travail à faire pour s'assurer que les salaires, bien, ils
correspondent aussi à des exigences du métier.
Et il faut considérer dans tout ça que la protection d'autrui, c'est vraiment
très important. Mais, quand qu'on regarde le salaire entre les constables spéciaux puis les gardes du corps
versus, par exemple, qu'est-ce qui est offert dans les différents autres corps policiers, il y a quand même ici une
différence, il y a une disparité. J'espère que, dans une prochaine négociation,
ce sera évidemment corrigé.
Mais, sinon, notre
objectif commun était de rapidement faire adopter ce projet de loi et de ne...
de passer très rapidement chez le
lieutenant-gouverneur. Donc, je pense que c'est demain, la signature. En tout
cas on l'espère, parce que, dès qu'il
est sanctionné, il rentre en vigueur et il est attendu. Les gens ont salué cet
été, lorsqu'il y a eu l'adoption, donc, oui, une entente de principe, mais après ça, après l'entente de
principe... Puis on sait que, des fois, il y a des ententes de principe,
mais que ça avorte. Mais là, non, ça n'a pas avorté, entente de principe
adoptée par la suite par les membres.
Alors,
je vais m'arrêter ici parce que je veux aller aussi au p.l. n° 23, parce que j'ai d'autres dossiers. Puis, vous savez, nous, on est en effectif réduit. On ne sait
jamais, si jamais il y a des gens qui... Hein? Hein? Alors, merci beaucoup,
Mme la Présidente. Au plaisir de
retravailler avec ma collègue, parce qu'on aura d'autres dossiers ensemble, Conseil du trésor. Je lui souhaite aussi de pouvoir mener des conversations accélérées au
même rythme qu'on a fait ce p.l. n° 33. Moi, je vais prêcher évidemment pour ma paroisse.
Puis je sais que mes collègues en santé, ceux qui sont en DPJ aussi, ils
vont tous vous prêcher. Moi, le plus
rapidement qu'on peut régler en éducation, on peut s'assurer, là, qu'il n'y a
pas de bris de service, parce qu'il y en a déjà...
Et
je vais prêcher encore pour ma paroisse. Une des solutions, je vous le dis,
c'est de s'assurer d'avoir des emplois à
temps complet qui mènent immédiatement à la permanence et qui respectent la
convention-cadre nationale, maximum deux
ans. Parce qu'en ce moment, vu que les directions d'école travaillent avec des
budgets qui sont annuels, ils ne peuvent pas promettre plus qu'un an. Alors, ça, Mme la Présidente, c'est la clé
de voûte à tous vos maux en éducation. Stabilisons les équipes, on va pouvoir stabiliser les enfants.
Puis évidemment toujours disponible pour discuter avec vous à votre bureau
là-dessus. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
le projet de loi n° 33?
Mise
aux voix
Alors,
le projet de loi n° 33, Loi
concernant les conventions collectives des constables spéciaux et des gardes du
corps du gouvernement du Québec, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
Alors, M. le leader du gouvernement, pouvez-vous nous indiquer la suite
de nos travaux?
M. Lévesque (Chapleau) : Bien,
oui, certainement, avec plaisir, Mme la Présidente. Ce sera assez simple. Je
vous demande de bien vouloir suspendre nos travaux jusqu'à
15 heures.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, je suspends les travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à
11 h 14)
(Reprise à 15 heures)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
bon après-midi à toutes et à tous. Je vous invite à prendre place. Nous
allons reprendre nos travaux.
Affaires
inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que
l'Assemblée demande au gouvernement de tenir une
commission parlementaire sur l'encadrement des interventions policières
menées auprès de personnes dont l'état mental est perturbé
Alors, à
l'article 38 du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis présente la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle que le 24 mai dernier, à la suite du décès
de la sergente Maureen Breau, le député de Maskinongé déposait une
pétition de 24 000 signataires demandant au gouvernement du Québec un
meilleur encadrement lors d'une intervention
policière auprès des personnes potentiellement violentes dont l'état mental est
perturbé;
«Qu'elle
rappelle que le 13 septembre dernier, les députés caquistes ont refusé
d'étudier cette pétition en commission parlementaire;
«Qu'elle
constate que depuis 5 ans, le nombre d'interventions policières auprès
d'une personne ayant un état mental perturbé a explosé;
«Qu'elle
rappelle que le 2 avril dernier, l'opposition officielle a déposé un
mandat d'initiative pour étudier cet enjeu qui touche la sécurité des
policiers et de la population;
«Qu'enfin,
elle demande au gouvernement caquiste de tenir sans délai, un débat public via
une commission parlementaire sur l'enjeu des états mentaux perturbés et
des interventions policières.»
Je vous informe que la répartition du temps de
parole pour le débat restreint sur la motion inscrite par Mme la députée de Westmount—Saint-Louis s'effectuera comme suit : 10 minutes
sont réservées à l'auteur de la motion pour sa réplique, 54 min 15 s sont allouées au groupe
parlementaire formant le gouvernement, 29 min 34 s sont allouées
au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, 18 min 41 s sont allouées au deuxième groupe
d'opposition, 6 minutes sont allouées au troisième groupe
d'opposition, 1 min 30 s allouée à la députée indépendante.
Dans le cadre
de ce débat, le temps non utilisé par la députée indépendante ou par l'un des
groupes parlementaires sera
redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies
précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps. Enfin, je
rappelle à la députée indépendante que, si elle souhaite intervenir au
cours du débat, elle a 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la
présidence.
Je cède donc maintenant la parole à Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme
Maccarone : Merci, collègues, puis merci, M. le Président. Je
dois vous aviser... ou avouer que je me lève ici en Chambre, au salon bleu,
avec le soutien de mon équipe, parce qu'ils savent que je suis fébrile, puis
j'apporte une certaine nervosité en ce qui concerne ce sujet qui est
fort sensible, qui m'a affectée profondément, pas seulement moi, M. le
Président, mais tous les Québécois et Québécoises.
Quand nous
avons décidé d'inscrire la motion de mercredi cette semaine pour continuer à
amener la visibilité au sujet du décès de Maureen Breau, le tragique assassinat
de Maureen Breau, c'est parce que nous, en tout cas, nous n'avons jamais oublié cette journée. Nous, nous n'allons
jamais oublier cette tragique mort, puis on ne souhaite pas qu'elle meure
en vain.
Le jour des
funérailles, M. le Président, j'ai été marquée parce que j'étais entourée par
des hommes et des femmes, certains qui sont avec nous ici, dans les tribunes,
aujourd'hui, qui, tous les jours, sont prêts à faire face à la violence,
de mettre leur vie en jeu, chose qui, je
présume, ne faisait pas partie de la réflexion quand ils ont levé la main pour
décider d'être là pour protéger la
population, mais qui font face chaque jour à des situations qui sont très
difficiles. Puis ils n'ont pas le droit de démontrer une faiblesse. Il faut
toujours être fort. Il faut toujours être fort quand on est policier. Il faut
toujours faire la démonstration qu'on
est en contrôle. Mais, cette journée-là, M. le Président, j'ai été marquée
parce que même avec une veste pare-balle, ils ont été atteints droit au
coeur.
J'ai vu des hommes et des femmes brisés, des
gens qui ne peuvent jamais, encore une fois, montrer qu'ils sont fragiles. Cette journée-là, tout le monde a été
touché. Des larmes, on peut les sécher, mais la blessure que les gens ont vécue
lors du décès de Maureen Breau, ce n'est pas
quelque chose qu'on va guérir, puis ça reste vif. Je me souviens, la semaine
passée, j'ai posé une question en ce qui
concerne le mandat d'initiative, la pétition puis le décès de Maureen Breau,
puis le ministre a dit : Je me lève souvent sur cette question. Eh oui,
oui, parce qu'on ne doit jamais oublier, parce qu'on ne doit jamais oublier qu'est-ce qui est arrivé. Puis
nous avons le pouvoir ici, dans cette Chambre, chaque député, 125 députés
ici en Chambre, on a le pouvoir d'agir, de faire un bon acte, de faire la
démonstration à toutes les personnes qui ont vécu ce décès, que nous n'avons pas oublié, d'amener ça
sur la place publique, de faire un vrai débat, d'aider ceux qui sont là pour nous
protéger au quotidien, de parler de comment nous allons protéger la population.
Je vais utiliser chaque mécanisme que j'ai à
ma disponibilité, M. le Président, au sein de ce Parlement, pour rappeler au
gouvernement qu'il y a une urgence d'agir.
On a perdu une femme, on a perdu une mère, on a perdu un ami, on a perdu un
collègue, parce qu'on n'était pas capables
de la protéger. Puis elle n'était pas la première. Elle est parmi une liste des
policiers, policières qui ont perdu leur vie en actes de service.
La moindre
des choses que nous pouvons faire, c'est de se pencher sur cette situation,
c'est d'étudier sérieusement, encore
une fois, sur la place publique, pour que la population aussi — eux
aussi, ils ont vécu ce décès — peuvent
participer à nos échanges, peuvent
compléter, peuvent avoir un... puis peuvent voir qu'on fait notre travail ici
comme parlementaires. On a une
responsabilité, comme porte-parole, de porter la voix de la population. C'est
ça, notre rôle. Ce n'est pas seulement la journée des élections, c'est... à la
suite de ça, on a une responsabilité de porter leur voix, même si on n'est pas
tout le temps en accord. C'est ça, être député à l'Assemblée nationale.
Si je me lève
aujourd'hui, M. le Président, puis, encore une fois, avec l'accompagnement de
mes collègues, c'est parce qu'il y a quand même 24 000 citoyens qui
ont signé une pétition, qui nous ont demandé d'agir. C'est vos citoyens,
c'est vos électeurs, c'est les citoyens de
Maskinongé. Vous leur devez bien ça. Ils se sont exprimés, puis ce n'est pas
pour rien. Des pétitions, là, ça vaut
quelque chose. Les mandats d'initiative aussi, ça vaut quelque chose. Ça fait
partie des leviers que nous avons, comme parlementaires, pour essayer de
travailler en concertation, tout le monde ensemble.
Ça fait que
j'étais fière, encore une fois, parce que j'ai dit : Bon, c'est ça, je
vais porter la voix des personnes qui sont en situation de vulnérabilité. Chose
qu'on dit. C'est-tu bizarre de parler de nos policiers puis dire : Ils sont
en situation de vulnérabilité? Mais oui, c'est le cas. Il faut ouvrir
nos yeux puis voir qu'est-ce qui se passe dans notre belle société. Il y a une
croissance importante de violence. C'est important. Ce n'est pas rien.
C'est pour ça
que j'avais déposé le mandat d'initiative, en avril de cette année, M. le
Président, parce que... Puis je peux
faire la revue de presse, là, c'est hallucinant. Mais, depuis janvier — janvier — il
y avait un élève attaqué à coups de
marteau, à l'école, en février, il y a le drame à Laval, avec un autobus qui a
foncé à une garderie où il y a des enfants qui ont perdu leur vie — penses-tu
que c'est une personne qui a un problème de santé mentale, M. le Président? — un
homme ayant proféré des menaces à l'aide d'un couteau à Saguenay, en
février, trois personnes arrêtées pour agression armée, à Sherbrooke, un
camion-bélier foncé sur des piétons à Amqui, en mars, puis je pourrais faire
toute l'année, mais je souhaite arrêter au
28 mars, où une policière qui a été tuée lors d'une intervention à
Louiseville. C'était pour ça que j'avais déposé le mandat d'initiative,
au nom de ma formation politique. C'est parce que le Parti libéral, on se
préoccupe de qu'est-ce qui se passe sur le terrain. Les statistiques, elles
parlent, M. le Président.
Quand on
parle d'une croissance des interventions que les policiers doivent faire en
termes d'état mental perturbé, ça a
évolué. C'est une explosion, depuis 2018, ça varie entre 9 % et 127 % de
croissance de ce type d'intervention. En 2018, il y avait
51 257 appels et, en 2022, 65 857 appels. Et les données ne
sont même pas complètes, puis on n'a même pas commencé
à comptabiliser 2023. Le nombre de victimes de crimes violents a augmenté de
21 % depuis 2016. Et, juste en 2021, il y avait
9 200 victimes.
• (15 h 10) •
Quand les
policiers font un appel pour une intervention, ils ne savent pas qu'est-ce qui
attend derrière la porte. C'est pour
ça... Ah! puis je veux juste expliquer un peu. Je n'ai pas vécu ce qu'ils ont
vécu puis je leur remercie du fond de mon coeur pour tout ce qu'ils font, ça
prend du courage. Ils reçoivent un appel, M. le Président, ils se déplacent,
ils n'ont pas toutes les
informations. Ils constatent que, quand la personne rouvre la porte, bien là,
c'est une personne qui souffre de problèmes.
Si c'est une personne... qu'ils constatent, tout de suite, c'est une personne
qui a des problèmes de santé mentale, ils
vont amener cette personne à l'hôpital. C'est lourd, ça prend du temps, c'est
compliqué, il faut conjuguer avec plusieurs ressources. Ils vont amener la personne à l'hôpital, puis, woups! parce
qu'on souffre aussi, dans le réseau de santé, cette personne, ça se peut qu'ils
ne vont pas la prendre en main. Ça se peut qu'ils vont dire : Mais non,
O.K., oui, on le prend. Ça fait que les policiers vont quitter. Il y a
plein de moments où les policiers ne peuvent même pas quitter parce qu'il n'y a personne qui va être là pour la garde de
cette personne qui, il faut dire, est en situation de vulnérabilité, qui, ça se
peut, a déjà été trouvé non coupable pour
leurs actes à cause de leurs problèmes de santé mentale. Les policiers vont
peut-être quitter puis, après ça,
bien là on va le dire : Oui, oui, on vous relâche, vous pouvez retourner
chez vous. C'est une porte tournante. Puis ça, c'est continuellement,
continuellement.
Ça a été le
cas de Maureen Breau. Elle a été assassinée par une personne connue, une
personne qui était déjà reconnue non
coupable pour ses actions en matière de violence à cause de ses problèmes de
santé mentale. Il y a des lits disponibles, en passant, à Pinel, il y a des lits disponibles. Mais non. Il faut...
Au lieu d'avoir une réflexion en notre collectivité pour vider la question, pour outiller le gouvernement,
pour gouverner comme il faut, pour protéger les policiers puis la population
et prendre en charge les personnes qui
souffrent de problèmes de santé mentale, la réalité, c'est qu'on ne veut pas
étudier un mandat d'initiative.
Ils ont essayé, quand ils ont appelé la première
séance de travail, de voter contre. Ils ont essayé de voter contre. Ils avaient mis toutes sortes d'arguments :
Oui, oui, on va travailler là-dessus. Mais vous savez quoi? Quand on dit on va
travailler là-dessus, je peux vous ramener à
2019, 2019 quand Mme McCann était ministre
de la Santé, puis il y avait un
policier qui avait levé sa main, du FPPVQ,
puis il a dit : Il y a un méchant gros problème, là, je fais face à des
problèmes. Ça a été médiatisé.
Mme McCann a dit : Oui, pas de problème. Vous savez quoi? J'ai envie
de parler avec vous. On va mettre en
place des solutions concrètes. Puis, depuis 2019, quatre ans, cinq ans plus
tard, zéro, zéro mesure concrète. On a
même fait, juste pour donner la chance au gouvernement, peut-être parce qu'on a
dit : Ça se peut qu'on ne connaisse pas tout, peut-être c'est juste de l'information qui n'était pas sur la
place publique, on a fait une demande à l'accès à l'information. Demandez-moi combien de rencontres ils ont eues en
ce qui concerne cet appel à l'aide puis la démonstration publique que, oui, on va agir. Zéro. Zéro, M. le Président.
Depuis tout ça, rien, d'où l'importance d'agir avec un mandat d'initiative,
d'amener ça sur la place publique
pour travailler en concertation. Enlève la politique de la discussion. Je n'ai
pas envie de faire de la politique sur le dos de Maureen Breau ou sur
les policiers, j'ai envie de vider la question. J'ai envie de contribuer. Ma formation politique a envie de contribuer. Nous
avons quand même une expertise. Chacun des 125 députés ici amène un
point de vue puis une expertise. Vous avez
tous des citoyens qui vont bénéficier d'étudier ce mandat d'initiative.
Pourquoi? Parce que c'est pour le
bénéfique de notre société en entier. Pour vrai. On peut tous bénéficier
d'étudier cette question. Et la population
va être fière de nous. Eux, ils vont dire : Ah! finalement, on travaille
en concertation, on va travailler ensemble.
Ce
qui est arrivé à Maureen Breau aurait pu arriver à n'importe qui. Imaginez si
c'était quelqu'un que vous avez connu personnellement. Est-ce qu'on
aurait agi différemment? Est-ce que c'est parce que c'est la troisième,
quatrième, cinquième personne dans
l'élargissement de qui nous connaissons de notre entourage? Si c'était
quelqu'un qu'on connaissait, peut-être on aurait agi différemment. Je ne sais
pas. Mais Maureen Breau, son décès appartient à nous tous ici. Puis on fait
vraiment fausse route. Puis c'est la démonstration qu'on a oublié son décès si
on décide de ne pas poursuivre à étudier le
mandat d'initiative. C'est pour ça, M. le Président, j'espère que le
gouvernement va pouvoir... va décider de porter fruit puis de dire oui. Dans le fond, je leur donne une
deuxième chance de dire oui au mandat d'initiative, M. le Président, c'est
important. Mais je ne suis pas la seule personne qui pense que c'est important
de tenir ce mandat d'initiative, une petite commission
d'un à deux jours où on peut entendre les personnes concernées. Je ne suis pas
la seule. On a beaucoup d'appuis, beaucoup d'appuis, M. le Président.
Les gens qui nous appuient dans cette demande, même pas dans les lettres,
Johanne Beausoleil, la directrice générale
de la Sûreté du Québec, elle a écrit un article dans La Presse, puis
elle, elle a dit, et je la cite :
«Les gens se demandent si ce décès de trop aurait dû ou pu être évité. Est-ce
que l'assaillant aurait dû se trouver dans un établissement hospitalier ou être mieux encadré? Comment se fait-il
qu'un individu représentant un risque connu se soit retrouvé en liberté?
Les systèmes de justice et de la santé auraient-ils pu éviter un tel drame?
«Ce
sont là des questions auxquelles on doit répondre collectivement. Les services
policiers, les syndicats et les partenaires
de la justice, de la santé et de la sécurité publique devront s'asseoir et
trouver ensemble des solutions concrètes, concertées et permanentes.»
L'Association
des policières et policiers provinciaux du Québec, ils ont envoyé une lettre,
même, à la commission pour nous
demander de se saisir du mandat d'initiative, puis je cite de leur
lettre : «Comment expliquer que la commission qui constate sur la
santé mentale du Québec libère dans la société encore une fois, sans suivi, une
personne reconnue violente,
multirécidiviste, avec un risque élevé de récidive, comme cela fut le cas
récemment lors de l'épouvantable drame à Louiseville qui a emporté la
vie de notre consoeur? Nous osons espérer que votre initiative permettra
d'apporter des solutions concrètes à ce
problème de société afin que la mort de la sergente Breau de la Sûreté du
Québec ne soit pas survenue en vain.»
La
fédération... La fraternité, excusez-moi, des policiers et policières de la
ville de Québec, eux aussi, ils ont écrit une lettre. Et je dois
féliciter aussi leur présidente, Martine Fortier, elle a écrit un article
émouvant en ce qui concerne l'état mental
perturbé puis l'impact sur nos policiers quand on parle des portes tournantes.
Et, dans leur lettre, eux, ils disent : «Tel qu'énuméré dans la
correspondance qui vous a été transmise par la députée, de nombreux événements
troublants se sont multipliés depuis le
début de l'année 2023. Nous serions certainement en mesure de bonifier
ladite liste en y relatant plusieurs événements survenus en 2021 et 2022
sur le territoire de la ville de Québec, lors desquels des vies de plusieurs policiers que nous représentons ont été
compromises par de sauvages agressions. Nos membres ont, à maintes reprises,
été confrontés au phénomène des
portes tournantes, se retrouvant avec la responsabilité de gérer des citoyens
aux prises avec des problèmes de
santé mentale représentant un danger pour eux-mêmes et pour autrui, le système
de santé se dissociant d'une prise en charge adéquate. Les policiers
n'ont pas choisi de perdre la vie pour leur travail.»
La Fédération des
policiers et policières municipaux du Québec : «Tout comme dénote la
députée, le caractère imprévisible de ces
interventions a rendu ces dernières hautement risquées, et ce, autant pour nos
policiers et policières que pour la population en général présente sur les
lieux. Il nous apparaît donc impératif, voire même urgent, qu'un portrait de la
violence au Québec soit largement brossé,
que les causes en soient identifiées et que soient proposées diverses pistes de
solution.»
La
Fraternité des policiers et policières de Montréal : «D'ailleurs, des
experts soulignent, dans La Presse, que la criminalité devient de
plus en plus complexe.»
Et
là ils citent l'article de La Presse : «"Les phénomènes
changent très vite", explique l'une d'elles, la Dre Cécile Rousseau,
professeure en psychiatrie à l'Université McGill.
"La violence qu'on vit aujourd'hui ne se conçoit plus dans les silos qu'on
avait avant : violence conjugale,
violence de gangs, violence extrémiste ou violence liée à des troubles majeurs
en santé mentale. Toutes ces choses
sont en train de se mélanger", ajoute la directrice scientifique de
l'Équipe recherche et [d'action] sur les polarisations sociales.»
«Cet énoncé illustre
très bien les raisons pour lesquelles il serait pertinent de brosser un
portrait de la criminalité et de dégager des
pistes de solution renouvelées. Nous estimons, d'une part, que cette rencontre
de réflexion avec des nouvelles facettes
de la criminalité est incontournable et, d'autre part, que la commission que
vous présidez — en
parlant de la présidente de cette commission — représenterait
un forum démocratique approprié pour ce faire.»
Ça
fait qu'eux aussi demandent de faire ça sur la place publique, M. le Président.
Et je peux ajouter qu'on a aussi l'ordre des médecins psychiatriques qui
ont témoigné publiquement leur désir de vouloir participer dans une petite commission parlementaire. Puis c'est bizarre,
hein, parce que tous les ministres cette semaine, aujourd'hui, tous les ministres de la CAQ, aujourd'hui, disent qu'ils vont écouter
la population en ce qui concerne le troisième lien, hein? On va écouter
la population en ce qui concerne le troisième lien. Ils ont maintenant... Je
leur soumets une belle occasion d'écouter la population,
les gens qui ont hâte à assister à une commission parlementaire, s'ils
acceptent notre motion, parce que, ça aussi, c'est la population qu'on doit écouter, ce n'est pas juste les gens qui
ont un intérêt au troisième lien, c'est la population en général. Eux
aussi, ils ont besoin d'être écoutés.
Le
maire de Louiseville... J'ai parlé avec le maire de Louiseville à quelques
reprises, et, juste hier, il m'a dit... il souhaitait que je le cite. Alors, je
vais le faire. Il souhaitait que je le cite parce que lui, il disait que,
depuis l'assassinat de Maureen Breau,
les citoyens de Louiseville sont fragiles. Ils ont peur. Ils souhaitent même
fermer leur commerce. Ce n'est pas
rien, M. le Président. Ça fait que, quand le député de Maskinongé avait accepté
de parrainer une pétition, de l'amener ici,
au salon bleu, de la déposer devant les 125 députés, puis après qu'on se
saisit... on demande de saisir un mandat en séance de travail puis qu'il
n'est même pas là pour défendre son monde...
• (15 h 20) •
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Allez-y,
M. le leader adjoint du gouvernement.
Une
voix : ...noter l'absence d'un collègue lors des séances de travail ou
même lors du salon bleu.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci. Allez-y, M. le leader.
M. Derraji : ...collègue évoque un fait lors d'une commission. Elle
ne note pas l'absence du député maintenant. Elle rappelle des faits qui l'ont ramenée à être obligée, aujourd'hui, à
ramener cette motion du mercredi pour en discuter. Merci, M. le
Président...
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors... Merci, M. le leader adjoint. Je vous ai
entendu. Alors, effectivement, donc,
l'absence, on n'a pas à noter l'absence d'un collègue, donc, lors des travaux
non plus. Alors, je vous demande de faire attention à vos propos. Donc,
poursuivez, Mme la députée.
Mme Maccarone : Oui, je peux continuer.
Ça reste que les collègues qui ont été présents à cette séance de travail
ont voté contre. Ils ont voté contre
24 000 citoyens. C'est ça qu'ils ont fait. Puis c'est la CAQ qui a
fait ça, la CAQ qui ont voté contre
24 000 citoyens. Puis, pour ceux qui ont assisté à des commissions, à
des séances de travail, on peut bien dire : Bien oui, c'est la
commission qui décide. Je sais que, si je me lève au salon bleu puis que je
pose une question, est-ce qu'ils vont se
saisir du mandat d'initiative, le ministre va dire : C'est la juridiction
de la commission, des membres de la commission.
C'est eux qui vont voter. Mais on sait tous que c'est inexact. Ce n'est pas
vraiment la séquence des événements. Les députés du gouvernement qui ne
sont jamais représentés par les ministres, quand on se saisit d'une pétition ou
on souhaite se saisir en séance de travail, ils sont envoyés avec des petits
textes à lire. Puis, des fois, ils ne connaissent même pas les dossiers, mais ils vont lire un petit texte puis ils vont
expliquer pourquoi on vote contre. Ça fait que c'est comme ça qu'on se
saisit...
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le leader adjoint du gouvernement, allez-y.
Allez-y, M. le leader.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Bien, il y a des... je l'avais dit qu'il y a des
gens qui prêtent des intentions ici. C'est
blessant pour les collègues. On se doit respect envers les députés, qui font
leur travail de façon très consciencieuse et rigoureuse dans tous les aspects du travail à l'Assemblée nationale,
incluant dans les discussions le matin sur, justement, des mandats
d'initiative ou sur des prises en considération de pétitions, M. le Président.
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci.
Donc, Mme la députée, elle vient de retirer ses propos, donc. Alors, je
voudrais vous demander de poursuivre l'intervention, donc, en faisant
attention, s'il vous plaît. Merci.
Mme Maccarone : Je retire mes propos. Mais
ça reste que, des votes en séance de travail, quand la CAQ vote contre une telle pétition, puis avec tous les arguments,
la réalité, la vérité, c'est qu'ils font un choix. Il n'y a aucun argument qui
tient la route pour ne pas tenir une commission de deux jours pour se
saisir d'une pétition. Même si deux sur trois des éléments de la pétition n'ont pas été... il y a... sont complétés, ça ne
tient pas la route comme argument. Il faut amener ça sur la place publique. Les citoyens nous demandent
d'avoir un débat là-dessus, pas juste le Parti libéral du Québec. Puis
c'est inhabituel que c'est une députée libérale qui demande d'avoir une séance
de travail pour se saisir de la pétition.
Ça
fait que, si le gouvernement avait une sincérité de vouloir se saisir de la
pétition, ils l'auraient fait eux-mêmes. Chose qu'on peut constater, ils ne l'ont pas fait. Ça s'est logé dans
notre cour. C'est le Parti libéral qui était là pour défendre les citoyens de Maskinongé. C'est le Parti libéral
qui était là pour défendre la Mauricie. C'est le Parti libéral qui était là
pour défendre les policiers. Vous étiez où, la CAQ, pour ça? Puis, quand on a
demandé les arguments, qu'ils nous ont présentés,
c'est : Ah! mais oui, mais il y a eu des rencontres. Il y a eu des
rencontres? O.K. Il y a eu des rencontres. Bravo! On est contents de ça.
Il y a eu des rencontres.
Ça
fait qu'encore une fois on a fait une demande de l'accès à l'information pour
savoir qu'est-ce qui s'est passé dans ces rencontres. Évidemment, on a eu très peu d'informations. On a
su qu'il y avait à peu près six rencontres, 23 personnes autour de la table pendant une heure. Ça, si je
fais le calcul, M. le Président, c'est à peu près deux minutes par intervenant.
C'est le temps peut-être de juste se
présenter. Ça fait que comment est-ce qu'ils vont avoir une vraie discussion
autour de la table? Mais vous savez quoi, M. le Président? Je suis offusquée.
Je suis même insultée pour les gens qui n'ont pas été invités à
participer à ces travaux. Les policiers, ils sont les personnes qui sont
armées, les personnes que leurs vies sont à
risque, eux, ils n'ont pas été invités à participer dans ces travaux, ils n'ont
même pas eu le deux minutes par personne. C'est grave, M. le Président. On a une responsabilité civile de leur entendre.
On a été élus pour faire ça. Tout le monde lève la main, puis qu'ils disent : On est prêts à
prêter main forte, on est prêts à mettre l'épaule à la roue, on est prêts à
travailler avec vous, on souhaite trouver une solution ensemble. Le maire de
Louiseville, lui, il a dit : «Ce meurtre-là aurait pu être évité.» Le
député de Maskinongé a dit, dans un article, le 28 mars : «Il faut se
donner tous les moyens pour ne plus que ça arrive.»
Votez pour étudier le
mandat d'initiative. Si on vous tient à votre parole, vous n'avez qu'à voter
pour le mandat d'initiative. Ça va être une
belle occasion de faire la démonstration que Maureen Breau n'est pas décédée en
vain. Elle mérite notre attention. Parce que ce n'est pas fini.
Puis vous savez quoi? Je peux vous
dire, là, que, si vous avez eu le courage de se saisir de la pétition, une
commission d'un à deux jours, on n'aurait pas demandé une motion du mercredi,
on n'aurait pas posé d'autres questions au salon bleu. On aurait été contents, on aurait levé la main
pour vous le... puis parce qu'on aurait voulu contribuer, c'est qui qu'on va
entendre en commission. Mais ça reste qu'au
bout de la ligne, M. le Président, les citoyens ont été bâillonnés, parce que
la CAQ a voté contre. Je réserve le reste de mes commentaires, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Je reconnais maintenant M. le ministre de la Sécurité
publique.
M.
François Bonnardel
M. Bonnardel :
Merci, M. le Président. J'ai
entendu le discours de la députée de Westmount—Saint-Louis. Je voudrais lui dire qu'elle
n'a pas le monopole du coeur et de la compassion. Elle n'a pas le monopole du
coeur. Depuis la mort de la sergente
Breau, il n'y a personne, ici, il n'y a personne, ici, qui n'a pas été affecté.
Tout le Québec a été affecté. Et je
reviendrai sur les mesures qu'on a mises en place, qu'on va mettre en place
dans les prochaines semaines, prochains mois pour qu'il n'y ait plus de
décès de policiers.
La
députée a dit : On ne peut pas laisser la peur gagner. J'aurais aimé ça,
qu'elle dise : Ce n'est pas vrai que la peur va gagner. Parce que
je le dis aux gens de Louiseville, là : Ce n'est pas vrai que la peur va
gagner. Ce n'est pas vrai que vous allez
fermer vos boutiques. Vous ne devez pas avoir peur. Les policiers sont là pour
protéger les rues, pour vous protéger,
pour protéger vos commerces, vos maisons. Oui, il y a eu un décès malheureux.
10 policiers et policières ont perdu la
vie dans la dernière année, depuis le début de l'année, M. le Président. Le
dernier, c'est le sergent... c'était le policier O'Brien de la GRC voilà
à peine deux semaines déjà. 10. C'est beaucoup trop, beaucoup trop.
La
députée dit : Il y a urgence d'agir. Bien, on a agi. On agit.
Présentement... Puis, quand je suis arrivé en poste, vous savez, juste en préambule, il y a deux mots
qui m'interpellent, qui me viennent en tête depuis que je suis ministre de la Sécurité publique, c'est la
répression, la prévention. Il y en a un autre qui n'est pas très loin, c'est
l'information, puis je reviendrai sur l'information, qui est importante
pour la suite des choses.
Quand
on parle de répression, bien, c'est indéniable, je le disais tantôt aux
gens : Vous ne devez pas avoir peur. Le Québec est sécuritaire. C'est le discours que tout le monde devrait
avoir ici, et de ne pas laisser sous-entendre ou de prétendre qu'on
pourrait avoir peur parce que nos policiers ne font pas le travail. C'est faux.
Tous les policiers, ces hommes et ces femmes
qui font un job incroyable au Québec, qu'on soit à Granby, qu'on soit à
Gatineau, qu'on soit à Québec, qu'on soit
à Montréal, on devrait être honorés, à chaque fois, de dire merci à un policier
ou à une policière qui fait son travail, qui fait son travail, qui
intervient lors des appels.
• (15 h 30) •
Puis,
quand je parle de répression, oui, on voit depuis quelques mois, sinon deux,
trois ans, des situations qui nous amènent, comme gouvernement, à devoir
agir pour s'assurer de donner tous les outils. Les outils, c'est quoi? C'est
des policiers additionnels, oui, dans une
certaine mesure, puis c'est là que l'équilibre est important entre la
prévention et la répression. On a
fait quoi depuis deux ans? Principalement à Montréal, vous vivez à Montréal, M.
le Président, vous le savez, il y a eu des épisodes qui ne sont pas... qui pourraient
rendre la population à se dire : Est-ce que je peux encore aller marcher
dans la rue le soir, me sentir en sécurité,
sortir avec ma femme, avec la poussette? Je leur dis oui. Je leur dis oui, mais
on se devait de faire un... on devait
poser un geste important. Et ce geste, on l'a posé voilà deux ans en annonçant
225 millions de dollars pour
épauler la ville de Montréal pour que nous ayons 225 policiers
additionnels, pas 225 nouveaux policiers qui remplacent ceux qui partent à la retraite,
225 policiers qui vont combattre la violence, principalement la violence
armée, principalement la violence
armée, 225. On a fait graduer rapidement une cohorte qui a coûté
3 millions de dollars, 72 nouveaux policiers et policières en
mars dernier, 72, juste une cohorte, juste, juste pour Montréal.
J'ai
rencontré, lors de mes visites, un peu partout, des différents corps de police,
Laval, voilà quelques mois déjà, Pierre Brochet, le directeur. Le maire
m'a interpelé en me disant : François, on vit, dans une certaine mesure,
pas au niveau de Montréal, mais on vit, dans une certaine mesure, des
situations qui nous inquiètent, on aurait peut-être besoin d'effectifs additionnels pour combattre la
violence armée. On a répondu oui. Puis je ne suis pas gêné de vous dire, M. le Président, que c'est 20 millions de dollars,
20 millions, là, pas deux, pas 200 000 $, 20 millions de
dollars qu'on a annoncés pour Laval
pour l'ajout de 20 nouveaux policiers, je le répète, pas des policiers qui
partent à la retraite, qui vont combattre la violence armée.
Ça, c'est du concret,
là. Ça, c'est du concret pour que les gens qui nous écoutent se disent :
O.K., vous prenez la situation au sérieux. À
Montréal, ce l'était, ce l'est encore à Laval, et, s'il faut le faire ailleurs,
nous le ferons selon les conditions
de la violence qu'on peut mesurer un peu partout sur le territoire. Mais les
deux principaux problèmes que nous avions dans les derniers mois,
c'était Montréal, c'était Laval.
Comment
on forme ces nouveaux policiers? Bien, dans les dernières années, à l'École
nationale de police, c'étaient plus ou
moins 650 policiers, policières, des recrues qui étaient formées. On est
allé chercher des dizaines de millions additionnels grâce au ministre
des Finances pour former plus de policiers, pour graduer plus de policiers et
policières, pour répondre à ce que je viens
de vous dire. On est passés de 650 à 1 000 à partir de là,
1 000 hommes et femmes qui seront formés, et de minorités, peu importe, qui sont formés, là, pour être
capables de répondre aux besoins des corps de police partout sur le territoire québécois. Ça, c'est du
concret, c'est des dizaines de millions qu'on a mis à l'École nationale de
police.
Pour
faire face à la violence armée, on a créé CENTAURE. CENTAURE, c'est
275 millions de dollars, 275 millions de dollars investis depuis à peine cinq ans, à peine cinq ans pour
combattre le crime, pour trouver un équilibre, encore une fois, important entre la répression et la
prévention, on parle presque d'un 50-50, mais on est à 60-40 dans les
investissements.
On a créé
quoi, avec CENTAURE? Je le disais tantôt, le troisième mot, entre répression,
prévention et information, bien, je
pourrais mettre «renseignement» dans tout ça. On a créé, pour la première fois
au Québec, une équipe intégrée pour le renseignement, qui
inclut tous les corps de police au Québec. Pour la première fois, imaginez
donc, bien, ces corps de police les
plus importants se partagent le renseignement. J'ai souvent dit : C'est le
nerf de la guerre, ça. On ne peut pas garder, comme corps de police, qu'on soit
à Québec, qu'on soit à Laval, ou à Longueuil, ou à Montréal, des informations
sans partager ce qui se passe sur notre
territoire, c'est le nerf de la guerre. Si on ne se partage pas l'information,
comme corps de police, comme policier, comme enquêteur, on n'avance pas,
on n'avance pas.
On a créé des
équipes mixtes pour contrer le crime organisé, SQ, SPVM, Laval, Longueuil. On a
besoin de ces corps de police, ces
équipes spécifiques, ces spécialistes pour combattre le crime organisé. On a
mis des sommes importantes pour combattre
le crime. Est-ce qu'on constate des résultats satisfaisants à date? Je vous
dirais, comme je l'ai déjà mentionné, c'est une théorie du petit pas, on
avance, on voit les statistiques qui s'améliorent graduellement. Laval, saisie
d'armes, pourquoi on agit à Laval :
40 saisies d'armes en 2020, 41 en 2021, 57 en 2022. Ça peut paraître pas beaucoup,
mais c'est énorme. C'est énorme, et, malheureusement, plus souvent
qu'autrement, M. le Président, c'est le début de la petite criminalité, à 15, 16, 17 ans, avec le fusil,
l'arme dans la poche, dans le veston, dans le manteau, que les jeunes se
disent : C'est cool, porter
l'arme. Bien, le message que je leur envoie puis que j'envoie aux corps de
police, c'est que ce n'est pas cool, porter une arme à feu. Ce n'est pas
cool.
Et, dans ce
contexte, la répression est importante, mais la prévention l'est tout autant.
Elle l'est tout autant. Et, quand je dis ça, bien, je pense à l'annonce qu'on a
faite à Montréal, voilà quelques semaines déjà, à peine un mois, où on a
annoncé PIVOT, Prévenir et intervenir sur les violences observées sur le
territoire, parce qu'en amont, là, de tout ça, là, avant d'arrêter le jeune ou
d'aller cogner à sa porte, comme policier, comme policière ou comme enquêteur...
dire : Madame, monsieur, on le sait,
que votre fils ou votre fille — malheureusement,
des fois, c'est plus de garçons que de filles — on le sait,
qu'il va faire un crime demain, qu'il va peut-être commettre un crime, on le
sait, qu'il porte l'arme, avisez-le, on va être là, on le sait, et, s'il
a besoin d'aide, s'il a besoin d'aide, voici notre numéro.
C'est le
travail de prévention que PIVOT va faire dans les quartiers de
Rivière-des-Prairies et de Montréal-Nord. C'est un travail qui est
important, parce que, dans ces quartiers, oui, on a du travail à faire pour
rétablir la confiance et d'amener ces jeunes
à se dire : Ce n'est pas un plan de carrière, être un petit criminel puis
de devenir un moyen puis un grand
criminel. Ce n'est pas ça qu'on veut. Ce n'est pas ça que je veux. Ce n'est pas
ce que vous voulez. Puis il n'y a personne ici qui veut ça pour ses
enfants. On veut leur donner de l'espoir.
On veut que
ces organismes communautaires qui y participent soient partie prenante,
peut-être, juste d'un seul succès dans
l'année, mais ce sera ça. Si je rattache un jeune, deux, trois, 10, sur les
trois prochaines années, bien, c'est peut-être 10 enfants,
10 adolescents qui auraient peut-être perdu la vie, peut-être perdu la vie
dans ces combats, dans ces gangs, et tout
ça. C'est le combat que je mène, qu'on veut mener, qu'on devrait tous mener
ensemble pour ramener ces jeunes... Ça,
c'est le travail de prévention que j'ai à faire, qu'on a à faire, comme
ministère, et qu'on répond... On met plusieurs dizaines de millions de
dollars sur la table pour supporter différents organismes.
Quand je
parle de prévention, bien, je fais un petit clin d'oeil rapidement, santé
mentale perturbée... puis j'arrive à ce qui nous interpelle, m'interpelle
depuis la mort de la sergente Breau, puis santé mentale perturbée, ce n'est
pas... Malheureusement, avant la mort
de la sergente Breau, on parlait de santé mentale. «Santé mentale», c'est deux
mots qu'on a entendus énormément dans les trois dernières années.
Et mon
collègue qui est assis ici, le ministre responsable des Services sociaux,
comprend le message, a bien entendu le
message. Il a déposé, voilà peut-être deux ans déjà, là, un plan
interministériel, si je me souviens, 1,5 milliard ou à peu près, et, dans ce plan, on lui avait dit :
Dans le travail que les policiers ont à faire dans le futur, bien, il faut
penser aux cas de santé mentale qui augmentent, augmentent, augmentent.
La députée a
raison. Quand je parlais à Fady Dagher, quand je parle à tous les chefs de
police, quand je parle aux répartiteurs
du 9-1-1 puis... c'est quoi, la majorité de vos appels? Bien, à Montréal, c'est
presque un appel, deux appels sur trois pour des cas de santé mentale
perturbée. Au Québec, c'est près d'un sur deux.
• (15 h 40) •
Et pourquoi
je parle de mon collègue des Services sociaux, c'est que, dans cette somme, on
est allés chercher un montant important, 60 millions, réparti entre
le MSP, nous, et le MSSS, le ministère de la Santé, pour équiper... quand je dis «équiper», que, pour les travailleurs
sociaux, ces hommes et ces femmes qui comprennent et mesurent l'ampleur du
travail que les policiers ont devant eux
face à une personne où on cogne à la porte puis on ne sait pas trop qui répond
l'autre côté de la porte, que ce soit
en amont ou dans le moment présent... ce qu'on voulait et ce qu'on souhaite, ce
que les policiers voulaient, c'est
d'avoir des partenaires, puis ces partenaires, bien, c'est dans les équipes
mixtes. On va les appeler comme ça.
Le 60 millions, on est allés le chercher majoritairement dans tous les corps
de police. Et, à Louiseville, il y en aura un ou une qui va y travailler dans les prochains mois... prochaines semaines,
pardon, pour accompagner les corps de police dans leur travail, surtout,
surtout dans la situation où on a des cas de santé mentale. Il y en a trop. Il
y en a trop, mais c'est notre job d'y
répondre, puis d'accompagner ces personnes, et qu'on n'ait plus de décès de
policières, policiers dus à ces cas de santé mentale perturbée.
Quand je dis ça, j'ai fait l'équilibre, je vous
ai expliqué un peu pourquoi, où on va, où on souhaite aller entre répression et prévention, quand je disais que
l'information, le renseignement est le nerf de la guerre, oui, le renseignement
est important pour contrer le crime, pour
prévoir ce qui va se passer devant nous, mais, l'information aux policiers, quand
on cogne à une porte ou que le policier reçoit l'appel, vous vous rendez au
210, rue de l'Église, à Verdun, il y a un cas particulier, monsieur crie trop fort, peu importe, on entend des coups,
peu importe, peu importe la situation, c'est là que l'information entre
en ligne de compte.
Et, quand la
sergente Breau a été assassinée, j'ai compris rapidement... J'ai parlé à ses
collègues, à certains de ses collègues,
aux syndicats des polices, provinciaux, municipaux. J'ai compris jusqu'à quel
point, pour eux, c'était impensable qu'il n'y ait aucune réflexion ou
travail qui se fasse suite à la mort de la sergente Breau. Et, rapidement,
quatre jours, cinq
jours plus tard, deux choses. J'ai demandé à la coroner de débuter une enquête
publique. Elle va rapidement débuter ses
audiences en début d'année. On aura le rapport par la suite et on pourra y
répondre. On aurait pu dire : Bien, on attend le rapport du coroner, puis
on s'assoit, puis on attend, mais ce n'est pas ma façon de faire. Oui, on va
répondre aux attentes de la coroner,
mais j'espère juste qu'elle soit... qu'elle va dire : Vous avez déjà pris
le taureau par les cornes. Puis le
taureau par les cornes, c'est quoi? Bien, c'est un plan d'action, c'est un comité
interministériel. Je l'ai répondu. Et là je vais répéter ce que j'ai
souvent dit à la députée : Il n'était pas question que je reste les bras
croisés.
Rapidement,
j'ai dit à mon sous-ministre, la semaine suivante : On se doit de déployer
rapidement, avec les différents partenaires,
la justice, les services sociaux, le DPCP, la Commission d'examen des troubles
mentaux, un comité interministériel pour
être capable de comprendre comment on va mieux informer nos hommes et nos
femmes quand l'appel va survenir. C'est le nerf de la guerre. J'ai dit : On ne peut pas continuer, on ne
peut pas... le policier ne peut pas cogner à une porte, maintenant ou dans le futur, pas savoir qui va répondre de
l'autre côté et quelles conditions possibles, mentales ou non, perturbées, que
cette personne pourrait avoir. Si on avait
peut-être su ça, peut-être, la situation aurait été différente pour la sergente
Breau, peut-être, peut-être, des informations sur sa condition, de suivi...
En tout cas,
je pourrais élaborer longtemps, mais je ne le ferai pas. Je pense que vous
comprenez très bien, M. le Président, où on souhaite aller. Donc, les autorités
conséquentes, les partenaires se sont déjà assis à table au moins cinq fois,
cinq rencontres. Le travail continue. Je ne leur ai pas demandé de me déposer
quelque chose dans trois ans, là. Je leur ai
dit : Là, ça presse, ça fait quelques mois déjà, vous avez eu le temps,
c'est le temps de livrer, c'est le temps de livrer pour être capable de
répondre de la mémoire de la sergente Breau.
Et tous les
policiers, policières au Québec qui nous écoutent puis qui se disent : Il
va arriver quoi pour la suite?, bien, il
va arriver quelque chose. Il va arriver quelque chose. Je vous le disais,
autant que ce comité, pour moi, était important... On va livrer la marchandise. On a un comité
provincial sur les interventions policières qui ont un problème de santé
mentale. On a, à la disposition des
corps de police, la pratique 2.2.8, intervention auprès d'une personne qui a
des problèmes de santé mentale. Pour
ceux que ça intéresse, là, vous pouvez aller sur le site de la Sécurité
publique et voir ça dit quoi dans la pratique policière. Les pratiques d'application ou les principes
d'orientation : une personne dont l'état mental est perturbé possède les
mêmes droits que tout citoyen, les devoirs du policier envers celle-ci sont les
mêmes qu'à l'égard de quiconque. La base de
l'intervention et l'étendue des pouvoirs policiers vont varier selon les
situations suivantes : amener la personne qui représente un danger grave et immédiat pour garde
préventive; l'exécution d'une ordonnance de garde dans un établissement de santé; la personne quitte un établissement de
santé pendant qu'elle fait l'objet d'une garde préventive. Tout est là, dans
le Guide des pratiques policières, tout est là.
Donc, M. le Président, je suis conscient que
beaucoup, beaucoup de policiers et policières ont vécu encore aujourd'hui une situation extrêmement difficile
depuis le départ de la sergente Breau. C'est mon devoir, c'est notre devoir
d'y répondre, c'est notre devoir de répondre
par des actions qui seront conséquentes, qui vont donner des outils
additionnels pour que les policiers
et policières fassent leur travail, fassent bien leur travail, ils le font
déjà, et qu'ils le fassent encore mieux.
C'est le défi
que je me suis donné, qu'on s'est donné comme gouvernement, et on va livrer la
marchandise dans les prochaines semaines pour être capables de répondre de la
mémoire de la sergente Breau. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la
parole au député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, nous sommes ici réunis pour étudier la motion de la collègue députée de Westmount—Saint-Louis,
là, sur la nécessité d'avoir une
commission parlementaire afin d'entamer une analyse, entamer un débat, là, sur les interventions
policières lors d'événements impliquant des personnes ayant un état mental
perturbé.
Évidemment, nous avons tous et toutes été
choqués, le Québec au complet, lorsque nous avons appris le décès malheureux de la sergente Maureen Breau, qui est
décédée lors d'une intervention, le 27 mars dernier, à Louiseville, auprès
d'une personne avec un état mental perturbé.
La sergente
Breau était loin d'être une débutante dans la Sûreté du Québec, là, elle avait
plus de 20 ans d'expérience. Pourtant,
elle a perdu la vie de façon tragique lors d'une intervention auprès d'un homme
en crise, là. Cet événement-là, extrêmement malheureux, a mis en lumière
le difficile équilibre à maintenir entre la nécessité de la protection du public, celle des policiers et policières qui
interviennent quotidiennement, et le droit à la réhabilitation au coeur, il
faut le rappeler, au coeur de notre
système de justice. Également, ça met en lumière tous les débats autour du
nécessaire accompagnement psychosocial des personnes qui présentent un
état mental perturbé.
Évidemment, on l'a entendu de la part du
ministre de la Sécurité publique et de notre collègue de Westmount—Saint-Louis,
il y a beaucoup trop de policiers, au cours de cette année, qui sont décédés en
fonction, là, souvent lors d'interventions
auprès des personnes avec des problématiques, des personnes en crise et des problématiques
de santé mentale. Mais il faut...
Il est
nécessaire aussi de mettre cette problématique d'un point de vue beaucoup plus
large, c'est les interventions générales,
de façon générale, de la police auprès des personnes en crise et avec des états
mentaux perturbés, là. Et je vous cite, M. le Président, une enquête
réalisée par le journal Le Devoir il y a presque un an, le
22 novembre 2021, qui nous dit qu'au
Québec il y a eu 81 personnes qui ont été... qui sont décédées lors
d'interventions policières dans les 20 dernières années. Donc, c'est une problématique lancinante qui
concerne tout autant la sécurité des policiers et policières, mais aussi la
sécurité des personnes présentant un état mental perturbé. En gros, ici, on
fait face à une conjonction de plusieurs problématiques des temps modernes, tout d'abord, et ça a été
souligné, la multiplication des personnes présentant des problématiques de
santé mentale de
toutes sortes de façon, dont une minorité, heureusement, une minorité peuvent
développer le profil de violence.
• (15 h 50) •
D'autre
part, cela aboutit à la multiplication exponentielle des appels à
l'intervention des policiers et policières dans des situations qui impliquent
des personnes ayant des problématiques de santé mentale.
Troisième
problématique, là, c'est comment, comment nos institutions, en particulier nos
institutions dans le domaine de la
santé et des services sociaux et aussi nos institutions judiciaires et des
services correctionnels, encadrent les personnes qui présentent un
profil d'un état mental perturbé, qui peuvent avoir un profil de violence.
Et,
en dernier lieu, comment nos policiers et nos policières sont formés pour
intervenir, pour affronter ces situations sans qu'ils et elles mettent
leur vie en fonction.
Donc,
il y a toutes sortes de problématiques qui se rencontrent dans la situation
d'intervention des forces policières avec ces personnes-là.
Un des enjeux qui a
été soulevé, c'est la communication déficiente, déficiente, entre les services
de santé et services sociaux et les services
policiers. Je vous cite également un autre article du... il y a quelques jours,
le 25 septembre, qui nous dit
que, selon un ancien... un policier du SPVM nous dit, nous informe que «la
communication est "inexistante" entre les hôpitaux et les
policiers, qui arrêtent à répétition les mêmes personnes souffrant de troubles
de santé mentale». Il faudrait peut-être
aller plus loin, là, et voir la façon d'améliorer la communication entre les
services de santé et services sociaux et les services policiers.
Évidemment, la
question de formation des policiers sur les enjeux de santé mentale est au
coeur du débat, là. Cette question a fait
couler beaucoup d'encre dans les dernières années, notamment dans la foulée de
l'affaire Alain Magloire. De nombreux
policiers et policières se sont exprimés sur les besoins en formation et sur
les limites de leurs interventions lorsqu'il y a une problématique de
santé mentale.
Évidemment,
les temps changent, le travail des policiers n'est plus le même qu'il y a 20,
30 ans, là, où les policiers étaient là, fondamentalement, pour
réprimer le crime. Aujourd'hui, ils doivent s'improviser en tant que
travailleurs sociaux, intervenants sociaux,
psychologues, etc., pour intervenir auprès des personnes qui présentent des
problématiques de santé mentale.
En
2019, plus de 80 000 interventions ont été effectuées par les
services de police québécois auprès des personnes ayant des
problématiques de santé mentale. À Québec, le service de police déclare, pour
sa part, effectuer, chaque jour, 16 interventions
auprès des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale. Et le
phénomène n'épargne aucune région au Québec, là. Je vous cite, je vous
présente le cas de la ville de Thetford Mines, qui affirme avoir connu une augmentation de presque 90 % en cinq ans du
nombre d'appels reçus par son service de police en lien avec la problématique
de la santé mentale.
Dans
un sondage récent, plus d'un policier sur trois considère que la formation
reçue pour intervenir auprès des personnes ayant des problèmes de santé mentale
n'est pas adéquate, même si le nombre d'heures a été bonifié. En particulier,
on parle beaucoup de formation en termes de
désescalade auprès des personnes présentant un profil d'état mental perturbé.
Un sondage récent mené par l'Association des policières et policiers
provinciaux témoigne du même inconfort. Presque trois patrouilleurs sur quatre de la Sûreté du Québec estiment en
effet que leur formation est déficiente s'il s'agit de la conduite d'urgence
et d'intervention auprès des personnes avec une santé mentale perturbée.
Encore une fois, le
métier des policiers et des policières a changé à travers les années. Et il
s'en vient, d'après les chiffres qu'on a
devant nous... c'est un métier qui devient de plus en plus un métier
d'intervention psychosociale. Est-ce que
nos policiers sont préparés? On ne leur demande pas d'être des psychologues, ou
des psychiatres, ou des psychothérapeutes, ils ont un travail à faire qui est un travail fondamentalement de
travail de répression du crime, mais ils doivent, ils doivent aussi
posséder et développer les compétences sociales, les compétences humaines pour
intervenir auprès des personnes qui ont un
profil de... un état mental perturbé, là. Ils ont besoin, les policiers et
policières, d'être encadrés et d'être formés de façon encore plus approfondie à ce type d'intervention. Aujourd'hui,
et on l'a entendu à plusieurs reprises de la part des représentants des policiers et policières, les
policiers et policières ne reçoivent pas la formation nécessaire à cet égard-là.
Donc, le gouvernement se doit d'ouvrir un débat public, là, en commission
parlementaire, pour explorer les avenues afin
de voir à la façon d'agir sur cette problématique-là, qui va aller
malheureusement en s'accentuant. Et on peut penser, par exemple... Oui, le ministre nous a parlé, là,
des efforts pour recruter davantage de policiers. Il faudrait peut-être élargir
le bassin de recrutement et recruter
des personnes qui ont un profil d'intervention et de travail policier
également, là, auprès d'une grande
masse de gens, là, qui sont là, disponibles, comme par exemple les résidents
permanents, qui, aujourd'hui, ne peuvent pas avoir accès au métier de
policier.
Il est important
aussi de développer des pratiques concertées entre les forces policières et les
organismes communautaires. Parce qu'avant d'intervenir il faudrait que les
personnes en crise puissent recourir en premier lieu, s'il y a une possibilité dans ce sens-là, à des services communautaires
spécialisés dans le traitement de la santé mentale. On peut parler des centres d'aide aux victimes
d'actes criminels ou à tout le réseau qui peut venir en aide aux femmes
victimes de violence conjugale ou, par
exemple, à l'intervention communautaire à l'intensité variable, donc des
organismes communautaires qui
visitent régulièrement des personnes qui ont un profil de... ayant un profil
avec une problématique en santé mentale et qui les suivent étroitement
dans leur milieu, ne serait-ce que peut-être, des fois, par des visites
plusieurs fois par jour, là, ou espacées dans le temps, là, selon les besoins.
Donc, on doit faire intervenir et financer davantage l'intervention, l'approche communautaire pour que ces personnes-là ne se
rendent pas avec la même intensité à un état de crise de santé mentale. Donc, il est primordial de pérenniser et
augmenter les budgets d'intervention destinés aux groupes communautaires
qui ont une expertise assez approfondie, là, dans le domaine de l'intervention
psychosociale, là.
Donc, il est
à noter que, même si la communication entre les services de santé et les
services policiers était idéale, même
si le suivi et l'accompagnement des personnes présentant un profil d'état
mental perturbé, des policiers et policières en service feront toujours face, à un moment ou à
un autre de leur carrière, à des individus hors de contrôle et dangereux.
Donc, il faut aborder ceci de manière
transversale, en impliquant plusieurs ministères. Ceci semble avoir été fait,
et j'écoutais le ministre nous expliquer,
là, lors de la création d'un comité interministériel qui a été mis sur pied
afin de documenter la situation après le décès de la sergente Breau... or, nous
apprenons que ce comité ne s'est pas encore rencontré en 2023, là. On
est rendus presque au 10e mois. Ça fait... Et ce n'est pas la preuve, là, que
c'est une priorité pour le ministre de la Sécurité
publique, là, de faire avancer les
travaux concernant ce type de situation. Il faudrait que ce comité examine
aussi le travail de la commission des
troubles mentaux afin de valider leurs besoins, leurs défis et les gestes qui
devront être posés pour assurer la protection du public et de nos agents
de la paix.
Donc, il
faut, oui, un débat en commission parlementaire pour retourner toutes les
roches et entamer véritablement une réflexion de société non seulement sur
l'état de la santé mentale au Québec, là, mais comment intervenir auprès
des personnes en crise pour éviter des décès
malheureux comme celui de la sergente Maureen Breau ou d'autres personnes. Je
vous remercie, M. le Président.
• (16 heures) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député. Je
reconnais maintenant M. le député de Maskinongé.
M. Simon Allaire
M. Allaire : Merci,
M. le Président. Le 28 mars, il est 6 heures du matin, à peu près,
mon téléphone est sur ma table de chevet puis il vibre une fois. Je me
réveille tranquillement. Il vibre une deuxième fois. Je prends mon téléphone,
je regarde, c'est mon collègue député de
Mégantic qui me texte, puis je vais le citer, M. le Président : «Tu vas
avoir une grosse journée, mon ami. Je
ne pensais pas que c'était encore possible.» Alors, c'est sûr qu'il ne me donne
pas plus de détails que ça, mais rapidement je me rends compte qu'il
s'est passé quoi dans ma circonscription.
Alors, je me
lève, et je décide d'aller tout de suite à l'essentiel, puis j'ouvre Le
Nouvelliste, qui est le journal local en Mauricie et qui,
naturellement, couvre le territoire de Maskinongé, et là j'ouvre juste mon
ordinateur rapidement, l'application, puis
je fais : Ouf! O.K. J'ai compris qu'une policière que j'ai côtoyée à
l'occasion venait de décéder tragiquement dans l'exercice de ses
fonctions. J'ai compris, M. le Président, très rapidement, que notre communauté
allait passer à travers une période difficile et qu'il fallait se regrouper,
tout le monde ensemble, pour leur donner notre soutien.
J'ai compris
rapidement, M. le Président, qu'il fallait offrir, aussi, rapidement notre
compassion, notre empathie fois mille
à l'ensemble de la communauté de Maskinongé, aux policiers et policières,
naturellement, et, le plus important, à la famille. Je pense que c'est
ce qu'on a démontré, et peu importe le parti politique.
J'ai compris
que toute la communauté policière a été durement affectée, M. le Président, et
qu'il fallait poser des gestes clairs et concrets pour éviter que ce genre de
situation là arrive une autre fois. Il fallait s'assurer que ça arrive
le moins souvent possible dans l'avenir. La
députée de Westmount—Saint-Louis, m'a cité tantôt, et elle avait raison, et je le pensais, et je le
pense encore, et c'est unanime, M. le Président, je pense que tout le monde
dans l'ensemble de Maskinongé, dans l'ensemble
de la Mauricie et dans l'ensemble du Québec était d'accord pour que ce genre de
situation arrive le moins souvent possible.
Quelques
jours après le décès, M. le Président, le 1er avril, je m'en souviens
encore, j'avais un souper à l'extérieur de la circonscription, et, encore une fois, un texto. Là, c'est ma
directrice de bureau qui m'informe que l'association des policiers et policières du Québec essaie d'entrer
en contact avec moi parce qu'ils souhaitent que je travaille avec eux une
pétition qu'ils souhaitent déposer à
l'Assemblée nationale. M. le Président, je peux vous dire que ça n'a pas été
très long, ma réponse. Tu sais, à
partir du moment où je vais être en accord avec le libellé, je vous assure de
mon entière collaboration et de mon soutien puis que je vais la déposer
à l'Assemblée nationale, la pétition.
Alors, ce
travail de collaboration a commencé de cette façon-là, et ça a été vraiment un
très beau travail de collaboration,
je tiens à le signifier, des échanges qui permettaient de mieux comprendre
leurs attentes et, moi, de m'assurer que ce qu'on était pour déposer ici, à
l'Assemblée nationale, était pour être... était pour, en fait, donner des
résultats, que j'étais pour être
capable de «fighter» le dossier, permettez-moi l'anglicisme, là, mais pour
assurer des résultats, des résultats concrets pour que ce genre de situation là
arrive le moins possible, puis je pense que c'était de mon rôle de le faire.
On l'a dit souvent, c'est une pétition qui a été signée par au-delà de
24 000 citoyens. Oui, il y en a beaucoup de Maskinongé, naturellement, en Mauricie, mais, à ce nombre-là,
parce que c'était une pétition en ligne, c'est l'ensemble des citoyens du
Québec qui ont participé à cette importante
et historique pétition. Je pense que ça fait partie des cinq plus grosses
pétitions, assurément, là, de l'histoire du Québec.
Le
4 avril dernier, le ministre de la Sécurité publique annonce la tenue
d'une enquête publique qui était demandée par le milieu. Vous n'avez pas idée à
quel point j'ai fait des représentations au cabinet, auprès de mon collègue,
parce que c'était demandé par le milieu,
entre autres par le maire de Louiseville, qui souhaitait une enquête publique.
Bien, le ministre de la Sécurité publique, que je salue et que je
remercie, a eu cette écoute-là, il a dit : Oui, ça en prend une, on le fait, on le fait en mémoire de la sergente
Breau, encore une fois, pour que ça arrive le moins souvent possible dans
l'avenir.
Et d'ailleurs, M. le Président, les
audiences, on le sait déjà, vont avoir lieu en février et en mars 2024, et
déjà, dans l'avis d'audiences, on voit des
groupes. Le ministre de la Sécurité
publique, le ministre de la Santé, le ministre de la Justice,
le ministre responsable des Services sociaux seront présents, le Directeur des poursuites criminelles et pénales, le Tribunal
administratif du Québec, le directeur
de la ville de Louiseville, également le directeur des enquêtes indépendantes.
La directrice générale de la Sûreté du Québec sera présente, le directeur général de l'École nationale de police, le
président et... directrice générale, pardon, de la Commission des normes et de
l'équité, la CNESST, l'Association des médecins psychiatres du Québec et la présidente du CIUSSS—Mauricie-et-Centre-du-Québec. Alors, vous voyez,
M. le Président, que l'ensemble de ces groupes-là, de ces personnes-là
seront entendus dans l'enquête publique.
Le 13 avril, M. le Président,
c'étaient les funérailles de la sergente Breau. C'était un moment solennel. Il
fallait être là pour comprendre toute l'ampleur ou la proportion qu'a
prise ce triste et tragique événement. Je pense que tout le monde ici s'est serré les coudes. La députée de Westmount—Saint-Louis était là, le député de Laurier-Dorion était là, le ministre de la Sécurité publique était là et
d'autres collègues, d'ailleurs. Je pense que c'était un moment qu'on se devait
d'être tous solennels, d'être unis,
pour qu'ensemble on se dise qu'on ne veut plus que ça arrive. On ne veut plus
que ça arrive, un événement tragique comme ça. Alors, c'est tous ces
événements-là qui nous ont fait prendre conscience qu'il fallait agir.
Et, dans les actions
qu'on se devait de poser et que moi, je me devais de poser, entre autres, comme
député de Maskinongé, il fallait aussi
trouver une façon de sécuriser les gens de Maskinongé dans le contexte, et
c'est là que j'ai entamé des discussions avec le ministre de la Santé et
des Services sociaux, que je salue, d'ailleurs, par son ouverture et son écoute, et, rapidement, il m'a dit : Simon...
je ne me nommerai pas «député de Maskinongé», quand même... alors, il
dit : O.K., on va faire de quoi, on va mettre en place, plus rapidement
que prévu, l'escouade mixte, qui était déjà implantée à quelques
endroits au Québec. Mais, compte tenu de ce qui se passe à Louiseville, compte
tenu que les élus, que les citoyens ont besoin
d'être rassurés, compte tenu que les policiers ont besoin d'être rassurés quand
ils font des interventions, il m'a dit : Simon, on va la mettre en
place tout de suite, l'escouade mixte.
Alors, M. le
Président, le 19 mai, j'annonçais, dans une conférence de presse à
Louiseville, l'implantation de l'escouade mixte, en collaboration avec la Sûreté
du Québec, et qu'ils ont salué ce geste rapide et important pour bien outiller nos policiers et policières dans leurs
interventions. D'ailleurs, on a dit que l'ouverture du poste se ferait dans les
prochains mois, quand on a fait la
conférence de presse, et, actuellement, le poste est ouvert. Donc, les gens ont
jusqu'au 12 octobre, là, pour
postuler, là, pour ce poste bien précis, qui va permettre d'accompagner les
policiers dans leurs interventions.
Dans le fond, ce que cette personne-là va faire, c'est de s'assurer que les
policiers qui interviennent, bien, connaissent bien l'individu et qu'ils
aient les bons moyens pour intervenir, selon le profil psychologique de la
personne.
• (16 h 10) •
Et,
pendant ce temps-là, M. le Président, la pétition, elle roule toujours. Et
c'est le 24 mai dernier, ici, à l'Assemblée nationale, que je dépose officiellement la pétition, signée par
24 000 pétitionnaires, 24 000 citoyens de l'ensemble du
Québec, qui demandait deux choses : la première, établir un protocole
entre les différents ministères concernés afin que la présence de PEMP
potentiellement violentes sur le territoire donné soit connue par les autorités
policières et qu'il y ait un meilleur encadrement
de ces personnes lors de leur remise en liberté. Je pense que mon collègue de
la Sécurité publique, tantôt, le ministre,
a fait la démonstration de tout le travail qui a été fait jusqu'à maintenant
pour répondre à cette demande-là spécifique. C'est notre objectif. On ne laissera pas tomber personne. Ce qu'on
souhaite, c'est répondre à cette attente-là. Et je pense qu'il a clairement démontré que les travaux qui
ont été faits jusqu'à maintenant vont nous amener là, vont nous amener là,
M. le Président, avec un résultat concret,
et à la satisfaction de l'association des policiers et policières du Québec. En tout cas, moi, c'est le feed-back que
j'ai, ils sont contents, ils sont satisfaits des travaux qui ont été faits
jusqu'à maintenant. Il reste encore certaines choses à clarifier, mais, somme
toute, ils sont contents.
L'autre élément,
c'était de demander au gouvernement du Canada d'entreprendre une révision
législative des critères de décision de la CETMQ afin de mieux assurer la
sécurité de la population. Mon collègue à la Justice a fait ses représentations auprès de son homologue
fédéral et il ne lâchera pas le morceau, M. le Président, il va continuer ses
représentations. Alors, c'est un autre élément qu'on a pris en charge puis
qu'on s'est assurés de livrer, M. le Président.
Je répète, je l'ai dit tantôt, mais, dans toute
cette démarche-là — puis
je pense que c'était important de la faire — il y a eu des rencontres, des rencontres
interministérielles, et, dans ces rencontres-là, au fil du processus, l'association
des policiers et policières du Québec, entre autres, a été consultée, c'est
important de le dire. Et, au final, encore une fois, même s'il reste des choses
à travailler, ils sont contents du travail qui a été fait jusqu'à maintenant et
vers où on s'en va. Il reste des choses à définir, je l'ai dit tantôt,
entre autres la mécanique opérationnelle, mais, quand même, je pense qu'on est
sur la bonne voie.
M. le Président, je
vais terminer en disant : Est-ce que j'aurais souhaité être à la
commission où on a refusé d'entendre cette
pétition-là, de l'étudier? La réponse est oui. Oui, j'aurais aimé ça être là,
M. le Président. Mais est-ce que le résultat aurait été différent si
j'avais été là, M. le Président? La réponse, c'est non. Pourquoi? Je pense que
mon collègue l'a évoqué tantôt, parce que le
chemin qu'on a décidé de prendre était le chemin le plus efficace, le plus
rapide pour arriver à des résultats concrets rapidement, M. le
Président.
Alors,
si j'avais été alentour de la table, mon argumentaire aurait été le même que
mon collègue, et, je répète, parce qu'on démontre clairement qu'on répond aux
attentes qui étaient implicitement inscrites dans la pétition, signée par à
peu près 24 000 citoyens du Québec. Alors, je ne suis pas gêné du tout,
M. le Président. Je ne suis pas gêné du tout de ce qu'on fait comme gouvernement pour répondre aux attentes des policiers
et policières du Québec. Et ultimement ce qu'on souhaite, M. le Président, c'est qu'un événement comme il est arrivé à
Louiseville n'arrive plus jamais. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au chef de l'opposition officielle.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : M. le Président, vous me
permettrez de débuter mon intervention, encore une fois, en exprimant, en mon
nom, au nom de notre formation politique et, je dirais même, au nom de toute
l'Assemblée nationale, nos plus sincères condoléances aux proches, à la famille
de Maureen Breau, 42 ans — elle
était mère de deux enfants — qui
est décédée en service. C'est une
tragédie, une tragédie. Et, d'abord et avant tout, il y a l'être humain, l'être
humain d'une policière en fonction,
mère de famille, qui a été assassinée. Et toutes nos pensées... parce que ça prend
du temps, et le temps n'arrivera jamais
à guérir les immenses blessures, mais nos prières et nos pensées accompagnent
la famille et les proches de Maureen Breau.
Vous me
permettrez également de saluer des collègues — je vais les appeler les collègues — policiers,
policières, des représentants, d'abord, de l'Association des policières
et policiers provinciaux du Québec, l'APPQ, qui sont dans nos
tribunes, je vais les nommer : le président, Jacques Painchaud,
vice-président, Dominic Roberge, Alain Rousseau, Me Alain Rousseau et Mme Annik Bousquet, de l'APPQ également. Et
l'APPQ est l'organisation instigatrice de la pétition qui a récolté près de 24 000 noms, vous dire
que c'est un enjeu qui touche l'ensemble des Québécoises et Québécois. C'est
rare, dans notre Assemblée nationale, d'avoir autant, en si peu de temps, de
signataires d'une pétition.
Également,
saluer la Fraternité des policiers... les représentants, représentantes de la
Fraternité des policiers et des policières
de la ville de Québec, leur présidente, Martine Fortier, de même que Danny
Beaudoin, Pierre Lamarre, Stéphane Paré, Stéphane Martin et Mathieu
Audy, qui sont également dans nos tribunes, les saluer, leur dire que nous avons pris pleinement conscience de l'enjeu
majeur, l'enjeu vital, qui est soulevé ici aujourd'hui, et de prendre le temps
de vous remercier puis de vous saluer pour
ce que vous faites pour la population du Québec. Merci beaucoup. Puis, je pense,
chers collègues, je pense qu'on pourrait les applaudir.
(Applaudissements)
M. Tanguay : Alors, M. le Président, je ne veux pas faire
d'effet de toge, là. Je ne veux pas parler de l'absence du député de Maskinongé que lui-même a soulevée en
commission parlementaire quand cette épineuse question là a été soulevée. Je ne
veux pas soulever pourquoi le député de Maskinongé, qui a déposé la pétition,
s'est arrêté là en termes de travaux parlementaires.
Ce qu'on fait à l'Assemblée nationale, c'est utile à quelque chose. D'abord et
avant tout, c'est public. Ce n'est pas à portes closes, c'est ouvert.
Puis, quand
on a une commission parlementaire, en passant, vous le savez mieux que moi, M.
le Président, hein, ce n'est pas
parce que vous n'êtes pas membre d'une commission parlementaire que vous ne
pouvez pas faire un remplacement puis
vous présenter si vous voulez réellement y être. Alors, je referme la
parenthèse. Si vous voulez être là, inquiétez-vous pas, vous allez être là. Comme dans tous les
collègues, dans toutes les commissions, sur permission, il n'y a aucun
problème, d'entendre non pas à portes closes, mais d'avoir un débat
public.
Puis je suis
content que le collègue de Maskinongé s'est repris à la fin, parce qu'il a dit
trois fois que ça arrive le moins
souvent possible. À la fin, il s'est repris, une chance, parce qu'un seul cas,
c'est un cas de trop. Il ne faut plus jamais que ça arrive. Le risque zéro n'existe pas, c'est clair. Mais comment on
peut faire en sorte que celles et ceux qui sont sur le terrain, les policières, policiers, qu'on
puisse, nous, faire notre job pour les aider, eux, à faire leur job puis les
aider à la fin de leur chiffre à rentrer chez eux avec le sentiment du
devoir accompli. Et on a pu voir qu'il y avait...
Dans le cas
qui a, évidemment, mené à la mort de la policière, il y avait déjà de nombreux
drapeaux rouges. Il y a un
questionnement qu'on doit avoir ici, à l'Assemblée nationale, en commission
parlementaire. Ma collègue de Westmount—Saint-Louis, que je salue, qui a repris la balle au bond, qui est la porte-parole
de l'opposition officielle en matière de sécurité publique, a déposé un
mandat d'initiative.
J'entends sur le ton des regrets le collègue de
Maskinongé. Il est prêt à continuer à travailler. Parfait. Il aura l'occasion, en séance de travail, de voter, de se
présenter, cette fois-là, puis de voter en faveur d'un mandat qui est toujours
sur la table, que le vote n'a pas eu lieu
encore pour entendre qui? Entendre, au premier titre, à visière levée, dans un
débat public, notre Assemblée nationale, les associations de policières
et de policiers qui n'ont pas été entendues. Vous me comprenez bien, M. le Président, celles et ceux qui sont au front parce
qu'on peut dire qu'ils sont au front à tous les jours pour nous
protéger, nous autres, n'ont pas été entendus sur ces questions précises de ce
qu'on peut faire comme société pour mieux
les outiller, mieux les aider dans ce qu'ils ont à faire. Je vais les nommer
par les acronymes : l'APPQ, FPPQ, FPPMQ, FPPM. Également, la Sûreté
du Québec est sortie publique, et on pouvait dire... Johanne Beausoleil,
directrice générale de la Sûreté du Québec,
disait, dans une lettre à La Presse, le 6 avril 2023 : «Ce sont là
des questions auxquelles on doit répondre collectivement. Les services
policiers, les syndicats et les partenaires de la justice, de la santé et de la
sécurité publique devront s'asseoir et trouver ensemble des solutions
concrètes, concertées et permanentes.» Ça, M. le Président, de l'opposition
officielle libérale, on y fait écho. Ça, on se dit : Oui, on est prêt à
travailler, on veut travailler.
• (16 h 20) •
Entendre également des groupes, entre autres
l'ordre des médecins psychiatres, pour ne nommer que ceux-là également, qui sont là avec leur expertise, ce
sont des experts, pour dire aux policiers et policières : Bien, voici, on
va vous donner, en amont, de
l'information. On va se parler entre nous autres, parce que c'est en se parlant
qu'on est le plus efficace, puis que
ce n'est pas vrai qu'on va dire : Ah! bien, on va essayer de ne pas en
échapper dans l'année. Il ne faut pas en échapper dans l'avenir, parce qu'évidemment la sécurité, au
premier titre, des policières et policiers, mais la sécurité de la
population... Quand il y a un voisin
qui est bruyant, quand un voisin qui a déjà fait l'objet de poursuites
criminelles... quand il a déjà battu quelqu'un sur place, puis qu'on sait que ça fait des jours qu'il y a du bruit puis
qu'il se passe de quoi, bien, que l'information circule.
Encore une fois, nous réitérons notre demande
que le mandat d'initiative de notre collègue de Westmount—Saint-Louis, qui a repris la balle au bond, soit accueilli favorablement par le
gouvernement. Nous sommes des parlementaires. C'est non seulement notre responsabilité, mais, envers toutes celles et
ceux qui mettent à vie le risque... leur vie à risque à tous les jours,
c'est notre devoir, puis nous, on va faire notre devoir, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le chef de l'opposition. J'ai Mme la députée de Roberval? Mme la députée de
Roberval.
Mme Nancy Guillemette
Mme Guillemette : Merci,
M. le Président. Je voudrais remercier la collègue de Westmount—Saint-Louis pour l'interpellation de cet après-midi. C'est, je pense, un
beau geste de démontrer qu'on est ensemble et qu'on est avec les associations policières
dans ce qu'ils vivent. Et je voudrais, d'ailleurs, saluer les différentes
associations policières qui sont avec nous. Je n'ai pas le plaisir de
les voir, mais... Salutations, messieurs, mesdames.
Le
27 mars 2023, la sergente Breau a été assassinée par une personne souffrant de
problèmes de santé mentale. Le décès
de la sergente Maureen Breau dans l'exercice de ses fonctions nous a tous
secoués. C'est d'une tristesse sans nom, M. le Président, surtout que le meurtrier serait reconnu pour des
problèmes... pour avoir des problèmes de santé mentale. Il n'avait pas été incarcéré, puisqu'il avait été
reconnu criminellement non responsable. Toutefois, la personne avait été
libérée par la commission des troubles
mentaux du Québec avec une mention «potentiellement dangereux». Ce qui nous
importe le plus en ce moment, c'est d'éviter à tout prix qu'une situation comme
celle-ci se reproduise.
Ce
que mon collègue de Maskinongé a vécu chez lui, dans son comté, ce que la
population de Maskinongé... du comté de Maskinongé a vécu, il ne faut
plus que ça se reproduise à nulle part au Québec. Puis, pour ça, bien, le
ministre a mis déjà rapidement en place... est entré en contact avec les
différents partenaires et a mis des moyens en place. Mon collègue, également,
ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, a mis également des
mesures en place rapidement. Une enquête
publique a été déclenchée sur cet événement, et les audiences permettront d'en
savoir plus et de proposer des pistes de solutions concrètes qui sont
tangibles sur le terrain.
Cela
dit, nous trouvons important de ne pas attendre les résultats de l'enquête pour
agir. On a un gros changement de culture à faire au niveau des troubles
de santé mentale et, déjà, on voit qu'on est plus dans la prévention. On
travaille beaucoup dans la prévention à augmenter le filet de sécurité qu'il y
a autour des gens souffrant de troubles de santé mentale, mais de leurs
proches, de leur famille et de toute la population.
Au lendemain de
l'événement, le ministère de la Sécurité publique, le ministre de la Justice,
le MSSS, le DPCP et le TAQ, dont relève la
Commission d'examen des troubles mentaux, ont formé un comité de travail afin,
entre autres, d'identifier les enjeux
et les pistes de solution en ce qui concerne le suivi des personnes non
criminellement responsables. Cinq rencontres du comité ont déjà eu lieu,
et un plan de travail est en place, M. le Président.
La
CETM est un tribunal administratif chargé de rendre et de réviser des décisions
concernant les accusés d'un acte dont ils sont reconnus non
criminellement responsables. L'exécution et le suivi du respect des décisions
de la CETM appartiennent aux responsables des hôpitaux désignés.
Les policiers
possèdent également certains pouvoirs leur permettant de veiller au respect et
aux modalités des ordonnances.
Du
côté du MSSS, on a confié à l'Institut Philippe-Pinel, à titre d'expertise en
la matière, la production d'une revue des
meilleures pratiques sur la prise en charge des personnes non criminellement
responsables. Un comité de liaison permanent a été créé afin
d'optimiser, et de façon continue, les processus de prise en charge des
personnes ayant été déclaré non criminellement
responsables, et notre collègue ministre
de la Justice, également, fait des
représentations pour qu'on ait un arrimage
avec le fédéral pour faire certains changements à ce niveau-là. Donc, le travail
du comité permanent débutera cet automne.
Il faut s'assurer
qu'on puisse protéger la sécurité des Québécoises et des Québécois en privant
rapidement de liberté les individus qui sont
dangereux pour la société, en resserrant les conditions. Nous sommes à pied
d'oeuvre pour nous assurer que les meilleures pratiques soient mises en
place dans la prise en charge des personnes reconnues non criminellement
responsables.
Nous appuyons
financièrement des corps policiers dans le développement de nouveaux modèles de
police, de concertation avec les organismes
de la communauté, et la mise en oeuvre des stratégies novatrices de police
communautaire. Nous avons annoncé,
avec le MSSS, dans le Plan d'action interministériel en santé mentale, la
mesure 2.4, «mettre en oeuvre et consolider les pratiques mixtes
d'intervention psychosociale de proximité».
De
plus, on a démontré à plusieurs reprises que travailler main dans la main avec
les services policiers et le milieu communautaire nous permet d'être
encore plus efficaces ensemble sur le terrain. C'est pourquoi on investit dans
les pratiques mixtes d'intervention
psychosociale et policière, et, à cet effet, il y a eu un rehaussement des
centres de crise de 5 millions
récurrents par année. Et déjà les centres de crise nous disent que ça leur a
permis de conserver du personnel et de faire une meilleure formation au
niveau de leur personnel pour intervenir durant les crises.
On
continue, entre autres, de créer des patrouilles mixtes partout sur le
territoire. Cette mesure qu'on met en place prévoit des investissements
totaux de 59 millions dans le plan d'action interministériel en santé
mentale.
Je
sais que c'est difficile pour les personnes en attente de service ou encore qui
sont des victimes. La réalité, c'est que les listes d'attente ne cessent
d'augmenter... avant notre arrivée au gouvernement. Mais maintenant on a des
listes d'attente, maintenant on sait combien
de personnes on a sur la liste d'attente. On est passés de
28 000 personnes sur la liste d'attente, en attente, en 2018-2019, à 20 000 aujourd'hui. Donc,
malgré l'augmentation, on le voit tous, là, des troubles de santé
mentale, on a réussi à faire diminuer les listes d'attente, avec tout ce qui a
été mis en place. Donc, il faut dire que la
liste d'attente est stable, mais la demande et, donc, les services rendus à la
population ont augmenté de 47 %, entre 2019 et 2020 et 2021 et
2022.
Vous
savez, nos policiers, nos policières font un travail important sur le terrain.
Leur travail a beaucoup changé dans les dernières années. Mais on va être là
tous ensemble ici, à l'Assemblée nationale, et avec les partenaires, pour faire
en sorte que, chaque matin, lorsqu'ils vont
sortir travailler, on veut être certains qu'ils vont rentrer à la maison le
soir pour prendre soin de leur famille, également.
Donc, je les
remercie, encore une fois, pour tout le travail qu'ils ont accompli et je les
assure de notre sensibilité à tous. Je pense
que c'est une belle démonstration qu'on fait, cet après-midi, notre belle
sensibilité et notre volonté, surtout, de faire un changement radical au
niveau des interventions en santé mentale. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de
Roberval. Je reconnais maintenant Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Christine
Labrie
Mme Labrie : Merci,
M. le Président. Je voudrais commencer, moi aussi, mon intervention en offrant
mes condoléances à la famille et aux
proches de la sergente Maureen Breau et aussi aux autres qui ont vécu le deuil
d'un proche ou d'un collègue dans des
circonstances similaires. Quand on devient policier ou policière, on sait qu'on
choisit un métier où il y a toujours un certain niveau de risque, mais, comme
société, on a le devoir de tout faire pour réduire ces risques-là au minimum,
de bien protéger ceux et celles qui consacrent leur vie à protéger la
communauté.
Je veux prendre aussi le temps de mentionner
qu'il y a 81 citoyens, dans les 20 dernières années, qui ont perdu la vie dans une intervention policière, puis
70 % d'entre eux avaient un problème de santé mentale. Donc, j'offre aussi
mes condoléances aux proches de ces personnes. Puis je tiens à rappeler
que, s'il faut améliorer notre manière d'intervenir auprès des personnes qui ont un état mental perturbé, c'est important de
le faire à la fois pour mieux protéger les policiers, mais aussi pour mieux protéger l'ensemble de la
communauté et les personnes elles-mêmes qui sont dans cette situation.
• (16 h 30) •
Il y a un
enjeu qui est soulevé très souvent par les policiers, puis c'est la difficulté
d'avoir de l'information sur l'état mental de la personne auprès de qui ils
doivent intervenir. J'ai visité, moi, dans les dernières semaines, la centrale
d'appels de la SQ en Estrie, à
Sherbrooke. Ils s'occupent notamment de faire des recherches pour informer au
mieux les policiers du contexte dans lequel ils s'en vont intervenir, mais
c'est extrêmement difficile puis, souvent, ils ont très peu d'information.
Ils peuvent vérifier, par exemple, si la
personne a une arme à feu enregistrée, mais vérifier l'état de santé mentale,
c'est plus compliqué puis ça place régulièrement les policiers et les
policières dans des situations à risque.
Puis assurément, si vous avez accès à ces
informations-là, ça permettrait aux policiers d'arriver mieux préparés, d'améliorer leurs interventions, si l'information
était plus accessible, mais être informé, évidemment, c'est nécessaire, mais
ça ne suffit pas pour que ça permette
vraiment d'améliorer la sécurité de tout le monde. Il faut aussi que les
policiers soient équipés comme il faut pour intervenir dans des
situations de crise liées à la santé mentale.
Partout à travers le Québec, les corps policiers
nous disent que ça occupe une très grande part de leur travail, qu'ils ont besoin de plus de soutien pour ce type
d'intervention. Puis le soutien, oui, ça peut passer par de la formation, par
exemple, pour mieux comprendre ce qui se passe dans la tête d'une
personne dont l'état mental est perturbé, apprendre à désamorcer des situations
de crise avec une personne qui pourrait être potentiellement dangereuse.
Ça peut
passer aussi par des équipes mixtes avec des intervenants sociaux. Il y en a
déjà, bien sûr, un peu partout à
travers le Québec, mais le financement est limité actuellement pour les équipes
mixtes. C'est ce que je vois notamment, chez nous, à Sherbrooke, et clairement, s'il y avait davantage de
soutien financier de la part du gouvernement, ça permettrait de répondre à une volonté sur le terrain de
déployer davantage d'équipes mixtes puis ça ferait une réelle différence pour
beaucoup d'interventions. Les policiers apprécient être accompagnés d'un
intervenant, et puis les gens sur le terrain aussi l'apprécient.
Mais, au-delà
de prendre les moyens pour que les interventions soient plus sécuritaires, je
veux quand même prendre un moment
pour parler de prévention, de ce qu'on peut faire en amont pour que ces
interventions-là ne soient pas nécessaires. Il y a des personnes dont la santé
mentale est plus fragile, pour lesquelles c'est connu qu'elles peuvent
représenter un danger pour
elles-mêmes, pour leurs proches, puis, dans ces cas-là, c'est possible d'avoir
une ordonnance d'hébergement, par exemple.
Puis là la
personne va vivre dans un milieu de vie qui est plus encadré, avec du soutien,
entre autres, pour prendre sa médication, parfois, mais aussi pour se
réhabiliter. Puis il y a des proches aidants qui m'ont sensibilisée au fait que,
trop souvent, quand l'ordonnance d'hébergement se termine, par exemple, parce
que ça fait un bon moment que la personne
fonctionne bien, n'a pas eu d'épisode d'agressivité ou de violence, la
personne, elle est libérée de l'ordonnance d'hébergement sans que le soutien soit nécessairement au rendez-vous
pour que ça continue de bien aller en vivant dans la communauté.
J'ai le
souvenir très précis de parents d'un jeune homme qui sont venus me rencontrer,
eux avaient un fils qui avait des problèmes de santé mentale importants. Il
avait été violent, leur fils, avec eux, notamment, à quelques reprises.
Une fois, la police... bien, probablement plus d'une fois, mais la police avait
été appelée, puis leur fils avait été violent également avec le policier, ce
qui a mené éventuellement à une ordonnance d'hébergement qui a duré plusieurs
années. Mais, après quelques années, comme
leur fils fonctionnait bien, eh bien, il n'y avait plus de raison de le garder
là. Et puis elle n'a pas été
renouvelée, cette ordonnance de traitement, et les parents savaient que, si
leur fils fonctionnait bien dans ce
milieu-là, c'est parce qu'il y avait un encadrement. C'est ça qui lui
permettait de bien fonctionner, la routine, l'accompagnement quotidien qu'il avait là-bas. Et ils savaient que les
chances étaient très fortes qu'il se désorganise à nouveau et puis qu'il
retrouve des comportements problématiques, s'il n'avait plus cet
encadrement-là.
Puis, comme ils l'avaient anticipé, après
quelques semaines, eux se sont rendu compte que leur fils commençait à se désorganiser. Il ne prenait pas ses
médicaments comme il faut, notamment, et puis ils s'en inquiétaient. Ils
voyaient des comportements impulsifs, agressifs, comme ils l'avaient vu
dans le passé et, même si eux voyaient les signaux, ils ne pouvaient rien faire
parce que ce n'était pas encore possible de prouver qu'il était en train de
redevenir dangereux. Et puis est arrivé ce
qui est arrivé, leur fils a poignardé quelqu'un. Cette personne-là,
heureusement, n'est pas décédée, mais... Et puis il y a eu finalement une nouvelle ordonnance d'hébergement parce
que cette personne-là n'avait pas l'accompagnement qu'il fallait, quand elle était dans la
communauté, pour ne pas représenter de danger. Mais éventuellement, puis les
parents sont venus me voir pour ça,
quand ça va bien aller depuis un moment en hébergement, l'ordonnance ne sera
pas renouvelée, puis les parents s'inquiètent déjà de ce moment-là,
quand ça va se produire.
Donc, ça
m'amène à vous parler du soutien qui est offert aux personnes après une
ordonnance d'hébergement ou de traitement.
Clairement, il y a des lacunes à ce niveau-là. Il n'y a pas assez de logements,
par exemple, dans des organismes spécialisés
où il y a de l'accompagnement. Il n'y a pas assez de professionnels en santé
mentale dans le réseau de la santé pour offrir le suivi aussi assidu qu'il le
faudrait. Le réseau de la santé n'a pas assez de ressources humaines pour le
faire à cause du problème d'attraction et de rétention qu'on connaît. Les
organismes communautaires non plus n'ont pas assez de ressources parce qu'on ne les finance pas
assez, et il y a une grosse partie de la solution qui passe par là, s'assurer
qu'on a les ressources suffisantes
dans le réseau de la santé, dans le milieu communautaire, pour bien soutenir
les personnes qui vivent avec un problème de santé mentale.
La solution,
ça va parfois être une ordonnance d'hébergement, mais ça ne fait pas de miracle
à long terme non plus. Il faut avoir
assez de services dans la communauté pour agir en amont, éviter le plus souvent
possible que ces personnes-là se
retrouvent dans un état de crise. Puis ça, ça permettrait de réduire les
situations dans lesquelles les policiers se retrouvent en danger mais aussi les situations dans
lesquelles les citoyens puis les personnes en crise elles-mêmes se retrouvent
en danger. Je vous remercie.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de
Sherbrooke. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. J'en profite
pour vous saluer. Je suis privilégié de pouvoir intervenir à ce stade-ci
du débat, à une motion si importante, si touchante. Le sujet est très
important, là, pour nous, comme vous l'avez entendu, là, au courant des
dernières minutes, là. J'en profite également pour saluer les collègues, bon, de l'opposition, également de la
banquette gouvernementale qui s'est exprimée sur ces sujets-là, également
à saluer les policiers qui sont avec nous
aujourd'hui, les remercier pour le travail qu'ils font, les féliciter. Nous les
appuyons, évidemment, au quotidien,
puis on le sait que, dans nos communautés, c'est tellement important, M. le
Président, le travail qui est effectué.
Et, vous le
savez, M. le Président, le décès de la sergente Breau dans l'exercice de ses
fonctions, bien, nous a tous secoués, tous autant que nous sommes, au Québec.
Ça a été d'une tristesse sans nom, c'est d'une tristesse sans nom. Je veux, moi aussi, joindre ma voix aux collègues
pour exprimer mes condoléances aux proches de la sergente et également à
toutes les personnes qui ont perdu un policier en fonction.
Je veux aussi remercier le collègue de
Maskinongé de nous avoir partagé son histoire, l'histoire personnelle,
l'histoire touchante qu'il a vécue cette journée-là. Il nous en a fait état, il
a relaté sa journée, qui n'a pas dû être facile, mais il a été présent, il a été avec ses gens. Je le remercie pour ça
puis je le félicite également pour ses efforts, pour les efforts qu'il a faits pour son monde, pour les gens à
Maskinongé, et évidemment les résultats qu'il a obtenus auprès des collègues
ministres, à premier titre, le ministre de la Sécurité publique.
M. le
Président, les policiers font un travail important pour assurer notre sécurité
au quotidien. Nous avons, vous le
savez, M. le Président, et les collègues le savent, nous avons un devoir, nous
aussi, d'assurer leur sécurité également. Ils assurent notre sécurité,
et, en retour, nous assurons la leur, nous sommes avec eux.
Le 4 avril
2023, M. le Président, le Coroner en
chef a ordonné, à la suite de la
demande du ministre de la Sécurité publique, une enquête publique qui
portait sur le décès de Mme Maureen Breau, survenu le 27 mars dernier lors
d'une intervention policière à Louiseville.
Nous attendons évidemment les conclusions de cette enquête qui fera la lumière
sur les circonstances et les causes de ce décès.
Ce qui nous importe le plus, M. le Président, en
ce moment, c'est évidemment, puis on l'a entendu à plusieurs reprises, c'est d'éviter à tout prix, à tout prix,
qu'une situation comme celle-ci se reproduise à nouveau. Il n'est pas question,
et on le dit, M. le Président, il n'est pas
question de rester les bras croisés et de ne rien faire, et des actions ont
déjà été posées. D'ailleurs, on a
entendu le ministre de la Sécurité publique, tout à l'heure, nous exprimer les
actions qui ont été posées. On a entendu
également la collègue de Roberval, le collègue de Maskinongé. On pense, entre
autres, aux policiers additionnels qui ont été formés et qui sont dans
nos villes, qui sont au Québec, en appui à notre population.
• (16 h 40) •
Il y a
également de la formation policière. Des fonds ont été alloués, ont été
octroyés pour davantage de formation policière.
Le ministre de la Sécurité publique en faisait mention, également, l'opération
Centaure, qui est mise de l'avant, avec un budget colossal, un budget important
pour justement atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, que le
gouvernement s'est fixés, que le ministre
s'est fixés. On parle également d'équipes mixtes. Le ministre en a parlé, mais
également le député de Maskinongé en a fait
mention, de la fameuse équipe mixte, en lien avec notamment le renseignement
et l'information qui sont récoltés. C'est tellement important. Et, également,
Pivot, dont il a été question précédemment.
Donc, tous
ces éléments-là, ce sont des actions et des gestes qui ont été posés, qui
font... qui démontrent, en fait, qu'on
prend à bras-le-corps ce dossier-là et qu'on s'en occupe, et pour... et qui
démontrent également l'importance qu'on accorde à ce dossier et l'importance qu'on accorde à nos forces
policières, évidemment, au gouvernement, M. le Président. La sécurité des gens, évidemment, on ne peut pas faire
de compromis sur cette question, la protection de notre population non plus, la protection de nos policiers. Et,
encore une fois, je suis fier de nos policiers, je suis fier du travail qu'ils accomplissent. On ne peut que les remercier pour
leur travail exceptionnel, et c'est pour ça qu'on pose des gestes qui sont
nécessaires et qui sont essentiels, justement, comme je le disais précédemment,
pour assurer leur sécurité.
Et, dès le lendemain des événements, vous le
savez, M. le Président, le groupe de travail a été formé avec les autorités du ministère de la Sécurité publique, du
ministère, évidemment, de la Justice aussi, du ministère de la Santé et des
Services sociaux, du DPCP et du Tribunal administratif du Québec, dont relève, évidemment, la Commission d'examen
des troubles mentaux. Donc, c'est un sujet
qui est vaste, qui est important et qui doit, justement, regrouper l'ensemble
de ces intervenants, l'ensemble de
ces ministères pour avoir une réponse qui est efficace et efficiente pour
vraiment venir en aide et appuyer le travail qui est fait dans la
collectivité.
Donc, plusieurs rencontres
ont eu lieu entre ces partenaires depuis afin de déterminer ce qui peut être
fait pour améliorer la prise en charge des
individus ayant fait l'objet d'un verdict de non-responsabilité criminelle
ainsi que le partage d'informations entre les différents intervenants qui sont
concernés. Le but dans tout ça, M. le Président, c'est d'assurer en tout temps, et je le dis bien, là, en tout temps,
la sécurité de tous les intervenants de l'ensemble des groupes dont on a parlé
précédemment, de nos policiers également et aussi de la population en premier
chef.
À cet effet,
évidemment, il est pertinent de rappeler, M. le Président, le fonctionnement
actuel de la Commission d'examen des
troubles mentaux et le processus qui est mis en place lorsqu'une personne est
déclarée non criminellement responsable. Un verdict de
non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux est rendu
lorsqu'un jury ou un juge détermine que
l'accusé était atteint, au moment où il a commis l'infraction reprochée, de
troubles mentaux de nature à ne pas
engager sa responsabilité criminelle. Et justement, dans les facultés de droit,
on apprend, en droit criminel, l'actus reus, la notion d'actus reus, donc le
fait de poser l'acte ou le geste criminel, et également le mens rea, donc
l'intention criminelle. En latin,
c'est associé, justement, à la tête, au mental, donc lié à l'intention
criminelle. Donc, lorsqu'il y a verdict en lien avec la non-responsabilité criminelle, ce sont ces
deux concepts qui viennent jouer. Donc, on a, d'un côté, l'actus
reus, donc l'acte criminel qui a été posé, et, d'un autre côté, le mens rea,
qui n'est pas nécessairement prouvé par le tribunal
ou du moins par le procureur, parce que, justement, il y a des troubles mentaux
à cet effet. Donc, ce verdict n'est pas une condamnation, et ce n'est
pas un acquittement non plus, M. le Président.
Par contre,
l'accusé qui est jugé non criminellement responsable d'une infraction va être
soumis à un régime qui va viser la
protection du public. Et ça, encore une fois, c'est la trame de fond qui est
essentielle dans notre argumentaire, cet après-midi, donc, la protection du public, et de permettre de se faire
traiter pour une période déterminée, cette personne-là, donc offrir des
traitements qui lui sont nécessaires en lien avec sa condition.
Une fois qu'un individu est déclaré non
criminellement responsable, M. le Président, par le tribunal et qu'il a évidemment été référé à la Commission d'examen des
troubles mentaux, donc, cette dernière doit décider si l'individu va être
détenu dans un hôpital. Puis d'ailleurs on a un hôpital en Outaouais,
Pierre-Janet. Je tiens à souligner le travail qui est fait à notre hôpital en Outaouais à ce niveau-là,
un hôpital psychiatrique. Et il y a aussi l'Institut Philippe-Pinel, qui est
peut-être mieux connu du grand public, donc, pour l'ensemble du Québec.
Mais ce sont des institutions qui, justement, permettent
de prendre en charge des gens qui se seraient... qui auraient été déclarés non
criminellement responsable pour cause
de troubles mentaux. Et donc il y a des accompagnements, il y a des suivis, et
le tout dans la protection du public. Et donc l'individu va être détenu dans un hôpital ou... suite à ces
traitements-là, il pourrait être, évidemment, libéré sous réserve de modalités qui vont permettre la supervision de
l'accusé dans la collectivité ou libéré sans condition, évidemment, s'il
ne présente aucun risque important pour la sécurité publique, M. le Président.
Et encore une
fois, je le répète, la sécurité du public est toujours l'élément central des
décisions prises par cette même commission et également la sécurité de
nos policiers.
Le ministère de la Justice, dans tout ça, s'assure, M. le Président, que les
décisions prises par le comité respectent le cadre juridique en place. Donc, il y a évidemment des tests très
importants, des tests juridiques qui sont présentés devant les tribunaux, et que ces personnes-là doivent...
auxquels elles doivent répondre si elles veulent être admissibles dans les
différentes catégories qu'on a mentionnées
précédemment en lien avec les hôpitaux ou les libérations conditionnelles sous
supervision dans la volonté de protection du public. Et, à la suite de ces
rencontres, le plan de match mis en place en est un de collaboration avec, en
tête, la sécurité des intervenants à tous les niveaux, M. le Président, lors
des opérations policières. Et, dans ce contexte, il est important de s'assurer
que la commission dont on parle dispose de l'information pertinente et à jour pour prendre ses décisions et
d'optimiser le partage de l'information entre les différents intervenants,
M. le Président.
Justement, ma collègue de Roberval a abordé les
mesures mises en place par le ministère de la Santé et des Services sociaux, mais je trouvais quand même important de mentionner, M. le Président,
que le ministère évalue, en ce moment
même, la mise en place d'un projet pilote au sein d'un établissement de santé
et des services sociaux afin d'optimiser le suivi des conditions des accusés jugés non criminellement
responsables, ainsi que la gestion des risques en communauté, donc un projet pilote qui vient justement appuyer
les décisions des tribunaux et, justement, tout le volet de la protection du
public. Donc, c'est très intéressant pour ce
volet-là, M. le Président, et donc ça vient favoriser, évidemment, la cohérence
de l'évaluation de la dangerosité des
individus effectuée par les différents organismes chargés de les surveiller à
la suite des différentes décisions de la commission. Puis en effet, M.
le Président, là, c'est vraiment important de réfléchir aux façons de pouvoir améliorer la prise en charge et
le suivi des personnes qui font l'objet d'un verdict de non-responsabilité criminelle en s'inspirant des meilleures pratiques
qui sont observées dans les programmes de prise en charge des délinquants.
Et donc ces meilleures pratiques là sont mises en place, sont appliquées dans
les différents accompagnements qu'on peut avoir pour les personnes qui sont
déclarées non criminellement responsables en lien avec leur situation de
troubles mentaux. Donc, c'est aussi un
aspect important, M. le Président. Il faut s'assurer, évidemment, là, qu'on
puisse protéger la sécurité des
Québécois en privant rapidement de liberté les individus qui posent un risque
pour la société ou en resserrant leurs conditions. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le leader adjoint du gouvernement. Je
cède maintenant la parole à Mme la députée de Westmount—Saint-Louis
pour sa réplique de... Vous avez 10 minutes, Mme la députée.
Mme Jennifer Maccarone
(réplique)
Mme
Maccarone : M. le Président, j'aurais besoin de beaucoup plus
que 10 minutes pour répondre à tout ça. Je remercie les collègues pour les commentaires et évidemment je remercie
mon chef qui est venu faire un témoignage et prendre la
parole. C'est la démonstration de l'importance de cet enjeu pour ma formation
politique. Je remercie aussi les policiers
qui sont ici pour être témoins de nos échanges puis nos travaux. Je sais que
c'est un enjeu qui leur tient à coeur et je les remercie aussi de leur appui, de tenir... de se saisir du mandat
d'initiative et de tenir une commission parlementaire en ce qui concerne
la croissance de violence et l'impact de l'état mental perturbé sur nos
interventions policières.
Il
y a beaucoup de choses qui ont été dites. Le ministre dit... il a dit que je
n'ai pas le monopole de coeur, puis c'est vrai. Je n'ai jamais dit le contraire. Mais faites preuve que je ne suis
pas la seule. Appelez le mandat d'initiative. On peut l'étudier un jour, deux jours.
On a entendu beaucoup
en ce qui concerne le financement de toutes les interventions, puis c'est bien,
mais je n'ai jamais dit que c'était une
question de budget, pas une fois. C'est une question de parler avec les bonnes
personnes en commission
parlementaire, d'entendre la voix de la population sur la place publique et de
trouver des solutions ensemble en ce
qui concerne l'impact de l'état mental perturbé sur les interventions
policières. Je n'ai pas demandé de budget, pas une fois.
• (16 h 50) •
Le ministre a
dit : On doit prendre le taureau par les cornes. Si c'est vrai, on doit
accepter d'étudier le mandat d'initiative puis
on doit changer de décision de ne pas se saisir de la pétition qui a été
déposée par le député de Maskinongé, parce
que ça fait partie de nos leviers, ça fait partie de nos travaux
parlementaires, ça fait partie de ce que nous pouvons faire, d'amener le débat sur la place publique et de
s'assurer que les personnes concernées, principalement les policiers, qui sont
avec nous, peuvent aussi s'exprimer, parce
que, de toutes les choses que les collègues ont partagées, oui, il y a eu cinq
réunions, je réitère, cinq réunions,
23 personnes autour de la table, mais les principaux participants ne sont
pas interpelés, et c'est inexact de dire qu'ils ont été consultés. Ce
n'est pas le cas. Vous devrez peut-être aller revoir les échanges, mais ils
n'ont pas été consultés, les policiers, en ce qui concerne les états de lieux
pour les résultats de la pétition. C'est inexact, M. le Président.
Le
gouvernement dit qu'il va arriver quelque chose, nous devons répondre avec des
actions. Parfait. Demandez d'étudier le mandat d'initiative en commission
parlementaire. On fait suite à des demandes d'appui de la Sûreté du Québec,
qui ont sorti publiquement, la fraternité des policiers et policières du
Québec, la fraternité des policiers et policières municipaux du Québec, l'association
des policiers et policières du Québec, la Fraternité des policiers et
policières de Montréal, qui ont dit... Ils
ont écrit des lettres. Ils ont dit qu'ils souhaitaient, eux aussi, être
entendus, parce qu'ils ne font pas
partie des 23 personnes qui ont assisté à cinq réunions d'une heure. Ça
fait que bravo pour tous ces travaux qui se sont faits en catimini, qui
se sont faits derrière les portes closes.
Quand
ça arrive à en ce qui concerne le malheureux tournage de la pétition, que,
j'espère, ce ne sera pas la même chose
pour le mandat d'initiative, le gouvernement a quand même fait un choix. Ils
ont pris une décision. C'est un choix de
ne pas l'étudier. Et j'ai été quand même choquée d'entendre les paroles du
député de Maskinongé, qui a dit : «Est-ce que la réponse aurait été différente si j'étais là? La réponse est non.»
Bravo! C'est une belle démonstration de porter la voix de vos citoyens. C'est une belle
démonstration de notre rôle comme député. C'est une belle démonstration de
notre démocratie, de dire aux
citoyens, les 24 000 personnes qui ont mis leur confiance dans le député
de porter leur voix pour une pétition
qu'il n'est pas là pour défendre... puis il aurait voté contre de toute façon.
Lui-même, il a dit qu'il était absent, je m'excuse.
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! M.
le leader adjoint du gouvernement, allez-y, oui, je vous reconnais, allez-y.
Allez-y, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, oui, oui, je pense,
ça ne sert à rien de hausser le ton dans ce cas-là, mais je crois qu'on prête des intentions à un collègue et on ne
prend pas sa parole. C'est très blessant, les propos qui sont tenus
actuellement, et je pense qu'il y a
un clair manque de respect actuellement envers des collègues ici, dans la
Chambre, et on se doit tous respect.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci. M. le leader.
M. Derraji : ...aucun
appel au règlement par rapport à qu'est-ce que veut le collègue. Je tiens juste
à rappeler, M. le Président...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Allez-y, allez-y.
M. Derraji : M.
le Président, la collègue était en train de rappeler les propos du collègue
lui-même. Elle n'a pas induit en erreur la
Chambre, elle n'a rien fait. Ce qu'elle a fait, c'est rapporter ce que le
collègue disait lui-même. Ce sont ses propos tenus en Chambre, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : ...M.
le leader adjoint. Donc, il n'y a pas de motif indigne. Donc, je vais vous
demander de poursuivre votre intervention, s'il vous plaît, dans le respect.
Poursuivez, madame.
Mme Maccarone : Oui,
M. le Président. Les Québécois ont droit d'en être informés, de nos travaux. La
population a besoin d'être informée.
Les policiers ont besoin d'être supportés, et Maureen Breau ne devrait pas
mourir en vain. C'est le sens de ce
mandat d'initiative, c'est de s'assurer que la population puisse participer
dans nos débats, que les journalistes peuvent
aussi assister à nos débats, que, sur la place publique, les gens ont moyen de
s'exprimer et de dire : Oui, on est d'accord avec vous ou vous faites fausse route. Mais, au moins, les
principaux acteurs devront être entendus, chose qui n'est pas actuellement
le cas.
M.
le Président, ça ne fait même pas 10 jours, on a entendu qu'il y avait un
autre policier qui vient d'être tué en Colombie-Britannique. Ça ne fait
même pas 10 jours qu'il y avait un autre événement qui s'est produit à
Louiseville, qui aurait pu détourner mal, mais, on a de la chance, ça n'a pas
été le cas. Imaginez si les policiers ont été informés, équipés avant d'intervenir cette fois-ci, imaginez comment on aurait pu
agir différemment. Le travail que le gouvernement est en train de faire, ça se fait hermétiquement,
derrière les portes closes. C'est inacceptable. C'est pour ça que nous avons
des commissions parlementaires, c'est pour amener notre débat sur la place
publique, «good or bad», c'est important. Ça
fait partie de notre rôle comme élus. On est des porte-parole. Ce n'est pas
votre parole qui compte. On est des porte-parole. Puis de raconter notre journée... Je comprends que
vous avez eu une mauvaise journée, mais je me mets dans la place de la famille de Maureen Breau, eux, là, ils ont eu une
mauvaise journée. Les policiers, là, les collègues, les amis, eux, ils ont eu
une mauvaise journée.
Moi,
je dis que vous avez une responsabilité puis vous avez tout le pouvoir de
faire. Vous êtes 89. Vous avez des moyens devant vous. C'est un
plaidoyer, c'est un cri du coeur, d'entendre, en commission parlementaire, les
personnes concernées en ce qui concerne un enjeu qui préoccupe tous les
Québécois et Québécoises. Il y a une montée de violence importante. Il y a un impact en ce qui concerne l'état mental perturbé
sur les interventions policières qui est grave. Il y a une policière qui a perdu sa vie. Il y a une famille
qui a perdu une mère. Il y a une famille qui a perdu une conjointe. Il y a une
communauté qui a perdu une amie. Il y a des collègues qui ont perdu quelqu'un.
Ça ne devrait pas être une répétition. Mais
de dire qu'on fait du travail derrière les portes closes puis ne pas donner la
possibilité à la population de s'exprimer, on fait fausse route. Il faut
élever le débat. Il ne faut pas avoir peur de parler avec la population.
Moi, je sais que je
vais dormir bien sur mes deux oreilles ce soir parce que je vais pouvoir dire
que j'ai vraiment tout fait. Mes collègues
ont vraiment tout fait. Ce n'est pas rien que nous sommes nombreux ici, en
Chambre, aujourd'hui. C'est parce que
c'est un enjeu fondamental, c'est un enjeu de société. C'est essentiel, même,
qu'on tienne ensemble un mandat
d'initiative pour étudier qu'est-ce qui se passe sur le terrain, pour protéger
ceux qui nous protègent, pour protéger la population, pour s'assurer que
la population puisse être entendue.
J'ai
vraiment tout fait, je n'ai pas l'intention d'arrêter non plus, je vais
continuer, mais je garde quand même de l'espoir
parce que le vote n'a toujours pas eu lieu en ce qui concerne le mandat
d'initiative. Ça fait que je vous lance le défi de dire oui, oui, pour une fois. À l'aube de ma sixième année, j'ai
déposé pas mal de mandats d'initiative, puis, à chaque fois, c'est des
refus. J'espère que, cette fois-ci, ils vont entendre le cri du coeur non
seulement de moi, ma formation politique,
les autres oppositions, les policiers, mais toute la société entière. Tout le
monde s'attend à ça. On ne vote pas aujourd'hui.
Ils ont de la chance d'avoir... de regarder leur conscience, de prendre une
bonne décision et de voter en faveur du
mandat d'initiative et de la motion de mercredi, qui, apparemment, est très
touchante, est très bien écrite. Et j'espère qu'on va pouvoir faire un
bon acte au nom des policiers puis de toute la population.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
je vais maintenant mettre aux voix la motion de Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle que le 24 mai dernier, à la suite du décès
de la sergente Maureen Breau, le député de Maskinongé déposait une
pétition de 24 000 signataires demandant au gouvernement du Québec un
meilleur encadrement lors d'une intervention
policière auprès des personnes potentiellement violentes dont l'état mental est
perturbé;
«Qu'elle
rappelle que le 13 septembre dernier, les députés caquistes ont refusé
d'étudier cette pétition en commission parlementaire;
«Qu'elle
constate que depuis 5 ans, le nombre d'interventions policières auprès
d'une personne ayant un état mental perturbé a explosé;
«Qu'elle
rappelle que le 2 avril dernier, l'opposition officielle a déposé un
mandat d'initiative pour étudier cet enjeu qui touche la sécurité des
policiers et de la population;
«Qu'enfin, elle
demande au gouvernement caquiste de tenir sans délai, un débat public via une
commission parlementaire sur l'enjeu des états mentaux perturbés et des
interventions policières.»
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Un vote électronique a été demandé.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : C'est
un vote électronique. Maintenant, nous sommes en mode électronique.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Ah! Donc, le report a été demandé pour demain.Parfait.
Vote
reporté
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
conformément à la demande du leader du gouvernement, le vote sur la motion de
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis
sera tenu à la période des affaires courantes de demain.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Ajournement
M. Lévesque (Chapleau) : ...je
vous demande d'ajourner les travaux à demain, 9 h 40, s'il vous
plaît.
• (17 heures) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
en conséquence... Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : En conséquence, nous ajournons nos travaux à
demain, jeudi le 5 octobre 2023, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 17 h 01)