Le mardi 12 septembre 2023 — Vol. 47 N° 56
(Dix heures)
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Bon
matin, chers collègues. Je vous invite à prendre place et à bien vouloir
vous asseoir.
Permettez-moi,
d'entrée de jeu, de vous souhaiter à tous et à toutes une très bonne rentrée,
cet automne, ainsi qu'aux citoyens qui nous écoutent aujourd'hui.
Alors, nous allons
nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie.
Affaires
du jour
Alors, pour nos
travaux, je cède la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Bonjour, M. le Président.
Moi aussi, vous me permettrez de vous souhaiter une bonne rentrée parlementaire. Très heureux de vous
retrouver ce matin. J'espère que vous avez passé un bel été, de même que
l'ensemble des collègues, que vous avez pu prendre un peu de temps pour vous.
Et donc, sans plus
attendre, je vous demande de bien vouloir appeler l'article 3 du
feuilleton, s'il vous plaît, M. le Président.
Projet
de loi n° 23
Adoption
du principe
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci,
M. le leader adjoint du gouvernement. Alors, à l'article 3 du feuilleton,
M. le ministre de l'Éducation propose
l'adoption du principe du projet de loi n° 23, Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique et édictant la Loi sur
l'Institut national d'excellence en éducation. Y a-t-il des interventions? Alors, je reconnais maintenant M. le
ministre de l'Éducation.
M. Bernard
Drainville
M. Drainville :
Merci beaucoup, M. le Président.
Je suis très heureux d'être le premier député en cette Chambre à prendre
la parole dans cette reprise de nos travaux, n'est-ce pas? Je salue, bien
entendu...
Des voix :
...
M. Drainville : Vous sentez l'enthousiasme, n'est-ce pas, du moins de notre côté. Je
salue les collègues d'en face également, qui ne m'applaudissent pas,
mais c'est sans doute un oubli de leur part.
Alors,
madame... M. le Président... Là, je me suis pratiqué pour dire «madame», mais
là il faut que je dise «monsieur». Alors, pardonnez-moi d'avance si
jamais je fais quelques lapsus, M. le Président. Alors, on me prie de lire
d'abord la petite phrase suivante : «L'honorable lieutenant-gouverneur a
pris connaissance de ce projet de loi et il en recommande l'étude à l'Assemblée.» Nous voilà tous rassurés,
n'est-ce pas, M. le Président? Allons-y maintenant avec le contenu du
projet de loi.
D'abord,
on a mené nos consultations particulières, M. le Président. Ça s'est fait d'une
manière très respectueuse, avec
beaucoup de sérieux et de rigueur. On a entendu plusieurs témoignages. On a lu
plusieurs mémoires. Et évidemment, M.
le Président, il y avait, dans ces témoignages et dans ces mémoires, des
propositions d'amélioration pour le projet de loi n° 23. Moi, j'avais déjà annoncé qu'on était ouverts, bien
entendu, à des améliorations. Évidemment qu'il y en aura. Nous les
annoncerons en temps et lieu, M. le Président.
Alors,
rappelons d'abord les fondements du projet de loi, parce que je pense que
c'est... Quand on parle de l'étude du principe, les mots ont un sens. Alors, le
principe de ce projet de loi, M. le Président, c'est d'abord d'améliorer
l'efficacité de notre réseau
scolaire. Quand on regarde tous les défis auxquels nous sommes confrontés, et
on n'a qu'à lire les articles dans les
médias, entendre les reportages à tous les matins, ou pratiquement, on voit
bien à quel point nous sommes confrontés à de multiples défis.
Et
donc, dans un contexte comme celui-là, M. le Président, ça devient encore plus
important d'avoir un réseau scolaire qui
soit le plus efficace et le plus performant possible. Et moi, M. le Président,
je vous soumets que ce projet de loi n° 23 va nous permettre d'être plus efficaces et d'être
plus performants, l'objectif n'étant pas de viser l'efficacité et la
performance comme une fin en soi, mais de mettre l'efficacité et la performance
au service des élèves, au service de la réussite scolaire, et aussi, disons-le, contribuer à valoriser le
travail du personnel scolaire, et en particulier le travail de nos enseignantes
et de nos enseignants.
Alors, si je voulais
schématiser, M. le Président, il y a trois grandes orientations à ce projet de
loi.
D'abord,
il y a tout un pan du projet de loi qui concerne ce qu'on appelle la
gouvernance du réseau. C'est un mot un peu technique, un peu froid, mais, dans
les faits, ce que ça veut dire, c'est l'amélioration du processus par lequel
on prend les décisions dans le réseau
scolaire et le processus par lequel on gère par la suite les orientations, la
mise en oeuvre des décisions pour
justement arriver à un résultat qui est davantage porteur d'efficacité, de
performance et de réussite scolaire.
Alors,
dans ce projet de loi, ça a fait grand bruit, oui, c'est vrai que les
directeurs généraux des centres de services scolaires seront nommés par le
gouvernement sur recommandation du ministre pour des mandats d'au plus cinq ans
renouvelables. L'objectif, M. le Président, c'est de s'assurer qu'entre les
orientations qui ont été adoptées par le ministre et par le gouvernement, les
orientations et la mise en oeuvre de ces orientations sur le terrain...
l'objectif, c'est qu'il y ait une cohérence entre les deux. On ne veut pas
avoir un système, M. le Président, où le ministre dit : Voici les
orientations qui sont les nôtres et avoir des dirigeants scolaires qui
disent : Écoutez, moi, j'ai mon idée sur l'orientation que le centre de
services scolaire devrait prendre et donc je vais aller dans une autre direction.
Ce que nous souhaitons, en nommant les directions générales, c'est justement
d'assurer une cohérence puis d'assurer une cohésion dans notre façon de gérer,
dans notre façon de faire avancer nos écoles, notre réseau scolaire.
Et, pour s'assurer,
justement, qu'il y a cette cohérence et cette cohésion, le projet de loi
n° 23 prévoit qu'on va conclure une entente annuelle de gestion et
d'imputabilité avec chaque centre de services scolaire. Alors, cette entente, M. le Président, va définir des objectifs, va
préciser des cibles, va donner des orientations, va avancer des priorités. Et
on va vouloir, à travers ces ententes
de gestion et d'imputabilité, s'assurer que ces cibles-là soient atteintes ou,
en tout cas, qu'on travaille pour les
atteindre. Encore une fois, cohérence, cohésion, toujours avec cette logique
d'aller... d'atteindre des résultats qui
vont nous rendre meilleurs et qui vont permettre une meilleure utilisation de
nos ressources au service des élèves. Alors, la gouvernance, c'est un
aspect important de 23.
La
deuxième orientation, M. le Président, concerne l'accès aux données. Alors, on
s'entend tous dans cette Chambre, si
on veut prendre de bonnes décisions, ça prend d'abord de la bonne information.
C'est vrai dans tous les domaines de la
vie. Actuellement, M. le Président, trop souvent, je n'ai pas accès à la bonne
information ou je n'ai pas accès à l'information suffisamment rapidement. Je dois, c'est comme ça que ça fonctionne,
envoyer 72 courriels dans les 72 centres de services scolaires pour qu'ils puissent me donner
l'information dont j'ai besoin notamment pour répondre aux questions des
personnes de l'opposition ou des
porte-parole de l'opposition, qui font leur travail, qui demandent des comptes
au gouvernement. C'est normal, c'est
leur travail, je le sais, je l'ai déjà fait. Mais encore faut-il que j'aie en
main l'information pour donner les bonnes réponses. Et actuellement, pas tout le temps, mais trop souvent, je n'ai
pas cette information. Et donc, avec le projet de loi n° 23, on va
créer, justement, un mécanisme qui va nous permettre d'avoir accès à
l'information en temps réel.
• (10 h 10) •
Et,
encore une fois, M. le Président, l'idée, ce n'est pas d'avoir accès à
l'information juste pour pouvoir dire : J'ai l'information. L'idée, c'est de pouvoir utiliser
cette information pour la mettre au service de la réussite scolaire. L'exemple
que j'ai donné à de multiples reprises quand on a présenté le projet de
loi : par exemple, actuellement, si je veux connaître le taux de réussite
scolaire dans les écoles du Québec, trop souvent je dois attendre à la fin de
l'année scolaire. Ce n'est pas normal. M. le Président, si on se rend compte
que, dans un certain nombre de centres de services scolaires, il y a des écoles où le taux d'échec scolaire est plus
élevé que la moyenne, la moyenne du centre de services ou même la moyenne québécoise, bien, ce serait bien que je le
sache, qu'on le sache plus tôt que tard, idéalement en temps réel, mettons,
à la fin de la première étape, pour qu'on
puisse interpeler le centre de services scolaire ou l'école concernée et qu'on
puisse lui dire : Écoute, est-ce
qu'on peut t'aider? Est-ce qu'on pourrait déplacer, peut-être, des ressources
pour te donner un coup de main, pour donner un coup de main à tes élèves qui
performent... qui ont un taux de réussite scolaire en dessous de la moyenne, en dessous de la moyenne de ton centre de
service ou de la moyenne québécoise? Alors, c'est un exemple, M. le Président, mais c'est un exemple, me semble-t-il,
qui est assez éloquent, sur la nécessité, donc, d'avoir cette information.
Et donc... Alors là,
vous allez me dire : Bien, oui, mais pourquoi est-ce qu'on a besoin de 23
pour ça? Bien, on a besoin de 23 parce
qu'actuellement l'information appartient aux centres de services scolaires, et
donc, si on veut qu'ils puissent nous
la partager dans des banques de données communes, il faut le projet de loi
n° 23, M. le Président, pour qu'on puisse, justement, partager
cette information-là en temps réel.
Alors,
je vous ai parlé de la réussite scolaire. Vous savez, on vient de vivre une
rentrée scolaire, il en sera peut-être question un peu plus tard
aujourd'hui, on verra bien, mais, quand j'ai rendu publics, M. le Président,
les chiffres sur le nombre de postes à
combler, je n'ai pas pu aller voir en temps réel, dans une banque de données,
quel était l'état de situation. Il a
fallu que je m'adresse aux 72 centres de services scolaires pour leur
demander : Combien de postes à combler te reste-t-il? Et là ils m'envoient les 72 réponses, et je
compile les 72 réponses pour les rendre publiques pour les fins,
notamment, des députés d'opposition,
pour les médias, pour le grand public. Alors, c'est un autre exemple, M. le
Président, donc, de cette nécessité d'avoir le projet de loi n° 23
pour améliorer notre accès aux données.
Troisième
élément important, M. le Président, de ce projet de loi, c'est la création de
l'Institut national d'excellence en
éducation, l'objectif étant, M. le Président, d'avoir un institut tel qu'il en
existe déjà en France, en Grande-Bretagne, aux États-Unis, notamment, et qui
vise essentiellement une chose, identifier les bonnes pratiques pédagogiques,
qu'est-ce qui fonctionne dans les
salles de classe, qu'est-ce qui fait que la réussite scolaire est encore
meilleure, et prendre ces pratiques pédagogiques
et les diffuser dans les écoles du Québec, M. le Président. C'est ça,
l'objectif de l'institut d'excellence en éducation... l'Institut national d'excellence en éducation : on
veut démocratiser les connaissances, M. le Président, c'est ça qu'on
veut, pour avoir le meilleur enseignement possible pour nos élèves.
Et
je fais une petite parenthèse ici, M. le Président, parce que je lis des choses
à propos de l'institut, dans les médias, je lis des choses. M. le
Président, ce qui m'a convaincu de la nécessité et du bien-fondé de créer un
institut national d'excellence en éducation, c'est ce rapport intitulé Promouvoir
des savoirs et des pratiques validés par des résultats scientifiques en
éducation. Ce rapport, M. le Président, ce n'est pas moi qui l'ai commandé,
il a été commandé par Sébastien Proulx,
ministre de l'Éducation du dernier gouvernement libéral. Dans ce rapport, et
j'invite les membres de l'opposition
à en prendre connaissance, dans ce rapport, tout l'argumentaire justifiant la
création de l'institut est présenté et développé avec, je pense,
beaucoup de persuasion, beaucoup de conviction.
On dit
notamment : Le premier principe de l'INEE, c'est de «rendre accessible
l'état des connaissances scientifiques et
des pratiques avérées pour l'ensemble des acteurs de la réussite éducative au
Québec». Est-ce qu'il y a quelqu'un, dans cette
Chambre, qui est opposé à l'idée de rendre accessibles les connaissances
scientifiques en matière d'enseignement aux élèves?
Le
deuxième principe : garantir l'indépendance de l'INEE. Évidemment, on est
d'accord avec ça, on ne peut pas être
contre ça, et le projet de loi garantit cette indépendance. Est-ce qu'il faut
renforcer certaines dispositions? M. le Président, je vous l'ai dit
d'emblée, on est ouverts aux discussions.
Le
troisième principe, dit le rapport commandé par le ministre Sébastien
Proulx... «Le troisième principe est lié aux types de savoirs à considérer et à l'étendue des savoirs scientifiques
dont il importe de rendre compte auprès des usagers.» Rendre compte des résultats des travaux
scientifiques qui tiennent compte non seulement des recherches qualitatives,
mais aussi des recherches
quantitatives. M. le Président. L'un peut très bien aller de pair avec l'autre.
Quantitatif, qualitatif peuvent très bien se conjuguer, M. le Président.
Quatrième
principe du rapport qui recommandait la création de l'INEE, M. le Président,
rapport commandé par le ministre
libéral de l'Éducation, Sébastien Proulx, quatrième principe : qu'il y ait
une relation de proximité avec tous les acteurs et groupes concernés par
l'éducation. On en fait la liste dans le rapport.
Et
finalement le cinquième principe : que l'institut joue un rôle déterminant
par rapport aux besoins de formation, en collaborant avec les
universités, etc.
M.
le Président, j'ai fait miens... ou j'ai fait miennes les recommandations de ce
rapport. Et donc, quand je lis parfois dans
les médias qu'il y aurait eu des forces occultes qui m'auraient influencé, M.
le Président, j'ai réfléchi, j'ai discuté avec des personnes très
connues, notamment Normand Baillargeon, Égide Royer et d'autres personnes qui
travaillent dans le milieu de l'éducation,
pour leur demander ce qu'ils pensent de cette idée de créer un institut, et ils
étaient d'avis que c'était une bonne
idée. Et moi, je l'ai lu, le rapport, M. le Président, et je le trouve
convaincant. Et donc nous avons décidé d'aller de l'avant avec cela.
Il n'y a personne, M.
le Président, aucun comité, quel qu'il soit, qui m'a influencé indûment, qui
m'a soufflé à l'oreille, qui m'a fait des
pressions, qui m'a rencontré dans des... Voyons donc! M. le Président, on se
connaît un petit peu, vous et moi,
là, j'ai beaucoup de défauts, mais j'ai quelques qualités, j'ai quelques
qualités, et l'une d'entre elles, je pense, mais ça, ce sera... on
pourra délibérer là-dessus, chers collègues, mais je pense avoir une certaine
indépendance d'esprit et je prends mes décisions en fonction de l'information
qui m'est présentée. Et donc l'information qui m'a été présentée sur la question de l'institut, l'information que j'ai obtenue
dans mes rencontres, dans mes conversations, les lectures que j'ai faites m'ont convaincu que c'était une
bonne idée d'aller de l'avant avec l'INEE. Et donc nous avons décidé de le
créer et nous le faisons en vertu du projet de loi n° 23. Voilà, M. le
Président, où nous en sommes.
Alors, ce que l'on
souhaite, évidemment, c'est aller de l'avant, M. le Président. Je l'ai dit à un
moment donné... Comment j'ai dit ça? Nous allons résister à la résistance au
changement, n'est-ce pas? Parce que, M. le Président, oui, il y a malheureusement, dans notre société,
parfois des blocages, il y a parfois une tentation de s'accrocher au statu quo.
Et je pense que... quand on regarde les défis
qui sont les nôtres présentement en matière d'éducation, je pense que le statu
quo n'a pas sa place, n'a plus sa place.
Il
faut, M. le Président, se donner des instruments modernes, efficaces pour
permettre à nos élèves de mieux réussir et pour donner à notre personnel scolaire un environnement encore plus
agréable, même s'il y a de grands défis dans les écoles, je le
reconnais. Et je pense que le projet de loi n° 23 va y contribuer, M. le
Président, au bénéfice de nos élèves.
Alors,
voilà mon propos. Notre... Notre détermination, dis-je bien, notre
détermination, elle est ferme, M. le Président. Nous souhaitons
l'adoption du projet de loi n° 23 et nous souhaitons le faire en
collaboration avec les oppositions. J'espère
que j'aurai cette collaboration, M. le Président, parce que, il ne faut jamais
l'oublier, au-delà de la politique il y a les enfants, M. le Président, et il y a le personnel scolaire qui
travaille dans nos écoles auprès de nos enfants. C'est pour eux que le
projet de loi n° 23 a été conçu, déposé et, je l'espère, adopté. Merci.
• (10 h 20) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup, M. le ministre de l'Éducation. Je suis
prêt à reconnaître la prochaine intervention, et ce sera Mme la députée
de D'Arcy-McGee.
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass : Merci, M. le Président. Je me lève aujourd'hui au
nom des élèves avec des besoins particuliers et de leurs familles. Le projet de loi n° 23 ne
fait rien pour les élèves avec des besoins particuliers, il ne fait que brasser
les structures qui existent.
Laissez-moi
vous dresser un portrait de la situation, justement, des élèves avec des
besoins particuliers. Dans les derniers
mois, la CSSDM abolit le Service de
soutien pédagogique à l'intégration
des élèves handicapés physiques. À ce sujet, le ministre nous a dit que tout
était beau, alors que les directions des écoles, les parents et les élèves
disaient tout le contraire. Les cris
de coeur qui sont venus de la part de ces parents qui, finalement, voyaient la
réussite scolaire de leurs enfants qui a été enlevée de leurs mains avec
l'abolition de ce service.
À
cause du gouvernement de la CAQ, des mesures sanitaires ont été imposées aux
écoles sans qu'aucun financement supplémentaire
adéquat n'en suive. Le résultat : nos écoles épongent le déficit avec le
fonds... leur fonds de roulement, qui sert
habituellement à payer des services supplémentaires, comme psychologues,
orthopédagogues, éducateurs spécialisés.
Ensuite,
le gouvernement de la CAQ a changé la vocation d'une école de Lanaudière, qui a...
pour la prochaine... pour cette rentrée, même si l'école accueille
depuis 25 ans des jeunes avec des grandes difficultés de langage.
Résultat : plusieurs enfants seront
envoyés à d'autres écoles. Plusieurs de ces enfants risquent de devenir des
victimes d'intimidation et d'exclusion. Plusieurs parents devront
assumer la charge des services de réadaptation de leurs enfants.
À
cause du gouvernement de la CAQ, la déclaration des cas de difficultés, liée au
financement, se poursuit encore. Résultat :
des parents doivent encore se tourner vers le privé pour obtenir un diagnostic
afin que leurs enfants obtiennent des services à l'école.
Avec la
rentrée scolaire de cette année, on a vu qu'il y avait plus de
1 000 profs qui manquaient, mais, en plus de ça, les profs, les éducateurs spécialisés, les
orthopédagogues, orthophonistes, ils en manquent encore. Et, pour ceux qui sont
dans les commissions... dans les centres scolaires, ils ont été mutés comme
profs, parce qu'il n'y a pas assez de profs dans nos écoles, donc nos
spécialistes, dont nos jeunes ont désespérément besoin, ne sont même pas au
service pour lequel ils ont été formés. Ils
sont là comme enseignants plutôt que d'être du support pour nos profs. Et les
profs qui ont juste un secondaire V,
qui n'ont jamais été dans une classe auparavant avec des élèves qui ont des
difficultés d'apprentissage, bien, ils
n'ont aucun soutien. Ils sont laissés pour eux-mêmes, et nos jeunes sont
laissés pour eux-mêmes aussi. La réponse du ministre, tout cela :
Coupure par ci, diminution par là, sous-financement par ci, changement de
vocation par là.
Le Protecteur
du citoyen, Marc-André Dowd, a écrit que le Québec fait défaut aux élèves avec
des besoins spéciaux. Son rapport sur
les services offerts aux élèves du primaire qui présentent des difficultés
d'apprentissage ou de mésadaptation sociale
est en effet déconcertant. Il y a une pénurie de services et de main-d'oeuvre,
et ça ne va que s'empirer. Et ce projet de loi ne fait rien pour
adresser cet enjeu. Le projet de loi ne fera rien pour contrer ces coupures ni
pour la réussite scolaire des élèves avec
des besoins particuliers. Le ministre et ce gouvernement se disent que leur
priorité, c'est la réussite scolaire,
mais la réussite scolaire pas pour tous, pas pour ceux qui ont des besoins
particuliers. Eux, ils sont laissés dépourvus, et leurs parents
également. Donc, encore une fois, ce projet de loi n'adresse aucunement la
situation.
Dans les
derniers mois, les coupures et manques de services pour les élèves avec des
besoins particuliers se sont accumulés.
Le projet de loi n° 398, déposé par ma collègue de Westmount–Saint-Louis,
fait justement en sorte d'adresser cet
enjeu et d'adresser... avec un article, qui pourrait être appelé par le gouvernement,
qui ferait en sorte de garantir à ces élèves-là et à leurs familles d'avoir
accès aux mêmes services, aux mêmes ressources, au même niveau d'éducation que
tous les autres élèves. Le projet de loi
n° 398, Loi modifiant la Loi sur
l'instruction publique afin de consacrer le droit des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou
d'apprentissage de recevoir des services éducatifs équivalents à ceux dispensés par l'école, c'est ce projet de loi que je voudrais voir passer
aujourd'hui. C'est ce projet de loi qui ferait une différence dans la
vie de ces jeunes et de ces familles-là.
Ce projet de
loi que vous présentez aujourd'hui, encore une fois, ne fait rien pour adresser
la situation des élèves les plus
vulnérables. Nos professeurs sont dépourvus. Si on veut valoriser nos jeunes,
il faut valoriser nos professeurs. Nos professeurs n'ont pas de soutien,
ils se sentent délaissés, ils se sentent dépassés, et on ne fait rien pour
adresser cet enjeu-là. Si on ne veut pas
seulement retenir les profs qu'on a, mais en attirer d'autres, il faut que ce
gouvernement fasse en sorte que le métier de professeur soit quelque
chose qu'on veut intégrer, avec des conditions, avec le respect, avec la valorisation, avec des salaires, avec des
conditions qui font en sorte qu'on n'aura pas une autre rentrée avec plus de
1 000 profs qui manquent
pour nos jeunes. Nos orthophonistes, nos orthopédagogues, nos éducateurs
spécialisés, eux aussi, se sentent dépourvus.
Ils sont mutés dans des cours... dans des classes avec trop d'élèves, pour
lesquels ils sont responsables, à offrir des services. Ils sont dépourvus parce que les écoles n'ont pas le temps
et l'administration n'a pas le temps de les soutenir, de les orienter,
de leur offrir la formation qu'ils voudraient avoir pour mieux servir nos
jeunes.
Si ce
gouvernement est vraiment sérieux pour la réussite scolaire de nos jeunes, il
faut que ce soient tous les jeunes du
Québec, et ce n'est pas ce qu'on voit maintenant. L'hiver dernier, il y avait
plus de 1 500 élèves qui ont eu un bris de service, donc qui ont dû quitter l'école et
rentrer à la maison pour que leurs parents soient leurs éducateurs, leurs
parents qui n'ont pas de formation, à
qui on offre peu de ressources, qui doivent maintenant quitter le marché du
travail pour rester à la maison avec leurs jeunes, ces parents qui...
Certains
d'entre eux vont avoir des enjeux de santé mentale parce qu'ils n'ont pas les
moyens financiers de s'occuper de
leurs familles, comme ils doivent rester à la maison avec un jeune. Ces
familles-là, c'est les premiers auxquels il faut qu'on pense puis c'est
les derniers auxquels ce gouvernement pense. Il faut que ces jeunes et leurs
parents savent que, quand ils vont envoyer
leurs enfants à l'école le matin, ça ne va pas être pour qu'ils soient renvoyés
l'après-midi puis qu'il soit
maintenant la charge de leurs parents de les éduquer. Il n'y a rien, encore une
fois, dans ce projet de loi qui fait en sorte qu'on va adresser ces
enjeux, et c'est un enjeu de société.
Tout le monde connaît quelqu'un qui a un enfant
avec un handicap, quelqu'un avec un enfant sur le spectre de l'autisme. Et qu'est-ce qu'on va dire à ces
parents-là? Bien, vous allez vous organiser. Ce n'est pas la responsabilité des
écoles, ce n'est pas la responsabilité du
gouvernement, c'est la vôtre, c'est la vôtre de quitter votre emploi, de
quitter votre vie pour vous occuper
de votre enfant, parce que le gouvernement, les écoles ne se sentent pas... ne
peuvent pas prendre les élèves en main parce qu'ils n'ont pas les ressources,
que ce soient les salles d'isolement qui ne sont pas encadrées, qui sont
utilisées comme des salles de punition par
des profs plutôt comme... plutôt que des salles de relaxation pour ces
jeunes-là, parce que les profs ne
sont pas formés, les profs sont dépourvus. Ils ne comprennent pas c'est quoi...
comment gérer des enfants avec des besoins particuliers.
Donc, on ne
voit pas ce gouvernement se fier du problème. Vous êtes obsédés avec la
centralisation, avec les structures, de pouvoir dire quoi faire à qui,
mais vous n'êtes pas intéressés à adresser les vrais enjeux de société. Ces
jeunes-là ont quelque chose à offrir. S'ils
sont encadrés, si on leur offre les services, les ressources, l'éducation dont
ils méritent, ils peuvent être des
membres de la société qui contribuent à la même hauteur que n'importe qui. Mais
ce qu'on fait, plutôt, en les négligeant, c'est de faire en sorte qu'ils
n'auront pas les outils, justement, quand ils vont arriver à l'âge adulte, pour
pouvoir contribuer à la société. Et je
n'entends rien de la part de ce gouvernement, que ce soit dans le projet de loi
n° 23 ou dans les autres discours sur l'éducation, pour même
prendre conscience de cet enjeu-là.
La question,
c'est : Ah! bien, c'est qui qui va être le dirigeant du centre scolaire?
Comment est-ce que le ministre pourra
faire pour les placer ensuite? Ils n'auront pas le courage de critiquer le
gouvernement parce que leur emploi dépend de la nomination du ministre. Donc, pour ceux qui
sortent pour dire : Bien, nous, on n'est pas d'accord avec les coupures,
on n'est pas d'accord avec le plan du
gouvernement, ces voix-là vont être muées, comme vous allez faire davantage
pour muer les voix de ces jeunes et de leurs familles qui ont des besoins
particuliers. Le gouvernement n'adresse même pas l'enjeu. Donc, comment
est-ce qu'on va vraiment arriver au fond de l'affaire si on n'adresse même pas
la question?
Également, je suis aussi porte-parole pour les
dossiers de la santé mentale, et on sait que nos profs sont déjà dépourvus. Nos profs sont brûlés. Nos profs quittent le
réseau de l'éducation à un plus grand nombre qu'ils ne l'intègrent. Nos
professeurs n'arrivent pas. Et la raison pour laquelle on a un manque de
profs... Et, encore une fois, le métier n'est plus attrayant pour eux. Ils
n'ont pas la reconnaissance, ils n'ont pas la valorisation de ce qu'ils font.
Ils n'ont pas les ressources. Ils n'ont pas
les moyens de pouvoir intégrer leur emploi et être satisfaits, à la fin de la
journée, qu'ils ont fait une différence, parce qu'ils veulent... C'est
la raison pour laquelle ces personnes-là étudient en éducation, pour laquelle ils rentrent dans nos écoles, ce n'est pas pour
les bonnes conditions, ce n'est pas pour la valorisation, ce n'est pas pour la
bonne paie, c'est parce qu'ils sont de tout coeur avec nos jeunes, et ils
veulent voir avancer l'éducation de ceux-là.
• (10 h 30) •
Et, encore
une fois, le gouvernement va juste faire en sorte d'ajouter à leurs tâches,
d'ajouter à leur stress, pour faire en sorte que ça va être encore moins
attrayant d'être prof. Et les enjeux de santé mentale, bien, ça va être leur
responsabilité. Ils vont se mettre
sur une liste d'attente avec 20 000 autres personnes, parce que le
gouvernement, encore une fois, n'adresse pas cet enjeu-là. Donc, c'est un cercle vicieux. On demande aux jeunes
d'étudier, d'aller à l'école et d'intégrer nos écoles, mais on ne leur donne pas les moyens de pouvoir y
rester et de vouloir y rester, de faire la job la plus importante qu'on a dans notre société, de préparer la prochaine
génération, de les encadrer, de les entourer, de s'assurer qu'ils ont les
connaissances et l'éducation pour
être des bons citoyens pour contribuer à notre société à la hauteur à laquelle
ils méritent et ils peuvent.
Et c'est tous
les élèves que... moi, dans ce contexte-là, je parle de tous les élèves, mais,
si on revient aux élèves avec des besoins particuliers, qu'est-ce que...
on n'entend même pas le début d'un plan, d'une stratégie pour adresser ces jeunes-là. Tout ce qu'on entend : Bien, c'est
la responsabilité... c'est le centre scolaire qui a pris la décision, ce n'est
pas le gouvernement. Donc là, avec votre projet de loi, et quand vous allez
nommer les directeurs généraux des centres scolaires, est-ce que vous
allez prendre acte, quand il va y avoir des coupures dans des programmes pour
des... et des services pour les enfants...
des élèves avec des besoins particuliers? Est-ce que vous allez vous lever à ce
moment-là? Est-ce que vous allez être
imputable à ce moment-là plutôt que de mettre la responsabilité sur des D.G.?
Bien, il reste à voir, mais pas certaine.
Ces jeunes-là
méritent d'être reconnus, méritent d'avoir un plan, méritent d'avoir le même
service, le même niveau d'éducation que tous les élèves. Ils sont différents,
mais ils ne sont pas moins, mais ce gouvernement, en les ignorant, fait en sorte que vous leur donnez l'impression, à eux
et à leur famille, qu'ils sont moins. Quand il y a des spécialistes qui font en
sorte que des jeunes qui ont pensé... jamais n'allaient avoir un parcours
scolaire, puissent avoir un parcours scolaire réussi
en fondant un lien de confiance avec cette personne-là et que, du jour au
lendemain, ce service, cette personne-là disparaît pour des raisons
budgétaires, comment est-ce qu'on explique ça à ce jeune et à ces familles?
Ces familles
se sentent dépourvues. Pour eux, c'était ce qui faisait en sorte que leur jeune
se levait le matin, que leur jeune
voulait aller à l'école, que leur jeune avait le goût de réussir. Et, sans ces
spécialistes et sans ces ressources-là, ces jeunes ne se retrouvent plus. Ils ne veulent pas aller à l'école,
ils ne veulent pas se faire intimider. Ils ne veulent pas devoir expliquer à chaque fois quelles sont leurs
difficultés d'apprentissage ou autres. Ils veulent être traités comme tous
les jeunes, avec les ressources et les outils qui sont nécessaires pour bien
les encadrer.
Alors, je
vous pose la question : Quand les coupures vont venir, puis on sait qu'ils
vont venir parce que c'est la tendance dans les derniers mois, est-ce
que le ministre va se lever à ce moment-là et dire aux D.G. des centres
scolaires que lui, il aura nommé : Vous
ne devez pas faire ça ou est-ce que, là, ça va être la responsabilité, encore
une fois, des centres scolaires? Donc, il s'en lave les mains, comme il
l'a fait tout au long de la dernière année. Donc, on veut voir une imputabilité pour les décisions qui sont prises
parce que, jusqu'à présent, tout le monde se lance la balle. Le CSDM : Ah!
bien, c'est question de budget, on n'a pas
assez de budget, on n'a pas assez de budget du gouvernement. Le
gouvernement : Ah! bien, ce n'est pas nous, c'est le centre
scolaire qui a pris la décision.
À un moment donné, ces jeunes et ces parents, on
leur doit des réponses. On leur doit de les regarder dans les yeux et de leur donner des explications, la raison
pour laquelle on fait en sorte de nuire à la réussite scolaire de ces jeunes
qui ne veulent qu'être traités comme tout le
monde, qui ne veulent qu'aller à l'école, avoir une éducation et ensuite
intégrer le marché du travail.
Les familles
ne font plus confiance à ce gouvernement-là. Les familles avec des élèves avec
des besoins particuliers voient que les choses continuent. Les choses
pas seulement continuent, mais, en fait, se... dégringolent. Le service, les ressources ne sont plus là. Donc, plutôt que de...
plutôt que de faire avancer la situation de ces jeunes-là, on a des reculs,
et ces familles-là ne se retrouvent plus.
Ils n'ont pas les moyens, ils n'ont pas le temps, ils n'ont pas la patience.
Ils aiment leurs enfants, ils veulent
voir leurs enfants réussir. Et ce gouvernement, avec les décisions des derniers
mois, fait tout pour que ces jeunes-là n'aient pas les mêmes chances, n'aient
pas les mêmes ressources que les autres jeunes. Donc, le système d'éducation à deux vitesses, avec aucune
reconnaissance, qui est un enjeu, avec aucune reconnaissance de l'essentiel de
ces services pour ces jeunes, et pour leurs familles, et pour notre société,
pour que ces jeunes-là, quand ils vont grandir, ils vont avoir une place dans notre société, ils vont avoir
un emploi, ils vont contribuer, ils vont se sentir comme des citoyens à part
entière, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui,
donc, ce projet de loi plein d'articles, rien pour adresser les vrais enjeux
des élèves avec des besoins particuliers et leurs familles. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de D'Arcy-McGee. Et
je reconnais maintenant l'intervention de Mme la députée de Mercier.
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci beaucoup, M. le
Président. Moi aussi, je veux souhaiter à tous les collègues une bonne rentrée parlementaire. Ça me fait plaisir d'être
de retour. J'espère que tout le monde s'est reposé pendant l'été et qu'on
revient avec un esprit apaisé pour avoir des débats sains et structurants pour
notre société, et c'est ce à quoi les gens s'attendent.
J'ai senti,
tout à l'heure dans l'intervention du ministre, que j'ai écouté très, très
attentivement, qu'il avait envie qu'on l'applaudisse. Moi, je vais intervenir,
donc, sur le projet de loi n° 23, que moi, j'appelle la réforme — mais
là je ne peux pas dire le nom — du
ministre de l'Éducation, une réforme des structures. Je vais peut-être avoir un
élément ou deux, quand même, de
positifs à souligner dans le projet de loi. C'est important, les gens aussi
aiment ça quand on reconnaît les points positifs dans le travail qui est fait
par le gouvernement. J'espère aussi que le ministre va reconnaître les bonnes
propositions que les partis d'opposition font aussi au gouvernement, parce
qu'on en fait plein.
Puis je
disais que j'écoutais très, très attentivement le ministre puis j'ai entendu un
petit peu ses critiques, justement, pour
l'opposition. Parce que ce n'est pas juste les partis d'opposition qui
critiquent le gouvernement. Les partis d'opposition, comme nous, à Québec solidaire, on se fait aussi
critiquer par le gouvernement, même si c'est lui... c'est le gouvernement
qui a tous les pouvoirs. J'ai envie de
donner un conseil au ministre, que je vais aussi, moi-même, suivre : ce
serait bien que le ministre ne succombe pas au piège de caricaturer les
critiques. Et là je ne parle pas uniquement des critiques des partis d'opposition, mais aussi des critiques des
intervenants des milieux scolaires, que ce soient les professeurs dans les
facultés d'éducation, dans nos
universités, au Québec, qui réfléchissent à ces questions-là, qui sont des
experts qui ne pensent pas tous pareil. Il y a plusieurs, plusieurs
façons de penser dans la recherche scientifique, et c'est une bonne chose.
Je l'invite
aussi à ne pas caricaturer les propositions qui sont faites, par exemple, par
les syndicats qui représentent quand même les profs, les enseignants,
dont on manque beaucoup, beaucoup, beaucoup dans nos écoles aujourd'hui. On l'a
vu, et le ministre a dû vivre avec ce drame-là, c'est un drame national de
manquer de profs, de professionnels, d'intervenants
pour être présent à la rentrée parlementaire. De ne pas caricaturer, donc, les
propositions qui sont faites par les partis d'opposition, de ne pas
succomber aussi à l'idéologie. C'est-à-dire que : Voilà, ça, c'est une
bonne façon de penser, c'est comme ça qu'il faut penser, puis après ça tous les
autres qui critiquent de façon... qui peut être une critique positive, c'est-à-dire une critique constructive,
de dire : Bien, ça, ce n'est pas bon, ça. Ça veut dire qu'ils sont contre,
donc ce n'est pas bon. Il y a les
pour, il y a les contre, une certaine idéologie. Et ça, c'est un piège très,
très, très fort auquel j'invite le ministre à ne pas succomber.
Et moi-même,
je vais donner l'exemple puis je ne vais pas y succomber. Il n'y a pas les
bons, les méchants, il n'y a pas le noir et le blanc. Dans plein de secteurs de
notre société, encore plus en éducation, il y a 50 nuances de gris, et
c'est important d'être à l'écoute puis d'écouter les idées. Ce n'est pas de
l'idéologie de ne pas de succomber dans l'idéologie, mais les idées qui sont proposées. Parce que je partage exactement, et
je suis certaine que tout le monde ici, dans cette Chambre, et la
société dans son entièreté partage l'objectif commun qui est la réussite de nos
élèves. C'est extrêmement important pour
notre société, pour que le Québec puisse avancer, que notre système d'éducation
fonctionne, qu'il fonctionne bien, qu'il
puisse offrir une éducation de qualité à tous les élèves du Québec, qu'ils
soient... évidemment, quand ils sont à l'école publique. J'ai un préjugé extrêmement favorable envers l'école publique
gratuite de qualité. Il faut qu'on y tienne, puis c'est notre objectif
commun. On n'a pas besoin de le répéter à toutes les fois. Moi, je prends pour
acquis que n'importe quel intervenant,
n'importe qui qui intervient sur le système de l'éducation, son objectif
premier n'est pas de nuire aux élèves du Québec, mais bien qu'ils
réussissent. Donc, on n'a pas besoin de le répéter à chaque fois puis de le
justifier.
Et j'espère que le ministre écoute ce que je
suis en train de lui dire. C'est quelque chose d'extrêmement positif. Quand je vais amener des critiques sur son projet
de loi, qu'il ne dise pas : Ah! bien, je le rejette du revers de la main,
ça veut dire qu'ils sont contre tout
ce que je dis dans le projet de loi. Pas du tout, parce que c'est... Moi, je prends
extrêmement au sérieux l'étude qu'on
va faire, là, quand on va terminer l'adoption du principe, l'étude article par
article. Donc, je voulais un petit peu mettre la table et dire dans quel
état d'esprit j'ai envie qu'on travaille sur ce projet de loi là.
• (10 h 40) •
Avant d'aller
sur les éléments plus détaillés et plus particuliers du projet de loi, je ne
peux pas passer à côté de ce qu'on a appris hier par une demande d'accès
à l'information, qui est quand même très préoccupant, un fameux comité confidentiel que le ministre a mis sur pied, le
ministre de l'Éducation. C'est un comité qui n'existe plus aujourd'hui, qui
n'est plus actif, mais qui l'a été en 2021 et 2022, donc pendant deux
ans, le Comité sur les résultats scientifiques et le milieu scolaire. Et le fait que le ministre met sur pied
un comité pour le conseiller, c'est tout à fait normal. Je veux dire, ça fait
partie du travail d'un ministre de
dire : Je vais me faire conseiller par des experts et, voilà, je vais
mettre sur pied un comité pour pouvoir réfléchir et m'aider à la réflexion. Ça,
c'est tout à fait dans le droit du ministre. Et même on s'attend que le
ministre pose ce genre de geste là.
Moi, ce que
je trouve extrêmement, extrêmement inquiétant, c'est le fait que ce comité-là
soit confidentiel, qu'il donne même son avis et ses recommandations de façon
confidentielle. Je le disais, j'ai écouté attentivement ce que le ministre disait tout à l'heure. Il a parlé de
l'INEE, l'Institut national d'excellence en éducation. Il a dit que l'objectif
de l'INEE, c'est de démocratiser la
connaissance. Quand on parle de démocratie, de démocratiser les connaissances,
ça, ça veut dire de la transparence. Ça va de pair. La démocratie et la
transparence vont de pair. Donc, de mettre sur pied un comité puis que ce soit confidentiel, premièrement, je ne
m'explique pas pourquoi c'était confidentiel. Le ministre aurait très bien pu
en parler, s'il n'a rien à cacher, et de dire : J'ai mis en place ce
comité-là, puis ça va m'aider à faire mon travail de ministre pour
déposer un projet de loi qui soit complet. Et je ne peux pas l'écrire tout seul
sur le coin d'un bureau, j'ai besoin d'experts.
Et c'est tout à son honneur de faire ça. Mais le fait qu'il soit confidentiel
puis que ce soit uniquement par demande d'accès à l'information, que le
public ait pris connaissance de l'existence de ce comité, c'est ça qui est
inquiétant, très inquiétant.
Et
moi, je ne veux pas, aucunement, remettre en question les qualités et les
compétences des gens, des huit personnes qui ont composé ce comité, pas du tout. Au contraire, ils ont été
appelés par le ministre et, comme citoyens impliqués et comme experts, ils ont répondu à l'appel du
ministre pour faire un travail et un mandat qu'ils ont eu. Et ça, c'est une
excellente chose. Mais on a quand
même des questions à se poser sur le fait que ce soit confidentiel, que
certaines de ces personnes-là sont venues intervenir dans le cadre du
projet de loi.
Lors des
consultations particulières, on a, tout le monde, posé des questions à ces
experts, et aucune fois ils n'ont mentionné qu'ils ont fait partie d'un
comité. On a posé des questions à certains d'entre eux par rapport au fait
qu'ils ont fait partie du précédent comité
qui a été mis sur pied par le précédent ministre de l'Éducation du Parti libéral pour un comité, en 2017, où
on parlait déjà de l'existence d'un institut d'excellence comme celui-là, et
ça, c'était clair parce que c'était public. Et on a posé des questions puis... moi,
j'ai posé des questions, puis ils étaient tout à fait à l'aise de dire
qu'ils en ont fait partie, mais aucun, à aucun moment, ils n'ont parlé pour
dire que nous avons aussi conseillé le ministre.
Certains
d'entre eux ont aussi écrit une lettre. Ils auraient pu très bien dire :
On entend toutes sortes de choses sur le projet de loi — ça,
c'était à l'automne dernier — voilà
notre notre avis, puis exactement la même lettre qu'ils ont publiée pour dire que... pour défendre l'idée, par
exemple, d'un institut national, défendre l'idée que... qu'il y ait des études
basées sur des données probantes,
etc., et de mentionner au passage non seulement leurs occupations
professionnelles dans les facultés d'éducation ou autres, mais aussi de
dire : Par souci de transparence, on veut quand même dire que nous avons conseillé le ministre, et il a tenu compte de nos
recommandations dans le projet de loi. Et personne n'aurait été scandalisé.
Personne. Ce qui est scandaleux, c'est de ne
pas l'avoir mentionné, de ne pas l'avoir dit. Ça va à l'encontre de l'idée même
quand on dit que l'éducation, ce n'est pas
uniquement la responsabilité des parents, ce n'est pas uniquement la
responsabilité des profs, ce n'est
pas uniquement la responsabilité du ministre de l'Éducation, c'est la
responsabilité de toute la société.
L'éducation est un enjeu de société. Ça, ça veut
dire que l'ensemble de la société doit être mise au courant des changements qui sont faits dans notre système
d'éducation et comment est-ce qu'on les fait. C'est ce qui a été fait il y a
60 ans avec le rapport Parent. Quand il
y a eu le rapport Parent, bien, il y a eu des consultations dans toute la
société pour parler, pour faire une
réforme extraordinaire qui doit nous inspirer aujourd'hui. La façon que ça a
été fait, ça doit nous inspirer. J'ai entendu le ministre nommer Normand
Baillargeon. Bien, Normand Baillargeon, je ne sais pas si le ministre est au courant, je suis certaine que oui, il appelle à ce
qu'il y ait un rapport Parent 2.0 ou, en tout cas, des consultations qui
précèdent un rapport pour réformer
notre système d'éducation. Et, quand on parle de ça, bien, ça ne se fait pas en
catimini dans un comité caché. Ça se fait de façon transparente où tout
le monde, tout le monde, y compris les syndicats, les profs, les professionnels, les intervenants, les directions,
les parents, les élus, tout le monde intervient pour dire c'est quoi, l'école
de demain que nous voulons à nos
enfants. C'est cet esprit-là qui doit nous guider aujourd'hui, pas l'esprit de
cacher des choses et de ne pas les montrer.
Un des
intervenants dans l'article du Devoir d'hier disait qu'il faisait
partie... un des membres de ce comité-là qui a été mis sur pied par le ministre
a dit : Ça aurait été impossible, on n'aurait pas pu travailler s'il y
avait des gens dans notre comité qui avaient une autre façon de penser, qui étaient
contre le fait qu'on analyse tout, par les données probantes, dans la classe. On n'aurait pas pu avancer, ça aurait
été impossible. Bien, le ministre, ce qu'il aurait pu faire, c'est avoir un
autre comité, avec une autre idée, de gens qui interviennent aujourd'hui
beaucoup dans l'espace public pour dire : On ne peut pas uniquement se concentrer sur les données probantes
de façon fermée dans ce qui se passe dans les classes, et il faut quand même tenir compte de plusieurs études avec des
facteurs socioéconomiques beaucoup plus larges. Il y a des gens qui disent :
Oui, il y a des données probantes, mais ce
qu'il faut, c'est aussi tenir compte de d'autres facteurs et d'autres
indicateurs pour aider à la prise de décision.
Il aurait pu y avoir un autre comité avec une
autre façon de penser, une autre idéologie, et après ça le ministre aurait eu les deux. Ça aurait été rendu public,
les recommandations, et il aurait pu, après ça, faire son travail d'élu, de
ministre et de... prendre des
décisions, puis peut-être qu'il aurait été... il serait allé dans le même... On
aurait eu le même projet de loi, peut-être, peut-être, mais, au moins, il
aurait donné la chance d'avoir un débat sain et transparent. Donc, ça, ça
aurait été une autre avenue ou,
peut-être, une autre... C'est ce que moi, je propose en lisant les informations
puis en ayant cette inquiétude face à cette nouvelle-là.
Donc, ça, ça
va être important, la transparence. Vous allez m'entendre parler de ça
beaucoup, beaucoup, beaucoup. Et je
ne suis pas seule. Il y a aussi... Il y a eu une lettre, aussi, qui a été
adressée au premier ministre en juin dernier. Il y a eu 217 profs
d'université qui ont partagé leurs inquiétudes par rapport au projet de loi
puis la tendance vers laquelle il nous mène.
Ils ont écrit récemment pour dire : Wow! M. le ministre, il y a eu un
comité confidentiel, on a appris sa connaissance par demande d'accès à
l'information, on est encore plus inquiets, encore plus inquiets. 217 profs,
et, depuis ce temps-là, la liste s'est allongée. On ne peut pas rejeter
ça du revers de la main puis dire : C'est des gens qui font de la critique
ou...
Comme... J'ai
été, il y a quelques jours, sur la Côte-Nord, j'ai été dans le comté de
René-Lévesque et j'ai lu... j'ai entendu le député de René-Lévesque dire, sur
un projet de pont, là, dans le journal La Manic, dire : Il y a les
majoritaires, ceux qui sont pour
nous, puis il y a les perturbateurs, ceux qui critiquent puis qu'on entend.
J'espère que le ministre de l'Éducation puis que le gouvernement de la
CAQ ne réfléchissent pas comme ça : Il y a ceux qui sont avec nous, puis qui votent pour nous, puis qui sont avec nous,
puis il y a les perturbateurs. C'est très insultant comme mots, surtout dans
une démocratie. On ne peut pas réfléchir de
cette façon-là. Je dirais que ce n'est pas juste insultant, c'est aussi
dangereux, dans une démocratie, de penser comme ça.
• (10 h 50) •
Donc, je
vais, une fois cette longue mise en garde faite... Et, je répète, ce que je
suis en train de dire, je veux me l'appliquer
à moi-même. Quand il y a des gens qui ne sont pas d'accord avec qu'est-ce que
je propose ou quand je relaie, par
exemple, des informations qui me sont communiquées par toutes sortes de gens du
milieu... Parce que, vous le savez, M. le
Président, on parle avec tout le monde, et c'est important. Ça fait partie de
votre description de tâches, comme député, de parler avec tout le monde, d'écouter, et, à un
moment donné, on relaie ces informations-là, puis de ne pas dire : Bien,
ce n'est pas bon, c'est de la critique. On
peut débattre. Nous sommes ici, dans cette Chambre, dans cette Assemblée, pour
avoir des débats de société, et je vais toujours me le rappeler. Des fois, je
vais dire avec... au ministre : Je ne suis pas d'accord avec vous et je
veux vous sensibiliser à mes arguments, et pourquoi. Puis je vais écouter les
arguments du ministre. Puis, à la fin, on
n'est peut-être pas d'accord, mais ce n'est pas une raison pour dire : Il
y a une bonne façon de penser, puis
le reste, c'est mauvais, surtout en matière d'éducation. Parce que le projet de
loi qu'on a devant nous, le projet de
loi n° 23, va avoir des impacts extrêmement, extrêmement importants dans
les années à venir. Donc, il faut prendre le temps de bien entendre tous les arguments sur, par exemple, les
modifications qui doivent être faites à ce projet de loi là.
Je vais
essayer de synthétiser mon discours puis les éléments plus particuliers, là,
dans les articles du projet de loi en quelques minutes, là, juste pour que tout
le monde sache vers où je m'en vais puis c'est quoi, l'idée à laquelle je veux
sensibiliser tout le monde qui nous écoute, et plus particulièrement le
ministre.
Dans ce projet de loi là, le ministre centralise
les pouvoirs entre ses mains. Il devrait plutôt mettre fin à l'école à trois vitesses. Le ministre, dans ce projet de
loi là, veut décider à la place des centres de services scolaires, qui ont été
créés par le gouvernement de la CAQ. Il devrait plutôt mettre fin à l'école à
trois vitesses. Le ministre abolit le Conseil supérieur de l'éducation. Il
devrait plutôt se concentrer à mettre fin à l'école à trois vitesses. Le
ministre abolit le Comité d'agrément des
programmes de formation à l'enseignement, le CAPFE pour les intimes. Il devrait
plutôt se concentrer à mettre fin à
l'école à trois vitesses. Le ministre veut décider, à la place des profs,
quelle formation elles... Et je vais utiliser «elles» pour «profs», et je suis certaine que les profs masculins vont
m'en excuser, parce que la majorité de leurs collègues, je suis certaine, dans pas mal toutes les écoles,
c'est des femmes. Donc, ça va être le féminin qui va l'emporter dans la profession enseignante. Le ministre veut décider à
leur place, à ces enseignantes, quelle formation elles devraient suivre.
Le ministre devrait plutôt se concentrer à mettre fin à l'école à trois
vitesses.
Je pense que,
M. le Président, vous me voyez venir, ça devrait être ça, l'obsession du
ministre. Parce que c'est l'école à
trois vitesses : l'école publique régulière, qui est de moins en moins
régulière, c'est surtout des élèves qui ont des difficultés
qu'on retrouve là, de plus en plus, il y a l'école publique avec projets
particuliers et il y a l'école privée, subventionnée 60 % et plus par l'argent public. C'est ça, l'école à trois vitesses.
Et ça, cette façon de faire là, notre réseau, notre système d'éducation, au Québec, qu'on a laissé aller vers
cette école à trois vitesses, parce que ce n'était pas ça, au départ, ça s'est
accentué, bien, c'est un problème
fondamental duquel découlent énormément de problèmes que nous vivons
aujourd'hui dans notre système
d'éducation, y compris la pénurie de main-d'oeuvre, qui est un drame national.
Si le gouvernement nous dit que l'éducation est sa priorité, il devrait
considérer que la pénurie qu'on vit aujourd'hui dans nos écoles est un drame
national.
Donc, pendant
que tout le monde dit au ministre, y compris des parents — la
fédération des parents aussi a parlé de
ça — pendant
que tout le monde lui dit que l'école à trois vitesses, c'est vraiment un
problème, le ministre se lance dans une
autre réforme des structures où il y a une grande centralisation, une
centralisation que Gaétan Barrette ne renierait pas. Il a été très, très
satisfait de la centralisation dans le système de santé parce que c'est son
domaine puis, s'il avait vu ce qui est
en train de se passer dans le système d'éducation, il aurait jubilé. Peut-être
qu'il l'a déjà vu puis peut-être qu'il en a parlé, je ne le sais pas.
Puis cette
centralisation-là est aussi dangereuse pour un gouvernement qui se dit le
gouvernement des régions. Dans les
régions, les réalités du système d'éducation sont différentes. On ne peut pas
avoir des solutions mur à mur partout. On ne peut pas, dans le système
d'éducation, prendre les décisions loin des écoles, dans la capitale nationale,
au complexe G, dans le bureau du
ministre. Le ministre nous a dit que ce n'était pas ça, son intention, mais,
quand on lit le projet de loi, c'est
ça qu'on voit. Il se donne énormément, énormément de pouvoirs. Et il y a eu des
gens qui sont intervenus, notamment dans...
qui travaillent, qui sont dans des centres de services scolaires, ou des gens
du milieu, dans des régions, où ils se disent :
Bien, attention, notre réalité, nous, elle est différente. Ça ne peut pas être
décidé uniquement à Québec, comment ça se passe, et on est très inquiets
pour ça.
Et ça va même
à l'encontre de l'esprit de l'ancien ministre de l'Éducation avec le projet de
loi n° 40. Pas ce qu'il a fait,
parce qu'il y a eu une centralisation, il y a eu... Quand on a changé, quand on
a enlevé la démocratie scolaire, il s'est donné plus de pouvoirs, mais ce qu'il disait, ce n'était pas ça. Et je
le cite, l'ancien ministre de l'Éducation, lors de l'étude ou, en tout cas, du... des discussions autour...
et des débats autour du projet de loi n° 40, qui a aboli les commissions
scolaires. Il disait : «Ce
projet de loi — on
parle du projet de loi n° 40 — permettra
notamment de donner davantage d'autonomie aux écoles et de rapprocher la
prise de décision de celles et ceux qui connaissent les élèves par leur nom.»
Qui connaît
les élèves par leur nom? Souvent, c'est les directions dans les écoles, pas
juste les profs qui connaissent les élèves par leur nom, les gens qui sont sur
le conseil d'établissement, dans les écoles, ils le connaissent. Je ne pense
pas que le ministre de l'Éducation a comme
objectif de connaître le nom de tous les élèves de nos... dans nos écoles, mais
c'est ça qu'il fait, il éloigne la prise de décision des gens qui
connaissent les élèves.
Plus précisément, dans le projet de loi quand on
dit... quand je dis qu'il y a une centralisation qui est opérée, de quoi je parle, au juste? Le ministre veut, par
exemple, avoir le droit de contrôler les communications dans l'ensemble du
système. Il va y avoir une omerta qui va s'installer. Déjà, c'est le
cas. Moi, quand il y a des profs qui me parlent, quand je leur parle, c'est très, très difficile. Ils le font sous le sceau de
l'anonymat. Et, on l'a vu, il y a des communications qui sont faites, c'est : Gare à vous si vous parlez,
parce que vous devez fidélité à votre employeur. Mais, sous le couvert de la
fidélité, il y a toutes sortes de
choses aussi qui... qu'on met là-dedans, et ça devient une omerta. Puis, en
contrôlant l'information, ça devient de plus en plus opaque. L'omerta va
exister de plus en plus, le problème va s'aggraver, et ça, ce n'est pas bon pour personne, en premier pour les élèves. Et
surtout, avec ce qu'on a appris par rapport aux comités confidentiels pendant
deux ans, bien, c'est d'autant plus inquiétant, cette opacité-là puis ce
contrôle des communications.
Le ministre va aussi procéder à la nomination du
directeur général de chacun des centres de services scolaires. C'est lui qui va
dire : Oui, tu restes, non, tu ne restes pas, puis je vais te remplacer
par un autre. Extrêmement inquiétant, extrêmement inquiétant que ce soit lui et non pas
les membres du C.A. Donc, on vient d'enlever, de transférer des pouvoirs
des C.A. vers... des conseils
d'administration des centres de services scolaires, où des parents, par
exemple, siègent, vers le ministre. Ça, c'est une autre centralisation
qui est faite par le projet de loi.
Les centres de services scolaires vont devoir
conclure, avec le ministre, une entente de gestion et d'imputabilité contenant
notamment des indicateurs nationaux, des objectifs et des orientations. C'est
vrai qu'il faut qu'il y ait de l'imputabilité
de la part des centres de services scolaires. Il faut que quelqu'un soit
imputable quand une mauvaise décision est
prise, comme par exemple dans le centre de services scolaire des Mille-Îles, où
j'ai parlé avec beaucoup, beaucoup de parents,
des gens qui sont inquiets parce qu'ils vont voir, à cause d'une décision qui a
été prise par le centre de services scolaire, leurs frais de garde exploser. Les parents ne le savent pas encore. Ils
ne le ressentent pas encore. Les conseils d'établissement essaient de
sensibiliser les profs à ça, puis je porte une pétition à ce sujet-là.
Puis il y a une mauvaise décision dans les
centres de services scolaires, il faut qu'ils soient imputables. Bien, contrairement à ce que pense le ministre, les
parents ne peuvent pas renverser la décision. Bien, ce n'est pas à lui de la
renverser, ça devrait être aux
parents, ça devrait être aux gens autour de la table, dans les centres de
services scolaires, de dire : Bien, ça, cette décision-là n'a pas
de bon sens. Il faut qu'elle soit changée, puis vous êtes imputable quand vous
prenez des mauvaises décisions. Ce n'est pas
au ministre de dire : Mon Dieu! les oppositions m'interpellent parce que
les centres de services scolaires
prennent des mauvaises décisions, et donc c'est moi... moi, j'ai la science
infuse... c'est-à-dire que je le sais, c'est quoi, la bonne chose, et ce
que je vais décider va être la bonne chose.
Peut-être que
le ministre actuel, c'est bien, qu'est-ce qu'il décide, mais, dans le projet de
loi, ce n'est pas son nom ni son
prénom qui sont écrits là-dedans, c'est écrit «ministre de l'Éducation». Ça
fait que ça peut être n'importe qui, et le ministre n'a pas la science infuse.
Donc, c'est important de renforcer les pouvoirs et les contre-pouvoirs qui sont
dans les centres de services
scolaires pour qu'ils soient imputables, et pas sa solution d'y aller de
manière drastique : Bien, c'est moi qui vais, finalement, donner
les orientations, etc.
• (11 heures) •
Il peut y
avoir une entente, mais toute cette question-là des indicateurs nationaux,
cette logique-là... Le ministre nous a parlé de la performance. Il n'y a
personne qui veut que ce ne soit pas performant ou qu'on dilapide l'argent
public. Il n'y a personne qui fait ça, là,
dans les écoles, mais il y a cette logique marchande de dire : Bien, il
faut attendre des cibles, des résultats.
Moi, j'ai
travaillé dans les entreprises pendant longtemps, puis, tous les matins, on
regardait des indicateurs sur la production,
sur les accidents, etc., puis là il fallait que ce soit vert, là, parce que, si
c'est rouge, là, ça va mal. Ça, je comprends, quand on parle d'usines, là, de machines qui produisent des choses à la
chaîne, mais on est dans des écoles. On ne peut pas implanter cette
philosophie, cette idéologie — je dis au ministre de faire attention aux
idéologies, là — cette
idéologie marchande à nos écoles publiques, ce qu'on appelle la nouvelle
gestion publique, à laquelle le gouvernement succombe énormément, et c'est déjà commencé, c'est déjà fait dans le système de
santé, puis là on le continue dans les écoles. Ça, il faut faire
attention beaucoup à ça.
Ces méthodes
et techniques de gestion qui sont empruntées au secteur privé, comme par
exemple la compétition, bien, ça, ce
n'est pas très bon dans nos écoles, pour les enfants, ces valeurs-là, comme
celles qu'on a dans les entreprises privées pour les employés, pour les P.D.G. On est, je rappelle, dans des écoles.
Puis ça fait des décennies, là, ça fait deux décennies qu'on implante
cette nouvelle philosophie-là, ce type de gestion axée sur les résultats, sur
les tableaux de bord, sur les cibles, etc.,
puis, si ce n'est pas atteint, ça veut dire que tout est mauvais. Et, des fois,
c'est beaucoup plus nuancé que ça, il y a d'autres indicateurs qu'il faut
regarder, pas uniquement des résultats précis avec des chiffres précis. C'est
très dangereux, il faut faire
attention à ça. Puis ça amène aussi, puis on le vit aussi en santé, une perte
de sens du travail, ça amène de l'anxiété de performance pour les
élèves, pour les profs, où il y a une pression accrue qui ne les incite pas à
vouloir rester.
Donc, cette
idée-là, de nouvelle gestion publique, ça a été un échec, là, dans le
système... dans les services publics, et, avec le projet de loi, bien, ça s'en
va exactement dans cette direction-là. Ça, on va regarder les articles, là,
article par article pour s'assurer...
pour voir si c'est possible de faire des modifications pour que ce ne soit pas
cet esprit-là de nouvelle gestion,
là, publique basée sur le privé qui s'implante de façon accrue dans nos écoles
et de façon... qui va rendre la gestion, dans nos écoles, inefficace de
toute façon. Ce sera inefficace.
Le projet de
loi accorde aussi, comme je le disais, au ministre le pouvoir d'annuler une
décision de centre de services scolaire, et j'en ai parlé tout à l'heure, oui,
il y a des décisions qui peuvent être mal faites, mal prises, etc. Bien,
il faut qu'il y ait d'autres gens qui
puissent décider. Justement comme le disait l'ancien ministre de l'Éducation de
la CAQ, il faut que ce soient les gens qui connaissent les élèves par leur nom
qui puissent renverser les décisions, ou les changer, ou en discuter, et
non pas au ministre.
Pour ce qui
est de la formation des enseignantes, ça, là, c'est plus que de l'ingérence que
fait le ministre, c'est une insulte,
c'est une dévalorisation de nos profs, et Dieu seul sait à quel point nos
profs, pour qu'ils... pour qu'elles restent dans notre réseau, ont besoin
d'être valorisées, d'être reconnues. J'ai entendu le ministre, lors des
consultations particulières, dire :
Bien, attention, c'est 30 heures. Si, par exemple, à cause des études, des
données probantes puis ce que l'Institut national d'excellence propose, on va mettre quelques
heures, trois heures, cinq heures, que ça va être... c'est ce qu'on propose, on
va rendre ça obligatoire, par exemple
le français, de la formation de français, là, lui, il dit : Deux heures,
trois heures, cinq heures sur 30,
c'est écrit où dans le projet de loi? J'ai cherché, là, ce n'est pas écrit. Un
ministre pourrait dire : Bien, moi, ça va être 30 heures sur 30, ça
va être ça, les formations que vous allez suivre, parce que, quand je regarde
mon tableau de bord puis mes cibles, là, bien là, les élèves, ils n'ont
pas réussi dans telle matière. Ça fait que, ça, ça veut dire que, dans la classe, c'est peut-être mal enseigné, il va
falloir tous que vous alliez suivre telle formation. Mais, des fois, les
résultats, ce n'est pas parce que c'est mal enseigné, il y a d'autres facteurs.
Il n'y a pas juste les petites données probantes, exactement, qu'on
regarde dans ce qui se passe dans la classe, il y a peut-être d'autres choses,
d'autres facteurs qui influencent les cibles puis les résultats que le ministre regarde,
et donc on s'en va vers une mauvaise solution de dire que ça va être telle
formation.
Donc, ça, là,
de dire que c'est uniquement quelques heures de formation, il n'y a aucune
garantie. Ce n'est écrit nulle part,
le pourcentage ou combien d'heures, ce n'est écrit nulle part, ça peut être
100 % des heures imposées par le ministre.
Ça, c'est... Ça, là, c'est vraiment... Si on ne veut que cibler puis contrer
l'autonomie des profs, là, c'est... il n'y a pas mieux que ça pour décourager
les profs puis dire : Mon Dieu! moi, je le sais, qu'est-ce que j'ai
besoin. Puis ça, là, moi, j'ai fait une tournée éducation puis j'ai
parlé avec des profs et des gens dans le système d'éducation puis qui nous ont dit... ou des gens de... qui témoignaient. Ils
disaient : Moi, ce n'était pas ça, la formation que je voulais suivre, là.
Je le sais que ce n'est pas bon, ce
n'est pas ça que j'ai besoin, puis là on me l'imposait. Ça fait que j'étais
obligée de la suivre, mais moi, je
sais que ce que j'ai besoin, c'est telle autre formation. Ça fait que, ça, il
va falloir faire attention à ça. Et le projet de loi n° 40, c'était ça,
son objectif. Ça a été même un gain.
Là, il y a
comme un recul avec le projet de loi n° 23. Il y avait un gain de dire :
Bien, il y a eu une entente entre les syndicats et le ministère pour faire en
sorte que ce sont les enseignants qui décident de leur formation. Et là on va
l'imposer par l'Institut national de
l'excellence et parfois même par le ministre, parce qu'il va y avoir des
objectifs nationaux, ce qui est une
bonne chose aussi, d'avoir des objectifs nationaux, ça, on n'en a pas contre,
mais de ne pas y aller par le moyen d'imposer des formations à nos profs. C'est assez de les prendre par la main puis
de ne pas les considérer comme des expertes de leur classe.
J'ai parlé
avec des profs qui ont quitté l'enseignement. On parle beaucoup des profs, ceux
qui quittent quelques années, des
nouveaux, là, avant cinq ans, mais ceux aussi que ça a fait mal au système,
c'est ceux qui ont de... celles qui ont de l'expérience, par exemple 20 ans en éducation, assez vieilles pour
avoir de l'expérience, mais trop jeunes pour prendre leur retraite et qui décident d'aller ailleurs puis de
travailler ailleurs. Bien ça, premièrement, ces enseignantes-là, la majorité
m'ont dit : On n'a pas eu d'entrevues de départ, hein? Si on veut une
bonne gestion, peut- être, dans le système privé, des entrevues de départ, quand tu quittes une entreprise, moi,
c'est déjà arrivé, on le fait pour savoir qu'est-ce qui a bien, qu'est-ce qui a
mal été. Bien, elles, elles n'ont pas eu ça
du tout. Et ça, là, ça, c'est une saignée, ces profs qui quittent. Puis,
là-dedans, c'est de sentir que leur expertise, outre leur charge, et tout ça,
de sentir que leur expertise n'était pas reconnue, puis de leur
dire : Tu vas suivre cette
formation-là. Voilà ce qui a été décidé en haut, là. Ça, là, ça ne s'en va pas
vers la valorisation des profs.
L'ancien
ministre de l'Éducation, j'ai envie de le citer. Je le cite beaucoup, mais
c'est important. Je ne sais pas si, des fois, l'ancien ministre de
l'Éducation et l'actuel ministre se parlent. Et ce qu'il disait pour son projet
de loi n° 40 : «...il n'y a pas assez d'autonomie dans nos écoles. Ils nous disent : Parfois,
en enseignant dans les écoles, on se sent un peu comme des techniciens, on ne se sent pas respecté. On ne sent pas la
compétence des enseignants et de toute l'équipe-école
reconnue pour prendre les bonnes décisions pour les élèves.» Je ferme les
guillemets. Ça, là, c'est l'ancien ministre
qui disait ça. Bien, je veux dire, on pourrait le reciter. Il pourrait dire la
même chose sur le projet de loi n° 23. C'est vraiment une attaque à
l'esprit de démocratie participative, là, dans notre réseau.
Donc, après
le CAPFE, le comité, là, pour les programmes qui existait... oui, est-ce qu'il
y avait des choses à changer, à améliorer? Bien sûr. Mais ça, c'est
souvent avec la CAQ : Ah! il y a des défauts, ça ne marche pas. Moi, j'ai
été responsable de l'énergie puis je me
rappelle, quand on a étudié le projet de loi, là, où ça devait être simple,
simple, simple, avec l'ancien ministre de l'Énergie qui disait que : Bien
là, ça ne marche pas, c'est long, la régie. Parfait, on enlève ça, on réduit sa responsabilité. Ça, c'est une tendance,
chez le gouvernement, de dire : Il existe quelque chose qui fait défaut,
mais, au lieu de l'améliorer, bien,
on va l'abolir, puis on va mettre d'autres choses, puis on va réinventer la
roue nous-mêmes. Ça, c'est une mauvaise façon de penser. Ce n'est pas
agir de façon ciblée. Donc, abolition du CAPFE, abolition du Conseil supérieur de
l'éducation et attaques contre l'autonomie des profs.
Je vais
encore reciter l'ancien ministre de l'Éducation quand il parlait de son projet
de loi n° 40 : « C'est l'écho
qu'on reçoit sur le terrain en visitant des dizaines d'écoles dans des milieux favorisés et défavorisés, en
milieu rural, en milieu urbain. C'est
ce qui ressort. Évidemment, il n'y a pas d'unanimité. Évidemment, il y a des
gens qui souhaiteraient que ça ne change pas. Mais beaucoup de personnes
sur le terrain attendent cette décentralisation de la prise de position, attendent qu'il y ait davantage d'argent qui sont
envoyé aux écoles.» Bien, en ce moment, avec qu'est-ce que je vous dis, ce n'est pas juste une phrase que je dis comme ça,
il y a une centralisation, et je vous en ai parlé, ça va être que le ministre
va pouvoir choisir les formations. Le ministre va pouvoir tasser un directeur
général ou le mettre... l'embaucher. Le ministre
va pouvoir enlever ou mettre de côté une décision qui a été prise par les
centres de services scolaires, imposer ses décisions. Donc, tout ça, c'est des articles qui sont dans la loi, qui
amènent une centralisation entre les mains du ministre dans son bureau. Si ce n'est pas une
centralisation, je ne sais pas c'est quoi. Bien, l'ancien ministre de l'Éducation
ne devrait pas être d'accord avec le projet de loi n° 23
parce qu'il va exactement dans le sens contraire que ce que lui recherchait.
• (11 h 10) •
Les fleurs.
Le ministre, tout à l'heure, disait : Mon Dieu! on n'applaudissait pas. Je
vais quand même mentionner un aspect
positif dans le projet de loi, et il l'a mentionné aussi dans son discours,
c'est l'accès aux données. Absolument. Ça,
c'est un problème, de devoir faire des demandes d'accès à l'information. Quand
les journalistes essaient d'aller chercher, qu'ils font des enquêtes
puis ils essaient d'aller voir tous les centres de services scolaires un par
un, à leur envoyer un questionnaire à ne plus finir pour avoir des réponses,
ça, c'est vraiment problématique.
Même,
d'ailleurs, j'ai l'impression que le ministre, quand il nous a mis dans... le
chiffre astronomique qu'il avait mentionné,
une semaine, là, à peine avant la rentrée, pour dire : voilà, il manque
tant de profs, puis, finalement, on a appris qu'il y en a moins, c'était peut-être une démonstration pour nous
démontrer à quel point il ne détient pas les chiffres. Peut-être que c'était ça qu'il voulait démontrer. Mais ça,
il n'avait pas besoin de le faire, on le sait. C'est quelque chose d'important.
De ce que je
comprends, c'est que les chiffres existent, les chiffres sont là, les données
existent dans les centres de services
scolaires. Maintenant, il veut se donner le pouvoir de pouvoir les demander,
puis que ça rentre dans une base de données
commune, puis qu'on ait accès aux chiffres rapidement, puis qu'on ne cherche
pas de midi à 14 heures pour les avoir, puis que le ministre puisse
répondre, quand il se fait poser la question, combien il manque de profs,
combien il manque de professionnels, combien
telle chose, telle chose, etc., qu'il puisse répondre. Et, en ce moment il n'y
a pas les outils pour le faire. C'est
très bien qu'il puisse avoir une loi pour lui donner le pouvoir d'avoir ça. Ça,
c'est une bonne chose.
Nous
sommes d'accord avec ça. Mais ces données ne doivent pas rester à l'intérieur
de la boîte du ministère puis du ministre, puis que ce soit uniquement
par des demandes d'accès à l'information à ne plus finir, qui font travailler beaucoup de monde puis qui retardent les prises de
décision puis retardent aussi la transparence. On veut démocratiser les connaissances, démocratiser tout, bien, il va
falloir qu'il y ait de la transparence, je ne le répéterai jamais assez. Il
faut que ces données soient
accessibles à tout le monde, aux experts, aux syndicats, aux universités, pas
juste au ministre, qui les sort quand ça fait son affaire. Ça, c'est
très important.
Donc,
abolition de deux... abolition, plutôt, du Conseil supérieur de l'éducation
et création de l'Institut national de l'excellence
en éducation. Donc, le ministre veut créer cet institut-là. D'ailleurs, quand
j'ai lu, puis j'ai eu aussi l'occasion de
réagir à cet article sur le comité secret, où tout était confidentiel, bien, ce
comité-là, j'avais comme l'impression que c'était comme l'INEE avant l'INEE. On a mis en place peut-être quelque
chose comme l'institut avant de mettre en place l'institut. Puis moi, je me pose des questions. Ces gens-là... Et je le
répète, je ne remets pas en question leur compétence. Ils ont une façon de penser, une idéologie, c'est
très bien. C'est des experts, puis c'est ça qu'ils défendent puis ils font leur
travail, puis c'est une bonne chose.
Maintenant, eux, est-ce que ces personnes-là seulement vont avoir le privilège
de siéger et d'être à la tête de
l'Institut national d'excellence en éducation parce qu'ils vont dans
l'idéologie que la ministre veut mettre sur pied en éducation? Ça, c'est une
vraie question et qui m'inquiète, énormément. Ça va être quoi, les critères
pour nommer ces personnes-là? Le ministre, ça va être lui qui va le
faire. On va pouvoir aussi en discuter dans les articles.
Abolition
du Conseil supérieur de l'éducation. Moi, je soupçonne que peut-être que le
ministre était tanné, comme beaucoup
de ministres avant, de se faire faire la leçon par le Conseil supérieur de l'éducation.
Notamment, le Conseil supérieur de l'éducation a été très, très... a parlé très
fort sur la question de l'école à trois vitesses puis les inégalités que ça
crée dans l'école, mais dans notre société.
Ce rapport-là était toujours, toujours, toujours attendu par le milieu, par les
experts du milieu, et c'est un héritage que nous avions de la Révolution
tranquille, avec le rapport 2.0, ce Conseil supérieur de l'éducation. Est-ce que, des fois, on peut faire
des changements, des... peu importe? Absolument. On peut, par exemple,
dire : Bien, peut-être que le
Conseil supérieur de l'éducation pourra avoir une branche qui s'occupe de
l'excellence, admettons, ou quelque
chose comme ça. Tout à fait, c'est des choses qui sont possibles. Mais de
dire : on jette le bébé avec l'eau du bain, parce que, de toute façon, les rapports étaient extraordinaires,
puis c'était vraiment, vraiment génial, mais ça allait... Puis ça allait très, très large, ça ratissait
très, très large. On n'était pas juste sur un seul aspect. Puis ça, c'est
important dans notre société
démocratique : il y avait des débats. Il y a des débats à l'intérieur du
Conseil supérieur de l'éducation. Et là, le ministre dit : On se
départit de ça.
Moi,
je trouve ça... Vraiment, là, s'il y a une chose sur laquelle j'aimerais...
puis je me donne comme défi personnel de
faire changer d'idée le ministre, c'est de ne pas abolir le Conseil supérieur
de l'éducation, c'est-à-dire qu'il change son mandat, puis il va juste s'occuper de l'éducation supérieure. Moi, là,
c'est un défi personnel que je me donne. Je trouve ça vraiment, vraiment dommage. C'est dommage pour la
réussite de nos élèves, c'est dommage pour toute la société
de se départir de ce joyau de la
Révolution tranquille et de dire : Bien, ça va être remplacé par
l'institut. L'institut a un mandat très
restreint sur les données probantes, les connaissances et de les utiliser, ces
données, puis c'est tout... c'est extrêmement restreint comme mandat. Puis c'est correct, il peut y avoir un institut.
Mais d'enlever ce Conseil supérieur de l'éducation, qui a une vue d'ensemble, qui nous permet d'avoir
une vision 360, là, ça, c'est dangereux, ce n'est pas une bonne nouvelle
pour notre système d'éducation. Puis, un
jour, si le ministre le fait puis va de l'avant puis qu'il l'abolit, comme il
souhaite le faire, bien, on va s'en mordre les doigts, on va s'en mordre
les doigts.
J'ai aussi une
crainte, là, puis qui a été nommée par plusieurs intervenants qui sont venus
lors des consultations particulières, que
l'enseignement à distance vienne combler la pénurie de main-d'oeuvre. Il faut
faire très attention à ça. On dit souvent que le diable est dans les
détails, donc c'est... Le ministre nous a dit que ce n'était pas ça, son
intention, qu'il va falloir l'utiliser à
certains moments, par exemple, un élève qui est malade, qui ne peut pas venir à
l'école mais qui peut quand même... à
qui on peut enseigner, peut-être, de le faire... de faire de l'enseignement à
distance. Quoiqu'il y en a qui nous
ont dit : Déjà, un élève, peut-être, qui est malade, ce serait mieux que ce
soit en personne. À distance, je veux dire, il a... Cet enfant-là a autant besoin que tous les autres d'avoir une
éducation de qualité, puis on devrait pouvoir lui offrir ça, mais peut-être dans certaines situations
exceptionnelles, on n'est pas fermés, je ne suis pas fermée. Mais il va falloir
faire attention que ce ne soit pas ça, la solution, parce qu'on manque
de profs, puis dire : Bien, ça va être l'enseignement à distance ou qu'on
manque de gens, et tout ça. Ça, je vais regarder de façon attentive, puis il va
y avoir sûrement des amendements, là, que je vais mettre sur pied... que je
vais déposer lors de l'étude détaillée.
Je
parlais tantôt du joyau de cet héritage-là que nous avons eu de la Révolution
tranquille, dans les années 60, lors du rapport Parent, le Conseil
supérieur de l'éducation. J'ai envie de nommer... de lire un extrait d'une
lettre ouverte de Suzanne-G. Chartrand, qui
est aussi une experte qui est très, très vocale, qui fait partie, là, de toutes
ces personnes-là qui se mobilisent
pour parler du projet de loi n° 23, de vers où il s'en va, cette centralisation-là,
puis qui va vraiment changer des choses. Ce n'est pas de la résistance contre
le changement. Encore une fois, je le répète, il ne faut pas faire de la
caricature avec la critique qui est
faite à ce projet de loi. Ça, c'est très important de ne pas dire : Ah! il
la critique, donc ce n'est pas bon. C'est des critiques qu'il faut
entendre, qu'il faut écouter. Et ce qu'elle dit, là, et c'est très très fort,
c'est pour ça que je veux le
mentionner : «Malheureusement, avec ce coup de force, le ministre de
l'Éducation ne change pas que les structures : il s'attaque à la
nature profonde de l'éducation et à la mission de l'institution dont nous avons
hérité de la Révolution tranquille. Ce n'est
pas d'un progrès dont il s'agit, mais d'un grave retour en arrière. Il faut
remonter au premier mandat de Duplessis
pour trouver pareils autoritarisme et mépris de la démocratie et du savoir.» Je
la cite. C'est extrêmement fort. C'est extrêmement fort.
Peut-être que le ministre
n'aime pas... il trouve que c'est de l'enflure verbale, peut-être. Mais abolir
le Conseil supérieur de l'éducation est un
recul pour notre système d'éducation. Ça, je n'en démordrai jamais, ça l'est.
Et je ne sais pas si le ministre,
quand il est devenu ministre, on lui a donné... Je sais qu'on leur donne des
dossiers à lire, et tout ça, j'imagine. Est-ce qu'on lui a donné les rapports du Conseil supérieur de l'éducation?
Est-ce qu'il les a lus? Est-ce qu'il a pu discuter avec les gens qui travaillent dans le Conseil
supérieur de l'éducation? Ce serait bien qu'il porte attention avant de
dire : Bien, c'est terminé, vraiment.
• (11 h 20) •
J'ai beaucoup
parlé de la pénurie, puis on va continuer à en parler, puis on va avoir des
chiffres, de plus en plus, ce n'est
pas un phénomène nouveau, c'est un phénomène qui s'accentue et,
malheureusement, qui va ne faire que s'accentuer avec le temps, avec le vieillissement, avec les départs à la retraite.
Je vois les efforts que le ministre fait et le gouvernement fait pour pouvoir rentrer des gens dans les
facultés d'éducation, pour réduire le nombre de crédits, le nombre de temps
qu'on passe à l'université pour
pouvoir être qualifié, etc., les gens qui ne sont pas légalement qualifiés mais
qui ont un bac, et tout ça. Il y a
certains efforts. Ce n'est pas tout parfait, parce qu'il y a beaucoup de gens
dans mon comté aussi... Je me fais même interpeler par des gens qui ont
une expérience de 15 ans, 20 ans d'expérience d'enseignement dans
leur pays d'origine, qui viennent ici, qui
parlent un français impeccable, qui veulent enseigner et, à cause des problèmes
avec le ministère de l'Immigration, bien, le MIFI, il y a
des problèmes. Donc, peut-être, j'invite aussi le ministre, là... j'ouvre une
parenthèse, le ministre de
l'Éducation et la ministre de l'Immigration de se parler pour voir comment
corriger cette situation-là pour ne
pas qu'on perde ces élèves-là... ces profs-là, à qui on a dit : Bien, vas
donc en Ontario, c'est plus vite. Imaginez, ils ne parlent même pas
anglais, eux autres. Ils veulent travailler ici.
Tout ça pour
dire qu'il y a des efforts qui sont faits, pas parfaits, mais quand même, pour
les faire rentrer. Mais le défi énorme du ministre, c'est comment faire
en sorte que les profs ne quittent pas. Oui, on fait rentrer d'un côté, mais, après ça, il y en a qui quittent, et pas
uniquement pour aller à la retraite, qui quittent le navire pour toutes sortes
de raisons. Et je le mentionnais,
j'ai parlé avec des profs qui quittent : charge de travail trop
importante, la gestion de classe de plus en plus difficile...
La raison, c'est : école à trois vitesses,
parce que les bons, ils ne sont pas dans les classes régulières de l'école. C'est-à-dire, les bons... C'est-à-dire que ceux
qui viennent de milieux plus favorisés, ceux qui ont du sport à l'école, ceux
dont les parents ont de l'argent pour payer
l'école privée, tout ça, ça fait en sorte qu'il y a une concentration. Il y a
des classes de plus en plus difficiles,
extrêmement difficiles, où les profs n'ont pas assez de bras, n'ont pas assez
de mains, n'ont pas assez de cerveaux pour pouvoir gérer ça.
Et aussi une
autre raison, c'est les manques de ressources, d'avoir des professionnels...
multiplication des élèves à besoins
particuliers, gestion difficile des élèves en difficulté — je
remercie ma collègue qui en a parlé tantôt — un nombre d'élèves par classe trop élevé, les
nouvelles technologies, le manque de soutien psychologique, composition de la
classe trop lourde, etc. Les raisons
sont immenses, du départ, et ça, c'est le défi du ministre. Près de
30 000 enseignants, c'est-à-dire le quart des effectifs, ont enseigné dans les écoles québécoises sans
être légalement qualifiés. Il y en a qui ont sorti puis qui ont dit : Il faut arrêter de dire qu'on a
l'air d'une gang d'illégaux, là, pas légalement qualifiés. Tu sais, le terme
n'est pas très beau. C'est péjoratif, c'est vrai. Ils ont la compétence.
Ils ont envie d'enseigner.
Cela dit, en
parlant avec des profs qui, eux, sont légalement qualifiés puis qui ont
l'expérience, bien, eux, leur charge de
travail augmente parce qu'ils prennent sur leur temps pour aller aider les
collègues non légalement qualifiés, pas parce qu'ils ne sont pas bons, c'est parce qu'ils n'ont pas encore
l'expérience, mais ils ont la passion d'enseigner. Mais il faut leur donner les ressources, puis, en ce moment,
bien, ce sont les profs actuels qui ont un brevet, qui, en plus d'enseigner
dans leur classe dans ces
conditions-là, doivent aider sur leur temps, et sans aucune reconnaissance, par
exemple, monétaire ou autre, pour leur dire : Parfait, on te libère
pour pouvoir aider ton collègue non légalement qualifié.
Mais, quand
même, 30 000, c'est immense, c'est énorme. Là, en ce moment, avec les
derniers chiffres, on manque... plus de 14 000 d'ici quatre ans.
Puis, encore là, peut-être que les chiffres vont être révisés puis le chiffre
va augmenter. C'est vraiment, je le répète, un drame national. Ce n'est pas
d'une réforme de structure et de plus de pouvoir entre le ministre... Peu importe qui est le ministre qui va
être assis, là, sur ce siège-là, ce n'est pas ça qui va le régler. C'est le
défi, là. Puis comment on va le relever, c'est avec un vrai plan de
lutte contre la pénurie de main-d'oeuvre, notamment par les conditions de travail. J'ai mentionné tous les
facteurs qui sont nommés, entre autres, il y en a plein d'autres, là, qui sont
nommés par les profs qui quittent, puis on n'a pas les moyens de les perdre.
Et là, à
court terme, il y a des négociations dans le secteur public qui ont lieu, là, à
court terme, ça va être intéressant de
ne pas tomber dans l'idéologie puis de dire : Ah! bien, c'est les
syndicats, donc, les syndicats, ça chiale, c'est des perturbateurs. Il ne faut pas tomber dans cette
idéologie-là, parce que les profs et leurs représentants syndicaux dont on
parle, bien, ce sont eux qu'on s'arrache les
cheveux, que le ministre s'arrache les cheveux pour trouver comment faire
rentrer des nouveaux. Bien, il ne
faut pas qu'ils quittent le navire, parce que, pendant qu'on fait rentrer
plein, plein, plein de gens, puis on essaie le plus possible de les
rentrer, bien, ils ne restent pas.
C'est ça, le
vrai défi du ministre, ça passe par les conditions de travail de ces gens-là,
de ces femmes-là, en majorité, qui
travaillent dans nos écoles, parce qu'elles n'en peuvent plus qu'on compte sur
leur, comment on appelle ça, là, que les femmes, on a... ça a de l'air en
surplus, là. Notre vocation, là, ça n'existe pas. On est en 2023. On ne peut
plus compter sur... comme on le
faisait dans le temps, là. On n'est plus dans les écoles de rang, en comptant
sur juste le bien... juste la volonté. On ne peut plus... C'est
irrespectueux. Il faut avoir un plan.
Moi, je vais avoir un plan. J'ai plein de
propositions qui ont déjà été mentionnées, mais je vais avoir un plan
structurant à proposer au ministre, parce qu'on ne fait pas que critiquer, M.
le Président. On amène aussi des solutions. Encore
faut-il qu'à l'autre bout on écoute les solutions. Même si on ne les prend pas
au complet, juste une partie, je vais être la première à féliciter puis
à applaudir le ministre. Il pourrait parler avec son collègue ministre de
l'Environnement. Quand
je portais le dossier Environnement, je l'ai déjà fait. Quand il a fait sa
réforme de la consigne du verre, je l'ai félicité, et il était très, très heureux de ça, puis il n'a
pas arrêté de le dire que je l'ai félicité. Je ne sais pas s'il l'a dit à son
collègue ministre de l'Éducation. Je
suis capable de le faire pour le bien être de nos élèves. Donc, c'est un autre
défi que je me lance, en plus de ne
pas abolir le Conseil supérieur de l'éducation, ce que j'ai envie de faire, c'est
de féliciter le ministre à l'aide d'une mesure qu'il fait, qu'il va
prendre, de celle que vais lui proposer. J'ai très, très hâte.
Je vais finir
avec ça. Je l'ai mentionné au début, rappelez-vous : On n'a pas besoin
d'une centralisation des pouvoirs. Le
ministre devrait plutôt axer tous ses efforts à abolir l'école à trois
vitesses. En premier, il faudrait qu'il le reconnaisse, parce que, pour régler un problème, c'est très
difficile de le régler sans le reconnaître. Le ministre a déjà dit le mot... J'espère
qu'il a réfléchi pendant l'été puis qu'il va
revenir sur ses paroles. Il a dit que c'est une idéologie. Non. Il nous parle
de données probantes, de données de
la science, des experts, et tout ça. Bien, il existe des données, il existe des
études sur l'impact de l'école à
trois vitesses. Tout à l'heure, juste après mon intervention, je vais avoir mon
collègue, le député de Maurice-Richard, qui va, entre autres, en parler, de l'école à trois vitesses, son impact, son
impact sur de moins en moins la possibilité d'avoir ce que j'appelle des transfuges de classe, comme
le premier ministre est un transfuge de classe. Il nous a parlé, là, de sa
mère qui avait des enveloppes pour
l'épicerie, une enveloppe pour le logement, une enveloppe pour tous les comptes
de dépenses qu'elle avait puis à quel
point ses parents ont travaillé fort. Bien, le premier ministre, là, si on
n'avait pas l'école puis l'éducation
publique et gratuite, où est-ce que ses parents n'auraient peut-être pas eu une
enveloppe assez grande pour mettre
l'argent pour qu'il puisse aller dans une école privée... Bien, il est allé
dans l'école publique. Bien, l'école publique de cette époque-là, du ministre... du premier ministre, comme il a eu
cette chance-là de pouvoir aller au bout de ses rêves, puis de ses compétences, puis de ses
connaissances, puis de devenir aujourd'hui premier ministre, bien, il faut que
cette chance-là existe, pas uniquement
aux élèves qui sont dans les écoles privées parce que leurs parents ont des
études universitaires et que leurs parents peuvent les soutenir. Parce
que moi, je ne suis pas inquiète pour ces élèves-là. Je ne suis pas inquiète.
Ils vont réussir. Il va y avoir plein d'enfants, plein, qui vont réussir, qui
vont siéger ici à l'Assemblée nationale, qui
vont être P.D.G. d'entreprises, qui vont être tout ce qu'on veut de la
définition aujourd'hui, là, dans notre monde
un petit peu, avec une logique, quand on réussit, c'est parce qu'on a fait du
cash, et tout ça, là. Moi, j'ai une autre définition, mais peu importe. Supposons, si je suis cette logique-là,
bien, ils vont se retrouver juste dans les écoles privées ou publiques à projets particuliers, où il y a une
ségrégation, il y a un écrémage qui est fait, où on prend les élèves qui ont
les meilleurs résultats. Pas parce qu'ils
sont plus intelligents, c'est parce qu'ils sont plus soutenus, parce qu'ils ont
tous les facteurs, là, toute leur
pyramide de Maslow, ils ont bien mangé, ils ont le support affectif, etc. pour
pouvoir se concentrer puis avoir
toutes les bonnes conditions pour réussir. Bien, il y en a que, parce qu'ils
ont des bonnes notes, à cause de tous ces
facteurs-là, bien, ils vont pouvoir aller, par exemple, à l'école publique,
mais avec des projets particuliers où les parents vont pouvoir payer. C'est public... Suivez-moi,
là, c'est public, mais on paie au public encore aujourd'hui, là, ce n'est pas
tout à fait public. Ça, c'est la deuxième vitesse. Ça, moi, je ne suis
pas inquiète pour eux et elles. Mais, dans une société riche comme le Québec, on ne peut pas accepter qu'il y ait ces
inégalités, parce que, quand notre école est inégalitaire, bien, c'est toute la société qui le devient. Et ça ne
fait qu'exacerber les inégalités, et on ne veut pas devenir comme les
États-Unis. Ce n'est pas un modèle à
suivre, où tu es riche, ça va bien pour toi; tu es pauvre, tant pis pour toi.
Le ministre... Le premier ministre,
les ministres ici, je suis certaine qu'ils ont pu bénéficier de ce filet
extraordinaire qui est notre réseau d'éducation publique, qui est notre héritage de la Révolution tranquille avec le
rapport Parent. Bien, moi, ce que je les invite... Leur rêve devrait
être que les enfants d'aujourd'hui puissent aussi bénéficier de l'école
publique gratuite de qualité, même s'ils viennent d'un milieu extrêmement
pauvre, même s'ils viennent à l'école le ventre vide.
• (11 h 30) •
Et on va avoir des propositions là-dessus, pour
arrêter la faim d'ici 2026. Demain, notre chef parlementaire va déposer une
motion, et j'espère que tous les partis politiques vont laisser tomber la
partisanerie, puis qu'on va travailler ensemble
pour offrir le minimum, c'est-à-dire arriver à l'école avec... en n'ayant pas
le ventre vide ou, à tout le moins, d'avoir un repas gratuit, peu importe d'où tu viens. Puis ces histoires-là, là, ça
existe. On a vu des reportages qui font mal au coeur, qui brisent le coeur,
d'enfants qui arrivent puis ils ont à peine un sandwich entamé de la veille.
Et, ça, on ne peut pas accepter, on
ne peut pas tolérer ça. Puis ces élèves-là n'ont pas besoin de charité, leurs
parents n'ont pas besoin de charité. Ce qu'ils ont besoin, c'est de mesures
structurantes pour qu'ils puissent réussir puis aller au bout de leurs rêves,
puis que ce soit juste... ce ne
soient pas juste des «success stories», excusez-moi l'anglicisme, mais que ce
soit possible pour tous les élèves. Ça
devrait être ça, l'idéal vers lequel on tend. Puis ça, ça se fait par
reconnaître le problème qui existe actuellement, où les inégalités sont
accentuées dans le Québec d'aujourd'hui.
Puis il y a
des chiffres, là, qui existent, là, je les ai déjà mentionnés, qui montrent que
les inégalités sont accentuées. Moi,
il y en a une, que j'ai déjà nommée ici : 60-51-15. 60 % des élèves
qui ont fréquenté l'école privée vont obtenir un diplôme universitaire,
51 % qui ont fréquenté la deuxième vitesse, l'école à projets particuliers,
qui est supposée être publique mais qui fait
de l'écrémage par les notes et/ou par l'argent des parents, vont à l'école...
vont obtenir un diplôme d'études
universitaires, et 15 %, 15 %, 15 % seulement des élèves qui
fréquentent l'école publique, ni privée, ni régulière, là, ni projet
particulier, vont obtenir un diplôme universitaire.
Je ne suis
pas en train de dire que réussir sa vie, c'est avoir un diplôme universitaire,
pas du tout. Moi, j'ai des gens dans
ma famille qui ont un diplôme... une technique ou un diplôme professionnel, et
j'encourage même les jeunes à aller là, mais c'est un indicateur. On
parlait d'indicateurs, de chiffres, c'en est un parmi d'autres. Ce n'est pas le
15 %, le 51 %, 60 % qu'il
faut regarder en tant que tel que l'écart entre le 60 % et le 15 %.
C'est l'écart qu'il faut regarder. C'est cet écart-là, il est parlant,
c'est une donnée probante, il est parlant, qu'il regarde de façon plus large
notre système d'éducation.
Et j'invite
le ministre à avoir cette réflexion beaucoup plus large, qu'uniquement
dire : Bien, nous allons avoir des indicateurs puis des tableaux de bord pour regarder ce qui se passe dans
la classe. Puis, si on n'en a pas, bien, on va se fier sur la recherche scientifique. Ah! bien, il n'y en
a pas, au Québec, bien, on va aller importer des données probantes qui existent aux États-Unis, parce que c'est là qu'il y a des
données sur comment ça fonctionne, telle méthode qui fonctionne pour réussir en français, en anglais, etc., puis
on va venir l'importer puis mettre en place les solutions ici. Ça, c'est ce que
va faire l'INEE, selon ce qu'il est écrit
dans le projet de loi. On s'en va dans la mauvaise direction, ce n'est pas ça
qu'il faut regarder.
J'invite le
ministre à élargir ses horizons puis à regarder, 60 ans plus tard, où est
rendu notre système d'éducation puis quels réels changements on veut
faire, et améliorations, parce qu'il n'y a pas de résistance au changement. Ce
qu'il y a, c'est une critique des changements obtus qui sont dans le projet de
loi, qui va dans le mauvais sens. C'est la responsabilité
de toutes les personnes qui interviennent, en ce moment, dans notre société, et
qui parlent au ministre, puis qui allument une lumière rouge en lui
disant : Attention, M. le ministre, vous allez dans le mauvais sens avec
votre projet de loi. Ce n'est pas de la
résistance au changement, c'est de la... c'est le refus du changement, que le
ministre veut imposer au réseau
scolaire, qui va avoir... qui ne va pas régler les problèmes qu'on a,
actuellement, notamment la pénurie, mais
qui va les accentuer. Donc, j'espère que le ministre va être dans le même état
d'esprit d'ouverture, et de débat, et de dialogue dans lequel je suis
puis que j'ai l'intention d'être.
Cela dit,
pour le principe, je vais quand même... à cause de tout ce que j'ai mentionné,
Québec solidaire, nous allons voter
contre, en espérant que je vais pouvoir améliorer ce projet de loi puis
travailler en collaboration avec le ministre pour le bien-être et la
réussite de nos élèves. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Mercier. Et je reconnais maintenant la prochaine
intervention, et ce sera Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Merci,
M. le Président, et puis bonne rentrée parlementaire à tous. Écoutez, je suis
ici pour parler du projet de loi modifiant principalement la Loi sur
l'instruction publique, édictant la loi sur l'instruction nationale d'excellence en éducation. Ça, c'est une loi qui
est une certaine, disons, on peut dire, réforme de la gouvernance scolaire.
C'est la deuxième en trois ans. La première
a été adoptée en 2020, sous bâillon, j'aimerais le rappeler. Puis d'ailleurs,
bon, on le sait, quand des choses qui
sont précipitées, forcées aussi, des fois il y a des insertions malheureuses,
des changements malheureux. Puis il y
a eu plusieurs articles qui ont été adoptés dans la nuit. Et puis, quoi,
aujourd'hui, on en vit les effets.
Et je dois
dire... bon, je vais rappeler que cette première réforme de la gouvernance
scolaire de la CAQ abolissait les commissions scolaires. Donc, il n'y a
plus d'élu scolaire maintenant au Québec, sauf dans les commissions scolaires anglophones. Ça a aboli les élections aussi, mais
ça a aussi introduit une particularité que j'ai dénoncée en juin dernier, qui
est... désormais, les municipalités doivent assumer le coût des terrains des
écoles. Pourtant, l'éducation... on le voit, hein, on le voit, le
ministre s'arroge beaucoup de pouvoirs avec son projet de loi... souhaite,
plutôt, s'arroger beaucoup de pouvoirs,
bien, on voit que l'éducation, c'est une compétence qui relève du gouvernement
provincial. Mais ça n'a pas empêché le
gouvernement caquiste de pelleter ça dans la cour des municipalités et de
dire : Bien, dorénavant, vous allez être responsables des terrains et des écoles, le coût financier des
terrains et des écoles. Et je dois dire que ça a créé des conséquences assez néfastes pour les citoyens et pour les villes,
qui, aujourd'hui, ne savent plus comment organiser leur budget. Quand on pense,
la ville de Brossard qui y en a pour 50 millions
de terrains à court terme, Laval estime à 170 millions, Montréal, à
très... Montréal, à très court terme, 200 millions, pour des
terrains, qu'ils doivent débourser, à très court terme.
Maintenant,
il y a des villes qui commencent à refuser. La ville de Châteauguay a
dit : Non, moi, je ne peux pas, je vous le dis de suite, je ne peux
pas. Puis, en plus, l'école, elle n'est même pas pour mes élèves, c'est pour
des élèves d'autres villes. Alors, pourquoi
moi, je vais payer pour l'école d'une autre... d'autres municipalités?
Blainville aussi a fait une résolution pour refuser. Eux, c'est... on parle de
20 à 25 millions de dollars, le terrain qui est exigé par le centre
de services scolaire. Ce n'est pas rien.
Le cas le
plus aberrant que j'ai vu, je l'avais dénoncé en Chambre en juin dernier, c'est
Val-David, où... qui ont été forcés à faire une expropriation qui
pourrait actuellement leur coûter 26 millions de dollars. Et
Val-David, je voudrais rappeler que c'est
une municipalité de 5 000 habitants, un petit budget de
12 millions. Et la mairesse estime que, si elle devait payer cette somme, il faudrait qu'elle
double les taxes pendant 40 ans, doubler les taxes pendant 40 ans
seulement pour payer cette école. On exclut tout ce qui est autre
service qui pourrait être nécessaire d'ajouter dans le futur.
Et, quand
j'avais interrogé le ministre de l'Éducation en juin là-dessus, à ce sujet-là,
il m'avait dit : Bien non, mais ça va permettre aux villes qui paient pour
ces terrains-là de se développer, elles vont générer des taxes, elles vont
pouvoir payer les écoles, les
terrains des écoles. Et j'aimerais... je n'ai, à ce jour, pas idée comment
Val-David pourrait récupérer ses
billes, entre guillemets, si elle doit payer 26 millions, d'autant plus
qu'il y a plein de municipalités voisines qui vont aussi être desservies
par l'école.
Et donc,
quand ça a été pris, la décision, ça n'a pas... on n'a pas... on n'est pas
venus préciser : Bien, O.K., mais vous
allez payer au prorata des élèves, que... Non, non. Vous payez le terrain. Vous
payez le terrain, peu importe d'où viennent les élèves. Alors là, si je
suis parent, j'envoie mon enfant à Val-David, mais que je sais que mes taxes
vont doubler si j'habite à Val-David, mais
il y a une municipalité à côté, je vais aller habiter là, ça va être bien moins
cher, mes taxes, mais je vais quand même avoir le service. Alors, il y a
une certaine iniquité.
Et là je
voudrais mentionner que, le projet de loi n° 23, il y a plusieurs pouvoirs
qui se donnent. Il y a une certaine centralisation qui se fait,
notamment la nomination des directeurs généraux, et je vais y revenir. Mais je
voudrais vous donner qu'est-ce que... un
extrait de ce que ça peut avoir l'air quand un ministre se donne un certain
pouvoir et je vais vous lire la
lettre que la municipalité de ville David... de Val-David a reçue pour l'aviser
qu'elle devait payer pour le terrain d'une école, comme je dis, qui va desservir plusieurs municipalités, et non
pas seulement la sienne. Et je vais vous lire le ton de la lettre. Donc :
«Mme la mairesse, en vertu de l'article 326 de la Loi modifiant
principalement la Loi sur l'instruction publique
relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaires — ce
que je vous disais, hein, la première réforme — j'ordonne — c'est
fort, j'ordonne — à
la ville de Val-David de céder, à titre gratuit au centre de services scolaire
des Laurentides, un immeuble — et
là on décrit les propriétés de l'immeuble — et ce, au plus tard
dans un délai de — attachez
votre tuque — 45 jours,
45 jours à compter de la date de réception de la présente.» C'est... Ça ne
donne pas beaucoup de temps à une
municipalité, une petite municipalité de se revirer de bord puis de faire les
démarches pour faire cette cession-là. Mais, en plus, on leur dit, on en
rajoute, que la cession, à titre gratuit, doit aussi être faite selon plusieurs
conditions. Puis là on les impose puis on dit : «L'immeuble doit répondre
aux exigences environnementales applicables — O.K. — mais
l'immeuble devra être desservi par des services d'aqueduc, d'égout et
d'électricité.» Vous comprendrez que le terrain en question, il n'est pas
desservi, et donc ça, ça s'ajoute au coût que la municipalité... de 26 millions. Alors, ils estiment environ à
3 millions pour amener les services pour ce terrain-là; là, on est rendu à
29 millions pour une école, pour une petite ville de
5 000 habitants.
• (11 h 40) •
Ça, c'est ce
qui découle d'une réforme qui a été faite vite, qui a été passée sous bâillon,
dans la nuit, et sans vraiment consulter. Malheureusement, ça semble
être une tendance qu'on voit, avec le gouvernement de la CAQ, de vouloir centraliser mais surtout de faire les choses un
peu vite et sans trop écouter les groupes. Et là j'espère sincèrement que ce
n'est pas ce qu'on va voir avec cette deuxième réforme, ici.
Et là je
voudrais... je reviens sur la nomination du directeur général, que le ministre
veut pouvoir faire lui-même avec ce projet de loi là. Il y a plusieurs
groupes qui recommandent plutôt que le conseil d'administration... les conseils
d'administration des centres de services
scolaires continuent à être impliqués dans ce processus-là, notamment la
Fédération des centres de services
scolaires du Québec, la Fédération des comités de parents. Ça va un peu de soi
qu'ils soient impliqués. Les comités
de parents ont... La première réforme, l'objectif, c'était de supposément
ramener, dans le fond... qu'on abolissait les élus scolaires. Et je m'en
souviens très bien, à l'époque : on abolit les commissions scolaires, on
abolit les élus scolaires pour se rapprocher des parents, ceux qui
prennent les meilleures décisions pour les enfants. Mais là on veut éloigner, maintenant, et éloigner mais encore plus loin des
parents, dans le fond, toutes les décisions qui relèvent de leurs enfants, et
notamment la nomination du directeur général. Alors, ici, je me questionne.
Quand on voit
l'exemple qu'on a vu il y a quelques mois, c'était en janvier, le
11 janvier, le ministre a dit, à propos d'un directeur général du
centre de services scolaire du Pays-des-Bleuets... Lui avait fermé la moitié de
ses maternelles quatre ans parce qu'il
jugeait qu'en vertu des... en raison de la pénurie de main-d'oeuvre il devait
procéder ainsi pour assurer le
meilleur service pour les élèves de son centre de services scolaire. Bien, le
ministre, lui, a dit : Non, non, non, il manque d'expérience, il ne connaît pas vraiment ça, il a
fait une erreur. Ça, c'était en janvier 2023. Un mois... Donc, manque d'expérience. Et là on voit c'est quoi,
l'importance de la connaissance du terrain, ce que le ministre n'avait pas,
évidemment, parce que, quand on est à
Québec, on n'est pas sur le terrain. Ça, c'est la réalité. Puis c'est pour ça
qu'il faut rapprocher les décisions de ceux qui sont sur le terrain.
Alors, le ministre, un mois plus tard...
d'abord, quelques jours plus tard seulement, s'est rétracté, a dit : Ah!
je m'excuse. Il a finalement pris la bonne
décision. Mais, même pas un mois plus tard, là, on est venu dire : Bien,
finalement, les maternelles quatre ans, là, on va être obligé de
reporter ça parce qu'à l'impossible nul n'est tenu, qu'ils ont... qu'ils avaient dit, à l'époque. Le premier ministre avait
dit ça. Pourquoi? Parce qu'il y a une pénurie d'enseignement et une rareté
d'espace dans les écoles. C'est exactement
les raisons pourquoi le D.G. du centre de services scolaire des
Pays-des-Bleuets avait pris la décision. Lui, il le savait déjà, il n'a
pas eu besoin d'une grande étude, il est sur le terrain.
Et c'est ça
qui m'inquiète, sincèrement, quand je vois que le ministre souhaite s'arroger
beaucoup de pouvoirs et nommer lui-même les directeurs généraux et les
destituer, en cas où ils ne suivent pas la vision. Bien, la vision... les maternelles quatre ans, ça faisait partie de la
vision du gouvernement caquiste, et puis, un mois plus tard, ce n'est plus
partie de la vision, hein? Troisième lien, même chose, c'était la vision, ce
n'est plus la vision. À un moment donné, est-ce qu'on va démettre de ses fonctions quelqu'un parce
qu'une semaine c'est notre vision puis, deux mois plus tard, ce n'est plus
notre vision? Bien, on embauche
quelqu'un d'autre, mais ce n'est pas grave, on l'a démis de ses fonctions. Il y
a quelque chose qui m'inquiète beaucoup. Alors, si, au moins, on a
toujours le conseil d'administration dans la... je ne veux pas dire la «loop», mais c'est le seul mot qui me vient en
tête... dans le cycle des décisions, au moins on va avoir une certaine
protection. Mais il y a vraiment un élément, ici, où je vois une
centralisation, puis beaucoup de groupes l'ont dénoncé, d'ailleurs.
Et là je
voudrais mentionner que le projet de loi énonce... C'est intéressant, je vais
vous lire ce que ça dit : «...énonce de plus que le ministre a notamment pour fonction de veiller à la
réussite éducative, d'assurer un suivi du parcours scolaire des élèves
et de favoriser une gestion et une planification des ressources affectées au
système d'éducation fondées notamment sur la
connaissance des besoins des élèves.» C'est fort louable, très... tu sais, une
belle description. Et je suis contente que le ministre se préoccupe de
l'éducation ainsi et de la réussite de nos enfants. J'ai deux enfants moi-même.
Donc, c'est important que, je pense, tous
les enfants réussissent. C'est la base de l'éducation et c'est la base de notre
société.
Par contre,
c'est qui qui connaît le mieux les besoins des élèves? Est-ce que c'est
vraiment le ministre? Je ne le crois pas. C'est plutôt les enseignants. Je
pense que c'est, à la base, ceux qui sont sur le terrain. Et on revient au
terrain. Les enseignants, c'est ceux
qui sont les plus près des élèves, mais, pour ça, pour être capable de bien,
bien suivre et bien connaître les besoins des élèves, ils doivent... il
doit y avoir une certaine stabilité, hein?
La rotation
des enseignants, ce n'est pas souhaitable. Je l'ai vécue. Une de mes filles a
eu, je ne sais plus, peut-être 10 professeurs
dans la même année et beaucoup de congés de maladie, etc. Puis, à la fin, cette
année-là, malheureusement, ça n'a pas été
une année très bonne. J'ai de la chance. Je suis choyée. J'ai une fille qui est
très, très douée, mais il y a d'autres élèves
qui en ont souffert dans la classe. Ils avaient besoin d'avoir un professeur
stable. Et ça prend aussi des qualifications, évidemment, donc.
Et,
quand j'entends le ministre qui dit que, bien, on est chanceux, on va peut-être
avoir un élève... un adulte par classe,
ça m'inquiète. Ça m'inquiète parce que, là, on ne parle pas nécessairement de
qualification, mais on ne parle pas de stabilité
non plus, parce que l'adulte dans la classe, c'est en attendant qu'il y ait un
professeur. Et je l'ai vu, j'ai vu cette rotation-là dans la classe de ma fille, et c'est vrai, hein, c'est
arrivé, il y a eu un adulte dans la classe. C'était quelqu'un qui faisait de la formation continue pour des employés
du milieu aéronautique, qui est venu dépanner, très gentille personne,
mais elle n'avait pas la pédagogie pour enseigner aux enfants. Elle avait la
pédagogie pour enseigner à des travailleurs professionnels,
et ce n'était pas du tout, du tout la même chose. On s'entend que des enfants
de six, sept ans, ce n'est pas équivalent à des adultes de 30 ans
ou 40 ans.
Bref, donc,
on a un enjeu de ce côté-là qui n'est pas du tout adressé dans le projet de
loi. Le projet de loi ne touche pas du tout, du tout à ça. Et il y a un élément
que j'ai lu, là, que je voudrais souligner, que 37 % des tâches des
enseignants... Actuellement, selon un
sondage, là, qui a été fait, mené auprès de 10 000 enseignants,
37 % des tâches, c'est dédié à autre chose que d'enseigner. On a une
pénurie de main-d'oeuvre, mais, pendant ce temps-là, nos enseignants, 37 %
de leur temps, font autre chose
qu'enseigner, la bureaucratie, la paperasse, puis, ça, le projet de loi, il n'y
a rien là-dedans pour ça. On ne s'y... On ne l'adresse pas du tout dans
le projet de loi.
Et là il y a
une importance... On a entendu beaucoup le ministre parler que c'est important
de revaloriser la profession d'enseignant.
On est tout à fait d'accord. Il faut absolument la revaloriser. Il nous faut
plus d'enseignants. Mais, encore une fois, qu'est-ce qu'il y a dans ce
projet de loi là qui va revaloriser la profession d'enseignant? Il n'y a rien.
D'ailleurs, même, on dit que le ministre se
donne le droit... se donne le pouvoir, pardon, d'encadrer la formation continue obligatoire des enseignants. C'est un peu
inquiétant, encore une fois. Il y avait un comité d'agrément des programmes
de formation à l'enseignement, le CAPFE, qui
était une instance neutre, composée... là, je vais le dire exactement comme
c'est écrit, «une instance neutre composée
d'une diversité d'acteurs impliqués dans la formation des [enseignements]», et
là, ça, on veut l'abolir avec ce projet de loi là, alors, et là, maintenant,
c'est le ministre qui déterminerait c'est quoi, la formation continue.
Alors, encore
une fois, on s'éloigne du terrain, et les enseignants connaissent mieux que
quiconque quels sont les besoins
d'enseignement et de formation pour eux-mêmes. Alors, pourquoi on éloignerait
ça? Pourquoi on centraliserait ça dans
les mains du ministre, de déterminer quelle est la formation qui est
nécessaire? J'ai des grands doutes que ce soit au bénéfice des élèves.
Et donc, au
bout du compte, je voudrais inviter, là, le ministre à revoir son projet de
loi, mieux soutenir ceux qui sont le plus près de nos enfants, les
enseignants, et éviter surtout de tomber dans le piège de la centralisation,
parce qu'il y a plusieurs éléments dans ce
projet de loi là qui centralisent des pouvoirs dans les mains du ministre, au
détriment, encore une fois, je dis, des besoins de l'élève.
• (11 h 50) •
Puis,
finalement, bien, vous comprendrez, avec tout le plaidoyer que j'ai fait
concernant les terrains des écoles près des municipalités, bien, j'invite également le ministre à profiter de ce
projet de loi là pour introduire des amendements pour que le gouvernement reprenne la pleine
responsabilité de l'éducation, la responsabilité financière, du moins, des
terrains des écoles. Que les
municipalités fournissent un terrain ou exproprient un terrain pour le
gouvernement, ça peut être une façon
plus rapide d'opérer, peut-être, parce que, sinon, les expropriations doivent
passer par le ministère des Transports, mais qu'elles soient compensées pour ça. Ce n'est pas aux municipalités
de payer pour l'éducation, pour les terrains des écoles. Alors, merci
beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée des Mille-Îles. Et je reconnais maintenant la prochaine... le
prochain intervenant, c'est M. le député de Maurice-Richard.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Merci,
M. le Président. Quel plaisir d'être de retour aujourd'hui, au salon bleu, pour
parler, de surcroît, d'éducation. Je suis très heureux de voir M. le
ministre de l'Éducation ici présent.
Je vais
commencer par dire que j'ai une affection vraiment particulière pour l'école
publique. Étant donné que, dans ma formation politique, on est obsédé
par les questions de justice sociale, on veut absolument contribuer à améliorer
la situation, à lutter contre les
inégalités, et quoi de mieux qu'une école publique fonctionnelle pour pouvoir
le faire. Je suis moi-même fils d'une génération de baby-boomers qui ont
changé de classe sociale grâce à leur accès à une école publique de bonne qualité et gratuite. Et je sais que beaucoup de
baby-boomers, et incluant leurs enfants, se reconnaîtront aussi. Combien de fois nous avons rencontré des
personnes qui sont très fières de nous dire qu'ils sont les premiers d'une
génération à accéder à des études
universitaires? Malheureusement, l'école publique est dans une situation très
difficile, et c'est de ça que je vais vous parler aujourd'hui, et je
vous... et pour vous parler des écoles à trois vitesses.
Quelles sont les inégalités qui se produisent et
se reproduisent dans nos écoles? Il y a les questions d'inégalité de classe, il y a les questions d'inégalité de
bagage universitaire et il y a les questions d'inégalité de race. Pour être...
faire court, les inégalités de classe, c'est que les enfants de riches
seront plus souvent riches qu'autre chose et les enfants des moins nantis seront plus souvent moins nantis
qu'autre chose. Il y a aussi une inégalité dont on parle rarement, c'est
celle du bagage culturel, c'est-à-dire que
les enfants d'universitaires seront plus souvent universitaires et les enfants
des personnes qui ne sont pas allées à l'université, malheureusement,
iront moins souvent à l'université.
Aujourd'hui,
qu'est-ce qu'on voit dans l'école publique? Et l'école publique devrait être le
principal ascenseur pour lutter contre ces inégalités, pour permettre à
des gens de changer de classe sociale. On voit un système brisé, basé sur trois vitesses. Et là je vais donner juste
quelques chiffres, et on va comprendre plus tard que ce n'est juste la pointe
de l'iceberg. Et malheureusement on
manque de chiffres, comme dirait le ministre, mais ce n'est peut-être pas ceux
dont ils... auxquels
il porte attention ou même ceux qu'il demande lui-même aux chercheurs qui
l'entourent pour pouvoir prendre des décisions éclairées sur ces
questions d'inégalité.
Donc, sur les questions universitaires,
85 % des élèves du privé ont des parents qui ont un diplôme collégial ou universitaire. Ce sont 50 % des élèves,
dans le public régulier, qui détiennent... 50 % des parents des élèves du
public régulier détiennent un diplôme secondaire et seulement 14 %
des parents détiennent un diplôme universitaire. Donc, je répète, juste pour qu'on ait une idée de la situation :
85 % des élèves du privé ont des parents qui ont un diplôme ou collégial,
universitaire, et c'est 50 % qui n'ont
pas de diplôme, qui ont juste un diplôme universitaire ou moins, et seulement
14 % des élèves du régulier... des parents des élèves du régulier
qui ont un diplôme universitaire.
C'est quoi,
les conséquences, ensuite, de ça? C'est que 60 % des jeunes des écoles
privées vont à l'université contre 51 %
de ceux du public dans un système enrichi et seulement 15 % de ceux qui
sont dans les écoles régulières. 60 % dans le privé, 15 % dans
le public régulier iront à l'université. On voit tout de suite une production
et une reproduction des inégalités dans
notre société plutôt que d'essayer d'abolir et de contrer ces inégalités. C'est
comme si, à la naissance, si nos
parents sont universitaires, on a de plus en plus de chances d'être
universitaire à la naissance, là. Et, si nos parents ne le sont pas, nos chances d'être universitaire sont
vraiment moindres, et l'école à trois vitesses y contribue. On est dans une
situation où on produit et on reproduit des inégalités.
Sur les
questions de classes, c'est la même chose, 60 % des revenus... Donc, dans
le privé, pour les parents, donc, 60 %
ont un revenu supérieur à 70 000 $, alors que c'est seulement
30 % de l'ensemble des familles du Québec. Dans une analyse en 2018 du MEP Consulting, ils montrent
que... six fois plus d'élèves défavorisés au public qu'au privé, six fois
plus d'élèves défavorisés au public qu'au
privé. C'est assez terrible comme situation, cette ségrégation sociale où,
évidemment, il y a plus de personnes
nanties ou enfants de parents bien nantis qui se retrouvent dans le privé et
beaucoup plus évidemment d'élèves défavorisés, de familles défavorisées
dans le public.
Est-ce qu'on
a entendu un moment le gouvernement s'attaquer à ce problème-là
particulièrement? Malheureusement, ce
n'est même pas un sujet de conversation. Ce n'est même pas un sujet de
conversation. C'est assez terrible et dramatique que des jeunes de six ans... de cinq ans qui rentrent à l'école
primaire, en fonction de leur classe sociale, en fonction des diplômes de leurs parents, sont déjà condamnés à
être défavorisés à la sortie du secondaire. Car, évidemment, s'ils ont moins
de chances d'arriver à l'université, ils ont
aussi plus de chances d'être parmi les classes sociales les moins payées, parce
que, vous le savez comme moi, plus on a de
diplômes universitaires, plus notre moyenne de revenus augmente. Pour les
enfants issus de l'immigration, on peut
faire le même constat, pratiquement 83 % des enfants issus de
l'immigration se retrouvent dans le public.
Et je veux
juste être clair, là, ici, je comprends tout à fait les parents qui mettent
leurs enfants dans le privé, car quel principe
les pousserait... le mettre dans le public? Quel principe? Celui de se
retrouver avec plus d'enfants défavorisés, celui de se retrouver avec plus d'enfants qui ont des problèmes, qui ont
besoin de plus d'accompagnement, celui de se retrouver avec des infrastructures délabrées? Ce n'est pas
un principe, ça, c'est un sacrifice qu'aucun parent ne ferait; évidemment,
les parents qui sont capables de mettre
leurs enfants au privé vont le faire. Le problème, aujourd'hui, qui se pose,
c'est que le privé doit être au
minimum aussi bon que le public, et ça doit être une obsession, une obsession
que nous nous donnons en tant que
législateurs, de se dire : Comment est-ce qu'on peut corriger une
situation aussi injuste? Surtout que tout ceci se fait avec la complicité de nos institutions
publiques. Vous le savez comme moi, 75 % des montants demandés par un
élève dans le privé sont payés par l'argent public.
Et on
pourrait dire : Bien, c'est stable, ces inégalités que je vous décris sont
stables entre le public et le privé, mais pas du tout, la place du privé ne cesse d'augmenter. Elle n'était que de
5 % dans les années 70 et aujourd'hui, je parle du secondaire, et aujourd'hui elle représente
21 % au secondaire. Elle va même jusqu'à 39 % à Montréal et 42 %
ici, à Québec. C'est assez terrible
qu'on se retrouve devant un constat comme celui-là. Et à aucun moment on
n'entend le ministre dire : Je
vais faire un projet de loi pour commencer à corriger ces inégalités-là. Et ça,
c'est juste, juste le haut de l'iceberg, car il y a toutes sortes
d'exemples où on voit que ça s'exacerbe ensuite à tous les niveaux.
Je suis allé à un concours, dernièrement, qui
s'appelle...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : M.
le député, M. le député de Maurice-Richard, je m'excuse, je dois vous demander,
à cette étape-ci, est-ce que vous avez complété votre intervention?
M. Bouazzi : Ah! il est midi.
Non.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, d'accord. Alors,
vous pourrez poursuivre cette intervention-là à la reprise du débat
présent.
Et, compte
tenu de l'heure et afin de permettre la tenue des affaires courantes, cet
après-midi, le présent débat sur l'adoption du principe du projet de loi
n° 23 est ajourné.
Et je suspends les travaux jusqu'à
13 h 40. Bon appétit à tous.
(Suspension de la séance à 12 heures)
(Reprise à 13 h 40)
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Vous pouvez vous asseoir. Bon
retour, bonne rentrée parlementaire à tous et à toutes. Ça me fait
plaisir de vous retrouver.
Affaires
courantes
Déclarations de députés
Alors, nous allons débuter à la rubrique de
déclarations de députés, et je cède la parole à Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Souligner le
350e anniversaire de la ville de Rivière-du-Loup
Mme Amélie Dionne
Mme Dionne : Merci,
Mme la Présidente. Je profite de cette Semaine de la municipalité pour
souligner le 350e anniversaire de la ville de Rivière-du-Loup.
Louperivoise depuis toujours, c'est une immense
fierté pour moi de parler de ma ville, qui évoque bien plus qu'une simple géographie. C'est un lieu où les
valeurs de coopération, d'innovation et de solidarité y sont profondément
ancrées. Notre histoire est marquée par un
esprit collaboratif remarquable et notre capacité à adopter de nouvelles idées.
L'innovation, quant à elle, a toujours été
au coeur de notre identité. Rivière-du-Loup a su se réinventer à maintes reprises et transformer les défis en opportunités. Nos
paysages à couper le souffle sont le reflet de la richesse de notre patrimoine
naturel.
En terminant,
Mme la Présidente, je tiens à souligner le travail exemplaire des élus et des
équipes municipales qui se sont succédé et qui ont fait du développement
et de la qualité de vie de nos citoyens une priorité.
Joyeux 350e, Rivière-du-Loup!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Nous
poursuivons avec Mme la députée de Robert-Baldwin.
Souligner la Journée de
sensibilisation à la
maladie polykystique des reins
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Bonjour.
Merci, Mme la Présidente. Je souhaite souligner aujourd'hui la Journée de
sensibilisation à la maladie
polykystique des reins, MPR, qui a eu lieu le 4 septembre dernier, une
journée qui unit nos coeurs et nos esprits alors que nous faisons front
commun contre cette maladie génétique mortelle.
Cette
déclaration est d'une importance cruciale, car elle nous rappelle que la
solidarité est la clé pour éradiquer la MPR et qui touche cruellement 66 000 Canadiens à travers le
pays. Plus de 50 villes à travers le Canada, dont l'arrondissement de Pierrefonds-Roxboro et la ville de
Dollard-des-Ormeaux, ont élevé leurs voix pour reconnaître le 4 septembre
comme la Journée de sensibilisation à la MPR.
Je vous
encourage à soutenir généreusement la cause de la Fondation canadienne de la
MPR afin d'améliorer la qualité de
vie de ceux qui sont touchés par cette maladie. Ensemble, nous pouvons faire la
différence et oeuvrer vers un avenir sans la MPR. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Souligner le 90e anniversaire
de l'entreprise
Aliments Ouimet-Cordon bleu inc.
Mme Karine Boivin Roy
Mme Boivin Roy : Merci, Mme la
Présidente. Alors, c'est avec fierté que je souligne le 90e anniversaire
d'une de nos importantes industries alimentaires au Québec, soit les Aliments
Ouimet-Cordon bleu, située au coeur du comté d'Anjou—Louis-Riel.
Ce fleuron
québécois, bien connu pour les marques Clark, Cordon bleu, Paris Paté et Esta,
connaît actuellement une expansion remarquable sur les marchés canadien
et américain.
D'ailleurs,
je tiens à féliciter Cordon bleu pour les distinctions honorifiques reçues à
l'occasion des Mercuriades 2023 de la
Fédération des chambres de commerce de Québec à titre de finaliste dans la
catégorie Développement des marchés internationaux
Exportation et Développement Canada et à titre de lauréat dans la catégorie
Accroissement de la productivité Investissement Québec.
Alors, Mme la
Présidente, en terminant, je souligne la présence parmi nous aujourd'hui de
représentants de la direction des Aliments Ouimet-Cordon bleu,
Mme Patricia St-Aubin ainsi que MM. Rob McKenzie et Daniel Nizri.
Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. M. le
député de Saint-Henri—Sainte-Anne, la parole est à vous.
Souligner le 50e anniversaire de l'organisme Oxfam-Québec
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. En cette rentrée parlementaire, je
souhaite souligner le travail exceptionnel
d'un organisme dont le siège social est situé dans ma circonscription de Saint-Henri—Sainte-Anne, Oxfam-Québec, qui célèbre
son 50e anniversaire cette année. Cela représente cinq décennies
d'engagement auprès de millions d'individus
d'ici et d'ailleurs en matière de droits et de défense de droits des femmes, de
lutte contre la pauvreté, de soutien à
la jeunesse, de lutte aux changements climatiques, d'interventions humanitaires
et de développement international, sous le thème Le leadership
transformateur des femmes.
J'ajoute
ma voix à leur campagne pour souligner le rôle joué par Oxfam-Québec afin de
reconnaître et soutenir ces femmes exceptionnelles
qui au Québec mais aussi partout à travers le monde portent ces initiatives
pour bâtir un monde meilleur.
J'invite
donc mes collègues à saluer ce leadership transformateur des femmes et le
travail exceptionnel d'Oxfam-Québec pour qu'ensemble nous puissions
célébrer 50 ans de lutte pour la justice et l'égalité.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Je cède la parole à Mme la
députée des Plaines.
Souligner le succès de La
Grande foire africaine organisée par
le Regroupement de la communauté noire de Lanaudière
Mme Lucie
Lecours
Mme Lecours (Les Plaines) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, en cette nouvelle rentrée parlementaire, je
souhaite dédier ma première déclaration de députée à un nouvel organisme, le
Regroupement de la communauté noire de Lanaudière.
Dans
le cadre de ma tournée estivale, j'ai eu le bonheur de visiter La Grande foire
africaine, un événement unique, rassembleur,
coloré et festif. J'ai pu y découvrir des personnes attachantes ainsi que toute
la richesse culturelle typiquement africaine, une véritable immersion
gastronomique, artisanale et musicale.
Vous
savez, l'identité d'une communauté, le coeur d'un quartier se définit par les
gens qui y habitent. Le secteur La
Plaine ouvre une magnifique fenêtre sur la culture africaine, et ce, par des
citoyens qui ont fait le choix de s'y établir et de participer à la
vitalité économique et culturelle du secteur.
En
terminant, je nous invite à valoriser l'apport culturel dans chacune de nos
communautés. N'hésitons pas à nous rapprocher
les uns des autres, à partager nos traditions, à célébrer cette riche diversité
qui anime et fait la force d'un Québec. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Nous poursuivons avec Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Rendre hommage à M. Egbert Gaye, fondateur et rédacteur
en chef du journal Montreal Community Contact
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass :
Merci, Mme la Présidente. Egbert
Gaye, subitement décédé en juin dernier, était un pilier des communautés noire et caribéenne anglophones de
Montréal. Il est sans doute le plus connu en tant que fondateur et rédacteur
en chef du Montreal Community Contact,
le premier journal anglophone noir et caribéen de la ville, un indispensable du
journalisme communautaire depuis plus de 31 ans.
Born in Grenada, Egbert immigrated to
Trinidad and Tobago before coming to Canada in 1980. In his 31 years as the founder editor and leader of the
Montreal Community Contact, Egbert was known as an inspiring mentor to
generations of young Black
journalists and writers, many of whom got their start at the newspaper. A
regular contributor to the Montreal Gazette and CJAD, he
shed light on the Black experience in Montréal and Québec.
At his funeral, so many people came
that the traffic outside was blocked, a testament to Egbert's character and his impact on everyone he met. He
will be fondly remembered as a pioneer who brought the black community
together, a changemaker and a loyal friend who would drop anything to
help those close to him.
L'héritage d'Egbert se perpétuera dans Community Contact, pour
lequel son fils Emar prendra la relève. Nous nous souviendrons tous
d'Egbert en tant que rassembleur et un véritable bâtisseur de communauté.
Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la
députée de Châteauguay.
Rendre
hommage à MM. Sylvain Hurteau et
Roger Leroux pour leur acte de bravoure
Mme Marie-Belle
Gendron
Mme Gendron :
Merci, Mme la Présidente. En cette déclaration de rentrée parlementaire, je
tenais à souligner un acte de bravoure de deux citoyens de ma circonscription
cet été, MM. Sylvain Hurteau et Roger Leroux.
Le 3 juin dernier,
alors qu'un incendie majeur s'est déclaré dans une résidence privée, les deux
hommes ont courageusement entré dans la
maison pour sauver les deux occupants, M. Michel Gaudreau et
Mme Jennifer Miousse. En une fraction de seconde et sans aucune
hésitation, ils ont mis leur vie en danger pour sauver celle des voisins.
Applaudis
lors de la dernière séance du conseil municipal de Châteauguay, c'est à mon
tour, aujourd'hui, de saluer leur sacrifice et leur audace devant cette
situation dangereuse.
M. Hurteau, M. Leroux, vous êtes une
fierté de mon comté. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée.
Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée d'Abitibi-Ouest.
Souligner le travail de Mme Doris Nolet, directrice
du Service
de sécurité incendie de Normétal, et de son équipe
Mme Suzanne Blais
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je souhaite
rendre hommage à Mme Doris Nolet, directrice du service incendie de
Normétal, ainsi qu'aux pompiers volontaires de Normétal. Ces gens ont
joué un rôle important lors du feu de forêt qui a fait rage en
Abitibi-Témiscamingue au cours du printemps 2023.
Le
feu 281 aura été un feu de grande ampleur. Il s'est approché tout près de
la municipalité. Ce feu a forcé l'évacuation de la population pendant plusieurs jours. Grâce au travail acharné de
Mme Nolet et son équipe, aucune résidence n'a été incendiée.
Au cours du
mois de juin 2023, tout le Québec avait les yeux rivés sur Normétal. Le Québec
a été témoin de la solidarité des gens d'Abitibi-Ouest.
À ce titre,
je tiens à remercier la ville de La Sarre, la MRC d'Abitibi-Ouest pour leur
travail durant l'incendie. Un merci tout spécial à M. Legault, qui
est venu rendre visite aux gens de Normétal. Merci, Mme la Présidente.
• (13 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée.
Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de Chauveau.
Rendre hommage à Mme Marylou Martineau, athlète paralympique
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. C'est avec fierté que je rends hommage à Marylou Martineau, citoyenne de Saint-Émile, que
je salue, d'ailleurs, dans les tribunes. Marylou est accompagnée de sa mère,
Josée Duquette, et de son parrain, Réal Martineau.
Lors du Challenger mondial de boccia de Santiago
de Chili, qui s'est déroulé du 25 juin au 2 juillet derniers, Marylou
s'est démarquée en devenant la première Canadienne à remporter une médaille
individuelle chez les femmes, BC3 femmes.
Marylou a remporté la médaille de bronze contre la Colombie. Elle n'a pas fini
de nous impressionner, elle vient tout juste de remporter la médaille
d'or à London, en Ontario.
Parallèlement à son entraînement, cette jeune
athlète a complété avec succès ses études secondaires en juin dernier. Inscrite au centre de formation
professionnelle Marie-Rollet en secrétariat, Marylou compte poursuivre ses
études tout en continuant à s'investir au sein de l'équipe canadienne de
boccia.
Toutes mes félicitations, Marylou! Tu es
impressionnante. Ne lâche pas.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de Mégantic.
Saluer les initiatives des municipalités et des organismes
de la circonscription de Mégantic pour venir
en aide aux personnes âgées
M. François Jacques
M. Jacques : Merci,
Mme la Présidente. Aujourd'hui, je veux souligner le travail des municipalités
et des organismes de ma circonscription en faveur des personnes aînées.
L'attention particulière portée aux besoins et
aux enjeux des aînés est absolument nécessaire et fait une grande différence dans leur vie et celle de leur famille.
Entre autres, dans la circonscription de Mégantic, plusieurs municipalités
reconnues amies des aînés ont travaillé à
mobiliser plusieurs organismes et membres de ma communauté pour développer
des politiques et des plans d'action pour
pouvoir agir concrètement sur l'habitation, le transport, la sécurité et la
participation sociale.
Les organismes communautaires sont aussi
engagés, et je soulignerais à titre d'exemple le projet en gériatrie sociale des Sentinelles déployé dans la
circonscription par l'équipe du Service d'aide à domicile du Granit. Une
sentinelle est une personne qui
travaille dans divers domaines, par exemple un chauffeur d'autobus, une
caissière à l'épicerie, et ils sont formés à la vigilance et à la surveillance
des personnes âgées afin de détecter des changements cognitifs et physiques
et de les accompagner vers de bonnes ressources.
Je salue sincèrement toutes ces initiatives qui
contribuent au respect des aînés. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. M. le député de Sainte-Rose, la parole est à vous.
Rendre hommage à
M. Daniel Péloquin, avocat
M. Christopher Skeete
M. Skeete : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. C'est avec le coeur lourd que j'ai appris le décès
de Me Daniel Péloquin, un grand homme à tous les points de vue, un grand
plaideur, un ardent défenseur des personnes vulnérables, un collègue
loyal, un ami doux. Il a passé sa vie à défendre les droits des salariés et des
personnes dans le besoin.
Me Péloquin a débuté sa carrière à la
Commission des normes du travail en 1980. Ayant toujours la même ardeur au
travail dans la défense des droits des salariés, il a continué d'occuper son
poste lors de la création de la Commission
des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité au travail, en 2016. Il
est demeuré en fonction jusqu'à sa retraite, en 2023.
Me Péloquin
aura oeuvré pendant 40 ans avec la même intensité, la même ardeur et le
même dévouement au sein de la
fonction publique québécoise. Je suis profondément reconnaissant de ses
efforts, de sa passion et de son dévouement.
J'aimerais
prendre un petit moment pour remarquer cette grande carrière dans la fonction publique
au service des Québécois et surtout offrir mes plus sincères condoléances à sa
famille, ici présente aujourd'hui, Mme la Présidente. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Et nous
allons terminer cette rubrique avec Mme la députée de Champlain.
Rendre un hommage posthume à
M. Gilles Gignac, bénévole de
longue date du Festival western de Saint-Tite
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Merci,
Mme la Présidente. Depuis le week-end dernier, la municipalité de Saint-Tite, en
Mauricie, vibre au rythme des cow-boys.
Depuis près
de 55 ans, la renommée du Festival western de Saint-Tite repose en grande
partie sur l'extraordinaire implication de ses nombreux bénévoles.
Au cours de l'été, Saint-Tite a perdu un cow-boy
d'exception, Gilles Gignac. Gilles faisait partie de la grande famille du
festival depuis 1989 à divers postes, et depuis 2019 il en était le président.
Aujourd'hui,
Mme la Présidente, je tiens à lui rendre hommage. Je dédie cette déclaration du
plus profond de mon coeur aux membres de sa famille qui sont présents
ici, Christine et ses trois fils.
J'ai eu le
privilège, parce que c'est un privilège de côtoyer Gilles... Dès mon arrivée au
comté de Champlain, j'ai été vite touchée par son amour, son fort
sentiment d'appartenance envers le festival et son dévouement envers toute la communauté, qui est mobilisée derrière ce succès.
Il savait rassembler ses troupes, Mme la Présidente, et son apport au sein
de cette organisation était inestimable.
Merci, Gilles. Tu as marqué l'histoire du
festival à jamais.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Ceci met
fin à la rubrique de déclarations de députés.
Et, avant de
suspendre les travaux, je vous rappelle que vous disposez d'un temps de parole
d'une minute. C'est important de le respecter pour ne pas décaler nos
travaux.
Alors, je suspends les travaux.
(Suspension de la séance à 13 h 56)
(Reprise à 14 h 07)
La Présidente : Messieurs dames les
députés, invités, vous êtes chez vous. Bonne rentrée à tous.
Tout d'abord,
c'est avec tristesse que nous avons appris le décès de M. Jacques-Yvan
Morin, député de Sauvé de 1973 à 1984, et de M. Adrien Ouellette,
député de Beauce-Nord de 1976 à 1985.
Par ailleurs,
vous le savez, vendredi dernier, un violent séisme a frappé le Maroc. Des liens
forts unissent l'Assemblée nationale
du Québec et la Chambre des représentants du Royaume du Maroc, tout comme les
liens entre nos populations. Alors,
dans le but d'exprimer notre solidarité ainsi que celle du peuple québécois, le
drapeau du Québec est mis en berne aujourd'hui sur la tour principale de
l'hôtel du Parlement. Nous allons nous recueillir quelques instants en ayant
une pensée particulière pour la famille et
les proches des anciens députés que j'ai mentionnés ainsi que pour les victimes
du séisme au Maroc.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Présence de MM. Hubert Benoît
Décary et André Boulerice
ainsi que de Mme Louise Harel, ex-parlementaires et
ex-présidente de l'Assemblée nationale
J'ai
le plaisir de souligner la présence, dans les tribunes, de M. Hubert
Benoît Décary, ancien député de Montmorency, ainsi que de Mme Louise Harel, ancienne députée de Maisonneuve et
Hochelaga-Maisonneuve et présidente de l'Assemblée nationale, et de
M. André Boulerice, ancien député de Saint-Jacques et Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Dépôt de la lettre de démission de la députée
de Jean-Talon, Mme Joëlle Boutin
Avant
de poursuivre les affaires courantes, je dépose la lettre que m'a adressée
Mme Joëlle Boutin, dans laquelle elle m'informe de sa démission à titre de
députée de Jean-Talon. Cette démission prenait effet le 31 juillet
dernier.
Dépôt de la lettre de nomination de la députée de Mont-Royal—Outremont,
Mme Michelle Setlakwe, à titre de leader adjointe de l'opposition
officielle
Je
dépose également la lettre que j'ai reçue de M. le chef de l'opposition
officielle m'informant de la nomination, à compter du 10 août
dernier, de Mme Michelle Setlakwe, députée de Mont-Royal—Outremont, à la fonction de leader parlementaire adjointe de
l'opposition officielle.
• (14 h 10) •
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni de présentation de projets de loi.
Maintenant,
je vais vous demander votre clémence, il y a beaucoup de documents à déposer à
cette rubrique Dépôt de documents. M. le ministre des Finances.
Dépôt de documents
M. Girard (Groulx) : Merci, Mme la Présidente.
Permettez-moi de déposer le rapport annuel de gestion 2022-2023 de
l'Autorité des marchés financiers, le plan stratégique 2023-2026
de la Société des alcools du Québec, le rapport annuel 2023 de la Société québécoise du cannabis, le rapport annuel
sur les institutions financières et les agents d'évaluation du
crédit 2022, et le rapport annuel 2022-2023 de Loto-Québec. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente :
Ce document est déposé. Merci, M. le ministre. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui. Bonjour, Mme la Présidente. Je dépose la réponse du gouvernement à
la pétition déposée en Chambre le
10 mai 2023 par la députée de Westmount—Saint-Louis et la réponse du gouvernement à la
pétition déposée en Chambre le 23 mai 2023 par le député de
Jean-Lesage.
La Présidente :
Ces documents sont déposés.
Pour ma part, en
application de l'article 98 du Code d'éthique et de déontologie des
membres de l'Assemblée nationale, je dépose
un rapport intitulé Rapport d'enquête de la Commissaire à l'éthique et à la
déontologie à la présidente de l'Assemblée nationale au sujet de
M. Simon Jolin-Barrette, ministre de la Justice et député de Borduas.
Je dépose le rapport
d'activité des relations interparlementaires internationales de l'Assemblée
nationale pour l'année 2022-2023.
Je dépose le rapport
annuel 2022-2023 de la Commission de la fonction publique.
Je
dépose également la correspondance que j'ai échangée avec le Directeur général
des élections, M. Jean-François Blanchet, relativement aux motions adoptées par
l'Assemblée nationale les 25 mai et 9 juin 2023, demandant de
divulguer et de rendre publics tous les témoignages et documents de la
commission Grenier.
De
plus, je dépose une lettre que m'a adressée l'honorable Steven Guilbeault,
ministre de l'Environnement et du Changement
climatique du Canada, en réponse à la motion adoptée par l'Assemblée nationale
le 29 mars 2023 concernant la demande adressée au gouvernement
fédéral de mettre fin à toute subvention aux entreprises pétrolières et
gazières.
Je
dépose la copie de la lettre que j'ai adressée à Mme Nour Salah,
commissaire de la Commission de la fonction publique, la désignant pour
remplir les fonctions de présidente par intérim de cette même commission à
compter du 16 juin 2023, et ce, en
application de l'article 109 de la Loi sur la fonction publique et après
consultation du premier ministre et du chef de l'opposition officielle.
Je dépose le
diagramme de l'Assemblée en date d'aujourd'hui.
Modification à la composition du Bureau de l'Assemblée
nationale
Je
dépose une lettre que m'a adressée Mme la whip en chef de l'opposition
officielle, dans laquelle elle m'informe de la nomination de la députée des Mille-Îles à la fonction de membre du
Bureau de l'Assemblée nationale en remplacement de la députée de Mont-Royal—Outremont.
Je cède maintenant la parole à la première
vice-présidente et députée de Saint-Hyacinthe pour la présentation d'une
motion.
Motion proposant d'adopter la
modification
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Mme
la Présidente, je propose que cette modification à la composition du Bureau
de l'Assemblée nationale soit adoptée.
Mise aux voix
La Présidente :
Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
Enfin,
j'ai reçu un préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de
demain aux affaires inscrites par les députés de l'opposition.
Conformément à l'article 97.1 du règlement, je dépose copie du texte de ce
préavis.
Dépôt de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt
de rapports de commissions, est-ce qu'il y a consentement pour déroger à
l'article 4.4 des règlements de fonctionnement afin de déposer des
rapports du comité directeur de la Commission de l'Assemblée nationale? Y
a-t-il consentement? Consentement.
Modification à la composition des commissions
parlementaires
Je
dépose donc le rapport du comité directeur de la Commission de l'Assemblée
nationale qui s'est tenu le 25 août 2023
concernant la demande du groupe parlementaire formant l'opposition officielle
afin de modifier la liste des présidents de séance.
Je dépose également
le rapport du comité directeur de la Commission de l'Assemblée nationale qui
s'est tenu le 31 août 2023 afin de statuer sur la demande du groupe
parlementaire formant le gouvernement concernant une nomination au sein de la
Commission de l'économie et du travail.
Et je cède à nouveau
la parole à Mme la vice-présidente, la première vice-présidente et députée de
Saint-Hyacinthe pour la présentation d'une motion.
Motion proposant d'adopter la modification
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Mme la Présidente, je propose que la modification à
la composition des commissions telle que prévue au rapport du comité directeur
de la Commission de l'Assemblée nationale soit adoptée.
La Présidente :
Est-ce qu'il y a consentement pour déroger à l'article 129 du règlement?
Consentement.
Mise aux voix
Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
Dépôt de pétitions
Maintenant, à la
rubrique Dépôt de pétitions, M. le député de Laurier-Dorion.
Permettre aux résidents permanents d'être
embauchés comme policiers
M. Fontecilla :
Merci, Mme la Présidente. Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée
par 49 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que, en vertu des articles 115 de la Loi sur la police et 4 du Règlement
sur le régime des études de l'École
nationale de police du Québec, le Québec est la seule province exigeant
minimalement la citoyenneté canadienne pour devenir policier;
«Considérant
que le rapport final du Comité consultatif sur la réalité policière ainsi que
le projet de loi n° 18 soumis à l'Assemblée nationale en
décembre 2021 recommandent l'ajout du statut de résident permanent comme
une des conditions minimales pour devenir policier;
«Considérant
que les services policiers québécois sont assujettis à la Loi sur l'accès à
l'égalité en emploi dans des organismes
publics, et que la Loi sur la police exige qu'ils favorisent une
représentativité adéquate du milieu qu'ils desservent, et que les
articles susmentionnés présentent une barrière à cette représentativité;
«Considérant
que, selon Statistique Canada, les services policiers du Québec sont parmi les
plus homogènes au Canada et ne représentent pas la population qu'ils
desservent;
«Considérant
que la Charte des droits et libertés de la personne affirme qu'il y a
discrimination lorsqu'une exclusion a pour effet de compromettre le
droit à l'égalité;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec d'ajouter aux articles
susmentionnés le statut de résident permanent du Canada comme une des
conditions minimales pour être embauché comme policier.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci.
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Reconnaître la
profession de consultante en lactation
Mme
Maccarone : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
1 357 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que le titre IBCLC — International
Board Certified Lactation Consultant — désigne
des intervenantes de la santé qui
possèdent les connaissances et les compétences spécialisées afin d'aider les
parents dans les situations d'allaitement [les] plus simples aux plus
complexes;
«Considérant qu'au Québec [les] documents du
ministère de la Santé et des Services sociaux sur l'allaitement maternel
soulignent l'importance et les compétences des IBCLC;
«Considérant
que la province de Québec compte plus de 300 consultantes en lactation
IBCLC sur son territoire, mais qu'il y a peu d'IBCLC qui oeuvrent dans
le réseau de la santé puisque leur titre n'est pas reconnu;
«Considérant
que les familles ayant des besoins spécifiques en lactation doivent souvent
faire appel à une consultante en
lactation IBCLC au privé pour obtenir les services nécessaires et qu'elles doivent
débourser pour les honoraires de cette professionnelle;
«Considérant
que les compagnies d'assurances privées se basent sur la liste des praticiens
de santé au sein de l'impôt pour déterminer la couverture de leurs
clients;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au gouvernement du
Québec :
«La création
d'un titre d'emploi d'IBCLC dans la nomenclature des titres d'emploi du réseau
de la santé et des services sociaux;
«L'octroi de
budgets aux CISSS, CIUSSS et CHU pour la création de postes et l'embauche
d'IBCLC dans chaque établissement de santé du Québec;
«L'ajout des
IBCLC à la liste des praticiens de santé au sens de l'impôt dont les honoraires
peuvent être reconnus comme des frais médicaux.»
Je certifie que l'extrait est conforme de
l'original de cette pétition.
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé. M. le député de Taschereau.
Abandonner
le projet de construction d'une route
traversant le parc national du Mont-Tremblant
M. Grandmont : Oui,
Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 326 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que la construction d'une route asphaltée dans le parc du Mont-Tremblant, sans
évaluation environnementale, va à l'encontre du mandat du gouvernement
d'agrandir plusieurs parcs naturels;
«Considérant
que cette route appelée "route panoramique" est avant tout un
raccourci entre les municipalités de Saint-Donat et de
Saint-Michel-des-Saints;
«Considérant
qu'aucune évaluation sur l'impact et la vulnérabilité des espèces n'a été
réalisée, alors que les études démontrent
qu'une route dans un parc a pour conséquence une augmentation de la mortalité
de la faune et une perte de la biodiversité;
«Considérant
que seule une étude sur les retombées économiques a été réalisée par le
ministère du Tourisme et que cette étude démontre que la nouvelle route
créerait des dizaines de milliers de visites supplémentaires dans le parc
national, minant ainsi les efforts de la SEPAQ en matière de conservation du
patrimoine naturel;
«Considérant que le tracé de cette route est
prévu dans la forêt profonde, là où la faune trouve une quiétude;
«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec de ne pas aller de l'avant
avec la construction d'une route traversant le parc national du
Mont-Tremblant.» Merci.
• (14 h 20) •
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé. Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Moderniser
l'indice de milieu socioéconomique
Mme Prass : Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
265 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que la francisation favorise
l'intégration et la participation à la société québécoise;
«Considérant
que les écoles doivent accueillir un nombre croissant d'élèves issus de l'immigration;
«Considérant
que l'école régulière du Petit-Chapiteau, au CSSDM, compte 91,5 % d'élèves
n'ayant pas le français comme langue
d'usage et que peu d'élèves francophones sont présents dans les classes dites
régulières comptant jusqu'à 26 élèves;
«Considérant que la
classe constitue l'unique lieu où le contact avec le français a lieu;
«Considérant que
d'autres écoles au Québec vivent ou vivront une situation similaire;
«Considérant
que l'indice du milieu socioéconomique — IMSE — déterminant le nombre maximal d'élèves par classe ne tient pas compte de la réalité des
élèves à l'intérieur de l'école, mais plutôt de celle de tous les jeunes de 0 à
18 ans du quartier, selon les codes postaux et les données de Statistique
Canada;
«Considérant
que le nombre important d'enfants d'un quartier fréquentant les établissements
privés entraîne une distorsion de l'IMSE;
«Considérant que le
facteur linguistique n'est pas considéré par cet indice;
«Considérant
qu'une classe d'accueil au CSSDM est limitée à [16] élèves pour favoriser
l'apprentissage du français;
«Considérant
que plusieurs études démontrent qu'une réduction du nombre d'élèves par classe
favorise la réussite scolaire et la francisation;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au ministère de l'Éducation de :
«Moderniser l'IMSE
servant à déterminer quelles écoles ont accès aux ratios réduits;
«Tenir compte de la
langue des apprenants à l'intérieur de ce nouvel indice;
«Permettre un ratio
enseignant-élève réduit lorsque le nombre d'élèves allophones dépasse
85 %.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Alors,
juste avant de commencer la période des questions et réponses orales,
permettez-moi de souligner l'arrivée d'une
nouvelle cohorte de pages étudiants pour l'année 2023-2024. Je vous
présente donc quelques-uns de ces 14 jeunes femmes et jeunes hommes qui seront en poste cette année — ne
soyez pas gênés — tant
ici que... dans la salle de
l'Assemblée nationale, les commissions parlementaires.
(Applaudissements)
La Présidente :
Alors, au nom de la présidence et
de tous les députés, je vous souhaite de profiter pleinement de cette expérience unique au sein de notre
Parlement. Soyez assurés que les parlementaires et le personnel de l'Assemblée
feront tout en leur possible pour vous procurer le soutien nécessaire à la
réalisation de votre stage.
Questions et réponses orales
Nous
y sommes enfin, à la période des questions et réponses orales, et je cède la
parole au chef de l'opposition officielle pour sa question principale.
Bilan des réalisations du gouvernement
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Vous allez me
permettre, d'entrée de jeu, bien évidemment, de dire que toutes nos pensées et nos prières accompagnent les victimes
et les proches du tremblement de terre au Maroc.
Nous en sommes donc,
Mme la Présidente, à une autre entrée, rentrée parlementaire. Nous avons été
capables, de l'opposition officielle
libérale, lors de la dernière session parlementaire, de démontrer que le
gouvernement caquiste, à l'époque, à l'époque, cinq ans de gouvernement
caquiste, c'était un gouvernement brouillon et pas fiable. Et nous aurons,
à l'aube de cette sixième année,
imaginez-vous donc, de la CAQ, nous aurons l'occasion de démontrer que non
seulement ils sont brouillons et pas fiables, mais qu'ils sont incapables,
incapables de livrer pour les Québécoises et Québécois. C'est le premier
ministre lui-même qui nous l'a dit : Vous nous jugerez sur les résultats.
Les résultats sont autant d'échecs.
Quels
grands projets livrés par la CAQ? Puis
là je ne vous parle pas du troisième
lien. Grands projets. Ils vont dire : Bon, on a livré le REM. Le REM, c'était un projet libéral construit par
la Caisse de dépôt et placement. Hôpital Maisonneuve-Rosemont, cette semaine, Mme la Présidente, bien,
l'annonce de l'agrandissement avait été faite en 2018, et le budget était
là en 2018, on a perdu cinq ans avec la CAQ.
L'enjeu
numéro un, c'est le coût de la vie. Le bouclier caquiste anti-inflation, il est
plein de trous, c'est un échec. Puis
ce n'est pas en envoyant des chèques en période électorale — plus
d'élection, plus de chèque — qu'on
va être capables de venir en aide de notre monde.
Alors, Mme la
Présidente, ils demandent d'être jugés sur les résultats. Ce sont des échecs,
autant d'échecs d'un gouvernement incapable.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, d'abord, à mon tour,
effectivement, d'offrir toutes mes condoléances. Puis on va aider, avec les organismes communautaires,
entre autres, le peuple marocain. Je sais qu'il y a, entre autres, le leader ici mais beaucoup de représentants qui vivent maintenant au
Québec. Donc, on est de tout coeur avec le peuple marocain.
Mme la Présidente, le
chef de l'opposition officielle oublie de nous rappeler que le Parti libéral a
été au pouvoir pendant 15 ans,
15 ans, je dis bien. Et, Mme la Présidente, je vois quand même tout un
virage de la part du Parti libéral. Là, on n'est plus sûrs s'ils veulent des
chèques ou s'ils ne veulent pas de chèque.
Mais,
de toute façon, on n'a pas attendu après le Parti libéral pour commencer à
aider le peuple québécois. On a, depuis
le premier mandat, aidé beaucoup le portefeuille des Québécois, à commencer par
les gens sur l'aide sociale, avec des contraintes importantes à l'emploi. Ce
n'est quand même pas rien, Mme la Présidente, durant le premier mandat on a
augmenté les prestations de 50 %, pas 5 %, 50 %, puis, le
1er janvier 2023, les prestations ont été indexées, donc augmentées de
6,4 %.
Mme
la Présidente, on ne s'est pas arrêtés là. On le sait, les personnes plus
âgées, 70 ans et plus, n'ont pas la chance d'avoir des augmentations de salaire. Donc, on les a aidées, on a mis en
place un crédit d'impôt de 2 000 $ par année. Je le sais,
c'est le seul endroit...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : ...où
on était d'accord avec le Parti libéral.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : En
passant, Mme la Présidente, le crédit d'impôt de 2 000 $ qu'ils ont
mis de l'avant, c'était un crédit d'impôt qui est non remboursable. On
demandait qu'il soit remboursable, le crédit d'impôt, Mme la Présidente.
Premier élément.
Deuxième
élément, le premier ministre a dit : J'ai quatre 1er juillet
d'expérience, et ça s'est bien passé, personne ne s'est retrouvé à la rue. Bien, imaginez-vous donc
qu'aujourd'hui, en date du 1er septembre, c'est 350 ménages qui sont
sans logement. Dans le Grand Montréal, c'est un ménage sur quatre qui consacre plus de 30 % de leur
budget au logement. En habitation aussi, on voit un gouvernement
brouillon.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, d'abord, on va pardonner
le chef de l'opposition officielle, peut-être qu'il n'est pas tout à
fait revenu de vacances encore, mais, j'insiste et je le dis, le crédit d'impôt
pour les personnes de 70 ans et plus,
de 2 000 $, est remboursable. Ce que ça veut dire, Mme la Présidente,
c'est que, même si quelqu'un de 70 ans et plus n'a pas de revenus, bien, cette personne-là va recevoir le
2 000 $. Donc, on va laisser encore quelques semaines au chef
de l'opposition officielle pour revenir dans l'action.
Maintenant,
Mme la Présidente, on ne s'est pas arrêtés là. N'oublions pas, en décembre
dernier, on a donné un chèque de 600 $ à toutes les personnes qui
ont un revenu de moins de 50 000 $.
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
Je continuerai la prochaine fois.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : En
éducation, Mme la Présidente, c'est pire que pire. Les écoles sont plus
vétustes que jamais. Dans certains cas,
c'est le plafond qui leur tombe sur la tête. Le nombre de professeurs non
légalement qualifiés est en hausse. Violence
dans les écoles, en hausse. Décrochage scolaire, en hausse. Et là le
gouvernement, imaginez-vous donc, prévoit que, d'ici quatre ans, c'est
14 000 professeurs qu'il va nous manquer, au Québec.
Encore
une fois, jugez-nous sur les résultats, c'est ce que souhaite le premier
ministre. Bien, c'est un échec là aussi, en éducation, d'un gouvernement
incapable de livrer.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la Présidente, si j'étais libéral, je ne
parlerais pas de la condition des écoles. Rappelons-nous que, 2016, 2017, 2018, le gouvernement libéral investissait
maximum 1,3 milliard par année dans nos écoles. On investit
actuellement 3 milliards par année, presque le triple, Mme la Présidente,
que le gouvernement fédéral.
Maintenant, pour ce qui est des
enseignants, bien, c'est un problème qu'on retrouve dans toutes les provinces.
On a augmenté les salaires des
nouveaux enseignants de 18 %. On donne 20 000 $ de boni aux
étudiants en éducation. Donc, on agit, contrairement à l'ancien
gouvernement.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Bien, l'ancien gouvernement, c'est eux, Mme la
Présidente, l'ancien gouvernement, ça fait cinq ans, bientôt six ans qu'ils
sont là. Alors, plutôt que de parler de l'ancien gouvernement, qu'ils parlent
de leur bilan. C'est votre bilan, ces échecs-là.
Puis,
quand il dit : On a mis plus que quiconque avant vous, bien, la preuve est
dans le pudding, ça ne marche pas. Le
plafond leur tombe sur la tête, dans les écoles. Alors, comment vous avez
investi l'argent? C'est peut-être parce que le ministre de l'Éducation, lui, fait ses propres visites puis il est
après de juger : Ah! bien, tout va bien, tout va bien, circulez, il
n'y a rien à voir.
Services de garde,
79 000 enfants sur la liste d'attente. Là aussi, c'est un échec. Incapable.
• (14 h 30) •
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bon, je comprends qu'on commence, là, la nouvelle
session. D'abord, correction encore une fois, ce n'est pas 79 000 parents qui attendent pour une place en
service de garde, c'est 36 000. Donc, il y a tout un écart, là, entre
ce que dit le chef de l'opposition officielle puis la réalité. C'est
36 000, Mme la Présidente.
Maintenant,
revenons aux enseignants. Ça prend quatre ans, former un enseignant. Donc, je
pense qu'il y a une petite responsabilité du gouvernement libéral
là-dedans.
La
Présidente : En question principale, je reconnais la députée
de Saint-Laurent.
Transferts fédéraux en matière d'aide financière aux
études
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Bonjour, Mme la Présidente. Tout d'abord,
permettez-moi de saluer le peuple marocain. Bravo pour votre solidarité.
Courage pour la reconstruction, vous aurez plusieurs appuis.
Permettez-moi
aussi de revenir, en date du 1er août, sur un article de Michel Girard, du
Journal de Montréal, qui parlait
du 940 millions de dollars qui devait servir à l'aide financière aux
études, qui a été transmis par le fédéral. On est allés vérifier dans les
crédits 2018 à 2022, et, évidemment, vous me connaissez, Mme la
Présidente, j'ai produit un tableau. Donc,
2018‑2019, les années prépandémie, c'est toujours environ
le même montant qui est mis en aide financière aux études. Ce que le gouvernement a oublié de dire, c'est la
chose suivante : durant les années de pandémie, il y a environ
940 millions de dollars de
plus qui a été envoyé par le fédéral pour servir à l'aide financière aux
études. Or, dans les crédits, ce montant n'apparaît pas.
Où est le
940 millions de dollars?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, pour
répondre à la question de la députée, je peux vous dire que les 940 millions, et je l'ai dit
publiquement, ont été investis en enseignement supérieur. La totalité du
940 millions a été investie en
enseignement supérieur. Puis, je vais vous dire, on a bonifié notamment le
régime de l'aide financière aux études
pour un montant de 650 millions, pris en charge, évidemment, les intérêts,
à l'époque, sur les prêts étudiants, durant la pandémie, c'est un autre 150 millions. On a offert un montant
forfaitaire également par session pour aider à l'achat de fameux matériel informatique. Je peux continuer
comme ça et comme ça avec plusieurs, plusieurs mesures qui sont allées...
Un 50 millions pour les bourses de
fonds de recherche aussi. Tout ça pour vous dire qu'en bout de ligne, là, on a
non seulement investi 940 millions en
enseignement supérieur et dans du soutien direct pour les étudiants, mais on a
dépassé de loin ce que le gouvernement fédéral nous donne.
Alors, c'est là où on
en est. Je pense que je l'ai dit publiquement plusieurs fois, le
940 millions a été investi en enseignement supérieur, le 940 millions
dans sa totalité. Merci.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : ...le ministre des Finances et la ministre de
l'Enseignement supérieur est en train de dire ici, en Chambre, que, les cahiers de crédits qu'ils nous ont
déposés, il y a une erreur? Parce qu'ici ces montants-là sont indiqués noir sur
blanc, on ne les a pas inventés pour faire ce tableau-là,
Mme la Présidente, là, ça émane des cahiers de crédits déposés. Il
manque 940 millions. Alors, pouvez-vous nous dire exactement d'où ça
vient?
Puis, s'il vous
plaît, là, vous nous avez envoyé un tableau Excel fait maison, on veut des
vrais documents.
La
Présidente : On s'adresse à la présidence. Et, Mme la ministre, la
réponse est à vous.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je
réitère à la députée... puis on peut s'asseoir ensemble puis on va... je vais vous décliner toutes les
mesures qui ont été faites au cours des dernières années, justement, en
enseignement supérieur, encore une fois, 940 millions qui ont été
directement investis. On peut vous décliner tous les montants. C'est ce qu'on a fait au cours des dernières semaines non
seulement pour répondre à certains journalistes, mais aussi pour répondre à certaines associations étudiantes.
Le 940 millions, encore une fois, a été investi non seulement en
enseignement supérieur, mais directement dans des programmes de soutien
aux étudiants.
Alors,
je vous répète que, ce 940 millions, on l'a réinvesti. On a dépassé le
3 milliards. Il n'y a pas un gouvernement, en enseignement supérieur ou même dans les mesures de l'AFE, qui a
autant investi en soutien direct aux étudiants au cours des dernières
années...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : ... ça, ça s'appelle des cahiers de crédits. Moi,
je ne veux pas le savoir, je veux le voir. Donc, quand on dépose des cahiers de crédits, c'est un
exercice qui est rigoureux, ça s'appelle une reddition de comptes. Vous dites
des chiffres, mais ils n'apparaissent nulle part dans les documents
officiels du gouvernement.
À
l'aube de sa sixième année de gouvernement, est-ce que le premier ministre est
fier d'avoir détourné 940 millions de dollars?
Des voix : ...
La Présidente :
Non, attention! M. leader du
gouvernement, c'est beau, je me suis levée. Détourner, on ne peut pas
dire... Je vous invite à retirer vos paroles.
Mme Rizqy : Je
retire mes paroles tout comme il a retiré 940 millions de la poche des
étudiants.
La Présidente :
Je vous demandais uniquement de retirer vos paroles, madame. La réponse...
Une voix : ...
La
Présidente : Je suis debout, madame. Je suis debout. Je vous demandais
de retirer vos paroles. Il vous reste cinq secondes. Articulez votre question,
il y aura une réponse.
Mme Rizqy : Non, mais est-ce qu'il n'est pas gêné? Parce que
c'est un comptable, puis on me fait des documents maison, là.
La
Présidente : La réponse du ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, bien, j'ai des
documents maison, Mme la Présidente. Le budget du gouvernement du Québec, page H.37, transferts pour
l'enseignement postsecondaire et les autres programmes sociaux, dans la section
Évolution des transferts fédéraux,
taux de croissance moyen des transferts fédéraux : moins 3,3 %. Moins
3,3 %. Page H.42, dépenses de
portefeuille en enseignement supérieur, taux de croissance moyen, période 2024‑2025
sur 2022‑2023 : 8 % de croissance, 7,9 %. Donc, on compare 7,9 %
de croissance à une diminution de transferts fédéraux de moins 3,3 %.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente :
La réponse... En question
principale — s'il
vous plaît! — question principale, une seule personne a
la parole ici, la députée de Westmount—Saint-Louis. À vous la parole.
Construction de centres de la petite enfance
Mme
Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
Mme la Présidente, la hausse du
coût de la vie a une pression énorme sur les familles : le coût du loyer, des maisons, le taux d'intérêt, l'essence,
le panier d'épicerie. Pour les familles qui n'ont pas une place en service
de garde, qui ont dû retarder leur retour au travail, c'est un véritable
cauchemar.
En
février, la CAQ annonçait la construction de 43 CPE préfabriqués pour
faire rapidement des places, mais, sept mois
plus tard, elle abandonne le projet parce qu'elle avait mal évalué les coûts.
Ces familles-là comptaient sur ce projet pour avoir des places
rapidement.
Mettez-vous
à leur place, des femmes qui sont privées de leur emploi, des familles
stressées de ne plus être capables de
nourrir leurs enfants, d'acheter le lait maternisé, les couches. Chaque jour,
ces familles voient leurs comptes de banque baisser un peu plus. C'est peut-être quelques mois pour vous, mais, pour
ces familles, c'est une éternité. Elles n'ont pas le luxe d'attendre et
elles se sentent abandonnées.
Mme la Présidente,
comment le premier ministre a pu l'échapper à ce point?
La
Présidente : La réponse de la ministre de la Famille.
Mme Suzanne Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci, Mme la Présidente.
Alors, ça va me faire plaisir d'informer la députée de Westmount—Saint-Louis
que ces places, elles vont se faire, et que ces familles vont avoir effectivement
des places.
L'Association
québécoise des centres de la petite enfance et le ministère ont travaillé
ensemble pour voir comment on pouvait
s'assurer de faire plus vite pour offrir des places à nos familles. Et
effectivement nous sommes allés en soumission pour du préfabriqué et nous avons reçu les résultats, de plus de
100 millions au-dessus de l'estimation, 100 millions. Alors, on a convenu ensemble, comme gouvernement
responsable et pragmatique, avec l'Association des CPE du Québec, qui sont sur le terrain, de travailler pour s'assurer
que ces 43 centres de la petite enfance soient mis en place. On se relève
les manches, on travaille de façon différente et on va offrir aux
parents du Québec...
• (14 h 40) •
La
Présidente : En terminant.
Mme Roy
(Verchères) : ...ces places subventionnées. Merci.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
Ils vont se faire un jour, mais
c'est quand même, ici... dans la région de Québec, c'est trois projets
de CPE qui doivent repartir à zéro, cinq projets en Mauricie. En Estrie, dans
les Laurentides, en Montérégie, en Abitibi-Témiscamingue, c'est six projets. Et, en un claquement de
doigts, il y a 3 000 places qui ont pris des mois de retard à cause
d'une mauvaise planification caquiste.
Comment le premier
ministre peut justifier cette erreur monumentale et l'abandon de ces familles?
La
Présidente : Mme la ministre.
Mme Suzanne Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci, Mme la Présidente.
Je pense qu'on ne peut pas parler d'abandon des familles, parce qu'on va faire ces CPE, on va le faire pour les
familles du Québec. Comme gouvernement responsable, par contre, on s'assure
de bien les faire. D'ailleurs, je pense
qu'il faut noter que c'est plus de 16 000 places nouvelles qui sont
offertes aux familles du Québec,
grâce au travail que l'on a fait, et c'est 20 300 places
subventionnées pour les familles du Québec. Il faut reprendre le retard
de 15 ans d'un parti qui aimait mieux faire des garderies privées...
La
Présidente : En terminant.
Mme Roy
(Verchères) : ...pour son propre parti.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Jennifer Maccarone
Mme
Maccarone : C'est quand même une attente supplémentaire de sept mois
pour ces familles qui souffrent. La CAQ a
une dette envers ces familles, elle doit les soutenir financièrement, en
attendant à livrer leurs promesses, qui sont souvent brisées.
Nous
avons proposé des dizaines de fois à la CAQ le prolongement de la RQAP pour six
mois, pour les familles qui sont en
attente d'une place en service de garde. À l'aube de sa sixième année, est-ce
que le premier ministre peut faire preuve de sensibilité et accepter
notre proposition aujourd'hui?
Des voix : ...
La
Présidente : Mme la ministre, attendez, j'entends du monde, là.
M. le leader du gouvernement aussi, tout le monde, là... Il y a une
personne qui a la parole ici. Mme la ministre, je veux vous entendre.
Mme Suzanne Roy
Mme Roy
(Verchères) : Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors,
en parlant de brouillon, hein, on parle de sept mois de retard, je ne sais pas où on a pris ça. Il y a des
places qui devaient monter au printemps, elles vont monter. Elles vont
monter de façon différente, parce que notre priorité, c'est de créer des places
subventionnées.
On parle de
l'inflation. Bien, justement, on est en plein plan de conversion pour offrir
aux familles du Québec des places subventionnées. Notre objectif, il est
clair, c'est soutenir les familles, et non pas un parti politique.
La Présidente : En question
principale, je reconnais le député de Marguerite-Bourgeoys.
Mesures
pour atténuer l'impact de l'inflation
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la Présidente,
j'ai été sur le terrain, cet été, et les Québécois sont tannés de l'inflation,
tannés de perdre leur pouvoir d'achat. Les Québécois veulent des mesures
ciblées.
Valérie, de
Rouyn-Noranda, mère monoparentale, a à choisir entre des fournitures scolaires
et la nourriture pour sa famille. C'est inacceptable.
Depuis trois
ans, on propose des mesures ciblées, mais la CAQ s'entête à envoyer des
chèques, des mesures purement électoralistes. Maintenant, le ministre des
Finances nous dit : pas d'aide ponctuelle. Le lendemain, le premier
ministre nous dit : Peut-être des chèques encore. Qui dit vrai?
Est-ce que le ministre a un réel plan ciblé?
Va-t-il enfin écouter nos propositions d'élargir le panier de produits essentiels
exempts de la TVQ? Va-t-il augmenter le crédit à la solidarité?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M. Eric Girard
M.
Girard (Groulx) :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Et c'est certain que la
situation économique actuelle est extrêmement
difficile, tant au niveau de l'économie... On a un ralentissement de
l'économie, on a l'inflation qui est élevée, les taux d'intérêt qui sont
élevés, et tout ça crée des conditions extrêmement difficiles.
Lorsqu'on
regarde le revenu disponible, la croissance des salaires, au Québec, depuis le
quatrième trimestre de 2019, et je vous réfère à l'article de Pierre
Fortin, on va jusqu'au premier trimestre de 2023, bien, le Québec se compare très bien aux autres provinces, notamment en
raison de nos gestes. Alors, ça, c'est en moyenne. C'est certain qu'il y a des
personnes qui font face à des difficultés particulières, et on est là pour les
aider, on reconnaît ça.
Alors, on a
trois mesures qui sont en vigueur, présentement : le crédit d'impôt
remboursable pour les aînés, le plafonnement des tarifs, la baisse
d'impôt...
La Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : ...et, bien
sûr, le régime fiscal est indexé de 6,4 %.
La Présidente : Première complémentaire,
Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme
Cadet : Mme la Présidente, la hausse du coût de la vie est
anxiogène. Quand votre facture énergétique, comme entrepreneur, a presque doublé, depuis cinq ans,
alors que vos revenus sont demeurés stables pendant ce temps-là, quand vous êtes un restaurateur dans le secteur
touristique et que vous approvisionner vous a coûté les yeux de la tête, cet
été, alors que vous bouclez votre fin de saison ces jours-ci, vous vous
sentez pris à la gorge.
À l'aube de sa sixième année, que répond le
premier ministre à nos PME?
La Présidente : En réponse, le
ministre délégué à l'Économie.
M. Christopher Skeete
M.
Skeete : Bien, Mme la Présidente, ce qu'on répondrait,
c'est qu'il n'y a jamais eu un gouvernement qui en a fait autant pour les entreprises puis pour créer un
environnement favorable à l'entrepreneurship. Notamment, durant la pandémie,
je dois le rappeler, on a été la province
qui a eu le moins de faillites suite à la pandémie grâce à l'aide qu'on a
accordée aux entreprises. Encore une
fois, lors des feux de cet été, le gouvernement était présent, et je suis allé
sur place personnellement pour offrir de l'aide aux entreprises, les PME
qui ont été touchées par les feux.
Alors, lorsqu'il y a une situation qui nécessite
de l'action, on est présents. On a des leviers financiers importants pour aider nos entreprises, il n'y a jamais eu
autant d'investissements faits par Investissement
Québec, et aussi les programmes,
les FLI, gérés par les MRC...
La
Présidente : En terminant.
M. Skeete : ...qui
nous aident à, justement, aider ces entreprises-là.
La
Présidente : Deuxième complémentaire, Mme la députée.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Mme
la Présidente, nos PME manquent de soutien, dans un contexte d'augmentation des
coûts, et ceux qui les font vivre sont
essoufflés. Le ministre nous parle de faillites. Juliette & Chocolat, La
boîte à vins, il y en a bien d'autres
qui ont dû mettre la clé sous la porte cet été. On pouvait lire, cette fin de
semaine dans La Presse, Marie Beaupré, cofondatrice des Mauvaises Herbes, qui nous disait : «J'ai
l'impression que personne ne voit l'urgence. C'est le paysage
entrepreneurial québécois qui est en jeu en ce moment.»
Est-ce que le premier
ministre et le ministre voient l'urgence?
La
Présidente : M. le ministre.
M. Christopher Skeete
M. Skeete : ...Mme la Présidente, je pense que le ministre des
Finances l'a bien dit, on vit un contexte qui est de plus en plus difficile, avec une atmosphère
inflationniste qui est de plus en plus difficile, effectivement. Puis moi, je
compte sur nos entreprises, nos entrepreneurs à continuer à travailler
fort, comme ils le font à tous les jours, pour, justement, passer à travers ce
moment difficile là. Et on va être présents. On offre de l'aide de toutes
sortes par les différents programmes du
gouvernement, encore une fois, que ce soit de l'aide pour l'investissement pour
accroître votre productivité et
réduire vos coûts, par l'entremise d'Investissement
Québec, le programme Essor. On offre
de l'aide aussi directement aux plus
petites entreprises. On peut offrir de l'aide jusqu'à 50 000 $, puis
ça, c'est géré par vos villes, vos municipalités.
Alors,
on en fait déjà beaucoup dans ce secteur-là. Si jamais il y a des entreprises
qui ont besoin d'une aide ponctuelle, je les invite à contacter Investissement
Québec...
La
Présidente : En terminant.
M. Skeete :
...ou leur MRC locale pour de l'aide supplémentaire.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef
du deuxième groupe d'opposition.
Mesures
pour atténuer les effets de l'inflation
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente.
Vous avez juste à investir en immobilier. Qui a dit ça aux locataires
qui en arrachent? La ministre de l'Habitation.
Vous
avez juste à parler à votre banque. Qui a dit ça aux familles qui sont
hypothéquées jusqu'au cou? Le ministre des Finances.
Ma
job, là, puis votre job, ce n'est pas comparable. Qui a dit ça aux profs du
Québec? Le ministre de l'Éducation.
Il va falloir
renoncer à la Labatt Bleue. Qui a dit ça aux infirmières? Le premier ministre
du Québec.
Les
maisons qui coûtent trop cher, là, c'est un peu un mal pour un bien, ça veut
dire qu'on est riches, au Québec, on
rattrape l'Ontario. Qui a dit ça aux familles qui sont en train de faire le
deuil de s'acheter une première maison? Le premier ministre du Québec.
On
vient de vivre la rentrée scolaire la plus chère de l'histoire, on vient de
vivre les hausses de loyer les plus élevées de l'histoire. Les jeunes paient 8 %, 8 % sur leurs dettes
d'études, 6 % sur leur première maison. Ce monde-là, ils essaient
de démarrer dans la vie. L'inflation à l'épicerie est la pire ici que partout
au Canada.
Le premier ministre
et ses ministres, là, on le voit, ils ont dit toutes sortes de choses dans les
derniers mois. Est-ce que le premier ministre, aujourd'hui, lui, peut se lever
puis dire aux Québécois, comme l'a dit son ministre des Finances, que son
gouvernement, au fond, il en a fait assez pour aider les Québécois?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente, d'abord, c'est important,
effectivement, de dire aux Québécois qu'on comprend que la situation est dure, actuellement. Les taux
d'intérêt ont un impact important sur les hypothèques puis indirectement
sur les loyers, l'épicerie coûte beaucoup
plus cher. Donc, c'est pour ça qu'on n'a pas attendu Québec solidaire pour
agir, Mme la Présidente.
Qui, Mme la Présidente, durant la campagne
électorale, proposait des taxes orange, entre autres, entre autres 10 000 $ de taxe, de nouvelle taxe sur
une camionnette? Qui proposait ça? Québec solidaire, Mme la Présidente. Qui
était contre
les impôts... la baisse d'impôt pour la classe moyenne? Qui disait que la
classe moyenne était gras dur? Québec solidaire, Mme la Présidente.
Mme la
Présidente, on a agi. On a, je le disais tantôt, entre autres, pour l'aide
sociale, pour les personnes qui ont des contraintes à l'emploi, augmenté de
50 % les prestations. Ça ne s'est jamais vu dans l'histoire du Québec.
Puis, en janvier dernier, on a ajouté
un autre 6,4 %. On a mis un crédit d'impôt remboursable de
2 000 $ pour les personnes de 70 ans et plus. Qui était contre ça? Québec solidaire. On a donné
un chèque de 600 $ aux personnes qui gagnent moins de 50 000 $,
en décembre dernier. Qui était contre ça?
La Présidente : En terminant.
M. Legault : Québec solidaire.
Des voix : ...
• (14 h 50) •
La Présidente : Pas de commentaire
après la réponse. Première complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Mme la
Présidente, le premier ministre ne me laisse pas le choix de continuer avec des
citations : «On pourrait, par exemple,
augmenter les subventions sur les petites voitures et taxer les plus grosses
voitures.» Qui a dit ça? Le ministre
des Finances, la semaine passée. Donc, quand le premier ministre, là, échange
avec moi, il devrait peut-être revoir
sa ligne de com. Il ne peut plus appeler ça la taxe orange, il faut qu'il
appelle ça la taxe Girard, parce que son ministre des Finances y
réfléchit.
La
Présidente : Oui, M. le leader du gouvernement, je vous écoute.
Et j'ai une petite idée de ce que vous allez dire.
M. Jolin-Barrette : ...ça fait
longtemps, on ne peut pas désigner un collègue par son patronyme.
La
Présidente : Voilà. Vous le savez, je vous le rappelle à tous,
on se désigne par notre titre. Il vous reste six secondes.
M. Nadeau-Dubois : Les chèques du
premier ministre ont été dépensés depuis longtemps. Les Québécois en arrachent,
puis lui, il se vante, au lieu de les écouter. Je trouve ça gênant.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, bien, Mme la
Présidente, avez-vous entendu le commencement du début d'une proposition
concrète? Qu'est-ce que propose Québec solidaire? Là, ce qu'on comprend, là,
c'est qu'ils ont oublié leur taxe orange. Qu'est-ce
qu'ils proposent concrètement? Est-ce qu'ils peuvent nous faire une
proposition? On donne un chèque, ils sont maintenant d'accord avec les chèques pour les personnes qui ont un
revenu inférieur à combien? Proposez-nous quelque chose, soyez
constructifs.
La Présidente : Deuxième
complémentaire. On ne s'interpelle pas entre nous. M. le chef du deuxième
groupe.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Le premier ministre trouve ça drôle. Moi, je ne
trouve pas ça drôle, ce qui se passe en ce moment au Québec. En voici, des propositions qu'on a faites seulement
dans les dernières semaines : doubler l'aide aux parents pour les
fournitures scolaires; annuler 20 % des dettes étudiantes, parce que, les
étudiants, là, partir dans la vie avec
8 % de taux d'intérêt, ça veut dire compromettre leur avenir; contrôler
les hausses de loyer abusives, parce que, non, ça ne coûte plus 500 $, un
appartement, au Québec; lutter contre la spéculation immobilière; réduire les
frais de transport en commun. On n'arrête pas d'en faire, des
propositions. C'est juste que le premier ministre, il a d'autres priorités.
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Mme la Présidente, ce que je note, c'est que
Québec solidaire propose, par exemple, pour une famille qui a un revenu de plus de 100 000 $ par
année, de doubler le montant pour les fournitures scolaires, d'annuler les
frais de scolarité, de payer pour les repas de leurs enfants. C'est ça que
propose Québec solidaire. Nous, on préfère aider les gens qui sont moins
favorisés.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Verdun.
Stratégie
d'adaptation aux changements climatiques
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, Mme la Présidente. Cet été, les gens ont vu
l'ampleur des changements climatiques. On
parle de 5,3 millions d'hectares de forêt brûlés, c'est 112 fois la
superficie de l'île de Montréal partie en fumée. On a vu des pluies torrentielles qui ont ruiné des
récoltes dans plusieurs régions du Québec. Pendant ce temps-là, c'était la
sécheresse en Abitibi.
Les
changements climatiques, là, ont été sur toutes les lèvres, et la CAQ répond
comment? Elle crée, encore une fois,
un comité d'experts. Moi-même, comme scientifique, là, je ne suis pas rassurée.
On devrait être en train d'agir. Et, les solutions, on les connaît. Ce que la CAQ fait, c'est, oui, asseoir des
experts qui sont très, très pertinents, mais après la CAQ fait juste attendre, attendre et attendre, jusqu'à
ce que les experts vont partir, puis finalement la CAQ n'a pas fait
grand-chose.
Qu'est-ce que le ministre va faire concrètement
pour s'adapter aux changements climatiques?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, Mme la Présidente. Merci à la collègue pour
la question. C'est vrai que l'été a été difficile pour plusieurs de nos
régions. Et, s'il faut y voir quelque chose de positif, c'est une prise de
conscience pour celles et ceux, peut-être, qui doutaient encore de l'impact des changements
climatiques et surtout de la nécessité de s'adapter. Donc, c'est
l'élément positif qu'on peut en retirer.
Sinon, on n'a
pas attendu non plus. J'invite la collègue à relire, si ce n'est pas déjà fait,
le dernier plan de mise en oeuvre qui
a été présenté, le printemps dernier. En termes de budget,
9 milliards de dollars. Jamais il n'y a eu des investissements de cette nature-là, au Québec, en
matière de lutte aux changements climatiques, en matière d'adaptation, parce que, de ce 9 milliards là, on a pour,
essentiellement, 1,5 milliard de dollars qui sont dédiés spécifiquement
aux mesures d'adaptation. Et ce 1,5 milliard de dollars là ne
comprend pas toutes les mesures d'appui ponctuelles qui sont mises de l'avant par différents ministères lorsque des
situations de cette nature-là surviennent, que ce soit au niveau de la Sécurité
publique, que ce soit au niveau des Affaires municipales.
Donc, le
gouvernement répond présent. Il y a d'autres avenues qui sont aussi explorées
actuellement pour mieux prévoir et rendre plus prévisibles certaines
actions en matière d'adaptation aux changements climatiques...
La Présidente : En terminant.
M. Charette : ...et le prochain plan
de mise en oeuvre donnera des belles réponses à ce niveau-là.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, Mme la Présidente. Malheureusement, ces
actions ne sont pas suffisantes, ne sont pas à la hauteur du défi. Nous, on a des idées concrètes qu'on répète
depuis des mois. Par exemple, les municipalités ont besoin d'argent, et
c'est urgent, pour s'adapter.
Est-ce que le
ministre peut s'engager aujourd'hui, oui ou non, à étudier notre idée de mettre
sur pied un fonds d'urgence climatique et répondre enfin aux demandes
des municipalités?
La Présidente : M. le ministre.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci de nouveau à la collègue pour la question.
Là aussi, Québec solidaire devrait apporter certaines précisions. Lors de la dernière campagne
électorale, les 2 milliards de dollars que demandent certaines
municipalités ne faisaient pas partie
du budget de Québec solidaire. Est-ce qu'aujourd'hui c'est une demande
formelle? Est-ce que Québec solidaire
cautionne cette demande-là? Ce serait bien de répondre à la question. Mais,
dans tous les cas, dans les argents qui sont prévus en matière d'adaptation et en matière de lutte aux
changements climatiques, il y a plusieurs programmes qui sont entièrement dédiés aux municipalités. On
parle de plusieurs centaines de millions de dollars qui sont prévus uniquement
pour les municipalités du Québec. Et bien d'autres programmes sont aussi
admissibles aux municipalités...
La Présidente : En terminant.
M. Charette : ...que ce soit au
niveau électrification des transports, entre autres, mais également au niveau
de l'adaptation aux changements climatiques. Donc, nous accompagnons...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : ...il y a aussi les
agriculteurs qui crient à l'aide. L'été a été catastrophique, on a des fermes qui
n'arrivent pas. Et nos agriculteurs ont deux demandes : une aide d'urgence
puis adapter le programme d'assurance
récolte.
Est-ce que la CAQ va
s'engager d'agir et répondre aux demandes des producteurs agricoles?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette :
Le mérite de la démarche que nous
avons initiée il y a près de trois ans maintenant, c'est qu'à chaque année il y a des mises en oeuvre du Plan pour une
économie verte qui sont faites, des bonifications importantes, et tous les
secteurs sont visés. Au niveau agricole,
avec mon collègue, on travaille différentes mesures. D'ailleurs, pas plus tard que ce matin, ce
n'est pas en lien direct avec la question posée, mais encore ce matin on
annonçait une mesure supplémentaire pour appuyer le milieu agricole pour justement se décarboner en rendant... en
prolongeant un programme pour l'accès au triphasé, en augmentant les
budgets qui y sont dédiés.
Donc, au niveau
agricole, il y a des mesures qui s'ajoutent d'année en année. Et, encore une
fois...
La Présidente :
En terminant.
M. Charette :
...le prochain plan de mise en oeuvre sera certainement l'occasion de bonifier
notre action.
La Présidente :
En question principale, je
reconnais le chef du troisième groupe d'opposition. La parole est à vous.
Mesures
pour atténuer les effets de l'inflation dans le secteur de l'alimentation
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, les
familles québécoises en arrachent avec l'augmentation du coût de la vie, et c'est particulièrement le cas pour
le prix des aliments. Cette année, on estime que l'épicerie coûte environ
11 % de plus que l'an dernier. C'est 1 000 $ de moins
dans la poche des familles.
Maintenant,
il faut aller à la source du problème. Pendant que l'inflation a diminué de
4 %, environ, au Québec, elle demeure
très élevée pour la nourriture. Est-ce une coïncidence de voir les profits des
géants de l'alimentation littéralement exploser
pendant ce temps-là? Loblaws, c'est 508 millions de bénéfices, une
augmentation de 31 % par rapport à l'an dernier; Metro, une hausse de 11 %, pour
219 millions de dollars de profits. Et, pendant ce temps-là, il y a
des citoyens qui sont présentement en
cour pour se battre contre la fixation du prix et un cartel pour la viande. On
sait qu'il y avait de la fixation de prix pour le pain. On a donc un
gros problème de concurrence.
Mme
la Présidente, comme c'était le cas pour les pétrolières, on sait que le Bureau
de la concurrence du Canada ne fait rien, il dort au gaz.
Est-ce
que le premier ministre est d'accord avec nos propositions de donner un mandat
à l'Office de la protection du consommateur pour enquêter sur l'absence de concurrence dans l'alimentation de même
que de convoquer les géants de l'épicerie pour qu'ils nous donnent des
explications? Oui ou non à ces deux propositions, s'il vous plaît.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, actuellement, les contribuables québécois vivent une
situation qui est difficile, pas juste pour
le pétrole, pas juste pour l'alimentation, mais, entre autres, les
augmentations des loyers, des taux d'hypothèque aussi, donc, qui
viennent augmenter les paiements mensuels.
Mme
la Présidente, ça fait plusieurs fois, là, que le chef du Parti québécois dit : Il faut arrêter de patcher avec des chèques puis s'attaquer aux sources du problème,
donc une commission parlementaire sur les pétrolières puis sur les magasins
d'alimentation. Mme la Présidente, là, je ne
sais pas... je sais qu'il n'y a pas beaucoup, malheureusement, de Québécois qui
écoutent la période de questions, là, mais
ceux qui écoutent actuellement doivent se dire : Quel parti théorique! On
a un Parti québécois qui est contre les baisses d'impôt à la classe
moyenne, un Parti québécois qui est contre les chèques aux personnes qui gagnent moins de 50 000 $
par année, on a un Parti québécois pour qui la priorité, c'est de faire une
commission parlementaire avec des
pétrolières et des magasins d'alimentation. J'aimerais ça, voir ça en première
page du Journal de
Montréal demain.
Des voix :
...
La
Présidente : Pas de commentaire après les réponses. Première
complémentaire.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Bien, j'aimerais indiquer au premier ministre que c'est
précisément ce que la France vient de faire, et ça a donné lieu à des mesures
pour baisser le prix du panier d'épicerie.
J'aimerais citer le
premier ministre, qui disait récemment : «J'ai bien des défauts, mais [je
n'ai] pas le défaut d'être malhonnête. [...]je ne serais [jamais] capable de
prendre un engagement en sachant que je ne le tiendrai pas.»
Où sont les
1,5 milliard de dollars en trop-perçus qui avaient été promis? Et
est-ce que le premier ministre peut s'engager à le donner en bons d'épicerie
pour les familles qui ont de la difficulté à arriver?
La
Présidente : M. le leader du gouvernement. Brièvement.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, en
vertu de l'article... je crois que ce type de questions-là tendancieuses
qui ne disent pas ce que veut dire le chef
du troisième groupe d'opposition... Je vous invite à la prudence, surtout avec
le ton. C'est la première journée, Mme la Présidente.
La Présidente :
Bon, je vous ai entendu. Je vais vous
entendre brièvement, une question de règlement. Allez-y, M. le député de
Matane-Matapédia.
M.
Bérubé :
...
La
Présidente : Attendez
que je sois assise pour parler, si vous voulez que ce soit enregistré. Alors,
je suis assise. Allez-y.
M. Bérubé : Mme
la Présidente, le leader du gouvernement a utilisé le terme «tendancieux», que
vous avez remarqué, et je tiens à rappeler,
parce que c'est le sens de son intervention, que le chef de la troisième
opposition a seulement cité le premier ministre. Parfois, c'est plus
gênant que d'autres. Là, c'était le cas.
La Présidente :
Bon, alors, je tranche ici, il
n'y a pas lieu de faire plus ample discussion. Nous allons poursuivre.
Et, maintenant, la
question était terminée, je veux entendre la réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, seulement pour
l'année 2023‑2024, là, si on compare avec quand on est arrivés
au gouvernement, les Québécois ont
7,2 milliards de plus dans leurs poches à chaque année, 7,2 milliards
de plus. Et là ce que dit le Parti québécois, là, c'est : Oubliez ça, les baisses d'impôt. Si jamais le PQ
était au pouvoir, ils vont réaugmenter les
impôts. Écoutez, là, incroyable, ce que dit le Parti québécois. Je ne reconnais
pas le Parti québécois. Ce qu'ils veulent, c'est une commission
parlementaire avec les pétrolières puis les magasins d'alimentation.
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : Qu'ils
aillent dire ça aux Québécois dans Jean-Talon.
La Présidente :
Deuxième complémentaire. La
parole est au chef, juste lui a le droit de parler. M. le député de
Matane-Matapédia, je vous entends. Je veux entendre juste le chef.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Donc, je recommence. Le
premier ministre a dit : «...je ne serais [jamais] capable de prendre un engagement en sachant que je ne le
tiendrai pas», et il s'est engagé à rembourser les trop-perçus d'Hydro-Québec.
Et ça adonne que plusieurs familles, présentement, ont de la misère à joindre
les deux bouts.
Est-ce qu'il peut
respecter son engagement et verser ces 1,5 milliard, auquel il s'est
engagé, de manière à ce qu'il y ait des bons d'épicerie pour ceux qui en ont de
besoin?
• (15 heures) •
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la Présidente, d'abord, on a gelé des
tarifs d'électricité. Ensuite, on les a limités à l'inflation. Cette année, parce que l'inflation était plus
élevée, on les a limités à 3 % d'augmentation maximum. Puis on a donné 7,2 milliards, pas 1,5 milliard,
7,2 milliards dans les poches des Québécois. Il n'y a jamais un
gouvernement, même du PQ, qui en a fait autant.
La Présidente :
En question principale, je reconnais le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Taux
d'intérêt sur les prêts étudiants
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Le
gouvernement de la CAQ ne mesure pas l'ampleur de la crise du coût de la vie
sur la population québécoise. Il y a
certaines personnes qui souffrent davantage que d'autres de l'inflation, de la
hausse des taux d'intérêt. Ceux qui
souffrent, ce n'est pas les contribuables à 100 000 $ par année, qui
bénéficient le plus de la dernière baisse d'impôt. Allez plutôt parler
aux ex-étudiants et ex-étudiantes qui ont des dettes d'études. Leurs taux
d'intérêt frisent maintenant le 8 %.
8 % d'intérêt, ce sont des centaines de dollars par mois perdus qui
auraient pu être utilisés pour bien partir dans la vie, épargner pour
l'achat de la maison ou mettre du pain sur la table.
Pendant ce temps-là,
le gouvernement ne fait rien. Récemment, le Québec a reçu des millions en
transferts fédéraux. Le gouvernement a préféré faire autre chose avec ces
sommes plutôt que d'en faire bénéficier les ex-étudiants endettés.
Ma
question est très simple, pour la ministre : Qu'est-ce qu'elle pense du
taux de 8 % d'intérêt qui s'applique en ce moment aux étudiants et
étudiantes?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Enseignement supérieur
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme la Présidente, et merci pour
cette question. Évidemment, c'est sur toutes les lèvres, notre chef en parlait
un petit peu plus tôt, le premier ministre en parlait, justement, de la hausse
des taux d'intérêt. Alors, c'est vrai que c'est une situation
excessivement difficile, et j'en conviens. Je le sais très bien, que les
diplômés, actuellement, ont un taux
d'intérêt très élevé. Par contre, je pense qu'on oublie qu'on est au Québec,
qu'on a les droits de scolarité les
plus faibles en Amérique du Nord, qu'on a un endettement, à la fin des études,
un endettement moyen qui est nettement inférieur, au Québec, que par rapport
aux autres provinces. Et je peux vous donner des chiffres, là. On a quand
même un taux d'endettement qui est nettement
inférieur par rapport aux autres provinces. Quand on parle de
10 000 $ par rapport à un 22 000 $ ailleurs au pays,
ça se paie, ça aussi. Les droits de scolarité qui sont inférieurs ici, au
Québec, ça coûte de l'argent à chaque année. On a investi énormément d'argent
au cours des dernières années et on a fait le choix, justement, de soutenir les étudiants à la source, de s'attaquer à
l'endettement à la source. Donc, on soutient par multiples mesures les étudiants qui sont actuellement sur
les bancs d'école, au collège, à l'université également, avec la série de
mesures dont je parlais un peu plus tôt. On a fait le choix de soutenir
les étudiants...
La
Présidente : En terminant.
Mme Déry : ...justement
pour s'attaquer à l'endettement à la source. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : La ministre dit que c'est difficile, qu'elle
trouve ça difficile, c'est bien, mais qu'est-ce qu'elle va faire? C'est ça, la question. Québec solidaire a proposé
de faire quelque chose d'ambitieux avec les sommes du fédéral : éliminer
de 20 % l'endettement étudiant
maintenant puis bonifier l'AFE, l'aide financière aux études. Ça donnerait
jusqu'à 1 000 $ par personne qui bénéficient de l'AFE en ce
moment.
C'est
frustrant pour les étudiants québécois et québécoises de voir leur gouvernement
national rester les bras croisés, empocher le chèque du fédéral en leur
nom et ne rien faire avec pour les aider.
La
ministre s'engage-t-elle à éliminer 20 % de l'endettement étudiant, comme
on l'a proposé la semaine dernière?
La
Présidente : Mme la ministre.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : ...Mme la Présidente. Alors, je réitère le fait
que je suis très sensible à cette situation-là. Comme je l'ai mentionné un petit peu plus tôt, on a fait le
choix de s'attaquer à l'endettement à la source, avec les associations
étudiantes, on en a parlé il y a
quelques mois, avant qu'on arrive avec des mesures extrêmement bonifiées de
l'aide financière aux études. On a accordé plusieurs millions de dollars, je
vous parle d'à peu près 650 millions en trois ans pour la bonification
de l'AFE. On vient soutenir, justement, les
étudiants qui sont actuellement à l'université et qui sont actuellement dans le
réseau collégial. Parce qu'il ne faut pas
oublier qu'on a des droits de scolarité, encore une fois, qui sont extrêmement
faibles, que le taux d'endettement
est nettement inférieur que dans les autres provinces aussi. On a maintenu,
dans certaines provinces, les taux d'intérêt, que ce soit en Ontario...
La
Présidente : En terminant.
Mme Déry : ...que
ce soit en Alberta ou en Saskatchewan, on a des programmes provinciaux où on a
maintenu les taux d'intérêt...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc :
Ce n'est pourtant pas compliqué, Mme la Présidente. Il y a une crise du coût de
la vie, ça touche tout le monde. Il y a 940 millions de transferts
fédéraux qui n'ont pas été consacrés à améliorer la condition étudiante maintenant. Il y a des taux d'intérêt qui
sont dans le tapis, jusqu'à 8 %. C'est énorme. C'est inégalé dans
l'histoire du Québec. Le gouvernement a une dette morale envers les étudiants
et étudiantes, il doit la régler.
En
décembre dernier, j'ai déposé une motion pour que le gouvernement s'engage à
mettre l'entièreté des transferts fédéraux dans l'aide financière aux
études, ça avait été battu. Il n'est pas trop tard pour entendre raison.
Pouvez-vous vous engager, Mme la ministre, à mettre l'entièreté des sommes
fédérales dans l'aide financière aux études?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci
beaucoup. Alors, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, la question a été
soulevée, sur le 940 millions, je vous
dis que tout, l'entièreté de cette somme-là a été versée en soutien direct aux
étudiants. Mon collègue a fait la démonstration tout à l'heure en vous
donnant les différentes pages.
Alors,
j'aimerais juste savoir, de mon côté, c'est quoi, le coût de cette mesure. Vous
n'avez jamais mentionné le coût de la mesure, de ce 20 %. Le coût
de cette mesure, j'aimerais savoir, est-ce que c'est parce qu'on est en
campagne électorale dans Jean-Talon qu'on décide de payer 20 % pour les
diplômés aujourd'hui?
Moi,
j'ai fait un choix responsable de soutenir les étudiants qui sont actuellement
dans le réseau collégial, dans le réseau
universitaire, pour leur permettre, justement, d'arriver sur le marché de
l'emploi, qu'ils ne soient pas surendettés comme le sont certains
diplômés aujourd'hui avec la hausse des taux d'intérêt. On a fait un choix...
La
Présidente : En terminant.
Mme Déry : ...ce choix-là est responsable. Et on va continuer
de soutenir les étudiants qui sont actuellement sur les bancs d'école.
La Présidente :
En question principale...
Des voix : ...
La
Présidente : Pas de commentaire après la réponse. Question principale,
la députée de Mille-Îles.
Réforme
de la fiscalité municipale
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Merci,
Mme la Présidente. La semaine dernière, nous avons assisté à un spectacle
désolant, deux ministres et le premier
ministre qui s'en sont pris aux municipalités. Au lieu de prendre au sérieux
les crises, les enjeux des municipalités, on leur a dit : Gérez
mieux vos budgets, il n'y aura pas plus d'argent, et, surtout, baissez le ton.
Des commentaires dignes d'un gouvernement paternaliste.
Le
problème, Mme la Présidente, c'est que les villes croulent sous les
responsabilités que le gouvernement de la CAQ ignore. Itinérance, crise
du logement, changements climatiques, ça ne fait pas partie de la Loi sur les
compétences municipales, mais les maires,
ils n'ont pas le choix de s'en occuper, devant l'inaction de la CAQ. Au bout du
compte, ce sont nos citoyens à tous qui en souffrent.
À
l'aube de sa sixième année, l'irresponsabilité de la CAQ envers les
municipalités a assez duré. Est-ce que la ministre des Affaires municipales
peut s'engager à mettre enfin une vraie... à mettre en place une vraie réforme
de la fiscalité municipale?
La
Présidente : La réponse...
Des voix : ...
La
Présidente : Pas de commentaire. La réponse de la ministre des
Affaires municipales.
Mme Andrée Laforest
Mme
Laforest : Oui. Merci, Mme la Présidente. Alors, je suis très,
très heureuse de répondre à la question, évidemment, parce que, je l'ai
dit aux maires et aux mairesses, les maires et les mairesses, on a d'excellents
maires, d'excellentes
mairesses, au Québec, et nos maires et mairesses sont capables de bien gérer
nos municipalités. C'est vraiment les propos que j'ai mentionnés.
Également, on
est le seul gouvernement à avoir travaillé avec un comité sur la fiscalité
suite au pacte fiscal. Ensuite, on
est le seul gouvernement à avoir octroyé la croissance du point de TVQ aux
municipalités. On est le seul gouvernement à avoir octroyé le Fonds
régions et ruralité, qui était l'ancien FARR, avec l'ancien gouvernement.
En plus, ce
que je peux dire, c'est qu'avec les sept projets de loi qu'on a adoptés, à la
demande des municipalités, les municipalités ont beaucoup plus de
pouvoirs. Si on regarde, par exemple, le projet de loi n° 16 qu'on a
adopté, les municipalités peuvent construire
plus rapidement, ont maintenant le droit de préemption. Il y a même ma collègue
ici, ministre du Transport, qui a déposé son projet de loi sur
l'expropriation.
Alors, on est
en très bonne collaboration avec les municipalités, ce sont d'excellents
partenaires. On va s'asseoir à la même table pour continuer de discuter
sur l'entente Québec-municipalités. Et, Mme la Présidente...
La Présidente : En terminant.
Mme Laforest : ...ça se passe très,
très bien avec les maires et mairesses.
La Présidente : Alors, cela met fin
à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y
a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis.
Et, pour ce faire, je cède la place à la première vice-présidente. Merci
pour votre attention. Bonne journée.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
nous allons poursuivre nos travaux.
Des voix : ...
• (15 h 10) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Nous
allons poursuivre nos travaux. Ceux qui ont à sortir, s'il vous plaît,
faites-le en silence.
Alors, bien heureuse de vous retrouver. Alors,
comme je le disais, nous sommes à la rubrique des motions sans préavis. En fonction de nos règles et de l'ordre
de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre
du groupe formant le gouvernement. M. le ministre des Finances, la parole est à
vous.
M. Girard
(Groulx) : Bien, merci beaucoup, Mme la Présidente. Je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que depuis 5 ans, le gouvernement du
Québec a posé plusieurs gestes visant à réduire le fardeau fiscal des
Québécois, tout en maintenant un financement adéquat des principales missions
de l'État;
«Qu'elle
rappelle notamment les baisses d'impôts, la baisse de la taxe scolaire, la
hausse des allocations familiales, la
hausse du soutien aux aînés, l'ajout de 2 000 suppléments au loyer,
l'indexation de la composante logement du crédit d'impôt pour la
solidarité au taux de 12,88 % et le tarif unique pour les garderies à
8,85 $ par jour;
«Qu'elle
souligne les efforts du gouvernement pour appuyer les Québécois affectés par
l'augmentation du coût de la vie.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion?
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Comme il n'y a pas de consentement, nous allons
poursuivre, et je reconnais maintenant...
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : S'il vous plaît! Alors, je reconnais maintenant un
membre formant l'opposition officielle. Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, la parole est à vous.
Mme
McGraw : Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de
Taschereau, le député des Îles-de-la-Madeleine et la députée de
Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte que les
changements climatiques entraînent une hausse de l'ampleur, de la fréquence et de l'intensité des phénomènes
tels que les canicules, les sécheresses, le smog, les feux de forêt, les
tornades et les vents violents, les orages, les inondations et les
épisodes de verglas;
«Qu'elle
constate que les Québécois sont victimes de ces phénomènes qui entraînent des
drames humains et des pertes matérielles, écologiques et économiques
importantes;
«Qu'elle déclare que l'adaptation aux
changements climatiques doit être une priorité pour le gouvernement du Québec;
«Qu'en
conséquence, elle prenne acte des demandes du milieu municipal pour
l'adaptation des infrastructures à la réalité climatique et qu'elle exige du
gouvernement du Québec qu'il mette à la disposition des municipalités un
financement bonifié, au bénéfice des citoyens du Québec, et ce d'ici la fin de
l'année.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Il n'y a pas de consentement, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
comme il n'y a pas de consentement, je suis maintenant prête à reconnaître
un membre du deuxième groupe d'opposition. M. le député de Laurier-Dorion.
Souligner
le 50e anniversaire de l'arrivée massive d'exilés chiliens au
Québec à la suite du coup d'État du 11 septembre 1973 au Chili
M. Fontecilla :
Merci, Mme la Présidente.
D'emblée, je voudrais souligner la présence dans les estrades de représentants et représentantes de la communauté
chilienne. Merci beaucoup. (S'exprime
en espagnol). Je voudrais aussi signaler la présence du consul du Chili à Montréal,
M. Felipe Orellana — merci
beaucoup, M. le consul — et
aussi signaler la présence des
anciens députés de l'Assemblée nationale, des amis de la cause de la lutte
contre la dictature au Chili, Mme Louise Harel et M. André
Boulerice. Merci beaucoup de tout ce que vous avez fait pour cette cause-là.
Donc, Mme la
Présidente, je demande le consentement de cette Assemblée pour débattre de la
motion suivante conjointement avec la
ministre des Relations internationales et de la Francophonie, la députée de
Robert-Baldwin, le député des Îles-de-la-Madeleine et la députée de
Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale souligne le 50e anniversaire de l'arrivée massive
d'exilés chiliens au Québec, suite au
coup d'État militaire survenu au Chili le 11 septembre 1973 qui a renversé
violemment le gouvernement du président Salvador Allende, élu
démocratiquement par le peuple chilien trois ans plus tôt;
«Qu'elle se souvienne
que la dictature militaire du général Augusto Pinochet, qui a duré jusqu'en
1990, a été directement responsable de la disparition ou exécution d'au moins
3 200 personnes, ainsi que de l'arrestation arbitraire,
l'emprisonnement, la torture [et] l'exil de dizaines de milliers de personnes;
«Qu'elle remémore
l'immense élan de solidarité déployé par le peuple québécois, en particulier à
travers le mouvement syndical, permettant
d'accueillir et de protéger un grand nombre de réfugié-es fuyant la persécution
politique;
«Qu'elle souligne que
ces réfugié-es ont formé le socle de la communauté chilienne au Québec,
contribuant à l'avancement de notre société dans plusieurs domaines;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale observe une minute de silence en mémoire des personnes
victimes de la dictature au Chili.»
Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Y a-t-il consentement pour débattre
de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, Mme la Présidente, il y a consentement pour un débat
de deux minutes par intervenant dans l'ordre
suivant : le député de Laurier-Dorion, la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, la députée de Robert-Baldwin et le député
des Îles-de-la-Madeleine.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Donc, je comprends qu'il y a consentement pour qu'il y ait une intervention
de deux minutes et dans l'ordre que le
leader du gouvernement vient tout juste de mentionner. Donc, je cède
immédiatement la parole à M. le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
Merci, Mme la Présidente.
11 septembre 1973, il y a 50 ans, le peuple chilien s'est réveillé au
bruit des bottes militaires qui allaient renverser brutalement, quelques
heures plus tôt, le président Salvador Allende, élu en 1970 démocratiquement.
Cette fin de semaine,
la communauté chilienne a, à travers plusieurs événements, commémoré, réalisé
plusieurs commémorations pour se souvenir de
ce moment traumatisant. Ce furent des commémorations chargées d'émotion, de
mémoire, d'espoir aussi.
Le
coup d'État du 11 septembre 1973 infléchit violemment la trajectoire,
l'histoire d'un peuple, l'histoire de milliers et de milliers de personnes, dont quelques-unes sont présentes ici. En
tout cas, elle infléchit l'histoire de ma famille, parce que ma famille aussi a vécu ce coup d'État.
J'étais très jeune, à l'époque, j'avais six ans, mais je me rappelle très, très
bien de cette journée-là.
Ce
coup d'État, avec sa brutalité énorme, impressionna, marqua l'esprit de
milliers de personnes à travers le monde. Ce fut, bien sûr, la brutalité du coup d'État et sa symbolique. Voilà
que les forces armées chiliennes, alors qu'elles avaient juré fidélité à
la soumission au pouvoir civil, trahissaient leur serment pour porter une
attaque fatale à la démocratie chilienne, et
pas de n'importe quelle façon. Ils ont bombardé le palais présidentiel, La
Moneda, ce matin du 11 septembre 1973, à l'intérieur duquel le
président Allende est mort les armes à la main.
Ce fut
aussi... L'expérience d'Allende, ce fut une expérience complètement inédite,
regardée à travers le monde. Il
s'agissait rien de moins que d'arriver au socialisme de façon pacifique, à
travers les urnes, pour accomplir un ambitieux programme
de transformation sociale, de modernisation du Chili, cela dans le but
d'implanter davantage de redistribution de la richesse, davantage de justice sociale dans un pays rongé par les
inégalités sociales et la pauvreté, rongé par l'exploitation des multinationales étrangères qui volaient les
principales richesses du pays, en particulier le cuivre, qui a été nationalisé
par le président Allende, tout comme ici, au
Québec, quelques années plus tard... quelques années plus tôt, on a nationalisé
l'hydroélectricité.
La dictature
du tristement célèbre général Augusto Pinochet fut longue, 17 ans,
jusqu'en 1990, et laissa derrière un lourd passif de violations massives des
droits de la personne. Qu'on en juge. 3 200 personnes portées
disparues ou carrément exécutées sans
aucun procès. Des dizaines de personnes furent emprisonnées dans des... souvent
dans des prisons clandestines éparpillées
à travers le pays, et qui ont subi la torture. D'autres se cachaient,
cherchaient désespérément des ambassades pour se protéger. Pour le peuple chilien, ce furent 17 ans de ténèbres,
de luttes pleines de dangers pour reconquérir la démocratie et faire la
lumière sur les milliers de disparus et exécutés, tâche à laquelle ce peuple
n'arrive pas encore.
• (15 h 20) •
Qu'on soit
clairs, les militaires ont toujours soutenu qu'ils se sont prononcés — c'est le terme qu'ils utilisent — pour éviter une guerre civile. Il n'y avait pas de
guerre civile au Chili à ce moment-là. Il y avait un peuple mobilisé et
des forces armées professionnelles armées jusqu'aux dents, là, qui s'en sont
pris à des personnes innocentes.
Devant le coup d'État sanglant des militaires
chiliens, la solidarité du peuple québécois fut extraordinaire et exemplaire. Des comités de solidarité, tout de
suite après le coup d'État, se sont formés partout, surtout à l'initiative du
mouvement syndical et par le réseau de solidarité chrétien. Un certain Michel
Chartrand, alors président du conseil central
de la CSN Montréal, y était particulièrement actif. Cette mobilisation incita
autant le gouvernement du Canada et du Québec, là, à accueillir et protéger des milliers de Chiliennes et de
Chiliens persécutés par la dictature militaire. Ce fut la naissance de
la communauté chilienne au Québec, communauté qui rapidement épousa les
destinées, les ambitions du peuple
québécois, les nourrissant, en quelque part, de l'imaginaire émancipateur des
trois années de la présidence du président Salvador Allende. Je ne peux que remercier l'oeuvre solidaire de ces
hommes et de ces femmes qui se sont mobilisés pour appuyer les Chiliens et les Chiliennes, au-delà se
sont mobilisés pour appuyer la lutte pour la démocratie et pour mettre un
terme à cette dictature. C'est tout cela qu'on remémore ces jours-ci.
Cela fait
50 ans, chaque année, que nous nous rappelons de ce traumatisme que fut le
coup d'État du 11 septembre 1973.
Le temps passe. Pourtant, il y a des blessures qui ne se referment jamais, surtout
celles de toutes ces familles qui ont vu un père, une soeur, un fils ne
jamais revenir, ne pas savoir où il a été tué, par qui, où sont ses restes.
C'est la tâche, aujourd'hui, du gouvernement
chilien. Oui au pardon et à la réconciliation nationale. Pourtant, celle-ci ne
peut se construire que sur la base de la vérité et de la justice. Le
Chili n'y arrive pas encore.
Mais on
remercie, en terminant, le peuple québécois d'avoir accueilli si généreusement
la communauté chilienne qui était persécutée. C'est ça, le Québec qu'on
aime. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Nous poursuivons... Oui, M. le leader?
M.
Jolin-Barrette : Oui, Mme la Présidente, juste un point
d'ordre pour la conduite de nos travaux. On est à la première journée de
la session parlementaire. Je vous informe, et nous aurons l'occasion de le
faire dans le cadre des travaux jusqu'au
mois de décembre, que, lorsque nous avons une entente entre les groupes
parlementaires relativement aux débats, le temps accordé, tout
dépendamment des motions, les partis s'entendent entre eux pour prendre deux
minutes, trois minutes, quatre minutes
relativement au temps de parole de chacun. Par équité envers tous les
parlementaires en cette Chambre, de
chacune des formations politiques, quand les collègues se préparent un
discours, notamment, avec le temps imparti,
on s'attend à ce que toutes les formations politiques qui ont consenti au délai
requis, au temps requis, le respectent et s'engagent par respect envers
tous leurs collègues dans cette Chambre. Alors, j'invite les députés de Québec
solidaire particulièrement à respecter l'entente que nous avons, ça va aider le
fonctionnement de la Chambre.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon, le point étant fait, nous poursuivons avec
Mme la ministre des Relations internationales et de la Francophonie. Et
je vous demande de garder le silence, s'il vous plaît. Merci.
Mme Martine Biron
Mme
Biron : Merci, Mme la Présidente. C'est un honneur pour
moi de me lever pour souligner les 50 ans de l'arrivée des Chiliens au Québec. Je veux remercier le
député de Laurier-Dorion pour cette main tendue afin de marquer sans
partisanerie ce difficile anniversaire. Je salue également les membres
de la communauté chilienne qui sont avec nous aujourd'hui.
Il y a 50 ans, le Chili était secoué par un
coup d'État qui a renversé le gouvernement de Salvador Allende. Cet événement
marquant a contribué à l'arrivée importante de Chiliens en quête de stabilité
au Québec, et le Québec est devenu ce deuxième chez-soi d'une diaspora qui
s'élève aujourd'hui à plus de 14 000 personnes.
Nous
bâtissons depuis maintenant plus de 50 ans des liens qui enrichissent nos
deux nations à la fois sur les plans économique et culturel, on peut
penser à nos partenariats en innovation, en transition énergétique et en
éducation, en fait le signe d'une relation
tournée vers l'avenir. Nos racines latines aussi nous unissent, et je souhaite
que cette relation continue à nous faire prospérer.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. Maintenant, prochain
intervenant. Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau :
Merci beaucoup, Mme la
Présidente. M. le consul général et distingués invités, merci d'être ici
aujourd'hui.
Il
y a 50 ans hier, un général renversait la démocratie chilienne par un coup
d'État militaire sanglant et imposait une dictature qui durait 17 ans. Cet ignoble personnage plonge le Chili
dans la noirceur et, peu à peu, abandonne tous les principes
démocratiques dont nous jouissons tous aujourd'hui.
Ainsi, l'histoire se
souvient que, le 11 septembre 1973, le général Pinochet renverse le
président socialiste Salvador Allende,
démocratiquement élu trois ans plus tôt, et impose une dictature marquée par
une répression sanglante.
Pendant
son règne sanguinaire, environ 38 000 personnes sont torturées et
3 200 personnes assassinées ou sont toujours portées disparues. Loin d'être jugée et condamnée
pour ses crimes contre l'humanité, la figure d'Augusto Pinochet continue
encore de hanter des milliers de Chiliens qui ont vécu son régime autoritaire.
Malheureusement,
l'arrestation d'Augusto Pinochet au Royaume-Uni, le 16 octobre 1998, ne
permettrait pas aux Chiliens d'avoir justice. Il meurt en 2006 d'une
crise cardiaque.
Cependant,
son arrestation a eu des répercussions positives sur l'application et
l'interprétation du droit international relatif aux droits humains. Elle a conduit à réaffirmer plusieurs
principes fondamentaux, parmi lesquels ceux de compétence universelle et d'absence d'immunité de poursuite
pour les anciens chefs d'État accusés de crimes tels que les crimes contre
l'humanité et la torture.
Ici,
pour le Québec, de nombreuses arrivées commencent pendant cette dictature. Dès
1974, des centaines de Chiliens arrivent au Canada grâce à un programme
qui vise à accélérer le processus d'immigration des ressortissants de ce pays
qui en font la demande. Ce programme permet aux personnes retenues d'obtenir et
de recevoir de l'aide financière à leur
arrivée. Près de 600 immigrants d'origine chilienne s'installent au Québec
chaque année, entre 1974 et 1978, au plus fort de la répression.
Aujourd'hui,
ce sont plus de 14 000 personnes d'origine chilienne qui vivent au
Québec. Le Québec est plus riche aujourd'hui
grâce à leur présence, à leur apport et à leur culture. En ce jour
commémoratif, on se souvient, mais surtout on n'oubliera jamais. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. M. le député des Îles-de-la-Madeleine, la parole est à
vous.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
Mme la Présidente, 50 ans
après le coup d'État d'Augusto Pinochet, 50 ans après le renversement
du gouvernement de Salvador Allende,
démocratiquement élu trois ans plus tôt, après les arrestations arbitraires,
les exils forcés, les tortures, les assassinats, le Québec se souvient
des victimes de la brutale dictature.
Nous
sommes fiers aujourd'hui de rendre hommage au peuple chilien, à son courage, à
sa résilience. Nous sommes fiers parce que les Chiliens ont légué à la
postérité la mémoire de la lutte d'un peuple contre la violence, contre la
tyrannie et l'arbitraire, pour le
rétablissement de l'État de droit. Contre un régime autocratique, ils ont su
maintenir vivante la volonté d'être
libre, d'exercer sa liberté d'expression, d'engagement, d'association
également, le respect de la souveraineté du peuple sur lequel se fonde
la démocratie.
Les dizaines de
milliers de victimes de la junte militaire de Pinochet vivent toujours dans nos
mémoires, elles inspirent partout les luttes
malheureusement encore nécessaires et d'actualité pour les droits démocratiques
dans plusieurs pays de la planète. Combien de manifestants ont fait
résonner haut et fort, dans toutes les capitales, de Québec jusqu'à Santiago, en 1973 et dans les années qui ont suivi,
El pueblo unido jamás será vencido, le peuple uni ne sera jamais vaincu?
• (15 h 30) •
Nous
sommes fiers d'avoir accueilli certains des réfugiés politiques fuyant les
persécutions ici, au Québec. Nous sommes
fiers de compter parmi nous les dignes héritiers du courage dont le peuple
chilien a fait preuve. La diaspora chilienne au Québec compte 14 000 membres aujourd'hui. Elle est un
élément essentiel de la vie culturelle, sociale et politique du Québec, comme en témoigne l'oeuvre touchante de
Caroline Dawson ou l'engagement politique remarquable de mon collègue
député de Laurier-Dorion, auteur de cette motion.
J'aimerais profiter
de l'occasion pour saluer l'Association des Chiliens du Québec, les représentants
de la communauté qui sont ici, et pour
saluer également ses devanciers, les militants des comités de solidarité Québec-Chili,
qui, à l'époque, à travers tout le Québec, de Chicoutimi à Montréal, nous ont
ouvert les yeux sur la douleur du peuple chilien.
Cette commémoration,
c'est aussi l'occasion de réitérer que la justice, la vérité et le courage d'un
peuple sont plus puissants que la tyrannie
d'un régime totalitaire. Aujourd'hui encore, partout dans le monde se fait
entendre la voix de Pablo Neruda, que
la junte militaire pensait réduire au silence. Écrit peu de temps avant sa
mort, son éloge de la révolution chilienne
a résonné plus fort que le bruit des bottes et des fusils. Le peuple chilien
uni a vaincu, il nous a enseigné l'espoir, et son exemple continue de
nous inspirer. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Cette motion est-elle...
M. Lévesque
(Chapleau) : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui.
Est-ce que je peux juste poser la question? Cette motion est-elle adoptée?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
mais je... Non, je vais vous demander de tenir le premier vote électronique de
l'histoire de notre Assemblée, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Parfait.
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Alors, bien, conformément aux modifications au règlement adopté le
8 juin 2023, nous allons...
Une voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : M. le leader du gouvernement. Merci.
Alors,
comme je disais, conformément aux modifications au règlement adopté le
8 juin 2023, nous allons procéder au premier vote électronique à
l'Assemblée nationale.
Pour ce faire, je
vous rappelle le déroulement du vote ainsi que le fonctionnement du boîtier.
La
durée du vote sera affichée sur les chronomètres et le vote sera fermé lorsque
la présidence l'indiquera. Vous pourrez enregistrer votre vote lorsque le
diagramme sera affiché sur les écrans. Vous devez appuyer sur la touche du
boîtier correspondant à votre vote — pour, contre ou
abstention — et
ensuite faire O.K. Assurez-vous que les mentions sur l'afficheur du boîtier et le plan de la salle qui apparaîtra sur les
écrans correspondent bien à votre choix. Il est possible de modifier votre vote tout au long de la période
allouée pour celui-ci. Toutefois, une fois le vote fermé, celui-ci ne pourra
plus être modifié. Un aide-mémoire est également sur vos bureaux.
En cas de problème,
vous devez vous adresser au personnel présent sur le parquet. Si vous n'êtes
pas en mesure d'enregistrer votre vote avant
la fin de cette période allouée, vous devez m'en avertir avant que l'on
proclame le résultat du vote.
Mise
aux voix
Nous
allons maintenant procéder au vote sur la motion précédemment lue. Alors, Mmes,
MM. les députés, je vous invite à enregistrer votre vote dès maintenant.
Des voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Excusez-moi, MM., Mmes les députés... MM., Mmes les
députés...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : MM.,
Mmes les députés, nous sommes présentement en vote, même chose que si
c'était un vote...
Des voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : S'il vous plaît! Un peu de décorum. Merci.
Donc, M. le
secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 107
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
cette motion est adoptée. Alors, voilà le premier vote électronique de
fait à l'Assemblée nationale. Alors, je vous inviterais...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui, M. le leader?
M. Leduc : Est-ce que je pourrais envoyer copie de cette
motion, s'il vous plaît... bien, pas «je», mais vous pourriez envoyer
copie de cette motion à la présidence du Chili, à l'ambassade du Chili, au
consul du Chili à Montréal et aux trois centrales syndicales, la FTQ, la CSN et
la CSQ? Merci beaucoup.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Ce sera fait.
Alors, je vous invite
à vous lever pour observer une minute de silence.
• (15 h 37 — 15
h 38) •
Vous pouvez vous
asseoir.
Donc,
nous poursuivons nos travaux. Alors, nous poursuivons aux motions sans préavis.
Une motion sans préavis ayant déjà été présentée par le groupe
parlementaire formant le gouvernement, je demande...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
suis en train de... Excusez-moi, je suis en train de vous oublier, le troisième groupe d'opposition. Avec le vote
électronique, tout le monde était bien énervé, ainsi que moi-même. Alors, nous
allons reprendre où est-ce que nous en étions. Alors, je suis prête à entendre
un membre du troisième groupe d'opposition. Alors, ce sera M. le chef du
troisième groupe d'opposition. La parole est à vous.
M.
St-Pierre Plamondon : Merci. Je sollicite le consentement des membres de
cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le ministre de la
Culture et des Communications, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale dénonce la décision
de Meta de bloquer l'accès aux nouvelles en ligne;
«Qu'elle demande à ses élus d'être solidaires de
nos médias nationaux et régionaux qui ont vu leurs revenus publicitaires être
détournés au profit des plateformes Meta;
«Qu'elle
demande aux partis politiques représentés en cette Chambre de ne pas acheter de
publicité ni sponsoriser de
publications sur les plateformes Meta dès maintenant et de ne pas utiliser ces
plateformes pendant la journée du 15 septembre prochain, sauf en
cas d'urgence non partisane.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le chef. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader
du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Il y a
consentement, sans débat.
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, comme il n'y a pas de consentement, nous
allons poursuivre nos travaux.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
nous allons poursuivre nos travaux.
Une motion sans préavis ayant déjà été présentée
par le groupe parlementaire formant le gouvernement, je demande s'il y a consentement pour permettre la lecture d'une autre
motion sans préavis. Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix : Consentement.
• (15 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
je vous invite à faire la lecture, M. le leader.
Entériner le mandat de
procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 32
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je demande donc le consentement pour déroger à
l'article 84.1 de notre règlement afin de déposer une motion rétroactive
de consultations particulières donnant suite à une entente entre le leader et
la députée indépendante de Vaudreuil.
Je fais motion, conformément à
l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que
l'Assemblée nationale entérine le mandat donné à la Commission des institutions,
dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 32, [la] Loi
instaurant l'approche de sécurisation culturelle au sein du réseau de la santé
et des services sociaux, de procéder à des
consultations particulières et de tenir des auditions publiques le mardi 12 septembre
2023 de 9 h 45 à
12 h 25 et après les avis touchant les travaux des commissions vers
15 h 15 jusqu'à 19 h 20 et le mercredi 13 septembre
2023 après les avis touchant les travaux des commissions vers 11 h 15
jusqu'à 12 h 50 et de 15 heures à 18 h 15;
«Qu'à cette fin, la commission entende les
personnes et organismes suivants : le Collège des médecins, l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, la
Commission de la santé et des services sociaux des premières nations du Québec
et du Labrador, le Regroupement des centres
d'amitié autochtones du Québec, Sipi Flamand, chef du Conseil des Atikamekw
de Manawan, Société Makivik, Femmes
autochtones du Québec, Assemblée des premières nations du Québec et du
Labrador, Bureau du Principe de Joyce,
Dr Stanley Vollant, Barreau du Québec, Darlene Kitty, Jacques Viens, Commission
des droits de la personne et des droits de la jeunesse;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires, répartie de la manière suivante :
6 minutes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
3 minutes 36 secondes pour l'opposition officielle,
1 minute 12 secondes au deuxième groupe d'opposition et
1 minute 12 secondes pour la députée indépendante;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange
avec les membres de la commission
[...] d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
10 minutes 30 secondes pour l'opposition officielle,
3 minutes 30 secondes pour le deuxième groupe
d'opposition et 3 minutes 30 secondes pour la députée
indépendante;
«Qu'une suspension de 5 minutes soit prévue
entre les échanges avec chaque personne et organisme;
«Que
le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit
soit membre de ladite commission pour la durée de ce mandat.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le leader. Est-ce qu'il y a consentement
pour débattre de cette motion?
Des voix : Consentement.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, cette motion est-elle adoptée? Adopté.
Alors, une
autre motion sans préavis. Alors, une motion sans préavis a déjà été présentée
par le groupe parlementaire formant le gouvernement, je vous demande
s'il y a consentement pour permettre une lecture d'une autre motion sans
préavis? Il y a consentement. M. le leader adjoint, allez-y.
Entériner le mandat de
procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 22
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Je demande
le consentement pour déroger à l'article 84.1
de notre règlement afin de déposer une motion rétroactive de consultations
particulières donnant suite à une entente entre les leaders et la
députée indépendante de Vaudreuil.
Je fais motion, conformément à
l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que
l'Assemblée nationale entérine le mandat donné à la Commission des transports
et de l'environnement, dans le cadre
de l'étude du projet de loi n° 22, Loi
concernant l'expropriation de
procéder à des consultations particulières et de tenir des auditions publiques le jeudi 14 septembre 2023 après
les avis touchant les travaux de la commission vers 11 h 15 à 13 h 05 et de 14 heures à
16 h 25, le mardi 19 septembre 2023 de 9 h 45 à
12 h 10 et [après] les avis touchant les travaux des commissions vers 15 h 15 à
19 h 20, le mercredi 20 septembre 2023 après les avis
touchant les travaux des commissions vers 11 h 15 à 12 h 50
et de 15 heures à 18 h 15 et le jeudi 21 septembre 2023
après les avis touchant les travaux des commissions vers
11 h 15 à 12 h 50 et de 14 heures à 16 h 25;
«Qu'à cette
fin, la commission entende les personnes et organismes suivants : l'Union
des municipalités du Québec, la Fédération québécoise des municipalités,
L'Union des producteurs agricoles, la Communauté métropolitaine de Montréal, la Communauté métropolitaine de Québec,
la ville de Montréal, la ville de Québec, la ville de Laval, le G15+, Commission de protection du territoire agricole du
Québec, Ordre des évaluateurs agréés du Québec, Ordre des urbanistes du
Québec, Société de Transport de Montréal, ville de Mascouche, Institut de
développement urbain [de] Québec, Vivre en ville, Association nationale des
propriétaires de terrains de golf, Réseau québécois des OSBL d'habitation,
Corporation des propriétaires immobiliers du Québec, Barreau du Québec, Chambre
des notaires du Québec, Autorité régionale de transport métropolitain, SNAP
Québec, Alliance Ariane;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires, répartie de la manière suivante : 6
minutes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
3 minutes 36 secondes pour l'opposition officielle, 1 minute 12 secondes
au deuxième groupe d'opposition, 1 minute 12 secondes pour le
député indépendant;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange
avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
10 minutes 30 secondes pour l'opposition officielle,
3 minutes 30 secondes pour le deuxième groupe
d'opposition, 3 minutes 30 secondes pour le député indépendant;
«Qu'une suspension de 5 minutes soit prévue
entre les échanges avec chaque personne et organisme;
«Que le
ministre des Transports et de la Mobilité durable soit membre de ladite
commission pour la durée du mandat.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le leader. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Des voix : Consentement.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
Alors, une motion sans préavis ayant déjà été
présentée par le groupe parlementaire formant le gouvernement, je vous demande s'il y a consentement pour
permettre une lecture d'une autre motion sans préavis. Il y a consentement.
Alors, M. le leader, la parole est à vous.
Entériner le mandat de
procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 29
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci, Mme la Présidente. Je demande le
consentement pour déroger à l'article 84.1 de notre règlement afin de déposer une motion rétroactive de
consultations particulières donnant suite à une entente entre les
leaders et la députée indépendante de Vaudreuil.
Je fais motion, conformément à
l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que
l'Assemblée nationale entérine le mandat donné à la Commission de l'économie et
du travail, dans le cadre du projet
de loi n° 29, [la] Loi
protégeant les consommateurs contre l'obsolescence programmée et favorisant la
durabilité, la réparabilité et
l'entretien des biens, de procéder à
des consultations particulières et de tenir des auditions publiques, le mardi 12 septembre 2023 de
9 h 45 à 12 h 25 et après les avis touchant les travaux des
commissions vers 15 h 15 jusqu'à 19 h 20 et le
mercredi 13 septembre de 15 heures à 17 h 25;
«Qu'à cette
fin, la commission entende les personnes et organismes suivants : Option
consommateur, Union des consommateurs,
Coalition des associations de consommateurs du Québec, Association pour la
protection des automobilistes, Équiterre, Claudia Déméné, École de
design Université Laval, Association des industries de l'automobile du Canada, Jonathan Mayer, Université de Sherbrooke,
Manufacturiers et exportateurs du Québec, Marc Lacoursière, Université
Laval, Centre d'études et de recherches intersectorielles en économie
circulaire;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires répartie de la manière suivante : 6 minutes pour le groupe parlementaire formant le
gouvernement, 4 minutes 30 secondes au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle et 1 minute 30 secondes
au deuxième groupe d'opposition;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange
avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
13 minutes 8 secondes pour l'opposition officielle et
4 minutes 23 secondes pour le deuxième groupe
d'opposition;
«Que le ministre de Justice soit membre de
ladite commission pour la durée du mandat.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Des voix : Consentement.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Une motion sans préavis ayant déjà été présentée par le groupe parlementaire formant le gouvernement, je demande
s'il y a consentement pour permettre une autre lecture de motion sans
préavis. Il y a consentement?
Des voix : Consentement.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le leader adjoint.
Entériner le mandat de
procéder à des consultations particulières sur le projet de loi n° 31
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, je
demande le consentement pour déroger à l'article 84.1 de notre règlement
afin de déposer une motion rétroactive de consultations particulières donnant
suite à une entente entre les leaders et la députée indépendante de
Vaudreuil.
Je fais motion, conformément à
l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que
l'Assemblée nationale entérine le mandat donné à la Commission de l'aménagement
du territoire, dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 31, Loi modifiant diverses dispositions législatives
en matière d'habitation, de procéder
à des consultations particulières et de
tenir des auditions publiques le jeudi 14 septembre 2023 après les
avis touchant les travaux des
commissions vers 11 h 15 à 13 h 05 et de 14 heures à
16 h 25, le mardi 19 septembre 2023 de 10 heures à
12 h 25 et après les avis
de travaux des commissions vers 15 h 15 à 19 h 20 et le
mercredi 20 septembre 2023 après les avis touchant les travaux
des commissions vers 11 h 15 à 12 h 50 et de 15 heures
à 18 h 15;
«Qu'à cette fin, la commission entende les
personnes et organismes suivants : la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec, l'Association des
professionnels de la construction du Québec, l'Unité de travail pour l'implantation
de logements étudiants, Vivre en ville,
Front d'action populaire en réaménagement urbain, Union des municipalités du
Québec, Fédération québécoise des municipalités, Institut de développement
urbain, Barreau du Québec, Mario Polèse, professeur
émérite[...], Organisme d'autoréglementation du courtage immobilier du Québec,
Association des groupes de ressource
techniques du Québec, ville de Montréal, ville de Québec, Fédération des
locataires d'habitations à loyer modique du Québec, Association des propriétaires du Québec, réseau québécois des
organismes en habitation, Regroupement des comités logement et
associations de locataires du Québec, Association des juristes progressistes;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires répartie de la manière suivante : 6 minutes pour le groupe parlementaire formant le
gouvernement, 4 minutes 30 secondes au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle, 1 minute 30 secondes au
deuxième groupe d'opposition;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange
avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
13 minutes 8 secondes pour l'opposition officielle et
4 minutes 23 secondes pour le deuxième groupe
d'opposition;
«Qu'une suspension de 5 minutes
soit prévue entre les échanges avec chaque personne et organisme;
«Que la ministre responsable de l'Habitation
soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Des voix : Consentement.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Cette
motion est-elle adoptée? Motion adoptée.
Alors, nous
poursuivons. Une motion sans préavis ayant déjà été présentée par le groupe
parlementaire formant le gouvernement, je demande s'il a pas
consentement pour permettre la lecture d'une autre motion sans préavis. Y
a-t-il consentement?
Des voix : Consentement.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le leader adjoint du gouvernement.
Entériner le mandat de
procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 17
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je demande
le consentement pour déroger à l'article 84.1 de notre règlement afin de
déposer une motion rétroactive de consultations particulières donnant suite
à une entente entre les leaders et la députée indépendante de Vaudreuil.
Je fais motion, conformément à
l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que
l'Assemblée nationale entérine le mandant donné la Commission de l'économie et
du travail, dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 17, Loi
modifiant diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau
réglementaire et administratif, de procéder à des consultations particulières
et de tenir des auditions publiques, le mercredi 20 septembre 2023
après les avis touchant les travaux des commissions vers 11 h 15 à
13 h 05 et de 15 heures à
18 h 15 ainsi que le jeudi 21 septembre 2023 après les avis
touchant les travaux des commissions vers 11 h 15 à 12 h 50
et de 14 heures à 16 h 25;
«Qu'à cette
fin, la commission entende les personnes et organismes suivants :
Corporation des entrepreneurs généraux du
Québec, Association des restaurateurs du Québec, Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante, Spiritueux Québec, Association des microbrasseurs du Québec, Union québécoise des microdistilleries,
Union des producteurs agricoles du Québec,
Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction,
Union des municipalités du Québec, Fédération québécoise des
municipalités, Société des alcools du Québec;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires, répartie de la manière suivante :
6 minutes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
4 minutes 30 secondes pour l'opposition officielle, 1 minute 30 secondes
[pour le] deuxième groupe d'opposition;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange
avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
13 minutes 8 secondes pour l'opposition officielle,
4 minutes 23 secondes pour le deuxième groupe
d'opposition;
«Qu'une suspension de 5 minutes soit prévue
entre les échanges avec chaque personne et organisme;
«Que le ministre délégué à l'Économie soit
membre de ladite commission pour la durée du mandat.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
• (15 h 50) •
Des voix : Consentement.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Cette
motion est-elle adoptée?Adopté.
Donc, nous poursuivons à la rubrique Avis des
travaux des commissions. M. le leader du gouvernement.
Avis touchant les travaux des
commissions
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Donc, la Commission des institutions poursuivra les consultations particulières et les
auditions publiques sur le projet de loi n° 32, Loi instaurant l'approche de sécurisation culturelle au sein du réseau de la
santé et des services sociaux, aujourd'hui,
après les avis touchant les travaux des commissions jusqu'à
19 h 20, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de la santé et des services
sociaux poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 15, Loi visant à rendre le système de santé et de services
sociaux plus efficace, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle
Pauline-Marois;
La
Commission de l'économie et du travail poursuivra les consultations
particulières et les auditions publiques sur le projet de loi n° 29, Loi protégeant les consommateurs contre
l'obsolescence programmée et favorisant la durabilité, la réparabilité et l'entretien des biens, aujourd'hui, après les avis touchant les travaux
des commissions jusqu'à 19 h 20, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des relations avec les citoyens
poursuivra les consultations particulières... générale et auditions publiques
sur le cahier de consultation intitulé La planification de l'immigration au
Québec pour la période 2024‑2027 aujourd'hui, après les avis
touchant les travaux des commissions jusqu'à 18 h 30 et de
19 h 15 à 20 h 50, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci. Y a-t-il consentement pour déroger à
l'article 53 du règlement concernant l'horaire des travaux des
commissions? Consentement.
Alors, pour
ma part, je vous avise que la Commission de la santé et des services sociaux se
réunira en séance de travail demain, le mercredi 13 septembre 2023, à
la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, de
8 heures à 8 h 30, afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse
des pétitions concernant la mise en place des mesures visant à encadrer les
personnes potentiellement violentes dont
l'état mental est perturbé et, de 8 h 30 à 9 heures, afin de statuer
sur la possibilité que la commission
se saisisse de la pétition concernant la mise en place de mesures pour éviter
un retour à l'institutionnalisation des personnes handicapées.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
À la rubrique
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, alors, je vous informe que
demain, lors des affaires inscrites par les députés de l'opposition, sera
débattue la motion inscrite par M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale déclare que l'absence de vision et de mesures suffisantes
proposées par le gouvernement caquiste
en matière de logement, d'aide financière aux études, de soutien aux PME, de
lutte à la pénurie de main-d'oeuvre et visant à pallier les effets de la
hausse [des coûts] de la vie nuit à l'économie du Québec et à la prospérité des
familles québécoises.»
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour.
Et, avant de vous céder la parole, M. le leader,
je vous informe que deux débats de fin de séance se tiendront aujourd'hui, à 18 h 30. Le premier débat
portera sur une question adressée par M. le député de Marguerite-Bourgeoys à
M. le ministre des Finances concernant le
manque d'aide ciblée par le gouvernement pour aider les Québécois à faire face
au coût de la vie. Le deuxième débat portera sur une question adressée par Mme
la députée de Westmount—Saint-Louis à Mme la ministre de la Famille concernant l'abandon d'un projet de CPE
préfabriqués et l'impact de celui-ci sur les familles du Québec.
Alors, M. le leader, je vous cède la parole.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc,
après ce marathon verbal, c'est à d'autres de parler. Et donc je vous
demanderais de bien vouloir appeler l'article 3 du feuilleton, s'il vous
plaît. Merci.
Projet de loi n° 23
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus
tôt aujourd'hui sur l'adoption du principe du projet de loi n° 23, Loi modifiant principalement la Loi sur
l'instruction publique et édictant la Loi sur l'Institut national d'excellence
en éducation.
Donc, M. le
député de Maurice-Richard, vous avez utilisé 8 min 30 s de votre
temps de parole, et je vous cède la parole pour le reste de votre
intervention.
M. Haroun Bouazzi (suite)
M.
Bouazzi : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je suis très
heureux d'être ici aujourd'hui pour commenter ce projet de loi sur l'éducation. Vous le savez, l'éducation est très, très
importante pour nous, à Québec solidaire, et spécialement pour moi,
étant fils d'enseignants qui, eux-mêmes, ont changé de classe sociale grâce à
l'éducation.
Il n'est pas
rare, au Québec, de rencontrer des baby-boomers ou des enfants des baby-boomers
qui sont fiers de dire qu'ils sont les
premiers d'une génération qui est arrivée à l'université, car l'école publique
doit être absolument un ascenseur social,
et je dirais même le principal ascenseur social, pour changer de classe sociale
et se sortir de difficultés financières dans notre société.
Or,
malheureusement, ce qu'on voit depuis maintenant plusieurs décennies,
d'ailleurs je dirais au moins un quart de siècle, c'est un saccage du
système public au profit du privé. Il y a des inégalités, et je vais en parler,
des inégalités de classes
qui sont produites et reproduites par l'école plutôt que de les effacer. Il y a
des inégalités en matière d'éducation qui
sont produites et reproduites par les écoles, actuellement, par notre système
public, et il y a aussi des inégalités de races qui sont produites et
reproduites par notre système éducatif.
En
effet, Mme la Présidente, il y a actuellement, comme vous le savez, trois
vitesses d'éducation. Il y a le système privé, le système enrichi public et le
système régulier. Pour vous donner une idée, actuellement, dans le système
privé, 85 % des élèves ont des parents
qui sont allés... qui ont un diplôme collégial ou plus, alors que, dans le
régulier, on parle seulement de 14 %.
Il y a évidemment des
conséquences à ça, de cette ségrégation, ici, d'éducation par rapport à
l'éducation des parents. 60 %... En fait, je vais commencer par les
chiffres collégiaux. Il y a deux fois plus d'élèves qui vont au cégep — du
privé — que
d'élèves du régulier. On parle de 76,9 % pour le privé, alors qu'ils sont
seulement 37,3 % pour le
régulier. À l'université, c'est encore pire, on parle de quatre fois plus
d'élèves du privé qui se rendent à l'université que par rapport aux
élèves du régulier. C'est 60 % pour le privé et 15 % pour le
régulier.
Pour
les questions de classe, évidemment, il y a aussi ces reproductions
d'inégalités, étant donné que 60 % des parents des élèves du privé ont un revenu de plus de
70 000 $, alors que la moyenne nationale est autour de 30 %, et
donc encore moindre pour les élèves du régulier. Il y a six fois plus
d'élèves défavorisés au public qu'au privé.
Est-ce
qu'on a entendu, Mme la Présidente, le ministre s'attaquer à ces inégalités, se
demander comment est-ce que notre système d'éducation, aujourd'hui,
plutôt que d'être un ascenseur social, se retrouve à être en train de produire
et reproduire des inégalités? Est-ce qu'il y a aujourd'hui... On parle du
manque de chiffres. Est-ce qu'aujourd'hui on s'est
posé la question, dans la pénurie de l'enseignement, est-ce que ça touche plus
le public que le privé? Est-ce que ça intéresse même le ministre? Est-ce
qu'aujourd'hui, quand on parle du délabrement des écoles, est-ce qu'on s'est
posé la question : Quelles sont
les écoles qui demandent le plus d'amour aujourd'hui, où le toit tombe, où le
toit coule? Bien sûr, c'est au niveau du régulier qu'il y a tous ces
problèmes.
Il y a un manque de
chiffres aussi sur les inégalités raciales. Et nous savons qu'il y a 83 %
des enfants issus de l'immigration qui se retrouvent dans le régulier, une
proportion plus grande, évidemment, que le reste de la population. Et ici il faut être clairs : on ne jette pas
la pierre aux parents qui mettent leurs enfants dans le privé, c'est
sauve-qui-peut. Quelle est la valeur qui les pousserait à garder leurs
enfants dans le régulier, s'ils peuvent le mettre ailleurs? Aucune, étant donné que c'est l'éducation de leurs enfants
qui leur importe. Et bien sûr qu'aujourd'hui, malheureusement, le système
régulier n'est pas à la hauteur et fait évidemment piètre image devant le
privé.
Je vous parlerai de
ma circonscription, par exemple. La seule école secondaire dans
Maurice-Richard, qui est Sophie-Barat, est
dans un état qui a été vraiment catastrophique. Il y a des travaux à faire qui
sont annoncés pour 10 ans. D'abord,
on se demande pourquoi ça va durer deux ans, mais je rappelle aussi que c'est
la seule école secondaire publique. Et
il y a deux écoles privées qui n'ont pas ces problèmes-là. Aujourd'hui, les
élèves sont sur trois différents sites. Nous avons demandé au ministre : Pourquoi est-ce qu'il
n'y a pas de transports, au moins, qui font la liaison entre les différents
sites temporaires, dont un certain
nombre sont carrément à six kilomètres de l'école principale? Et la réponse a
été : Ce serait injuste, injuste
pour les autres élèves qui sont d'autres situations difficiles dans le public
et qui auraient aussi besoin de transport. Vraiment? C'est notre notion de la
justice? C'est qu'il y en a d'autres qui souffrent? Bien, offrons le service
pour tout le monde. Parce que je rappelle
que, dans le privé, dans ma circonscription, il y a du transport pour que les
élèves se rendent à leur lycée dans le privé.
Cette
situation, malheureusement, est absolument dramatique. Et nous vivons dans une
société où on se retrouve à produire et reproduire des inégalités. Il n'y a
rien dans le projet de loi qui est actuellement mis en jeu qui vient s'adresser
à ces problèmes-là. Imaginez que nous sommes
dans une société où cet ascenseur social est en panne : quel genre
d'avenir on offre aux enfants de
parents défavorisés? Quel genre d'avenir on offre? Même pour s'inscrire dans
les systèmes enrichis, il faut avoir des compétences pour comprendre quand et
comment passer les examens, quand et comment envoyer les dossiers. Il y a bien des élèves, d'enfants
défavorisés ou d'enfants issus de l'immigration, qui se retrouvent incapables
de pouvoir s'en sortir dans les dédales administratifs.
• (16 heures) •
Ce
qu'il nous faut, Mme la Présidente, c'est un système public fonctionnel de
bonne qualité. Et malheureusement, Mme la Présidente, dans ce projet de
loi, il n'y a rien qui nous montre qu'on va pouvoir s'attaquer au centre de ce problème-là, et c'est bien décevant, et c'est
même, je dirais, un impair, une déviance totale par rapport à ce que des
bâtisseurs du Québec moderne ont fait
quand ils ont bâti le système public. Et tout ceci se fait avec quoi? Avec la
complicité de notre argent à nous, de l'argent public.
Et
on pourrait penser que la situation n'évolue pas, mais elle ne fait qu'empirer.
Dans les années 70, 5 % seulement du
système d'éducation était privé. Il est aujourd'hui de 21 % au secondaire.
Il va même jusqu'à 39 % à Montréal et 42 % ici, à Québec. Et
ça, c'est une spécialité du système néolibéral, Mme la Présidente, qui consiste
à bousiller le système public et à s'assurer que les gens aillent de plus en
plus dans le privé, à offrir les pires services publics, à mépriser des
fonctionnaires qui ont besoin d'avoir des revenus qui sont en ligne avec les
augmentations du coût de la vie.
Or, ce serait...
qu'ils vivent dans un espace qui est fonctionnel pour l'éducation de nos
enfants. C'est vrai pour l'éducation. C'est
vrai pour la santé. C'est vrai pour même la production de l'énergie. C'est un
dogmatisme idéologique qui, malheureusement,
ne s'attaque pas aux vrais problèmes. Et ici, le projet de loi n° 15, qui
offre principalement une centralisation aux mains du ministre, qui est aussi
une approche dogmatique et idéologique de qu'est-ce que devraient être les
institutions publiques et leur démocratisation... Ça fait que nous ne pouvons
qu'exprimer notre déception face à ce projet
de loi, alors que notre système a largement besoin de vraies réformes, mais
évidemment ce ne sont pas celles-là. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je cède la parole à M. le député de
Matane-Matapédia.
M. Pascal
Bérubé
M. Bérubé : Merci, Mme la Présidente. À mon tour de m'exprimer
sur l'éducation, sur les priorités du gouvernement de la CAQ, qui rappelle souvent que l'éducation,
c'est sa priorité, ce à quoi, invariablement, je réponds : Ça commence
quand? Parce que ça fera bientôt un
an que le ministre est en poste, et, à travers les gestes qu'il pose, on peut
distinguer qu'est-ce qui est prioritaire pour lui et certainement pour
son gouvernement.
Alors,
lorsqu'il est arrivé en poste, il a parlé de revaloriser la langue française,
particulièrement à l'écrit, offrir du renfort
aux enseignants dans les classes, avoir des projets pédagogiques plus
accessibles et plus nombreux, investir dans la formation professionnelle, rénover les écoles. Puis on était d'accord
avec ça. On a même dit qu'il pourrait compter sur notre collaboration.
Évidemment,
il y avait sept chantiers. Nous, il y en avait un, la réussite scolaire. Tout
le reste se décline avec cet objectif.
Donc, les moyens qu'on propose sont des moyens susceptibles de permettre la
réussite scolaire. Ce qui est le plus important,
c'est le personnel, c'est les professionnels de l'éducation, les enseignants,
les enseignantes, le personnel de soutien, l'équipe-école. Ce sont les
personnes les plus importantes.
D'ailleurs,
il y a un test pour le gouvernement. Présentement, il y a une négociation avec
les employés de l'État, avec les
employés du réseau de l'éducation, et là on pourra évaluer la hauteur de la
considération du gouvernement de la CAQ
pour les professionnels de l'éducation. À titre d'exemple, les policiers de la
Sûreté du Québec, on l'a appris la semaine dernière, ont obtenu 21 %. La barre est là, 21 %. Je ne juge
pas le montant obtenu. Je les félicite pour leur négociation, pour ce qu'ils ont obtenu, mais c'est 21 %. J'ai
lu ça, mais je soupçonne que, si moi, j'ai pu le lire, d'autres ont pu le lire
aussi, notamment le personnel du réseau de l'éducation, 21 %.
Donc,
le test, c'est la négociation. Et, si d'aventure le gouvernement, qui a fait de
la comparaison avec l'Ontario un idéal
à atteindre... bien, je l'invite à regarder les conditions qu'on offre en
Ontario aux enseignants et aux enseignantes. Je pense qu'on verra qu'au plan financier, entre autres, on est loin du
compte. Et ce n'est pas sans raison pour laquelle il y a de nombreux enseignants québécois qui, depuis des
années, travaillent en Ontario. C'est le cas de la cohorte en enseignement
d'où je suis issu, parce que... peut-être le
savez-vous, Mme la Présidente, mais j'ai un baccalauréat en enseignement de
quatre ans, la nouvelle cohorte de
1994-1998, et, à l'époque, il y avait peu de postes disponibles, et plusieurs
se sont exilés en Ontario pour aller enseigner.
Donc,
j'ai observé le ministre de l'Éducation à plusieurs reprises sur qu'est-ce qui
est prioritaire pour lui. Puis là, il se
rendait dans les écoles en choisissant ses écoles. Il n'est pas allé souvent
dans les écoles de l'opposition... les comtés de l'opposition. C'est souvent de très belles écoles ou des écoles qu'on
allait inaugurer. Je suis d'avis que si on est ministre de l'Éducation, on va là où c'est le plus important.
Les écoles cotées 9, des écoles cotées 10, des taux de défavorisation
élevés, des écoles qui,
manifestement, ont besoin d'une reconstruction ou d'aménagements considérables.
Ce n'est pas ça qu'on voit.
Le ministre, on le
voit dans les labs-écoles. Les ministres, on le voit dans les nouvelles écoles.
Le ministre, on le voit dans les écoles qui
ont des vocations particulières qui fonctionnent, bien sûr. Célébrons ces
succès, mais j'aimerais ça voir le
ministre dans les écoles qui en arrachent. Et la conséquence, c'est que les
enfants, les élèves en arrachent aussi.
Il existe, d'entrée
de jeu, au Québec, une réalité qui est frappante, puis encore plus lorsqu'on
est ministre de l'Éducation et qu'on est
titulaire de cette prestigieuse fonction. Je pense que je ne surprendrai
personne dans le caucus de la CAQ en
leur disant que l'actuel titulaire du ministère de l'Éducation voulait beaucoup
être ministre. À telle enseigne, là, qu'il est revenu en politique pour
ça. Je le connais assez pour vous le dire. Il obtient l'Éducation.
L'Éducation,
ce n'est pas un ministère comme les autres. Mon humble expérience d'enseignant
et d'employé politique au cabinet du ministère de l'Éducation porte à croire
que c'est tout un défi et qu'il faut avoir des priorités bien établies pour que
le réseau suive, c'est-à-dire que ce n'est pas parfait, mais le réseau, le
personnel scolaire a envie de nous suivre en disant : J'aime la
direction, puis on le suit, puis on travaille avec lui. Puis ça, ça compte pour
beaucoup.
Puis
j'ai des exemples que j'ai vus, moi, en politique, puis je vais en nommer et un
qui n'est pas dans ma formation politique, qui a réussi ça. Il s'appelle
Sébastien. La fin du mandat de Sébastien Proulx pour quiconque a siégé avec lui
était remarquable. Et s'il avait eu plus de temps, ce n'est pas que je lui en
souhaitais, c'est plus à cause de son parti que de sa personnalité chaleureuse,
il était un ministre franchement bien parti. J'espère que mes mots se rendront
à lui. C'était un ministre fascinant,
Sébastien Proulx, comme ministre de l'Éducation, pour moi, c'est un exemple de
quelqu'un qui est arrivé là avec une totale dévotion à l'égard du poste.
C'était franchement impressionnant.
Donc j'ai regardé le
ministre aller, puis parfois il arrive des événements qu'on ne peut pas
soupçonner, puis le jugement du ministre me
dit quelque chose. Quand il est arrivé, la question de la prière, par exemple,
à l'école. Rapidement, on a
dit : On ne peut pas prier à l'école, les écoles ne sont pas des lieux de
culte. Le ministre, ce n'est pas ça qu'il a répondu. Il dit : Oui, mais dans le local, là, s'il y
a une demande de toutes les religions, c'est correct. Non, ce n'est pas
correct, l'école, ce n'est pas le
lieu pour prier. Tu peux aller à l'église, tu peux aller à la mosquée, tu peux
aller à la synagogue, tu peux aller au
centre communautaire, tu peux aller dans un parc, chez vous, intérieurement, en
groupe, pas l'école, pas l'école. La laïcité, c'est aussi ça. Bon.
Puis
il y a eu un autre enjeu qui est apparu, beaucoup parce que le Parti québécois
a poussé, c'est la question des téléphones
en classe, les téléphones cellulaires. On a amené le dossier, on en a parlé,
puis on a fait une motion puis une pétition,
puis finalement un gouvernement a décidé d'agir, puis on en est content, mais
sur les grands ensembles, ce qui compte le plus, c'est les orientations.
Bien sûr, je
sais où loge la CAQ sur le concept qui est plus qu'un concept, sur la réalité
de l'école à trois vitesses. D'abord
le privé, le privé, ça va bien, il y a de l'argent, il y a de la réussite, il y
a du prestige. D'ailleurs, dans bien des cas, des parents
achètent du prestige. Mon fils, ou ma fille, va être diplômé d'un endroit qui a
de la gueule, qui a du prestige, qui a
des ressources, puis il va être en contact avec des gens qui vont le stimuler,
mais moi, je n'ai pas vécu ça, Mme la Présidente.
Je suis allé à la polyvalente de Matane. C'était
à l'école à côté de chez nous. Ça prenait 10 minutes. J'allais à cette école-là. Et les écoles publiques ont aussi
des projets particuliers en sport, en musique, en sciences, et qui deviennent
attractives, qui sont fruit de beaucoup de mobilisation, notamment pour le
financement, puis ça marche bien. C'est le deuxième type d'école.
• (16 h 10) •
Il y a le troisième type d'écoles qui sont des
écoles publiques, 100 % publiques, qui ne font pas de sélection, qui, au plan géographique, vont accueillir
l'ensemble des enfants pour leur assurer un avenir meilleur, le genre d'école
que je suis allé visiter récemment, où j'ai officié à titre de
remplaçant, l'an dernier. Il y a du sport, il y a du sport.
Quand je parle du personnel qui est important,
il y a les enseignants qui nous manquent. Pourquoi il nous en manque? Parce qu'il y en a qui quittent parce
qu'ils ne se sentent pas valorisés, parce que c'est trop lourd, parce que ce
n'était pas ce qu'on leur avait dit, parce qu'invariablement, s'il y a un
problème, c'est de la faute des enseignants et non de leurs... des enfants qui sont à leur charge. Ça se
dit, ça. Bien, ils quittent puis ils font d'autre chose. Moi, dans ma cohorte,
là, on était 100, à l'Université du
Québec à Rimouski, 1994-1998. Qui enseignent encore? 30, peut-être, puis on a
autour de 48 ans à peu près, en moyenne. C'est affolant. Donc, Il y a des
gens qui quittent puis il y a des gens qui ne s'inscrivent pas parce qu'ils voient de quoi est fait
l'enseignement. C'est un métier fabuleux. Si je n'étais pas ici,
j'enseignerais. Je le dis souvent aux enseignants qui viennent nous
voir. Mon père était enseignant. C'est une profession très valorisée dans la famille Bérubé. Mais là, il faut s'en occuper.
Alors, plaçons la négociation à part, regardons les priorités du ministre, une fois que j'ai dit tout ça. Des revendications qui
ont été faites : l'école à trois vitesses, les besoins particuliers, les
écoles vétustes. Parce que, oui, les écoles sont vétustes, elles ont été faites
à peu près en même temps, puis c'est magané, puis ce n'est pas intéressant. Plus l'école est en bon état, puis
elle est attrayante, plus les jeunes ont envie d'y rester, même après l'école.
Ça crée un sentiment d'appartenance.
Ça fait que je me suis dit : Le ministre va
arriver avec quelque chose. Bien oui, il est arrivé avec un programme qui... un projet qui, essentiellement, consacre un
pouvoir très important au ministre. Ça m'a étonné, parce que la CAQ a voulu
et a aboli les commissions scolaires,
notamment en retirant tous les élus scolaires, les commissaires scolaires, par
une loi. Et là il a créé une
créature, les centres de services scolaires. C'est la même chose. La
différence, c'est que tu n'as pas d'élus, puis ils ne te parlent pas quand tu es député. C'est compliqué, tu sais,
il faut que tu appelles le D.G. puis... Bon, ils ont fait ça, O.K.? Puis là, on n'a pas eu le temps d'évaluer
c'était quoi, la valeur ajoutée, si c'était mieux. Non, on l'enlève, ça aussi.
Attends un peu, vous l'avez créé, puis là, vous le combattez, puis vous
l'enlevez? Oui, oui parce qu'ils ne nous donnent pas les chiffres. Ah oui? Pourquoi ils ne vous donneraient pas les
chiffres? Ah! c'est des snoreaux, ils n'écoutent pas, ils manquent de discipline. O.K., puis vous voulez
quoi? On veut des données probantes, on veut des chiffres, on veut que, quand on demande des chiffres, ils nous les
donnent. Bien, c'est drôle, parce qu'il y a quelques semaines on avait un
tableau assez précis, le quotidien du nombre d'enseignants qui
manquaient. Je ne sais pas où est-ce qu'il a pris ses chiffres, le ministre, mais c'était précis : il en manque
1812. C'est précis, ça. Qui qui lui a donné ça, ces chiffres-là? Les centres de
services scolaires? Peut-être.
La priorité, donc, ce serait ça puis un institut
d'excellence — on
s'est demandé d'où ça venait, aussi — qui va notamment proposer aux enseignants des axes de
formation qui sont pourtant la responsabilité des enseignants parce qu'ils
ont une liberté professionnelle de savoir qu'est-ce qui est bon comme formation
complémentaire. Non, les nouveaux courants,
là, si vous avez le moindrement d'influence sur le ministre, là, je te dis que
vous allez avoir toute une influence sur
l'éducation des jeunes. C'est ça que je me disais : Si vous êtes capables
d'influencer le ministre... Il y a des courants, là, qui vont passer, là, un genre de... je ne sais
pas, moi, de «New Age» de l'éducation ou de... Je ne sais pas. J'ai dit : Ça
va arriver, à un moment donné.
Mais, vous
savez quoi, je l'ai su, ce qui était arrivé. J'ai lu Le Devoir, en fin
de semaine, et j'ai appris qu'il y avait pas juste à Québec solidaire mais aussi à la CAQ un genre de politburo
de l'éducation, un groupe de huit qui sont un peu tapis dans l'ombre, parce qu'on ne les connaissait
pas — en
fait, je vais vous expliquer pourquoi on les connaissait mais pas tant — qui
sont responsables de conseiller le ministre, huit enseignants dont certains ont
des parcours assez controversés. Il y
en a même une qui est sous vérification, présentement, sur une affaire qui...
Je vais faire attention à ce que je dis, mais, avant d'être
sous-ministre, elle était à Longueuil, puis à Longueuil... En tout cas, à
suivre.
Ça veut dire
quoi? Ça veut dire que ces personnes-là ont de l'influence considérable. On ne
les connaissait pas. Moi, j'aimerais
les connaître. Ils font la promotion de quoi, de quel courant de pensée? Quelle
est leur influence réelle sur le ministre?
Il y en a huit. Ça se débat, ça. Moi, je veux savoir c'est quoi, les
orientations. Si le ministre a décidé de sous-traiter une réflexion
importante à ces personnes-là, je veux les connaître.
Mais ils sont
venus, hein, pour le projet de loi, mais ils n'ont jamais dit qu'ils étaient
dans le comité. Il y en a un qui est
venu, l'ancien personnel du cabinet de l'Éducation à l'époque que c'était
le prédécesseur du ministre actuel. Ils ne le disent pas. C'est comme un genre de surprise, tu sais, un genre de
surprise que tu n'apprendras jamais, finalement. Puis là ils se sont mis à présenter comme si c'était un
bon projet de loi. J'espère bien, c'est eux autres qui l'ont proposé au
ministre. C'est leur projet de loi.
Le monde
universitaire en éducation est fascinant. Il y a des chercheurs, il y a des
gens de grand talent puis il y en a plus que le huit qui consultent le ministre
de l'Éducation puis qui ont l'accès privilégié. Alors là, il y a
240 enseignants universitaires
spécialisés en éducation qui ont signé une lettre dans les derniers jours
disant : Non, non, ça ne marche pas, là. L'orientation que vous
prenez avec ceux-là, là, ça ne marche pas. Et des pointures importantes.
Donc, quand
je disais que, le ministre, il faut que les gens suivent, soit les enseignants,
soit les directions, soit les parents,
ça pourrait être les parents, soit les enseignants universitaires, là qui suit
le ministre? Je ne sais pas. Souvent, j'entends le premier ministre dire : On est chanceux
d'avoir le ministre de la Santé. Je souhaite sincèrement qu'il puisse dire la
même chose au ministre de l'Éducation
parce qu'il ne l'a pas dit publiquement encore. C'est important, l'éducation,
d'autant plus... Quand on dit tout le temps : C'est notre priorité,
mais ça commence quand?
Le projet de
loi va donner un pouvoir énorme au ministre, notamment de corriger les
décisions qui auraient été prises dans
des centres de services scolaires. Ça peut être un congédiement, ça peut être
une consigne. Je vais vous donner un exemple, Mme la Présidente.
L'embauche ou un congédiement, la gestion d'une école pour ce qui est de la
température, s'il fait trop chaud. Bien, on
en a beaucoup parlé dans les derniers jours. Est-ce que le ministre pourrait
décider, lui, de dire... Un centre de services scolaire trouvait que
c'était acceptable, que là on avait manqué trop de journées, on reste à l'école, on va s'occuper, mais, comme ça rend
plus populaire le ministre de les sortir de l'école, de dire... c'est :
Tout le monde s'en va chez eux avec
deux Popsicle? Ce genre de choses là, je ne suis pas capable de déterminer en
quoi le ministre peut intervenir
lui-même maintenant qu'il n'y a plus de commissaires scolaires et qu'il aura un
pouvoir, notamment, de nomination des
centres de services scolaires, des D.G. D'ailleurs, est-ce que... quels seront
les critères? C'est le ministre qui
nomme. C'est-tu comme les nominations du mercredi? À un moment donné, on va
apprendre qu'on a nommé quelqu'un qui
n'a pas vraiment d'expérience, mais il veut pas mal, tu sais, puis... Ça me
fait penser à cette ministre fédérale, là, qui a été nommée ministre des Pêches. Ils lui ont posé la question :
Comment vous voyez ça, être ministre des Pêches? Elle a dit : Ah!
j'aime le poisson. Bien, ce genre de réponses là, on va peut-être avoir ça sur
des nominations à venir.
Donc, vous
avez compris qu'on va voter contre le principe du projet de loi, ne serait-ce
que parce que ça consacre le fait que
le ministre n'est pas là où il devrait être, pas seulement de ma part, mais de
la part des enseignants, de la part des
parents, de la part des spécialistes. Sérieusement, les gens ne savent pas ce
qu'il fait, le ministre. Puis moi, je vais plus loin que ça, des fois, je me pose la question, en tout respect parce que
j'ai siégé avec : Pourquoi il est revenu en politique? À ce point-là. Je vous le dis. Dans un balado que
j'ai fait au mois de juin, on m'avait demandé de juger de l'action. J'ai
dit : Le ministre va... parce que je
connais ses capacités, va mieux orienter ses affaires à l'automne, puis je vais
l'aider du mieux possible. Je lui ai
offert ça en privé puis en public. Le problème, c'est que le projet de loi
prend tellement d'énergie à tout le
réseau puis à nous, comme parlementaires, que, pendant ce temps-là, on ne peut
pas faire d'autres choses. Puis même ce qui se fait en parallèle — on
est capables de surveiller — c'est
mal fait. Le cours d'ECR, là... Mme la Présidente, quand vous êtes assise là,
vous êtes... toujours bien députée de la CAQ. Sur un certain nombre de
concepts, là, on avait entendu la CAQ,
notamment sur des enjeux qui sont controversés, qui nous proviennent des
États-Unis, sur le racisme systémique, en plus, le gouvernement de la
CAQ combat ça. C'est son droit, mais là c'est dans le livre. Il y a quelqu'un
qui l'a échappé à quelque part, là. C'est fait un peu tout croche.
• (16 h 20) •
Donc, je ne
sais pas ce qui se passe au ministère de l'Éducation, mais c'est très
inquiétant. Je connais encore du monde dans la tour à côté, hein? Je ne dis pas
ça pour rien. Il se passe quelque chose qui ne me rassure pas, ne rassure
pas. Et là, bien, le ministre prend des
positions, des fois, très rapides, qui peuvent être bonnes, mais beaucoup trop
lentes pour d'autres enjeux. Des fois, j'aimerais que le ministre commente
l'actualité, parce que ça le commande. Je pense, c'est un des ministres qui commente le moins souvent où
on demande à son attaché de presse de répondre pour lui. Quand on calcule, là,
demandez à n'importe quel journaliste de la Tribune, il va vous le dire.
Invariablement de répondre... La fois que je l'ai... en tout respect,
là, puis je ne le dis pas méchamment, là, on se connaît depuis très longtemps,
on siégeait ensemble au Conseil des ministres, la fois que je l'ai vu le plus
volontaire pour parler de quelque chose dans les médias, parce qu'il les avait sollicités lui-même,
c'étaient les feux en Italie cet été. Il était là, il les a tous faits, les
médias. Mais, sur d'autres enjeux,
j'aimerais ça l'entendre. Moi, ça m'intéresse, ça me dit de quoi sur une
réflexion. Des fois, on peut orienter les affaires.
Donc,
réussite scolaire. Prenons pour acquis qu'il n'y aura pas d'états généraux sur
l'éducation, comme le demande, par exemple, Normand Baillargeon, grande
sommité en éducation, de l'Université du Québec à Montréal. O.K.
Le
gouvernement ne veut pas toucher aux écoles privées non plus. Bon, ça, je
connais le préjugé, pour les écoles privées, depuis longtemps, de la CAQ. Quand
vous arrivez à la CAQ, là, c'est une des premières affaires privées qu'on
dit : Le privé, ne touchez pas à ça, on
s'entend bien avec eux autres. Ensuite, bien, ils vont y aller sur quoi? Bon,
là, lab-école, ce n'étaient pas eux
autres, c'étaient les libéraux. Les belles écoles, on essaie ça, c'est correct,
les genres de maisons des aînés de
l'éducation. C'est beau, ça coûte cher, mais, quand tu n'en as pas, tu dis :
Cibole, moi, je n'en ai pas puis les autres en ont. Moi, je n'en ai pas
dans mon comté, ils ont décidé de ne pas en envoyer, de ne pas en envoyer. Puis
je regarde à Rimouski à côté, c'est un ratio
deux pour un, là, le nombre d'employés. Donc, les aînés à côté sont deux fois
mieux traités, encadrés que les
miens. Je n'aimerais pas ça qu'il y ait une école avec une quatrième vitesse,
qui est celle avec les lab-écoles, dans le réseau public.
Nos
propositions sont relativement simples : investir là où ça compte,
s'assurer que les enseignantes et les enseignants, le personnel d'éducation aient du temps pour
intervenir auprès des jeunes, pour faire du dépistage précoce, pour avoir des
livres de qualité, pour avoir une formation
qui est stimulante, pour une mobilisation d'un milieu, pour la réussite de
chacun des élèves, pour être capable
de s'assurer que les meilleurs étudiants puissent se développer et ceux qui ont
plus de difficulté mais qui ont du potentiel puissent aussi avancer, que les
enseignants que je connais arrêtent de compter le nombre d'années qui leur reste avant de prendre leur retraite.
C'est un phénomène très courant. Moi, j'ai plusieurs personnes que je connais,
je suis capable de vous nommer le nombre
d'années qu'il leur reste. Ils calculent. Ils font le travail du mieux qu'ils
peuvent mais ils sont brûlés. Ce
n'est pas ce qu'on leur a vendu au début. Donc, on va perdre des enseignants.
C'est ça, le problème. On a le défi de les recruter puis on a le défi de
les garder aussi.
On ne fait pas d'évaluation, tu sais, on parle
des données probantes. Le projet de loi n° 40 sur l'abolition des commissions scolaires, on n'a jamais fait
l'évaluation de ce que ça a donné concrètement, changer le papier à lettres, on
a mis les commissaires dehors, mais
ça a-tu donné quelque chose de plus? Je ne pense pas, moi. En tout cas, dans
mon comté, là, quand on avait un enjeu, présidente de
commission scolaire, on l'invitait, puis des fois c'est moi qui allais, des
fois c'était elle avec sa D.G., puis
on faisait un ordre du jour, on faisait le tour des dossiers, puis on plaidait
des affaires, cour d'école, nouvelle
école. Ça allait très bien, très bien. Là, je n'ai plus ça, il faut que
j'appelle le D.G.. Je suis pas mal sûr que le D.G., il faut un petit peu qu'il parle au ministère que
j'ai appelé, il ne le fait pas avec tout le monde, j'ai l'impression qu'il le
fait plus avec moi. C'est compliqué.
C'est moins intéressant. Aussi, pour nous, c'est difficile de plaider des
affaires. Il y a le protecteur de
l'élève, ça, c'est bon, mais c'est comme ce qu'on appelle dans les bureaux de
comté, les dossiers individuels. Ça,
on les fait cheminer, ils sont complexes, transport scolaire, beaucoup de
choses comme ça, tant mieux, ça va nous aider. Mais, pour l'essence
même, je trouve qu'il nous manque des éléments.
Une grande
réflexion collective sur l'éducation. Oui, on est rendus là. De toute façon, on
n'y échappera pas. Il y a, au Québec,
une compétition entre ce qui est plus ludique et très intéressant, qui se
retrouve sur les réseaux sociaux versus l'enseignement traditionnel. On
a les tableaux blancs, les... on a de nouvelles techniques, mais c'est
compliqué d'être intéressant puis de se comparer à ce que la technologie offre.
Un vrai enjeu, ça. Il faut y voir.
On a des
réflexions à faire sur la diplomation. Par exemple, est-ce normal qu'encore
aujourd'hui il y ait tant de jeunes
qui quittent l'école sans aucune diplomation, aggravé par le fait que ces mêmes
jeunes-là, ils sortent, mais, à la sortie, il y a un employeur qui leur donne des conditions intéressantes sans
qu'ils n'aient à compléter leur formation? Allez dire à un jeune homme habile de ses mains et débrouillard
de la Matapédia, dans ma circonscription, âgé de 16 ans qu'il devrait vraiment
finir son secondaire sinon il n'aura pas d'option et qui me dit : J'ai été
engagé pour aller dans le Nord-du-Québec,
plusieurs semaines, puis après je reviens.
Avec l'«over», je vais faire 100 000 $ par année. Qu'est-ce que tu me
disais déjà? C'est compliqué parce
qu'ils se font engager parce qu'ils sont débrouillards, parce qu'ils ont une
force physique, parce qu'ils sont passionnés parce que c'est du concret.
Comment rendre l'école peut-être plus concrète aussi, notamment avec les garçons? Puis, ah oui! on a des défis avec les
filles, aussi, mais les garçons, ça demeure comme ça. En tout cas, dans mon comté, j'ai un enjeu important, où c'est
disproportionné.
Donc, je veux
vraiment que le ministre réalise que, dans la vie d'un élu... Ça fait 16 ans
que je suis député. J'aurai été
ministre 18 mois à peu près. C'est un immense honneur, c'est un... c'est
un bonus, c'est un privilège exceptionnel. Le plus grand privilège,
c'est de siéger à l'Assemblée nationale. Si d'aventure on nous offre un poste
comme celui-là, on essaie de le faire du
mieux possible, puis on le chérit, puis c'est quelque chose d'important dans
une vie. Mais ce n'est pas toute
l'affaire. Je veux mesurer si, jusqu'à maintenant, le ministre a bien saisi
quelle est sa responsabilité, s'il n'est pas le seul bénéficiaire,
présentement, du fait qu'il a le poste.
Dans quel
domaine je suis capable de lire une lettre qui me dit... Puis j'aimerais ça le
dire puis, d'ailleurs, je suis capable
de le dire. Hier, là, à Matane, c'est
facile à retrouver sur les réseaux
sociaux, j'ai salué la ministre qui est en face de moi, la ministre... pour que
tout le monde comprenne, la ministre de la Famille. Qu'est-ce que j'ai dit?
Pour ce dossier là de la petite-enfance, moi, je suis satisfait de
l'action du gouvernement. Ils ont débloqué un dossier, ils ont annoncé une orientation. Je sais qu'ils travaillent sur
d'autres choses. Je n'ai rien à dire. C'est positif, pour moi, puis je l'ai
dit. Puis il y a tout le temps des gens qui te regardent : Tu l'as dit? Oui, puis ça fait
plaisir. Tu sais, quand tu le fais, bon... C'est sincère, puis je l'ai dit, puis la ministre le sait.
J'aimerais ça le dire en l'Éducation, aussi, ce serait bien. Alors je ne suis
pas en mesure de le faire.
Puis, après
bientôt un an à l'Éducation, je ne peux pas évoquer son prénom, aussi, mais je
sais qu'il se la pose, la question :
Ça valait-tu la peine? C'est-tu le bon ministère? C'est un poste immense,
ministre, là, de l'Éducation, là. Ceux qui ont eu le privilège d'occuper le
poste, ils savent qu'ils ont un rôle important dans l'histoire du Québec.
D'ailleurs, le premier ministre a occupé le poste quand même assez
longtemps, plus de deux ans. Moi, j'ai eu le privilège de travailler avec lui. Je le suivais de près. Je sais comment
c'est complexe de parler de tout, de formation professionnelle, intégration
sociale, des finances, de la diplomation et
de phénomènes qui sont apparus bien plus après, là, sur l'intimidation, sur
plein d'enjeux de notre société.
Chapeau, les ministres de l'Éducation! C'est des ministères fabuleux, c'est des
ministères un peu casse-gueule, casse-gueule.
Je vais
terminer. J'ai pris peut-être trop de temps, 25 minutes. Mais vous savez
que, Mme la Présidente, j'ai déjà fait des deux heures. Bon, je suis
reconnu pour ça, surtout de le faire pas de notes.
Mais, quand
il y a 230 enseignants universitaires qui signent une lettre en
disant : Ça ne va nulle part, votre affaire, arrêtez ça... Je ne sais pas ce que ça va
rapporter, ce projet de loi là. Je sais que ça va rapporter au ministre, en
termes de pouvoir, puis il ne sera pas tout le temps là. Mais je ne pense pas
que c'est la bonne solution. Comment on va recruter les D.G. des centres
de services scolaires, qui doivent être des gens hypercompétents? Il faut
qu'ils soient bons dans tout. Ils font de la
communication, ils gèrent des ressources humaines. C'est comme des D.G. de
grandes municipalités, hein, d'une
façon. Ils sont fabuleux. Moi, j'en ai deux, je veux leur rendre hommage :
Mme Prévéreault et M. Marion, commission... il faut que je m'habitue, centre de services scolaires des Phares,
centre de service scolaire des Monts-et-Marées. Des bons
administrateurs, mais comment ils vont devoir se comporter pour garder leurs
jobs, pour la suite?
• (16 h 30) •
Alors pour le Parti québécois, c'est embêtant
d'analyser les priorités du ministre. Parce que je me dis : Le temps de législation, c'est quand même l'ultime
consécration de ta priorité. Tu fais une loi, tu convaincs tes collègues puis
tu le présentes à l'Assemblée nationale. Puis tu prends du temps, là, tes
collègues vont siéger, là, puis tu sais, ils participent, puis ça les anime pendant, des fois, des mois.
C'était sa priorité, un institut. On n'a même pas besoin d'une loi pour faire
un institut, en passant. On a déjà fait ça par d'autres moyens. Et des données
probantes, O.K., mais ça, le ministère est capable d'aller chercher toutes les stats qu'il veut, là.
Ils sont équipés, au ministère, là. Dans le G, à côté, là, il y a plusieurs étages,
ils ont du monde assez exceptionnel, capable
d'aller chercher ça puis plus de pouvoirs au ministre, c'est ça, faire une
agence, quant à ça, là, on est partis
là-dessus, là, qui va gérer les risques. Puis là le ministre va pouvoir
dire : Ce n'est pas moi, c'est l'agence, c'est le robot que j'ai
créé.
Non,
moi, je crois au volontarisme. Je crois aux ministres qui ont fait des choses
incroyables par la mobilisation qu'ils ont pu lancer. Je pense évidemment à
M. Gérin-Lajoie, qui a été le premier ministre de l'Éducation, mais il y
en a eu d'autres. On sentait que le
ministre était un joueur clé dans le gouvernement. Je pense à Claude Ryan qui a
été, dans Bourassa II, un
ministre de l'Éducation qui avait une vision. D'abord, c'était un intellectuel
exceptionnel, mais c'était un grand ministre de l'Éducation, Claude Ryan. Il était chef de son parti puis il
dit : Non, moi, je continue, mais je vais accepter cette fonction-là. Jean Garon, qui était truculent, mais
Jean Garon avait une vision avec souvent... laquelle je ne suis pas d'accord.
J'ai combattu un certain nombre de mesures. J'étais dans le mouvement étudiant.
Mais il a joué ce rôle-là.
Le premier
ministre actuel avait un rapport important sur la question des contrats de
performance. Moi, j'ai beaucoup aimé
ça. C'étaient des indicateurs... Déjà, on avait commencé ça en 1999-2000. Là,
déjà, je trouvais que c'était particulier, le projet de loi. Puis, en plus, j'ai envie de dire au ministre :
Si c'est les huit qui vous ont convaincu de faire ça, dites-le, comme ça on va dire : Ce n'est pas lui qui
l'a fait, ils m'ont convaincu, je ne voulais pas. C'est spécial. Il va falloir
nous entendre à l'Assemblée nationale.
Donc, en
matière d'éducation, il y a beaucoup d'argent en jeu, il y a beaucoup
d'attentes des parents, il y a beaucoup d'attentes du premier ministre,
qui dit : C'est le gouvernement de l'éducation. Encore là, il y a
plusieurs chroniques récentes qui tendent à
donner des indications contraires. Quand on regarde les maternelles quatre ans,
ce n'était ni souhaitable ni réalisable, ils l'ont fait pareil. Ça m'a beaucoup
surpris. Je connaissais un peu la vision de la CAQ, historique, là-dessus. Ils disaient : Ah non! Les
familles dans le 450, elles n'aimeront pas ça. J'ai entendu ça, vous aussi
d'ailleurs, puis, ah! ils l'ont fait. Ça n'a pas marché. C'est bien
spécial.
Alors, en
conséquence, est-ce qu'on va aller, nous, consacrer cette loi-là qui,
ultimement... Quand les jeunes nous posent la question... J'ai fait du
porte-à-porte, moi, dans Jean-Talon, Mme la Présidente. Quand le premier
ministre disait... Tout à l'heure, il
disait : Ah! vous irez parler de ça aux gens. Bien, c'est drôle parce que
le chef du Parti québécois puis moi, on
en a fait beaucoup. Les jeunes nous disent des affaires. Si le premier ministre
a envie d'aller marcher lui aussi, parce qu'on le réclame souvent, je vous le confirme, il y a beaucoup de gens
qui veulent lui parler, je pense qu'il va entendre ça, parler
d'éducation. Je pense, ça va faire partie des discussions. Ils ont des choses à
dire, oui. Il n'y a pas juste le troisième
lien, là. Les gens de Québec, de la Capitale-Nationale sont sensibles à plein
d'enjeux différents, dont l'enjeu de l'éducation.
Ça touche les parents. Ça touche les grands-parents. Ça touche beaucoup de
personnel scolaire qui habite dans la
région. C'est un enjeu important. C'est un enjeu qui, heureusement, nous anime,
parce que c'est au coeur de notre formation, comme individus, bien sûr.
Après
30 minutes, je pense vous avoir résumé d'une façon relativement simple et
concrète ce qui fait en sorte que ce gouvernement
semble de plus en plus isolé en matière d'éducation en particulier. Je vous le
dis, j'ai hâte que le ministre... que
le premier ministre dise les mêmes qualificatifs qu'il offre au ministre de la
Santé au ministre de l'Éducation. D'ailleurs, je suis pas mal sûr que le
ministre de l'Éducation en souhaite autant aussi. Je souhaite quand même au
ministre qu'il réussisse, parce qu'on ne
souhaite pas le pire en éducation. On souhaite la réussite des enfants. Alors,
je lui souhaite de réussir. Je
souhaite qu'on puisse l'aider, tant bien que mal. Quand il a besoin de nous, on
peut livrer des avis, puis je pense qu'on
en sort tous renforcés. Je le souhaite, parce que, si je souhaitais son échec,
je souhaiterais l'échec du réseau. Alors, on a intérêt à ce que le ministre réussisse, mais seule différence,
c'est que, là, je sais maintenant qui le conseille. Ça ne marche pas.
Alors là, il
va passer son projet de loi, parce que, là, les gens qui nous écoutent, là,
qu'est-ce qui va arriver, il va passer, là. Ils sont 89 de l'autre bord
puis ils veulent être 90 parce que 89... mais 90, là, là, ça permet de bien
gérer les affaires. Ça va passer puis après ça va être quoi? Bon, alors, moi,
je suis déjà à ça va être quoi, l'autre geste après, pour les écoles. Est-ce que ça va être un budget
record, par exemple, en 2024-2025? Est-ce que ça va être un budget pour les vieilles écoles? Est-ce que ça va être pour les
aides à la classe? Est-ce que ça va être une cohorte spéciale en psychologie?
C'est commencé, ça. Elles sont assez bien
identifiées, les priorités du réseau de l'éducation. Et je suis d'avis que
c'est la base, hein? Les enfants sont
relativement les mêmes, les enseignants aussi. La société a changé, mais une
classe, c'est une classe. Donc, oui, les approches peuvent changer, mais la
finalité demeure la même : faire en sorte que ces jeunes soient socialisés, instruits, diplômés dans notre réseau
et deviennent des citoyens engagés, des êtres complets qui sont capables
d'affronter la vie avec des outils qu'on leur a donnés. C'est un peu ça,
l'éducation.
Alors, Mme la
Présidente, au nom du Parti québécois, au nom de cette grande formation politique,
j'annonce avec regret que nous n'appuierons pas le principe du projet de loi
n° 23, parce qu'à sa face même quiconque est moindrement engagé ou
intéressé par l'éducation se dit : Coudon, c'est ça, leurs priorités en
éducation? Je ne veux pas appuyer ça. Je
vais espérer que ça ne fasse pas trop de dommages et je vais espérer que les
prochains gestes, eux, seront ceux qui sont réclamés, par données
probantes, pour faire en sorte que les jeunes réussissent davantage. Merci, Mme
la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Alors, est-ce qu'il y a un
autre intervenant? M. le leader du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. À ce
point-ci, je vous demanderais de bien vouloir ajourner le débat sur le
principe du projet de loi n° 23, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
Alors, M. le leader.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous
demanderais de bien vouloir appeler l'article 6 du feuilleton, s'il
vous plaît.
Projet de loi n° 30
Adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, à l'article 6 du feuilleton, M. le ministre des Finances propose l'adoption du principe du projet
de loi n° 30, Loi modifiant diverses dispositions principalement dans le
secteur financier.
Et je suis prête à reconnaître un premier
intervenant. M. le député d'Orford, je vous cède la parole.
M. Gilles Bélanger
M.
Bélanger : Merci, Mme la Présidente. J'ai le plaisir de
présenter pour adoption du principe le projet de loi n° 30, Loi
modifiant diverses dispositions principalement dans le secteur financier.
Ce projet de loi, résultat d'échanges continus
du ministère des Finances avec les acteurs du secteur financier et du courtage immobilier, s'inscrit dans notre
engagement à garder les lois relatives à ces secteurs à jour et en y apportant,
sur une base régulière, des ajustements qui s'avèrent appropriés.
Les mesures
du projet de loi visent principalement la protection des épargnants, des
investisseurs et du public en général,
notamment, pour des ajustements à des pouvoirs d'intervention dont dispose l'Autorité des marchés financiers, en plus
d'introduire certains allègements réglementaires.
Ce projet de
loi permettra, par exemple, d'apporter des ajustements aux dispositions de la
Loi sur les assureurs relatives aux unions réciproques afin notamment
qu'elles soient mieux alignées avec le régime de droit civiliste du Québec,
d'harmoniser davantage les régimes différents permettant à l'Autorité des
marchés financiers de percevoir les sanctions administratives pécuniaires
qu'elle impose, en plus d'introduire un régime de telles sanctions à la Loi sur
le courtage immobilier à la faveur de
l'Organisme d'autoréglementation du courtage immobilier du Québec, de clarifier
les exigences applicables aux assureurs de personnes relativement à la
détection des décès de leurs assurés et d'introduire un pouvoir réglementaire spécifique à ce sujet, d'ajuster les
dispositions relatives au réexamen de certaines autorisations octroyées par l'Autorité des marchés financiers afin d'en aligner l'administration, d'apporter
certaines modifications relatives à la discipline d'expert en sinistres, principalement en créant un
régime d'exception utile pour répondre aux enjeux de main-d'oeuvre tout en permettant de maintenir un niveau adéquat de
protection du public, de modifier les règles relatives à la distribution de
certains types d'assurances par les
concessionnaires automobiles, de modifier la Loi sur les valeurs mobilières de
manière à permettre l'introduction d'un régime de visa réputé octroyé
harmonisé à la grandeur du Canada, lequel permettra à certains émetteurs
d'avoir accès plus efficacement à des capitaux suite au dépôt d'un nouveau
prospectus, de préciser comment
s'appliquerait la garantie fournie par la Loi sur les institutions de dépôts et
la protection des dépôts dans le cas où elle était déclenchée relativement à un dépôt d'argent en devises
étrangères, d'apporter d'autres modifications ponctuelles.
Je demande
donc aujourd'hui à cette Assemblée d'adopter le principe de loi n° 30 afin que la Commission des finances publiques puisse
entreprendre l'étude détaillée de l'ensemble des mesures qu'il contient. Merci,
Mme la Présidente.
• (16 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Alors, je suis prête à entendre un autre
intervenant. M. le député de Marguerite-Bourgeoys, la parole est à vous.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Merci, Mme la
Présidente. Le projet de loi touche majoritairement le secteur financier et comporte une vingtaine de mesures pour moderniser
les lois habilitantes. Que ce soit pour des enjeux de droit corporatif, courtage immobilier, valeurs mobilières ou
assurances, ce projet de loi a beaucoup de choses, et c'est pour ça qu'il faut
être vigilant.
Je peux dire
d'emblée que nous voterons en faveur du principe d'une modernisation du secteur
d'activité, soyez sans crainte, mais,
ayant moi-même travaillé dans le secteur financier pendant plusieurs années, je
comprends qu'il y a des processus qui
peuvent être lourds, et l'amélioration de la productivité doit être au
rendez-vous pour l'ensemble de l'économie. Donc, ça aussi, c'en fait partie. Je pense à des exemples où est-ce
qu'on avait, à l'époque, des projets d'investissement qui sont faits au Québec et que, donc, on devait
analyser, faire approuver, avoir des autorisations des instances
gouvernementales, toute la procédure qui faisait en sorte qu'on était
peut-être un peu moins agiles à l'époque qu'on peut penser qu'on va pouvoir
être plus agiles avec l'aménagement.
Donc,
là-dessus, je dois avouer que je considère qu'il y a des bonnes avancées dans
ce projet de loi là, mais relativement succinct, il modifie quand même
11 lois différentes, qui auront chacune des répercussions dans le
quotidien de tous les Québécois, mais encore plus des professionnels
dans des domaines respectifs.
Donc, les
lois modifiées sont la Loi sur les assureurs, Loi sur les compagnies, Loi sur
les coopératives de services financiers, Loi sur le courtage immobilier, Loi
sur la distribution de produits et services financiers, la Loi sur
l'encadrement du secteur financier,
la Loi sur les institutions de dépôts et la protection des dépôts, loi sur les
instruments de produits dérivés, Loi sur la justice administrative, Loi sur les
sociétés de fiducie et sociétés d'épargne et la Loi des valeurs mobilières.
Écoutez, le principe, ici, c'est évidemment
essayer d'améliorer et de faire avancer l'économie, augmenter notre productivité. À chaque fois qu'on a une situation
de déréglementation, d'une certaine façon, on a des risques de faire en sorte que le consommateur
et, ici, évidemment, les Québécois peuvent être à risque d'avoir ou bien des
moins bons services ou des services qui peuvent être plus complexes.
L'objectif, ici, c'est de s'assurer qu'on mette en place les balises pour s'assurer que l'ensemble du secteur financier
reste au rendez-vous du service et que le consommateur québécois ne sera
pas pris à la gorge et ne sera pas abusé
dans ce processus-là. Donc, on va surveiller, évidemment, lors de l'étude
détaillée, pour s'assurer que tout va être protégé.
Il y avait eu deux des modifications
législatives, dans ce projet de loi là, qu'on va vouloir parler. Le premier, c'est la distribution d'assurances de remplacement
par les concessionnaires, ce qu'on appelle, et effectivement, donc, la vente d'assurances de voitures de remplacement de
valeur à neuf. C'est important de bien encadrer ça. Je comprends que l'AMF veut s'assurer qu'il y ait moins de
poursuites envers les concessionnaires automobiles. C'est noble. Je peux
comprendre qu'il y a eu des problèmes
de par le passé. Donc, d'empêcher les concessionnaires automobiles de vendre ce
produit-là et que les gens doivent
donc se retourner vers des tierces parties à l'extérieur du processus de
l'achat d'une voiture, évidemment... je peux comprendre.
Donc, ce que
ça va forcer, c'est : le consommateur va aller chez le concessionnaire
automobile acheter sa voiture, va
vouloir avoir une extension de garantie, va se retourner de bord, retourner à
la maison, faire son magasinage sur l'Internet ou appeler au téléphone et obtenir des soumissions, à ce moment-là. Il
n'y a pas de problème de faire ça en tant que tel, mais l'enjeu, c'est
que c'est du point de vue de l'accès à l'assurance que ça va devenir difficile.
Quand on
magasine une voiture, on avait l'habitude, de par les dernières années, d'en
arriver chez le concessionnaire et
d'avoir... l'ensemble de ces services-là, d'être offerts. Donc là, maintenant,
est-ce que tous vont avoir le réflexe d'y aller? Est-ce que les
concessionnaires vont, donc, donner des encouragements aux propriétaires de
nouvelles voitures pour aller chercher ces
protections-là de garantie? On ne le sait pas. Donc, on va vraiment surveiller
le gouvernement là-dessus pour
s'assurer qu'on va être capables de trouver la bonne chose. Il faut trouver
l'équilibre entre, évidemment, l'assurance... l'industrie d'assurance,
qui veut améliorer son processus, mais aussi la protection, donc, du
consommateur.
Évidemment, les compagnies de... les vendeurs
de... les concessionnaires automobiles vont parler de pertes de revenus pour eux. Je crois que c'est assez minime,
en fait, en tant que tel, puis, vraiment, en bout de piste, c'est vraiment
de s'assurer que les tierces parties puissent être bien représentées et être
aussi capables d'être au rendez-vous avec une expertise et un prix qui vont
être compétitifs.
Deuxième
point que nous voulons souligner dans ce projet de loi là, c'est que, dans la
situation d'expert en sinistres, la
façon que ça fonctionnait de par le passé, lorsqu'il y avait un sinistre
relativement majeur, les compagnies d'assurance demandaient, donc, à des
experts en sinistres d'aller sur le terrain faire l'évaluation et en arriver,
donc, avec un rapport, dans une situation où est-ce qu'il y a énormément
d'experts en sinistres qui sont au travail lors d'événements majeurs environnementaux, comme on a pu voir récemment.
Alors, à ce moment-là, les compagnies d'assurance, effectivement, donc, avaient besoin d'aller voir l'AMF pour
pouvoir être permises d'aller voir des personnes qui ne sont pas des experts
en sinistres pour faire ces évaluations-là.
Il faut qu'on
s'entende sur une chose. Les experts en sinistres, ce sont des professionnels.
Ils ont une association. Ils sont donc encadrés et ont un code de
déontologie, ce qui fait en sorte que, lors de leur évaluation, bien,
évidemment, le rapport était, donc,
professionnel. Le risque... Ce que le projet de loi apporte, c'est un risque,
en fait, qu'il puisse y avoir un dérapage, et je m'explique. Dans le cas
suivant, où est-ce que, par exemple, on puisse avoir plusieurs événements météorologiques désastreux, énormément de
sinistres, ce que les compagnies d'assurance veulent, c'est de, justement, ne
plus avoir à demander l'autorisation de l'AMF pour employer des
sous-contractants, si on peut dire, pour faire les rapports. À ce moment-là, ça va être la qualité de l'encadrement des
connaissances de ces gens-là, qui ne sont pas des experts en sinistres, la
surveillance de ce processus-là, comment s'assurer de faire en sorte que les
gens qui vont, donc, remettre les rapports aux experts en sinistres,
qui, eux, sont les professionnels... et qu'eux, à ce moment-là, ne vont
qu'autoriser le rapport sans avoir été sur
le terrain. Ils vont avoir à se fier, finalement, à des gens qui n'ont peut-être
pas le même niveau d'expertise. Alors, c'est de s'assurer
l'encadrement... de s'assurer que ces gens-là qui vont aller faire le travail
dans des situations de forte demande du
service d'expert en sinistres... bien, c'est de s'assurer que ces gens-là soient
bien encadrés, bien éduqués, bien surveillés, et de s'assurer qu'il y a
une pertinence autant au niveau, en fait, des experts en sinistres, qui, eux, vont passer d'un emploi plus sur le
terrain à un emploi plus bureaucratique... à s'assurer que, finalement, les
rapports sont bel et bien remplis.
Donc, c'est l'enjeu qu'on veut voir encadrer. On
veut des balises là-dessus. On veut s'assurer que le projet de loi va aller dans un sens où, encore une fois,
ici, on ne brimera pas le consommateur, parce qu'en bout de piste c'est le
consommateur, ici, qui va être à risque de
peut-être avoir eu une moins bonne évaluation et que, finalement, la pertinence
et le professionnalisme peut tomber entre deux chaises. Alors, c'est de
s'assurer que ceci n'arrivera pas.
Alors, ça, ça
va être les deux points. On va rester vigilants sur ces deux points-là et puis
on va continuer à écouter ce que le ministre aura à dire. Donc, pour
ceci, ça va être la fin de mes commentaires. Merci.
• (16 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je suis prête à
céder la parole à Mme la ministre de la Famille.
Mme Suzanne Roy
Mme Roy
(Verchères) : Merci, Mme la Présidente. L'honorable
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et il en
recommande l'étude à l'Assemblée. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie. Donc, est-ce qu'il y a d'autres interventions? Non?
Mise
aux voix
Alors, le
projet... le principe du projet de loi n° 30, Loi modifiant diverses dispositions principalement
dans le secteur financier, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la Commission des
finances publiques
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc,
conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais motion
afin que le projet de loi n° 30, la Loi modifiant diverses dispositions
principalement dans le secteur financier, soit déféré à la Commission des finances
publiques pour son étude détaillée et que le ministre des Finances soit membre de
ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
M. le leader, je vous cède la parole pour la suite de nos travaux.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, à ce
point-ci, je vous demanderais de bien vouloir suspendre nos travaux
jusqu'aux débats de fin de séance.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
je suspends les travaux jusqu'à 18 h 30.
(Suspension de la séance à 16 h 51)
(Reprise à 18 h 32)
Débats
de fin de séance
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, tel qu'annoncé précédemment, nous allons
maintenant procéder aux débats de fin de séance.
Le premier
débat portera sur une question adressée par M. le député de
Marguerite-Bourgeoys à M. le ministre
des Finances concernant le manque d'aide
ciblée par le gouvernement pour aider les Québécois à faire face au coût de la
vie.
Je vous
rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député qui a
soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps de parole de
cinq minutes, et le député a ensuite droit à une réplique de deux minutes.
M. le député, je vous cède la parole pour une
durée de cinq minutes.
Mesures pour atténuer l'impact
de l'inflation
M. Frédéric
Beauchemin
M.
Beauchemin : Merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, comme
j'ai mentionné durant la période des questions, j'ai eu la chance de me promener durant l'été dans plusieurs régions du
Québec et je pense que ce qui arrive, c'est que la réalité de l'inflation
frappe dur tout partout. J'étais en Abitibi. On est allés voir des gens à
Rouyn. C'est là que j'ai rencontré Valérie,
qui m'a parlé de la situation, elle, mère monoparentale, le choix difficile
qu'elle a à faire, à savoir. Est-ce que je vais payer la nourriture pour la famille en sacrifiant les fournitures
scolaires? J'ai eu d'autres rencontres à Rouyn. J'ai eu des rencontres, évidemment, à Val-d'Or. On s'est
rencontrés pour en discuter avec des gens dans un centre communautaire. On a été rencontrer les chambres de commerce, et
les chambres de commerce nous ont aussi parlé d'enjeux d'inflation qui touchaient
leurs employés à cette hauteur-là aussi.
Donc, c'est
un enjeu qui transcende tout partout à travers la société. Je parlais de
l'Abitibi, mais c'est exactement le
même son de cloche que j'ai eu dans le Bas-Saint-Laurent quand j'étais à Rimouski. C'est le même son de
cloche que j'ai eu à Québec. C'est le
même son de cloche que j'ai eu au Saguenay. Puis, en fait, particulièrement au
Saguenay, ça a été très difficile pour eux cette année parce qu'en plus de
l'adaptation à l'inflation eux ont eu à négocier l'adaptation aux changements climatiques de façon très frontale. Il
y a 28 % de notre cheptel forestier qui est au Saguenay. Et donc, avec,
vous comprendrez, les feux de forêt,
l'économie... un grand pan de l'économie au grand complet a été arrêté pendant
une période de presque deux mois, en
fait, je vous dirais, avant d'avoir même une réponse de la part du gouvernement
pour l'aide à l'industrie forestière.
Mais l'inflation frappe partout. Que
ce soient les PME, que ce soient les grandes entreprises, que ce soient les
individus, le dénominateur commun,
cependant, c'est que, quand on est dans une période difficile économiquement,
c'est malheureusement toujours les
mêmes qui paient le prix, tout le temps, tout le temps les mêmes qui paient le
prix. Et, dans ce cas-ci, on parle évidemment des personnes à revenu
fixe, généralement des gens plus âgés. On a eu la réponse du gouvernement, une proposition que nous aussi, on avait faite, donc
d'aider les gens avec une bonification, là, de 2 000 $. On est
contents que cette bonification-là a
été faite, l'aide aux aînés, ça, c'est certain, mais, en bas de l'échelle, les
gens les moins nantis, le crédit à la
solidarité — puis
peut-être que le ministre pourra peut-être m'ajuster le tir dans sa réponse — l'augmentation
a été de 6,8 %. Nous, on voulait avoir
une augmentation de 25 %. Ça, c'est des gens, là, qui ne paient pas
d'impôts. Ça fait que la baisse
d'impôt, on s'entend, là, ça ne les frappe pas, ça ne les touche pas, ils n'ont
aucune conséquence directe dans leur portefeuille avec ça. Évidemment,
ces gens-là sont dans une situation où est-ce que les choix sont encore plus difficiles. Puis on l'a mentionné, puis ça a été
mentionné par d'autres ici, dans le salon bleu, l'inflation frappe dans tous
les secteurs de l'économie, mais le panier d'épicerie, c'est là où est-ce
que ça frappe le plus dur en ce moment.
Puis,
quand j'étais dans le Centre-du-Québec, quand j'étais à Drummondville, on a rencontré
des gens qui nous ont effectivement démontré que, pour eux autres,
c'était... ils commençaient à couper, là, dans ce qu'ils allaient acheter à
l'épicerie. Ça fait que, pour eux autres, c'était clair.
On
a rencontré une entreprise, justement,
Fort Métal, qui, eux, donnaient donc
de plus en plus d'argent aux services communautaires dans la région de
Drummondville, qui est quand même une région active économiquement, mais les gens souffrent là-bas. Donc, on a eu ce genre de
conversation avec les gens de... On était en Outaouais, on a eu le même
genre de conversation avec les gens de la chambre de commerce. On a eu ces
conversations-là, qui ont été un enjeu, parce
que les gens voient une conséquence directe à ne pas aider les gens en bas de
l'échelle, à l'augmentation de l'itinérance, et c'est un phénomène qu'on voit tout partout à travers le Québec. Donc,
évidemment, aider en ayant une vision plus ouverte vers les gens qui sont en bas de l'échelle, avec
une augmentation du crédit à la solidarité de 25 %, serait, selon nous, un
bon pas dans la bonne direction, évidemment.
L'autre
facteur que je veux ajouter, et je le fais rapidement, M. le Président, c'est
qu'évidemment le panier de biens essentiels
exempts de la TVQ, il faut l'augmenter. Pour une personne qui est en bas de
l'échelle, économiser le 10 % sur les biens essentiels, ça a un
rapport beaucoup plus significatif sur ce qu'il reste à dépenser que pour nous,
ici, nous, les chanceux, au salon bleu, qui ont des salaires plus élevés. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député. Donc, je cède maintenant la parole à M. le ministre et
vous rappelle, M. le ministre, que vous disposez d'un temps de parole de cinq
minutes.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Bien, merci beaucoup, M.
le Président. Puis c'est un plaisir d'avoir cette discussion ce soir,
parce que, quand même, il faut bien le dire, c'est une situation qui est
extrêmement difficile présentement. L'économie ralentit, l'inflation s'est modérée mais demeure élevée, et la banque
centrale a haussé ses taux d'intérêt de plus de 5 % pour contrer cette inflation, mais, évidemment, tous
ceux qui doivent emprunter empruntent à des taux plus élevés. Bref, la
situation est extrêmement difficile et elle est d'autant plus difficile
que vous avez moins de revenus.
Mais, lorsqu'on
regarde dans l'ensemble, pour le Québec... Parce qu'avec l'inflation viennent
aussi des hausses de salaire, hein, et on
sait que le marché de l'emploi est serré au Québec. Donc, c'est au Québec qu'on
a eu les hausses de salaire les plus
élevées et c'est au Québec qu'on a eu le gouvernement le plus généreux au
Canada pour aider les citoyens à
faire face à la hausse du coût de la vie, M. le Président, parce que nous avons
décidé... à la mise à jour, nous avons montré que l'inflation nous avait donné 13 milliards de revenus et que
nous redonnions cet argent aux contribuables. Et à ça est venu s'ajouter la baisse d'impôt au budget, qui fait
que, lorsqu'on totalise tout ce qui a été fait depuis l'élection, c'est, approximativement, 25... approximativement, en
fait, c'est... il y a des décimales, 24,8, mais 25 milliards sur cinq ans,
et ça correspond à 0,8 % du PIB par année. C'est, toutes
proportions gardées, le gouvernement qui en a fait le plus.
Alors,
qu'est-ce qui se passe lorsqu'on regarde dans l'ensemble? Bien, d'abord, si on
prend ce que Pierre Fortin a dit, les salaires ont augmenté plus vite
que les prix à la consommation au Québec et plus rapidement, toutes proportions
gardées, qu'au Canada. C'est au Québec que
les salaires ont le plus compensé pour la hausse de l'inflation, et les
salaires ont augmenté plus vite que l'inflation. Ça, c'est ce que Pierre Fortin
nous dit. Et il ajoute que la fiscalité a mieux soutenu le pouvoir
d'achat au Québec qu'ailleurs.
• (18 h 40) •
D'ailleurs, lorsqu'on
prend les chiffres du quatrième trimestre de 2019... Puis là je précise...
Parce qu'il y a un journaliste, ou un «joueurnaliste», c'est un ancien
politicien journaliste, qui a choisi une période — il a probablement choisi son argument avant — pour
tirer des conclusions qui sont fausses, parce que, lorsqu'on prend le quatrième
trimestre de 2019 au premier
trimestre de 2023, le revenu réel disponible au Québec est en hausse de
8 % sur l'ensemble de la période.
Alors,
on est conscients que c'est difficile. On a posé des gestes. Quels gestes, M.
le Président? Ils sont toujours en vigueur : le plafonnement des
tarifs à 3 %, le crédit d'impôt remboursable pour aînés — 2 000 $,
les aînés de plus de 70 ans — modulé
en fonction du revenu, parce qu'une personne qui gagne plus de
64 000 $ de revenus n'a pas besoin de ce crédit d'impôt. Et on a un rôle de fiduciaire, d'intendance des
finances publiques. La mesure qui était proposée par le PLQ était
extrêmement dispendieuse, et j'expliquerai pourquoi ça ne les dérangeait pas,
c'est parce qu'il y avait des erreurs de
calcul, M. le Président. Ensuite, on a baissé les impôts, puis ça, ça va
stimuler l'économie et l'offre de travail. On a indexé le régime fiscal, on a bonifié, on a doublé l'indexation, la
composante logement du crédit d'impôt solidarité.
Mais je veux
revenir sur ce que le Parti libéral propose. Premièrement, en campagne
électorale, il y avait moins de revenus
parce que leurs baisses d'impôt étaient plus importantes que les nôtres. Donc,
un endossement complet de notre baisse d'impôt, mais eux voulaient en faire plus.
Ils avaient plus de dépenses, et donc moins de revenus, plus de dépenses, plus
de déficits, mais, par surprise, il n'y
avait pas plus de dettes. Jusqu'à tant que nous constations qu'ils n'avaient
pas cumulé leur déficit, et c'est
pour ça que la dette n'augmentait pas. Il y avait des erreurs de calcul, M. le
Président. Et là il y a des erreurs
de conceptualisation parce qu'on veut faire une autre baisse d'impôt, parce
que, lorsqu'on fait une baisse de taxe générale
qui s'applique à l'ensemble des citoyens, c'est comme une baisse d'impôt, M. le
Président. On veut continuer de pousser,
mais il faut respecter la capacité de payer des Québécois. Et, je le répète
encore une fois, nous sommes harmonisés, la TPS et la TVQ, et donc on ne
peut pas prendre des décisions de...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le ministre. Je vous rappelle, M. le
député, qu'il vous reste deux minutes pour votre droit de réplique.
M. Frédéric
Beauchemin (réplique)
M.
Beauchemin : Merci, M. le Président. Écoutez, premièrement,
j'étais dans le tout respect, tout à l'heure, lorsque je faisais mon argument, je n'ai pas été dans les
bas-fonds pour sortir des contre-arguments. J'ai vraiment agi avec des faits,
des faits que j'ai vus sur le terrain.
Je connais
très bien le ministre des Finances, c'est un homme d'une intelligence remarquable,
et je comprends tout l'argumentaire qu'il nous mentionne. Cependant, il
n'a aucunement adressé le point spécifique de mon argumentaire, c'est-à-dire les gens qui n'ont pas de revenus. Et
donc une baisse d'impôt, quand tu ne fais pas de revenu, ça ne te donne
absolument rien. On s'entend, ces gens-là sont en train de souffrir.
Alors, ce qui
est important ici, c'est de faire le focus sur qui a besoin de mesures ciblées.
On a entendu le ministre des Finances nous dire, la semaine dernière, comme quoi
qu'on va avoir des mesures ciblées. On a entendu le premier ministre dire qu'on va avoir peut-être des
nouvelles aides ponctuelles. On ne sait pas vraiment qui dit vrai ici. La
réalité, cependant, c'est qu'on sait
tous que les gens qui sont malheureusement les moins nantis de notre société ne
sont pas capables. Au Québec, là, on
prend soin de tout le monde. Au Québec, là, on ne laisse personne en arrière.
Quand on a des gens qui en arrachent,
quand il y a une période d'inflation ou une récession, ces gens-là ne font pas
de revenus, le crédit à la solidarité est la seule façon de pouvoir les
aider.
L'argument de ne pas vouloir moduler la TVQ
parce qu'il faut parler avec Ottawa... J'invite le ministre des Finances de prendre le téléphone, d'appeler la ministre
des Finances à Ottawa et de moduler en fonction d'aider l'ensemble des Canadiens, au besoin, s'il le faut, pour qu'on
puisse, nous, ici, au Québec, avoir l'aide nécessaire. Parce que l'augmentation
du panier de biens exemptés de la TVQ est
une approche très constructive pour l'ensemble des Québécois souffrant de
manque de revenus. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Nous
allons maintenant procéder au deuxième débat, qui portera sur une question
adressée par Mme la députée de Westmount—Saint-Louis à Mme la ministre de la
Famille concernant l'abandon d'un projet de CPE préfabriqués et l'impact de
celui-ci sur les familles du Québec.
Mme la députée, je vous cède la parole pour une
durée de cinq minutes.
Construction de centres de la
petite enfance
Mme
Jennifer Maccarone
Mme
Maccarone : Merci, M. le Président. Bien, dans le fond, je
vais prendre la balle au bond des remarques que mon collègue vient de faire, parce qu'on a parlé de l'inflation, la
hausse du coût de la vie qui frappe très fort auprès de tous nos citoyens, dans chacune de nos
circonscriptions. Je pense qu'il n'y a personne qui est à l'abri de ceci, puis
c'était le sens de la question en
Chambre cet après-midi, parce que la hausse du coût de la vie met une pression
énorme sur nos familles puis surtout pour les familles qui sont en
attente d'une place en service de garde.
Le coût de
loyer... Mon collègue a mentionné à maintes reprises le panier d'épicerie qui
monte. Tout le monde est frappé avec ça. Les maisons, les taux d'intérêt,
l'essence, c'est vraiment à ne plus finir. Puis, pour les familles qui n'ont
pas une place en service de garde et qui ont
dû retarder leur retour au travail, c'est un vrai cauchemar. Et puis sache...
évidemment, nous sommes solidaires
avec vous. On sait que ce n'est pas facile. Puis c'est pour ça, quand on entend
des annonces qui sont faites... Ça fait juste sept mois qu'il va y avoir
des préfabriqués. On parle des préfabriqués, on ne parle pas des installations
des CPE. C'est une mesure qui a été annoncée pour agir rapidement, c'est une
mesure pour aider les familles rapidement.
Puis ça ne fait que sept mois depuis que cette annonce a été faite pour
143 préfabriqués. Sept mois plus tard, le gouvernement dit :
Bien non, on met fin à ce projet. C'est fini, on tire la plogue.
Mais on se comprend que c'est malheureux de
faire une annonce qui n'était pas chiffrée, qui n'était pas évaluée. Puis on ne
parle pas de 12 mois plus tard, on ne parle pas de deux ans plus tard, on
parle de sept mois où... les mêmes conditions
que nous avons actuellement sur le terrain, avec la pénurie de main-d'oeuvre,
avec les difficultés en construction, avec la hausse du coût de la vie.
On était en exactement la même position voilà sept mois. Ça fait que c'est sept
mois que le
gouvernement n'a pas agi sur le terrain avec des solutions pour aider les
familles qui sont en attente. C'est sept mois qui a été gaspillé en train de
réévaluer un programme qui était déjà chiffré, qui a changé de montant sept
mois plus tard.
Ça
fait que, quand les familles entendent ça, bien, c'est clair qu'ils vont penser
que c'est brouillon. C'est clair qu'eux ils vont dire : Bien, c'est des promesses brisées. C'est clair
qu'eux ils vont se sentir abandonnés, parce que ça fait très longtemps depuis que ces familles sont en attente. Puis ce
n'est pas deux, trois, cinq familles, on parle de près de
80 000 enfants qui sont sur
une liste d'attente. Ce n'est pas n'importe quoi, M. le Président. Mettez-vous
à leur place. C'est des femmes qui ne
sont pas en mesure de retourner sur le marché de l'emploi. C'est des familles
qu'ils sont en train d'appauvrir, c'est des familles qui sont en... leur
santé mentale est sous attaque. Ils ne sont pas capables de nourrir les
enfants.
J'ai
déjà reçu, ça fait quelques mois, des familles qui sont venues me voir. La
femme, qui est une ingénieure, qui n'a pas de place en service de garde,
pas capable d'aller retourner sur le marché du travail, pas capable de payer le
lait maternisé. Ce n'est pas n'importe quoi.
C'est une vraie histoire, c'est une vraie personne. Chaque fois qu'on se lève
puis qu'on parle de ce dossier, la
pénurie de places en service de garde puis le fait que ça grimpe, puis ça
grimpe, puis ça grimpe, puis que les
promesses qui sont faites sont brisées, il ne faut jamais oublier qu'il y a des
vraies personnes derrière ces demandes, qu'il y a de vraies familles qui sont en train de souffrir, que c'est un
vrai enjeu. Ça fait qu'on ne peut pas dire n'importe quoi puis prendre la population pour des valises. On ne
peut pas faire ça. Ça fait que, si on dit quelque chose, on a une responsabilité,
le gouvernement a une responsabilité d'agir et de mettre les places.
On
parle de quelque mois, on dit sept mois, mais, pour ces familles, c'est une
éternité. Imaginez si, pendant sept mois,
je disais que vous n'aurez pas de salaire. Imaginez si je vous disais :
Pendant sept mois, vous n'aurez pas les moyens pour soutenir votre famille. C'est quelque chose! Imaginez si je vous
disais : Pendant sept mois, je vous prive d'un emploi. Ce n'est pas
possible, M. le Président. C'est pour ça que je dis que ces familles sont
abandonnées.
Puis
on parle des régions, tu sais, on parle des places dans les régions. Quand on
parle des 143 CPE préfabriqués, on
peut le dire, il y a trois places... trois projets de CPE dans la région de
Québec, il y a cinq dans la Mauricie, en Estrie, dans les Laurentides,
en Montérégie, il y a six en Abitibi-Témiscamingue. On parle de
3 000 places, des mois de retard à
cause d'une mauvaise estimation qui a été faite par un gouvernement caquiste...
qu'évidemment ils n'ont pas fait leur travail,
dès le départ, comme il faut. C'est la définition de brouillon, c'est la
définition d'une promesse non tenue. Puis les familles ne sont plus capables, M. le Président. Alors, on demande au
gouvernement d'agir, de prendre acte, d'aider et de soutenir ces
familles.
• (18 h 50) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la Ministre. Je vous
rappelle, Mme la ministre, que vous disposez d'un temps de parole de cinq
minutes.
Mme Suzanne Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci beaucoup, M. le
Président. En premier lieu, je pense qu'il est important de dire que
nous n'abandonnons pas ces 43 CPE. Ces 3 200 places pour les
enfants, nous allons les réaliser.
Mais,
pour le bénéfice de la députée de Westmount—Saint-Louis et pour l'ensemble des gens qui nous écoutent, je pense qu'il est important de faire un petit
historique. L'Association québécoise des centres de la petite enfance
souhaitait faire un projet pilote
pour voir comment on pouvait regarder d'une autre façon de faire pour tenter
d'améliorer les choses, donc de faire un projet pilote avec 43 CPE
qui étaient volontaires, rendus à différents niveaux dans leur maturité ou l'évolution de leur projet pour dire : On va
aller en appel d'offres pour voir si le marché pourrait répondre à ce besoin-là
et qu'on puisse faire, justement, des CPE préfabriqués dans différentes
régions au Québec.
Alors,
on va en appel d'offres. Deux soumissionnaires. L'évaluation a été faite en
tenant compte des réalités du marché actuel, avec l'expertise qu'on a de
nombreux CPE qui se construisent actuellement sur l'ensemble du territoire
québécois parce que nous y mettons les efforts. Alors, deux soumissionnaires.
On ouvre les enveloppes, on constate que
c'est 85 % au-dessus de l'estimé, l'estimé très actualisé. Ça veut dire
plus de 100 millions. Alors, immédiatement, on a relevé nos
manches. On s'est assis avec notre partenaire de l'Association québécoise des
centres de la petite enfance pour regarder
comment on pourrait mieux faire, comment on peut s'assurer justement de
rapidement offrir aux familles du Québec
pour éviter le stress, pour offrir ces services de places subventionnées.
Alors, on a même déjà aujourd'hui, quelques jours après, rencontré l'ensemble des 43 CPE pour travailler avec
eux, et ils sont satisfaits de l'approche qu'on met en place, donc d'avoir une équipe de projet qui va être
dédiée. On parle évidemment tant au niveau des architectes, la gestion de
projet, financement, présence tant des gens
au niveau municipal que régional pour faire avancer le projet le plus
rapidement possible. Maintien de la
mutualisation, donc de travailler ensemble, possibilité de regroupement selon la situation
géographique, l'avancement des projets pour s'assurer d'aller rapidement.
On
en avait 22, projets qui étaient les plus matures, je vous dirais. On pense
encore aujourd'hui, tel que c'était prévu dans le projet initial, qu'il y en aura qui commenceront à être
construits dès le printemps 2024. On travaille aussi à standardiser
des plans, donc à pouvoir offrir des plans
selon le nombre de places qui est demandé dans chacun des CPE. Maintenir une
gestion financière centralisée, c'est ce qu'on fait en collaboration avec notre
partenaire pour s'assurer, justement, de répondre aux besoins des familles
québécoises dans toutes les régions du Québec.
D'ailleurs, à cet
effet-là, vous dire ma surprise et ma déception que la première intervention de
la députée de Westmount—Saint-Louis, c'est de faire peur et de stresser les familles du Québec en déclarant
dans les médias sociaux, et je
cite : «3 200 places en région abandonnées.» M. le Président, nous
n'abandonnons pas du tout les 43 projets, les 3 200 enfants, bien au contraire. Je
pense qu'il est important pour les familles québécoises de savoir que l'on
travaille justement à s'assurer que, dans toutes les régions du Québec,
nous aurons des places subventionnées.
Nous avons
des résultats. Depuis le grand chantier, c'est plus de 20 300 places
subventionnées disponibles pour les familles du Québec. Ce n'est pas assez. On
va continuer de travailler dans ce sens-là. Moi, mon objectif, M. le Président,
c'est de créer des
places pour sécuriser les familles. Ce n'est pas de faire peur aux familles et
de désinformer les familles. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la ministre. Donc, je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Westmount—Saint-Louis
pour son droit de réplique de deux minutes.
Mme
Jennifer Maccarone (réplique)
Mme
Maccarone : Oui. Merci, M. le Président. Bien, ce que je n'ai
pas entendu, c'est une réponse à des familles qui sont en attente. La ministre a parlé beaucoup de l'argent, mais moi,
j'ai parlé des familles, des familles qui sont en attente, des réels besoins sur le terrain. Mais il y a une
chose dont je suis d'accord : ce n'est pas 3 200 places qui sont
abandonnées, c'est
80 000 enfants qui sont sur une liste d'attente qui sont abandonnés.
C'est toutes ces familles-là qui sont abandonnées, qui attendent
depuis... à l'aube de leurs six ans de ce gouvernement au pouvoir, d'établir
des places.
Vous savez
quoi, M. le Président? La ministre dit qu'elle est surprise puis elle a une
déception, mais moi, je dois dire que
c'est les parents qui sont surpris de cette réponse puis qui sont déçus de
cette réponse. Parce que vous savez de quoi?
Depuis que la CAQ est au pouvoir, les enfants qui ont... nés et qui attendent
une place en service de garde, ils n'ont jamais eu de place. Ils sont
maintenant à l'école, ils sont maintenant sur un banc d'école. C'est ça qu'ils
font.
Nous, on a
demandé des vraies solutions pour aider ces familles pendant qu'eux sont en
train d'essayer de voir et peut-être de rechiffrer une autre solution
qu'ils vont peut-être abandonner dans le futur. L'extension du RQAP pendant six mois pour aider les familles qui n'ont pas une
place. Ça, c'est une vraie solution. Ma place au travail, ils demandent une
place de qualité et abordable pour tous les
enfants, une place universelle, un projet de loi qui a été déposé par ma
collègue députée libérale. Augmenter
les places subventionnées, valoriser le travail des éducatrices à l'enfant, des
solutions financières temporaires d'urgence. Eux aussi, ils souhaitent
une extension du RQAP, chose qui pourrait être faite, une solution que le
gouvernement peut mettre en place pour aider ces familles pendant qu'ils sont
en train d'essayer de trouver des solutions
pour des préfabriqués qu'ils sont en train de laisser tomber à l'eau. Les sept
mois qu'ils auront pu travailler sur toutes
les solutions que la ministre est en train de partager avec nous, c'est du
temps perdu sur le terrain, ça fait attendre les familles qui se sentent
toujours abandonnées, qui sont en train de souffrir.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Alors, voilà qui met fin
aux débats de fin de séance.
Ajournement
Compte tenu de l'heure, les travaux sont
ajournés au mercredi 13 septembre, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 57)