(Neuf
heures quarante minutes)
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Bon matin, Mmes et MM. les députés. Je vous
invite à vous asseoir.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Alors,
nous en sommes à la rubrique des déclarations de députés. Et, pour cette
première déclaration, je reconnais M. le député de Côte-du-Sud.
Souligner
le travail du Club FADOQ La Pocatière
M. Mathieu
Rivest
M. Rivest : Merci, M. le Président.
Le Réseau FADOQ, auparavant La Fédération de l'âge d'or du Québec, rassemble
et représente les personnes de 50 ans et plus dans le but d'améliorer et
de conserver leur qualité de vie. Il est primordial d'avoir ce genre d'institution afin de briser l'isolement chez nos aînés
et leur offrir des installations qui peuvent les garder actifs.
La
FADOQ de La Pocatière, représentée par Hélène, Yves, Thérèse, Denise, Claudine,
Gaétan, chapeautée par leur directrice
Hélène Ouellet, ont travaillé extrêmement fort pour offrir un établissement au
goût du jour et offrent plusieurs activités pour le bonheur de tous.
D'ailleurs,
je vais pouvoir moi-même profiter de leur nouvel établissement et de leur
dynamisme en tant que président d'honneur d'une activité-bénéfice qui
s'articule autour d'accords harmonieux, bouchées et vin, cette fin de semaine.
Santé aux FADOQ de
Côte-du-Sud!
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Côte-du-Sud. La prochaine déclaration sera
celle de M. le député de Saint-Jean.
Féliciter
la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu pour son
invitation à la table du Caucus des grandes villes
de l'Union des municipalités du Québec
M. Louis
Lemieux
M. Lemieux : M. le Président, presque
au moment même où on célébrait la nouvelle année, la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu, la capitale de la montgolfière, et
la 11e ville au Québec, franchissait officiellement le cap des
100 000 habitants. Ça ne
change peut-être pas le monde, mais ça change beaucoup de choses pour une
ville, puisque c'est une sorte de chiffre magique pour plusieurs règles, obligations et responsabilités qui sont
particulières et nouvelles pour les administrations et les élus des
grandes villes.
Et,
en parlant des grandes villes, l'Union des municipalités du Québec a fait une
place à la table de son Caucus des grandes villes à Saint-Jean-sur-Richelieu et à sa mairesse, Andrée Bouchard,
que je salue et félicite, dans les circonstances, et que je remercie
pour sa grande ouverture et son habituelle collaboration.
C'est important, la
région, chez nous. Avec mes collègues de Huntingdon et d'Iberville, nous nous
rencontrons à tous les mois, les trois députés du Haut-Richelieu, la mairesse
de la ville centre, la députée fédérale et le préfet de la MRC. J'aime penser et dire que nous travaillons
ensemble pour les intérêts supérieurs du Haut-Richelieu et du Québec. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Saint-Jean. Et je
reconnais maintenant M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Rendre
hommage à M. Vincenzo Mercadante, tailleur et propriétaire
de la boutique Vêtements pour hommes Selects inc.
M.
Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci, M. le Président.
J'aimerais souligner aujourd'hui le travail d'une vie, celui de Vincenzo Mercadante,
un tailleur italien propriétaire de la
boutique de vêtements pour hommes Selects, qui tient commerce sur la rue
Sainte-Catherine, dans Hochelaga-Maisonneuve, depuis de nombreuses
années.
Il
débute l'art de cette profession en Italie durant son adolescence et, à la
jeune vingtaine, il émigre au Québec et continue de perfectionner son métier jusqu'à ce qu'il devienne
propriétaire de la boutique. En plus du travail de création de vêtements sur mesure, il continue de perfectionner
ses connaissances en collectionnant des diplômes collégiaux et universitaires.
Travaillant
encore et bien au-delà de l'âge de la retraite, il est l'un des plus anciens
commerçants du quartier et un pilier essentiel et incontournable de la
rue Sainte-Catherine, qui a connu son lot de défis.
Par
ailleurs, M. Mercadante n'est pas juste un commerçant. Il aime son
quartier. Il a l'habitude d'organiser une fête citoyenne au courant du mois de juin. Il y expose des voitures
Fiat 500 devant son commerce, il sert des sandwichs et du vin à
tout le monde.
Après autant
d'années de travail et d'implication, M. Mercadante, je vous souhaite une
retraite bien méritée. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. La prochaine déclaration sera
celle de Mme la députée de Huntingdon.
Souligner le 50e anniversaire
du Club Optimiste de Huntingdon
Mme Carole Mallette
Mme Mallette : Je souligne
aujourd'hui le 50e anniversaire d'existence d'un organisme de mon comté,
le Club Optimiste de Huntingdon.
C'est à ces
50 années d'engagement bénévole de centaines de membres et de campagnes de
financement annuelles afin d'aider la
jeunesse et favoriser son épanouissement que nous rendons hommage aujourd'hui.
Cet événement, remarquable en soi, est
d'autant plus exceptionnel que deux des membres fondateurs du club oeuvrent
toujours activement dans l'organisation actuelle.
MM. Laurence
Bergevin et Claude Ménard, je veux m'associer à vos citoyennes et citoyens pour
souligner avec force votre
exceptionnelle contribution à notre communauté depuis 1973. Votre implication
dans la vie de centaines, voire de milliers d'enfants et de familles a apporté
une différence positive et constitue un exemple à suivre. Vous et tous les
membres du Club Optimiste de Huntingdon,
vous êtes généreux de votre temps, de vos idées et de votre énergie. Merci de
partager vos belles et inspirantes valeurs au sein de notre collectivité avec
autant d'optimisme.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Huntingdon. Et nous poursuivons avec M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Souligner le 15e anniversaire
du Centre d'aide et de soutien
aux intervenants et organismes en petite enfance
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci,
M. le Président. Je souhaite aujourd'hui souligner le travail exceptionnel d'un
organisme du sud-ouest de Montréal,
le Centre d'aide et de soutien aux intervenants et organismes en petite
enfance, mieux connu sous le nom de CASIOPE.
Depuis
15 ans déjà, cette organisation d'économie sociale offre de
l'accompagnement professionnel auprès des intervenants à la petite enfance à travers des consultations, de la
formation et la création d'outils pédagogiques. 15 ans, c'est déjà assez
pour accomplir le travail faramineux de rejoindre plus de 800 milieux de
la petite enfance à travers le Québec et ainsi devenir des acteurs
incontournables de notre écosystème pédagogique. À Saint-Henri—Sainte-Anne, nous sommes fiers d'avoir un
organisme qui fait tout pour soutenir la petite enfance, un milieu si important
pour les familles et les prochaines générations, mais un milieu aussi en
manque de ressources et de pénurie de main-d'oeuvre.
J'invite donc
mes collègues qui le souhaitent à venir célébrer cet anniversaire en me
rejoignant le 15 juin prochain pour
célébrer l'événement CASIOPE, votre repère depuis 15 ans. Il me fera un
grand plaisir de vous recevoir à Saint-Henri—Sainte-Anne.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Et nous poursuivons avec M. le député de Gaspé.
Féliciter Mme Pamela Rooney,
nominée aux Texas Sounds
International Country Music Awards
M. Stéphane Sainte-Croix
M. Sainte-Croix : Merci,
M. le Président. J'aimerais saluer le parcours exceptionnel de Mme Pamela
Rooney, artiste country originaire de Douglastown, à Gaspé, qui continue
de briller sur la scène internationale.
L'année
dernière, elle a remporté deux prestigieux prix lors des Texas Sounds
International Country Music Awards : le prix de l'interprète héritage de
l'année et celui de l'interprète de l'esprit texan de l'année. Ses créations
originales ont atteint la première
place des palmarès au Canada, en Irlande et au Royaume-Uni, démontrant son
talent exceptionnel de chanteuse et de compositrice.
Pamela fait
preuve d'une détermination sans faille dans la poursuite de ses rêves. Cette
année encore, Mme Rooney a été
nominée dans quatre catégories aux Texas Sounds International Country Music
Awards, dont celle de l'artiste de l'année. Ces nominations ainsi que les deux prix qu'elle a déjà remportés lors
de cet événement témoignent de sa grande contribution à la musique
country et de son talent indéniable, qui rayonne au-delà des frontières
québécoises et canadiennes.
M. le
Président, en mon nom, je tiens à féliciter Mme Rooney pour ses
réalisations exceptionnelles. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Gaspé. Et je cède maintenant la parole à M. le député de
Portneuf.
Rendre hommage à Mme Céline
Girard et à M. André Genois
pour leur engagement bénévole et communautaire
M. Vincent Caron
M. Caron : Merci,
M. le Président. J'aimerais souligner l'admirable dévouement d'André Genois, un
citoyen de Saint-Raymond, ainsi que
celui de sa conjointe, Céline Girard, qui pendant près de 30 ans ont
entretenu bénévolement les sentiers de ski du centre du Vieux-Chemin.
Situés dans
un petit coin de paradis en arrière de chez eux, ces sentiers accessibles
gratuitement ont donné bien du plaisir
à des centaines de familles, des pistes qui serpentent à travers des paysages
de toute beauté et qui ont toujours été parfaitement entretenues, beau
temps, mauvais temps.
André et
Céline ont notamment, pardon, été épaulés par quelques complices, comme
Jean-Louis Giguère et plusieurs autres
bénévoles. Des propriétaires de terrains généreux ont également permis
d'accéder librement aux sentiers.
Merci, André
et Céline, pour tout ce travail accompli et les moments de bonheur que vous
nous avez procurés. Vous êtes un exemple de générosité, des bénévoles de
coeur qui se sont investis au profit de toute la communauté.
Vous passez désormais le flambeau. Je vous
souhaite la plus belle des retraites. Et je souhaite un très joyeux
anniversaire à André.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Portneuf. Et la prochaine déclaration sera celle de Mme la
députée de Saint-François. Mme la députée.
Rendre hommage à M. Michael
Goldbloom, principal
et vice-chancelier de l'Université Bishop's
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : M. le Président,
M. Michael Goldbloom, qui termine un troisième mandat de cinq ans comme principal et vice-chancelier de l'Université
Bishop's, a donné un nouvel élan à cette importante institution de savoir. Sous
sa gouverne, l'université a augmenté ses effectifs étudiants, équilibré ses
budgets et rénové ses bâtiments.
Sa carrière l'avait bien préparé à relever les
défis de Bishop's. M. Goldbloom avait été P.D.G. du YMCA de Montréal, éditeur des quotidiens The Gazette
et The Toronto Star et vice-principal à l'Université McGill. Il a
présidé, entre autres, Alliance
Québec, le Centre de services sociaux Ville-Marie et la Fondation des YMCA du
Québec. Il a siégé au C.A. de l'Université de Sherbrooke et a présidé la
campagne de Centraide Estrie. Il a présidé aussi le C.A. de CBC et Radio-Canada
et même reçu l'Ordre du Canada pour avoir érigé des ponts entre les communautés
francophone et anglophone.
M. Goldbloom,
je vous remercie chaleureusement pour vos excellents services et votre
engagement dans le milieu. Ce fut un plaisir de collaborer avec vous.
Merci, M. le Président.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Saint-François. Et nous poursuivons avec M. le
député de Vachon.
Féliciter Mme Muriel Lenfant
Couët pour sa course
au profit de l'organisme Ataxie Canada
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
M. le Président. Ce samedi, une athlète déterminée de ma circonscription,
Muriel Lenfant Couët, participera à une course de cinq kilomètres à Ottawa.
Je vous
entends déjà dire que plusieurs personnes réalisent cet exploit et que ce n'est
pas si extraordinaire que ça. Or, le
cinq kilomètres d'une résidente de ma circonscription est vraiment spécial, M.
le Président. Muriel est atteinte d'ataxie, une maladie neuromusculaire
qui affecte des centaines de personnes au Québec, et, à ce jour, elle est
toujours incurable. Elle affecte notamment
la perte de coordination musculaire des bras, des jambes lors de mouvements
volontaires, comme la marche ou la course, par exemple.
En plus de sa
course, l'athlète de 52 ans tient à amasser de l'argent pour Ataxie Canada,
lors de sa course, car elle a elle-même retrouvé une certaine liberté depuis
qu'elle a reçu un déambulateur tout terrain, avec lequel elle peut aller
en forêt et participer à plusieurs événements.
Il suffit de voir son sourire sur ces photos, M.
le Président, pour comprendre ce que ce cinq kilomètres signifie pour elle.
Muriel, tu es un exemple de persévérance. Bonne
course, samedi! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Vachon. Et nous poursuivons avec Mme la députée de
Brome-Missisquoi.
Rendre hommage à M. Guy Rousseau, récipiendaire
de la Médaille de l'Assemblée nationale
Mme
Isabelle Charest
Mme Charest : Merci, M. le Président.
J'aimerais souligner aujourd'hui l'apport important au monde sportif de
M. Guy Rousseau.
Après
une carrière de hockeyeur, dont un passage avec le Canadien où il fut complice
du 400e but de Maurice Richard, il devient directeur général
de la toute première édition des Jeux du Canada, en 1967. Introduit au Hall
d'honneur des Jeux du Canada en 2011 pour sa contribution au sport amateur
canadien, on peut dire que son travail en marge de la première édition des jeux aura laissé sa marque dans la région de Québec
avec l'ouverture du premier anneau de patinage de vitesse et des infrastructures de saut à ski à Saint-Ferréol-les-Neiges.
60 ans plus tard, les jeux seront de retour à Québec, en 2027. Un
beau clin d'oeil au travail de M. Rousseau.
M. Rousseau nous
ayant malheureusement quittés en 2016, c'est avec honneur que je remettrai la
Médaille de l'Assemblée nationale à sa
famille à titre posthume. Et je tiens d'ailleurs à souligner la présence de
plusieurs de ses proches dans les tribunes. Bonjour.
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci,
Mme la députée de Brome-Missisquoi. Et je souhaite la bienvenue à la
famille de M. Rousseau dans nos tribunes.
Nous enchaînons
maintenant avec la déclaration de Mme la députée de Verchères.
Souligner
la Semaine québécoise des services de garde éducatifs à l'enfance
Mme Suzanne
Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci,
M. le Président. Je souhaite aujourd'hui souligner la Semaine québécoise des
services de garde éducatifs à l'enfance, qui aura lieu du 29 mai au
4 juin 2023. Ce sera l'occasion de mettre en valeur la qualité des
services de milieu de garde et leur contribution au développement de nos
tout-petits.
Je
saisis chaque occasion qui m'est offerte pour remercier notre excellent
personnel pour le travail accompli, nos éducatrices, nos cadres, le personnel
de soutien. Nos services de garde sont le point de départ d'une étape
importante du parcours de la vie de
nos enfants. Notre réseau tire sa force de la qualité des gens qui la
composent. M. le Président, c'est toute la nation québécoise qui
bénéficie de ce réseau qui continue à se développer. On a de quoi être fiers.
Donc,
à tous les parents du Québec, je vous encourage à remercier le personnel de
votre service de garde pour leur travail. Et, à tous les Québécois, célébrons
ensemble notre réseau de services de garde. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Verchères. Et nous concluons cette rubrique
avec Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Souligner
le travail de l'organisme L'Envol des femmes
Mme Désirée
McGraw
Mme McGraw : Merci, M. le Président,
Je suis fière, aujourd'hui, de souligner l'apport extraordinaire d'un organisme
d'aide aux femmes à Notre-Dame-de-Grâce, soit L'Envol des femmes. Women on the Rise, en anglais.
I
also want to salute the outstanding leadership of their ED, Nadine Collins, and
her extraordinary team.
Cet organisme réussit à briser l'isolement et connecte les femmes avec
les ressources et les compétences dont elles ont besoin pour s'épanouir et devenir autonomes. La plupart de ces
femmes sont des mères monoparentales, et beaucoup sont des nouvelles
arrivantes au Québec. En aidant les femmes à développer des amitiés et des
réseaux, M. le Président, L'Envol des femmes renforce, par extension, leur
famille et leur communauté.
The
goal is to help women help themselves by offering non-judgmental, empowerment-based
individual support, group support and resources. It's a unique approach to
childcare, as well, that develops and instills confidence in the children.
Alors,
bravo à L'Envol des femmes!
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Et cela met fin à la
rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise à 10 h 06)
La
Présidente : Bonjour, tout le monde. Il y a beaucoup de monde,
justement. Distingués invités, bienvenue chez vous, au parlement du
Québec.
Mmes, MM. les élus, Mmes,
MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie, veuillez vous asseoir.
Présence du consul général de
la République de
Corée à Montréal, M. Jae Wan Lee
J'ai le
plaisir de souligner aujourd'hui la présence, dans les tribunes, du consul
général de la République de Corée à Montréal, M. Jae Wan Lee, à
l'occasion de sa visite de prise de poste.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Oui, bonjour, Mme la Présidente. Je vous demande
d'appeler l'article a du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 22
La
Présidente : À l'article a du feuilleton, la ministre des
Transports et de la Mobilité durable présente le projet de loi
n° 22, Loi concernant l'expropriation. Mme la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Ce projet de
loi remplace la Loi sur l'expropriation. Il établit un nouvel encadrement en
matière d'expropriation de droits qui portent sur un immeuble. À ce titre, il
prévoit que toute expropriation doit faire l'objet d'une décision ou d'une
autorisation du gouvernement. Il dispense
toutefois, sous certaines conditions, un ministre d'obtenir une telle
autorisation. Il établit la procédure d'expropriation applicable à toute
expropriation, en précisant notamment le contenu de l'avis d'expropriation et la nécessité de son inscription
sur le registre foncier. Le projet de loi précise qu'une contestation du droit
à l'expropriation ne suspend pas la
procédure d'expropriation. Il prévoit que l'expropriant doit déterminer pour
toute partie dessaisie une indemnité provisionnelle initiale et, dans
certains cas, qu'il peut déterminer une indemnité provisionnelle supplémentaire. Le projet de loi octroie au Tribunal administratif du Québec le pouvoir d'autoriser une expropriation totale
ou partielle du résidu d'un immeuble ou le désistement total ou partiel de la
procédure d'expropriation.
Le projet de
loi établit les règles applicables à l'instance en expropriation, en précisant
notamment des règles de preuve et de
procédure applicables aux instances dont la valeur de l'indemnité réclamée ou
offerte est de 500 000 $ ou plus. Il énonce également des conséquences pour une partie à l'instance de ne
pas déposer de déclaration détaillée ainsi que les règles applicables à l'acquisition d'un droit sur
un immeuble exproprié par un tiers ou au dépôt du versement d'une indemnité
au greffe de la Cour supérieure. Il attribue au tribunal le pouvoir de fixer une indemnité
provisionnelle complémentaire et une indemnité
définitive. À l'égard de cette dernière, il établit les différentes approches
d'indemnisation selon lesquelles l'indemnité définitive est déterminée et définit certains concepts nécessaires à son
calcul, tels que celui de l'usage le meilleur et le plus profitable et celui de la valeur marchande. Le
projet de loi attribue aussi au tribunal le pouvoir de trancher certaines
demandes incidentes et de fixer des dommages-intérêts.
Le projet de
loi octroie également le pouvoir d'effectuer des travaux préparatoires sur un
immeuble ou dans celui-ci à quiconque
peut exproprier cet immeuble, sous réserve de la remise en état des lieux et de
la réparation des préjudices subis. Il
attribue au tribunal le pouvoir d'octroyer des dommages-intérêts et une
indemnité pour le titulaire d'un droit portant sur l'immeuble visé ainsi
qu'au locataire et à l'occupant de bonne foi de cet immeuble.
Le projet de
loi prévoit également le nouvel encadrement de l'imposition d'une réserve, en
précisant la procédure à suivre pour une telle imposition et celle à suivre pour
la contester. Il fixe la durée d'une réserve à quatre ans et attribue au
tribunal le pouvoir d'octroyer des
indemnités au titulaire d'un droit portant sur l'immeuble réservé ainsi qu'au
locataire et à l'occupant de bonne foi de l'immeuble réservé.
• (10 h 10) •
Le projet de loi prévoit que, dès le début des
travaux de construction d'un tunnel lié à un projet d'infrastructure de transport, la personne qui peut réaliser une
expropriation pour ce projet devient, sans autre formalité, propriétaire du
volume souterrain occupé par le tunnel et
titulaire d'une servitude légale. Il attribue au tribunal le pouvoir d'octroyer
des indemnités au titulaire d'un droit portant sur l'immeuble visé.
En outre, le
projet de loi encadre le recours en réparation d'un préjudice subi en raison de
son effet de dépossession d'un droit portant sur un immeuble ou de son
effet de suppression de tout usage raisonnable de ce droit qui résulte de certains actes municipaux. Il prévoit que la Cour
supérieure, lorsqu'elle déclare qu'un droit sur un immeuble a fait l'objet d'un
tel effet, doit déterminer l'indemnité à laquelle a droit le titulaire de ce
droit. L'organisme municipal est tenu à la réparation des préjudices déjà subis et doit alors choisir entre se
porter acquéreur du droit et payer l'indemnité d'expropriation
correspondante ou modifier l'acte municipal afin de faire cesser l'effet de
dépossession ou de suppression d'un usage raisonnable.
Enfin, le projet de loi apporte des
modifications de concordance et comporte des dispositions générales,
transitoires et finales. Merci.
La
Présidente : Je reconnais le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Mme la Présidente, c'est un projet de loi
important qui mérite des consultations particulières avant le début du
principe.
La
Présidente : M. le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, j'invite les collègues à nous
envoyer leurs groupes pour la tenue de consultations particulières.
Mise
aux voix
La
Présidente : Est- ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce
projet de loi?
Des voix :
Adopté.
La Présidente :
Adopté. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc : ...je
crois, Mme la Présidente?
La
Présidente : Oui.
M. Leduc : Ouf!
Projet
de loi n° 494
La
Présidente : Alors, à
l'article b du feuilleton, M. le député de Laurier-Dorion présente le
projet de loi n° 494, Loi modifiant le Code civil afin de rendre
sans effet les clauses d'un bail de logement qui tendent à interdire les
animaux de compagnie. M. le député.
M.
Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
Merci, Mme la Présidente. J'ai le
plaisir de présenter le projet de loi n° 494, Loi modifiant le Code
civil afin de rendre sans effet les clauses d'un bail de logement qui tentent
d'interdire les animaux de compagnie.
Ce
projet de loi modifie le Code civil afin de rendre sans effet les clauses d'un
bail de logement qui tend à d'interdire les animaux de compagnie.
Le
projet de loi prévoit que le gouvernement doit, dans les 30 jours suivant
la date de son entrée en vigueur, retirer des formulaires de bail obligatoires toute mention d'interdiction
d'animaux devenue caduque par l'effet du présent projet de loi.
En outre, le projet
de loi comporte une disposition transitoire selon laquelle il s'applique aux
baux en cours.
Loi modifiée par ce
projet de loi : Code civil du Québec.
Merci, Mme la
Présidente.
Mise
aux voix
La
Présidente : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi?
Des voix :
Adopté.
La Présidente :
Adopté.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, Mme la ministre de l'Immigration, de la Francisation et de
l'Intégration.
Mme Fréchette :
Mme la Présidente, permettez-moi
de déposer le cahier de consultation en vue de la consultation publique 2023 de la planification de
l'immigration au Québec pour la période 2024-2027 ainsi que le recueil de statistiques
sur l'immigration au Québec de la consultation publique 2023 de la
planification de l'immigration au Québec pour la période 2024-2027. Merci.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. M. le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Oui, Mme la Présidente. Je dépose la réponse à la
question inscrite au feuilleton le 18 avril 2023 par le député
de Laurier-Dorion.
La Présidente : Ce document est
déposé.
Pour ma part,
je dépose le rapport du Vérificateur général du Québec à l'Assemblée nationale
pour l'année 2022-2023, tome de mai 2023.
Je dépose une lettre que m'a adressée le
Directeur général des élections du Québec, M. Jean-François Blanchet, en
date du 18 mai 2023, concernant le rejet d'une demande de contestation
d'élection.
Je dépose
également une lettre que m'a fait parvenir M. le chef du deuxième groupe
d'opposition m'informant de la
nomination de Mme Alejandra Zaga Mendez, députée de Verdun, à la
fonction de whip du deuxième groupe d'opposition. Cette nomination est
effective en date du 26 mai 2023.
Modifications à la composition du Bureau de l'Assemblée
nationale
Enfin, je
dépose une lettre que m'adressée M. le chef du deuxième groupe d'opposition
dans laquelle il m'informe de la
nomination de la députée de Verdun à la fonction de membre du Bureau de
l'Assemblée nationale et de la nomination du député de Maisonneuve à la fonction de membre suppléant du Bureau de
l'Assemblée nationale à partir du 26 mai 2023.
M. le deuxième vice-président et député de
Chauveau.
Motion proposant d'adopter les
modifications
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Mme Présidente, je propose
que ces modifications à la composition du Bureau de l'Assemblée
nationale soient adoptées.
Mise aux voix
La Présidente : Cette motion
est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Présidente : Adopté.
Dépôt de rapports de
commissions
À la rubrique
Dépôt de rapports de commissions, Mme la présidente de la Commission de
l'économie du travail et députée de Mirabel.
Consultations particulières
sur le projet de loi n° 25
Mme D'Amours : Merci,
Mme la Présidente, je dépose le rapport de la Commission de l'économie et du
travail qui, le 23 et 24 mai
2023, a tenu des auditions publiques dans le cadre de consultations
particulières sur le projet de loi n° 25, Loi visant
à lutter contre l'hébergement touristique illégal. Merci.
La
Présidente : Ce rapport est déposé. Mme la vice-présidente de
la Commission des finances publiques et députée de Bourassa-Sauvé.
Étude détaillée du projet de
loi n° 7
Mme
Cadet : Merci, Mme la Présidente. Je dépose le rapport de
la Commission des finances publiques qui, le 24 mai 2023, a procédé à
l'étude détaillée du projet de loi n° 7, Loi concernant la mise en oeuvre de certaines dispositions du discours
sur le budget du 22 mars 2022 et modifiant d'autres dispositions
législatives. La commission a adopté
le texte du projet de loi avec des amendements.
La Présidente : Ce rapport est
déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, Mme la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Créer un comité
permanent sur les enjeux prioritaires
menaçant la survie du Village
Mme
Massé : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
1 836 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les
faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que l'Assemblée nationale du Québec a reconnu, le 14 mai 2019, le statut
historique et la vocation actuelle du
Village de Montréal comme lieu de refuge et d'émancipation des communautés
LGBTQ+ du Québec grâce à une motion déposée en Chambre et adoptée à
l'unanimité;
«Considérant que les
dynamiques sociales du Village ont été exacerbées et fragilisées durant la
pandémie de COVID-19, dégradant le sentiment de sécurité des résidents,
commerçants, employés et usagers du secteur;
«Considérant
que plusieurs ressources, dévouées et avec l'expertise nécessaire, travaillent
quotidiennement à répondre aux besoins des populations les plus vulnérables,
mais que leurs services ne parviennent pas à répondre à l'ampleur et à
la gravité de la crise, et ce, malgré l'urgence d'agir;
«Considérant
que les leviers des forces de l'ordre pour intervenir auprès des personnes aux
prises avec des problèmes de santé mentale sont limités et souvent peu
efficaces;
«Considérant
que le Village est un moteur de développement social, économique, culturel,
touristique et immobilier du centre-ville[...];
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au ministre responsable des Services sociaux,
M. Lionel Carmant, avec la participation active de la SDC du Village et de la communauté, de coordonner la
création d'un comité permanent intergouvernemental sur les enjeux
prioritaires qui menacent la survie du Village.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé. M. le député de
Gouin.
Investir dans les soins et les services de santé
publics et réduire le recours au privé
M.
Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. En saluant la présence dans
nos tribunes de représentants et représentantes
des travailleurs et des travailleuses du secteur public, du secteur de la santé,
je dépose donc l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale, signée par 8 952 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que le réseau public de la santé et des services sociaux offre des services
essentiels à l'ensemble de la population du Québec, peu importe le
revenu;
«Considérant
que l'argent public devrait être utilisé pour financer ces services plutôt que
de contribuer aux profits des entreprises privées;
«Considérant que le
secteur privé a besoin de plus de ressources financières pour effectuer des
actes comparables à ceux posés dans le [service] public;
«Considérant
que le secteur privé crée une concurrence déloyale en s'accaparant le
financement et les ressources humaines du secteur public;
«Considérant
que certains besoins de la population ne sont pas comblés par l'offre actuelle
de soins et de services du réseau public;
«Considérant
que le Québec a les moyens d'investir pour améliorer l'accessibilité et la
qualité des soins de santé et des services sociaux offerts par le réseau
public;
«Considérant
que le réseau de la santé et des services sociaux doit redevenir un employeur
de choix et miser sur l'attraction et la rétention de son personnel afin
de remplir pleinement sa mission;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au gouvernement du Québec :
«De
renforcer l'accessibilité à une offre de soins et de services dans le réseau
public au bénéfice de l'ensemble de la population du Québec;
«De
mettre fin à toute nouvelle intrusion du secteur privé dans le réseau public de
la santé et des services sociaux et de réduire le recours au privé;
«D'améliorer
substantiellement les conditions de travail offertes dans le réseau public.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
• (10 h 20) •
La Présidente :
Cet extrait de pétition est déposé. M. le député d'Abitibi-Ouest... Est,
pardon.
Mettre en place des mesures visant le redoublement scolaire
M. Dufour : Merci, Mme la Présidente. Extrait de pétition
conforme au règlement. Donc, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée
par 27 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que,
pour certains élèves du primaire, recommencer une année serait nécessaire afin
d'acquérir des notions qu'ils n'ont pas intégrées du premier coup;
«Considérant
que ces notions non acquises risquent de devenir un handicap à long terme et
que le fait de ne pas doubler les oblige à traîner un retard qui leur
nuira pour le reste du parcours scolaire, ce qui nuira à leur estime de soi à
long terme;
«Considérant
que recommencer une année permet à plusieurs élèves de poursuivre au régulier,
alors que le contraire les pousse vers un cheminement spécialisé qui
nuit à leur futur en leur coupant l'accès à plusieurs métiers;
«Considérant
que, pour de nombreux élèves, savoir qu'ils risquent de doubler leur donnerait
une motivation à travailler plus fort afin d'avoir de meilleures notes,
développant ainsi de meilleurs acquis et la fierté des efforts fournis;
«Considérant
que rien ne justifie le passage direct de la cinquième année vers le secondaire
spécialisé alors qu'une sixième année rend possible l'accès au
secondaire régulier;
«Considérant
que les acquis obtenus au primaire sont bien plus importants que le nombre
d'années utilisées pour les acquérir;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au gouvernement du Québec de mettre en oeuvre des mesures qui
permettront d'offrir un meilleur avenir aux enfants en :
«Obligeant
le doublage d'un élève qui obtient des mauvaises notes en fin de cycle — donc en deuxième ou en quatrième année;
«Interdisant qu'un
élève ayant doublé passe directement de la cinquième année au secondaire.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé. M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Enquêter sur les conditions de travail dans les entrepôts
d'Amazon
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais saluer ceux
et celles qui nous écoutent, à la maison, qui sont des travailleurs,
travailleuses d'Amazon, qui vivent dans des conditions de travail exécrables.
Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
7 107 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que les
entrepôts de l'entreprise Amazon sont des milieux de travail qui présentent des
risques importants de blessures et d'accidents pour les [travailleurs] et les
[travailleuses];
«Considérant que la
Loi sur la santé et la sécurité du travail a récemment été actualisée;
«Considérant
qu'il est nécessaire d'impliquer les travailleuses et les travailleurs dans la
prévention des accidents de travail;
«Considérant
qu'aucun comité paritaire de santé et de sécurité respectant la Loi sur la santé
et la sécurité du travail n'est formé chez Amazon;
«Considérant
qu'il existe de nombreux témoignages de travailleuses et [de] travailleurs
d'Amazon qui allèguent avoir subi des blessures et des accidents [de]
travail;
«Considérant
qu'il y a des allégations de non-respect par Amazon de ses obligations à titre
d'employeur, notamment en ce qui concerne la déclaration de tous les accidents
de travail aux instances gouvernementales appropriées;
«L'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au gouvernement du Québec :
«D'ouvrir une enquête
sur les conditions de travail dans les entrepôts d'Amazon;
«De
mettre en oeuvre les mesures nécessaires pour que l'ensemble des lois du
travail soient respectées par Amazon, notamment
la Loi sur la santé et sécurité du travail, la Loi sur les accidents de travail
et les maladies professionnelles et la Loi sur les normes du travail.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions.
Il n'y a pas
d'interventions portant sur une violation de droits ou de privilèges ou sur un
fait personnel.
Et
je vous avise qu'après la période des questions et réponses orales seront tenus
les votes reportés suivants : le votre reporté sur la motion, telle
qu'amendée, de M. le chef du troisième groupe d'opposition débattue hier aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition et le votre reporté
sur l'adoption du principe du projet de loi n° 24.
Questions
et réponses orales
Nous
en sommes maintenant à la période de questions et les réponses orales, et je
cède la parole, en question principale, au chef de l'opposition
officielle.
Réforme du système de santé
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Nous voyons, depuis cinq ans, un gouvernement
caquiste qui brise promesse sur promesse. Il avait dit : Jugez-nous sur
les résultats. Les résultats sont autant d'échecs.
Le
premier ministre, Mme la Présidente, pire, a perdu le contrôle de son équipe.
Le ministre de l'Éducation insulte son
réseau, et ses excuses — il
faut le faire — sont
moins crédibles que celles qu'il a faites sur le troisième lien. Le ministre
du Numérique ne contrôle rien. De un, il est
toujours en poste, et, de deux, il voudrait même qu'on lui fasse des éloges sur
le fiasco de la SAAQ.
Le ministre de la Justice, lui non plus, n'est pas en reste. Il fait nommer
son chum juge, ne le dit pas au premier ministre, ne se retire pas du débat
lors de la décision au Conseil des
ministres, et le premier ministre,
là-dessus, Mme la Présidente, il
trouve ça bien correct. Pire, le ministre
de la Justice trouve toujours le
temps de se chicaner avec la juge en chef du Québec. Perte de contrôle.
Perte de contrôle en
santé. Depuis 2018, on constate que c'est autant de promesses faites, promesses
brisées, en santé. Le fameux 90 minutes, rappelez-vous, Mme la Présidente.
Ce matin, c'est 2 h 41 min pour voir un médecin à l'urgence, pas 90 minutes, tel que promis.
Il avait promis de mettre fin au TSO. Après cinq ans, il n'y a
pas de fin des TSO. On nous
dit : La solution, ça va être le fameux p.l. n° 15,
la réforme du ministre de la Santé, mais ça arrivera juste dans quatre
ans, les fruits.
Que dit le premier
ministre, ce matin? Ne tombez pas malade au Québec?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Le chef de l'opposition officielle est en forme, aujourd'hui, même si c'est
jeudi.
On
se rappelle tous des 15 années libérales. On se rappelle tous de Jean
Charest qui avait dit : Ça va être fini, l'attente dans les
urgences, avec le gouvernement libéral.
Bon,
le chef de l'opposition officielle dit que j'ai perdu le contrôle des
90 députés. Je ne sais pas, je ne sens pas ça.
Des voix : ...
La Présidente :
Bon, je suis debout. M. le
premier ministre... M. le premier ministre, messieurs dames des oppositions,
je suis debout. On garde le silence, je vous prie. On a écouté avec...
Des voix : ...
La
Présidente : Je vous parle.
Des voix : ...
La
Présidente : M. le chef du deuxième groupe d'opposition, M. le chef du
deuxième groupe d'opposition... M. le chef
du deuxième groupe d'opposition, cessez de vous interpeler l'un et l'autre. Je
vous entends, je vous vois. On vous a
écouté, M. le chef de l'opposition officielle, pendant votre question, avec
attention. Je vous ai laissé aller, même si on flirtait ici avec
certaines intentions. Maintenant, j'aimerais qu'on écoute également le premier
ministre.
Donc,
silence, tout le monde, on écoute. On continue dans le respect. Les gens ici
vous écoutent et vous regardent.
M. Legault :
Oui, Mme la Présidente, beaucoup de choses dans la salade du chef de
l'opposition officielle. D'abord, nomination
des juges. Rappelons-nous l'époque libérale où ça marchait par post-it. Si on
était un bon donateur libéral, on
avait des chances. Maintenant, il y a un comité indépendant qui suggère une,
deux ou trois personnes, puis on doit choisir une de ces personnes.
Maintenant,
la santé, bien, je pense que, si on demandait aux Québécois, est-ce qu'on a un
bon ministre de la Santé... Je pense que, si on compare avec Gaétan
Barrette, oui.
Ce
qu'on sait aussi, Mme la Présidente... Puis je sais que le chef de l'opposition
officielle fait comme s'il ignorait qu'il y a eu une pandémie partout dans le
monde, partout dans le monde. Il y a un défi partout dans le monde. On a épuisé
les personnes qui ont travaillé dans le réseau de la santé parce qu'il fallait
qu'ils soignent les malades...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
...plus les gens avec la COVID.
La
Présidente : Première complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay :
Bien, Mme la Présidente, ce n'est pas moi qui ai oublié qu'il y avait une
pandémie, c'est le gouvernement qui a oublié qu'il y avait une pandémie, dans
ses promesses. J'en veux pour preuve la liste d'attente, chirurgie, plus d'un an. Promesse du ministre,
juin 2021 : Ça va être réglé en mars 2023. Patate! Ça a été un
échec. Il avait promis que ça allait
tomber à 3 000. C'est encore, aujourd'hui, à 17 500. Repromesse en
avril 2022 : réglé en mai 2023. Ce n'est pas réglé. Puis là il
nous fait une troisième promesse.
C'est eux-mêmes, Mme
la Présidente. Ils ne peuvent même pas se croire entre eux autres.
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
moi je trouve qu'on s'entend bien, et puis on n'a pas de problème de relations
chez nous.
500 000 personnes
de plus, au Québec, qui ont accès à un groupe de médecine de famille. C'est
sûr, on est en train de négocier les conventions collectives, ça va être
important d'avoir la collaboration des syndicats pour qu'on ait une organisation qui est plus efficace, qui est plus
humaine aussi pour les travailleurs, travailleuses, être capables de partager
les quarts de travail qui sont plus difficiles, la nuit, les fins de semaine.
Donc, Mme la
Présidente, je pense qu'on est en train de poser les gestes qui sont
nécessaires...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
...avec courage, pour améliorer la situation.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Le gouvernement n'a pas
fait preuve de courage, comme disait le premier ministre dans l'opposition,
pour améliorer le système de la santé. Le système de santé va plus mal sous la
CAQ après cinq ans qu'il y a cinq
ans.
Ce matin, à l'Hôpital
Fleurimont, département de chirurgie, l'infirmière-chef dit, ils sont
désespérés : «Chaque semaine, une personne quitte en maladie ou [en]
épuisement.» Sa réforme, la grande réforme caquiste, là, qui va donner des
résultats dans quatre ans, il dit quoi, à matin, aux patients à Fleurimont? Ne
tombez pas malades? N'allez surtout pas aux...
• (10 h 30) •
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Bien, Mme la Présidente, on est jeudi, là, on n'est pas loin de la fin de semaine,
j'invite le chef de l'opposition officielle à
aller consulter les excellents indicateurs de performance qui ont été mis en
place par le ministre de la Santé.
Évidemment, c'était difficile de regarder les indicateurs du temps des libéraux;
il n'y avait pas d'indicateur.
Mme
la Présidente, on est en train de former ou, en tout cas, on est en train de
demander à des Québécois d'ajouter entre
3 000 et 5 000 préposés aux bénéficiaires, de la même façon
qu'on l'a fait rapidement en 2020 avec 10 000 nouveaux
préposés aux bénéficiaires. Je pense qu'on pose des gestes dans un contexte qui
est difficile...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : ...pas
seulement au Québec, mais partout.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, le premier ministre, après cinq
ans de fiasco caquiste, nous dit : On est en train de. Les gens, quand ils ont voté, en 2018, ils
pensaient que le train caquiste était parti, mais là on est en train de dans
cinq ans, puis peut-être dans quatre ans on va avoir des résultats.
Il
parle d'un réseau de la santé qui doit être humain. La présidente du syndicat...
intérimaire du syndicat des professionnels,
Canton-de-l'Est, dit : Ça fait longtemps qu'on le dit, les moyens utilisés
pour garder les gens sont coercitifs. Elle dit : Même, on est
rendus à se demander si on ne va pas fermer une urgence.
C'est ça, les échecs
caquistes. Que vaut la parole du premier ministre?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Bien, on le voit, Mme la Présidente, là, il y
a une grosse chicane entre Québec solidaire puis le Parti libéral pour savoir qui va être le
porte-parole des syndicats. C'est important pour les deux partis, là, ça va
peut-être se jouer dans les prochains trois ans et demi. Mme la
Présidente, nous, on travaille pour les patients.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
l'Acadie.
Processus de nomination des juges
M. André
Albert Morin
M. Morin : Mme la Présidente, un peu
plus tôt cette semaine, le ministre de la Justice nous disait qu'il ne pouvait pas nous expliquer pourquoi il avait
annulé des concours, parce que c'était confidentiel. La confidentialité, c'est
important. Les membres du jury de sélection qui écoutent les candidats et les
candidates doivent garder l'information confidentielle. Les gens qui appliquent
doivent garder ça confidentiel.
Je dois vous
dire cependant, Mme la Présidente, que j'ai été étonné d'entendre, sur les
ondes d'une radio, le ministre dire qu'après le processus il consultait
des gens, des employeurs, des patrons. Alors donc, il semblerait qu'on a une confidentialité à deux vitesses, une pour le jury
de sélection, une pour le ministre. Mais la question se pose : Qu'a appris
le ministre?
On sait qu'il
a annulé plusieurs concours depuis qu'il est ministre. Est-ce que c'est suite à
ses appels à des patrons qu'il a annulé des concours? Les Québécois ont
le droit de savoir, Mme la Présidente.
Des voix : ...
La Présidente : Pas de commentaire
après la question. M. le ministre de la Justice.
M.
Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Mme
la Présidente, j'invite le député de l'Acadie à être prudent dans ses
amalgames, dans ses allégations. On a
un processus de nomination des juges qui est indépendant, qui fait en sorte
qu'il y a un comité de sélection qui
est formé par un juge désigné par la juge en chef de la Cour du Québec, ensuite
de deux avocats qui sont désignés par le Barreau du Québec et, par la
suite, de deux membres du public qui sont désignés par l'Office des
professions.
Mme la
Présidente, le ministre de la Justice doit faire une recommandation au Conseil
des ministres dans le meilleur intérêt de la justice. Ce sont des gens qui
occupent des fonctions importantes, lorsqu'on est nommé juge. Ce sont des
gens qui vont devoir trancher des litiges,
des gens qui vont avoir un impact important sur la vie des concitoyens
québécois, des gens qui doivent avoir
une sensibilité, une humanité et qui sont conscients de leur rôle important
dans le système de justice, parce qu'ils occuperont ces fonctions, et,
le député de l'Acadie le sait très bien, durant plusieurs années, voire pendant
plusieurs dizaines d'années, qui seront sur le banc.
Alors, en
tant que ministre de la Justice, Mme la Présidente, je m'assure de faire le
meilleur choix possible, dans l'intérêt
de la justice, pour faire en sorte que la personne qui sera désignée, qui a été
sélectionnée par le comité de sélection, puisse remplir ses obligations avec tout le professionnalisme et
l'ensemble de prise en considération des intérêts des personnes, des
Québécois, dans le système de justice.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. André
Albert Morin
M.
Morin : Oui, c'est excellent, sauf que ça ne répond pas à
la question et ça ne nous dit pas pourquoi des concours ont été refusés.
Imaginez le scénario suivant : candidat A applique pour devenir juge,
comité de sélection confidentiel. Il n'en
parle pas nécessairement à son employeur, s'il est dans une structure
hiérarchisée, peut-être qu'il ne veut pas en parler. Le ministre, lui,
appelle l'employeur. Imaginez dans quelle situation ça peut mettre le candidat.
Est-ce que le ministre peut l'arrêter, cette
pratique?
La Présidente : M. le ministre de la
Justice.
M.
Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, encore une fois, j'invite le
député de l'Acadie à être prudent. Il va beaucoup avec des supputations, des allégations, et il
semble connaître l'ensemble de la vérité, il semble connaître tous les faits.
Je comprends que, pour la période des
questions, c'est la joute, mais je l'invite à la prudence dans le cadre de ce
processus-là, Mme la Présidente. Et,
c'est fort important, le règlement fait en sorte, Mme la Présidente, d'avoir un
processus de sélection indépendant.
Et je vous rappellerais, Mme la Présidente, que, même pour les juges à la Cour
suprême, il y a des consultations.
Alors, pour
un poste aussi important, Mme la Présidente, c'est important que le ministre de
la Justice, dans l'intérêt de la justice, s'assure de faire le choix qui est
dans l'intérêt de la justice, au bénéfice des justiciables québécois, parce
qu'on peut être fiers, Mme la Présidente, de la Cour du Québec...
La Présidente : En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...qui a une
très large juridiction, avec des juges qui sont compétents, Mme la Présidente.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. André Albert Morin
M. Morin : Un peu plus tôt cette
semaine, le ministre faisait référence à la commission Bastarache. J'invite la
ministre à relire la recommandation 35 pour la nomination d'un juge en
chef de la Cour du Québec : former un comité indépendant constitué de
juges et de la juge en chef sortants.
Est-ce que le
ministre peut s'engager aujourd'hui, devant la population, à mettre en place
cette recommandation-là pour éviter de nommer un ami?
Des voix : ...
La Présidente : Pas de commentaire
après les questions. M. le ministre.
M.
Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, l'ensemble des nominations que
j'ai faites, depuis que je suis ministre de la Justice, elles ont été
faites en fonction de la compétence du candidat, elles ont été faites en
respectant le processus indépendant de
sélection des juges, en fonction des recommandations du comité de sélection,
Mme la Présidente. Toutes les nominations ont été faites au mérite. Et je suis
fier de chacune des nominations et j'assume l'entièreté des choix que
j'ai effectués, parce que, les candidats que
j'ai nommés à la fonction de magistrat, je l'ai fait parce qu'en mon âme et
conscience il s'agissait des
meilleurs candidats dans l'intérêt supérieur de la justice. Je peux vous en
assurer, Mme la Présidente. Et je vais continuer d'agir ainsi...
La Présidente : En terminant.
M.
Jolin-Barrette : ...avec toute l'intégrité que j'accorde à ma
fonction, qui... je peux vous le dire, n'en doutez point.
La Présidente : En question
principale, je reconnais le député de Pontiac.
Mode de nomination des juges
M.
André Fortin
M.
Fortin : Oui. Mme la Présidente, le ministre nous invite à
la prudence, là, mais moi, je l'invite à la transparence, parce qu'en ce
moment, là, il agit comme si tout lui était permis. Il savait, M. le Président,
là, il savait exactement...
Une voix : ...
M. Fortin : ...Mme la Présidente, bien sûr, il savait, Mme la
Présidente, bien sûr, exactement ce qu'il faisait. Il savait qu'en ne passant pas... qu'en ne divulguant pas au premier
ministre, à ses collègues, qu'il allait nommer un ami, Mme la Présidente...
s'il savait, s'il ne l'a pas divulgué, c'est pour une raison bien précise.
L'autre
réalité, Mme la Présidente, c'est que le ministre, il annule des concours en
région où il y a des avocats très qualifiés,
où il y a une communauté juridique au complet qui lui demande de ne pas le
faire. En faisant ça, Mme la Présidente, en disant, comme il vient de le faire encore une fois, que c'est dans
l'intérêt supérieur de la justice, c'est une claque en pleine face qu'il envoie à une communauté entière.
Puis ce n'est pas vrai, Mme la ministre, ce n'est pas vrai que c'est du
développement économique régional que d'attirer un juge en région pour avoir
annulé un concours.
Est-ce que le
ministre de la Justice, là... est-ce qu'il peut comprendre juste une chose, que
ce n'est pas parce qu'on est ministre de la Justice qu'on peut...
La Présidente : M. le ministre.
M.
Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, je crois que le collègue fait
référence au concours de Sept-Îles. J'ai eu l'occasion de m'exprimer sur ce point-là pas plus tard qu'avant-hier en
Chambre, également, et j'ai dit que je comprenais la déception des gens de Sept-Îles, qui auraient
préféré avoir quelqu'un qui était issu de leur communauté. Cependant, ce que
prévoit le règlement de sélection, c'est que
c'est le comité de sélection, avec un comité indépendant, avec un juge désigné
par la juge en chef, avec deux avocats
désignés par le Barreau et deux membres du public, qui fait des recommandations
au ministre, qui, par la suite, fait les recommandations au Conseil des
ministres, Mme la Présidente.
Alors, le
juge qui a été désigné, c'est un juge qui est compétent. Et je comprends que le
Parti libéral souhaiterait que je
m'ingère encore dans le processus judiciaire, hein, et souhaiterait... puis
c'est un peu en porte-à-faux avec ce que le chef de l'opposition officielle a posé dans sa question, mais moi, je vais
respecter, comme je le fais toujours, le processus de sélection des
juges et je n'irai pas faire comme les libéraux faisaient à une certaine
époque, Mme la Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : Avez-vous
entendu, Mme la Présidente, là, avez-vous entendu un début d'explication à
savoir pourquoi le ministre de la Justice a jugé que tous les applicants
qui venaient d'une région n'étaient pas compatibles avec l'intérêt supérieur de la justice? Si ça, ce n'est pas
insultant pour des gens d'une région, Mme la Présidente, je ne sais pas ce qui
l'est. Mais mon collègue a entièrement raison. Pour le ministre de la
Justice, c'est comme s'il y avait de la confidentialité à deux vitesses. Quand c'est pour lui, c'est bien,
bien, bien important, la confidentialité, mais, quand c'est pour les candidats,
c'est bien autre chose.
La
Présidente : M. le ministre.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Alors,Mme la
Présidente, je note que ce n'est pas le député de l'Acadie qui pose les
questions puis c'est le député de...
Des voix : ...
La
Présidente : Je suis debout. M. le leader de l'opposition
officielle... Silence, je vous prie! M. le leader de l'opposition officielle,
je vous reconnais, allez-y.
• (10 h 40) •
M. Derraji : Je ne sais pas pourquoi ça fait rire les
collègues, les 90 élus caquistes. Mme la Présidente, j'invite le ministre de la Justice à répondre à la question de
mon collègue : Pourquoi il a nommé un chum? Et pourquoi il a nommé
quelqu'un de Longueuil à Sept-Îles?
La Présidente :
Vous n'avez pas à reposer la
question. Ce n'est pas une question de règlement. M. le ministre, répondez.
M. Jolin-Barrette : Alors, Mme la Présidente,
je note que le député de Pontiac agit comme s'il était chef. Déjà, il pose des questions sur tous les sujets. Alors,
peut-être qu'on a une avant-première de ce que les membres du Parti libéral
vont choisir.
Mais,
à la question, Mme la Présidente, concrètement, le processus est respecté. Dans
le cas de Sept-Îles, j'en suis conscient,
que les gens de Sept-Îles auraient préféré avoir quelqu'un de l'endroit.
Cependant, à la fois le député de Pontiac et le député de l'Acadie y vont beaucoup en conjectures. Et on se
retrouve dans une situation où le comité indépendant fait des recommandations,
et la loi prévoit...
La
Présidente : En terminant.
M.
Jolin-Barrette : ...que tout avocat de 10 ans de pratique du
Barreau peut soumettre sa candidature pour un concours, peu importe sa
provenance.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : On
ne serait pas trop de tous les députés de l'opposition pour questionner le
ministre de la Justice, parce qu'en
ce moment, là, il est en train de traiter le système de la justice comme son royaume
personnel. Là, envers et contre tous, il est rendu à s'en prendre au...
Des voix : ...
La Présidente :
M. le leader, j'imagine, du
gouvernement, brièvement. Je vous reconnais, mais allez-y brièvement.
M.
Jolin-Barrette : Bien, on me prête des intentions. Et loin de moi mon
attachement à la royauté. D'ailleurs, d'ailleurs...
Des voix : ...
La Présidente :
Je suis debout. C'est beau, M. le
leader du gouvernement. M. le député, poursuivez. Il vous reste quelques
secondes. Allez-y.
M.
Fortin : Oui. Dans son royaume, là, il est rendu à s'en
prendre à peu près au concept d'indépendance judiciaire, au concept d'indépendance du Conseil de la
magistrature. Puis, un après l'autre, tout le monde dans la communauté
juridique est
sorti pour lui dire que ça n'avait pas de bon sens, Mme la Présidente. Le seul
allié qu'il lui reste, au ministre de la Justice, c'est celui qu'il a
nommé comme juge.
La
Présidente : M. le ministre.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Le député de Pontiac est un homme intelligent. Je lui
suggère de ne pas faire d'amalgame de cette
façon-là, d'autant plus que, s'il respecte l'indépendance judiciaire, il
comprendra les principes de séparation des pouvoirs. Mais je suis convaincu que le député de l'Acadie va pouvoir
lui expliquer en détail, le député de l'Acadie qui est un juriste chevronné,
qui pose des questions avec rigueur et intégrité.
Mme
la Présidente, sur la question du Conseil de la magistrature, qui fait l'objet
du projet de loi n° 26, j'ai exposé aux collègues, notamment, les raisons pour
lesquelles nous allions de l'avant avec cela. Il n'est pas normal que, dans une
démocratie, personne ne soit redevable
devant les contribuables québécois. Et ce sont des mesures de bonne gestion que
nous mettons en place. J'espère que vous...
La
Présidente : En question principale, je reconnais le chef du deuxième
groupe d'opposition.
Augmentation
de la rémunération des députés
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Il reste 36 jours avant la crise du logement, au Québec,
avant le 1er juillet, en fait, et les
locataires attendent toujours, eux, justement, des solutions à la crise du
logement. Mais le premier ministre
veut augmenter le salaire des députés de 30 000 $. C'est sa priorité,
pas celle des Québécois. Les femmes, les
hommes qui travaillent dans nos écoles, dans nos hôpitaux attendent un salaire
compétitif, mais le premier ministre veut augmenter le salaire des députés de 30 000 $ par année. C'est
sa priorité, pas celle des Québécois. La hausse du coût de la vie plonge
la classe moyenne dans l'endettement, mais le premier ministre veut augmenter
le salaire des députés de 30 000 $ par année. C'est sa priorité, pas
celle des Québécois.
Mais
il y a une porte de sortie honorable pour le premier ministre. Il veut recruter
des meilleurs candidats la prochaine fois,
en 2026. Dans ce cas-là, il a juste à repousser la hausse de salaire après
2026. D'ailleurs, le Parti québécois s'est rallié à cette proposition-là ce matin. Mais, non, le
premier ministre veut à tout prix, le plus vite possible, augmenter le salaire
des députés de 30 000 $ par année, parce que le changement,
c'est maintenant. C'est son slogan, ça.
Le
premier ministre a brisé sa promesse de réformer le mode de scrutin au Québec
parce qu'il nous a dit, selon lui, que
personne ne se battait dans les autobus pour ça. Qui se bat dans les autobus
pour que les salaires des députés augmentent de 30 000 $ par
année?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, c'est important de réexpliquer le processus qui a été mis en
place par le Bureau de l'Assemblée nationale
pour faire un rattrapage qui est nécessaire sur la rémunération des députés.
C'est important de valoriser le rôle des députés à une époque où c'est
rendu difficile, entre autres avec les médias sociaux.
Mme la Présidente,
donc, le Bureau de l'Assemblée nationale a formé un comité indépendant présidé
par M. Jérôme Côté, qui, depuis 25 ans, est spécialiste, est un
expert pour comparer la rémunération de différents groupes d'employés. À ce comité, on a ajouté Lise
Thériault, qui a été longtemps députée du Parti libéral. On a ajouté Martin
Ouellette, qui a été député du Parti québécois. Ils ont déposé leur
rapport, et on a accepté les recommandations totalement.
Ce que nous suggère
actuellement le chef du deuxième groupe d'opposition et maintenant le chef du
troisième groupe d'opposition, c'est de
modifier des parties du rapport. Mme la Présidente, ce serait une erreur que de
commencer à piger dans ce qui fait
notre affaire. Je pense qu'à partir du moment où il y a un comité indépendant
qui fait des recommandations sur un
sujet délicat, mais un sujet important pour valoriser le rôle des députés au
Québec, c'est important, Mme la Présidente. Donc, ce qu'on fait, c'est
qu'on accepte intégralement les recommandations du rapport.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Le premier ministre se défile, se cache derrière un
comité dont il a rédigé le mandat...
Des voix : ...
La Présidente :
Non, non, attendez, là. Wo, wo,
wo! M. le chef du deuxième groupe d'opposition, M. le chef du deuxième groupe d'opposition — M. le leader, c'est bien, je vais m'occuper de la
situation — dans
la mesure où vous avez employé un terme qui est non parlementaire, vous
le savez, veuillez retirer le terme.
Une
voix : ...
La
Présidente : Poursuivez.
M. Nadeau-Dubois : Le premier ministre se
réfugie derrière un comité dont il a imposé le mandat. Mais qui ne voulait pas que ce comité-là soit décisionnel? Qui
ne voulait pas que ce comité-là soit décisionnel? C'est la CAQ, Mme la
Présidente.
Si le premier
ministre voulait avoir un comité qui prend les décisions à sa place, il avait
juste à écouter Québec solidaire, qui le répète depuis 10 ans. Est-ce
qu'il peut au moins assumer ses décisions?
La
Présidente : Monsieur...
Des voix : ...
La
Présidente : Silence, je vous prie! M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, c'est
quand même spécial. On a un homme, le chef du deuxième groupe d'opposition, qui
dit sur toutes les tribunes : Je veux faire de la politique d'une nouvelle
façon, il faut sortir des vieilles façons de faire de la politique. Et, Mme la Présidente, on se retrouve
dans une situation où le Bureau de l'Assemblée nationale a mis en place un comité indépendant, on a offert aux différents
partis d'opposition d'y participer. Il y a deux partis qui ont accepté. Le
Parti libéral a nommé Lise Thériault, le
Parti québécois a nommé Martin Ouellet. Et aujourd'hui, aujourd'hui, Québec
solidaire...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : ...vient
nous dire : J'ai refusé de participer au comité, mais je n'aime pas le
comité. Franchement!
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Des voix : ...
La
Présidente : Je vous entends. M. le... Il n'y a qu'une personne qui a
la parole ici, M. le député de Matane-Matapédia, qu'une personne, et c'est M.
le chef du deuxième groupe d'opposition. On vous écoute.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Ça ne me dérange pas, Mme la Présidente, il a
100 % raison. Mais le premier ministre a fait
des promesses qui n'avancent pas : le temps d'attente aux urgences, les
places en CPE, les logements abordables. Le premier ministre a aussi fait des promesses qu'il a brisées : le
troisième lien et la réforme du mode de scrutin. C'est-tu moi ou il n'a jamais promis ça, en campagne,
d'augmenter le salaire de sa gang de 30 000 $ par année? Il ne l'a
pas promis, ça. Pourquoi...
Des voix : ...
La
Présidente : M. le leader du gouvernement. Brièvement.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, le
chef du deuxième groupe d'opposition, un, prête des intentions, mais, deux, il devrait réaliser qu'il est un
parlementaire au même titre que tous les parlementaires ici, à l'Assemblée. Ce
n'est pas une...
La
Présidente : C'est beau.
Une voix :
...
La
Présidente : M. le leader du gouvernement, M. le leader du
gouvernement...
Une voix :
...
La
Présidente : M. le leader du gouvernement! Attention au choix des mots...
Une voix : ...
La Présidente :
M. le leader du deuxième groupe
d'opposition... Attention! Attendez! Je suis debout. Je vais terminer, je
vais clore là-dessus. On se traite avec respect. Nous sommes tous des élus, ici,
et non des gangs.
M. le chef, il vous restait neuf secondes. M. le
chef.
M.
Nadeau-Dubois : Le premier ministre n'a jamais promis d'augmenter
le salaire des députés de 30 000 $ par année. Pourquoi c'est
rendu, aujourd'hui, sa priorité? Pourquoi?
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : Mme la Présidente, j'ai entendu à plusieurs
reprises le chef du deuxième groupe d'opposition dire sur toutes les tribunes : Il faut arrêter de
faire de la petite politique, il faut arrêter de faire de la vieille politique.
Bien, c'est exactement ce qu'il fait actuellement.
La Présidente : En question
principale, je reconnais...
Des voix : ...
• (10 h 50) •
La Présidente : Silence! Je
reconnais le député de Laurier-Dorion. Il est le seul à avoir la parole.
Création d'un registre des
loyers
M.
Andrés Fontecilla
M.
Fontecilla : Merci, Mme la Présidente. Ça fait des années que le
gouvernement de la CAQ refuse de mettre sur pied un registre des loyers
sous prétexte que ça coûte trop cher, que c'est trop compliqué. Bien, j'ai une
bonne nouvelle pour la ministre de
l'Habitation, ce matin : l'organisme Vivre en ville a fait le travail à sa
place. Il y a maintenant un registre des
loyers, au Québec, et il est offert en cadeau au gouvernement de la CAQ. Si la
ministre est sérieuse dans sa volonté de combattre la crise du logement, elle va s'appuyer sur le succès de Vivre
en ville, elle va adopter le registre des loyers. Ça coûte un gros zéro.
Une solution simple et efficace.
Est-ce que la
ministre de l'Habitation peut se lever, ce matin, et s'engager à reprendre le
registre qu'on lui offre sur un plateau d'argent?
La Présidente : La réponse de la
ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : Oui, merci, Mme la Présidente. Écoutez,
effectivement, Vivre en ville a mis sur pied un registre. D'ailleurs, je les rencontrerai prochainement pour
en discuter. Je tiens à dire que c'est une chose, de populer un registre, de
mettre de l'information là-dedans; c'en est
une autre de valider cette information-là, puis de la garder à jour
annuellement, et de s'assurer qu'elle est véridique. Donc, je vais
m'entretenir avec eux puis je verrai comment ils vont pallier à ces
obligations-là, là, par la suite ou comment leur système va couvrir ça.
Je tiens à
rappeler qu'on a le Tribunal
administratif du logement qui
fonctionne bien, là, depuis 40 ans, au Québec, et qui a permis de
maintenir les loyers somme toute à des niveaux qui sont inférieurs à ce qu'on
voit ailleurs au Canada. Alors, on a un défi
d'éduquer la population avec ce qui est disponible comme recours au niveau du Tribunal administratif du logement, puis c'est ce sur quoi on va travailler, d'ailleurs, dans les
prochaines semaines et mois. Alors, je pense que c'est une autre façon de s'assurer que les loyers... ou que les gens
connaissent leurs droits, Mme la Présidente. Alors, voilà pour le
moment.
La Présidente : Première
complémentaire.
M.
Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Le Tribunal
administratif du logement, jusqu'à présent, est incapable de juguler les
hausses abusives des loyers au Québec. Tout le monde est d'accord, au Québec,
là, avec le registre de la CAQ... avec le registre des loyers, sauf la CAQ. Les locataires le demandent, les villes le
demandent, la ville de Sherbrooke, la ville de Rimouski, la ville de
Gatineau.
Est-ce que la
ministre va le faire pour contrer les hausses abusives des loyers? C'est ça
qu'on veut savoir, des mesures concrètes. Est-ce que la ministre peut au
moins inviter les locataires à inscrire leur loyer sur
registredesloyers.quebec?
La Présidente : Mme la ministre.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : Merci, Mme la Présidente. Écoutez, on a regardé la
notion de registre de loyers. L'Ontario l'avait mis en place, la Colombie-Britannique l'avait mis en place, et ces deux provinces-là
ont laissé tomber le registre des loyers. Nous, on l'a regardé. Financièrement, on pense que ça ne tient pas la
route. Il y a un fardeau administratif qui est trop important relatif à ça. Si Vivre en
ville a une solution qui est parfaite puis qui répond à ces enjeux-là, on verra,
on va regarder ça avec eux. Mais, pour le moment, la réponse, c'est qu'on n'a
pas besoin d'un registre de loyers. On a des mécanismes qui fonctionnent bien
avec le Tribunal administratif du
logement. Et, pour moi, pour le
moment, le registre de loyers, c'est une invitation pour les
spéculateurs à regarder quels sont les immeubles...
La Présidente : En terminant.
Mme Duranceau : ...où les loyers
sont bas puis cibler ces immeubles-là pour des acquisitions et des...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M.
Andrés Fontecilla
M.
Fontecilla : La transparence est un principe fondamental d'un
marché, là. Il y a un génie de l'informatique au gouvernement de la CAQ, c'est le député de La Peltrie et le ministre du
Numérique. Si un organisme comme Vivre en ville est capable de produire un registre des loyers avec seulement quelques
employés, est-ce que le ministre du Numérique, avec ses milliers
d'employés, ne pourrait-il pas le faire également?
Si le
gouvernement de la CAQ n'implante pas un registre des loyers, ce n'est pas à
cause d'un problème technique ou d'administration, c'est à cause d'un
manque de volonté politique pour régler la crise du logement.
La Présidente : Mme la ministre.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : Merci, Mme la Présidente. Écoutez, je pense qu'il
y en a une, volonté politique de changer les choses. D'ailleurs, dans les prochaines semaines, je déposerai un projet
de loi qui vise à régler ou, du moins, rétablir l'équilibre entre
locataires et propriétaires. Donc, on est dans l'action puis on veut changer
les choses.
Et, encore
une fois, le fameux registre de loyers proposé par Vivre en ville, bien, ils
auront l'occasion de me le présenter en personne. On regardera ce que ça
donne. Et c'est ce que je vais dire pour aujourd'hui, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais la députée de D'Arcy-McGee. La parole est à vous.
Accès aux services en santé
mentale
Mme Elisabeth
Prass
Mme
Prass : Merci, Mme la Présidente. On le sait, que la
continuité de services, pour les personnes avec des troubles mentaux graves, est extrêmement importante. Le
rapport de la Vérificatrice générale qui vient d'être déposé nous démontre clairement des ruptures de services en santé
mentale. Les constats, sous ce gouvernement, sont accablants. Il est impossible
pour les professionnels de la santé d'avoir accès à toutes les informations des
usagers qui sont nécessaires afin d'assurer une
prise en charge efficace à l'urgence, et les ressources ne permettent pas
d'avoir accès à un hébergement qui convient aux besoins.
Ce n'est pas
la première fois que je me lève dans cette Chambre pour parler du continuum de
services, et le ministre des Services sociaux nous rassure à chaque
fois.
Est-ce qu'il est fier, aujourd'hui, du bilan que
lui dresse la Vérificatrice générale?
La Présidente : Pour sa réponse, le
ministre responsable des Services sociaux.
M.
Lionel Carmant
M.
Carmant : Oui, bien, merci, Mme la Présidente. Je n'ai pas
eu la chance de regarder en entièreté le rapport de la Vérificatrice générale, mais les grands points qui m'ont été discutés
montrent clairement que notre plan d'action interministériel en santé mentale, qu'on a déposé l'an dernier, touche
la cible sur tous les points à venir améliorer dans le réseau de la santé, l'accès aux soins, qui est
vraiment la porte d'entrée unique qu'on met sur pied pour diriger les patients
vers la bonne ressource au bon moment,
l'accès pour les patients qui ont des cas... qui sont des cas plus lourds, qui
ont des troubles mentaux graves, avec
des programmes comme l'hospitalisation à domicile, le suivi dans la communauté,
tous des points qui sont vraiment prioritaires pour nous, et évidemment
l'hébergement, qui est un enjeu que, cette année, j'ai moi-même demandé, lors
de ce mandat actuel, la responsabilité au premier ministre d'avoir la loi sur
les ressources d'hébergement, incluant l'hébergement en santé mentale, parce
qu'il y avait clairement des changements à faire.
Je suis bien
d'accord qu'il faut faire des changements dans les... où tous les patients sont
vus sous le même angle, que ce soient
des personnes âgées, des personnes avec des problèmes de santé mentale, des
jeunes. Il faut vraiment différencier chaque clientèle, avoir des
critères d'inclusion pour chacune des clientèles...
La Présidente : En terminant.
M.
Carmant : ...et s'assurer que chacun soit logé dans le meilleur type
de logement pour cette problématique, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Je
ne suis pas sûre qu'on a fait la même lecture de rapport.
L'accès
aux défis médicaux est... L'accès aux services médicaux est un défi. Imaginez
pour ceux qui ont des problèmes de
santé mentale et qui se présentent aux urgences, souvent parce qu'ils n'ont pas
de médecin de famille. Ceux qui sont inscrits
au guichet d'accès pour un médecin de famille attendent beaucoup plus longtemps
que la moyenne pour avoir accès à un
médecin de famille. C'est 709 jours, presque deux ans. Résultat :
engorgement dans les urgences des personnes en détresse.
Est-ce qu'il est fier
de ce constat?
La
Présidente : M. le ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, je ne peux pas dire qu'on est fiers de ça, mais on est en train
de changer les choses, Mme la Présidente.
Alors, mon adjointe parlementaire, la députée de Marie-Victorin, a justement
cette mission. Qui a fermé l'accès au
CLSC à la santé mentale? C'est la réforme de 2015, Mme la Présidente. Qui a
transféré toutes les travailleuses sociales dans les GMF, Mme la
Présidente? C'est M. Barrette, Mme la Présidente.
Donc, c'est important
de s'assurer que de réouvrir l'accès aux CLSC pour les problèmes de santé
mentale. On y travaille avec la députée de
Marie-Victorin. On va annoncer bientôt une première ouverture, et on va faire
ça à travers tout le Québec, parce
que tout le monde a le droit d'avoir accès aux services en santé mentale au bon
moment, Mme la Présidente.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Les
constats de la Vérificatrice générale sont durant les années de la CAQ, je veux
juste préciser.
Hier,
encore une fois, je me suis levée pour parler de la détresse des jeunes. Le
rapport de la Vérificatrice générale, aujourd'hui,
démontre une fois de plus des lacunes du système. On voit que ces lacunes
aggravent les troubles mentaux et font augmenter les hospitalisations
répétées. Ce n'est pas souhaitable pour les patients. En effet, c'est
regrettable.
Le
ministre des Services sociaux ne peut plus me dire que tout va bien. Il doit
agir et redresser la situation très rapidement.
La
Présidente : M. le ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Je ne me souviens pas d'avoir dit que tout va
bien, Mme la Présidente. Au contraire, j'ai dit qu'on se retrousse les manches et qu'on continue à
travailler. Ce que j'ai dit hier, c'est que les niveaux de suicides sont plus
bas qu'ils n'ont jamais été, au Québec. Et ça, c'est factuel, factuel.
Maintenant,
ce qui est important pour l'accès aux urgences, je l'ai déjà dit, on a vu
900 000 personnes en services santé mentale, mais il y a eu 3 millions de consultations aux
urgences. C'est pour ça que, cette année, nos efforts sont concentrés sur l'accueil aux services d'urgence, le suivi en
communauté, pour s'assurer que les patients, une fois qu'ils sont pris en
charge aux urgences, ont le suivi qu'ils
requièrent et ne sont pas référés vers d'autres... vers d'autres services ou
avec un rendez-vous au psychiatre dans plusieurs mois.
La Présidente :
En terminant.
M. Carmant : On
travaille là-dessus, Mme la Présidente, c'est une priorité pour nous.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
Rosemont.
Accès
aux soins de santé
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Merci, Mme la Présidente. Le ministre de la Santé répète tous les jours que
personne ne souhaite le statu quo, au
Québec. O.K. Dire ça, là, c'est comme dire qu'il va faire nuit ce soir. Ce que
le ministre ne dit pas, c'est qu'il
ouvre grand la porte à la santé à deux vitesses au Québec. Radio-Canada a
rapporté, il y a quelques jours, le cas de la clinique Praxis de
Terrebonne. Je cite sa directrice générale : «...certains [clients] ont
des moyens plus faibles [ils] économisent
pour venir chez nous parce qu'ils n'ont pas accès au système public à des
services de santé.» Il y a un père de famille, par exemple, dans le reportage, Yanic
Charland. Il paie 245 $ pour chaque visite au privé pour sa petite de neuf
mois. 245 $ chaque visite de routine parce que son médecin, le
médecin de la petite, il n'est pas disponible.
Pour
le ministre, combattre le statu quo, est-ce que c'est demander à
M. Charland de payer 245 $ pour faire suivre sa petite?
• (11 heures) •
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, écoutez, Mme la Présidente, je pense qu'on
l'a vu, durant les discussions qu'on a eues au cours des dernières
semaines, dans le p.l. n° 15, que ce qu'on veut faire puis ce qu'on va
continuer de faire, c'est d'avoir, premièrement, le patient en tête, parce que,
oui, l'utilisation du privé, qui est complémentaire au public, on l'a dit que
c'était possible puis on a dit aussi que ça nous a aidés énormément durant la
pandémie, mais il faut penser aux patients.
C'est
malheureux que des gens aient, en ce moment, à payer pour avoir un service
qu'ils pourraient avoir gratuitement, mais,
en ce moment, le public, pour les raisons qu'on connaît, ne peut pas tout
offrir ces services-là, en ce moment. Alors, ce qu'on fait, c'est qu'on maximise les chances d'être capables de donner
aux patients, à tous ceux qui peuvent le faire, d'avoir accès à un
service de santé. C'est ça, avoir le patient en tête.
Malheureusement,
comme je le dis, notre système public, en ce moment, est fatigué, a eu énormes
difficultés, et on doit continuer à
l'aider. Et c'est pour ça qu'on doit travailler à attirer des gens à venir
travailler chez nous avec des meilleures conventions collectives. Et
c'est ce que ma collègue, en ce moment, la présidente du Conseil du trésor
travaille.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Le public ne rend pas de service ici, là, le public se sert. Résumons. Les
jeunes de parents de la classe moyenne se privent et économisent parce qu'ils
n'ont pas accès à leurs médecins, puis ils paient 245 $ pour un suivi d'une petite fille de neuf mois. M. Charland
a raison de dire : La santé, ça n'a pas de prix. Mais là la santé, elle a
une étiquette de prix, parce qu'on est en train de laisser le privé
prendre toute la place.
Est-ce
que le ministre est en train de dire à M. Charland et à tous les Québécois
qu'ils vont devoir continuer de payer de leurs poches parce que le
système les a carrément laissés tomber?
La
Présidente : M. le ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Écoutez, je pense que, Mme la Présidente,
l'expression de dire que le système les a laissés tomber, je vais laisser ça au
député de Rosemont, de dire ça. Moi, je pense que le système public a fait un
travail extraordinaire, au cours des trois dernières années, dans un
contexte très difficile.
Ce
qu'il faut, en ce moment, Mme la Présidente, c'est appuyer le système public le
mieux possible pour que tous les gens aient un accès à un service. C'est ça, en
ce moment, notre... Et, s'il faut ouvrir d'autres cliniques IPS, on s'est engagés, le ministre des Finances nous a donné un
budget important pour ouvrir 23 cliniques où les gens pourront avoir accès
à un service gratuit à des cliniques IPS. Je pense qu'on est dans la bonne
direction, mais on a une transition à faire...
La
Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...et
on doit aider notre réseau à se rétablir.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Le médecin Vincent Demers nous
apprenait, sur Twitter, qu'un médecin de famille est payé 23 $ par
la RAMQ pour un cas d'infection urinaire. Le même cas, dans une clinique
privée, c'est 245 $, plus de 10 fois.
Vu
que le ministre a l'air résigné au fait que les Québécois et les Québécoises
vont devoir continuer d'aller vers le privé
parce qu'ils n'ont pas de place au public, est-ce qu'il pourrait au moins
s'engager à limiter ces abus scandaleux de la part de cliniques qui font
juste de l'argent sur le dos du monde?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M.
Dubé : Écoutez, Mme la Présidente, je vais répéter la
même chose, c'est malheureux, mais, en ce moment, ce qu'on doit faire, c'est de
maximiser les chances que les patients qui peuvent avoir un service puissent
l'avoir en priorité au public et, si, ce service-là, pour les raisons
qu'on connaît, ils ne puissent pas l'avoir, qu'ils l'aient au privé.
Maintenant, ce qu'on sait, c'est qu'il
y a plus de 160 000 chirurgies, Mme la Présidente, qui ont été faites
dans le privé avec la carte de la RAMQ, parce que c'est ça, la
complémentarité qu'on peut avoir, avoir un accès universel pour tous les Québécois, dans un contexte où le réseau
a besoin d'aide. Et c'est ce que nous allons continuer de faire jusqu'à tant
qu'on ait rétabli le réseau, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député des Îles-de-la-Madeleine.
Accès à l'hébergement pour les personnes âgées
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
Merci, Mme la Présidente. Ce
matin, la Vérificatrice générale a déposé un rapport, mais un rapport ne doit pas en effacer un autre. Il y a un an
presque jour pour jour, la Vérificatrice générale abordait, dans son rapport,
la question des aînés en disant que
les aînés en grande perte d'autonomie n'auront pas tous accès à des soins de
longue durée publics dans les prochaines années ni à une intensité de
services suffisante.
Mme
la Présidente, on va frapper un mur. D'ici 2028, d'ici cinq ans, on aura besoin
de créer 18 000 places pour les personnes aînées en
hébergement. La ministre, il y a deux semaines, a annoncé la rénovation de
19 CHSLD avec 200 nouvelles places. Depuis cinq ans, on a créé
1 100 places. On veut en créer 18 000 d'ici cinq ans.
Comment
va-t-on y arriver et à quel coût? Parce que, si on suit la logique de la
ministre, il faudrait investir 21 millions... milliards de dollars
pour créer 18 000 places. Est-ce que c'est réaliste, Mme la ministre?
La
Présidente : La réponse de la ministre déléguée à la Santé et
responsable des Aînés.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger :
Oui. Mme la Présidente, très
contente d'avoir cette question. Puis attention de ne pas faire des
équations avec des chiffres que je n'ai jamais mentionnés moi-même. Je n'ai
jamais mentionné qu'on avait besoin de 18 000 places
d'hébergement au Québec d'ici cinq ans. Nous sommes en train de transformer le
réseau d'hébergement, au Québec. Il y
aura des maisons des aînés, 46 maisons, 3 500 places. Nous
rénovons des CHSLD, ce n'est que le début, c'est la première phase,
19 CHSLD parmi les plus désuets au Québec que nous construisons sous forme
de maisons des aînés. C'est vrai que,
pour ces 19 CHSLD, c'est 200 places de plus. Ce n'est que le début.
Nous allons continuer de rénover nos CHSLD.
Je
voudrais aussi mentionner que nous avons l'intention de privatiser nos CHSLD
privés, et, là aussi, il y a un potentiel, il y a un potentiel d'augmenter le nombre de places parmi les
établissements, les CHSLD privés actuels, qui vont devenir privés
conventionnés.
Et
j'aimerais rappeler que, les aînés, ce qu'ils nous disent, c'est qu'ils veulent
demeurer chez eux lorsqu'ils vont vieillir. Alors, Mme la Présidente,
c'est ce que nous faisons en accentuant...
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
Mme la Présidente, je sais très
bien que la ministre n'a pas dit qu'il y avait 18 000 places à créer.
C'est la Vérificatrice générale qui a fait
ce constat, 18 000 places. On en a créé 1 100 au cours des cinq
dernières années. Est-ce que la ministre
est en train de nous dire qu'on va avoir de 15 000 à
18 000 personnes aînées, dans cinq ans, qui n'auront pas accès à l'hébergement? C'est exactement ce que
veut éviter la Vérificatrice générale. C'est ce qu'on veut éviter également.
Comment va-t-on pouvoir
héberger ces personnes si on n'a pas de places à leur offrir?
La
Présidente : Mme la ministre.
Mme Sonia Bélanger
Mme
Bélanger : Mme la Présidente, j'ai mentionné tantôt qu'on est en train
de travailler sur un ensemble de solutions,
notamment les CHSLD privés que nous voulons conventionner. Tantôt, je me suis
trompée dans le mot, j'ai dit «privatiser», vous comprenez que je voulais dire
«conventionner». Nous sommes en train de le faire, et il y a un potentiel
d'augmentation, là, de nombre de places
d'hébergement. N'oublions pas que nous soutenons aussi notre réseau des RPA.
Et c'est important, justement, dans le
vieillissement de la population, qu'on considère toutes les options. Mais
l'autre chose la plus importante,
c'est vraiment le virage du soutien à domicile. Et je suis certaine que le
député des Îles ne souhaite pas qu'on mette toutes les personnes âgées
au Québec dans des centres d'hébergement. Ce n'est pas ça, l'intention.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Joël Arseneau
M.
Arseneau : Mme la Présidente, effectivement, il faut faire le
grand virage des soins à domicile, sauf que la Vérificatrice générale nous dit qu'il y a une absence totale de
planification tant pour les places en hébergement que pour le virage des soins à domicile. Elle estime qu'il faudrait
2 milliards de dollars d'investissement par année dans les soins à domicile. En étude des crédits, il y a deux
semaines, Mme la ministre a dit qu'elle avait obtenu 200 millions de
dollars, donc 10 fois moins de ce qu'on a besoin seulement pour la
prochaine année.
Comment on va y
arriver d'ici huit ans?
La
Présidente : Mme la ministre.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger :
Mme la Présidente, écoutez, nous
sommes en train de transformer le réseau d'hébergement, au Québec, nous sommes en train de rehausser
l'ensemble de nos services pour les aînés, au Québec. Nous travaillons avec
les différents organismes communautaires,
les entreprises d'économie sociale, les différents partenaires pour organiser
notre offre de services. C'est
extrêmement important, les services que l'on doit ajuster dans une perspective
de vieillissement de la population.
Et nous sommes là. Notre vision, elle est vraiment claire. Et, pour revenir au
niveau de l'hébergement, je veux le mentionner, virage du soutien à
domicile...
La Présidente :
En terminant.
Mme
Bélanger : ...maison des aînés, les établissements privés que nous
allons rendre conventionnés...
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
Pontiac.
Aide aux producteurs de porc
M. André Fortin
M. Fortin : Mme
la Présidente, ça fait des... si le gouvernement de la Coalition avenir Québec
voulait fermer des entreprises productrices de porc en région, au Québec,
il ne s'y prendrait pas mieux, parce que ça fait des mois que le ministre de l'Agriculture nous dit la même chose,
que lui, il attendait l'entente entre les producteurs et les transformateurs.
Bien, l'entente, Mme la Présidente, elle a
eu lieu. Et vous savez quoi? À chaque fois qu'il se vend un cochon d'un
producteur indépendant, au Québec, il perd de l'argent. Et la fameuse
aide individuelle que le ministre promettait, bien, elle n'est simplement pas
au rendez-vous.
Pire
encore, il ajoute l'insulte à l'injure. Il lance des nouveaux programmes d'aide
pour des producteurs pour faire face à l'inflation, et les producteurs
de porc sont exclus de ces programmes-là, ne peuvent simplement pas y
appliquer. Les seules options qu'il leur
reste en ce moment, Mme la Présidente, c'est de fermer les portes ou de perdre
de l'argent à tous les jours. Encourager la décroissance économique,
moi, je m'attends à ça de la part de Québec solidaire, mais je m'attends à
mieux de la part du ministre de l'Agriculture.
Est-ce qu'il va
vraiment abandonner tous les producteurs de porc indépendants au Québec?
Des voix :
...
• (11 h 10) •
La Présidente :
Silence! La réponse du ministre
de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Pêcheries. J'aimerais l'entendre.
Allez-y, M. le ministre.
M. André Lamontagne
M.
Lamontagne : Bien, merci, Mme la Présidente. D'ailleurs, je veux
remercier mon collègue de Pontiac de souligner
la réponse exceptionnelle qu'on a donnée au cri du coeur que les agriculteurs
puis les producteurs, les productrices ont
lancé ce printemps en offrant un programme qui va injecter, au cours des
semaines, des mois à venir, près de 100 millions de
dollars dans les différentes entreprises du Québec. Il y a
2 000 entreprises du Québec qui vont pouvoir bénéficier de ce soutien-là. Puis il y a un certain nombre
d'entreprises porcines aussi qui vont pouvoir en bénéficier. C'est un programme
qui est offert à toutes les entreprises qui ont des revenus jusqu'à
1,5 million de dollars.
Ceci
étant dit, Mme la Présidente, j'ai expliqué à de multiples reprises que toute
la question du dossier du secteur porcin
est en train de se réaliser, en train de se transformer. J'ai eu une rencontre,
la semaine passée, avec les éleveurs, avec l'UPA, avec La Financière, et toute la convention qui a été signée il y
a quelques mois repose sur un plan de retrait, et les conditions pour ce plan de retrait là vont bientôt
être connues, et les producteurs vont pouvoir s'engager dans un processus,
oui, pour se retirer d'affaires, pour éliminer une certaine production, mais
avec aussi un soutien qui va venir...
La
Présidente : En terminant.
M. Lamontagne :
...avec ces initiatives-là, Mme
la Présidente. Alors, tout le secteur, là, est couvert, présentement.
La
Présidente : Alors, cela met fin à la période de questions et de
réponses orales.
Je vous invite à
demeurer en place. Il y aura des votes reportés. Et, pour ce faire, je cède la
place au deuxième vice-président. Merci. Bonne fin de journée à tous.
Votes reportés
Motion proposant que l'Assemblée demande la divulgation de
l'ensemble des documents de la commission Grenier
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
Mmes et MM. les députés, à la rubrique Votes reportés, comme annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au
vote reporté sur la motion telle qu'amendée de M. le chef du troisième groupe
d'opposition débattue hier aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition, qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale demande au Directeur général des élections du Québec de
divulguer et rendre publics tous les témoignages et documents de la
commission Grenier dans les plus brefs délais.»
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. St-Pierre
Plamondon (Camille-Laurin), M. Bérubé (Matane-Matapédia).
M. Legault (L'Assomption), M. Jolin-Barrette (Borduas),
Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville), Mme Fréchette (Sanguinet), M. Dufour
(Abitibi-Est), M. Girard (Groulx), M. Bonnardel (Granby),
Mme LeBel (Champlain),
M. Roberge (Chambly), M. Boulet (Trois-Rivières), Mme D'Amours
(Mirabel), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Proulx (Berthier), M. Charette (Deux-Montagnes),
Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles), M. Fitzgibbon (Terrebonne),
Mme Lecours (Les Plaines), Mme Biron (Chutes-de-la-Chaudière),
Mme Roy (Verchères), M. Julien (Charlesbourg), M. Drainville (Lévis), M. Carmant
(Taillon), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé (La Prairie),
Mme Bélanger (Prévost), M. Lamontagne
(Johnson), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), M. Émond (Richelieu),
Mme Blanchette Vézina (Rimouski), M. Lacombe (Papineau), Mme Laforest (Chicoutimi),
M. Lévesque (Chapleau), Mme Charest (Brome-Missisquoi),
Mme Duranceau (Bertrand), Mme Déry (Repentigny), M. Lafrenière
(Vachon), M. Skeete (Sainte-Rose), M. Allaire (Maskinongé),
Mme Grondin (Argenteuil), M. Provençal (Beauce-Nord),
Mme Lachance (Bellechasse), M. Jacques (Mégantic), Mme Boutin
(Jean-Talon), M. Bélanger (Orford), Mme Picard (Soulanges),
Mme Jeannotte (Labelle), M. Bachand (Richmond), M. Caron
(Portneuf), M. Sainte-Croix (Gaspé), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Asselin
(Vanier-Les Rivières), M. Bussière (Gatineau), M. Lamothe
(Ungava), M. Poulin (Beauce-Sud), M. Lemay (Masson), M. Bernard (Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
Mme Dorismond (Marie-Victorin), M. Montigny (René-Lévesque), Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
Mme Mallette (Huntingdon), Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata), Mme Haytayan (Laval-des-Rapides),
Mme Bogemans (Iberville), M. Girard (Lac-Saint-Jean), M. Lemieux
(Saint-Jean), Mme Tremblay
(Hull), Mme Schmaltz (Vimont), M. Gagnon (Jonquière),
M. St-Louis (Joliette), Mme Gendron (Châteauguay),
M. Rivest (Côte-du-Sud).
M. Tanguay (LaFontaine),
M. Derraji (Nelligan), Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont), M. Fortin (Pontiac), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis),
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys), Mme Dufour (Mille-Îles), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Garceau (Robert-Baldwin),
Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Prass
(D'Arcy-McGee), Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey), Mme Caron
(La Pinière), M. Morin (Acadie), Mme Cadet
(Bourassa-Sauvé), M. Ciccone (Marquette).
M. Nadeau-Dubois (Gouin),
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Marissal (Rosemont), M. Fontecilla (Laurier-Dorion),
Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie (Sherbrooke), M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Bouazzi (Maurice-Richard),
Mme Zaga Mendez (Verdun), M. Grandmont (Taschereau).
Mme Nichols
(Vaudreuil).
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Que
les députés qui sont contre cette motion veuillent bien se lever. Y a-t-il
des abstentions? M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 102
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : La motion est adoptée. M. le député de
Matane-Matapédia.
M. Bérubé : M. le Président, nous aimerions que le résultat de
cette motion soit envoyé au Directeur général des élections du Québec.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Ce sera fait, M. le député de Matane-Matapédia.
Adoption du principe du projet de loi n° 24
Maintenant, pour un
prochain... Nous allons maintenant procéder au vote reporté sur la motion de M.
le leader parlementaire du gouvernement et
ministre de la Justice proposant que le principe du projet de loi n° 24, Loi donnant suite aux recommandations du rapport
du Comité consultatif indépendant sur la révision de l'indemnité annuelle des
membres de l'Assemblée nationale, soit adopté.
Que les députés en
faveur veuillent bien se lever.
Le
Secrétaire adjoint :
M. Legault (L'Assomption), M. Jolin-Barrette (Borduas),
Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise
(Blainville), Mme Fréchette (Sanguinet), M. Dufour (Abitibi-Est),
M. Girard (Groulx), M. Bonnardel (Granby), Mme LeBel
(Champlain), M. Roberge (Chambly), M. Boulet (Trois-Rivières),
Mme D'Amours (Mirabel), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Proulx
(Berthier), M. Charette (Deux-Montagnes), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), M. Fitzgibbon
(Terrebonne), Mme Lecours (Les Plaines), Mme Biron
(Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Verchères), M. Julien (Charlesbourg), M. Drainville
(Lévis), M. Carmant (Taillon), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé
(La Prairie), Mme Bélanger
(Prévost), M. Lamontagne (Johnson), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), M. Émond (Richelieu), Mme Blanchette
Vézina (Rimouski), M. Lacombe (Papineau), Mme Champagne Jourdain
(Duplessis), Mme Laforest (Chicoutimi),
M. Lévesque (Chapleau), Mme Charest (Brome-Missisquoi),
Mme Duranceau (Bertrand), Mme Déry (Repentigny), M. Lafrenière (Vachon), M. Skeete (Sainte-Rose),
M. Allaire (Maskinongé), Mme Grondin (Argenteuil),
M. Provençal (Beauce-Nord), Mme Lachance (Bellechasse),
M. Jacques (Mégantic), Mme Boutin (Jean-Talon), M. Bélanger (Orford), Mme Picard
(Soulanges), Mme Jeannotte (Labelle), M. Bachand (Richmond),
M. Caron (Portneuf), M. Sainte-Croix (Gaspé), Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice), M. Asselin (Vanier-Les Rivières),
M. Bussière (Gatineau), M. Lamothe
(Ungava), M. Poulin (Beauce-Sud), M. Lemay (Masson), M. Bernard
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
Mme Dorismond (Marie-Victorin), M. Montigny (René-Lévesque),
Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
Mme Mallette (Huntingdon), Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata), Mme Haytayan (Laval-des-Rapides), Mme Bogemans (Iberville), M. Girard
(Lac-Saint-Jean), M. Lemieux (Saint-Jean), Mme Tremblay (Hull),
Mme Schmaltz (Vimont), M. Gagnon (Jonquière), M. St-Louis
(Joliette), Mme Gendron (Châteauguay), M. Rivest (Côte-du-Sud).
M. Tanguay (LaFontaine),
M. Derraji (Nelligan), Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont), M. Fortin (Pontiac),
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys),
Mme Dufour (Mille-Îles), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Garceau (Robert-Baldwin),
Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Prass
(D'Arcy-McGee), Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey), Mme Caron
(La Pinière), M. Morin (Acadie), Mme Cadet (Bourassa-Sauvé),
M. Ciccone (Marquette).
Mme Nichols (Vaudreuil).
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Que les députés qui sont contre cette motion veuillent
bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Nadeau-Dubois
(Gouin), M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques),
M. Marissal (Rosemont), M. Fontecilla (Laurier-Dorion),
Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie
(Sherbrooke), M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Bouazzi (Maurice-Richard),
Mme Zaga Mendez (Verdun), M. Grandmont (Taschereau).
M. St-Pierre
Plamondon (Camille-Laurin), M. Bérubé (Matane-Matapédia).
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y a-t-il des abstentions?
M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 90
Contre :
13
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Lévesque) : La
motion est adoptée. Et, en conséquence, le principe du projet de loi n° 24, Loi
donnant suite aux recommandations du rapport du Comité consultatif indépendant
sur la révision de l'indemnité annuelle des membres de l'Assemblée
nationale, est adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission des institutions
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le Président.
Conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais motion
afin que le projet de loi n° 24, la Loi donnant suite aux recommandations
du rapport du Comité consultatif indépendant sur
la révision de l'indemnité annuelle des membres de l'Assemblée nationale, soit déféré à la Commission des institutions pour son étude détaillée et que le
ministre de la Justice et leader parlementaire du gouvernement soit membre de
ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Adopté.
Motions sans préavis
Alors, à la rubrique
Motions sans préavis, je suis maintenant prêt à reconnaître un membre du deuxième
groupe d'opposition. Et je reconnais M. le leader du deuxième groupe
d'opposition.
M. Leduc : Merci,
M. le Président. Je demande le consentement de cette Assemblée pour présenter
la motion suivante conjointement avec le chef du troisième groupe
d'opposition :
«Que l'Assemblée
déplore les dépenses publiques encourues par l'institution de la monarchie
canadienne, dont l'augmentation salariale annuelle de près de
50 000 $ accordée à la gouverneure générale du Canada depuis 2019;
«Qu'elle rappelle le
devoir d'exemplarité des détenteurs et détentrices d'une charge publique.»
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Il n'y a pas de consentement.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Il
n'y a pas de consentement. Je suis maintenant prêt à reconnaître un membre
du troisième groupe d'opposition, et je reconnais M. le député de
Matane-Matapédia.
M. Bérubé : M.
le Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin
de présenter, conjointement avec la députée de Mercier, la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale salue la publication du Bulletin de l'égalité des
chances en éducation de l'Observatoire québécois des inégalités le
24 mai 2023;
«Qu'elle
fasse siens les constats de l'observatoire à l'effet que la segmentation du
modèle scolaire en trois filières distinctes :
privé, public régulier et public enrichi, a des conséquences sur l'égalité des
chances en éducation et contredit le principe d'un curriculum québécois
commun à tous les élèves.»
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Il n'y a pas de consentement, M. le Président.
• (11 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Il n'y a pas de consentement. Je suis maintenant prêt à reconnaître un membre du
gouvernement, et je reconnais Mme la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Déry : Merci
beaucoup, M. le Président. J'aimerais souligner la présence, dans les tribunes
aujourd'hui, de certains membres de l'ACFAS
qui sont avec nous pour le 100e anniversaire. Donc, c'est la directrice
générale, Sophie Montreuil, il y a
certains administrateurs, également, et des membres de la communauté
académique, parce qu'on a...
Une voix : ...
Mme Déry : Absolument.
On va présenter justement une motion en ce sens, M. le Président.
Souligner
le 100e anniversaire de l'ACFAS
Je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec la députée de Bourassa-Sauvé, le leader du
deuxième groupe d'opposition, le député de Matane-Matapédia et la députée de
Vaudreuil également :
«Que
l'Assemblée nationale salue le leadership exercé par l'ACFAS dans sa capacité à
réunir et à représenter les chercheuses
et [...] chercheurs d'expression française afin qu'ils puissent participer à
part entière au développement et à l'enrichissement de la société
québécoise;
«Qu'elle
rappelle le rôle clé joué par l'ACFAS à l'échelle du Québec, de la francophonie
canadienne et internationale en matière de promotion de la recherche en
français;
«Qu'elle reconnaisse
la notoriété qu'elle s'est bâtie à l'échelle de la francophonie scientifique
internationale depuis sa fondation, à Montréal, le 15 juin 1923 par le
frère Marie-Victorin, le radiologiste Léo Pariseau et le botaniste Jacques
Rousseau;
«Finalement,
qu'elle rende hommage à l'ACFAS pour ses 100 ans de contribution
exceptionnelle à la promotion et à
l'avancement de la communauté de la recherche ainsi qu'à la transmission des
savoirs en français.» Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, M. le Président, il y a consentement, sans débat.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Est-ce que cette motion est adoptée?
M. Leduc : Je
vous demanderais un vote par appel nominal, s'il vous plaît, M. le Président.
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : D'accord. Donc, le vote par appel nominal est demandé
par M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
Alors, que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Jolin-Barrette (Borduas),
Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville), Mme Fréchette (Sanguinet),
M. Dufour (Abitibi-Est), M. Girard (Groulx), M. Bonnardel
(Granby), Mme LeBel (Champlain), M. Roberge
(Chambly), M. Boulet (Trois-Rivières), Mme D'Amours (Mirabel),
M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Proulx
(Berthier), M. Charette (Deux-Montagnes), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Lecours
(Les Plaines), Mme Biron (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy
(Verchères), M. Julien (Charlesbourg), M. Drainville
(Lévis), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé (La Prairie),
Mme Bélanger (Prévost), M. Lamontagne (Johnson), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), M. Émond (Richelieu), Mme Blanchette Vézina (Rimouski),
M. Lacombe (Papineau), Mme Champagne Jourdain (Duplessis),
Mme Laforest (Chicoutimi), M. Lévesque (Chapleau), Mme Charest (Brome-Missisquoi),
Mme Duranceau (Bertrand), Mme Déry (Repentigny), M. Lafrenière
(Vachon), M. Skeete (Sainte-Rose), Mme Grondin (Argenteuil),
M. Provençal (Beauce-Nord), Mme Lachance (Bellechasse),
M. Jacques (Mégantic), Mme Boutin (Jean-Talon), M. Bélanger
(Orford), Mme Picard (Soulanges), Mme Jeannotte (Labelle), M. Bachand (Richmond), M. Caron (Portneuf),
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Asselin
(Vanier-Les Rivières), M. Bussière (Gatineau), M. Lamothe (Ungava), M. Poulin
(Beauce-Sud), M. Lemay (Masson), M. Bernard (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Dorismond
(Marie-Victorin), M. Montigny (René-Lévesque), Mme Bourassa
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré), Mme Mallette
(Huntingdon), Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata), Mme Haytayan (Laval-des-Rapides),
Mme Bogemans (Iberville), M. Girard (Lac-Saint-Jean), M. Lemieux
(Saint-Jean), Mme Schmaltz (Vimont), M. Gagnon (Jonquière),
M. St-Louis (Joliette), Mme Gendron (Châteauguay), M. Rivest
(Côte-du-Sud).
M. Derraji
(Nelligan), Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont), M. Fortin
(Pontiac), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys),
Mme Dufour (Mille-Îles), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Garceau (Robert-Baldwin), Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Prass (D'Arcy-McGee), Mme Lakhoyan Olivier
(Chomedey), Mme Caron (La Pinière), M. Morin (Acadie),
Mme Cadet (Bourassa-Sauvé), M. Ciccone (Marquette).
M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques),
M. Marissal (Rosemont), M. Fontecilla (Laurier-Dorion),
Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie (Sherbrooke), M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne),
M. Bouazzi (Maurice-Richard), Mme Zaga Mendez (Verdun),
M. Grandmont (Taschereau).
M. St-Pierre
Plamondon (Camille-Laurin), M. Bérubé (Matane-Matapédia).
Mme Nichols
(Vaudreuil).
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Que les députés qui sont contre cette motion
veuillent bien se lever. Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire
général...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Avec la
permission des collègues, si on peut enregistrer le vote du député de Gaspé.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Y a-t-il consentement pour permettre au député de Gaspé d'enregistrer son
vote? Il y a consentement. Alors...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, M. le député de Gaspé mentionne au passage voter pour. On va le faire à
sa place, on va le faire selon les règles de l'art, chers collègues. Alors, M.
le député de Gaspé, les députés en faveur?
Le Secrétaire adjoint : M.
Sainte-Croix (Gaspé).
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
M. le secrétaire général.
Le Secrétaire : Pour : 97
Contre :
0
Abstention :
0
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
La motion est adoptée. Maintenant, je suis prêt à reconnaître un membre formant
l'opposition officielle, et je reconnais Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, M. le Président.
Alors, permettez-moi d'abord de souligner la présence avec nous des
représentants de Mérule pleureuse Québec, de même que certains sinistrés de la
mérule.
Alors, je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante, conjointement avec le député de Laurier-Dorion, le député des Îles-de-la-Madeleine,
la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse l'immense fléau que constitue la mérule
pleureuse, un champignon se nourrissant de bois et engendrant
l'effritement et la destruction des structures des maisons et des immeubles;
«Qu'elle
constate que ce fléau ravage plusieurs dizaines de bâtiments résidentiels par
année dans toutes les régions du Québec, infligeant un stress financier
et psychologique important sur les résidents;
«Qu'elle
reconnaisse que le programme gouvernemental d'intervention résidentielle de la
mérule pleureuse, mis en place en
2018, est devenu plus restrictif depuis les 2 dernières années, ce qui a
engendré une nette diminution des demandes d'indemnisation malgré des
besoins tout aussi grands;
«Qu'elle
déclare que ce programme doit être revu et amélioré pour en élargir
l'accessibilité aux municipalités et aux propriétaires non-résidents,
pérenniser son financement et bonifier les sommes pouvant être versées en aide
financière;
«Qu'elle
souligne l'apport de Mérule pleureuse Québec, un organisme à but non lucratif
qui informe, soutient et accompagne les sinistrés dans cette épreuve et
dans les démarches administratives liées au programme; et
«Qu'enfin,
elle demande au gouvernement du Québec d'apporter les modifications nécessaires
au programme dans les meilleurs délais.»
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Il n'y a
pas de consentement, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Il n'y a pas de consentement. Alors, dans les motions sans préavis, ayant déjà
été présenté par le groupe parlementaire
formant le gouvernement, je demande s'il y a consentement pour permettre la
lecture d'une autre motion sans préavis. Consentement. Alors, M. le leader
adjoint du gouvernement.
Entériner le mandat de
procéder à des consultations particulières sur le
rapport sur la mise en oeuvre de la Loi facilitant la divulgation
d'actes répréhensibles à l'égard des organismes publics
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci, M. le Président. Je demande le
consentement pour déroger à l'article 84.1 de notre règlement afin de déposer une motion rétroactive de
consultations particulières donnant suite à une entente entre les
leaders et la députée indépendante de Vaudreuil.
Je fais motion, conformément à
l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que
l'Assemblée nationale entérine le mandat confié à la Commission des finances
publiques afin de procéder à des consultations particulières et de tenir des
auditions publiques sur le rapport sur la mise en oeuvre de la Loi facilitant
la divulgation d'actes répréhensibles à l'égard des organismes publics, déposé
par [la présidente] du Conseil du trésor le 28 mai 2020, le
mercredi 31 mai 2023 après les avis touchant les travaux des
commissions vers 11 h 15 à 13 h 05, le jeudi 8 juin 2023 après les avis
touchant les travaux des commissions vers 11 h 15 à
12 h 50, de 14 h 45 à 18 heures, et de
19 h 15 à 22 h 30 et le vendredi 9 juin 2023
après les avis touchant les travaux des commissions vers 11 h 15 à [midi];
«Qu'à cette
fin, la commission entende les personnes et organismes suivants : Protecteur du citoyen, Syndicat
de la fonction publique et
parapublique du Québec, Fédération
professionnelle des journalistes du Québec, Conseil interprofessionnel du Québec, Syndicat de
professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec, Eric Sesseaud[...],
professeur programme Éthique et compliance des organisations, Université La
Sorbonne, la Centrale des syndicats du Québec, la Fédération autonome de
l'enseignement, la Confédération des syndicats nationaux, la Fédération
interprofessionnelle de la santé du Québec, la Fédération
des travailleurs et travailleuses du Québec, la Centrale des syndicats
démocratiques, l'Association
des ingénieurs du [Québec];
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires, répartie de la manière suivante :
6 minutes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
4 minutes 30 secondes pour l'opposition officielle,
1 minute 30 secondes au deuxième groupe d'opposition;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange
avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire
formant le gouvernement, 13 minutes 8 secondes [opposition]
officielle, 4 minutes 23 secondes [...] deuxième groupe
d'opposition;
«Qu'une suspension de 5 minutes soit prévue
entre les échanges avec chaque personne et organisme;
«Que la
ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du
Conseil du trésor soit membre de ladite commission pour la durée du
mandat.»
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion? Consentement. Est-ce que cette motion est
adoptée?
• (11 h 30) •
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Adopté.
Avis touchant les travaux des
commissions
Alors nous en
sommes à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci, M. le Président. J'avise cette Assemblée que la Commission des
institutions entreprendra l'étude détaillée du projet de loi n° 24, la Loi donnant suite aux recommandations du rapport
du Comité consultatif indépendant sur la
révision de l'indemnité annuelle des membres de l'Assemblée nationale, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et
de 14 heures à 16 h 30, et le mardi 30 mai 2023, de
10 heures à midi, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission de l'aménagement du territoire poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 16, la Loi
modifiant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et d'autres
dispositions, aujourd'hui, de midi à 13 heures, à la salle du Conseil
législatif, et de 14 heures à 16 h 30, à la salle Pauline-Marois;
La
Commission des relations avec les citoyens poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 11, la Loi
modifiant la Loi concernant les soins
de fin de vie et d'autres dispositions législatives, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de
14 heures à 16 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland,
et le mardi 30 mai 2023, de 10 heures à midi, à la salle
Pauline-Marois;
La
Commission de l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée du projet
de loi n° 19, Loi
sur l'encadrement du travail des enfants, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 14 heures à
16 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, et le mardi
30 mai 2023, de 10 heures à midi, à la salle Marie-Claire-Kirkland.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Pour
ma part, je vous avise que la Commission de la culture et de l'éducation se
réunira en séance de travail le jeudi 25 mai 2023, de 13 heures
à 13 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, afin de statuer sur
la possibilité que la commission se saisisse d'un mandat d'initiative portant
sur la question des clauses d'amnistie au sein des conventions
collectives dans le cadre de l'application de la loi n° 151.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
À
la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, je vous rappelle
que, lors de l'interpellation prévue pour
demain, le vendredi 26 mai 2023, M. le député de Pontiac s'adressera
à M. le ministre responsable du Développement économique régional sur le sujet
suivant : Cinq ans d'échecs caquistes : le coût de l'abandon des
régions.
La période... Oui, M.
le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc :
Merci, M. le Président. Question pour nos collègues d'en face. Dans
quelques minutes, nous allons démarrer
l'étude détaillée du projet de loi n° 24. Nous avons demandé
à plusieurs reprises de pouvoir procéder à des auditions, à entendre des
groupes. C'est assez rare, en fait, ici, dans cette enceinte, où nous procédons
à des travaux sur un projet de loi sans
avoir entendu absolument aucune contribution de l'extérieur. Quand c'est le
cas, c'est souvent par consensus, parce
que tout le monde est d'accord pour qu'on procède rapidement, il y a une
unanimité sur le fond de la chose. Or, force est de constater, M. le Président, que l'unanimité, sur ce dossier-là,
on vient juste de le voir avec le vote sur le principe, n'est pas
présente.
Il
me semble que ce serait la chose à faire, du côté gouvernemental, que
d'entendre cette proposition-là d'inviter des groupes. Ce n'est pas obligé d'être une liste, là, de 10, 15 ou
20 personnes, là, on s'entend, ça peut être quelques personnes triées sur le volet, on peut avoir des
échanges sur la pertinence de deux, trois, quatre, cinq groupes, à la limite,
on ne sera pas trop gourmands, M. le
Président. Mais il me semblerait qu'à ce moment-ci, là... Puis c'est un peu la
dernière fois où je peux le faire
ici, au salon bleu, avant qu'on commence l'étude détaillée, comme je le disais,
dans quelques minutes, où le
gouvernement peut se saisir de cette opportunité-là, essayer de baisser la
pression. Ça fait plusieurs semaines qu'on discute de rémunération des
élus. Les chroniques pleuvent, les médias en parlent abondamment, les gens se
plaignent à nos bureaux de circonscription,
des appels, des courriels. Je suis convaincu que les gens d'en face en ont reçu
leur lot plus que les autres.
Qu'est-ce
qui empêcherait de saisir la main qu'on leur tend, aujourd'hui, de dire :
Oui, c'est vrai, on va éventuellement procéder, on va éventuellement faire
l'étude détaillée... Il nous reste encore deux semaines d'intensive, hein, M.
le Président. Des heures de
commission puis de salon bleu, là, il y en aura en masse pour terminer ce
projet de loi là. Et ce n'est certainement pas à 12 députés, là, à Québec solidaire, qu'on va être capables de
ralentir les travaux à telle enseigne qu'on terminerait les travaux ici
en juin et qu'on n'aurait pas adopté ce projet de loi là. Donc, là-dessus, ils
peuvent être rassurés, là, le temps joue de
leur côté. Mais est-ce qu'on pourrait donc profiter de cette occasion-là pour
saisir la main tendue et dire : C'est vrai, on est peut-être allés un peu trop vite, bon, on ne fera pas, là, un
nouveau comité, tel que le réclame Québec solidaire, c'est une chose, mais au
moins on pourrait entendre des groupes, on pourrait entendre des personnalités,
des gens qui ont eu de l'expertise dans le passé, ils pourraient venir
ici, en commission, nous présenter leur point de vue?
Alors,
c'est une dernière occasion que j'ai de tendre la main à mon collègue d'en face
pour voir s'il n'y aurait pas de
l'intérêt de leur côté à prendre cette main-là et faire la chose qui convient
dans les circonstances. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci, M. le leader. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) :
Oui, M. le Président. Merci beaucoup, là. Je remercie le collègue pour sa
question.
D'abord,
vous dire qu'il y a des discussions, actuellement, entre les leaders sur cette
question spécifique là. On analyse,
évidemment, là, la demande de consultations particulières. Et peut-être le
rappeler, là, puis le premier ministre le disait récemment, là, lors de la période des questions et des réponses
orales, que, justement, on se fie, actuellement, sur un rapport qui nous a... qui a été produit par un
comité d'experts, là, autant un expert en ressources humaines que deux anciens
députés, là, indépendants, qui avait été,
dans le fond, mandaté par le Bureau de l'Assemblée nationale. Donc, c'est
vraiment sur ce rapport-là qu'on se base, actuellement, sur, justement,
ces consultations-là. Merci.
Le Vice-Président (M.
Lévesque) : Oui, rapidement, M. le leader du... du deuxième groupe
d'opposition.
M. Leduc : Oui, pas tout de suite,
le gouvernement, M. le Président, bientôt.
Bien, on fait référence à des discussions entre
les leaders. Je suis le leader, je vous confirme qu'il n'y a pas de discussion, en ce moment, sur les échanges de
groupes. Alors, j'aimerais ça en avoir. Je suis content qu'il y ait de
l'ouverture pour qu'il y en ait. Alors, je vais prendre la parole de mon
collègue pour dire qu'il y en aura.
Là, je comprends que ce ne sera pas
immédiatement. On se dirige en étude détaillée, alors on transportera ces discussions-là, à ce moment-là. Mais j'entends de
l'ouverture. Alors, je suis content, en fait, je sors de cet échange-là avec
un sourire, M. le Président. Et je vous souhaite une bonne journée.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
Affaires du jour
Alors, la
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. Et je cède la parole à M. le leader adjoint du
gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le Président. J'aimerais bien qu'on puisse
rappeler l'article 7 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 26
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Donc,
à l'article 7 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le
24 mai 2023 sur l'adoption du principe du projet de loi n° 26, Loi
modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires afin notamment de donner suite à
l'Entente entre la juge en chef de la Cour du Québec et le ministre de la Justice.
Y a-t-il des interventions? Je reconnais Mme la
députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Michelle Setlakwe
(suite)
Mme
Setlakwe : Merci, M. le Président. Lors de l'interruption, à
18 h 30, hier, je terminais de citer des passages d'un article de La Presse sous la plume de
M. Vincent Brousseau-Pouliot, en date du 15 mai 2023, et intitulé Le
ministre de la Justice peut-il laisser la magistrature
tranquille?. Il me restait quelques points à faire. Donc, je n'en ai pas
pour longtemps, mais je souhaitais quand même compléter l'intervention.
La bâtonnière
du Québec, Me Catherine Claveau, propose, et je la cite, «la conclusion d'une
entente prévoyant des règles claires
quant à l'octroi des crédits budgétaires, garantissant ainsi l'indépendance du
Conseil de la magistrature et, ultimement,
l'indépendance judiciaire». Me Claveau va même plus loin en suggérant une
consultation publique à ce sujet. C'est ce que nous demandons également,
à l'opposition officielle, des consultations particulières.
Le ministre
de la Justice pourrait appliquer ce qu'il a appris suivant l'échec de sa
réforme en immigration. Il avait dit
avoir appris, et je le cite, «l'importance de bien consulter». Le ministre de
la Justice devrait appliquer à lui-même ce qu'il disait, en 2018, dans son livre, à la page 96, et je le
cite... je le répète : «Un bon leader sait recourir à l'expertise
d'autrui.» Fin de citation. Aussi, il
a écrit, à la page 20, et je le cite à nouveau : «La démocratie repose
sur des bases très concrètes, elle doit s'incarner dans des institutions.» Fin
de la citation. Nous espérons que le ministre démontrera une ouverture en ce
sens et acceptera de consulter. Nous lui proposons quelques intervenants,
incluant des professeurs.
En terminant,
nous devons agir avec prudence dans ce dossier afin de ne pas compromettre
l'indépendance de la magistrature. Cela est fondamental, M. le
Président. Je vous remercie.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont. Y a-t-il d'autres interventions? Il n'y en a pas.
Mise aux voix
Alors, le
principe du projet de loi n° 26, Loi
modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires afin notamment de donner
suite à l'Entente entre la juge en chef de la Cour du Québec et le ministre de
la Justice, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission des
institutions
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le Président. Conformément à
l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin que le projet
de loi n° 26, la Loi modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires afin
notamment de donner suite à l'Entente entre la juge en chef de la Cour du Québec et le ministre de
la Justice, soit déféré à la
Commission des institutions pour son étude détaillée et que le ministre de la
Justice soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
• (11 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement, pour
la suite de nos travaux.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Nos travaux vont très bien, M. le Président,
et j'aimerais qu'on appelle l'article 3 du feuilleton, s'il vous
plaît.
Projet de loi n° 20
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : À l'article 3 du feuilleton, M. le ministre
de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune
et des Parcs propose l'adoption du principe du projet de loi n° 20, Loi
instituant le Fonds bleu et modifiant d'autres dispositions.
Alors, je
suis maintenant prêt à reconnaître la première intervention et je reconnais M.
le ministre de l'Environnement, des Changements climatiques, de la Faune
et des Parcs.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci beaucoup, M. le Président. On me demande de
faire la lecture de ce petit texte dans un premier temps, soit que l'honorable lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et il en
recommande l'étude à l'Assemblée nationale.
Donc, très
heureux de vous parler, ce matin, du projet de loi n° 20. C'est sans
doute, depuis l'adoption de la loi sur l'eau,
il y a plus de 15 ans, la démarche la plus structurante proposée par le
gouvernement du Québec par rapport à son fameux or bleu, comme on appelle communément l'eau. C'est une ressource
qui est à l'origine, naturellement, de la vie, qui est à l'origine de la protection
de la biodiversité, mais qui est source également de développement économique
important pour le Québec. Et on est
particulièrement choyés, au Québec, on détient 3 % de l'ensemble de l'eau
potable, de l'eau douce de la
planète. C'est une quantité qui est phénoménale, mais, en même temps, à partir
du moment dont on dispose beaucoup d'une
ressource, on tend malheureusement à la gaspiller. Donc, on devait porter ce
geste fort, c'est-à-dire donner une valeur et une reconnaissance encore
plus forte à cette ressource qui est l'eau.
Je mentionnais
que c'est important parce qu'on utilise cette eau-là dans des proportions quand
même assez importantes. Au Québec, on parle de 800 milliards de
litres d'eau qui, année après année, sont puisés pour les différents utilisateurs
de l'eau, et malheureusement, depuis des années, les redevances sont très peu
élevées. On parle d'à peine 3 millions de
dollars de redevances pour ces 800 milliards de litres d'eau puisés. Donc,
le projet de loi va garantir, en quelque sorte, une révision de ces
tarifs qui n'avaient pas été revus depuis plus d'une dizaine d'années.
Les détails
se retrouvent beaucoup dans la réglementation, mais, pour se donner une chance
de bien étudier le projet de loi, on
a déposé les projets de règlement qui sont visés par le projet de loi, ce qui
fait qu'autant au moment de la consultation qu'au moment de l'étude détaillée, on pourra se référer aux articles du
projet de loi lui-même, mais également au règlement pour que l'on puisse bonifier le tout de façon
transparente et s'assurer qu'on se donne le meilleur outil législatif possible.
Mais déjà, il fallait rappeler l'importance
de rehausser, de façon conséquente, ces redevances. Et le fait que l'on
promette une indexation, dorénavant,
annuelle est aussi un pas dans une direction qui était nécessaire. Et on ne
s'arrête pas là, on vient dire qu'il y aura une révision du système aux
cinq ans, en plus de la majoration de 3 % par année.
Et, ce qu'on
a mentionné déjà au moment des consultations, le but, ce n'est pas d'engranger
ou d'accumuler de l'argent, le but est de provoquer des changements de
comportement. Si on est à 800 milliards de litres d'eau prélevés par
année et qu'avec des mesures de cette nature-là on devait diminuer sensiblement
notre utilisation de l'eau, on sera tous gagnants.
Mais, oui, il va y avoir des revenus supplémentaires. C'est la raison pour
laquelle le projet de loi prévoit la création d'un fonds bleu, un fonds bleu qui est attendu depuis plusieurs années.
On l'a entendu lors des consultations, mais on l'a entendu au cours de
la campagne électorale, notamment, c'est un engagement ferme de la part du
gouvernement, et ce fonds bleu là aura pour but de préserver cette ressource
précieuse qui est l'eau.
Et, fait assez
exceptionnel, dans le dernier budget du 21 mars dernier, le gouvernement a
déjà provisionné 500 millions de dollars pour les prochaines
années pour le Fonds bleu. Donc, oui, il y aura, naturellement, la part des redevances,
mais il y aura aussi des crédits budgétaires importants pour se donner des
moyens. Et les groupes qu'on a pu entendre
au cours de la consultation avaient tous de grandes attentes sur l'utilisation
de ces sommes. On a, à ce moment-ci, précisé
les orientations. C'est des sommes qui devront être dédiées à la protection de
la ressource en eau du Québec, mais également au niveau de la lutte, par
exemple, aux espèces exotiques envahissantes. Mais pour ce qui est des
modalités elles-mêmes, on s'en remet au
forum d'action qui est piloté par notre collègue députée d'Argenteuil, qui fait
d'ailleurs un formidable travail à ce niveau-là.
Donc, dans les prochains mois, on aura
les orientations proposées pour faire une bonne utilisation de ces sommes
et s'assurer qu'on atteigne les objectifs
qui sont visés, et ce forum d'actions est appelé à jouer un rôle une fois les
orientations arrêtées. Ça aussi, on
l'a entendu au moment des consultations, c'est-à-dire s'assurer qu'il y a un
certain suivi, et ce suivi-là ne pourrait
pas se faire autrement que par la contribution du Forum d'action sur l'eau,
parce qu'il réunit justement les différents acteurs de l'eau, que ce soit au niveau scientifique, que ce soit au
niveau des organisations communautaires qui en ont fait une spécialité, que ce
soit au niveau de l'UPA qui est représentée, également les fédérations
municipales, que ce soit l'UMQ, la
FQM qui sont également représentées, le milieu patronal est aussi représenté.
Donc, oui, le forum d'action, dans un premier temps, nous aidera à identifier les orientations et, par la suite, pourra
s'assurer du suivi le plus adéquat possible pour cette ressource que
l'on veut mettre de l'avant.
On
se donne aussi, à travers le projet de loi, des pouvoirs habilitants. Oui,
augmenter les redevances, je le mentionnais, oui, s'assurer d'une indexation régulière par la suite, mais on se donne
aussi les pouvoirs de limiter la vente de bouteilles d'eau à usage unique qui ne contiennent que de
l'eau en provenance des systèmes d'aqueduc. C'est un petit peu un non-sens,
disons-le comme ça. C'est des centaines de
millions de bouteilles qui se vendent année après année au Québec, qui n'ont
pas d'autre plus-value que de vendre de
l'eau d'aqueduc. Alors, si notre eau d'aqueduc, elle est de qualité, et c'est
le cas au Québec, on peut aussi
s'estimer chanceux à ce niveau-là, il n'y a certainement pas de plus-value à en
vendre autant à travers des
plastiques qu'on peine à gérer par la suite, une fois l'utilisation complétée.
Donc, ce ne sera pas effectif avec l'adoption du projet de loi, mais, au moins, on se donne le pouvoir d'interdire ou
de limiter la vente de ce type de produit. C'est un engagement
qu'on a pris de notre côté. Une fois le pouvoir confirmé avec l'adoption du
projet de loi, on va s'assurer d'établir la réglementation en
conséquence pour le mettre en pratique.
Et
tout ceci se fait en parallèle avec la réforme très importante qu'on est en
train d'implanter au niveau de la consigne. On sait que ça va concerner l'ensemble des contenants à boire de
100 millilitres jusqu'à deux litres, notamment les bouteilles d'eau. Donc, si on peut déjà réduire le nombre de
bouteilles d'eau, ce sera d'autant plus facile pour la mise en place du système. Autant au niveau de la consigne, on sait
que le statu quo était inacceptable, autant au niveau de notre gestion actuelle
de la ressource, on ne pouvait pas se permettre de maintenir le système tel
qu'il se présentait.
Autre
élément fondamental autant de la législation que de la réglementation qui a été
présentée, c'est le fameux volet de
la transparence. L'eau, au Québec, elle a un statut public. C'est un bien
commun, ce n'est pas un bien qui est privé. Et on nous demandait depuis des années de révéler les
consommations d'eau qui sont faites par les grands utilisateurs. C'étaient
des éléments qui étaient placés sous le
secret industriel jusqu'à maintenant. Donc, à partir de l'adoption du projet de
loi, ce sera une obligation, pour les
entreprises qui prélèvent plus de 50 000 litres d'eau par jour, de
révéler leur volume. Et là c'est aussi
une avancée qui est très attendue. Ça a même fait l'objet de débats devant les
tribunaux au cours des dernières années, cette question-là. Donc, on
vient y donner suite de façon importante.
• (11 h 50) •
Ce
que la législation nous permettra de faire, ce que la réglementation vient confirmer
aussi, on garde deux systèmes essentiellement
pour les redevances. Les utilisateurs qui utilisent l'eau, mais sans la capter,
sans la conserver par la suite, souvent,
c'est pour des procédés de refroidissement, par exemple, auront
un tarif passablement rehaussé, mais un tarif sensiblement plus bas que les utilisateurs qui captent et qui conservent
cette eau-là, que ce soit pour des produits alimentaires, mais pour d'autres fins également, qu'elles soient
commerciales ou industrielles. Ces deux taux-là prévalaient, prévalent à ce moment-ci, mais dans des proportions beaucoup
plus basses, et c'est ce que l'on vient corriger avec le projet de loi. Tout à l'heure, je vous parlais des bouteilles
d'eau. Ce sera d'autant plus élevé comme redevances lorsqu'il sera question
d'embouteillage d'eau. Là, on sera à 500 $ le million de litres pour,
justement, encourager, lorsque c'est possible, un comportement qui soit plus
efficient.
La
fameuse révision aux cinq ans, je le mentionnais, l'indexation, 3 % chaque
année, j'ai évoqué rapidement le cinq
ans. Je veux y revenir avec un petit peu plus d'insistance. C'est pour éviter
que l'on passe une décennie, sinon davantage, comme ce fut le cas au cours des dernières années, sans qu'on ait à
revoir et réévaluer nos pratiques à l'égard de l'eau. Donc, le projet de
loi, une fois adopté, viendra systématiser cette révision-là.
J'ai fait référence
aux consultations à quelques reprises. On a eu le privilège de recevoir
plusieurs groupes mobilisés sur les enjeux
de l'eau, qui couvraient autant les utilisateurs que ceux qui se sont fait une
spécialité de préserver cette ressource. Je voudrais les remercier. Ça a
été un éclairage très constructif. Tous ont salué et applaudi le dépôt du projet de loi, tous ont voulu et souhaité une
adoption rapide, mais tous ont également apporté des éléments de bonification,
dans certains cas, ou exprimé des souhaits
pour la suite des choses. Donc, je les remercie pour le temps qu'ils nous ont
consacré. Ça a été un préavis
relativement court, donc ils ont eu à se préparer rapidement, mais, étant donné
qu'ils se spécialisent sur cette question-là, ils avaient une expertise,
justement, prête à être livrée rapidement, et on les en remercie.
Et un mot également à
tous les collègues qui ont participé à la commission, soit ma collègue de
l'opposition officielle, avec une présence
très constructive, ce fut la même chose avec nos collègues de Québec solidaire
et les collègues gouvernementaux, qui
ont fait une différence dans l'étude... non pas l'étude détaillée, parce
qu'elle est à venir, mais au niveau de la consultation. Merci. Et on est
toujours appuyés de façon remarquable par un secrétariat qui est tout aussi professionnel. Donc, déjà, je les remercie à
l'avance, bien que l'essentiel du travail reste à faire, c'est-à-dire l'étude
article par article, mais, étant
donné que c'est un projet de loi qui a été accueilli de façon extrêmement
positive, je n'ai aucun doute que le
travail va se poursuivre de façon très constructive et j'ai bien hâte qu'on
puisse débuter cette étude article par article.
Donc, je n'en dirai
pas plus à ce moment-ci, M. le Président, et vous souhaite une très belle fin
de journée.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le ministre.
Avant
de céder la parole au prochain intervenant, je vous informe qu'un débat de fin
de séance se tiendra aujourd'hui à
13 heures. Ce débat portera sur une question adressée par M. le député de
l'Acadie à M. le ministre de la Justice concernant les enjeux dans le
processus de nomination des juges.
Je
suis maintenant prêt à reconnaître le ou la prochaine intervenante, intervenant,
et je reconnais Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci beaucoup, M. le
Président. Alors, à titre de porte-parole de l'opposition officielle en matière d'environnement, de changements
climatiques, de faune et de parcs, il me fait plaisir, à mon tour, de prendre
la parole dans le cadre du discours
sur l'adoption du principe du projet de loi n° 20, Loi instituant le Fonds bleu
et modifiant d'autres dispositions.
Mais, avant de partager mes commentaires, je tiens tout d'abord à saluer le
ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques,
de la Faune et des Parcs. Je veux aussi saluer les députés de la banquette ministérielle et la députée de Verdun, de la
deuxième opposition, qui ont participé, à date, aux consultations particulières,
la semaine dernière... il y a deux semaines,
je devrais dire, et avec qui je vais assurément collaborer durant toutes les
étapes du projet de loi.
L'eau,
c'est-à-dire l'or bleu du Québec, est l'une des plus grandes richesses ici, au
Québec. Elle suscite l'envie à l'échelle planétaire et représente une
source d'énergie propre et renouvelable, idéale pour lutter contre les
changements climatiques, entre autres.
L'ancien premier ministre Robert Bourassa l'avait bien compris, et le Québec
récolte aujourd'hui les fruits de sa vision. Il faut mettre l'eau en valeur, la
protéger et mieux l'utiliser. Nos priorités doivent être d'en assurer la
qualité pour la consommation humaine, mais
aussi pour la biodiversité et de réduire son utilisation. Plus les Québécois en
profitent, plus on valorise notre eau, et plus on valorise notre eau, plus les
Québécois vont pouvoir en profiter.
Rappelons-nous
que le territoire québécois détient 3 %, M. le Président, des réserves
mondiales d'eau douce et près de 40 % de cette eau se concentre dans le
bassin hydrographique du fleuve Saint-Laurent et véritable moteur de notre
développement social et économique. Son
importance est primordiale puisqu'il draine plus de 25 % des réserves
mondiales d'eau douce, et des
millions de Québécois et de Canadiens en dépendent pour leur vie quotidienne,
tant pour l'eau potable qu'il fournit que pour les emplois qu'il crée.
L'un des
impacts les plus concrets des changements climatiques sur le Québec est la
menace qui plane sur les berges du
Saint-Laurent. Il est important de redoubler d'ardeur dans nos efforts pour les
protéger, notamment en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine. L'érosion des
berges est un phénomène complexe qui peut avoir plusieurs causes : la crue
des eaux, les glaces, les vagues
causées par le vent ou le transport maritime et les courants. Plus nous
tarderons à intervenir, plus les investissements nécessaires à leur
protection seront importants. Il faut agir dès maintenant.
Aussi, avec
les changements climatiques, on a plus d'inondations. Aussi, la sécheresse.
Cette semaine, pendant la période des
questions, j'ai posé des questions, moi et ma collègue la députée de
Mille-Îles, justement, à la suite... J'ai été... La semaine passée, pendant la semaine en
circonscription, j'ai été sur le site des lagunes de Mercier pour moi-même témoigner
des dommages, et par la suite... Donc,
toutes ces eaux souterraines ont été contaminées suite à des déversements
impressionnants depuis les
années 60, 70, et on s'attend à ce que le gouvernement agisse pour décontaminer
et pour s'assurer un approvisionnement en eau autonome pour le secteur
et la région.
Par la suite, j'ai été à Sainte-Martine, M. le
Président, et on se rappelle que Sainte-Martine est au bout du tuyau. Il y a des coupures d'eau, il y a des incendies,
et là, avec l'été, la saison de la sécheresse qui s'en vient, la mairesse m'a
confié qu'elle a des craintes que les
coupures d'eau vont coïncider avec des incendies. Et que faire? Donc, c'est
inacceptable. C'est impensable qu'au
Québec il y a des citoyens, des municipalités qui vivent avec une insécurité en
eau. C'est vraiment impensable, M. le Président. Donc, il faut s'y
pencher de façon très sérieuse.
• (12 heures) •
Avec tout ce
que je viens de dire, il est évident que nous sommes pour l'augmentation des
redevances sur l'eau, et ce, depuis
2018, et on... une de nos propositions-phares en 2022, notamment durant...
pendant la campagne, la dernière campagne électorale. Le projet de loi n° 20 est attendu, M. le Président,
depuis longtemps, et on pensait qu'il serait déposé lors de la
précédente législature. Mais le gouvernement, il faut le souligner, a beaucoup
tergiversé dans ce dossier, depuis 2018, M.
le Président. Cela a eu comme conséquence, malheureusement, d'avoir des
redevances perdues pour le Québec durant les dernières années.
En 2018, tous
les partis ici, au salon bleu, étaient d'accord d'augmenter les redevances,
sauf la CAQ, M. le Président. Encore
en février 2022, juste un peu plus d'une année, le gouvernement était contre.
Le gouvernement était contre l'augmentation des redevances sur l'eau,
c'est un fait. L'ancienne députée de Verdun, Isabelle Melançon, ancienne porte-parole en environnement, elle avait déposé
un amendement, lors de l'étude du projet de loi n° 102, qui visait justement
à obliger le ministre de
l'Environnement à mettre à jour régulièrement les redevances sur l'utilisation
de l'eau par les entreprises. Le
ministre avait alors rejeté, M. le Président... c'est le ministre qui a rejeté
catégoriquement l'amendement, ratant ainsi une belle occasion de
démontrer une réelle préoccupation de l'utilisation de notre belle richesse.
Finalement,
coup de théâtre, deux jours avant la fin de la session de la dernière
législature, soit le 8 juin 2022, le ministre a déposé le projet de loi n° 42, c'est-à-dire la Loi
visant principalement à assurer la révision des redevances exigibles pour l'utilisation de l'eau. La CAQ a donc
finalement décidé d'embarquer, comme tous les autres partis. Et, comme nous le
savons, le ministre a déposé, le
6 avril dernier, cette année, le projet de loi n° 20 dans la présente
législature. Mais vaut mieux tard que
jamais, et nous, nous sommes prêts à participer et à contribuer de façon
constructive aux discussions pour faire avancer ce projet de loi tant
attendu.
En résumé, M. le Président, le projet de loi
n° 20 vise à créer le Fonds bleu, un fonds spécifiquement consacré à l'eau, et à le financer en partie par les
redevances exigibles sur l'utilisation de l'eau. Il vise à permettre le
financement adéquat, prévisible et
suffisant de toutes mesures que le ministre peut réaliser pour assurer la
protection, la restauration, la mise en valeur et la gestion des ressources en eau. Les mesures financées par le
Fonds bleu permettraient une utilisation durable, équitable
et efficace des ressources en eau, un meilleur contrôle et une meilleure
prévention des inondations, une meilleure conservation des écosystèmes aquatiques et une meilleure gouvernance de
l'eau, dans le respect du régime de gouvernance établi par la loi sur
l'eau. Ces mesures feront l'objet d'une reddition de comptes annuelle qui se
veut plus transparente.
De plus, le
projet de loi prévoit des modifications pour favoriser un meilleur accès aux
renseignements qui concernent les prélèvements d'eau. Il prévoit
également des pouvoirs habilitants visant les usages de l'eau provenant d'un
système d'aqueduc. Ces pouvoirs permettront,
par règlement, un, de garantir la disponibilité en eau pour des usages
prioritaires, dont ceux de la population, en limitant ou en prohibant certains
usages et, deux, de réduire l'usage des contenants à remplissage unique. On vient d'apprendre, une étude qui vient
de sortir, que, justement, les plastiques recyclables qui vont... ne le sont
pas, en plastique, ils ne sont pas bons pour l'environnement.
Par ailleurs, aussi, le projet de loi prévoit un
mécanisme d'évaluation périodique aux cinq ans des modalités réglementaires permettant de moderniser les
pratiques en lien avec la redevance sur l'eau, et ce, en fonction des connaissances
scientifiques et techniques du moment,
l'évolution de l'état des ressources en eau tant en quantité qu'en qualité,
l'évolution du contexte
socioéconomique du Québec et, quatrièmement, des approches en cours ailleurs
dans le monde pour en apprendre les meilleures pratiques et les leçons
apprises.
À terme, il
est prévu que le Fonds bleu permette au gouvernement de financer adéquatement
les mesures requises pour assurer la
conservation et la gestion durable de l'eau tout en tenant compte des nouveaux
enjeux pouvant menacer cette ressource naturelle essentielle.
Donc, au
cours des deux dernières semaines, soit du 9 au 11 mai, il y a eu des
consultations particulières, M. le Président,
sur le projet de loi. 25 mémoires ont été déposés et 16 groupes sont venus
en commission, en présentiel ou en virtuel,
pour rencontrer la commission, pour nous rencontrer. Alors, je tiens à
remercier à nouveau tous les groupes, les organismes et les experts qui sont venus présenter, en personne ou en
virtuel, leurs remarques, leurs commentaires et surtout leurs
recommandations. C'était vraiment intéressant de les entendre et d'échanger
avec tout le monde.
M. le
Président, je vais quand même vous résumer ce que quelques groupes ont partagé
à la commission, à la Commission des
transports et l'environnement. Il y avait trois groupes, effectivement... il y
avait le milieu municipal, il y avait le
secteur privé, les entreprises et industries, il y avait aussi le milieu
environnemental, dont les experts en environnement et les experts en
matière d'eau.
Alors, on va
commencer avec le milieu municipal. De façon générale, tous les groupes étaient
en faveur du projet de loi
n° 20, parce que c'est un pas important dans la bonne direction. Parce
qu'il faut souligner qu'à date le Québec a fait pitié dans le monde, dans le sens... au niveau des redevances, surtout
des redevances, on était parmi les plus bas dans le monde, dans le monde développé. Et là, avec ce
projet-là, on va être à peu près comparable avec l'Ontario, mais bien en
dessous l'Europe et autres parties du monde.
Donc, il fallait le faire, donc, de façon générale, tout le monde est en faveur
du Fonds bleu et aussi les redevances.
Donc, de
façon générale, le milieu municipal était favorable, mais ils veulent s'assurer
la bonne utilisation du Fonds bleu, M. le Président, plus de
financement, plus de reconnaissance. Et on prend note d'un contexte de déficit
dans les infrastructures municipales en
termes d'eau, un déficit, M. le Président, de 38 milliards de dollars dans
le maintien des actifs. Alors, c'est à souligner. Alors, on demande une
partie des sommes pour, justement, le maintien de ces actifs.
Alors, je
vais citer... il y avait l'Union des municipalités du Québec et la Fédération
québécoise des municipalités qui sont
venues, entre autres. Elles sont venues en consultations pour donner leur
point... le point de vue des municipalités qu'ils représentent. Alors,
cependant, je retiens surtout l'échange entre l'UMQ et le ministre. En effet,
ce dernier a dit que nos municipalités, pas des créatures du
gouvernement, comme diraient certains dans notre province, mais bien nos gouvernements de proximité, ne seront pas
priorisées par le gouvernement. Je crois que la CAQ a abandonné les
municipalités dans le dossier de
l'eau. Après ces remarques du ministre, j'ai insisté que nos municipalités
représentent l'intérêt public et non privé, parce que le ministre avait dit que
c'était un intérêt privé. Ce n'est pas le cas du tout. Les municipalités, ce
sont les gouvernements élus, ce sont
des gouvernements à proximité, il faut leur reconnaître leur importance et leur
crédibilité.
Il y avait
aussi... comme j'ai dit, il y avait des entreprises et l'industrie qui sont
venues nous parler. Et, entre autres, il
y avait les... Donc, ils avaient des préoccupations particulières. Alors, parmi
les demandes des entreprises et des industries, de façon, encore, générale, favorables au Fonds bleu, mais avec des
questions sur les redevances. Entre autres, on demande qu'il y ait des
redevances moins abruptes, certaines demandent même une exemption. On demande
aussi du financement du Fonds bleu pour l'adaptation et l'innovation.
• (12 h 10) •
Je vais
citer, par exemple, les Manufacturiers et exportateurs du Québec. On disait
qu'«avec la création du Fonds bleu annoncé
en projet de loi jeudi, [ils s'inquiètent] de l'impact [...] sur la
compétitivité à l'international du secteur manufacturier, qui est responsable de 86 % des exportations de la
province». Mme Véronique Proux, la P.D.G. de MEQ, elle a mentionné l'augmentation... de même, une
augmentation significative, avec... pardon, je devrais préciser, avec
l'augmentation des redevances, ça va
constituer «tout de même une augmentation significative pour certaines
entreprises qui doivent déjà jongler
avec plusieurs problématiques importantes». Et je cite : «Il faut penser à
la pénurie de main-d'oeuvre qui nuit à notre croissance[...]. Il faut [aussi] parler de l'augmentation des tarifs
d'hydroélectricité, il y a l'inflation et les perturbations dans les
chaînes d'approvisionnement», etc.
On a aussi
entendu... il y avait des groupes d'embouteilleurs et les boissons qui sont,
encore une fois, favorables en général pour l'institution du Fonds bleu, mais
ils souhaitent voir que les sommes du Fonds bleu aller à l'amélioration de
l'innovation en eau des entreprises. L'argument qu'ils ont avancé, c'est que,
si les compagnies doivent dépenser plus sur
l'eau, ils n'auront pas autant d'argent pour l'innovation. Et, de matière
générale, ces groupes étaient défavorables à une hausse de redevances telle qu'inscrite dans le projet de loi n° 20.
Donc, je fais... je communique leurs préoccupations sans prendre
position, ici. Donc, ça, c'est du milieu... du secteur privé, les industries,
entre autres, et les entreprises.
Et
finalement on a entendu parler... c'était le milieu environnemental,
effectivement, qui sont venus à notre rencontre, et ils avaient des
préoccupations très particulières. Donc, de façon générale, très favorables, on
disait c'était un pas dans la bonne
direction, mais besoin de considérer plus d'éléments, dont la protection et la
prévention, l'acquisition des données
et le partage des données, donc la transparence, et on va y revenir, M. le
Président. Donc, de façon... on disait que ça va dans la bonne direction. Cependant, plusieurs ont souligné leur
désir de voir le projet de loi aller plus loin. Ils insistent sur la cohésion gouvernementale à travers les
ministres... les ministères, je devrais dire, et sur la transparence, notamment
avec ce qui est prévu au niveau des données.
Il a aussi insisté sur la coordination et la cohérence entre la gouvernance de
l'eau, de la biodiversité et des changements climatiques, parce que les trois
sont très interreliés.
Alors, je me
permets aussi de citer certains groupes. Par exemple, je commencerais par le
Réseau Environnement, qui a été
représenté par M. Mathieu Laneuville, c'est le P.D.G., il a répété que ça
prend des compteurs d'eau et qu'on ne peut pas se fier à des
estimations. Donc, il y a une plus grande... il n'y a plus aucune place pour de
l'estimation sur les redevances de l'eau.
L'organisme dit que les compteurs doivent être partout, même dans le
non-résidentiel, comme en Ontario et dans le reste du Canada. C'est déjà
fait ailleurs, alors, au Québec, il y a du rattrapage à faire. C'est une
question de transparence également, selon
eux, et il est important de mesurer pour pouvoir bien gérer notre eau, mesurer
pour gérer et ensuite démontrer qu'il faut aller encore plus loin.
Le Réseau
Environnement avance également que cela prend une modulation de la redevance
selon la situation critique ou non de
l'eau dans une région selon un bassin versant. Donc, pas de redevances... c'est
important, ça, je le souligne, pas de redevances universelles ou
mur-à-mur. Il propose, en fait, trois paliers de redevances : redevances
de base, redevances augmentées pour des
secteurs à risque ou encore plus augmentées où... les endroits où c'est déjà
critique, où il y a déjà une pénurie d'eau.
Sur le Fonds
bleu, il croit qu'il faut rendre publique la provenance des investissements et
où le fonds investit ces sommes, donc
la transparence... la provenance, la transparence. Ce fonds doit être proactif
et investir où c'est prioritaire. Enfin, Réseau Environnement nous a
rappelé... et, comme je l'ai déjà souligné, mais je le répète ici, ils ont
souligné qu'il y a actuellement
38 milliards de dollars de déficit dans nos infrastructures de l'eau au
Québec. C'est une donnée récoltée par Ouranos, que l'on connaît bien.
Il y a aussi le Regroupement national des
conseils régionaux de l'environnement qui a témoigné sur le projet de loi n° 20. Il suggère plus de clarté sur
l'application et l'utilisation du Fonds bleu. On dit que ça devrait être
financé... que le Fonds bleu, pardon,
devrait financer tout ce qui se relie à la gestion et la protection de l'eau.
Il souhaite voir une bonification des détails concernant l'applicabilité. Le
forum de l'eau aura le mandat d'établir à quoi le fonds servira, si je comprends bien. Les solutions nature... les
solutions de nature, de biodiversité doivent être priorisées, M. le Président.
Selon le regroupement, on doit avoir
une vision qui va au-delà des humains, anthropocentrique. On a besoin de
protéger les écosystèmes, il faut donc un équilibre entre les deux, M. le
Président. Le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement, il soulève aussi que les actions
collectives concertées sont essentielles et impératives, dont la mobilisation
citoyenne et autres interventions directes.
Ça prend, en effet, un équilibre en matière de gouvernance. Il faut
régionaliser la totalité des sommes,
et on a besoin de reddition de comptes. Enfin, le regroupement suggère
d'augmenter nos connaissances en matière de présence de phosphore et
d'azote dans l'eau. Au Québec, nous sommes assez mûrs pour travailler sur ces
enjeux de l'azote. Et, encore une fois, je souligne l'importance du Forum de
l'action de l'eau.
Il y a aussi
le groupe, le regroupement des organismes des... bassins, pardon, versants du
Québec qui est venu dire à la commission
que le projet de loi est un pas, comme j'ai dit, dans la bonne direction. L'eau
devrait être gérée de manière intégrée
et transversale pour tous les acteurs et qu'on ne doit pas simplifier la
gestion de l'eau au Québec. Il propose aussi un cycle de gestion intégrée de
l'eau de trois ans, principalement pour aller au-delà du cycle politique. De
plus, selon le regroupement, un
arrimage entre la loi sur l'eau et le Fonds bleu doit être fait. C'est un point
essentiel, arrimage entre la loi sur l'eau et le Fonds bleu. Enfin, il a
soulevé un manque de financement et suggère de s'appuyer sur le principe de
solidarité amont-aval, c'est-à-dire que la
gestion de l'eau à un point en particulier affecte et exerce une influence sur
où elle se retrouvera.
Et finalement encore beaucoup de mémoires de
groupes qui se sont présentés. Je vais souligner, dans le milieu
environnemental et des experts en matière d'environnement et d'eau, Ouranos,
qui nous ont fait une belle formation sur
les changements climatiques avec tous les élus. Ça a été représenté par
M. Alain Bourque, le directeur général. Il a souligné que la lutte contre les changements
climatiques va être difficile et que le climat va venir redéfinir l'accès à
l'eau. J'ai parlé des interconnexions
entre l'eau, la biodiversité et les changements climatiques, et c'est essentiel
de prendre... de regarder de façon cohérente et intégrée la gouvernance
de ces trois enjeux primordiaux et interreliés.
Il croit que
la création et l'utilisation du Fonds bleu devraient aider à réduire l'ampleur
de ces choses. Cependant, parsemer
des sommes à gauche et à droite sera un enjeu. Nous devons investir, ils
disent, pour créer des changements structurels et structurants majeurs. De
plus, selon Ouranos, il y a un grand arrimage à faire, entre autres, avec le
Plan pour une économie verte, qui
vient de sortir vendredi passé, donc, le PEV, la stratégie d'aménagement du
territoire, la Stratégie gouvernementale
de développement durable, etc., car un fonds à lui seul ne peut pas être si performant
si les outils ne sont pas connectés entre eux. Alors, c'est un point
essentiel, je pense, M. le Président.
• (12 h 20) •
Le groupe...
bien, Ouranos demande aussi de favoriser des solutions nature, comme ont
souligné plusieurs groupes, tout ce qui
est biodiversité, écosystèmes, les solutions de nature, donc les solutions
qui... pas juste propres, mais aussi des solutions vertes. Par exemple, dans les milieux humides, il faut une
stratégie de liberté des cours d'eau et de faire attention de ne pas tomber dans les pièges de la
maladaptation, comme l'encrochement, qui accélère l'érosion. La mise en oeuvre
du projet de loi n° 20 doit se bâtir
sur des actions réfléchies, structurantes et qui mobilisent avec des objectifs
clairs sur la qualité de l'eau, à
savoir quels impacts on veut avoir. Il y a grand besoin d'arrimage entre les
ministères, sinon des initiatives de
conservation pourraient être annulées par les actions d'un autre ministère.
C'est pour ça qu'il faut être cohérents puis avoir une approche intégrée, cohérente et équilibrée. Ça
prend également un arrimage avec tous les paliers de gouvernement :
fédéral, provincial et municipal.
Alors, j'ai
fait un survol des consultations particulières, je voudrais maintenant parler,
de façon générale, de notre position libérale et aussi des enjeux qui
nous préoccupent le plus.
Alors,
les enjeux. Donc, je vais souligner que, de façon générale, nous allons voter
pour le principe du projet de loi n° 20. Pour nous, le Fonds bleu est bien, et on veut s'assurer que les sommes,
malgré que certains groupes considèrent qu'elles sont insuffisantes, servent vraiment à la protection de
l'eau et la prévention. Nous sommes pour une meilleure gouvernance et évaluation. Nous sommes pour l'augmentation des
redevances. Nous sommes pour plus de transparence en ce qui concerne les données et les prélèvements. Nous sommes pour
une approche de développement durable. On propose cette approche parce que c'est une approche, M. le Président, qui
est équilibrée et intégrée. Ça favorise la protection de l'eau, donc l'aspect
écologique, mais aussi des communautés, donc l'aspect social, tout en tenant
compte des impacts économiques. Donc, écologie,
économie, société, c'est l'approche intégrée et équilibrée du développement
durable. Alors, on souligne tout le temps cette approche dans tous les
domaines, et le projet de loi n° 20 n'en fait pas exception.
En termes
d'économie, on voudrait porter une attention particulière aussi aux impacts sur
les petites et moyennes entreprises.
Nous ne voulons, aussi, pas imposer des redevances dans le domaine agricole,
compte tenu du rôle essentiel du secteur pour la santé et la survie
humaine. Donc, on appuie l'exemption prévue pour ce secteur, M. le Président.
Alors, au
niveau des enjeux, nous, on prévoit vraiment quatre thèmes, on souligne quatre
thèmes, M. le Président. Donc, il y a
la gouvernance, le financement, il y a aussi, en termes de... l'impact sur les
règlements, les redevances, règlements concernant
aussi les données, donc la transparence. Gouvernance, financement, redevances,
transparence. Alors, je vais rentrer en profondeur sur chacun de ces
enjeux.
Alors, au
niveau de la gouvernance, premièrement, on veut s'assurer la cohérence avec nos
objectifs ici, au Québec, en matière
de changements climatiques et aussi en matière de biodiversité, suite à la
COP15, le Plan Nature, etc. Il faut aussi
avoir une cohérence entre les fonds administrés par le ministère de
l'Environnement et aussi les autres ministères, donc une approche intégrée, cohérente, transversale,
intersectorielle, mais aussi une gouvernance qui prend en considération les
différents paliers de gouvernement, c'est-à-dire le provincial, bien
évidemment, le fédéral et municipal, en termes de gouvernement de proximité. Il n'est pas clair, à date, qui va prendre en
charge l'administration du Fonds bleu, donc c'est un point qu'on va surveiller, on va participer de
façon active. Durant les consultations, le ministre a insinué la participation
du forum de l'eau dans les décisions, mais
ce n'est pas, à date, prévu dans le règlement ou la loi, donc on espère pouvoir
en discuter pendant l'étude détaillée, M. le
Président. Donc, ça, c'est au niveau de la gouvernance. Au niveau du... Alors,
c'est ça, il faut aussi... Donc, vraiment, il faut porter une attention
particulière au mécanisme décisionnel du fonds.
Ensuite, au
niveau du financement, il faut préciser quels projets le fonds va financer,
parce que le projet de loi reste assez
vague quant au financement des projets, il écrit qu'il, et je cite, «vise,
entre autres, à apporter un soutien financier aux municipalités et aux organismes à but non
lucratif». Alors, nous aimerions apporter des précisions à cet égard, soit en
inscrivant une liste plus exhaustive, je devrais dire, ou en ajoutant
des cibles de financement pour chacun des angles.
Aussi, en
parlant de financement, là, M. le Président, il faut ajouter des gains
monétaires obtenus par les amendes et
autres pénalités comme mode de financement du fonds. À part des redevances,
bien entendu, le fonds devrait aussi être financé par les amendes perçues des infractions sur les milieux
hydriques et humides pour que l'argent soit investi dans la préservation
et la restauration de ceux-ci, comme prescrit par le projet de loi n° 20.
Au niveau des
redevances, pour commencer, le projet de loi vient apporter des modifications à
deux règlements, dont les redevances.
Alors, on propose l'inclusion de plusieurs facteurs pour une tarification
dynamique et progressive. Je me
permets d'expliquer. La tarification dynamique pourrait être une alternative à
l'inclusion de différents facteurs exclus du présent projet, par exemple la prise en compte de l'offre en eau par
bassins versants ou par régions, tel que proposé par Réseau
Environnement. Alors, ce qu'on va proposer, M. le Président, c'est que le
gouvernement se penche sur cette question-là.
On demanderait au moins une étude sur un mécanisme, une étude qui va prendre en
considération un mode de tarification dynamique et progressive. On
voudrait qu'il se penche, entre autres, sur l'usage des utilisateurs et la
relation offre-demande de l'eau par bassins versants.
On suggère aussi l'évaluation aux trois ans,
donc l'évaluation, je devrais dire, sur des redevances aux trois ans. L'évaluation de nouvelles dispositions
réglementaires, présentement, est prévue dans le projet de loi à tous les cinq
ans. Mais, comme plusieurs groupes
l'ont également suggéré, nous proposons qu'une évaluation soit faite à tous les
trois ans à l'intérieur d'un cycle
politique et législatif. On veut insister sur l'imputabilité gouvernementale et
éviter des cycles et des cibles trop
à long terme, qui pourraient porter à la complaisance ou à la procrastination,
comme avec nos cibles climat et biodiversité. Donc, il faut des cibles et des
cycles plus à court terme. On insiste sur l'imputabilité, et l'action, et
l'efficacité.
Et finalement on veut assurer la transparence
dans l'acquisition et le partage des données. Le nouveau seuil de déclaration proposé pour les prélèvements en eau
est maintenant... est de 50 000 litres ou bien 50 mètres cubes. D'autres
données pourraient être incluses dans le
règlement. Le débitmètre n'est pas obligatoire, mais l'estimation par un
professionnel doit être faite. Nous proposons l'installation de
débitmètres obligatoire dans les secteurs assujettis par le règlement de
redevances.
• (12 h 30) •
Alors, on va
rentrer, c'est sûr, M. le Président, en détail dans la prochaine étape,
c'est-à-dire l'étude détaillée. Je souligne,
encore une fois, à quel point c'est un pas dans la bonne direction, M. le
Président. On attend depuis... de longue date. On est contents que, finalement, le gouvernement s'est rallié à la
position libérale en termes du Fonds bleu, mais aussi des redevances, et c'est un pas dans la bonne
direction. On va surveiller ça, on va participer de façon constructive en
participant de façon active et on va
surveiller de très près. Je pense qu'il y a des leçons apprises et des
meilleures pratiques au Canada, dans
le reste du monde, notamment en Europe. Donc, je pense qu'on doit se doter de
ces données, de ces leçons apprises. Et c'est quand même un pas dans la bonne
direction. On sait très bien que l'eau, c'est vraiment notre or bleu. Ça fait
partie de notre identité québécoise,
il faut le dire. Ça fait partie de notre identité. Donc, on peut... Je suis
convaincue, M. le Président, devenir
vraiment chef de file pas juste au Canada, mais au niveau mondial, on a la
capacité, on a le savoir-faire, on a les ressources. Donc, il faut être ambitieux, il faut être cohérents, il
faut travailler fort. Alors, moi, je suis enthousiaste et j'ai bien hâte
de passer à la prochaine étape.
Alors, en
conclusion, je tiens à souligner à nouveau que nous sommes pour le principe du
projet de loi n° 20. Ma formation
politique et moi, nous allons participer activement à l'étude détaillée article
par article de cette pièce législative afin
de bonifier et afin d'assurer que le niveau proposé des redevances est adéquat
et promet une réelle protection de nos ressources en eau, notre or bleu,
au Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Et, pour la prochaine
intervention, je reconnais Mme la députée de Verdun.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, M. le Président. J'aimerais d'abord
souligner que, personnellement, et ma formation politique, on reconnaît l'importance d'agir pour une gestion durable de
l'eau, une ressource qui est précieuse et qui appartient à toutes et tous les Québécois. Alors, pour nous,
le projet de loi n° 20, avec la création du Fonds bleu, représente une
initiative qui est notable, une
initiative, en fait, qui est attendue depuis des années par les groupes qui
possèdent peu de ressources, entre
autres pour mettre à l'oeuvre différents projets de conservation, différents,
surtout, projets de gestion durable de l'eau. Alors, nous allons collaborer pour l'adoption du projet de loi
n° 20. Mais, bien sûr, nous avons des préoccupations puis, bien
sûr, nous allons amener autour de la table certains éléments qui amèneront le
projet de loi plus loin.
D'abord, je
veux souligner aussi que notre eau est une ressource inestimable. Elle est la
source de la vie, de notre économie,
de notre identité en tant que Québécois et Québécoises et pour les membres
également des Premières Nations. Nous
avons 3 % des ressources en eau douce de la planète. Il est donc impératif
de bien gérer cette ressource précieuse et de veiller à sa protection
pour les générations futures. C'est important de les nommer dans un contexte
des changements climatiques.
Puis
j'aimerais aussi souligner qu'il faut considérer l'eau dans l'ensemble des
bénéfices qu'elle porte autant aux humains qu'à tous les écosystèmes, on
parlait, lors des consultations, de principe de services écosystémiques, donc
de reconnaître l'ensemble des liens
et des bienfaits que nos ressources hydriques offrent à la population
québécoise.
Je voudrais
le souligner en premier, puis je veux débuter par ça, qu'il y a quand même une
absence dans ce projet de loi, et
c'est le fait de ne pas avoir entendu les voix autochtones, les membres de nos
Premières Nations. Et on a l'APNQL qui a envoyé une lettre au ministre pour
décrire l'absence de consultation préalable pour l'écriture du projet de
loi n° 20. Et,
pour nous, on devrait faire plus des efforts. C'est quand même inacceptable
qu'on n'a pas pu entendre des représentants des peuples autochtones lors des
auditions. J'espère vraiment que le ministre étudie sérieusement les
propositions qui nous ont été
acheminées par les peuples autochtones et qu'on va consacrer une bonne portion
de notre étude du projet de loi à écouter
ces demandes-là qui mettent de l'avant le fait de consacrer une portion du
Fonds bleu aux projets des Premières Nations et des Inuits, des peuples qui ont des liens historiques avec notre
ressource en eau et qu'il faut donc les entendre et protéger.
Bien que le
projet de loi vise à réduire l'utilisation de l'eau et les gaspillages, nous
sommes préoccupés. On est préoccupé
par le niveau de tarification qui est proposé. Je vous rappelle, on est
d'accord sur le fait qu'il fallait les augmenter, mais ce qui nous est proposé
par le projet de loi, c'est seulement faire un rattrapage, un retard qui a été
pris, d'indexation. Si on se compare
à d'autres pays, notamment en Europe, les tarifs suggérés semblent très peu,
insuffisants, voire dérisoires, parce
que ce qu'il faut quand on fait la tarification, c'est ce qu'on met de l'avant,
c'est le principe du signal-prix, il doit être réellement saillant pour
inciter à un changement, pour servir de contrainte à la fois pour des
entreprises afin de les encourager à valoriser l'eau, mais surtout à réduire
leur consommation puis leur usage, puis tout cela en prenant en considération
le principe de la rareté.
Une autre
chose qu'on va continuer à discuter puis qu'on a entendu certaines personnes
lors de consultations, c'est la
nécessité d'avoir une analyse économique qui est plus rigoureuse, donc de
comprendre vraiment, quand on parle de la valeur de l'eau, quelle est cette
valeur-là. Donc, il nous faut avoir une analyse économique en bonne et due
forme pour déterminer la véritable
valeur de notre eau en considérant un ensemble d'usages, l'effet de la rareté,
puis je parlerais aussi des conditions... des considérations régionales, donc
un cadre plus robuste qui nous aide à déterminer autant la valeur et le
signal-prix.
Il y a des
cadres économiques et socioéconomiques qui existent pour ce type de principe
là. Et on pourrait voir les coûts,
par exemple, de traitement des rejets, la demande, de la demande autant
individuelle, populationnelle que de la part des industries, et surtout la rareté puis comment cette rareté-là va
être touchée par différents changements climatiques selon les zones, selon les changements globaux qu'on est
en train de vivre, que ce soit dans le sud du Québec, que ce soient les stress hydriques, que ce soit au nord du Québec
avec les changements de végétation, les changements dans... au niveau de
la foresterie. Je pourrais vous en nommer
quelques-uns. C'est des choses auxquelles je sens aussi que mes collègues sont
de plus en plus conscients de la... On
comprend les effets des changements climatiques. Et ça, ça doit être aussi être
intégré dans l'analyse qu'on va
faire, dans l'analyse qu'on devrait faire pour déterminer le prix de l'eau.
Puis donc, plutôt qu'un seul prix
unique pour l'eau partout au Québec, on devrait aussi prendre en considération
les caractéristiques régionales en termes d'usages, en termes
d'industrie, diversification.
Un autre
point que j'aimerais souligner, c'est l'importance des déclarations d'usage et
la transparence. Donc, pour nous, ce
qu'on devrait faire puis ce qu'on va discuter, c'est d'élargir l'obligation de
déclaration de volumes d'eau qui sont prélevés à l'ensemble des usages significatifs.
Qu'est-ce que ça veut dire? C'est qu'on veut avoir plus de données de la part
des diverses industries, mais pas pour les
tarifer nécessairement, pas pour nécessairement augmenter les redevances des
industries qui sont exclues, mais pour
savoir ce qui se passe, et que c'est ça qui va nous permettre, par la suite, de
mieux gérer notre ressource, puis qu'on puisse savoir c'est où puis
c'est quand.
Le but du
projet de loi, je le rappelle, c'est de mieux gérer la ressource en eau, mais
je peux vous dire que les données sont essentielles. Sans données, on ne
peut pas prendre les bonnes décisions, on marche un peu à l'aveugle. En venant,
moi-même, d'un historique scientifique, puis
dans le travail qu'on fait avec différents acteurs, ils nous l'ont dit
plusieurs fois, augmenter la
transparence des données va être clé pour que ce qu'on va travailler ensemble
dans le projet de loi n° 20, bien, ce soient un peu les assises
pour la meilleure gestion d'eau dans le futur.
• (12 h 40) •
Un principe
sur lequel on va beaucoup insister, puis je... on va en parler en masse, comme
on dit, c'est la prise de considération des changements climatiques dans
le projet de loi n° 20, parce qu'il est essentiel de profiter de cette occasion qui est devant nous pour intégrer le
principe de l'adaptation aux changements climatiques dans les objectifs de
gestion du Fonds bleu. Comme je dis, c'est
vraiment de le voir comme une opportunité, parce que, lorsqu'on parle des
effets qu'il va y avoir sur les
ressources hydriques, les changements climatiques sont incontournables. Alors,
le principe d'adaptation doit être
présent quand on parle des objectifs puis la vision de ce projet de loi. C'est
une recommandation qui a été faite par plusieurs experts qui sont venus
nous voir. On ne peut pas ignorer ces effets-là. On ne peut pas ignorer le coût
de ces effets-là. On est en train de créer
un fonds. Pourquoi ne pas utiliser cette opportunité comme un tremplin pour
assumer les coûts de l'adaptation aux
changements climatiques? Je nous rappelle, l'adaptation peut nous coûter
autour... va nous coûter
2 milliards par année aux municipalités chaque année. C'est ça qu'ils nous
ont dit autour de la table. Il faut qu'on se responsabilise et qu'on
donne les ressources aux municipalités.
Donc, pour
nous, le Fonds bleu, là, est une chance... En ce moment, là, d'étudier ce Fonds
bleu là nous donne la chance de faire
partie de la solution pour répondre à cet énorme défi. Ça va être... Je vais
vous le dire, M. le Président, que ça
va être une de nos priorités, inscrire le principe d'adaptation aux changements
climatiques dans le projet de loi n° 20.
Ce qui
m'amène à parler l'usage du Fonds bleu, de l'utilisation de ce fonds-là. Nous
aimerons voir plus de clarté sur les
projets, les programmes qui seront financés. Bien sûr, on le sait, que le
ministre et des... certains, entre autres la députée d'Argenteuil, animent un fonds... pas le fonds, le forum de
l'eau, dans lequel la discussion... mais on veut avoir plus d'information sur comment ces projets, les
programmes vont être financés. L'argent de ce fonds doit être utilisé de
manière stratégique et significative pour protéger notre ressource en eau. La
plupart des intervenants s'entendent pour dire
que le financement prioritaire devrait être aux plans régionaux des milieux
humides et hydriques, et on espère que le ministre va entendre ce message. Parce qu'on a fait plusieurs avancées,
au Québec, dans nos lois puis nos règlements afin de donner des... de
développer des outils avec nos MRC, avec nos organismes de bassins versants. Je
parle, entre autres, du Plan directeur de l'eau. Malheureusement, on ne
leur a pas donné les moyens de réaliser... de réaliser des plans qui, en ce moment, dorment des fois sur des tablettes
parce qu'on n'a pas les moyens, les ressources pour les mettre en oeuvre. Alors,
on veut discuter de ces questions-là puis on
veut que le Fonds bleu fasse ici une priorité de travailler avec nos régions,
avec nos municipalités pour mettre à l'oeuvre ces projets qui sont tant
attendus.
Un autre
point, c'est le fait qu'on souhaite interdire... l'interdiction des bouteilles
d'eau. En parallèle du projet de loi, le
ministre a annoncé son intention d'interdire l'utilisation de l'eau des
aqueducs municipaux à des fins d'embouteillage. Puis là on se demande : Mais pourquoi on ne profite pas de ces
discussions pour aller plus loin? On devrait, au Québec, interdire progressivement l'embouteillage de l'eau. C'est
une ressource qui va être de plus en plus rare et c'est la responsabilité de
l'État de fournir une eau de qualité à toute la population. Il n'est donc pas
justifié de continuer de gérer des quantités phénoménales
de déchets de matières de plastique avec les bouteilles à usage unique. On voit
des exemples dans certaines universités
puis cégeps du Québec qui bannissent la vente ou l'achat, la vente surtout, de
ces bouteilles à usage unique. Alors, on
peut voir... déjà réfléchir à comment le Québec peut progressivement arrêter
l'embouteillage puis l'usage des bouteilles d'eau en plastique.
Donc, en
conclusion, M. le Président, nous allons voter pour le principe du projet de
loi n° 20. Nous allons contribuer, le
bonifier afin d'ajouter les points dont j'ai fait part tout à l'heure, en
mettant une emphase sur l'adaptation aux changements climatiques, en mettant l'emphase sur... l'accent
sur les demandes des Premières Nations. On va discuter de tarification, bien sûr, de la transparence, de l'usage et les
priorités du Fonds bleu, mais on continue à penser, bien sûr, que ce n'est pas
suffisant, juste la création de ce fonds,
juste les tarifications et l'augmentation des redevances qui sont annoncées,
parce que le projet n'augmente pas... n'augmente pas réellement les
redevances, il fait seulement rattraper l'écart dû à l'absence d'indexation des redevances sur l'eau depuis la
création... leur création. Notre eau vaut beaucoup plus cher que ça. Nous
sommes assis sur une mine d'or bleue qui
nous appartient collectivement ici, au Québec, et on ne va pas laisser la CAQ
continuer de laisser les grosses entreprises liquider notre eau pour
10 fois rien.
À Québec
solidaire, nous, on proposait une réforme beaucoup plus musclée, on l'a fait
depuis qu'on est à l'Assemblée nationale,
une réforme du système de... du système de redevances permettant d'aller
chercher autour de 415 millions de dollars par année, puis ces sommes pourraient permettre,
entre autres, de financer le fonds d'urgence climatique, un fonds d'urgence
qu'on souhaitait financer à
500 millions par année et ainsi répondre aux différents enjeux des
changements climatiques, et pas seulement l'enjeu touchant à l'eau. En
comparaison, le Fonds bleu qui est annoncé par la CAQ, c'est 500 millions
sur cinq ans. Puis, pour nous, de
voir... seulement le faire sur l'eau et ne pas considérer l'ensemble, donc les
effets des changements climatiques,
c'est insuffisant. Et 500 millions sur cinq ans, bien, c'est très peu pour
répondre à l'ensemble des besoins en matière de conservation, gestion de
l'eau et adaptation aux changements climatiques.
Enfin, la
création de ce Fonds bleu ne doit pas nous faire oublier qu'on manque d'action
en matière de lutte aux changements climatiques. La CAQ a présenté, la
semaine passée, un plan qui est incomplet, qui atteint seulement 60 % de sa cible et un plan
qui ne prend pas en considération l'ensemble des coûts de l'adaptation aux
changements climatiques. Et, face à
cette urgence-là, si on n'inclut pas le principe d'adaptation et si on n'est
pas capable de nous soumettre un plan de
réduction de GES qui atteint au moins la cible insuffisante de la CAQ, bien, ce
projet de loi reste un coup d'épée dans l'eau de la part du gouvernement
de la CAQ. Je vous remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Verdun. Y a-t-il
d'autres interventions? Et je suis prêt à reconnaître M. le député de
Marquette.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Je vous sens surpris, M. le Président, de voir... Je sais
que je prends la parole sur un dossier de l'environnement,
les redevances sur l'eau. On me chuchote même à l'oreille, M. le Président, que
le ministre de la Santé et le
ministre de l'Agriculture sont venus principalement m'écouter aujourd'hui,
parce qu'ils viennent d'arriver. Alors, merci, chers ministres, d'être
présents.
Avant de
commencer mon intervention, j'aimerais, M. le Président, féliciter... Puis,
bien humblement, là, c'est difficile pour moi de me lever suite, justement, à l'intervention de la députée de
Verdun, qui est une grande spécialiste, et la députée de... ma collègue
de Notre-Dame-de-Grâce, également, qui est une grande spécialiste en matière
d'environnement. Et j'aimerais prendre l'occasion justement pour la féliciter,
justement, notre collègue de Notre-Dame-de-Grâce, pour nous sensibiliser à l'environnement. Elle poursuit ce
que notre ancienne collègue Isabelle Melançon avait fait, ancienne ministre
également de l'Environnement. Je tiens à
souligner également qu'elle a été la première, là, à suggérer que tous les
députés aient une formation sur
l'environnement, les changements climatiques. Et, pour ça, je vous en remercie,
Mme la députée.
Aussi,
mention spéciale à la recherchiste en environnement. Nous avons tous des
recherchistes qui sont tellement importants
pour s'assurer que nous, les élus, ici, puissent prendre la parole sur
différents dossiers puis qu'on ait l'air un peu intelligent. Alors, j'aimerais souligner, remercier Élyse Moisan,
qui est la recherchiste pour notre aile parlementaire en matière
d'environnement.
Sur ce,
j'aimerais commencer pour mentionner un fait, un fait qui est connu de tous, je
pense que ma collègue en a parlé un
peu plus tôt, mais, en même temps, j'aimerais le mentionner aussi. Il faut être
capable, en politique, de voir les choses,
il faut être capable de travailler en amont. Depuis les cinq dernières années,
on entend le gouvernement, notamment le
premier ministre, dire qu'il faut toujours travailler en amont, il faut prévoir
les coûts, et ce n'est pas toujours ce qu'on a vu, M. le Président. On se rappelle qu'à la campagne électorale de 2018,
l'actuel ministre de la Sécurité publique avait pris l'engagement de revoir à la hausse les redevances
sur l'eau. On connaît l'historique. Pas longtemps après, le ministre l'a
rabroué... le premier ministre, c'était son chef à l'époque, l'avait rabroué.
• (12 h 50) •
Alors, ça
fait cinq ans que le gouvernement aurait dû agir. Si on regarde ça de cette
façon-là, si le gouvernement avait adopté ce projet de loi là il y a
cinq ans, on aurait pu aller chercher 27 millions par année. Ça,
27 millions par année, M. le Président,
si on calcule bien, là, c'est 135 millions qu'on aurait pu... que le
gouvernement aurait pu avoir dans ses coffres.
Là, si je prêche pour ma paroisse, là, ça, c'est à peu près trois centres
sportifs, M. le Président. Je ne dis pas qu'on utilise cet argent-là
pour faire des centres sportifs, je veux être clair, mais cet argent-là, on
aurait pu l'utiliser. On prend 135 millions,
on le met dans le Fond bleu et on utilise l'autre 135 millions pour faire
des centres sportifs. Et on sait que plusieurs de nos... un, on manque
de centres, et d'autres ont besoin de rénovations.
En général,
M. le Président, on est pour le principe du projet de loi n° 20, mais il y
a quelques éléments qu'on voudrait souligner. Nous saluons la hausse de
redevance qui était due depuis un bout de temps. Bien que le Fonds bleu soit
une bonne initiative, nous voulons nous
assurer de sa performance et de sa réussite. Nous croyons donc que le projet de
loi pourrait être bonifié par l'ajout
de quelques mesures plus structurantes et complémentaires, notamment dans la
reddition de comptes, dans la gouvernance également.
Et on le sait
tous, là, un projet de loi, là, ne va pas sortir de la même façon qu'il est
entré en commission. Ça, on le sait tous, on a tous siégé dans des commissions
parlementaires. Et je suis sûr, je suis confortable de dire, M. le Président,
que j'ai la confiance que le ministre va
avoir cette ouverture-là. J'ai eu l'occasion, justement, de gérer quelques
dossiers avec lui, notamment dans mon comté, puis il a toujours eu cette
ouverture-là. Alors, je suis persuadé... Nous avons des propositions qui sont
intéressantes, des propositions qui sont faisables, qui sont concrètes, puis je
pense que ça pourrait seulement bonifier, justement, le projet de loi.
Et je
considère, je considère, et bien naïvement, là, que la politique devrait se
faire toujours de façon transpartisane. Et là je sais que... j'imagine qu'il y a certains collègues qui
m'écoutent, ils doivent... les cheveux viennent de friser. J'ai dit :
Voyons donc, la partisanerie! Moi, j'ai encore encore cette... j'ai encore
cette naïveté-là que je veux garder, M. le Président, parce que je me dis : Moi, quand c'est bon
pour la population, c'est bon pour notre planète. Puis, quand on parle pour
notre planète, bien, je veux dire, on fait ça pour nos jeunes plus tard, nos
jeunes plus tard qui vont justement se servir de cette planète-là et, avec les redevances sur l'eau, mais
avoir un peu plus d'argent dans les coffres pour, justement, dépenser cet
argent-là pour le bien-être de l'environnement.
Et je vais
prendre cette occasion-là, M. le Président, pour, justement, mentionner un
jeune. Parce que, dans le projet de
loi, on parle justement de réduire l'usage des contenants à remplissage unique.
Et, je veux dire, on ne peut pas être... on ne peut pas être contre ça, M. le
Président, c'est sûr et certain. Et puis tellement qu'on est gênés,
aujourd'hui, de se promener avec une
bouteille d'eau en plastique dans les mains. Tellement, là. On a peur de se
faire prendre en photo pour dire : Aïe! quelle insensibilité du député de Marquette! Bien, c'est comme ça pour
tout le monde. Il faut faire attention. Et je me rappelle, justement,
d'un jeune de mon comté, puis je vais prendre l'occasion de le mentionner, il
s'appelle Julian Menga, c'était lors du Parlement écolier, j'avais été... j'avais été, M. le Président,
appelé, contacté pour, justement, présider une commission d'un jeune dans mon
comté qui avait déposé, entre guillemets, un projet de loi. Et l'exercice était
pour se faire ici, à Québec, vraiment, là, avec les caméras, avec le
secrétaire, avec un président de commission. Puis j'avais reçu, justement,
Julian, qui était dans mon comté, un bon
étudiant, soit dit en passant, qui est dans la réserve également, un jeune
très, très, très engagé qui avait
déposé, justement, ce projet de loi là d'éliminer les contenants à remplissage
unique. Alors, vous voyez que... l'importance que ça a chez les jeunes,
la protection de l'environnement.
On
sait que ce n'est pas... le recyclage n'est pas nécessairement à la fine pointe
de la technologie encore ici, au Québec.
On a du travail à faire à ce niveau-là. Il y a des ratés. C'est toujours
perfectible. Mais les jeunes l'ont déjà vu avant. Moi, je suis content de dire,
j'ai un jeune dans mon comté, à l'âge de 14 ans, qui l'avait vu avant le
ministre. Je suis content de le dire.
Je suis content de le dire. Alors, Julian, tu as tes lettres de noblesse parce
que tu as vu quelque chose qui aurait dû être fait quand même plus tôt.
Sur
l'eau en général, M. le Président, au Québec, l'or bleu est l'une de nos plus
grandes richesses. Elle fait partie de
notre identité québécoise. Quand on parle de richesse, M. le Président, on
parle également de... c'est notre identité. L'eau, il faut la valoriser. On parle de 3 % de
notre planète, là, c'est au Québec, de l'eau, là, est au Québec. L'eau douce,
c'est au Québec. Il y en a qui vont dire : 3 %, ce n'est pas
beaucoup. C'est beaucoup. C'est beaucoup, il faut en prendre soin. Non seulement il faut en prendre soin, mais il ne
faut pas la donner à rabais non plus. Les gens viennent l'utiliser, puis on
est ouverts, là. Le développement
économique... On est toujours le parti de l'économie, là, le parti libéral. Je
sais qu'on... on tente de nous voler cette étiquette-là, mais on l'est
toujours. Alors, c'est sûr et certain, M. le Président, que l'eau. Il ne faut pas la donner, là, il ne faut pas la
donner, là. Je comprends que le leader adjoint est d'accord avec moi, M. le
Président. Mais, en même temps aussi,
il ne faut pas la donner à rabais. Il faut en prendre soin, parce que,
justement, si on est capable d'aller chercher un peu plus de sous avec
ça, on va être capable de protéger notre environnement.
En
tant que porte-parole en plein air, M. le Président, la protection des
ressources en eau est impérative si nous voulons continuer à exercer notre privilège qui est de pratiquer les activités
qui nous tiennent à coeur sur le territoire québécois. Moi, M. le Président, on va peut-être avoir un débat
là-dessus, là, mais vous savez que j'ai la plus belle circonscription du
Québec, parce qu'elle est bordée...
pas juste parce que les citoyens sont extraordinaires. Mais, moi, si vous venez
chez nous, puis je vous invite, M. le
Président, vous entrez dans... vous arrivez à l'ouest de l'île, à la fin de
l'île de Montréal, dans le sud-ouest et
le début du... la fin de l'île de Montréal et le début du West Island, M. le
Président, quand vous arrivez chez moi, c'est d'est en ouest. Si vous allez vers le sud, là, que tu sois plus à l'est,
plus à l'ouest, à un moment donné, M. le Président, vous allez tomber dans l'eau parce que moi, je suis sur
le bord de l'eau, sur le bord du fleuve, le lac Saint-Louis. Quand on parle
d'eau chez nous, là, c'est important. La
pratique, le sport, le plein air, le canoë-kayak. Oui, on a des bateaux aussi.
C'est vrai qu'il faut faire attention
également avec les bateaux. Mais, en même temps, c'est une chose qui est
importante. Ça fait partie de notre culture chez nous, dans la
circonscription de Marquette.
Il y a quelques
recommandations. Vous savez qu'on est les porte-voix des citoyens, mais non
seulement les porte-voix des citoyens, mais les porte-voix également des
groupes qui sont venus nous voir. Plusieurs organismes ont mentionné et ont recommandé d'inclure des éléments
touchant aux changements climatiques. Alors, oui, on parle de l'eau, des
redevances de l'eau, mais, en même temps, si on est capable d'aller toucher
l'environnement et les changements climatiques, pourquoi pas? Pourquoi pas?
Alors, il y a une
recommandation dans les mémoires, recommandation numéro un de L'Alliance des
villes des Grands Lacs et du Saint-Laurent
est intéressante, et c'est : «À l'article 15.4.43, ajouter les
infrastructures de l'eau, l'accès aux
plans d'eau pour la population et les infrastructures vertes aux mesures
pouvant être financées par le ministre.» Ça, c'est un extrait du mémoire
de L'Alliance des villes et des Grands Lacs et du Saint-Laurent. «Doté de
500 millions sur cinq ans, le Fond bleu
se compare favorablement aux efforts des autres juridictions dans le bassin des
Grands Lacs et du Saint-Laurent. Par
exemple, le gouvernement fédéral vient tout juste d'annoncer 650 millions
sur 10 ans pour protéger l'eau douce.»
Également,
M. le Président, un extrait du mémoire de la AGRCQ : «L'expertise des MRC
en matière de gestion des cours d'eau et protection de l'environnement
devrait être non plus seulement reconnue par le ministère des Affaires municipales, mais également par le ministère de
l'Environnement, [et] de la Lutte aux changements climatiques...» Et je vais
vous citer la recommandation 4 :
«[Elle] recommande que le projet de loi n° 20 spécifie le rôle que le
gouvernement souhaite que les MRC jouent en matière de gouvernance de
l'eau et de la protection de l'environnement...»
L'UMQ également, M.
le Président, recommande ainsi que la lutte aux espèces exotiques envahissantes
soit incluse dans le projet de loi n° 20 et que ce soit modifié à
l'article 4. Cette recommandation peut être particulièrement intéressante en tant que porte-parole en plein air, encore une
fois, et comme pêcheur. M. le Président, il faut protéger nos cours d'eau.
Alors,
le préambule de la loi sur l'eau reconnaît également l'apport fondamental des
milieux associés à la ressource en eau, notamment quant à la qualité et
la quantité de l'eau.
Alors,
M. le Président, je sais qu'il ne me reste plus beaucoup de temps, il me reste
quelques secondes. Alors, on est en faveur du principe, et en espérant qu'on
puisse se retrouver lors de l'adoption. Merci beaucoup, M. le Président.
• (13 heures) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Marquette. M. le leader adjoint du gouvernement,
vous vouliez... vous souhaitez intervenir?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Est-ce que nous
pourrions peut-être voter sur le principe avant de nous quitter pour la
pause du midi, s'il vous plaît? De consentement, évidemment.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
tout d'abord, je vérifie s'il y avait d'autres personnes qui souhaitaient intervenir.
Il n'y en a pas d'autre.
Alors, avec consentement, est-ce que, donc, les
gens sont d'accord pour qu'on procède au vote? Alors, parfait.
Mise aux voix
Le principe du projet de loi n° 20, Loi
instituant le Fonds bleu et modifiant d'autres dispositions, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission des
transports et de l'environnement
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui,
M. le Président. Donc, conformément à l'article 243 de notre règlement, je
fais motion afin que le projet de loi n° 20, Loi instituant le
Fonds bleu et modifiant d'autres dispositions, soit déféré à la Commission des transports et de l'environnement
pour son étude détaillée et que le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la
Faune et des Parcs soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, tel que mentionné précédemment, nous allons maintenant passer aux
débats de fin de séance.
Je vais suspendre nos travaux quelques instants
afin de permettre aux intervenants de se joindre à nous.
(Suspension de la séance à 13 h 01)
(Reprise à 13 h 05)
Débats de fin de séance
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au
débat de fin de séance qui portera sur une question adressée par M. le député
de l'Acadie à M. le ministre de la Justice concernant les enjeux dans le
processus de nomination des juges.
Je vous
rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député qui a
soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps de
parole de cinq minutes, et le député a ensuite droit à une réplique de deux
minutes.
Alors, je cède donc la parole à M. le député de
l'Acadie pour son premier cinq minutes.
Processus de nomination des
juges
M. André Albert Morin
M.
Morin : Merci. Merci, M. le Président. Alors, ce matin,
lors de la période des questions, j'ai posé des questions à M. le ministre notamment concernant la
confidentialité du processus et des déclarations ou entretiens que M. le
ministre aurait eus lors d'une
entrevue à une station de radio montréalaise. Et je soulignais qu'il était
effectivement important de respecter
la confidentialité du processus et qu'il ne devait pas y avoir deux standards
ou une confidentialité à deux vitesses.
Et je tenais,
dans le cadre de ce débat, de rappeler l'importance, justement, de garder
confidentielle l'information pendant
tout le processus, jusqu'à ce qu'à la toute fin le ministre reçoive des
propositions, des... en fait, des candidatures qui sont soumises par le comité
de sélection. Et je tenais à rappeler l'importance... Et permettez-moi de faire
référence au comité de sélection et au Règlement sur la procédure de
sélection des candidats à la fonction de juge pour vous dire comment, au fond, ce processus-là est hermétique,
et puis c'est normal, et puis c'était évidemment le point que je soulevais
ce matin, lors de la période de questions.
D'abord,
regardons l'article 4, qui nous dit, évidemment, la procédure de sélection
et... le secrétariat doit prendre des
mesures de confidentialité des informations visées à l'article 34. Et, à
l'article 34, ce sont les informations que le candidat ou la
candidate va devoir donner.
Article 6.1,
particulièrement intéressant pour la planification des postes à pourvoir, le
règlement dit : «Au moins une
fois par année, le ministre invite le juge en chef de la Cour du Québec, les
municipalités où est situé le chef-lieu d'une cour municipale», etc., pour évidemment planifier, voir comment il
pourrait y avoir éventuellement une planification pour les postes à
pourvoir. Vous comprendrez, M. le Président, d'où l'importance d'avoir
d'excellentes relations, n'est-ce pas, un bon climat d'entente avec la juge en chef. Ça m'apparaît essentiel
pour la fonction de ministre de la Justice pour être capable, bien sûr,
de faire avancer ces dossiers-là.
J'attire
également votre attention pour les candidatures à un poste de juge. Et, dans le
règlement, on prend la peine de
souligner certains renseignements, certaines informations qui pourraient être
divulguées. Évidemment, on parle de certaines vérifications auprès d'un
organisme disciplinaire, d'un ordre professionnel, des autorités policières, et
ça s'inscrit dans la logique du règlement parce qu'évidemment, lorsque le
comité de sélection aura terminé son travail et qu'il fera une recommandation au ministre, on veut s'assurer que
la personne qui sera recommandée, évidemment, n'aura pas, bien sûr, de
casier judiciaire ou de problèmes financiers graves, etc.
On dit
également : Le candidat doit «s'engager à préserver la confidentialité du
dépôt de sa candidature». Et ça, c'est
un volet très important, donc lui-même ou elle-même ne peut pas en parler à
d'autres. Alors, vous comprendrez, ce matin,
c'était bien sûr la question que je posais, à savoir... M. le ministre nous dit
en entrevue qu'il appelle parfois des patrons, des employeurs. Ça m'a particulièrement étonné, et c'était le but de ma
question, parce qu'au fond le candidat lui-même ne peut pas, ne peut pas
parler de sa candidature.
Autre élément
important que je voulais soulever, et c'est pour les membres du comité de
sélection, c'est prévu dans le règlement : «Un membre est tenu de se
récuser à l'égard d'un candidat notamment s'il existe une crainte raisonnable
qu'il puisse être partial pour tout autre motif», s'il a été l'associé,
l'employeur, s'il est parent, allié ou s'il a été le conjoint du candidat.
Alors, vous
voyez, dans le processus qui est prévu pour la nomination, les membres du
comité doivent se plier à des exigences excessivement strictes, raison
de plus pour le ministre de s'en inspirer quand vient le temps de parler d'une
recommandation au Conseil des ministres, ce qui n'a pas été fait dans le cas de
la nomination de M. le juge Gosselin.
On dit évidemment que tous... que le secrétaire
doit s'assurer que ça va demeurer confidentiel. L'article 34 est également au même effet, la liste des candidats se
rattachant à une candidature est confidentielle. Et, à la fin du règlement,
on demande même un serment de discrétion pour s'assurer que la personne qui
postule n'en parlera pas.
Comprenez mon étonnement quand j'ai entendu
l'entrevue avec le ministre de la Justice, M. le Président.
• (13 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de l'Acadie. Et je
cède maintenant la parole, pour une réplique de cinq minutes, à M. le
ministre de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Oui, M. le Président. Un plaisir de vous retrouver
et de saluer le député de l'Acadie, également. Je crois que c'est un de nos premiers débats de fin de séance, peut-être
le deuxième. Le deuxième. Alors, toujours un plaisir de discuter avec le
député de l'Acadie.
Le député de
l'Acadie nous disait : Écoutez, c'est important d'avoir un climat de bonne
entente, M. le Président, avec les
différents intervenants. Bien, écoutez, le député de l'Acadie, on apprend à se
connaître depuis le mois d'octobre, désormais, et je pense que nous avons
ensemble un climat de bonne entente. La démonstration, M. le Président,
c'est que nous venons d'adopter deux projets
de loi au cours de la présente session, donc, depuis le début de la
législature, ensemble, notamment le
projet de loi n° 8 pour rendre la justice plus accessible, le projet de
loi n° 12 également, relativement à la deuxième phase du droit de la famille, et on a bien collaboré ensemble.
Et il sait que je suis quelqu'un qui est ouvert, qui écoute, et qui accepte, notamment, aussi les
amendements, puis qui reconnaît le travail qui est accompli par les collègues,
par les confrères même dans une autre
formation politique que la mienne, M. le Président. Et moi, comme leader du gouvernement aussi, je négocie avec l'ensemble des
groupes parlementaires en tout temps, M. le Président. Vous savez, on
n'est pas dogmatiques, on est toujours à la recherche de solutions.
Mais pourquoi
est-ce que ça réussit à fonctionner avec le député de l'Acadie, M. le
Président? Parce qu'il y a de la bonne
volonté de part et d'autre. Le député de l'Acadie a ses principes, défend les
principes pour lesquels il s'est engagé en politique, fait en sorte... Et je sais à quel point, pour lui, la
justice, c'est important, tout comme moi également, M. le Président, mais on a
des décisions à prendre, notamment lorsqu'on est ministre ou lorsqu'on est
parlementaire, puis les décisions que nous prenons, nous devons les assumer. Et
moi, j'ai toujours fonctionné de cette façon-là, j'assume les décisions que je prends, parce qu'en mon âme et
conscience, M. le Président, je suis à l'aise avec les décisions que je prends et
qui font en sorte, dans l'intérêt supérieur de la justice, de permettre au
système de justice d'être plus efficace, plus accessible et surtout plus
humain.
Il en va
notamment de la question de la sélection des juges. Il faut avoir le meilleur
candidat pour le poste, basé sur les compétences du candidat, basé sur
la candidature, son caractère, de ses caractéristiques de la compétence. Ça,
c'est important, M. le Président, les
nominations sont faites sur la compétence. La question du député de l'Acadie, à
savoir est-ce que le ministre peut
consulter, comme je l'ai dit en entrevue, le ministre peut consulter. C'est un
poste qui est extrêmement important. Vous savez, lorsque vous passez une
entrevue d'embauche, M. le Président, bien, souvent, vos références sont
prises, il peut arriver que, dans certaines circonstances, effectivement...
comme ça se fait à la Cour suprême du Canada, comme
ça se fait à la Cour d'appel du
Québec, comme ça se fait à la Cour supérieure du Québec et comme ça se fait à la Cour du Québec
également, M. le Président. Alors, le règlement a été respecté en tous points.
Je comprends que le député de l'Acadie a une
divergence à ce niveau-là, mais je sais pertinemment qu'au fond de lui-même il comprend très bien, et il sait
également le fondement de la décision, et il sait que les décisions ont été
prises avec intégrité, et il sait
également que nous avons un système de justice qui est robuste, qui est
indépendant. Et ça fait... c'est un des principes constitutionnels qui
existent, l'indépendance judiciaire, et nous sommes d'accord avec le concept d'indépendance judiciaire, nous sommes en faveur,
M. le Président. Nous sommes en faveur également d'avoir un État de
droit qui est fort.
Mais nous avons également la
responsabilité, comme parlementaires, comme législateurs, ici, d'occuper
pleinement toutes nos fonctions et
nos pouvoirs que nous faisons. Lorsque nous légiférons ensemble, nous
améliorons, nous changeons le droit parce que c'est notre devoir, c'est la
responsabilité des législateurs d'intervenir, d'améliorer les lois au bénéfice
des Québécois. Les tribunaux sont là pour
interpréter les lois, mais le législateur, c'est le député de l'Acadie, c'est
moi, c'est les membres du gouvernement, c'est les membres de
l'opposition officielle. Ensemble, nous le faisons.
Un
autre élément, M. le Président, au niveau de l'exécutif, en ma qualité de
ministre de la Justice, j'exerce le pouvoir exécutif. Et le pouvoir exécutif, c'est celui de prendre des décisions à
l'intérieur des lois qui nous gouvernent et qui nous confèrent des
pouvoirs, et c'est toujours ce que j'ai fait, M. le Président.
Alors,
dans le cadre de ce dossier-là, je comprends qu'il y a eu beaucoup de bruit sur
la ligne. Cependant, toutes les
règles ont été respectées, le règlement sur la sélection des juges a été
respecté, la Loi sur les tribunaux judiciaires a été respectée, comme dans toutes et chacune des
nominations. Et je sais que le député de l'Acadie le sait, lui-même, il l'a dit
dans le cadre d'entrevues.
Alors, j'espère que
nous aurons l'occasion, le député de l'Acadie et moi, d'adopter un troisième
projet de loi d'ici la fin de la session,
celui sur l'augmentation du nombre de juges à la Cour du Québec, pour justement
donner des outils supplémentaires au système de justice québécois et,
par ailleurs, également, et je le sais sensible à cet élément-là, aux critères de transparence et de saine gestion des
fonds publics. Et je sais qu'il est animé également par cela, et c'est
important de donner suite à cela, mais nous aurons des discussions
constructives ensemble dans le cadre du projet de loi, j'en suis convaincu.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le ministre de la Justice. Et je cède la parole, pour une
réplique de deux minutes, au député de l'Acadie. M. le député.
M. André
Albert Morin (réplique)
M. Morin : Merci, merci, M. le Président. Alors, j'ai écouté
avec beaucoup d'attention l'intervention de M. le ministre. Il nous dit qu'il est à l'écoute, qu'il accepte des
propositions, il a parlé de bonne volonté et de transparence. Je veux... Et c'est pour ça que, ce matin, entre
autres, je lui faisais une proposition, que je vais réitérer cet après-midi,
pour s'assurer, justement, de la transparence, de l'équité, de
l'impartialité de toute nomination judiciaire.
Il y a, dans les
recommandations de la commission Bastarache, une recommandation qui traite de
la nomination du juge en chef de la Cour du
Québec, et qui prévoit le processus, et qui prévoit qu'un comité consultatif
composé de juges de la Cour supérieure, de la Cour d'appel et ainsi que du juge
en chef sortant puisse être créé pour évaluer les candidatures. Ce comité aura pour tâche de solliciter les
candidatures, de tenir des entrevues et de recommander un ou deux candidats.
Alors,
l'appel que je lance au ministre de la Justice aujourd'hui : cette
recommandation, elle est plus que valable et elle permet une
transparence, une équité absolue du processus, alors j'invite... puisque M. le
ministre dit qu'il est à l'écoute, qu'il est
de bonne volonté et qu'il parle de transparence, je l'invite à mettre cette
recommandation-là en vigueur immédiatement. Parce que ce n'est pas
hypothétique. Nous savons que la juge en chef de la Cour du Québec va terminer son mandat sous peu et que, sous ce gouvernement,
il y aura une autre nomination. Ça m'apparaît excessivement important
pour la magistrature mais aussi pour les citoyens et les citoyennes du Québec.
Donc,
à nouveau, je lance cette invitation et je demande au ministre, pour le bien
des Québécois et des Québécoises, qu'il
mette cette recommandation-là en pratique, qu'il s'en inspire pour la prochaine
nomination du ou de la juge en chef de la Cour du Québec. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de l'Acadie. Cela met fin
à ce débat.
Et je suspends nos
travaux à 14 h 30, cet après-midi.
(Suspension de la séance à
13 h 17)
(Reprise à 14 h 30)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
bonsoir à tous, bonsoir à toutes. Prenez place. Nous allons commencer
nos travaux.
M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
bon après-midi, M. le Président, c'est un plaisir de vous de vous retrouver...
ou soirée, là, comme vous voulez, on
est prêts aux deux. Et je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 1 du feuilleton, s'il vous plaît. Merci.
Projet
de loi n° 15
Adoption
du principe
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M.
le leader adjoint. À l'article 1
du feuilleton, M. le ministre de la Santé
propose l'adoption du principe du projet de loi n° 15, Loi visant à rendre le système de santé et de
services sociaux plus efficace.
Y a-t-il des interventions? Et je reconnais tout
de suite M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Alors,
bonsoir, M. le Président. Et je salue aussi tous les Québécois et Québécoises
qui nous écoutent en ce moment.
Alors, M. le
Président, on le sait, les Québécois veulent un réseau de santé efficace. Les
Québécois sont derrière ce gouvernement sur ce sujet depuis le dépôt du plan de
santé qu'on a fait en mars 2022. Par contre, les Québécois savent très
bien, M. le Président, que les dernières réformes de la santé et
particulièrement la pandémie ont contribué aussi à fragiliser notre réseau dans les dernières années. Le plan de santé
qu'on a déposé en mars 2022 vise, et je le répète souvent, à rendre le réseau non seulement plus performant,
mais plus humain. Et on l'oublie souvent, malheureusement, que le réseau
doit être au service du patient, et non le contraire.
Le projet de
loi n° 15 est donc une composante très importante du plan de santé, mais
ce n'est pas la seule. Je le dis souvent,
le projet de loi vise à améliorer la gouvernance du réseau pour le rendre plus
efficace, mais c'est complémentaire, M.
le Président, avec beaucoup d'autres initiatives qu'on fait en parallèle et qui
se sont déroulées dans les dernières années. Je pense, entre autres, présentement, à la négociation des conventions
collectives pour attirer et retenir du personnel, les incitatifs pour attirer du personnel comme les
bourses et la formation de courte durée pour les préposés aux bénéficiaires,
les ententes avec les omnipraticiens pour la
prise en charge par des professionnels de la santé, les ententes avec les
spécialistes pour le rattrapage des
chirurgies, mise en place du guichet d'accès qu'on a appelé, maintenant, le
8-1-1, les restrictions qui sont imposées aux agences de placement, et
j'en passe.
Et, on l'a
vu, M. le Président, ce qui est encourageant dans les dernières semaines,
derniers mois, plusieurs indicateurs de
nos tableaux de bord ont une tendance positive, depuis un an, depuis qu'on les
a mis en place. Alors, ça, c'est encourageant, mais il faut faire beaucoup plus. Et, avec la fin des consultations
particulières du projet de loi n° 15, M. le Président, et l'adoption du principe aujourd'hui, c'est une autre
étape importante que nous franchissons. La prochaine étape, qui commencera dès la semaine prochaine, c'est l'étude
qu'on appelle article par article, avec un objectif d'avoir un vote sur
le projet de loi cet automne. On va continuer de prendre le temps de faire les
choses correctement.
Maintenant,
j'aimerais faire un peu un retour sur les consultations que nous avons eues. On
a reçu pas moins de... en fait, plus de 100 mémoires, c'est
peut-être 110, pour être exact, puis il en rentre peut-être encore quelques-uns,
de partenaires et d'intervenants du réseau.
On a reçu, en commission, une quarantaine de ces partenaires-là, de ceux qui
avaient été sélectionnés avec le
consensus des parlementaires. Donc, le moins que je puisse dire, c'est que ça
démontre beaucoup l'engouement pour notre projet de loi.
Ces
consultations ont mené, je dois le dire, à des échanges très constructifs et
fructueux, qui vont nous permettre, et
c'est l'objectif, de bonifier ce projet de loi. Je tiens ici, M. le Président,
à remercier tous ceux qui ont voulu prendre le temps d'écrire ces mémoires-là et qui sont venus, entre autres, les
déposer en commission, mais j'aimerais aussi souligner l'excellente collaboration, M. le Président, qu'on
a eue des partis d'opposition. Et je vois ici mes collègues qui sont ici
pour cette présentation-là cet après-midi et
je dois leur signifier que la qualité des commentaires et des questions qui ont
été posées aux différents intervenants
était, pour la plupart, très pertinente. Je ne veux quand même pas aller trop
loin, mais je dirais qu'ils étaient, pour la plupart, très pertinents.
Maintenant, ce qui est important, c'est de
respecter la volonté des Québécois. Il faut que les choses changent. Qu'est-ce qu'on a entendu durant ces
présentations-là? En fait, pour rendre le réseau plus efficace, les
intervenants sont généralement
d'accord avec plusieurs principes. Puis je vais vous énumérer quelques-uns de
ces principes-là qui sont dans le projet de loi.
Premièrement,
vous ne serez pas surpris : la séparation des orientations et des
opérations, ce qu'on peut résumer avec la création de Santé Québec. Important
de revoir aussi la gouvernance clinique. Gouvernance clinique, on pense notamment à la gouvernance avec les médecins, mais
il y a aussi de remonter le rôle des soins des infirmiers, etc. Donc, de façon
générale, de revoir la gouvernance clinique. De revoir aussi le système de
plaintes pour être capable de donner une plus grande voix aux usagers, autant pour les plaintes après les faits
mais aussi pendant les faits. De renforcer la gestion de proximité. Ce qui est
important, qu'on a beaucoup entendu, c'est que... le concept de cogestion a été
maintes fois discuté. Qu'est-ce que
c'est, le concept de cogestion? C'est qu'il faut trouver un meilleur équilibre entre
les gestionnaires du réseau et les
professionnels du réseau. Et souvent cette cohésion entre l'administratif et le
professionnel, elle va très bien, mais, lorsqu'il y a, par exemple, des
arbitrages à faire, c'est là que notre projet de loi doit apporter certaines
clarifications.
Il y a aussi eu
beaucoup d'entente, durant les consultations, sur l'importance d'une reddition
de comptes. On est allés assez loin,
avec certains intervenants, de nous dire que la reddition de comptes devrait
avoir plus d'implication locale ou régionale. On pourra y revenir.
L'importance aussi des comités d'usagers. L'importance
des patients partenaires, qui pourraient, entre autres, siéger au niveau du comité interdisciplinaire. L'importance de clarifier
les services sociaux dans le mandat de Santé Québec avec, justement, un nouveau comité-conseil pour
les services sociaux. Et, encore une fois, je le répète, M. le Président, tout
le monde s'entend que le statu quo n'est pas
une option et que la recherche d'efficacité passe, en sus, par un changement de
culture dans le réseau.
Maintenant,
où je pense qu'on a beaucoup de travail... je viens de vous dire où on semble
s'entendre sur les grandes lignes, mais où on a encore, je pense, beaucoup de
travail à faire, dans les prochaines semaines, et qu'on doit bonifier le
projet de loi, c'est que... On se rend
compte que tout le monde reconnaît qu'on a besoin de faire des changements. Je
pense que tout le monde le reconnaît.
Maintenant, qu'est-ce que chacun des intervenants est prêt à accepter comme
changements? Et c'est là, des fois, que, malheureusement, ce qu'on peut
peut-être entendre, c'est que... certains intervenants qui vont dire : C'est beau, les changements, on est
d'accord, mais pas dans ma cour à moi. Et c'est là qu'il faut trouver... au
cours des prochaines semaines,
d'essayer de rallier tout le monde. C'est normal, M. le Président, et je pense
que les Québécois le savent, quand on veut faire de la
gestion du changement, il y a toujours une certaine période où il y a une résistance
au changement. Mais, comme on fait
les choses dans l'ordre, je pense qu'on va être capable de trouver des terrains
d'entente, surtout, et je le répète, avec la bonne collaboration des
oppositions qu'on a eue jusqu'à maintenant.
Je vais vous
donner quelques exemples. Tantôt, je vous disais ce qui va très bien, où on a
des ententes, où on a peut-être des
difficultés. Pour les médecins, par contre, on entend souvent qu'on veut
enlever des pouvoirs aux médecins. Je
ne pense pas que c'est d'enlever des pouvoirs aux médecins, mais c'est d'en
donner à d'autres professionnels de la santé pour un peu équilibrer ce qui doit se faire en termes de gouvernance
clinique. On comprend très bien — et
je le répète parce qu'ils nous écoutent aujourd'hui, les médecins, les
omnis, les spécialistes — on
comprend leurs droits professionnels, mais
il doit y avoir un rapprochement avec la gestion, surtout, surtout, M. le
Président, quand il y a des cas de désaccord. Dans le grand pourcentage des cas, on s'entend bien, mais c'est quand il
y a des désaccords entre la gestion et le professionnalisme qu'il faut trouver des arrangements. On doit aussi
renforcer, où ça n'a pas été fait, ce qu'on appelle les principes de
cogestion, je le répète, entre l'administratif et le professionnel.
D'autres
groupes qui sont très touchés, c'est les syndicats. Pour les syndicats, on
demande, entre autres, la simplification de la gouvernance syndicale. Encore une fois, c'est important, ce qui
est demandé. Mais pour qui on le fait? On le fait pour les employés, pas pour les unités syndicales, on
veut le faire pour les employés. On veut privilégier, et je l'ai dit, les choix
personnels des employés et non les choix des syndicaux... des syndicats,
pardon.
Pour les
gestionnaires — donc,
je vous ai parlé des syndicats, je vous ai parlé des médecins, pensons aux gestionnaires — il faut leur redonner, dans certains cas, des
privilèges ou, entre autres, leur redonner les choix de gestion des leviers pour qu'ils puissent vraiment faire une
différence. On demande aux gestionnaires d'être imputables, mais, s'ils n'ont pas les leviers pour poser les gestes
lorsqu'ils ont des désaccords, bien, je pense que c'est à nous, au
gouvernement, aux élus, de leur donner ces leviers-là.
• (14 h 40) •
Maintenant, pour les employés, ça veut dire
aussi, avec la question de Santé Québec, d'avoir plus de mobilité. Et il faut trouver, entre autres, la façon
d'arriver à l'ancienneté réseau, qui est demandée depuis plusieurs années, tout
en trouvant la façon de faire une transition correcte.
Je continue
sur les endroits où il y a encore peut-être quelques aplanissements à faire, je
pense, entre autres, à la place du
privé. L'utilisation du privé a été soulevée par plusieurs groupes, par
plusieurs intervenants, mais je veux aussi aujourd'hui confirmer, comme je le fais souvent, que l'universalité aux
soins, M. le Président, elle est omniprésente dans nos objectifs. Ça reste un principe fondamental.
Mais il faut, je l'ai même expliqué en Chambre ce matin, que le privé, c'est
complémentaire au public, particulièrement avec les difficultés des dernières
années. Il faut trouver la transition parce que ce que les Québécois veulent... s'ils veulent être capables d'avoir un
service, d'utiliser leur carte RAMQ et d'être capables d'avoir les soins
qu'ils s'attendent.
J'ai
entendu... Et je termine sur la partie plus négative, parce que je n'ai pas
tout à fait fini. On a entendu plusieurs personnes parler que le projet de loi n° 15
était centralisateur. J'ai beaucoup de difficultés avec ça, et je sais que
l'opposition va y revenir, mais j'ai
trouvé souvent, M. le Président, que la profondeur des arguments pour défendre
ces énoncés-là n'était pas toujours facile à suivre. Moi, ce que je
dirais, c'est que, dans les prochaines semaines, nous allons expliquer qu'au contraire, et j'ai déjà été assez largement
là-dessus, que notre projet de loi, il est basé sur la décentralisation du
réseau. Et, d'ailleurs, lorsque
M. Clair est venu en commission parlementaire, M. Clair, qui a été,
en fait, un mentor pour moi dans la préparation
du plan de santé, dans la préparation du projet de loi, nous a donné des
suggestions pour être capable de bien démontrer
que notre objectif de décentralisation, il est là. Et, d'ailleurs, je l'ai dit
assez clairement, qu'avec l'acceptation des oppositions, il y aurait très rapidement des amendements qui pourraient
être faits pour confirmer ce désir de décentralisation, dont notamment
dans la reddition de comptes.
Et je tiens à
rappeler, sur ce dernier point-là, M. le Président, qu'on a déjà mis, dans le
projet de loi n° 15, l'article 29, qui est un principe de subsidiarité. Qu'est-ce que
ça veut dire, la subsidiarité? C'est de prendre la décision le plus proche
possible du terrain et non dans le CIUSSS ou au ministère. C'est dans
l'article 29.
Maintenant,
on voit qu'il y a des choses qui sont un grand consensus. On voit qu'il reste
des choses à discuter. Je pense que,
pour réussir tous ces changements-là qui sont importants, M. le Président,
c'est beaucoup de travail, il faut être capable de finaliser ces changements-là, mais, en fait, pour que cette
nouvelle gouvernance-là soit en place le plus rapidement possible, c'est : il faut s'entendre avec,
maintenant, les parlementaires, avec les oppositions dans où on fait quoi,
parce que c'est souvent facile de dire : On est dans un projet de loi,
puis on va faire tel, tel, tel changement, puis on va tout mettre ça dans le projet de loi. Mais j'aimerais rappeler à
tout le monde, puis surtout à ceux qui nous écoutent aujourd'hui, que le
projet de loi, c'est une chose, mais il y a
aussi des règlements. Et, dans ces règlements-là, la préparation des
règlements, c'est habituellement quelque chose qui suit le projet de loi
lui-même.
J'ai démontré
avec l'opposition, grâce au bon travail qu'on a eu, entre autres, dans le
dernier projet de loi, qu'on pouvait
s'entendre sur ce qui va dans les règlements. On travaille sur le projet de
loi, mais on va être capable aussi de dire c'est quoi les grandes lignes qu'on devrait retrouver dans les
règlements. Puis ça, je pense que ça peut devenir un compromis
acceptable pour s'entendre avec l'opposition.
Il y a aussi
ce qu'on va appeler le comité de transition. Puis je l'ai dit, d'ailleurs, c'est
peut-être soit un oubli ou, en tout
cas, une inadvertance de notre part, de ne pas avoir parlé plus du comité de
transition, qui, à mon avis, est un élément clé pour la mise en place de cette nouvelle gouvernance-là. Et qu'est-ce
que ça veut dire, un comité de transition? C'est : Quelles sont les équipes qui vont être
nécessaires, qui va mettre en place ces équipes-là, mais, surtout, qui va
préparer le fonctionnement de Santé
Québec? Et, à ce moment-là, je dirais que le comité de transition, pour moi, c'est
un élément clé.
Maintenant,
on parle souvent du projet de loi, des règlements, du comité de transition.
J'aimerais aussi parler du fonctionnement de Santé Québec. Pour moi, le
fonctionnement de Santé Québec va devoir aussi être bien expliqué aux parlementaires, puis le
fonctionnement de Santé Québec peut avoir plusieurs composantes. Encore une
fois, c'est un exercice qui va se
faire en parallèle. Et j'explique. L'organisation du travail, pour moi, c'est peut-être ce qui est
le plus important pour être capable
d'amener le changement de culture dont on veut. C'est très difficile, M. le
Président, de définir dans un projet de
loi c'est quoi, le changement de culture qu'on veut apporter. Le changement de
culture, c'est quelque chose qui se vit au quotidien, qui se fait tous les jours, de la façon dont on traite les
patients, de la façon dont on les accueille, comment on s'occupe d'eux.
Pour le
changement de culture, pour moi, il va falloir que Santé Québec se donne une
politique, mais, moi, ce que j'appellerais
une politique de service à la clientèle. Je pense qu'on l'a vu, d'ailleurs,
dans les indicateurs qu'on a commencé à donner, j'ai vu depuis quelques mois
déjà, avec les projets pilotes d'indicateurs de service à la clientèle qu'on a
mis en place, une certaine amélioration, où
le fait seulement que des employés demandent aux patients, aux usagers :
Qu'avez-vous pensé des services que
vous avez reçus aujourd'hui?, on voit de plus en plus une certaine
amélioration. Mais c'est ça, un changement
de culture. Malheureusement, toute cette approche-là, on ne peut pas mettre ça
dans un projet de loi. Mais ce qu'il
faut, c'est être capable de dire : Ça va faire partie de nos demandes, à
Santé Québec, assurez-vous que vous allez avoir une politique de service, qu'on
appelle ça à la clientèle, aux usagers, aux patients, ce n'est pas la
terminologie qui est importante, mais c'est la culture d'être capable de
donner un bon service à la clientèle.
Maintenant,
ce que j'aimerais dire, c'est que, quand on va s'asseoir, dans les prochaines
semaines, pour travailler là-dessus, je pense que, dans le projet de loi
lui-même, ce qu'il faut retrouver, c'est nos quatre grands principes, les quatre grands principes. Ce qu'on veut, c'est
s'assurer que le réseau de la santé et des services sociaux... Et j'insiste,
parce qu'il semblait y avoir, il y a
quelques jours, une inquiétude que les services sociaux n'en faisaient pas
partie, et c'est tout à fait le
contraire puisque, d'ailleurs, on a mis un groupe, un comité-conseil spécifiquement
pour les réseaux... pour les services
sociaux. Donc, c'est quoi, les quatre grands principes : séparation des
opérations, une gouvernance clinique améliorée, une gestion de proximité — vous
ne serez pas surpris que je vous dise ça — et une reddition de comptes qui peut aller
jusqu'au niveau territorial.
Maintenant,
il faudra, puis, ça, je pense, c'est des aménagements qui vont être très
faciles à faire avec mes collègues de
l'opposition... c'est peut-être aussi de bien définir qu'est-ce qu'on veut dire
par «santé». Parce qu'il y a des gens qui sont venus nous voir, qui nous
ont dit : Oui, mais, dans la santé, ce n'était pas clair, si la santé
mentale était là, ce n'est pas clair, si...
vous avez peut-être besoin de mentionner plus souvent que les services sociaux
sont là. Pour moi, c'est le genre de
très bons commentaires qu'on a eus. Puis, quand on prendra un peu de recul puis
on ira dans l'analyse détaillée que l'on pourra faire...
Je sais que
le défi est important, je pense qu'on en est tous conscients. Je le redis,
parce que les députés, entre autres, qui sont ici aujourd'hui savent
qu'ils vont mettre beaucoup de temps dans ça, autant du côté du gouvernement
que de l'opposition. 1 180 articles, c'est quand même assez gros, c'est
quand même assez costaud. Par contre, il faut rappeler, M. le Président, qu'on revisite toute la loi, ce qu'on appelle la LSSSS,
dans notre jargon, la loi sur les... santé et les services sociaux. J'ai évalué, là, puis on pourra en
discuter en début de commission, qu'il y en a peut-être la moitié qui sont des
reprises de la LSSSS. Donc, il y a peut-être
la moitié des articles qui sont soit des nouveaux articles ou des articles
modifiés. J'essaie de nous encourager
un peu puis d'encourager mes collègues de l'opposition, que ce n'est pas
au-dessus de 1 000, mais c'est
peut-être juste 500. J'essaie de trouver des endroits d'encouragement.
Maintenant, tous ces changements-là, qui sont nécessaires, je le répète,
ne vont pas dans le projet de loi, parce qu'il est important, M. le Président,
de se garder un minimum de flexibilité pour nos gestionnaires, en termes
d'amélioration continue.
• (14 h 50) •
Je veux
parler des autres étapes. J'ai dit tout à l'heure qu'il y avait le projet de
loi, qu'il y avait les règlements, je viens de le dire. Si j'avais à résumer la philosophie que j'aimerais qu'on
discute au début de la commission, qu'est-ce qui va dans le projet de loi puis qu'est-ce qui va dans
les règlements, je dirais que c'est les grands principes qui vont dans le
projet de loi, mais ce qui va dans
les règlements, c'est le comment. Ici, je pense qu'on est capables de
s'entendre. Des fois, la ligne est
peut-être difficile à faire. Mais, si on s'entend qu'on veut s'assurer que les
règlements nous donneront la flexibilité d'évoluer, parce qu'on n'a pas
besoin de revenir en commission parlementaire, à chaque fois, pour faire un
changement à la loi, mais on peut s'entendre
qu'on le fait au niveau des règlements. Donc, c'est là qu'on doit garder une
certaine flexibilité sur le comment,
et de donner, effectivement, comme je l'ai mentionné tantôt, M. le Président,
une certaine latitude à la nouvelle organisation Santé Québec pour
l'organisation du travail, comme j'ai expliqué tout à l'heure.
Le comité de
transition, pour moi, il est excessivement important. Si on se met dans un
scénario... puis je ne veux pas
présupposer de quoi que ce soit, mais d'une adoption à l'automne, à quelque
part à l'automne... Quand je dis ça, on va travailler dans les prochaines semaines, on va continuer à travailler
cet automne, mais, si on pense qu'on a une adoption à l'automne, on va s'entendre aussi, d'ailleurs
c'est déjà dans le projet de loi, qu'on va dire... on verra, on pourra négocier, mais
qu'une fois voté l'application du projet de loi n° 15, par exemple la
création de Santé Québec, prendrait, mettons, six
mois. Ça fait que moi, je dirais que le grand objectif de ce comité de
transition là, c'est qu'une fois que le projet de loi va avoir été voté, qu'on connaît qu'est-ce qu'on veut
dans le projet de loi, qu'est-ce qu'on veut dans les règlements, qu'est-ce
qu'on veut dans les services à la clientèle, vous
me suivez, qu'est-ce qu'on va faire, on va dire : Bon, maintenant, on a
six mois, on a cette période-là pour se préparer.
Ce qui a été
un facteur très négatif, à la dernière réforme, c'est que tout s'est bousculé,
tout a été fait trop rapidement, les
gens ont été pris par surprise. Et qu'est-ce qu'on fait quand on est pris par
surprise? Bien, souvent, on bloque un peu et on n'est pas à l'aise des
changements qu'on nous demande. Ce n'est pas ça qu'on veut faire. On veut,
justement, avoir une très grande participation de l'ensemble des
participants dans ce comité de transition là.
Pour ce qui
est du changement de culture, M. le Président, s'il y a une chose que
j'aimerais dire, aujourd'hui, pour les Québécois qui vont nous suivre
dans les prochaines semaines, prochains mois, c'est que, si j'avais à résumer
le changement de
culture qu'on veut donner au réseau de la santé, outre ce que j'ai expliqué dans
le service à la clientèle, cette notion-là que le patient qui vient nous voir,
le proche aidant qui vient nous voir, avec sa famille, avec sa mère, son père,
son jeune enfant... qu'on les traite comme si on voulait être traités
nous-mêmes lorsqu'on va à l'hôpital, ou lorsqu'on va dans une GMF, ou
lorsqu'on va dans un CLSC. Pour moi, c'est ça, la notion.
Maintenant,
pour que ça arrive, M. le Président, on a des changements à faire dans notre
structure, dans notre gouvernance,
surtout. Puis je vous donne un exemple. Quand vous regardez la façon dont un
hôpital fonctionne, il fonctionne par
programmes. Il y a le chef de département qui est responsable de l'urgence, il
y a le chef de département qui est
responsable des chirurgies, il y a le chef de département qui est responsable
de la... par exemple, du réentraînement du patient. Ce sont tous des programmes
où les argents sont mis, et on a des chefs de département. Malheureusement, le
client, le patient, ce n'est pas
comme ça qu'il pense. Lui, il arrive à l'urgence puis il a juste hâte de
ressortir. Il ne sait pas toujours dans quel programme il est. Et c'est
cette notion-là, M. le Président, qu'il faut changer. Et, quand je parle
d'organisation du travail et d'avoir une
politique, une politique de service à la clientèle, je pense que c'est ça, et
c'est de ça qu'on aura la chance...
Et c'est
d'ailleurs pour ça qu'on parle beaucoup plus de gouvernance qu'on parle de
structure. Parce que, quand on parle
de ces notions-là de fluidité dans le réseau, de continuum de soins, ça semble
des termes bien compliqués, mais ce
que le patient veut savoir, c'est : Comment je rentre puis comment je
sors? Mais pas uniquement à l'hôpital, comment je fais pour avoir un meilleur service à ma GMF? Est-ce qu'elle est
ouverte? Est-ce qu'elle est ouverte les fins de semaine? Est-ce que mon CLSC est ouvert le soir, les fins
de semaine? Est-ce que je peux avoir des services de services sociaux durant
les week-ends aussi, comme on a discuté au salon bleu ce matin?
Alors donc,
vous voyez, il y a des choses sur lesquelles on s'entend. Il y a des choses qui
sont importantes comme changements.
Puis il va falloir travailler avec l'opposition pour trouver ces accommodements
raisonnables pour qu'on puisse avoir notre projet de loi et les autres
éléments qui vont ensemble, cet automne.
Je répète, en
conclusion, M. le Président, que je sais que c'est une grosse commande. Puis je
me souviens, quand je me suis assis,
au premier briefing technique, avec mes collègues d'en face, on avait tous un
peu la sensation de dire : Mon Dieu!
c'est gros, c'est costaud puis c'est énorme. Je ne le renie pas. Par contre, je pense qu'on a vu, au fur et à mesure des dernières semaines, derniers mois, avec les
recommandations, qu'on peut trouver des endroits où on va s'entendre sur
les grands principes, et ça, je pense que c'est encourageant.
Maintenant,
on va pouvoir aussi trouver, puis, je vous dis... trouver le juste compromis
sur ce qu'il nous reste à faire et
dans le temps qu'on veut le faire. Moi, je veux donner... Puis je suis sûr que
les gens de l'opposition vont être d'accord avec moi. On a un devoir de résultat envers les Québécois. On entend
souvent : On n'a pas le choix de réussir. Est-ce que c'est vraiment le choix de la dernière chance? Je
n'aime pas ça, dire ça, mais je pense qu'on est vraiment... on a vraiment
une opportunité, autant avec les Québécois
qui nous appuient, hein, mais qui nous demandent, aux élus, qu'ils soient du
gouvernement ou de l'opposition, de travailler ensemble pour arriver à remettre
notre réseau de santé sur les rails.
Alors, je
dirais en conclusion, j'aimerais beaucoup ça qu'on termine en faisant les
choses correctement pour qu'on soit
prêts cet automne. Mon objectif, il n'a pas changé, il est toujours le même,
c'est qu'on soit opérationnels en 2024, le plus tôt possible, après une
bonne période de transition. Et, M. le Président, c'est pour ça que, selon la
tradition de notre Parlement britannique, je
vous lis la phrase suivante : L'honorable lieutenant-gouverneur a pris
connaissance de ce projet de loi et il en recommande l'étude à
l'Assemblée nationale. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le ministre de
la Santé. Je reconnais maintenant le député de Pontiac.
M. André Fortin
M. Fortin : Merci, M. le Président. Je vais tasser ma chaise au cas où je m'emporte.
Je ne voudrais pas l'accrocher en cours de route. Mais d'abord, M. le
Président, bonsoir à tous les collègues.
M. le
ministre, félicitations pour votre allocution. Je vous dirais, je vais
m'entendre, le ministre, sur une chose en partant. C'est bien de s'entendre sur des choses. Ça nous force, disons,
à progresser, à avancer. Je m'entends avec lui sur le fait que, la consultation, les groupes qui sont
venus nous rencontrer pendant six jours — j'ai presque assez de doigts sur une main pour compter jusqu'à six, pas tout à fait — six jours, ont été constructifs. Ils sont venus
avec une approche constructive. Ils
sont venus avec des propositions précises. Il y en a, fidèles à leur habitude,
qui nous sont arrivés avec des plans
détaillés, à savoir qu'est-ce qu'on a besoin de changer. Et, pour les députés
de l'opposition, ils rendent ça superfacile. Ils nous disent : Bien, point par point, voici à quel article vous
pouvez proposer quoi. C'est bien aidant. C'est aidant pour le
gouvernement aussi.
Puis c'est
vrai qu'il y avait, de part et d'autre, des commentaires de qualité. Je n'irai
pas plus loin que le ministre a été.
Il y a eu des commentaires de qualité. Il y en a que, disons, pour certains
groupes, c'était plus complexe. Puis le président de la commission est ici, il
le sait, qu'il a peut-être fallu une fois ou deux, pas plus que ça, que je lève
le ton pour, disons, s'assurer que le
ministre décroise les bras, à un moment donné, hein, qu'il se montre un petit
peu plus ouvert à certains groupes. Mais, de façon générale, les
commentaires, de part et d'autre, étaient constructifs, étaient de grande
qualité.
Le ministre,
vous l'avez entendu, M. le Président... Puis je sais que c'est un sujet qui
vous intéresse. Alors, le débat, au
cours des prochaines heures, très certainement va vous intéresser, comme
parlementaire. Probablement que vous aimeriez ça, par moments, revenir à votre chaise puis être capable d'intervenir
sur ces débats-là, mais vous allez nous écouter avec attention, puis avec intérêt, puis en voulant
comprendre qu'est-ce que ça veut dire pour les patients de votre
circonscription.
Le ministre a
mentionné les patients à quelques courtes occasions dans son allocution de 20
quelques minutes. Moi, j'ai compté
trois ou quatre fois. Peut-être qu'on les a appelés des clients par moments,
mais ça, ça lui appartient. Il peut les appeler comme il
veut. Mais, dans sa toute dernière référence aux patients, ce que le ministre
est venu dire, c'est : Bien, le patient,
il veut savoir quand est-ce qu'il rentre, puis quand est-ce qu'il sort, puis
c'est quoi, les heures d'ouverture de son hôpital, son CLSC, etc.
• (15 heures) •
Les heures d'ouverture d'un hôpital... En
partant, là, ça devrait être ouvert tout le temps, hein? Ça, il y a juste à Lachine qui l'a proposé, ça, pendant un bout de
temps, de ne pas nécessairement avoir des heures d'ouverture en tout temps,
là, puis là je pense qu'il s'est ravisé. On
va voir exactement dans le détail comment ça va se régler. Un CLSC... M. le
Président, vous viendrez au CLSC à
Aylmer, faire un tour, là, les gens, ils savent à quelle heure ça ouvre. Ils
arrivent une heure d'avance, ils
s'installent dehors. Les patients âgés, là, qui ont besoin de prise de sang,
ils arrivent à 6 heures le matin, parce que ça ouvre 1 heure plus tard, en se disant :
Bon, bien, si je veux avoir ma chance aujourd'hui, là, il faut que j'arrive de
bonne heure. Alors, de s'assurer que
le patient sait à quelle heure le CLSC ouvre, j'espère qu'on va plus loin que
ça pour le patient dans sa réforme.
Mais je donne
raison au ministre sur une autre chose, M. le Président : les enjeux en
santé, ils sont nombreux, puis le statu quo, le fait de rester les bras croisés
à ne rien faire, c'est inacceptable pour à peu près tout le monde au Québec.
Vous étiez en campagne électorale il y a
quelques mois, six mois, huit mois, j'oublie, et vous avez très certainement
fait du porte-à-porte comme tout le
monde ici, et, porte après porte, on vous a probablement parlé du réseau de la
santé. Alors, les gens vous ont élu,
nous ont élus, collectivement pour que ça bouge, pour qu'il y ait quelque chose
qui se passe, pour qu'il y ait des avancées.
Dans les
avancées, et ça, c'en est une, le ministre publie un tableau de bord maintenant
où on peut voir vraiment ce qui se passe dans le réseau. Et j'ai vu le ministre
sur ses réseaux sociaux, ce matin, rire de lui un peu, mais, en même temps,
il se pétait les bretelles un peu aussi. Et, en fait, quand je dis un peu, je
suis gentil, là. Je pense qu'il les a prises, il les a étirées au maximum de ce qu'il pouvait faire afin de faire de bien...
de bien, comme je disais, se péter les bretelles. Mais il faut faire
attention : quand on les étire très, très loin, là, ça peut faire mal quand
ça revient, hein? Ce n'est pas toujours plaisant.
Et le point du ministre, c'était : Les indicateurs dans mon tableau de
bord sont pas mal plus au vert qu'ils étaient, hein, il y en avait
beaucoup qui étaient au rouge il y a un certain temps, puis là ils sont au
vert.
Mais je vais vous donner ses... le concept de
son tableau de bord, puis je l'ai devant moi, on va pouvoir le regarder ensemble pour vous dire à quel point les
enjeux sont nombreux, en santé, puis à quel point, effectivement, le statu quo,
là, il n'est pas acceptable. Ce que le ministre fait, dans son tableau de bord,
c'est qu'il dit... il regarde avec une période précédente, à
savoir : Est-ce que la période d'attente, elle est moins longue? Est-ce
qu'il y a moins de gens sur la liste d'attente?
Est-ce que les délais pour obtenir des services sont plus rapides? Alors, il
fait une comparaison, puis, si ça va mieux, c'est vert, si c'est pire,
c'est rouge. C'est un ou c'est l'autre. Pas compliquée, son affaire. Mais, M.
le Président, si moi, je roule à 160 sur
l'autoroute puis je roulais à 170 quelques minutes avant, je ne suis pas au
vert, là, je suis encore au rouge. Ça
ne marche pas, là. Ce n'est pas parce que je me suis amélioré puis je suis un
petit peu plus proche de la limite de
vitesse que je l'étais que ça va bien. Alors, de dire qu'un indicateur est au
vert parce qu'on est mieux qu'on était la semaine dernière, pas sûr de
ça.
Alors,
regardons-le ensemble, M. le Président, morceau par morceau. Puis là je vais...
on va jouer ensemble sur le tableau
de bord, là, pour comprendre l'étendue des enjeux. Puis, peut-être, avant
d'arriver là, je vais vous dire, M. le Président, il y a des choses pour lesquelles on n'a pas
besoin de se référer au tableau de bord. Dans les indicateurs qui ont besoin de
changer, là : le temps d'attente aux
urgences. Quand le ministre de la
Santé est arrivé en poste, le temps
d'attente aux urgences avait diminué d'année en année, en année, en
année. En fait, ce n'est pas quand lui est arrivé en poste, c'est quand
Danielle McCann est arrivée en poste, en 2018, là. Entre 2014, 2015, 2016,
2017, 2018, le temps d'attente aux urgences a
diminué d'année en année. Alors, on peut dire ce qu'on veut du précédent ministre de la Santé, Gaétan Barrette, mais il avait les qualités de ses défauts : ça
s'améliorait, il réussissait, ça baissait d'année en année. Alors, M. le
Président, il avait une courbe en sa faveur.
Qu'est-ce qui
est arrivé depuis l'arrivée au pouvoir de la CAQ? Bien, ce succès-là année
après année, sans faille, il a été transformé en échec année après année. Et,
selon les indicateurs du ministre, il serait en rouge, là, depuis leur
arrivée au pouvoir. Là, on est retourné à
18 heures d'attente aux urgences. On n'a pas besoin de regarder le tableau
de bord ensemble pour ça, je vous le
dis, c'est comme ça, aujourd'hui. L'attente moyenne sur civière ou aux
urgences, c'est plus de 18 heures, M. le Président, ce que la CAQ dénonçait comme étant complètement
aberrant et inacceptable il y a quelque temps. Alors, à ce niveau-là, le
statu quo n'est pas acceptable, mais la tendance caquiste n'est pas acceptable
non plus.
Le personnel,
M. le Président, le personnel, là, c'est le plus grand enjeu en santé. Demandez
à n'importe qui, n'importe où, dans n'importe quel hôpital, dans
n'importe quel groupe qui est venu en commission ou qui aurait voulu venir en commission, ils vont vous dire la même affaire. Le
nerf de la guerre en matière d'offrir des soins de santé à la population, c'est
quoi? C'est du personnel. D'ailleurs, regardez les dépenses du ministère de la Santé, là. La plupart des dépenses, c'est dans ses ressources humaines parce que ce sont
eux, les soignants, ce sont eux qui voient les patients, ce sont eux qui ont
cette interaction-là et qui peuvent nous
aider à filer un petit peu mieux à la sortie de la visite qu'à l'entrée. Mais
le personnel en emploi dans le réseau de la santé, là, il est à... pour la
dernière variation qui est annuelle, on les compte aux variations annuelles dans le tableau de bord, moins
9 337. On a perdu, cette année dans le réseau, tout près de
10 000 personnes, en majorité
des infirmières, des préposés, parce que c'est la majorité des travailleurs,
mais 10 000 personnes, M. le Président. Puis l'an dernier, l'année d'avant, là, c'est la
même chose. Alors, sur deux ans, on a perdu, au net, avec les départs, avec
les arrivées, mais, quand on regarde au net, on a perdu 10 000 personnes
par année au cours des deux dernières années.
Là, le
ministre nous a dit cette semaine, si je ne m'abuse, c'est en réponse à une
question du collègue de Rosemont, il
nous a dit : Oui, mais faites attention, là, il y a des gens qui
reviennent de maladie, hein, il y a des gens qui sont revenus de
maladie. M. le Président, ce n'est pas une stratégie, ça, ce n'est pas un plan
d'action, ce n'est pas un... ce n'est pas un plan à long terme, ça. Les gens, ils peuvent
juste revenir de maladie une fois, à moins qu'ils retombent malades, ça, ça
arrive, mais ils peuvent juste revenir une
fois. Alors, il ne peut pas compter là-dessus année après année, là. Si on a le
même taux de départ puis d'arrivée
dans le réseau de la santé, bien, on va continuer de perdre 10 000 personnes
à chaque année, puis ça, c'est des soins que vous, moi, nos citoyens ne
pourront pas obtenir au cours des prochaines années.
Les
chirurgies. Ah! tiens, allons-y avec... Là, on va y aller dans le tableau de
bord pour vrai. Je ne suis même pas rendu encore dans le tableau de
bord, je suis en retard sur mon plan de match, M. le Président, mais ça, ça
arrive. Alors, le tableau de bord, en
services médicaux spécialisés, patients en attente d'une consultation avec un
médecin spécialiste, ça, ce n'est pas
ce que le ministre a proposé la semaine dernière pour des chirurgies, hein? Ça,
c'est l'accès pour les chirurgies ou
pour des spécialistes, mais, pour la chirurgie, là, on parle juste de la
consultation. Alors, des gens qui ne sont pas rendus, peut-être qu'ils
vont avoir besoin de chirurgie éventuellement, mais ils ne savent pas encore.
Patients en attente d'une consultation en ce
moment, combien vous pensez qu'il y en a, M. le Président, juste comme ça, là,
«ballpark», là? Ce serait quoi un
nombre raisonnable de gens en attente d'avoir une consultation auprès d'un
spécialiste au Québec? Je ne sais pas, moi,
il y a 8,5 millions de Québécois, là. 50 000? 100 000? Plus que
ça? Moins que ça? Moins que ça. Ah! bien, le député de Masson nous dit
qu'il devrait y avoir moins de 50 000 personnes en attente d'une
consultation avec un spécialiste. Veux-tu avoir le chiffre, M. le député de
Masson? 839 000 personnes. Ça, c'est le bilan de votre gouvernement.
Alors,
si vous disiez que ça devrait être moins que 50 000, là on est à peu près
20 fois plus que ce que vous visiez comme objectif. Il y a 839 000 Québécois en attente d'une
consultation avec un spécialiste en ce moment. Juste au cours de la dernière période, ça a augmenté de
8 000 personnes. Ça n'a pas l'air beaucoup, 8 000,
comparativement à 839 000, c'est
à peine 1 %, mais 8 000 personnes, M. le Président,
8 000 personnes, c'est la ville de l'Épiphanie, dans le comté du
premier ministre. 8 000 personnes. Ils
sont peut-être rendus un peu plus, par exemple, ça grossit, l'Épiphanie, ça
grossit vite, mais, quand même, juste cette année, ça s'est ajouté à la
liste, 839 000 personnes en attente.
Je
vais en choisir un autre, M. le Président, au hasard comme ça, dans le tableau
de bord du ministre. Protection de la jeunesse, tiens. Attente moyenne
pour obtenir une évaluation. Peut-être que le député de Masson peut m'aider
encore. C'est quoi, une bonne attente
moyenne, donc, là, quelqu'un qui contacte, qui contacte la protection de la
jeunesse, là, il y a une dénonciation...
Une voix : ...
• (15 h 10) •
M. Fortin : Oui,
c'est peut-être mieux comme ça, vous avez raison. Il est peut-être mieux de
s'en tenir au silence sur celle-là.
Mais l'attente moyenne pour obtenir une évaluation, allons-y à Montréal, tiens,
voilà, ça, c'est le moment entre la dénonciation, quelqu'un qui dit à la direction
de la protection de la jeunesse : Allez donc voir ce qui se passe pour
cet enfant-là, je suis inquiet pour sa
sécurité, je suis inquiet pour son... là où il vit, je suis inquiet pour la
relation qu'il peut avoir avec quelqu'un qu'il fréquente, un parent, un
oncle, peu importe, peu importe... 70 jours. Deux mois et demi. Dénonciation, deux mois et demi, et là, tout à
coup, quelqu'un de la DPJ se pointe. Il peut s'en passer, des choses, dans
la vie d'un enfant en deux mois et demi, là. Il peut s'en passer une puis une
autre, des choses, dans la vie d'un enfant en deux mois et demi.
Aînés et personnes
vulnérables. Nombre de personnes en attente d'un premier service de soutien à
domicile. Il y a 20 000 personnes,
M. le Président, au Québec, qui attendent pour des services à domicile. Puis on
dit toujours, là, qu'on veut que les
gens obtiennent des services à domicile parce que ça désengorge nos hôpitaux,
parce que ce sont des gens qui sont à
la maison, ils sont confortables, ils vivent dans un environnement qui est
celui dans lequel ils veulent vivre, plus
confortable que dans un hôpital, on s'entend, mais il y a
20 000 personnes qui attendent pour avoir ces services-là, 1 600 de plus qu'à la dernière mesure
gouvernementale. Alors, oui, il y en a, M. le Président, il y en a beaucoup,
des services... Je salue le député de Masson. Il y en a beaucoup, des... Je le
remercie pour son aide. Mais il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup, des
services comme ça, M. le Président, qu'il faut améliorer.
Mais
combien de ces enjeux-là, d'après vous, là, sont réglés par le projet de loi n° 15? Combien de ces enjeux-là... Que
ce soient les soins à domicile, que ce soit la protection de la jeunesse, que
ce soient les consultations avec les spécialistes, combien de ces enjeux sont réglés par le projet de
loi n° 15? Combien de patients vont être aidés? La
réponse de la grande majorité des groupes qui sont venus nous voir,
c'est : aucun. Aucun. Parce que le projet de loi qui est présenté par le
ministre, c'est une réforme de structure, c'est une réforme de gouvernance,
c'est une réforme de contrôle, et je vais y arriver, M. le Président, mais
c'est une réforme de contrôle de l'appareil gouvernemental. C'est une réforme
d'élimination de contrepoids, d'élimination de contre-pouvoirs, de
concentration de pouvoirs.
Mais
est-ce que c'est une réforme qui s'attaque directement aux enjeux qui touchent
le patient? Non, M. le Président. Est-ce qu'il y a... Est-ce que
les groupes qui sont venus nous voir nous ont dit : Ça, c'est la recette
pour aider le patient québécois? Non,
M. le Président, ce n'est pas ça qu'ils nous ont dit. Ils nous ont parlé des
enjeux de gouvernance, ils nous ont parlé des enjeux de structure, mais
ils ne sont pas venus nous dire que c'est l'outil pour aider les Québécois et
les Québécoises à obtenir des services du réseau de la santé.
L'autre
chose qu'on a vue, je vous dis que c'est une réforme de structure, que c'est
une réforme de gouvernance, que c'est une réforme de contrôle, d'élimination de
contrepoids, l'autre chose qu'on a vue, M. le Président, c'est que c'est
une réforme, entre autres, basée sur le
marketing politique. En blague, M. le Président, en blague, en commission
parlementaire, j'ai demandé au
ministre comment il était arrivé à l'appellation Santé Québec. C'est «catchy»,
hein? Vous savez c'est quoi, le terme en français pour «catchy»?
Une voix : ...
M. Fortin : Accrocheur. Merci, merci. Ça, c'est de la...
Bien, ce n'est pas autant aidant que le député de Masson, mais c'est
aidant quand même. Merci.
C'est
vrai que c'est accrocheur, Santé Québec, puis Santé Québec Estrie, Santé Québec
Outaouais, Santé Québec Chaudière-Appalaches. C'est un terme accrocheur, mais ça fait fi de
décennies de services sociaux au Québec. Ça a toujours été dans notre appellation. Il y a
des gens, là, l'Ordre des travailleurs sociaux est venu nous dire :
Reculer dans le temps, là, ça ne s'appelait
pas le ministère de la Santé, ça s'appelait — puis ça, c'était avant mon temps — le
ministère des Affaires sociales, puis,
là-dedans, il y avait la composante santé. Et, avec le temps, régionalement, on
a eu des CSSS, hein, centres de santé et services sociaux. Aujourd'hui, il y a
les centres intégrés, universitaires ou pas, de santé et services sociaux,
mais les services sociaux sont au coeur, M.
le Président, des titres de nos établissements parce qu'ils sont au coeur des
services qu'on offre à l'intérieur de ces établissements-là. Et ça reflète une
pensée toujours et constante des services sociaux. Là, le gouvernement nous dit : Non, ce ne sera plus
ça, Santé Québec Estrie, Outaouais, Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches, etc.
Alors,
j'ai demandé au ministre : Est-ce que ça vient d'un «focus group», ça?
Est-ce que ça vient de vous? Est-ce que
c'est votre décision à vous? Est-ce que vous l'avez mesuré avec le public? Je
lui ai vu un petit sourire en coin, M. le Président, qui m'amène à croire que peut-être il y en a eu, des
consultations payées pour savoir si c'était le terme approprié. L'accès à l'information va nous le dire, les
demandes sont déjà rentrées. J'ai hâte de voir les résultats, mais disons que,
si j'avais à parier un petit
2 $, M. le Président, je vous dirais qu'il y a eu un petit «focus group»
là-dessus et que ça ne changera pas.
Parce qu'en fait le ministre l'a dit que ça ne changera pas. Alors, les
services sociaux, là, quand on les évacue du titre, c'est, entre autres, pour une question
de marketing, mais c'est aussi parce que les services sociaux ne sont pas...
n'ont pas l'importance qu'ils devraient avoir dans cette réforme-là.
Je
reviens aux données. Le ministre nous a dit : Le statu quo est
inacceptable. Et tous les groupes qui sont venus nous voir, là, nous ont tous dit la même affaire : Bien, ce
principe-là que le statu quo est inacceptable, on est d'accord. Bien oui, moi aussi, je suis d'accord que le statu quo
est inacceptable. Je vous ai fait la démonstration pourquoi il y a deux
secondes. Mais les groupes qui sont
venus nous voir nous ont aussi dit ça : Bien oui, sur ce principe-là, que
le statu quo est inacceptable, on est là. Et, sur les 8,5 millions de
Québécois, M. le Président, je vous fais le pari que la grande, grande, grande
majorité, au-delà de 8,4 millions, vont
vous dire que le système de santé ne les satisfait pas pleinement, que le statu
quo est donc inacceptable.
Mais
ça ne veut pas dire qu'on va tout accepter ce que le ministre propose comme
c'est là. Ça ne veut pas dire que les gens sont en accord avec le détail de son
projet de loi, ça. Ça ne veut pas dire qu'ils sont d'accord avec sa façon de
faire, avec les propositions qui sont
faites. Ça veut juste dire : Bien oui, faites de quoi, il faut que ça s'améliore.
Est-ce que «faites de quoi», ça veut
dire : Faites ça? Pas nécessairement, M. le Président. Le ministre ne peut
pas mettre ça dans sa colonne de
groupes qui sont d'accord avec lui, là. Ça, c'est une... c'est des gens qui
reflètent une réalité comme quoi le statu quo, en ce moment, ne satisfait pas leurs attentes. Et ils ont raison de le
faire, parce que la plupart des groupes qui sont venus nous voir au
cours des six jours nous ont dit à peu près ça.
La
plupart des 55 groupes qui ont écrit une lettre ouverte pour dire qu'ils
auraient aimé ça venir nous voir, bien, eux aussi, ça, le principe que le statu quo est inacceptable, ils sont
pas mal là. Mais est-ce qu'ils sont nécessairement là pour accepter tout ce que le ministre propose?
Non, M. le Président. Parce que, ce que la plupart des groupes nous ont dit,
là, c'est qu'on écoute vos mots, M. le ministre, on les entend, mais ce qui est
dans le projet de loi ne reflète pas ça. Il y a une dissonance cognitive entre ce que le ministre dit et ce qui se
retrouve dans le texte de son volumineux projet de loi.
Mais qu'est-ce qu'ils nous ont dit, par exemple,
les groupes qui sont venus nous voir, qui ont fait l'effort, qui ont eu l'opportunité ou qui nous ont soumis des nombreux
mémoires qu'on va encore lire parce qu'il y en a plusieurs, et on espère s'y rendre avant le début de l'étude article par
article, la semaine prochaine? Ils ont utilisé les termes «hiérarchisation».
Ça, c'est revenu souvent, souvent, souvent, «hiérarchisation». Je vais me
permettre d'utiliser le terme en anglais parce que le premier ministre l'a fait ici, en cette Chambre, il y a quelques
semaines, en parlant d'un autre sujet, un «line department», «hiérarchisation».
Qu'est-ce
qui va se passer avec la nouvelle réforme de structure? Et je vous dis que je
c'est une réforme de structure, mais c'est parce que j'ai un paquet de tableaux
comme ça qui nous ont été soumis par le gouvernement, là, il y en a un
puis un autre, pour nous expliquer les
nouvelles structures. Ce qui va se passer essentiellement, M. le premier... M.
le Président, c'est que le ministre
de la Santé va nommer un P.D.G. de Santé Québec, hein? Il va nommer un P.D.G.,
ce P.D.G.-là va être en charge, avec
tous ses «top guns», avec ses vice-présidents, des P.D.G. d'établissements
régionaux, donc le P.D.G. de Santé
Québec va avoir une ligne directe avec le P.D.G. de santé de l'est de
Montréal... du nord-est de Montréal, qui, lui, va avoir une ligne directe vers ses directeurs d'installations, donc les
responsables d'installations, là, c'est-à-dire la personne qui va diriger
l'hôpital, ou le CLSC, ou le CHSLD. Ça, ça s'appelle un «line department»,
comme l'a dit le premier ministre, parce que la structure de rapports,
elle est directe.
• (15 h 20) •
Quand
le ministre nous dit : Je fais de la décentralisation dans mon projet de
loi, je fais de la décentralisation parce que je nomme un responsable
d'installation, ce qui n'est pas en place partout, c'est en place à certains
endroits, pas en place partout...
Moi, ça fait six ans qu'il y en a un dans le CHSLD, chez nous, dans mon comté,
là, un responsable d'installation. Mais
il y en a qui ont été ajoutés au fil du temps. C'est très bien. Mais ce
responsable d'installation là, là, on peut juste dire qu'il s'agit d'une décentralisation. Puis
d'ailleurs il n'a même pas besoin d'un projet de loi pour faire ça, mais, quand
même, ce responsable d'installation
là, s'il n'a pas de pouvoir entre les mains, s'il n'a pas de budget entre les
mains, s'il n'a pas les moyens de
régler des problèmes, ce n'est pas décentralisé pantoute. Tout ce qu'il va
faire, c'est écouter la personne dans le «line department» directement
au-dessus de lui, son P.D.G., qui, lui, va prendre ses ordres du P.D.G. de
Santé Québec, qui va prendre ses ordres d'où, M. le Président? Du ministre de
la Santé. Là, on est loin de la réforme qui avait été demandée par certains qui
disaient : Essentiellement, ce qu'on veut faire, là, c'est s'assurer que
le politique ne vient pas jouer dans l'exécutif ou l'organisationnel,
l'opérationnel, parce que le ministre, il faut le savoir, M. le Président, il
se garde à peu près tous les pouvoirs.
Article 26 de 1 200...
Une voix : ...
M.
Fortin : ...vous avez raison, 1 180 : «Le
ministre peut, outre les pouvoirs que lui confie la présente loi, émettre
une directive à Santé Québec portant sur l'administration, l'organisation, le
fonctionnement ou les actions de celle-ci, y compris sur la gestion de ses
ressources humaines, matérielles et financières.
«Santé Québec est tenue de se conformer à une
directive à compter de la date qui y est déterminée.»
On est loin de la séparation des pouvoirs, là,
M. le Président. Et là c'est le concept général qui nous avait été présenté au moment où ça a été dévoilé, mais le
ministre ne s'en cache même plus, parce que, quand on lui demande comment
ça va faire une différence, M. le Président,
comment il va agir différemment avec Santé Québec, bien, il nous dit :
Bien, c'est parce que ça va nous
donner des leviers pour mettre en place les directives — directives,
article 26 — qu'on
veut donner au réseau.
Son meilleur
exemple, et il prouve mon point quand il fait ça, il peut le répéter n'importe
quand, ça me fait plaisir de
l'entendre encore, c'est quand il nous dit : Bien là, en ce moment, on a
un comité sur les urgences, hein, un comité avec des experts qui nous
font des recommandations sur les urgences, puis on les trouve bien bons, ces
gens-là. Il a raison. Il y a des gens de
grande qualité là-dessus. On les trouve bien bons. Ils nous font des recommandations.
On aimerait ça les appliquer partout,
mais les fonctionnaires ne nous écoutent pas. Les P.D.G. d'établissements ne
nous écoutent pas. Ils ne le font
pas. Ils ne les mettent pas en place. Mais là, avec le projet de loi, on va se
donner les leviers pour qu'ils soient mis en place.
Ça, M. le
Président, ça s'appelle du contrôle d'en haut. Ça s'appelle des «top guns» qui
font du «top-down». Ça, M. le
Président, c'est exactement le contraire de la décentralisation. On peut être
pour. On peut être contre. On peut se dire : Ça fait bien du bon sens ou
ça n'en fait pas pantoute. Mais il ne peut pas nous dire que c'est de la
décentralisation. Ce qu'il nous dit,
c'est que je vais arriver avec une solution, peut-être en travaillant avec des
experts, mais je vais arriver avec une solution, et on va l'imposer à
tout le monde. Moi, je ne vois pas ça comme de la décentralisation.
Les
contrepoids, M. le Président. Les contrepoids à ce projet-là, en ce moment,
dans le réseau de la santé, là, il y en a énormément, des contrepoids.
Et je vois le
député de Rosemont qui arrive, là. Savez-vous quoi, je ne suis même pas à
moitié du chemin dans mon speech encore.
Prenez votre temps. Vous avez en masse de temps pour vaquer à vos autres
occupations, si vous le désirez.
Les
contrepoids. En ce moment, il y a toutes sortes de contrepoids dans le réseau
de la santé. Les conseils de médecins, dentistes,
pharmaciens en sont parce qu'ils font en sorte que l'organisation du travail,
l'opérationnel dans un établissement de santé ne vient pas que d'en
haut. Ça fait en sorte qu'il y a des gens élus par leurs pairs qui ont une
voix.
Les conseils
d'administration. Je vais revenir aux CMDP plus tard. Les conseils
d'administration, M. le Président. Le conseil d'administration de votre centre
intégré de santé ou de celui dans ma région, ce sont des gens qui sont
impliqués dans leur milieu, hein? Il
y a des représentants de toutes les... du Pontiac... Chez nous, il y a des
représentants... un représentant du Pontiac, un représentant de La
Vallée-de-la-Gatineau, un représentant de la MRC Papineau.
Il y a des
représentants qui ont différentes expériences professionnelles, mais ce sont
des gens souvent issus du milieu. Il y a un représentant des Premières
Nations. C'est des gens issus du milieu. C'est des gens qui ont une certaine expertise. C'est des gens qui font le choix de,
bénévolement, s'impliquer pour améliorer les choses et qui font des recommandations directement aux P.D.G. des
différents établissements. C'est le genre de gens qui s'impliquent dans le
réseau de la santé depuis longtemps, souvent, et qui veulent s'impliquer dans
le réseau de la santé, qui ont quelque chose à amener, qui nous font
valoir la perspective, la différence locale, régionale. Ces gens-là, ce sont des
parties vitales de notre réseau de la santé,
mais elles sont vitales parce qu'elles ont une courroie directe pour
recommander. Elles ont une... C'est
un conseil d'administration. De la même façon que tous les autres conseils
d'administration opèrent, ils ont une voie directe. Qu'est-ce que le ministre fait avec les conseils
d'administration, avec tous ces bénévoles-là, tous ces gens-là qui s'impliquent? Qu'est-ce que le ministre fait? Il
les remplace par des conseils d'établissement. Et quels vont être les rôles
des conseils d'établissement, M. le
Président? Mesures de performance et redditions de comptes. Ça, ça veut dire
que leurs tâches à eux, à ces gens
qui s'impliquent régionalement, ça va être de voir si l'établissement coche
toutes les petites cases décidées en haut, décidées par Santé Québec. Est-ce
qu'on fait toutes les choses de façon appropriée? Est-ce qu'on atteint nos mesures de performance telles que nommées,
sélectionnées, indiquées par Santé Québec? Ça, M. le Président, ce n'est pas
de la décentralisation. Ça, c'est enlever des pouvoirs régionaux pour en faire,
à ce conseil d'établissement là, des fonctionnaires, essentiellement, M. le
Président.
Qui va vouloir s'impliquer là-dedans? Vous, ça
vous tente-tu d'avoir une voix dans le réseau, M. le Président? Le jour où vous prendrez votre retraite, d'ici là,
vous allez avoir... vous allez avoir entendu toutes sortes de perspectives sur
le réseau de la santé et vous allez avoir quelque chose à offrir. Vous allez
dire : Bien, moi, je pourrais m'impliquer sur un conseil d'administration d'un CISSS, d'un CIUSSS,
je pourrais aller vouloir faire ça et que ma voix soit entendue, la voix
de ma communauté, la voix à l'intérieur du CISSS dans votre région. Mais ça
vous tente-tu d'aller faire de la mesure de
performance? Ça vous tente-tu d'aller faire de la reddition de comptes?
Probablement pas. Et c'est pour ça qu'ils vont être payés, maintenant, ces gens-là, parce que les gens qui sont
impliqués sur le conseil d'administration, là, pas sûr que ça va leur tenter
d'aller faire de la mesure de performance puis de la reddition de comptes,
alors on va les payer. On n'aura pas
le choix, il va falloir trouver du monde pour le faire, on va les payer. Mais
ce n'est pas de la décentralisation, ce n'est pas donner du pouvoir aux régions, ce n'est pas donner du pouvoir
à tous ces gens-là qui s'impliquent localement depuis des années et des
années, ça.
Bon, là je
suis à peu près rendu à moitié chemin dans le temps qui m'était alloué, M. le
Président, je vais quand même mentionner
qu'à travers ce projet de loi là il y a des aspects positifs qu'on a vus. Hein,
il y en a des aspects positifs, là. Et, là-dessus, il faut le dire, je
pense que les Québécois s'attendent à ça, qu'on soit capables de faire la part
des choses entre nous
puis de voir qu'est-ce qu'on aime, qu'est-ce qu'on n'aime pas, qu'est-ce qu'il
faut améliorer et qu'est-ce qui, vraiment... on espère que le
gouvernement va laisser de côté.
Sur la
question de la réduction des accréditations syndicales dont parlait le ministre
tantôt, moi, je n'y vois pas de problème, M. le Président, de se rendre à un
nombre bien moins d'accréditations syndicales. Il y a même des syndicats,
un syndicat en particulier... je ne suis pas sûr que tous les syndicats sont
d'accord là-dessus, mais il y a un syndicat qui est venu nous dire : Bien
oui, ça a été fait en Ontario, ça. Ça a été fait ailleurs puis c'est gérable,
c'est faisable, c'est possible. On est prêts
à travailler là-dessus, nous autres. Alors, on ne peut pas juste dire, parce
qu'il y a des gens qui sont venus
nous dire que ce n'était pas la chose à faire, que ça ne se fait pas, que ce
n'est pas souhaitable. Je pense qu'il y a quand même quelque chose
là-dedans qui peut représenter une avancée.
Les AMP, M. le Président, ça, c'est... et là je
vais essayer de le rendre aussi simple que possible, là, les activités médicales particulières, ça, c'est
essentiellement... Et ça existe déjà, les activités médicales particulières,
là. Par exemple, les médecins de famille qui ont été diplômés dans les
15 dernières années, ils ont des activités médicales particulières.
Ça veut dire qu'ils doivent passer un
certain pourcentage de leur temps en clinique, un certain pourcentage de leur
temps en établissement. Ça peut être
en CHSLD, en hôpital ou ailleurs, mais déjà on dirige un peu où ces gens-là se
situent dans le réseau.
• (15 h 30) •
Alors, le
ministre veut étendre ça, entre autres, aux médecins spécialistes. Alors là, il
dit : Je vais instaurer la question des plans d'effectifs médicaux
et des activités médicales particulières pour des médecins spécialistes pour
qu'on puisse s'assurer qu'ils soient
toujours à la bonne place dans le réseau. Je n'ai pas de problème avec ça, M.
le Président. Si ça peut aider à la
gouvernance... à l'interne, là, si ça peut aider les gens des CISSS et des
CIUSSS à avoir le bon professionnel au bon
moment, il n'y a pas de problème avec ça. Mais, M. le Président... et qu'il ne
vienne pas nous dire que c'est la manne, parce que ça, ici, ce que j'ai entre les mains, là, c'est les plans
d'effectifs médicaux en spécialités partout au Québec dans les dernières années. Ça existe déjà, des plans
d'effectifs médicaux. Ça, essentiellement, c'est de dire que... Et là j'y vais
avec la première spécialité,
l'anatomopathologie. Au CISSS du Bas-Saint-Laurent,
bien, ils ont le droit d'en avoir 10,
O.K., cette année, là, ils ont droit d'en avoir 10. En 2020, ils avaient
le droit d'en avoir neuf; 2021, 10; 2022, 10; 2023, 10.
Alors là,
j'ai pris un exemple, M. le Président, mais, ce que je veux dire, c'est comme
ça partout à travers le document, là, c'est
que ça ne change pas beaucoup d'année en année. On ne fait pas des immenses
réorganisations dans ces affaires-là. Alors,
que le ministre nous dise : Je vais mettre des primes pour des
spécialistes, ça ne va pas énormément changer les régions dans lesquelles les
spécialistes se situent, là. Vous ne pouvez pas venir me dire que, ah! bien,
moi, dans l'est de Montréal, j'ai...
il me manque vraiment beaucoup de ce type de spécialité là puis que, si on
ajoute des plans d'effectifs médicaux plus détaillés, bien, il y en a un paquet qui vont venir. Non, parce que ça
va être décidé quand même, puis les chiffres, ils ne changent pas
beaucoup d'année en année, ils changent un peu.
Mais les
activités médicales particulières, là, il peut y avoir un impact positif à ça,
à ce que les spécialistes soient au bon endroit au bon moment, pas de problème
avec ça, M. le Président. Là où il y a un enjeu, par exemple, avec les
activités médicales particulières, c'est pour les médecins de famille. Il y a
25 % des médecins de famille, au Québec, qui ont en haut de 60 ans. Il y a 15 % des médecins de
famille qui ont en haut de 65 ans. Et, vous le savez, je n'ai pas inventé
ça, des médecins de famille qui ont
un certain âge, ça fait longtemps qu'ils pratiquent, ils ont une charge énorme,
c'est-à-dire ce sont des gens qui, au
fil du temps, là, ont accumulé une liste de patients à leur charge énorme. Dans
ma région, il y a des médecins... il
y a un médecin, à tout le moins, il y en a certainement d'autres ailleurs, qui
a 3 000 patients à sa charge, 3 000, mais il est sur le
bord de la retraite. Le jour où il prend sa retraite, il y a
3 000 patients qui perdent leur médecin de famille.
Alors, tous
ces médecins-là, aujourd'hui, là, ils peuvent pratiquer en clinique, ils
peuvent pratiquer exclusivement en
clinique, ça peut être... 100 % de leur temps peut être être passé en
clinique, mais, le jour où le gouvernement leur dit, comme ça : Je t'impose une activité médicale
particulière, c'est-à-dire, aujourd'hui, à partir de maintenant, tu vas passer
50 % de ton temps en clinique,
50 % de ton temps à l'urgence, le médecin de 65 ans, M. le Président,
qui a 3 000 patients qu'il
voit en clinique puis qu'on l'envoie à l'urgence la moitié du temps, je ne suis
pas certain que ça va lui tenter de rester longtemps. Ça, c'est un
risque, un risque énorme pour que les gens perdent leur médecin de famille.
Alors, je
peux voir qu'il y a des avancées dans le projet de loi, M. le Président, qu'il
y a des trucs sur lesquels on va être d'accord, mais il faut voir qu'il y a
également des risques énormes à la perte de services pour un paquet de
Québécois. Puis, si votre médecin est
d'un certain âge, bien, il faut se poser la question. Peut-être, posez-lui la
question. Posez-lui, à lui ou elle,
la question la prochaine fois que vous le verrez : Si on vous demande
d'aller en CHSLD, si on vous demande d'aller en hôpital la moitié du temps, qu'est-ce que vous allez faire? Ça, c'est
un risque dont il faut tenir compte, M. le Président.
Prochain
item, l'ancienneté réseau. Grand soupir, M. le Président. L'ancienneté réseau,
là, le ministre nous dit : Ah oui! mais c'est une demande de longue date
des syndicats. Un instant. On a demandé aux syndicats, hein, aux syndicats, pluriel, là, avec un x et avec un s, on a demandé
aux syndicats : Est-ce que c'est effectivement votre demande de longue
date? Bien, il y en a un, syndicat, un seul, qui a vraiment émis
l'hypothèse que ça faisait partie de ses demandes.
Et qu'est-ce
que... L'ancienneté réseau, là, c'est quoi? Ça veut dire... Et le ministre s'en
vante à peu près sur toutes les
tribunes, ça fait partie des choses qui appellent du gros bon sens et, à
première vue, ça ressemble à ça, ça ressemble à du gros bon sens. Ça, ça veut dire qu'une infirmière,
je prends l'exemple d'une infirmière, qui travaille dans l'est de Montréal,
M. le Président, si elle se déplace vers un
autre établissement de santé, si elle se déplace... si son conjoint déménage en
Mauricie et qu'elle décide d'aller en
Mauricie, bien, elle perd son ancienneté, c'est-à-dire que, pour le choix des
quarts de travail... elle ne perd pas
son ancienneté par rapport à ses avantages de retraite, et tout ça, là, mais
elle perd son ancienneté par rapport à ses collègues avec lesquels elle
va départager ses quarts de travail.
Là, ce que le
ministre nous dit, c'est que ça ne fait pas de bon sens, c'est une infirmière
qui est là depuis 20 ans, elle est dans le réseau, elle devrait garder ses
avantages. À première vue, M. le Président, c'est d'une logique implacable,
son affaire. À première vue, là, il n'y en a
pas, de problème, c'est bien normal que quelqu'un qui est dans le réseau depuis
20 ans... elle
n'est pas allée au privé, elle n'est pas allée en agence, elle est restée dans
le public, alors on la remercie, elle devrait pouvoir garder ses 20 années d'ancienneté et avoir priorité sur ses
nouvelles collègues, qui sont peut-être un peu plus jeunes.
Le problème avec ça, M. le Président, et le ministre
lui-même ne nous en a pas parlé, de ce problème-là, c'est venu des groupes qu'on a entendus en commission parlementaire, le problème avec ça, c'est que
votre CISSS, chez vous, dans l'est de Montréal, dans le nord de Montréal,
risque de perdre bien, bien, bien du monde. Parce qu'autre problème
gouvernemental ces gens-là sont
incapables de se loger à Montréal, parce que les loyers sont démesurés, parce
que c'est impossible d'acheter une
maison, à Montréal, sur le salaire de certains corps de métier du réseau de la
santé. Alors, qu'est-ce qu'ils font? Bien, ils habitent à Le Gardeur, ou ils habitent à Brossard, ou ils habitent à
Laval, ou à Vaudreuil, ou ailleurs. Mais, si on leur donne le choix, demain matin, là... Si vous habitez
à Laval puis vous habitez à deux pas de la Cité-de-la-santé, bien, vous vous
déplacez à tous les jours vers Maisonneuve-Rosemont, vers Santa Cabrini, vers
les autres établissements dans votre région.
Bien, ciao, bye! Ils vont aller travailler à côté de chez eux. Alors, qu'est-ce
qui va se passer, dans une région comme la vôtre, là, où les salaires ne sont
pas équivalents au coût de la vie? Bien, les gens vont prendre l'option
normale.
Alors, est-ce
que l'ancienneté réseau fait du sens à première vue? Oui. Est-ce que ça risque
de dépeupler certains de nos
institutions, de nos hôpitaux, de nos CLSC? Oui, M. le Président, il y a un
risque énorme. Et les groupes sont venus nous le dire, ils sont venus nous
dire : Faites attention à la façon que vous faites ça, faites attention à
l'impact, mesurez-le. Est-ce
qu'aujourd'hui le ministre est capable de nous dire qu'il l'a mesuré, cet
impact-là? Non, pantoute. Moi, je n'ai rien entendu du ministre
là-dessus. Je ne l'ai pas entendu dire : Oui, on sait ce que ça veut dire
pour l'est de Montréal, on risque de perdre
x nombres de travailleurs; oui, on sait ce que ça peut vouloir dire pour le
Lac-Etchemin, on risque de perdre tant de travailleurs qui vont
peut-être se diriger vers la ville. On ne le sait pas, on ne l'a pas mesuré.
Alors,
logiquement, pas de problème, il peut y avoir du positif, de permettre à
quelqu'un de déménager avec son conjoint,
quand on se déplace d'une région à l'autre. C'est plein de bon sens. Mais, dans
le pratico-pratique, là, ce n'est pas ça
qui ajoute des infirmières dans le réseau, ce n'est pas ça qui ajoute des
techniciens dans le réseau, ce n'est pas ça qui ajoute des travailleurs sociaux dans le réseau, ce n'est pas ça qui
ajoute des professionnels dans le réseau. On ne fait que prendre à Pierre pour donner à Paul. Mais, si nos
banlieues sont très, très, très bien nanties mais que l'île de Montréal, elle
est dépeuplée de ses travailleurs de santé, il va y avoir un enjeu, M. le
Président, puis il faut être capable de le mesurer, il faut être capable de
voir ce que ça veut dire.
Bon,
l'organisation interne. L'organisation interne, là, ça, c'est la gouvernance
clinique. On y a touché un petit peu rapidement
tantôt, quand je faisais référence aux CMDP. Bon, les CMDP, là, ce sont des
instances, en ce moment... c'est l'instance,
en ce moment, qui parle de la gouvernance interne, qu'est-ce qu'on... comment
ça fonctionne à l'intérieur de notre
hôpital, à l'intérieur de notre établissement, c'est quoi, les priorités. Et
ça, ces gens-là qui siègent au CMDP sont élus par leurs pairs, par les
médecins, les dentistes, des pharmaciens de l'établissement, pour prendre un
rôle de leadership pour aider à prendre les décisions difficiles du
réseau.
• (15 h 40) •
Ce que le
ministre vient nous dire, un peu à l'instar des conseils d'administration,
c'est que, cette instance-là, on va lui
prendre une partie de ses responsabilités, c'est-à-dire tout ce qui se passe
dans l'hôpital au niveau de l'organisation, au niveau de la priorisation, au niveau de la trajectoire, puis ça, on va
donner ça au directeur médical. Donc, les gens, ici, là, connaissent peut-être ça sous l'appellation DSP en
ce moment, là, les directeurs de services professionnels. Bien, on va
donner tout ça au directeur médical, on va donner tout ça à un médecin
fonctionnaire qui, lui... Encore là, je reviens à mon «line department» : le P.D.G. nomme le P.D.G. d'établissement,
le P.D.G. d'établissement nomme le directeur médical. Alors, le directeur médical, qui prend ses ordres
d'en haut, qui prend ses ordres de Québec, le directeur médical va décider
d'à peu près tout. Une personne, M. le Président.
Le risque est
énorme, le risque de conflit, le risque de mauvaise priorisation, le risque de
ne pas avoir la voix des médecins,
des dentistes, des pharmaciens, dans cette instance décisionnelle là, il est
énorme. Bien, pourquoi, M. le Président? On revient au contrôle dont on parlait tantôt, on revient au «top-down»
dont on parlait tantôt, à un moment donné, ces gens-là, que ce soient
des DRMG, que ce soient des CMDP, ils agissent comme contre-pouvoir.
Je prends
l'exemple de l'Hôpital de Lachine. Qui a agi comme contre-pouvoir par rapport
au CUSM, par rapport au ministère,
par rapport au ministre dans ce dossier-là? Parce que, pendant longtemps, là,
le ministre de la Santé était bien content que l'urgence soit fermée
12 heures par jour. Le ministre de la Santé était bien content de
dire : Les soins intensifs à
l'Hôpital de Lachine, là, on n'en a plus besoin. M. le Président, des soins
intensifs dans un hôpital, on en a tout le temps besoin. Une salle
d'urgence, là, c'est justement là pour être tout le temps ouverte, pour être
tout le temps disponible. Parce qu'une
urgence, oui, des fois, ça arrive à 3 heures de l'après-midi, mais, des
fois, ça arrive à 2 heures, le matin. On ne le décide pas, quand est-ce qu'on fait des crises cardiaques. On ne le
décide pas, quand est-ce qu'on a besoin d'une salle d'urgence, quand
est-ce qu'on a un accident d'auto.
Alors, M. le
Président, le ministre, le CUSM avaient pris une décision, mais il y a des gens
qui se sont levés puis qui ont dit : Un instant, est-ce que c'est vraiment
ce qui est bon pour notre population? Puis, oui, il y a le député de
Marquette qui en a fait une grosse partie,
du travail, là-dedans, mais le CMDP puis le DRMG, M. le Président, les gens qui
sont élus par leurs pairs, des
médecins, avec les infirmières, avec le personnel, ont agi à titre de
contre-pouvoir et ont soulevé tous ces enjeux-là.
Si, demain
matin, là, ils n'ont plus ces pouvoirs-là, si, demain matin, il n'y a plus de
raison que quelqu'un s'implique dans
un CMDP parce que tout ce qui leur reste, c'est de vérifier la qualité des
services qui leur est offerte... qui est offerte aux patients par les médecins
de l'établissement, bien, je ne suis pas certain qu'ils vont vouloir
s'impliquer. Ils n'ont pas... Ils
perdent une grosse partie de leur incitatif à vouloir donner de leur temps, à
vouloir donner de leur énergie, vouloir donner de leur savoir-faire à l'intérieur des instances qui offrent ce
contre-pouvoir-là par rapport aux décisions qui viennent d'en haut, que
ce soit le CUSM, que ce soit le P.D.G., que ce soit le ministre de la Santé. On
ne peut pas se permettre de perdre ces contre-pouvoirs-là. Sans ces contre-pouvoirs-là, aujourd'hui,
l'Hôpital de Lachine, là, il n'y en aurait pas, de salle d'urgence à l'Hôpital de Lachine. Il n'y
aurait pas de soins intensifs, il n'y aurait pas autant de services qu'il y en
a de disponibles aujourd'hui. Puis
ils sont encore à risque, là, je vous le dis, là. Même avec les contre-pouvoirs
qui sont là en ce moment, ils sont encore à risque. Alors, M. le
Président, on est quand même loin d'où on devrait l'être.
Je veux
revenir sur certains des groupes et ce qu'ils nous ont présenté. Les
pharmaciens, M. le Président, sont venus nous voir, à travers l'Ordre des pharmaciens, à travers les pharmaciens
d'établissement, et ils nous ont dit : On ne comprend pas. Est-ce que ce projet de loi là a été écrit
trop vite ou est-ce que ça reflète une réelle pensée de la part du ministre de
la Santé? Mais ils nous ont dit : Il y a des choses qu'on ne
comprend simplement pas, là. Pourquoi, nous, nos plaintes ne seraient pas administrées par nos professionnels?
Pourquoi on ne se rapporterait pas aux pharmaciens? Essentiellement, ils nous ont dit, par rapport au CMDP, parce que
c'est ça qui se passe en ce moment avec le CMDP, là, et ils l'ont dit avec
l'expression anglaise : «If it ain't broke, don't fix it.» Ils nous ont
dit : Ne jouez pas dans ce qui marche bien.
Alors là, le
ministre de la Santé, moi, j'attends encore l'explication à savoir pourquoi il
met tous ces pouvoirs-là, tous ces pouvoirs décisionnels dans les mains
d'une personne. Il s'enlève des contre-pouvoirs, puis après ça il met des
instances, par rapport à la vérification de la qualité des soins puis les
mesures disciplinaires, dans les mains de «God knows who». Ça, M. le Président, c'est un impact réel, mais c'est une
décision qui a été prise en quelque part sans qu'on comprenne pourquoi,
sans que les pharmaciens comprennent pourquoi.
Même chose
pour les sages-femmes. Les sages-femmes, bizarrement, sont incluses dans les
conseils de médecins, dentistes,
pharmaciens. Je vous ai dit tantôt : Ce qui reste, c'est la vérification
de la qualité de l'acte, là, c'est ça qui reste au CMDP. Les sages-femmes nous disent : Là, vous allez mettre un
médecin en charge de vérifier la qualité de mes actes. On n'a pas la même pratique, on ne pense pas de la
même façon, on n'agit pas de la même façon, on n'est pas le même type de professionnels, puis je ne m'attends pas à ce
que les médecins ou les pharmaciens comprennent la façon que nous, on traite les patients. On vit dans deux mondes
parallèles, dans deux univers de pensée parallèles, mais le ministre de la
Santé a simplement ajouté les sages-femmes là-dedans, pas de problème.
Les sages-femmes nous ont dit : Ça n'a pas de sens, sortez-nous de là. Les psychologues nous ont
dit : Ça n'a pas de sens, mettez-nous là-dedans. S'il vous plaît,
ajoutez-nous dans les CMDP. Alors...
Une voix : ...
M.
Fortin : Manque de consultation, oui. Manque de
consultation, exact. C'est ça qui s'est passé, M. le Président. Le ministre n'a pas consulté personne, n'a pas
parlé à personne de ses trucs avant de présenter. Bien, c'est ça qui arrive.
Ça fait quelques mois, là, qu'on parle d'un gouvernement brouillon, mal ficelé,
là. Bien, il y en a une grande partie, de ces
adjectifs-là, qu'on peut reconnaître dans le projet de loi qui a été présenté
par le ministre. Parce que, oui, il y a les enjeux dont on a parlé
tantôt. Est-ce que ça règle les problèmes des patients? Est-ce que ça aide la
trajectoire des patients? Est-ce que ça aide
le patient à avoir plus de services? Je vous ai déjà dit que je ne pense pas,
M. le Président. Mais, au-delà de ça,
il y a des affaires qui sont dans ce projet de loi là qui sont juste mal
écrites, mal pensées, mal ficelées, mal attachées parce qu'on n'en a pas
parlé à personne avant. Ça, ça me semble plutôt impardonnable, M. le Président.
Enfin.
Je vous ai
dit tantôt, M. le Président, qu'il y avait des choses avec lesquelles on était
d'accord et il y avait des choses avec
lesquelles on n'était pas d'accord et les choses sur lesquelles on va vouloir
des améliorations. Mais le ministre nous a dit... Parce que je reviens
à... Je prends un pas de recul, je reviens à l'enjeu principal, là. L'enjeu
principal, et la raison, M. le Président,
pour laquelle on va voter contre le principe du projet de loi, c'est qu'il
passe à côté de l'enjeu numéro un dans
le réseau de la santé, qui est la main-d'oeuvre, hein, on l'a dit tantôt, là,
on perd à peu près 10 000 professionnels par année dans le
réseau de la santé.
Le ministre, tantôt, il est venu nous faire la
démonstration de tout ce qu'il faisait au niveau de l'attraction des
professionnels. Il nous a dit : Bien, il y a les négociations qui sont en
cours. Je ne veux pas péter sa bulle, là, mais, des négociations, là, ça arrive régulièrement. Ce n'est pas un miracle,
O.K.? S'il s'entend, avec les négociations qu'il propose, là, tant mieux, mais c'est mal parti pour ça. Vous
voyez ce que la FIQ a fait aujourd'hui, elle a demandé de la médiation parce
que ça n'avance simplement pas. Mais, s'il
réussit à s'entendre, tant mieux, mais une négociation, en soi, ce n'est pas une
stratégie d'attraction de la main-d'oeuvre.
Le ministre
nous a parlé de ses bourses, il nous a parlé de l'entente avec la FMSQ, il nous
a parlé du GAP, il nous a parlé de
tous ses succès, là, de ce que lui perçoit comme étant ses succès. Alors, je
veux revenir là-dessus parce que ces enjeux-là,
ce sont les enjeux principaux qui ne sont pas dans le projet de loi. Mais, si
on veut parler du réseau de la santé, si
on veut parler de l'amélioration du réseau de la santé, là, moi, je ne suis pas
prêt à juste dire : Bien oui, on va passer les prochains mois à uniquement traiter de ces
1 180 articles là. Je ne peux pas accepter qu'on parle juste de ça
quand l'enjeu, il n'est même pas là-dedans. Il est à côté, il est ailleurs.
L'enjeu, M. le Président, puis je l'ai dit, je vous l'ai dit tantôt,
l'enjeu, c'est la main-d'oeuvre.
Alors, comment on fait pour attirer de la
main-d'oeuvre additionnelle? Ce que le ministre nous a dit hier... avant-hier, je ne sais plus trop, on perd le fil,
là, on s'approche de la session intensive, ce qu'il nous a dit plus tôt,
c'est : Ah! bien, on fait du recrutement à l'étranger. Oui, M. le
Président, ils font du recrutement à l'étranger. Leur cible, pour les prochains mois, c'est d'attirer
600 travailleurs à l'étranger, 600. 600, ça veut dire, pour une région
comme la mienne, à peu près 30,
30 infirmières. Bien, c'est tout. 30 infirmières, M. le Président. On
en perd plus que ça à l'Ontario, on en perd
plus que ça à des retraites hâtives, on en perd plus que ça au privé, on en
perd plus que ça aux agences. On en perd plus que ça, M. le Président.
Ce n'est pas
une stratégie d'attirer 600 travailleurs à travers le Québec. 600
travailleurs, quand on voit ce que l'Ontario a fait cette année...
Qu'est-ce qu'ils ont fait, l'Ontario? La moitié de leurs nouvelles infirmières,
la moitié, viennent de l'étranger.
Est-ce qu'il y avait un rattrapage à faire de leur côté aussi? Oui, il manque
de monde dans leur réseau aussi. Mais ils
ont mis une stratégie en place, une stratégie agressive de recrutement. Ils
sont allés à l'étranger, ils ont réussi. Ils viennent au Québec, ils réussissent. Ils viennent dans nos
collèges, dans nos universités, puis ils recrutent, puis ça marche, M. le
Président. Ça marche, entre autres, des fois, parce que le ministre de la Santé
a baissé le salaire de toutes les infirmières bachelières
à la rentrée, là, hein? Vous avez vu ce que les infirmières professeures à McGill ont
dit : Faites attention, vous êtes
en train de perdre vos infirmières parce que vous les avez baissées de sept
échelons. Ça, c'est la décision du ministre
de la Santé, ça lui appartient, mais on perd nos infirmières
au profit de juridictions qui sont pas mal plus agressives que les nôtres.
• (15 h 50) •
Alors, on
peut parler du projet de loi n° 15 pendant les six prochains mois si c'est
ça que le ministre veut faire, mais, pendant ce temps-là, on ne parlera pas de
l'enjeu principal. On ne parlera pas de l'enjeu des chirurgies pendant qu'on
fait ça, M. le Président. Et l'enjeu des chirurgies, il dépend de quoi? De
l'attraction de la main-d'oeuvre. Il ne peut pas se négocier une entente juste avec la FMSQ puis dire : Ah! bien, les
médecins sont d'accord, puis nous, on est d'accord, alors on va diminuer
le nombre de gens qui attendent pour une chirurgie. Ça ne dépend pas de ces
gens-là, ça dépend du nombre... du personnel qui va être en place pour
soutenir ces gens-là.
Regardez ce qui se passe en Estrie aujourd'hui.
Qu'est-ce qui se passe en Estrie? Les infirmières ont levé le drapeau rouge en nous disant : Il va nous
manquer 5 100 — 5 100 — quarts
de travail dans le prochain mois, 5 100 quarts de travail
d'infirmières dans une région, dans un mois, puis ça va être la même chose au
mois de juillet, puis ça va être la même chose au mois d'août. Mettons,
15 000 quarts de travail manquants juste pour les infirmières au
cours de l'été. 15 000 quarts de travail, là, ça va faire en sorte
que les salles de chirurgie, elles vont être complètement gelées. Si vous
attendez pour une chirurgie en Estrie, là, ce n'est pas les spécialistes qui ne
voudront pas la faire puis ce n'est pas les gestionnaires
du réseau de la santé qui ne voudront pas la faire, ils n'auront pas les
ressources nécessaires. Puis le plan de rattrapage annoncé par le
ministre, bien, il ne pourra pas fonctionner, M. le Président.
Là, j'ai
parlé des infirmières, mais l'autre préoccupation qu'on a par rapport à la
main-d'oeuvre, et c'en est une grande,
parce que, d'entrée de jeu, je vous ai parlé des enfants de la DPJ qui
attendaient, qui attendaient pendant deux mois et demi pour avoir une première visite des gens de la DPJ, l'autre
préoccupation qu'on a, ce sont les travailleurs sociaux. Tantôt, on a parlé du 70 jours qu'ils
attendent, les enfants, mais les travailleurs sociaux sont venus nous voir,
l'Ordre des travailleurs sociaux est
venu nous voir en nous disant : Oui, c'est parce qu'il y a bien, bien,
bien du monde qui veulent être travailleurs
sociaux au Québec, on est allé voir le gouvernement en 2019 pour dire :
Acceptez donc plus de monde dans les programmes
de formation, laissez-en donc quelques-uns de plus rentrer, parce qu'on a une
pénurie en ce moment, il nous en manque plusieurs centaines. Et le
gouvernement n'a toujours pas bougé.
Alors, M. le
Président, il y en a, des solutions dans le réseau de la santé, il y en a, il y
en a beaucoup, mais elles ne sont pas
contenues dans le projet de loi. Et c'est pour ça que, groupe après groupe qui
est venu en commission parlementaire... puis, si les 55 autres qui voulaient venir avaient pu venir, ils
nous auraient dit la même affaire, ils nous auraient dit : C'est une réforme de gouvernance, c'est une réforme de
structure, c'est une réforme de contrôle, c'est une réforme d'élimination
de contrepoids, de contre-pouvoirs, mais ce n'est pas une réforme qui va
changer la vie des patients au Québec.
Je pense à l'Assemblée des premières nations qui...
quand on leur a demandé s'il y avait quelque chose, en ce moment, dans la façon que ces
1 180 articles là sont écrits, qui va changer la vie des gens des Premières Nations au niveau des soins et de
services qu'ils reçoivent, deux mots qui sont ressortis : Certainement
pas. Certainement pas. Ce n'était pas... il n'y avait pas d'équivoque dans la voix, il n'y avait pas d'équivoque
dans les mots, il n'y avait pas d'hésitation de la part du Dr Vollant et de M. Picard, c'était
clair comme de l'eau de roche : il n'y a rien, dans ce projet de loi là,
pour améliorer le service aux patients.
Et notre
vote, M. le Président, sur le principe du projet de loi dépend d'une seule
chose, une seule chose : si on sentait, si on avait entendu, si les
groupes nous avaient présenté, nous avaient rassurés... si le ministre nous
avait rassurés par rapport à
l'amélioration des soins aux patients, on pourrait être en faveur de ce projet
de loi là. Mais, parce qu'il n'y a personne,
personne, M. le Président, qui est capable de nous dire, aujourd'hui, que ce
projet de loi là va améliorer les soins aux patients, bien, ça demeure, pour
nous, une réforme de gouvernance, de contrôle, de centralisation, de
hiérarchisation, d'élimination de
contrepoids, et une réforme pour laquelle... Comme plusieurs groupes nous l'ont
dit, les professionnels de la santé
ne sont pas prêts à une autre réforme. Ils ne veulent pas une autre réforme.
Ils risquent d'être démotivés par une réforme,
M. le Président. Ça, c'est le risque qu'on court aujourd'hui si on accepte les
1 180 articles présentés par le ministre de la Santé. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Pontiac. Je reconnais maintenant M. le député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M.
Marissal : Merci, M. le Président. Chers collègues. Alors, à
mon tour de me pencher sur le principe du projet de loi n° 15.
Attendez que je mette un peu d'ordre dans mes affaires.
D'abord, M.
le Président, bonjour particulier à vous et aux collègues, en particulier à un
collègue que j'ai envoyé dans une autre circonscription hier, puis j'en
suis désolé parce qu'on ne devrait pas faire ça, surtout qu'on se connaît depuis la précédente législature. J'avais envoyé
le député de Beauce... puis là je vais me tromper encore, je l'avais envoyé
dans le mauvais comté de Beauce. Alors, j'en
suis sincèrement désolé. Il le sait, que ce n'est pas personnel, il ne doit pas
le prendre personnel. D'autant qu'on sait
qu'il l'a gagné chèrement, son comté, alors je ne vais pas lui retirer puis
l'envoyer ailleurs. Alors, voilà, c'est dit, question de casser la
glace.
Maintenant,
je vais attaquer le monstre, le mammouth, je ne sais pas trop comment
l'appeler. Pour la petite histoire, ça
a été dit, mais, si les collègues ne le savent pas, je vais leur dire, selon
les historiens du parlementarisme au Québec, ce serait le deuxième plus
gros projet de loi, le projet de loi n° 15. Je vois votre surprise, M. le
Président, que je vous l'ai peut-être
appris, j'en suis fort heureux. Le deuxième plus gros volumineux projet de loi
de l'histoire de l'Assemblée nationale du Québec, ce n'est quand même
pas rien. Évidemment, le plus volumineux était le Code civil, ça va de soi.
Il arrive à
un drôle de moment, mon collègue de Pontiac vient de le dire, il arrive après
une autre réforme qui n'a même pas
encore été tout à fait digérée, dont on sent encore, sur le terrain, comme
patient... Comme député, on parle aux gens,
on sent encore les affres de cette réforme qu'on a appelée la réforme Barrette.
Il y a des gens, d'ailleurs, les gens qui sont les cadres du réseau de
la santé, qui sont venus nous dire textuellement : On ne l'a toujours pas
digérée, on n'est toujours pas capables de
passer par-dessus cette réforme. Il faut dire que les cadres en particulier
avaient particulièrement souffert de cette réforme-là.
Mais ce
mammouth, donc, arrive à un bien drôle de moment. Je comprends le moment
politique. Le gouvernement a une
très, très forte majorité. Ce gouvernement s'est habitué, pendant la COVID, à
gouverner par décrets. C'est beaucoup plus facile, c'est plus facile de
gouverner par décrets, on le comprend. Le ministre est un gestionnaire, il a
fait ça toute sa vie, réorganiser des
structures des entreprises, donc c'est sa déformation professionnelle ou sa
formation professionnelle.
Je comprends
tout ça, mais il y a bien des affaires que je ne comprends pas dans ce projet
de loi là. Je vous ai parlé de son
ampleur, mais ça, à la limite, c'est anecdotique. Je ne comprends pas le moment
de le déposer. Puis il y a beaucoup d'éléments,
dans ce projet de loi là, que je ne comprends pas, et, je vous le dis de suite,
pas parce que je suis particulièrement idiot, là, pas plus que la moyenne des
ours, là, je ne le comprends pas comme bien des gens qui sont venus témoigner
en commission parlementaire ne le
comprennent pas ou ne comprennent pas exactement ce que ça veut faire, ce que
ça cherche à faire, ce que ça devrait faire, pourquoi ça arrive.
Nous sommes
allés, pendant les quelques jours d'auditions... puis j'y reviens, là, sur les
auditions, nous sommes allés d'imbroglio en imbroglio, des gens qui
apprenaient des choses ou qui, pire, l'apprenaient au ministre, le ministre qui apprenait des choses de ses fonctionnaires. Ça
me faisait penser quand j'étais à l'université. En communication, on avait des cours de radio puis de télé, puis, à
l'époque, on fonctionnait encore avec des lames de rasoir puis des rubans,
hein, puis, quand ça ne faisait pas,
on disait toujours : Ce n'est pas grave, on va arranger ça au montage.
Généralement, la nuit dans un
cubicule, à l'UQAM, là, après des heures et des heures, on arrangeait ça au
montage, là, à la lame de rasoir pour coller les rubans, puis ça
finissait par faire un reportage à peu près cohérent, pas toujours, d'ailleurs.
J'ai l'impression qu'il y a un petit peu de ça, là, dans le projet de loi
n° 15, que le ministre se dit : Bien, on va arranger ça au montage. Mais c'est parce qu'on ne bricole pas un projet de
loi aussi important dans un secteur aussi important que le domaine de la
santé, qui, je le rappelle, est le premier
poste budgétaire de l'État québécois. On ne devrait pas arriver avec quelque
chose, oserais-je dire, brouillon,
mais, en tout cas, qui n'est certainement pas la copie finale, et sur laquelle
il va falloir retravailler beaucoup.
• (16 heures) •
L'autre
impression que j'ai eue, parce que j'ai l'habitude d'écouter puis d'observer
beaucoup, j'ai l'impression que le
ministre, oui, est beaucoup, beaucoup attiré par les réformes de structure. Il
l'a fait dans sa vie, il a parlé notamment de son expérience à Cascades, et ailleurs, puis je respecte absolument la
carrière qu'il a eue, il ne faudrait juste pas confondre les rouleaux de
papier puis le réseau de la santé. Mais c'est son dada, c'est ça qu'il fait.
Mais j'ai
l'impression qu'il y a des fonctionnaires, autour de lui, et des sous-ministres
en particulier, qui travaillent là-dessus
depuis un bon moment et qui sont supermotivés, eux aussi et elles aussi, à
enfin en finir avec la dernière réforme de la santé qu'ils souhaitent mettre sur pied depuis des années et des
années. Sans grande surprise d'ailleurs, ça a été dit, mais je le redis pour le bénéfice de ceux et
celles qui ne le sauraient pas, que le sous-ministre et principal conseiller du ministre
de la Santé dans le domaine de la réforme, c'est-à-dire le projet de loi
n° 15, est nul autre que l'ancien chef de cabinet du précédent
ministre de la Santé, l'auteur de la réforme Barrette. Alors, tout est dans
tout, là. Je ne suis pas en train de vous
révéler un grand complot, là. Il y a une communion d'esprit là-dedans. Il y a
une continuité dans ce qu'on voulait faire.
Alors, j'y
arrive, sur le fond, et je vous le dis tout de suite, ne serait-ce que pour le
bénéfice du collègue ou de la collègue
qui me suivra, je ne ferai pas une heure, je ne ferai pas une heure. Je
pourrais, là, je pourrais en faire deux. Avec ce projet de loi là, honnêtement, on pourrait en faire trois heures,
aussi. Mais, je dois vous dire, je suis devant cette pièce législative là, puis je pense que le terme est
bien employé ici, c'est vraiment une pièce législative, là, puis je ne sais pas
trop par quel bout le prendre. Et je ne suis
pas seul, parce que les groupes qui sont venus devant nous ne savaient pas trop
par quel bout le prendre non plus. Puis, c'est important de le dire,
au-delà de mon inconfort, c'est qu'on est supposés s'en aller quelque part avec ça. On est supposés suivre une ligne continue,
ce pourquoi je dis que c'est un bien drôle de moment puis c'est une bien
drôle d'idée que d'en mettre autant sur la table à ce moment-ci, tout d'un
bloc. Puis, comme je suis quelqu'un de plutôt réflectif dans la vie, je vais
prendre le temps de digérer l'affaire.
Alors,
j'étais heureux quand j'ai compris, la semaine dernière et cette semaine, que,
finalement, il n'y en aurait pas, de
bâillon, cette fois-ci, sur ce projet de loi là. De toute façon, j'ai toujours
pensé que c'était loufoque comme idée, mais on a déjà vu des choses loufoques se produire dans la vie, et ici aussi,
notamment. Mais j'étais content, quand même, d'entendre le ministre
dire : Nous serons là pour des semaines et des mois.
Donc, je
présume qu'on se redonne rendez-vous pour la session prochaine et jusqu'à la
fin de la session prochaine au moins,
au moins, et, déjà, là, ce ne sera pas trop de temps, là, je vous le dis tout
de suite, pour essayer d'avaler ce gros morceau. On dit souvent qu'il y a juste une façon de manger un éléphant,
c'est une bouchée à la fois. À plus forte raison, un mammouth, c'est juste un plus gros éléphant, ça
fait que, je pense, c'est plus de bouchées, mais c'est toujours une bouchée
à la fois. Mais je dois vous dire, néanmoins, que j'étais content d'entendre le
ministre dire : On va prendre notre temps. Bon, définir «prendre notre temps», là, parce que,
s'il fallait, en plus, se faire rentrer ça, là, de force dans la gorge, c'était
absolument indigeste, ça n'aurait absolument pas passé.
Donc, je vous
dis, je suis quelqu'un de plutôt réflectif. Je vais vous dire, très
honnêtement, parce que je n'ai pas la science infuse, moi, j'ai besoin
de temps encore pour comprendre ça s'en va où, cette affaire-là, les tenants et
les aboutissants. Qu'est-ce que ça vise?
Qu'est-ce qu'on veut faire? Ça donnera le temps au ministre, aussi, d'ajuster,
là, au montage, d'arranger ses
affaires, parce qu'il y a encore des trucs qui ne sont pas attachés. Il y a des
fils qui pendent puis il y a des morceaux qui ne tiennent pas vraiment.
Alors, on va lui donner le temps.
Pour faire
une analogie puis mettre un petit peu de légèreté et de culture dans mon propos...
Je vais souvent au théâtre. Récemment,
je suis allé voir le mammouth de Robert Lepage, Le Projet Riopelle, à Duceppe,
à Montréal — suivez-moi,
là, on va arriver quelque part avec ça — quatre
heures de temps, une pièce de quatre heures de temps. Robert Lepage, ce n'est jamais léger, là, mais quatre heures, là,
c'est de la protéine en masse. Alors, en sortant, évidemment, il était minuit,
ma femme me demande : Puis, qu'est-ce
que tu en penses? Je l'ai regardée avec des yeux de poisson mort puis j'ai
dit : Je suis incapable de te répondre, en ce moment, ce que j'en
pense. De un, je suis bien trop fatigué, il m'a lessivé, Lepage. De deux, une pièce comme ça, de quatre heures de
temps, tu vas me donner au moins jusqu'à demain matin pour être capable
de te faire une réponse un peu cohérente. Et, encore là, ce n'est pas beaucoup
de temps.
Alors, je me sens un peu comme ça, devant un tel
projet de loi. Puis, comme je prends mon rôle ici au sérieux puis que je pense que des projets de loi, c'est
important... Et je pense que le domaine de la santé est à un moment critique,
il est à la croisée des chemins. Nous sommes
à un moment charnière, je suis d'accord avec ça, ce pourquoi je vous dis que
j'ai besoin de temps encore pour l'analyser.
La bonne nouvelle, c'est que le ministre, il est parlable. Oui, le député de
Pontiac n'a pas l'air sûr, là, mais
il est souvent parlable. C'est-tu mieux ça? Ça passe-tu? Oui? Il est souvent
parlable, le ministre de la Santé. Il
est soupe au lait, là, puis, même, des fois on se moque un peu de lui, mais
c'est correct, on est des humains. On est des humains, ici, là, puis on
deale entre humains, là.
Une voix : ...
M. Marissal : Pardon?
Une voix : ...
M. Marissal : Bien,
levez-vous puis faites votre travail, monsieur... «Soupe au lait», c'est un
très beau mot, un très beau mot, «soupe au lait».
Le Vice-Président (M. Benjamin) : On
va poursuivre nos interventions, donc, toujours dans le respect. Voilà.
Poursuivez, M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Bien, je suis
content de voir qu'il suit, quand même. Je le dis en toute amitié puis même
avec un peu d'affection pour le ministre de
la Santé, il est un peu soupe au lait, puis moi aussi d'ailleurs, ça fait que
ça fait des échanges... des fois le
lait chauffe un peu, des fois, mais il ne colle pas dans le fond. Bon, c'est-tu
limite, ça, on en reparlera.
Alors, la
genèse de ce projet de loi là. Le ministre a déposé, il y a un an, son plan
santé, c'était la genèse. Ça a mariné. On est passés l'autre bord de la
COVID. Là, après ça, le ministre s'est mis à faire des entrevues — puis
je pense que ce n'était pas la meilleure
stratégie de communication, je le dis en tout respect — et
là il s'est dit à dire... il s'est mis à dire à tout le monde : Ça va shaker les colonnes du temple, ça va shaker
les colonnes du temple. Pour un réseau, là, qui est déjà fragilisé, là,
par la réforme Barrette puis qui dit à tout le monde : On a du mal à
sortir la tête de l'eau, puis en plus la COVID
nous a rattachés des poids aux chevilles, ce qui fait qu'on a encore plus de
misère à se sortir de l'eau, s'en aller dire : Moi, je m'en viens, là, je vais shaker les colonnes du
temple, honnêtement, ce n'était pas le meilleur message à envoyer au
réseau. Puis le réseau s'est braqué, avec raison.
Puis ensuite, bien, le ministre est venu nous
dire qu'il allait rencontrer en privé des gens avec la Chambre de commerce de Montréal pour recruter des «top guns»
du privé. Bien, là encore, ça a été mal reçu. Ça a été mal reçu notamment par
les gens du réseau. Moi, je me mets à la place de mon monde, là, à
Maisonneuve-Rosemont, là, qui sue sang et eau dans un hôpital qui est désuet, qui est dangereux, dans
un secteur de la ville qui est difficile, travail, TSO, alouette, puis ils se
font dire, là : On va aller chercher
des «top guns» du privé, là, puis ça va tout régler nos affaires, bien, je les
comprends. Le ministre dit : On
veut changer, puis l'être humain est réfractaire au changement. C'est vrai,
philosophiquement, l'être humain est souvent réfractaire au changement, mais il
ne faut pas faire exprès. Il ne faut pas faire exprès de les braquer en leur disant :
Un, je vais te shaker les colonnes du
temple, puis, deux, les gens qui sont là, ils ne sont peut-être pas adéquats,
je vais aller chercher des «top guns» du privé. Bon, tout ça étant dit, après
ça, le ministre arrive avec son mammouth de 1 200 articles, ça
fait beaucoup en même temps.
Par la suite,
on a eu les consultations, les consultations qui ont commencé avant les
crédits, donc on les a faits en deux séries, puis on a entendu une quarantaine
de groupes, une quarantaine de groupes. Vous direz : C'est beaucoup, 40.
C'est vrai que, généralement — en tout cas, ça fait quatre
ans et des poussières que je suis ici, une trentaine de projets de loi — il
n'y a pas beaucoup de projets de loi où on a entendu 40 groupes, mais il
n'y a aucun projet de loi qui avait 1 200 articles,
aucun, aucun. Pour le mandat d'initiative au hockey, là, les initiations de la
LHJMQ puis la violence dans le sport
au Québec, là, le mandat d'initiative que j'avais demandé, obtenu et pour
lequel nous déposerons notre rapport très bientôt, on a eu trois jours, trois jours de consultations, le
gouvernement nous en a même redonné. Alors, oui, c'est malléable. De
toute façon, ici, le sésame, c'est : Avec le consentement, on peut tout
faire.
Moi,
je pense que 40 groupes, étant donné l'intérêt, d'autant, l'intérêt, là,
ça... vous connaissez l'expression «ça se bouscule au portillon», là, ça se
bousculait au portillon pour venir témoigner. Malgré l'ampleur du défi, malgré
le peu de temps pour pondre des
mémoires, les gens voulaient venir. Ça, c'est une bonne nouvelle parce que ça
veut dire que les gens sont
intéressés, le réseau est intéressé, on veut participer à cette affaire-là.
Malheureusement, puis je le dis, la partie gouvernementale a décidé
qu'on allait limiter à cette quarantaine de groupes en disant : Bien, vous
aviez juste à en mettre plus, au début, dans
la liste. Honnêtement, là, on ne pouvait pas savoir à ce point-là, là, au
début, là, avec un si gros projet de
loi, puis, de deux, je le répète, avec un peu de bonne foi et le consentement,
on peut tout faire ici, on aurait très bien
pu rouvrir la liste. On a fait une sortie publique avec mes collègues de
l'opposition et des groupes qui auraient voulu être entendus, la réponse a été négative. Et je le regrette d'autant que
le ministre dit deux choses : On va prendre le temps de bien faire les
affaires — puis
je suis d'accord avec lui, on va prendre le temps de bien faire les affaires,
il n'y aura pas d'adoption, vraisemblablement, avant la fin de la
prochaine session — ça,
c'est la première chose qu'il dit; la deuxième chose qu'il dit, c'est : Ce projet de loi, s'il a des effets, ce
n'est pas avant quatre, cinq ou six ans. Ça fait qu'il n'y a pas péril
en la demeure, là. On aurait très bien pu prendre un peu plus de temps,
consulter des gens, parce que la dernière fois
que j'ai vérifié, on avait reçu plus de 100 mémoires, 114, 115, puis je pense qu'il en rentre encore, là, on doit être
rendus autour de 120, peu importe, ce
n'est pas un concours, là, mais ça dénote l'intérêt des groupes concernés et
même de citoyens. On a reçu des groupes de citoyens privés. Il y a des
citoyens privés qui viennent s'asseoir puis qui écoutent. Un de vos prédécesseurs, d'ailleurs, Roger Bertrand, qui a
été, ici, président de l'Assemblée nationale, est un assidu de nos travaux,
il nous a envoyé un mémoire. D'ailleurs, je
le remercie, je trouve ça fantastique, c'est de la situation... c'est de la
participation citoyenne, je veux
dire. Je trouve ça admirable que quelqu'un prenne le temps de faire ça puis
s'intéresse à ce point-là.
• (16 h 10) •
Bon, je ne dis pas qu'il faut inviter tous les
Roger Bertrand du Québec, là, puis qu'on va faire des consultations pendant quatre ans, ce n'est pas ça que je dis,
mais, quand même, des groupes, là, des groupes importants, là, comme la
Commission de la protection des droits de la personne et des droits de la
jeunesse, la Protectrice du citoyen, Médecins québécois
pour un régime public... puis je pourrais en nommer parce que, en fait, il y en
a beaucoup plus qui n'ont pas été invités que de groupes qu'on a invités. Et
d'ailleurs ces gens s'en plaignent, se plaignent de ne pas avoir eu le temps
de compléter un mémoire, ils n'ont pas eu le
temps de digérer le mammouth, ils n'ont pas eu le temps, quand ils ont fait
des mémoires, de les peaufiner, de les
finir, de les terminer. Alors, c'est dommage, et, je le répète, pourtant on
avait le temps.
Alors, parlant de temps, je vais accélérer parce
que je ne m'éterniserai pas ici, je vais garder beaucoup de temps pour la suite de ce projet de loi là. Je vous
annonce, d'ailleurs, immédiatement que nous ne sommes pas en faveur du principe
de ce projet de loi, pour des raisons que je
vais vous exposer maintenant. Je vais y aller en trois parties,
rapidement : ce que ce projet de
loi prétend faire, ce que ce projet de loi fait vraiment puis ce que, selon
moi, ce projet de loi devrait faire pour améliorer réellement la
situation.
Alors, ce
qu'il prétend faire, et c'est objectif, c'est tout à fait objectif, là :
la création de l'agence Santé Québec. Ça, c'est probablement le gros morceau, qu'on a appelé, à un moment donné,
Hydro-Santé, sous une ancienne administration. Je pense, c'est l'ancien premier ministre Couillard qui avait émis cette
idée-là. Bref, c'est de séparer les opérations du politique, donc des orientations. Vous avez les orientations,
qui viennent du politique, puis l'opération, là, au jour le jour, là, par une
agence, appelez ça Hydro-Santé ou bien...
Hydro-Santé n'aurait pas eu de sens, là, dedans dans son terme, là, mais
l'agence Santé Québec, c'est ça que
ça prétend faire, ça prétend mettre au même niveau le privé et le public.
D'ailleurs, les deux premiers articles
de la loi, c'est exactement ce que ça fait, il n'y a plus de séparation
privé-public, un établissement est un établissement, un site est un site, un hôpital est un hôpital,
peu importe sa désignation privée ou publique, ça prétend vouloir instaurer un
patron unique dans tout le réseau — bonne
chance! — et
finalement ça crée une nouvelle structure et de la gouvernance dite plus
efficace. Ça, c'est ce que ça prétend faire.
Là, je vais
vous dire ce que j'ai compris, à ce jour, là, ce que, selon moi, ça fait
vraiment. De un, ça ouvre la porte toute
grande — ce
n'est même plus une porte de grange, là, c'est un hangar d'avion, la porte, là,
elle est ouverte, là — vers
le privé, là, mesdames et messieurs, là,
c'est spectaculaire, on ne s'en cache même plus. Pendant longtemps, ça a été
tabou, au Québec, là, la santé à deux
vitesses, on n'en parlait pas trop, mais là la CAQ n'en parle pas trop, mais
ouvre la porte, là, ouvre la porte, là, c'est ouvert comme ça n'a jamais
été ouvert.
D'ailleurs,
on le voit, on le voit tous les jours. J'ai posé une question, ce matin, au
ministre là-dessus : un couple, classe
moyenne, de Terrebonne, qui a un médecin, en plus, ils ont un médecin de
famille, mais ils ne sont pas capables de le voir — ça
fait que, encore là, tu sais, c'est bien beau, d'être sur une liste, si tu n'es
pas capable de voir ton médecin... une
liste, ça n'a jamais soigné personne — pas
capables de voir leur médecin, petit bébé de neuf mois, ils veulent la santé de
leur bébé... le bien-être de leur bébé, évidemment, et nous le voulons tous,
ils sont obligés ou se sentent obligés d'aller vers une clinique privée. Ça tombe bien, il y en a une qui vient
d'ouvrir à côté de chez eux, à Terrebonne, clinique privée qui, pour un suivi
de base, là, pour un bébé de neuf mois, charge 245 $. Ce couple-là, pas
riche, là, classe moyenne, dit faire des économies, donc se priver ailleurs,
parce qu'ils n'ont pas accès à un service pour lequel ils paient des impôts et
pour lequel l'État est responsable. Ça, si ce n'est pas de la privatisation
galopante, je ne sais pas ce que c'est. Ce n'est pas récupérer, là, des
chirurgies ou de l'oncologie qui attendent depuis des années puis qui
mettent la vie des gens en danger, là, ce
n'est pas ça. À la limite... je ne suis pas un fan du privé, vous le savez,
mais, à la limite, s'il y a des gens qui souffrent depuis deux ans ou dont la vie est en danger parce
qu'il faut qu'on aille l'enlever, la tumeur, je ne suis pas cave, là, bien
sûr, donnons un contrat au privé puis on va
régler ça rapidement. Mais n'ouvrons pas la porte de cette ampleur au point où
des gens avec un jeune bébé se sentent
coincés puis disent : Bien, moi, je vais faire un petit budget... Puis je
pense que c'était la neuvième visite
de ce couple-là. Neuf fois 245 $? Leurs vacances d'été viennent d'y
passer, là, sérieusement. Ce couple-là se
sent coincé. Ça fait que c'est ça que ça fait. Puis, avec le projet de
loi n° 15, il n'y en aura même plus, de distinction. Un
service en santé est un service en santé, point. C'est ça que ça fait.
Ce
que ça fait aussi, et ça, ça m'agace profondément depuis le jour 1... Ah
oui, en passant, le privé, là, quand je vous dis, là... prenons juste cette clinique à Terrebonne, cette
clinique à Terrebonne a embauché 38 infirmières cliniciennes, ce qu'on appelait les bachelières avant, celles
qu'on veut, là, celles qu'on veut, celles dont on manque cruellement pour
ouvrir et opérer les cliniques d'infirmières
praticiennes, qu'on a ouvert, notamment, pas loin de chez moi, dans l'est de
Montréal, bien, on n'en a pas pour opérer
ces cliniques-là, mais cette clinique privée de Terrebonne, qui doit avoir des
maudites bonnes conditions, en a
embauché 38. Tu sais, vous savez, faites le calcul, là, vous prenez
38 infirmières praticiennes cliniciennes,
là, du réseau public puis vous les envoyez au privé, là, vous venez de faire un
trou de 38 ici. C'est un vase communicant, là. Il n'y a pas de magie,
là, l'infirmière qui s'en va n'est pas automatiquement remplacée par génération
spontanée, là, il y a juste un bassin de
main-d'oeuvre. Puis, quand on parle de pénurie d'infirmières, ça me fait bien
rire, là. Cette clinique-là, à
Terrebonne, n'a aucune pénurie d'infirmières, elle en a engagé 38, et celles
que l'on veut. Alors, en plus de pousser ce jeune couple et tant
d'autres dans les bras du privé, on est en train de vider le réseau public,
parce qu'évidemment ces infirmières-là
préfèrent aller travailler là, et je les comprends, je les comprends. Je ne les
blâme pas, je les comprends.
L'autre
élément de ce que fait vraiment le projet de loi n° 15,
c'est qu'il rogne sérieusement, il gomme sérieusement la responsabilité ministérielle, qui est une base
de notre système parlementaire et politique, ici, c'est-à-dire que vous êtes
nommé ministre, c'est un privilège qui vient
avec une responsabilité qui s'appelle la responsabilité ministérielle. Ça veut
donc dire que vous êtes responsable, ça le
dit, c'est simple, vous êtes responsable et vous êtes imputable. Si vous coupez
la poire en deux, qu'il y a une partie, ici,
dont vous êtes responsable, c'est les orientations, bien, vous serez imputable
puis responsable des orientations.
Mais, si vous n'êtes plus responsable de l'autre partie de la poire, là, qui
est l'opération, le quotidien, qui
rend des comptes? Qui rend des comptes? Moi, je ne peux pas me lever ici, là,
mardi prochain, à la prochaine période
des questions, puis demander à parler au D.G. de Santé Québec Est-de-Montréal,
il ne sera pas là. Il ne sera pas là, dans
l'idée où le projet de loi n° 15 existerait, là,
évidemment, je fais un bond dans le temps. S'il se passe quelque chose sur la
Côte-Nord, la D.G. de Santé Québec Côte-Nord ne sera pas ici pour répondre à
mes questions. Puis, savez-vous quoi,
c'est même pire que ça, elle ne me doit rien. Elle n'a aucun devoir
d'imputabilité envers nous, les élus, aucun, aucun. Elle n'en a même pas
envers le ministre. Elle en a envers agence Santé Québec. C'est un modèle de
gestion, c'est un modèle de gestion, puis
des gens sont venus nous dire, et je le reconnais, des gens sont venus nous
dire : C'est parfait, c'est bon,
c'est ça qu'il faut faire. Moi, je ne pense pas. Moi, je ne pense pas puis je
pense qu'en plus ça vient d'effacer une grande partie de l'imputabilité.
• (16 h 20) •
Prenons un
exemple que je connais bien, là, Maisonneuve-Rosemont. Ça faisait trois, quatre
jours que je n'ai pas parlé de Maisonneuve-Rosemont, là, ça me chatouillait la
langue, d'autant que je rappelle qu'on est fin mai, puis le ministre a
promis quelque chose, là, sur Maisonneuve-Rosemont fin mai, début juin. Je frétille,
on est là, là, on est là. Prenez un exemple,
là, les infirmières de Maisonneuve-Rosemont, là, font un sit-in, là, puis elles
s'en vont dans la rue, là, sur le
boulevard l'Assomption, à 23 h 45, avant le chiffre de nuit, là,
parce qu'elles disent : C'est impossible, on ne peut pas continuer, qui
est responsable? Qui est responsable? Puis je ne parle pas de responsabilité de faire rouler des têtes, là, je ne parle même pas de ça, je parle de qui... Je ne peux pas me lever, moi,
le lendemain, poser une question... ou mon collègue de Pontiac, poser une question au ministre de la
Santé, ce n'est plus lui qui sera responsable, c'est une structure quelque
part. Bon, mais, encore là, je le
dis, hein, c'est un modèle de gestion. Moi, je n'y crois pas beaucoup, puis,
quant à moi, ça fait juste une autre
structure, un autre brassage de structures, un autre tampon entre la
population, les décideurs, un autre élément qui va diminuer la démocratie
participative et citoyenne dans le système de santé, mais c'est un modèle de
gestion. Moi, je vous le dis comme je le vois, ce pourquoi je m'y
oppose.
Ce que ça fait
aussi, le projet de loi n° 15, et on l'a vu pendant deux jours de
consultations, c'est une charge profondément
antisyndicale. Puis là j'entends, évidemment, nos amis de l'autre côté, dont le
premier ministre, qui ne s'en privent jamais, de dire : On sait bien,
QS, les porte-parole des syndicats. Là, ce matin, c'était rendu qu'on faisait
une concurrence avec nos amis
libéraux pour savoir qui défendait le plus les syndicats. Bien, j'ai une petite
nouvelle pour vous, les syndicats n'ont pas besoin de nous pour se défendre.
Les syndicats ont des structures, ma foi, assez bien garnies, ils ont
des professionnels des communications, de la négociation et en affaires
juridiques, ils n'ont pas besoin de nous pour se
défendre. Puis moi, je ne suis pas élu par des syndicats, je suis élu par la
population de Rosemont, en particulier. Mais, pendant deux jours, le ministre a posé des questions à chaque
représentant, représentante syndicale, à savoir : Vous, là, vous
avez combien de monde en libération, là, combien de monde en libération
syndicale? Pas : Qu'est-ce qu'ils font? À quoi ça sert? C'est-tu utile? On devrait-tu voir ça? Non. Vous avez
combien de monde en libération? Ça a duré deux jours de temps, chaque
syndicat. Bon, puis le ministre faisait semblant qu'il ne le savait pas. Il le
savait parce que la nouvelle a été coulée,
notamment à TVA, puis TVA, évidemment, a fait ses choux gras avec ça. Aïe!
Imaginez, il y a 750 personnes, dans
le réseau, en libération syndicale — je
précise, pas toutes en même temps, d'ailleurs, là, pas toutes en même
temps — 750
sur 350 000 personnes dans le réseau. Un jour, je vais poser la
question au ministre de la Santé : Quand il
était chez Cascades, il y avait combien de délégués syndicaux? Il y en avait
combien? Je serais curieux de savoir ça. Je suis pas mal sûr que le
ratio...
Puis, en
passant, les gens sont en libération syndicale pour veiller à l'application des
conventions collectives signées avec le gouvernement. Puis, moi, de ce
que j'entends, là, dans les hôpitaux, que je fréquente beaucoup pour des
raisons politiques et professionnelles, évidemment, c'est que les griefs
s'accumulent parce que les conditions de travail sont pitoyables, donc ça prend quand même des gens pour veiller au grain puis
ça prend des gens pour faire le lien entre la direction et les employés. C'est à ça que ça sert, une
libération syndicale. Mais ce n'est pas grave, on a eu droit, pendant deux
jours, là, à une charge, là, puis
après ça, là, à des articles de : C'est donc bien épouvantable, aïe!
imaginez-vous, 750 personnes sur 350 000.
Si ces gens-là retravaillaient une journée par semaine, bien, on aurait tout
réglé les problèmes de main-d'oeuvre dans la santé, au Québec. Imaginez-vous, aïe! 750
personnes. Bien, voyons donc. Il en manque combien? Des dizaines de milliers, puis il y en a au moins 10 000 qui
partent chaque année. Mais, bref, c'est un biais, il est connu, on le voit
aller.
Alors, quand le ministre dit qu'il veut faire un
employeur unique puis fusionner toutes les listes d'ancienneté, encore là, bonne chance, bonne chance de gérer ça,
là. Puis ça aurait du bon, le député de Pontiac l'a dit tantôt, pour certaines
personnes dans certaines situations, ça
pourrait avoir du bon, mais, dans d'autres cas, en particulier dans l'est de
Montréal — puis dans l'Outaouais, je ne pense pas que ce
serait notamment chouette, là, pas bien, bien, bien plus, là — ça
va être une catastrophe. Ça ne peut pas être
du mur-à-mur. On ne peut pas juste dire : On va faire une immense liste,
imaginez l'exercice de bumping — je
ne sais plus comment on dit ça, «bumping», en français — de
catapultage. Imaginez, là, je veux dire, ça va être un cirque, là, ça va
être un cirque. Alors, c'est ça que ça fait aussi.
Ce que ça
fait aussi... Puis là ça a été le débat un peu philosophique,
politico-philosophique, un peu ésotérique aussi : C'est-tu de la centralisation ou de la
décentralisation, le projet de loi n° 15? Bon, quand le projet de loi a
été déposé, on l'a reçu, on l'a
analysé sommairement puis on a commencé à en discuter, à poser des questions,
on en a fait une première analyse. La
première analyse, en tout cas, pour ma part, et pour ma formation politique,
mais, je pense, c'était un peu pareil de ce côté-ci de la Chambre en
général, c'était que c'était plutôt un exercice de centralisation.
Bon, là, on s'est chicanés avec le
ministre : On ne dit pas ça, il ne faut pas dire ça, c'est de la
décentralisation. Bon, O.K., peu importe,
laissons de côté, là, nos petits accrochages, en particulier pendant la période
des questions, parce que c'est ça que
ça fait, la période des questions aussi, parfois, c'est que ça provoque des
accrochages. Peu importe, mettons ça de côté.
Je pense que
la réponse, là, objective, on l'a eue avec la quarantaine de groupes, là, dont
35 ont dit : C'est de la centralisation, c'est de la
centralisation, votre projet de loi n° 15. Ça fait que, là, ce n'est pas
moi, du haut de ma chaise de député de
l'opposition, nécessairement un peu partisan... Ce n'est pas pour enquiquiner
le ministre, ce sont les groupes qui sont venus nous dire : Nous, de ce
qu'on voit de ça, c'est un exercice de centralisation, puis on n'est pas à
l'aise avec ça, vous allez vous éloigner.
Puis la
deuxième réponse objective qu'on a eue de ça, elle est venue du ministre
lui-même, qui combien de fois pendant les consultations a dit aux
groupes : Je vous entends, vous avez raison, c'est une bonne idée, ça, on
va faire ça, on va créer un comité,
je serais ouvert à ça, avoir plus de représentativité locale, ah! ça, vous avez
raison, je serais prêt à avoir une nouvelle chaîne de commandement qui ferait
plutôt ceci que cela? Autrement dit, il était en train lui-même de détricoter
certaines parties de son projet de loi qui, de fait, menaient à de la
centralisation.
Là, vous
allez dire : C'est vraiment embêtant pour les gens qui nous écoutent,
centralisation, décentralisation, ça mange quoi en hiver? Ça veut dire
quoi? Ça change quoi? Je vais-tu avoir des meilleurs soins? On y arrive, à la
qualité des soins, là, j'y arrive assez
bientôt, mais ce que je veux dire, c'est que le débat sur la centralisation et
décentralisation, il est capital et il est central à notre réseau. C'est
parce qu'il s'agit d'avoir des décisions prises par et pour les communautés,
pas dans une tour d'ivoire ici, à Québec, dans une autre affaire, en plus,
qu'on va appeler l'agence Santé Québec, qui va
diriger le trafic de très, très loin, c'est précisément ça qu'on ne veut pas.
Puis en plus le Québec, on le sait, c'est grand, c'est vaste, c'est varié, donc on préfère avoir des modèles plus
décentralisés, avec la participation des comités d'usagers et des
professionnels de la santé, ça va de soi, mais aussi on a parlé... par exemple,
pourquoi pas les élus municipaux, qui connaissent
mieux leur monde? Bon, le ministre parle de chambres de commerce, de milieux
des affaires. Regardez, ce ne serait pas mon premier choix, là, mais, mettons,
mettons, si on est capables de mettre plus de monde sur le plancher des
vaches capable de décider ce qui est bon pour une communauté puis surtout
d'avoir un suivi et de l'imputabilité, bien, là-dessus, soit. Mais, au départ,
quand on a commencé l'étude du projet de loi, ce n'était pas là, ce n'était pas
là.
Et, je répète, je ne sais pas combien de fois le
ministre a tendu l'oreille en disant : Oui, ça, c'est une bonne suggestion, je pourrais faire ça. Partez de Michel
Clair, là, jusqu'aux groupes des usagers ou à la protection des malades,
tous ces gens-là ont dit que ça manquait de
représentativité, et le ministre, au moins, puis ça, c'est une bonne nouvelle,
a une oreille attentive à ça.
Ce que ça
fait aussi, là, le projet de loi, dans sa forme actuelle, c'est que ça crée un
certain degré de confusion. Je vous ai parlé des imbroglios, là, tout à
l'heure, là, pendant les auditions, qu'il y a des gens qui arrivaient puis qui
disaient au ministre et aux parlementaires autour de la table : Ce projet
de loi là, il m'inquiète parce que ça fait telle, telle chose, puis,
après deux, trois minutes...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : M. le député de Rosemont,
comptez-vous poursuivre votre intervention à la reprise du débat?
M. Marissal : ...
Ajournement
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
compte tenu de l'heure, nous allons ajourner nos travaux au mardi 30 mai, à
13 h 40.
(Fin de la séance à 16 h 30)