(Dix heures)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
bonjour à toutes, bonjour à tous. Donc, avant de débuter nos travaux,
nous allons prendre un moment de recueillement quelques instants.
Affaires
du jour
Merci. Alors, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci beaucoup, M. le Président. Bien heureux de
vous retrouver ce matin. Peut-être une
pensée pour mes concitoyens de Chapleau, là, aujourd'hui, qui, ces dernières
années, ne l'ont pas eu facile avec les inondations. Puis actuellement la rivière est sous surveillance. Donc,
leur dire que je serai là si quoi que ce soit arrive, et j'ai une pensée
pour eux ce matin, particulièrement les gens de Pointe-Gatineau.
Et, sur ce, M. le
Président, je vous demanderais de bien vouloir appeler l'article 9 du
feuilleton.
Projet
de loi n° 10
Adoption
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, à l'article 9 du feuilleton,
M. le ministre de la Santé propose l'adoption du projet de loi n° 10, Loi limitant le recours aux services d'une agence
de placement de personnel et à de la main-d'oeuvre indépendante dans le
secteur de la santé et des services sociaux. Y a-t-il des interventions? M. le
ministre.
M.
Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, M. le Président, bien content d'être de retour de ce congé pascal, si on
peut le dire comme ça, là. Alors, je veux saluer tout le monde ici, en
cette Chambre, ce matin.
En
fait, on est très heureux d'être ici, notamment aujourd'hui, pour l'adoption du
projet de loi n° 10, comme vous l'avez mentionné, sur les agences
privées. Je pense qu'on franchit ici une étape très importante non seulement
dans l'avancement de ce projet de loi là,
mais c'est une avancée importante pour améliorer les soins de santé et pour...
le réseau public devienne un employeur de choix. Et je tiens à le mentionner,
je vais le dire quelques fois dans les prochaines semaines, je suis certain qu'on a réussi à s'entendre, je
dirais, presque aussi rapidement avec les collègues de l'opposition à
travailler ensemble pour faire
cheminer ce projet de loi là, qui est un autre élément du casse-tête que je
mentionne souvent dans notre plan santé.
Et
une des raisons pour lesquelles on a réussi, M. le Président, à s'entendre avec
les oppositions, c'est qu'on s'est mis
d'accord sur certains principes, qu'il était important de respecter et de
s'entendre sur ces principes-là. Et je dois encore une fois remercier les oppositions pour ça. On
était tous d'accord que le statu quo sur les agences privées n'était pas
acceptable, et ce, pour plusieurs raisons. Je les rappelle, M. le Président.
Premièrement,
il y a une grande iniquité entre le personnel du réseau public et le personnel
des agences, entre autres sur les
taux horaires pour les agences, qui sont beaucoup plus élevés. Le personnel
d'agence ne se rend pas toujours disponible pour les quarts défavorables. Il y a beaucoup d'instabilité pour les
patients, un manque de continuité avec les soins et les employés qui quittent le réseau pour revenir quelques
semaines plus tard à des taux beaucoup plus élevés. Et je pense que cette question d'équité là, M. le Président, pour
nos employés, mais c'est aussi une question de qualité de soins. Je pense
qu'on en a pris vraiment conscience, de la
pleine mesure, lors des consultations que nous avons faites, lors du projet de
loi.
Maintenant,
il est important de parler de transition, de transition, M. le Président, parce
qu'en parallèle à ce projet de loi là
que nous voulons adopter nous avons encore beaucoup de travail à faire en sus
de ce projet de loi là. Et un des grands
objectifs du plan de santé, c'est de faire, comme je l'ai dit souvent, que
notre réseau public devienne un employeur de choix. On doit attirer des gens à revenir travailler chez nous, mais on
doit surtout retenir la main-d'oeuvre et leur offrir des conditions qui
sont compétitives à ce qu'offrent les agences présentement.
Et donc une des
choses qu'on fait en parallèle qui est importante, en parallèle avec le p.l. n° 10, c'est toute la négociation
de nouvelles conventions collectives qui sont menées, en ce moment, par la
présidente du Conseil du trésor. Ça fait que je tiens à rappeler à ceux
qui nous écoutent aujourd'hui que, oui, c'est une bonne nouvelle qu'on ait
réussi à mettre le projet de loi n° 10
en place qui sera adopté, je l'espère bien, dans les prochains jours. Mais, en
même temps, on doit continuer à
travailler en parallèle sur l'amélioration des conventions collectives qui se
fait pour qu'on puisse être capable d'attirer et retenir du personnel.
J'aimerais
revenir sur quelques grands principes du projet de loi lui-même et qui va
permettre, en fait, de mettre fin à certaines dérives qu'on avait dans les
dernières années en donnant notamment... parce que, quand je dis qu'on a réussi
à s'entendre avec les oppositions, on s'est
entendus sur des principes, et, notamment, un grand principe qu'on a bien
clarifié, c'est d'être capable de donner le pouvoir au ministre, par règlement,
des tarifs maximums qui pourront être chargés par les agences. Et ça, pour nous, c'est excessivement
important de clarifier ça. Et le projet de loi prévoit même des sanctions
pénales très fortes, M. le Président,
qui peuvent aller jusqu'à 150 000 $ en cas de récidive ou de
contravention à la loi ou au règlement qui
seront publiés. Et, pour éviter d'éventuels bris de service, le projet de
loi n° 10 aura la possibilité de permettre le recours
à la main-d'oeuvre indépendante, qu'on appelle, dans des circonstances
exceptionnelles.
Et
c'est là qu'il faut parler de transition ici. Les premières régions qui vont se
faire... où on va interdire la main-d'oeuvre indépendante, c'est sûr que c'est nos grandes régions, comme la région
de Montréal et comme la grande région de Québec, et ce, dès décembre 2024. En ce moment, ce qu'il faut trouver, c'est la
façon d'avoir cette transition-là avec ces régions-là, et je pense qu'on
s'est donné un horizon assez raisonnable, tout en ayant les mécanismes dont je
viens de parler.
Et je
rappelle aussi les engagements que nous avons pris durant le projet de loi.
J'avais toujours dit que le projet de
loi, il était perfectible, on l'a démontré avec les oppositions, qui nous ont
fait d'excellentes suggestions. J'en ai pris ici quelques-unes. On nous demandait de clarifier des éléments de règlement.
Parce que c'est facile de dire : Voici, on a un projet de loi, les principes sont là, puis on
reviendra avec les règlements par la suite, mais ce que l'opposition nous a
demandé, puis on a eu de bonnes
discussions là-dessus, c'est : Est-ce qu'on pourrait être un petit peu
plus précis dans le projet de loi
sur... sans aller dans le détail des règlements, mais qu'est-ce qu'on devrait
retrouver dans ces règlements-là? Et je vous donne un exemple. Les tarifs maximums, pour moi, c'était très important.
Alors, on s'est entendu qu'il y aurait des tarifs maximums. Ça a été longuement discuté, on a donné
des exemples, on a dit qu'est-ce que ça pourrait... mais ces tarifs-là seront, par exemple, dans le règlement, mais il
n'y aura pas de surprise pour personne avec ces règlements-là. C'est un très
bel exemple de discussion que nous avons eue.
On a parlé
aussi beaucoup, et ça, c'est des suggestions qui nous ont été faites par
l'opposition... de dire comment on
peut suivre maintenant, au cours des prochains mois, des prochaines années, la
diminution que l'on souhaite des heures qui sont données aux agences, et ça, pour être certain qu'on fait un
suivi correctement. Donc, on s'est engagé à améliorer les tableaux de bord publics qui traitent déjà de ça,
mais peut-être pas au niveau de détail qui était souhaité par l'opposition. Et j'ai pris l'engagement, après avoir discuté avec
nos collègues de l'opposition, du genre d'améliorations ou d'informations
supplémentaires qu'on pourrait fournir.
Alors, encore une fois, je salue ces demandes-là
qui nous ont été faites, et on a dit qu'on allait s'assurer qu'au cours des prochains mois cette information-là
additionnelle qui... permettrait aux Québécois de voir la progression ou, je
dirais, la pente descendante de l'utilisation
de la main-d'oeuvre indépendante dans les prochains mois. Et on s'est engagé,
comme ça se fait beaucoup dans ce genre de
loi là, d'avoir un rapport d'étape qui est dans trois ans, pour montrer et
confirmer tout ce que je viens de
dire qui aura été fait, donc ce qu'on appelle régulièrement un rapport
d'évaluation de la loi. Je pense que les oppositions, dans ce projet de loi là,
nous ont aidés à trouver l'équilibre entre avoir un projet de loi qui a été
quand même évolué assez rapidement, mais, en
même temps, à discuter des principes et à discuter même de l'essence même de
certains règlements.
• (10 h 10) •
Donc, en
conclusion, non seulement je tiens à remercier tout le monde qui est venu,
parce qu'on a eu beaucoup de gens qui
sont venus en commission parlementaire, des groupes, pour nous expliquer...
autant un propriétaire d'agence, que je dois saluer, qui est venu nous
expliquer comment lui respecte les règles, puis, etc., mais il représentait
quand même l'ensemble des propriétaires
d'agences. Ça n'a pas été une session facile, mais je pense que... je salue
cette personne-là qui est venue
présenter au moins son point de vue et... d'expliquer comment lui fonctionnait
de façon... avec respect, mais, en même
temps, on a été capables de souligner que ce n'était peut-être pas toutes les
agences qui avaient cette même rigueur-là dans le travail. Et je pense qu'on a eu quand même de très, très bonnes
présentations, notamment des organisations syndicales, à qui on répondait directement à leurs demandes en
venant encadrer le personnel des agences privées. Ça fait que je pense que tout le monde retient... je dirais, la grande
majorité des intervenants sont contents du projet de loi qu'on met sur la table
pour acceptation.
Je veux aussi faire peut-être un lien avec le
projet de loi n° 15. Et je le dis avec beaucoup de respect, le projet de loi n° 15 sur l'efficacité du réseau de la
santé, c'est un projet de loi aussi où on aura l'occasion, avec les
oppositions, de travailler de cette
façon-là aussi. Je pense que, si on a... Puis j'ai entendu de très, très bons
commentaires des oppositions, dans les derniers jours, sur l'importance
de travailler ensemble dans un projet de loi comme celui-là. Alors, si le
projet de loi n° 10 est un exemple de
la collaboration qu'on pourrait avoir dans un projet de loi tout aussi
important qu'est le projet de loi
n° 15, je pense qu'on s'en va, M. le Président, dans la bonne direction. Et
j'espère que l'on pourra continuer à faire avancer pour que notre réseau de la santé devienne non seulement un
employeur de choix, mais qu'on soit capables d'être fiers de notre
réseau de la santé.
Alors, M. le Président, merci beaucoup à vous.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le ministre. Donc, prochain intervenant,
M. le député de Pontiac.
M. André Fortin
M.
Fortin : Oui. Merci. Merci, M. le Président. À l'instar du
député de Chapleau, vous allez me permettre d'envoyer mes plus sincères pensées aux concitoyens de
l'Outaouais qui ont... qui sont inquiets, ces jours-ci, de la montée des eaux.
Je le disais en blague au député du
Témiscamingue tantôt, qu'il pouvait garder sa neige chez eux, mais,
effectivement, s'il peut la garder quelques jours de plus, je pense, ça
aiderait bien du monde dans notre coin de pays.
Sur le projet
de loi n° 10, M. le Président, le projet de loi sur les agences et non le
projet de loi sur l'agence de santé, mais
le projet de loi sur les agences... On en aura long à dire sur celui sur
l'agence de la santé, mais, sur celui-ci, c'est vrai qu'on est partis d'un
certain... d'un certain consensus, du moins sur le principe, M. le Président,
et ça, ça a fait en sorte que l'étude
du projet de loi, elle s'est bien déroulée, effectivement. C'était une étude
constructive de ce projet de loi là de part et d'autre. Et peut-être,
effectivement, mise à part une présentation un petit peu plus difficile, ça a
été... la plupart des intervenants qui sont venus en commission parlementaire
nous ont dit qu'il fallait procéder, que c'était la chose à faire. Il y avait
des commentaires assez durs, quand même, sur certains... certains manquements
initialement, lors du dépôt du projet de loi, mais je
crois comprendre qu'ils sont, disons, un peu rassurés par rapport au projet de
loi et à sa forme actuelle suite aux changements qui ont été faits lors de la
consultation ou lors de la commission parlementaire.
Ces
agences-là, M. le Président, là, elles sont là depuis un certain temps. Le
ministre faisait référence au représentant des agences, qui est venu, mais qui est également propriétaire d'agence,
et, dans son cas à lui, c'est une entreprise familiale qu'il a héritée de ses parents, qui est en place
depuis 30 ans. Les agences, là, il faut le dire, elles ont occupé une
place dans le réseau de la santé
depuis longtemps, sauf que cette place-là, elle est devenue complètement
démesurée au fil des dernières années.
Depuis 2017, alors,
approximativement, là, depuis... depuis que la Coalition avenir Québec est au
pouvoir, regardez ce qui s'est passé en
Abitibi. En Abitibi, on est passé de 898 000 $ dépensés en agences à
34 millions de dollars dépensés en agences en une année, en
une année. Au CIUSSS de la Capitale-Nationale, on dépensait, bon an mal an, 1,4 million de dollars. On en a dépensé,
l'an dernier, 32,5. Ce n'est pas doubler, tripler, quadrupler, là. Ça, c'est à
peu près 20 fois plus. Au CISSS de la Montérégie-Ouest, on est
passé de 450 000 $, juste pour des préposés aux bénéficiaires, là — les
chiffres que je vous donne, c'est juste pour des préposés aux bénéficiaires — à
21,6 millions de dollars. Je pourrais continuer comme ça. Dans les Laurentides, on est passé de
600 000 $ à 18 millions; au Bas-Saint-Laurent, de
4 000 $ à 13 millions; au Centre-Sud de Montréal, de 1,8
à 10 millions, et ainsi de suite.
M. le
Président, il n'y a pas beaucoup de régions qui ont été épargnées. Au cours des
cinq dernières années, là, le recours
aux agences, que ce soit pour des infirmières, que ce soit pour des préposés,
que ce soit pour des agents de sécurité, que ce soit pour l'administration, que ce soit pour les techniciens, que
ce soit pour les travailleurs sociaux, les psychologues, les
pharmaciens, M. le Président, ça a explosé de part en part.
Alors,
il faut faire quelque chose. Il fallait faire quelque chose. Et ça, c'était...
Je donne raison au ministre de la
Santé là-dessus, on ne peut pas regarder ces chiffres-là et se dire : Ça
va continuer comme ça, on va continuer de laisser la courbe... Ce n'est même plus une courbe, là, c'est
une descente... c'est une descente dangereuse, cette... ou une augmentation
dangereuse pour les contribuables, entre autres parce qu'avec ces coûts-là on
voyait aussi des contrats complètement démesurés,
des contrats où, pour payer une infirmière, on était prêts à débourser
400 $ de l'heure, 400 $. L'infirmière, elle ne voyait pas le
400 $. Mais c'est arrivé, des situations comme celle-là. C'est arrivé à
quelques reprises. C'est arrivé qu'on les
payait 200 $ dollars de l'heure, ces agences-là, 150 $ de l'heure
pour une infirmière. Et on pourrait passer comme ça par... d'un métier à un autre, ce serait la même
chose. C'était une situation... c'est encore aujourd'hui une situation complètement aberrante, complètement inacceptable,
complètement farfelue pour le contribuable, qui, lui, malheureusement,
n'en reçoit pas pour 400 $ de l'heure.
Pire,
M. le Président, le ministre a émis des décrets avec des montants maximaux, au
cours des dernières années, qui
pouvaient être chargés pour certains métiers du réseau de la santé, et on a
appris, dans les journaux au cours des dernières années, que par moment, bien souvent, les montants chargés étaient bien
au-delà de ce qui était dans les décrets. Alors, ça, c'est des situations qui ne peuvent pas perdurer,
parce que le citoyen s'attend à en avoir pour son argent quand il a besoin
du réseau de la santé.
Mais
les agences, là, celles qui sont là depuis 30 ans, je pense qu'on peut
quand même, collectivement, leur dire qu'elles
ont été une partie importante du réseau, qu'elles ont été, en moment de besoin,
en outil de dépannage, elles ont été utiles dans le réseau de la santé,
et, pour ça, on peut leur dire merci. Mais, pour la surfacturation, pour des
abus, pour l'exagération, pour le mépris...
parce que je le dis bien sincèrement, M, le Président, et là je ne m'adresse
pas à toutes les agences, mais, pour
charger 400 $ de l'heure au réseau de la santé, là, il faut mépriser les
fonds des contribuables, parce que
c'est de l'argent qu'on ne peut pas mettre ailleurs dans le réseau de la santé.
C'est de l'argent qu'on ne peut pas utiliser à meilleur escient quand on
est prêt à s'en mettre dans les poches à un tel niveau.
Il
n'y a pas personne qui est contre des entreprises privées qui font de l'argent.
Le Québec est fondé là-dessus. C'est une
bonne chose. Mais, quand on est prêt à charger au gouvernement de façon si
démesurée des frais comme ceux-là en sachant que ça enlève des services
aux citoyens au bout de la ligne, je pense qu'il y a un examen de conscience à
faire de la part de ces gens-là et à faire
également... et c'est l'exercice qui a été fait, là, de la part du gouvernement
qui a payé ces frais-là. Alors, ils sont allés trop loin, et,
aujourd'hui, effectivement, là, parce qu'il y a certains joueurs, certaines agences qui sont allés trop loin, qui en ont trop
fait parce que le gouvernement a été trop permissif, bien, on en est rendus là.
Aujourd'hui, que ça cesse. Le message que le
gouvernement et tout le monde doit envoyer à ces agences-là, c'est que ça ne
peut pas continuer comme ça.
Maintenant,
M. le Président, le ministre nous parle souvent de... et je pense qu'il est
arrivé il n'y a pas si longtemps, lors
d'une interpellation, avec son casse-tête, le ministre nous parle de son
casse-tête comme étant les différents morceaux du... je pense qu'il a même utilisé le terme «puzzle», là, même si le
ministre de la Langue française lui en voudrait peut-être un peu pour ça.
• (10 h 20) •
Une voix :
...
M. Fortin : «Casse-tête», très bien, on va s'en tenir à ça. Mais le ministre nous
parle de son casse-tête, des différents morceaux, mais, je vous le dis, M. le Président, on a beau être pour ce
projet de loi là, on a beau avoir travaillé à le bonifier, il reste qu'il fait partie... le projet de loi
fait partie du château de cartes du ministre, parce que, pris en soi, c'est
bien possible... Puis des châteaux de
cartes, moi... Tout le monde ici en a fait avec ses parents, ses
grands-parents. Moi, je faisais ça avec mon grand-père quand j'étais petit, entre deux parties de mitaine, là,
mais ça peut s'écrouler à n'importe quel moment. Un coup de vent, quelqu'un qui ferme une porte de
façon un peu trop abrupte, un enfant qui court, qui accroche le château, tout
peut se passer, là. Le château de cartes, il est vulnérable en tout temps.
Puis c'est un peu ce qu'on voit avec
le projet de loi du ministre, parce que ça a beau être très bien, ce qui va
être adopté, je le soumets à la volonté des parlementaires ici, mais il
n'en demeure pas moins que, si on ne traite pas nos professionnels de la santé de meilleure façon, ça ne fonctionnera pas.
Si on n'attire pas plus de professionnels de la santé dans notre réseau,
ça ne fonctionnera pas. Ce château de cartes là, il est à risque de
s'effondrer.
Et le ministre nous a
demandé, pendant l'étude du projet de loi, de mettre de côté la question de la
convention collective, ce qui a été fait, de
mettre de côté le projet de loi n° 15, ce qui a été fait. On s'en est
tenus au projet de loi n° 10, mais
le projet de loi n° 10 ne fonctionne que si tout le reste fonctionne, que
s'il y a un réel plan d'attraction, de rétention de la main-d'oeuvre au sein de notre réseau de la
santé, parce que rentrez dans n'importe quel hôpital ce matin, M. le Président,
dans n'importe quel CHSLD au Québec, et vous allez voir qu'il manque de monde.
Ils vont vous le dire, il n'y a pas un employé du réseau de la santé qui
ne pense pas qu'il manque de monde.
Alors,
on peut avoir... On peut dire non demain matin aux agences, bien sûr, mais, si
on n'attire pas des professionnels dans
le réseau, là, bien, le château de cartes du ministre, il risque de
s'effondrer. Il ne faudrait pas qu'il arrive à la fin de son casse-tête
puis qu'il lui manque deux, trois morceaux dans la boîte. Il n'y a rien de plus
frustrant que ça.
Vous
savez, M. le Président, le ministre le dit assez ouvertement, et je pense que
c'est un fait qui est accepté d'à peu
près tout le monde ici, en cette Chambre, là, dans les cinq prochaines années,
il a besoin de 122 000 travailleurs du réseau de la santé, et ça, pour seulement quatre métiers, M. le
Président : les infirmières, les infirmières auxiliaires, les préposés,
les travailleurs sociaux. Tous les autres
corps de métiers, tous les techniciens, les techniciens en administration, tous
les médecins, tous les pharmaciens, tous les intervenants à la DPJ, la
liste est longue, M. le Président, on pourrait la faire longtemps, bien, ces gens-là, il va manquer de ces travailleurs-là
aussi. Alors, on dit 122 000 parce que c'est le chiffre qui est facile. C'est le chiffre qui est avancé. C'est
le chiffre qu'on connaît tous. Mais, pour tous les autres emplois du réseau
de la santé, il va nous manquer de monde aussi.
Alors,
pourquoi je vous dis ça? Parce que regardez les urgences ce matin. Le titre du Journal
de Montréal, vous l'avez vu comme moi, M. le Président. Vous êtes un avide
lecteur et vous vous tenez informé des nouvelles. C'est quoi, le titre
du Journal de Montréal ce matin? Les pires temps d'attente aux urgences
en 15 ans. Les pires. Et regardez le petit graphique, là, qu'il y a dans l'article, là. Ça aussi, ça va en
augmentant rapidement depuis l'arrivée au pouvoir de la Coalition avenir Québec. Ça va en augmentant rapidement. Le
graphique est clair. Je pourrai vous l'amener plus tard si vous voulez,
mais, d'année en année, ça augmente.
Ça
augmente à tel point, M. le Président, qu'il y a des gens qui passent
10 jours aux urgences, 10 jours. Ça augmente tellement
rapidement que le temps moyen, le temps moyen sur civière à Châteauguay, c'est
une journée et demie, une journée et demie.
Dans une journée et demie, là, on va avoir passé une période de questions, on
va en avoir passé deux, périodes de
questions, M. le Président, puis les gens vont encore être sur la civière aux
urgences, et pourquoi? Parce qu'il manque de monde.
Alors,
on peut présenter le projet de loi n° 10. On peut l'adopter. C'est une
bonne affaire. Le gouvernement peut présenter
une réforme complète du réseau de la santé, comme il l'a fait dans le projet de
loi n° 15, puis on va en débattre pour
savoir si c'est une bonne affaire ou pas. Je pense qu'il y a des bonnes choses
là-dedans puis qu'il y a des moins bonnes choses là-dedans. Mais, tant qu'on n'aura
pas un plan complet d'attraction, de rétention de la main-d'oeuvre, c'est
un château de cartes qui risque de s'écrouler à n'importe quel moment.
Ceci
étant, M. le Président, on a fait des modifications importantes dans le projet
de loi, parce que, comme je vous disais tantôt, il y a beaucoup de groupes qui
sont venus en commission parlementaire puis qui nous ont dit : Il est
vide. C'est une façade, ce projet de
loi là. Il n'y a rien dedans. Tout ce que ça fait, c'est que ça permet au
ministre de faire à peu près n'importe
quoi, ce qui n'était pas faux. Il avait besoin de substance. Il avait besoin de
viande autour de l'os. La structure était correcte, l'idée était bonne, mais le ministre voulait qu'on lui donne à
peu près tous les pouvoirs, tous les droits, qu'il puisse déposer tous les règlements qu'il voudrait sans
nous donner aucune orientation précise à savoir qu'est-ce qu'il allait faire.
Alors, les groupes avaient raison de venir
dire ça, de venir dire que c'était, dans sa forme initiale, inacceptable. Et
c'est pour ça qu'on a fait des modifications importantes.
Et
le ministre le disait tantôt, ça vaut la peine de discuter des projets de loi.
Bien, ce projet de loi là, le projet de loi n° 10, il a six articles, six,
puis on a passé, quoi, trois semaines à l'étudier, à peu près, mais c'est un
travail qui était nécessaire. Et là
je vais vous parler de certaines des modifications, le ministre y a fait
référence, mais ce travail-là, il était essentiel. Alors là, on nous arrive avec un autre projet de loi de
1 200 articles, puis on nous dit : Bien, il faut l'adopter en
10 jours, à peu près, d'ici la fin
juin. Six articles, on a passé trois semaines puis on a fait du bon travail
collectivement, mais on est d'accord là-dessus.
Alors
là, je pense que le ministre devrait entendre lui-même son propre propos, il
devrait s'écouter parler, parce que, s'il convient que ça a pris trois
semaines faire un travail de fond, travail essentiel pour un projet de loi de
six articles, il ne peut pas s'attendre à ce
qu'en 10 jours on règle un projet de loi de 1 200 articles,
impensable, pas un projet de loi qui touche
tant de secteurs différents, pas un projet de loi qui va affecter le quotidien
des travailleurs et des travailleuses de la santé. Je pense qu'on se
doit d'avoir quelque chose de plus constructif comme approche.
Enfin,
M. le Président, dans le projet de loi devant nous aujourd'hui, on a proposé,
le Parti libéral a proposé des modifications sur trois aspects
principaux. D'abord, les tarifs. Il n'y avait aucune indication, dans le projet
de loi, de quels seraient les tarifs maximaux pendant la période de flottement,
c'est-à-dire entre le moment présent et le moment où il va y avoir une impossibilité de faire recours aux agences, d'avoir
recours aux agences de la part des centres de santé. À Montréal, à Laval,
à Québec, ce sera en décembre 2024. Mais, d'ici là, est-ce que les agences
peuvent continuer à charger 100 $,
200 $, 300 $, 400 $ pour des infirmières? Ce n'était pas
spécifié dans le projet de loi du ministre. Alors là, au moins, on a une indication claire, à savoir les
tarifs vont être similaires à ceux qui étaient dans le décret, dans le décret
pandémique, là, celui qui a été instauré en 2020. Alors là, on a une indication
approximative qui est à peu près logique, M. le Président. Quand on regarde les
chiffres, ça tient la route.
Bien sûr, il y a une
convention collective qui est en négociation ou en discussion en ce moment.
Alors, il faudra voir où ça nous mène, il
faudra voir s'il y a des modifications qui vont avoir... qui vont être
nécessaires, et c'est pour ça que je
n'ai pas de problème à ce qu'on dise : Bien, laissons une certaine
flexibilité au ministre de s'adapter. Mais, encore là, il fallait absolument avoir une indication, ce qu'on
a eu à travers les propositions du Parti libéral, à savoir quels allaient être
les tarifs maximaux.
Deuxième
chose, les pénalités, M. le Président. Ce que le ministre disait
essentiellement, c'était : Bien, il va y avoir des pénalités pour tout le monde qui ne respectent
pas le projet de loi. O.K., mais c'est qui ça, ce monde-là? Est-ce que c'est vous ou c'est moi? Est-ce que c'est une
infirmière, une préposée qui se fait dire : Va dans tel centre de santé,
ils ont besoin de toi aujourd'hui?
Est-ce que c'est l'agence qui emploie cette infirmière, cette préposée-là?
Est-ce que c'est le centre de santé
lui-même? Est-ce que c'est le gestionnaire du centre de santé? Qui va avoir ces
amendes-là? Elles sont de quelle hauteur? Puis qu'est-ce qu'on va faire avec
l'argent?
Le ministre
nous disait : Bien, laissez-moi ça entre les mains, vous allez voir. À
part avoir une indication à savoir c'était
quoi, la hauteur maximale des amendes, on ne savait pas à qui il allait
l'appliquer. Puis, en fait, le ministre a donné le pouvoir de
l'appliquer aux établissements.
• (10 h 30) •
Alors là, vous êtes un établissement de santé,
vous avez un certain budget pour desservir la population. Cet argent-là, là, il est destiné à donner des
services à la population, puis le ministre de la Santé disait : Oui, mais,
s'ils ne respectent pas ou s'il y a... s'ils excèdent, par exemple, la
permission spéciale que je leur donne puis ils utilisent quelques heures de plus d'agences, je vais leur imposer une
pénalité. Puis je vais en imposer une autre aux gestionnaires aussi. Puis je
pourrais en imposer une à
l'infirmière elle-même qui n'a fait qu'écouter son employeur qui lui a
dit : Va dans tel centre de santé aujourd'hui,
ils ont besoin de toi. Mais le ridicule de la chose, M. le Président, c'est
qu'en faisant ça, en imposant une amende au centre de santé lui-même, le ministre de la Santé finissait par
dire : Bien, l'argent qui était supposé aller au patient, l'argent que vous aviez, là, pour donner des services à la population,
je vais revenir le chercher. Alors, si on pense que cet argent-là est nécessaire
pour donner des services à la population, je vais revenir la chercher. Si on
pense que cet argent-là est nécessaire pour
donner des services à la population, bien, voyons donc! on ne peut pas donner
une amende. Le gouvernement ne peut pas donner une amende à une autre
instance du gouvernement pour avoir brisé une règle que le gouvernement vient
de se donner lui-même. Ça, là, c'est à s'arracher les cheveux. Ça, ça ne fait
que faire travailler des fonctionnaires, M.
le Président. On est en pénurie de main-d'oeuvre, il me semble que ces gens-là
pourraient faire autre chose que de donner des amendes du gouvernement au gouvernement pour ramener de l'argent
dans les poches d'une autre instance du gouvernement. Ça ne fait pas de
sens. Alors, c'est pour ça qu'on a proposé des amendements pour que ce soit
clair.
Qui devrait avoir une pénalité, M. le Président?
Pas l'infirmière. Elle, là, elle suit la directive de son employeur. Son employeur lui dit : Va au centre de santé
ou au CHSLD, à Sainte-Anne-de-la-Pérade. Elle, là, elle ne le sait pas, Sainte-Anne-de-la-Pérade, c'est-tu... ça tombe-tu
dans la Capitale-Nationale, ça tombe-tu en Mauricie, ce n'est pas sa job
de savoir ça. Elle, sa job, c'est d'aller
donner des soins aux patients. Mais elle, elle ne devrait pas avoir une amende
parce que son employeur lui a dit
d'aller dans un centre de santé précis. L'agence devrait, M. le Président, être
celle qui a la pénalité, parce qu'ils
connaissent les règles. Eux, là, c'est leur travail de connaître ces règles-là,
de savoir exactement à quel moment ils
ont droit d'envoyer une infirmière, un préposé, un agent de sécurité, un
technicien dans un centre de santé précis pour aider ce centre de santé là dans
un moment où il en a besoin. Mais ce n'est pas au gouvernement puis ce n'est
pas à l'infirmière. Alors, ça, c'est
une bonne chose que le ministre a entendu l'appel du Parti libéral et a accepté
de faire des modifications en ce sens-là.
Troisième chose, M. le Président, et c'est là où
il fallait envoyer un réel signal clair, le ministre est arrivé avec un projet de loi qui disait essentiellement :
Bien, un jour, ça va être interdit d'utiliser les agences. Mais quel est ce
jour? On ne savait pas. Dans quelles
régions et à quel moment? On ne savait pas. Alors, ce que ça disait
essentiellement, là, c'est : Je me garde le droit de vous dire
quand, quand bon me semblera, que, bien, ça va être le temps de mettre fin à
ça. Non, M. le Président, si on veut mettre
fin au recours aux agences, là, il faut que les centres de santé commencent à
travailler là-dessus tout de suite.
D'où la demande, de notre part, d'avoir une indication claire quant au moment
précis où, dans chacune des régions, ce serait la fin.
Et
aujourd'hui, pour Montréal, pour la Capitale-Nationale, pour la région de
Laval, c'est clair, le 31 décembre 2024, il n'y en aura plus, de
travailleurs d'agences. Alors, ça dit à tous les gestionnaires de ces
établissements-là, à tous les gestionnaires
du réseau de la santé, à tous les gestionnaires de résidences pour aînés
privés, de ressources intermédiaires, de
maisons de soins palliatifs, ça dit à tout ce monde-là : Regardez la date,
là, sortez votre calendrier, le 31 décembre 2024, il faut s'organiser autrement, vous avez un an et
demi, un an et deux tiers pour vous organiser d'une façon différente, parce que
cette journée-là, il y en aura plus, organisez-vous pour renflouer vos équipes,
organisez-vous pour attirer plus de monde, mais là c'est fini, d'où, M. le Président, mon point initial :
Si le gouvernement ne réussit pas à donner des conditions de travail plus intéressantes à son personnel, bien,
comment voulez-vous que les gestionnaires s'organisent pour le 31 décembre
2024 pour attirer plus de monde? Encore une
fois, je reviens à mon château de cartes : si le gouvernement ne fait pas
son travail dans les conventions
collectives, si les gestionnaires restent d'une inflexibilité totale à l'égard
de certains employés, comme on le voit en Mauricie en ce moment, bien, il ne
réussira pas à attirer plus de monde. Alors, on a beau être pour le principe, on a beau être pour le projet de loi, on
a beau vouloir envoyer un signal clair aux agences qu'assez c'est assez, qu'on
ne tolérera plus des situations comme celle-là, si le gouvernement ne fait pas
son bout, le château de cartes s'écroule encore une fois.
Mais, quand
même, on envoie un signal clair aux agences, on envoie un signal clair aux
établissements de santé, on envoie un signal clair aux partenaires privés du
réseau de la santé, mais on envoie un signal clair au gouvernement de la CAQ, en ce moment, en même temps, parce qu'on
leur dit, là : Vous aussi, vous avez une responsabilité, puis là vous
aussi, vous avez une
date butoir, puis vous aussi, si vous n'êtes pas capables d'arriver à attirer
plus de personnel dans le réseau de la santé d'ici là, vous allez avoir
un sacré problème. Parce que la dernière chose qu'on veut, c'est que, le 31 décembre 2024, le ministre de la Santé
soit obligé de signer un paquet d'exceptions pour dire : Ah oui! c'est
vrai, à Laval, là, bien, on est à la
date butoir, mais à tel CHSLD on va donner une permission spéciale, puis à tel
CHSLD on va donner une permission
spéciale, puis à telle RPA, puis à l'hôpital, dans l'unité de gériatrie, à la
Cité-de-la-Santé, on va donner une permission spéciale parce qu'il n'y a
pas assez de monde, parce qu'on n'a pas réussi à en attirer assez.
Il y a un
signal clair, un message clair pour le gouvernement, dans ce projet de loi là,
c'est-à-dire : Alignez vos flûtes, faites-le... j'allais utiliser une expression que je ne devrais
pas utiliser ici, mais que ma mère me sortait souvent quand j'étais jeune, mais faites-le tout de suite, parce que, M. le
Président, ça ne fonctionnera pas s'il ne se dégrouille pas. Encore une fois,
expression à moitié... la moitié de
l'expression que ma mère utilisait. Mais ça, c'est pour Montréal, Laval, la
capitale nationale, qui va être le premier vrai test, puis, l'an
d'après, ça va être la Mauricie, Centre-du-Québec et l'Estrie.
Et, pour
toutes les autres régions, M. le Président, c'est vrai que c'est plus
compliqué, je concède. Je concède au gouvernement
que c'est plus compliqué, plus compliqué parce qu'ils ont laissé la chose
exploser au fil des dernières années, je vous ai donné les chiffres
tantôt, mais parce que sur la Côte-Nord on est à 28 %, 28 % de
recours à la main-d'oeuvre indépendante
cette année, parce que dans le Nord-du-Québec on est à 22 %, parce que
dans les Laurentides on est à 11 %, dans la Gaspésie aussi, parce
qu'au Témiscamingue, en Abitibi, on est à 19 %. Ça, là, ça veut dire que
notre réseau, il est entièrement dépendant
de la main-d'oeuvre indépendante. Si on l'enlève, demain matin, sur la
Côte-Nord, c'est le quart du monde, il manque le quart du monde dans le
réseau de la santé. Je vous donnais l'exemple d'un petit village sur la
Côte-Nord, la semaine dernière, mais c'est vrai partout sur la Côte-Nord, ça.
S'il n'y a
pas un véritable changement organisationnel à l'intérieur du réseau de la
santé, ça ne pourra pas fonctionner. Et
c'est pour ça que le ministre se garde une gêne pour toutes ces régions-là, les
régions qui ne sont pas Montréal, Laval, la capitale nationale, l'Estrie puis la Mauricie, Centre-du-Québec. Le
ministre se garde le pouvoir d'aller bien au-delà même de la prochaine élection avant d'interdire le
recours aux agences parce qu'il ne le sait pas, s'il va être capable de le
faire, il n'a pas encore mesuré l'impact de ce que ça veut dire,
interdire l'agence.
Je vous en
donne un bout, puis ça, c'est un bout qui est inquiétant pour les gens de
régions comme moi. Si on enlève le recours aux agences trop vite, dans
certaines régions, qu'est-ce qui va se passer? Parce que les travailleurs de la
Côte-Nord, là, travailleurs en main-d'oeuvre
indépendante, ils ne viennent pas tous de la Côte-Nord, il y en a beaucoup...
M. le Président, vous le savez, il y a des
gens de votre circonscription qui se déplacent vers la Côte-Nord à toutes les
semaines pour aller travailler dans le
réseau de la santé. Bien, si, demain, ils n'ont pas le droit d'aller travailler
dans le réseau de la santé de la
Côte-Nord à travers une agence, ils risquent fort de retourner chez eux, auprès
de leurs familles, auprès de leurs proches,
dans leurs quartiers, puis de revenir travailler dans un établissement près de
chez eux, à Montréal. Mais qu'est-ce qui va se passer avec les patients de la
Côte-Nord? Alors, que le ministre se garde une certaine latitude, ça va, mais
ça prend un plan, également, on ne
peut pas juste dire : On laisse ça ouvert ad vitam aeternam. Il y a un
test qui s'en vient, dans les régions mentionnées, mais il va falloir
faire une vraie analyse, à savoir comment on s'y prend pour ces régions-là, ce
qu'on n'a pas eu de la part du ministre encore.
L'autre
chose, M. le Président, dernière chose, en fait, le ministre nous dit encore
une fois aujourd'hui qu'il veut être
un employeur de choix. Employeur de choix, là, ça ne passe pas par le projet de
loi n° 10, uniquement, ça passe par ses conventions collectives, ça passe par son
attitude aussi, ça passe par l'attitude des gestionnaires du réseau de la
santé. Vous demanderez aux gens de la
Mauricie et du Centre-du-Québec, aux infirmières, entre autres, s'ils trouvent
qu'en ce moment, là, leur réseau de
la santé régional, c'est un employeur de choix. Ceux qui étaient ici il y a
quelques semaines vont vous dire que
ce ne l'est pas, en ce moment, ceux qui sont affectés dans leur quotidien, ceux
qui se font... ceux à qui on demande
de faire des tâches pour lesquelles ils n'ont pas d'expertise ou ils n'ont plus
d'expertise, dans un domaine qui n'est pas celui de leur spécialité, ils
vont vous dire qu'on est loin d'être un employeur de choix.
• (10 h 40) •
Et je demande au ministre et au gouvernement de
la CAQ de garder une chose en tête : les travailleuses et les travailleurs qui ont quitté le réseau de la santé
dans les dernières années, elles l'ont fait pour une raison. Elles l'ont fait
parce que l'employeur était
inflexible. Elles l'ont fait parce que le gouvernement ne donnait pas une
conciliation travail-famille adéquate.
Elles l'ont fait parce que les conditions salariales étaient meilleures à
travers les agences. Mais ça va prendre toute une job pour convaincre quelqu'un qui s'est dit : Assez, c'est
assez, moi, je quitte, de revenir. Si on ne modifie pas de façon substantielle le climat de travail, les conditions
de travail, l'attractivité de la profession à l'intérieur du réseau, bien, il y
a beaucoup de ces gens-là, puis ils
nous l'ont dit, elles nous l'ont dit, sondage après sondage, elles nous l'ont
dit : Pas sûr que je vais
revenir, pas sûr, peut-être que je vais faire autre chose de ma vie, peut-être
que je vais me tourner vers les hôpitaux privés du député de Saint-Jérôme puis du ministre de la Santé, peut-être
que je vais me tourner ailleurs que de revenir dans le réseau public. Alors, quand on dit que ça prend
un vrai plan de main-d'oeuvre, un vrai plan d'attractivité, de rétention de
main-d'oeuvre pour que ça fonctionne, c'est ça qu'on veut dire.
Alors, M. le
Président, en terminant, le projet de loi n° 10,
c'est une avancée. C'est positif. C'était demandé par un paquet de monde dans le réseau de la santé. Ça
ne pouvait pas continuer comme ça. On ne pouvait pas laisser le gâchis des dernières années de la Coalition avenir Québec
continuer, où on a doublé, triplé, quadruplé, fait fois 20 le recours aux
agences dans certaines régions. On ne pouvait pas laisser ça continuer. Mais,
M. le Président, ça demeure un château de
cartes. Si le gouvernement ne prend pas au sérieux l'enjeu de l'attractivité de
la main-d'oeuvre, il n'y a rien de ça qui va fonctionner.
Alors, on le
souhaite, on va travailler avec le gouvernement pour que ça fonctionne, mais, à
ce jour, nous n'avons toujours pas vu
de plan complet pour l'attraction, pour la rétention de la main-d'oeuvre. Je
demande au gouvernement, qui a notre
vote pour le projet de loi n° 10... On va l'appuyer. Il a notre appui, mais je
lui demande de prendre au sérieux cette initiative, parce que, sinon, tout le travail
qu'on va avoir fait aujourd'hui, là, tout le travail qu'on va avoir fait au
cours des dernières semaines, il n'aura servi à rien. Je vous remercie,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Pontiac. Prochaine
intervenante, Mme la députée de Verdun.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, M. le Président. Alors, c'est un plaisir
pour moi de commenter puis de... le résultat de la commission parlementaire sur laquelle on s'est penchés, sur
l'adoption puis les détails du p.l. n° 10, une loi qui veut
limiter, voire mettre fin au recours des agences privées, en santé.
Je veux
réitérer que le fait de se débarrasser des agences privées, en santé, est une
demande de la part de notre formation politique depuis très longtemps.
Je me souviens même, dans le temps d'Amir Khadir, le travail qui a été fait
là-dessus, parce qu'on peut voir comment les
agences privées, en santé, viennent gruger des ressources à notre système
public, sont vues comme un parasite
qui vient prendre des ressources de notre réseau, puis qui s'en vont les mettre
dans le privé, et qu'après on rend dépendants nos établissements de ces
types d'agences.
Alors, on le
sait, au Québec, le problème, c'est que, oui, il manque des infirmières et il
manque du personnel dans le réseau
public, mais c'est, entre autres, parce qu'on a permis l'exode de ce
personnel-là vers le privé. Alors, nous, dès qu'on a entendu l'intention de légiférer là-dessus, pour nous, elle
était quand même... on a salué cette intention-là, parce que, depuis le début, je le répète, ça passe par
la législature. Ça passe par une loi qui ne met et qui n'encadre pas seulement
le recours aux agences privées, en santé, mais surtout qui encadre la fin. Il
faut en finir avec ces types de pratiques là.
Donc, pendant
la commission parlementaire, une des choses dont on a beaucoup discuté, c'est
vraiment l'objectif de ce projet de
loi là. Et je veux quand même saluer une sincère adhésion de la part de tous
les partis autour de la table de garder
l'objectif à long terme. Pour nous, il faudrait que ce soit le plus vite
possible. On s'entend, c'est de mettre fin au recours à ces agences-là...
Puis c'est sûr que, là, on va rentrer un peu plus dans les détails, dans les
différents moyens, conditions qu'on a mis dans le projet de loi, mais je dirais
plutôt qu'on n'a pas mis dans le projet de loi. Et c'est là que j'aimerais quand même apporter certaines
nuances, voire des critiques, et qu'on a aussi apporté autour de la table lors
des commissions parlementaires. Donc, comme je le disais, je veux quand
même saluer le travail d'écoute de la part de tous les collègues qui étaient là
autour de la table, tant la partie ministérielle que du parti de l'opposition.
On a eu des excellents échanges. Mais, malgré cette écoute-là, des discussions,
des questions, questionnements qu'on a eus, il reste encore des vides, il reste
encore des choses à définir. Puis ça vient du fait que l'approche qui est
prônée dans ce projet de loi demeure une
approche qui est centralisatrice. Et ça, c'est un enjeu, parce qu'on est en
train de donner des pouvoirs spéciaux,
des pouvoirs qui vont être concentrés entre les mains du ministre pour régler
un problème qui doit être temporaire, c'est-à-dire
on veut mettre fin à ce recours-là et on va quand même donner une grande,
grande marge de manoeuvre, parce que
ce qu'on voit dans le projet de loi, c'est que le fait que la majorité des
conditions et des moyens pour restreindre l'appel à la main-d'oeuvre
indépendante, bien, tout ça, ça va se trouver dans les règlements. Donc, il y a
eu beaucoup... on a eu beaucoup de discussions là-dessus parce que,
quand on le fait par règlement, on se base sur la bonne volonté du ministre actuel de la Santé mais aussi sur la bonne volonté
d'un ministre à venir de continuer dans l'esprit qui nous habitait au début
de la discussion. Puis, je le répète, je la
sentais, cette adhésion sincère de contrer l'appel aux agences, mais là, nous,
on s'attendait à qu'il y ait des
choses beaucoup plus claires soit mises dans le projet de loi pour que
l'intention soit reflétée dans la législature.
Et aussi,
comme mon collègue, le comté du Pontiac... député de Pontiac l'a dit, il y a
plusieurs considérations, des choses
qui ont été ramenées par les groupes qui ne se retrouvent pas en entièreté dans
le projet de loi, et j'aimerais quand même les apporter autour de la
table. La première chose que nous, on a poussée pendant la commission
parlementaire, c'est le fait d'avoir une
planification de la main-d'oeuvre, parce qu'on le disait au début le problème,
c'est le fait qu'on doit... on dépend
du recours aux... on dépend de ce recours-là pour aller combler un besoin de
main-d'oeuvre. Donc, pour être capable de... que le projet de loi
atteigne ses objectifs, on a demandé d'avoir un exercice obligatoire de
planification de la main-d'oeuvre nationale
pour voir où sont nos manques, parce que l'équilibre à chercher, puis ça, c'est
important pour nous de le dire,
c'est, d'un côté, accompagner les petits établissements, surtout en région,
pour lesquels on ne veut pas de bris
de service, en région, puis on veut qu'ils soient écoutés dans toutes leurs
demandes, puis, de l'autre côté, on ne veut pas donner une carte blanche aux établissements de faire appel aux
agences privées, en santé. Mais surtout, au-delà de... l'établissement, pardon, ce serait de laisser aux
agences privées de faire la pression pour garder des liens de dépendance.
Donc, on le sait, que cet équilibre-là, il
est fragile, mais, si on veut s'en débarrasser, l'exercice d'une planification
de la main-d'oeuvre nationale nous
semblait essentiel pour les besoins des régions, mais surtout, comme je le
disais, pour les besoins des petits établissements.
• (10 h 50) •
Cependant, on
s'est rendu compte, dès le début des discussions, qu'il n'y avait pas eu... le
ministre ne nous a pas présenté une planification
de main-d'oeuvre en amont, puis on n'a aucune garantie dans le projet de loi
que cette planification là sera
faite. On parlait un peu d'une banque publique, le ministre nous disait :
Des équipes volantes, en santé. Bien,
on n'a pas encore une garantie claire de si on va avoir ce type d'agence
publique pour aller répondre aux besoins de main-d'oeuvre. Même chose pour répondre dans les régions éloignées,
puis, bien sûr, la situation des nos petites RI et des petits RPA qui
n'ont pas les mêmes moyens et qui, peut-être, des fois sont trois, quatre
employés, et dès qu'on a une personne
malade, une personne en congé, bien, ça tombe vite dans le bris de service.
Puis on ne souhaite pas ça parce qu'on veut
être capable d'offrir nos services publics lorsqu'on en a besoin. Je veux aussi
réitérer que, dans le projet de loi, ça reste encore un peu trop restrictif envers ces
petits établissements-là. On prend encore une approche avec le bâton, qui
prévoit des amendes, des amendes,
mais sans donner le coup de pouce nécessaire pour que nos gestionnaires de ces
petits établissements-là fassent
autrement. Et c'est pour ça qu'une bonne planification de la main-d'oeuvre
aurait dû, auraient pu être faite. On aurait pu faire ce geste-là dans le cadre de ce projet de loi. On a aussi
discuté de donner une flexibilité pour les petits établissements. Il y a une ouverture, mais, même si on avait certains engagements
puis une ouverture lors des discussions, je le répète, il n'y a rien qui
nous garantit que ça va être fait, parce que ce n'est pas inscrit dans la...
législature, pardon.
Une avancée,
par contre, qu'on voit, qu'on a eue dans l'étude de ce projet de loi là, c'est
qu'on a maintenant des définitions claires qui vont être prévues dans le
premier règlement, en ce qui concerne les... la définition de ce qu'on veut dire par «agence de placement» puis par
«main-d'oeuvre indépendante». Au tout début, lorsque le projet de loi a été
déposé, on n'avait rien, on continuait à
naviguer à l'aveugle, mais on a eu des engagements puis on a eu les définitions
qui seront utilisées. Je peux dire que c'est mieux que pas du tout. On a
reçu également la liste préliminaire des catégories d'emplois qui vont être touchées par le projet de loi. Ceci dit, le
ministre refuse d'inclure encore tous les types d'emplois, puis je
pense, entre autres, des agents de sécurité, puis ça, ça demeure un enjeu. Les
groupes qui sont venus nous voir nous le
disaient, comment les intervenants... bien, le fait d'avoir un roulement
perpétuel de personnel, surtout en sécurité, crée de l'instabilité dans les équipes. On doit chaque fois former ces
personnes-là, il y a de moins en moins de connaissance des lieux, les usagers sont de moins en moins en
confiance pour assurer leurs soins intimes, etc. Et ça, c'est important parce
qu'il ne faut pas voir ces personnes-là...
juste des agents qui sont en avant à la porte puis regardent qui qui passe, là.
Ils jouent un rôle dans le bien fonctionnement des établissements.
Donc, on
espère vraiment que le ministre de la Santé va avoir aussi discuté avec le
ministre des Services sociaux pour
s'assurer que d'autres catégories d'emplois, surtout les emplois de la DPJ,
sont incluses dans cette liste. Parce que, lorsqu'on a eu la discussion, ce n'était pas clair encore, et c'est
demeuré problématique. On parle des... le suivi puis des soins qui sont donnés à des enfants, ça fait qu'on
veut être certains que tout l'ensemble des professionnels qui font le suivi
à la DPJ seront aussi incluses dans cette
liste-là. Donc, bref, à notre sens, toutes les catégories d'emplois doivent
être incluses pour bien encadrer l'appel aux agences de services privées,
en santé.
On a aussi eu
un échéancier, un échéancier qui n'était pas, au tout début, dévoilé dans le
projet de loi, puis je pense que
c'est l'effort des oppositions d'avoir mis de la pression là-dessus pour savoir
à partir de quand on allait mettre fin à ce recours-là, que ce soit dans la région de Montréal, on l'a eue pour la
Capitale-Nationale et pour Laval, on l'a également pour la Mauricie, le
Centre-du-Québec et l'Estrie, mais on reste encore des régions à définir. Rien
ne nous indique, par exemple, que
l'Outaouais, le Bas-Saint-Laurent, le Saguenay, les Laurentides, la Gaspésie, bref,
toutes les autres régions sociosanitaires, est-ce qu'elles vont avoir un
échéancier. Comment on va faire pour éviter les bris de service dans ces régions-là? Comment on va les accompagner? Je
ramène la question de la planification de la main-d'oeuvre, je ramène la
question d'être vigilant, des pratiques,
aussi, des agences de privés. Donc, toutes ces questions-là demeurent, et on
n'a pas réussi à avoir les détails, ni dans le projet de loi, puis ces
détails-là ne seront pas non plus dans le premier règlement qui sera
présenté par le ministre.
Au-delà de l'échéancier, il faut aussi
comprendre que ce projet de loi consiste d'un ajout permanent à la Loi sur les services de santé et services sociaux.
Puis l'objectif du projet de loi, c'est de mettre fin, je le répète, au recours
des agences de placement, mais on est en train de modifier de façon
permanente la Loi sur les services de santé et services sociaux, et la question qui demeure, c'est de dire : Qu'est-ce
qu'on va faire quand on va avoir réussi l'objectif? Est-ce qu'on va devoir un jour changer cette partie de la loi?
Parce que l'objectif, comme je le disais depuis tantôt, c'est s'en débarrasser.
Il n'y a aucune clause, une date de
péremption sur... une clause qui stipule la fin de vie des pratiques ou de
cette section dans la loi des... les
services de santé et des services sociaux, lorsque l'objectif va être atteint.
Puis ça, c'est une des choses aussi qu'on
a ramenées autour de la table pour laquelle on n'a pas eu de réponse. Puis, je
le répète, ça vient aussi avec un esprit de centralisation de la prise de décision, on va donner du pouvoir au
ministre, puis je sens que ça va être au ministre actuel, voire au
prochain ministre à venir de décider comment, à quel moment on tire la plug.
D'autres
déceptions. Moi, je vous dirais, on a ramené certains... des amendements, on a
amené des questions pour mieux encadrer ce qu'on appelle les lignes directrices
lorsqu'on va faire appel aux agences privées, en santé. La réponse qu'on a eue, même si on a eu des engagements
intéressants dont je veux en discuter, c'est que tout va continuer à se faire
par règlement. Donc, c'est le pouvoir du
ministre de nous dire c'est quand et comment les différents établissements vont
pouvoir faire appel.
Je donne un exemple. On a eu une discussion,
puis j'ai eu un engagement de la part du ministre de la Santé sur le principe d'équité, parce que, lorsqu'on fait
appel à la main-d'oeuvre indépendante, ces personnes-là sont payées beaucoup
plus que les personnes qui sont sur le
plancher, les employés de nos réseaux publics, nos professionnels de santé, et
ça crée des frictions sur le terrain, ça crée des inégalités. Et on
voulait avoir le principe d'équité dans la loi. On a eu cependant l'engagement
pour faire... avoir ce principe dans le but de... du premier règlement, puis on
espère que ce principe va continuer d'être appliqué parce que tous les groupes
ont critiqué les absences des balises qui encadrent les agences de placement.
On parlait des taux horaires, des marges de profit qui sont acceptables, les
exigences de qualification, les frais
supplémentaires excessifs. Alors, il faut qu'on approche tout cela dans un
esprit, dans un souci d'équité. Puis, au moins, on est contents que la
notion sera présente.
Une autre raison... une autre discussion qu'on a
pu avoir puis des engagements, c'est la question du taux horaire maximal. Le ministre a accepté d'établir une
tarification horaire pour toute journée de travail effectuée par un membre du
personnel d'une agence de placement ou par
la main-d'oeuvre indépendante, ce qui est quand même une avancée, mais,
je répète, c'est encore le ministère, par
règlement, qui va décider de ces conditions-là, et on est un peu assujettis à
la bonne foi des ministres qui vont
venir par la suite. Puis, quand on fait ça aussi par règlement, c'est qu'on n'a
pas pu avoir l'ensemble du débat public sur ces conditions-là pour
encadrer l'appel à la main-d'oeuvre indépendante.
On
est un peu dans la même recette puis dans la même situation en ce qui concerne
les circonstances exceptionnelles. C'est
clair, dans la loi, que les établissements peuvent faire appel dans des
circonstances exceptionnelles. Puis, bien sûr, on n'est pas contre. Je
répète, on garde... garder l'équilibre entre le bris de service, la peur puis
la crainte dans certains secteurs de
certaines régions d'avoir des bris de service, puis, de l'autre, il ne faut pas
non plus laisser une carte blanche, mais
on voudrait avoir une plus grande définition de qu'est-ce que c'est, des
circonstances exceptionnelles. Le ministre a refusé de le mettre dans la loi. On a quand même eu certaines
discussions dans lesquelles il nous disait : Une circonstance exceptionnelle, c'est le bris de service. Mais,
parfait, pourquoi on ne l'a pas mis dans la loi? Pourquoi on ne le définit pas
pour être capable de bien encadrer ces
situations-là? Personne ne veut un bris de service. Bien sûr, ça peut être très
bien considéré comme une circonstance
exceptionnelle, mais on ne veut pas non plus faire en sorte que, pour d'autres
raisons qui sont... qui peuvent
apparaître comme un risque de bris de service, on ait de la pression également
de la part des agences privées, en
santé, voire la main-d'oeuvre indépendante, pour continuer à avoir des
avantages, des contrats, etc. Ça fait qu'il faut, d'un côté, comme je le disais, garder cet équilibre-là. On a eu
des engagements qui montrent la bonne volonté, mais, en l'absence d'un
engagement législatif puis en l'absence de débat public, bien, il nous manque
des garanties que cet esprit-là va demeurer dans le cadre de l'application de
la loi.
• (11 heures) •
Là où est-ce
que nous, on a aussi... on a travaillé un peu plus fort, c'est d'avoir un
article dans la loi pour la reddition de
compte, ce qui est superimportant parce que, comme je le disais, on ne va pas
seulement modifier la loi sur la santé et les services sociaux, on veut savoir si l'application de cette loi-là va
être efficace, qui va amener des résultats dans le long terme. On avait mis de l'avant un amendement qui s'inspirait
de ce qu'on voit ailleurs, déjà, au Québec, que ce soit dans la loi sur les établissements de niveau universitaire qui voient, par exemple,
comment on doit rendre des comptes aux parlementaires. Puis je peux vous lire, là, qu'est-ce qu'on a déjà
dans d'autres lois, sur le fait que, par exemple, le ministre transmet, au
plus tard à une date déterminée et les
quatre années subséquentes, des rapports sur la mise en oeuvre de la présente
loi; le rapport inclut des états financiers des établissements sur le recours
aux agences de placement de personnel, la main-d'oeuvre indépendante. On voulait un rapport qui est déposé
dans les 30 jours suivants à l'Assemblée nationale, et, bien sûr, que la
commission compétente de l'Assemblée
nationale examine ce rapport-là, et qu'on entende les dirigeants des
établissements au moins une fois à tous les trois ans. C'est ça,
l'amendement qu'on avait présenté.
On a
cependant dû faire un compromis parce que le ministre nous disait que ça
devenait compliqué, faire la reddition de
comptes. On a quand même eu le gain dans la loi, dans l'article 5.1,
d'avoir une reddition de comptes qui va être faite par le gouvernement en déposant un rapport sur la
mise en oeuvre puis un rapport qu'il va déposer dans les 30 jours suivants
à l'Assemblée nationale. Donc, ce rapport-là
va être quand même ici, déposé devant les parlementaires, mais une de nos
déceptions, c'est le fait qu'on va limiter,
quand même, le débat public, car on voudrait avoir, pas seulement le dépôt d'un
rapport mais, bien sûr, avoir le pouvoir d'amener les commissions qui sont
compétentes, de l'Assemblée nationale, examiner
ce rapport-là. Puis c'est la seule façon qu'on ne crée pas seulement un
dialogue, mais on est capable d'évaluer si on arrive à l'objectif, puis, je le répète, un objectif que je sens qu'on
partage dans cette... parmi tous, tous, tous mes collègues, de se
débarrasser de cette dépendance qu'on a envers les agences privées, en santé.
Donc, on est quand même, moi, je pourrais
dire, contents du fait d'avoir un exercice de reddition de comptes, même si ce
n'est pas complètement ce qu'on aurait souhaité.
Un dernier
engagement qu'on est allé chercher, puis je veux quand même le détailler... Les
gens sur le terrain, les travailleurs
nous ont parlé du besoin d'avoir un guichet de plainte, où les personnes qui
observent des pratiques malversantes de
la part des agences du privé, en santé peuvent déposer des plaintes. Le
ministre s'est engagé à le faire, soit en créant un site Internet, comme on l'a fait dans le cas de
maltraitance des aînés, mais, encore une fois, quand on ne légifère pas
là-dessus, quand on ne l'écrit pas
dans la loi ou dans le règlement... C'est, bien sûr, des engagements qu'on
va... qu'on respecte puis on salue,
mais il faut qu'on passe à l'action, puis on s'attend à ce que ce guichet de
plainte là soit fonctionnel pour permettre aux personnes de dénoncer lorsqu'on voit des situations problématiques,
lorsqu'on sent qu'une agence privée, par exemple, vient faire de la pression. Et c'est malheureusement le cas
dans des petits établissements qui dépendent beaucoup de cette
main-d'oeuvre indépendante.
Finalement, on a eu quand même un bon débat sur
le titre. Si on lit le titre qui est là, on parle d'une loi limitant le recours. Du côté de Québec solidaire, on a
souhaité que ce soit plus clair dans un titre qui dit qu'il va interdire le
recours, ou interdire progressivement, ou travailler dans l'objectif
d'interdire. On s'est ouverts... on était ouverts à pas mal de façons de l'écrire, parce que c'est l'esprit qui
se dégageait de cette commission, c'est là où est-ce que les acteurs, ils sont.
Puis juste le fait de limiter, pour nous, on a une crainte qu'on continue avec
cette tendance-là encore longtemps, puis l'objectif,
c'est de ne plus être dépendants d'une main-d'oeuvre privée et, bien sûr,
attirer ces professionnels dans notre réseau de la santé.
En gros, on
sent que ce projet de loi est un pas dans la bonne direction, mais, dans les
moyens puis l'esprit qui se dégagent,
on sent que la loi n'est pas contraignante. On continue dans un esprit de
centralisation parce qu'on donne beaucoup de pouvoirs au ministre. On a des
craintes, comme j'ai nommé, dans l'application parce qu'on n'a pas de vigie
complète de la part des parlementaires,
on n'a pas de date de péremption d'atteinte des objectifs, on n'a pas des
conditions qui sont claires, dans le projet de loi, puis on n'a aucune
planification de la main-d'oeuvre, comme je le disais au tout début, en amont. Ça fait que, oui, on avance, mais c'est
comme si on avait encore... on serait encore un peu aveugles puis qu'on ne voit
pas tout, tout, tout comment ça va être
déployé. Bien sûr, notre formation politique ne va pas être contre le projet de
loi. On va mettre... on veut mettre
les agences de placement au pas, ce qu'on a dit depuis le début, puis on veut
aussi faire une petite percée
collectivement au Québec dans cet objectif d'éliminer définitivement le recours
à la main-d'oeuvre indépendante.
Puis juste
finir en disant que, plus largement, oui, il faut faire limiter, voire
interdire l'appel aux agences privées, en
santé, mais, pour être capable de retenir la main-d'oeuvre dans le système
public, surtout dans le système de la santé et services
sociaux, ça va passer par la protection des jalons de notre système public pour
garder des services de proximité gratuits,
accessibles, puis également par l'amélioration des conditions de travail de
tous nos professionnels, de toutes les personnes
qui oeuvrent dans notre système de santé, parce que ça aussi, ça fait partie
des clés pour avoir des systèmes... retenir la main-d'oeuvre dans notre
système de santé. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Donc, prochaine
intervenante, je reconnais Mme la députée de La Pinière.
Mme Linda Caron
Mme
Caron : Merci, M. le Président. Alors, comme mon collègue
le député de Pontiac l'a dit, l'opposition officielle va voter en faveur de ce projet de loi là. Et
j'irais même jusqu'à dire que j'espère bien que ce projet de loi aura du
succès, parce que l'accessibilité aux
soins, c'est nécessaire pour l'ensemble de la population du Québec. Et, comme
législateurs, nous sommes ici pour
que les politiques et les lois qui sont adoptées aillent vraiment dans le sens
du service public pour tous.
Là-dessus, je
redirai, comme j'ai dit dès le dépôt du projet de loi, que le noeud du
problème, c'est vraiment la question de
la rétention de la main-d'oeuvre, les conditions de travail, principalement,
des infirmières et des préposés aux bénéficiaires. Un sondage auprès de
2 000 personnes dans le domaine... dans le réseau de la santé
montrait que 84 % des infirmières étaient
peu enclines à revenir dans le réseau public avant leur retraite, et ça allait
au-delà de 90 % pour les infirmières auxiliaires.
On a besoin des infirmières. On a besoin des
préposés aux bénéficiaires. Les aînés en ont besoin. On n'arrive pas à offrir les soins à domicile qui sont promis
par les sommes qui sont investies par le gouvernement parce qu'une partie
de ces sommes retournent dans le fonds
consolidé du gouvernement, parce qu'on n'a pas de ressources pour donner les
soins qui sont nécessaires à domicile ou le soutien à domicile.
Par ailleurs,
il y a des hôpitaux, par exemple dans les hôpitaux anglophones et probablement
dans d'autres milieux aussi, où le
temps obligatoire supplémentaire n'est pas un enjeu, parce qu'il y a des
pratiques de gestion, de toute évidence, qui permettent d'éviter cet
enjeu, en tenant compte des différents besoins des infirmières et puis en leur
permettant de travailler, par exemple, des
quarts de travail plus longs sur moins de jours, où tout le monde est satisfait
et où il n'y a pas de temps
obligatoire supplémentaire. Et on sait que ça, c'est vraiment quelque chose
qui... dont les infirmières ne peuvent plus tolérer.
On se
rappelle que, durant la pandémie, les infirmières, les infirmières auxiliaires,
les préposés aux bénéficiaires, on les appelait nos anges gardiens. On a
formé, de manière intensive, plusieurs personnes pour devenir préposées aux bénéficiaires. Allons voir le nombre de personnes
qui sont encore préposées aux bénéficiaires parmi elles. Beaucoup ont
quitté le réseau.
• (11 h 10) •
Alors, on a
vraiment une difficulté à offrir un environnement qui est vivable pour les
professionnels dans notre réseau de
la santé. Alors, c'est absolument impératif que ce projet de loi s'accompagne
d'un plan d'action. Vraiment, est-ce qu'on peut avoir un échange de meilleures pratiques entre gestionnaires du
réseau de la santé pour que le temps obligatoire, pour les infirmières... le temps supplémentaire
obligatoire ne soit plus un enjeu nulle part? Est-ce qu'on peut avoir
l'humilité, je dirais, de partager
les meilleures pratiques, de regarder ce qui se fait de mieux et puis de
l'implanter avec des... avec, peut-être, des modulations? Parce qu'on comprend que le mur-à-mur, ce n'est pas la
méthode à prôner dans quoi que ce soit, mais qu'on tente, au moins, de
prendre ce qui existe déjà.
On ne
réinvente pas la roue. Il y a des choses qui existent, il y a des choses qui
fonctionnent, dans le domaine de la santé,
dans le réseau de la santé... dans le réseau public de la santé. Pourquoi ne
pas avoir l'humilité d'essayer ces choses-là un peu partout? Ça prend de l'écoute aussi des professionnels et puis du
respect envers les professionnels. Il faut valoriser la profession d'infirmière. Il faut valoriser les
préposés aux bénéficiaires. Les infirmières, ce sont des professionnelles de la
santé, qui sont capables, qui sont formées,
qui sont compétentes pour prendre en charge la santé globale d'une personne.
Alors, laissons-leur les... Donnons-leur les
coudées franches pour qu'elles puissent bien jouer leur rôle à la hauteur de
toutes leurs compétences et de toute
leur motivation, et c'est de cette façon, je crois, qu'on va les garder dans le
réseau de la santé ou qu'on va... dans le réseau public de la santé et
qu'on va les ramener.
Une chose
que... Lorsque je disais, tout à l'heure : Je souhaite vraiment que ce projet
de loi là fonctionne parce que ce sont tous les Québécois et toutes les
Québécoises qui vont en tirer profit, eh bien, les infirmières, elles doivent
être écoutées. Et je ne voudrais pas
qu'on ait, à cause de ce projet de loi là... qu'on n'ait pas de retour dans le
réseau privé, mais qu'on ait un exode du Québec, c'est-à-dire que les
infirmières, préposés aux bénéficiaires, les personnes... donc, les
professionnels qu'on veut ramener dans le réseau de la santé, il ne faudrait
pas qu'elles décident ou ils décident d'aller dans
une autre province, dans un autre pays ou tout simplement de quitter leur
profession. On veut les ramener dans le réseau public. Alors, s'il vous
plaît, accompagnons ce projet de loi d'actions concrètes, d'actions qui vont
les motiver à revenir, et puis revenir avec plaisir, et les garder ensuite dans
le réseau public de la santé. C'est vraiment impératif.
Je pense
particulièrement aux aînés, comme porte-parole de l'opposition officielle pour
les aînés. Nous avons de plus en plus
d'aînés qui auront de plus en plus besoin de places en CHSLD. Il y en a déjà
au-delà de 4 000 qui attendent une place en CHSLD. Il y a des maisons des aînés qui s'ouvrent. On ne peut
pas les ouvrir complètement parce qu'il manque de ressources. Il y a cannibalisation,
entre guillemets, des ressources du système, c'est-à-dire qu'il y a des
personnes... Les personnes qui sont
embauchées dans les maisons des aînés viennent du réseau public. Donc, on les
perd ailleurs. Et il y en a même qui
ont été attirées par les maisons des aînés parce que ça semble être un milieu
plus intéressant, mais qui sont reparties parce que les ratios ne les satisfaisaient pas, les ratios
d'infirmières, par exemple, pour le nombre de personnes dont il faut
prendre soin.
Alors,
la courbe démographique ne fait que... n'est pas encore atteinte, c'est-à-dire
qu'on n'a pas encore atteint le pic
du vieillissement de la population au Québec. Il nous reste encore quelques
années. Alors, bien entendu, il y aura plus de personnes qui auront besoin de soins à domicile. Il y aura plus de
personnes qui auront besoin de soutien ou de soins également dans les RPA et aussi, bien entendu,
dans les CHSLD. Alors, il faut vraiment que ce projet de loi s'accompagne
d'actions concrètes en ce sens-là.
Et je me
permettrai de dire qu'en ce moment la Commission des relations avec les
citoyens siège pour étudier article par
article le projet de loi n° 11 sur les soins de fin de vie, et, pour avoir
été présente aux consultations, ce que beaucoup de groupes et de personnes
en situation de handicap sont venus nous dire, c'est qu'il faut d'abord
s'assurer d'offrir l'aide à vivre avant d'offrir l'aide à mourir, c'est-à-dire
que tous les accommodements, tous les soins qu'on peut offrir, qu'on devrait offrir, devraient être offerts pour que la
personne puisse vivre de manière confortable le plus longtemps possible et
avoir une vie qui la satisfait.
Donc, il faut
vraiment s'arrêter et se dire que tout ce qu'on veut faire... évidemment,
stopper le recours aux agences privées, parce que ça coûte une fortune, et
parce qu'on a un système public qu'on veut fonctionnel, et dont on veut
redevenir fiers. Bien, à ce moment-là, posons vraiment des gestes
concrets et soyons conséquents avec nous-mêmes.
J'aimerais
aussi rappeler un fait. Au Québec, nous avons un taux d'infirmières de
7,6 infirmières en soins directs pour
1 000 habitants. C'est un taux qui est supérieur à la moyenne canadienne.
Comment se fait-il que nous nous retrouvions dans la situation où nous sommes maintenant? Ces infirmières, on veut
les garder. Assurons-nous de leur offrir des conditions de travail qui sont vivables. Ces personnes-là ne veulent
qu'être des bons professionnels. Elles le sont, elles le sont déjà, mais elles veulent pouvoir avoir une vie aussi,
une vie de couple et une vie de famille, et vivre sereinement, puis vivre leur
vie aussi. Donc, assurons-nous de poser des
gestes concrets, dans les semaines, dans les mois qui vont venir, pour que ce
projet de loi fonctionne en ramenant les professionnels qui sont en agence
actuellement, en les ramenant dans le réseau public,
en les motivant à revenir, en les gardant et puis en évitant absolument l'exode
de ces personnes vers d'autres provinces, d'autres pays, ou vers
d'autres professions, ou même vers la retraite.
Alors, encore
une fois, je termine en remerciant les professionnels de la santé et en
demandant au gouvernement vraiment de poser des gestes concrets et
innovants. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci.
Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
Alors, si je
n'ai pas d'autre intervention, le projet de loi n° 10,
Loi limitant le recours aux services
d'une agence de placement de
personnel et à de la main-d'oeuvre indépendante dans le secteur de la santé et
des services sociaux, est-il adopté?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Un
vote nominal a été demandé.
Une voix : ...
Vote reporté
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors
donc, le vote sera reporté à la période des affaires courantes.
Nous poursuivons. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 23 du feuilleton, s'il vous plaît.
Motions du gouvernement
Motion proposant que
l'Assemblée approuve l'Entente en matière de
sécurité sociale entre le gouvernement du Québec et le
gouvernement de la République tunisienne
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, à l'article 23 du feuilleton,
l'Assemblée procédera maintenant au débat sur la motion inscrite à l'article 23 du feuilleton faisant suite
au dépôt par Mme la ministre des
Relations internationales et de la Francophonie, le
6 avril 2023, d'un engagement international. Cette motion se lit
comme suit :
«Que l'Assemblée nationale approuve l'entente en
matière de sécurité sociale entre le Québec et la République tunisienne, signée
le 20 novembre 2022.»
Je vous
rappelle qu'en vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des
Relations internationales cette motion donne lieu à un débat restreint
de deux heures. La répartition des temps de parole dans le cadre de ce débat
s'effectuera comme suit : 60 minutes
sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement, 31 min
36 s sont allouées au groupe
parlementaire formant l'opposition officielle, 20 min 54 s sont
allouées au deuxième groupe d'opposition, six minutes sont allouées au troisième groupe d'opposition,
1 min 30 s sont allouées à la députée indépendante. Dans le
cadre de ce débat, le temps non
utilisé par la députée indépendante ou par l'un des groupes parlementaires sera
redistribué entre les groupes
parlementaires selon les proportions établies précédemment. Mis à part ces
consignes, les interventions ne seront soumises
à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle à la députée indépendante que, si
elle souhaite intervenir au cours du débat, elle a 10 minutes à
partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède maintenant la parole à M. le député de
René-Lévesque.
M. Yves
Montigny
M.
Montigny : Alors, bonjour. Bonjour, M. le Président. Alors,
c'est avec plaisir, aujourd'hui, là, que je propose aujourd'hui à cette
Assemblée l'adoption de l'entente en matière de sécurité sociale entre le
Québec et la République tunisienne, signée le 20 novembre dernier. Il
s'agit du 40e pays avec lequel le Québec signe une telle entente.
La conclusion
d'une entente internationale telle celle qui fait l'objet du débat actuel est
la forme la plus achevée des relations
diplomatiques entre les États, parce que l'entente est créatrice d'obligations
juridiques, sur le plan international, avec
nos partenaires étrangers. Ces engagements doivent être honorés par les parties
contractantes. Chacune de ces ententes conclues renforcit la
reconnaissance du Québec comme partenaire à part entière sur la scène
internationale.
• (11 h 20) •
L'action
internationale des États et des gouvernements s'avère, dans l'actuel contexte
de la mondialisation, de plus en plus
incontournable. Le socle de notre action internationale repose sur la doctrine
Gérin-Lajoie, qui a été élaborée pour la
première fois le 12 avril 1965 par le ministre Paul Gérin-Lajoie
lui-même, lors d'un discours prononcé à Montréal devant le corps consulaire. Cette doctrine, qui est
encore la base de l'action de notre ministère, stipule que ce qui est à la
compétence québécoise chez nous est
de compétence québécoise partout. C'est le principe du problème du prolongement
externe des compétences internes. La doctrine s'appuie sur l'état du
droit en matière de traités. Pourquoi l'État qui met un accord à exécution serait-il incapable de le négocier
lui-même? Le droit d'appliquer un accord ne devrait pas être dissocié du droit
de conclure cet accord.
La mise en
oeuvre législative d'engagements internationaux s'effectue selon le partage de
compétences entre les gouvernements
provinciaux et le gouvernement fédéral, les provinces ayant la capacité
législative, prévue aux articles 91... exclusive, plutôt, de la mise en oeuvre de leurs domaines de compétence.
Alors, s'agissant d'instruments internationaux, il découle du régime constitutionnel canadien que le
gouvernement fédéral ne peut en aucune façon légiférer pour mettre en oeuvre une convention internationale, un traité,
un accord, une entente portant sur une matière qui relèverait de la compétence
législative des provinces.
La
jurisprudence est d'ailleurs venue ici, M. le Président, confirmer que les
provinces ont une compétence exclusive pour
mettre en oeuvre les traités qui portent sur leurs domaines de compétence,
suivant le partage des compétences législatives prévues, M. le Président, maintenant,
aux articles 91, 92 de la Loi constitutionnelle de 1867. Ainsi, bien que
le gouvernement du Canada puisse conclure
des accords internationaux dans les domaines des compétences exclusives du
Québec, il n'a pas la capacité de les mettre en oeuvre.
À ce jour, le
Québec a conclu 823 ententes internationales avec quelque 80 États
souverains et plusieurs partenaires étrangers
non souverains, par exemple la Catalogne, la Bavière, la Communauté française
de Belgique et la Flandre, des États
du Mexique aussi. En date d'aujourd'hui, 434 de ces ententes sont toujours en vigueur,
et elles touchent autant de domaines qu'il y a de compétences
gouvernementales.
De plus, le
Québec a la chance de compter sur un riche réseau de délégations, de bureaux et
d'antennes à l'étranger. Ceux-ci, au
nombre de 34 dans 19 pays, nous permettent d'être en contact avec des
gouvernements et des sociétés avec lesquels nous avons établi, au fil des décennies, des relations étrangères... et
de respect, M. le Président. Ce réseau diplomatique est devenu l'un des plus importants, bâti par un État
fédéré, sur la planète. Les gouvernements travaillent fort afin de promouvoir,
par exemple, les échanges économiques, la
mobilité des personnes, la coopération en matière d'éducation, de science et
d'autres domaines.
La conclusion
d'ententes internationales par le gouvernement du Québec, comme celle que je
vous soumets pour approbation, en est un bel exemple, M. le
Président. Je suis très heureux que l'Assemblée nationale puisse se prononcer aujourd'hui sur une entente d'une telle importance
à la fois pour l'Autriche que pour le Québec. Mes collègues, que je remercie
d'ailleurs pour la présence d'aujourd'hui,
sauront vous étayer toute l'importance des ententes internationales,
particulièrement en matière de sécurité sociale.
Alors, M. le Président, permettez-moi de parler
des avantages d'ententes internationales comme celle qui nous occupe aujourd'hui. Sur la base de la réciprocité,
des ententes de sécurité sociale favorisent la mobilité des personnes, des
travailleurs, des étudiants. Ceci est accompli par la coordination des régimes
de sécurité sociale qui sont visés à ces ententes, M. le Président.
Près du tiers
de ces ententes conclues incluent, en plus, des dispositions sur les rentes,
retraites, invalidité et survivant, des
dispositions sur la santé, les accidents de travail, les maladies
professionnelles. Ces ententes garantissent aux personnes visées le maintien de
leurs acquis et de leurs droits en voie d'acquisition dans les régimes qu'ils
quittent et une intégration plus
rapide dans les régimes de sécurité sociale du territoire d'accueil. Elles
favorisent donc la mobilité des personnes. Les dispositions sur l'assujettissement déterminent la législation à
laquelle l'employé demeure soumis durant son assignation temporaire sur
l'autre territoire et celle à laquelle l'employeur doit effectuer les
cotisations afférentes, évitant ainsi une cotisation supplémentaire au régime
applicable sur le territoire d'envoi. Des dispositions analogues s'appliquent
aux travailleurs autonomes. Ces ententes favorisent donc aussi la mobilité des
travailleurs.
Les ententes, qui incluent aussi le volet santé,
permettent aux personnes visées, dont les étudiants, de s'inscrire, dès leur
arrivée, au régime d'assurance maladie du Québec et au régime d'assurance
hospitalisation sans qu'il leur soit nécessaire de souscrire à une assurance
privée. Elles favorisent donc aussi la mobilité étudiante.
Étant une
terre d'immigration, le Québec bénéficie largement des ententes de sécurité
sociale. Au cours des années 80,
90, la priorité dans la négociation de ces ententes a été mise sur les pays
d'où provenait alors l'immigration et desquels
des résidents du Québec pouvaient espérer obtenir l'exportation de leurs
pensions par la conclusion d'ententes. Les
premières ententes avaient donc été conclues avec les États-Unis, la France,
l'Italie, l'Allemagne, la Grèce et le Portugal. Ce faisant, des milliers de personnes ont ainsi amélioré leur qualité de
vie et plus particulièrement les conditions économiques.
Par la suite, les efforts du Québec
ont porté plutôt sur les pays où les entreprises québécoises étaient
susceptibles d'envoyer des
travailleurs détachés dans le cadre de contrats à l'étranger, et ce, afin de
leur épargner une double cotisation au
régime de sécurité sociale applicable. On pense ici aux ententes conclues avec
le Brésil, l'Inde, la Corée du Sud. Plusieurs entreprises québécoises y bénéficient ainsi d'un avantage comparatif. La
pertinence de conclure de telles ententes demeure évidente pour tous, sans oublier le rayonnement
international qu'elles apportent au Québec en tant que seule entité fédérée à
négocier de telles ententes avec des pays souverains. Il s'agit là d'une
démonstration concrète de l'action internationale du Québec en négociant
et en mettant en oeuvre ces ententes.
Lorsqu'une
personne résidant au Québec reçoit une pension étrangère qu'elle n'aurait pas
obtenue sans recourir aux dispositions
d'une entente, cette pension lui est payée jusqu'au décès. L'impact économique
des pensions ainsi versées aux résidents québécois se chiffre en
milliards de dollars. Les dernières statistiques tenues à cet égard par
Retraite Québec, datant de 2004, indiquaient
que l'Italie, la France, l'Allemagne, la Grèce, le Portugal et les États-Unis
avaient versé en 2004, au total, 117 millions de
dollars à des résidents québécois, alors que Retraite Québec ne versait que
2 millions de dollars dans
ces mêmes pays en application des ententes conclues. Le Québec étant une terre
d'accueil, cet écart s'est indubitablement accentué davantage en faveur du Québec, vu la conclusion d'une douzaine
de nouvelles ententes depuis 2004. D'ailleurs, une étude interne récente avait estimé que... plus de
200 millions de dollars, l'entrée d'argent attribuable aux ententes
de sécurité sociale. Il s'agit d'une
injection d'argent nouveau imposable dans l'économie du Québec par le
partenaire étranger, rendu possible
par des dispositions sur l'exportation des prestations et la totalisation des
périodes d'assurance que prévoient ces ententes.
• (11 h 30) •
Une
autre étude interne avait estimé que les employeurs québécois économisaient
annuellement environ 20 millions de dollars en cotisations et régimes de sécurité sociale étrangers pour les
employés qui s'y déplaçaient temporairement. Cette cotisation supplémentaire
est évitée grâce aux dispositions de ces ententes, qui précisent à quel régime
ces employés demeurent assujettis, rendant
les entreprises québécoises d'autant plus compétitives dans les marchés
internationaux en leur évitant la
cotisation au régime réciproque du territoire d'accueil. Ces ententes, comme
d'autres ententes dites de mobilité sont des outils visant à faciliter
l'intégration des personnes immigrantes au Québec.
Outre
les ententes en matière de sécurité sociale que je viens de décrire, les autres
ententes de mobilité sont des ententes
en matière de reconnaissance mutuelle des qualifications personnelles, des
ententes d'échange de permis de conduire et des ententes de mobilité étudiante au niveau universitaire,
M. le Président. Ces ententes visent toutes à faciliter la transition
temporaire ou permanente des personnes, des travailleurs et des étudiants entre
leur pays de provenance et le Québec.
Le
Québec a conclu deux ententes de reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles : l'une avec la France
en 2008, l'autre avec la Suisse en 2022. Ces ententes permettent plus
facilement à une personne qui possède une formation et un permis d'exercer au Québec de travailler dans ce domaine
en France, en Suisse, et permettre à un professionnel formé en France ou
en Suisse de faire le même travail au Québec.
En
vertu de ces ententes-cadres, 76 arrangements de reconnaissance mutuelle
des qualifications professionnelles ont
été conclus entre les autorités compétentes québécoises et étrangères,
établissant les conditions d'obtention d'un permis d'exercice. Pour la
France, ces arrangements couvrent 81 métiers, fonctions et professions au
Québec. Pour la Suisse, sept professions au Québec sont visées par de tels
arrangements.
Ces
nombres sont en constante évolution, M. le Président. Au 31 décembre
2021, 6 652 personnes formées en France ont pu bénéficier de cette entente en obtenant
leur permis d'exercice au Québec, dont 2 216 infirmières,
1 938 ingénieurs et 309 médecins, M. le Président. À
la même date, selon les informations disponibles, quelque 589 personnes
formées au Québec avaient obtenu leur droit
d'exercice en France. Ainsi, le nombre de professionnels formés en France ayant
bénéficié de l'entente en matière de
reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles Québec-France, en
date du 31 décembre 2021, était
de plus de 10 fois le nombre de professionnels formés au Québec ayant
la... ayant fait de même. La balance est fortement en faveur du Québec.
Les premières données sur le nombre de personnes s'étant prévalu des
dispositions de l'entente Québec-Suisse ne seront disponibles que l'an
prochain.
Il
est important de noter que la France et la Suisse ont toutes deux conclu une
entente en matière de sécurité sociale avec
le Québec. Ces ententes de sécurité sociale assurent notamment à ces personnes
la conservation de leurs acquis dans le régime de sécurité sociale
qu'ils quittent et une intégration plus facile au régime applicable sur le
territoire d'accueil. Concrètement, ces
professions issues de la France et de la Suisse, une fois installées... ces
professionnels, plutôt, qui sont issus
de la France et de la Suisse, qui sont... une fois installés au Québec,
n'auront pas à renoncer à la pension française ou suisse pour laquelle ils ont cotisé toutes ces
années. Même s'ils n'y ont pas cotisé beaucoup, ces droits demeurent protégés
par l'entente de sécurité sociale. De même, ces professionnels n'auront pas à
observer le délai de carence de trois mois normalement imposé aux nouveaux
arrivants pour avoir droit à leur carte d'assurance maladie, ils n'y auront
accès... ils y auront, en fait, accès dès
leur arrivée. Il en est de même pour les membres de leur famille qui les
accompagnent. Sans la présence d'ententes en matière de sécurité sociale entre
le Québec et la France et entre le Québec et la Suisse, les ententes en matière de reconnaissance mutuelle des
qualifications professionnelles avec ces deux pays ne pourraient pas réaliser
leur plein potentiel.
Quant aux ententes d'échange
de permis de conduire, elles permettent aux nouveaux arrivants au Québec ainsi
qu'aux résidents du Québec installés dans les pays avec lequel une entente a
été conclue d'échanger leur permis de conduire
pour un permis de classe équivalente valide sur le territoire d'accueil. Ces
ententes facilitent ainsi l'intégration de nouveaux arrivants au Québec en leur évitant de devoir suivre un cours
de conduite et de passer un examen d'aptitudes, qui, pour plusieurs d'entre eux, se fait dans une
langue qu'ils maîtrisent peu à leur arrivée. Annuellement, plus de 10 000
permis de conduire étrangers sont échangés au Québec, en application des
14 ententes de réciprocité en vigueur en matière d'échange de permis de conduire. Ces ententes favorisent donc aussi la mobilité
des personnes et des travailleurs, notamment ceux dont le métier les
oblige à conduire un véhicule automobile.
De
leur côté, les ententes de mobilité étudiante prévoient des mesures de soutien
financier à des étudiants internationaux leur permettant de payer les mêmes
frais de scolarité que les Québécois sans devoir assumer les frais additionnels
normalement exigés des étudiants internationaux. Ces exemptions coûtent au
gouvernement du Québec environ
213 millions par année. Cependant, il est estimé que ces quelque
22 000 étudiants exemptés contribuent au PIB pour environ 530 millions de dollars. Pour la
société en général, leur présence représenterait un gain net de plus de
300 millions, sans oublier les emplois qu'ils soutiennent par leur
présence.
Sans ces ententes, le
nombre d'étudiants internationaux au Québec serait certes bien moindre. Ces
ententes constituent un levier important
pour l'attraction d'étudiants étrangers, M. le Président, notamment dans ma
circonscription de René-Lévesque, où le cégep de Baie-Comeau est l'organisation locale qui attire le
plus de nouveaux arrivants à chacune des années depuis plusieurs années,
M. le Président. L'apport populationnel en provenance d'étudiants
internationaux contribue à combler les
besoins d'effectifs étudiants et de main-d'oeuvre en contribuant notamment au
maintien d'une offre de formation
diversifiée, particulièrement dans les établissements d'enseignement en région,
comme la mienne, notamment.
11 des
39 ententes en matière de sécurité sociale représentent... présentement,
plutôt, en vigueur prévoient un chapitre sur
le service des prestations en nature de soins de santé, qui couvre notamment
les étudiants étrangers s'il s'agit des
étudiants issus de pays ayant conclu une telle entente avec le Québec, soit la
France, la Belgique, la Norvège, la Finlande, le Danemark, la Suède, le Luxembourg, la Grèce, le Portugal, la Serbie
et la Roumanie, qui se voient offrir les bénéfices du régime d'assurance maladie et du régime
d'assurance hospitalisation du Québec au même titre que les étudiants québécois
dès leur arrivée au Québec. Sans application
de ces ententes, les étudiants issus de ces pays se verraient dans l'obligation
de contracter une assurance maladie privée
au Québec, comme doivent le faire les autres étudiants internationaux qui ne
peuvent malheureusement pas profiter d'une telle entente.
Tout
compte fait, l'application combinée de ces ententes de mobilité fait qu'un
immigrant pourrait, par exemple, tout comme les personnes qui l'accompagnent, intégrer
le régime d'assurance maladie du Québec dès son arrivée sans devoir observer le délai de carence, échanger son
permis de conduire contre un permis du Québec sans avoir à passer d'examen
d'aptitudes, bénéficier des mêmes droits de
scolarité que les étudiants québécois, obtenir plus rapidement son autorisation
légale d'exercer un métier ou une profession
réglementée au Québec, à sa retraite, se voir verser la pension pour laquelle
il avait cotisé avant de quitter son pays même s'il n'avait pas suffisamment
cotisé à ce régime, et, à son décès, savoir que ses proches recevront la
rente de survivant et la prestation de décès du régime de pensions du pays
qu'il a quitté. Il s'agit d'avantages non négligeables qui font sûrement
pencher la balance en faveur du Québec quand vient le temps, pour l'immigrant
averti, de choisir son nouveau chez-soi.
Ces
ententes de mobilité constituent des leviers dans l'atteinte des objectifs
d'attraction et de rétention au Québec des
personnes qui sont visées, notamment pour aider à combler la pénurie de
main-d'oeuvre générale et spécialisée, de même que garnir les institutions
d'enseignement supérieur des jeunes talents. Ces engagements internationaux
procurent également des avantages considérables au Québec, le rendant
plus attrayant aux investissements, travailleurs, étudiants étrangers, tout en
aidant les Québécois, les Québécoises et les entreprises du Québec à devenir
plus prospères.
• (11 h 40) •
L'entente a été négociée pour le gouvernement du
Québec par l'entremise des membres du Comité
de négociation des ententes de
sécurité sociale. Ce comité regroupe des représentants de tous les ministres...
ministères, plutôt, et organismes concernés par ces ententes. Au premier chef,
on retrouve... Le ministère des Relations internationales et de la
Francophonie doit, conformément aux
exigences de sa loi, veiller à la négociation d'ententes internationales. Ont
également été impliqués ministère de
la Santé, ministère du Travail, Retraite
Québec, la Régie de l'assurance maladie du Québec, la Commission
des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail ainsi que l'Agence
du revenu du Québec. Une équipe de négociation
de six personnes faisant partie du comité a participé aux quatre rondes de
négociation nécessaires, tant au Québec qu'en Tunisie, pour en arriver à
cette entente. Celle-ci a été négociée à la satisfaction des deux parties.
L'entente
témoigne de l'importance que le Québec attache à ses liens avec la République
tunisienne, un des pays fondateurs de
la francophonie et un des partenaires du Québec au Maghreb et en Afrique. Je me
réjouis, justement, d'avoir, évidemment,
eu la chance de voir que ma collègue peut... pouvoir signer ces ententes à
titre de ministre des Affaires étrangères.
Maintenant,
maintenant, la négociation et la conclusion d'une entente témoignent également
de la volonté des gouvernements québécois et
tunisien d'entendre la coordination de leurs législations en matière de
sécurité sociale. Nous assurons ainsi
la conservation des acquis de nos citoyens respectifs et favoriserons une
mobilité professionnelle. En effet, l'accroissement
des échanges internationaux de toutes natures suppose une mobilité accrue des
travailleurs et rend encore plus actuelle la nécessité pour les États de
conclure des ententes. Elle assure à leurs ressortissants les bénéfices de la
coordination des législations en matière de sécurité sociale.
Permettez-moi
rapidement d'énumérer les objectifs derrière une telle coordination. D'abord,
ces ententes visent l'égalité de traitement, de sorte que les personnes visées
ont les mêmes droits et les mêmes obligations que les résidents au regard de la sécurité sociale. Ces ententes
assujettissent également les travailleurs déplacés temporairement sur l'autre
territoire à une seule loi de sécurité
sociale, garantissant ainsi le maintien de leurs droits en cours d'acquisition.
Finalement, le service des prestations auxquelles ont droit ces
personnes, par exemple en matière de santé ou advenant une lésion
professionnelle, leur est assuré, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de René-Lévesque. Je rappelle que nous sommes toujours à
l'article 23 du feuilleton, cet article concernant l'entente entre le
Québec et la République tunisienne.
Donc, comme prochaine
intervenante, je reconnais Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe : Merci, M. le Président.
Il me fait plaisir de prendre la parole aujourd'hui dans le cadre du débat
entourant l'approbation par l'Assemblée
nationale des engagements pris en vertu de l'entente en matière de sécurité
sociale signée le 20 novembre 2022 entre le gouvernement du Québec
et la République tunisienne.
Je
crois que cette entente a été signée dans le cadre du dernier Sommet de la
Francophonie, qui s'est tenu à Djerba en
novembre dernier, que j'ai suivi avec intérêt, d'ailleurs. J'aimerais souligner
d'entrée de jeu que l'opposition officielle est favorable à cette entente. Ce qui est présenté aujourd'hui n'est pas
nouveau, nous n'en sommes pas à notre première entente. Le gouvernement du Québec a conclu, par le passé,
des ententes de sécurité sociale avec près de 40 pays, et tout porte à
croire que ce type d'entente de réciprocité va se multiplier avec le
temps.
Dans
une époque où nous constatons une augmentation notable du nombre de
travailleurs étrangers, une augmentation de la mobilité des travailleurs entre les pays, il devient important,
voire essentiel d'avoir des ententes justes et équitables concernant les conditions des travailleurs
étrangers et des travailleurs québécois. Ces ententes présentes et futures
permettent aux travailleurs d'avoir un aperçu des types de prestations
qui pourraient leur être versées par les pays signataires des ententes, aux employeurs et aux travailleurs de
connaître et encadrer les charges sociales auxquelles tous deux doivent
contribuer.
Il
est important de noter, ici, que ces ententes ne permettent pas seulement
d'encadrer les conditions des travailleurs, mais elles permettent
également au Canada, donc au Québec aussi, d'assurer sa compétitivité sur le
marché de l'emploi à l'international. Le
Québec est présentement aux prises avec des enjeux sérieux de pénurie de
main-d'oeuvre. Nous devons donc être
en mesure d'offrir des conditions... les meilleures conditions possible aux
travailleurs. Afin d'être en mesure d'attirer le meilleur talent
possible, il nous faut pouvoir offrir un traitement juste et équitable.
Notre
formation politique a toujours été aux premières loges sur l'échiquier mondial,
et donc dans une panoplie de dossiers
et d'ententes internationales. Celles-ci apportent généralement un
enrichissement collectif à notre nation. Je suis donc heureuse de
constater que le gouvernement caquiste semble abonder dans le même sens que nous.
Quelques
mots sur les relations bilatérales entre le Canada, incluant le Québec,
évidemment, et la Tunisie. Le Canada et
la Tunisie ont des relations diplomatiques depuis 1957. Les deux pays
entretiennent de bonnes relations bilatérales, et il en est de même pour les relations Québec-Tunisie.
En 2020, la diaspora tunisienne s'élevait à plus de 35 000 personnes,
qui résident principalement au
Québec. Nos concitoyens d'origine tunisienne, qui contribuent à la société
québécoise, sont au nombre de plus de
25 000. D'ailleurs, le Canada est l'une des destinations les plus
populaires pour les études à l'étranger. On accueille, bon an, mal an, entre
2 000 et 3 000 étudiants tunisiens. De ce nombre, en 2021‑2022,
plus de 1 000 étudiants tunisiens étaient inscrits dans des
établissements d'enseignement supérieur au Québec. Le gouvernement du Québec a d'ailleurs signé une entente avec le gouvernement
de la République tunisienne concernant la mobilité étudiante au niveau
universitaire en juin 2022; il est alors logique d'avoir négocié une nouvelle
entente en matière de sécurité sociale entre les
deux nations. Je note aussi qu'il existe une entente de coopération en matière
d'adoption internationale entre le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec et le ministre des
Affaires sociales de la République tunisienne. Les relations
commerciales entre le Canada, le Québec et la Tunisie, quant à elles, sont
dynamiques et diversifiées.
Le
Canada souhaite poursuivre de nouvelles occasions pour renforcer les liens
commerciaux entre les deux pays ainsi qu'accroître les investissements
en Tunisie. Le Québec devrait donc accompagner le Canada dans ses démarches, notamment parce que la Tunisie présente des
opportunités commerciales d'intérêt pour le Canada et le Québec dans les
secteurs de l'agriculture et des aliments
transformés, de l'éducation et de la formation professionnelle, plus de
50 partenariats avec des
universités canadiennes, des technologies de l'information, et des
communications, et de l'aérospatiale, etc., l'une des forces économiques
du Québec.
En
conclusion, je réitère que l'opposition officielle est favorable à l'entente
avec la République tunisienne dont nous discutons ce matin. À titre de
porte-parole de l'opposition officielle en matière des dossiers de relations
internationales et de francophonie, je suis satisfaite que l'entente
présentée... satisfaite de l'entente présentée ici ce matin, que j'ai eu l'opportunité de réviser. Il semble que les
mesures négociées et mises en place entre les deux gouvernements vont assurer
une protection juste et égale pour nos travailleurs respectifs.
• (11 h 50) •
J'ai
bien noté, d'ailleurs, que la ministre des Relations internationales et de la
Francophonie avait été accompagnée, et
mon collègue l'a souligné, en matière de conclusion d'ententes de ce genre en
matière de sécurité sociale, par un comité qui a été mis sur pied, un comité de négociation des ententes de sécurité
sociale regroupant des représentants de tous les ministères et organismes concernés par ces ententes, soit, en
plus du ministère des Relations internationales et de la Francophonie, des
ministères responsables de l'élaboration des politiques pour les
domaines visés dans les ententes, soit Santé et Travail, et aussi les organismes responsables de
l'application des législations visées par ce type d'entente, soit Retraite Québec, la Régie de l'assurance
maladie du Québec, RAMQ, la Commission des normes, de l'équité, de la santé et
de la sécurité du travail, CNESST, et l'Agence du revenu du Québec.
Donc, voilà. Suite à
une étude approfondie, là, de la convention et de tous les documents relatifs,
je réitère que l'opposition officielle est favorable à la signature de cette
entente et de sa mise en oeuvre. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Je cède maintenant
la parole à Mme la ministre des Relations internationales et de la Francophonie.
Mme Martine
Biron
Mme Biron : Merci, M. le
Président. Je voudrais d'abord remercier la députée de Westmount—Saint-Louis
pour son appui, c'est très apprécié. Je
voudrais aussi remercier le député de René-Lévesque et le député de Beauce-Sud,
qui m'assistent avec
brio dans ce débat très important qui souligne l'entente en matière de sécurité
sociale entre le Québec et la
République tunisienne, entente qui a été signée le 20 novembre dernier. Il
s'agit, en fait, du 40e pays avec lequel le Québec signe une telle
entente.
La conclusion
d'une entente internationale telle que celle qui fait l'objet du débat actuel
est la forme la plus achevée des
relations diplomatiques entre les États parce que l'entente est créatrice
d'obligations juridiques sur le plan international avec nos partenaires étrangers. Ces engagements
doivent ainsi être honorés par les parties contractantes. Chacune de ces
ententes conclues renforcit la
reconnaissance du Québec comme partenaire à part entière sur la scène
internationale. L'action internationale
des États et des gouvernements s'avère, avec l'actuel contexte de
mondialisation, de plus en plus incontournable.
Je vous
rappelle, M. le Président, que le socle de notre action internationale repose
sur la doctrine Gérin-Lajoie, qui a été élaborée pour la première fois le
12 avril 1965 par le ministre Paul Gérin-Lajoie lui-même lors d'un
discours prononcé à Montréal devant
le corps consulaire. Cette doctrine, qui est encore la base de l'action de mon
ministère, stipule que ce qui est de compétence québécoise chez nous est
de compétence québécoise partout. C'est le principe du prolongement externe des compétences internes. La doctrine
s'appuie sur l'État du droit en matière de traités. Pourquoi l'État qui met un
accord à exécution serait-il incapable de le
négocier lui-même? Le droit d'appliquer un accord ne devrait pas être dissocié
du droit de conclure cet accord. La mise en
oeuvre législative d'engagements internationaux s'effectue selon le partage des
compétences entre les gouvernements
provinciaux et le gouvernement fédéral, les provinces ayant la capacité
législative exclusive de mise en oeuvre dans leurs domaines de
compétence.
Alors,
s'agissant d'instruments internationaux, il découle du régime constitutionnel
canadien que le gouvernement fédéral
ne peut en aucune façon légiférer pour mettre en oeuvre une convention
internationale, un traité, un accord, une entente portant sur une matière qui relèverait de la compétence
législative des provinces. La jurisprudence est d'ailleurs venue confirmer que les provinces ont une compétence
exclusive pour mettre en oeuvre les traités qui portent sur leurs domaines
de compétence suivant le partage des compétences législatives prévues aux
articles 91 et 92 de la Loi constitutionnelle de 1867. Ainsi, bien que le gouvernement du Canada puisse conclure des
accords internationaux dans les domaines de compétence exclusive du
Québec, il n'a pas la capacité de les mettre en oeuvre.
À ce jour, le
Québec a conclu 823 ententes internationales avec quelque 80 États
souverains et plusieurs partenaires étrangers
non souverains, comme par exemple la Catalogne, la Bavière, la Communauté
française de Belgique et la Flandre, des
États du Mexique, etc. En date d'aujourd'hui, 434 de ces ententes sont toujours
en vigueur et elles touchent autant de domaines
qu'il y a de compétences gouvernementales. De plus, le Québec a la chance de
compter sur un riche réseau de délégations,
de bureaux et d'antennes à l'étranger. Ceux-ci, au nombre de 34 dans
19 pays, nous permettent d'être en contact avec des gouvernements et des
sociétés avec lesquels nous avons établi, au fil des décennies, des relations
d'échange et de respect. Ce réseau diplomatique est devenu l'un des plus
importants bâtis par un État fédéré sur la planète.
Les
gouvernements travaillent fort afin de promouvoir, par exemple, les échanges
économiques, la mobilité des personnes,
la coopération en matière d'éducation, de science ou d'autres domaines, la
conclusion d'ententes internationales par
le gouvernement du Québec comme celle que je vous soumets pour approbation en
est un bel exemple. Je suis, en fait, très
heureuse que l'Assemblée nationale puisse se prononcer aujourd'hui sur une
entente d'une telle importance à la fois pour la Tunisie que pour le Québec. Mes collègues, que je remercie
encore une fois pour leur présence aujourd'hui, sauront vous étayer
toute l'importance des ententes internationales, particulièrement en matière de
sécurité sociale. Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Je reconnais
M. le député de Beauce-Sud.
M. Samuel Poulin
M. Poulin : Merci
beaucoup, M. le Président. Je crois que nous ajournons nos travaux à midi,
alors j'aurai la chance de répondre à
votre question dans les trois prochaines minutes, mais mon souhait est de
pouvoir continuer, évidemment, lors de la reprise des travaux après les
affaires courantes. Alors, merci beaucoup, M. le Président.
Je salue la
ministre des Relations internationales, évidemment, qui vient de nous partager
de façon assez importante et de
placer la table sur les grands travaux qui sont entrepris par le gouvernement
du Québec depuis plusieurs années avec la
Tunisie. Je veux saluer également mon collègue le député de René-Lévesque, qui
a bien tracé également les liens importants qui lient le Québec et nos différentes délégations à travers le monde.
Et je remercie la députée de Mont-Royal—Outremont également
d'avoir signifié non seulement les gains des dernières années, mais les gains
récents du gouvernement du Québec à l'international.
Je
continuerai, si vous me le permettez, sur les avantages de cette entente qui va
apporter des bénéfices extrêmement tangibles
aux citoyens québécois et tunisiens. Et cette entente-là, il faut le dire,
c'est important, M. le Président, elle a la particularité de couvrir le champ élargi de la sécurité sociale. Elle va
garantir aux personnes qui résident au Québec, et c'est important de le
souligner, l'obtention des pensions de retraite, d'invalidité ou de survivant
payables par la République tunisienne si
elles ont déjà contribué au régime tunisien de pensions. C'est important, ça,
M. le Président, et ça assure aussi une sécurité et une prévisibilité face au vieillissement de notre
population. Et il en est de même, et ça, c'est important de le souligner, pour les conjoints et les orphelins,
qui pourront obtenir des pensions de survivant dans les cas, par exemple, où la
personne décédée a travaillé en République
tunisienne. Alors, encore là, il faut donner la bonne information aux citoyens.
C'est important, ce genre de débat là, pour
faire connaître à la communauté tunisienne et québécoise cet avantage-là, qui
n'est pas banal, M. le Président, il faut le souligner.
De plus, les périodes
de cotisation au Régime des rentes du Québec et au régime de pensions tunisien
seront additionnées pour permettre aux
personnes qui n'ont pas cotisé suffisamment — ça peut être le cas — à l'un ou l'autre de ces régimes de devenir admissibles à une
prestation. Alors, encore là, c'est des sommes financières qui sont
importantes, et c'est un avantage, il
faut le dire, que n'importe quel travailleur va prendre en considération
lorsqu'il décidera de s'installer et
de travailler sur le territoire de l'un ou l'autre des partis. En ce sens, les
ententes de sécurité sociale favorisent, on sait, la mobilité des
personnes et répondent à une de nos priorités gouvernementales, soit
l'attraction et le recrutement de la main-d'oeuvre et des talents.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
j'ai compris, M. le député de Beauce-Sud, que vous souhaitez poursuivre
votre intervention à la reprise des travaux.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Compte
tenu de l'heure, afin de permettre la tenue des affaires courantes, cet après-midi, le présent débat sur la motion
concernant l'entente en matière de sécurité sociale entre le Québec et la
République tunisienne est ajourné.
Les travaux sont
suspendus jusqu'à 13 h 40.
(Suspension de la séance à
12 heures)
(Reprise à 13 h 40)
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Bonjour. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous
allons débuter les travaux aux affaires courantes, à la rubrique de
déclarations de députés. Et nous allons débuter par M. le député de
Viau.
Saluer
le travail du Groupe d'aide et d'information sur le harcèlement
sexuel au travail de la province de Québec inc.
M. Frantz
Benjamin
M. Benjamin : Merci, Mme la Présidente.
C'est un droit que celui de travailler, d'évoluer dans un milieu exempt
de toute forme de harcèlement.
J'ai l'honneur de
saluer le travail du groupe d'aide et d'information sur le harcèlement en
milieu de travail, un organisme de ma circonscription qui existe depuis 1980.
Le travail du GAIHST, de prévention et d'accompagnement, est essentiel pour des
milliers de Québécois. Avec une expertise reconnue, je tiens aujourd'hui à
honorer cet organisme, qui a conçu et réalisé, en 1989, le premier guide
québécois de prévention du harcèlement sexuel en milieu de travail.
Le
groupe d'aide compte sur l'appui et le professionnalisme de ses employés
dévoués à la cause du harcèlement au travail.
Je remercie les personnes suivantes pour leur dévouement : Mme Cindy
Viau, la directrice, Diana Mendoza Simonds, Veronica Lozano, Yann Morin, Florence Martin, Audrey Bossan, Asma
Medjedoub, Myriam Dupéré, Marie-Sandra Coudert et Elena Petcu. Merci au
groupe d'information sur le harcèlement en milieu de travail.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée de
Duplessis.
Souligner
le 65e anniversaire du Club Richelieu Sept-Îles
Mme Kateri
Champagne Jourdain
Mme Champagne
Jourdain : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je suis très
heureuse de souligner les 65 années d'existence du Club Richelieu de
Sept-Îles, véritable institution nord-côtière.
Le
Club Richelieu de Sept-Îles s'implique dans plusieurs causes locales mais
s'investit particulièrement pour le Répit
Richelieu. Cet organisme vient en aide aux familles de la Côte-Nord qui
prennent soin quotidiennement d'une personne handicapée physique, déficiente intellectuelle ou sensorielle en leur
offrant un répit de quelques heures à quelques semaines. Il s'agit
également d'un milieu de vie pour une dizaine de personnes.
Le
club est également à l'origine de la Maison d'accueil Richelieu Avit-Ouellet,
qui accueille à peu de frais des résidents
des secteurs plus éloignés, tels que la Basse-Côte-Nord, la MRC de Caniapiscau,
qui viennent recevoir des soins de santé à l'hôpital de Sept-Îles.
Organisme
incontournable de notre belle région, le Club Richelieu de Sept-Îles regroupe
des membres ayant à coeur le
bien-être de leurs concitoyens. Chacun d'entre eux se dévoue par leur
implication à faire une différence positive dans leur milieu. Je
souhaite donc une longue vie au Club Richelieu de Sept-Îles. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, la parole est à vous.
Souligner
le 100e anniversaire de la congrégation des
Soeurs du Bon-Conseil de Montréal
Mme
Manon Massé
Mme Massé : Merci, Mme la Présidente.
Le 26 avril marque le 100e anniversaire de la congrégation des soeurs
de l'Institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil.
Féministes,
militantes engagées, les Soeurs du Bon-Conseil occupent une place unique en
tant que pionnières de l'action
sociale au Québec. Habitées par le désir d'une société plus juste, elles ont
mis en place des structures d'accueil pour les familles les plus démunies, pour les familles immigrantes. Elles ont
aussi marqué l'histoire par leur lutte féministe en édifiant le premier
centre social d'éducation et d'assistance, d'entraide féminine et ainsi que mis
sur pied les premières maternelles au Québec, sans parler de leur militance
pour la reconnaissance des droits des femmes.
À
l'origine de ces initiatives, Marie Gérin-Lajoie, l'une des Québécoises les
plus marquantes de son époque, première femme francophone au Québec à obtenir un baccalauréat ès arts. Elle
s'est consacrée à mettre en place, avec sa communauté, les premiers
jalons d'une action sociale structurante.
Un immense merci à
vous toutes, mesdames, pour votre travail acharné pour la justice sociale.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Nous poursuivons avec M. le
député de Masson.
Rendre
hommage aux bénévoles de la circonscription de Masson
dans le cadre de la Semaine de l'action bénévole
M. Mathieu
Lemay
M. Lemay :
Mme la Présidente, nous sommes en
plein coeur de la 49e édition de la Semaine de l'action bénévole,
qui se déroule du 16 au 22 avril. Nous devons profiter de cette occasion
pour remercier tous ceux et celles qui donnent généreusement de leur temps et
de leur énergie pour aider les autres, et ce, tout au long de l'année.
Les
bénévoles n'attendent pas de récompense pour leur travail, car ils le font de
bon coeur. Leur paie, c'est la reconnaissance de leurs pairs et de leur
communauté. Sans ces précieux bénévoles, nos nombreux organismes communautaires
qui oeuvrent au bien-être de notre
société ne seraient pas en mesure d'offrir leurs services essentiels et de
soutenir les personnes dans le besoin.
Alors, je profite de l'occasion pour inviter tous
les citoyens de ma circonscription à visiter le Salon des ressources
communautaires de la MRC Les Moulins, qui aura lieu le 25 avril prochain à
la Cité GénérAction 55+ de Terrebonne. Ce
sera l'occasion pour tous de découvrir les services offerts par plus de
40 organismes communautaires du milieu ainsi que de rencontrer les
bénévoles qui y oeuvrent. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Souligner
le Jour de la Terre
Mme Désirée
McGraw
Mme McGraw : Merci, Mme la Présidente.
Je suis fière de prendre la parole pour souligner le 22 avril, soit le
Jour de la Terre, qui vise à sensibiliser le monde entier à la protection de
l'environnement.
Cette
journée a été célébrée pour la première fois le 22 avril 1970, une date qui est
souvent considérée comme la naissance du mouvement environnemental.
Cette
année, la population est invitée à passer à l'action et à soutenir des
organismes environnementaux qui oeuvrent dans les grands domaines d'action,
soit la conservation et la restauration de la nature, la protection de la
biodiversité, la préservation des océans et rivières, la réduction et la
réutilisation des déchets, le gaspillage alimentaire et l'agriculture locale,
la mobilité durable et, enfin, la lutte contre les changements climatiques, et d'ailleurs qui fera l'objet, ce
soir, d'une formation pour tous les élus de l'Assemblée nationale.
Alors, ce
22 avril, célébrons la terre et engageons-nous à la garder en santé pour
les générations futures. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée.
Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de Mégantic.
Souligner
l'octroi d'une subvention pour la construction du projet
touristique La Capitainerie à Lac-Mégantic
M.
François Jacques
M. Jacques : Merci, Mme la Présidente.
Je suis ravi de vous partager l'annonce d'un premier projet de redistribution
des 19 millions de dollars à
Lac-Mégantic. Avec une grande fierté, je partage avec vous que près de
1 million de dollars sera alloué à la construction du projet La
Capitainerie sur les magnifiques berges du lac.
Nous nous rappelons tous la tragédie
qui a touché Lac-Mégantic et une somme de 19 millions de dollars qui
a été obtenue grâce à un jugement de
la Cour supérieure. Le gouvernement du Québec a décidé de réinvestir cette
somme dans des projets significatifs
pour la communauté. Le projet de La Capitainerie est attendu depuis longtemps
par la population, et sa contribution au renouveau économique et
touristique de la région sera indéniable.
En
terminant, ce projet marque le début d'un nouveau chapitre et permet de rendre
justice à la beauté de notre région. C'est avec beaucoup de joie que je
partage cette première annonce avec vous aujourd'hui. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de Chauveau.
Souligner
le 25e anniversaire du Club des aînés La Belle Époque
M.
Sylvain Lévesque
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. 2023 marque le 25e anniversaire du Club des
aînés La Belle Époque. Je salue, dans les
tribunes, M. Carol Pageau, président. Il est accompagné des membres du
conseil d'administration et du comité de surveillance.
Fondé en septembre 1996
par Monique et Claude Turcot, Robert Bisson et Michel Lambert, le Club des
aînés La Belle Époque compte, pour
l'année 2022-2023, 925 membres. Du mois de septembre au mois d'avril,
l'organisme offre à ses membres des
activités diversifiées, dont la popularité n'est plus à démontrer. Le Club des
aînés de La Belle Époque remplit,
dans la circonscription de Chauveau, une fonction sociale très importante, car
il contribue à briser l'isolement des aînés, et je leur en suis très
reconnaissant.
Heureux
25e anniversaire à tous les membres du Club des aînés La Belle Époque! Bon
25 ans, tout le monde!
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Mme la députée de Châteauguay, la parole est à vous.
Saluer
l'entraide et la solidarité de la population touchée par la tempête
de verglas du 5 avril 2023 dans la circonscription de Châteauguay
Mme Marie-Belle
Gendron
Mme Gendron : Merci, Mme la Présidente.
Comme vous le savez, le 5 avril dernier, le Québec était frappé par une tempête de verglas qui a causé de nombreuses
pannes électriques un peu partout au Québec, notamment dans ma circonscription.
Plusieurs foyers ont été plongés dans le noir pendant des heures, voire des
jours, et certains ont été inondés.
La mobilisation des
élus municipaux et des citoyens pour aider leurs prochains a été
impressionnante. Je tiens à saluer le
travail des villes de Châteauguay, de Léry, de Mercier, qui ont ouvert leurs
portes afin que les citoyens aillent se
réchauffer. Je salue également les organismes et les entreprises qui se sont
rapidement mobilisés pour offrir des repas et du soutien aux personnes dans le besoin. Je suis heureuse d'avoir pu constater
l'entraide spectaculaire dans ma circonscription.
J'en
profite aussi pour souligner le travail des équipes d'Hydro-Québec, qui étaient
à pied d'oeuvre pendant des jours pour rebrancher le Québec.
Merci à tout un
chacun.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de Saint-Jean.
Souligner
la visite de la ministre de la Famille
à Saint-Jean-sur-Richelieu
M. Louis
Lemieux
M. Lemieux :
Merci, Mme la Présidente. Vous savez, depuis le temps que je vous en parle,
combien la rareté de main-d'oeuvre me
préoccupe, puisque c'est un enjeu économique bien réel chez nous aussi. Et
c'est pourquoi je crois tellement au
Chantier main-d'oeuvre Haut-Richelieu, dont la raison d'être est de permettre à
la région de travailler ensemble pour reprendre l'initiative en étant
complémentaire aux programmes gouvernementaux.
D'ailleurs,
la ministre de la Famille était chez nous vendredi pour nous aider à comprendre
et nous inviter à saisir l'opportunité
des nouveaux programmes de services de garde en milieu familial, et en milieu
communautaire, et en milieu entrepreneurial. Les nouvelles règles, plus
flexibles et aussi plus avantageuses, permettent la création de places plus rapidement, en quelques mois, et facilitent le
retour au travail des mères et des pères de famille, tout en permettant à des
éducatrices de créer leur propre emploi.
Je
m'engage donc à mobiliser tous nos partenaires pour relever ce défi, parce qu'à
mon avis, pour nous, dans le Haut-Richelieu, ce n'est rien de moins
qu'une planche de salut. Merci, Mme la Présidente.
• (13 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée de
Verchères.
Souligner le 350e anniversaire de la ville de Varennes
Mme Suzanne
Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci,
Mme la Présidente. Alors, la dernière année a marqué le 350e anniversaire
de la ville de Varennes. Symbole de
la richesse de son histoire, ce fut une année charnière pour nous rappeler
l'évolution et le développement de cette belle ville prospère, où il
fait bon vivre.
Pour
l'occasion, nous avons le privilège d'accueillir le maire de Varennes, préfet
de la MRC Marguerite-d'Youville, M. Martin
Damphousse, six membres du conseil municipal, le directeur général et la
directrice générale adjointe de la belle ville de Varennes.
Je
souhaite offrir mes plus sincères félicitations à tous ceux et celles qui ont
contribué au succès exceptionnel de ces célébrations. J'en profite aussi pour leur souhaiter la meilleure des
chances, puisque la ville de Varennes est fière finaliste au concours
des Plumes d'excellence, qui souligne les projets exceptionnels des
municipalités et des villes du Québec.
Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Alors, nous allons conclure cette rubrique avec Mme la
députée de Chutes-de-la-Chaudière.
Souligner
la tenue de l'exposition La Coop s'expose
Mme Martine
Biron
Mme Biron :
Merci, Mme la Présidente. Les 15 et 16 avril derniers avait lieu
l'exposition La Coop s'expose, présentée à la Coopérative artistique Les
Etchemins de Lévis. Je suis allée les visiter et j'ai été impressionnée à la
fois par le talent des artistes et la grande
diversité des oeuvres exposées. J'ai d'ailleurs acheté moi-même une oeuvre de
Max Hébert, six ans, passablement impressionnante, je vous l'apporterai
la prochaine fois.
Située
au coeur du quartier de Charny, la Coopérative artistique Les Etchemins est
très active dans la communauté. Elle
offre des cours et des ateliers en arts visuels et métiers d'art à travers
différents médiums. Plusieurs techniques sont enseignées aux jeunes et aussi aux adultes souhaitant
s'ouvrir à la pluralité des styles artistiques et ainsi développer de nouveaux
talents.
La
coop, c'est aussi un endroit propice aux échanges culturels et aux activités
sociales, un lieu de rencontre, qui contribue à faire connaître et
rayonner nos artistes locaux.
Je profite donc de ce
temps de parole pour féliciter les artistes, élèves et professeurs, les membres
du conseil d'administration de la coop Les Etchemins de Lévis. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Ceci met fin à la rubrique de déclarations
de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 54)
(Reprise à 14 h 05)
La Présidente :
Mmes, MM. les députés, distingués
invités, c'est avec tristesse que nous avons appris le décès de M. André Riedl, député d'Iberville de 2007 à
2008. Alors, nous allons nous recueillir quelques instants en ayant une pensée
particulière pour sa famille et ses proches.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Aujourd'hui, nous
poursuivons les affaires courantes.
Il n'y a pas de
déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau :
Oui, Mme la Présidente, je vous demanderais d'appeler l'article a du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 492
La Présidente : À l'article a du feuilleton. M. le député des Îles-de-la-Madeleine
présente le projet de loi n° 492, Loi visant à lutter contre le
gaspillage. M. le député.
M. Joël Arseneau
M.
Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Alors, il me fait plaisir de déposer le projet de loi n° 492, Loi visant à lutter
contre le gaspillage.
Ce projet de loi vise à lutter contre
le gaspillage au Québec en instituant une stratégie nationale de lutte contre
le gaspillage qui se compose d'un ensemble d'actions mises en oeuvre par
le gouvernement, les entreprises privées, les organismes
et les autres acteurs de la société. La stratégie nationale établit un objectif
de réduction de la production de déchets alimentaires de moitié d'ici
2030.
Pour
ce faire, le projet de loi prévoit l'obligation pour les transformateurs,
distributeurs, les détaillants de produits alimentaires de proposer à
des organismes des ententes de don relatives à leurs produits invendus encore
propres à la consommation humaine qui
pourraient être destinés à l'alimentation animale ou qui pourraient être
utilisés à des fins de compost pour
l'agriculture ou pour la valorisation énergétique. Il prévoit, en outre, la
même obligation pour les fabricants, distributeurs
et détaillants de biens autres qu'alimentaires quant à leurs produits invendus
qu'il serait également possible de revaloriser.
Ainsi,
le projet de loi met en place un registre public permettant notamment de recenser
les quantités annuelles de produits
invendus de tout fabricant, transformateur, distributeur ou détaillant, les
ententes conclues en vertu de la présente loi de même que les quantités
annuelles de produits qui ont été traitées dans le cadre de chaque entente.
Le
projet de loi accorde également au ministre le pouvoir d'imposer aux
fabricants, transformateurs, distributeurs et détaillants qui, malgré des démarches sérieuses, n'ont pu conclure
d'entente avec un organisme reconnu de conclure une entente relative à
leurs produits invendus avec RECYC-QUÉBEC.
De
plus, le projet de loi interdit de rendre volontairement impropre à la
consommation humaine un produit alimentaire ou de détruire intentionnellement
ou de rendre inutilisable tout autre bien qui autrement aurait pu faire l'objet
d'une entente en vertu de la présente loi.
Par
ailleurs, le projet de loi consacre le droit à la réparation qui impose
l'obligation à tout commerçant ou à tout fabricant de rendre disponibles
les pièces de rechange, les outils et les services de réparation nécessaires à
l'entretien ou à la réparation de biens
faisant l'objet d'un contrat à un prix et à des conditions raisonnables. Ce
droit prévaut tant que le bien est
disponible sur le marché ou pendant une durée raisonnable après la formation du
contrat, selon ce qui est le plus avantageux
pour le propriétaire du bien, et il implique également de rendre disponible à
titre gratuit un manuel de réparation d'un bien tant que le bien est
disponible sur le marché.
En
outre, le projet de loi institue le Fonds de réparation affecté au financement
de la mise en oeuvre et de la gestion des
mesures et des programmes visant à encourager les consommateurs québécois à
réparer leurs biens et à accélérer le développement des entreprises à
fort potentiel dans le secteur de l'économie circulaire.
Pour
ce faire, le projet de loi établit les sommes qui sont portées au crédit du
Fonds de réparation et confie sa gestion au ministre de l'Environnement,
de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.
• (14 h 10) •
Enfin,
le projet de loi modifie la Loi sur certaines mesures permettant d'appliquer
les lois en matière d'environnement et
de sécurité des barrages afin d'uniformiser les mesures d'application avec les
autres lois sous la responsabilité du ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, de
la Faune et des Parcs. Merci, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La
Présidente : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi?
Des voix :
Adopté.
La Présidente :
Adopté. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji :
Mme la Présidente, je vous demanderais d'appeler l'article b du feuilleton.
Projet de loi n° 490
La Présidente : À l'article b du feuilleton, M. le député de Nelligan présente le
projet de loi n° 490, Loi
renforçant la majorité qualifiée requise pour la nomination et la
destitution des personnes nommées par l'Assemblée nationale. M. le député.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Merci, Mme la Présidente. Très heureux de présenter ce projet de loi,
un projet de loi qui apporte des modifications
aux modes de nomination et de destitution des personnes nommées par l'Assemblée
nationale afin d'exiger que l'approbation requise des deux tiers des
membres provienne minimalement de deux partis autorisés représentés à
l'Assemblée nationale. Merci, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La
Présidente : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi?
Des voix : Adopté.
La Présidente : Adopté. Oui,
monsieur...
Une
voix : ...
La Présidente : Écoutez, à ce stade-ci, comme
je ne vous ai pas vu vous lever, et on avait dit «adopté»... Mais je ne vous ai pas vu vous lever, alors je vais présumer
que vous vous étiez levé avant que je dise «adopté». Donc, nous allons
procéder.
Une voix : ...
La Présidente :
Voilà. Appel nominal. Oui. Alors,
que les députés en faveur de ce projet de loi veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Tanguay
(LaFontaine), M. Derraji (Nelligan), Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont), M. Fortin (Pontiac), Mme Maccarone (Marguerite-Bourgeoys)...
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys), Mme Dufour (Mille-Îles), Mme Rotiroti
(Jeanne-Mance—Viger),
Mme Garceau (Robert-Baldwin), M. Kelley
(Jacques-Cartier), Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Prass
(D'Arcy-McGee), Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey), Mme Caron
(La Pinière), M. Morin (Acadie), Mme Cadet (Bourassa-Sauvé),
M. Ciccone (Marquette).
M. Legault
(L'Assomption), M. Jolin-Barrette (Borduas), Mme Guilbault
(Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville),
Mme Fréchette (Sanguinet), M. Dufour (Abitibi-Est), M. Girard
(Groulx), M. Bonnardel (Granby), Mme LeBel (Champlain), M. Roberge (Chambly),
M. Boulet (Trois-Rivières), Mme D'Amours (Mirabel), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Proulx
(Berthier), M. Charette (Deux-Montagnes), Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles),
M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Lecours (Les Plaines),
Mme Biron (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Verchères),
M. Julien (Charlesbourg), M. Drainville (Lévis), M. Carmant
(Taillon), M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé
(La Prairie), Mme Bélanger
(Prévost), M. Lamontagne (Johnson), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Hébert (Saint-François), M. Émond
(Richelieu), Mme Blanchette Vézina (Rimouski), M. Lacombe (Papineau),
Mme Champagne Jourdain (Duplessis), Mme Laforest
(Chicoutimi), M. Lévesque (Chapleau), Mme Charest (Brome-Missisquoi),
Mme Déry (Repentigny), M. Lafrenière
(Vachon), M. Skeete (Sainte-Rose), M. Simard (Montmorency),
M. Allaire (Maskinongé), Mme Grondin (Argenteuil), M. Provençal (Beauce-Nord), Mme Lachance
(Bellechasse), M. Chassin (Saint-Jérôme), M. Jacques (Mégantic),
Mme Boutin (Jean-Talon),
M. Bélanger (Orford), Mme Picard (Soulanges), M. Reid
(Beauharnois), Mme Jeannotte (Labelle), M. Bachand (Richmond),
M. Caron (Portneuf), Mme Blais (Abitibi-Ouest), M. Sainte-Croix
(Gaspé), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Asselin
(Vanier-Les Rivières), Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel),
M. Bussière (Gatineau),
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac), M. Poulin (Beauce-Sud),
M. Lemay (Masson), Mme Abou-Khalil (Fabre), M. Bernard
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
Mme Dorismond (Marie-Victorin), M. Montigny (René-Lévesque), Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), Mme Mallette (Huntingdon),
Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata), Mme Blouin (Bonaventure),
Mme Haytayan (Laval-des-Rapides), M. Tremblay (Dubuc), M. Thouin
(Rousseau), M. Girard (Lac-Saint-Jean),
M. Lemieux (Saint-Jean), Mme Tremblay (Hull), Mme Schmaltz
(Vimont), Mme Guillemette (Roberval), Mme Poulet (Laporte),
M. Gagnon (Jonquière), M. St-Louis (Joliette), Mme Gendron
(Châteauguay), M. Rivest (Côte-du-Sud).
M. Nadeau-Dubois
(Gouin), M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Marissal (Rosemont), M. Fontecilla (Laurier-Dorion),
M. Zanetti (Jean-Lesage), Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie (Sherbrooke), M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Bouazzi (Maurice-Richard),
Mme Zaga Mendez (Verdun), M. Grandmont (Taschereau).
M. St-Pierre
Plamondon (Camille-Laurin), M. Bérubé (Matane-Matapédia), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
Mme Nichols
(Vaudreuil).
La Présidente :
Que les députés contre ce projet
de loi veuillent bien se lever. Je comprends que c'est pour la forme. Y
a-t-il des abstentions? C'est pour la forme. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 117
Contre :
0
Abstentions :
0
La
Présidente : Bien. Le projet est adopté. M. le leader du deuxième
groupe de l'opposition.
M. Leduc : Pourriez-vous
appeler l'article c du feuilleton, s'il vous plaît?
Projet de loi n° 392
La Présidente :
Oui. À l'article c du feuilleton,
Mme la députée de Verdun présente le projet de loi n° 392, Loi concernant la suspension de la délivrance de
nouveaux claims miniers et mettant fin à la préséance des droits miniers et
gaziers sur les autres usages du territoire. Mme la députée.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, Mme la Présidente. Donc, très contente de présenter le
projet de loi n° 392.
Ce projet de
loi a pour objet de modifier le régime minier québécois afin de suspendre la
délivrance de nouveaux claims
miniers pour une période de deux ans suivant la date de la présentation du
présent projet de loi.
Le gouvernement peut, par règlement,
prolonger cette suspension pour des périodes successives d'au plus deux ans.
Par
ailleurs, le projet de loi modifie la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme afin
d'abroger la disposition qui donne préséance
à la Loi sur les mines et à la Loi sur le stockage de gaz naturel et sur les
conduites de gaz naturel et de pétrole. Ainsi, une disposition de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, d'un
plan métropolitain, d'un schéma, d'un règlement ou d'une résolution de contrôle intérimaire ou d'un règlement de zonage,
de lotissement ou de construction pourrait avoir pour effet d'empêcher le jalonnement ou la désignation sur carte d'un
claim, l'exploration, la recherche, la mise en valeur ou l'exploitation de substances minérales faits en
vertu de la Loi sur les mines et le stockage des gaz fait conformément à la
Loi sur le stockage de gaz naturel et sur les conduites de gaz naturel et de
pétrole.
Mise aux voix
La
Présidente : Merci. Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce
projet de loi? Adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente :
Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le ministre des Finances.
M. Girard (Groulx) : Mme la Présidente,
permettez-moi de déposer le rapport annuel 2022 de la Caisse de dépôt et de placement du Québec, les
renseignements additionnels au rapport annuel 2022 de la Caisse de dépôt
et de placement du Québec, le plan
stratégique 2023-2027 de Revenu Québec, ainsi que les versions en
anglais et en français de l'entente de 2023 modifiant l'entente de 2020
sur les régimes de retraite relevant de plus d'une autorité gouvernementale.
Merci, madame.
La Présidente :
Ces documents sont déposés. M. le
ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements
climatiques, de la Faune et des Parcs.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer les états financiers de
l'exercice clos le 31 mars 2022 du Fonds de protection de
l'environnement et du domaine hydrique de l'État.
La
Présidente : Ce document est déposé. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mme
la Présidente, je dépose les réponses à la pétition présentée en Chambre le
22 mars 2023 par le député
de Camille-Laurin et à la pétition présentée en Chambre le
23 mars 2023 par le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Je
dépose également la réponse du gouvernement à la question inscrite au
feuilleton le 14 mars 2023 par le député de l'Acadie. Merci.
La
Présidente : Ces documents sont déposés.
Pour
ma part, je dépose le rapport détaillé du Directeur général des élections
concernant les résultats officiels du scrutin qui s'est tenu le
13 mars dernier dans la circonscription électorale de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Je dépose également
le plan stratégique 2023-2027 de l'administration de l'Assemblée nationale
du Québec.
Et
j'ai reçu préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de demain
aux affaires inscrites par les députés de l'opposition. Conformément à
l'article 97.1 du règlement, je dépose copie du texte de ce préavis.
Dépôt de rapports de commissions
Et,
à la rubrique Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la
Commission des institutions et député de Richmond.
Consultations particulières sur le projet de loi
n° 14
M. Bachand : Merci, Mme la Présidente. Je dépose le rapport de
la Commission des institutions qui, les 4, 5 et 6 avril 2023, a tenu des auditions publiques dans le cadre de
consultations particulières du projet
de loi n° 14,
Loi modifiant diverses dispositions relatives à la sécurité
publique et édictant la Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues. Merci.
La
Présidente : Ce rapport est déposé.
Il n'y a pas de
pétitions.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Je vous avise qu'après la période des questions et
réponses orales sera tenu le vote reporté sur l'adoption du projet de
loi n° 10.
Questions et réponses orales
Alors, nous en sommes
maintenant à la période de questions et réponses orales, et je cède la parole
au chef de l'opposition officielle pour sa question principale.
Aide
aux producteurs agricoles
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, nous sommes dans le cinq ans
caquiste, les caquistes qui trouvent ça bien drôle quand on parle d'Olymel, quand on parle de
1 000 emplois qui ont été perdus, Mme la Présidente, la semaine
passée. Ils trouvent ça bien drôle
qu'on soit pris dans le cinq ans caquiste, où... Sous ce gouvernement-là, en
cinq ans, nommez-moi un seul dossier
qui va mieux, santé, éducation, justice, services de garde, même l'économie,
Mme la Présidente, quand on le voit,
encore une fois, un gouvernement qui n'agit pas pour nos agriculteurs, qui
n'agit pas pour nos régions, qui n'agit pas pour l'économie du Québec, qui essaie toujours d'attraper le gros deal,
quand il ne se le fait pas voler par l'Ontario, et qui ne se préoccupe
pas, entre autres, de nos PME.
Donc,
par rapport à l'agriculture, j'ai interpelé le premier ministre, il y a
quelques semaines, et il n'avait rien de bon à me dire, il n'avait pas
de plan de match. On l'a vu en fin de semaine, la semaine passée, Olymel a
fermé ses portes. C'est
1 000 travailleurs, de bons emplois. Ça faisait dire à la mairesse de
Vallée-Jonction, Patricia Drouin, je la cite : «On [me] dit que, pour un emploi chez Olymel, c'est
quasiment trois autres qui en découlent dans la région, c'est énorme.» Le
président de l'UPA, Martin Caron, dit, et je
le cite : «Il faut que le ministère regarde quelles sont les options et
quel est le plan de match pour la
production porcine au Québec. Parce qu'à un moment donné, à force de ne pas
s'impliquer, on laisse aller les affaires.» Fin de la citation.
Mme la Présidente,
pourquoi le premier ministre attend toujours une crise pour s'impliquer?
• (14 h 20) •
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Merci, Mme la Présidente. D'abord, vous allez me
permettre de souhaiter un joyeux anniversaire au chef de l'opposition officielle. On me dit qu'il commence une nouvelle décennie, donc c'est
une étape importante, une étape importante vers plus d'expérience, plus
de maturité...
Une voix : ...
M. Legault : ...de
sagesse, effectivement, oui.
Mme
la Présidente, effectivement... Bon, d'abord, ça fait quatre ans et demi qu'on
est au pouvoir, là. Je sais qu'on en
a fait plus en quatre ans et demi que les libéraux en 15 ans, mais... Puis
je sais que, la dernière année libérale, peut-être qu'ils ne la comptent
plus, puis c'est pour ça qu'ils arrivent à cinq. Je ne sais pas.
Mme
la Présidente, en agriculture, effectivement, il y a des moments qui sont
difficiles parce que le coût des intrants a augmenté, avec les taux d'inflation qu'on connaît, de façon très
importante. Ce n'est jamais facile pour les producteurs de repasser
cette augmentation, entre autres, aux chaînes d'alimentation.
Maintenant,
il y a une situation qui est très spéciale qui est l'industrie du porc. On le
sait, le Québec exporte une grande
quantité de porcs. Bon, on connaît la situation avec la Chine. On sait
qu'actuellement les exportations de porcs sont en diminution. Donc, il devra y avoir un ajustement du côté de la
production. Le ministre de l'Agriculture a rencontré, pas plus tard que
ce matin...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : ...les
représentants des producteurs de porc.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci, Mme la Présidente. Alors, le premier
ministre, avec ses bons voeux, évidemment, il vient de me défâcher, là,
mais, quand même, j'ai des questions, j'ai des questions à lui poser pareil,
Mme la Présidente.
Il
dit que ça fait quatre ans et demi, ça ne fait pas cinq ans. Ils ont déposé
leur cinquième budget, budget qui a été, dois-je le rappeler au premier ministre, qualifié par Martin Caron, le
président de l'UPA, de mal avisé, des choix budgétaires mal avisés.
Il
dit qu'Olymel, c'est conjoncturel. Il y a cinq mois, ils ont fermé
Saint-Hyacinthe. En février dernier, ils ont fermé Blainville, Laval.
Que fait le
gouvernement? Visiblement pas assez.
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Oui. Mme la Présidente, je pense que c'est
important de mettre sur la table quelques données. Quand on est arrivés... c'est-à-dire, avant l'arrivée de
la CAQ, les investissements moyens dans l'industrie de l'agriculture, c'était
à peu près 1,3 milliard par année.
Depuis que la CAQ est là, on a augmenté ça à 2,4 milliards par année.
Donc, on a presque doublé grâce à l'aide... grâce aux programmes qu'on a
mis en place.
Maintenant, je reviens sur la situation d'Olymel
puis l'industrie du porc. Il y a une partie importante de leur production qui est exportée. Il y a une baisse des
ventes à l'international, donc il doit y avoir un ajustement. Je comprends
qu'il doit y avoir une période de transition...
La Présidente : En terminant.
M.
Legault : ...parce que les producteurs de porc ne peuvent
pas se débarrasser de leurs porcs n'importe comment.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M.
Tanguay : Bien, Mme la Présidente, lui, le premier ministre,
il se sent interpelé comment? Il va faire quoi, lui, pour les aider? Le
président de l'UPA parle du statu quo budgétaire, le premier ministre vient d'y
faire référence, en agriculture, je le
cite : «...ne répond pas [...] aux préoccupations pressantes de centaines
d'entreprises agricoles pour lesquelles la rentabilité est compromise...» Rappelons-le, Mme la Présidente, la
semaine passée, les résultats du sondage faisaient en sorte que
11 % de nos fermes envisagent fermer leurs portes d'ici un an. C'est une
crise.
Qu'est-ce qu'il va faire, lui, le premier
ministre?
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : Bien, rappelons, Mme la Présidente, d'abord, que
les productions agricoles, ce sont des entreprises, des entrepreneurs. Puis, durant la pandémie, bien,
c'est au Québec où on a le plus aidé nos entrepreneurs à passer au travers.
Maintenant,
suite à la pandémie, il y a une augmentation importante du prix des intrants,
donc une inflation que les producteurs agricoles ont de la difficulté à
repasser à leurs clients. Donc, il y a un besoin, effectivement, d'une aide temporaire. On travaille avec La Financière agricole, le ministre de l'Agriculture travaille avec
l'UPA et avec les représentants, entre autres, de l'industrie du porc,
qui, de ce côté-là...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...doivent connaître un
ajustement structurel.
La Présidente : Troisième
complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M.
Tanguay : La dernière question, Mme la Présidente,
j'aimerais que le premier ministre réponde directement à David Duval, le
président des Éleveurs de porcs du Québec, qui dit, et je le cite :
«Olymel a fait des compromis pour assurer un
avenir aux producteurs. Mais il faudrait que Québec nous aide aussi pour que
cette entente soit viable à moyen terme,
car le coût de production a explosé, mais le prix n'a pas suivi.» Fin de la
question qui est posée, Mme la Présidente, par David Duval.
Que va faire
le premier ministre? Quand le premier ministre dit de l'aide ponctuelle, eux,
ils veulent une aide à moyen terme et à long terme aussi pour ouvrir de
nouveaux marchés. C'est quoi, le plan de match?
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : Bon, Mme la Présidente, on a, d'un côté, les
producteurs de porc, qui, effectivement, doivent avoir une certaine planification, parce que, quand on
commence à élever un porc, à un moment donné il faut l'envoyer à
l'abattoir, l'envoyer chez Olymel, mais,
chez Olymel, on voit que, du côté des clients, il y a moins de clients qu'avant
à l'international. Donc, ce qu'on est
en train de travailler, actuellement, c'est un programme de transition pour
aider les producteurs de porc à
passer à travers cette période-là. Par contre, il faudra éventuellement,
effectivement, avoir une réduction de la production totale.
Des voix : ...
La
Présidente : S'il vous plaît! En question principale, je
reconnais le député de Jacques-Cartier. La parole est à vous, juste à
vous. On l'écoute.
Enfouissement
des lignes électriques
M.
Gregory Kelley
M.
Kelley : Mme la Présidente, je veux remercier les équipes
d'Hydro-Québec qui ont travaillé sans relâche pour reconnecter des milliers de Québécois pendant la
fin de semaine de Pâques. Leur travail a été très, très apprécié par les gens
sur le terrain.
Maintenant,
il y a des milliers de familles québécoises qui étaient dans le noir pour à peu
près une semaine, des familles qui
ont perdu tout ce qui était dans leurs frigos, des personnes... des familles
qui ont un sous-sol qui a été inondé, et
c'est une perte totale, des aînés qui étaient dans le froid pour plusieurs
soirées, quand on a vu que les températures étaient à environ moins 10°.
Maintenant, tout le monde pose la question : Comment on peut éviter ces
dégâts dans l'avenir? Parce qu'on sait que les tempêtes comme ça vont
arriver de plus en plus fréquemment.
Alors, j'ai une question simple pour le
ministre : C'est quoi, son plan pour renforcer la résilience du réseau? Est-ce que le ministre regarde les options d'avoir
un plan stratégique pour l'enfouissement des lignes de transmission partout
au Québec?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
M. Pierre
Fitzgibbon
M.
Fitzgibbon : Mme la Présidente, effectivement, je pense qu'il
faut remercier les équipes sur le terrain, d'Hydro-Québec, qui ont,
malgré tout, fait un très bon travail.
Deuxièmement,
il est clair que, contrairement à 1998, on a eu une situation où le réseau
stratégique a été maintenu, les équipements ont tenu la route, les
pylônes, les barrages, et ainsi de suite. Donc, on parle ici de problèmes du
contrôle de la végétation. Il faut faire un
travail additionnel. Hydro-Québec a augmenté ses budgets pour le contrôle de la
végétation de 60 millions à 120 millions.
Peut-être qu'il faut les augmenter encore, peut-être qu'il faut couper plus
d'arbres, il faut émonder.
Et la
question de l'enfouissement, évidemment, c'est une question financière, parce
qu'on a mentionné que ça coûterait à peu près 100 milliards pour
enfouir tous les fils du Québec. Il va de soi qu'on n'ira pas là.
Maintenant,
est-ce que dans certaines situations particulières, urbain, dans des situations
où on fait de l'excavation pour
d'autres réseaux, genre Énergir, on devrait combiner l'enfouissement? C'est des
questions qui se posent. Et ultimement il
va y avoir un coût à ça, et c'est important que les gens réalisent, il va
falloir payer pour, soit par des hausses de taxes, soit par une réduction du
dividende d'Hydro-Québec au ministère des Finances, soit par l'augmentation des
prix des maisons. Mais la question se
pose. Et, dans les consultations qu'on va tenir dans les prochains mois,
définitivement, on va regarder...
La Présidente : En terminant.
M.
Fitzgibbon : ...si la population est prête à payer plus cher
pour l'enfouissement, parce qu'il y a un coût important pour le faire.
La Présidente : Première
complémentaire.
M.
Gregory Kelley
M.
Kelley : On sait que l'enfouissement, c'est une des
solutions sur la table. Mais présentement, si une ville ou une municipalité veut enterrer leurs lignes de
transmission, ce n'est pas possible parce que le programme — Suspension du programme d'enfouissement de lignes de distribution existantes — est suspendu. Ce n'est pas... Juste en ajoutant,
ce programme, ici, est temporairement
fermé et va être réévalué jusqu'en 2024. Mais, Mme la Présidente, les
municipalités demandent d'avoir ce programme ouvert maintenant.
Est-ce que le ministre va prendre l'engagement
de réouvrir ce programme?
La Présidente : M. le ministre.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : Écoutez, Mme la
Présidente, il y a plusieurs programmes qui existent. Je peux vous confirmer qu'aujourd'hui Hydro-Québec enfouit des fils. Au
Québec, présentement, on a entre 10 % et 15 % des fils qui sont
enfouis. Montréal est à 50 %,
55 %. Dans tous les projets de... nouveaux projets domiciliaires, par
exemple, si une municipalité choisit d'enfouir
ou si le promoteur veut enfouir, en acceptant que les coûts vont être plus
élevés pour les maisons, on peut le faire. Il n'y a pas de programme comme tel au gouvernement ni chez
Hydro-Québec, mais Hydro-Québec répond aux demandes des municipalités.
La
question va se poser. Est-ce que le gouvernement devrait statuer sur
l'obligation d'enfouir? C'est une question qui est très complexe à cause des
coûts impliqués, mais on va sûrement la regarder avec... dans les
consultations.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M.
Gregory Kelley
M. Kelley : C'est
maintenant, Mme la Présidente. Comme je dis, ça dit que le programme est fermé.
Si les citoyens de mon comté allaient
sur le site Web d'Hydro-Québec pour voir est-ce que c'est possible, dans notre
municipalité, d'enterrer les lignes de transmission, la réponse, c'est
non, parce que le programme est fermé.
Je pense que
c'est important que le ministre prenne un engagement ferme, pour les citoyens
du Québec, de dire qu'on va réouvrir ce programme le plus rapidement que
possible.
• (14 h 30) •
La Présidente : M. le ministre.
M. Pierre
Fitzgibbon
M.
Fitzgibbon : ...je pense qu'encore une fois les promoteurs et
les municipalités ont le loisir aujourd'hui de demander à Hydro-Québec d'enfouir les fils, ce
qu'Hydro-Québec va faire, en envoyant une facture, évidemment, aux
municipalités.
Maintenant,
le député parle d'un programme. On regardera, je ne suis pas au courant de ce
programme spécifique là. Mais je sais
pertinemment qu'aujourd'hui Hydro-Québec le confirme, qu'ils ont dans leur
opération de nouveaux réseaux carrément l'option de faire de
l'enfouissement. Donc, quand c'est demandé, c'est fait.
On va voir,
encore une fois, si le gouvernement, on est dans une position de vouloir forcer
l'enfouissement dans certains cas.
Encore une fois, il faut être très diligents, parce qu'il va y avoir un coût à
payer, puis la population va devoir réaliser quel coût ça va être...
La Présidente : En terminant.
M. Fitzgibbon : ...puis on va
regarder ensemble si c'est valable ou non.
La Présidente : En question
principale, je reconnais le député de Nelligan.
Capacité d'accueil en matière d'immigration
M. Monsef
Derraji
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Le Québec fracasse un record. Voici le titre d'un article
paru dans La Presse ce matin. On y apprend que le nombre d'immigrants, au Québec, n'est pas
de 50 000, mais plus de 150 000, soit le plus haut niveau de
notre histoire.
En 2018, le
premier ministre disait la chose suivante : En prendre moins, mais en
prendre soin. Ça a été sa citation préférée.
En 2022, qu'est-ce qu'il disait, le premier ministre? Ce serait un peu
suicidaire pour le français, au Québec, de revoir les seuils à la hausse, et que ça allait rester 50 000 pour les
prochaines années. Mme la Présidente, le gouvernement n'a jamais dit aux
Québécois, c'est que, pendant qu'il réduisait l'immigration permanente, c'est
le bar ouvert pour le temporaire.
Mme la
Présidente, la question est très simple. Le premier ministre aimerait ça savoir
la capacité d'accueil. Je suis d'accord avec lui. Je demande à la
ministre de l'Immigration : C'est quoi, la capacité d'accueil pour le
Québec?
La Présidente : La réponse de
la ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.
Mme Christine
Fréchette
Mme
Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Alors, il ne faut pas confondre différentes catégories
d'immigration. Il y a, bien sûr,
l'immigration permanente et l'immigration temporaire. Donc, dans l'article de
ce matin, dans La Presse, on retrouve l'ensemble de
ces catégories qui ont connu, en fait, une augmentation du côté des temporaires
en 2022 du fait notamment de l'arrivée importante de demandeurs d'asile arrivés
de manière irrégulière, comme on le sait, via le chemin Roxham. Donc, ça
a créé une situation, je dirais, sans précédent, mais qui ne se reflétera pas
dans les chiffres de 2023, puisqu'il y a eu
signature de l'entente sur les tiers pays sûrs, qui fera en sorte, donc, que le
nombre de demandeurs d'asile arrivés de manière irrégulière va être
réduit considérablement.
Il faut voir
également que, dans ces chiffres, bien, il y a les étudiants étrangers. Et on
est en faveur, en fait, de l'arrivée d'étudiants
étrangers dans nos établissements d'enseignement, que ce soit de niveau
collégial, de niveau universitaire. Donc, on veut que nos universités, nos cégeps rayonnent à l'international. Et
elles le font bien, on en voit les résultats à travers les chiffres
qu'elles ont dévoilés ces derniers mois.
La Présidente : En terminant.
Mme Fréchette :
Donc, le Québec est en mesure d'accueillir l'ensemble de ces étudiants
étrangers. Je pourrai y revenir en...
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Monsef
Derraji
M.
Derraji : Mme la Présidente,
que ce soit pour un temporaire ou un permanent, ils ont besoin de services, ils
ont besoin de se faire loger. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le premier ministre.
La question
est très simple : La ministre de l'Immigration, aujourd'hui, répond quoi
au premier ministre? Quelle est la
capacité d'accueil du Québec? Qu'il s'agisse de temporaire ou permanent, nous
avons une capacité d'accueil en lien avec nos services. Laquelle? Quels
chiffres?
La Présidente : Mme la
ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente, c'est une équation, en fait, qui n'est pas simplement strictement mathématique, que la capacité d'accueil. C'est un
ensemble d'éléments qui composent la capacité d'accueil. Ça relève à la fois de services gouvernementaux... qui sont
d'ailleurs offerts à différents niveaux selon la région dans laquelle on
regarde. Je fais actuellement une
série de rencontres régionales et je vois bien que la capacité d'accueil peut
varier d'une région à l'autre.
Alors, on est
à documenter, à analyser la capacité d'accueil par région de telle sorte qu'on
puisse avoir un portrait complet. Alors, cette analyse tient compte,
bien sûr, de l'hébergement, de l'habitation...
La Présidente : En terminant.
Mme
Fréchette : ...qui est
disponible dans chacune des régions, également des services gouvernementaux en
CPE ou dans le domaine de l'éducation...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Monsef
Derraji
M.
Derraji : J'espère que le
premier ministre... Je le vois sourire, un beau sourire, ça veut dire qu'il est
d'accord avec sa ministre de
l'Immigration, que ce n'est pas linéaire, la capacité d'accueil. Du moment
qu'aujourd'hui on apprend que c'est
150 000, on peut faire une règle de trois très simple, additionner
50 000 sur 150 000, et je peux dire que la capacité d'accueil,
selon les dires de la ministre de l'Immigration, est de l'ordre de 200 000.
Mme la
Présidente, je sais qu'il y a deux camps à l'intérieur de la CAQ : pour ou
pour le statu quo. Encore une fois, quelle est la capacité
d'accueil du Québec en termes d'immigration?
La Présidente : Mme la
ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente. Alors, des évaluations sont faites en ce sens au sein des
différents ministères, parce qu'il faut voir
que la capacité d'accueil, en fait, repose sur un ensemble de ministères, un
ensemble de services gouvernementaux,
et que, donc, ce n'est pas d'un coup de baguette magique, là, que l'on peut
définir très... de manière très précise la capacité d'accueil,
puisqu'elle englobe un ensemble de services à la fois gouvernementaux, et également des espaces d'habitation, et également
la présence de groupes d'accompagnement en région, parce qu'ils font également partie de notre capacité d'accueil. Il
est important d'avoir des groupes d'accompagnement pour la francisation,
d'accompagnement pour l'intégration, lorsqu'on accueille des communautés
étrangères...
La Présidente : En terminant.
Mme Fréchette : ...et c'est ce que
ces groupes font, avec le soutien, notamment, du MIFI.
La Présidente : Je reconnais le chef
du deuxième groupe d'opposition. La parole est à vous.
Création d'un fonds d'urgence
climatique
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme la
Présidente. Le congé de Pâques, d'habitude, ça sert à passer du temps
chaleureux en famille. Mais, cette année, il y a bien du monde au Québec qui
ont passé leur fin de semaine de Pâques dans le froid puis dans le noir. Dans ma
circonscription comme dans celles de plusieurs collègues, ça a pris parfois des
jours avant que les gens retrouvent l'électricité. Et là on commence à peine à
s'en remettre, et c'est les inondations qui commencent.
Oui,
il faut être solidaire des sinistrés, c'est sûr, mais il faut aussi être lucides
face à l'avenir. D'ailleurs, le premier ministre l'a reconnu, je le cite :
Les choses sont en train de changer. Ce sont ses mots, ça. Le climat change. La
météo extrême, des printemps de
verglas et d'inondations, on va en avoir de plus en plus, et ça va nous coûter
collectivement très, très, très cher.
En campagne
électorale, les villes avaient sonné l'alarme. En plein ouragan Fiona, elles
avaient demandé des investissements
d'urgence pour préparer l'avenir, pour limiter les dégâts. À Québec solidaire,
on avait répondu à l'appel, on avait
proposé un fonds d'urgence climatique. Le premier ministre, lui, avait fermé la
porte, je le cite : Il faut respecter la capacité de payer des
Québécois.
Est-ce
qu'aujourd'hui il peut reconnaître que durant la campagne il s'est trompé et
qu'il faut en faire plus pour se préparer,
pour s'adapter aux changements climatiques? Est-ce qu'il peut aujourd'hui
s'engager à créer un fonds d'urgence climatique?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente, je pense que c'est consensuel ici, à
l'Assemblée nationale, qu'on doit en faire
plus, au Québec, au Canada, partout dans le monde, pour lutter contre les
changements climatiques. Ça ne nous empêche pas, quand même, de reconnaître qu'on est en avance sur le reste de
l'Amérique du Nord. Au Québec, on a moins de neuf tonnes de CO2 par habitant. Dans le reste du Canada, aux
États-Unis, c'est le double, à peu près 20 tonnes. Et, Mme la Présidente,
non seulement on part à un niveau qui est
plus bas, mais on a un plan qui est extrêmement agressif, qu'on appelle le PEV,
le Plan pour une économie verte.
Mme
la Présidente, je sais qu'à un moment donné, la valse des millions, des
milliards, c'est difficile de reconnaître ce que ça veut dire, mais, dans le
PEV, il y a 9 milliards de dollars sur cinq ans, Mme la Présidente.
Je sais qu'il y a un plan aux
États-Unis, il y a un plan à Ottawa, ils sont sur 10 ans. J'invite le chef
du deuxième groupe d'opposition à faire une règle de trois, puis il va se rendre compte que 9 milliards pour
cinq ans, pour la taille de la population québécoise, c'est énorme.
Et
ce fonds-là est disponible pour les municipalités, pour les entreprises, pour
les sociétés d'État, pour toutes les organisations
qui ont des projets pour réduire les GES ou pour s'adapter aux nouvelles... à
la nouvelle situation du climat. Par exemple, pensons à l'érosion des
berges. On a fait des annonces importantes du côté de l'érosion des berges.
La Présidente :
En terminant.
M. Legault : On le sait, le Québec s'est bâti le long du Saint-Laurent. Donc, Mme la
Présidente, oui, il faut en faire plus, on en fait plus.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Je comprends que le premier ministre a envie de se
chicaner avec moi sur la lutte aux changements climatiques, mais ce n'est pas
ça, le sujet de ma question. Je lui parle de l'adaptation aux changements climatiques. Les changements climatiques sont
commencés, là. Il l'a reconnu lui-même aux côtés de Sophie Brochu la
semaine dernière.
On se chicanera une
autre fois à savoir si son gouvernement en fait assez pour lutter contre les
changements climatiques. Là, je lui demande,
aujourd'hui, d'ouvrir la porte à rajouter de l'argent pour s'adapter aux
changements climatiques qui ont déjà commencé. Est-ce qu'il s'engage à
le faire, oui ou non?
• (14 h 40) •
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la Présidente, on ne se chicanera pas pour se chicaner,
effectivement, je pense qu'on dit la même chose. Quand je parle de l'érosion
des berges, ce n'est pas de la lutte contre les changements climatiques, ce
n'est pas pour réduire les GES, c'est de l'adaptation. Dans le PEV, il y
a des mesures qui peuvent être demandées par des municipalités, par des
entreprises, par des organismes de toutes sortes pour, entre autres,
l'adaptation aux changements climatiques.
Donc, dans le PEV, de 9 milliards de dollars, c'est beaucoup
d'argent, c'est beaucoup plus d'argent qu'à peu près n'importe quelle
autre...
La Présidente :
En terminant.
M. Legault :
...juridiction en Amérique du Nord.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Quand
les villes ont demandé plus d'argent pour adapter leurs infrastructures aux
changements climatiques, en campagne
électorale, le premier ministre, il a dit non. Là, je l'ai entendu, la
semaine passée, aux côtés de Sophie
Brochu, dire : Les choses sont en train de changer. Je lui demande de
faire évoluer sa position, de réaliser qu'il faut investir davantage en
adaptation aux changements climatiques. Tout le monde le dit, tout le monde le
sait.
Est-ce que le
premier ministre est vraiment en train de nous dire qu'il ne rajoutera pas
d'argent pour s'adapter aux changements climatiques?
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la
Présidente, je réessaie. D'abord, oui, les choses sont en train de changer.
Oui, il faut s'ajuster. Il faut s'ajuster dans les entreprises, il faut
s'ajuster dans les transports, il faut s'ajuster dans les municipalités.
Maintenant,
ce qu'il faut comprendre, si on veut optimiser l'utilisation du
9 milliards, bien, s'il y a un projet qui vient d'une municipalité qui est plus efficace qu'un projet qui vient
d'une entreprise ou d'un ministère, on va prendre le projet qui vient de
la municipalité.
Ce que les
municipalités nous disent, c'est : Nous, on veut notre
propre 2 milliards. Écoutez, ils en ont 9, milliards, de
disponibles.
La Présidente : En terminant.
M. Legault : Si elles ont des
projets qui sont efficaces, bien, ils vont être acceptés.
La Présidente : En question
principale, je reconnais le député de Rosemont. La parole est à vous.
Réforme du système de santé
M.
Vincent Marissal
M. Marissal : Merci,
Mme la Présidente. Le ministre de la Santé nous dit depuis un an qu'il va
procéder à une grande décentralisation
du réseau. Il nous dit aussi depuis un moment, et on l'a vu dans son projet de
loi, que sa grande inspiration, c'est l'ancien ministre Michel Clair. On
s'attend donc à ce qu'il l'écoute.
Voici ce que M. Clair
disait la semaine dernière, je cite : «...une convention, une règle qui va
s'appliquer à 350 000 personnes, ça ne se peut pas.» Fin de la
citation.
M. Clair
va plus loin en parlant des gestionnaires que le ministre veut nommer dans
chaque établissement, et je cite : «Ces directeurs-là, s'ils sont juste dans une structure hiérarchique
verticale, leur vrai patron, ça ne sera pas la population, ça va être la
personne au-dessus.» Fin de citation.
Est-ce que le
ministre entend son inspiration première, qui est M. Clair? Est-ce qu'il
entend tout le terrain, qui veut une réelle décentralisation? Et est-ce
qu'il ouvre la porte réellement à décentraliser dans son projet de loi?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Très
bien. Merci, Mme la Présidente. Puis je remercie le député de Rosemont
pour cette opportunité-là, parce que
j'ai effectivement très hâte d'aller en commission parlementaire, à compter de
mercredi, pour, justement, rencontrer, je pense, M. Clair. C'est
jeudi. Alors, on commence les consultations et on aura la chance de l'entendre.
J'ai
énormément, beaucoup de respect pour M. Clair et beaucoup d'autres
personnes que nous avons consultées dans les deux dernières années non
seulement pour la préparation du plan de santé, mais pour le projet de loi
lui-même sur l'efficacité. Puis la raison pour laquelle j'ai hâte de
l'entendre, c'est parce que je pense qu'il y aura certaines précisions qu'il est difficile, souvent, dans un article de
journal, de bien expliquer, parce qu'il y a bien des gens qui me disent :
Écoutez, c'est assez compliqué, le
projet de loi, c'est assez costaud, et je pense qu'il est souvent difficile,
dans un article en particulier, de mettre toute la... je dirais, les
bons termes.
Et, sur la
décentralisation, s'il y a une chose qui est très claire... Puis je connais
assez M. Clair, depuis quelques années, pour savoir qu'il est d'accord avec nos principes de décentralisation.
Alors donc, toute la question de gestion de proximité, comment ça va
nous permettre de faciliter beaucoup...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : J'y reviendrai, parce
qu'il y a beaucoup de choses à dire. Merci beaucoup.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : J'ai écrit
quelques articles, dans ma vie, je sais un peu comment ça marche, là. La
citation de M. Clair : «...une
convention, une règle qui va s'appliquer à 350 000 personnes, ça ne
se peut pas.» Ce n'est pas de la physique nucléaire, là, c'est très,
très simple, ce qu'il dit ici, M. Clair.
Par ailleurs,
il dit : «De la vraie décentralisation, ce sont des conseils
d'administration avec des personnes morales spécifiques...» Ça non plus,
ce n'est pas très compliqué.
Alors, est-ce
que le ministre comprend la même chose que moi, que M. Clair n'est pas
d'accord pour dire que c'est un projet de décentralisation, le projet de
loi n° 15?
La Présidente : M. le ministre.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Je vais répéter
encore, Mme la Présidente, que j'ai très hâte à jeudi pour pouvoir
clarifier certaines choses avec
M. Clair. Entre autres, entre autres, lorsqu'on dit qu'il va y avoir une
convention collective pour 300 000 personnes, ce n'est jamais
écrit ça nulle part, ce n'est jamais écrit ça nulle part. Alors, si ça a été
ça, la compréhension, bien, on a peut-être besoin d'avoir une bonne discussion
jeudi.
Alors,
deuxièmement, sur la question du principe des cadres, s'il y a une chose qu'on
a dite puis qu'on a été très, très clairs, c'est qu'on voulait une gestion de
proximité pour que les gens puissent retourner dans les installations, dans les
établissements, puis d'être capables d'avoir une gestion où ils sont proches du
terrain.
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : C'est exactement ça, de la
décentralisation. Et c'est ça que nous allons expliquer dans les prochaines
semaines.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M.
Vincent Marissal
M. Marissal : Une
autre citation, une autre critique, je cite : «La centralisation, c'est
penser qu'un fonctionnaire dans une
tour à Québec connaît mieux la réalité de la Côte-Nord que les gens sur le
terrain à Baie-Comeau.» Mme la Présidente, je viens de citer l'Institut économique de Montréal, je ne peux pas faire
preuve de plus d'ouverture que ça ici, là. Francis Vailles, dans La Presse,
aussi, dit : Le gouvernement doit décentraliser davantage.
On commence
demain le projet de loi. Est-ce que le ministre peut s'engager aujourd'hui à ne
pas se fermer, là, et nous dire : Oui, effectivement, là, nous
allons travailler pour...
La Présidente : M. le ministre.
M.
Christian Dubé
M.
Dubé : Je pense que, s'il y a un député ici... il y en a
quelques autres, là, mais, s'il y en a un qui sait l'ouverture que j'ai eue dans les différents projets de loi
qu'on a travaillés ensemble au cours des deux dernières années, moi, je dirais
que c'est probablement le député de
Rosemont. Il y en a d'autres, mais probablement le député de Rosemont. Mais je
vois que le collègue de Pontiac peut peut-être faire la même chose.
Mais, ce que
je dirais, Mme la Présidente, j'ai déjà démontré plusieurs fois que les projets
de loi que nous avons déposés étaient
perfectibles, et c'est pour ça qu'on a une commission parlementaire, c'est pour
ça qu'on a une quarantaine de groupes
qui vont venir, pendant les prochaines semaines, nous présenter leurs mémoires
et leurs suggestions. Et ça fera un grand plaisir...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...de s'ajuster aux
besoins pour bien servir les patients du Québec.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
Pontiac. La parole est à vous, juste à vous. On l'écoute.
Temps d'attente dans
les services d'urgence
M.
André Fortin
M.
Fortin : Bon, bien, parlant de mon ouverture, je vais
prendre la main tendue du premier ministre, qui nous demande d'analyser
son bilan avec des chiffres. C'est exactement ce qu'on va faire.
Voici
les chiffres des dernières années. À chaque année, le premier ministre du
Québec et la Coalition avenir Québec, depuis
qu'ils sont au pouvoir, ont augmenté le temps d'attente dans les urgences du
Québec. Jamais, depuis les 15 dernières années, le temps d'attente n'a été aussi haut. Pire encore, la Coalition avenir Québec a complètement anéanti le progrès fait au cours des années précédentes. À Châteauguay, à Châteauguay, le taux moyen d'attente dans les urgences aujourd'hui, c'est une journée et demie sur civière, 37 heures.
Il y a des patients, au Québec, qui passent 10 jours, 10 journées
complètes sur civière dans les
urgences. Le ministre aura beau nous dire, là, qu'il y travaille, qu'il a formé
des comités, qu'il y avait la pandémie, son bilan, c'est le pire en
15 ans.
Alors, je
vais dire comme le président de l'association des médecins spécialistes en
urgence : Ça n'a simplement pas de bon sens.
Des voix : ...
La Présidente : Pas de commentaire
après les questions. La réponse du ministre de la Santé.
M.
Christian Dubé
M.
Dubé : Bien, écoutez, je sais que je n'ai pas le droit de
dire qu'on a vécu une pandémie, mais je pense que tout le monde sait qu'on a vécu une pandémie, qui explique
en grande partie les difficultés qu'on a. Puis d'ailleurs les problèmes qu'on a dans les urgences au Québec, tout le monde
le reconnaît, lorsqu'on sort un peu du Québec, on se rend compte que
c'est un phénomène mondial, que c'est le même problème au Canada, c'est
partout.
Alors, ce que
je dirais, par exemple, c'est qu'on a fait quand même des mesures très
importantes qui nous ont permis d'en minimiser l'impact, Mme la
Présidente. Puis, quand je pense aux mesures qu'on a prises, par exemple, au
guichet d'accès, juste pour vous donner un
exemple, puis d'ailleurs les données sont publiques, là,
vous pouvez aller les consulter dans
nos tableaux de bord, savez-vous combien on reçoit d'appels par jour au
guichet? 5 000 appels par jour, 5 000 appels de gens qui disent : Moi, j'aimerais mieux,
que d'aller aux urgences, consulter un médecin. Alors, imaginez-vous, si on
n'avait pas fait ces mesures-là, quelle serait la situation dans nos urgences
en raison de la pandémie.
Deuxièmement,
on a mis en place des cliniques IPS. On a mis toutes sortes de procédures, dont
la cellule de crise. Quand je regarde tout ça, Mme la Présidente, je pense que,
oui, on a eu des difficultés avec la pandémie, mais maintenant on est
rendus à aller encore plus loin, et c'est pour ça qu'on présente le projet de
loi sur...
La Présidente : Première
complémentaire.
M.
André Fortin
M. Fortin : Oui, le Guichet d'accès à la première ligne, en Outaouais
en fin de semaine, c'était trois heures d'attente au téléphone. Je ne sais pas
s'il connaît grand monde qui attendent trois heures au téléphone pour parler à quelqu'un. La réalité, là, c'est que, pandémie,
pas pandémie, il se donne des cibles, puis la cible que le ministre de la Santé s'est donnée cette année, de durée moyenne aux
urgences sur civière, c'est supposé être 14 heures, il est à 18. Il nous a
dit : La cible, pandémie, pas
pandémie, la cible, que les gens n'attendent pas plus que 24 heures,
c'est... en fait, c'est qu'il n'y a personne qui devrait attendre plus
que 24 heures. Aujourd'hui, c'est le quart. Qu'est-ce qu'il fait?
• (14 h 50) •
La Présidente : M. le ministre.
M.
Christian Dubé
M.
Dubé : Écoutez,
Mme la Présidente, on peut citer beaucoup de chiffres, là, puis je vais essayer
de garder ça très clair, il y a des
objectifs que l'on a qui vont être capables de... qu'on va être capables de
réaliser. Par exemple, lorsque je
regarde le temps ambulatoire... Puis, à l'urgence, c'est important que les gens
le comprennent, on cite souvent le temps d'attente sur les civières, mais les deux tiers des visites, c'est
ambulatoire, c'est-à-dire que les gens arrivent à pied. Et ça, le temps d'attente, c'est cinq heures. Alors donc, il
faut arrêter de regarder juste la statistique sur civière, qui ne représente
que le tiers du personnel... le tiers des patients.
Deuxièmement,
toutes les mesures qui sont en place en ce moment, on va être capables de les
pousser encore plus loin avec le projet de loi qui s'en vient.
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : Alors, c'est pour ça que
j'ai très hâte de pouvoir le débattre, Mme la Présidente.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M.
André Fortin
M.
Fortin : Oui, bien, l'impact
de son projet de loi sur l'accès, là, il est loin d'être démontré jusqu'à
maintenant, mais, si... Et le
ministre l'avoue lui-même, ça va prendre trois à quatre ans avant qu'il y
ait un impact. Le problème, là, c'est que, pendant ce
temps-là, à chaque année depuis l'arrivée au pouvoir de la CAQ : 2018,
14 heures; 2019, 15 heures; 2020, 16 heures; 2021,
17 heures; cette année, 18 heures. Ça augmente.
Si ça va prendre trois, quatre ans avant que son
projet de loi, peut-être, ait un impact, est-ce qu'il va se rendre à
22 heures d'attente aux urgences?
La Présidente : M. le ministre.
M.
Christian Dubé
M.
Dubé : ...donner un exemple,
un exemple comment le projet de loi est important, ce qui s'en vient avec le
projet de loi n° 15. Il y a un
endroit, un hôpital sur la Rive-Sud, Charles-Le Moyne, où ils ont pris le
taureau par les cornes puis ils ont
décidé qu'ils changeaient la façon de regarder les urgences, la fluidité, le
temps de consultation avec les spécialistes. Et, quand vous regardez ce qu'ils ont réussi à faire, bien, c'est
exactement pour ça qu'on va avoir la petite équipe de gestion qui va se mettre en place, avec le projet de loi
n° 15, pour que les meilleures pratiques qui se font à certains endroits
soient faites partout au Québec.
Alors, prenons l'exemple de Charles-Le Moyne. Ils font un travail
extraordinaire, et je pense qu'on peut faire la même chose...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...un peu partout au
Québec. Merci.
La Présidente : En question
principale, je...
Des voix : ...
La
Présidente : Pas tout de
suite. Je reconnais, en question principale, le député de Saint-Henri
Sainte-Anne. La parole est à vous.
Politique en matière
d'immigration
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M.
Cliche-Rivard : Merci, Mme la
Présidente. Le député de Nelligan a des questions; j'en ai, moi aussi. En
immigration, il faut qu'on débatte sur les faits.
Officiellement,
la politique de la CAQ, c'est en prendre moins pour en prendre soin. Le premier
ministre a fait un lien entre l'immigration et le suicide de la nation.
En campagne électorale, il a évoqué la louisianisation du Québec.
Mais ce matin
on apprend que, l'an passé, le Québec a accueilli plus d'immigrants que jamais.
Dans les faits, en ce moment, il y a
350 000 résidents non permanents chez nous, au Québec. La moitié de
ces gens-là sont des travailleurs temporaires,
et la plupart n'auront aucune chance d'obtenir un statut permanent. Maintenir
quelqu'un dans l'immigration temporaire, c'est mauvais pour les
travailleurs, c'est mauvais pour les entreprises et c'est mauvais pour le
Québec.
Dans les
faits, le modèle de la CAQ, ce n'est pas moins d'immigration, c'est plus
d'immigration vulnérable et précaire. Est-ce que la ministre peut
l'admettre?
La Présidente : M. le leader de...
du gouvernement, pardon.
M. Jolin-Barrette : Ça s'appelle
prêter des intentions...
Des voix : ...
La
Présidente : Bon, je vous ai
entendu. Ce n'est pas une question de règlement. On va continuer la question.
Il vous restait huit secondes.
M. Cliche-Rivard : Est-ce que la
ministre peut l'admettre? Voilà.
Des voix : ...
La Présidente : Pas de commentaire.
Mme la ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Alors, Mme la
Présidente, je remercie le député de Saint-Henri Sainte-Anne pour la question.
Alors, je
vais un peu répéter, dans le fond, ce que j'ai avancé déjà auprès du collègue
de Nelligan, à savoir que, dans les
chiffres qui sont révélés par La Presse ce matin, il y a différentes
catégories d'immigrants : les temporaires, les permanents, des demandeurs d'asile, des étudiants étrangers,
notamment. Pas tous ont le souhait de s'établir à long terme. Certains d'entre eux, oui; d'autres, non. J'aimerais d'ailleurs souligner que
les chiffres présentés par La Presse ne correspondent pas exactement à
ceux de notre ministère. Donc, on va faire des vérifications de ce côté-là,
parce que les chiffres du ministère sont de moindre ampleur.
Et par
ailleurs il y a un grand nombre de ces personnes qui sont ici du fait de
l'action du fédéral. Donc, il faut voir aussi qu'il y a une partie de ce groupe, en fait, d'immigrants... grand
groupe de personnes sont ici du fait des démarches du fédéral, du fait
des démarches également d'entreprises qui souhaitent avoir de l'aide du côté de
la main-d'oeuvre, d'établissements
d'enseignement, que ce soit collégiaux ou universitaires, qui ont également le
souhait d'avoir davantage d'étudiants internationaux...
La Présidente : En terminant.
Mme Fréchette : ...et on s'en
réjouit. Donc, bref, c'est un amalgame de différents statuts.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M.
Cliche-Rivard :
L'immigration temporaire, ce n'est pas bon pour les travailleurs, et là je
parle de travailleurs et non pas de demandeurs d'asile. C'est du stress,
des délais, de la précarité, de l'incertitude. Ce n'est pas bon pour les
employeurs non plus, qui croulent sous les papiers et sous les coûts.
Qu'est-ce que
la ministre répond à ces milliers de personnes qui sont déjà ici, qui veulent
devenir Québécois, mais qui sont coincés dans la précarité des mauvaises
décisions de la CAQ? S'ils sont assez bons pour travailler, ils sont
assez bons pour rester.
La Présidente : Mme la ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente. Alors, on a la volonté, en fait, de travailler sur les critères
d'accès à la résidence permanente pour ce qui relève du gouvernement du Québec.
Donc, il y a des réflexions qui sont en cours. Il y aura également une consultation qui va se tenir en deuxième moitié
de l'année 2023 et qui permettra de tenir un débat avec l'ensemble des intervenants intéressés par
les questions d'immigration pour voir quelle sorte de feuille de route on va se
donner pour, notamment, définir aussi les critères d'accès au statut permanent.
Donc, c'est ce dans quoi on va s'engager au cours des prochains mois.
La Présidente : Et deuxième
complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M.
Cliche-Rivard : Ils ont annulé 18 000 dossiers
d'immigration. Ils ont charcuté le Programme
de l'expérience québécoise. Ils ont
baissé les seuils. Les délais sont interminables. Le gouvernement ouvre grande
la porte à l'immigration temporaire et précaire et, en même temps, il
ferme la porte à ceux qui veulent faire leur vie ici. C'est bon pour qui, ça?
La Présidente : La ministre et sa
réponse.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Mme la Présidente,
on a plusieurs personnes, au Québec, qui deviennent des immigrants permanents. Et la CAQ, en fait, a établi le cadre
dans lequel elle allait évoluer à la conclusion de la consultation qui s'est
tenue en 2019, et on manoeuvre au sein de
ces cadres établis par la consultation en 2019 depuis lors. Et puis, en
deuxième moitié de l'année 2023,
on va redéfinir un cadre pour établir qui, parmi les immigrants, vont être reçus
comme immigrants permanents. Et c'est
notre souhait de bien oeuvrer à accompagner ces personnes-là, à faire en sorte
qu'elles se développent au Québec. Et
on va s'assurer de le faire en collaboration avec de nombreux groupes également
présents sur le terrain et nos bureaux, également, régionaux.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le chef du
troisième groupe d'opposition. La parole est à vous.
Mesures d'aide aux producteurs
agricoles
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Merci, Mme la Présidente. Ce matin, si les
125 députés de cette Assemblée, comme la plupart des Québécois, avaient du pain, du beurre, des oeufs, du lait
sur leur table, c'est grâce aux agricultrices et aux agriculteurs qui se
lèvent tôt à chaque matin pour nourrir le Québec. Bien sûr, leur travail est
non seulement important, mais ce qu'on constate tous,
c'est qu'ils font face à des défis immenses, et seul le gouvernement, en ce
moment, détient véritablement le pouvoir de changer les choses.
Santé
mentale, accaparement des terres, hausse de la valeur des propriétés, manque ou
absence de relève, augmentation des coûts de production et, maintenant,
flambée des taux d'intérêt et des coûts qui en découlent, tout cela annonce une
conclusion bien triste. Plus de 11 %
des entreprises agricoles pensent à mettre la clé dans la porte, selon un
sondage de l'UPA. Des solutions existent pourtant, et le gouvernement connaît
ces solutions-là, donc, la prise en charge de l'entièreté des intérêts, par La Financière agricole, au-delà
de 3 %, des avantages fiscaux à la relève, interdire l'accaparement des
terres par des intérêts étrangers ou des non-agriculteurs, 70 % de
nourriture québécoise dans nos cafétérias, et j'en passe.
Le
monde agricole est en crise, Mme la Présidente. Est-ce que le gouvernement va
saisir l'urgence et mettre en oeuvre les solutions identifiées par les
agriculteurs pour renverser cette tendance?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente, je pense que, depuis
quatre ans et demi, le gouvernement de la CAQ en a fait beaucoup en
agriculture pour augmenter notre autonomie alimentaire. On le sait, au début de
la pandémie ça a été une de nos grandes
inquiétudes, étant donné que presque la moitié de ce qu'on consomme vient de
l'extérieur du Québec, d'être plus autonomes. Le ministre de
l'Agriculture a mis en place, entre autres, un programme où il y a des tarifs
avantageux pour les serres, parce
qu'évidemment on a un climat qui n'est pas facile. Il est en train de doubler
la superficie de serres.
Maintenant, quand on
regarde les budgets qui ont été déposés, encore dans le dernier budget il y
avait plus de 800 millions de
dollars additionnels pour des mesures en agriculture. Évidemment, le principal
défi, en agriculture, c'est de
mécaniser, robotiser, s'assurer que, compte tenu de la faible présence de
main-d'oeuvre au Québec, mais un peu partout dans le monde... qu'on est capables de sortir plus de production avec
moins d'employés. Donc, on a réussi, depuis quatre ans, à doubler les
investissements des entreprises agricoles pour être capables, justement,
d'augmenter leur productivité.
Maintenant, il y a
des problèmes spécifiques, comme dans le secteur du porc, où, là, il va falloir
s'ajuster à la nouvelle donne
internationale, entre autres en Chine. Donc, on est en train d'accompagner les
agriculteurs. Puis je pense que l'UPA travaille très bien avec le
ministre de l'Agriculture.
• (15 heures) •
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, il y a
urgence, donc parlons de solutions spécifiques. 11 % d'augmentation de la valeur des terres agricoles
au Québec en 2022. C'était 10 % en 2021. En Mauricie, 19,2 % d'augmentation. Bas-Saint-Laurent—Gaspésie,
18,3 %. Saguenay—Lac-Saint-Jean, 14 % d'augmentation. Une solution très simple pour ralentir la flambée des prix, c'est de légiférer
pour imposer des pénalités aux spéculateurs qui n'exploitent pas les terres.
Est-ce que le premier
ministre est prêt à le faire, oui ou non?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente, c'est un enjeu qui a été souvent soulevé, est-ce
qu'il y a un achat important de terres
agricoles au Québec par des étrangers qui achèteraient des terres sans les
utiliser. Or, les résultats des rapports qu'on a regardés, c'est que ça
a un impact qui est relativement minime.
Par
contre, même si, au Québec, on a un prix des terres qui est moins élevé
qu'ailleurs au Canada ou en Amérique du Nord, il reste que c'est très
difficile pour un jeune de payer des millions de dollars pour faire
l'acquisition d'une terre. Donc, c'est pour ça qu'il y a des programmes
importants à La Financière agricole...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
...pour aider nos jeunes agriculteurs.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, on est d'accord qu'il y a un
problème d'acquisition, de possession des
terres par des personnes, et la réalité, c'est qu'il y en a qui ne l'exploitent
pas à des fins de spéculation. Donc, il y en a d'autres, des solutions. Le gouvernement pourrait légiférer pour limiter
la superficie qu'un non-agriculteur peut posséder pour limiter
l'accaparement des terres agricoles.
Donc, est-ce que le
premier ministre s'engage, oui ou non, pour une telle mesure?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Agriculture.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : Oui. Merci, Mme la Présidente. Merci, les collègues, aujourd'hui, de
prendre soin comme ça notre
agriculture. C'est certainement une bonne nouvelle. Moi, en quatre ans, je
pense que j'avais eu trois questions de la part des libéraux. Et de voir qu'il y a un intérêt pour notre monde
agricole, bien, c'est tout au bénéfice de nos producteurs et de nos
productrices.
D'abord,
au niveau de la propriété étrangère des terres agricoles, on a une loi, au
Québec, depuis très longtemps, qui
vient carrément soit interdire l'achat de terres agricoles par des gens qui
sont résidents hors du Québec ou qui vient le permettre dans des
quantités très limitées, selon des règles qui sont très, très, très strictes.
Deuxième
des choses, on a annoncé, au courant de la campagne électorale, un fonds qu'on
allait mettre en place, un montant de
50 millions de dollars qui était demandé par la relève agricole pour
leur permettre d'avoir accès aux terres à des moindres coûts.
La
Présidente : En question principale, je reconnais la députée de
Mille-Îles. La parole est à vous.
Gestes d'intimidation envers les élus municipaux
Mme Virginie
Dufour
Mme Dufour : Merci, Mme la Présidente. L'intimidation des élus municipaux est
devenue un véritable fléau, et on assiste,
aux quatre coins du Québec, à des démissions en série. Il y a un mois, le maire
de Wickham a démissionné. La semaine dernière,
c'est son remplaçant qui a aussi claqué la porte, lui aussi victime
d'intimidation. On a vu des démissions à Causapscal, Duhamel‑Ouest, La Motte,
Duparquet, Saint-Justin, Saint-Léon-le-Grand. À Sainte-Paule, on est rendu à
trois maires en un an et demi. Début mars,
c'est la mairesse de Petite-Vallée qui quittait ses fonctions en parlant d'un
contexte de menaces et d'agressions
verbales. Fin mars, c'était au tour du maire de Cloridorme et la mairesse de
Plaisance de partir. On ne parle plus
de cas isolés, là. Et, en fait, c'est même inquiétant de voir qu'une minorité
d'intimidateurs poussent à la démission des gens qui sont démocratiquement
élus.
J'aimerais
donc savoir ce que compte faire la ministre des Affaires municipales pour
rassurer les élus municipaux qui subissent cette intimidation.
La
Présidente : La réponse de la ministre des Affaires municipales.
Mme
Andrée Laforest
Mme Laforest : Oui. Merci, Mme la Présidente. Alors, je salue ici, au salon bleu,
d'ailleurs, des élus municipaux qui
sont ici, alors, qui font un travail exceptionnel. Et ce que ma collègue dit,
oui, c'est important. Nos élus municipaux font un travail important, on
doit les respecter.
Maintenant,
par rapport à l'intimidation, on a lancé un plan de lutte contre
l'intimidation, 11 mesures importantes dans les municipalités. On a également une annonce qui va arriver dans
deux semaines, qu'on travaille avec l'Union des municipalités, avec la Fédération québécoise des municipalités. On a
même adopté le projet de loi n° 49, qui se nomme
Éthique et déontologie dans le milieu municipal, pour protéger nos élus,
pour mieux les former.
Alors,
on va toujours accompagner les élus municipaux, qui font un travail
exceptionnel, Mme la Présidente, je vous en assure.
La
Présidente : Cela met fin à la période de questions et de réponses
orales.
Votes
reportés
Je vous invite à
demeurer en place pour les votes reportés. Pour ce faire, je vais céder la
place à la première vice-présidente de l'Assemblée nationale, qui est juste
ici, pour la suite des choses. Merci. Bonne fin de journée.
Adoption du projet de loi n° 10
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, comme annoncé précédemment, nous allons
maintenant procéder au vote reporté sur la motion de M. le ministre de
la Santé proposant que le projet de loi n° 10, Loi limitant le recours aux
services d'une agence de placement de
personnel et à de la main-d'oeuvre indépendante dans le secteur de la santé et
des services sociaux, soit adopté.
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Une voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui, M. le leader.
M. Derraji : Je
peux proposer, si le leader du gouvernement aime, de prendre le même vote que
lors du dépôt du projet de loi que je viens de déposer, ça va économiser
du temps.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : M. le leader du gouvernement.
Une voix :
...
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Bon. Alors, il n'y a pas de consentement. Nous allons
procéder au vote.
Des voix :
...
Le Secrétaire adjoint : M. Legault (L'Assomption),
M. Jolin-Barrette (Borduas), Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville), Mme Fréchette (Sanguinet),
M. Dufour (Abitibi-Est), M. Girard (Groulx), M. Bonnardel
(Granby), Mme LeBel (Champlain), M. Roberge (Chambly), M. Boulet
(Trois-Rivières), Mme D'Amours (Mirabel), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Proulx (Berthier),
M. Charette (Deux-Montagnes), Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles),
M. Fitzgibbon (Terrebonne),
Mme Lecours (Les Plaines), Mme Biron (Chutes-de-la-Chaudière),
Mme Roy (Verchères), M. Julien
(Charlesbourg), M. Drainville (Lévis), M. Carmant (Taillon),
M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé (La Prairie), Mme Bélanger
(Prévost), M. Lamontagne (Johnson), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Hébert (Saint-François), M. Émond
(Richelieu), Mme Blanchette Vézina (Rimouski), M. Lacombe (Papineau),
Mme Champagne Jourdain (Duplessis), Mme Laforest (Chicoutimi),
M. Lévesque (Chapleau), Mme Charest (Brome-Missisquoi), Mme Déry
(Repentigny), M. Lafrenière (Vachon), M. Skeete (Sainte-Rose),
M. Simard (Montmorency), M. Allaire (Maskinongé), Mme Grondin
(Argenteuil), M. Provençal (Beauce-Nord), Mme Lachance (Bellechasse),
M. Chassin (Saint-Jérôme), M. Jacques (Mégantic), Mme Boutin
(Jean-Talon), M. Bélanger (Orford), Mme Picard (Soulanges), M. Reid (Beauharnois),
Mme Jeannotte (Labelle), M. Bachand (Richmond), M. Caron
(Portneuf), Mme Blais
(Abitibi-Ouest), M. Sainte-Croix (Gaspé), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice),
M. Asselin (Vanier-Les Rivières), Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel),
M. Bussière (Gatineau), M. Poulin (Beauce-Sud), M. Lemay
(Masson), Mme Abou-Khalil (Fabre),
M. Bernard (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Dorismond
(Marie-Victorin), M. Montigny (René-Lévesque), Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
Mme Mallette (Huntingdon), Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata), Mme Blouin (Bonaventure), Mme Haytayan (Laval-des-Rapides),
M. Tremblay (Dubuc), M. Thouin (Rousseau), M. Girard (Lac-Saint-Jean), M. Lemieux (Saint-Jean), Mme Tremblay
(Hull), Mme Schmaltz (Vimont), Mme Guillemette (Roberval),
Mme Poulet (Laporte), M. Gagnon (Jonquière), M. St-Louis
(Joliette), Mme Gendron (Châteauguay), M. Rivest (Côte-du-Sud).
M. Tanguay (LaFontaine),
M. Derraji (Nelligan), Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont), M. Fortin (Pontiac),
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis),
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys), Mme Dufour (Mille-Îles), Mme Rotiroti
(Jeanne-Mance—Viger), Mme Garceau (Robert-Baldwin),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Prass (D'Arcy-McGee), Mme Lakhoyan
Olivier (Chomedey), Mme Caron (La Pinière), M. Morin
(Acadie), Mme Cadet (Bourassa-Sauvé), M. Ciccone (Marquette).
M. Nadeau-Dubois (Gouin),
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Marissal (Rosemont), M. Fontecilla (Laurier-Dorion),
M. Zanetti (Jean-Lesage), Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie
(Sherbrooke), M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne),
M. Bouazzi (Maurice-Richard), Mme Zaga Mendez (Verdun),
M. Grandmont (Taschereau).
M. St-Pierre Plamondon
(Camille-Laurin), M. Bérubé (Matane-Matapédia), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
Mme Nichols
(Vaudreuil).
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Que les députés contre cette motion veuillent bien se
lever. Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire général, pour le résultat du
vote.
Le
Secrétaire : Pour : 116
Contre :
0
Abstentions :
0
• (15 h 10) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : La
motion est adoptée. Donc, en conséquence, le projet de loi n° 10, Loi limitant le recours aux services d'une agence de placement de personnel et à de
la main-d'oeuvre indépendante dans le secteur de la santé et des
services sociaux, est adopté.
Motions
sans préavis
Maintenant,
nous allons poursuivre à la rubrique des motions sans préavis. En fonction de
nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je
reconnais immédiatement un membre du groupe formant le gouvernement. Madame, je
crois, la ministre des Affaires municipales, la parole est à vous.
Condamner
les gestes d'intimidation et de violence à l'égard des élus municipaux
Mme
Laforest : Oui, merci, Mme la Présidente. Alors, je demande
le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la députée
de Mille-Îles, le député de Taschereau, le député des Îles-de-la-Madeleine
et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse l'augmentation importante des gestes d'intimidation
et de violence envers les élus municipaux;
«Qu'elle rappelle que les élus municipaux
effectuent un travail essentiel pour assurer les services aux citoyens et
qu'ils ont été élus démocratiquement;
«Qu'elle condamne tout geste d'intimidation et
de violence à leur égard;
«Qu'enfin,
elle réaffirme sa solidarité envers le milieu municipal, autant les élus que
les employés municipaux ainsi que leurs proches.»
La protection
des élus, Mme la Présidente, c'est une obligation. On leur doit un grand
respect. Alors, j'en ai même fait une motion aujourd'hui. Voilà.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion? M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, Mme la
Présidente. Il y a consentement, sans débat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
cette motion est adoptée.
Maintenant,
je suis prête à reconnaître un membre du groupe formant l'opposition
officielle. Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Souligner le Jour commémoratif
de l'Holocauste-Yom Hashoah
Mme
Prass : Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le ministre
responsable de la Lutte contre le racisme, le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, le chef du troisième groupe de l'opposition et la députée de
Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale souligne le Yom Hashoah, soit la Journée internationale
de commémoration des victimes de l'Holocauste qui se déroule du 17 au
18 avril 2023.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion? M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, Mme la Présidente. Il y a consentement pour un
débat de deux minutes par intervenant
dans l'ordre suivant : la députée de D'Arcy-McGee, le ministre responsable
de la Lutte contre le racisme, le député de Saint-Henri—Sainte-Anne
et le chef du troisième groupe d'opposition.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le leader. Alors, je comprends qu'il y a
consentement pour qu'il y ait trois interventions et pour que la durée des
interventions soit limitée à un maximum de deux minutes chacune. Alors, je cède
immédiatement la parole à vous, Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Je me sens privilégiée, aujourd'hui, en tant que fière membre de la
communauté juive du Québec, de me lever dans
cette Chambre, en cette journée de commémoration de Yom Hashoah, pour honorer la mémoire des millions de personnes,
mères et filles, pères et fils, amis et voisins, qui ont été persécutés et
exécutés en raison de leur différence, de leur race, de leur religion, de leur
orientation, de leur handicap. Aujourd'hui, nous nous souvenons de
l'Holocauste pour sa destruction délibérée de tout ce qui fait de nous des
êtres humains, une période de dépravation et d'inhumanité sans précédent.
I rise today in memory of the
devastating atrocities committed by the Nazis, where more than 6 million
Jewish people lost their lives, representing
close to two-thirds of the Jewish population of Europe. We must remember that
suffering and loss of life caused by this genocide and pledge to do everything
in our power to prevent it from happening again.
Nous rendons hommage aux survivants et à ceux qui
ont risqué leur vie pour sauver celle des autres de l'Holocauste.
Beaucoup ont été épargnés de la mort grâce à des personnes vertueuses qui ont
risqué leur vie pour sauver les Juifs et d'autres
victimes de la persécution nazie. L'histoire de ces survivants et de leurs
protecteurs nous rappelle qu'il faut affronter la persécution partout où
elle se manifeste et que le silence peut être complice du mal.
Nous soulignons l'apport de ceux qui ont été
témoins et ont partagé ces réalités avec le monde entier. Jeune correspondant
de guerre avec l'armée américaine, René Lévesque comptait parmi les premiers témoins
à être entrés dans le camp de Dachau, en
Allemagne, lors de la libération de ce camp. Sa première réaction a été de
constater qu'il était témoin de
l'enfer sur terre. Je le cite : «Ce que l'on découvrait dans ce camp,
c'était, en même temps, l'antisémitisme, mais surtout jusqu'où on peut
chuter dans la barbarie, en une chute organisée, c'est-à-dire pas un accident
de parcours, mais quelque
chose de [systémique], une organisation de la mort.» Mais René Lévesque, à ce
moment-là, avec ce que voyaient ses yeux, ne pouvait s'imaginer comment
le beau naîtrait du laid et comment le bien naîtrait du mal.
Après la
Seconde Guerre mondiale, Montréal est devenu le troisième plus grand centre
d'accueil pour les survivants de l'Holocauste en dehors de l'Europe. L'intégration
des survivants de l'Holocauste dans la communauté montréalaise témoigne de la beauté de la ville et de notre
province, qui ont toujours été des terres d'accueil pour les immigrants, leur
offrant une nouvelle vie et les encourageant
à contribuer de manière significative à la société. Et c'est ce que la
communauté juive a fait, puisqu'elle
a grandement enrichi Montréal et le Québec de par sa contribution à la
construction d'une société plus diversifiée et inclusive.
We are all human beings of equal value
and, as such, we should all be able to live our lives as we wish, based on our identity and beliefs, in a world
that accepts everyone, regardless of differences. We must always remember that
hate and discrimination
are still present in our world, today, and we must commit to taking a stand
against any form of antisemitism, intolerance, and injustice.
Plus de 78 ans après la libération des camps
de concentration et d'extermination nazis, la violence, la haine et la montée de l'antisémitisme continuent de menacer la
communauté juive, et, alors que les années passent, nous arriverons au point où plus aucun survivant de l'Holocauste ne
sera en vie pour raconter ces récits héroïques et déchirants de survie. Nous
devons veiller à ne jamais répéter cette sombre marque de l'histoire mondiale
en enseignant la tolérance, le respect et l'inclusion
à nos enfants et en n'oubliant jamais les victimes innocentes de l'Holocauste.
En travaillant ensemble, nous pouvons bâtir un monde plus juste, plus
pacifique et plus tolérant pour tous.
Aujourd'hui, nous nous rappelons notre devoir
perpétuel en tant qu'êtres humains de vivre selon ce principe. N'oubliez jamais.
Jamais plus.
Never forget. Never again.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Nous allons poursuivre avec
M. le ministre responsable de la Lutte contre le racisme.
M. Christopher Skeete
M.
Skeete : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je me lève en
solidarité avec ma collègue de D'Arcy-McGee, aussi ma collègue de Repentigny, aujourd'hui, pour
parler de l'importance du devoir du souvenir. Nous avons tous collectivement
le devoir de se souvenir, se souvenir des
exploits, des accomplissements passés, de célébrer et de les souligner. Le
devoir de se souvenir, c'est
également le souvenir des moments sombres qu'a traversés l'humanité pour ne pas
les oublier, mais surtout pour ne pas les répéter.
Il y a
78 ans, en janvier 1945, les soldats de l'armée rouge pénétraient dans le
camp de concentration d'Auschwitz, en Pologne, où ont été tuées plus de
1 million de personnes. Ils ont découvert 7 000 survivants.
1 million. Il en restait 7 000,
qui venaient de traverser, eux, chacun, l'enfer. Amaigris, déshumanisés, ces
hommes, ces femmes, ces enfants en vêtements de prisonniers rayés noir et
blanc, marqués par l'encre à «tattoo», numérotés comme du bétail, ils
marqueront aussi une génération de soldats,
qui ont compris à l'instant même, en voyant les visages, la raison pour la
Deuxième Guerre mondiale. Et ces victimes, elles représenteront à jamais les
visages de l'horreur et des pires dérives de l'humanité. 6 millions
de juifs sont décédés, en plus des opposants
politiques, des homosexuels, des Roms, les handicapés et d'autres indésirables
ethniques, des indésirables, Mme la Présidente, comme moi. 6 millions de
possibilités, des rêves inachevés, d'histoires, d'émotions et des rêves d'amour
perdus.
Il est
important de se remémorer chaque année l'Holocauste et ces moments difficiles,
ces victimes, qu'on ne doit jamais
oublier. Nous devons également nous souvenir de ceux et celles qui ont
courageusement sauvé des vies au risque de la leur. L'histoire est notre héritage. La mémoire est notre devoir.
Alors, comme dit la devise du Québec, Je me souviens.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Maintenant, nous allons
poursuivre avec... Ah! M. le député de Verdun, la parole est à vous.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M.
Cliche-Rivard : C'est dans nos cours d'histoire qu'on a appris les
horreurs de l'Holocauste. La douleur des populations juives était
palpable, tellement le crime nazi était grand.
Ce
traumatisme est encore vivant aujourd'hui. C'est pourquoi, au nom de Québec
solidaire, je tiens à souligner la journée
internationale de commémoration des victimes de l'Holocauste. Mais je dois vous
dire que c'est lors de mes études en
relations internationales et droit international que j'ai mieux saisi l'ampleur
du crime contre l'humanité qu'est la Shoah, et les impacts du drame, et
leurs impacts qu'ils ont encore aujourd'hui, à ce jour, dans nos vies.
• (15 h 20) •
Face au
racisme, les peuples juifs ont su résister. Face à l'antisémitisme, les peuples
juifs ont dû être résilients. Mais, face au génocide, les peuples juifs étaient sans défense. On a souvent dit,
après la Deuxième Guerre mondiale : Plus jamais. Un vent de solidarité sans précédent a touché
notre monde. Plus jamais de génocide, plus jamais de telles terreurs. Nous nous étions fait la promesse, cette promesse, avec
la Déclaration universelle des droits de l'homme. L'histoire nous aura
malheureusement prouvé que nous n'avons pas écouté ces paroles. Voilà pourquoi
il faut commémorer ce souvenir.
Plus qu'un
rappel historique, ce que nous faisons ici, c'est le devoir de mémoire, c'est
un devoir de mémoire. La division,
l'oppression, la discrimination, la persécution, tout cela est encore bien
présent dans notre monde. On le voit au Moyen-Orient,
on le voit en Asie, on le voit ailleurs : un peu partout sur la planète,
les droits de la personne s'effritent. La solution,
c'est l'humanisme, l'ouverture, la bienveillance, le respect du droit à la
dignité et à l'égalité. Ça a toujours été la solution, cela continuera
d'être au coeur de nos actions.
Je
réitère donc l'importance, au nom de ma formation politique, de souligner la
journée internationale de commémoration des victimes de l'Holocauste. Et
je vous invite tous et toutes à ne jamais oublier.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député de Sainte-Marie—Sainte-Anne. Maintenant, nous allons poursuivre avec M. le chef du
troisième groupe d'opposition.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Mme la Présidente, il ne faut jamais oublier l'horreur de
l'Holocauste, ses victimes, leurs proches,
la vie que ces femmes et ces hommes ont laissée derrière, les talents qu'ils
possédaient, les émotions qu'ils vivaient
au quotidien, leurs rires, leurs larmes et le bien qu'ils faisaient autour
d'eux, aussi les innovations du génie juif, les avancées qu'il a
permises.
Il
faut rappeler à la mémoire ces crimes horribles commis contre cette humanité,
contre notre humanité, contre la nature
même de ce que nous sommes tous censés être : des pairs, des semblables,
des égaux. Il faut le faire non seulement pour rendre hommage aux
victimes, mais aussi pour perpétuer leur souvenir.
La
tragédie sans nom qui a coûté la vie à des millions de Juifs, il y a moins de
100 ans, touche les survivants, des personnes qui ont vu de leurs
yeux l'inhumanité. Plusieurs d'entre elles sont parmi nous, au Québec, où elles
ont tenté de reconstruire et de poursuivre
leur vie. Ils sont des amis, des collègues, nos voisins, nos confrères, nos
consoeurs. Et je les salue. Et je
m'engage auprès d'elles et de leurs descendants à ne jamais baisser les bras
devant l'injustice et à combattre toute forme de préjugé, d'intolérance,
de haine et d'antisémitisme.
Enfin, je ferai en
sorte d'informer. L'Holocauste est certainement une page parmi les plus sombres
de l'histoire de l'humanité, mais elle ne
doit jamais sombrer dans l'oubli et dans l'indifférence, parce que nous avons
tous un devoir de vigilance, et c'est à travers la commémoration, le
souvenir, que nous exerçons le mieux possible cette vigilance-là.
Donc,
merci à toutes les personnes et aux organismes qui oeuvrent au quotidien au
soutien et à l'accompagnement des survivants et à la commémoration de
ces tragiques événements. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Cette motion est-elle adoptée? M. le leader du gouvernement. M. le
leader du gouvernement en premier et...
Une voix : ...demanderais d'observer une minute de silence
et, par la suite, un vote par appel nominal, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Y a-t-ilconsentement?
Des voix :
Consentement.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Alors, je vous invite à vous lever et à observer une
minute de silence...
Des voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Bien, la... Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Juste un à la fois. Cette motion est-elle adoptée? On va faire la minute de
silence. Cette motion est-elle adoptée?
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Vous voulez demander le vote par appel nominal?
Une voix :
...
Mise
aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Parfait. Alors, nous allons faire le vote par appel nominal, tel que demandé
par le chef de... le leader de l'opposition officielle. Allez-y.
Le Secrétaire adjoint :
M. Tanguay (LaFontaine), M. Derraji (Nelligan), Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont), M. Fortin (Pontiac),
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys), Mme Dufour
(Mille-Îles), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Garceau (Robert-Baldwin), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Prass (D'Arcy-McGee), Mme Lakhoyan Olivier
(Chomedey), Mme Caron (La Pinière), M. Morin (Acadie),
Mme Cadet (Bourassa-Sauvé), M. Ciccone (Marquette).
M. Jolin-Barrette
(Borduas), M. Laframboise (Blainville), Mme Fréchette (Sanguinet),
M. Dufour (Abitibi-Est), M. Girard (Groulx), Mme LeBel (Champlain), M. Roberge
(Chambly), M. Boulet (Trois-Rivières), Mme D'Amours (Mirabel),
M. Martel (Nicolet-Bécancour),
Mme Proulx (Berthier), M. Charette (Deux-Montagnes), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), M. Fitzgibbon
(Terrebonne), Mme Lecours (Les Plaines), Mme Biron
(Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Verchères), M. Julien (Charlesbourg), M. Drainville
(Lévis), M. Carmant (Taillon), M. Caire (La Peltrie),
M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé
(La Prairie), Mme Bélanger (Prévost), M. Lamontagne (Johnson), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Hébert (Saint-François), M. Émond
(Richelieu), Mme Blanchette Vézina (Rimouski), M. Lacombe (Papineau),
Mme Champagne Jourdain (Duplessis),
Mme Laforest (Chicoutimi), M. Lévesque (Chapleau), Mme Charest (Brome-Missisquoi), Mme Déry (Repentigny),
M. Lafrenière (Vachon), M. Skeete (Sainte-Rose), M. Simard
(Montmorency), M. Allaire (Maskinongé), Mme Grondin (Argenteuil),
M. Provençal (Beauce-Nord), Mme Lachance (Bellechasse),
M. Chassin (Saint-Jérôme), M. Jacques (Mégantic), Mme Boutin
(Jean-Talon), M. Bélanger (Orford), Mme Picard
(Soulanges), M. Reid (Beauharnois), Mme Jeannotte (Labelle),
M. Bachand (Richmond), M. Caron (Portneuf), Mme Blais (Abitibi-Ouest),
M. Sainte-Croix (Gaspé), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice),
M. Asselin (Vanier-Les Rivières), Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel),
M. Bussière (Gatineau), M. Poulin (Beauce-Sud), M. Lemay
(Masson), Mme Abou-Khalil
(Fabre), M. Bernard (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Dorismond
(Marie-Victorin), M. Montigny
(René-Lévesque), Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), Mme Mallette
(Huntingdon), Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata), Mme Blouin (Bonaventure),
Mme Haytayan (Laval-des-Rapides), M. Tremblay (Dubuc), M. Thouin (Rousseau),
M. Girard (Lac-Saint-Jean), M. Lemieux (Saint-Jean),
Mme Tremblay (Hull), Mme Schmaltz (Vimont),
Mme Guillemette (Roberval), Mme Poulet (Laporte), M. Gagnon
(Jonquière), M. St-Louis (Joliette), Mme Gendron (Châteauguay),
M. Rivest (Côte-du-Sud).
M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques),
M. Marissal (Rosemont), M. Fontecilla (Laurier-Dorion),
M. Zanetti (Jean-Lesage), Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie
(Sherbrooke), M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne),
M. Bouazzi (Maurice-Richard), Mme Zaga Mendez (Verdun),
M. Grandmont (Taschereau).
M. St-Pierre Plamondon
(Camille-Laurin), M. Bérubé (Matane-Matapédia), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
Mme Nichols
(Vaudreuil).
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Que les députés contre cette motion
veuillent bien se lever. Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire général,
pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 112
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Cette motion est adoptée.
Je vous invite à vous
lever et à observer une minute de silence.
• (15 h 28 — 15 h 29)
•
Merci. Vous pouvez
vous asseoir.
Donc,
nous allons poursuivre. Je suis prête à reconnaître un membre du deuxième
groupe d'opposition. Mme la députée de Mercier, oui.
Mme Ghazal : Mme
la Présidente, je demande le consentement de cette Assemblée pour débattre de
la motion suivante conjointement avec le député de Matane-Matapédia
seulement :
«Que l'Assemblée
nationale réitère l'importance de la laïcité des institutions publiques
québécoises;
«Qu'elle demande au
gouvernement de cesser le financement public des écoles privées religieuses.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du
gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Il n'y a pas de consentement, Mme la Présidente.
• (15 h 30) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Comme
il n'y a pas de consentement, nous allons poursuivre. Je suis prête à
reconnaître un membre du troisième groupe d'opposition. M. le chef du troisième
groupe d'opposition.
À l'occasion du 25e anniversaire de la tempête de verglas
de janvier 1998,
demander au gouvernement fédéral le remboursement des sommes dues
au gouvernement du Québec en vertu du programme des Accords
d'aide financière en cas de catastrophe
M. St-Pierre
Plamondon : Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des
membres de cette Assemblée afin de
présenter, conjointement avec le député de Jacques-Cartier, le député de
Jean-Lesage et la députée de Vaudreuil, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale souligne le 25e anniversaire de la tempête de verglas de janvier
1998;
«Qu'elle
rappelle les efforts imposants du personnel d'Hydro-Québec pour surmonter cette
crise et rebrancher les citoyens du Québec dans les meilleurs délais;
«Qu'elle
rappelle que le gouvernement du Canada détient, envers le gouvernement du
Québec, une dette de 484 millions de dollars pour remboursement des
coûts en vertu du programme des Accords d'aide financière en cas de
catastrophe;
«Qu'elle
exige au gouvernement du Canada le plein remboursement de cette dette dans les
30 jours, au bénéfice du Québec.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. Y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion? M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : ...sans
débat, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
M. le leader.
M. Bérubé : ...puisse
envoyer cette motion au premier ministre du Canada avec la mention «payable en
30 jours, dernier avis».
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Ce
sera fait. Alors, merci. Donc, cette motion est adoptée.
Alors, nous allons poursuivre. Ceux qui
quittent, s'il vous plaît, pouvez-vous quitter en silence?
Alors, nous
allons poursuivre à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. M.
le leader du gouvernement, si on vous entend, allez-y.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
S'il vous plaît! Sortez en silence.
M. Caire : J'aurais une motion
de consultations rétroactive à présenter, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Une
motion...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Excusez-moi. S'il vous plaît! Sortez en silence.
Une motion
sans préavis ayant déjà été présentée par le groupe parlementaire formant le
gouvernement. Y a-t-il consentement pour permettre la lecture d'une
autre motion sans préavis comme le demande le leader du gouvernement? Y a-t-il
consentement? Consentement.
Entériner le mandat de procéder
à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 15
M. Caire : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je fais motion, conformément à l'article 146 du
règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que
l'Assemblée nationale entérine le mandat donné à la Commission de la santé et
des services sociaux, dans le cadre
de l'étude du projet de loi n° 15, Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus
efficace, de procéder à des
consultations particulières et de tenir des auditions publiques le mercredi
19 avril 2023 après les avis touchant
les travaux des commissions vers 11 h 15 jusqu'à 13 h 05 et
de 15 heures à 18 h 15, le jeudi 20 avril 2023 après
les avis touchant les travaux [de] 12 h 25 et après les avis touchant
les travaux des commissions [de] 15 h 15 jusqu'à 19 h 20 et le mercredi 10 mai 2023
après les avis touchant les travaux des commissions vers 11 h 15
jusqu'à 12 h 50 et de
15 heures à 18 h 15, le jeudi 11 mai 2023 après les avis
touchant les travaux des commissions vers 11 h 15 jusqu'à
12 h 50 et de 14 heures à 16 h 25 et le
mardi 23 mai 2023 de 10 heures à 12 h 25 et après les
avis touchant les travaux des commissions vers 15 h 15 jusqu'à
19 h 20;
«Qu'à cette fin, la commission entende les
personnes et organismes suivants : la Commissaire à la santé et au bien-être, Régine Laurent, Michel Clair[...],
l'Association des cadres supérieurs de [...] santé et [de] services sociaux, Association des gestionnaires des établissements
de santé et de services sociaux, l'Association du personnel d'encadrement
du réseau de la santé et des services
sociaux, Vincent Dumez à titre de patient partenaire, Association des conseils de
médecins, dentistes et pharmaciens,
Conseil pour la protection des malades, Regroupement provincial des comités
d'usagers, Collège des médecins[...], Ordre
des infirmières et infirmiers du Québec,
ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et [famille] du Québec, Ordre des sages-femmes du
Québec, Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec, Fédération des médecins spécialistes du
Québec, Confédération des syndicats nationaux et Fédération de la santé et des
services sociaux — Confédération
des syndicats nationaux — Fédération
des travailleurs et travailleuses du Québec, Alliance du personnel professionnel et technique de la
santé et des services sociaux, Fédération
interprofessionnelle de la santé du Québec, Centrale des syndicats du
Québec avec la Fédération de la santé
du Québec, Fédération des médecins résidents du Québec conjointement avec la Fédération médicale étudiante du Québec,
Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec, Ordre des psychologues du Québec,
Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec, Commission
de la santé et des services sociaux des premières
nations du Québec et du Labrador, Regroupement québécois des médecins pour la décentralisation du système de santé,
Urgences-Santé, Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement
du Québec, l'Association des conseils multidisciplinaires
du Québec, Table [de] regroupements provinciaux organismes communautaires et bénévoles, Association des
pharmaciens des établissements de santé du Québec, Ordre des pharmaciens du Québec,
réseau des tables régionales des [regroupements] de femmes du Québec, regroupement québécois
[intervenants] et [intervenantes] en action communautaire en CISSS et
CIUSSS, Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles, Damien
Contandriopoulos, Fédération des employés du préhospitalier du Québec;
«Qu'une
période de 12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires, répartie de
la façon suivante : 6 minutes pour le groupe parlementaire
formant le gouvernement, 3 minutes 36 secondes pour l'opposition
officielle, 1 minute 12 secondes [pour le] deuxième groupe
d'opposition et 1 minute 12 secondes pour [les députés indépendants];
«Que la durée maximale de l'exposé de chaque
organisme soit de 10 minutes et l'échange avec les membres de la commission soit d'une durée maximale de 35
minutes partagées ainsi : 17 minutes 30 secondes pour le groupe
parlementaire formant le gouvernement,
10 minutes 30 secondes pour l'opposition officielle, 3 minutes
30 secondes pour le deuxième groupe d'opposition et 3 minutes
30 secondes pour [les députés indépendants];
«Qu'une suspension de 5 minutes soit prévue
entre les échanges avec chaque personne et organisme;
«Que le ministre de la Santé soit membre de
ladite commission pour la durée du mandat.»
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le leader. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
cette motion est adoptée.
Avis touchant les travaux des
commissions
M. le leader du gouvernement, pour la
rubrique... les avis touchant les travaux des commissions.
M. Caire : Merci,
Mme la Présidente. Donc, la Commission des institutions entreprendra l'étude
détaillée du projet de loi n° 12, Loi
portant sur la réforme du droit de la famille en matière de filiation et visant
la protection des enfants nés à la
suite d'une agression sexuelle et des personnes victimes de cette agression
ainsi que les droits des mères porteuses et des enfants issus d'un projet de grossesse pour autrui, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 19 h 15, à la salle
Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des relations avec les citoyens poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 11, Loi modifiant la Loi concernant les soins de fin de vie et d'autres
dispositions législatives,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à
la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission
de l'aménagement du territoire poursuivra les consultations particulières et
les auditions publiques sur le projet
de loi n° 16, Loi
modifiant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et d'autres dispositions, aujourd'hui, après les avis touchant les
travaux des commissions, pour une durée de 4 h 5 min, à la salle
Pauline-Marois;
La Commission de l'économie et du travail poursuivra les consultations particulières et les
auditions publiques sur le projet de loi n° 19, Loi sur l'encadrement du travail des enfants, aujourd'hui, après les avis touchant les travaux
des commissions, pour une durée de 4 h 5 min, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le leader. Y a-t-il
consentement pour déroger à l'article 143 du règlement concernant
l'horaire des travaux des commissions? Consentement.
Aucun avis de la présidence.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
Donc, nous allons poursuivre à la rubrique
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Je vous
informe que demain, lors des affaires inscrites par les députés de
l'opposition, sera débattue la motion écrite par M. le député de
Jacques-Cartier. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte que la
tempête de verglas qui s'est abattue sur l'ouest du Québec le 5 avril dernier a entraîné des interruptions
de l'alimentation en électricité pour plus d'un million de foyers et que
certaines de ces interruptions ont perduré au-delà de sept jours;
«Qu'elle
prenne acte que les phénomènes climatiques tels que des précipitations
importantes de verglas ou des vents violents sont appelés à survenir plus
fréquemment dans les prochaines années compte tenu des changements climatiques;
«Qu'elle
rappelle que la Vérificatrice générale du Québec, dans un audit de performance
rendu public en décembre 2022, souligne que "la fiabilité du
[réseau] de distribution d'Hydro-Québec s'est dégradée au cours des dernières
années".»
Maintenant, nous allons
poursuivre aux renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
«Qu'elle déclare qu'il est nécessaire pour le
gouvernement...» Excusez-moi.
«Qu'elle déclare qu'il est nécessaire pour le
gouvernement du Québec de poursuivre les investissements afin d'assurer d'une plus grande résilience du réseau
de distribution d'Hydro-Québec, notamment au chapitre du contrôle de la
végétation près des lignes électriques et en envisageant de façon plus soutenue
l'enfouissement des fils électriques;
«Qu'elle demande au gouvernement du Québec de
revoir, en collaboration avec Hydro-Québec, le protocole de priorisation des rebranchements afin de pallier
les difficultés vécues lors de la récente tempête de verglas où des CHSLD
et des résidences pour personnes aînées n'ont pas bénéficié de la priorisation
adéquate;
«Enfin,
qu'elle témoigne de sa profonde gratitude envers l'ensemble des équipes
d'Hydro-Québec qui ont été à pied d'oeuvre depuis le début de la tempête
du 5 avril dernier afin de rebrancher les foyers québécois affectés.»
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour.
M. le leader
du gouvernement, juste avant de vous donner la parole, on vient de m'informer
qu'un débat de fin de séance se tiendra aujourd'hui, à 18 h 30. Le
premier débat portera sur une question adressée par M. le député de Pontiac
à M. le ministre de la Santé concernant le temps d'attente qui augmente aux
urgences.
Je vous cède immédiatement la parole, M. le
leader.
• (15 h 40) •
M. Caire : Oui, Mme la
Présidente, pourriez-vous appeler l'article 23 du feuilleton, s'il vous plaît?
Motions du gouvernement
Reprise du débat sur la motion
proposant que l'Assemblée approuve l'Entente
en matière de sécurité sociale entre le gouvernement du Québec
et le gouvernement de la République tunisienne
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Donc, à l'article 23 du feuilleton — excusez-moi, je manque un peu de voix — alors, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus
tôt aujourd'hui sur la motion de Mme la ministre des Relations internationales
et de la Francophonie proposant que
l'Assemblée nationale approuve l'entente en matière de sécurité sociale
entre le Québec et la République tunisienne, signée le 20 novembre 2022.
Avant de
céder la parole au prochain intervenant, je vous informe qu'il reste
26 min 45 s au groupe parlementaire formant le
gouvernement et 53 min 22 s au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle.
M. le député de Beauce-Sud, la parole est à vous
pour terminer votre intervention.
M. Samuel Poulin
(suite)
M. Poulin : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Effectivement, c'est un plaisir de pouvoir
poursuivre avec vous l'intervention de ce matin. Mais, tout d'abord, je
tiens à vous rassurer, Mme la Présidente, sur votre excellent travail à présider nos travaux, malgré l'absence de votre
voix, qui peut nous quitter à un moment ou à un autre. Ce n'est pas un travail qui est facile, de naviguer à travers les
règlements de l'Assemblée nationale, mais sachez que vous le faites bien,
de bon aloi, et c'est ce qui permet,
justement, le bon déroulement de nos travaux aujourd'hui. Alors, je tiens à
saluer votre travail qui,
malheureusement, n'est pas suffisamment souligné, alors je tiens à vous le
dire, Mme la Présidente et première vice-présidente de l'Assemblée
nationale.
On a été
réunis, depuis ce matin, effectivement, pour parler de relations
internationales, et je salue, effectivement, les implications des gouvernements au cours des dernières années dans
les relations internationales, dont, évidemment, notre ministre
actuelle, qui a été nommée au cours des derniers mois et qui a eu l'occasion de
donner une trajectoire, une ligne directrice
aux interventions internationales de notre gouvernement un peu partout à
travers la planète. On sait qu'avec la doctrine Paul Gérin-Lajoie, et
mon collègue le député de René-Lévesque l'a bien indiqué ce matin... qui a
permis de mettre de l'avant les réalisations
québécoises un peu partout à travers le monde. Et le député le rappelait bien
ce matin, le député de René-Lévesque,
c'est un riche réseau de délégations que nous avons, de bureaux et d'antennes à
travers le monde, au nombre de 34 dans 19 pays, qui nous permet, on
le sait, d'être en contact avec les entités de ces différents pays là, les gouvernements, les sociétés et les
organismes, et c'est un réseau diplomatique, Mme la Présidente, qu'il faut
continuer de mettre de l'avant, qu'il faut continuer de faire connaître.
Et évidemment que cette Entente en matière de
sécurité sociale entre le gouvernement du Québec et la République tunisienne,
bien, vient exposer tout le travail qui est accompli par, évidemment, le
ministère des Relations internationales au Québec, il faut le dire, Mme la
Présidente, des gens d'une grande compétence, parce qu'on sait que non seulement le monde change, le monde évolue,
les tendances, également, à travers le monde, ne serait-ce que sur le plan
économique ou sur le plan social, évoluent
énormément, et ça prend une richesse au ministère des Relations
internationales, ça prend des professionnels au gouvernement du Québec,
qui, on sait, y mettent leur coeur, leur détermination. Puis, avec les fuseaux horaires, il faut le dire, ce
n'est pas toujours évident. Alors, je veux saluer le travail qui est accompli à
la fois par les gens du ministère des
Relations internationales, du MRI, qui sont basés à Québec, mais également à
travers notre réseau de délégations, et aussi qui se fait dans un cadre
francophone, hein, Mme la Présidente, il faut le rappeler, parce qu'il n'y a pas seulement au Québec et en France
où on utilise la langue française, dans différents pays à travers le monde.
Et ça nous permet une
force de frappe qui est importante, parce que le Québec est un modèle, est un
modèle sur la protection du français, même si on sait les défis dans lesquels
nous devons faire face à tous les jours, particulièrement dans la métropole.
Mais de pouvoir travailler avec les
différents pays de la francophonie, de mettre de l'avant ce genre d'entente là,
bien, c'est fort important, Mme la
Présidente, et ça nous permet aussi de sécuriser aussi nos relations que nous
avons avec ces différents pays là lorsque des ententes sont signées.
Parlons-en,
justement, de la Tunisie, parce que l'impact économique des ententes de
sécurité sociale est important tant
pour les personnes qui en bénéficient, il faut le dire, qui en bénéficient
directement, donc en recevant des rentes et des autres prestations, que pour les entreprises québécoises qui
travaillent... qui détachent, en fait, les travailleurs à l'étranger. Et, en
outre, on note que les entreprises qui oeuvrent au Québec et en République
tunisienne pourront se prévaloir des dispositions de l'entente concernant l'assujettissement au
régime de sécurité sociale. Ce qui concerne l'assujettissement des entreprises
québécoises et leurs travailleurs détachés
en République tunisienne, lorsque l'entente sera en vigueur, l'employeur et le
travailleur vont demeurer quand même soumis au régime québécois. Alors, ce
n'est pas une perte, de souscrire à un nouveau
régime versus le régime des rentes actuel. Ça inclut, Mme la Présidente, il
faut le dire, les pensions, l'assurance maladie et celle contre les accidents de travail et les maladies
professionnelles. Alors, on vient créer vraiment un tissu, qui est fort
important, de sécurité lors du travail, mais il n'y aura pas de double
cotisation pour ceux-ci dans ces régimes.
Alors,
on vient vraiment bonifier ce qui est fait actuellement. Les entreprises
québécoises économiseront alors des sommes
qui sont importantes, les rendant ainsi plus concurrentielles en Tunisie, qui est
un marché fort important et sur lequel on peut travailler, mais également sur
les marchés internationaux, notamment en Afrique. Et on sait que ça s'inscrit,
Mme la Présidente, avec les objectifs de la
Stratégie territoriale pour l'Afrique, qui avait été rendue publique le
8 décembre 2021.
Puis
vous me permettrez de faire une parenthèse, c'était la députée de Bertrand de
l'époque, Nadine Girault, qui était
ministre des Relations internationales et qui avait bâti, avec son équipe et
avec le réseau des délégations, toute cette stratégie importante pour l'Afrique. Et ça avait vraiment donné un
nouveau souffle, il faut le dire, non seulement postpandémie ou même pendant,
il faut le dire, la pandémie, au rythme des vagues qu'il y avait, mais on
venait dire aussi, également, aux milieux
francophones en Afrique qu'ils étaient importants, que le Québec était des
partenaires pour eux et qu'il y avait une possibilité de pouvoir
développer, de pouvoir avancer, et c'est important, les ouvertures.
Je me souviens que le
précédent gouvernement libéral avait ouvert une antenne, entre autres, du côté
du Maroc, avec trois employés au départ. On
a réussi à le bonifier à travers le temps. Mais ce que le réseau de délégations
en Afrique nous demandait, c'est
d'avoir une stratégie, de savoir où on s'en va, ne serait-ce que sur le plan
économique, parce qu'on peut brasser des affaires également sur le continent
africain, Mme la Présidente, mais il fallait le mettre de l'avant, il
fallait l'inscrire noir sur blanc. Et le leadership de Nadine Girault, Mme la
Présidente, il est senti, il est ressenti dans cette stratégie-là. Alors, d'où elle est, sachez qu'aujourd'hui on honore
encore son travail et on rend hommage au travail qu'elle a accompli pour faciliter les liens entre le Québec
et le continent africain, je tenais à le souligner. Et l'actuelle ministre des
Relations internationales, eh bien, poursuit ce travail-là et l'amène encore
plus loin.
Alors,
l'entente de sécurité sociale avec la République tunisienne facilitera, donc, l'aide
accordée par les institutions compétentes aux travailleurs qui,
malheureusement, pourraient être victimes d'un accident de travail ou d'une
maladie professionnelle. Elle accordera aux citoyens québécois et tunisiens qui
déplacent leur résidence ou séjournent pour le travail ou pour les études — c'est
important — sur
le territoire de l'un ou l'autre des parties des avantages relatifs à
l'assurance maladie. Alors, ça aussi,
c'est important. Alors, à ce sujet, l'entente couvre, à certaines conditions, le
droit aux prestations de santé aux
étudiants, chercheurs et stagiaires, de même qu'à leurs conjoints et à leurs
enfants à charge qui les accompagnent.
Ces avantages rendent
très certainement aussi le Québec plus attractif aux étudiants internationaux
tunisiens, Mme la Présidente. Lorsqu'on parle d'attirer des cerveaux, d'attirer
des expertises dans nos universités québécoises, eh bien, cette entente-là vient encore sécuriser les jeunes hommes, les
jeunes femmes qui voudraient venir, donc, étudier ou encore se rendre en Tunisie, alors, plus...
justement, encore plus attractif. Puis ils n'auront pas, Mme la Présidente,
dans cette entente-là, à se prémunir d'une assurance de maladie privée,
individuelle ou familiale, pour effectuer des études, des stages ou des
recherches dans des établissements d'études supérieures au Québec. On le sait,
qu'avant d'entreprendre un parcours de vie à
l'international, souvent il faut mettre la ceinture et les bretelles et se
dire : Quelle assurance pourrait couvrir mon périple? Bien, cette
entente-là vient dégager nos gens de tout ça.
Et
on sait aussi que le recrutement, l'attraction des étudiants internationaux,
c'est une des priorités de notre gouvernement
dans le cadre de la Vision internationale du Québec, qui avait été annoncée,
encore une fois, par Nadine Girault le 29 novembre 2019, parce
qu'on sait qu'entre autres, en francophonie, il faut encourager cette
mobilité-là avec les étudiants internationaux
d'un peu partout à travers le Québec... à travers le monde, mais du Québec vers
le monde ou du monde vers le Québec.
On a des chercheurs,
on le sait, formidables. On a des institutions d'enseignement qui cherchent,
justement, à s'enrichir du potentiel
international. On a LOJIQ, hein, Mme la Présidente, les Offices jeunesse internationaux
du Québec, qui permet la mobilité de jeunes Québécois à l'international
en français. Alors, ça aussi, ça doit demeurer une priorité dans nos échanges à
travers le pays, de signifier qu'on peut étudier en français, qu'on peut faire
des recherches en français, que la science
peut se passer en français, mais il faut investir les sommes nécessaires et
créer des processus fort importants pour pouvoir atteindre nos
objectifs. Alors, je pense qu'on peut en être très fiers.
• (15 h 50) •
Le
Québec, d'ailleurs, a le privilège, Mme la Présidente, sur son territoire, de
compter sur une communauté d'origine tunisienne
importante. Le recensement de 2016 indique que cette communauté comptait plus
de 21 000 membres au Québec, incluant à la fois ceux qui sont
nés à l'étranger et au Québec. Ils sont, on le sait, installés principalement
dans la région métropolitaine, mais nos
concitoyens, donc, d'origine tunisienne avaient une moyenne d'âge se situant
entre 25 et 54 ans en 2016. Plusieurs d'entre eux pourront sans
doute bénéficier rapidement des dispositions de l'entente que nous allons
entériner dans les prochaines heures.
Notons également que les deux tiers
des Québécois d'origine tunisienne détenaient un certificat, un diplôme ou un
grade d'études postsecondaires au moment du
recensement de 2016, donc une communauté qui a fait le choix beaucoup de
se tourner vers les études supérieures, il
faut le souligner. C'est un taux, Mme la Présidente, supérieur de 20 % à
la moyenne québécoise. Alors,
lorsqu'on crée cette entente-là et qu'on permet une sécurité entre les études
qui se font en Tunisie ou au Québec,
sachez que les Tunisiens, Mme la Présidente, en profitent, en profitent dans
leur pays, ils peuvent également profiter du côté du Québec.
D'ailleurs,
en juin dernier, l'entente en mobilité étudiante au niveau universitaire entre
le gouvernement du Québec et le
gouvernement de la République tunisienne a été renouvelée. En vertu de cette
entente, tenez-vous bien, 65 exemptions de droits de scolarité supplémentaires sont accordées à des étudiants
tunisiens qui poursuivent leurs études dans une université au Québec, 65 exemptions de droits de
scolarité supplémentaires. Ça permet, Mme la Présidente, d'avoir une vaste...
un vaste choix de secteurs d'activité
dans lesquels on souhaite étudier et dans lesquels on souhaite poursuivre nos
études, donc, ça permet ainsi de bénéficier du régime des droits de
scolarité applicable aux études québécois.
De
son côté, la partie tunisienne offre aux étudiants québécois 20 bourses
d'études dans des établissements universitaires
tunisiens. Alors là, encore une fois, c'est important de le faire connaître et
de mentionner que les étudiants québécois
qui souhaiteraient aller vivre une expérience du côté de la Tunisie, bien, que
20 bourses sont disponibles pour eux.
Vous
voulez des chiffres, j'imagine. À signaler qu'en 2021‑2022 c'est
1 059 étudiants tunisiens qui étaient inscrits dans des universités
québécoises. Le Québec est devenu, donc, la deuxième destination pour les
étudiants tunisiens, après la France.
J'ignorais ça, Mme la Présidente. La deuxième destination pour les étudiants
tunisiens après la France, c'était le Québec. Je pense qu'on a toutes
les raisons du monde de pouvoir s'enorgueillir. Je pense que ça se dit,
«enorgueillir».
Une voix :
...
M. Poulin : Oui, M. le député de Richelieu? Merci,
j'apprécie. Textez-moi si jamais vous avez une autre proposition de
synonyme.
Plusieurs ententes
ont été signées avec des universités québécoises, comme l'Université Laval, l'Université
de Montréal et l'Institut national de recherche scientifique. Le 20 novembre
dernier, il y a un accord de coopération qui a été conclu entre le ministère de l'Enseignement supérieur — et
je salue notre collègue qui est ministre en titre de ce portefeuille — et de la Recherche scientifique et le Fonds de
recherche du Québec. Donc, encore là, il faut le dire, ça permet cette
meilleure collaboration entre la Tunisie et le Québec.
En
juin dernier, Mme la Présidente, il y a une entente de coopération en matière
d'adoption qui a été signée entre les autorités québécoises et tunisiennes
visant à instaurer un système de coopération entre les parties ainsi qu'à
établir les procédures pour le traitement des demandes d'adoption visées
par cette entente afin qu'elle ait lieu conformément aux législations applicables en Tunisie et au Québec.
Donc, encore là, c'est tout un champ de travaux pour l'adoption que nous
débutons avec la Tunisie. Et, sachant les liens que nous avons formés à la fois
au niveau scolaire, à la fois scientifique, je
pense que c'est de bon aloi de se tourner maintenant vers cette nouvelle
collaboration. Alors, ce sont, il faut le dire, des exemples récents qui contribuent au renforcement
des relations bilatérales et à la diversification de la coopération
institutionnelle entre le Québec et la Tunisie.
J'aimerais
vous rappeler aussi, Mme la Présidente, presque en terminant, que le
gouvernement du Québec a conclu sa
première entente internationale en matière de sécurité sociale avec le gouvernement
de l'Italie en janvier 1979. Et, à ce jour, le Québec dispose de
39 ententes de pays bilatérales. Et souvent on prend des mots qui peuvent
être un peu plus complexes lorsqu'on parle
de grandes ententes avec les différents pays ou de relations internationales,
là, mais sachez une chose, que 39
ententes bilatérales, c'est le Québec, directement, qui parle avec ces pays-là,
c'est le Québec qui, directement, Mme la Présidente, peut parler en son
nom sur ses projets, sur son ambition, sur la langue française, sur nos défis,
sur l'avenir, et ça, c'est important, Mme la Présidente. C'est fort important.
Encore une fois, on a toutes les raisons de s'en enorgueillir, et j'ai vérifié,
le député de Richelieu a vérifié, ça se dit très bien, Mme la Présidente,
c'est relié au mot «orgueil». Alors, notre
orgueil, comme Québécois, à travers l'international, bien, il faut pouvoir le
signifier et le mettre de l'avant. Et
cependant, il faut le dire, et, ça, je pense qu'on peut aussi en être très
fiers, c'est que les 125 députés de l'Assemblée nationale doivent,
dans les prochaines minutes, prendre une décision fort importante pour
entériner cette entente. Elle nécessite qu'elle soit approuvée par l'Assemblée
nationale. C'est l'objet du débat que nous tenons aujourd'hui.
Je veux saluer
également les gens qui ont contribué : la députée de Mont-Royal–Outremont,
qui est également porte-parole en relations
internationales pour l'opposition officielle, merci d'y avoir contribué, à ce
débat, le député de René-Lévesque
aussi, Mme la Présidente, qui nous a exposé tous les avantages de cette
entente et des relations internationales, et la ministre des Relations internationales, Mme la Présidente,
qui porte à tous les jours le souhait du Québec à travers le monde de
pouvoir s'entendre et de pouvoir développer des nouvelles ententes.
Donc,
après l'important choix que nous ferons dans les prochaines minutes, elle sera
ratifiée par le gouvernement du
Québec, qui édictera le règlement pour sa mise en oeuvre. Spécifiquement, pour
l'entente dont il est question en ce moment et conformément à son article 49, elle va entrer en vigueur à la
date de la dernière des deux notifications entre les deux parties. Le tout confirmera l'accomplissement de la
procédure interne requise pour l'entrée en vigueur de l'entente. Et je suis
confiant, Mme la Présidente, que
cette entente puisse produire des effets rapidement à la suite de son
approbation. Alors, à la fois du côté du Québec, à la fois du côté de la
Tunisie, on attend la décision qui sera prise dans les prochaines minutes.
Alors,
Mme la Présidente, je suis donc prêt à soumettre cette entente à
l'Assemblée. Je propose donc que l'Assemblée nationale approuve l'entente en matière de sécurité sociale entre le
Québec et la République tunisienne que nous venons de présenter et qui a
été déposée devant cette Assemblée le 6 avril dernier. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Est-ce
qu'il y a d'autres intervenants ou intervenantes? Il n'y a pas d'autre intervenant.
Mise aux voix
Donc, nous
allons maintenant procéder à la mise aux voix de la motion de Mme la ministre des Relations internationales et de la Francophonie proposant que l'Assemblée nationale approuve l'entente
en matière de sécurité sociale entre le Québec et la République
tunisienne, signée le 20 novembre 2022. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
En conséquence, cet engagement international est approuvé par l'Assemblée
nationale. M. le leader du gouvernement.
M. Caire : Oui, Mme la
Présidente, pourriez-vous appeler l'article 24 du feuilleton, s'il vous
plaît?
Motion proposant que
l'Assemblée approuve l'Entente en matière
de sécurité sociale entre le gouvernement du Québec et le
gouvernement de la République d'Autriche
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, à l'article 24 du
feuilleton, l'Assemblée procédera maintenant au débat sur la motion inscrite à
l'article 24 du feuilleton, faisant suite au dépôt par Mme la ministre des Relations internationales et
de la Francophonie, le 6 avril 2023, d'un engagement international. Cette
motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale approuve l'Entente en matière de sécurité sociale entre
le gouvernement du Québec et le gouvernement de la République
d'Autriche, signée le 14 décembre 2022.»
Je vous
rappelle qu'en vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des
Relations internationales cette motion donne lieu à un débat restreint
de deux heures. La répartition des temps de parole dans le cadre de ce débat
s'effectuera comme suit :
60 minutes sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
31 min 36 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
20 min 54 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition,
six minutes sont allouées au troisième groupe d'opposition et
1 min 30 s sont allouées à la députée indépendante.
Dans le cadre
de ce débat, le temps non alloué par la députée indépendante ou par l'un des
groupes parlementaires sera
redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies
précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à
aucune limite de temps. Enfin, je rappelle à la députée indépendante que, si
elle souhaite intervenir au cours de ces débats, elle a 10 minutes
à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède maintenant la parole à Mme la ministre
des Relations internationales et de la Francophonie.
Mme Martine Biron
Mme Biron : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, c'est avec plaisir que je propose aujourd'hui à
cette Assemblée l'approbation de l'Entente
en matière de sécurité sociale entre le gouvernement du Québec et le
gouvernement de la République d'Autriche, que j'ai signée le
14 décembre dernier à Montréal avec l'ambassadrice de la République
d'Autriche en marge de la Conférence de l'Organisation des Nations unies sur la
biodiversité, la COP15.
• (16 heures) •
La conclusion
d'une entente internationale telle que celle qui fait l'objet du débat actuel
est la forme la plus achevée des
relations diplomatiques entre les États parce que l'entente est créatrice
d'obligations juridiques sur le plan international avec nos partenaires
étrangers. Ces engagements doivent être ainsi honorés par les parties
contractantes.
Chacune de
ces ententes conclues renforcit la reconnaissance du Québec comme partenaire à
part entière sur la scène internationale. L'action internationale des États et
des gouvernements s'avère, dans l'actuel contexte de la mondialisation,
de plus en plus incontournable. Le socle de
notre action internationale repose sur la doctrine Gérin-Lajoie qui a été
élaborée pour la première fois le
12 avril 1965 par le ministre Paul Gérin-Lajoie lui-même lors d'un
discours prononcé à Montréal devant le corps consulaire. Cette doctrine,
qui est encore la base de l'action de mon ministère, stipule que ce qui est de compétence québécoise chez nous est de compétence
québécoise partout. C'est le principe du prolongement externe des
compétences internes. La doctrine s'appuie sur l'état du droit en matière de
traités. Pourquoi l'État qui met un accord à
exécution serait-il incapable de le négocier lui-même? Le droit d'appliquer un
accord ne devrait pas être dissocié du droit de conclure cet accord.
La mise en
oeuvre législative d'engagements internationaux s'effectue selon le partage des
compétences entre les gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral, les
provinces ayant la capacité législative exclusive de mise en oeuvre dans leurs domaines de compétence. Alors,
s'agissant d'instruments internationaux, ils découlent du régime constitutionnel canadien... que le gouvernement
fédéral ne peut en aucune façon légiférer pour mettre en oeuvre une convention
internationale, un traité, un accord, une
entente portant sur une matière qui révélerait de la compétence législative des
provinces.
La
jurisprudence est d'ailleurs venue confirmer que les provinces ont une
compétence exclusive pour mettre en oeuvre les traités qui portent sur leurs
domaines de compétence suivant le partage des compétences législatives prévu
aux articles 91 et 92 de la Loi
constitutionnelle de 1867. Ainsi, bien que le gouvernement du Canada puisse
conclure des accords internationaux dans les domaines de compétence
exclusive au Québec, il n'a pas la capacité de les mettre en oeuvre.
À
ce jour, le Québec a conclu 823 ententes internationales avec quelque
80 États souverains de plusieurs partenaires étrangers qui ne sont pas
souverains, comme par exemple la Catalogne, la Bavière, la Communauté française
de Belgique ou encore la Flandre, des États
du Mexique, pour ne nommer que ceux-là. En date d'aujourd'hui, 434 de ces
ententes sont toujours en vigueur et elles touchent autant de domaines
qu'il y a de compétences gouvernementales.
De plus, le
Québec a la chance de compter sur un riche réseau de délégations, de bureaux et
d'antennes à l'étranger. Il y a les délégations générales, il y a les
délégations, il y a des bureaux et il y a des antennes à l'étranger. Et nous
prévoyons d'ailleurs ouvrir d'autres
bureaux dans les prochains mois, prochaines semaines. Actuellement, on compte
34 bureaux ou délégations dans
19 pays, et ça nous permet d'être en contact avec des gouvernements et des
sociétés avec lesquels nous avons établi, au fil des décennies, des
relations d'échange et de respect.
Ce réseau
diplomatique est devenu l'un des plus importants bâtis par un État fédéré sur
la planète. J'insiste sur cette question-là. Nous avons, au Québec, un réseau
international solide, rare et fort. Les gouvernements travaillent fort afin
de promouvoir, par exemple, les échanges
économiques, la mobilité des personnes, la coopération en matière d'éducation,
de science ou d'autres domaines, en
fait, les domaines qui sont de compétence québécoise. La conclusion d'ententes
internationales par le gouvernement du Québec, comme celle que je vous
soumets pour approbation, en est un bel exemple.
Je suis donc heureuse que l'Assemblée nationale
puisse se prononcer aujourd'hui sur une entente d'une telle importance à la fois pour l'Autriche que pour le
Québec. Mes collègues, notamment le député de René-Lévesque, qui va
prendre la parole un petit peu plus tard, je les remercie pour leur
présence aujourd'hui, et ils sauront vous étayer toute l'importance des ententes internationales, particulièrement celles en
matière de sécurité sociale. Alors, je vous remercie, Mme la
Présidente, pour votre écoute.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. Je suis prête à
reconnaître un autre intervenant ou intervenante. Mme la députée de
Mont-Royal–Outremont, la parole est à vous.
Mme Michelle Setlakwe
Mme
Setlakwe : Merci, Mme la Présidente. Il me fait plaisir
de prendre la parole aujourd'hui dans le cadre du débat entourant l'approbation par l'Assemblée
nationale des engagements pris en vertu de l'entente en matière de sécurité
sociale signée le 14 décembre 2022
entre le gouvernement du Québec et la République d'Autriche dans le cadre de la
COP15.
Rappelons que
le Québec n'en est pas à sa première entente avec la République d'Autriche.
Pensons aux ententes suivantes :
en 1993, un arrangement administratif pour l'application de l'entente en
matière de sécurité sociale entre le gouvernement
du Québec et la République d'Autriche; en 1994, Règlement sur la mise en oeuvre
de l'entente en matière de sécurité
sociale entre les gouvernements du Québec et la République d'Autriche; et, en
1996, un avenant à cette entente, toujours en matière de sécurité
sociale.
Donc,
l'entente Québec-Autriche, signée en décembre 2022, vient donc modifier le
cadre contractuel existant depuis les années 90 entre ces deux nations,
lequel, rappelons-le, vise à favoriser la mobilité des travailleurs entre le
Québec et l'Autriche. Je ne répéterai pas tout ce que j'ai dit plus tôt
aujourd'hui dans le cadre de mon intervention relative à l'entente signée avec la République tunisienne. Il s'agit
essentiellement de deux ententes identiques, visant les mêmes objectifs, donc
identiques à quelques exceptions près.
Encore une
fois... Non, en fait, j'aimerais souligner d'entrée de jeu, je suis désolée,
que l'opposition officielle est favorable
à cette entente avec la République d'Autriche. Il est important d'encadrer la
protection des travailleurs, particulièrement lorsque l'on considère l'augmentation importante des échanges
internationaux, les partenariats internationaux et la mobilité grandissante des travailleurs entre pays. Tout
porte à croire d'ailleurs que ce type d'entente va se multiplier avec le temps.
Encore une fois, ce qui est présenté
aujourd'hui n'est pas nouveau. La protection des travailleurs est importante au
Québec, ça fait partie de notre culture, il faut alors faire de même
pour les travailleurs étrangers.
Cette entente Québec-Autriche s'inscrit dans la
continuité de l'engagement du Québec en faveur de la mobilité internationale et
de la promotion de ses talents. Elle ne peut que contribuer à enrichir les
liens économiques de longue date entre le
Québec et l'Autriche. Le Québec et la République d'Autriche partagent de
nombreux intérêts communs et de nombreuses
perspectives similaires nous rassemblent sur des dossiers et des défis
mondiaux. L'Autriche est un partenaire important
du Canada et du Québec, et nous collaborons sur un éventail de dossiers,
notamment en ce qui concerne les droits de la personne et la primauté du
droit.
Cette nouvelle entente est un autre exemple, ou
une extension, plutôt, de nos affirmations et valeurs communes. Et, depuis fort longtemps maintenant, les
relations en matière de commerce et d'investissement sont vigoureuses entre les
deux pays et elles se portent bien. La valeur des exportations de marchandises
canadiennes vers l'Autriche s'établit à plus 280 millions de dollars, tandis que les importations
totalisent autour de 2 milliards de dollars. Les affaires vont bien
entre nos deux pays, et cela doit continuer.
Donc, il va de soi que chaque travailleur
autrichien qui travaille ici, comme les travailleurs québécois qui travaillent
en Autriche, puisse bénéficier de droits en matière de santé et de sécurité au
travail, de prestations de retraite, d'invalidité,
pour ne nommer que ces éléments, et puisse se voir garantir le principe de la
totalisation des périodes d'assurance effectuées sur le territoire des
deux parties.
Au nombre
des principales exportations canadiennes et québécoises vers l'Autriche, on
parle des produits aéronautiques, avions, hélicoptères, de machinerie
lourde, etc.
• (16 h 10) •
De telles
ententes de sécurité sociale conclues par le Québec avec d'autres
gouvernements, et elles sont nombreuses, ont pour but la coordination des régimes de sécurité sociale qui y sont
nommés. Depuis 1979, Mme la Présidente, le Québec a conclu de telles
ententes avec une quarantaine de pays à travers le monde. La première entente
était avec l'Italie en 1979. Concrètement,
ces ententes favorisent la mobilité des personnes visées en leur garantissant
le maintien de leurs droits et prestations
acquis ou en voie d'acquisition dans ces régimes et permettent aussi à une
personne de compenser des périodes d'assurance
manquantes par celles accomplies sur l'autre territoire pour se voir ouvrir la
porte, le droit à une prestation nommée.
Il
est important de souligner, Mme la Présidente, que de telles ententes sur
la coordination des régimes de sécurité sociale profitent également aux entreprises en garantissant aux
employeurs qui détachent temporairement des travailleurs sur l'autre territoire, comme l'Autriche en
l'occurrence, l'évitement d'une double cotisation aux régimes visés. Des
économies s'ensuivent ainsi qu'un
allègement administratif. Nos entreprises québécoises peuvent ainsi être plus
concurrentielles sur les marchés internationaux.
Quelques éléments
spécifiques à l'entente Québec-Autriche. L'entente Québec-Autriche en matière
de sécurité sociale, dont nous discutons aujourd'hui, couvre les points
suivants, entre autres éléments : les dispositions relatives à l'assurance pension de la République d'Autriche,
les dispositions relatives aux prestations de retraite d'invalidité et de
survivant en vertu de la législation du Québec, les prestations à la
suite d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle, l'établissement d'un arrangement administratif,
les modalités d'échange d'information et d'assistance mutuelle de même que la procédure pour les demandes d'examens
médicaux, la protection des renseignements personnels échangés, l'exemption ou réduction des frais liés à la délivrance
ou la légalisation de certificats ou de documents, la langue de communication, les procédures de présentation de demande de
prestation, de déclaration et d'appel. Également, les devises à utiliser pour
le paiement des prestations et le règlement des différends font également
l'objet d'articles distincts dans l'entente.
Je
note que la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie
a été conseillée et accompagnée d'un comité
regroupant des représentants de tous les ministères et organismes concernés par
l'entente, soit, en plus du ministère
des Relations internationales et de la Francophonie, les ministères
responsables de l'élaboration des politiques pour les domaines visés dans l'entente, soit Santé et Travail, et les
organismes responsables de l'application des législations visées dans
l'entente, soit Retraite Québec, la Régie de l'assurance maladie du Québec, la
RAMQ, la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la
sécurité du travail, CNESST, et l'Agence du revenu du Québec.
Plus généralement,
j'aimerais réitérer, Mme la Présidente, l'importance des relations
internationales pour le Parti libéral du Québec. L'affirmation du Québec sur la
scène internationale est d'une importance capitale pour nous. On se souviendra que c'est sous Jean Lesage que le
Québec posait réellement ses premiers pas sur le plan international. Cela
fait partie de la grande tradition libérale.
Aujourd'hui, le
gouvernement du Québec conclut régulièrement des ententes, des engagements
internationaux avec d'autres gouvernements
ou des organisations internationales, et c'est une très bonne chose. Le Québec
doit continuer à affirmer ses compétences, ses valeurs et sa spécificité
dans le monde entier. Cette ouverture permet alors au Québec de maintenir la promotion de l'identité québécoise
à l'étranger tout en ayant la possibilité de promouvoir et défendre les
intérêts économiques du Québec.
Notre
formation politique a toujours été aux premières loges dans les dossiers et les
ententes internationales. Elles apportent généralement un enrichissement
collectif à notre nation. Je suis heureuse de constater que le gouvernement caquiste abonde dans le même sens que nous. Je
suivrai avec attention et intérêt la suite des démarches de la nouvelle
ministre, et nous aurons l'occasion d'échanger ensemble lors de l'étude
des crédits dans les prochaines semaines.
Alors,
pour conclure, à titre de porte-parole de l'opposition officielle en matière
des dossiers de relations internationales et de francophonie, je suis satisfaite de l'entente présentée ici
aujourd'hui. Il semble que les mesures négociées et mises en place entre
les deux gouvernements vont assurer une protection juste et égale pour nos
travailleurs respectifs. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, nous allons poursuivre avec M. le député
de René-Lévesque.
M. Yves
Montigny
M. Montigny :
Bonjour, Mme la Présidente.
Je suis vraiment heureux aujourd'hui d'intervenir ici, au salon bleu, aujourd'hui pour appuyer ma collègue la ministre des Relations internationales et de la
Francophonie à l'occasion, là, du
débat sur la motion concernant l'approbation
parlementaire de l'Entente en matière de sécurité sociale entre le gouvernement
du Québec et le gouvernement de la République d'Autriche, bien sûr,
aujourd'hui.
D'abord,
Mme la Présidente, permettez-moi de parler des avantages d'ententes
internationales comme celle qui nous occupe aujourd'hui. Évidemment, sur la
base de la réciprocité, les ententes de sécurité sociale favorisent la mobilité
des personnes, des travailleurs et des étudiants. Ceci est accompli par la
coordination des régimes de sécurité sociale qui
sont visés à ces ententes. Près du tiers de ces ententes conclues incluent, en
plus des dispositions sur les rentes, retraites, invalidités, survivants, des dispositions sur la santé, les accidents du
travail, les maladies professionnelles, Mme la Présidente. Ces ententes garantissent aux personnes visées le
maintien de leurs acquis et de leurs droits en voie d'acquisition dans les
régimes qu'ils quittent et une intégration
plus rapide dans les régimes de sécurité sociale du territoire d'accueil. Elles
favorisent donc la mobilité de ces
personnes. Les dispositions qui... L'assujettissement détermine la législation
à laquelle l'employé demeure soumis durant son assignation temporaire sur
l'autre territoire ou celle à laquelle l'employeur doit effectuer des cotisations afférentes, évitant ainsi une
cotisation supplémentaire aux régimes applicables sur le territoire d'envoi.
Alors, des dispositions analogues s'appliquent
aux travailleurs autonomes. Ces ententes favorisent donc aussi la mobilité
des travailleurs.
Les ententes, qui incluent aussi le volet santé,
permettent aux personnes visées, dont les étudiants, de s'inscrire dès leur
arrivée au Régime d'assurance maladie du Québec et au régime d'assurance
hospitalisation sans qu'il leur soit nécessaire vraiment de souscrire à une assurance
privée. Ce serait, Mme la Présidente, très dommage pour ces personnes
d'être obligées de souscrire à cette
assurance. Alors, ces ententes-là sont importantes parce qu'elles favorisent
donc aussi la mobilité étudiante, ce
qu'on souhaite faire. D'ailleurs, dans ma circonscription de René-Lévesque,
plusieurs étudiants sont inscrits au
cégep de Baie-Comeau, viennent de l'international... et permettent d'avoir une
formation sur le territoire du Québec. Et on salue ces ententes très
importantes pour assurer la mobilisation étudiante.
Étant une terre d'immigration, le Québec
bénéficie largement des ententes de sécurité sociale. Au cours des années 1980 et 1990, la priorité dans la
négociation de ces ententes a été mise sur les pays d'où provenait alors
l'immigration et desquels des
résidents du Québec pouvaient espérer obtenir l'exportation de leur pension par
la conclusion d'ententes. Alors, les
premières ententes avaient donc été conclues avec les États-Unis, la France,
l'Italie, l'Allemagne, la Grèce et le Portugal.
Ce faisant, des milliers de personnes ont ainsi amélioré leur qualité de vie et
plus particulièrement leurs conditions économiques, Mme la
Présidente.
Par la suite,
les efforts du Québec ont porté plutôt sur des pays où des entreprises
québécoises étaient susceptibles d'envoyer
des travailleurs détachés dans le cadre de contrats à l'étranger, et ce, afin
de leur épargner une double cotisation aux régimes de sécurité sociale
applicables. On pense ici aux ententes conclues avec le Brésil, l'Inde, la
Corée du Sud. Plusieurs entreprises québécoises y bénéficient ainsi d'un
avantage comparatif.
La pertinence
de conclure de telles ententes demeure évidente pour tous, sans oublier le
rayonnement international qu'elles
apportent au Québec en tant que seule entité fédérée à négocier de telles
ententes avec des pays souverains. Et c'est ça, le Québec. Il s'agit là d'une démonstration
concrète de l'action internationale du Québec en négociant et en mettant
en oeuvre ces ententes.
Lorsqu'une
personne résidant au Québec reçoit une pension étrangère qu'elle n'aurait pas
obtenue sans recourir aux dispositions d'une telle entente, cette pension qui
lui est payée peut l'être jusqu'à son décès. L'impact économique des pensions
ainsi versées aux résidents québécois se chiffre en milliards de dollars. Les
dernières statistiques tenues à cet égard par Retraite Québec, datant de 2004,
indiquaient... l'Italie, la France et l'Allemagne, la Grèce, le Portugal et les
États-Unis avaient versé, en 2004, un total
de 117 millions de dollars à des résidents québécois, alors que
Retraite Québec ne versait que 2 millions de dollars dans ces
mêmes pays en application des ententes conclues.
• (16 h 20) •
Le Québec
étant une terre d'accueil, cet écart s'est indubitablement accentué davantage
en faveur du Québec, vu la conclusion d'une douzaine de nouvelles ententes
depuis 2004. D'ailleurs, une étude interne récente avait estimé à plus de 200 millions de dollars l'entrée
d'argent attribuable aux ententes de sécurité sociale. Il s'agit d'une
injection d'argent nouveau, imposable
dans l'économie du Québec, par le partenaire étranger, rendue possible par les
dispositions sur l'exportation des prestations et la totalisation des
périodes d'assurance que prévoient ces ententes.
Une autre
étude interne avait estimé que les employeurs québécois économisaient
annuellement environ 20 millions de
dollars en cotisations aux régimes de sécurité sociale étrangers pour les
employés qu'ils avaient besoin, comme employeurs, à déplacer de façon
temporaire. Cette cotisation supplémentaire est évitée grâce aux dispositions
de ces ententes qui précisent à quels
régimes ces employés demeurent assujettis, rendant les entreprises québécoises
d'autant plus compétitives dans les
marchés internationaux en leur évitant la cotisation aux régimes réciproques du
territoire d'accueil.
Alors, ces
ententes, comme d'autres ententes dites de mobilité, sont des outils visant à
faciliter l'intégration des personnes immigrantes au Québec, Mme la
Présidente. Outre les ententes en matière de sécurité sociale que je viens de
décrire, les autres ententes de mobilité sont des ententes en matière de
reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles,
les ententes d'échange de permis de conduire et les ententes de mobilité
étudiante au niveau universitaire, notamment.
Ces ententes visent toutes à faciliter la transition temporaire ou permanente
des personnes, des travailleurs, des étudiants entre leur pays de
provenance et le Québec.
Le Québec a
conclu deux ententes de reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles, l'une avec la France
en 2008 et l'autre avec la Suisse en 2022. Ces ententes permettent plus
facilement à une personne, qui possède une formation et un permis
d'exercer au Québec, de travailler dans ce domaine en France ou en Suisse et
permettant à un professionnel formé en
France ou en Suisse de faire de même au Québec, Mme la Présidente. En
vertu de ces ententes-cadres, 76 arrangements
de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles ont été conclus
entre les autorités compétentes québécoises
et étrangères, établissant les conditions d'obtention d'un permis d'exercice.
Pour la France, ces arrangements couvrent
81 métiers, fonctions et professions au Québec. Pour la Suisse,
sept professions au Québec sont visées par de tels arrangements.
Ces nombres
sont en constante évolution, Mme la Présidente. Au 31 décembre 2021,
6 652 personnes formées en France
ont pu bénéficier de cette entente en obtenant leur permis d'exercice au
Québec, dont 2 216 infirmières, 1 938 ingénieurs et 309 médecins. À la même date, selon les
informations disponibles, quelque 589 personnes formées au Québec avaient
obtenu le droit d'exercer en France. Ainsi,
le nombre de professionnels formés en France ayant bénéficié de l'entente en
matière de reconnaissance mutuelle des
qualifications professionnelles Québec-France, en date du 31 décembre,
était de plus de 10 fois le
nombre de professionnels formés au Québec ayant fait de même. La balance est
fortement en faveur du Québec. Les
premières données sur le nombre de personnes s'étant prévalu des dispositions
de l'entente Québec-Suisse ne seront disponibles que l'an prochain.
Il est important de noter que la France et la
Suisse ont toutes deux conclu une entente en matière de sécurité sociale avec le Québec. Ces ententes de sécurité
sociale assurent notamment à ces personnes la conservation de leurs acquis
dans le régime de sécurité sociale qu'ils
quittent et une intégration plus facile au régime applicable sur le territoire
d'accueil. Concrètement, ces
professions issues de la France et de la Suisse, une fois installées au Québec,
n'auront pas à renoncer à la pension
française ou suisse pour laquelle ils ont cotisé toutes ces années. Même s'ils
n'y ont pas cotisé beaucoup, Mme la Présidente, ces droits
demeurent protégés par l'entente de sécurité sociale. De même, ces professions
n'auront pas à observer le délai de carence de trois mois
normalement imposé aux nouveaux arrivants pour avoir droit à leur carte d'assurance maladie. Ils auront accès, dès leur
arrivée, à cette carte d'assurance maladie. Il en est de même pour les membres
de leur famille qui les accompagnent.
Sans la
présence d'ententes en matière de sécurité sociale entre le Québec et la France
et entre le Québec et la Suisse, les
ententes en matière de reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles avec ces deux pays ne pourraient pas réaliser leur
plein potentiel.
Quant aux ententes d'échange de permis de
conduire, elles permettent aux nouveaux arrivants au Québec ainsi qu'aux
résidents du Québec installés dans les pays avec lesquels une entente a été
conclue d'échanger leur permis de conduire pour un permis de classe équivalente
valide sur le territoire d'accueil.
Ces ententes
facilitent ainsi l'intégration de nouveaux arrivants au Québec en leur évitant
de devoir suivre un cours de conduite
et de passer un examen d'aptitude qui, pour plusieurs d'entre eux, se fait dans
une langue qu'ils peuvent moins maîtriser
à leur arrivée. Annuellement, plus de 10 000 permis de conduire
étrangers sont échangés au Québec, en application des 14 ententes de réciprocité en vigueur en
matière d'échange de permis de conduire. Ces ententes favorisent donc aussi
la mobilité des personnes et des
travailleurs, notamment ceux dont le métier les oblige à construire... à
conduire, excusez-moi, à conduire un véhicule automobile.
De leur
côté, les ententes de mobilité étudiante prévoient des mesures de soutien
financier à des étudiants internationaux leur permettant de payer les mêmes frais de scolarité que les Québécois
sans devoir assumer des frais additionnels normalement exigés par des
étudiants internationaux. Et ça, c'est extrêmement important, Mme la
Présidente. Plusieurs régions du Québec,
plusieurs cégeps du Québec, plusieurs établissements d'enseignement supérieur
sont reconnus pour leur dynamisme dans
les communautés dans lesquelles ils sont implantés, dû à la présence
d'étudiants internationaux, grâce à ces différentes ententes que nous
réalisons. Ces exemptions coûtent au gouvernement du Québec environ
213 millions par année.
Cependant, il
est estimé que ces quelque 22 000 étudiants exemptés contribuaient...
contribueraient au PIB pour environ
530 millions de dollars. Pour la société en général, leur présence
représenterait un gain net de plus de 300 millions de dollars, sans oublier les emplois qu'ils occupent
actuellement dans un contexte où on a besoin de main-d'oeuvre dans les
régions du Québec, sur l'ensemble de notre territoire.
Sans ces
ententes, le nombre d'étudiants internationaux au Québec serait certes bien
moindre. Ces ententes constituent un
levier important pour l'attraction d'étudiants étrangers. L'apport
populationnel en provenance d'étudiants internationaux contribue à combler les
besoins d'effectifs étudiants en main-d'oeuvre, en contribuant notamment au
maintien d'une offre de formation diversifiée, particulièrement dans les
établissements d'enseignement en région, comme je le disais tout à l'heure. 11 des 39 ententes en matière de
sécurité sociale présentement en vigueur prévoient un chapitre sur le service
des prestations en nature de soins de
santé qui couvrent notamment les étudiants étrangers. Il s'agit d'étudiants
issus de pays ayant conclu une telle entente avec le Québec, soit la France, la
Belgique, la Norvège, la Finlande, le Danemark, la Suède, le Luxembourg,
la Grèce, le Portugal, la Serbie et la Roumanie, qui se voient offrir les
bénéfices du régime d'assurance maladie et
du régime d'assurance hospitalisation du Québec, au même titre que les
étudiants québécois, dès leur arrivée au Québec. Sans l'application de ces ententes, les étudiants issus de ces
pays se verraient dans l'obligation de contracter une assurance maladie privée au Québec, comme doivent
le faire les autres étudiants internationaux qui ne peuvent malheureusement pas
profiter d'une telle entente.
• (16 h 30) •
Tout compte
fait, l'application combinée de ces ententes de mobilité fait qu'un immigrant
pourrait, par exemple, tout comme les personnes qui l'accompagnent, intégrer le
régime d'assurance maladie du Québec dès son arrivée, sans devoir observer les
délais de carence, échanger son permis de conduire contre un permis du Québec
sans avoir à passer d'examens
d'aptitude, bénéficier des mêmes droits de scolarité que les étudiants
québécois, obtenir plus rapidement son autorisation
légale d'exercer un métier ou une profession réglementée au Québec, et
nous en avons grandement besoin, à sa retraite, se voir verser la pension pour
laquelle il avait cotisé avant de quitter son pays, même s'il n'avait pas
suffisamment cotisé à ce régime, et,
à son décès, savoir que ses proches recevront la rente de survivant et la
prestation de décès du régime de
pension du pays qu'il a quitté. Il s'agit d'avantages non négligeables qui font
sûrement pencher la balance en faveur du Québec quand il vient le temps
pour l'immigrant averti de choisir son nouveau chez soi.
Ces ententes
de mobilité constituent des leviers dans l'atteinte des objectifs d'attraction
et de rétention au Québec des personnes qui sont visées, notamment pour aider à
combler la pénurie de main-d'oeuvre générale et spécialisée, de même que garnir des institutions d'enseignement
supérieur de jeunes talents. Ces engagements internationaux procurent
également des avantages considérables au Québec, le rendant plus attrayant aux
investissements, d'ailleurs aussi aux travailleurs
et aux étudiants étrangers, tout en aidant les Québécois et les Québécoises et
les entreprises du Québec à devenir plus prospères.
La présente
entente que nous discutons aujourd'hui a été négociée par le gouvernement du
Québec par l'entremise des membres du
comité de négociation des ententes de sécurité sociale. Ce comité a pour mandat
de conseiller le gouvernement du Québec sur les négociations des
ententes de réciprocité en matière de sécurité sociale avec d'autres pays. Il est responsable, ce comité, de la
planification des négociations ainsi que des négociations proprement dites. Ce
comité regroupe des représentants de tous
les ministères et organismes concernés par ces ententes. Au premier chef, on
retrouve le ministère des Relations
internationales et de la Francophonie, qui doit, conformément aux exigences de
la loi, veiller à la négociation d'ententes internationales. La présidence de
ce comité est d'ailleurs assumée par la sous-ministre adjointe aux Relations Afrique, Francophonie et
Affaires multilatérales du ministère, la cheffe négociatrice des ententes de sécurité sociale. Le secrétaire et le conseiller
juridique du comité sont également issus du ministère des Relations internationales et de la Francophonie. Ont
également été impliqués pour la négociation de la présente entente le ministre
du Travail, Retraite Québec, le Bureau des ententes de sécurité sociale, la
Commission des normes, de l'équité et de la santé et de la sécurité du travail ainsi que
l'Agence de revenu du Québec. Une équipe de négociation de cinq personnes
faisant partie de ce comité a
participé aux trois rondes de négociations nécessaires pour en arriver à cette
entente négociée à la satisfaction des deux parties, Mme la Présidente.
Une première
rencontre préliminaire s'est tenue à Québec en mai 2015, suivie d'une rencontre
en octobre 2015 à Vienne. C'est lors de ces
deux rencontres que les deux délégations ont pu s'entendre sur les textes
complets de l'entente et de l'arrangement administratif pour
l'application de cette entente.
Ensuite, une rencontre
dite opérationnelle s'est tenue à Montréal en octobre 2016 entre les
représentants des institutions compétentes
québécoises et Autriche responsables d'appliquer cette nouvelle entente. Lors
de cette dernière rencontre, les deux délégations ont fixé les modalités
d'application administratives de l'entente et se sont entendues sur le contenu des formulaires qui seront utilisés
dans le cadre de l'application de cette entente. L'entente ayant été signée en
décembre dernier, nous en sommes donc aux étapes nécessaires à sa mise en
oeuvre maintenant.
Depuis
2002, la Loi sur le ministère des Relations internationales confère à
l'Assemblée nationale une compétence d'approbation
préalable des engagements internationaux importants pris par le gouvernement.
Ceci en fait ainsi la première institution
parlementaire de type britannique à codifier législativement une compétence de
telle nature. Par le fait même, vous,
les parlementaires de l'Assemblée nationale, êtes associés au processus de
conclusion d'engagements internationaux susceptibles d'affecter nos
prérogatives et celles des citoyens que vous représentez.
La
présente entente en matière de sécurité sociale signée avec le gouvernement de
la République d'Autriche est considérée
comme une entente internationale importante car elle requiert, pour sa mise en
oeuvre par le Québec, la prise de règlements. Ces règlements seront édictés par
le gouvernement au même moment où il ratifiera la présente entente. Un règlement servira à mettre en oeuvre les
dispositions qui portent sur les rentes de retraite, l'invalidité de survivant,
alors qu'une seconde fera de même pour les dispositions en matière
d'accidents du travail, maladies professionnelles. Ces deux règlements seront
édictés simultanément.
La présente entente
témoigne de l'importance que le Québec attache à ses liens avec la République
d'Autriche, un pays observateur de la
francophonie. La négociation et la conclusion d'une telle entente témoignent
également de la volonté des
gouvernements québécois et autrichien d'étendre davantage la coordination de
leurs législations en matière de sécurité
sociale afin d'assurer la conservation des acquis de leurs citoyens respectifs.
Cela favorisera la mobilité professionnelle.
En
effet, l'accroissement des échanges internationaux de toute nature suppose une
mobilité accrue des travailleurs et rend encore plus actuelle la nécessité pour
les États de conclure des ententes afin d'assurer à leurs ressortissants des
bénéfices de la coordination des
législations en matière de sécurité sociale. Permettez-moi rapidement, Mme la
Présidente, d'énumérer les objectifs derrière une telle coordination.
D'abord,
ces ententes visent l'égalité de traitement de sorte que les personnes visées
ont les mêmes droits et mêmes obligations que les résidents au regard de leur
sécurité sociale. Ces ententes assujettissent également les travailleurs
déplacés temporairement sur l'autre
territoire à une seule loi de sécurité sociale, garantissant ainsi le maintien
de leurs droits en cours d'acquisition.
Finalement, finalement, Mme la Présidente, et je conclus là-dessus, le service
de prestations auquel ont droit ces personnes, par exemple, advenant une
lésion professionnelle leur sera assuré.
Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Au plaisir.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec
M. le député de Beauce-Sud.
M. Samuel
Poulin
M. Poulin : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Vous me permettrez de saluer évidemment le député
de René-Lévesque pour sa grande contribution
au débat que nous tenons actuellement et qui a énuméré de façon assez exceptionnelle l'ensemble... et plusieurs
éléments, en fait, qui sont dans cette entente entre le gouvernement du Québec
et la République d'Autriche sur la sécurité sociale. Alors, merci à notre
collègue, parce que c'est important. Il l'a bien indiqué, c'est des travaux qui se sont effectués sur
plusieurs mois, plusieurs années, pour arriver à cette entente sur la sécurité
sociale. Alors, on a appris beaucoup,
vraiment, sur la sécurité que venait nous donner cette entente-là. Alors,
merci, M. le député.
Évidemment,
la ministre des Relations internationales, qui, elle aussi, hein... qui a signé
elle-même, il faut le dire, dans les
premiers mois de sa nomination comme ministre des Relations internationales,
cette entente avec la République d'Autriche...
Alors, je tiens à saluer sa contribution et son travail. Également, de la part
de l'équipe du ministère des Relations internationales, je le disais, un
petit peu plus tôt dans le cas de la Tunisie, des gens extrêmement dédiés,
travaillants, dévoués, qui ont à coeur et
qui sont passionnés par les relations internationales et qui ont à coeur de
positionner le Québec sur la scène
mondiale, il faut le dire... Alors, je veux les saluer, les remercier, et
saluer également leurs travaux qu'ils ont entrepris au cours des
dernières années avec l'Autriche.
À la fois la
ministre, le député de René-Lévesque, la députée de Mont-Royal—Outremont également, dans les dernières
minutes, ont parlé des nombreux avantages de cette entente. Je serai très
court, Mme la Présidente, mais vous me permettrez quand même de
souligner quelques avantages de cette entente qui remplacera celle qui avait
été signée en 1993 — j'avais
deux ans — et
son avenant, qui avait été signé en 1996. J'avais cinq ans.
• (16 h 40) •
Elle apportera des
bénéfices tangibles aux citoyens québécois et autrichiens. En effet, elle a la
particularité de couvrir le champ élargi de
la sécurité sociale. Elle continuera également à garantir aux personnes qui
résident au Québec l'obtention des
pensions de retraite, d'invalidité ou de survivant payables par la République
d'Autriche si elles ont déjà contribué au régime autrichien de pension.
Alors là, ça, c'est intéressant et ça
place les avantages pour eux. Et, il faut le dire, Mme la Présidente, c'est
aussi un avantage pour les conjoints
et les orphelins qui obtiennent des pensions de survivant dans le cas où la
personne décédée a travaillé en République d'Autriche. Je vois le député
de Beauce-Nord, Mme la Présidente. Moi, je suis député de Beauce-Sud. On a de nombreux concitoyens, nous,
qui ont fait une carrière aux États-Unis, hein, et là ils sont en train de
faire leur rapport d'impôt puis ils trouvent ça bien, bien, bien difficile de
pouvoir avoir leur résultat de pension des États-Unis.
Alors, on passe notre temps au téléphone avec des fonctionnaires américains. Ce
serait tellement simple d'avoir une
entente, Mme la Présidente, avec le Maine ou le Vermont là-dessus, mais, bon,
ce n'est pas fait comme ça, la vie. Mais c'est pour vous dire que par moment, lorsqu'on a des ententes comme
celle-là, ça nous évite bien des dédales administratifs puis bien des enjeux lorsque c'est le temps de
réclamer des pensions. Alors, très très concrètement, moi, je le vis, Mme la
Présidente, avec les États-Unis. Donc, c'est pour vous dire que des fois, par
moment, des ententes comme celle-là nous sauvent
bien du travail. Donc, de même que les périodes de cotisation au Régime de
rentes du Québec et au régime de pension autrichien, qui sont toujours additionnés pour permettre aux personnes
qui n'ont pas cotisé suffisamment à l'un ou l'autre de ces régimes de
devenir admissibles à une prestation... Alors, ça, c'est intéressant.
La principale nouveauté
qu'on apporte à cette entente qui a été signée le 14 décembre dernier,
c'est l'ajout d'un chapitre complet portant
sur les accidents du travail et les maladies professionnelles. Il s'agit quand
même d'un précédent, hors Union
européenne pour l'Autriche, qui n'a pas d'autres ententes bilatérales de tel
chapitre sur les accidents de travail et
les maladies professionnelles. Alors, ça vient vous démontrer, Mme la
Présidente, comment la République d'Autriche a un attachement au Québec
pour développer cette entente-là. Et cette coordination étendue permettra le
service des prestations en nature en raison d'un accident de travail ou maladie
professionnelle, alors que la personne se trouve sur le territoire de l'autre partie. L'employé d'une entreprise québécoise
détaché en Autriche qui est victime, par exemple, d'un accident de
travail sur ce territoire sera soigné à la charge de la Commission des normes,
de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail du Québec sans devoir
débourser de sa poche pour ces soins. Alors, concrètement, une entreprise québécoise qui s'en va travailler en Autriche,
elle a un accident de travail en Autriche, c'est la CNESST qui s'en occupe au
Québec, Mme la Présidente. Puis il n'y aura pas de frais reliés à ça. Alors,
ça, ce n'est pas banal, ce qui a été signé par la ministre des Relations
internationales le 14 décembre dernier.
De
même, les périodes de travail à risque sur les deux territoires pourront être
additionnées pour ouvrir le droit à une indemnité de remplacement de
revenus. Ceci, on le sait, Mme la Présidente, c'est particulièrement utile pour
les travailleurs. Si la durée de
l'exposition au risque de causer la maladie professionnelle dont il est victime
s'avère insuffisante au Québec et en Autriche seulement, alors il y aura
des sous à ce niveau-là.
De plus, dans cette
nouvelle entente, les dispositions sur la protection des renseignements
personnels échangés en application de l'entente ont été renforcées. Il est
aussi prévu l'échange d'information sur les bénéficiaires de pension décédés.
Alors, encore une fois, lorsqu'on a des gens qui ont travaillé à l'étranger
pendant une certaine période de leur vie
puis qui ont de la difficulté à avoir des informations, qui ont de la
difficulté à avoir des données, bien là il va être possible de pouvoir
le faire entre l'Autriche et le Québec grâce à cette entente, de pouvoir avoir
une fluidité dans l'échange de l'information.
L'impact économique
des ententes de sécurité sociale est important tant pour les personnes qui en
bénéficient directement en recevant des
rentes et autres prestations que pour les entreprises québécoises qui détachent
des travailleurs à l'étranger. Imaginez, Mme la Présidente, la sécurité,
pour une entreprise québécoise, d'aller investir en Autriche ou de brasser des affaires en Autriche quand on a
cette entente-là sur la CNESST, sur les rentes et sur les régimes. On vient
donner une sécurité, Mme la Présidente, à nos entreprises qui veulent brasser
des affaires là-bas. Et d'ailleurs notons que les entreprises qui
oeuvrent au Québec et en Autriche pourront continuer de se prévaloir de toutes
les dispositions du 14 décembre dernier concernant l'assujettissement au
régime de sécurité sociale.
En
ce qui concerne l'assujettissement des entreprises québécoises et des
travailleurs détachés en Autriche, l'employeur et le travailleur continueront
de demeurer soumis au régime québécois et seront exemptés de cotiser au régime
autrichien de sécurité sociale visé
par l'entente. Donc, on bénéficie des avantages sans cotiser. C'est assez
exceptionnel. Ceux-ci incluront, outre les pensions, celui... comme, on l'a dit
tout à l'heure, maladies professionnelles, accidents de travail une fois la
nouvelle entente en vigueur. Il n'y aura donc pas de double cotisation pour les
employeurs dans ces régimes. Les entreprises québécoises économiseront, on le sait, des sommes importantes, les
rendant ainsi plus concurrentielles en Autriche et sur les marchés
internationaux. Ça devient un avantage important pour nos entreprises
québécoises.
Mme
la Présidente, le Québec a le privilège d'avoir sur son territoire une
communauté d'origine autrichienne. Vous voulez des chiffres, j'imagine. Le
recensement de 2016 indique que cette communauté compte près de
13 000 membres, incluant à
la fois ceux qui sont nés à l'étranger et au Québec. Installée majoritairement,
on le sait, dans la région de Montréal, cette communauté bien intégrée à
la société québécoise jouit également aussi d'un niveau de diplomation qui est
fort enviable : 64 % des Québécois
d'origine autrichienne détenaient soit un certificat, un diplôme ou un grade
d'études postsecondaires lors du
recensement de 2016. Alors, ce sont des gens qui se sont prévalus beaucoup des
études supérieures. C'est un taux, encore une fois, un peu comme la Tunisie
tout à l'heure, de 20 % supérieur à la moyenne québécoise.
Au niveau économique
et commercial, l'Autriche est un partenaire important du Québec. Membre de
l'Union européenne, elle a ratifié l'accord
économique global et commercial entre l'Union
européenne et le Canada, c'était,
souvenons-nous, en mai 2019, affichant l'un
des revenus par habitant les plus élevés. L'Autriche : des gens, Mme la
Présidente, qui ont les moyens de leurs ambitions.
C'est
un leader régional en énergies renouvelables, notamment hydroélectriques.
Alors, on sait que c'est une grande priorité
pour le premier ministre du Québec, pour notre gouvernement,
l'hydroélectricité. Eh bien, l'Autriche a une expertise importante, Mme
la Présidente, en matière d'énergies renouvelables.
Selon un
rapport de 2021, d'ailleurs, du Forum économique mondial, elle serait la
cinquième économie la mieux préparée à réaliser sa transition
énergétique, l'Autriche. Alors, ce n'est pas banal.
Elle se positionne aussi
avantageusement dans les classements internationaux en matière d'innovation. Ce
sont là, encore une fois, Mme la
Présidente, on le sait, des secteurs qui sont prioritaires pour le Québec, et
on sait à quel point notre collègue le ministre de l'Économie et de
l'Énergie travaille très fort non seulement à développer nos marchés pour nos entreprises, à développer les relations
internationales avec nos délégations avec, évidemment, le concours de la
ministre des Relations
internationales. Alors, l'Autriche, en matière d'innovation, d'énergie et d'hydroélectricité,
ce sont des leaders sur lesquels, Mme la Présidente, on ne peut pas se
passer, on ne peut tout simplement pas se passer.
Nos
liens avec l'Autriche ne s'arrêtent pas là. On entretient une relation
stratégique avec le Land de la Haute-Autriche, qui est également membre de la Conférence des chefs de gouvernement des
Régions partenaires, un regroupement multilatéral créé il y a près de 20 ans où le Québec, la
Bavière et la Haute-Autriche figurent parmi les membres les plus actifs. Ainsi,
le 10e sommet de ce regroupement s'est
tenu en 2021 sous la forme d'une conférence virtuelle organisée par la
Haute-Autriche, et le thème principal était Les régions intelligentes.
En parallèle de ce
regroupement, on a développé un réseau scientifique très actif, Le sommet des
dirigeants régionaux. La Haute-Autriche et
le Québec collaborent dans les secteurs de la transformation numérique, de
l'aérospatiale, encore une fois un
secteur très important pour le Québec, des mini satellites de l'énergie depuis
2020 en santé numérique. Alors,
voyez-vous, l'Autriche a une expertise dans laquelle le Québec, présentement,
est en train de mener des travaux importants.
N'oublions
pas que les entreprises autrichiennes créent de nombreux emplois chez nous. On
peut nommer, entre autres, Pièces
automobiles Raufoss, Aluminium Austria Metall, Andritz, Biomim, Bohler-Uddeholm — vous
me dites si mon autrichien est bon, Mme la Présidente — Doppelmayr
et Anton Paar.
Et
permettez-moi de vous rappeler que le gouvernement du Québec, dans le même
objectif et dans les mêmes enjeux, a développé plusieurs de ces ententes
internationales là dans cette même lignée là. La première entente, on en
parlait un peu tout à l'heure, c'est janvier 1979 en Italie, c'est
39 ententes bilatérales... 39 pays avec des ententes bilatérales. L'entrée en vigueur de la présente entente
nécessite, dans un premier temps, Mme la Présidente, et ce sera une décision
très importante que nous prendrons dans les prochaines minutes, qu'elle soit
approuvée par nos collègues, ici, de l'Assemblée
nationale du Québec. On a tenu ces débats-là tout à l'heure avec la
Tunisie, on le tient présentement avec l'Autriche. Alors, c'est important. Et
elle devra être ensuite, Mme la Présidente, ratifiée par le gouvernement du Québec,
qui va édicter le règlement pour sa mise en oeuvre. Alors, c'est
attendu, évidemment, au Québec, mais c'est attendu également du côté de
l'Autriche.
Spécifiquement
pour l'entente dont il est question en ce moment et conformément à son
article 32, celle-ci va entrer en
vigueur peu de temps après la date de la dernière des deux notifications entre
les parties, conformément à l'accomplissement de la procédure interne
requise pour l'entrée en vigueur de l'entente. Évidemment, on a hâte.
Alors,
Mme la Présidente, je suis prêt. Je propose donc que l'Assemblée nationale
approuve l'Entente en matière de
sécurité sociale entre le gouvernement du Québec et le gouvernement de la
République d'Autriche que nous venons de présenter et qui a été
déposée devant cette Assemblée le 6 avril dernier. Merci beaucoup.
• (16 h 50) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Non.
Mise
aux voix
Alors,
nous allons maintenant procéder à la mise aux voix de la motion de Mme la
ministre des Relations internationales et de la Francophonie
proposant :
«Que
l'Assemblée nationale approuve l'Entente en matière de sécurité sociale entre
le gouvernement du Québec et le gouvernement de la République
d'Autriche, signée le 14 décembre 2022.»
Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : En
conséquence, cet engagement international est approuvé par l'Assemblée
nationale.
M. le leader du
gouvernement, pouvez-vous nous indiquer la suite des travaux?
M. Caire : Oui, Mme la Présidente, je vous demande de
suspendre nos travaux jusqu'à la tenue des débats de fin de séance, s'il
vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
à la demande du leader du gouvernement, les travaux sont suspendus
jusqu'à 18 h 30 pour permettre la tenue du débat de fin de séance
annoncé précédemment.
(Suspension de la séance à
16 h 51)
(Reprise à 18 h 30)
Débats
de fin de séance
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au débat de fin de
séance, qui portera sur une question adressée par M. le député de Pontiac à M.
le ministre de la Santé concernant le temps d'attente qui augmente aux
urgences.
Je vous rappelle que, conformément à
l'article 310 du règlement, le député qui a soulevé le débat et le ministre qui
lui répond ont chacun un temps de parole de cinq minutes, et le député a
ensuite un droit de réplique de deux minutes.
M. le député de
Pontiac, je vous cède la parole pour votre premier cinq minutes.
Temps d'attente dans les services d'urgence
M.
André Fortin
M. Fortin : Merci, M. le Président. D'abord, je vous remercie, je remercie le
ministre d'avoir accepté mon invitation. Un jour, on fera ça dans un contexte un peu plus convivial, un peu moins
structuré, peut-être. Peut-être, puisqu'on est en plein milieu du 5 à 7 des
gens, peut-être qu'on fera ça autour d'une bonne bière. Mais, pour l'instant,
on va prendre le contexte qu'on a. Et
je ne tournerai pas le fer dans la plaie ce soir, quand même, M. le Président.
Je sais que c'est la journée des
promesses brisées à la CAQ, je sais que c'est une journée difficile pour
plusieurs députés, notamment de la région de Québec. Alors, je ne tournerai pas le fer dans la plaie en parlant du
troisième lien devenu bitube, devenu unitube. Je sais qu'il y a des gens qui ont mis leur siège en jeu
sur cet enjeu-là, des gens qui... bien évidemment, là, ils ne font pas parties
des interpelés en ce moment. Mais je vais me
concentrer sur la question de la santé juste pour bien faire les choses, M. le
Président.
Et,
encore là, je vais encore être bon joueur, je ne vais pas m'attaquer à toutes
les promesses brisées de la Coalition avenir Québec en matière de santé, parce
qu'il y en a plusieurs, mais parlons de la question des temps d'attente. Et
je vais faire plaisir au ministre, qui m'a
dit, aujourd'hui : Bien, pourquoi il faut toujours qu'il se concentre sur
la pire statistique? Est-ce qu'il peut parler de celles qui sont mieux?
Il n'a pas aimé le 18 heures d'attente sur civière dans les urgences. Il
nous a dit : Bien, c'est cinq heures pour bien d'autre monde, là, des
gens qui n'ont pas besoin d'être sur civière, c'est cinq heures. Mais je
lui rappellerai que sa promesse, c'était 90 minutes pour voir un médecin
aux urgences. Donc, 90 minutes puis cinq heures, il y a quand même
une petite différence, M. le Président, une petite affaire de rien.
Mais,
pour revenir à la statistique qui m'intéresse, moi, pas celle qui intéresse le
ministre, celle qui m'intéresse, moi, aujourd'hui, celle qui a intéressé
tous les Québécois qui ont lu Le Journal de Montréal, Le Journal de
Québec, qui ont écouté TVA Nouvelles,
qui ont entendu les scrums des différents partis ce matin puis qui sont
intéressés, fondamentalement, par la
question de combien de temps leur temps... leurs proches passent aux urgences
quand ils sont là, quand ils sont sur civière, quand ils sont
vulnérables, quand ils n'ont pas les soins qui sont nécessaires, qui sont
parfois dans le corridor, qui sont parfois
dans des contextes de soins moins qu'idéaux. Et je dis «parfois», mais je
pourrais sortir la liste des urgences en
ce moment, puis vous verriez qu'il y en a beaucoup, dans le 200 %
d'occupation. Alors, des gens, dans cette situation-là, il y en a
beaucoup.
Le
ministre, sans vouloir m'attarder, comme je le disais, à l'ensemble de ses
promesses... Mais il fait des promesses quand il met de l'avant ses cibles. Ses cibles, elles sont quand même
claires, elles sont bien établies. Ça a toujours été le principe, au ministère de la Santé, on se donne
des cibles, après ça, on fait tout ce qu'on peut pour y arriver. Mais la cible,
dans cet élément-là, dans ce contexte-là,
pour cette donnée-là, c'est de dire : 14 heures. 14 heures, ça
devrait être le montant moyen, le montant de temps moyen que les gens passent
sur civière aux urgences, pas plus que ça. 14 heures, c'est ce qu'on vise.
Et 14 heures, M. le Président, c'était le montant de temps que les gens
passaient avant que la Coalition avenir Québec arrive au pouvoir. Je vais en faire une petite démonstration de ce qu'il
s'est passé depuis. Mais c'était 14 heures. En 2018, là, c'était le
temps moyen. Alors, c'est la cible que le gouvernement se donne aujourd'hui.
L'autre
cible que le gouvernement se donne, c'est que personne, personne, au Québec, ne
passe 24 heures sur civière aux urgences. Pourtant, le quart des gens qui
le sont passent plus de 24 heures, et il y a 8 % des gens qui sont
sur civière aux urgences qui passent
plus de 48 heures sur cette civière-là. Il y a des gens qui passent
jusqu'à 10 jours. Vous allez me dire : C'est des cas
complexes. Mais 10 jours sur une civière aux urgences, c'est long en s'il
vous plaît.
Alors, voici ce qu'il
se passe en ce moment, et ça, c'est le tableau du Journal de Montréal,
je ne l'ai pas inventé. Attente en moyenne sur civière au Québec, M. le
Président : 2018-2019, 14 heures; 2019-2020, 15 heures;
2020-2021, 16 heures; 2021-2022,
17 heures; 2022-2023, 18 heures. Le taux le plus haut depuis
15 ans. À chaque année, ça augmente d'une heure.
Mais
là le ministre va nous dire : Mais j'essaie tout, je mets des comités en
place, je fais une refondation du système de santé, je mets des plans d'action, je lance une réforme. Et pourtant,
M. le Président, à chaque année, on continue d'augmenter d'une heure. Le
ministre ne peut pas être content de ça, il ne peut pas être satisfait de cette
performance-là. Je revois celui qui
est aujourd'hui premier ministre lorsqu'il était assis dans les banquettes
là-bas, il n'aurait pas été fier de
ça, il aurait déchiré sa chemise, et avec raison, de voir une augmentation
constante puis de ne pas voir la lumière au bout du tunnel. J'ai hâte
d'entendre le ministre puis qu'il nous dise exactement comment il va régler ça
dans le court terme.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Pontiac. La parole est maintenant à M. le
ministre de la Santé. Vous avez également droit à cinq minutes, M. le ministre.
M.
Christian Dubé
M. Dubé :
Seulement cinq minutes? Ah! O.K.
M. le Président, premièrement, j'aimerais corriger, encore une fois, une autre erreur du député de Pontiac. Il mêle du
temps de prise en charge et du temps d'examen. Le cinq heures auquel je fais référence, c'est le temps que ça prend quand
vous n'arrivez pas sur civière une fois qu'on vous a pris en charge. La prise en charge qu'on a commise, c'est
90 minutes. La prise en charge et le temps de consultation, c'est deux
choses complètement différentes. Le député est encore dans l'erreur.
Premièrement.
Deuxièmement,
c'est vrai que je n'aime pas les temps d'attente en ce moment, mais il oublie
juste de dire, le député, que ça fait
trois ans qu'on est en pandémie, alors l'augmentation au temps des urgences, ce
n'est pas juste au Québec qu'on la
vit, c'est partout dans le monde. Tout le monde a ce problème-là, tout le monde
manque de personnel. Alors, on peut faire dire des choses à un beau
tableau, nous, ces statistiques-là, là, pas besoin de regarder Le Journal de
Québec ou Le Journal de Montréal, on les regarde tous les jours. Et on a essayé de
faire le maximum de ce qu'on pouvait faire, avec les moyens qu'on avait, avec la pandémie, la pénurie de personnel, les
difficultés, etc. Alors, de revenir puis de nous dire : C'est épouvantable, c'est épouvantable... C'est
vrai que c'est épouvantable, on a tous vécu une pandémie. Notre réseau de
santé, qui était déjà en lambeaux quand on
l'a pris, M. le Président, était encore plus en lambeaux après la pandémie.
C'est normal d'avoir ces problèmes-là.
Maintenant,
maintenant, M. le Président... ça, c'est important, ce que je vais vous dire...
on n'a pas attendu de dire : Est-ce, que malgré tous les problèmes qu'on
a, malgré la pénurie de personnel, la pandémie... est-ce qu'on peut faire
des choses? Qu'est-ce qu'on a fait, M. le
Président? On a travaillé, on a mis un guichet d'accès en place. On a travaillé
à mettre les infirmières praticiennes pour venir nous aider dans nos urgences.
On a mis une cellule de crise. Puis vous savez quoi? Depuis le pic de
21 heures, c'est-à-dire le sommet qu'on a atteint, là, lorsqu'on avait nos
trois virus ensemble, hein... On parle du
mois d'octobre, novembre dernier. Le temps d'attente était jusqu'à
21 heures, en moyenne. C'est sûr que, dans certaines urgences, c'était beaucoup plus que ça, mais on a atteint
21 heures. Et, depuis ce temps-là, grâce aux méthodes qu'on a mises
en place, on a réussi à baisser. Pas encore à mon goût, on est encore à
17 heures. Mais ça, c'est...
Juste vous
donner un exemple, M. le Président, là, le guichet d'accès qu'on a mis en place
pour, justement, dire aux gens :
N'allez pas à l'urgence, là, appelez pour voir si vous pourriez avoir une
consultation, puis peut-être aller voir un autre professionnel de la
santé — les
gens connaissent bien le GAP — savez-vous il y a combien d'appels par
jour, maintenant, au GAP? 5 000 par
jour. Imaginez-vous, là, ces 5 000 personnes là, si, en plus, ils
allaient aux urgences. Ces besoins-là,
là, des gens, on ne les a pas inventés, il faut les traiter. C'est le
vieillissement de la population, c'est tout ça.
Alors, de
dire, aujourd'hui, qu'on n'a rien fait puis qu'on devrait être gênés de ça,
moi, je pense qu'on devrait être gênés d'avoir la critique qu'on a là,
parce que c'est de ne pas réaliser toute la situation qu'on a vécue.
Mais, je vous
dirais, et je n'ai pas terminé, non seulement on a fait beaucoup puis on a mis
en place toutes sortes de mesures, avec les moyens qu'on avait, mais on se rend
compte, on se rend compte, M. le Président, qu'il nous manque de leviers, il nous manque de leviers. On en a. Puis
on en a, des gens qui ont réussi, malgré la situation difficile, à améliorer
leurs urgences, on en a, des gestionnaires locaux, qui ont réussi à le
faire.
Mais, vous
savez, M. le Président, ce qu'on s'est rendu compte, après avoir mis, par
exemple, la cellule de crise sur les urgences en place... que ce n'est pas
toutes les urgences qui avaient les meilleures méthodes. Et ce qu'on a fait,
c'est qu'on a dit : O.K., vous avez fait, vous pensez, ce qui était le
mieux, là, mais nous, on a besoin d'autres leviers. Puis savez-vous c'est quoi,
ça? C'est notre projet de loi n° 15, projet de loi qu'on va commencer
demain.
Le projet de
loi n° 15, je l'ai dit, c'est un élément très important de notre
structure, très important, et les leviers qu'on va aller chercher avec ce
projet de loi là... Puis j'ai hâte d'avoir la collaboration de l'opposition
aussi, qu'on a eue dans d'autres projets
de loi, pour aller chercher ces leviers-là. Et ces leviers-là, ça va donner des
outils à nos gestionnaires pour dire à certains professionnels de la
santé : Bien, peut-être que vous pourriez faire différemment dans les
urgences, peut-être que vous pourriez faire différemment dans les chirurgies,
peut-être que vous pourriez faire différemment dans les rendez-vous entre les spécialistes et les médecins. C'est ça, le
p.l. n° 15. On va continuer de travailler, M. le Président. Merci
beaucoup.
• (18 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
ministre de la Santé. Et je cède maintenant la parole, pour un droit de
réplique de deux minutes, à M. le député de Pontiac. M. le député.
M. André Fortin (réplique)
M. Fortin : Ah! bien, je ne m'attendais à rien d'autre que des excuses de la part du
ministre de la Santé, qui nous dit :
Qu'est-ce vous voulez qu'on fasse, ça fait trois ans qu'on est en pandémie. Je
vous fais une prédiction, M. le Président. L'année prochaine, je vais être ici, le ministre de la Santé va être là,
on va faire la même discussion, puis il va nous dire : Bien,
qu'est-ce vous voulez, ça fait quatre ans qu'on est en pandémie, ce n'est pas
de notre faute.
M. le
Président, le ministre nous dit : J'arrive avec des solutions. Je vais
vous le dire, ce qu'il se passe avec le GAP en Outaouais, dans ma région, c'est
celle que je connais le mieux, c'est celle que je représente. Savez-vous ce
qu'ils ont fait? Ils ont dit à des cliniques, là : Ah! bien là, vous
autres, là, votre sans rendez-vous, on n'en veut plus, puis la rémunération des
médecins, là, elle va être vraiment basse, ça va être comme 40 $ par
rendez-vous. À la place, on va vous donner 160 $ pour que vous voyiez des gens à travers le GAP.
C'est ça qu'ils ont fait. On va vous payer pas mal plus pour que vous voyiez
des gens à travers le GAP. Qu'est-ce qu'ils
ont fait? Ils ont abandonné le sans rendez-vous, ils ont embarqué dans le GAP.
Le ministre nous dit : Ah! bien, ils
voient pas mal plus de monde. C'est le même monde, c'est les gens... Ils ont
pris des gens qui allaient à la
clinique sans rendez-vous, maintenant, ils les envoient dans ce service-là, M.
le Président, puis les médecins, ils font pas mal plus d'argent, alors
c'est le service qu'ils veulent. Ce n'est pas plus compliqué que ça.
Le ministre nous dit : Bien, il y a une
pénurie de personnel. Oui. Oui. Puis vous savez combien d'infirmières le CISSS de l'Outaouais a le droit, selon le
ministère de la Santé, d'aller recruter à l'étranger cette année? 100. 100. Il
nous en manque des centaines, et des
centaines, et des centaines. S'il prend la pénurie de personnel au sérieux, là,
qui est une des causes... une des
causes de cette augmentation-là, c'est la pénurie de personnel, bien, il va
falloir qu'il ouvre les vannes pas mal plus grandes que ça, il va
falloir qu'il se permette d'aller chercher du monde pas mal plus qu'en ce
moment.
Et, dernière
chose, M. le Président, sur le projet de loi n° 15, le ministre nous
dit : Oui, mais c'est ça qui va nous régler ça, on va se donner les pouvoirs pour aller faire comme certains
établissements font déjà. Je lui rappelle que le boss des gestionnaires du réseau de la santé, c'est
lui. S'il veut que les gestionnaires aillent dans une direction, il n'a qu'à
leur dire. C'est tout, M. le Président. C'est possible d'améliorer, le ministre
ne l'a pas fait. Il faut qu'il vive avec son bilan.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Pontiac. Et cela met fin aux débats de fin de séance.
Ajournement
Et, compte tenu de l'heure, les travaux sont
ajournés au mercredi 19 avril 2023, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 43)